>*N^^x^^^.~^^: \i}JM \V\\\J\V^ ŒUVRES COMPLET r. s DE BUFFON. TOME III. MINÉRAUX. PARIS. IMPRIMERIE V &i>, MOESPABD . RUE DE FUUSTEMBERG , IV" 8 BIS. OEUVRES COMPLETES DE BUFFOÎS A L G M E \ T E F. s PAR M. F. CUVIER, M K M B R E DE l' ! N S ï î T r T , i Aciidémie des Sci'-tices 1 DE DEUX VOLUMES OFFRANT LA DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES ET DES OISEAUX LES PLUS REMARQUABLES DÉCOUVERTS JUSQU'a CE JOUR, ET \ C C n M P A r. X K K S l/uN BEAU PORTRAIT UE 13 D F F O K . :; T DE 2 (3 O ORAVXJKE? EA' TAILLE -DOUCE, EXECUTEES POUR CETTE EDITION PAR LE? MEILLEURS Ar.TîSTr.S. i- % A PARIS, CHEZ F. D. PILLOT, EDITEUR aUE nu POUARRE , >" 19, PRÈS LA PLACE MAUBERT : SALMON, LIBRAIRE, OUAI DES AUGUSTINS, js" 1 9. 1829. ^Xl ^ SUITE DES PREUVES DE LA THEORIE DE LA TERRE IL lilMON. III. WWVWVWWWWNWX VV\VV\'VV\\VVV\\VV\\VA\\V.\\A.V\\\VVV\VV\WV\\VV\VK'\V\VVV\V\\\V\\VV\\\V SUITE DES PREUVES DE LA THEORIE DE LA TERRE ARTICLE XVIII. De l'effet des pluies^ des marécages^, des bois souterrains^ des eaux souterraines. iMous avons dit que les pluies et les eaux courantes qu'elles produisent détachent continuellement du som- met et de la croupe des montagnes les sables, les ter- res, les graviers, etc., et qu'elles les entraînent dans les plaines, d'où les rivières et les fleuves en charrient une partie dans les plaines plus basses, et souvent jus- qu'à la mer : les plaines se remplissent donc suc- cessivement et s'élèvent peu à peu, et les montagnes diminuent tous les jours et s'abaissent continuelle- ment; et dans plusieurs endroits on s'est aperçu de cet abaissement. Joseph Blancanus rapporte sur cela des faits qui étoient de notoriété publique dans son temps, et qui prouvent que les montagnes s'étoient abaissées au point que l'on voyoit des villages et des châteaux de plusieurs endroits d'où on ne pouvoit pas les voir autrefois. Dans la province de Derby en An- gleterre, le clocher du village Craih n'étoit pas visible 8 ïllÉoniE DE LA TEiir.i:. en 1672 depuis une cerlaine montagne, à cause de la hauteur d'une autre montagne interposée, laquelle s'étend en Hopton et Wirswortli, et quatre-vingts ou cent ans après on voyoit ce clocher, et même une partie de l'église. Le docteur Plot donne un exemple pareil d'une montagne entre Sibbertoft et Ashby, dans la province de Northampton. Les eaux entraînent non seulement les parties les plus légères des montagnes, comme la terre, le sable, le gravier, et les petites pier- res , mais elles roulent même de très gros rochers, ce qui en diminue considérablement la hauteur. En gé- néral, plus les montagnes sont hautes, et plus leur pente est roide, plus les rochers sont coupés à pic. Les plus hautes montagnes du pays de Galles ont des rochers extrêmement droits et fort nus; on voit les copeaux de ces rochers (si on peut se servir de ce nom) en gros monceaux à leur pied : ce sont les ge- lées et les eaux qui les séparent et les entraînent Ainsi ce ne sont pas seulement les montagnes de sable et de terre que les pluies rabaissent, mais, comme l'on voit, elles attaquent les rochers les plus durs, et en entraînent les fragments jusque dans les vallées. Il ar- riva dans la vallée de Nantphrancon, en i685, qu'une partie d'un gros rocher qui ne portoit que sur une base étroite, ayant été minée par les eaux, toml)a et se rompit en plusieurs morceaux avec plus d'un millier d'autres pierres, dont la plus grosse fit en descendant une tranchée considérable jusque dans la plaine, où elle continua à cheminer dans une petite prairie, et traversa une petite rivière, de l'autre côté de laquelle elle s'arrêta. C'est à de pareils accidents qu'on, doit attribuer l'origine de toutes les grosses pierres que ART. XVII [. l-FFEr DES PLUIES. C) l'on trouve ordinairement çà et là dans les vallées voi- sioes des montagnes. On doit se souvenir, à l'occasion de cette observation, de ce que nous avons dit dans l'arlicle précédent, savoir que ces rochers et ces gros- ses pierres dispersées sont bien plus communes dans les pays dont les montagnes sont de sable et de grès, que dans ceux où elles sont de marbre et de glaise, parce que le sable qui sert de base au rocher est un fondement moins solide que la glaise. Pour donner une idée de la quantité de terres que les pluies détachent des montagnes, et qu'elles en- traînent dans les vallées, nous pouvons citer un fait rapporté par le docteur Plot : il dit, dans son Histoire naturelle de Staffordj qu'on a trouvé dans la terre, à dix-huit pieds de profondeur, un grand nombre de pièces de monnoie frappées du temps d'Edouard ÏY, c'est-à-dire deux cents ans auparavant, en sorte que ce terrain, qui est marécageux, s'est augmenté d'en- viron un pied en onze ans, ou d'un pouce et un dou- zième par an. On peut encore faire une observation semblable sur des arbres enterrés à dix-sept pieds de profondeur, au dessous desquels on a trouvé des mé- dailles de Jules César. Ainsi les terres amenées du dessus des montagnes dans les plaines par les eaux courantes, ne laissent pas d'augmenter très considé- rablement l'élévation du terrain des plaines. Ces graviers, ces sables, et ces terres que les eaux détachent des montagnes, et qu'elles entraînent dans les plaines, y forment des couches qu'il ne faut pas confondre avec les couches anciennes et originaires de la terre. On doit mettre dans la classe de ces nou- velles couches celles de tuf, de pierre molle, de gra- 10 THEORIE DE LA TERRE. vier, et de sable, dont les grains sont lavés et arron- dis; on doit y rapporter aussi les couches de pierres qui se sont faites par une espèce de dépôt et d'incrus- tation ; toutes ces couches ne doivent pas leur origine au mouvement et aux sédiments des eaux de la mer. On trouve dans ces tufs et dans ces pierres molles et imparfaites une infinité de végétaux, de feuilles d'ar- bres, de coquilles terrestres, ou fluviatiles, de petits os d'animaux terrestres, et jamais des coquilles ni d'au- tres productions marines; ce qui prouve évidemment, aussi bien que leur peu de solidité , que ces couches se sont formées sur la surface de la terre sèche, et qu'elles sont bien plus nouvelles que les marbres et les autres pierres qui contiennent des coquilles, et qui se sont formées autrefois dans la mer. Les tufs et toutes ces pierres nouvelles paroissent avoir de la du- reté et de la solidité lorsqu'on les tire : mais si on veut les employer, on trouve que l'air et les pluies les dissolvent bientôt; leur substance est même si dif- férente de la vraie pierre, que lorsqu'on les réduit en petites parties, et qu'on en veut faire du sable, elles se convertissent bientôt en une espèce de terre et de boue. Les stalactites et les autres concrétions pierreuses que M. de Tournefort prenoit pour des marbres qui avoient végété, ne sont pas de vraies pier- res,non plus que celles qui sont formées par des in- crustations. Nous avons déjà fait voir que les tufs ne sont pas de l'ancienne formation , et qu'on ne doit pas les ranger dans la classe des pierres. Le tuf est une matière imparfaite, différente de la pierre et de la terre, et qui tire son origine de toutes deux par le moyen de l'eau des pluies, comme les incrustations ART. XVIII. EFFET DES PLUIES. 11 pioneuses tirent la leur du dépôt des eaux de certai- nes fontaines : ainsi les couches de ces matières ne sont pas anciennes, et n'ont pas été formées, comme les autres, par le sédiment des eaux de la mer. Les couches de tourbes doiventêtre aussi regardées comme des couches nouvelles qui ont été produites par l'en- tassement successif des arbrer- et des autres véijétaux à demi pourris, et qui ne se sont conservés que parce qu'ils se sont trouvés dans des terres bitumineuses, qui les ont empêchés de se corrompre en entier^. On 1. On peut ajouter à ce que j'ai dit sur les tourbes, les faits sui- vants : Dans les chatellenies et subdélégations de Bergues-Saint-Winox, Furnes , et Bourbourg , on trouve de la tourbe à trois ou quatre pieds sous terre; ordinairement ces lits de tourbe ont deux pieds d'épais- seur, et sont composés de bois pourris, d'arbres mêmes entiers, avec leurs branches et leurs feuilles dont on connoit lespèce, et particu- lièrement des coudriers, qu'on reconnoit à leurs noisettes encore existantes, entremêlées de différentes espèces de roseaux faisant corps ensemble. D'où vieunent ces lits de tourbes qui s'étendent depuis Bruges pai- tout le plat pays de la Flandre jusqu'à la rivière d'Aa , entre les dunes et les ten-es élevées des environs de Bergues, etc. ? Il faut que , dans les siècles reculés , lorsque la Flandre n'étoit qu'une vaste forêt, une inondation subite de la mer ait submergé tout le pays, et en se reti- rant ait déposé tous les arbres, bois, et roseaux qu'elle avoit déraci- nés et détruits dans cet espace de terrain , qui est le plus bas de la Flandre, et que cet événement 3oit ari'ivé vers le mois d'août ou sep- tembre, puisqu'on tiouve encore les feuilles aux arbres, ainsi que les noisettes aux coudriers. Celte inondation doit avoir été bien long- temps avant la conquête que fit Jules César de cette province, puisque les écrits des Romains, depuis celle époque, n'en ont pas fait men- tion. Quelquefois ou trouve des végétaux dans le sein de la terre , qui sont dans un état différent de celui de la tourbe ordinaire : par exemple, au mont Ganelon , près de Compiègne , on voit , d'un côlé de la mon- tagne , les carrières de belles pierres et les huîtres fossiles dont nous l'2 TIIÉOÎIIE DE LA lEIinE. lie trouve dans toutes ces nouvelles couches de tuf, ou de pierre uiolle, ou de pierre formée par des dé- avoiis |);irlé , et , de l'aulre côlû de la moiilagne , ou trouve à mi-côle un lit (le feuilles de toutes sorles d'arbres, et aussi des roseaux, des goémoiîs, le tout mêlé oiisem])le et renfermé dans la vase ; lorsqu'on remue ces feuilles , on retrouve la même odeur de marécage qu'on res- pire sur le bord de la mer, et ces feuilles conservent cette odeur pen- dant plusieurs années. Au reste, elles ne sont point détruites, on peut en reconnoître aisément les espèces : elles n'ont que de la sécheresse , cl sont liées foiblcraentles unes aux autres par la vase. . «On reconnoît, dit jM. Gucltard, de deux espèces de tourbes : les ujics sont composées de plantes marines, les autres de plantes terres- tres ou qui viennent dans les prairies. On suppose que les premières ont été formées dans le temps que la mer recouvroit la partie de la terre qui est maintenant habitée : on veut que les secondes se soient accumulées sur celle-ci. On imagine, suivant ce système, que les cou- rants portoient dans des bas-fonds formés par les montagnes qui étoicnt élevées dans la mer, les plantes marines qui se détachoient des rochers, et qui , ayant été ballottées par les flots, se déposoient dans les lieux profonds. » Cette production de tourbes n'est certainement pas impossible; la grande quantité de plantes c[ui croissent dans la mer, paroît bien suffisante pour former ainsi des tourbes : les lîollandois mêmes pré- tendent que la bonté des leurs ne vient que de ce qu'elles sont ainsi produites, et qu'elles sont pénétrées du bitume dont les eaux de la mer sont chargées n Les tourbières de Vilîerov sont placées dans la vallée où coule la rivière d'Essone; la paitie de cette vallée peut s'étendre depuis boissy jusqu'à Escharcon C'est môme vers Uoissy qu'on a con>mencé à tirer des tourbes Riais celles q^ie l'on fouille auprès d'Escharcon , sont les meilleures » Les prairies où les tourbières sont ouvertes, sont assez mauvaises çlles sont remplies de joncs, de roseaux, de prèles, et autres plantes qui croissent dans les niauvais prés : on fouille ces prés jusqu'à la pro- i'ondeur de huit à dix pieds Après la couche qui forme actuelle- ment le sol de la prairie , est placé un lit de tourbe d'environ un pied : il est rempli de plusieurs espèces de coquilles iluviatiles et terrestres. ... » Ce banc de tourbe, qui renferme les coquilles, est communément •erreur : ceux qui le suivent sont à peu près de la même épaisseur, Allï. XV m. i'FFET DKS TLIIES. 1 ,) pôls, OU de toiirbe, aucune production marine; mais on y trouve au contraire beaucoup de véi^étaux, d'os d'animaux terrestres, de coquilles fluviatiies et terres- et (.Vaulant meilleurs qu'ils sont plus profonds; les tourbes qu'ils four- nissent sont d'un brun noir, lardées de roseaux, de joncs, de cypc- roïdes, et autres plantes qui viennent dans les prés; on ne voit point do co([uilles dans ces bancs 0 On a quelquefois rencontré dans la masse des tourbes, des sou- ches de saules et de peupliers, et quelques racines de ces arbres ou de quelques autres semblables. On a découvert du côt6 d'Escharcon un chêne enseveli à neuf pieds de profondeur : il étoit noir et presque pourri ; il s'est consommé à l'air : un autre a été rencontié du côté de Roissy à la profondeur de deux pieds entre la terre et la tourbe. On a encore vu près d'Escharcon des bois de cerf; ils étoient enfouis jus- (ju'à trois ou quatre pieds » Il y a aussi des tourbes daus les environs d'Étampes, et peut-être aussi abondamment qu'auprès de Villeroy : ces tourbes ne sont point mousseuses , ou le sont très peu ; leur couleur est d'un beau noir, elles ont de la pesanteur, elles brûlent bien au feu ordinaire , et il n'y a guère Deu de douter qu'on n'en pût faire de très bon charbon » Les tourbières des environs d'Etampes ne sont , pour ainsi dire , c[u'une continuité de celles de Villeroy; eu un mot, toutes les prairies qui sont renfermées entre les gorges où la rivière d'Étampes coule sont probablement remplies de tourbe. On en doit, à ce^que je crois, dire autant de celles qui sont arrosées par la rivière d'Essoue ; celles de ces prairies que j'ai jv«rcourues mont fait voir les mêmes plantes que celles d'Etampes et de Villeroy. » Au reste, selon l'auteur, il y a en France encore nombre d'endroits où l'on pourroit tirer de la tourbe, comme à Bourucuille, à Croué , auprès de Beauvais, à Bruneval, aux environs de Péronne, dans ie diocèse de Troyes en Champagne, etc., et cette matière combustible seroit d'un grand secours, si l'on eu faisoit usage dans les endroits qui njanquent de bois. Il y avoit aussi des tourbes jjrès Vitry-le-François, dans des marais le long de la Marne : ces tourbes sont bonnes et contiennent une grande quantité de cupules de gland. Le marais dcSaint-Gon , aux en virons deChidons, n'est aussi qu'une tourbière cons-idérable , que l'on sera obligé d'exploiter dans la suite par la disette des l)ois. ( Add, Buff- ) 14 THEORIE DE LA TEKUE. 1res, comme on peut le voir dans les prairies de la pro- vince de Nortliampton auprès d'Ashby, où l'on a trouvé un grand nombre de coquilles d'escargots, avec des plantes, des herbes, et plusieurs coquilles fluviatiles, bien conservées à quelques pieds de profondeur sous terre, sans aucune coquille marine. Les eaux qui rou- lent sur la surface de la terre, ont formé toutes ces nouvelles couches en changeant souvent de lit et en se répandant de tous côtés : une partie de ces eaux pénètre à l'intérieur et coule à travers les fentes des rochers et des pierres; et ce qui fait qu'on ne trouve point d'eau dans les pays élevés, non plus qu'au des- sus des collines, c'est parce que toutes les hauteurs de la terre sont ordinairement compos.ées de pierres et de rochers, surtout vers le sommet. Il faut, pour trouver de l'eau , creuser dans la pierre et dans le ro- cher jusqu'à ce qu'on parvienne à la base , c'est-à-dire à la glaise ou à la terre ferme sur laquelle portent ces rochers, et on ne trouve point d'eau tant que l'épais- seur de pierre n'est pas percée jusqu'au dessous, comme je l'ai observé dans plusieurs puits creusés dans les lieux élevés; et lorsque la hauteur des roches, c'est-à-dire l'épaisseur de la pierre qu'il faut percer, est fort considérable, comme dans les hautes monta- gnes où les rochers ont souvent plus de mille pieds d'élévation, il est impossible d'y faire des puits, et par conséquent d'avoir de l'eau. H y a même de grandes étendues de terre où l'eau manque absolument , comme dans l'Arabie pétrée, qui est un désert où il ne pleut jamais, où des sables brûlants couvrent toute la surface de la terre, où il n'y a presque point de terre végétale, où le peu de plantes qui s'y trouvent ART. XVIII. EFFET DES PLLIES. l5 languissent : les sources et les puits y sont si rares que l'on n'en compte que cinq depuis le Caire jusqu'au mont Sinai ; encore l'eau en est-elle amère et saumâtre. Lorsque les eaux qui sont à la surface de la terre ne peuvent trouver d'écoulement, elles forment des marais et des marécages. Les plus fameux marais de l'Europe sont ceux de Moscovie à la source du Ta- naïs; ceux de Finlande, où sont les grands marais Za- volax et Énasak : il y en a aussi en Hollande, en West- phalie, et dans plusieurs autres pays bas. En Asie on a les marais de l'Euphrate, ceux de la Tartarie, le Palus Méotide; cependant en général il y en a moins en Asie et en Afrique qu'en Europe : mais l'Amérique n'est, pour ainsi dire, qu'un marais continu dans tou- tes ses plaines; cette grande quantité de marais est une preuve de la nouveauté du pays et du petit nom- bre des habitants, encore plus que du peu d'industrie. Il y a de très grands marécages en Angleterre dans la province de Lincoln près de la mer, qui a perdu beaucoup de terrain d'un côté , et en a gagné de l'au- tre. On trouve dans l'ancien terrain une grande quan- tité d'arbres qui y sont enterrés au dessous du nou- veau terrain amené par les eaux ; on en trouve de même en grande quantité en Ecosse, à l'embouchure de la rivière ]Ness. Auprès de Bruges en Flandre, en fouillant à quarante ou cinquante pieds de profon- deur, on trouve une très grande (quantité d'arbres aussi près les uns des autres que dans une forêt : les troncs, les rameaux et les feuilles sont si bien con- servés qu'on distingue aisément les chflerentes espè- ces d'arbres. Il y a cincj cents ans que cette terre, où l'on trouve des arbres, étoit une mei-, et avant ce l6 THÉORIE DE LA TERRE. temps là ou n'a point de mémoire ni de tradition que jamais cette terre eût existé; cependant il est néces- saire que cela ait été ainsi dans le temps que ces ar- bres ont cru et végété : ainsi le terrain qui dans les temps les p]us reculés étoit une terre ferme couverte de bois, a été ensuite couvert par les eaux de la mer qui y ont amené quarante ou cinquante pieds d'épais- seur de terre , et ensuite ces eaux se sont retirées. On a de môme trouvé une grande quantité d'arbres sou- terrains à Yoiile dans la province d'York, ta douze milles au dessous de la ville sur la rivière Humber : il y en a qui sont si gros qu'on s'en sert pour bâtir; et on assure, peut-être mal à propos, que ce bois est aussi durable et d'aussi bon service que le chêne : on en coupe en petites baguettes et en longs copeaux que l'on envoie vendre dans les villes voisines; et les gens s'en servent pour aliumer leur pipe. Tous ces ar- bres paroissent rompus, et les troncs sont séparés de leurs racines, comme des arbres que la violence d'un ouragan ou d'une inondation auroit cassés et empor- tés. Ce bois ressemble beaucoup au sapin ; il a la même odeur lorsqu'on le brùle, et fait des charbons de la même espèce. Dans l'île de Man on trouve dans un marais qui a six milles de long et trois milles de large, appelé Cnrragkj des arbres souterrains qui sont des sapins; et, quoiqu'ils soient à dix-huit ou vingt pieds de profoi^deur, ils sont cependant fermes sur leurs racines^. On en trouve ordinairement darî^ tous les grands marais, dans les fondrières, et dans la plu- part des endroits marécageux, dans les provinces de Somerset, de Cliester, de Lanc^Rstre, de Staflbrd. ,11 y j. \oi\CL Hoy's Disconrscs, p.igcaSa, ART. XVIII. EFFET DES PLUIES. I7 n de certains endroits où l'on trouve des arbres sons terre, qni ont été coupés, sciés, éqiiarris, et travail- lés par les hommes : on y a même trouvé des cognées et des serpes; et entre Birmingham et Brumley dans la province de Lincoln, il y a des collines élevées de sable fin et léger, que les pluies et les vents empor- tent et transportent en laissant à sec et à découvert des racines de grands sapins, où l'impression de la cognée paroi t encore aussi fraîche que si elle venoit d'être faite. Ces collines se seront sans doute formées, comme les dunes, par des amas de sable que la mer a apportés et accumulés, et sur lesquels ces sapins auront pu croître; ensuite ils auront été recouverts par d'autres sables qui y auront été ameuLS, comme les premiers, par des inondations ou par des vents violents. On trouve aussi une grande quantité de ces arbres souterrains dans les terres marécageuses de Hollande, dans la Frise, et auprès de Groningue; et c'est de là que viennent les tourbes qu'on brûle dans tout le pays. On trouve dans la terre une infinité d'arbres grands et petits de toute espèce, comme sapins, chênes, bou- leaux, hêtres, ifs, aubépins, saules, frênes. Dans les marais de Lincoln, le long de la rivière d'Ouse, et dans la province d'York en Hatfield-chace, ces ar- bres sont droits et plantés comme on les voit dans une forêt. Les chênes sont fort durs, et on en emploie dans les bâtiments, où ils durent ^ fort long- temps ; 1. Je doute beaucoup de la vérité de ce fait : tous les arbres qu'on lire de la terre, au moins tous ceus que j'ai vus, soit chênes, soit autres, perdent, en se desséchant, toute la iolidilé qu'ils paroissent avoir d'abord, et ne doivent jamais être employés dans les bâtiments. 1 8 j i i ]•: () i\ II' 1 ) i: î, A T E :\ n e . les frênes sont lendres et tombent en poussière, aussi bien que les saules. On en trouve qui ont été équar- ris, d'autres sciés, d'autres percés, avec des cognées rompues, et des haches dont la forme ressemble à celle des couteaux de sacrifice. On y trouve aussi des noisettes, des glands, et des cônes de sapins en grande quajitité. Plusieurs autres endroits marécageux de l'Angleterre et de l'Irlande sont remplis de troncs d'arbres, aussi bien que les marais de France et de Suisse, de Savoie et d'Italie. Dans la ville de Modène et à quatre milles aux en- virons, en quelque endroit qu'on fouille, lorsqu'on est parvenu à la profondeur de soixante- trois pieds, et qu'on a percé la terre à cinq pieds de profondeur de plus avec une tarière, l'eau jaillit avec une si grande force, que le puits se remplit en fort peu de temps presque jusqu'au dessus : cette eau coule continuel- lement et ne diminue ni n'augmente par la pluie ou par la sécheresse. Ce qu'il y a de remarquable dans ce terrain, c'est que, lorsqu'on est parvenu à quatorze pieds de profondeur, on trouve les décombrements et les ruines d'une ancienne ville, des rues pavées, des planchers des maisons, différentes pièces de mo- saïque, après quoi on trouve une terre assez solide et qu'on croiroit n'avoir jamais été remuée : cepen- dant au dessous on trouve une terre humide et mê- lée de végétaux, et, à vingt-six pieds, des arbres tout entiers, comme des noisetiers avec les noisettes des- sus, et une grande quantité de branches et de feuilles d'arbres ; à vingt-huit pieds on trouve une craie ten- dre mêlée de beaucoup de coquillages, et ce ht a onze pieds d'épaisseur, après quoi on retrouve encore ART. XV III. EFFET DES PLIIES. K) (les végétaux, des feuilles, et des branches; et ainsi alternativement de la craie et une terre mêlée de vé- gétaux jusqu'à la profondeur de soixante-trois pieds, à laquelle profondeur est un lit de sable mêlé de pe- tit gravier et de coquilles semblables à celles qu'on trouve sur les côtes de la mer d'Italie. Ces lits succes- sifs de terre marécageuse et de craie se trouvent tou- jours dans le même ordre, en quelque endroit qu'on fouille, et quelquefois la tarière trouve de gros troncs d'arbres qu'il faut percer; ce qui donne beaucoup de peine aux ouvriers : on y trouve aussi des os, du char- bon de terre, des cailloux, et des morceaux de fer. Ramazzini, qui rapporte ces faits, croit que le golfe de Venise s'étendoit autrefois jusqu'à Modène et au delà, et que par la succession des temps les rivières, et peut être les inondations de la mer, ont formé suc- cessivement ce terrain. Je ne m'étendrai pas davantage ici sur les variétés que présentent ces couches de nouvelle formation : il suffit d'avoir montré qu'elles n'ont pas d'autres cau- ses que les eaux courantes ou stagnantes qui sont à la surface de la terre, et qu'elles ne sont jamais aussi dures ni aussi solides que les couches anciennes qui se sont formées sous les eaux de la mer. Sui^ les bois souterrains pétrifiés et cliarbonnifiés. *«Dans les terres du duc de Saxe-Cobourg, qui sont sur les frontières de la Franconie et de la Saxe, à quelques lieues de la ville de Cobourg même, on a trouvé, à une petite profondeur, des arbres entiers pétrifiés à un tel point de perfection, qu'en les tra- 20 TiiEonn: he la teîire. vaillant on Iroiivc que cela l'ait une pierre aussi belle et aussi dure que l'agate, i^es princes de Saxe en ont donné quelques morceaux à j\l. Schœpflin, qui en a envoyé deux à M. de Bufîbn pour le Cabinet du Roi : on a fait de ces bois pétrifiés des vases et autres beaux ouvrages^. » On trouve aussi du bois qui n'a point changé de nature, à d'assez grandes profondeurs dans la terre. M. Du Verny, officier d'artillerie , m'en a envoyé des échantillons avec le détail suivant. « La ville de l^a Fère, où je suis actuellement en garnison, fait tra- vailler, depuis le i5 du mois d'août de cette année 1 755, à chercher de l'eau par le moyen de la tarière : lorsqu'on fut parvenu à trente-neuf pieds au dessous du sol, on trouva un lit de marne, que l'on a conti- nué de percer jusqu'à cent vingt-un pieds : ainsi , à cent soixante pieds de piofondeur, on a trouvé, deux fois consécutives, la tarière remplie d'une marne mê- lée d'une très grande quantité de fragments de bois, que tout le monde a reconnus pour être du chêne. Je vous en envoie deux échantillons. Les jours sui- vants, on a trouvé toujours la même marne, mais moins mêlée de bois, et on en a trouvé jusqu'à la profondeur de deux cent dix pieds, où l'on a cessé le travail. » «On trouve, dit M. Justi, des morceaux de bois pétrifiés d'une prodigieuse grandeur dans le pays de Cobourg, qui appartient à une branche de la maison de Saxe; et dans les montagnes de Misnie, on a tiré de la terre des arbres entiers, qui étoient entièrement changés en une très belle agate. Le Cabinet impérial 1. Letlrede M. Scliœpflin : Strasbourg, 24 septembre 1746. ART. XVIII. EFFET DES PLUIES. 2i de Vienne renferme un grand nombre de pétrifica- tions en ce genre. Un morceau destiné pour ce même Cabinet étoit d'une circonférence qui égaloit celle d'un gros billot de boucherie. La partie qui avoit été bois étoit changée dans une très belle agate d'un gris noir; et au lieu de Técorce on voyoit régner tout autour du tronc une bande d'une très belle agate blanche. » L'empereur aujourd'hui régnant a souhaité qu'on découvrît quelque moyen pour fixer l'âge des pétrifications Il donna ordre à son ambassadeur à Constantinople de demander la permission de faire retirer du Danube un des piliers du pont de Trajan, qui est à quelques milles au dessous de Belgrade. Cette permission ayant été accordée, on retira un de ces piliers, que l'on présumoit devoir être pétrifié par les eaux du Danube ; mais on reconnut que la pétri- fication étoit très peu avancée pour un espace de temps si considérable. Quoiqu'il se fût passé plus de seize siècles depuis que le pilier en question étoit dans le Danube, elle n'y avoit pénétré tout au j^us qu'à l'épaisseur de trois quarts de pouce, et même à quelque chose de moins : le reste du bois, peu diffé- rent de l'ordinaire, ne commençoit qu'à se calciner. » Si de ce fait seul on pouvoit tirer une juste con- séquence pour toutes les autres ptj<|-ifications, on en concluroit que la nature a eu besoin peut-être de cinquante mille ans pour changer en pierres des ar- bres de la grosseur de ceux qu'on a trouvés pétrifiés erf difîerents endroits; mais il peut fort bien arriver qu'en d'autres lieux le concours de plusieurs causes opère la pétrification plus promptement... ni'FFON. III. 22 ^ TllKOniE UIÎ LA TEIlRi:. » On a vu à Vienne une hûclie pétrifiée, (jui étoîf venue des montagnes Carpathes en Hongrie, sur la- quelle paroissoient distinctement les hachures qui y avoient été faites avant sa pétrification; et ces mêmes hachures étoient si peu altérées par le changement arrivé au bois, qu'on y remarquoit qu'elles avoient été faites avec un tranchant qui avoit une petite I)rèche » Au reste, il paroît que le bois pétrifié est beau- coup moins rare dans la nature qu'on ne le pense com- munément, et qu'en bien des endroits il ne manque, pour le découvrir, que l'œil d'un naturaliste curieux. J'ai vu auprès de Mansfeld une grande quantité de bois de chêne pétrifié, dans un endroit où beaucoup ras, de la cuisse, des jambes, des côtes, des rotules, et plusieurs autres mûIés confusément et dans le plus grand désordre. Les crânes entiers , ou divisésen petites parties, sem- blent y dominer. » Outre ces ossements humains, on en a rencontré plusieurs autres par morceaux, qu'on ne peut attri- buer à l'homme : ils sont, dans certain^ endroits, ra- massés par pelotons ; ils sont épars dans d'autres... >) Lorsqu'on a creusé jusqu'à la profondeur de qua- tre pieds et demi, on a rencontré six têtes humaines dans une situation inclinée. De cinq de ces têtes on a conservé l'occiput avec ses adhérences, à l'exception des os de la face : cet occiput étoit en partie incrusté dans la pierre; son intérieur en étoit rempli, et cette pierre en avoit pris la forme. La sixième tête est dans son entier du côté de la face, qui n'a reçu aucune altération; elle est large à proportion de sa longueur : on y distingue la forme des joues charnues; les yeux sont fermés, assez longs, mais étroits: le front est uii peu large ; le nez fort aplati, mais bien formé, la ligne du milieu un peu marquée ; la bouche bien faite et fermée, ayant la lèvre supérieure un peu forte re- lativement à l'inférieure : le menton est bien propor- tionné, et les muscles du total sont très articulés. La 56 IllKORIE DE LA TERRE. couleur de cette tête est rougeâtre, et ressemble assez bien aux têtes de tritons imaginées par les peintres : sa substance est semblable à celle de la pierre où elle a ëtë trouvée; elle n'est, à proprement parler, que le masque de la tête naturelle... » La relation ci-dessus a été envoyée par M. le baron de Gaillard-Longjumeau à madame de Boisjourdain, qui l'a ensuite fait parvenir à M. Guettard avec quel- ques morceaux des ossements en question. On peut douter avec raison que ces prétendues têtes humaines soient réellement des têtes d'hommes : « car tout ce qu'on voit dans cette carrière, dit M. de Longjumeau , annonce qu'elle s'est formée de débris de corps qui ont été brisés, et qui ont dû être ballottés et roulés dans les flots de 1^ mer dans le temps que ces os se sont amoncelés. Ces amas ne se faisant qu'à la longue, et n'étant surtout recouverts de matière pierreuse que successivement, on ne conçoit pas aisément comment il pourroit s'être formé un masque sur la face de ces têtes, les chairs n'étant pas long-temps à se corrom- pre, lors surtout que les corps sont ensevelis sous les eaux. On peut donc très raisonnablement croire que ces prétendues têtes humaines n'en sont réellement point... il y a même tout lieu de penser que les os qu'on croit appartenir à l'homme sont ceux des sque- lettes de poissons dont on a trouvé les dents, et dont quelques unes étoient enclavées dans les mêmes quar- tiers de pierre qui renfermoient les os qu'on dit être humains. » Il paroît que les amas d'os des environs d'Aix sont semblables à ceux que M. Borda a fait connoître de- puis quelques années, et qu'il a trouvés près de Dax ART. XVIU. EFFET DES PLUIES. O^ en Gascogne. Les dents qu'on a découvertes à Aix pa- roissent, par la description qu on en donne, être sem- blables à celles qui ont été trouvées à Dax , et dont une mâchoire inférieure étoit encore garnie : on ne peut douter qup cette mâchoire ne soit celle d'un gros poisson... Je pense donc que les os de la carrière d'Aix sont semblables à ceux qui ont été découverts à Dax..., et que ces ossements, quels qu'ils soient, doivent être rapportés à des squelettes de poissons plutôt qu'à des squelettes humains... » Une des têtes en question avoit environ sept pouces et demi de longueur sur trois de largeur et quelques lignes de plus; sa forme est celle d'un globe allongé, aplati à sa base , plus gros à l'extrémité postérieure qu'à l'extrémité antérieure, divisé suivant sa largeur, et de haut en bas, par sept ou huit bandes larges de- puis sept jusqu'à douze lignes : chaque bande est elle-même divisée en deux parties égales par un léger sillon; elles s'étendent depuis la base jusqu'au som- met : dans cet endroit, celles d'un côté sont séparées de celles du côté opposé par un autre sillon plus pro- fond, et qui s'élargit insensiblement depuis la partie antérieure jusqu'à la partie postérieure. » A cette description , on ne peut reconnoître le noyau d'une tête humaine : les os de la tête de l'homme ne sont pas divisés en bandes comme Test le corps dont il s'agit; une tête humaine est compo- sée de quatre os principaux, dont on ne retrouve pas la forme dans le noyau dont on a donné la description : elle n'a pas intérieurement une crête qui s'étende lon- gitudinalement depuis sa partie antérieure jusqu'à sa partie postérieure, qui la divise en deux parties éga- BUFFON. Ht. 5 58 r[lÉ01ME DE LA TERRE. les, et qui ait pu former le sillon sur la partie siipé- rieure du noyau pierreux. » Ces considérations me font penser que ce corps est plutôt celui d'un nautile que celui d'une tête hu- maine. En effet, il y a des nautiles qui sont séparés en bandes ou boucliers comme ce noyau : ils ont un canal ou siphon qui règne dans la longueur de leur courbure , qui les sépare en deux , et qui en aura formé le sillon pierreux, etc. » Je suis très persuadé, ainsi que M. le baron de Longjumeau, que ces prétendues têtes n'ont jamais appartenu à des hommes , mais à des animaux du genre des phoques, des loutres marines, etdes grands lions marins et ours marins. Ce n'est pas seulement à Aix ou à Dax que l'on trouve , sur les rochers et dans les cavernes, des têtes et des ossements de ces ani- maux; S. A. le prince margrave d'Anspach, actuelle- ment régnant, et qui joint au goût des belles con- noissances la plus grande affabilité , a eu la bonté de me donner, pour le Cabinet du Roi, une collection d'ossements tirés des cavernes de Gailenreute j, dans son margraviat de Bareith. M. Daubenton a comparé ces os avec ceux de l'ours commun : ils en diffèrent en ce qu'ils sont beaucoup plus grands; la tête et les dents sont plus longues et plus grosses, et le museau plus allongé et plus renflé que dans nos plus grands ours. Il y a aussi dans cette collection , dont ce noble prince a bien voulu me gratifier, une petite tête que ses naturalistes avoient désignée sous le nom de tête du petit phoca de M. de Buffon; mais, comme l'on ne connoît pas assez la forme et la structure des têtes de lions marins, d'ours marins, et de tous les grands et ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. /| 1 les plaines se sont élevées, les angles des collines sont devenus plus obtus , plusieurs matières entraînées par les fleuves se sont arrondies , il s'est formé des cou- ches de tuf, de pierre molle, de gravier, etc. : mais l'essentiel est demeuré , la forme ancienne se recon- Roît encore, et je suis persuadé que tout le monde peut se convaincre par ses yeux de tout ce que nous avons dit à ce sujet, et que quiconque aura bien voulu suivre nos observations et nos preuves ne doutera pas que la terre n'ait été autrefois sous les eaux de la mer, et que ce ne soient les courants de la mer qui aient donné à la surface de la terre la forme que nous voyons. Le mouvement principal des eaux de la mer est. comme nous l'avons dit, d'orient en occident : aussi il nous paroît que la mer a gagné sur les côtes orien- tales, tant de l'ancien que du nouveau continent, un espace d'environ cinq cents lieues; on doit se sou- venir des preuves que nous en avons données dans l'article XI , et nous pouvons y ajouter que tous les détroits qui joignent les mers sont dirigés d'orient en occident : le détroit de Magellan, les deux détroits de Forbisher, celui d'Hudson, le détroit de l'île de Ceylan, ceux de la mer de Corée et de Kamtschatka, ont tous cette direction, et paroissent avoir été formés par l'irruption des eaux qui, étant poussées d'orient en occident , se sont ouvert ces passages dans la même direction , dans laquelle elles éprouvent aussi un mouvement plus considérable que dans toutes les autres directions; car il y a dans tous ces détroits des marées très violentes , au lieu que dans ceux qui sont situés sur les côtes occidentales, comme l'est celui 42 THÉORIE DE LA TERRE. de Gibraltar, celui de Sund , etc. , le mouvement des marées est presque insensible. Les inégalités du fond de la mer changent la di- rection du mouvement des eaux; elles ont été pro- duites successivement par les sédiments de l'eau et par les matières quelle a transportées, soit par son mouvement de flux et de reflux, soit par d'autres mou- vements : car nous ne donnons pas pour cause unique de ces inégalités le mouvement du flux et du reflux; nous avons seulement donné cette cause comme la principale et la première, parce qu'elle est la plus constante et qu'elle agit sans interruption : mais on doit aussi admettre comme cause l'action des vents; ils agissent même à la surface de l'eau avec une toute autre violence que les marées, et l'agitation qu'ils communiquent à la mer est bien plus considérable pour les effets extérieurs; elle s'étend même à des profondeurs considérables, comme on le voit par les niatières qui se détachent, par la tempête, du fond des mers, et qui ne sont presque jamais rejetées sur les rivages que dans les temps d'orage. Nous avons dit qu'entre les tropiques, et même à quelques degrés au delà, il règne continuellement un vent d'est; ce vent, qui contribue au mouvement général de la mer d'orient en occident, est aussi an- cien que le flux et le reflux, puisqu'il dépend du cours du soleil et de la raréfaction de l'air produite par la chaleur de cet astre. Yoilà donc deux causes de mou- vement réunies, et plus grandes sous l'équateur que partout ailleurs : la pre]nière, le flux et le reflux, qui, comme l'on sait, est plus sensible dans les climats méridionaux; et la seconde, le vent d'est, qui souffle ART. XVIII. EFFET DES PLUIES. 5g petits phoques^ nous croyons devoir encore suspendre notre jugement sur les animaux auxquels ces osse- ments fossiles ont appartenu. [Add. Buff,) ARTICLE XIX. Des changements de terres en mers^ et de mers en terres. Il paroît par ce que nous avons dit dans les arti- cles I , VII , VIIÏ , et IX , qu'il est arrivé au globe ter- restre de grands changements qu'on peut regarder comme généraux ; et il est certain par ce que nous avons rapporté dans les autres articles , que la surface de la terre a souffert des altérations particulières. Quoique l'ordre, ou plutôt la succession de ces alté- rations ou changements particuliers, ne nous soit pas bien connue , nous en connoissons cependant les causes principales: nous sommes mêaie en état d'en distinguer les différents effets; et si nous pouvions rassembler tous les indices et tous les faits que l'his- toire naturelle et l'histoire civile nous fournissent au sujet des révolutions arrivées à la surface de la terre , nous ne doutons pas que la théorie que nous avons donnée n'en devînt bien plus plausible. L'une des principales causes des changements qui arrivent sur la terre, c'est le mouvement de la mer, mouvement qu'elle a éprouvé de tout temps; cardes la création il y a eu le soleil, la lune, la terre, les eaux, l'air, etc. : dès lors le flux et le reflux, le mou- vement d'orient en occident, celui des vents et des courants, se sont fait sentir; les eaux ont eu dès lors Jes mêmes mouvements que nous remarquons aujour- /|0 THÉOllIE DE LA TERRE. d'hui dans la mer; et quand même on siipposeroit que Taxe du globe auroit eu une autre inclinaison, et que les continents terrestres, aussi bien que les mers, au- roient eu une autre disposition, cela ne détruit point le mouvement du flux et du reflux, non plus que la cause et l'effet des vents : il suffit que l'immense quan- tité d'eau qui remplit le vaste espace des mers se soit trouvée rassemblée quelque part sur le globe de la terre , pour que le flux et le reflux, et les autres mou- vements de la terre, aient été produits. Lorsqu'une fois on a commencé à soupçonner qu'il se pouvoit bien que notre continent eût autrefois été le fond d'une mer, on se le persuade bientôt à n'en pouvoir douter : d'un côté ces débris de la mer qu'on trouve partout, de l'autre la situation horizontale des couches de la terre , et enfin cette disposition des collines et des montagnes qui se correspondent , me paroissent autant de preuves convaincantes; car en considérant les plaines, les vallées, les collines, on voit clairement que la surface de la terre a été figurée par les eaux ; en examinant l'intérieur des coquilles qui sont renfermées dans les pierres, on reconnoît évidemment que ces pierres se sont formées par le sédiment des eaux, puisque les coquilles sont rem- plies de la matière même de la pierre qui les envi- ronne; et enfin en réfléchissant sur la forme des col- lines, dont les angles saillants répondent toujours aux angles rentrants des collines opposées, on ne peut pas douter que cette direction ne soit l'ouvrage des courants de la mer. A la vérité , depuis que notre continent est découvert, la forme de la surface a un peu changé, les montagnes ont diminué de hauteur, AHT. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. ,|3 continuellement dans ces mêmes climats; ces deux causes ont concouru, depuis la formation du globe, à produire les mêmes effets, c est-à-dire à faire mou- voir les eaux d'orient en occident, et à les agiter avec plus de force dans cette partie du monde que dans toutes les autres; c'est pour cela que les plus grandes inégalités de la surface du globe se trouvent entre les tropiques. La partie de l'Afrique , comprise entre ces deux cercles, n'est, pour ainsi dire, qu'un groupe de montagnes, dont les différentes chaînes s'étendent, pour la plup^t, d'orient en occident , comme on peut s'en assurer en considérant la direction des grands fleuves de cette partie de l'Afrique ; il en est de même de la partie de l'Asie et de celle de l'Amérique qui sont comprises £ntre les tropiques, et l'on doit juger de l'inégalité et de la surface de ces clin^ats par la quan- tité de hautes montagnes et d'îles qu'on y trouve. De la combinaison du mouvement général de la mer d'orient en occident, de celui du flux et du reflux, de celui que produisent les courants, et encore de celui que forment les vents, il a résulté une infinité de dif- férents effets tant sur le fond de la mer que sur les cô- tes et les continents. Yarenius dit qu'il est très pro- bable que les golfes et les détroits ont été formés par l'effort réitéré de l'Océan contre les terres^ que la mer Méditerranée, les golfes d'Arabie, de Bengale, et de Cambaye, ont été formés par l'irruption des eaux, aussi bien que les détroits entre la Sicile et l'I- talie , entre Ceylan et l'Inde , entre la Grèce et l'Eu- bée, et qu'il en est de même du détroit des Maniîl^. de celui de Magellan , et de celui de Danemarck ; qu'une preuve des irruptions de i'Oréan sur les conti- 44 TliKOUlE DE LA TEK RE. nents, qu'une preuve qu'il a abandonne différents terrains, c'est qu'on ne trouve que très peu d'îles dans le milieu des grandes mers, et jamais un grand nom- bre d'îles voisines les unes des autres ; que, dans l'es- pace immense qu'occupe la mer Pacitique, à peine trouve-t-on deux ou trois petites îles vers le milieu; que, dans le vaste Océan Atlantique entre l'Afrique et le Brésil, on ne trouve que les petites îles de Sainte- Hélène et de l'Ascension; mais que toutes les îles sont auprès des grands continents, comme les îles de l'Ar- chipel auprès du continent de l'Europe et de l'Asie, les Canaries auprès de l'Afrique , toutes les îles de la mer des Indes auprès du continent oriental , les îles Antilles auprès de celui de l'Amérique, et qu'il n'y a que les Açores qui soient fort avancées dans la mer entre l'Europe et l'Amérique. Les habitants de Ceylan disent que leur île a été séparée de la presqu'île de l'Inde par une irruption de l'Océan, et cette tradition populaire est assez vrai- i^emblable. On croit aussi que l'île de Sumatra a été séparée de Malaye ; le grand nombre d'écueils et de bancs de sable qu'on trouve entre deux semblent le prouver. Les Malabares assurent que les îles Maldives faisoient partie du continent de l'Inde, et en général on peut'croire que toutes les îles orientales ont été sé- parées des continents par une irruption de l'Océan^. Il paroît qu'autrefois l'île de la Grande-Bretagne fai- soit partie du continent, et que -l'Angleterre tenoit à la France : les lits de terre et de pierre, qui sont les j%èmes des deux côtés du Pas-de-Calais, le peu de j>rofondeur de ce détroit, semblent l'indiquer. En i. Voyez Varetni Geogvapli. général. , pages 'io5, '417, et '220, ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 4^^ supposant, dit le docteur Wallis, comme tout paroit l'indiquer, que l'Angleterre communiquoit autrefois à la France par un isthme au dessous de Douvres et de Calais, les grandes mers des deux côtés battoient les côtes de cet isthme par un flux impétueux, deux fois en vingt-quatre heures; la mer d'Allemagne, qui est entre l'Angleterre et la Hollande, frappoit cet isthme du côté de l'est, et la mer de France, du côté de l'ouest : cela suffit avec le temps pour user et détruire une langue de terre étroite, telle que nous supposons qu'étoit autrefois cet isthme. Le flux de la mer de France, agissant avec grande violence non seulement contre l'isthme , mais aussi contre les côtes de France et d'Angleterre, doit nécessairement, par le mouve- ment des eaux, avoir enlevé une grande quantité de sable, de terre, de vase, de tous les endroits contre lesquels la mer agissoit : mais, étant arrêtée dans son courant par cet isthme , elle ne doit pas avoir déposé , comme on pourroit le croire, des sédiments contre l'isthme ; mais elle les aura transportés dans la grande plaine qui forme actuellement le marécage de Ronine, qui a quatorze milles de long sur huit de large : car quiconque a vu cette plaine ne peut pas douter qu'elle n'ait été autrefois sous les eaux de la mer, puisque, dans les hautes marées, elle seroit encore en partie inondée sans les digues de Dimchurch. La mer d'Allemagne doit avoir agi de même contre l'isthme et contre les côtes d'Angleterre et de Flan- dre, et elle aura emporté les sédiments en Hollande et en Zélande, dont le terrain, qui étoit autrefois sous les eaux, s'esC élevé de plus de quarante pieds. De l'autre côté éûr la côte d'Angleterre, la mer d'Aile- 46 TIIÉOIIIE DE LA TE RUE. magne devoit occuper cette large vallée où coule ac- luelleinent la rivière de Sture, à plus de vingt milles de distance, à commencer par Sandwich, Cantorbery, Cbatam, Chilham, jusqu'à Asliford, et peut-être plus loin; le terrain est actuellement beaucoup plus élevé qu'il ne l'étoit autrefois , puisqu'à Chatam on a trouvé les os d'un hippopotame enterrés à dix-sept pieds de profondeur, des ancres de vaisseaux et des coquilles marines. Or, il est très vraisemblable que la mer peut former de nouveaux terrains en y apportant les sables, la terre, la vase, etc. ; car nous voyons sous nos yeux que, dans l'île d'Orkney, qui est adjacente à la côte marécageuse de Romne, il y avoit un terrain bas tou- jours en danger d'être inondé par la rivière Rother : mais, en moins de soixante ans, la mer a élevé ce ter- rain considérablement en y amenant à chaque flux et reflux une quantité considérable de terre et de vase : et en même temps elle a creusé si fort le canal par où elle entre, qu'en moins de cinquante ans la profon- deur de ce canal est devenue assez grande pour rece- voir de gros vaisseaux, au lieu qu'auparavant, c'étoit un gué où les hommes pouvoient passer. La même chose est arrivée auprès de la côte de Nor- folk, et c'est de cette façon que s'est formé le banc de sable qui s'étend obliquement depuis la côte de JNor- folk vers la côte de Zélande ; ce banc est l'endroit où les marées de la mer d'Allemagne et de la mer de France se rencontren t depuis que l'isth sue a été rompu , et c'est là que se déposent les terres et les sables en- traînés des côtes : on ne peut pas dire si avec le temps ce banc de sable ne formera pas un nouvel isthme, etc. ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 4f) tempête furieuse , amena vers la côte une si grande quantité de sables, qu'ils fermèrent l'embouchure du Rhin auprès de Calt, et que ce fleuve inonda tout le pays, renversa les arbres et les maisons, et se jeta dans le lit de la Meuse. En 1421, il y eut une autre inondation qui sépara la ville de Dordrecht de la terre ferme, submergea soixante et douze villages, plu- sieurs châteaux, noya cent mille âmes, et fit périr une infinité de bestiaux. La digue de l'Issel se rompit en i658 par quantité de glaces que le Rhin entraî- noit , qui , ayant bouché le passage de l'eau , firent une ouverture de quelques toises à la digue , et une partie de la province fut inondée avant qu'on eut pu réparer la brèche. En 1682, il y eut une pareille inondation dans la province de Zélande, qui submer- gea plus de trente villages, et causa la perte d'une infinité de monde et de bestiaux qui furent surpris la nuit par les eaux. Ce fut un bonheur pour la Hollande que le vent de sud-est gagna sur celui qui lui éloit opposé ; car la mer étoit si enflée, que les eaux étoient de dix-huit pieds plus hautes que les terres les plus élevées de la province, à la réserve des dunes ^. Dans la province de Kent en Angleterre, il y avoit à Hith un port qui s'est comblé, malgré tous les soins que l'on a pris pour l'empêcher, et malgré la dépense qu'on a faite plusieurs fois pour le vider. On y trouve une multitude étonnante de galets et de coquillages apportés par la mer dans l'étendue de plusieurs milles, qui s'y sont auioncelés autrefois, et qui , de nos jours, ont été recouverts par de la vase et de la terre , sur laquelle sont actuellement despâturages. D'autre côté, 1. Voyez les Voyages historiques de L'Europe, tome \. page 70, 50 THÉORIE DE LA TERRE. il y a des terrés fermes que la mer, avec le temps, vient à gagner et à couvrir, comme les terres de Goodwin, qui appartenoierit à un seigneur de ce nom , et qui à présent ne sont plus que des sables couverts par les eaux de la mer. Ainsi la mer gagne en plusieurs endroits du terrain , et en perd clans d'autres : cela dépend de la diflerente situation des côtes et des en- droits où le mouvement des marées s'arrête, où les eaux transportent d'un endroit à l'autre les terres, les sables, les coquilles, etc. Sur la montagne de Stella en Portugal, il y a un lac dans lequel on a trouvé des débris de vaisseaux , quoique cette montagne soit éloignée de la mer de plus de douze lieues. Sabinius, dans ses commentai- res sur les Métamorphoses d'Ovide, dit qu'il paroît par les monuments de l'histoire, qu'en l'année i46o on trouva dans une mine des Alpes un vaisseau avec ses ancres. Ce n'est pas seulement en Europe que nous trou- verons des exemples de ces changements de mer en terre et de terre en mer ; les autres parties du monde nous en fourniroient peut-être de plus remarquables et en plus grand nombre , si on les avoit bien ob- servées. Calicut a été autrefois une ville célèbre et la capi- tale d'un royaume de même nom ; ce n'est aujour- d'hui qu'une grande bourgade mal bâtie et assez dé- serte : la mer, qui, depuis un siècle, a beaucoup gagné sur cette côte , a submergé la meilleure partie de l'ancienne ville, avec une belle forteresse de pierre de taille qui y étoit. Les barques mouillent aujour- d'hui sur leurs ruines, et le port est rempli d'un grand ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN .MERS. ^| - 11 y a grande apparence, dit Ray, que l'île de la Grande-Bretagne étoit autrefois jointe à la France , et faisoit partie du continent; on ne sait point si c'est par un tremblement de terre ou par une irruption de l'Océan , ou par le travail des hommes, à cause de l'u- tilité et de la commodité du passage , ou par d'autres raisons : mais ce qui prouve que cette île faisoit partie du continent, c'est que les rochers et les côtes des deux côtés sont de même nature et composés des mê- mes matières, à la même hauteur, en sorte que Ton trouve le long des côtes de Douvres les mêmes lits de pierre et de craie que l'on trouve entre Calais et Bou- logne ; la longueur de ces rochers le long de ces côtes est à très peu près la même de chaque côté , c'est-à- dire d'environ six milles. Le peu de largeur du canal, qui, dans cet endroit, n'a pas plus de vingt-quatre milles anglais de largeur, et le peu de profondeur, eu égard à la mer voisine, font croire que l'Angleterre a été séparée de la France par accident. On peut ajou- ter à ces preuves, qu'il y avoit autrefois des loups et même des ours dans cette île, et il n'est pas à présu- mer qu'ils y soient venus à la nage , ni que les hommes aient transporté ces animaux nuisibles, car en général on trouve les animaux nuisibles des continents dans toutes les îles qui en sont fort voisines, et jamais dans celles qui en sont fort éloignées, comme les Espa- gnols l'ont observé lorsqu'ils sont arrivés en Amérique. Du temps de Henri I", roi d'Angleterre, il arriva une grande inondation dans une partie de la Flandre par une irruption de la mer; en i446? ^^^ pareille i r ruption ht périr plus de dix mille personnes sur le ter- ritoire de Dordrecht, et plus de cent mille autour de 48 ÏHÉOillE DE LA TERRE. Dullart, en Frise, el en ZéJande, et il y eut dans ces deux provinces plus de deux ou trois cents villages de submergés; on voit encore les sommets de leurs tours et les pointes de leurs clochers qui s'élèvent un peu au dessus des eaux. Sur les côtes de France, d'Angleterre, de Hollande, d'Allemagne, de Prusse , la mer s'est éloignée en beau- coup d'endroits. Hubert Thomas dit, dans sa descrip- tion du pays de Liège, que la mer environnoit autre- fois les murailles de la ville de Tongres, qui maintenant en est éloignée de trente-cinq lieues; ce qu'il prouve par plusieurs bonnes raisons; et entre autres il dit qu'on voyoit encore de son temps les anneaux de fer dans les murailles, auxquelles on attachoit les vais- seaux quiyarrivoient. On peut encore regarder comme des terres abandonnées par la mer, en Angleterre les grands marais de Lincoln et l'île d'Ély, en France la Crau de la Provence ; et môme la mer s'est éloignée assez considérablement à l'embouchure du Rhône de- puis l'année i665. En Italie, il s'est formé de même un terrain considérable à l'embouchure de l'Arno; et Ravenne , qui autrefois étoit un port de mer des exar- ques, n'est plus une ville maritime. Toute la Hollande paroît être un terrain nouveau, où la surface de la terre est presque de niveau avec le fond de la mer, quoique le pays se soit considérablement élevé et s'élève tous les jours par les limons et les terres que le Rhin , la Meuse , etc. , y amènent ; car autrefois on coraptoit que le terrain de la Hollande étoit en plu- sieurs endroits de cinquante pieds plus bas que le fond de la mer. On prétend qu'en l'année 860, la mer, dans unç ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES E\ MERS. 5l nombre d'écueils qui paroissent dans les basses ma- rées, et sur lesquels les vaisseaux font assez souvent naufrage ^. La province de Jucatan , péninsule dans le golfe du Mexique , a fait autrefois partie de la mer. Cette pièce de terre s'étend dans la mer à cent lieues en longueur depuis le continent, et n'a pas plus de vingt -cinq lieues dans sa plus grande largeur; la qualité de l'air y est tout-à-fait chaude et humide : quoiqu'il n'y ait ni ruisseaux ni rivières dans un si long espace, l'eau est partout si proche , et l'on trouve , en ouvrant la terre, un si grand nombre de coquillages, qu'on est porté à regarder cette vaste étendue comme un lieu qui a fait autrefois partie de la mer. Les habitants de Malahar prétendent qu'autrefois les îles Maldives étoient attachées au continent des Indes, et que la violence de la mer les en a séparées. Le nombre de ces îles est si grand, et quelques uns des canaux qui les séparent sont si étroits, que les beauprés des vaisseaux qui y passent font tomber les feuilles des arbres de l'un et de l'autre côté ; et en quelques endroits un homme vigoureux, se tenant à une branche d'arbre, peut sauter dans une autre île. Une preuve que le continent des Maldives étoit autre- fois une terre sèche, ce sont les cocotiers qui sont au fond de la mer ; il s'en détache souvent des cocos qui sont rejetés sur le rivage par la tempête : les Indiens en font grand cas, et leur attribuent les mêmes vertus qu'au bézoard. On croit qu'autrefois l'île de Ceylan étoit unie au continent et en faisoit partie, mais que les courants, I. Voyez Lettres édifiantes, rec. Il, page 187. t)2 THEORIE DE LA TERRE. qui sont extrêmement rapides en beaucoup d'endroits des Indes, l'ont séparée, et en ont fait une île. On croit la même chose à l'égard des îlesRammanakoiel et de plusieurs autres. Ce qu'il y a de certain c'est que l'île de Ceylan a perdu trente ou quarante lieues' de terrain du côté du nord-ouest, que la mer a ga- gnées successivement. Il paroît que la mer a abandonné depuis peu une grande partie des terres avancées et des îles de l'Amé- rique. On vient de voir que le terrain de Jucatan n'est composé que de coquilles ; il en est de môme des basses terres de la Martinique et des autres îles Antilles. Les habitants ont appelé le fond de leur terrain la chaux j, parce qu'ils font de la chaux avec ces coquilles, dont on trouve les bancs immédiatement au dessous de la terre végétale. Nous pouvons rapporter ici ce qui est dit dans les Nouveaux Voyages aux îles de l'Améri- que. « La chaux que l'on trouve par toute la grande terre de la Guadeloupe , quand on fouille dans la terre, est de même espèce que celle que l'on pêche à la mer : il est difficile d'en rendre raison. Seroit-il possible que toute l'étendue du terrain qui compose cette île ne fût, dans les siècles passés, qu'un haut fond rempli de plantes de chaux qui , ayant beaucoup crû et rempli les vides qui étoient entre elles occupés par l'eau , ont enfin haussé le terrain et obligé l'eau à se retirer et à laisser à sec toute la superficie? Cette conjecture , toute extraordinaire qu'elle paroît d'a- bord, n'a pourtant rien d'impossible, et deviendra même assez vraisemblable à ceux qui l'examineront sans prévention : car enfin , en suivant le commence- ment de ma supposition , ces plantes ayant crû et ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 53 rempli tout l'espace que leau occupoit , se sont enfin étoufFées Tune l'autre ; les parties supérieures se sont réduites en poussière et en terre ; les oiseaux y ont laissé tomber les graines de quelques arbres qui ont germé et produit ceux que nous y voyons , et la na- ture y en fait germer d'autres qui ne sont pas d'une espèce commune aux autres endroits, comme les bois marbrés et violets. 11 ne seroit pas indigne de la cu- riosité des gens qui y demeurent de faire fouiller en différents endroits pour connoître quel en est le sol, jusqu'à quelle profondeur on trouve cette pierre à chaux , en quelle situation elle est répandue sous l'épaisseur de la terre, et autres circonstances qui pourroient ruiner ou fortifier ma conjecture. » Il y a quelques terrains qui tantôt sont couverts d'eau, et tantôt sont découverts, comme plusieurs îles en Norwège , en Ecosse , aux Maldives , au golfe de Cambaye , etc. La mer Baltique a gagné peu à peu une grande partie de la Poméranie ; elle a couvert et ruiné le fameux port de Vineta. De même la mer de Norwège a formé plusieurs petites îles, et s'est avan- cée dans le continent. La mer d'Allemagne s'est avan- cée en Hollande auprès de Catt, en sorte que les rui- nes d'une ancienne citadelle des Romains, qui étoit autrefois sur la côte, sont actuellement fort avant dans la mer. Les marais de l'île d'Ély en Angleterre , la Crau en Provence, sont, au contraire, comme nous l'avons dit, des terrains que la mer a abandonnés; les dunes ont été formées par des vents de mer qui ont jeté sur le rivage et accumulé des terres, des sa- bles, des coquillages, etc. Par exemple, sur les côtes occidentales de France, d'Espagne, et d'Afrique, il BlIFFON. II!. Y| 54 THÉORIE DE LA TERRE. règne des vents d'ouest durables et violents qui pous- sent avec impétuosité les eaux vers le rivage , sur le- quel ii s'est formé des dunes dans quelques endroits. De même les vents d'est, lorsqu'ils durent long-temps, chassent si fort les eaux des côtes de la Syrie et de la Phénicie , que les chaînes de rochers qui sont cou- verts d'eau pendant les vents d'est, demeurent alors à sec. Au reste, les dunes ne sont pas composées de pierres et de marbres, comme les montagnes qui se sont formées dans le fond de la mer, parce qu'elles n'ont pas été assez long-temps dans l'eau. Nous ferons voir dans le Discours sur les minéraux que la pétrifi- cation s'opère au fond de la mer, et que les pierres qui se forment dans la terre sont bien différentes de celles qui se forment dans la mer. Comme je mettois la dernière main à ce traité de la Théorie de la terre, que j'ai composé en 1744? J ^i reçu de la part de M. Barrère sa Dissertation sur l* ori- gine des pierres figurées j, et j'ai été charmé de me trou- ver d'accord avec cet habile naturaliste au sujet de la formation des dunes , et du séjour que la mer a fait autrefois sur la terre que nous habitons ; il rapporte plusieurs changements arrivés aux côtes de la mer. Aigues-Mortes, qui est actuellement à plus d'une lieue et demie de la mer, étoit un port du temps de saint Louis; Psalmodi étoit une île en 81 5, et aujourd'hui il est dans la terre ferme , à plus de deux lieues de la mer : il en est de même de Maguelone ; la plus grande partie du vignoble d'Agde étoit, il y a quarante ans, couverte par les eaux de la mer : et en Espagne la mer s'est retirée considérablement depuis peu de Blanes, de Badalona, vers l'embouchure de la rivière ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 55 Vobregat, vers le cap de Tortosa , le long des côtes de Valence, etc. La mer peut former des collines et élever des mon- tagnes de plusieurs façons différentes, d'abord par des transports de terre , de vase , de coquilles ^ d'un lieu à un autre, soit par son mouvement naturel de flux et de reflux, soit par l'agitation des eaux causée par les vents; en second lieu par des sédiments, des parties impalpables qu'elle aura détachées des côtes et de son fond , et qu'elle pourra transporter et dé- poser à des distances considérables; et enfin par des sables, des coquilles, de la vase, et des terres que les vents de mer poussent souvent contre les côtes; ce qui produit des dunes et des collines que les eaux abandonnent peu à peu , et qui devienneift des par- ties du continent : nous en avons un exemple dans nos dunes de Flandre et dans celles de Hollande, qui ne sont que des collines composées de sable et de coquilles que des vents de mer ont poussés vers la terre. M. Barrère en cite un autre exemple qui m'a paru mériter de trouver place ici. « L'eau de la mer, par son mouvement, détache de son sein une infinité de plantes, de coquillages, de vase, de sable, que les vagues poussent continuellement vers les bords , et que les vents impétueux de mer aident à pousser encore. Or, tous ces diÛerents corps ajoutés au pre- mier atterrissement y forment plusieurs nouvelles cou- ches ou monceaux qui ne peuvent servir qu'à accroître le lit de la terre, à l'élever, à former des dunes, des collines, par des sables, des terres, des pierres amon- celées; en un mot, à éloigner davantage le bassin de la mer, et à former un nouveau continent. 56 THEORIE DE LA TERRE. » Il est visible que des alluvions ou des alterrisse- ments successifs ont été faits par Je même mécanisme depuis plusieurs siècles, c'est-à-dire par des déposi- tions réitérées de différentes matières; atterrissements qui nQ sont pas de pure convenance : j'en trouve les^ preuves dans la nature même, c'est-à-dire dans diffé- rents lits de coquilles fossiles et d'autres productions marines qu'on remarque dans le Roussillon auprès du village de NafFiac, éloigné de la mer d'environ sept ou huit lieues. Qeslitsde coquilles, qui sont inclinés de l'ouest à l'est sous différents angles, sont séparés les uns des autres par des bancs de sable et de terre, tantôt d'un pied et demi, tantôt de deux à trois pieds d'épaisseur; ils sont comme saupoudrés de sel lors- que le tenif)s est sec, et forment ensemble des co- teaux de la hauteur de plus de vingt-cinq à trente toises. Or, une longue chaîne de coteaux si élevés n'a pu se former qu'à la longue , à différentes reprises et parla succession des temps; ce qui pourroit être aussi un effet du déluge et du bouleversement universel qui a dû tout confondre, mais qui cependant n'aura pas donné une forme réglée à ces différentes couches de coquilles fossiles qui auroient dû être assemblées sans aucun ordre. » Je pense sur cela comme M. Barrère; seulement je ne regarde pas les atterrissements comme la seule ma- nière dont les montagnes ont été formées, et je crois pouvoir assurer au contraire que la plupart des émi- nences que nous voyons à la surface de la terre ont été formées dans la mer même, et cela par plusieurs raisons qui m'ont toujours paru convaincantes : pre- mièrement, parce qu'elles ont entre elles cette cor- ART. XIX. CliANOEMENTS DE TERRES EN MERS. Sy respondance d'angles saillants et rentrants qui sup- pose nécessairement la cause que nous avons assignée, c'est-à-dire le mouvement des courants de la mer; en second lieu, parce que les dunes et les collines qui se forment des matières que la mer amène sur ses bords ne sont pas composées de marbres et de pierres dures comme les collines ordinaires : les coquilles n'y sont ordinairement que fossiles, au lieu que dans les autres montagnes la pétrification est entière ; d'ailleurs tes bancs de coquilles , les couches de terre ne sont pas aussi horizontales dans les dunes que dans les colli- nes composées de marbre et de pierre dure : ces bancs y sont plus ou moins inclinés, comme dans les colli- nes de Naffiac, au lieu que dans les collines et dans les montagnes qui se sont formées sous les eaux par les sédiments de la mer les couches sont toujours paral- lèles et très souvent horizontales; les matières y sont pétrifiées aussi bien que les coquilles. J'espère faire voir que les marbres et les autres matières calcinables qui presque toutes sont composées de madrépores, d'astroïtes, et de coquilles, ont acquis au fond de la mer le degré de dureté et de perfection que nous leur connoissons : au contraire les tufs, les pierres molles, et toutes les matières pierreuses, comme les incrusta- tions , les stalactites , etc. , qui sont aussi calcinables , et qui se sont formées dans la terre depuis que notre con- tinent est découvert, ne peuvent acquérir ce degré de dureté et de pétrification des marbres ou des pierres dures. On peut voir dans VHistoire de l' Académie ^ année 1^07, les observations de M. Saulmon au sujet des ga- lets qu'on trouve dans plusieurs endroits. Ces galets 58 THÉORIE DE LA TERÏIE. sont des, cailloux ronds et plats, et toujours fort po- lis, que la mer pousse sur les côtes. A Bayeux et à Brutel, qui est à une lieue de la mer, on trouve du ga- let en creusant des caves ou des puits : les montagnes de Bonneuil, de Broie, et du Quesnoy, qui sont à environ dix-huit lieues de la mer, sont toutes cou- vertes de galets : il y en a aussi dans la vallée de Gler- monten Beauvoisis. M. Saulmon rapporte encore qu'un trou de seize pieds de profondeur, percé directement et horizontalement dans la falaise duTréport, qui est toute de moellon, a disparu en trente ans, c'est-à- dire que la mer a miné dans la falaise cette épaisseur de seize pieds. En supposant qu'elle avance toujours également, elle mineroit mille toises ou une petite demi-lieue de moellon en douze mille ans. Les mouvements de la mer sont donc les principa- les causes des changements qui sont arrivés et qui ar- rivent à la surface du glohe : mais cette cause n'est pas unique; il y en a beaucoup d'autres moins considé- rables qui contribuent à ces changements : les eaux courantes, les fleuves, les ruisseaux, la fonte des nei- ges, les torrents, les gelées, etc., ont changé consi- dérablement la surface de la terre ; les pluies ont di- minué la hauteur des montagnes; les rivières et les ruisseaux ont élevé les plaines; les fleuves ont rempli la mer à leur embouchure ; la fonte des neiges et les torrents ont creusé des ravines dans les gorges et dans les vallons; les gelées ont fait fendre les rochers et les ont détachés des montagnes. Nous pourrions citer une infinité d'exemples de différents changements que tou- tes ces causes ont occasionés. Varenius dit que les fleuves transportent dans la mer une grande quantité ART. XIX. CHANGEMENTS DE TEuSRs EN MERS. Sp (le terre qu'ils déposent a plus ou moins de distance des côtes, en raison de leur rapidité ; ces terres tom~ bent au fond de la mer, et y forment d'abord de pe- tits bancs, qui, s'augmentant tous les jours, font des écueils , et enfin forment des îles qui deviennent fer- tiles et habitées : c'est ainsi que se sont formées les îles du Nil, celles du fleuve Saint-Laurent, l'île de Landa située à la côte d'Afrique près de l'embouchure du fleuve Coanza, les îles de Norwège, etc. ^. On peut y ajouter l'île de Tongming à la Chine, qui s'est formée peu à peu des terres que le fleuve de Nanquin entraîne et dépose à son embouchure. Cette île est fort consi- dérable; elle a plus de vingt lieues de longueur sur cinq ou six de largeur. Le Pô, le Trento, l'Athésis, et les autres rivières de l'Italie , amènent une grande quantité de terres dans les lagunes de Venise, surtout dans le temps des inon- dations, en sorte que peu à peu elles se remplissent: elles sont déjà sèches en plusieurs endroits dans ie temps du reflux, et il n'y a plus que les canaux que l'on entretient avec une grande dépense qui aient un peu de profondeur. A l'embouchure du Nil, à celle du Gange et de l'Inde, à celle de la rivière de la Plata au Brésil, à celle de la rivière de Nanquin à la Chine, et à l'em- bouchure de plusieurs autres fleuves, on trouve des terres et des sables accumulés. La Loubère , dans son VoyagedeSiam^ dit que les bancs de sable et de terre augmentent tous les jours à l'embouchure des grandes rivières de l'Asie par les limons et les sédiments qu'el- les y apportent, en sorte que la navigation de ces 1. Voyer. Vavenii Geogrnph: gcnernl., pagR 2î4 6o xfrÈoUIE DE LA TERRE. rivières devient tous les jours plus difficile , et devien- dra un jour impossible. On peut dire la même chose des grandes rivières de l'Europe et surtout du Wolga, qui a plus de soixante-dix embouchures dans la mer Caspienne; du Danube, qui en a sept dans la mer JNoire, etc. Comme il pleut très rarement en Lgypte, l'inon- dation régulière du Nil vient des torrents qui y tom- bent dans l'Ethiopie ; il charrie une très grande quan- tité de limon : et ce fleuve a non seulement apporté sur le terrain de l'Egypte plusieurs milliers de couches annuelles, mais même il a jeté bien avant dans la mer les fondements d'une alluvion qui pourra former avec le temps un nouveau pays ; car on trouve avec la sonde, à plus de vingt lieues de distance de la côte, le limon du Nil au fond de la mer, qui augmente tous les ans. La Basse-Egypte, où est maintenant le Delta, n'étoit autrefois qu'un golfe de la mer. Homère nous dit que l'île de Pharos étoit éloignée de l'Egypte d'un jour et d'une nuit de chemin, et l'on sait qu'aujourd'hui elle est presque contiguë. Le sol en Egypte n'a pas la même profondeur de bon terrain partout; plus on ap- proche de la mer, et moins il y a de profondeur ; près des bords du Nil il y a quelquefois trente pieds et davantage de profondeur de bonne terre, tandis qu'à l'extrémité de l'inondation il n'y a pas sept pou- ces. Toutes les villes de la Basse-Egypte ont été bâties sur des levées et sur des éminences faites à la main. La ville de Damiette est aujourd'hui éloignée de la mer de plus de dix milles; et du temps de saint Louis, en 12/pj c'étoit un port de mer. La ville de Fooah, qui étoit, il y a trois cents ans, à l'embouchure de la ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERllES EN 3IERS. 6l branche canopique du Nil, en est présentement à plus de sept milles de distance : depuis quarante ans la mer s'est retirée d'une demi-lieue de devant Rosette, etc. Il est aussi arrivé des changements à l'embouchure de tous les grands fleuves de l'Amérique, et même de ceux qui ont été découverts nouvellement. Le P. Charlevoix, en parlant du fleuve Mississipi , dit qu'à l'embouchure de ce fleuve, au dessous de la Nou- velle-Orléans, le terrain forme une pointe de terre qui ne paroît pas fort ancienne, car pour peu qu'on y creuse , on trouve de l'eau; et que la quantité de pe- tites îles qu'on a vu se former nouvellement à toutes les embouchures de ce fleuve, ne laissent aucun doute que cette langue de terre ne soit formée de la môme manière. Il paroît certain, dit-il, que quand M. de La Salle descendit^ le Mississipi jusqu'à la mer, l'em- bouchure de ce fleuve n'étoit pas telle qu'on la voit aujourd'hui. Plus on approche de la mer, ajoute-t-il, plus cela devient sensible ; la barre n'a point d'eau dans la plu- part des petites issues que le fleuve s'est ouvertes, et qui ne se sont si fort multipliées que par le moyen des arbres qui y sont entraînés par le courant, et dont un seul arrêté par ses branches ou par ses racines dans un endroit où il y apeu de profondeur, en arrête mille. J'en ai vu, dit-il, à deux cents lieues d'ici^ des amas dont un seul auroit rempli tous les chantiers de Paris: rien alors n'est capable de les détacher; le limon que charrie le fleuve leur sert de ciment et les couvre peu 1. Il y a clos gcogiaphes qui inûlendent que M. do La Salle n'a ja- mais descendu le Mississipi. 2. De la Nouvelle-Orléans. 62 THÉORIE DE LA TERRE. à peu; chaque inondation en laisse une nouvelle cou- che , et après dix ans au plus les lianes et les arbris- seaux commencent à y croître : c'est ainsi que se sont formées la plupart des pointes et des îles qui font si souvent changer de cours au fleuve. Cependant tous les changements que les fleuves occasionent sont assez lents, et ne peuvent devenir considérables qu'au bout dune longue suite d'années: mais il est arrivé des changements brusques et subits par les inondations et les tremblements de terre. Les anciens prêtres égyptiens, six cents ans avant la nais- sance de Jésus-Christ, assuroient, au rapport de Pla- ton dans le Tintée^ qu'autrefois il y avoit une grande île auprès des colonnes d'Hercule, plus grande que l'Asie et la Libye prises ensemble, qu'on appeloity^^- lantide^ que cette grande île fut inondée et abîmée sous les eaux de la mer après un grand tremblement de terre. « Traditur Atheniensis civitas restitisse olim » innumeris hostium copiis quae, ex Atlantico mari » profectae, propè jam cunctam Europam Asiamque » obsederunt. Tune enim erat fretum illud navigabile, » habens in ore quasi vestibulo ejus insulam quas » Herculis Columnas cogriominant : ferturque insula » illa Libyâ simul et Asiâ Major fuisse, per quam ad » alias proximas insulas patebat aditus, atque ex in- » sulis ad omnem continentem è conspectu jacentem » vero mari vicinam. Sed intrà os ipsud portus augusto » sinu fuisse traditur. Pelagus illud verum mare, terra » quoque illa verè erat continens, etc. Post liaec in- » gentiterrae motu jugiquedieiuniuset noctisilluvione >) factum est, ut terra dehiscens omnes illos bellicosos » absorberet, et Atlanlis insula sub vasto gurgitc mer- APiT. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 65 « geretur. » (Plato, in Timœo. ) Celte ancienne tradi- tion n'est pas absolument contre toute vraisemblance: les terres qui ont été absorbées par les eaux, sont peut-êt^ celles qui joignoient l'Irlande aux Açores , et celles-ci au continent de l'Amérique; car on trouve en Irlande les mêmes fossiles, les mêmes coquillages, et les mêmes productions marines que l'on trouve en Amérique, dont quelques unes sont différentes de celles qu'on trouve dans le reste de l'Europe Eusèbe rapporte deux témoignages au sujet des dé- luges, dont l'un est de Melon , qui dit que la Syrie avoit été autrefois inondée dans toutes les plaines; l'autre est d'Abydenus, qui dit que du temps du roi Sisithrus il y eut un grand déluge qui avoit été prédit par Saturne. Vlutdir que , de solertiâ a?iimalîumj, Ovide et les autres mythologistes parlent du déluge de Deucalion, qui s'est fait, dit-on, en Thessalie, environ sept cents ans après le déluge universel. On prétend aussi qu'il y en a eu un plus ancien dans l'Attique, du temps d'Ogygès, environ deux cent trente ans avant celui de Deucalion. Dans l'année logS il y eut un déluge en Syrie qui noya une infinité d'hommes. En 1164 il y en eut un si considérable dans la Frise, que toutes les côtes maritimes furent submergées avec plusieurs mil- liers d'hommes. En 1 2 1 8 il y eut une autre inondation qui fitpérirprèsdecentmille hommes, aussibien qu'en i55o. Il y a plusieurs autres exemples de ces grandes inondations, comme celle de i6o4 en Angleterre, etc. Une troisième cause du changement sur la surface du globe sont les vents impétueux. Non seulement ils forment des dunes et des collines sur les bords de la mer et dans le milieu des continents, mais souvent G4 THÉORIE DE LA TERRE. ils arrêtent et l'ont rebrousser les rivières; ils changent la direction des fleuves; ils enlèvent les terres culti- vées, les arbres; ils renversent les maisons; ils inon- dent, pour ainsi dire, des pays toit entiew. Nous avons un exemple de ces inondations de sable en France, sur les côtes de Bretagne : Vllistolre de l'A- cadéimCj, année 1722, en fait menticn dans les termes suivants. « Aux environs de Saint-Paul de Léon en Basse- Bretagne, il y a sur la mer un canton qui avant Tan 1666 étoit habité et ne l'est plus, à cause d'un sable qui le couvre jusqu'à une Inuleur de plus de vingt pieds, et qui d'année en année s'avance et gagne du terrain. A compter de l'époque marquée, il a gagné plus de six lieues, et il n'est plus qu'à une demi- lieue de Saint-Paul , de sorte que , selon les appa- rences, il faudra abandonner cette ville. Dans le pays submergé on voit encore quelques pointes de clo- chers et quelques cheminées qui sortent de cette mer de sable; les habitants de ces villages enterrés ont eu du moins le loisir de quitter leurs maisons pour aller mendier. » C'est le vent d'est ou de nord qui avance cette calamité : il élève ce sable qui est très fin, et le porte en si grande quantité et avec tant de vitesse, que M. Deslandes, à qui l'Académie doit cette observa- tion, dit qu'en se promenant en ce pays là pendant que le vent charrioit, il étoit obhgé de secouer de temps en temps son chapeau et son habit, parce qu'il les sentoit appesantis. De plus, quand ce vent est violent, il jette ce sable par dessus un petit bras de mer jusque dansRoscof, petit port assez fréquenté ART. XTX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 65 par les vaisseaux étrangers; le sable s'élève dans les rues de cette bourgade jusqu'à deux pieds, et on l'en- lève par charretées. On peut remarquer, en passant, qu'il y a dans ce sable beaucoup de parties ferrugi- neuses, qui se reconnoissent au couteau aimanté. » L'endroit de la côte qui fournit tout ce sable est une plage qui s'étend depuis Saint-Paul jusque vers Plouescat, c'est-à-dire un peu plus de quatre lieues, et qui est presque au niveau de la mer lorsqu'elle est pleine. La disposition des lieux est telle, qu'il n'y a que le vent d'est, ou de nord-est, qui ait la direc- tion nécessaire pour porter le sable dans les terres. Il est aisé de concevoir comment le sable porté et accumulé par le vent en un endroit est repris en- suite par le même vent et porté plus loin, et qu'ainsi le sable peut avancer en submergeant le pays, tant que la minière qui le fournit en fournira de nou- veau; car sans cela le sable, en avançant, diminue- roit toujours de hauteur, et cesseroit de faire du ra- vage. Or il n'est que trop possible que la mer jette ou dépose long-temps de nouveau sable dans cette plage d'où le vent l'enlève : il est vrai qu'il faut qu'il soit toujours aussi fin pour être aisément enlevé. ») Le désastre est nouveau, parce que la plage qui fournit le sable n'en avoit pas encore une assez grande quantité pour s'élever au dessus de la sur face de la mer, ou peut-être parce que la mer n'a abandonné cet endroit et ne Ta laissé découvert que depuis un temps : elle a eu quelque mouvement sur cette côte; elle vient présentement dans le flux une demi-lieue en deçà de certaines roches qu'elle ne passoit pas autrefois. 66 THÉOlllE DE LA TERRE. » Ce malheureux canton inondé d'une façon si singulière justifie ce que les aiiciens et les modernes rapportent des tempêtes de sable excitées en Afri- que, qui ont fait périr des villes, et même des ar- mées. ') M. Shaw nous dit que les ports de Laodicée et de Jébilée, de Tortose, de Rowadse, de Tripoli, de Tyr, d'Acre, de Jaffa, sont tous remplis et comblés des sables qui ont été charriés par les grandes va- gues qu'on a sur cette côte de la Méditerranée lors- que le vent d'ouest souffle avec violence. 11 est inutile de donner un plus grand nombre d'exemples des altérations qui arrivent sur la terre ; le feu, l'air et l'eau y produisent des changements continuels, et qui deviennent très considérables avec le temps : non seulement il y a des causes généra- les dont les efiets sont périodiques et réglés, par lesquels la mer prend successivement la place de la terre et abandonne la sienne , mais il y a une grande quantité de causes particulières qui contribuent à ces changements, et qui produisent des bouleversements, des inondations , des affaissements ; et la surface de la terre, qui est ce que nous connoissons de plus solide, est sujette, comme tout le reste de la nature, à des vicissitudes perpétuelles. *Au sujet des changements de mer en terre, on verra, en parcourant les côtes de France, qu'une partie de la Bretagne, de la Picardie, de la Flandre, et de la Basse-Normandie, ont été abandonnées par la mer assez récemment, puisqu'on y trouve des amas d'huîtres et d'autres coquilles fossiles dans le môme état qu'on les tire aujourd'hui de la mer voisine. 11 e«! ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS. 67 très certain que la mer perd sur les cotes de Duiiker- que : on en a l'expérience depuis un siècle. Lorsqu'on construisit les jetées de ce port en 1670, le fort de Bonne-Espérance, qui terminoit une de ces jetées, fut bâti sur pilotis, bien au delà de la laisse de la basse mer; actuellement la plage est avancée au delà de ce fort de près de trois cents toises. En 1714? lorsqu'on creusa le nouveau port de Mardik , on avoit également porté les jetées jusqu'au delà de la laisse de la basse mer; présentement il se trouve au delà une plage de plus de cinq cents toises à sec à marée basse. Si la mer continue à perdre, insensiblement Dunkerque, comme Aigues-Mortes , ne sera plus un port de mer, et cela pourra arriver dans quelques siècles. La mer ayant perdu si considérablement de notre connoissance, combien n'a-t-elle pas dû perdre depuis que le monde existe! Il suffit de jeter les yeux sur la Saintonge maritime pour être persuadé qu'elle a été ensevelie sous les eaux. L'Océan qui la couvroit, ayant abandonné ces terres, la Charente le suivit à mesure qu'il faisoit re- traite , et forma dès lors une rivière dans les lieux mê- mes où elle n'étoit auparavant qu'un grand lac ou un marais. Le pays d'Aunis a autrefois été submergé par la mer et par les eaux stagnantes des mardis : c'est une des terres les plus nouvelles de la France ; il y a lieu de croire que ce terrain n'étoit encore qu'un marais vers la fin du quatorzième siècle. Il paroît donc que l'Océan a baissé de plusieurs pieds, depuis quelques siècles, sur toutes nos côtes; et si l'on examine celles de la Méditerranée depuis le Roussillon jusqu'en Provence, on reconnoîtra que 68 T!lÉORIl'. DE LA TERRE. cette mer a fait aussi sa retraite à peu près dans la même proportion ; ce qui semble prouver que toutes les côtes d'Espagne et de Portugal se sont, comme celles de France, étendues en circonférence. On a fait la même remarque en Suède, où quelques physiciens ont prétendu, d'après leurs observations, que dans quatre mille ans, à dater de ce jour, la Baltique, dont la profondeur n'est guère que de trente brasses, sera une terre découverte et abandonnée par les eaux. Si l'on faisoitde semblables observations dans tous les pays du monde , je suis persuadé qu'on trouveroit généralement que la mer se retire de toutes parts. Les mêmes causes qui ont produit sa première retraite et son abaissement successif ne sont pas absolument anéanties; la ïiier étoit dans le commencement élevée de plus de deux mille toises au dessus de son niveau actuel : les grandes boursouflures de la surface du globe, qui se sont écroulées les premières, ont fait baisser les eaux, d'abord rapidement; ensuite, à me- sure que d'autres cavernes moins considérables se sont affaissées, la mer se sera proportionnellement dépri- mée; et, comme il existe encore un assez grand nom- bre de cavités qui ne sont pas écroulées, et que de temps en temps cet effet doit arriver, soit par l'action des volcans, soit par la seule force de l'eau, soit par l'effort des tremblements de terre, il me semble qu'on peut prédire, sans crainte de se tromper, que les mers se retireront de plus en plus avec le temps, en s'abais- sant encore au dessous de leur niveau actuel, et que par conséquent l'étendue des continents terrestres ne fera qu'augmenter avec les siècles. CONCLUSION. 09 CONCLUSION. 11 paroît certain , par les preuves que nous avons données ( articles VU et VIII ) , que les continents terrestres ont été autrefois couverts par les eaux de la mer; il paroît tout aussi certain (article XII ) que le flux et le reflux, et les autres mouvements des eaux, détachent continuellement des côtes et du fond de la mer des matières de toute espèce, et des coquilles qui se déposent ensuite quelque part , et tombent au fond de l'eau comme des sédiments, et que c'est là l'origine des couches parallèles et horizontales qu'on trouve partout. II paroît (article IX) que les inégali- tés du globe n'ont pas d'autre cause que celle du mouvement des eaux de la mer, et que les montagnes ont été produites par Tamas successif et l'entassement des sédiments dont nous parlons, qui ont formé les différents lits dont elles sont composées. 11 est évi- dent que les courants qui ont suivi d'abord la direction de ces inégalités leur ont donné ensuite à toutes la li- gure qu'elles conservent encore aujourd'hui ( arti-, cleXIlI), c'est-à-dire cette correspondance alterna- tive des angles saillants toujours opposés aux angles rentrants. Il paroît de même (articles VIII et XVIII ) que la plus grande partie des matières que la mer a déta- chées de son fond et de ses côtes étoient en poussière lorsqu'elles se sont précipitées en forme desédimenis, et que cette poussière impalpable a rempli l'intérieur des coquilles absolument et parfaitement, lorsque ces matières se sont trouvées ou de la nature même des DIFFOK. III. T) 70 THEORIE DE LA TERRE. coquilles, ou d'une autre nature analogue. Il est cer- tain (article XYII) que les couches horizontales qui ont été produites successivement par le sédiment des eaux, et qui étoient d'abord dans un état de mollesse, ont acquis de la dureté à mesure qu'elles se sont des- séchées, et que ce dessèchement a produit des fentes perpendiculaires qui traversent les couches horizon- tales. 11 n'est pas possible de douter, après avoir vu les faits qui sont rapportés dans les articles X , XI , XIV, XV, XVI, XVII, XVIII, et XIX, qu'il ne soit arrivé une infmité de révolutions, de bouleversements, de changements particuliers, et d'altérations sur la sur- face de la terre, tant par le mouvement naturel des eaux de la mer que par l'action des pluies, des gelées, des eaux courantes, des vents, des feux souterrains, des tremblements de terre, des inondations, etc.; et que par conséquent la mer n'ait pu prendre successi- vement la place de la terre, surtout dans les premiers temps après la création, où les matières terrestres étoient beaucoup plus molles qu'elles ne le sont au- jourd'hui. Il faut cependant avouer que nous ne pou- vons juger que très imparfaitement de la succession des révolutions naturelles; que nous jugeons encore moins de la suite des accidents, des changements, et des altérations; que le défaut des monuments histori- ques nous prive de la connoissance des faits : il nous manque de l'expérience et du temps; nous ne faisons pas réflexion que ce temps qui nous manque ne man- que point à la nature ; nous voulons rapporter à l'in- stanl de notre existence les siècles passés et les âges à CONCLUSION. 71 venir sans considérer que cet instant, la vie humaine, étendue même autant qu'elle peut 1 être par l'his- toire, n'est qu'un point dans la durée, un seul fait dans l'histoire des faits de Dieu. FTN DE LA THEORIE DE LA TERRE. HISTOIRE DES MINÉRAUX. HISTOIRE DES MINÉRAUX. INTRODUCTION. DES ELEMENTS. PREMIERE PARTIE. De la lumière^ de la chaleur^, et du feu. Ees puissances de la nature, autant qu'elles nous sont connues, peuvent se réduire à deux forces primi- tives, celle qui cause la pesanteur, et celle qui pro- duit la chaleur. La force d'impulsion leur est subor- donnée ; elle dépend de Ja première pour ses effets particuliers, et tient à la seconde pour l'effet général. Comme l'impulsion ne peut s'exercer qu'au moyen du ressort, et que le ressort n'agit qu'en vertu de la force qui rapproche les parties éloignées, il est clair que l'impulsion a besoin, pour opérer, du concours de l'attraction ; car si la matière cessoit de s'atlirer, si les corps perdoient leur cohérence, tout ressort ne seroit-il pas détruit, toute communication de mou- vement interceptée, toute impulsion nulle, puisque. ^6 MINÉUAIX. INTRODUCTION, dans le fait ^, le mouvement ne se communique, et ne peut se transmettre d'un corps à un autre que par l'élasticité ; qu'enfin on peut démontrer qu'un corps parfaitement dur, c'est-à-dire absolument inflexible, seroit en même temps absolument immobile et tout- à-fait incapable de recevoir l'action d'un autre corps ^? 1. Pour une plus grande intelligence, je prie mes lecteurs de voir la seconde partie de l'article de cet ouvrage, qui a pour titre : De la nature j seconde vue. 2. La communication du mouvement a toujours été regardée comme une vérité d'expérience, et les plus grands mathématiciens se sont contentés d'en calculer les résultats dans les différentes circonstances , et nous ont donné sur cela des règles et des formules, où ils ont em- ployé beaucoup d'art; mais personne, ce me semble, n'a jusqu'ici considéré la nature intime du mouvement, et n'a tâché de se repré- senter et de présenter aux autres la manière physique dont le mou- vement se transmet et passe d'un corps à un autre corps. On a pré- tendu que les corps durs pouvoient le recevoir comme les corps à ressort; et, sur cette hypothèse dénuée de preuves, on a fondé des propositions et des calculs dont on a tiré une infinité de fausses con- séquences : car les corps supposés durs et parfaitement inflexibles ne pourroient recevoir le mouvement. Pour le prouver, soit un globe parfaitement dur, c'est-à-dire inflexible dans toutes ses parties; cha- cune de ces parties ne pourra, par conséquent, être rapprochée ou éloignée de la partie voisine, sans quoi cela seroit contre la suppo- sition : donc, dans un globe parfaitement dur, les parties ne peuvent recevoir aucun déplacement, aucun changement, aucune action; car si elles recevoient une action, elles auroieut une réaction , les corps ne pouvant réagir qu'en agissant. Puis donc que toutes les parties prises séparément ne peuvent recevoir aucune action , elles ne peuvent en communiquer; la partie postérieure, qui est frappée la première, ne pourra pas communiquer le mouvement à la partie antérieure, puis- que cette partie postérieure, qui a été supposée inflexible, ne peut pas changer, eu égard aux autres parties : donc il seroit impossible de communiquer aucun mouvement à un corps inflexible. Mais l'expé- rience nous apprend qu'on communique le mouvement à tous les corps t donc tous les corps sont à ressort; donc il n'y a point de corps parfai- tcmcnl durs cl inflexibles dans la nature. T^n de mes amis (M. Gucneai* DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. ^7 L'attraction étant un effet général, constant, et permanent, l'impulsion, qui, dans la plupart des corps, est particulière, et n'est ni constante ni perma- nente, en dépend donc comme un effet particulier dépend d'un effet général ; car au contraire , si toute impulsion étoit détruite, l'attraction subsisteroit et n'en agiroit pas moins , tandis que celle-cidjfcenant à cesser, l'autre seroit non seulement sans exercice, mais même sans existence : c'est donc cette différence essentielle qui subordonne l'impulsion à l'attraction dans toute matière brute et purement passive. Mais cette impulsion, qui ne peut ni s'exercer ni se transmettre dans les corps bruts qu'au moyen du ressort, c'est-à-dire du secours de la force d'attrac- tion, dépend encore plus immédiatement, plus gé- néralement, de la force qui produit la chaleur : car c'est principalement par le moyen de la chaleur que l'impulsion pénètre dans les corps organisés; c'est par la chaleur qu'ils se forment, croissent, et se dévelop- pent. On peut rapporter à l'attraction seule tous les effets de la matière brute, et à cette même force d'at- traction, jointe à celle de la chaleur, tous les phéno- mènes de la matière vive. de Montbeillard), homme d'un excellent esprit, ma écrit à ce sujet dans les termes suivants : « De la supposition de l'immobililé absolue des corps absolument durs, il suit qu'il ne faudroit peut-être qu'un pied cube de cette matière pour arrêter tout le mouvement de l'univers connu : et si cette immobilité absolue étoit prouvée , il semble que ce n est point assez de dire quil n'existe point de ces corps dans la nature , et qu'on peut les traiter d'impossibles, et dire que la supposition de leur existence est absurde ; car le mouvement provenant du ressort leur ayant été refusé , ils ne peuvent dès lors être capables du mouvement provenant del'attraction, qui est , par l'hypothèse, la cause du ressort » 78 MINÉRAUX. INTRODUCTION. J'entends par matière vive, non seulement tous les êtres qui vivent ou végètent, mais encore toutes les molécules organiques vivantes, dispersées et répan- dues dans les détriments ou résidus des corps orga- nisés : je comprends encore dans la matière vive celle de la lumière, du feu, de la chaleur; en un mot, toute u:^Éère qui nous paroît être active par elle- même. Ur, cette matière vive tend toujours du cen- tre à la circonférence , au lieu que la matière brute tend au contraire de la circonférence au centre ; c'est une force expansive qui anime la matière vive, et c'est une force attractive à laquelle obéit la matière brute : quoique les directions de ces deux forces soient diamétralement opposées, l'action de chacune ne s'en exerce pas moins; elles se balancent sans jamais se détruire, et de la combinaison de ces deux forces également actives résultent tous les phénomènes de l'univers. Mais, dira-t-on, vous réduisez toutes les puissances de la nature à deux forces, l'une attractive et l'autre expansive, sans donner la cause ni de l'une ni de l'au- tre, et vous subordonnez à toutes deux l'impulsion, qui est la seule force dont la cause nous soit connue et démontrée par le rapport de nos sens : n'est-ce pas abandonner une idée claire , et y substituer deux hy- pothèses obscures ? A cela je réponds que, ne connoissant rien que par comparaison , nous n'aurons jamais d'idée de ce qui produit un effet général, parce que cet effet ap- partenant à tout, on ne peut dès lors le comparer à rien. Demander quelle est la cause de la force attrac- tive, c'est exiger qu'on nous dise la raison pourquoi DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 79 toute la matière s'attire : or, ne nous suffit-il pas de savoir que réellement toute la matière s'attire , et n'est-il pas aisé de concevoir que cet effet étant gé- néral, nous n'avons nul moyen de le comparer, et par conséquent nulle espérance d'en connoître jamais la cause ou la raison? Si l'effet, au contraire, étoit par- ticulier comme celui de l'attraction de l'aimant et du fer, on doit espérer d'en trouver la cause, parce qu'on peut le comparer à d'autres effets particuliers, ou le ramener à l'effet général. Ceux qui exigent qu'on leur donne la raison d'un effet général ne connoissent ni l'étendue de la nature ni les limites de l'esprit humain : demander pourquoi la matière est étendue, pesante, impénétrable , sont moins des questions que des pro- pos mal conçus, et auxquels on ne doit aucune ré- ponse. Il en est de même de toute propriété particu- lière lorsqu'elle est essentielle à la chose : demander, par exemple , pourquoi le rouge est rouge , seroit une interrogation puérile, à laquelle on ne doit pas ré- pondre. Le philosophe est tout près de l'enfant lors- qu'il fait de semblables demandes ; et autant on peut les pardonner à la curiosité non réfléchie du dernier, autant le premier doit les rejeter et les exclure de ses idées. Puis donc que la force d'attraction et la force d'ex- pansion sont deux effets généraux, on ne doit pas nous en demander les causes ; il suffit qu'ils soient gé- néraux et tous deux réels , tous deux bien constatés , pour que nous devions les prendre eux-mêmes pour causes des effets particuliers ; et l'impulsion est un de ces effets qu'on ne doit pas regarder comme une cause générale connue ou démontrée par le rapport de nos 8o MINÉRAUX. INTRODUCTION. sens, puisque nous avons prouvé que celte force d'impulsion ne peut exister ni agir qu'au moyen de l'attraction qui ne tombe point sous nos sens. Rien n'est plus évident, disent certains philosophes, que Ja communication du mouvement par l'impulsion; il suffit qu'un corps en choque un autre pour que cet effet suive : mais, dans ce sens même, la cause de l'attraction n'est-elle pas encore plus évidente et bien plus générale , puisqu'il suffit d'abandonner un corps pour qu'il tombe et prenne du mouvement sans choc? le mouvement appartient donc, dans tous les cas, encore plus à l'attraction qu'à l'impulsion. Cette première réduction étant faite, il seroit peut- être possible d'en faire une seconde, et de ramener la puissance même de l'expansion h celle de l'attraction, en sorte que toutes les forces de la matière dépen- droient d'une seule force primitive : du moins cette idée me paroîtroit bien digne de la sublime simplicité du plan sur lequel opère la nature. Or, ne pouvons- nous pas concevoir que cette attraction se change en répulsion toutes les fois que les corps s'approchent d'assez près pour éprouver un frottement ou un choc des uns contre les autres? L'impénétrabilité, qu'on ne doit pas regarder comme une force, mais comme une résistance essentielle à la matière, ne permettant pas que deux corps puissent occuper le même espace, que doit-il arriver lorsque deux molécules, qui s'at- tirent d'autant plus puissamment qu'elles s'approchent de plus près, viennent tout à coup se heurter? cette résistance invincible de l'impénétrabilité ne devient- elle pas alors une force active, ou plutôt réactive, qui, dans le contact, repousse les corps avec autant DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 8l de vitesse qu'ils en avoient acquis au moment de se toucher? et dès lors la force expansive ne sera point une force particulière opposée à une force attractive, mais un effet qui en dérive, et qui se manifeste toutes les fois que les corps se choquent ou frottent les uns contre les autres. J avoue qu'il faut supposer dans chaque molécule de matière, dans chaque atome quelconque, un res- sort parfait, pour concevoir clairement comment s o- père ce changement de l'attraction en répulsion; mais cela même nous est assez indiqué par les faits : plus la matière s'atténue, et plus elle prend de ressort : la terre et l'eau, qui en sont les agrégats les plus gros- siers, ont moins de ressort que l'air; et le feu, qui est le plus subtil des éléments , est aussi celui qui a le plus de force expansive. Les plus petites molécules de la matière, les plus petits atomes que nous con- noissions sont ceux de la lumière; et l'on sait qu'ils sont parfaitement élastiques, puisque l'angle sous le- quel la lumière se réfléchit est toujours égal à celui sous lequel elle arrive ; nous pouvons donc en inférer que toutes les parties constitutives de la matière en général sont à ressort parfait, et que ce ressort pro- duit tous les effets de la force expansive, toutes les fois que les corps se heurtent ou se frottent en se rencon- trant dans des directions opposées. L'expérience me paroît parfaitement d'accord avec ces idées : nous ne connoissons d'autres moyens de produire du feu que par le choc ou le frottement des corps; car le feu que nous produisons par la réunion des rayons de la lumière, ou par l'application du feu déjà produit à des matières combustibles, n'a-t-il pas §2 MINÉRAUX. INTRODUCTION. néanmoins la même origine à laquelle il faudra tou- jours remonter, puisqu'en supposant l'homme sans miroirs ardents et sans feu actuel , il n'aura d'autres moyens de produire le feu qu'en frottant ou choquant des corps solides les uns contre les autres^? La force expansive pourroit donc bien n'être, dans le réel, que la réaction de la force attractive, réac- tion qui s'opère toutes les fois que les molécules primitives de la matière , toujours attirées les unes par les autres, arrivent à se toucher immédiatement: car dès lors il est nécessaire qu'elles soient repoussées avec autant de vitesse qu'elles en avoient acquis en direction contraire au moment du contact^; et lors- 1. Le feu que produit quelquefois ia fermentatiou des herbes entas- sées, celui qui se manifeste dans les effervescences, ne sont pas une exception qu'on puisse m'opposer, puisque cette production du feu par la fermentation et par l'effervescence dépend, comme tout autre , de l'action ou du choc des parties de la matière les unes contre les autres. 2. Il est certain , me dira-t-on , que les molécules rejailliront après le contact , parce que leur vitesse à ce point , et qui leur est rendue par le ressort, est la somme des vitesses acquises dans tous les moments précédents par l'effet continuel de l'attraction , et par conséquent doit l'emporter sur l'effort instantané de l'attraction dans le seul moment du contact. Mais ne sera-t-elle pas continuellement retardée , et enfin détruite , lorsqu'il y aura équilibre entre la somme des efforts de l'at- traction avant le contact , et la somme des efforts de l'attraction après le contact? Comme cette question pourroit faire naître des doutes ou laisser quelques nuages sur cet objet, qui par lui-même est difficile à saisir, je vais tâcher d'y satisfaire en m'expîiquant encore plus claire- ment. Je suppose deux molécules, ou, !>our rendre l'image plus sen- sible, deux grosses masses de matières, telles que la lune et la terre, toutes deux douées d'un ressort parfait dans toutes les parties de leur intérieur : qu"arriveroit-il à ces deux masses isolées de toute autre ma- tière, si tout leur mouvement progressif étoit tout à coup arrêté, et qu'il ne l'estât à chacune d'elles que leur force d'attraction réciproque? 11 est clair que, dans cette supposition, ia lune et la terre se précipi- DES ÉLÉMENTS. PARTIE I- 85 que ces molécules sont absolument libres de toute cohérence, et qu'elles n'obéissent qu'au seul mouve- ment produit par leur attraction, cette vitesse acquise est immense dans le point du coutact. La chaleur, la lumière, le feu, qui sont les grands effets de la force expansive, seront produits toutes les fois qu'artificiel- lement ou naturellement les corps seront divisés en parties très petites, et qu'ils se rencontreront dans des directions opposées; et la chaleur sera d'autant plus sensible, la lumière d'autant plus vive, le feu d'autant plus violent , que les molécules se seront précipitées les unes contre les autres avec plus de vitesse par leur force d'attraction mutuelle. De là on doit conclure que toute matière peut de- teroienl l'une vers l'autre, avec une vitesse qui augmenteroit à chaque moment dans la même raison que diminueroit le carré de leur dis- tance. Les vitesses acquises seront donc immenses au point de contact, ou, si l'on veut, au moment de leur cLoc; et dès lors ces deux corps, que nous avons supposés à ressort parfait, et libres de tous autres empêchements, c'est-à-dire entièrement isolés, rejailliront chacun, et s'éloigneront l'un de l'autre dans la direction opposée, et avec la même vitesse qu'ils avoient acquise au point du contact; vitesse qui, quoique diminuée continuellement par leur attraction réciproque, ne laisseroit pas de les porter d'abord au même lieu d'où ils sont partis, mais encore infiniment plus loin, parce que la rctardation du mou- vement est ici en ordre inverse de celui de l'accélération, et que la vitesse acquise au point du choc étant immense, les efforts de l'attrac- tion ne pourront la réduire à zéro qu'à une distance dont le carré seroit également immense; en sorte que si ie contact éloit absolu, et que la distance des deux corps qui se choquent fût absolument nulle, ils s'éloigneroient l'un de l'autre jusqu'à une distance infinie : et c'est à peu près ce que nous voyons arriver à la lumière et au feu dans le moment de l'inflammation des matières combustibles; car, dans l'in- stant même, elles lancent leur lumière à une très grande distance, quoique les particules qui se sont converties en lumière fussent aupa- ravant très voisines les unes des autres. 84 MINÉRAUX. INTRODUCTION. venir lumièrej chaleur, feu; qu'il suffit que les molé- cules d'une substance quelconque se trouvent dans une situation de liberté , c'est-à-dire dans un état de division assez grande et de séparation telle, qu'elles puissent obéir sans obstacle à toute la force qui les attire les unes vers les autres; car, dès qu'elles se ren- contreront, elles réagiront les unes contre les autres, et se fuiront en s'éloignant avec autant de vitesse qu'elles en avoient acquis au moment du contact , qu'on doit regarder comme un vrai choc, puisque deux molécules qui s'attirent mutuellement, ne peu- vent se rencontrer qu'en direction contraire. Ainsi la lumière, la chaleur, et le feu ne sont pas des matiè- res particulières, des matières différentes de toute au- tre matière; ce n'est toujours que la même matière qui n'a subi d'autre altération, d'autre modification, qu'une grande division de parties, et une direction de mouvement en sens contraire par l'effet du choc et de la réaction. Ce qui prouve assez évidemment que cette ma- tière du feu et de la lumière n'est pas une substance différente de toute autre matière, c'est qu'elle con- serve toutes les qualités essentielles, et même la plupart des attributs de la matière commune, i*" La lumière , quoique composée de particules presque infiniment petites , est néanmoins encore divisible , puisqu'avec le prisme on sépare les uns des autres les rayons, ou, pour parler plus clairement, les atomes différemment colorés. 2** La lumière, quoique douée en apparence d'une qualité tout opposée à celle de la pesanteur, c'est-à-dire d'une volatilité qu'on croiroit lui être essentielle, est néanmoins pesante comme DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 8;S toute autre uiatière, puisqu'elle fléchit toutes les fois quelle passe auprès des autres corps, et qu'elle se trouve à portée de leur sphère d'attraction; je dois, môme dire qu'elle est fort pesante, relativement à son volume qui est d'une petitesse extrême, puisque la vitesse immense avec laquelle la lumière se meut en ligne directe ne l'empêche pas d'éprouver assez d'at- traction près des autres corps, pour que sa direction s'incline et change d'une manière très sensible à nos yeux. 3*la substance de la lumière n'est pas plus sim- ple que celle de toute autre matière, puisqu'elle est composée de parties d'inégale pesanteur, que le rayon rouge est beaucoup plus pesant que le rayon violet, et qu'entre ces deux extrêmesUlIe contient une infinité de rayons intermédiaires, qui approchent plus ou moins de la pesanteur du rayon rouge ou de la légèreté du rayon violet ; toutes ces conséquences dérivent néces- sairement des phénomènes de l'inflexion de la lumière, et de sa réfraction*, qui, dans le réel, n'est qu'une 1. L'attraction universelle agit sur la lumière; il ne faut, pour s'en convaincre, qu'examiner les cas extrêmes de la réfraction : lorsqu'un rayon de lumière passe à travers un cristal sous un certain angle d'o- bliquité, la direction change tout à coup, et au lieu de continuer sa route , il rentre dans le cristal et se réfléchit. Si la lumière passe du verre dans le vide, toute la force de cette puissance s'exerce, et le rayon est contraint de rentrer et rentre dans le verre par un effet de son attraction que rien ne balance ; si la lumière passe du cristal dans l'aîr, l'attraction du cristal , plus forte que celle de l'air, la ramène encore , mais avec moins de force , parce que cette attraction du verre est en partie détruite par celle de l'air qui agit en sens contraire sur le rayon de lumière; si ce rayon passe du cristal dans l'eau , l'effet est bien moins sensible, le rayon rentre à peine , parce que l'attraction du cristal est presque toute détruite par celle de l'eau , qui s'oppose à son action ; enfîu , si la lumièrd passe du cristal dans le cristal , comme les BUFFOiX. lil. 6 86 MINÉRAUX. INTRODUCTION. inflexion qui s'opère lorsque la lumière passe à travers les corps transparents. IÇ On peut démontrer que la lumière est massive, et qu'elle agit, dans quelques cas, comme agissent tous les autres corps : car, indépen- damment de son effet ordinaire, qui est de briller à nos yeux, et de son action propre, toujours accom- pagnée d'éclat et souvent de chaleur, elle agit par sa masse lorsqu'on la condense en la réunissant , et elle agit au point de mettre en mouvement des corps assez pesants, placés au foyer d'un bon miroir ardent; elle fait tourner une aiguille sur un pivot placé à son foyer; elle pousse, déplace, et chasse les feuilles d'or ou d'argent qu'on lui présente avant de les fondre, et même avant de les chauffer sensiblement. Cette ac- tion produite par sa masse est la première et précède deux aUractions sont égales, l'effet s'évauouit et le rayon continue sa route. D'autres expériences démontrent que cetle puissance attractive , ou cette force réfringente , est toujours à très peu près proportionnelle à la densité des matières transparentes, à l'exception des corps onctueux et sulfureux, dont la force réfringente est plus grande , parce que la lumière a plus d'analogie , plus de rapport de nature avec les matières inflammables qu'avec les autres matières. Mais s'il restoit quelque doute sur cette attraction de la lumière vers les corps, qu'on jette les yeux sur les inflexions que souffre un rayon lorsqu'il passe fort près de la surface d'un corps : un trait de lumière ne peut entrer par un très petit trou dans une chambre obscure, sans être puissamment attiré vers les bords du trou ; ce petit faisceau de rayons se divise , chaque rayon voisin de la circonférence du trou se plie vers cette circonférence, et cette iuQexion produit des franges co- lorées 5 des apparences constantes , qui sont l'effet de rattraction de la lumière vers les corps voisins. Il en est de même des rayons qui passent entre deux lames de couteaux : les uns se plient vers la lame supérieure, les autres vers la lame inférieure ; il n'y a que ceux du milieu qui , souffrant une égale attraction des deux côtés , ne sont pas détournés , et suivent leur direction. DES ÉLÉMENTS. PATITIE I. 87 celle de la chaleur; elle s'opère entre la lumière con- densée et lesfeuilles de métal, de la mèmefacon qu'elle s'opère entre deux autres corps qui deviennent con- tigus, et par conséquent la lumière a encore cette pro- priété commune avec toute autre matière. 5° Enfin on sera forcé de convenir que la lumière est un mixte, c'est-à-dire une matière composée , comme la matière commune, non seulement de parties plus grosses et plus petites, plus ou moins pesantes, plus ou moins mobiles, mais encore différemment figurées. Quicon- que aura réfléchi sur les phénomènes que Newton appelle les accès de facile réflexion et de facile trans- mission de la lumière y et sur les effets^de la double ré- fraction du cristal de roche, et du spath appelé cristal d'Islande y ne pourra s'empêcher de reconnoître que les atomes de la lumière ont plusieurs côtés, plusieurs faces différentes, qui, selon qu'elles se présentent, produisent constamment des effets différents^. En voilà plus qu'il n'en faut pour démontrer que la lumière n'est pas une matière particulière ni diffé- rente de la matière commune; que son essence est la même, ses propriétés essentielles les mêmes; qu'en- fin elle n'en diffère que parce qu'elle a subi dans le point du contact la répulsion d'où provient sa volati- lité. Et de la même manière que l'effet de la force d'attraction s'étend à l'infini, toujours en décroissant 1. chaque rayon de lumière a deux côlés opposés, doués originai- rement d'une propriété doù dépend la réfraction extraordinaire du cristal , et deux autres côtés opposés , qui n"ont pas ceUe propriété. ( Optique de Newton, question XXVI, traduction de Goste. ) Cette pro- priété dont parle ici Newton ne peut dépendre que de l'étendue ou de la figure de chacun des côtés des rayons, c'est-à-dire des atomes de lu- mière. Voyez cet arlicle en entier dans Newton. 88 MI]NÉRA.UX. INTRODUCTION. comme l'espace augmente, les effets de la répulsion s'étendent et décroissent de même, mais en ordre in- verse ; en sorte que l'on peut appliquer à la force ex- pansive tout ce que l'on sait de la force attractive : ce sont pour la nature deux instruments de même espèce, ou plutôt ce n'est que le môme instrument qu'elle ma- nie dans deux sens opposés. Toute matière deviendra lumière dès que toute cohérence étant détruite, elle se trouvera divisée en molécules suffisamment petites, et que ces molécules étant en liberté, seront déterminées par leur attrac- tion mutuelle à se précipiter les unes contre les au- tres : dans l'instant du choc , la force répulsive s'exer- cera, les molécules se fuiront en tous sens avec une vitesse presque infinie, laquelle néanmoins n'est qu'é- gale ^ leur vitesse acquise au moment du contact; car la loi de l'attraction étant d'augmenter comme l'espace diminue, il est évident qu'au contact l'es- pace, toujours proportionnel au carré de la distance, devient nul, et que par conséquent la vitesse acquise en vertu de l'attraction doit à ce point devenir pres- que infinie. Cette vitesse seroit môme infinie si le con- tact étoit immédiat, et par conséquent l*a distance en- tre les deux corps absolument nulle : mais, comme nous l'avons souvent répété, il n'y a rien d'absolu, rien de parfait dans la nature , et de même rien d'abso- lument grand, rien d'absolument petit, rien d'entiè- remeM nul, rien de vraiment infini; et tout ce que j'ai dit de la petitesse infinie des atomes qui consti- tuent la lumière , de leur ressort parfait ^ de la dis- tance nulle dans le moment du contact, ne doit s'en- tendre qu'avec restriction. Si l'on pouvoit douter de DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 89 celle vérilé mélaphysique, il seroit possible d'en don- ner une démonstralion physique, sans môme nous écarler de noire sujet Tout le monde sait que la lu- mière emploie environ sept minutes et-demie de temps à venir du soleil jusqu'à nous. Supposant donc le soleil à trente-six millions de lieues, la lumière parcourt cette énorme distance en sept minutes et demie, ou, ce qui revient au même (supposant son mouvement uniforme) , quatre-vingt mille lieues en une seconde. Cette vitesse , quoique prodigieuse , est néanmoins bien éloignée d'être infinie, puisqu'elle est détermi- nabie par les nombres; elle cessera même de paroître prodigieuse lorsqu'on réfléchira que la nature semble marcher en grand presque aussi vite qu'en petit : il ne faut pour cela que supputer la célérité du mouve- ment des comètes à leur périhélie , ou même celle des planètes qui se meuvent le plus rapidement, et l'on verra que la vitesse de ces masses immenses, quoique moindre , se peut néanmoins comparer d'assez près avec celle de nos atomes de lumière. Et de même que toute matière peut se convertir en lumière par la division et la répulsion de ses par- ties excessivement divisées, lorsqu'elles éprouvent un choc des unes contre les autres, la lumière peut aussi se convertir en toute autre matière par l'addition de ses propres parties, accumulées par l'attraction des autres corps. Nous verrons dans la suite que tous les éléments sont convertibles; et si l'on a douté que la lumière, qui paroît être l'élément le plus simple, pût se convertir en substance solide, c'est que, d'une part, on n'a pas fait assez d'attention à tous les phénomè- nes, et que, d'autre part, on étoit dans le préjugé go MIxMiUx\LlX. INTRODUCTION. quêtant essentiellement volatile, elle ne pouvoit ja- mais devenir fixe. Mais n'avons-nous pas prouvé que la fixité et la volatilité dépendent de la môme force attractive dans le premier cas, devenue répulsive dans le second? et dès lors ne sommes-nous pas fondés à croire que ce changement de la matière fixe en lu- mière, et de la lumière en matière fixe, est une des plus fréquentes opérations de la nature? Après avoir montré que l'impulsion dépend de l'at- traction, que la force expansive est la même que la force attractive devenue négative, que la lumière, et à plus forte raison la chaleur et le feu , ne sont que.des manières d'être de la matière commune ; qu'il n'existe, en un mot, qu'une seule force et une seule matière toujours prête à s'attirer ou à se repousser suivant les circonstances, recherchons comment, avec ce seul ressort et ce seul sujet, la nature peut varier ses œu- vres à l'infini. Nous mettrons de la méthode dans cette recherche, et nous en présenterons les résultats avec plus de clarté, en nous abstenant de comparer d'abord les objets les plus éloignés, les plus opposés, comme le feu et l'eau, l'air et la terre, et nous conduisant au contraire par les mêmes degrés, par les mêmes nuan- ces douces que suit la nature dans toutes ses démar- ches. Comparons donc les choses les plus voisines, et tâchons d'en saisir les différences, c'est-à-dire les particularités, et de les présenter avec encore plus d'évidence que leurs généralités. Dans le point de vue général, la lumière, la chaleur et le feu, ne font qu'un seul objet : mais, dans le point de vue particulier, ce sont trois objets distincts , trois choses qui , quoique se ressemblant par un grand nombre de propriétés. DES ÉLÉMENTS. PARTIE 1. gi diflereiit néanmoins par un petit nombre d'autres pro- priétés assez essentielles pour qu'on puisse les regar- der comme trois choses différentes , et qu'on doive les comparer une à une. Quelles sont d'abord les propriétés communes de la lumière et du feu? quelles sont aussi leurs proprié- tés différentes? La lumière, dit-on, et le feu élémen- taire, ne sont qu'une même chose, une seule sub- stance. Cela peut être; mais comme nous n'avons pas encore d'idée nette du feu élémentaire, abstenons-nous de prononcer sur ce premier point. La lumière et le feu, tels que nous les connoissons, ne sont-ils pas, au contraire , deux choses différentes , deux substances distinctes et composées différemment? Le feu est, à la vérité, très souvent lumineux; mais quelquefois aussi le feu existe sans aucune apparence de lumière : le feu, soit lumineux, soit obscur, n'existe jamais sans une grande chaleur, tandis que la lumière brille sou- vent avec éclat sans la moindre chaleur sensible. La lumière paroît être l'ouvrage de la nature; le feu n'est que le produit de l'industrie de l'homme : la lumière subsiste , pour ainsi dire , par elle-même, et se trouve répandue dans les espaces immenses de l'univers en- tier ; le feu ne peut subsister qu'avec des aliments, et ne se trouve qu'en quelques points de l'espace, où l'homme le conserve, et dans quelques endroits de la profondeur de la terre, où il se trouve également en- tretenu par des aliments convenables. La lumière, à la vérité, lorsqu'elle est condensée, réunie par l'art de l'homme, peut produire du feu ; mais ce n'est qu'au- tant qu'elle tombe sur des matières combustibles. La lumière n'est donc tout au plus, et dans ce seul cas^ 92 MINÉRAUX. INTROÔUCTION. que le principe du feu, et non pas le feu : ce prin- cipe même n'est pas immédiat; il en suppose un in- termédiaire, et c'est celui de la chaleur, qui paroît tenir encore de plus près que la lumière à l'essence du feu. Or, la chaleur existe tout aussi souvent sans lu- mière que la lumière existe sans chaleur : ces deux principes ne paroissent donc pas nécessairement liés ensemble; leurs effets ne sont ni simultanés, ni con- temporains, puisque dans de certaines circonstances on sent de la chaleur long-temps avant que la lumière paroisse, et que dans d'autres circonstances on voit de la lumière long-temps avant de sentir delà chaleur, et même sans en sentir aucune. Dès lors la chaleur n'est-elle pas une autre manière d'être, une modification de la matière, qui diffère, à la vérité, moins que toute autre de celle de la lu- mière, mais qu'on peut néanmoins considérer à part, et qu'on devroit concevoir encore plus aisément? car la facilité plus ou moins grande que nous avons à con- cevoir les opérations différentes de la nature dépend de celle que nous avons d'y appliquer nos sens. Lors- qu'un effet de la nature tombe sous deux de nos sens, la vue et le toucher, nous croyons en avoir une pleine connoissance; un effet qui n'affecte que l'un ou l'au- tre de ces deux sens nous paroît plus difficile à con- noître, et, dans ce cas, la faciHté ou la difficulté d'en juger dépend du degré de supériorité qui se trouve entre nos sens. La lumière, que nous n'apercevons que par le sens de la vue (sens le plus fautif et le plus incomplet) , ne devroit pas nous être aussi bien connue que la chaleur, qui frappe le toucher, et af- fecte par conséquent le plus sur de nos sens. Cepen- DES ÉLÉMENTS. PAUTIE I. 95 dant il faut avouer qu'avec cet avantage on a fait beau- coup moins de découvertes sur la nature de la chaleur que sur celle de la lumière, soit que l'homme saisisse mieux ce qu'il voit que ce qu'il sent, soit que la lu- mière se présentant ordinairement comme une sub- stance distincte et différente de toutes les autres, elle a paru digne d'une considération particulière ; au lieu que la chaleur, dont l'effet est plus obscur, se présen- tant comme un objet moins isolé, moins simple, n'a pas été regardée comme une substance distincte, mais comme un attribut de la lumière et du feu. Quand même cette opinion, qui fait de la chaleur un pur attribut, une simple qualité, se trouveroit fon- dée, il seroit toujours utile de considérer la chaleur en elle-même et par les effets qu'elle produit toute seule, c'est-à-dire lorsqu'elle nous paroît indépen- dante de la lumière et du feu. La première chose qui me frappe, et qui me paroît bien digne de remarque, c'est que le siège de la chaleur est tout différent de celui de la lumière : celle-ci occupe et parcourt les espaces vides de l'univers; la chaleur, au contraire, se trouve généralement répandue dans toute la ma- tière solide. Le globe de la terre, et toutes les matières dont il est composé, ont un degré de chaleur bien plus considérable qu'on "ne pourroit l'imaginer. L'eau a son degré de chaleur qu'elle ne perd qu'en chan- geant son état, c'est-à-dire en perdant sa fluidité. L'air a aussi sa chaleur, que nous appelons sa tempé- rature, qui varie beaucoup, mais qu'il ne perd Jamais en entier, puisque son ressort subsiste même dans le plus grand froid. Le feu a aussi ses différents degrés de chaleur, qui paroissent moins dépendre de sa na- €).[ • MlMiilALX. INTRODUCTION. ture propre que de celle des aliments qui le nourris- sent. Ainsi toute la matière connue est chaude; et dès lors la chaleur est une afl'ection bien plus générale que celle de la lumière. La chaleur pénètre tous les corps qui lui sont ex- posés, et cela sans aucune exception, tandis qu'il n'y a que les corps transparents qui laissent passer Ja lu- mière, et qu'elle est arrêtée et en partie repoussée par tous les corps opaques. La chaleur semble donc agir d'une manière bien plus générale et plus palpable que n'agit la luîuière ; et quoique les molécules de la cha- leur soient excessivement -petites, puisqu'elles pé- nètrent les corps les plus compactes, il me semble néanmoins que l'on peut démontrer qu'elles sont bien plus grosses que celles de la lumière ; car on fait de la chaleur avec la lumière en la réunissant en grande quantité. D'ailleurs, la chaleur agissant sur le sens ilu toucher, il est nécessaire que son action soit pro- portionnée à la grossièreté de ce sens, comme la dé- licatesse des organes de la vue paroît l'être à l'extrême itnesse des parties de la lumière : celles-ci se meuvent avec la plus grande vitesse, agissent dans l'instant à des*distaiices immenses , tandis que celles de la cha- leur n'ont qu'unmouvementprogressif assez lent, qui ne paroît s'étendre qu'à de petits intervalles du corps dont elles émanent. Le principe de toute chaleur paroît être l'attrition des corps : tout frottement, c'est-à-dire tout mouve- ment en sens contraire entre des matières solides, produit de la chaleur; et si ce même effet n'arrive pas dans les iîuides, c'est parce que leurs parties ne se touchent pas d'assez près pour pouvoir être frottées DES ELEMENTS. PARTIE I. • ^J les unes contre les autres, et qu'ayant peu d'adhé- rence entre elles, leur résistance au choc des autres corps est trop foible pour que la chaleur puisse naître ou se manifester à un degré sensible : mais, dans ce cas , on voit souvent de la lumière produite par ce frot- tement d'un fluide sans sentir de la chaleur. Tous les corps, soit en petit ou en grand volume, s'échauflent dès qu'ils se rencontrent en sens contraire : la chaleur est donc produite par le mouvement de toute matière palpable et d'un volume quelconque; au lieu que la production de la lumière, qui se fait aussi par le mou- vement en sens contraire, suppose de«plus la division de la matière en parties très petites; et comme cette opération de la nature est la même pour la production de la chaleur et celle de la lumière, que c'est le mou- vement en sens contraire, la rencontre d«s corps, qui produisent l'un et l'autre, on doit en conclure que les atomes de la lumière sont solides par eux-mêmes, et qu'ils sont chauds au moment de leur naissance : mais on ne peut pas également assurer qu'ils conser- vent leur chaleur au môme degré que leur lumière, ni qu'ils ne cessent pas d''être chauds avant de cesser d'être lumineux. Des expériences familières paroissent indiquer que la chaleur de la lumière du soleil aug- mente en passant à travers une glace plane, quoique la quantité de la lumière soit diminuée considérable- ment par la réflexion qui se fait à la surface extérieure de la glace, et que la matière même du verre en re- tienne une certaine quantité. D'autres expériences plus recherchées ^ semblent prouver que la lumière 1. Uu luibJic physicien (ul. de Saussure , citoyen de Genève) a bien voulu me communiquer le résultat des expérience? qu'il a faites dans 0)6 MINÉRAUX. INTRODUCTION. augmente de chaleur à mesure qu'elle traverse une plus grande épaisseur de notre atmosphère. les raonlagncs, sur la différente chaleur des rayons du soleil, et je vais rapporter ici ses propres expressions. « J'ai fait faire, en mars 1767, cinq caisses rectangulaires de verre blanc de Bohême, cha- cune desquelles est la moitié d'un cube coupé parallèlement à sa base : la première a un pied de largeur en tous sens , sur six pouces de hau- teur; la seconde, dix pouces sur cinq; et ainsi de suite, jusqu'à la cinquième, qui a deux pouces sur un. Toutes ces caisses sont ouvertes j>ar le bas, et s'emboîtent les unes dans les autres sur une table fort épaisse de bois de poirier noirci, à laquelle elles sont fixées. J'emploie se[)t thermomètres à cette expérience : l'un suspendu en l'air et par- faitement isolé à côté des boîtes, et à la même distance du sol; un autre posé sur la caisse extérieure en dehors de cette caisse, et à peu près au milieu; le suivant posé de même sur la seconde caisse; et ainsi des autres, jusqu'au dernier, qui est sous la cinquième caisse, et à demi noyé dans le bois de la table. » Il faut observer que tous ces thermomètres sont de mercure , et que tous, excepîé le dernier- ont la boule nue, et ne sont pas enga- gés, comme les thermomètres ordinaires, dans une planche ou dans une boîte, dont le plus ou le moins d'aptitude à prendre et à conser- ver la chaleur fait entièrement varier le résultat des expériences. » Tout cet appareil exposé au soleil, dans un lieu découvert, par exemple, sur le mur de clôture d'une grande terrasse, je trouve que le thermomètre suspendu à l'air libre monte le moins haut de tous; que -celui qui est sur la caisse extérieure monte un peu plus haut ; ensuite celui qui est sur la seconde caisse; et ainsi des autres, en ob- servant cependant que le thermomètre qui est posé sur la cinquième caisse monte plus haut que celui qui est sous elle et à demi noyé dans le bois de la table : j'ai vu celui-là monter à 70 degrés de Réauraur (en plaçant le O à la congélation et le So*" degré à l'eau bouillante). Les fruits exposés à cette chaleur s'y cuisent et y rendent leur jus. » Quand cet appareil est exposé au soleil dès le matin , on observe communément la plus grande chaleur vers les deux heures et demie après midi; et lorsqu'on le retire des rayons du soleil, il emploie plu- sieurs heures à son entier refroidissement. » J'ai fait porter ce même appareil sur une montagne élevée d'envi- ron cinq cents toises au dessus du lieu où se faisoient ordinairehient les expériences, et j'ai trouvé que le refroidissement causé par l'élé- DES ELEMENTS. PARTIE I. C)- Oq sait de tout temps que la chaleur devient d'au- tant moindre , ou le froid d'autant plus grand, qu'on s'élève plus haut dans les montagnes. Il est vrai que la chaleur qui provient du globe entier de la terre doit être moins sensible sur ces pointes avancées qu'elle ne l'est dans les plaines; mais cette cause n'est point du tout proportionnelle à l'effet : l'action de la chaleur qui émane du globe terrestre ne pouvant diminuer qu'en raison du carré de la distance, il ne paroît pas qu'à la hauteur d'une demi-lieue, qui n'est que la trois- miUième partie du demi-diamètre du globe, dont le centre doit être pris pour le foyer de la chaleur; il ne paroît pas, dis-je, que cette différence, qui, dans cette supposition, n'est que d'une unité sur neuf millions, puisse produhe une diminution de chaleur aussi con- sidérable, à beaucoup près, que celle qu'on éprouve en s'élevant à cette hauteur : car le thermomètre y baisse dans tous les temps de l'année^ jusqu'au point de la congélation de l'eau; la neige ou la glace subsis- tent aussi sur ces grandes montagnes à peu près à cette hauteur dans toutes lessaisons. Il n'est doncpasproba- ble que cette grande différence de chaleur provienne uniquement de la différence de la chaleur de la terre : l'on en sera pleinement convaincu si l'on fait attention vation agissoit beaucoup plus sur les thermomètres suspendus à l'air libre que sur ceux qui étoient enfermés clans les caisses de verre , quoique j'eusse eu suin de remplir les caisses de l'air même de la montagne , par égard pour la fausse hypothèse de ceux qui croient que le froid des montagnes tient de la pureté de l'air qu'on y res- pire. » Il seroit à désirer que M. de Saussure, de la sagacité duquel nous devons attendre d'excellentes choses, suivit encore plus loin ces expé- riences , et voulut bien en publier les résultats. 98 MINÉRAUX. INTRODUCTION. qu'au haut des volcans, où Ja terre est plus chaude qu'en aucun autre endroit de la surface du globe, le froid de l'air est à très peu près le même que dans les autres montagnes à la même hauteur. On pourroit donc penser que les atomes de la lu- mière, quoique très chauds au moment de leur nais- sance et au sortir du soleil, se refroidissent beaucoup pendant les sept minutes et demie de temps que dure leur traversée du soleil à la terre, d'autant que la du- rée de la chaleur, ou, ce qui revient au même, le temps du refroidissement des corps étant en raison de leur diamètre, il sembleroit qu'il ne faut qu'un très petit moment pour le refroidissement des atomes pres- que infiniment petits de la lumière; et cela seroit en effet s'ils étbient isolés : mais comme ils se succèdent presque immédiatement, et qu'ils se propagent en fais- ceaux d'autant plus serrés qu'ils sont plus près du lieu de leur origine , la chaleur que chaque atome perd tombe sur les atomes voisins; et cette communication réciproque de la chaleur qui s'évapore de chaque atome entretient plus long-temps la chaleur générale de la lumière; et comme sa direction constante est toujours enrayons divergents, que leur éloignement l'un de l'autre augmente comme l'espace qu'ils ont parcouru, et qu'en même temps la chaleur qui part de chaque atome comme centre diminue aussi dans la même raison, il s'ensuit que l'action de la lumière des rayons solaires décroissant en raison inverse du carré de la distance, celle de leur chaleur décroît en raison inverse du carré-carré de cette même distance. Prenant donc pour unité le demi-diamètre du so- leil, et supposant l'action de la lumière comme 1000 DES ÉLÉMENTS. PAUÏTE I. 99 à la distance d'un demi-diamètre de la suriace de cet astre, elle ne sera plus que comme ^^ à la distance de deux deuii-diamètres, que comme ^^ à celle de trois demi-diamètres, que comme ^^-^ à la distance de quatre demi-diamètres ; et enfin en arrivant à nous qui sommes cloionés du soleil de trente-six millions de lieues, c'est-à-dire d'environ deux cent vingt-quatre de ses demi-diamètres^ l'action de la lumière ne sera plus que comme ~~t, c'est-à-dire plus de cinquante mille fois plus foible qu'au sortir du soleil;* et la cha- leur de chaque atome de lumière étant aussi supposée 1000 au sortir du soleil , ne sera plus que comme ^yF' ^r"' T^' ^ '^ distance successive de i , 2 , 5 demi-dia- mètres , et en arrivant à nous , comure ^^^T^leli' c'<^st-à- dire plus de deux mille cinq cent millions de fois plus foible qu'au sortir du soleil. Quand même on ne voudroit pas admettre cette di- minution de la chaleur en raison du carré-carré delà distance au soleil, quoique cette estimation me pa- roisse fondée sur un raisonnement assez clair, il sera toujours vrai que la chaleur, dans sa propagation, di- minue beaucoup plus que la lumière, au moins quant à l'impression qu'elles font l'une et l'autre sur nos sens. Qu'on excite une très forte chaleur, qu'on al- lume un grand feu dans un point de l'espace, on ne le sentira qu'à une distance médiocre , au lieu qu'on en voit la lumière à de très grandes distances. Qu'on approche peu à peu d'un corps excessivement chaud, on s'apercevra, par la seule sensation, que la chaleur augmente beaucoup plus que l'espace ne diminue; car on se chauffe souvent avec plaisir à une distance qui ne diflere que de quelques pouces de celle où 100 MINÉRAUX. INTRODUCTION. l'on se brûleroit. Tout paroît donc nous indiquer que la chaleur diminue en plus grande raison que la lu- luière, à mesure que toutes deux s'éloignent du foyer dont elles partent. Ainsi l'on peut croire que les atomes de la lumière sont fort refroidis lorsqu'ils arrivent à la surface de notre atmosphère, mais qu'en traversant la grande épaisseur de cette masse transparente , ils y repren- nent par le frottement une nouvelle chaleur. La vitesse infinie avec laquelle les particules de la lumière frô- lent celles de l'air, doit produire une chaleur d'autant plus grande que le frottement est plus multiplié; et c'est probablement par cette raison que la chaleur des rayons solaires se trouve, par l'expérience, beaucoup plus grande dans les couches inférieures de l'atmo- sphère et que le froid de l'air paroît augmenter si con- sidérablement à mesure qu'on s'élève. Peut-être aussi que, comme la lumière ne prend de la chaleur qu'en se réunissant, il faut un grand nombre d'atomes de lu- mière pour constituer un seul atome de chaleur, et que c'est par cette raison que la lumière foible de la lune, quoique frôlée dans l'atmosphère comme celle du soleil , ne prend aucun degré de chaleur sensible. Si, comme le dit M. Bouguer^, l'intensité de la lu- mière du soleil à la surface de la terre est trois cent mille fois plus grande que celle de la lumière de la lune , celle-ci ne peut qu'être presque absolument in sensible, même en la réunissant au foyer des plus puissants miroirs ardents ^ qui ne peuvent la conden- ser qu'environ deux mille fois, dont ôtant la moitié 1. Essai d'Optique sur la gradation de la lumière. DES ELEMENTS. PARTIE I. 101 pour la perte par la réflexion ou la réfraclion, il ne reste qu'une trois-centième partie d'intensité au foyer du miroir. Or y a-t-il des thermomètres assez sensibles pour indiquer le degré de chaleur contenu dans une lumière trois cents fois plus foible que celle du soleil, et pourra-ton faire des miroirs assez puissants pour la condenser davantage? Ainsi l'on ne doit pas inférer de tout ce que j'ai dit que la lumière puisse exister sans aucune chaleur, mais seulement que les degrés de cette chaleur sont très différents, selon les différentes circonstances, et toujours insensibles lorsque la lumière est très foible^, La chaleur, au contraire, paroît exister habituelle- ment , et même se faire sentir vivement sans lumière; 1. Ou pourroit même présumer que la lumière en elle-même est composée de parties plus ou moins chaudes : le rayon rouge, dont les atomes sont bien plus massifs et probablement plus gros que ceux du rayon violet, doit en toutes circonstances conserver beaucoup plus de chaleur, et celte présomption me paroît assez fondée pour qu'on doive chercher à la constater par l'expérience ; il ne faut pour cela que recevoir au sortir du prisme une égale quantité de rayons rouges et de rayons violets, sur deux petits miroirs concaves ou deux lentilles réfringentes, et voir au thermomètre le résultat de la chaleur des uns et des autres. Je me rappelle une autre expérience, qui semble démontrer que les atomes bleus de la lumière sont plus petits que ceux des autres couleurs; c'est qu'en recevant sur une feuille très mince d'or battu la lumière du soleil, elle se réfléchit toute, à l'exception des rayons bleus qui passent à travers la feuille d'or, et peignent d'un beau bleu le papier qu'on met à quelque distance derrière la feuille d'or. Ces atomes bleus sont donc plus petits que les autres, puisqu'ils passent où les autres ne peuvent passer. Mais je n'insiste pas sur les consé- quences qu'on doit tirer de cette expérience , parc^î que cette couleur bleue, produite en apparence par la feuille d'or, peut tenir au phé- nomène des ombres bleues, dont je parlerai dans un des mémoires suivants. KUFFON. III. 7 102 MINERAUX. INTRODUCTION. ce n*est ordinairement que quand elle devient exces- sive que la lumière l'accompagne. Mais ce qui mettroit encore une différence bien essentielle entre ces deux modifications de la matière, c'est que la chaleur qui pénètre tous les corps ne paroît se fixer dans aucun , et ne s'y arrêter que peu de temps, au lieu que la lu- mière s'incorpore, s'amortit, et s'éteint dans tous ceux qui ne la réfléchissent pas, ou qui ne la laissent pas passer librement. Faites chauffer à tous degrés des corps de toute sorte : tous perdront en assez peu de temps la chaleur acquise ; tous reviendront au degré de la température générale, et n'auront par consé- quent que la même chaleur qu'ils avoient auparavant. Recevez de môme la lumière en plus ou moins grande quantité sur des corps noirs ou blancs, bruts ou po- lis : vous reconnoîtrez aisément que les uns l'admet- tent, les autres la repoussent, et qu'au lieu d'être af- fectés d'une manière uniforme comme ils le sont par la chaleur, ils ne le sont que d'une manière relative à leur nature , à leur couleur, à leur poli ; les noirs absor- beront plus la lumière que les blancs, les bruis plus que les polis. Cette lumière une fois absorbée reste ijxe et demeure dans les corps qui l'ont admise; elle ne reparoît plus, elle n'en sort pas comme le fait la chaleur : d'où l'on devroit conclure que les atomes de la lumière peuvent devenir parties constituantes des corps en sjunissant à la matière qui les compose; au lieu que la chaleur, ne se fixant pas, semble em- pêcher, au contraire, l'union de toutes les parties de la matière, et n'agir que pour les tenir séparées. Cependant il y a des cas où la chaleur se fixe à de- meure dans les corps, et d'autres cas où la lumière DES ELEMENTS. PARTIE I. 105 qu'ils ont absorbée reparoît et en sort comme la cha- leur. Les diamants, les autres pierres transparentes qui s'imbibent de la lumière du soleil; les pierres opa- ques, comme celles de Bologne, qui, par la calcina- tion, reçoivent les particules d'un feu brillant; tous les phosphores naturels rendent la lumière qu'ils ont absorbée, et cette restitution ou déperdition de lu- mière se fait successivement et avec le temps, à peu près comme se fait celle de la chaleur. Et peut-être ]a même chose arrive dans les corps opaques, en tout ou en partie. Quoi qu'il en-^oit , il paroît, d'après tout ce qui vient d'être dit, que l'on doit reconnoître deux sortes de chaleur : l'une lumineuse, dont le soleil est le foyer immense; et l'autre obscure, dont le grand réservoir est le globe terrestre. Notre corps, comme faisant partie du globe, participe à cette chaleur obs- cure; et c'est par cette raison qu'étant obscure par elle-même, c'est-à-dire sans lumière, elle est encore obscure pour nous, parce que nous ne nous en aper- cevons par aucun de nos sens. Il en est de cette cha- leur du globe comme de son mouvement : nous y sommes soumis, nous y participons, sans le sentir et sans nous en douter. De là il est arrivé que les phy- siciens ont porté d'abord toutes leurs vues, toutes leurs recherches, sur la chaleur du soleil, sans soup- çonner qu'elle ne faisoit qu'une très petite partie de celle que nous éprouvons réellement : mais, ayant fait des instruments pour reconnoître la différence de chaleur immédiate des rayons du soleil en été, à celle de ces mêmes rayons en hiver, ils ont trouvé , avec étonnement, que cette chaleur solaire est e-n été soixante-six fois plus grande qu'en hiver dans notre lo4 MINÉRAUX. INTRODUCTION. climat, et que néanmoins la plus grande chaleur de notre été ne différoit que d'un septième du plus grand froid de notre hiver : d'où ils ont conclu, avec grande raison, qu'indépendamment de la chaleur que nous recevons du soleils, il en émane une autre du globe même de la terre, bien plus considérable ,• et dont celle du soleil n'est que le complément ; en sorte qu'il est aujourd'hui démontré que cette chaleur qui s'é- chappe de l'intérieur de la terre, est dans notre cli- mat au mois vingt-neuf fois en été, et quatre cents fois en hiver, plus grande que la chaleur qui nous vient du soleil : je dis au moins; car quelque exacti- tude que les physiciens, et en particulier M. de Mai- ran, aient apportée dansées recherches, quelque pré- cision qu'ils aient pu mettre dans leurs observations et dans leur calcul , j'ai vu, en les examinant, que le résultat pouvoit en être porté plus haut^. 1 . Les physiciens ont pris pour le degré du froid absolu looo degrés au dessous de la congélation : il falloit plutôt le supposer de 10,000 que de 1000 ; car quoique je sois très persuadé qu'il n'existe rien d'ab- solu dans la nature , et que peut-être un froid de 10,000 degrés n'existe tjue dans les espaces les plus éloignés de tout le soleil, cependant, comme il s'agit ici de prendre pour unité le plus grand froid possible , je l'aurois au moins supposé plus grand que celui dont nous pouvons produire la moitié ou les trois cinquièmes; car on a produit artificiel- lement 692 degrés de froid à Pétersbourg le 6 janvier 1760, le froid naturel étant de 5i degrés au dessous de la congélation ; et^i l'on eût fait la même expérience en Sibérie , où le froid naturel est quelquefois de 70 degrés, on eût produit un froid de plus de 1000 degrés, car on a observé que le froid artificiel suivoit la même proportion que le froid naturel. Or, 3i : 692 :; 70 : iSSG^Ygj. Il seroit donc possible de pro- duire en Sibérie un froid de i536 degrés au dessous de la congéla- tion ; donc le plus grand degré de froid possible doit être supposé bien au delà de 1000 ou même de i336 pour en faire l'unité , à laqiielle on rapporte les degrés de la chaleur tant solaire que terrestre , ce qui ne DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 1 o5 Cette grande chaleur qui réside dans l'intérieur du globe, qui sans cesse en émane à l'extérieur, doit entrer comme élément dans la combinaison de tous les autres éléments. Si le soleil est le père de la na- ture, cette chaleur de la terre en est la mère, et laissera pas d'en rendre la différence encore plus grande. — Une autre remarque que j'ai faite en examinant la construction de la table dans laquelle M. de Mairan donne les rapports de la chaleur des émanations du globe terrestre à ceux de la chaleur solaire pour tous les climats de la terre, c'est qu'il n'a pas pensé ou qu'il a négligé d'j faire entrer la considération de l'épaisseur du globe , plus grande sous l'équateur que sous les pôles. Cela, néanmoins, devroit être mis en compte, et auroit un peu changé les rapports qu'il donne pour chaque latitude. — Enfin une troisième remarque, et qui tient à la première, c'est qu'il dit (page 160) qu'ayant fait construire une machine qui éloit comme un extrait de mes miroirs brûlants, et ayant fait tomber la lumière réfléchie du soleil sur des thermomètres, il a voit toujours trouvé que si un miroir plan avoit fait monter la liqueur, par exem- ple, de 5 degrés, deux miroirs dont on réunissoit la lumière, la fai- soient monter de 6 degrés , et trois miroirs de 9 degrés. Or, il est aisé de sentir que ceci ne peut pas être généralement vrai : car la grandeur des degrés du thermomètre n'est fondée que sur la division en mille parties, et sur la supposition que 1000 degrés au dessous de la congé- lation font le froid absolu : et comme il s'en faut bien que ce terme soit celui du plus grand froid possible, il est nécessaire qu'une aug- mentation de chaleur double ou triple par la réunion de deux ou trois miroirs, élève la liqueur à des hauteurs différentes de celle des degrés du thermomètre, selon que l'expérience sera faite dans un temps plus pu moins chaud ; que celui où ces hauteurs s'accorderont le mieux ou différeront le moins, sera celui des jours chauds de Tété , et que les expériences ayant été faites sur la fin de mai, ce n'est que par hasard qu'elles ont donné le résultat des augmentations de cha- leur par les miroiis, proportionnelles aux degrés de l'échelle du ther- momètre. Mais j'abrège cette critique en renvoyant à ce que j'ai dit près de vingt ans avant ce mémoire de M. de Mairan, sur la construc- tion d'un thermomètre réel , et sa graduation par le moyen de mes miroirs brûlants. Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences , année 17/17. lo6 MINÉRAUX. INTRODUCTION. toutes deux se réunissent pour produire, entretenir, animer les êtres organisés, et pour travailler, assimi- ler, composer les substances inanimées. Cette cha- leur intérieure du globe, qui tend toujours du centre à la circonférence, et qui s'éloigne perpendiculaire- ment de la surface de la terre, est, à mon avis, un grand agent dans la nature ; l'on ne peut guère douter qu'elle n'ait la principale influence sur la perpendicu- larité de la tige des plantes, sur les phénomènes de l'électricité, dont la principale cause est le frottement ou mouvement en sens contraire , sur les effets du magnétisme , etc. Mais , comme je ne prétends pas faire ici un traité de physique , je me bornerai aux effets de cette chaleur sur les autres éléments. Elle suffit seule, elle est même bien plus grande qu'il ne faut pour maintenir la raréfaction de l'air au degré que nous respirons : elle est plus que suffisante pour'en- tretenir l'eau dans son état de liquidité ; car on a des- cendu des thermomètres jusqu'à cent vingt brasses de profondeur, et, les retirant promptement, on a vu que la température de l'eau y étoit à très peu près la même que dans l'intérieur de la terre à pareille pro- fondeur, c'est-à-dire de dix degrés deux tiers; et comme l'eau la plus chaude monte toujours à la sur- face, et que le sel l'empêche de geler, oi> ne doit pas être surpris de ce qu'en général la mer ne gèle pas, et que les eaux douces ne gèlent que d'une cer- taine épaisseur, l'eau du fond restant toujours liquide, lors même qu'il fait le plus grand froid, et que les couches supérieures sont en glace de dix pieds d'é- paisseur. Mais la terre est celui de tous les éléments sur le- DES ELEMENTS. PARTIE I. I07 quel cette chaleur intérieure a dû produire et produit encore les plus grands effets. On ne peut pas douter, après les preuves que j'en ai données^;, que cette chaleur n'ait été originairement bien plus grande qu'elle ne l'est aujourd'hui ; ainsi on doit lui rappor- ter, comme à la cause première, toutes les sublima- tions, précipitations, agrégations, séparations, en un mot , tous les mouvements qui se sont faits et se font chaque jour dans l'intérieur du globe, et surtout dans la couche extérieure où nous avons pénétré, et dont la matière a été remuée par les agents de la nature , ou par les mains de l'homme; car, à une ou peut-être deux lieues de profondeur, on ne peut guère présu- mer qu'il y ait eu des conversions de matière, ni qu'il s'y fasse encore des changements réels : toute la masse du globe ayant été fondue, liquéfiée par le feu, l'inté- rieur n'est qu'un verre ou concret ou discret, dont la substance simple ne peut recevoir aucune altération par la chaleur seule; il n'y a donc que la couche su- périeure et superficielle qui, étant exposée à l'action des causes extérieures, aura subi toutes les modifica- tions que ces causes réunies à celle de la chaleur in- térieure auront pu produire par leur action combinée , c'est-à-dire toutes les modifications, toutes les diffé- rences, toutes les formes, en un mot, des substances minérales. Le feu, qui ne paroîtêtre, à la première vue, qu'un composé de chaleur et de lumière, ne seroit-i-1 pas encore une modification de la matière qu'on doive considérer à part , quoiqu'elle ne diffère pas essen- i. Voyez, dans cet ouvrage , Tarticle de la formation des planètes , et les articles des Époques de la nature. lo8 MINÉRAUX. INTRODUCTION. tiellement de Tune ou de l'autre , et encore moins deà deux prises ensemble? Le feu n'existe jamais sans chaleur, mais il peut exister sans lumière. On verra, par mes expériences, que la chaleur seule et dénuée de toute apparence de lumière peut produire les mê- mes effets que le feu le plus violent. On voit aussi que la lumière seule, lorsqu'elle est réunie, produit les mêmes effets; elle semble porter en elle-même une substance qui n'a pas besoin d'aliment : le feu ne peut subsister, au contraire, qu'en absorbant de l'air, et il devient d'autant plus violent qu'il en absorbe da- vantage, tandis que la lumière concentrée et reçue dans un vase purgé d'air agit comme le feu dans l'air, et que la chaleur resserrée, retenue dans un espace clos , subsiste et même augmente avec une très pe- tite quantité d'aliments. La différence la plus générale entre le feu, la chaleur, et la lumière, me paroît donc consister dans la quantité, et peut-être dans la qua- lité de leurs aliments. L'air est le premier ahment du feu ; les matières combustibles ne sont que le second ; j'entends par premier aliment celui qui est toujours nécessaire et sans lequel le feu ne pourroit faire aucun usage des autres. Des expériences connues de tous les physi- ciens nous démontrent qu'un petit point de feu, tel que celui d'une bougie placée dans un vase bien fermé , absorbe en peu de temps une grande quantité d'air, et qu'elle s'éteint aussitôt que la quantité ou la qualité de cet aliment lui manque. D'autres expé- riences bien connues des chimistes prouvent que les matières les plus combustibles , telles que les char- bons, ne se consument pas dans des vaisseaux bien DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 1 09 clos, quoique exposés à l'action du plus grand feu. L'air est donc le premier, le véritable aliment du feu, et les matières combustibles ne peuvent lui en four- nir que par le secours et la médiation de cet élément, dont il est nécessaire, avant d'aller plus loin, que nous considérions ici quelques propriétés. Nous avons dit que toute fluidité avoit la chaleur pour cause ; et en comparant quelques fluides en- semble, nous voyons qu'il faut beaucoup plus de cha- leur pour tenir le fer en fusion que l'or, beaucoup plus pour y tenir l'or que l'étain, beaucoup moins pour y tenir la cire , beaucoup moins pour y tenir l'eau , encore beaucoup moins pour y tenir l'esprit de vin , et enfin successivement moins pour y tenir le mercure , puisqu'il ne perd sa fluidité qu'au cent qua- tre-vingt-septième degré au dessous de celui où l'eau perd la sienne. Cette matière, le mercure, seroit donc le plus fluide des corps, si l'air ne l'étoit encore plus. Or, que nous indique cette fluidité plus grande dans l'air que dans aucune matière.*^ Il me semble qu'elle suppose le moindre degré possible d'adhérence entre ses parties constituantes; ce qu'on peut concevoir en les supposant de figure à ne pouvoir se toucher qu'en un point. On pourroit croire aussi qu'étant douées de si peu d'énergie apparente , et de si peu d'attraction mutuelle des unes vers les autres, elles sont, par cette raison, moins massives et plus légères que celles de tous les autres corps : mais cela me paroît démenti par la comparaison du mercure , le plus fluide des corps après l'air, et dont néanmoins les parties con- stituantes paroissent être plus massives et plus pe- santes que celles de toutes les autres matières , à 110 MINÉRAUX. INTRODUCTION. l'exception de l'or. La plus ou moins grande fluidité n'indique donc pas que Jes parties du fluide soient plus ou moins pesantes , mais seulement que leur adhérence est d'autant n oindre, leur union d'autant moins intime, et leur séparation d'autant plus aisée. S'il faut mille degrés de chaleur pour entretenir la fluidité de l'eau, il n'en faudra peut-être qu'un pour maintenir celle de l'air. L'air est donc, de toutes les matières connues, celle que la chaleur divise le plus facilement, celle dont les parties lui obéissent avec le moins de résistance , celle qu'elle met le plus aisément en mouvement expansif et contraire à celui de la force attractive. Ainsi l'air est tout près de la nature du feu, dont la principale propriété consiste dans ce mouvement expansif; et quoique l'air ne l'ait pas par lui-même, la plus petite particule de chaleur ou de feu suffisant pour le lui communiquer, on doit cesser d'être étonné de ce que l'air augmente si fort l'activité du feu , et de ce qu'il est si nécessaire à sa subsistance : car étant de toutes les substances celle qui prend le plus aisément le mou- vement expansif, ce sera celle aussi que le feu entraî- nera , enlèvera de préférence à toute autre; ce sera celle qu'il s'appropriera le plus intimement , comme étant de la nature la plus voisine de la sienne ; et par conséquent l'air doit être du feu l'atlminicule le plus puissant, l'aliment le plus convenable, Vajnl le plus intime et le plus nécessaire. Les matières combustibles , que l'on regarde vulgai- rement comme les vrais aliments du feu , ne lui ser- vent néanmoins, ne lui profitent en rien , dès qu'elles sont privées du secours de l'air : le feu le plus vio- DES ÉLEMEINTS. PARTIE I. 111 lent ne les consume pas, et même ne leur cause au- cune altération sensible, au lieu qu'avec de l'air une seule étincelle de feu les embrase , et qu'à mesure qu'on fournit de l'air en plus ou moins grande quan- tité , le feu devient dans la même proportion plus vif, plus étendu, plus dévorant; de sorte qu'on peut me- surer la célérité ou la lenteur avec laquelle le feu con- sume les matières combustibles, par la quantité plus ou moins grande de l'air qu'on lui fournit. Ces ma- tières ne sont donc pour le feu que des aliments se- condaires, qu'il ne peut s'approprier par lui-même, et dont il ne peut faire usage qu'autant que l'air s'y mêlant , les rapproche de la nature du feu en les mo- difiant, et leur sert d'intermède pour les y réunir. On pourra (ce me semble) concevoir clairement cette opération de la nature, en considérant que le feu ne réside pas dans les corps d'une manière fixe, qu'il n'y fait ordinairement qu'un séjour instantané ; «qu'étant toujours en mouvement expansif , il ne peut subsister dans cet état qu'avec les matières suscepti- bles de ce même mouvement ; que l'air s'y prêtant avec toute facilité, la somme de ce mouvement devient plus grande, l'action du feu plus vive, et que dès lors les parties les plus volatiles €les matières combustibles , telles que les molécules aériennes, huileuses, etc., obéissant sanseifort à ce mouvement expansif qui leur est communiqué, elles s'élèvent en vapeurs; que ces vapeurs se convertissent en flamme par le même se- cours de l'air extérieur; et qu'enfin , tant qu'il subsiste dans les corps combustibles quelques parties capables de recevoir, par le secours de l'air, ce mouvement d'expansion . elles ne cessent de s'en séparer pour lia MINÉRAUX. INTRODUCTION. suivre l'air et le feu dans leur route , et par consé- quent se consumer en s'évaporant avec eux. II y a de certaines matières, telles que le phosphore artificiel, le pyrophore, la poudre à canon, qui pa- roissent à la première vue faire une exception à ce que je viens de dire; car elles n'ont pas besoin, pour s'entlammer et se consumer en entier , du secours d'un air renouvelé : leur combustion peut s'opérer dans les vaisseaux les mieux fermés ; mais c'est par la raison que ces matières, qu'on doit regarder comme les plus combustibles de toutes, contiennent dans leur substance tout l'air nécessaire à leur combustion. Leur feu produit d'abord cet air et le consume à l'in- stant; et comme il est en très grande quantité dans ces matières , il suffit à leur pleine combustion , qui dès lors n'a pas besoin , comme toutes les autres, du secours d'un air étranger. Cela semble nous indiquer que la différence la plus essentielle qu'il y ait entre les matières combustibles et celles qui ne le sont pas, c'est que celles-ci ne contiennent que peu ou point de ces matières légè- res, aériennes, huileuses, susceptibles du mouvement expansif, ou que si elles en contiennent, elles s'y trou- vent fixées et retenues, en sorte que, quoique vola- tiles en elles-mêmes, elles ne peuvent exercer leur volatiHté toutes les fois que la force du feu n'est pas assez grande pour surmonter la force d'adhésion qui les retient unies aux parties fixes de la matière. On peut même dire que cette induction , qui se tire im- médiatement de mes principes, se trouve confirmée par un grand nombre d'observations bien connues des chimistes et des physiciens : mais ce qui paroît l'être DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 11^ moins, et qui cependant en estime conséquence né- cessaire, c'est que toute matière pourra devenir vo- latile dès que l'homme pourra augmenter assez la force expansive du feu pour la rendre supérieure à la force attractive qui tient unies les parties de la matière que nous appelons fixes; car, d'une part, il s'en faut bien que nous ayons un feu aussi fort que nous pour- rions l'avoir par des miroirs mieux conçus que ceux dont on s'est servi jusqu'à ce jour, et, d'autre côté, nous sommes assurés que la fixité n'est qu'une qua- lité relative, et qu'aucune matière n'est d'une fixité absolue ou invincible, puisque la chaleur dilate les corps les plus fixes. Or, cette dilatation n'est-elle pas l'indice d'un commencement de séparation qu'on augmente avec le degré de chaleur jusqu'à la fusion, et qu'avec une chaleur encore plus grande on augmen- teroit jusqu'à la volatilisation? La combustion suppose quelque chose de plus que la volatilisation : il suffit pour celle-ci que les parties de la matière soient assez divisées, assez séparées les unes des autres, pour pouvoir être enlevées par celles de la chaleur; au lieu que, pour la combustion, il faut encore qu'elles soient d'une nature analogue à celle du feu; sans cela le mercure, qui est le plus fluide après l'air, seroit aussi le plus combustible, tandis que l'expérience nous démontre que , quoique très volatil , il est incombustible. Or, quelle est donc l'analogie ou plutôt le rapport de nature que peuvent avoir les matières combustibles avec le feu? La ma- tière, en général , est composée de quatre substances principales qu'on appelle éléments: la terre, l'eau, l'air, et le feu, entrent tous quatre en plus ou moins 1 1 4 MINER A L X. IN T K O D IJ C T I O N, grande quantité dans la composition de tontes les ma- tières particulières ; celles où la terre et l'eau domi- nent seront fixes , et ne pourront devenir €[ue vola- tiles, par l'action de la chaleur; celles, au contraire, qui contiennent beaucoup d'air et de feu , seront les seules vraiment combustibles. La grande difficulté qu'il y ait ici c'est de concevoir nettement comment l'air et le feu, tous deux si volatils, peuvent se fixer et devenir parties constituantes de tous les corps ; je dis de tous les corps; car nous prouverons que quoiqu'il y ait une plus grande quantité d'air et d^ feu fixes dans les matières combustibles, et qu'ils y soient combinés d'une manière différente que dans les autres matières, toutes néanmoins contiennent une quan- tité considérable de ces deux éléments, et que les matières les plus fixes et les moins combustibles sont celles qui retiennent ces éléments fugitifs avec le plus de force. Le fameux phlogistique des chimistes (être de leur méthode plutôt que de la nature) n'est pas un principe simple et identique , comme ils nous le présentent; c'est un composé, un produit de l'alliage, un résultat de la combinaison des deux éléments, de l'air et du feu fixés dans les corps. Sans nous arrêter donc sur les idées obscures et incomplètes que pour- roit nous fournir la considération de cet être précaire , tenons-nous-en à celle de nos quatre éléments réels, auxquels les chimistes, avec tous leurs nouveaux prin- cipes, seront toujours forcés de revenir ultérieure- ment. JNous voyons clairement que le feu, en absorbant de l'air, en détruit le ressort. Or, il n'y a que deux manières de détruire un ressort : la première, en le DES ÉLÉMENTS. l'AIlTIE I. Il5 comprimant assez pour le rompre; la seconde, en rétendant assez pour qu'il soit sans effet. Ce n'est pas de la première manière que le feu peut détruire le ressort de l'air, puisque le moindre degré de chaleur le raréfie, que cette raréfaction augmente avec elle, et que l'expérience nous apprend qu'à une très forte chaleur la raréfaction de l'air est si grande, qu'il oc- cupe alors un espace treize fois plus étendu que celui de son volume ordinaire : le ressort dès lors en est d'autant plus foible ; et c'est dans cet état qu'il peut devenir fixe et s'unir sans résistance sous cette nou- velle forme avec les autres corps. On entend bien que cet air transformé et fixé n'est point du tout le même que celui qui se trouve dispersé , disséminé dans la plupart des matières, et qui conserve dans leurs pores sa nature entière : celui-ci ne leur est que mélangé, et non pas uni ; il ne leur tient que par une très foible adhérence, au lieu que l'autre leur est si étroitement attaché , si intimement incorporé , que souvent on ne peut l'en séparer. Nous voyons de même que la lumière , en tombant sur les corps, n'est pas, à beaucoup près, entière- ment réfléchie, qu'il en reste en grande quantité dans la petite épaisseur de la surface qu'elle frappe ; que par conséquent elle y perd son mouvement, s'y éteint, s'y fixe, et devient dès lors partie constituante de tout ce qu'elle pénètre. Ajoutez à cet air, à cette lumière, transformés et fixés dans les corps , et qui peuvent être en quantité variable ; ajoutez-y, dis-je , la quan- tité constante du feu que toutes les matières, de quel- que espèce que ce soit, possèdent également : cette quantité constante de feu ou de chaleur actuelle di| Il6 MINÉRAUX. INTRODUCTION. globe de la terre , dont la somme est bien plus grande que celle de la chaleur qui nous vient du soleil , me paroît être non seulement un des grands ressorts du mécanisme de la nature , mais en même temps un élément dont toute la matière du globe est pénétrée ; c'est le feu élémentaire , qui , quoique toujours en mouvement expansif, doit, par sa longue résidence dans la matière , et par son choc contre ses parties fixes, s'unir, s'incorporer avec elles, et s'éteindre par parties comme le fait la lumière ^. Si nous considérons plus particulièrement la nature des matières combustibles, nous verrons que toutes proviennent originairement des végétaux , des ani- maux, des êtres, en un mot, qui sont placés à la sur- face du globe que le soleil éclaire, échauffe, et vivi- fie : les bois, les charbons, les tourbes, les bitumes, les résines, les huiles, les graisses, les suifs, qui sont les vraies matières combustibles , puisque toutes les autres ne le sont qu'autant qu'elles en contiennent, ne proviennent-ils pas tous des corps organisés ou de leurs détriments? Le bois, et même le charbon ordi- naire, les graisses, les huiles par expression, la cire et le suif, ne sont que des substances extraites immé- diatement des végétaux et des animaux; les tourbes, les charbons fossiles, les succins, les bitumes liquides 1. Ceci même pourroit se prouver par une expérience, qui méri- teroit d'être poussée plus loin. J'ai recueilli sur un miroir ardent par réflexion une assez forte chaleur sans aucune lumière , au moyen d'une plaque de tôle mise entre le brasier et le miroir; une partie de la chaleur s'est réfléchie au foyer du miroir, tandis que tout le reste de la chaleur l'a pénétré : mais je n'ai pu m'assurer si l'augmentation de chaleur dans la matière du miroir n'étoit pas aussi grande que s'il w'en eût pas réfléchi. DES ELEMENTS. PARTIE I. nn OU concrets, sont des produits de leur mélange et de !eur décomposition , dont les détriments ultérieurs forment les soufres et les parties combustibles du fer, du zinc, des pyrites, et de tous les minéraux que l'on peut enflammer. Je sens que cette dernière assertion ne sera pas admise , et pourra même être rejetée, sur- tout par ceux qui n'ont étudié la nature que par la voie de la chimie : mais je les prie de considérer que leur méthode n'est pas celle de la nature; qu'elle ne pourra le devenir ou même s'en approcher qu'autant qu'elle s'accordera avec la saine physique, autant qu'on en bannira non seulement les expressions obs- cures et techniques , mais surtout les principes pré- caires, les êtres fictifs auxquels on fait jouer le plus grand rôle, sans néanmoins le coonoître. Le soufre, en chimie j n'est que le composé de l'acide vitriolique €t du phlogistique : quelle apparence y a-t-il donc qu'il puisse, comme les autres matières combustibles, tirer son origine du détriment des végétaux ou des animaux.^ A cela je réponds, même en admettant cette définition chimique, que l'acide vitriolique, et en gé- néral tous les acides, tous les alcalis, sont moins des substances de la nature que des produits de l'art. La nature forme des sels et du soufre ; elle emploie à leur composition, comme à celle de toutes les autres substances, les quatre éléments : beaucoup de terre et d'eau , un peu d'air et de feu , entrent en quan- tité variable dans chaque différente substance saline ; moins de terre et d'eau, et beaucoup plus d'air et de feu, semblent entrer dans la composition du soufre. Les sels et les soufres doivent donc être regardés comme des êtres de la nature dont on extrait, par le CL'FFON. III. 8 Il8 MINÉRAUX. INTRODUCTION. secours de l'art de la chimie, et par le moyen du feu , les différents acides qu'ils contiennent; et puisque nous avons employé le feu , et par conséquent de l'air et des matières combustibles, pour extraire ces aci- des, pouvons-nous douter qu'ils n'aient retenu et qu'ils ne contiennent réellement des parties de ma- tière combustible qui y seront entrées pendant l'ex- traction? Le phlogistique est encore bien moins que l'acide un être naturel ; ce ne seroit même qu'un être de raison , si on ne le regardoit pas comme un composé d'air et de feu devenu fixe et inhérent aux autres corps. Le soufre peut en effet contenir beaucoup de ce phîo- gistique, beaucoup aussi d'acide vitriolique; mais il a, comme toute autre matière, et sa terre et son eau : d'ailleurs son origine indique qu'il faut une grande consommation de matières combustibles pour sa pro- duction ; il se trouve dans les volcans, et il semble que la nature ne le produise que par effort et par le moyen du plus grand feu. Tout concourt donc à nous prouver qu'il est de la même nature que les autres matières combustibles, et que par conséquent il tire, comme elles, sa première origine du détriment des êtres organisés. Mais je vais plus loin : les acides eux-mêmes vien- nent en grande partie de la décomposition des sub- stances animales ou végétales, et contiennent en con- séquence des principes de la combustion. Prenons pour exemple le salpêtre : ne doit-il pas son origine à ces matières? n'est-il pas formé par la putréfaction des végétaux, ainsi que des urines et des excréments des animaux? Il me semble que l'expérience le dé- DES ELEMENTS. PARTIE I. iig montre, puisqu'on ne cherche, on ne trouve le sal-^ pêtre que dans les habitations où l'homme et les animaux ont long-temps résidé ; et puisqu'il est im- médiatement formé du détriment des substances ani- males et végétales , ne doit-il pas contenir une prodi- gieuse quantité d'air et de feu fixes? Aussi en contient-il beaucoup, et même beaucoup plus que le soufre, le charbon, l'huile, etc. Toutes ces matières combusti- bles ont besoin , comme nous l'avons dit, du secours de l'air pour brider, et se consument d'autant plus vite, qu'elles en reçoivent en plus grande quantité. Le sal- pêtre n'en a pas besoin dès qu'il est mêlé avec quel- ques unes de ces matières combustibles ; il semble porter en lui-même le réservoir de tout l'air nécessaire à sa combustion : en le faisant détonner lentement, on le voit souffler son propre feu comme le feroit un soufflet étranger; en le renfermant le plus étroite- ment, son feu, loin de s'éteindre, n'en prend que plus de force, et produit les explosions terribles sur lesquelles sont fondés nos arts meurtriers. Cette com- bustion si prompte est en même temps si complète, qu'il ne reste presque rien après l'inflammation, tan- dis que toutes les autres matières enflammées laissent des cendres ou d'autres résidus qui démontrent que leur combustion n'est pas entière , ou, ce qui revient au même, qu'elles contiennent un assez grand nom- bre de parties fixes, qui ne peuvent ni se brûler, ni même se volatihser. On peut de même démontrer que l'acide vitriolique contient aussi beaucoup d'air et de feu fixes, quoiqu'en moindre quantité que l'acide ni- treux; et dès lors il tire , comme celui-ci, son origine de la même source, et le soufre, dans la composition 120 MIiVERAUX. INTRODUCTION. duquel cet acide entre si abondamment, tire des ani- maux et des végétaux tous les principes de sa com- bustibilité. Le phosphore artificiel , qui est le premier dans l'ordre des matières combustibles, et dont l'acide est différent de l'acide nitreux et de l'acide vitrioliquc, ne se tire aussi que da règne animal, ou, si l'on veut, en partie du règne végétal élaboré dans les animaux, c'est-à-dire des deux sources de toute matière com- bustible. Le phosphore s'enflamme de lui-même, c'est-à-dire sans communication de matière ignée, sans frottement, sans autre addition que celle du contact de l'air : autre preuve de la nécessité de cet élément pour la combustion même d'une matière qui ne paroît être composée que du feu. Nous démontre- rons dans la suite que l'air est contenu dans l'eau sous une forme moyenne, entre l'état d'élasticité et celui de fixité. Le feu paroît être dans le phosphore à peu près dans ce même état moyen ; car de même que l'air se dégage de l'eau dès que l'on diminue la pres- sion de l'atmosphère, le feu se dégage du phosphore lorsqu'on fait cesser la pression de l'eau, où l'on est obligé de le tenir submergé pour pouvoir le garder et empêcher son feu de s'exalter. Le phosphore semble contenir cet élément sous une forme obscure et con- densée, et il paroît être pour le feu obscur ce qu'est le miroir ardent pour le feu lumineux, c'est-à-dire un moyen de condensation. Mais sans nous soutenir plus long-temps à la hau- teur de ces considérations générales, auxquelles je pourrai revenir lorsqu'il sera nécessaire, suivons d'une manière plus directe et plus particulière l'examen du DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 12 1 feu; tâchons de saisir ses efl'ets, et de les présenter sous un point de vue plus fixe qu'on ne Ta fait jus- qu'ici. L'action du feu sur les différentes substances dé- pend beaucoup de la manière dont on l'applique; et le produit de son action sur une même substance pa- roîtra différent selon la façon dont il est administré. J'ai pensé qu'on devoit considérer le feu dans trois états différents: le premier, relatif à sa vitesse; le se- cond, à son volume, et le troisième à sa masse. Sous chacun de ces points de vue, cet élément si simple, si uniforme en apparence, paroîtra, pour ainsi dire, un élément différent. On augmente la vitesse du feu sans en augmenter le volume apparent, toutes les fois que, dans un espace donné et rempli de matières combustibles, on presse l'action et le développement du feu en augmentant la vitesse de l'air par d^s souf- flets, des trompes, des ventilateurs , des tuyaux d'as- piration, etc., qui tous accélèrent plus ou moins la rapidité de l'air dirigé sur le feu : ce qui comprend , comme l'on voit, tous les instruments, tous les four- naux à vent, depuis les grands fourneaux de forges jusqu'à la lampe des émailleurs. On augmente l'action du feu par son volume toutes les fois qu'on accumule une grande quantité de ma- tières combustibles, et qu'on en fait rouler la chaleur et la flamme dans les fourneaux de réverbère : ce qui comprend, comme l'on sait, les fourneaux de nos ma- nufactures de glaces, de cristal, de verre, de porce- laine, de poterie, et aussi ceux où l'on fond tous les métaux et les minéraux, à l'exception du fer. Le feu agit ici par son volume, et n'a que sa propre vitesse. Ï22 MINÉRAUX. INTRODUCTION. puisqu'on n'en augmente pas Ja rapidité par des souf- flets o^^ d'autres instruments qui portent l'air sur le feu. Il est vrai que la forme des tisardsj, c'est-à-dire des ouvertures principales par. où ces fourneaux tirent l'air, contribue à l'attirer plus puissamment qu'il ne le seroit en espace libre; mais cette augmentation de vitesse est très peu considérable en comparaison de la grande rapidité que lui dorment les soufflets. Par ce dernier procédé on accélère l'action du feu, qu'on aiguise par l'air autant qu'il est possible; par l'autre procédé , on l'augmente en concentrant sa flamme en grand volume. ^ Il y a, comme l'on voit, plusieurs moyens d'aug- menter l'action du feu, soit qu'on veuille le faire agir par sa vitesse ou par son volume : mais il n'y en a qu'un seul par lequel on puisse augmenter sa masse; c'est â^e le réunir au foyer d'un miroir ardent. Lors- qu'on reçoit sur un miroir réfringent ou réflexif les rayons du soleil , ou même ceux d'un feu bien allumé , on les réunit dans un espace d'autant moindre, que le miroir est plus grand et le foyer plus court. Par exemple, avec un miroir de quatre pieds de diamètre et d'un pouce de foyer, il est clair que la quantité de lumière ou de feu qui tombe sur le miroir de qua- tre pieds se trouvant réunie dans l'espace d'un pouce, seroit deux mille trois cent quatre fois plus dense qu'elle ne l'étoit, si toute la matière incidente arri- voit sans perte à ce foyer. Nous verrons ailleurs ce qui s'en perd effectivement; mais il nous suffit ici de faire sentir que quand même cette perte seroit des deux tiers ou des trois quarts, la masse du feu concentré au foyer de ce miroir sera toujours six ou sept cents DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 125 fois plus dense qu elle ne l'étoit à la surface du miroir. Ici, comme dans tous les autres cas, la masse accroît par la contraction du volume, et le feu dont on aug- mente ainsi la densité a toutes les propriétés d'une masse de matière ; car indépendamment de l'action de la chaleur par laquelle il pénètre les corps, il les pousse et les déplace comme le feroit un corps solide en mouvement qui en choqueroit un autre. On pourra donc augmenter par ce ûioyen la densité ou la masse du feu d'autant plus qu'on perfectionnera davantage la construction des miroirs ardents. Or, chacune de ces trois manières d'administrer le feu et d'en augmenter ou la vitesse, ou le volume, ou la masse, produit sur les mêmes substances des effets souvent très différents : on calcine par l'un de ces moyens ce que l'on fond par l'autre; on volatilise par le dernier ce qui paroît réfractaire au premier : en sorte que la même matière donne des résultats si peu semblables , qu'on ne peu compter sur rien , à moins qu'on ne la travaille en môme temps ou successive- ment par ces trois moyens ou procédés que nous ve- nons d'indiquer; ce qui est une route plus longue, mais la seule qui puisse nous conduire à la connois- sance exacte de tous les rapports que les diverses sub- stances peuvent avoir avec l'élément du feu. Et de la même manière que je divise en trois procédés géné- raux l'administration de cet élément , je divise de même en trois classes toutes les matières que l'on peut soumettre à son action. Je mets à part, pour un moment, celles qui sont purement combustibles, et qui proviennent immédiatement des animaux et des végétaux, et je divise toutes les matières minérales en 124 MINÉRAIX. INTRODUCTION. trois classes relativement à l'action du feu : la pre- mière est celle des matières que cette action long- temps continuée rend plus légères, comme le fer; la seconde, celle des matières que cette même action du feu rend plus pesantes, comme le plomb; et la troisième classe est celle des matières sur lesquelles, comme sur Tor, cette action du feu ne paroît produire aucun effet sensible, puisqu'elle n'altère point leur pesanteur. Toutes les matières existantes et possibles, c'est-à-dire toutes les substances simples et compo- sées, seront nécessairement comprises dans Tune de ces trois classes. Ces expériences par les trois procé- dés, qui ne sont pas difficiles à faire, et qui ne de- mandent que de l'exactitude et du temps, pourroienî nous découvrir plusieurs choses utiles, et seroient très nécessaires pour fonder sur des principes réels la théorie de la chimie : cette belle science, jusqu'à nos jours, n'a porté que sur une nomenclature précaire,, et sur des'^mots d'autant plus vagues qu'ils sont plus généraux. Le feu étant, pour ainsi dire, le seul instru- ment de cet art, et sa nature n'étant point connue, non plus que ses rapports avec les autres corps, on ne sait ni ce qu'il y met ni ce qu'il en ôte ; on tra- vaille donc à l'aveugle , et l'on ne peut arriver qu'à des résultats obscurs, que l'on rentl encore plus obs- curs en les érigeant en principes. Le phlogistique, le minéralisateur, l'acide, l'alcali, etc., ne sont que des termes créés par la méthode, dont les définitions sont adoptées par convention, et ne répondent à au- cune idée claire et précise , ni même à aucun être réel. Tant que nous ne connoîtrons pas mieux la na- ture du feu , tant que nous ignorerons ce qu'il ôte ou DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. ia.> donne aux matières qu'on soumet à son action, il ne sera pas possible de prononcer sur la nature de ces mêmes matières d'après les opérations de la chimie, puisque chaque matière à laquelle le feu ôte ou donne quelque chose n'est plus la substance simple que l'on voudroît connoître, mais une matière composée et mélangé?, ou dénaturée et changée par l'addition ou la soustraction d'autres matières que le feu en enlève ou y fait entrer. Prenons pour exemple de cette addition et de cette soustraction le plomb et le marbre. Par la simple cal- cination l'on augmente le poids du plomb de près d'un quart, et l'on diminue celui du marbre de près de moitié : il y a donc un quart de matière inconnue que le feu donne au premier, et une moitié d'autre matière également inconnue qu'il enlève au second. Tous les raisonnements de la chimie ne nous ont pas démontré jusqu'ici ce que c'est que cette matière donnée ou enlevée par le feu , et il est évident que lorsqu'on travaille sur le plomb et sur le marbre après leur calcination, ce ne sont plus ces matières simples que l'on traite, mais d'autres matières dénaturées et composées par l'action du feu. Ne seroit-il donc pas nécessaire, avant tout, de procéder d'après les vues que je viens d'indiquer, de voir d'abord sous un même coup d'œil toutes les matières que le feu ne change ni n'altère, ensuite celles que le feu détruit ou diminue , et enfin celles qu'il augmente et com- pose en s'incorporant avec elles? Mais examinons de plus près la nature du feu con- sidéré en lui-même. Puisque c'est une substance ma- térielle, il doit être sujet à la loi générale, à laquelle 126 MINÉRAUX. INTRODUCTION. toute matière est soumise. Il est le moins pesant de tous les corps, mais cependant il pèse ; et quoique ce que nous avons dit précédemment suffise pour le prouver évidemment, nous le démontrerons encore par des expériences palpables, et que tout le monde sera en état de répéter aisément. On pourroit d'abord soupçonner, par la pesanteur réciproque d^ astres, que le feu en grande masse est pesant, ainsi que toute matière ; car les astres qui sont lumineux comme le soleil, dont toute la substance paroît être de feu, n'en exercent pas moins leur force d'attraction à l'égard des astres qui ne îe sont pas : mais nous démontre- rons que le feu même en très petit volume est réelle- ment pesant; qu'il obéit , comme toute autre matière , à la loi générale de la pesanteur, et que par consé- quent il doit avoir de même des rapports d'affinité avec les autres corps, en avoir plus ou moins avec telle ou telle substance , et n'en avoir que peu ou point du tout avec beaucoup d'autres. Toutes celles qu'il rendra plus pesantes , comme le plomb , seront celles avec lesquelles il aura le plus d'affinité; et en le supposant appliqué au même degré et pendant un temps égal , celles de ces matières qui gagneront le plus en pesanteur seront aussi celles avec lesquelles cette affinité sera la plus grande. Un des effets de cette affmité dans chaque matière est de retenir la substance même du feu et de se l'incorporer ; et cette incorpo- ration suppose que non seulement le feu perd sa cha- leur et son élasticité, mais même tout son mouvement, puisqu'il se fixe dans ces corps et en devient partie constituante. Il y a donc lieu de croire qu'il en est du feu comme de l'air, qui se trouve sous une forme DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. 127 fixe et concrète dans presque tous les corps; et l'on peut espérer qu'à l'exemple du docteur Haies ^, qui a su dégager cet air fixé dans tous les corps et en éva- luer la quantité, il viendra quelque Jour un physicien habile qui trouvera les moyens de distraire le feu de toutes les matières où il se trouve sous une foraie fixe : mais il faut auparavant faire la table de ces ma- tières, en établissant par l'expérience l^s différents rapports entre lesquels le feu se combine avec toutes les substances qui lui sont analogues, etsefi?:e en plus ou moins grande quantité, selon que ces substances ont plus ou moins de force pour le retenir. Car il est évident que toutes les matières dont la pesanteur augmente par l'action du feu sont douées d'une force attractive, telle que son effet est supérieur à celui de la force expansive dont les particules du feu sont animées, puisque celle-ci s'amortit et s'é- teint, que son mouvement cesse, et que d'élastiques et fugitives qu'étoient ces particules ignées, elles de- viennent fixes, solides, eî: prennent une forme con- crète. Ainsi les matières qui augmentent de poids par le feu, comme l'étain, le plomb, les fleurs de zinc, etc., et toutes les autres qu'on pourra décou- vrir, sont des substances qui, par leur affinité avec le feu , l'attirent et se l'incorporent. Toutes les ma- tières, au contraire, qui, comme le fer, le cuivre, etc., deviennent plus légères à mesure qu'on les calcine , 1. Le phosphore, qui n'est, pour ainsi dire, qu'une matière ignée, une substance qui conserve et condense le feu , seroit le premier objet des expériences quil faudroit faire pour traiter le feu comme M. Haies a traité l'air, et le premier instrument qu'il faudroit employer pour ce nouvel art. 1^8 MINÉRAUX. INTRODUCTION. sont des substances dont la force attractive, relative- ment aux particules ignées , est moindre que la force expansive du feu; et c'est ce qui fait que le feu, au lieu de se fixer dans ces matières, en enlève, au con- traire, et en chasse les parties les moins liées, qui ne peuvent résister à son impulsion. Enfin celles qui, comme l'or, le platine, l'argent, le grès, etc., ne perdent ni n'acquièrent par l'application du feu, et qu'il ne fait, pour ainsi dire, que traverser sans en rien enlever et sans y rien laisser, soni des substan- ces qui, n'ayant aucune affinité avec le feu, et ne pouvant se joindre avec lui, ne peuvent par consé- quent ni le retenir ni l'accompagner en se laissant enlever. Il est évident que les matières des deux pre- Tnières classes ont avec le feu un certain degré d'affi- nité, puisque celles de la seconde classe se chargent du feu qu'elles retiennent, et que le feu se charge de celles de la première classe et qu'il les emporte, au Heu que les matières de la troisième classe, auxquelles il ne donne ni n'ôle rien, n'ont aucun rapport d'affi- nité ou d'attraction avec lui, et sont, pour ainsi dire, indifférentes à son action, qui ne peut ni les dénatu- rer ni même les altérer. Cette division de toutes les matières en trois classes relatives à l'action du feu, n'exclut pas la division plus particulière et moins absolue de toutes les matières en tleux autres classes, qu'on a jusqu'ici regardées comme relatives à leur propre nature, qui, dit-on, est toujours vitrescible ou calcaire. Notre nouvelle division n'est qu'un point de vue plus élevé, sous le- quel il faut les considérer pour tâcher d'en déduire la connoissance même de l'agent qu'on emploie par les DES ÉLÉ3IENTS. PARTIE I. 1 29 différents rapports que le feu peut avoir avec toutes les substances auxquelles on l'applique. Faute de com- parer ou de combiner ces rapports , ainsi que les moyens qu'on emploie pour appliquer le feu, je vois qu'on tombe tous les jours dans des contradictions apparentes, et môme dans des erreurs très préjudi- ciables*. 1. Je vais eu donner un exemple récent. Deux habiles chimistes ( MM. Polt et d'Arcct ) ont soumis un grand nombre de substances à l'aclion du feu. Le premier s'est servi d'un fourneau que je suis étonné que le second n'ait point entendu , puisque rien ne m'a paru si clair dans tout l'ouvrage de M. Poil, et qu'il ne faut qu'un coup d'œil sur la planche gravée de ce fourneau , pour reconnoître que, par sa con- struction , il peut, quoique sans soufflets, faire à peu près autant d'effet que s'il en étoit garni ; car au moyen de longs tuyaux qui sont adaptés au fourneau par le haut et par le bas, l'air y arrive et circule avec une rapidité d'autant plus grande que les tuyaux sont mieux proportionnés : ce sont des soufflets constants, et dont on peut aug- menter l'effet à volonté. Cette construction est si bonne et si simple, que je ne puis concevoir que M. d'Arcet dise « que ce fourneau est » un problème pour lui qu'il est persuadé que M. Polt a dû se » servir de soufflets, etc. , » tandis qu'il est évident que son fourneau équivaut, par sa construction, à l'action des soufflets, et que par conséquent il n'avoit pas besoin d'y avoir recours ; que d'ailleurs ce fourneau est encore exempt du vice que M. d'Arcet reproche aux soufflets , dont il a raison de dire « que l'action allerne , sans cesse » renaissante et expirante, jette du trouble et de l'inégalité sur celle » du feu ; » ce qui ne peut arriver ici , puisque , par la construction du fourneau, l'on voit évidemment que le renouvellement de l'air est constant, et que son action ne renaît ni n'expire, mais est continue et toujours uniforme. Ainsi M. Pott a employé l'un des moyens dont on se doit servir pour appliquer le feu , c'est-à-dire un moyen par le- quel, comme par les soufflets, on augmente la vitesse du feu, en Je pressant incessamment par un air toujours renouvelé ; et toutes les fusions qu'il a faites par ce moyen, et dont j'ai répété quelques unes, comme celles du grès , du quarz , etc. , sont très réelles , quoique M. d Arcet les nie : car pourquoi les nie-t-il? c'est que do sou côté, au lieu d'employer, comme M. Pott , le premier de nos procédés gêné- l50 MINÉRAUX. INTRODUCTION. On pouiToit donc dire, avec les naturalistes, que tout est vitrescible dans la nature, à l'exception de ce raux, c'esl-à-dire le fou par sa vitesse accélérée autant qu'il est pos- sible par le mouvemeut rapide de l'air, moyen par lequel il eût ob- tenu les mêmes résultats, il s'est servi du second procédé, et n'a employé que le feu en grand volume dans un fourneau, sans souf- flets ou sans équivalent , dans lequel , par conséquent , le feu ne de- vait pas produire les mêmes eft'ets, mais devoit en donner d'autres, que, par la même raison , le premier procédé ne pouvoit pas produire. Ainsi les contradictions entre les résultats de ces deux habiles chi- mistes ne sont qu'apparentes et fondées sur deux erreurs évidentes : la première consiste à croire que le feu le plus violent est celui qui est en plus grand volume ; et la seconde , que l'on doit obtenir du feu violent les mêmes résultats, de quelque manière qu'on l'applique : cependant ces deux idées sont fausses. La considération des vérités contraires est encore une des premières pierres qu'il faudroit poser aux fondements de la chimie; car ne seroit-il pas très nécessaire avant tout, et pour éviter de pareilles contradictions à l'avenir, que les chi- mistes ne perdissent point de vue qu'il y a trois moyens généraux , et très différents l'un de l'autre, d'appliquer le feu violent? Le premier, comme je l'ai dit , par lequel on n'emploie qu'un petit volume de feu , mais que l'on agile , aiguise , exalte au plus haut degré par la vitesse de l'air, soit par des soufflets, soit par un fourneau semblable à celui de M. Polt, qui tire l'air avec rapidité : on voit par l'effet de la lampe d'émailleur, qu'avec une quantité de feu presque infiniment petite, on fait de plus grands effets en petit que le fourneau de verrerie ne peut en faire en grand. Le second moyen est d'appliquer le feu, non pas en petit, mais en très grande quantité , comme on le fait dans les fourneaux de porcelaine et de verrerie, où le feu n'est fort que par son volume , où son action est tranquille , et n'est pas exaltée par un renouvellement très rapide de l'air. Le troisième moyen est d'appli- quer le feu en très petit volume, mais en augmentant sa masse et son intensité au point de le rendre plus fort que par le second moyen , et plus violent que par le premier ; et ce moyen de concentrer le feu et d'en augmenter la masse par les miroirs adents , est encore le plus puissant de tous. Or, chacun de ces trois moyens doit fournir un certain nombre de résultats différents : si , par le premier moyen, on fond et vitnfie telles et telles matières, il est très possible que, par le second moyen , on DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. IJl qui e3t calcaire; que les quarz, les cristaux, les pier- res précieuses, les cailloux, les grès, les granités, por- ne puisse vitrifier ces mêmes matières, et qu'au contraire on en puisse fondre d'autres qui n'ont pu l'être par le premier moyen ; et enfin il est tout aussi possible que , par le troisième moyen , on obtienne en- core plusieurs résultats semblables ou différents de ceux qu'ont four- nis les deux premiers moyens. Dès lors un chimiste qui, comme M. Pott, n'emploie que le premier moyen, doit se borner à donner les résultats fournis par ce moyen; faire, comme il l'a fait, lénumé- ration des matières qu'il a fondues, mais ne pas prononcer sur la non- fusibilité des autres, parce qu'elles peuvent l'être par le second ou le troisième moyen ; enfin ne pas dire affirmativement et exclusive- ment, en parlant de son fourneau, « qu'en une heure de temps, ou ') deu5 au plus, il met en fonte tout ce qui est fusible dans la nature. » Et, par la même raison, un autre chimiste qui, comme M. d'Arcet, ne sest servi que du second moyen, tombe dans l'erreur, sil se croit en contradiction avec celui qui ne s'est servi que du premier moyen, et cela parce qu'il n'a pu fondre plusieurs matières que l'autre a fait couler, et qu'au contraire il a mis en fusion d'autres matières que le premier n'avoit pu fondre ; car si l'un ou l'autre se fût avisé d'em- ployer successivement les deux moyens , il auroit bien senti qu'il n'é- loit point en contradiction avec lui-même, et que la différence des résultats ne provenoit que de la différence des moyens employés. Que résulte-t-il donc de réel de tout ceci, sinon qu'il faut ajouter à la liste des matières fondues par M. Pott, celles de M. d'Arcet, et se souvenir -seulement que, pour fondre les premières, il faut le pre- mier moyen, et le second pour fondre les autres? Il n'y a par consé- quent aucune contradiction entre les expériences de M. Pott et celles de M. d'Arcet, que je crois également bonnes : mais tous deux, après cette conciliation , auroient encore tort de conclure qu'ils ont fondu par ces deux moyens tout ce qui est fusible dans la nature, puisque l'on peut démontrer que par le troisième moyen, c'est-à-dire par les miroirs ardents, on fond et vitrifie, on volatilise, et même on brûle quelques matières qui leur ont également paru fixes et rcfractaires au leu de leurs fourneaux. Je ne m'arrêterai pas sur plusieurs choses de détail, qui cependant mériteroient animadversion, parce qu'il est toujours utile de ne pas laisser germer des idées erronées ou des faits mal vus , et dont on peut tirer de fausses conséquences. M. d'Arcet dit qu'il a remarqué constamment que la flamme fait plus d'effet que \J2 MINÉRAUX. INTRODUCTION. phyres. agates, ardoises, gypses, argiles, les pierres ponces, les laves, les amiantes avec tons les métaux et autres minéraux, sont vitrifiables par le feu de nos fourneau::, ou par celui des miroirs ardents, tandis que les marbres, les albâtres, les pierres, les craies, les marnes, et les autres substances qui proviennent du détriment des coquilles et des madrépores, ne peuvent se réduire en fusion par ces moyens. Cepen- dant je suis persuadé que si Ton vient à bout d'aug- menter encore la force des fourneaux, et surtout la puissance des miroirs ardents, on arrivera au point de faire fondre ces matières calcaires qui paroissent être d'une nature différente de celle des autres; puisqu'il y a mille et mille raisons de croire qu'au fond leur sub- stance est la même, et que le verre est la base com- mune de toutes les matières terrestres. Par les expériences que j'ai pu faire moi-même pour comparer la force du feu, selon qu'on emploie, ou sa vitesse, ou son volume, ou sa masse, j'ai trouvé que le feu de charbon. Oui, sans cloute, si ce feu n'est pas excité par le vent ; mais toutes les fois c[ue le charbon ardent sera vitrifié par un air rapide, il y aura de la flamme qui sera plus active et produira de bien plus grands effets que la flamme tranquille. De même , lorsqu'il dit que les fourneaux donnent de la chaleur en raison de leur épais- seur, cela ne peut être vrai que dans le seul cas où les fourneaux étant supposés égaux, le feu qu'ils contiennent seroit en même temps animé par deux courants d'air égaux en volume et en rapidité. La violence du feu dépend presque en entier de cette rapidité du courant de l'air qui l'anime; je puis le démontrer par ma propre expérience : j'ai vu le grès, que M. d'Arcet croit infusible, couler et se couvrir d'émail par le moyen de deux bons soufflets, mais sans le secours d'aucun fourneau et à feu ouvert. L'effet des fourneaux épais n'est pas d'aug- menter la chaleur, mais delà conserver; et ils la conservent d'autant plus longtemps qu'ils sont plus épais. DES ELEMENTS. PARTIE I. 1 5o îe feu des plus grands et des plus puissants fourneaux de verrerie n'est qu'un feu foibie en comparaison de celui des fourneaux à soufflets, et que le feu produit au foyer d'un bon miroir ardent est encore plus fort que celui des plus grands fourneaux de forge. J'ai tenu pendant trente-six heures, dans l'endroit le plus chaud du fourneau de Rouelle, en Bourgogne, où l'on fait des glaces aussi grandes et aussi belles qu'à Saint-Go- bin en Picardie, et où le feu est aussi violent ; j'ai tenu, dis-je, pendant trente-six heures à ce feu, de la mine de fer, sans qu'elle se soit fondue, ni agglutinée, ni même altérée en aucune manière, tandis qu'en moins de douze heures cette mine coule en fonte dans les fourneaux de ma forge : ainsi ce dernier feu est bien supérieur à l'autre. De même, j'ai fondu ou volatilisé au miroir ardent plusieurs matières que iii le feu des fourneaux de réverbère, ni celui des plus puissants soufflets n'avoientpu fondre, et je me suis convaincu que ce dernier moyen est le plus puissant de tous. Mais je renvoie à la partie expérimentale de mon ou- vrage le détail de ces expériences importantes, dont je me contente d'indiquer ici îe résultat général. On croit vulgairement que la flamme est la partie la plus chaude du feu : cependant rien n'est plus mal fondé que cette opinion; car on peut démontrer le contraire par les expériences les plus aisées et les plus familières. Présentez à un feu de paille ou même à la flamme d'un fagot qu'on vient d'allumer, un linge pour le sécher ou le chauffer; il vous faudra le double et le triple du temps pour lui donner le degré de sé- cheresse ou de chaleur que vous lui donnerez en l'ex- posant à un brasier sans flamme , ou même à un poêle liiiFFON. iir. 9 I àZf. MINERAUX. INTRODUCTfON. bien chaud. La flamme a été très bien caractérisée par Newton , lorsqu'il l'a définie une fumée brûlante [flamma est fwnus candens), et cette fumée ou vapeur qui brûle n'a jamais la même quantité, la même in- tensité de chaleur que le corps combustible duquel elle s'échappe; seulement, en s'élevant et s'étendant au loin, elle a la propriété de communiquer le feu , et de le porter plus loin que ne s'étend la chaleur du brasier, qui seule ne suffiroit pas pour le communi- quer même de près. Cette communication du feu mérite une attention particulière. J'ai vu, après y avoir réfléchi, que , pour la bien entendre , il falloit s'aider non seulement des faits qui paroissent y avoir rapport, mais encore de quelques expériences nouvelles, dont le succès ne me paroît laisser aucun doute sur la manière dont se fait cette opération de la nature. Qu'on reçoive dans un moule deux ou trois milliers de fer au sortir du fourneau , ce métal perd en peu de temps son incan- descence , et cesse d'être rouge après une heure ou deux, suivant l'épaisseur plus ou moins grande du lin- got. Si, dans le moment qu'il cesse de nous paroître rouge, on le tire du moule , les parties inférieures se- ront encore rouges, mais perdront cette couleur en peu de temps. Or, tant que le rouge subsiste, on pourra enflammer, allumer les matières combustibles qu'on appliquera sur ce lingot : mais, dès qu'il a perdu cet état d'incandescence, il y a des matières en grand nombre qu'il ne peut pins enflammer; et cependant la chaleur qu'il répand est peut-être cent fois plus grande que celle d'un feu de paille qui néanmoins communiqueroit l'inflammation à toutes ces matières. DES ELÉMEXTS. PARTIE I. l55 Cela m'a fait penser que la flamme étant nécessaire à la communication du feu , il y avoit de la flamme dans toute incandescence ; la couleur rouge semble en ef- fet nous l'indiquer : mais, par l'habitude où l'on est de ne regarder comme flamme que cette matière lé- gère qu'agite et qu'emporte l'air, on n'a pas pensé qu'il pouvoit y avoir de la flamme assez dense pour ne pas obéir, comme la flamme commune, à l'impul- sion de Tair; et c'est ce que j'ai voulu vérifier par quelques expériences, en approchant par degrés de ligne et de demi-ligne, des matières combustibles, près de la surface du métal en incandescence et dans l'état qui suit l'incandescence. Je suis donc convaincu que les matières incombus- tibles, et même les plus fixes , telles que l'or et l'argent , sont, dans l'état d'incandescence, environnées d'une flamme dense qui ne s'étend qu'à une très petite dis- tance, et qui, pour ainsi dire , est attachée à leur sur- face; et je conçois aisément que quand la flamme de- vient dense à un certain degré, elle cesse d'obéir à la fluctuation de l'air. Cette couleur blanche ou rouge qui sort de tous les corps en incandescence et vient frapper nos yeux est l'évaporation de cette flamme dense qui environne le corps en se renouvelant in- cessamment à sa surface; et la lumière du soleil même n'est-elle pas l'évaporation de cette flamme dense dont brille sa surface avec si grand éclat? cette lumière ne produit-elle pas, lorsqu'on la condense , les mêmes ef- fets que la flamme la plus vive? ne communique-t-elle pas le feu avec autant de promptitude et d'énergie? ne résiste-t-elle pas, comme notre flamme dense, à l'impulsion de l'air ? ne suit-elle pas toujours une route l36 MINÉRAUX. INTRODUCTION. directe , que le mouveuient de l'air ne peut ni contra- rier ni changer, puisqu'en soufflant, comme je l'ai éprouvé, avec un fort soufflet, sur le cône lumineux d'un miroir ardent , on ne diminue point dn tout l'ac- tion de la lumière dont il est composé, et qu'on doit la regareler comme une vraie flamme plus pure et plus dense que toutes les flammes de nos matières com- bustibles? C'est donc par la lumière que le feu se communi- que, et la chaleur seule ne peut produire le même ef- fet que quand elle devient assez forte pour être lumi- neuse. Les métaux, les cailloux, les grès, les briques, les pierres calcaires, quel que puisse être leur degré différent de chaleur, ne pourront enflammer deux corps que quand ils seront devenus lumineux. L'eau elle-même, cet élément destructeur du feu, et par lequel seul nous pouvons en eiupêcher la communica- tion, le communique néanmoins, lorsque, dans un vais- seau bien fermé, tel que celui de la marmite de Papin^^ on la pénètre d'une assez grande quantité de feu pour la rendre lumineuse , et capable de fondre le plomb et l'étain ; tandis que , quanti elle n'est que bouillante, loin de propager et de communiquer le feu , elle l'é- teint sur-le-champ. Il est vrai que la chaleur seule suf- fit pour préparer et disposer les corps combustibles à l'inflammation , et les autres à l'incandescence ; la cha- leur chasse des corps toutes les parties humides, c'est- à-dire de l'eau, qui, de toutes les matières, est celle qui s'oppose le plus à l'action du feu ; et ce qui est re- i. Dans le digestcur de Papin . la chaleur de l'eau est portée au point de foudre le plomb et l'étaisi qu'on y a suspendus avec du fil de fer ou du laiton. DES É LE ME AT S. PARTIE I. i J; marquable , c'est que cette même chaleur qui dilate tous les corps ne laisse pas de les durcir en les sé- chant : je l'ai reconnu cent fois, en examinant les pierres de mes grands fourneaux, surtout les pierres €alcaires ; elles prennent une augmentation de dureté, proportionnée au temps qu'elles ont éprouvé la cha- leur : celles, par exemple, des parois extérieures du fourneau, et qui ont reçu sans interruption, pendant cinq ou six mois de suite, quatre-vingts ou quatre- vingt-cinq degrés de chaleur constante, deviennent si dures , qu'on a de la peine à les entamer avec les in- struments ordinaires du tailleur de pierres ; on diroit qu'elles ont changé de qualité , quoique néanmoins elles la conservent à tous autres égards; car ces mêmes pierres n'en font pas moins de la chaux comme les au- tres, lorsqu'on leur applique le degré de feu néces- saire à cette opération. Ces pierres, devenues dures par la longue chaleur qu'elles ont éprouvée , deviennent en même temps spécifiquement plus pesantes; de là, j'ai cru devoir tirer une induction qui prouve, et même confirme pleinement que la chaleur, quoiqu'en apparence tou- jours fugitive et jamais stable dans les corps qu'elle pénètre , et dont elle semble constamment s'efibrcer de sortir, y dépose néanmoins d'une manière très sta- ble beaucoup de parties qui s'y fixent, et remplacent, en quantité même plus grande, les parties aqueuses et autres qu'elle en a chassées. Mais ce qui j)aroît con- traire , ou du moins très difiicile à concilier ici , c'est que cette même pierre calcaire qui devient spécifi- quement plus pesante par l'action d'une chaleur mo- dérée, long-temps continuée ,* devient tout à coup Iô6 MINÉRAUX. INTRODUCTION. plus légère de près d'une moitié de son poids, dès qu'on la soumet au grand feu nécessaire à sa calcina- tion, et qu'elle perd en même temps non seulement toute la dureté qu'elle avoit acquise par l'action de la simple chaleur, mais même sa dureté naturelle , c'est- à-dire la cohérence de ses parties constituantes; effet singulier, dont je renvoie l'explication à l'article sui- vant où je traiterai de l'air, de l'eau, et de la terre , parce qu'il me paroît tenir encore plus à la nature de ces trois éléments qu'à celle de l'élément du feu. Mais c'est ici le lieu de parler de la calcination : prise généralement, elle est pour les corps fixes et combustibles ce qu'est la combustion pour les matiè- res volatiles et inflammables; la calcination a besoin, comme la combustion, du secours de l'air; elle s'o- père d'autant plus vite qu'on lui fournit une plus grande quantité d'air; sans cela, le feu le plus vio- lent ne peut rien calciner, rien enflammer que les matières qui contiennent en elles-mêmes, et qui four- nissent, à mesure qu'elles brûlent ou se calcinent, tout l'air nécessaire à la combustion ou à la calcination des substances avec lesquelles on les môle. Cette né- cessité du concours de l'air dans la calcination, comme dans la combustion, indique qu'il y a plus de choses communes entre elles qu'on ne l'a soupçonné. L'ap- plication du feu est le principe de toutes deux; celle de l'air en est la cause seconde, et presque aussi néces- saire que la première : mais ces deux causes se com- binent inégalement, selon qu'elles agissent en plus ou moins de temps, avec plus ou moins de force , sur des substances différentes; il faut, pour en raisojnner juste, se rappeler les effets de la calcination, et les DES ELEMENTS. PARTIE I. lô^ comparer entre eux et avec ceux de lU combustion. La combustion s'opère promplement, et quelque- fois se fait en un instant ; la calcination est toujours plus lente, et quelquefois si longue, qu'on la croit impossible. A mesure que les matières sont plus in- flammables et qu'on leur fournit plus d'air, la com- bustion s'en fait avec plus de rapidité : et par la rai- son inverse , à mesure que les matières sont plus incombustibles, la calcination s'en fait avec plus de lenteur ; et lorsque les parties constituantes d'une sub- stance telle que l'or sont non seulement incombusti- bles, mais paroissent si fixes qu'on ne peut les vola- tiliser, la calcination ne produit aucun effet, quelque violente qu'elle puisse être. On doit donc considérer la calcination et la combustion comme des effets du même ordre, dont les deux extrêmes nous sont dé- signés par le phosphore, qui est le plus inflammable de tous les corps, et par l'or, qui, de tous, est le plus fixe et le moins combustible ; toutes les substan- ces comprises entre ces deux extrêmes seront plus ou moins sujettes aux effets de la combustion ou de a calcination , selon qu'elles s'approcheront plus ou moins de ces deux extrêmes : de sorte que , dans les points milieux, il se trouvera des substances qui éprou- veront au feu combustion et calcination en degré pres- que égal; d'où nous pouvons conclure, sans craindre de nous tromper, que toute calcination est toujours accompagnée d'un peu de combustion, et que de même toute combustion est accompagnée d'un peu de calcination. Les cendres et les autres résidus des matières les plus combustibles ne démontrent-ils pas que le feu a calciné toutes les parties qu'il n'a pas l40 MirvÉUAUX. INTRODUCTION. brûlées, et que, par conséquent, un peu de calcîna- tion se trouve ici avec beaucoup de combustion? La petite flamme qui s'élève de la plupart des matières qu'on calcine, ne démontre-t-elle pas de même, qu'il s'y fait un peu de combustion? Ainsi, nous ne devons pas séparer ces deux effets, si nous voulons bien saisir les résultats de l'action du feu sur les différentes sub- stances auxquelles on l'applique. Mais, dira-t-on, la combustion détruit les corps, ou du moins en diminue toujours le volume ou la masse, en raison de la quantité de matière qu'elle en- lève ou consume; la calcination fait souvent le con- traire, et augmente la pesanteur d'un grand nombre de matières : doit-on dès lors considérer ces deux ef- fets, dont les résultats sont si contraires, comme des effets du même ordre? L'objection paroît fondée et mérite réponse, d'autant que c'est ici le point le plus difficile de la question. Je crois néanmoins pouvoir y satisfaire pleinement. Considérons pour cela une ma- tière dans laquelle nous supposerons moitié de parties fixes et moitié de parties volatiles ou combustibles : il arrivera, par l'application du feu, que toutes ces par- ties volatiles ou combustibles seront enlevées ou brû- lées, et par conséquent séparées de la masse totale; dès lors cette masse, ou quantité de matière , se trou- vera diminuée de moitié , comme nous le voyons dans les pierres calcaires qui perdent au feu près de la moi- tié de leur poids. Mais si l'on continue à appliquer le feu pendant un très long temps à cette moitié toute composée de parties fixes, n'est-il pas facile de conce- voir que toute combustion , toute volatilisation ayant cessé, cette matière, au lieu de continuer à perdre DES ÉLÉMENTS. PARTIE I. l/l 1 de sa masse , doit au contraire en acquérir aux dépens de l'air et du feu dont on ne cesse de la pénétrer? et celles qui, comme le plomb, ne perdent rien, mais gagnent par l'application du feu, sont des matières déjà calcinées, préparées par la nature au degré où la combustion a cessé, et susceptibles, par conséquent, d'augmenter de pesanteur dès les premiers instants de l'application du feu. Nous avons vu que la lumière s'a- mortit et s'éteint à la surface de tous les corps qui ne la réfléchissent pas; nous avons vu que la chaleur, par sa longue résidence, se fixe en partie dans les matières qu'elle pénètre; nous savons que l'air, presque aussi nécessaire à la calcination qu'à la combustion, et tou- jours d'autant plus nécessaire à la calcination que les matières ont plus de fixité, se fixe lui-même dans l'in- térieur des corps, et en devient partie constituante : dès lors, n'est-il pas très naturel de penser que cette augmentation de pesanteur ne vient que de l'addition des particules de lumière, de chaleur, et d'air, qui se sont enfin fixées et unies à une matière contre laquelle elles ont fait tant d'efforts, sans pouvoir ni l'enlever ni la brûler? Cela est si Vrai, que quand on leur pré- sente ensuite une substance combustible avec laquelle elles ont bien plus d'analogie, ou plutôt de conformité de nature, elles s'en saisissent avidement, quittent la matière fixe à laquelle elles n'étoient, pour ainsi dire, attachées que par force, reprennent par conséquent leur mouvement naturel, leur élasticité, leur volati- lité, et partent toutes avec la matière combustible, à laquelle elles viennent de se joindre. Dès lors le métal ou la matière calcinée à laquelle vous avez rendu ces parties volatiles qu'elle avoii perdues par sa combus- \[\'2 xMINÉRAUX. INTJlODliCTlOIV. tioii , reprend sa première forme, et sa pesanteur se trouve diminuée de toute la quantité des particules de feu et d'air qui s'étoîent fixées, et qui viennent d'être enlevées par cette nouvelle combustion. Tout cela s'o- père par la seule loi des affinités; et, après ce qui vient d'être dit, il me semble qu'il n'y a pas plus de difficulté à concevoir comment la chaux d'un métal se réduit, que d'entendre comment il se précipite en dissolution : la cause est la même , et les effets sont pareils. Un métal dissous par un acide se précipite lorsqu'on présente à cet acide une autre substance avec laquelle il a plus d'affmité qu'avec le métal ; l'a- cide le quitte alors et le laisse tomber. De même, ce métal calciné, c'est-à-dire chargé de parties d'air, de chaleur, et de feu, qui, s'étant fixées, le tiennent sous la forme d'une chaux, se précipitera, ou, si l'on veut, se réduira, lorsqu'on présentera à ce feu et à cet air fixés, des matières combustibles, avec lesquelles ils ont bien plus d'affinité qu'avec le métal, qui re- prendra sa première forme dès qu'il sera débarrassé de cet air et de ce feu superflus, et qu'il aura repris, aux dépens des matières combustibles qu'on lui pré- sente, les parties volatiles qu'il avoit perdues. Cette explication me paroît si simple et si claire, que je ne vois pas ce qu'on peut y opposer. L'obscu- rité de la chimie vient en grande partie de ce qu'on en a peu généralisé les principes, et qu'on ne les a pas réunis à ceux de la haute physique. Les chimistes ont adopté les affmités sans les comprendre, c'est-à- dire, sans entendre le rapport de la cause à l'effet , qui néanmoins n'est autre que celui de l'attraction universelle; ils ont créé leur phlogistique sans savoir DES ÉLÉMENTS. PARTIE 1. I4J ce que c'est, et cependant c'est de l'air et du feu fixes; ils ont formé, à mesure qu'ils en ont eu besoin, des êtres idéaux, des mincralisateurs j, des terres mer- curielleSj, des noms, des termes d'autant plus vagues que l'acception en est plus générale. J'ose dire que M. Macquer et M. de iMorveau sont les premiers de nos chimistes qui aient commencé à parler françois'^. Cette science va donc naître, puisqu'on commence à parler, et on parlera d'autant mieux, on l'entendra plus aisément, qu'on en bannira !e plus de mots tech- niques, qu'on renoncera de meilleure foi à tous ces petits principes secondaires tirés de la méthode, qu'on s'occupera davantage de les déduire des principes gé- néraux de la mécanique rationnelle, qu'on cherchera avec plus de soin à les ramener aux lois de la nature, et qu'on sacrifiera plus volontiers la commoelité d'ex- pliquer d'une manière précaire et selon l'art les phé- nomènes de la composition ou de la décomposition des substances à la difficulté de les présenter pour tels qu'ils sont, c'est-à-dire, pour des effets particuliers dépendants d'effets plus généraux, qui sont les seules vraies causes, les seuls principes réels auxquels on doive s'attacher, si l'on veut avancer la science de la philosophie naturelle. Je crois avoir démontré- que toutes les petites lois des affinités chimiques, qui paroissent si variables, si 1. Dans le moment même qu'on imprime ces feuiJles, paroit l'ou- vrage de M. Baume, qui a pour titre. Chimie expérimentale et raison- née. L'auteur uon seulement y parle une langue intelligible . mais il s'y njontre partout aussi bon physicien que grand chimiste, et j'ai eu la satisfaction de \oir que quelques unes de ses idées générales s'accor- dent avec les miennes.. 2, Voyez, De la nature, seconde vue. l44 MINÉRAUX. INTRODUCTION. différentes entre elles, ne sont cependant pas autres que la loi générale de l'attraction commune à toute la matière; que cette grande loi, toujours constante, toujours la même, ne paroît varier que par son expres- sion, qui ne peut pas être la même, lorsque la figure des corps entre comme un élément dans leur dis- tance. Avec cette nouvelle clef, on pourra scruter les secrets les plus profonds de la nature, on pourra parvenir à connoître la figure des parties primitives des différentes substances, assigner les lois et les degrés de leurs aflinités, déterminer les formes qu'elles prendront en se réunissant, etc. Je crois de môme avoir fait entendre comme l'impulsion dépend de l'attraction, et que, quoiqu'on puisse la considérer comme une force différente, elle n'est néanmoins qu'un effet particulier de cette force unique et géné- rale ; j'ai présenté la communication du mouvement comme impossible, autrement que par le ressort, d'où j'ai conclu que tous les corps de la nature sont plus ou moins élastiques, et qu'il n'y en a aucun qui soit parfaitement dur, c'est-à-dire entièrement privé de ressort, puisque tous sont susceptibles de recevoir du mouvement; j'ai tâché défaire connoître comment cette force unique pouvoit changer de direction, et d'attractive devenir tout à coup répulsive; et de ces grands principes, qui tous sont fondés sur la mécanique rationnelle, j'ai essayé de déduire les principales opé- rations de la nature, telles que la production de la lumière, de la chaleur, du feu, et de leur action sur les différentes substances : ce dernier objet, qui nous intéresse le plus, est un champ vaste, dont le défri- chement suppose plus d'un siècle, et dont je n'ai pu DES l-lLÉMENTS. PARTIE X. l/|5 cultiver qu'un espace médiocre , en remettant à des mains plus habiles ou plus laborieuses les instruments dont je me suis servi. Ces instruments sont les trois moyens d'employer le feu par sa vitesse, par son vo- lume, et par sa masse, en l'appliquant concurremment aux trois classes des substances, qui toutes, ou per- dent, ou gagnent, ou ne perdent ni ne gagnent par l'application du feu. Les expériences que j'ai faites sur le refroidissement des corps , sur la pesanteur réelle du feu , sur la nature de la flamme , sur le progrès de la chaleur, sur sa communication , sa déperdition , sa con- centration, sur sa violente action sans flamme, etc., sont encore autant d'instruments, qui épargneront beaucoup de travail à ceux qui voudront s'en servir, et produiront une très ample moisson de connoissan- ces utiles. SECONDE PARTIE. De l'air j de l'eau ^ et de la terre. Nous avons vu que l'air est l'adminicule nécessaire et le premier aliment du feu, qui ne peut ni sub- sister, ni se propager, ni s'augmenter, qu'autant qu'il se l'assimile, le consomme, ou l'emporte, tandis que de toutes les substances matérielles l'air est au contraire celle qui paroît exister le plus indépendamment, et subsister le plus aisément, le plus constamment, sans le secours ou la présence du feu; car, quoiqu'il ait habituellement la même chaleur à peu près que les autres niatières à la surface de la terre, il pourroit \l[6 minéraux. Ii\TR0DUCïION. s'en passer, et il lui enfant infiniment moins qu'à toute autre pour entretenir sa fluidité , puisque les froids les plus excessifs, soit naturels, soit artificiels, ne lui font rien perdre de sa nature ; que les condensations les plus fortes ne sont pas capables de rompre son ressort ; que le feu actif, ou plutôt actuellement en exercice sur les matières combustibles, est le seul agent qui puisse altérer sa nature en la raréfiant, c'est-à-dire en affoiblissant , en étendant son ressort jusqu'au point de le rendre sans effet, et de détruire ainsi son élasti- cité. Dans cet état de trop grande expansion et d'af- foiblissement extrême de son ressort, et dans toutes les nuances qui précédent cet état, l'air est capable de reprendre son élasticité à mesure que les vapeurs des matières combustibles qui l'avoient affoiblie s'é- vaporeront et s'en sépareront. Mais si le ressort a été totalement affoiblietsi prodigieusement étendu, qu'il ne puisse plus se resserrer ni se restituer, ayant perdu toute sa puissance élastique, l'air, de volatile qu'il étoit auparavant, devient une substance fixe qui s'in- corpore avec les autres substances , et fait dès lors partie constituante de toutes celles auxquelles il s'unit par le contact , ou dans lesquelles il pénètre à l'aide de la chaleur. Sous cette nouvelle forme , il ne peut plus abandonner le feu que pour s'unir comme ma- tière fixe à d'autres matières fixes; et s'il en reste quel- ques parties inséparables du feu, elles font dès lors portion de cet élément; elles lui servent de base, et se déposent avec lui dans les substances qu'ils échauf- fent et pénètrent ensemble. Cet effet, qui se mani- feste dans toutes les calcinations, est d'au tant plus, sen- sible , que la chaleur est appliquée plus long-temps. La DES ELEMENTS. PARTIE II. 147 combustioQ ne demande que peu de temps pour se faire, même complètement, au lieu que toute calci- nation suppose beaucoup de temps : il faut, pour Tac- célérer, amènera la surface, c'est-à-dire présenter successivement à l'air, les matières que l'on veut cal- ciner; il faut les fondre ou les diviser en parties im- palpables, pour qu'elles offrent à cet air plus de super- ficie; il faut même se servir de soufflets, moins pour augmenter l'ardeur du feu que pour établir un cou- rant d'air sur la surface des matières, si l'on veut pres- ser leur calcination : et, pour la compléter avec tous ces moyens, il faut souvent beaucoup de temps^ ; d'où l'on doit conclure qu'il faut aussi une assez longue résidence de l'air devenu fixe dans les substances ter- restres pour qu'il s'établisse à demeure sous cette nou- velle forme. Mais il n'est pas nécessaire que le feu soit violent pour faire perdre à l'air son élasticité ; le plus petit feu, et même une chaleur très médiocre, dès qu'elle est immédiatement et constamment appliquée sur une petite quantité d'air, sufîisent pour en détruire le ressort : et pour que cet air sans ressort se fixe en- suite dans les corps, il ne faut qu'un peu plus ou un peu moins de temps , selon le plus ou moins d'affinité i. Je ne sais si Ton ne caicineroit pas l'or, non pas eu le tenant, comme Boyle ou Kunckel , pendant un très long temps, dans un four- neau de verrerie, où Ja vitesse de lair n'est pas grande, mais en le mettant près de la tuyère d'un bon fourneau à vent, et le tenant eu fusion dans un vaisseau ouvert, où l'on plongeroit une petite spatule, qu'on ajusteroit de manière qu'elle tourneroit incessamment et remue- roit continuellement l'or en fusion; car il n'y a pas de comparaison entre la force de ces feux, parce que l'air est ici bien plus accéléré que dans les fourneaux de verrerie. l48 MINÉRA.UX. INTRODUCTION. qu'il peut avoir sous cette nouvelle forme avec le^ matières auxquelles il s'unit. La chaleur du corps des animaux , et même des végétaux, est encore assez-puis- sante pour produire cet effet : les degrés de chaleur sont différents dans les différents genres d'animaux, et à commencer par les oiseaux, qui sont les plus chauds de tous, on passe successivement aux quadru- pèdes, à l'homme, aux cétacés, qui le sont moins; aux reptiles, aux poissons, aux insectes, qui le sont beaucoup moins; et enfin aux végétaux, dont la cha- leur est si petite, qu'elle a paru nulle aux observa- teurs, quoiqu'elle soit très réelle et qu'elle surpasse en hiver celle de l'atmosphère. J'ai observé sur un grand nombre de gros arbres coupés dans un temps froid, que leur intérieur étoit très sensiblement chaud, et que cette chaleur duroit pendant plusieurs minutes après leur abattage. Ce n'est pas le mouvement violent de la cognée, ou le frottement brusque et réitéré de la scie, qui produisent seuls cette chaleur; car en fen- dant ensuite ce bois avec des coins, j'ai vu qu'il étoit chaud à deux ou trois pieds de distance de l'endroit où l'on avoit placé les coins, et que par conséquent il avoit un degré de chaleur assez sensible dans tout son intérieur. Cette chaleur n'est que très médiocre tant que l'arbre est jeune et qu'il se porte bien : mais dès qu'il commence à vieilhr, le cœur s'échauffe par la fer- mentation de la sève , qui n'y circule plus avec la même liberté ; cette partie du centre prend en s'échauffant une teinte rouge, qui est le premier indice du dépé- rissement de l'arbre et de la désorganisation du bois. J'en ai manié des morceaux dans cet état, qui étoient aussi chauds que si on les eût fait chauffer au feu. Si DES ELEMENTS. TARTIE II. l/jQ les observateurs n'ont pas trouvé qu'il y eût aucune différence entre la température de l'air et la chaleur des végétaux, c'est qu'ils ont fait leurs observations en mauvaise saison, et qu'ils n'ont pas fait attention qu'en été la cbaleur de l'air est aussi grande et plus grande que celle de l'intérieur d'un arbre , tandis qu'en hiver c'est tout le contraire; ils ne se sont pas souve- nus que les racines ont constamment au moins le de- gré de chaleur de la terre qui les eavironne, et que cette chaleur de l'intérieur de la terre est, pendant tout l'hiver, considérablement plus grande que celle de l'air et de la surface de la terre refroidie par l'air : ils ne se sont pas rappelé que les rayons du soleil, tom- bant trop vivement sur les feuilles et sur les autres par- ties délicates des végétaux, non seulement les échauf- fent , mais les brûlent ; qu'ils échauffent de môme à un très grand degré l'écorce et le bois dont ils pénètrent la surface , dans laquelle ils s'amortissent et se fixent : ils n'ont pas pensé que le mouvement seul de la sève, déjà chaude, est une cause nécessaire de chaleur, et que ce mouvement venant à augmenter par l'action du soleil ou d'une autre chaleur extérieure, celle des végétaux doit être d'autant plus grande que le mouve- ment de leur sève est plus accéléré, etc. Je n'insiste si long-temps sur ce point qu'à cause de son impor- tance ; l'uniformité du plan de la nature seroit violée, si , ayant accordé à tous les animaux un degré de cha- leur supérieur à celui des matières brutes, elle l'avoit refusé aux végétaux, qui, comme les animaux, ont leur espèce de vie. Mais ici l'air contribue encore à la chaleur animale et vitale, comme nous avons vu plus haut qu'il contri- BUFFOA. III. 10 l5o Mir^T'lRAUX. INTRODUCTION. buoit à l'action du feu dans la combustion et la cal- cination des matières combustibles et calcinables. Les animaux qui ont des poumons, et qui par conséquent respirent l'air, ont toujours plus de chaleur que ceux qui en sont privés; et plus la surface intérieure des poumons est étendue et ramifiée en plus grand nom- bre de cellules ou bronches, plus, en un mot, elle présente de superficie à l'air que l'animal tire par l'inspiration, plus aussi son sang devient chaud, et plus il communique de chaleur à toutes les parties du corps qu'il abreuve ou nourrit, et cette proportion a lieu dans tous les animaux connus. Les oiseaux ont, relativement au volume de leur corps , les poumons considérablement plus étendus que l'homme ou les quadrupèdes; les reptiles, même ceux qui ont de la voix, comme les grenouilles, n'ont, au lieu de pou- mons, qu'une simple vessie; les insectes, qui n'ont que peu ou point de sang, ne pompent l'air que par quelques trachées, etc. Aussi , en prenant le degré de la température de la terre pour terme de comparaison , j'ai vu que cette chaleur étant supposée de lo degrés, celles des oiseaux étoit de près de 55 degrés, celle de quelques quadrupèdes de plus de 5i V2 degrés, celle de l'homme de 5o V2 ^^ ^'^ï? tandis que celle des gre- nouilles n'est que de i5 ou 16, celle des poissons et des insectes de 11 ou 12, c'est-à-dire la moindre de toutes, et à très peu près la même que celle des vé- gétaux^. Ainsi le degré de chaleur dans l'homme et 1. Je ne sais pas s'il faut faire une exception pour les abeilles, comme l'ont fait la plupart de nos observateurs, qui prétendent que ces mouches ont autant de chaleur que les animaux qui respirent, parce que leur ruche est aussi chaude que le corps de ces animaux : DES ÉLÉMENTS. PARTIE II. l5l dans les animaux dépend de la force et de l'étendue des poumons : ce sont les soufflets de la machine ani- male; ils en entretiennent et augmentent le feu selon qu'ils sont plus ou moins puissants, et que leur mouve- ment est plus ou moins prompt. La seule difficulté est de concevoir comment ces espèces de soufflets (dont la construction est aussi supérieure à celle de nds soufflets d'usage que la nature est au dessus de nos arts) peuvent porter l'air sur le feu qui nous anime; feu dont le foyer paroît assez indéterminé, feu qu'on n'a pas même voulu qualifier de ce nom, parce qu'il est sans flamme, sans fumée apparente, et que sa chaleur n'est que très médiocre et assez uniforme. Cependant, si l'on considère que la chaleur et le feu sont des effets et même des éléments du même ordre, si l'on se rappelle que«la chaleur raréfie l'air, et qu'en étendant son ressort elle peut l'affoiblir au point de le rendre sans effet, on pourra penser que cet air tiré par nos poumons, s'y raréfiant beaucoup, doit perdre son ressort dans les bronches et dans les petites vési- cules où il ne peut pénétrer qu'en très petit volume, et en bulles dont le ressort, déjà très étendu, sera bientôt détruit par la chaleur du sang artériel et vei- neux; car ces vaisseaux de sang ne sont séparés des vésicules pulmonaires qui reçoivent l'air que par des cloisons si minces, qu'elles laissent aisément passer il me semble que cette chaleur de rinlérieur de la ruche n'est point du tout la chaleur de chaque abeille , mais la somme totale de la cha- leur qui s'évapore des corps de neuf ou dix mille individus réunis dans cet espace où leur mouvement continuel doit l'augmenter encore ; et en divisant celte somme générale de chaleur par la quanlité parti- culière de chaleur qui s'évapore de chaque individu , ou trouycroit peut-être que l'abeille n'a pas plus de chaleur qu'une autre mouche. l52 MINÉRAIX. INTUODUCTION. cet air clans le sang, oii il ne peiil manquer de pro- duire le même effet que sur le feu commun, parce que le degré de chaleur de ce sang est plus que suf- fisant pour détruire en entier l'élasticité des particules d'air, les fixer et les entraîner sous cette nouvelle forme dans toutes les voies de la circulation. Le feu du corps animal ne diffère du feu commun que du moins au plus; le degré de chaleur est moindre : dès lors il n'y a point de flamme , parce que les vapeurs qui s'élè- vent , et qui représentent la fumée de ce feu , n'ont pas assez de chaleur pour s'enflammer ou devenir ardentes, et qu'étant d'ailleurs mêlées de beaucoup de parties humides qu'elles enlèvent avec elles, ces vapeurs ou cette fumée ne peuvent ni s'aîkimer ni brûler^. Tous 1. J'ai fait une grande expérience au sujet de l'inflammation de la fumée. J'ai rempli de charbon sec et conservé à couvert depuis plus de six mois deux de mes fourneaux , qui ont également quatorze pieds de hauteur, et qui ne diffèrent dans leur construction que par les pro- portions des dimensions en largeur, le premier contenant juste un tiers de plus que le second. J'ai rempli l'un avec douze cents livres de charbon, et l'autre avec huit cents livres, et j'ai adapté au plus grand un tuyau d'aspiration , construit avec un châssis de fer, garni de tôle , qui avoit treize pouces en carré sur dix pieds de hauteur ; je lui avois doîuié treize pouces sur les quatre côtés, pour qu'il remplît exactement l'ouvertuie supérieure du fourneau, qui étoit carrée, et qui avoit treize pouces et demi de toutes faces. Avant de remplir ces fourneaux, on avoit préparé dans le l)as une petite cavité en forme de voûte, soutenue par des bois secs, sous lesquels on mit le feu au moment qu'on com- mença de charger de charbon : ce feu , qui d'abord étoit vif, se ralen- tit à mesure qu'on chargeoit -, cependant il subsista toujouis sans s'éteindre ; et lorsque les fourneaux furent remplis en entier, j'en exa- minai le progrès et le produit , sans le remuer et sans y rien ajouter : pendant les six premières heures , la fumée , qui avoit commencé de s'élever au moment qu'on avoit commencé de charger, étoit très hu- mide ; ce que je reconnoissois aisément par les gouttes d'eau qui pa- roissoient sur les parties extérieures du tuyau d'aspiration ; et ce tuyau DES ELEMENTS. PARTIE II. 155 les autres effets sont absolument les mêmes : la respi- ration d'un petit animal absprbe autant d'air que la n'étoit encore au bout de six heures que médiocrement chaud , car ]c pouvois le loucher aisément. On laissa le feu , le tuyau , et les four- neaux , pendant toute la nuit dans cet état ; la fumée, continuant tou- jours , devint si abondante , si épaisse , el si noire , que le lendemain , en arrivant à mes forges, je crus qu'il y avoit un incendie. L'air étoit calme ; et comme le vent ne dissipoit pas la fumée , elle enveloppoit les bâtiments et les déroboit à ma vue : elle duroit déjà depuis vingt-six heures. J'allai à mes fourneaux : je trouvai que le feu, qui n'étoit al- lumé qu'à la partie du bas, n'avoit pas augmenté, qu'il se soutenoit au même degré; mais la fumée, qui avoit donné de l'humidité dans les six premières heures, étoit devenue plus sèche, et paroissoit néan- moins tout aussi noire. Le tuyau d aspiration ne pompoit pas davan- tage-, il étoit seulement un peu plus chaud, et la fumée ne formoit plus de gouttes sur sa surface extérieure. La cavité des fourneaux, qui avoit quatorze pieds de hauteur, se trouva vide, au bout des vingt-six heures, d'environ trois pieds; je les fis remplir, l'un avec cinquante, et l'autre avec soixante-quinze livres de charbon, et je fis remettre tout de suite le tuyau d'aspiration qu'on avoit été obligé denlever pour charger. Cette augmentation d'aliment n'augmenta pas le feu ni même la fumée ; elle ne changea rien à l'état précédent. J'observai le tout pendant huit heures de suite , m'attendant à tout instant à voir paroître- la flamme, et ne concevant pas pourquoi cette fumée d'un charbon si sec , et si sèche elle-même , qu'elle ne déposoit pas la moindre humi- dité, ne s'enflammoit pas d'elle-même après trente-quatre heures de feu toujours subsistant au bas des fourneaux; je les abandonnai donc une seconde fois dans cet état, et donnai ordre de n'y pas toucher. Le jour suivant, douze heures après les trente- qu a tre , je trouvai le même brouillard épais, la même fumée noire couvrant mes bâtiments; et ayant visité mes fourneaux , je vis que le feu d'en bas étoit toujours le même, la fumée la même et sans aucune humidité , et que la cavité des fourneaux étoit vide de trois pieds deux pouces dans le plus petit, et de deux pieds neuf pouces seulement dans le plus grand, auquel étoit adapté le tuyau d'aspiration : je le remplis avec soixante-six livres de charbon, et l'autre avec cinquante quatre , et je résolus d'attendre aussi long-teuips cju'il seroit nécessaire pour savoir si cette fumée ne viendroit pas enfin à s'enflammer. Je passai neuf heures à l'examiner de teni} s à autre; elle étoit très sèche, liés sufl"o<'anlc, très sensible- l54 MINÉBAL'X. liM'TlOÛLCTION. lumière d'une chandelle; dans des vaisseaux fermés ^^ de capacités égales, l'animal meurt en même temps que la chandelle s'éteint. Rien ne peut démontrer plus évidemment que le feu de l'animal et celui de la chandelle , ou de toute autre matière combustible al- lumée, sont des feux non seulement du môme ordre, mais d'une seule et m^ëme nature , auxquels le secours de l'air est également nécessaire, et qui tous deux se l'approprient de la même manière , l'absorbent comme aliment, rentraî»aent dans leur route , ou le déposent, sous une forme fixe, dans les substances qu'ils pénè- trent. ment chaude, mais toujours noire et sans flamme au bout de cin- quante-cinq heures. Dans cet état, je la laissai pour la troisième fois. Le jour suivant, treize heures après les cinquante-cinq, je la retrou- vai encore de même, le charbon de mes fourneaux baissé de même; et, comme je réfléchissois sur cette consommation de charbon sans flamme , qui étoit d'environ moitié de la consommation qui s'en fait dans le même temps et dans les mêmes fourneaux lorsqu'il y a de la flamme, je commençai à croire que je pourrois bien user beaucoup de charbon sans avoir de flamme, puisque, depuis trois jours, on avoit chargé trois fois les fourneaux ( car j'oubliois de dire que ce jour même on venoit de remplir la cavité vide du grand fourneau avec quatre-vingts livres de charbon, et celle du petit avec soixante livres); je les laissai néanmoins fumer encore plus de cinq heures. Après avoir perdu l'es- pérance de voir cette fumée s'enflammer d'elle-même, je la vis tout d'un coup prendre feu, et faire une espèce d'explosion dans l'instant même qu'on lui présenta la flamme légère d'une poignée de paille ; le tourbillon entier de la fumée s'enflamma jusqu'à huit ou dix pieds de distance et autant de hauteur ; la flamme pénétra la masse du charbon , et descendit dans le même moment jusqu'au bas du fourneau, et con- tinua de brûler à la manière ordinaire; le charbon se consumoit une fois plus vite , quoique le feu d'en bas ne parut guère plus animé : mais je suis convaincu que mes fourneaux auroient éternellement fumé, si l'on n'eût ))as allumé la fumée; et rien ne me prouva mieux que la flamme n'est que de la fumée qui brûle, et que la communication du feu ne peut se faire que par la flamme. DES ELEMENTS. PARTIE II. l55 Les végétaux et la plupart des insectes n'ont, au lieu de poumons, que des tuyaux aspiratoires, des es- pèces de trachées par lesquelles ils ne laissent pas de pomper tout l'air qui leur est nécessaire ; on le voit passer en bulles très sensibles dans la sève de la vigne : il est non seulement pompé par les racines, mais soi- vent même par les feuilles ; il t'ait partie , et partie très essentielle, de la nourriture du végétal, qui dès lors se l'assimile, le fixe, et le conserve. Le petit degré de la chaleur végétale, joint à celui de la chaleur du so- leil , suffit pour détruire le ressort de l'air contenu dans la sève, surtout lorsque cet air, qui n'a pu être admis dans le corps de la plante et arriver à la sève qu'après avoir passé par des tuyaux très, serrés, se trouve di- visé en particules presque infiniment petites, que le moindre degré de chaleur suffit pour rendre fixes. L'ex- périence confirme pleinement tout ce que je viens d'avancer : les matières animales et végétales contien- nent toutes une très grande quantité de cet air fixe ; et c'est en quoi consiste l'un des principes de leur inflammabilité. Toutes les matières combustibles con- tiennent beaucoup d'air; tous les animaux et les vé- gétaux, toutes leurs parties, tous leurs détriments, toutes les matières qui en proviennent, toutes les substances où ces détriments se trouvent mélangés, contiennent plus ou moins d'air fixe , et la plupart ren- ferment aussi une certaine quantité d'air élastique. On ne peut douter de ces faits, dont la certitude est ac- quise parles belles expériences du docteur Haies, et dont les chimistes ne me paroissent pas avoir senti toute la valeur : car ils auroient reconnu depuis long- temps que l'air fixe doit jouer en grande partie le rôle l56 MINÉRAUX. INTRODUCTION. de leur phlogistique ; ils n'auroient pas adopté ce terme nouveau, qui ne répond à aucune idée précise, et ils n'en auroient pas fait la base de toutes leurs explica- tions tles phénomènes chimiques ; ils ne Fauroient pas donné pour un être identique et toujours le même, puisqu'il est composé d'air et de feu, tantôt dans un état fixe, et tantôt dans celui de la plus grande vola- tilité; et ceux d'entre eux qui ont regardé le phlogisti- que comme le produit du feu élémentaire ou de la lu- mière se sont moins éloignés de la vérité , parce que le feu ou la lumière produisent, par le secours de l'air, tous les effets du phlogistique. Les minéraux, qui, comme les soufres et les py- rites, contiennent dans leur substance une quantité plus ou moins grande des détriments ultérieurs des animaux et des végétaux , renferment dès lors des par- ties combustibles qui, comme toutes les autres, con- tiennent plus ou moins d'air fixe, mais toujours beau- coup moins que les substances purement animales ou végétales. On peut également leur enlever cet air fixe par la combustion : on peut aussi le dégager par le moyen de l'effervescence; et, dans les matières ani- males et végétales, on le dégage par la simple fer- mentation, qui, comme la combustion, a toujours besoin d'air pour s'opérer. Ceci s'accorde si parfaite- ment avec l'expérience, que je ne Crois pas devoir in- sister sur la preuve des faits : je me contenterai d'ob- server que les soufres et les pyrites ne sont pas les seuls minéraux qu'on doive regarder comme combus- tibles, qu'il y en a beaucoup d'autres dont je ne ferai point ici l'énumération, parce qu'il suffit de dire que leur degré de combustibilité dépend ordinairement de DES ELEMENTS. •partie II. l5'] la quantité de soufre qu'ils contiennent. Tous les mi- néraux combustibles tirent donc originairement cette propriété , ou du mélange des parties animales et vé- gétales qui sont incorporées avec eux, ou des parti- cules de lumière , de chaleur, et d'air, qui, par le laps de temps, se sont fixées dans leur intérieur. Rien , se- lon moi, n'est combustible que ce qui a été formé par une chaleur douce, c'est-à-dire par ces mêmes élé- ments combinés dans toutes ces substances que le soleil éclaire et vivifie^, ou dans celles que la chaleur intérieure de la terre fomente et réunit. C'est cette chaleur intérieure du globe de la terre 1. Voici une observation qui semble démonlrcr que la lumière a plus d'affinité avec les substances combustibles qu'avec toutes les autres matières. On sait que la puissance réfraclive des corps transparents est proportionnelle à leur densité : le verre, pins dense que l'eau , a pro- portionnellement une plus grande force réiringente; et en augmen- tant la densité du verre et de l'eau , l'on augmente à mesure leur force de réfraction. Cette proportion s'observe dans toutes les matières trans- parentes, et qui sont en même temps incombustibles. Mais les matiè- res inflammables, telles que l'esprit-de-vin , les huiles transparentes, l'ambre , etc. , ont une puissance réfringente plus grande que les au- tres ; en sorte que l'attraction que ces matières exercent sur la lumière , et qui provient de leur masse ou densité, est considérablement aug- mentée par l'affinité particul^re qu'elles ont avec la lumière. Si cela n'étoit pas, leur force réfringente seroit comme celle de toutes les au- tres matières , proportionnelle à leur densité ; mais les matières inflam- mables attirent plus puissamment la lumière , et ce n'est que par cette raison qu'elles ont plus de puissance réfractive que les autres. Le dia- mant même ne fait pas une exception à cette loi ; on doit le mettre au nombre des matières combustibles, on le brûle au miroir ardent. Il a avec la lumière autant d'affinité que les matières inflammables, car sa puissance réfringente est plus grande qu'elle ne devroit l'être à propor- lîon de sa densité. Il a en même temps la propriété de simbiber de la lumière et delà conserver assez long-temps; les phénomènes de sa réfraction doivent tenir en partie à ces propriétés. l58 MINÉRAUX. IMIIODUCTION. que l'on doit regarder comme le vrai feu élémen- taire; et il faut le distinguer de celui du soleil, qui ne nous parvient qu'avec la lumière, tandis que l'autre, quoique bien plus considérable, n'est ordi- nairement que sous la forme d'une chaleur obscure, et que ce n'est que dans quelques circonstances, comme celles de l'électricité , qu'il prend de la lu- mière. INous avons déjà dit que cette chaleur, ob- servée pendant un grand nombre d'années de suite, est trois ou quatre cents fois plus grande en hiver, et vingt-neuf fois plus grande en été dans notre climat, que la chaleur qui nous vient du soleil. C'est une vé- rité qui peut paroître singulière, mais qui n'en est pas moins évidemment démontrée. Comme nous en avons parlé disertement, nous nous contenterons de remar- quer ici que cette chaleur constante et toujours sub- sistante entre comme élément tlans toutes les combi- naisons des autres éléments, et qu'elle est plus que sulïisante pour produire sur l'air les mêmes effets que le feu actuel ou la chaleur animale; que par consé- quent cette chaleur intérieure de la terre détruira l'é- lasticité de l'air et le fixera toutes les fois qu'étant divisé en parties très petites, il se trouvera saisi par cette chaleur dans le sein de la terre; que, sous cette nouvelle forme, il entrera, comme partie fixe, dans un grand nombre de substances, lesquelles contien- dront dès lors des particules d'air fixe et de chaleur fixe, qui sont les premiers principes delà combusti- bilité : mais ils se trouveront en plus ou moins grande quantité dans les différentes substances, selon le degré d'affinité qu'ils auront avec elles; et ce degré dépendra beaucoup de la quantité que ces substances contier. DES ÉLÉMENTS. PAIITIE II. I 5() dront de parties animales et végétales, qui paroissent être la base de toute matière combustible. Si elles y sont abondamment répandues ou foiblement incor- porées, on pourra toujours les dégager de ces substan- ces par le moyen de la combustion. La plupart des minéraux métalliques, et même des métaux, con- tiennent une assez grande quantité de parties com- bustibles; le zinc, l'antimoine , le fer, le cuivre, etc., brûlent et produisent une flamme évidente et très vive, tant que dure la combustion de ces parties inflamma- bles qu'ils contiennent : après quoi, si on continue le feu, la combustion finie, commence la calcina- tion , pendant laquelle il rentre dan? ces matières de nouvelles parties d'air et de cbaleur qui s'y fixent, et qu'on ne peut en dégager qu'en leur présentant quel- que matière combustible avec laquelle ces parties d'air et de chaleur fixes ont plus d'afiinité qu'avec celles du minéral, auxquelles en efl'et elles ne sont unies que par force, c'est-à-dire par l'effort de la calcination. Il me semble que la conversion des substances métalli- ques en chaux, et leur réduction, pourront mainte- nant être très clairement entendues, sans qu'il soit be- soin de recourir à des principes secondaires, ou à des hypothèses arbitraires, pour leur explication. La réduc- tion, comme je l'ai déjà insinué, n'est, dans le réel, qu'une seconde combustion, par laquelle on dégage les parties d'air et de chaleur fixes que la calcination avoit forcées d'entrer dans le métal, et de s'unir à sa substance fixe, à laquelle on rend en même temps les parties volatiles et combustibles que la première ac- tion du feu lui avoit enlevées. Après avoir présenté le grand rôle que l'air fixe joue l60 MIINÉllALX. INTIIODUCTION. dans les opérations les pins secrètes de la nature, considérons-le pendant quelques instants, lorsque, sous la forme élastique , il réside dans les corps : ses effets sont alors aussi variables que les degrés de son élasticité; son action, quoique toujours la même, semble donner des produits différents dans les sub- stances différentes. Pour en ramener la considération à un point de vue général, nous le comparerons avec l'eau et la terre, comme nous l'avons déjà comparé avec le feu; les résultats de cette comparaison entre les quatre éléments s'appliqvieront ensuite aisément à toutes les substances , de quelque nature qu'elles puis- sent être , puisque toutes ne sont composées que de ces quatre principes réels. Le plus grand froid connu ne peut détruire le res- sort de l'air, et la moindre chaleur suffit pour cet effet, surtout lorsque ce fluide est divisé en très petites par- ties. Mais il faut observer qu'entre son état de fixité et celui de sa pleine élasticité, il y a toutes les nuan- ces des états moyens, et que c'est presque toujours dans quelques uns de ces états moyens qu'il réside dans la terre et dans l'eau, ainsi que dans toutes les substances qui en sont composées; par exemple, on ne pourra pas douter que l'eau, qui nous paroît une substance si simple, ne contienne une certaine quan- tité d'air qui n'est ni fixe ni élastique, mais entre la fixité et l'élasticité, si l'on fait attention aux différents phénomènes qu'elle nous présente dans sa congéla- tion, dans son ébuUition, dans sa résistance à toute compression , etc. : car la physique expérimentale nous démontre que l'eau est incompressible; au lieu.de s'affaisser et de rentrer en elle-même lorsqu'on la DES ÉLÉMENTS. PARTIE If. iGl force par la presse, elle passe à travers les vaisseaux les plus solides et les plus épais. Or si l'air qu'elle contient eu assez grande quantité y étoit dans son état de pleine élasticité , l'eau seroit compressible en raison de cette quantité d'air élastique qu'elle con- tiendroit et qui se comprimeroit. Donc l'air con- tenu dans l'eau n'y est pas simplement mêlé et n'y conserve pas sa forme élastique, mais y est plus in- timement uni dans un état où son ressort ne s'exerce plus d'une manière sensible; et néanmoins ce res- sort n'y est pas entièrement détruit : car si on ex- pose l'eau à la congélation, on voit cet air sortir de son intérieur et se réunir à sa surface en bulles élas- tiques. Ceci seul suffiroit pour prouver que l'air n'est*pas contenu dans l'eau sous sa forme ordi- naire , puisqu'étant spécifiquement huit cent cin- quante fois plus léger, il seroit forcé d'en sortir par la seule nécessité de la prépondérance de l'eau. Il est donc évident que l'air contenu dans l'eau n'y est pas daus son état ordinaire, c'est-à-dire de pleine élasticité; et en môme temps il est démontré que cet état dans lequel il réside dans l'eau n'est pas celui de sa plus grande fixité, où son ressort, absolument détruit, ne peut se rétablir que par la combus- tion , puisque la chaleur ou le froid peuvent égale- ment le rétablir; il suffit de faire cliaufTer ou geler de l'eau pour que l'air qu'elle contient reprenne son élas- ticité et s'élève en bulles sensibles à sa surface : il s'en dégage de môme lorsque l'eau cesse d'être pressée par le poids de l'atmosphère sous le récipient de la ma- chine pneumatique. 11 n'est donc pas contenu dans l'eau sous une forme fixe . mais seulement dans un état l62 MINÉnAUX. IXTRODIJCTION. mo);en où il peut aisément reprendre son ressort : il n'est pas simplement mêlé dans l'eau, puisqu'il ne peut y résider sous sa forme élastique; mais aussi il ne lui est pas intimement uni sous sa forme fixe, puis- qu'il s'en sépare plus aisément que de toute autre ma- tière. On pourra m'objecter avec raison que le froid et le chaud n'ont jamais opéré de la même façon; que si l'une de ces causes rend à l'air son élasticité, l'autre doit la détruire; et j'avoue que, pour l'ordinaire, le froid et le chaud produisent des eflets différents : mais dans la substance particulière que nous considérons, ces deux causes, quoique opposées, produisent le même effet; on pourra le concevoir aisément en fai- sant attention à la chose môme et au rapport Se ces circonstances. L'on sait que l'eau, soit gelée, soit bouillie, reprend l'air qu'elle avoit perdu dès qu'elle se liquéfie, ou qu'elle se refroidit. Le degré d'affinité de l'air avec l'eau dépend donc en grande partie de celui de sa température; ce degré, dans son état de liquidité , est à peu près le même que celui de la cha- leur générale à la surface de la terre : l'air, avec le- quel elle a beaucoup d'affinité , la pénètre aussitôt qu'il est divisé en parties très ténues, et le degré de la chaleur élémentaire et générale suffit pour aflbiblir le ressort de ces petites parties, au point de le rendre sans effet, tant que l'eau conserve cette température; mais si le froid vient à la pénétrer, ou, pour parler plus précisément, si ce degré de chaleur nécessaire à cet état de l'air vient à diminuer, alors son ressort, qui n'est pas entièrement détruit, se rétablira par le froid, et l'on verra les bulles élastiques s'élever à \i\ DES ÉLÉMENTS. PARTIE If. l65 surface de l'eau prête à se congeler. Si, au contraire , l'on augmente le degré de la température de l'eau par une chaleur extérieure , on en divise trop les parties intégrantes, on les rend volatiles, et l'air, qui ne leur étoit que foiblement uni, s'élève et s'échappe avec elles : car il faut se rappeler que quoique l'eau prise en masse soit incompressible et sans aucun ressort, elle est très élastique dès qu'elle est divisée ou réduite en pe- tites parties; et en ceci elle paroit être d'une nature contraire à celle de l'air, qui n'est compressible qu'en masse, et qui perd son ressort dès qu'il est trop di- visé. JNéanmoins l'air et l'eau ont beaucoup plus de rapport entre eux que de propriétés opposées ; et comme je suis très persuadé que toute la matière est convertible, et que les quatre éléments peuvent se transformer, je serois porté à croire que l'eau peut se changer en air lorsqu'elle est assez raréfiée pour s'éle- ver en vapeurs; car le ressort de la vapeur de l'eau est aussi et même plus puissant que le ressort de l'air : on voit le prodigieux effet de cette puissance dans les pompes à feu; on voit la terrible explosion qu'elle produit lorsqu'on laisse tomber du métat fondu sur quelques gouttes d'eau; et si l'on ne veut pas conve- nir avec moi que l'eau puisse, dans cet état de va- peurs, se transformer en air, on ne pourra du moins nier qu'elle n'en ait alors les principales propriétés. L'expérience m'a même appris que la vapeur de l'eau peut entretenir et augmenter le feu comme le fait l'air ordinaire ; et cet air, que nous pourrions regar- der comme pur, est toujours mêlé avec une très grande quantité d'eau : mais il faut remarquer, comme chose importante, que la proportion du mélange n'est pas. i 6/\ Àr î N E R A ÏJ X. I N T II O D U C T I O X. à beaucoup près, Ja même dans ces deux éléments. L'on peut dire en général qu'il y a beaucoup moins d'air dans l'eau que d'eau dans l'air ; seulement il faut considérer qu'il y a deux unités très différentes, aux- quelles on pourroit rapporter les termes de cette pro- portion : ces deux unités sont le volume et la masse. Si on estime la quantité d'air contenue dans l'eau par le volume, elle paroîtra nulle, puisque le volume de l'eau n'en est point du tout augmenté : et de même l'air plus ou moins humide ne nous paroît pas chan- ger de volume ; cela n'arrive que quand il est plus ou moins chaud. Ainsi ce n'est point au volume qu'il faut rapporter cette proportion ; c'est à la masse seule, c'est-à-dire à la quantité réelle de matière dans l'un et l'autre de ces deux éléments, qu'on doit comparer celle de leur mélange ; et l'on verra que l'air est beau- coup plus aqueux que l'eau n'est aérienne^ peut-être dans la proportion de la masse , c'est-à-dire huit cent cinquante fois davantage. Quoi qu'il en soit de cette estimation , qui est peut-être ou trop forte ou trop foible, nous pouvons en tirer l'induction que l'eau doit se changer plus aisément en air, que l'air ne peut se transformer en eau. Les parties de l'air, quoique susceptibles d'être extrêmement divisées, paroissent être plus grosses que celles de l'eau, puisque celle- ci passe à travers plusieurs filtres que l'air ne peut pé- nétrer; puisque, quand elle est raréfiée par la chaleur, son volume, quoique fort augmenté, n'est qu'égal, ou un peu plus grand que celui des parties de l'air à la surface de la terre, car les vapeurs de l'eau ne s'élè- vent dans l'air qu'à une certaine hauteur; enfin, puis- que l'air semble s'imbiber d'eau comme une éponge. DES ÉLÉMENTS. PARTIE II. l65 la contenir en grande quantité , et que le contenant est nécessairement plus grand que le contenu. Au reste, l'air, qui s'imbibe si volontiers de Feau , semble la rendre de même lorsqu'on lui présente des sels ou d'autres substances avec lesquels l'eau a encore plus d'affinité qu'avec lui. L'effet que les chimistes appel- lent dé f alliance j et même celui des efflorescenceSj, dé- montrent non seulement qu'il y a une très grande quantité d'eau contenue dans l'air, mais encore que cette eau n'y est attachée que par une simple affinité, qui cède aisément à une affinité plus grande, et qui même cesse d'agir, sans être combattue ou balancée par aucune autre affinité, mais par la seule raréfaction de l'air, puisqu'il se dégage de l'eau dès qu'elle cesse d'être pressée par le poids de l'atmosphère sous le ré- cipient de la machine pneumatique. Dans l'ordre de la conversion des éléments, il me semble que l'eau est pour l'air ce que l'air est pour le feu, et que toutes les transformations de la nature dépendent de celle-ci. L'air, comme aliment du feu, s'assimile avec lui, et se transforme en ce premier élément; l'eau, raréfiée parla chaleur, se transforme en une espèce d'air capable d'alimenter le feu comme l'air ordinaire. Ainsi le feu a un double fonds de sub- sistance assurée; s'il consomme beaucoup d'air, il peut aussi en produire beaucoup par la raréfaction de l'eau, et réparer ainsi dans la masse de l'atmosphère toute la quantité qu'il en détruit, tandis qu'ultérieurement il se convertit lui-même avec l'air en matière fixe dans ^es substances terrestres qu'il pénètre par sa chaleur ou par sa lumière. Et de même que, d'une part, l'eau se cpnvertit en BUFFON. m. H l66 MI^'ÉRALX. I^CmODUCTlON. air ou en vapeurs aussi volatiles que l'air par sa raré- faction, elle se convertit en une substance solide par une espèce de condensation diiFérente des condensa- tions ordinaires. Tout fluide se raréfie par la clialeur, et se condense par le froid; Teau suit elle-même cette loi commune, et se condense à mesure qu'elle refroi» dit : qu'on en remplisse un tube de verre jusqu'aux trois quarts, on la verra descendre à mesure que le froid augmente, et se condenser comme font tous les autres fluides; mais quelque temps avant l'instant de la congélation, on la verra remonter au dessus du point des trois quarts de la bauteur du tube, et s'y renfler encore considérablement en se convertissant en glace : mais si le tube est bien bouché, et parfai- tement en repos, l'eau continuera de baisser, et ne se gèlera pas, quoique le degré de froid soit de 6, 8, ou 10 degrés au dessous du terme de la glace, et l'eau ne gèlera que quand on couvrira le tube ou qu'on le remuera. Il semble donc que la congélation nous pré- sente d'une manière inverse les mêmes phénomènes que l'inflammation. Quelque intense, quelque grande que soit une chaleur renfermée dans un vaisseau bien clos, elle ne produira l'inflammation que quand elle touchera quelque matière enflammée; et de même, à quelque degré qu'un fluide soit refroidi, il ne gèlera pas sans toucher quelque substance déjà gelée, et c'est ce qui arrive lorsqu'on remue ou débouche le tube; les particules de l'eau qui sont gelées dans î'air exté- rieur ou dans l'air contenu dans le tube viennent, lorsqu'on le débouche ou le remue, frapper la sur- face de l'eau, et lui communiquent leur glace. .Dans l'inflammation, l'air, d'abord très raréfié par la cha- DES ÉLÉMENTS. PARTIE II. 167 leur, perd de son volume et se fixe tout à coup; dans Ja congélation, Teau, d'abord condensée par le froid, reprend plus de volume et se fixe de même : car la glace est une substance solide, plus légère que l'eau, et qui conserveroit sa solidité si le froid étoit toujours le même; et je suis porté à croire qu'on viendroit à bout de fixer le mercure à un moindre degré €lc froid en le sublimant en vapeurs dans un air très froid. Je suis de même très porté à croire que l'eau, qui ne doit sa liquidité qu'à la chaleur, et qui la perd avec elle, deviendroit une substance d'autant plus solide et d'autant moins fusible , qu'elle éprouveroit plus fort et plus long-temps la rigueur du froid. On n'a pas fait assez d'expériences sur ce sujet important. Mais sans nous arrêter à cette idée, c'est-à-dire sans admettre ni sans exclure la possibilité de la conversion de la glace en matière infusible ou terre fixe et so- lide , passons à des vues plus étendues sur les moyens que la nature emploie pour la transformation de l'eau. Le plus puissant de tous et le plus évident est le fil- tre animal. Le corps des animaux à coquille , en se nourrissant des particules de l'eau, en travaille en môme temps la substance au point de la dénaturer. La coquille est certainement une substance terrestre, une vraie pierre, dont toutes les pierres que les chi- mistes appellent calcaires^ et plusieurs autres matiè- res, tirent leur origine. Cette coquille paroît, à la vérité, faire partie constitutive de l'animal qu'elle cou- vre, puisqu'elle se perpétue par la génération, et qu'on la voit dans les petits coquillages qui viennent de naître, comme dans ceux qui ont pris tout leur accroisseuicnt; mais ce n'en est pas moins une sub- l68 MINÉRAUX. INTRODUCTIOX. stancc terrestre, formée par la sécrélioii ou rexsudâ- tion du corps de l'aniuial : oîi Ja voit s'agrandir, s'é-^ palssir par anneaux et par couches à mesure qu'il prend de la croissance; et souvent cette matière pierreuse excède cinquante ou soixante fois la masse ou matière réelle du corps de l'animal qui la produil. Qu'on se représente pour un instant le nombi'e des espèces de ces animaux à coquilles, ou, pour les tous compren- dre, de ces animaux à transsudation pierreuse; elles sont peut-être en plus grand nombre dans la mer €[ue ne l'est sur la terre le nombre des espèces d'insectes ; qu'on se représente ensuite leur prompt accroisse- ment, leur prodigieuse multiplication, le peu de du- rée de leur vie, dont nous supposerons néanmoins le terme moyen à dix ans^; qu'ensuite on considère qu'il faut multiplier par cinquante ou soixante le nom- brepresque immense de tous les individusde ce genre, pour se faire une idée de toute la matière pierreuse produite en dix ans; cju'enfin on considère que ce bloc déjà si gros de matière pierreuse doit être aug- menté d'autant de pareils blocs qu'il y a de fois dix dans tous les siècles qui se soiit écoulés depuis le com- mencement du monde , et l'on se familiarisera avec cette idée, ou plutôt cette vérité d'abord repoussante, que toutes nos collines, tous nos rochers de pierre calcaire, de marbre, de craie, etc., ne viennent ori- 1. La plus longue vie des escargots, ou gros limaçons terrestres, s'éleiid jusqu'à quatorze ans. On peut présumer quo les gros coquilla- ges de mer vivent plus long-temps : mais aussi les petits , et les très petits, tels que ceux qui forment le corail et tous les madrépores, vivent beaucoup nioijis s court d'assurer la loi de l'attraction telle qu'elle est, et de faire voir que la loi que M. Clairaut a voulu sub- stituer à celle de Newton n'est qu'une supposition qui implique contradiction. Car admettons pour un instant ce que M. Clairaut prétend avoir démontré, que, par la théorie de l'at- traction mutuelle, le mouvement des apsides devroit se faire en dix-huit ans, au lieu de se faire en neuf ans, et souvenons-nous en même temps qu'à l'exception de ce phénomène, tous les autres, quelque compli- qués qu'ils soient, s'accordent dans cette même théo- rie très exactement avec les observations : à en juger 1. M. CliiJraul, LOI DE L ATTRACTIOX. 193 d'abord par les probabilités, cette théorie doit sub- sister, puisqu'il y a un nombre très considérable de choses où elle s'accorde parfaitement avec la nature; qu'il n'y a qu'un seul cas où elle en diffère , et qu'il est fort aisé de se tromper dans l'énumération des causes d'un seul phénomème particulier. ll*me paroît donc que la première idée qui doit se présenter, est qu'i! faut chercher la raison particulière de ce phénomène singulier; et il me semble qu'on pourroit en imagiuer quelqu'une : par exemple, si la force magnétique de la terre pouvoit, comme le dit INewton, entrer dans le calcul, on trouveroit peut-être qu'elle mllue sur le mouvement de la lune, et qu'elle pourroit produhe cette accélération dans le mouvement de l'apogée ; et c'est dans ce cas où en effet il faudroit employer deux termes pour exprimer la mesure des forces qui pro- duisent le mouvement de la lune. Le premier terme de l'expression seroit toujours celui de la loi de l'at- traction universelle , c'est-à-dire la raison inverse exacte du carré de la distance, et le second terme re- présenteroit la mesure de la force magnétique. Cette supposition est sans doute mieux fondée que celle de M. Clairaut , qui me paroit beaucoup plus hy^ pothétique, et sujette d'ailleurs à des difficultés invin- cibles. Exprimer la loi d'attraction par deux ou plu- sieurs termes, ajouter à la raison inverse du carré de la distance une fraction du carré- carré^ au lieu de 4 mettre £ -\- ~, me paroît n'être autre chose que d'ajuster une expression de telle façon qu'elle cor- responde à tous les cas. Ce n'est plus une loi physique que cette expression représente; car en se permettant une fois de mettre un second, ^n troisième, un qua-» 19t 3IÏNERAUX. INTRODUCTIOX. Irième terme , etc. , onpourroit trouver une expression qui, dans toutes les Jois d'attraction, representeroit les cas dont il s'agit, en l'ajustant en même temps aux mouvements de l'apogée de la lune et aux autres phé- nomènes; et par conséquent cette supposition, si elle étoit admise, ndn seulement anéantiroit la loi de l'at- traction en raison inverse du carré de la distance, mais même donoeroit entrée à toutes les lois possibles et imaginables. Une loi en physique n'est loi que parce que sa mesure est simple, et que l'échelle qui la repré- sente est non seulement la même, mais encore qu'elle est unicfue, et qu'elle ne peut être représentée par nne autre échelle; or, toutes les fois que l'échelle d'une loi ne sera pas représentée par un seul terme , cette simplicité et cette unité d'échelle, qui fait l'es- sence de la loi, ne subsiste plus, et par conséquent il n'y a plus aucune loi physique. Comme ce dernier raisonnement pourroit paroître n'être que de la métaphysique, et qu'il y a peu de gens qui la sachent apprécier, je vais tâcher de la ren- dre sensible en m'expliquant davantage. Je dis donc que toutes les fois qu'on voudra établir une loi sur ^augmentation ou la diminution d'une qualité ou d'une quantité physique, on est strictement assujetti à n'em- ployer qu'un terme pour exprimer cette loi : ce terme est la représentation de la mesure qui doit varier, comme en effet la quantité à mesurer varie; en sorte que si la quantité, n'étant d'abord qu'un pouce, de- vient ensuite un pied, une aune, une toise, une lieue, etc., le terme qui l'exprime devient successi- vement toutes ces choses, ou plutôt les représente dans le même ordre de,grandeur ; et il en est de même LOI OE L ATTRACilOX. IC)^) de toutes ies autres raisons dans lesquelles une quan- tité peut varier. De quelque façon que nous puissions donc suppo- ser qu'une qualité physique puisse varier, comme cette qualité est une, sa variation sera simple et toujours ex- primable par un seul terme , qui en sera la mesure; et dès qu'on voudra employer deux termes, on détruira l'unité de la qualité physique, parce que ces deux termes représeliteront deux variations différentes dans la même qualité, c'est-à-dire deux qualités au lieu d'une. Deux termes sont en effet deux mesures, toutes deux variables et inégalement variables; et dès lors elles ne peuvent être appliquées à un sujet sim- ple , à une simple qualité ; et si on admet deux termes pour ^présenter l'effet de la force centrale d'un astre, il est nécessaire d'avouer qu'au lieu d'une force il y en a deux, dont Tune sera relative au premier terme, et l'autre relative au second terme : d'où Ton voit évidem- ment qu'il faut, dans le cas présent, que M. Clairaut admette nécessairement une autre force différente de l'attraction , s'il emploie deux termes pour représen- ter l'effet total de la force centrale d'une planète. Je ne sais pas comment on peut imaginer qu'une loi physique, telle qu'est celle de l'attraction, puisse être exprimée par deux termes par rapport aux distances; car s'il y avoit, par exemple, une masse M dont la vertu attractive fut exprimée par ^^ -|- ^, n'en ré- sulteroit-il pas le même effet que si cette masse étoit composée de deux matières difl'érentes, comme, par exemple, de ~ M, dont la loi d'attraction fût exprimée par ^^ et de ~ M, dont l'attraction fiât -J cela me paroît absurde. 1 9^ -i i ^ É n A U X. I A T II O J) U C T 1 0 N. Mais , indépendamment de ces impossibilités qu'im- plique la supposition de M. Clairaut, qui détruit aussi l'unité de loi sur laquelle est fondée la vérité et la belle simplicité du système du monde, cette supposi- tion souffre bien d'autres difficultés que M. Clairaut devoit, ce me semble, se proposer avant que de l'ad- mettre, et commencer au moins par examiner d'abord toutes les causes particulières qui pourroient produire le même effet. Je sens que si j'eusse résolu , comme M. Clairaut, le problème des trois corps, et que j'eusse trouvé que la théorie de la gravitation ne donne en effet que la moitié du mouvement de l'apogée, je n'en aurois pas tiré !a conclusion qu'il en tire contre la loi de l'attraction ; aussi est-ce cette conclusion que je contredis, et à laquelle je ne crois pas qu'^ii soit obligé de souscrire, quand même M. Clairaut auroit pu démontrer l'insuffisance de toutes les autres causes particulières. Newton dit ( page 547 ' ^^me 111 ) : « In his com- ' putationibus attractionem magneticam terrae no!i » consideravi , cujus itaque quantitas perparva est et )) ignoratur ; si quando vero haec attractio investigari » poterit, et mensura graduum in meridiano, ac lon- » gitudines pendulorum isocbronorum in diversis pa- » rallelis, legesque niotuum maris et parallaxis luna? « eu m diametris appareiitibus solis et lunae ex phseno- » menis accuratiùs determinatœ fuerint, licebit calcu- )) lum hune omoem accuratiùs repetere. » Ce passage ne prouve -t-il pas bien clairement que Newton n'a pas prétendu avoir fait l'énumération de toutes les causes particulières, et n'indique-t-il pas en effet que, si on trouve quelques différences avec sa théorie et les ob- LOI DE l'attraction. 197 servations, cela peut venir de la force magnétique de la terre, ou de quelque autre cause secondaire? et par conséquent, si le mouvement des apsides ne s'accorde pas aussi exactement avec sa théorie que le reste , fau- dra-t'il pour cela ruiner sa théorie par le fondement, en changeant la loi générale de la gravitation? ou plu- tôt ne faudra-t-il pas attribuer à d'autres causes cette différence , qui ne se trouve que dans ce seul phéno- mène? M. Clairaut a proposé une difficulté contre le système de Newton ; mais ce n'est tout au plus qu'une difficulté qui ne doit ni ne peut devenir un principe : il faut chercher à la résoudre , et non pas en faire une théorie dont toutes les conséquences ne sont appuyées que sur un calcul; car, comme Je l'ai dit, on peut tout représenter avec un calcul , et on ne réalise rien ; et si on se permet de mettre un ou plusieurs termes à la suite de l'expression d'une loi physique, comme l'est celle de l'attraction , on ne nous donne plus que de l'arbi- traire , au lieu de nous représenter la réalité. Au reste, il me sufïit d'avoir établi les raisons qui me font rejeter la supposition de M. Clairaut; celles que j'ai de croire que, bien loin qu'il ait pu donner atteinte à la loi de l'attraction et renverser l'astronomie physique, elle me paroît, au contraire, demeurer dans toute sa vigueur, et avoir des forces pour aller encore bien loin; et cela, sans que je pré- tende avoir dit, à beaucoup près, tout ce qu'on peut dire sur cette matière, à laquelle je désirerois qu'on donnât, sans prévention, toute l'attention qu'il faut pour la bien juger. * Je me suis borné à démontrer que la loi de l'attrac- tion, par rapport à la distance, ne peut être exprimée BUFFON. iri. ig8 MINÉRAUX. INTRODUCTION. que par un terme, et non pas deux ou plusieurs ter- mes; que par conséquent l'expression que M. Clai- raut a voulu substituer à la loi du carré des distances n'est qu'une supposition qui renferme une contradic- tion ; c'est là le seul point auquel je me suis attaché : mais, comme il paroît, par sa réponse, qu'il ne m'a pas assez entendu, je vais tâcher de rendre mes rai- sons plus intelligibles en les traduisant en calcul; ce sera la seule réplique que je ferai à sa réponse. La loi de L' attraction _, par rapport à la distance , ne peut pas être exprimée par deux termes. PREMIÈRE DÉMONSTRATION. Supposons que ~ ^ ^^ représente l'effet de cette force par rapport à la distance x; ou, ce qui revient au même, supposons que -.zh^i'» ^^^i représente la force accélératrice, soit égale à une quantité donnée^ pour une certaine distance : en résolvant cette équa- tion , la racine x sera ou imaginaire, ou bien elle aura deux valeurs différentes; donc, à différentes distan- ces , l'attraction seroit la même , ce qui est absurde ; donc la loi de l'attraction, par rapport à la distance, ne peut pas être exprimée par deux termes. Ce qu'il falloit démontrer, SECONDE DÉMONSTRATION. La même expression ^^^^, si x devient très grand, pourra se réduire k y^, et si a; devient très petit, elle LOI DE l'attraction. i gç^ se réduira à;^^^^, de sorte que si,^3té=Àj l'expo- sant n doit être un nombre compris entre 2 et 4; ce- pendant ce même exposant ?i doit nécessairement ren- fermer a;^ puisque la quantité d'attraction doit , de façon ou d'autre, être mesurée par la distance : cette expres- sion prendra donc alors une forme comme -^+-^=4 ou =~l donc une quantité, qui doit être nécessai- rement un nombre compris entre 2 et 4? pourroit cependant devenir infinie , ce qui est absurde ; donc l'attraction ne peut pas être exprimée par deux ter- mes. Ce qu'il falloit démontrer. On voit que les démonstrations seroient les mêmes contre toutes les expressions possibles qui seroient composées de plusieurs termes; dont la loi d'attraction ne peut être exprimée que par un seul terme. [AdcL Bu/r. ) * Je ne voulois rien ajouter à ce que j'ai dit au sujet de la loi de l'attraction, ni faire aucune réponse au nouvel écrit de M. Clairaut : mais comme je crois qu'il est utile pour les sciences d'établir d'une manière cer- taine la proposition que j'ai avancée, savoir que la loi de l'attraction, et même toute autre loi physique, ne peut jamais être exprimée que par un seul terme , et qu'une nouvelle vérité de cette espèce peut prévenir un grand nombre d'erreurs et de fausses applications dans les sciences physico-mathématiques, j'ai cherché plusieurs moyens de la montrer. On a vu, dans mon mémoire , les raisons métaphy- siques par lesquelles j'établis que la mesure d'une qualité physique et générale dans la nature est tou- jours simple ; que la loi qui représente cette mesure ne peut donc jamais être composée; qu'elle n'est réelle- i>00 MINÉRAUX. INTRODUCTION. ment que Texpression de l'effet simple d'une qualité simple; que l'on ne peut donc exprimer cette loi par deux termes, parce qu'une qualité qui est une ne peut jamais avoir deux mesures. Ensuite , dans ['addition à ce mémoire., j'ai prouvé démonstrativement cette même vérité par la réduction à l'absurde et par le calcul : ma démonstration est vraie; car il est certain en général que si l'on exprime la loi de l'attraction par une fonc- tion de la distance, et que cette fonction soit compo- sée de deux ou plusieurs termes , comme '— -f- j^ -j- ^^., etc., et que l'on égale cette fonction à une quan- tité constante ^'pour une certaine distance; il est cer- tain, dis-je , qu'en résolvant cette équation, la ra- cine X aura des valeurs imaginaires dans tous les cas, et aussi des valeurs réelles, différentes dans presque tous les cas, et que ce n'est que dans quelques cas, comme dans celui de ^-[-^^ =^^ où il y aura deux racines réelles égales, dont l'une sera positive et l'au- tre négative. Cette exception particulière ne détruit donc pas la vérité de ma démonstration , qui est pour une fonction quelconque ; car si en général l'expres- sion de la loi d'attraction est ^^ -|- m x" , l'exposant n ne peut pas être négatif et plus grand que 2, puis- qu'alors la pesanteur deviendroit infinie dans le point de contact : l'exposant n est donc nécessairement po- sitif, et le coefficient m doit être négatif pour faire avancer l'apogée de la lune; par conséquent le cas particulier '- -\- ^^ ne peut jamais représenter la loi de la pesanteur; et si on se permet une fois d'exprimer cette loi par une fonction de deux termes , pourquoi le second de ces termes seroit-il nécessairement po- sitif? Il y a, comme l'on voit, beaucoup de raisons LOI DE L ATTRACTION. 20 1 pour que cela ne soit pas, et aucune raison pour que cela soit. Dès le temps que M. Clairaut proposa, pour la pre- mière fois, de changer la loi de l'attraction et d'y ajouter un terme, j'avois senti l'absurdité qui résul- toit de cette supposition, et j'avois fait mes efforts pour la faire sentir aux autres : mais j'ai depuis trouvé une nouvelle manière de la démontrer, qui ne lais- sera, à ce que j'espère, aucun doute sur ce sujet im- portant. Voici mon raisonnement, que j'ai abrégé au- tant qu'il m'a été possible. Si la loi de l'attraction, ou telle autreloi physique que l'on voudra, pouvoit être exprimée par deux ou plusieurs termes, le premier terme étant, par exem- ple, ^^,, il seroit nécessaire que le second terme eût un coefficient indéterminé, et qu'il fût, par exemple , ~; et de même, si cette loi étoit exprimée par trois termes, ilyauroitdeux coefficients indéterminés, l'un au second, et l'autre au troisième terme, etc. Dès lors cette loi d'attraction, qui seroitexpriméepar deux ter- mes j^-|-,^^, renfermeroit donc une quantité m qui entreroit nécessairement dans la mesure de la force. Or, je demande ce que c'est que ce coefficient m ; il est clair qu'il ne dépend ni de la masse , ni de la distance; que ni l'une ni l'autre ne peuvent jamais donner sa va- leur : comment peut-on donc supposer qu'il y ait en effet une telle quantité physique ?existe-t-îl dans la nature un coefficient comme un 4, un 5, un 6, etc. ? et n'y a-t-il pas de l'absurdité à supposer qu'un nombre puisse exister réellement , ou qu'un coefficient puisse être une qua- lité essentielle à la matière? Il faudroit pour cela qu'il V eût dans la nature des phénomènes purement nu- 20â MINÉRAUX. INTRODUCTION. mériques, et du même genre que ce coefTicient m; sans cela, il est impossible d'en déterminer la valeur, puisqu'une quantité quelconque ne peut jamais être mesurée que par une autre quantité de même genre. Il faut donc que M. Clairaut commence par nous prou- ver que les nombres sont des êtres réels actuellement existants dans la nature, ou que les coefficients sont des qualités physiques, s'il veut que nous convenions avec lui que la loi d'attraction, ou toute autre loi physique, puisse être exprimée par deux ou plusieurs termes. Si l'on veut une démonstration plus particulière, je crois qu'on peut en donner une qui sera à la portée de tout le monde ; c'est que la loi de la raison inverse du carré de la distance convient également à une sphère et à toutes les particules de matière dont cette sphère est composée. Le globe de la terre exerce son at- traction dans la raison inverse dû carré de la distance ; et toutes les particules de matière dont ce globe est composé exercent aussi leur attraction dans cette même raison, comme Newton l'a démontré : mais si Ton exprime cette loi de l'attraction d'une sphère par deux termes, la loi de l'attraction des particules qui composent cette sphère ne sera point la même que celle de la sphère; par conséquent cette loi, compo- sée de deux termes, ne sera pas générale j ou plutôt ne sera jamais la loi de la nature. Les raisons métaphysiques, mathématiques, et phy- siques, s'accordent donc toutes à prouver que la loi de l'attraction ne peut être exprimée que par un seul terme, et jamais par deux ou plusieurs termes; c'est la proposition que j'ai avancée, et que j'avois à démon- trer. [Supp. Bf/ff. ) «\\VVWVW\VVVVVWWVV\VV\\VVVXVV\\VX*VVVV\V-WVVVVVV..VVVWW\VVVVVVVVWVWW\/WV*VVV*\VV PARTIE EXPERIMENTALE. Depuis vingt-cinq ans que j'ai jeté sur le papier mes idées sur la théorie de la terre , et sur la nature des matières minérales dont le globe est principalement composé, j'ai eu la satisfaction de voir cette théorie confirmée par le témoignage unanime des navigateurs, et par de nouvelles observations que j'ai eu soin de recueillir. Il m'est aussi venu, dans ce long espace de temps, quelques pensées neuves dont j'ai cherché à constater la valeur et la réalité par des expériences : de nouveaux faits acquis par ces expériences , des rap- ports plus ou moins éloignés, tirés de ces mêmes faits; des réflexions en conséquence ; le tout lié à mon sys- tème général , et dirigé par une vue constante vers les grands objets de la nature ; voilà ce que je crois de- voir présenter aujourd'hui à mes lecteurs, surtout à ceux qui, m'ayant honoré de leur suffrage, aiment assez l'histoire naturelle pour chercher avec moi les moyens de l'étendre et de l'approfondir. Je commencerai par la partie expérimentale de mon travail, parce que c'est sur les résultats de mes expé- riences que j'ai fondé tous mes raisonnements, et que lesidées même les plus conjecturales, et qui pourroienl paroître trop hasardées, ne laissent pas d'y tenir par des rapports qui seront plus ou moins sensibles à des yeux plus ou moins attentifs, plus ou moins exercés, mais 204 MINÉRAUX. INTRODUCTION. qui n'échapperont pas à l'esprit de ceux qui savent évaluer la force des inductions, et apprécier la valeur des analogies. e»e«»i>a««<)«O'g^»g«8<)!8'e'g»a«»0'S'»®<»'gC'»a»>ft«'»»» PREMIER MEMOIRE. Expériences sur le progrès de la chaleur dans les corps. J'ai fait faire dix boulets de fer forgé et battu : pouce». Le premier d'un demi-pouce de diamètre Y^ Le second de i pouce i Le troisième de i pouce Yj i ^A Le quatrième de 2 pouces 2 Le cinquième de 2 pouces Y2 • 2 Y2 Le sixième de 3 pouces .5 Le septième de 3 pouces Y2 ^ V2 Le huitième de 4 pouces 4 Le neuvième de 4 pouces Y2 4 Y2 Le dixième de 5 pouces 5 Ce fer venoit de la forge de Chameçon, près Châ- tillon-sur-Seine ; et comme tous les boulets ont été faits du fer de cette même forge , leurs poids se sont trou- vés à très peu près proportionnels aux volumes. Le boulet d'un demi-pouce pesoit 190 grains, ou 2 gros 46 grains. Le boulet de 1 pouce pesoit 1622 grains, ou 2 onces 5 gros 10 grains. Le boulet de 1 pouce Y2 pesoit 5i56 grains, ou 8 onces 7 gros 24 grains. Le boulet de 2 pouces pesoit 12,170 grains, ou 1 livre 5 onces 1 gros 5 grains. PARTIE EXPERIMENTALE. 20!:) Le boulet de 2 pouces y2 P^soit 23,781 grains, ou a livres 9 onces 2 gros 2 1 grains. Le boulet de o pouoes pesoit 4i.o85 grains, ou 4 livres 7 onces 2 gros 45 grains. Le boulet de 5 pouces Yj pesoit 65,254 grains, ou 7 livres 1 once 2 gros 22 grains. Le boulet de 4 pouces pesoit 97,588 grains, ou 10 livres 9 onces 44 grains. Le boulet de 4 pouces V2 pesoit 158,179 grains, ou i4 livres i5 onces 7 gros 1 1 grains. Le boulet de 5 pouces pesoit 190,211 grains, ou 20 livres 10 onces 1 gros 59 grains. Tous ces poids ont été pris justes avec de très bon- nes balances, en faisant limer peu à peu ceux des boulets qui se sont trouvés un peu trop forts. Avant de rapporter les expériences, j'observerai : 1** Que, pendant tout le temps qu'on les a faites, le thermomètre, exposé à l'air libre, étoit à la con- gélation ou à quelques degrés au dessous ^ ; mais qu'on a laissé refroidir les boulets dans une cave où le ther- momètre étoit à peu près à dix degrés au dessus de la congélation, c'est-à-dire au degré de la tempéra- ture des caves de l'Observatoire ; et c'est ce degré que je prends ici pour celui de la température actuelle de la terre. 2'* J'ai cherché à saisir deux instants dans le refroi- dissement : le premier où les boulets cessoient de brû- ler, c'est-à-dire le moment où on pouvoit les toucher et les tenir avec la main pendant une seconde, sans se brûler ; le second temps de ce refroidissement étoit ce- lui où les boulets se sont trouvés refroidis jusqu'au point de la température actuelle , c'est-à-dire à dix degrés au dessus de la congélation. Et, pour connoître le mo- 1 . Division de Réauniur. 206 MINÉRAUX. INTRODUCTION. ment de ce refroidissement jusqu'à la température ac- tuelle, on s'est servi d'autres boulets de comparaison de même matière et de mêmes diamètres, qui n'a- voient pas été chauffés, et que l'on touchoit en même temps que ceux qui avoient été chauffés. Par cet at- touchement immédiat et simultané de la main ou des deux mains sur les deux boulets onpouvoit juger assez bien du moment où ces boulets étoient également froids : cette manière simple est non seulement plus aisée que le thermomètre, qu'il eût été difficile d'ap- pliquer ici , mais elle est encore plus précise , parce qu'il ne s'agit que de juger de l'égalité et non pas de la proportion de la chaleur, et que nos sens sont meil- leurs juges que les instruments de tout ce qui est ab- solument égal ou parfaitement semblable. Au reste, il est plus aisé de reconnoître l'instant où les boulets cessent de brûler, que celui où ils se sont refroidis à la température actuelle, parce qu'une sensation vive est toujours plus précise qu'une sensation tempérée, at- tendu que la première nous affecte d'une manière plus forte. o"" Comme le plus ou le moins de poli ou de brut sur le même corps fait beaucoup à la sensation du toucher, et qu'un corps poli semble être plus froid s'il est froid, et plus chaud s'il est chaud, qu'un corps brut de même matière, quoiqu'ils le soient tous deux également, j'ai eu soin que les boulets froids fussent bruts et semblables à ceux qui avoient été chauffés, dont la surface étoit semée de petites éminences pro- duites par l'action du feu. PARTIE EXPERIMENTALE. 2O7 EXPÉRIENCES. ) . Le boulet d'un demi-pouce a été chauffé à blanc en 2 minutes. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 12 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 09 minutes. 2 . Le boulet de 1 pouce a été chauffé à blanc en 5 minutes '^/^. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 55 mi- nutes y2. Refroidi au point de la température actuelle en 1 heure 33 mi- nutes. 3. Le boulet de 1 pouce '^/.■^ a été chauffé à blanc en 9 minutes. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 58 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 2 heures 25 mi- nutes. 4- Le boulet de 2 pouces a été chauffé à blanc en i3 minutes. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 1 heure 20 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 3 heures 16 mi- nutes. 5. Le boulet de 2 pouces "^/^ a été chauffé à blanc en 16 minutes. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 1 heure 4'-^ minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 4 heures 3o minutes. (1. Le boulet de 3 pouces a été chauffé à blanc en 19 minutes '^/.^. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 2 heures 7 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 5 heures 8 mi- nutes. 7. Le boulet de 3 pouces Yj » été chauffé à blanc en 2 5 minutes ^/.^. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 2 heures 56 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 5 heures 56 mi- nutes. 8. Le boulet de 4 pouces a été chauffé à blanc en 2 7 minutes Yj. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 3 heures 2 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en G heures 55 mi- nutes. 208 MINÉRAUX. INTRODUCTION. 9. Le boulet de 4 pouces "^/^ a été chauffé à blanc en 3i minutes. Il s"est relVoidi au point de le tenir dans la main en 5 heures 26 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 7 heures 4^ minutes. 10. Le boulet de 5 pouces a été chauffé à blanc en 54 minutes. Il s'est refroidi au point de le tenir dans la main en 3 heures 52 minutes. Refroidi au point de la température actuelle en 8 heures 4^ minutes. La différence la plus constante que l'on puisse pren- dre entre chacun des termes qui expriment le temps du refroidissement, depuis l'instant où l'on tire les boulets du feu , jusqu'à celui où on peut les toucher sans se brûler, se trouve être de vingt-quatre minu- tes ; car en supposant chaque terme augmenté de vingt- quatre, on aura 12', 56', 60', 84', 108', i52', i56', 180', 204', 228'. Et la suite des temps réels de ces refroidissements, trouvés par les expériences précédentes, est 12', 55' V2. 5S', 80', io2^ 127', i56', 182', 2o5\ 202'; ce qui approche de la première autant que l'expé- rience peut approcher du calcul. De même la différence la plus constante que l'on puisse prendre entre chacun des termes du refroidis- sement jusqu'à la température actuelle, se trouve être de 54 minutes; car, en supposant chaque terme aug- menté de 54? on aura 59', 95', 147? ^01 ? 255 , 009', 565', 417', 471', 525'. Et la suite des temps réels de ce refroidissement, trou- vés parles expériencesprécédentes, est 59', 95', i45', 196', 248', 5o8', 556', 4i5', 466', 522'; ce qui.ap-^ proche aussi beaucoup de la première suite supposée. PARTIE EXPERIMENTALE. 2O9 J*ai fait une seconde et une troisième fois les mê- mes expériences sur les mêmes boulets; mais j'ai vu que je ne pouvois compter que sur les premières, parce que je me suis aperçu qu'à chaque fois qu'on chauf- foit les boulets, ils perdoient considérablement de poids; car Le boulet d'un demi-pouce, après avoir été chauffé trois fois, avoit perdu environ la dix-huitième partie de son poids. Le boulet de 1 pouce , après avoir été chauffé trois fois , avoit perdu environ la seizième partie de son poids. Le boulet de 1 pouce Yg , après avoir été chauffé trois fois, avoit perdu la quinzième partie de son poids. Le boulet de 2 pouces , après avoir été chauffé trois fois , avoit perdu à peu près la quatorzième partie de son poids. Le boulet de 2 pouces Yj, après avoir été chauffé trois fois, avoit perdu à peu près la treizième partie de son poids. Le boulet de 5 pouces , après avoir été chauffé trois fois , avoit perdu à peu près la treizième partie de son poids. Le boulet de 5 pouces Y2» après avoir été chauffé trois fois, avoit perdu encore un peu plus de la treizième partie de son poids. Le boulet de 4 pouces, après avoir été chauffé trois fois, avoit perdu la douzième partie et demie de son poids. Le boulet de 4 pouces Y2> apr^s avoir été chauffé trois fois, avoit perdu un peu plus de la douzième partie et demie de son poids. Le boulet de 5 pouces , après avoir été chauffé trois fois , avoit perdu à très peu près la douzième partie de son poids ; car il pesoit , avant d'avoir été chauffé, 20 livres 10 onces i gros 59 grains *. On voit que cette perte sur chacun des boulets est extrêmement considérable, et qu'elle paroît aller en 1 . Je n'ai pas eu occasion de faire les mêmes expériences sur des boulets de fonte de fer ; mais M. de Montbeillard, lieutenant-colonel du régiment Koyal-Artillerié , m'a communiqué la note suivante qui y supplée parfaitement. On a pesé plusieurs boulets, avant de les chauffer, qui se sont trouvés du poids de 27 livres et plus. Après l'o- pération, ils ont été réduits à 24 livres Y4 et 24 livres Y2- ^^ a vérifié sur une grande quantité de boulets, que plus on les a chauffés, et plus 210 MINÉRAUX. INTRODUCTION. augmentant , à mesure que les boulets sont plus gros ; ce qui vient, à ce que je présume, de ce que l'on est obligé d'appliquer le feu violent d'autant plus long- temps que les corps sont plus grands; en tout, cette perte de poids non seulement est occasionée par le dessèchement des parties de la surface qui se rédui- sent en scories, et qui tombent dans le feu, mais en- core par une espèce de dessèchement ou de calcina- tion intérieure qui diminue la pesanteur des parties constituantes du fer; en sorte qu'il paroît que le feu violent rend le fer spécilîquement plus léger à cha- que fois qu'on le chauiTe. Au reste, j'ai trouvé, par des expériences ultérieures, que cette diminution de pesanteur varie beaucoup, selon la différente qualité du fer. Ayant donc fait faire six nouveaux boulets, depuis un demi-pouce jusqu'à trois pouces de diamètre, et du même poids que les premiers, j'ai trouvé les mê- mes progressions tant pour l'entrée que pour la sortie de la chaleur, et je me suis assuré que le fer s'échauffe et se refroidit en effet comme je viens de l'exposer. Un passage de iNewton a donné naissance à ces ex- périences. « Globus ferri candentis, digitum unum latus, ca- » lorem suum omnem spatio horae unius , in aëre con- » sistens, vix amitteret. Globus autem major calorem » diutiùs conservaret in ratione diametri , proptereà » quod superficies ( ad cujus mensuram per contac- ils ont augmenté de volume et diminué de poids ; enfin sur quarante mille boulets chauffés et râpés pour les réduire au calibre des canons, on a perdu dix mille, c'est-à-dire un quart; en sorte qu'à tous égards, celte pratique est mauvaise. PARTIE EXPERIMENTALE. 211 » tum aëris ambientis refrigeratur ) in illa ratlone mi- » nor est pro qiiantitate materiae suae calidae inclusaî ; » ideoque globus ferri candentis huic terrae aequalis, » id est, pedes plus minus 40000000 latus, diebus lo- )) tidem et idcirco annis 5oooo, vix refrigesceret. Sus- » picor tamen quod duratio caloris ob causas latentes » augeatur in minori ratione quàm eâ diametri; et op- » tarim rationem veram per expérimenta investigari. » Newton désiroit donc qu'on fit les expériences que je viens d'exposer; et je me suis déterminé à les ten- ter, non seulement parce que j'en avois besoin pour des vues semblables aux siennes, mais encore parce que j'ai cru m'apercevoir que ce grand homme pou- voit s'être trompé en disant que la durée de la chaleur devoit n'augmenter, par l'effet des causes cachées, qu'en moindre raison que celle du diamètre : il m'a paru au contraire, en y réfléchissant, que ces causes cachées ne pouvoient que rendre cette raison plus grande au lieu de la faire plus petite. Il est certain, comme dit Newton, qu'un globe plus grand conserveroit sa chaleur plus long-temps qu'un plus petit, en raison du diamètre, si on supposoit ces globes composés d'une matière parfaitement per- méable à la chaleur, en sorte que la sortie de la cha- leur fût absolument libre, et que les particules ignées ne trouvassent aucun obstacle qui pût les arrêter ni changer le cours de leur direction. Ce n*est que dans cette supposition mathématique que la durée de la chaleur seroit en effet en raison du diamètre ; mais les causes cachées dont parle Newton, et dont les princi- pales sont les obstacles qui résultent de la perméabilité non absolue , imparfaite et inégale de toute matière 212 MINERAUX. INTRODUCTION. solide, au lieu de diminuer le temps de la durée de la chaleur, doivent au contraire l'augmenter. Cela m'a paru si clair, même avant d'avoir tenté mes expérien- ces , que je serois porté à croire que INewton , qui voyoit clair aussi jusque dans les choses mêmes qu'il ne fai- soit que soupçonner, n'est pas tombé dans cette er- reur, et que le mot minorl ratione au lieu de majorl n'est qu'une faute de sa main ou de celle d'un copiste, qui s'est glissée dans toutes les éditions de son ouvrage, du moins dans toutes celles que j'ai pu consulter. Ma conjecture est d'autant mieux fondée, que Newton pa- roît dire ailleurs précisément le contraire de ce qu'il dit ici; c'est dans la onzième question de son Traité d'optique : « Les corps d'un grand volume, dit-il, ne conservent-ils pas plus long-temps ( ce mot plus long- temps ne peut signifier ici que?i raison plus grande que celle du diamètre) leur chaleur, parce que leurs par- ties s'échauffent réciproquement.»^ et un corps vaste, dense, et fixe, étant une fois échauffé au delà d'un cer- tain degré, ne peut-il pas jeter de la lumière en telle abondance , que par l'émission et la réaction de sa lu- mière , par les réflexions et les réfractions de ses rayons au dedans de ses pores, il devienne toujours plus chaud, jusqu'à ce qu'il parvienne à un certain degré de chaleur qui égale la chaleur du soleil? et le soleil et les étoiles fixes, ne sont-ce pas de vastes terres violem- ment échauffées, dont la chaleur se conserve par la grosseur de ces corps, et par l'action et la réaction réciproques entre eux et la lumière qu'ils jettent , leurs parties étant d'ailleurs empêchées de s'évaporer en fu- mée , non seulement par leur fixité , mais encore par le vaste poids et la grande densité des atmosphères. PARTIE EXPÉRIMENTALE. 2l7) qui, pesant de tous cotés, les compriment très forte- ment , et condensent les vapeurs et les exhalaisons qui s'élèvent de ces corps là? » Par ce passage, on voit que Newton non seulement est ici de mon avis sur la durée de la chaleur, qu'il suppose en raison plus grande que celle du diamètre, mais encore qu'il renchérit beaucoup sur cette aug- mentation en disant qu'un grand corps, par cela môme qu'il est grand, peut augmenter sa chaleur. Quoi qu'il en soit, l'expérience a pleinement con- firmé ma pensée. La durée de la chaleur, ou, si l'on veut , le temps employé au refroidissement du fer, n'est point en plus petite _, mais en plus grande raison que celle du diamètre; il n'y a, pour s'en assurer, qu'à com- parer les progressions suivantes. DIAMÈTRES. i, 2, 5, 4^^" ^> 7" ^îO? 1^ demi-pouces. Temps du premier refroidissement, supposés en rai* son du diamètre : 12', 24', 56', ^S', 60', 72', 84', 96', 1.08', 120^ Temps réels de ce refroidissement, trouvés par l'ex- périence : 12', 55' V2' 58', 80', 102', 127^ i56', 182', 2o5', 252'. Temps du second refroidissement , supposés en rai- son du diamètre ; 59', 78', 117', i56', 195', 254', 275', 5i2', 55i ', 590'. Temps réels de ce second refroidissement, trouvés par l'expérience : 59', 95', i45', 196', 248', 5o8', 556', 4i5', 466', 522'. On voit, en comparant ces progressions terme à BlFFOiV. III. 1 4 2l4 MINERAI X. IXTRODTJCTION. terme , que dans tous les cas la durée de la chaleur non seulemeril n'est pas en raison plus petite que celle du diamètre (comme il est écrit dans Newton), mais qu'au contraire cette durée est en raison considérablement plus grande. Le docteur Martine, qui a l'ait un bon ouvrage sur les thermomètres, rapporte ce passage de Newton, et il dit qu'il avoit commencé défaire quelques expérien- ces qu'il se proposoit de pousser plus loin; qu'il croit que l'opinion de Newton est conforme à la vérité, et que les corps semblables conservent en efîfet la cha- leur dans la proportion de leurs diamètres ; mais que quant au doute que Newton forme , si , dans les grands corps, cette proportion n'est pas moindre que celle des diamètres, il ne le croit pas suffisamment fondé. Le flocteur Martine avoit raison à cet égard; mais en même temps il avoit tort de croire, d'après Newton, que tous les corps semblables, solides ou fluides, con- servent leur chaleur en raison de leurs diamètres. Il rapporte , à la vérité , des expériences faites avec de l'eau dans des vases de porcelaine, par lesquelles il trouve que les temps du refroidissement de l'eau sont presque proportionnels aux diamètres des vases qui la contiennent : mais nous venons de voir que c'est par cette raison même que, dans les corps solides, la chose se passe différemment; car l'eau doit être regar- dée comme une matière presque entièrement perméa- ble à la chaleur, puisque c'est un fluide homogène, et qu'aucune de ses parties ne peut faire obstacle à la circulation de la chaleur. Ainsi , quoique les expé- riences du docteur Martine donnent à peu près Ja rai- son du dituiiètre pour le refroidissement de l'eau , on TAlîTIE EXPERIMENTALE. 2 1 ;> ne doit en rien conclure pour le refroidissement des corps solides. Maintenant, si Ion vouloit chercher avec INewton combien il faudroit de temps à un globe gros comme la terre pour se refroidir, on trouveroit, d'après les ex- périences précédentes, qu'au lieu de cinquante mille ans qu'il assigne pour le temps du refroidissement de la terre jusqu'à la température actuelle , il faudroit déjà quarante- deux mille neuf cent soixante-quatre ans et deux cent vingt-un jours pour la refroidir seulement jusqu'au point où elle cesseroit de brûler, et quatre- vin"t-seize mille six cent soixante-dix ans et cent trente- deux jours pour la refroidir à la température actuelle. Car la suite des diamètres des globes étant i , 2, vl, 4, 5 N demi-pouces, celle des temps du refroi- dissement, jusqu'à pouvoir toucher les globes sans se brûler, sera 12, 56, 60, 84, 108 2^ N — 12 min. et le diamètre de la terre étant de 2865 lieues, de 25 au degré, ou de 6507900 toises de 6 pieds. En faisant la lieue de 22S2 toises, ou de 0922-580 pieds, ou de 9414^1920 demi-pouces, nous avons j N == g^iL^6ig20 demi-pouces; et 24 N — 12 = 22595086068 min., c'est-à-dire quarante-deux mille neuf cent soixante-quatre ans et deux cent vingt-un jours pour le temps nécessaire au refroidissement d'un globe gros comme la terre, seulement jusqu'au pohit de pouvoir le toucher sans se brûler. Et de même la suite des temps du refroidissement jusqu'à la température actuelle, sera 09', 90', 147? 201', 255' 54 iV — i5'. Et comme iVest toujours = 9414^1920 demi-pou- ces, nous aurons 54 ^V — 15 = 50808940662 minu- 2l6 MINÉRAUX. INÏIIODUCTION. tes, c'est-à-dire quatre-vingt-seize mille six cent soixante-dix ans et cent trente-denx jours pour le temps nécessaire au refroidissement d'un globe gros comme la terre, au point de la température actuelle. Seulement on pourroit croire que celui du refroidis- sement de la terre devoit encore être considérablement augmenté, parce que l'on imagine que le refroidisse- ment ne s'opère que par le contact de l'air, et qu'il y a une grande difterence entre le temps du refroidisse- ment dans l'air et le temps du refroidissement dans le vide ; et comme l'on doit supposer que la terre et l'air se se roi en t en même temps refroidis dans le vide-, on dira qu'il faut faire état de ce surplus de temps : mais il est aisé de faire voir que cette diflerence est très peu considérable; car, quoique la densité du milieu dans lequel un corps se refroidit, fasse quelque chose sur la durée du refroidissement, cet effet est bien moindre qu'on ne pourroit l'imaginer, puisque dans le mercure, qui est onze mille fois plus dense que l'air, il ne faut , pour refroidir les corps qu'on y plonge, qu'environ neuf fois autant de temps qu'il en faut pour produire le même refroidissement dans l'air. La principale cause du refroidissement n'est donc pas le contact du milieu ambiant, mais la force ex- pansive qui anime les parties de la chaleur et du feu , qui les chasse hors des corps où elles résident, et les pousse directement du centre à la circonférence. En comparant, dans les expériences précédentes , les temps employés à chaufferies globes de fer avec les temps nécessaires pour les refroidir, on verra qu'il faut environ la sixième partie et demie du temps pour les chauffer à blanc de ce qu'il en faut pour les refroidir au PARTIE EX PÉRIMER TALE. :2 I J point de pouvoir les tenir à la main, et environ la (juin- zième partie et demie du temps qu'il faut pour les refroi- dir au point de la température actuelle^ ; en sorte qu'il y a encore une très grande correction à faire dans le texte de Newton , sur l'estime qu'il fait de la chaleur que le soleil a communiquée à la comète de 1680 : car cette comète n'ayant été exposée à la violente chaleur du soleil que pendant un petit temps, elle n'a pu la rece- voir qu'en proportion de ce temps, non pas en entier, comme Newton paroît le supposer dans le passage que je vais rapporter. c( Est calor solis ut radiorum densitas , hoc est reci- V procè ut quadratum distantiai locorum à sole; ideo- » que, cùm distantia cometae à centro solis decem- » ber 8,ubi inperihelio versabatur, esset ad distantiam « terras à centro solis ut 6 ad 1000 circiter, calor solis » apud cometam eo temporeerat ad calorem solis aes- » tivi apud nos ut 1000000 ad 5(3, seu 28000 ad 1. Sed » calor aquas ebuUientis est quasi triplo major quàm » calor quem terra arida concipit ad aestivum solem, » ut expertus sum, etc. Calor ferri candentis ( si rectè » conjector) quasi triplo vel quadruplé major quàm » calor aquae ebullientis ; ideoque calor quem terra )) arida apud cometam in perihelio versantem ex radiis » solaribus concipere posset^ quasi 2000 vicibus ma- 1. Le boulet de 1 pouce et celui d'un demi-pouce surtout ont été cîiauffés en bien moins de temps, et ne suivent point cette proportion de i5 Yj à 1, et c'est par la raison qu'étant très petits et placés thns un grand feu, la chaleur les pénétroit, pour ainsi dire, tout à coup; mais , à commencer par les boulets de i pouce ^/2 de diamètre , la pro- portion que j'établis ici se trouve assez exacte pour qu'on puisse y compter. 2lS MINÉRAUX. INTRODUCTION. )) jor quàm calor feni candentis. Tanto autem ca'ore )) vapores et exhalationes, omnisque materia volatilis, » stahm consumi ac dissipari debuissent. » Cometa igitur in perihelio siio calorem immen- » siim ad solem concepit, et calorem illum diiitissimè » coiîservarepotest. » Je remarquerai d'abord que iNewton fait ici la cha- leur du fer rougi beaucoup moindre qu'elle n'est en efiet, et qu'il le dit lui-même dans un mémoire c|ui a pour titre : Echelle de la clialeurj, et qu'il a publié dans les Transactions philosop/iu/ues de 1701, c'est-à-dire plusieurs années après la publication de son livre des Principes. On voit dans ce mémoire, qui est excellent , et qui renferme le germe de toutes les idées sur les- quelles on a depuis construit les thermomètres ; on y voit, dis-je, que INewton, après des expériences très exactes, fait la chaleur de l'eau bouillante trois fois plus grande que celle du soleil d'été; celle de l'étain fondant, six fois plus grande ; celle du plomb fondant, huit fois plus grande ; celle du régule fondant , douze fois plus grande; et celle d'un feu de cheminée ordi- naire 5 seize ou dix-sept fois plus grande que celle du soleil d'été : et de là on ne peut s'empêcher de con- clure que la chaleur du fer rougi à blanc ne soit en- core bien plus grande, puisqu'il faut un feu constam- ment animé par le soufflet pour chauffer le fer à ce point, INewton paroît lui-même le sentir, et donner à entendre que cette chaleur du 1er rougi paroît être sept ou huit fois plus grande que celle de l'eau bouillante. Ainsi il faut, suivant INewton lui-môme, changer trois mots au passage précédent, et lire : « Calor ferricanden- » tis est quasi triplo ('septuplo) vel quadruplé ('octuplo j •2\ 9 » major quaiii calor a(|uae ebuliientis; ideoqiie calor ') apud cometani iii perihelio versantem quasi 2000 » ( 1000 ) vicibus major quàm calor ferri candentis. » Cela diminue d«,'3 moitié la chaleur de cetle comèle, comparée à celle du fer rouii;i à blanc. Mais cette diminution, qui n'est que relative, n'est rien en elle-même, ni rien en comparaison de la di- minution réelle et très grande qui résulte de notre première considération; il faudroit, pour que la co- mète eût reçu cette chaleur mille fois plus grande que celle du fer rougi, qu'elle eût séjourné pendant un temps très long dans le voisinage du soleil, au lieu qu'elle n'a fait que passer très rapidement, surtout à la plus petite distance, sur laquelle seule néanmoins Newton établit son calcul de comparaison. Elle étoit, le 8 décembre 1 680 , à ^^ de la distance de la terre au centre du soleil; mais la veille ou le lendemain, c'est- tWire vingt-quatre heures avant et vingt-quatre heu- res après, elle étoit déjà à une distance six fois plus grande , et où la chaleur étoit par conséquent trente- six fois moindre. Si Ton vouloit donc connoître la quantité de cette chaleur communiquée à la comète par le soleil , voici comment on pôurroit faire cette estimation assez juste, et en faire en même temps la comparaison avec celle du feu ardent , au moyen de mes expériences. Nous supposerons comme un fait, que cette comète a employé six cent soixante-six heures à descendre du point où elle étoit encore éloignée du soleil d'une distance égale à celle de la terre à cet astre, auquel point la comète recevoit par conséquent une chaleur égale à celle que la terre reçoit du soleil , et que je 220 MINERAUX. INTRODUCTION. prends ici pour l'unilé : nous supposerons de même que la comète a employé six cent-soixante-six autres heures à remonter du point le plus bas de son périhé- lie à cette même distance; et, supposant aussi son mouvement uniforme, on verra que la comète étant au point le plus bas de son périhélie, c'est-à-dire à — f— de distance de la terre au soleil , la chaleur qu'elle 10 0 0 ^ X a reçue dans ce moment étoit vingt-sept mille sept cent soixante-seize fois plus grande que celle que re- çoit la terre : en donnant à ce moment une durée de 80 minutes, savoir, 4o miimtes en descendant, et 4o minutes en montant, on aura : A 6 de distance, 27776 de chaleur pendant 80 mi- nutes; A 7 de distance, 20408 de chaleur aussi pendant 80 minutes ; A8de distance, i5625de chaleur toujours pendant 80 minutes; et ainsi de suite jusqu'à la distance 1000, où la chaleur est 1. En sommant toutes les chaleurs à chaque distance, on trouvera 3654 10 pour le total de la chaleur que la comète a reçue du soleil tant en descendant qu'en remontant, qu'il faut midtiplier par le temps, c'est-à-dire par J d'heure; on aura donc 484547? qu'on divisera par 2000, qui représente la chaleur totale que la terre a reçue dans ce même temps de i552 heures, puisque la distance est toujours 1000, et la chaleur toujours = 1 : ainsi l'on aura 2^2 ■—— pour la chaleur que la comète a reçue de plus que la terre pendant tout le temps de son périhélie , au lieu de 28000, comme Newton le suppose , parce qu'il ne prend que le point extrême, et ne fait nulle attention à la très petite durée du temps. JU7 2 PAKTIE EXPERIMENTALE. 221 Et encore faudroit-il diminuer cette chaleur 24^ ^, parce que la comète parcouroit, par son accélé- ration, d'autant plus de chemin dans le même temps qu'elle étoit près du soleil. Mais, en négligeant cette diminution, et en admet- tant que la comète a en effet reçu une chaleur à peu près deux cent quarante-deux fois plus grande que celle de notre soleil d'été , et par conséquent 1 7 7 plus grande que celle du fer ardent, suivant l'estime de Newton, ou seulement dix fois plus grande, suivant la correction qu'il faut faire à cette estime, on doit supposer que, pour donner une chaleur dix fois plus grande que celle du fer rougi, il faudroit dix fois plus de temps, c'est-à-dire loo^o heures au lieu de i552. Par conséquent on peut comparer à la comète un glohe de fer qu'on auroit chauffé à un feu de forge pendant 1 5520 heures pour pouvoir le rougir à blanc. Or, on voit, par mes expériences, que la suite des temps nécessaires pour chauffer des globes dont les diamètres croissent, comme 1, 2, 5, 4? 5 *n demi- pouces, est, à très peu près, 12', 5' ^, 9', 12' J? 16'... -— minutes. On aura donc ^^^ = 799200 minutes. D'où l'on tirera n = 228542 demi-pouces. Ainsi, avec le feu de forge, on ne pourroit chauf- fer àblanc en 799200 minutes ou i552oheures qu'un globe dont le diamètre seroit de 228542 demi-pou- ces, et par conséquent il faudroit, pour que toute la masse de la comète soit chauffée au point du fer rougi à blanc pendant le peu de temps qu'elle a été exposée auxardeurs du soleil, qu'elle n'eut eu que 228v542 demi- pouces de diamètre , et supposer encore qu'elle eût été i2 2l>. MINERAUX. 1 j\ TU O D U CïlON. frappée de tous côtés et en même temps par la lumière du soleil : d'où il résulte que si on la suppose plus grande, il faut nécessairement supposer plus de temps dans la même raison de n à ^^; en sorte, par exem- ple, que si l'on veut supposer la comète égale à la terre, on aura n =9414^19^0 demi-pouces, et — — = 02951 16718 minutes, c'est-à-dire qu'au lieu de i5520 heures il en fandroit 54918612, ou, si l'on veut, au lieu d'un an 190 jours, il faudroit 6269 ans pour chauffer à blanc un globe gros comme la terre; et, par la même raison, il faudroit que la comète, au lieu de n'avoir séjourné que i552 heures ou 55 jours 12 heures dans tout son périhélie, y eût de- meuré pendant 092 ans. Ainsi les comètes, lorsqu'el- les approchent du soleil, ne reçoivent pas une cha- leur immense, ni très long-temps durable, comme le dit Newton, et comme on seroit porté à le croire à la première vue : leur séjour est si court dans le voi- sinage de cet astre , que leur masse n'a pas le temps de s'échaufler, et qu'il n'y a guère que la partie de la surface, exposée au soleil, qui soit brûlée par ces in- stants de chaleur extrême, laquelle, en calcinant et volatilisant la matière de cette surface , la chasse au dehors en vapeurs et en poussière du côté opposé au soleil; et ce qu'on appelle la queue d'une comète^ n'est autre chose que la lumière même du soleil rendue sensible , comme dans une chambre obscure , par ces atomes que la chaleur pausse d'autant plus loin qu'elle est plus violente. Mais une autre considération bien différente de celle- ci et encore plus importante, c'est que, pour appli- quer le résultat de nos expériences et de notre calcul PARTIE EXPERIME.NTALE. tl'JJ à la comète et à la terre, il faut les supposer composées de matières qui clemanderoient autant de temps que le fer pour se refroidir; tandis que, dans le réel, les matières principales dont le globe terrestre est com- posé, telles que les glaises, les grès, les pierres, etc., doivent se refroidir en bien moins de temps que le fer. Pour me satisfaire sur cet objet, j'ai fait faire des globes de glaise et de grès ; et les ayant fait chauffer à la môme forge jusqu'à les faire rougir à blanc , j'ai trouvé que les boulets de glaise de deux pouces se sont refroidis au point de pouvoir les tenir dans la main en trente-huit minutes, ceux de deux pouces et demi en quarante-huit minutes, et ceux de trois pouces en soixante minutes; ce qui étant comparé avec le temps du refroidissement des boulets de fer de ces mômes diamètres de deux pouces et demi, et trois pouces, donne les rapports de 58 à 80 pour deux pouces, 4^ à 10!^ pour deux pouces et demi, et 60 à 127 pour trois pouces, ce qui fait un peu moins de 1 à 2 ; en sorte que , pour le refroidissement de la glaise , il ne faut pas la moitié du temps qu'il faut pour celui du fer. J'ai trouvé de même que les globes de grès de deux pouces se sont refroidis au point de les tenir dans la main en quarante-cinq minutes, ceux de deux pouces et demi en cinquante-huit minutes, et ceux de trois pouces en soixante-quinze minutes; ce qui étant com- paré avec le temps du refroidissement des boulets de fer de ces mêmes diamètres, donne les rapports de 46 à 80 pour deux pouces, de 58 à 102 pour deux pouces et demi, et de 75 à 127 pour trois pouces, ce qui fait à très peu près la raison de 9 à 5 ; en sorte que, pour le refroidissement du grès, il faut plus '2 2^ MINKPvAUX. INTIIODUCTION. (le la moitié du temps qu'il faut pour celui du fer. J'observerai, au sujet de ces expériences, que les globes de glaise chauflés à feu blanc ont perdu de leur pesanteur encore plus que les boulets de fer, et jus- qu'à la neuvième ou dixième partie de leiu* poids, au lieu que le grès cliaulTé au môme feu ne perd pres- que rien du tout de son poids, quoique toute la sur- face se couvre d'émail et se réduise en verre. Comme ce petit fait m'a paru singulier, j'ai répété l'expérience plusieurs fois, en faisant même pousser le feu et le continuer plus long-temps que pour le fer; et quoi- qu'il lie fallût guère que le tiers du temps pour rou- gir le grès, de ce qu'il en falloit pour rougir le fer, je l'ai tenu à ce feu ie double et !e triple du temps pour voir s'il perdroit davantage, et je n'ai trouvé que de très légères diminutions; car le globe de deux pou- ces, chaufié pendant huit minutes, qui pesoit sept onces deux sfros trente grains avant d'être mis au feu, n'a perdu que quarante-un grains, ce qui ne fait pas la centième partie de son poids; celui de deux pouces el demi , qui pesoit quatorze onces deux gros huit grains, ayant chauffé pendant douze minutes, n'a perdu que la cent cinquante-quatrième partie de son poids; et celui de trois pouces, qui pesoit vingt-qua- tre onces cinq gros treize grains, ayant été chauffé pendant dix- huit minutes, c'est-à-dire à peu près autant que le fer, n'a perdu que soixante -dix-huit grains, ce qui ne fait que la cent quatre-vingt-unième partie de son poids. Ces pertes sont si petites qu'on pourroit les regarder comme nulles, et assurer en gé- néral que le grès pur ne perd rien de sa pesanteur au feu ; car il m'a paru que ces petites diminutions que PARTIE EXPERIMENTALE. 29.^ je viens de rapporter ont été occasionées par les par- ties ferrugineuses qui se sont trouvées dans ces grès, et qui ont été en parties détruites par le feu. Une chose plus générale et qui mérite bien d'être remarquée . c'est que les durées de la chaleur dans différentes matières exposées au même feu pendant un temps égal sont toujours dans la môme propor- tion, soit que le degré de chaleur soit plus grand ou plus petit; en sorte, par exemple, que si on chaufîe le fer, le grès, et la glaise à un feu violent, et tel qu'il faille quatre-vingts minutes pour refroidir le fer au point de pouvoir le toucher, quarante-six minutes pour refroidir le grès au même point, et trente-huit pour refroidir la glaise, et qu'à une chaleur moindre il ne faille, par exemple, que dix-huit minutes pour refroidir le fer à ce même point de pouvoir le toucher avec la main, il ne faudra proportionnellement qu'un peu plus de dix minutes pour refroidir le grès, et en- viron huit minutes et demie pour refroidir la glaise à ce même point. J'ai fait de semblables expériences sur des globes de marbre , de pierre, de plomb, et d'étain, à une cha- leur telle seulement que l'étain commençoit à fondre, et j'ai trouvé que le fer se refroidissoit en dix-huit mi- nutes au point de pouvoir le tenir à la main; le mar- bre se refroidit au même point en douze minutes, la pierre en onze, le plomb en neuf, et l'étain en liuil minutes. Ce n'est donc pas proportionnellement à leur den- sité, comme on le croit vulgairement, que les corps reçoivent et perdent plus ou moins vite la chaleur, mais dans un rapport bien différent et qui est en rai- 29.6 MINÉRAUX. INTRODUCTION. son inverse de leur solidité, c'est-à-dire de leur pins ou moins grande non - fluidité ; en sorte qu'avec la même chaleur il faut moins de temps pour échauffer ou refroidir le fluide le plus dense qu'il n'en faut pour échauffer ou refroidir au même degré le solide le moins flense. Je donnerai, dans les mémoires suivants, le développement entier de ce principe, duquel dépend toute la théorie du progrès de la chaleur; mais pour que mon assertion ne paroisse pas vaine, voici en peu de mots le fondement de cette théorie. J'ai trouvé , par la vue de l'esprit , que les corps qui s'échaufleroient en raison de leurs diamètres ne pourroient être que ceux qui seroient parfaitenient perméables à ia chaleur, et que ce seroient en même temps ceux qui s'échaufferoient ou se refroidiroient en moins de temps. Dès lors j'ai pensé que les fluides dont toutes les parties ne se tiennent que par un foi- ble lien approchoient plus de cette perméabilité par- faite que les solides dont les parties ont beaucoup plus de cohésion que celles des fluides. En conséquence, j'ai fait des expériences par les- quelles j'ai trouvé qu'avec la même chaleur tous les fluides, quelque denses qu'ils soient, s'échauffent et se refroidissent plus promptement qu'aucun solide, quelque léger qu'il soit; en sorte, par exemple, que le niercure, comparé avec le bois, s'échauffe beau- coup plus promptement que le bois, quoiqu'il soit quinze ou seize fois plus dense. Cela m'a fait reconnoître que le progrès de la cha- leur dans les corps ne devoit en aucun cas se faire re- lativement à leur densité; et en effet, j'ai trouvé par l'expérience que, tant dans les solides que dans les TAUTIE EXPiniIMEXTALE. S^iJ llnides, ce progros se fait plutôt en raison de leur flui- dité, ou, si l'on veut, en raison inverse de leur solidité. Comme ce mot solidité a plusieurs acceptions, il faut voir nettement le sens dans lequel je l'emploie ici. Solide et solidité se disent en géométrie relative- ment à la grandeur, et se prennent pour le volume du corps; solidité se dit souvent en physique relative- ment à la densité, c'est-à-dire à la masse contenue sous un volume donné; solidité se dit quelquefois en- core relativement à la dureté, c'est-à-dire à la résis- tance que font les corps lorsque nous voulons les enta- mer : or, ce n'est dans aucun de ces sens que j'emploie ici ce mot, mais dans une acception qui devroit être la première, parce qu'elle est la plus propre. J'entends uniquement par solidité la qualité opposée à la fluidité , et je dis que c'est en raison inverse de cette qualité que se fait le progrès de la chaleur dans la plupart des corps, et qu'ils s'échauffent ou se refroidissent tl'au- tant plus vite qu'ils sont plus fluides, et d'autant plus lentement qu'ils sont plus solides, toutes les circon- stances étant égales d'ailleurs. Et, pour prouver que la solidité , prise dans ce sens, est tout-à-fait indépendante de la densité , j'ai trouvé , par expérience , que des matières plus denses ou moins denses s'échauffent et se refroidissent plus prompte- ment que d'autres matières plus ou moins denses; que, par exemple, l'or et le plomb, qui sont beau- coup plus denses que le fer et le cuivre, néanmoins s'échauflent et se refroidissent beaucoup plus vite, et que l'étain et le marbre, qui sont au contraire moins denses, s'échauffent et se refroidissent aussi beaucoup plus vite que le foret le cuivre, et qu'il en est de même 9.2S MINÉRAUX. INTRODUCTION. de plusieurs autres matières qui, quoique plus oit moins denses, s'échauffent et se refroidissent plus promptement que d'autres qui sont beaucoup moins denses ou plus denses; en sorte que la densité n'est nullement relative à l'échelle du progrès de la chaleur dans les corps solides. Et, pour le prouver de même dans les fluides, j'ai vu que le mercure, qui est treize ou quatorze fois plus dense que l'eau, néanmoins s'échauffe et se re- froidit en moins de temps que l'eau; et que l'esprit- de-vin , qui est moins dense que l'eau, s'échauffe et se refroidit aussi plus vite que l'eau; en sorte que gé- néralement le progrès de la chaleur dans les corps, tant pour l'entrée que pour la sortie, n'a aucun rap- port à leur densité, et se fait principalement en raison de leur fluidité, en étendant la fluidité jusqu'au so- lide, c'est-à-dire en regardant la solidité comme une non-fluidité plus ou moins grande. De là, j'ai cru de- voir conclure que l'on connoîtroit en effet le degré réel de fluidité dans les corps, en les faisant chauffer à la même chaleur; car leur fluidité sera dans la même raison que celle du temps pendant lequel ils rece- vront et perdront cette chaleur : et il en sera de même des corps solides ; ils seront d'autant plus solides , c'est-à-dire d'autant plus non- fluides^ qu'il leur fau- dra plus de temps pour recevoir cette même chaleur et la perdre; et cela presque généralement, à ce que je présume ; car j'ai déjà tenté ces expériences sur un grand nombre de matières différentes, et j'en ai fait une tabje que j'ai tâché de rendre aussi complète et aussi exacte qu'il m'a été possible, et qu'on trouvera dans le mémoire suivant. PARTIE EXPERIMENTALE. ^2^ SECOND MÉMOIRE. Suite des expériences sur le progrès de la chaleur dans les différentes substances minérales. J'ai fait faire un grand nombre de globes, tous d'un pouce de diamètre, le plus précisément qu'il a été possible, des matières suivantes, qui peuvent repré- senter à peu près lé règne minéral. onces. gro?. grains. Or le plus pur, affiné par les soins de M. Tillet, de l'Académie des Sciences, qui a lait travailler ce globe à ma prière, pèse 6 2 17 Plomb, pèse 3 6 28 Argent le plus pur, travaillé de même , pèse. ... 3 3 22 Bismuth, pèse 3 3 Cuivre rouge , pèse 2 7 56 Fer, pèse 2 5 10 Étaiu, pèse 2 3 4^ Antimoine fondu , et qui avoit de petites cavités à sa surface, pèse 2 1 34 Zinc, pèse 2 1 2 Émeril, pèse 1 2 24 y^ Marbre blanc , pèse 1 25 j&rèspur, pèse 7 24 Marbre commun de Montbard, pèse 7 20 Pierre calcaire dure et grise de Montbard, pèse. . 7 20 Gypse blanc, improprement appelé albâtre , pèse. 6 36 Pierre calcaire blanche , statuaire , de la carrière d'Anières près de Dijon, pèse G 56 Cristal de roche : il étoit un peu trop petit, et il y avoit plusieurs défauts et quelques petites fêlures à sa surface; je présume que, sans cela , il auroit pesé plus d'un gros de plus : il pèse 6 25» 15UFFO?f. IH. if) 2,)0 înNE RAUX. INTaODUC TION. oiMT'. pli.?, {jrains. Voiro commun , pèse G ix Terre glaise pure non cuite, mais très sèche, pèse. G iG Ocre, pèse 5 9 Porcelaine de M. le comte de Lauraguais, pèse . . 5 2 Vj Craie blanche, pèse 4 4^ Pierre ponce avec plusieurs petites cavités à sa sur- face , pèse i G9 Bois de cerisier, qui, quoique plus léger que le chêne et la plupart des autres bois, est celui de tous qui s'altère le moins au feu, pèse 1 55 Je dois avertir qu'il ne faut pas compter assez sur les poids rapportés dans cette table, pour en conclure la pesanteur spécifique exacte de chaque matière ; car, quelque précaution que j'aie prise pour rendre les globes égaux, comme il a fallu employer des ou- vriers de différents métiers , les uns me les ont ren- du» trop gros, et les autres trop petits. On a diminué ceux qui avoient plus d'un pouce de diamètre; mais quelques uns qui étoient un tant soit peu trop petits , comme ceux de cristal de roche, de verre, et de por- celaine, sont demeurés tels qu'ils étoient : j'ai seule- ment rejeté ceux d'agate, de jaspe, de porphyre, et de jade, qui étoient sensiblement trop petits. Néanmoins ce degré de précision de grosseur, très difficile à saisir, n'étoit pas absolument nécessaire ; car il ne pouvoit changer que très peu le résultat de mes expériences. Avant d'avoir commandé tous ces globes d'un pouce de diamètre, j'avois exposé à un même degré de feu une masse carrée de fer et une autre de plomb de deux pouces dans toutes leurs dimensions, et j'avois trouvé, par des essais réitérés, que le plomb s'échauf- foit plus vite et se refroidissoit en beaucoup moins de temps que le fer : je fis la même épreuve sur le PARTIE EXTEIU-MEMALE. 201 cuivre rouge ; il faut aussi plus de temps pour l'échauf- fer et pour le refroidir qu'il n'en faut pour le plomb , et moins que pour le fer : en sorte que , de ces trois matières , le fer me parut celle qui est la moins acces- sible à la chaleur , et en même temps celle qui la re- tient le plus long-temps. Ceci me fit connoître que la loi du progrès de la chaleur, c'est-à-dire de son entrée et de sa sortie dans les corps, n'étoit point du tout proportionnelle à leur densité , puisque le plomb , qui est plus dense que le fer et le cuivre, s'échauffe néan- moins et se refroidit en moins de temps que ces deux autres métaux. Comme cet objet oie parut important, je fis faire mes petits globes sur un grand nombre de différentes matières pour m'assurer plus exactement du progrès de la chaleur dans chacune. J'ai toujours placé les globes à un pouce de distance les uns des autres devant le même feu, ou dans le même four, deux ou trois, ou quatre ou cinq, etc., ensemble pendant le même temps, avec un globe d'étain au milieu des autres. Dans la plupart des expériences, je les laissois exposés à la même action du feu, jusqu'à ce que le globe d'étain commençoit à fondre, et, dans ce moment, on les enlevoit tous ensemble, et on les posoit sur une table dans de petites cases préparées pour les recevoir; je les y laissois refroidir sans les bouger, en essayant assez souvent de les toucher, au moment qu'ils commençoient à ne plus brûler les doigts, et que je pouvois les tenir dans ma main pen- dant une demi-seconde ; je marquois le nombre des minutes qui s'étoient écoulées depuis qu'ils étoient retirés du feu : ensuite je les laissois tous refroidir an point de la température actuelle, dont je iHchois de '2Cf2 M1^^ERALX. INTRODUCTION. juger par le moyen d'autres petits globes de même matière qui ii'avoient pas été chauffés, et que je tou- chois en même temps que ceux qui se refroidissoient. De toutes les matières que j'ai mises à l'épreuve , il n'y a que le soufre qui fond à un moindre degré de chaleur que l'étain; et, malgré la mauvaise odeur de sa vapeur, je l'aurois pris pour terme de comparaison : mais comme c'est une matière friable , et qui se dimi- nue par le frottement, j'ai préféré l'étain, quoiqu'il exige près du double de chaleur pour se fondre, de celle qu'il faut pour fondre le soufre. I. Par une première expérience , le boulet de plomb et le boulet de cuivre chauffés pendant le même temps se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis d les tenir datis ta main pendant une demi-seconde. minutes. Plomb, en. ....... . 8 Cuivre, en 12 Refroidis à la température actuelle. En. En. minutes- 23 35 II. Ayant fait chauffer ensemble, au même feu, des boulets de fer, de cuivre, de plomb, d'étain, de grès, et de marbre de Montbard, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. Étain, en 6^/2 Plomb , en 8 Grès, en 9 Marbre commun, en. ... 10 Cuivre , en 11 Fer, en i5 En. . Refroidis à la température. minutes. . 16 En. . 1 T En. . En. . • *y En. . . .3o En. . . 58 PARTIE EXPÉRIMENTALE. 353 III. Par une seconde expérience à un feu plus ar- dent et au point d'avoir fondu le boulet d'étain, les cinq autres boulets se sont refroidis dans les propor- tions suivantes : Refroidis d les tenir pendant une demi-seconde. miuutes. Plomb, en 10^/2 Grès, en 12 Yg Marbre commun, en. . . . iSYg Cuivre, en 19V2 Fer, en 23^/2 En. . Refroidis à la température. raiautei. . A2 En. . . A6 En. . . 5o En. . . 5i En. . . 54 IV. Par une troisième expérience, à un degré de feu moindre que le précédent, les mêmes boulets, avec un nouveau boulet d etain, se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidie d les tenir peridant une demi-seconde. minutes. Étain , en 7^/2 Plomb, en 9^/2 Grès, en 10 V2 Marbre commun, en. . . . 12 Cuivre, en i4 Fer, en 17 Refroidis d la température. En. En. En. En. En. En. 25 35 37 39 44 5o De ces expériences, que j'ai faites avec autant de précision qu'il m'a été possible, on peut conclure, 1° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du cuivre au point de les te- nir, :: 53 V2 * 45? et au point de la température :: il\^2 : 125. 2" Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du marijrc commun :: 53 V9 204 MINERAUX. INTRODUCTION. ! 55 V^* ^* ^u point de leur refroidissement entier :: 142 : j lo. 5" Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du grès au point de pouvoir les tenir, :: 55 * ^ • ^- ? ^* •• ^^- ' 102 ^ ., pour leur entier refroidissement. 4" Que le temps du refroidissement du fer est à celui du refroidissement du plomb au point de les tenir, :: 55 ^ o I 27, et :: 142 '. 94 ^ o po"i' leur entier refroidissement. V. Comme il ny avoit que deux expériences pour la comparaison du fer à l'étain , j'ai voulu en faire une troisième, dans laquelle 1 etain s*est refroidi à le tenir dans la main en S minutes; et en entier, c'est-à-dire à la température . en 52 minutes ; et le fer s'est re- froidi à le tenir sur la main en 18 minutes, et.refroidi en entier en 48 minutes; au moyen de quoi la pro- portion trouvée par trois expériences est , 1** Pour le premier refroidissement du fer comparé à celui de l'étain :: 48 I 22 , et :: i56 I 75 pour leur entier refroidissement. 2° Que les temps du refroidissement du cuivre sont à ceux du refroidissement du marbre commun :: 45 I 55 *^ o pour le premier refroidissement, et :: 1^5 '. 110 pour le refroidissement à la température. 5" Que les temps du refroidi-^sement du cuivre sont à ceux du refroidissement du grès :: 45 * 55 pour le premier refroidissement, et ;; i25 l 102 pour le refroidissement à la température actuelle. 4* Que les temps du refroidissement du cuivre 8oni r{ reiix du K^lVojfli'i-proHnt du ploml» *! j.i '. 9. ~ pour PAKTIE EXPERIMENTALE. 235 le premier refroidissement, et :: isS '. 94 Vj pour le refroidissement entier. VI. Comme il n'y avoit, pour la comparaison du cuivre et de 1 etain , que deux expériences, j'en ai fait une troisième, dans laquelle le cuivre s'est refroidi à le tenir dans la main en 18 minutes, et en entier en 49 minutes; et l'étain s'est refroidi au premier point en 8 V* minutes, et au dernier en 5o minutes; d'où l'on peut conclure : 1^ Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de pou- voir les tenir, ;: ^3 Vt • 22 ^ 9. et i: isô : 71 pour leur entiei refroidissement. 2" On peut de même conclure des expériences pré- cédentes, que le temps du refroidissement du marbre commun est à celui du refroidissement du srès . au point de pouvoir les tenir, *.: 56 ^ ., : 02, et ;: 1 10 l 102 pour leur entier refroidissement. 5** Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement du plomb , au point de pouvoir les tenir, ; : 56 Vo • 28 , et : : 110 : g4 V2 pour le refroidissement entier. VIL Comme il n'v avoit. pour la comparaison du marbre commun et de Tétain , que deux expériences , j'en ai fait une troisième, dans laquelle l'étain s'est re- froidi, à le tenir dans la main, en 9 minutes, et le marbre en 1 1 minutes ; et l'étain s'est refroidi en en- tier en 22 V-, minutes, et le marbre en 55 minutes. Ainsi les temps du refroidissement du marbre sont à ceux du refroklissou.enl dclclciiLi. ;: 55 I 2'»* ^pcur 236 MINÉUAUX- lA TIIODUCTIOA. le premier refroidissement , et : : 90 ; 64 pour le se- cond refroidissement. YIII. Comme il n'y avoit que deux expériences pour la comparaison du grès et du plomb avec Tëtain, j'en ai fait une troisième en faisant chauffer ensemble ces trois boulets de grès, de plomb, et d etain, qui se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain, en 7^/2 Plomb, en 8V2 Grès, en 10 V2 Refroidis à la température. En. En. En. minutes. 25 27 28 Ainsi on peut en conclure : 1" Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement del'ètain, au point de pou- voir les tenir, :: sS V2 • ^i Vgj^t :: 70 V2 • 64 pour le refroidissement entier. 2° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement de l'étain au point de pouvoir les tenir, :: 5o : 21 V2> ^t :: 84 ' 64 pour leur entier refroidissement. 5** De même on peut conclure , par les quatre ex- périences précédentes, que le temps du refroidisse- ment du grès est à celui du refroidissement du plomb, au point de pouvoir les tenir, :: [^2 V2 • ^^ V9 ? et ;: i5o : 121 V2 pour leur entier refroidissement. IX. Dans un four chauffé au point de fondre l'étain, quoique toute la braise et les cendres en eussent été retirées, j'ai fail placer sur un support de fer-blanc PARTIE EXPÉRIMENTALE. 237 traversé de fil-de-fer, cinq boulets éloignes les uns des autres d'environ neuf lignes, après quoi on a fermé le four; et, les ayant retirés au bout de i5 minutes, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain fondu par sa partie (l'en bas, en 8 Argent, en i4 Or, en i5 Cuivre, en 16V2 Fer, en 18 En. En. En. En. En. Refroidis à la température. 24 40 46 5o 56 X. Dans le même four, mais à un moindre degré de chaleur, les mêmes boulets avec un autre boulet d'étain se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain, en 7 Argent, eu 11 Or, en 12 Yg Cuivre, en \l\ Fer, en 16 V2 En. En. En. En. En. Refroidis à la température. mmntes. 20 3i 40 43 47 XL Dans le même four, et à un degré de chaleur encore moindre , les mêmes boulets se sont refroidis dans les proportions suivantes : Refroidis à La température. Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain, en 6 Argent, en 9 Or, en q% Cuivre, en 10 Fer. cii 11 En. En. En. En. En. minutes. 17 26 28 3i 35 238 MINÉRAUX. INTRODUCTION. On doit conclure de ces expériences : 1° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du cuivre, au point de les te- nir, :: 11 + i6 V2+ 18 : 10 + 14 + 16%, ou :: 4^ V> • 4^ V2 par l^s trois expériences présentes; et comme ce rapport a été trouvé par les expériences précédentes (article IV) :: 55 V2 • 4^ > on aura, en ajoutant ces temps, 99 à 85 V2 pour le rapport en- core plus précis du premier refroidissement du fer et du cuivre; et pour le second, c'est-à-dire pour le re- froidissement entier, le rapport donné par les présen- tes expériences étant :: 55 -f- 47 H" 56 l 5i -j" 4^ -]- 5o, ou :: i58 : i24jet :: 142 : 125 par les ex- périences précédentes (art. lY), on aura, en ajoutant ces temps, 280 à 249 pour le rapport encore plus pré- cis du refroidissement entier du fer et du cuivre. 2** Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'or, au point de pouvoir les tenir, *.: 4^ V2 • 57, et au point de la température :: i58 : 114. 5** Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'argent, au point de pouvoir les tenir, :: 4^ V2 • ^4? et au point de la tempéra- ture :: 1 58 : 97. 4° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'étain, au point de pouvoir les tenir, :: 4^ V2 • ^ ^ P'^^i' ^^^ présentes expériences, et :: 24 • 11 parles expériences précédentes (art. Y). Ainsi l'on aura, en ajoutant ces temps, 69 V2 à 52 pour le rapport encore plus précis de leur refroidisse- ment; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: i58 : 61. et par les PARTIE EXPÉRIMENTALE. 259 expériences précédentes (article V) :: 1 56 : 75, on aura, en ajoutant ces temps, 274 à i54 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et de l'étain. 5° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui de l'or, au point de pouvoir les tenir, :: 4o V2 : 57, et :: 124 * 114 pour leur entier refroidisse- ment. 6** Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'argent, au point de pouvoir les tenir, :: 4^ V2 • ^4? ^^ •• ^^4 • 97 po^^' leur entier refroidissement. 7"* Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de pou- voir les tenir, y, 4o V') • ^1 P^'' ^^s présentes expé- riences, et :: i^3 V«> • 22 V2 P^i' l^s expériences pré- cédentes (article YI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 84 à 43 V2 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 124 * 61, et :: 120 ; 71 par les expériences pré- cédentes ( article YI) , on aura, en ajoutant ces temps, 24; à 102 pour le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement du cuivre et de l'étain. 8° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de l'argent, au point de pou- voir les tenir, y, ô'j ', 3^, e[ y, i i4 • 97 pour leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de l'étain , au point do pouvoir les tenir, :: 57 * 91 , et ;: 1 i4 * 61 pour leur entier •'ofroi di sse m en t . ^40 MINÉRAUX. INTnODUCTION. 10° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de 1 etain, au point de pou- voir les tenir, :: 54 • ^i ? et :: 97 : 6i pour leur en- tier refroidissement. XII. Ayant mis dans le même four cinq boulets, placés de même, et sépares les uns des autres, leur refroidissement s'est fait dans les proportions suivan- tes : Refroidis d les tenir pendant une demi-seconde. niinules. Antimoine , en 6^/^ Bismuth, en 7 Plomb, en 8 Zinc, en 10 V2 Émeril, en. . li V2 Refroidis à la température. minulea En.. . 25 En. . 26 En. . . 27 En. . • . 5o En. . . 08 XIII. Ayant répété cette expérience avec un degré de chaleur plus fort, et auquel l'étain et le bismuth se sont fondus, les autres boulets se sont refroidis dans la progression suivante : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Antimoine , en 7 Yg Plomb, en q^/^ Zinc , en i4 Émeril, en 16 En. it,n. En. En. Refroidis à la température. minule 28 ^^9 44 5o XIV. On a placé dans le même four et de la même manière un autre boulet de bismuth, avec six autres boulets, qui se sont refroidis dans la progression sui- vante : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Antimoine, en G Bismuth, en 6 Plomb , en 7^/2 Argent , en 9^/2 Zinc , en 1 o V2 Or, en n Émeril, en i^^A PARTIE EXPERIMENTALE. Refroidis d ta température. En. En. En. En. En. En. En. 2L\ l minutes. 25 28 5o 32 02 39 XV. Ayant répété cette expérience avec les sept mêmes boulets, ils se sont refroidis dans l'ordre sui- vant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Antimoine, en 6^/^ Bismuth, en 7^/2 Plomb , en 7 y2 Argent, en 1 1 V2 Zinc, en i5 V2 Or, en i4 Émeril, en i5 En. En. En. En. En. En. En. Refroidis à la température. iinutes. 25 5i 29 32 38 4i 44 Toutes ces expériences ont été faites avec soin, et en présence de deux ou trois personnes, qui ont jugé comme moi par le tact, et en serrant dans la main pendant une demi-seconde les différents boulets. Ainsi l'on doit en conclure : 1° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'or, au point de pou- voir les tenir, y. 28^/2 '<> 2^, et y, Sô l 73 pour leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du zinc, au point de pou- 2i^9. MIÎNERAUX. INTRODUCTION. voir les toucher, :: 06 '. l^S^/^, et :: 171 : 1 44 pour leur enlier refroidissement. O** Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'argent, au point de pouvoir les tenir, :: 28 V2 • 21, et :: 85 : 62 pour leur entier refroidissement. 4" Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du plomb, au point de les tenir, :: 56 *. 02^/^, et :: 171 : 120 pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroiclissement de l'émeril est à celui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, :: 4^ ' 20 Va? et y, 121 ', 80 pour leur en- tier refroidissement. 6° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, :: 56 I 26 V2? ^^ à la tempéra- ture :: 171 : 99. 7** Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du zinc, au point de les te- nir, :: 25 I 24? et :: 70 I 70 pour leur entier refroi- dissement. 8*^ Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement de l'argent, au point de pouvoir les tenir, :: 25 I 21 par les présentes expé- riences, et :: 07 I 54 pt'îi^ les expériences précéden- tes ( art. XI ). Ainsi l'on aura, en ajoutant ces temps, 62 à 55 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 75 I 62, et :: ii4 ^97 p^ii' les expériences précédentes (arti- cle XI), on aura, en ajoutant ces temps, 187 à 1 5o PARTIE EXPERIMEISTALE. 2_|5 pour le rapport plus précis de leur entier refroidisse- ment. 9° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du plomb, au point de pou- voir les tenir, :: ^5 l i5, et :: ^5 I 57 pour leur entier refroidissement. 10° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du bismutb , au point de pouvoir les tenir, :: 25 t i5V2?^t :: ^5 *. 56 pour leur entier refroidissement. 11° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: 2^ : 12 ^2? ^t :: 73 : 4^ pour leur en- tier refroidissement. 12'' Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'argent, au point de pou- voir les tenir, : : 24 ' 2 1 , et : : 70 ! 62 pour leur entier refroidissement. 15** Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du plomb, au point de pou- voir les tenir, :: 4^ V2 • 02 V2?^'^ •• i44 • i^opour leur entier refroidissement. 14" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du bismutb , au point de pouvoir les tenir, :: 54 V2 • 20 '^Z^, et y, 100 : 80 pour leur entier refroidissement. j 5** Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :; 4^ V2 «26 V2? ^^ ^ ï'^ température :: i44 • 99- 16° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du bismutb, au point de 5^44 MINERA LX. INTRODUCTION. pouvoir les tenir, :: 21 : iSVs? ^t ••62' 56 pour leur entier refroidissement. 17" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: 21 '. 12 ^Z^, et :: 62 : 46 pour leur en- tier refroidissement. 18*" Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, :: ^5 : 20 V2? et :: 84 * 80 pour leur en- tier refroidissement. 19" Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les toucher, :: 02 V2 • ^^ V2? ^t ^^ ^^ température :: 125 : 99. 20'' Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, :: 20 V2 * iQ? ^t :: 80 : 71 pour leur entier refroidissement. Je dois observer qu'en général , dans toutes ces ex- périences , les premiers rapports sont bien plus justes que les derniers, parce qu'il est difficile de juger du refroidissement jusqu'à la température actuelle, et que cette température étant variable, les résultats doivent varier aussi; au lieu que le point du premier refroidissement peut être saisi assez juste par la sen- sation que produit sur la même main la chaleur du boulet, lorsqu'on peut le tenir ou le toucher pendant une demi-seconde. XVI. Comme il n'y avoit que deux expériences pour la comparaison de l'or avec l'émeril, le zinc, le plomb, le bismuth, et l'antimoine; que le bismuth PARTIE EXPÉRIMENTALE. 2i\^ s'étoît fondu en entier, et que le plomb et l'antimoine etoient fort endommagés, je me i^is servi d'autres boulets de bismuth, d'antimoine, et de plomb, et j'ai fait une troisième expérience en mettant ensemble dans le même four bien chauffé ces deux boulets : ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis d de les mi- en. tenir pendan seconde. t une minutes. 7 8 9 12 i3 En. . En. . Refroidis à La température. mi nu les. . 27 Bismuth , en Plomb, en. En. . En. . En. . En. . . 29 . 35 . 48 Émeril , eu. D'où l'on doit conclure, ainsi que des expériences XIY et XV, 1° que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'or, au point de pouvoir les tenir, ;: 44 • 58, et au point de la température : : 1 5 1 ' 1 1 5. 2" Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du zinc, au point de pou- voir les tenir, : : 1 5 % • * ^- Mais le rapport trouvé par les expériences précédentes ( art. XV ) étant : : 56 : 48 V2? 011 aura, en ajoutant ces temps, 71 V9 à 60 V2 pour leur premier refroidissement ; et pour le second, le râJ)port trouvé par l'expérience présente, étant .*: 48 l 37, et par les expériences précédentes ( art. XV ) , ',', 171 : 1 44 j ainsi , en ajoutant ces t#mps, on aura 209 à 181 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'émeril et du zinc. 3*' Que le temps du refroidissement de l'émeril est B^FFo^, ni» 16 uf^Q MlNÉRAljX. IINTRODUCTIUN. à celui du refroidissement du plomb , au point, de pou- voir les tenir, :: i.5 V2 • 9- Mais le rapport trouvé par les expériences précédentes ( art. XY) étant :: 56 '. 32 V2? ^ii^si on aura, en ajoutant ces temps, 71 V2 *^ 4i V2 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience précédente étant :: 48 «SS, et par les expériences précédentes (art. XY) :: \i\\ \2ô, on aura, en ajoutant ces temps, 209 à i56 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'émeril et du plomb. 4° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du bismuth , au point de . pouvoir les tenir, :: i5 V2 • 8, et par les expériences précédentes (art. XY) *.: 4^ ^ 20 V2- Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 55 V2 ^ 28 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 48 I 29, et :: 121 : 80 par les expériences précédentes (art. XY) , on aura , en ajoutant ces temps, 169 à 109 pour le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement de l'émeril et du bismuth. 5° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, i: 1 5 ^2 • 7* Mais le rapport trouvé par les expériences précédentes (art. XY) étant :: 56 I 26 V2J on aura, en ajoutant ceif temps, 71V9 à 55 V2 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par l'expérience présente étant : : 48 • 27, et : : 1 7 1 : 99 par les expériences précédentes ( arti- cle XY), on aura, en ajoutant ces temps, 219 à 126 PARTIE EXPÉRIMENTALE. 247- pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de rémeril et de l'antimoine. 6** Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du zinc, au point de pou- voir les tenir, :: 58 " 36, et :: i i5 I 107 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du plomb, au point de les toucher, :: 58 : ^4? et à la température :: 1 15 I90. 8° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du bismuth, au point de pouvoir les tenir, :: 58 ! 2 i ^2? et à la température :: ii5:85. 9° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les toucher, :: 38 : 19 ^/g, et à la température :: 1 1 5 : 69. 10° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du plomb, au point de pou- voir les tenir, :: 12 I 9. Mais le rapport trouvé par les expériences précédentes (art. XV) étant :: 48 V2 : 32V25 on aura, en ajoutant ces temps, 6oV9à4iV9î pour le rapport plus précis de leur premier refroidis- sement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant y, ô'j ', 55, et par les expé- riences précédentes (art. XY) 1: 144 * ^^^9 OJ^^ aura, en ajoutant ces temps, 181 à i56pour le rapport en- core plus précis de l'entier refroidissement du zinc et du plomb.* 1 1° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du bismuth, au point de les toucher^ ;: 12 I 8, par la présente expérience. Mais 2L^3 MINÉRAUX. INTRODUCTION. le rapport trouvé par les expériences précédentes (art. XY) étant :: 54 V2 • 20 V2 ; ^^i ajoutant ces temps, on aura, 4^V2 ^ 28 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le se- cond, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 57 *. 29, et par les expériences précédentes (arti- cle XY) :: 100 ' 80, on aura, en ajoutant ces temps, 157 à 109 pour le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement du zinc et du bismuth. 12" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'antimoine, pour pouvoir les tenir, ;: 12:7 par la présente expérience. ?.Iais comme le rapport trouvé par les expériences précé- dentes (art. XY) est :: 4SV2 • 26V2' ^^^ aura, en ajoutant ces temps, 60 V2 ^ 55 V2 pour le rapport en- core plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second , le rapport donné par l'expérience présente étant II 57 I 27, et :: i44 • 99 P^r l^s expériences précédentes (article XY ) , 011 aura,* en ajoutant ces temps, 181 à 126 pour le rapport plus précis de l'entier refroidissement du zinc et de l'an- timoine. 15" Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement du bismuth, au point de pouvoir les, tenir, ;: 9 I 8 par l'expérience présente, et :: 25 ; 20 V9 pai' les expériences précédentes (ar- ticle XY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 52 à 28 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 55 : 29, et :: 84 I 80 par les expériences précédentes (art. XY)^ on aura, en ajoutant ces temps, 117 à 109 pour le rap- pautiî: expérimentale. 249 port encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et du bismuth. i4° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir^ y. 9*7 par la présente expérience, et :: 52 V-, • 26 V2 P^ï" 'es expériences précédentes (ar- ticle XY). Ainsi on aura , en ajoutant ces temps, 4^ V2 à 55 V9 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et. pour le second , le rapport donné par l'expérience présente étant i: 55 ' 27, et ;: 1^5 : 99 par les expériences précédentes (art. XV) , on aura, en ajoutant ces temps, 1 56 à 126 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et de l'antimoine. lo" Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, 1:8*7 par l'expérience pré- sente , et ; : 20 V2 • 19 P^"^ ^es expériences précé- dentes (article XY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 28 V2 à 26 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par l'expérience présente étant II 29 t 27, et :: 80 I 71 par les expériences précédentes (arti- cle XY), on aura, en ajoutant ces temps, 109 à 98 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du bismuth- et de l'antimoine. XYII. Comme il n'y avoit de même que deux expé- riences pour la comparaison de l'argent avec l'éme- ril , le zinc, le plomb, le bismuth, et l'antimoine, j'en ai fait une troisième, en mettant dans le même four, qui s'étoit un peu refroidi, les six boulets en- 250 MINÉRAUX. INTRODUCTION. semble; et, après les en avoir tirés tous en même temps, comme on Ta toujours fait, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Antimoine, en 6 Bismuth, en 7 Plomb, en 8*/^ Argent , en 1 1 V2 Zinc, en 12 Yg Émeril, en i^Y^ Refroidis à la température. minute». En 29 En 5i En 34 En 36 En 39 En 47 On doit conclure de cette expérience et de celles des art. XIYetXV: 1° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du zinc, au point de les tenir, par l'expérience présente : : 1 5 V2 • ^ ^ V2 ? ^^ :: 71 V2 • ^<^V2 P^i' l^s expériences précédentes (ar- ticle XYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 87 à 73 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement ; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 47 • ^9? ^t P^^' ^^s expériences précédentes (art. XYI) ;: 209* 181, on aura, en ajoutant ces temps, 2S6 à 220 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de l'émeril et du ziac. ^ 2° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'argent, i: 44 • ^2 V2 au point de les tenir, et :: i5o I 98 pour leur entier refroidissement. 3" Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du plomb, au point de les PAUTiE KXPEIU-MEiSTALli. 2D I tenir, :: 1 5 V2 • ^ V^ P^^i" l'expérience présente, et :: 7! V2 • 4^ Vo P^ii' l^s expériences précédentes (ar- ticle XVÏ). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 87 à 49 Va pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant] \ 4? • "4? ^t •• ^^9 I i56 par les expériences précédentes (art. XYI), on aura, en ajoutant ces temps, 2S6 à 190 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de l'émeril et du plomb. 4° Que le temps du refroidissement de Témeril est à celui du refroidissement du bismuth , au point de pouvoir les tenir, :: i5V2'7 P^^' l'expérience pré- sente, et :: 56 V2 • ^^V2 P^i' ^^s expériences précé- dentes (art. XYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 71 à 35 V2 pow le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 47 * 3i, et 1: 169 ', 109 par les expériences précédentes (arti- cle XVI), on aura, en ajoutant ces temps, 216 a i4o pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de l'émeril et du bismuth. 5° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: i5 V2 • ^ P^^ l'expérience présente, et : : 71 V9 • 33 V2 P^i' l^s expériences précédentes (art. XYIj. Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 87 à 39 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 47 • 29, et par les expériences précédentes (art. XYI) *.: 219 '. 126, on 2^2 MINÉRAUX. INTRODU CTIOÎS'. aura, en ajoutant ces temps, 266 à i55 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'é- meril et de l'antimoine. 6° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'argent, au point de pou- voir les tenir, y, '56'^/2* 02, el II 109 I 98 pour leur entier refroidissement. 7" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du plomb, au point de pou- voir les tenir, ;: 12V2 * ^V^ P^^ l'expérience pré- sente, et :: 60 V2 • 4* V2 P^ï' 'gs expériences précé- dentes (article XYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps , 75 à 49 Vzi pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second , le rapport donné par l'expérience présente étant :: 09 I 55, et par les expériences précédentes (art. XYI) :: 181 ! i56, on aura, en ajoutant ces temps, 220 à 189 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidisse- ment du zinc et du plomb. 8** Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du bismuth, au point de pouvoir les tenir, : : 1 2 V2 • 7 P^^' ^^ présente expé- rience, et :: 4^V2 • ^SV2 P^^' ^^^ expériences précé- dentes (art. XVI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 à 55 V9 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par l'expérience présente étant ;: 59 I 5i , et :: 157 1 109 par les expériences précédentes (arti- cle XYI), on aura, en ajoutant ces temps, 176 à i4o pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du zinc et du bismuth. PARTIE EXPERIMENTALE. 253 9" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: i2V2*^ P^^ï* ^^ présente expérience, et :: ôoVs'^oVâ P^ï" i^s expériences précédentes (art. Xyi). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 70 à 09 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport trouvé par l'expérience présente étant :: 09 I 29, et ;: 181 ', 126 par les expériences précédentes (art. XYI), on aura, en ajoutant ces temps, 220 à i55 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et de Tantiuioine» 10" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du plouib, au point de pouvoir les tenir, : : 52 ^2 • ^5 V2 ? ^^ * • 9^ * 90 pour leur entier refroidissement. ij* Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, :: 02 V2 • 20 V2' ^^ '•• 9^ * 87 pour leur entier refroidissement. 12** Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, :: 02 V2 -58^2' ^t •• 9^ • 7^ pour leur entier refroidissement. i5° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement du bismuth , au point de les tenir, y. 8V4 • 7 P^r 1^ présente expérience, et :: 02 '. 28 V2 P^ï" l^s expériences précédentes (arti- cle XYI). On aura, en ajoutant ces temps, ^o^/^ à 35 V2 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné^ ^54 MINKRAL'X. INTRODUCTION. par rexpt'rience présente étant :: 54 ^ 5i, et :: 117 ', 109 par les expériences précédentes (art. XYI), on aura, en ajoutant ces temps, i4i à i4o pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et du bismuth. 14° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, : : 8 Va • ^ P^i' l'expérience pré- sente, et par les expériences précédentes (art. XYI) :: 41 V2 • 33 V2- Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 49 Va à 39 V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 54 • ^9? et :: i56 : 126 par les expériences précédentes (arti- cle XVI), on aura, en ajoutant ces temps, 190 à 1 55 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du plomb et de l'antimoine. 15*^ Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, 1:716 par la présente expérience, et :: 28 V2 • ^^ P^i^ ^es expériences précédentes (ar- ticle XVI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 55 V2 ^ 32 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 5i ! 29, et : : 1 09 '. 98 par les expériences précédentes (art. XVI) , on aura, en ajoutant ces temps, i4o à la-; pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du bismutb et de l'antimoine. XVÏII. On a mis dans le même four un bouk4 de PARTIE EXPERIMENTALE. 21)^ verre, un nouveau boulet d'étain, un de cuivre, et un de fer, pour en faire une première comparaison , et ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. raiuules. Étain en ^. . . . . 8 Verre, en S^/g Cuivre, en i4 Fer, en 16 En. En. En. En. Refroidis à la température. minute;. 4^ 5o XIX. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain, en.. 7^/2 Verre , en 8 Cuivre, en la Fer, en i5 Refroidis En. . à la température. minutes. En. . En. . . 36 En. . •47 XX. Parune troisième expérience, lesboulets chauf- fés pendant un plus long temps, mais à une chaleur un peu moindre , se sont refroidis dans l'ordre sui- vant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde, minutes. Étain, en S^/g Verre, en 9 Cuivre, en . i5 Fer, en 17 Refroidis à la température. minutes En. . . 22 En. . . là. En. . . 43 En. . . 46 XXI. Par une quatrième expérience répétée , les 2-j6 MINÉRAUX. INTRODUCTIOX. mêmes bouîeis , chauffés à un feu plus ardent, se sont refroidis dans Tordre suivant : Hefroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain. en. S^/^ Verre, en.. . . 9 Cuivre, en 11 Y2 Fer, en i4 Refroidis à la température. minu En. . . 25 En.. . 9,5 En. . 55 En.. . 45 Il résulte de ces expériences répétées quatre fois, 1** Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du cuivre, au point de les tenir, :: 62 I 52 Vo par les présentes expérience», et :: 99 \ 85 V9 P^î* l^s expériences précédentes (article XI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 161 à 1 58 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 186 *. i56, et par les expérien- ces précédentes (article XI) :: 280 : 249, on aura, en ajoutant ces temps, 4^6 à 4^5 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et du cuivre. 2° Que le temps du refroidissement du fer est à celui du refroidissement du verre, au point de les te- nir, :: Q2 : 54 V2? ^t :: 186 : 97 pour leur entier refroidissement. 3° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de 1 etain , au point de les tenir, :: Q2 : "32 V^ parles présentes expériences, et :: 69 V2 • ^2 P^^' les expériences précédentes (art. XI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, i5i Vs ^^ ^h V2 f PARTIE EXPERIMENTALE. 237 pour le rapport le plus précis de leur premier refroi- dissement ; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant '. : 186 ', 92, et y, 274 l i54 par les expériences précédentes (article XI), on aura, en ajoutant ces temps, l^Go à 226 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et de l'étain. 4° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du verre, au point de les te- nir, :: 51V2 • 54V2?^t •• 1^7 : 97 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de pou- voir les tenir, ;: 62 V2 • ^^ V2 P^^' ^^^ expériences présentes , et : : 84 * 4^ V2 P^^' ^^^ expériences pré- cédentes (article XI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps , 1 56 V2 ^ 7^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par les expériences présentes étant : : 1 57 ; 92, et par les expériences précédentes (art. XI), :: 247 " î32, on aura, en ajoutant ces temps, 5o4 à 224 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du cuivre et de l'étain. 6° Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les tenir, :: 24V2 • ^^ V2? ^'^ •• 97 • 9^ pour leur entier refroidissement. XXII. On a fait chauffer ensemble les boulets d'or, de verre, de porcelaine, de gypse, et de grès; ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : 58 MINERAUX. INTRODUCTION. Refroidis à les tetiir pendant une demi-seconde. minutes. Gypse, en 5 Porcelaine, en 8 Yg Verre, en 9 Grès , en lo Or, en i4 V2 En. En. En. En. En. Refroidis d la température. 14 2G 52 45 XXIII. La même expérience répétée sur les mêmes boulets , ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi- seconde. Gypse, en 4 Porcelaine, en 7 Verre , en 9^/2 Grès , en d^/i Or, en i^Va En.. Refroidis d la température. minute^. . i5 En. . . 22 En. . . 2A En. . En.. . 4i XXiy. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minules. Gypse , en 2 Yj Porcelaine, en '^'^A Verre, en 8^/2 Grès , en 8^/2 Or, en. ♦ 10 Refroidis la température. En. En. En. En. En. ^9 20 25 52 Il résulte de ces trois expériences, 1" Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement du grès, au point de les tenir, :: 58 *. 28, et :: 1 18 : 90 pour leur entier refroi- dissement. PARTIE EXPERIxMENTALE. 2J(^ i^° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement du verre, au point de tes tenir, :: 58 *. 27, et :: 118 : 70 pour leur entier refroi- dissement. 5" Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de la porcelaine, au point dp les tenir, ;: 58 I 21, et y, 118 l 66 pour leur entier refroidissement. 4" Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du gypse, au point de les te- nir, :: 38 : 12 V2' ^^ •• ^^^ • 59 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du verre, au point de les te- nir, :: 28 V2 • ^7? ^^ •• 9^ • 7^ pour leur entier refroidissement. 6° Que le temps du refroidissement du grès et à ce- lui du refroidissement de la porcelaine, au point de pouvoir les tenir, :: 28 V2 • ^i? ^t •• 9^ * 66 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du gypse , au point de les tenir, *.: 28 V2 • ^2 V2? ^^ •• 9^ ' ^9 pour leur en- tier refroidissement. S** Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la porcelaine, au point de les tenir, :: 27 I 21, et :: 70 : 66 pour leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement du verre est h celui du refroidissement du gypse, au point de les te- 200 MINÉRAUX. INTRODUCTION. ilir, :: 27 : 12 V2Ï ^^ •• 7^ • 39 pour leur entier refroidissement. 10** Que le temps du refroidissement de la porce- laine est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, :: 21 : 12 V2? ^t •• ^^ • ^9 pour leur entier refroidissement. XXV. On a fait chauffer de même les boulets d'ar- gent, de marbre commun, de pierre dure, de mar- bre blanc, et de pierre calcaire tendre d'Anières, près de Dijon. Refroidis à les tenir pendant une demi- sec onde. minules. Pierre calcaire tendre, en.. 8 Pierre dure , en lo Marbre c^ommun , en. . . . 1 1 Marbre blanc , en 12 Argent, eu a^V2 En. En. En. En. En. Refroidis à la température. 20 34 35 56 40 XXYI. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde, minutes. Pierre calcaire tendre , en. 9 Pierre calcaire dure , en. . 1 1 Maibre commun, en. . . . i3 Marbre blanc , en i4 • 16 Refroidis à la température. minutes En 27 En, . 37 En 4o En f\o En 45 XXVII. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis d tes tenir pendant une demi-seconde. minutes. Pierre calcaire tendre , en. . 9 Pierre calcaire dure , eu. . 10 Yj Marbre commun, en. . . . 12^/2 Marbre blanc , en ^^^/i Argent, en 16 PARTIE EXPÉRIMENTALE. 261 Refroidis à la température. minutes. En 26 En 56 Eu 58 En 59 En 42 Il résulte de ces trois expériences : 1° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du marbre blanc, au point de les tenir, :: 4-^ V2 ' og^/^, et :: 12S l ii5pour leur entier refroidissement. 2** Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du marbre commun, au point de les tenir, :: /p V2 • ^^^^ ^^ tl i25 ; ii5 pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 4^ V2 • «^i V2> ^'^ •• *^5 * 107 pour leur entier refroidissement. 4° Que le temps du refroidisse me^it de l'argent est à celui du refroidissement de la pierre tendre , au point de les tenir, :: 45 V2 • 26, et :: 126 : 78 pour leur entier refroidissement. 5** Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du marbre commun, au point de les tenir, :: 3g ^/^ ' '56 , et ',: 1 15 : 1 15 pour leur entier refroidissement. 6" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 09 V2 • ^i V2' ^^ •• ^ ^^ • *^7 pour leur entier refroidissement. BUFFON. TJI. 17 '262 MINÉRAUX. INTRODUCTION. 7° Que le temps du refroidisseuient du marbre blanc est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 09 V2 • 26, et :: 1 i5 : 78 pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement du marbre commun est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 36 ', 7)i '^/^, et y, 1 i5 ! 109 pour leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de la pierre ten- dre, au point de les tenir, :: 56 l 26, et :: 1 i3 I ^8 pour leur entier refroidissement. 10° Que le temps du refroidissement de la pi erre dure est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 5i V2 * 26, et :: 107 : 78 pour leur entier refroidissement. XXYIII. On a mis dans le même four bien chauffé, des boulets d'or, de marbre blanc, de marbre com- mun, de pierre dure, et de pierre tendre; ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant demi-aeconde. Pierre calcaire tendre , en. Marbre commun , en. . . Pierre dure, en Marbre blanc, en Or, en i-5 y. / une Refroidis à ta températuyr. niinuU's 9 1 1 V, En. . En En i3 En 1-5 7, En ininulKS 35 55 35 45 XXIX. La même expérience répétée à une moin- dre chaleur, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. PARTIE EXPERIMENTALE. Refroidis minutes. 6 Pierre calcaire lendre , en Pierre dure, en . 8 Marbre commun, en. ... 9^/3 Marbre blanc , en 10 Or, en 12 à la température. En. En. En. En. En. 265 miDutes. 25 26 29 37 XXX. La même expérience répétée une troisièaie fois, les boulets chauffés à un feu plus ardent, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une Refroidis demi-seconde. miniilp'. à la temf érature. minutes. Pierre tendre, en. . . . 7 8 En. . . 20 l'ierre dure, en En. . .... . 24 Marbre commun, en. . 8 7, En. . .... . 20 l\îarbre blanc , en.. . . 9 En. . .... . 28 Or, en 12 En. . . 35 Il résulte de ces trois expériences , 1° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du marbre blanc, au point de les tenir, :: 09 V2 ^ 52, et :: 117 : 92 pour leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement du marbre commun, au point de les tenir :: 59 V2 • ^9V2î ^^ :: 117 *. 87 pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lai du refroidissement de la pierre dure, au point de Jes tenir, :: 59 V2 • ^7 V2Î ^'^ •• 117 • ^^ P^"^' ^^^^ entier refroidissement. 4° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- i264 MINÉRAUX. INTRODUCnON. lui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, y, og ^/^ : 22 , et y, 1 1 7 : 68 pour leur en- tier refroidissement. 5** Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du marbre commun, au point de les tenir, :: 52 ! 29, et :: 92 ! 87 pour leur entier refroidissement. 6" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 3 2 ', 27 V2? ^^ :: 92 : 84 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 32 t 22 , et :: 92 : 68 pour leur entier refroidissement. 8" Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 29 : 27 V2J ^^ *• ^7 • ^4 pour leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de la pierre ten- dre, au point de les tenir, :: 29 ! 22, et :: 87 : 68 pour leur entier refroidissement. 10" Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement de la pierre ten- dre, au point de les tenir, :: 27 V2 • 22, et :: 84 i 68 pour leur entier refroidissement. XXXI. On a mis dans le même four les boulets d'ar- gent, de grès, de verre, de porcelaine, et de gypse; ils se sont refroidis dans l'ordre suivant ; PARTIE EXPERIMENTALE. jRefroidis à les tenir pendant une deuii-seconde. minutes. Gypse, CQ 3 Porcelaiue, eu 6 Yj Verre , en 8 y^ Grès, en 9 12% >.6f Eu. . Refroidis à la température. niintuei En. . . 17 En. . . 30 En. . . 27 En. . . 35 XXXII. La même expérience répétée, et les boulets chauffés à une chaleur moindre, ils se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. luioutes. Gypse, en 3 Porcelaine, en 7 Verre , en 8^/2 Grès, en 9^/2 Argent, en 12 Refroidis En. . à la température. niiiia . i3 En. in En . . 22 En. . . 26 En. . . 5A XXXIII. La même expérience répétée une troi- sième fois, les boulets se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Gypse , en 3 Porcelaine , en 6 Verre , en 7V4 Grès, en 8 Argent , en ' 1 Va Refroidis à la température. minute» En. . . 12 En. . . 17 En. . . ^0 En. . • 27 En. . . 54 Il résulte de ces trois expériences : r Que le temps du refroidissement de l'argent est il celui du refroidissement du grès, au point de les ^^56 3UNÉRALX. INTRODUCTION. tenir, i^ 5(> * 26 V2? g^ -' io5 : 80 pour leur en- if er refroidissement. 2° Que Je temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du verre, au point de les te- nir, :: 56 : 25, et :: io5 : 62 pour leur entier re- froidisseinent. 5° Que le temps du refroidissement de i'argent est à celui du refroidissement de la porcelaine, au point de les tenir, *.: 56 : 20, et :: io5 : 54 pour leur en- tier refroidissement. 4° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du gypse, au point de les te- nir, :: 56 : 9, et :: io5 : 59 pour leur entier refroi- dissement. 5** Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du verre, au point de les te- nir, :: 26 ^9 • ^5 par les expériences présentes, et :; 28 V9 • 27 par les expériences précédentes (ar- ticle XXiy). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 55 à 52 pour le rapport encore plus précis de leur re- froidissement ; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 80 '. 62 , et II go 70 par les expériences précédentes (art. XXIY) , on aura, en ajoutant ces temps, 170 à i52 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du grès et du verre. 6'' Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement de la porcelaine, au point de pouvoir les tenir, :: 26 V2 • ^9 V2 P^'^'^ ^es pré- sentes expériences, et :: 28 V2 • ^^ parles expérien- ces précédentes (art. XXIY). Ainsi on aura, en ajou tant ces temps, 55 à 4o V2 pour le rapport plus préci is PARTIE EXPÉRIMENTALE. 367 de leur premier refroidissement; et pour Je second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 80 : 54, *.I 90 : 66 par les précédentes expérien- ces (art. XXIY), on aura, en ajoutant ces temps, 170 à 120 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du grès et de la porcelaine. '-° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du gypse, au point de les te- nir, :: 26 V2 • 9 par les expériences présentes, et :: ^8 V2 • 1^ V2 P^i' l^s expériences précédentes (ar- ticle XXIV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 55 à 2 1 V2 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 80 I 59, et :: 90 : 59 parles expériences précédentes (art. XXIV) , on aura, en ajoutant ces temps, 170 à 78 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du grès et du gypse. 8" Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la porcelaine, au point de les tenir, :: 23 \ 19 par les présentes expériences, et :: 27 : 21 par lesexpériences précédentes (art. XXIV). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 52 à 4o V9 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les expérien- ces présentes étant :: 62 : 5 1, et :: 70 : 66 par les expériences précédentes (art. XXIV), on aura, en ajoutant ces temps, i52 à 117 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du verre et de la porcelaine. 9^* Que le temps du refroidisse m eut du verre est à celui du refroidissement du gypse, au point de les te- 268 MINÉRAUX. INTRODUCTION. nir, :: 25 * 9 par la présente expérience, et :: 27 I 12 V2 P^"^ ^^s expériences précédentes (art. XXIV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 52 à 21 V9 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 62 I 59, et :: -^o : 09 par les expériences précédentes (art. XXIV), on aura, en ajoutant ces temps, 1 52 à 78 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du verre et du gypse. 10** Que le temps du refroidissement de la porce- laine est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, :: 19 V2 • 9 par les présentes expérien- ces, et :: 21 : 1 2 V2P^ï"^6S expériences précédentes (art. XXIV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 40 V2 ^ ^* V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 54 ^ 39, et parles expériences précédentes (art. XXIV) '.', 66 ', 59, on aura, en ajoutant ces temps, 120 à 78 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidisse- ment de la porcelaine et du gypse. XXXIV. On a mis dans le même four les boulets d'or, de craie blanche, d'ocre, et de glaise ; ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Befroidis d les tenir pendant une demi-seconde. miiiulef. Craie , en •. 6 Ocre, en 6 V2 Glajsc, en 7 Or. en 12 En. En. En. En. Refroidis à la température. PARTIE EXPÉRIMEiNTALE. 2G9 XXXV. La môme expérience répétée avec les mê- mes boulets et un boulet de plomb, leur refroidisse- ment s'est fait dans Tordre suivant : Refroidis Craie , en à les tenir demi-secon pendant de. n une ninules. 4 5 5% 7 9V., Eu. . En. . Refroidis à la température. miuules. . 1 1 . i5 frl^imp pn En. . En. . Eu. . . i5 Plnml) PII . 18 Or, en. . . 29 Il résulte de ces deux expériences : 1 ° Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement du plomb, au point de pouvoir les tenir, :: 9 V2 • 7 par l'expérience présente, et :: 58 : 24 par les expériences précédentes (art. XYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 4? V2 ^ ^1 pour le rap- port plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par l'expérience pré- sente étant :: 29 : 18, et :: 1 15 : 90 par les expé- riences précédentes (art. XYI), on aura, en ajoutant ces temps , 1 44 ^ ^ 08 pour le rapport encore plus pré- cis de l'entier refroidissement de l'or et du plomb. 2° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de la glaise, au point de les te- nir, :: 21 V2 " 12 V2? ^t :: 65 : 33 pour leur entier refroidissement. 3** Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de l'ocre, au point de les te- nir, :: 2 1 V2 • 1 1 V2? ^^ •• ^5 • 29 poui' leui' entier refroidissement. 4" Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement de la craie, au point de les a^O MINEBAUX. INTRODUCTION. tenir, y, 21 ^/^ '* lO , et i: 6S l 26 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de la glaise, au point de pouvoir les tenir, i: 'y I 5 V25 ^'^ '• ^^ ' 1 5 pour leur entier refroidissement. 6° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de l'ocre au point de pou- voir les tenir, :: 7 *. 5, et :: 18 : i5 pour leur en- tier refroidissement. j"" Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de la craie, au point de les tenir, y, 'j l l[, et y, iS l 1 1 pour leur entier refroi- dissement. 8" Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de pou- voir les tenir, :: 12 V2 • 1 1 V2 ^ ^^ *• ^^ • 29 pour leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de la craie, au point de pouvoir les tenir, :: 1 2 V»? • 10, et i: 55 I 26 pour leur entier refroidissement. 10" Que le temps du refroidissement de l'ocre est à celui du refroidissement de la craie, au point de pouvoir les tenir, :: 1 1 V2 • 10, et :: 29 : 26 pour leur entier refroidissement. XXXYI. On a mis dans le même four les boulets de fer, d'argent, de gypse, de pierre ponce, et de bois, mais à un degré de chaleur moindre, pour ne point faire brûler le bois ; et ils se sont refroidis .dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. PARTIE EXPEllIilENTALE. Refroidis à la température. minuies. Pierre ponce, en 3 Bois, en a Gypse, en 2'^/^ Argent, en 10 Fer, en i3 En. En. En. En. En. laules. 5 6 11 55 40 XXXYII. La même expérience répétée à une moin- dre chaleur, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Pierre ponce, en i Yj Bois, eu 2 Gypse, en 2^/2 Argent, en y Fer. en. Refroidis à la température. En. En. Eu. Eu. En. 4 5 9 24 3i îl résulte de ces expériences : 1° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'argent , au point de pouvoir les tenir, :: 2 1 V2 • 1 7 par les présentes expériences, et :: 45 V2 • 54par les expériences précédentes (ar- ticle XI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 67 à 5i pour le rapport plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 71 : 09, et :: i5S : 97 par les expériences précédentes (art. XI), on aura, en ajoutant ces temps, 209 a i56 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et de l'argent. 2" Que Je temps du refroidissement du fer est à ce- 272 MINERAUX. IIN'TRODUCTiON. lui du refroidissemeat du gypse, au point de pouvoir les tenir, y, 21 ^/.2 » S , et \: "ji l 20 pour leur en- tier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du bois, au point de pouvoir les tenir, :: 2 1 V2 • 4? ^^t •• 71 • 1 1 pour leur entier refroidissement. 4° Qne le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de la pierre ponce, au point de les tenir, :: 21 V2 • ^ V2? ^t •• 7^ • 9 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du gypse , au point de les tenir, :: 17 ' 5, et :: 69 ^ 5o pour leur entier re- froidissement. 6** Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du bois, au point de pouvoir les 'tenir, :: 17 : 4? et :: 69 I 1 1 pour leur entier refroidissement. 7** Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de la pierre ponce, au point de pouvoir les tenir, :: 17 l 5 V^? ^^ :: 69 I 9 pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement du gypse est à celui du refroidissement du bois, au point de pou- voiries tenir, y. 5 l /^, et y. 20 : 11 pour leur entier refroidissement. 9** Que le temps du refroidissement du gypse est à celui du refroidissement de la pierre ponce, au point de pouvoir les tenir, :: 5 : 5 V2? e* •• 20 ! 9 pour leur entier refroidissement. 10** Que le temps du refroidissement du bois est à PARTIE EXPERIMENTALE. 21J celui du refroidissement de la pierre ponce, au point de les tenir, :: 4 • -> V^? ^t :: 1 1 : 9 pour leur entier refroidissement. XXXVIII. Ayant fait chauffer ensemble les boulets d'or, d'argent, de pierre tendre, et de gypse, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Gypse, en 4 Va Pierre tendre, en 12 Argent, en 16 Or, en 18 En. En. En. En. Refroidis à la température. miniKer. . 27 42 47 Il résulte de cette expérience : 1 ° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de l'argent, au point de pouvoir les tenir, :: 18 : 16 par l'expérience présente, et :: 62 : 55 par les expériences précédentes (art. XY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 98 à 71 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second , le rapport donné par l'expérience présente étant :: 35 I 4^ ? ^t :: 187 I 1 59 par les ex- périences précédentes (art. XY), on aura , en ajoutant ces temps, ^34 à 20 1 pour le rapport encore plus pré- cis de l'entier refroidissement de l'or et de l'argent 2° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 18 ! 12 , et :: 39 V2 • 23 par les ex- périences précédentes (art. XXX). Ainsi on aura, en ajoutant ces tenips, 57 V2 ^ ^^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le se- 2^4 MINÉRAUX. INTRODUCTION. cond, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 4? • 27, et par les expériences précédentes (ar- ticle XXX) :: 117 ! 68, on aura, en ajoutant ces temps, 164 à 95 pour le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement de l'or et de la pierre tendre. 5* Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, :: 18 : 4 V25 et :: 58 : 12 V2? P^i' l^s expériences précédentes (article XXIY). Ainsi on aura, en ajou- tant ces temps, 56 à 17 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 47 l i4, et :: 1 18 : 09 par les expériences précédentes (art. XXIY) , on aura, en ajoutant ces temps, i65 à .^3 pour le rapport encore plus précis de leur entier refroidissement. 4" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 16 I 12 par la présente expé- rience, et :: 4^') V2 ' ^^ P^^ les expériences précé- dentes (art. XXVII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 61 V9 à 58 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par la présente expérience étant :: l\2 '. 27, et :: 125 t 78 par les expériences précédentes (art. XXYII) , on aura, en ajoutant ces temps, 167 à io5 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement de l'argent et de la pierre tendre. 5'' Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du gypse, au point de pou- voir les tenir, :: 16 * 4 V2 P^^l^ Présente expérience, et :: 17:5 par les expériences précédentes (arti- PARTIE EXPERIMENTALE. 2^5 cle XXXVl). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 53 à 9 V2 po^i^ le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant *,l f^2 '. il^, et y, ^g ', 20 par les expériences précédentes (art. XXXVI), on aura , en ajoutant ces temps, 101 à 54 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de l'argent et du gypse. 6" Que le temps du refroidissement de la pierre ten- dre est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, :: 12 ! 4V2? ^t '. : 72 l 1 4 pour leur entier refroidissement. XXXIX. Ayant fait chauffer pendant vingt minutes, c'est-à-dire pendant un temps à peu près double de celui quW tenoit ordinairement les boulets au feu, qui étoit communément de dix minutes, les boule*^s de fer, de cuivre, de verre, de plomb, etd'étain, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Étain , en 10 Plomb, eu. . . • 11 Verre, en 12 Cuivre, en 1^ V2 Fer, eu 20 % Refroidis à La température. inin\iles. En . 25 En . . 3o En. . . 35 En. . . AA En. . . 00 Il résulte de cette expérience, qui a été'faite avec la plus grande précaution : i°Que le temps du refroidissement du fer est à celui du refroidissement du cuivre, au point de pouvoir les tenir, ;: 20 V2 • 1^ V2 P^i' 1^ P^'ésente expérience, et :: 161 I 1 58 par les expériences précédentes (arti- ii^6 iMINÉllAUX. INTRODUCTION. cle XXI ). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps , 1 8 1 V2 à 1 54 V2 pour Ï6 rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :; 5o : 44? ^t "•• 4^^ I 4^^ P^^' ^^^ expériences précédentes (art. XXI), on aura , en ajoutant ces temps , 5 1 6 à 449 po^i' 1^ rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et du cuivre. 2° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du verre , au point de pouvoir les tenir, :: 20 V2 • ^^ par l'expérience présente!, et y. 62 '. 35 V2 P^i' ^^s expériences précédentes (arti- cle XXI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 82 V2 à 46 pour le rapport encore plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 5o I 35, et :: 186 : 97 par les expériences précédentes (arti- cle XXI) , on aura, en ajoutant ces temps, 236 à i32 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du fer et du verre. 3** Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du plomb, au point de pouvoir les tenir, :: 20 V9 • 1 1 P'^i' ^^ présente expérience, et ;: 53 V2 * 27 par les expériences précédentes (arti- cle lY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 74 à 38 pour le rapport plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 5o : 3o, et :: 1^2 l 94 V2 P^^ l^s expériences précédentes (art. lY) , on aura , en ajoutant ces temps, 192 à 1 24 V2 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et du plomi). PARTIE EXPERIMENTALE. 277 4° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'étain , au point de pouvoir les tenir, :: 20 V2 • 10, et :: i3i : 64 V2 P^ï" les ex- périences précédentes (art. XXI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, iSs à 74 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le se- cond , le rapport donné par l'expérience présente étant ;: 5o l 25, et :: 1^60 I 226 par les expériences pré- cédentes (art. XXI) , on aura, en ajoutant ces temps, 5x0 à 2D1 pour le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement du fer et de l'étain. 5° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du verre , au point de les tenir, :: 16 V9 • 12 par la présente expérience, et :: 32 V2 • ^4 V2 P^^ les expériences précédentes (ar- ticle XXI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 69 à 46 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement ; et pour le second , le rapport donné par la présente expérience étant :: 44 • ^^5 et :: 167 l 97 par les expériences précédentes (art. XXI), on aura, en ajoutant ces temps, 201 à i52 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du cuivre et du verre. 6° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du plomb, au point de les tenir, :: 16 V2 • 11 par la présente expérience, et :: 45 I 27 par les expériences précédentes (art. Y). Ainsi on aura , en ajoutant ces temps, 61 V2 ^ ^^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidisse- ment ; et pour le second , le rapport donné par la pré- sente expérience étant ',', 44 • 3o, et :: i25 I 94 V2 par les expériences précédentes (art. V), on aura, en BUFFOTV. m. 18 278 MINÉRAUX. INTRODUCTION. ajoutant ces temps , 169 à 124 V2 powr le rapport en- core plus précis de l'entier refroidissement du cuivre et du plomb. 7** Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les tenir, ',1 16 V2 • *^ P'^^' l'expérience présente, et :: i56 V2 * 7^ P^^' ^^s expériences précédentes (arti- ticle XXI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, i53 à 86 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 44 : ^5, et :: 3o4 • 224 par les expériences précédentes (art. XXI), on aura, en ajoutant ces temps, 548 à 249 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du cuivre et de Té tain. 8" Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement du plomb, au point de pou- voir les tenir, :: 12 ! 1 1 , et :: 55 '. 5o pour leur entier refroidissement. 9** Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les tenir, :: 12 ', 10 parla présente expérience, et :: 54 V9 • ^2 V9 pai' ^^^ expériences précédentes (arti- cle XXI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, j^6 l\2 V2 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement ; et pour le second , le rapport donné par l'expérience présente, étant :: 55 ', 2 5, et :: gj ', 92 par les expériences précédentes (art. XXI) , on aura, en ajoutant CQS temps, i52 à 117 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du verre et de l'étain. 10" Que le temps du refroidissement du plomb est PARTIE EXPÉRIMENTALE. 279 à celui du refroidissement de 1 etain, au point de les tenir :: ii : 10 par la présente expérience, et *.: 25 V9 ', 2 1 V2 P^i' Igs expériences précédentes (art. YIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 56 V2 ^^ ^1 V^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidis- sement ; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 00 : ^5, et :: 79 ^^ ! 64 par les expériences précédentes (art. YIII), on aura, en ajoutant ces temps , 1 09 V2 à 89 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et de l'étain. XL. Ayant mis chauffer ensemble les boulets de cui- vrCj de zinc , de bismuth , d'étain , et d'antimoine , ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Antimoine, en 8 Bismuth , en 8 Étain, en 8^/2 Zinc , en 12 Cuivre, eu i4 En. En. En. En. Refroidis à la température. 25 3o 40 XLI. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Antimoine, en 8 Bismuth, en 8 Étain, en 9 V2 Zinc, en 12 Cuivre, en i4 En. . Refroidis à la température. minutes . 23 En. . . 24 En. , . 25 En . 38 En. . . 4o 'iSo MINÉ 11 AUX. INTRODUCTION. Il résulte de ces deux expériences : i^^Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du zinc, au point de les te- nir, ;: 28 : ^4, et :: 80 : 68 pour leur entier refroi- dissement. 2** Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les te- nir, :: 2S : 18 par les présentes expériences, et :: i55 : 86parlesexpériencesprécédentes (art. XXXIX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 181 à io4 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par la présente ex- périence étant :: 80 t 47 5 ^^ P^^' l^s expériences pré- cédentes (art. XXXIX) :: 548 : 249, on aura, en ajou- tant ces temps, 4^^ ^ ^9^ pour le rapport plus précis de l'entier refroidissement du cuivre et de l'étain. 5^* Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, t: 28 l 16, et :: 80 ! 47 pour leur entier refroidissement. 4'* Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, :: 28 '. 16, et :: 80 : 47 pour leur entier re- froidissement. 5^ Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les te- nir, :: 24 * 18, et :: 68 l 47 pour leur entier re- froidissement. 6" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: 24 '» 16 par les présentes expériences, et :: 75 : 39 V2 P^^' ^^^ expériences précédentes (ar- PARTIE EXPÉRIMENTALE. liSl ticle XVII). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 97 à 55 V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 68 I 47, et :: 220 : i55 parles expériences précédentes (art. XVII), on aura, en ajoutant ces temps, 288 à 202 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du zinc et de l'antimoine. 7" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du bismuth , au point de pou- voir les tenir, :: 24 ' 16, et :: 59 : 55 V2 parles expériences précédentes (art. XVII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 85 à 5 i V2 pour le rapport en- core plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par la présente ex- périence étant :: 68 : 47? et :: 176 : i4o par les ex- péi'iences précédentes (art. XVII) , on aura , en ajou- tant ces temps, 244 à 187 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et du bis- muth. 8" Que le temps du refroidissement de l'étain est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: 18 : 16, et :: 5o I 47 pour leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement de l'étain est à celui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, :: 18 I 16, et :: 5o : 47 pour leur entier re- froidissement. 10" Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, :: 16 ! 16 par la présente expé- rience, et :: 55 V2 • ^^ pai* les expériences précé- 282 MliXÉllAUX. INTRODUCTION. dentés (art. XYII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 5 1 à ^S pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par l'expérience présente étant :: 47 • 4;? ^t par les expériences précédentes (art. XYII) ;: i4o ', 127, on aura, en ajoutant ces temps, 187 à 174 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidisse- ment du bismuth et de l'antimoine. XLII. Ayant fait chauffer enseïnble les boulets d or,, d'argent, de fer, d'émeril, et de pierre dure, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Ilefroldis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Pierre calcaire dure , en. . . 1 1 y2 Argent, en i3 Or, en i4 EmeriJ , en, iSy.T Fer. en ij Refroidis à la température. niinu En 32 En 37 En 4o En 4G En 5i Il résulte de cette expérience : 1** Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'émeril, au point de pou- voir les tenir, :: 17 : i5 Vg? et :: 5i I 4^ pour leur entier refroidissement. 2** Que le temps du refroidissement du fer est à ce- celui du refroidissement de l'or, au point de pouvoir les tenir, ;: 17 : i4 par la présente expérience, et ;: i\d V2 • ^7 P^i' ^es expériences précédentes (arti- cle XI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 62 V2 à 5 1 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant y, Si \ f^o, et y, ïô8 ', PARTIE EXPÉRIMENTALE. 285 1 14 par les expériences précédentes (article XI ), on aura, en ajoutant ces temps, 189 à i54 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et de l'or. 5" Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de l'argent, au point de les te- nir, ;: in ', i5 par la présente expérience, et :: 67 l 5i par les expériences précédentes (art. XXXVII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 84 à 64 pour le rapport plus précis de leur premier refroidisse- ment; et pour le second, le rapport donné par la pré- sente expérience étant :: 5i I o^, et :: 209 : i56 par les expériences précédentes ( art. XXXVII ) , on aura, en ajoutant ces temps, 260 à 190 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et de l'argent. Y Qne le temps du refroidissement du fer est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, : : 1 7 : 1 1 V4 s ^t : : 5 1 : 62 pour leur en- tier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'or, au point de pouvoir les tenir, y, i5V2 • ^4 par la présente expérience, et :: 44 • ^^ P^^^ ^^^ expériences précédentes (art. XVI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 69 V2 à 52 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 46 * 4^ ? ^^ •• 1^1 : 1 15 par les expériences précédentes (art. XVI), on aura, en ajoutant ces temps, 177 à i55 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de l'émeril et de l'or. ,284 MINÉRAUX. INTHODLCTION. 6" Que le temps du refroidissement de 1 emeril est à celui du refroidissement de l'argent au point de pouvoir les tenir, :: i5 V2 • ^^ P^^ 1^ présente expé- rience, et :: Zp : 02 V2 P^i' l^s expériences précéden- tes (arl. XVII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 58 V2 ^ 4^ V2 pour le rapport plus précis du premier refroidissement de Témeril et de l'argent; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 1^6 l T)'], et y. 1 25 I 98 par les expériences précédentes (art. XYII), on aura, en ajoutant ces temps, 171 à i55 pour le rapport encore plus précis de leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :; i5 V2 • ^^ ? ^t :: 1^6 I02 pour leur entier refroidissement. 8" Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement de l'argent, au point de les tenir, :: i4 * 1 5 par la présente expérience, et ;: 80 : 71 par les expériences précédentes (art. XXXYIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 94 à 84 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant y, ^0 '. 07, et :: 234 • ^^^ par les expériences précédentes (art. XXXYIII), on aura, en ajoutant ces temps, 274 à 208 pour le rap- 'J)ort encore plus précis de l'entier refroidissement de l'or et de l'argent. 9** Que le temps du refroidissement de l'or est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 14^12 par la présente expérience, et :: 39 V2 •27V2 P^>^ î^s expériences précédentes PARTIE EXPÉRIMEÏSTALE. ^85 (art. XXX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 55 V2 à 59 V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport tlonné par la présente expérience étant y, l^o ', 02 , et Il 117:86 par les expériences précédentes (art. XXX) , on aura, en ajoutant ces temps, 167 à 118 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de Tor et de la pierre dure. 1 o" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de la pierre dure, au point de pouvoir les tenir, :: i3 I 12 par la présente expé- rience, et :: 4^^V2 • ^1 V2 P^i' ^^^ expériences précé- dentes (art. XXVII). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 58 V2 ^ 4^ V2 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 5- I 5:2, et :: 125 t 107 par les expériences précédentes (art. XXYIII), on aura, en ajoutant ces temps, 162 à 1 59 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'argent et de la pierr^ dure. XLIII. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de plomb, de fer, de marbre blanc, de grès, de piefre tendre, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à le$ tenir pendant une demi- sec onde . minutes. Pierre calcaire tendre, en. . 6 Yj Plomb , en 8 Grès, en 8^/2 Marbre blanc , en 10V2 Fer, en i5 Refroidis à la température. minute En. . . 20 En. . 20 En. . . 2Q ^y En. . QÛ • ^9 En. . . A3 286 MINÉRAUX. INTRODUCTION. XLIV. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir peiicU mt une Refroidis demi-seconde. miiuitts. à la température. miiiutfs. I-lerre calcaire tendre, eu. • 7 En. . . 21 . 8 En. . . 28 . 28 Grès , en . 8Vo En. . Marbre blanc, en • ^o% En. . . 3o Fer, en . i6 En. . . 45 11 résulte de ces deux expériences : 1** Que le temps du refroidissement du fer est à celui du refroidissement du marbre blanc , au point de les tenir, :: Ji',21, et ;: 88 I 69 pour leur en- tier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du fer est à celui du refroidissement du grès , au point de les tenir, :: 5i '. 17 par la présente expérience, et :: 55 V2 • ^^ par les expériences précédentes (art. lY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 84 V2 ^ 49 pour le rap- port plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second le rapport donné par la présente expé- rience étant :: 88 ! 67, et :; 142 : 102 V2 P^i' l^s exjjjiériences précédentes (art. IV), on aura, en ajou- tant ces temps. 200 à iSgV^pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et du 5° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du plomb, au point de pouvoir les tenir, y, 5i ', 16 par les expériences présentes, et ;: 74 • 58 par les expériences précédentes (arti- cle XXXIX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, PARTIE EXPERIMENTALE. 2Ô7 io5 à 54 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par les expériences présentes étant :: 88 : 57, et :: 193 I 124 V2P^''l6S expériences précéden- tes (art. XXXIX), on aura, en ajoutant ces temps, :28o à 181 V9 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du fer et du plomb. 4° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de la pierre tendre, au point de pouvoir les tenir, :: 5i I i5, et i: 88 I 4^ pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du grès, au point de les tenir, ;: 2 i I 17, et :: 69 I 07 pour leur entier re- froidissement. 6" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du plomb, au point de les tenir, :: 2 1 : 17, et :: 69 I 67 pour leur entier re- froidissement. 7° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de la pierre calcaire ten- dre, au point de les tenir, y. 21 l iSVgP^'* îes pré- sentes expériences, et y, 02 l 20 par les expériences précédentes (art. XXX). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 55 à 56 V9 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second , le rap- port donné par les expériences présentes étant :: 69 ' 4i ? et :: 92 I 6S par les expériences précédentes (art. XXX), on aura, en ajoutant ces temps, i5i à 129 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidis- sement du marbre blanc et de la pierre calcaire tendre. 288 MINÉRAUX. INTRODUCTION. 8" Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du plomb, au point de les tenir, :: 17 * 16 par les expériences présentes, et : : l\2 V2 • ^5 V2 V^^^ ^^^ expériences précédentes (ar- ticle yill). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 V2 à ^1 V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement ; et pour le second , le rapport donné par les présentes expériences étant :: 67 I 67, et :: i5o I 121 V2 P^ï' l^s expériences précédentes (art. VIII), on aura, en ajoutant ces temps, 187 à 178 V2 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du grès et du plomb. 9° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de pouvoir les tenir, : : 1 7 : 1 5 V2 ? <^t : : 67 * 4* pour leur entier refroidissement. 1 o^ Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de les tenir , : : 1 6 I 1 5 V2 > ^^ • • ^7 • 4 1 pour leur en- tier refroidissement. XLV. On a fait chauffer ensemble les boulets de gypse, d'ocre, de craie, de glaise, et de verre; et voici l'ordre dans lequel ils se sont refroidis. Befroidis à les tenir pendant une demi-seconde. Gypse, en. Ocre, en. . Craie , en.. Glaise , en. Verre , en. 5% 6% En. En. En. En. En. Refroidis d la température. 14 16 16 18 M PARTIE EXPÉRIMENTALE. 289 XL VI. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi-seconde. Gypse, en 5 Yg Ocre , en. "^^A Craie , en 6^/2 Glaise , en 7 Verre, en 8^/2 En. . Refroidis à la température. miuiKt'S . 1/» En. . . 16 En. . . 16 Eu. . . 18 En. . . 92 Il résulte de ces deux expériences : 1*^ Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir , : : 1 6 V2 • ^ ^ V2 ? ^t • • 4^ • ^^ P^ur leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la craie , au point de les tenir, :: 16 V2 • 1*' ^^ •• 4^ * ^^ pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 16^/^ '* n ^ Gt il l\6 ', 02 pour leur entier re- froidissement. 4° Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement du gypse , au point de pou- voir les tenir, :: 16V2 • 7 par la présente expérience, et :: 52 ! 21 V2 P^i' '^^ expériences précédentes (ar- ticle XXXIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 68 V2 ^ ^^ V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 4^ I 29, et :: 52 I 78 par les expériences précédentes (arti- 2^0 MINERAUX. I IN TRO DU CTION. cle XXXIII), on aura, en ajoutant ces temps, 78 à 107 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du verre et du gypse. 5° Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de la craie , au point de les tenir, :: i5 V2 • 1 1 par la présente expérience, et :: 1 5 V2 • ic> par les expériences précédentes (arti- cle XXXY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 26 à 21 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 56 I 02, et :: 35 * 26 parles expériences précédentes (art. XXXV), on aura, en ajoutant ces temps, 69 à 58 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de la glaise et de la craie. 6" Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: î5V2 * ^* par les présentes expériences, et :: 12 V2 • 1 1 V9 P^i' ^Gs expériences précédentes (ar- ticle XXXV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 26 à 22 V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement ; et pour le second , le rapport donné par les présentes expériences étant :: 56 I 52, et :: 55 * 29 par les expériences précédentes (arti- cle XXXV), on aura, en ajoutant ces temps, 69 à 61 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de la glaise et de l'ocre. ^° Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, ;: i5V2 • i;? et :: 56 I 29 pour leur entier refroidissement. 8" Que le temps du refroidissement de la craie est PARTIE EXPERIMENTALE. 291 à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 11 : 11 par les présentes expériences, et :: 10 1 1 iV2P'^i'Ï6s expériences précédentes (art. XXXV). Ainsi on aura , en ajoutant ces temps, 2 1 à 22 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les expérien- ces présentes étant :: 02 I 52, et :: 26 I 29 par les expériences précédentes (art. XXXV), on aura, en ajoutant ces temps, 58 à 61 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de la craie et de l'ocre. 9" Que le temps du refroidissement de la craie est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, :: i 1 : 7, et ;: 02 I 29 pour leur entier refroi- dissement. 10° Que le temps du refroidissement de l'ocre est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, '.: 1 1 I 7, et :: 02 I 29 pour leur entier refroi- dissement. XLVII. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de zinc, d'étain , d'antimoine, de grès, et de marbre blanc , ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. ^ minules Antimoine, en 6 Grès, en Marbre blanc, en. Zinc, en 9V: En. En. En. En. En. Refroidis à La température. 16 20 26 29 35 XLVIII. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant: 2^2 MINÉRAUX. INTRODUCTION. Refroidis à tes tenir pendant une demi- seconde. minutes. Anlimoîne, en 5 Étain, en 6 Grès, en 7 Marbre blanc, eu 8 Zinc, en 9^2 Refroidis à ta température. minutes. En i3 En 16 En 21 En 24 En 5o Il résulte de ces deux expériences : i** Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du marbre blanc, au point de les tenir, :: 21 : 17 V2? ^t :: 65 : 55 pour leur en- tier refroidissement. 2** Que le temps du refroidissement du zinc est à ce- lui du refroidissement du grès, au point de les tenir, : : 21 ' i5,et :: 65 I 47 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les tenir, ',',21'. 12 V2 P^^i' ^^^ présentes expériences, et ;: 24 * 18 paï* It^s expériences précédentes (art. XLI). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 45 à 00 V9 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroi- dissement ; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 65 '. 56, et par les expériences précédentes (art. XLI) :: 68 *. 47' ^^ aura, en ajoutant ces temps, 1 55 à 85 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et de l'étain. 4" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: 21 ! 1 1 par les présentes expériences, et :: 75 *. 59 V2 parles expériences précédentes (arti- cle XYII). Ainsi , en ajoutant ces temps , on aura 94 PARTIE EXPERIMENTALE. 2^0 à 5o V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 65 I 29, et ;: 220 I i55 par les expériences précédentes (art.XYII), on aura, en ajoutaat ces temps, 2SS à 184 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et de l'antimoine. 5° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du grès, au point de pouvoir les tenir, :: 17 V2 • i5par les présentes ex- périences, et i: 21 l 17 par les expériences précé- dentes (art. XLIY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, ^8 V2 ^ ^^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par les présentes expériences étant :: 55 l 47? et. :: 59 ! 57 par les expériences précédentes (art. XLIV) , on aura, en ajoutant ces temps, 112 a io4 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du marbre blanc et du grès. 6" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de l'étain, aupointdeles tenir, :: 17V2 • i2^/.2^et '.l 53 I 36 pour leur entier refroidissement. 7" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de l'antimoine , au point de les tenir, :: 17V2 • 11? et :: 53 *. 36 pour leur en- tier r.efroidissement. 8** Que le temps du refroidissement du grès est à ce- lui du refroidissement de l'étain, au point de les tenir, :: i5 I 12 V2P^^ ^^s présentes expériences, et :: 5o I 21 V2p'^^les expériences précédentes (arlicle VIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 4^ ^ ^4 pour le BLFFON. IIÏ. 19 294 MINÉRAUX. INTRODUCTION. rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second , le rapport donaé par les présentes expériences étant ;: 4; • 36 , et :: 84 * 64 par les expériences précédentes (art. VIÏI), on aura, en ajou- tant ces temps, i5i à i oo pour le rapport encore plus précis de l'etitier refroidissement du grès et de Tétain. 9° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, : : 1 5 * 1 1 , et : : 47 • 29 pour leur entier re- froidissement. 10° Que le temps du refroidissement de Fétain est à celui du refroidissement de l'antimoine , au point de pouvoir les tenir, ;: 1 2 V-> • 11 P^i' les présentes ex- périences, et :: 18 * 16 par les expériences précé- dentes (art. XL). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 3o V9 à 27 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 56 I 29, et :: 47 • 47 P^i' les expériences précédentes (arti- cle XL j , on aura, en ajoutant ces temps, 83 à 76 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de l'étain et de l'antimoine. XLIX. On a fait chauffer ensemble les boulets de cuivre, d'émeril, de bismuth, de glaise, et d'ocre ; et ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. liiiiiules. Ocre, en G Bismuth , en. . 7 Glaise, eu 7 Cuivre, en i5 Émerii, en i5 Yj Refroidis à la température. mintiles En. . . 18 En. . . 22 En. . . 2 0 En. . . 5(î En. . . 45 PiVRTIE EXPÉRIMENTALE. 295 L. La même expérience répétée, les j3ouIets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidies à les tenir pendant une demi-seconde. Ocr*, en 5 Yj Bismuth, en 6 Glaise, en 6 Cuivre, en 10 Émcril, en n V2 Refroidis ^ à ta température. niinules En. . . i5 En. . . 18 En. . • 19 . 3o En. . En. . . 38 Il résulte de ces deux expériences : i^Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du cuivre, au point de les tenir, :: 27 : 25, et :: 81 : 66 pour leur entier re- froidissement. • 2"* Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, :: 27 \ i5, et :: 81 : 4^ P^^^ ^^^^^ entier re- froidissement. 5" Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du bismuth , au point de les tenir, :: 27 : i 5 par les présentes expériencesj et :: 71 : 55 V2 P^r les expériences précédeates (arti- cle XYII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 98 à 48 V2 pour le rapport encore plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné par les expériences présentes étant :: 81 \ 40) et par les expériences précédentes (art. XVII) , :: 216 : i4o, on aura, en ajoutant ces temps, 297 a 1 So pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement de l'émeril et du bismuth. 4" Que le temps du refroidissement de l'émeril est 296 MINÉRAUX. INTRODUCTION. à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, *.: 27 : 1 1 V2» et '• 81 : 5i pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de la glaise , au point de les tenir, :: 25 : i3, et :: 66 ! 4^ pour leur entier re- froidissement. ô** Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du bismuth, au point de pouvoir les tenir, :: 23 ! i5 par les présentes expé- riences, et :: 28 ! 16 par les expériences précédentes (art. XLl). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 5i à 29 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 66 I 4^, et :: 80 I 47 P^^ ^^^ expériences précédentes (art. XLI), on aura, en ajoutant ces temps, 146 à 87 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du cuivre et du bismuth. 7° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 55 *. 11 V2? et :: 66 '. 5i pour leur entier refroidissement. 8** Que le temps du refroidissement de la glaise est à ceiui du refroidissement du bisûiuth, au point de pouvoir les tenir, :: i5 I i5, et :: 42 * 4^ poui' leur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, ;: i5 I 1 1 V2 P^^' ^^^ expériences présentes, et :: 26 l 22 V2 P*^'' ^es expériences précédentes (arti- cle XLVI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 PARTIE EXPERIMENTALE. 297 à 54 pour le rapport plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant y. l^i I 5i,et :: 69 I 6ï par les expériences précédentes (art. XLYI) , on aura, en ajoutant ces temps, 111 à 92 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de la glaise et de l'ocre. 10° Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de l'ocre, pour pouvoir les tenir, :: i3 : 11 ^Z^, et y. ^2 l 3 1 pour leur entier refroidissement. LI. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de fer, de zinc, de bismuth, de glaise, et de craie, ils se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. Craie, en Q'^/^ Bismuth, en 7 Glaise, en 8 Zinc, en i5 Fer, en 19 En. . Refroidis d la température. DiinuteB. : 18 En. . En. . . 20 En. . . 25 En. . . 45 LU. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. Craie , en 7 Bismuth, en 7^/5 Glaise, eu 9 Zinc, en 16 Fer, en 21 Yj En. . Refroidis à la, température. mioulu* 20 En. . . 21 En. . 2A En. . . 3A En. . . 55 2gS MINÉRAUX. INTRODUCTION. On peut conclure de ces deux expériences : r Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement du zinc , au point de les tenir, :: 4o V2 • ^1? ^'^ •• 9^ • ^9 P^"^ ^^"^ entier refroi- dissement. 2° Que le temps du refroidissement dn fer est à ce- lui du refroidissement du bismuth , au point de les te- nir, :: 40 V2 • 14V2? ^t •• 9^ • 4<^ pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, :: 4^ V2 • 17? ^t :: 98 : 44 poui^ 'eur entier refroidissement. 4° Que le temps tlu refroidissement du fer est à ce- lui du refroidissement de la craie, au point de les te- nir, :: /|0 V2 • 1^ V2J et :: 98 : 58 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du zinc est à ce- lui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, :: 5i : i4 V2 P^i' ^^^ présentes expériences, et :: 54 V9 • 20 V-, P'ii' les expériences précédentes (art. XV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 65 V2 à 55 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 59 I l^o, et :: 100 ', 80 par les expériences précédentes (art. XY), on aura, en ajoutant ces temps, i59 à 120 pour le rapport encore plus précis de Fentier refroidissement du zinc et du bismuth. 6° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de la glaise au point de les te- PARTlli EXPERIMENTALE. 299 nif, :: Ji I 17, et ;: 59 I 44po"ï'^^u^' entier relioi- dissement. 7° Que le temp^ du refroidîssement du zinc est à celui du refroidissement de la craie , au point de les tenir, :: 5i l 12 V2>^* •• ^9 • 38 pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, :: 14V9' 17 par les présentes expériences, et :: 10 : i5 par les expériences précédentes (art. L. ) Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 27 V2 ''^ 3o pour le rapport plus précis de leur premier refroidisse- ment; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 4^ '» 44? ^t :: 4^ • 42 par les expériences précédentes (art. L.) , on aura, en ajoutant ces temps ,81 kS6 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du bismuth et de la glaise. 9° Que le temps du refroidissement du bismuth est à celui du refroidissement de la craie, au point de les tenir, :: 14V2 • lo^/^y^t \: 4o • 38 pour leur en- tier refroidissement. 1 o'' Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de la craie, au point de les tenir, :: 17 I i3 V2 P^^ ^^^ ^^P^^i^^^^^ P^'^'^^^'^^^? ^^ :: 26 *. 2 1 parlesexpériencesprécédentes(art. XLYI). Ainsi Qn aura, en ajoutant ces temps, 43 à 34 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 44 • 38, et :: 69 : 58 par les expériences précédentes (article XLYI) , on aura , en ajoutant ces temps, 1 13 à 96 pour le rapport encore 300 MINÉRAUX. INTRODUCTION. plus prëcis de l'entier refroidissement de la glaise et de la craie. LUI. Ayant fait chauffer ensemble les boulets d'é- meril, de verre, de pierre calcaire dure, et de bois, ils se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Bois, en 2 Ys Verre, eu 9 Va Grès, en 11 Pierre calcaire dure, en. . 12 Émeril , en, . \ . . . . ^. i5 En. . Refroidis à ta température. nliniUei. . i5 En. . . 28 En. . . 3A En. . 36 En. . . 47 LIV. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Bois, en 2 "Verre , en 7^/3 Gfrès, en 8 Pierre dure , en 8^/2 Emeril, en \l\ Refroidis à la température. En. En. En. En. En. minutes. i5 21 24 26 42 Il résulte de ces deux expériences : 1° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de la pierre dure , au point de les tenir, y. 2g '. 20 V2 P^^ ^^^ présentes expé- riences, et :: i5 V2 • 12 P^ï* ^^s expériences précé- dentes (art. XLII). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 44 V2 ^ ^^ V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second , le rapport donné par les présentes expériences étant :: 89 I PARTIE EXPERIMENTALE. JO 1 62, et :: 4^ : 02 par les expériences précédentes (article XLII) , on aura, en ajoutant ces temps, i55 à 94 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement de 1 emeril et de la pierre dure. 2° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du grès, au point de les te- nir, :: 29 : 19, et :: 86 *. 58 pour leur entier refroi- dissement. 5° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du verre, au point de les tenir, :: 29 t 17, et :: 89 I 49 poui" l^ur entier re- froidissement, 4" Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: 29 : 4 V2? ^t :: 89 : 28 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement du grès, au point de les tenir, :: 20 V2 • 19? ^^ •• ^^ ' ^^ pour leur entier refroidissement. 6° Que le temps du refroidissement de la piefre dure est à celui du refroidissement du verre , au point de les tenir, :: 20 V2 • 17? et '' 62 '. 49 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement de la pierre dure €st à celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: 20 V2 • 4 V25 e'^ *• ^^ • ^^ pour leur en- tier refroidissement. 8** Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du verre , au point de les te- nir, y, 19 * 17 par les présentes expériences, et :: 302 MINÉRAUX. INTRODUCTION. 55 l 5^ par les exjflênences précédentes (art. XXXlll). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, ^4 ^ ^9 pour le rapport plus précisde leur premier refroidissement, et pour le second , le rapport donné par les présentes expériences étant *. : 58 .' /jQ^et :: i^o : laaparles expériences précédentes (art. XXXIII), on aura, en ajoutant ces temps, 228 à 188 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du grès et du verre. 9° Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du bois, au point de pouvoir les tenir, :: i5 : 4 V2? g*^ •• ^^ • 28 pour leur entier refroidissement. lo*" Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement du bois , au point de les te- nir, :: 17 t 4 V2 ^^ •• 94 • ^^ pour leur entier re- froidissement. LV. Ayant fait chauffer ensemble les boulets d'or , d'étain , d'émeril, de gypse, et de craie, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant: Rcfruidis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Gypse, en 5 Craio, en 7^/2 Élaiu , en 1 1 Va Or, eu 16 Émeril, en 20 En. En. En. En. En. Refroidis à la température. i5 21 00 41 49 LYI. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. PARTIE EXPERIMENTALE. OOJ Refroidis à la température. niinulcs. Gypse, en 4 Grès , eu 6% Étain, eu lo Or, eu. i5 Emeri], en 18 minutes. En 10 En 18 Eu 27 En . . . 4o Eu 46 On peut conclure de ces expériences ; 1° Que le temps du refroidissement de 1 emeril est à celui du refroidissement de l'or, au point de les te- nir, :: 58 l 5i par les expériences présentes, et :: 59 V2 • 52 par les expériences précédentes (art. XLII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 97 V2 ^ ^^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 96 ^ 81 , et ;: 166 I i55parles expériences précédentes (art. XLII) , on aura, enajou- tant ces temps, 261 à 206 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'émeril et de l'or. 2° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de l'étain , au point de les tenir, :: 58 ' 21 ^/^^^el \\ 96 \ 5; pour leur entier refroidissement. 5'' Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement de la craie , au point de les tenir, :: 58 : i4, et :: 95 : 59 pour leur entier re- froidissement. 4° Que le temps du refroidissement de l'émeril est à celui du refroidissement du gypse , au point de les 5o4 MINÉRAUX. INTRODUCTION. tenir, :: 38 : 9, et :: gS : 28 pour leur entier re- froidissement. 5° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de Tétain, au point de les te- nir, :: 5i : 22 par les présentes expériences, et ;: 57 : 21 par les expériences précédentes (art. XI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 6S à 4^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second , le rapport donné par les présentes expériences étant :: 81 : 67, et :: 114 : 61 parles expériences précédentes (art. XI) , on aura, en ajou- tant ces temps, 196 à 118 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'or et de l'é- tain. 6° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement de la craie, au point de les te- nir, :: 5i : 14 par les présentes expériences, et :: 2 1 V2 • 10 par les expériences précédentes ( arti- cle XXXY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 62 V2 à 24 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 81 : 59, et :: 65 : 26 par les expériences précédentes (art. XXXV), on aura, en ajoutant ces temps, 146 à 65 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de l'or et de la craie. 7° Que le temps du refroidissement de l'or est à ce- lui du refroidissement du gypse , au point de pouvoir les tenir, i: 5i l g parles présentes expériences, et :: 56 : 17 par les expériences précédentes ( arti- cle XXXVIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps. PARTIE EXPÉRIMENTALE. 3o5 87 à 26 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour Je second, le rapport donné parles présentes expériences étant y. Si : 28, et :: i65 I 55 par les expériences précédentes ( arti- cle XXXVIII) , on aura, en ajoutant ces temps, 2^6 à 81 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement de l'or et du gypse. 8" Que le temps du refroidissement de l'étain est à celui du refroidissement de la craie, au point de les tenir. Il 22 l 14? et :: 67 I 09 pour leur entier re- froidissement. 9" Que le temps du refroidissement de l'étain est à celui du refroidissement du gypse , au point de les te- nir, :: 22 ', 9, et :: 67 l 28 pour leur entier refroi- dissement. 10° Que le temps du refroidissement de la craie est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, *. : i4 • 9 P^^ ^^^ présentes expériences, et y. 1 1 I 7 par les expériences précédentes (art. XLYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 25 à 1 6 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 09 : 28, et :: 02 l 29 par les expériences précédentes (art. XLYI), on aura, en ajoutant ces temps, 71 à 07 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de la craie et du gypse. LYII. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de marbre blanc, de marbre commun, de glaise, d'ocre, et de bois, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : MINERAUX. INTRODUCTION. 5o6 Refroidis à les tenir pendant ({ne demi-seconde. minutes. Bois , en 2 Va Ocre , en 6^/2 Glaise, en 7^/2 Marbre commun, en. . . . ioy2 Marbre blanc , en 12 En. . Refroidis à la température. minutes n En. . • y En. . • *9 . 21 En. . ^ "V En 34 LYIII. La même expérience répétée, les boulets se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi-seconde. Bois , en 3 Ocre, en 7 Glaise , en 8^/2 Marbre commun, eu. . . . 12 y2 Marbre blanc , en 10 En. . Refroidis à la température. minutes. En. . En. . . 20 En. . . Sa Eu. . . 56 On peut conclure de ces deux expériences : i°Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du marbre commun , au point de pouvoir les tenir, y, 25 l 22 par les pré- sentes expériences 5 et :: 09 V2 • ^^ P^^^ l^s expérien- ces précédentes (art. XXYII). Ainsi on aura, en ajou- tant ces temps, 6.4 V2 ^ ^^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: --o : 61, et :: ii5 : ii5 parles expériences pré- cédentes ( art, XXYII), on aura, en ajoutant ces temps, i85 à ï'^^pouY le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement du marbre blanc et du marbre commun. PARTIE EXPÉRIMENTALE. 007 2°Queletempsdu refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de la glaise, au point de pouvoir les tenir, : : ^5 I 16, et : : 70 ! 44 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir. Il 20 l i5 V2? ^t •• 7^ • ^9 pour leur entier refroidissement. 4**Que le temps du refroidisse ment du marbre blanc est à celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: 25 I 5 V2? ^t •• 7^ • ^^ pour leur entier re- froidissement. 5° Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, ',: 22 l lô, et :: 61 l 44 pour leur entier refroidissement. ô^Quele temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 22 l i3 V2» ^'^ •• ^^ • ^9 pour leur entier refroidissement. ^''Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: 22 I 5 V2» ^*^ •• ^^ • ^^ pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 16 : 1 5 V2? P^i'^^s P^^'C^'^^^t^s expériences, et :: 12 V9 • 11 V2 P^^ ^^s expériences précédentes (art. XXXY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 28 V9 à 25 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 44 • ^9» 5o8 MINÉRAUX. INTRODUCTION. et :: 55 *. 29 par les expériences précédentes ( arti- cle XXXV ), on aura, en ajoutant ces temps, 77 à 68 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de la glaise et de l'ocre. 9" Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: 16 : 5 V2? ^*^ •• 44 • 20 pour leur entier refroidissement. 10° Que le temps du refroidissement de l'ocre est à celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: i5 V2 • ^ V2) ^^ •• ^9 • 20 pour leur en- tier refroidissement. LIX. Ayant mis chauffer ensemble les boulets d'ar- gent, de verre, de glaise, d'ocre, et de craie, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pejidant une ilemi-seconde. minutes. Craie , ea 5 Yj Ocre, en 6 Glaise, en 8 Verre , en 6^/2 Argent, en 12 Vg LX. La môme expérience répétée, lesboulels chauf- fés plus long-temps se sont refroidis dans l'ordre sui- vant : En. . Refroidis à la température. minutes . i5 En. . . 18 En. . . 22 En. . . 2Q En. . . 33 Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. mi'uilts. Craie, en 7 Ocre, en 8 Yg Glaise, en 9^/2 Verre, en ^^'^/i Argent, en 16 Yg Refroidis à la température. En. En. En. En. En. minuif* 22 25 29 38 PARTIE EXPERIMEiMALE. JOQ On peut conclure de ces deux expériences : \° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement du verre , au point de les tenir, :: 2g : 22 par les présentes expériences, et :: 56 : 25 par les expériences précédentes (article XXXIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 65 à 47 pour le rapport plus précis de leur premier refroi- dissement ; et pour le second , le rapport donné par les présentes expériences étant :: 76 : 67 ,et :: io5 : 62 par les expériences précédentes (art. XXXIII), on aura, en ajoutant ces temps, 179 à 129 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de l'argent et du verre. 2*" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de la glaise , au point de pou- voir les tenir, :: 29 I 1 7 V2> et :: 76 : 5i pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 29 : i4 V2» et ^« 76 : 45 pour leur entier refroidissement. 4" Que le temps du refroidissement de l'argent est à celui du refroidissement de la craie, au point de pouvoir les tenir, :: 29 : 12 V2 > et :: 76 ! 58 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la glaise, au point de pou- voir les tenir, :: 22 : 17 V2 parles expériences pré- sentes, et ;: 16V2 • i5 V2 par les expériences pré- cédentes ( article XL VI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 58 V2 à 5i pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le ciirFo^. iir. 20" OlO MINÉRAUX. INTRODUCTION. rapport doEiné par les présentes expériences étant :: 67 : 5i, et :: 4^ : 36 par les expériences présentes ( art. XLYl), on aura, en ajoutant ces temps, i k5 à 87 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du verre et de la glaise. 6" Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de pou- voir les tenir, :: 22 : i4 V2 f^^^* ^^s présentes expé- riences, et y, 16V2 • ^^ par les expériences précé- dentes (art. XLYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 38 V2 ^ ^^ V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 67 : 4^? ^^ • • 4^ » ^^ P^i' ^^s expériences précéden- tes ( art. XLYI ), on aura, en ajoutant ces temps , 1 13 à 75 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du verre et de l'ocre. 7** Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la craie , au point de pou- voir les tenir, :: 22 : 12 V2 P^^' ^^^ présentes expé- riences, et :: 16 V2 • 1 1 P^i* J^^ expériences précé- dentes (art. XLYI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 38 V2 ^ ^^^ V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 67 *. 38, et :: L^6 ', ô2 par les expériences précédentes (art. XLYI ), on aura, en ajoutant ces temps, 1 13 à 70 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du verre et de la craie. 8° Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 17 V2' 1 4 V2P^^ l^s présentes expériences. PAUTIE EXPÉRIMENTALE. ôl 1 et : : 26 l 2 2 V9 par les expériences précédentes ( ar- ticle XLYl). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 43 V9 ^ -^7 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant y, oi l ^3, et y, Gg : 65 par les expériences précédentes ( art. XLYI ) , on aura, en ajoutant ces temps, 120 à 106 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement de la «laise et de l'ocre. 9** Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de la craie , au point de pou- voir les tenir, : : 1 7 V2 * ^ ^ V2 P^i' 1^^ présentes ex- périences, et :: 26 '. 21 par les expériences précé- dentes ( art. XL VI ). iVinsi on aura, en ajoutant ces temps , 4-> V2 ^33 V4 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 5i I 58, et :: 69 : 58 par les expériences précédentes (art. XLYI), on aura, en ajoutant ces temps, 120 à 96pour îe rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de la glaise et de la craie. 10" Que le temps du refroidissement de l'ocre est à celui du refroidissement de la craie, au point de pou- voir les tenir, : : 14 V2 I i^ V2 P^'' ^^s présentes ex- périences, et :: II V-7 • ^^ P'^i' les expériences pré- cédentes (art. XXXV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 26 à 22 'V9 po^ii' le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second , le rapport donné par les précédentes expériences étant :: l\.2 l 58, et :: 29 : 26 par les précédentes expériences (arti- cle XXXV), on aura, en ajoutant ces temps, 72 à 64 012 MINERAUX. INTRODUCTION. pour le rapport encore plus précis de l'entier relroi- clissement de l'ocre et de la craie. LXI. Ayant mis chauffer ensemble, à un grand de- gré de chaleur, les boulets de zinc, de bismuth, de marbre blanc, de grès, et de gypse, le bismuth s'est fondu tout à coup, et il n'est resté que les quatre au- tres qui se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à Les tenir pendant m demi-sscondc. Gypse .en 1 1 Grès, en 16 Marbre blanc, en 19 Zinc, en 25 Refroidis à la température. En. En. En. En. 28 42 5o 57 LXII. La même expérience répétée avec les quatre boulets ci-dessus et un boulet de plomb à un feu moins ardent, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. Gypse, en Plomb, eu Grès, en Marbre blanc, en. . . . Zinc, en i5 mmuies. 10 12% Refroidis à La température. En 16 En 28 En 52 En 56 En 45 On peut conclure de ces deux expériences : i°Que le temps du refroidissement du zinc est à ce- lui du refroidissement du marbre blanc, au point de pouvoir les tenir, :: 58 *. 5i V2 P^^' les présentes ex- périences, et *: V2 par les expériences pré- cédentes (art. XLVIII). Ainsi, en ajoutant ces temps. rARTlE EXPERIMENTALE. Ô\Ô on aura 69 à 49 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 100 t 86, et • :: 65 I 55 par les expériences précédentes (article XLYIII), on aura, en ajoutant ces temps, i65 à 109 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du zinc et du marbre blanc. 2° Que le temps du refroidissement du zinc est à ce- lui du refroidissement du grès, au point de les tenir, : : 38 * 26 par les présentes expériences, et : : 2 1 1 1 1 5 par les expériences précédentes (art. XLYIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 à 14 1 pour le rap- port plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes ex- périences étant :: 100 ', ^4^ ^t ',l6j ' 47 P^i' l^s ex- périences précédentes ( article XLVIII), on aura, en ajoutant ces temps, 1 65 à 121 pour le rapport encore plus ptécis de l'entier refroidissement du zinc et du grès. 5° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du plomb, au point de pou- voir les tenir, :: i5 I 9 V9 par la présente expérience, et :: 'jo '. 4^ V4 pai' l^s expériences précédentes (art. XVII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 88 à 55 V4 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 45 I 20, et :: 220 : 189 par les expériences précédentes (art. XVII), on aura, en ajoutant ces temps, 265 à 209 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et du plomb. 5l4 MINÉRAUX. INTRODUCTION. 4" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du gypse, au point de les tenir, :: 58 : i5 V2 et :: 100 : 44 pour leur entier refroidissement. 5"* Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du grès, au point de les tenir, i: 01 V2 ' ^6 par les présentes expériences, et :: 58 V9 • ^2 par le$ expériences précédentes (art. XLYIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, ^o à 58 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport tlonné par les présentes expériences étant :: 86 I 74? ^^ •• 112 ', 1 04 par les expériences précédentes ( arti- cle XLYIII), on aura, en ajoutant ces temps, 198 à 178 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du marbre blanc et du grès. 6° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du plomb , au point de les tenir, *.: 12 V2 • 9 V2? et :: 56 : 20 pour leur en- tier refroidissement. 7" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est à celui du refroidissement du gypse, au point de pouvoir les tenir, :: 5i ! i5 V2- et :: 86 ', 44 pour leur entier refroidissement. 8** Que le temps du refroidissement du grès est à celui du refroidissement du plomb au point de pou- voir les tenir, :: 10 I 9 V2P^^' ^^ présente expérience, et :: 59 l 5i V9 par les expériences précédentes (art. XLIY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 69 V9 à 6i pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport PARTIE EXPÉRIMENTALE. 3l5 donne par les présentes expériences étant y, 02 : 20, et :: 187 : 178 par les expériences précédentes (ar- ticle XLIV), on aura, en ajoutant ces temps, 219 a 198 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du grès et du plomb. 9° Que le temps du refroidissement du grés est à celui du refroidissement du gypse, au point de pou- voir les tenir, :: 26 ', i5 V2 P^i" ^^^ présentes expé- riences, et :: 55 I 21 V2 P^^ l^s expériences précé- dentes (art. XXXIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 81 à 07 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rap- port donné parles présentes expériences étant :: 74 ; 44 ? ^t :: 170 I 78 par les expériences précédentes (art. XXXIII), on aura, en ajoutant ces temps, 244 à 122 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du grès et du gypse. 10° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement du gypse , au point de les tenir, ;: 9 V2 '. 4 V2? ^t •• ^^ • ^^ pour leur entier refroidissement. LXIII. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de cuivre, d'antimoine, de marbre commun, de pierre calcaire tendre , et de craie , ils se sont refroidis dans Tordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. iniiiules. Craie, en ^^/ï Antimoine, en 7^/2 Pierre leudre, en. . . , . . y ^/^ Marbre commun, en. . . . 1 1 Yj Cuivre, en 16 En. . Refroidis à la température. lui m 20 En. . . ofi En. ')fi En. . En. . . Af) 5l6 MINÉRAUX. liM'RODT CTION. LXIV. La même expérience répétée , les boulets se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendaîit une demi -seconde. minutes. Craie , en 5^/2 Antimoine, eu 6 Pierre tendre , en 8 Marbre commun , en. ... 10 Cuivre, en i^Vî En Refroidis à la température. mitiu . 18 En. . aA En. . En. . Rn. . On peut conclure de ces deux expériences : i"* Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement du marbre commun, au point de pouvoir les tenir, :: 29. V2 • ^ 1 V2 P^^' ^^^ présentes expériences, et : : 45 I 35 V2 P^^" ^^^ expé- riences précédentes (art. V). Ainsi on aura, en ajou- tant ceséemps, 74 Vo ^ ^1 pour le rapport plus pré- cis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant 1: 87 \ 60, et :: 125 I 111 par les expériences pré- cédentes (art. V), on aura, en ajoutant ces temps, 212 a 171 pour le rapport encore plus précis de l'en- tier refroidissement du cuivre et du marbre commun. 2° Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de pouvoir les tenir, :: 29 V2 • *5 V25 ^^ : : 87 t 49 pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de les tenir, :: 29 V2 • ^^ V2 P^i' ^^^ présentes expé- riences, et :: 28 *. 16 par les expériences précéden- tes (art. XLI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps PARTIE EXPERIMENTALE. 0 1^ 57 V2 ^ 29 V2 pour le rapport plus précis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 87 I 5o, et :: 80 *. 47 P^i' les expériences précédentes (arti- cle XLI), on aura, en ajoutant ces temps, 167 à 97 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement du cuivre et de l'antimoine. 4** Que le temps du refroidissement du cuivre est à celui du refroidissement de la craie, au point de pou- voir les tenir, :: 29 V2 • ^^? ^^ •• ^7 • ^^ pour leur entier refroidissement. ^ 5°Que le temps du refroidissement du marbre cojn- mun est à celui du refroidissement de la pierre ten- dre, au point de pouvoir les tenir, :: 2 1 V2 • i4P'ii' les expériences présentes, et ;: 29 ! ^5 parles expé- riences précédentes (art. XXX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, oo V2 ^ ^7 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le se- cond, le rapport donné parles présentes expériences étant :: 60 ' 49? ^^ :: 87 I 68 parles expériences précédentes (art. XXX), on aura, en ajoutant ces temps, 147 à 107 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du marbre comuiun et de la pierre tendre. 6°Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de rantimoine, au point de les tenir, : : 2 1 Vg " 1 ^ V')? ^^ : : 60 : 5o poin- leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement du marbre com- mun est à celui du refroidissement de la craie , au point de pouvoir les tenir, : : 2 1 V9 ' 1 2 , et ; : 60 I 38 pour leur entier refroidissement. 5l8 îniiNÉllALX. INTRODUCTION. 8"* Que le temps du lefroidissement de la pierre tendre est à eeliii du refroidissement de l'anlimoine, au point de pouvoir les tenir, ;: i4 *. 3 '/2? et :: /^c) : 5o pour leur entier refroidissement. 10" Que le temps du refroidissement de l'antimoine est à celui du refroidissement de la craie, au point de pouvoir les tenir, :: i5 ^'^ : la, et :: 5o : 58 pour leur entier refroidissement. LXy. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de plomb, d'étain, de verre, de pierre calcaire dure, d'ocre, et de glaise, ils se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à les tenir pendant une demi-seconde. uiinutes. Ocre, en 5 Glaise , en 7^/2 Étain,en 8 Yg Plomb, en 91/2 Verre, en 10 l^îerre dure, en loV, Refroidis à la température. niiiiutee En. .. . 16 En. . . . 20 En. . . . 2 1 En. . . . 'j5 En. . . • 27 En. . . . 29 Il résulte de cette expérience: 1" Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement du verre, au point de les tenir, ;: 10V2 • 10 par la présente expérience, et :: 20 V2 • 17 P3i' les expériences précédentes (ar- ticle LIV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 5i à 27 pour le rapport plus précis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 29 I 27, ci y, 62 l 49 par les expériences précédentes (art. LIV ) , on aura, en ajoutant ces temps, 91 à 76 pour le rapport encore PARTIE EXPERIMENTALE. 3 1 C) plus précis de l'entier refroidissement de la pierre dure et du verre. 9" Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement du plomb , au point de pou- voir les tenir, :: lO I 9 V9 P^ii' ^^ présente expérience, et :: 12 l 11 par les expériences précédentes (arti- cle XXXIX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 22 à 20 V9 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par l'expérience présente étant :: 27 : 25, et :: 55 : 5o par les expériences précédentes (art. XXXIX), on aura , en ajoutant ces temps, 62 à 55 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du verre et du plomb. 5" Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de l'étain, au point de pou- voir les tenir, :: 10 : 8 V2P^i'l''^pi'^sente expérience, et :: 46*4^V2 parles expériences précédentes (arti- cle XXXIX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 56 à 5i pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 2^ ! 21, et par les expériences précédentes (art. XXXIX) i: i52 ', 1 17, on aura, en ajoutaut ces temps, iSq à i58 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidisse- ment du verre et de l'étain. 4° Que le tem^ du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de la glaise, au point de pou- voir les tenir, ;: 10 I 7 V9 P^i' ^a présente expérience, et :: 58V2 • 5i P^ï" les expériences précédentes (ar- ticle LX ). Ainsi on aura, on ajoutant ces temps, 4^ V') 320 MINÉRAUX. INTRODUCTION. à 58 V-> pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 27 ! 20, et;: ii5l 87 parles expériences précédentes (art. LX), on aura, en ajoutant ces lemps, 1/40 à 107 pour îe rapport en- core plus précis de l'entier refroidissement du verre et de la glaise. 5** Que le temps du refroidissement du verre est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de pou- voir les tenir, :: 10 ! 5 par les présentes expériences, et :: 58 V2 • 25V2 P'^^^ ^^^ expériences précédentes (art. LX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 48 V2 à 5o V-, pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 27 t 16, et par les expériences précédentes (art. LX ) :: ii5 : 70, on aura, en ajoutant ces temps, i4o à 91 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du verre et de l'ocre. 6° Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement du plomb, au point de pouvoir les tenir, :: 10V2 • 9 V2> ^t '. ^ 29 : 25 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement de l'étain , au point de les tenir, :: 10V2 • 8V2? ^t '• 29 : 21 pour leur en- tier refroidissement. • 8° Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, :: 10 V2 • 7 V2? ^t :: 29 : 20 pour leur en- tier refroidissement. PARTIE EXPÉRIMENTALE. Ô2\ 9°Que le temps du refroidissement de la pierre dure est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les tenir, :: 10^2-^' ^^ •• ^9 • *^ P^"*' ^^"^' entier re- froidissement. 10° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de l'étain, au point de les tenir, :: 9 V2 • ^ V2 P^^ ^^ présente expérience, et :: 56 V2 • ^^ V2 P^^ ^^^ expériences précédentes (art. XXXIX). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 46 à 40 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant :: 20 '. 21, et :: 109 l 89 par les expériences précédentes (art. XXXIX), on aura, en ajoutant ces temps, 102 a 110 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et de l'étain. , • 1 i°Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de la glaise au point de pou- voir les tenir, :: 9V2 • 7 V2P*^i'^^ présente expérience, et :: 7 '. 5 V9 P^i' les expériences précédentes (arti- cle XXXY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 16V2 à 1 5 pour le rapport plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant \l 20 l 20, et :: 18 I i5 par les expériences précédentes (art. XXXV), on aura, en ajoutant ces temps, 4 1 à 55 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et de la glaise. 12° Que le temps du refroidissement du plomb est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de pou- voir les tenir, :: 9V2 • ^ P^i' ^^ présente expérience. >>i^^ MliMiRAUX. I]\ TRODUGTION. et : : 7 : 5 j)ar les expériences précédentes (art. XXXY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, i6V-)à i o pour le rapport plus précis de leur premier refroidisse- ment ; et pour le second, le rapport donné par la pré- sente expérience étant :: 20 : 16, et :: 18 : i5 parles expériences précédentes (art. XXXY), on aura, en ajoutant ces temps, 4^ ^ 29 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement du plomb et de l'ocre. lo" Que le temps du refroidissement de letain est à celui du refroidissement de la glaise , au point de les tenir, :: 8V2 • 7 V2' et :: 21 : 20 pour leur entier refroidissement. i4°Que le temps du refroidissement de letain est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de les t^^nir, : : 8 V2 • 5^ ^t >' 21 I 16 pour leur entier refroi- dissement. iS^'Que le temps du refroidissement de la glaise est à celui du refroidissement de l'ocre, au point de pou- voir les tenir, : : 7 V2 • ^ P^^ ^^ présente expérience , et : : 4^V2 • ^7 P^^' ^^^ expériencesprécédentes (art.LX), Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 5i à 4^ pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement ; et pour le second, le rapport donné par la présente expérience étant : : 20 : 1 6, et : : 1 20 *. 1 o4 pai' les ex- périences précédentes (art. LX), on aura, en ajou- tant ces temps, i4o à 120 pour le rapport encore plus précisdel'entierrefroidissementdelaj^laise et de l'ocre. ©■ LXYl. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de zinc, d'antimoine, de pierre calcaire tendre, de craie.. PARTIE E X P E Tl î M E N I A L E . .> 2 . J [ de gypse, ils se sonl rel'roidis clans Tordre suivanl : lîrfi'oiJis à les tenir pendant une demi-seconde. minutes. Gypse, en ^^/'i Craie, en 5 AulîiTioiue, en 6 Pierre tendre , en 7^/2 Zinc, en ^4 V2 Refroidis à la température. minutes En. . j ( En. . 16 En. . %• ■ ■ . 22 En. . 20 En. . • 20 LXVII. La même expérience répétée, les boulets .se sont refroidis dans l'ordre suivant : Refroidis à tes tenir penda7it une demi-seconde. minutes. Gypse, eu 3 Yg Craie, en 4 V2 Antimoine, en 6 Pierre tendre, en 8 Zinc, en i5 Yg Refroidis à la température. minuir En. . . 1 9 En. 1/1 En. . . 20 Eu. . . 21 En. . . 28 On peut conclure de ces deux expériences : 1*" Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de la pierre tendre, au poinî de pouvoir les tenir, :: 28 : i5V2? ^^ Il ^'^ ' 44 pour leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement de l'antimoine, au point de pouvoir les tenir, :: 28 l 12 par les présentes expé- riences, et '. : 94 • ^2 par les expériences précédentes (art. XLYIII). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 122 à 64 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné 02 1 MINERAUX. INTRODUCTION. par les présentes expériences étant :: 5^ t 4^? et ;: f:>85 : 184 par les expériences précédentes (arti- cle XLYIIT), on aura, en ajoutant ces temps, 3\'2 à 226 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement du zinc et de l'antimoine. 7f Que \0 temps du refrc'idissement du zinc est à celui du refroidissement de la craie, au point de pou- voir les tenir, : : 28 l 9 V2 p^i' ^^s présentes expérien- ces, et :: 5i l 12 V9 P^i' ^es expériences précédentes (art. LU). Ainsi on aiira, en ajoutant ces temps, 69 à 22 pour le rapport plus précis de leur premier refroi- dissement; et pour le second, le rapport donné par \es expériences présentes étant :: 5; I 5o, et :: 69 : 58 par les expériences précédentes (art. LU), on aura, en ajoutant ces temps, 116 à 6S pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et de la craie. 4** Que le temps du refroidissement du zinc est à celui du refroidissement du gypse, au point de pou- voir les tenir, :: 28 I 7 par les présentes expérien- ces, et :: 58 '. i5 V9 par les expériences précédentes (art. LXII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 66 h 22 V9 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 67 ! 25, et :: 100 : 44 P^^' ^^s expériences précédentes (art. LXII), on aura, en ajoutant ces temps , 1 57 à 67 pour le rap- port encore plus précis de l'entier refroidissement du zinc et du gypse. 5° Que le temps du refroidissement de l'antimoine est à celui du refroidissement de la pierre calcaire ten- PARTIE EXPERIMENTALE. 02J 2, et :: 4 dre, au point de les tenir, :: \2 ; i5 V2? et :: /l2 44 pour leur entier refroidissement. 6° Que le temps du refroidissement de l'antimoine est à celui du refroidissement de la craie , au point de pouvoir les tenir, :: 12 : 9 V2 P^^^ les présentes expériences, et :: i5 V2 • ^^ P^^' les expériences pré- cédentes (art. LXIY). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 25 V2 à 21 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné parles présentes expériences étant :: 4^2 I 5o, et :: 5o ; 58 par les expériences précédentes (art. LXIV), on aura, en ajoutant ces temps, 92 à 6S pour le rapport encore plus précis de l'entier refroi- dissement de l'antimoine et de la craie. '-*' Que le temps du refi^oidissement de l'antimoine est à celui du refroidissement du gypse , au point de pouvoir les tenir, *.: 12 *. 7, et :: 4^ * 20 pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement de la pierre tendre est à celui du refroidissement de la craie , au point de pouvoir les tenir, ; : 1 5 Vi • 9 V2 P^r les pré- sentes expériences, et y, i4 ^ 12 par les expériences précédentes (art. LXIV). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps , 29 V2 à 21 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant II 44 * 5o, et :: 49 • 58 par les expériences précéden- tes (art. LXIY), on aura, en ajoutant ces temps, Ç)5 à 68 pour le rapport encore plus précis de l'entier re- froidissement de la pierre tendre et de la craie. 9" Que le temps du refroidissement de la pierre cal- caire tendre est à celui du refroidissement du gypse. BUFFON. nr. 7)'26 MINÉRAUX. INTRODUCTION. au point de les tenir, :: i5 V2 * 7 P^*" l^s présentes expérience.^, et :: 12 : 4 V2 P^*^" '^^ expériences pré- cédentes (art. XXXVIII). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 27 V2 à 11 V2 pour le rapport plus précis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donné par les expériences présentes étant :: 44 • ^5? et :: 27 : 14 par les expériences précé- dentes (art. XXXVIII), on aura, en ajoutant ces temps, 71 à 07 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de la pierre tendre et du gypse. 1 0° Que le temps du refroidissement de la craie est à celui du refroidissement du gypse, au point de les te- nir, Il 9 V2 • 7 P^'^ '^^ présentes expériences, et :: 25 I 16 par les expériences précédentes (art. LVI). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 54 V^) à 25 pour le rapport plus précis de leur premier refroidisse- ment; et pour le second, le rapport donné par les présentes expériences étant :: 5o : 25, et :: 71 : 57 par les expériences précédentes (art. LVI ), on aura , en ajoutant ces temps, 101 à 80 pour le rapport encore plus précis de l'entier refroidissement de la craie et du gypse. Je borne ici cette suite d'expériences assez longues à faire et fort ennuyeuses à lire; j'ai cru devoir les donner telles que je les ai faites àplusieurs reprises dans l'espace de six ans : si je m'étois contenté d'en addi- tionner les résultats, j'aurois, à la vérité, fort abrégé ce mémoire, mais on n'auroit pas été en état de les répéter; et c'est cette considération qui m'a fait pré- férer de donner l'énumération et le détail des expé- riences mêmes, au lieu d'une table abrégée que j'au- rois pu faire de leurs résultats accumulés. Je vais PARTIE EXPERIMENTALE. v)27 néanmoins donner, par forme de récapitulation , la table générale de ces rapports , tous comparés à i oooo, afin que , d'un coup d'oeil , on puisse en saisir les dif- férences. k V\A \V\A^A'V \ \ w TABLE DES RAVPOUTS DU REFROIDISSEMENT DES DIFFERENTES SUBSTANCES MINERALES. FER. Premier Entier refroidissement. refroidissement. / Émeril *. . loooo à 9117 — 9020 Cuivre 10000 à 85 12 — 8702 Or 10000 à 8160 — 8148 Zinc. 10000 à 7654 — 6020 6804 Argent 10000 à 7619 — 74^^ Marbre blanc 10000 à 6774 — 6704 Marbre commun.. . . 10000 à 6636 — 6746 Pierre calcaire dure. . 10000 à 6616 — 6274 a; , Grès 10000 à 6796 — 6926 ^ Terre 10000 à 6676 — 58o5 Plomb 10000 à 5 143 — 6482 Etain. . 10000 à 4^9^ — 49^1 Pierre calcaire tendre. 10000 à 4^94 — 4^59 Glaise 10000 à 4^9^ — 449^ Bismuth 10000 à 358o — 4^81 Craie • » • 10000 à 3o86 — 3878 Gypse 10000 à 2325 — 2817 Bois 10000 à 1860 — i549 Pierre ponce lOOOO à 1627 — 1268 rîil PARTIE EXPERIMENTAL]:. ^'AC) ÉMERIL. Premier Entier refroidissement. refroidissement. Cuivre : . . loooo à 8619 — 8148 Or . 10000 à 85i3 — 856o Zinc . loooo à 8390 — 7692 7458 Argent lOOOO à 7778 — 7896 Pierre calcaire dure. . 10000 à 73o4 — 6963 Grès 10000 à 6552 — 65 17 Verre , . 10000 à 6862 — 55o6 g / Plomb 10000 à 5718 — 6643 S 1 Étain 10000 à 5658 — 6000 Glaise 10000 à 5i85 — 5i85 Bismuth 10000 à 4949 — 6060 Antimoine 10000 à 454^ — 5827 Ocre , 10000 à l\2^g — 3827 Craie 10000 à 3684 — 4^^^ Gypse 10000 à 2368 — 2947 Bois 10000 à i552 — 3 146 CUIVRE. Or 1 0000 à 9 1 36 — 9 1 94 Zinc 10000 à 8571 — 9250 7619 Argent 10000 à 8395 — 7823 Marbre commun. . . . 10000 à 7638 — 8019 Grès 10000 à 7333 — 8160 Verre 10000 à 6667 — 6567 Plomb 10000 k 6170 — ^36- u 330 MINÉRAUX. INTRODUCTION. CUIVRE. Premier Entier refroidissement. refroidissement. Étain loooo à Sjl^G — 6916 Pierre calcaire tendre. lOOOO à 5 168 — 5653 ^ ^ Glaise.. lOOOO à 5652 — 6563 Bismuth 10000 à 5686 — 5959 H i Antimoine 10000 à 5i5o — 58o8 Ocre 10000 à 5ooo — 4^97 Craie 10000 à 4o68 — 4^^^ u o OR. Zinc 10000 à 9474 — 9^<^4 8422 Argent 10000 à 8956 — 8686 Marbre blanc 10000 à 8101 — 7865 Marbre commun.. . . 10000 à 7342 — 74^^ Pierre calcaire dure. . 10000 à 7585 — 75i6 Grès 10000 à 7568 — 7627 Yerre 10000 à 7105 — 5952 Plomb 10000 à 6526 — 7500 Étain 10000 à 6524 — 6o5i Pierre calcaire tendre. 10000 à 6087 — 58ii Glaise 10000 à 58i4 — 5077 Bismuth 10000 à 5658 — 7043 Porcelaine 10000 à 5526 — 5593 Antimoine.. , . . . . 10000 à 6595 — 6548 Ocre. 10000 à 5549 — 44^2 Craie 10000 à 4^71 — 44^2 Gypse 10000 à 2989 — 5293 VARTIE EXPl^lRIMENTALE. 55l ZINC. Premier Euliei refroidissement. refroidissemeiil. / Argent i oooo à 8904 — 8990 1001 5 Marbre blanc 10000 à 85o5 — 84^4 7^94 Grès 10000 à 6949 — 7333 5838 Plomb 10000 à 6o5i — 7947 4940 Étain 10000 à 6777 — 6240 5666 ^ y Pierre calcaire tendre . 10000 à 5536 — 7719 A425 Glaise 10000 à 5484 — 74^8 4373 Bismuth 10000 à 5543 — 7547 L\232 Antimoine 10000 à 5246 — 6608 # 4i35 Craie 10000 à 3729 — 5862 j 2618 i Gypse 10000 à 3409 — 4^^^ \ 2298 ARGENT. ^ ,' Marbre blanc 10000 à 8681 — 9200 ^ ) Marbre commun.. . . 10000 à 7912 — 9040 Sd j Pierre calcaire dure. . 10000 à 7436 — 858o < y Grès 10000 à 7361 — 7767 002 M 1 x\ ]• Il A L X. 1 ^' rn o D i c 1' I o n. ARGENT, Preiuier refroidisseincut. Verre loooo Plomb loooo Etain. . loooo Pierre calcaire tendre . loooo Glaise loooo Bismuth loooo Porcelaine loooo Antimoine loooo Ocre loooo Craie loooo Gypse loooo Bois loooo Pierre ponce loooo Entier refroidissement. 7i^Z, 7212 9.84 à 6176 — 6289 à 6178 — 6287 à 6054 — 6710 à 6008 — 8877 à 5556 — 5242 à 5692 — 7655 à 5ooo — 5658 à 4oio — 5ooo à 2879 — 5566 h 2o5o — 1864 à 2059 — i525 MARBRE BLANC. ce Marbre commun. . . . 10000 à Pierre dure 10000 à Grès 10000 à Plomb 10000 à Etain 10000 à Pierre calcaire tendre . 1 0000 à Glaise 10000 à Antimoine 10000 à Ocre 1 0000 à Gypse 10000 à Bois 10000 à ^99^^9405 8594 — 9100 8286 — 8990 7604 — 5555 7145 — 6792 6792 — 7218 6400 — 6286 6286 — 6^^2 5400 — 5571 4920 — 5i 16 2200 — 285" PARTIE EXPÉRIMIÎISTALE. 333 MARBRE COMMUN. Premier Entier refroidissement. refroidissement. i' Pierre dure loooo à 9485 — 0655 Grès loooo à S'jG^ — 9^73 Plomb loooo à 7671 — 8690 Etain : . . . 10000 à 74^4 — 6666 Pierre tendre 10000 à 7327 — 79^9 Glaise 10000 à 7272 — 72=10 Antimoine.. ..... 10000 à 62^0 — 8333 Ocre 10000 à 6i3o — 63q5 Craie 10000 à 558i — 6333 Bois.. 10000 à 25oo — 3279 PIERRE CALCAIRE DURE. Grès 10000 à 9268 — 9355 Verre 10000 à 8710 — 8352 ^ I Plomb 10000 à 8671 — 7931 ^ 1 Etaio 10000 à 8oo5 — -793i CD j Pierre tendre 10000 à 8000 — 8096 o / Glaise 10000 à 6190 — 9897 ^ Ocre . loooo à 4;^^ — 55 17 Bois 10000 à 2195 — 4^1^ GRÈS. / Yerre 10000 à 9324 — 79^9 ^ \ Plomb 10000 à 8561—8950 "-2 ) Etain 10000 à '-667 — 7633 >^ Pierrre tendre 10000 à 7647 — 719^ 534 ^JlNÉRAUX. INTRODUCTION 3 ( S*: 0^ GRES. Premier Entier relroidisseinenl. relroidissemeiil. Porcelaine loooo à 7064 — 7069 Antimoine 10000 à 7555 — 6170 se 10000 à 4568 — 5ooo Bois 10000 à ^568 — 4^^^ VERRE. Plomb 10000 à 9518 — 8548 Étain 10000 à 9107 — 8679 Glaise 10000 à 7958 — 7645 ^ J Porcelaine 10000 à 7692 — 8865 ^ ] Ocre 10000 à 6289 — 65oo ^ /Craie. 10000 à 6io4 — 6196 Gypse 10000 à l\^i6o — 6011 Bois 10000 à 2647 — 55 1 4 PLOMB. Etain 10000 à 8695 — 8555 Pierre tendre 10000 à 8457 — 7192 Glaise 10000 à 7878 — 8556 r; j Bismuth 10000 à 8698 — 8750 I ) Antimoine 10000 à 8241 — 8201 Ocre 10000 à 6060 — 7075 Craie 10000 à 5714 — 6111 \ Gypse 10000 à l^'JôG — 6714 PARTIE EXPERIMENTALE. Jj'^y ÉTAIN. Premier Entier refroidissement. refroidissement. /Glaise loooo à 8823 — 9524 ^ l Bismuth ioooo à 8888 — 9400 g ) Antimoine 10000 à 8710 — 9166 § ] Ocre 10000 à 5882 — 7619 Craie 10000 à 6564 — 6842 Gypse 10000 à 4^90 — 49 1^ PIERRE CALCAIRE TENDRE. ■^ /Antimoine 10000 à 7742 — 9^45 ^ < Craie 10000 à 7288 — 7512 PLi \ Gypse 10000 à 4182 — 6211 GLAISE. /Bismuth 10000 à 8870 — 94*9 a> i Ocre 10000 à 8400 — 8571 ^^ < Craie 10000 à 7701 — 8000 ^ / Gypse 10000 à 5i85 — 8o55 \ Bois . 10000 à 5427 — 4545 BISMUTH. ^ /Antimoine 10000 à 9549 — 9572 c^ j Ocre 10000 à 8846 — 7580 ^ \ Craie 10000 à 8620 — 9600 35() MINÉRAUX. INTUODLC'l JOW. PORCELAIINE. Premier Entier refroidissemenl. refroidissement. Porcelaine et gypse loooo à 53o8 — 65oo ANTIMOINE. o ( Craie loooo à 843 1 — 73g i ^ ( Gypse loooo à 5833 — 5476 OCRE. % f Craie 10000 à 8654 — 8889 u < Gypse 10000 à 6364 — 9062 O \ Bois 10000 à 4^74 — 5128 CRAIE. Craie et gypse 10000 à 6667 — 7920 GYPSE. % ( Bois 10000 à 8000 — 525o O ^ Pierre ponce 10000 à y 000 — 4^^^ BOIS. Bois et pierre ponce 10000 à 8700 — 8182 Quelque attention que j'aie donnée âmes expérien- ces, quelque soin que j'aie pris pour en rendre les rapports plus exacts, J'avoue qu'il y a encore quelques PARTIE EXPÉRIMENTALE. vlvTj imperfections dans cette table qui les contient tous; mais ces défauts sont légers et n'influent pas beaucoup sur les résultats généraux : par exemple, on s'aperce- vra aisément que le rapport du zinc au plomb étant de 10000 à 6o5i, celui du zinc àl'étain devroit être moindre de 6000, tandis qu'il se trouve dans la table de 6777. Il en est de même de celui de l'argent au bis- muth, qui devroit être moindre que 63o8, et encore de celui du plomb à la glaise, qui devroit être de plus de 8000, et qui ne se trouve être dans la table que de 7878; mais cela provient de ce que les boulets de plomb et de bismuth n'ont pas toujours été les mêmes : ils se sont fondus aussi bien que ceux d'étain et d'an- timoine ; ce qui n'a pu manquer de produire des va- riations, dont les plus grandes sont les trois que je viens de remarquer. Il ne m'a pas été possible de faire mieux : les différents boulets de plomb, d'étain, de bismuth, et d'antimoine, dont je me suis successive- ment servi, étoient faits, à la vérité, sur le même ca- libre; mais la matière de chacun pouvoit être un peu différente, selon la quantité d'alliage du plomb et de l'étain ; car je n'ai eu de l'étain pur que pour les deux premiers boulets : d'ailleurs, il reste assez souvent une petite cavité dans ces boulets fondus, et ces petites causes suffisent pour produire les petites différences qu'on pourra remarquer dans ma table. Il en est de même de l'étain à l'ocre, qui devroit être de plus de 6000, et qui ne se trouve dans la table que de SS82 , parce que l'ocre étant une matière fria- ble qui diminue par le frottement, j'ai été obligé de changer trois ou quatre fois les boulets d'ocre. J'avoue 558 MINÉRAUX. IxM'RÔDUCTION. qu'en donnant à ces expériences le double du très long temps que j'y ai employé, j'aurois pu parvenir à un plus grand degré de précision ; mais je me flatte qu'il y en a suffisamment pour qu'on soit convaincu de la vérité des résultats que l'on peut en tirer. Il n'y a guère que les personnes accoutumées à faire des ex- périences, qui sachent combien il est difficile de con- stater un seul fait de la nature par tous les moyens que l'art peut nous fournir : il faut joindre la patience au génie , et cela souvent ne suffit pas encore ; il faut quelquefois renoncer, malgré soi, au degré de préci- sion que l'on désireroit , parce que cette précision en exigeroit une tout aussi grande dans toutes les mains dont on se sert, et demanderoit en même ternes une parfaite égalité dans toutes les matières que l'on em- ploie : aussi tout ce que l'on peut faire en physique expérijnentale ne peut pas nous donner des résultats rigoureusement exacts, et ne peut aboutir qu'à des approximations plus ou moins grandes; et quand l'or- dre général de ces approximations ne se dément que par de légères variations, on doit être satisfait. Au reste , pour tirer de ces nombreuses expériences tout le fruit que l'on doit en attendre, il faut diviser les matières qui en font l'objet, en quatre classes ou genres différents : i° les métaux; 2° les demi-métaux et minéraux métalliques; 5° les substances vitrées et vitrescibles; l^^ les substances calcaires et calcinables; comparer ensuite les matières de chaque genre entre elles, pour tâcher de reconnoître la cause ou les cau- ses de l'ordre que suit les progrès de la chaleur dans chacune ; et enfin comparer les genres mêmes entre PARTIE EXPERIMENTALE. 0^9 eux, pour essaye» d'en déduire quelques résultats gé- néraux. I, L'ordre des six métaux, suivant leur densité, est : étain , fer, cuivre , argent, plomb , or; tandis que l'or- dre dans lequel ces métaux reçoivent et perdent la cliQleur est : étain, plomb, argent, or, cuivre, fer, dans lequel il n'y a que l'étain qui conserve sa place. Le progrès et la durée de la cbaleur dans les mé- taux ne suit donc pas l'ordre de leur densité, si ce n'est pour l'étain, qui, étant le moins dense de tous, est en môme temps celui qui perd le plus tôt sa -cha- leur : mais l'ordre des cinq autres métaux nous dé- montre que c'est dans le rapport de leur fusibilité que tous reçoivent et perdent la chaleur; carie fer est plus difficile à fondre que le cuivre , le cuivre l'est plus que l'or, l'or plus que l'argent, l'argent plus que le plomb, et le plomb plus que l'étain : on doit donc en conclure que ce n'est qu'un hasard si la densité et la fusibilité de l'étain se trouvent ici réunies pour le placer au der- nier rang. Cependant ce seroit trop s'avancer que de préten- dre qu'on doit tout attribuer à la fusibilité , et rien du tout à la densité ; la nature ne se dépouille jamais d'une de ses propriétés en faveur d'une autre, d'une manière absolue, c'est-à-dire de façon que la première n'influe en rien sur la seconde : ainsi la densité peut bien entrer pour quelque chose dans le progrès de la chaleur; mais au moins nous pouvons prononcer affir- mativement que , dans les six métaux , elle n'y fait que très peu, au lieu que la fusibilité y fait presque le tout. Cette première vérité n'étoit connue ni des chimis- 24 O MINÉRAUX. INTKODLCTION. tes ni des physiciens : onn'auroit pas môme imaginé que l'or, qui est plus de deux fois et demie plus dense que le fer, perd néanmoins sa chaleur un demi-tiers plus vite. Il en est de môme du plomb, de l'argent, et du cuivre, qui tous sont plus denses que le fer, et qui, comme l'or, s'échauffent et se refroidissent plus promptement; car, c[uoiqu'il ne soit question qu^du refroidissement dans ce second mémoire, les expé- riences du mémoire qui précède cekii-ci, démontrent, à n'en pouvoir douter, qu'il en est de l'entrée de la chaleur dans les corps comme de sa sortie, et que ceux qui la reçoivent le plus vite sont en môme temps ceux qui la perdent le plus tôt. Si l'on réfléchit sur les principes réels de la densité, et sur la cause de la fusibilité, on sentira que la den- sité dépend absolument de la quantité de matière que la nature place dans un espace donné; que plus elle peut y en faire entrer, plus il y a de densité, et que l'or est, à cet égard, la substance qui, de toutes, con- tient le plus de matière relativement à son volume. C'est pour cette raison que l'on avoit cru jusqu'ici qu'il falloit plus de temps pour échauffer ou refroidir l'or que les autres métaux. Il est en effet assez natu- rel de penser que, contenant sous le môme volume le double ou le triple de matière , il faudroit le dou- ble ou le triple du temps pour la pénétrer de cha- leur; et cela seroit vrai, si, dans toutes les sub- stances, les parties constituantes étoient de la môme fleure , et en conséquence toutes arrangées de môme. Mais, dans les unes, comme dans les plus denses, les molécules de la matière sont probablement de figure assez régulière pour ne pas laisser entre elles de très PARTIE EXPÉra.MENTALE. 54 1 grands espaces vides ; dans d'autres moins denses , leurs figures plus irrégulières laissent des vides plus nombreux et plus grands ; et dans les plus légères , les molécules étant en petit> nombre , et probablement de figure très irrégulière, il se trouve mille et mille fois plus de vide que de plein : car on peut démontrer par d'autres expériences, que le volume de la sub- stance même la plus dense contient encore beaucoup plus d'espace vide que de matière pleine. Or, la principale cause de la fusibilité est la facilité que les particules de la chaleur trouvent à séparer les unes des autres ces molécules de la matière pleine : que la somme des vides en soit plus ou moins grande , ce qui fait la densité ou la légèreté, cela est indiffé- rent à la séparation des molécules qui constituent le plein , et la plus ou moins grande fusibilité dépend en entier de la force de cohérence qui tient unies ces par- ties massives, et s'oppose plus ou moins à leur sépa- ration. La dilatation du volume total est le premier degré de l'action de la chaleur ; et, dans les différents métaux, elle se fait dans le même ordre que la fusion de la masse, qui s'opère par un plus grand degré de chaleur ou de feU. L'étain, qui, de tous, se fond le plus promptement, est aussi celui qui se dilate le plus vite; et le fer, qui est de tous le plus dilTicile à fondre, est de même celui dont la dilatation est la plus lente. D'après ces notions générales, qui paroissent clai- res , précises, et fondées sur des expériences que rien ne peut démentir , on seroit porté à croire que la duc- tilité doit suivre l'ordre de la fusibilité, parce que la plus ou moins grande ductilité semble dépendre de la plus ou moins grande adhésion des parties dans 54i? MINÉRArX. INTRODUCTION. chaque métal; cependant cet ordre de la ductilité des métaux paroît avoir autant de rapport à l'ordre de la densité qu'à celui de leur fusibilité. Je dirois volon- tiers qu'il est en raison composée des deux autres, mais ce n'est que par estime et par une présomption qui n'est peut-être pas assez fondée; car il n'est pas aussi facile de déterminer au juste les différents degrés de la fusibilité que ceux de la densité ; et comme la ductilité participe des deux, et qu'elle varie suivant les circonstances, nous n'avons pas encore acquis les connoissances nécessaires pour prononcer affirmative- ment sur ce sujet, qui est d'une assez grande impor- tance pour mériter des recherches particulières. Le même métal, traité à froid ou à chaud, donne des ré- sultats tout difî'érents : la malléabilité est le premier indice de la ductilité; mais elle ne nous donne néan- moins qu'une notion assez imparfaite du point auquel la ductilité peut s'étendre. Le plomb, le plus souple, le plus malléable des métaux , ne peut se tirer à la fi- lière aussi fins que l'or, ou même que le fer, qui, de tous, est le moins malléable. D'ailleurs, il faut aider la ductilité des métaux par l'addition du feu, sans quoi ils s'écrouissent et deviennent cassants; le fer même, quoique le plus robuste de tous, s'écrouit comme les autres. Ainsi la ductilité d'un métal, et l'étendue de continuité qu'il peut supporter, dépen- dent non seulement de sa densité et de sa fusibilité, mais encore de la manière dont on le traite , de la per- cussion plus lente ou plus prompte, et de l'addition de cbaleur ou de feu qu'on lui donne à propos. IL Maintenant, si nous comparons les substances PAr.TTE EXPÉRIMENTALE. 5f^O qu'on appelle demi-métaux et minéraux métalliques qui manquent de ductilité, nous verrons que l'ordre de leur densité est : émeril, zinc, antimoine, bis- muth, et que celui dans lequel ils reçoivent et per- dent la chaleur est : antimoine, bismuth, zinc, émeril ; ce qui ne suit en aucune façon l'ordre de leur den- sité, mais plutôt celui de leur fusibilité. L'éméril , qui est un minéral ferrugineux, quoiqu'une fois moins dense que le bismuth, conserve la chaleur une fois plus long-temps; le zinc, plus léger que l'antimoine et le bismuth, conserve aussi la chaleur beaucoup plus long-temps; l'antimoine et le bismuth la reçoivent et la gardent à peu près également. Il en est donc des demi-métaux et des minéraux métalliques comme des métaux : le rapport dans lequel ils reçoivent et per- dent la chaleur est à peu près le merae que celui de leur fusibilité, et ne tient que très peu ou point du tout à celui de leur densité. Mais en joignant ensemble les six métaux et les quatre demi-métaux ou minéraux métalliques que j'ai soumis à l'épreuve, on verra que l'ordre des densités de ces dix substances minérales est : Emeril, zinc, antimoine, étain, fer, cuivre, bis- muth, argent, plomb, or; Et que l'ordre dans lequel ces substances s'échauf- fent et se refroidissent est : Antimoine, bismuth /étairi, plomb, argent, zinc, or, cuivre, émeril, fer : Dans lequel il y a deux choses qui ne paroissentpas bien d'accord avec l'ordre de la fusibilité : r L'antimoine , qui devroit s'échauffer et se refroi- 544 MINÉIIAUX. INTRODUCTIOX. dir plus lentement que le plomb , puisqu'on a vu par les expériences de Newton, citées dans le mémoire précédent, que l'antimoine demande pour se fondre dix degrés de la même chaieur dont il n'en faut que huit pour fondre le plomb; au lieu que, par mes ex- périences, il se trouve que l'antimoine s'échaufte et se refroidit plus vite que le plomb. Mais on observera que Newton s'est servi de régule d'antimoine, et que je n'ai employé dans' mes expériences que de l'anti- moine fondu : or, le régule d'antimoine ou l'antimoine naturel est bien plus difficile à fondre que l'antimoine qui a déjà subi une première fusion ; ainsi cela ne fait point une exception à la règle. Au reste, j'ignore quel rapport il y auroit efttre l'antimoine naturel ou régule d'antimoine et les autres matières que j'ai fait chauffer et refroidir; mais je présume , d'après l'expérience de Newton, qu'il s'échaufferoit et se refroidiroit plus len- tement que le plomb. a*' L'on prétend que le zinc se fond bien plus aisé- ment que l'argent : par conséquent il devroit se trou- ver avant l'argent dans l'ordre indiqué par mes expé- riences, si cet ordre étoit, dans tous les cas, relatif à celui de la fusibilité; et j'avoue que ce demi-métal semble, au premier coup d'œil, faire une exception à cette loi que suivent tous les autres : mais il faut ob- server, 1° que la différence donnée par mes expérien- ces entre le zinc et l'argent est fort petite; 2° que le petit globe d'argent dont je me suis servi étoit de l'ar- gent le plus pur, sans la moindre partie de cuivre ni d'autre alliage, et l'argent pur doit se fondre plus ai- sément et s'échauffer plus vite que l'argent mêlé de PARTIE EXPERIMENTALE. * .)/p cuivre; 5" quoique le pelit globe de zinc m'ait été donné par un de nos habiles chimistes^, ce n'est peut- être pas du zinc absolument pur et sans mélange de cuivre , ou de quelque autre matière encore moins fusible. Comme ce soupçon m'étoit resté après toutes mes expériences faites, j'ai remis le globe de zinc à M. Rouelle, qui me l'avoit donné, en le priant de s'as- surer s'il ne contenoit pas du fer ou du cuivre , ou quelque autre matière qui s'opposeroit à la fusibilité. Les épreuves en ayant été faites, M. Piouelle a trouvé dans ce zinc une quantité Jissez considérable de fer, ou safran de mars : j'ai donc eu la satisfaction de voir que non seulement mon soupçon étoit bien fondé , mais encore que mes expériences ont été faites avec assez de précision pour faire reconnoître un mélange dont il n'étoit pas aisé de se douter. Ainsi le zinc suit aussi exactement que les autres métaux et demi-mé- taux dans le progrès de la chaleur l'ordre de la fusibi- lité , et ne fait point une exception à la règle. On peut donc dire, en général, que le progrès de la chaleur dans les métaux, demi-métaux, et minéraux métalli- ques, est en même raison ou du moins en raison très voisine de celle de leur fusibilité-. 1. M. Piouelle, clémcnstrateur de chimie aux écoles du Jardin du Roi. 2. Le globe de zinc sur lequel ont été faites toutes les expériences s'étant trouvé mêlé d'une portion de fer, j'ai été obligé de substituer dans la table générale, aux premiers rapports, de nouveaux rapporls que j'ai placés sous les autres : par exemple, le rapport du fer au zinc de loooo à 7654 n'est pas le vrai rapport, et c'est celui de loooo à 6804 écrit au dessous qu'il faut adopter. Il en est de même de toutes les autres corrections que j'ai failes d'un neuvième sur chaque nom- bre, parce que j'ai reconnu que la portion de fer contenue dans ce zinc a voit diminué au moins d'un neuvième le progrès de lu chaleur. 546* MliMillALX. li^iTRODUCTlON. III. Les matières vilroscibles et vitrées que j'ai mi- ses à répreuve, étant rangées suivant l'ordre de leur densité , sont : Pierre ponce, porcelaine, ocre, glaise, verre, cristal de roche, et grès; car je dois observer que quoique le cristal ne soit porté dans la table des poids de cha- que matière que pour six gros vingt- deux grains, il doit être supposé plus pesant d'environ un gros, parce qu'il étoit sensiblement trop petit: et c'est par cette raison que je l'ai exclus de la table générale des rap- ports, ayant rejeté toutes les expériences que j'ai faites avec ce globe trop petit. Néanmoins le résultat géné- ral s'accorde assez avec les autres pour que je puisse le présenter. Yoici donc l'ordre dans lequel ces diffé- rentes substances se sont refroidies, pierre ponce, ocre, porcelaine, glaise, verre, cristal, et grès, qui, comme l'on voit, est le même que celui de la den- sité ; car l'ocre ne se trouve ici avant la porcelaine que parce qu'étant une matière friable il s'est diminué par le frottement qu'il a subi dans les expériences; et d'ailleurs sa densité diffère si peu de la porcelaine, qu'on peut les regarder comme égales. Ainsi la loi du progrès de la chaleur dans les ma- tières vitrescibles et vitrées est relative à l'ordre de leur densité, et n'a que peu ou point de rapport avec leur fusibilité, par la raison qu'il faut, pour fondre toutes ces substances, un degré presque égal du feu le plus violent, et que les degrés particuliers de leur différente fusibilité sont si près les uns des autres, qu'on ne peut pas en faire un ordre composé de ter- mes distincts. Ainsi leur fusibilité presque égale ne faisant qu'un terme, qui est rexlreme de cet ordre PARTIE ExrÉlUMENTALE. 347 de fusibilité, on ne doit pas être étonné de ce que le progrès de la chaleur suit ici l'ordre de la densité, et que ces différentes substances, qui toutes sont égale- ment difficiles à fondre, s'échauffent et se refroidis- sent plus lentement et plus vite, à proportion de la quantité de matière qu'elles contiennent. On pourra m'objecter que le verre se fond plus aisé- ment que la glaise, la porcelaine, l'ocre, et la pierre ponce, qui néanmoins s'échauffent et se refroidissent en moins de temps que le verre ; mais l'objection tom- bera lorsqu'on réfléchira qu'il faut, pour fondre le verre, un feu très violent, dont le degré est si éloi- gné des degrés de chaleur que reçoit le verre dans nos expériences sur le refroidissement, qu'il ne peut in- fluer sur ceux-ci. D'ailleurs, en pulvérisant la glaise, la porcelaine , l'ocre , et la pierre ponce , et leur don- nant des fondants analogues , comme l'on en donne au sable pour le convertir en verre, il est plus que probable qu'on feroit fondre toutes ces matières au même degré de feu, et que par conséquent on doit regarder comme égale ou presque égale leur résis- tance à la fusion , et c'est par cette raison que la loi du progrès de la chaleur dans ces matières se trouve proportionnelle à l'ordre de leur densité. IV. Les matières calcaires, rangées selon l'ordre de leur densité , sont : Craie, pierre tendre, pierre dure, marbre com- mun , marbre blanc. L'ordre dans lequel elles s'échauflènt et se refroi- dissent est : craie, pierre tendre, pierre dure, marbre commun, et marbre blanc, qui, comme l'on voit, est 348 MI NE 11 AUX. INTIiODUCTION. le même que celui de leur densité. La fusibilité n'y entre pour rien , parce qu'il faut d'abord un très grand degré de feu pour les calciner, et que, quoique la calcination en divise les parties, on ne doit en regar- der l'effet que comme un premier degré de fusion, et non pas comme une fusion complète; toute la puis- sance des meilleurs miroirs ardents suffit à peine pour l'opérer.. J'ai fondu et réduit en une espèce de verre quelques unes de ces matières calcaires au foyer d'un de mes miroirs, et je me suis convaincu que ces ma- tières peuvent, comme toutes les autres, se réduire ultérieurement en verre, sans y employer aucun fon- dant, et seulement par la force d'un feu bien supé- rieur à celui de nos fourneaux. Par conséquent, le terme commun de leur fusibilité est encore plus éloi- gné et plus extrême que celui des matières vitrées ; et c'est par cette raison qu'elles suivent aussi plus exactement, dans le progrès de la chaleur, l'ordre de la densité. Le gypse blanc , qu'on appelle improprement albâ- tre, est une matière qui se calcine, comme tous les autres plâtres, à un degré de feu plus médiocre que celui qui est nécessaire pour la calcination des ma- tières calcaires : aussi ne suit-il pas l'ordre de la den- sité dans le progrès de la chaleur qu'il reçoit ou qu'il perd ; car, quoique beaucoup plus dense que la craie, et un peu plus dense que la pierre calcaire blanche, il s'échauffe et se refroidit néanmoins bien plus promp- tement que l'une et l'autre de ces matières. Ceci nous démontre que la calcination et la fusion , plus ou moins faciles, produisent le même effet relativement au progrès de la chaleur. Les matières gj^pseuses ne PARTIE EXPEIU-MENTALE. .)49 demandent pas, pour se calciner, autant de feu que les matières calcaires; et c'est par cette raison que, quoique plus denses , elles s'échauffent et se refroi- dissent plus vite. Ainsi on peut assurer en général que « le progrès » de la chaleur, dans toutes les substances minérales, » est toujours à très peu près en raison de leur plus ou » moins grande facilité à se calciner ou à se fondre; » mais que quand leur calcination ou leur fusion sont « également difficiles, et qu'elles exigent un degré de )) chaleur extrême, » alors « le progrès de la chaleur » se fait suivant l'ordre de leur densité. » Au reste, j'ai déposé au Cabinet du Roi les globes d'or, d'argent, et de toutes les autres substances mé- talliques et minérales qui ont servi aux expériences précédentes, afin de les rendre plus authentiques, en mettant à portée de les vérifier ceux qui voudroient douter de la vérité de leurs résultats, et de la consé- quence générale que je viens d'en tirer. TROISIEME MEMOIRE Observations sur la nature de la platine. On vient de voip que de toutes les substances miné- rales que j'ai mises à l'épreuve , ce ne sont pas les plus denses, mais les moins fusibles, auxquelles il faut le 35o MINÉRAUX. INTRODUCTION. plus de temps pour recevoir et perdre la chaleur : le fer et lemeril, qui sont les matières métalliques les plus difficiles à fondre, sont en même temps celles qui s'écliauflent et se refroidissent le plus lentement. Il n y a dans la nature que la platine qui pourroit être encore moins accessible à la chaleur, et qui la con- serveroit plus long-temps que le fer. Ce minéral, dont on ne parle que depuis peu, paroît être encore plus difficile à fondfe ; le feu des meilleurs fourneaux n'est pas assez violent pour produire cet effet, ni même pour en agluliner les petits grains, qui sont tous an- guleux, émoussés, durs, et assez semblables, pour la forme, à de la grosse limaille de fer, mais d'une cou- leur un peu jaunâtre : et quoiqu'on puisse les faire couler sans addition de fondants, et les réduire en masse au foyer d'un bon miroir brûlant, la platine semble exiger plus de chaleur que la mine et la li- maille de fer, que nous faisons aisément fondre à nos fourneaux de forge. D'ailleurs la densité de la plaline étant beaucoup plus grande que celle du fer, les deux qualités de densité et de non-fusibilité se réunissent ici pour rendre cette matière la moins accessible de toutes au progrès de la chaleur. Je présume donc que la platine seroit à la tête de ma table, et avant le fer, si je l'avois mise en expérience; mais il ne m'a pas été possible de m'en procurer un globe d'un pouce de diamètre : on ne la trouve qu'en grains^; et celle qui est en masse n'est pas pure, parce qu'on y a mêlé, 1. Un homme digue de foi m'a néanmoins assuré qu'on trouve quelquefois de ia platine en masse, et qu'il en avoit vu un morceau de vingt livres pesant qui n'avoit point été fondu , mais tiré de la mine même. PARTIE EXPEKIMEMALE. 35 1 pour la fondre, d'autres matières qui en ont altéré la nature. Un de mes amis^, homme de beaucoup d'es- prit, qui a la bonté de partager souvent mes vues, m'a mis à portée d'examiner cette substance métallique encore rare , et qu'on ne connoît pas assez. Les chi- mistes qui ont travaillé sur la platine l'ont regardée comme un métal nouveau, parfait, propre, particu- lier, et différent de tous les autres métaux : ils ont assuré que sa pesanteur spécifique étoità tréS peu près égale à celle de l'or ; que néanmoins ce huitième mé- tal différoit d'ailleurs essentiellement de l'or, n'en ayant ni la ductilité ni la fusibilité. J'avoue que je suis dans une opinion différente, et môme tout opposée. Lne matière qui n'a ni ductilité ni fusibilité ne doit pas être mise au nomi^re des métaux, dont les oro- priétés essentielles et communes sont d'être fusibles et ductiles. Et la platine, d'après l'examen que j'en ai pu faire, ne me paroît pas être un nouveau métal différent de tous les autres, mais un mélange, un alliage de fer et d'or formé par la nature, dans lequel la quantité d'or semble dominer sur la quantité de fer; et voici les faits sur lesquels je crois pouvoir fon- der celte opinion. De huit onces trente-cinq grains de platine que m'a fournis M. d'Angiviller , et aue j'ai présentés à une forte pierre d'aimant, il ne m'est resté qu'une once un gros vingt-neuf grains; tout le reste a été enlevé par l'aimant, à deux gros près, qui ont été réduits en poudre qui s'est attachée aux feuilles de papier, et qui les a profondément noircies, comme je le dirai 1. M. le comte de La Billardrie d'Angiviller, de l'Académie des Sciences, intendant un survivance du Jardin et du Cabinet du Roi. 352 MIKÉUxiTjX. INTRODUCTION. tout à l'heure. Cela fait donc à très peu près six sep- tièmes du total qui ont été attirés par l'aimant; ce qui est une quantité si considérable, relativement au tout, qu'il est impossible de se refuser à croire que le fer ne soit contenu dans la substance intime de la pla- tine, et qu'il n'y soit même en assez grande quantité. Il y a plus : c'est que si je ne m'étois pas lassé de ces expériences, qui ont duré plusieurs jours, j'aurois encore tiré par l'aimant une grande partie du restant dénies huit onces de platine; car l'aimant en attiroit encore quelques grains un à un, et quelquefois deux, quand on a cessé de le présenter. Il y a donc beau- coup de fer dans la platine ; et il n'y est pas simple- ment mêlé comme matière étrangère, mais intime- ment uni, et faisant partie de sa substance : ou, si l'on veut le nier, il faudra supposer qu'il existe dans la nature une seconde matière* qui , comme le fer, est attirable par l'aimant; mais cette supposition gra- tuite tombera par les autres faits que je vais rap- porter. Toute la platine que j'ai eu occasion d'examiner m'a paru mélangée de deux matières difié rentes : l'une noire, et très attirable par l'aimant; l'autre en plus gros grains, d'un blanc livide un peu jaunâtre et beau- coup moins magnétique^que la première. Entre ces deux uaatières, qui sont les deux extrêmes de cette espèce de mélange , se trouvent toutes les nuances intermédiaires, soit pour le magnétisme, soit pour la couleur et la grosseur des grains. Les plus magnéti- ques, qui sont en même temps les plus noirs et les plus petits, se réduisent aisément en poudre par un frottement assez léger, et laissent sur le papier blanc PARTIE EXPERI3IENTALE. 555 la même couleur que le plomb frotte. Sept feuilles de papier dont on s'est servi successivement pour exposer la platine à l'action de l'aimant ont été noir- cies sur toute l'étendue qu'occupoit la platine, les dernières feuilles moins que les premières à mesure qu'elle se trioit, et que les grains qui restoient étoient moins noirs et moins magnétiques. Les plus gros grains, qui sont les plus colorés et les moins magné- tiques, au lieu de se réduire en poussière comme les petits grains noirs, sont au contraire très durs et ré- sistent à toute trituration; néanmoins ils sont suscep- tibles d'extension dans un mortier d'agate^, sous les coups réité^^és d'un pilon de même matière, et j'en ai aplati et étendu plusieurs grains au double et au tri- ple de l'étendue de leur surface : cette partie de la platine a donc un certain degré de malléabilité et de ductilité, tandis que la partie noire ne paroît être ni malléable ni ductile. Les grains intermédiaires parti- cipent des qualités des deux extrêmes, ils sont aigres et durs ; ils se cassent ou s'étendent plus difûcilement sous les coups du pilon , et donnent un peu de poudre noire, mais moins noire que la première. Ayant recueilli cette poudre noire et les grains les plus magnétiques que l'aimant avoit attirés les pre- miers, j'ai reconnu que le tout étoit du vrai fer, mais dans un état différent du fer ordinaire. Celui-ci, ré- duit en poudre et en limaille, se charge de l'humidité et se rouille aisément : à mesure que la rouille le ga- gne , il devient moins magnétique , et finit absolument par perdre cette qualité magnétique lorsqu'il est en- i . Je n'ai pas voulu les étendre sur le tas d'acier, dans la crainte de l<;ur communiquer plus de mnguclisme qu'ils n'en ont naturellement. 554 MINÉRAUX. INTRODUCTION. tièrement et intimement rouille; an lieu que cette poudre de fer, ou, si l'on veut, ce sablon ferrugineux qui se trouve dans la platine, est, au contraire, in- accessible à la rouille, quelque long-temps qu'il soit exposé à l'humidité ; il est aussi plus infusible et beau- coup moins dissoluble que le fer ordinaire ; mais ce n'en est pas moins du fer, qui ne m'a paru différer du fer connu que par une plus grande pureté. Ce sablon est en effet du fer absolument dépouillé de toutes les parties combustibles, salines, et terreuses, qui se trouvent dans le fer ordinaire, et même dans l'acier : il paroît enduit et recouvert d'un vernis vitreux qui le défend de toute altération. Et ce qu'il y a de très re- marquable, c'est que ce sablon de fer pur n'appartient pas exclusivement, à beaucoup près, à la mine de pla- tine; j'en ai trouvé, quoique toujours en petite quan- tité, dans plusieurs endroits où l'on a foui lié les mines tle fer qui se consomment à mes forges. Comme je suis dans l'usage de soumettre à plusieurs épreuves toutes les mines que je fais exploiter, avant de me détermi- ner à les faire travailler en grand pour l'usage de mes fourneaux, je fus assez surpris de voir que, dans quel- ques unes de ces mines, qui toutes sont en grains, et dont aucune n'est altirable par l'aimant, il se trouvoit néanmoins des particules de fer un peu arrondies et luisantes comme de la limaille de fer, et tout-à-fait semblables au sablon ferrugineux de la platine; elles sont tout aussi magnétiques, tout aussi peu fusibles, tout aussi difficilement dissolubles. Tel fut le résultat de la comparaison que je fis du sablon de la platine, et de ce sablon trouvé dans deux de mes mines de fer, à trois pieds de profondeur, dans des terrains où PARTIE EXPÉRIMENTALE. 355 l'eau pénètre assez facilement : j'avois peine à conce- voir d'où pouvoient provenir ces particules de fer ; comment elles avoient pu se défendre de la rouille depuis des siècles qu'elles sont exposées à l'humidité de la terre; enfin comment ce fer très magnétique pouvoit avoir été produit dans des veines de mines qui ne le sont point du tout. J'ai appelé l'expérience à mon secours, et je me suis assez éclairé sur tous ces points pour être satisfait. Je savois, par un grand nom- bre d'observations, qu'aucune de nos mines de fer en grains n'est attirable par l'aimant : j'étois bien per- suadé, comme je le suis encore, que toutes les mines de fer, qui sont magnétiques, n'ont acquis cette pro- priété que par l'action du feu ; que les mines du Nord , qui sont assez magnétiques pour qu'on les cherche avec la boussole, doivent leur origine à l'élément du feu, tandis que toutes nos mines en grains, qui ne sont point du tout magnétiques, n'ont jamais subi l'action du feu, et n'ont été formées que par le moyen ou l'intermède de l'eau. Je pensai donc que ce sablon ferrugineux et magnétique que je trouvois en petite quantité dans mes mines de fer devoit son origine au feu ; et , ayant examiné le local , je me confirmai dans cette idée. Le terrain où se trouve ce sablon magné- tique est en bois, de temps immémorial; on y a fait très anciennement et on y fait tous les jours des four- neaux de charbon : il est aussi plus que probable qu'il y a eu dans ces bois des incendies considérables. Le charbon et le bois brûlé , surtout en grande quantité , produisent du mâchefer, et ce mâchefer renferme la partie la plus fixe du fer que contiennent les végétaux : c'est ce fer fixe qui forîue le sablon dont il est ques- 556 MINÉRAUX. INTRODUCTIOX. tion , lorsque le mâchefer se décompose par l'action de l'air, du soleil, et des pluies; car alors ces parti- cules de fer ]3ur, qui ne sont point sujettes à la rouille ni à aucune autre espèce d'altération, se laissent en- traîner par l'eau, et pénètrent dans la terre avec elle à quelques pieds de profondeur. On pourra vérifier ce que. j'avance ici , en faisant broyer du mâchefer bien brûlé ; on y trouvera toujours une petite quantité de ce fer pur, qui, ayant résisté à l'action du feu, résiste également à celle des dissolvants, et ne donne point de prise à la rouille ^. M'étant satisfait sur ce point, et après avoir com- paré le sablon tiré de mes mines de fer et du mâche- fer avec celui de la platine assez pour ne pouvoir dou- ter de leur identité, je ne fus pas long-temps à penser, vu la pesanteur spécifique de la plaline , que si ce sablon de fer pur, provenant de la composition du mâ- chefer, au lieu d'être dans une mine de fer, se trouvoit 1. J'ai reconnu, clans le Cabinet d'Histoire naturelle, des sablons ferrugineux de même es[)èce que celui de mes mines, qui m'ont été envoyésde différents endroits, et qui sont également magnétiques. On en trouve à Quimper en Bretagne, en Danemarck, euSibéiie, à Saint- Domingue; et les ayant tous comparés, j'ai vu que le sablon ferrugi- neux de Quimper étoit celui qui ressembloit le plus au mien, et quil n'en différoit que par un peu plus de pesanteur spécifique. Celui de Saint-Domingue est plus léger, celui de Danemarck est moins pur et plus mélangé de terre, et celui de Sibérie est en masse et en morceaux gros comme le pouce, solides, pesants, et que l'aimant soulève à peu près comme si cétoit une masse de fer pur. On peut donc présumer que ces sablons magnétiques provenant du mâchefer se trouvent aussi communément que le mâchefer même, mais seulement en bien plus petite quantité. Il est rare qu'on en trouve des amas un peu considé- rables, et c'est par cette raison qu'ils ont échappé, pour la plupart, aux recherches des minéralogistes. PARTIE EXPÉRIMENTALE. Tr^t-J dans le voisinage d'une mine d'or, il auroit, en s'unis- sant à ce dernier métal , formé un alliage qui seroit absolument de la même nature que la platine. On sait que l'or et le fer ont un degré d'afFinité ; on sait que la plupart des mines de fer contiennent une petite quantité d'or; on sait donner à l'or la teinture, la cou- leur, et même l'aigre du fer, en les faisant fondre ensemble : on emploie cet or couleur de fer sur diffé- rents bijoux d'or, pour en varier les couleurs; et cet or, mêlé de fer, est plus ou moins gris et plus ou moin^ aigre, suivant la quantité de fer qui entre dans le mélange. J'en ai vu d'une teinte absolument sem- blable à la couleur de la platine. Ayant demandé à un. orfèvre quelle étoit la proportion de l'or et du fer dans ce mélange, qui étoit de la couleur de la platine, il me dit que l'or de vingt-quatre karats n'étoit plus qu'à dix-liuit karats, et qu'il y entroit un quart de fer. On verra que c'est à peu près la proportion qui se trouve dans la platine naturelle, si l'on en juge par !a pesan- teur spécifique. Cet or mêlé de fer est plus dur, plus aigre, et spécifiquement moins pesant que. l'or pur. Toutes ces convenances, toutes ces qualités commu- nes avec la platine, m'ont persuadé que ce prétendu métal n'est, dans le vrai, qu'un alliage d'or et de fer, et non pas une substance particulière, un métal nou- veau, parfait, et différent de tous les autres métaux, comme les cbimistes l'ont avancé. On peut d'ailleurs se rappeler que l'alliage aigrit tous les métaux, et que quand il y a pénétration, c'est-à- dire augmentation dansla pesanteur spécifique, l'alliage en est d'autant plus aigre que la pénétration est plus grande, et le mélange devenu plus intime, comme on r.v:FFON. III. •^~y 558 MINÉRAUX. INTKODUCTlOxX. le recoiinost dans l'alliage appelé métal des cloches^ quoiqu'il soit composé de deux métaux très ductiles. Or, riea n'est plus aigre ni plus pesant que la platine : cela seul auroitdù faire soupçonner que ce n'est qu'un alliage fait par la nature, un mélange de fer et d'or, qui doit sa pesanteur spécifique en partie à ce dernier métal, et peut-être aussi en grande partie à la péné- tration des deux matières dont il est composé. Néanmoins cette pesanteur spécifique de la platine n'est pas aussi grande que nos chimistes l'ont publié. Comme cette matière, traitée seule et sans adUition de fondants, est très difiicile à réduire en masse, qu'on n'en peut obtenir au feu du miroir brûlant que de très petites masses, et que les expériences hydrostatiques faites sur de petits volumes sont si défectueuses qu'on n'en peut rien conclure, il me paroît qu'on s'est trompé sur l'estimation de la pesanteur spécifique de ce mi- néral. J'ai mis de la poudre d'or dans un petit tuyau de plume, que j'ai pesé très exactement : j'ai mis dans le môme tuyau un égal volume de platine ; il pesoit près d'un dixième de moins : mais cette poudre d'or étoit beaucoup trop fine en comparaison de la platine. M. Til- let, qui joint à une connoissance approfondie des mé- taux le talent rare de faire des expériences avec la plus grande précision, a bien voulu répéter, à ma prière, celle de la pesanteur spécifique de la platine compa- rée à l'or pur. Pour cela, il s'est servi, comme moi, d'un tuyau de plume, et il a fait couper à la cisaille de l'or à vingt-quatre karats, réduit autant qu'il étoit pos- sible à la grosseur des grains de la platine, et il a trouvé, par huit expériences, que la pesanteur de la platine différoit de celle de l'or pur d'un quinzième à très peu PAnXlE EXPÉRIMENTALE. 7>^t) près; mais nous avons observé tous deux que les grains d'or coupés à la cisaille avoient les angles beaucoup plus vifs que la platine. Celle-ci, vue à la loupe, est à peu près de la forme des galets roulés par l'eau ; tous les angles sont émoùssés, elle est même douce au toucher, au lieu que les grains de cet or coupés à la cisaille avoient des angles vifs et des pointes tran- chantes, en sorte qu'ils ne pou voient pas s'ajuster ni s'entasser les uns sur les autres aussi aisément que ceux de la platine; tandis qu'au contraire la poudre d'or dont je me suis servi étoit de l'or en paillettes, telle que les arpailleurs les trouvent dans le sable des ri- vières. Ces paillettes s'ajustent beaucoup mieux les unes contre les autres. J'ai trouvé environ un dixième de différence entre le poids spécifique de ces paillet- tes et celui de la platine : néanmoins ces paillettes ne sont pas ordinairement d'or pur, il s'en faut souvent plus de deux ou trois karats; ce qui en doit diminuer en même rapport la pesanteur spécifique. Ainsi, tout bien considéré et comparé , nous avons cru qu'on pou- voit maintenir le résultat de mes expériences, et as- surer que la platine en grains, et telle que la nature la produit, est au moins d'un onzième ou d'un dou- zième moins pesante que l'or. Il y a toute apparence que cette erreur de fait sur la densité de la platine vient de ce qu'on ne l'aura pas pesée dans son état de nature, mais seulement après l'avoir réduite en masse; et comme cette fusion ne peut se faire que par l'addition d'autres matières et à un feu très violent, ce n'est plus de la platine pure , mais un composé dans lequel sont entrées des matières fondantes, et duquel le feu a enlevé les parties les plus légères. 36o MINÉRAUX. INTRODUCTION. Ainsi la plaline, au lieu d'être d'une densité égale ou presque égale à celle de l'or pur, comme l'ont avancé les auteurs qui en ont écrit, n'est que d'une densité moyenne ehtre celle de l'or et celle du fer, et seulement plus voisine de celle de ce premier métal que de celle du dernier. Supposant donc que le pied cube d'or pèse treize cent vingt-six livres, et celui du fer pur cinq cent quatre-vingts livres, celui de la platine en grains se trouvera peser environ onze cent quatre- vingt-quatorze livres; ce qui supposeroit plus des trois quarts d'or sur un quart de fer dans cet alliage, s'il n'y a pas de pénétration : mais comme on en tire six septièmes à l'aimant, on pourroit croire que le fer y est en quantité de plus d'un quart, d'autant plus qu'en s'obstinant à cette expérience, je suis persuadé qu'on viendroit à bout d'enlever, avec un fort aimant, toute la platine jusqu'au dernier grain. Néanmoins on n'en doit pas conclure que le fer y soit contenu en si grande quantité; car lorsqu'on le mêle par la fonte avec l'or, la masse qui résulte de cet alliage est attirable par l'ai- mant , quoique le fer n'y soit qu'en petite quantité. J'ai vu entre les mains de M. Baume un bouton de cet al- liage pesant soixante-six grains, dans lequel il n'étoit entré que six grains, c'est-à-dire un onzième de fer; et ce bouton se laissoit enlever aisément par un bon ai- mant. Dès lors la platine pourroit bien ne contenir qu'un onzième de fer sur dix onzièmes d'or, et donner néanmoins tous les mêmes phénomènes, c'est-à-dire être attirée en entier par l'aimant, et cela s'accorderoit parfaitement avec la pesanteur spécifique, qui est d'un dixième ou d'un douzième moindre que celle de l'or. Mais ce qui me fait présumer que la platine contient PARTIE EXPÉRIMENTALE. 56l plus d'un onzième de fer sur dix onzièmes d'or, c'est que l'alliage qui résulte de cette proportion est encore couleur d'or et beaucoup plus jaune que ne l'est la platine la plus colorée, et qu'il faut un quart de fer sur trois quarts d'or pour que l'alliage ait précisément la couleur naturelle de la platine. Je suis donc très porté à croire qu'il pourroit bien y avoir cette quan- tité d'un quart de fer dans la platine. Nous nous som- mes assurés, M. Tillet et moi, par plusieurs expé- riences, que le sablon de ce fer pur que contient la platine est plus pesant que la limaille de fer ordinaire. Ainsi cette cause ajoutée à l'effet de la pénétration suffit pour rendre raison de cette grande quantité de fer contenue sous le petit volume indiqué par la pe- santeur spécifique de la platine. Au reste, il est très possible que je me trompe dans quelques unes des conséquences que j'ai cru devoir ti- rer de mes observations sur cette substance métaHique : je n'ai pas été à portée d'en faire un examen aussi ap- profondi que je l'aurois voulu ; ce que j'en dis n'est que ce que j'ai vu, et pourra peut-être servir à faire voir mieux. * Comme j'étois sur le point de livrer ces feuilles à l'impression, le hasard fit que je parlai de mes idées sur la platine à M. le comte de Milly, qui a beaucoup de connoissances en physique et en chimie : il me ré- pondit qu'il pensoit à peu près comme moi sur la na- ture de ce minéral. Je lui donnai le mémoire ci-des- sus pour l'examiner, et deux jours après il» eut la bonté de m'envoyer les observations suivantes, que je crois aussi bonnes que les miennes, et qu'il m'a permis de publier ensemble. 56'2 MINÉRAUX. IMUODUCTION. « J'ai pesé exactement trente-six grains de platine; je l'ai étendue sur une feuille de papier blanc, pour pouvoir mieux l'observer avec une bonne loupe : j y ai aperçu ou j'ai cru y apercevoir très distinctement trois substances différentes ; la première avoit le bril- lant métallique, elle étoit la plus abondante; la se- conde, vitriforme, tirant sur le noir, ressemble assez à une matière métallique ferrugineuse qui auroit subi un degré de feu considérable, telle que des scories de fer, appelées vulgairement mâcliefer; la troisième, moins abondante que les deux premières, est du sa- ble de toutes couleurs, où cependant le jaune, couleur de topaze, domine. Chaque grain de sable, considéré à part , offre à la vue des cristaux réguliers de diffé- rentes couleurs; j'en ai remarqué de cristallisés en ai- guilles hexagones, se terminant en pyramides comme le cristal de roche , et il m'a semblé que ce sable n'é- toit qu'un détritus de cristaux de roche ou de quarz de différentes couleurs. » Je formai le projet de séparer, le plus exacte- ment possible , ces différentes substances par le moyen de l'aimant , et de mettre à part la partie la plus at- tirable à l'aimant, d'avec celle qui l'étoit moins, et en- fin de celle qui ne l'étoit pas du tout; ensuite d'exa- miner chaque substance en particulier, et de les soumettre à différentes épreuves chimiques et méca- niques. » Je mis à part les parties de la platine qui furent attirées ave(i vivacité à la distance de deux ou trois lignes, c'est-à-dire sans le contact de l'aimant, et je me servis, pour cette expérience, d'un bon aimant factice de M. l'abbé — ; ensuite je louchai avec ce PARTIE EXPÉRIMENTAL!-. 365 même aimant le métal, et j'en enlevai tout ce qui voulut céder à l'effort magnétique , que je mis à part : je pesai ce qui étoit resté et qui n'étoit presque plus attirable ; cette matière non attirable, et que je nom- merai n** 4? pesoit vingt-trois grains; n° i", qui étoit le plus sensible à l'aimant, pesoit quatre grains; n° 2 pesoit de même quatre grains, et n° 5 cinq grains. » IN° i^"", examiné à la loupe , n'offroit à la vue qu'un mélange de parties métalliques, d'un blanc sale tirant sur le gris, aplaties et arrondies en forme de galets et de sable noir vitriforme , ressemblant à du mâche- fer pilé, dans lequel on aperçoit des parties très Fouillées, enfin jtelles que les scories de fer en pré- sentent lorsqu'elles ont été exposées à l'humidité. » JN° 2 présentoit à peu près la même chose, à l'ex- ception que les parties métalliques dominoient, et qu'il n'y en avoit que très peu de rouillées. » ]\° 5 étoit la même chose : mais les parties mé- talliques étoient plus volumineuses ; elles ressem- bloient à du métal fondu , et qui a été jeté dans l'eau pour le diviser en grenailles : elles sont aplaties; elles affectent toutes sortes de figures , mais arrondies sur les bords à la manière des galets qui ont été roulés et polis par les eaux. » N° 4? ^ui n'avoit point été enlevé par l'aimant, mais dont quelques parties donnoient encore des mar- ques de sensibilité au magnétisme lorsqu'on passoit l'aimant sous le papier où elles étoient étendues, étoit un mélange de sable, de parties métalliques et de vrai mâchefer friable sous les doigts, qui noircissoit à la manière du mâchefer ordinaire. Le sable sembloit être composé de petits cristaux de topaze, de corna- 564 MINÉRAUX. INTRODUCTION. line 5 et de cristal de roche; j'en écrasai quelques cris- taux sur un tas d'acier, et la poudre qui en résulta étoit comme du vernis réduit en poudre. Je fis la même chose au mâchefer : il s'écrasa avec la plus grande fa- cilité, et il m'offrit une j^oudre noire ferrugineuse, qui noircissoit le papier comme le mâchefer ordi- naire. » Les parties métalliques de ce dernier (n** 4) ^^^ parurent plus ductiles sous le marteau que celles du n'* i", ce qui me lit croire qu'elles contenoient moins de fer que les premières; d'où il s'ensuit que la pla- tine pourroit fort bien n'être qu'un mélange de fer et d'or fait par la nature, ou peut-être de la main des hommes, comme je le dirai par la suite. » Je tâcherai d'examiner, par tous les moyens qui me seront possibles, la nature de la platine, si je peux en avoir à ma disposition en suffisante quantité ; en at- tendant, voici les expériences que j'ai faites. » Pour m'assurer de la présence du fer dans la pla- tine par des moyens chimiques , je pris les deux ex- trêmes, c'est-à-dire n° i^% qui étoit très attirable à l'aimant, et n" 4? qui ne l'étoit pas; je les arrosai avec l'esprit de nitre un peu fumant : j'observai avec la loupe ce qui en résulteroit; mais je n'y aperçus aucun mouvement d'effervescence. J'y ajoutai de l'eau distil- lée, et il ne se fit encore aucun mouvement; mais les parties métalliques se décapèrent, et elles prirent un nouveau brillant semblable à celui de l'argent. J'ai laissé ce mélange tranquille pendant cinq ou six mi- nutes, et ayant encore ajouté de l'eau , j'y laissai tom- ber quelques gouttes de la liqueur alcaline saturée de ]a matière colorante du bleu de Prusse, et sur-le~ PARTIE EXPÉRIMENTALE. 565 champ le n'' i"me donna un très beau bleu de Prusse. » Le n"* 4 ayant été traité de même , et quoiqu'il se fût refusé à l'action de l'aimant et à celle de l'esprit de nitre , me donna, de même que le n° i", du très beau bleu de Prusse. )) Il y a deux choses fort singulières à remarquer dans ces expériences. i° 11 passe pour constant parmi les chimistes qui ont traité de la platine, que l'eau-forte ou l'esprit de nitre n'a aucune action sur elle ; cepen- dant, comme on vient de le voir, il s'en dissout assez, quoique sans effervescence, pour donner du bleu de Prusse lorsqu'on y ajoute de la liqueur alcaline phlo- gistiquée et saturée de la matière colorante, qui, comme on sait , précipite le fer en bleu de Prusse. » 2" La platine, qui n'est pas sensible à l'aimant, n'en contient pas moins du fer, puisque l'esprit de ni- tre en dissout assez, sans occasioÔer d'effervescence, pour former du bleu de Prusse. » D'où il s'ensuit que cette substance que les chi- mistes modernes, peut-être trop avides du merveil- leux et de vouloir donner du nouveau, regardent comme un huitième métal, pourroit bien n'être, comme je l'ai dit , qu'un mélange d'or et de fer. » Il reste sans doute bien des expériences à faire pour pouvoir déterminer comment ce mélange a pu avoir lieu ; si c'est l'ouvrage de la nature, et comment; ou si c'est le produit de quelque volcan, ou simple- Bient le produit des travaux que les Espagnols ont faits dans le Nouveau-Monde pour retirer l'or des mines du Pérou : je ferai mention, par la suite, de mes con- jectures là dessus. « Si l'on frotte do la platine naturelle sur un linge ù66 MINÉRAUX. INTIlODL'CTlOiX. blauc, elle le noircit comme pourroit le faire le mâche- fer ordinaire; ce qui m'a fait soupçonner que ce sont les parties de fer réduites en mâchefer qui se trouvent dans la platine, qui donnent cette couleur, et qui ne sont dans cet état que pour avoir éprouvé l'action d'un feu violent. D'ailleurs, ayant examiné une seconde fois de la platine avec ma loupe , j'y aperçus différents globules de mercure coulant; ce qui me fit imagi- ner que la platine pourroit bien être un produit de la main des hommes; et voici comment. » La platine, à ce qu'on m'a dit, se tire des mines Jes plus anciennes du Pérou, que les Espagnols ont ex- ploitées après la conquête du Nouveau-Monde. Dans ces temps reculés, on ne connoissoit guère que deux manières d'extraire l'or des sables qui le contenoient : 1° par l'amalgame du mercure; 2° par le départ à sec : on trituroit le sable^urifère avec du mercure; et lors- qu'on jugeoit qu'il s'étoit chargé de la plus grande partie de l'or, on rejetoit le sable, qu'on nommoit crasse j, comme inutile et de nulle valeur. » Le départ à sec se faisoit avec aussi peu d'intelli- gence. Pour y vaquer, on commençoit par minérali- ser les métaux aurifères par le moyen du soufre, qui n'a point d'action sur l'or, dont la pesanteur spécifi- que est plus grande que celle des autres métaux; mais pour faciliter sa précipitation, on ajoute du fer en limaille qui s'empare du soufre surabondant, mé- thode qu'on suit encore aujourd'hui. La force du feu vitrifie une partie du fer; l'autre se combine avec une petite portion d'or, et même d'argent, quilemêle avec les scories, d'où on ne peut le retirer que par plu- sieurs fontes, et sans être bien instruit des intermèdes PARTIE EXPÉRIMENTALE. 36^ convenables que les docimasistes emploient. La chi- mie , qui s'est perfectionnée de nos jours , donne , à la vérité, les moyens de retirer cet or et cet argent en plus grande partie : mais dans le temps où les Es- pagnols exploitoient les mines du Pérou , ils ignoroient sans doute l'art de traiter les mines avec le plus grand profit; et d'ailleurs ils avoient de si grandes richesses à leur disposition , qu'ils négligeoient vraisemblable- ment les moyens qui leur auroient coûté de la peine, des soins et du temps. Ainsi il y a apparence qu'ils se contentoient d'une première fonte, et jetoient les sco- ries comme iautiles, ainsi que le sable qui a voit passé par le mercure ; peut-être même ne faisoient-ils qu'un tas de ces deux mélanges, qu'ils regardoient comme de nulle valeur. » Ces scories contenoient encore de l'or, beaucoup de fer sous différents états, et cela en des proportions différentes qui nous sont inconnues, mais qui sont telles peut-être qu'elles peuvent avoir donné l'exis- tence à la platine. Les globules de mercure que j'ai observés, et les paillettes d'or que j'ai vues distincte- ment , à l'aide d'une bonne loupe , dans la platine que j'ai eue entre les mains, m'ont fait naître les idées que je viens d'écrire sur l'origine de ce métal; mais je ne les donne que comme des conjectures hasardées : il faudroit, pour en acquérir quelque certitude, sa- voir au juste où sont situées les mines de la platine, si elles ont été exploitées anciennement, si on la tire d'un terrain neuf, ou si ce ne sont que des décom- bres; à quelle profondeur on la trouve, et enfin si la main des hommes y est exprimée ou non. Tout cela 568 MINERAUX. INTRODUCTION. pourroit aider à vérifier ou à détruire les conjectures que j'ai avancées^. » REMARQUES. Ces observations de M. le comte de Milly confir- ment les miennes dans presque tous les points. La na- ture est une, et se présente toujours la même à ceux qui la savent observer : ainsi l'on ne doit pas être sur- surpris que , sans aucune communication , M. de Milly ait vu les mêmes choses que moi, et qu'il en ait tiré la même conséquence, que la platine n'est point un nouveau métal différent de tous les autres métaux*, mais un mélange de fer et d'or. Pour concilier encore de plus près ses observations avec les miennes, et pour éclaircir en même temps les doutes qui restent en grand nombre sur l'origine et sur la formation de la platine, j'ai cru devoir ajouter les remarques sui- vantes : 1° M. le comte de Milly distingue dans la platine trois espèces de matières; savoir, deux métalliques, et la troisième non métallique, de substance et de forme quarzeuse ou cristalline. 11 a observé, comme moi, que des deux matières métalliques, l'une est très^at- tirable par l'aimant, et que l'autre l'est très peu ou point du tout. J'ai fait mention de ces deux matières 1. M. le baron de Sickiugen, ministre de l'élecleur Palatin, a dit à M. de Milly avoir actuellement entre les mains deux mémoires qui lui ont été remis par M. Kellaer, chimiste et métallurgiste, attaché à M. lo prince de Birckenfeld , à Mauheim, qui offre à la cour d'Espagne de rendre à peu près autant d or pesant qu'on lui livrera de platine. PARTIE EXPÉRIMENTALE. 36g comme lui ; mais je n'ai pas parlé de la troisième, qui n'est pas métallique, parce qu'il n'y en avoitpas ou très peu dans la platine sur laquelle j'ai fait mes observa- tions. Il y a apparence que la platine dont s'est servi M. de Milly étoit moins pure que la mienne, que j'ai observée avec soin, et dans laquelle je n'ai vu que quelques petits globules transparents comme du verre blanc fondu, qui étoient unis à des particules de pla- tine ou de sablon ferrugineux, et qui se laissoient en- lever ensemble par l'aimant. Ces globules transparents étoient en très petit nombre; et dans huit onces de platine que j'ai bien regardée et fait regarder à d'au- tres avec une loupe très forte, on n'a point aperçu de cristaux réguliers. 11 m'a paru, au contraire, que toutes les particules transparentes étoient globuleu- ses comme du verre fondu , et toutes attachées à des parties métalliques, comme le laitier s'attache au fer lorsqu'on le fond. Néanmoins, comme je ne doutois point du tout de la vérité de l'observation de M. de Milly, qui avoit vu dans sa platine des particules quar- zeuses et cristallines de forme régulière et en grand nombre, j'ai cru ne devoir pas me borner à l'examen de la seule platine dont j'ai parlé ci-devant : j'en' ai trouvé au Cabinet du Roi, que j'ai examinée avec M. Daubenton, de l'Académie des Sciences, et qui nous a paru à tous deux bien moins pure que la pre- mière ; et nous y avons en eQ'et remarqué un grand nombre de petits cristaux prismatiques et transpa- rents, les uns couleur de rubis-balais, d'autres cou- leur de topaze, et d'autres enfin parfaitement blancs. Ainsi M. le comte de Milly ne s'étoit point trompé dans son observation; mais ceci prouve seulement v>70 MINÉRAUX. INTRODUCTION. qu'il y a des mines de platine bien plus pures les unes que les autres, et que dans celles qui le sont le plus, il ne se trouve point de ces corps étrangers. M. Dau- benton a aussi remarqué quelques grains aplatis par dessous et renflés par dessus, comme seroit une goutte de métal fondu qui se seroit refroidie sur un plan. J'ai vu très distinctement un de ces grains hémisphé- riques, et cela pourroit indiquer que la platine est une matière qui a été fondue par le feu : mais il est bien singulier que, dans cette matière fondue par le feu, on trouve de petits cristaux, des topazes et des ru- bis; et je ne sais si l'on ne doit pas soupçonner de la fraude de la part de ceux qui ont fourni cette platine, et qui, pour en augmenter la quantité, auront pu la mêler avec ces sables cristallins; car, je le répète, je n'ai point trouvé de ces cristaux dans plus d'une demi- livre de platine que m'a donnée M. le comte d'Angi- viller. 2° J'ai trouvé, comme M. de Milly, des paillettes d'or dans la platine ; elles sont aisées à reconnoître par leur couleur, et parce qu'elles ne sont point du tout magnétiques : mais j'avoue que je n'ai pas aperçu les globules de mercure qu'a vus M. de Milly. Je ne veux pas pour cela nier leur existence; seulement il me semble que les paillettes d'or se trouvant avec ces globules de mercure dans la même matière, elles se- roient bientôt amalgamées, et ne conserveroient pas la couleur jaune de l'or que j'ai remarquée dans tou- tes les paillettes d'or que j'ai pu trouver dans une demi-livre de platine*. D'ailleurs les globules trans- 1. J'ai trouvé depuis clans d'autre platine des paillettes d'or qui n'é- loient pas jaunes, mais brunes et même noires comme le sablon Ter- PARTIE EXPERIMENTALE. OJ I parents dont je viens de parler ressemblent beaucoup à des globules de mercure vif et brillant, en sorte qu'au premier coup d'œil il est aisé de s'y tromper. 5** Il y avoit beaucoup moins de parties ternes et rouillées dans ma première platine que dans celle de M. de Milly ; et ce n'est pas proprement de la rouille qui couvre la surface de ces particules ferrugineuses, mais une substance noire, produite par le feu , et tout- à-fait semblable à celle qui couvre la surface du fer brûlé : mais ma seconde platine, c'est-à-dire celle que j'ai prise au Cabinet du Roi, avoit encore de com- mun avec celle de M. le comte de Milly, d'être mé- langée de quelques parties ferrugineuses, qui, sous le marteau, se réduisoient en poussière jaune et avoient tous les caractères de la rouille. Ainsi cette platine du Cabinet du Roi et celle de M. de Milly se ressem- blant à tous égards, il est vraisemblable qu'elles sont venues du même endroit et par la même voie; je soup- çonne même que toutes deux ont été sophistiquées et mélangées de près de moitié avec des matières étran- gères, cristallines et ferrugineuses rouillées, qui ne se trouvent pas dans la platine naturelle. [\° La production du bleu de Prusse par la platine me paroît prouver évidemment la présence du fer dans la partie même de ce minéral qui est la moins attira- ble à l'aimant, et confirmer en même temps ce que j'ai avancé du mélange intime du fer dans sa substance. Le décapement de la platine par l'esprit de nitre prouve que, quoiqu'il n'y ait point d'effervescence sensible, cet acide ne laisse pas d'agir sur la platine d'une ma- rugineux de la platine, qui pi'obablement leur avoit donné cette cou- leur noirâtre. O;^ MINÉRAUX. INTRODUCTION. iiière évidente, et que les auteurs qui ont assuré le contraire ont suivi leur routine ordinaire, qui consiste à regarder comme nulle toute action qui ne produit pas reffervescence. Ces deux expériences de M. de Milly me paroissent très importantes; elles seroient même décisives si elles réussissoient toujours égale- ment. 5" Il nous manque en effet beaucoup de connois- sances qui seroient nécessaires pour pouvoir pronon- cer affirmativement sur l'origine de la platine. Nous ne savons rien de l'histoire naturelle de ce minéral, et nous ne pouvons trop exhorter ceux qui sont à por- tée de l'examiner sur les lieux, de nous faire part de leurs observations. En attendant, nous sommes for- cés de nous borner à des conjectures , dont quelques unes me paroissent seulement plus vraisemblables que les autres. Par exemple, je ne crois pas que la pla- tine soit l'ouvrage des hommes ; les Mexicains et les Péruviens savoient fondre et travailler l'or avant l'arri- vée des Espagnols, et ils ne connoiSvSoient pas le fer, qu'il auroit néanmoins fallu employer, dans le départ à sec, en grande quantité. Les Espagnols eux-mêmes n'ont point établi de fourneaux à fondre les mines de fer en cette contrée, dans les premiers temps qu'ils l'ont habitée. Il y a donc toute apparence qu'ils ne se sont pas servis de limaille de fer pour le départ de l'or, du moins dans les commencements de leurs tra- vaux, qui d'ailleurs ne remontent pas à deux siècles et demi , temps beaucoup trop court pour une produc- tion aussi abondante que celle de la platine, qu'on ne laisse pas de trouver en assez grande quantité et dans plusieurs endroits. PARTIE EXPEPilMENTALE. ^jS D'ailleurs, lorsqu'on mêle de l'or avec du fer. eu les faisant fondre ensemble, on peut toujours, par les voies chimiques, les séparer et retirer l'or en en- tier; au lieu que jusqu'à présent les cliimistes n'ont pu faire cette séparation dans la platine, ni détermi- ner la quantité d'or contenue dans ce minéral. Cela semble prouver que l'or y est uni d'une manière plus intime que dans l'alliage ordinaire , et que le fer y est aussi, comme je l'ai dit, dans un état différent de ce- lui du fer commun. La platine ne me paroît donc pas être l'ouvrage de l'homme, mais le produit de» la na- ture , et je suis très porté à croire qu'elle doit sa pre- mière origine au feu des volcans. Le fer brûlé, ^au- tant qu'il est possible, intimement uni avec l'or par la sublimation ou parla fusion, peut avoir produites minéral, qui d'abord ayant été formé par l'action du feu le plus violent, aura ensuite éprouvé les impres- sions de l'eau et les frottements réitérés qui lui ont donné la forme qu'ils donnent à tous les autres corps, c'est-à-dire celle des galets et des angles émoussés. Mais il se pourroit aussi que l'eau seule eut produit la platine ; car, en supposant l'or et le fer tous deux divisés autant qu'ils peuvent l'être pai' la voie humide, leurs molécules, en se réunissant, auront pu former les grains qui la composent, et qui, depuis les plus pesants jusqu'aux plus légers, contiennent tous de l'or et du fer. La proposition du chimiste qui offre de ren- dre à peu près autant d'or qu'on lui fournira de pla- tine sembleroit indiquer qu'il n'y a en effet qu'un on- zième de fer sur dix onzièmes d'or dans ce minéral, ou peut-être encore moins : mais l'à-peu-près de ce chimiste est probablement d'un cinquième ou d'un BUFFo^'. iir. 24 574 MINÉRAUX. INTl'.ODLCTION. quart; et ce seroit toujours beaucoup si sa promesse pouvoit se réaliser à un quart près. [Add. Biiff'. ) * M'étant trouvé à Dijon cet été 1775, l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de cette ville , dont j'ai l'honneur d'être membre, me parut désirer d'en- tendre la lecture de mes observations sur la platine. Je m'y prêtai d'autant plus volontiers, que, sur une matière aussi neuve, on ne peut trop s'informer ni consulter assez, et que j'avois lieu d'espérer de tirer quelques lumières d'une compagnie qui rassemble beaucoup de personnes instruites en tous genres. M. de Morveau , avocat-général au parlement de Bourgogne, aus^ savant physicien que grand jurisconsulte , prit la résolution de travailler sur la platine. Je lui donnai une portion de celle que j'avois attirée par l'aimant, et une autre portion de celle qui avoit paru insensi- ble au magnétisme, en le priant d'exposer ce minéral singulier au plus grand feu qu'il lui seroit possible de faire; et, quelque temps après, il m'a remis les ex- périences suivantes, qu'il a trouvé bon de joindre ici avec les miennes. Expériences faites par M. de MorveaUj en septembre 1773. « M. le comte de BufTon, dans un voyage qu'il a fait à Dijon, cet été 177^, m'ayant fait remarquer, dans un demi-gros de platine que M. Beaumé m'avoit remis en 1 768 , des grains en forme de boutons , d'au- tres plus plats, et quelques uns noirs et écailleux, et ayant séparé avec l'aimant ceux qui étoient attirables PARTIE EXPE11IME.\TA.LE. 3'jb de ceux qui ne donnoient aucun signe sensible de ma- gnétisme , j'ai essayé de former le bleu de Prusse avec les uns elles autres. J'ai versé de l'acide nitreux fumant sur les parties non attirables, qui pesoient deux grains et demi. Six heures après, j'ai étendu l'acide par de l'eau distillée, et j'y ai versé de la li- queur alcaline , saturée de matière colorante : il n'y a pas eu un atome de bleu; la platine avoit seulement un coup d'œil plus brillant. J'ai pareillement versé de l'acide fumant sur les 55 grains V2 ^^ platine restante, dont partie étoit attirable : la liqueur étendue après le môme intervalle de temps, le même alcali prussien en a précipité une fécule bleue, qui couvroit le fond d'un vase assez large. La platine, après cette opération, étoit bien décapée comme la première. Je l'ai Javée et séchée, et j'ai vérifié qu'elle n'avoit perdu qu'un quart de grain, ou ^. L'ayant examinée en cet état, j'y ai aperçu un grain d'un beau jaune, qui s'est trouvé une paillette d'or. » M. de Fourcyavoit nouvellement publié que la dis- solution d'or étoit aussi précipitée en bleu par l'alcali prussien , et avoit consigné ce fait dans une table d'affi- nités. Je fus tenté de répéter cotte expérience ; je ver- sai en conséquence de la liqueur alcaline phlogisti- quée dans de la dissolution d'or de départ, mais la couleur de cette dissolution ne changea pas; ce qui me fait soupçonner que la dissolution d'or employée par M. de Fourcy pouvoit bien n'être pas au»si pure. » Et , dans le même temps , M. le comte de Buûbn m'ayant donné une assez grande quantité d'autre pla- tine pour en faire quelques essais, j'ai entrepris de la séparer de tous les corps étrangers par une bonne Ôj6 MINÉRAUX. I NT no D UCT ION. fonte. Voici la manière dont j'ai procédé, et les résul- tats que j'ai eus. PREMIÈIIE EXPÉRIENCE. » Ayant mis un gros de platine dans une petite cou- pelle, sous la moufle du fourneau donné par M. Mac- quer dans les Mémoires de t' Académie des Sciences ^ année lySS, j'ai soutenu le feu pendant deux heures; la moufle s'est affaissée , les supports avoient coulé : cependant la platine s'est trouvée seulement aggluti- née; elle tenoit à la coupelle, et y avoit laissé des taches couleur de rouille. La platine étoit alors terne , même un peu noire, et n'avoit pris qu'un quart de grain d'augmentation de poids , quantité bien foible en comparaison de celle que d'autres chimistes ont observée ; ce qui me surprit d'autant plus, que ce gros de platine, ainsi que toutes celles que j'ai em- ployées aux autres expériences, avoit été enlevé suc- cessivement par l'aimant, et faisoit portion des six septièmes de 8 onces dont M. de BufTon a parlé dans le mémoire ci-dessus, DEUXIÈME EXPÉRIENCE. » Un demi-gros de la même platine, exposé au même feu dans une coupelle, s'est aussi agglutiné ; elle étoit adhéretite à la coupelle, sur laquelle elle avoit laissé des taches de couleur de rouille. L'augmentation de poids s'est trouvée à peu près dans la même prapor- tion, et la surface aussi noire. PARTIE EXPi: llIMENTALE. T R O I S I È ME EXPÉRIENCE. ') J'ai remis ce même demi-gros dans une nouvelle coupelle; mais, au lieu de moufle, j'ai renversé sur le support un creuset de plomb n(;)ir de Passaw. J'avois eu l'altention de n'employer pour support que des têts d'argile pure très réfractaire; par ce moyen, je pouvois augmenter la violence du feu et prolonger sa durée, sans craindre de voir couler les vaisseaux, ni obstruer l'argile par les scories. Cet appareil ainsi placé danr- le fourneau, j'y ai entretenu, pendant quatre heiires, un feu de la dernière violence. Lorsque tout a été refroidi, j'ai trouvé le creuset bien conservé, soudé au support. Ayant brisé cette soudure vitreuse, j'ai reconnu que rien n'avoit pénétré dans l'intérieur du creuset, qui paroissoit seulement plus luisant qu'il n'étoit auparavant. La coupelle avoit conservé sa forme et sa position; elle étoit un peu fendillée, mais pas assez pour se laisser pénétrer : aussi le bouton de pla- tine n'y étoit-il pas adhérent; ce bouton n'étoit en- core qu'agglutiné, mais d'une manière bien plus ser- rée que la première fois : les grains étoient moins saillants; la couleur en étoit plus claire, le brillant plus métallique ; et ce qu'il y eut de plus remarqua- ble , c'est qu'il s'étoit élancé de sa surface pendant l'opération , et probablement dans les premiers in- stants du refroidissement, trois jets de verre, dont l'un, plus élevé, parfaitement spliérique, étoit porté sur un pédicule d'une ligne de hauteur, Je la même matière transparente et vitreuse. Ce pédicule avoit à peine un sixième de ligne, landis que le globule avoit 5^8 MTNÉRALX. INTKO DICTION. une ligne de diamètre, d'une couleur uniforme, avec une légère teinte de rouge, qui ne déroboit rien à sa transparence. Des deux autres jets de verre, le plus petit avoit un pédicule comme le plus gros, et le moven n avoit point de pédicule et étoit seulement attaché à la platine par sa surface extérieure. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. » J'ai essayé de coupeller la platine , et pour cela j'ai mis dans une coupelle un gros des mêmes grains en- levés par l'aimant, avec deux gros de plomb. Après avoir donné un très grand feu pendant deux heures, j'ai trouvé dans la coupelle on bouton adhérent, cou- vert d'une croûte jaunâtre et un peu spongieuse, du poids de 2 gros 12 grains; ce qui annonçoit que la platine avoit retenu i gros 12 grains de plomb. » J'ai remis ce bouton dans une autre coupelle aii même fourneau, observant de le retourner; il n'a perdu que 12 grains dans un feu de deux heures : sa couleur et sa forme avoient très peu changé. » Je lui ai appliqué ensuite le vent du soufflet, après l'avoir placé dans une nouvelle coupelle couverte d'un creuset de Passaw, dans la partie inférieure d'un four- neau de fusion dont j'avois ôté la grille : le bouton a pris alors un coup-d'œil plus métallique, toujours un peu terne; et cette fois il a perdu 18 grains. » Le même bouton ayant été remis dans le fourneau de M. Macquer, toujours placé dans une coupelle cou- verte d'un creuset de Passaw, je soutins le feu pen- dant trois heures, après lesquelles je fus obligé de l'arrêter, parce que les briques qui servoient de sup- PARTIE EXPÉRIMENTALE. 5^9 port avoient entièrement coulé. Le bouton étoit de- venu de plus eu plus métallique : il adiiéroit pour- tant à la coupelle ; il avoit perdu cette fois 54 grains. Je le jetai dans l'acide nilreux fumant, pour essayer de le décaper : il y eut un peu d'effervescence lorscpie j'ajoutai de l'eau distillée ; le bouton y perdit effecti- vement 2 grains, et j'y remarquai quelques petits trous, comme ceux que laisse le départ. » 11 ne restoit plus que 22 grains de plomb alliés à la platine, à en juger par l'excédant de son poids. Je commençai à espérer de vitriûer cette cela fait 882 lignes carrées qui se sont séparées par l'ef- fort de la chaleur : et comme nous avons trouvé, par les expériences précédentes, que 696 lignes carrées du même fer ont cassé sous le poids de 28 milliers, on doit en conclure que 882 lignes de ce même fer n'au- roient rompu que sous un poids de 5548o livres, et que par conséquent l'effort de la chaleur devoit être estimé comme un poids de 554 80 hvres. Ayant fait fa- briquer pour contenir le mur intérieur de mon four- neau, dans le fondage qui se fit après la rupture de ce cadre , un cercle de 26 pieds V2 de circonférence , avec du fer nerveux provenant de la fonte et de la fabn- que de mes forges, cela m'a donné le moyen de com- parer la ténacité du bon fer avec celle du fer commun. Ce cercle de 26 pieds V2 ^^ circonférence étoit de deux pièces retenues et jointes ensemble par deux cla- vettes de fer passées dans les anneaux forgées au bout des deux bandes de fer; la largeur de ces bandes étoit de ôo lignes sur 5 d'épaisseur : cela fait 1 5o lignes car- rées, qu'on ne doit pas doubler, parce <:[uc si ce cercle eut rompu, ce n'auroit été qu'en un seul endroit, et PARTIE EXPÉRIMENTALE. ÔQi non pas en deux endroits opposés, comifie les boucles ou le grand cadre carré. Mais l'expérience me démon- tra que, pendant un fondage de quatre mois, où la chaleur étoit même plus grande que dans le fondage précédent, ces i5o lignes de bon fer résistèrent à son effort, qui étoit de 5548o livres; d'où l'on doit con- clure, avec certitude*entière , que le bon fer, c'est-à- dire le fer qui est presque tout nerf, est au moins cinq fois aussi tenace que le fer sans nerf et à gros grain. Que l'on juge par là de l'avantage qu'on trouveroit à n'employer que du bon fer nerveux dans les bâti- ments et dans la construction des vaisseaux : il en fau- droit les trois quarts moins, et l'on auroit encore un quart de solidité de plus. Par de semblables expériences, et en faisant malléer une fois , deux fois , trois fois , des verges de fer de diffé- rentes grosseurs, on pourroit s'assurer du maximum de la force du fer, combiner d'une manière certaine la lé- gèreté des armes avec leur solidité, ménager la ma- tière dans les autres ouvrages, sans craindre la rup- ture, en un mot, travailler ce métal sur des principes uniformes et constants. Ces expériences sont le seul moyen de perfectionner l'art de la manipulation du fer : l'Etat en tireroit de très grands avantages; car il ne faut pas croire que la qualité du fer dépende de celle de la mine; que, par exemple, le fer d'Angle- terre, ou d'Allemagne, ou de Suède, soit meilleur que celui de France ; que le fer de Berri soit plus doux que celui de Bourgogne : la nature des mines n'y fait rien, c'est la manière de les traiter qui fait tout; et ce que je puis assurer, pour l'avoir vu par moi-même, c'est qu'en malléant beaucoup et chauffant pou an 592 MINÉRAUX. INTRODUCTION. donne au fer^lus de force, et qu'on approche de ce maximum^ dont je ne puis que recommander la re- cherche, et auquel on peut arriver par les expérien- ces que je viens d'expliquer. Dans les boulets que j'ai somnis plusieurs fois à l'é- preuve du plus grand feu , j'ai vu que le fer perd de son poids et de sa force, d'autant plus qu'on le chauffe plus souvent et plus long-temps ; sa substance se dé- compose, sa qualité s'altère, et enfin il dégénère en une espèce de mâchefer ou de matière poreuse , lé- gère, qui se réduit en une sorte de chaux par la violence et la longue application du feu % le mâchefer commun est d'une autre espèce; et quoique vulgairement on croie que le mâchefer ne provient et même ne peut provenir que du fer, j'ai la preuve du contraire. Le mâchefer est, à la vérité , une matière produite par le feu ; mais pour le former, il n'est pas nécessaire d'em- ployer du fer ni aucun autre métal : avec du bois et du charbon brûlé et poussé à un feu violent , on ob- tiendra du mâchefer en assez grande quantité; et si l'on prétend que ce mâchefer ne vient que du fer con- tenu dans le bois ( parce que tous les végétaux en con- tiennent plus ou moins), je demande pourquoi l'on ne peut pas en tirer du fer même une plus grande quan- tité qu'on n'en tire du bois, dont la substance est si différente de celle du fer. Dès que ce fait me fut connu par l'expérience, il me fournit l'intelligence d'un au- tre fait qui m'avoit paru inexplicable jusqu'alors. On trouve dans les terres élevées, et surtout dans les fo- rêts où il n'y a ni rivières ni ruisseaux, et où par con- séquent il n'y a jamais eu de forges, non plus qu'au- cun indice de volcan ou de feux souterrains ; on trouve. P.SRTIE EXPÉRIMENTALE. JqT) dis-je , souvent de gros blocs de mâchetei- que deux hommes auroient peine à enlever : j'en ai vu, pour la première fois, en 1745, à Montigny-l'Encoupe , dans les forêts de M. de Trudaine ; j'en ai fait cher- cher et trouvé depuis dans nos bois de Bourgogne, qui sont encore plus éloignés de l'eau que ceux de Montigny; on en a trouvé en plusieurs endroits : les petits morceaux m'ont paru provenir de quelques four- neaux de charbon qu'on aura laissé brûler; mais les gros ne peuvent venir que d'un incendie dans la fo- ret, lorsqu'elle étoit en pleine venue, et que les ar- bres y étoient assez grands et assez voisins pour pro- duire un feu très violent et très long-temps nourri. Le mâchefer, qu'on peut regarder comme un résidu de la combustion du bois, continent du fer; et l'on verra dans un autre mémoire les expériences que j'ai faites pour reconnoître, par ce résidu , la cjuantité de fer qui entre daas la composition des végétaux. Et cette terre morte, ou cette chaux dans laquelle le fer se réduit par la trop longue action du feu, ne m'a pas paru contenir plus de fer que le mâchefer du bois; ce qui semble prouver que le fer est, comme le bois, une matière combustible que le feu peut également dévorer en l'appliquant seulement plus violemment et plus long-temps. Pline dit, avec raison : Ferrinn ac- censinn ignl^ n'isi duretar ictlbm^ corrumpitiir. On en sera persuadé si l'on observe dans une forge la pre- mière loupe que l'on tire de la gueuse : cette loupe est un morceau de fer fondu pour la seconde fois, et qui n'a pas encore été forgé, c'est-à-dire consolidé par le marteau ; lorsqu'on lé tire de la chaufferie , où il vient 594 Ml!\ÉRArx. INTRODUCTION. de subir le feu le plus violent, il est rougi à blanc; il jette non seulement des étincelles ardentes, mais il brûle réellement d'une flamme très vive, qui consom- meroit une partie de sa substance si on tardoit trop de temps à porter cette loupe sous le marteau; ce fer se- rôit, pour ainsi dire, détruit avant que d'être formé; il subiroit l'eflet complet de la combustion , si le coup du marteau, en rapprochant ses parties trop divisées par le feu , ne commençoit à lui faire prendre le pre- mier degré de sa ténacité. On le tire dans cet état, et encore tout rouge, de dessous le marteau, et on le reporte au foyer de l'affinerie, où il se pénètre d'un nouveau feu ; lorsqu'il est blanc , on le transporte de même et le plus promptement possible au marteau, sous lequel il se consolide, et s'étend beaucoup plus que la première fois; enfin on remet encore cette pièce au feu , et on la rapporte au marteau , sous lequel on l'achève en entier. C'est ainsi qu'on travaille tous les fers communs ; on ne leur donne que deux ou tout au plus trois volées de marteau : aussi n'ont-ils pas, à beau- coup près, la ténacité qu'ils pourroient acquérir, si on les travailloit moins précipitamment. La force du marteau non seulement comprime les parties du fer trop divisées par le feu , mais, en les rapprochant, elle chasse les matières étrangères et le purifie en le con- solidant. Le déchet du fer en gueuse est ordinairement d'un tiers, dont la plus grande partie se brûle, et le reste coule en fusion et forme ce qu'on appelle les crasses du fer : ces crasses sont plus pesantes que le mâchefer du bois, et contiennent encore un^ assez grande quantité de fer, qui est, à la vérité , très impur PARTIE EXPÉRIMENTALE. ^)Ç):^ et très aigre, mais doiil on peut néanmoins tirer parti , en mêlant ces crasses broyées, et en petite quantité, avec la mine que Ton jette au Iburneau. J'ai l'expé- rience qu'en mêlant un sixième de ces crasses avec cirnj sixièmes de mine épurée par mes cribles, la fonte ne change pas sensiblement de qualité; mais si Ton en met davantage, elle devient plus cassante, sans néanmoins changer de couleur ni de grain. Mais si les mines sont moins épurées, ces crasses gâtent absolument la fonte, parce qu'étant déjà très aigre et très cassante par elle- même, elle le devient encore plus par cette addition de mauvaise matière ; en sorte que cette pratique , qui peut devenir utile entre les mains d'un habile maître de l'art , produira dans d'autres mains de si mauvais effets, qu'on ne pourra se servir ni des fers ni des fontes qui en proviendront. Il y a néanmoins des moyens, je ne dis pas de chan- ger, mais de corriger un peu la mauvaise qualité de la fonte, et d'adoucir à la chaufferie l'aigreur du fer qui en provient. Le premier de ces moyens est de di- minuer la force du vent, soit en changeant l'inclinai- son de la tuyère , soit en ralentissant le mouvement des soufflets; car plus on presse le feu , plus le fer de- vient aigre. Le second moyen, et qui est encore plus efficace, c'est de jeter sur la loupe de fer qui se sé- pare de la gueuse, une certaine quantité de gravier calcaire, ou même de chaux toute faite : cette chaux sert de fondant aux parties vitrifiables que le fer ai- gre contient en trop grande quantité, et le purge de ses impuretés. Mais ce sont de petites ressources aux- quelles il ne faut pas se «letlre dans le cas d'avoir recours; ce qui n'arriveroit jamais si l'on suivoit les 5^^ MliXÉUAUX. INTKODL CTION. procédés que j'ai donnés pour faire de bonnes fontes^. Lorsqu'on Tait travailler les affineurs à leur compte, et qu'on ]cs paie au millier, ils font, comme les fon- deurs, le plus de fer qu'ils peuvent dans leur semaine ; ils construisent le foyer de leur cbauÛ'erie de la ma- nière la plus avantageuse pour eux ; ils pressent le feu, trouvent que les souffle! s ne donnent jamais assez de vent; ils travaillent moins la loupe, et font ordinaire- ment en deux chaudes ce qui en exigeroit au moins trois. On ne sera donc jamais sûr d'avoir du fer d'une bonne et même qualité qu'en payant les ouvriers au mois, et en faisant casser, à la fui de chaque semaine , quelques barres du fer qu'ils livrent, pour reconnoî- tre s'ils ne se sont pas trop pressés ou négligés. Le fer en bandes plates est toujours plus nerveux que le fer en barreaux : s'il se trouve deux tiers de nerf sur un tiers de grain dans les bandes, on ne trouvera dans les barreaux , quoique faits de même étofî'e , qu'envi- ron un tiers de nerf sur deux tiers de grain; ce qui prouve bien clairement que la plus ou moins grande force du fer vient de la dilléreute application du mar- teau. S'il frappe plus constamment, plus fréquemment sur un même plan, comme celui des bandes plates, il en rapproche et en réunit mieux les parties, que s'il frappe presque alternativement sur deux plans différents pour faire les barreaux carrés ; aussi est-il plus difficile de bien souder* du barreau que de la bande : et lorsqu'on veut faire du fer de tireriez qui doit être en barreaux de treize lignes, et d'un fer très nerveux et assez ductile pour être converti en til de 1. On tjouvera oe> procédés clan? mes .Mémoires sur la i'usion des mines de fer. PARTIE EXPÉRIMENTALE. ÔÇfl fer, il faut le travailler plus lentement à l'affinerie, ne le tirer du feu que quand il est presque fondant, et le faire suer sous le marteau le mieux qu'il est pos- sible, afin de lui donner tout le nerf dont il est sus- ceptible sous cette forme carrée, qui est la plus in- grate, mais qui paroît nécessaire ici, parce qu'il faut ensuite tirer de ces barreaux, qu'on coupe environ à quatre pieds, une verge de dix-huit ou vingt pieds par le moyen du martinet, sous lequel on l'allonge après l'avoir écliauffée; c'est ce qu'on appelle de la verge crénelée : elle est carrée comme le barreau dont elle provient, et porte sur les quatre faces des enfonce- ments successifs, qui sont les empreintes profondes de chaque coup de martinet ou petit marteau sous lequel on la travaille. Ce fer doit être de la plus grande ductilité pour passer jusqu'à la plus petite filière; et en même temps il ne faut pas qu'il soit trop doux, mais assez ferme pour ne pas donner trop de déchet. Ce point est assez difficile à saisir : aussi n'y a-t-il en France que deux ou trois forges dont on puisse tirer ces fers pour les lileries. La bonne fonte est, à la vérité, la base de tout bon fer; mais il arrive souvent que, par de mauvaises pra- tiques, on gâte ce bon fer. Une de ces mauvaises pra- tiques, la plus généralement répandue, et qui détruit le plus le nerf et la ténacité du fer, c'est l'usage où sont les ouvriers de presque toutes les forges, de trem- per dans l'eau la première portion de la pièce qu'ils viennent de travailler, afin de pouvoir la manier et la reprendre plus prompte ment. J'ai vu avec quelque surprise la prodigieuse différence qu'occasione cette trempe , surtout en hiver et lorsque l'eau est froide ; 598 MINÉPtAUX. INTRODUCTION. non seulement elle rend cassant le meilleur fer, mais même elle en change le grain et en détruit le nerf, au point qu'on n'imagineroit pas que c'est le même fer, si l'on n'en étoit pas convaincu par ses yeux en faisant casser l'autre bout du même barreau, qui, n'ayant point été trempé, conserve son nerf et son grain ordinaire. Cette trempe, en été, fait beaucoup moins de mal , mais en fait toujours un peu; et si l'on veut avoir du fer toujours de la même bonne qualité , il faut absolument proscrire cet usage, ne jamais trem- per le fer chaud dans l'eau , et attendre, pour le ma- nier, qu'il se refroidisse à l'air. Il faut que la fonte soit bien bonne pour produire du fer aussi nerveux, aussi tenace que celui qu'on peut tirer des vieilles ferrailles refondues, non pas en les jetant au fourneau de fusion, mais en les mettant au feu de l'afïïnerie. Tous les ans on achète pour mes forces une assez grande quantité de ces vieilles fer- railles, dont, avec un peu de soin, l'on fait d'excel- lent fer. Mais il y a du choix dans ces ferrailles; celles qui proviennent des rognures de la tôle ou des mor- ceaux cassés du fd de fer, qu'on appelle des riblous_, sont les meilleures de toutes, parce qu'elles sont d'un fer plus puisque les autres; on les achète aussi quel- que chose de plus : mais en général ces vieux fers, quoique de qualité médiocre, en produisent de très bons lorsqu'on sait les traiter. Il ne faut jamais les mêler avec la fonte; si même il s'en trouve quelques morceaux parmi les ferrailles, il faut les séparer : il faut aussi mettre une certaine quantité de crasses dans le foyer, et le feu doit être moins poussé, moins vio- lent, que pour le travail du fer en gueuse, sans quoi PARTIE EXPÉRIMENTALE. 099 l'on brûleroit une grande partie de sa ferraille , qui , quand elle est bien traitée et de bonne qualité , ne donne qu'un cinquième de déchet, et consomme moins de charbon que le fer de la gueuse. Les crasses qui sortent de ces vieux fers sont en bien moindre quantité, et ne conservent pas, à beaucoup près, au- tant de particules de fer que les autres. Avec *des ri- blous qu'on renvoie des fileries que fournissent mes forges, et des rognures de tôle cisaillées que je fais fabriquer, j'ai souvent fait du fer qui étoit tout nerf, et dont le déchet n'étoit presque que d'un sixième, tandis que le déchet du fer en gueuse est communé- ment du tîouble, c'est-à-dire d'un tiers, et souvent de plus d'un tiers si l'on veut obtenir du fer d'excellente qualité. M. deMontbeillard, lieutenant-colonel au régiment royal d'artillerie, ayant été chargé, pendant plusieurs années, de l'inspection des manufactures d'armes à Charleville, Maubeuge,et Saint-Etienne, a bien voulu me communiquer un Mémoire qu'il a présenté au mi- nistre, et dans lequel ï\ traite de cette fabrication du fer avec de vieilles ferrailles. Il dit, avec grande rai- son, « que les ferrailles qui ont beaucoup de surface, et celles qui proviennent des vieux fers et clous de chevaux, ou fragments de petits cylindres, ou carrés tors, ou des anneaux et boucles, toutes pièces qui sup- posent que le fer qu'on a employé pour les fabriquer étoit souple, liant et susceptible d'être plié, étendu, ou tordu, doivent être préférées et recherchées pour la fabrication des canons de fusil. » On trouve, dans ce même mémoire de M. de Montbeillard, d'excellentes réflexions sur le moyen de perfectionner les armes à 4oO MINÉRAUX. INTRODUCTION. feu, et d'en assurer la résistance parle choix du bon 1er et par la manière de le traiter; l'auteur rapporte une très bonne expérience ^, qui prouve clairement que les vieilles ferrailles et même les écailles ou ex- foliations qui se détachent de la surface du fer, et que bien des gens prennent pour des scories, se soudent ensemble de la manière la plus intime, et que par con- séquent le fer qui en provient est d'aussi bonne et peut-être de meilleure qualité qu'aucun autre. Mais en même temps il conviendra avec moi, et il observe même , dans la suite de son Mémoire , que cet excel- lent fer ne doit pas être employé seul, parla raison même qu'il est trop parfaiî. Et en'effet, un fer qui. sortant de la forge, a toute sa perfection , n'est excel- lent que pour être employé tel qu'il est, ou pour des ouvrages qui ne demandent que des chaudes douces; car toute chaude vive, toute chaleur à blanc, le dé- nature : j'en ai fait des épreuves plus que réitérées sur 1. Qu'on prenne une barre de fer large de deux à trois pouces, t;)aisse de deux à trois lignes; qu'on la chaulTe aa rouge, et qu'avec la panne du marteau on y pratique dans sa longueur une cannelure ou cavité ; qu'on la plie sur elle-même pour la doubler et corroyer, l'on remplira ensuite la cannelure des écailles ou pailles en question ; on lui donnera une chaude douce d'abord en rabattant les bords, pour empêcher qu'elles ne s'échappent, et on battra la barre comme on le pratique pour corroyer le fer, avant de la chauffer au blanc; on la chauffera ensuite blanche et fondante , et la pièce soudera à merveille ; on la cassera à froid , et l'on n'y verra rien qui annonce que la soudure n'ait été complète et parfaite, et que toutes les parties du fer ne se soient pas pénétrées réciproquement sans laisser aucun espace vide. J'ai fait cette expérience aisée à répéter, qui doit jassu- rer sur les pailles, soit qu'elles soient plates ou qu'elles aient la forme d'aiguilles, puisqu'elles ne sont autre chose que du fer, comme la barre avec laquelle on les incorpore , où elles ne forment plus qu'une même masse avec elle. PARTIE EXPÉRniE?^TALE. 4<^ l des morceaux de toute grosseur. Le petit fer se déna- ture un peu moins que le gros; mais tous deux perdent la plus grande partie de leur nerf dès la première chaude à blanc ; une seconde chaude pareille change et achève de détruire le nerf; elle altère même la qualité du grain , qui , de fin qu'il étoit, devient grossier et bril- lant comme celui du fer le plus commun : une troi- sième chaude rend ces grains encore plus gros, et laisse déjà voir entre leurs interstices des parties noi- res de matière brûlée. Enfin, en continuant de lui donner des chaudes, on arrive au dernier désiré de sa décomposition , et on le réduit en une terre naorle, qui ne paroît plus contenir de substance métallique, et dont on ne peut faire aucun usage : car cette terre morte n'a pas, comme la plupart des autres chaux métalliques, la propriété de se revivifier par l'appli- cation des matières combustibles; elle ne contient guère plus de fer que le mâchefer commun tiré du charbon des végétaux, au lieu que les chaux des autres métaux se revivifient presque en entier, ou du moins en très grande partie ; et cela achève de démontrer que le fer est une matière presque entièrement com- bustible. Ce fer que l'on tire, tant de cette terre ou chaux de fer, que du mâchefer provenant du charbon, m'a paru d'une singulière qualité ; il est très magnétique et très infusible. J'ai trouvé du petit sable noir aussi magnétique, aussi indissoluble, et presque infusible, dans quelques unes des mines que j'ai fait exploiter. Ce sablon ferrugineux et magnétique se trouve mêlé avec les grains de mine qui ne le sonî point du tout, et provient certainement d'une cause tout autre. Le ,^j02 MINÉRAUX. INTRODUCTION. feu a produit ce sablon magnétique ^ et l'eau , leâ grains de mine; et lorsque par hasard ils se trouvent mélangés, c'est que le hasard a fait qu'on a brûlé de grands amas de bois, ou qu'on a fait des fourneaux de charbon sur le terrain qui renferme les mines, et que ce sablon ferrugineux, qui n'est que le détriment du mâchefer que l'eau ne peut ni rouiller ni dissou- dre, a pénétré, par la fdtration des eaux, auprès des lits de mine en grains, qui souvent ne sont qu'à deux ou trois pieds de profondeur. On a vu, dans le mé- moire précédent, que ce sablon ferrugineux qui pro- vient du mâchefer des végétaux, ou si l'on veut, du fer brûlé autant qu'il peut l'être, paroît être le même, à tous égards, que celui qui se trouve dans la pla-* tine. Le fer le plus parfait est celui qui n'a presque point de grain, et qui est entièrement d'un nerf de gris cen- dré. Le fer à nerf noir est encore très bon, et peut- être est-il préférable au premier pour tous les usages où il faut chauffer plus d'une fois ce métal avant de l'employer. Le fer de la troisième qualité, et qui est moitié nerf et moitié grain, est le fer par excellence pour le commerce, parce qu'on peut le chauffer deux ou trois fois sans le dénaturer. Le fer sans nerf, mais à grain fin, sert aussi pour beaucoup d'usages; mais les fers sans nerf et à gros grain devroient être pro- scrits, et font le plus grand tort dans la société, parce que malheureusement ils y sont cent fois plus com- muns que les autres. 11 ne faut qu'un coup d'oeil à un homme exercé pour cou noître la bonne ou la mau- vaise qualité du fer; mais les gens qui le font em- ployer, soit dans leurs bâtiments, soit à leurs équi- PARTIE EXPÉRIMEXTALE. 4^^ pages, ne s'y connoissent ou n'y regardent pas, et paient souvent comme très bon du fer que le far- deau fait rompre , ou que la rouille détruit en peu de temps. Autant les chaudes vives et poussées jusqu'au blanc détériorent le fer, autant les chaudes douces, où Ton ne le rougit que couleur de cerise, semblent l'amé- liorer. C'est par cette raison que les fers tlcstinés à passer à la fenderie ou à la batterie ne demandent pas à être fabriqués avec autant de soin que ceux qu'on appelle fers marchands ^ qui doivent avoir toute leur qualité. Le fer de tirerie fait une classe à part. Il ne peut être trop pur : s'il contenoit des parties hé- térogènes, il deviendroit très cassant aux dernières fdières. Or il n'y a d'autre moyen de le rendre pur que de le faire bien suer en le chauffant la première fois jusqu'au blanc, et le martelant avec autant de force que de précaution, et ensuite en le faisant en- core chauffer à blanc, afin d'achever de le dépurer sous le martinet en rallt)ngeant pour en faire de la verse crénelée. Mais les fers destinés à être refendus pour en faire de la verge ordinaire, des fers aplatis, des languettes pour la tôle, tous les fers, en un mot, qu'on doit passer sous les cylindres, n'exigent pas le même degré de perfection , parce qu'ils s'améliorent au four de la fenderie, où l'on n'emploie que du bois, et dans lequel tous ces fers ne prennent une chaleur que du second degré, d'un rouge couleur de feu, qui est suffisant pour les^pollir, et leur permet de s'a- platir et de s'étendre sous les cylindres, et de se fen- dre ensuite sous les taillants. Néanmoins, si l'on veut avoir de la verge bien douce, comme celle qui est /|04 MINÉRAUX. INTRODLCTION. nécessaire pour les clous à maréchal ; si l'on veut des fers aplatis qui aient beaucoup de nerf, comme doi- vent être ceux qu'on emploie pour les roues, et par-- ticulièrement les bandages qu'on fait d'une seule pièce, dans lesquels il faut au moins un tiers de nerf; les fers qu'on livre à la fenderie doivent être de bonne qualité, c'est-à-dire avoir au moins un tiers de nerf; car j'ai observé que le feu doux du four et la forte compression des cylindres rendent, à la vérité, le grain du fer un peu plus fin, et donnent même du nerf à celui qui n'avoit que du grain très fin, mais ils ne convertissent jamais en nerf le gros grain des fers communs; en sorte qu'avec du mauvais fer à gros grain on pourra faire de la verge et des fers aplatis dont le grain sera moins gros, mais qui seront tou- jours trop cassants pour être employés aux usages dont je viens de parler. Il en est de même de la tôle : on ne peut pas em- ployer de trop bonne étoffe pour la faire, et il est bien fâcheux qu'on fasse toVit le contraire; car pres- que toutes nos tôles en France se font avec du /er commun : elles se rompent en les pliant, et se bril- lent ou pourrissent en peu de temps ; tandis que de la tôle faite, comme celle de Suède ou d'Angieterre, avec du bon fer bien nerveux se tordra cent fois sans rompre, et durera peut-être vingt fois plus que les autres. On en fait à mes forcées de toute «grandeur et de toute épaisseur; on en enioloie à Paris pour les casseroles et autres pièces d^Puisine, qu'on étame, et qu'on a raison de préférer aux casseroles de cui- vre. On a fait avec cette même tôle grand nombre de poêles, de chéneaux, de tuyaux, et j'ai, depuis qua- PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4^5 lie ans, l'expérience mille fois réitérée qu'elle peut durer, comme je viens de le dire, soit au feu, soit à l'air, beaucoup plus que les tôles communes : mais comme elle est un peu plus chère, le débit en est moindre, et l'on n'en demande que pour certains usa- ges particuliers, auxquels les autres tôles ne pour- roient être employées. Lorsqu'on est au fait, comme j'y suis, du commerce des fers, on diroit qu'en France on a fait un pacte général de ne se servir que de ce qu'il y a de plus mauvais en ce genre. Avec du fer nerveux on pourra toujours faire d'ex- cellente tôle, en faisant passer le fer des languettes sous les cylindres de la fenderie. Ceux qui aplatissent ces languettes sous le martinet après les avoir fait chauffer au charbon sont dans un très mauvais usage : le feu de charbon , poussé par les soufflets, gâte le fer de ces languettes; celui du four de la fenderie ne fait que le perfectionner. D'ailleurs il en coûte plus de moitié moins pour faire les languettes au cylindre que pour les faire au martinet ; ici l'intérêt s'accorde avec la théorie de l'art : il n'y a donc que l'ignorance qui puisse entretenir cette pratique, qui néanmoins est la plus générale; car il y a peut-être sur toutes les tôles qui se fabriquent en France plus des trois quarts dont les languettes ont été faites au martinet. Cela ne peut pas être autrement, me dira-t-on ; toutes les batte- ries n'ont pas à côté d'elles une fenderie et des cy- lindres montés. Je l'avoue, et c'est ce dont je me plains ; on a tort de permettre ces petits établissements particuliers qui ne subsistent qu'en achetant dans les grosses forges les fers au meilleur marché , c'est-à- dire tous les plus médiocres, pour les fabriquer en- m:rro\, m. ' 26 /|06 MINÉRAUX. INTRODUCTION. suite en tôle et en petits fers de la plus mauvaise qua- lité. Un autre objet fort important sont les fers de char- rue : on ne sauroit croire combien la mauvaise qua- lité du fer dont on les fabrique fait de tort aux labou- reurs; on leur livre inhumainement des fers qui cassent au moindre effort, et qu'ils sont forcés de renouveler presque aussi souvent que leurs cultures : on leur fait payer bien cher du mauvais acier dont on arme la pointe de ces fers encore plus mauvais, et le tout est perdu pour eux au bout d'un an, et souvent en moins de temps, tandis qu'en employant pour ces fers de charrue, comme pour la tôle, le fer le meilleur et le plus nerveux, on pourroit les garantir pour un usage de vingt ans, et même se dispenser d'en aciérer la pointe ; car j'ai fait faire plusieurs centaines de ces fers de charrue, dont j'ai fait essayer quelques uns sans acier, et ils se sont trouvés d'une étoffe assez ferme pour résister au labour. J'ai fait la même expérience sur un grand nombre de pioches : c'est la mauvaise qualité de nos fers qui a établi chez les taillandiers l'usase iïénéral de mettre de l'acier à ces instruments de campagne, qui n'en auroient pas besoin s'ils étoient de bon fer fabriqué avec des languettes passées sous les cylindres. J'avoue qu'il y a de certains usages pour lesquels on pourroit fabriquer du fer aigre; mais encore ne faut-il pas qu'il soit à trop gros grain ni trop cassant : les clous pour les petites lattes à tuile, les broquettes, et autres petits clous, plient lorsqu'ils sont faits d'un fer trop doux; mais à l'exception de ce seul emploi, qu'on ne remplira toujours que trop, je ne vois pas PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4^7 qu'on doive se servir de fer aigre. Et si, dans une bonne manufacture, on en veut faire une certaine quantité, rien n'est plus aisé ; il ne faut qu'augmenter d'une mesure ou d'une mesure et demie de mine au fourneau , et mettre à part les gueuses qui en provien- cîront; la fonte en sera moins bonne et plus blanche. On les fera forger à part, en ne donnant que deux chaudes à chaque bande , et l'on aura du fer aigre qui se fendra plus aisément que l'autre, et qui donnera de la verge cassante. Le meilleur fer, c'est-à-dire celui qui a le plus de nerf, et par conséquent le plus de ténacité, peut éprouver cent et deux cents coups de masse sans se rompre; et comme il faut néanmoins le casser pour les usages de la fenderie et de la batterie, et que cela demanderoit beaucoup de temps, même en s'aidant du ciseau d'acier, il vaut mieux faire couper sous le marteau de la forge les barres encore chaudes à moi- tié de leur épaisseur : cela n'empêche pas le marte- leur de les achever, et épargne beaucoup de temps au fendeur et au pîatineur. Tout le fer que j'ai fait casser à froid et à grands coups de masse s'échauffe d'autant plus qu'il est plus fortement et plus souvent frappé ; non seulement il s'échauffe au point de brûler très vi- vement, mais il s'aimante comme s'il eût été frotté sur un très bon aimant. M'étant assuré de la constance de cet effet par plusieurs observations successives, je vou- lus voir si, sans percussion , je pourrois de même pro- duire dans le fer la vertu magnétique. Je fisprendre pour cela une verge de trois lignes de grosseur de mon fer le plus liant, et que je connoissois pour être très dif- ficile à rompre; et l'ayant fait plier et replier, par les 400 MINERAUX. INTRODUCTION. mains d'un homme fort, sept ou huit fois de suite sans pouvoir la rompre, je trouvai le fer très chaud au point où on l'avoit plié, et il avoit en même temps toute la vertu d'un barreau bien aimanté. J'aurai oc- casion dans la suite de revenir à ce phénomène, qui tient de très près à la théorie du magnétisme et de l'é- lectricité, et que je ne rapporte ici que pour démon- trer que plus une matière est tenace, c'est-à-dire plus il faut d'efl'orts pour la diviser, plus elle est près de produire de la chaleur et tous les autres effets qui en peuvent dépendre, et prouver en même temps que la simple pression, produisant le frottement des par- ties intérieures, équivaut à l'eifet de la plus violenU? percussion. On soude tous les jours le fer avec lui-même ou sur lui-même ; mais il faut la pi js grande précaution pour qu'il ne se trouve pas un peu plus foibleaux endroits des soudures; car, pour réunir et souder les deux bouts d'une barre, on les chauffe jusqu'au blanc le plus vif: le fer, dans cet état, est tout prêt à fondre; il n'y arrive pas sans perdre toute sa ténacité, et par conséquent tout son nerf. Il ne peut donc en repren- dre, dans toute cette partie qu'on soude, que par la percussion des marteaux, dont deux ou trois ouvriers font succéder les coups le plus vite qu'il leur est pos- sible ; mais cette percussion est très foible et même lente, en comparaison de celle du marteau de la forge, ou même de celle du martinet. Ainsi l'endroit soudé, quelque bonne que soit l'étoffe, n'aura que peu de nerf, et souvent point du tout, si l'on n'a pas bien saisi l'instant où les deux morceaux sont également eliauds, et si le mouvement du marteau n'a pas été PARTIE EXPÉRIMENTALE. /pg assez prompt et assez fort pour les bien réunir. Aussi, quand on a des pièces importantes à souder, on fera bien de le faire sous les martinets les plus prompts. La soudure, dans les canons des armes à feu, est une des choses les plus importantes. M. de Montbeillard , dans le Mémoire que j'ai cité ci-dessus, donne de très bonne vues sur cet objet, et même des expériences décisives. Je crois avec lui que, comme il faut chauf- fer à blanc nombre de fois la bande ou maquette pour souder le canon dans toute sa longueur, il ne faut pas employer du fer qui seroit au dernier degré de sa perfection, parce qu'il ne pourroit que se détériorer par ces fréquentes chaudes vives; qu'il faut, au con- traire , choisir le fer qui , n'étant pas encore aussi épuré qu'il peut l'être, gagnera plutôt de la qualité qu'il n'en perdra par ces nouvelles chaudes. Mais cet article seul demanderoit un grand travail, fait et di- rigé par un homme aussi éclairé que M. de Montbeil- lard ; et l'objet en est d'une si grande importance pour la vie des hommes et pour la gloire de l'État, qu'il mérite la plus grande attention. Le fer se décompose par l'humidité comme par le feu; il attire l'humide de l'air, s'en pénètre et se rouille, c'est-à-dire se convertit en une espèce de terre sans liaison, sans cohérence : cette conversion se fait en assez peu de temps dans les fers qui sont de mauvaise qualité ou mal fabriqués; ceux dont l'é- toffe est bonne , et dont les surfaces, sont bien lisses ou polies, se défendent plus long-temps : mais tous sont sujets à cette espèce de mal, qui, de la superfi- cie, gagne assez promptement l'intérieur, et détruit avec le temps le corps entier du fer. Dans l'eau il se 4lO MIJNÉIIALX. 1NTH0DUCT10N. conserve beaucoup mieux qu'à l'air; et quoiqu'on s'a- perçoive de son altération par la couleur noire qu'il y prend après un long séjour, il n'est point dénaturé : il peut être forgé; au lieu que celui qui a été exposé à l'air pendant quelques siècles, et que les ouvriers appellent du fer luné j, parce qu'ils s'imaginent que la lune le mange, ne peut ni se forger ni servir à rien, à moins qu'on ne le revivifie comme les rouilles et les safrans de mars, ce qui coûte communément plus que le fer ne vaut. C'est en ceci que consiste la diffé- rence des tleux décompositions du fer. Dans celle qui se fait par le feu, la plus grande partie du fer se brûle et s'exhale en vapeurs comme les autres matières com- bustibles ; il ne reste qu'un mâchefer qui contient, comme celui du bois, une petite quantité de matière très attirable par l'aimant, qui est bien du vrai fer, mais qui m'a paru d'une nature singulière, et semblable, comme je l'ai dit, au sablon ferrugineux qui se trouve en si* grande quantité dans la platine. La décomposi- tion par l'humidité ne diminue pas, à beaucoup près, autant que la combustion, la masse du fer, mais elle en aï 1ère toutes les parties au point de leur faire per- dre leur vertu magnétique, leur cohérence, et leur couleur métallique. C'est de cette rouille ou terre de fer que sont en grande partie composées les mines en grains : l'eau, après avoir atténué ces particules de rouille et les avoir réduites en molécules sensibles, les charrie et les dépose par fîltration dans le sein de la terre, où elles se réunissent en grains par une sorte de cristallisation qui se fait, comme toutes les autres, par l'attraction mutuelle des molécules analogues; et comme cette rouille de fer étoit privée de la vertu 1»ARTIE EXPÉRIMENTALE. ^ll magnétique, il n'est pas étonnant que les mines en grains qui en proviennent en soient également dépour- vues. Ceci me paroît démontrer d'une manière assez claire, que le magnétisme suppose l'action précédente du feu; que c'est une qualité particulière que le feu donne au fer, et que l'humidité de l'air lui enlève en le décomposant. Si l'on met dans un vase une grande quantité de li- maille de fer pure, qui n'a pas encore pris de rouille , et si on la couvre d'eau , on verra, en la laissant sécher, que cette limaille se réunit par ce seul intermède, au point de faire une masse de fer assez solide pour qu'on ne puisse la casser qu'à coups de masse. Ce n'est dont pas précisément l'eau qui décompose le fer et qui pro- duit la rouille, mais plutôt les sels et les vapeurs sul- fureuses de l'air; car on sait que le fer se dissout très aisément par les acides et par le soufre. En présentant une verge de fer bien rouge aune bille de soufre, le fer coule dans l'instant, et, en le recevant dans l'eau, on obtient des grenailles qui ne sont plus du fer ni même de la fonte; car j'ai éprouvé qu'on ne pouvoit pas les réunir au feu pour les forger; c'est une matière qu'on ne peut comparer qu'à la pyrite martiale, dans laquelle le fer paroît être également décomposé par le soufre ; et Je crois que c'est par cette raison que l'on trouve presque partout à la surface de la terre, et sous les premiers lits de ses couches extérieures, une assez grande quantité de ces pyrites, dont le grain ressemble à celui du mauvais fer, mais qui n'en contiennent qu'une très petite quantité , mêlée avec beaucoup d'acide vitriolique et plus ou moins de sovifre. 4lii MINÉRAUX. INTRODUCTION. ' CINQUIÈME MÉMOIRE. Expériences sur les effets de la chaleur obscure. Pour reconnoître les effets de la chaleur obscure^ c'est-à-dire de la chaleur privée de lumière , de flamme , et du feu libre , autant qu'il est possible, j'ai fait quel- ques expériences en grand, dont les résultats m'ont paru très intéressants. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. On a commencé, sur la fin, d'août 1772, à mettre des braises ardentes dans le creuset du grand four- neau qui sert à fondre la mine de fer pour couler en gueuses; ces braises ont achevé de sécher les mor- tiers, qui étoient faits de glaise mêlée par égale por- tion avec du sable vitrescible. Le fourneau avoit vingt- trois pieds de hauteur. On a jeté par le gueulard ( c'est ainsi qu'on appelle l'ouverture supérieure du four- neau ) les charbons ardents que l'on tiroit des petits fourneaux d'expériences ; on a mis successivement une assez grande quantité de ces braises pour remplir le bas du fourneau jusqu'à la cuve ( c'est ainsi qu'on ap- pelle l'endroit de la plus grande capacité du four- neau j ; ce qui, dans celui-ci, montoit à sept pieds deux pouces de hauteur perpendiculaire depuis le PARTIE EXPÉllIMENTALE. \l7y fond du creuset. Par ce moyen, on a commencé de donner au fourneau une chaleur modérée qui ne s'est pas fait sentir dans la partie la plus élevée. Le 1 0 septembre on a vidé toutes ces braises réduites en cendres, par l'ouverture du creuset; et lorsqu'il a été bien nettoyé, on y a mis quelques charbons ardents, et d'autres charbons par dessus, jusqu'à la quantité de six cents livres pesant ; ensuite on a laissé prendre le feu; et le lendemain, 1 1 septembre, on a achevé de remplir le fourneau avec quatre mille huit cents li- vres de charbon. Ainsi il contient en tout cinq mille quatre cents livres de charbon, qui y ont été portées en cent trente-cinq corbeilles, de quarante livres cha- cune, tare faite. On a laissé pendant ce temps l'entrée du creuset ou- verte , et celle de la tuyère bien bouchée , pour em- pêcher le feu de se communiquer aux soufflets. La pre- mière impression de la grande chaleur, produite par le long séjour des braises ardentes et par cette pre- mière combustion du charbon , s'est marquée par une petite fente qui s'est faite dans la pierre du fond à l'en- trée du creuset, et par une autre fente qui s'est faite dans la pierre de la tympe. Le charbon néanmoins, quoique fort allumé dans le bas, ne l'étoit encore qu'à une très petite hauteur, et le fourneau ne don- noit au gueulard qu'assez peu de fumée, ce même jour 1 1 septembre, à six heures du soir; car cette ou- verture supérieure n'étoit pas bouchée , non plus que l'ouverture du creuset. A neuf heures du soir du même jour, la flamme a percé jusqu'au dessus du fourneau; et comme elle est devenue très vive en peu de temps, on a bouché l'ou- 4l4 MINÉRAUX. INTRODUCTION. verture du creuset à dix heures du soir. La flamme , quoique fort ralentie par cette suppressioQ du cou- rant de l'air, s'est soutenue pendant la nuit et le joui- suivant; en sorte que le lendemain 1 5 septembre, vers les quatre heures du soir, le charbon avoit baissé d'un peu plus de quatre pieds. On a rempli ce vide, à cette même heure, avec onze corbeilles de charbon, pe- sant ensemble quatre cent quarante livres. Ainsi le fourneau a été chargé en tout de cinq mille huit cent quarante livres de charbon. Ensuite on a bouché l'ouverture supérieure du four- neau avec un large couvercle de forte tôle, garni tout autour avec du mortier de glaise et sable mêlé de pou- dre de charbon, et chargé d'un pied d'épaisseur de cette poudre de charbon mouillée. Pendant que l'on bouchoit, on a remarqué que la flamme ne laissoit pas de retentir assez fortement dans l'intérieur du four- neau; mais en moins d'une minute la flamme a cessé de retentir, et l'on n'entendoit plus aucun bruit ni mur- mure, en sorte qu'on auroit pu penser que l'air n'ayant point d'accès dans la cavité du fourneau, le feu y étoit entièrement étouffé. On a laissé le fourneau ainsi bouché partout, tant au dessus qu'au dessous, depuis le 1 5 septembre jus- qu'au 28 du même mois, c'est-à-dire pendant quinze jours. J'ai remarqué pendant ce temps que , quoiqu'il n'y eût point de flamme dans le fourneau, ni même de feu lumineux, la chaleur ne laissoit pas d'augmenter et de se communiquer autour de la cavité du fourneau. Le 28 septembre, à dix heures du matin, on a dé- bouché l'ouverture supérieure du fourneau avec pré- caution, dans la crainte d'être suffoqué par la vapeur PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4 K> du charbon. J'ai remarqué, avant de l'ouvrir, que la chaleur avoit gagné jusqu'à quatre pieds et demi dans l'épaisseur du massif qui forme la tour du fourneau. Celte chaleur n'étoit pas fort grande aux environs de la bure (c'est ainsi qu'on appelle la partie supérieure du fourneau qui s'élève au dessus de son terre-plein): mais à mesure qu'on approchoit de la cavité, les pierres étoient déjà si fort échauffées , qu'il n'étoit pas possible de les toucher un instant; les mortiers, dans les joints des pierres, étoient en partie bridés, et il paroissoit que la chaleur étoit beaucoup plus grande encore dans le bas du fourneau ; caries pierres du dessus delà tympe et de la tuyère étoient excessivement chaudes dans toute leur épaisseur jusqu'à quatre ou cinq pieds. Au moment qu'on a débouché le gueulard du four- neau, il en est sorti une vapeur suffocante dont il a fallu s'éloigner, et qui n'a'pas laissé de faire mal à la tête à la plupart des assistants. Lorsque cette vapeur a été dissipée, on a mesuré de combien le charbon enfermé et privé d'air courant pendant quinze jours avoit diminué, et l'on a trouvé qu'il avoit baissé de quatorze pieds cinq pouces de hauteur; en sorte que le fourneau étoit vide dans toute sa partie supérieure jusqu'auprès de la cuve. Ensuite j'ai observé la surface de ce charbon, et j'y ai vu une petite flamme qui venoit de naître; il étoit absolument noir et sans flamme auparavant. En moins d'une heure cette petite flamme bleuâtre est devenue rouge dans le centre, et s'élevoit alors d'environ deux pieds au dessus du charbon. Une heure après avoir débouché le gueulard, j'ai fait déboucher l'entrée du creuset. La première chose 4l6 MINÉRAUX. INTIIODLCTION. qui s'est présentée à cette ouverture n'a pas été du feu^ comme on auroit pu le présumer, mais des scories provenant du charbon, et qui ressembloient à du mâ- chefer léger. Ce mâchefer étoit en assez grande quan- tité, et remplissoit tout l'intérieur du creuset, depuis la tympe à la rustine; et ce qu'il y a de singulier, c'est que, quoiqu'il ne se fût formé que par une grande chaleur, il avoit intercepté cette même chaleur au dessus du creuset, en sorte que les parties de ce mâ- chefer qui étoient au fond n'étoient, pour ainsi dire, que tièdes ; néanmoins elles s'étoîent attachées au fond et aux parois du creuset, et elles en avoient réduit en chaux quelques portions jusqu'à plus de trois ou qua- tre pouces de profondeur. J'ai fait tirer ce mâchefer et l'ai fait mettre à part pour l'examiner; on a aussi tiré la chaux du creuset et des environs, qui étoit en a§sez grande quantité. Cette calcination, qui s'est faite par ce feu sans flamme, m'a paru provenir en partie de l'action de ces scories du charbon. J'ai pensé que ce feu sourd et sans flamme étoit trop sec ; et je crois que si j'avois mêlé quelque portion de laitier ou de terre vitrescible avec le char- bon , cette terre auroit servi d'aliment à la chaleur, et auroit rendu des matières fondantes qui auroient pré- servé de la calcination la surface de l'ouvrage du four- neau. Quoi qu'il en soit, il résulte de cette expérience que la chaleur seule, c'est-à-dire la chaleur obscure, renfermée , et privée d'air autant qu'il est possible , produit néanmoins, avec le temps, des effets sembla- bles à ceux du feu le plus actif et le plus lumineux. On sait qu'il doit être violent pour calciner la pierre. PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4^7 Ici, c'étoit de toutes les pierres calcaires la moins cai- cinable , c est-à-dire la plus résistante au feu , que j'a- vois choisie pour faire construire l'ouvrage et la chemi- née de mon fourneau : toute cette pierre d'ailleurs avoit été taillée et posée avec soin ; les plus petits quartiers avoient un pied d'épaisseur, un pied et demi de lar- geur, sur trois et quatre pieds de longueur; et dans ce gros volume, la pierre est encore bien plus difficile à calciner que quand elle est réduite en moellons. Ce- pendant cette seule chaleur a non seulement calciné ces pierres à près d'un demi-pied de profondeur dans la partie la plus étroite et la plus froide du fourneau, mais encore a brûlé en même temps les mortiers faits de glaise et de sable sans les faire fondre ; ce que j'au- rois mieux aimé , parce qu'alors les joints de la bâtisse du fourneau se seroient conservés pleins, au lieu que la chaleur, ayant suivi la route de ces joints, a encore calciné les pierres sur toutes les faces des joints. Mais, pour faire mieux entendre les effets de cette chaleur obscure et concentrée, je dois observer : 1° Que le massif du fourneau étant de vingt-huit pieds d'épaisseur de deux faces, et de vingt-quatre pieds d'épaisseur des deux autres faces, et la cavité où étoit contenu le charbon n'ayant que six pieds dans sa plus grande largeur, les murs pleins qui envi- ronnent cette cavité avoient neuf pieds d'épaisseur de maçonneiie à chaux et sable aux parties les moins épaisses ; que par conséquent on ne peut pas supposer qu'il ait passé de l'air à travers ces murs de neuf pieds ; 2" que cette cavité qui contenoit le charbon , ayant été bouchée en bas, à l'endroit de la coulée, avec un mortier de glaise mêlé de sable d'un pied d'épaisseur. 4l8 MINÉÏIAUX. INTRODUCTION. et à la tuyère qui n'a que quelques pouces d'ouver- ture, avec ce même mortier dont on se sert pour tous les bouchages , il n'est pas à présumer qu'il ait pu en- trer de l'air par ces deux ouvertures; 5° que le gueu- lard du fourneau ayant de même été fermé avec une plaque de forte tôle lutée et recouverte avec le même mortier, sur environ six pouces d'épaisseur, et encore environnée et surmontée de poussière de charbon mêlée avec ce mortier, sur six autres pouces de hau- teur, tout accès à l'air par cette dernière ouverture étoit interdit. On peut donc assurer qu'il n'y avoit point d'air circulant dans toute cette cavité, dont la capacité étoit de trois cent trente pieds cubes, et que l'ayaut remplie de cinq mille quatre cents livres de charbon, le feu étouffé dans cette cavité n'a pu se nourrir que de la petite quantité d'air contenue dans les intervalles que laissoient entre eux les morceaux de charbon; et comme cette matière jetée l'une sur l'autre laisse de très grands vides, supposons moitié ou même trois quarts, il n'y a donc eu dans cette ca- vité que cent soixante-cinq ou tout au plus deux cent quarante-huit pieds cubes d'air. Or, le feu du fourneau excité parles soufflets, consomme cette quantité d'air en moins d'une demi-minute, et cependant il semble- roit qu'elle a suffi pour entretenir pendant quinze jours la chaleur, et l'augmenter à peu près au même point que celle du feu libre, puisqu'elle a produit la calcination des pierres à quatre pouces de profondeur dans le bas, et à plus de deux pieds de profondeur dans le milieu et dans toule l'étendue du fourneau, ainsi que nous le dirons tout-à-l'heure. Comme cela me paroissoit assez inconcevable , j'ai d'abord, pensé PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4^9 qu'il falloit ajouter à ces deux cent quarante-huit pieds cubes d'air contenus dans la cavité du fourneau toute la vapeur de riiuiuidité des murs, que la chaleur con- centrée n'a pu manqué d'attirer, et de laquelle il n'est guère possible de faire une juste estimation. Ce sont là les seuls aliments, soit en air, soit en vapeurs aqueu- ses, que celte très grande chaleur a consommés pen- dant (luinze jours; car il ne se dégage que peu ou point d'air du charbon dans sa combustion, quoiqu'il s'en dégage plus d'un tiers du poids total du bois de chêne bien séché. Cet air fixe contenu dans le bois en est chassé par la première opération du feu qui le convertit en charbon; et s'il en reste, ce n'est qu'en si petite quantité, qu'on ne peut pas la regarder comme le supplément de l'air qui manquoit ici à l'entretien du feu. Ainsi cette chaleur très grande , et qui s'est augmentée au point de calciner profondément les pierres, n'a été entretenue que par deux cent quarante- huit pieds cubes d'air et par les vapeurs de l'humidité des murs; et quand nous supposerions le produit suc- cessif de cette humidité cent fois plus considérable que le volume d'air contenu dans la cavité du four- neau, cela ne feroit toujours que vingt-quatre mille huit cents pieds cubes de vapeurs propres à entrete- nir la combustion ; quantité que le feu libre et animé par les soufflets consommeroit en moins de trente mi- nutes, tandis que la chaleur sourde ne la consomme qu'en quinze jours. Et ce qu'il est nécessaire d'observer encore, c'est que le même feu libre et animé auroit consumé en onze ou douze heures les trois mille six cents livres de charbon que la chaleur obscure n'a consommées 4^0 MINÉRAUX. INTRODUCTION. qu'en quinze jours : elle n'a donc eu que la trentième partie de l'aliment du feu libre, puisqu'il y a eu trente fois autant de temps employé à la consommation de la matière combustible ; et en même temps il y a eu en- viron sept cent vingt fois moins d'air ou de vapeurs employés à cette combustion. INéanmoins les effets de cette chaleur obscure ont été les mêmes que ceux du feu libre ; car il auroit fallu quinze jours de ce feu violent et animé pour calciner les pierres au même degré qu'elles l'ont été par la chaleur seule : ce qui nous démontre, d'une part, l'immense déperdition de la chaleur lorsqu'elle s'exhale avec les vapeurs et la flamme, et d'autre part, les grands effets qu'on peut attendre- de sa concentration, ou, pour mieux dire, de sa coercition, de sa détention; car cette chaleur retenue et concentrée ayant produit les mêmes effets que le feu libre et violent, avec trente fois moins de matière combustible etsept cent vingt fois moins d'air, et étant supposée en raison comjDOsée de ces deux ali- ments, on doit en conclure que, dans nos grands fourneaux à fondre les mines de fer, il se perd vingt- un mille fois plus de chaleur qu'il ne s'en applique, soit à la mine, soit aux parois du fourneau, en sorte qu'on imagineroit que les fourneaux de réverbère, où la chaleur est plus concentrée, devroient produire le feu le plus puissant. Cependant j'ai acquis la preuve du conlrah-e , nos mines de fer ne s'étant pas même ag- glutinées par le feu de réverbère de la glacerie de Rouelles en Bourgogne, tandis qu'elles fondent en moins de douze heures au feu de mes fourneaux à soufflets. Cette différence tient au 'principe que j'ai donné : le feu , par sa vitesse ou par son volume, pro- PARTIK E XPÉRIME^'TALE. 4^1 duit des effets tout différents sur certaines substances telles que la mine de fer, tandis que, sur d'autres sub- stances telles que la pierre calcaire , il peut en produire de semblables. La fusion est en général une opération prompte, qui doit avoir plus de rapport avec la vitesse du feu que la calcination, qui est presque toujours lente , et qui doit dans bien des cas avoir plus de rap- port au volume du feu, ou à son long séjour, qu'à sa vitesse. On verra, par l'expérience suivante, que cette même chaleur retenue et concentrée n'a fait aucun effet sur la mine de fer. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Dans ce même fourneau de vingt-trois pieds de hauteur, après avoir fondu de la mine de fer pendant environ quatre mois, je fis couler les dernières gueu^- ses en remplissant toujours avec du charbon, mais sans mine , afin d'en tirer toute la matière fondue ; et quand je me fus assuré qu'il n'en restoit plus, je fis cesser le vent, boucher exactement l'ouverture de la tuyère et celle de la coulée, qu'on maçonna avec de la brique et du mortier de glaise mêlé de sable. En- suite , je fis porter sur le charbon autant de mine qu'il pouvoit en entrer dans le vide qui étoit au dessus du fourneau : il y en entra cette première fois vingt-sept mesures de soixante livres, c'est-à-dire seize cent vingt livres , pour affleurer le niveau du gueulard; après quoi je fis boucher cette ouverture avec la même pla- que de forte tôle et du mortier de glaise et de sable , et encore de la poudre de charbon en grande quan- tité. On imagine bien quelle immense chaleur je ren- Et'FFO.N'. in. \l- 4^2 MINÉRAUX. IM'nODUCÏlON. fermois ainsi dans le fourneau : tout le charbon en étoit allumé du haut en bas lorsque je fis cesser le vent; toutes les pierres des parois étoient rouges du feu qui les pënétroit depuis quatre mois. Toute cette chaleur ne pouvoit s'exhaler que par deux petites fen- tes qui s'ëtoient faites au mur du fourneau, et que je fis remplir de bon mortier, afin de lui ôter encore ces issues. Trois jours après, je fis déboucher le gueulard, et je vis, avec quelque surprise, que, malgré cette chaleur immense renfermée dans le fourneau, le char- bon ardent , quoique comprimé par la mine et chargé de seize cent vingt livres, n'a voit baissé que de seize pouces en trois jours ou soixante-douze heures. Je fis sur-le-champ remplir ces seize pouces de vide avec vingt-cinq mesures de mine, pesant ensemble quinze cents livres. Trois jours après, je fis déboucher cette même ouverture du gueulard, et je trouvai le même vide de seize pouces, et par conséquent la même di- minution, ou, si l'on veut, le môme affaissement du charbon : je fis remplir de même avec quinze cents livres de mine; ainsi il y en avoit déjà quatre mille six cent vingt livres sur le charbon, qui étoit tout embrasé lorsqu'on avoit commencé de fermer le four- neau. Six jours après, je fis déboucher le gueulard pour la troisième fois, et je trouvai que, pendant ces six jours , le charbon n'avoit baissé que de vingt pou- ces, que l'on remplit avec dix-huit cent soixante livres de mine. Enfin, neuf jours après, on déboucha pour la quatrième fois, et je vis que, pendant ces neuf derniers jours, le charbon n'avoit baissé que de vingt- un pouces, que je fis remplir de dix-neuf cent vingt livres de mine; ainsi il y en avoit en tout huit mille PARTIE EXPÉRIMENTALE. f^2Ô quatre cents livres. On referma le gueulard avec les mêmes précautions ; et le lendemain, c'est-à-dire vingt- deux jours après avoir bouché pour la première fois, je fis rompre la petite maçonnerie de briques qui bouchoit l'ouverture de la coulée, en laissant toujours fermée celle du gueulard, afin d'éviter le courant d'air qui auroit enflammé le charbon. La première chose que l'on tira par l'ouverture de la coulée furent des morceaux réduits en chaux dans l'ouvrage du four- neau : on y trouva aussi quelques petits morceaux de mâchefer, quelques autres d'une fonte mal dirigée, et environ une livre et demie de très bon fer qui s'é- toit formé par coagulation. On tira près d'un tombe- reau de toutes ces matières, parmi lesquelles il y avoit aussi quelques morceaux de mine brûlée et presque réduite en mauvais laitier : cette mine brûlée ne pro- venoit pas de celle que j'avois fait imposer sur les charbons après avoir fait cesser le vent, mais de celle qu'on y avoit jetée sur la fin du fondage , qui s'étoit attachée aux parois du fourneau, et qui ensuite étoit tombée dans le creuset avec les parties de pierres cal- cinées auxquelles elle étoit unie. Après avoir tiré ces matières, on fit tomber le char- bon : le premier qui parut étoit à peine rouge; mais dès qu'il eut de l'air, il devint très rouge : on ne per- dit pas un instant à le tirer, et on l'éteignoit en même temps en jetant de l'eau dessus. Le gueulard étant toujours bien fermé , on tira tout le charbon par l'ou- verture de la coulée, et aussi toute la mine dont je l'avois fait charger. La quantité de ce charbon tiré du fourneau montoit à cent quinze corbeilles ; en sorte que, pendant ces vingt-deux jours d'une chaleur si 424 MINÉRAUX. INTRODUCTION. violente, il paroissoit qu'il ne s'en étoit consommé que dix— sept corbeilles, car toute la capacité du fourneau n'en contient que cent trente-cinq; et comme il y avoit seize pouces et demi de vide lorsqu'on le bou- cha, il faut déduire deux corbeilles qui auroient été nécessaires pour remplir ce vide. Etonné de cette excessivement petite consomma- tion du charbon pendant vingt-deux jours de l'action de la plus violente chaleur qu'on eût jamais enfermée, je regardai ces charbons de plus près, et je vis que, quoiqu'ils eussent aussi peu perdu sur leur volume, ils avoient beaucoup perdu sur leur masse, et que, quoi- que l'eau avec laquelle on les avoit éteints leur eût rendu du poids, ils étoient encore d'environ un tiers plus légers que quand on les avoit jetés au four- neau ; cependant les ayant fait transporter aux pe- tites chaufiferies des martinets et de la batterie, ils se trouvèrent encore assez bons pour chauffer, même à blanc, les petites barres de fer qu'on fait passer sous ces marteaux. On avoit tiré la mine en même temps que le char- bon, et on l'avoit soigneusement séparée et mise à part : la très violente chaleur qu'elle avoit essuyée pen- dant un si long temps ne l'avoit ni fondue ni brûlée, ni même agglutinée; le grain en étoit seulement de- venu plus propre et plus luisant : le sable vitrescible et les petits cailloux dont elle étoit mêlée ne s'étoient point fondus, et il me parut qu'elle^n 'avoit perdu que l'humidité qu'elle contenoit auparavant, car elle n'a- voit guère diminué que d'un cinquième en poids et d'environ un vingtième en volume, et cette dernière quantité s'étoit perdue dans les charbons. PAIITIE EXPÉRIMENTALE. ^2^ Il résulte de cette expérience, i^'que la plus violente chaleur et la plus concentrée pendant un très long temps ne peut , sans le secours et le renouvellement de l'air, fondre la mine de fer, ni môme le ^ble vi- trescible, tandis qu'une chaleur de même espèce et beaucoup moindre peut calciner toutes les matières calcaires : 2° que le charbon pénétré de chaleur ou de feu commence à diminuer de masse long-temps avant de diminuer de volume , et que ce qu'il perd le premier sont les parties les plus combustibles qu'il contient ; car, en comparant cette seconde expérience avec la première, comment se pourroit-il que la même quantité de charbon se consomme plus vite avec une chaleur très médiocre qu'à une chaleur de la der- nière violence, toutes deux également privées d'air, également retenues et concentrées dans le même vais- seau clos? Dans la première expérience, le charbon, qui, dans une cavité presque froide, n'avoit éprouvé que la légère impression d'un feu qu'on avoit étouffé au moment que la flamme s'étoit montrée , avoit néan- moins diminué des deux tiers en quinze jours; tan- dis que le même charbon enflammé autant qu'il pou- voit l'être par le vent des soufflets, et recevant encore la chaleur immense des pierres rouges de feu dont il étoit environné, n'a pas diminué d'un sixième pen- dant vingt-deux jours. Cela seroit inexplicable si l'on ne faisoit pas attention que, dans le premier cas, le charbon avoit toute sa densité et contenoit toutes ses parties combustibles, au lieu que, dans le second cas, où il étoit dans l'état de la plus forte incandescence, toutes ses parties les plus combustibles étoient déjà brûlées. Dans la première expérience, la chaleur, d'à- 4^6 MINÉRAUX. INTRODUCTION. bord très médiocre, alloit toujours en augmentanl, à mesure que Ja combustion augmentoit et se commu- niquoit de plus en plus à la massse du charbon : dans la seconde expérience, la chaleur excessive alloit en diminuant à mesure que le charbon achevoit de brû- ler; et il ne pouvoit plus donner autant de chaleur, parce que sa combustion étoitfort avancée au moment qu'on l'avoit enfermé. C'est là la vraie cause de cette différence d'effets. Le charbon, dans la première ex- périence, contenant toutes ses parties combustibles, briîloit mieux et se consumoit plus vite que celui de la seconde expérience, qui ne contenoit presque plus de matière combustible, et ne pouvoit augmenter son feu ni même l'entretenir au même degré que par l'em- prunt de celui des murs du fourneau : c'est par cette seule raison que la combustion alloit toujours en di- minuant, et qu'au total elle a été beaucoup moindre et plus lente que l'autre, qui alloit toujours en aug- mentant, et qui s'est faite en moins de temps. Lors- que tout accès est fermé à l'air, et que les matières renfermées n'en contiennent que peu ou point dans leur substance, elles ne se consumeront pas, quelque violente que soit la chaleur; mais s'il reste une cer- taine quantité d'air entre les interstices de la matière combustible, elle se consumera d'autant plus vite et d'autant plus qu'elle pourra fournir elle-même une plus grande quantité d'air. 5° Il résulte encore de ces expériences, que la chaleur la plus violente, dès qu'elle n'est pas nourrie, produit moins d'effet que la plus petite chaleur qui trouve de l'ahment : la pre- mière est, pour ainsi dire, une chaleur morte qui ne se fait sentir que par sa déperdition ; l'autre est un PARTIE EXPÉRIMENTALE. 427 feu vivant qui s'accroît à proportion des aliments qu'il consume. Pour reconnoître ce que cette chaleur morte, c'est-à-dire cette chaleur dénuée de tout ali- ment, pouvoit produire, j'ai fait l'expérience suivante. TROISIÈME EXPÉRIENCE. Après avoir tiré du fourneau, par l'ouverture de la coulée, tout le charbon qui y étoit contenu, et l'avoir entièrement vidé de mine et de toute autre matière, je fis maçonner de nouveau cette ouverture et boucher avec le plus grand soin celle du gueulard en haut, toutes les pierres des parois du fourneau étant encore excessivement chaudes : l'air ne pouvoit donc entrer dans le fourneau pour le rafraîchir, et la chaleur ne pouvoit en sortir qu'à travers des murs de plus de neuf pieds d'épaisseur ; d'ailleurs il n'y avoit dans sa cavité, qui étoit absolument vide, aucune ma- tière combustible, ni même aucune autre matière. Observant donc ce qui arriveroit, je m'aperçus que tout l'effet de la chaleur se portoit en haut, et que, quoique cette chaleur ne fût pas du feu vivant ou nourri par aucune matière combustible, elle fit rougir en peu de temps la forte plaque de tôle qui couvroit le gueulard ; que cette incandescence donnée par la chaleur obscure à cette large pièce de fer se commu- niqua par le contact à toute la masse de poudre de charbon qui recouvroit les mortiers de cette plaque, et enflamma du bois que je fis mettre dessus. Ainsi la seule évaporation de cette chaleur obscure et morte, qui ne pouvoit sortir que des pierres du fourneau . produisit ici le même eifet que le feu vif et nourri. 428 MINÉRAUX. INTUODUCTION. Cette chaleur tendant toujours en haut et se réunis- sant toute à l'ouverture du gueulard au dessous de la plaque de fer la rendit rouge, lumineuse, et capable d'enflammer des matières combustibles : d'où l'on doit conclure qu'en augmentant la masse de la cha- leur obscure on peut produire de la lumière , de la même manière qu'en augmentant la masse de la lu- mière on produit de la chaleur; que dès lors ces deux substances sont réciproquement convertibles de l'une en l'autre, et toutes deux nécessaires à l'élément du feu. Losqu'on enleva cette plaque de fer qui couvroit l'ouverture supérieure du fourneau, et que la chaleur avoit fait rougir, il en sortit une vapeur légère et qui parut enflammée, mais qui se dissipa dans un instant : j'observai alors les pierres des parois du fourneau, elles me parurent calcinées en très grande partie et très profondément : et en effet, ayant laissé refroidir le fourneau pendant dix jours, elles se sont trouvées calcinées jusqu'à deux pieds, et même deux pieds et demi de profondeur ; ce qui ne pouvoit provenir que de la chaleur que j'y avois renfermée pour faire mes expériences, attendu que, dans les autres fondages, le feu animé par les soufflets n'avoit jamais calciné les mêmes pierres à plus de huit pouces d'épaisseur dans les endroits où il est le plus vif, et seulement à deux ou trois pouces dans tout le reste ; au lieu que toutes les pierres, depuis le creuset jusqu'au terre- plein du fourneau, ce qui fait une hauteur de vingt pieds, étoient généralement réduites en chaux d'un pied et demi, de deux pieds, et même de deux pieds et demi d'épaisseur : comme cette chaleur renfermée PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4*^9 n'avoit pu trouver d'issue, elle avoit pénétré les pier- res bien plus profondément que la chaleur cou- rante. On pourroit tirer de cette expérience les moyens de cuire la pierre et de faire de la chaux à moindres frais, c est-à-dire de diminuer de beaucoup la quan- tité de bois en se servait d'un fourneau bien fermé au lieu de fourneaux ouverts; il ne faudroit qu'une petite quantité de charbon pour convertir en chaux, dans moins de quinze jours, toutes les pierres conte- nues dans le fourneau, et les murs mêmes du fourneau à plus d'un pied d'épaisseur, s'il étoit bien exactement fermé. Dès que le fourneau fut assez refroidi pour permet- tre aux ouvriers d'y travailler, on fut obligé d'en dé- molir tout l'intérieur du haut en bas, sur une épaisseur circulaire de quatre pieds; on en tira cinquante-qua- tre muids de chaux, sur laquelle je fis les observations suivantes. i° Toute cette pierre, dont la calcination s'étoit faite à feu lent et concentré , n'étoit pas deve- nue aussi légère que la pierre calcinée à la manière or- dinaire; celle-ci, comme je l'ai dit, perd à très peu près la moitié de son poids, et celle de mon fourneau n'en avoit perdu qu'environ trois huitièmes. 2° Elle ne saisit pas l'eau avec la même avidité que la chaux vive ordinaire : lorsqu'on l'y plonge, elle ne donne d'a- bord aucun signe de chaleur et d'ébullition ; mais peu après elle se gonfle, se divise, et s'élève, en sorte qu'on n'a pas besoin de la remuer comme on remue la chaux vive ordinaire pour l'éteindre. 5^* Cette chaux a une saveur beaucoup plus acre que la chaux com- mune ; elle contient par conséquent beaucoup plus 430 MINÉRAUX. INTRODUCTION. d'alcali fixe. [\ Elle est infiniment meilleure, plus liante, et plus forte que l'autre chaux, et tous les ou- vriers n'en emploient qu'environ les deux tiers de l'au- tre, et assurent que le mortier est encore excellent. 5° Cette chaux ne s'éteint à l'air qu'après un temps très long , tandis qu'il ne faut qu'un jour ou deux pour ré- duire la chaux vive commun© en poudre à l'air libre ; celle-ci résiste à l'impression de l'air pendant un mois ou cinq semaines. 6° Au lieu de se réduire en farine ou en poussière sèche comme la chaux commune, elle conserve son volume; et lorsqu'on la divise en l'écra- sant, toute la masse paroît ductile et pénétrée d'une humidité grasse et liante, qui ne peut provenir que de l'humide de l'air que la pierre a puissamment attiré et absorbé pendant les cinq semaines de temps employées à son extinction. Au reste, la chaux que l'on tire com- munément des fourneaux de forge a toutes ces mêmes propriétés : ainsi la chaleur obscure et lente produit encore ici les mêmes effets que le feu le plus vif et le plus violent. Il sortit de cette démolition de l'intérieur du four- neau deux cent trente-deux quartiers de pierres de taille , tous calcinés plus ou moins profondément; ces quartiers avoient communément quatre pieds de lon- gueur; la plupart étoient en chaux jusqu'à dix-huit pouces, et les autres à deux pieds, et même deux pieds et demi; et cette portion calcinée se séparoit aisément du reste delà pierre, qui étoit saine et même plus dure que quand on l'avoit posée pour bâtir le fourneau. Cette observation m'engagea à faire les ex- périences suivantes. PARTIE EXPÉRIMENTALE. 4^^ QUATRIEME EXPERIENCE. Je fis peser dans l'air et dans l'eau trois morceaux de ces pierres, qui, comme l'on voit, avoient subi la plus grande chaleur qu'elles pussent éprouver sans se réduire en chaux, et j'en comparai la pesanteur spécifique avec celle de trois autres morceaux à peu près du même volume, que j'avois fait prendre dans d'autres quartiers de cette même pierre qui n'avoient point été employés à la construction du fourneau, ni par conséquent chauffés, mais qui avoient été ti- rés de la même carrière neuf mois auparavant, et qui étoient restés à l'exposition du soleil et de l'air. Je trouvai que la pesanteur spécifique des pierres échauf- fées à ce grand feu pendant cinq mois avoit augmenté; qu'elle étoit constamment plus grande que celle de la même pierre non échauffée, d'un 81" sur le premier morceau, d'un 90^ sur le second, et d'un 85^ sur le troisième : donc la pierre chauffée au degré voisin de celui de sa calcination gagne au moins un 86^ de masse, au lieu qu'elle en perd trois huitièmes par la calcina- tion, qui ne suppose qu'un degré de chaleur de plus. Cette différence ne peut venir que de ce qu'à un cer- tain desré de violente chaleur ou de feu tout l'air et toute l'eau transformés en matière fixe dans la pierre reprennent leur première nature , leur élasticité, leur volatilité, et que dès lors ils se dégagent de la pierre et s'élèvent en vapeurs que le feu enlève et entraîne avec lui : nouvelle preuve que la pierre calcaire est en très grande partie composée d'air fixe et d'eau fixe saisis et transformés en matière solide par le filtre animal. 4^^^ MllNERAUX. INTRODUCTION. Après ces expériences, j'en fis d'autres sur cette même pierre échauffée à un moindre degré de cha- leur, mais pendant un temps aussi long; je fis déta- cher pour cela trois morceaux des parois extérieures de la lunette de la tuyère, dans un endroit où la cha- leur étoit à peu près de 96 degrés, parce que le soufre appliqué contre la muraille s'y ramollissoit et com- mençoit à fondre, et. que ce degré de chaleur est à très peu près celui auquel le soufre entre en fusion. Je trouvai , par trois épreuves semblables aux précé- dentes, que cette même pierre chauffée à ce degré pendant cinq mois avoit augmenté en pesanteur spé- cifique d'un 65% c'est-à-dire de presque un quart de plus que celle qui avoit éprouvé le degré de chaleur voisin de celui de la calcination, et je conclus, de cette différence, que l'effet de la calcination commen- çoit à se préparer dans la pierre qui avoit subi le plus grand feu, au lieu que celle quin'avoit éprouvé qu'une moindre chaleur avoit conservé toutes les parties fixes qu'elle y avoit déposées. Pour me satisfaire pleinement sur ce sujet, et re- connoître si toutes les pierres calcaires augmentent en pesanteur spécifique par une chaleur constamment et long -temps appliquée, je fis six nouvelles épreuves sur deux autres espèces de pierres. Celle dont étoit construit l'intérieur de mon fourneau, et qui a servi aux expériences précédentes , s'appelle dans le pays pierre à feu., parce qu'elle résiste plus à l'action du feu que toutes les autres pierres calcaires. Sa sub- stance est composée de petits graviers calcaires liés ensemble par lui ciment pierreux qui n'est pas fort dur, et qui laisse quelques interstices vides; sa pe- PAUTÎi: EXrÉR [MENTALE. /pv") santeur est néanmoins plus grande que celle des au- tres pierres calcaires d'environ un 20^ En ayant éprouvé plusieurs morceaux au feu de mes chauffe- ries, il a fallu pour les calciner plus du double du temps que celui qu'il falloit pour réduire en chaux les autres pierres; on peut donc être assuré que les expé- riences précédentes ont été faites sur la pierre calcaire la plus résistante au feu. Les pierres auxquelles je vais la comparer étoient aussi de très bonnes pierres cal- caires dont on fait la plus belle taille pour les bâti- ments : l'une a le grain fm et presque aussi serré que celui du marbre ; l'autre a le grain un peu plus gros : mais toutes deux sont compactes et pleines ; toutes deux font de l'excellente chaux grise , plus liante et plus forte que la chaux commune, qui est plus blanche. En pesant dans l'air et dans l'eau trois morceaux chauffés et trois autres non chauffés de cette première pierre dont le grain étoit le plus fin , j'ai trouvé qu'elle avoit gagné un 56^ en pesanteur spécifique, par l'ap- plication constante, pendant cinq mois, d'une cha- leur d'environ 90 degrés; ce que j'ai reconnu, parce qu'elle étoit voisine de celle dont j'avois fait casser les morceaux dans la voûte extérieure du fourneau, et que le soufre ne fondoit plus contre ses parois : en ayant donc fait enlever trois morceaux encore chauds pour les peser et les comparer avec d'autres morceaux de la même pierre qui étoit restés exposés à l'air libre, j'ai vu que l'un des morceaux avoit augmenté d'un 60% le second d'un 62^, le troisième d'un 56^ Ainsi cette pierre à grain très lin a augmenté en pesanteur spé- cifique de près d'un tiers de plus que la pierre à feu chauffée au degré voisin de celui de la calcination , el .|04 mjni:ra.l'x. introduction. aussi d'environ un ^^ de plus que cette même pierre à feu chauffée à gS degrés, c'est-à-dire à une chaleur à peu près égale. La seconde pierre, dont le grain étoit moins fin, formoit une assise entière de la voûte extérieure du fourneau , et je fus maître de choisir les morceaux dont j'avois besoin pour l'expérience, dans un quartier qui avoit subi pendant le même temps de cinq mois le même degré 95 de chaleur que la pierre à feu : en ayant donc fait casser trois morceaux, et m'étaot muni de trois autres qui n'avoient pas été chauffés, je trou- vai que l'un de ces morceaux chauffés avoit augmenté d'un 54% le second d'un 65% et le troisième d'un 66^; ce qui donne pour la mesure moyenne un 61^ d'aug- mentation en pesanteur spécifique. Il résulte de ces expériences, 1° que toute pierre calcaire chauffée pendant long-temps acquiert de la masse et devient plus pesante; cette augmentation ne peut venir que des particules de chaleur qui la pénè- trent et s'y unissent parleur longue résidence, et qui dès lors en deviennent partie constituante sous une forme fixe; 2° que cette augmentation de pesanteur spécifique, étant d'un 61% ou d'un 56% ou d'un65'', ne se trouve varier ici que par la nature des différen- tes pierres ; que celles dont le grain est le plus fin sont celles dont la chaleur augmente le plus la masse, et dans lesquelles les pores étant plus petits, elle se fixe plus aisément et en plus grande quantité ; o** que la quantité de chaleur qui se fixe dans la pierre est en- core bien plus grande que ne le désigne ici l'augmen- tation de la masse ; car la chaleur, avant de se fixer dans la pierre, a commencé par en chasser toutes les PARTIE EXPÉRI3IENTALE. 4^^ parties humides qu elJe contenoit. On sait qu'en distil- lant la pierre calcaire dans une cornue bien fermée on tire de l'eau pure jusqu'à concurrence d'un seizième de son poids; mais comme une chaleur de 96 degrés, quoique appliquée pendant cinq mois, pourroit néan- moins produire à cet égard de moindres effets que le feu violent qu'on applique au vaisseau dans lequel on distille la pierre, réduisons de moitié et même des trois quarts cette quantité d'eau enlevée à la pierre par la chaleur de 9.5 degrés; on ne pourra pa§ dis- convenir que la quantité de chaleur qui s'est fixée dans cette pierre ne soit d'abord d'un 60*" indiqué par l'aug- mentation de la pesanteur spécifique, et encore d'un 64^ pour le quart de la quantité d'eau qu'elle conte- noit, et que cette chaleur aura fait sortir; en sorte qu'on peut assurer, sans craindre de se tromper, que la chaleur qui pénètre dans la pierre lui étant appliquée pendant long-temps s'y fixe en assez grande quantité pour en augmenter la masse tout au moins d'un 3o% même dans la supposition qu'elle n'ait chassé pendant ce long temps que le quart de l'eau que la pierre con- tenoit, CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Toutes les pierres calcaires dont la pesanteur spé- cifique augmente par la longue application de la cha- leur acquièrent, par cette espèce de dessèchement, plus de dureté qu'elles n'en avoient auparavant. Vou- lant reconnoître si cette dureté seroit durable , et si elle ne perdroit pas, avec le temps, non seulement cette qualité, mais celle de l'augmentation de densité /\36 il I N É K A i; X. 1 N T K O 1) l C T I O N . qu'elles avoient acquise par la chaleur, je fis exposer aux injures de l'air plusieurs parties de trois espèces de pierres qui avoient servi aux expériences précé- dentes, et qui toutes avoient été plus ou moins chauf- fées pendant cinq mois. Au bout de quinze jours, pendant lesquels il y avoit eu des plues, je les fis sonder et frapper au marteau par le même ouvrier qui les avoit trouvées très dures quinze jours auparavant : il reconnut avec moi que la pierre à feu, qui étoit la plus^poreuse, et dont le grain étoit le plus gros, n'é- toit déjà plus aussi dure, et qu'elle se laissoit travailler plus aisément. Mais les deux autres espèces, et sur- tout celle dont le grain étoit le plus fin, avoient con- servé la môme dureté ; néanmoins elles la perdirent en moins de six semaines; et, les ayant fait alors éprou- ver à la balance hydrostatique, je reconnus qu'elles avoient aussi perdu une assez grande quantité de la matière fixe que la chaleur y avoit déposée; néanmoins, au bout de plusieurs mois, elles étoient toujours spé- cifiquement plus pesantes d'un iBo*' ou d'un lôo*" que celles qui n'avoient point été chauflées. La diflerence devenant alors trop difficile à saisir entre ces morceaux et ceux qui n'avoient pas été chauffés, et qui tous étoient également exposés à l'air, je fus forcé de bor- ner là cette expérience ; mais je suis persuadé qu'avec beaucoup de temps ces pierres auroient perdu toute leur pesanteur acquise. 11 en est de même de la du- reté : après quelques mois d'exposition à Fair, les ouvriers les ont traitées tout aussi aisément que les autres pierres de même espèce qui n'avoient point été chauffées. 11 résulte de cette expérience que les particules de PARTIE EXPÉRIMENTALE. 457 chaleur qui se fixent dans la pierre n'y sont, comme je l'ai dit, unies que par force; que, quoiqu'elle les conserve après son entier refroidissement, et pendant assez long-temps, si on la préserve de toute humi- dité , elle les perd néanmoins peu à peu par les im- pressions de l'air et de la pluie, sans doute parce que l'air et l'eau ont plus d'aflinité avec la pierre que les parties de la chaleur qui s'y étoient logées. Cette chaleur fixe n'est plus active ; elle est, pour ainsi dire, morte et entièrement passive : dès lors, bien loin de pouvoir chasser l'himaidité , celle-ci la chasse à son tour, et reprend toutes les places qu'elle lui avoit cédées. Mais , dans d'autres matières qui n'ont pas avec l'eau autant d'affinité que la pierre calcaire, cette cha- leur une fois fixée n'y demeure-t-elle pas constam- ment et à toujours? C'est ce que j'ai cherché à con- stater par l'expérience suivante. SIXIÈME EXPÉRIENCE. J'ai pris plusieurs morceaux de fonte de fer, que j'ai fait casser dans les gueuses qui avoient servi plu- sieurs fois à soutenir les parois de la cheminée de mon fourneau, et qui par conséquent avoient été chauftées trois fois, pendant quatre ou cinq mois de suite, au degré de chaleur qui calcine la pierre ; car ces gueuses avoient soutenu les pierres ou les briques de l'inté- rieur du fourneau , et n'étoient défendues de l'action immédiate du feu que par une pierre épaisse de trois fOu quatre pouces, qui formoit le dernier rang des étalages du fourneau. Ces dernières pierres, ainsi que toutes les autres dont les étalages étoient construits, BIFFO^. III. 28 /f58 MINERAUX. INTRODUCTION. s'ëtoient réduites en chaux à chaque fondage , et la calcination avoit toujours pénétré de près de huit pouces dans celles qui étoient exposées à la plus vio- lente action du feu. Ainsi les gueuses qui n'étoient recouvertes que de quatre pouces par ces pierres avoient certainement subi le même degré de feu que celui qui produit la parfaite calcination de la pierre, et Tavoient, comme je l'ai dit, subi trois fois pendant quatre ou cinq mois de suite. Les morceaux de cette fonte de fer, que je fis casser, ne se séparèrent du reste de la gueuse qu'à coups de masse très réitérés ; au lieu que des gueuses de cette même fonte, mais qui n'avoient pas subi l'action du feu, étoient très cas- santes, et se séparoient en morceaux aux premiers coups de masse. Je reconnus dès lors que cette fonte, chauffée à un aussi grand feu et pendant si long- temps, avoit acquis beaucoup plus de dureté et de ténacité qu'elle n'en avoit auparavant, beaucoup plus même à proportion que n'en avoient acquis les pierres calcaires. Par ce premier indice, je jugeai que je trou- verois une dilférence encore plus grande dans la pe- santeur spécifique de cette fonte si long- temps échauf- fée. Et en effet, le premier morceau que j'éj)rouvai à la balance hydrostatique pesoit dans l'air quatre livres quatre onces trois gros, ou cinq cent quarante-sept i;ros; le même morceau pesoit dans l'eau trois livres onze onces deux gros et demi , c'est-à-dire quatre cent soixante- quatorze gros et demi : la différence est de soixante-douze gros et demi. L'eau dont je me servois pour mes expériences pesoit exactement soixante-dix livres le pied cube , et le volume d'eau déplacé par celui du morceau de cette fonte pesoit soixante-douz^ PARTIE EXPERIMENTALE. I^Tjf) gros et demi. Ainsi soixante -douze gros et demi, poids du volume de l'eau déplacée par le morceau de fonte, sont à soixante-dix livres, poids du pied cube de l'eau, comme cinq cent quarante-sept gros, poids du morceau de fonte, sont à cinq cent vingt-huit livres deux onces un gros quarante-sept grains, poids du pied cube de cette fonte ; et ce poids excède beau- coup celui de cette même fonte lorsqu'elle n'a pas été chauffée : c'est une fonte blanche qui communément est très cassante, et dont le poids n'est que de quatre cent quatre-vingbrquinze ou cinc[ cents livres tout au plus. Ainsi la pesanteur spécifique se trouve augmentée de vingt-huit sur cinq cents par cette très longue appli- cation de la chaleur, ce qui fait environ un dix-hui- tième de la masse. Je me suis assuré de cette grande différence par cinq épreuves successives, pour les- quelles j'ai eu attention de prendre toujours des mor- ceaux pesant chacun quatre livres au moins, et com- parés un à un avec des morceaux de même figure et d'un volume à peu près égal; car, quoiqu'il paroisse qu'ici la différence du volume, quelque grande qu'elle soit, ne devroit rien faire, et ne peut influer sur le résultat de l'opération de la balance hydrostatique, cependant ceux qui sont exercés à la manier se se- ront aperçu, comme moi, que les résultats sont tou- jours plus justes lorsque les volumes des matières qu'on compare ne sont pas bien plus grands l'un que l'autre. L'eau, quelque fluide qu'elle nous paroisse, a néanmoins un certain petit degré de ténacité qui influe plus ou moins sur des volumes plus ou moins grands. D'ailleurs il y a très peu de matières qui soient parfaitement homogènes ou égales en pesanteur dans 44^^ MINÉRAUX. INTRODUCTION. toutes les parties extérieures du volume qu'on soumet à l'épreuve. Ainsi, pour obtenir un résultat sur lequel on puisse compter précisément, il faut toujours com- parer des morceaux d'un volume approchant, et d'une figure qui ne soit pas bien différente; car si, d'une part , on pesoit un globe de fer de deux livres , et d'au- tre part , une feuille de tôle du même poids, on trou- veroit à la balance hydrostatique leur pesanteur spé- cifique différente quoiqu'elle fût réellement la même. Je crois que quiconque réfléchira sur les expérien- ces précédentes et sur leurs résultats ne pourra dis- convenir que la chaleur très long-temps appliquée aux différents corps cpi'elle pénètre ne dépose dans leur intérieur une très grande quantité de particules qui deviennent parties constituantes de leur masse 5 et qui s'y unissent et y adhèrent d'autant plus que les matières se trouvent avoir avec elles plus d'affmité et d'autres rapports de nature. Aussi, me trouvant muni de ces expériences, je n'ai pas craint d'avancer, dans mon Traité des Eléments ^ que les molécules de la chaleur se fîxoient dans tous les corps comme s'y fixent celles de la lumière et celles de l'air dès qu'il est ac- compagné de chaleur ou de feu. FIN DU TROISIEME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTEIVDS DANS LE TROISIEME VOLUME. SUITE DES PREUVES DE L^ THEORIE DE LA TERRE. Article XVIIL De l'effet des pluies, des marécages, des bois souterrains, des eaux souterraines Page 7 Art. XTX. Des changements de terres en mers, et de mers en terres 3g Conclusion 69 HISTOIRE DES MINÉRAUX. I?sTRonucTioiv à l'histoire des minéraux 70 DES ÉLÉMENTS. Première partie. De la lumière, de la chaleur, et du feu. . . ibid. Seconde PARTIE. De l'air, de l'eau , et de la terre i45 Réflexions sur la loi de l'attraction 188 La loi de l'attraction, par rapport à la distance, ne peut pas être exprimée par deux termes igS Première démonstration. . ibid. Seconde démonstration. . .if ibid. PARTIE EXPÉRIMENTALE. Pr.EMiER Mémoire. Expériences sur les progrès de la chaleur dans les corps 2o4 44^ TABLE. Expériences Page '907 Second MÉMorRE. Suite des expériences sur le progrès de la chaleur dans les différentes substances minérales. . . . 229 Table des rapports du refroidissement des différentes sub- stances minérales 328 Troisième Mémoiue. Observations sur la nature de la platine. 3/19 Remarques 368 Expériences faites par M. de Morveau, en septembre 1773. 374 Première expérience 376 Seconde expérience ibid. Troisième expérience 377 Quatrième expérience 378 Remarques 383 Quatrième Mémoire. Expériences sur la ténacité et sur la dé- composition du fer 385 CiivQUiÈME MÉMOIRE. Expérieuccs sur les effets de la chaleur obscure 4 12 Première expérience ibid. Seconde expérience 421 Troisième expérience 427 Quatrième expérience 43 1 Cinquième expérience 435 Sixième expérience. . . , 437 FIN DE LA TAliLE. m mm \^t WAm