LIBRARY Brigham Young University ^w^ a^ OEUVRES COM CLETES DE BUFFOIN. TOME DKl XIEMi: Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from Brigham Young University http://www.archive.org/details/oeuvrescomplte18562buff OEUVRES COMPLETES DE BllFFON AVEC DES EXTRAITS DE DAUBEiNTON ICT I.A «:i.ASSIHC\T10.'l 111 irxifR. ORIVEES DE C\m CEXTS SlIJETS COLORIES. TOME DE[1XIEME. F.POQLF.S DE I.A NATURE. — l.'STRODtCTION A I.'hISTOIRE UES MINERAUX. *^^^y'^ BRLYLANT-CHRISTOPHE ET COMP^ fiDITKCRS. IM. A<;P. .SA1NT-.I i:an, 12. 1856 SRiGHAW YOUNG UNiVERStTX UBRARY PROVO. UTAH if^^^^^^iPWW^^^W^^^^^fW^'^^^^^^^^^^^W^W^^f^^^lf^i^^^WWiPI? DES EPOQUES DE LA NATURE. Comme dans Thistoire civile, on consulte les litres, on recherche les me- dailles, on dechiffre les inscriptions antiques, pour determiner les epoques des revolutions humaines , cl constater les dates des evenements moraux : de meme, dans Ihistoire naturelle, il faul fouiller les archives du monde, lirer des entrailles de la terre les vieux monuments, recueillir leurs debris, et rassembler en un corps de preuves tons les indices des changemenls physiques qui peuvent nous faire remonler aux differents ages de la nature. Cest le seul moyen de (ixer quelques points dans limmensite de I'espace, et de placer un certain nombre de pierres numeraires sur la route eternelle du temps. Le passe est comme la distance; notre vue y decroit, et s'y perdrail de meme, si Ihistoire et la chronologic n'eussent place des fanaux, des flambeaux aux points les plus obscurs : mais, malgre ces lumieres de la tra- dition ecrite, si Ion remonte a quelques siecles, que dincertilude dans les faits! que d'erreurs sur les causes des evenements! et quelle obscurite pro- fonde nenvironne pas les temps anterieurs aeette tradition! D'ailleurs, elle ne nous a transmis que les gestes de quelques nations, c est-a-dire les actes dune tres-petite partie du genre humain; tout le reste des hommes est demeure nul pour nous, nul pour la posterite; ils ne sont sortis de leur neant in I POM. lorn. II. 1 2 HISTOIRE ^ATURELLE. que pour passer comme des ombres qui iie liusscnt point de traces : et pint nn del que le nom de tous ccs prelendus Iieros dont on a celebre les crimes ou la Ejloire sanguinaire ful egalemcnt enseveli dans la nuit de loubli ! Ainsi riiistoire civile, bornee dun cote par les tenebres d'un temps assez voisin du notre, ne setend de lautre qu'aux petitcs portions de terres qu'ont occupees successivemenl les peuplcs soigneux de leur memoirc; au lieu que I'histoire naturclle cnibrasse egalemcnt tons les espaces, tous les temps, et n'a d'autres limiles que eolles de lunivers. La nature etant contemporaine de la matiere, de lespaee et du temps, son histoire est cclle de toutes les substances, de tous les lieux, de tous les a^es; et, quoiquil paraisse a la premiere vue que ses grands ouvrages ne salterent iii ne changent, et que dans ses productions, meme les plus fra- giles et les plus passageres, elle se montre loujoure et'constammentlameme, puisqua ehaque instant ses premiers modeles reparaissent a nos yeux sous de nouvelles representations, ce])cndanl, en lobscrvant de pres, on s'aper- cevra que son cours nest pas absolument uniforme; on reconnaitra quelle admet des variations sensibles, quelle recoit des alterations successives, qu'elle se prete meme a des combinaisons nouvelles, a des mutations de ma- tiere et de forme; qu'enfin, autant elle parait fixe dans son tout, autant elle est variable dans cbacune de ses parlies; et si nous lembrassons dans toute son etendue, nous ne pourrons douter qu'elle ne soil aujourd'bui tres-diffe- renle de ce quelle elait au commencement et de ce quelle est devenuc dans la succession des temps : ce sont ces changemcnts divers que nous appelons ses epoqucs. La nature s'esl trouvce dans difTerents elals; la surface de la lerre a pris successivemenl des formes difTerentes; les cieux memes oni varie, et toutes les cboses de I'univers pliysique sont, comme celles du monde moral, dans un mouvcmcnt continuel de variations successives. Par cxemple, Tetat dans lequel nous voyons aujourd'bui la nature estautant notre ouvrage que Icsien; nous avons su la temperer, la modifier, la plier a nos besoins, a nos desirs; nous avons sonde, cultive, feconde la lerre : laspecl sous lequel elle se presenle est done bien different de celui des temps ante- rieurs a linvention des arts. Lage d'or de la morale, ou plutot de la fable, 11 'elait que 1 age de fer de la pliysique et de la veritt. L'honime de ce temps, encore a demi sauvage, disperse, peu nombreux, ne sentail pas sa puissance, ne eonnaissait pas sa vraie ricbesse; le tresor de ses lumieres elait enfoui; il ignorait la force des volontes unies, el ne se doulail pas que, par la societe et par des Iravaux suivis el conceries, il viendrail a bout d imprimer ses idees sur la face entiere de lunivers. Aussi faut-il allercbercher el voir la nature dans ces regions nouvellerfient decouvertes, dans ces contrees de tout temps iubabilees, pour se former uneidee de sonelat ancien; el eel ancien etat est encore bien moderne en eomparaison de celui oil nos continents lerreslres elaienl couverls par les eaux, oil les poissons babitaient sur nos plaines, oil nos montagnes formaient lesecueils des niers. Combien de cbangements et de dilTerents etats onl du EPOQIJES DE LA NATURE. 3 se succeder depuis ces lemps antiques (qui cependant nelaienl pas les pre- miers) jusqu'aux Sges de Ihistoire ! Que de clioses ensevelies ! coinbien d e- venemenls entierement oublies! que de revolutions anterieures a la memoire des hommes! II a fallu une trrs-Ionguc suite dobservations, il a fallu trente siecles de culture a I'esprit hurnain, seulement pour reconnaitre letat pre- sent des choses. La terre nest pas encore entierement decouverte; ce n'est que depuis peu qu'on a determine sa figure; ce nest que de nos jours qu'on s'est eleve a la tbeorie de sa forme inloricure, et qu'on a demontrc lordre etla disposition des matieres donl elle est composee:ce n'est done que de cet instant que Ion peut commencer a comparer la nature avec elle-meme, et remonter de son elat actuei et connu a quelques epoques dun etat plus ancien. Mais comme il sagit ici de percer la nuit des temps, de reconnaitre par linspection des choses acluelles laucienne existence des choses aneanties, el de remonter par la seule force des fails subsistants a la verite bislorique des fails ensevelis; comme il sagit, en un mot, de juger, non-sculcment le passe moderne, mais le passe le plus ancien, par le seul present, el que, pour nous elever jusqua ce point de vue, nous avons hesoin de toutes nos forces reunies, nous emploierons trois grands moyens : 1° les faits qui peu- vent nous rapprocber de lorigine de la nature: 2° les monuments quon doit regarder comme les lemoins de ses premiers ages; 3° les traditions qui peuvent nous donner quelque idee des Sges subsequenis : apres quoi nous tacherons de lier le tout par des analogies, et de former une chaine qui, du sommet de rechelle du temps, descendra jusqua nous. PnEMiER FAIT. — La terre est elevee sur lequateur el abaissee sous les poles, dans la proportion quexigent les lois de la pesanteur et de la force centrifuge. Dei xiEME FAIT. — Le globe terrestre a une chaleur interieure qui lui est propre, el qui est independanle de celle que les rayons du soleil peuvent lui communiquer. Troisi^me fait. — La chaleur que le soleil envoie h la terre est assez petite, en comparaison de la chaleur propre du globe terrestre; el cette chaleur envoyee par Ic soleil ne serail pas seule sufRsante pour maintenir la nature vivante. Qi'ATRi^ME FAIT. — Lcs matiercs qui composent le globe de la terre sont en general de la nature du verre, et peuvent etre toutes reduites en verre. CiNQUiEME FAIT. — On trouvc sur toule la surface de la terre, et m6me sur les montagnes, jusqua quinze cents el deux mille loiscs de hauteur, une immense quanlite de coquilles et d'autres debris des productions de la mer. Examinons d'abord si, dans ces fails que je veux employer, il n'y a rien qu"on puisse raisonnablement contester. Voyons si tous sont prouves, ou du moins peuvent lelre; aprcs quoi nous passserons aux inductions que loii en doit tirer. Le premier fail tlu renflement de la terre a lequateur et de son applatis- 1. 4 IIISTOIP.K ^ATllRELLE. scnienl aii\ pules csl iiiiiil)cin;iti(|ii(ineiit (Iciiionire el pliysiquemcnl proiive par l:i llieorie de ia gravilatioii el par les CNpeiiences dii jtendulc. Le glohe leneslre a precisemcnl la figure quo prendra it iin globe (luide (|ui loiirne- rail sur lui-niemc avec la vilcssc que nous coiinaissons au globe de la lerre. Ainsi, la premiere consequence qui sorl de ce fait inconleslabic, c'est que In maliere dont noire lerre est composee etait dans un elat de fluiditc au mo- ment quelle a pris sa forme, el ce moment est celui ou clle a commence a lourner sur elle-meme : ear si la lerre n'eiit pas ele fluide el quelle eul en la meme consistance que nous lui voyons aujourdliui, il est evident que cette maliere consistante el solide n'aurait pas obei a la loi de la force cen- trifuge, el que par consequent, malgre la rapidite de son mouvement de ro- tation, la lerre, au lieu d'etre un splieroide renllc sur re(|ualeur et aplati sous les poles, serait, au eontraire, une spliere exacte, el quelle n'aurait jamais pu prendre d'autre figure que celle d'un globe parfait, en vertu de lattraction muluelle de toutes les parties de la maliere dont elle est com- posee. Or, quoiquen general toute fluidite ait la clialeur pour cause, puisque leau meme, sans la chaleur, ne formcrait qu'une substance solide, nous avons deux manieres differentes de concevoir la possibilile de eel elat pri- milif de fluidite dans le globe tcrresire, parce quil semble d'abord que la nature ail deux moyens pour Toperer. Le premier est la dissolution, ou meme le dclaicment des matieres terrestres dans I'eau ; et le second, lour liquefaction par le feu. IMais Ion sail que le plus grand nombrc des ma- tieres solides (jui composent le globe terresire ne sont pas dissolubles dans I'eau; et en meme temps Ion voit ((uo la quanlite d'eau est si petite en com- paraison de celle de la maliere solide, qu'il nest pas possible que lune ail jamais etc delayee dans raulre. Ainsi, eel elat de fluidite dans lequel s'esi irouvee la masse enliere de la lerre, n'ayanl pu sopcrer ni par la dissolu- tion, ni par le delaiemenl dans lean, il est necessairc que cette fluidite ait ete une liquefaction causee par le feu. Cette juste consequence, deja tres-vraisemblable par clle-meme, prcnd un nouveau degre de probabilile par le second fail, et devient une certitude par le troisieme fail. La cbaleur intcrieure du globe, encore actuellement subsistanle, et beaucoup plus grande que cellc qui nous vient du soleil, nous demonire que eel ancien feu qua eprouve le globe n'est pas encore, a beaucoup pres, entieremenl dissipe : la surface de la lerre est plus re- Iroidic que son interieur. Des experiences certaines el reiterees nous assu- rent que la masse entiere du globe a une cbaleur propre et tout a fait inde- pendanlc de celle du soleil. Cette cbaleur nous est demontree par la compa- raison de nos liivers a nos eles *; et on la reconnail dune maniere encore plus palpable des quon penetrc au dedans de la lerre; elle est conslanlc en * VojTz (l.iiis ct ()iivi;ij.c I'iiilieU- qui » |,oiii liMo : (Ls Eieiii,iils, l.niif |/>l jiarl inilip- niiuMil les deux Meiiioiics mm- la Icmpcritlarc (lis i>laiiclrf, im-iiir loiiif. liPOQUES DE LA NATURE. S Ions lieux pour ehaque [trofondeur; el elle parait augmenler a mcsurc que loii descend *. Mais que sont uos liavaux en eomparaison de ceux qu'il landrail I'aire pour reconnaitre les degres suecessiCs de eetle elialeur inle- lieure dans la profondeur du globe? Nous avons fouille les niontagncs a quelques cenlaines de loises pour en tirer les inelaux; nous avons fail dans Ics pluines des puits de (pie!(]ues cenlaines de |)ieds : ce sonl la nos plus i:randes excavations ou plulol nos fouilles les plus profondes; elles edleurent ^ peine la premiere ecorce du globe, el neaiunoins la elialeiir interieure y esl deja plus sensible qua la surface : on doii done presumer que, si Ton penelrait plus avanl, celle elialeur serail plus grande, el que les parlies voi- sinesdu cenlre de la terre sont |)liis cbaudcs (]ne cellos (|ui en sont eloignees, eoniiue 1 on voil dans un boulel rougi an feu liiicandescenee se conserver dans les parties voisines du centre longlcmps apres que la surface a perdu eel elat dincandescence el de rougeur. Ce feu, ou plulol eetle elialeur inte- rieure de la lerre, esl encore indique par les elTets de I electricile, qui con- vertit en eclairs lumineux celte elialeur obscure; elle nous esl deiiioiilree par la temperature de I'eau de la mer, laqucllc, aux memcs profondeurs, est a peu pres egale a celle de linlerieur de la terre **. Dailleurs, il estaise de prouver que la licpiidite des eaux de la mer, en general, lie doit |»()iiil ctre attribiiee a la puissance des rayons solaircs, puiscpi'il esl denionlre, par I'ex- perience, que la lumiere dusoleil nepenelre qu a six cents pieds*** a travers I'eau la plus limpide, et que, par consequent, sa cbalcur narrive peut-elrc pas au quart de cettc epaisseur, c'esl-a-dire a cent ciiiquarile pieds ♦♦**. Ainsi toutes Ics eaux qui sont au-dessous de cettc jirolondeur seraient glacees sans la elialeur interieure de la terre, qui seule pcul entretenir leur liquidile. Et de meme il est encore prouve, par lexperienee, que la elialeur des rayons solaircs ne pcnetre pas a ipiinze ou vingl jiieds dans la terre, puisque la glace se conserve a celte profondeur pendant les eles les plus cliauds. Done il esl demontre (ptil y a, au-dessous du bassin de la mer, comme dans les premieres couclies de la terre, une emanation conlinuelle de elialeur qui entrelient la liquidile des eaux et produit la temperature de la terre. Done il exisle dans son iiiterieur une elialeur qui lui appartieiit en propre, el qui esl lout il fail indepcndanle de celle ipie le solcil pent lui commuiii(pier. Nous pouvons encore confirmer ce fait general par un grand nonibre de fails particuliers. Tout le monde a remarque, dans le temps des frimas, que la iieige se fond dans tons les endroils ou les vapcurs de liiitei ieiir de la lerre out une libre issue, comme sur Ics puits, les aqueducs recouverts, les voules, les citcr.es, etc. ; landis que sur toul le resle de I'espace, ou la lerre, res- serree par la gclee , inlerceple ces vapeurs , la neige subsisle el se Voyi'z ei-a|)ri:s Ics nolc,- juslU'irnlivi's Jes fails. *• — lliiiord, conime ils le sonl aujourd hui des contrees du midi ; et ce qui parait encore rendre le fait plus merveilleux, c'esl-a-dire plus dillicile a cxpliquer, c'est quon Irouve ces depouilles des animaux du Midi de noire contiiieiil , non- seulemenl dans les provinces de notre nord , mais aussi dans les terres du Canada el des autres parties de I'Anierique septenlrionale. Nous avons au Cabinet du Roi plusieurs defenses et un grand nombre dossemenls d'ele- phanl Irouves en Siberie; nous avons dautres defenses et dautres os d'ele- phanl qui ont ete Irouves en F'rance; el enfin nous avons des defenses d elephant et des dents d'hippopotame trouvees en Aniericpre dans les terres voisines de la riviere d'Ohio. II est done necessaire que ces animaux, qui ne peuvent subsister et ne subsistenl en effet aujourd hui que dans les pays chauds , aienl autrefois existe dans les cliniats du Nord, et (pie, par conse- quent, cctle zone IVoide fill alors aussi chaude que Test aujourd hui notre zone torride; car il nest pas possible que la forme eonslitiitive, ou. si Ion veut, Ihabilude reellc du corps des aniniaux, qui est ce qu'il y a de plus fixe dans la nature, ait pu changer au point de donner le lem|)erament du rcnne il relephanl, ni de supposer livcs dei. Tails. EPOQUES DE LA NATURE. II el pris leur eiitier accroissenieiit. Aiiisi Ton iie peul pas supposer quils y aient ete transportes par les lionimes; le seul eiat de captivile, indepen- danmient de la rigueur du cliniat *, les aurail reduits an quart ou an tiers de la grandeur que nous montrent leurs depouilles. 3° La grande quantite que Ton en a deja Irouvee, [)ar hasard , dans ces lerres presque desertes oil personne nc cherclie, sullit pour deniontrer que ce n'est ni par un seul ou plusieurs aecidents, ni dans un seul et meme temps que quelques individus de cette espece se sont trouves dans ces con- trees du Nord.niais quil est de necessite absolue que I'espece niemey ait autrefois existe, subsiste et niultiplie, coninie ellc existe, subsiste et se inul- tiplie aujourd'liui dans les contrees du Midi. Cela pose, il me semble que la question se reduit a savoir, ou plutot con- siste a chercher s'il y a ou sil y a eu une cause qui ait pu changer la tempe- rature dans les differentes parties du globe, au |)oint que les terres du Nord, aujourd hui tres-froides , aient autrefois eprouve le degre de chaleur des terres du Midi. Quelques physiciens pourraient penser que cet efVet a ete produit par le changement de 1 obliquile de rcclipti(|ue, parce qua la premiere vue, ce changemenl semble indiquor que Tinclinaison de laxe du globe netant pas constante, la terre a pu tourner autrefois sur un axe assez eloigne de celui sur lequel elle tourne aujourdhui, pour que la Siberie se'fut alors trouvee sous 1 equateur. Les astronomes ont observe que le changement de lobli- quite de Tecliptique est d'cnviron quarante-cinq secondes par siecle : done, en supposant cette augmentation successive et constante, il ne faut que soixante siecles pour produire une difference de quarante-cinq minutes, et trois mille six cents siecles pour donner celle de quarante-cinq degres; ce qui ramenerait le soixantieme degre de latitude au quinzieme, c"est-a-dire les terres de la Siberie, oil les elephants ont autrefois existe, aux terres de rinde oil lis vivent aujourdhui. Or, il ne s'agit, dira-t-on, que d'admettre dans le passe cette longue periode de temps, pour rendre raison du sejour des elephants en Siberie : il y a trois cent soixante mille ans que la terre lournait sur un axe eloigne de quarante-cinq degres de celui sur le(|uel elle tourne aujourdhui; le quinzi^.me degre de latitude actuelle etait alors le soixantieme, etc. A cela je reponds que cette idee et le moyen d'explication qui en resulle ne peuvcnt pas se souienir lorsqu'on vient a les examiner : le changement de I'obliquite de lecliptique nest pas une diminution ou une augmentation successive et constante; ce nest, au conlraire, qu'une variation limitee, et qui se fait tantol en un sens et tantot enun autre, laquelle, par consequent, na jamais pu produire en aucun sens ni pour aucun climat cette difference de quarante-cinq degres dinclinaison ; car la variation de lobliquite de laxe de la terra est causee par Taction des planetes qui deplacent lecliptique * Voyci ci-iipics les notes jiistificalivcs des falls. 12 mSTOIHK NATlRELIJv sans affocterloqiiateiir.Eiiprciiant la plus piiissantedcces aUracli()ns,(pii os( cellc de Vomis, il faiulraitdouzc cent soixanle niille ans pour (luollepi'itfaire changer dc cent (piatie-vingls degres la situation dc reclipti<|uc sur I'orbile de Venus, el par consequent, produire un cliangement de six degres qua- ranle-scpl minutes dans rol)Ii(|uilc reclle dc laxe dc la terre, puisque six degres quarante-sept minutes sent le doul)le dc iinclinaison de Torbite de Venus. De nieme Taction dc Jupiter nc pent, dans un espaee de ncuf cent trente-six mille ans, cliangcr lobliquite de lecliptique que de deux degres trenle-huit minutes, et encore cct effet est-il en partie compcnse par le pre- cedent ; en sortc qui! nest pas possible que ec cliangement de loblitpiite de I'axe de la terre aillc jamais a six degres, a moins de supposer que toutes les orbiles des planetes cliangeront clles-memes; supposition que nous ne pou- vons ni ne devons admeltre, puisquil ny a aucune cause qui puisse pro- duire cct cITcl. Et, commc on ne pent juger dii passe que par linspcction du present el par la vue dc I'avenir, il nest pas possible, quelque loin (|u"on vcuille rcculer Ics limiles du temps, de supposer que la variation de leclip- tique ait jamais pu i)roduirc une diircrcncc de plus de six degres dans les climats dc la terre : ainsi, cclte cause est tout a fait insuffisante, et lexpli- cation qu'on voudraii en tirer doit elre rejclce. Mais je puis donner cette explication si diflicilc et la dcduirc d une cause immediate. Nous venous de voir que le globe terreslre, lorsqu'il a pris sa I'ormo, clail dans un etat de (luidite; et il est demontrc que 1 cau n'ayant pu produire la dissolution des luaticres terrestres, cette fluidite ctait une liquefaction causee par le feu. Or, pour passer de ce premier etatdcm- brasement ct de liquefaction a celui dime chalcur douce et icmperce, il a fallu du temps : le globe na pu se refroidir tout a coup au point oil il lest aujourdbui. Ainsi, dans Ics premiers temps apres sa formation, la clialeur |)ropre dc la terre etait infiniment plus grande que celle qu elle rccoit du soieil, puisqu'elle est beaucoup plus grande aujourd'hui; ensuite ce grand feu setant dissipe peu a pen, le climal du pole a eprouve, eonime tons les autres climats, des degres successifs de moindrc cbaleur et de refroidisse- ment. It y a done eu un temps, ct tnemc une longuc suite de temps, pen- dant laqiiclle les terres du Nord, apres avoir briilccomme toules les aulres, ont joui de la memc cbaleur dont jnuissent aujoiu'd bui les terres du iMidi : par consc(iuent, ees terres septentrionalcs ont pu et du etre babitees par les animanx qui babitent acluellcmeni Ics terres meridionales, ct auxquels cette cbaleur est neeessairc. Des lors le fail, loin d'etre extraordinaire, sc lie parfaitement avec lesaulies fails, el nen est qu'une simple consequence : au lieu de sopposer a la ibcorie de la terre que nous avons etablie, ce memc fait en devienl, au eontraire, une preuve accessoire qui ne j)eut que la confirmer dans Ic point le plus obscur, cesl-a-dire lorsqu'on commence a tomber dans cette profondcur du temps oii la lumicre du genie semble s'eleindre, el on, faule (robscrvations , elle paniit ne |)ouvoir nous guider pour aller plus loin. i:poqiii:s df: la nature. 13 Une sixienie e|)()(nic, postcricure aux cinq aiilros, est cellc ck; la separa- tion dos deux ooiUincMits. li csl siir quils nelaient pas scpares dans le temps que les eleplianls vivaient egalemenl dans les terres du nord de lAmeiiiiue, de I'Europe et de lAsie : je dis egalement, ear on trouve de nieme leurs ossements en Siberia, en Russie et an Canada. La separation des eontinenls ne SCSI done faite que dans des temps poslerieurs a ceux dii sejonr de ces animaux dans les terres septentrioiiaies : mais, eomme Ion trouve aussi des defenses delephant en Pologne, en Allemagne, en France, en Italie *, on doil en conclure qua mesure que les terres septenlrionales se refroidissaient, ces animaux se retiraienl vers les conlrees des zones temperees oii la elialeur du soleil et la plus grande epaisseur du globe compensaient la perte de la ehaleur interieure de la terre; et quenfin ces zones s'etant aussi trop refroidies avec le temps, ils ont successivement gagne les climats de la zone forride, qui sont ceux on la cliaieur interieure s'est conservee le plus longtemps par la plus grande epaisseur du splieroide de la terre, et les seuls ou cetle cliaieur, reunie avec cclle du soleil, soit encore assez forte aujourd'liui pour maintenir leur nature et soutenir leur propagation. De meme on trouve en France, et dans toutes les autrcs parties de I'Europe, des eoquilles, des squelelles et des vertebres danimaux marins qui nc peuvent subsisler que dans les mers les plus nieridionales. II est done arrive, pour les climats de la mer, le meme changement de tem- perature que pour ceux de la terre; el ce second fait, sexpliquanl, eomme le premier, par la meme cause, parait confirmer le tout au point de la demonstration. Lorsque Ion compare ces anciens monuments du premier age de la na- ture vivante avec ses productions actuelles, on voit evidemment que la forme constitutive de cbaque animal sest conservee la meme et sans alteration dans ses principales parties : le type de cliaque espeee n"a point cliange; le moule interieura conserve sa forme etna point varie. Quelquelonguequon voulut unaginer la succession des temps, quelque nombre de generations qu'on admette ou qu'on suppose, les individus de chaque genre representent aujourdbui les formes de ceux des premiers siecles, surtout dans les especes majeures, donl lempreinte est plus ferme el la nature plus fixe; ear les es- peces inferieures oni, eomme nous lavons dit, eprouve dune maniere sen- sible lous les elfets des differentes causes de degeneration. Seulemenl il est a remarquer au sujel de c(!s especes majeures, telles que relepbanl el Ibip- popotame, quen comparant leurs depouilles antiques avec celles de noire temps, on voit qu'en general ces animaux etaienl alors plus grands qu'ils ne le sont aujourdbui; la nature elail dans sa premiere vigueur; la cliaieur in- terieure de la terre donnail a ses productions toute la force el toute letendue donl dies etaienl susceptibles. II y a eu dans ce premier age des geanlsen lout genre; les nainset les pygmees sont arrives depuis,c'est-a-dire * Voyi'Z ci-a|iri;s les noes jiisl ificalivcs dis fails. t4 nrSTOIKE iVATIIRELLE. apres le refroidisseinenl ; et si (coinme daulres monuments seniblenl le demontrer) il y a cu des especes perdues, c'est-a-dire des animaiix qui aient jiutrefois existe et qui nexistenl plus, ce nc peuvenl etre que ceux donl la nature exigeait une chaleur plus grande que la olialeur actuelle de la zone torride. Ces enormes dents molaires, presque carrees, et h grosses pointes mousses, ces grandes volutes petrifiees, dont quelques-unes ont plusieurs pieds de diametre*, plusieurs autres poissons et coquillages fossilles dont on ne retrouve nulle part les analogues vivants, n'ont existe que dans ces premiers temps ou la terra el la mer encore chaudes devaient nourrir des animaux auxquels ce degrc de chaleur etait necessaire, et qui ne sub- sistent plus aujourdhui, parce que probablement ils ont peri par le refroi- dissemenl. Voila done I'ordre des temps indiques par les faits et par les monuments; voila six epoques dans la succession des premiers ages de la nature, six espaces de duree dont les limiles, quoique indeterminees , n'en sont pas moins reelles; car ces epoques ne sont pas, comme celles de I'bistoire ci- vile, marquees par des points fixes, ou limitees par des siecles et d'autres portions du temps qu« nouspuissions compter et mesurerexactement : nean- moins nous poiivons les comparer cntre elles, en evaluer la duree relative, et rappeler a chacune dc ces periodes de duree d autres monuments et d'au- tres faits qui nous indiqueronl des dates conleinporaines, el peut-etre aussi quelques epoques intermediaires el subsequenles. \lais, avanl d'aller plus loin , halons-nous de prevenir une objection grave qui pourrail nienic degenerer en imputation. Comment accordez- vous, dira-t-on, cetle haute anciennete que vous donnez a la matiere, avec les traditions sacrees, qui ne donnciit au monde que six ou huit mille ans? Quelque fortes que soient vos preuves, quelque fondes que soient vos raisonnemenls, quelque .evidents que soient vos fails, ceux qui sont rapportf's dans le Livre sacre ne sonl-ils pas encore plus certains? Les contredire, nest-ce pas manquer a Dieu, qui a eu la bonte de nous les reveler? Je suis afflige toutes les fois quon abuse de ce grand, de ce saint nom de Dieu : je suis blesse toules les fois que Ihomme le profane el quil prostilue I'idee du premier etre, en la subsliluanl a celle du fantome de ses opinions. Plus jai peneire dans le sein de hi nature, plus j'ai admire et profondement respecte son auteur : mais un respect aveugle serait superstition; la vraie religion suppose, au coniraire, un respect eclaire. Voyons done, tachons denlendre sainement les premiers fails que linlerprete divin nous a transmis au sujet de la creation ; recueillons avec soin ces rayons echappes de la lu- miere celeste : loin doffusquer la verile, ils ne peuvent qu'y ajouler un nou- veau degre d'eclal el de splendeur. * Vovoz ci-a|)ics les iioles jiistificalives di's faits EPOQIIES DK LA NATURK. IS M AH COMMENCEMENT, DIEU (RKA 1,E CIEl. ET I.A TERRE. » Cela ne veut pas dire qu'au commencemenl Dieii crea le ciel et la lerre/e/5 quits sont, puisquil esl clit immediiilement apres, que la terre itaitinforme, et que le soleil, la lune et les etoilcs ne fiirent places dans le eiel qu'au quatrieme jour de la creation. On rendrait done le lexte contradictoire a lui-meme, si Ion voulait soulenir qu'oM commencemenl Dieu cria le ciel et la terre tels qu'ils sont. Ce fut dans un temps subsequent qu'il les rendit en effel tels qu'ils sont, en donnanl la forme a la maliere, et en placanl le soleil, la lune et les etoiles dans le ciel. Ainsi , pour entendre sainemenl ces premieres paroles, il faut necessairement supplcer un mot qui concilie le tout, et lire : Au commencement Dieu cria la matiere du ciel et de la terre. Et ce commencement, ce premier temps, le plus ancien de tons, pendant lequel la matiere du ciel et de la terre exislait sans forme determinee, parait avoir eu une longue duree; car ecoutons attentivement la parole de I'inter- prete divin : « LA TERRE ETAIT INFORME ET TOCTE NDE, LES TENliBRES tOLVRAIENT LA FACE DE « LABIME, ET LESPRIT DE DIEU tTAIT l>ORTfe SIR LES EAl'X. » La terre ^tait, les tenebres couvraient, I'esprit de Dieu ^tail. Ces expres- sions, par I'imparfait du verbc, nindiquent-elles pas que cest pendant un long espace de temps que la terre a ete informe, et que les tenebres ont cou- vert la face de labime? Si cet etat informe, si cetle face tenebreuse de Tabime neussent existe qu"u)i jour, si meme cet etat n eiil pas dure longtemps, I'e- erivain sacre, ou se serait autrcment exprime, ou n aurait fait aucunc men- tion de ce moment des tenebres ; il eut passe de la creation de la matiere en general a la production de ses formes particulieres, et n'aurait pas fait un repos appuye, une pause marquee entre le premier et le second instant des ouvrages de Dieu. Je vois done clairement que non-seulement on pent, mais que meme Ton doit, pour se conformer au sens du texte de I'Ecriture sainte, regarder la creation de la matiere en general comme plus aneienne que les productions particulieres et successives de ses differentes formes; et cela se confirme encore par la transition qui suit. « Or, Dieu dit. » Ce mot or suppose des choses faites et des choses a faire : cest le projei d'un nouveau dessein, c'est Tindication dun decret pour changer I'^tat an- cien ou actuel des choses en un nouvel etat. i6 IIISTOIRl^ NATllRELLE. « QlJK I,A LlMltRF. SOrr 1AITI-, KT LA LllMlftHE PUT FAITE. » Voilii la premiere parole de Dieu ; ellc est si sublime el si prompte, qu elle uous inclique assez que In produelion fie la lumiere se fit en un iiislant : eepeiulaiU la lumiere ne paint pas dabord iii (out a eou|) comme un eelair universel; elle demeura pendant du temps confondue avec les tenebres, et Dieu pnl liii-mcme du lem|)s pour hi considerer; car,est-il dit: (iDlEr VIT QUE LA LIIMIEUE I'TAIT BONNE, ET W. StPARA LA LUMIERE d'aVEC « LES TENEBRES. » L'acte de la separation de la lumiere d'avec les tenebres, est done evi- demment distinct et pbysiquement eloigne par un espace de temps de l'acte de sa production ; et ce temps, pendant lequel il plut a Dieu de la consi- aerer pour- voir quelle etait bonne, cest-a-dire utile a ses desseins, ce temps, dis-jc, appai licnl encore el doit s'ajouler a celui du cbaos, qui ne coinmenca a se debrouiller que quand la lumiere fut separee des tenebres. Voila done deux temps, voila deux espaces de duree que le texle sacre nous force a reconnailre : le premier, entre la creation de la matiere en general et la production dc la lumiere; le second, entre celte production dc la lumiere el sa separation davec les tenebres. Ainsi, loin de manquer a Dieu en donnant a la matiere plus dancicnnete qu'au monde tel qu'il est, c'est au contrairc le respecter autaiil qu'il est en nous, en conformant noire intelligence a sa parole. En eflet, la lumiere qui eclaire nos ames ne vient- elle pas de Dieu ? Les verites quelle nous presenle peuvent-elles elre con- tradictoires avec celles qu il nous a revelees ? II faut se souvenir que son iiis|)iralion divine a passe par les organes de Ihomme; que sa parole nous a ele transmise dans uiie langue pauvre, dcnuee dexpressions precises pour les idees abstrailes, en-sorte que linterprele de celte parole divine a ele oblige d'eniployer souvenl des mots dont les acceptions ne sont delerminees quo par les circonstances : par cxemple, le mot crier et le mot former ou (aire, sont employes indistinctement pour signilier la meme cliose ou des choses semblables, tandis que dans nos langues ces deux mots ont chacun un sens ires-differcnl el tres-determine : creer csl lirer une substance du neant; former ou faire, cest la lirer dc quelque cbose sous une forme nou- velle; el il paraii (jue le mot creer * apparlienl de preference, el peut- eire uniquement, au premier verset de la Genese, dont la traduction precise en noire langue doit elre : Au commencement Dieu tira du niant la matiere du ciel et de la terre; el ce qui prouve que ce mot creer, ou lirer du neant, ne doit s appliquer qua ces premieres paroles, cest que toute la matiere du I.e riiol l)(,rin\w Ton liailuil ici par creer, se liadiiil, ilaii< Ion'; les aiilrcs passnijes ile I'Kri iliirt'. pm- former on faire. EPOQUES DE LA NATURE. 17 ciel et de la terre ayant ele creee ou liree du neant des le commencemenl, il n'est plus possible, ct par consequent plus permis de supposer de nou- velles creations de maliere, puisque alors toute inatiire n'aurait pasete creee des le commencement. Par consequent louvrage des six jours ne pent s'en- tendre que comme une formation, une production de formes tirees de la matiere creee prccedemment, et non pas comme d'autrcs creations de ma- tieres nouvelles tirees immediatement du neant; et en effet, lorsquil est question de la lumiere, qui est la premiere de ces formations ou productions tirees du sein de la matiere, il est dit seulement que la lumiere soil faite, et non pas, que la Iwniere soil criee. Tout concourt done a prouver que la matiere ayant ete creee in principio, ce ne fut que dans des temps subsequents qu'il plut au souverain litre de lui donner la forme , et qu'au lieu de tout creer et de tout former dans le nieme instant, comme il I'aurait pu faire, s'il cut voulu deployer toute I'etendue dc sa toute-puissancc , il n'a voulu, au contraire, qu'agir avec le temps, produire successivement, et metlre meme des repos, des intcrvalles considerables entre chacun dc ses ouvrages. Que pouvons-nous entendre par les six jours que I'ecrivain sacre nous designe si precisement en les comptant les uns apres les autres, sinon six espaces de temps, six intcr- valles de duree ? Et ces espaces de temps indiques par le nom de jours, faute d'autres expressions, ne peuvent avoir aucun rapport avec nos jours actuels, puisqu'il s'est passe successivement trois dc ces jours avant que le soleil ait ele place dans le ciel. II n'est done pas possible que ces jours fus- sent semblables aux notres ; et I'interprete dc Dieu semble lindiqucr assez en les comptant toujours du soir au matin, au lieu (|ue les jours solaires doivent sc compter du matin au soir. Ces six jours n ctaient done pas des jours solaires semblables aux notres, ni meme des jours de lumiere, puis- qu'ils commencaient par le soir et finissaient au matin. Ces jours n'etaient pas meme egaux, car ils n'auraient pas ete proporlionnes a louvrage. Ce ne sont done que six espaces de temps : Ihistorien sacre ne determine pas la duree de chacun; mais le sens de la narration semble la rendre assez longuc pour que nous puissions Fetendre aulant que lexigcnt les vcriles physiques que nous avons a demontrer. Pourquoi done sc recrier si fort sur ect cm- prunt du temps, que nous ne faisons qu'aulant que nous y sommes forces par la connaissance demonstrative des phenonienes de la nature ? pourquoi vouloir nous refuser ce temps, puisque Dicu nous le donne par sa proprc pa- role, el quelle serait contradictoirc ou ininlclligible.si nous n'admcttions pas I'existence de ces premiers temps anterieurs a la formation du monde tel qu'il est ? A la bonne heure que Ton disc, que Ton soutienne, meme rigoureusc- ment, que depuis le dernier lerme, depuis la fin des ouvrages de Dieu, c'est-a-dire depuis la creation de Ihomme, il ne s'est ecoule que six ou hull mille ans, parce que les differenles genealogies du genre humain depuis Adam n'en indiquent pas davantage ; nous devons cette foi, celte marque IDTFOR, torn. 11. ious obscrverons encore, comme chose Ires-remarquable, que le milieu de celle grandc cliaine de monlni;nes, longuc d'cnviion quinze cents lieucs, se trouvc precisemenl sons lequatenr, comme Ic point milieu des Cordilieres; en sorto quon uc jient guere douter que les parties les plus elevees des grandes chanies de monlagncs, en Afrique et en Amerique. ne se tron- vent egalement sous lequatenr. Dans COS deux parties du nionde, dont I'ecpiateur traverse assez exacto- ment les continents, les prineipales montagnes sont done dirigees du siid au nord ; mais elles jettent des branches tres-considerables vers loricnt et vers I'occident. L'Afrique est traversee de Test a I'oucst par une longuo suite de montagnes, dcpuis le cap de Gardafni jusquanx iles du cap Vevl : le moiit Alias la cou|)e aussi d'orient en Occident. En Vmerique, iin premier rameau des Cordilieres traverse les terres Magellaniques de I'esl ii louest; un autre setend, a peu pres dans la meme direction, au Pa- raguay el dans toute la largeiir du Bresil; quelques autres branches selen- dentdepuis Popayan, dans la Terre-Fermc, el jusque dans la Guyane: enfin, si nous suivons toujours cello grande cliaine de nionlagiios, i| nous paraitra (pie la iK'iiinsule d'Vueatan, les iles de Cuba, de la Jamai(pie, de Sainl-Do- mingue, Porto-llico el louies lcs Antilles, n'eii sont quline branehe qui s'elend diisud an nord, depuis (kiba el la pointe dela Floride jnsqirauxlaes (le Canada, el dolaoomt do I'esta louest pour rejoindre roMiTinilL'dosCordi- lii!res, au dela des laos Sioux. 5" Dans le grand continent de rEurope ot de rAsie,quinon-seulement neslpas, comme ceux del'Amtiriqueet del'Afrique, (ravers('' par IVnpiatenr, mais on est inC'ine fort (JioigiK"', les chainos dos prin- eipales nionlagnos, au lieu d etre dirig('es du sud au nord, le sont d'oooidont en orient. La plus longiie de ees cliaines commence au fond de 1 Espagno, gagnc les Pyr(''n(ies, sY'teiid en France par rAuvergnc ct le Vivarais, passe ensuite par les Alpos, on Allomagiic, en (ireee, on Crinu'-e, et alleinl le Caucase, le Tanrns, riniaiis, (pii einiromient la I'orso, Caohomirc et le Alogol au nord, jns(pran Tiiibot, don olle s oleiid dans la Tartario chiiioise et arrive vis-a-vis la terre d'Yeco. Les prineipales branches que jclte cetle cliaine principale sonl dirig(ies du nord au sud en Arabic, jusqu'au d(ilroit de la nior Hougo ; dans I'lndostaii, jusqu'au cap Comorin; du Thibet, jus- (|Uii la poinle do Aialaoa. Cos branches ne laissent pas de former dos suites de moiilagnes particulid'res dont les sommets sont fort I'lcvt-s. D'auire coU', cellc cliaine principale jeltc du md au nord qnel(pios rameaux (pii sYten- 42 HISTOIRE NATURELLE. dent depuis les Alpes du Tyrol jusqu'en Pologne; ensiiile depuis le mont Caiicase jusqu'en Moscovie, et depuis Caelicmirc jiisquoii Sibene; et ees rameaux, qui sonl du sud au nord de la chaine principale, ne presenlenl pas des moiilagnes aussi elevees que celles des branches de cetlc nienie chaine qui sctendoiil du nord au sud. Voih'i done a peu pres la lopograpliie de la surface de la Terre, dans le lenips de notre seconde epoque, innnediaieinent apres la consolidalion de la matiere. I.es hautes niontagnes que nous venons de designer sont les eminences primitives, c"est-a-dire les asperites produites a la surface du globe au moment quil a pris sa consistance ; elles doivent leur origine a I'efiet du feu, et sont aussi, par cette raison, composees, dans leur inlerieuret jusqua leurs sommets, de matieres vitrescibles : loutes liennent, par leur base, a la roche interieure du globe, qui est de meme nature. Plusieurs aulres eminences moins elevees out traverse, dans ce meme temps et presque en tons sens, la surface de la Terre, et Ion peut assurer onr la plupart, recou>ertcs dans la suite par les sediments des eaux, et toutes ont ete environnees a leurs bases, jusqua de grandes hauleurs, de ces memes sediments. C'est par cette raison que nous navons d'aulres temoins appa- rents de la premiere forme de la surface de la terre, que les montagnes eomposees de matieres vitrescibles, dont nous venons de faire lenumera- tion : cependant ces temoins sont surs et snlHsants; car, comme les plus hauts sommets de ces premieres montagnes nont peul-etre jamais ele sur- montes par les eaux ,ou du nioins qu'ils ne lont ele (jue pendant un petit temps, attendu qu'on n'y trouve aucun debris des productions marines , et quils ne sont eonqjoses que de matieres vitrescibles, on ne peut pas douter quils ne doivent leur origine au feu, et que ces eminences, ainsi que la rocjie mterieure du globe, ne fassent ensemble un corps continu de meme nature, c est-a-dire de matiere vitrescible, dont la formation a precede celle de tomes les aulres matieres. EPOQUES DE LA NATURE. 43 En iranehaiil le globe par lequateur ot comparam les deux hemispheres, on veil que celui de nos continents conlient a proportion beaucoup plus de lerre que I'autre; car I'Asie seule est plus grandc que les parties de I'Ame- rique, de lAfrique, de la Nouvelle-IIolIande , et que tout ce qu'on a decou- vert de terres au dela. II y avait done moins deniinences et d'asperites sur riieniisphere austral que sur le boreal, des le temps meme de la consolida- tion de la terre; et si 1 on considere pour un instant ce gisement general des terres et des mers, on reconnailra que tons les continents vont en se relrecissanl du cote du iMidi, et quuu contraire toutes les mers vont en s'elargissant vers ce meme cote du Midi. La pointe elroite de I'AmiTique meridionale, celle de Californie, celle du (iroenland, la pointe de lAfrique, cclles des deux prcsquiles de I'lnde, el endn celle de la Nuuvelle-llullande, demontrent evidemment ce retrecissemenl des terres et eet elaigissemenl des mers vers les regions australes. Cela semble indicpier que la smface du globe a eu originairement de plusprofondes vallees dans lliemisphere austral, et des eminences en plus grand nombre dans Ihemispliere boreal. .Noustire- rons bientot quelques inductions de cette disposition generale des continents et des mers. La Terre, avant d'avoir recu les eaux, etait done irrciiidierenienl herissee d'asperitcs, de profondeurs et dinegalites send)lal)les a cclles que nous voyons sur un bloc de metal ou de verre fondu; elle avait de meme des boursouflures et des cavites interieurcs, dont lorigine, comme celle des inegalites exterieures, ne doitetre attribuee qu'aux elTois de la consolidation. Les plus grandes eminences, les profondeurs exterieures et les caviies inte- rieurcs, se sont trouvees des lors et sc trouvent encore aujourd'liui sous lequateur, entre les deux tropiques, parce que cette zone de la surface du globe est la derniere qui s'est consolidee, et que c'esl dans cette zone ou le monvement de rotation etant le plus rapide, il aura |)roduil les plus grands eflfets; la malicre en fusion s"y etant elevee plus que partoui aillcurs et setant refroidie la derniere, il a du s'y former plus dinegalites (pie dans loutes les autres parties du globe oii le mouvement de rotation etait plus lent el le refroidissement plus prompt. Aussi irouve-t-on sous cette zone les plus liautcs monlagnes, les mers les plus entrecou|)ees, semees dun nombre indnies diles, a la vue dcsquelles on ne pent douter que, des son origine, cette parlie de la Terre ne fill la plus irreguliere et la moins solide de toutes *. Et, qnoique la maliere en fusion ait du arriver egalcment des deux poh's pour renllei- lequateur, il parail, en coinparanl les deux hemisplieres, que notre pole en a un peu moins fourni que lautre, puisquil y a beaucoup plus de terre et moins de mer depuis le Iropique du Cancer au pole boreal, et (|u'au contraire il y a beaucoup plus de mers et moins de terres depuis celui du Capricorne a lautre pole. Les plus profondes vallccs se soul done for- \oyrt ri-apres lei nolei jiistilicatlves des fails. /^i FIISTOIRE XATrRELLi:. intVs (Inns los zones IVoiiles ol tomport'cs do riic'-niispluMT au'^lral, c\ los torros los plus solidos o( los plus olcvces sc sonl Irouvoes dans colics de I'lio- niisplioro so|)lcnlrion;d. Lc globe otait nlors, comnio il est encore aujourd'luii, renlle sur I'e(pia- leur, dune cpaisseur de pros dc six licucs un quart; mais los couches supor- (icielles dc celtc opaisscur y claiont a I'intcricur semocs dc cavilos, el coupcos a roxlcrieur d'oininences ct de profondours plus grandes (pic par- lout oilleurs : lc reste dii globe (}tait sillonnc ct traverse; en diflerents sens par des aspe^rites toujours moins elevees a mesure qu'ellcs approeliaicnt dcs poles; toutes n\Haient compos(''es que de la nu'me maticire fondue, dont est aussi conipos('-e la roelic int(''rieurc du globe; toutes doivent leur originc a raetion du leu priniiiif, et a In vitrification gcMU'ralc. Ainsi la surface de la Torre, avant rarriv('o dcs eaux, no pr(''sentait que cos premiC'res aspi-rile'-s qui fornient encore aujourd'luii les noyaux dc nos plus liautes monlngnes; colics qui (''laicnt moins (''lev(''cs, ayant (''((! dans la suite recouvcrtos par los s(idiments dcs caux et par los d(;bris des productions de In nicr, elles ne nous sont pas aussi (•videmuient connues que les premiC'res : on trouve souvent des bancs calcaires au-dcssus des roclicrs de granite, de roc vif et des aulros masses de mnti("'res vilroscibles; niais Ion ne voit pas des masses do roc vif au-dcssus des banes calcaires. Nous pouvons done assurer, sans ornintc do nous ironiper, ([ue la roclie du globe est continue aveo loutos los ('•minenccs bautes et basses qui sc Irouvcnt inre de la nu'ine nature, c"est-a- dirc de maticr("s vilroscibles : cos ('minenccs font masse avcc le solide du globe : elles uVn sont (pic des lios-petits prolongcincnts, dont les moins ('Icvt's ont ensuilc cu\ reconverts par les scorios de verre, les sables, les argiles, et tons les dc'bris des productions de la mer anien(>s et dc;pos('!s i)ar los caux, dans les Icmps subs(''(pients, qui font lobjot de noire troisieme Kpoqiie. TROISIEME EPOQUE. LORSOUE LF,S EAUX OM COIVERT NOS CONTINENTS. A la date dc trente ou trcnte-cinq mille ans de la formation des pland'tes, la Terre so Irouvait assez atlit'die pour rooevoir les eaux sans l(>s rejeter on vapours. Le cbaos de lalmospb(ire avail commencij de se dcibroiiiller : non- liPOQlES DE \A ^ ATI HE. v^b sciiloment Ics c Ml llliLI.I^. cause est siiilisaiUe pour rendrc raison dc loulcs Icspioiluctiojis giganlcs(iucs (jui pai aissciU avoir clc frcqucnlos dans cos premiers ages du inoiulc *. En feeondant les nicrs, la nalnrc repandail aussi les principes de vie sur loules les lerres que Icau n'avait pu surnionler ou quelle avail promplement abaiidonnecs; el ces lerres, eoninie les mcrs, ne pouvtiient elre pcu|)lees que daniniaux el dc vegelaux capablcs dc supporter unc clialeur plus ;.rande (pie eelle qui eonvienl aujourdhni it la nature vivanlc. >ous avons des monunicnls lires du sein de la Terre, cl parliculieremenl du fond des ininieres de eharbon el dardoisc, qui nous denionlrenl que quelques-uns des poissons el des vegelaux que ces matieres eonliennent ne sonl pas des especes acluellemenl exislanles **. On peul done croire que la populalion dc la nier en animaux n'esl pas plus ancicnnc que eellc dc la Terre en vege- laux : les monumenls el les icmoins sonl plus nombreux, plus evidenls pour la mer; mais ecux qui deposcnl pour la lerre sonl aussi ccrlains, ct seniblenl nous deniontrcr que ces espeecs anciennes dans les animaux ma- rins el dans les vegelaux lerrestres se sonl aiieanlies, ou plulol onl cesse de se mullipiier, des que la Terre el la nier onl perdu la grande chalcur neces- saire a leffet dc leur propagalion. I.cs coquillages ainsi que les vegelaux dc ce premier lenips sY-tanl pro- digieusemenl mulliplies pendanl ce long espaee dc vingl niille ans, el la duree de leur vie nelanl que de peu d'annecs, les animaux a co(iuillcs, les polypes des coraux, des madrepores, des aslroiles cl tous les pelits animaux qui converlissenl lean de la mer en pierre, onl, a mesure qu'ils perissaienl, abandonne lenrs depouilles el leurs ouvragcs aux caprices des caux : elles auronl Iransporle, brisc el depose ces depouilles en mille elmillc endroils; car cest dans cc meme lemps que le mouvemenl des marees el des vcnls re- gies a commence de former les coucbes borizonlales de la surface dc la Terre par les sediments el le depol des eaux; ensuile les eouraiits onl donne a loulcs les collines ct a tonics les monlagnes de mediocre bauleur des di- reclions correspondanles; en sorle que leurs angles saillanls sonl loujours opposes a des angles renlranls. iNous ne repclcrons pas iei ee que nous avons dil a ce sujet dans noire Tlieork de In Terre, el nous nous contenle- rons dassurer que celte disposition generale de la surface du globe par angles eorrespondanls, ainsi que sa composition par coucbes borizonlales, ou egalemenl el parallelement inelinees, dcmonlrent evidemmenl que la slruclure ct la forme de la surface acluelle de la Terre onl cle disposees par les eaux el produiles par leurs sedimenls. II n"y a eu que les ercles el les pics dans des plus liaules montagnes qui peul elre se sonl Irouvcs bors daiieinle aux caux, ou n'en onl ele surmonles que pendant un pelit lemps, el sur lesquels par consequent la mer na point laisse d'cmprcinles : mais, ne pouvanl les atlaquer par leur sonimel, dies les a prises par la base; elle * Voyez ci-apresles nolcs justificalives Ucs fails. ** Ibidsin. EPOQUES DE LA NATURE. * 49 a reconvert ou mine les parlies inferieiires de ces niontagncs primitives; elle les a environnecs de nouvclles malieres, on bieri elie a perce les voutes qui les soutenaicnl; souveiu elle les a iait peiielier; enlin elle a transporte dans leurs cavites interieures les matierescond)ustil)les provenant du detri- ment des vegetaux, ainsi que les matieres pyriteuses, bitumineuses ct mine- rales, pures ou melees de terres el de sediments de loute espece. La production des argiles parait avoir precede celle des ooquillages; car la premiere operation de lean a ete de translormer les scories et les pou- dres de verrc en argile : aussi les lits d'argiles sc sont formes quelque temps avant les bancs de picrres ealeaires; et Ion voit que ces depots de matieres argileuses ont precede ceux des matieres ealeaires, car pres(|ue |)artout les rocliers ealeaires sont poses sur des glaises (pii leur servent de base. .le n'avance rien ici qui ne soit demontre par lexpericnce ou conliiine par les observations : lout le monde pourra s'assurer, par des procedes aises a repeler *, que le vcne et le gres en |)oudre se eonverlissent en pen de temps en argile, seulemeni en sejournant dans I'eau; ct cest d'apres celle connaissanee (pie jai dit, dans ma Theorie de la Tare, que les argiles n e- laicnt que des sables vilrescibles decomposes el pourris. J'ajoute ici que cest probablcmenl a celle decomposition du sable vilrescible dans leau quon doit allribuer I origine de I'acide ; car le principe acide qui se Irouve dans I'argile peut-elre regarde eomme une combinaison de la tcrre vilrescible avec le feu, Tair et leau ; et cest ce meme principe acide (jui est la pre- miere cause de la duclilite de I'argile el de toutes les aulres matieres, sans meme en excepter les bitumcs, les liuiles el les sjraisses qui ne sont duetiles et ne communiquenl de la dudilile aiix aulres matieres que paice (pi'elles conliennent des acides. Apreslacliutcetrelablissement des eaux bouillanles sur la surface du globe, la plus grande parlie des scories de verrc (|ui la (!ou\raient en enlier, ont done etc converlies en assez ])eu de temps en argiles : tons les mouvenienls de la nier ont eontribue a la promple rorinalion de ces memes argiles, en remuantet transportaiil les scories et les poudres de verre, et les forcant de se presenter a raction de leau dans tous les sens; el, pen de temps aprcs, les argiles formecs par linlcrmedc el liinpression de lean out successive- menl etc Iransportees el deposees au-dessus de la rocbe primitive du globe, c"est-a-dire au-dessus de la masse solide de matieres vilrescibles qui en fail le fond, et qui, par sa ferine consistance el sa durele, avail resisle a celle meme action des eaux. La decomposition des poudres el des sables vilrescibles, et la production des argiles, se sont faites en d'aulant moins de temps que leau etait plus cliaude : celle deconq)Osilion a continue el se fail encore tous les jours, mais plus lentement el en bien moindre quantile; ear, quoique les argiles se presenlent presque parloul conmie enveloppanl le globe, quoique souvent * Voyez ci-apres les notes juslilicalivKS Am fails. ii'ir'roN, torn. II. * so ' HISTOIRK NATURELLE. ces couches d"argiles aient cent el deux cents pieds depaisscur, quoique les roehers de pierres calcaires ei toutes les collines composees de ces pierres soient ordinairement appuyes sur des couches arijileuscs, on Irouve quel- quefois au-dessous de ces memes couches des sahlcs vitrescibles qui iionl pas etc convcrtis, ct qui consencnt le caraclcre de lour premiere origine. II y a aussi des sables vitrescibles a la supcrlicie de la terre et sur celle du I'ond des mers : niais la formation de ces sables vitrescibles qui se presentent a I'exterieur est dun temps bien poslerieur a la formation des autres sables de meme nature qui se trouvent a de grandes profondours sous les argiles ; car ces sables, qui se presentent a la superficie de la Tcrre, nc sont que les detriments des granits, des gres et dc la roche vitreuse, dont les masses forment les noyaux et les sommets des montagnes, desquelles les pluies, la o^eli-e et les autres agents exterieurs onl detache ct detachent encore tous les jours de petiles parties, qui sont ensuite cntrainees et deposees par les eaux couranles sur la surface dc la terre : on doit done regarder comnie tres-recente , en comparaison de laulrc , eelte production des sables vitrescibles qui se presentent sur le fond de la mer ou a la superflcie de la terre. Ainsi les argiles et lacide quelles conticnnent ont ete produils tres-peu de temps apres rclabliscmenl des eaux ct pcu de temps avant la naissance des coquillagcs; car nous trouvons dans ces memcs argiles unc infinite de belemnitcs, dc pierres leiiliculaires, de corncs d'annnon et dautres echan- lillons de ces espcecs perdues dont on ne retrouve nulle pari les analogues vivants. J'ai trouve moi-meme dans une fouille que j'ai fait ereuser ii cin- quanle pieds de profondeur, au plus has d'un petit vallon * tout compose d'argile, et dont les collines voisines etaient aussi dargile jusqu a quatre- vingts pieds de hauteur; j'ai trouve, disje, des belemnitcs qui avaienl liuit pouces de long sur pres dun pouce de diamelre, ct dont quclques-unes etaient attachees a une parlie plate ct mince comme lest le let des crustaces. Jy ai trouve de memo un grand nond)re de corncs d'ammon pyriteuses el bronzees, et des milliers de pierres lenliculaires. Ces anciennes depouilles etaient, comme Ton voit, cnfouies dans I'argilc a cent trenle pieds de pro- fondeur ; ear, quoiquon n'eul ereuse qua einquante pieds dans celle argile ail milieu du vallon, il est certain que 1 epaisseur dc cette argile elait origi- nairement de cent trenle pieds, puisque les couches en sont eievees des deux cotes a (luatre-vingls pieds de hauteur au-dessus : cela me ful demontre par la eorrespondance de ces couches el par celle des bancs de pierres calcaires qui les surmontent de ehaque cole du vallon. Ces banes calcaires ont ein- quanle-qualre pieds depaisscur, el leurs ililTcrents lits sc trouvenl corres- pondants et poses horizontalement a la meme hauteur au-dessus de la eouehe immense d'argile qui leur sert de base et s'etend sous les collines calcaires de toule celle contree. * Ce pelil vallon est lout voisin Je la ville de Monlbard, au midi. EPOQUES DE LA NATURE. Si Le temps de la formation dcs argilcs a done immediateincnt suivi eelui de retablissement des eaiix; le temps de la formation des premiers corpiil- lages doit etre place (nieli|iies siccles apres; et le temps du transport de leurs depouilles a suivi presque immedialement : il n"y a eu d'inlcrvalle qn'autant que la nature en a mis entrc la naissanee et la mort de cos ani- maiix a co(iuilles. (lomme limpression de leau convertissait eliaque jour les sables vilrescibles en argiles, et que son mouvement les transporlait de place en place, elle cntrainait en meme temps les coquilles et les autres de- pouilles et debris des productions marines; et, deposant le lout eonmic des sediments, elle a forme des lors les coucbes d'argile oil nous trouvons au- jourd'bui ces moiunnents, les plus aneiens de la nature organisee, dont les modeles ne subsistent plus, (le n est pasqu il n"y ait aussi dans les argiles des coquilles dont I'origine est moins ancienne, et meme quelcjues especes que Ton pent comparer avec cclles de nos mers, et mieux encore avec celles des mers meridionales; niais cela najoute aucune didiculte a nos explica- tions, car leau n'a pas cesse de convertir en argiles toutes les scories de verre et tons les sables vilrescibles (lui se sent presenles a son action : elle a done forme des argiles en grande quantite, des quelle s'est emparee de la surface de la lerre : elle a continue et continue encore de produire le meme elTet; car la mer transporte aujourd'bui ses \ases avec les de[)ouilles des coquillages actuellement vivants, connne elle a autrefois transporte ces memes vases avec les depouilles des coquillages alors existanls. La formation des scbistes, des ardoises, des ebarbons de lerre et des ma- lieres bitumineuses, dale a pen pres du meme temps; ces matieres se trou- vent ordinairement dans les argiles a d'assez grandes profondeurs; elles paraissent meme avoir precede retablissement local des dernieres coucbes dargile; car, au-dessous de cent trenle pieds dargile dont les lits conte- naient des belemnites, des corncs d'anunon et d'autres debris des plus an- ciennes coquilles, j'ai trouve des matieres ebari)onneuscs et indamniabies ; et Ion sait que la plupart des mines de cbarbon de lerre sonl plus ou moins surmontees par des coucbes de lerres argileuses. Je crois meme pouvoir avancer que e'est dans ces terres quil Taut cbercber les veines de cbarbon desquelles la formation est un i)eu plus ancienne (|ue cclles des coucbes exterieures des terres argileuses ([ui les surmontent : ce tpii le prouve, e'est que les veines de ces ebarbons de lerre sont presque toujours inclinees, tandis que celles des argdes, ainsi que toutes les autres coucbes exterieures du globe, sont ordinairement borizontales. Ces dernieres ont done ete for- mees par le sediment des eaux (jui sest depose de niveau sur une base bo- rizontale, tandis que les autres, puisquelles sont inclinees, semblent avoir ete amenees par un eourant sur un terrain en penle. Ces veines de cbarbon, qui toutes sont composees de vegetaux meles de plus ou moins de bitume, doivent leur origine aux premiers vegetaux que la terre a formees : toutes les parties du globe qui se trouvaient elevees au-dessus des eaux produisi- rent, des les premiers temps, une infinite de plantes et d'arbres de toute 4. m IIISTOIRK INATrUKLLi:. espece, lesquels, bicntot tombant de vctiistc, furent entraines par les eaux, cl forniorent des depots de mntieres vegelalcs on une iiifiiiile dendroits ; el eomme les bitumos ct les aiilres liiiiles Icrreslrcs paraissenl piovenir des substances vegolales ct uniniales, quen niemc temps lacide provicnt de la decomposition du sable vitrcscible par Ic feu, lair et leau, et quenfin il entre de I'acide dans la composition dos bilumes, pnisqu'avec une buile ve- getale et dc I'acidc on pent I'airc dn bitunie, il parait que les eaux se sont des lors melees avec ces bilumcs et sen sont im|)regnees pour toujours ; et comma elles transportaient incessamment les arbres et les aulres malieres vegetales descendues des bauteurs de la lerre, ccs matieres vegetales out continue de sc meler avec les bitumes deja formes des residus des premiers vegetaux, et la mer, par son mouvenient et par ses courants. les a remuees, transportees et deposees sur les eminences dargile quelle avail formees precedemment. Les coucbes d'ardoises, qui contiennont aussi des vegetaux el meme des poissons, ont etc formees de la memo maniorc, ct Ion pent en donner des exemplos, qui sont, pom- ainsi dire, sous nos yeux *. Ainsi les ardoi- sieres et les mines de cbarbon ont onsuite ete recouvertes par d'aulres cou- cbes de tcrres argileuses que la mer a deposees dans des temps poslericurs : il y a meme eu des intervallcs considerables ct des alternatives de mouve- nient entre retablissemcrit des diHorenlos ooucbos de cbarbon dans le meme terrain; car on trouvo souvent au-dessous de la premiere eoucbc de cbar- bon une vcinc dargile on daiilro lorre qui suit la memo inclinaison, et cnsuite on Ironvc assez oommunemont une seconde couclie de cbarbon inclinoe coninie la preniiore, ot souvent une Iroisicme, ogaloment soparccs Tunc de lautre par des veines de terre, ot (piolqiicfois memo pai- des bancs de pierres calcaires, conmie dans les mines de cbarbon du Hainant. Lon ne pent done pas dontor que los coucbes les plus basses de cbarbon naient ete produilos les premieres par lo lrans|)ort des matieres vegotalos amenees par les eaux; et lorsque le premier depot doii la mor enlevaii ces matieres ve- getales se trouvait epuise, le mouvement dos eaux contintiait de transporter au meme lieu les tcrres ou les autres matieres qui environnaient ce depot : cc sont ces terres qui forment aujourd'bui la veino inlermediaire entre les deux coucbes de cbarbon; ce (jui suppose que loan amenait ensuite de quclqne autre depot des matieres vegotalos i>our former la seconde coucbe de cbarbon. Jentends ici par coucbes la veine enliere de cbarbon, prise dans loute son epaisscnr. ot non pas los politos coucbes ou fonillets dont la substance meme du cbarbon est composee, ot qui souvent sont extremement minces : ce sont ces memos feuillets, loujours paralleles entre eux, qui de- montrent que ces masses de cbarbon ont ete formees et deposees par le se- diment ot memo par la siillation des eaux impregnces de bitume ; et cetle meme forme de feuillets sc trouvc dans les nouveaux charbons dont les * Vojcz ci-apros les notes juslilicalives dos fails. EPOQUES DE LA NATURE. 53 couches se forment par stillation, aux tlepens des couches plus anciennes. Ainsi les feuillets (Ui charhon dc terre oiU piis leur forme par deux causes conibinees : la premiere est le depot toujours horizontal de I'eau; et la se- conde, la disposition des malieres vegetales, qui tendent a faire des feuillets*. Au surplus, ce sont les morceaux de bois souvent entiers, et les detriments tres-reeonnaissables dautresvegetaux, qui prouvent cvidemment que la sub- stance de ces cliarbons de terre nest quun assendjiage de debris de vege- laux lies ensemble par des bilumes. La seule chose qui pourrait etre diflicile a concevoir, c'est I'immensc quantite de debris de vegelaux que la composition de ces mines de charhon suppose; car elles sont tres-epaisses , tres-etendues, el se trouvent en une infinite d'endroits : mais si on fait attention a la production peut-etre encore plus immense de vegetaux qui s'est faite pendant vingt ou vingt-cinq mille ans, et si Ton pense en meme temps que 1 homme n etanl pas encore cree, il n"y avait aucune destruction des vegetaux par le feu, on sentira qu'ils ne pou- vaient manquer d'etre emportes par les eaux, et de former en mille endroits differents des couches tres-etendues de maliere vegetaie. On peut se faire une idee en petit de ce qui est alors arrive en grand : quelle enorme quan- tite de gros arbres certains fleuves, comme le Mississipi, nentrainent-ils pas dans lamer! Lenombre deees arbres est si prodigieux, qui! empeche dansde certaines saisons la navigation de ce large lieu ve : il en est de meme sur la riviere des Amazones et sur la plupart des grands fleuves deserts ou des continents mal peuples. On peut done penser, par cette comparaison, que loutes les terres elevees au-dessus des eaux elant dans le commeneenienl couvertes d'arbrcs et dautres vegetaux, que ricn ne detruisait que leur veluste, il sest fait, dans cclte longue periode de temps, des transports successifs de tons ces vegetaux ct de leurs detriments, entraines par les eaux coufantcs du haul des monlagnes jusqu'aux mers. Les memcs conlrees inhabitees de rAmeri- que nous en fournisseiit un autre excmple fr.ippniit : on voil a la (Jiiiane des forets de paimiers latanicrs de plusieurs liciies d elendue, qui eroissent dans des especes de marais, qu'on appelle des sacanes noydes, qui ne sont ((uc des appendices de la mer; ces arbres, apres avoir vecu leur age, tond)enl de veluste et sont emportes par le mouvement des eaux. Les forets plus eloi- gnees de la mer, et qui couvrent toules les hauteurs de I'interieur du pays, sont moins peuplees darbres sains et vigoureux (pie jonehees d'arbres decrepils et a demi pourris. Les voyageurs qui sont obliges de passer la nuil dans ces bois out soin dexaminer le lieu quils choisissent pour gile, alin de rcconnaitre sil nest environne que d'arbres solidcs, et s'ils ne cou- rent pas risque pas d'etre eerases pendant leur sommeil par la chute de quelque arbre pourri sur pied; el la chute de ces arbres <'n grand nombre esl tpes-frequenle : un seul coup de vent fait souvent un abatis si conside- * Voycz rcxpcrietice do M. dc Morvo.-iu siir iinr coiicn'lion Manclif cmi esl devemic du cliarbon dc lerrc noir et i'cuilletc. U FHSTOIRE NATURELLE. rablo, fiuon on enlond \c bruit a rle grandes distancos. Ces arbrcs, roulant du haul dos monlagiies, en rciivcrseiit quanlite d'aulrcs, ct ils arrivenl en- semble dans les lienx les plus bas, ou ils achevent de poiinir pour former de nouvelles coucbes de terre vegetalc; on bien ils sont entraines par les eanx coin'anles dans les mers voisines, pour aller former au loin de nou- velles coucbes de cbarbon fossile. Les detriments des substances vegetales sont done le premier fond des mines de cbarbon ; ce sont des tresorsque la nature semble avoir accumules d'avance pour les besoins a venir des grandes populations. Plus les hommes se multiplieront, plus les forels diminueront : le bois ne pouvant plus suflire a leur consommation, ils auront recours a ces immenses depots de matieres combustibles, dont I'usage leur deviendra dautant plus necessaire que le globe se refroidira davanlage; neanmoins ils ne les epuiseront jamais, ear une seule de ces mines de cbarbon contient peut-etre plus de maliere com- bustible que toutes les forets dune vaste eontree. L'ardoise, qu'on doit regarder comme une argile dureie, est formee par couches qui contiennent de meme du bitume et des vegetaux, mais en bien plus petite quantile; et en meme temps elles renferment souvent des co- (piillcs, des crustaceset des poissons, qu'on ne pent rapporter a aucune espece connue. Ainsi I'origine des cbarbons et des ardoises date du meme temps; la seule difference quil y ait entre ces deux sortes de matieres, c'est que les vegetaux composenl la majeure partie de la subsiance des cbarbons de terre, au lieu que le fond de la substance de Inrdoise est le memo que celui de 1 argile, et quo los vegetaux, ninsi (|ue los poissons, nc paraisscnt s'y trouver qu'aceidentellement et en assez pel it nombre : mais toutes deux contiennent du bitume, et sont formoes par feuillets ou par coucbes tres-minces, toujours paralleles entre elles ; ce qui domontre clairement quelles onl egaloment ete produites par les sediments succcssifs dune eau tranquille, et dont les oscil- lations etaient parfaitement reglees, telles que sont cclles de nos marees ordinaires ou des courants constants des eaux. Reprenant done pour un instant tout ce que je vicns d'exposer, la masse du globe terrestre composoe de verre en fusion ne presentait dabord (|ue les boursouflures et les cavitcs irregulieres qui se forment a la superficie de toute matiere liquefiee par le feu et dont le refroidissement resserre les par- ties. Pendant ce temps et dans le progres du refroidissement, les elements se sont scparos, los liquations et les sublimations des substances metalliques et minerales se sont faites; elles onl occupe los cavitos des terres elevoesetles fentes perpendicidaires des montagnes; car ces pointes avancees au-dessus de la surface du globe s'etant refroidies les premieres, elles onl aussipresente MUX olonieutsoxterieurs les i)remieros fenles produites i)ar le resserremont de la matiere qui se rofroidissait. Les metaux ol les minoraux out ete pousses par la sublimation, ou deposes par les eaux dans toutes ces fentes, et c'est par cette raison quon les Irouve pres(iue lous dans les baules montagnes, et (lu'on ne rencontre dans les terres plus bassesque des mines denouvelle forma- EPOQUES DE LA NATURE. oo (ion : peu de temps a[)res, les argiles se sont formees, les premiers coquil- lages et les premiers vegetaux ont pris naissance ; et, a mesure qu'ils onl peri, leurs depouilles et leiirs detriments ont fait les pierres caleaires, et ceux des vegetaux ont produit les bitumes et les eharbons; et en meme temps les eaux, par leur mouvement et par leurs sediments, ont compose I'organisation de la surface de la terra par couches horizontales; cnsuite les courants de ces memes eaux lui ont donne sa forme extcrieure par angles saillants et rentrants; et ce nest pas trop eiendre le temps necessaire pour toutes ces grandes operations et ces immenses constructions de la nature, que de compter vingt mille ans depuis la naissance des premiers coquillages et des derniers vegetaux : ils etaient deja tres-mulliplies, tres-nombreux a la date de quarante-cinq mille ans de la formation de la terrc; et comme les eaux, qui dabord etaient si prodigieusement elevecs, sabaisserciit suc- ccssivement et abandonnerent les terres quelles surmontaient auparavant, CCS (erres presenterent des lors une surface toute jonchee de productions marines. La duree du temps pendant lequel les eaux couvraient nos continents a etc tres-Iongue; Ton n'en peut douter en considerant I'immense quantite de productions marines qui se trouvent jusqu'a dassez grandes profondeurs et a de trcs-grandes hauteurs dans toutes les parlies de la terre. Et combien ne dcvons-nous pas encore ajouter de duree a ce temps deja si long, pour que ces memcs productions marines aient etc brisees, reduites en poudrc et (ransportees par le mouvement des eaux, et former ensuite les marbres, les pierres caleaires et les craies! Celte longuc suite de siecles, celte duree de vingt mille ans, me parait encore Irop courlc pour la succession des efl'ets que tons ces monuments nous demontrent. Car il faut se representer ici la marche de la nature, et meme se rappeler lidee de ses moyens. Les molecules organi(|ucs vivantes ont existe des que les elements dune ehalenr douee ont pu s"incor|iorer avec les substances qui composent les corps organises; elles ont produit sur les parties elevecs du globe une infinite de vegetaux, et dans les eaux un nombre immense de co(|uillages, de crustaces etdc poissons, qui se sont bientot mtdtiplies par la voie de la generation. Celte mulliplieation des vegetaux et des coquillages, quelque ra[)ide (pi'on puisse la supposcr, n'a pu se faire que dans un grand nombre de siecles, puisqu'elle a produit des volumes aussi prodigieux que le sont ceux de leurs detriments. En elTet, pour jugcr de ce (|ui s'est passe, on doit considerer ce qui se passe. Or, nc faut-il pas bien des annecs |)our (pie des builres (|ui s'amonceleiit dans (picltpies endroits dc la mer s"y nmltiplient en assez grande quanlite pour former une espece de roclier? Et combien n'a-l-il pas fallu dc siecles pour que toute la matieic calcaire de la surface du globe ait ete produite? Et nest-on pas force d'admetlre non- seulement des siecles, mais des siecles de siecles, pour que ces productions marines aient etc non-sculemcnt reduites en poudre, mais transportees et deposees paries eaux, de manierc a pouvoir former lescraies, les marncs, les S6 HISTOIRE rVATURELLE. marbres et les pierres calcaiies? Et combien de siecles encore ne faut-il pas admettre pour que ccsuK-me? maliorcs calcaircs, nouvelleinentdeposc'es par les eaux, se soient purgees dc leur bumidite superflue, puis seebees et dur- cies au point quelles le sent aujourd'bui el depuis si longtemps? Comme le globe terrestre nest pas une sphere parfaite, qu'il est plus epais sous lequateur que sous les poles, et que laclion du soleil est aussi bien plus graiide dans les climals nieridionaux, il en resulle que les contrees polaires ont ete refroidics plus tot que celles de lequateur. Ces parties po- laires de la terre ont done recu les premieres les eaux et les matieres vola- tiles qui sont tombees de I'atmospbere : le reste de ces eaux a du tomber ensuite sur les climals que nous appclons tempcres, et ceux de lequateur auront cle les derniers abreuves. II sest passe bien des siecles avant que les parties de lequateur aienl ete assez attiedies pour admettre les eaux ; lequi- libre et meme loccupation des mers a done ete longtemps a se former et a s'etablir : el les premieres inondalions ont du venir des deux poles. Mais nous avons rcmarquc * que tons les continents terreslres (inissenl en pointe vers les regions australes ; ainsi les eaux sont venues en plus grande quan- tite du pole austral que du pole boreal, d'ou elles ne pouvaient que refluer et non pas arriver, du inoins avcc antunt de force; sans quoi les continents auraienl pris une forme toule dilTcrente de cclle quils nous presentent ; ils se seraient elargis vers les plages australes, au lieu de se retrecir. En elTet, les contrees du pole austral ont du se refroidir plus vite que celles du pole boreal, et par consequent recevoir plus lot les eaux de ralmospbere, parce que le soleil fail uu pen moins de sejour sur eel bemispberc austral que sur le boreal ; et cette cause me parait sullisanle pour avoir determine le pre- mier mouvemeni des eaux et leperpeluer ensuite assez longtemps pour avoir aiguise les poinles de tons les continents terreslres. ITailleurs, il est eerlain que les deux continents netaienl pas encore se- pares vers noire nord, el (|ue meme leur separation ne sest faite que long- temps apres retablissement de la nature vivanle dans nos climals septen- Irionaux, puisque les elepbants ont en mtMiie temps existe en Siberie et au Canada; ce qui prouve invineiblement la conlinuile de lAsie ou de lEurope avec TAmerique, tandis ([uau conlraire il parait egalemcnl certain que lAfriqueelaildes les premiers temps separeede lAmericpie meridionale,puis- qu'on n'a pas trouve dans celte partie du Nouveau-Monde un seul des ani- maux de laneien continent , ni aucuiio depouille qui puisse indiquer quils y aienl autrefois exisU". II parait (pie les elepbants donl on trouve les osse- ments dans lAmerique seplenlrionale y sonldemeures confines, quils nont pu francbir les baules monlagnes qui sont au sud dc lislbme de Panama, et qu lis nonl jamais penetre datis les vaslcs contrees de I'Ameriquc meridio- nale : mais il est encore \)\u? eerlain que les mers (pii separenl TAfrique el lAmerique existaient avant la naissance des elephants en Afrique; car si • Voyoz Ilist. N;,l.. lonic 1, '|1„oi1,m1c la Ten.-, iwl. Gcograplil.-. EPOQUES DE LA NATURE. 87 ces deux continents eussenl ete conligus, les animaux de Guinee se trouve- raient au Brcsil, el Ion eiil trouve des depoiiilles de ces animaux dans I'A- merique tneridionale, comnie Ion en trouve dans les terres de I'Anierique septentrionale. Ainsi, des rorigine et dans le commencement de la nature vivante, les terres les plus elevees du globe et les parlies de noire nord onl ete les pre- mieres peuplees par les especes d'aniniaux terrestres auxquels la grande chaleur convienl le mieux : les regions de lequateur sont demeurees long- tcinps desertes, ol meme arides et sans mcrs. Les terres elevees de la Si- beric, de la Tartarie et de plusiciu's aulres cndroits de lAsic. toutes celles de 1 Europe qui forment la cliaine des montagnes de (Jalice, des Pyrenees, de 1 Auvergne, des Alpes, des Apenniiis, de Sicile, de la (irece et de la Ma- cedoine, ainsi que les monls llipliees, Rymniques, etc., ont ete les premieres contrees habitees, meme pendant plusieurs sieeles, landis que toutes les terres moins elevees etaienl encore couvertcs |)ar les eanx. Pendant ee long espacc de duree que la mer a sejourne sur nos terres, les sediments et les depots des eaux ont forme les couclies liorizontalcs de la terre, les infcrieures d'argiies et les superieures de pierres calcaires. Cest dans la mer meme que sest operee la petriiicalion des marbres et des pierres : dabord ces matieres etaient mollcs, ayant ete successivement de- posees les unes sur les autres, a niesure cpie les eaux les amenaient et les laissaient tombcr en forme de sediments ; ensuitc dies se sont peu a peu durcies j)ar la force de latlinile de leurs parties constituantes, et enlin elles ont forme toutes les masses des rocliers calcaires, qui sont conqjosees de couclies liorizontalcs ou egalemciit inclinees, comnie le sont toutes les aulres malieres deposees par les eaux. Cest des les premiers temps de cetle meme periode de duree que se sonl deposees les argilcs on se trouvcnt les debris des anciens coquillages; el ces animaux a coquiiles nelaienl pas les seuls alors existanls dans la mer ; car, independamnienl des coquiiles, on trouve des debris de cruslaces, des pointes d'oursins. des vcrtebres deloiles dans ces memes argilcs ; et dans les ardoises, (|ui ne sont (pie des aigiles durcies et melees dun peu de bi- lume, on trouve, ainsi que dans les scliisles, des impressions cntieres el Ires-bien conservees de plantes, de cruslaces el de jioissons de dillerentes grandeurs : enfin dans les niinicres de cliarbon de lerre, la masse enliere de cliarbon ne parait composee que de debris de vcgctaux. Ce sonl la les plus anciens monunienls de la nature vivante et les premieres productions organisees lanl de la mer que de la terre. Les regions seplenlrionales el les parlies les plus elevees du globe, et surlout les sommets des montagnes, doiit nous avons fail lenumeralion, el qui, pour la plupart, ne presentent aujourdhui que des faces seclies el des sommets slc.iles, ont done autrefois (■tc des terres fecondes et les premieres oil la nature se soil manifeslee, parce (|ue ces parties du globe ayant etc bien plus lol refroidies que les lerres plus basses ou plus voisincs de Tequa- 88 HISTOIRE NATURELLE. leur, elles auront les premieres reeii les eaiix de I'atmosphere et toules les autres matieres qui pouvaient contribuer a la fecondalion. Ainsi Ton peut prcsumer quavaiU letaljlissement (ixe des niers, toutes les parlies de la terre qui se trouvaient superieurcs aux eaux ont ete fecondees, et qu'elles ont du des lors et dans ce temps produire les planles dont nous retrouvons aujourd'liui les impressions dans les ardoises, et toutes les substances vege- talcs qui oomposcnt les cbarbons de terre. Dans ce meme temps oh nos terrcs etaient couvertes par la mer, et tandis que les bancs calcaires de nos collines se formaient des detriments de ses productions, phisieurs monuments nous indiquent qu'il se detachait du somniet des monlagnes primitives et des autres parties dccouvertes du globe, une grande quantile de substances vitrescibles, Icsquelles sont venues par alluvion, c'est-a-dire par le transport des eaux, remplir les fentes et les autres intervalles que les masses calcaires laissaient entre elles. Ces fentes perpendiculaires ou legerement inclinees dans les bancs calcaires se sont form 'es par le resserrement de ces matieres calcaires, lorsqu'elles se sont sechecs et durcies, de la meme maniere que s'etalent faites precedemment les premieres fentes perpendiculaires dans les montagnes vitrescibles pro- duites par le feu, lorsque ces matieres se sont resserroes par Icur consolida- tion. Les pluios, les vents et les autres agents exterieurs avaient deja detache de ces masses vitrescibles une grande quantite de petits fragments que les eaux transportaient en differents endroits. En cherchant des mines de fer dans des collines de pierres calcaires, jai Irouve plusieurs fentes et cavites remplies de mines de fer en grains, melees de sable vitrescible et de petits cailloux arrondis. Ces sacs ou nids do mine de fer ne setendenl pas horizon- talement, mais descendent presque perpcndiculairement, et ils sont lous situes sur la crele la plus elevee des collines calcaires *. J'ai reconnu plus d'une cenlaine de ces sacs, et j'en ai trouve luiit principaux et tres-eonside- rables dans la seule etendue de terrain qui avoisinc mes forges a une ou deiix lieues de distance : toutes ces mines etaient en grains assez menus, et plus ou moins melangees de sable vitrescible et de petits cailloux. J'ai fait exploiter cinq de ces mines pour lusagc de mes fourneaux :on a fouille les unes a cinquanle ou soixante pieds, et les autres jusqu'a cent soixante-quinze pieds de profondeur : elles sont toutes egalement situees dans les fentes des rochers calcaires; et il n'y a dans cette contree ni roc vitrescible, ni quartz^ ni gres ni cailloux , ni granits; en sorte que ces mines de fer qui sont eu grains plus ou moins gros, et qui sont toutes plus ou moins melangees de sable vitrescible et de petits cailloux, n'ont pu se former dans les matieres calcaires oii elles sont renfcrmecs de tons cotes comme entre des mu- * Je puis encore citer ici les mines dc fer en pierre qui se Irouvenl eii Champaj;iie, et qui sont cnsaclices eiitie les rochers calcaires, dans des directions ct des indinaisons dif- lerentcs, perpendiculaires ou obliques. Voyez le Rccucil des Meinoires dc iM.vsique et d'His- toire Naturelle, par M. do Grignon, in-4°. l>aris, 1775, page 35 et suivnutes. EPOQUES DE LA NATURE. HO rallies, et par consequent elles y ont ete amenees de loin par le mouvement des eaux qui les y auront deposees en memo temps qu'elles deposaienl ailleurs des glaises ei daulres sediments^ car ces sacs de mines de fer en grains sent tous snrmonles on lateralemcnt aocompagnes dime espece de terre limoneuse rougeatre, plus petrissable, plus pure et plus fine que lar- gile commune. II parait meme que celte terre limoneuse, plus ou moins coloree de la teinture rouge que le fer donne a la terre, est I'ancienne ma- trice de ces mines de fer, et que cest dans cette meme terre que les grains metalliques ont du se former avant leur transport. Ces mines, quoiipie si- tuees dans des coUines entierement calcaircs, ne eontiennent aucun gravier de cette meme nature ; il se trouve seulement, a mesure quon descend, quelques masses isolees de pierres calcaircs autour desquelles tournent les veines de la mine , toujours accompagnecs de la terre rouge, qui souvent traverse les veines de la mine, ou bien est appliquee contre les parois des ro- chers calcaircs qui la renferment. Et ce qui prouve d'une maniere evidente que ces depots de mines se sont fails par le mouvement des eaux,c"csl qu'a- pres avoir vide les fentes et cavites qui les eontiennent, on voil, a ne pou- voir s'y tromper, que les parois de ces fentes ont ele usees et meme polies par I'eau, et que par consequent elle les a remplies et baignees pendant un assez long temps, avant d'y avoir depose la mine de fer, les petits cailloux, le sable vitrescible et la terre limoneuse dont ces fentes sont actuellement remplies : et Ion ne pent pas se preter a croire que les grains de fer se soicnl formes dans cette terre limoneuse depuis quelle a etc deposee dans ces fentes de rocliers; car unc chose tout aussi evidente que la premiere soppose a celte idee, c'est que la quantile des mines de fer parait surpasser de beaucoup celle de la terre limoneuse. Les grains de cello subslance me- tallique out a la verile tons etc formes dans cette meme terre, ([ui na elle- meme etc produilc que par le residu des matieres animales et vegetales, dans lequel nous demontrerons la production du fer engrains ; mais cela s'est fait avant leur transport et Icur depot dans les fentes des rochers. La Icrre limoneuse, les grains de fer, le sable vitrescible et les petits cailloux ont ete Iransportes et deposes ensemble; et si depuis il s'est forme dans cetle meme terre des grains de fer, ce ne peut etre qu'en petite quantile. •iai tire de chacune de ces mines plusieurs milliers de lonneaux, et sans avoir mesure exaclement la quantile de lerre limoneuse qu'on a laissec dans ces memcs cavites, jai vu quelle elail bien moins considerable que la quan- tile de la mine de fer dans chacune. Mais ce qui prouve que ces mines dc fer en grains ont etc toules amenees par le mouvement des eaux, c'est que dans ce meme canton, 6 trois lieucs de distance, il y a une asscz grande elendue de terrain formant une espece de petite plaine au-dessus des colUnes calcaircs, et aussi elevee que celles dont je vicns de parlcr, et qu'on trouve dans ce terrain une grande quan- tile de mine de fer en grains, qui est Ires-difTeremmcnt melangee el autre- ment situee : car, au lieu doccuper les U'ulvs perpeiiilicuhiires et les cavites 60 HISTOIRE NATIRELLE. interieures des rochers calcaires, au lieu de former un ou plusieurs sacs per- pendiculaires, c«fleniine de fer est au conlraire deposee era nappe, c'est-a-dire par couches horizontales, comnie lous Ics autres sediments des eaux; au lieu de desceiidre profondeuient, coinmc les premieres, elle selend presque a la surface du terrain sur une epaisseur do quelijues pieds; au lieu d'etre meiangee de eailloux el de sable vitrescible, elle n'est au conlraire melee partout que de graviers el de sables calcaires. Elle prcsenle de plus un phe- nomone remarquable : c'est i\n nombre prodigieux de cornes dammon el dautres anciens coquillages, en sorlc quil semble que la mine entiere en soil composce, tandis que dans les buit aulres mines dont j'ai parle ci-dessus, il n'existe pas le moindre vestige de coquilles, ni meme aucun fragment, aucun indice du genre calcairo, quoiqu'elles soient enfermees entre des masses de picrres entierement calcaires. Celte aulre mine, qui conlient un nombre si prodigieux de debris de coquilles marines, meme des plus an- ciennes, aura done ele transportee avec lous ces debris de coquilles par le mouvement des eaux, et deposee en forme de sediment par couches horizon- tales ;el les grains de fer quelle contienl el qui sonl encore bien plus pelits que ceux des premieres mines, melees de eailloux, auront etc amenes avec les coquilles memes. Ainsi, le transport de toules ces matieres et le de- pot de toules ces mines de fer en grains, se sonl fails par alluvion a peu pres dans le meme temps, cest-a-dire lorsque les mers couvraient encore nos collincs calcaires. Et le somniet de toules ces eolliries, ni les collines elles-memes, ne nous representent plus, a beaucoup pres, le meme aspect quelles avaient lorsque les eaux les onl abandonnees. A peine leur forme primitive s'est-elle main- Icnue; leurs angles saillants el rcntrants soiit devenus plus oblus, leurs penles moins rapides, leurs sommels moins eleves et plus chenus; les pluies en ont detache el entraine les terres : les collines se sonl done rabaissees peu a pcu, et les vallons se sont en meme temps remplis de ces terres en- irainees par les eaux pluviales on courantes. Quon se figure ce que devail etre autrefois la forme du terrain a Paris et aux environs : dune part, sur les collines de Vaugirard jusqua Sevres, on voil des carrieres de pierres calcaires remplies de coquilles pelrifiees; de Tautre cote vers Montmartre, des collines de plaire el de matieres argilcuscs; et ces collines, a peu pres egalemenl elevees au-dessus de la Seine, ne sonl aujourd hui que dune liau- icur tres-mediocre; mais au fond des puils que Ion a fails a Bicelre et a i Ecolc militaire, on a trouve des bois travailles de main dliomme a soixante- (juinze pieds de profondeur. Ainsi Ion ne pent douler que cette vallee de la Seme ne se soil remplie de plus de soixante-qninze pieds seulement depuis (lue les hommes existent : et qui sail de conibien les collines adjacenles ont diminue dans Ic meme temps par I'effet des pluies, el quelle elail 1 epais- seur de terre dont elles etaient autrefois revelues? II en est de meme de toules les autres collines et de toules les autres vallees ; elles etaient peut- elre du double plus elevees et du double plus profondes dans le temps que EPOQUES DE LA NATURE. Gl les eaux de la mcr les onl laissees a decouvcrt. On est menie assure que les montagues sabaissent encore tons les jours, el que les vallees se remplis- sent a peu pres dans la meinc proportion ; seuU-ment ccltc diminution de la hauteur des montagnes, qui ne se fait aujourd liui que d une maniore prcs- que insensible, sest I'aile beaucoup plus vile dans les premiers temps en raison de la plus grandc rapidite de leur penle, et il faudra maintenant plu- sieurs milliers d'annees pour que les inegalites de la surface de la terre se reduisent encore autant qu'clles I'ont fait en peu de siecles dans les pre miers ages. Mais revenons a cette epo(jue anterieure oil les eaux, apres etre arrivees des regions polaires, ont gagne celles de I'equateur. C'cst dans ces terras de la zone torride oil se soiit fails les plus grands i)ouleversements; pour en etre convaincu, il ne faut que jeter les yeux sur un globe geograpliiquej on reconnaitra que presque tout lespace conipris entrc les cercles de cette zone ne presente que les debris de continents bouleverses et dune terre ruinee. L'immense quantile d'iles, de d(5troits, de hauls et de bas-fonds, de bras de nier et de Icrre enlre-coupes, prouve les nombreux allaissemenls qui se sont fails dans cetle vasle partie du monile. Les montagnes y soul plus elevees, les mers plus profondes que dans tout le resle de la terre; el c est sans doute lorsque ces grands alTaissenients se sont fails dans les con- trees de lequateur, que les eaux qui eouvraient nos conlinenls se sonl abaissees et retirees en couianl ii grands Hols vers ces lerres du midi dont elles ont rempli les profondeurs, en laissant a decouverl, dabord les parties 'les plus elevees des terres, el ensuite toute la surface de nos continents. Qu"on se represenle liinniense quanlile des matieros de toute espece qui ont alors ete Iransporlees par les eaux : conibien de sedimenls dc dillV-renle nature n'ont-elles pas deposes les uns sur les autres, et combien, par con- sequent, la premiere face de la terre n"a-t-elle pas change par ces revolu- tions! Dune part, le flux el le reflux donnaient aux eaux un mouvemenl constant d'orient en Occident; daulre pait, les alluvions venant des poles croisaient ce mouvemenl, et delerminaient les elforts de la mer aulant, el peut-etre plus, vers 1 ecpiateur que vers I'occident. Combien d irruptions par- ticulieres se sont faites alors de lous coles! A mesure que quel(|ue grand afTaissement presenlail une nouvelle profondeur, la mer s'abaissait, et les eaux couraienl pour la renq)lir; el quoiqu'il paraisse aujourd hui que I'equi- libre des mers soil a peu pres elabli, et que toute leur action se reduise a gagner quelque terrain vers Toccident et en laisser a decouverl vers lorient, il est neanmoins tres-certain qu'en general les mers baissent lous les jours de plus en plus, et qu'elles baisseront encore a mesure qu'il se fera (juelque nouvel affaissemenl, soil par reffet des volcans el des Irembleinenls de terre, soil par des causes plus constantes et plus simples : car toutes les parlies caverneuses de I'intericur du globe ne se sont pas encore alfaissees; les vol- cans et les secousses des Ireinblements dc terre en sont une preuve demon- strative. Les eaux mineronl peu a peu les voulcs et les remparls de ces ca- 62 HISTOIRE NATURELLE. vernes soulerraines; et lorsquil s'cii ccroulera qiielques-unes, la surface de la terre, se depriniant dans cos endroits, forniera de nouvelles vallees dont la mcr viendra s'emparer. IVcanmoins, comme cos evenemenis, qui, dans les conimenccnicnls, devaienl etre Ires-frequenls, sont acluellement asscz rarcs, on pcut croirc que la lene est a peu pies parvenue a un etal assez iraiiquille pour que ses habitants n'aient plus a redouter les desastreux efTelsdeces grandcs convulsions. L'ctablissemenl do toutcs les maliercs metalliques et minerales a suivi dassez pres retablissement des caux ; celui des malieres argileuses et cal- caires a precede leur rctraite; la formation, la situation, la position de toutcs ces dernieres matieres datent du temps oil la mer couvrait les continents. Mais nous dcvons observer que, le mouvemcnt general des mers ayant com- mence de se faire alors, comme il se fait encore aujourd'hui, d'orient en Occi- dent, cllesont travaillc la surface de la terre dans ce sensdorient en Occident autantet peut-etre plus qu'elles ne I'avaient fait preccdemment dans le sens du midi au nord. 1/on n'en doutcra pas si Ion fait attention a un fait tres- general et (res-vrai* : c'est que, dans tous les continents du monde, la pente des terres, a la prendre du sonmiet des montagnes, est toujours beaucoup plus rapide du cote de loccident que du cote de 1 orient; cela est evident dans le continent enlier de lAmerique, oil les sommets de la cliaine des C.ordilieres sont trcs-voisins partoul des mers de Touest, et sont ires-eloi- gnes de la mer de lest. La cliaine qui separe I'Afrique dans sa longueur, et qui s'etend depuis le cap de Bonne-Esperancc jusqu'aiix monls de la Lune, est aussi plus voisine des mers a I'ouest qua lest. 11 en est de meme des montagnes qui setondent depuis le cap Coinorin, dans la presqu'ile de rinde; elles sont bien plus pies de la mer a lorient qua loccident; et si nous considcrons les presquiles, les proniontoircs, les iles et toutes les terres environnees de la mer, nous reconnaitrons partout que les pentes sont courtes et rapidcs vers loccideiit, et qu'elles sont douces et longues vers lorient : les revers de toutes les montagnes sont de meme plus escar- pees a I'ouest qu'a lest, parce que le mouvemcnt general des mers sesl toujours fait d'orient en Occident, et qua mesure que les eaux se sont abais- sees, elles ont detruit les terres et depouille les revers des montagnes dans le sens de leur chute, comme Ion voit dans une calaracte les rocbers de- pouillcs et les terres creusees par la chute continuelle de I'eau. Ainsi, tous les continents terrestres ont ete dabord aiguises en pointe vers le midi par les eaux qui sont venues du pole austral plus abondamment que du pole boreal; et ensuite ils ont ete tous esearpes en pente plus rajjide a Toccident (|u'a lorient, dans le temps subsequent oil ces memes eaux ont obei au seul mouvenient general qui les porle eonstamment d'orient en Occident. * Voycz ci-apies les notes jiislilicalivcs des fails. EPOQUES DE LA NATURE. 63 QUATRIEME PARTIE. lorsque les eadx se sont retirees. et que les volcans ont commence d'agir. On vient de voir que les elemenls de lair el de Teau se sent eiablis par le refroidissement, el que les eaux, dahord releguees dans lalniosplu're par la force expansive dela chaleur, sonl ensuile tombees sur les parlies du globe qui elaient assez altiedies pour ne les pas rejeler en vapeurs; et ces parties sonl les regions polaires et toules les monlagnes. II y a done eu, a 1 epoque de Irente-einq mille ans, une vaste mer aux environs de cliaque pole, el quelques lacs ou grandes mares sur les monlagnes el les lerres elevees qui, se Irouvant rcfroidies au nieine degre (jue celles des poles, pouvaienl ega- lemenl recevoir et conserver les eaux; ensuile, a mesure que le globe se refroidissail, les mers des poles, toujours alinienlees el fournies par la cbute des eaux de I'almospbere, se repandaienl plus loin; el les lacs ou grandes mares, egalement Cournies par cetle pluie conlinuclle, daulanl plus abon- danle que rattiedissemcnt clail plus grand, s'etcndaient en tons sens el formaient des bassins el dc peliles mers inlerieures dans les parlies du globe auxquelles les grandes mers des deux poles n'avaienl point encore aiieinl ; ensuile les eaux continuant a toniber toujours avec plus d'abon- dance jusqu'a rentiere depuration de ratmospbere , elles onl gagne succes- sivement du terrain el sont arrivees aux conlrees dc lequaleur, el enfin elles onl couvert loule la surface du globe a deux mille toises de bauleur au-dessus du niveau de nos mers acluelles. La terre cnliere clait alors sous lempire de la mer, a I'exception peul-etre du sommel des monlagnes primi- tives, qui n'ont ete, pour ainsi dire, que lavees et baignees pendant le pre- mier temps de la cbute des eaux, lesquelles se sont ecoulees de ces lieux eleves pour occuper les terrains inferieurs, des qu'ils se sonl Irouves assez refroidis pour les admetlre sans les rejeler en vapeurs. II s'esl done forme successivemenl une mer universelle, qui n'elait inter- rompue et surmontee que par les sommels des monlagnes d'oii les premieres eaux s'etaient deja retirees en s'ecoulant dans les lieux plus bas. Ces terres elevees, ayant ete travaillees les premieres par le sejour el le mouvement des eaux, auront aussi ete f^condees les premieres; el tandis que toute la fi/p IIISTOIRE NATURELLE. surface du globe notait, pour ainsi dire, quun archipel general, la nature organisee selablissail sur ces monlagnes : ellc s"y deployait nienie avec une grande encrgie; car la ehaleur el lliumidile, ces deux principes de toute fe- condalion, sy (rouvaient reunies et conibinecs a un plus liaut degre quelles ne le sont aujourdliui dans aucun climal de la terre. Or, dans cc menie temps oii ies tcrres elevces au-dessus des eaux se cou- vraient dc grands arbres et de vegelaux de toute espeee, la nier generale se peuplait parlout de poissons et de coquillages; elle eiait aussi le receptacle universel de tout ce qui se detacliait des terras qui la surmontaient. Les scories du verre primitif et les matieres vegetales ont ete entrainees des eminences de la terre dans les proCondeursde lamer, sur le fondde laquelle elles ont forme les premieres couches dc sable vitrescible, d'argilc, de scliistc et d'ardoise, ainsi que les ininieres de charbon, de sel et de bitunie, qui des lors ont impregne toute la masse des niers. La (|uantile de vegetaux produits et delruits dans ces premieres lerres est tiop inunense pourqu'on puisse se la representer ; car ipiand nous reduirions la supcrlicie de toules les terres elevees alors au-dessus des eaux a la centieme ou meme a la deux cenliemc partie de la surface du globe, eest-i'i-dire a cent treiite mille lieues earrees, il est aise de sentir eombien ce vaste terrain de cent trente mille lieues superfieielles a produit d'arbres et de plantes pendant (luelques milliers d'annees, eombien leurs detriments se sont accunudt's, et dans quelle enornie quanlite ils ont ete cntraines ct deposes sous les eaux, ou ils ont forme le fond du volume tout aussi grand des mines de charbon qui so Irouvent en lant de lieux. II en est de mcme d*?s mines de sel, de celles de fer en grains, de pyrites ct de loules les autres substances dans la composition desquelles il enlre des acides, el dont la premiere formation na pu soperer qu'apres la chute des eaux : ces matieres auront etc entrainees ct deposees dans les lieux has et dans les lentes de la roche du glob(;, ou trouvant deja les sub- stances minerales sublimces par la grande ehaleur de la terre, elles auront forme le premier fond de I'alimerjt des volcans a vcnir : je dis a venir, car il n "existait aucun volcan en action avant 1 etabllsscmcnt des eaux, et ils n ont commence dagir, ou pUilot ils nont pu prendre une action permanente, quapres leur abaissemeni : car Ion doit distinguer les volcans terrestres des volcans marins; ccux-ci ne peuvenl faire que des explosions, pour ainsi dire, momentanees, parte qua I'instanl que leur feu sallume par leirer- vescence des matieres pyriteuses el cond)ustibles, il est inmiedialemenl eteint par I'eau qui les couvre et se preei|)ite a (lots jusque dans leur foyer par toules les routes que le feu souvre pour en sortir. Les volcans de la terre ont au contraire une action durable et proportionnee a la quanlite de matieres qu'ils conliennenl : ces matieres ont besoin dune eertainc quan- lite d'eau pour entrer en eUervescence ; et ce nest ensuile que par le choc dun grand volume dc feu conlre un grand volume d'eau que peuvenl se produire leurs violenles eruptions; et de meme qu'un volcan sous-marin ne peut agir que par instants, un volcan terrestre ne peul durer quautant quil EPUQUES DE LA x\ ATURE. Go est voisiii ties eaux. C'cst par celle raison que lous Ics volcans actueis agis- sants sont dans les iles ou pres des cotes de la nier, et qu'on pourrait en compter cent i'ois plus d'cteints que dagissants; car, a mesurc que les eaux, en se rclirant, sc sont trop eloignces du pied dc ces volcans, Icurs eruptions ont diminue par degres, et enfin ont entierenient cesse, et les legeres effer- vescences que I'eau pluviale aura pu causer dans leur ancien foyer n'auront produit I'effet sensible que par des eirconstanccs parliculieres et tres-rares. Les observations confirment parfaitement ce que je dis ici dc Taction des volcans : tous ceux qui sont maintenant en travail sont situes pros des mers; lous eeux qui sont eteinls, et dont le nombre est bien plus grand, sont places dans le milieu des terres, ou tout au nioins a quelque distance dc la mer; et quoique la plupart des volcans qui subsistent paraissent appartenir aux plus liautes monlagnes, il en a existe beaucoup dautres dans les eminences de mediocre liauteur. La dale de litge des volcans n'est done pas partout la mcme : d'abord il est sur que les premiers, e"est-a-dire les plus aneiens, nont pu acquerir une action pcrmanenlc quapres labaissenieiit des eaux qui eouvraient leur sonunet, et ensuite, il parait qu'ils ont cesse dagir des que ces memes eaux se sont trop eloignees de leur voisinage : car, je le re- pete, nulle puissance, a I'exception de celle d'une grande masse d'eau cho- quee centre un grand volume de feu, ne pent produire des mouvements aussi prodigieux que ceux de 1 eruption des volcans. II est vrai que nous ne voyons pas d'assez pres la composition interieure de ces terribles bouches a feu, pour pouvoir prononcer sur leurs effels en parfailc connaissancc de cause; nous savons seulement que souvent il y a des conmiunicalions soulerraines de volcan a volcan : nous savons aussi que, quoique le foyer de leur end)rasement ne soil peut-etrc pas a une grande distance de leur sommel, il y a neanmoins des cavites qui descen- dent beaucoup plus bas, et que ces cavites, dont la profondeur et letendue nous sonl inconnues, peuvent clre, en tout ou en partie, remplies des memes matieres que celles qui sont actuellement enibrasecs. D'aulre part, lelectricite me parait jouer un ires-grand role dans les tremblements de lerre et dans les eruptions des volcans; je me suis con- vaineu par des raisons tres-solides, et par la comparaison que j"ai faitc des experiences sur rclectricitc, que le fond de la mutiere dkctrique est la chaleur propre du globe terrestre : les emanations continuclles de cette chaleur quoique sensibles, no sont pas visibles, et reslent sous la forme de chaleur obscure, tant quelles ont leur mouvement librc et direct; mais elles pro- duisent un feu tres-vif et de fortes explosions, des qu'elles sont detournees de leur direction, ou bien accumulees par le frottement des corps. Les ca- vites interieures de la terre conlenant du feu , de lair et de lean , Taction dc ee premier element doit y produire des vents impelueux , des orages bruyanls et des tonnerrcs soulerrains, dont les ellcts peuvent etre coni|iarcs a eeux de la foudre des airs : ces ellet;- doivcnt memc elre plus \i()lents et plus durables, par la forte resistance que la solidiu- de la lerre oppose de BllFFflN. fOlll, 11. S 66 IIISTOIRE NATMRELLE. tous cotes a la force electrique de ces tonncrres souterrains. Le ressort dun air mele de vapeurs dciises et eiiflammees par lelectricite, I'effort de I'eau, reduite en vapeurs elastiqucs par le feu, toutes les autres impulsions de cet(e puissance electrique, soulevcnt, cnlr'ouvrent la surface de la terre, ou du moins I'agitcnt par dcs trcmblcmcnts, dont les sccousses ne durent pas plus longtcmps que le coup de la foudre intericurc qui les produit ; et ces sc- cousses se rcnouvellent jusqu'^ cc que les vapeurs expansives se soient fail une issue par quelquc ouverlure h la surface de la terrc ou dans le sein dcs mers. Aussi les eruptions des volcans et les trcmblcmcnts de terre sont pre- cedes el acconipagnes dun bruit sourd ct roulant, qui ne differe de eelui du lonnerre que par le ton scpulcral et profond que le son prend necessaire- ment en traversant une grande epaisseur de maliere solidc, lorsqu'il s'y trouve cnferme. Cette elcctricite soutcrrainc, combinee comme cause generale avec les causes particulieres des feux allumcs par refl'crvescence des matierespyri- teuses et combustibles que la terre recele en tant d'endroits, suflit a I'expli- cation dcs principaux pbcnomenes de Taction des volcans : par exemple, leur foyer parait ctre assez voisin de leur sommct; mais Torage est au-des- sous. I'n volcan n'cst quun vastc fouriicau dont les soufllets, ou plutot les venlilateurs, sont places dans les cavites infericures a cote ct au-dessous du foyer. Ce sont ces mcmes cavites, lorsquelles s'ctendcntjusqua la nier, qui servent dc tuyaux d'aspiration pour porter en haut, non-sculcment les va- peurs, mais les masses meme de I'cau et lair; c'est dans ce transport que se produit la foudre soutcrrainc qui sannoncc par des mugissemcnts, ct n'cclalc que par laffrcux vomisscmcnt des malieres quelle a frappees, biuli'os ct calcinocs : dcs tourbillons epais dune noire fumee ou dune llamiuc lugnbio, dcs nuages massifs dc ccndrcs ct de picrres, dcs torrents bouillonnants de lave en fusion, roulant au loin leurs flots brulants et des- tructcurs, inanifestcnt au dehors le niouvement convulsif des entraillcs de la tcrrc. (iCs tcmpclcs intestines sont daulant plus violenles qu elles sont plus voi- sincs des nionlagncs a volcan ct dcs caux de la mcr, dont le scl ct les huiles grasses augmcntcnt encore lactivite du feu ; les terres situecs cntre le volcan ct la mcr ne peuvent manquer d'cprouvcr des sccousses frequenles. Mais pourquoi n") a-t-il aucun cndroit du monde oil Ion n"ait rcsscnti, mciiic de momoire dhomme, quclques tremblements, quelque trepidita- tion, causes par ces mouvements inlerieurs de la terre ? lis sont a la verilc moins violents ct bien plus rarcs dans le milieu dcs continents cloignes des volcans et des mers; mais ne sonl-ils pas dcs cffets dependants dcs mcmes causes ? Pourquoi done se font-ils ressentir oil ces causes nexistent pas, e'est-a-dire dans les lieux oil il n"y a ni meis ni volcans ? La reponse est aisee : ccst quil y a eu des mers partoul el des \olcans presquc partout ; et que, quoique leurs eruptions aient cesse lorsque les mers sVn sont eloi- gnecs, leur feu subsiste, et nous est dcnionlre par les sources des huiles EPOQUES DE LA NATURE. G7 terrestres, par les Fontaines chaudes et sulfiireuses qui se Irouvent frequem- ment au pied des montagnes, jusque dans Ic milieu dcs plus grands conti- nents. Ces feux des anciens volcans, devenus plus tranquilles depuis la retraile des cau\, sulTisent neanmoins pour exciter dc temps en temps des mouvements intericurs et produirc de legeres sccousses, dont les oscilla- tions sent dirigees dans le sens des cavitcs de la terre, et peut-ctrc dans la direction des eaux ou des veines des metaux, comme conducteurs de cette electricite souterraine. On pourra me demandcr encore pourquoi tons les volcans sont situes dans les montagnes ? pourquoi ils paraissent ctrc dautant plus ardents que les montagnes sont plus liautes ? quelle est la cause qui a pu disposer ces enormes cheminces dans linterieur des murs les plus solides ct les plus eleves du globe ? Si on a bien compris ce que jai dit au sujet des inegaliles produites par le premier refroidissement, lorsque les matieres en fusion se sont consolidees, on sentira que les chaines des liautes montagnes nous re- presentent les plus grandes boursouflures qui se sont faites a la surface du globe dans le temps qu'il a pris sa consistance. La plupart des montagnes sont done situees sur des cavitcs auxquellcs aboutissent les fentes pcrpcn- diculaires qui les tranclicnt du haul en has : ces cavcrnes et ces fentes con- liennent des matieres qui sendaniment par la seule effervescence, ou qui sont allumees par les etincelles eloctricpies de chaleur intcrieure du globe. Des que le feu commence a sc faire senlir, lair attire par la rarefaction en augmente la force et produil bienlot un grand incendie, dont leffct est de produire a son tour les mouvements et les orages inteslins, les tonnerres souterrains et toules les impulsions, les bruits ct les sccousses qui precedent et accompagnent I eruption des volcans. On doit done cesser detrc clonnc que les volcans soient tons situes dans les liautes montagnes, puisque ce sont les seuls anciens endroits de la terre oil les cavitcs intcrieures sc soient maintenues, les seuls oil ces cavitcs communiquent du bas en liaut par des fentes qui ne sont pas encore comblees, ct enfln les seuls oii les- pacc vide elait asscz vaste pour conlenir la Ires-graiide quantite de matieres qui servent d'aliment au feu des volcans permanents et encore subsistants. Au reste, ils s'cteindront comme les autres dans la suite dessiecles; leurs eruptions cesseront : oserai-je nicme dire que les liommcs pourraient y contribuer ? En couterait-il autaiit pour couper la communication dun volcan avec la mcr voisine, quil en a coiitc pour conslruire les pyramides d'Egypte ? Ces monuments inuliles dune gloire fausse et vaine, nous ap- prennent au moins qu'en employant les memcs forces pour des monuments de sagesse, nous pourrions fiiiic de tres-grandcs choses, et pcut-ctre mai- triser la nature au point de faire cesser, ou du moins dc diriger les ravages du feu, comme nous savons deja par notre art diriger ct rompre les efforts de I'eau. Jusqu'au temps de Taction des volcans, il n'existait sur le globe que trols sorles de matieres : 1" les vitrcscibles |)roduites par le feu primitif ; 2" les «. G8 HIST0I1U<: NATURELLI;:. calcaires foriuecs par rinlerniede do leau; 5° toules les substances produitcs par Ic detriment des animaiix ct dcs vcgctaux : niais le i'eu des volcans a donne naissance a dcs matieres dune qualriiMnc sorte, (jui souvent partici- penldcla nature des trois autres. La premiere classc renfermc non-seule- ment les matieres premieres solidcs ct vitrescibles dont la nature n'a point ete altcree, et qui forment le fond du globe, ainsi que le noyau dc toutos les montagnes primordiales, mais encore les sables, les scliistes, les ardoises, les argiies et loutes les matieres vitrescibles dccomposeos et transportces par les eaux. La scconde classe contient toutes les matieres calcaires, cest-a-dire toutes les substances produitcs par les coquillages et autres animaux dc la mer : elles s'etcndent sur dcs provinces cnlicrcs ct couvrcnt mcme d'asscz vastes contrees; elles se trouvcnt aussi a dcs prolbndeurs assez considerables, et elles environnent les bases des montagnes les plus elcvces jusqua une Ircs-grande liauleur. La troisicmc classe comprcnd tonics les substances qui doivont leur originc aux matieres animalcs rl vegclales, et ccs substances sont en trcs-grand nombre; leur (|uanlitc pariiit immense, ear elles recou- vrent tonic la superficie de la terre. Enlin, la quatrieme classe est celle des matieres soulevees et rcjetees par les volcans, dont qiielques-unes paraissent eire un melange des premieres, et d'aulres, piu'cs dc lout melange, ont siibi une scconde action du feu ([ui leur a donne im nouveau caraclere. iXous ra|)porlons a ccs quatrc classes toules les substances mineralcs, parce qu'eu les examinant, on pent toujours reeonnaitre a laquclle de ees classes dies appartiennent et par consequent prononcer sur leur originc : ee qui sullit pour nous iiuliquer a pen pres le temps de leur formation ; ear, connne nous \enons dc lexposer, il parait claircmenl que toules les matieres Aitrescibles solidcs, et (jui n'ont pas cbange de nature ni de situation, ont etc produitcs l)ar le feu primitif, et (|ue leur formation appartienl au RMups de noire sc- conde epoque, landis que la formation des matieres, calcaires ainsi que celle des argiies, des cliarbons, etc., n"a eu lieu que dans des temps subsequents, el doit (itre rapporteea notre Iroisiemc epoque. Et, eomme dans les maiieres rcjetees par les volcans, on Irouve quelquefois des substances calcaires el souvent des soufres ct dcs bitumes. on ne pent guere douler que la formation de ccs substances rcjetees par les volcans ne soil encore i)oslerieure a la formation de toutes ccs maiieres, et n'api)artienne a noire quatrieme epoque. Quoique la quantiie des matieres rejetees par les volcans soil tres-petile en comparaison de la quantiie des maiieres calcaires, elles ne laissent pas d'occuper d'asscz grands espaces sur la surface dcs lerres situecs aux envi- rons dc ces montagnes ardenles ct de celles dont les feux sont eteints et as- soupis. Par leurs eruptions reiterees, elles ont comble les vallees, convert les plaines et mcme produit daulres montagnes. Ensuite, lorsque les eruptions ont cesse, la plupart dcs volcans ont continue de l)ruler, mais d'un feu pai- sible el qui ne produit aucune explosion violcnle, parce que, elant eloignes des mers, il ny a plus de choc de I'eau contra le feu : les maiieres en eiler- vescence et les substances combustibles anciennemenl ennammees conii- KF^OQIKS 1)F. L\ NATURE. 09 nuont dc briiler; et ocst ce qui fait aiijourd Inii la chaleiir de toules nos eaux thermalos : dies passcnl siir Ics foyers de cc feu soulcrrain el sorleiU Ires-chaudos du sciii de la (ei re. II y a aussi qiielqucs exemples de mines de eliarbon qui brulciit de leuips imnieuiorial, et qui se sont allumees par la foudre souterraine ou par le feu tranquille dun volcan dont les eruptions ont cesse. Cos eaux lliermales et ces mines allumees se trouvent souvent, eomme les volcans eteints, dans les terres eloignees de la mer. La surface de la terre nous presente en niille endroits les vestiges el les prcuvcs de I'existence de ces volcans eteints : dans la France seule, nous connaissons les vieux volcans de lAuvergne, du Velal, du Vivarais, de la Provence et du Languedoc. Kn Italic, prcsque toute la terre est formee de debris de matieres volcanisees, ct il en est de nicnic de plusicurs autres con- trees, Mais pour reunir los objets sous uii point de vue general, et concevoir netlement I'ordre des bouleversements que les volcans ont produils a la sur- face du globe, il faut rcprendre notre troisieme epoque a cette date ou la mer etait universelle ct couvrait toute la surface du globe, a Texception des lieux eleves sur lesquels s'etait fait Ic premier melange des scories vitrecs de la masse tcrrestre avcc les eaux : c'est ii cette meme date que les vegelaux ont pris naissance, ct qu'ils se sont multiplies sur les terres que la mer ve- nait dabandonner. Les volcans nexistaient pas encore; car les matieres qui servent d'aliment a leur feu, c'est-a-dire Ics bitumes, les cbarbons de terre, les pyrites et meme les acides, ne pouvaient s'etre formes precedemment, puisquc leur composition suppose I'intermede de lean et la destruction des vesetaux. Ainsi, les premiers volcans ont existe dans les terres elevees du milieu des continents; et a mesure que les mors en s'abaissant so sont eloignees de leur pied, leurs feux se sont assoupis et ont cessc dc produire ces eruptions violentes qui ne peuvent s"opercr que par le conflit dune grande masse d'eau eontre un grand volume de feu. Or, il a fallu viiigt miile ans pour cet abaissement successif des mers et pour la formation de toutes nos collines caleaires; et comme les amas des matieres combustibles ct minerales qui servent d'aliment aux volcans n"ont pu se deposer que successivcment, et qu'il a du s'ecouler beaucoup de temps avanl qu'elles se soient mises en action, ce n'esl guerc que sur la fin dc cette periodc, c'est-a-dire a cinquante mille ans de la formation du globe, que les volcans ont commence a ravager la terre. Comme les environs dc tons les lieux deeouverts etaient encore baignes des eaux, il y a eu des volcans prcsque partdut, ct il s'est fait de frequentes et prodigieuses eruptions, (jui nont cesse qu'apres la retraite des mers; mais cette retraite ne pouvant se faire que p:ir radaisscmenl des boursouflures du globe, il est souvent arrive que I'eau venant a flots rem- plir la profondeur de ces terres affaissecs, elle a mis en action les volcans sous-marins qui, par leur explosion, ont souleve une parlie de ces terres iiouvellement affaissecs, ct Ics ont quelquefois poussces au-dessus du niveau de la mer, ou el les onl forme des iles nouvelles, coramc nous I'avons vti 70 HISTOIRE IVATURELLE. dans lii pctile ile forinoe aupres dc colle do SaiUoiin : neanmoins ces effets sont rarcs, et Taction des volcaiis sous-maiins nest ni pennancnte ni asscz puissantc pour clever un grand espace do terre au-dessus de la surface des mers. Les volcans terrestrcs , par la coniinuite de leurs eruptions, ont au contraire couvcrt de leurs deblais lous les terrains (|ui les environnaicnt; ils ont, par le depot successif de leurs laves, formt! de nouvclles couches; ces laves devenues I'econdcs avec le temps, sont une preuve invincible que la surface primitive de la terre, d'abord en fusion, puis consolidee, a pu de meme devenir feconde : enlin les volcans ont aussi produit ces mornes ou tertres qui se voient dans toutes les montagnes a volcan, et ils ont eleve ces remparts de busalte qui servent de cotes aux mers dont ils sont voisins. Ainsi, apres que I'eau, par des mouvements uniformes et constants, cut acheve la construction horizontale des couches de la terre, le feu des vol- cans, par des explosions subites, a boulevcrse, tranche et convert plusieurs do ces couches, et Ton no doit pas etre etonnc de voir sortir du sein des volcans des matieres de toule cspece, des cendres, des pierres calcinees, des terres brulees, ni de trouver ces matieres melangees des substances eal- caires et vitrescibles dont ces memes couches sont composees. Les tremblements de terre ont du se faire sentir longtemps avant 1 erup- tion des volcans : des les premiers moments de ralliussemenl descavernes, il s'est fait de violentes secousses qui ont produit des effets tout aussi violents et bien plus etendus que ceux des volcans. Pour s'en former lidee, supposons quune caverne soutenant un terrain de cent lieues carrees, ce qui no fcrait qu'une des petites boursoulllures du globe, se soit tout a coup ecroulee : cet ecroulement naura-t-il pas ete necessairement suivi dune commotion qui se sera communiquce el fait sentir tres-loin par un tremble- ment plus ou moins violent? Quoiipie cent lienes carrees ne fassent que la deux cent soixaute millieme paitie de la surface de la terre, la chute de cette masse n'a pu manquer debranler loules les terres adjacentes, et de faire peut-etrc ecrouler en meme temps les cavernes voisines : d ne s'est done fait aucun affaissement un peu considerable qui n"ait etc accompagne de violentes secousses de tremblement de terre, dont le mouvemcnt sest com- munique par la force du ressort dont toute matiere est douee, et qui a dii se propager (luelquefois tres-loin par les routes que peuvenl offrir les vides de la terre, dans Icsquels les vents souterrains, excites par ces commotions, au- ront pcut-etre allume les feux des volcans ; en sorte que dune seule cause, cest-a-dire de lafTaissement dune caverne, il a i)u resulter plusieurs ellets, lous grands et la plupart terribles : dabord, labaissement de la mer, forcee do courir a grands flots pour remplir celte nouvelle profondeur, et de laisserpar consequent h decouvert de nouvcaux terrains; :2'' lebranlement des terres voisines par la commotion de la chute des matieres solides qui formaient les voiites de la caverne, et cet ebranlement fait pencher les montagnes, les fend vers leur sommet, et en detache des masses qui roulent jusqua leur base; 3" Ic meme mnuvement, produit par la eomntotion et I aa ©^ (J n I o a R H \ u xt. EPOQLIKS DE LA NATURE. 71 propage par les vents ct les feux souterrains, souleve an loin la lerre el les eaux, ^leve des tertres el des niornes , forme des gouffrcs el des crevasses , change le cours des rivieres, liiril les ancicnnos sources, en produit de noii- velles, el ravage, en nioins de lenips que je ne puis le dire, toul ce qui se trouve dans sa direction. Nous devons done cesser d'etre surpris de voir en tant de lieux luniformile de louvrage horizontal des eaux dclruile el Iran- chee par des femes inclinees, des eboulemenls irreguliers, el souvenl cachee par des dcblais infornies accumules sans ordre, non plus que de irouver de si grandos contrees toutes reconvenes de matieres rejetees par les volcans. Ce desordre cause par les iremblemcnts de terre ne fait neanmoins que masquer la nature aux yeux de ceux qui ne la voient qu'en petit, el qui dun eifet accidenlcl el particulier font une cause generale ct coiistanle. C'est lean seule qui, comme cause generale el suhscquente a cellc du feu primitif, a acheve de construire el de (igurer la surface acluelle de la lerre; el ce qui manque a luniformite de celte construction univcrselle nest que relfet particulier de la cause accidenlelle des Iremblemcnts de lerre et de Taction des volcans. Or, dans cetle construction de la surface de la lerre par le mouvement et le sediment des eaux, il faut distinguer deux periodes de temps. La premiere a commence apres relablissemcnt do la mer univcrselle, cVsl-a-dire apr^s la depuration parfaile de 1 iilniosplicre par la chute des eaux et de toutes les matieres volatiies (jue I'ardeur thi globe y tenait releguees : cette periode a dure aulanl qu'il elait necessaire pour mulliplier les coquillages au point de reniplir de leurs de|)0uilles toutes nos collines calcaires, autant quil elait necessaire pour inultii)lier les vcgelaux et pour former de leurs debris toutes nos mines de cbarbon, enfin autanl qu il elait necessaire pour con- vertir les scorics du verre primitif en argiles, et former les acides, les sels, les pyrites, etc. Tons ces premiers et grands effels ont ele produits ensemble dans les temps qui se sonl ecoides depuis relablissemcnt des eaux jus(|irii leur abaissement. Ensuile a commence la seconde periode. (x'lle retraile de.ord se sera considerablemeut allicdiupar la cliulc des eaux, landis (pie la clialeur dcs lerrcs nK-ridionales sc niaiulciiait ct ne pouvait diniiuucr que par sa proprc d(iperdition. Et quand memo on niobjceterait que la cbule des caux, soil sur 1 equalcur, soitsur Ics poles, uctantque la suite du refroidissemcnt a un certaiu degre de cliacune dc ces deux parties du globe, die n"a eu lieu dans Tune et dans Tautfc (pie quand la temp()rature dc la Icrrc et celle des eaux toinbantcs ont elc respectivcnient les niemes, ct que, par cons(Jqucnt, cctle cliutc deau n'a pas autant contribuc* que je le dis a aeccl(3rcr le refroidissemcnt sous Ic pole plus que sous 1 e(piatcur, on sera forced de convenir que les vapeurs, ct, par consequent, les caux tonibanlcs siu' Icquateur, a\aient plus dc clialeiu' a cause de raclion du soleil , et que, par celle raison, elles ont rd'roidi |)lus Icnlement les terres dc la zone torride; en sortc que j'admctlrais au moins neuf a dix niille ans entrc le temps dc la uaissance des (!'lt'pbarUs dans les eontr(''es seplcnlrionales ct le temps ou ils se sont retirc-s jusquaux contrces les plus uKMidionalcs : car Ic I'roid ne venait ct ne vicnt encore que den haul; ler pluies conlinucllcs qui tombaicnt sur les parties polaires du globe en acc(l'l(iraienl inccssanunent le refroidissemcnt, landis quaueune cause exterieure ne contribuait a cclui dcs parlies de lYvpialcur. Or, celle cause qui nous parait si sensible par Ics neiges dc nos liivers ct les grtilcs dc nos ct(3S, cc froid qui des bautes regions de lair nous arrive pai- intervalles, lombait a plomb et sans interruption sur les terres se|)tentrionales, cl les a refroidics bien plus promptemenl que n'onl pu sc rcfroidir Ics lerrcs de Icquateur, sur lesquellcs ces ministrcs du froid, Icau, la ncigc et la grcic, ne pouvaient agir nl toniber. Dailleurs, nons dcvons faire enlrer ici une consid(Jration tres-importanlc sur les limites (pii bornent la duijie de la nature vivanle : nous en avons (^-tabli le premier Icrme possible a Irenle- cinq millc ans de la formation du globe icrreslrc, ct le dernier terme a (luatre-vingl-treize mille ans a datcr de cc jour; cc qui fait trenle-deux millc ans pour la dur(ic absolue de celle bdle nature. \'oiIa Ics limites Ics plus (jloigncics ct la plus grandc (.Henduc de duix-e que nous ayons donncics, d'apr(>s nos bypolheses, a la vie dc la nature sensible : cello vie aura pn commeneer a trente-cinq ou Irenle-six mille ans, parce qualors le globe (I't lit assez refroidi a ses parties polaires pour qu'on piit le toucber sans sc bruler, ct die ne pourra fmir que dans qualre-vingt-lreize mille ans, lorsquc le globe sera plus froid que la glace. Alais, entrc ces doux limites si C\ni- gn(3cs, il faut en admettre dautrcs plus rapprocbcos. Les eaux el loulos Ics matid-es qui sont tombfl'cs dc lalmospbcre nonl (iessi- d etrc dans un d-lal d'ebullition qu'au moment ou Ion pouvait les toucber sans sc bniler : cc n-esl done que longlemps apres celle pcri.jdc do Irenle-six millc ans que Ics elres doues dune sensibilitti parcillc a cdle (pic nous lour comiais'^nns. out EPOQUES DE LA NATURE. 81 pu naitre et subsister; car, si la terrc, I'air et I'cau prenaient tout a coup ce (legrc de chalcur qui ne nous pcrmettrait pas de pouvoir Ics toucher sans en iHrc vivenient oft'cnses, y aurait-il un scul des elres actuels capable de re- sister a celte chaleur mortelle, puisquelle excederait de beaucoup la eha- leur vitale de leur corps? II a pu exister alors des vcgetaux, des coquiiiages et des poissons dune nature moins sensible a la chaleur, dont les espdees ont etc aneanties par Ic rel'roidissement dans Ics ;iges subseqnents, et ce sent ceux dont nous trouvons les depouilles et les detriments dans Ics mines de charbon, dans Ics ardoiscs; dans les schistes el dans les couches dar- gile, aussi bien que dans les bancs de marbres et des autres matieres cal- eaires; niais toutcs les especcs plus sensibles, et particulierement les animaux terrestres, n'ont pu naitre et se multiplier que dans des temps posterieurs et plus voisins du noire. Et dans quelle contrce du Nord les premiers animaux terrestres aiu'ont- / ils pris naissance ? n'cst-il pas probable que ccst dans les lerres les plus elevees, puisqn'elles ont etc rel'roidies avant les autres ? et n"est-il pas ega- ) lement probable que les elephants et les autres animaux, actuellement ^ habitant les terras du Midi, sont nes les premiers de tons, et quils out occiipe ces terres du Nord pendant quelqucs milliers d'annees, et longlemps \ avant la naissance des rennes qui habitent aujourd'hui ces menies terre^ du Nord? Dans ee temps, qui n'estguere eloigne du notre que de quinzc mille ans, les elephants, les rhinoceros, les hippopotamos, et probablement toutes les especes qui ne peuvent se multiplier actuellement cpie sous la zone torride, vivaient done et se multipliaient dans les terres du Nord, dont la chaleur etait au meme degre, et, par consequent, tout aussi convenable a leur na- ture. Ils y etaient en grand nombre ; ils y out sejourne longtemps ; la qiian- lite divoire et de leurs autres depouilles que Ion a decouvcrte et que Ion decouvre tous les jours dans ces contrees sepientrionales, nous demonlrc evidemment quelles ont ete leur palrie, leur pays natal, et certainement la premiere terrc quils aient occupee : mais, de plus, ils ont cxiste en meme temps dans les contrees septcntrionales de TEurope, de lAsie et do TAme- riquc; ce qui nous fait connaitre que les deux continents etaient alors contigus, et qu'ils n'ont etc scpares que dans des temps subseipients. J'ai dit quo nous avions au (labinet du Koi des defenses d elephant trouvces en Russie et en Siberic, et d'autres qui ont etc trouvces au Canada, prcs de la riviere d'Ohio. Les grosses dents niolaires de I'hippopotame ct de lenorme animal dont lespece est perdue nous sont arrivees dii Canada, et d'autres toutes semblables sont venues de Tartaric et de Siberie. On ne pent done pas douler que ces animaux , qui n'habitent aujourd'hui que les terres du midi de noire continent, n'cxistasscnt aussi dans les terres septcntrionales de I'autrc et dans le meme temps, car la terrc (itait egalemenl chaude ou rcfroidie au meme degre dans tous deux. Et ce n'est pas seulemenl dans les terres du Nord quon a trouve ces depouilles danimaux du Midi, mais elles BcrroK, torn. ii. * 82 HISTOIRE NATURELLE. se trouvent encore dans tousles pays lenipores : en France, en Alleniagne, en Ilalie, en Anglelerre, etc. Nous avons sur cela ties monuments authen- liques, cest-a-dire des defenses delepliant et daulres ossements de ces ani- maux, trouves dans plusieurs provinces de lEurope. Dans les temps precedents, ces memes terres septenlrionales elaient re- couvertes par les eau\ de la mer, Icsquelles, par leur mouvement, y ont produit les memes cflets que partout ailleurs : elles en ont (igure les col- lines, elles les ont composecs de couches horizonlales, elles ont depose les argiles et les matieres caleaircs en forme de sediment; car on trouve dans ces terres du i>ord, comme dans nos contrees, les coquillages et les debris des autres productions marines enfouis a dassez grandes profondeurs dans I'interieur de la terre, tandis que ce nest, pour aiusi dire, qua sa super- ficie, c"est-a-(lire a quclques pieds de profondeur, (pic Ion trouve les sque- lettes dclephanls, dc rhinoceros, et les autres depouilles des animaux ter- restres. II parait meme que ces premiers animaux terreslres etaient, comme les premiers animaux marins, plus grands qu'ils ne le sont aujourd'hui, Nous avons parle de ces enormes dents carrees a jjoinles mousses, qui out appar- lenu a un animal plus grand que lelephant, et dont lespece ne subsiste plus : nous avons indique ces coquillages en volutes, qui ont jusqu'a huit pieds de diametre sur un pied depaisseur : et nous avons vu de meme des defenses, des dents, des omoplates,dcs fennns delepliant dune taille supc- rieure a celle des elephants acluellement existanls. iNous avons reconnu, par la comparaison immediate des dents maebclieres des hippopotames dau- jourd bui avec les grosses dents qui nous sont venues de la Siberie et du Canada, que les anciens hippopotames auxquels ces grosses dents ont au- trefois appartenu, etaient au moins quatre fois plus volumineux que ne le sont les hippopotames actuellemcnt existants. Ces grands ossements et ces enormes dents sont des temoins subsistanls de la grande force de la nature dans ces premiers ages. Mais, pour nc pas perdre dc vue notre objct prin- cipal, suivons nos elephants dans leur marciie progressive du .\ord au iMidi. Nous ne pouvons douter quapres avoir occupe les parties septenlrionales de la Russie et de la Siberie jusqu'au soixantieme degre *, ou Ton a trouve leurs depouilles en grando quantile, ils n'aienl ensuite gagne les terres moins seplentrionales, puisqn'on trouve encore de ces memes depouilles en Moscovie, en Pologne, en Allemagne, en Angleterre, en France, en Italic; en sorle qua mesure que les terres du Nord se refroidissaient, ces animaux chercbaicntdes terres plus cbaudes ;et il estclair (|uc tons les elimats, depuis le Nord juscpi'a lequateur, ont successivcment joui du degre de chaleur convenable a leur nature. Ainsi, quoique de memoire dbomme lespece * On a trouve celtp aniiee meme, 1777 , des defenses ct dps ossements d'elephant pres de Saint-Petersbourg. qui, comme Ton sail, est a trcs-peu pres sous cetle latitude de soixante dcgrcs. EPOQUES DE LA NATURE. 83 des elephants no paraisse avoir occupe que les climats acluelloment les plus cliauds dans noire continent, c'est-a-flirc les tcrres qui s'etendent a pen pres a vingt dcgres des deux cotes de I'equateur, ct qu'ils y paraisscnt con- fines depuis plnsieurs siecles, les monuments de leurs depouilles trouvees dans toutes les parties temperees de ce meme continent demon trent quils ont aussi habile pendant autant de siecles les dilTerents climats de ce meme continent; d'abord du soixantiemc an cinquantieme degre, puis du cinquan- tieme an quaranticme, ensuite du quarantieme au trentieme,et du trentieme au vingtieme, enfin du vingtieme a I'equateur et au dela a la meme distance. On pourrait meme prcsumer quen faisant des rccberches en Laponie, dans les terres de lEurope et de I'Asie qui sont au dela du soixantieme degre, on pourrait y trouver de meme des defenses et des ossemcnts delephanls, ainsi que des autres animaux du Midi, a moins qu'on ne veuille supposer (ce qui n'est pas sans vraisemblance) que la surface de la terre etant reellement encore plus elcvee en Siberie que dans loules les provinces qui lavoisincnt du cote du nord, ces memes terres de la Siberie ont etc les premieres aban- donnees par les eaux, et, parconseipient, les premieres ou les animaux ter- restres aient pu s etablir. Quoi qu'il en soil, il est certain que les elephants ont vecu, produil, multiplie pendant jjlusieurs siecles dans cette meme Si- berie et dans le nord de la Kussie; qu'ensuite ils onl gagne les terres du cinquantieme au quarantieme degre, ct quils y ont subsiste plus longlemps que dans leur terre natale, et encore plus longtemps dans les contrees du quarantieme au trentieme degre, etc.,parce que le refroidissemeiit successif du globe a toujours ele plus lent, a mesure que les climats se sont trouves plus voisins de requatciu", tant par la plus forte epaisseur du globe que par la |)Ius grande chaleur du soleil. i\ous avons fixe, dapres nos hypotheses, le premier instant possible du commencement de la nature vivante a Irente-cinq ou trenle-six mille ans, a dater de la formation du globe, jiarce que ce n est (pia cet instant quon au- rait pu commencer a la toucher sans se bruler : en donnant vingt-cinq mille ans de plus pour achever louvrage immense de la construction de nos monlagnes calcaires, pour leur figuration par angles saillants ct rcntrants, pour labaisscment des mers, pom- les ravages des volcans et pour le desse- chement dc la surface de la terre, nous ne coaq)terons qu'environ quinze mille ans depuis le temps ou la terre, apres avoir essuye, eprouve tant de bouleversements et de changements, sest cufin trouvce dans un etat plus calme et assez fixe pour que les causes de destruction ne fussent pas plus puissanles et plus geucrales que celles de la production. Donnant done quinze mille ans danciennete a la nature vivante, telle quelle nous est par- venue, c'est-a-dire quinze mille ans danciennete aux especes d'animaux terrestres nees dans les terres du iXord, et aclucllemcnt existanles dans celles du Midi, nous pourrons supposer quil y a pcut-clre cinq mille ans (jue les elephants sont confines dans la zone torride, et quil out sejourue tout autant de temps dans les climats qui forment aujourd'hui les zones 84 HISTOIRE NVTURELLE. (emperees, et pcut-etrc aulant dans Ics climals dii Nord, ou ils onl pris naissance. Mais cetlc inarche legiilierc qu'ont suivie les plus grands, les premiers animaux dans noire continent, parail avoir soulTcrt des obstacles dans rautrc. II est tres-cortain quon a trouve, et il est Ires-probable quon (rou- vera encore des defenses ot des ossenients d'clepbanls en Canada, dans le pays des Illinois, an Mexique, et dans quelqncs aulres endroils de lAmerique septentrionale; mais nous navons aucune observation, aueun monument qui nous indiquent le meuie fiiit pour les (crres de I'Amerique nieridionale. Dailleurs, I'espece meme de lek'-pbant qui s'est conscrvee dans I'ancien continent, ne subsiste plus dans lautre : non-seulement cetle espeee ni au- cune autre de toutes celles des animaux terrestres qui occupent actuellement les lerres meridionalcs de notre continent, ne se sont trouvees dans les terres meridionalcs du nouveau mondc, mais meme il parait qu'ils n'ont existe que dans les eontre(>s scptentrionales dc ce nouveau continent, et cela, dans le meme temps qu'ils existaient dans celles de notre continent. Ce fait ne demoulre-t-il pas que Pancien et le nouveau continent n'etaient pas alors separes vers le nord, et que leur soparalion ne s'est faile que poste- rieurement au temps des I'existence de elephants dans I'Amerique scpten- Irionale, ou leur espeee s'est probablement eteinte par le refroidissement, et a peu pres dans le temps de cettc separation des continents, paree que ces animaux n'auront pu gngner les regions de 1 equateur dans ce nouveau continent comme ils lont fait dans lancicn, tant en Asic qu'en Afrique? En elTet, si Ton considere la surface de ce nouveau continent, on voit que les parties meridionales voisines de listhme de Panama sont oceupees par de tres-hautes monlagnes : les elephants n'ont pu franehir ces barricres invin- cibles pour eux, a cause du Irop grand froid qui se fait sentir sur ces hau- teurs; ils nauront done pas cte au dela des terres de listhme, et nauront subsiste dans I'Amerique scplentrionale qu'autant quaura dure dans cetle terrc le degre de ehaleur necessaire a leur multiplication. 11 en est de meme de lous les aulres animaux des parties meridionales de noire continent; aueun ne s'est trouve dans les parties meridionales de I'aulre.Jai demontre cetle verite par un si grand nombre d'exemplcs, qu'on ne peut la rcvoquer en doute. Les animaux, au contraire, qui peuplenl actuellement nos regions tempe- rees et froides, se Irouvent egalement dans les parlies septentrionalcs des deux continents; ils y sont nes poslerieuremcnt aux premiers, et s"y sont conserves, parce que leur nature nexige pas une aussi grandc ehaleur. Les rennes et les aulres animaux qui ne peuveut subsisler que dans les climals les plus froids, sont venus les derniers; et qui sail si, par succession dc temps, lorsquc la terrc sera plus rcfroidie, il ne paraitra pas de nouvelles especes dont le temperament differera de celui du renne autant que la na- ture du renne dillcre a eel egard dc cclle de lelephant? Quoi qu'il en soil, d est ecrtam qu'aucun des animaux propres et particuliers aux terres meri- EPOQUES DE LA NATURE. 85 dionales de notrc continent, ne s'est trouve dans les terres meridionales de Taulre, et que meme, dans le nombre des animaux communs a notre conti- nent et a celui de lAmorique septentrionale, dont Ics cspeees se sont con- servees dans tons deux, a peine en peut-on citer une qui soil arrivee a I'Amerique meridionale. Cette partie du monde n"a done pas ete peuplee comme toutes les autres, ni dans le meme temps; clle est demeuree, pour ainsi dire, isolee et separee du reste de la terre par les mers et par ses hau- tes montagnes. Les premiers animaux tcrrestres nes dans les terres du Nord n'ont done pu s'etablir, par communication, dans ce continent meridional de lAmerique, ni subsister dans son continent septentrional, quautant quil a conserve le degre de chaleur necessaire a leur propagation; et cette terre de TAmerique meridionale, reduito a ses propres forces, n'a enfante que des animaux plus faiblcs et beaucoup plus petits que coux qui sont venus du Nord pour peupler nos contrees du Midi *. Je dis que les animaux qui peuplent aujourdhui les terres du midi de notre continent y sont venus du .\ord, et jc crois pouvoir lalTuMTier avcc tout I'ondement ; car, dune part, les monuments que nous venons dexposer le demontrenl; et dautre cote, nous ne connaissons aucune espece grande et principale, actuellemerrt subsistante dans ces terres du Midi, qui nait existe precedemment dans les terres du \ord, puisqu'on y trouve des defenses et des ossemenls d elephants, des squelettes de rhinoceros, des dents dhippo- potames et des tetes monstrueuses de bceufs, qui ont frappe par leur gran- deur, et qu'il est plus que probable quon y a trouve de meme des debris de plusieurs autres cspcces moins remarquablcs; en sorte que, si Ion veut distinguer dans les terres meridionales de noire continent les animaux qui y sont arrives du Nord,de ceux (jue cette meme terre a pu produirc par ses propres forces, on reconnaitra que tout ce qu'il y a eu de colossal et de grand dans la nature, a etc forme dans les terres du Nord, et que si celles de I equaleur ont produit quclqucs animaux, ce sont des espoces infericures, bien plus petitcs que les premieres. Mais ce qui doit faire douter de cette production, c'est que ces especes, que nous supposonsici produites paries propres forces des terres meridionales de notre continent, auraicnt du ressend)l('r aux animaux des terres meridio- nales de Tautre continent, Icsqucis n'ont de memo ete produils que par la propre force de cette terre isolee : c'est neanmoins tout le contraire; car aucun des animaux de TAmerique meridionale ne ressembic assez aux ani- maux des terres du midi de noire continent, pour qu'on puisse les regarder comme de la meme espece; ils sont, pour la pluparl, dune forme si diffc- rente, que ce n'est qu'apres un long examen ([uon pent les soupconner d'etre les representants de quelques-uns de ceux de notre continent. Quelle dilTe- rence de lelephant au tapir, qui cependant est, de tons, le seul (|u'on puisse lui comparer, mais qui s'en eloigne deja beaucoup par la figure, et prodi- * Voye» ics Irois discours sur les animaux des deux continents. 6 HISTOIRE NATURELLE. gieusement par la grandeur! car ce tapir, cet elephant du nouveau monde, n'a ni (ronipe ni defenses, ct nest guere plus grand quun ane. Aucun animal de I'Amerique nieridionale ne ressenible au rliinoceros, aucun a Ihippopotamc, aucun a la girafe : et quelle difference encore entre le le lama et le chamean, quoiquelle soil moins grandc qu'entre le tapir et lelephant ! L'etablissement de la nature vivante, surtout de celle des animaux ter- restres, s'cst done fait dans lAnierique meridionale bien posterieurement a son sejour dcjii fixe dans les terres du iVord ; et peut-elre la difference du temps est-elle de plus de qualre ou cinq mille ans. Nous avons expose une parlie des fails et des raisons qui doivent faire penser que le nouveau monde, surtout dans ses parlies meridionales, est une terre plus recemment peuplee que celle de notre continent,- que la nature, bien loin d'y etre degeneree par vetusle, y est au contraire nee tard, et n'y a jamais existe avec les memes forces, la nieme puissance active, que dans les contrees septentrio- nales; car on ne pent douter, apres ce qui vient detre dit, que les grandes et premieres formations des etres animes ne se soient faites dans les terres elevees du Nord, dou elles ont successivement passe dans les contrees du iMidi sous la nieme forme, et sans avoir rien perdu que sur les dimensions de leur grandeur. Nos elephants et nos hippopotames, qui nous paraissent si gros, ont eu des ancetres plus grands dans les temps quils habitaient les terres septentrionales ou ils ont laisse leurs depouilles : les cetaces daujour- d'hui sont aussi moins gros quils ne letaient anciennenient; mais cesl peut- etre par une autre raison. Les baleines, les gibbars, molars, cachelots, narwals, et autres grands cetaces, appartiennent aux mers septentrionales, tandis que Ion ne trouve dans les mers temperees et meridionales que les lamantins, les dugons, les marsouins, qui tons sont inferieurs aux premiers en grandeur. 11 semble done, au premier coup dail, que la nature ait opcre d'unc manicre con- traire et par une succession inverse, puisque tous les plus grands animaux lerrestres se trouvent acluellement dans les contrees du Midi, tandis que tous les plus grands animaux marins n'lial)itent que les regions de notre pole. Et pourquoi ecs grandes et presque monstrueuses especes paraissent- elles confinces dans ces mers froides? Pourquoi n'ont-elles pas gagne suc- cessivement, comme les elephants, les regions les plus chaudes? En nnmot, pourquoi ne se trouvent-clles ni dans les mers temperees ni dans celles du Midi? car, a I'exceplion de quelques cachalots, qui vicnncnt assez souvent aulour des Acores, et quelquefois echoucr sur nos cotes, et dont lespece parait la plus vagabonde de ces grands cetaces, toutes les autres sont demeu- rees et ont encore leur sejour constant dans les mers boreales des deux continents. On a bien remnrquo, depuis qu'on a commence la peche, ou plutot la chasse de ces grands animaux, qu'ils se sont retires des endroils ou Thomme allait les inquieter. On a de plus observe que ces premieres baleines, c'est-a-dire celles que I'on pechait, il y a cent cinquantc el deux EPOQUES DE LA NATURE. 87 cents ans, etaient beaucoup plus grosses que celles d'aujourd'hui; elles avaient jusqua cent pieds de longueur, tandis que les plus grandes que Ion prend actuellement nen ont que soixante. On pourrrait meme expliquer d'une maniere assez satisfaisante les raisons de celle diflerence de grandeur; car les baleines, ainsi que lous les autres cetaees, et meme la plupart des poissons, vivent, sans comparaison, bien plus longtemps qu'aucun des ani- maux lerrestres ; et des lors lour entier accroissement demande aussi un temps beaucoup plus long. Or, quand on a commence la pecbe des baleines, il y a cent cinquanle ou deux cents ans, on a trouve les plus agees et celles qui avaient pris leur entier accroissement; on les a poursuivies, cbassees de preference ; enfin on les a dotruites, et il ne resle aujourd'hui dans les mers frequentees par nos pecbeurs que celles qui nont pas encore atleint toutes leurs dimensions : car, comme nous I'avons dit ailleurs, une baleine peut bien vivre mille ans, puisqu'une carpe en vit plus de deux cents. La permanence du sejour de ces grands animaux dans les mers boreales semble fournir une nouvelle preuve de la conlinuile des continents vers les regions de notre nord, et nous indiquer que cet etat de conlinuite a subsiste longtemps; car si ces animaux marins, que nous supposerons pour un mo- ment nes en meme temps que les elephants, eussent trouve la route ouverte, ds auraient gagne les mers du Midi, pour peu que le refroidissement des eaux leur eut ete contraire ; et cela serait arrive, sils eussent pris naissance dans le temps que la mer etait encore chaude. On doit done presumer que leur existence est posterieure a celle des elephants et des autres animaux qui ne peuvent subsister que dans les climats du Midi, dependant il se pour- rait aussi que la difference de temperature ful, pour ainsi dire, indifferente, ou beaucoup moins sensible aux animaux aqualiqucs (|u'aux animaux ter- restres. Le froid et le chaud sur la surface de la terre et de la mer, suivent a la verite Tordre des climats, et la chaleur de rinterieur du globe est la meme dans le sein de la mer et dans cclui de la lerre a la meme profon- deur; mais les variations de lenqxTalure, qui sont si grandes a la surface de la terre, sont beaucoup moindres, et presque nullcs, a quclques toises de profondeur sous les eaux. Les injures de I'air ne s'y font pas sentir, et ces grands cetaees ne les eprouvent jjas, ou du moins peuvent sen garantir : d'ailleurs, par la nature meme de leur organisation, iis paraissent ctre plutot munis centre le froid que contre la grande chaleur; car, quoique leur sang soit a peu pres aussi chaud que cclui des animaux quadrupedes, lenorme quantite de lard et d'huilc qui recouvre leur corps, en les privant du senti- ment vif qu'ont les autres animaux, les defend en meme temps de toutes les impressions exterieures : et il est a presumer qu ils restcnt oil ils sont, parce (pi'ils n'ont pas meme le sentiment qui pourrait les conduire vers une tem- perature plus douce, ni Tidee de se trouver mieux ailleurs; car il faut de I'instinct pour se mettre a son aise, il en faut pour se determiner a changer de demeure; et il y a des animaux, et meme des honunes si bruts, qu'ils prefercnt de languir dans leur ingratc terre nalalc a la peine quil faudrait 88 HISTOIRE NATURELLE. prendre pour se giler plus commodement ailleurs *. 11 estdonc tres-probable que ces cachalots que nous voyons de temps en temps arriver des mers sep- tentrionales sur nos coles, ne se decidcnt pas a faire ces voyages pour jouir dune temperature plus douce, niais qu'ils y sont determines par les co- lonnes de harengs, dc maquereaux et d'aulres pelits poissons qu'ils suivent et avalent par milliers **. Toutes ces considerations nous font presumer que les regions de notre Nord, soil de la mer, soil de la terre, ont non-seulement ete les premieres fecondees, mais que c'est encore dans ces memes regions que la nature vi- vante s'est elevee a ses plus grandes dimensions. Et comment expliquer cette superiorite de force et cette priorite de formation donnee a cette region du Nord exclusivement a (outes les autres parties de la terre? car nous voyons par Texemple de I'Amerique nieridionale, dans les terres de laquelle il ne se trouve que de pelits animaux, et dans les mers le seul lamantin, qui est aussi petit en comparaison de la baleine que le tapir lest en comparaison de lelephant; nous voyons, dis-je, par cet exemple frappant, que la nature n'a jamais produit dans les terres du Midi des animaux comparables en gran- deur aux animaux du Nord; et nous voyons de meme,par un second exemple tire des monuments, que, dans les terres meridionales de notre continent, les plus grands animaux sont ceux qui sont venus du Nord; et que, s'il sen est produit dans ces terres de notre Midi, ce ne sont que des especes tres- inferieures aux premieres en grandeur et en force. On doit meme croire quil ne sen est produit aucune dans les terres meridionales de lancien continent, quoiquil sen soil forme dans celles dunouveau; el voici les mo- tifs de cette presomption. Toute production, toute generation, et meme tout accroissement, tout de- veloppemenl, supposent le concours et la reunion d"une grande quantite de molecules organiques vivanles; ces molecules, qui animent tous les corps organises, sonl successivement employees a la nutrition et a la generation de tous les etres. Si tout a coup la plus grande partie de ces etres etait sup- primee, on verrait parailre des especes nouvelles, parce que ces molecules organiques, qui sont indcstruclibles et toujours actives, se reuniraienl pour composer d'autres corps organises ; mais etant enlierement absorbees par les monies interieurs des etres actuellement existants, il ne pent se former d'especes nouvelles, du moins dans les premieres classes de la nature, telles que cclles des grands animaux. Or, ces grands animaux sonl arrives du Nord sur les terres du Midi; ils sy sonl nourris, roproduils, multiplies, et ont par consequent absorbe les molecules vivanles, en sorte qu'ils nen ont point Voypz ci-aprcs les notes jiislificalives des fails. Nota. Vous n'ignorons pas iju'cn {jeneral les ectacLS ne se ticniieiit pas au dela du soixanlc-dix-lmitl(-me ou soixante-dix-ncuviemc dogr.-, et nous savons qu'ils desccndcnt en hivcr a quelqucs degres au-dcssous ; mais ils ne viennent jamais cu nombre dans Ics mers tempcrees ou cliaudcs. EPOQUES DE LA NATURE. 89 laisse de superflues qui auraient pu former des especes nouvelles ; landis qu'air contraire dans les terrcs dc I'Aniorique nieridionale, oil les grands animaux du JNord nont pu penolrcr, les molecules organiques vivantes, ne se trouvant absorbces par aucun moule animal dcja subsislant, se seront reunies pour former des especes qui ne resscmblent point aux autres, ct qui toutes sont inferieures, tant par la force que par la grandeur, a celles des animaux venus du iVord. Ces deux formations, quoique d'un temps different, se sont faites de la meme maniere et par les memes moyeus; et si les premieres sont supe- rieures a tous egards aux dernieres, c'est que la fecondite de la terre, c'est-a-dire la quantile de la matiere organique vivanle, etait moins abon- danle dans ces climats meridionaux que dans celui du Nord. On peut en donner la raison, sans la cliercher ailleurs que dans notre hypotlicse; car toutes les parties aqueuses, huileuscs et ducliles, qui dcvaient entrer dans la composition des etres organises, sont tombees avec les eaux sur les par- ties septentrionalos du globe bien plus tot ct en bien plus grandc quantite que sur les parlies meridionales. C'est dans ces matieres aqueuses ct due- tiles que les molecules organiques vivantes ont commence a exercer Icur puissance pour modeler et developper les corps organises; el comme les molecules organiques ne sont produiles que par la chaleur sur les matieres ductiles, elles etaient aussi plus abondantes dans les terres du iNord quelles n'ont pu I'etre dans les terres du ]Midi, oii ces memes matieres etaient en moindre quantite : il n'est pas etonnant que les premieres, les plus fortes el les plus grandes productions de la nature vivanle se soient faites dans ces memes terres du >ord, tandis que dans celles de leciuatcur, et particulie- rement dans celles de TAmerique meridionale, ou la (luantite de ces memes matieres ducliles clait bien moindre, il ne sest forme que des especes infe- rieures, plus petites et plus faibles que celles des terres du >ord. Mais rcvenons a robjet principal dc noire epoque. Dans ce meme icmps oil les elepbanls babilaicnt nos terres septentrionales, les arbres ct les planles qui couvrent actuellement nos contrees meridionales existaient aussi dans ces memes terres duNord. Les monuments semblcnt Ic demontrer; car toutes les impressions bien averees des plantos qu'on a trouvecs dans nos ar- doises ct nos cliarbons represenlent laligure de planles quin'existentaclucl- lement que dans les grandes Indes ou dans les autres parties du Midi. On pourra mobjecter, malgre la certitude du fait par levidence de ces preuves, que les arbres et les plantes n'ont pu voyager comnie les animaux, ni par consequent se transporter du iNord au Midi. A cola je reponds, 1° que ce transport ne sesl pas fait tout a coup, mais successivement : les especes de vegetaux se sont semecs de proclie en proclie dans les terres dont la tempe- rature leur devenait convenable; ct ensuite ces memes especes, apres avoir gagnejusqu'aux contrees de IV-fiuateur, anront peri dans celles du INord, dont elles ne puuvaieni plus supporter le froid. 2 " Ce transport, ou plulot ces ac- crues successivcs dc bois, ne sont pas meme nocessaires pour rcndre raisoa 90 HISTOIRE NATURELLE. de rexistence do ces vcgclaux dans Ics pays moridionaux ; car en general la meme temperature, c'cst-a-dire ic meme degre de chaleur, produit partout les menies plantes sans qu'ellcs y aient ete transportees. La population des terres meridionales par les vegetaux est done encore plus simple que par les animaux. II reste celle de I'liomme : a-t-clle ete conlemporaine a celle des animaux? Des motifs majeurs et des raisons tres-solides se joignent ici pour prouver qu'elle s'est faite posterieurement a toutes nos epoques, et que I'homme est en efl'et le grand et dernier oeuvre de la creation. On ne manquera pas de nous dire que I'analogic semble demonlrer que lespece humaine a suivi la meme marclie et quelle date du meme temps que les autres especesj qu'elle s'est meme plus universellement repandue, et que si I'epoque de sa creation est poslerieure a celle des animaux, rien ne prouve que Thomme n'ait pas au moins subi les memes lois de la nature, les memes alterations, les memes changcments. Nous conviendrons que Tespece humaine ne dilTere pas essen- liellement des autres espcccs par ses facultes corporelles, et qua cet egard son sort eut ete le meme a peu pres que celui des autres especes : mais pou- vons-nous douler que nous ne dilFerions prodigieuscnient desanimaux parle rayon divin qu'il a phi au souverain Etre de nous departir. iN'e voyons-nous pas que dans Ihomme la matiere est conduite par I'esprit? II a done pu mo- difier les effels de la nature; il a irouve lemoyen de resister aux intemperies des climals; il a cree dc la chaleur, lorsquc le froid la detruite : la decou- verte et les usages de I'element du feu, dus a sa seule intelligence, lont rendu plus fort et plus rohuste quaucun des animaux, et lont mis en etat de braver les tristes effets du refroidissement. D'aulres arts, c'esl-a-dire dautres traits de son intelligence, lui ont fourni des vetements, des armes, et bientot il sest trouve le maitre du domainc de la terre : ces memes arts lui ont donne les moyens den parcourir toute la surface, et de shabituer partout, parce quavee plus ou moins de precautions, tous les climats lui sont devenus pour ainsi dire egaux. II n'est done pas etonnant que, quoiquil n'existe aucun des animaux du midi denotre continent dans laulre, Ihomme seul, c'est-a-dire son espece, se irouve egalemcnt dans cette terre isolee de I'Amerique meridionale, qui parait navoir cu aucune part aux premieres formations des animaux, et aussi dans toutes les parties froides ou chaudes de la surface de la terre : car, quelquc part et quelque loin que Ton ait pe- netre depuis la perfection de I art dc la navigation, I'homme a trouve partout des liommes; les terres les plus disgraeioes, les iles les plus isolees, les plus eloignees des continents, se sont presque toutes Irouvees peuplees; et Ton ne peut pas dire que ces hommes, tels que ceux des iles Marianes, ou ceux d'Otahiti ct des autres petiles iles situees dans le milieu des mers a de si grandes distances de toutes terres habitees, nesoient neanmoins des hommes de notre espece, puisqu'ils peuvent produire avee nous, et que les petites differences qu'on remarque dans leur nature ne sont que dc legeres varietes causees par rinfluence du climat et dc la nourriture. EPOQUES DE LA NATURE. 91 Neanmoins, si Ion considcre que riiomme, qui peut sc munir aisemcnt contre le froid, ne peut au contraire se dcfcndrc par aueun moyen centre la cliaieur trop grande; que nieme ii soudrc beaucoup dans les climats que les animaux du Midi cherclienl de preference, on aura une raison de plus pour croire que ia creation de I'liomme a etc posterieure a celle de ces grands animaux. Le souverain Etre n'a pas repandu le soufTle de vie dans le mcme instant sur toute la surface de la terre; il a commence par feconder les mers et ensuite les terres les plus elevees; et il a voulu donner tout le temps necessaire a la terre pour se consolider, se figurer, se refroidir, se decou- vrir, se secher, et arriver enfin a letat de repos et de tranquillite oil Ihomnie pouvait ctre le tcmoin intelligent, ladmirateur paisible du grand spectacle de la nature et des merveilles de la creation. Ainsi, nous somnies persuades, independamment de I'autorite des livres sacres , que Ihomme a ete cree le dernier, et qu'il n'est venu prendre le sceptre de la terre que quaiid elle s'est Irouvee digne de son empire. II parait neanmoins que son premier st^jour a dabord ete, comme celui des animaux terrestres, dans les hautes terres de I'Asie, que c'est dans ces memes terres oil sont nes les arts de premiere ne- cessite, et bientot apres les sciences, egalement necessaires a I'exercice de la puissance de lliomme, et sans lesquelles il n'aurait pu former de societe ni compter sa vie, ni commander aux animaux, ni se servir aulrenient des ve- getaux que pour les broutcr. Mais nous nous roservons d'exposcr dans notre dernierc epoque les principaux faits qui ont rapport a I'bistoire des premiers hommes. SIXIEME EPOQUE. LORSyi'E S EST FAITE LA SEPARATtON DES CONTINEINTS. Le temps de la se|)aration des continents est cerlainemcnt posterieur au temps ou les elephants babit&ient les terres du Nord, puiscpialors leur es- pece etait egalement subsistante en Amerique, en Europe et en Asie. Cela nous est dcmontre par les monuments, ([ui sont les depouilles de ces ani- maux trouvecs dans les parties septcnlrionalcs du nouveau continent, comme dans cellcs de I'ancien. lAFais comment est-il arrive que celte sepa- ration des continents paraisse s'elre faite en deux endroits, par deux bandes 92 HISTOIRE NATURELLE. de mer qui s'etendeiit dopiiis les contrecs septentrionales, toujours en s'e- largissant, jiisqu"aux conlrccs les plus meridionales? Pourquoi ces bandes de mer ne se irouvent-elles pas au contraire presque paralleles a rcquateur, puisque le mouvement general des mers se fait d'orient en Occident? N'est- ce pas une nouvelle preuve que les eaux sont primitivcment venues des poles, ct qu'clles n'ont gagne les parties de IcMjuateur que successivement? Tant qua dure la chiile des eaux, et jusqu'a I'entiere depuration de I'atmo- sphere, leur mouvement general a etc dirige des poles a I'equateur ; et, comnie elles venaient en plus grande quantite du pole austral, elles ont forme de vastes mers dans cet hemisphere, lesquelles vont en se retrccissant de plus en plus dans I'liemispliere boreal, jusque sous le cercle polaire; et c'est par ce mouvement dirige du sudau nord, que les eaux ont aiguisc (outes les poinles des continents : mais, aprcs leur entier etablissement sur la sur- face de la terre, qu'elles surmontaient partout de deux mille toises, leur mouvement des poles a Icquateur ne se sera-t-il pas combine, avant de cesser, avec le mouvement d'orient en Occident ? et lorsqu'il a cesse tout a fait, les eaux, entrainces par le seul mouvement d'orient en Occident, n'ont- elles pas escarpe tous les revers occidenlaux des continents terrestres, quand elles se sont successivement abaissees? et enfm n'est-ce pas apres leur retraite que tous les continents ont paru, et que leurs contours ont pris leur derniere forme? Nous observerons d"abord que Telendue des terres dans Ihemispbere boreal, en le prennnt du cercle polaire a I'equateur, est si grande en com- paraison de letendue des terres prises de meme dans rhemisphere austral, qu'on pourrait regarder le premier comme riicmispbere terreslre, et le second comme rheniis|)here maritime. D'ailleurs, il y a si peu de distance entre les deux continents vers les regions de notre pole, qn'on ne pent uere douter qu'ils ne fussent continus dans les temps qui ont succede a la retraite des eaux. Si I'Europe est aujourdbui separce du Greenland, c'est probablement parce quil s'est fait un alTaissement considerable entre les terres de Croenland et celles de INorwege et de la poinle de lEcosse, donl les Orcades, Tile de Sclietland, celles de Feroc, de llslandc et de llola, ne nous montrent plus que les sommcts des terrains submerges; et si le conti- nent de TAsie n'est plus contigu a celui de I'Amerique vers le nord, c'est sans doute en consequence dun elfet tout semblable. Ce premier aflaissc- mcnt, que les volcans d'Islandc paraissent nous indiquer, a non-seulement etc posterieur aux alTaisscments des contrecs de I'equateur et a la retraite des mers, mais posterieur encore de quelques siecles a la naissance des grands animaux terrestres dans les eonlrees septentrionales ; et Ton ne pent douter que la separation des continents vers le nord ne soit dun temps assez mo- derne en com|)araison de la division de ces mC-mes continents vers les parties de I'equateur. Nous presumons encore que non-seulement le Grot3nland a ete joint a la Norwegeet a lEcosse, mais aussi que le Canada pouvait I'etrc a I'Espagne » EPOQUES DE LA NATURE. 93 par les bnncs de Terre-Neuve, les Acorcs et les autres iles et liaiils-fonds qui se trouvent dans cet inlcrvalle de mers; ils semblent nous prescnlcr aujourdlnii les sommels les plus cleves de ces terres afTaissees sous les eaux. La submersion en est peut-etre encore plus moderne que celle du conlinenl de rislande, puisque la tradition parait sen etre conservec : I'liisloire de I'ile Atlantide, rapportce par Diodore et Platon, ne pent s'appliquer qua une tres-grande terre qui selendait fort au loin a I'oceident de I'Espagne; eette terre Atlantide etait tres-peuplee, gouvcrnee par des rois puissants qui commandaient a plusicurs milliers de eombattants, el cela nous indique assez positivcment le voisinage de lAmerique avec ces' terres Atlantiques situees enlre les deux continents. Nous avouerons neanuioins que la seule cliose qui soit ici demonlree par Ic fail, c'est ([ue Ics deux continents etaient reunis dans le temps de lexistence des elephants dans les contrees septen- trionales de I'un et de I'autre, et il y a, selon moi, beaueoup plus de proba- l)ilite pour cette conlinuite de I'Amerique avec i'Asie quavec I'Europe. Voici les faits etles observations sur Icsquels je fonde cette opinion : l°Qnoiqu"il soit probable que les terres du Groenland liennent a celles de I'Amerique, Ion n'en est pas assure; car cette terre de Groenland en est separee d'abord par le detroit de Davis, qui ne laisse pas d'etre fort large, et ensuitc par la baie de Badin, qui Test encore plus; cette baie setend jusqu'au soixante-dix-buiticme degrc, en sorte que ce n est quau dela de ce tcrme que le Groenland et I'Amerique peuvent etre contigus. 2° Le Spitzberg parait etre una continuite des terres de la cote orienlale du Groenland, et il y a un assez grand intervalle de mer entre cette cole du Groenland et celle de la Laponie : ainsi Ton ne pent guere imaginer que les elephants de Siberie ou de Russie aient pu passer au Groenland. II en est de memo de leur passage par la bande de terre que Ton pent supposcr entre la Norwege, lEcosse, llslande el le Groenland : car cet intervalle nous presente des mers d'une largeur assez considerable ; et d'ailleurs er.s terres, ainsi que celles du Groenland, sont plus scptentrionales que cclles oil Ton trouve les ossements d elephants, tant au Canada quen Siberie : il nesl done pas vraiscmblable que ce soit par ce chemin, actuellement de- truit de fond en comble, que ces animaux aienl communique dun continent a I'autre. 3° Quoiquc la distance de lEspagne au Canada soit beaueoup plus grande que celle de TEcosse au Groenland, cette route me paraitrail la plus naturelle de toules, si nous etions forces dadmetlre Ic passage des elephants d'Europe en Amcrique : car ce grand intervalle de mer entre I'Espagne et les terres voisines du Canada est prodigieusement raccourci par les bancs et les iles dont il est seme; et ce qui pourrail donner quelque probabilite de plus a cette presomption , c'est la tradition de la submersion de I'Atlantide. 4" Lon voit que de ces trois chemins, les deux premiers paraissent impra- licables, et le dernier si long, qu'ii y a peu de vraisemblancc que les ele- 94 IIFSTOIRE NATURELLE. phants aient pu passer dEurope en Ameriquc. En meme temps il y a des raisons tres-fortes qui me portent a croire que celle communication des elephants dun continent a lautre a dii se faire par les contrees septen- trionales de I'Asie, voisines de I'Amerique. Nous avons observe qu'en general toutes les cotes, toules les pentes des terres, sonl plus rapides vers les mers a loccident, lesquelles, par celte raison, sont ordinairement plus profondes que les mers a loricnt. Nous avons vu quau contraire tous les continents s'etendent en longucs pentes douces vers ces mers de rorient. On peut done presumer avec fondement que les mers orien tales au dela et au- dessus de Kamtschatka nont que pen de profondcur; et Ion a deja reconnu qu'elles sont semees dune tres-grande quantite dilcs, dont quelques-unes ferment des terrains dune vaste elendue; c est un arcliipel qui setend depuis Kamtschatka jusqu'a moilie de la distance de I'Asie a I'Amerique, sous le soixantieme degre, el qui semhle y toucher sous le cercle polaire par les lies d'Anadir ct |)ar la pointe du continent de I'Asie. D'ailleurs, les voyageurs qui ont egalement frequenle les coles occiden- talcR du nord de I'Amerique et les terres orientales depuis Kamtschatka jusqu'au nord de celte parlie de I'Asie, conviennenl que les nalurels de ees deux contrees d'Amerique et d'Asie se ressemhlent' si fori, qu'on ne peut guere doutcr qu'ils nc soienl issus les uns des aulres : non-seulement ils se ressemhlent par la laille, par la forme des traits, la couleur des cheveux et la conformation du corps et des membres, mais encore par les majurs et meme par le langage. II y a done une tres-grande probabilite que c'est de ces terres de I'Asie que I'Amerique a recu ses premiers habitants de toute espece, a moins qu'on ne voulut pretendre que les elephants et tous les aulres animaux, ainsi que les vcgelaux, onl etc erees en grand nombre dans tous les climats oil la temperature pouvait leur convcnirj supposition bardie et plus que graluite, puisqu'il sullil de deux individus ou meme dun seul, c'est-a-dire dun ou deux monies une fois donnes et doues de la faculte de se reproduire, pour qu'en un certain nombre de siecles, la terre se soil peu- plee de tous les elres organises, dont la reproduction suppose ou non le con- cours des sexes. En reflechissant sur la tradition de la submersion de rAllantide, il m'a paru que les anciens Egypliens, qui nous I'ont transmise, avaient des com- munications de commerce par le Nil el la Mcdilerranee jusqu'en Espagne et en Mauritanie, et que c'est par celle communication qu'ils auront ete in- formes de ce fait, qui, quelque grand et quelque memorable qu'il soil, ne serait pas parvenu a leur eonnaissance, s'ils n'etaient pas sortis de leur pays, fort (iloigne du lieu de revcnemenl. II semblerait done que la Medilcrranee, et meme le detroit qui la joint a I'Ocean, existaicnt avanl la submersion de I'Atlantide : neanmoins I'ouverlure du detroit pourrait bien elre de la meme date. Les causes qui ont produit raffaissemcnl subit de cette vaste terre ont du s'etendre aux environs; la meme commotion qui I'a detruile a pu faire ecrouler la petite portion de montagnes qui fermait autrefois le detroit; les EPOQUES DE LA NATURE. 9S iremblemenls de terre qui, nieme de nos jours, se font encore sentir si vio- lemnient aux environs de Lisbonne, nous indiquent assez qu'ils ne sonl que les derniers iffets d'une aneicnne et plus puissante cause a laquelle on pent allribucr raffaisseincnt de cetle portion de nionlagnes. Mais qu'elait la Mediterranee avant la rupture de celte barriere du cote de rOcean, et de celle qui fermait Ic Bospbore a son autre cxtreniile vers la mer iNoire? Pour repondre a cettc question dune maniere satisfaisante, il faul reunir sous un meme coup d'oeil I'Asie, I'Europe et 1" AtVique, ne les regardor que coinme un seul continent, et se representer la forme en relief de la surface de tout ce continent nvec ic eours de ses flcuves : il est certain que ceux qui tombent dans le lac Aral el dans la mer Caspienne ne fournisscnt (luautant d'eau que ces lacs en pcrdent par Tevaporation; il est encore certain (|uc la mer iVoire recoit, en proportion de son ctciidue, beaucoup plus deau par les fleuves que n'en recoit la Mcdilcrrance : aussi la mer Noire sc decbarge- l-elle par le Bospbore de ce quelle a de trop; landis qu'au conlraire la Me- diterranee, (|ui ne recoit quune petite quantite dcau par les fleuves, en lire de lOcean et de la mer Noire. Ainsi, malgre cette communication avee rOcean, la mer Mediterranee et ces autres mcrs interieurcs ne doivent etre regardees que commc des lacs dont letcndue a varie, et qui ne sont pas au- jourd'bui tels quils etaient autrefois. La nicr Caspienne devail etre beaucoup plus grande et la Mediterranee plus petite avant louverture des detroits du Bospbore et de Gibraltar; le lac Aral et la Caspienne ne faisaient qu'un seul grand lac, qui elail le receptacle comnuui du ^'olga, du .laik, du Sir- deroias, de I'Oxus el de toutes les autres caux qui ne pouvaienl arriver k rOcean : ces fleuves onl amenc successivement les limons et les sables qui separent aujourd'liui la (Caspienne de lAral; le volume d'eau a diniinue dans ces fleuves a mesure que les montagnes dont ils cnlraincnt los lerres onl diminue de bauteur : il est done tres-probable que ce grand lac, qui est au centre de I'Asie, etait anciennenient encore plus grand, et qu'il commu- niquait avec la mer Noire avant la rupture du Bospbore; car, dans cetle supposition, qui me parait bien fondec, la mer Noire, qui recoit aujourdbui plus d'eau quelle ne pourrait en p(;rdre par I'evaporalion, clant alors joiiile avec la Caspienne, qui n'en recoit quautant quelle en perd, la surface de ces deux mers reunies etait assez etendue pour que toutes les eaux amenees par les fleuves fussent enlevees par I'evaporalion. D'ailleurs, le Don et le Volga sont si voisins lun de I'aulre au nord de ces deux mers, qu'on ne pent guere doutcr qu'clles ne fussent reunies dans le temps oil le Bospbore, encore ferme, ne donnait a leurs eaux aucune issue vers la Mediterranee : ainsi celles de la mer Noire et de ses depen- dances etaient alors repandues sur toutes les terres basses qui avoisinent le Don, le Donjec, etc., el celles de la mer Caspienne couvraienl les terres voisines du Volga, ce qui formait un lac plus long que large qui reimissail ces deux mers. Si I'on compare letendue actuelle du lac Aral, de la mer 90 mSTOIRE NATURELLE. Cnspienne ct ile la mer Noire, avoc IV'tcndiic que nous leur supposons dans le temps do leur conlinuite, c"csl-a-dire avant louverture du Bos- pliorc, on sera convaincu que la surface de ccs eaux elant alors plus que doidile dc ce qu'elle est aujourd'hui, levaporation seule sulFisait pour en niaintcnir requilibre sans debordement. Ce bassin, qui etait alors pcut-e(re aussi grand que lest aujourdbui celui de la INlediterranec, recevait el contenait les eaux de tons les fleuves de I'in- terieur du continent de TAsie, Icsquelies, par la position des montagnes, ne pouvaient s'ecotder daucun cote pour se rendre dans I'Ocean : ce grand bassin etait le receptacle conmiun des eaux du Danube, du Don, du Volga, du Jaik du Sirderoias el de |)lusicurs autres rivieres tres-considerables qui arrivent a ces llcuvcs ou qui tombent imnicdiatement dans ces mers inte- rieures. Ce bassin, situe au centre du continent, recevait les eaux des terres de I'Europe dont les pentes sont dirigees vers le cours du Danube, c"esl-!t- dire de la plus grande partie de lAllemagne, de la Moldavie, de lUkraine ct de la Turquie d'Europe ; il recevait de memo les eaux dune grande partie des terres de I'Asic au nord, par le Don, le Donjec, le Volga, le Jaik, etc., ct au midi par le Sirderoias et lOxus; ee qui presente une tres- vasle elendue de terre, dont toulcs les eaux se versaient dans ce receptacle coninnni; tandis que le bassin de la Medilerranee ne recevait alors que relies du Nil, du Rlione, du P6, et de quelques autres rivieres : de sorte (ju'en comparant letendue des terres qui fournissent les eaux a ces derniers fleuves, on rcconnailra evidcinment que eette etendue est de nioilie plus l)etitc. Nous somnies done bien fond^s a presumcr qu'avant la rupture du Bosphorc et celle du delroit de (iibraltar, la mer Noire, reunie avec la mer Caspienne et I'Aral, formaient un bassin d'une etendue double de ce quil en rcsle; et qu'au eontraire la iModilerrance etait dans le memo temps de moitie plus petite qu'elle ne lest aujourd bui. Tant que les barricres du Bospliore et de Gibraltar ont subsiste, la Medi- terranee n'etait done qu'un lac d'assez mediocre elendue, dont I'cvaporation sulTisait a la recette des eaux du Nil, du Rboneet des autres rivieres qui lui apparliennent; niais en supposant, commc les traditions semblent lindiquer, que le Bospbore se soil ouvert le premier, la IMediterranee aura des lors eonsiderablement augmente, et en meme proportion que le bassin superieur de la mer Noire et de la Caspienne aura diminue. Ce grand elTet n'a rien que de trcs-naturel : car les eaux de la mer Noire, superieures a celles de la Medilerranee, agissant conlinucUement par leur poids et par leur mouve- ment contre les terres qui fermaient le Bospbore, elles les auront minees par la base, ellcs en auront attsque les endroits les plus faibles; ou peut-etre auront-elles eteamenees par quelque affaissement cause par un Iremblement de terre, et s'elant une fois ouvert celle issue, elles auronl inonde toules les terres inferieures, et cause le plus ancien deluge de notre conlinent : car il est necessaire que cette rupture du Bospbore ait produit tout a coup une grande inondalion permanente, qui a noyc des ce premier temps toutes le KPOQUES l)E LA i\ ATI UK. 97 plus basses lenrs ilc Ui (irece et ties provinces ailjaceiiles, el cellc inoiida- lioii s'fsl en nu'-nic (cinps etendiie sur les teircs (|ui environnuient ;incicnne- itienl Ic bassin do la Medileiranee, iacpiellc s esl dcs lors elevee do piusioiirs pieds el aura eouvert jmur jamais les basses terres de son voisinago, encore plus du cole de lAfrique que de celui de TEnrope: car les cotes de la iMau- rilanie et de la Harbario sent Ires-basses en coniparaison de celles de I'Es- pagne, de la Franco el de I'llalio, tout Ic long de coUe nicr. Ain>.i le coiili- iient a pcrdnen Afriquo el en Europe autant do lorro qu il on gagnail, pour ainsi dire, en Asie par la retraito des «'aiix onlrc la mer Noire, la (laspienne et lAral. Ensuile il y a eu un second deluge lorsque la porlo du dolroit do Gibraltar s'estouvorle; les oaux de I'Ucean onl dii produiro dans la ^lodilcrraneo une seconde augmentation et onl acheve d'inonder les terres qui nelaient pas submergees. Ce ivest peut-elre que dans ce second temps que sest forme le golfe Adriatique, ainsi (pie la separation de la Sicile cl des autres lies. Quoi quil en soil, ce n'csl qu'apres ees deux grands ovonomonts quo recpiilibre de ces deux mers interieures a pu seiablir, et qu'ollos ont pris lours dimensions a peu pres telles que nous les voyons aujourdhui. Au reste, I'epoquc de la separation des deux grands continents, et menie cello de la rupture de ces barrieres de lOcean et do la mor Noire, paraissent elre bien plus anciennes que la date des deluges dont les bonimos ont con- serve la memoire : celui de Deucalion nest (|ue d environ quinze cents ans avant lere chrelienne, et celui dOgyges de dix-liuit cents ans; tons deux n'ont ete que des inondations particulions, dont la prcniioro ravagoa la Thessalie, et la secondo les terros de lAltiquo; tons doux n'ont olo produits que par une cause particuliere et passagere commc leurs effels; quelques secousses d'un trembloment de terre ont pu soulever les eaux des mers voi- sines et les faire reduor sur les lerres, qui auront cto inondoos |)endant un petit tenq>s sans etro submergees a demeure. 1^' deluge do lArnionie et de lEgypte, dont la tradition sest conservee cboz les Egyplions et les Ilebroux, quoique plus ancien denviron cinq siecles que celui dOgyges, est encore bien recent en comparaison des evenenienls donl nous venons do pai lor, puisque Ion no comptc qu'environ (piatro mille cent amicos dopuis ce pre- mier deluge, et quil est tres-corlain que le lonqjs oi'i los elopbants iiabilaiont les terres du Nord etait bien anterieur a cotte date modornc : car nous som- ines assures par los livres les plus ancions que I'ivoire se tirait dos pays nie- ridionaux; par consoqiionl nous nc pouvons doutor (piil ny ait plus do trois mille ans que los olcpbants habitont les terres oil ils se trouvent aujourd bui. On doit done regarder cos trois deluges, quelque mcmorables quils soient, conime des inondations passageres qui n'ont point cbange la surface de la terre, tandis (|uo la separation dos deux oonlinonls du cole do 1 l']iuope n a pu se faire qu'on submorgeant a jamais les lorros qui los rounissaiont. 11 en eslde memo do la plus grande partie des terrains acluollonionl converts par les eaux de la Modilerraneej ils onl ete submerges pour toujoars dos los Bl VfO!*, lom. II. ' 98 IllsroiUi: iWTIIUIiLLK. temps oil lis porlos sc soul oiivorlcs mux deux exlreniiles de cctte incr iiile- riourc pour leccvoir Ics c;iu\ de l;i luor iNoire et ct'Iles de rOccaii. C-cs ovciicniciils, <|uoiq«e post(5rieurs h I clahlissemenl des animaux Icrres- ires dans les conlrees du i\oid, oiil peul-elre precede leur arrivce dans les lerres du Midi; car nous avons deinonlre, dans lepoquc precodenle, qu'il sesl eeoule bicn des sicclcs avanl que Ics cleplianls de Siberie aient [»u venir en Afrique ou dans les parties nicridionales de I'lnde. Nous avons comple dix mille ans pour celte espece de migration, qui ne sest faite qua inesure du refroidisscnicnt success! I cl fort lent des differents clinials depuis le cercle polaire a lequatcur. Ainsi, la se|)aralion des continents, la submersion des terres qui les reunissaieiit, colle des terrains adjacenls a lancier) lac de la Medilerranee, et enfln la separation de la mcr Noire, de la Caspiennc el de I'Aral, (juoique tonics poslericurcs a rctablisscmenl de ces animaux dans Ics conlrees du ^ord, pourraienl bicn etre aiilerieurcs a la |)0|)ulation des lerres du Midi, dont la clialeur (rop grande alors ne permcttail pas aux elres sensiblcs de s'y habituer, ni menie den approeher. Le soleil etail encore lenncmi de la nature dans ces regions brulantes de leur propre clialeur; el il n'cn est devenu le pere que (luand cette clialeur interieure de la lerre sesl ascz attiedic pour ne pas ollenscr la sensibilite des elres qui nous rcs- seniblent. II n'y a peut-elre pas cinq mille ans que les lerres de la zone lor- ride sont babitees, tandis qu'on en doit compter au moins quinze mille depuis I elablissemcnt des animaux icrreslros dans Ics conlrees du Nord. Les liautes montagncs, quoique situces dans Ics climats les plus cliauds, sc sent refroidies peut-elre aussi promplenienl que cellcs des pays Icmpcres, parce qu elanl plus clevees (lue ces derniercs, elles I'ormenl des pointes plus eloignces de la masse du globe : Ion doit done coiisiderer (prindcpcndam- menl du refroidissemenl general el successif de la Icrre depuis les poles a I equateur, ily a en des rerroidissemcnls parliculiers plus ou moins prompts dans toulcs les montagncs el dans les lerres clevees des differenles parlies du globe, el que, dans le leinps de sa trop grande clialeur, les seuls lieux qui fusscnt convenables a la nature vivanle, oiil cle les sommets des mon- lagiies et les autres terres elevees, telles que celles de la Siberie el de la liaute Tartaric. Lorsquc toulcs les eaux onl ete etablies sur le globe, leur mouvenienl d orient en Occident a escarpe les revers occidentaux de tous les contincnls pcndanl lout le temps qua dure 1 abaisseincnt des niers : ensuile ce nieme inouvemcnt dorient en Occident a dirige les eaux conirc les penles douces des lerres oricntales, el lOcean s'esl cmpare de leurs ancieniies coles; el de plus, il i)arail avoir Irancbe toulcs Ics poinlcs des eonlinenls Icrrestres, et avoir lornie les delroils de Magellan a la poinle de I'Amerique, de Ceylan a la poinle dc llnde, de Forbisber a cellc du Groenhind, etc. Cest a la date d'cnviron dix mille ans, a compter de ce jour, en arriere, que je phiccrais la separation de IKurope et de lAmerique; et c'est a peu pres dans ce niemc temps que rAiiglelerre a etc separee de la France, llr- E1MM,)IIKS 1)1-: LA JSATHRK. •)!) lande cle I Angiclerre, la Siciie do lllalie, la Sardaigiie do la Corso, el loiHcs deiix du coiiliiioiil dc rArri(|iiL- : cesl pcut-etrc aiissi dans cc ukmuc Icmps qui; los \iililles, Sainl-Ui>i)iingiic el C(d)a onl rle se|>aie.s du coriliiieiil do rVnierique. Toulos ees divisions |)arlicnlior('s soni eonl('ni|ioiaincs ou dc peu poslerieurcs a la grandc scparalion dos deux eontincMlf; la phiparl luenic ne paraissenl eire que les suites neccssaircs do cede grande division, laquellc, ayant ouvert unc large route aux eaux de I'Oeean, leur aura perinis «le refluer stir toules les terres Itasses, d'er) adacpicr par leur niouveuiont les parlies les nioins soiides, de les miner peu a pen, el ociele qu'entre quelques families dispersces a de grandes distances, peut-elre au nombre de trois ou quatrc cents carbcts dans une lerrc donl iciendue est quail e Ibis plus grande (jue celle dc la France. (les liommes, ainsi que la lerre qiiils liabitenl. piiiaissent etre les plus nouveaux de I imivers : ils y sonl arrives des |)ays plus eleves, el dans des temps posterieurs a retablissement de lespecc iiumaine dans les liaules con- trees du Mexique, du Perou el du Chili; car, en supposant les premiers homines en Asie, ils auioiil passe par la meme roiile (|ue les elephants, el se seronl, en arrivatit, repandus dans lo lerres de 1 \ni("ri(pie stplen- tiionale el du Mexique; ils auronl ensuitc aisemenl franehi les hautes lerres J 02 [HSTOIRE NATLIUaLE. au dcli'i «lf lislliiiu', el se seroiir etablis dans cellcs d(i I'cron, ol onlin il? auroiit pcMit'tic jus(nio dans Ics eontrecs les plus rcculecs de I Ain('Ti(|nc nic- ridioiialc. Mais nest-il pas singulicr que cc soil dans quclquos-unes de ees deniieres contrecs qu'cxistont encore de nos jours les i^cants dc Icspece humaine, tandis qn'on n'y voil (jue des pyginees dans le genre dcs animaux? car on ne peul douter qu'on nait rencontre dans rAn)cri(|ue meridionalc des honniies en grand nond)re, lous plus grands, plus carres, plus cpais et plus forlsquene lesont tousles autreshommesde la lerrc.Les races degeants, autrefois si communes en Asie, n'y subsislcnt plus. Pourquoi selrou vent-el les en Anierique aujourdliui? Ne pouvons-nous pas croire que quclques gcanis, ainsi que les elephants, out passe de I'Asie en Anierique, oil selanl irouves, pour ainsi dire, seuls, leur race sesl conservee dans ce continent desert, tandis quelle a ele entieremcnt detruitc par le nombre des autres lionimes dans les conlrees jieuplees? I'ne cireonstance me parail avoir con- couru au mainlien lie cetlc aiicienne race de geants dans le continent dti nouveau moiide; ce sont Ics hautes inonlagncs qui le partagent dans toutc sa longueur et sous tous Ics climats. Or, on sail qu'en general les habitants dcs montagnes sont plus grands et plus forts que ceux des vallces ou des* plaines. Supposant done quelques couples de geanls passes d'Asie en Amc- rique, ou its auroiil trouve la liberte, la lran(|uillile, la |)aix, ou daulres avantages que peut-etrc ils navaient pas chez cux, nauronl-ils pas choisi dans Ics terres de leur nouveau domaine cellcs (|ui letn" convenaient le mieux, taut pour la chaleur (|ue pour la salubrile de lair et des eaux? Ils auroni lixe leur domicile a une hauteur mediocre dans les montagnes; ils se seront arretes sous le clinial le plus favorable a leiu' multiplication ; el conuno ils avaient pen d occasions de se mesallier, puisque loutes les terres voisines etaient descries, ou du nioins lout aussi nouvellemenl pcuplecs par un petit nombre d'honnnes bien inferieurs en force, leur race gigantesque s'est propagee sans obstacles et prcsque sans melange : elle a dure el subsiste jusfju a cc jour, landis quil y a nombre de siecles tiu'ellc a etc detruite, dans les lieux de son origine en Asie, par la tres-grande et plus ancienne population dc cette panic du inonde. Mais aulanl les hommcs se sont nudliplies dans les terres qui sont actuel- Icmenl chaudes et temperecs, autant leur nombre a diminue dans cclles qui soiU devenues Irop froidcs. I.e iionl du Croenland, de la Laponie, du Spilzberg, dc la Nonvclle-Zend)le, de la tcrre des Samoiedcs, aussi bien (punic panic de cellcs qui avoisinenl la mcr (ilaciale jusqu'a rextremite de I'Asie au nord de Kamtschatka, sont actuellemenl descries ou plulol de- peuplees depuis un temps assez nioderne. On voit nieme, par Ics cartes russes,(iue depuis les embouchures dcs fleuvcs Olcnek, Lena et Jana, sous les soixanle-lreizicme el soixanlc; qualorzieme degres, la route, lout le long dcs coles de celte mcr glaciale jusqu a la tern- dc Tsehulschis, elail aiUrefois fori fr(H|nciil(V, ci ipracluellenicnl cllc cbt inq»raticablc, ou tout au moins si dillicilc, quelle esi abandonnoe. Ccs memcs carles nous monlrcnt que des KPOQLES 1)E LA ^\IL1KI:;. 103 liois vaisscaux partis en 1648 do rc.inlioueliurc coiiiiiiiiiif des lleuvcs dc Kolina cl Olumoii, sous lo soixaiile-(louzi6nic dogro, iiii scul a (loid)le lo cap de la Icrre dcs Tschulscliis sous !o soixaiilo-r|uinzi('inc degre, el soul est ar- rive, disont los nicmcs carles, aux iles d Anadir, voisiiics de I' \rneri(pie sous le rerelc polaire. Mais aulaiit je »;uis persuade de la veiile de ees premiers fail*;, autaul je doule de colic du dernier; car celle nieme carle, tpii presciile par une suite de points la route de ce vaisscau russe aulour dc la terre dcs Tschulscliis, porle en ineiue lenips en tonics ffttrcs quon ne eoniuiil [las I cleuduc de celle lerrc : or, (|uan(l nietne on aurail en l()i8 parcouru celle mcr el fail Ic tour de cctle poinle dc I'Asie, 11 esl sur (]ue depuis ce temps Ics Jlusses, (pioique trcs-intercsscs a ccltc navigaliun pour ,irri\ er au Kamtsclialka, ct de la au Japon el a la Chine, lont cnlierenieni ahandoniiee; niais pent- elre aussi so sonl-ils reserve pour eux seuls la connaissance de celle route aulour de celle terre des Tschulschis, (|ui lornie I cxlreniile la plus septeii- trionalecl la plus avancec du continent de lAsie. Quoi (pi'il en soil, toules les regions seplcnlrionaics au dela du soixanlc- seizienie degre, de|)uis le nord de la iN'orwege juscpi'a lexlreniile de lAsie, sont acluellement denuees d'hahitanis, a I exception de (piehpies niallienreux que les Danois el Ics Busses oni elnhlis pour la peche, ct (pii seuls entrc- liennent un reste dc population el de eoninieree dans ce elinial glace. Les Icrres du Nord, autrclois assez ehaudes pom- faire Mudlipiier les (Mephants ct les hippopotanics, selant deja refroidics au [toiril de ne pouvoir noinrir que des ours hiancs et dcs rcniies, seront, dans (piehpies niilliers daiinecs, enlicrenient denuees et descries par les seuls elTets du rcfroidissemenl. II y a inenie dc ires-fortes raisons qui uie portent a croire que la region dc noire pole qui n'a pas etc reconnuc ne le sera jamais : car ce refroidisse- ment glacial me parait s etre empare du pole jusqu a la distance de sept ou huit degres; et 11 est plus que prohahle que toute celle plage polaire, autre- fois terre ou mcr, nest aujourd liui que glace; et si celle prcsomplion est foiidee, le circuit el I elendue dc ees glaecs, loin de diininner, ne poiirra iprauginenler avee Ic refroidisscnient de la terre. Or, si nous considerons ce qui sc passe sur les liautcs moiitagnes, memc dans nos climats, nous y Irouverons une nouvelle preuve demonstrative de la realile de ce rcfroidissemenl, el nous en tireroiis en nieme leinps niM- comparaison qui me parail frappante. On trouve au-dessiis des Alpes, dans une longueur dc plus de soixanie lieues sur vingl, el meme Irenle de lar- geur en certains endroils, depuis les monlagnes de la Savoic et du canloii de Berne juscpia cellcs du Tyrol, une elendue immense ct presque eonliniic de vallees, de plaincs el deminonces de glaces, la |)lii|»arl sans inelange d aucuFK! autre malierc, el prescpic toules permaneiites, el (pii ne fondeni jamais en cnticr. Ces grandcs plages de glace, loin de diminuer dans leur cir- cuit, augmcntcnl ct selendcnt de plus en [>lus; elles gagncul do lespacc sur Ics lerrcs voisines el plus basses : ce fail est demonire par les cimes dcs grands arhres, ci meme par une pointc de ciocher, qui sont enveloppes dans \(U niSTOIRE NATDRELLK. ees masses de ghices, el qui no paraisscnl quo dans cerlains cios Ires-cfiaiifls. pendant lesqnels cos glaces diniinuenl de quelques pieds de hatileur; rnais la masse inteiicure, qui, dans certains endioits, est epaisse de cent toises, ne sest pas fondue de memoire d'homine. II est done evident que ces forels et ce clocher cnionis dans ces glaces epaissos et permancntcs, etaient ci-de- vant sillies dans dos terres decouverles, lialiilees, el par consequent nioins refroidies (pi'elles ne Ic sonl aujourd laii; il est de meme tres-cerlain que cette augmonlation successive de glaces ne peut etre attribuee a laugmen- talion de la quanlile de vapeurs aquouses, puisque tous les sommels des monlagncs qui surmonlent cos glaoiorcs no sonl point oleves, et se sent au conlrairc abaissos avec le (omps ol par la cliule dune infinite de rocliers el de masses on debris (|ui ont roulo, soil au fond des glacieros, soil dans les valloos ir)forioures. Dos lors lagrandissement de ees oontrees de glace est noire corclo polairo, il y a moitii' plus do lorro quo deau, landis quo tout psl mor sous le oerolo aniaieliquo : Ion voji qu cntro notre ccrclc io(i iiistoikl; ^.vTURKLLl:. polairc cl If (ro|ti(|ii(' dii (laricor, il y a plus dc deux licrs do Icrrc siir itii tiers dc iiior, an lien (|ii ciilrc lo ccrcic polaire aiilarclitpic el le ln)pi<|iic dii Capricorncj il y a peiil-elrc qiiiiizc I'ois phis de mer que dc terre. Ol hemi- spliere ausli id n done ete de toiil teinps, comriie il Test encore anjourdlnii. hcancoiip plus aqiieux et phis (Void (pie le node; el il n'y a pas d'apparenec (pie passL' le eiiupianlic'ijie degie ion y Iroiive jamais des Icrres heureuses et lemp(?r('cs. II esl done presquc eerlain que les glaces onl cnvahi une plus grande (itendue sous le p()Ie anlaretiqiie, cl que Icur eireonf(^rencc setcnd peut-('lre heaueoup phis loin (pie eelle des glaees du p(')le areliquc. Ces immenses glacii^res des deux p(')lcs |)rodiiilcs par le refioidissenienl, iront, coniine la giaeiiTe des Alpcs, loiijouis en augmentant. La posteritt' nc lar- dcra pas a le savoir, el nous nous croyons foiidi'rs a le pr(isunier d'apr(3s noire iheorie el d'apirs les fails que nous venous d exposer, auxipiels nous devons ajouter cehii des glaees permaiienles qui se soul formees depuis ipiehpies si(ieles conlre la e(ite orienlale du (Iroeiiland; on peul encore y joindre raugmenlalion des glaces pres dc la Nouvelle-Zemble dans le detroil de Waiglials, donl le passage est devenii plus dilllcile el prcsque impralieahle; et enfin riinpossihilil('' ou Ion est de pareoiiiir la mer (ilaeiale au nord de I /Vsie; ear, jnali;r('' cc qiieii out dii les lUisses, il esl tr(!'s-duuteu\ (jue les e()tes de eelle nier les plus avancees vers le nord aient etc rcconnucs, el (piils aieni fail ic lour de la poinle seplentrionale de I'Asie. Nous voila, conime je me le siiis propose'', dcseendiis du sommel de I ('clielle du temps ]us(|ua des si(>eles assez voisins du noire; nous avons ])ass(j du chaos dc la lumii^'re, de ruieandcseence du globe a son premier rcfroidissemoni, cl cette pc^riode de temps a (lUei de vingt-cinq niille ans. Le second degiT de re rroidissement a permis la chute des caux el a produil la d(''piiralion de ralmosplu'ie depuis vingt-cinq a trenle-cinq mille ans. Uans la troisicme epo(pic s'est fail lelablissemenl de la mer universclle, la pro- duclion des premiers enquillag(>s (!t des preniiers v(}g(^laux, la eonslruction (le la surface de la lerre par lils horizonlaux , ouvragc de quinze ou vingl aulres milliers d'amiiVs. Sur la liii dc la troisi('me (''po(pie, el an (,'omincnee- ment de la (pialrieme. sesi I'aile la rctrailc des caux : les couranis dc la mer onl ereus('' nos vallons, el les I'eux soulerrains onl eominenc('' dc ravagcr la lerrc par leurs ex|)losious. Tons ces dcrniers mouvcmenis out dure dix miiic ans de |)his: cl, en sommc tolale, ces grands c-vi'nements, ces op(^ra- lions et ces conslruclions supposcnt an moins une succession de soixaiile mille amK'cs. Apies quoi. la nature, dans son premier moment dc repos, a doniu' ses produelions les |)lus nohK^s; la cin(iui(;'me (jpoque nous presenlc la nais^anec des aiiiniauxlcrrcslrcs. II esl vrai (pie ce repos n'elail pasahsohi; la lerrc nelail pas encore loul a fail liaiHpiillc, puis(|ue ce n (!sl qu api es la naissance des premiers animaux lerreslrcs que sesl laite la s(^paralion des continents el (pie soul arri\(''s les »rands changemcnis ipic je viens d'cxpo- ser dans la sixi(Miic ('•poquc, Au restc, j ai fail re qiir ) ai \)\\ pour prnpnnionner dans (iiacune de ces EPOQIES DE L\ iWTlUK. 107 [niriodcs la durec du loni|ts a la grandcm" dcs ouvragcs; j'ai laclic, dapres mcs iiypotlioscs, de tracer Ic lableou successif des graiulcs revolutions de la naliire, sans nenrunoins avoir prctendu la saisir a son originc, et encore nioins lavoir emhrassee dans loulo son eleiidiie. Et ines liypoliicses fusseiil- clles conlestees, el mon tableau ne (Vit-il qu'une esquisse tres-iinparfailc de celui de la nature, je suis convaificu que lous ceux qui de bonne foi vou- dronl examiner crtle es(|uisse, et la conqiarer avec le niodele, Irouveront assez de ressend)lance poiu' pouvoir an nioins salisfaire leius yenx, el fixer leurs idees sur les plus grands ohjets de la pliilosopliie naturellc. SKIMIEMIl I:I DEIiMIEKb: I'rOOHK. I.OIiSQUi; LA rUISS\PICE DB LtlOIUIUB A SECOIVDE CELLE l>R I.A INATI'llE. Les premiers liommes, lemoins des mouvemenls couvulsiCs de la lerie encore rcccnts el Ires-freqnents, n'ayanl (pie les monlai-nes |)our asiles contre les inondations, cliasses sonvcnt de ccs mcnics asiles pai' le feu des voleans, iremblants sur une lorrc (pii Ircmblail sous leurs pieds, nus d'esprit el de corps, exposes aux injures de lous les elements, viclimes de la fureur des animaux feroces, donl ils ne pouvaienl cvilerde d(!venir la i)roie; tons eija- Icmenl penelres du senlimenl commun dune terreiu' I'unesle, lous eu;ale- menl presses par la necessile, n'onl-ils pas tres-promplemcnl elierche a se reunir, d'abord pour se defendre par le nombrc, ensuilc pour saider el ira- vailler de concert a se faire un domicile el des armes? Ils onl conMnence par aii^uiser, en Corine de liaelies, ces cailloux durs, ccs jades, ccs picrres de fiiu- (Ire, que Ton a crues loinbees des mics el formees par le toniicrre, et qui neaninoins ne sont (pie \o.s premiers monuments de I arl de I homme dans lelat de pure nature : il ama bicnUH lir(3 du feu de ces mc^mes (!aillou\ en les I'rappanl les nns eonin! les aulres ; il aura saisi la damme des voleans. ou prolit('; du leu de lems laves brulantes pour les communiqiier, poor se faire jt)iu' dans les fort'ts, les hroussaillcs ; car, av(!C Ic secours de ee puis- sant (Ut'iiient, il a ncltoyi'-, assaini, |)urin('' les terrains quil voidail liabiler: aVee la liaclie de pierre, il a tranche, ((lupc' les arbres, nieiiuis(' le bois, faconnc'; ses armes el les insirumeuts de prcmiire ni'ccssiu-. El, apr(;s scHre munis de massuos el daulres armes pesanlcs et d»'fensives, ces premiers 108 IIISTOIHK iNATLRELLE. honinirs n'onl-ils piis tioiivc \c nioyoii dVii (nirc d oirciisivos plus legores, pour attciiulie de loin? nn ucrl', un tciulon d'aiiiiuiil, des fils d'olocs, ou I'ecorce souplc d'une plaiitc ligucuse, lour ont servi de corde pour renriir 1es deux extrcniiles duiic hrauclic clastique doiil ils out fait Icur arc ; ils ont aiguiso danlres pclits cailioux pour en ariner la flcclie. Bienlot ils auront eu dos fdols, dcs radoaux, dcs eaiiols. et sen sont tonus la tant quils nonr Corme que de pelils nations coinposees de quelques families, ou plulot de parents issus dune nienie famille, coinme nous le voyons encore aujourdhui clicz les sauvages qui veulenl denieurer sauvagcs, cl qui le peuvent, dans les lieux ou Tespace libre ne leur man(|ue ])as i)lus que le gibicr, le poisson el les fruits. Mais dans tous ceux oil rcs|)aee sest Irouvc conline par les eaux, ou resserre par les liautes niontagnes, ees petites nations, devenues Irop nombreuses, ont etc forcees de partager leur terrain entie dies, ct cesl de CO moment que la terre est devenue le domaine de I'liomme : 11 en a pris possession par ses travaux de culture, et rattacliemenl a la |)atrie a sui\i de tres-pres les premiers actes de sa propriete. Linteret parliculier faisant partie de linteret national, lordre, la police ct les lois ont du succeder, et la socicte prendre de la eonsistancc ct dcs forces. ■\canmoins, ces liommes, profondemcnt alTectes dcs calamiles de leur premier etat, et ayanl encore sous leurs yeux les ravages des inondatious, les incendies des volcans, les gouffres ouverts par les secous.ses de la terre, ont conserve un souvenir durable et presque etcrnel de cesmalbeurs du monde : lidcc qu'il doit pcrir par un deluge universci ou par un enibrasement ge- neral; le respect pour cerlaincs monlagnes sm- lesquclles ils s'ctaieni sauves des inondalions; I'liorrcur pour ces autres montagnes qui lancaienl des feux |)lus terribles (jue ceux du tonnerre; la vue de ees combats de la terre con- ire Ic cici, foiidemcnt dc la fable dcs Titans et de leurs assauls eontre les dieux; ro|)inion dc lexislciicc rcclle dun etre malfaisant, la crainle ct la superstition qui en sont le premier produit; tous ces sentiments, fondes sur la terreur, se sont dcs lors enq)ares a jamais du cwur cl de Tcsprit de I liommc:a[)cine csl-il encore aujourdbui rassure par Icxperience deslcnqis, par le calmc (jui a succcde a ces sicclcs d orages, eniin par la connaissanee des effcts et des operations dc la nature; connaissanee qui n'a pu sac- qucrir quapres retablissement de (piclque grandc socicte dans les tcrrcs pnisibles. (le nest poini en Afrique, ui dans les tcrrcs de lAsie Ics plus avancce^ vers le midi, que les grandes socieles ont pu d'abord se former; ees eon- trees elaienl encore brulantcs et descries : ce n'est point en Ameriquc, (pii n csl evidcmment, a lexccplion dc ses cbaincs de montagnes, quune lerrc nouvcllc; cc nest pas mcnic en lunopc, (|ui n'a recu <|ue fort lard les lu- nueres de roricnt, que se sont etablis les premiers bonuucs civilises, puis- quavant la fondalion dc [Jomc, les eontrce.s les plus lieurcuses de cette panic du mondc-. idles (|uc llialie, la France et I'AlIemagne, netaient en- core peuplecs que (1 homines plus qua demi sauvages Lisez Tacilr, sur les KPOQUIiS DK LA NATIHI^. KM) luceurs des Geimains; c"est le tal)leaii <]e celles des llnrons, on pliilol des fiabiludes di: I'especo liiimaiiie eiilioro sortant de letat de naliiiT. C est done dans les condees septenlrionales dc lAsic que s'ost elevee In ligo des con- naissances de I'liomniej ct e'est sur ce Ironc de Tarbre dc la seicnce que s'est eleve le trone de sa puissance : plus il a su, plus il a pu; mais aussi, moins ii a fail, moins il a su. Tout eela suppose les lioniines aclil's dans un cliiuat licureux, sous uu ciel pur pour rohserver, stu- uiie tone leconde pour la culliver, dans une conlree piivilegiee, a lahri dc^^ inondations, eloigneo des volcans, plus elevec et par consequent plus ancienncnienl teni- peree que les autres. Or, toutcs ces conditions, lou(es cos circonstances s*; soul trouvees reunies dans le centre dii continent dc lAsie, depuis Ic qua- rantieme degre de latitude juscpi'au ciiKpiantc-cinquieme Les lleuvcs qui portent leurs eaux dans la nier du iNord, dans lOcean oriental, dans les mers du Midi etdans la Caspiennc, partent egaleaient de celte region ele- vee qui fait aujourd'hui pariie de la Sibcrie mcridionale ct de la Tartaric. Cest done dans cette terre plus elevec, pins solide epic les autres, puiscpielle leur sert de centre, ct quelle est eloignce de pres de cinq cents lioues de lous les oceans; c'cst dans celte contree privilegiee que s'est forme le pre- mier peuple digue de porter ce nom, digne de tous nos respects, comme createur des sciences, des arts ct de toules les institutions utiles. Cette verite nous est egalcmcnt deniontree par les monuments dc riiisloire natu- relle et par les progres presque inconcevables de I'anciennc astronomic. Comment des hommes si nouveaux ont-ils pu Irouver la periode luni-solaire de six cents ans? Je me borne a ce seul fait, quoiqu'on puisse en cilcr beau- coup d autres lout aussi merveilleux et tout aussi conslants. lis savaient done autanl d astronomic (pi en savait dc nos jours Dominique Cassini, qui le premier a demontre la realite et Texactitude de celte periode dc six cents ans; connaissance a laquellc ni les Cbaldeens, ni les Kgyptieiis, ni les (Jrecs ne sont pas arrives; connaissance qui sup|)ose celie des moiivcments precis de la luncetde la terre, et qui exige une grande perfection dans les instruments necessaires aux observations; connaissance qui ne pent sac- querir qu'apres avoir lout acquis, laquelle n'etant fondee que sur une lon- guc suite de reclierelies, d etudes et de Iravaux astronomiqucs, suppose au moins deux ou trois mille ans de culture a Icsprit liumain pour y par- venir. Ce premier pcu|)le a etc tres-lieureux , puisqu'il esi devenu tres-savant; il a joui pendant plusieurs siecles dc la paix, du rcpos, du loisir nccessairc a eetle culture dc Tespril, de laquelle depend le fruit de toutcs les autres cultures. l*oiu- se doiiler de la periode de six cents ans, il I'allait au moins douze cents ans dobscrvations; pour I'assurcr comme fait certain, il en a fallu plus du double : voila done deja trois mille ans d etudes astrono- miqucs; et nous n'en serous [)as eionnes, piiiscpiil a fallu ee meme temps aux astronomes, en les comptaiit depuis les (jliaklecns jusqu'a nous, pour reconnaitrc cette periode; et ces premiers trois mille ans dobscrvations no iiisToiKK ,natijhi:lle. iislioii()nii(|iU'S iiOnl-ils pn^ olo iim'ssaircineiU pivccdt's cie (|uel(|ucs sicclcs oil la scioiiec ncliiit pas ruV? Six millc aiis, a coinplcf dc ce jour, soiil-ils suflisants pour rciiionlor a I opocpic la plus iiohic dc 1 hisfoirc do I'liouime, ol menic |)our Ic suivrc dans les prenucrs progics (|u il a fails dans les arts et dans Ics sciences? Mais niallieuieuscnieiil elles oiu ele |)crdues, ces liaules et belles sciences; elles nous sonl parvenues que par debris Irop informcs pour nous scrvir autremcnl qu a reconnailre leur existence passee. Linvention de la forniulo dapres laquclle Ics liramcs caleulenl les eclipses, suppose aulant de science (|uc la construclion de nos epiieinerides , et cependant ces menies brames n'onl pas la nioindre idee de la composition ile I'univers, ils nen ont (|ue de fausses sur le niouvemcnt, la grandeur el la position des planetes ; ils cal- culent les eclipses sans en connaitre la iheorie, guides eomme des niacbines par une gannnc fondee sur des (orniules savantes qu'ils ne coniprennent pas, et que proi)ableuienl leurs ancelres nont point invenlees, puis(pi"ils n'onl rien perfectiocnie, cl quils n'onl pas transmis le nioindre rayon dc la science a leurs descendants : ces formules ne sonl entre leurs mains que des metliodes de pra(i(pi»!; mais elles su|)poseiil des connaissances prolbndes donl ils n out pas les elements, dont ils nont |)as ineme conserve les nioindres vestiges, el qui par consequent ne leur onl jamais apparlenu. Ces metliodes ne peuvenl done venir que de eel ancicn peupic savant, qui avail reduit en formules les mouvemcnls des aslres, el (pii, par une loiigue suite d observations, etait parvenu nonsculcnienl a hi prediclion des eclipses, mais a la reconnaissance bien |)lus dillicile de la pcriode ue six cents ans el dc lous les fails astronomiqucs que cette connaissance exige el suppose ne- cessaironicnt. Je crois eire fonde a dire <|ue Ics IJiames n'onl pas imagine ces formules savantes, puisque loutes leurs idecs |)liysiqnes sonl contraires a la tbeorie donl ces fonmdes de|)endcnt, cl ipic s"ils eusscnl compris cetic tbeorie meme dans le temps (piils en ont recu les rcsullals, ils eusscnl conserve la science, et ne se trouveraient pas reduits aujourdbui a la plus grande ignorance, et livres aux prejuges les plus ridicules sur le systemc du monde : car ils croient que la lerre est immobile et appuyee sur la cime d une monlagne d'or; ils pensenl que la lunc esl eclipsee par des dragons aeriens, que les planetes sonl pins jieliles que la Inne, etc. il est done evident qu'ils nont jamais eu Ics premiers elements de la tbeorie astronomique, ni meme la nioindre connaissance des principes (juc su|)posenl les metliodes donl ils se servenl. Mais je dois renvoyer ici a lexcellcnl ouvragc que M. Bailly vieiil de pablicr sur lancienne astronomic, dans lequel il discute a fond tout ce qui est relalil a 1 urigine el au progres de cette science : on verra que ces idees s'accordent avee les micnnes; et d'aiileurs il a Iraite ce sujet important avec une sagacilc de genie el une profondeur d'eriidilion qui inerilent des eloges de lous ceux qui s'intercssent au progres des sciences. Le Cbinois, un pen plus eclaires que les Brames, calcnlenl assez gros- KI'OOLES Di: LA > VT[ HE. Ill sieiciueiil les liclipscs, el les ciilciileiil luiijoiirs do luiiiiie ilepuis deux uii iiois millc iins : ))iiis(|u"ils ik; perrccliomiciil ricii, ils n'oiil jiiinais rieii invciitc; la science n csl done pas plus nee a la Oliinc (|u aux Indes. Onoicpie aussi voisins (|uc les Indiens du |)rcniier peuple savanl, les CJiinois no paraissenl pas en avoir rien tire, lis n'ont pas nieme ccs Ibnnulcs aslronoini(|ues doni les Braaies onl conserve lusage. el qui soiit neannioins les premiers el grands nionunients du savoir el du bonlicur de I liomnie. 1! ne parail pas non plus que les Clialdeens, les Egyplicns el les Grecs aienl rien reeu de ce premier peu|tle eclairej car, dans ces conlrees du Levant, la nouvelle astro- nomic nest due qua lopinialre assiduile des obscrvateurs clialdeens, el cn- suite aux Iravaux des Grees, quon ne doit daler que du temps de la fonda- dation de lecole dAIexandrie. INeanmoins ectte science etait encore bicn imparfaite apres deux mille ans de nouvelle culture ct meme jus(|u a nos derniers siecles. II me parail done certain quo cc premier peuple, cpii avail inventc el cullive si lieurcusement el si longlemps I'aslronomie, n'en a laisse que des debris ct (juelqucs rcsultats (pi'on pouvail rctcnir de memoiro, eomme celui de la periode de six cents ans que I bistorien Josepbe nous a Iransmise sans la comprendre. La pcrte des sciences, celle premiere plaie faitc a I'liumanile par la liaclic de la barbaric, fut sans doule 1 efl'cl d une malbeurcusc revolution qui aura delruit peul-otre en peu d'annees 1 ouvrage et les Iravaux de plusiours siecles, car nous ne pouvons douter que ce premier peuple, aussi puissant d abord que savanl, ne se soil iongtcmps maintenu dans sa splendour, puisqu'il a fail de si grands progros dans les sciences, et par consequent dans tons les arls qu'exige lour elude. Mais il y a loule apparcnee quo (|uand les lerres si- luees au nord dc celle beureuse conlree onl etc trop relroidics, les bonnnes qui les babitaient, encore ignoranls, laroucbos el barbaios, auronl rcflue vers celte memo conlree ricbe, abondanle et cultivee paries arls; il est meme assez elonnant (|u ils sen soient emparos, el (piils y aienl delruit non-seule- menl les germes, niais memo la memoire de loule science; en sorlo (|uc trente siecles d ignorance onl peul-elre sui\i les irenle siecles de lumiore qui les avaienl precedes. De lous ces beaux el premiers fruits de I'espril bu- main, il ncn est reste (|ue la mare; la nietapliysique religieuse, ne pouvant elre comprise^ n avail pas besoin delude, et ne devait iii sallerer ni se perdre, quo faule de memoire, laquelle ne man(iuo jamais des quelle est frappee du merveilleux. Aussi celle metapbysi«pie sesl-elle r»'>panduc de cc premier centre des sciences a toutes les parties du monde ; les idoles de Calicut se sonl irouvees les memos que celles de Seleginskoi. I>es polori- nages vers Ic grand Lama, clablis a |»lus de deux millo lieuos do distance ; I'idec de la melempsycose portee encore plus loin, adoptee comme arlicle de foi par les Indiens, les Elbiopiens, les Allanlcs; ces memos idocs doligu- recs, recucs par les Cbinois, les Perses, les («recs, el parvcnues jusqu'a nous : lout scmblo nous demontrer (|ue la premiere soucbe et la ligo com- mune des connaissances bumaines apparlionl a celle terrc de la Haute- 112 IIISTOIHK iNATl KKLLi:. Asie * el i|iio les niincjuix sleriles ou degeiieres dcs nobles branches ile cetle ancioiirie soiiche se sonl elendus dnns loutes les parties de la terrc, eliez les peiiples civilises. El que pouvons-iious dire de cos sieelcs de barbaric qui se sonl ecoules en pure pcrle pour nous? ils sont ensevelis pour jamais dons line nuil pro- I'onde; I liomnic dalors, repionge dans les tenebrcs de lignorance, a, pour ainsi dire, cesse delre lionimc. Car la grossierete, suivic de loubli des de- voirs conunence par relaelier les liens de la socieie, la barbaric aclieve de les ronipre; les lois ineprisees ou proscrites, Ics nioeurs degenerces en habi- tudes farouehes; laniour de I hunianile, cpioique grave en caracteres sacres, efface dans les coeurs; Ihomine enfin sans education, sans morale, reduit h mener une vie solitaire ct sauvage, noffre, au lieu de sa haute nature, que eellc dun elre degrade au-dessous de lanimal. Neanmoins, apres la pertc des sciences, les arts utiles auxquels elles avaienl donne naissance se sont conserves : la culture de la terre, devenue plus necessaire a mcsure que les hommes se trouvaienl plus nombreux, plus serres; loutes les pratiques quexige celte meme culture, tons les arts que supposent la construelioii des edifices, la fabrication des idoles et des armes, la texture des etoffes, etc., out survccu a la science; ils se sont repandus de proche en prochc, perfeclionnes de loin en loin; ils ont suivi le cours des grandes populations : I'ancien empire de la Chine s'cst eleve Ic premier, et presque en memo temps celui des Atlanles en Afrique ; ceux du continent de lAsie, celui de I Egypte, de lEthiopie, se sont successivement etablis; et enfin celui de Home, auquel notre Europe doit son existence civile. Ce n'est done que de|)uis environ trente siecles que la puissance de Ihomme s'est reunie a celle de la nature, et scst etendue sur la plus grande partie de la terre : les tresors de sa fecondite juscpialors elaient enfouis, Ihomme les a mis au grand jour; ses aulres richesses, encore plus profondement enlerrees, n'ont pu se derober a ses recberches, et sonl devenues le prix de ses travaux. Partout, lorsqnil sest conduit avec sagesse, il a suivi les leeons do la nature, profile (le ses exeniples, employe ses moycns et clioisi dans son inmiensite lous les objets qui pouvaient lui servir ou lui plaire. Par son intelligence, les animaux ont ete apprivoises, subjugues, domptes, reduits a lui obeir a jamais; par ses travaux, les marais ont ete desseches, les fieuves contenus, leurs cataractes effaeecs, les forels eclaircies, les landes cultivees; par sa reflexion, les temps ont ete comptes, les espaces mesurcs, les mouvements celestes rcconnus, combines, representes, Ic ciel et la terre compares, luni- vers agrandi, et le Createur dignement adore; par son art emane dc la Lis ciiltuics, Ics arU, tes li(niii;s I'purs dims cctte region (dit lo savant iialuralisle M.Pallas) sont Ics leslcs encore vlvanls d'lm empire ou d'nne societc llori^sante, donl liisloire meme est enscvrlie avec ses cites, ses temples, ses armcs. ses monuments, dont on deterre a cliaque pas d'enormes debris ; ces peiiplades sonl les mrmhrcs d'unc enornic nation a laquelle il manque unc tele. iVoyagc dc Pallas en Siherle. etc.) EPOQUES DE LA NATURE. 115 science, les mers ont ele traversees, los montagncs franchies, les peuples rapproclies, un nouveau monde decouvcrt, millc aulres terres isolees sont devenucs son domainc; enfin la face enlierc de la Icrre portc aujourdhui rcmpreinte de la puissance de llioninie, laquelle, (juoique subordonnee a eelle de la nature, souvent a fait plus quelle, ou du moins Ta si merveil- leusement secondee, que c"est a laidc de nos mains quelle s'est developpee dans toute son etendue, et qu'clle est arrivee par degres au point de per- fection et de magnificence ou nous la voyons aujourdhui. Comparez en efTet la nature brute a la nature cultivce *, comparcz les pe- lites nations sauvagcs de I'Amerique avec nos grands peuples civilises; com- parcz meme cclles de I'Afrique, qui ne le sont qua demi; voyez en meme temps letat dcs terres que ces nations habitent, vous jugercz aisement du peu de valeur dc ces hommcs par le peu dimpression que lours mains ont faite sur le sol. Soit stupidite, soil paresse, ces hommes a demi bruts, ces nations non policees, grandes ou petites, ne font que peser sur le globe sans soulagcr la terre, TalTamer sans la fcconder, detruire sans (''(ii(!cr, tout user sans ricn renouveler. Noanmoins la condition la plus meprisabic de rcspece bumainc n'est pas eelle du sauvagc, mais cclle de ces nations au quart policees, qui de tout temps ont etc les vrais fleaux de la nature bu- mainc, et que les peuples civilises ont encore peine a contenir aujourdhui : ils ont, comme nous lavons dit, ravage la |)remiere terre heureuse, ils en ont arrache les germcs du bonbeur et delru't les fruits de la science. Et do combien d'autres invasions cette premiere irruption dos Barbares n"a-t-clio pas etc suivie! C"est dc cos memos contreos du Nord, oil se Irouvaicnt autre- fois tous les bions dc rospece biuiiaine, qu"ensuitc sont vcn.is tons sos mau\. Combien n"a-t-on pas vu ('e ces dobordomcnts d'ai'imaux a face humaine, loujours venant du Nord, ravager les icrrcs du Midi ! .letcz les yeux sur les annales de tous les peulcs, vous y comptcrez vingt sieclcs de desolation pour quelqucs annces dc paix et de rcpos. II a fallu six cents sieclcs a la nature pour coustruirc scs grands ouvrages, pour attiedir la terre, pour en faconner la surface et arriver a un etat trau- qnille : combien n'en faudra-t-ilpas pour que les hommes arrivent au memo point et oessent de s'inquieter. de s'agiier ct de s"entro-dctruire ? Qiiand reconnaitront-ils que la jouissance paisible dcs terres de leur patrie sulllt a leur bonbeur ? Quand scront-ils assez sages pour rabaltre de leurs preten- tions, pour renoncer a des dominations imaginaires, a des possessions eloi- gnees, souvent ruineuses, ou du moins plus a charge qu'utiles ? J/empire de rp:spagne, aussi otcndu que celui de la France en Europe, et dix fois plus grand en Amorique, est-il dix fois plus puissant ? Tost-il meme aulant que si cette fiere et grande nation se fut bornee a tircr de son heureuse terre tous les biens qu'elle pouvait lui fournir? Les Anglais, ce peu|)le si sense, si profondomcnt pensant, n'ont-ils pas fait une grande fautc en etcndant trop * Voycz Ic discours qui a pour litre : de la nature, premiere vue. BtFFON. torn. II. 8 ^14 IIISTOIRE NATURELLE. loin Ics limites dc leurs colonics ? Lcs ancicns mc paraissent avoir cu des idces plus saincs de ccs ctablisscmcnls ; ils nc projclaicnt dcs emigrations que quand Icur population lcs surchargeail, cl que leurs terrcs et leur com- merce ne sullisaient plus a leurs besoins. Lcs invasions dcs Barbares, qu'on rc'^ardc avcc horrcur, n'onl-ellcs pas en dcs causes encore plus prcssanles lois(iuils se sont irouviis trop serres dans des icrros ingrales, froides el denuocs et en meme temps voisines d'autres tcrres cultivees, fecondes, cl couverles de lous les biens qui lour manquaient ? Mais aussi que de sang ont coiite ces funcsles conquetes ! que dc malheurs, que de pertcs les ont acconipagnccs el suivies ! Nc nous arrelons pas plus longtcmps sur le triste spectacle de ces revo- lutions de mort et de devastation, loutcs produitcs par lignorance; espe- rons que Tequilibre, quoique imparfait, qui sc trouve actucllemcnt entre les puissances des peuples civilises, se maiiitiondra, et pourra meme de- venir plus stable, a mesure quo les liommes senliront niieux leurs verilables inlcrets, qu'ils reconnaitront le prix de la paix et du bonheur tranquille, qu'ils en feront le seul objet de leur ambition, que les princes dedaigneront la faussc gloire des con(|ueranls, et mepriscront la petite vanite de ceux qui, pour jouer un role, les cxcilcnt a de grands mouvemenls. Supposons done le monde en paix, et voyons de plus pres combien la puissance de rhomme pourrait influer sur eelle de la nature. Rien ne parait plus dilTicile, pour ne pas dire iujpossible, que de s'opposcr au rofroidisse- ment successif de la terrc, ettle recbaufl'cr la temperalure dun climal; ce- pendant riiommc le pout I'aire et Ta lait. Paris et Quebec sont a peu pres sous la meme latitude el a la meme elevation sur le globe : Paris serait done aussi froid que Quebec, si la France et touies les conlrees qui lavoisinent ctaient aussi depourvues d'bommes, aussi couverles de bois, aussi baignees par les eaux que le sont les tcrres voisines du Canada. Assainir, defricher et peupler un pays, c'est lui rendre de la chaleur pour plusieurs milliers d'annees, et ceci previent la seule objection raisonnable que Ion puisse fairecontre mon opinion, on, pour micux dire, conlrc le fait reel du refroi- dissemeut de la terre. Scion votre systeme, me dira-t-on, toute la terre doit etre plus froide au- jourd'bui qu'elle ne letait il y a deux mille ans; or, la tradition semble nous prouver le contraire. Les (laules el la Germanic nourrissaicnl des clans, dcs loups-cerviers, des ouis, cl daulrcs animaux qui sc sonl retires dcpuis dans lcs pays sei)tcntrionaux : cello progression est bien difTorento de celle que vous leur supposez du nord au midi. D'aillours lliisloire nous apprend (pie tons les ans la riviere de la Seine clait ordinairoment glaeee pendant une partie de lliiver : ces fails ne paraisscnl-ils pas etre dircctement opposes au prolendu refroidisscmcnt du globe ? Ils le seraient, je I'avoue, si la France et lAllcmagne daujourdbui etaient semblables a la Gaule et a la Germanic; si Ion n'eul pas aballu les forets, dessecho les marais, contenu les torrents, dirigo les fleuves et defricbe loules les tcrres trop couverles el liPOQUES DE LA NATURE. H5 surehnrgees dcs dobris memcs tie lours productions. Mais nc doit-on pas considerer que la dopeidilion do hi chnleur du globe se fait d'unc maniere insensible; qu'il a fallu soixanle-soize niille ans pour raltiedir au point dc la temperature acluelie, ct quo, dans soixante-scize autrcs luillo ans, il ne sera pas encore assez refroidi pour que la clialour parlioidiore de la nature vivante y soil aneantie ? INc faut-il pas comparer ensuitc a oe refroidisse- ment si lent le froid pronq)t el subit qui nous arrive dcs regions de lair, se rappeler qui! n"y a noanmoins quun trcnie-dciixieme de dideronce cntre le plus grand cliaud de nos oles el lo plus grand froid dc nos bivers, el Ton sentira deja que les causes cxlericures inlluent bcaiicoup plus que la cause inlorioure sur la temperalure de clia(|ue climal, ct que, dans tous coux ou le froid loinionl iiiie longueur do sopi picds; ol nous savons.par M. Dosmarets, epic Ic ciiiquirnu' fragment, qni a tie perdu, avail pies de Irois pieds : ainsi Ion pent a.ssurcr »|ue la defense enliere de\ait avoir environ dix pieds de longueur. En e\a- niinanl les eassures, nous y avons reconnu lous les earacteres de I'ixoire de leleplianl; seulenienl cet ivoire, altere par un IongsejourI. \. Ces (jrandc:< rolutes pelri fires, dotit ijuelqms-unes onl plusiciirs pirds dc diaiiietre. La eonnaissance de toules los polrifioations donl on no Irouve plus los analogues vivants supposorait une elude longue el une conq)araison rt'^- tVohiodo toules les esi)eees (W polrifiealions qu'on a irouvoes jusqu'aprosonl dans le soin de la lerre; ft eelte seienoo n'est pas encore fort avaneoo : oepondant nous sommes assures qiril y a plusiours de ces espoeos, lolles (pie les eornos dammon, les orlhoeoratites, les pierres lenlioulaires ou nuniismalesjiesbelemnites, los pierres juda'iquos, les antropomorphites,etc., (pi'on no pout rapporler a auounc espeeo actuellemont subsistante. Nous avons VII dos ooiiies dammon polrifioes, de doux ol tiois pieds do diamelro 134 NOTES JTISTIFICATIVES. el nous avons etc assures, par tics leinoiiis dignes de foi, qu'on en a trouve unc, en Clianipagnc, plus grande qu'une menle de moulin, puisqu'elle avail hiiit pieds de diainclrc sur un pied d'epaisseur. On ma meme olTerl dans le lemps de me I'envoyer; mais lenormite du poids de cette masse, qui est denviron huil milliers, el la grande dislance de Paris, m'onl empeche d'ae- cepler celle oHVc. On ne connait pas plus les especes danimaux auxquels onl apparlenu les depouilles donl nous venons d'indiquer les noms; mais ces exemples, el plusieurs autres que je pourrais ciler , sufTisenl pour prouver quil exislail aulrefois dans la mer plusieurs especes de coquillages el de crustaces qui ne subsislent plus. II en esl de meme de quelques poissons a ccailles : la plupart de ceux qu'on Irouve dans les ardoises el dans cerlains schisles ne ressemblenl pas assez aux poissons qui nous sonl connus, pour quon puisse dire quils sent de lelle ou lelle espece : ceux qui sonl au Cabi- net du Roi, parfailemenl conserves dans des masses de pierre, ne peuvenl de meme se rapporler precisement a nos especes connues : il parail done que, dans tons les genres, la mer a aulrefois nourri des animaux donl les especes n'exislenl plus. Mais, comme nous I'avons dit, nous n'avons jusqu'a present qu'un seul exemple dune espece perdue dans les animaux lerreslres, el il parait que cetait la plus grande de loules, sans meme en excepler 1 elephant. El puisque les exemples des especes perdues dans les animaux lerreslres sonl bien plus rares que dans les animaux marins, cela ne semble-l-il pas prouver encore que la formation des premiers esl poslerieure a celle de ces derniers ? NOTES SUR LA PREMIERE EPOQUE. I. Sur la matiere dont le noyau des comites est composS. .I'ai dit, dans I'ar- ficle de la Formation des planetes, vol. I, page 141 , que les conietes sont corn- poshes d'une matiere tres-solide et tres-dense. Ceci ne doit pas etre pris comme une assertion positive el generate ; car il doit y avoir de grandes differences enlrela densile de lelle ou lelle comcte, comme il y en a enlre la densile desdifferentes planetes : mais on ne pourra determiner cette difference de densile relative entre chacune des cometes, que quand on en connailra les periodes de revolution aussi parfailemenl que Ton connait les periodes des planetes. Une comeie dont la densile serait seulement comme la den- NOTES JLSTIFICATIVES. 135 site de la planetc de Mercure, double de celle de la Terre, et qui aurait a son perihelie autanl de vitesse que la cometc de 1680, serait peul-elre suffi- sante pour chasser hors du Soleil toute la quanlite de matiere qui compose les planetes, parce que la matiere de la comete etant dans ce cas huit fois plus dense que la matiere solaire, elle communiquerait huit fois autant de mouvement, et chasserait une huit centieme partie de la masse du Soleil aussi aisement qu"un corps dont la densite serait egale a celle de la matiere solaire pourrait en chasser une centieme panic. II. La terre est elevee sous I'^quateur et abaissee sotis les poles, dans la pro- portion juste et precise qu'exigent les lots de la pesanteur, conibin^es avec celles de la force centrifu(/e. Jai suppose, dans mon Traili de la formationdes Planetes, \ol. I, page 137, que la difference des diametres de la Terre clait dans le rapport de cent soixanle-quatorze a cent soixante-quinze, d'apres la determination faite par nos mathematiciens envoyes en Laponie et au Perou: mais, comme ils ont suppose une courbe reguliere a la Terre, j'ai averti, page 179, que cette supposition etait hypothetique, et par consequent jc ne me suis point arrele a cette determination. Je pense done qu'on doit pre- ferer le rapport de deux cent vingt-neuf a deux cent trente , tel qu'il a ete determine par Newton, dapres sa theorie et les experiences dupendule, qui me paraissent etre bien plus sures que les mesures. C est par cette raison que, dans les Mitnoires de la partie hijpothetique, jai toujours suppose que le rapport des deux diametres du sphcroide terrestre etait de deux cent vingt-neuf a deux cent irente. M. le docteur Irving, qui a accompagne M. Phipps dans son voyage au Nord, en 1773, a fait des experiences tres- exactes sur lacceleration du pendule au soixante-dix-neuvieme degre cin- quante minutes, et il a trouve que cette acceleration etait de soixante-douze k soixante-treize secondes en vingt-qualre heures; d'ou il conclut que le dia- metre a Tequaleur est a I'axe de la Terre comme deux cent douze a deux cent onze. Ce savant voyageur ajoule avec raison que son resuitat approclie de celui de Newton beaucoup plus quecelui dei\I. de Maupertuis,qui donne le rapport de cent soixante-dix-huit a cent soixante-dix-neuf , et plus aussi que celui de M. Bradley, qui, dapres les observations de M. Campbell, donne le rapport de deux cent a deux cent un pour la difference des deux diametres de la Terre. HI. La mer, sur les cotes voisines de la ville de Caen en Normandie, a con- struit, et construit encore, par son flux et reflux, une espece de schiste com- post de lames minces et dSliees, et qui se forment journelletnent par le sMiment des eaux. Chaque marec montante apporte et repand sur tout le rivage un limon impalpable qui ajouteuiie nouvelle feuilleaux anciennes, doit resulte par la succession des temps un schiste tendre et feudlete. 136 NOTES JUSTIFICVTIVES. A'OTES SUR LA SECONDE EPOQUE. 1. La roclic dti f/lobe tt tcs haulea inonlaijnis, dans leur intevieur it jusfju'a leur soinmel, ne sont toitipos^es que de mal^res vitrescibks. J'ai dil, dans la Tfieorie de la Terre, « quo le globe terrcslre jJOiiiTait etre vide dans son in- « lerleur, on rempli dnne sid>stancc plus dense quo tonics eelles que nous « connaissons, sans quil nous ful possible de le tleniontrer.... el qua peine <( ponvions-noiis former sur cola quelqnes conjectures raisonnablcs. » Mais lors(|ue jai ccril cc Traite de la Theurie de la Tcrre, en 1744. je n'elais pas inslruit de Ions Ics faits par lesqncls on pent reeonnailrc t|uc la densite dn jiiobe terrcslre, prise gcneralcnient, est moyenne enire les densites du fer, dcs niarbres, dcs gres, de la pierre el du verre, telle que je Tai delerniinec dans moil premier memoirc ; je navais pas fait alors toules les exj)erienees (pii m'ont conduit a ce resullat; 11 me manquait aussi beaucoup dobserva- vations, que j'ai recueillies dans ce long espace de temps, (les experiences, toules I'aitcs dans la memc vue, el ces observations, nonvelles pour la plii- pnrt, onl etendu mcs premieres idees ct men out fait naitrc daulres acces- soires el mcme plus elevees ; en sorle que ces conjectures 7-aisotmal)les , que je soupconnais des lors (pion |)ouvail former, me paraissenl eire devennc>> dcs indueiions ires-plausibles, desquellcs il rcsultc que le globe de la Terre est priiicipalemenl compose, depnis la sin'faee jusqu'au centre, dune ma- liere vilrcuse un pen plus dense (|ue le \erre pur : la Lune. dune matiere aussi dense (pie la pierre calcaire; Mars, dune matiere a pen pres aiissi dense que celie du marbre; A thuis, d'uiie matiere un pen plus dense qu<' IV'ineri; Mercnre dime matiere un pen plus dense que I'elain; .Jupiter, d'unc matiere inoins dense que la craie; el Saturne, dune matiere presque aussi legere (|uc la ])ierre ponce; ct cndn, que les satellites de ces deu.v grosses planetes sonl composes dune matiere encore plus legere que leur planete principale. II est certain que le centre de gravile du globe, ou plulot du spberoide lerrestre, coincide avcc son centre de grandeur, el que laxc sur lequel il lourne passe par ces memos centres, c"esl-a-dire par le milieu du spberoide, et que, par conse(|uenl, il est de menie densite dans loules ses parlies cor- rcspondantes. S'il en elail aulremenl, el que le centre de grandeur ne coin- cidal pas avec le centre.de gravile, I'axe de rotation se trouverail alors plus dun cote que de lautrc; el, dans les differenls iiemisplieres de la Terre, /a duroc de la revolution parailrail iricgale. Or, celte revolution est parfai- icmoni la inemc pour tons les elimals : ainsi , toutes les parties corrcspon- danles du globe sont de la memo densite relative, l'.\ coniine il esl, demontre par von renlb'ineni a re(|ualeur e| par sn eb.n- NoTi-s Ji STiii(.\Ti\i:s. 1.-7 lour proprc. iiicoic arluolloiuoiU exi.^liiiilc. quo, tiaii-; son oriii'mo. Ic iiloln' lerrcstrp I'-laii compose dune maliero liqiuMioe piir If I'ou, qui scsi rasstMii- bltc pill" sji Ibrcc d'atlraclion inulucllc, la rcimion de ccltc luatieio en I'usion n'a pu former (|u"uno si)licrc pleiiio, depuis lo centre a la circonrerencc, laqiiL'lle sphere pleine ne din'cre d'lni globe parlait que par ee renllemcnt sous recjuateur el cet abaissement sous les poles, produils par la force cen- trifuge des les premiers moments que cetle masse encore liquide a <'om- mence a tourner sur elle-meme. Nous avons demontre que le resullat de toutes les malieres qui eprouveni la violente action du feu est letat de vitrification; et commc Ionics se re- (iuisent en verrc plus on moins pesant, il est neccssaire que linterieur dn globe soil en elTet une maliere vitree, de la memo nature que la roclie vi- treuse, (pii fait partoul le fond de sa surface au-dessous des ariiiles. des sa- bles vitrescibles, des pierres calcaircs et de toutes les aulres malieres qui ont ete remuees, travaillees el iransportees par les eaux. Ainsi, linterieur du globe est une masse de maliere vilrescible, peut-etro specifiquement un pen plus pesanle que la roclie vitreuse, dans les fenles de laquelle nous cherclions les metaux; mais elle est de nieme nature, et nen dillere qu'en ce qu'elleest plus massive el plus pleine : il ny a dcr vides et de cavernes que dans les couches exterieures ; Tinterieur doil elre plein : car CCS cavernes nont pu.se former qua la surface, dans le iuperlicie, tandis que linterieur du bloc et solide et |)lein. Independanmicnt de cetle cause generale de la formation des cavernes ct lies fentes a la surface de la terre, la force centrifuge etail une autre cause (pii, se combinant avee eelle du refroidissemeni, a produil dans le commen- menl de plus grandes cavernes, et de plus grandes inegaliles dans les cli- mals ou elle agissait le plus puissamment. C'est par celte raison que les plus iiautes mohlagnes el les plus grandes profondeurs se sont troiivees voisines de.s Iropiques el de lYqualeur; ccsl par la meme raison qu'il s'est fail dans ces conlrees meridionales plus de bouleversements (|ue mdic part aiileurs. Nous ne poiivons dclermincr le |)oinl de profondeur an((uel les couches dc la terre (ml ele bours^oullees par le feu el soulevees en cavernes; mais il est certain que celte profondeur doil elre bien plus grande a rc(|ualeur que dans les aulres climols, pniscpie le globe, avant sa consolidalion, sy est eleve de six lieucs un quart de plus que sous les poles, (letle espece de eroulc ou de calotte va toujours en diminuanl d epaisscur depuis requaleur, el se termine a rien sous les |)olcs; la matiere qui compose eelle croule est la senle fpii ail etc deplaece dans le lenqis dc la liquefaction, el refoub'e par Idclion de la force cfiiirilugr: le resie de la malific qui compose linlt'-riem' 138 NOTES JUSTIFICATIVES. (iu globe est demeure fixe dans son assielle, el n"a subi ni ehangement, ni transporl : los vides et les cavernes nont done pu se former que dans eette croiite exterieure; elles se sont trouvces dautanl plus grandes et plus fre- quenies, que eette croiile elait plus epaisse, c"est-a-dire plus voisine de 1 e- quateur. Aussi les plus grands affaissements se sont faits et se feront encore dans les parties ineridionales, oil se trouvenl de meme les plus grandes ine- galites de la surface du globe, et, par la meme raison, le plus grand nombre de cavernes, de fentes et de mines metalliques qui ont rempli ces femes dans les temps de leur fusion ou de leur sublimation. L'or et largent, qui ne font quune quantite, pour ainsi dire, infiniment petite en comparaison de celle des autres matieres du globe, ont ete subli- mes en vapeurs, et se sont separes de la maliere vitrescible commune, par {'action de la clialeur, de la meme maniere que Ion voit sortir d'une plaque dor ou dargent exposee au foyer d'un miroir ardent des parlicules qui sen separent par la sublimation, et qui dorcnt ou argentent les corps que Ion expose a eette vapeur mctallique : ainsi Ton ne pent pas croire que ces me- taux, susceptibles de sublimation, meme a une cbaleur mediocre, puissent etre entres en grande partie dans la composition du globe, ni qu'ils soient places a degrandes profondeurs dans son interieur. II en est de meme de tons les autres nietaux et mineraux, qui sont encore plus susceptibles de se su- blimer par Taction de la ehaleur ; et a legard des sables vitrescibles et des argiles, qui ne sont que les detriments des scories vitrees dont la surface du globe elait couverte immediatemenl apres Ic premier refroidissement, il e>t certain qu'clles n"onl pu se loger dans linterieur, el qu'elles penelrent tout au plus aussi bas que les filons metalliques, dans les fentes et dans les autres cavites de celle ancienne surface de la terre, mainienant reconvene par toutes les matieres que les eaux ont deposees. Nous sommes done bien fondes a conclure que le globe de la terre nest dans son interieur qu'une masse. solide de maliere vitrescible, sans vides, sans cavites, et quil ne s'en trouve que dans les couches qui soutiennent celles de sa surface ; que, sous I'equateur el dans les climats meridionaux, ces cavites ont ete et sont encore plus grandes que dans les climats temperes ou septentrionaux, parce quil y a eu deux causes qui les ont produites sous lequaleur, savoir : la force centrifuge et le refroidissement; au lieu que, sous les poles, il n'y a cu que la seule cause du lefroidissemenl : en sorle que, dans les parties meridionales, les afTaissements ont ete bien plus consi- derables, les inegalites plus grandes, les fentes perpendiculaires plus fre- quentes, et les mines des metaux precieux plus abondantes. II. Les fentes et les cavites des Eminences du globe terrestre ont it4 incrustees, et quelquefois remplies par les substances inetalliques que nous y trouvons au- jourd'hui. « Les veines metalliques, dit M. EUer, se trouvenl seulemenl dans les en- « droits eleves, en une longue suite de monlagnes : celle chaine de monta- « gnes suppose toujours pour son soulien une base de roche dure. Tant que NOTES JIJSTIFICATIVES. 159 « ce roc conserve sa continuite, il n'y a guere apparence qu'on y decouvre « qiielques filoiis metalliques; mais qiiand on renconlre des crevasses ou des « femes, on espere den decouvrir. Les physieiens niineralogistes ont re- i vrc natif sur dc lardoise, et communement ce cuivre natif est aussi en I' forme de filels ou de che\eux. « Les mines de k'v se reproduisont pen dannees apres a\oir etc fouillees; " elles ne se trouvent point dans les montagnes a lilons, mais dans les mon- " lagnes a couches : on n'a point encore trouve de fer natif dans les nion- (' lagnes a couches, ou du moins, e'est une chose ires-rare. I' Quant a 1 etain niilif. il n'en existe point qui ait etc produit par la na- " lure sans le sceoms du feu: el la chose est aussi ires-douteuse pour le « plomb, quoiquon prelende que les grains de plomb de Massel, en Sih'-sie. « sont de piond) natif. « On trouve le mercure vierge el eoulanl dans les couches de terre ar- '< gileuses cl grasses, ou dans les ardoises. « Les nn'nes dargeni quon trouve dans les ardoises ne sont pas, a beaii- " coup prcs, aussi riches (pie cclles qui se Irouvent dans les montagnes a lilons : ce metal ne se irouve guere qucn particules deliees, en (ilels ou ' en vegetations, dans ces couches d'ardoiscs ou de schisles, mais jamais en « grosses mines; el encore fautil que ces couches dardoises soient voisines « des monlagnes a lllons. Tonics l(!s mines dargent qui se Irouvenl dans les « couches ne sont pas sous une forme solide et compacte; toutes les autres « mines, (|ui contienncnl de larseni m abondance, se trouvent dans les li N()Ti:S JlSTIFICATIMiS. lil « iiionltigncs i'l filons. Kc ciiivic se trouvc abond.iinmciK thw^ los couflics; (' frardoiscs, ol qui'l(|iit'fois aiissi dans Its cliaihons do '.one. « L elain osl It- metal (|iii se troiivc lo plus laiTiiiciif ivpaiidu dans Ics cou- " ches. Lc |donil) sy iroino plus coniinuiicrnonl : on or) rcnconliT sous In <■ forme de ijalono. adaclie aux wdoiscs ; mais on nen irouvc (|ur iros-rarc- 0 nient avec los cliaibons de terre. « Le fcr est prcs(pic univcrsoilomcnf repandn, cl sc (rouvc dans Ics con- " dies, sous un grand nondjre de formes dillerenles. « Lc einabre, le coball, le bismulh et la calamine se irouvenl aussi « assez conmuinement dans les couclies. Lehman, tome III, pages 381 V et mir. » Ias eliarbons de tcrre, le jayel, le sucein, la terre ainmineuse, ont etc <' produils par des vegetau\, el surtont par dcs arbres rcsineux rpii ont t'le (' ensevclis dans le scin de la Terre, el qui onl soidFort une decomposition " plus ou nioins grande: car on trouve, au-dessus des mines de eliarbon de « lerrc, lies-souvent du bois qui nest point du lout decompose, el (|ui lest ^' davantage a mesurc (piil est pins enfonce en terre. I/ardoise, qui serl de « toil ou de couverlure au charbon, est souvenl remplie des enipreintcs de « plantes qui accompagnenl ordinairemcnl les I'orels, Iclles que les fougeres, « les eapillaiies, etc. C.e (piil y a de remarqiiable, c'csl (|ue ces planlcs donl " on trou\e les enipreinles sonl loules elrangeres, el les bois pal■ai^scnt aussi « dcs bois eirangcrs. Le sucein, quon doit regarder coinme une resiiie ve- <' gi'lule, renrcrnic souvenl des insccles qui, consideres attenlivemenl, n'ap- « parlienncnl point au elinial ou on les rencontre pn'sentemenl : enlin, la B terre ainmineuse est sonvcnl feuilletee, et ressemble ii du bois, lantot plu>, « lanlol moins decompose, idem, ibidem. « Le soufre, lalun, le sel ammoniac, se trouvenl dans les couclies for- « mees par les volcans. « Le pelrole, le iiaplile, indiquent un feu aclucllcment allume sous la « terre, (pii met, pour ainsi dire, le cbarbon de terre en distilalion : on a « des exemples de cos embrasements soulerrains, qui n'agissenl qu'en silence « dans les mines de cbarbon de terre, en Anglcterre ct en Alleniagne, « lesipielles bruleiit depuis tres-longlemps sans explosion; ct e'est dans le « voisinage de ces embrasscinents soulerrains quon irouve les caux ebaudes « lliermales. « Les monlagnes qui conliennent des filons nc renfernienl point de cliar- i< bon de terre ni de substances bilumineuscs el combustibles; ces substances « no se trouvenl jamais (|uc dans Ics monlagnes a couclies. » Note<, sur f.eftman, par M. le baron d'llolbacb, tome ill, page 431). f* IN . // se Irouic dans les pays de notre nord des montofjnes enlieres de (er, c'est-u-dire d'unepierre vitrcscible, fernu/ineuse, etc. Je citerai pour cxemple la mine de fcr pres de Taberg, en Smoland, parliede Tile de (Jotbland en Suede : c'esl I'uiie dcs plus remarquables de ces mines, ou plulot dc ces monlagnes de fcr, cpii Ionics ont la proprielc dc cedcr a rallraclioii de I'ai- 142 NOTES JUSTIFICATIVE8. inanlj ce qui prouve qu'elles ont etii formees par le feu. Cetle montagne est dans un sol de sable extremement fin ; sa hauteur est de plus de quatre cents pieds, et son circuit dune lieue : elle est en entier composee d'une matiere fcrruo^ineuse trcs-riclic, el Ion y trouve meme du fer natif, autre preuve (pielle a eproiive raction dun feu violent. Cctte mine etant brisee niontrc a sa fracture dc pelitcs parties brillantes, qui lantot se croisent et tantot sonl disposees par ecailles : les petits rochers les plus voisins sont de roc pur (saxo puro). On iravaille a cette mine depuis environ deux cents ans; on se sert pour lexploiter de poudrc a canon, et la montagne parait fort peu di- minuce, exccpte dans les puits qui sont au pied du cole du vallon. II parait que cette mine n'a point de lits reguliers ; le fer ny est point non plus partout dc la meme bonte. Touie la montagne a beaucoup de fentes, tantot perpendiculaircs et lantot horizontales : elles sont toutes remplies de sable qui ne contienl aucun for; ce sable est aussi pur et de meme espece que celui des bords de la mer : on trouve quelquefois dans ce sable des OS danimaux et des cornes de cerf j ce qui prouve qu'il a ete amene par les eaux, et que ce nest qu'apres le formation de la montagne de fer par le feu, que les sables en ont rempli les crevasses et les fentes perpendiculaircs et horizontales. Les masses de mine que Ion lire tombent aussitot au pied de la mon- tagne, au lieu que, dans les autres mines, il faut souvent lirer le mineral des enlrailles de la tcrre; on doit concasser et griller cetle mine avant de la mettre au fourneau, oii on la fond avec la pierre calcaire et du charbon de hois. Cette coUine de fer est siluee dans un endroil montagneux fort eleve, eloigne de la mer do pres de quatre-vingts lieues : il parait quelle etoit au- fois entieremenl couverle desahlc.Extrait dun article de I outrage pSriodique qui a pour litre : INordische beytrage , etc. Contribution du nord pour les prof/res de la physique, des sciences et des arts. A Altone, chez David Ifers, 17.5G. V . // se trouve des montacjnes d'aimant dans quelques contrecs, et particu- lieremeiit dans cellcs de notre nord. On vient de voir, par lexemple cite dans la note precedenle, que la montagne de fer de Taberg s eleve de plus de quatre cents piedsau dessus de la surface de la Terre. M. Gnielin, dans son Voyage en Siberie, assure que dans les conlrees seplentrionales de TAsie, prcsque toutes les mines des mctaux se trouvent a la surface de la Terre, landis que dans les autres pays elles se trouvent profondement ensevelies dans son interieur. Si ce fait otait generalement vrai, ce serait une nouvelle preuve que les inotaux ont ete formes par le fou primilif, et que le globe de la Terre ayant nioins depaisscur dans les parties seplentrionales, ils s'y sont formes plus pres de la surface que dans les contrees meridionales. Le memo M. Gniclin a visile la grande montagne daimant qui se trouve en Siberie, chez les Basclikires; cette montagne est divisee en huit parties, separees par des vullons : la septieme de ces parties produit le meilleur ai- NOTES JUSTIMCATIVES. 143 luant ; le sonimel de celte portion de niontagne est forme dune pierre jau- natre, qui parait tenir de la nature du jaspe. On y trouve des pierres, que Ion prendrait dc loin pour du gres, qui pesent deux mille cinq cents ou irois milliers, niais qui ont toules la vertu de laimant. ()iioiqu dies soieiit couvertes de mousse, elles ne laissent pas dattirer le fer et lacier a la di- stance de plus dun pouce : les cotes exposes a lair ont la plus forte vertu magnetique, ceux qui sonl enfonces en terre en ont beaucoup moins : ces parties les plus exposecs aux injures de lair sont moins dures, et par conse- quent moins propres a elre armees. Un gros quarlier daimant, de la gran- deur quon vient de dire, est compose dequantite de petits quartiers daimant qui operent en differentes directions. Pour les bien travailler, 11 faudrait les separer en-les sciant, afin que tout le morceau qui renferme la vertu de chaque aimant particulier conservat son integrite; on obtiendrait vraisem- blablement de cette facon des aimants d'une grande force; uiais on coupe des morceaux a tout hasard, et il sen trouve plusieurs qui ne valent rien du tout, soit parce quon travaille un morceau de pierre qui na point de vertu magnetique, ou qui n'en renferme quune petite portion, soit que dans un seul morceau il y ait deux ou trois aimants reunis. A, la verite, ces morceaux ont une vertu magnetique; mais, comme elle na pas sa direction vers un meme point, il nest pas etonnant que leffet dun parcil aimant soit sujet a bien des variations. Laimant de cette monlagne, a la reserve de celui qui est expose a lair, est d'une grande durete, tache de noir, et rempli de tuherosites qui ont de petites parties anguleuscs, comme on en voit souvent ii la surface de la pierre sanguine, dont il ne differe que par la couleur ; mais souvent, au lieu de ces parties anguleuses, on ne voit quune espece de terre docre : en ge- neral , les aimants qui ont ces petites parties anguleuses ont moins de vertu que les autres. Lendroit de la montagne ou sont les aimants est prcsque en- tierement compose dune boime mine de fer, quon tire par petits morceaux cntre les pierres daimant. Toute la section de la montagne la plus elevee renferme une pareille mine; mais plus elle s'abaisse, moins elle contientde metal. Plus bas, au-dessous de la mine daimant, il y a d'autres pierres fer- rugineuses, mais qui rendraient fort pou de fer, si on voulait les faire fon- dre : les morceaux quon en tire ont la couleur de metal, et sont tros-lourds; ils sont inegaux en dedans, et ont presque I'air de scories : ces morceaux resscmblent assez par lexterieur aux pierres d'aimant, mais ceux qu'on tire a huit brasses au-dessous du roc nont plus aucune vertu. Entre ces pierres on trouve dautres morceaux de roc, qui paraissent composes de tres-petites particules de fer; la pierre par elle-meme est pesante, mais fort molle : les particules interieures ressemblent a une matiere briilee, et elles nont que pen ou point de vertu magnetique. On trouve aussi de temps en temps un minerai brun de fer dans des couches epaisses dun pouce, mais il rend peu de metal. Extrait de I Hisloire fjerdrale den Voyarjes, torn. XVIII, pag. 141 et suivantes. fii \OTKS JLSTIIJCATIXKS. II \ i> pliisieui!^ aiilros mines d'aimaiU en Sibcric, dans les inonls Poias. A ili\ lienes dc la route qui niene de (lallierinbourg a Solikaniskaia, est la nionlagnc Calazinski; elle a plus de vingt toises de hauteur, et c'est entiere- inent un roclier daimant, d"un brun coulcur de fer, dur et eonipacte. A ^illgl lieues de Solikaniskaia on Irouve un aimant eubi(|ue el vcrdalie: les cubes en sontd'un brillant \il' : (|uand on les pulveiiso, ils se decoinpo- sent en paillettes brillantes eoulcur dc leu. Au leste, on ne irouve I'aimanl que dans les cliaines de nionlagnes donl la direction est du sud au nord. Exirait de f Histoirr (jaierule des Voifar/es, lorn. \l\. pag. 47:2. Dans les terresvoisines des confinsdela Laponie, surles limites dela Jiotli- nie, a deux lieues de Cokluanda, on voil unc mine de fer, dans laquellc on lire des pierres d 'aimanl loul a fait bonnes. « Nous adniirames avee bien du « plaisir. dil le relatcur, les cfTets surprenants dccetle piene, lorsquelle esl " encore dans le lieu natal : il fallul faire beaueoup de violence pour en on se sen a remucr les corps les plus posanis, el (pic javais dc la peine a ' souteiiir, je rap|)rocliai du ciseau. qui I'attira avec line violence cxlreme, " el la >oiitenait avec une force inconce\ablc. Je mis iiik; boussoic au mili< n M du irou oil elail la mine, el I'aiguille lournait (tonlinuellenienl d unc vilessc « ineroynljlc. > (tEuvrea de hegnard, Pans, i74!2, loin. I, pag. 185. \I. Les plus liautes montarjnes sont dans la zone torride; les plus basses, dans les zones froides; et Von nc pent douter que, des I'orif/ine, les parlies voi- sines de t'^ijuateur ne fussent les plus irretjuUeres et les itioins solides du (/lube. J'ai dit, dans la Theorie dc la Terre. « que les montagnes du iNord ne soni V (pie des collines en comparaison de celles des pays meridioiiaux cl (pic le |)lK''rc cl relahlisscineiil do la nicr uiiivcrscllo, laqiicllo u (l(''|)Osesiict'essi\cineiillcsc'0(|iiillages(|ircllc noiirrissait ellcs aulics inaticrt's (|iicllc (k'layail; cc qui a lornio les couclios d'arnik- cl dc iiiatioros calcaiicb (|iii ("omposciit DOS collinos. ct (pii orivcloppeiil U's iiioiiUigiios xilro^ciblcs. jiisriua line jiiaiide liauteur. All resle. lorsque jai dil que les luoiitagnes du i\ord no soul (|iie dcs col- liiics cii fomparaisoii des moiilagnes du Alidi. cela n'esl \rai que pris geiic- ralcincnt; car il y a dans le nord do 1 Asic do grandcs portions dc tcrrc (|ui paraisscnt clrc (oil clevccs au-dessus du ni\eau de la nicr; cl, en Europe, Ics Pyrenees, les Alpcs, le niont Caipallic, les nionlagnes dc Norwege, les nionls Kipliees et Rymniques, sont de liautes monlagncs, el loule la parlie mcridionale dc la Sibcrie, quoi(|ue coniposcc dc vaslcs plaincs el de monla- gncs nicdiocrcs, parail elre encore plus clcvce que le souuncl des nionls llipliccs; mais ce sont peul-elre les seulcs exceptions iiuil y ail a faire ici : ear, noii-seulemenl les plus liaulcs niontagiies se Irouvenl dans les climats plus voisiiis dc 1 c([ualcur (pic des poles, niais il parail (pie c Csl dans ces clinials nicridioii»ux oil se soiil fails les plus grands boulcxcrscincnts inli;- ricurs et e.xlerieiirs, taut par lelTel dc la force centrifuge, dans Ic premier Icnips de la consolidalion , que par laction plus frcqucnte des feux souter- rains, cl le moiivcincnl plus violent du (lux cl du reflux dans Ics lem[»s sub- seqiients. Les trcmblcnienls de icrre sont si friicpieiits dans llndc ni(5ridio- iialc, que les naturcls du pajs iic doimciil pas d'autre c|)illi(}te ii IK I re loul-puissant, (pie cclui dc rcniueitr dc Icrre. Tout 1 arebipcl iiidien nc seiii- ble elre quuiie mer dc volcaiis agissants ou (Heinls : on nc pent done pas doutcr que les im^-galitcs du globe ne soieiit beaucoup plus grandcs \crs I c- (pialcur (|uc ^el•s les |)(')lcs; on pouirail nit.'iiie assurer que ecltc surface de la zone torride a etc eiitiiireiiient boulcversee depuis la c<)tc orientalc dc I Afrique jusqu'aiix l*bili|)piiies, ct encore bien au delii dans la nicr du Sud. Toute ecltc plage ne parail (itre (|ue les resles en debris dun vasle conlinciil (lout loutes Ics terrcs basses out ctt" subnicrgces : laction dc tons Ics t-le- iiienls sest rcuiiie pour la dcstruclioii dc la pluparl dc ces terrcs (jipiinoxia- les; car, indepeiidammenl des iiiarecs qui \ soul plus violenlcs epic sur le resle du globe, il [laraitaussi ipiil y a cu plus devoleans, puisquil en sub' siste encore dans la pluparl dc ces lies, doiil quclqucs-unes, eoninie les iles de France el de Bourbon, sc sonl liouvc-cs luiiRcs par Ic feu, et absolument descries, lois(pron on a fail la dccouverle. bitro.^. luiK' II. 10 14« NOTES JUSTIFICATIVKS. NOTES SUR LA TROISIEME EPOQUE. I. Les eaux ont couvert toute l' Europe jusqu a quinze cents toises au-des- su$ du niveau de la nier. Nous avons (lit, au cliapitie de la Theoric de la Terre, « que la surface en- '< tiere de la iciic aclucllenienl habitee a ele autrefois sous les eaux de la « iner ; que ces eaux etaient superieures au sommel des plus haules mouta- « gnes, puisqu'on trouve sur ces nioiUagnes , et jusqu'a leur sonimet, des « productions uiariuosct des cocpiillcs. » Ceci exigc une explication, et deniande meme quelques restrictions. II est certain et reconnu par uiillc et mille observations, qu'il se trouve des co- quilles et d'autres productions de la mer sur toute la surface de la terre ac- tuellement habitee, et meme sur les montagnes, a une tres-grande hauteur. .I'ai avance, dapres I'autorite de Woodward, qui le premier a recueilli ces observations, quon trouvait aussi des coquilles jpsque sur les sommets des plus hautes montagnes; dautant que jetais assure par moi-meme et par d'autres observations assez recentes, qu'il y en a dans les Pyrenees et les Alpes a neuf cents, niille, douze cents et quinze cents toises de hauteur au- dessus du niveau de la nier; quil sen trouve de meme dans les montagnes de I'Asie, et qu'enfin dans les Cordilieres, en Amerique, on en a nouvelle- menl decouvert un banc a plus de deux nuUe toises au-dessus du niveau de la mer *. On ne pout done pas douter que, dans loutes les differentcs parlies du monde, et jusqu'a la hauteur de quinze cents ou deux mille toises au-dessus du niveau des mers acluelles, la surface du globe n'ait ele' eouverte des eaux, et pendant un temps assez long pour y produire ces coquillages el les * M. leGcntil, de rAcadeinlc des sciences, m'a communique par ecrit, le 4 dec. 1771, le fail suivant : « Don Antonio de Ulloa, dil-ii, me chnrgca, en passant par Cadix. de « remclire de sa part, a TAcadcmie, deux coquilles pclrifiees, qu'il lira. TaiiNee 1761,dela I montagtie ou est le vif-argent, dans le gouvernement de Ouanca-Velica au Peron, donl • la latitude meridionale est de treize a quatorze degres. A I'endroit ou ces coquilles out « ete tirees, le mcrcure se souticnt a dix-scpt pouces 1 f ligue, ce qui repond a 2,2Zi toi- « ses i de hauteur au-dessus du niveau de la mer. « Au plus haul de la montagne, qui ii'esl pas a bcaucoup pres la plus clevee de ce caa- t ton. le mercure se soutienl a seize pouces six ligncs, ce qui repoiid a 2.337 toises i. « A la ville de Ouanca-Velica, Ic mercure se soutienl a dix-huil pouces 1 i ligne, qui n'pnndent a 1.949 toises. « Don Antonio de Ulloa m'a dil qu'il a detaclie ces coquilles d'uii banc foi I epals^ donl « il Ignore I'elendue, et qu'il Iravaillail acluclicnuiil a un menioire nhilila ces ohserva- • lions : ces coquilles sont du genre des peignes ou des grandes pelerines, m NOTES jnSTIFICATIVES. 1/(7 laisser multiplier : car leiir quantile est si considerable, que leurs debris forment des bancs de plusieurs lieues d'etendue, souvent de plusieurs loises d epaisseur sur une largeur indefinie ; en sorte quils composent une partie assez considerable des coucbes exterieures de la surface du globe, c est-a- dire toute la nialierc calcaire qui, conime Ion sail, est Ires-commune et tres-abondante en plusieurs contrces. Mais au-dessus des plus hauts points delevation, c'est-a-dire au-dessus de quinze cents a deux mille toises de hau- teur, et souvent plus bas, on a remarque que les sonimels de plusieurs montagnes sont composes de roc vif, de granil, et dautres matieres vitres- cibles produiles par le feu primitif, lesquelles ne contiennent en elTct ni co- (|uilles, ni madrepores, ni rien qui ait rapport aux matieres calcaires. On |)eut done en inferer que la mer n'a pas atteint, ou du moins n'a surnionle (|ue pendant un petit temps ccs parties les plus eievees et ces pointes les plus avancees de la surface de la tcrre. Conune I'observation de don Llloa que nous venons de citer au sujet des coquilles trouvees sur les (lordilieres, pourrait paraitre encore douteuse, ou du moins comme isolce et ne faisanl quun seul exemple, nous devons rap- porter a I'appui de son temoignage celui dAlphonsc barba, qui dit quau milieu de la partie la plus montagneuse du Perou, on trouve des coquilles de toutes grandeurs, les unes concaves et les autres convexes, et tres-bien imprimees*. Ainsi I'Amerique, comme toutes les autres parties du monde, ii egalement etc convene par les eau\ de la mer; et si les premiers observa- teurs ont cru quon ne trouvait point de coquilles sur les montagnes des Cor- dilicres, cest que ces montagnes, les plus eievees de la terre, sont pour la plupart des volcans actuellement agissants ou des volcans eleints, lesquels, par leurs eruptions, ont recouvert de matieres brulees toutes les terres adja- ccntes; ce qui a non-seulement enfoui, mais detruit toutes les coquilles qui pouvaient s"y trouver. 11 ne serait done pas etonnant quon ne rencontrat pointde productions marines autour de ces montagnes, qui sont aujourdliui ou qui ont etc autrefois enibrasees ; car le terrain qui les enveloppe ne doit etre quun compose de cendres, de scories, de verrc, de lave et dautres ma- tieres brulees ou vitrifiees : ainsi il n"y a dautre fondement k lopinion de ceux qui pretendent que la mer n"a pas convert les montagnes, si ce n'est qu'il y a plusieurs de leurs sommets ou Ion ne voil aucune coquille ni autres productions marines. Mais, comme on trouve en une infinite d'cndroits, el jusqu'a quinze cents et deux mille toises de hauteur, des coquilles et dautres productions de la mer , il est evident quil y a eu pcu de pointes ou cretes de montagnes qui naient ete surmonlees par les eaux, et que les cndroits oii on ne trouve point de coquilles indiquent seulement <|ue les animaux qui les ont produites ne s"y sont pas habitues, et que les mouveinents de la mer n"y ont point amene les debris de ces productions, comme ellc en a amenc sur tout le reste de la surface du globe. * Mi'lalliiiyic il'Al|)liuriM' IJ.iil)a, lo iir I. p. 84. I'aris. 17.) I. 10. Ii8 >()Tl':S .M STlFICATIVIiS. jl. Ika espk'cs (le poissons el dc p/antcn qui viienl ct idijcknt dans dcs eauj, chaudes, jusqu'd cinquaute el soixaiite deyres du titer inoDiHre. On \oil plu- sieurs cxcniples de j)laiUos (|ui cioisseiil duns li-s eaux iheniiales les plus cliaudes, el M. Sonnoral a Irouvo des poissoiis dans unc eau dont la clia- Icur t'tait si active, quil nc poiixail y plongei la main. \ oici I'cxlrait de sa relation a cc sujet. k Je tiouvai, dit-il, a deux lieues dc Calamba, dans Tile « dc Lucon, pres du village de Bally, un luisseau dont IVau elait chaude, « all point (juc le tlieiniouictre, division de Rcaunuir, plonge dans ce riiis- i< scan, a nne lieue de sa sourec, niarqnait encore soixantc-neuf dcgrcs. « Jiniaginais, en voyant nn |»areil degre dc clialeur, qnc toutcs les produe- V tions dc la natnre dexaicnl etrc eteintes snr les holds dti ruisseau, et jc « lus Ires-snrpris de \()ir Hois arhrisseaux Ires-vigoureux, dont les raeines i< trempaieiit dans eetle can honillanle, ct dont les branches etaient envi- " ronnees de sa \apeur; ellc etaitsi eonsiderahle, (|ue les hirondelles (|ui « osaieiit Iraveiscr cc ruisseau ix la hauleur de sept on hui( picds } toinhaicnt >' sans inouNCinent. L un de ces Irois arhiisscaux I'tail nn (ujnus-vaslus, cl » Ici deux aulres des aspalatus. IN'iidanl nion sejour dans cc \illage, je nc « bus d'autre eau que cellc dc ce ruisseau, que je faisais relroidir : son gout . me |»:irnl lerreux et ierruginenx. On a construil din'eicnis bains sur cc seau, (loot les dcgrcs de clialeur sonl proporlionnes a la distance dc la n source. .Ma surprise redouhla lorscpic je vis le premier bain : des poissoiis 1' nagcaicnt dans celte eau on je nc pou\ais plonger la main. .Je (is lout ce I' (pi il me I'ut possible |>our me |)roeurer (piebpies-uns dc ces poissons; « mais Icur agilite el la maladresse des gens du pays nc mc permirent pas 11 den prendre nn scul. Je les cxaininai nageaiil ; mais la \apcur de lean II lie mc permit pas de les distinguer assez bien pour les lapproclier dc n <|uel«pie genre : jc les recoiinus cepcndant pour des poissons a ecailles « brunes; ia longueur des plus grands elait de (|ua(rc pouccs. Jignorc com- « mcnt ces poissons sonl parNcnus dans ces bains. » M. Sonneral appuie son recil dti tcmoignage dc M. IMevosi, cominissaire de la marine, (pii a parcouru avee bii rinterieiir dc I'ile de Lueon. \ oici cominenl est concii cc lemoignagc : « Vous a\e/. eu raison. monsieur, de laire part a M. de « liuH'on des observations ipie vous avez rassemblecs dans le voyage que « nous avons fait ensemble. Vous desirez que je conlirme par ccrit celle qui M nous a si fort surpris dans Ic village de Bally, sitiie sur le bord dc la La- ic guna dc Manille. a Los-Ba(jnus : je suis facbe de n'avoir point ici la nolc i< de nos observations faitcs avec le lliermomelre de M. deUcauimir; mais « jc me rappelle tres-bien que lean du i)elit ruisseau qui passe dans ce vil- « lagc pour se jeler dans le lac fit monter le mercure a soixante-six on « soixanle-sept degres, qnoiqnil neut etc plonge qu'a une lieue de sa « source : les l)ords de ee ruisseau sonl garnis dun gazon toujours vert. « Vous iraurcz suremeiU pas oublie eel (if/nns-vaslus (p.ie nous avons vu en « lleiirs, doiil les rapines claienl mouillrcs de I can dc ce ruisseau, el la « lige cotiliiHicllemeiil cii\cl(ipiiec dc h rMiiicc qui en sorlait. l.c prrc Iran- NOTF.S .11 STIFICVTIM'S. 14«) « ciseaiii, f:ure de la paroisse de cc vilhii-o, m'a aussi assun'- avoir vu dcs « poissniis dans ce meme ruisscau : quant a nioi, jc ne puis Ic cerlificr ; « mais j"on ai vu dans Inn des bains, dont la chalcur faisait inonter Ic mcr- X cure a quaiante-luiit ct cin(|uante degrcs. ^ oila cc que vous pouvez eer- '< lifier avec assurance. Sifjne Prevost. » Voijarje a la nourellc (ntinee, par M. Sonncrat, corres.pomlant de l' Academic des .seienees et du Cabinet du rni. Paris, 1776, pages 38 ct suiv. Jc ne saclie pas qu'on ail trouvc des poissons dans nos caux llicrniales ; niais i! est certain (pic, dans cclles mcme qui sont Ics plus cliandes, Ic fond du terrain est lapissc de planles, M. 1 ui)l)e Mazeas dit cxprcssrnicnl que. dans I'eau presque bouillante de la Soll'atare de Vilerbe, le fond du hassiii espeees, et nieme a eelle de I'elcpliant ; mais eetle espece gigantesipic n'cxiste plus. Daulrcs i-rosses dents, dont la face ([ui hroie csi fiuurre en irede, eoninie cclle des liippopolamcs, ct cpii ncannioins sont (|uatrc fois plus grosses que cclles des liippopotames actucllemenl subsisiants, domon- trcnt quil y a cu dcs individus trcs-gigantesqucs dans lespcce de riiippojto- lame. D enormcs femms, plus grands ct beancoiip ])lus epais »pic eeux de nos elcpbanls, dcnionlrent la nu'-me cliosc pom- lcs cicpbants; ct nous pon- vons citer encore quchpies cxeniples qui vonla ra])pui de noire opinion sur les animaux gigantesques. On a ironve anprcs de Home, en 1772, imc lete de bfmuf pcirifiee, doni le pcrc .lacquier a donnc la description. « La longueur du front, conqiri>e « entre les deux eornes, est, dil-il, de deux pieds trois pouces; la distance « entre les orbites des \cux de qualorzc pouces; celle depuis la portion sii- « perieure du front jusqu"ii I'orbilcde Icril, dun pied six pouces; la cireon- '< fcrence dune corne mesurcc dans le bourrclet inferieur, dun pied six « pouces ; la longueur d'unc corne mesurcc dans toutc sa eomburc, de " quaire pieds ; la distance dcs sommets des eornes, de Irois pieds; liiiic- " rieur est dime petrification lr»'S-diirc : celle lele a etc Ironveedans un >. fond de pouzzolane a la profondciu- de plus iU' vingt pieds *. « On voyail, en I7()8, dans la callicdralc de Strasbourit, luie ires-grosse « eornc de bo'uf, snspcnduc par luie cliainc conire unpilicr prcs du elueur: « elle ma paru exccder Irois fois la grandeur ordinaire de cclles dcs plus " grands bo'ufs : conmic elle est fort elevee, jc nai pu en prendre lcs di- 0 mensions ; mais jc lai jugee d'environ (pintre pieds el dcmi de lonudcur, .< >m" sept a bnit pouces de diamelreau gros bout **. ' (;.i/i.'llr di' l''r.Tii('(> (III a.") scpleiiiliir I 77S, .ul-i II' dr Home. *' Xolf ( oiMllilliiiililic' n \i. i\r liiilVun. |i.il \l (ic,\)i\s^G'd(Sl . Cesl pcut-eire la nieme dent dont parle le pere Acosta : « Jai vu, dit-il, X une dent molaire qui m't'lonna beau^:oup par son enornie grandeur, ear « elle etait aussi grosse que le poing dun homnie. » Le pere Torquemado, franciscain, dit aussi quil a eu en son pouvoir une dent molaire deux fois aussi grosse que le poing et qui pesait plus de deux livres : il ajoute que, dans cede menie viile de Moxieo, au eouvenl de Saint-Augustin, il avait vu un OS femur si grand, que I individu auquel cet os avail appartenu devait avoir ete haul de onze a douze coudees, cesl-a-dire dix-sepl ou dix-huit pieds, et que la tele dont la dent avail ete tiree etait aussi grosse qu'une de ces grandes cruehes dont on se sen en Castille pour mettre le vin. Philippe Ilernandes rapporle quon Irouve a Tezcaco el a Tosuca plusieurs OS de grandeur extraordinaire, et que parmi ces os il y a des dents molaires larges de cinq pouees et hautes de dix ; d'oii Ion doil conjeclurer que la grosseur de la tele a laquelle elles appartenaient etait si enorme, que deux liomnies auraient a peine pu lembrasser. Don Lorenzo Boturini Benaduei dit aussi que, dans la Nouvelle-Espagne , surloul dans les hauteurs de Santa-Fe et dans le tcrritoire de la Puebla et de Tlascallan, on trouve des OS enormes et des dents molaires, dont une, quil conservait dans son ca- binet, est cent Ibis plus grosse que les plus grosses dents humaines. Gicjan- toloffie esparjnole, par le pere Torrubia, yowrwai Stranger, novembre 1760. Lauteur de cette Gigantologie espagnole attribue ees dents enormes et ces grands os a des gcants de lospece humaine. Mais esl-il croyable quil y ail jamais eu des hommes dont la tele ail eu huit ou dix pieds de circonfe- rence ? N'esl-il pas meme assez etonnanl que, dans lespece de Ihippopo- lame ou de lelephant, il y en ail eu de cette grandeur ? Nous pensons done que ces enormes dents sont de la meme espece que celles qui ont ete trou- vees nouvellementen Canada sur la riviere dOliio, que nous avonsdit appar- lenir h un animal inconnu dont lespece etait autrefois existante en Tartaric, en Siberie, au Canada, et s'est etenduc depuis les Illinois jusquau Mcxique. Et comme ces auteurs espagnols ne disent pas que Ton ait trouve, dans la Nouvelle-Espagne, des defenses dclephant melees avec ces grosses dents molaires, cela nous fait presumcr quil y avait en effet une espece difTeronte de celle de lelephant a laquelle ees grosses dents molaires appartenaient, laquelle est par\enue jusquau Mexique. Au resle, les grosses dents d'hippo- potame paraisscnt avoir ete anciennemcnt eonnues; car saint Augustin dil avoir vu une dent molaire si grosse, quen la divisant elle aurait fail cent dents molaires d'un homme ordinaire. {Lib. XV, de Civitate Dei, cap. 9.) Fulgose dit aussi qu'on a trouve en Sieile des denis dont chacune pesait trois livres. {Lib. I. cap. Q.-) NOTES JLSTIFICATIVES. 131 M. John Somnier rapporte avoir trouve a Chatham, prcs de Cantorbery, a dix-sept pieds de profondour, quelques os elrangers el monstruenx, les uns entiers, les autres rompus, et qualre dents saines et parfaites, pesant cha- eune un pen plus dune demi-livre, grosses a peu pres comma le poing dun homme : toutes quatre elaient des dents molaires ressemblant assez aux dents molaires de Ihomme, si ce nest par la grosseur, II dit que Louis Vives parle dune dent encore })lus grosse (dens violaris pur/no major) qui lui fut montroe pour inie dent de saint Christophe. II dit aussi qu'Acosla rapporte avoir vu dans les Indes une dent semblable qui avait ete tiree de terre avec plusieurs autres os, lesquels rassembles et arranges represen- taient un homme dune stature prodigieuse ou plutot monstrueuse (deformed Inghness or greatness). iVous aurions pu, dit judicieusement M. Sommer, juger de meme des dents qu'on a tirees de la terre aupres de Cantorbery, si Ion n'eiit pas trouve avec ces memes dents des os qui ne pouvaient etre des OS dhommes; quelques personnes qui les ont vues onl juge que les os et les dents etaient d'un liippopotanie. Deux de cos dents sont gravees dans une planclie q\ii est a la lete du n" 272 des Transactions philosophiqucs, /ig. 9. On peul concliire de ces faits, que la plupart des grands os trouves dans le sein de la terre sont des os delephants et dhippopotames; niais il me parait certain, par la conq)araison immediate des enormes dents a pointes mousses avec les dents de I elephant et de Ihippopolame, quelles ont appar- (enu a un animal beaucou|) plus gros que lun et I'aulre, et que Fespcce de ee prodigieux animal ne subsiste phis aujourd'hui. Dans les elephants actuellement existants, il est extremement rare d'en Irouver dont les defenses aienl six pieds de longueur. Les plus grandes sont communemeiit de cinq pieds a cinq pieds et demi, et par consequent lan- cien elephant auquel a appartenu la defense de dix pieds de longueur, dont nous avons les fragments, etait un geant dans cette espece, aussi bien que celui dont nous avons un femur dun tiers plus gros et plus grand que les femurs des elephants ordinaires. II en est de meme dans I'especc de Ihippopotanic; jai fait arracher les deux plus grosses dents molaires de la plus grande tete dhippopolame que nous ayons au Cabinet du Roi : I'uiie de ces dents pese dix onces, et I'au- lre 9 \ onces. Jai pesc ensuite deux dents, Tune trouvee en Siberie et I'au- tre au Canada : la premiere pese deux livres douze onces ct la seconde deux livres deux onces, Ces anciens hippopotames etaient, eomme Ion voit, bien giganlesques en comparaison de ceux qui existent aujourdhui. L'exemple que nous avons cite de I'enorme tete de boeuf pelrifiee, lrou\ ee aux environs de Rome, prouve aussi qu'il y a eu de prodigieux geants dans cette espece, et nous pouvons le demontrer par plusieurs autres monuments. Nous avons au Cabinet du Roi : 1" Une corne dune belle couleur verdjitre, tres-lisse et bien contournee, qui est evidemment une corne de boeuf; elle porte vingt-cinq pouces de circonference a la base, et sa longueur est de quarante pouces; sa cavile contient 11 i pintes de Paris. 2" Ihi os de 1 in- I.Vi \OTi:S H STIFICATnKS. It'iiciir do la cnrnc dim IjO'uI. dim poid-; do so|)t livros; Uiiuli'^ que \e plus grand os dc iios IkimiI's qui soulioni la coriio uc itosf qu'uiio livrr. Ot OS a (''U'' douiu'; pour If (Inhiucl dii Hoi par M. \c coiiUc de Tiossan, qui joiut au iioul t'l aux lalenls beaiicoiq) ik- connais! cii liisloirc nalu- rcllo. 5" DfU\ OS (k- linloricur dcs conies dun Ixeuf, rouiiis par uii moiceau (III (raiic. qui out cle Irouves a \iiiijl-eiii(i pieds de proloiideur, dans les (■(iuelies de loiirhes, eiitie .Vinieiis e( \hbe\ille, el qui ni'oiil cle cuvoyes pour le Cabinet du l{oi : ec morceau pese dix-scpl livres; ainsi cliaque os de la eorno etanl separe de la poriioii du crane, peso au nioins 7 i livres. Jai compare les dimensions eouime les poids de ces difl'erenls os : eelui du plus gros bccul qu'on a pu Irouver ii la bouclierie do Paris navail que Irei/e pouees de longueur sur sepl pouces de circonforence a la base; laiulis que lies deux aulres liros du sein do la lerre, Tun a vingl-quaire pouees de lon- gueur sur douze pouees de cireonrerence a la base, el laulre viiigl-sepl pouees de longueur sur treize de eirconlerenee. Kn voila plus quil nen I'aut pour demonlier que dans respece du bieiif, comme dans celles de I lii|»po- polanie et de relepliaiii. ii y a ou de prodigieux goants. \\. Nonf (irons dcs nionunieiils llrcn (hi seiii dela terre, et porticuliereineiil (In fo)i(l dcs iiiinincs de clioibon et d'arduise, qui 7ious deiiionlrent que quel- ijiies-uiis des poissoiis et ties lef/elauT que ces inatieres eonliennent, ne sontpas des espi-ces actuelhuient existantes. Surcela nous observorons, avecM. Leiuuan, qu'on ne troiive guere des empreinles de plantes dans les mines dardoise, a lexeeplion de cellos ipu' aecom|)agnenl les mines de eliarbnn de terre, el ipiau eonlraire on ne troine ordinaiiemeni les empreinles do poissons (pie dans les ardoises cui\ reuses. Tome IH, page 407. On a remarqiie que les bancs d ardoise cliargV's de poissons pi'lrifies, dans Ic eonili' do Mansfeld. soul surmoiilos dun banc do piorres appel(''espi/c/»- fc>;c"t^st line i\spece dardoise grise. qui a liri' son origine dune eau croii- pissanle, dans hupielle les poissons avaieni pourri avant do so pclriRer. Ler- fterolit, jouDuil econoiiiique, jiiillel i7.')'2. M. nolVmaii, en parlaiil des ardoises, dit que noii-seulemeni les poissons ipie Ion y lioiiM" pelrilios out ('to des ciratures vivantes, mais que les eoii- cbes dardoises nont ('te que le depot dune can rangeuse, qui, apivs avoir fermento et soiro pi'lriliee, s'lHait piTcipiloe par coucbos iri's-minees. « Los ardoises dAiigers, ditlM. (aiettard, piesenloni quelquefois des em- « preinles de pinntos et de poissons, (|ui iiu'rilenl d'autani plus d'allontion, « (pie les planlos auxqiiellcs ces enq)reinles soiit dues claient des fucus de " mer, el que cellos des poissons repr(^sentent diiriirents cruslaces ou ani- « maiix do la elassc des ecrcvisscs, doni les om|)reinies sent plus rares que « celles des poissons et des coquillages. II ajoiile ipi'aprc's avoir eonsultt- « plusienrs aiiieurs qui ont I'-crit sur les poissons, les ecrevisses et les erabes, <■ il n a 1 ien irou\(> de resscmblanl aux empreinles en question, si ce nest le « poK i\c mer, qui y a quelques rapports, mais qui on dillorc lu-anmoins par « Ic nomhrc de vcs annoaux. qui sdpl au nombre \\>^ troizo: an liou quo les NOTKs .)[stiii(:\tim:s. ui.i a iiiiiiciiiK lie <(iiit ijii iiu uonihro (|p sept on tiiiit daiH l»s omproiulo-; dc lar- « iloiso : Ics eiii|)rciiiU's tic poissons so iroiivoiil cninmuiK'HUMil pars»*ni«''cs '< lie lualitTf pyriteusc el hlaiiclialre. I ne singulan'lt', qui nc regarde pas « plus les ardoisieics d'Angcrs ur : ces troneons ne did'erent des sapiiis ordiiiaiies (pien ee qii'ils sont ovales sur Icur louiiiiein-, el ipie lours veines I'orment autani d olli|)ses concentn(|ues. Os bucbos nont gu( re quen- \iroii un pied de tour, el lour ('corce est tres-epaisse et fori erevassee, eomme cello des \ieux sapins; au lien (pie Ics sapins ordinaire^ Ac |»areillo grossein- out loujours une ('corce asscz lisse. « Jai lrou\('', dil M. do (ionsannc, plusieurs lilons de ee nitimc eliaibon i( dans le diocese de Monlpollicr : iei les troneons sont tres-gros, lein- lissii « est ir«'s-semblable a celui des ibalaigniers de irois a qnaire pieds do lorn-. « (!cs sories de lossiles no donnoni au feu qunno leg(J'ro odoin- d'aspbalte; K ils briilcnl. donnvnt do la llannne el de la braise connne le bois; o'osi ee « (pion appellc cnnmiuiK'nicnt on France do la luiuille; olio so Irouvo fort « pri!S de la surface du terrain : ces bouilles annoneent, pour I'ordinaire, du « vt'rilable cbarbon de terre a de plus grandcs prol'ondeurs. >> llisl. ualu- relle du Lanrjuedor. par M. de (iensanno, lonie 1, paiio tJO. (!os cliarbons lignoux doivont oiro regardc's oonuuo dos bois doposi'-s dans une terre bitumineuso a laquelle est due leur (pialit('' de obarbons los- >;ilos : on ne les Irouve jamais cpie dans ces sortcs de torros, ot loujours asscz pros de la surlaco du lorrain; il nesi pas memo rare qu'ils lormenl la U'-lc (les \eines dun V(}rilal)lc cbarbon; il y en a cpii nayanl ivou quo pen dc substance bi(uminou>.o, onl consor\(i lems nuances dc couleur dc bois. « J'on ai irouvc- do cello csp('co, dil M. dc (iensanne, aux (lazarets, pros de « Sainl-Jean-de-(;ueul, a quaire lieues de Mont|)ellior; mais pour rordinaire « la fracliu'c do co I'ossilo pn'sento une surface lisse enli(''roment somblablo « a cclle du jayet. II y a dans lo uk'hic canton, pivs d'Asoras, du bois fos- « silo qui est en parlie eliang('; on une vraie pyrite blanclie lerruginouse. La « maticre min('rnlo v oeeupo lo ocour du bois, et on y remarque livs-dis- iiliits iino coiiclic do plus dun (piarl do poueo drpaissour i< d"uno tcrro jauiiatrc trc's-Cuie. lios-grasse ol Iros-duetile : jai verse alors 1' par iuc'linaison I'eau qui surnageait dans un autre vaisseau, et cettc lerre^ " plus legere (pie lo gres, sen est separe sans qu"il s"y soil mele. La quan- i< lite que j'eii ai reliiee par celto prcmiero lotion «'lai( irop considerable pour <' pouvoir pensor que, dans uii <'space do temps aussi coiirl, il cul pu so " fairo une assez grande decomposition dc gres pour avoir produit aulani . do lerre : jai done juge qu'il fallail quo cctic lerre lul deja dans lo gros <' dans ic niemc etat ipie je Ten avais reliree, et (iiiil so faisait peiil-elre aiitsl « conlinuellemeni uiie decomposition dii gres dans sa propre mine. J'ai « rempli ensuitc le vaisseau de nouvellc eau distiliec; jai agite le gres pen- « danl qiiel(iues instants, et, trois jours apres. jai encore Irouve sur ce gres « une couelie dc terre de la ineme qiialite que la premiere, mais plus mince " de moilie. Ayanl mis a pari ees especes de secrelions, jai continue, pen- '( dant Ic coins de plus dune aniiee, celle memo operation et ees experiences " que j'avais conimencees dans le mois davril ; et la quanlite de terre que sur le gres (prune pellicule icrreuso ipii n'avait pas une lijiiie d cpaisseiir; " mais aussi peiulant tout le reste de laiuKJe, et lant que le girs a elt' dans I' I'eau, (;etle pellicule n'a jamais man(|U(> de se former dans lospace de deux « oil trois jours, sans augmonler ni diminucr en ('paisseur, a 1 exception du >' lemps oil jai ('tc ol)lig('', par rapport a la gelce, de mellrc le vaisseau a " convert, qu'il ma parii que la (K'-composilion du gr(";s se faisait iin pen |)lii^ " lontement. Quelqnc icinps apiV's avoir mis ce giTs dans leau. jy ai « aper(;u une grandc (piantit('' de paillettes brillanles et argent(''es, comme le « soni cellos du talc, qui iV) t'laiont pas anparavant, et j'ai jngc (pie cetail l;i <' son premier c-tat de d(''composilion; (pie scs molt'ciilcs, form<''es{le pliisieiirs " petiles coucbes, scxfoliaient, comme jai observe' qu'il arrivail an vorro " dans cerlaincs circonstances, et (|uc ees paillettes s'att(imiaient onsiiile |)eii « a pen dans lean, jiisqu'a ce ipie, (Ie\enues si petiles (|u'cllcs n a\aienl plus »■ assez de surface pour i^lU'cliir la luniiero, dies aequt'raienl la forme ct les « propri(''l(''s dune v(!'ritablc terre : j'ai done amassi- et mis a part toiites los « sc'cnHions terrcuses (pie les deux livres dc giTs m'onl produiles pendant u le coiirs de plus dune anii(ic; el lors(pic cette terre a (tic bien Siiclie, ello " pesait en\iron cin(| oiiccs. Jai aussi pes(i le gix's apirs lavoir fait seclier, « et il avait diminiu'' en pesaiUeur dans la mt'ine proportion, do sorte (piil " s'cii ('lail d(''compose im pen plus de la sixieme panic. Tonte eotte lerre » ("'tail au rcsle de la mi'inc qiialili', ct les dcrnid'res s(icretions (Haient aussi I' grasses, aussi diiclilcs (pic les picmi("'rcs, et loiijours d'lm jaimo tirant sur « 1 orangi' :mais commo j\ aporccvais encore queUpies paillettes brillanles, << qnelques mold'culos do iiies. qui n(^laicnl pas enlieremeni d(''composees, " jai remi< ccllc lerre a\('<- de roan iLuh uii \ai-;eaii de \erro. et je I'ai lai-- >()Ti:s JlSTiriCATINKS. 1 07 <' :>cc e\|»0!>oo a I'aii', sans la remuer, pendant lout un clc, ajoulanl dc icnips yen lenips dc nomellc can a niesuie qirdlr scvaporail: un niois uprcs, <' cctle can a coinmon(.r a sc corronipre, I't die est deveniie \crdatie et de " niamaise odeur: la to; re paiaissail elrc aussi dans un elat dc lennenlation « ou de putrefaction, car il s'en elcvait unc giaiide cpiantite de Indies d'air; » cl qnoiqu'cUe cut conserve a sa supcrlicie sa conleur jaunatre, celle qui « etait au I'ond du vaisscau etait biimc, cl ccltc coulctn- s'elendait de jour en " jour, et paraissait plus foncee; de soilc qua la fin dc lete ccltc terrc etait " dcvcnuc absolumcnt noire. J'ai laisse evapoier 1 cau sans en remetlre de " nouvclle dans le vaisseau, el, en ayaiit lire la tcne, qui resscmblail asscz •' a de largile grise lorsquVlle est liunieclee, je I'ai fait seclier a la clialeur " du feu; cl lorsquelle a f'-le cliaullee, il ma paru (prdle exiialail unc " odeur sulfurcuse : mais ce qui ma suipris da\antage, c'est (|U a proportion " qu ellc s'est dcssecliee, la couleur noire s'esl un peu elTacee, et die est " dc>enue aussi blanche que largile la plus blanclie; d'ou on peutconject " turer (pie c etait par consecpienl unc matiere volatile (pii lui conununiquait " ccltc couleur brune : les esprits acicles n'oni fait aucune impression snr " cctle icrrc; et lui avant fait eprouver un degre de clialeur assez violent, « ellena point rougi coinnie largile grise, niaiscllc a conserve sa blanclieiu; " dc sorle qu'il me pavait evident (pie cclte matiijrc (juc ma produilc le gix's " en s'attenuant cl en sc d«;conq)osanl dans lean est unc \('rital)lc argilc « blandie. » I^ok coniiimniquee a M. dc Ikdlon par M. \adaullj corrcspun- iluiil de I Academie des sciences, amicn acocut ijincrul dc la Chainbre des cowptes de Dijon. W. Le tnouienient des cau.r d'orienl en Occident a Irarai/le la surface de lo lerre dans ce sens; dans tons les cuntinenis du monde, la penle est plus rajiidc du cote de ioccidenl que du cole dr I'orienl. Cela est (ividcnt dans le conliueni de rAnierique, dont les pentes sont exlriimcnK'ni rapides \ers les mcrs dc 1 ouesi, cl dont toules les terras sx'tendeul en pcnte douce, et aboutissent |)rcs(|ue loutcs a degrandcs plaines du c(Jt(i de la mcr dc lorient. En Europe, la ligne du sommct de la (Jrande-Ikclagnc, qui s etend du nord au siid, csl bicn plus prochedu bord occidental que de loriental de I'Oeean, el, par la mt'nie raison, les mers qui sont a roccidenl de llrlande cl dc r\nglelerrc soni |)lus profondcs que la mcr (pii sc-pare r\nglc(crrc cl la llollandc. La lignc du sommct de la Norwi-ge est bicn plus |)rocli(' de I'Occ-an (pie de la nier lkdli(iue. Les montagnes du sommct g(in(!'ral dc 1 Europe sont bieii \)\u> hautes vers loccident epic vers lorierit; cl si Ion prend uiie panic de cc sommct depuis la Suisse jiis(pi"en Sib('-rie, il est bicn plus prd's dc la mcr Hal- lique et de la mcr HIancbc, (pi'il nc lest dc la mcr Noire cl dc la mcr Cas- picnne. Les Alpes et lApcnnin irgnentbicn plus prd-sdcla M()dilcrraii(''e que dc la mcr Adrialiquc. La diaine dc monlagncs qui sort du Tyrol, et qui scleiid en Dalmalie ct jiisqua la poinlc de la Morc'c, coloic pour ainsi dire la mcr Adriali(pic, laiidis i|uc les c()lcs oricnlalcs (pii Icur sont oppos('>cs soul plus ba>scs. Si Wm suit cii Asic la cliuiiic (jui s'elcnd depuis les Dardanelles 1:j8 \otes justificatives. jusqu'au detroit de Babel-Mandel, on trouve que les soinmels du monl Taurus, du Libau el de loute I'Arabie, cotoienl la Mediterranee et la mcr Rouge , et, qua rorieiil, cc sont de vaslos continents oii coulent des fleuves dun long cours, qui vont se jeler dans le golfe Persicjue. Le sommct des fa- nieuses niontagncs de Gatles sapproche plus des nieis occidentalcs que des niers orienlalcs. Le sominet qui setend depuis les Ironlieres oecidenlales de la Chine jusqu'a la pointe de Malaca est encore plus pres de la mer d'occi- dent que de la mer dorient. En Afrique, la chaine du niont Atlas envoie dans la mer des Canaries des fleuves moins longs que ceuxquelle envoie dans lintoricur du continent, et <|ui vont se perdre au loin dans des lacs et de grands niarais. Les liautes montagncs qui sont a I'occident vers le cap Vert et dans toute la Guinee, lesquelles, apres avoir tourne autour du Congo, vont gagner les monts de la Lune, et sallongont jusquau cap de Bonne- Esperance, occupenl assez regulicrement le milieu de lAIVique : on recon- naitra neanmoins, en consideranl la mcr a I'orientet a loccidcnt, que celle a lorient est peu profonde, avec grand nombre diles, tandis qu a loccident elle a plus de profondeur et tres-peu diles ; en sorte que lendroit le plus profond de la mer occidentale est bicn plus pres de eette chaine que le plus profond des mers orientales ou des Indes. On voit done gencralement dans tous les grands continents, que les points de [)artage sont toujours beaucoup plus pres des mers de I'ouest que des mers de lest, que les revers de ces continents sont tous allonges vers Test, et toujours raccoureis a louesl; que les mers des rives oeeidentales sont plus profondes el bien moins semees diles que les orientales; et meme Ton reconnaitra que, dans toutes ces mers, les cotes des iles sont toujours plus hautes et les mers qui les baignent plus profondes a loccident qu'a I'orient. NOTE SUR LA CINQUIEME EPOQUE. II y a des animaux et iiu'me des hommes si brutes , qu'ils preferent de lan- (juir dans leur inijrate tone nalale, a la peine qu'il faudrait prendre pour se (jUerplus commodemcnt ailkurs. Je puis en citer un exemple i'rappant : les Madles, petile nation sauvage de la (iuiane, a peu de distance de lambouchure de la riviere Ouassa, nont pas dautre domicile que les arbres, au-dessus desquels ds se tieiment toute lannec, parcc que leur terrain est toujours iNOTES JUSTIFICATIVES. I;J9 plus on nioins couverl d'eau; ils ne descendent de ces arbres (|ue pour aller en canots chercher leur subsistance. Voil^ un singulier exomple du slupide altacbeinent a la terre natale; car ii ne tiendrait qua ces sauvaifcs daller conune les autros liabilcr sur la terre, en s eloignant de (|ucl(|ues licucs des savanes noyces, ou ils onl pris naissance et ou ils veuleiit niourir. Cc fait, cite par quelques voyageurs *, ma ete confirnie par plusieurs teinoins qui ont vu recemment celte petite nation, coniposee de trois ou quatre cents sauvages : ils so tiennent en ellet sur les arbres au-dessus deleau, ils y de- meurent toutc lannee : leur terrain est une grande nappe deau pendant les huit ou neuf niois de pluie; et, pendant les quatre niois d ete; la terre nest qu'une boue fangeuse, sur laquelle il se forme une petite croutc de cinq ou six pouces depaisseur, composee d'herbes plulot que de terre, et sous les- quelles on Irouve une grande epaisseur deau croupissante el fort infecte. NOTES SUR LA SIXIEME EPOQUE. I. La nier Caspienne etait anciennement Oien plus (jrandc quelle ne Vest aujourd' liui ; cette supposition est bicn fondee. « En parcourant, dit M. Pallas, « les immenses deserts qui s'etendcnt entre le Volga, le Jaik, la mer Cas- « pienne et le Don, j'ai reniarque que ces steppes ou deserts sablonneu\ « sonl de toutes parts environnes dune cote elevee, (jui embrasse une « grande partie du lit du Jaik, du Volga et du Don, et que ces rivieres Ircs- » profondes, avant que d'avoir penetre dans cette enceinte, sont remplies « d'iles et de bas-fonds, des (juelles commencent a tomber dans les steppes, « oil la grande riviere de Kuman va se perdre elle-nieme dans les sables. « De ces observations reunies, je conclus que la mer Caspienne a couverl au- « trefois tons ces deserts; qu'elle n"a eu anciennement d'autres bords que ces -•> niemes coles elevees qui les environnent de toutes parts, et qu'elle a com- « munique, au moyen du Don, avec la mer Noire, suppose meme que cette « mer, ainsi que celle d'Azofl", n'cn ait pas fait partie **. » * Les Mailles, I'tine des nations sauvages de la Giiianc, liabilent le long dc la cote, il comntie leur pays est souvcnt noye, ils ont construit leurs cabanes sur les arbres, au pied destjuuls ils tiennent leurs canots, avec Icsquels ils vont chercher ce qui leur est neccssairr pour vivre. (Vovaffe de Desmarchais. tome IV. page 358.) ■* Jouinul liislui iijuc el po ilique, tnuis du novenibrc 1773, article Petcr»!)uurfr. 100 \()Ti;s Ji sTiri(;\Ti\i-:s. M. Palliii! e^t saiib coiiticilit lun do iios plus savants iialiualis(os: ct ccst avcc la plus graiule salisratlion que jc Ic vols it-i eiitiorciTicnl dc iiioii a\ is sur raiK'ii'nne cteiulue de la nier Caspiennc cl sur la piohabilitc hicii loiidir (|u"clle toiimiuiii(|uait aulrefois a\oc la incr \oire. II. La tradition nc nous a ronsprvi que la meiiioirc dc la submersion d<: la Taprobane // // a cu des boulccersoiients plus ij rands etplus frequents dans I'ocean Indicn que dans aucune autre partic du iiionde. I.a ])lus aiicieniic Iradilioii qui icslc dc ct's an'aissomciils dans les lenos du Midi , est cclle dc la |)ert(" dc la Taprobane donl on cioil <|uc Ics AFaldivcs cl Ics Laqucdivcs out Tail autrefois partic. Ccs lies, ainsi que Ics ccuciis cl l(>s banes (pii rc- gnent depuis Madagascar jusqu'a la poinle dc IFndc, scinblcnt in(li(|ucr ics somnicts des terres qui reunissaient T Afrique avec I'Asie; car ces ilcs onl prcscpic toulcs, du cote du nord, des tcrres el des bancs qui sc prolong(Mit tres-Ioin sous les caux. II parait ([uc les ilcs dc Madagascar el de (leylan claicnl autrefois uiiics aux continents qui Ics avoisinent. Ces separations ct ecs grands boidcNcrsc- nientsdans Ics niers du Midi out la plupart etc produils par lalTaissenicnl des ra\ ernes, par Ics Ircniblcnicnls de lerrc el |)ar lexplosion des icvw sou-' terrains; niais il y a eu aussi beaueoup dc tcrres cnvaliics par le niouvc- nient lent cl successif dc la mer d'oricnt en Occident. Les endroits du mondc oil eel cirel esl Ic plus sensible sent les regions du Japon. de la Oiine. cl dc loutes Ics parlies oricnlalcs de TAsic. Ces niers . siluecs a loccidenl dc la Cbine et du .lapon. nc soul, pour ainsi dire, (praccidenlelles, ct peul-clrc encore jdus recentes (|uc noire Mediterrancc. Les lies dc la Sonde, Ics Molu(|ucs el les IMiilippincs ne prescnlcnl (pic des Icrres boulevcrsccs, el sont encore picines de \oleaiis; il \ en a beau- coup aussi dans Ics ilcs du Japon, el Ion prelendqiicceslicndroilde runi\ci> le plus sujet aux Ircmblcmcnls de tcrre; on y trouvc (piantite ilc fonlaines d'cau cliaude. La pluparl des aulres lies de loccan Indicn nc nous olVrenl aussi que des pics ou des sonimcls dc monlagncs isolcs qui voniissent Ic feu. L ilc de France cl Tile de Mourbon paraisseni deux dc ces sonimcls, prcs(pic enlicrenieni couvcrls dc inaliercs rcjclccs par les volcans; ces deux ilo claieiK irdiabilecs lorsquon en a fait la dceou\erlc. III. A la Gui/ane, les fleuves sunt si roisins les uns des autrcs, cl en ninnc temps St 'jon/les. si rapidesdans la saison des p/uies. qn'ils cnlrainvnl des Unions innnenses qui se deposent sur toutcs les tcrres basses el sur le fond de la mer in sediment taseux. Les coles dc la (iuiane francaise sont si basses, (pie cc sonl plutol des grevcs loutes couverlcs dc \asc en |»entc lirs-douce. (pii com- mence dans les terres cl s'clend sur Ic fond dc la mer a une iri-'s-grandc distance. Les gros naNiies ne peuvcnt approcbcr de la v'wwic de Cayenne sans lonelier, el les vaisseaux de guerre sonloblig(:"sdc leslcra deux ou Iroi- licues en mer. Ces vases en penle douce s elcndcnl lout Ic long des ri\ages, dcjiuis Cayenne jusqua la riviere des \ma/.ones; Ion nc trou\e dans ccllc grandc ('•(endue que dc la vase el poinl de >uhk, ct tons le* bords dc la iik i .^OTES JISTIFICATIVES. Kil sont coiiverls ilc paleuiviers : iiiiiis a sept ou liuit liciu's au-dossiis tie Cayenne, dii cole dii iiord-oiicst justiiiau fleuvc JMarony, on iroiive (luel- t|iies anses dori( le fond est dc sable el de roclicrs qui fornienl dcs brisanls; la vase ccpendanl les recouvre pour la plupail, aiissi Lien que les couches de sable, et celte vase a d'autant plus depaisseur qu'clle s eloignc davantage du bord de la mer. Les pctils rocbers ncnipecbent pas quo ce terrain nc soil en penle ires-doucc a plusieurs lieucs d etendue dans les torres. (lette parlie de la Guiane, (|ui est au nord-ouosl de Cayenne, est une contrce plus elevee que eelles qui sont au sud-est : on on a une prcuve demonstrative; ear tout le long des bonis de la mer on trouve de grandes savanes noyees qui bordent la cote, et dont la plnpart sont dossccbees dans la partie du Mord-ouest, tandis quelles sont loutcs couvertes des eaux de la mer dans les parties du sud-est. Outre ces terrains noyes actuellemcnt par la mer, il y en a dautres plus eloignes et qui de meme etaient noyes autrefois. On trouve aussi en quelques endroits des savanes d'eau douce; mais eelles-ci no pro- duisent point dc paletuviers. et seulenienl beaucoup de palmiers lataniers. On ne trouve pas une seule pierre sur toutcs ces cotes basses : la niaree ne laisse pas d"y monter dc sept ou buit pieds de bauteur, quoi(|ue les courants lui soient opposes, car ils sont tons diriges vers les iles Antilles. La maree est fort sensible, lorsque les eaux dcs fleuves sont basses, et on sen apcr^-oit alors jusqu'a quaranle et meme cintjuanlc licue;. dans ces IJeuvcs; mais en biver, c'esl-a-dire dans la saison des pluies, lorsque les fleuves sont gonfles, la maree y est a peine sensible a une ou deux lieucs, tant le courant de ces lleuves est rapidc, et il de\ient de la plus grande impetuosile a Ibcurc du rettiw. Les grosses lortues de mer viennent deposer leurs oeufs sur le fond de ces anses de sable, et on ne les voit jamais frequenter les terrains vaseux; en sorle que depuis Cayenne jusqu'-i la riviere des Amazones, il n'y a point de (orlues, et on va les peclicr depuis la riviere Couron jusqu au fleuvc Marony. II send)le que la vase gagne tons les jours du terrain sur les sables, et iju'avec le tem|)S, cetic c6te nord-ouest de Cayenne en sera recouverte comme la cole sud-est; car les tortues qui ne vculenl que du sable pour y ricposer leurs oeufs, s'cloignent pen a pou dc la riviere Courou, et depuis (pjclques amiees, on est oblige dc les aller cbereber plus loin du cole du lleuve Marony, dont les sables ne sont pas encore converts. Au delii dcs savanes, dont les unes sont seches et les autres noyees, selend un cordon de collines, (|ui sont toutes couvertes dune grande e|)aisseur de lerre, planlees partout de vieillcs forets : commimenitiit ces collines out irois cent cinquante ou quatre cents pieds dclcvation; mais en seloignant davantage, on en trouve de plus elevees, el peut-etre de plus du doul)le, en i'avancant dans les terres jusqu'a dix ou douze lieucs. La pluparl de ces mon- tagncs sont evidemmcnt d'anciens volcai.s eleints. II y en a pourtant une ap- pelee /a Gahrielle, au somnict dc hiquelle on trouve une grande mare ou petit lac, qui nourril dcs caymans en asscz grand nombre, dont appareni- BiiKON. lorn. II. 11 102 NOTES JUSTIFICATIVES. inent rcspece s"y esi conservee depuis le temps oil la mer couvrait cette colline. Au dela de celle monlagne Gabrielle, on ne trouve que de perils vallons, des icrtres, des mornes el des matieres volcanisees, qui ne sonl point en i^randcs masses, mais qui sonl brisees par pelils blocs : la pierie la plus commune, el donl les eaux ont enlraine des blocs jusqua Cayenne, est celle que Ion appelle la pierre a lavets, qui, comme nous I'avons dil, nest point une pierre, mais une lave de volcan : on la nommee pierre a ravels, parce qu'elle est trouee, el que les insectes appeles ravels se logcnl dans les trous de celle lave. IV. La race des grants dans I'espece humaine a iti delruite depuis nonibre de siecles dans les lieux de son ori(jine en Asie. On ne pent pas douter quil n"y ail eu des individus geanls dans tous les climals de la terrc, puisque, de nos jours, on en voil encore naiire en lout pays, el que recemmenl on en a vu un qui elait ne sur les confins de la Laponie, du colede laFinlande. Mais on nest pas egalemenl sur qu'il y ait eu des races conslanles, el moins en- core des peuples enticrs de geanls : cepeiidanl le lemcignage de plusieurs auteurs anciens el ceux de lEcrilurc sainie, qui est encore plus ancienne, me paraissent indiquer assez clairement quil y a eu des races de geanls en Asie; et nous croyons devoir presenter ici les passages les plus posilifs a ce sujcl. II est dil, i\ond)res, XIII, versel 34 : Nous aeons vu les grants de la race d I/anac, aux yeux desquels nous ne deiions paraitrc pas plus grands que des cigales. El par une autre version, il est dit : Nous avons vu des monstres de la race d'Enak, aupres desquels nous nations pas plus grands que des sau- tercllcs. Quoi(]ue ceci ail lair dune exageration, assez ordinaire dans le style oriental, cela prouve neanmoms que ces geanls elaienl Ires-grands. Dans le Deuleronome, chapitre XXI, lersef^O, il est parle dun bomme ires-grand de la race d'Arapha, qui avail six doigts aux pieds et aux mains. El Ion voil par le versel 18, que celle race d'Arapha elait de genere gigantum. On trouve encore dans le Deuleronome plusieiu's passages qui prouvent lexislence des geants et leur destruction : Un peuple nombreux, esl-il dit, et d'une grande hauteur, comuie ceux d'Enaciiit, que le Seigneur a ditruits ; ebapilre II, ver.^et 21. El il est dil, versets 19 et 20 : Lepags d'Ainmonest riput6pour un pays de geants, dans lequel ont autrefois habite les grants que les Ammonites appellent Zomzommini. Dans Josue, chapitre XI, verset 22, il est dit : Les seuls g6ants de la race d'Enacim qui soicnt restds pantii les enfants d' Israel Uaient dans les villes de Gaza, de Gelh et d'Azot; tous les autres grants de cette race ont iledetruits. Pbilon, saint Cyrille el plusieurs aulres auteurs, semblenl croire que le mot de geants nindique que des hommes supcrbes et impics, tl non pas des liommes d'une grandeur de corps extraordinaire; mais ce sentiment ne pent pas se soulcnir , puisque souvent il est question de la bauleur el de la force de corps de ces memes bommes. NOTES JLSTIFICATIVES. 163 Dans le piopliele Amos, ii est dit que le peiiple des Aiuoiilieens etait si Uaul, quon les a compares aux cedies, sans donner daulres mesures a leiir grande hauteur. Og, roi dc Bazan, avail la liauteur de neuf coudees, el Goliath, de dix eoudees el une paime. Le lil dOy avail neuf coudees de longueur, c"esl-;'»- dire ireize pieds el demi, el de largeur qualre eoudees, qui fonl six pieds. Le corselel de Golialh pesall deux cenl huit livres qualre onces, el le fer de sa lanee pesail vingl-cinq livres. Ces temoignages me paraissenl sufllsanls pour quon puisse eroire, avec quelque fondemenl, qui! a autrefois exisle dans le conlinent de I'Asie, non- seulemenl des individus, mais des races de geants, qui onl eie delruiles, el donl les derniers subsislaienl encore du lemps de David. El quelquefois la nalure, qui ne perd jamais ses droits, semble rcmonler a ce meme point de force de production el de developpement; car, dans presque tons les cli- mats de la Terre, il parail de temps en temps des hommes dune grandeur extraordinaire, c"est-a-dire de sept pieds et demi, huit el meme neuf pieds : car, independamment des geants bien averes , ct dont nous avons fait men- tion, nouspourrions citer un noinl)ic inlini daulres excmples rapportes par les auteurs anciens el modernes, de geants de dix, douze, quinzc, dix-huit pieds de hauteur, el meme encore au dela ; mais je suis bien persuade quil faul beaucoup rabattre de ces dernieres mesures : on a souvenl pris (les OS d elephants pour des os htimains, el d'ailleiu's la nalure, telle cpi elle nous est connue, ne nous offre dans aucune espece des disproportions aussi grandes, exceplc peut-clre dans lespece de rhippopolame , donl les dents Irouvces dans le sein de la terre sont au moins quatrc fois plus grosses que les dents des hippopotames actuels. Les OS du prelendu roi Thcutoboehus, trouves en Dauphine, out fait le sujet dune dispute enlre Habicol, chirurgien de Paris, el Kiolan, docleur en medecine, celebre anatomiste. JIabicola ecril dans un |)etit ouvrage qui a pour litre : Gujanlosl^olofjie *, que ces os etaient dans un sepulcre de bri- que, a dix-huit pieds en terre, eiiloure de sablon : il ne doruie ni la des- cription exacle, ni les dimensions, ni le nombre de ces os ; il pretend que ces OS etaient vraiment des os humains, d'autant, dit-il, qu'aucun aninial n'en posscde de tels. 11 ajoute que cc sont des matons, qui Iravaillanl chez le seigneur de Langon, genlilhonime du Dauphine, trouverent, le 11 Jan- vier 1613, cc tombcau, proche les masures du chateau de Chaumonlj que ce lombeau elait de biiquej quil avail Irenle pieds de longueur, douze de largeur el huit de profondeur, en conifilant le chapiteau, au milieu duquel elait une pierre grise, sur laquclle etait grave : Tlieutubuclim Rex; que ce tombcau ayant ele ouvert, on vit unsqucletle humain de vingl-pieds el demi de longueur, dix de largeur a lendroil des cpaules, el cinq depaisseur; qu'avantde toucher ces os on niesura la tele, cpii a\nil cinq pieds de Ion- ' I'.-iiis, 1613. in-l2. 11. J 104 NOTKS JUSTIIICATIVKS. :^ueiir ft dix cii londour. (Je dois observer que la proportion de la longueur de la t^te humaine avec celle du corps nest pas dun cinquieme, mais dun septieme et demi; en sorts que cetle te'te dc cinq pieds supposerait un corpi hu- main de 57 \ pieds de hauteur.) Enfin il dit que In machoire inferieiire avail six ■pieds de lour, les orbiles des yenx sopt pouees de lour, cliaque clavieule quatre pieds de long, ctque la pluparl de ces ossements se mirent en poudre apres avoir ele frappcs de lair. Le docteur Riolan pul)lia, In meme annee 1613, un ('crit sous le nom de Gir/antomachie, dans Icquel il dil (|ue Ic cliirurgicn Habicot a donne, dans sa Giganlosleolojiie, des uiesurcs fausses de la grandeur du corps el des os du pretendu geant Tlieutoboclius; que lui Riolan a mesure I'os de la cuisse, eclui de la janibe, avec I'aslragalc joinl an ca'caneum, et quil ne leur a irouve que 6 1 pieds, y compris los pubis; cc qui ne ferail que treize pieds au lieu de vingt-cinq pour la liauleur du geanl. 11 donne ensuile les raisons qui lui font doiiler que ces os soienl des os huniains; et il conclut en disanl que ces os , presenles par Habicot, ne sont pas des os bumains, mais des os d elepbant. Un an ou deux apres la juiblication de laGiganlosteologied'Habicot,elde la (iigantoniacbie de Riolan, il parul une brocbure sous le litre de {'Imposture die ouverte des OS humains supposes, et faussenienlattribuh au roi Theutobochus, dans laqucllo on ne Irouve autre cbose, sinon que ces os ne sont pas des os bumains, mais des os fossiles engcndres par la vertu de la lerre; et encore un autre livrel, sans nom dauleur, dans lequel il est dil, qu'a la verile il y a parmi ces os des os bumains, mais quil y en avail dautrcs qui n'etaient pas bumains. Ensuile, on 1C18, Riolan publia un ccril sous le nom de Girjantolofjie, ou il pretend non-seulemenl que les os en question ne sont pas des os bu- mains, mais encore que les bommesen general nont jamais etc plus grands qu'ils le sonl aujourd bui. Habicot repondil a Riolan dans la meme annee 1618; el il dit quil a offcrt au roi Louis XIll sa Giganlosteologie; el cpien 1613, sur la lin de juiilet, on exposa aux yeux du public les os enonces dans eel ouvrage, cl que ce sont vraimcnl des os bumains : il cile un grand nombre d'exenqjlcs tires des auteurs anciens et modernes, pour prouver quily a ou des bommosdune grandeur excessive. II persisle a dire que les os caleaneum, tibia ol femur du geant Tboutobocbus, olant joints les uns av(!c les autres, porlaient plus dc onze pieds do bauteur. II donne ensuile les letlrcs cpii lui out ole ecrilos dans le temps de la do- couverle de ces os, el qui semblont conlirmer la realito du f.iit du lombeau el des OS du geanl Tbeulobocbus. II parail, par la leltre du seigneur de Langon, datee de Saint-Marcellin en DaupiiintS et par une autre du sieur Masurier, cbirurgien a Reaurepaire, quon avail irouve des monnaics d'ar- genl avec les os. La premioro Ipttre est oonouo dans les lermes snivanis : « Comme Sa Majesto desire davoir le resle des os du roi Tbeulobocbus NOTES JLSTIFICATIVES. 165 » uvec la iiioniiaie d'argent qui s'y est trouvee, je puis vous dire davaiice « que vos |)arties adveises sonl ties-nial loiidees, el que sils savaienl leur •>. metier, lis iie douleraieul pas que ces os lie soieiit veritablenient des os « liuniains. Les docteursi eu medecine de Monl|)ellier se soiit Iransportes ici, >< et auiaieut bieii voulu avoir ces os pour de i'argent. M. ie marechal de « Losdiguieres les a fait |)orter a (irenoble pour les voir, el les iiiedecins el « cliirurgiens de Grenoble les out recounus pour os liuniains; en sorte « (juil n'y a que des ignorants qui puissent nier cette verile, etc. » Sif/nc L.\>GON. Au reste, dans eette dispiile, Kiolaii et Habicol, 1 uii iiiedeein el lautre eliirurgien, se sonl dil plus d injures quils ii'oiil eeril de fails el de raisoiis. iNi 1 un ni lautre n unl eu assez ile sens pour deerire exacteuienl les os donl il esl question; nuis lous les deux, emporles par lespril de corps et de parli, onl eeril de uianiere a oler loule coiiliance. II esl done tres-diflieile de pro- iionctr allirinalivenienl sur I'ospece de ces os : niais s'lls onl etc en ellet trouves dans un lonibeau de biique, avee un eouverele de pierre, sur leipiel etail I inscription Theutubuclius Rex; s il s est Irouve des nionnaies dans ce loinbeau; s'il ne conienail (ju'uii seul cadavre de vingl-ciualre ou vingt-cinq pieds de longueur; si la Icllredu seigneur de Langon contienl verite, on lie pouriait guere douler du fail essentiel, cesl-a-dire de I'exislence d un geanl de vingi-qualre pieds de bauteur, a nioins de supjioser un concours fori ex- traordinaire de circonslances niensongeres ; niais aussi Ie fait n'esl pas prouve dune maniere assez positive pour quon ne doive pas en douler beaucoup. II esl vrai que plusieurs auleurs, d ailleurs digues de foi, out parle de geaiils aussi grands. Pline * rapporle (|ue, |)ar un Irenibleuieiil de lerre en Crete, une inonlagne s'elanl cntr'ouverle, on y Irouva un corps de seize coudees, que les uns onl dil elre Ie corps d'Otus, el d'autres celui d'Onon. Les seize coudees doiincnl vingl-qualre pieds de longueur, c'est-a-dire la ineine que celle du roi Tbeuloboclius. On Irouve dans un niemoire de M Le Cat, academicien de Rouen, une cnuineration de plusieurs geants dune grandeur excessive, savoir : deux geanis donl les sipielcUes fureiil trouves par des Allieniens pres de leurvilie, I un de Irenle-six et I autre de lreiile-(|uatre pieds de bauteur; un autre de Irente pieds, Irouve en Sicile, pres de Palerine, en 1548; un autre de irente-lrois pieds, Irouve de menie en Sicile en 1550; encore uti autre, irouve de rnenie en Sicile, pres de Mazarino, qui avail Irenle pieds de bau- leur. Maigre lous ces leinoignages, je crois quon aura bien de la peine a se persuader qu'il ait jamais existe des bomines de Irenle ou Irenle-six pieds de bauteur; ce seiail dejii bien trop que de ne pas se refuser a croire quil y en a eu de vingl-qualre : cepeiidaiil les icmoigiiages se niullipliaiil, devieniieiit plus positifs, el voiit, |)our aiiisi dire, par nuances (raceioissemenl a niesure • livrc \ II. cli.iniliT IH. 166 NOTES JUSTIFICATIVES. que Ton descend, M. Le Cat rapporte qu'on trouva en 1 70S, pres les bonis de la riviere dc IMorderi, an pied de la inontagne de Criissol, le squelette d'un geant de 22 7 pieds de hauteur, et que les doniinicains de Valence onJ une partie de sa jand)c avcc larticulation du genou. Piaterus, niedecin celebre, attesle qu'il a vu a Lucerne le squelette d'un liomme de dix-ncuf pieds au moins de hauteur. Le geant Fcrragus, lue par Roland, neveu de Charlemagne, avait dix- huit pieds de hauteur. Dans les cavcrnes sepulcrales de lile de Teneriire, on a trouve le sque- lette dun guanche qui avait quinze pieds de hauteur, ct dont la tete avait quatre-vingts dents. Ces trois faits sont rapporles, comme les precedents, dans le Menioire de iM. Le Cat sur les geants. II cite encore un squelette trouve dans un fosse pres du convent des dominicains de Uonen, dont le crane tcnait un boisseau de ble, et dont los de la jambe avait environ quatre pieds de longueur; ee qui donne pour la hauleur du corps entier dix-sept a dix-huit pieds. Sur la tonibe dc ee geant etait une inscription gravee, oil on lisait : Ci-cjit noble ct puissant seujneur le chevalier Ricon de Valinont et ses os. On trouve dans le Journal litteraire de Tabbe Nazari, que, dans la haute Calabre, au mois dc juin I660, on deterra, dans les jardins du seigneur de Tiviolo, un squclelle de dix-huit pieds remains de longueur; que la tete avait 2 ^ pieds; que chaque dent molaire pesait environ une onze et un tiers, et les autres dents trois quarts donee; el que ce squelette etait coucho sur une masse de bitume. Hector Boetius, dans son llistoire de lEcosse, livre VII, rapporte que Ion conserve encore quelques os dun homnie, nomme, par conlre-verite, \e Peiit-Jean, quon croit avoir eu quatorze pieds dc hauteur (c'cst-a-dire (reize pieds deux pouces six lignes de France). On trouve dans le Journal des Savants, annec 1692, une letlre du P. Gentil, pretre de I'Oratoire, professeur de philosophic a Angers, ou il dit qu'ayant eu avis dc la dccouverte qui s'etait faite d'un cadavre gigan- tesque dans le bonrg de Lasse, a neuf lieues de cette ville, il fut lui-meme sur les lieux pour sinformcr du (ait. II apprit que le cure du lieu ayant fail crcuscr son jardin, on avail trouve un sepulcre qui renfermait un corps de dix-sept pieds deux pouces de long, qui n'avait plus de peau. Ce cadavre avait dautres corps enlre ses bras et ses jambcs, qui pouvaient elre ses en- fants. On trouva dans le mcmc li( u quatorze ou quinze aulres sepulcrcs, les uns dc dix pieds, les autres dc douze, ct d'aulres meme de quatorze pieds, qui renfermaient des corps de mcmc longueur. Le sepulcre de ce geant resta expose a lair pendant plus dun an ; mais comme cela attirait (rop de visites an cure, il la fnit lecouvrir de (errc o( planter trois arbrcs sur la place. (]es sepulcrcs sont dune pierre scmblabic a la craie. Thomas Molincux a vu, aux Kcolos dc niedecine de Leyde, un os frontal liumain prndigieux : sa hauteur, prise dcpnis sa jnnrlion aux os du ncz NOTES JISTIFICATIVES. 167 jiisquii la siilure sagillale, etait tic 9 ^ponces, sa laigeur de 12^ pouces, son epaisseur dun demi-pouce, c'est-a-dire que chacune de ces dimensions elait double de la dimension correspondanle a los frontal, lei quil est dans les hommes de taille ordinaire; en sorte que lliommc a qui cet os gigan- tesque a appartenu etait probablement une fois plus grand que les bommes ordinaires, c'est-a-dire qu'il avait onze pieds de baut. Cet os clail tres-cer- lainement un os frontal liumain , ct 11 ne parait pas cpiil cut acquis ce vo- lume par un vice morbifique; car son epaisseur elait proporlionnce a ses autres dimensions, ce qui n'a pas lieu dans les os vicies *. Dans le cabinet de M. Witreu, a Amsterdam, M. Klein dit avoir vu un os frontal, dapres lequel il lui parut que Ibommc auquel il avait appartenu avail treize pieds quatre pouces de liauleur, c'est-a-dire environ l"! i pieds de France**. Dapres tous les fails que je viens dexposer , el ceux que jai discules ci- devant an sujel des Patagons, je laisse a mes lecleurs le memc embarras oii je suis, pour pouvoir prononccr sur rexistencc reclle dc ces gcanls de vingl- quatre pieds : je ne puis me persuader (|u"en aucun temps et par aucuii moyen, aucune circonstance , le corps bumain ait pu selever a des dimen- sions aussi demesurees : mais je crois en meme temps quon ne pout guere douler quil n'y ait eu des geants de dix, douze el pcut-elrc dc quiiize pieds de bauteur, et quil est presque certain que, dans les premiers ages de la nature vivante, il a exisle non-seulement des individus gigantesques en grand nombre, mais meme quclques races constantes ct successives de geants, donl celle des Patagons est la seule qui se soil conscrvee. V. Oti Irouve au-dessus des Alpes une 6lendue immense el presque continue de vallSes, de plaines et de inontafjnes de (jluce, etc. Voici cc que M. Grouner el quelques autres bons observatcurs el lemoins oculaircs rapportent a ce sujel. Dans les plus bautcs regions des Alpcs, les eaux provenant annucllcmcnl de la fonte des nciges se gelent dans tous les aspects et a tous les points de ces monlagnes , depuis Icurs bases jusqu'a Icurs sommets , surtout dans les vallons el sur le pencliant de celles qui sont groupees; en sorte que les eaux ont, dans ces vallees, forme des monlagnes <|ui ont des rocbes pour noyau, ct dautres monlagnes qui sonl cntiercmenl de glace, lesquellcs ont six, sept a buit licues d elendue en longueur, sur une lieue de largeur, ct souvent mille a douze cents loises de bauteur : dies rejoignent les autres monlagnes par leur sonmiel. Ces enormes amas de glace gagncnt de rctendue en se pro- longeant dans les vallees; en sorte quil est demonlre que loutes les glacieres s'accroissent successivement, quoique, dans les annecs cbaudes et pluvieu- ses, non-seulement leur progression soil arretee, mais meme leur masse im- mense diminuee. * Tiaiisaclioiis |ihiloso|)lii(|iics^ n" 168, art. 2. **Mciii 11" 45«, ail. 3. IG8 NOTES JUSTIFICATIVES. La hauteur de la congelation, fixee a deux mille quatre cent quaranle toiscs sous lequaleur, pour les liaules montagnes isoloes, n'csl point une regie pour les groupes de montagnes gelees depuis leur base jusqu'ti ieur sommet; elles iie degelerit jamais. Dans les Alpes, la hauteur du degre de congelalion pour les montagnes isolees est fixee a millc cinq cents toises d elevalion. et toute la partic au dessous de cctte auteur se degcle entiere- ment; tandis que eelles qui sont entassees gelent a une moindre hauteur, el ne degelent jamais dans aucun point de ieur elevation depuis leur base, tant le degre de hoid est augmenle par les masses de matieres congclees reunies dans un memc espace. Toutes les montagnes glaeiales de la Suisse reumes occupant une elendue de soixanto-six lieues du levant au eoueliant, mesurees en ligne droite, (le|)uis les bornes Occidents les du eanlon de Vallis vers la Savoie, jusqu'aux homes orientales du canton de Bendner vers le Tyrol ; ce qui forme une cliaine interrom|)ue, doiit plusicurs bras setendent du midi au nord sur une longueur d environ trente-six lieues. Le grand (iothard, le F'ourk el le (irimsel, sont les montagnes les plus elevees de celte partie; elles oeeupent le centre de ces chaines (|ui divisent la Suisse en deux parties; elles sont toujours couvertes de neige et de glace, ce qui leur a fait donner le nomge- nerique de Glarieres. L'on divise les gincieres en montagnes glacees, vallons de glace, champs «le glace ou mers glaeiales, ct en gletchers ou amas de glacons. Les montagnes glacees soul ces grosses masses de roehers qui selevenl jusqu'aux nues, el qui sont toujours couvertes de neige. Les vallons de glace sont des enfoncements qui sont beaucoup plus ele- ves entre les montagnes (|ue les vallons inferieurs; ils sont toujours remplis de neige, qui s'y aecumule et forme des monceaux de glace qui out plusicurs lieues d elendue, et qui rejoigiient les hautes montagnes. Les champs de glace, ou n)ers glaeiales, sont des terrains en penle douce, qui sont dans le circuit des montagnes; ils ne peuvent eire appeles vallons, parce quils nont pas assez de profondeur : ils sont eouverts d une neige epaisse. Ces champs recoivcnt leau de la fontc des neiges qui des- cendent des montagnes el qui regelenl : la surface de ces glaces fond el gele alternativemenl, et lous ces endroits sont eouverts de couches epaisses de neige et de glace. Les gletchers sont des amas de glacjons formes par les glaces et les neiges qui soni precipitees des montagnes : ces neiges se regelenl el sentassenl en difTerentes manieres; ce qui fait quon divise les gletchers en monts, en re- vetemenls el en murs de glace. Les monts de glaec seleveiK entre les souunets des hautes moiUagnes; ils onl cux-memes la forme de montagnes; mais il n'enlre point de roehers dans leur slructurc : ils sonl composes enlicremenl de pure glace. <|ui a qiielque- fois plusicurs lieues en longueur, une lieue de largeur el une demi-lieue depaisseur. NOTES JUSTIFKIATIVES. 169 Les revetenienls de glacoiis sonl formes dans les vallees supeiieuies et sur les coles des montagnes qui sont reconvenes conmie des draperies de glaces taillees en poiiues; elles verseiit leurs caux superflues dans les vallees infe- rieures. Les murs de glace sont des reveleinents escarpes qui terniinent les vallees de glace qui oni une lornie aplalie, el qui paraissenl de loin coninie des mcrs agilees, donl les (lots ont etc saisis et glaces dans le mon»enl de leur agita- tion. Ces niurs ne sont point herisses do pointes de glace: souvcnt ils formcnl des colonnes, des pyramides et des tours enormes par leur hauteur el leur grosseur, taillees a plisieurs laces, quelquel'ois liexagones et de coulcur bleue ou vert celadon. II se forme aussi sur les cotes el au pied des montagnes des amas de neige, qui soniensuile arroses par I'eau des neiges fondues et reconvenes de nou- \ elles neiges. L'on veil aussi des glacons qui saccumnlent en las, qui ne tiennent ni i\u\ vallons ni aux monts de glace; leur position est ou horizon- tale ou inclinee : tous ces amas detaches se nomnient lils on coucltes de fjlaces... La chaleur inlericure de la lerre mine plusieurs de ces montagnes de glaces par-dessous, et y entrelient des couranls deau qui fondent leurs sur- faces infcrieures; alors les masses s'affaisscnt insensihiement par leur propre poids, et leur hauteur est reparee par les eaux, les neiges et les glaces qui \iennent successivement les reconvrir : ces alfaissements occasionnenl sou- vent des craquenienls horribles; les crevasses qui souvrent dans lepaisseur des glaces forment des precipices aussi facheux qu'ils sont multiplies, (les abimes sont d aulanl plus perlides et funesles, ([u ils sont ordinairement re- couverls de neige : les voyageurs, les curieux et les chasseurs, qui courcnt les daims, les chamois, les bouquetins, ou (jui font la recherche des mines de cristal, sont souvent engloulis dans Ics gonffrcs, et rejetes sur la surface par les flots qui s'elevent du fond de ces abimes. Les pluies donees fondent promplemenl les neiges; mais toules les eaux qui en proviennent ne se precipitent pas dans les abimes inferieurs par les crevasses; une grande partie se rcgele, et tombant sur la surface des glaces, en augmente le volume. Les vents cliauds du nn'di, qui regncnt ordinairement dans le mois de mai, sont les agents les plus puissants qui delruisenl les neiges et les glaces; alors leur fonte annoncee par le hruissemenl des lacs glaces, el pai' le fracas ('■pouvanlable du choc des pierres el des glaces qui se precipitent confuse- menl du haul des montagnes, porte de toules parts dans les vallees infc- rieures les eaux des torrents, qui tombcnt du haul des rochers de pins de douze cents pieds de hauleiu'. Le soleil n'a (pie |)eu de prise sur les neiges et sur les glaces, pour en operer la fonte. Lcxperiencc a prouve que ces glaces formees pendant un laps de lemps tres-long, sons des fardeanx enormes, dans un degre de froid si nmlliplie cl d can si pure, que ces glaces, dis-je, ctaicnt dune maliere si 170 NOTES JUSTIFICATIVKS. dense et si piirgee dair, que de petits glacoiis exposes an soleil le plus ardciil dans la plaine pendant nn jour entier s'y fondaient a p6ine. Quoique la masse de ces glacieres fonde en partie lous les ans dans les trois mois de lete ; que les pluies, les vents et la chaleur, plus actifs dans cerlaines annees, detruisent les progres que les glaces ont faits pendant plu- sieurs aulres annees, cependant il est prouve que ces glacieres prennent un accroissement constant et qu'elles s'itendent : les annales du pays le prouvent; des actes aullientiques le doniontrcnt, et la tradition est invariable sur ce sujet. Indepcndammcnt de ces autoriles et des observations journalieres, cette progression des glacieres est prouvce par des for^ts de mdUzes qui ont 6t6 absorbies par les (jlcices, el dont la ciiiie de quelques-uns des arbres surpasse encore fa surface des rjlarieres; cc sont des temoins irreprochables qui attes- tent le progres des glacieres, ainsi que le liaut des clocliers dun village quia ete engiouti sous les neiges, et que Ion apercoit lorsquil sc fait des fonles extraordinaires. (^etle progression des glacieres ne pent avoir d'autre cause que raugnienlalion de I'intensite du froid, qui saceroit dans les montagnes glacees en raison des masses de glaces; et il est prouve que, dans les gla- cieres de Suisse, le froid est aujourd'bui plus vif, mais moins long que dans rislande, dont les glacieres, ainsi que cedes de Norwege, ont beaucoup de rapport avec ccUes de la Suisse. Le massif des montagnes glacees de la Suisse est compose comme ceiui de toutes les liautcs montagnes : le noyau est une roclie vitreuse qui setend jusqu'a leursommet; la partie au-dessous, a commencer du point oii elles ont ete couvertes des eaux de la mer, est composee en revetement de pierre calcaire, ainsi que tout le massif des montagnes dun ordre inferieur, qui sont groupees sur la base des montagnes primitives de ces glacieres; enfin ces masses calcaires ont pour base des schistes produits par le depot du li- mon des eaux. Les masses vilreuses sont des rocs vifs, des granits, des quartz; leurs fentes sont remplies de mctaux, de demi-metaux, de substances minerales et de crista ux. Les masses ealcinables sont des pierres a cbaux, des marbres de toutes les especes en couleurs et varietes, des craies, des gypses, des spalhs et des albatres, etc. Les masses scbisteuses sont des ardoises de differentes qualites et couleurs, qui conticnnent des plantes et des poissons, et qui sont souvent posees a des bauteurs assez considerables : leur lit n'est pas toujours bori- zontal; il est souvent incline, meme sinueux el perpendiculairc en quelques endroits. L'on ne pent revoquer en doute I'ancien sejour des eaux de la mer sur les montagnes qui forment aujourd luii ces glacieres ; limmense quantite de eo- quillesqu'ony trouve ratleste, ainsi que les ardoises et les autres pierres decc genre. Les coquilles y sont on distribuces par families, ou bien elles sont me- lees les unes avec les autres, et Ion y en trouve a de tres-grandes hauteurs. NOTES JUSTIFICATIVES. 171 II y a lieu de penser que ces montagnes nont pas forme des glacieres coiuinues dans la haute aiitiquite, pas meme depuis que les eaux de la mer les out abandonnees, quoiquil paraisse , par leur ires-grand eloignement des mers, qui est de pres de cent lieues, et par leur excessive hauteur, qu'eiles ont ete les premieres qui sonl sorties des eaux sur le continent de lEurope. Elles ont eu anciennement leurs volcans; il parait que le dernier qui sest eteint ctait celui de la montagne de Myssenberg, dans le canton de Schwitz; ses deux principaux somniets, qui sont tres-hauts et isoles, sont termines coniquement, comme toutes les bouches de volcan; et Ion voit en- core le cratere de Tun de ces cones, qui est creuse a une tres-grande pro- fondeur. M. Bourrit, qui eut le courage de faire un grand nombre de courses dans les glacieres de Savoie, dit « qu'on ne peut douter de I'accroissement de « toutes les glacieres des Alpes; que la quantite de neige qui y est tonibee « pendant les hivers la emporle sur la quantite fondue pendant les etes; '< que non-seulement la meme cause subsislc, mais que ces amas de glaces « deja formes doivent laugmenter toujours plus, puisqu'il en resulte et plus « de neige et une moindre fonte Ainsi, il n'y a pas de doute que les « glacieres n'aillent en augmentant, ct meme dans une progression crois- « sante *. » Get observatcur infatigable a fait un grand nombre de courses dans les glacieres; et en parlant de celle du Glatchers, ou glacieres des Bossnns, il « dit quil parait s'augmcnter tous les jours; que le sol quil occupc pre- « sentement ctait, il y a quclques annees, un champ cultive, ct que les « glaces augmcntent encore tous les jours **. II rapporte que 1 accroissc- « ment des glaces parait demontre non-seulement dans cet cndroit, mais « dans plusicurs autres; que Ion a encore le souvenir dune communication « quil y avail autrefois de Chamouni a la Val-d'Aost, el que les glaces Tonl « absolument fcrmcc; que les glaces en general doivent scire accrues eu « s'etendant dabord de sommites en sommites, el ensuite de vallees en val- « lees, et que c'est ainsi que s'est faile la communication des glaces du mont « Blanc avec celles des autres montagnes et glacieres du Vallais et de la « Suisse. II parait, dil-il ailleurs, que tous ces pays de montagnes n elaicnt « pas anciennement aussi remplis de neiges et de glaces quils le sont au- « jourdhui. L'on ne date que depuis quelques siecles les desastres arrives « par laccroissemcnl des neiges et des glaces, par leur accumulation dans « plusicurs vallees, par la chute des montagnes clles-memes el des rochers : « ce sonl ces accidents presque continucis ct celle augmentation armuelle « des glaces qui peuvent seuls rendre raison de ce que l'on sail de I'liistoire « de ccpays touchanl Ic peuple (jui Ihabitait anciennement. » VI. Car, malfjri ce qu'en ont (lit les Ruxses, il est Ires-douleur qu'ils aienl ' Dcsiriptiou lies {[lacitrcs dc Sjvoie^ par M Bouriil. Geneve, 177.3, paj;. 11 I rl, I 12. **Deseiiptioii des aspects du inonl Blanc, par M. Boiirril. Lausanne, 1776, p. «. 172 i\OTES JUSTIFICATJVES. double la pointe septentrionale de I'Asie. !M. Engel, qui regarde coiiiine im- possible Ic passage au nord-ouesl par les baies de Hudson el de Badin, pa- rait au contraire persuade (lu'oii trouvera un passage plus court et plus sin- par le uord-est; et il ajoule au\ raisons assez faibies quil en donne, un passage dciM. Gnielin, qui, pailaiit des lentatives faites par les Russes pour trouver ce passage au nord-est, dil que lamaniere dont on aprocidi dcesdicou- certes fera en sun temps le sujet du plus (jrnnd dtonnetnent de tout le ttionde, lorsqu'on en aura larelalivn aullienlique; ce qui dipend unique inent, ajoule-t-il, de la haute lolonte de I'iinperatrice. « Quel sera done, dil M. Engel, cc sujel « detonncnient, si ce nest dapprendre que le passage regarde jus(|u"a pre- « sent coinnie impossible, est ircs-praticable? N'oila le seul I'ait, ajoule-t-il, « qui puisse sur()rendre ocux qu'on a lache defrayer par des relations pu- i< bliees a dessein de rebuter les navigateurs, etc. *. » Je reniarque d'abord quil laudrait ctrc bien assure des ehoses, avanl de faire a la nation russe celle imputation. En second lieu, elle me ()arait nial f'ondee, el les paroles de iM. Gmelin pourraient bien signilier tout le con- Iraire de 1 inlerpi elation que leur donne M. Engel, cesl-a-dire quon sera fort elonne lorscpie Ion saura quil nexisle point de passage pralieable au nord-est; el ce qui me conlirme dans celle opinion, independammenl des raisons gcnerales que jen ai donnees, eesl que les Russes eu\-inemes n'ont nouvellemenl tenle des decouvertes quen remontant de Kamtscbalka, et point du tout en descendant de la poinle de I'Asie. Les capilaines Bering el Tscliirikow ont, en 174-1. reconnu des parlies de cotes de I'Anierique jus- quau cinquanle-neuvieme degre; el ni I'un ni I'aulrc ne sont venus par la mer du ^ord le long des cotes de lAsie. Cela prouve assez que le passage nest pas aussi pralieable (jue le suppose M. Engel, on, pour mieux dire, cela prouve que les Russes savenl quit nest pas pralieable; sans quoi ils eussenl ])rerere denvoyer leurs navigateurs par celle route, plutol que de les faire partir de kamtselialka, pour faire la decouverte de I'Anierique oc- cidentalc. M. Mullcr, envoye avec M. Gmelin par rimperatriee en Sibcrie, est d'un avis bien different de M. Engel : aprcs avoir compare loutes les relations, M. IMiiller eonclul par dire qui! n"\ a qu une Ires-pelitc separation entre I Asie et lAmeriiiue, et que ce detroil oll're uiic ou plusieurs iles qui scrvenl de route ou de stations communes aux babilanls des deux continents. Je crois celle opinion bien fondce, el M. Miiiler rassemble un grand nombre de fails pour lappuycr. Dans les demeiues soulerraines des babilants de lilc Karaga, on voil des poutres faites de grands arbres de sapin, (jue celle ile ne produit point, non plus que les lerres de Kamtscbalka, dont elle est Ires- voisine : les babilanls disent que ce bois leur vienl par un vent dcsl (jui lamene sur leurs coles. Celles du Kamtscbalka reroivenl du menie cole des glaces quo la mer orienlalc y pousse en liiver, deux a Irois jours do suite. * ilisloiiegencraledcs Vojaycs, torn. XIX, pag. 415 cl siiiv. NOTES JUSTIFICATIVES. 173 On y voit en eerliiins loinps des vols tloiseniix, qui. Jijtres nn srjoiir de qnel- qiies niois, rolournenl a Icsl, d'oii ils (Haicnt arrives. Le coiilinont n|)pose a celui do lAsie, vers Ic; nord, descend doncjiisqira la lalitudc dii Kamt- sclialka : co continent doit elre celui de TAmerique occidentale. M. iMiiller*, apres avoir donne le precis de cinq on six voyages tentes par la nier du Nord pour donbler la poinic seplenlrionalc de lAsie, tinit |)ar dire (]iie tout an- nonce linipossibilite de eette navigalion, el il le prouve par les raisons sni- vantes. Cctte navigation devrait se faire dans un etc; or, I intervallc depnis Archangel a 1 Oby, et de ce fleuve an Jeniscy, demande una belle saison tout entiere. Le passage du Waigalza coute des peines inliniesanx Anglais et aux Ilollandais : au sortir de ce detroit glacial, on rencontre des lies qui ferment le cliemin ; ensuite le continent, qui forme un cap entro les flenves Piasida et Cliatanga, s'avancanl au dcia du soixante scizieme degre de lati- tude, est de memo i)orde dune cliaine diles, qui laisscnt difficilement un passage a la navigation. Si Ion vent s'eloigner des cotesetgagner la liaule nier vers le pole, les montagncs de glaccs presque innnobiles quon (rouve au Greenland et au Spilzberg nannoncenl-elles pas une continuite de glaces jusqu'au pole? Si Ion veul longer les cotes, celte naiif/niion est mains ais6e quelle ne I6tait il y a cent ans ; lean de lOceati y a diniinue sensiblenienl. On voit encore loin des bords (|ue baigne la nier (ilaciale, les bois qu elle a jetes sur des terres qui jadis lui servaieni de rivage; ees bord.s y sont si peu profonds, quon ne pourrait y employer qtie des bateaux tres-plats, qui, Irop faibles pour resister aux glaces, ne saura-cnt foinnir une longue navi- gation, ni sc cbargerdes provisions quelle exige. Quoique les Russes aient des ressources et des moyens que nont pas la plnpart des autres nations europeer)nes pour frequenter ees mers froides, on voit que les voyages tentes sur|la mer Glaciate nont pas encore ouvert une route derEuroj)c et de I Asie a lAmerique: et ce nest qu en partantde Kamtscbalka, on dun autre point (le 1 Asie la plus orienlale, qu on a decouverl nent de I'Amerique : il y a done une continuation bien marquee entre les c cbainesde monlagnes dc ces deux continents, dont les interruptions, jadis * Hiiloiie giineralc des Voyages, torn. XIX, pag. 371 cl suiv. NOTES JLSTIFICATIVES. 175 « peul-^lre moins considerables, peuvcnl avoir »He elargies par le cleperisse- « nienl dc la roelie, par les courauls conlinuels qui entrenl de la mer Gla- « ciale vers la grande mer du Sud, et par les catastrophes du globe. » Mais celtc ehaine sous-marine, qui joint les lerres du Kamlseliatka avec cellcs de lAmerique , est plus meridionale de sept ou huit degres que celle des lies Anadir ou Adrien, qui, de temps immemorial, ont servi de passage aux Tsehutschis pour aller en Amerique. M. deDomascheneffdit quil est certain que celle traversee de la pointe d'Asie au continent de lAmerique se fait a la rame, el que ces peuples y vonl trafiquer des ferraillcs russes avec les Amcricains; que les iles qui sont sur ce passage sont si frequentes, quon peut couchcr loutes les nuits a tcrre, et que le continent de I'Amerique ou les Tsehutschis commencent est mon- lagneux el convert de forets peuplees de renards, de martres et de zibeiines, dont ils rapporlent les fourrures de qualites el de couleurs toutes dilferentes de celles de Siberie. Ces iles septentrionales siluces entre les deux conti- nents ne sont guere connucs que des Tsehutschis : elles forment unc ehaine entre la poinle la plus orienlale de I'Asie et le continent de lAmerique, sous le soixanle-quatrieme degre; el cctte ehaine est separee par une mer ouverte de la seconde ehaine plus meridionale dont nous venons de parler, situee sous le cinquantc-sixieme degre entre le Kamlschalka el lAmerique : ce sont les iles de celle seconde ehaine que les Russes et les habitants de Kamt- schatka frequentenl pour la chasse des loutres marines et des renards noirs dont les fourrures sont tres-precieuscs. On avail connaissancc de ces iles, meme des plus oricnlales dans celte derniere ehaine, avant 1750 : Tune de ces iles porle le nom du commandeur Bering; une autre assez voisinc s'ap- pelle lile Medenoi; ensuite on Irouve les quatre iles Aleules ou Aleoules, les deux premieres siluecs un peu au-dessus el les dernieresun peu au-des- sous du cinquanle-cinquieme degre; ensuite on trouve environ au cin- quantc-sixieme degre les iles Alkhou et Andaigh, qui sont les premieres de la ehaine des iles aux Renards, laquelle s'etend vers le nord-est jusqu'au soixante etunieme degre dc latitude : le nom de ces iles est venu du nombre prodigieux de renards quon y a Irouvcs. Les deux iles du commandeur et de IMedenoi elaienl iidiabilees lorsquon en fit la decouverte : mais on a trouve dans les iles Aleules, quoique plus avaneees vers I'orienl, plus dune soixantaine de families, dont la languc ne se rapporte ni a celle de Kamt- schalka, ni a aucune dc celles de lAsie orienlale, et n'est qu"un dialecle de languc (|ue Ion paric dans les aulrcs ilcsvoisincs de lAmerique; ce qui sem- blerait indiqucr quelles ont etc peuplees par les Amcricains, et non par les Asiatiques. Les iles nommees parTcquipage de Bering Tile Sainl-Julicn, Saint-Theo- dore, Saint-Abraham, soul les niemcs que cellcs quon appelle aujourdhui les iles Aleules; el de meme file de (Ihommagliin, de Sainl-Dolmal, indi- quees par ce navigaleur, font partic de celles quon a|)pellc iles aux Renards. 176 NOrKS JUSTIFICATIVKS. « La granile distance, dil iM. do UomaschenefT, el la mer ouvorle el pro- c< fonde qui so irouvo oritrc les lies Aleulcs et los lies anx Rcnards, joint an « gisenient difierent dc ces deniicrcs, penvent fairc picsumer que ces lies ne « forment i)as unc eliainc marine continue; mais (pie les premieres, avec » celles de Medenoi et de Bering, font une chainc marine qui vient de Kamt- " schatka, et que les iles aux Renards en representenl unc autre issue de « rAmeri(pie; que June ot laiitre dc ces chaincs vont generalement se X perdre dans la profondeur de la grande mer , el sonl des promontoires II des deux continents. La suite des iles aux Rcnards, dont quclques-unes « sont dune grande etcndue, est enlrc-nielee decucils et de hrisants, et se I' continue sans interruption jusqu'au continent de rAmerique; mais celles .1 qui sont les plus voisines de ce continent sonl trcs-peu frequcntces par les « barques des chasseurs russes, parce quelles sont fori pcupiees, et quil « seraildangereux d"y sejourner. II y a plusieurs dc ces iles voisines de la « terrc de lAnierique qui ne sont pas encore bien recoiniues. Quelques « navires ont eependant peneire jnsqu a I ile de kadjak, qui est tres-voisine i( du continent do lAmcriquc; Ion en est assure tant sur le rapport des in- « sulaires que par dautres raisons; vmc de ces raisons est quau lieu que II loutes les iles plus occidcntales ne jiroduiscnt que des arbrisseanx rabou- « gris et rampants que les vents dc pleine mer cnipeclient deselever, I'ile <( dc Kadjak au conlrairc, el les petiles iles voisines, produisent des bosquets (pii esl 178 NOTES JUSTIFICATIVES. peut-etro oiilieremciil convert de glace. La reconnaissance de ces plages au dela du soixaiitc-dixicnic dcgrc est une entrcpriso digne de Tattention de la grande souveraine dcs lUissies, el il I'audrait la confier a un navigateur aussi courageux que M. Phipps. Je suis bien persuade quon Irouverait les deux continents reunis ; ct sil en est autrement, et quil y ait une mer ou- verte au dela des iles Andrien, il me parait certain quon trouvcrait les appendices de la grande glaciere du pole a quatre-vingt-un ou quatre-vingt- deuxdegrcs, ct commc M. Piiipps les a trouves a la nienie hauteur entre le Spitzberg el le Groenland. NOTES SUR LA SEPTIEME EPOQUE. I. Le respect pour certaines niontaynes sur lesquelles les honimts s'^laienl sautes des inondations; Thorreur pour ces autres muntafjnes qui lancaient des feux terribles, etc. Les montagnes en veneration dans I'orienl sont le mont Cnrmel, et quciqucs endroits du Caucase; le monl Pirpamjel an nord de riiidoslan; la montagne Pora dans la province dAracan; cellc de Chaq- pechan a la source du lleuve Sangari, cliez les Tartares iMancheoux, doii les Chinois croient qu'est venu Fo-hi; le niont Altay a lorient des sources du Selinga en Tartaric, le nionl Pecha au nord-ouest de la Chine, etc. Celles (]ui otaient on horrcur otaicnt los montagnes a volcan, parmi Icsquelles on pout cilcr le niont Araralh, dont le nom mcme signifie montagne de mal- heur, parce qu'en ellet celle montagne ctait un des plus grands volcans de lAsic, commc ccla se rcconnait encore aujourdhui par sa forme et par les matieres qui cnvironnent son sommel, ou Ion voit les crateres et les autres signes dc ses ancienncs eruptions. IL Comment des homines aussi nouveaux ont-ils pu Irouver la p6riode lu- nisolaire de six cents ans ? La periode de six cents ans. dont Josephe dit ([ue se servaient les anciens patriarches avanl le deluge, est une des plus belles et dcs plus exactes que Ion ait jamais inventces. II est de fait que, prenant le mois lunaire de vinrjt-neuf jours douze lieures quaranle-qualre minutes trots secondcs, on trouve que deux cent dix-neuf mille cent quarante-six jours et demi font sept mille quatre cent viwjt-un mois lunaires ; et ce meme nombre de deux cent dix-ncuf mille cent quarante-six jours et demi donne six cents annees solaircs, chacunc de trois cent soixantc-cinq jours cinq lieures cinquante une minnles ixnlv-six sevoruks; d'ou rc.sulte le mois lunaire a une scconde NOTES JUSTIFICATIVES. 179 pres, tel que les aslronomes modornes loiU determine, et Tannee solaire plus juste qullipparque et Ptolemee ne I'ont donnoe plus de deux mille ans apres le deluge. Josephe a cite comme scs garants Manethon, Bcrose, et plusieurs aulres anciens auteurs, dont les ecrits sont perdus il y a long- temps... Quel que soit le fondement sur Icquel .loscphc a parle de cette pe- riode, il faut quil y ait cu reelloment et de lemps immemorial une telle pc- riode ou grandeannee, qu on avail oubliee depuis plusieurs siecles, puisque les astronomes qui sont venus apres cet historien s'en seraient servis prefe- rablement a d'autrcs hypotheses moins exactes^pour la determination de I'annee solaire et du mois lunaire, 's'ils lavaient connue, ou sen seraient fail honneur, s'ils lavaient imaginee *. « II est constant, dit le savant astronome Dominique Cassini, que, des « le premier age du monde, les hommes avaienl deja fait de grands pro- « gres dans la science du mouvcmenl des astres : on pourrait meme avancer « (pi'ils en avaient beaucoup plus de connaissance que Ion nen a cu long- \ ood, entro le Spitzberg el la Noiivelle-Zemble, et eeliii qui se troiivt entre le Spitzberg et le (iroenland, (|uc les vaisseaux de la pecbe de la baieine rencontrent constamment a la bautcur de soixanle-dix-sept ou soixante-dix- huit degres, et qu'ils nomment le banc de I'ouest, en le voyanl setendre sans bornes de ce cote, ot vraisemblablenieni jusqu'aux cotes du vicux Gromland, (pi'on sail etre aujourd bui perducs dans les glaces. La route du capitaine Pliipps est marquee sur cette carte avec la continuile des glaces qui lont arrete au nord el a Touest du Spitzberg. On a aussi trace sur cette carte les glaces flottantes rencontrees par Ellis des le cinquatite-buitieme ou citiquante-neuvieme degie, a lest du cap Farewel; celles que Forbisber trouva dans son detroit, qui est actuellernent obstnie, el celles qu'il vil h soixante-deux degres vers la cole de Labrador; celles que rencontra Baflin dans la bale de son nom, par les soixante-douze et soixanle-treizc degres, et celles qui se trouvenl dans la baie dlludson des le soixante-troisicme dcgre, selon Kllis, el dont le Welcome est queI(]uel'ois couvert; celles de la baie de Repulse, qui en est remplie, selon Middlelon. On y voil aussi celles dont presque en lout temps le detroit de Davis est obstnie, el celles qui souvenl assiegenl celui dlludson, quoiquc plus meri- dional de six ou sept degres. L'ile Baiiren ou ilc aux Ours, qui est au- dessous du Spitzberg a soixanle-qualorze degres, se voil ici au milieu des glaces flottantes. L'ile de Jean de Mayen, siluee pres du vieux Groen- I Si FXl'F.ICATFON Innil, ;i soixnntP- a publico en 1773 : mais il faul avouor que la loiigiludo do cos poinis est encore inccitaine, el que cello cole oecidonlalo do lAnicriciuo osl hion pcu oonnuc au dela du cap Blanc, qui git environ sous le quaranlc-lroisienie dcgro de laliludo. La posilion du Kamlscliatka csl aujourd'liui hion delcrniiuoe dans la carte russe de 1777 ; mais cello dos lorres dc rAmcri(iuo vis-a-vis Kamlsclialka n"est pas aussi ecr- laine. (lopondani on nc pout gucre doulor que la grande lerre designee sous lo nom do Slachla nitcula, ol les lorres dccouvcrtes par Bering el Tschiri- kovv, ne soionl des portions du conliuent de I'Ameri(|ue. On assure que Ic roi d"Kspngno a onvoyc nouvollomonl quclques personnes pour rcconnailre colic colo ooeidonlalc de lAmoriquo, depuis le cap Mendocin jus(|u"au cin- quanlc-siviomo dogrc \\v laliluilo : cc projol mo parait bicn conou; car ccsl depuis le (piarantc-troisieme an cinquanle-sixiome degre quil csl a presumer qu"on Irouvera une conuiiunicalion de la wwv PacirKiuc avoc la baio d Hudson. La posilion ot la (igure du Spilzberg sont Iracces siu- noire carle d'apros colic (hi oapitainc Phipps; Ic (Jrocnland, Ics baies dc Ballin ctd'lludson, ot les grands lacs do 1' Vniori(pio, lo sont daprcs les meilleures carles de dif- forcnls voyagcins cpii out doooiiveri on rroquoiilo cos parages. Par oellc rounion, on aura sous les veu\ les gisomonls rolalil's dc loulos los parlies des coiitincnls polairos ol dos passages lonlos pour lourner par le nord el a lest i\i' !" Asio : on y vorra los nouvelles doooiiv cries qui so sont failes dans cello panic dc moronlrerAsic ctrAmeriiiiic jiisqu'au ccrclcpolairc; ot Ton rcmar- (|iicraquohilorrcavancccaIifornie, nos cartes ne nous oirrenl, sur une etendue de qualre cents lieues, qu'une terre continue sans rivieres et sans autres coupures que les irois ouvertures reconnues par d'Aguilar, Fuca et de Fonte. Or, cette continuite des cotes, sans anl'ractuosites , ni bales, ni rivieres, est contraire a la nature; et cela seul sullit pour dcmontrer que ces cotes n'ont ele Iracees quau basard sur toutes nos cartes, sans avoir ele reconnues, et (jue, quand elles le seront, on y trouvera plusieurs goll'es et bras de mer par lescpiels on arrivera a la baie d'Hudson, ou dans les mers intericures qui la precedent du cole de 1 ouesl. IINTRODUCTION A L'HISTOIRE DES xMINERAUX. DES ELEMENTS. PREMIERE PARTIE. DE LA LU.VIERE, DE LA CIIALEUR ET DU FEU. lies puissances de la nature, autant qu'elles nous sont connues, pouvcnl se rcduire a cleu\ forces prinnitives, celle qui cause la pcsanteur, ot cellc qui produit la clialciir. I.a force (riiiipulsion leur est subordonnce; elle depend de la premiere pour ses elfels particuliers, et lient a la seconde pour IVn'el general : comnie limpulsion ne peut sexercer quau moyen du rcssort, et <|ue le rcssort n'agit qu'en vertu de la force qui rapproche les pajtics eloi- gnces, 11 est clair que limpulsion a bcsoin, pour operer, du coucours de I'attraclion-; car si la matiere cessait de s'altirer, si les corps perdaicnt leur coherence, tout rcssort ne serait-il pas dclruit, toute communication de mouvement inlerceptce, loule impulsion nulle, puisque, dans le fait *, le mouvement ne se communique et nc peut se transmettrc dun (jorps h un autre que par lelasticitej quenfin on peut demontrer quun corps parfaite- * Pour uiic plus jiiaiidc iiiliUliicuci'j ji; pric nies Itctours du rcvolr la sccomlfc parlie dc rarticli.' dc cil ()uvr.i|;u, i|ul ii puui' litre : Dc la Nuliiie, accundc viiv. 192 I>TK0DU(;TI()\ a LIllSrolKK DES JMIiNElUlX. iiieiU (Itir, c"csl-i"t-(!ii{' nhsohiinciil iiilloxihlo, scraitcii iiicnic lomps al)solii- inciil imiiiobilc cl (otil i\ I'liil iiica|)al>lo do rcecvoir laclion lie iiolrc corps *^ li'aUraclioii elant tin cITcl iioiicrnl, constant cl permanent, linipulsion, (jui dans la plupart dcs coips csl |)aiticulicie, cl nest ni constanlo ni perma- iienlc, en depend done eoinnic nn eiret pailiculier depend d un cUct general; car, ail contrairc, si tonte impnision elait delriiitc, rattraetion subsisterait el n'en agirait pas nioins, landis (pic eelle-ci venanl a cesser, I'autre serail non-seiilenient sans exercicc, niais nienic sans existence : cest done eelle dincrenco esscniielle (pii subordonne linipulsion a I allraelion dans loule inaliere brute el purenient passive. Mais eclte impulsion , (pii ue pout ni s'exercer ni se Iransmeltrc dans Ics corps bruls quau moyen du ressort, c"esi-a-dire du secours de la foicc d'at- traction, depend encore |)his iminediatenienl, plus generalemenl, de la I'orce qui pioduil la elialcur : car c'esl principalcnient par le mo\en ile la elialenr que linqtulsion |)enelre dans les corps organises; cest par la clialeur (pi \\> ' l.a roiiiinunicatinti dii inoiivcmcnl a loiijours clc rcgardce commc unc vcrite d'expe- riciice ; Ics plus grands iiiatlR-malicions sc sonl contcntcs d'cn calculcr Ics resullats dans Ics dilTercnlcs ciicoiislaiiCL"i, cl nous ont doiinc snr ccia dcs rcjvles et des formnlcs on ils out employe beaticon|) d'arl : niais porsoimc, ce luc scmhle, n'a jusqu'ici considcre la na- ture intimc dii mouvcincnl, cl n'a tadic dc sc rcprcsciilcr ct dc presenter aux aiitrcs la nianiore pliysiqiic donl le mouveinfnl sc Iransmcl tt passe dun corps a un autre corps. On a prctendu que les corps durs pouvaicnl le recevoir conirnc les corps a ressorts, ct, siir eelte liypollicse dcnuce dc prcuves , on a fonde des proposilions ct des calculs donl on a lire line iiilinite dc faiisses consequences : car les corps, supposes durs ct parraitcniciit iiillcxi- blcs, ne pourraiciil recevoir Ic mou\enienl. Pourlc proiiver, soil un (jlol)e parrailement dur, c'est-a-dirc inllexihle dans toules scs parlies ; chacune de ees parlies nc pourra par consc- qiienl ctrc rapproclicc ou cloignce de la parlie voisine, sans quoi cela serail contra la suppo- sition : done, dans un glohe parfailemenl dur, les parlies ne pcuvenl. recevoir aucun depla- cemciit, aucun cliangcmcnl, aucnne action, car si cllcs recevaient unc action, dies auraicnt line reaction, les corps ne pouvanl rcajjir qu'en atrissanl. Puis done que tonics les parlies prices separi'incnt ne pcuvenl recevoir aucnne action, dies ne peuvent en cornmuniquer; la parlie poslericurc, qui est frappec la preiniirc, nc pourra pasconimuniquer lemouvcniciit a la parlie anlorieure, puisquc cellc parlie postcrieurc, qui a cle supposee inllexible, ue pcut pas cliaiifrer, eu c^ard aux aiitrcs parlies : done il serail impossible de coinniuniquer au- cun nionvcincnl a un corps inflexible. Mais rexperiencc nous apprend qn'on communique Ic niouvement a tous Ics corps : done tons les corps sont a ressorts; done il n'y a point dc corps parraiteinent durs ct inflcxibics dans la nature. Un de mes amis (M. Gueneau dc Moiilbeillard), liomme d'un excellent esprit, m'a ecril a ce sujcl dans les Icrmes suivanls : n Dc la supposition dc limmobilile absolue drs corps absoluinent durs, il suit qu'il ne « faudiait pcnl-clre qu'uii pied cube dc cctlc maliere pour arr^ter tout Ic niouvement de t I'uiiivers connii ; et si cclle immobilile absolue elait prouvec, il semble que ee n'esl « point assezde dire qn'il n'cxisle point dc ces corps dans la nature^ et qu'on pent Ics n trailer d'itnpossiblcs, et dire que la supposition de lour existence est absurde ; car Ic « mouvcincnl provenanl du rcsjort Icur ayanl ele refuse, ils ne pcuvenl dLS lors clic c,i- « pablcsdu iiiouveuieiil pruvunant de raltiaction. qui tat. par I'liypotbese, la cause du II resiurl » PREMIERE PARTIE. 193 se forment, croissent et se developpent. On pent rapportor a I'attraclion seiile tons les effels de la matiere hrule, ct ii cclle meme force daUraclion jointe a celle de la elialcur, tons les phenomenes de la matiere vive. J'entends par matiere vive, non-seulement tons les etres qui vivent on ve- getent, mais encore toutes les molecules organiques vivanlcs, dispersees et repanducs dans les detriments on residus des corps organises : je com- prends encore dans la matiere vive celle de la lumiere, du feu, de la eha- leur; en un mot, toute matiere qui nous parait ctre active par elle-meme. Or, celte matiere vive tend toujours du centre a la circonfcrence , au lieu que la matiere brute tend au contraire de la circonfcrence au centre; e'est une force expansive qui anime la matiere vive, et cest une force attractive a laquelle obeit la matiere brute. ()uoi(|ue les directions de ces deux forces soient diametralement opposees, Taction de chacune ne sen exerce pas moins; elles se balancent sans jamais se delruirc, et de la combinaison de ces deux forces egalement actives resultent tons les pbenomenes de lunivcrs. Mais, dira-t-on, reduisez toutes les puissances de la nature a deux forces, I'une attractive et lautre expansive, sans donner la cause ni de Tune ni de I'autre, el vous subordonnez a toutes deux I'impulsion, qui est la seulc force dont la cause nous soit connue et demonlree par le rapport de nos sens : n'est-ee pas abandonner une idee claire, et y substiluer deux liypotlicses obscures? A cela je reponds que, ne connaissant rien que par eomparaison, nous n'aurons jamais didee de ce qui produit un effet general, parce que cet elTet appartenant a tout, on ne pent deslors le comparer a rien. Demander quelle est la cause de la force attractive, cesl exigcr (|u"onnous disc la raisonpour- quoi toute la matiere sattire. Or, ne nous sullit-il pas de savoir que reelle- ment toute la matiere s'attire, et n'est-il pas aise de coneevoir qtie cet effet etant general, nous n'avons nul moyen de le comparer, et par consequent nulle esperance den connaitre jamais la cause ou la raison? Si lefTet, au contraire, etait particulier comine colui de I'attraction de laimant et du fer, on doit esperer d'en trouver la cause, paree qu'on pent le com- parer a d'autres elTets particuliers, ou le ramener a leffet general. Ceux qui exigent qu'on leur donne la raison d'un elTet general, ne eon- naissent ni letenduc de la nature ni les limites de lespril hurnain. Demander pourquoi la matiere est etendue , pesante, impenetrable , sont moins des questions que des propos mal eoneus, et auxquels on ne doit aueune reponse. II en est de meme de toute j)ropriete parliculiere lorsquelle est essentiellc a la chose : demander, par exemplo, pourquoi le rouge est rouge, serait une interrogation puerile, a bupielle on ne doit [)as repondre. Le pbilosophe est tout prcsde I'enfant lorsqu'il faitde semblablesdemandes : et autant on pent les pardonner a la curiositc non relleebie du dernier, au- tant le premier doit les rejeter el les cxclure de ses idees. Puis done que la force d'attraction ct la force d'expansion sont deux efl'ets generaux, on ne doit pas nous en demander les causes; il suffit quils soient generaux et tous deux reels, tous deux bien constates, pour que nous devions BUiroN, toin. II. 13 \9i IIVTRODllCTION A LFIISTOIRE DES MINKRAUX. les prendre eiix-momes pour causes iles elTcts parliculiers; et I'impulsion est un (le ces cITcls qu'on nc doit pas regarder coninie une cause gencrale connue oudemontroo par le rapport de nos sons, puisquonous avons prouve que cette force d'impulsion ne peut exisler ni agir qu'au moycn de Tatlrac- tion qui nc tombc point sous nos sens. Rien n'est plus evident, disent cer- tains philosoplies, (\\\c la conimunicanon du inouvomcnl par I'inipulsion; il sufllt qu'un corps en ciiocpic un autre pour que eel cn'ol suivc : niais, dans cc sens uicnie, la cause de lallraction n'cst-clle pas encore plus evidenle et bien plus generale, puisqu'il suHit d'abandonner un corps pour qu'il tombe etprcnne du niouvenicnt sans cboc? Le niou\enient apparlient done, dans tons les cas, encore plus a laltraclion (jua I'impulsion. CcKe premiere reduction elant failc, il serait peul-elre possible d'en faire une secondc, et de ramener la puissance meme de lexpansion a celle de rallraclion, en sortc que toutes les forces de la niatiere dependraient dune seule force primitive : du moins cette idee me parailrait bien dignc de la sublime simplicite du plan sur lecpiel opere la nature. Or, ne pouvons-nous pas eoncevoir que cette attraction se cbange en repulsion toutes les fois que les corps s'approcbent dassez pres pour eprouver un frottement ou un cboc des uns contre les aulres? Limpenolrabilite, qu'on ne doit pas regaruer comme une force, mais commc une resistance esseutielle a la maliere, ne permettant pas que deux corps puissent occuper le menic espace, que doil-il arriver lorsque deux molecules, qui sattirent d'autant plus puissamment qu'elles s'approcbent de plus pres, vienncnl lout a coup a se beurter? Cette resistance invincible de rimpenelrabilile ne devient-elle pas alors une force active, ou plutot reactive, qui, dans le contact, repousse les corps avee au- tant de vitesse qu'ils en avaient acquis au moment de se toucber? et des lors la force expansive ne sera point une force particuliere opposee a la force attractive, mais un effet qui en derive, et qi;i so manifestc toutes les fois que les corps se clioquent ou frottcnt les uns oontre les aulres. Javoue qu'il I'aul supposer dans cbaque molecule de niatiere, dans chaque atome quelconquc, un ressort parfait, pour eoncevoir clairement comment s'opere ce cbangomcnl de raltraclion en repulsion : mais cela meme nous est assez indiquo par les fails; plus la iTiatiere sattenue et plus elle prend du ressort. La terre el lean, qui en sonl les agregals les plus grossiers, out moins de ress6rt que lair ; el le feu, qui est le plus subtil des elements, est aussi celui qui a le plus do force expansive : les plus petites molecules de la maliere, los plus |)etits atonies que nous connaissions sonl ceux de la lu- miere; et Ion sail qu'ils sonl parl'aitcment olasliques, |)uisque Tangle sous lequel la lumiere se reflecbit est loujours egal a celui sous iequel elle arrive : nouspouvons done en inferer que toutes les parties constitutives dela maliere en general sont a ressort parfait, el que ce ressort produit tons les effets de la force expansive, toutes los fois que les corps se beurtenl ou se froltent en se renconlrant dans des directions opposees. L'experiencc me parait parfaitement d'accord avee ces idees. Nous ne PREMIERE PARTIE. 193 connaissons daulres nioyens de protluire du fcii que par le choc ou le frot- tement dcs corps : car le feu que nous produisons par la reunion des rayons de la lumiere, ou par Tapplication du feu dcja produit a dcs matiercs com- bustibles, n'a-t-il pas noannioinsla momc originc a laquclle il faudra (ou jours renionter, puisqu'cn supposant I'liomnie sans miroirs ardenls et sans feu acluel, il naura d'autres moyens de produirc le feu qu'en froltant ou cho- quant des corps solides Ics uns conlre les auires *? La force expansive pourrait done bien n'etre, dans le reel, que la reaction de la force attractive, reaction (pii sopcrc toutcs les fois que les molecules primi- tives de la malicrc, loujoursaltirees les unesparlesautres, arrivent a se toucher immediatemcnl : car des lors il est necessaire qii'cllcs soienl repoussees avec autant de vilesse quellcs en avaicnt acquis en direction conlrairoau moment du contact **; et lorsque ces molecules sont absolument librcs de toutc co- * Lc feu que produit quelquefois la fermentation des lierbcs entassees, cclui qui sc ma- nifesle dans les effervescences, nc sont pas une exception qu'on puisse m'opposer, puisqnu celte production du feu par la fcrinciilation ct par I'efftrvesccncc depend, commc toute autre, de Taction ou du choc dcs parlies de la matierc les unes eontrc les autrcs. *'' 11 est certain, me dira-t-on, que les molecules rejailliront apres le contact, parce que leur vitesse a ce point, ct qui Icnr est rcnduc par lc rcssort, est la somnie dcs vilesses ac- quises dans lous Ics nionienls precedents, par rell'el conlinuel dc lallraclion, et par con- sequent doit I'eniporter sur I'elTort inslantanc dc I'altracliou dans lc seul moment du con- tact. Mais ne sera-l-clle pas coiitiiiuelltnicnl rctardce, et enlin di'truite, lorsqu'il y aura ('qnilibre enlrc la somnic dcs cITorls dc I'attractiou avant lc contact, ct la somme dcs ef- forts dc I'attractiou apri-s le contact ? Comme cettc question pourrait faire nail re des doutes ou laisser qnclques nuaijes sur cct objct qui, par lui-meme, est difficile a saisir, je vais taclicr d'y satisfairc en ni'expliquant encore plus ciuiremcnt. Je suppose deux molecu- les, ou, pour rcndrc riniajjc plus sensible, deux grosses masses dc maliere, tclles que la lune et la terrc, toutcs deux douecs d'un rcssort parfait dans toutcs les parlies de Icur intc- rieur : qn'arrivcrait-il a ces deux masses lsol6es di; toute autre maticre, si tout leurmouve- menl projjressif elait tout a coup arrele, el qu'il ne rcstal a cbacunc d'clles que Icur force d'atlraclion recipro(iue? 11 est clair que, dans cette supposition, la lune et la tcrre sc pre- cipileraient I'unc vers I'autrc, avec une vitesse qui auijmcnlcrail a cbaquc moment dans la mernc raison que ditniiiuerait le carrc de leur distance. Les vitesses acquiscs seront done immenses au point dc contact, ou, si I'oti vcut, au moment de leur cboc; et des lors ces deux corps, que nous avons supposes a rcssort parfait, et librcs dc tous autrcs cmpccbe- ments, c'est-a-dirc entirrement isoics, rejailliront cbacun , ct s'eloijjneront I'un et I'autre dans la direction opposec, ct avec la memc vitesse qn'ils avaient acquisc au point du con- lacl, vilesse qui, quoiqiie diinimiee coiitinuellement par leur attraction rcciproquc, ue laisserait pas dc les porler d'abord au nieme lieu d'oii ils sont partis, mais encore iiilini^ nient plus loin, parce que la retardation du mouvement est ici en ordre inverse de celui dc I'acceleration, el que la vitesse acquise au point du cboc elanl immense, Ics elTorts dc I'at- traclion ne pourront la rcduire a zero qu'a une distance dont le carre scrait egalement im- mense; en sorte que si lc contact elait absolu, ct que la distance de deux corps qui se cboquenl fut absolument nuUe, ils s'cloigneraient I'un dc I'autre jusqu'a une distance inlinic : et c'cst a pcu pres cc que nous voyons arriver a Ij liunii're ct au feu, dans lc mo- ment de I'inflammation dcs matiercs combustibles ; car, dans I'instant meme dies lanceiit leur lumiere a une tres-[;rande distance, qiioiquc les particules qui se soul convcrlies en lumiere fussent auparavanl trl^s-voisiues Ics unes des auires. 13. 196 INTRODUCTION A L IIISTOIRE DES MINER AUX. liorence, cl qii'ellcs nobcisscnl quau sciil moiivcment prodiiit par leur allraclion, cclle vitcsse acquisc est immense dans Ic point du contact. La clialeur, la liimiere, le fcii, qui sont Ics plus grands e(Te(s de la force expan- sive, seront produits toutes les fois qu'artificicllemcnl ou naturellement Ics corps seront divises en parlies tres-petiles, et qu'ils se rencoiitreronl dans des directions opposees; et la olialcur sera d'aulant plus sensible, la luniiere danlant plus vive, le feu d'auLant plus violent, que les molecules se seront precipitees les unes centre les aulres avec plus de vitessc par leur force d'at- traction muluelle. l)c la on doit eonclure que toule niatiere pent dcvenir lumicre, elialeur, feu; qu'il sullil (|ue les molecules dune substance queleonque se trouvent dans ime situation de liberte, c'est-a-dire dans un etal de division assez grandc ct de separation telle, quellcs puissent obeir sans obstacle a toule la force qui les attire les unes vers les autrcs : car, des quellcs se rencon- treront, clles reagiront les unes conlre les autres, et se fuiront en seloignanl avec autant de vilcsse qu'elles en avaienl acquis au moment du contact, qu'on doit regarder comme un vrai eboc, puisque dcuv molecules qui s'at- tirent mutuellcment lie peuvcnt se renconlrer qu'en direction contraire. Aiusi, la lumicMc, la clialeur cl le feu ne sont pas des matiercs particulieres, des matiercs dincrenles de toule autre matiere; ee n'cst toujours que la meme matiere, qui n"a subi d'aulre alteration, dautre modification, qu'une grande division de parlies, et une direction de mouvcment en sens con- Iraire par relTel du choc et de la reaction. Ce qui prouvc assez evidemment que cette matiere du feu et de la lu- miere n'cst pas une substance difTerenle de toule autre maliere, c'est qu'elle conserve toutes les qualites essentielles, et meme la pluparl des altribuls de la matiere commune. 1" La lumierc, quoiquc composce de partieules pres- que inGniment pclites, est neanmoins encore divisible, puisquavec Ic prisme on scpare les uns des autres les rayons, ou, pour parler plus clairement, les atomes diffcrcmmenl colores. 2" La lumierc, quoique douee en appa- rence dime qualitc tout op|)osee a eelle de la pesanteur, c"est-a-dirc d"une volatilile qu'on croirait lui elre essentielle, est neanmoins pcsantc comme toule autre matiere, puisquellc flecbit toutes les fois qu'elle passe aupres des autres corps, ct quelle se Irouve a portee de leur sphere d attraction. Je dois meme dire qu'elle est fort pesante, relalivement a son volume, qui est d'unc pelitcssc extreme, puisque la vilcsse immense avec lacpielle la luniiere se meut en ligne dirccte, ne rcnipeche pas d'eprouver assez dattraction pres des aulres corps, pour que sa direction s'incline et change d'une ma- niere Ires-sensible a nos yeux. 5° La substance de la luniiere n'est pas plus simple que cclle de loute autre matiere, puisquellc est composce de parties dinegale pesanteur, que Ic rayon rouge est beaucoup plus pcsant que le rayon violet, et qu'entre ees deux extremes elle contient une infinite de rayons inlcrmediaircs, qui approcbent plus ou moins de la pesanteur du rayon rouge ou de la legerete du rayon violet. Toutes ces consequences PREMIKRE PARTIE. 197 derlventnecessairement desphcnomenes de linflcxion de lalumiereet de sa refraction *, qui, dans le reel, nest quiine inflexion qui s'opere lorsque la lumierc passe a travers les corps transparenls. 4" On pcut demontrer que la lumierc est massive, et quelle agit, dans quelques cas, comme agissent tous les autres corps : car, independamment de son efTet ordinaire, qui est de briller a nos yeiix, et de son action proprc, toujoursaccompagnoe declat ct souvcnt de clialeur, elle agit par sa masse lorsqu'on la condense en la reunissant, et elle agit au point de niettre en mouvement des corps assez pe- sants places au foyer dun bon miroir ardent; elle fait tourner une aiguille sur un pivot place a son foyer; elle pousse, deplace et chasse les feuilles d'or et d'argent qu'on lui prcsentc avant do les fondre, et meme avant de les ecliauffer sensiblement. Cette action produite par sa masse est la pre- miere et precede celle de la cbaleur; elle s'opere entre la lumiere condensee et les feuilles de metal, de la meme facon qu'elle s'opere entre deux autres corps qui deviennent contigus, et par consequent la lumiere a encore cetle propriete commune avec toute autre matiere. 3° Enfin, on sera force de convenir que la lumiere est un mixte, c'est-a-dire, une matiere composee comme la matiere commune, non-seulement de parties plus grosses et plus pelites, plus ou moins pesantes, plus ou moins mobiles, mais encore diffe- L'attraction universellc agit sur la lumierc : il ne faut, pour s'cn convaincre, qu'e.ta- ininer les cas extremes du la refiaction. Lorsqii'un rayon de lumiere passe n travers un cristal, sous un certain angle d'obliquitc, la direction cliange lout a coup, et, au lieu de Gontinucr sa route, rcnlre dans le cristal et se rcflechit. Si la lumiere passe du verre dans le vide, toute la force de cettc puissance's'excrce, ct le rayon est contraintde renlrcr ct rcn- tre dans le verre par un cITct de son attraction que rien ne balance : si la lumiere passe du cristal dans I'air, {'attraction du cristal, plus forte que cclle de I'air, la raincnc encore, mais avec moins de force, parce que ci;tte attraction du verre est en partie detruite par celle de I'air qui agit en sens contrairc sur le rayon de lumiere. Si ce rayon passe du cris- tal dans I'eau, I'lfTet est hicn moins sensible : le rayon re'itrc a peine, parre que I'atlrac- tion du cristal est prcsque toule detruite par celle de I'cau, qui s'oppose a son action : cii- lin, si la lumiere passe du crista! dans le cristal, comme les deux attractions sonl egales, Teffet s'cvanouit et le rayon continue sa route. D'autres experiences demontrcnt que cette puissance attractive, ou cette force refringente est toujours a tres-|)eu pres propoi liotmcllc a la dcnsite des matieres transparentcs,a I'exception dcs corps onctueuit etsulfureux, dont la force refringente est plus grande, parcc qne la lumii're a plus d'analogie, plus de rap- port denature avec les mali>':res inllammables qu'avcc les autres matieres. Mais s'il rcstait quelque doute sur cette attraction de la lumiere vers les corps, qu'on jelte les ycux sur les inlle.xions que soulTre un rayon lorsqu'il passe fort pies dc la surface d'un corps : un trait de lumiere ne pent eutrer par un tres-petit trou , dans une cliainbrc obscure, sans etre puissamment attire vers les bords du trou; ce petit faisceau de rayons sc divise, cliaquc rayon voisin do la circonference du trou se plie vers cetle eirconferenee, ct cette inflexion prodiiit des franges colorees, des apparcnccs constaiites, qui son t Teflet de I'attraction de la lumierc vers les corps voisins. II en est dc meme des rayons qui passenl entre deux lames de coiiteau ; Us uiis se plicnt vers la lame superieure, lei> autres vers la lame inferieure : il n"y a que ccux du milieu qui, soufiianl une cgale atlraction des deux coteSj ne sent pas detouriies. ct suivent Icur direction. 198 I^TRODUCTIO^V A L'lIISTOIRE DES MLNERAUX. rcmment figurccs. Quiconque aura refleclii sur les plienomenes que Newton appelle les acces de facile rd/lexion el de facile transmission de la luDiiere, ct sur les effets de la double refraction du cristal de roche, et du spath appele cristal dislande, ne pourra s'enipecher de rcconnaitre que les atomes de la lumierc ont plusieurs coles, plusieurs faces diircTontcs, qui, selon quellcs se presenteiU, produisenl conslamnient dcs effets differenls *. En voila plus qu'il n'en faut pour demontrer que la lumierc nest pas une matiere particuliere ni difToronte de la matiere commune; que son essence est la menie, ses proprietes essentielles les monies; qu'cnfin elle n'en differe que parce quelle a subi dans le point du contact la repulsion d'ou provient sa volalilite. Et de la menie maniere que I'efl'et de la force d'allraction s'e- tend al'infini, toujours en dccroissant comme I'espace augmcnte, les effets de la repulsion s'ctendenl et decroissent de mcme, mais en ordre inverse; en sorte que Ion pent appliquer a la force expansive tout ce que Ion sait de la force attractive : ce sont pour la nature deux instruments de mome es- pece,[ou plutot ce n'est ,quc le meme instrument quelle manie dans deux sens opposes. Toute matiere deviendra lumiere dcs (|uc, toute coherence etant dctruite, clle se irouvera divisec en molecules suflisamment petites, et que ces mo- lecules, etant en liberte, seront determinees par leur attraction mutuelle a se precipiter les unes contre les autres. Dans I'instant du choc, la force re- pulsive s'exercera, les molecules sc fuiront en tout sens avec une vitessc prcsque inlinie, laquelle ucanmoins nest ([u'egale a leur vitesse acquise au moment du contact : car la loi de I'attraction etant d'augmenter comme I'espace diminue, il est evident quau contact I'espace toujours propor- tionnel au carre de la distance, devient nul, et que par consequent la vitesse acquise en vcrlu de laltraction doit a cc point devenir presque infinie. Cotle vitesse scrait mcme infinie si le contact ctait immediat; et par consequent la distance entre les deux corps absolument nuUe : mais, comme nous I'a- vons souvcnt repetc, il n"y a ricn dabsolu, rien de parfait dans la nature, et de mcme ricn dabsoluinent grand, rien d'libsolument petit, rien d'en- tieremcnt nul, rien de vrainient inlini; et tout ce que j ai dit de la petitesse infinie des atomes qui constituent la lumiere, de leur ressorl parfait, de la distance nulle dans le moment du contact, ne doit s'entendre qu'avec res- triction. Si ion pouvait douter de cette verile metapliysique, il scrait pos- sible den donner uric demonstration physique, sans meme nous ecarter de notrc sujct. Tout le monde sait cpie la lumiere emjdoie environ sept mi- nutes et demie de lemps a venir du solcil jusqua nous : supposant done le Cbaqiic rajon de lumierc a deux cuius opposes, doucs originaircment d'line proprietc d'oii depend la lefiaelion extraordinaire du cristal, et deux autres coles opposes, qui n'ont pas cetle propriele. [Optiquc dc Newlon, (/tieslion XXVI, traduction de Coslc.) Nota. Cette propriete dont paric iei Newlon ne pent dependre que de rciendue ou de la fijjurc de cbacun des cotes des rayons, c'esl-a-dire dcs atomes dc lumierc. Voijez cet ar- ticle en cntier dans Newton. PREMIERE PARTIE. 199 solell a trente-six millions de lieues, la lumiere parcourt celte eiiorme dis- tance en sept minutes et deniie, on, ce qui revicnt au nienie ( supposant son mouvement uniforme ), (piatic-vingt mille lie c'est-a-dirc i)lus de doux mille cinq cent millions dc fois plus Caihle quau sortir du soleil. Quand meme on nc voudrait pas admettre cette diminution de la cha- leur de la lumiere en raison du carre-carre de la distance au soleil, quoique cette estimation me paraisse fondoe sur un raisonnement assez clair, il sera toujours vrai que la chaleur, dans sa propagation, diminue beaucoup plus que la lumiere, au moins quant a Timpression quelles font Tune et Tautre sur nos sens. Qu'on excite une tres-forte chaleur, quon allume un grand feu dans un point de Tespace, on ne le senlira qua une distance mediocre, au lieu quon en voit la lumiere a dc Ires-grandes distances. Qu'on ap[)roche pen a peu la main d un corps cxccssivement chaud, on s'apercevra, par la seule sensation, que la chaleur augmente beaucoup plus que Tespace ne diminue, car on se chaulTo souvent avec plaisir a une distance qui ne differe que de quelques pouces de celle ou Ton se briderait. Tout parait done nous indi- quer que la chaleur diminue en plus grande raison que la lumiere, a me- sure que toutes deux s"eIoignent du foyer dont elles partent. Amsi, Ton pcut croire que les atomes de la lumiere sont fort refroidis lorsqu ils arrivcnt a la surface de notre atmosphere, mais qu'en traversant la grande epaisseur de cetle masse transparente, ils y reprennent par le PREMIERE PARTIE. 20S frotlement une nouvelle chaleiir. La vitesse infinie avec laquelle les parli- ticulcs de la luniiere frolcnt cclles de Tair doit produire une chaicur d'au- tanl plus grandc, que le froUcmcnt est plus inulliplie; et cest probablemeiil par celle raisonque la chaicur dcs rayons solaires se tiouve, par lexperienee, beaucoup plus grande dans les couches inferieures de ratinosphere, ct que le froid de I'air parait augmenter si considerablcment a mesure qu'on s e- Icve. Pcul-etre aussi que, comnie la luniiere ne prend de la chaicur quVn se reunissant, il faul un grand iiombre d'atonies de luniiere pour conslitucr un seul alome de chaleur, et que cest par cette raison que la lumi^re faihie de la lune, quoique frolee dans ratmosphere comme celle du soleil, ne prend aucun degre de chaleur sensible. Si, comme le dit M. Bouguer *, lintensite de la lumicre du soleil a la surface de la lerre est Irois cent mille fois plus grande que celle de la luniiere de la lune, celle-ci ne peut qu eire presque absolumcnl insensible, nieme en la reunissant au foyer des plus puissants niiroirs ardents, qui ne peuvent la condenser qu'environ deux mille fois, dont otant la moitic pour la pcrte par la redcxion ou la refraction, il ne reste qu'une trois cenlieme partie d inlcnsite au foyer du niiroir. Or, y a-t-il des thermometres assez sensiblcs pour indiquer le degre de chaleur contenu dans une lumiere trois cents fois plus faibic que celle du soleil, et pourra-l-on faire des miroirs assez puissants pour la condenser davanlage? Ainsi, Ion ne doit pas inferer de tout ce que j'ai dit, que la lumiere puisse exister sans aucune chaleur, niais seulement que les degres de cette chaicur sonl Ircs-diffcrents, selon les dilTerentes circonstances, et toujours inscnsi- bles lorsque la luniiere est faible **. La chaicur au contraire parait exister habituellement, et nieme se faire sentir vivement sans luniiere; ee n'est ordinaireinent que quand elle devienl excessive que la lumiere raccompagne. Mais ce qui niettrait encore une dilTerence bien essentielle entre ces deux * Essai d'optique sur la friadation de la lumicTC. ** On pourrait momc presumtr que la liiini(;re cii ellc-memo csl composiie de parties plus oil moins cliaiidcs : le rayon roiijjr, dont les atonies soiit bien plus massifs et probable- ment plusf;ros que ccux du rayon violet, doit, en loutcs circonstances, conserver lieaucoup plus de clialeur ; et cette piesomption mc parait assez fondec pour qu'on doivc cberclicr a la constater par I'experience ; il ne faut pour cela que reccvoir, au sorlir du prisme. une egale quanlite dc rayons rouges et de rayons violets, sur deux petits miroirs eon- caves ou deux lentilles refringenles, ct voir au tliermometre Ic rcsultat de la clialeur des uns ct des autres. Jc me rappelle une autre experience, qui semble demonlrer que les atomcs blcus de la lumiere soiit plus petits que ceux des autics couleurs ; c'est qu'en iccevant sur tinefeuille trfes-mincc d'or battu la lumiere du soleil, elle se rcdechil toute, a rcxccplioii des rayons bleus qui passent a Iravers la feuilic d'or, et pcignent d'uti beau bleu le papier blanc qu'on met a quelque distance derricre la feuille d'or. Ces atomes bleus sent done plus petits que les autres, puisqu'ils passent on les autres ne peuvent passer : mais je n'insisle pas sur les consequences qu'on doit tirer de cette experience, parce que cette conleur bleue, produilc en apparence par la feuille d'or, peut tenir au pbenomenc des ombres bleues, dont je parlcrai dans un dcs muinoires suivants. 206 INTRODTTCTIOX A L'lIISTOIRE DES MIlNERAUX. modificntions dc la maliorc, cVst (|iic In ehalenr qui pcnetrc (oiis les corps nc parait sc fixer dans aucim, el ne s"y arreler que pen dc temps, au lieu que la lumiere s'incorporc, s'amorlit et Rcteint dans tous ceux qui ne la refle- chissent pas, ou qui ne la laissent pas passer librenient. Faites chaufler a tous degres dcs corps do toutc sorte : tous perdront en assez pcu de temps la chalcur acquise, tous reviendront au dcgrc de la temperature gencrale, et iiauront par consequent que la meme elialeur quils avaicnt auparavant. Recevez de meme la lumiere en plus ou moins grandc quantitc sur des corps noirs ou blancs, bruts ou polis, vous reconnaitrcz aisoment que les uns radmetlent, les aulres la repoussent, et qu'au lieu d'etre alTectes d'une maniere unifornie, eomme ils Ic sonl par la elialeur, ils ne le sont que d'une maniere relative a leur nature, a leur couleur , h leur poli ; les noirs absor- beront plus la lumiere que les blancs, les bruts plus que les polls. Cette lumiere, une fois absorbee, resle fixe et demeure dans les corps qui I'ont adniise; elle ne reparait plus, cllc nen sort pas commc le fail la clialeurj doii Ton (levrait conclure que les atonies de la lumiere peuvent devenir par- ties constituantes des corps, en s'unissant a la matiere qui les compose j au lieu (pie la elialeur nc se fixaiit pas, semble empeclier au contraire I'union de loutes les parlies de la matiere, et n'agir que pour les tenir scparees. Cependant il y a des cas ou la elialeur se fixe a demeure dans les corps, et d'aulres cas ou la lumiere qu'ils ont absorbee reparait et en sort eomme la elialeur. Les diamanls, les autres pierres iransparenles (|ui s'imbibent de la lumiere du soleil; les pierres opaques, eomme eclle de Bologne, qui, par la calcination, reeoivenl les particules d'un feu brillant; tous les pliospliores naturels rendcnt la lumiere qu'ils ont absorbee, et cette restitution ou deper- dition de lumiere se fait successivement et avec le temps, a peu pres eomme se fait eelle dc la elialeur. Et peut-etre la meme cbose arrive dans les corps opaques, en tout ou en parlie. Quoi quil en soil, il parait, d'apres tout ce qui vient d'etre dit, que Ton doit reconnaitre deux series de ehaleur : I'une lumineuse, dont Ic soleil est le foyer immense 5 et I'autre obscure, dont le grand reservoir est le globe lerreslre. IVotrc corps, eomme faisant partie du glolie, participe a cette elialeur obscure; el e'csl par eelle raison qu'etant obscure par elle-meme, c'est-ii-dire sans lumiere, elle est encore obscure pour nous, parce que nous ne nous en apercevons par aucun de nos sens. 11 en est dc cette elialeur du globe eomme de son mouvemenl : nous y sommes soumis, nous y participons sans le seiitir et sans nous en douter. De la il est arrive que les pliysieiens ont porte d'abord loules leurs vues, loutes leurs recherches sur la elialeur du soleil, sans soupeonner quelle ne faisail qu'une tres-pelite partie de eelle que nous cprouvons reellemcnt; mais, ayanl fait des instruments pour reconnaitre la difference de elialeur imme- diate des rayons du soleil en ele a eelle de ces memes rayons en liiver, ils ont trouve avec elonnement que cette cbaleur solaire est en ete soixante-six fois plus grande qu'en bivcr dans noire climat, et que neanmoins la plus grande cbaleur de noire ete ne differait que d'un seplieme du plus grand PREMIERE PARTIE. 207 froid de notre hiver; d'ou ils ont conclu, avec grande raison, qirindepen- damment de la chaleur que nous recevons du soleil, il en cmanc unc autre du globe menie de la terrc, bien plus considerable, el dont celle du soleil nest que Ic complement; en sortc <[u"il est aujourd'hui demonlre que celte chaleur qui s echappe de rinterieur de la terrc * est dans notre climat au moins vingt-neuf fois en ete, et quatre cents fois en liiver, plus grande que la chaleur qui nous vient dn soleil : je dis au moins; car, quclque exactitude que les physiciens, ct en parliculicr M. de Mairan, aient apporlec dans ees recherches. quelque precision quils aient pu niettre dans leiu's observations et dans leur calcul, jai vu, en les cxaminant, que le resultat pouvait en etre porle plus haul**. * Voycz I'llistoirc de I'Acadcmic dcs sciences, aiiiice 1702, p. 7 : et les Memolres de M. Amontons, p. 155. — Les Mcmoires de M. de Mnir.-tn, annce 1710, p. 104; aiince 1721, p. 8;annee 1765, p. 143. ** Les pliysiciens ont pris, pour le dcgre du froid absolii, mille dcgr^s aii-dessous de la confrelation : il fall;iil plutut Ic supposer de dix mille que de mille; car, quuiquc je sois tres-persuade qu'il n'exisle licn d'absoiu dans la nature, et que peut-elre un froid de dix mille dcjjres n'exisle que dans les cspaces les plus cloignes de tout soleil, ccpendanl, comme il s'agil ici de prendre potir nnilc le plus {{rand froid possible, je I'au- rais au moins suppose plus grand que cclui dont nous pouvons produire la moitie ou les trois cinquiemes ; car on a produit artificiellement cinq cent qualrc-vingt-douze degres de froid a Petcrsbourg, le 6 Janvier 1700, le froid nalurel etant de Ircnle-et-un degres au- dcssous de la congelation; ct si Ton cut fail la niemc experience en Sibcrie, oil le froid naturel est quelquefois de soixanle-dix-degres, on cut produit un froid dc plus de m[lle dcgres; car on a observe que le froid arlillcicl suivail la uieme proportion que le froid na- turel. Or, 31 : 59a : : 70 : 1,336 j,' : il serait done possible dc produire en Siberie un froid de Ireize cent trente-six dcgres au-dcssous de la congelalion : done le plus grand degrc de froid possible doit etre suppose bien au dela de mille ou nieme de treize cent trente-six, pour en faire I'unile a laquelle on rapporle les dcgres dc la clialcur taut so- laireque lerrestre : ce qui ne laissera pas d'en rendre la difference encore plus grande. — Une autre reinarqne que j'ai I'aile, en cxaminant la construction de la table dans laquelle M. de Mairan donnc les rapports de la chaleur des emanations du globe lerrestre a ccux de la chaleur solaire pour tons les climats de la terrc, c'est qu'il n'a pas pcnse ou qu'il a neglige d'y faire enlrer la consideration de I'epaisseur du globe, plus grande sous Tequatcur que sous les poles. Cela neanmoins dcvrail etre mis en comptc, et aurait un pcu change les rap- ports qu'il donne pour chaquc latitude. — Enlin un:: troisieme remarqne, ctqui tiont a la premiere, c'est qu il dit (page 160 ) qu'ayani fait conslruire une maeliine qui elait comme un cxtrait de mcs miroirs brulants, et ayant fait tomber la himiere reflechie du soleil sur dcs therraomctres, il avail toujours trouve que, si un miroir plan avail fail nu.ritrr la li- queur, par cxemplc, de trois dcgres, deux miroirs dont on reunissait la lumicre lu faisaient monter de six dcgres, el trois miroirs de neuf degres. Or il est aise de scnlir que ccci ne peut pas etre generalemcnt vrai ; car la grandeur des degres du llierniometre n'lsl fonder que sur la division en mille parties, ct sur la supposition que mille degres au-dessous de la congi^-lation font le froid absolu : ct comme il s'en faut bien que ce tcrme soil cclui du plus grand froid possible, il est nccessaire qu'une augmcnlation de chaleur double pu tri- ple par la reunion dc deux ou trois miroirs. elevc la liqueur a des hauteurs dilVcrcntcs de celle dcs degres du ihermornetre, selon que rcxperiencc sera faite dans uii temps plus ou 208 INTRODUCTIOiV A L'HISTOIRE DES MINERAUX. Cetle grande chaleiir qui reside dans Tinlerieur du globe, qui sans cesse en emane a rexlcricur, doil enlror comnie element dans la combinaison de tous les aulres elements. Si le Soleil est le pere de la nature , cette chaleur de la terre en est la mere, cl toutes deux se reunisscnt pour produire, entre- Icnir, nninicr les ctrcs organises, et pour travailler, assimiler, composer les subslaiices inaniniees. Cetle chaleur inlerieur du globe, qui tend toujours du centre a la circonferenee, ct qui s'eloigne perpendiculairement de la sur- face de la terre, est, a mon avis, un grand agent dans la nature; Ton ne pent guore douter quelle nait la principale influence sur la perpcndicularile de la lige des planles, sur les plienomenes de Iclectricite, dont la principale cause est Ic frottement ou mouvement en sens contraire, sur les effets du magnetisme, etc. Mais, comme je nc pretends pas faire ici un traite de phy- sique, je me bornerai aux cfTets de cette chaleur sur les autres elements. Elle sulFit seule, elle est meme bien plus grande quil ne faut pour mainte- nir la rarefaction de lair au dcgre que nous respirons. Elle est plus que sulhsanle pour enlretenir I'eau dans son ctatdc liquidite; ear on a descendu des thermonielres jusqu'a cent vingt brasses de profondeur *, et, les reti- ranl prom|)tcment, on a vu que la temperature de leau y etait a Ires-peu pres la incnic que dans I'interieur de la terre a pareille profondeur, e'est-a-dire de dix degres |. Et comme I'cau la plus chaude monte toujours a la surface, ct que le sel Temp die de geler, on ne doit pas ctre surpris de ce qu'en general la mer ne gele pas, el que les eaux douccs ne gclent que dune cer- taine epaisseur, leau du fond restant toujours liquide, lors meme qu'il fait Icjjlus grand froid, et que les couches sup^rieures sont en glace de dixpieds d epaisseur. Mais la terre est eclui de tous les elements sur lequel cette chaleur inte- rieure a du produire et produil encore les plus grands effets. On ne peut pas douter, apres les preuves que j'en ai donnees**, que cetle chaleur n'ait die originaircment bien plus grande qu'elle ne Test aujourd'hui ; ainsi on doil lui rapporler, comme a la cause premiere, toutes les sublimations, pre- cipitations, agregations, separations, en un mot, tous les mouvements qui se sont fails et se font chaque jour dans linlericur du globe, et surtoul dans la couche extcrieure ou nous avons penetre, et dont la maliere a ete remuee par les agents de la nature, ou par les mains de Ihomme; car, h une ou moins cliaud ; que ccliii oil ccs liaulcurs s'accoideronl Ic mieux ou iliirereront le moins, sera celui des jours cliauds dc I'cte, ct que les experiences ayanl etc failes sur la fin de mai, ce n'esl que par hasard qu'elles oul donne le resullat des augmenlalions dc chaleur par les miroirs, proportiorinelles aux dc[jres,de I'liehelle du lliermomfctre. Mais j'abrege celte crilique en renvoyant a ce que j'ai dit prfes de vingt ans avant ce Meinoirc de M. dc Mairan, sur la constructiou d'un ihermomelre reel, ct sa graduation par Ic moycn de raes miroirs brulants. (Voyez les Memoires de I'Academie des sciences, annee 1747.) * Hisloire physique de la mer, par M. le comte Marsigli, page 1 6. Voyez dans cet ouvrage I'articlc de la fonnation des planetes^ et les articles des epoques de la nature. PREMIERE PARTIE. 209 peut-etre deux lieues de profondeur , on ne pent guere presumer quil y ait eu des conversions de matieres, ni quil s"y fasse encore des changements reels, toute la masse du globe ayant ete fondue, liqueliee par le feu, linte- rieur n'est quun verre ou concret ou discret, dont la substance simple ne peut recevoir aucune alteration par la chaleur seule; il ny a done que la couche superieure et superficielle qui, etant exposee a Taction des causes ex- terieures, aura subi toutes les modifications que ccs causes reunies a celle de la cbaleur interieure auront pu produire par leur action combinee, cest- a-dire toutes les modifications, toutes les differences, toutes les formes, en un mot, des substances minerales. Le feu qui ne parait etre, a la premiere vue, qu'un compose de chaleur et de lumiere, ne serait-il pas encore une modification de la matiere qu'on doive considerer a part, quoiqu'elle ne differe pas essentiellement de lune ou de I'aulre, et encore moins des deux prises ensemble? Le feu n'existe jamais sans chaleur, mais il peut exisler sans lumiere. On verra, par mes experiences, que la cbaleur seule, et denuec dc toute apparence de lumiere, peut produire les memes elTets (pie le feu le plus violent. On voit aussi que la lumiere seule, lorsquelle est reunie, produit les memes effets; elle semble porter en elle-meme une substance qui n"a pas besoin d'aiimenl : le feu ne peut subsister au contraire quen absorbant de lair, et il devicnt d'aulant plus violent quil en absorbe davantage; tandis que la lumiere concentrce el recue dans un vase purge d'air, agit comme le feu dans lair, et que la cha- leur resserree, retenue dans un espace clos, subsiste et meme augmente avec une tres-petite quantite daliments. La difference la plus generale entrc le feu la chaleur et la lumiere, me parait done consister dans la quantite, et peut-etre dans la qualile de leurs aliments. L'air est le premier aliment du feu, les matieres combustibles ne sont que le second; jentends par premier aliment celui qui est toujours ncces- saire, et sans lequel le feu ne pourrait fairc aucun usage des autres. Des ex- periences connucs de lous les pbysiciens nous demonlrent quun petit point de feu, tel que celui dune bougie placee dans un vase bien ferme, absorbe en peu de temps une grande quantite d'air, et quelle s'eteint aussitot que la quantite ou la qualitc de cet aliment lui manque. Dautres experiences bien connues des chiniistes prouvent que les matieres les plus combustibles, telles que les cbarbons , ne se consument pas dans des vaisseaux bien clos, quoique exposes h Taction du plus grand feu. Lair est done le premier, le veritable aliment du feu, et les matieres combustibles ne peuvent lui en fournir que par le secours et la mediation dc cet element, dont il est neces- saire,avantd'allerplus loin, que nous considerions ici quelques proprietes. Nous avons dit que toute lluidite avait la chaleur pour cause; et en com- parant quelques fluides ensemble, nous voyons quil faut beaucoup plus de chaleur pour tenir le fer en fusion que Tor, beaucoup plus pour y tenir Tor que Tetain, beaucoup plus pour y tenir la cire, beaucoup moins pour y tenir Teau, encore beaucoup moins pour y tenir Tesprit-de-vin , et enfin excessi- iivvToK, torn. II. 14 210 IlNTRODUCTION a LHISTOIRE DES iMliNERAt X. veinent inoins pour y lenir le mercme , puisquil ne peid sa fluidite quau cent qualre-vingt-seplieme dogi e au-dessous de coliii oi'i I'cau peid la sienne. Cetle niatiere, le merciire, sorait done le pins (luide corps, si I'air ne letait encore plus. Or, que nous indiquo cctte iluidile plus grande dans lair que dans aucune maliere? II me scnd)le quelle suppose le moindre degre pos- sible d'adlierence entre ses parties consliluanles; cc quon pent concevoir en les supposanl de figure a ne pouvoir se toucher qu'en un point. On pour- rait croire aussi quetant douees de si pcu denergie apparente, et de si pen d'atlraclioM niuluellc des unes vers les aulros, elles sont, par cette raison , nioins niassives et plus legeres que cellcs do tous les autres corps : n)ais cela nie parait dementi par la comparaison du mercure, le plus (luide des corps apres lair, et dont neanmoins les parties coiistiluanfes paraissenl etre plus niassives et plus pesantes que cellos do toules les autres matieres, a lexcep- tion de lor. La plus ou moins grande Iluidile n indique done pas que les parlies du fluide soient plus ou moins pesantes, mais seulonient que leur adherence est d'autant moindre, leur union d'aulant moins intime, et leur separation d"autant plus aisee. Sil laut mille degres de clialeur pour entre- lenir la lluidite de I'eau, il nen I'audra i)eul-elrc (|u'un pour niainlonir celle de lair. l/air est done de toutes les matieres eonnues celle (|ue la chaleur divise le plus I'acilement, celle dont les parlies lui obeissent avec le nioins dc resis- tance, celle (|u'elle met le plus aiseinent en mouvement expansifet conlraire a celui do la force attractive. Ainsi lair est tout pies de la naluro du feu, dont la principale proprietc consiste dans ce mouvement expansif; et, quoique lair ne lait pas par lui-nieine, la plus petite particule de chaleur ou de feu sullisant pour le lui communiqucr, on doit cesser d'olre eloiine de oe que lair augnienle si fort I'activile du feu, et de ce quil est si iieeessaire a sa suhsislance. Car elant de toutes les substances celle (jui prend le plus aise- ment le mouvement expansif, ce sera celle aussi (jue le feu entrainera, enle- vera de preference a toule autre; ce sera cello qui! sappropriera le plus iiiliincnieiit, comme etaiit dc la nature la plus voisine de la sienno; el par consequent lair doit etre du feu radniiiiicule le plus puissant, raliinenl le plus convenable, I'ami le plus intime et le plus necessaire. Les malieres combustibles que Ion regarde vulgaiiement comme les vrais aliments du feu, ne lui solvent neanmoins, ne lui prodtont en rien, des quclles sont privees du secours de Tair : le feu le plus \iolent ne les consume pas, et menie ne leur cause aucune alteration sensible, au lieu qu"avec de I'air une seule etincelle de feu les ombrase, et qua mesure qu'on fournit dc lair en plus ou moins grande quantite, le feu devicnt dans la momc pro- portion plus vif, plusetendu; plus devorant; de sorte qu'on peul mesurcrla celerite ou la lenteur avec laquelle le feu consume les matieres combusti- bles, par la quantite plus ou nioins grande de lair quon lui fournit. Ces matieres ne sont done pour le feu que des alinionts secondaires quil ne pout s approprier par lui-menie, et dont ii ne pout fairc usage quaiilaiil que PiiEMiEHi: paktih:. -iii lair, s'y melant, les rapproche de la nature ilu feu en les niodiliani. oi leur sert d'intcrnu'de pour les y reunir. On pourra (cc nie soinble) concevoir claireinenl cetle opt'iation de la na- ture, en eonsiderant tpic le feu ne reside pas dans les eorps dune tnanicre Hxe, qu'il ny fail ordiiiairenieiil (pi'un sejour inslanlane: (pi'elant lonjours en mouvement expansif, il ne pent subsister dans cet elat rpiaxee les ma- lieres susceptihles de ce nieme mouvement; que lair s y |»retant avee toute facilile, la soinnie de ce mouvement devieni jjIus grandc, Taction du feu plus vive, ct que des lors les parties les plus volatiles des niatieres combus- tibles, (elles que les molecules aeriennes, huilcuscs, etc., obeissant sans effort a ce mouvement expansif qui leur est comnumicpie, elles s'elevent en vapeurs; que ces vapeurs se converlissent en flamme par le meme secours de lair exterieur; et qu'enOn, tant quil subsiste dans les corps combustibles (piebpies parties capables de recevoir par le secours de I'air ce mouvement d'expansion, elles ne cessent de sen separer pour sui\re lair el le feu dans leur route, et par consequent se consumer en sevaporant avee eu\. Fl y a de cerlaincs matieres, lellcs ipie le pbospbore arliliciel, le pyro- phore, la poudre a canon, qui paraissent a la iircmiere vue laire une excep- tion a ce que je viens de dire; car elles n'onl pas besoin poui' s'enflamnier et se consumer en enlier, du secours dun air renouvele : leur combuslion pent s'operer dausles vaisseaux les mieux fermes; maiscestpar la raisoii cpie CCS matieres, (|u on doit regarder conunc Ics plus combustibles de toutes, contiennent dans leur substance lout lair necessaire a leur combustion. Leur feu produil d'abordcet airetle consume a I'instant; el commeil est en Ires-grande tpiantile dans ces matieres, ilsudit a leur pleine combustion, qui des lors n"a pas besoin, comme toutes les autres,du secours dun airelranger. Ccla semble nous indiquer que la didercnce la plus essentielle qu'il y ait entrc les matieres combustibles et celles qui ne le sonl pas, cesl que cclles- ci ne contiennent que peu ou point de ces matieres legcres, aeriennes, bui- leuses, susceptibles du mouvement expansif; ou (|ue, si elles en contiennenl. elles s"y trouvenl fixees et retenues, en sorte que, quoi((ue volatiles enelles- memes, elles ne peuvent exercer leur volatilite tomes les fois que la force du feu n'est pas assez grande pour surmonler la force d'adliesion qui les re- ticnl unies aux parties fixes de la matiere. On pent meme dire que cette induction, qui se tire immediatemenl de mes principes, se Irouve confirmee par un grand nombre dobservalions bien connues des chimistes et des pby. siciens:maisce quiparait relremoins,etquicependanlen estune consequence necessaire, cesl que toute matiere pourra dcvenir volatile des que Ibomme pourraaugmenter assez la force expansive du feu pourlarendresuperieureala forccattraclive qui tient unies les parliesde la matierequenous appelons fixes- car, dune part, il s'en faut bien que nous ayons un feu aiissi fort que nous pourrions I'avoir par des miroirs niieux concus que ceux doni on s'est scrvi jusqu'a ce jour; et, dautre cole, nous sotnmes assures ipie la lixile n'e^t quinic tpialilc relative, et (pj'aucunc maliirc n'e&ld'une lixile absolue ou in. u ^212 I\TR()DUCTI()\ A L'HISTOIRE DKS MINERAUX. vincible, puisquc la clialcur dilate les corps les plus fixes. Or, cette dilata- lion iicsl-cllc pas liiulicc dun commencement de separation, qu'on aug- mente avec le dcgre de chaleur jusqu'a la fusion , et qu'avec une clialcur encore plus grande on augmenterait jusqu'a la volatilisation? La combustion suppose quel(|ue chose de plus que la volatilisation : i! suflit pour ccilc-ci que les parties de la malicre soient asscz divisees , assez separces les unes des autres pour pouvoir etre enlevees par celles de la cha- leur, au lieu que, pour la combustion, il faut encore qu'elles soient dune nature analogue a celle du feu; sans cela le mercure, qui est le plus fluidc apres lair, seraitaussi le plus combustible, tandis que lexpcrience nous de- montre que, quoique tres-volatil, il est incombustible. Or, quel est done I'analogie , ou plutot le rapport de nature que peuvent avoir les matieres combustibles avec le feu? La maticre en general est composee de quatre substances principales, qu'on appelle elevicnts : la terre, I'eau, I'air et le feu, entrcnt tous quairo en plus ou moins grande quantite dans la composi- tion de loutes les matieres particulieres ; celles ou la terre et I'eau dominent seront fixes, et ne pourront deveuir que volatiles par Taction de la chaleur; celles au contrairequi contiennent beaucoup d'air et de feu, seront les seules vraimenlcombuslibles. La grande difficulte quil y ait ici, c'est de concevoir netlementcommentrairetle fcu,tousdeuxsivolatils, peuventse fixer etdeveniv parlies constiluantes de tous les corps rjedisde tous les corps, carnousprouve- nros que, quoiquil y ait une plus grande quantite dair et de feu fixes dans les matieres combustibles, etqu'ils ysoicntconibines dune manieredifferenteque dans les autres matieres, toutes neanmoins contiennent une quantite consi- derable de ces deux elements, el que les matieres les plus fixes et les moins combustibles sonl celles qui retiennent ces elements fugitifs avec le plus de force. Le fameux pblogistique des chimistes (etre de leur methode plulot (|ue la nature) nest pas un principe simple et identique, comme ils nous le presentent; c'est un compose, un produit de I'alliage, un resultat de la com- binaison des deux elements, de lair etdu feu fixes dans les corps. Sans nous arreter done sur les idees obscures et incompletes que pourrait nous fournir la consideration a cet etre precaire, tenons-nous-en a celle de nos quatre ele- ments reels, auxquels les chimistes, avec tous leurs nouveaux principes, se- ront toujours forces de revenir ulterieurement. Nous voyons clairement que le feu en absorbant de Fair en detruit le ressort. Or, il n"y a ([ue deux matieres de delruire un ressort : la premiere, en le comprimant assez pour le rompre ; la seconde, en I'etendant assez pour quil soil sans eflfet. Ce n'est pas de la premiere maniere que le feupeut detruire le ressort de lair, puisque le moindre degre de chaleur le rarefie, que cette rarefaction augmente avec elle, et que I'experience nous apprend qua une tres-forte chaleur, la rarefaction de I'air est si grande, qu'il occupe alors un espace treize fois plus etendu que celui de son volume ordinaire : le ressort des lors en est d'autant plus faible; et c'est dans cet ctat qu'il peut devenir lixc et sunir sans resistance sous celle nouvelle forme avec les autres phi:mfi:r!: partie. 215 corps. On entend bicn que cet air transforme el fixe n'est point du lout le inenie que celui qui se Irouve disperse, disseniinc dans la pluparl des ina- lieres, el qui conserve dans leurs pores sa nature enliere; celui-ci ne leur est que melange el non pas uni ; il ne leur tieut que par une tres-faible adherence, au lieu que laulre leur est si elroitement attache, si intimement incorpore, que souvenl on ne peut Ten separer. rSous voyons de nieme que la lumiere, en tombanl sur les corps, n'esl pas, a beaucoup prcs, entierement rellechie, qu'il en rcste en graiide quan- lile dans la petite epaisseur de la surface quelle Irappe; que par consequent elle y perd son inouvemenl, s'y eteint, s'y fixe, el devient des lors partie conslituante de tout ce quelle penetre. Ajoutez a cet air, a cette lumiere, transformes el fixes dans les corps, el qui peuvent eire en quanlite variable; ajoulez-y, dis-je, la quanlite conslante du leu que toules les malieres, de quelque espece que ce soil, possedenl egalenient : cette quanlite conslante de feu on de chaleur actuelle du globe de la terre, dont la somme est bien plus grande que celle de la chaleur qui nous vienl du soleil, me parait elre non-seulenient un des grands ressorls du inecanisnie de la nature, mais en meme temps un element donl toule la matiere du globe est penelree; cest le feu elemenlaire, qui, quoicpie loujouisenmouvemenlex|)an3if, doit, par sa longueresidencedans la matiere, etpar son choc centre ses parlies fixes, s'unir, s"incorporer avec dies, ol seteiiidre par parlies coninie le fait la lumiere *. Si nous considcrons plus partieulierement la nature des malieres com- bustibles, nous verrons (|ue toules proviennenl originairemenl des vegelaux, des animaux, des etres, en un mot, qui sent places a la surface du globe que le soleil eclaire, echaufl'e el vivifie : les bois, les charbons, les tourbes, les bilumes, les resines, les huiles, les graisses, les suifs, qui sont les vraies malieres combustibles, puisque loutes les autresne le sont qu'autanl quelles en contiennent, ne proviennenl-ils pas tous des corps organises ou de leurs detriments? Le bois, et meme le charbon ordinaire, les graisses, les huiles par expression, la eire el le suif ne sont que des substances extraitcs imme- dialemenl des vegelaux el des animaux; les lourbes, les charbons fossiles, les succins, les bilumes liquides ou concrets sont des produits de leur me- lange et de leur decomposition, dont les detriments ulterieurs formenl des soufres el les parlies combusliblos du fer, du zinc, des pyrites et de tous les mineraux que Ton peut enflammer. Je sens que cette dernicre assertion ne sera pas admise, et pourra meme etre rejetee, surtout par ceux qui n'onl etudie la nature que par la voie de la chiniie: mais je les prie de considerer que leur methode nest pas celle de la nature; qu'elle ne pourra le devenir * Ceci meme poiirrait se prouver par uiie experience qui mtrilerail d'etre poussee plus loin. J'ai rccueilli sur un miroir ardent par rctlcxion une assez forte clialeur sans aucune lumiere, au moyen d une plaque de lole mise rnire le brasier et le miroir ; une partie de la cbaleur s'esl rcflecliie au foyer du miroir, tandis que tout le restc de la chaleur I'a penetre : mais je n'ai pu m'assurer si I'augmentation de chaleur dans la matiere du miroir n'etait pas aussi grande que s'il n'en eiit pas retleclii. 214 INTUODICTION \ I.HISTOlUi: DES MINER AUX. ou maine sen approchcr, (|u'aulaiU quelle saceordera avec la saiiie pliysi- que, aiitant qu'on en baiinira non seulement Ics expressions obscures el (ecliniques, mais siirtout les principes pn'caires, les eli'es (iclil's auxquels on I'ait jouer le plus grand role, sans ncanmoins les eonnailre. Le soufre, eii rliimii\ nest que le compose de lacide vilriolique et du plilogistique: quelle apparciice y a-l-il done qu'il puisse, coninie les aulres malieres conibusri- bles, lirer sou origine du detriment des vegelaux ou desanimaux? A celaje reponds. meme en admcllant cede definition ebimique, que lacide vilrio- lique, et en general tousles acides, tous les alkalis, sont moins des substances de la nature que des produits de lart. La nature forme des sels el du sou- fre; ellc eniploie a leur composition, eonime a celle dc toutes les aiUres substances. les (juatrc elements : beaucoup de terre et d'eau, un peu d'air el de feu enlrenl en quantile variable dans cbaque difl'erente substance sa- line; moins de terre et deau, et beaucoup plus dair ct dc feu, sembleni entrerdans la composition du soufre. Les sels et les soufres doivent done eire regardes conmic des etres de la natiu'e dont on extrait, par le secours de lart de la cliimie ct par le moyen du fen, les diffcrents acides qu'ils eon- tiennent; et j)uis(|ue nous avons cnq)lnye le feu, et par consequent dc lair el des matieres combustibles, pour exiraire ces acides, pouvons-nous doutcr qu'ils n'aieni rcicnti et qu'ils ne conlicnnent rcellcment des parties de nia- liere cond)ustiit|e qui y seroni entrees pendant lexlraction? Le pblogisii(|uc est encore bien moin-; que lacide un etre nalurel ; ce ne scrait inemc qu'un elre de raison. si on ne le reganlail pas cnmme un com- pose dau' ct (le jeii devenu fixe et inlierent aux aulres corps. Le soufre peui en ellVt conienir beaucoup de ce pblogistiquc, beaucoup aussi d'acide vilrio- lique; mais il a. conime tonic autre maticre, el sa terre et son can : d'ail- leurs son origine iudique quil faut une grande eonsommation de matieres eombiisiibles pour sa production; il se trouvedans les volcans, et il mesem- ble que la nature ne le produise (|ue par efforl et par le moyen du plus grand feu. Tout concourl done a nous prouver quil est de la meme nature que les antres matieres coud)Uslibles, et que par consequent il lire, eomme elles, sa premiere origine du detriment des etres organises. Mais je vais plus loin : les acides eux-memcs vienneni en grande parlie de •a decom|)osition des substances animales ou vegetales, et conticnnenl en consequence des jMincipes de la combustion. Prenons pour excmple le sal- petre : ne doii-il pas son origine a ces malieres? n"esl-il pas foinie jnir la putrefaction des vegetaux, ainsi (|ue des urines et des excremenis des ani- maux? 11 lue sembic que Texperience le demonire, puisquon ne cberclie, ou ne trnuve le salpetre (pie dans les habitations on I'liomme et les animaux out longlenq)s r(}si(le; et, puisipiil est imnu'diaUunent foruK' du delrinient des substances animales et v(igetales, ne doit-il pas conienir une prodigieuse qiianiiU' dair el de feu fixes? Aussi en conlienl-il beaucoup, et mt'me beau, coup [)lus que le soufre, le eliarbon, lliuile, etc. Toiiles ces malitlM'cs com- busiililes out besoin, eomme nous lavous dil. du secours de lair pour bn'i PRElMlERi: PARTIE. ^21:) ler, et se coiisunieal d uutant plus vile quollcs en recoivent en plus giande quantile. Lc salpetrc n'en a pas l)Csoin, dcs qu'il est niele avcc quelquos- uncsdc ces matieres conihustiljles; il scnd)lc ])orter en lui-mcme le rescrvoir de tout lair necessairc a sa combustion : en le faisant detonner Icntement, on le voit soufller son proprc feu, comnie le I'erait un soufllet ctranger ; en lo renl'ermant lc plus etroitenient, son feu, loin des'eteindi-e, n'en prend que plus de force el produil les explosions Icniblos sur lesquelles sont fondes nos arts meurtriers. Cette eonibuslion si pronipie est en nieme temps si eomplelc, (|u"il ne reste presque lien aprcslinflammation; tandis que toules Ics aulres matieiiis enllainnieos laissent des cendrcs ou dautrcs residus, (pu* demontrent que leur condjuslion nest pas entiere, ou, ce qui levient au menie, (|n'elles contieunent un asse/ grand nond)re dc parties lixes, qui ne peuveiit ni se bruier iii meme so volaliliser. On pent de menie demonlrer que I'acidc vitrioliquc conlient aussi beaucoup dair et de feu fixes, quoi- qu'en moindre qiianlite que lacide nitrcux; et des lors il tire, eomnie celui- ci, son originc de la meme source; et le soufre, dans la composition duquel cet acide enlre si abondannnent, tire des animaux et des vegetaux tons les prineipes de sa combustibilite. Le pliospbore arlificiel, qui est le premier dans I'ordre des matierc com- bustibles , et dont Tcieide est different de laeide nitreux et de 1 acide vitrio- liquc, ne se lire aussi que du rcgne animal, ou, si Ion vcut, en parlie du regne vegelal elabore dans les animaux, c'est-a-dire des deux soiu'ces dc toute maliere combusiil)le. Lc |)liospliore sendanune de lui-mcme, c'est-a- dire sans commimication de nialicrc igncc, sans frotiement, sans autre ad- dition que eellc du contact de lair, autre preiive de la necessile de cet ele- ment pour la condjustion meme d'unc matiere qui nc parait etre conq)Osee que de feu. Nous dcmontrcrons dans la suite que lair est contenu dans I'eau sous une forme moyenne, eiilrc Iclat delasticite et eelui de fixile. Le feu parait etre dans le pliospbore a pen prcs dans ce meme etat nioyen; car, de meme que lair se degage dc lean des que Ion diminue la pression de I'al- mospbere, le feu se degage du pliospbore lorsciu'on fait cesser la pression del'eau, ou Ion est oblige dc le lenir submerge pourpouvoir lc garder etem- pecber son feu dc scxaller. Le|)bospborc semblc contenir cet elcmentsous line forme obscure et condensee, ctilparait etre pour le feu obscur ce qu'esi lemiroir ardentpour le feulumineux, e'est-a-dire un moyende condensation. iMais sans nous soutenir plus longtemps a la bauteur de ccs considerations gcneralcs,auxquellcsjepourraire\enirlors(pi"ilsera necessairc, suivonsd'iuie niaiiiercplusdireclc clplusparticulicrc 1 cxamcrj (\n feu ; laelions desaisir ses cffets,etde les prcsentersousunpointdevueplus fixe qu'onne lafait jusqu'iei. Laetinu du feu .sur les dilTcrcnlcs substances depend beaucoup de la ma- niere dont on rappli(pie; et le produit de son action sur une meme subs- liiiiee paraitrait different selon la facon dont il est administre. J'ai pense qn'on devail eonsiderer le feu dans trois clats dilTerents : le premier relatif I'l sa Vitesse, le second a son volume, et le troisieme a sa masse. Sous ebacun 2i6 INTRODUCTION A L HISTOIRE DES MINERAIIX. (le CCS points do vue, cet element si simple, si uniforme en apparence, pa- raitra pour ainsi dire un element different. On augmente la vitesse du feu sans en augmenter le volume apparent, loutes les fois que dans un espace donne et renipli de maliercs combustibles, on presse laciion el le develop- pcmeiit du lea en augmentant la vitesse de lair par dcs soufllets, des trompes, des venlilateurs, des tuyaux d'aspiralion, etc., qui lous accelerent plus ou moins la rapidite de lair dirige sur le feu : ce qui comprend, comme Ion voit, tous les instruments, lous Ics fournenux a vent, depuis les grands fourneaux de forge jusqua la lampe dcs emailleurs. On augmente Taction du feu par son volume toutcs les fois qu'on accu- mule une grande quantite de matieres combustibles, et qu'on en fait rouler la chaleur et la flannne dans les fourneaux de reverbere : cc qui comprend, comme Ton sail, les fourneaux de nos manufactures de glaces, de cristal, de verre, de porcelaine, de poterie, et aussi ceux oil Ion fond tous les me- taux et les mineraux, a I'exception du fer. Le feu agit ici par son volume, el n'a que sa propre vitesse, puisqu'on nen augmente pas la rapidite par des soufflels ou d'autres instruments qui portent lair sur le feu. II est vrai que la forme des tisards^ e"est-a-dire des ouvertures principalcs par oil ces four- neaux tirent I'air, contribue a laltirer plus puissammenl qu'il ne le serait en espace libre; mais celte augmentation de vitesse est tres-peu considerable en comparaison de la grande rapidite que lui donnent les soufflets. Par ce dernier procede on accelere Taction du feu quon aiguise par Tair autant quil est possible; par Taulre procede, on Taugmente en concentrant sa flamme en grand volume. II y a, comme Ton voit, plusieurs moyens daugmenter Taction du feu, soil qu'on veuille le faire agir par sa vitesse ou par son volume : mais il n'y en a quun seulpar lequel on puisse augmenter sa masse: cest de le reunir au foyer d"un miroir ardent. Lorsqu'on recoil sur un miroir refringeni ou reflexif les rayons du soleil, ou meme ceux dun feu bien allume, on les reunit dans un espace d'autanl moindrc que le miroir est plus grand et le foyer plus court. Par cxemple, avec un miroir de quatre pieds de diametre et dun pouce de foyer, il est clair que la quantite de lumiere ou de feu qui tombe sur le miroir de quatre pieds se trouvant reunie dans Tespace dun pouce, serait deux inille trois cent quatre fois plus dense quelle ne Tctait, si loute la matiere incidenle arrivailsans perte a ce foyer. Nous verrons ailleurs ce qui s'en perd effectivement; mais ii nous suffit ici de faire sentir que (|uand meme cette perte serait des deux tiers ou des trois quarts, la masse du feu concentre au foyer de ce miroir sera toujours six ou sept cents fois plus dense quelle ne Tetait a la surface dii miroir. Ici, comme dans tous les autres cas, la masse accroit par la contraction du volume, et le feu dont on augmente ainsi la densite a toutes les propri6tes dune masse de matiere; car, independamment de Taction de la chaleur par laquelle il penetre les corps, il les pousse et les deplace comme le ferait un corps solide en mouve meat qui en choquerait un autre. On pourra done augmenter par ce moyen PREMIERE PARTIE. 217 la densile ou la masse du feu daulant plus, quon pcrfectioiinera davanlage la construction des miroirs ardenls. Or, cliacune de ces irois manieres d'administrer le feu et den augmenter ou la Vitesse, ou le volume, ou la masse, produil sur les memes substances des effets souvent tres-diflerents : on calcine par Tun de ces moyens ce que 1 on fond par I'aulre; on volatilise par le dernier ce qui parait refractaire au premier : en sorie que la meme matiere donne des resullats si peu sem- Mables, quon ne peut compter sur rien, a moins quon ne la Iravaille en meme temps ou successivement par ces trois moyens ou precedes que nous venons d'indiquer ; cequi est une route plus longue, mais la seule qui puisse nous conduire a la connaissance exacie de lous les rapports que les diverses substances peuvent avoir avec Iclenient du feu. Et de la meme nianiere que je divise en trois procedes generaux I'adminislration de cct element, je divise de meme en trois classes toutes les niatieres que Ion peut soumettre a son action Je mets a part, pour un moment, cellcs qui sont purement combustibles et qui proviennent immediatement des animaux et des vege- taux; et je divise toutes les malieres minerales en trois classes relativement a Taction du feu : la premiere est celle des maticres que cette action, long- temps conlinuce, rend plus legeres, comme le fer ; la seconde, celle des malieres que cette meme action du feu rend plus pesantes, comme le plomb; et la Iroisieme classe est celle des maticres siu' lesquelles, comme sur lor, cette action du feu ne parait produire aucun elfet sensible, puisquelle naltere point leur pesanteur. Toutes les matieres existantes et possibles, c"est-a-dire toutes les substances simples et composees, seront necessairement comprises dans I'une de ces trois classes. Ces experiences par les trois procedes, cpii ne sont pas difliciles a faire, et qui ne demandent que de I'exaclitude el du temps, pourraient nous decouvrir plusieurs cboses utiles, et seraient tres- necessaires pour fonder sur des principes reels la tbeorie de la cbimie : cette belle science, jusqua nos jours, n'a porte que sur une nomenclature precaire,et sur des mots d'autanl plus vagucs, qu'ils sont plus generaux. Le feu etant, pour ainsi dire, le seul instrument de cet art, et sa nature n'etant point connue, non plus que ses rapports avec les aulres corps, on ne sail ni ce (|u"il y met ni ce qu il en die; on Iravaille done a laveugle, el Ton ne peut arriver qua des resullats obscurs, que Ion rend encore plus obscurs en les erigeant en principes. Le phlogistique, le mineralisateur, I'acide, I'alkali, etc., etc., ne sont que des termes crees par la metbode, dont les d^- linitions sont adoptees par convention, et ne repond a aucuiie idee claire ct precise, ni meme a aucun etrc reel. Tant que nous ne connaitrons pas mieux la nature du feu, tant que nous ignorerons ce qu il ole ou donne aux niatieres quon soumet a son action, il ne sera pas possible de prononcer sur la nature de ces memes maticres d'apres les operations de la cbimie, piiisque cliaque matiere a laquelle le feu ole ou donne quelque cbose, nest plus la substance simple (pic Ion voudrail rcconnailre, mais une matiere coniposee et melangee, ou denaturee et changee par I'addition ou la sous- •218 iNTnOIX (TION A L HISTOIRE OKS MINKIIAIX. liiielioii dfiiilrcs iii;ili«'M'(N que Ic feu en ciiU've on y Tail ciitrtr. I'rciions pour cxcmplc cle cclle addilion et dc cetle souslraction, Ic plonib el le marbrc. Par la sini|)lc calcination Ion aiigmenic le poids dii plonib dc pies dim qiini t, el lOn diniiiiiie celui du marbre de pres de nioilie : il y a done un (iiiarl de nialiere inconnue que le feu donne au premier, et une nioilie d'anire nialiere egalement inconnue qu il enleve au second. Tons les raisonnenients de la cbimie iie nous out pas deniontre jiisqiiiei cc que c'esi que cclle nialiere donnee ou enlevee par le fen ; il est evident que lors(pi on Iravaille sur le plomb et sur le marbre apres lenr caleinalioii, ee ne soni plus CCS matieres simples (|ue Ton Iraile, niais d'aiilres malicres denalurces el coinposees par laelion du leu. \e serail-i! done pas neccssaire. avant tout, dc pioccdcr d'apres les vucs que je ^iens d indiquer, de voir d abord sous un nicme coup dVinil loutcs les malieres que le feu ne eliange ni n'allcre. ensnile celics que le feu delruil ou diminue, ct enlin celles cpiil augmenle et compose en s'incorporant avec elles ? Mais examinons de plus pres la nature du feu considere en lui-inenie. Puis(|ue c'esi une snbsiance niaterielle, il doit eire sujet a la loi generale, a laqucllc toule nialiere est souniisc. II est le moins pesant de tons les corps, niais cependant il pese; et quoicpie ce que nous avons dit precedemnieni sullise pour le prouver evidemnieni, nous le demontrerons encore par des experiences palpables, el (pic tout le monde sera en etat de repeler aise- ment. On pourrail dabord soupconner, par la pesanteur reciproque des astres, que le feu en giandc masse est pesant, ainsi (juc toule autre nia- liere; ear les astres qui sont luniineux comme le solcil, dont toule la sub- stance parait etre de feu, ncn ex(M-eent pas moins Icur force dattraction a I'egard des aslres qui ne le sonl pas : niais nous demonlrorons que le feu meme en trcs-pclit \olunie est reellcmcnt pesant; qu il obeli, eonime toule autre inatiere, a la loi generale de la pcsanlcur, et que par consequent il doit avoir dc meme des rapports d'allinite avec les autrcs corps, en avoir plus oil moins avec telle ou idle substance, et nen avoir que pen on point ilii lout avec benucoiip d'aulrcs. Tonics celles qu'il reiidra plus pesantes, comme Ic plonib, scrojit celles avec lesquelles il aura le plus d'allinile; el en le snpposaiii applique au meme dcgre et pendant un temps egal, celles de ees malieres qui gagncrotit le plus en pesanteur seront aussi celles avec lesquelles cclle aflinitc sera la plus grande. I n des elTcls de celle allinile dans cliaque nialiere csl de rcleiiir la substance meme du feu et de se liii- corporer ; et eellc incorporation suppose ([ue non-seiilemcnt le feu peril sa cbaleur et son clasticitc, niais meme tout son niouvenient, puisquil se fixe dans ees corps et en dcvient panic eonsliliianle. II y a done lieu de croirc ipiil en est du fen comme de I'air, qui se trouve sur une forme iixe ct con- crete dans presque lous les corps; et Ion |)eut espercr qu ii rexemple du doe- leur Hales *, qui a su degager cot air fixe dans lous les corps et en cvaliier le |ilios[jhoi'c qui iiVst, pour ainsi dire, qu'unc .nialit-ip iprnee, iiiie sulislaiici' i|iii PHKMIKKK PAUTIi:. l>Mi la qiianlite, il viendi'ii qdflqiic jour im plijsifiien liiihilc ([tii troii\(ia Ics moyens do dislraire Ic feu de loutes les iiiatiercs oii il se lrouv(? sous une forme fixe : inais il faut anparavaiit. fairc la table de ees matieres, en elablis- saiilpar Icxpericnee lesdiireioiUsrapporlsdans lesquels lefeuseeouibincavee loutes les substances qui lui sont analogues, et se(ixe en plus ou nioiiis grande (|uanlito, selon que ees substances ontplus ou moins deforce pour le relenir. (laril est evident que toutes les niatiercs dont la pesanleur augmenle par Taction du leu, sont donees dune force attractive telle, que son efT'et est superieur a celui de la force expansive dont les particules du feu sont ani- mees, puisque celle-ci s'amorlit et s'eleint, que son niouvemenl cesse, ct que d'elastiques ct fugitives quetaient ees particules ignees, ellcs deviennenl fixes, solides, el prennent une forme concrete. Ainsi les matieres qui aug- mententdc poids par le feu, conime letain, le plomb, les fleurs de zinc, etc., et toutes les autres qu on pourra decouvrir, sont des substances qui, par lour aflinile avec le feu, I'attircnt et sc Tincorporent. Toutes les maliercs au contraire qui, comme le fer, le cuivre, etc., deviennent plus legeres a me- sure quon les calcine, sont des substances dont la force attractive, relative- ment aux particules ignees, est nioindre quo la force expansive du feu; et c'est ce qui fait que le feu, au lieu de se fixer dans ees matieres, en enlevc ail contraire et en cliasse les parties les moins liees, qui ne peuvonl resistor a son impulsion. Knfin relies qui, comme lor. le platine, largenl, legres, etc., ne perdeni ni n acquierent par I'applicalion du feu, et quil ne fait, pour ainsi dire, que traverser sans en rien enlever et sans y rien lais.ser, sont des subslances (jiii, n'ayani ancune aflinile avce le feu, et ne pouvant se joindre avec lui, ne peuveni par eonse(pient ni le relenir ni lacconqjagner en se laissani enlever. II esl e\ideiU que les maliercs des deux premieres classes out avec le feu un certain degre d allinite, puis(|ue, celles de la seconde elasse se ebargent du feu quellcs reliennent, el que le feu se ebarge de celles de la premiere classe et qn'il les emporle; au lieu que les matieres de la Iroi- siemc classe anxquelles il ne doimc ni note rien, noni aucun rapport d'af- liiiito on d allraclioM a\ee lui, el sont, |)Our ain^i dire, indilferenles a son aclion, qui ne pent ni les denaturer ni meme les allerer. (lette division de toules les matieres en Irois classes relatives a Taction du leu. n'excint pas la division plus parlienlier(! et moins absolue de toutes les maliercs en deux aulres classes, quon a jusquici regardees comme relatives a leur prnprc nalure, qui, dit-on, esl loujours vilrcscible ou calcaire. iVotre nouvelle division n'est quun point de vuc plus eleve, sous le(|iiel il faut les eousiderer pour laclier den deilnire la connaissanee memo de Tagent quon emploie par les dilTerents rapports que le feu pent avoir avec loutes les ••ubsianees auxquelles on Tapplicpie : faute de eonq)arer ou d<' combiner ees cmisrivc el cmiiier)';!.' le feu. seiait li; [ircmicr ohjot lies uxperionces qu'ilfuudrait faire. pour Irailcr Ic fiu comme M. tlnlcs a tiaile I'air. cl Ic premier instrument qu'il raiidrait cm- plnviT pour n- iioiivcl art. 220 IMRODUCTION A LHISTOIRi: DFS MINERAUX. i-iipporls, ainsi que les moyens qu'oii einploie pour appliquer le feu, je vois quon lonibc lous les jours dans dcs conlradiclions apparentes, et meme dans des erreurs Ires-prejudiciables *. * Je vais en doiiner iiii excmple recent. Deui liabilcs chimistes (MM. Pott ct d'Arcet) oDl soumis un grand nomhre de substances a Taction du feu Le premier s'est servi d'un fourneau que je suis etonne que le second n'ait point entendu, puisque rien iie m'a paru si (lair dans lout I'ouvrajrc de M. Pott, et qu'il ne faut qu'uu coup d'ocil sur la plancbe gra- vee de ce fourneau, pour rcconnaitre que, par sa construction, il pent, quoique sans soui- ilets, faire a pcu prcs autanl d'cffet que s'il en etait garni ; car au moyen des longs tupux qui soiit ada])lcs au fourneau par le baut et par le bas, I'air y ariive et circule avec une ra- pidite d'aulanl plus [jrande, que li!s tuyaux sont mieux proporllonnes : ce sont des souf- flels constants, et dont on peut auginenter rcHel a volonte. Cette construction est si bonne el si simple, que je puis concevoir que M. d'Arcet dise que ce fourneau est un pro- bleme pour lui. .. quit est persuade que M. Pott a du se serrir de soufftets, etc. ; tandis qu'il est evident que son fourneau i-quivaut, par sa construction, a Taction dcs soufllets, ct que par consequent il n'avait pas besoin d'y avoir recours : que d'ailleurs ce fourneau est en- core exempt du vice que M d'Aicet reprocbc aiix soiidlels, dont il a raison de dire que taction allenie, saus resse renaissante et expirante, jette du trouble et de rinegalite sur celle du feu, ce qui ne peut arriver ici, puisque. par la construction du fourneau, Ton voil evidemmeiit que le rcnoiivelleinent de Tair est constant, et que son action ne renait ni n'expire, inais est continue el loujours uniformc. Ainsi M. Poll a employe Tun dcs nioycns dont on doit se survir pour appliquer le feu, c'est-a-dire un moyen par lequel, rommc par les soufllets, on augmenlc la vilesse du feu, en ,le pressant incessamnieut par un air loujours renouvele; el loules les fusions qu'il a laltfs par ce moyen, et donl j ai ic_ pete quclques-unes, comme celle du gres, du quartz, etc., sont tres-rcelles, quoique M. d'Arcet les nie; car pnurquoi nie-t-il? c'est que de son cole, au lieu d'employeri comme M, Poll, le premier de nos precedes generaux , c'esl-a-dirc le I'cu par sa vilesse ac- celeree autanl qu'il est possible par le mouvemenl rapide de Tair, moyin par lequel il eut obtenu les memes resultats, il s'est servi du second pioccde, ct n a employe que le feu en grand volume dans un fourneau, sans soufllets ou sans equivalent, dans lequel par conse- quent le feu ne devait pas produire les niSmes eflcts, mais devait en donner d'aulres, que par la meme raison, le premier procede ne pouvait pas produire. Ainsi les contradictions cntre les resullats de ces deux liubiles cbimistes nesont qu'apparcntcsel fondces sur deux erreurs cvl- dentes : la premiere consiile a croire que le feu le plus violent esl en celui qui est plus grand volume ; et la seconde, que Ton doit obtenir du feu violent les memes rcsultals, de quelque maniere quon Tappliquc : cependant ces deux idees sont fausses. La consideration des vcrites eontniires es encore une des premieres pierrcs qu'il faudrait poser aux fonde- ments de la clilmie^ car m: serail-il pas tres-nccessaire avanl lout, et pour eviter de pa- reillcs contradictions a Tavenir, que les cbimistes ne perdissenl pas de vue qu'il y a trois moyens generaux, et tres-differents Tun de Tautre, d'appliquer le feu violent : le premier, comme je Tai dil, par lequel on n'emploie qu'un petit volume de feu. niais que Ton agite_ aiguise, exalte au plus liaul degre pur la vilesse de Tair, soil par des soufllets, soil par un fourneau semblable a celui de iM. Poll, qui tire Tair avec rapiditc ? On voit par Tcflet de la lampe d emailleur, qu'avce une quanlile de feu presque iniiniment petite, on fait de plus grands ell'ets en pelil que le fourneau de verrerie ne peut en faire en grand. Le second moyen est d'appliquer le feu, non pas en petit, mais en Ires-grande quanlile, comme on le iait dans bs i'ourueaux de poreeluine el de verrerie, oil le leu iTcst fort que par son vo- lume, oil son action est Iranquille, el n'est pas exallee par un renou\ellement tres-rapide PREMIERE PARTIE. 221 On pourrait done dire, avcc les naUualisles, que tout esl vilrcsciblc dans la nature, a lexception de cc qui est calcaire; que les quartz, les cristnux, les pierros precieuses, los cailloux, les gres, les granits, porphyres, agates, de lair. Le troisieme moyen est d appliqncr le (eu en trcs-prtil volume, mais en aiigiiicii- tant sa masse et son intensitc ati point de Ic rendre plus fort que par le second uiuyeii, el plus violent que par Ic premier; et a: niojcn de concenlrer le feu el d'ea augnienler la masse paries miroirs ardcnts, est cneore le plus puissant de tons. Or, cliacun de ces trois moycns doit fournir un certain nonihre de resullats diflcreiils : si, par le premier moyen, on fond et vitriiie telles et tclles matiires, il est tres-possible que pur le second moyen on ne puisse vilrifler ces memes matieres^ et qu'au conlrairc on en puisse fondre d'autres qui n'ont pu I'elre par le premier moyen : et enlin, il esl lout aussi possible que par Ic troisienie moyen on obtienne encore pliisieurs resullats scmbla- bles ou difTerents de ceux qn'ont fournis les deux premiers moyens. Dcs lors un cliimiste qui, comme M. Pott^ n'emploie que le premier moyen, doit se borner a doiiner les resullats fournis par ce moven : faire, comme il I'a fait, I'enumeration des maticres qu'il a fondues, mais ne pas prononcer sur la non-fusibilitc des autres, parce qu'ellcs pcuvent I'etre par le second ou troisieme moyen ; enlin ne pas dire afTirmativement el evclusivement, en parlanl de son fonrneau, tju'cn nne heure de temps, ou deux au plus, il met en fonte tout ce qui est fusible dans lanatare. Et, par la meine raison, un autre chimiste. qui, comme M. d'Ar- cet, ne s'est servi que du second moyen, lombe dans i'crreur s'il sc croit en contradiction avec celui qui ne s'est servi que du premier moyen, ct cela parce qu'il n'a pu fondre plu- sieurs matieres qne I'aulre a fait couler ; et qu'au contraire il a mis en fusion d'autres ma- tiercs que le premier n'avait pu fondie ; car si I'un ou I'aulre se fiit avisc d'employcr suc- cessivcment les deux moycns, il aurait bien senli qu'il n'elait point en contradiction avec lui-m^mej et que la difference des resullats ne provenait que de la dilTerence des moyens employes. One resulle-t-il done de reel de tout ceci, sinon qu'il fant ajouler a la liste des matieres fondues par M. Pott celles de M. d'Arcet, et se souvenir seulement que pour fon- dre les premieres il faut le premier moyen^ el le second pour fondre les autres? II n'ya par consequent aucune contradiction enlre les experiences de M. Pott et celles de M. d'Arcet que je crois egalement bonnes : mais tons deux, apres cette conciliation, auraienl encore tort de conclure quits ont fondu par ces deux moyens tout ce qui est fusible dans la na- ture, puisque Ton pent demon trer que par le troisieme moyen , c'esl-a-dire par les miroiis ardenls, on fond et vitrifie, on volatilise et memo on brule quelques matieres qui leur oi t egalement paru fixes et rcfractaires au feu de Icnrs fournaux. Je ne m'arrcterai pas sur plii- sieurs choscs de details, qui eependant nierileraient animadversion, parce qu'il esl ton- jours utile de ne pas laisser gcriner des idees erroneesou des fails mal vus. el dont on pcul lirer de fausses consequences. M. d'Arcet dil qu'il a remarque constainment que la llamiiie fait plus d'effet que Ic feu de cbarbon. Oui sans doute, ce feu n'est pas excite par le venl ; mais toutes les fois que Ic cbarbon ardent sera vivifie par un air rapide, il yauradela flamme qui sera plus active et produira de bien plus grands effets que la ilamme Iranqiiille. De memc lorsqn'il dil qne les fourneaiix donnenl de la chaleur en raison de leur epaisseiir, cela ne pent elre vrai que dans le seul cas ou les fournaux, etant supposes egaux, le feu qu'ils contiennenl ser.iit en memc temps aniine par deux courants d'air egaux en volunn' et en rapidite. La violence du feu depend prcsque en entier de cette rapidite du couranl de I'air qui I'anime ; je puis le dcinontrer par ma propre experience : j'ai vu le gres, que M. d'Arcet croil infusible, couler et se conviir d'email par le moyen de deux bons sonf- flets, mais sans le secours d'aucun fourneau el a leu < uvcrt. L'efl'el des roiirneaiiv epais n'esl pas d'aM;;menUM la cbaleur, mais de la coiiserver : et ils la coiiservenl d'atilanl plus longlemps qu'ils sont plus epais. -2^2'2 hNTHODl CTIOiN V I/IIISTOIUK DKS MINKUAl \. iirtloises!, gypses, argiles, les piciros ponecs, les laves, les aniiaiites, avec lous Its iiiotaux el auti'cs iiiincraiix, soiit vitiifiables par le feu de iios fouineaux, oil par celui des niiroirs ardciib; tandis que los inarbrcs;, los albatres, les pieires les craies, les inarms, ct les aiilres subslanees (pii |)ro\ieiiiieMl dii delriiiR'iU des eo(|uilles el des madn'-jtores, ne peiiveiit se rediiire eii liisioii par ees iiioyeiis. Ccpeiidanl je suis persuade que si Ion \ieiU a bout daug- nienlcr eneore la I'oree des louriicaux el surloul la puissance des miroirs ar- deiils, on anivcra au point de f'aire fondie ees niatieres calcaires qui pnrais- seiil etre dune iialiire diilerenle de celle des autres; puistpiil y a niille el niille raisons de eioire (|u'au fond leur substance csl la nieine, el que le vcrre est la base commune do toutes les matieres lerrestrcs. Par les experiences que j'ai pii faire moi-nienie pour conipaier la force dii feu selon quon eniploie ou sa vitesse, ou son volume, on sa masse, j ai trouve que le feu des plus grands el des plus puissaiits foiirncaux dc verre- rie nesl ipi'un feu faible en comparaison de celui des fourncaux a soulllels, el (pie le feu produit au foyer d un bon niiroir ardent est encore plus fori ipie celui des plus grands fourncaux de forge. J ai tenu pendant tienle-si\ iieures, dans lendroil le plus cliaud du fourneau de Uouelle en ({ouriiogne. ou Ion fail des glaees aussi grandes el aussi belles tpia Saiiil-(iobiii en Pi- cardie, et ou le feu est aussi violent; jai tenu, dis-je, pendant lrenle-si\ heures a ee feu, de la mine de fer, sans (pielle se soil fondue, ni agglulinee. ni meiiie alteree en auciine nianiere; tandis (pi en moins dc douze beurcs celle mine coiilc en fonte dans les fourncaux de ma forge : ainsi ce dernier feu est bicn supijiieur a raulrc. De mi^me j'ai fondu ou volatilis(3 au iniroir ardent plusieurs malic-res que ni le feu des fourncaux dc ri''veri)ere, ni celui des plus puissants soufllets n'avail pu fairc fondre, et jc me suis convaincu que ce dernier moyen est le plus puissant de tons. Mais jc reiivoic a la panic exp(^rimentale de nion ouvragc le detail de ees experiences impor- taiites, dont je mc conlentc dindiqucr iei le riisultat gential. On croil vulgairenient que la flamme est la parlie la plus cbaudc du feu : cependant rien nest plus mal fond(5 ipie celle opinion; car on pent dd'Uion- trer le conlraire par les exptirienees les plus ais(jes el les plus familicres. Pr(3scntez a un feu de paillc ou memo a la llamme dun fagot quon vienl dallumer, un lingc pour le s(3cher ou le elianirer; il vous faiidra le double et le triple du temps pour lui donncr le dcgic dc s(3cbercsse ou de cbaleur que vous lui donnerez en lexposanl a un brasier sans flamme, ou m(Jme it un poelc bien cliaud. I.a flamme a ele trcs-bien caracterisec par Newton, lorsqiiil I'a delinie uiie funKJe brulantc (fiauiina est fumus candens), el eette lumtie ou vapeur qui brule na jamais la incmc (pianlite, la m(ime inlensiti' de ehaleur que le corps combustible diiqiiel elle secbappe: sculement, en s'elevant, et s elendanl au loin, elle a la piopri{'l(;' de eommuniquer Ic fcii, el de le porter plus loin (pie ne s ctcnd la cbaleur du brasier, qui scule ne suf- firait pas pour le eommuniquer mcmc dc pros. Cetlc comnmnicHtion du feu merilc uiic attention |)aiticulieiT. .J ai \u. PHKMIERE PARTIK. 225 apresy avoir relleclii, que, pour la bieii culcmlro, il fnlhiil sjiidor, iioii->cii- lemcnt ties fails qui paraissenly avoir rapport, iriais encore de qnelques ex- periences nouvelles, donl le succes ne me pa rail iaisser aucun doute sur la inaniere donl sc fait celle operation de la nature. Qu'on recoive dans un inoule deux ou trois milliers de fer an sortir du i'ourneau, ce metal perd en peu de temps son incandescence, et cesse d'etre rouge apres une heure ou deux, suivant Tepaisseur plus ou moins grande du lingot. Si. dans Ic moment qu'il cesse de nous paraitre rouge, on le lire du nioule, les parlies inferieures se- ront encore rouges, mais perdronl celte couleur en |)eu de temps. Or, tanl que le rouge subsiste, on pourra cnflamnior, allumer les matieres combus- tibles qu'on aj)pliquera sur ce lingot : mais des qui! a perdu cet etat din- caiidcscencc, i! y a des matieres en grand nombre quil ne peut plus cnllam- mcr; et cependant la chaleur qu'il rcpandesl peut-etre cent fois plus graiule que celle d'un feu de paille, qui neanmoins conmiuniquerail linllammalion a toules ees matieres : cela m'a fait penser que la llanmie etant necessaire a la communication du feu, il y avail de la ilamme dans toute incandescence; la couleur rouge semble en effet nous I'indiipicr; mais par Ibabilude ou Ion est de ne regarder comma Ilamme (pic celle matiere legere qu'agile el qu emporle lair, on na pas pense qu il pouvail y avoir de la Ilamme assez dense pour ne pas obeir, comme la flamme conmume, a linqiulsion de lair; et cest ce que j'ai voulu verifier par quclques experiences, en approcbanl par degres de ligne et de dcini-ligne, des matieres combustibles, pres de la surface du metal en incandescence et dans lelat qui suit lincandescence. Je suis done convaincu (pie les malid'res incombustibles et meme les plus fixes, lelles que lor ct largenl, sonl, dans 1 elal d'incandescence, enviion- nees dune (lamme dense qui ne selend qua une tres-pclile distance, et qui, pour ainsi dire, est atlacliC'e a leur surface; et je con(;ois aisemenl que quand la flamme devient dense a un certain degiT, elle cesse dolx^ir a la fluclua- lioii de lair. (aHIc couleur blanche ou rouge qui sort de tons les corps en incandescence et \ienl frapper nos yeux, est 1 evaporation de cetle flamme dense qui environne le corps en se renouvelant incessammenl a sa surface; el la lumi(ire du soieil uK'me ii'esl-ellc pas levaporation de celle flamme dense donl brillc sa surface aver si grand ('^ciai? celle lumicre ne produil- elle pas, lorsqu'on la condense, les mt-mes elfcis que la flamme la plus vive V ne communique-t-elle pas le feu avec autant de promptitude ct d energie? lie r(isisle-t-elle pas comme noire flamme dense a limpulsion de Tair? ne suit-elle pas toujours une route direcle, que le niouvement de lair ne peul ni contrarier ni cbanger, puisqu'en soufllant, comme je I'ai eprouv(i, avec un fort souflletsur le cone liimincux dun miroir ardent, on ne diminue point du lout raclioii de la lumi(irc donl il esl composi-, et qu'on doit la regarder comme une vraie flamme plus pure et plus dense que toules les flanmies de nos matieres combustibles? Cest done par la lumi(ire que Ic feu se coimiiuinquo, et la cbaieur seule .ne peut produire ie m«mc etl'et que quand ellc devicnl asser forte pour etre 224 INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MINEUAUX. lumineuse. Les inetaux, les cailloux, les gr6s, les briques, les pierres caK caires, quel que puisse etre leur degre different de chaleur, ne pourront enflammer d'autres corps que quand ils seront devenus lumineux. L'eau elle-meme, cet oleniont dcslructeur dii feu, cl par lequel seul nous pouvons en empceli'cr la eonmiunication, le communique neanmoins, lorsquc dans un vaisseau bien fcrmc, Irl que celui de la marmite de Papin *, on la pe- netre d'une assez grande quantile de feu pour la rendre lumineuse, et ca- pable de fondre Ic plomb et I'etain ; tandis que, quand elle n'cst pas bouil- lanle, loin de propagcr ct de eonimuniquer le feu, elle Icteint sur-le-champ. 11 est vrai quo la chaleur seule sudit pour preparer et disposer les corps combustibles a linflammation, et les autres a lincandescence. La chaleur chasse des corps toutes les parlies humidcs, c"est-a-dire l'eau qui de toutes les maliores est celle qui soppose le plus a Taction du feu ; et ce qui est re- marquable, cest que cette menie clialour qui dilate tons les corps ne laisse pas de les durcir en les secbant. Je lai reconnu cent fois en examinant les pierres de mes grands fourneaux, surtout les pierres calcaircs; elles pren- nent une augmentation de durete proportionnee au temps qu'elles ont eprouve la chaleur : eelles, par exemple, des parois exterieures du fourneau, et (jui ont recu sans interruption, pendant cinq ou six mois de suite quatre- vingls ou qualre-vingt-cinq degres de chaleur constants, deviennent si dures, quon a de la peine a les entamer avec les inslruments ordinaires du lailleur de pierre; on dirait quelles ont change de qualitc, quoique nean- moins elles conservcnt a lous autres egards; car ces memes pierres n'en font pas moins de la chaux comnie les autres, lorsquon leur applique le de- gre de feu necessaire a cette operation. Ces pierres, devenues dures par la longue chaleur qu'elles onteprouvee, deviennent en nieme temps specifiquement plus pcsantes ; de la jai cm devoir tirer une induction qui prouve, et meme confirme pleinement que la chaleur, quoiquen apparence toujours fugitive et jamais stable dans les corps quelle penelre, et dont elle semblc constammcnt s'efforcer de sortir, y depose neanmoins dune maniere tres-stable beaucoup de parties qui s'y lixent, et remplacent, en quanlite meme plus grande, les parties aqueuses et autres quelle en a cliasst^es. Mais ce qui parait contraire, ou du moins tres-difFicile a coneilier ici, cest que cette meme pierre calcaire, qui devient specifiquement plus pesante par Taction d'une chaleur moderee. longtemps continuee, devient tout a coup plus legere de pres d'une moitie de son poids, des qu'on la soumet au grand feu necessaire a sa calcination, et qu'elle perd en meme temps, non-seulement toute la durete qu'elle avail acquise par Taction de la simple chaleur, mais meme sa durete nalurelle, e'est-i-dire la coherence de ses parlies constiluantes : effet singulier dont je renvoie * Dans le Digestettr de Papin, la chaleur de l'eau est porlee au point de fondre le plomh et Tclain qu'on y a suspendus avec du fil do for ou dc lailon. — Musschcnbrock. Essai (li phjsiquv, payc 434, cilc par \\ dc Mairan. Dissertation sur la glace, pajje 198. PRIvMI!:RE PART[f<:. 225 plication a larlicle suivant, oii je traiterai de I'air, de Tcaii ct do la (oi to, parce qui! me parait lenir encore plus a la nature de ccs trois elements ([ua celle de Telement du feu. Mais c"est ici le lieu de parler dc la calcination : prise generalcnicnt, elle est pour les corps fixes et iiicombustibles ce quest la combustion pour les niatieres volatiles et inflammables; la calcination a besoin, comme la com- bustion, du secours dc lair ; ellcs'opcre dautant plus vite qu'on lui fournit une plus grande quantile dair; sans cela le feu le plus violent ne pent rien calciner, rien enflammer, que les matiercs qui contiennent en elles-memes, et qui fournissent, a mesure quelles brulent ou se calcinent, tout lair ne- cessaire a la combustion ou a la calcination des substances avec lesquelles on les mele. Otto ntcessitc du concours de lair dans la calcination, comme dans la combustion, indique qu'il y a plus de clioses communes entrc olles qu'on ne la soupcoime. L'application du feu est le principc de toutes deux ; celle de I'air en est la cause seconde, et presque aussi necessaire que la pre- miere; mais ccs deux causes se combincnt inegalemcnt, scion qu'clles ai>is- sent en plus ou moins de temps, avcc plus ou moins de force sur des sub- stances differentes; il faut, pour en raisonncr juste, se rappelcr les effcts de la calcination et les comparer entre eux et avec ceux de la combustion. La combustion s'opere promptcmcnt et quehpiefois sc fait en un instant; la calcination est toujours plus lente, et (juelquefois si longue, qu'on la croit impossible. A mesure que les matiercs sont plus inflammables et quon lour fournit plus dair, la combustion s'en fait avec plus de ra|)idite : et, par la raison inverse, a mesure que les matiercs sont plus incombustibles, la cal- cination s'en fait avec plus de Icnteur. Et lorscpie les parlies constituantcs dune substance telle (pic lor sont non-seulemcnt incondiuslibles, mais pa- raissent si fixes qu'on ne pent les volatiliser, la calcination ne produitaucun elTet, quelque violente (juelle puisse etre. On doit done considcrer la calci- nation et la combustion comme des effets du memc ordre, dont les deux extremes nous sont designes par le pbospbore, qui est le plus inflammable de tons les corps, ct par lor, qui de tous est le plus fixe et le moins com- bustible; toutes les substances comprises entre ccs deux extremes seronl plus ou moins sujettes aux eflcts de la combustion ou de la calcination, scion quelles s'approcberont plus ou moins de ccs deux extremes : de sorle que, dans les points milieux, il se trouvera des substances (jui eprouveront au feu combustion et calcination en degre presque egal ; d'oii nous pouvons conciure, sans craindre de nous tromper, que toute calcination est toujours accompagnee dun pen de combustion, et que de meme toute combustion est accompagnee dun pcu de calcination. Les cendres ct les autres rcsidus des matiercs les plus combustibles ne demontrent-ils pas que le feu a calcine toutes les parties qu'il n'a pas brulees, et que par consequent un peu de cal- cination se trouve ici avec beaucoiip de cond)ustion? La petite flamme qui s'eleve de la plupart des matiercs qu'on calcine, ne demontre-t-elle pas de memc qu'il s"y fait un peu decombustionVAinsi, nous ne devons pas scparer BcrroN, torn. II. 16 226 INTRODUCTION A LTIISTOIRE DES MINER AUX. ces deux effcts, si nous voulons bicn saisir Ics resultats de I'action du feu sur les diircrcntes substances auxquellcs on lapplique. Mais, dira-t-on, la combustion detruit les corps, ou du moins en diminue loujours le volume ou hi masse, on raison dc la quantile de matiere quelle onlevc ou consume; la calcination fait souvcnt lo contraire, ct augmenle la pesanleur dun grand nombre de malieres : doit-on des lors considerer ces deux efTots, dont les resultats sont si contraires, comme des effets du memo ordre? L'objeclion jjarait fondec, et merite reponse, d"autant que c'est ici le point le plus didiciie de la question. Je crois neanmoins pouvoir y satisfaire pleincment. Considerons pour ccla unc matiere dans laquelle nous suppo- serons moilie dc parties fixes et moitie de parties volatiles ou combustibles ; il arrivera, par lapplication du feu, que toutes ces parties volatiles ou com- bustibles soront enlevees ou brulees, et par consequent scparees de la masse totale; des lors celte masse ou quantite de matiere se trouvera diminuee de moitie, comme nous le voyons dans les pierres calcaires qui perdent au feu pres dc la moitie de leur poids. Mais si Ion continue a ap|)liquer le feu pen- dant un Ircs-long temps a cette moitie toutc composee de parties fixes, n"est-il pas facile de concevoir que toule combustion, toule volatilisation ayant cesse, ccltc matiere, au lieu de conlinuer a perdre de sa masse, doit au contraire en acqucrir aux dcpcns de I'air el du feu dont on ne cesse de la ponetrer? et celles qui, comme le plomb, ne perdent rien, mais gagnent j)ar lapplication du feu, sont des malieres deja calcinoes, preparces par la nature au degre oil la condnistion a cesse, et susceptibles, par consequent, d'augmenter de pesanleur des les premiers instants de Tapplication du feu. Nous avons vu que la lumiere samortit et s'eleint a la surface de tous les corps qui ne la rcflcchissentpas; nous avons vu que la clialeur, par sa longue residence, se fixe en partie dans les malieres quelle pcnetre; nous savons que Fair, presque aussi necessaire a la calcination qu'a la combustion, et loujours d'autant plus necessaire a la calcination que les malieres ont plus de fixile, se fixe lui-mcme dans rintcriour des corps, et en devienl partie constituantc : des lors n"esl-il pas Ires-nalurel de penscr que cette augmen- tation de pesanleur ne vient que de laddition des parliculcs de lumiere, de clialeur et d'air, qui se sont enfin fixees et unies a une matiere contre la- quelle ellcs onl fail tant deflbrls, sans pouvoir ni lenlever ni la bruler?Cela est si vrai, que quand on leur presente ensuite une substance combustible avec laquelle ellos onl bien plus danalogie, ou plutol de conformile de na- ture, elles s'en saisissenl avidcment, quittenl la matiere fixe h laquelle elles n'ctaienl, pour ainsi dire, atlachccs que par force, reprennenl par consequent leur mouvement nalurel, leur elaslicile, leur volalilite, et partem tonics avec la matiere combustible a laquelle elles viennenl de se joindre. Des lors le metal ou la matiere calcinee, a laquelle vous avez rendu ces parlies volatiles quelle avail perdues par sa combustion, reprend sa premiere forme, et sa pesanleur se trouve diminuee de toule la quantile des parliculcs de feu et dair qui selaient fixees, ct qui viennenl delre enlevees par celte PREMIKRE PARTIE. 227 nouvelle combustion. Tout cela s'opere par la scule loi des affinitcs; cl, apres ce qui vient d'etre dit, il me scmble qu"il ii"y a pas plus de diHiculte a concevoir comment la chaux dun metal se rcduit, que dentcndre comment il se precipite en dissolution : la cause est la momc et les elFets sont pareils. Un metal dissous par un acide se precipite lorsquon prcsente a cet acidc une autre substance avec laquelie il a plus dallinite quavec le metal; Ta- cidc le quille aiors et le laissc tomber. Dc meme cc metal calcine, c'est-a- dire charge de parlies dair, de clialeur et de feu, qui, s'etant fixees, le tiennent sous la forme d'une chaux, se precipitera, ou, si Ton veut, se re- duira, lorsqu'on presentera a ce feu et a cet air fixes des matiercs combus- tibles, avec lesquelles ils out bien plus dalTinitc qu'avec le metal, qui rc- prendra sa premiere forme des quil sera dcbarrassc de cet air et de ce feu superflus, et quil aura repris, aux dcpens des matieres combustibles qu'on lui presente, les parties volatiles qu'il avait perdues. Cette explication me parait si simple ct si clairc, que je ne vois pas cc qu'on pent y opposer. Lobscurite de la cliimic vient en grando partie de ce qu'on en a peu generalise les principes, ct qu'on ne les a pas reunis a ceux dc la haute physique. Les chimistcs ont adoptc les alTinites sans les com- prendre, c'est-a-dire sans entendre le rapport de la cause a I'effet, qui nean- moins n'est autre que celui de I'attraclion universelle; ils ont cree leur phlogistique sans savoir ce que c'est, et cependant c'est dc lair et du feu fixes; ils ont iorme, a mesure quils en ont eu bcsoin, des etres ideaux, des niMralisateurs, des terres moxurielles, des noms, des termes d'autant plus vagues, que I'acccption en est plus generale. .J'osc dire (|uc M. Ulacquer * et M. de Morveau ** sont les premiers de nos chimistcs (jui aient commence a parler francais ***. Celle science va done naitrc, puisqu'on commence a la parler; et on la parlera d'autant mieux, on I'entendra d'autant plus aise- ment, qu'on en bannira le plus de mots techniques, qu'on renonccra de meiilcure foi a tous ces petits principes secoiidaires lircs dc la nielhode, qu'on s'occupera davantage dc les deduire des j)rincipes generaux de la mecanique rationnelle, qu'on cherchcra avec plus de soin a les ramener aux lois de la nature, et qu'on sacridera plus volontiers la commodite dexidi- quer dime maniere precairc et scion I'art les pbenomencs dc la conq)osi- tion ou de la decomposition des substances a la didiculte de les presenter pour tels qu'ils sont, c'est-a-dire pour des effcts particuliers dependants des faits plus gcneraux qui sont les seules vraies causes, les seuls principes reels * Diclionnaire de cliitnie ; Paris, 1 766. ** Digressions acadcmiques ; Dijon, 1772. *** Dans le moment meme (jn'on inipiiine ces fciiilles, parail I'oiivrajje de IM. Beaiime, qui a pour tilre Cliiinie e.jpcrimciilale el rdisonnee. L'.mleur, rion-seulemenl y parlc une lanjrue inlelli[[il)le, mais s'y montre partout aiissi bon pliysicicn que (rrand cliimiste ; el j'ai eu la salisfaclion de voir que qucl(iucs-uncs de ses idees [jeneralcs s'accordcnt avec les miennes. 16. 228 INTRODUCTION A LriFSTOIRE DES MINERAUX. auxquels on tloive s'aUachcr, si Ion veut avancer la science de la philoso- phie naUirelle. Je crois avoir demontrc * que toutes Ics pelitcs lois des affinites chi- miques qui paraisscnt si variables, si dilTcrcntcs entrc elles, ne sont cepen- dant pas autrcs que la loi generale dc raltracliou commune a toule la maliere; que celte grandc loi, toujours conslante, toujoiirs la meme, ne parait varier que par son expression, qui no peut pas etre la meme, lorsque la figure des corps entre commc clement dans leur distance. Avcc cctte nouvclle cle, on pourra scruter Ics secrets les plus profonds de la nature; on pourra parvenir a connaitre la figure des parties primitives des difTerentes substances, assigner les lois et les degres dc leurs adinites, determiner les formes qu'elles pren- dronl en se reunissant, etc. Je crois de meme avoir fait entendre comment linipulsion depend de I'attraction, et que, quoiqu'on puissc la considerer commc une force dilferente, cllc nest neanmoins qu'un elTct particulier de celte force unique et generale. J'ai presente la communication du mouve- ment commc impossible, autremenl que par le ressort; d'ou j'ai conclu que tons les corps de la nature sont plus ou moins elastiques, et qu'il n'y en a aucun qui soit parfaitemeiit dur, c"est-a-dire entierement privc dc ressort, puisque lous sont susceptibles de reccvoir du mouvement. Jai taclie de faire connaitre comment cettc unique force pouvait changer de direction, et d'at- tractive devenir lout a coup repulsive. Et de ces grands principes, qui tous soni fondes sur la meeani(|ue rationneile, jai essaye de deduirc les princi- pales operations de la nature, tellcs que la production de la lumiere, de la chalcur, du feu, elde leur action sur les dilfercntes substances : ce dernier objet, qui nous interesse Ic plus, est un cliainp vaste, dont le defrichemcnt suppose plus d'un siecle, cl dont je n'ai pu cid(ivcr qu'un espace mediocre, en rem(;ltant a des mains plus liabilcs ou plus laborieuscs Ics instruments dont je me suis servi. Ces instruments sont les trois moyens dcmployer le feu par sa vitesse, par son volume et par sa masse, en I'appliquant concur- remmcnl aux trois classes i\c» substances, (pii toutes ou pcrdcnt, ou gagncnt, ou ne perdenl ni ne gagnent par laijplicalion du feu. Les experiences que jai failcs sur le rcfroidissement des corps, sur la pesantcur rcelle du feu, sur la nature de la flamnic, sur le progres de la cbaleur, sin- sa communi- cation, sa depenlition, sa concentration, sur sa violenle action sans flamme. etc., sont encore autanl dinstruments qui epargneroiu bcaucoup dc travail a ceux qui voudront s'en servir, ct produiront une tres-ample moisson de connaissances utiles. * Voycz dans eel onvrage I'arlicle qui a pour litre : De la nalut-e, seconde rue. PES ELEMENTS. SECONDE PARTIE. 1)E LAIR, l)E L KAU KT I)i: LA TtRRK Nous avons vu que Fair est radminicule neccssaire et le premier aliment du feu, qui ne peut ni subsister, ni se propager, ni s'augmenter, qu'aiUant qui! se lassimilc, le consoumie ou renq)orte ; taiulis ([ue de loulcs ies sub- stances matcriclies, lair est au contraire celle qui parait existcr le plus iu- dependamment, ct subsister Ic plus aisement, le phis constammcnt, sans le secours ou la presence du feu. Car, quoiqu'il ait babituellement la meme cbalcur a pen pres quo Ies antrcs malicres a la surface de la tcrre, il pour- rait sen passer, el il hii on laul inlinimciil moins qua tout autre pour entretenir sa (luidite, |)uisque Ies froids Ies plus excessifs, soit naturels, soil arliliciols, ne lui font lien perdre dc sa nature j que Ies condensations Ies plus fortes ne sont pas capables de rompre son ressort; que le feu aclif, ou plutot actuellcment en exercicc sur Ies matieres combustibles, est Ic scul agent qui puisse allerer sa nature en le rarefiant, c'est-a-dire en alfaiblis- sant, en etendant son ressort jusqu'au point de le rendrc sans effet ct dc de- truirc ainsi son elasticite. Dans cct ctat de trop grande expansion ct d'aflaiblissement extreme do son ressort, ct dans toutcs Ies nuances qui precedent cct ctat, Fair est capable de rcprcndre son elasticite a mesure que Ics vapcurs des matieres combustibles qui lavaicnt afl'aiblic s evaporeront et s'en separeront. Mais si Ic ressort a ete totalement afl'aibli, et si prodigieuse- incnt fe'tondu, qu"il ne puisse plus se resscrrcr ni se restituer, ayant |)erdu toute sa puissance clastiquo, lair, dc volalil qu'il clait auparavant, deviont une substance fixe qui s'incorporc avec Ies autres substances ct fait des lors partie constituante de toutcs ccllcs aux(|uelles il s'unit par le contact, ou dans lesquellcs il penelre a I'aide dc la cbalcur. Sous cetle nouveile forme, il ne peut plus abandonner le feu que pour s'unir comme niatiere fixe a 250 L\TRODl CTIOIV A LIIISTOIRE DES IMINERAUX. dautres malicres (ixos; ct s'il en rcstc quclques parlies inseparables du feu, elles font des lors portion de cet element; ellcs liii servent de base et se de- posent avec lui dans les substances quils echaufl'ent et pcnelrent ensemble. Cet cfTet, qui sc nianifeste dans toutes les calcinations, est d'autant plus sur et d'autant plus sensible que la cbaleur est appliquee plus longtemps. La combustion ne demande que pen de temps pour se faire, meme complete- ment, au lieu (|ue toute calcination suppose beaucoup de temps. U faut, pour laccclerer, amener a la surface, c'est-a-dire presenter successivement a lair, les malieres que Ton veut calciner; il faut les fondre ou les diviser en j)arlies impal|)ables, pour quelles offrent a cet air plus de superficie; il faut nienic se scr\ir de soufflets, inoins pour augmenter lardeur du feu, que pour etablir un courant d'air sur la surface des matieres, si Ton vcut presser leur calcination : et, pour la completer avec lous ces moyens, il faut sou- vent beaucoup de temps * , d'oii Ion doit conclure qu'il faut aussi une assez longue residence de lair devenu fixe dans les substances lerrestres , pour qu'il s'etablisse a denieure sous cette nouvelle forme. Mais il nest pas necessaire que le feu soit violent pour faire perdre a Tair son elasticite; le plus petit feu, et meme une cbaleur tres -mediocre, des quelle est inunedialemenl ct constamment appliquee sur une petite quanlile d'air, sulliscnt pour en detruirc le ressort : et pour que cet air sans ressorl se fixe ensuite dans les corps, d nc faut quun peu plus ou un peu moins de temps, scion le plus ou moinsdallinite (|u'il pent avoir sous cette jiouvellc forme avec les malicres auxquolles il sunit. La cbaleur du corps des animaux et meme des vegclaux est encore assez puissante pour produirc cet effet : les dcgres de cbaleur sont diffcrenls dans les difl'ercnis geiu'cs danimaux; et, a commencer par les oiseaux, qui sont les plus cliauds de tous, on passe successixement aux quadrupcdes, a I'bomnie, aux eetaces, qui Ic sont moins; aux reptiles, aux poissons, aux inseclcs, qui le sont beau- coup moins, et enfin aux vegetaux, dont la cbaleur est si petite, quelle a paru nulla aux observateurs**,quoiqu'ellc soit tres-reelle et quelle surpasse * Je ne sais si I'oii nc calciiicrail pas Tor, noii pas on le tenant, comma Boyle ou Kunkel, pendant un tres-long temps, dans un fouiiicau de vrrreriPj ou la vitossc de I'air n'esl pas grande. mais en le mellant pres de la lujerc d'un bon I'ourncau a vent, ct le tenant en fu- sion dans un vaissean ouvert oil I'on plongerait une petite spatule, qu'on ajuslrrail dc niaiiii'ie quelle lournerail inccssamuient, et rcmuciail conlinucllement I'oi' en (usion : car il n'y pas de conipaiaison cntrc la force dc ccs louv, parce que lair est ici hitn plus accclere que dans les Ibinneiiux dc verrerie. ** • Dans lontes les experiences que j'ai lentees (dit Ic doctcur Marline), je n'ai pu dc- I couvrir qu'aucnn des vcgelaux acquit en veitu du principe de vie un degre de cbaleur « supericur a eelni iln milieu cnvironnant, et qui piit ctrc distingue ; aucontraire, lous « les animaux, quelquo pin que leur vie soit animee, onl un dcgrc di: cbaleur plus considc- « rable que celui de I'air ou de I'eau oil ils viveul. » Essais siir les tlunnoDntn.'!, arti cic 37, edition in-12 ; Paris, 1751 . — « On ne decouvre au louciier aucun degrc de cba- « leur dans les plantes, soil dans leurs larmcs, soit dans le ca-ur dc leur tigc. i (Bacon, nov. Organ. U, 13. ) SECONDE P ARTIE. 231 en hiver celle de ralmosphere. J'ai observe sur un grand nombre de gros arbres coupes dans un temps froid, que leur interieur elail Ires-sensible- nient cbaud, et que cette chaleur durait pendant plusieurs minutes apres leur abattage. Ce n'est pas le mouvement violent de la cognee, ou le frotte- nient brusque et reitere de la scie, qui produisent seuls cette chaleur; car en Cendant cnsuite ce bois avec des coins, jai vu quil etait chaud a deux ou trois pieds de distance de lendroit oil Ion avail place les coins, et que par consequent il avail un dcgre de chaleur assez sensible dans tout son interieur. Cette chaleur n'esl que tres-mediocre tant que I'arbre est jeune et quil se porte bien : mais des qui! commence a vieillir, le cceur s'echauffe par la fermentation de la seve, qui n"y circule plus avec la meme liberie; cette panic du centre prend en s'eciiauffant une teinte rouge, qui csl le pre- mier indice du deperissement de I'arbre et de la desorganisation du bois. J'en ai manie des morceaux dans eel elat, qui elaicnl aussi chauds qui si on les eul fait chauffer au feu. Si les observateurs n'ont pas trouve qu'il y evil aucune difference enlre la lernperalure de lair et la chaleur des vege- taux, cest quils onl fait leurs observations en mauvaise saison, et qu'ils n'ont pas fait attention qu'en etc la chaleur de lair est aussi grande et plus grande que celle de linterieur d"un arbre, landis qu'en hiver cesl tout le contraire; ils ne se sonl pas souvenus que les racines ont constamment au nioins le degre de chaleur de la lerre qui les environne, et (|ue cette cha- leur de linterieur de la lerre est, pendant tout I'hiver, considerablemenl plus grande que celle de lair et de la surface de la lerre refroidie par lair : ils ne se sonl pas' rappele que les rayons du soleii, lombant trop vivemonl sur les feuilles el sur les aulres parlies delicalcs des vcgetaux, uon-seulcnienl les echaulfenl, mais les brulent; qu'ils echaulfent de meme a un tres-grand degre lecorce et le bois donl ils penclrenl la surface, dans laquelle ils s'amorlissent el se fixent : ils nonl pas pense cpie Ic mouvement seul de la seve, dcja cliaudo, est une cause necessaire de chaleur, et (|ue ce mouve- ment venant a augmenler par Taction du soleii ou d'une autre chaleur exte- rieure, celle des vegclaux doit elre d'aulanl plus grande que le mouvement de leur seve est plus accelere, etc. Je ninsistc si longlenips sur co point qua cause de son importance; runilbrmite du plan de la nature serait violee, si, ayant accorde a tous les aninuiux un degre de chaleur superieur a celui des malieres brules, elle I'avait refuse aux vegetaux, qui, conmie les ani- maux, ont leur cspece de vie. Mais ici lair conlribuc encore a la chaleur animale el vilale, comme nous avons vu plus haul qui! conlribuait a Taction du feu dans la combustion et la calcination des malieres combustibles et calcinables. Les animaux qui onl des poumons, el qui par consequent respirent Tair, ont toujours plus de chaleur que ceux qui en sonl prives; el plus la surface interieure des pou- mons est (itendue et ramiliee en un plus grand nombre de cellules ou de bronches, plus, en un mot, elle presenlc de superficie a Tair que Tanimal lire par Taspiration, plus aussi son sang devient chaud, et plus il commu- 232 INTRODUCTION A JylllSTOIRE DES MINERAUX. niquc dc chalcur a toutes les parties du corps qu'il abreiive ou nourrit; el celle proportion a iieu dans tons Ics animaux connus. Les oiseaux ont, re- lativcmenl au volume de leur corps, Ics poumons considcrablemont plus elendus que riiomnie ou les quadrupcdes; Ics reptiles, meme ceux qui ont de la voix, comnie les grenouiiles, ii'ont, au lieu de poumons, quunc simple vessie; les insecles, qui nont que pcu ou point de sang, ne pompent lair que par qucl(|ucs trachecs, etc. Aussi, en prenant le degre de la tempera- ture de la tcrrc pour terme de comparaison, jai vu (|ue cette chaleur etant supposee de dix degres, celle des oiseaux etait dc pres de trente-trois degres, ccllc de quelques quadrupcdes de plus de trenle et un degres et demi, celle dc Ihomme de trenle el demi ou irenle et un *, landis que celle des gre- * B A mon thermomctre (dit Ic docleur Marline), oil le tcrmc de la congelation est mar- < que 38, j'ai trouve que ma pcau parlout oil clle ^(ait bien couverte, clevait le mercurc « au dojrie quatic-vingl-seize ou qualre-vingt-di.\-sept... que I'urine nouvcUement ren- « duf, el ic^-ue dans un vase de la nieine Icmpijraturc quelle, est a peine dun degre plus « cliaudc que la pcau. cl nous pouvons supposer qu'elle est a pcu prcs au degre des vis- I ceres voisins... Dans Ics quadrupcdes ordiiiaircs. ids que Ics chicns, les chats, les bre- « bis, les bocufs, les cochons, etc., la chaleur de la peau elcve Ic thermomctre quatre ou « ciijq degres plus haul que dans I'lionime, et le porle aux degres cent, cent un, cent « deux, cl dans quelqucs-uns au degres cent trois, ou meme un pcu plus haul... La cha- « Icur des celacos est cgale a eelle des quadrupedes... J ai trouve que la chalcur de la pcau • du vcau murin elail proche du degre cent deux, et celle de la cavile de Tabdomen en- « viroti un degre plus haul... Les oiseaux sent les plus chauds de lous les animaux, el « suipasscnl de trois ou quatre degres les quadrupcdes, suivaiit lexperience que j'en ai • I'aile moi-mcme sur les canards, les oies, les poules, les pigeons, les perdrix, les hiron- « dclles ; la boule du iherinoniclrc, placi'c cnlre Icurs cuisses, le mercurc s'clevail aux dc- « gres cent Irois, cent qualrc, cent cinq, cent six, cent sept- • Le meme observatcur a re- tonuu que les chenilles n'avaicnl que trcs-pcu de chaleur. environ deux ou trois degres au-dcssus de I'air dans lequel dies vivenl. c Ainsi, dit-il, la classe des animaux i'roids « est lormec par loule la famille des insecles, hormis les abeilles qui font unc exception « siuguUerc (l)... J'ai trouve, par des experiences frequenles, que la chalcur d'un cssaim « dabcilles elcvait le thcrmomclre qui en etait entoure au degre qualre-vingt-dix-sepl, « chaleur qui nc cede point a la noire. La chalcur des aulres animaux dune vie faihle « exei'de pcu la chaleur du milieu cnvironnant ; a peine distingue-l-on quelques dilTc- i rences dans les nioules et dans les huitres, tres-pcu dans les carrdets, les merlans, les a merlus et aulres poissons a ouies, qui ni'onl lous paru avoir a peine un degre dc plus f (]uc I'eau dc mer dans laquelle ils vivenl el qui clail, lors de mon obscrvalioii, au degre u de quarante cl un. Enlin, il n'y en a guerc plus dans les poissons dc riviiire, et quelques 1! Iruilcs que j'ai examinees claienl au degre soixante-deux, pendant que I'eau de la ri- (l) IS OTA- Je nc sais pas s'il I'aul I'aire iei unc cxccplioii pour Ics aholllcs, comme I'onl fail la pluparl de iios ohsiivalcurs, qui preleiidcnl que ces mouches onl autant de chalcur que les aulres animaux qui rcspireni, parce que Uur ruehc est aussi cliaudc que le corps de ccs animaux : il me senihlc ijue celle chaleur de I'lnleiicur de la ruche n'csl point du lout la chaleur dc cliaqne ahelllc, mals la sommc lolale de la chaleur qui s'cvapore des corps dc neuf ou dix mille individus rcunis dans eel espace oil leur mouvemenl coiilinuel doit I'aug- mcnler encore : »l en divisanl celle sonmic geiiiTalc dc chalcur par laquanlile parlieidlcre de chaleur qui s'cvapore de chaque Indivldu, on Irouvcrail pcul-elre que I'abeillc n'a pas plus de chalcur qu'une autre mouchc. SECONDE PARTIE. 233 nouilles ivest que de quinze oii seize, cellc des poissons cl des insectcs de onze ou douze, c"est-a-dire la moiiidre de tonics, et a tres-peu pros la mcme que celle des vegelaux. Ainsi Ic degre de clialeur dans I'lioinnie el dans !es animaux depend de la force ct de I'etendue des poumons : ce sont les soufflets de la machine animale; iis en entreliennent el augmentent le feu selon qu'ils sonl plus ou inoins puissants, el que leur niouvenienl esl plus ou moins prompt. La soule difliculle esl de concevoir eommenl ces espeees de soufilels (dont la conslruclion esl aussi superieure a cellc de nos soufflets d'usage que la nature est au-dessus de nos arts) peuvent porter lair sur le feu qui nous anime; feu dont le foyer parait assez indelermine, feu qu'on n'a pas meme vonlu qualifier de ce nom, parcc quil est sans llamnie, sans fuinee apparenle, el que sa chaleur nest que ires-mcdiocre cl assez uni- forme. Cependanl, si Ton considere que la chaleur el le feu sonl des effels cl meme des elements du meme ordre; si Ton se rappelle que la chaleur ra- refie fair, et qu"cn clendant son ressort elle pent laffaihlir au point de le rendre sans effet, on pourra penser que ccl air lire par nos poumons, s"y rarefiant beaucoup, doit perdre son ressort dnns les i)ronches el dans les pelites vesicules ou il no peut penelrer qu'en Ires-petit volume, el en buUes dont le ressort, deja tres-etendu, sera bienlot detruit par la chaleur du sang arteriel et veineux; car ces vaisseaux du sang ne sonl separcs des vesicules pulmonaires qui recoivenl lair que par des cloisons si minces, qu'elles lais- sentaisemenl passer eel air dans le sang ou il ne peut manqner de produire le meme effet que sur le feu commun, parce que le degre de chaleur de ce sang est plus que sufllsanl pour detruire en cnticr Tolasticite des particides d air, les fixer et les enlraincr sous ccltc nouvelle forme dans loulcs les voies de la circulation. Le feu du corps animal no differe du feu commun que du moins au plus; le degre de chaleur esl moindre : des lors il ny a point de llamme, parce que les vapeurs qui selcvcnt, et qui representeiit la fiunee de ee feu, n'onl pas assez de chaleur pour s'enflannner ou devcnir ardenles, el qu'elanl d'ailleurs melees de beaucoup de parlies luunides (ju'elles eide- vent avec elles, ces vapeurs ou celle fumee ne peuvent ni s'alluuK r ni bri'der *. Tous les aulres effels "sonl absoluincnl les memes : la respiration I viere clait an (IcjTrc soivante ct un !... Suivnnt Ic resullal de plusieiirs experiences, j'ai « liouvc (jiie les limacoiis elaient dc deux de(jres plus chauds (jue I'air. l.es {[leiiouillcs « el les tortues de tcnc m'ont paru avoir qucltpie chose dc plus, el environ ciiiq dejjrcs de « plus que Tail' qu'elles rcspiraieul... J'ai aussi examine la clialeur d'unc carpe et celle « il'uiie aiiguille, cl j'ai I rouvc qu'elles exetdaieiU a peine la clialeur de I'eau oil ces pois- « sons vivaicnt, et qui elait au degre cinquante-quatre. » Essiiis siir Its tkcrmometns, art. 38, 39. 40. 41, 44, 45, 46 el 47. ' J'ai fail uncjjrande experience au sujel dc I'inflammalion de la fuinec. J'ai rcmpli dc eliarl)on sec el conserve a convert depuis plus dc ^ix inois diux dc mes lourncaux, qui (Uil cjjalenicnl ijualnrze pieds de liauteur cl qui ne difleieiil dans leur constriielion que par les proportions des dimensions en largeur, Ic jireniier coiilcnanl juslc un licrs de plus que Ic second. J'ai rcmpli I'un uvcc douzc cents livrcs dc ce cliaihon, ct I'autre avcc liuil cenls 234 INTRODUCTION A LIHSTOIRE DES MINERAUX. d'un petil animal absorbe autanld'air que la lumicre dune chandellej dans des vaisseaux formes, do capaeites egalcs, lanimal meurt en meme temps que la cliandcUe seleint. Rien no pent dcmontrer plus evidemmenl que le feu de i'animal et celui de la chandelle, ou de toule autre matiere coinbus- livrcs, et j'ui aclaptc iiii plus jpntiJiiii (uvnii d'aspiraliun roiistiuit avcc iiii cliassis dc fer^ garni de lule. (jui avail ticize pouces cii carrosur dix picds de hauteur; je lui avais donne treize pouces sur les quatrc cotes, pour (|u'il reniplit exacleinent 1 ouverture superieiire du loiiriieau-qui elait carree, et qui avail tieize jiouces ot denii de loutes faces. Avanl de remplir cesiburneaiix, oil avail prepare dans lebas une pet iteca vile en forme de voute,soutcnue par des bois sees, sous lesquels on mil le feu au moment qu'on conmicnca de charner de char- l)oii;ee feu, qui elait d'abord vif, se ralenlil a mesurequ'on ciiarjjeait, cependant, ilsubsisla totijours sans s'elcindrc ; et lorsquelesfonrneaux furenl reuiplis en i ntier, j'en examinai le prugres el le pruduil, sans le rcmuer el sans y rien ajouter. Pendant les six premieres lieures, la luniec.qui avail commence de s'elever au moment qu'on avail commence de charger, lilait tres-humide;ccquejc rcconnaissais aiscment paries goultcs d'eau qui paraissuienl sur les par- ties c\ I cricures du tuyaud 'aspiration; el ce luyau n'elail encore a u bout desixhcures queme- diocremejil cliaud^ car je pouvais le toucher alsemenl. On laissa le feu, le luyau el les four- neaux pendant toule la nuit dans celetal; larumce,conlinuant lcnjonrs,devinl siabondante, si epaissc el si noire, que le Icndemain, en arrivanl a mes forges, je erus qu'ii y avail un iu- ccndie. L'air elait calme : et commc le vent ne dissipail pas la fumee, elle cnveloppait les baliments et les derobail a ma vue : elle durait deja depuis vingt-six hcure*. J'allai a mes lourneaux. jo trouvai <]ue le feu, qui nYlail allnme qu'a la parlie du has, n'avait pas aiig- menle, qii'il se soulenail au meme degre ; mais la fuincc, qui avail donne dc I'liumidilc dans les six premieres licures, elait devenuc plus sccbe, et parais»ail neanmoins lout aussi noire. Lc luyau d'aspiratiou ne ponij)ait pas davantajje ; il elait sculrmenl un pen jilus cliaud, el la fumee ne formail plus de goultcs sur la surface exierieurc. La cavile des four- iieaux, qui avail quatorzc picds de liautcur, se trouva vide, au bout de vingt-six heu- res^ d'environ trois picds ; je les lis remplir, I'un avec cimpiante cl I'aulrc avec soixanlc- quinze livres de charbon, cl je lis rcmcUre tout de suite lc luyau d'aspiralion qu'on avail etc oblige d'enlevcr pour charger. Cclle augmentation d'aliment n'augmenta pas lc feu ni meme la fumee; elle ne changca rien a I'clal prcecdcul. J'obscrvai le lout pendant huit lieures de suite, m'attendant a tout instant a voir parailre la tianime, et ne concevanl pas pourquoi cetle fumee d'un charbon si sec, et si seche elle- meme, qu'ellc ne deposait pas la moiiidre bumidite, ne s'enllammail pas d'elle-mcme apres Irente-qualre lieures dc feu tou jours subsistant au has des lourneaux ; je les abandonnai done une scconde fois dans cet clat, et donnai ordrede n'y pas toucher. Le jour suivant, douzc lieures apres les Irentc- quatre, je trouvai le meme brouillard epais. la meme fumee noire couvranl mes baliments; el ayanl visile mes fourncaiix, je vis que le feu d'en has ctail loujours lc meme, la fumee la meme et sans aucunc humidile. et que la cavile des fourneaux elait vide de trois jiicds deux pouces dans le plus petit, el de deux jiieds neuf pouces sculement dans le plus grand, auqiicl elait adaplc le luyau d'aspiialion : je le rcmplis avec soixanlc-six livris dc char- bon, el I'aulre avec cinquanle-qualre, et je resolus d'altendre aussi longlemps qu'il scrait necessaire pour savoir si cttle fumee nc vien MISTOIUK DES MINERAl \. auli'fs elements. Non-souk'nionl ccltc iiuiliere |)ieinierc, qui est hi vniic terre elcinenluire, serl dc base a loiiles les aiilres subsUiiiees, el en conslitue les parties iixc?, mais elle est eii inemc temps le ternie ulieiieiirau(|ue! on pent les rainener et les detruire toiites. Avant de presenter les moyeiis que la nature et I'art peuvent emi)!oycr pour operer eette espeoc de reduction de toute substance en verre, c"est-a-dire en terre elcmentaire, il est bon de reeberclier si les nioyens que nous avons indicpies sent les seuls par lesquels Teau puissc sc transformer en substance soiide. II me semble que le (illre animal la eonvertissanl en picrrc, le filtre vegetal pent egalement la Irans- former, lorsque toules les eirconslances se trouvent eire les memes. La elia- leur propre des animaux a coquille elant un pen plus grande que eelle des vegelauv. et les organes de la vie plus puissants que eeux de la vegetation, le vegetal ne pourra produire qu'une petite quantite de pierres qu'on trouve assez souvcnt dans son fruit : mais il pcul eonxertir el eonvertit reellenieni en sa substance une grande quantite d'air et une quantile encore plus grande d eau. La terre fixe quil sapproprie, et (jui sert de base a ces deux ele- ments, est en si petite quantite, quon pent assurer, sans craindre de se Iromper, qu"elle ne fait pas la ccnticme parlie de sa masse; des lors le ve- getal nest pres(|ue cntierement compose que d'air et dean transformes en boisj substance soiide qui sc rednit ensuite en terre par la condjustion ou la putrefaction. On doit dire la meme cbose des animaux; ils iixent el traiis- formcnt non-seulement lair et lean, mais le feu, en [ilus grande quantite que les vegelaux. II me parait done rc quil admet, et, de brute (pielle •'tail, la rend orgaiiisce. Lean, (pii siinit si volonliers avcc lair, et qui entre avcc lui en si grande quantite dans Ics corps organis(is, s'unil aussi de prt'ference avec quelques mali(M-es solides, tellcs que les scls; cl c'est souvcnt par leur moyeii quelle entre dans la composiiion des mini'-raux. Lesel, au premier coup dwil, ne parail (Hre quunc terre dissolul)lc dans ICau, cl dune saveiir piquante ; mais les cliimistes, en rcchercbant sa nature, out ti\'s-bien reconnu quelle con- sislc principalemenl dans la r(?union de ce quils nommeiil le prinripe ter- fiKT el le prinn)^ oqueur. T/cxpt^rionco de lacidc nitrciix, qui nc laisse SKCONDi: IMHTli:. 243 apies sa coiuhiislioii qu'un pen de icrrc el il'cini, Icur a meme fail ponscr quo ce sol, ot peiU-otro lotis les autres sols, iiotaient absolumcnt composos qtiodo oosdoux olemenls : ncanmoins il niepaiaitquon peut dcmoiilreraiso- meiU (pio lair et lo fou ontrciit dans ieiir composition, puisqtio le nitre pro- duit line j;raiido (iiuinlite d air dans la combustion, ct que cet air lixe sup- pose du leu lixe qui sen degage en meme temps; qne dailleurs toutes les explications quon donne de la dissolution ne peuvent se soulenir, a moins (piolles n'admelleiil deux forces opposces. Time attractive, et raiiire expan- sive, et par consequent la presence dos elements de I'air el du feu, qui sont seiils doues de cette seeonde force; quonfin ce serait centre loute analoiiie quo le sel ne se trouverail compose que des deux elements de la tcrrc et de lean, landis que loutos les autres substances sont composces des quatre ele- ments. Ainsi, Ion ne doit pas prendre a la rigueur ce que les "rands clii- mistes, AIM. Staid el Macquer, out dit a ce sujet. Les experienoes de M. de Hallos domontrent que le vitriol et le sel marin contiennent beaueoup dair fixe; que lo nitre en contient encore beaueoup plus et jusqu'a coneurronco du buiticine de son poids, et lo sel de tarire encore plus. On peut done as- surer quo lair ontre eomnie principe dans la composition de tons les sols, et quo, comme il ne peul se fixer dans aueune substance qu'a laide de la eiialeur ou du feu qui se fixeni en meme temps, lis doivcnt etre eomptos au nombro do leurs parties eonslitutives. Mais cela n'empecbe pas que le sol ne doive aussi etre roijardo comme la substance moyonno entre la torre et lean; cos deux elements ontront en proportion diflerenle dans les dill'e- renls sols ou substances salines dont la variele et le npmbre sont si grands, quoH ne pout on faire lenumeralion, mais qui, presentees sreneralemontsous los denominations daeides ol d alkalis, nous monlrent qu'en general il ) a plus do lerre el moins d eau dan> cos dorniers sols, et au conlraire plus dcau et moins de terre dans los premiers. \eanmoins leau, (pioique inlimomont melee dans los sols, n"y est ni lixee ni reunie par une force assez grande pour la transformer en matiore solicit*, eomnie dans la pierre calcnire : elle reside dans le sel ou dans son acide sous sa forme |)rimilive: ol laeide le niieux concentre, le plus dopouille d'eau. ([uon pourrail rogarder ici eonnue do la Icrrc li(|uido, ne doit oelte liquidilc qua la (pianlito de lair et du feu (piil contienl : toule liquidile, el momi^ toiilo fUiidile, suppose la proseriec dune certaino (piantite de fou; ot quand on allribuerait cello des aeides a un resle d'cau quon ne pout on se- ))arer, quand meme on pourrail los reduire lous sous u;ie forme eoneiTto. il n"on serait pas moins vrai que leurs savours, ainsi que les odours et les cou- lours, onl toutes egalenient pour principe celui de la force expansive. cVst-a- dirc la lumiere ot les emmialions de la eiialeur et du leu : car il n\ a quo oes principes aetifs (|ui puissent agir sur iios sens el les aU'eeler d iiiic ma- niore differento et diversifiee, solon les va|)ours ou particules des dilTerentos substaners qu'ils noij^s apporicnl ol nous presentont. Cost done a ces prin- cipe-; (|u on iloil rapporKM- non M-ulonieni la liquidile des aeides, mai>; aussi 2lfi INTRODUCTIO> A I.HISTOIKE DES MINERAT X. k'lir .savriir. I iic exporiciioo (|ii('j";ii cii occnsion rie fiiirc tin grand noiiibro tic fois Ilia plciiienieiil coiivaiiicu ag(ie dc loule autre substance, se trouve tr(>s-(li\isi'C cl soutcnue ])ar nn fluidc qui, nayaiit avec cllc que pen ou point d'ulflnil('', lui pcrmct dc sc nHinir et de former, en verlu dc sa force (rallraction, des masses dune (igurc a pen prd's scmblabie a la llgnrc de ses parties primilives. C.etlc opt'ralion, qui suppose toutes les circonstances que je viens d enoncer, ])cut se faire par rinlermcde du feu aussi bien que par cclui de lean, ct se fait InVs-souvcnt par le concours des deux, parcc (juc toul ccla nc suppose ou n"e\igc ipi'unc division asscz grandc de la ma- tierc pour ()uc ces parties primitives puissenl. pour ainsi dire, se trier cl former, en se nHmissant, des corps (iguiTs comme elh^s; or le feu pent tout aiissj bien. cl micux (jn'nucun autre di<>;nlvnnl. amcncr ])lnsicurs sub-^lanccs SKCONDi: PAKTri:. -240 h col vU\{ , vl i"obser\alioii nous lo demoiilre ilaiis los ivgiilc-i, li.uis Ici amiaiilos, los l)asalios ot aulros prodiiclions clii fi'ii, doiit los ligiiros sunt iTgulicrfs, ft qui loules doivcnt t'trc rcgardeos ooiiimc dc vraits crislalli- sations. Va ce degre de grande division, necessaire a la crislaliisatioii, iicst pas encore celui de la plus grande division possible ni reolle, piiis(|iie dans cet e(a( los pelites parties de la nialiere sont encore assez grosses pour eonstiluer uiie masse qui, eonune toules Ics aulres masses, nobeil qu a la seule force ailraciive. el dont les volumes, ne se loucliant que par des points, ne peu- NCMl acquerir la force repulsive qu une beaucoup plus grande division ne manqucrait |)as d'operer par un contact plus innnedial ; el c'est aussi ce que I on voit arriver dans les ellerxescences, ou tout dun coup la clialeur et la lunuere sont produiles par le melange de deux liqueurs froides. (le degre de division de la matiere est ici fort au-dessus du degre necessaire a la eris- lallisalion. ct I'operalion sen fait aii«>>i rapidemenl que lautre s'cxeeute avee lenleur. La lumiere, la clialeur, !e leu, lair, lean, les sels, soul les degn's par lesquels nous venous de descendre du liaut de reclielle de la nauiie a sa base, qui est la terre fixe; et ce sont en meme temps les seuls piincipes que Ion doivc admeltre ct cond)iner ponr I'cxplication de tons les pbenoinenes, (les principes sont r^cls, indcpcndanis de toulc bypolbesc el dc Ionic nie- tbodc; leur conversion, ieur lansformation est lout aussi r('cllc, |)uis(pi'cllc est demontree par lexporienee. 11 en est de meme dc Iclcnicni dc la terre : il pent se convertir en se volatilisant, ct prendre la forme des antres ele- ments, comme ccux-ci prcnncnt la sienne en st; fivanl. Mai< de la meme manicre que les parties primitives du feu, de 1 air, ou de lean, ne formcronl jamais senles des corps ou des masses quon puisse rcgarder comme tlu feu, de I'air ou dc lean purs; de meme, il me parait tres-inulile de clicrcbcr dans les malicrcs icrrcslrcs une substance dc terre pure : la lixilc, lliomo- gcncilc, I'cclat lianspnrcnt du diamant, a ebloui les yeux de nos cbimistes lorsciuils on! doniie celtc pierrc pour la terre elementaire et pure; on pour- rait dire avec autani cl aussi |)cu de fondement que c'est au contraire de lean pui'c. donl toules Ics jiarlics se sont fixccs poiu' composer une sub- stance solide, diapiiane comme clles. (Ics idccs uaurnicnt pas ('Ic miscs cu avant, si Ion cut pcnse que relemcnt terreux iia pas plus le privilege de la -implicilc absoluc que Ics aulres elements; (pie meme. comme il est le plus fixe dc Ions, ct par conscqueiil le |)lus conslanunenl passif, il recoil comme base Ionics Ics impressions des antres : il les altire, les admet dans son sein, s'unil, siiicorporc avec eux, Ics suit cl se laisse enti'ainer par leur mouve- nienl; ct par consequent il nest ni plus simple ni moins convertible que les autres. Ce ne sont jamais que les grandes masses quil faut considcrcr lors- qiron vcut dcliiiir la nature. Les (jualrc elements out cte bicii saisis par les pliilosoplies. meme Ics plus ancicns; Ic solcil, ratmosplicrc la incr ct la icrre sont les grandes masses sur les(|uelles il< le>; oni ctablis : >;il cxislail mi 250 INTHODICTION A L'lIISTOIRR DES MINER AUX. astic do plilogijdiqiR', uiiealinosplicre d alkali, nn ocean d'acide et des mon- liignes de diainant, on pourrail alors les regarder comme les priiicipes ge- neraux el reels dc tons les corps; mais ce ne sont au contraire que des sub- stances parliculieres, produites, comrnc toutes les autres, par la combi- naison des veritablos ciemenls. Dans la grando masse de matiere solide qui nous represente lelcment de la lerre, la couche supcrdciellc est la terre la moins pure : toutes les ma- lieres deposces par la mer en forme de sediments, toutes les pierres pro- duites par les aiiimaux a coquilles, toutes les substances composees par la combinaison des detriments du regne animal et vegetal, toutes celles qui onl ele allerees par le feu des volcans, ou sublimees par la ehaleur interieure du globe, sont des substances mixtes et transformees; et, quoiqucUes eom- posent detres-grandes masses, elles ne nous representent pas asscz purement 1 element de la terre : ee sont les matieres vilriliables, dont la masse est mille et cent mille fois plus considerable que celle de toutes ces autres sub- stances, qui doivcnt^tre regardees comme le vrai fonds de cet element; ee sont en meme temps celles qui sont composees de la terre la plus fixe, celles qui sont les plus anciennes, el eependant les moins allerees; cest de ce fonds commun que toutes les autres substances ont lire la base de leur soli- dile; ear loule matiere fixe, decomposee autanl qu'elle peul I etre, se reduil ullerieurement eii verre par la seule action du feu; elle reprend sa premiere nature lorsquon la degage des matieres fluides ou volaliles qui s'y etaienl unies; et ce verre ou maliere vitrce qui compose la masse de noire globe represenle dautant mieux Iclement de la terre, quil n'a ni couleur, ni odeur, ni savcur, ni liquidile, ni fiuidite; qualites qui toutes proviennenl des autres elements ou leur apparliennent. Si le verre n'est pas precisemenl lelement de la terre, il en est au moins la substance la plus ancienne; les meiaux sont plus recents et moins nobles; la plupartdcs autres mineraux se forment sous nos yeux : la nature ne pro- duil plus de verre que dans les foyers particuliers de ses volcans, landis que tous les jours elle forme dautres substances par la combinaison du verre avec les autres elements. Si nous voulons nous former une idee jusle de ses precedes dans la formation des mineraux, il faut dabord remonier a lori- gine de la formation du globe, qui nous demonlre quil a ele fondu, liquefie par le feu; considerer ensuite que de ce degre immense de ehaleur il a passe successivemenl au degre de sa cbaleur actuelle; que, dans les premiers moments oii sa surface a commence de prendre de la consistance, il a du s'y former des inegaliles, telles que nous en voyons sur la surface des matieres fondues et refroidies; que les plus hauies monlagnes, toules composees de matieres vilrifiables, existent el dateul de ce moment, qui est aussi celui de la separation des grandes masses de lair, de I'eau et de la lerre; qu'ensuite, pendant le long espace de temps que suppose le refroidissemenl, ou, si Ion veut, la diminution de la cbaleur du globe au point de la temperature ac- tuelle, il sest fait dans ces memes monlagnes, qui etaienl les parties les plus SKCONDI' P\RTIE. 2:;! exposees h laotion dcs causes exierieures, mic iiiCmile Its voyons so lornu'r sons iios vciix ; cllcs iic soul point ;.uir;iljlrs \n\v l;iini;inl; cllcs nc conticnncnl point ilc soiifrc, ct nc sc troLivcnl qnc clispersccs dims Ics (crres : los aulrcs sonl Ionics pins on nioins snKnrcnM >. (onlcs alliiahlcs par I'ainiant, ce (pii seal snp|)ose (pi'dlcs ont >ul»i i'aciiou (In ten; files sonl disposees en grandes mosses dnrcs cl solides ; Icnr snhslancc csl niclcc dune grande (jnanliic d'ashesle. anlre indice dc laelion dn fen. II en est do nienie des anlres nielanx : leiu' aneien I'onds vieni dn Ten. cl Ionics Icnrs grandes masses onl ele reimics par son action ; mais Ionics lenrs erislallisalions. vegelalions. grannlalions. clc, sonl dnes a des causes sccondaires on lean a la plus grande pail. .le borne ici nies rcllexions sur la conversion {\c^ elements. |)aree (pic ce serail aniiciper snr cclles (prexige en parlicidicr cluupie substance niiuerale. el iprelles scroni mieux |>lacees dans les arlicles dc lliistoire nalurelle des mineranx. REFLEXIONS St a I. A LOI 1)K L'ATTHACTION. I,c nioincnienl des planclcs dans lenrs orbites csl nn nunncnicnl compose lenie planclaire. La seconde pent ctre considcrce conniie une attraction vers le soleil, el se doit mesnrcr comme Ionics les (pialiles ipii partent dun centre, par la raison inverse dn carre de la distance, eonunu en elfet on mesnre les qnantiles de lumiere. d'od(Mir, etc.. ct tonics les au- tres fpianlilcs nn (pialiles (pii se propagenl en lignc droile el se rappnrlent a un eenlrc. Or il e«i (Milain ipie I allraclion u quelle y tend, ee qui revienl au nienic. Mais coinnie ce raisonnement preliininaire. (pielipie hien foiide (pie je le eroie, pourrait c'Ire contredit par Ics gens qui loiil pen de cas de la lorcc des analogies, et qui ne sont accoulumes a sc rendre qu'ii des deinoiistralions nialli(!'mali(pies, INewton a cru qu'il valail heaucoup inieux etablir la loi de raltraelion par les pIi(inomenes ni(!'nies. que par toule autre voie: el il a en elFet d(:nionlre geonK'triquenient que, si plusieiirs corps se nieuvent dans des. cercles concentri(pies, et que les earix-s des temps de leurs nHolulions soient comme Ics cubes de leurs distances a leur centre comuiun, les forces ceiitri- pC'tes de ces corps sont rcciproquement eoninie les carrc-s des distances; cl que si les cor|)s se meuveni dans des orbiles peu dill'erenles d'un ccrcle, ces forces sont aussi r(''eiproquemenl comme les earrtis i\e<^ dislanees, pourvu que lesapsides de ces orbites soient inimobih's. Ainsiles forces par lesquclles les plani'tes tendcnt au\ centres ou aux foyers de leurs orbites suivent en ('ITct la loi du carre de la distance; et la !ira\ilation (''laiit iK'iK'rale el iiniver- sellc, la loi de celte gravilation est conslainment eelle dc la raison inverse du carre de la distance, ct je ne crois pas (pie personne doute dc la loi de Kejpler, el (piOn |»uisse iiier que cela ne soil ain.>i pour Mereiire, pour V('!- nus, pour la terre. pour Mars, pour Jiipiler, el pour Salurne, surlout en le> coiisid('rant a pari ct comme ne poiiv.mt se Iroublcr les mis les aulrcs, eten ne faisant alteniion qu a leur niouvemenl aulour du solcil. Toules les fois done quon ne considc'iera (prune plan(''te ou (|u'un salel- lite se mouvant dans son orbitc aulour du soleil ou d'une autre planele, on (pion n'am'a (jiie deux corps tons deux en mouvemenl, ou doiil luii est cm re|)os et I'aulre en inouvemcnt, on pourra a^-surer (pic la loi dc rallraction suit exactemeiil la raison inverse du carir de la distance, puisque par toules les observations la loi de Kepler sc Irninc vraie, taiil pour Ics plaiu-tes prin- cipales que pour les satellites de .Iu|)iler cl de Snliirne. (Icpendant on ])oiir- rait d(Js ici fairc une objection tiri'e des motivemeiils de la luiic, (]ui soul ir- r(!'gulii;rs, au point que M. Malle\ rappcIlesu/wsron du rAradcinie des si'ieiiurj, aiiiicL I'l ia. SECONDE PARTI E. 255 Car admetlons pour un instant ce que M. Clairaut pretend avoir denion- tre, que, par la tlieorie do latlraction mutuelle, le niouvenient des apsides devrait sc fairc en dix-liuit ans, au lieu de se faire en neuf aiis, el souve- nons-nous en menie temps qua lexecplion de ce plienomene, tous les autres, quelque compliques qu'ils soient, saccordcnt dans cette meme tlieorie tres- exactement avec les observations : a en juger dabord par les probabililes, cette tlieorie doit subsister, puisqu'il y a un nonibre tres-considorable de ehoses oii elle s'accorde parfailenient avec la nature; qu il n"y a qu'un seul cas oil elle en dillere, et qu'il est fort aise de se tromper dans 1 enumeration des causes d'un seul plienomene parliculier. II me parait done que la pre- miere idee qui doit se presenter est qu'il faut clierclier la raison particuliere de ce phenomene singulier; ct il me semble qu'on pourrait en iningincr quelqu'une : par exemple, si la force magnelique de la lerre pouvait, conime le dit .\ewton, entrer dans le calcul, on trouverait peut-etre quelle indue sur le mouvement de la lune, et quelle pourrait produire cette acceleration dans le mouvement de lapogee; et cest dans ce cas oii en elfet il faudrait employer deux termes pour exprimer la mesure des forces qui produisenl le mouvement de la lune. Le premier terme de I expression serait toujours celui de la loi de latlraction luiiverselle, c'est-a-diie la raison inverse el exaete du cane de la distance, et le second terme representerail la mesure de la force magnetii|ue. Cette supposition est sans doute mieux fondee que celle de M. Clairaut, qui me parait beaucouj) plus hypolbelique, et sujette dailleurs a des dilfi- culles invincibles. Exprimer la loi dattraction par deux ou plusieurs termes, ajouter a la raison inverse du carre de la distance une fraclion du carre- carre, au lieu de nietlre 1 me parait n etre autre cliose cpie arx XX ni.r* d'ajuster une expression de telle facon quelle corresponde ii tous les eas. Ce n'est plus une loi physique que cette expression represente : car, en se permettant une fois de mettre un second, un troisieme, un qualrieme terme, etc., on pourrait trouver une expression qui, dans toutes les lois dat- iraclion, representerail les cas dont il sagit, en rajustant en meme (cmps aux m.ouvements de lapogee de la lime et aux autres plienomenes; el par consequent cette supposition, si clleetait admise, non-seulement aneantirait la loi de ratlraelion en raison inverse du carre de la distance, mais meme donnerait entree ii toutes les lois possibles et imaginables. Une loi en pby- sifjue n'est loi que parce que sa mesure est simple, et (|ue recliclle <|iii l,i represente est non-seulement toujours la meme, mais encore (piClle est unique, et quelle ne pent e(re representee par une auire eclielle. Or, toutes les fois que leclielle dune loi ne sera pas representee par un seul terme, cette simplicite et celte unite d'echcUe, (|ui fait lessence de la loi, ne subsiste plus, et par consequent il n'y a plus aucune loi phj- siquc. Conime c«' si x devient tres-grand, pourra sereduirc a-' x' \ a — , ct si X devient tres-pelil, elle se reduira a H; — , de sorlc que si 1 1 1 — lb — = — , I'exposant n doit etre unnombre comprisentre2et 4;cepen- dant ce meme exposant n doit necessairement renfermerx, puisque la quantite d'atlraclion doit, de farature des caves de iObservatoire, et e'est ce degre que je prends ici pour celui de la temperature aclnelle de la terre. 2° J'ai cbercbe a saisir deux instants dans le refroidissement : le premier oil les boulets ccssaient de bruler, c"esl-a-dire le moment oil on pouvait les toucher et les tenir avee la main, pendant une seeonde, sans se bruler; le second temps de ce refroidissement etait celui ou les boulets se sont trouves refroidis jusquau point de la temperature actuelle, c"est-a-dire a dix degres au-dessus de la congelation. Et pour connaitre le moment de ce refroidisse- ment jusqu'a la temperature actuelle, on s'est servi dautres boulets de com- paraison de meme matiere et de memes diametres qui navaient pas ete chauffes, et que Ton toucliait en meme temps que ceux qui avaient ete cbaufTes. Par eel attoucbement immediat et simultanc de la main ou des deux mains sur les deux boulets, on pouvait juger assez bien du moment oil ces boulets etaicnt egalement froids : cette maniere simple est non-seule- menl plus aisee que le thermomelre, quil cut ete dilTicile d'appliquer ici, Division de Rciuiintii. PAIITIE EXPERIMENTALK. 265 mais elle est encore plus precise, parce qu'il ne s'agit que de juger de lega- lite et non pas dc la proportion de la clialcur, et que nos sens sonl meilhnirs juges que les instruments dc tout cc qui est al)soluinent egal ou [)arfaitement seniblable. Au rcste, il est plus aise de recotuiaitre I'instant oil Ics boulets eessent de bruler, que celui oii ils se sent refroidis a la temperature acluelle, parce qu'une sensation vive est toujours plus presise quune sensation tcni- peree. attendu que la premiere nous airecle d'une mnnierc plus forte. 3° Comme le plus ou le moins de poll ou de brut sur le meme corps fait bcaucoup a la sensation du touclier, et quun corps poll semble eire plus froid s'il est froid, et plus chaud s'il est chaud, qu'un corps brut de memo niatiere, quoiqu'ils Ic soient tons deux egalement, j"ai eu soin que les bou- lets froids fussent bruts et scmblables a ceux qui avaient ete ehaulTes, donl la surface elait semee de petiles eminences produites par Taction du feu. EXPERIENCES. I. Le botilet d'un demi-|)Ouce a ete chauffc a blaric en 2 iiiiniites. II s'esl refroidi ail point de le tenir dans la main en 12 minutes. Refroidi au point de la tem- perature actiielie en 39 minutes. II. Le houiet d'un pouce a elecliaulTe ;i l)lanc en 5 minutes \. II s'esl refroidi au point de le tenir dans la main en 35 minutes \. Refroidi au point de la tenipe- lalure actuelie en 1 li. 33 minutes. III. Le boulet d'un pouce et ileini a ete chaiifle a blanc en 9 minutes. II s'esl re- froidi au point de le tenir dans la main en 58 minutes. Refroidi au point de la lemperalure acluelle en 2 h. to ininules. IV. Le boulet de 2 pouces a ete chauffe a blanc en 13 minutes. II s'est refroidi au point de le tenir l-quatre livres et un quart et vinjrl-qualre livres et demio. On a verilie, sur unegrjnde quarititc de boulets. que plus on les a ciiauffes ct plus ils onl aui'- nitntc dc volume el diminue dc poids ; cnfin, sur quarante millc boulets chaulfes el rapes pour les rednire au calibre des canons, on en a perdu dix millc. c'esl-a-dire un quart; nn sorte qu'a tous cgards cette pratique est mauvaise. ** Princip. mathcm. Lond.. 1728, p. 509. 268 INTRODUCTION A LUISTOIKE DES MINERAUX. eslpro quanlilatc maleria: sua calida indaca:. Ideoque (jlubus ferri candentis huic terra cequalis, id est, pedeiplus minus 40,000,000 latus, diebus tolidem et idcirco annis 50,000 rix ohrefrirjesceret. Suspicor tamen quod duratlo cdloris ob causas latentes aurjeatur in minor i ratione quam ea diametri; et optarim rationem verani per experimenta inveslignri. Newton desirait done quon fit les experiences que je viens d'exposer; et je me suis determine a los tenter , non-sculement parce que j'en avais be- soin pour des vues seniblables aux siennes, mais encore parce que j'ai cru mapercevoir que co grand Jiomnie pouvait setre trompe en disant que la duree dc la obaleur dcvail n'augmcnter par Icffet des causes cachces, quen moindre raison que eelle du diamelre : 11 ma paru au conlraire, en y refle- cbissant; que ces causes cachees ne pouvaient que rendre cette raison plus grande au lieu de la fairo phis petite. II est certain, conune le dit Newton, quun globe plus grand conserverait sa cbaleur plus longtemps quun plus petit, en raison du diametre, si on supposait ces globes composes d'une matierc parfaitement permeable a la cbaleur ; en sorte que la sortie de la cbaleur fut absolument libre, et que les parlicules ignees ne irouvassent aucun obstacle qui put les arreter ni cbanger le cours de leur direction, (^e nest que dans cette supposition ma- tbematiquc que la duree de la cbaleur serait en effet en raison du diametre; mais les causes cachees dont paric Newton, et dont les principales sont les obstacles qui resultent de la permeabilite non absolue, imparfaite et inegale dc toute maliere solidc, au lieu dc diminuer le temps de la duree de la cba- leur, doivent au contraire I'augmenter. Cela m'a parut si clair, meme avant davoir tente mes experiences, que je serais porte a croire que Newton, qui voyait clair aussi jusque dans les eboses mcmes qu'il ne faisail que soupcon- ner, nest pas tombc dans cette crreur, et que le mot niinori ratione, au lieu dc tnajori, nest qu'une I'aute de sa main ou de eelle dun copiste, qui s'est glissee dans toutes les editions de son ouvrage, du moins dans toules celles que j'ai pu consulter. Ma conjecture est d'autantniieux fondee, que Newton parait dire ailleurs precisemenl le contraire de ce qu'il a dit ici : cest dans la onzieme question de son Traile d'Optique * : «Les corps dun grand vo- « lumc, dit-il, ne conscrvent-ils pas plus longtemps ( Nota. Ce mo^ plus « longtemps nepeut sif/nifier ici qu'enraison plus fjrande que eelle du diametre) « leur cbaleur, parce (|ue Icurs parlies s'ecbauffent reciproquement? Et un « corps vastc, dense et fixe, etant une fois ecbauffe au del^ dun certain « degre, ne peut-il pas Jeter de la lumiere en telle abondance, que par I'e- « mission et la reaction de sa lumiere par les reflexions et les refractions « de ses rayons au-dcdans dc ses pores, il devienne loujours plus ebaud, « jusqu'a ce qu'il parvienne a un certain degre de cbaleur qui egale la cba- « leur du soleil ? Et le soleil et les etoiles fixes, ne sont-ce pas de vastes « terres violemmenl ('cbaulTees, dont la cbaleur se conserve par la grosseur * Traduction dc Coslc. PAKTIE JiXPKRIMEiNTALE. 269 AKTII<: E\PK1UMK>TALK. 271 el I'air se seraienl en meme temps refioidis dans le vide, on dira qu il Cant faire elat de ce surplus de temps : mais il est aise de faire voir que cette difference est trcs peu considerable; car, quoique la densite du milieu dans lequel le corps se refroidit fasse quelque chose sur la duree du refroidisse- ment, cet effet est bien moindre quon ne pourrait limaginer, puisque dans le mercure, qui est onzc mille fois plus dense que lair, il ne faut, pour re- froidir les corps quon y plonge, qu'environ neuf fois aulant de temps qui! en faut pour produire le meme refroidissement dans lair. La principale cause du refroidissement nest done pas le contact du milieu ambiant, mais la force expansive qui anime les parties de la chaleur et du feu, qui les cbasse hors des corps ou elles resident, et les pousse directe- ment du centre a la circonference. En comparant, dans les experiences precedentes, les temps employes a chauffer les globes de fer avec les temps necessaires pour les refroidir, on verra qu'il faut environ la sixieme partie et demie du temps pour les chauffei- a blanc de ce qui! faut ])0ur les refroidir au point de [)ouvoir les teriir a la main, et environ la quinziemc partie et demi du temps qui! faut pour les refroidir au point de la temperature actuelle *; en sorte quil y a encore une tres-grande correction h faire dans le texle de Newton, sur I'estime quil fait de la chaleur que le soleil a communiquee a la comcte de 1680 ; car cette comcte nayant ete exposee a la violente chaleur du soleil que pendant un petit temps, elle n'a pu la recevoir qu'en proportion de ce temps, et non pas en entier; comme Newton parait le supposer dans le passage que jc vais rapporter : Est calor solis ut radiorum densitas, hoc est reciproce ut quadratum di- stanttce locorum a note. Ideoque cum distantia cometce a cenlro solis deccmh. 8, ubi in perihelio versabatur, esset ad distantiam terrce a centra solis ut 6 ad 1 ,000 circiler, calor solis apud cometam eo tempore erat ad calorem solis oestivi apud nos ut 100,000 ad 56, seu 28,000 ad 1. Sed calor aquce ebul- lientls est quasi Iriplo major quam calor quern terra arida concipit ad cesti- vum solem, ut expertus sum, etc. Calor ferri candentis (si recte conjector) quasi triplo ^^el quadruplo major quayn calor aquce ebullientis; ideoque calor quern terra arida apud cometam in perihelio versantem ex radiis solaribus concipere posset, quasi 2,000 vicibus major quam calor ferri candentis. Tanto autem calore vapores et exhalationes, omnisque materia volatilis statim con- sumi ac dissipari debuissent. Corneta ifjitur in perihelio suo calorem immensum ad solem concepit, et ca- lorem ilium diutissime conserrare potest. Je remarquerai d abord que Newton fait ici la chaleur du feu rougi beau- * liC hoiili I dun |iOuce cl ccliii d'uii Jcini-pouco siirtnnl out cle cliiiiin'os rii I)idi moln.t (le lemps. et ne siiivent point celle proportion di; qiiinze et demi a un, et c'esl par la rai- son qii'elant tres-prlits et places dans nii {jrand fen. la elialcnr les penelrait pour ainsi dire lout a coup : mais a commencer par les boiilets d'nn pouce et demi de diaiiietre, la proportion que j'elablis ici se trouvc asscz exacic pour qu'on piiisse y comjjter. '272 INTHODUCTIOiN A l/IHSTOIUK DKS MINER Al X. coiip moindre quelle nest en cffet, el quil le clil lui-nieme dans un Mo- moire quin pour litre : flihellc de la chaleur, et quil a publie dans les Tran- sactions philosopliiques do 1701, c'esl-a-dire plusieurs annees apres la publication de son Litre des Principes. On voit dans ce Memoire, qui est excellent, et qui rcnferme le gernie de loutes les idees sur lesquelles on a depuis construit les tliermometres ; on y voit, dis-je, que Newton, apres des experiences tres-exactes, fait la chaleur de I'eau bouillante trois fois plus t^rande que celle du solcil dele; cellc de lelain fondant, six fois plus grande; celle du plonib fondant, liuit fois plus grande; et celle du regule fondant, douze fois plus grande; et celle dun feu de cliemince ordinaire, seize ou dix-sept fois plus grande que celle du soleil d'ete : et de la on ne peut s'em- pecher de conelure que la chaleur du fer rougi a blanc ne soil encore bien plus grande, puisquil faut un feu constamuient aninie par le soufTlet pour chauffer le fer a ce point. iXcvvlon parait lui-menie le sentir, et donner a en- tendre que cette chaleur du fer rougi parait etre sept ou huit fois plus grande que celle de I'eau bouillante. Ainsi il faut, suivant Newton lui-menie, chan- ger trois mots au passage precedent, el lire : calor feiri candentis est quasi triplo {septuplo) vel quadniplo (octuplo) major quam culur aqua ebullientis ; ideuque calor apud cometam in pcrilielio versantem quasi 2,000 (1,000) vici- bus major quam calor ferri candentis. Cela diminue de nioitie la chaleur de celle coniele, coniparee a eclle du fer rougi a blanc. Mais cette diminution, qui nest (|ue relative, nest rien en elle-menie, ni rien en coniparaison de la diminution reelle et tres-grande (|ui resulie de noire premiere consideration; it faudrait, pour que la comete cut rcQU celle chaleur mille fois plus grande (|ue celle du fer rougi, qu'elle eut sejourne pendant un temps tres-long dans le voisinage du soleil, au lieu quelle n"a fait que passer ircs-rapidement, surloul a la plus petite distance, sur laquellc seule neanmoins Newton etahlit son calcul de coniparaison. Elle etait, le 8 decembre 1080, a -^ de la distance de la terre au centre du soleil, mais, la veille ou le lendemain, c"est-a-dire vingt-qualre heures avant el vingl-quatre heures apres, elle etait deja a une distance six fois plus grande, et oil la chaleur etait, par consequent, trenle-six fois moindre. Si Ton voulait done connaitre la quanlile de cette chaleur commumquee a la comete par le soleil, voiei comment on pourrait faire celle estimation assez juste, el en faire en meme temps la coniparaison avec celle du fer ar- dent, au moyen de mes experiences. Nous supposerons comme un fail que cette coniele a employe six cent soixanle-six iicurcs a desceiulie du point oil elle etail encore eloignee du soleil dune distance egale a celle de la lerre a cet astre, auquel point la comete recevait par consequent une chaleur egale h celle (|ue la terre re- coil du soleil, et que je prends ici pour lunile. Nous supposerons de meme que la comete a employe six cent soixanle-six aulres heures a remonter du point le plus bas de son perihelie a celle meme distance; et, supposani aussi son mouvemeiil unifornie, on verra que la comete elant au point le PARTIE EXPEKIMEM ALE. 273 plus has de son perilielie, c'esl-a-dire a — "— de distance do la tene au so- leil, la clialour f|n'olle a recuc dans ec nionienl elail de vingl-scpl inille sept cent soixante-seizc Ibis plus grande (pic cellc (|nc iccoit la icrre : en donnant a ce moment unc durce dc (pialrc-vingls minutes, savoir : qtiaranle minutes en descendant, et qnaraiitc minutes en montant, ou aura : A six de distance, vingt-scpt millc sept cent soixanle-seize dc chaleur pendant (juatre-vingts minutes. A sept dc distance, vingt mille quatre cent liuit de chaleur aussi pendant qualre-vingts minutes. A luiit de distance, quinze mille six cent vingt-cinq de chaleur toujours pendant qualre-vingts minutes; et ainsi dc suite jusqu'ii la distance mille, ou la chaleur est un. En sommant (outes les chalcurs a chaque distance, on trouvera trois cent soixantc-lrois millc (piatre cent di\ pour Ic total de la chaleur ([uc la comcte a reeue du solcil, taut en descendant quen remon- tant, qu il faut multiplier par le temps, c"est-a-dire par * d'heure; on aura done quatre cent quatrc-vingt-quatre millc cinq centquaranle-sept, quon di- viscra par deux mille, (|ui rcprc-^ente la clialeur totalc que la terre a recue dans ce meme tenq)s de mille Irois cent trentc-deux hcures, puisquc la dis- tance est toujours millc, el la chaleur toujours == i : ainsi Ton aura 242 ■^~ pour la chaleur que la comete a rccue de plus que la terre pendant tout le temps de son pcrihclie; au lieu dc vingtlmit millc, cnmme Newton le sup- pose, parce qu'il ne prend que le point extreme, et nc fait nullc attention a la trcs-petite durce du temps. Et encore faudrait-il diminuer cette chaleur 242 7^'^, parce que la co- mete parcourait, par son acceleration, dautant plus de chemin dans le meme temps (luelle ctait plus pros du soled. iMais, on ncgligcanl cette diminution, et en admettant que la comcte a en effet recu une chaleur a pcu pres deux cent quarante-deux Ibis plus grande que celle de notre soleil dctc\ et par consecpient 17' fois plus grande que celle du fcr ardent, suivant restime de Newton, ou seulcmcnt dix fois plus grande, suivant la correction qu'il faut faire a cette csliine, on doit supposcr que, j)our donner unc chaleur dix fois |)lus grande que celle du fcr rougi, il faudrait dix fois plus de temps, c'est-a-dire Ireize mille trois cent vingt heures au lieu de mille Irois cent trenle-deux. Par consequent on pent comparer a la comete un glohe dc fcr qu'on aurait chaufte a un feu dc forge pendant Ireizc millc trois cent vingt hcui'cs, pour pouvoir Ic rougir a hlanc. Or, on volt, par mes experiences, que la suite des temps necessaires pour chauffer des glohes dont les diametrcs croissent, comme 1, 2, 5, 4, L) n demi-pouces, est a tres-pcu pres 7 n-3 2', S'i, 9', 12H, 10'. . . minutes. a BiuFON, lom. II. 18 274 INTRODUCTION A LIIISTOIKE DES MINER AUX. 7n-3 On aura done = 799,200 minutes: 2 D'ou Ton tirera n = 228,542 ilomi pouces. Ainsi, avee le feu de forge, on ne pourrait chaufTer a blanc, en sept cent quatre-vingt-dix ncuf mille deux eenls minutes ou treize mille trois centvingt heures, qu'un globe dont lo diametre serait de deux cent vingl-huit mille trois cent quaranle-deux dcini-pouccs; el par consequent il faudrait, pour que toute la masse de la comcte soit chauffee au point du fer rougi a blanc, pendant le peu de temps qu'ellc a ete exposee aux ardeurs du soleil, qu'elle n'ei'ueu que deux cent vingl-liuit mille trois cent quarante-deux demi-pouces de diamclre, et supposer encore qu"clle cut ete frappee de tons cotes et en meme temps par la lumiere du soleil. D'ou il resulte que si on la suppose plus grande, il faut necessairement supposer plus de temps dans la meme 7 n-3 raison de n a ; en sorle, par exemple, que si Ton vcut supposer la 2. comcte egale a la lerre, on aura n = 941,461,920 demi-pouees, et 7 H-5 = 5,29r),11G,718 minutes, cest-ii-dire qu'au lieu de treize mille z trois cent vingt heures, il en faudrait cinquante-quatre millions neuf cent dix-huit mille six cent douze, ou, si Ion veut, au lieu dun an cent ijuatre- vini;t-dix jours, il faudrait six mille deux cent soixanlc-neuf ans pour cliaufTcr a blanc un globe grand connne la tcrre : et, par la meme raison, il faudrait que la comete, au lieu de n'avoir sejournc que mille trois cent irente-deux heures ou cinquante-cinq jours douze heures dans tout son perihelie, y eut demcure pendant trois cent quatre-vingt-douze ans. Ainsi, les eometes, lors- quelles approchent du soleil, nc recoivenl pas une chaleur immense, ni tres-longtemps durable, comme le dit Newton, et eomme on serait porte a le croire a la premiere vue : leur sejour est si court dans le voisinage de cet astre, que leur masse n"a pas le temps de s echaulfer, et qu'il n"y a guere que la partie de la surface exposee au soleil qui soil brulec par ces instants de chaleur extreme, laquelle en calcinant et volalilisanl la matiere de cetle surface, la chasse au dehors en vapeurs el en poussicre du cote oppose au soleil; et ee quon appelle la queue dune comete n'est autre chose que la lu- miere meme du soleil rendue sensible, connne dans uue chambrc obscure, par ces atomes que la chaleur pousse d'aulanl plus loin quelle est plus violenle. Mais une autre consideration bien diflerente de celle-ci, et encore plus importante, c'est que, pour appliquer le resullat de nos experiences et de noire calcul a la comcte et ;i la terre, il faut les supposer eomposees de ma- tieres qui dcmandcraienl autanl de temps que le fer pour se refroidir; tandis que, dans le reel, les matieres principales dout le globe terrestre est com- pose, lellcs que les glaises, les gres, les pierres, etc., doivent se refroidir en bien moins de tenqis que le fer. PARTIE EXPERIMENTALE 275 Pour me salisfaire sur cet ohjct, j"ai fait faire des globes de glaise et de gres; et les ayant fait cliaulfer a la meme forge jusqua les faire rougir a blanc, jai trouve que les boulcts de glaise de deux pouces se spnt refroidis au point de pouvoir les (cnir dans la main en Irente-buit minutes, ccux de deux pouces et demi en quarante-liuit minutes, et ceux de trois pouces en soixante minutes; co qui, elant compare avec le temps du refroidissement des boulets de fer de ces menics diamotres de deux pouces, deux pouces et demi et trois pouces, donne les rapports de trentc-buit a quatre-vingts pour deux pouces, quarante-buil a cent deux pour deux pouces et demi, et soi- xante a cent vingt-sept pour trois pouces, ce qui fait un peu moins de un a deux; en sorte que pour le refroidissement de la glaise il ne faut pas la moitie du temps qu'il f;iut pour cclui du fer. J'ai trouve de meme que les globes de gres de deux pouces se sonl re- froidis au point de les tenir dans la main en quarante-cinq minutes, ceux de deux pouces et demi en cinquante-buit minutes, et ceux de trois pouces en soixante-quinze minutes, ce qui, etant compare avec Ic temps du refroidisse- ment des boulcts dc fer deces memes diamelres, donne les rapports de qua- rante-six a quatre-vingts pour deux pouces, de cinquante-huit a cent deux pour deux pouces et demi, et de soixante-quinze a cent vingt-sept pour trois pouces, ce qui fait a tres-peu pres la raison de neuf a cinq; en sorte que, pour le refroidissement du gres, il faut plus dc la moitie du temps qu'il faut pour celui du fer. J'observerai, au sujet de ces experiences, que les globes de glaise chaufles a feu blanc ont perdu dc leur pesanteur encore plus que les boulets de fer, et jusqua la neuvieme et dixieme partie de leur poids, au lieu que le gres cbauffe au meme feu ne perd presque rien du tout de son poids, quoique toule la surface se couvre demail et se reduise en verrc. Comme ee petit fait m'a paru singulier, j'ai repete I'experience plusieurs fois, en faisant meme pousser le feu et le continuer plus longtemps que pour le fer; et quoiqu'il ne fallut guere que le tiers du temps pour rougir le gres de ce qu'il en fallait pour rougir le fer, je I'ai tenu a ce feu le double et le triple du temps, pour voir s'il perdrait davantage, et je n'ai trouve que de tres-legeres diminutions; car le globe de deux pouces, cbauffe pendant liuit minutes, qui pesait sept onces deux gros trente grains avant d'etre mis au feu, n'a perdu que qua- ranleetun grains, ee quine fait pas la centiemc partie dc son poids; celui de deux pouces ct demi, qui pesait quatorze onces deux gros buit grains, ayant ete cbauffe pendant douze minutes, n'a perdu que la cent cinquante-qua- trieme partie de son poids; ct celui de trois pouces, qui pesait vingt-quatre onces cinq gros treize grains, ayant ete cbauffe pendant dix-buit minutes, c'est-a-dire a peu pres autant que le fer, n'a perdu que soixante-dix-huit grains, ce qui ne fait que la cent quatre-vingt-unieme partie de son poids. Ces pertes sont si petites, qu'on pourrait les regarder comme nulles, et as- surer, en general, que Ic gres pur ne perd rien de sa pesanteur au feu : car il ma paru que ces petites diminutions que je vicns de rapporter, ont ete 18. 276 INTRODUCTION A L'HISTOIRK DES MINERAUX. occasionnees par los parlies fcrnigincuses qui sc sont trouvees clans ces gres, et qui out ele en paitie dolruites par Ic feu. Unc chose^plus generale et qui mcrite hion d'etre remarquee, e'est que les durces de la clialour dans difTcrentes matii'rcs exposees au meme feu pen- dant un temps egal sont lonjours dans la meme proportion, soil que le degre de chalcur soil plus grand on ])lus petit; en sortc, par exemple, que si on chiuiffc le fer, Ic gres el la glaise a un feu violent, et lei qu'il faille quatre- vingts minutes pour refroidir Ic fer au point de pouvoir le toucher, qua- rante-six minutes pour refroidir le gres au meme point, et trente-liuit pour refroidir la glaise; et qua une ehaleur nioindrc il ne faille, par exemple, <|ue dix-linil minules pour refroidir le fer a ce meme point de pouvoir le toucher avec la main , il ne faudra proportionnellemcnt qu'un pen plus de dix minules pour refroidir le gres, ct environ huit minutes el demie pour re- froidir la glaise a ee meme point. J'ai fail de send)lahles experiences sur dcs globes de niarhre, de pierre, de plomb et detain, a une ehaleur telle seulcment, que I'elain commencait a fondre, et jai Irouve que le fer se refroidissait en dix-huil minules au point de pouvoir Ic lenir a la main; le marhre sc refroidit au meme ]ioint en douzc minutes, la pierre en onze, le plomb en neuf, ct I'etain en huit mi- nutes. Cc n'est done pas proportionnellement a leur densile , comme on le voit vulgairement *, que les corps reeoivenl el pcrdent plus ou moins vile la eha- leur, mais dans un rapport bicn diflerent et (|ui est en raison inverse de leur solidite, c'est-a-dire de leur i)lus ou moins grande non-fluklM, en sorte qu'avec la meme ehaleur il faut moins de temps pour eehauffer ou refroidir le fliiide le plus dense, quil n'en faut pour echaufl'cr ou refroidir au meme degre le solide le moins dense. Je donncrai, dans les memoires suivanis, le developpement entier de ce principe, duquci depend toule la theorie du progres de la ehaleur; mais, pour que mon assertion ne paraisse pas vaine, voiei en pen de mots Ic fondement de cetle theorie : •I'ai irouve, par la vue d(^ lesprit , que les corps qui scehauffcraient en raison dc leurs diametres, ne pourraient elrc que eeux qui scraienl parfaile- menl pcrmeablcs a la ehaleur, et que ee seraicnt en meme temps eeux qui s'echaufrcraient ou se refroidiraient en moins de temps. Des lors j'ai pense que les (luides donl toutes les parties ne se ticnnent que par un faible lien, approchaient plus de cetle permcabilile parfaitc que les solidcs dont les par- ties onl beaucoup plus de cohesion que ccllcs des lluides. En consequence, j'ai fait des experiences par lesquelles j'ai trouve qu'a- vec la meme chalcur tous les lluides, quelque denses qu'ils soicnt, s'eehauf- fent el se refroidissenl plus promplemoiit qu'aucun solide, quelque leger quil soil; en sorle, par exemple, que Ic mercure, compare avec le bois, * Voycz la Cliimie dc Boerhaave. parlic I, p. 266 et 876, el aussi 160.864 t-l S67 Muss- cbenbrock, Essais de Physique, p. 94 et 909, etc. PARTIE EXPERIMEiVTALE 277 s'echauffent beaacoiij) plus promptcmcnt que le bois, quoiqu'il soil quinze ou seize fois plus dense. Cela m"a faif. reconnaitre que le progres de la chaleur dans les corps ne devait, en aucun cas, se fairo relalivcnienl a lour densite; et en effet j'ai trouve par lexpericnec que, tant dans !cs soiides que dans les fluides, ce progres se fait plutut en raison de leur fluidite, ou, si Ion veul, en raison inverse de leur solidite. Comme ce mot soliditd a plusieurs acceptions, il faul voir nettement Ic sens dans lequel je leniploie ici. Soltde et soliditd se disent en geometric relativement a la grandeur, et se prennent pour le volume du corps; solidite se dit souvent en physique relativement a la densite, c'est-a-dire a la masse contenue sous un volume donne; solidiU se dit quelquefois encore relative- ment a la durete, c'est-a-dire a la resistance que font les corps lorsque nous vouions les entamer : or, ce if est dans aucun de ces sens que j'emploie ici ce mot, mais dans une acception qui devrait etre la premiere, parce qu'elle est la plus propre. Jentends uui(|uement par solidite la qualite opposee a la fluidite, et je dis que c'est en raison inverse de cette qualite que se fait le progres de la chaleur dans la plupart des corps, et quils s echauffent ou se refroidissent daulant plus vite quils sont plus fluides, et dautant plus len- teraent quils sont plus soiides, K/Utes les autres circonstancos elant egales d'ailleurs, Et, pour prouver que la solidite prise dans ce sens est tout a fait indepen- dantc de la densite, jai trouve, par experience, que des matieres plus denses ou moins denscs sechauflent et se refroidissent plus promptement que d'autres matieres plus ou moins denses; que, par exemple, Tor et le plomb, qui sont beaucoup plus denses que le fer et le cuivre, neanmoins sechaun"ent et se refroidissent beaucoup plus vite, et que letain et Ic marbre, qui sont au contraire moins denses, s't'chauflent et se refroidissent aussi beaucoup plus vite que le fer et le cuivre, et qu'il en est de meme de jjlusieurs autres matieres qui, quoique plus ou moins denses, s'echaufl'ent et se refroidissent plus promptement que dautres qui sont beaucoup moins denses ou jjIus denses; en sorte que la densite n'est nullement relative a 1 echelle du progres de la chaleur dans les corps soiides. Et pour le prouver de meme dans les fluides, j'ai vu que le mercure, qui est treize ou quatorze fois plus dense que I'cau, neanmoins scchaulTe et se refroidit en moins de temps que lean; et que lesprit devin,qui est moins dense (pie leau, secbauife et se refroidit aussi plus vite que I'eau ; en sorte (jue, generalement, le progres de la chaleur dans les corps, tant pour Tenlree que pour la sortie, n'a aucun rapport a leur dcnsilc, el se fait }trin- cipalement en raison de leur fluidite, en etendant la fluidite jusquau solide, e"est-a-dire en regardant la solidite comme une n'm-f/uidtte |)lus ou moins graiide. De la, jai cru devoir conclure que Ton connailrail en eflet le degre reel de fluidite dans les corps en les faisant chauHer a )a meme chaleur ; ear leur fluidite sera dans la meme raison que cello du tenq)s pendant lequel 278 INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MINERAUX. ils recevront et pcrdronl cctte chaloiir : el il en sera dc meme des corps solides; ils seroiit daulant plus solides, e'est-a-dire d'autant plus non- fluides, quil leur faudra plus de temps pour recevoir cette memo chaleur et la perdro; et cela presque gencralement, a ce que je presume; car j'ai deja tente ces experiences sur un grand nombre de matieres differenles, et j'en ai fail une table que j'ai tacbe de rcndre aussi complete et aussi exacle quil m'a etc possible, et qu'on trouvera dans le memoire suivant. SECOND MfiMOIRE. SUITE DES EXPERIENCES Sm l,E PROGRES DE LA CHALEl'R DANS LES DIFFERENTES SLBSTANCES MIN^RALES. J'ai fait faire un grand nombre de globes, tous d'un pouce de diametre, le plus precisemen^ qu'il a ete possible, des matieres suivantes, qui peuvent representer ici a peu pres le regne mineral : onces. gros. grains. Or le plus pur, affine par les soins de M. Tliillel, de rAcadeniie des sciences, qui a fait Iravailler ce globe a ma priere, pese 6 2 17 Ploinb, pese 3 6 28 Argent le phis pur, Iravaiilede meme, pese. ... 3 3 22 Bismuth, pese •. 5 0 3 Cuivre rouge, peso 2 7 56 Far, pese. 2 5 10 £lain, pese 2 5 48 Antiinoine fondu, et (jui avail de pelites cavites a sa surface, pese 2 1 34 Zinc, pese 2 1 2 Emeril, pese 1 2 24 Marbre blanc, pese I 0 25 Gres pur, pese 0 7 24 Marbre commun de Montbard, pese 0 7 20 PARTIE EXPERIMEATALE 279 onces. gros. grains. Pierre calcaire dure et grise fie Montbard, pese. . . 0 7 20 Gypse blanc, impropreinentappele a/6d de leur premier refroidissement; et pour le M'cond, Ir r;i|.|iorl dumn- par IV\|>c- PAHTJIi KXPfiHJMDNTALE. 291 rieiicc presente otaiU :: 53 : 27, et;: 123 : 99 par les experiences prece- denles [art. lo), on aura, en ajoutant ces temps, loC) a 12(1 pour lo rap- port encore plus precis tie lenlicr refroidissement du plonib et de lan- linioine. lo" Que le temps du refroidissement du bismuth est a celui du refroidis- sement de laniimoine, au point de pouvoir les lenir;; 8 : 7 par I'experieiicc presente, et;;2() { : 19 paries experiences precedenles [art. 15). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 28^ a 2() pour le rapport plus precis de icur premier refroidissement; el pour le second, le rapport donne par I'expc- rience presente etaiit : : 29 : 27, et : : 80 : 7 1 par les experiences j)recedenles [tirl. ]o)j on aura, en ajoutant ces temps, 109 a 98 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du Ijismutli etde lantimoine. XVII. (]omme il n y avail de meme ijue deux experiences pour la comparaisoii lie i iirjicnt avec lemeril, lo zinc, le plomb, le bismutli et laniimoine, j en ai fail une troisiemc, en mettanl dans le meme four, qui s'elait un pen re- (roidi, les six boulels ensemble; et, apres les avoir tires tons en memo leinps, connne on la toujours fait, ils se soul refroidis dans I'oidre suivunt : Rvfroidis h les teiiir pendant une deini- ! Refroidis a la temperature acluellc. Keconde. ininulcs. ininules. Aiiliiiioinc, en 6 Eii 29 Hisiimll), en 7 En 31 Ploaih, en 8^ En. . 31 Ar-cnl, c!) II i En 30 /.inc, en 12^ ' En 39 r.ineiil, en 15' En 47 On doit eonclure de celle experience et de celles des articles 14 el 1") : 1" Que le temps du refroidissement de Temeril est a celui du refroidisse- ment du zinc, au point de les lenir, par Texperience presente, :: II) |: 12^ ' :; 71 7 : (iO i par les experiences precedenles [art. 10). Ainsi on aui-n, en ajoutant ces temps, 87 a 73 pour le rapport plus precis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donne par lexperience pre- sente elanf. ;'i7 : 39, et par les experiences precedenles («/*/. 1(5):: 239 : 181, on aura, en ajoulanl ces temps, 28(5 a 220 |)our le rapport encore plus precis de lentier refroidissement de lemeril el du zinc. 2" Que le temps du refroidissement de lemeril est a celiu' du refroidisse- ment de rargent::44 : 32 ; au |)()int de les lenir, et:: 130 : 98 pour Icur entier refroidissement. 3" Que le tem|)s du refroidissement de rcmeril est a celui du refroidisse- ment du plondi, au point de les lenir:: l.'i ' : 8 ', |»ar Icxpci iencc presente, It;; 71 \ : il [ par les cNpeiiencc* precedenles [art. l(»j. Ain-i on ;iuia, 292 |\TlU)DUCTIOrV A LUISTOIRE DES MINERAUX. en njoulantces temps, 87 a 49 ^ pour le rapport plus precis de leiir pre- mier refroiclissement; etpoiir le second, Ic rapport donne par Texperience prcsente ctant :: 47 : 54 et :: 259 : 15G par les experiences precedentes {art. 16), on aura, en ajoutant ces temps, 28G a 190 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidisscmmcnt de Temeril et du plomb. i° Que le temps du refroidissement dc Temeril est a celui du refroidisse- ment du bismuth, au point dc pouvoir les tenir:: 15 -, : 7, par Icxperience presente, ct :: 35 i : 28 par les experiences precedentes (art. 16). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 71 a 55 | pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement, et pour le second, le rapport donne par I'expe- rience presente ctant :: 47 : 51, ef.: 169 : 109 par les experiences pre- cedentes {art. 16), on 'aura, en ajoutant ces temps, 216 a 140 pour le rapport encore plus precis de rentier refroidissement de I'emeril et du bismuth. .5" Oue Ic (omps du refroidissement de Temeril est a celui du refroidisse- ment de ranlimoine, au point de les tenir :: 15 i : 6 par I'experience presente, eli :: 71 i : 55 | par lesexperiences precedentes {art. 16). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 87 a 59 \ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par I'experience presente ctant :: 47 : 29, et par les experiences precedentes {art. 16) :: 219 : 126, on aura, en ajoutant ces temps, 266 a 155 pour le rapport encore plus precis de Tentier refroidissement de Temeril et de rnntimoine. 6" Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement de largent, au point de pouvoir les tenir, :: 56 ^ : 52 i, et : : 109 : 98 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement du plomb, au poiut de pouvoir les tenir, ;: 12| : 8 ) par lexperience pre- sente, et ;: 60 i : 41 i par les experiences precedentes {art. 16). Ainsi on aura en ajoutant ces temps, 75 a 45 7 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par lexperience presente etant :; 59 : 53, et par les experiences precedentes {art. 16) :; 181 : 156, on aura, en ajoutant ces temps, 220 a 189 pour le rapport en- core plus precis de I'entier refroidissement du zinc et du plomb. 8" Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement du bismuth, au point de pouvoir les tenir, :; 12^:7 par la presente expe- rience, et :: 46 \ : 28 ^ par les experiences precedentes {art. 16). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 a 55 i pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par lexpe- rience presente etant :: 59 : 51, et :; 157 : 109 par les experiences precedentes {art. 16), on aura, en ajoutant ces temps, 176 a 140 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du zinc et du bismuth. 9° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement PARTIK liXPKRLMENTALE. 29:5 tie I'antimoine, au point de les tenir, :: 12 ^ : 6 par la piesente experience, el '.'. 60 ^ : 53 ^ par Ics experiences precetlenles (art. 16). Ainsi on aura, en ajoulant ces temps, 73 a 39 ^ pour le rapport plus precis dc leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport trouve par I'experience pre- senle clant *. 1 39 : 29, et '. : 181 : 126 par les experiences prccedenles {art. 16), on aura, en njoutant ces temps, 220 a 153 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du zinc et de lanlimoine. 10° Que le temps du refroidissement de I'argent est a celui du refroidis- sement du plomb, au point de pouvoir les tenir:'. 32 i : 23 i, et II 98 : 90 pour leur enlier refroidissement. 1 1° Que le temps du refroidissement de Targent est a celui du refroidisse- ment du bismuth, au point de Ics tenir, :: 32 ^ : 20 i, et :: 98 : 87 pour leur enlier refroidissement. 12° Que le temps du refroidissement de I'argent est a celui du refroidis- sement de I'antimoine, au point de pouvoir les tenir, !! 32 ^ : 18 ^ et :: 98 : 75 pour leur entier refroidissement. 13° Que le temps du refroidissement du plomb est h celui du refroidisse- ment du bismuth, au point de les tenir '.187:7 par la presente experience, et :; 32 : 28 ^ par les experiences precedentes (art. 16). On aura, en ajoutant ces temps, 40 7 a 35 | pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par 1 experience pre- sente etant 11 34 : 31, et :: 117 : 109 |)ar les experiences precedentes (art. 16), on aura, en ajoutant ces temps, 141 a 140 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du plomb et du bismuth. 14" Que le temps du refroidissement du plomb est a celui du refroidisse- ment de lantimoine, au point de pouvoir les tenir, '.'.87:6 par I'experience presente, et par les experiences precedentes (art. 16), '. ! 41 ^ : 33 i. Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 49 7 a 39 ^ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par la presente experience etant'.: 34:29, cti: 156 : 126 par les experiences prece- dentes (art. 16), on aura, en ajoulant ces temps, 190 a 155 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du plomb et de I'antimoine. 15" Que le temps du refroidissement du bismuth est a celui du refroidis- sement dc lantimome, au point de pouvoir les tenir, *. ! 7 : 6 par la presente experience, et :: 28 ^ : 26 par les experiences precedentes (art. 16). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 35 | a 32 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par la presente experience etant :: 31 : 29, et :: 100 : 98 paries experiences prece-dentes (art. 16), on aura, en ajoutant ces temps, 140 a 127 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du bismuth et de I'antimoine. XVIII. On a mis dans le m^me four un boulel de verre, unnouvcan boidel d ('t;;iti, 2'J4 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MrNERAUX. iin Kn. minutes. . 27 22 , . 42 , . 30 \I\. La nic'ino f\perience repeteo. Ics boulefs se sont rofroidis dans lordif snivant : Refroidis ii lis lenir pendant itiie deitii- ' Refroidis ii la tcnqdralnre orluelle. seconde. ] iiiiiiiilps. I rniiiiilcs. Elain, en 7 ^ En 21 Veric, en 8 En 28 (^uivre, en 12 En .^5(5 Fer, en 1ii Kn 47 \\. Par nnc troisieme experience, les bonlets eliaull'es pendani nn |)lns lont;- lemps, niais a une clialcur un pen nioindre, so soni refroidis dans lordre snivanl : Refroidis ii les lenir pendant une demi- '■ Refroidis ii la temp6ralnre acluelle. seconde. \ iiiiiuilcs. ininiilcs. Elain, en S ^ Verre , en 9 Cnivre, en IK Per, en 17 En 22 En 2i En n En -U) Par une (|iialiieme experience repetee, les inemes bonlets ehaiifles -i nn feu plus ardent, se sont refroidis dans rordrc suivant : Refroidis a les lenir pendant une demi- i Refroidis ii la tentperature artuelle. seconde. iiiiniitcs. Elain, en 8 i Verre, en 9 Cuivre, en i ( i Fer, en \\ minute*-. En . . . . 2!) En 2.1 En ar; En 43 PAiiTii: e\pekimi:ntale. 29s II lesulle (le cos experiences repelee> (|ii:ili'e fois : 1 " Que le leni])S iJii iclVoidisseiuent tlu fer est a celui du refroidissement du cuivre, au point de les teiiir, ".: 6^ : o'2 j par les presentes experiences, el : ; 99 : 80 ^ par les ex|)eriences precedentcs (art. H). Ainsi on aura, en njoulant ces temps, 1()I it 138 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes expe- riences ctant :: 186 : loG, ct par Ics experiences precedentes [art. 11) :: 280 : 249, on aura, en ajoutant ces temps, 4()() a 40o pour le rapport encore plus precis de lenlier relroidissement du I'cr et du cuivre. 2" Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement du verre, au point de les lenir, :; 02 : 34 ), et :: 18() : 97 pour leur cnlier refroidissement. 3° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement de letain, au point de pouvoir les lenir, :: (12 : 52 { par les presentes expe- riences, et :; 09 J : 52 par les experiences precedenles {art. 11). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 151 ^ a 04 j pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les expe- riences presentes elant ;; 180 : 92, et :: 274 : 154 par les experiences precedenles (art. \\), on aura, en ajoutant ees temps, 400 a 220 potu- le rapport encore ])lus precis de lenlier refroidissement du fer et de I'elain. 4" Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- ment du verrc, au point de Ics lenir, :: 51 } : 34 \, el*: l.'i7 : 97 pour leur cnlier refroidissement. '>" Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- scment de letain, au point de pouvoir les lenir, :: 52 ^ : 52 i par les expe- riences presentes el :: 84 : 43 | par les experiences precedentes (art. 11). Ainsi on aura. en ajoutant ees temps, 150 { a 70 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les experiences presentes elant :: 157 : 92, et par les experiences precedentes (art. 11):; 247 : 152, on aura, en ajoutant ees temps, 504 a 224 pour le rap- port encore plus precis de lentier refroidissement du cuivre et de letain. 0" Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidissement de retain, au point de les tenir, :: 24 ! : 32 i et :: 97 : 92 pour leur en- tier refroidissement. XXII. On a fait chauller ensemble les boulels dor, de verre, de porcelainc, de iiypsc el de gres; ils se sont refroidis dans lordre suivant : Uefroidk a les tenir pendant une dcnii- neconde. (iypso, en I'orceiaine, en ^ ViTie. i -''^ minutes. '•1 9 2yf) INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MINERAUX. XXIII. La indme experience repelec sur les menies boulols, ils se soiit refioidis (l.ins lordre suivant : liefroidis a les tenir pendant tine deiiil- I RefroiJis a la temperature actuelle. seconde. miaules. iniiiutes. .„ 4 ! Ell I»5 Poicclaiiie, I'li. VCne, en . Gies, en Or, oil . . . / 13 7 Eli. Ell. En, En. 41 XXIV La nieine experience rcpelee, les boulets se sont refroiclis dans Tordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une denii- secunde.. minutes. O -1 Gypse, en Porcelaine, en 5 •; Veire, en 8 i Gres, en 8 f Or, en 10 Refroidis a la teuipdrature actuelle. En. En. En. En. En. minulet. . . 12 , . 19 . . 20 . . 23 . . 3-2 II resulte de ees trois experiences : 1" Que le leinps du refroidisseincnt de lor est a celui dn refroidissemont (111 !>Tes, an point de les tenir, " 58 : 28, et " 1 18 : 90 pour leur entier re- IVoidissenient. 2° Que le temps du refroidissement de lor est a celui du refroidissement du verre, an point de les tenir, : : 38 : 27, et ; : 1 18 : 70 pour leur entier re- froidissement. 7t" Que le temps du refroidissement de lor est a celui du refroidissement tie la porcelaine, au point de les tenir, :: 58 : 21, et:: 118 : 66 pour leur en- tier refroidissement. /("Que le temps du refroidissement de lor est a celui du refroidissemeni du iiypse, au point de les tenir, :: 58 : W,, et:: 1 18 : 5V) pour leur entier re- froidissement. ■>" Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissement du verre, au point de les lenir, ::28^ : 27, et ::90 : 70 pour leur entier re- froidissement. 6" Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissemeni de la porcelaine, au point de pouvoir les tenir, :; 28 i : 21, et::90 : 66 pour leur entier refroidissement. PAKTIE EXPEIUME.NTALE. 297 7° Que le temps du refroidissement du grcs est a celtii du refroidissemeiit du gypse, au point de les tcnir, ::28 ^ : 12 j, et::90 : 39 pour leur entier refroidissement. 8" Que le temps du refroidissement du verre est a cclui du refroidissement de la porcelaine, au point de les tenir, : :27 : 21, et::70 : GG pour leur en- tier refroidissement. 9" Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidisse- ment du gypse, au point de les tenir, :: 27 : 12 |, et:: 70 : 59 pour leuren- lier refroidissement. 10" Que le temps du refroidissement de la porcelaine est a celui du refroi- dissement du gypse, au point de les tenir, :: 21 : 12 j, et;: 66 : 59 pour leur entier refroidissement. XXV. On a fait chauffer de meme les boulets dargent, de marbre commun, de pierre dure, de marbre blanc et de pierre calcaire tendre d'Anieres, pres de Dijon : Refroidis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Pierre calcaire tendre, en . . 8 Pierre dure, en lO Marbre commun, en. ... 11 Marliro blanc, en 12 Argent, en 13 ^ Refroidis a la tempdrature actuelle. En. En. En. En. En. tninutes. . . 25 , . 34 . . 33 , . 36 . . 40 XXVI. La meme experience repetee, les boulets se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une demi- seconde. Pierre calcaire tendre, vn Pieiio calcaire (line, en. Marl)ie commun, on. Marljie blanc , cii. A I gent, en minutes. 9 11 13 14 16 Refroidis a la temperature actuelle. minutes. En 27 En 37 En 40 En 4i» En 4a XXVII. La meme experience repetee, les boulets se sent refroidis dans I'ordre suivant : "2US INTKODIT.TKW A J/IFISTOIRK OKS MINKHMX. Refruidls ii ks lenir pendant une demi- scrmuk. minutes. 9 lOi I2i 16 PifiTc t.'ilcaiio triiilrc, en. Pii'ire c'ulc;iii(! (imi", uii. Marltio coiiMiiim , on. Mailiro lilanc, en . . . . Argenl, <'n. Itefroidi'^ ii III lenijieialiirc acfuelln. En. En. En. En. En. ininutct. . . 26 , . 36 . . 38 . . 39 , . 42 11 rcsiille do cos lioi.s experiences : t" Que le lenips clu rolroidisscinenl de TargeiU est a celiii ilu refioidisse- luentdu marbre blane, an poinl de les, :: Vi ^ : oO i, ei:: 12^ : 115 pour leur cntier refroidis^seniciit. 2" Que Ic lenip.'^ du relVoidissenient dc lariiont est a celui du lefroidi^se- nient du uiarbre eoiuuiuu, au point de les lenir, :: io i : iiO, el ;: \T.) : \\~> jjour leur enlier rerroidissemenl. 3° Que le temps du refroidissenient de largent est a celui du refroidisse- nient de la piene dure, au point do les lenir, :: ^lo ^ : 31 7, el'.: I'io : 107 pour leur enlier relroidissenienl. i ' Que le temps du reCroidissenient de I'argcnt esl a oelui du relroidisse- nieul i\v la pieri'o londro, au point do les lenir,;; 4!) v : 2<"». ''i; ; hi^J : 76 pour lour enlier rofroidissemonl. .')" Que le lenips du refroidissemenl du marbre blane est a oclui du rolroi- dissement du marbre couunun, au point de les lenir, ;: oi) ^ : 5ti, el ;: 11.) : 113 pour leur enlier rofroidissement. (')" Que le temps du reCroidissement du marbre blane est a eelui du relroi- dissemcnt do la pierrc dure, au point de les lenir, ;; 3'J ^ : 31 \, oi;; 1 I'i ; 107 pour lour enlier rerroidisseuient. 7" Que le temps du refroiilissement du marbre commun esl a eelui du re- IVoidisscment de la pierre lendre, au point de les lenir, ;; 30 ^ : 2(5, el :; 1 Ii) . 77 pour lourenlior refroidissemenl. 8" Que lo lomps du rerroidissemenl du marbre blane est a ooliii dn ro- froidissement de la piorie dure, au point de les lenir, ;: 30 : 31 i. el :; 1 13 : 10'.) pour leur enlier refroidissemenl. '.)" Que le temps du refroidissemenl du marbre eonunun esl a eelui du rc- froidsssement de la pierro lendre, au point de les tenir, ;: 30 : 2(), el ;: 113 : 78 pour leur enlier refroidissemenl. 10" Que le lenips du refroidissemenl de la pierre dure est a eelui du ro- froidissomontdo la pierre lendre, au poiiu de los lenir, ;: 31 { : 20. el :: 107 : 78 pour lour enlier rofroidis.semenl. WMll. On a mis dans lo memo four bion obaulVo dos bonlols dor, do marbre blane, de marbre eommun. de piorio dure ct ib^ pimc londiv; il^- m> -i.ui rofroidi* dans I'oidi'o snivaiu : PARTIK l-\PEKIMR\T\l.i: •}y9 Refroidis n ks loiir pcndaul utie dvnti- seconde. iiiiiiiileii PieiTL" laliaiic Iciidro, (;ii. 9 MuiIjh; Loiiiuiim. on. . . 1 1 5 I'ieno tliiri'. 011 It', Marbro hluiu;, en 13 1 Kii Or. en 15 7 Kn Rafrotdis <) In Uiiqiindurf ittlucilc F.ii. Kn. Kii. Illlllutt'S. . 2!) . 315 . 35 , . 35 \\l\ La meiiic experience repelee a niic inoiiidre ehnleiir. !<••• !iiuile(s ><• sunt refroidis dans I'onlrc siiivanl : Refroidis a tes tenir pendant une ilnni- , Refroidis ii In kinju-nilitic ik hiellt. seconde. minutes. luintiU's. Pierre ealcairc Ifiicl re, en . . G F-ri 19 Pierre (lure , en Si En 25 Maibre coinmiin, en. ... 911 En 2C Jlarljre l.anc. en 10 | En 29 Or, en . 12 ! Kn 37 \\\. La nieiiK^ experieriee repelee unc troisienie I'ois, le.s honlels eliaulles a iiii feu |)Ius ardeni. ii^ -e soiit refroidis dans I'ordre snivoni : Refroidis a les tenir pcndunt iitie de)ni-\ Refroidis ii la leinphature (irlueUe. serondf. ; iiiiijiili'S. luiiiulcs. Pierre (cndre, en 7 | En. . 20 Pierre time, en 8 En. iMarl)re eoinnuin. en. . 8 7 En. Marl)rc J)lanc, 1:11 9 Kn. Or, en 12 En. 24 2I> 28 :!5 II resullede ce.s troi.s expericnees : 1" Que le temps du refroidissenicnt de Tor est a eeliii dii refroidissenienl (111 niarhre l)laiie, an poiiitde les tenir, :: 50 5 : 52, cl :: I 17 : 'J'2 pour lenr enlier rel'roidi.ssenieni . 2" ih\c le tenipA dn relVnidisseinent de lor est a celni iln refroidissenienl iln niarhre connnnn, au point de les tenir, :: 59 \ : 29 ;, ct:: 117 : senienl. i" Que le temps dn refroidissemeni de lor est a eelni dn refroidi^vcnient 500 INTRODUCTION A L HISTOIRE DES MINERAUX. do la pieire tendrc, an point de les icnir, ::3!) j : 22, et::117 : 68 pour leur euticr refroidissement. 5o Que le temps du refroidissement du marbre blanc est h celui du refroi- dissement du marbre commun, au point de les lenir, ; ; 32 : 29, et : : 92 : 87 pour leur enlicr refroidissement. 6. Que Ic temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du re- froidissement do la pierre dure, au point de les tenir, : : 52 : 27 ^ et ; : 92 : 84 pour leur entier refroidissement. 7. Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du re- froidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 32 :22, et:: 92 : 68 pour leur entier refroidissement. 8. Que le temps du refroidissement du marbre commun est ^'i celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 29:27 i, et:: 87 : 84 pour leur entier refroidissement. 9. Que le temps du refroidissement du marbre commun est celui du re- froidissement de la pierre tendre, au point de les tenir, :: 29 : 22, et :: 87 : 68 pour leur entier refroidissement. 10. Que le temps du refroidissement de la pierre dure est a celui du re- froidissement de la pierre tendre, au point des tenir,]:: 27 j : 22, et ::84 : 68 pour leur entier refroidissement. XXXI. On a mis dans le meme four les boulets d'argcnt, de gr6s, de verre, de porcelaine et de gypse; ils se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Gypse, en 3 Porcelaine, en 67 Verre, en g i Gres.en • . . 9 Argent, en 12 | Refroidis d la tenip4rature actuelle. minutes. En. . . • . . .... 14 En .... 17 En .... 20 En .... 27 En .... 38 XXXII. La m^me experience repetee, et les boulets chaufFcs h une chaleur moin- dre, ils se sont refroidis dans lordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une denii- seconde. minutes. Gypse, en 3 Porcelaine, en 7 Verre, en jj i Gres, en 91 Argent,."!). ..,!'.! 12 ' Refroidis « la tettipirature actuelle. En. En. En. En. En. minutes. . 13 . 19 . 22 , . 26 . 31 PARTIK FAPEKIMENTALE 301 XXXIII. La merne exporieiice repetee une Iroisieme fois, les boulets se sont refroi- (lis dans loidre suivant : Refroidis a les tenir pendant une deini- seconde. minutes. Gypsp, en 3 Porcelaine, en 6 Verre, en 7 | Gres, en , . . 8 Argent, en Hi Refroidis a la temperature acliielle. En. F,n. En. En. En. minutes. . . 12 . . 17 . . 20 . . 27 . . 34 II resulte de ces trois experiences : 1° Que le temps du rcfroidissemenl de Targent est a celiii du refroidisse- ment du gres, au point de les tenir, :: 36 : 26 i, et:: 103 : 80 pour leur en- tier refroidissement. 2" Que le temps du refroidissement de I'argent est a celui du refroidisse- ment du verre, au point de les tenir, ::56 : 2o, et:: 103 : 62 pour leur en- tier refroidissement. 3° Que le temps du refroidissement de I'argent est a celui du refroidisse- ment de la porcelaine, au point de les tenir, :: 36 : 20, et :: 103 : o4 pour leur entier refroidissement. 4° Que le temps du refroidissement de I'argent est h celui du refroidisse- ment du gypse, au point deles tenir, :: 36 : 9, et:: 103 : 39 pour leur entier refroidissement. S" Que le temps du refroidissement du gres est & celui du refroidissement du verre, au point de les tenir, :*. 20 \ : 23 par les experiences presentes, et::28 7 27 par les experiences precedentes (art. 24). Ainsi on aura, en ajoulant ces temps, cinquante-cinq a cinquante-deux pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant i: 80 : 62, et ;: 90 : 70 par les expe- riences precedentes (or^ 24J, on aura, en ajoutant ces temps, 170 a 132 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du gres et du verre. 6" Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissement de la porcelaine, au point de pouvoir les tenir, :: 26 i : 19 \ par les presentes experiences, et::28 ^ : 21 par les experiences precedentes {art. 24). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, o.^ a 40 ^ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant :: 80 : 54, et :: 90 : 66 par les precedentes ex- periences (art. 'iij, on aura, en ajoutant ces temps, cent soixante-dix a cent vingt pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du gres et de la porcelaine. 7" Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissement du gypse, au point de les lenir, :; 26 ^ : 9 par les experiences presentes. 0(12 INTUODI CTION A I/JIISTUIIU: UES MIiMiUAlX. el :: '28 '- : l"i t l»i>r les experiences prccedentes [art. 24). Ainsi on aura, en iijoulaiit ces lcni|)s, 'Si .'i !2I { pour Ic nipporl plus precis dc leur premier refroidisscnieiil; el pour le second, io rii|)port donne par la presenle expe- rience elant;;8() : •)'.*, et :; 'JO : -"O par les experiences prccedentes iarl. 24). on aura, en ajonlant ces (emps, cent soixonle-dix a soixantc-dix- liuit pour le rappprt encore plus precis de I'enlier rclroidisscnient du gres et du gypsc. 8" One le temps du rcfroidissement du vorre est a cclui {\u rcfroidisse- nient de la porcelaine, an point dc les tcnir, ::2.") : M) j)ar les presentes ex- periences, et:; 27 : 21 par les experiences preeedenles ((u7. 2i). Ainsi, en ajonlant ces temps, on aura ')2 a 10 ^ pour le rapport phis precis de lenr nreniicr rcfroidissement; et pour le second, le rapport donne |)ar les expe- rience presentes etant :: G2 : 'il. et ; : 70 : (U) par les experiences prcce- dentes (art. 24), on aura, en ajoutant ces temps, cent trenle-deux a cent dix-sept pom- le rapport encore plus precis de Tenlier rerroidisscmcnl du verre et de la porcelaine. 9° Que le temps du rcfroidissement du verre est a eekii du rcfroidisse- ment dn gypse, au point dc les lenir, :; 2o : 9 par les presentes experiences, ef.;27 : 12 7 par les exi)eriences prccedentes (art. 24). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, .')2 a 21 { pour le rapport encore plus pnicis de Icin ]»remier rel'roidissement; et pour le second, le rajijiort donne par les pre senles experiences etant : '. 02 : 50, et :: 70 : ."9 par les experiences prcce- dentes (art. 24), on aura, en ajoutant ces temps, cent trente-deux a soixanle- dix-huit pour le rapport encore plus precis dc lentier rcfroidissement du verre et du gypse. 10° Que le temps du refroidissement de la porcelaine est a celui du rc- froidissement du gypse, au point dc les tenir, : : 19^:0 par les presentes experiences, et;: 21 : 12^ par les experiences prccedentes (a/7. 24). Ainsi on aura, en ajoutant a ces temps, 40 '- i\ 21 { pour le rapport plus precis de leur premier rcfroidissement; et pour le second, le rapport donne par lexperience presenle etant ;; .')4 : ."9, et par les experiences prccedenles {art. 24) ;; (iO : 59, on aura, en ajonlant ces temps, cent vingt a soixanle- (lix-huit pour le ra|)porl encore plus |)recis de 1 entier refroidissement de la porcelaine el du gypse. XWIV. On a mis dans le meme four les boulcts dor, de craie blanche, d ocre et de glaise ; ils se sont refroidis dans lordre suivani : Hefi-oidis a les tenir pendont a lie dettii- secoDdf. minutes. llraie. en 6 Ocre, en (i j Glaise, en 7 Or, en \2. Ri'froidis a la leiiqiiratnre artiic/le. ininulrs. En Io Ell 16 En 18 En 36 pAHTii: i:\i>i-:kimi':\t\li:. 303 XXXV. La meme experience repelee avec les llleme^ boiilels el tin boulet dc plomi), leur refroidisseiuenl s'csl fail dans lordre suivaiil : Refroidls h la leinpcralure ovtneUe. mi miles. En 11 Ocre, en 3 I En 13 Rcfroidts a les lenir pendant tine demi- seconde. minutes, dale, en 4 !) Glaisc, en S ^ rioiul). I'll 7 Or. en 9 | En lo En 18 En 'I'J 11 residtc de ces deux experiences : I" Que le lenips dii refroidissenient de lor csl a celui du relroidissenienl (In plonib, an point de pouvoir les lenir ::!){: 7 par I'experienee presente, el'.lOiS : '2^ par les experiences precedenles [art. 1(»). Ainsi on aura, en ajoulant ces Icnips, 47 ^ a 31 ])Otir le rajjporl plus precis de leur premier refroidissenient; el pour le second, le rapport donne par rex|)erience pre- sente clant ;: 29 : \S, et :: 115 : 90 par les experiences precedenles {art. Kij, on aura, en ajoulant ces temps, cent quaranle-qualre a cent iiuil pour le rapport encore plus precis de I'enlier refroidissenient de lor et dii plonib. ■2" Que le temps du refroidissenient de lor csl a celui du refroidis-senienl de la glaise, au point de les lenir, :: 21 ^ : 12 i, et ::G3 : 55 pour leur enlier refroidissemenl. 3" i)uc le temps du refroidissemenl de lor est a celui du refroidissemenl de I'oerc, au point de les lenir, ;: 21 ^ : 1 1 ^, et :: ()') : 29 pour leur enlier refroidissenient. 4" Que le lenips du refroidissemenl de lor est a celui du refroidissemenl de la eraie, au point de pouvoir les tenir, :: 21 ' : l(*, et:: ()o: 26 pour leur enlier refroidissemenl. .')" Que le temps du refroidissenient du plomb est a celui du refroidisse- menl de la glai;e, au point de pouvoir les lenir, :: 7 : ;> 7, ef.: 18 : l.'i pom- leur enlier refroidissemenl. ()" Que le temps du refroidissemenl du plomb est a eelui du refroidisse- nient de locrc, au point de les lenir, :: 7 : ."J, et :: 18 : 13 pour leur enlier refroidissemenl. 7" ()ue le lemps du refroidissemenl du |)ionib est a celui du refroidisse- menl de la eraie. au point de les (enir, :: 7 : 4. el : : 18 : 1 1 pour leur enlier refrointier refroidissement. Y»" Que le temps du refroidissement du zinc est a. celui du refroidissement 310 INTRODUCTION A LHISTOIRK UES MINERALX. de I'elain, au poiril de les tenir, : :24 : 18, ef. :68 : 47 pour leiir eriticr rclroidisseiiient. 6° Que le temps du refroidissernent du zinc est a celui du refroidissemenl de lanlimoiiie, au point de Ics tenir, ::24: 16 par les presenles expe- riences, et::73 : 39 ^ par les experiences precedentes (art. 17). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura \)7 a 55 ^ pour Ic rapport plus precis de leur premier reCroidissement; et pour le second, le rapport donne par les expe- riences presenles etant :: 08 : 47, ct;:220 : 155 par les experiences prece- dentes (art. 17), on aura, en ajoutant ces lem|)S, 288 a 202 pour !e rapport encore plus precis de lentier refioidisscment du zinc et de lantimoine. 7° Que le temps du refroidissernent du zinc est a celui du rel'roidissenient du bismuth, au point de pouvoir les leuir, ::24 : 16, et;:59 : 35 i par les experiences precedentes (art. \1). Ainsi on aura, en ajoMtanl ces temps, 85 a 51 I pour le rapport encore plus precis de leur ()remicr refroidisse- rnent; ct [)our le second, le rapport doiuie par la presente experience etant : : 08 : 47, ct:: 176 : 140 par les experiences precedentes {art. 17), on aura, en ajoutant ces temps, 244 a 187 pour le rapport encore plus precis de rentier refroidissement du zinc cl du hismulli. 8" Que le (cmps du refroidissemenl de I eiain est a celui du refroidisse- ment de lantimoine, au point de les tenir, :: 18 : 10, et:: 50 : 47 pour leur entier refroidissement. 0° Qu( le temps du refroidissement de I elain est a celui du refroidisse- ment du bismuth, au point de les tenir,:: 18 : 16, et::50 : 47 pour leur entier refroidissement. 10° Que le temps du refroidissement du bismuth est a celui du refroidis- sement de lantimoine, au point de pouvoir les tenir:: 16 : 16 par la pre- sente experience, et::35 ^ : 52 par les experiences precedentes (arl. \1). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 51 ^ a 48 pour Ic rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par I'experience presente etant :: 47 : 47, et par les experiences precedentes [art. 17):: 140 : 127, on aura, en ajoutant ces temps, 187 a 174 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidisseuu-nl du bisnuitli et dc aniimome. XLII. Ayant fail chauffer ensemble les boulets dor, dargent, de fer, d'emeril el de pierre dure, ils se sont refroidis dans lordre suivanl : Refroidis d les tenir ptndantune demi- seconde. iMiiiutes. Pierre calcairc dure, on. . 11 ^ Argent, en 13 9^ en . . , 14 Emeril, en 15 1 Fer, en 47 ' Refroidis a la temperature actuelle. niiiiules. En 32 Kn 57 En 40 En • .... 46 En 51 PAKTIE KXPKHIMKiMAI.i:. .Ill II lesulte de celle experience : 1" Que Ic temps dii refioidissement dii fer est a eelui du rel'roidisseinent de lemeril, au point de pouvoir les tenir, ;; 17 : 15 i, ei:: bl : 46 pour leur entier refroidissenienl. 2° Que le temps du refioidissement du fer est a celui du refroidissement de I or, au point de pouvoir les tenir, :: 17 : 14 par la presente experience, ei:: 4S i : 37 par les experiences precedentes (art. 1 1). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 62 ^ a 51 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par la presente expe- rience etant:: 51 : 40, ct :; 158 : 114 par les experiences precedentes (art. 11), on aura, en ajoulantces temps, 189 a 154 pour le rapport encore plus precis de 1 entier refroidissement du fer et de lor. 5° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement de largeiit, au point de les tenir, :: 17 : 13 jiar la presente experience, et:: 67 : 51 par les experiences precedentes [art. 37). Ainsi on aura, en ajoutant cesriemps, 84 a 64 pour le rapport plus precis de leur premier refroidisse- ment; et pour le second, le rapport donne par la presente experience etant:: 51 : 37, et:: 209 : 156 par les experiences precedentes (art. 37), on aura, en ajoutant ces temps, 260 a 193 pour le rapport encore plus precis de rentier refroidissement du fer et de largent. 4° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement de la pierrc dure, au point de les tenir, :: 17 : 11 i, et:: 51 : 52 pour leur entier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement de Temeril est a celui du refroidisse- ment de lor, au point de les tenir, :: 15 | : 14 par la presente experience, et;;44 : 58 par les experiences precedentes (art. 16). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 i a .52 pour le rapport encore plus precis de leur pre- mier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par la presente experience etant:: 46 : 40, et:: 131 : 115 par les experiences precedentes (art. 16), on aura en ajoutant ces temps, 177 a 115 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement de lemeril et de lor. 6° Que le temps du refroidissement de lemeril est a celui du refroidisse- ment de largent, au point de pouvoir les tenir, :: 15 | : 13 par la presente experience, et::43 : 32 i par les experiences precedentes (art. 17). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 58 ^ a 45 ^ pour le rapport plus precis du premier refroidissement de lemeril et de largent; et pour le second, le rapport donne par la presente experience etant :: 46 : 37, ei:: 125 : 98 par les experiences precedentes (ar/. 17), on aura, en ajoutant ces temps, 171 a 135 pour le rapport encore plus precis de leur entier refroidissement. . 7" Que le temps du refroidissement de lemeril est a celui du refroidisse- ment de la pierre dure,au point de les tenir, :: 15 i : 12, et:: 46 : 32 pour leur enlierjefroidisscmenl. 8° Que le temps du refroidissement de Tor est a celui du refroidissement de largent. au pointde les tenir.:: 14 : 13 par la presente experience, et:: 312 INTRODUCTION A LHISTOIKE DES MINERAUX. 80 : 71 par les experiences precedentes [art. 38). Ainsi on aura, en ajoutaiit ces temps, 94 a 84 pour le rapport encore plus precis de leur premier re froidissement ; et pour le second , le rapport donne par la presente expe- rience elant :: 40 : 37, et :: 234 : 201 par les experiences precedentes {art. 38), on aura, en ajoutant ces temps, 274 a 238 pour le rapport encore plus precis de lenlier refroidissement de lor et de largenl. 9° Que le temps du refroidissement de lor est a celui du refroidissement de la pierre dure, au point de les tenir, :: 14 : 12 par la presente experience, et:;39 I : 27 ^ par les experiences precedentes {art. 50). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, S3 ^ a 39 | pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement, et pour le second, le rapport donne par la presente expe- rience etant :: 40 : 32, et :: 117 : 86 par les exjieriences precedentes {art. 30), on aura, en ajoutant ces temps, 157 a 118 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement de lor et de la pierre dure. 10° Que le temps du refroidissement de largent est a celui du refroidisse- ment de la pierre dure, au point de pouvoir les tenir, :: 13 : 12 par la pre- sente experience, et::45 j : 31 \ par les experiences precedentes {art. 27). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 58 i a 43 ^ pour le rapport encore plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par I'experience presente etant:: 37 : 32, et::125 : 107 par les experiences precedentes {art. 28), on aura, en ajoutant ces temps, 162 a 139 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement de largent et de la pierre dure. XLIli. Ayanl fait chauffer ensemble les boulets de plonib, de for, de marbre blanc, de gres, de pierre icndre, ils se sonl refroidis dans lordre suivant : Refroidis 0 . 29 . 29 , . 29 . 4S XLIV. La meme experience repetee, les boulets so sont refroidis dans lordre suivant : Refroidis d, les tenir pendant une demt- seconde. minutes. Pierre calcaire tendie. en . . 7 Ploiub, en g Gres, en 8 i Marbre blanc, en 10 i Fer, en 16 ' Refroidis a la temperature acluelle. En En En En En niiiuiles. . 21 . 28 . 28 . 30 . 4B PARTIE EXPKRIMENTALE. 315 II resulte de ces deux experiences : 1° Que le lemps du rerioidissemenl du fer est a celui du refroidissenient du marbre blanc, au point de les tenir, : : 31 : 21 , el : ; 88 : 59 pour Jeur en- tier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement du gres, au point de les tenir, :: 31 : 17 par" la presente experience, et:: 33 J : 32 par les experiences precedenles (art. 4). Ainsi on aura, enajoutanl ces temps, 84 ^ a 49 pour le rapport plus precis de leur premier refroidisse- ment; et pour le second, le rapport donne par la presente experience etanl ::88 : f)7, et:: 142 : 102 f par les experiences precedentes (art. 4), on aura, en ajoutant ces temps, 230 a 159 j pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du fer et du gres. 3° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement du piomb, au point de pouvoir les tenir, :: 31 • 16 par les experiences pre- sentes, et :: 74 : 38 par les experiences precedentes (art. 39). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 105 a 54 pour le rapport encore plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les experiences presentes etant :: 88 : 37, et :: 192 : 124 | par les experiences precedentes (art. 39), on aura, en ajoutant ces temps, 280 a 181 I pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du fer et du plomb. 4° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement de la pierre tendre, au point de pouvoir les tenir, :: 31 : 13, et :; 88 : 41 pour leur entier refroidissement. 3" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du refroi- dissement du gres, au point de les tenir, :; 21 : 17, et :: 59 : 37 pour leur entier refroidissement. 6° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du refroi- dissement du plomb, au point de les tenir, :: 21 : 16, et :: 59 : 57 pour leur entier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du refroi- dissement de la pierre calcaire tendre, au point de les tenir, ;: 21 : 13 ^, par les presentes experiences, et :: 32 : 23 par les experiences precedentes (art. 30). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 33 a 36 i pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les experiences presentes etant :: 59 : 41, et :: 92 : 68 par les experiences precedenles (art. 30), on aura, en ajoutant ces temps, 151 i 129 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du marbre blanc el de la pierre calcaire tendre. 8° Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissement dn plomb, au point dc les tenir, :: 17 : 16 par les experiences presentes, et :: 42 i : 35 J par les experiences precedentes [art. 7). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 59 • a 51 I pour le rapport plus precis de leur pre- mier refroidissement; el pour le second, le rapporl donne par les pr^- 514 irSTRODL'CTION A LUISTOIKE DES MINERAUX. sentes experiences etant :: 57 : 57, et:: 130 : 121 | par les experiences precedenles {art. 8), on aura, en ajoulant ces lemps, 187 a 178 | pour le rapport encore phis precis de lentier refroidissemenl du gres et du piomb. 9" Que le temps du refroidissement du grt^s est a cclui du refroidissement de la pierre tendre au point de pouvoir les tcnir, :: 17 : 13 ^, et : : 57 : 41 pour leur entier relroidisscment. 11° Que le toinps du refroidissement du piomb est a celui du refroidisse- menl de la pierre tendre, au point de les tcnir, : : 1(1 : 13 ^, et::57 : 41 pour leur entier refroidisscmfiit. XLV. On a fait chauffer ensemble les boulets de gypse, d'ocre, dc craie, de glaise etde verre, et voici lordre dans lequel ils se sont refroidis : Refroidis a. les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Gypse, en 3i Ocre, en 5^ Craie, en 5 i Glaise, en 7 Verre, en 8 Refroidis a la tempirature actuelle. En En En. En. En. minutes. , . 13 . 16 . 16 . 18 . n XLVI. La meme'^experience repetee, les boulets se sont refroidis dans lordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une deini- seconde. minutes. Gypse, en 3 ^ OiTC, en 5 i Craie. en 8 j Glaise, en (i { Verre, en 8 Refroidis a la temperature actuelle. En. En. En. En. En. minutes. . 14 . 10 . 16 . 18 . 22 11 resultc de ces deux experiences : 1° Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidisse- ment de la glaise, au point de les tcnir, :: 16 i : 13 i, et :: 46 : 36 pour leur entier refroidissement. 2" Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidisse- ment de la craie, au point de les tcnir, :: 16 i : 11, el :: 46 : 32 pour leur entier refroidissemenl. PARTIE EXPERIMENTALE. 315 0° Que le leinps du rcfroidissernent du verre est h celui du refroidisse- ment de I'ocre , an point de les tenir, : : 1 6 | : 11 , et ; : 46 : 32 pour leur entier refroidissement. 4° Que le temps du refroidissement du verre est k celui du froidissement merit du gypse, au point de pouvoir les tenir, :; 16 ^ : 7 par la presente experience, et :; S2: 21 ipar les experiences precedentes (art. 33). Ainsi on aura, en ajoutanl ces temps, 68 ^ a 28 ^ pour le rappprt plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les experiences presentes etant ;: 46 : 29, et :: 52 : 78 par les experiences precedentes (art. 33), on aura, en ajoulant ces temps, 178 a 107 pour le rap- port encore plus precis de lentier refroidissement du verre et du gypse. 5° Que le temps du refroidissement de la glaise est h celui du refroidisse- ment de la craie, au point de les tenir, :: 13 i; 11 par la presente expe- rience, et;: 12 i 10 par les experiences precedetjtes (art. 35). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 26 a 21 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes expe- riences etant :: 36 : 32, et:: 33 : 26 par les experiences precedentes (art. 35), on aura, en ajoutant ces temps, 69 a 58 pour le rapport encore plus precis de rentier refroidissement de la glaise et de la craie. 6" Que le temps du refroidissement de la glaise est a celui du refroidis- sement de Tocre, au point de les tenir, :: 13 { : 1 1 par les presentes expe- riences, et:: 12^ : 11 ^ par les experiences precedentes (art. 35). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 26 a 22 i pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les pre- sentes experiences etant:; 36 : 32, et;; 33 : 29 par les experiences prece- dentes (art. 35), on aura, en ajoutant ces temps, 69 a 61 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement de la glaise et de I'ocre. 7° Que le temps du refroidissement de la glaise est a celui du refroidis- sement du gypse, au point de les tenir, ;; 13 ^ : 17, et :: 36 : 29 pour leur entier refroidissement. 8" Que le temps du refroidissement de la craie est a celui du refroidisse- ment de I'ocre, au point de les tenir, ;: 1 1 : 11 par les presentes experien- ces et :; 10 : 11 i par les precedentes experiences (art. 35). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 21 ^ 22 ^ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les expe- riences presentes etant :: 32 : 32, et :: 26 : 29 par les experiences prece- dentes (art. 35), on aura, en ajoutant ces temps, 58 a 61 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement de la craie el de I'ocre. 9" Que le temps du refroidissement de la craie est a celui du refroidisse- ment du gypse, au point de les tenir, :: 1 1 : 7, et :: 32 : 29 pour lour en- tier refroidissement. 10" Que le temps du refroidissement de I'ocre est a celui du refroidisse- ment du gypse, au point de les tenir, :: 11 : 7, et :: 32 : 29 pour leur en- tier refroidissement. 316 INTRODUCTIOiS A L HISTUIRK UES MirNERALX. XLVII. Ayaiil fait chauffer ensemble les boulets de zinc, detain, d'anlimoine, de gres et de marbre blanc, ils se sonl refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi- seconde. niinutrs. Antimoine, en 6 Etain, en 8 i Gres, en 8 Warbre blanc, en Hi Zinc, en H ^ Refroidis d la tempirature actuellc. miiiiiles. En I« En '^<» En. > ^-i6 En --JQ En '^S XLVUl. La in6nie experience repel^e, les boiilels se sonl refroidis dans lordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi- seconde. Anlinioine, en £lain, en Gres, en Marbre blanc, en . Zinc, en 9 i minutes. 5 6 7 8 Refroidis a la tempirature acluelle. En. En. En. En. En. minutes. . IS . 16 21 30 1! resulte de ees deux experiences : 1° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissemenl du marbre blanc, au point de les tenir, :: 21 : 17 ^, et :: 65 : S3 pour leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement du gres, au point do les tenir, :: 21 : IS, et :: 63 : 17 pour leur entier re- froidissement. 3° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidisse- ment de retain, au point de les tenir, ;: 21 : 12 | par les presenles expe- riences, ei::24: 18 par les experiences preeedentes {art. 41). Ainsi en ajoutant ces temps, on aura 43 a 30 | pour le rapport encore plus precis de leur premier refroidissement j et pour le second, Ic rapport donne par les experiences presentes etant::63 : 36, el par les experiences preeedentes {art. 41), :;68 : 47, on aura, en ajoutant ces temps, 133 h 83 pour le rap- port encore plus precis de I'entier refroidissement du zinc el de I etain. 4° Que le temps du refroidissemenl du zinc est ^ celui du refroidissement de I'antimoine, au point de les lenir, : : 21 : 11 paries presentes experiences, PARTIE EXPERIMENTALE. 317 et :: 73 : 39 ^ par les experiences precedenles {art. 17). Ainsi, en ajouianl ces temps, on aura 94 a 50 ^ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissemenl; et pour le second, |le rapport donn^ par les presenles expe- riences etant ;: 63 : 29, et ; : 220 : 155 par les experiences preccdentes (art. 17), oil aura, en ajoutanlces temps, 285^ 184 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du zinc et de I'antimoine. 5° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du refroi- dissement du gres, au point de pouvoir les tenir, :: 17 i : 15 par les pre- sentes experiences, et :: 21 : 17 par les experiences precedenles (art. 44). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 38 ^ a 32 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant :: 55 : 47, et :: 59 : 57 par les experiences precedentes (art. 44), on aura, en .njoutant ces temps, 112 a 104 pour le rapport encore plus precis de I'enlier refroidissement du marbre blanc et du gres. 6° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est k celui du refroi- dissement de letain, au point de les tenir, :: 17 i: 12i, et:: 53: 36 pour leur entier refroidissement. 7" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du re- froidissement de I'antimoine, au point de les tenir, :; 17 ^ : 11, et :: 53 : 36 pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissement de letain, au point de les tenir, :: 15 : 12 ^ par les presentes experiences, et::30 : 21 j par les experiences precedentes (art. 8). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 45 a 34 pour le rapport plus precis de leur premier re- froidissement; et pour le second, le rapport donne par les presenles expe- riences etant : : 47 : 36, et : : 84 : 64 par les experiences precedentes (art. 8), on aura, en ajoutant ces temps, 131 a 100 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du gres et de letain. 9" Que le temps du refroidissement du gres est a celui du refroidissement de lantimoine, au point de les tenir, :: 15 : 1 1, et :: 47 : 29 pour leur entier refroidissement. 10" Que le temps du refroidissement de letain est a celui du refroidisse- ment de lantimoine, au point de pouvoir les tenir,:: 12 i : 11 par les pre- sentes experiences, et:: 18 : 16 par les experiences precedentes (art. 40). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps 30 i a 27 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les experiences presentes etant:: 36 : 29, ei::47 : 47 par les experiences pre- cedentes (art. 40), on aura, en ajoutant ces temps, 85 a 76 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement de letain et de I'antimoine. XLIX. On a fait cliaulTer ensemble les boulets de cuivre, demeril, de bismuth, de glaise el d'ocre, el ils se sonl refroidis dans lordre suivanl : 318 INTHODIJCTION A LIIISTOIKH: DKS MINERAUX. Refroidis a les tenir pnndant une demi- seconde. minulcs. Orcre, en 6 Bismulh, en 7 Glaise, en ^ C.iiivre, en J3 Emeiil, en 151 Refroidis h la temperature aetuelle. minutes. En 18 En 22 En 23 En 36 En U L. La meme experience repelee, les boulets se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une demi- seconde. Ocre, en. Uisinnlh. en Glaisc , en . Cuivre, en . minules. . b^ . 6 . 6 . 10 Enieril, en 11 Refroidis d, la temperature aetuelle. En. En. En. En. En. minutes. . . 13 . . 18 . . 19 . . 30 . . 38 II resulte de ces deux experiences : 1 Que le temps du refroidissementdelenieril esta celui dn refroidisseinent du cuivre, au point de les tenir, :: 27 : 23, et ;; 81 : 66 pour leur enlier ref'roidissement. 2" Que le temps du rcfroidissement de I'emeril est a celui du refroidisse- ment de la glaise, au point de les tenir, :: 27 : 13, et :: 81 : 42 pour leur entier refroidissement. 3° Que le temps du refroidissement de lemeril est a celui du refroidis- sement du bismuth, au point de les tenir, : : 27 : 1 3 par les presentes expe- riences, et ;: 71 : 3S^ par les experiences precedentes [art. 17). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 98 a 48^ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les ex- periences presentes etant : : 81 : 40, et par les experiences precedentes [art. 17) ;; 216 : 140, on aura, en ajoutant ces temps, 297 a 180 pour le rapport encore plus precis de lenlier refroidissement de lemeril et du bismuth. 4° Que le temps du refroidissemeut de I'emeril est a celui du refroidisse- ment de I'oere, au point de les tenir, :: 27 : \\\, et :: 81 : 31 pour lour enlier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- ment de la glaise, au point de les tenir, :: 23 : 13, et :: 66 : 42 pour leur entier refroidissement. 6" Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- PAKTIE EXPERIMENTAU:. 319 nient du bismulii, au point de pouvoir les lenir, :: 25 : 15 par les prdsentes experiences^ el :: 28 : 16 par les experiences precodcntes (art. M). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 51 a 39 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les prcsen- tes experiences etant :: 6G : 40, ot :: 80 : 47 par les experiences prece- dentes [art. 41), on aura, en ajoutant ces temps, 146 a 87 pour le rapport encore plus precis de rentier refroidissement du cuivre et du bismuth. 7° Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- ment de I'ocre, au point de les tenir, :: 55 : 11^, et :: 66 : 51 pour leur eutier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement de la glaise est k celui du refroidisse- ment du bismuth, au point de pouvoir les tenir, :: 15 : 15, et :: 42 : 41 pour leur entier refroidissement. 9" Que le temps du refroidissement de la glaise est a celui du refroidisse- ment de I'ocre, au point de les tenir, ; : 15:11^ par les experiences pre- sentes, et :: 26 : 22 | par les experiences precedentes (art. 46). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 39 a 34 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les ex- periences presentes etant ;: 42 : 31, et '. : 69 : 61 par les experiences pre- cedentes (art. 46), on aura, en ajoutant ces temps, HI i 92 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement de la glaise et de locre. 10° Que le temps du refroidissement du bismuth est a celui du re- froidissement de locre, pour pouvoir les lenir, ;; 15 : 11 ^ : et :: 42 : 31 pour leur entier refroidissement. LI. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de fer, de zinc, de bismuth, de glaise et de craie, il se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refrotdis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Craie, en 6 j Bismuth, en 7 Glaise, en 8 Zinc, en 18 Fer. en 19 Refroidis a la temperature actvelle. minutes. En . • . . . 18 En 19 En 20 En 25 En 4S LII. Ea meme experience repetee, les boulets se sont refroidis dans I'ordre suivant : 320 irSTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAIX. Rerfoidis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Craie, en 7 _ Bismuth, in 7 - Glaise, en 9 Zinc, en 16 Fer, en 21 Refroidis d la temperature actuelle. En. En. En. En. En. minutes. . 20 . . 21 . 24 . . U . . S5 On peut conclure de ces deux experiences . 1" Que le temps du refroidissennent du fer est a celui du refroidisse- ment du zinc, au point de les tenir, :: 40 i : 31, et :; 98 : 59 pour leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du fer est h celui du refroidisse- ment du bismuth, au point de les tenir, ': 40| : 14 i, et :: 98 : 40 pour leur entier refroidissement. 3° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, :: 41 i : 17, ot :: 98 : 44 pour leur entier refroidissement. 4° Que le temps du refroidissement du fer est a celui du refroidissement de la craie, au point de les tenir, : : 40 ^ : 1 2 i, et *. : 98 : 38 pour leur en- tier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement du bismuth, au point de les tenir, '.: 31 : 14^ par les presentes experiences, et:: 34^ : 20 i par les experiences preccdentes {art. Id). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 65 i a 55 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant :: 59 : 40, et :: 100 : 80 par les experiences precedentes (art. 15), on aura, en ajoutant ces temps, 159 k 120 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement du zinc et du bismuth. 6° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir. ;: 31 : 17, et :: 59 : 44 pour leur en- tier refroidissement. 7° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement de la craie, au point deles tenir, :: 31 : 12^, et :: 59 : 38 pour leur en- tier refroidissement. 8° Que le temp du refroidissement du bismuth est a celui du refroidisse- ment de la glaise au point de les tenir, :: 141:17 par les presentes expe- riences, el ;: 13 : 13 par les experiences precedentes (art. 50). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 27 \ a 30 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les expe- riences presentes etant :: 40 : 44, et :: 41 : 42 par les experiences precedentes (art. 50), on aura, en ajoutant ces temps, 81 a 86 pour le rapport encore plus precis de Tentier refroidissement du bismuth et de la glaise. luHTii: i:\pi:iiiMi:.vrALL. mi '.)' Que lo leiu|js ilu rt'lroidisMeiucnl tlu Ijismulh esl a celiii du relVoiiJissc- meiU dc la c'rai(% an point dc les lenir, :: 14 ^ : 13 ^, el : : 40 : 58 pour leur eiilier rcfroidisscineiit. 10" Que Ic lenips du relroidisscineiit dc la glaise esl a celui du relVoidis- seineiU de la eraie, au poi.iil dc les leiiir, ;: 17 : 15 i par les experiences preseiiles, el :: !2() : ^1 paries experiences |)recedenles (a//. 40). Aiiisi on aura, en ajoulant ees lenips, 45 a 54 '; pour le rapport plus precis de leur premier relroidisscinenl, el pour Ic second, le rapport donne par les pre- sentes experiences, elaiit :: 44 : 58, el :: 09 : o8 par les experiences precedenlcs i^ari. 40), on aura, en ajoulant ces temps, 115 a 'JO pour le rapport encore plus precis dc rentier refroidissement de la glaise el de la craie. Llll. Ayanl fail cliaud'er ensemble les boulets d'emeril, de verre, de pierre calcairc dure el de hois, ils se sonl relroidis dans lordrc suivanl : Hcfroidis a les tenir pendant une demi- secondc. iniiiutus. IJois, en 2 j Venc, en 9 : (ires, on 11 Pierre calcairc dure, en. . . 12 Kmeril, en 13 liefroidis a la lemperature actiieUe. En. En. En. En. En. iniiiules. . 11) . 28 , . ■•5-'. . 3(5 . . 47 LIV. [.a menie experience repetee, les boulets se sont relroidis dans lordrc suivanl : liefroidis it lrpori donne par les prcsenles experiences elanl :: 89 : (52, el :: 46 : 32 par les experience pre- nuHOX, torn. ii. _ 81 zn l^TR()l)l(:Tl(^^ \ i/iiistoirk des mi.nkrai x. (•e(lcnti's(^«/L i'-I), on aura, en ajuutant ces lenips, 155 ti 94 pour le rapport encore plus precis de lenlier refroidisseinent de lemcril el de la pierredure. 2" Que Ic temps du rcfroidissenicnt de lemeril est a celui du refroidisse- ment du gres, au point de les tenir, :: 29 : 19, et :: 89 : 58 pour leur enlier refroidisscment. 5" Que le temps du refroidisscment de 1 emeril est a celui du refroidissc- ment du verre, au point de les tenir, :: 29 : 17, et ;; 89 : 49 pour leur enlier refroidisscment. 4" Que le temps du refroidisscment de 1 emeril est a celui du refroidisse- mcnl du bois, au point de les tenir, :: 29 . 4 |, et :: 89 : 28 pour leur en- lier refroidisscment. 5" Que le temps du rcfroidissemenl de la pierre dure est k celui du re- froidisscment du gres, au point de les tenir, : : 20 ^ : 19, et :: 62 : o8 pour leur enlier refroidisscment. 6" Que le temps du refroidisscment de la pierre dure est a celui du re- froidisscment du verre, au point de les tenir, :: 20 i : 17, el :: 62 : 49 pour Icyr enlier refroidisscment. 7" Que le temps du rcfroidissemenl de la pierre dure est a celui du re- froidisscment du bois, au point de les tenir, : : 20 ^ : 4 ^, et ; : 62 : 28 pour leur enlier refroidisscment. 8° Que le lenips du refroidisscment du gres est a celui du rcfroidissemenl du verre, au point de les tenir, :: 19:17 par les prescnles experiences, el ; : 55 : 52 par les experiences prccedenlcs {art. 55). Ainsi on aura, en ajoulanlces temps, 74a 69 pour le rapport plus precis de leurpremier refroi- disscment; el pour le second, le rapport donne par les presenles experiences etant:: 58 : 49, cl : ; 170 : 152 par les experiences precedentes (art. 53), on aura, en ajoulanl ces lemps, 228 a 181 pour le rapport encore plus precis dc lenlier rcfroidissemenl du gres el du verre. 9" Que le lemps du refroidisscment du gres est a celui du refroidisse- mentdu bois, au point de pouvoir les tenir, :: 15:4 i,et :: 58 : 28 pour leur enlier rcfroidissemenl. 10° Que Ic temps du refroidisscment du verre est a celui du refroidisse- inent du bois, au point de les tenir, :: 17 : 4 i, et ;: 49 : 28 pour leur en- lier refroidisscment. LV. Ayant fail chauffer ensemble les boulels dor, d'^tain, demeril, de gj pse et decraie, ils se sont rcfroidis dans lordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. G>pse, en 5 Craie, en 7 i £lain , en . . . n j 0 1 1 , r, en 16 E'neril, en 2O \ Kn Refroidis a la leinpSrature actuelle. minutes. En 15 En 21 En 30 En 41 i'J PARTIi: K\PFniMi:>'T\LK. LVI. "->3 La meine experience repetoe, les boiileis se sont refroidis dans I'ttrdre suivant : Rffroidis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Gypse, en 4 Craie, en 6 ^ Efain, en 10 Or, en 16 tiiieril, en 18 Refroidis d la temfthature acludle. niiiiutrs. En 18 En 18 En . ■ 27 En 40 En 46 On pent conclure de ces experiences : 1° Que le temps du rei'roidissement de Temeril est a celui du refroidisse- menl de lor, au poinl de les lenir, '. : 38 : 51 par les experiences presenles, et :: 59i: 52 par les experiences precedenles (art. 42). Ainsi on aura, en ajoulant ces lemps, 97 i a 85 pour Ic rapport plus precis de leur premier refroidissenienl; et pour le second, le rapport donne par les presenles ex- periences etant :: do : 81, el :: 16(5 : 155 par les experiences precedentes {art. 42), on aura, en ajoulant ces temps, 261 a 256 pour le rapport encore plus precis de I'enlier refroidissenienl de lemeril et de lor. 2" Que le temps du refroidissenienl de lemeril est a celui du refroidisse- nienl de retain, au poinl de les lenir, :: 38 : 21 i, el ;: 95 : 57 pour leur enlier refroidissemenl. 5° Que le lemps du refroidissemenl de lemeril est a celui du refroidisse- menl de la craie, au point de les tenir, :: 38 : 14, el :: 95 : 3 pour leur enlier refroidissemenl. 4° Que le lemps du refroidissemenl de lemeril est h celui du refroidisse- menl du gypse, au poinl de les lenir, :: 38 : 9, et :: 95 : 28 pour leur en- lier refroidissemenl. .5° Que le temps du refroidissemenl de I'or est a celui du refroidissemenl de retain, au poinl de les lenir, :: 51 : 22 par les presenles experiences, et ;: 37 : 21 par les experiences precedentes (art. 11). Ainsi on aura, en ajoulant ces lemps, 68 a 43 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissemenl; el pour le second, le rapporl donnc par les presenles ex- periences elanl ;; 81 : 57, el :; 1 14 : 6! |)ar les experiences precedentes [art. 11), on aura, en ajoulant ces lemps, 195 a 118 pour le rapporl en- core plus precis de lenlier refroidissemenl de I'or etde letain. 6° Que le lemps du refroidissemenl de I'or est a celui du refroidissemenl de la craie, au point de les lenir, ;: 31 : 14 par les presenles experiences, el :: 21 7 : 10 par les experiences precedenles {art. 35). Ainsi on aura, en ajoulant ces lemps, 32 i a 24 pour le rapporl plus precis de leur premier refroidissemenl; el pour le second, le rapport donne par les presenles evpe- 21. Ty2i INTUODLTTION \ I, IIISTOIUi: DKS Ml.NKRAl X. rienc«> t'-iaiil :: 81 : .19, el '. : Hi) : '2(> par les oxperienccs |jiveodeiilf, ijji-t. l.'j), on iiiiru, en ajoulanl ees leuijts, 1 i(i it G;i pour Ic lapporl cneore plus precis do lenlier refroidissenionl de lor et de la cruie. 7" Que ie temps du relroidissenient de lor csl a eelui du relVoidiesemenl (Ki !>ypse. an point de pouvoir les lenir, :: oi : 9 par les presentes expe- rienecs, el :; IJCi : 17 par les experiences preeedentes (a/7. .IS), \insi on aina, er) ajoiitanl ees temps, 87 a :2(> pour le rapport plus precis de leur premier relroidissemeni : el pour le second, le rapport donne par les pre- sentes experiences elant :: 81 : 28, et :: Kio : .■)") par les experiences pre- cedentes (art. 58). on aiM'a, en njoulant ees temps, 24(1 a 81 pom- le rapport encore plus precis de lenlier relroidissemeni de lor et du gypse. 8" Que le temps du refroidissemcnt de I'etain est a eelui du refroidisse- nienl de la craie, au point de les lenir. ;: 22 : 14, el ;: ;)7 : i>9 pour leur enlier relroidissemeni. 9"Que le u^mps du relroidissemeni de I'elainesi a eelui du relroidis.sement du ,nypse, au point de les lenir, ;: 22 : 9, et : : ;)7 : 28 pour leur enlier relroidissemeni. 19" Que le temps du relroidissemeni de la craie est a eelui du relVoidis- sementdugypse, au point de les lenir, :: 14:9 paries presentes experiences el :: 11 : 7 par les experiences precedenles (art. 4(5), Ainsi on aura, en ajoutant ees temps, 2.") a 1(1 pour le rapport plus precis de leur premier re- rroidissemenl; et pour le second, le lapporl donne par les presentes expe- riences etanl :: .19 : 28, el :: 32 : 29 par les experiences precedenles (article 4(5), on aura, en ajoulanl ees temps, 71 a .'57 pour le rapport encore plus precis de IVnlier rerroidissement de la craie et du jiypse. I.Ml. Ayant fait chnuller ensemble les boulets de marbre blane. de marbre eomnuin. de j^laisc. d'ocre et de bois, ils se sunt relroidis dans lordre suivanl : Re/roidis d, lot lenir pendant une dtmi- Hcfrtnilns ii hi kmprrature ucluvlle. secnnde. i mimiles. iniimtes. Bois, en 2 Ocre, en 6 t Glaise, en i ^ Marbre coiinnun, en. . 10:^ Marbre blane, en 12 Kn 0 En 19 Ell 21 En 20 ! En. . . , :!4 LMII. La memo experience repeiee, les bouleis se soul relroi.iis dans lordre suivanl : Refroid's a les tenir pendant un>: demi- seconde. minutes. Boi.-:, I'll 5 Ocic, (Ml 7 Glaise. in 8 % Marbro comiium, en. . . . 12 v p\inii: i:\pi:hiivii:>talk. w: Hcfroidln a la limperalure (irluclk. Illltldll'S. Eo 11 Rn 20 En 23 En 82 Myrbre l)lanc, en 13 En S56 On pent conclurc dc ccs douv cxiit-riciKTs : I" Quo Ic leni|i- dii rolVoidisM'Micnl dti inurbic lilanc i'>^l a tenir, : : "25 : '2!2 par les presentcs experiences, et : : oO | : oG par les experiences preeedenles (art. 27). Ainsi on aura, en ajoulant ces lemps, 04 \ a oS pour le rappnrJ pins precis de lenr premier rerroidissement; c( ponr le seeoiid, le rapport domie par les presenles cxperienees elanl : : 70 : 01 , et : : 1 K) : Ho par les experiences precedentes {art. '27), on ain-a, en ajoulanl ces temps, 1SJ> a 174 ponrle rapport encore plus precis de I'entier refroidisseinent du marble hiane et du niarbre conmiun. "2" Que le lemps du relVoidissement du marbre blanc est h celui du re- lioidisscment de la glaise, au point de pouNoir les tenir, ;; 2o : 16, et',*.70: 44 pour leur cnlier refroidissement. .■)" Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du re- rroidissement de I'ocre, au point de les tenir, " ^'i : 15 ', et ;: 70 : i>0 pour leur enlier relroidissement. 4° Que le temps du refroidissement du marbre blanc est a celui du re- I'roidissemenl du bois, au point de les tenir, ','. To : 'i ■',, el ;: 70 : *2 pour leur entier refroidissement. 0° Que le lemps du refroidissement du marbre commun est a eelui du refroidissement de la glaise, au point de les tenir, :: 22 : 10, et :: 01 : 44 pour leur cnlier refroidissement. 6" Que Ic temps du refroidissement du marbre eommun est a celui du refroidissement de loere, au point dc les tenir, ;: 22 : 15 ^, ei::01 : 59 pour leur entier refroidissement. 7" Que le temps du refroidissement du marbre eommun est a celui du refroidissement du bois, au point de les tenir, :: 22 : li v, et::OI : 20 pour leur enlier refroidissement. 8° Que Ic temps du refroidissemcnl de la glaise est a eelui d» refroidisse- ment de I'ocre, au point de les tenir, ".: 10 : 15 ^ par les presenles expe- riences, ci:: 12 ^ : 11 V pf^i" If* experiences preeMentcs (art. 5;J). Ainsi on aura, en ajoulanl ees temps, 28 ' a 2') pour le rapport plus pr«'eis de leur preniier relroidissement: el pour le second, le rapport donne par les pre-^ente> experiences elanl ;: i't : 5 Glaise, en 8 Verre, en 9 i Aru[enl, en 12 i Refroidis it In (einpirature actuelle. En. Eti. Em. En. En. niinules. , . 16 , . «8 , . 22 . 29 , . 8S LX. La meme experience repetee, les boulets, cliaufTes plus longtemps, se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une deini- seconde. minutes. Craie, en 7 Ocre, en 8^ Glaise, en 9 i Verre , en 12 i Argent, en 16 | Refroidis a la temperature actuelle. En. En. En. En. En. minutes. . 22 . 25 . 29 . 38 . 41 On pent conclure de ces deux experiences : 1° Que le temps du refroidissement de I'argent est k celui du refroidisse- ment du verre, au point de les tenir, ;: 29 : 22 par les presentes expe- riences, et :: 36 : 23 par les experiences precedentes (art. 33). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 65 h 47 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant :. 76 : 67, et ;: 103 : 62 par les experiences precedentes {art. 33), on aura, en ajoutant ces temps, 179 a 129 pour le rapport encore plus precis de I'entier refroidissement de Targent et du verre. 2" Que le temps du rel'midissenienl de largent est b celui du refroidisse- PAKTIE EXPKRIMKNTALI-. 327 menl de la glaise, au point de pouvoir les tcnir, :; 29 : 17 j , et :: 76 : Jil pour leiir enlier refioidissemcnl. 3" Que le temps du refroidissement de largeni est a celui du refroidisse- ment dc Tocre, au point de les tenir,:. 29 : 14 i. et :: 76 : 43 pour Icur entier refroidissement. 4° Que le temps du refroidissement de largcnt est a celui du refroidisse- ment de la craie, au point de pouvoir les tenir, :: 29 : 12 j, et :: 76 : 38 pour leur entier refroidissement. H" Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidisse- ment de la glaise, au point de les tcnir. :: 22 : 17 | par les experiences presentes et : : 16 ^ : 13 ^ par les experiences precedenles {art. 46). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 38 | a 31 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant::67 : H\, et::46 : 36 par les experiences pre- cedentes (art. 46), on aura, en ajoutant ces temps, 113 5 87 pour le rap- port encore plus precis de lenlior refroidissement du verre et de la glaise. 6" Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidisse- ment de locre, au point de pouvoir les tenir, ;:22 : 14 j par les presentes experiences, et; ; 16 ', : 11 par les experiences precedentes (a?f. 46). Ainsi on aura, en ajoutant ces lemps, 38 ~ a 2.j ^ pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant ;i 67 : 43, et :; 46 : 32 |)ar les experiences pre- eedentes (art. 46), on aura, en ajoutant ces temps, 113 a 7o pour Ic rap- port encore plus precis de I'enticr rctioidissemcnt du verre cl de 1 ocre. 7" Que le temps du refroidissement du verre est a celui du refroidisse- ment de la craie, au point de pouvoir les tenir, ;: 22 : 12 ^ par les presentes presentes experiences, et:: 16^:11 paries experiences precedentes(ar<. 46). Ainsi on aura, en ajoulant ces ten)ps, 38 ^ a 23 '- pour le rapport encore plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les presentes experiences etant:: 67 : 38, el :: 46: 32 par les ex- periences precedentes (art. 46), on aura, en ajoutant ces temps, 113 a 70 pour le rapport encore plus precis de I'enticr refroidissement du verre et dc la craie. 8" Que le temps du refroidissement de la glaise est a celui du refroidisse- ment de locre, au point de les tenir, :'A7 \ : 14 i par les presentes expe- riences, et::26 : 22 I par les experiences preccklcnlcs (art. 46). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 43 ^ a 57 pour le rapport plus precis dc leur premier refroidissement; ct pour le second, le rapport donne par Texpe- rience presente etant:: 31 : 43, et:: 69 : 63 par les experiences precedentes (art. 46), on aura, en ajoutant ces temps, 120 a 104 pour le rapport en- core plus precis dc I'entier refroidissement de la glaise et de locre. 9° Que le temps du refroidissement de la glaise est a celui du refroidisse- ment de la craie, au point de pouvoir les tenir,:; 17 ^ : 12 ^ par les pre- sentes experiences, et::26 : 21 piir les experiences precedentes (art. 46), 528 Ii\TR()DI(:T1()i\ V I.IIISTOJHE DEb MLNKKAIX. Ainsi on aura, en ajoutant ces (oinps, i-l ^ ii oo ^ pour \c rapport plus pre- cis de leur premier relVoidisscnicnl; el pour le second, le rapport donne par les prcsenles experiences etant:: •) I : oS, et :: (JO : 58 par les experiences precedcntes (art. id), on aui'a, en ajoutant ees temps, i!20 a '.)G pour le rap- port encore plus precis de I'enticr rclroidissemenl de la glaise el de la craie. 10" Que le temps du refroidissemenl dc Tocre est a celui du refroidisse- menl de la craie, au point de pouvoir les lenir, :: 14 | : 12 ^ par les pro- scnlcs experiences, el!! 1 1 '; : 10 par les experiences precedcntes (art. o'i). Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 20 a 22 i pour le rapport plus precis de leur premier rclroidissement,- el pour le second, le rapport donne par les presenles experiences etanf.lio : 38, el'.:20 : 20 par les precedcntes experiences (ay-l. 55) on aura, en ajoutant ces temps, 72 a Oi pour le rap- port encore plus precis de lenlier refroidissemenl dc I'oere et de la craie. lAI. Ayant mis chauffer ensemble a un grand dcgre de clialeur les boulets de zinc, de bismuth, de marbre blanc, de gres el de gypse, le bismuth s"est fondu lout ^ coup, et il nest resle que les qualre autres, qui se sonl relVoi- dis dans I'ordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Gypse, en II Gres, en • . . 16 Marbic blanc, en 19 Zinc, en 25 liefroidia « la lemperalure acluelle. En. En. Ell. En. rniiiulC!>. , . 28 . 42 , . 50 . o7 lAIF. La meme experience repeleeavec les (|uairc boulels ci-dossus et un bou- let de plomi), a nn feu moins ardent, ils se sonl refroidis dans lordre suivant : lie fr aid is a les tenir pendant une demi- sccondc. minutes. ''Jl'se, en i i Ploiib, en 9 -^ Gres, en 10 Marbre l)lanc. en 12 j Zinc, en l", ' Refroidis a la leinperatnre actuelk. En. En. Ell. E.I. En. minutes. . 16 . 28 . 22 . 56 . -53 On peut conclure de ees deux experiences : I" One le temps du refroidissemenl du zinc est -i eclui du refroidissemenl du niaibre blanc, au poinl de pouvoir les tenir.:: 58 : 5! i par les presen- les experiences, el ;; 21 : 17 : par les experiences preeedentes {art. 48). Amsi, en ajoulant ces temps, on aura 50 a ^0 pour le lapport plus precis PAUT1I-: EXPKKI.MIiNTALK. 5'iO experiences precedentes {art. 17j, on aura en ajoulant ces temps, 205 a 200 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissemenl du zinc el du plomb. i" Que le temps du refroidissement du zine est a celui du refroidissement du jijpse, au point de les tenir, ;:58 : 15 7. et:: 100 : 44 |)our leur enlier refroidissement. 5° Que le temps du refroidissemenl du niarbre blanc est a celui du re- froidissemenl du gres, au point de les tenir, : : 51 , : 2G par les presenles experiences, ei:: 58 ^ : 52 par les experiences precedenles(ar<. 48.) Ainsi on aura, en ajoutanl ces temps, 70 a 58 pour le rapport plus jireeis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rai)port doime paries pre- senles experiences eUint :: 8() . 74, et :: 112 : 104 par les experiences precedentes (art. 48), on aura, en ajoulant ces temps, 198 a 178 pour le rappori encore plus precis de I'enlier refroidissemenl du niarbre blanc et du gres. 0" Que le temps du refroidissemenl du niarbre blanc esl a celui du refroi-' dissemeiil du plomb, au point de les tenir, :: 12 ' : 9 [ et;;50 : 20 poui- leur enlier refroidissement. 7 " <)ue le temps du refroidissemenl du niarbre blanc esl a celui du re- froidissemenl du gypse, au point de pouvoir les tenii', :: 51 : 15^, et;: 80: 44 pour leur enlier refroidissemenl. 8" Que Ic temps du refroidissemenl du gres est a celui du refroidissemenl du plomb, au point de pouvoir les tenir, :: 10:9' par la prescnte expe- rience, et :: 59 : ol i par les experiences precedentes (art. 44). Ainsi on aura, en ajoulanl ces temps, 69 ii 61 pour le riipporl plus precis de leur f>remier refroidissement; ot pour Ic second, le-'nppori donne par le* pre- 330 lATRODUCTIOiN A LllIbTUIKE DES MIfVERAUX. sentes experiences Haniy.o^ : 20, el :: 187 : 178 par les experiences prece- deiites (art. 44), on aura, en ajoutani ces lemps, 211 a 96 pour le rapport encore plus precis de lenlier refroidissoinenl du gres et du plomb. 9° Que le temps dii refroidissemenl du gres est a ceiui du refroidisse- nient du gypse, au point de pouvoir les tenir, :: 26 : IS i par les presentes experiences, et :: oo : 21 { par les experiences precedentes {art. 33). Ainsi on aura, en ajoulunt ces temps, 81 a 37 pour le rapport plus precis de leur premier relroidissement; et pour le second, le rapport donne par Ips presentes experiences etant :: 74 : 44, et :: 170 : 78 par les expe- riences precedentes {art. 33), on aura, en ajoutani ces temps, 244a 122 pour le rapport encore plus precis de I'entier rcfroidissenient du gres et du gypse. 10° Que le temps du refroidissemcnt du plomb est a celui du refroidisse- menl du gypse, au point de pouvoir les tenir, ;: 9 ^ : 4 ^, et :: 28 : 16 pour leur entier refroidissemenl. LXllI. Ayant fail chauH'or ensemble les boulels dc cuivre, d'antimoine, de mar- bre commun, de pierre ealcaire tendre et de craie, ils se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis a les tenir pendant une denn- seconde. minutes. Craie, en 6 ^ Antimoine, en T \ Pierre tendre , en T\ Marbre commun, en. . . . ll^ Cuivre, en 16 Refroidis a la temperature actuelle. En. F.n. En. En. En. minutes. . 20 . 26 . 26 . 31 , . 49 LXIV. La meme experience repetee, les boulets se sont refroidis dans I'ordre suivant : .Refroidis a les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Craie , en 5 i Antimoine, en 6 Pierre tendre, en g Marbre cominun. en. . . . lO Cuivre, en 131 Refroidis h la temperature actuelle. En. En. En. En. En. minutes. . 18 , . 24 , . 25 , . 29 . . 28 On peul conclure de ces deux experiences : 1° Que le lemps du refroidissemenl du cuivre est a celui du refroidisse- menl du marbre conunun, au point de pouvoir les tenir, '.iSQ i : 21 ' par le> piV'Nonio experiences, ei::4S : ZH : ^ par les experiences preeedenles PAKTlli EXPEHIME.NTALE. .131 (art. 5.), Ainsi on aura, en ajoutaiit ces temps, 74 ^ ^ 57 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissemenl; et pour le second, le rapporl donne par les prescntes experiences elant :: 87 : 60, *.: 123 : lit par les experiences precedentes (art. 5), on aura, en ajoutanl ces temps, 212 a 170 pour le rapport encore plus precis de Tentier refroidissement du cuivre el du marbre conimnn. 2" Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- ment de la pierre tendre, an point de pouvoir les tenir, :: 29 i : 15 ^ et ::87 : 49 pour leur entier refroidissement. 3° Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidis- ment de I'antimoine, au point de pouvoir les tenir, :: 29 ^ : 13 ^ par les pre- scntes experiences, et :: 28 : 16 par les experiences precedentes (art. 41), Ainsi on aura, en ajoutanl ces temps, 57 ^ a 29 j pour le rapport plus pre- cis de leur premier refroidissement; el pour le second, le rapporl donne par les experiences presentes etant ; : 87 : 50, el :: 80 : 47 par les expe- riences precedentes (art. 41), on aura, en ajoutanl ces temps, 167 a 97 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du cuivre et de I'antimoine. 4° Que le temps du refroidissement du cuivre est a celui du refroidisse- ment de la craie, au [toint de pouvoir les tenir, :: 29 j : 12, el :: 87 : 38 pour leur entier refroidissement. 5" Que le temps du refroidissement du marbre commun est a celui du re- froidissement de la pierre tendre, au point de pouvoir les tenir, ::21 i : 14 par les experiences presentes, et : : 29 : 23 par les experiences precedentes (art. 30), Ainsi on aura, en ajoutanl ces temps, 50 ^ a 57 pour le rapporl plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapporl donne par les presentes experiences elanl :: 60 : 49, et:: 87 : 08 par les experiences precedentes («r<, 20), on aura, en ajoutanl ces temps, 147 a 117 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du marbre commun et dela pierre tendre. 6° Que le temps du refroidissement du marbre commun est h celui du re- froidissement de ranlimoine au point de les tenir, :: 21 \ : 13^, et::60 :50 pour leur entier refroidissement. 7" Que le temps du refroidissement du marbre commun est a celui du re- froidissement de la craic, au point de pouvoir les tenir, :: 21 \ : 12, et;:60 : 38 pour leur entier refroidissement. 8' Que le temps du refroidissement de la pierre tendre est a celui du re- froidissement de I'antimoine, au point de pouvoir les lenir, :: 14 : 13^, el ;: 49 : 50 pour kur entier refroidissement. 9° Que le temps du refroidissement de la pierre lendre est k celui du re- froidissementde la craie, au point de pouvoir les tenir, :: 14:12, et;: 49:38 pour leur entier refroidissement. 18" Que Ic lenips du refroidissement de rantimoin« est ix celui du refroi- T^'^i f\tiuh)1(;ti<)n \ ljiistoihi: dks mim=:kai\. (lisseiiKMii (Ic hi criiie, au point de poiivoirlestoiir, :: 15 i : 12, ef.: 50:58 poiir lour ciiticr riTroi expciiciu'es ijiecoilenicj {art. COi. Ainsi on iuiiH, en ajoutaia ea lemps, 48 -J a 38 7 pour le rapport pins jtrecis tie lour premier retroiilisse- nieiil ; el pour le second, le rapporl donm' par la presenle experience eiani ',',"27 : 20, el*.: 113 : 87 paries experiences preeedenles \art. 00), on anra, en ajoulant ees temps, 140 a 107 pour le rapporl encore pins precis de I'en- lier refroidissemenl dii verre el de la glaise. Vi" Que le lamps du refroidissemenl du \crre esl a cclui durerroidissemenl de I'oere, an poinl de pouvoir les tenir, :: 10 : ,'> |mr les presentes expe- rienees, el ; : 38 '; : 3.') ~ par les experiences preeedenles ( art. (10 >. Ainsi on nin-a, en ajoulanl ees temps, 48 { a 30 ^ pour le rai)porl plus precis de leur premier refroidissemenl: el pour le second, le rapporl donne par la presenle experience clanl!*. '27: 1(), et par les experiences preeedenles ( art. ()0 );■. I 13 : 73, on aura, en ajoulant ees ten)ps. 140 a 1)1 pour le rap- porl encore plus precis de Icnlier refroidissemenl dn verre el de I'oere. ()" Que le lenips du refroidissemenl de la pierre dine est a celui du re- froidissemenl du ploml), au poinl de pouvoir les lenir, I ; 1 0 ^ : 0 t, el : : 2!) : "I-i pom" leur enlier refroidisseinenf. 7" Que le lemps du refroidissemenl de la pierre dure est a celui du re- Iroidissemenl de 1 elain, au poinl de les tenir; ; 10 ' : 8 ^ , el ;; 20 : 21 pour leur enlier refroidissemenl. 8" Que le lemps du refroidissemenl de la pierre dure esl a celui du refrni- disscmenl de la ulaise, an point de lestenir, :: 107:77. el :: 20 : 20 pour leur enlier refroidissemenl. 0" Que le lemps du refroidissemenl do la pierre dure est a celui dn re- froidissemenl deloerc; au poinl de les lenir, *. : 10 ' : 3. ei::20 : 111 pour leiu' enlier refroidissemenl. 10" Que le lenips du refroidissemenl du plond) e.>l a celui du refroidis- sementde 1 etain,au poinl deles tenir, '. : 9 7 : 8 7 par la presenle exjjeriencc, el :; 31)7 : 31 '„ paries experiences preeedenles fw/V. 30). ^insi on aura, en ajoulanl ees lemps, 'lO a 40 pour le rapporl plus |)re(;is de leur premier relroidissemcnl : cl pour le second, le rapporl donne par la presenle expe- rience clan! ;; 23 : 21, ei:; 100: 80 par les experience^ preeedenles irt//. 30i, on aura, en ajoulanl c<'s lemps, 132 a 110 pour le rapporl encore plus precis de reniier I (ifroidissemenl du plomb et de I elain. I I" Que le lenips dn relVoidissement du plonili esl a eehii du refroidisse- menl de la glaise, au poinl de pouvoir les lenir. ;; 0 7:77 par la presenle experience, el :: 7 : 3 \ par les expt'-riences precedi-ntes ( a»7. 33). .\insi(>n anra, en ajoulant ees lenips, Ki i a 13 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissemenl: el pour le second, le rapporl donne par la presenle experience elanl ;: 23 : 20, el;; 18 : 13 par les experiences preeedenles art. 3.1). on aura, en ajoiitant ees lemps, il a 33 pour le rapport encore plu> pn'ci- (le lenlier refroidissemenl du plomb el de la glaive. 12' (^)ue le temps du refioidissemeni du plomh esl a eelui du refroidisse- nii-ol lie loeie, au poinl de pouvoir les tenir, i; 9 ' : 3 par la presenle expe- 7,U INTRODICTION A I/llfSTOIRI-: DKS MINER AUX. rionce, el 1 17 : 5 par les experiences |)rcHe(len(es [art 33). Ainsi on aura, en ajoutant ces lemps, 16 j a 10 pour le rapporl plus precis dc leur premier refroidissemenl ; et pour le second, le rapporl donne par la presente expe- rience elanl '.123 : 16, et ::18, 13 par les experiences prccedentes {art. 5o), on aura, en ajoutanl ces lemps, 41 a 29 pour le rapporl encore plus precis de lenlier reCroidisscnicni du plomb el dc locre. 15° Que le temps du refroidissemenl de I'etain esl a celui du refroidisse- menl de la glaise, au point de les lenir , :: 8 ^ : 7 i, el :*. 21 : 20 pour leur enlier refroidissemenl. 14" Que le temps du refroidissemenl de I'elain est a celui du refroidisse- menl de I'ocre, au poinl de les lenir,:: 8| : h, et ::21 : 16 pour leur enlier refroidissemenl. 15" Que le temps du refroidissemenl de la glaise esl 5 celui du refroidisse- menl de locre, au point de pouvoir les (enir, :: 7i : o par la presenie expe- rience, et::43^ : 37 par les experiences precedentes {art. 60), Ainsi on aura, en ajoutant ces temps, 50 a 42 pour le rapport plus precis de leur pre- mier refroidissemenl; el pour le second, le rapporl donne par la presente experience elanl ::20 : 16, et:: 120 : 104 par les experiences precedentes {art 60 ), on aura, en ajoutant ces temps, 140 a 120 pour le rapport encore plus precis de lenlier refroidissemenl de la glaise el de locre. LXVI. Ayant fait chauffer ensemble les boulets de zinc, dantimoine , de pierre calcaire tendre, de craie et de gypse, ils se sonl refroidis dans lordre sui- vanl : Refroidis d les tenir pendant une demi- seconde. minutes. Gypse, en 3 j Craie, en 5 Antimoine, en 6 Pierre tenilre, en 7 ^ Z.inc, en 14 t Refroidis h la temperature actuelle. En. En. En. En. En. minutes. . II . 16 . 22 . 23 . '29 XLVII. La meme experience r^petee, les boulets se sont refroidis dans I'ordre suivant : Refroidis d les tenir pendant une demi- aeconde. minutes. Gypse, en 31 Craie, en 41 Antimoine, en 6 ' Pierre tendre, on 8 Zinc, en \% i Refroidis it la teinpirature actuelle. En. En. En. En. En. minules. . 12 . . 14 . 20 . 21 . 28 PAMTIK i:\Pi:iU>lK.\T ALL. S^.") On peiil conclurc de ces deux experiences : 1° Que le lemps du refroidissement du zinc est a cclui du refroidisse- ment de la pieire tendre, au point de pnuvoir les lenir^ :; 28 : 15^ , et :: 57 : 44 pour leur entier refroidissement. 2° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement de I'antimoine, au point de pouvoir les tcnir. :: 28 . 12 par les presentcs experieneos, et '.'. 94 : o2 par les experiences precedenles [art. 48). Ainsi, en ajoutant ces temps, on aura 122 a 64 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les pre- sentes experiences etant :: 37 : 42, et : : 28") : 184 par les experiences precedentes (art. 48), on aura, en ajoutant ces temps, 342 a 22G pour le rapport encore plus precis de rentier refroidissement du zinc el de lanli- moine. .1" Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement de la craie, au point de pouvoir les tenir, *. : 28 : 9 | par les presentcs ex- periences, et :: 31 : 12^ par les experiences preeedentes (art. o'i). Ainsi, on aura, en ajoutant ces lemps, .09 a 22 pour le rapport plus precis de leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les pre- sentcs experiences etant :; .^7 : 30 et '. : 59 : 38 par les experiences preee- dentes (art. 52), on aura, en ajoutant ces temps, 11G a 68 pour le rap- port encore plus precis de lentier refroidissement du zinc et de la craie. 4° Que le temps du refroidissement du zinc est a celui du refroidissement du gypse, au point de pouvoir les tenir, ::28 : 7 par les presentcs expe- rience, et::58 : 13 4 p!>r l^s experiences precedenles {art. 62). \insi, on aura, en ajoutant ces temps, 66 a 22 ' pour le ra|)port plus precis de leur premier refroidissement, et pour le second le rapporl donne par les pre- sentcs experiences etant:: 57 : 23, et;: 100 : 44 par les experiences prece- denles (art. 62), on aura, en ajoulant ces lemps, 157 a 67 pour le rapport encore plus precis de lentier refroidissement du zinc et du gypse. 5"Quele temps du refroidissement de I'antimoine est a celui durefroidisse- mcntde la pierre calcaire tendre, au point de les tenir, :: 12 : 15 i et:: 42 : 44 pour leur entier refroidissement. 6" Que le temps du refroidissement de I'antimoine est a celui du refroi- dissementde la craie, au point de pouvoir les tenir, :: 12 : 9 i par les presentcs experiences, et:: 13^ : 12 par les experiences precedenles (art. 64). Ainsi onaura,en ajoutant ces temps, 25 ^ a 21 i pour le rapport plus precisde leur premier refroidissement; et pour le second, le rapport donne par les pre- sentcs experiences etant:: 42 : 30, ei::50 : 38 par les experiences prece- denles (art. 64), on aura, en ajoutant ces temps, 92 a 68 pour le rappori encore plus precis de I'entier refroidissement de I'anlimoine et de la craie. 7° Que le temps du refroidissement de I'antimoine est a celui du refroidis- sement du gypse, au point de pouvoir les tenir,:: 12 : 7, ei::42 : 25 pour leur entier refroidissement. 8° Que le temps du refroidissement de la pierre tendre est k celui du refroi- 3-.(l JNTUODlK/noIS A I.'IIISTOIIIE DCS MIMilUAUX. liisscnioiii orl plus precis dc leur premier refroidissement: el pour le second, le rapport donue par Ies pre- sentes experiences etant, :;50 : 25, et::7I : ."17 |)ar Ies experiences prece- denles (arl. nOl, on aura, en ajoulant ces leuips, 101 a 80 |»i)ur le ra|>porl encore plus precis de renlicr relVoidissement de la craie et du iiypse. Je borne ici eette suite d'experiences assez longues a faire et fort en- nuyeuses a lire; j'ai cru devoir Ies doiiner lelles que je Ies ai faites a plu- sieurs rcjirises dans I'espace de six ans : si je metais conlenle den addi- lionner Ies resullals, jaurais a la verile fort abrege ee Memoire; mais on n'auiail pas etc en elal de Ies repeter, el c'est eette consideration qui ma lait preferer de duuncr lenumeratiou et le detail des experiences memes, ;iu lieu dune table abregee que jaurais ])u faire de leurs resullals accumu- Ics. .Je vais ueanmoins donner, |);u- forme de recapitulalion, la table gene- rale de ces rapporis, lous comi'ares a dix mille, ailu (pie, d'un coup d'cc'il, oil puivse en sai-ir \r.s diHerence>. PARTIE EXPERIMENTALE. 337 TABLE DfS RAPPORTS Dt REFHOIDISSEMI' NT DKS DlfFERENTES SUBSTAINCIS MINliRALES PER. Premier Eiitier riTroidissPinent. refroid. Emeiil 10,000 a 9,117 — 9,020. Cuivre 10,000 a 8,812 — 8,702. Or 10,000 a 8,160 — 8.U8. Zinc 10,000 a 7,654 — 6,020. 6,804 Argent 10,000 a 7,619 — 7,423. Maibreblanc . . . 10,000 a 6,774 — 6,704. Marbre commun . . 10,000 a 6,636 — 6,746. Pierre ealcaire dure . 10,000 a 6,617 -- 6,274. Kercl ' ^''•es 10,000 a 5,796 — 6,926. \ Verre 10,000^5,576 — 5,805. Plomb 10,000 a 3,143 — 6,482. Etain 10,000 a 4,898 — 4,921. Pierre calcaire tenrlre . 10,000 a 4,194 — 4,659. Giaise 10,000 a 4,198 — 4,490. Bismuth 10,000 a 3,580 — 4,081. Craie 10,000 a 3,086 — 3,878. Gypse 10,000 a 2,325 — 2,817. Bois 10,000 a 1,860 — 1,549. V Pierre ponce. . . . 10,000 a 1,627 — 1,268. BiFroji. torn. ii. SS 338 INTRODUCTIOIV A L'HISTOIRE DES MIIVtRAUX. EMERIL. Emeril et Premier refroidissement. / Cuivre 10,000 ^ 8,S19 ! Or 10,000 a 8,513 Zinc 10,000 h 8,390 7,468 Argent 10,000 a 7,778 1 Pierre calcaire dure. . 10,000 a 7,304 Gres 10,000 a 6,352 IVerre 10,000 a 5,862 Plomb 10,000 a 5,718 lEtain 10,000 a 5,658 Glaise 10,000 a 5,185 Bismuth 10,000 a 4,949 'Antimoine .... 10,000 a 4,540 Ocre 10,000 a 4,259 Craie 10,000 a 3,684 Gypse 10,000 a 2,368 Bois 10,000 a 1,552 Entier refroid. 8,148. 8,560. 7,692. 7,895. 6,963. 6,517. 5,506. 6,613. 6,000. 5,185. 6,060. 5,827. 3,827. 4,105. 2,947. 3,146. CUIVRE. Cuivre et Or 10,000 k 9,136 — 9,194. Zinc 10,000 a 8,571 — 9,250. 7,619 Argent 10,000 a 8,395 — 7,823. Marbrecommun . . 10,000 a 7,638 — 8,019. I Gres 10,000 a 7,333 — 8,160. Verre 10,000 h 6,667 — 6,567. Plomb 10,000 h 6,179 — 7,367. lEtain 10,000^5,746 — 6,916. Pierre calcaire tendre . 10,000 a 5,168 — 5,633. Glaise 10,000 a 5,652 — 6,363. Bismuth 10,000 a 5.686 — 5,959. Antimoine .... 10,000 6 5,130 — 5,808. Ocre 10,000 a 5,000 — 4,697. Craie 10,000 a 4,068 — 4,368. PARTIE EXPERIMENTALE. 339 OR. Or et. Premier rcfroldissement. Entier refroid. — 9,304. Zinc 10,000 a 9,474 8,422 Argent 10,000 a 8,936 — 8,686. Marbre blanc. . . . 10,000 a 8,101 — 7,863. Marbre commiin . . 10,000 a 7,342 — 7,435. Pierre calcaire dure . 10,000 a 7,383 — 7,S16. Gres 10,000 a 7,368 — 7,627. Verre 10,000 a 7,103 — S,932. Plomb 10,000 a 6,526 — 7,500. Etain 10,000 a 6,324 — 6,051. Pierre calcaire tendre . 10,000 a 6,087 — 5,811. Glaise 10,000 a 5,814 — 5,077. j Bismuth 10,000 a 5,658 — 7,043. I Porcelaine .... 10,000 a 5,526 — 5,593. / Antimoine .... 10,000 a 5,395 — 6,348. f Ocre 10,000 a 5,349 — 4,462. ; Craie 10,000 a 4,571 — 4,452. > Gypse 10,000 a 2,989 — 3,293. ZINC. / Argent . . Marbre blanc Zincet 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 a 8,904 10,015 a 8,305 7.194 6 6,949 6,838 a 6,051 4,940 5 6,777 5,666 a 5,536 4,425 a 5,484 4,373 a 5,343 4,232 a 5,240 4,135 a 3,729 2,618 a 3,409 2.299 — 8,990. — 8,424. — 7,333. — 7,947. — 6,240. — 7,719. — 7,458. — 7,. 547. — 6,608. — 5,862. — 4,268. 22. 540 LMRODllCTION A LHISTOIRK DliS MINER AIJX. ARGENT. Argent et Premier Enlier rcfroidissctneiit. refroid. Marbre blanc . . , 10,000 a 8,681 — 9,200. / Marbre conimun . . 10,000 a 7,912 — 9,040. Pierre calcaire dure . 10,000 a 7,436 — 8,380. Gres 10,000 a 7,361 — 7,767. Verre 10,000 a 7,230 — 7,212. Plomb 10,000 k 7,154 — 9,184. Etain 10,000 a 6,176 — 6,289. Pierre calcaire lendre . 10,000 a 6,178 — 6,287. Glaise 10,000 a 6,034 — 6,710. Bismuth 10,000 a 6,308 — 8,877. Porcelaine .... 10,000 a 5,556 — 5,242. Antimoine .... 10,000 a 5,692 — 7,653. Ocre 10,000 a 5,000 — 5,658. Craie 10,000 h 4,310 — 5,000. Gypse 10,000 a 2,879 — 3,366. Bois 10,000 a 2,353 — 1,864. Pierre ponce. . . . 10,000 a 2,059 — 1.525. MARBRE BLANC. Marbre blanc et Marbre commun I Pierre dure . \Gres . . . ^ Plomb . . Etain . . . .( Pierre calcaire tendre Glaise I Antimoine . I Ocre . . . f Gypse. . . V Bois . . . 10,000 a 10,000 a 10,000 a 10,000 a 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 8,992 8,594 8,286 7,604 7,143 6,792 6,400 6,286 5,400 4,920 2,200 9,405. 9,130. 8,990. 5,555. 6,792. 7,218. 6,286. 6,792. 5,571. 5,116. 2,857. MARBRE COMMUN. ,' Pierre dure . . . . 10,000 [ Gres 10,000 \ Plomb 10,000 ] Etain 10,000 HI u . / Pierre tendre . . . 10,000 Marbro commun et.< >^, . IX'XXX \ Glaise 10,000 J Antimoine .... 10,000 /Ocre 10,000 f Craie 10,000 VBois 10,000 a 9,483 — 9,6.55 a 8,767 — 9,273 a 7,671 — 8,590 a 7,424 — 6,666 a 7,327 — 7,959 a 7,272 — 7,215 a 6,279 — 8,335 a 6,136 — 6,395 a 5,581 — 6,355 a 2,500 — 3,279 PARTIE EXPERIMEiSTALE. 341 PIERRE CALCAIRE DURE. Pierre dure et PicmitT ruri'oidissemciit. . Gres 10.000 a 9,268 { Verre 10,000 a 8,710 \Plomb 10,000 a 8,S71 JEtain 10,000 a 8,09.^ ■ ^ Pierre lendre . . . 10,000^8,000 y Glaise 10,000 a 6,190 I Ocre 10,000 a 4,762 I Bois 10,000 a 2,195 Entier rel'rolil. 9,3o3. 8,352. 7,931. 7,931. 8,095. 6,897. 5,517. 4,516. GRES. Gres et Verre . . 10,000 a 9,324 - - 7,930 Plomb . . 10,000 a 8,561 - - 8,950 Elain 10,000 k 7,667 - - 7,633 Pierre tendre 10.000 a 7,647 - - 7,193 Porcelaine . 10,000 a 7,364 - - 7,059 Antimoine . 10,000 a 7,333 - - 6,170 Gypse. . . 10,000 a 4,.568 - - 5,000 Bois . . . 10,000 k 2,368 - - 4,828 VERRE. \'erre cl. r Plomb 10,000 a 9,318 — 8,548. I Etain . . . • . 10,000 h 9,107 — 8,679. \ Glaise 10,000 a 7,938 — 7,643. /Porcelaine . . , . 10,000 a 7,692 — 8,863. ■( Ocre 10,000 a 6,289 — 6,500. JCraie 10,000 a 6,104 - 6,195. (Gypse 10,000 a 4,160 — 6,011. y Bois 10,000 a 2,647 — 5,514. PLOMB. PIniiil) el. Etain 10,000 Pierre tendre . . . 10,000 Glaise 10,000 Bismuth 10,000 Antimoine .... 10,000 I Ocre 10,000 Craie 10,000 Cypse 10,000 a 8,695 — 8,333 a 8,437 — 7,192 a 7,878 — 8,536 a 8,698 — 8,750 a 8.241 - 8,201 a 6,060 — 7,073 a 5,714 — 6,111 a 4,736 — 5,514 342 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. ETAIN. Etain et. Premier Enlier refroidissemcnl. re fro id Glaise , . . . . 10,000 a 8,823 — 9.324 Bismuth . . . . . 10,000 h 8,888 — 9,400 Antimoine . . . . 10,000 a 8,710 — 9,156 Ocre . . 10,000 a 5,882 — 7,619 Craie . . 10,000 a 6,564 — 6,842 Gypse . . . . . 10,000 a 4,090 — 4,912 PIERRE CALCAIRE TENDRE. (Anlimoine .... 10,000 a 7,742 — 9,545. Pierre lendre et. .JCraie 10,000 a 7,288 — 7,312. /Gypse 10,000 a 4,182 — 5,211. GLAISE. Glaise et . ( Bismuth \Ocre . .< Craie . J Gypse f Bois. 10,000 10,000 10,000 10,000 10,000 8,870 8,400 7,701 5,185 3,137 — 9,419. — 8,571. — 8,000. — 8,055. — 4.543. BISMUTH. I Antimoine .... 10,000 a 9,349 Ocre 10,000 a 8,846 Craie 10,000 a 8,620 PORCELAINE. Porcelaine et gypse 10,000 h 5,308 ANTIMOINE. Antimoine . . .jCraie 10,000 a 8,431 (Gypse 10,000 k 5,833 OCRE. r. , \ Craie io,oOO a 8,854 ^'creet . . , ..Gypse 10,000 a 6,364 Bo's 10,000 a 4,074 9,572. 7,380. 9,500. 6,300. 7,391. 5,476. 8,889. 9,062. 5,128. PARTiE EXPEKLMEIVTALE. 345 CRAIE. Premier Entier refroidisseincnt. refroid. Craie ci gypse 10,000 a 6,667 7,920. GYPSE. Gypse el iBois 10,000 k 8,000 — 5,250. (Pierre 10,000 a 7,000 — 4,500. BOIS. Boisetpierre ponce 10,000 ^ 8,750 — 8,182. Qiielqiie attention que j'aie donnee a mes experiences, quelqiie soin que j'aie pris pour en rendre Ics rapports plus exacts, j'avoue qu'il y a encore qiielques imperfections dans cetle table qui les contient tous; mais ces de- fauts sont legcrs et ninfluent pas beaucoup sur les resultats generaux : par exemple, on s'aperccvraaisement que le rapport du zinc au plomb, etant de dix mille a six mille cinquante et un, celui du zinc a I'etain devrait etre nioindre de six mille. tandis quil se trouve dans la table de six mille sept cent soixanle-dix-sept. II en est de meme de celui de I'argent au bismuth, qui devrail etre nioindre que six mille trois cent huit; et encore de celui du plomb a la j;laise, qui devrait eire de plus de huit mille, ct qui ne se trouve etre dans la table que de sept miHe huit cent soixante-dix-huit; mais cela provient de ce que les boulets de plo:i b et de bismuth nont pas toujoursete les memes : ils se sont fondus aussi bien que ceux detain et d'antimoine; ce qui na pu manqucr do produire des variations, donl les plus grandes sont les trois que je viens de remarquer. 11 ne ma pas etc possible de faire mieux : les difTerents boulets de plomb, detain, de bismuth et dantimoine, dont je mesuis snccessivement servi, etaicnt faits, a la verite, sur le meme calibre, mais la maiiere de chacun pouvait etre un peu difrerenle, selon la (juantiie dnlliage du plond) et de I'etain, car je n'ai eu dc letain pur que pour les deux premiers boulets : d'ailleurs, il reste assez souvent une pelife cavite dans ces boulets fondus, et ces petites causes suffisenl pour produire les petites differences quon pourra remarquer dans ma table. II en est de meme du rapport de I etain ii I'ocre, qui devait etre de plus de six mille, et qui ne se trouve dans la (able que de cinq mille huit cent quatre-vingt-deux, parce que I ocre etant une matiere friable qui diminue par le frotlement, j'ai ete oblige de changer trois ou quatre fois les boulets docre. J avoue qu'en donnant a ces experiences le (lo(d)le du tres-long temps que jv ai emplove, janrais pn parvenir a un plu< grand degre de precision : 344. INTRODUCTION A L HIS TOIRE DES MINERAUX. inais je me flatle quil y en a suflisamment pour quon soil convaincu de ia verile des resultats que Ion pent en (irer. II n'y a guere que les personnes aceoutuniees i\ faire des experiences qui sachent combien il est difficile de constaler un seul fail de la nature par tous les moyens que I'arl pcut nous fournir : il faut joindre la palience au genie, et souvenl cela ne suffit pas encore; il faul quelqucfois rononcer, malgre soi, au degre de precision que Ion desircrait, parce que cette precision en exigerail une tout aussi grandc dans toutes les mains dont on se sert, et demanderait en meme temps une parfaite egalile dans Ionics les matieres que Ion emploie : aussi, tout ce que Ton peul faire en physique experimentale ne peul pas nous donner des re- sultats rigoureusenient exacts, et ne pcut aboulir qua des approximations plus ou moins grandcs; ct quand lordre general de ccs approximations ne se dement que par dc Icgcrcs variations, on doit etre salisfait. Au resie, pour lirer de ces nombreuses experiences tout le fruit quon doit en altendre, il faiitdiviser les maiiores qui en font lobjct en quatre classes ou genres difierents : 1° Les metaux; 2" les demi-melaiix et mineraux metalliques; 3° les sub- stances vilrees ct vilrcscibles; 4" les substancos calcaires et calcinables; comparer ensuite les malicrcs dc ehaque genre entre elles, pour tacher de reconnaiire la cause ou les causes de I'ordre que suit le progres de la cha- leur dans chacune; el cnfui comparer les genres meines entre eux, pour es- sayer d en dcduire quclqucs resullais generaux. I. L'ordre des six niclaux, suivant leur densite, est : etuin, fer, cuivre, argent, plomb, or; tandis que lordre dans lequel ces metaux recoivent et perdent la cbaleur est, etain, plomb, argent, or, cuivre, fer, dans lequel il n"y a que I'elain qui conserve sa place. Le progres ct la dnrec do la chaleur dans les metaux ne suit done pas lordre de leur densite, si ce n'est pour letain, qui, elant le moins dense de tous, est en meme temps celui qui perd le plus tot sa cbaleur : mais I'ordre des cinq autrcs mclaux nous dcmonire que c'est dans le rapport de leur fu- sibiliie que tous recoivent el perdent la chaleur; car le fer est plus difficile a fondre que le cuivre, le cuivre lest plus que lor, I'or plus que I'argent, largent plus que le plomb, el le plomb plus que letain : on doit done en con- elure que cc nest quun hasard si la densite el la fusibilite de letain se trou- venl ici reunies pour le placer au dernier rang. Ccpendanl ce serait irop savancer que de pretendre quon doit tout al- lrd)uera la fusibilite, ct rien du tout a la densite; la nature ne se depouille jamais d une dc scs proprieics en faveur dune autre dune maniere absolue, cest-a-dire do facon que la premiere ninllue en rien sur la seconde : ainsi, la densite pent bicn entrer pom (|uclqiie chose dans le progres de la cha- leur; mais au moins nous pouvons prononcer affirmativcmenl que, dans les six metaux, elle ny fait (|ue Ires-pen, au lieu que la fusibilite y fait presque Ic tout. Cclle premiere verile n'ciail connue ni des chimibles ni des pbysicicns : PARTIE EXPERIMENTALK. 345 on n aurait pas ineme iniai^ine que lor, qui est plus de deux fois el denii plus dense que le fer, perd neanmoins sa clialeur un demi-tiers plus vite. 11 en est de meme du plomb, de largent et du cuivrc, qui tous sent plus denses que le fer, et qui, conuue lor, seohaufTent ot se refroidissent plus promplement; car, quoiquil ne soit question que du refroidisscnient dans ee second Menioire, les experiences du Meninire qui precede celui-ci demon- trent, a nen pouvoir doulcr, qu'il en est de lentree de la clialeur dans les corps comme de sa sortie, el que ceux qui la recoivent le plus vite sont en meme temps ceux qui la perdcnt le plus tot. Si Ton reflechit sur les principes reels de la densite et sur la cause de la fusibilite, on sentira que la densite depend absolumcnt de la quantite de inatiere que la nature place dans un espace donne; que plus elle pent y en faire enlrer, pins il y a de densite; et que Tor est, a eel egard, la suhslance qui de loutes conticnt le plus de maliere rclalivenieiit a son volume. C'est pour ceite raison que Ion avait cru juscju ici qu'il fallait plus de temps pour echaufler ou refroidir Tor que les autres metaux. II est en elTet assez naturel de penser que, contenant sous le meme volume le double ou le triple de matiere, il faudrait le double ou le triple du temps pour la pcnetrer de cba- leur; et celaserait vrai si, dans toutes les substances, les parties constituantes etaient de la meme figure, et, en consequence, toules arrangees de meme. Mais, dans les unes, comme dans les plus denses, les molecules de la ma- tiere sont probablement de figure asscz regnliere pour ne pas laisser enlre files de tres-grands espaces vides; dans d'liulres moins denses, Icurs figures plus irregulieres laissent des vides plus nombreux et plus grands; et dans les plus legeres, les molecules etant en petit nombre et probablement de figure tres-irreguliere. il sc trouve mille et mille fois plus de vide que de plein : car on pent demonlrer, par d'autres experiences, que le volume de la substance meme la plus dense conlient encore beaucoup plus d'espace vide que de matiere pleine. Or, la priricipale cause de la fusibilite est la facilitc que les particules de la clialeur irouvcnt a separer les unes des autres ces molecules de la matiere pleine : que la somme des vides en soit plus ou moins grande, ce qui fait la densite ou la legerele, cela est indifferent a la separation des molecules qui constituent le plein, et la plus ou moins grande fusibilite depend en entier de la force de coberence qui (ient unies ces parties niassivcs et soppose plus ou moins il leur separation, i.a dilatation du volume total estle premier de- gre de Taction de la clialeur; et, dans les difTerents metaux, elle se fait dans le meme ordre que la fusion de la masse, qui s'opere par un plus grand degre de clialeur ou de feu. L'etain, (pii de tous se fond le plus promp- lement, (St aussi cclui qui se dilate le plus vite; et le fer, (pii est de lous le plus dillicile a fondre, est de meme celui dont la dilatation est la plus len(e. D'apres ces notions gcnerales, (pii paraisseiit daires, precises et fondees sm- des experiences tpie rien ne peul demenlir, on scrail poilo a croire tpic 346 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. la diictilite doil suivrc I'ordre de l:t fusihilite, parce que la plus ou nioiiis grande 'duclilile semble depcndre de la plus ou moins grande adhesion des parties^ dans chaque metal; cependant cet ordre de la ductilite des nictaux parait avoir autant de rapport a lordre de la densite qua eelui de leur fusi- bilile. Je dirais volontiers ([uil est en raisoii composee des deux aulres; mais ce nest que par estimeet par nne presomption qui n'esl peut-etrepasassezfon- dee; car il n'est pas aussi facile de determiner au juste les difTcrents degres de la fusibilite que ceux de la densite; el comnie la ductilite participe des deux, el quelle varie suivant les circonslances, nous n'avons pas encore ac- quis les connaissances necessaires pour prononcer alTirinalivemcnt sur ce sujet, qui est d une assez grande importance pour meriter des recherches particuliercs. Le meme metal Iraite a froid ou a chaud donne des resultats lout diirercnls : la mallcabilitc est le premier indice de la ductilite; mais elle ne nous donnc ncaninoins quune notion assez imparfaite du point au- quel la diiclilite pent s elendre. Le plonib, le plus souple, le plus malleable des metaux, ne peut sc tirer a la (iliere en fils aussi fins que Tor, ou meme que le fer, qui de tons est le moins malleal)le. D'ailleurs il faut aider la duc- tilite des metaux par laddition du feu, sans quo! ils secrouissenl et devien- nent cassants; le fer meme, quoi(iue le plus robuste de tous, secrouit comme les autrcs. Ainsi. la ductilite dun metal et 1 eiendue de conlinuile qu'il peut suppor- ter dependent non-sculcment de sa densite et de sa fusibilite, mais encore de la maniore dont on le traitc, de la percussion plus lenle ou plus prompte, et de laddition de clialcur ou de feu quon lui donne a propos. II. Maintenant, si nous comparons les substances qu'on appelle demi- mitaux et unneraux nietuUiqucs qui mnnquenl de ductilite, nous verrons que I'ordre de lour densile est : cmeril, zinc, antimoine, bismuth; et que celui dans lequel ils recoivent et perdenl la cbaleur est •• antimoine, bismuth, zinc, cmeril; cc qui ne suit en aueune facoii lordre de leur densite, mais plulot celui de leur fusibilile. L'emeril, i\\\\ est un mineral ferrugiiieux, quoique une fois moin» dense (|ue le bismuth, conserve la clialeur une fois plus longtemps; le zinc, plus leger (|ue lantimoiue et le bismuth, conserve aussi la cbaleur bcaucoup plus longlentps; I'antimoine et le bismuth la re- coivent et la gardent a peu prcs egalement. II en est done des demi-metaux et des mineraux melalliques conmie des melaux : le rapport dans lecpiel ils regoivent et perdenl la cbaleur est a pen pres le meme (|ue celui de leur fusibilite, et ne tienl que tres-peu ou point du lout a cehn de leur densite. Mais en joignant ensemble les six metaux et les quatre demi-metaux ou mineraux melalliques que jui souniis a 1 eprcuve, on verra que I ordre des densiles de ces dix substances miiierules est : Emeril, zinc, antimoine, eiain, fer, cuivre, bismuth, etain, plomb, or; El que i'ordre dans lequel ees substances secbauffenl el se refroidis- senl est : Antimoine, bismuth, etain, plomb, argent, zinc, or, cuivre, emeril, fer : PAKTIE EXPERIMEINTALE. 347 Dans lequel il y a deux clioses qui ne paraissent pas bien d'accord avec I'ordre de la fusibilite : 1° L'anlimoine, qui devrait s echauffer et se refroidir plus lentement que le plomb, puisqu'on a vu par ies experiences de Newton, citecs dans le me- moire precedent, que I'antimoine demande pour se fondre dix degres de la meme chaleur, dont il n'en faut que huit pour fondre le plomb; au lieu que, par mes experiences, il se trouve que rantimoinc secliauffe et se re- froidit plus vite que le plomb. Mais on observera que Newton s'est servi de regule d'antimoine, et que je nai employe dans mes experiences que de I'antimoine fondu : or, le regule d'antimoine ou I'antimoine nalurel est bien plus difficile a fondre que I'antimoine qui a dej5 subi une premiere fusion; ainsi, cela ne fait point une exception a la regie. Au resle, j'ignore quel rap- port il y aurait cntre I'antimoine naturel ou regule d'antimoine et Ies autres malieres que j'ai fait cbauffer et refroidir; niais je presume, daprcs I'expe- rience de Newton, qu il s ecliaulferait et se refroidirait plus lentement que le plomb. 2° L'on pretend que le zinc se fond bien plus aiseinent que largent; par consequent il devrait se trouver avanl largent dans I'ordre indique par mes experiences, si cet ordre elait, dans tous Ies cas, relatif a celui dc la fusibi- lite; et j'avoue que ce demi-metal semble, au premier coup d'ceil, faire une exception 6 cette loi que suivent tous Ies autres. Mais il faut observer : 1° que la difference donnee par mes experiences enlre le zinc et I'argent est fort petite; 2° qtie le petit globe dargent dont je me suis servi etait dc I'ar- gent le plus pur, sans la moindre parlie dc cuivre ni dautre alliage, et lar- gent pur doit se fondre plus aisement el s'ccbaufTcr plus vile que largent mele de cuivre; 3° quoique le petit globe de zinc m'ait etc donnc par un de nos habiles chimisles *, ce n'est peuf-etre pas du zinc absolument pur et sans melange de cuivre, ou de queique autre matiere encore mnins fusible. Comme ce soupcon m'etail reste apres toutes mes experiences faites, j'ai remis le globe de zinc a M. Rouelle, qui me I'avait donne, en le priant de s'assurer s'il ne contenait pas du fer ou du cuivre, ou quelquc auire matiere qui s'opposerait a sa fusibilite. Les epreuves en ayant ete faites, M. Rouelle a trouve dans ce zinc une quantite assez considerable de fer ou safran de mars : j'ai done eu la satisfaction de voir que non-seulement mon soupQon etait bien fonde, mais encore que mes experiences ont ete faites avec assez de precision pour faire recormaitre un melange dont il n'ctait pas aise de se douter. Ainsi le zinc suit aussi exactement que les autres mctaux et demi- metaux, dans le progres de la chaleur, I'ordre de la fusibilite, et ne fail point une exception a la regie. On peut done dire, en general, que le progres de la chaleur dans les mctaux, demi-metaux et mmeraux metalliqucs, est en meme raison, ou du moins en raison tres-voisine de celle de leur fusibilite*'*. * M. Roiii'lli'. clciiiiinvtriiliiir de chiinir ;iin pcolcs ilii .l.irdiii ni'vrillance du Jardin et du Cabinet du Koi. 352 INTIJODUCTION A LIIISTOIKE DES MINERAUX. en plus gios grains, dun blanc livide un pen jaunalre, el beaucoup moins inagnetique que la premiere. Entre ccs deux matieres, qui sonl les deux extremes de ccue espece de melange, se irouvcnt loules les nuances inter- mediaires, soil pour le magnelisme, soil pour la couleur et la grosseur des grains. Les plus magneliques, qui sonl en meme temps les plus noirs el les plus petils, sc reduisenl aiscnicnt en poudre par un froltemenl assez leger, et laissent sur le papier blanc la meme couleur que le plomb frolte. Sept feuilles de papier dont on s'est servi successivemcnl pour exposer la platine a Taction de I'aimant, ont ele noircies sur toute letendue quoccupail la pla- tine les dernieres feuilles moins que les premieres, a mesure quelle se triait, et que les grains qui reslaienl elaient moins noirs et moins magne- liques. Les plus gros grains, qui sonl les plus coloreset les moins magnetiques, au lieu de se reduire en poussiere comme les pedis grains noirs, sonl au contraire tres-durs et resistent a toute trituration ; neanmoins ils sonl sus- ceplibles dexlension dans un mortier d'agate *, sous les coups reiteres d'uii pilon de meme matiere, el j'en ai aplati et etendu plusieurs grains au double et au triple de I'etendue de leur surface : celte partie de la platine a done un certain degre de malleabilite et de ductilitc, tandis que la partie noire ne parait etre ni malleable ni ductile. Les grains iniermediaires participent des qualites des deux exiremes; ils sonl aigres et durs, ils se cassent ou s'eten- dent plus dilficilement sous les coups du pilon, et donnent un peu de pou- dre noire, mais moins noire que la premiere. Ayant recuciUi cctte poudre noire el les grains les plus magnetiques que 1 aimant avail attires les premiers, j'ai rcconnu que le tout etait du vrai fer, mais dans un etat dilfcrent du fer ordinaire. Celui-ci, reduit en poudre el en limaille, se cbarge de lliumidite et se rouille aisement : a mesure que la rouille le gagne, il devient moins magnetique et Unit absolument par perdre celte qualite magnetique, lorsquil est enlierement et inlimement rouille; au lieu que celte poudre de fer, ou, si Ton veut, ce sablon ferrugi- neux qui se trouve dans la platine, est au contraire inaccessible a la rouille quelque long temps quil soil expose a Ihumidile; il est aussi plus infusible et beaucoup moins dissoluble que le fer ordinaire; mais ce n'en est pas moins du fer, qui ne ma paru differer du fer connu que par une plus grande purele. Ce sablon est en effet du fer absolument depouille de loules les parties combustibles, salines et terreuses, qui se trouvent dans le fer ordinaire et meme dans lacier : il parait enduit el recouverl dun vernis vitrcux qui le defend de toute alteration. Et ce quil y a de tres-remarquable, cest que ce sablon de fer pur n'appartient pas exclusivement, a beaucoup pres, a la mine de platine; jen ai trouve, quoique loujours en petite quan- lite, dans plusieurs endroits ou Ton a fouille les mines de fer qui se con- somment a mes forges. Comme je suis dans lusage de soumettre a plusieurs * ISola. ,li' n'ai pas voiilii les etcndie sur le tas d'acicr, dans la ciainle de leur cointnu- uujiie plus de inajjnrlisine (|u'ils ii'en onl iialuiellcnieiil. PARTIES EXPERIMENTALE. 353 epreuves toutes les mines que je fais exploiter, avant de me delerminer a les faire iravaillcr en grand pour lusage de mes fourneaux, je fus assez surpris de voir que dans quelques-unes de ccs mines, qui loules sont en grains, et dont aucune n'cst altirable par laimant, il se Irouvail neaninoins des particules de fer un peu arrondies et luisantes conime de la limaillc de fer, el tout a fait semblables au sablon ferrugineux de la platine ; elles sont tout aussi magnctiques, tout aussi peu fusiblcs, tout aussi dilFicilcmcnt dis- solubles. Tel Cut le rcsullat de la comparaison que je fis du sablon de la platine et de ce sablon trouve dans deux de mes mines de fer, a trois picds de profondeur, dans des terrains ou I'eau penclre assez facilemcnt. J'avais peine a 'concevoir dou pouvaient provenir ces particules de ferj comment elles avaient pu se defendre de la rouille depuis des siecles quelles sont ex- posees a I'humidite de la lerre ; enlin, comment cc fer tres-magneiique pouvait avoir ete produit dans des veines de mines qui ne le sont point du tout. J'ai appele lexpcriencc a mon secours, et je me suis assez eclaire sur lous ces points pour etre satisfait. Je savais, par un grand nombre d'obser- vations, qu'aucune de nos mines de fer en grains n'est attirable par lai- mant : j etais bien persuade, comme je le suis encore, (juc toutes les mines de fer qui sont magnetiqucs n'ont acquis cctte propriete que par laelion du feu; que les mines du Nord, qui sont assez magnetiques pour qu'on les chcrclie avec la boussole, doivent leur origine a I'clement du feu, tandis que toutes nos mines en grains, qui ne sont point du tout magnetiques, n'ont jamais subi Taction du feu, et n'ont etc formees que par le moyen ou rinlermede de I'eau. Je pensais done que ce sablon ferrugineux et magne- tique, que je trouvais en petite quantite dans mes mines de fer, devait son origine au feu; et ayant examine le local, je me conlirmai dans cclte idee. Le terrain ou so trouve ce sablon magnelique est en bois, de temps innue- morial; on y a fait Ires-anciennement, et on y fait tous les jours, des four- neaux de charbon : il est aussi plus que probable qu'il y a eu dans ces bois des incendics considerables, Le cbarbon et le bois brule, surtout en graiide quantite, produisent du macliefer, et cc macbefer renferme la partie la plus lixe du fer que contiennent les vegetaux : c'cst ce fer lixe qui forme le sablon dont il est question, lorsque le macbefer se decompose par Taction de Tair, du soleil et des pluies; car alors ces particules de fer pur, qui ne sont point sujettes a la rouille ni a aucune autre especc d'alleration.sc laisscnt cntraincr par Teau, el penetrent dans la tcrre avec elle a quelques picds de profon- deur. On pourra verifier ce que j'avanee ici, en faisant broyer du macbefer bien brule; on y Irouvera toujours unc petite quantite de ce fer pur, qui, ayant resisle a Taction du feu, resiste egalement a cellc des dissolvants, el ne donne point de prise a la rouille *. ' J'ai rccoiinu dans Ic Cahinet d'liisloire iialiirellc, des sablons ferrugineux de meme cspece que celui de mes mines, qui in'ont ele envoyes de dillcrenls endroits, ct qui sont egalement magnetiques. On en tiouve a Quimpcr en Bretagne, en Uanemarck, en Siberie, BiifFOd, torn. II. 33 oU INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. M'etant salisfait siir ce point, et apres avoir compare le sablon tire de ines mines de fer et du macliefer avec celui de la platinc assez pour ne pou- voir douter de leiir identilo, je ne fus pas longtemps a penser, vu la pe- sanleur specifique de la plaline, que si ce sablon de fer pur, provenant de la decomposition du macliefer, au lieu d'etre dans une mine de fer, se trou- vait dans le voisinage dune mine dor, il aurail, en sunissant a ce dernier metal, forme un alliage qui serait absolument de la menie nature que la platine. On saitque lor et le fer ont un grand degrc d'allinitej on sait que la plupart des mines de fer contiennent une petite ([uantite d'or; on sait donner a lor la teinturc, la couleur et meme laigrc du fer, en les faisant fondre ensemble : on eniploie cet or couleur de fer sur differents bijoux dor, pour en varier les coulcurs: et cet or, melc de fer, est plus ou moins gris et plus ou moins aigre, suivant la quanlite de fer qui entre dans le me- lange. Jen ai vu d'une tcinte absolument semblable a la couleur de la pla- tine, Ayant demandc a un orfevrc quelle ctait la proportion de lor et du fer dans ce melange, qui etait de la couleur de la platinc, il me dit que lor de 24 karats netait plus qu'a 18 karats, ct qu'il y entrait un quart de fer. On verra que c'cst a peu pros la proportion qui se trouve dans la platine natu- relle, si Ton en juge par la pesanteur specifique. Cet or, mele de fer, est plus dur, plus aigre et specifiquement moins pesant que I'or pur. Toutes ces convenances, toutes ces qualilcs communes avec la plaline, m'ont persuade que cc pretendu metal n"cst dans le vrai quun alliage dor ct de fer, et non pas une substance parliculicrc, un melal nouvcau, parfait, et diflerent de tous les autres mctaux, comme les cbimistes Tent avance. On pent d'ailleurs se rappeler quo I'alliage aigrit (ous les metaux, et que quand il y a penetration. c"cst-a-dire augmentation dans la pesanteur speci- fique, lalliage en est dautant plus aigre que la penetration est plus grande, et le melange devenu plus inlime, comme on le reconnait dans Talliage ap- pele rn^tal des cloches, quoiipiil soit compose de deux metaux tres-ductiles. Or, rien n'est plus aigre ni plus pesant que la platinc : ccla seul aurait du faire soupconner que ce nest quun alliage fait par la nature, un melange de fer et d'or, qui doit sa pesanteur specifique en partie a ce dernier metal, et peut-elre aussi en grande partie a la penetration des deux matieres dont il est compose. Weanmoins, celte pesanteur specifique de la platine n'ost pas aussi grande a Saiiil-Domiiijjuc. el Ifs aj-ant lous compaivs, j'ai vu que Ic sablon fcnusincux dc Qiiim- pcr elait cclui qui resscmblait lo plus au mien, ct qu'il n'ou dilTerail que par un peu pins de pesanteur specifique. Celui de Sainl-Dominfrne est plus Icjrcr, celui dc Dancmarck est moins pur et plus melanje de terrc. el eclui de Silicrie est en masse ct cti morceaux gros comme le pouee, solides, pesanls. ct que I'aimant souleve a peu pres comme si c'elait une masse de fer pur. On pent done presumer que ces sablons magncliques, provenant du ma- cbrfer, sc Irouvent au,<;si communement que le macbefer meme, mais seulement en bien plus petite quaiitile. 11 est rare qu'on en trouve des amas un peu considerables, ct c'est par cettc raison qu'.ls ont ccbappe, pour la plupart, aux recberchcs des mineralogistes. PARTIE EXPERIRIENTALE. Sbb que nos chimisles I'onl publie, Conime celte malicre, traitec senle et sans addition de fondants, est tres-dillicile a rediiire en masse, qu'on n"en |)eiil obtenir au feu du miroir brulant que de tres-pelites masses, et que les expe- riences hydrostatiques faites sur de petits volumes sont si defectueuses quon n'en pent rien conclure, il me parait qu'on s'cst trompe sur I'estimation de la pesanteur specifiquc de ce mineral. Jai mis de la poudrc d"or dans un petit tuyau de plume, que j'ai pese ires-exactement; j'ai mis dans le meme tuyau un egal volume de platine, il pesait pres d'un dixieme de moins : mais celte poudre d'or etait beaucoup Irop fine en comparaison de la platine. M. Tillet, qui joint a une connaissance approfondie des metaux le talent rare de faire des experiences avec la plus grande precision, a bicn voulu repeler, a ma priere, celle de la pesanteur specifique de la platine comparee a Tor pur. Pour cela, il sest scrvi, comme moi, d'un tuyau de plume, ct il a fail couper a la eisaille de lor a 24 karats, reduit autant quil etait possible a la grosseur des grains de la platine, et il a trouve, par huit experiences, que la pesanteur de la platine diflerait de celle de I'or pur d'un quinzieme a tres- peu pres; mais nous avons observe tons deux que les grains d'or, coupes a la eisaille, avaient les angles beaucoup plus vils que la platine. Celle-ci, vue a la loupe, est a peu pres de la forme (les galets roules par I'eau; tous les angles sont emousses; elle est meme douce au toucber, au lieu que les grains de cet or coupes a la eisaille avaient des angles vifs et des poinles trancbanles, en sorle qu'ils ne pouvaient plus s'ajuster ni s'entasser les uns sur les autres aussi aisement que ceux de la platine; tandis qu'au contraire la poudre d'or, dont je mc suis servi, etait de lor en paillettes, telles que les arpaillcurs les trouvent dans le sable des rivieres. Ces pailletles s'ajustent beaucoup mieux les unes contre les autres. J'ai trouve environ un dixieme de difference cntre le poids sjjecifique de ccs paillettes et celui de la platine : neanmoins ces paillettes ne sont pas ordinaircment d'or pur, il s'en faut souvent plusdedeux ou irois karats; ce qui en doit diminuer en meme rap- port la pesanteur specilique. Ainsi, tout bien considerc et compare, nous avons cru qu'on pouvait maintenir Ic resultat de mes experiences, et assurer que la platine en grains, et telle que la nature la produit, est au moins d'un onziemc ou dun douzieme moins pesante que lor. 11 y a toute apparence que celte crreur de fait sur la densile de la platine vient de ce qu'on ne I'aura pas pesee dans son ctal de nature, mais seulement apres I'avoir reduite en masse; et comme cette fusion ne pent se faire que par I'addition dautres matieres el a un feu trcs-violent, ce n'cst plus de la platine pure, mais un compose dans lequel sont entrees des matieres fondantes, et duquel le feu a' enlevc les parties les plus Icgeres. Ainsi la platine, au lieu d'etre d'une densite egale ou prcsque egale a celle de lor pur, comme I'ont avance les auteurs qui en out ecrit, n'est que d'une densite moyennc cnlre celle de lor et celle du fer, et seulement plus voisine de celle de ce premier metal que de celle du dernier. Supposani done que le pied cube d'or pese treize cent vingt-six livres, et celui du fer 23. 356 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. pur cinq cent qualre-vingts livres, celui dc la platine en grains se trouvera peser environ onze cent quatre-vingt-quatorze livres ; ce qui supposerait plus de trois quarts dor sur un quart de for dans cet alliage, s'il n'y a pas de penetration : mais, comnie on en tire six septiemes a Taimant, on pour- rait croire que le fer y est en quantite de plus dun quart, d'autant plus qu'en s'obstinant a cette experience, je suis persuade qu'on viendrait a bout d'enlever, avec un fort aimant, toute la platine jusqu'au dernier grain. Ncanmoins, on n"en doit pas conclurc que le fer y soil contenu en si grande quantite; car, lorsqu'on le mele par la fonle avec lor, la masse qui resulte de cet alliage est altirable par I'aimant, quoique le fer n'y soit qu'en petite quantite. J'ai vu, entre les mains de M. Beaume, un bouton de cet alliage pesant soixante-six grains, dans lequel il netait entre que six grains, c'est-a- dire im onzieme dc fer; et ce bouton se laissait enlever aisement par un bon aimant. Des lors la platine pourrait bien ne contenir quun onzieme de fer sur dix onziemes d'or, et donner neanmoins tous les memes pbeno- menes, e'est-a-dire etre attiree en entier par laimant; et cela s'accorderait parfaitement avec la pesanteur specifiquc, qui est d'un dixieme ou d'un douzieme moindre que celle de Tor. Mais ce qui me fait presumer que la platine contient plus d'un onzieme de fer sur dix onziemes d'or, cest que I'alliage qui resulte de cette propor- tion est encore couleur d"or et beaucoup plus jaune que ne Test la platine la plus eoloree, et qu'il faut un quart de fer sur trois quarts dor pour que lalliage ait precisement la couleur nalurelle de la platine. Je suis done tres- porte a croire quil pourrait bien y avoir cette quantite d'un quart de fer dans la plantine. Nous nous sommes assures, M. Tillet et moi, par plusieurs experiences, que le sablon de cc fer pur que contient la platine est plus pe- sant que la limaille de fer ordinaire. Ainsi cette cause, ajoulee a I'eirel de la penetration, suflit pour rendre raison de cette grande quantite de fer contenue sous le petit volume indique par la pesanteur specifique de la platine. Au reste, il est tres-possible que je me trompe dans quelques-unes des consequences que j'ai eru devoir tirer de mes observations sur cette sub- stance metallique : je nai pas ete a portee d'en faire un examen aussi appro- fondi que je laurais voulu; ce que j'en dis n'est que ce que j'ai vu, et pourra peut-elre servir a faire voir niieux. I'UEMIERE ADDITION. Comme jolais sur le point de livrer ces feuilles a I'impression, le liasard fit que je parlai de mes idees sur la platine a M. le eonUe dc Milly, qui a beaucoup de connaissances en pbysique et en chimie : il mc repondit quil PARTIE EXPERIMENTALE. ' 357 pensaita peu pres comine moi sur la nature dc ce mineral. Jc lui donnni Ic Memoire ci-dessus pour rexamincr, et, deux jours apres, il eut la bonle de m'envoyer les observations suivantes, que je crois aussi bonnes (jue les niiennes, et qu'il ma permis de publier ensemble. « J'ai pese exactement trente-six grains de platine; je I'ai etendue sur une « feuille de papier blane, pour pouvoir mieux lobserver avcc une bonne « loupe : j'y ai apergu ou j'ai cru y apercevoir tres-dislinctemcnt trois sub- « stances differentes : la premiere avait le brillant metallique, elle etait la « plus abondante; la seconde, vitriforme, tirantsur le noir, ressemble assez « a une matiere metallique ferrugineuse qui aurail subi un degre de feu « considerable, telles que des scories de fer, appclees vulgaircment md- « chefer; la troisieme, moins abondante que les deux premieres, est du « sable de toutescouleurs, ou cependant le jaune, couleurde topaze, domine. « Chaque grain de sable, considere a part, o(Tre a la vue des cristaux regu- « liers de differentes couleurs ; jen ai remarque de cristallises en aiguilles « hexagones, se terminant en pyramide comme le cristal de roche, et il m'a « semble que ce sable n etait qu'un detritus de cristaux de roche ou de quartz « de differentes couleurs. « Je formai le projet de separer, le plus exactement possible, ces diffe- « rentes substances par le moyen de Taimant et de mettre a part la partie la J plus attirable a I'aimant, davec celle qui letait moins, et enfin de celle « qui ne 1 etait pas du tout; ensuile d'examiner chaque substance en particu- « lier et de les soumettre a differentes epreuves chimicjues et mccaniques. « Je mis a part les parties de la platine qui furent attirees avcc vivacite a « la distance de deux ou trois lignes, c'est-a-dire sans le contact de laimant, « et je me servis , pour cette experience , d'un bon aimant factice dc « M. I'abbe...; ensuite je touehai avec ce meme aimant le metal, et jen M enlevai tout ce qui voulut ceder a I'effort magnetique, que je mis a part: « je pesai ce qui etait reste et qui netait presque plus altirabie; celle ma- tt tiere non attirable , et que je nommerai n" 4, pesait vingt-trois grains ; « n° 1", qui etait le plus sensible a I'aimant, pesait quatrc grains; n° 2 pesait « de meme quatre grains, et n" 3, cinq grains. « N" 1", examine a la loupe, n'offrait a la vue qu'un melange de parties « metalliques, dun blanc sale tirant sur Ic gris, aplaties et arrondies en « forme de galels et de sable noir vitriforme, resscmblant a du machefcr « pile, dans lequel on apercoit des parties ires-rouillees, onfin telles (jue les « scories de fer en presentcnt lorsqu'elles ontete exposecs a I'liumidite. « N" 2 presentait a peu pres la meme chose, a I'exccption que les parties « metalliques dominaient, et quil n'y en avail que Ires-peu de rouillees. « N° 3 etait la meme chose : mais les parties metalliques etaient plus vo- ce lumineuses; ellcs ressemblaient a du metal fondu, et qui a ete jete dans « i'eau pour le diviscr en grenailies : dies sont a|»latics; ellcs affectent toutes « sorles de figures, mais arrondies sur les bords, a la manicre des galels « qui ont ele roules et polis par les eaux. 558 INTRODUCTION A L'HISTOIRK DES MINERAUX. « N° 4, qui n'avait point ele cnlevc par rainiani, mais dont quelques « parlies donnaient encore Ics marques de sensibilile au magnetisme, lors- « qu'on passail laimant sous le papier ou elles etaient etendues, etait un « melange dc sable, de parlies rnelalliques el de vrai machefer friable sous « les doigts, qui noircissail a la maniere dn macbefer ordinaire. Le sable « semblait etre compose de pelits crislaux de lopaze, de cornaline et de « crislal de rocbe; j'en ecrasai quelques crislaux sur un las d'acier, et la « poudre qui en resulla elait comme du vernis reduit en poudre. Je fis la « momc chose au machefer : il secrasa avec la plus grande facilile, et il « moffril une poudre noire ferrugineuse qui noircissail le papier comme le « macbefer ordinaire. « Les parlies rnelalliques de ce dernier (n" 4) me parurent plus ducliles « sous le marleau que cclle, du n° \", ce qui me fit croire qu'elles conle- « naienl moins de fer que les premieres; d'oii il s'ensuit que la platine pour- « rail fort bien n'etre quun melange de fer et dor fait par la nature, ou « peul-etre de la main des hommes, comme je le dirai par la suite. « Je tacberai dexaminer, par lous les moyens qui me seroiil possibles, la « nature de la platine, si je peux en avoir a ma disposition en sullisanle «quanlilc; en attendant, voici les experiences que j'ai faites. « Pour massurer de la presence du fer dans la platine par les moyens « cbimiques, je pris les deux extremes, c'est-a-dire n° l"qui etail tres-atli- « rable a laimanl, et n° 4 qui ne 1 etait pas; je les arrosai avec de Tesprit de « nitre un peu fumant : j'observai avec la loupe ce qui en resulterait; mais « je n'y apercus aucun mouvcment d'effervescence. J'y ajoulai de Teau dis- « tillee, et il ne se fit encore aucun mouvement; mais les parties melalliques « se decaperent, et elles prirent un nouveau brillant semblablc a celui de « I'argenl. Jai laisse ce melange tranquille pendant cinq ou six minutes; et, « ayant encore ajoule de Teau, j'y laissai tomber quelques goutles de la li- « queur alcaline salurce de la maliere colorante du bleu de Prusse, et sur- « le-cbamp le n" 1" me donna un Ires-beau bleu de Prusse. « Le n" 4 ayant ele traile dc meme, et, quoiqu'il se fiit refuse a Taction « de Taimant et a cellc de I'esprit de nitre, me donna, de meme que le « n° 1" du tres-beau bleu de Prusse. « U y a deux choses fort singuliercs a rcmarquer dans ces experiences. « 1" II passe pour constant parmi les chimistes qui onl Iraite de la platine, < du mercure; 2" par le depart a sec : on trilurait le sable aurifere avec du « mercure, et lorsqu'on jngeait quil setait charge de la plus grande partie « de Tor, on rejetait le sable quon nommait crasse, comme inutile et de » nulle valeur. « Le depart a sec sc faisait avcc aussi pcu d'inlelligence. Pour y vaquer, « on commencait par mincraliser les metaux auriferes par le moyen du sou- « fre, qui n'a point d'action sur Tor, dont la pesanteur specifique est plus M grande que celle des autrcs metaux; mais pour faciliter sa precipitation, « on ajoutail du fer en limaille qui senqiarc du soufre surabondant, me- « thode qu'on suit encore aujourd'hui *. La force du feu vitrifie une partie « du fer; I'autre se combine avec une petite portion d'or et meme d'argent « qui se mele avec les scories, d'oii on ne pent le retirer que par plusieurs « fontes, et sans etre bien inslruit des intermedes convcnables que les doci- « masistcs cmploient. La chimie, (pii s'est perfoctionnee dc nos jours, donne « a la veritc les moyens dc retirer cet or et cet argent en plus grande partie : « mais, dans le temps oil les Espagnols exploitaient les mines du Perou, ils « ignoraient sans doute I'art de trailer les mines avec le plus grand profit; « et daillcurs, ils avaient de si grandes richesses a leur disposition, qu'ils « negligeaient vraisemblablement les moyens qui Icur auraient coute de la « peine, des soins et du temps. Ainsi il y a apparence qu'ils se contentaient ' Voyez les Elemeiils docicnatiques de Cramer; I'Arl de trailer les mines, par Scliulter, Schindeler, ele. 560 liNTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. « dune premiere foiilc, et jelaient les scones comnic inuliles, ainsi que le « sable qui avail passe par le mercurc; peut-etre memc ne faisaient-ils qu'un « tas de ces deux melanges, qu'ils regardaient comme de nulla valeur. « Ces scories contenaient encore de Tor, bcaucoup dc fer sous differents « elats, et cela en des proportions differentes qui nous sonl inconnues, mais « qui sont telles peut-etre quelles peuvent avoir donne Icxistence a la pla- « tine. Les globules de mercure que j'ai observees, et les paillettes d'or « que j'ai vues distinctemenl, a laide d'une bonne loupe, dans la platine « que j'ai eue entre les mains, m'ont fait naitre les idees que je viens d'e- « crire sur I'origine de ce metal ; mais je ne les donne que comme des « conjectures hasardees : il faudrait, pour en acquerir quelque certitude, M savoir au juste oil sont situees les mines de la platine; si elles ont ete < qui me fait soupconner que la dissolution d'or employee par M.de Fourcy « pouvait bien n'elre pas aussi pure. « Et, dans le meme temps, M. le comte de Buffon m'ayant donne une « assez grande quantite d'autre platine pour en faire quelques essais, j'ai « entrcpris dc la separer dc tons Ics corps elrangers par une bonne fonte. « Voici la maniere dont jai procede el les resullats que jai eus. PARTIE EXPERIMENTALE. 565 PREMIERE EXPf-RlENCE. « Ayanl mis un gros de platine dans iino petite coupelle, sous la moufle « du fouriieau donne par ^l Macquer dans les Memoires de I'Academie des « sciences, ann^e 17o8, jai soutenu le feu |)endant deux lieures: la moufle « s'est afTaissee, les supports avaient coule; cependant la platine s'est Irouvee « seulement agglutinee; elle lenait a la coupelle, et y avail laisse des taches « couleur de rouille. La platine etait alors lerne, meme un peu noire, et « n'avait pris quun quart de grain d'augnientation de poids, quanlite hieu « faible en coniparaison de celle que d'autres cliimistes onl observee; ce qui « me surprit d'autant plus, que ce gros de platine, ainsi que toule celle que « j'ai employee aux autres experiences, avait ete enleve successivement par « I'aimant, et faisait portion des six septiemes de luiit oncesdoiitM. deBuflon « a parle dans le Memoire ci-dessus. DEUXI^ME EXPERIENCE, « Un demi-gros de la meme platine, expose au meme feu dans une cou- « pelle, s'est aussi agglutine; elle etait adherente a la cou[)elle, sur laquelle « elle avail laisse des taches de couleur de rouille. Laugmentation de « poids s'est trouvee a peu pres dans la meme proportion , et la surface « aussi noire. TROISIEAIE EXPEDIENCE. « J'ai remis ce meme demi-gros dans une nouvelle coupelle; niais au lieu « de moufle, j'ai renverse sur le support un creuset de plomb noir de « Passaw. J'avais eu rintenlion de n'employer pour support que des lets « d'argile pure tres-refractaire; par ce moycn, je pouvais augmenter la « violence du feu el prolonger sa duree, sans craindre de voir couler les « vaisseaux, ni obstruer largile par les scories. Get appareil ainsi place « dans le fourneau, j'y ai enlretenu pendant quatre heures un feu de la der- a niere violence. Lorsque lout a ele refroidi, j'ai irouve le creuset bien « conserve, soudc au support. Ayanl brisc celle soudure vitreuse, j'ai re- a connu que rien n'avait penelre dans linteneur du creuset, qui paraissait 36G INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINER AUX. « seulement plus luisant qu'il n'etait aiiparavant. La coupelle avail conserve « sa forme et sa position ; elle (itait un pen fcndillee, mais pas assez pour se « laisser penelrer : aussi le boulon dc plaline n'y etail-il pas adherent; ce « bouton n"etait encore qu'agglutine, mais d'unc manicre bien plus serree « que la premiere fois : les grains etaient moins saillants; la couleur en « etait plus claire, le brillant plus metallique; et ce qu'il y cut de plus re- « marquable, c'est qu'il s'elait elancc de sa surface pendant Toperalion, et « probablement dans les premiers instants du refroidissenient, trois jets de « verre, dont lun, plus eleve, parfaitement splierique, etait porle sur un « pcdicule dune ligne de hauteur, de la meme matiere transparente et vi- « ireuse. Ce pedicule avait a peine un sixieme de ligne, landis que le glo- « bule avait une ligne de diametre, d'une couleur uniforme, avec une legere « teinte de rouge, qui ne dcrobait rien a sa transparence. Des deux autres « jets de verre, le plus petit avait un pedicule comme le plus gros, et le « moyen n'avait point de pedicule, et etait seulement attache a la platine par « sa surface exterieure. QUATRI^ME EXPf.RIENCE. « J'ai essaye de coupeller la platine, et pour cela j'ai mis dans une coupelle « un gros des memes grains enleves par laimant, avec deux gros de plomb. « Apres avoir donne un trcs-grand feu pendant deux heures, j'ai trouve « dans la coupelle un bouton adherent, couvert d"une croiite jaunatre et un « pen spongieuse, du poids de deux gros douze grains, ce qui annoncait que « la platine avait retenu un gros douze grains dc plomb. « J'ai remis ce bouton dans une autre coupelle au meme fourneau, ob- « servant de le retourner; il n"a perdu que douze grains dans un feu.de « deux heures : sa couleur et sa forme avaicnt tres-peu change. « Je lui ai applique ensuite le vent du soudlet, apres lavoir place dans une « nouvelle coupelle couverte d'un creuset dc Passaw, dans la partie infe- « rieure dun fourneau de fusion dont j'avais ote la grille : le bouton a pris « alors un coup d'oeil plus metallique, toujours un peu lerne; et cette fois « il a perdu dix-huit grains. « Le meme bouton ayant etc remis dans le fourneau de M. Macquer, lou- « jours place dans une coupelle couverte dun creuset de Passaw, je soutins « le feu pendant trois heures, apres Icsquelles je fus oblige de I'arreter, « parce que les briques qui servaienl de support avaicnt cntierement coule. « Le bouton etait devenu de plus en plus metallique : il adherait pourtant « a la coupelle; il avait perdu cette fois trente-quatre grains. Je le jetai dans « I'acide nitreux fumant, pour essayer de le decapcr; il y eut un peu d"effer- « vescence lorsque jajoulaide I'eau distillee; le boulon y perdileffectivement PARTIE EXPERTMENTALE. 367 « deux grains, el j'y remarquai quelqties pelits irous, comma ceux que laisse « le depart. « II ne reslait plus que vingt-deux grains de plomb allies a la platine, a en « juger par I'excedant de son poids. Je comnieneai a espererde vitrifier eetle « derniere portion de plonib; ct, pour eela, je mis ce bouton dans une cou- « pelle neuve : je disposai Ic tout comme dans la troisicmc experience; je « me servis du meme fourneau, en observant de degager continueliemenl « la grille, d'entretenir au-devant, dans le courant d'air qu'il attirait, une « evaporation conlinuelle par le moyen dune capsule que je remplissais « d'eau de temps en temps, ct de laisser un moment la eliape enfrouverte « lorsqu'on venait de remplir le fourneau de charbon. (les precautions aug- « menlerent tellement laetivite du feu, qu'il fallait recharger de dix minutes « en dix minutes. Je le soutins au meme degre pendant qualre hemes, et « je laissai refroidir. « Je reconnus Ic lendemain que le creusct de plomb noir avait resisle, « que les supports netaient que faiences par les cendres. Je trouvai dans « la coupelle un bouton bien rassemble, nullement adherent, d'une couleur « continue et uniforme, approchant plus de la couleur de I'etain que de tout « autre metal, seulement un pen raboteux, en un mot, pesantun gros ires- « juste, rien de plus, rien de moins. « Tout annoneait done que cette platine avait eprouve une fusion par- « faite, quelle etait parfaitement pure, car, pour supposer qu'elle tenait « encore du plomb, il faudrait supposer aussi que ce mineral avait juste- « ment perdu de sa proprc substance autant qu'il avait retenu de matiere « etrangere; et une telle precision ne pent etre I'effet dun pur hasard. « Je devais passer quelques jours avec M. le comte de Buffon, dont la « soeiete a, si je |)uis le dire, le meme charmc que son style, dont la con- « versation est aussi plcineque ses livrcs; jc me fis un plaisir dclui porter « les produits de ees essais, et je remis a les examiner ultcrieureurement « avec lui. « 1° Nous avons observe que le gros de platine agglutinee de la premiere « experience n'e(ait pas attire en bloc par lainiant; que cependanl le barreau « magnetique avait une action marquee sur les grains que Ion en detachail. « 2° Le demi-gros de la troisieme experience n'etait non-seulement pas « attirable en masse, mais les grains que Ton en separait ne donnaient plus « eux-memes aucun signe de magnetismc. « 5" Le bouton de la quatrieme experience elail aussi absolument insen- « sible a Tapproche de laimant, ce dont nous nous assuriimes en mettant « le bouton en equilibre dans une balance tres-scnsible, et lui presen- « tant un tres-fort aimant jusqu'au contact, sans que son approche ait le « moindrement derange I'eqnilibre. « /t" La pesantcur specifique de ce bouton fut determinee par une bonne « balance hydrostatique, et, pour plus de surete, comparee a Tor de mon- « naie et au globe d'or tr6s-pur, employe par M. de Buffon a ses belles 368 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINER AUX. « experiences siir le progrcs do la chaleur ; leur densite se irouva avoir les « rapports suivants avec I'cau dans laquelle lis furenl plonges : Le globe d'or ^0 jy L'or de luonnaie 17 i- Le boulon de platine ... 14 |. « 5°Ce bouton ful porte sur un tas d'acier pour essayer sa duclilite. 11 « soutint fort bien quelqucs coups de marteau ; sa surface devint plane et « nienic un pcu polie dans les cndroits frappes; niais il se fendit bientot « apres, et il sen detacha unc portion, faisant a peu pres le sixieme de la « lotalile; la fracture presenla plusieurs cavites, dout quelques-unes, d'en- « viron una ligne de diametre, avaient la blanclieur et le brillant de I'ar- « gent; on remarquait dans d'autrcs de pctites pointes elancees, comme les « crisiallisalions dans les geodes. Le sonimet de Tunc de ces pointes, vu h « la loupe, etait un globule absolument semblablc, pour la forme, a celui « de la troisienie experience, et aussi de matiere vitreuse transparente, au- « tant que son extreme pelitesse permettait den juger. Au resle, toutes les « parties du bouton elaient compaetes, bien liecs, et le grain plus fin, plus « serre que celui du nieilleur acicr apres la plus forte trempe, auqucl il res- « semblait dailleurs par la couleur. « G° Quelqucs portions de ce bouton ainsi reduiles en parcelles a coups « de marteau sur le las dacier, nous leur avons presente I'aimant, el aucune « n'a ete altiree; mais les ayant encore pulverisecs dans un mortier dagate, « nous avons remarquequele barreau magnetique en enlevait quelques-unes « des plus petites toutes les fois qu'on le posait immediatement dessus. « Cette nouvelle apparition du magnetisme etait d'autant plus surprcnante, « que les grains detacbes de la masse agglutinee de la deuxiome experience « nous avaient paru avoir perdu eux-raemes toute sensibiliie a I'approche et « au contact de laimant. Nous reprimes en consequence quelques-uns de « ces grains; ils furent dc meme reduits en poussicre dans le mortier d'a- « gate, et nous vimes bientot les parties les plus petites s'attacher sensible- « ment au barreau aimante. II n'est pas possible d'altribuer cet efl'et au « poli de la surface du barreau, ni a aucune autre cause etrangere au ma- « gnetisme : un morceau de fer aussi poli, applique de la meme maniere « sur les parties de cetlc platine, nen a jamais pu enlevcr une seule. « Par le recit exact de ces experiences et des observations auxquelles « elles ont donne lieu, on pent juger de la difficulte de determiner la nature « de la platine. II est bien certain que celle-ci contenait (pielques parties « vitrifiables, et vitrifiables meme sans addition a un grand feu; il est bien « sur que toute platine contient du fer et des parties attirables : mais si I'al- « cali prussien ne donnait jamais du bleu qu'avec les grains que laimant a « enleves, il semble quon en pourrait conclure que ceux qui lui resistent « absolument sont de la platine pure, qui na par elle-meme aucune vertu « magnetique, etquelefer nen fait pas partie essenlielle. On devait esperer PARTIE EXPERIMENTALE. oCS) « qu'iine fusion aussi uvaiiceo , une coupellatioii aussi parlaite, deckle- « raient au moins cetle question ; lout annoni-ail qu'en effet ces operations « lavaient clepouillec de toulc vertu magnetique en la separanl de tous corps « etrangcrs : mais la derniere observation prouve, dune manierc invin- « cible, que ceitc propriete magnetique n'y otait reellemenl (pialTaiblie, et « peut-etre masquce ou ensevelie , puisqu'elle a reparu lorsqu'on I'a « broyee, » REMARQVES. De ces experiences de >I. de iMorveau, et des observations que nous avons ensuitc faites ensemble, il resulte : i"Qu"on peut esperer de fondre la platine sans addition dans nos ineil- leurs fourneaux, en lui appliquant le feu plusieurs fois de suite, parce que les meilleurs creusets ne pourraient resister a Taction dun feu aussi violent, pendant tout le temps qu'exigerail loperalion complete. 2" Quen la fondant avec le plomb, et la coupeliant successivenient et a plusieurs reprises, on vient a bout de vilrifier tout le pIon)b, et que cetle operation pourrait a la fin la purger d'unc parlie des matiercs etrangeres quelle contient. 5" Quen la fondant sans addition, elle parait se purger elle-memc en parlie des matieres vitrescibles quelle renferme, puisquil s'elanee a sa sur- face de pelils jets de verre qui Torment des masses assez considerables el quon en peut separer aisemcnt apres le refroidissemenl. 4" Quen faisanl rexperiencc du bleu de Prusse avec les grains de platine qui paraissent les plus insensibles a Taimant, on n"est pas toujours stir d'ob- tenir de ce bleu, comme cela ne manque jamais darriver avec les grains qui ont plus ou moins de sensibilite au magnelisme; mais eommc iM.de Morveau a fait cettc experience sur une ires-pclile quantite de platine, il se propose de la repeler. 5" H parait que ni la fusion ni la coupcllation ne peuvent delruire dans la platine lout le fer donl ellc est iiilimcmcnt penelree : les boulons fondus ou coupclles paraissaicnt, a la verile, egalement insensibles a Taction de Taimant; mais les ayant brises dans un morlicr d'agateet suruntasd'acier, nous y avons retrouve des parties magnetiqucs, dautant plus abondantes que la platine etait rcduite en poudre plus fine. Le premier bouton, donl les grains ne setaicnt qu'agglutines, rendil, etanl broye, beaucoup plus de par- ties magnetiqucs que le second et le Iroisieme, donl les grains avaienl subi une plus forte fusion; mais neanmoins tous deux, elant broyes, fournirent des parlies magncli(|ues; en sorle quon ne peut pas douler quil n'y ait en- core du fer dans la platine apres quelle a subi les plus violeiils edorts du svTfny. loin. ii. 84 370 [NTHODUCTIOX A l/HISTOIRE DES iMIiNKllAlX. feu el I'actioii devorante clii itlonib dans la coupelle. Ceci semble achevcr de demonlrer que ce mineral esl reellemenl un melange inlime d'or el de fer, que jusqu'a present larl na pu separer. 6"Je fis encore, avec M. de Morveau, une autre observation sur celle platine fondue et ensuite broyee; ccst quelle reprend, en se brisant, preci- sement la nieme forme des galets arrondis el aplalis quelle avail avant d'etre fondue. Tous les grains de cette |)latine fondue et brisee sont sem- blables a ceux de la platine naturclle, tant pour la forme que pour la variete de grandeur, et ils ne paraissent en dilTerer que paree quil n'y a que les plus petils qui se laissenl enlever a I'aimant, et en quantite d'autanl moindre que la platine a subi plus de feu. Cela parait prouver aussi que, quoique !e feu ail ete assez fort, non-seulemenl pour bruler et vitrifier, mais meme pour ehasser au debors une partie du fer avec les autres matieres vitresci- bles qu'elle contient, la fusion neanmoins nest pas aussi complete que celle des autres metaux parfaits, puisqu'en la brisant les grains reprennenl la meme figure qu'ils avaient avant la fonte. QUATIUEMK MEMOIRE. EXPERIENCES SI R l.A r|:.N\(.ITK I.T sun l.A 1)^:C.0MP0SITI()N l»l KKK. On a vu, dans le premier Memoire, que le fer perd de sa pesanteur a chaque fois qu'on le chauffe a un feu violent, et que des boulets cbaufTes trois fois jusqu'au blanc onl perdu la douzieme partie de leur poids. On serait d'abord porle a croire que cette perte ne doit etre attribuee qua la diminution du volume du boulet, par les scories qui se detacbent de la sur- face ettombent en pelites ecailles; mais, si Ion fait attention que les petils boulets, dont par consequent la surface esl plus grande, relativemenl au PAKTIE KXPEKI.ML.NTALi:. 371 volume c|iif crlle des gios, pcrdent iiioiris. el que les gios boulets perdent pro|j()rtioniielli'nieiit |)lus que les pedis, on seiitiia bieii tpie la pei'le lolale de poids ne doil pas eire simplemciU altribueea la cliule des ecailles qui se delaclient de la surlace, inais encore a utie alteration inteiieure de tnules les parlies de la masse, que le feu vioienl diininue, ei rend daulant plus legere qui! est applique plus souvent et plus loni;lemps *. Fa en effet, si Ion recucille a chaque fois les ecailles qui se dctaehenl de la surface des boulets, on trouvera que sur um houlet de cin(| ponces, qui, par exemple, aura perdu liuit onces par une i)remiere cliaude, il ny aura pas une once de ces ecailles delaciices, et que lout le resle de la perie de poids ne peut elre allribue qu a ectte alteration interieurede la substance du fer, qui perd de sa densite a chaque fois qu'on le chauffe; en sorte que, si Ion reiterail souvent cette meme operation , on rcduirait le fer a n'elre plus qu une matiere friable el legere, dont on ne pourrail faire aucun usage : car j'ai rcniarque que les boulets non-seulemenl avaient perdu de leur poids, c'est-a-dire de leur densite, mais quen meme temps ils avaient aussi beau- coup perdu de leur solidile, c"est-a-dire de eette qualite dont depend la co- herence des parlies: car j'ai vu, en les faisant frapper, qu'on |)ouvait les casser daulant plus aisement quils avaient ele cbauffes plus souvent el plus ionglemps. C'esl sans doute pnrce que Ion ignorail jusqu'a quel point va cette altera- tion du fer, ou |)lul()l puree qu on ne sen doulail point du tout, (|ue Ion imagina, il y a quelques annees, dans noire arlillerie, de eliauffer les boulels dont il elail question de diminuerle volume**. On ma assure que le calibre des canons nouvellenient fondus elant plus etroit que celui des anciens ca- nons, il a fallu diminuer les boulets; et que, pour y parvcnir, on a fait rougir ces boulets a blanc, afm de les ratisser ensuile plus aisement en les faisant tourner. On m'a ajoute que souvent on est oblige de les faire chauffer cinq, six, el meme huit et ncuf fois, pour les reduire autant qu il est necessaire Or, il est evident, par mes experiences, que cette pratique est mauvaise; car un boulet cliauire a blanc neuf fois doit pcrdre au nioins le quart de son poids, et peul-etre les irois quarts de sa solidile. Devenu cassant et friable, il ne peutservir pour faire breohe, puisquil se brise con- tre les murs; et, devenu leger, il a aussi, pour les pieces de campagne, le grand desavantage de ne pouvoir aller aussi loin que les auires. En general, si Ion -veul conserver au fer sa solidile et son nerf, c'est-a- dire sa masse et sa force, il ne faul lexposer au feu ni plus souvent ni plus Ionglemps quil nest necessaire; il suffira, pour la pluparl des usages, de le * Due cxpiirirnci; familiere et qui senible piouver qin' ii: for perd di: sa niasM' .i iiifMiie qu'on If chaud'e, tnenie a un Ccu Ires-mcdiocrc, c'est que; It's fers a fiiiici', lorsqu'oii les a snnvcnl licnipc^ dans I'eau pour les refroidir, ne rouservenl pas le nictne degre dc ciialeur au lioul dim tcfnp*. 11 s'en cli've aus»i des ecailles lors(ju'on les a soiiveni eliannei el trempes: les eeailles sont du \erilable I'cr. ** M le marquis di; Valliere ne s'occupait poinl alors des Iravanx de I'arlillerie. "72 INTRODUCTION A LMISTOIRK DES \fINF:RAUX. liiirc rouifir suns poiisser Ic fen jusiniaii binnr : ccdi-rnier dcgrc de clial(>ur ik' iiini)(|uo jami(is de le dc'-leriotor; el, dans les onvrages oii il importe de liii consorvpi- lonl son nerf, coMime dans ics bandes que Ton forge pour les ca- nons de fusil, il faudrail, sil elait possible, ne les eliaulTer quimc fois pour les baltre, plier el soudor par une scule operation; car, quand le fer a acquis sous le marteau toute la force dont il est susceptible, le feu ne fait plus que la diminuer. Cestaux artistes a voir jusqu'a quel point cc metal doitetre malice pour aequerir tout son nerf; et cela ne serait pas impossible a determiner par des experiences. Jen ai fait (pielques-unes que je vais rapporter ici. I. I'ne bouclc de fer de dix-liuit ligiies ct deux tiers de grosseur, e"est-a- dire trois cent quarante-buil lignes carrees pour cliaque monlant de fer, ee qui fait pour le tout six cent quatie-vingt-seize lignes carrees de fer, a casse sous le poids de vingt-liuit niilliers qui tirait perpendicuiairement. Cetle bou- cle de fer avait environ dix ponces de largeur sur Ireize pouces de hauteur, et elle etait a tres-peu presde la meme grosseur parloul. Cette bouclc a casse presque au milieu des branches perpendicidaires, el non pas dans les angles. Si Ion voulail conclure du grand au petit sur la force du fer par eeite ex- perience, il se trouvcrail que chaque ligne carree de fer tiree perpendicu- iairement ne pourrail porter quenviron quaranle livres. II. Cependant, ayant mis a lepreuve un fil de fer d'une ligne un pen forte de diametre, ce morccaii de fil de fer a porU>, avant de se rompre, quatre cent qualre-vingt-deux livres; et un pareil morceau de fd de fer n'a rompu que sous la charge de quatre cent quatre-vingl-quinze livres : en sorle qu'il est a presunier qu'une verge carree d"une ligne de ce meme fer aurait porte encore davantage, puisquelle aurail eontenu quatre segments aux quatre coins du carre inscril au eercle , de plus que le lil de fer rond, dune ligne de diametre. Or, cetle disproportion dans la force du fer en gros et du fer en pelit est enorme. Le gros fer que javais employe venait de la forge dAisy-sous-Rou- gemont; il etait sans nerf el a gros grain, et jignore de quelle forge etait mon fil de (er; mais la dilTerence de la qualile du fer, quelque grande quon voulut la supposer, ne pent pas faire celle qui se trouve ici dans leur resis- tance, qui, comme Ion voit, est douze fois moindre dans le gros fer que dans le petit. III. Jai fait rompre unc autre boucle de fer de dix-luiit lignes el demie de grosseur, du meme fer de la forge dAisy; elle ne supporla de meme que vingl-huil mille quatre cent cinquante livres, et ronipit encore presque dans le milieu des deux montants. IV. Javais fail faire en meme temps une boucle du meme fer que j"avais fail reforger pour le parlager en deux, en sorle quil se trouva reduil a une barre de neuf lignes sur dix-huil; layant misc a lepreuve, elle supporla, avant de rompre, la charge de dix-sept mille trois cents livres, landis quelle naurait du porler lout au plus que quatorze niilliers, si elle n'eul pas ele forgee une secoiide fois. PAKTIK EXPERIMENTALE. 573 V. lino aulre Itoucle ilc I'er de seize ligiics trois (|u;uls ile grosseur, ce qui fait pour eliaque inontaiU a peu pres deux cent ((iiiitie-viiigls ligiies carrees, e'est-a-dire cinq cent soixanle, a porte vingl-qualie niille six cents livrcs, au lieu quelle n'aurait du porter que vingt-deux niille quatre cents livres, si je ne leusse pas fait forger une seeoiule fois. \'I. Un cadre de fer de la nienie qualite, cest-a-dire sans ncrf et a gros grain, et venant de la niemc forge d'Aisy, que javais fait etablir pour eni- pecher 1 ecartement des inurs du haut fourneau de nies forges, et qui avail vingt-six pieds dun cote sur vingt-deux pieds de I'autre, ayant easse par I elfort de la chaleur du fourneau dans les deux points milieux des deux plus longs cotes, j'ai vu que je pouvais eonq)arcr ce cadi(> aux houeies des ex|)e- riences precedentes, parce qu'il elait du memo fer, et qui! a easse de la meme maniere. Or, ce fer avail vingt et une lignes de gros, ce qui fail quatre cent quaranle el une lignes carrees; el ayant roinpu eonnne les houcles aux deux cotes opposes, ccia fait hull cent (|uatre-vingt-deux lignes (!arrees qui se sont separees par relfort de la chaleur. Et conune nous avons irouve, par les experiences precedentes, que six cent (jualre-vingl-seize lignes carrees du meme fer ont easse sons le |)oi(ls de vingl-linil miiliers, on doit en conclure que liuil cent qnatre-vingt-deux lignes de ce meme fer n'auraient rompu que sous un poids de trente-einq mille quatre cent (juatre- vingls livres, et que par consequent relTort de la chaleur devait etre estnuc eonnne un poids de trente-cinq mille (jualre cent quatrc-vingts livres. Ayant fait fahri(|uer pour conlenir le mur interieur de mon fourneau, dans le fon- (lage(|ui se fit apres la ru|)ture de ce cadre, un cercle de vingt-six pieds et demi de circonferenee, avec du fer ncrveux provenant de la fonle et de la fahri(|ue de mes forges, cela ma donne le moyen de comparer la tenacite du l)on fer avec celle du fer eommun. Ce cercle de vingt-six pieds et demi de circonferenee etait de deux pieces, relenues et jointes ensemble par deux elavettes de fer passees dans des anneaux forges au houl des deux bandcs de fer; la largeur de ces bandes elait de trenle lignes sur cin(| depaisseur : cela fait cent cin(pianle lignes carrees, <|u'on ne doil pas douhler, parce (jne, si ce cercle cut rompu, ce naurail etc qu'en un seul endroit, el non pas en deux endroils opposes eonnne les boncles ou le grand cadre carre. Mais Icxperience me demontra que pendant un fondage de quatre niois, on la chaleur elait meme plus grande que dans le fondage precedent, ces cent (inipjante lignes de bon fer resisterent a son elforl, qui etail de trenle-cinq mille ([uaire cent (jualre-vingls livres; don Ion doil conclure avec ecrlilude entiere, que le bon fer, c'est-^-dire le fer qui est prcsque tout ncrf, est au moins cinq fois aussi tenace que le fer sans nerf et a gros grains. One Ion juge par la de I'avanlage quon trouverail a ncnqiloyer (jue du bon fer nerveux dans les balimcnts et dans la construction des vaisseaux : il en landrail les trois quarts moins, et Ion aurail encore un quart de solidite de plus. Par desemblables experiences, et en faisant malleer inic fois, deux fois, 374 IINTRODllCTION A L'HISTOIRE DES MI.NERAUX. trois Ibis, dos verges de fer de differenles grosseurs, on pourrail s'as'^urer du maximum de la force du fer, combiner dune manierc cerlaine la legerete des armcs avec leiir snlidilc, menager la matiere dans les aiitres ouvrages, sans craindre la rupture, en un mot, travailler ce metal sur des principes uniformcs el constants. Ces exiteriences sont le seul moyen de perfectionner lart de la manipulation du fer : I Elat en tiierail de tres-grands avanlages; car il ne faut pas croire (jue la qualile du fer depende de celle de la mine; (pie, par exemple, le Icr d'Angleterre, ou d'Allemagne, on de Suede, soil meilleur que celui de France; que le fer du Berri soil plus doux que celui de Bourgogne : la nalurc; des mines n'y fail rien, cesl la maniere de les trailer (]ui fail tout; el ce que je puis assurer pour lavoir vu par moi-meme, cest qu'en uialleaul heaucoup el chaulTant peu, on donne au fer plus de force, et qu'on approclie de ce maximum dont je ne puis que recommander la reclierclic, el auquel on peut arriver par les experiences que je viens d'indiquer. Dans les boulels que jai souinis pliisieurs ibis ^ lepreuve du plus grand feu, jai vu i|ue le fer perd de son poids el de sa force d'autant plus quon le cliaufte plus souvcnl ct plus longlemps: sa substance se decompose, sa qua- lile salterc, el enfin il degenere en une espece de machefer ou de maliere poreuse, legere, qui se reduit en une sorle de chaux par la violence et la longue application du feu : le machefer eomnum est dune autre espece; et, quoique vulgairemcnt on croie que le machefer ne provienl el meme ne peul provenir que du fer, j ai la preuve du contraire. Le machefer est, a la ve- rile, une maliere produite par le feu; mais, pom- le former, il n'est pas necessaire demploycr du fer ni aueun autre metal : avec du hois el du charhon brule el pousse a un feu violent, on obliendra du machefer en assez grande quanlite; el si Ion pretend que ce machefer ne vienl que du fer contenu dans le hois ( parce que lous les vegetaux en contiennenl plus ou moins ), je demande pourquoi Ion ne peut pas en tirer du fer meme une pins grande quantile quon nen lire du bois, dont la substance est si dilTe- renlc de celle du fer. Des que ce fail me ful connu par Texperienee, il me Iburniirintelligcnce dun autre fait qui m'avail parn inexplicahlejusqualors. On trouve dans les lerres elevees, el siu-lout dans les forets ou il n'y a ni riviere ni ruLsseaux, el on par consequent il n'y a jamais eu de forges, nou plus quaucun indice de vnlcaus ou de feux soulerrains; on Irouve, dis-jc, souvenl de gros blots de machefer, que deux hommes auraienl peine a en- lover : jen ai vu pour la premiere fois en 174S, a Montigny-IEncoupe, dans les forets de M. de Trudaine; jen ai fait ehereher el irouver depuis dans iios bois de Bourgogne, qui sonl encore plus eloigncs de lean (|uc ceux de -Monligny; on en a trouve en [)lusicurs endroils : les petits morceaux mont paru provenir de quelques fourncaux de charbon tpion aura laisses bruler; mais les gros ne peuveiit venir que dun incendie dans la forel. lorsquelle t^lait en plcine venue, et que les arbres y etaieut assez grands el assez voi- sms pour produire un feu tres-violrni et Ires-longlemps nourri. I PARTIK EXPEKIMEMALE. 37S Le luachefer, qiion peul legarder comtne iiii residu de la combustion du bois, contieril du ler; et Ion verra dans un autre Memoire les experiences que jai faites, pour reconnaitre par ce residu la quantile de fer qui entre dans la composition des vegetaux. El celte terre morte, ou celte cliaux, dans laquelle le fer se reduit par la trop longue action du feu, ne ma pas paru contenir plus de fer que la macliefer du bois; ce qui semble prouver que le fer est, comme le bois, une matiere combustible, que Ic feu peut egalemenl devorer en I'appliquanl seulement plus violemment et plus long- lemps. Pline dit, avee une graudc raison : fcrruin nccensum igni, nisi du- letur ictibus, corrumpitur *. On en sera persuade si Ion observe dans une forge la premiere loupe que Ion lire de la gueuse : eetle loupe est un mor- ceau de fer fondu pour la seconde fois, et qui n'a pas encore eie forge, c'esl- a-dire consolide par le marteau ; lorsqu'on le lire de la cliaufferie, oii il vient de subir le feu le plus violent, il est rougi a blanc; il jetle non-soule- ment des etincclles ardentes, mais il bn'ile reellemciil d une (lanune tres- vive qui consommerail une partie de sa substance si on tardait trop de temps il porter cetle loupe sous le marieau; ce fer serait, pour ainsi dire, delruit avanl que d'etre forme; il su])irait I'effet complet de la combustion, si Ic coup dii marteau, en rapprochnnt ses parties trop divisees par le feu, ne commencait a lui ("aire prendre le premier degn; de sa tenacile. On le lire dans eel etat et encore lout rouge de dessous le marteau, el on le rcporle au foyer de Taffinerie, oil il se penelre dun nouveaii feu ; lorscpiil est blanc on le Iransporte de meme el le plus promptemenl possible au marteau. sous lequel il se consolide el s'eiend beaucoup plus tjue la premiere fois; enfin, on remel encore cetle piece au feu, et on la reporte au marteau, sous lequel on I'acbeve en entier. C'esl ainsi qu'on Iravaille tons les ferscommuns; on ne leur donne que deux ou tout au plus Irois voices de marteau : aussi nonl-ils pas a beaucoup pres la tenacile qu'ils pourraienl acquerir, si on les iravaillail moins precipilamment. La force du marteau non-seulemenl com prime les parlies du fer irop divisees par le feu, mais en les rapprochanl elle cliasse les matieres etrangeres, et le purifie en le consolidant. Le decbet du fer en gueuse est ordinairemenl dun tiers, dotil la plus grande partie se briile, el le resle coule en fusion el forme ce quon appelle les crasses du fer: ces crasses sent plus pesanles que le macliefer du bois, el conliennent encore une assez grande quantile de fer, qui est, a la verile, Ires-impur el ires-aigre, mais donl on peut neamnons lirer parti, en melanl ces crasses broyees el en petite quantile avee la mineque Ion jelte au fourneau. Jai lexperience quen melanl un sixieme de ces crasses avee cinq sixiemcs de mine eptiree par mcs cribles, la fonle ne cbange pas sensiblemenl de qualile; mais si Ion en met dnvantage, elle devient plus cassanle, sans neanmoins changer de coii- leur ni de grain. Mais, si les mines sonl moins epurees, ces crasses galenl absolument la fonle, parce qu'elant dejfi tres-aigre el Ires-cassantc par clle- *llisl. nal., lih. XXXIV. cip. t.>. 37G INTRODUCTION A L'HISTOIUE DES MINEKAIJX. ineine, t-llo Ic devietil encore plus par cetie addition do inaiivaise maliere; en sorte que cetle pratique, qui peut devenir utile enlre les mains dun habile niailre de lart, produira dans d'autres mains de si mauvais effets, quon ne poura se servir ni des fers ni des fontes qui en proviendronl. II y a neannioins des moyens, je ne dis pas de changer, mais de corriger un peu la niauvaise qualite de la fonle, ct dadoucir a la chaufferie laigreur du fer qui en provient. Le premier de ces moyens est de diminuer la force du vent, soil en changeant Tinclinaison de la tuyere, soil en ralenlissant le mouvemcnt des souffletsj car, plus on presse le feu, plus le fer devient aigre. Le second moyen , ct qui est encore plus ellicace, cest dc jeler, sur la loupe de fer qui se separe de la gueuse, une certaine (juantite de gravier calcaire, ou meme de chaux toute faite : cetle chaux sert de fondant aux parties vitriliables que le fer aigre contient en Irop grande (|uantile, ot le purge de ses impureles. Mais ce sont de petites ressources auxquelies il ne faiit pas se mettre dans le cas davoir recours; ce qui n'ar- rivcrait jamais si Ion suivait les precedes que jai donnes pour faire de bonne fonte * Lorsqu'on fait iravailler les affineurs h leur compte, ct <[u"on les paie au niillier, ils font, conniie les fondeurs, le plus de fer qu'ils peuvent dans leur scinaine : ils construiscnl le foyer de leur chauffcrie de la maniere la plus avantageuse pour eux; ils pressent le feu, trouvent que les souRlets ne donnent jamais assez de vent; ds travaillcnt moins la loupe, et font ordinai- rement en deux chaudes ce qui en exigcrait au moins trois. On ne sera done jamais sur davoir du fer dune bonne et meme qualile quen payant les ou- vriers au mois, ct en faisant casser a la lin de cliaque semaine quelques harres de fei quils livrent, pour reconnaitre s'ils ne se sont pas ou trop presses ou negliges. Le fer en handes plates est toujours plus nerveux que le fer en barreaux : s il se trouve deux tiers dc nerf sur un tiers de grain dans les handes, on ne trouvera dans les barreaux, (|uoique faits de mcnie eloffe, qu environ un tiers de nerf sur deux tiers de grain; ce qui prouve hien clairemcnt que la |)lus ou moins grande force du fer vient de la diffe- rente application du marteau. Sil fra|)pe plus constamment, plus frequem- ment sur un meme plan, comme celui des bandes plates, il on rapproche et en reunit niieux les parties, que sil frappe presque alternativement sur deux plans differents pour faire les barreaux carres; aussi est-il plus difficile dc hicn soudcr du barreau que de la bande : et, lorsqu'on veut faire du fer de tirerie, qui doit etre en barreaux de treize lignes, et dun fer Ires-nerveux cl assez ductile pour etre converli en fil de fer, il faut le travailler plus len- lemenl a rallinerie, ne le lirer du feu que quand il est presque fondant, et le faire sucr sous le marteau le mieux (|uil est possible, alin de lui donner lout le nerf dont il est susceptible sous cette forme carree, (|ui est la pins ingrale, mais qui parait necessairc ici, parce quil faut ensuilc tirer Oil trouvera cis pioctdes dans mcs MOiiioiies sur l.i lusioii dt» iiiiues de fer. PAIITIK KXPKKIMENTALE. 377 lie ces baiTCiiux, <|u on coupe oiiviroii ii (|ualro picds, uric verge dc dix-hiiil ou virjgt |)ieds par Ic nioyeu du uiailinel, sous lequel on 1 allonge apics 1 avoir cliaufTee; cesl ce quou appelle de la vera longueur une cannelure ou cavitc : qu'on la plie sur elle-nienie pour la doublerct corroycr, I'lin rcmplira ensuite la cannelure des ecaillrs nu pailles en question; on lui doniiera une cliaude douec d'aliord en rabaltant les Ijords, pour einpcclier qu'elles ne s'ecliappent, ct on h.iltra comitie on le pratique pour corroycr le fer avant de le cliauffer au blanc; on la liianffera ensuite blanche et fondaute, et la piece soudcra a inerveillc: on la cassora a fioid. et Ton n'y verra rien qui annonee (|ue la soudure u'ail pas etc compleie et parfaitc, Il que (outes les parties du I'cr ne se soiciit pas ponelrees rociproquemcnt sans laisser aucun espace vide. J'ai fait eclte experience, aisce a rcpeter, qui doit rassurer sur les paillis, soil quellcs soieul plates ou qu'elles aient la form.- (l'ai!Tuilles, puisqu'ellcs ne sont autre clioscquedu fer, comnie la banc aver iacpirlli' nn !,•< imiorpore , on elles iir fornient pln- qu'unc meme tnnsse avec cllo. PAHTIE K\PEKlMl-:.\TAi-E. 579 loule clialeur a blanc le denalure : j'en ai fait des epreuves plus que reile- rees sur des niorceaux de toule grosseur. Le petit fer se denature un peu inoins que le gros; iiiais tous deux perdeiit la plus graiide parlie de leur nevf des la premiere eii;iude a hiauc; unc sccoiide cliaude pareille change et acheve de detruire le iierf; elle altere rneine la qiialilc du grain, qui, dc (inquilelait, devient grossiercl hrillantcoinine eelui du Icr le plus cornmun : une troisienie chaude rend ces grains encore plus gros, et laisse deja voir entre leurs interstices des parties noires dc maliere brulee. Enfin, en con- tinuant de lui donner des cliaudes, on arrive au dernier degre de sa decom- position, et on le reduit en une terre morte, qui ne parait plus contcnir de substance metallique, et donl on ne pent faire aucun usage : ear celte terre inorte n'a pas, comme la plupart des autres cliaux metalliques, la propriete de se revivifier par lapplieation lalis donl le grain sera moins gros, mais qui seront toujoms Irop cassanls pour elre employC's anx usages donl jo viens de parlor. II on csl (Ic iiu'ine do la l(")le : on ne peut pas employer de trop bonne elolle |)our la laire, et il est bien lacbeiix qu'on fasse tout le conlraire : car, presque toutes nos t()les en France se font avec du fer commun : elles se rompenten les pliant, et se brulenl ou pourrisscnt en peu de temps; tandis (lue de la ((')lefaite comme celle de Suede ou dAnglelerre, avec du bon for bien nerveux, se lordra cent fois sans rompre, el durera peul-elre vingt fois plus que les aulres. On en fait a mes forges de loute grandeur et de toule (■'paisseur ; on «mi emploie a Paris pour les casseroles et aulres pieces de cuisine, (pi on (ii.iinc, vi qiion a raison de picl(^rer aiix casseroles de cuivro. On a fail avec ccltc aiinnv t()le grand nombre de jmcles, de clienaux. de PVHTIi: KXPKIUiVlKM ALK. 381 Uiyaux; el j'ai. iioi)iiis (iiiatio ans. IVxperirnco niilU' fois roitcToc, (]u"('llc pent (lui'cr poiDine jc vicns do Ic dire, soil an feu, soil a lair, beaiicoup [iliis que les loles communes : mais, comme elle esl un peu plus cliere, le debil en est moindre, ct Ion n"en demande que pour de eerlains usages parlicu- liers, auxquels les aulres loles ne pourraienl elre employees. Lorsquon esl au fait, comme jy suis, du commerce des fers, on dirait quen Frnnee on a fait un pacte general de ne se servir que de cc quil y a de plus maiivnis en cc genre. Avcc du fer nerveux on ponrra loujours faire d'cxcellcnie lole, en faisanl passer le fer des languelles sous les cylindres dc la fendcrie. Ceux qui apla- tissenl COS languellcs sous le martinet, apri's lesavoir fail eliau(Terau eliarhon, sent dans un tres-mauvais usage : le feu de charbon, pousse par les soufflels, gate le fer de ces languellcs; celiii du four de la fenderie ne fail que le perfcctionner. D'ailleurs, il en coule plus de moilie moins pour faire les languelles au cyliiidrc que pour les faire an martinet; ici linlercl s'aceorde avec la theoric de iart : il n'y a done que lignorance qui puisse entrelenir celle pratique, qui neanmoins est la plus generalc; car, il y a peul-elrc, sur toules les loles (|ui se fabriqnenl en F'ranee, plus des Irois qnarls donl les languelles ont etc failes au mariinet. (a'Ih ne pent pas etre aulrement, me dira-t-on; toules les batteries n'ont pas a cole delles une fenderie el des cylindres monies. Je I'avoue, el c'est ce donl je me plains; on a lorl de permellre ces pelits elablissemenls particuliers qui ne subsislenlqu'eii aelie- lant dans les grosses forges les fers au meillenr marclie, c'est-a-dire tons les plus mediocres, pour les fabriquer ensuile en Idle el en pelits fers de la plus mauvaise qualilc. Un autre objet fort important sonl les fers de charnie : on ne saurnil croire combicn la mauvaise (pialite du fer donl on les fabrique fail de tort anx laboureurs ; on leur livre inbumainement des fers qui cassenl au moin- dre effort, et qu" ils sonl forces de renouvelcr presque aussi souvent que leurs cultures : on leur fait payer bien cher dii mauvais acier, donl on arme la poinle de ces fers encore plus mauvais, el le tout esl perdu pour eux au bout dun an, el souvent en moins de temps; tandis (pien enq)loyant pour ces fers de cbarrue, comme pour la lole, le fer le meillenr el le plus ner- veux, on pourrait les garantir pour un usage de vingt ans, et meme se dis- penser den acierer la poinle; car j'ai fail faire plusienrs cenlaines de ces fers de eliarnie, donl jai fait essayer qiielqnos-uns sans acier, el ils se sonl trouves dune etoffe assez ferme pour resisler au labour. J'ai fait la meme experience sur un grand nombre de piocbcs : c'est la mauvaise qualile de nos fers qui a etabli cliez les laillandiers I'usage general de meltre de lacier a ces instruments de eampagne, qui nen auraienl pas besoin sils etaienl de bon fer fabrique avee des languellcs passees sous les cylindres. Javoue quil y a dc certains usages pour lesquels on pourrait fabriquer dn fer aigre; mais encore ne faiit-il pas qu'il soil a trop gros grain ni Irop cas- sant : les clous pour les pclites laltes a luile, les broquetles el anires petiis .182 LMUODICTION A MIISTOIIU: l)i:S MliNKUAlJX. clons,])lienl lorsquils soni Aiilscriin for Hop doux; mais, a I'exception de ce seul em|)loi, quoii lie reniplira toiijours que Irop, je ne vols {)as qii'on doivc se servir de fer aigie. El si, dans une bonne maniifacdnp, on en veul faire une certaine qnantile, rien n'esl plus aisc : il ne Ami quaugincnlcr dune mesurc ou dune niesure el deinie de mine au fourneau, et nieltie a part Ics gueuses (pii en proviendronl; la I'oiite en sera moins bonne el pin hlanelie. On les fera forger a pari, en ne donnanl que deux chaudes a cIkkjuc bande, et Ion aura du fer aigre (|ui se fendra plus aisement (pie I'anire, el (pji donnera de la verge cassanie. Le ineilieur rer,c"e8l-a-dire cehii (|ui a le plus de nerl', el par consequent le plus de tenacile, pent eprouver eenl et deux cents coups de masse sans se rompre; el, comme il faul neaninoins le casser pour tons les usages de la fenderie el de la batlerie, et que cela demanderait beaucoup de temps, meme en saidanl du ciseau d'acior, il vaut mieux faire couper sous le mar- teau de la forge les barres encore chaudes a moitie de leur epaisseur : cela nempeche pas le marteleur de les achever, et epargne beaucoup de lemps au fendeur et au plalineur. Tout le fer que j'ai fait casser a froid et a grands coups de masse s cchauffe d'aulanl |)lus quil est plus fortement et plus sou- vent frappe; non-senlement il s'echauffeau point de bruler tres-vivemenl, mais il s'aimanle comme s'il eul ele frolte sur un tres-bon aimanl. M'elant assure de la constance de eel effet par plusieurs observations successives, je voulus voir si, sans percussion, je pourrais de meme produii'e dans le fer la vcrtu magnelique. Je fis pi'endre pour cela une verge de Irois lignes de grosseur demon fer le plus lianl, el que je connaissais pour etre ires-difficile a rompre; et I'ayant fail [>lier cl replier par les mains dim lionime fort, sept ou liuil fois do suite sans pouvoir la rompre, je trouvai le fer ires-chaud au point on on lavait plie, et il avail en meme lemps loule la vertu dun barreau bien aimanle. Jaurai occasion, dans la suite, de revenir a ce phe- nomene qui lienl de (res-pres a la ibeorie du magnelisme et de leleclricile. <"l que je ne rapporle ici que pour demontrer que plus une matiere est lenace, cest-a-dire plus il faul d'efforis pour la diviser, plus elle est pres de produiie de la chaleur, et lous les autres effels qui peuvenl en dependre, et prouver en meme lemps que la simple pression, prodnisani le froHement des parties interieures, equivaut a leffel de la plus violente percussion. On soude tons les jours le fer avec lui-mcme ou sur lui-meme; mais il faul la plus grande precaution pour qu'il ne se trouve pas un pen plus faible aux endroits des soudures; car, pour reunir et souder les deux bouts dune barre, on les cbauft'e jusqu'aii blanc le plus vif : le fer, dans cet etal, est lout prel a fondre; il n'y arrive pas sans perdre toute sa tenacile, et par con- sequent lout son nerf. 11 ne pent done en reprendre dans loule cetle parlie qu'on soude que par la percussion des marteaux, donldeux ou Irois ouvrieis font succcder les coups le plus vile qu'il leur est possible; mais cette per- cussion est ires-faible, el meme lente en comparaison de celle du marleau de la forge, ou meme de celle du martinet. Ainsi, Tendroit soude, quelque PAHTIK I;\I>1:K1M1:iM ALK. 385 bonne que soil I elo(le, n'auia (jue pen de ncrC, el souvenl point du tout, si Ton n*a pas bien saisi linstanl ou les deux moreeaux sont egalcnient cbauds, et si le niouvement du marteau n'a pas ele assez prompt ni assez fort pour les bien reunir. Aussi, quand on a des pieces importantes a souder, on fera bien de le faire sous les martinets les plus prompts. La soudure, dans les ca- nons des amies a feu, est une des clioses les plus importantes. i\I. de Mont- beillard, dans le Memoire que jai cite ci-dessus, donne de tres-honnes vues sur cet objet et meme des experiences decisives. Je crois avec lui que comme il faut chauffer a blanc nombre de fois la bande ou viaquette pour souder le canon dans toute sa longueur, i! ne faut pas em|)loyer du fer qui serait au dernier degre de sa {)erfection, parce qu'il ne pourrait que se deteriorer par ces frequentes chaudes vives; quil faut, au contraire, choisir le fer qui, fl'elant pas encore aussi epure quil peul Tetre, gagnera plutot de la qualite qu'il n'en perdra par ces nouvelles chaudes. Mais cet article seul demandc- rait un grand travail, fait et dirige par un honune aussi eclaire que M. de Montbeillard; et lobjet en est d'une si grande importance pour la vie des hommes et pour la gloire de lEtat, qu"il merite la plus grande attention. Le fer se decompose par I'liumidite comme par le feu; il attire Ihumide de lair, sen penelre et se rouille, c"est-a-dire se convertlt en une espece de terra sans liaison, sans coherence : cette conversion se fait en assez peu de temps dans les fers qui sont de mauvaise qualite ou mal fabriques; ccux dont letolTe est bonne, el donl les surfaces soul bien lisses ou polies, sc de- fendent plus longtemps : mnis tons sont sujets a celle espece de mal, qui, de la superdcie, gagne assez promplement I'interieur, et detruit avec le temps le corps entier du fer. Dans leau, il se conserve beaucoup mieux (ju a I'air, el, quoiqu'on s"apercoive de son alteration par la couleur noire qu il y prend apres un long scjour, il n'csl point denature : il peul elre forge; au lieu que cehii qui a ele expose a lair pendant quel(|ues siecles, et que les ouvriers appellent du fer lunS, parce qu'ils s'imaginenl que la lune le mange, ne peul ni se forger ni servir a rien, a moins quon ne le revivifie connne les rouilles et les safrans de mars, ce qui coute connnunemenl plus que le fer ne vaul. C'esl en ceci que consiste la difference de deux decompositions du fer. Dans celle qui se fait par le feu, la plus grande partie du fer se briile el s'exhale en vapeurs comme les autres matieres combustibles; il ne resle quim machefer qui conlienl, comme celui du bois, une petite quan- liie de maliere ires-atlirable par laimant, qui esl bien du vrai fer, inais qui m'a paru dune nature singuliere el semblable, comme je lai dit, au sablon ferrugineux qui se trouve en si grande quantile dans la plaline. La decom- position par Ihumidile nc diminue pas a beaucoup pres autant (|ue la com- bustion la masse du fer; mais elle en altere toutes les parties au point d(> leur faire perdre leur vcrtu inagnetique, leur coherence et leur couleur metallique. Cest de celle rouille ou lerre de fer que sont en grande panic composees les mines en grains : leau, apres avoir attenue ces particuh's de rouille el les avoir reduiles en molecules sensibles, les cbarrie, el les rM INTRODICTKHX A LIIISTOIRE DKS MIiNKRAUX. ih'pose par filliatioii dans lo Foin de la (err(',<»ii olios sc rciiiiisscnl en grains par lino sorto do orislallisation qui sc fail, oommc tonics les autres, par I'at- iraction muliielle des molecules analogues; ol comme ocltc rouillc de for clait privce de la vertu magnclique, il nest pas clonnant que les mines en grain qui en provienncnt en soient ogalemcnt dopour^ucs. Ceci me parait demontrcr dune maniore asscz c'aire que le magnclisme suppose Taction precedente du feu ; que c'esl une qualile particuliere que le feu donnc au fer, el que lluimidite de Pair lui enlove en le decomposant. Si Ion met dans un vase unc grande quanliie dc liniaille do fer pure, qui n'a pas encore pris dc rouille, ct si on la couvre deau, on vcrra, en la laissant seclicr, que cette limaille se reunit par ce seul intcrmcde, au point de faire une masse dc fer assez solide pour qu'on ne puisse la casscr qua coups dc masse. Ce nest done pas prccisemcnl leau qui decompose le fer et qui produil la rouille, mais plutot les scls et les vapeurs sulfureuses de I'air : oar on sail que le for sc dissout tres-aisement par les acides et par le soufre. En presentant une verge de for hicn rouge a une bille de soufre, le fer coule dans I'inslanl; ct, en le recevant dans leau, on obtient des grenailles qui ne sonl plus du fer ni memo dc la fonte : car j'ai cprouve quon ne pouvait pas les rcunir au feu pour les forger; cest unc matiere quon ne peut com- parer qua la pyrile marliale, dans laquelle le fer parait etre egalemenl de- compose par Ic soufre ; et jc crois que c"est par cotte raison que Ion trouvc prosquc parlont .'i la surface dc la torrc, et sous les premiers lits de ses cou- ches cMericuros, nne asscz grande cpiantile dc ces pyrites, donl Ic grain res- sonible a cehii du mauvais fer, mais qui n'en conlienncnt quune Ires-petite quantile, melee avec bcaucoup dacidcvitrioliquo et plus ou moins dc soufre. CINQUIEME MEMOIRE. EXPERIENCES SIIR LES F.FPETS DE I.\ CH.XLEl'n OBSCIIRE. Pour reconnailre les effets de la clialcur obscure,c"est-a-dire de la cha- leurprivee de lumiorc, de flamme ct du feu librc, autant quil est pos- sible, j'ai fait quclqucs experiences en grand, dont les resullats mont paru tres-interessants. PAUTIE i:\PHRIMF.i\TALE. 58) iMiKMii UK r\i'i:niKN(.i:. On ;i rornmeiKV', siii- In lin diioi'il 1772, a luetlre dcs hraiscs iinlonios dans le creusel dii grand fournenu, qui sert ii fondre la mine de fer pour la rouler en gnousos; ccs hraiscs onl fioheve dc seclior Ics niorliers, qui elaieiit I'aits dc glaise nic'ice par egale portion avec du sable vitreseible. Le fonr- neau avail viiigt-trois pieds de hauteur. On a jete par le gueulard (c"est ainsi qu'on appelle rouverturc supcrieure du fourneau) les cliarbons ardents que Ion lirait des pclils fourneaux d'experienees; on a mis successivement uuo asscz grande quanlile de ces braises pour remplir le bas du fourneau jus- qu"ii la cuve (c'esi aiusi quon appelle lendroil de la plus grande eapacitt'- du fourneau); ce qui, dans celui-ci; monlait a sepl pieds deux ponces de hauteiu' perpendieulairc depuis le fond du creuset. Parce moyen, en a com- mence de donncr au fourneau unc chaleiu" moderee, qui ne scst pas fait senlir dans la partie la plus elevee. Le 10 seplembre, on a vide loules ces braises reduitcs en cendres, par louverlure du creuset; et lorscpii! n etc bien nettoye, on y a mis quelques cliarbons ardents el d aulres cliarbons par-dessus, jusqu'a la (pianlile de six cents Jivres pesanl; ensuile, on a laisse prendre le feu, el le lendemain 11 seplembre, on a acheve de remplir le fourneau avec qualre nn'lle liuii cents livrcs de cbarbon. Ainsi, il conlienl en tout cinq mille quatre cents livres de cliarbon, qui y ont ete porlecs en cent trente-cinq corbeillcs de qiiaranlc livres cliacune, tare faite. On a laisse pendant ce temps lentree du creuset ouverie, et cellc de la tuyere bien bouchec, pour empechcr le feu de se communiquer au\ souf- flets. La premiere impression de la grande chaleur, produite par le long sejour des braises ardontes et jiar cette premiere cond)ustion du cliarbon, scst niar(|uee par une petite I'ente cpii scst faite dans la pierre du fond a lentree du creuset, el par une autre fente qui s'est faite dans la pierre de la tympe. Le cliarbon, neanmoins, quoique fort allume dans le bas, ne letait encore qu"a une tres-petite liaulcur, et le fourneau ne donnailau gueulard quassez pen de fumee, ce meme jour 11 seplembre, ii six lieures du soir; car cetle ouverture supcrieure n'ctait pas bouchee, non plus que I'ouvcr- ture du creuset. A neuf licures du soir du meme jour, la damme a perce jus(|u'au-dessus du fourneau; et comme elle est devenue tres-vive en pen de temps, on a bouclie I'ouvcrture du creuset a dix beures du soir. La llamme, (pioicpie fort ralentic par cette suppression du courant de I'air, sest soutenue pen- dant la nuit et le jour suivant; en sorte que le lendemain 15 seplembre, vers les qualre beures du soir. le cliarbon avail baissc d'nn pen plus de quatre ei I roN tonii' ii ii-") 386 INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MIXERAIX. |)ietls. On a lempli ce vide, a cetle niemc lieiire, avec onze coibeilles de eliarbon, pesant ensemble quatre cent (luarante livres. Ainsi, le fourneau a cte charge en tout de cinq mille huit cent qiiarante livres de charbon. Ensuite on a bouche rouverlure siiperioure dii fourneau avec un largo couverclc de forte tole , garni tout autour du niorticr de glaise et sable niele de poudre de charbon, ct charge dun pied depaisscur de cette poudrc de charbon mouilloe pendant que Ion bouchait, on a remarque que la damme ne laissait pas de retentir assez foriement dans i'inlcrieur du four- neau • mais en moins dune minute la flamnie a cesse de retentir, et Ion nentendait plus aucun bruit ni murmure, en sorte qu'on aurait pu pensor que lair n'ayant point d'acces dans la cavite du fourneau, le feu y etait en- tierement ctoulTe. On a laisse le fourneau ainsi bouche partout, tant au-dessus qu'au-des- sous, dcpuis le 15 scptembre jusquau 28 du mcme mois, c"est-a-dire pen- dant quinze jours. J'ai remarque pendant ce temps que, quoiqu'il n'y eut point de flanime dans le fourneau, ni meme de feu lumineux, la chaleur ne laissait pas daugmenter et de se communiquer autour de la cavite du fourneau. Le 28 scptembre, a dix heures du matin, on a debouche Touverture supe- rieure du fourneau avec precaution , dans la crainte d'etre suffoque par la vapeur du charbon. Jai remarque, avant de louvrir, que la chaleur avail gagnc jusqua quatre pieds et dcmi dans lepaisseur du massif qui forme la tour du fourneau. Cette chaleur n etait pas fort grande aux environs de la bure (c'est ainsi qu'on appelle la partie superieure du fourneau qui seleve au-dessus de son terre-plein) : mais , a mesure qu'on approchait de la ca- vite, le* pierres ctaicnt deja si fort echauffees, quil n'etait pas possible de les touclier un instant. Les mortiers dans les joints des pierres etaient en partie brules, et il paraissait que la chaleur etait beaucoup plus grande en- core dans le basdu fourneau; car les pierres du dessus de la tympe et de la tuyere etaient excessivement cliaudes dans toule leur epaisseur jusqua quatre ou cinq pieds. Au moment qu'on a debouche le gueulard du fourneau, il en est sorii une vapeur suffocante, dont il a fallu s'eloigner, et qui n"a pas laisse de faire mal a la tete a la plupart des assistants. Lorsquc cette vapeur a ete dissipeo, on a mesure de combien le charbon, enfcrme ct prive dair courant pen- dant quinze jours, avait duninue, et Ion a trouvc quil avait baisse de qua- torze pieds cinq pouces de hauteur; en sorte que le fourneau etait vide dans toute sa partie superieure jusquaupres de la cuve. Ensuite, j ai observe la surface de ce charbon , et jy ai vu une petile tlammequi \onail denaitre; il etait absoluinent noir et sans fliimme aupa- ravant. En moins duneheure, cette petite flamme bleuatre est deveniie rouge dans le centre, et s'elevait alors denviron deux pieds au-dessus du charbon. Une licuro apres avoir debouche le gueulard, jai laii deboucher ientree PARTIE EXPERIMENTALE. 3X7 du creuset. La premiere chose qui sest presentee a cctte ouvertiue n"a pas ete du feu, conime on aurait pu le prcsumer, mais dcs scories provenant du charbon, et qui ressemblaienl a un machefer leger. Ce maehefer etait en assez grande quanlite, et reniplissail tout Tinterieur du creuset, depuis la tympe a la rustine; et ce quil y a de plus singulier, c'est que, quoiquil ne se fut forme que par une grande chaleur, il avail intercepte cette meme chaleur au-dessus du creuset, en sorte que les parties de ce machefer qui etaient au fond netaicnt, pour ainsi dire, que tiedes; neanmoins elies se- taient attachees au fond et aux parois du creuset, et elles en avaient reduit en chaux quelques portions jusqua plus de trois ou quatre pouces de pro- fondeur. J'ai fait tirer ce machefer et I'ai fait mettre a part pour Texaminer, on a aussi tire de la chaux du creuset et des environs, qui elait en assez grande quantile. Cette calcination, qui s'est Aiite |)ar ce feu sans flamme, ma paru proveniren partie de Taction de ces scories du charbon. J'ai pense que ce feu sourd et sans flamme etait trop sec; et je crois que si j'avais mele quelque portion de laitior ou de tcrre vilrescible avec le charbon, cette terrc aurait servi d'aliment a la chaleur, et aurait rendu des niatieres fondantes qui au- raient preserve de la calcination la surface de louvrage du fourneau. Quoi quil en soil, il resulte de cette experience que la chaleur seule, c'est-a-dire la chaleur obscure, renfermee el privee d'air autant quil est possible, produil neanmoins avcc le temps des efTels semblables a coux du feu le plus actif el le plus lumineux. On sail qui! doit elre violent pour cal- ciner la pierre. Ici, c'etait de toules les pierres calcaires la moins calci- nable, cest-a-dire la plus resislante au feu (pie j'avais choisie pour faire con- struirel'ouvrage etla cheminee demon fourneau : toute cctte pierre d'ailieurs avail ete taillee et poses avec soin; les plus petits quarliers avaient un pied d epaisseur, un pied el demi de largeur, sur Irois et quatre pieds de lon- gueur; el dans ce gros volume la pierre est encore bien plus difficile a cai- ciner que quand elle est rcduite en moellons. Cependant cette seule chalrui a non-seulement calcine ces pierres a pres dim demi-pied de profondeur dans la partie la plus etroite et la plus froide du fourneau, mais encore a brule en meme temps les mortiers fails de glaise et de sable sans les faire fondre; ce que jaurais mieux aime, parcc qu'alors les joints de la balisse du fourneau se seraient conserves pleins, au lieu que la chaleur, ayant suivi la route de ces joints, a encore calcine les pierres sur loutes les faces des joints. Mais, pour faire mieux entendre les eHets de cette chaleur obscure et concentree, je dois observer, 1" que le massif du fourneau etant de vingt- huit pieds depaisseur de deux faces, et de vingt-quatre pieds depaisseur des deux autres faces, et la cavite ou etait contenu le charbon nayant que six pieds dans sa plus grande largeur, les murs pleins qui environnenl cette ca- vile avaient neuf pieds depaisseur de maconnerie a chaux et sable aux par- ties les moins epaisses; que par consequent on ne pent pas supposer quil ait passe de lair a travers ces murs de neuf pieds; 2° que cette cavite qui as. 388 !\TRODrCTIOi\ V LIIISTOIHK DKS \II.\EI{ VUX. oonk'iiait lo fli:irl)on nyaiU etc hoiiciieo on bits a leiulroil dc la coulee avcc uii nioilier tie glaisc niele dc sable dun pied depaissciir, el a la (uyere qui n'a que quehjues pouces d"ouverlure, avec ce ineme luortier dont on se sort pour lous les boucliages, il n'est pas a piosumer qu'il ail pu enlrer de lair par ces deux ouverlures; 3° que le siuevdard du fouriicau ayant dc ineine ele ferine avec une plaque de forte tolc hi(eo, el recouverle avee le menic moji- lier sur environ six pouccs d'epaisscur, ct encore cnvironnce ci surmontee de poussiere de cliarbon melcc avec ce morlier .^ur six aulres pouces de bautcur, loul acces a lair par celle dernicrc ouverlure etail interdit. On peul done assurer quil n'y avail poinl d'air cireidanl dans loule celle cavile, donl la capacite elail de Irois cent Irente picds cubes, el (pie, layanl remplie de einq mille cpialre cents livres de cliarbon, le feu etonlfc dans celte eavitc na pu se nourrir que de la pctilc cpianlilc dair conlenue dans les inlervalles (pie laissaicnl cnire eux les niorccaux dc cliarbon; el, coinmc celle nialiere jclcie Tune sur raulre laisse de Uxs-grands vides, supposons moiliti on memo irois quarts, il ny a done eu dans celle cavil(3 que cent soixante-cinq ou tout au plus deux cent qnaranlc-buit picds cubes dair. Or, le feu du fourneau, excili' par les sounicls, consomme celle (pianlile dair en moins dune dcini- niinulc; et ccpcndant il semblcrait (pfelle a sufli pour entrelenir pendant quinzc jours la cbaleur, el laugmenter a pen pivs au m(ime point que celle du feu librc, puisqu'cUe a produit la calcination dcs picrrcs a (|uatre pouces de profondeur dans le bas, et a plus dc deux picds dc profondeur dans le milieu el dans loule 1 ctendue du fourneau, ainsi que nous le dirons loul a riieure. Comme cela me paraissait assez inconcevable, j'ai d'abord pensc qu'il fallail ajonlcr a ces deux cent (piaranle-liuit pieds cubes dair conlenus dans la cavilc' dii rouriicau, loule la vapeur dc rbumidiu- dcs miirs (pie la cbaleur conccnlr(''c na pu manquer datlirer el de la(picile il nesl liiu'rc possible dc faire iinc jusle estimation. Ce soiil la les sculs aliiiiciils, soil en air, soil en vapeurs a(|ueuses, (|ue celle trt^'s-grande cbaleur a consomnn^s pendant (luin/.e jours; car il ne se d(''gage que pcu ou point d"air du cliarbon dans sa combustion, (pioi(iu'il s"cn dt'gage plus dun tiers du poids tola! du bois de chene bien st'clu' *. C-et air lixe contenu dans le bois en est chass(^ par la premiere operation du feu, qui le coiivcrlit en cliarbon; et s'il en rcsle, ce nest qu"en si pclile quanlitc', qu'on nc peul pas la regarder comme le sup- pK'inent dc lair qui manquait ici a lenlrelien du feu. Ainsi, cctte cbaleur tres-nrandc, ct qui s"est augmenKie au point de calciner profoiidc'iuent les pierres, na vli' cntretenue que par deux cent (piarante-liuil pieds cubes d air et par les vapeurs de riiumidilti des murs; et quaiid nous supposcrions le produit succcssif de cctte buniidit(:' cent fois plus considt'rable (pic le vo- lume d"air contenu dans la cavit(5 du fourneau, ccla ne ferail toiijours que vingt-quatre mille buit cents pieds cubes de vapeurs propres a enlretenir la comhuslion; (pianlile que le I'cu libre el aiiime |)ar les soufllels consommc- * lliAcs. Staliijve (hi rt'rjvlaux, p. 1.58. PAKTiK i:\i>i:kime;\tale ssd rait cii moiris dc 30 niinulcs, (andis que la clialeur sourde iic la consomme (lucii (niiiizc jours. Kt CO qu'il est necessaire d'observcr encore, c'est quo le mcmc I'cu lil)rc ot anime aurait consume en onze ou douze heures Ics Irois millc six cents livrcs de ciiarI)on que la clialcur obscure n'a consommces qu"cn (|uin7,c jours : elle n a done eu que la Irentieme parlie de lalinient du feu libre, puisqu'il } a eu trenle fois autant de temps employe a la consommation de la maliere combustible ; et en meme temps il y a cu environ sept cent vingl Cois moins d'air ou de vapeurs employees a cetle combustion, \eanmoins les eircls do celte clialeur obscure out etc les memes que ceux du I'cu libre; car il aurait fallu quinze jours de ce feu violent et anime pour calcincr les pierres au memo degre qu'elles I'ont etc par la ehaleur seule; ce qui nous demontrc d'une part j'immense deperdition de la ehaleur, lersqu'elle s'exhale avee les vapeurs et la flamme, et d'auire part, les grands cffets qu'on peut aUcndre dc sa concentration, ou, pour mieux dire, de sa coercition, de sa detention, ('ar celte clialeur rctenue et concenlree ayaiu produit les memes eH'cIs que le feu libre ct violent, avee trenle fois moins de matiere combuslible, el sept eciil viiiiil fois moins d'air, el clant supposee en raisoii composec de CCS deux aliments, on doil en conclurc (pie, dans nos grands fouriicaux a fondle les mines dc for, il sc perd \iiigl-et-uii mille fois plus dc clialeur qu il ne s"cn applicpie soil a la miiic, soil aux parois du fourneau; en sorte qu'on imagincrail ipic les fourneaux de revcrbere, oil la clialeur est plus eoneen- tree, devraieiil produiie le feu le plus puissant, (dependant j'ai ac(|uis la prcuve du coiitraire, nos mines de fer ne setant pas meme aggluliiiecs par le feu de revcrbere dc la glaeerie dc Houelle en JJourgogiie, tandis (pi'elles fondent en moins de douze lieurcs au feu de mes fourneaux a soulflcts. Celte dinV-rence lieiil au priiicipe que j'ai donne : le feu, par sa vilesse ou par son volume, produit dcs elVets tout diirerenls siir certaines substances, telles que la mine de fer; laiidis que sur d'autres substances, telles que la pierre ealcaire, il pent cii |)roduirc de semblables. La fusion est en general unc operation prompte qui doil avoir plus dc rapport avee la vitcsse du feu que la caleinalioii, qui est |)resque ton jours lente, et qui doit, dans bien des cas, avoir plus dc rapport au volume du I'cu ou a son long sejour, qu'a sa vi- tcsse. On veira, par I'experience suivanle, que celte meme ehaleur relenue et concenlree n'a fait aucun effet sur la mine dc fer. DEIXIEMU F.Xl'ERIENCE. Dans e(! meiiK! fourneau de vingt-trois pieds de hauteur, apres avoir loiulu dc 1.1 Miine (le I'cr pendant enviion quairr mois, je lis coiiler les dernieres j-iieiises en remplissant toiijoiirs avee du ebarbon, inais sans mine, alin d ( n 390 INTRODUCTION A LIIISTOIRE DES MINERADX. Urer toute la matierc fondue; et quand je me fus assure qui! n'en reslait plus, ie lis cesser le vent, boucher cxaclemcnt louvcrture de la tuyere el celle de la coulee, quon ma.onna avcc dc la brique et du mortier de gla.se mele dc sable. Ensuite je fis porter sur le charbon autant de mine qu il pou- vait en entrer dans Ic vide qui etait au-dessus du fourneau : d y entra cetie premiere fois vin^t-sept n.csurcs de soixante livrcs, cest-a-dire seize cent vin-t livres, pour alllcurcr le niveau du gueulard : apres quoi je fis boucher celt^e ouverlure avcc la menic plaque de forte tole et du mortier de glaise et sable, et encore de la poudre de charbon en grande quantite. On imagine bien quelle immense chalcur je renfcrmais ainsi dans le fourneau : tout le charbon en etait allume du haul en has lorsque je fis cesser le vent; loules Ics picrrcs dcs parois ctaicnl rouges du feu qui les penetrait depuis quatre mois. Toute cetle chalcur nc pouvait s'exhaler que par deux pelites fentes qui s'ctaient faites au mur du fourneau, et (|ue je fis remplir de bon mor- tier, afin de lui oter encore ces issues. Trois jours apres, je fis deboucher le aue'ulard, et je vis, avec quelque surprise, que malgre cette chaleur im- mense renfermee dans le fourneau, le charbon ardent, quoique compnme par la mine, et charge de seize cent vingt livres, n'avait baisse que de seize pouces en trois jours ou soixante-douze heures. Je fis sur-le-champ remplir ces seize pouces de vide avec vingt-cinq mesures de mine, pesant ensemble quinze cents livres. Trois jours apres, je fis deboucher cette meme ouver- lure du gueulard, et je trouvai le meme vide de seize pouces, et par conse- quent la meine diminution, ou, si Ion veut, le meme affaissement du char- bon : je fis remplir dc meme avec quinze cents livres de mine; ainsi \\ y en avail deja quatre mille six cent vingt livres sur le charbon, qui etait lout embrase lorsqu'on avail commence de fermer le fourneau. Six jours apres, je fis deboucher le gueulard pour la troisieme fois, et je trouvai que, pen- dant ces six jours, Ic charbon navait baisse que de vingt pouces, que Ion reinplil avec dix-huit cent soixante livres de mine. Enfin, neuf jours apres, on dcboucha pour la quatrieme fois, et je vis que. pendant ces neuf derniers jours, le charbon n'avait baisse que de vingt-et-un pouces, que je fis remplir dc dix-ncuf cent vingt livres de mine; ainsi il y en avail en tout huit mille qualre cents livres. On referma le gueulard avec les memes precautions ; et le lendemain, c'est-a-dire vingt-deux jours apres avoir bouche pour la pre- miere fois, je fis rompre la petite maconncrie de briques qui bouchait 1 ou- verlure de la coulee, en laisant toujours fermee celle du gueulard, afin de- vilcr le courant d'air qui aurait enflamme le charbon. La premiere chose que Ton lira par Touverlure de la coulee furent des morceaux rcduits en chaux dans louvrage du fourneau : on y trouva aussi quelques petits mor- ceaux de machefer, quelques autrcs d'une fonle mal digeree, et environ une livre et demi de Ires-bon fer qui selail forme par coagulation. On lira pres dun lumbcreau de toutes les maticrcs, parmi Icsquelles il y avail aussi quel- ques morceaux de mine briilee et presque reduite en mauvais lailier : cette mine bnilec uc provenait jms dc celle que j'avais fail imposer sur les char- PARTIE KXPEKIMEMALE. 391 bons apres avoir fait cesser le vent, mais dc celie quon y avail jelec sur la fin du foiidage, qui s'etait atlachee aux parois du foiirneaii, et (lui ensiiite etait tombee dans le creuset avee les parties de pierres calcinees auxqueiles elle etait unie. Apres avoir tire ces maticres, on fit tombcr le charbon : le premier qui parut etait a peine rouge; mais des quil eut de lair il devint tros-rouge : on ne perdit pas un instant a le tirer, et on I'eteignait en meme temps en jetant de leau dessus. Le gueulard etant toujours bien ferme, on tira lout le charbon par rouverture de la coulee, et aussi toute la mine dont je Ta- vaisfait charger. La quantite de ce charbon tire du fourneau moiitait a cent quinze corbeilles; en sorle que, pendant ces vingt-deux jours d'une clialour si violente, il paraissait quil ne s'en etait consume que dix-sept corbeilles ; car toute la capacite du fourneau n'en contient que cent irente-cincj; et comme il y avait seize ponces et demi dc vide lors(|u"on le boucha, il faut deduire deux corbeilles qui auraient etc necessaires pour remplir ce vide. Etonne de cette excessivement petite consommation du charbon, pen- dant viiigt-deux jours de Taction de la plus violente clialcur quon cut jamais enfermee, je regardai ces charbons de plus prcs, et jc vis que, quoiqu'ils eussent aussi peu perdu sur leur volume, ils avaient bcaucoup perdu sur leur masse, et que, quoique lean avoc laquelle on les avait eteints leur eut rendu du poids, ils etaient encore d'environ un tiers plus legers que quand on les avail jelcs au fourneau ; cependant les ayant fail transporter aux pe- fites chaufferies des martinets el de la ballerie, ils selrouverent encore assez bons pour cbaulfer, meme a blanc, les petites barres de fer quon fait passer sous ces marteaux. On avait tire la mine en meme temps que le charbon, et on I'avait soi- gneusement separec et mise a part : la tres-violen(e clialeur quelle avait essuyee |)endant im si long temps ne lavait ni fondue ni brulee, ni meme agglutinee; le grain en etait seulement devenu plus proprc et plus luisant : le sable vitrescible et les petits cailloux dont elle etait melee ne setaient point fondus, et il me parut ([uelle navait perdu que Ihumidite quelle conlenait auparavant; car elle navait guere diminue que dun cinquieme en poids, et denviron un vingtieme en volume, et cette derniere quantite s'etait perdue dans les charbons. II resulte de cette experience : 1° que la plus violente chaleur, et la plus concentree pendant un Ircs-long temps, ne pent, sans le secours el le re- nouvellement de lair, fondre la mine de fer, ni meme le sable vitrescible, tandis quune chaleur dc meme espece et bcaucoup moindre pent calciner toutes les maticres calcaires; 2" que le charbon pen^tre de chaleur ou de feu commence a diminuer de masse longtemps avanl de diminuer le volume, et que ce quil perd le premier sont les parties les plus combustibles quil contient. Car, en comparant cette seconde experience avec la premiere, comment so pourrait-il que l.i numo quantite de charbon se consonune plus vile avcc unc chaleur Ues-moiliocrc^ (|ua unc chaleur de la derniere vio- r>()^2 IMKODLCTlOiN A l/lllSTOlHli OES iVllMiU \ I \ . lciit:e, loules deux egalemeiil privoos dair, egalemeiU relenues et conccn- Irecs dans le memc vaisscau clos ? Dans la premiere experience, le cliarbon, (jiii, dans une cavite presque froidC; navait eprouve que la legere impres- sion d"un feu (ju on avail otouH'c an moment que la llamme s'etait montree, avail neanmoins diminue des deux tiers en (juinzc jours; landis «pio Ic nieme charboii enllamme aulanl quil pouvait 1 elre par le vent dcssouJIlels, et recevant encore la clialcur immense des pierres rouges de feu dont-il elait environne, n"a pas diminue dun sixiemc pendant vingt-deux jours. (]ela serait inexplicable si Ton ne faisait pas allenlion que, dans Ic premier eas, le ebarbon avail toute sa donsilc ct contenail loules ses parlies cond)US- liblcs, all lieu que, dans le second cas, ou il etail dans I'clat de la plus forte incandescence, loules ses parties les plus combustibles etaienl deja brulees. Dans la premiere experience, la ciialeur, d'abord tres-mediocre, allait (ou- jours en augmentanl, a mesuro que la combuslion augmenlail el se coni- mimicpiait de plus en plus a la masse entiere du ebarbon; dans la secondc experience, la cbaleur excessive allait en diminuant a mesuro que le ebarbon acbevail de bruler, ct il ne pou\ait plus donner aulanl de cbaleur, parce que sa combuslion elait fort avancee au moment ides; sa |)esanteur est iieanrnoins jilus grande (pie cclle i\ti^ olid INrUODlCTION A L IIISTOIUK J)i:S iMIMiRAlJX. Jiiilics picriTs ciilcaires d'onviroii un viiigticine. liw ayaiil eprouve plusiuiirs niorcoiiiix an f'oii dc mes ehaiilleries, il a falhi pour Ics calcincr plus du double do icmps de cclui qu'il lallait pour rcduire en cliaux Ics autros piorres; on pcul done etre assure (|ue les experience prccedentes out ele I'aites sur la |»ierre ealeaire la plus resistanic au leu. Lcs pierros auxcpielles je vaisla comparer elaient aussi de tres-bonnes picrrcs calcaires, donl on fait la plus belle taille pour les balinients : I'une a le grain fin et prcsque aussi scrre que celui du niarbrc; Tautrc a la grain un pen plus gros : niais toutes deux sont coin|)actes ct pleines; loutes deux font de rexcellcnte cliaux grise, plus lianle et plus forte que la cliaux eoniMiune, (|ui est plus blanclic. En pcsant dans I'air et dans I'eau trois niorceaux cliaudes et trois autres non cbaufl'cs de cette premiere pierre dont Ic grain etait le plus lin, jai Irouve qu'clle avait gagne un cinquante-sixieme en pesanteur specilupie, |>ar rapplication constantc pendant cinq mois dime clialeurd'cnvironqualre- vingt-dix degresj cc que jai reeonnu, parcc qu"elle etait voisine de celle donl j'avais fail easscr les niorceaux dans la voute extcrieure du fourneau, ct que le soufrc ne fondait plus contrc ses parois. Kn ayant done fait enlevcr Irois niorceaux encore cliauds pour les j)eser et comparer avec d'autres niorceaux de la menie pierre (pii etaicnt restes exposes a lair libre, j'ai vu que lull dcs niorceaux avail augmenle d un soixantieme, le second d im soixanledeuxieine, Ic Iroisienie d'un ciiKjuanle-sixicme. \insi cette pierre a grain trcs-Hn a augmenle en pesanteur S])ecili(|ue do pros dun tiers de plus (pie la pierre a feu cliaufl'ee au degre voisiii de colui de la calcination, el aussi d'environ un septiemc de plus que cette meme pierre a feu cliaufl'ee a quatre-vingt-quinze degres, e"est-a-dire a unc cbaleur a pen pres egale. Le seconde pierre, dont le grain etait nioins fin, I'ormait uue assise eii- tiere do la voute exterieure du fourneau, et je fus mailrc de clioisir les nior- ceaux dont j'avais besoin pour rexperience, dans un quarlier qui avail subi l)cndanl le meme temps de cinq mois le meme degre de quatre-vingt-quinze do cbaleur que la pierre a feu : en ayant done fait casser trois morcoaux , d ni'etanl muni de trois autres qui navaient pas olo cbauft'cs, je trouvai que lun de ces morceaux cliauffos avait augmenle dun cinquanlc-quatricnic, Ic second dun soixanle-troisieme, et le troisieme dun soixanlc-sixieme; ce qui donne pour la niesure moyennc un soixante et unieme d'augmenlalion en pesanteur specilique. II resulte de ces experiences : 1° que toulc pierre ealeaire, cliauifee pen- dant longlemps, acquiertde la masse etdevienl pluspesante; cette augmen- tation ne pent venir que dos parliculos de cbaleur (pii la penetrenl et sy unisscnl par leur longue residence, ct ([ui dos lors en dcviennent panic con- sliluante sous une forme fixe; 2° que cette augmentation de pesanteur spc- cifique, etant dun soixanle et unieme, oil dun einquaiUe-sixiome, ou dun soixantc-ciii(|uienie, no se Irouve \arier ici epic par la nature desdin'oronlos pierrcs; que oellcs tlonl lo grain est Ic plus (in sont cellos doiil la clialcur I'AH'rii: i:\l»i:UliME\TALK. .1<)7 augmcnlc !e plus la massf, ct dans 1cs([ir'11l's los pores rtniit plus jxiii-i, ("lie se fixe plus aisenienl ct on plus grandc quantile; 5" que la (piaulile tie t'lialeur qui sc lixc dans la pierrc est encore bien plus grande (pie iic Ic de- signe ici laugnienlalion de la masse; car la ehaleur, a\anl de sc li\er dans la j)ierre, a commence par en cliasser loutcs Ics parlies liumides (pTelle con- tenait. On sail (piCn distillanl la pierre caleaire dans une eornue Itien I'er- inee, on lire de lean pure jusqu'a concurrence dun seixienie de son poiils; niais, conuTic une ehaleur dequalre-vingl-quinze degres, (|uoi(pie appli(|uee pendant cmq mois, pourrail neanmoins produire a cet egard de nioindrcs diets que le leu violent quon appli; qui devicuneiil parties conslituautes de leur masse, el qui s'y unisseiU et y adlierenl daulant plus que les nialieres se trouvcnt avoir avcc elles plus d'allinile el d'aulrcs rapporls dc nature. Aussi, me trouvant muni de ces experiences, je n'ai pas eraint d'avaneer. dans nion Traite des Elements, que les molecules de la chaleur se lixaient dans tons les corps, comme s'y lixent celles de la Imniere, et relies de lair, des qn'il esl accompagne de chaleur ou de feu. SIXIEMR MKMOIRE. AKTK.LE PRE;M]|:K. IWINTION IiP. \mU)ll',S I'ol U BRl'I-ER \ bf r.mNl.r.S DISTWi.F.S, L"liisloire des miroirs ardents d'Arcliimede est I'ameuse; il les invenla pour la defense de sa patrie, et il lanca, disent les aneiens, le feu du soleil sur la lloite ennemie quil reduisit en eendres lorsqu"eIle approelia des rem- paris de Syracuse. Mais eelle histoire, dont on n"a pas doute pendant quinze ou seize siecles, n dahord ele contredite, et ensiiile (railee de fable dans ces derniers temps. l)escar(es, ne pour juger ct ineme pour surpasser .\relii- mcde, a prononee eonire lui dun ton de maiire : il a iiie la possibilile de linvenlion, et .son opinion a prevalu sur les (emoignages et sur In erovanee de loutc lanliquite : les pliysieiens modernes, soil par respect pour leur philosoplie, soit par complaisance pour leurs conlemporains, out etc de meme avis. On naccorde guere aux aneiens quo ee quon ne peul lour oter : delermmes peut-etre par ces motifs, dont lamour-propre no se sort (pio ropsouveni sans (pron s'en apereoive, i.-nv..ns-nou. pas nalurell.>menl In.p PARTIK KXPKRIMEiXTALE. m\ de penchaiit'a refuser ce que nous devons a eeiix ((iii nous ont precedes? El si notresiecle refuse plusquun autre, ne scrail-ce |)ns quetaiit pluseelaire, il croit avoir plus de droits ii la i^loire, plus de pretentions a la superiorite? Quoi quil en soil, celte invention elait dans le cas de plusieurs aulres decouvertes de ranliquile (]ui se sont evanonies, parco quon a prefere la fa- cilite de les nier a la dilliculte de les retrouver; el les miroirs ardents dArchiniede elaienl si decries, qu'il ne paraissail pas possible den retablir la reputation; car, pour appeler du jugenienl de Descartes, il fallait quelque chose de plus fort que des raisons, et il ne restail qu'un moyen siir et de- cisif, a la verile, niais dillicile et hardi: cetaii denlreprendre de trouver les miroirs, c"est-a-dire den faire qui pus^ent produire les memes ellets. Jen avais coneu depuis longtemps Tidce, et j'avouerai volonliers que le plus dif- ficile de la chose etait de la voir possible, puisque, dans lexecution, jai reussi au dela menie de nries esperanees. Jai done eherche le moyen de faire des miroirs pour briiler a de grandes distances, comme de cent, de deux cents et trois cents pieds. Je savais en general qu'avec les miroirs par reflexion Ton n'avail jamais brule qua quinze ou vingl picds tout an plus, et qu'avec ceux qui sont rcfringents la distance etait encore plus courte; el jc sentais bien quil etait impossible dans la pratique de travailier im miroir de metal ou de verre avec assez d'exactitude pour bruler a ces grandes distances; que pour brider, par exemple, a deux cents pieds, la sphere ayant dans ce cas huit cents pieds de diametre, on ne pouvait rien esperer de la methode ordinaire de travailier les verres; el je me pcrsuadai bientot que, quand nieme on pourrait en trouver une nouvelle pour donner a de grandes pieces de verre ou de metal une courbure aussi legere, il nen resullerait encore qu"un avantage tres- peu considerable, comme je le dirai dans la suite. Mais, pour aller par ordre, je chcrcliai d'abord combien la lumiere du soleil perdail par la reflexion a differentes distances, et quelles sont les ma- tieres qui la reflechissent le plus forlement. Je trouvai premierement que les glaces elamees, lorsqu'elles sont polies avec un peu de soin, reflechissent piuspuissannnenl la lumiere que les melaux les mieux polis, et niemc niieux que le metal compose dont on se sert pour faire des miroirs de telescopes; et que, quoiqu il y ait dans les glaces deux reflexions. Tune a la surface et laulre a linterieur, dies ne laissent pas de donner une lumiere plus vive et plus netle que le metal, qui produil une lumiere eoloree. En second lieu, en recevant la lumiere du soleil dans un endroil obscur, et en la eonqiarant avec celle mcme lumiere du soleil reflechie par une glace, je trouvai qua de pelites distiuices, comme de qualre ou cin(| picds, elle no |)er(iail qu environ rnoilie par la reflexion; ce que jc ju^Acai en faisani loinber sur la premiere lumiere reflechie une seconde lumiere aussi refle- chie; car la \ivacite de ces deux lumieres reflechies me parut egale a celle de la lumiere directe. Troisiememont, ayant re(ju a de grandes distances, comme a cent, deu\ tUFFOM. lom. II. 402 INTRODUCTION A I/inSTOfKi: DKS MINKU \r\. fonts (M Hois cents pieds, cello ineiiie Inniic re leflecliie par de grandcs ijlaces, jc rcconinis (|iiVlle no i)ei(lail prcsqiio ricn do sa Inrco par I'opais- sonr de lair ipielle avail, a lra\ersor. Fnsnile. je voiilus essayer les nienics ciioses sur la luniiere dos bougies; e!. pom- ni"a>suror plus cxaclenicnl do la quanlite d'afTaihlissenHMil (pie la retleNion cause a cello luniiere, je li^ rexperieuce siii\ante : .Je nio mis vis-a-\is uno glace dc luiroir a%ec uu livre a la main, dans une oliambre on rohsenrile de la nuil elait cntiere, et oil je iic pouvais distiii- <>ucr ancim objcl ; jc fis allninor dans imc chainbrc voisine, a quarantc picds dc distance environ, une sculo bongio, ct jo la fis a|)procl)cr pen a pen, jusiinVi CO que je puss<' dislinguer les caracteres el lire le livre que j'avais a !a main : la dislaneo se trouva de vingl-quatre pieds dii livre a la bougie. Knsuile. ayant rolourne Ic livre dii cote du niiroir, je eherchai a lire par cello nieme lumiere reflecbie, et jc (is inlercepter par un paravcnt la partie do la lumiere direeto qui ne tonibait pas sur le miroir, afin de navoir sur nioi) livre que la luniiere reflecbie. II I'allut approcber la bougie, ec qu"on lit pcu a pen, jusqu'a ce que je pussc lire les nierncs caracteres eclaires par la lumiere roflecliio; et alors la distance du livre k la bougie, y compris eclle du livre nu miroir, (|ui n'elail quo dun demi-piod, se Irouva etre en tout de quinzo pieds. Jo ropetai cela plusieurs fois, et jeiis toujours les memos re- siiltats, a lies-peu pres; d'ou je concliis que la force ou la quanlite de la lumiere dirccio est a celle de la lumiere reflecbie comme cinq cent soixante- seize est a deux cent vingl-cinq. Ainsi led'el do la lumiere de einkiumi:ntuj;. 405 iiiuigc's : |);ir rxciuple, iiiio ijlacc |)lim(' ciiritv irmi ilenii-picd, cvprtst'c aii\ Piiyons iki soleil, forniera une image carrec ile six ponces, loisiju'on repp\ in octlo image a iiiu' pclitc distance dc la glaco, coinme tie qucl(|iics pioils; en seloigiiant pen a |)eii, on voit limage angnienler, ensuite se (leformer, ciilin saiToiuiir ct dcnicuicr rondc, lonjours en sagrandissant, a niesnre qn'ollc seioigne dn niiroir. (iello image esl composee, d'anlant de disipie dn soleil (|ii il y a de poiiils pli\si(pies dans la sm-face rellechissanle : le poinl dn mi- lieu forme une image du disque; Ics points Aoisins en i'orment de sembla- Itles el de nieme grandem- <(ni excellent un pcu le disque du milieu; il en est de memede tons les antres points, et I image est conqjosee dune inlinite de disques, qui, se snrmontant regnlierement, et anticipant eirculairemcnt les Hiis siir les aufres, formenl limage rellechie dont le point du milieu de la glace esl le centre. Si Ion recoit I imasic composee de tons ees disques a une petite distance, alors 1 elendue (pi'ils occupenl ii'ctant qu tin pen plus grande que celle de la glace, celte image est de la meme figure el a pen pies de la meme elendue que la glace. Si la glace est carrec, limage est carree; si la glace est trian- gulaire, limage est triangulaire : mais Iors(|u"on recoil limage a une grande distance de la glace on letendue (proccupent les disques esl beaucoup plus grande que celle de la glace, limage ne conserve plus la liiiine carree ou triangulaire de la glace; elle devienl necessairement circulaire : et, pour irouver le poinl de distance on limage perd sa figure carree, il n'y a (|u';i clierclier a quelle distance la glace nous parait sous un angle egal a eclui ([ue forme le corps du soleil a nos yeux, c"esl-a-dire sous un angle de trenle- (leux minutes; celle distance sera celle ou limage perdra sa figure carree, et deviendra ronde; car les disques ayant lonjours pour diamelrc une ligne egale a la corde de Tangle de cercle ipii mesuie un angle de trentc-deux mi- nutes, on irouvera , par celte regie, quune glace carree de six ponces perd sa figure carree a la distance d'en\iron soixante pieds, et quune glace dim pied en cane ne la perd qua cent vingt pieds environ, ct ainsi des aiitres. Kn rcllecliissant un peu sur celle tlieoric, on ne sera plus etonne de voir qua de ires-grandes distances une grande el ime petite glace donnent a pen pres une image de la meme grandeur, et qui ne diflere qucpar lintensile de la lumiere : on ne sera plus surprisquune glace ronde, ou carree, ou longne, on triangulaire, ou de telle autre figure que Ion voiidra *, donne toujours des ima"es rondes; el on verra clairement que les images nes'agrandissent el ne s'alfaihlissent pas par la dispersion de la Inmirre, ou par la pcile ([irclle fail en Iraversant I'air, comme font cm (pieltpics pliysicicns, et epic cela n'ar- rive au contraire que par raiigmentation des disques, qui occupenl tonjouir * C'csl pni- (('lie iikmhc raisoii que li'S |iclll('S imaofS du soleil qui p.isscnt ciilic li» Iciiilli's (l("i aii>ri"i i.-\r\C'< el lonlVii^. iiiii loiiilu iit siir le salih; d iinc allro. soiit loulos ovules ou loiitlcs. 404 liNTRODlCTIOiN \ LIIISTOIIW: DES MIISEl! AUX. un espace dc Ircnic-donx miniitos ii (|ii('l(|ii(' oloignemonl (|u"on les porlo. Dc mciiic on sera coiivnincii, par la simple expi)silioii de colle iheoric, que les courbes, de quelque espece quelles soient, ne peuveni etre em- ployees avec avanlage pour bn'ilcr de loin, parce que le diametre du foyer de loiitc's les eoiirhes ne pciil jamais c(re plus petit que la corde de Tare qui mesure un angle de trenle-deux minutes, et que par consequent le miroir concave le plus parfail, dont le diametre scrail egal a ceite corde, ne ferail jamais le double de lefTcl de ce miroir plan de ineme surface * ; et, si le diametre de ce miroir courbeelail plus petit (|ue celte corde, il ne feraitguere plus d'effelqu'un miroir plan de mcme surface. Lorsque j'eus bien compris ce que je viens d'exposer, je me persuadai bientot, a nen pouvoir douter, quArcbimede n'avait pu briiler de loin qu'avec des miroirs plans; car, inde|)en(lammenl de limpossibilite oii Ion etait alors, el oil Ion serail encore aujourd'bui, dexecuter des miroirs con- caves dun aussi long foyer, je senlis bien que les reflexions que je viens de faire ne pouvaient pas avoir ecliappe a ee grand matliematicien. D'ailleurs je pensai que, selon toutes les apparenees, les anciens ne savaient pas faire de grandcs masse de verre, qu ils ignoraienl lart de le couler pour en faire de grandcs glaces, qu'ils navaieni tout au plus que celui de le souffler et den faire des bouteilles el des vases; et je me persuadai aisement que c etait avec des miroirs plans de metal poli, et par la reflexion des rayons du soleil qu'Archimedc avail brule au loin : mais, comme javais reconnu que les miroirs de glace rcflecbissent plus |)uissammenl lalimiiere que les miroirs du metal le plus poli, je pensai a Aiire construireune macbine pour faire coincider au meme point les images reflecbies par un grand nombre deces glaces planes, bienconvaincu quece moycn elail le seul par lequel il fulpossiblede reussir. Cependanl j avais encore des doutes, et qui me paraissaient meme tres- bien fondes; car voici comment je raisonnais : Supposons que la distance a laquelle je veux bruler soil de deux cent quarante pieds, je vols clairemenl que le foyer de mon miroir ne pent avoir moins de deux pieds de diametre a cctte distance; des lors, quelle sera letendue que je serai oblige de donner a mon assemblage de miroirs plans pour produire du feu dans un aussi grand foyer? Elle pouvait etre si grande que la chose eiit ete impraticable dans 1 execution : car, en comparanl le diametre du foyer au diametre da miroir, dans les meilleurs miroirs par reflexion que nous ayons, par exem- ple, avec le miroir de lAcademie, j avals observe que le diametre de ce mi- roir, qui est de trois pieds, etait cent buit fois plus grand que le diametre de son loyer, qui na quenviron quatre lignes, eljen coneluais que, pom- bruler aussi vivement a deux cent (juarante pieds, il eiit ete necessaire que mon assemblage de miroirs cut eu deux cent seize pieds de diametre, puis- Si Ton se donne la peine de le siippnler, on troiivcia qnele miroir roiirbe le plus par- fait n'a d'avaiilaye sur un miroir plan que dan« la raison de 17 a 10, du moins a Ire- peii pris. PARTIE EXPERIMENTALE. 40.i que le foyer aurait deux pieds : or, un miroir do deux eent seize pieds de dianietre elail assurement une chose impossible. A !a verite, ee miroir de trois pieds de diametre brule assez vivement pour fondre Tor, et je voulus voir combien javais a gagner en reduisant son ac- tion a ncnflammer que dii hois : |)Oiu' eela, j'appliquui sur le miroir des zones circulaires de papier pour en dimirnicr le diamclre, et je trouvai qui! n'avait plus assez de force pour endammer du bois sec lorsque son dianietre fut reduit a quatre pouces huil ou neuf lignes. Prenant done cinq pouces ou soixante lignes pour lelendue du diamelre necessaire pour bri'iler avec un foyer de (juatre lignes, je no pouvais me dispenser de conclure que pour bruler egalemenl a deux cent quaranle pieds ou le foyer aurait necessaire- ment deux pieds de diametre, il me faudrait un miroir de trenle pieds de diametre; ce qui me paraissait encore une chose impossible, ou du nioins impraticable. A des raisons si positives, el que dautres auraient regardees commc des demonstrations de i'impossibilite du miroir, je n'avais rien a opposer qu'un soupeon, mais un soupcon ancien, el sur le<|uel plus javais renechi, plus je metais persuade (piil n'elail pas spns fondonicnt : cesl que les elTets do la ciiaieur pouvaient bien n etre pas proporlionnels a la la (pianlite de lumiere, ou, ce qui revient au meme, qua egale intensile de lumiere les grands foyers devaient briiler phis vivement que les pclits. En estimant la chaleur malhemaliquemcnt, il nest pas douteux (pic la force des foyers de meme longueur ne soil pro|)ortionnelle a la surface des miroirs. Ln miroii' donl la surface est double de cdle d un autre duit avoir un foyer de la meme grandeur, si la eourbure est la meme ; el ce foyer de meme grandeur doit conlenir le double de la quantiie de lumiere que con- lienl le premier foyer; et, dans la siq)posiii()n que les elTets sont loujours proporlionnels it lours causes, on avail loujours tru que la chaleur de ce se- cond foyer devait elre double de celle du premier. De meme et par la meme estimation mathemaliquo, on a loujours cru qua egale intensite de lumiere, un petit foyer devait briilcr autarU qu'un grand, et que rellet do la chaleur devait olrc proporliomiel a cotle intensile de lumiere : en sorte, disail Descartes, qu'on peut [aire des verres ou des mi- roirs extreme Dient petils qui bruleronl avec aulant de violence que les plus fjrands. Je pensai dabord, comme je lai dil ci-dessus, que cetle conclusion, tiree de la theorie malhemalique, pourrail bien so Irouver faussc dans la pratique, parce que la chaleur elanl uno qualile physique de laclion el de la propagation de laquelle nous ne connaissons pas bien les lois, il me sem- blait qu'il y avail quelque espece de lemerite a en eslimer ainsi les effets par un raisonnement de simple speculation. J'eus done recours encore une fois a lexperience : je pris des miroirs de metal de difPorcnls foyers cl do difTorenls dogros de polimoiit: ol, on com- parant laclion des dillerenls foyers sur les memos matieres fusibles ou com- bustibles, je irouvai qu'a cgalo intensile dc lumiere les grands foyers foul iOO I>TIU)I)M(:TI<)\ a iiiistoirk oks minkraux. conslaininenl Ijcniicoui) plus tl cHci (jiic los pelils, el procluiseiU souveiit riiiniiiiima(i()ii et In fusion, Ijsndis (pu; Ics pelils ne produiseiK quune f!)a- leiir mediocre : je Irouvai In iiieiiie chose avcc les iniroirs j)ar relVaclion. Pour le I'iiire iiiieiix seiilir, pieiioiis, par excinpic, un grand miroir ardeiil par rrfraclion, Icl (pic cchii dii siiMir Scgard, qtii a Irenle-dciix pouccs dc diniiiclrc, el un fo\er de luiil lignes de largeur, a six pieds de dislance, au- (picl lover le cuivre sc fond en inoins d'uiie minute, cl faisons dans les memcs pioporlions uu pclil vcrrc ardent de trenle-dcux lignes dc diainelre, dont le foyer sera de -^ ou jr lU' ligne, cl la dislance a six pouces. Piiisque le grand miroir fond le cuivre cu une minute dans lelenduc entiere dc son foyer, (|ui esl dc huil lignes, le pclit •fcrre devrait, scion la llicorie, fondre dans le mcmc lem|)s la niemc malicrc dans lelenduc de son foyer, (|ui esl de I dc ligne. Ayanl fait Icxperience, jai irouvc, conime je my allcndais bicn, (pic, loin dc (otidrc Ic cuivre, ce pclil vcrrc ardent pouvait a peine donncr im peu dc clialcur a cclle malierc. La raison dc cclle didercncc est aisce a doinicr. si Ion fail allcnliou que la clialeur sc communicpic dc jjroelie en proelie, et sc disperse, pour ainsi dire, lors meme qu'cUe est appliquce conlinuellement sur le niemc point : par cxenqile, si Ton fail lomlicr le foyer dun vcrrc ardent sur le centre d uu ecu, el ([ue ce foyer nail (lu'une ligne de diamctre, la clialciu- qu'il produit sur le centre de I ecu sc disperse et s'ctend dans le volume cnlier dc I'ecu, el il dcvient cliaud jusqua la circonference: des lors toute la clia- lcur, (pioiqiie cuqiloyce dabord centre le centre de I'ecu, ne s"y arretc pas, cl ne peul pas produirc un aussi grand elTel que si ellc y deincurait tout cnlicrc. Mais si, au lieu dun foyer dune ligne qui loinbe sur Ic milieu de I ecu, on fail lombcr sur I'ceu loul cnlier uu foyer degale inlensite, toutes les parlies de I'ecu elant egalement ecliaufl'ees, dans ce dernier cas, noii- seulcmcnl il n"y a pas dc perlc dc la clialeur, comnie dans le premier, mais nieiiie il y a du gain ct dc raugmeiilalion dc clialeur; car le poini du milieu proliiant de la clialeur des autres points qui renvironnenl, lecu sera fondu dans ce dernier eas, tandis que, dans le premier, il iic sera s autres qui sont en beaucoup plus grand nombre, el dont les opaisseurs elanl inegales en dilTerenls endroits, ou la suilace un pen concave, ou convexe, au lieu d'etre plane, doiment des images mal ternn nees, doubles, triples, oblongues, cbevelues, etc., suivant les diderenles (lefectuosites (pn' se trouvcnt dans les glaces. Par la premiere experience, (pie jai faile le 45 mars 1747, a midi. jai mis le feu a soixante-six pieds de distance a une phmcbe de betre gou- dronnec, avec qnaranle glaces seidemeni, eest-a-dire avec le quart du mi- roir environ,- mais il faut observer (pie, n'etanl pas encore monle sur son |)ied, il etail [lose tres-desavantageusement, faisanl avec le soleil un angle de pres de vingl dcgres dc declinaison, el un autre de plus de dix degrcs d inelinaison. 408 INTRODUCTION A LIJISTOIRE DES MINERAUX. Le meiiie jour, jni mis Ic feu ;i uue planclie gouilronnee et soufree a cent viugt-six pieds de distance avec qualre-viiigl-dix-huit glaces, le miroir etant pose encore plus desavantageusement. On sent bien que, pour bruler avec le phis d'avantage, il faiil que le miroir soil directemcnt oppose au soleil , aussi bieii que les malieres qifon venl euflammer ; en sorle qu'en supposant un plan pcrpendiculaire sur le plan du miroir, il faul quil passe par le soleil, et en meme teiups par le milieu des matieres combustibles. Le 5 avril, a quatre heures du soir, le miroir etant monte et pose sur son pied, on a produit une legere inflammation sur une planche couverte de laine liacbee a cent Irente-hnit pieds de distance, avec cent douze glaces, quoique le soleil fiit faible, el que la lumicrc en flit fort pale. II faut prendre '■arde a soi, lorsqu'on approche de lendroit ou sent les matieres combus- tibles ct il ne faut pas regarder le miroir; car, si malbeureusement les yeux se trouvaicn( au foyer, on serail aveugle par leclat de la luniiere. Le i avril. a onze heures du matin, le soleil etant fort pale et convert de vapcurs et de nuages legers, on n"a pas laisse de produire, avec cent cin- quanle-quatre glaces, a cent cinquante pieds de distance, une chaleur si con- siderable, quelle a fait, en moins de deux minntcs, fumer une planche iroudronnee. qui se serait certaincment enflammee, si le soleil n'avait pas disparu tout a coup. Le lendemain, 5 avril, a Irois heures ajires midi, par un soleil encore plus faible que le jour precedent, on a cnflannnc, a cent cinquante pieds de distance, des copeaux de sapin soufres et meles de cliarbon, en moins d'une minute et deinie, avec cent cinquantc-qualre glaces. Lorsque le soleil est vif, il ne faut que quelques secondes pour produire linflanmiation. Le 10 avril, apres midi, par un soleil assez net, on a mis le feu a une planche de sapin goudronnee, a cent cinquante pieds, avec cent vingt-huit glaces seulcment : linflannnation a etc tres-subite, et eile s'est faite dans toute letendue du foyer, qui avait environ seize pouces de diamelre a cette distance. Le meme jour, a deux heures et demie, on a porte le feu sur une planche de hetre goudronnee en panic et couverte en quelques endroits de laine hachee ; linflammation sest faite tres-promptemcnt ; elle a commence par les parties du hois qui etaient decouvertes, et le feu etait si violent quil a fallu tremper dans Teau la planclie pour leteindre : il y avait cent quarante- huit glaces, et la distance etait de cent cinquante pieds. Le 11 avril, le foyer netant qua vingt pieds de distance du miroir, il n'a fallu que douze glaces pour enflammer de petites matieres combustibles. Avec vingt et une glaces, on a mis le feu a une planche de hetre qui avait deja etc brulee en partie. Avec quarante-cinq glaces, on a fondu un gros flacon d"etain qui pesait environ six li\res; et avec cent dix-sept glaces, on a fondu des morceaux d'argent mince, el rougi une plaque de t6le:etje suis persuade qu'a cinquante pieds on fondra les metaux aussi bien (pia vingt, en employaiii toutes les glaces du miroir; ct comme le foyer, a cette dis- PARTIE EXPERIMKNTALE. 409 tance, est lar^e de six poucos, on pouira fairo ties opreuves en grand sur les metaux *; cc quil nelail pas possible de faire avee les niiroirs oidi- naires, dont le foyer est ou tres-faible ou cent fois plus petit que celui de mon mn-oir. Jai renianpie que les metaux, et surtout largent, fument beaueoup avanl de se fondre : la luniee en etail si sensible, "quelle faisail ombre sur le terrain, et cest la queje lobservai aKentivement : car il nest pas possible de regarder un instant le foyer, lorsqu il tombe sur du metal; I eclat en est beaueoup plus v if que celui du soleil. Les experiences que j ai rapportees ei-dessus, el qui onl ele faites dans les premiers temps de linvcnlion de ces unroirs, out otc suivies dun grand nombre dautres experiences qui eonnrment les premieres. Jai entlanmie du bois jusqua deux cents ct meme deux cent dix pieds avec ce meme mi- roir, par le soleil dele, loiKes les fois que le ciel etail pur; et je crois pou- voif assurer (pi"avcc (|uatre semblables miroirs on brulerait a quatre cents pieds, et peut-etre plus loin. Jai de meme fondii tons les metaux et minerau\ metalliqyes a vingt-cin(|, Irente et quaraute pieds. On Irouvera dans la suite de cet article les usages aux(|uels on pent appliquer ces miroirs, et les limites qu'on doit assigner a leur puissance pour la calcination, la combus- tion, la fusion, etc. II faut environ unedemi-heure pour monter le miroir el pour faire coin- cider toutes les images au meme point : mais lorsqu'il est une fois ajusle, on pent sen servir a toule heure, en lirant seulen)ent un rideau ; il mettra le feu aux matieres combustibles tres-prompleuient, el on iie doit pas le de- ranger, h moins qu'on ne veuille cbanger la distance : par excmple, lorsqu il est arrange pour bruler a cent pieds, il faul une demi-lieure pour lajuster a la distance de cent cinquanle pieds, el ainsi des aulres. Ce miroir bri'ile en liaul, en has et borizonlalement, suivanl la differenle inclinaison qu'on lui donne. Les experiences que je viens de rapporter ont ele faites publiquement au Jardin du Roi, sur un terrain borizontal, contre * Par des expeiieiiLCs subsi-quecilcs, j'ai recoiinu que lii ilislaiice la plus avaiilageuse poor faire coininodemciit, avec ces miroirs, des epreuves sur les metaux, etait a quarante ou quaranle-i inq jjieds. I,cs assicttcs d'argent, que j'ai fondues a i-clle distance avec dcu\ cent viiigt-quatrc glares, rlaient bicti nettcs ; en sorte qu'il n'etait pas possilile d'attri- l)uer la fumec Ires-abondantc qui en sortait, a la graisse, ou a d'autrcs matieres donl I'ar- gent sp scrait imhibr, et cummp se le persuadai'nl les gens tcmoins de I'expcriencf. Je la repetai nranmoitis sur des plaques d'argent loules ucuves, et j'eus le meme diet. Le metal Tumait tres-abondamment, quelquefois pendant plus de buit ou dix minutes avant de se fondre. J'avais dessein de recuiiilir celte I'umee d'argent par le moyen d'un cbapiteau cl d'un ajustement semblabic a celui dont on se sert dans les distillations, et j'ai lonjoni s eu regret que mes autres occupations m'en aient empfiche ; car cette maniere de tirer I'uau du metal est peut-^tre la seule que Ton puisse employer. Et, si Ton pretend que cette fumee, qui m'a paru bumide. ne coutient pas de i'cau. il scrait toujours tres-ulile de savoir ce que c'esi : car i! se prut aiissi que re ne soit qi;c du nnlal volalilisi'. D ailleurs. jc snis persuade qu'en I'aisant n)enies Ics epreuves sur I'or, on le verra I'umei conune I'argent, pent-(^trc mnin^. peuf-etre plus. 410 IMRODIJCTION A LIIISTOIKi: DKS MINKKAUX. (les pliinclies posees verliciik'nieiu. Jo crois quil nest pas iieccssaire d aver- lir (|u"il aiirail brulc avcc plus ric lorco on haul, ot inoiiis dc force on has; f(, de niciiit', (pi'il est |)liis avanlagcux dincliner le plan des iiiatiercs eoiu- huslibles parallelemciU au jjlan du iniroir. (le tpii fail (pril a col avaiilagc dc bniler en haul, en has el liorizoMlalenient, sui' les miroiis ordinaircs dc rcllexioii cpii ne bn'denl qu'cn Iiaiil, c"('s( (pic son foyer csl fori eloigne, ct qnil a si pen dc conibare, (picllc est insensible a roeil : il csl large dc sept pieds el haul dc luiit pieds, ee »pii nc fail ipicnxiion la cent einquantieme pnrtie dc la circonference de la sphere, lorscpion brnle a cent cintpianle pieds. La raison (jni m'a delennine a prcfcrcr des glaecs de six ponces de lar- geur sur iiuil pouees de hautenr, a des glaees eanees dc six on buil pouees, cVst qn il est bcaneoup plus commode de faire !es experiences snr un lei- rain hori/.onlal ct dc niveau, que de les faire dc bas en haul, cl quavee cettc lignrc plus haute que large, les images eiaicnt plus rondes, au lieu (piavcc des glaees eanees clLs auraicnt etc raceourcies, surlout \n)uv Ie> petites distances, dans celte situation borizonlale. Cclte deeouvcrte nous fournit plusicuis choses utiles pour la |)hysique, el peul-elrc pour les arts. On sail que ee cpii rend les nn'roirs ordinaircs dc reflexion presque inutiles pour les experiences, e"e>l(iu'ils bn'ilenl loujours en haul, et qu'on est fort cnibarrasse dc trou\er des moyens pour suspen- dre ou soutenir a leur foyer les matieres tjuon \cul fondre on calcincr. Au moyen de mon nu'roir, on fera bniler en bas Ics nn'roirs concaves, cl avec un avanlagc si considerable, (|u'on aura uiie ehaleur de Icl degre qu'on vou- dra : par exemple, en opposant a nioii niiroir un miroir concave dun pied carrc de surface, la ehaleur que ee dernier miroir produira a son foyer, en eniployant cent cinquanlc-qualre glaees seulcmciil, sera plus dc douzc fois plus grande que celle quil produil ordinaircinent, et relict sera le meme que s'il existait douze soleils au lieu dun, ou plutot que si le soleil avail douze fois plus de ehaleur. Secondement, on aura par le moyen de mon miroir la vraic eebelle dc I'augmenlation de la ehaleur. el on fera un tbennometre reel, dont les divi- sions n'auronl plus rien d'arbiliairc, dcpuis la Icmperalure de lair jusqu'a tcl degre de ehaleur quoii voudra, en faisani lonibcr line a une successivc- inent les images du soleil les unes sur les autres, et en graduant les inter- vallcs,soit au moyen d'unc liqueur expansive, soil au moyen dune machine dc dilatation; cl dc la nous saurons en ell'et cc que c'esl qu'une augnicnta- lioii double, triple, quadruple, etc., de ehaleur *, el nous connailions les Fru M. (le Mairan a fail, une (■preuve avon trois glaees seiilement, et .1 Irouve que Ics augiiiciilalioiis du double aiic d avertir quon peul faire, avec de pelits morceaiix 412 FNTRODUCTION A L'HISTOIRE UES MINER AUX. plats de glace on do inclal, dcs miroirs doiil le? foyiirs seront variables, et qui bruloront a de petilos distances avec uiio graiide vivacile; et en les mon- lant a peu pres coiinne Ion monte les parasols, il ne faudrait quuii seul inouvenient pour en ajuster le foyer. Maintcnaiit que jai rendu conipte de ma deeouverle et du sueees de mes experiences, je dois rendre a Arcliiinede el aux ancicns la gloire qui leur est due. 11 est certain qu'Vrcliimede a pu fairc avec des miroirs de metal ce que je fais avec des miroirs dc verre; il est sur qu'il avail plus de lu- mieres qu'il n'en faut pour imaginer la llicorie qui ma guide el la meca- nique que j"ai fait execuler; et que, par consequent, on ne pent lui refuser le litre de premier invenlein- de ces miroirs, que loccasion ou il sut les employer rendit sans doute plus celebres que le merite de la cbose meme. Pendant le temps que je travaillais a ces miroirs, jignorais le detail de lout re (pien onl dit les aneiens; mais, apres avoir reussi a les faire, je fus bien aise de men instiuire. Feu M. I\lelol,de lAcadcmie des belles-letlres, et Tun des gardes dc la IJibliolbeque du Roi, dont la grande erudition et les talents elaienl conni's de tous les savants, eut la bonte de me commu- tiicpier nne exeellenle dissertation (pi'il avail faite sur ee snjet, dans la(|uellc il rapporte les lemoignages de ions les auteurs (|ui onl parle des miroirs ar- dents d Arcliimede. Ceux qui en parleni le |)lus clairement sonl Zonaras el Tzetzes, qui vivaient lous deux dans le douzieme siecle. Le premier dit (\y\' Arcliimede, avec ses miroirs ardents, mil en cendres toute la flotte des Komains. Ce g^onietre, dit-il , ai/anl recu les rayons du su/eil sur un frii- rnir, a I'aide de ces rayons rasseniOles el re/lechis par lepuisseur et le poll du miroir, il embrasa I'air, et alluina une rjrunde flamme quil lan(;a lout entiere sur les laisseaux qui iiiouillaient dans la sphere de son activile, el qui furenl tous riduits en cendres. Le meme Zonaras rapporte aussi (pi'au siege dc Con- stantinople, sous I'empire d Anaslbase, Ian ol4 de Jesus-Clirist, Proclus brula,avecdes miroirs dairain, la flotte de Vitalien, qui assiegeait Constan- tinople; et il ajoute que ces miroirs etaient une deeouverle ancienne, el que riiistorien Dion en donne llionneur a Arcliimede, qui la fit et sen servit centre les Romains, lorsque Marccllus lit le siege de Syracuse. Tzetzes non-seulement rapporte et assure le fait des miroirs, mais mt'ine il en explique en quel(|ue faeon la construction. Lorsque les caisseaux ro- mams, dit-il, furenl a la porlee du trait, Arcliiinede fit faire une espece de miroir hexayone, a d'aulres plus pelits de vinyl-qualre antam:. 4i,- lioii, el fail voir quo Ic miroir d Vrfliimode pouvait olie, comme Ic mien, ••ompose cle |iiiisicurs pclils iiiiroirs qui se niouvaiciil par cics mouveinents (le cliainieics ct de ressorts; et enfin, il indique la position du miroir, en (lisar)l (|ue le miroir liexagone, aulour duquel elaient sans doule Ics miroirs plus pelits, (itait coupe par le meridicn, co qui veiil dire apparonmient que le miroir doit etre oppose direclement au soleil : dnilleurs, le miroir hexagone ('■tail probablemenl celui dont I'image servail de mire pour ajuster les au- Ires, el cetle figure n"esl pas tout a fait indiirerenle, non plus que celle des vingl-quatre angles ou vingt-quaire coles des petits miroirs. 11 est aise de sentirquil y a en elFct de ra\anlage a donncr a ces miroirs une figure po- lygone dun grand nombre de cotes cgaux, alin que la quantite de lumiere soil moins iiiegalement repnrlie dans limage rellecliic; et elle sera repartie le moins inegalemenl qu'il est possible lorsque les miroirs seront eircu- laires. J'ai bien vu (pill y avail de la pcrle a employer des miroirs quadran- gulaires longs de six ponces sur huit pouces; mais jai prefere celle forme, parce quelle est, comme je lai (lit, plus avantageuse pour bruler borizon- talemenl. Jai aussi trouv(3 dans la meme dissertation de IM. Melol, que le P. kircber avail ('crit quArcbimede avail pu bruler a une grande distance avee des miroirs plans, et que I expiM'ience lui avail appris quen reimissanl de celle faeon les images du soleil, on produisail une ebaleur consid(irable au point de re^union. Knfin, dans les .M ('-moires de I'Acadc-mie, annde 172G, M. du Fay, doni jbonorerai loujours la m(!'moire el les talents, parail avoir toucbfi a celle d(''- couverte : il dil (pia/yani recu rimarje du soleil sur un miroir plnn dun pied en carri et laijant porlie jusgun six rents pieds sur un miroir concave de di.r sept pouces de dianietre, elle arail encore la force de hrt'iler des niatieres com- bustibles au fojjer de ce dernier miroir. I']t, a la (in de son Memoire, il dit que quelques auteurs, il veut sans doule parlor du 1'. hircber, onlproposi de for- mer un miroir d'vn tres-lonfj foi/er par un grand nornhrc de petits miroirs plans, que plusieurs personncs tiendraient a la main, el diri(jeraient de facon que les imar/es du soleil fornixes par cliacun de res miroirs, conamrraient en un m4me point, et que ce seruit peul-dtre la facon de reussir la plus siire et la moins difficile a e.ieculer. In pen de r('!llexion sur lexpf^rience du miroir concave (;l sur <;e projcl aurait portd' iM. du Fay a la dd'couverte du miroir dArcbimi-'de, quil Iraile ccpondant dc fable un peu plus baut; car il me parail qu'il (ilait lout nalurel de concluredeson experience que, puisqu'un mi- roir concave de di\-sept pouces de diaiiKHre sur kupiel limage du soleil no lombait pas lout cnlii're, a beauconp prt'S, pent cependant bruler par celle seule partie de limage du soleil r(''n('Tliie a six cents pieds, dans un foyer que je suppose large de Irois iignes; onze cent cinqnanle-six miroirs plans, semblablesau premier miroir rt-flecbissant, doivent'a plus forte raison bruler direclement a celle (iistanrc de six cents pieds, el que par cons(';quent dcu\ cent qualre-vingt-neuf miroirs plans anraieni ('n'' plus (|uc sudisants pour 414 INTIlOnrCTION A LHLSTOfRE DKS MIMCHAl \. lirulcr ;'i trnis rcnls picils. en rc'iinissoiU los doiix cent fnialre-vinirt-iiciif imaocs : mnis, en Tail do decouvorlo, le dornicr pas, (luoiquo sonvcnl Ic pins facile, est cependanl celui quon fait le plus rarenienl. IMon Momoire, lei (|n"on \ieiU de le lire, a etc imprinie dans le volume de TAcadeniie des sciences, aniiee 1747, sous le (iire : hiccnlion des 7niroiis pour bn'ilcr a une fjrundc distance. Feu M. IJouiiuer, el (luelques auli'os niembresdeceltesavantc coni|)agnie, lu'ajanl fail plusieurs objections, lirees principalemenl de la doctrine de Descartes, dans son Tiaile de I)ioptii(|ue. je cms devoir y repondre par le Memoire suivanl, qui fut lu a TAca- demie la nienie annt'-e, niais que je ne fis pas inipriiner par nienagement pour nies adversaircs en opinion. Cependanl. coninie il contient plusieurs ehoses utiles, el qu'il pourra servir de preservalif contre les erreurs conte- nues dans quelques livres d'optique, surtout dans celui de la Dioplrique i\c Descartes, que craillcurs il serl dexplication el de suite an iMenioire prece- dent, jai juge a propos de les joindre iei et de les publier ensemble. AltTlCLi: SKCO.ND. Uliri-EMONS sin I.E JUCKMP.M DF. DF.SCVnTES All SIJET DES miroius d AncniMEDE, AVE<. l.i: DEVEI.OPPEMENT DP. I.A Tllf;0UlE DE CES MinOinS ET L EXPI.I(.\T10N DE I.EIRS PRINCIPAIX I SAGES. La Dioptri«iue de Descartes, eel ouvrage quil a donne eomme le premier rt le principal essai de sa metbode de raisonner dans Ics sciences, doit elre regardee commc un cbcld'uMvre pour son temps : mais les plus belles spe- culations soul souvenl dementies par lexperienee, et tons les jours les su- blimes iDatbematiqucs sonl obligees de se plier sous de nouvcaux fails; ear, dans rapplieation (pi'on en fait aux plus petites parties de la pbysique, on doil se delier de Ionics les circonslances, et ne pas se conller assez aux eboses quon croit savoir, pour prononcer alHrmativemenl sur celles qui sonl inconnues. (]e del'aul nest cependanl que trop ordinaire, el j ai eru (pie je ferais queUpic ebose d"ulile pour ccux qui veulenl s'occiqjcr d'opii(|ue que de leur exposcr ce qui manquail a Descartes pour pouvoir dormer ime tbeorie de cette science, qui fut susceptible delrc reduilc en pralicpie. Son Trailedc Dioplrique esl divise en dix diseours. Dans le premiei', no- tie pbilo^oplie parle de la limiiere; et. eomme il ignorait son mouvcnienl PAUTii: h\pi:rimi:\tali:. /i-i.j progressil, (|iii nn ele elecouvcrl que qiielqiic lemps apre>; par Uoiiuor. ii faiit mndilior Ifuir ce (\i\"\\ (lit ;i cct t''l environ sept minutes el deniie a venir du yolcil jusiju a nous, tpie cettc emission dii corps Inmineux se renouvelle a cliaque instant, et quo ce n'est pas par la pression continue et par Taction, on pintot I'ehran- lement inslaiitane d ime matiere subtile, ((ue ses eirels soperent : ainsi tontes les parties de ce Traite, on lauleur emploie cette iheorie. sont plus que suspectes, el les consequences ne peuvent etre (prcrronecs. 11 en est de meme de I'explication (pie Descartes donne de la r«HVaction; non-seulcment sa th(Jorie est hypoth(''tique pour la cause, mais la pratique est eontraire dans tons les ell'ets. Les mouvements dune hallc qui traverse de I'eau sont tr(!s-diflerenls de ceiix de la lumicire qui traverse le ni(ime mi- lieu; el s"il cut compare ee (pii arrive en elTet a une balle avec ce qui arrive a la lun)iere. il en aurait lirci des consiiquences tout a I'ait opposi-es a cclles quil a tirees. Et, pour ne pas onieltre une chose tres-essenlielle, et qui pourrait indiiire en erreur, il faut hicn se garder, en lisanl cet article, de croire, avec notre philoso|)he, que le moiivemenl recliligne pent se changer natinvllement en un mouvement circnlair(! : eelte assertion est fausse, et le eontraire est d(''- montre depuis que 1 on connait Ics lois du mouvement. Commc le second discoins roule en grande partie sur eelte iheorie liypo- llu''li(pie de la n'Traction, je me dispenserai de parlor en (h'lail des errems (|ui on sonl les cons(!'(|uences; un lecteur averli ne pent inanqucr de les re- marqiicr. Dans les troisii'me, qualrieme et cin(|ui(ime discours, il est (piestion de la vision; et I'explication (]ue Descartes donne, an sujet des images (|ui se IVirmont an fond de I'o'il, est asscz juste : mais ce (piil dit sur les coulenrs ne pent pas se soulenii- ni meme s"entendre; car, comment eoneevoir quune cerlaine [)roporlion enire le mouvement rectiligne ct un pietendu nioiivomenl circulairc puisse produire des couleurs? Cette panic a vAv, eoinmc Ion sail, trailf^e a Ibnd et dune maniil-re d(3monslrativc par Newton; el r( xp('rience a Tail voir 1 iiisidlisancc de lous les systt-mes pr(ii edenls. •Ic ne (lirai rion du si\i(nie discours, oil il tache d'expli(pior coirmienl se lunl nos sensations : (piehpie ingenienses que soient ses hypolhi'sos, il est ais(; dc senlir qu'clles sonl graluilcs; el comme il n"y a pres(pie rieri de ma- llH'Mnati(pie dans cello partie, il esl inutile de nous y arrd'ter. Dans le se|)lienie et le liuitii-ine di^cours, Descartes doime ime belle lliil'orie geom(3lri(pie sm- les formes (pie doivcnl avoir les vorres pom- pro- duire les eflels (pii peuvent scrvir a la perfection de la vision; et aprcs avoir o\amin(' ee (pii arrive aiix ravons (pii traversent cos vorres i\c difle- renles formes, il eonclut (pie les vorres cliipliqiies et liyporlioli(pies sont 4ir, INTRODUCTION A L'lilSTOIUK DKS MINERAUX. los iiieiHeiirs dc ions pour nissemblor l(l Ic point iuniiiiciix au(|iiel nous avons reduit le disqiie dn soleil, on aurait, on variant la coinlmre dcs miroirs, una cgalc ehalenr ou une *'^i\\v hnnit-re a lontes Ics distances sans changer lours dianielrcs. Ainsi, pour bnilcr a unc grandc distance, dans ce eas, il (aiidrail, en elFet, ini iiiiroir tres-exactcnionl travaillc sur une sphere ou une liypcrholoidc pro- porlionuee a la distance, ou bien un miroir brise en une infinite de points physiques plans, tpiil faudrait faire coincider an nienie point : niais, Ic dis(jue du soleil occtqianl nn espace dc trenle-denx minutes de degre il est clair que le meme miroir sphcriquc ou hyperboli(|ue, ou dune autre figure (|uelconque, ne pout jamais, en verlu de celle figure, rcduire I'image du soleil en un espace plus petit que de trenle-deiix minutes; que des lors I image augmenlcra toujours a mesure quon seloignera; que dc plus chaquc point de la surface nous donucra une image d une meme largcur, par excmple, d"un demi-pied a soixante picds. Or, comme il est necessaire, pour produire tout lefTel possible, que lontes ces images coincidicnt dans cet espace dun demi-pied, alors, au lieu de briser le miroir en unc infinite de parlies, il est evident quil est a peu pres egal et bcaucoup plus commode de ne le briser qu en un petit nombre de parties planes dun demi-pied de diametre chacune, parce que ciiaque petit miroir plan dun demi-pied don- nera une image d'environ un demi-pied qui sera a peu pros aussi lumincuse qu'une parcille surface d'un demi-|)ied prise dans le miroir spherique ou byperboli(|ue. La theorie de nion miroir ne consiste done pas, comme on la dit ici, a avoir trouve I'art dinscrire aisement des plans dans une surface spherique, et le moyen de changer a volonlc la eourbure de celte surface spherique ; mais elle suppose celte remarque plus delicate et (|ui n'avait jamais ete faile, c'esl quil y a presque autant d'avantage a se servir des miroirs plans que de miroirs de loute autre figure, des (|u"on veut bruler a ime certaine distance, et que la grandeur du miroir plan est determinee par la grandeur de I'image a celte distance, en sorte qua la distance de soixante pieds, ou I'image du soleil a environ un demi-pied dc diametre, on briilera a peu pres aussi bien avec des miroirs plans dun demi-pied quavec des miroirs hyperboliques les mieux travailles, pourvu quils naicnt que la meme gran- deur. Ue merae, avec des miroirs plans dun pouce et demi, on bri'ilera a quinze pieds a peu pres avec autant de force qu'avec un miroir exactement travaille dans toutcs ses parties; et, pour le dire en un mot, un miroir a faceltes plates produira a peu pres autant d'effet qu'un miroir travaille avec la dernierc exactitude dans toutes ses parlies, pourvu que la grandeur de chaquc facette soil egale a la grandeur de limage du soleil; et c'est par cette raison quil y a une certaine proportion entrc la grandeur des miroirs plans et les distances, et (|uc, pour bruler plus loin, on pout employer, memo avec avantage, de plus grandes glaces dans inon miroir, que pour bruler plus pres. 27. 420 irSTUODLlCTION A LIIISTOIKE DES MINERAIJX. Car si cela ii elait pas, on sent bieii quen letluisant, par exemple, mes claces dc six pouccs a trois ponces, et employanl quatre fois antanl de ces elaces que des premieres, ce qui revient an meme pour I'etendue de la sur- face du miroir, j'aurais eu qualre fois plus dcffel, el que plus les glaces seraient petiles, ot plus le miroir produirait deftet; el c'est a ceci que se serail reduil I'arl de quelqu'un qui aurail seulement tenle dinscrire una surface polygene dans unc sphere, et qui aurait imagine lajustement dont je me suis servi pour faire changer a volonte la courbure de cette surface. II aiirait fait les glaces les plus petiles qu'il aurait ete possible; mais le fond et la theorie de la chose est davoir reconnu qn il nelait pas seulement question dinscrire une surface polygone dans une sphere avec exactitude, el d'en faire varier la courbure a volonte, mais encore que chaque partie de cette surface devait avoir une certaine grandeur determinee pour produire aisenienl un grand effet; ce qui fait un problenie fort different et dont la solution ma fait voir quau lieu de travailler ou de briser un miroir dans toutes ses parties pour faire coincider les images an meme endroit, il sufR- sail de le briser, ou de le travailler a faccttes planes, en grandes portions cgales a la grandeur de Timage, et quil y avail peu a gagner en le brisani en de Irop pelites parlies, ou, ce qui est la nienie chose, en le travaillant exaclement dans tous ses points. C'est pour t?ela que j'ai dil dans mon Mc- moire que, pour bruler a de grandes distances, il fallait imaginer quelque chose de nouveau et tout a fail indcpcndant de ce quon avail pense et pra- tique jusquici; el ayant sujjpute gcometriquemcnl la difference, j'ai trouve qu un miroir parfail, de quehpie courbure qu'il puisse etre, naura jamais plus davantage sur le mien que de six-sept a dix, et quen meme temps Texeculion en serail impossible pour ne bruler meme qua une petite dis- tance, comme de vingt-cinq ou trenlc pieds. Mais revenons aux assertions dc Descartes. II dil ensuite « qu'ayant deux verres ou miroirs ardenls, dont I'un soil « beaucoup plus grand que lautro, de quelque faoon qu'ils puissenl etre, « pourvuque leurs figures soient loules pareilles,le plus grand doit ramasser « les rayons du soleil en un plus grand espace et plus loin de soi que le « plus petit, mais que ces rayons ne doivent point avoir plus de force en « chaque partie de eel espace quen celui on le plus petit les ramasse; en « sorle quon pent faire des verres ou miroirs extrememeiil pelits qui hru- « lerontavec aulant de violence que les plus grands. » Ceci est absolument contraire aux experiences que j'ai rapporlees dans mon Memoire, oii j'ai fait voir qu'a egale inlensilc de lumiere un grand foyer brule beaucoup plus qu'un petit : et c'est en partie sur cette remarque, tout opposec au seniimeiil qu il suppose poll par un ango, el (iiii ne doit |)as rassemblcr mais seiilemcrii ifnccliir la liimierc nxec. aiiliiiil do lorco (pielte cii a en veiiaiil dircclcment dii soldi, il aurail vu cpiil clail possible de bruler a de grandes distances avcc un uu'roir de mediocre grandetu-, s'il eiil pu liii donncr la figure coti- veualilc; car il aurait liouve que, dans celle liypolliese, un iniroir de cirKj picds aurait brule a plus de deux cents pieds,parce qu"il ne faut pas six fois la clialeur du soleil pour bruler a celle distance; et de mcnie (prun miroir de sept pieds aurail brule a pres de qualre cenls pieds, ce qui ne fail pas des niiroirs asscz f:;rands |)our qu'on puisse les irailei- de fabulcux. II me reste a observer que Descartes ignorait conibien il I'allaii de fois la lunu'ere du soleil pour bruler; qu'il ne dit pas un mot des miroirs plans; qu il eiail fort eloigtie de soupconner la niecanique par la(|uclle on pouvail les disposer pour bruler au loin, el ipie par eonsetpicnt il a prorionce sans avoir assez de connaissanee sur celle niatiere, ct nicnie sans avoir Tail asscz de redexions sur ec qu'il en savait. Au reste, je ne suis pas le premier (|ui aie fait quelqiics reprocbes a Des- cartes sur ce sujet, (pioi(]ue j'en aie acquis le droit plus (piun autre; ear, pour ne j)as sortir du scin de celle conipagnie *, je Irouve (pie iM. du I'ay en a presquc dit aulant que nioi. Voici scs paroles : // ne s'afjit pas, dit-il, si un Id miroir qui brnlerait a six cents pieds est possible au non, mais si p/ii/si- quetnenl parlant, cela peut arriier. Cetle opinion a 6le extn'mcmml roiHredile, etje (lots mettre Descartes a la IcHe de ceux qui lout comhattue. Mais, (pioicpu; M. tlu Fay regardat la cbose cornme impossible a exccuter, il n'a pas laisse de senlir que Descarles avail eu tort d'en nicr la possibilite dans la tbeorie. J'avouerai volonliers que Descartes a enlrevu ce qui arrive aux images re- (lecbics ou refractees a dilferentes distances, et qua cetegard sa ibeorie est peut-ctre aussi bonne (|ue celle de iM. du Fay, que ce dernier n'a pas dcve- lopp('(!; mais les inductions quil en lire soul irop generalcs et Irop vagiics, el les dernieres consecpiences sont fausses; car si Descartes cut bien coni- pris loute celle maliere, au lieu de trailer le miroir dArcbimede de cbose impossible ct fabulcuse, voici ee quil aurait du conclurc de sa propre ibcorie : Puisqu'un miroir ardent, dont le diamelrc n'est pas plus grand que la centieme parlie de la distance qui est enlre le lieu ou il doit rasseni- bler les rayons du soleil. IVil-il poli par un ange,ne pent faire que les rayons qu'il assen)I)le ecliaull'iMil plus en 1 cndroil on il les assemble que ceux qui viennenl directemenl du soleil, ce miroir ardent doit elrc considere connne un miroir plan parfailement poli ; et par consequent, pour bruler ;» line grande distance, il faut aulant de ces miroirs plans quil faut de fois la lumierc directe du soleil pour bruler; en sorle que les miroirs dont on dit quArcbimede scst servi pour bruler des vaisseaux de loin dcvaienl elrc composes de miroirs |)lans, dont il fallait au moins un nond)re egal au nombre do fois qu'il faut la lumiere directe du soleil pom bruler. Celtc con- ' l/A'-aHemic roy.ilc d:s srirnoc! 424 INTRODUCTlOiV A LIIlSromK DES iMINERAUX. elusion, qui eut etc la vraie scion ses principes, est, coninie Ion voit, fori difTorenle dc colle quil a doniiee. On est mainlcnant en etat de juger si je n'ai pas traite ie celebrc Des- cartes avec tous Ics egards que merite son grand nom, lorsquej'ai dit dans inon Menioirc : Descartes, ne pour jufjer et )titfi)ie pour surpasser Arclnmede, aprunonc6 amlrc lui d'un ton de maitre : il a nie la possibility de V invention ; et son opinion a prevalu sur les temoiynages et la croyanre de touts I'antiquitL Ce que je viens dexposer suffit pour justifier ees ternnes que Ion ma re- proclies, ot pcut-etre mcmc sont-ils trop forts, car Arehimedo eiait un Ires- grand genie; et lorsque j'ai dit que Descartes etait ne pour le juger, et nienie pour Ic surpasser, jai senti quil pouvait bien y avoir un peu de com-' pliment national dans mou expression. Jaurais encore bcaucoup de clioses a dire sur cette maliere; mais comme ccci est dcjti bien long, (juoiquc jaie fait tous mes elTorts pour etre court, ie me bornerai pour le fond du sujct a ce que je viens dexposer ; mais jene puis me dispenser de parler encore un moment au sujet de I'bistorique de la cliose, afin dc salisfaire, par ce seul Memoire, a toutes les objections el (linieultes quOn ma failes. Je ne pretends pas prononcer allirmativemenlquArebimede se soil servi de pareils miroirs au siege de Syracuse, ni m^me que ce soil lui qui les ait inventes, et je ne les ai appeles les miroirs d'Archiinede que parce quits otaicnt connus sous ce nom depuis plusieurs siecles. Les auteurs contempo- rains et ce ix dcs temps (|ui suivent celui dArcbimede, et qui sont |)arvenus jusqua nous, ne font pas mention de ccs miroirs. Tile-Live, a qui le mer- vcilleux fait tant de piaisir a raconter, n'cn [)arle pas; Polybe, a Texactitude de (\\n les grandes inventions nauraient |)as ecbap|)('', puisquil entre dans le detail des plus pclilcs, et (|u"il decril tres-soigneusemcnt les plus legeres circonslances du siege de Syracuse, garde un silence profond au sujet de ces miroirs. Plutarque, ce judicieux el grave auleur, qui a rassemble un si grand nombre de fails [)articuliers de la vie d'Arcbimede, parle anssi peu des miroirs que les deux precedents. En voila plus quil nen faul pour se croire fonde a doulcr de la vcrite de cette histoire : ccpcndant ce ne sont ici que des temoignages negatifs; et quoiqu'ils ne soient pas indifferenls, ils lie peuvent jamais domier une probabilite equivalente a celle dun seul te- moignagc positif. Galicn, qui vivait dans le second siecle, est le premier qui en ait parle ; et, apres avoir raconte Ibistoire dun bommequi endamma de loin un mon- ceau de bois resineux, mele avec dc la fiente de pigeon, il dit que c'est de celte facon quArcbimcdc brula les vaisseaux des Romains; mais comme il ne decril pas ce moyen de briilcr de loin, et que son expression |)eut signi- lier aussi bien un feu qu'on aurait lance a la main, ou par quelque machine, qu une Uimicre reflccbic par un miroir, son tcmoignage nest pas assez clair pour quon puissc en rien conclure d'allirmalif. Ccpcndant on doit presumer, el meme avec une grande probabilite, quil ne rapporto Ibistoire dc cet PAIITIE EXPEHIMKNTALE. 42o iiomme qui briila au loin, que parce quil le fit dune nianiere singuliere, et que, s'il neiil brule quen lancant le feu a la main, ou en le jetant par le moyeii d'une machine, il n'y aurait eu rien (rexliaordinairo dans cello facon denflammcr, lien par consequent (|ui fi'U dii!;nc de remarqne, el qui me- rital d etre lapporle el compare a ce (piavait fait Archimede.ot des lors (Ja- lien nen eut pas fait mention. On a aussi des temoignages semblables de deux ou trois autres autcurs du troisieme siecle, qui disent seulement quArcIiimcde brula de loin les vaisseaux des Romains, sans expliquer les moycns dont il se servit; mais les temoignages des auteurs du douzieme siecle ne sont point equivoques; ct sur- lout ceux de Zonaras et de Tzetzes que j'ai cites; c"est-a-dire ils nous font voir clairement que cettc invention etait connue des ancicns; car la des- cription quen fait ce dernier auteur suppose necessairement, ou quil eut trouve lui-meme le moyen de construire ces miroirs, ou quil lent appris el cite d'apres quelque auleur qui en avail fait une trcs-exacte description, et que I'inventcur, quel quil fiit, enlendail a fond la tbeorie de ces miroirs; ce qui resulte de ce que dit Tzetzes de la figure de vingt-quatrc angles ou vingl-quatrc cotes quavaient les petits miroirs, ce qui est en effet la figure la plus avantageuse. Ainsi, on ne peut pas douter que ces miroirs naient ete inventes et executes autrefois, et le temoignage de Zonaras, au siijet de Proclus, n'est pas suspect : Proclus sen servit, dit-il, au siege 'dc Constanti- nople, I'an 314, et il brula la flutte de Vitulicn. Et memo ce que Zonaras ajoule me parait une espece de preuve qu'Archimede ctail le premier inven- tcur de ces miroirs; car il dit precisement que cette decouverte etait an- cicnne, et que lliisloricn Dion en attribue llionneur a Archimedo, qui la fit et s en servit conlre les Romains au siege de Syracuse. Les livres de Dion, oil il est parle du siege de Syracuse, ne sont pas parvenus jusqu'a nous; mais il y a grande apparence qu'ils exislaient encore du tenq)s de Zonaras, et que, sans cela, il ne les eut pas cites comme il I'a fait. Ainsi, toulcs les probabilites de part et dautre etant evaluees, il resle une forte presomp- tion quArcliimede avail en effet invcnte ces miroirs, et quil sen etait servi contre les Romains. Feu M. Melol, que jai cite dans mon Memoire, el qui avail fait des reclierches particulieres el tres-exacles sur ce sujet, etait de ce sentiment; el il pensait qu'Archimede avail en effet brule les vaisseaux a une distance mediocre, et comme le dit Tzetzes, a la porlce du trait. Jai evalue la porlce du trait a cent cinquante pieds, d'apres ce que men out dit des savants trcs-verscs dans la connaissance des usages anciens; ils mont assiu-e que Ionics les fois (|u'il est (|ueslion, dans les auteurs, dc la portee du irail, on doit entendre la distance a laquelle w\ honnne Ian(;ait a la main un trail ou un javelot; et si cela est, jc crois avoir donne a cette dis- tance loute I'etendue quelle pent comporter. .lajoulerai quil n'est question, dans aucun auteur ancien , dune plus grande distance, connnc de trois stades; et jai deja dil qu(^ lauleur qu'on inavait cile, Diodore de Sicile, nen parle pas, non plus que du siege dc 126 INTIIODMCTION A l/HISTOIRI] DES MINERAUX. Syracuse, el (|iic cc (|iii nous roslo dc col autcur liiiil a la guerre d Ipsiis el (I'Anligonus, environ soixaiitc aus avaril le siege de Syracuse. Ainsi on ne |)eut pas excuser Descarles, en supposanl (|uil a eru que la distance a la (|uelle on a pretendu qu'Areliirnedc! avail hrule elail Ires-grande, eonirne , par exemple, de Irois sladcs, puisque cela n'esl dil dansaucunauleur aneien, el quau coniiaire il esl dil, dans Tzelzes, (pie celle distance n'elait que de la portee du trail; mais je suis convaineu (pie c'cst cclte meme distance que Descartes a regardee comine fort grande, et qu'il etait persuade quil n eiaii pas possible de faire dcs niiroirs pour hruler a cent einquante pieds; qu enfin eest pour eetle raison quil a Iraile eeux dAreliiuKule de I'abuleux. An resle, ics elFets du miroir que j'ai construit ne doivenl etre regardc-s que comme des essais sur lesquels, a la vt^rittj, on pent statuer, toules pro- portions gard(^'es, mais quon ne doit pas consid(M'er comme les plus grands elTels possibles; car jesnis convaineu que si on voulail laire un miroir seni- blable, avec toules les attentions ncicessaires, il produirail jjIus du double de leirei. La premiere attention scrait de prendre des glaces de figure liexa- gone, on niiinie de vingl-(pialre C(>l(ls, au lieu de les prendre barlongues, (X)nnne celles (jue j ai employ(Jes, el cela, alin d'avoir des figures qui pus- sent s'ajusler ensemble, sans laisser de grands intervalles, el qui appro- chassenlen meme temps de la figure circulaire. La seconde serait de faire polir ces glae(>s jnsqu'au dernier degrt; par un lunelier, au lieu deles em- ployer lelles (pielles sorlenl de la manufacture, on le polimenl se faisant par une portion de cercle, les glaces sont toiijours un pen concaves et irregu- iiiTcs. I>a Iroisieme attention serait de cboisir, parmi un grand nombre de glaces, celles qui doimeraient a une grande distance une image plus vive el mieux termin(''e, ce qui esl cxnTmemenl imporlanl. el au |)oint (piil y a dar)s mon nnroir des glaces (pii font seules trois fois plus delfet (jiie d au- ires a une grande distance, quoi(iu"a une petite distance, eomine de vingt a vingi-cinq pieds, reffet en paraisse absolument le meme. Quatricmement, il faudrail dcs glaces dim d('mi-pi(>(l tout au i)lus de surface, pour briilcr a cent cinqiiaiile on deux cents |)ieds, el dun pied de surface, pour bruler a Irois ou quatrc cents pii>ds. (^iiKiuit-mement, il landrail les faire etamer avec plus de soin quon ne le fail ordiiiaiiement. .lai reniarque qucn g(''- neral les glaces IVaicliemenU'iiimees lellccbissent plus de lumi(>re que celles qui le sont ancieniKnieni; I elamage, en se secbant, se gerce, sc divise, et laisse de petils intervalles quon aperr^oii en y regardant de pres avec une loupe; et ces petils intervalles donnanl passage a la lumiere, la glace en rt'lli^diit d'aulant moiiis. On poiirraii irouver le inoyen de faire un meillem elamage, el je crois qu'on y parvicndrait en employanl de lor et du vif- argent : la lumiere serail pent eire un pen jaune par la lellexion dc cet (ila- mage; mais, bien loin que cela fiit un da senlc chose arbitrairc (pii cnticiail dans la oonsUiiclion dc cc llicrinoinctro, scrail la >upposilion du nonibrc total dcs parties du niercin-e en parlantdu dej^re dii Iroid absolu; niais, en le prenanl a dix niille aiidcssons de la eoiigelalion de lean, au lieu de mille, commc dans nos lliernioMJClres ordinaires, on approcherait beaucoiip de la realite, surloiit en elioisissanl les joins de llii- ver les phis Iroids poor gradiier le ihermoinelrc; clia(|ue image du soleil hii donnerait uii degro dc ehaleur audessus de la temperature (|uc nous supposerons h cclui de la glace. Le point auquel s elevcrait le mercure par la ehaleur de la prciiiierc image du soleil scrail marque un. Le point ou il s'elcverail par la ehaleur de deux images egalcs et rcunies sera marque deux. Celui ou trois images le feronl moiiter sera marque trois; et aiiisi dc suite, jusqu'a la plus graiule hauteur, qu'on pourraitetendre jusquau degrc trentc- six. On aurait a ee degre une augnienlation de ehaleur trcnie-six fois plus grande TALE. /37 Prenant la somme de ces termes, on aura le total de la dimiiintion de la lumiere a travels une epaisseur de vcrre d'un nombre donne de lignes; par exemple, la somme des six premiers termes est ^f^- Done la lumiere ne diminue que dun pcu plus de moitie en traversant une epaisseur de six lignes de vcrre de Bolieme, el clle en pcrdrait encore nioins, si, au lieu de Irois morceaux de deux lignes appliques Tun sur lautrc, clle n'avait a tra- verser quun seul morceau de six lignes depaisseur. Avee le verre que j'ai fait fondre en masse epaissc, j'ai vu que la lumiere ne perdait pas plus a travers quatrc pouces et demi depaisseur de ce verre qua travers une glace de Saint-Gobin de deux lignes et dcmie depaisseur; il me semble done qu'on pourrait en conclure que la transparence de ce verre elant a celle de cette glace comme quatre pouces el demi sont a deux lignes et demie, ou 54 a 2 i, c"est-a-Jire plus de vingt ct une fois plus grande, on pourrait faire de tres-bonnes petites lunettes massives de cinq ou six pouces de longueur avec ce verre. Mais pour des lunettes longues, on ne peul employer que de leau, el en- core esl-il a craindre que le meme inconvenient ne subsiste; car quelle sera I'opacite qui resultera de cette quantite de liqueur que je suppose rcniplir linlervalle entre les deux verres? Plus Ics lunettes scront longues et plus on perdra de lumiere; en sorte qu'il parait, au premier coup d'oiW, qu'on ne peul pas se servir de ce moyen, surlout pour les lunettes un pen lon- gues; car, en suivant ce que dil M. Bouguer, dans son Essai d'Opiique, sur la gradation de la lumiere, ncuf pieds sept pouces deau de mer font diminuer la lumiere dans le rapport de 14 a 5; ou. ce qui reviciit a pcu pres au meme, supposons que dix pieds d epaisseur d'eau diminuent la lu- miere dans le rapport de 3 a 1, alors vingt pieds depaisseur deau la dimi- nucronl dans le rapport de 9 a 1 ; trentc pieds la diminueront dans celui de 27 a 1, etc. II parait done qu'on ne poiu-rait se servir de ces longues lunettes pleines deau que pour observer le soleil, et que les autres astres n'auraient pas assez de lumiere pour qu'il fut possible de les apercevoir a travers une epaisseur de vingt a trente pieds de liqueur inlerniediaire. Cependant, si Ion fait attention qu'en ne donnant quun pouce ou un pouce el demi d'ouverture a un objectif de trente pieds, on ne laisse pas dapercevoir ires-nettement les planetes dans les lunettes ordinaires de cette longueur, on doit penser qu"en donnant un plus grand diamclre a lobjcclif, on augmenterait la quantite de lumiere dans la raison du carrc de cc dia- melre; ct par consequent, si un pouce douverture suflit pour voir dislinc- tement un aslre dans une lunette ordinaire, \/ trois pouces d'ouverture, c"est-a-dire vingt el une lignes environ de diametre, suffiront pour qu'on les voie aussi distinctement a travers une epaisseur de dix pieds d'eau; et qu'avec un verre de irois pouces de diametre, on le verrait egalement a tra- vers une epaisseur do vingt piod? d'orai; qu'avec un vcrre de J/ vingt-scpt ou cinq pouces et quart de diametre, on Ic verrait a travers une epaisseur 6c trpple pieds, et quil ne fnudrait qu"un \errc de neuf pouces do diametre 458 I^TllODUCTION A LIIISTOIKE t)E8 IMINKH \UX. pour niic hiiiclte rcmplic ilc (himimiHc piccls d'eaUj cl uii \circ de vingt-scpt poucos pour line luncltc do soixantc |)icds. II scmbic done quon pounait, avce esperance dc reussir, faire conslruirc line luiielte sur ces ])rineii)o.s: ear en augmeiilant Ic diainelre de robjeclif, on rcgagiic en parlic la luniieie (pic Ion pcrd par le del'aul de Iransparciicc de la liqueur. On ne doit pas craindrc que les objeclifs, quelque grands qu'ils soicnl, fasseiil une trop grandc |)arlic de la sphere sur laquelle ils seront Iravailles, et que, par cede raison, les rayons de la lumiere ne puissent sc rcunir cxaetemeiil; car, en supposanl mcme ces ohjeelifs sept ou liuit fois plus grands que je ne les ai determines, ils ne feraienl pas encore a beaucoup pies une assez grande parlie de leur sphere pour ne pas reunir les rayons avec exactitude. Mais ce (pii nc me parait pas douteux, c'est qu'une lunette construite dc celte fa^on scrail tres-utilc pour observer lesoleil; car, en la supposant nieme longue de cent pieds, la lumiere de eel astre ne serait encore ((ue Irop forte aprcs avoir traverse celte cpaisseur d'cau, et on observerait a loisir et aisement la surface de cct astre imiiiediatcment, sans qu'il fut nccessairc dc se servir de verres enfumes ou den recevoir I'image sur un carton, avantage qu"aucunc autre especc de lunette ne peut avoir. 11 y aurait sculement quelque petite difference dans la construction dc cetic lunette solaire, si Ion veut (|u'clle nous prcsente la face entiere du soleil; ear, en la supposant longue dc cent picds, il faudra, dans ce eas, que le verre oculaire ait au nioins dix pouces de diainetre, parce que, le soleil occupant plus dun demi-degrc celeste, I'image, formee par I'objectif a son foyer a cent pieds aura au moins cette longueur de dix pouces; ct que, pour la reunir tout entiere, il faudra un oculaire de cette largeur auquel on ne donnerait que vingt pouces de foyer pour le rendrc aussi fort quil sc pourrait. 11 faudrait aussi que lobjectif, ainsi que loculaire, eut dix pouces de diametre, afin que I'image dc laslre el limage de rouverture de la lu- nette se trouvassenl d'cgale grandeur au foyer. Quand memc cette lunette que je propose ne servirait qu'a observer cxac- tenicnt le soleil, ce serait deja beaucoup : il serait, par cxcmple, fort cu- riciix dc pouvoir reconnaitre s'il y a dans cct astre des parties plus ou moins luinincuscs que dautres; s'il y a sur sa surface des incgalites, ct de quelle espece elles seraient; si les laches flottcnt sur sa surface *, ou si elles y sonl M. dc la Landc m'a fait stir ccci la rcmarquc qui suit : « Il est constant, dit-il, qti'll « n V a sur lesoleil que des laches qui cliaiigent de forme ct disparaissent enlieremenl, « nifiis qui uc cliatijTciit point de place, si ce ii'cst point la rotation du soleil ; sa surface « est Ires-unie et lioniogeiie. n Ce savant aslronomc pouvait nicnie ajouter que cc n'est que par le moycn dc ces taclics, loujours supposces fixes, qu'on a determine le temps de la revolution du soleil sur son a.vc : mais cc point d'aslrononiie physique ne me parait pas encore ahsolumcnt demoiitre ; car ces l^ichcs, qui toules chanjjcnt dc figure, pourraicnt hien aussi i|Uilinii I'ois eiian[rer de lieu. PAUTII:; EXPEKIMENTALE. /po'J toiitcs constamnienl atlachces elc. La vivacite de sa lumiere nous cmpeclie dc lobserver a lieil simple, et la differenlc rclVangihilile de ses rayons rend son image confuse Iorsqu"on la reooit an foyer dun objectif sur un carton; aussi la surface du solcil nous esl-elle moins connuc que ccllc des aulres planetcs. (Idle dilTerenle refrangil)ilile dcs rayons sorail pas a beaucoun pres cnlicrement corrigce dans cette longue lunette remplic deau; mais si celte liqueur pouvait, par I'addition des sels, eire rendue aussi dense que le verre, ce serait alors la meme cliose que s'il ny avail quun seul verrc a traverser; et il me semble ([nil y aurait plus d'avantagc a se scrvir de ces huieltes reniplies deau que de lunettes ordinaires avec des verres enfunies. Quoi quil en soil, il est certain qu'il faut, pour observer le soleil, unc luncltc bien differente de celles dont on doit sc servir pour les autres astres; et il est encore iros-certain qu'il faut, pour cliaque planete, unc lunette par- liculicre proporlionnec a leur intensile de lumiere, c"est-a-dirc a la quantlte reelle de lumiere dont elles nous paraissent eclairees. Dans toutes les lu- nettes il faudrait done lobjeclif aussi grand ct I'oculairc aussi fort qu'il est possible, et en meme temps |)roporlionner la distance du foyer a lintensile dc la lumiere dc chaque planelc. Par exemple, Venus et Saturne sont deux planctes dont la lumiere est fort diUcronte; lorsqu'on les observe avec la meme lunette, on augmente egalement Tangle sous lequel on les voit : des lors la lumiere totalc de la planete parait s'etendre sur loute sa surface, dautant i)lus quon la grossit davantage; ainsi, a mcsurc (ju'on agrandit son image, on la rend sombre, a peu pres dans la proportion du carre dc son diametre : Saturne ne peut done, sans devenir obscur, elrc observe avec unc lunette aussi forte que Venus. Si I'inlensite de lun)iere dc cclle-ci pcr- mct de la grossir cent ou deux cents fois avant de devenir sond)re, I'autre lie soullVira peut-clre pas la moitie ou le tiers de ecttc auginentalion sans devenir lout a fait obscure. 11 s'agit done dc fairc unc luncltc pour clinqtic planete, proportionnce a lein- inlensilc de lumiere; el, pour le fairc avec plus davantage, il me semble qu'il ny faut employer (lu'iin objcelif d'an- lanlplus grand, ct d'un foyer d'autant moins long, que la plaiiele a moins dc lumiere. Pourquoi, jusqu'a ce join', n'a-t-on pas fait des objcclifs de deux et trois pieds de diametre? Laberration des rayons, causce par la splieri- citc des verres, en est scule la cause; elle produit une confusion qui est eomme le carre du diametre de louverlure *; et e'cst par celte raison que les verres splicriques, qui sont tres-bons avec une petite ouverture, nc valcnt plus rien quand on laugmentc; on a plus de lumiere, mais moins dc dislinetion et de nettete. IVeanmoins, les verres splicriques larges sont tres- bons pour fairc des lunettes de nuit. Les Anglais out construit des hmeltes de cette espece, ct ils s'en scrvcnt avec grand avantage pour voir dc fort loin les vaisseaux dans une nuit obscure. Mais mainlenant que Ton sait corriger en grandc panic les effets de la (lillcrcntc refrangibililc des rayons, il nic * Sttlilh's Opllrl; BioU. 8. i'a|). 7. aii . 348. 440 INTKODUCTION A LHISTOIKE DES MIiNERAUX. senible qu'il faiiflrait s'attnclier a faiie des verres elliptiqucs ou hypcrboli- qiics, qui nc produiraicnt pas celle aberration causee par la spbericite, et qui par consequent pourraient etre trois ou quatre fois plus larges que ies verres spberiques. II iiy a que ce moyen d'augmenter a iios yeux la qu.m- tite de lumiere que nous envoient Ies planetes; ear nous ne pouvons pas porter sur Ies planetes une luniiere addilionnelle, conime nous le faisons sur Ies objels que nous observons au microscope; mais il faut au nioins employer le plus avantageuscment qu'il est possible la quantite de lumiere dont elles sont eclairces, en la recevant sur une surface aussi grande qu il se pourra. (]ette lunette liyperboli(|ue, qui ne serait coinposee que dun seul grand verre objectif et dun oculaire proportionne, exigerait une maliere de la plus grande transparence; on reunirait par ce moyen tous Ies avantages possibles, c'cst-a-dire ceux des lunettes aebromatiques a celui des lunettes elliptiqucs ou hyperboliques, cl Ion niettrait a profit loute la quantite de lumiere que cliaque planele rcflecbit a nos yeux. Je puis me troniper; mais ce que je propose me parait assez fonde pour en recommander lexeculion aux personnes ztMces pour I'avanccment des sciences. iMe laissant aller a ecs cspcces de reveries, dont quelques-unes nean- moins se realiseront un jour, et que je ne public que dans cette esperance, j'ai songe au miroir du port d'Alexandrie, dont quelques auteurs anciens ont parle, et par le moyen duquel on voyait de tres-loin ies vaisseaux en pleine mer. Le passage le plus posilif qui me soit tombe sous Ies yeux est celui que je vais rapporter : Alexandria... in Pharo vera erat speculum e ferro sinico,per quod a lonije videbanturnaves Grwcorum advenientes ; sed paulo postquam Islamismus invaluit, scilicet tempore Califcalus Walidi, filti Abdulmeler, Cliristiani fraude adhibita illud deleverunt. Abul-feda, etc. Des- criptio .Egypti. Jai pense 1" que ce miroir, par lequel on voyait de loin Ies vaisseaux arri- ver, netait pasimpossible; 2° quememe, sans miroir ni lunette, onpourrait, parde certaines (lisjiositions, obtenir le meme eifet, etvoirdepuis le port Ies vaisseaux pcut-ctre d'aussi loin que la courbure de la terre le permet. Nous avons dit que Ies personnes cpii ont bonne vue apercoivent Ies objets eclai- res par le soleil a plus de trois mille tpiatre cents fois leur diametre; et en meme temps nous avons reinarque <|ue la lumiere intermediaire nuisail si fort a celle des objets eloignes, (pion apercevait la nuit un objet lumineux de dix, vingt el peut-elre cent fois plus de distance quon ne voit pendant le j'>ur.I\ous savons quedii fond dunpuits tres-profond Ion voit lesetoilcsen plein jour *; pourquoi doncne verrait-onpas dememe Ies vaisseaux eclaires des rayons du soleil, en se mettant au fond dune longue galerie fort ob- scure, et silueesur le bord de la mer, de nianicre quelle ne recevrait au- cune lumiere que celle de la mer lointaine et des vaisseaux qui pourraient Anslolccit. jf crois, le prpmipi- qui ait fiiit mention de cette observation, etjon ai rile ce passage a I'ai tide du Sens tic la vuc. PARTIE EXPERIMErSTALE. 4 41 s'y trouver? Celte galerie n'est quun puils liorizonlal qui ferail le meme effet, pour la vue desvaisseaux, que le puits vertical pour la vuc iles oioiles; et cela me parait si simple, que je suis etonne qu'ou ny ait pas songe. II me semblequon prenant, pour fairc robscrvation, les lieurcs du jouroii le so- leil serait derricre la galerie, c'est-a-dire le temps ou Ics vaisseaux seraient bien eelaires, on les verrait du fond de cette galerie obscure, dix fois au moins mieux qu'on ne peul les voir en pleine lumiere. Or, comme nous 1 avons dit, on distingue aisement un bomme ou un cheval a une lieue de distance lorsquilssont eelaires des rayons du soleil; et en supprimant la lumiere intermediaire qui nous environne et ofiusque nos yeux. nous les verrions au moins de dix fois plus loin, c'est-a-dire a dix lieues : done on verrait les vaisseaux. qui sont beaucoup plus gros, d'aussi loin que la cour- burede la tcrre le permettrait *, sans autre instrument que nos yeux. Mais un miroir concave dun assez grand diametre et d'un foyer quel- conquc, place au fond dun long tuyau noirci, ferait, pendant le jour, a peu pres le meme effet que nos grands objectifs de meme diametre et de meme foyer feraient pendant la nuil; et cetait probablement un de ces miroirs concaves d'acier poli (e ferro sinico) qu'on avait etabli au port d'Alexan- drie * pour voir de loin arriver les vaisseaux grecs, Au reste, si ce miroir d'acier ou de fer poli a reelleinenl existe, comme il y a toute apparance, on nepeut refuser aux anciens la gloire de la premiere invention des telescopes; car ce miroir de metal poli ne pouvait avoir d'effet qu'autant que la lumiere reflechie par sa surface etait recueillic par un autre miroir concave place a son foyer; et cest en cela que consiste I'essence'du telescope et la faci- lite de sa construction. Keanmoins, cela n ote rien a la gloire du grand N^ewton, qui, le premier, a ressuscite cette invention entierement oubliec. II parait meme que ce sont ses belles dccouvertes sur la differente refran- gibilitc des rayons de la lumiere qui lont conduit a celle du telescope. Comme les rayons de la lumiere sont, par leur nature, differemmcnt refran- gibles, il etait fonde a croire quil n'y avait nul moyen de corriger cet effet; ou, sil a enlrevu ces moyens, il les a jugos si dilliciles, qn il a niicux aimc tourner ses vucs dun autre cote, et produire. par le moyen de la reflexion des rayons, les grands effets quil ne pouvait obtenir par leur refraction. II * La courbiire de la terre pour tin dejjre. ou vingl-cinq lieues de dcun mllle deux cenl qualre-viiigt-troi« toises, est de deux niille neuf tent quatie-viiigl-liuil pieds: die croit comme le carrd des distances : ainsi. pour cinq lieues, elie est vingt-cinq lois moindrc, c'est-a-(]ire d'environ cent vin;;t picds. Uii vaisseau qui a plus de cenl vi.ijrt pieds de ma- ture peul done etrc vu de cinq lieues etanl meme au niveau de l.i me. ; niais si Ton s'ele vait de cent vinfjl pieds au-dessus du niveau de la mer, on verrait dr cinq lieues le corps cnticr du vaisseau jnsqu'.i la li.pe de IVau : ol. en sVlevant encore davanlage, on pour- rait apercevoir Ic liaut des mats de plus do dix licucs. *♦ De temps imnirmorial les Chinois.ol surlnul le. Japonaic. MvrnI Iravaillrr cl polir racier en (jrand el en petit volume; L-t c'cst ce qui m'a lail pcnscr qu'on doil iute.prelcr e ferro nuico par .icirr poli. hH INTKODLCTIOiX A LJIISTOIJll-: DKS MINKRAIX. a clone Tail conslruire son lclcscoi)C, > j ^ur lour donner line fnrmc reguliore. Ces glaces, que jai achclccs toules |)oiies il la manui'i'.rluri' i!u rrr.liouig Saint- Anlniiio, (juoiiiuc clioi>ics jiiirmi les PARTIK EXPERIMENTALK. 44?) plus epiiisses, ii'avaieiil que ('iiK| lijincs d'opnissfiir : en los conrljnril, le feu leur faisait perdie en panic leur poll. Leur epaisseur dailleurs n euiii pas bien egale parlout, ct ueanmoins il etait necessaire, pour lobjet auquel je les deslinais, de rendre les deux surfaces concave et convexe parfaitement roncentri(pjes, el par consequent de les Iravailler avec des niolettes convexes dans des nioules creux, et des moieties concave s sur des moules convexes. De vingl-qualre glaces que j'avais courbees, et dent jen avals livre qninze a feu M. Passemanl, pour les faire travailler par ses ouvriers, je n'en ai con- serve que trois; loutes les autres, dont les moindres avaienl au moins trois pieds de diainelre, se sont cassees , soit avant d'etre travaillees, soil apres. Dc ces trois glaces que jai sauvees, Tune a quaranle-six pouces de diametre et les deux autres Irente-sept pouces : elles elaient bien travaillees, leurs surfaces bien conccntriques, et par consequent 1 epaisseur bien egale; il ne s"agissait plus que de les etanier sur leur surface convexe, et je lis pour cela plusieurs essais et nn assez grand nonibre dcxperiences qui ne me reus- sirent point. M. de Bernieres, beaucoup plus habile que moi dans eel art de lelamage, vinl a mon secours, et ine rendit en efTct deux de mes glaces etamees; j"eus llioiineur den presenter au roi la plus grande, cVsl-a-dire eelle de quarante-six pouces, et de faire devant Sa Majestc les experiences de la force de ce miroir ardent, qui fond aisement tous les melaux; on I'a depose au chateau de la Muetle, dans un cabinet qui est sous la direction du P. IVoel : c"est certainement le plus fort miroir ardent qiiil y ail en Eu- rope *. Jai depose au Jardin du roi, dans le cabinet d'liistoire nalurelle, la glace de Irente-sepl pouces de diametre, dont le foyer est beaucoup plus court que celui du miroir de quarante-six pouces. Je n'ai pas encore eu le temps d'essayer la force de ce second miroir, qiieje crois aussi Ires-bon. Je tis aussi dans le temps quelques experiences au chateau de la Muette, sur la luniierc de la lune, recuc par le miroir de quaranle-six pouces, et reljechie sur un ihermomelre tres-sensible : je crus d'abord m'apercevoir de quelque mouvement; niais cet elTet ne se sontinl pas, et depuis je nai pas cu occa- sion de rcpeter lexperience. Je ne sais menie si Ion obliendrail un degre de chaleur sensible en reuiiissant les foyers de plusieurs miroirs, et les faisani tomber ensemble sur un ihermomelre aplati el noirci; car il se peut que la lune nous envoie du froid plulol que du chaud, comme nous Tcxpliqucrons aillcurs. Du resle ces miroirs sont supericurs a lous les miroirs dc reflexion dont on avail connaissance : ils servcnt aussi a voir en grand les pelits ta- bleaux, et a distinguer toutcs les bcautes et tous les defauts; et, si on en fait elamer de pareils dans leur concavile, ce qui serait bien plus aise que sur la convexite, ils serviraient a voir les plafonds et autres peintures qui sont trop grandes el Irop perpendiculaires sur la lele pour pouvoir etre regardees ai.-^ement. * Oil m'ii (lit mie I't-lamaiji- (!<• ce miroir. qui a clu fait il y a (liiis de vingt ans, s'ftait g4le. ilO INTRODMCTIOX A L FUSTOIRE DliS iMIM-lR AIJX. iMais ces niiroirs ont rinconvenieiil oommun a tons les miroirs dc co genre, qui esl de l)n'iler en haul; cc qui fait qu'on ne peut travaiiler de suilc a leiu' foyer, et quils deviennent presque iiuililes pour loutcs les expe- riences qui doniandcnt uiie longue action du feu, et des operations suivies. IVeanmoins, en reccvant d'ahord les rayons du soleil aur une glace plane dc quatre pieds et dcmi de liauteiu- et daiilant dc largeur, qui les redecliit conlre ces niiroirs concaves, ils sont assez puissants pour que cette perte, qui est de la nioitie de la elialeur, ne les empeclie pas de bruler tres-vive- nient a Icur foyer, (|iii, par ce moycn, se trouvc en has comme cclui des mi- roirs de refraction, et au(picl, par consequent, on pourrait travaiiler de suite et avec une egale facilite ; seulement, il serail necessaire que la glace plane et le niiroir concave fussent lous deux niontes parallelement sur un memo support, on ils pourrnient recevoir cgalement les niemes niouvements de di- rection et diiicliiiaison, soit liorizontalcmenf, soit verticalement. L'elfet que !c niiroir de (jiiaranle-six pouces de diametre ferait en has n"elant (pie de nioitie de eelui qu'il produit en haul, c'esl comnie si la surface de ce niiroir etail reduite dc moitie, c'cst-a-dire comme s"il navait qu'un pen plus de ticiitc-deux pouces de diametre au lieu de quaranle-six; et cette dimension de irentc-deux pouces de diametre pour un foyer de six pieds ne laissc pas dc doniier une elialeur plus grande que celle des Icntilles de Tschirnaiis ou du sieur Segard, dont je me suis autrefois servi, et qui sont les meilleures que Ton connaisse. Enlin, par la reunion de ces deux niiroirs, on aurait aux rayons du soleil une elialeur immense a leur foyer eomniun, surtout en le recevant en haul, (pi! ne serait diminuc^e que de moili() en le recevant en has, et qui, i)ar con- s(''(pieiil, sernil heaueoup plus grande qu'aucune autre elialeur eonnue. et pourrait produire des ellels dont nous n"avons aucunc idc-e. Ill Lenlillest ou miroir u lean. Au moyen des glaccs courb(ies et travaill(3es rt^gulierement dans leur con- eavil('' et sur leur convexitci, on peut faire un miroir r(ifringenl, en joignant par opposition deux de ces glaces, et remplissant d'eau lout I'espaee quelles contiennent. Dans ceile vue, j'ai fait courber deux glaces de irente-sept pouces de diametre, et les ai fait user de liuit ou neiif lignes sur les bords pour les bien joindre. Par ce moyen. Ton n'aura pas besoin de maslie pour empe- clier I'eau de fuir. PARTIE EXPKRIMENTALi:. 4i7 All zenith du niiroir il faul praliquer iin petit goiilol, par lequol on en rcmplira la capaeite avec un antonnoir; et, commc les vapcurs do l"eau echauffcc par le soieil pourraient faire casser les glaces, on laissera ce goulot ouvert pour laisser cchappcr les vapours; et, afin do lenir Ic niiroir toujours absolunient plein d'eau, on ajustera dans co goulot nno petilo houteillc pleine d'eau, etccllo houteillo linira ello-inenic en haul par un goulot eiroit, afin que, dans les dift'erenles inclinaisons du iniroir, lean qu"clle contiendra no puisse pas se ropandre en trop grande quantitti. Celte lentille composoe do deux glaces de Irente-sept ponces, chacune de deux picds et domi do foyor, hrulorail a cinq pieds, si ello etait de verre; niais lean ayant une nioindro refraction que le verre, le foyer sera plus eloigno; il no laissera pas neanmoins de bruler vivenierit; jai suppulo qua la distance do cinq pieds et denii cette lentille a lean produirait au nioins deux fois autant do chaleur que la lentille du Palais-iloyal, qui est de verre solide, et dont le foyer est a douze pieds. J'avais conserve une assez forte epaisseur aux glaces afin que le poids de loan quelles devaient renfermer no put en allerer la courbnre on pourrait essayer de rendre I'eau plus rofringentc en y faisant fondre dos sols; comme lean pent successivemenl fondre plusicurs sels et sen charger on plus grande quanlite quelle no se cliargerait d'un seul sel, il faudrait on fondro do plusieurs especes, et on rendrait par ce moyoii la rofraclion do loan plus approchant de colle du verre. Tel etait mon projet; niais, apres avoir Iravaillo el ajuste ces glaces do Irente-sept poucos, celle de dessous s'est cassee des la premiere experience; et comnie il ne m'en reslail qu'iuie, j'en ai fail Ic miroir concave de ironio- scpt ponces dont jai |)arlo dans larliolo procodent. Ces loupes, couiposces de deux glaces splioriquenienl courbeos et rem- plies d'eau, brukronl en bas, et produironl do plus grands offets que les loupes de verre massif, parce que leau laisse passer plus aisenienl la lu- miere que le verre le plus transparent : niais lexoculion no laisse pas don oire diflicile et demando des altentions infiiiios. L'oxporionce ma fail con- naiire qu'il fallail des glaces de neuf on huit lignos au moins, c"esl-a-dire des glaces faites expres; car on n'en coulo point aux manufactures daussi opaisses, a boaucoup pres; toules celles (pii sonl dans le commerce nonl qu"onviron moitie de cette epaisseur. II faut onsuilo courber ces glaces dans mi fonrncau parcil a colui dont jai donno la figure; avoir attention de bien secher lo fouriioau, de ne pas pressor le feu, el demployer au moins irenio heures a loperalion. La glace so ramollira el pliora par son poids sans so dissondre, el s'aH'aissera sur le moulc concave qui lui donnora sa forme. On la laissera recuire ol rofroidir par dogro dans co fournoau, quon aura soin do bouchor au moment qu'on aura vu la glace bion adaisseo parlout ogale- mont. Deux jours apres, lorsque le fournoau aura \k'h\u loulc sa cbalenr, on on tirera la glace, qui ne sera que logoremenl dopolio; on examinera, avoc un urand compas courbo, si son oj)aissour est a pou pro< ogale parlout: U8 INTRODUCTION A LHISTOIRK DES MINERAUX. ct si ct'lu n'ctait pns, et qu'il y cut dans tie ccriaincs parties tie la glace uiie iiieiiilile sensible, on coniniencera par raltt^niier avee une molette tie meme sphere que la courbure tie la glace. On continuera tie travailler tie meme les deux surfaces concave et convexe, quil faut rendre parfaitement concen- iriques, en sorte que la glace ait partoul exactement la meme epaisseur; ct |)our parvenir a cette precision, qui est absolument necessaire, il faudra faire courber de plus peliles glaces de deux ou irois pieds de diametre, en observant de faire ces petits monies sur un rayon de quatre et cinq lignes plus long que ceux du foyer de la grande glace. Par ce moyen, on aura des glaces courbes dont on se servira, au lieu de molettes, pour travailler les deux surfaces concave et convexe, ce qui avancera beaucoup le travail : car ces pelites glaces, en frottant contre la grande, luseront, el s'useront ega- lement; et comme leur courbure est plus forte de quatre lignes, c'est-a-dire de la moilie dc 1 epaisseur de la grande glace, le travail de ces petites glaces, tant au dedans qu'au dehors, rendra concentriques les deux surfaces de la grande glace aussi precisement qu'il est possible. C'est la le point le plus dillicile, et jai souvent vu que pour loblenir, on etait oblige d'user la glace de plus dune ligne et demie sur chaque surface ; ce qui la rendait trop mince, el des lors inutile, du moins pour noire objel. Ma glace de trente- sepl pouces, que le poids de leau, joint a la chaleiir du soleil, a fait casser, avail neanmoins, toute Iravaillee, plus de Irois lignes el demie d epaisseur el c est pour tela que je recommande de les lenir encore plus epaisses. Jai observe que ces glaces courbees sont plus cassanles que les glaces ordinaires; la seconde fusion ou demi-fusion que le verre eprouve pour se courber, est peul-etre la cause de cet effet, dautant que, pour prendre la forme splieri(iue, il est necessaire qu'il s'tjiende inegalemenl dans chacune de ces parties, el que leur adherence entre elles change dans des proportions inegales, et memes differenles pour chaque point de la courbe, relalive- menl au plan horizontal de la glace, qui sabaisse successivement pour prendre la courbure spherique. En general, le verre a du ressort, et pent plier sans se casser, d'environ un pouce par pied, surlout quand il est mince; je I'ai meme eprouve sur des glaces de deux ou irois lignes d'epaisseur, et de cinq pieds de hauteur : on peul les faire plier de plus de quatre pouces sans les rompre, surlout en nc les conqirimant qu'en un sens; mais, si on les courbe en deux sens a la fois, comme pour produire une surface spherique, elles cassent a moins d'un demi-pouce par pied sous cetle double flexion. La glace inferieure de ces lentilles a leau obcissant done a la pression causee par le poids de I'eau, elle cassera ou prendra une plus forte courbure, a moins qu'elle ne soil soutenue par une croix de fer, ce qui fail ombre au foyer, et rend desa- greable I'aspecl de ce miroir. D'ailleurs le foyer de ces lentilles k I'eau n'est jamais franc, ni bien determine, ni reduil a sa plus petite etendue; les diffe- renles refractions que souffre la lumiere en passant du verre dans I'eau, et de leau dans le verre, causenl une aberration des rayons beaucoup plus PARTIE EXPKRI.MENTALE. 443 grande quelle ne I'esl par urie rel'raclion simple dans les loupes de verre massif. Tous ces inconveniouts m'ont fait tourner mes vues sur les moyens de perfeciionner les lentilles de verre, et je crois avoir enfin irouve tout ce qu'on peut faire de inieux en ce genre, comnie je I'expliquerai dans les pa- ragraphes suivants. Avant de quiller les lentilles a I'eau, je crois devoir encore proposer nn moyen de construction nouvelle qui serait sujette a moins dinconvenients, et dont lexecution serait assez facile. Au lieu de courber, travailler ct polir de grandes glaces de quatre ou cinq pieds de dianietrc, il ne faudrait que de pelits morceaux carres de deux pouces, qui ne couteraient presque ricn, et les placer dans un chassis de fer traverse de verges minces de ce metal, et ajustees comme les vitres en plomb : ce chassis et ccs verges de fer, aux- quelles on donncrait la courbure spherique ot quatre picds de diametre, contiendraient chacun irois cent quarante-six de ces peiils morceaux de deux pouces, ct en laissant (|uarante-six pour 1 equivalent de I'espace que pren- draienl les verges de fer, il y aurait toujours trois cents disques du solcil qui coincideraienl au nieme foyer, que je suppose a dix pieds ; cliaque mor- ceau laisserait passer un disque de deux pouces de diametre, auquel,ajoutant la lumiere des parties du carrc circonscrit a ce cercle de deux pouces de diametre, le foyer naurail a dix pieds que deux pouces et demi ou deux pouces trois quarts, si la monlure de ces pelites glaces elait regulierement execulee. Or, en diminuant la perle que souHrc la lumiere en passant a tra- vers I'eau et les doubles verres cjui la contiennent, et qui seraienl ici a peu pres de moitie, on aurait encore au foyer de ce miroir, tout compose de facettes planes, une chaleur cent cinquanle fois plus grande que celle du soleil. Cetle construction ne serait pas chcre, et je ny vois d'autre inconve- nient que la fuite de I'eau, qui pourrait percer par les joints des verges de fer qui soutiendraienl les petits trapezes de verre. 11 faudrait prevenir cet inconvenient en praliquant de petites rainures de chaque cote dans ces verges, et enduirc ces rainures de mastic ordinaire des vitriers, qui est im- penetrable a lean. IV. Lentilles de verre soliJe. Jai vu deux de ces lentilles, celle du Palais-Royal, et celle du sieur Segard; toutes deux ont ete tirees dune masse de verre dAllemagne, qui est heaucoup plus transparent que !e verre de nos glaces de miroir. Mais personne ne sail en France fondre le verre en larges masses epaisses, et la 20 BOffox. torn. II. 450 LNTKODUCTIOiN A LHISTOIHE DES MIiNEKAUX. composition dun verre transparent comnie celni dc Boheme nest connue que depuis pcu d'annees. J'ai done dabord clierche les moyens de foiidre le verre en masses epais- ses; et jai fait en meme temps difTerents essais pour avoir une niatierc bien Iransparente. M. dc Romilly, qui, dans ce temps, elait I'un des direc- teurs de la manufacture de Saiiit-Gobin, m'ayanl aide de ses conscils, nous fondimes deux masses de verre d'enviroii sept pouces de diamctre sur cinq a six pouces d epaisseur, dans des creuscts a un fourneau oil Ion cuisait de la faience au faubourg Saint-Antoine. Apres avoir fait user el polir les deux surfaces de ces niorccaux de verre pour les reiidre paralleles, jc trouvai qu'il n"y avait quun des deux qui ful parfaitcment net. Je livrai le second morceau, qui ctail le moins parfaii, a des ouvriers, qui ne laisserent pas que den tirer d'asscz bons prismes de toute grosseur, et j'ai garde, pendant plusieurs annees, le premier morceau, qui avait quatre pouces et demi d e- paisseur, et dont la transparence elait telle, qu en posant ce verre de quatre pouces el demi d'epaisseur sur un livre, on pouvail lire a Iravers tres-aise- menl les caracleres les plus pelils el les ecritures de lencre la plus blanche. Je comparai le degre de transparence dc cetle maliere avec celle des glaces de Saint-Gobin, prises el reduites a difi'erentes epaisseurs; un morceau de la maliere de ces glaces de deux pouces el demi d'epaisseur sur environ un pied de longueur cl de largeur, que M. de Romilly me procura, elait verl comme du marbre vert, el Ion ne pouvail lire a Iravers : 11 fallut le dimi- nuer de plus dun pouce pour commencer a dislinguer les caracleres a Ira- vers son epaisseur, el enfin le reduire a deux lignes et demie depaisseiu', pour que sa transparence fill egale a celle de men morceau de quatre pou- ces et demi d'epaisseur; car on voyait aussi clairement les caracleres du livre a iravers ces quatre pouces et demi, <|u'a iravers la glace qui n'avail que deux lignes el demie. Voici la composition de ce verre, dont la transpa- rence est si grande : Sable blaiic Liislaliiii, iinc livre. iMiiiiiiiii oil ciiaiix do plumb, iiiic livre. Polassc. uiK' tliiiii-livif. Salj)Clie, line dfini-livrc. Le loul meif'' el niisau feu siiivaiit Tail. J ai donnea M. Cassini de Tliury ce morceau de verre, dont on pou\ait esperer de faire dexcelhnls verres de lunette acbromalique, lanl a cause de sa ires-graude transparence que de sa force refringente, qui elait Ires-consi- derable, vu la «iuanlitc de plomb qui elait entree dans sa composition; mai M. de Tbury ayant coiilie ce beau morceau de verre a des ouvriers igno- rants, ils lonl gate au feu, on ils loni remis mal a propos. Je me suis re- penti de ne lavoir pas fail iravailler moi-menie; car il ne s'agissait que de ie trancher en lames, el la maliere en ctail encore plus Iransparente et plus s PARTUS t; \i'i:iUMi< iNTvrj:. 45i iietle que oelle flinl-fjlass d Angleierrc, et clle avail plus de force de refraction. Avec six cents livres de cettc meme composition, je voulais faire line Icntille de vingt-six on vingt-sept ponces de diameire et de c\m\ pieds de foyer. Jesperais pouvoir la fondre dans mon fourneau, doni a cet effet ja- vais fait changer la disposition interieure; mais je reconnus bientot que ccla netail possible que dans les plus grands fourneaux de verrerie. 11 nie fallait une masse de trois pouces depaisseur sur vingt-sept on vingt-liuit pouces de diametre, ce qui fait environ un pied cube de verre. Je demandai la liberie de la faire couler a mes frais a la manufacture de Sainl-Gobin; mais les administraleurs dc col elablissemcnl no voulurcnt pas me le permetlre, el ia lentille n"a pas ole faite. Javais suppule que la cbaleur de celle Icnlille de vingl-sepl pouces serait ^ celle de la lentille du Palais-Royal comme dix- neuf sont a six; ce qui est un tr^s-grand effet, atlcndu la pelitesse du dia- metre de celle lentille, qui aurait cu onze pouces dc moins que celle du , Palais-Royal. Cette lentille, dont I epaisseur an point du milieu nc laisse pas detre considerable, est neanmoins ce qu'on peul faire de mieux pour brulcr a cinq pieds : on pourrait memo en aiigmentcr Ic diametre; car je suis per- suade qu'on pourrait fondre et couler egalemenl des pieces plus larges et plus epaisses dans les fourneaux ou Ton fond les grandes glaces, soil a Saint-Gobin, soil a Rouellc en Bourgogne. Jobserve seulemenl ici qu'on perdrail plus par laugmcntation de lepaisseur qu'on nc gagnerait par celle dc la surface du miroir, el que c'esl pour cela que, tout compense, je m'etais borne a vingt-six ou vingl-sepl pouces. Newton a fait voir que, quand les rayons de lumiere lombaient sur le verre, sous un angle de plus de quarante-sept ou quaranle-huit degres, ils sont reflecbis au lieu d'etre refracles. On nc peul done pas donner a un mi- roir refringent un diametre plus grand que la corde dun arc de quarante- sept ou quarante-huil degres de ia spliere sur laquelle il a ete travaille. Ainsi, dans le cas present, pour briiler a cinq pieds, la sphere ayant envi- ron irente-deux pieds de circonference, le miroir ne pent avoir qu'un pen plus de qualre pieds de diametre : mais, dans ce cas, il aurait le double d'epaisseur de ma lentille de vingt-six pouces; et dailleurs les rayons trop obliques ne se reunissent jamais bien. Ces loupes dc verre solide soiitj de tons les miroirs que je viens de i)ro- poser, les plus commodes, les plus solides, les moins siijcls a se gater, cl meme les plus puissants lorsquils sont bien transparenls, bien Iravailles, et que leur diametre est bien proporlionne a la distance de Icur foyer. Si Ion veut done se procurer une loupe de celle espece, il faul combiner ces diffcrentsobjets. et ne lui donner, comme je I'ai dit, que vingl-sepl pouces dc diameire pour brulcr a cinq pieds, qui est une distance commode po.u- iravaillcr de suite et fort a I'aise au foyer. Plus le verre sera iranspa- rt'nl et pcsanl. plus seront grands les effets; la lumiere passera en plus 482 IXTRODUCTFON A LIIISTOIRE DKS MINER AUX. grnntle qnniitile en raison de l:i irnnspan'nce, el sera d'autant moins disper- sec, d'autant moins refleeliie, et par consequent d'autant mieux saisie par le verre, et d'autant plus refractee, qu'il sera plus massif, c'est-a-dire specifi- qucment plus pesant. Ce sera done un avantage que de faire cntrer dans la eomposition de ce verre une grande quanlite de plomb; et c'est par cette raison que jen ai mis moilie, c'est-a-dire aulant de minium que de sable. Mais, quclque transparent que soit le verre de ces Icnlilles, leur epaisseur dans le milieu est non-seulemenl un tres-grand obstacle a la transmission de la lumiere, mais encore lui cmpecliement aux nioyens qu'on ponrrail trouver pour fondre des masses aussi epaisses et aussi grandes qui! le fau- drait : par excmple, pour une loupe de quatre pieds de diametre, a laquelle on donnerait un foyer de cinq ou six pieds, qui est la distance la plus com- mode, el a laquelle la lumiere plongeant avec moins d'obliquite aura plus de force qu'a de plus grandes distances, il finidrait fondre une masse de verre de quatre pieds sur six pouces et demi ou sept pouces d epaisseur, parce qu'on est oblige de la Iravailler et de I'user meme dans la partie la plus epaisse. Or, il serait tres-difficile de fondre el couler d'un seul jet ce gros volume, qui serait, comme Ion voit, de sinq ou six pieds cubes; car les plus amplcs cuvettes des manufactures de glaces ne conliennent pas deux pieds cubes : les deux plus grandes glaces de soixante pouces sur cent vingt, en leur supposant cinq lignes d'epaisseur, ne font qu'un volume d'en- viron un pied cube Irois quarts. L'on sera done force de se reduire h ce moindre volume, et a nemployer en effet qu'un pied cube et demi, ou lout au plus un pied cube trois quarts de verre pour en former la loupe, et en- core aura-t-on bien de la peine a obtenir des maitrcs de ces manufactures de faire couler du verre a cette grande epaisseur, parce qu'ils craignent, avec quelque raison, que la clialeur trop grande de cette masse epaisse de verre ne fasse fend re ou boursoufler la table de cuivre sur laquelle on coule les glaces, lesquelles, n'ayant au plus que cinq lignes d'epaisseur *, ne com- muiiiquent a la table qu'une cbaleur tres-mediocre en comparaison de cclle que lui fcrait subir une masse de six pouces d'epaisseur. On a ncanmoins coule a Saint-Gobin, d a ma priore. des glaces de sept lignes. doiil je me siiis 'iervi, pniir dUTerentes experieiices.il y a plus de viugt ans ; j'ai rcinis deriiicrc- menl une de ces glaces de trentc huit ponces en carrc et de sept lignes d'epiiisseur a M. de Bernieres, qui a entrepris de faire des loupes a I'eau pour I'Academie des sciences, et j'ai vu chez lui des glaces de dix lignes d'epaisseur qui ont ete coulees de meme a Saint-Gohiii : cela doit faire presumer qu'on ponrrait, sans aucun ris(|uc pour la table, en couler d'en- core plus Epaisses. PARTIE EXPEKIMEMALE. 41)3 Lenlilles H Echelons, pour britUr avec la plus yrande vivaciU possible . Je viens de dire que les fortes epaisseurs qu'oii est oblige de doiiner aux lenlilles, lorsquelles onl un grand diainetre el un foyer courl, nuisent beaucoup h leur elTel : une lentille de six pouces d epaisseur duns le milieu, el de la nialiere des glaees ordinaires, nc brule, pour ainsi dire, que par les bords. Avec du verrc plus iransparent leffet sera plus grand; niais la par- lie du milieu reste toujours en pure perle, la luniiere ne pouvant en pene- trer el traverser la trop grande epaisseur. Jai rapporte les experiences que j ai faites sur la diminution de la lumiere qui passe a iravers dilTerentes epaisseurs du menie verre; el Ion a vu que celtc diminution est tres-eonsi- derable; jai done clierclie les moyens de parer a eel inconvenient, el j'ai Irouve une maniere simple et assez aisee de diminuer reellenu'nl les epais- seurs des lenlilles autant qu'il me plait, sans pour cela diminuer sensible- ment leur diametre, el sans allonger leur foyer. Ce moyen consiste a travailler ma piece de verre par echelons. Suppo- sons, pour me faire mieux entendre, que je veuille diminuer de deux pouces I'epaisseur dune lentille de verre qui a vingt-six pouces de diametre, cinq pieds de foyer el trois pouces d epaisseur au centre : je divise Tare de cctte lentille en trois parlies, et je rapproclie concentriquemenl chacune de ces portions dare, en sorte (ju'il ne reste qu'un pouce depaisseur au centre, el je forme de chaque cole un echelon dun demi-pouce, pour ra|)procher de meme les parties correspondantes : par ce moyen, en faisant un secoml echelon, j'arrive a lextremite du diametre, et jai une Icniillc a echelons qui est a tres-peu pres du meme foyer, et qui a le meme diametre, el prcs de deux fois moins depaisseur que la premiere; ce qui est un tres-grand avanlage. Si Ion vient a bout de fondre une piece de verre de qualre pieds de dia- metre sur deux pouces et demi depaisseur, el de la travailler par echelons sur un foyer de huit pieds, jai suppute quen laissanl meme un pouce et demi depaisseur au centre de cette lentille et a la couronne interieure des echelons, la chaleur de eette lentille sera a cello de la lentille du Palais- Royal conmie vingt-huit sont a six, sans conqjter leirct de la dillerence des e|)aisscurs, qui est ires-considcrable el que jo ne puis estimer davance. Cette derniere espece de miroir refringent est tout ce qu'on peul faire de plus purfait en ce genre; el, quand mi^me nous lereduirions a trois pieds dc diametre sur quinze ligncs depaisseur au ceiitre, et six pieds dc fn\cr, ce 454 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. qui en rendra lexecution moins diflicilc, on aiirait toiijours un degre de chaleur qualre fois au moins plus grand que celui des plus fortes lenlilles que Ton connaisse. J ose dire que ce miroir a echelons serait I'un des plus utiles instruments do physique j je lai imagine il y a plus de vingt-cinq ans, et tousles savants auxquels j'en ai parle desireraient qu'il fut execute : on en tirerail dc grands avantages pour lavanccment des sciences, et, y adaptant un helionictre, on pourrait faire a son foyer toutes les operations de la chi- mie aussi commodemcnt qu'on le fait au feu des fourneaux, etc. SEPTIEME MfiMOIRE. OBSERVATIONS SIR LES COlIEinS ACCIDENTELLES F.T SI R I.ES OMBUES (OLOUEES. Quoiqu'on se soil bcaucoup occupe, dans cos dernicrs temps, de la phy- sique des couleurs, il ne parait pas quon ait fait de grands progres depuis Newton : ce n'est pas quil aitepuisela matiere; mais la plupartdes physi- f'iens ont plus travaillea le combattre qua I'entendre; et quoique ses prin- eipes soient clairs, et scs experiences incontestables, il y a si peu de gens qui se soient doimc la peine d'examincr a fond les rapports et Icnsemble dc ces decouvertes, queje ne crois pas devoir parlor d'un nouveau genre de cou- leurs sans avoir auparavant donne des idees ncttes sur la production des couleurs en general. II y a plusieurs moyens de produire des couleurs : le premier est la re- fraction. Un trait de lumiere qui passe a travers un prisme se rompt et se divise de fa(;on qu'il produit une image coloree, composee dun nombre in- fini (le couleurs; et les recherches quon a faitos sur cette image coloree du solcil ont appris quo la lumiere de cot astro est I'asscmblago dune infinilo de rayons de lumiere difTeremment colores; que cos rayons ont aulant de PARTIE EXPERLMENTALE. 45;) differenls degres de refrangibilile que de couleurs differentes, et que la meiiie couleur a conslamment le nieme dcgro de refrangibilile. Tons les corps diaphanes donl les surfaces ne sont pas paralleles produisenl des cou- leurs par la refraction : I'ordre de ces couleurs esl invariable, et leur nonibre, quoique infiiii, a etc reduit a sept denominations princijtales, violet, indigo, bleu, vert, jaune, orawjer, rouf/e : cbacune de cos denoinina- lions repond a un inlervalle determine dans litnage coloree, qui coniient toutes les nuances de la couleur denommee; de sorte que dans lintervalle rouge on trouve toutes les nuances de rouge; dans lintervalle jaune, toutes les nuances de jaune, etc., et dans les conOns de ces intervnlles les cou- leurs intermediaires qui ne sont ni jaunes, ni rouges, etc. Cest par de bonnes raisons que Newton a fixe a sept le noinbre des denominations des couleurs : limage coloree du soleil, qu'il appelle le spectre solaire, n'offre a la premiere vue que cinq couleurs : violet, bleu, vert, jaune ct rouge; ce nest encore quline decomposition imparfaite de la lumiere et une repre- sentation confuse des couleurs. Coinme celte image est composee dune in- finite de cercles differemment eolores, qui repondent a aulant de disques du soleil, et que ces cercles anticipent beaucoup les uns sur les aulres, le milieu de tous ces cercles esl lendroit ou le melange des couleurs est le plus grand : il n'y a que les cotes reclilignes de limage on les couleurs soient pures; mais, comme elles sont en menic temps ires-faibles. on a peine a les distinguer, ct on se sert d un autre moyen pour epurcr les couleurs : c'est en retrecissant limage du disquc du soleil; ce qui diminue lanlici- pation des cercles eolores les uns sur les autres, et par conse [uent le me- lange des couleurs. Dans ce spectre de lumiere epurce ct bomogene, on voit tres-bien les sept couleurs : on en voil Jticme beaucoup plus de sept avee un peu dart; car en recevant successivcmenl sur un fil blnnc les diire- rentes parties de ce spectre de lumiere epurce, jai conipte souvent jusqua dix-buit ou vingt couleurs dont la difference etait sensible a mes yeux. Avec de meilleurs organes ou plus dattention, on pourrait encore en compter davantage : ccia nempecbe pas qu'on ne doive fixer le nomi)re de leur de- nomination a sept, ni plus ni moins; et cela par une raison bien fondee : cest quen divisant le spectre de lumiere epurce en sept intervalles, ct sui- vantla proportion donnee par Newton, cbacun de ces intervalles cnnticnt des couleurs qui, quoique prises toutes ensemble, sont indecomposables par Ic prisme ct par quclque art que ce soil; ce qui leur a fait donner le nom de couleurs primitives. Si, au lieu de diviser le spectre en sept, on ne le divise qu'en six, ou cinq, ou quatre, ou trois intervalles, alors les couleurs conte- nues dans cbacun de ces intervalles se decomposenl par le prisme, et par consequent ces couleurs ne sont pas puies, et ne doivcnt pas etrc regardees comme couleurs primitives. On ne pent done pas reduire les couleurs pri- mitives a moins dc sept denominations, et on ne doit pas en admetlrc un plus grand nombre, parcc (pi'alors on diviscrait iiiutilcmenl les intervalles en deux ou plusieurs parties, donl les couleurs seraienl dc la meme nature; 4S6 IMRODUCTIOX A L'HISTOIRE DES MINERAUX. el ce serait partager mal a propos une m6me esp^ce de couleur et donner des noms dilT^rents h des choses semblables. II sc trouve, par un hasard singulier, que I'^tendue proportionnelle de CCS sept inlcrvallcs de coiilcurs repond assez juste a I'elendue proportion- nelle des sept tons de la musi(|ue; inais ce n'est qu"un liasard donl on ne doit tirer ancune consequence : ces deux resultats sont independants I'un de I'autre, et il faut se livrcr hien aveuglemenl a lesprit de systcme, pour prctendre, en vertu dun rapport fortuit, soumettre loeil et I'oreille h des lois communes, et trailer Tun de ces organes par les regies de I'autre, en imaginant qu'il est possible de faire un concert aux yeux ou un paysage aux oreilles. Ces sept couleurs, produites par la refraction, sont inalterables. et con- tienncnt toutes les couleurs el toutes les nuances de couleurs qui sont au monde : les couleurs du prisme, celles des diamanls, celles de larc-en-ciel, des images de*; balos, dependent toutes de la refraction et en suivent exac- temenl les lois. La refrnction n'est cependant pas le seul moyen pour prodiiire des cou- leurs; la lumiere a de plus que sa qualite refrangible dautres proprietes qui, quoiquc dependanlcs de la meme cause generale, produisent des efTets differents; de la meme facon que la lumiere se rompl el se divise en cou- leurs en passant d'un milieu dans un autre milieu transparent, elle se rompt aussi en passant aupres des surfaces dun corps opaque; cette cspece de re- fraction qui se fait dans le meme milieu s'appelle inflexion, et les couleurs qu'elle produil sont les memes que celles de la refraction ordinaire : les rayons violets, qui sont les plus refrangibles, sont aussi les plus flexibles; et la frange coloree par I'inflexion de la lumiere ne differe du spectre colore produit par la refraction que dans la forme; et, si I'intensite des couleurs est dilTerente, lordre en est le meme, les proprietes toutes semblables, le nombre egal, la qualite primitive et inalterable, commune a toutes, soil dans la refraction, soil dans I'inflexion, qui n'est en eflfet qu'une espece de refraction. Mais le plus puissant moyen que la nature emploie pour produire des couleurs, c'esl la reflexion * ; toutes les couleurs materielles en dependent : * J'avouc que jn ne penso p^is pomme Nfwlon au sujet de l.i rrflcxibilitc dns difTerents rayons de la Inmiere : sa definition de la rcflcxibilite n'est pa« assez frencrale pour ^Ire sa- tisfaisante. 11 est siir que la plus jjrande facilite a etre roileclii est la meme chose que la plus (vrande rcflcxibilite ; il Caul que cctte plus nfrande facilite soil {rencrale pour tous les fas : or, qui sait si Ic rayon violet sc rellechit le plus aisement dans tous les cas. & cause que. dans un cas particulier, il renire plutot dans le verre que les autrci ravens? I,a re- flexion de la lumii'Tp suit les memes lois que In rebondissement de tons les corps h ressort : de la on doit rondure que les partirules de lumiere sont elastiqiies, et par consequent la reflexibilile de la lumiere sera toujoiirs proportionnelle a son ressort, et des lors les rayons Irs plus relleiibles seront ceux qui auront le plus de ressort; qualite dldlcile a mesurer dans la maliere de la lumiere. parce qu'on ne peul mesurer I'intensite dun ressort que par PARTIE EXPERIMENTALE. 457 le vermilion n'esl rouge que parce qu'il reflecliit abondainnieiil les rayons rouges de la lumiere, et quil absorbe les autrcs; loutremer ne parait bleu que parce quil ren^cbil fortement les rayons bleus, el qu'il regoit dans ses pores tous les aulres rayons qui s'y perdent. 11 en est de meme des autres couleurs des corps opaques et transparenls; la transparence depend de luni- formite de densile : lorsque les parties coniposantes dun corps sont d'egale densite, de quelque figure que soient ces memes parlies, le corps sera tou- jours transparent. Si Ion reduit un corps transparent a une fort petite ^paisseur, cette plaqne mince produira des couleurs dont lordre et les principales apparences sont fort difTerenles des plienomeiies du spectre ou de la frange coloree : aussi ce n'esl pas par la refraction que ces couleurs sont produites, cost par la reflexion. Les plaques minces des corps transpa- renls, les bulles de savon , les plumes des oiseaux, etc., paraissent colorees parce qu'elles reflechissent certains rayons, et laissent passer ou absorbent les autres; ces couleurs ont leurs lois et dependent de Tepaisscur de la plaque mince; une certaine epaisseur produit constamnienl une certaine couleur; touie autre epaisseur ne pcut la produire, mais en produit une autre : et lorsque celle epaisseur est diniinuee h I'infini, en sorle quau lieu dune plaque mince et transparenle, on n'a plus qu'une surface polie sur un corps opaque, ce poli, quon pent regarder conime le premier degre de la transparence, produit aussi des couleurs par la reflexion, qui ont encore la vilessc qu'il produit ; II faudrail done, pour qu'il fiit possible de fain-, une experience sur cela, que les satellites de Jupiter fiissent i.lumines successivemcnt par toues les couleurs du prisnie. pour rcconnaitre par leu.s eclipses s'll y aurait plus ou mollis de vitesse dans le mouvemciil de la lumic-re violelte que dans Ic mouvcmeiit de lu lumiere rouge; car ce n'est que par la comparaison de lii vilcssc de ces deux diflerenls rayons qu'oii pent savoir si I'uii a plus de ressort que I'auUe ou plus de refli xihilitc. Mais on n'a jamais observe que les satellites, au moment de Icur enrrsion, aicnt d'abord paru violets, et eiisuile eclaiies successivi-mrnt de loiiles les couleurs du prisme : done il est a prcsumerque les rayons de lumiere ont a peu pres tons un ressort (^jjal, et par consnjuent aiitant de rcllexibilitc. D'aillenrs. le cas particulier oil le violet parait etre plus rcllexible lie vient que de la refrac- tion et ne parait pas tciiir a la rellexion : cela est aise a dcmontrer. Newton a fait voir, a n'.-n pou\oir doutcr, que les rayons dilTerents sont in^jalenienl refrangibles ; que le rouge Test le moins, el le violet le plus de tous; il n'(st done pas clonnant qu'a une certaine obliquite le rayon violet se Irouvant. en soranl du prisnie, plus oblique a la surface que tous les autres ravoiis. il soil le premier saisi p>ur I'atlraetion du verre el contrainl d'y rcntrer, tandis que Irs aulres rayons, dont I'obliquite est moindre, continucnt leur route sans 6tre assez attires pour eire oblirjes de rcntrer dans le verre : ceci n'est done pas, eommc Ic pretend Newton, une vrale rellexion : c'esl seulement une suite de la refraction. II me s.mble qu'il ne devait done pas assurer en general que les rayons les plus refrangi- bles dtairnt le.« plus reflex, bles. Cela ne me parait vrai qu'en prenant cette suite de la re- fraction pour une rellexion, ce qui n'en est pas u;.e : car il est evident qu'une lumiere qui lomhe sur un miroir et .|ui en rejaillit en formant un angle de rellexion egal k celui d'inci- dence. e»t dans un cas bien dilTOrent de celui on elle se trouvc au sortlr d'un verre si oblique a la surface, qu'elle est eontrainte d'y renlrcr : ces deux phenomcnes n'ont ricn de tommnn.ft ne peuvcnl, a mon avis s'cxpliqucr par la m*me cause. 458 INTRODICTION A LHISTOIRE DES MINERAUX. d'autres lois; car lorsqii'on hiissc loiiiber un irait de lumiere siir uii miroir de metal, ce trail de lumiere ne se reflechit pas tout entier sous le memo angle; il s'en disperse une partie qui produit des couleurs dont Ics pheno- inenes, aussi bien que ceux des plaques minces, nont pas encore ete assez observes. Toutes les couleurs dont je viens de parler sont naturelles, et dependent uniquemcnt des proprietes de la lumiere, mais il en est d'autres qui me paraissenl accidentelies et qui dependent autant de notre organe que de Taction de la lumiere. Lorsque loeil est frappe ou prcsse, on voil des cou- leurs dans lobscurile; lorsque cet organe est mal dispose ou fatigue, on voil encore des couleurs : cest ce genre de couleurs que j'ai cru devoir appeler couleurs accidentelies , pour les distinguer des couleurs naturelles , et i)arce qu'en effet clles ne paraissenl jamais que lorsque I'organe est force ou quil a ete irop forlement cbranle. Personne n'a fait, avanl le docteur Jurin, la moindrc observation sur ce genre de couleurs ; cependant elles tiennent aux couleurs naturelles par plu- sieurs rap[)orts, el j'ai decouvcrt une suite de plienomenes singuliers sur cetle inatiere, (pie jc vais rapporter Ic plus succinclement qu il me sera pos- sible. Lorsqu'on regarde fixemcnt et longtemps une tache ou une figure rouge sur un fond blanc, comme un petit- carre de papier rouge sur un papier blanc, on volt naitre aulour du petit carre rouge une espece do couronne dun vort faiblo : en cessant de regardcr le carre rouge, si on porle loeil sur lo papier blanc, on voil Ires-distinclemenl un carre d'un vert lendre, liranl un peu sur le bleu; cettc apparcnce subsistc j)lus nu moins longtemps, selon quo rimprossion de la coulcur rouge a etc plus ou moins forle. La grandeur du carre vert imaginaire est la meme (jue cellc du carre reel rouge, et ce vert ne f'evanouit qu'apros que I'oeil s'est rassure et s'est porte successivemenl sur plusieurs autros objets, dont les images detruisent lim- prossion trop forle causee par le rouge. En regardant fixemont et iongtoujps une laobo jaune sur un fond blanc, on voil naitre aulour de la laclie une couronne d un blou pale; ot en cessant de regarder la lacbe jaune, el porlant son oeil sur un autre endroit du fond blanc, on voil distinctonienl une lacbe bicuc de la memo figure el de la meme grandeur cpie la lacbe jaune, el cetle apparencc dure au moins aussi longlem])s que rap|)arence du vert produil par le rouge. II ma memo paru, apres avoir fail moi-meme, et apres avoir fait repeler cetle experience a daulres dont les yeux etaienl moilleurs el plus forts que les miens, que cetle impression du jaune elait plus forle que cello du rouge, el que la cou- leur bleue qu'elle produit s ofTacait plus dilliiilonienl el subsistait plus long- temps que la couleur verle produite par le rouge; ce qui semble prouver ce qu'a soup(^onnc Newton, quo le jaune est do ioules les couleurs cello qui fa- tigue le plus nos youx. Si Ion regardo nxemonl ct longtemps uiio lacbe verlo sur un fond blanc. PAUTIK ^:XPERL\lt:^TALE. 450 on voil naitre autour cle la tache verte une coiileur blanclialre, qui csl a peine coloree dune petite teinle de pourpre : mais en eessant de regarder la tache verte el en porlaiit Tcpil sur un autre endroit du fond blanc, on voit distincteinent une tache dun pourpre pale, seniblable a la couleur d'une amethiste pale; cette apparence est plus laible el ne dure pas, a beau- coup pres, aiissi longtemps que les couleurs blcues el vertes produites par le jaune el par le rouge. De meme , en regardant fixement el longtemps une tache bleue sur un fond blanc, on voit naitre autour de la tache bleue une couronne blanchatre un peu U'inte de rouge; el, en eessant de regarder la tache bleue, et portanl I'ceil sur le fond blanc, on voit une tache dun rouge pale, loujours de la meme figure et de la meme grandeur que la tache bleue, et celte apparence ne dure pas plus longtemps que lapparence pourpre produile par la lache verte. En regardant de meme avec attention une lache noire sur un fond blanc, on voil naitre autour de la tache noire une couronne dun blanc vif; et, ees- sant de regarder la tache noire, et portanl I'oeil sur un autre endroit du fond blanc, on voit la figure de la tache cxaclcinent dessinee et dun blanc beau- coup plus vif (|ue celui du fond : ce blanc nest pas mat, c'est un blanc brillant semblable au blanc du premier ordre des anneaux colores decrits par Newton : el, au conlrairc si on regarde longtemps une tache blanche sur un fond noir, on voit la lache blanche se decolorer; el, en portanl 1 ceil sur un autre endroit du fond noir, on y voil une tache dun noir plus vif que celui du fond. Voila done une suite de couleurs aecidentelles qui a des ra|)ports avec la suite des couleurs naturelles : le rouge nalurel produil le vert accidenlel, le jaune produil le bleu, Ic vcrl produil le pourpre, le bleu produil le rouge, le noir produil le blanc, et le blanc produil le noir. Ces couleurs aeciden- telles n'existenl que dans lorgane fatigue, puisquun autre ceil ne les apercoit pas: elles ont meme une apparence qui les distingue des couleurs naturelles; c'esl qu'elles sonl tendres, brillantes, el quelles paraissent elre a dillerenles distances, selon quon les rapporle a des objels voisins ou eloignes. Toutes ces experiences ont ete faites sur des couleurs males avec des morceaux de papier ou delolTes colorees : mais elles reussissenl encore micux lorsquon les fail sur des couleurs brillantes, comme avec de lor brillant el poll, au lien de papier ou delofi'e jaune; avec de largeiit bril- lant, au lieu de papier blanc; avec du lapis, au lieu de papier bleu, etc. : 1 impression de ces couleurs brillantes est plus vive el dure beaucoup plus longtemps. Tout le monde sail (|u'apres avoir regarde le soleil, on porle quehpiefois pendant longtemps liniage coloree de cet astro sur tons les objels; la lu- niiere trop vive du soleil produil en un instant ce que la himiere ordinaire des corps ne produil quau bout d'une minute ou deux dapplicalion five de I'fi'il snr les couleurs. Ces images colorees du soleil (pie I tjcil ebloui el trop 460 liNTKODUCTlOiN A L'mSTOlRE DES MINERAUX. fortemeiil ebranle porie partout, sont des couleurs duin^ine genre que celles que nous venons de decriie; et lexplication de leurs apparences dtipend de la meme ihdorie. Je n'entreprendrai pas de donner ici les iddes qui me sont venues sur ee sujet; quelque assure que je sois de nies experiences , je ne suis pas assez cerlaui des consequences qu'on en doit tirer, pour oser rien hasarder encore sur la tlieorie de ces couleurs; et je me contenterai de rapporler d'aulrcs observations qui conGrment les experiences precedentes, et qui serviront sans doute Sx eclairer celle niatiere. En regardant lixenienl et fort longtenips un carre dun rouge vif sur un fond blanc, on voit d abord nailre la petite couronne de vert tendrc , dont j'ai parlej ensuite, en continuant h regarder fixement le carre rouge, on voit le milieu du carre se decolorer, et les cotes se cbarger de couleur, et former conime un cadre dun rouge plus fort et beaueoup plus foiice que le milieu; ensuite, eii s'eloignant un peu et continuant a regarder toujours fixement, on voit le cadre de rouge fonce se partager en deux dans les qua- tre cotes, et former une croix dun rouge aussi fonce : le carre rouge parait alors comme une fenetre traversee dans son milieu par une grosse croisee et quatre panneaux blancs; car le cadre de cetle espece de fenetre est d un rouge aussi fort que la croisee. Continuant toujours a regarder avec opinia- trete, cette apparence cbange encore, el tout se reduit a un rectangle d'un rouge si fonce, si fort et si vif, (ju'il offusquo enticrement les yeux. Ce rec- tangle est de la meme liautcur ([uc le carre; mais il n"a pas la sixieme partie de largeur : ce point est le dernier degre de fatigue que I'oeil peut suppor- ter; et lorsqu'enfin on detourne I'ceil de cet objet, et qu'on le porte sur un autre endroit du fond blanc, on voit au lieu du carre rouge reel, limage du rectangle rouge imaginaire, exactemcnt dessinee et d'une couleur verte brillante. Cette impression subsisle fort longtenips, ne se decolore que peu <^ peu; elle reste dans la'il meme apres I'avoir ferme. Ce que je viens de dire du carre rouge arrive aussi lorscjuon regarde ires-longtemps un carre jaune ou noir, ou de toule autre couleur; on voit de meme le cadre jaune ou noir, la croix et le rectangle; el limpression qui reste est un rectangle bleu, si on a regarde du jaune; un rectangle blanc brillant, si on a regarde un carre noir, etc. Jai fait faire des experiences que je viens de rapporler h plusieurs per- sonncs; elles onl vu comuie moi les m^mes couleurs et les memes appa- rences. Un de mes amis m'a assure, h cette occasion , qu'ayant regarde un jour une eclipse de soleil par un petit trou, il avail porte |)endanl plus de trois semaines I'image coloree de cet asue sur tons les objets; que, quand il fixait ses yeux sur du jaune brillant, comme sur une bordure doree, il voyail une lacbe pourpre; et sur du bleu, comme sur un toil dardoises, une tache verte. J'ai moi-meme souvent regard^ le soleil, et j'ai vu les memes couleurs : mais, comme je craignais de me fnira :iial aux yeux en regardant cet aslre, j'ai mieux aimc conlinuer mcs exper' / ces sur des eloffes colorees; r>AHTIE EXPERIMKXTALK. 461 etjai trouve quen e(Tel res coulcins accidn telles clinngcnt en sc melant aveo lescoiilciirs naturelles. et quciies suivont Ics memes regies pour les apparenees : car, lorsque la conleur verte accidentelle, prodiiile par le rouge naturel, lombe surun fond rouge brillant, cette couleur verte devienl janne; si la couleur accidcniellc blcue, produile par le jaune vif. (ombesur un fond jaune, eile devienl verte : en sorle que les couleurs qui rcsultent du melange de ces couleurs accidentellcs avee les couleurs nalurelles sui- vent les memes regies et ont les memes apparenees que les couleurs natu- relles dans leur composition el dans leur melange avec d'autrcs couleurs nalurelles. Ces observations pourront elre de quclque ulilite pour la connaissance des incommodites des yeux, qui vicnnent probablement dun grand ebran- lement cause par I'impression trop vive de la lumiere. Une de ces incom- modites est de voir toujours dcvant ses yeux des laclics colorees, des cercles blancs ou des points noirs comme des moucbcs qui voltigent. J'ai oui bien des personnes se plaindre de cette espece d'incommodite; et j'ai lu dans quelques auteurs de medccine que la goulte sereine est toujours precedee de ces points noirs. Je ne sais pas si leur sentiment est fonde sur lexpe- rience; car jai eprouve moi-meme cette incommodite : jai vu des points noirs pendant plus de trois mois en si grande quanlile, que j'en elais fort inquiet; j'avais apparemment fatigue mes yeux en faisant et en repetanl trop souvent les experiences precedenles, el en regardant quelquefois le soleil ; car les points noirs ont paru dans le meme temps, et je n'en avais jamais vu de ma vie : mais enfm ils m incommodaicnt tellement, surtout lorsque je regardais au grand jour des objets fortement (iclaires, que jetais contraint de detourner les yeux; le jaune surtout niY'tail insupportable, et j'ai etc oblige de cbanger des ridcaux jaunes dans la cbambre que j babilais, et d'en mettre de verts; j'ai cviie de regarder toutes les couleurs trop fortes et tous les objets brillants. Pen a pcu le nombre des points noirs a diminue. et actuellement, je n'en suis plus incommode. Ce qui ma convaincu que ces points noirs vicnnent de la trop forte impression de la lumiere , c'est qu'apres avoir regarde le soleil, jai toujours vu une image coloree que je portais plus ou moins longtemps sur tous les objets, et suivanl avec atten- tion les dilTerentes nuances de cette image coloree, jai reconnu qu'clle se dccolorait pcu a peu, et qu'a la fin je nc portais plus sur les objets qu'une taclie noire, dabord asscz grande, qui diminuait ensuite peu a peu, et se reduisait enfin a un point noir. Je vais rapporler a cette occasion un fait qui est assez remarquable : c'est que je n'elais jamais plus incommode do ces points noirs que quand le ciel etait convert de nuces blanclies : cc jour me faliguait bcaucoup plus quo la lumiere dun ciel serein et cela parce quen effet la quanlite de lumiere re- flecbie par un ciel convert de nuees blaiicbes est bcaucoup plus grande que la quanliK^de lumiere reflcclne par lair pur, el qua lexceptinn des objets eclaires immediatcment par les rayons du soleil, tous les autres objels qui iG'-l irNTROm'CTIO^ A LIHSTOIRK DES MINEIIAIIX. sonl dans lonihre soul bciiuonup moins e(!laires que ceux (iiii Ic sont par la lumiere rcfloeliio (11111 riel coiivcrl dc iiuces blanches. Avant que de terminer ce Memoire, je crois devoir encore annoncer iin I'nil qui paraitra peut-elre exiraordinairc, mais qui neii esl pas moins cer- tain, ct que je suis fort etonnc quon n'ail pns observe : c'est que les ombres des corps, qui par Icur essence doiveni etre noires, puisqu'elles ne sont que la piivalioii de la lumiere; que les ombres, dis-je, sont loujoiirs colorees au lever et au eoucher du soleil. J'ai observe, pendant I'ete de i'annee 1743, plus de trente aurores et aulant de soleils coucbants; toules les ombres qui lombaient sur du blanc, comine sur une muraillc blanche, etaient quelqiie- fois vertcs, mais Ic plus souvcnt bleucs, et dun bleu aussi vif que le plus bel azur. Jai fait voir ce phenomene h plusieurs personnes, qui ont ete aussi surprises que moi. La saison n'y fait rien ; car il ny a pas liuit jours (IS novcmbre 1745) que jai vu des ombres bleues : et quiconque voudra sc doiincr In peine de regarder I ombre dc lim de sc* doigts, au lever ou au eoucher du soleil, sur un morceau de papier blanc, verra comme moi eette ombre bleue. Je ne sache pas qu'aucun astronome, qu'aucun physicien, que personne, en un mot, ait parle de ce plu'nomene, ct jai cru quen faveur de la nouveaute, ou me permetlrait de doimcr le precis de cettc obser- vation. Au mois de juillet 1743, comme jetais oceupe dc mes couleurs aceiden- telles, et tiue je chercliais a voir le soleil, dont loeil soutient micux la lu- miere a son eoucher qu'a toute autre heure du jour, pour reconnaitre ensuite les eouleurs et les chaiigemcnls de couleurs causes par eetlc impression, je remarquai que lesombres des arbros qui tombaient sur une muraillc blanche etaient vertes. J'etais dans un lieu eleve, et le soleil se coucbait dans une gorge de montagne, en sorte qu il me poraissait fort abaissc au-dcssous de mon horizon : Ic ciel etait serein, a I'exeeplion du couchant, qui, quoique exempt dc ruiages, etait charge dun rideau transparent de vapeurs d"un jaune rougeaire; le soleil lui-memc etait fort rouge, et sa grandeur appa- ronte au moins quadruple de ce quelle est a midi. Jc vis done Ircs-distine- tement les ombres des arbres qui etaient a vingt et trente pieds de la muraillc blanche, colorees dun vert tendre tirant un peu sur le bleu; I'ombre dun treillage, qui etait a irois pieds de la muraillc, etait parfaile- ment dcssinee sur celte nunaille, conmie si on lavait nouvellement peinie en vert-de-gris. Cette apparcnce dura pres de cinq minutes, apres quoi la couleur saffaiblit avec la lumiere du soleil, et ne disparul entiercmcnt qu'avec les ombres. Le lendemain, au lever du soleil, jallai regarder d'au- trcs ombres sur une muraillc blanche; mais, au lieu de les Irouver vertes, comme je my altendais, je les irouvai bleues, ou plutot de la couleur de I indigo le plus vif. Le ciel etait serein, el il n'y avait qutm petit rideau de vapeurs jaunatres au levant : le soleil se levait sur une colline, en sorte qu il me paraissait eleve au-dessus de mon horizon. Les ombres bleues ne durerent que trois minutes, apres quoi el les me parurent noires. Le meme PAKTIii KXPElUMKiNTALi;. 463 jour, je rc\is au coiicher du soleil Its ombres vortcs , comnie je los avals viics la veillo. Six jours se passerent cusuite sans poiivoir obser\er les om- bres au coucher du soleil, parce qiiil elait toujours couvert do images. Le seplieme jour je vis le soleil a son eouclier; los ombres n'elaieut plus vertes, mais d UN bleu d azur : je reman|uai que los vapours n otaiont pas fori abondaiUos, et que le soleil, ayaiit avance pendant sepl juurs so coucbail dorriorc no rocber qui le laisait disparaiire avanl quil put s'abaisser au- (lessous de mon borizon. Dopuis ee temps, jai tres-souvent observe les om- bres, soil au lever, soit au couobor du soleil, ot je no les ai vues que bleues, quel(|uefoisdun bleu fort vif, dauties fois dun bleu pale, dun bleu fonce, mais conslammcnt bleues. Ce Momoire a etc imprime dans ceux de lAcademie royalc dcs sciences, annee 1743. Voici ce quo je crois devoir y ajouler aujourdliui {annde 1773) : Dos observations plus frequentes m'onl fait reconnailre (pie los ombres no paraissenl jamais vertes au lever ou au coucber du soleil, que (juand llio- rizon est cbargc de beaucoup de vapours rouges; dans lout autre cas los ombres sont toujours bloues, et d'auiant plus bleues (|uo le ciol est plus serein. Cetlo couleur bleue des ombres n'esl autre cbose que la couleur memo de lair; et je ne sais pourquoi quelqucs pbysiciens ont defini lair un fluide invisible, inodore, insipide, puisqu'il est certain que I'azur celeste nest autre cbose que la couleur de I'air; qua la vorite il faut une grande epais- seur dair pour que notre ceil saperooive de la couleur de eel oloinont; mais que neanmoins, lorsqu'on rogardo de loin des objets sombros, on los voit loujours plus ou moins bleus. Cette observation, que les pbysiciens n'avaient pas faite sur les ombres et sur les objets sombres vus de loin, n'a- vait pas ccliappe aux babilos pciritros, ot elle doil en olTot scrvir do base a la ooulour des objets loinlains, qui tons auront (me nuance bleuatre d'autant plus sensible, ([uils seront supposes plus eloignes du point de vue. On pourra me domandor comment cette couleur bleue, qui nest sensible a noire ceil que quand il y a une tros-grando epaissour d'air, se marque neanmoins si fortemen( a quelques pieds do distance au lever et au coucber du soleil; comment il est |)ossible quo cette couleur de I'air, qui est a peine sensible a dix mille loises de distance, puisse donner a Toinbre noire dun treillage, qui nest eloigne de la muraille blanobe que de (rois pieds, une coideur du plus beau bleu : cost en oflct de la solution de cello (|ueslion que depend loxplication du pbenomene. II esl (;ortain que la petite epaisseur dair, qui nest que de trois pieds entre le treillage ot la nuiraille, ne pent pas donner a la couleur noire de I'ombre une nuance aussi forte de bleu : si cola otait, on vorrail a midi ot dans tons los aulres temps du jour los ombres bleues comme on les voit au lover el au couober du soleil. Ainsi, cette apparence ne depend pas uniquement, ni mcme presque point du lout, de lepaisseur de I'air entre lobjel. Mais il faul considerer qu'au lever el au coucber du soleil, la lumiore de cot asiro olant alfaiblie a la surface dc la lorre, autanl quelle p,eut Iclre par la plus grande obliquite de eel astre, les 464 INTHODrCTIOiN A L HISTOIUL DES MINERAIX. oinbres soiit moins denscs, c'est-a-dire inoins noires dans la rn^nie propor- tions, ct qu'en nienie temps la torre n'elant plus eclairee que par celle faibie lumiere du soleil, qui ne fait qu'en raser la superficie, la masse de I'air, qui est plus clevee, el qui, par consequent, recoil encore la lumiere du so- leil bien obliqucnient, nous rcnvoie celte lumiere, et nous eclairc autanl et peut-eire plus que le soleil. Or,cel air pur ct bleu ne pent nous eclairer qu'en nous renvoyanl une grande quanlile de rayons de sa meme couleur bleue; et lorsque ces rayons bleus que I'air rellcchil tomberont sur des objets prives dc toule autre couleur, commc les ombres, ils les teindront d'une plus ou moins forte nuance de bleu, scion quil y aura moins de lumiere directe du soleil, et plus de lumiere reflechie de I'atmospbere. Je pourrais ajouter plusieurs autres clioses qui viendraient a lappui de cette explication, mais je pense que ce que jc viens de dire est suffisant pour que les bons esprits rentendenlct en soient salisfails. Je crois devoir citer ici (juelques fails observes par M. I'abbe Millol, an- cien grand-vicaire de Lyon, qui a eu la bonle de me les communiquer par ses lettres des 18 aout 1754 et \0 fevrier 175b, donl voici Icxlrail : « Ce « n'esl pas sculement au lever et au couclier du soleil que les ombres se os balances Ic sont assez pour peser lair : avec un degre de perfection de plus, on \iendrait a bout de peser le feu et nienic la chaleur. Les boulets rouges de cpiatre pouccs el demi et de cinq pouces de dia- iiielre quej'avais laisses refroidir dans ma balance, avaient perdu sept, huil et dix grains cbacun en se refroidissant; mais plusieurs raisons m'ont empe- clie de regarder celte petite diminution comme la quantite reelle du poids de la ebaleur; car 1° le fer, comme on la vu par Ic resultat de mes expe- riences, est une matiere que le feu devore, puisquil la rend specifiquement plus legere ; ainsi, Ion peut attribuer celte diminution de poids a levapora- lion des parties du fer enlevees par le feu. 2" Lc fer jette des etincellcs en grande quantite lorsqu'il est rougi a blanc, il en jetlc encore quelques-unes lorsqu'il n'est que rouge, et ces etincelles sont des parties de malieres dont il faut defalquer le poids de celui de la diminution tolale; et, comme il nest pas possible de reeueillir Inutes ces etincellcs, ni den coimaitre le poids, il n"est pas j)ossible non plus de savoir condjien celte pertc diminuc la pesan- teur des boulets. 3" Je me suis apereu que le fer demeure rouge et jette dc pcliles etincelles bien plus longtemps quon ne Timagine ; car, (pioi({u"au grand jour il perde sa lumiere et paraissc noir au bout de (pieiques minutes, si on le Iransporlc dans un lieu obseur. on le voit lumineux, et on a|)er(;oit les petites elincelles (piil continue do lancer pendant ([uelques autres mi- nutes. 4"Kn[in, les experiences sur les boulets me laissaicnl quclque scru- pule, parce que la balance dont je me servais alors, quoiipie bonne, ne me paraissait pas assez precise poui' saisir au juste le poids reel dune maliere aussi legere ipie le feu. Ayanl done fait conslruirc une balance capable de porter aisomenl cin(|uante livres de cbaque cote, a Icxeculion de laquelle M. Le Roy, dc lAeademie des sciences, a bien voulu, a ma priere, donner toutc ratlcnlion necessaire, j'ai eu la satisfaction de reconnaitre a pen prcs la pesanleur relative du feu. Celte balance, cbargee de cinquanle livres dc cliaqne cote, pcncbait assez scnsiblement par laddilion de vingt-quatre grains; et cbargee de vingt-cinq livres, ellc pcncbait par laddition de buit grains seidement. Pour rendrc celte balance plus ou moins sensible, M. Le Roy a fait visser sur laiguille une masse de plomb; qui, s'elevant et sabaissant, cliimge le eenlre de gravite; de sorle quon pent augmeiiler de prcs de moilic la scnsi- bilile de la balance. Mais, par le grand nombrc d'experiences que j'ai faitcs de eette balance et de (pieiques autres, j'ai rcconnu qu'en general pins une 470 hNTRODUCTION A L'llISTOJKE DES MINERAUX. baliiiiee est sensible et moins elle esl sage : les caprices, lent au pliysique quau moral, seiiibleiU etre des altributs inseparables de la grande sensibi- lite. Les balances tres-sensibles sont si capricieuses, qu'elles ne parlent jamais de la meme fagon : aujourd'hui elles vous indiquent le poids a un millieme pres, ct dcmain elles ne Ic donnent qu"a une moilie, c'esl-a-dire a un cinq-centiemc pres, au lieu d'un millieme. Une balance moins sensible est plus constante, plus fidele; et, tout considere, il vaut mieux, pour lusage froid qu'on fait dune balance, la choisir sage que de la prendre ou la rendre Irop sensible. Pour peser exaclement des masses penetrees de feu, jai commence par faire i!;arnir de tole les bassins de cuivre el les cbaines de la balance, afin de ne les pas endon)mager; et, apres en avoir bien etabli lequilibre a son moindre degre de sensibililc, jai fail porter, sur lun des bassins, une masse de fer rougi a blanc,qui provcnail de la seconde cbaudc qu'on donne a laflinerie, apres avoir ballu au marleau la loupe quon appellerenort/.je fais cette remarque, parce que mon fer, des cetle seconde cliaude, ne donne presque plus de (lanmie, el ne parail pas se consumer comme il se consume et bride a la premiere cliaude, el que, quoi(iu"il soil blancde feu, il nejette qu'un pctil nonibre d'elincelles avant d'etre mis sous le marleau. 1. Une masse de fer rougi a blanc sesl trouvee peser precisement qua- ranle-neuf livres neuf onces; I'ayanl enlevee doucement du bassin de la ba- lance el posee sur une piece daulre fer, oil on la laissail refroidir sans la toucher, elle sesl trouvee, apres son refroidissement au degre de la tempe- rature de lair, qui etaitalors celui de la congelation, ne peser que quarante- neuf livres sept onces juste : ainsi elle a perdu deux onces pendant son re- froidissement. On observera quelle ne jelail aucune etincelle,aucunevapeur assez sensible pour ne devoir pas etre regardee comme la pure emanation du feu. Ainsi, Ion pourrait croire que la quantile du feu conienue dans cetle masse de quaranle-neuf livres neuf onces etant de deux onces, elle formait environ t^j ou ^ du poids de la masse tolale. On a remis ensuile cetle masse rei'roidie au feu de raflinerie; el, I'ayanl fait chauffer a blanc comme la premiere fois et porter au marleau, elle s'est trouvee, apres avoir ele malleee el refroidic, ne peser que quaranle-sept livres douze onces Iruis gros: ainsi le dechet de cette chaude, tanl au feu quau marleau, elait dune livre dix onces cinc) gros; el ayant fait donner une seconde ct une Iroisietne cliaude ix cette piece pour achever la barre, elle ne pesail plus que quarante- trois livres sept onces sept gros; ainsi, son decliel total, lant par Tevapora- tion du feu que par la purilication du fer a laflinerie et sous le marleau, sesl trouve de six livres une once un gros sur quarante-neuf livres neuf onces; ce qui nc va pas tout a fait au huilicme. Une seconde piece de fer, prise de meme au sortir de raflinerie a la pre- miere clmude et pesee rouge-blanc, s'est trouvee du poids de Irenle-huil livres quinze onces cinq gros Irenle-six grains; el ensuile, pesee froide, de trente-huit livres (jualorzc onces trentc-six grains : ainsi , elle a perdu une PARTIE EXPEKIMENTALE. 471 once cinq gros en se refroidissanl; ce qui fait environ jf^ du poids total de sa masse. line troisieme piece de fer, prise de mcme au sortir du feu de laffinerie apres la premiere cliaude, et pesce rouge-hlanc, s'est trouvee du poids de quarante-cinq livres doiizc onccs six gros, el, pesce froide, de quaranle- cinq livres onze onces deux gros : ainsi elle a perdu une once quatre gros en se refroidissanl; ce qui fait environ -~ de son poids total. Une quatrieme piece de fer, prise de menie apres la premiere cliaude, el pesee rouge-blanc, sest Irouvee du poids de quaranlc-huil livres onze onccs six gros, et, pesee apres son refroidis^emenl, de quarante-liuil livres dix onces juste : ainsi elle a perdu en se refroidissanl qualorze gros, cc qui fait environ -^ du poids de sa masse lotale. Enfin, une cinquicme piece do fer, prise dc mcmc apres la premiere cliaude, el pesee rouge-blanc, scst trouvcc du poids de quarantc-neuf livres onze onccs, et, pesee apres son refroidissement, de quarante-ncuf livres neuf onces un gros : ainsi elle a perdu en se refroidissanl quinze gros, ce qui fait^ffdu poids total de sa masse. En reuiiissant les rcsuilals des cinq cx|)cricnccs pour en prendre la nie- sure commune, on peul assurer que le fer cliaulTe a lilanc, el qui na recu que deux voices de coups de marteau, perd en se refroidissanl ^i^ de sa masse. II. Une piece de fer qui avail recu qualre voices de coups de marteau, et par eonsequcnl toutes les chaudes uecessaircs pouretre cnlicremcnt et par- faitement forgee, et qui pesait qualorze livres qualre gros, ayant cle cliauf- fee a blanc, ne pesait plus que treize livres douze onces dans cet etat din- candescence, et treize livres onze onccs quatre gros apres son enlier refroi- dissement. Doii Ion pent conf-lurc que la i|uiinlitc de feu doiil ccllc piece de fer elail penelree faisait -~s *^'^ son poids total. Une seconde piece de fer, entierement forgee et de meine (|ualile que la precedenle, pesait froide treize livres sept onccs six gros; cliauffee a blanc, treize livres six onces sept gros; el refroidie, treize livres six onccs trois gros; ce qui donne ^ a tres-peu prcs donl elle a diminue en se refroidis- sanl. Une troisieme piece de fer, forgee de mcme que les precedentes, pesait froide treize livres un gros, el cliauffce au dernier degre, en sorte quelle elait non-seulcinent blanche, mais bouilloiinante et petillante de feu, sest trouvee peser douze livres neuf onces septgros dans celelal dincandescencc; et refroidie a la temperature acluelle, qui etait de seize degrcs au-dessus de la congelation, elle ne pesait plus (pie douze livres neuf onces trois gros; ce qui donne -^^ a tres-peu pres pour la ciuanlilc quelle a perdue en se refroi- dissanl. Prenant le lerme moyen des resullals de ces trois experiences, on pent as- surer que le fer parfailement forge el de la meilleure qualite, cliaiilfea blanc, perd en sc refroidissanl environ ^-^^ dc sa inusso. 472 h\TR()DllCTIOIV A L IIISTOIRK DES MINKRADX. ill. In morccaii ilc I'er en gi'cusc;, pese trcs-iouge, environ vingl mi- nutes apres sa coulee, s'est trouvc clu poids cic Irenle-lrois livres dix onccs; el, lorsqu'il a cle relVoidi, il ne pesait plus que Irente-lrois livres neuf onccs: ainsi il a perdu unc once, c"est-a-diie jjj de son poids ou masse totale en se refroidissanl. I n second niorceau de I'onle, pris de meme tres-rouge, pesait vingt-deux livres liuit onces irois gros,- et, lorsquil a etc refroidi, il ne pesait plus que vingt-dcux livres sept onces cinq gros; ce qui donne j— pour la quanlilc (|u'il a perdue en se refroidissant. I n troisieuic niorceau de I'onte, qui pesait eliaud seize livres six onces trois gros el denii, ne pesait que seize livres cinq onces sept gros et denii lorsquil lul refroidi; ce qui donne 37- pour la quantite qu'il a perdue en sc rcl'roidissanl. Prenanl Ic Icrnic moyen des rcsullals de ces irois experiences sur la lonle pr>;ec cliaude coulcur de cerise, on pent assurer cpielle perd en se refroi- dissant environ -f^ de sa masse; ce qui fait une moindre diminution que celle du fer forge; mais la raison en est que Ic fer forge a etc cliaufl'e a blane dans loutcs nos experiences, au lieu que la fonle n'elait que dun rouge cou- lcur de cerise iorsqu'on I'a pesee, et (]ue par consc(|uenl elle n etait pas pe- nelree d'aulant de feu (|ue le fer; car on observera qu'on ne pent eliatincr a blaiic la fonle de fer sans s'etillamnicr et la i)ruler en parlie, en sorte que jc nie suis determine a la faire peser sculement rouge, et au moment ou ellc viciit de prendre sa consislance dans le nioule, au sortir du fourneau de fusion. l\. On a pris sur la dame du fourneau des morceaux du lailier le plus pur, et (|ui formait du tres-beau verie de coulcur verdatre. Le premier niorceau pesait ciiaud six livres quatorze onces deux gros et denii; et, refroidi, il ne pesait que six livres quatorze onces un gros; ce qui donne j^ pour la quanlite qu'il a perdue en se refroidissant. I n second morceau de lailier, seudjlablc au precedent , a pese cliaud cin(| livres buit onces six gros el (piart; et, refroidi, cinq livres liuit onccs cinq gros; ce ipii donne jj^ pour la (|uanlite donl il a diminue en se refroi- dissant. in troisicme niorceau pris de meme sur la dame du fourneau, mais un pen moins ardent que Ic precedeni, a pese cbaud (pialre livres sept onces quatre gros el denii, et, refroidi, (pialre livres sept onces frois gros cldemi, ce qui donne ryr pour la quantite donl il a diminue en se refroidissant. In qualrieme morceau de lailier, qui etait de verrc solide et pur, et qui pesait froid deux livres (piatorze onces un gros, ayanl cle cbaulTe jusqu'au rouge coulcur de feu, s'cst Irouve peser deux livres (piatorze onces un gros deux tiers; ensuile, apri's son refroidissement, il a |)ese, comme avant davoir ett' cbaufl'e, deux livres quatorze onccs un gros juste, ce qui donne -^ pour le poids de la (pianlile de feu donl il (-lait pt'nc^tiT. Ptfcnanl Ic icrmc des rcsullals de ccs qualrc e\p(^ricnccs sur le vcrre pesej PAKTIK EXPElUMEiST ALE. 473 cliaud couleur de feu, on pent assurer quil pcrd en se relVoidissanl ^; ec qui me parailelre le viai poids du feu relalivenient au poids total des ma- lieres qui en sonl penetrees : car ce verre ou laitier ne se brule ni iie se consume au feu; il ne perd rien de son poids, et se trouve seulement pescr 37^ de plus lorsquil est peneire du feu. V. J'ai tente plusieurs experiences semblables sur le gres; niais elle nont pas si bien reussi. La plupart des especes de gres s'egrenant au feu, on ne pent les ebaulTer qu"a demi, el ceux qui sont asscz durs et d'unc assez bonne qualite pom- supporter, sans segrener, un feu violent, se eouvrent deinail; il y a dailleurs dans presque tous des especes de clous noirs et ferrugineux •|ui brulent dans I'operation. Le seul fait certain que j'ai pu lirer de sept experiences sur dilTerents inorceaux dc gres dur, c'esl quil ne gagiie rien au feu, etqu'il n"y perd que Ires-peu. .lavais deja trouve la meme eliose par les experiences rapportees dans le premier iMenioire. De toules ces experiences, je crois qu'on doit conelure : I" Que le feu a, comme toute autre maliere, une pesanleur reelle, donl on pent eonnaitre le rapport a la balance dans les substances qui, eonmie le verre, ne peuveni etre alterees par son action, et dans lesquelles il ne fait, pour ainsi dire, que passer, sans y rien laisser et sans en rien enlever. 2" Que la (|uanlite du feu necessaire pour rougir une masse quelconque, el lui donner sa couleur et sa chaleur, pese j7;j,ou, si Ion veul, une six-cen- lienie parlie de eelle masse; en sortc que, si elle pese froide six cents livres, elle pi'^era eliaude six cent une livres lorsqu'elle sera rouge couleur de feu. 5" Que dans les malieres qui, conmie le fer, sonl susceplibles dun plus grand degre de feu el peuvent etre cliauffees a blanc sans se fondre, la quanlite de feu donl elles sonl alors penetrees est environ dun sixieine plus graiide;en sorle que, sur cinq cents livres de fer, il se irouve une livredcfeu. Nous avons meme trouve plus par les experiences precedenles, puisque leur resultat eomnuin donne -^; mais il faut observer que le fer, ainsi (|ue toutes les substances metalliques, se consume un peu en se refroidissant, et qu il diminue loulcs les fois quon y applique le feu : cetle dilference entre j^, et ~ provient done de cetle diminution : le fer, qui perd une quanlite tres- scnsible dans le feu, continue a perdrc un peu taut quil en est peneire, el par eonsequenl sa masse lotale se trouve plus diminuee que celle du verre, que le feu ne pent consumer, ni bruler, ni volaliliser. .le vicns de dire quil en est dc toules les substances metalliques conuue du fer, c'est-a-dire que toules perdenl quelque eliose par la longue ou la violente action du feu, et je puis le prouver par des experiences incontes- lablcssur Tor el sur largent, qui, de (ous les melaux, sont les plus fixes el les moins sujets a etre alteres par Ic feu. Jai expose au foyer du miroir ardent des plaques dargent pur, el des inorceaux dor aussi pur; je les ai vus fumer abondamment el pendant un Ires-long temps : il nest done pas douteux que ces melaux ne perdenl (juelque eliose de Icur substance par lapplicatioii du feu; el jai ete infor.ne depuis que celle maliere qui 474 INTRODUCTION A L HISTOIRE DES MINERAUX. s ecliappe de ces melaux et s'eleve en funice, n'est autre chose que le metal menie volatilise, puisqu'on peut dorer ou argenter a cette fumee metalliquc les corps qui la re^oivent. Le feu, surtout applique longtemps, volatilise done pcu a peu ces metaux, qu'il senible nc pou\oir ni brulcr ni detruire d'aucune autre maniere; et, en les volatilisant, il n'cn cliange pas la nature, puisque cette fumee qui s'en echappe est encore du metal qui conserve toutes ses proprieles. Or, il ne faul pas un feu bien violent pour produire cette fumee metallique; elle pa- rait a un degre de clialeur au-dessous de celui qui est necessaire pour la fusion de ces metaux. Ccst de cette menie maniere que lor et largenl se sunt sublimes dans le sein de la terre : ils onl dabord etc fondus par la cha- leur excessive du premier elat du globe, ou tout etail en liquefaction ; et en- suite la chaleur moins forte, mais constante, de rintoricur de la terre les a volatilises, et a pousse ces fumees mctalliques jusquau somniet dcs plus haules moutagnes, ou elles se sont accumuleos en grains, ou attachces en vapeurs aux sables et aux autres maticrcs dans lesquelles on les trouve au- jourdhui. Les paillettes dorquc I'cau roule avec les sables tirent leur originc soit des masses dor fondues par le feu primitif, soit des surfaces dorees par cette sublimation, desquelles Taction de lair et de lean les detaclie et les separe. Mais revenons a Tobjet immediat de nos experiences. II me parait qu'elles ne laissent aucun doute sur la pesanteur reellc du feu, el (lu'on peut assu- rer, en consequence de leurs rcsultats, que toute maliere solide penetree de cet element, autanl qu'elle peut letre par I'application que nous savons en faire, est au moins d'une six-centieme partie plus pesante que dans I'etat de la temperature actuelle, et quil faut une livre de matiere ignce pour donner a six cents livres de toute autre maliere I'etal dincandescence jus- qu'au rouge couleur de feu, et environ une livre sur cinq cents pour que lincandescence soil jusquau blanc ou jusqu'a la fusion; en sorte que le fer, chauffe a blanc, ou le verre en fusion, contiennent dans cet etat j^ de ma- tiere igneo, dont leur propre substance est penetree. Mais cette grande verite, qui paraitra nouvelle aux physiciens, et de laquelle on pourra tirer des consequences utiles, ne nous apprend pas encore ce qu il serait cependant le plus important de savoir : je veux dire le rapport de la pesanteur du feu a la pesanteur de lair, ou de la matiere ignee a celle des autres matieres. Cette recherche suppose de nouvelles decouverlesauxquellcs je nesuis pas parvenu, etdontjenai donne que quelques indications dans nion Traile des Elements. Car, quoique nous sachions, par mes experiences, quit faut une cinq-cenlieme partie de la matiere ignee pour donner a toute autre maliere 1 etat de la plus forte incandescence, nous ne savons pas a quel point cette matiere ignee y est condensee, eomprimce, ni meme accumulee, parce que nous n'avons jamais pu la saisir dans un etat constant pour la peser ou la mesurer; en sorte que nous n'avons point d'unite a laquelle nous puis- sions rapporter la niesure de Ictal dincandescence. Tout ce (|uc j ai done I PAUTIIi EXPERliMEiNTALE. 473 pu fflire h la suite de nies experiences, cesl de rechercher combien il f;illaii consumnier de matiere combuslible pour faire enlrer dans une masse de nia- tiere solide cetlequantite denialiereigneequi est la cinq-cenlicmeparticde la masse en incandescence, et j'ai trouve, par des essais rcitcres, quil lallait bruler irois cents livres de charbon au vent de deux soufflets de dix pieds de longueur, pour cbaufTer a blanc une piece de fonte de fer de cinq cents livres pesant. !Mais, comment mcsurer, ni meme cstimer a peu pres, la (juantile lotale de feu produite par ces trois cents livres de matiere combus- tibles? Comment pouvoir comparer la quantite de feu qui se perd dans les airs, avec celle ([ui sattacbe a la piece de fer, el qui penetre dans toutes les parlies de sa substance? II faudrait pour cela bien dautres experiences, ou plutol il faul un arl nouveau dans leque! je n'ai pu faire que les pre- miers pas. VI. J'ai fait quel(|ucs experiences pour reconnaitre combien il faul de temps aux matieres qui sont en fusion pour prendre leur consistaiice, el passer de letat de fluiditc a celui de la solidite; combien de temps il faut pour que sa surface prennesa consistance; combien il en faut de plus pour produire cette meme consistance a I'interieur, et savoir par consequent combien le centre dun globe dont la surface serait consistante, el memo refroidie a un certain point, pourrail neanmoins elre de temps dans lelal de liquefaction. Void ces experiences : SUR LE FER. N" 1. Le 29 juillet, a cinq heures quarantc-trois minutes, moment auquel la fonle de fer a cesse de couler, on a observe que la gueuse a pris de la consislanec sur sa face supcrieure en Irois minutes a sa tele, c"est-a-dire a la partie la plus eloignee du fourneau, et en cinq minutes a sa queue, c"est-a-dire a la partie la plus voisine du fourneau : I'ayant alors fait soule- ver du moule et casser en cinq endroits, on n'a vu aucune marque de fusi- bilite interieurc dans les quatre premiers morceaux; seulement, dans le morceau casse le plus pres du fourneau, la matiere s'est trouvee interieure- menl molle, et quelqucs parlies se sonl atlacbees au bout d'un petit rin- gard, a cinq lieures cinquante-cinq miimtes, cesl-a-dire douze minutes apres la fin de la coulee : on a conserve ce morceau numcrote ainsi que les suivants. .V 2. Le lendemain, 30 juillet, on a coule une autre gueuse a huit beures une minute, et a liuit heures qualre minutes, cesl-a-dirc trois minutes apres, la surface de sa tele elail consolidee; et, en ayant fail casser deux morceaux, il est sorli de leur interieur une petite quantite de fonte coulante; a huit heures sept minutes, il y avail encore dans linlerieur des uiurques 47(i L\TH()DI(;T10i\ a LUlSTOlHi: DES MINKRAIX. cviclontcs de fusion, en sorle que la surface a pris cousistance en trois mi- nutes, et I'inlerieur ne iavail pas encore prise en six minutes. IN" o. Lc 51 juillet, la gueuse a cesse de couler a midi tientc-cin(| mi- nutes; sa surface, dans la partic du milieu, avail (nis sa consistanee a trente-neuf minutes, cest-a-diie en quatre minutes; el, layant cassee dans eel endroit a midi quaranlc-quatie minutes, il sen est ecoule une grande quantite de fonle encore en fusion. On avail remarque que la fonle de celte gueuse etait plus liquide que celle du numero precedent, el on a conserve un morceau casse dans lequel recoulement de la nialiere interieure a laisse une cavite profondc de vingt-si\ pouces dans I'interienr de la gueuse. Ainsi, la surface ayanl pris en quatre minutes sa consistanee solide, linleiieur Plait encore en grande liquefaction apres huit minutes etdemie. N" 4. Le 2 aout, a quatre Iicurcs quarante-sept minutes, la gueuse quori a coulee s'est trouvee d'une fonle tres-cpaisse, aussi sa surface dans le mi- lieu a pris sa consistanee en trois minutes; et une minute et demie a|)res, lorsquon I'a cassee, toute la fonle de linlerieur s'est ecoulee, et n"a laisse qu'un Uij au de six lignes d'cpaisscur sous la face superieure, et d"un pouce environ d'cpaisscur aux aulres faces. IN" ."). Le 5 aout, dans une gueuse de fonle tres-liquide, on a easse trois morceaux denviron deux pieds et demi dc long, a commenccr du cote de la tele de la gueuse, ccsl-a-dire dans la partie la plus froide du moule el la plus eloignee du fourneau, et Ton a rcconnu, comme il etait nalurel de s'y attendre, (|ue la partie interieure de la gueuse eiait moins consislanle a nic- snre quon approcliail du fourneau, el que la cavite interieure, produile par iecoulement de la fonle encore liquide, etait a pen pres en raison inverse de la distance au fourneau. Deux causes evidenles concourenl a produirc cet eflet : le moule de la gueuse, forme par les sables, est d'aulniit plus echaufTe qu'il est plus pres du fourneau, et, en second lieu, il recoil d'au- tant plus de clialeur, qu'il y passe une plus grande quanlite dc fonle. Or, la totalile de la fonle qui conslitue la gueuse passe dans la partic du moule on se forme sa (|ueue, auprcs dc Touverture de la coulee, tandis cjue la tele de la gueuse nest formee que de lexcedant qui a parcouru le moule enticr, et s'est deja refroidi avanl d'arriver dans celte partie la plus eloignee du fourneau, la plus froide de toutes, et qui n'esl cchaulfec que par la seule matiere quelle eontient. Aussi, des trois morceaux pris a la tele de celle gueuse, la surface du premier, e'est-a-dire du plus eloigne du fourneau, a pris sa consistanee en une minute et demie; mais tout linlerieur a coule au houl de trois minutes el demie. La surface du second a de meme pris sa consistanee en une minute el demie, et linlerieur coulail de meme au bout de trois minutes et demie. Enfin, la surface du Iroisiemc morceau, qui etait le plus loin de la Icte, et qui approchait du milieu de la gueuse, a pris sa cotjsistanee en une minute trois quarts, et linlerieur coulail encore tres- abondanmient au bout de quatre minutes. Je dois observer que toutes ces gueuses etaient triangulaircs. el (|ue leur PARTIi: EXPKRIMENTALi:. K" face supt'-riiMiro qui : itrando, avail environ six poiiees el ilcmi do largeiir. CcUc face supcrieure, qui est exposec a laclion do lair, so eonsoiide neanmoins plus lenlenient que les deux faces qui sont dans le sillou ou la nialierea coule : Ihumidite des sables, qui fornienl cede espece de moule, refroidit et eonsoiide la fonte plus promplemenl que I'air; car, dans tous Ics morceaux que j'ai fait casser, les caviles formees par recoulement de la fonte encore liquide elaient bien plus voisines de la face superieure que des deux autres faces. Ayant examine tous ces morceaux apres leur refroidissement, j'ai Irouve : 1" que les morceaux du n" 4 ne setaient consolides que de six lignes dV- paisseur sous la face superieure; 2° que ceux du n° Ji se sont consolides de neuf lignes d'epaisseur sous cette meme face supcrieure ; 5" que les mor- ceaux du n" 2 setaient consolides dun pouee d'epaisseur sous cette meme face; ■i" que les morceaux du n° 5 s'etaient consolides d'un pouce et deuii d'epaisseur sous la face; el enfin que les morceaux du n" 1 s'claieni conso- lides jusqu'a deux pouces trois lignes sous cette meme face superieure. Les epaisseurs consolidecs sont done six, neuf, douze, dix-buit, vingl- sept lignes; et les temps employes a cette consolidation sont unc et demie, deux ou deux et demie, Irois, quatre et demie, sept minutes; ce qui fait ;"i Ires-peu pres le quart numeriquc des epaisseurs. Ainsi les temps necessaires pour consolider le melal fluide sont precisement en meme raison que eelle de leiu" epaisseur. En sorte que si nous supposons un globe isole de toules parts, dont lasurfaccaurapris saconsislance en un temps donne, parexem|)le, en irois minutes, il faudra une minute et demie de plus poju' le consolider a six lignes de profondeur, deux minutes un quart pour le consolider a neuf lignes, irois minutes poiu- le consolider a douze lignes, quatre mi- nutes pour le consolider a di\-buil lignes, et sept minutes pour le conso- lider a vingt-scpt on vingl-buit lignes de profondeur, et par consequent trente-six minutes pour le consolider a dix pieds de profondeur, etc. SI R I.F. VF.nRE. Ayant fait couler du laitier dans des monies tres-voisins du fourneau, a environ deux pieds de louvcrtme de la coulee, j'ai reconnu, par plusieurs cssais, que la surface do ces njorceaux de laitier prend sa consistanee en moins de temps que la fonte de fer, et que I'inlerieur se eonsolidait aussi beaueoup plus vite; mais je nai pii determiner, comme je I'ai fait sur le fer. les temps necessaires pour consolider linterieur du verre a differentes epais- seurs; je ne sais meme si Ion en viendrait a botit, dans un fourneau de ver- rerie ou Ton aurait le verre en masses forlepaisses : tout ce que je puis as- surer, e'esi que la consolidation du verre, tant a rexlericur qu.'i linterieur, 478 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. (>sla peu pres une fois plus prompte que celle de la fonle du fer. Et, en inenie temps que le premier coup de I'air condense la surface du verre li- quide el lui donne une sorte de consistanco solide, il la divise et la fele en une infinite de petites parties, en sorte que le verre saisi par lair frais ne prend pas une solidite reelle, et quil se brise au moindre clioc; au lieu quen le laissant recuire dans un four tres-chaud, il acquiert peu a peu la solidite que nous lui coiinaissons. II parait done bien diflicile de determiner, par I'experience, les rapports du temps quil faut pour consolider le verre a differentes epaisseurs au-dessous de sa surface. Je crois seuloment quon pent, sans se trompcr, prendre le meme rapport pour la consolidation que celui du refroidissement du verre au refroidissement du fer, lequel rapport est de cent trente-deux a deux cent trente-six par les experiences du second Memoire. (Voy. fafje 507 de ce volume.) VII. Ayant determine, par les experiences precedenles, les temps neces- saires pour la consolidation du fer en fusion, lam a sa surface quaux difle- renles profondeurs de son interieur, j'ai cherche a reconnailre, par des ob- servations exacles, quelle 6tait la duree de Tincandescence dans cette meme maliere. 1 . In renard, c'est-a-dire une loupe delachee de la gueuse par le feu de la cliaufferie, et prete a etre portee sous le marteau, a ete mise dans un lieu dont I'obscurite elait egale a celle de la null quand le ciel est convert ; cette loupe, qui clail fort enflammee, n"a cesse de donner de la flamme qu'au bout de vingt-quatre minutes; dabord la flamme elait blanclie, en- suite rouge et bleuatre sur la fin : elle ne paraissait plus alors qu'a la partie inferieure de la loupe qui touchait la terre, et ne se montrait que par ondu- lalions ou par reprises, comme celles dune chandelle qui s'eteinl. Ainsi la premiere incandescence, accompagnee de flamme, a dure vingt-quatre mi- nutes; ensuile la loupe, qui elait encore bien rouge, a perdu cette couleur peu a peu, eta cesse de paraitre rouge au bout de soixante-quatorze minu- tes, non compris les vingt-quatre premieres, ce qui fait en lout quatre-vingi- dix-huit minutes; mais il n'y avail que les surfaces superieures et laterales qui avaient absolument perdu leur couleur rouge; la surface inferieure qui toucbait a la terre lelait encore aussi bien que I'interieur de la loupe. .Je commeneai alors, c'est-a-dire au bout de quatre-vingl-dix-huit minutes, h laisser tomber quelques grains de poudre a tirer sur la surface supericiire; ils senflammerent avec explosion. On continuait de jetcr de temps en temps de la poudre sur la loupe, et ce ne fut qu'au bout de quaranle-deux minu- tes de plus quelle cessa de faire explosion; h quarante-lrois, quarante-quatre et quarante-cinq minutes, la poudre se fondail el fusait sans explosion, en donnanl seulemcnl une petite flamme bleue. De la, je crus devoir conclure que lincandescence a linterieur de la loupe navait fini qualors, c'est-i-dire quarante-deux minutes apres celle de la surface, et quen tout elle avail dure cent quarante minutes. Cette loupe elait de figure a peu pres ovale et aplatie sur deux faces PARTIR EXPRRIMENTALK. i79 pyralleles; son grand diametre etait de treize ponces, et le petit de huit ponces; elle avait aussi. a Ires-pen pres, hnil ponces depaissenr partout, et elle pesaii qualre-vingt-onze livres quatre onces apres avoir ete re- froidie. 2. Un antre renard, niais pins petit qne le premier, tout aussi blanc de damme el petillant de fen, au lien d'etre porte sons le martean, a ete mis dans lememe lieu obscur, ou il n'a cesse de donner de la flamme quau !)on>de vingl-deux minutes; ensuite 11 n'a perdu sa conlenr rouge qu'apres (|naranle-trois minutes; ce qui fait soixante-cinq minutes pour la duree des (lenx etats dincandescence a la surface, snr laqnelle aynnl ensuite jete des grains de poudre, ils nont cesse de senflammer avec explosion quau bout de quarante minutes; ce qui fait en tout cent cinq minutes pour la dnree de I'incandescence, tanta lexterieur qua Tinterieur. Cette lonpe etait a pen pres circulaire, snr nenf ponces de diametre, et elle avait environ six pouces depaisseur partout; elle sest tronvee du poids de cinqnante-qnatre livres apres son refroidissement. Jai observe que la (lammc et la couleur rouge suivent la meme marclie dans leur degradation; elles commencent par disparaitre a la surface supe- rienre de la lonpe, tandis (jnelles dnrcnt encore aux surfaces laterales, et continnent de paraitre assez longtemps antonr de la surface inferienre, qui, etant constannnent appliqnee snr la terre, se refroidit plus lentement qne les antres surfaces qui sontexposees a lair. 3. IJn troisieme renard, tire dn feu tres-blanc, brnlant et petillant detin- celles et de flamme, ayant ete porte dans cet etat sons le martean, n'a con- serve cette incandescence enflammce que six minutes; les coups prccipites dont il a ete frappe pendant ces six minutes, ayant comprime la matiere, en ont en meme temps reprime la flamme, qui aurait sidjsiste pins longtemps sans cette operation, par laquelle on en a fait nne piece de fer de douze pouces et demi de longueur, sur quatre ponces en carrc, qui s'esl trouvee peser quarante-huit livres quatre onces apres avoir ete refroidie. Mais ayant mis anparavant cclle j)ioce encore toule ronge dans le meme lieu obscur, elle n'a cesse de paraitre rouge a sa surface quau bout de quarante-six mi- nutes, y compris les six premieres. Ayant ensuite fait Tepreuve avec la pou- dre a tlrer, qui na cesse de senflammer avec explosion que vingt-six mi- nutes apres les quarante-six, il en resnite que I'incandescence interieure et totale a dure soixante-donze minutes. En comparant ensemble ces trois experiences, on pent conclnre que la duree de I'incandescence totale est, comme celle de la prise de consistance, proportionnelle a I epaisseur de la matiere. Car la premiere lonpe, qui avail luiit pouces d'epaissenr, a conserve son incandescence pendant cent quarante minutes ; la seconde, qui avait six pouces d'epaissenr, la conservee pendant cent cinq minutes; et la troisieme, qui n'avait qne qnatre pouces, ne I'a conservee qne pendant soixante-douze minutes. Or, 103 : 140 :: 6 : 8, et 480 INTP.ODUCTION \ LIIISTOIRI- DKS iMlNKRVdX. do m('nie72 : 140 a pen pris ;: 4:8, on sorlc qu'il parail y avoir meme rapporl onlro los lonips quonlro les epaissours. 4. Pour massiirer ciioore mieux do ce I'ait important, jai ciu devoir ro- peter Icxpcrience siir line loupe, prise eomme la preeedenlc, au sorlir dc la chaulTerio.On la porlee tout onflammoo sous le niartoau ; la flammo a cesse au bout de six minutes, et, dans ce moment, on a cesse de la baltre; on la misc lout dc suite dans le nienie lieu obscur; le rouge n"a cesse quau bout de trente-neuf minutes, ce qui donne quarante-cinq minutes pom- les deux eiats d'incandcscence a la surface; eiisuite la poudre n"a cesse de sendani- meravec explosion quau bout de vinnt-buit minutes; ainsi, rincandesccnee inlerieure et totale a dure soixanle-lreiy.e minutes. Or, eelle piece avail, eomme la preeedenlc, quatre pouces juste d'epaisseur, sur deux faces en earre, et dix pouces un (|uart de longueur; elle pesait trente-neuf livrcs quaire onces apres avoir etc refroidie. Cetle derniere experience s'accorde si parfailement avec celle qui la pre- cede et avec les deux aulrcs, qu'on nc pent pas douter qu'en general la du- ree de lineandcseence ne soit a tres-peu pres proportionnelle a 1 epais- sour de la masse, et que par consequent ee grand degre de feu ne suivo la memo loi que celle de la ebaleur mediocre; en sorte que, dans les globes do meine maliere, la ebaleur ou le feu du plus baut degre, pendant tout le temps de rincandescence. s"y eonservent et y diiieMt piecisement en raison de lour diamelre. (lelte verite que je voulais acquerir et demontrer par le fail soluble nous indiquer que les causes caobees (raiisw lafentes) de New- Ion, desquellos jai parle dans le premier de ces Menioires, ne sopposeni que tres-peu a la sortij du feu, puisqu'elle se fait de la memo maniere quo si les corps etaient enlieremenl el parfailement permoables, et que rion no s'opposat a son issue. Cepcndant, on serait porte a croire que plus la memo maliere est comprimee, plus elle doit retenir de temps le feu ; en sorte que la duree de lineandcseence devrait elrc alorsenplus grande raison que cello des epaisseurs ou des diametres. Jai done essaye de reconnaitre cetlc difle- rence par Texperienee suivante. ■.i. Jai fail forger une masse cubique de for, de cinq pouces neuf lignes de loules faces; elle a subi trois ebaudes successives, et I'ayant laissoe re- froidir, son poids s"esl Irouve de quarante-huil livres neuf onces. Apres la- voir pcsee, on Ta mise de nouveau au feu de lalTinerie, ou elle n"a oto cbaiilTee quo jusqu"au rouge couleur de feu, parce qu'alors elle commonoail u donner un pcu dc flammc, et qu'en la laissant au feu plus longtemps, lo fcraurait brule. Dc la, on la transporlee tout de suite dans le meme lieu obscur, oil jai vuquellene donnail aucune flammc; neanmoins elle n"a cesse do paraitrc rouge quau bout de cinquanle-deux minutes, et la poudre n"a oesso de scnflammer a sa surface avec explosion que quaranle-trois minutes apres; ainsi lineandcseence lotale a dur^ quatre-vingt-quinze minutes. On a pose celte masse une seeondc fois apres son ontier refroidissemonl ; elle s'esi trouveo poser qiiaranlo-buit livres nno onoe: ain«i olio avail perdu au PARTIE EXPERIMRNTALR. 481 feu huit onccs de son poids, et elle en aiirait perdu davanlage si on leul chauffee jusqu"au blanc. En coinparant cetie experience avec les autres, on voil que, lepaissciir de la masse etant de o pouces f , rincandescence totale a dure qualre-vingl- quinze minutes dans cette piece de fer, comprimee autant qu'il est possible, et que, dans les premieres masses qui n'avaient point etc comprimees par !e martcau, I'epaisscur etant de six pouces, I'incandesccnce a dure cent cinq minutes, et I'epaisseur etant de huit pouces, elle a dure cent quarante minu- tes. Or, 140 : 8 ou 105 : 6 :: 9S : S ^, au lieu que I'experience nous domic S |. Les causes cachees, dont la principale est la compression de la matiere, et les obstacles qui en resullent pour Tissue de la clialeur, semblent done produire cette dilTerence de 5 f a 5 ^; ce qui fait ^ ou un peu plus dun tiers sur ^ c'esl-^-dire environ ^ sur le tout. En sorte que le fer bien battu, bien su4, bien comprime, ne perd son incandescence qu'en dix- sept de temps, landis que le meme fer, (|ui n'a [)oint etc comprime, la perd en seize du meme temps. Et ceci parait sc confirmcr par les experiences trois et quatre, ou les masses de fer ayant etc comprimees par une seule volee de coups de marteau, nont perdu leur incandescence qu'au bout de soixante-douze et soixante-treize minutes, au lieu de soixante-dix qu'a dure celle des loupes non comprimees; cc qui fait 2 i sur 70, ou ^rs ou ^ de difference produite par cette premiere compression. Ainsi, Ton ne doit pas etre etonne que la seconde et la troisieme compression qu'a subies la masse de fer de la cinquieme experience, qui a etc battu par trois voices de coups de marteaux, aient produit 7^ au lieu de ^ de difference dans la duree de rincandescence. On pent done assurer en general que la plus forte compression qu'on puisse donner a la matiere penetree de feu, autant qu'elle peut letre, ne diminue que dune .seizieme partie la duree de son incandescence, et que, dans la matiere qui ne recoit point de com- pression extericurc, cette duree est precisement en meme raison que son epaisseur. Maintenant, pour appliquer au globe de la terre le resullai de ces expe- riences, nous considercrons quil na pu prendre sa forme elevee sous I'equateur, et abaissee sous les poles, qu'en verlu de la force centrifuge com- binee avec celle de la pesanteur; que par consecjucnt il a du tourner sur son axe pendant un petit temps, avant que sa surface ait pris sa consistance, et quensuite la matiere inlerieure s'est consolidce dans les memes rapports de temps indiques par nos experiences; en sorte quen parlant de la suppo- sition dun jour au moins pour le petit temps necessaire a la prise de con- sistance a sa surface, et en admettant, comme nos experiences lindiqucnt, un temps de trois minutes pour en consolidcr la matiere interieure h un pouce de profondcur, il se trouvera trcnie-six minutes pour un pied, deux cent seize minutes pour une toise, trois cent quarantc-deux jour pour une lieue, et quatre niillc neuf cent quatre-vingt-six jours, ou environ mille trois cent quaranle-deux ans, pour quun globe de fonte de fer qui aurait, comme 31 tvrrny, torn. ii. 482 liNTlU)DUCT10> A l/IIISTOIRE DES WINKUAUX. cclui de la leire, iiiille qualre cent ticnte-deux lioues el deini de dcnti-dia- iiictrc, ci'il pris sa consislancc jusqu an cenlie. La supposition que jc fais ici dun jour de rotation pour que le globe ler- ri;stre ait pu selever regulierenient sous lequalcur, el sabaisser sous Ics poles, avant que sa surface ne fiit consolidee, me parait plutot trop faible que trop forte, car il a pcut-ctre fallu un grand nonibre de revolutions, de vingt-quatrc licurcs chacunc, sur son axe, pour que la maliere fluide se soit solidement etablie, et Ion voit bien que, dans ce cas, le temps necessaire pour la prise de consistance de la maliere au centre se Iron vera plus grand. Pour le reduire aulant qu'il est possible, nous n'avons fail aucune attention a leffet de la force eenlrifugo qui soppose a celui de la reunion des parties, c'cst-a-dire a la prise de consistance de la maliere en fusion. Nous avons suppose, encore dans la meme vue de diminuer le temps, que latmospberc de la terre, alors toul en feu, nelait neanmoins pas plus cbaude que celle de mon fourneau, a quelques pieds de distance oil sc sonl faitcs les expe- riences; el c'est en consequence de ces deux suppositions trop graiuiles que nous ne trouvons que mille irois cent quarante-deux ans pour le temps em- ploye a la consolidation du globe jusqu'au centre. Mais il me parait certain que celte estimation du temps est de bcaucoup trop faible, par lobservation constanle quejai faite sur la prise de consistance desgueusesa la lete et a la queue; caril fauttroisfois aulant de temps el plus pour quelaparticdelagucuse qui est a dix-luiit pieds du fourneau prcnne consistance; c"esl-a-dire que si la surface de la tele de la gueuse qui est a dix-huil pieds du fourneau prend consistance en une minute d dcmio, celle de la queue, qui nest qua deux pieds du fourneau, ne prend consistance iju'en qualre minutes et demie on cinq minutes; en sorte que la cbaleur plus grandc de lair contribue prodi- gieusement au mainlicn de la fluidile; et Ton conviendra sans peine avcc moi que, dans ce premier temps de liquefaction du globe de la terre, la cbaleur de lalmospbere de vapeurs qui I'environnait elail plus grande que celle de I'air a deux pieds de distance du feu de mon fourneau, et que par consequent il a fallu bcaucoup plus dc temps pour consolider le globe jusqu'au centre. Or, nous avons demonlre, par les experiences du premier Memoire, qu'un globe de fer, gros conmie la terre, penetre de feu seulement jusqu'au rouge, serail plus de quatre-vingt-seize millc six cent soixanle-dix ans a se refroidir; anxquels, ajoutant deux ou trois mille ans pour le temps de sa consoli- dation jusqu'au centre, il resulte qu'en toul il faudrait environ cent mille ans pour refroidir au point dc la temperature acluelle un globe de fer gros comme la terre, sans compter la durec du premier etal de liquefaction ; ce qui reculc encore les limites du temps, qui semble fuir et s'etendre a mesure que nons cberchons a le saisir. Mais tout ceci sera plus amplement discule el determine plus preciscment dans les Memoircs suivanls. PARTIE EXPERIMENTALE. 483 NEUVIEME MEMOIRE. EXPERIENCES SL'R LA FUSION DES MINES DE PER. Jc ne pouirai gucre mettre daulre liaison entre ces Memoires, ni d'aulre ordre enlre mes differentos experiences, que celui du temps ou plutot de la succession de mes idees. Comme je ne me trouvais pas assez instruil dans la connaissance des mineraux, que je n'etais pas satisfait de ce qu'on en dit dans les livres, que j'avais bien dc la peine a entendre ceux qui trailent de la chimie, ou je voyais d'ailleurs des principes precaires, toules les expe- riences faites en petit, et toujours expliquees dans Tcsprit d'une mcme me- tliode, jai voulu Iravailler par moi-meme; et, consultant plutot mes desirs (|ue ma force, jai commence par faire etablir sous mes yeux des forges et des fourneaux en grand, que jc n'ai pas cesse d'exercer continuellement depuis sept ans. Le petit nombre d"auteurs qui ont ecrit sur les mines de fer ne donnent, pour ainsi dire, qu'une nomenclature assez inutile, et ne parlent point des (lilTcrents traitemcnls dc cliacune de ces mines, lis comprenncnl dans les mines de fer, laimant, Icmeril, lliematite, etc., qui sont en cffet des mine- raux ferrugineux en partie, mais qu'on ne doit pas rcgarder comme de vraies mines de fer, proprcs a eire fondues e( convcrtics en ce metal; nous ne par- Icrons ici que de celles dont on doit faire usage, et on peut les reduire a deux especcs principales. La premiere est la mine en roche, c'est-a-dire en masses dures, solides et compactcs, qu'on ne pent tirer et separer qu'a force de coins, de mar- tcaux et de masses, ct quon pourrait appeler pierre de fer. Ces mines ou roclies de fer se trouvenl en Suede, en Aliemngne, dans les Alpes, dans les Pyrenees, et gencralement dans la plupart des liautes montagnes de la terre, 31 484 INTRODUCTION A L MISTOIKE DES MINERAUX. mais en bien plus grande quantile vers le Nord que du cole du Midi. Celles de Sucdc sont dc couleurde fer pour la pluparl, et paraissent etre du fer presqu'a denii prepare par la nalure: il y en a aussi de eouleur brune, rousse ou jannalrc; il yen a mcme de toutes blanches h Allevard en Daupliine, ainsi que daulres couleurs. Ces dernieres mines semblent etre composees comme du spalh; et on ne reconnait qu'a leur pesanteur, plus grande que celle dcs autres spaths, qu'elles conliennent une grande quanlite de metal. On pent aussi s en assiuer en les meltant au feu ; car, de quelque eouleur qu'elles soienl, blanclies, grises, jaunes, rousses, verdatres, bleuatres, violcttes ou rouges, toutes devienncnt noires a une legere calcination, Les mines de Suede, qui, comme je i'ai dit, semblent etre de la pierre de fer, sont attirees par laimant; il en est de meme de la plupart des autres mines en roche, et generalement de toute matiere ferrugineuse qui a subi Taction du feu. Les mines de fer en grains, qui ne sont point du tout magnetiques, le devicnnent lorsqu'on les fait griller au feu. Ainsi, les mines de fer en roche et en grandcs masses, ctant magnetiques, doivent leur origine a lele- menl du feu. Celles de Suede, qui ont ele le mieux observees, sont tres- etendues et tres-profondes; les filons sont perpendiculaires, toujours epais de plusieurs pieds, et quelquefois de quelques toises; on les travaille comme on iravnillcrait de la pierre tres-dure dans une carriere. On y trouve sou- vent de I'asbesle, ce qui prouve encore que ces mines ont ete formecs par le feu. Les mines de la secondc espece ont au contraire ele formecs par lean, lanl du detriment des premieres que de toutes les particules de fer que les vegetaux el les animaux rendent a la lerre par la decomposition de leur substance : ces mines formees par leau sont le plus oi-dinairement en grains arrondis, plus ou moins gros, mais donl aucun nest atlirable par laimant avant d'avoir subi Taction du feu, ou plulot celle de lair par le moyen du feu, car, ayant fait griller plusieurs de ces mines dans des vaisseaux ou- verts, elles sont toutes devenues tres-atlirables a laimant; au lieu que dans les vaisseaux clos, quoique chaulTees a un plus grand feu et pendant plus de temps, elles n'avaient point du lout acquis la vertu magnetique. On pourrait ajouler a ces mines en grains, formees par Teau, une seconde espece de mine souvenl plus pure, mais bien plus rare, qui se forme egale- ment par le moyen de Teau : ce sont les mines de fer cristallisees. Mais, comme je n"ai pas ele a porlee de trailer par moi-meme les mines de fer en roche produites par le feu, non plus que les mines de fer cristallisees par Teau, je ne parlerai que de la fusion des mines en grains, d'autant que ces dernieres mines sont celles qu'on exploite le plus communement dans nos forges d? France. La premiere chcse que jai trouvee, et qui me parait etre une decouverle utile, c'est quavcc une mine qui donnait le plus mauvais fer de la province de Hourgogne, j'ai fait du fer aussi ductile, aussi nerveux, aussi ferme que les fers du Beni. qui sont reputes les meilleurs de France. Voici comment PARTIE EXPERIMENTALE. 485 j y suis parvenu : le cliemin que j'ai lenu est bien plus long ; mais personne avant nioi nayant fraye la route, on ne sera pas etonne que j'aie fait du circuit. Jai pris le dernier jour d'un fondage, c'est-a-dire le jour oil Ion allait faire cesser le feu dun fourncau a fondre la mine de fer, qui durait depuis plus de quatre mois. Ce fourneau,d"environ vingt pieds dc hauteur et de cinq pieds et demi de largeur a sa cuve, etait bien chaufTc, et n'avait ete charge que de cette mine, qui avail la fausse reputation de ne pouvoir donner que des fonies tres-blanelies,tres-cassantcs, et par consequent du fer k tres-gros grains, sans nerf ct sans ductilite. Comme j'elais dans lidee que la trop grande violence du feu ne pent qu'aigrir le fer, j'employai ma methode ordinaire, et que jai suivie constammciii dans toutes mcs rcchorches sur la nature, qui consiste h voir les extremes avant de considerer les milieux : je fis done, non pas ralenlir, mais enlever les soufllets; et ayant fail en nieme temps decouvrir le loit de la halle, je substiluai aux soufllets un venlilateur simple, qui n'etait qu'un cone creux, de vingt-(|uatre pieds de longueur sur quatre pieds de diametre au gros bout, et Irois [)ouces seulement a sapointe, sur laquelle on adapla une buse de fer, et quon pla^a dans le trou de la tuyere; en meme temps on continuait a charger de charbon et de mine, comme si Ion eiit voulu continuor a couler : les charges descendaient bien plus lenlement, parce que le feu n etait plus anime par le vent des soufllets; il I'etait seulement par un courant dair que le venlilateur tirait den haul, et qui, (ilant plus frais et plus dense que celui du voisinage de la tuyere, arrivait avec assez de vitesse pour produire un inurniurc constant dans lin- terieur du fourneau. Lorsque j eus fait charger environ deux milliers de charbon et quatre milliers de mine, je fis discontinuer pour ne pas trop embarrasser le fourneau ; et le ventilateur etant tou jours h la tuyere, je laissai baisser les charbons et la mine sans remplir le vide qu'ils laissaient au- dessus. Au bout dc quinze ou seize heures, il se forma de petitcs loupes, donl on lira quelques-unes par le trou de la tuyere, et quelques autres par louvcrture de la coulee : le feu dura quatre jours de plus, avant que le charbon ne fiit enlieremcnt consume : et, dans celtc intervalle de temps, on lira des loupes plus grosses que les premieres; et, apres les quatre jours, on en irouva de plus grosses encore en vidant le fourneau. Apres avoir examine ces loupes, qui me parurenl etre dune tres-bonne etofle, et dont la plupart portaient a leur circonfercnce un grain (in, et tout semblable a celui de lacier, je les fis mcllre au feu de raliineric et porter .sous le marteau : elles en soutinrent le coup sans sc diviser, sans separpiller en elincelles, sans donner une grande flamme, sans laisser couler beaucoup de lailier; choscs qui toules arrivent lorsqu'on forge de mauvais fer. On les forgea a la maniere ordinaire : les barres qui en provennient iretaient pas toutes de la meme qualile; les unes ctaient de fer, les autres d'aeier,etlc plus grand nombre de fer par un boul ou par un cote, el d'acicr par I'autre. J'en ai fail faire des poin(^ons et des ciseaux par des oiivricrs, qui Irouverent 48G INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MINERAUX. cet acier aussi bon que cclui d'Allemagne. Les barres qui n e(aienl que de fer elaient si fermes, qui! ful impossible de les rompre avec la masse, et quil fallut employer le ciseau d'acier pour les enlamer profondement des deux cotes, avanl de pouvoir les rompre ; ce fer etait tout nerf, et ne pou- vait se separer quen se deehirant par le plus grand effort. En le eomparant au fer que donne celte memo mine fondue en gueuse h la manicre ordi- naire, on ne pouvail se persuader qu'il provenait de la meme mine, dont on navait jamais tire que du fer h gros grain, sans nerf el tres-cassant. La quantite de mine que j'avais employee dans cctte experience aurait du produire au moins douze cents livres de fonte, c"est-^-dirc environ huit cents livres de fer, si die cut ete fondue par la mcthode ordinaire, et je navais obtenu que deux cent quatre vingts-Iivres tant daeier que de fer, de toutcs les loupes que j'avais reunies; et, en supposant un decliet do moitie du mauvais fer au bon, ct de trois quarts du niauvais fer a lacier, je voyais que ce produit ne pouvait c(iuivaloir qua cinq cents livres de mauvais fer, ct que par consequent, il y avail eu plus du quart de mes quatre milliers de mine qui s eloit consume en pure perte, et en meme temps pres du tiers du cliarbon brule sans produit. Ces experiences etant done excessivenient chercs, ct voulant ncanmoins les suivre, je pris le parti de faire construirc deux fourneaux plus pelits; tons deux cependant dc quatorze pieds de hauteur, mais dont la capacitc interieure du second etait dun tiers plus petite que eelle du premier. II fal- lait, pour charger et rcmplir en entier men grand fourneau dc fusion, cent trente-cinq corbeillcs dc charbon de quarante livres chacune, c'ost-a-dire cinq mille quatre cents livres dc charbon; au lieu que dans mes pctits four- neaux il ne fallait que ncuf cents livres de charbon pour remplir le premier, et six cents livres pour remplir le second; ce qui diminuait considerable- ment les trop grands frais de ces experiences. Je fis adosser ces fourneaux I'un a I'autre, afin qu'ils pussent profiter de leur chaleur mutuellc : ils etaieni separes par un mur de trois pieds, et environnes d'un autre mur de quatre pieds depaisseur; !c tout bati en bon moellon et de la meme picrre calcaire dont on se sert dans le pays pour faire les etalagcs dcs grands fourneaux. La forme dc la cavite de ces petits fourneaux etait pyraniidale sur unc base carree, s elevant d'abord perpendiculairement a trois pieds de hauteur, et cnsuite s'inclinant en dedans sur le resle de leur elevation, qui etait de onze pieds : de sorte que louvcrturc superieure se trou\ait reduite a quatorze pouces au plus grand fourneau, et onze pouces au plus petit. Je ne laissai dans le bas qu'une seule ouverture a chacun de mes fourneaux ; elle etait surbaissee en forme de voute ou de lunette, dont le sonmiet ne s'devait qua deux pieds et demi dans la partie interieure, et quatre |)icds en dehors ; je faisais remplir ccttc ouverture par un petit mur de briqucs, dans Icqucl on laissait un trou de quclqucs pouces en bas pour ccoulcr le laitier, ct un autre trou k un pied et demi de hauteur pour pomper I'air. Jc ne donne point ici la figure de ces fourneaux, parcc quils n'ont pas assez bien rcussi pour que PARTIE EXPERIMEiNTALE. 487 jc pioloiido Ics tlonnor pour motleles, et que, craillciirs, j'y ai fail ct jy fais encore tics changemcnts essenticis, 5 mesurc que I'expcrience mapprentl quelque chose de nouveau. Dailleurs, ce que je viens de dire suflil pour en donner une idee, et aussi pour rintelligence de ce qui suit. Ces fourneaux elaient places de mani^re que leur face aulerieure, dans laquellcelaient lesouverturescn lunette, se trouvaitparalleic an couranldeau qui fait mouvoir les roues des soufflets de mon grand fourneau el de mes aflineriesj en sortc que le grand entonnoir ou venlilateur dont j'ai parle pouvait clrc pose de maniere quil recevait sans ccsse un air frais par le mou- vement des roues; il portait cet air au fourneau auquel il aboutissait par sa pointe, qui etait une huse ou tuyau de fer de forme conique, et dun pouce et demi de diametre a son extremite. Je fis faire en mcme lemps deux tuyaux d'aspiration, I'un de dix picds de longueur sur quatorze pouees de largeur pour le plus grand de mes pelits fourneaux, cl lautre de sept picds de longueur et de onze ponces de cole pour le plus petit. Je fis ces tujaux d'aspiration carres, parce que les ouvcrtures du dessus des fourneaux etaicnt carrees, et que c'elail sur ces ouvcrtures qu'il fallail les poser ; et, quoiquc ces tuyaux fussent fails d'une lole assez legere, sur un chassis de fer mince, ils ne laissaieni pas d'etre pesanls, et meme embarrassants par Icur volume, surtout quand ils elaient fort cchaulfes : qualrc honnnes avaienl assez de peine pour les deplaccr et les replacer ; ce qui cepcndant etait nccessaire loules les fois qu'il fallait charger les fourneaux. J'y ai fait dix-sept experiences, dont chacune durait ordiiiairemeni deux ou trois jours et deux ou trois nuils. Je n'en donnerai pas le detail, non- seulemont parce quil serail fort ennuyeux, mais mcme assez inutile, allendu que je n'ai pu parvenir a une melhode fixe, tant pour conduire le feu que pour le forcer a donner loujours le meme produil. Je dois done me horner aux simples rcsultats de ces experiences, qui mom demonire pliisieurs verites que je crois tres-utiles. La premiere, c'est qu'on peut faire de lacier de la meilleure quatite sans employer du fer, conime on le fait communement, mais seulement en fai- sanl fondre la mine a un feu long et gradue. De mes dix-sept experiences, il y en a eu six on j'ai eu de I'acier hon et mediocre, sept ou je n'ai eu que du fer, lanlot Ires-bon et tanlot mauvais, ct quatre ou j'ai eu une petite quantilc dc fonte el du fer environne d'exccllcnt acier. On ne manquera pas de me dire : Donncz-nous done au moins le detail de celles qui vous ont produil de bon acier. iMa rcponse est aussi simple que vraie : c'est qu'en suivanl les memcs precedes aussi exactcment quilm'etait possible, en char- ,'^eanlde la meme facon, mettant la meme quantite de mine el de charbon, 6tanl et mettant le venlilateur el Ics tuyaux d'aspiration pendant un temps egal. je n'en ai pas moins eu des rcsultats tout diirererits. La secondc expe- rience me donna de lacier par les meines precedes que la pren)ierc, qui ne mavail produil que du fer dune qualite assez mediocre; la Iroisicme, par les m^mes procedes, ma donnc dc trcs-bon fer; et quand apres cela j'ai 488 INTRODUCTIOiN A L'HISTOIRE DES MINERAUX. voulu varicr la suile dcs precedes, el changer quelque chose 6 mes t'our- iieaux, le produit en a peut-elre moins varie par ces grands cliangenienls, qu'il n'avait fait par le seul caprice dii feu, donl les effets el la conduite sonl si didiciles a suivre, qu'on ne peul les saisir, ni meme les deviner qu'a- pres line infinite d cprcuves el de lentatives qui ne sonl pas loujours heu- reuses. Je dois done nie borner a dire ce que jai fail, sans anliciper sur ce que des artistes plus habiles pourront faire ; car ii est certain quon par- viendra h une niclhode sure de tirer de lacier de toule mine de fer, sans la faire couler en gueuses, el sans converlir la fonte en fer. Cesl ici la secondeverite, aussi utile que la premiere. Jai employe Irois difTerenlcs sorles de mines dans ces experiences ; j'ai cherche, avant de les employer, le nioyen den hien oonnaitre la nature. Ces trois especes de mines etaienl, a la verile, loutes les Irois en grains plus ou moins fins; je n elais pas a porlee d"en avoir d'aulres, c"esl-a-dire des mines en roche en assez grande quanlite pour faire mes experiences; mais je suis hien con- vaincu, apres avoir fait les epreuves des irois differentes mines en grain, el qui loutes Irois mont donne de lacier sans fusion prccedenle, que les mines en roche, el loutes les mines en fer en general, pourraient donner egale- menl de lacier en les traitant comme jai Iraile les mines en grains. Des lors, il faut done hannir de nos idees le prejuge si anciennement, si uni- verseilement regu, que la qualili du fer dipend de celle de la mine. Rien n'esl l)lus mal fonde que cctte opinion ; e'est au conlraire uniquemenl de la con- duite du feu et de la manipulation de la nn'ne que depend la bonne ou la mauvaise qualile de la fonte, du fer et de lacier. 11 faut encore bannir un un autre prejuge : c'est (\u' on peul ne peut avoir del'acier quen le tirant du er; landis quil est Ires-possible au conlraire d'en tirer immediatemenl de loutes sortes de mines. On rejettera done en consequence les idees de M. Yonge et de quelques autres chimisles qui ont imagine qu'il y avail des mines qui avaienl la qualile parliculierc de pouvoir donner de I'acier h Tex- clusion de loutes les autres. Une Iroisiemc verile que jai recueillie de mes experiences, c'est que toules nos mines de fer en grains, lelles que celles de Bourgogne, de Champagne, de Franche-Comle, de Lorraine, du Nivernois, de I'Angoumois, etc., c'esl-a-dire presque toutes les mines donl on fait nos fers en France, ne contiennenl point de soufre comme les mines en roche de Suede ou d'Al- lemagne, el que par consequent elles nonl pas besoin d'etre grillees, ni traitees de la meme maniere.Le prejuge du soufre contenu en grande quan- lite dans les mines de fer nous est venu des nielallurgistes du Nord, qui, ne connaissanl que leurs mines en roche qu'on lire de la terre, a de gran- des profondeurs, connne nous lirons des pierres dune carrierc, ont imagine que loutes les mines de fer etaienl de la meme nature, el contenaient, comme elles, une grande quanlite de soufre. Et comme les experiences sur les mines de fer sonl ires-diniciles a faire, nos ehinnsles sen sonl rapporles aux melallurgistcs du Nord,et ont ecrit, comme eux, qu'il y avail beaucoup I PAKTIE EXPERliMENTALE. 489 de soiifre d;ins nos mines de fer; tandis que loules les mines en grains que je viens de ciler neii eontiennenl point du lout, ou si peu quon n'en sent pas I'odeur de quelque fagon qu'on les brule. Les mines en roehe ou en pierre, dont j'ai fait venir les echanlillons de Suede et d Allemagne, repan- dent au contraire une forte odeur de soufre lorsquon les fait grillcr, et en contiennent reellenient une tres-grande quanlite, dont il ftut les depouiller avant de les metlre au fourneau pour les fondre. Et de la suit une quatrieme verite tout aussi inteiessante que les autres : c'est que nos mines en grains valent niieux que ces mines en roche tant vantees, et que si nous ne faisons pas du fer aussi bon ou meilleur que celui de Suede, c'est purement notre faute, et point du tout celle de nos mines, qui toutes nous donneraient des fers de la premiere qualite, si nous les traitions avec le meme soin que prennent les etrangers pour arriver k ce but; il nous est meme plus aisc de 1 atleindre, nos mines ne demandant pas, a beaucoup pres, autant de Iravaux que les leurs. Voyez dans Swedcnborg le detail de ces travaux : la seule extraction de la plupart de ces mines en rocbe, quil faut aller arracher du sein de la lerre h trois ou quatre cents pieds de profondeur, casser k coups de marteau, de masse et de levier, enlever cnsuite par des machines jusqu'i la hauteur de terre, doit coiiler beaucoup plus que le tirage de nos mines en grains, qui se fait pour ainsi dire a fleur de terrain, et sans autre instrument que la pioche et la pelle. Ce premier avantage nest pas encore Ic plus grand; car il faut reprendre ces quartiers, ces morceaux de pierres de fer, les porter sous les maillets dun bocard pour les concasser, les broyer et les reduiro au meme etat de divi- sion oil nos mines en grains se trouvent naturellement; et, comme cetle mine concassee contient une grande quantite de soufre, elle ne produirail que de tres-mauvais fer si on ne prenait pas la precaution de lui enlever la plus grande parlie de ce soufre surabondant avant de la jeter au fourneau. On la repand, a cet elfet, sur des buchcrs d'une vaste etendue, oii elle se grille pendant quelques scmaines. Celte consommation tres-considerable de de bois, jointe a la diHiculte de lextraction de la mine, rendrait la chose ini- pralicable en France, a cause de la cheretc des bois. Nos mines, hcureu- sement, nontpas bcsoin d'etre grillees, et il suflii de les lavcr pour les sepa- rer de la tcrre avec laquelle elles sont melees; la plupart se trouvent a quelques pieds de profondeur; I'exploitalion de nos mines se fait done b beaucoup moins de frais, et cependant nous ne profitons pas de tons ces avantages, ou du moins nous nen avons pas prolite jusqu'ici, puisque les etrangers nous a()portent leurs fers qui leur coiitent tant de peines, et que nous les achetons de preference aux nolres, sur la reputation (juils onl d'etre de meilleure quality. Ceei licnt a une ciiKiuicme verite qui est plus morale que physique : c'est qu il est plus aise, plus siir et plus profitable de faire, surtout en ce genre, de la niauvaise marchandisc que de la bonne. II est bien plus com- mode de suivre la routine qu'on trouvc elablic dans les forges, que de clier- 490 INTRODUCTION A LIIISTOFRE DI-.S MINERAUX. clier a en perfeclionncr lait. Poiirquoi voiiloir ("aire do bon for? disonl la nliipart dcs mailrcs de forges; on ne le vcndra pas une pistole au-dossiis du for comniun, el il nous rcviendra peul-etre a trois ou qualre de phis, sans compter les risques et les frais des experiences et des essais qui nc reus- sisscnt pas tons & beaucoup pros. Malheureusemcnt cela n'est que trop vrai; nous ne profitorons jamais de lavantage naturel de nos mines, ni memo de noire intelbgcnce,qui vaut bion celle dcs clrangcrs,tanl que legouvernemenl nc donnera pas a cet objct plus daltention , lant qu'on ne favorisera pas le petit nombre de manufactures ou ion fail de bon fer, et qu'on permctira lenlrce des fcrs clrangers. II me scmble que Ion pent demontrer avee la derniere evidence Ic tort que cela fait aux arts el a lEtat ; mais je m'ccarlc- rais irop de mon sujet si jentrais ici dans celle discussion. Tout ce que je puis assurer comrac une sixieme verito, c'cst qu'avec toules sories de mines on pent loujours obtenir du fer de memo qualitc. J'ai fait bruler et fondre suecessivomoni dans mon plus grand fourneau, qui a vingt- trois pieds de hauteur, sept espcces de mines differentes, tiroes a deux, trois , ci qualre licues de distance les unes des autres, dans des terrains lout dilTe- rcnls, les unes en grains plus gros que des pois, les autres en grains gros comme dcs chevrotines, plomb a licvre, ot les autres plus menues que le plus petit plomb a tirer; et do ces sept difTorentes espcces de mines dont jai fait fondre plusieurs ccntaines de milliers, j'ai loujours eu le memo for. Ce fer est bien connu, non-seulemont dans la province de Bourgogne ou sonl siluecs mes forges, mais memo a Paris, ou sen fait Ic principal debit, et il est rcgarde commc de Iros-bonne qualile. On serail 'done fonde a croire que j'ai loujours employe la meme mine, qui, loujours iraitee de la meme facon, m'aurait donne constamment le meme produit; landis que, dans Ic vrai, j'ai use de toules les mines que jai pu dccouvrir, et que ce n'est quen vortu des precautions el des soins que jai pris do les iraiterdin'oremmont, que je' suis parvenu a on tirer un resullat semblabic el un produit de la meme qualile. Voici les observations et les experiences que j'ai failes a ce sujol ; dies seronl utiles el monio ncccssaircs a tons ceux qui voudront con- naitrc la qualile dcs mines quils cmploiont. Nos mines de fer en grain ne se Irouvenl jamais pures dans le sein de la lerre ; toules sonl melangoos d'une certaine quanlite de terrc qui peul sc delayer dans loan, cl d'un sable plus ou moins fin, qui, dans de ocrtaincs mines, est do nature calcaire, dans daulres dc nature vitridablc, cl quclque- fois melee de Tune el de lautre ; jo n'ai pas vu qu'il y cut aucun autre me- lange dans les sept espcces de mines que j'ai traitees el fondues avee un ogal succes. Pour reconnailro la quanlite de terrc qui doit sc delayer dans leau, Cl que ion pent osperor de soparcr dc la mine au lavage, il faul on pescr une petite quanlilo dans letal meme ou elle sort de la lorro, la fairc onsuitc sccher, el mellre on compte lepoids de I'eau qui se sera dissipc^cpar le dessechement. On nicllra celle lerre sechce dans un vase que Ion remplira dcau, eton la remuora; dcs quo I'eau sera jaune ou bourbcusc, on la vrr- I'AKTIE EXPEUIMENTALE. M\ sera dans iin autre vase plal pour en faire evaporer leau par le moyen du feu; apres levaporation, on metlra a pari lo rcsidu lerreux. On rcilcrcra cetle nienie manipulation jusqua cc que la mine ne colore plus leau quon verse dessus; ce qui n'arrive Jamais quapres un grand nombre de lotions. Alors on reunit ensemble tons ces residus lerreux, ct on les pese pour recon- nailre leur quanlite relative a celle de la mine. Celte premiere partie du melange de la mine etanl connue et son poids constate, il restera les grains de mine et les sables que I'eau n'a pu delayer : si ces sables sont calcaires, il faudra les faire dissoudre a Teau-forte, et on en connailra la quanlite en les faisant precipiter apres les avoir dissous; on les pesera, et des lors on saura au juste combien la mine conlient de terre, de sable ealcaire, ct de fer en grains. Par exemplc, la mine dont je me suis servi pour la premiere experience de ce Memoire contenail par once un gros et demi do terre delayee par lean, un gros cinquante-cinq grains de sable dissous par leau forte, trois gros soixante-six grains de mine de fer, et il y a eu cinquante-neuf grains de |)erdus dans, les lotions el dissolutions. C'est M. Daubcnton, de I'Academie des Sciences, qui a bien voulu faire celte experience a ma priere, ct qui Ta faite avec toute rexactitude qu'il apporlc a tons les sujcls quil traite. Apres celte epreuve, il faut examiner allentivcment la mine dont on vicnt de separcr la terre et Ic sable ealcaire , et taclicr de reconnaitre, a la seulc inspection, s'il nc se trouve pas encore, parmi les grains de fer, des parli- culcs daulres matieres que Teau forte n'aurait pu dissoudre, et qui par con- sequent nc seraicnt pas calcaires. Dans eelle dont je vicns de parlor, il n y en avail point du tout, et des lors jclais assure que sur une quanlite de cinq centsoixanlc-scizc livres dc celle mine, il y avail deux cent quatrc-vingt-deux parties de mine de fer, cent vingt-sept dc maliore ealcaire, et le rcsle dc terre qui pout se delayer a lean. Celle connaissancc une fois acquisc, il sera aise d'en tirer les procedes quil faut suivre pour faire fondre la mine avec avanlage et avec certitude d'en obtenir de bon fer, comme nous le dirous dans la suite. Dans les six aiitres especes de mine que j'ai employees, il s"en est Irouvc qualre dont le sable nelait point dissoluble a leau forte, et dont, par con- sequent, la nature nelait pas ealcaire, mais vitrifiable; et les deux autres, qui ctaienl a plus gros grains de fer que les cin(i premieres, conlcnaicnt des gravicrs calcaires en assez petite (pianlite, ct de pctils cailloux nrroiulis, qui etaient de la nature dc la ealccdoinc, el qui resscmblaicnt par la forme aux chrysalides des fourmis : les ouvriers employes a rexlraction et au lavage dc mes mines les appelaicnt opufs de fourmis. Chacune de ces mines exigc une suite dc procedes differents pour les fondre avec avanlage el pour en tirer du fer de mcme qualite. Ces procedes, quoique assez simples, nc laissent pas dexiger une grandc attention ; comme il s'agit dc iravailler sur des milliers de quinlaux de mine, on est force dc chcrcbcr tous les moyens, ct tic prendre toutcs les voies qui 492 INTRODUCTION A L HISTOIRE DES MINERAUX. peuvent aller ^ rcconoinie : jai acquis sur cela dc Texperiencc k nies de- pens, ctje tie fciai pas mention des methodes qui, quoique plus precises et meilleures que celles dont je vais parler, seraient trop dispendieuses pour pouvoir etre mises en pratique. Comme je nai pas eu d'autre but dans mon travail que colui de lutilite publique, j'ai tachc dc reduire ces precedes a quelque chose dasstz simple pour pouvoir etre entendu et execute par tous les maitres de forges qui voudront faire de bon fer; niais neanmoins en les prevenant d'avance que ce bon fer leur coutera plus que le fer commun quils ont coulume de fabriquer, par la mcme raison que le pain blanc coute plus que le pain bis; car il ne sagii, dc nieme, que de cribler, tirer et separer le bon grain de toutes les matieres heterogenes dont il se trouve melange. Je parlcrai ailleurs de la rc(;herclie et de la decouverte des mines : mais je suppose ici les mines toutes Irouvees et tirccs; je suppose aussi que, par des epreuves seniblablcs h celles que je viens dindiquer, on connaisse la nature des sables qui y sont melanges. La premiere operation qu'il faut faire, c'est de les transporter aux lavoirs, qui doivent etre dune construction dilTercnte selon les differentes mines : celles qui sont en grains plus gros que les sables quelles conliennenl doivent etre lavecs dans des lavoirs fences de fer et perces de petits irous comme ceux qu'a proposes M. Robert *, et qui sont tres-bien imagines; car ils servent en meme temps de lavoirs et de cribles; lean enmicne avec die toute la terre qu'elle peut delayer, et les sa- blons plus menus que les grains dc la mine passent en meme temps par les petits Irous dont le fond du lavoir est pcrce; et dans le cas ou les sablons sont aussi gros, mais moins durs que le grain de la mine, le rable de fer les ecrase, et ils tombenl avec leau au-dessous du lavoir; la mine reste nette et assez pure pour qu'on puisse la fondre avec economic. Mais ces mines, dont les grains sont plus gros et plus durs que ceux des sables ou petits cailloux qui y sont melanges, sont assez rares. Des sept especes de mines que j'ai eu I'occasion de trailer, il ne s'en est trouve qu'une qui fut dans le cas d'etre lavee h ce lavoir, (|ue jai fait executor et qui a bion reussi; cette mine est celle qui ne conlenait que du sable calcaire, qui conmmnemenl est moins dur que lo grain de la mine. Jai neanmoins observe que les rabies de fer, en frotlant contre le fond du lavoir, qui est aussi de fer, ne lais- saicnt pas d ecrascr une assez grande quantite de grains de mine, qui, des lors, passaient avce le sable et tombaient en pure perte sous le lavoir, ctje crois eette perle inevitable dans les lavoirs fonces de fer. Dailleurs, la quan- tite de castine que M. Robert etait oblige de meler h ses mines, et qu'il dit etre dun tiers de la mine, prouve quil restait encore apres le lavage une portion considerable de sablon vitrifiable ou de terre vilrescible dans ses mines ainsi lavees; car il n'aurait eu besoin que dun sixicme ou meme dun huitieme de castine, si les mines cussent ete plus cpurees, c'est-cH-dirc * Mclliode pour lavcr le^ mines dc fer : in- 18 Paris, 1757. I PARTIE EXPERIMENTAL!:. 495 plus depoiiillees de la terre grasse ou du sable vilrifiable qu'elles conlc- naicnl. Au restc, il netail pas possible de se scrvir de ce meme lavoir pour les au- tres six especes de mines que jai eu a trailer ; de ces six, il y en avail qualre qui se sent trouvees melees d'un sablon vilreseible aussi dur el meme plus dur, el en meme temps plus gros ou aussi gros que Ics grains de la mine. Pour epurer ces qualre especes de mines, je me suis servi de lavoirs ordi- naires et (onces de bois plein, aree un couranl deau phis rapide qua lor- dinaire : on les passait neuf fois de suite a leau ; el, a mesure que le cou- rant vif de leau emporiail la terre el ic sablon le plus leger et le plus petit, on faisail passer la mine dans des criblcs de (il de fer assez serres pour rc- lenir tous les pctits eailloux plus gros que les grains de la mine. En lavanl ainsi neuf fois, et criblant trois fois, on parvenait a ne laisser dans ces mines qu'environ un einquieme ou un sixieme de ces petits eailloux ou sablons viirescibles, et c'etaient ceux qui, etanl de la meme grosseur que les grains de la mine, etaienl aussi de la meme pesanteur, en sorte quon ne pouvait les separer ni par le lavoir ni par le crible. Apres celle premiere preparation, qui est tout ce quon peut faire par le moycn du lavoir el des cribles a I'eau, la mine etait assez nelte pour pouvoir etre mise au fourneau : et comme elle elail encore melangee d'un einquieme ou dun sixieme de matieres vi- irescibles, on pouvait la fondre avec un quart dc casline ou maliere caleaire, et en oblenir de tres-bon fer en menageanl les charges, c'est-^-dire en met- lant moins de mine que Ton n'en met ordinairement : mais, comme alors on ne fond pas a profit, parce qu'on use une grande quantite de cbarbon, il faut encore tacher depurcr sa mine avant de la jeler au fourneau. On ne pourra guere en venir a bout quen la faisanl vanner et cribler a I'air comme Ion vanne el crible le ble. J'ai separe par ces moyens encore plus d'une moilic des matieres beterogenes qui restaientldans mes mines; et, quoique cette derniere operation soil longue et memo assez diflicile a cxeculer en grand, j'ai rcconnu, par Icpargne du cbarbon, quelle etait profitable : il en coulait vingt sous pour vanner et cribler quinze cents pesanl de mines; mais on epargnait au fourneau Irentc-cinq sous de cbarbon pour la fondre. Je crois done que, quand celle pratique sera connue, on ne manqucra pas dc ladopler. La seule difliculle quon y Irouvera, cest de faire secher assez les mines pour les faire passer aux cribles et les vanner avantageusement. II y a tres-peu de matieres qui retiennenl Ibumidite aussi longtemps que les mines de fer en grains * : une seule pluie les rend humides pour plus ' Pour n connailre la quantite d'huinidite qui reside dans la mine de fer, j'ai fail sc- clier el, pour ainsi dire, [jriller dans un four tres-chaud, trois cents livres de celle qui avait etc !a mleiix lavee .t qui s'clait d.;ja seclac A I'air; et ayant peso ccUe mine au sorlir du four, elle ne pesait plus que deux cent cinqnantc-deux Ijvrcs : ainsi la quantite de la maliere humide ou volatile que la chaltur lui enlevc, est. a Ires-p, u pies, d'un sixieme de son poids lolal ; et je suis pcrsuadt- que, si on la (jrillait a uu feu plus violent, elle perdrait I'ncore plus. 494 INTRODl CTION A L IIISTOIRE DES MINERAUX. iluti mois. 11 faut done des hangars couveils pour les deposcr; il faul les olcndro par pciilcs couches de irois ou qualre pouccs d'epaisseur, les re- niuer les exposer au soleii ; en un mot, les secher aulanl quil est possible; sans cela le van ni le crible ne peuvenl faire leur effet. Ce n'est qu'en ele qu'on pent y travaillcr ; cl, quand il sagit do faire passer au crible ipiinze ou dix-huit cents milliers dc mine, que Ion brulc au fourneau dans cinq ou six niois on sent bicn que le temps doit toiijours manquer, et il manque en effet- car je n'ai pu, par ehaque ete, faire iraiter ainsi qu'environ cinq ou six cents milliers. Cepcndant, en augmentant I'espace des hangars, et en doublanl les machines et les hommcs, on en vicndrait a bout ; et Icconomie (inon trouvcrail par la moindre eonsommation de charbon dedommagerait, cl au dela, de tous ces frais. On doit trailer de meme les mines qui sont melangees de graviers cal- caires et de petit cailloux ou de sable vitrescible; en separer le plus que Ion pourra dc cette secondc maliere, a laquelle la premiere sert dc fondant, cl que, par cette raison, il n'cst pas necessaire d'oter, h moins qu'elle ne fut en irop grande quantilc. J'en ai travaille deux de cette espece; elles sont plus fusibles que les autres, parce qu'elles contiennent une bonne (]uantilc de casline, et quil ne leur en faut ajouler que pen on meme point du tout, dans le cas oil il n'y aurait que pen ou point de matieres viresciblcs. Lorsque les mines de fer ne contiennent point de matieres vitreseibles et ne sont melangees que de matieres calcaires, il faut lacher dc reconnaitrc la proporlion du fer ct dc la maticre calcaire, en separant les grains de mine un a un sur une petite quantite, ou en dissolvanl a leau forte les parties calcaires, commc jc lai dit ci-devant. Lorsqu'on se sera assure de cette pro- portion, on saura tout ce qui est necessaire pour fondre ces mines avec sue- ces. Par exemple, la mine qui a servi i la premiere experience, et qui eon- tcnait un gros cinquante-cinq grains dc sable calcaire, sur trois gros soixante-six grams de fer en grain, et dont il s'elait perdu cinquante-neuf grains dans les lotions et la dissolution, etait par consequent melangee d'en- viron un tiers dc casline ou de maliere calcaire, sur deux tiers de fer en grains. Cette mine porte done naturellement sa casline; el on ne pent que gater la fonle, si on ajoule encore de la maliere calcaire pour la fondre : il faul, au contrairc, y mcler des matieres vitreseibles, ct choisir celles qui se fondcnt le plus aisement. En mellant un quinzicme ou meme un seizieme dc terrc vitrescible, qu'on appclle aubue, jai fondu ccltc mine avec un grand succes, et elle ma donnc dexeellent fer; tandis qu'en la fondant avec une addition de casline, commc c'etait I'usage dans le pays avant moi, elle ne produisait qu'unc mauvaise fonte, qui cassart par son propre poids sur les rouleaux, en la conduisant a rafiinerie. Ainsi, toutes les fois qu'une mine de fer se trouve naturellement surchargee dune grande quantite de matieres calcaires, il faul, au lieu dc casline, employer de Taubue pour la fondre avec avantage. On doit prcferer cette terre aubuc a toutes les autres matieres vitreseibles, parce qu'elle fond plus aisement quo le caillou, le PARTII' EXPERIMEiM ALE. 493 sabie crisluUiii el les aulros nialiores clii genre vilrifiablc, qui pounaieiU faire lo memo elTel, mais qui cxigcraicnl plus do eliarbon pour sc fondre. Dailleurs, cede Icrrc aubue se trouve pres(|uc |)artout, el est la icrrc la plus commune dans nos canqiagnes. En se fondanl, elle saisit les sablons calcaires, les penetre, les ramollit et les fait couler avec elle plus promptc- mont que nc pourrait Ic faire le petit caillou ou le sable vitrcscible, auxquels il faut beaucoup plus de feu pour les fondre. On est dans I'erreur lorsquon croit que la mine de fer ne pent se fondre sans castine : on pent la fondre, non-seulemenl sans castinc, mais meme sans aubue el sans autre fondanl lorsquelle est nelte et pure : mais il est vrai qualors il se brule une (|uantile assez considerable de mine qui tombc en mauvais laitier, el qui diminue le produit de la fonle, II s'agit done pour fondre le plus avantageusement quil est possible, de Irouver d"a- bord quel esl le fondanl qui convient a la mine, et ensuile dans quelle proportion il faul lui donner ee fondanl pour quelle se converlisse enlierement en fonle de fer, el qu'elle ne bride pas avant d'enlrer en fusion. Si la mine est melee d'un tiers ou dun quart de matieres vitres- ciblcs, el quil ne s"y irouve aucune maliere calcaire, alors un demi-tiers ou un demi-quart de matieres calcaires suffira pour la fondre; et si, au con- iraire, elle se trouve naturellemenl molangee dun tiers ou dun quart de sable ou de gravier calcaire, un quinzieme ou un dix-buiticme daubuc suf- fira pour la faire couler et la preserver de Taction trop subite du feu, qui ne manquerait pas de la brider en parlie. Onpecbe prcsque partout par Icxces de castinc quon met dans les fourneaux; il y a niemc des mailrcs de eel an assez peu inslruils pour mcllre de la castine et de laubuc tout ensemble ou separemcnl, suivant quils imaginent que leur mine esl irop froide ou trop cbaude : landis que, dans le reel, toules les mines de fer, du moins loutes les mines en grains, sont egalement fusiblcs, el nc different les unes des aulres que par les matieres dont eilcs sont melangecs, el point du lout par Icurs qualiles inlrinseques, qui sent absolument les memes, et qui m'onl demonlre que le fer, comme lout autre metal, est un dans la nature. On reconnailra par les lailiers si la proportion dc la castine ou de laubue que Ion jclle au fourncau peclie par exces ou par defaul : lorsque les lailiers sont trop legcrs, spongieux el blancs, prcsque semblables k la picrre ponce, e'esl une preuve cerlaine qu'il y a trop de maliere calcaire; en diminuanl la quanlile de celle maliere, on verra le lailicr prendre plus de solidile, el former un verre ordinairemenl de couleur vcrdalre,qui file, s'etend el coule lenlemcnl au sorlir du fourncau. Si au conlraire le laitier est visqucux, s'il nc coule que ires-didicilement, s'il faul larracber du sommel de la dame, on pent etre sur qu'il ny a pas assez de castine, ou peul-clre pas assez dc cbarbon proporlionncllemonl a la mine; la consislance et meme la couleur du lailier sont les indices les plus surs du bon ou du mauvais elat du four- ncau, el de la bonne ou mauvaise proportion des matieres qu on y jetle : il faul que Ic lailier coule scul el forme un ruisseau lent sur la pcnle qui 496 INTRODUCTION A L'lIISTOFRE DES MINERAUX. s'elend dii sommet de la dame an terrain; il faulque sa couleur nc soil pas dun rouge frop vif ou trop fonce, mais dun rouge pale el blancliatre; et lorsqu'il est refroidi, on doit (rouver un verre solide, transparent et verdalre. aussi pesant et meme plus que le verre ordinaire. Rien ne prouve mieux le mauvais travail du fourneau, ou la disproportion des melanges, que les laitiers trop legers, trop pesansl, trop obscurs; et ceux dans Icsquels on remarque plusieurs pelits trous ronds, gros comme les grains dc mine, ne sont pas des laitiers proprement dits, mais de la mine briilcc qui ne s'est pas fondue. II y a encore plusieurs attentions necessaires, et quelques precautions a prendre pour fondrc les mines dc fer avee la plus grande economic. Je suis parvenu, apres un grand nombre d'essais reiteres, a ne consommer qu'une livre sept onces et demie, ou tout au plus une livre huit onces de charbon pour une livre de fonte; car, avee deux mille huit cent quatre-vingts livres de cliarbon, lorsque mon fourneau est pleinement anime, jobtiens constam- ment des gucuses de dix-huit cent soixante-quinze, dix-neuf cents et dix- neuf cent cinquante livres, et je crois que e'est le plus haut point d'econo- mie auquel on puisse arriver : car M. Robert, qui, de tous les maitres de cet art, est pcul-ctre eclui qui, par le moyen de son lavoir, a la plus epurc ses mines, consommait neanmoins une livre dix onces de charbon pour chaque livre de fonte, et je doute que la qualite de ses fontes fiit aussi par- faite que celle des miennes; mais cela depend, comme je viens de le dire, d'un grand nombre d'observations et de precautions dont je vais indiquer les principales. l" La cheminee du fourneau, depuis la cuve jusqu'au gueulard, doit etre circulaire et non pas a huit pans, comme elait le fourneau de M. Ro- bert, ou carree comme le sont les cheminccs de la plupart des fourneaux en France. II est bien aise de sentir que, dans un carre, la chaleur se perd dans les angles sans reagir sur la mine, et que par consequent on brule plus de charbon pour en fondre lu meme quantite. 2" L'ouverture du gueulard ne doit etre que de la moitie du diametre de la largeur de la cuve du fourneau. J'ai fait des fondagcs avee de tres-grands et de tres-petits gueulards; par exemple, de trois pieds ct demi de diametre, la cuve n"ayant que cinq pieds de diametre, cc qui est a peu pres la propor- tion des fourneaux de Suede; et j'ai vu que chaque livre de fonte consom- mait pres de deux livres de charbon. Ensuite, ayant rctrcci la cheminee du fourneau, et laissanl toujours a la cuve un diametre de cinq pieds, j'ai rcduit la gueulard a deux pieds de diametre; et, dans cc fondage, j'ai consomme une livre treize onces de charbon pour chaque livre de fonte. La proportion ((ui m'a le mieux reussi, et h laquelie je me suis tenu, est celle de deux pieds et demi de diametre au gueulard, sur cinq pieds a la cuve, la chemi- nee formant un cone droit, partant sur des gucuses circulairos depuis la cuve au gueulard, le tout conslruit avee des briques capables de rcsister au plus grand feu. Je donnerai ailleurs la composition de ces briques et les PAUTJE li\P^:UlMJM^TALE. /p«)7 details de la coiistruclion dii fourneau, qui est toiite difTcieiite dc ce qui s'esl pratique jusqu ici, surtout pour la paitic qu'on appclle I'ouvrarje dans h fourneau. 3" La manicrc de charger le fourneau nc laisse pas dinducr beaucoup plusquon ne croit sur le produit de la fusion. Au lieu de charger, comme cest lusage, toujours du cote de la rustine, et de Uiisser couier la mine en pente, de nianiere que cc cole de rustine est constanimenl plus charge que les aulres, 11 faut la placer au milieu du gueulard, lelever en cone ohlus, et nc jamais interrompre le cours de la flammo, qui doit loujours cnvelop|)er le las de mine tout autour ct domicr conslammcnt le mcmc degre de feu. Par exemple, jc vais charger communemenl six paiiicrs de charhon de quarante livres chacun, sur huit mesures de mine dc cinquanle-cinq livres chacunc, et jc fais couier a douze charges; joblicns comnumement dix-ncuf cent vingl cinq livres de fonte de la mcillcurc qualile. On commence, comme partout aillcurs, a mcllre le charhon; j'ohserve seulcmcnt de nc me servir au fourneau que de charhon dc hois de clicne, el jc laisse pour les allineries le charhon des bois plus doux. On jclle dahord cin(| paniers dc cc gros charhon de bois de chene, ct le dernier panicr ipion impose sur les cin(| autrcs doit elre d un charhon plus menu, que Ion enlasse el brise avec un rable, pour qu il rcnqilisse cxaciciuent les vidcs que laissent enlre eux les gros cbarhons. Celtc precaulion est nccessaire pour (pie la mine, donl les grains sont Ires-menus, ne perce pas irop vitc, ct narrive pas Irop lot au has du fourneau. Cest aussi par la meme raison qu'avanl dinqjoscr la mine sur cc dernier charhon, qui doit elre non pas a fleur du gueulard, mais a deux pouccs au-dessous, il faut, suivant la nature de la mine, reprendre une portion de la castine ou de I'aubue, nccessaire a la fusion, sur la surface du charhon : cette couche de maliere soutienl la mine ct rempeche de percer. Ensuitc, on impose au milieu de rouverture une mesure de mine (|ui doit elre mouillce, non pas assez pour lenir a la main, mais assez pour que les grains aient entre eux quelque adherence, et fassent quelques peliles pelo- les. Sur ccllc premiere mesure de mine on en met une scconde, el on re- leve le tout en cone, de maniere que la llamnic renveloppe en enlicr ; el, s'il y a quelques points dans cette circonferencc oii la flamme ne perce pas, on enfonce un petit rit)gard pour lui donner jour, a(in den enlretenir lega- lile lout autour de la mine. Quelques minutes apres, lorsque le cone de mine est alTaissc de moilie ou des deux tiers, on inqwse dc la meme facon une troisicme ct une qualricme mesure, quon rclcvc de meme, et ainsi de suite jusqu'a la huilieine mesure. On enqiloie ([uinze ou vingt minutes a charger successivement la mine; celle maniere est meillcure et bien plus prolitabic que la facon ordinaire qui est en usage, par laquelle on se prcsse de jelcr, ct toujours du meme cole, la mine tout ensemble en nioins dc Irois ou quatrc minulcs. 4" La eonduile du vent conlribuc beaucoup a laugmenlalion du produit dela mine el dt; IVpargnc du (li.uln.ii. II laul, d.uis Ic commeiiirmenl du ii iirruN, turn. ii. 498 INTRODUCTION A L'llISTOHlE DES MINERAUX. fondagc, doniicr Ic iiioins de vent qii'il est possible, c"est-a-dire a pen pres six coups dc soufflols par minute, el augmenter pcu a pen le nionve- mcnt pendant les qninze premiers jours, an bout desqncis on pent aller jus- qua onze cl memo jnsqu'a douze coups de soufllcts par minute; mais il faut encore que la grandeur des soufllels soit i)i-oporiionnee a la capaeile du fourncan, et que loridee de la tuyere soil place d un tiers plus pres de la rusline (pie de la tynq)e, alin (juc Ic vent ne se porle pas trnp du cote dc i'ouverture qui donne passage au laitier. Les buses des sonfTlets doivent eire posecs a six ou sept pouces en dedans de la tuyere, ct le milieu du creuset doit se trouver a Taplomb du centre du giiculard ; de celte mnnicre le vent circulc a pen pres egaleineni dans loule la cavite du fourncan, ct la mine descend, pour aiusi dire, a plomb, et ne sattachc que tres-rarcment et en petite quanlite aux parois du fourneau : des lors il sen hrule Ircs-peu, et Ion e\ile les embarras (|ui se furment souvent par colic mine attacliec, el les bouillonnements qui arrivenldans le creuset lorsqu'clle vienl a sc de- taeber el y tond)er en masse. iMais je renvoie les details de la construction el dc la conduile des fourneanx a un autre Mcmoire, parcc que ce sujet exige une trcs-longue discussion. Je pense que j"en ai dit assez |)our que les maitres de forges puissent m'enlendre, et changer ou pcrfectionner leurs melbndes d'apres la mienne. Jajouterai sculemcnl que, par les nioyens anterieure du nioiile de la gueuse; on casse le petit morccau lorsipi'on la sort du moule, et on I'enveloppe dun niorceau de papier portanl le nicme numero que celui de la gueuse. Jai de cbacun de mes fondagcs deux ou trois cents de ces morceaux numerotes, par lesquels je connais non-seulcmenl le grain el la couleur dc mes fonles, mais aussi la difference de leur pesanlcur spccifique, et par la je suis en etat de proiioiicer il avance sur la qualile du fer que cbaque gueuse produira ; car, quoique la mine soil la meine el quon suive lesmemes procedes au fourneau, le changement de la temperature de Tair, le haussement ou le baissemenl des eaux, le jeu des soulllels plus ou PARTIE EXPERIMENTALE. 503 moins snutcnii, les rctnrdcmonts causes par Ics glacos ou par qnelquc acci- dent aiix roues, aux liarnais ou a la tuyeie el au creusel du I'ourneau, ren- dent la lonte assez (liUcicnle dclle-iueuie pour quoii soil force den faire un choix, si Ion veut avoir du fer tonjours de la nieme qualite. En general, il faut, pour quil soil dc eelle bonne (pialite, que la coulcur de la fontc soil dun giis un peu brun, que le giaiii en soil presque aussi fin que celui de lacier cominun, que le poids si)eci(i(pic soil d'environ cinq cent qnatre ou cinq cent cinq livres par pied cube, cl quen inenie temps elle soil dune si grande resistance, quon ne puisse casser les gueuses avee la masse. Tout le nionde sait que qnand on connncncc un Ibndagc, on ne met d'a- bord quune petite quantitc de mine, un sixieme, un cintpiieme et lout au plus un (jiiarl de la quantite quon niellra dans la suite, et qu'on augmente peu a peu cctte premiere quantite pendant les premiers jours, parce qu il en faut au moins quinze jjour (pic le fond du fourneau soil echauffe. On donnc aussi assez peu de vent dans ces commencements, pour ne pas de- truire le crcu^et et les etalages du fourneau en leur faisant subir une clialeur trop vivc et trop subite. 11 ne faut pas compter sur la qualite des fontes que Ion tire pendant ces premiers quinze ou vingt jours; commc le fourneau nest pas encore regie, le produit en varie suivant les differentes eircon- stanccs : mais, lorsipie le fourneau a acquis le degre de clialeur suflisant, il faut bien examiner la fonte, et sen tcnir a la (piantiie de mine qui donnc la meilleure; une mesure sur dix suflit souvcnt pour en changer la qualite. Aussi, Ion doit tonjours se tenir au-dessous de ce que Ion pourrail I'ondre avec la memc (pianlile de cliarbon, qui nc doit jamais varier si Ion conduit liicn son fourneau. Mais je reserve les details de eelle coiiduile du fourneau, et tout ce qui regarde sa forme et sa consiruclion, pour larticle ou je trai- tcrai du fer en parliculier, dans riiistoiie des miiieraux, et je me bornerai ici aux choses les plus generales et les plus essenlielles de la fusion des mines. Le fer etant, commc je lai dit, tonjours de meme nature dans loutes les mines en grains,on sera done sur, en les ncltoyanl et en les trailant comme je viens de ic dire, d'avoir toujours de la fonte dune bonne et mcine qua- lite; on le reeonnaitra non-seuleinent a la couleur, a la finesse du grain, a la pesanleur specilique, ninis encore a la lenacile de la maliere : la mau- vaisc fonte est trcs-cassaiile : el si I (sn \eul en faire des plaques minces et des coles de chemince, le seul cou[) de lair les fait fendre au moment que ces pieces commeneenl a se refroididir, au lieu que la bonne fonte ne casse jamais, quelque mince qu'elle soil. On pent meme reconnaiire au son la bonne ou niauvaise ijualite de la fonte : cell.- qui sonne le mieux est tou- jours la plus mauvaise, et lorsquon veut en faire des cloches, il faut, pour quelles resistent a la percussion du ballanl, leur donner plus depaisseur (juaux cloches dc bronze, et choisir de preference une mauvaise fonte, car la bonne sonnerail mal. Au reste, la fonle de fer n'est point encore un metal : ce n'est qu'une 504 INTnODUCTION A L'IMSTOIRE DKS MINERAUX. licre melee de fer et de voire, (jiii est bonne on niaiivaise, suivanl hi quan- lite doniinante de run ou de lautic. Dans tonics les fontes noires, brunes et grises, dont le grain est (in el scrre, il y a beauconp pUis de fer que de verre ou dautre niatiere helerogene. Dans toutes les lontes blanches, ou I'on voit plutot des hnmes et des ecailles que des grains, le verre est peut- elre plus abondant que le fer; c'est par cctte raisoii qudles sont plus legeres et tres-eassanles : le fer qui en prov-ent conserve les memes qualites. On pent a la verile corriger un pen cette mauvaise qualite de la fonte par la maniere de la trailer a laflincrie; mais I'art du marteleur est, comme celui du fondeur, un pauvre petit nielier, dont il n"y a que les maitres de forges ignorants qui soient dupes. Jamais la mauvaise fonte ne peut produire d'aussi bon fer que la bonne; jamais le marteleur ne peut reparer pleine- ment ce que le fondeur a gate. Cette maniere de fondre la mine de fer et de la faire couler en gueuses, c'est-a-dire en gros lingols de fonte, qnoique la plus gcnerale, nest peut-etre pas la meilleure ni la moins dispendieuse. On a vu, par le rosultat des experiences que j'ai citees dans ce Memoire, qu'on peut faire dexcellent fer, et meme de tres-bon acier, sans les faire passer par I'etat de la fonle. Dans nos provinces voisines des Pyrenees, en Espagne, en Italic, en Styrie et dans quelques autres endroits, on lire immedialement le fer de la mine sans le faire eouler en fonle. On fond, ou plutot on ramollit la mine sans fondant, c'est-a-dire sans castine, dans de petils fourneaux dont je parlerai dans la suile; et on en tire des lou|)cs ou des masses de for deja pur, qui n'a point passe par I'clat de la fonte, qui s est forme par une demi-fusion, par une cspc'ce dc coaguhition de toutes les parlies ferrugiiieuses de la mine. Ce fer, fait par coagulation, est certainement le meilleur de tons : on pourrait Tappeler fev a ciiKjl-qnatre karats, car, au sorlir du fourneau, il est deja prescpie aussi pur que cehii de la fonte (|u'on a puriliee par deux cliiiudes au feu de I'allinerie. Je crois done cctte pratique excellente; je suis meme persuade que c'est la scule maniere de lirer immediatement de Tacier dc toutes les mines, comme je lai fait dans mcs fourneaux de quatorze pieds de hauteur. Mais, n'ayaiit fail executor que rote dernier, 1772, les petils four- neaux des Pyrenees, d'apies un iMemoiie envoye a TAcademie des sciences, j'y ai liouve des dilliculles qui mont arrelc, el me forccnt a renvoyer a un autre Memoire tout ce qui a rapport a cette maniere de fondre les mines de fer. PAUTIE EXPKRnFENTALi:. 505 DlXlEMh: MEMOIUE. OBSERVATiO\S ET EXPERIENCES FAITES DANS LA VLB D AMELIonER LES CANONS DE l,A MAniNE. Les canons de la marine sonl de fonlc fie fer, en France comme en Angle- lerre, on Hollande el partout ailleurs. Uenx molifs onl pii donner egalement naissanee a eet usage. Le premier est celui de lecononiie : un canon de fer coule coi'ile beaucoiip moins qu'un canon de fer ballu, et encore beaucoup moins qunn canon de bronze; ot cela seid a peut-elre snfli pour Ics faire preferer, d'autant qne le second niolif vient a lappni du premier. On pre- tend, eljesuis Ires-porte a le croire, que les canons de bronze, donl ciuel- ques-uns de nos vaisseaux de parade sonl armes, rendent dans linstant de I'explosion un son siviolcfit,qu'ilen resuile dans loreille do tons lesbabitanls du vaisseau un tinlcmcnt assourdissant, qui Icur ferait pcrdre en peu de temps le sens de I'ouie. On assure d'autre cote que les canons de fer battu, sur lesquels on pourait, par I'epargne de la matiere, regagner uneparlie des frais de la fabrication, ne doivent point etre employes sur les vaisseaux, par cetteraison meme de leur legeretc, qui paraitrait devoir les fairc preferer; lexplosion les fait sauter dans les sabords, ou Ton ne peul, dil-on,les retenir invinciblemenl, ni meme assez pour les diriger a un coup siir. Si cet incon- venient n'est pas reel, ou si Ton pouvait y parer, nul doule que les canons de fer forge ne dussent etre prcferes a ceux de fer coule : ils auraient moitie plus de legereleet plus du double de resistance. Le marecbal de \ auban en •vait fail fabriquer de tres-beaiix, donl il reslait encore ces annees dernieres boo INTRODUCTION A LIHSTOIRE DES MINERAUX. quclqiios (roiicons ;'i !;i ninnufiicture ilc ('.harlcville *. Lo travail n"en sernit pas plus ilillicilc (jtic celui ties aiicros, el uiie niaiiul'actiire aussi bieu monlce ' Uiii- personcie trcs-verscf duns la coniiaissanec dc Tail des i'uiges m'a donnc la note siilvanle : t 1! inc parait i]iie Ton peul falre di.'S canons de fer l-atlii. qui seraieiil bcaucoiip pins o surs ct plus Icjjers que les canons de fu:' cuulc ; ol volci les proportions sur lesqciclics ii • faudrail en tenter les experiences. « Les canons de fer baitu, de ijualre livrcs de balles, aurunl sept pouces et demi d e- «c paisstur a Icur plus grand dianietre ; > Ceux de huit, dix pouees ; I Ceux de douze. un pied ; • Ceux de vingt-quatre livres, qualorze pouces ; • Ceux de trente-six livres, seize pouces el demi. I Ces proportions soiit plutot Irop fortes que trop faibles ; pput-eire pourra-t-on les t ri'duire a >i\ ponces et dfnil pour les canons de quatrc; ceux dc huit livres, a linit pon- « ces el demi ; cent de douze livres, a neuf pouces et demi : ceux de vineraient beaucoup plus legers, ils cbarjicraicnt beaucoup moins, t laul sur merqiie sur Icrre, el seraient plus aiscs a manauvrer. » * A Guerijuy pres dc Nrver.s. 808 INTUODUCTION A L'FIISTOIRI' DES MI\r:RAUX. jamais que douzc on qiiinzc lieurcs dans Ic croiisot dii rouineaii, on irnaginait que le double on le tri|jle do cette quantite de matiere en fusion, qu'on se- rail oblige de laisser pendant trenle-six ou quarante lieures dans le creuset avant de la couler, non-seulenient pouvait detruire le creuset, mais meme le fourneau, par son bouillonnenient et son explosion ; au moyen de quo! on avait pris le parti qui paraissait le plus prudent, et on coulait les gros canons, en tirant en meme temps ou successivement la fonte de deux ou Irois fourneaux, places de maniere que les trois ruisseaux de fonte pouvaient arriver en meme temps dans le moule. II ne faut pas beaucoup de reflexion pour sentir que cette pratique est mauvaise; il est im|)ossibIe que la fonte de cliacun de ces fourneaux soit au meme degre de clialeur, do purete, de (luidite; par consetpient, le canon se trouve compose de deux ou trois matieres diflerentes, en sorte que plusieurs de ses parties, el souvent un cote tout entier, se Irouvent necessairement d'une matiere moins bonne et plus faible que le reste; ce qui est le plus grand de tons les inconvenients en fait de resistance, puisque lelfort de la poudre, agissant egalement de tons cotes, ne manque jamais de se faire jour par le plus faible. Je voulus done essayer et voir en effet s'il y avait quelque danger a tenir, pendant plus de temps qu'on ne le fait ordinairement, une plus grandc quantite de matiere en fusion; jaltendis pour cela que le creuset de mon fourneau, qui avait dix-buit pouces de largeur, sur quatre picds de longueur et dix-huit pouces de bauteur, fut encore elargi par Taction du feu, comme cela arrive toujours vers la fin du fondage; j"y laissai amasser de la fonte pendant Irente-six beures ; il n'y eut ni explosion ni autre bouil- lonnenient (jue ceux qui arrivcnt quelqucfois quand il tombe des matieres ernes dans le creuset : je fis couler apres les Irente-six beures, et Ion eut trois gueuses, pesant ensemble quatre mille six cents livres, d'une tres- bonne fonte. Par une secondc experience, j'ai garde la fonte pendant quarante-buit beures sans aucun inconvenient ; ce long sejour ne fait que la purifier davanlage, et par consequent en diminuer le volume en augmentant la masse : comme la fonle contient une grande quantite de parlies betero- gencs, dont les unes se brulent et les autres se convertissent en verre, Tun des plus grands moyens de la depurer est de la laisser sejourner au fourneau. M'elant done bien assure que le prejuge de la necessite de deux ou trois fourneaux etait tres-mal fonde, je proposai de reduire a un seul les four- neaux de Kuelle en Angoumois *, oil Ion fond nos gros canons : ce conseil Voici I'eicti'iiit Je celte proposlliou I'aile ;m minlstre : Coiiiiiie les canons dc gros calibre, lels qne ceux de trenle-six et vingt-quatre, snppo- sent nil grand volume de fer en fuslou, on se serl ordiiiaiicment de trois, ou tout au nioiiis de drnx louineaux pour les eoiiler. la mine fondue dans ehaeun de ces fourneaux arrive dans le moule par aulaiit de ruisseaux parliciiliers. Or, celte pratique me parait avoir les plus grands inconvenients ; ear il est certain que cliacun de ces fourneaux donnc uiie fonte de dillerente espece; en sorte que leur melange ne peut se faire d'une manii^re intime, ni PAIITIE liXPERJMEiNTALE. 309 ful suivi et execute par ordre dii ministre; on fondit sans inconvenient et avec tout succes, a un scul fourncau, dcs canons de vingt-quatie ; ct je ne sais si Ton n'a pas fondu depuis des canons de irentc-six, car jai tout lieu de prcsumcr qn'on reussirait cgalement. €e premier point une fois obtcnu, je cliorcliai s'il n"y avail pas encore d"aulrcs causes qui pouvaient contrihucr a la fragilitf! de nos canons, et j'cn Irouvai en clFet qui y conlribueiU plus encore (jue rinegalile de IctoITe dont on les composail en les coulant a deux ou Irois fourneaux. I.a premiere de ces causes est le mauvais usage qui s'est etabli depuis plus de vingt ans de faire lourner la surface extericure des canons; ce (pii les rend plus agreablcs a la vuc. II en est cependant du canon comme du soldat, ii vautmieux quil soit robuslequcleganl; et ces canons tournes, polis et guilloclies, ne devaicnt point en imposer aux yeux des braves ofiiciers dc noire marine; car il me send)lc quon peut dcmonlrer qu'iis sont non-seule- ment beaucoup plus faiblcs, mais aussi dune bien moindre duree. Pour pcu qu'on soit verse dans la connaissance de la fusion des mines de fer, on aura remarque en coulant des enclumes, des boulets et a plus forte raison des canons, que la force centrifuge de la chaleur pousse a la circoMference la parlie la plus massive et la plus pure de la fonle; il ne reste au centre que ce qu'il y a de plus mauvais, ct souvent memc il s"y forme une cavile : sur un nombre de boulets que Ion fera casscr, on en trouvera plus de nioitie qui auront une cavile dans le centre, et dans tous les autres une matiere plus poreuse que le reslc du boulet. On remarquera de plus, qu'il y a plu- sieurs rayons qui tendenl du cenlre a la circonference, et que la matiere est plus compacte et de meilleure qualite a mesure quelle est plus eloigncc du centre. On observera encore que 1 ecorce du boulet, de lenclume ou du canof , est beaucoup plus dure que linlerieur; cette durete plus grande provient de la trempe que lliumidite du moule donne a I'exleriour de la piece, et elle pcnetre jusqua trois lignes d epaisseur dans les petiles pieces, et k une ligne el demie dans les grosses, (rest en quoi consiste la plus grande force du canon : car cette couclie cxlerieure reunit les extremites de incinc en niiproclicr. Pour le voir clairement, ne supposons que deux fourneaux, et que la fonte (le I'un arrive a ilroite, et la fontc de I'aulre arrive a gauche dans le moulc du canon ; il est certain que i'une de ces deux Ionics ttant ou plus pesanle, ou plus lejjere, ou plus chaudc. ou plus IVoide, ou, etc., que I'autrc, cllcs ne se ineleront pas, et que par con- sequent I'un des coles du canon sera plus dur que I'aulre; que dcs lors il rcsisteia moms d'uM cole que de I'autre, el qu'ayant le del'aut d'etre compose de deux maticres dilTcrcntes, le r.ssorl dc ces parlies, aiusi que leur colierencc, ne sera pas egal, et que par consequent ils resislcront moins que ceux qui seraient fails d'une matiere homogene. 11 n'est pas n.oins certain que si Ton vcut forcr ces canons, le foret, trouvant plus de resistance d'un cote que dc Taulre, se detournera de la perpendlculairc du cote le plus tcndre, el que la direction de rinlcrieur du canon prendra de I'obliquile, etc. : il me parait done qu'il fau- drait tadicr de Condrc les canons dc fer could avcc un scul fourneau, ct je crois la cliosc tri'S-pussiblc. 510 INTRODUCTION A L'lIISTOlRE DES MFNKRAUX. lows Ics rayons divcrgenis donl je vicns do parler, qui sont les ligncs par oil se fcrait la ruplurc; elle scrt do ciiirassc an canon, elle en est la parlie la phis pure; et, par sa grande durele, elle conlicnt toutes les parlies inte- ricures qui sont plus mollcs, el cederaient sans cela plus aisemenl a la force de lexpiosion. Or, (pic lait-on lorsquo Ton touriic les canons? On com- mence par enlever au ciscau, poussc par le nuutcau, (oule cede surface cxiericure que les coulcaiix du lour nc pourraienl enlaincr; on penclre dans lexlericur de la piece jusquau point oil elle se Irouvc assez douce pour se laissor toiirncr, et on lui enleve en meme temps, par cetle operation, pcut- clre un quart de sa force. Cclle couclie exterieure, que Ion a si grand tori d'enlever, est en meme temps la cuirasse et la sauvegardc du canon; iion-seulcment elle lui donne Ionic la force de resistance qu'il doit avoir, mais die le defend encore de la rouillc, (|ui rouge en pen de temps ces canons lourncs : on a beau les lustier avcc de lluiile, Ics pcindre ou les polir; commc la matiere de la surface exlerieurc est aussi tcndre que tout le restc, la rouiile y mord avee mille fois plus davanltigc que sur ceux dont la surface est garantie par la Irempe. Lors(|ue je fiis done convaincu, par mcs pro[)res observations, du prejudice que porlait a nos canons cclle mauvaisc pratique, je doniiai au ininistrc mon avis motive, pour qu'elle fill proscrile ; mais je ne crois pas qu'on ait suivi eel avis, parce (piil s"est trouve plusieurs personnes, trcs- eclairccs d'aillcurs, et nommcment M. de iMorogues, qui ont pense dilTc- rommcnt. Lctu* o|)inion, si conlraire i\ la mienrie, est fondee sur ce que la lrcnq)e rend le for plus cassanl, ct des lors ils rcgardcnt la couclie exierieure comme la plus faible et la moins resistanle de toutes les parties de la pi6ce, et concluent quon ne lui fail pas grand tort de I'enlever; ils ajoulent que si Ton veut meme rcmcdicr a ce tori, il n"y a qu'a donner aux canons quelques ligncs d"c|)aisseur de plus. J'avouc que je n'ai pu me rendrc a ces raisons. II faut distinguer dans la trempe, commc dans loulc autre chose, plusieurs clals et meme plusieurs nuances. Le fer el Tacier chaufTcs a blanc el trempcs subilcment dans une can Ires-froidc, devicnnciil tres-cassanls; Ircmpes dans une eau moins froide, ils sonl beaucoup moins cassanis; ctdans de I'cau chaudc, la trempe ne leur donne aucune fragililc sensible. Jai sur cela des experiences qui me paraisseiit decisives. Pendant I'elo dernier, 1772, j'ai fait iremjicr dans I'eau de la riviere, qui elait assez cliaude pour s'y baigner, toutes les barrcs de fer qu'on furgcait I") un des I'cux de ma forge; et, coinparant ce I'cr avee celui (|ui n'clail pas trempe, la difference du grain n'en clail pas sensible, lion plus que celie de leur resislanee a la masse lors(|u"on les cassail. Mais ce meme fer, travaille de la meme facon par les niemes ouvriers, et licmpe eel hiver dans lean de la meme riviere, qui elail pres(]ue glacee partoul, est non-seulcinenl devenu fragile, mais a perdu en meme lemps lout son nerf, en sorlc quon aurait cru que ce n'etait plus le meme fer. Or, la irempe (pii se fait a la surface du canon ifest assuremenl pas une trempe a froid ; PARTll-: EXPFJUMENTALE. :jH cllo n'cst produile que par la petite liuinidite qui soil du nioulc tlcja hicn soclic : il DC finit done pas en rnisniiner comine d'lino autre trempc a froid, ni en conclure (pVelle rend cclie couclic cxlcric-uro bcaucoup plus cassante quelle ne le serait sans eela. Je supprime plusieurs autres raisons que je pourrais allcguer, parce que la chose me parait assez claire. I'ti autre ohjet, et sur loqucl il n'o«t pas au^;si aise de prononcPr affir- iiialivomcnt, c'est la ]>ratique oil Ton est acluellemcnt de couler ies canons pleins, jiour Ies forer ensuite avec des machines didicilcs a executor, ct en- core phis diiliciles a cnndnire, au lieu de Ies couler crcux, eomme on Ic fai- sail autrefois; ct dans ce (enips nos canons crcvaient moins qu'aujnurdiuii. J'ai halance Ies raisons pour et contre, et je vais ies presenter lei. Pour couler \m canon crcux, il Caut etahlir un noyau dans ic moulo, et le placer avec la plus grande precision, afin que le Ciinon se troiive parlout de I'c- paisseur re([uise, et qu'un cote ne soit pas plus fort que I'aulre : comnie la matiere en fusion tombe enire le novau et le moule. die a hcnucoup nioins de force cenlrifujre. et des lors la qualitc de la inaticrc est moins inogale dans le canon coule creux que dans le canon coulc plein; mais aussi, cette ma- tiere, par la raison nieme qu'elle est moins inej^ale, est au total moins bonne dans le canon creux, parce que Ies impuretes qu'elle conlient s"y troiivenl melees partoul, au lieu que, dans Ic canon coule plein. cclte mauvaisc ma- tiere resle au centre, et se separe ensuite du canon par I'operalion des forcts. Je penserais done, par ccttc premiere raison, que Ies canons fores doivent etre [ireferes aux canons a noyau. Si Ion pouvait cependant couler ceux-ci avec assez de precision pour ii"etre pas oblige de toucher a la surface inte- rieure; si, lorsqu"on tire le noyau, cclte surface se troiivait assez unie, assez eirale dans toiites ses dlreelinns pour n'avoir pas besoin d'etre ealibree, ct par consequent en panic detruile par linstrument daeier, ils auraient uu grand avantagc sur Ies autres, parce que, dans ce cas, la surface in(e- rieure se troiivcrait trempcc comme la surface exterieure, et des lors la r('si>lan('e de la piece se irouverail bien plus grande. 3Iais noire art ne va pas jusfpie-la; on etait oblige de ratisser a liiKcricur ionics Ies pieces coulees creux, alin do Ies calibrer : en Ies forant, on ne fait que la memo chose, ct on a ravanlace d oler toule la mauvaisc maliere qui se Iroiivc autotir du centre de la piece coulee plein ; matiere qui resle au conlrairc dis- persee dans loiite la masse dc la piece coulee crcux, D'ailleurs, Ics canons coules plein sont beaucoup moins sujcls aux souf- i\uv(i!>, aux chambres, aux gereures on fausscs souduies, etc. Pour bien eoiiler Ies canons a noyau, ct Ies rendre parfails, il I'audrait des event--;, au lieu que Ies canons pleins n'en out aucun besuin. Comme ils ne touclicnt a la Icrrcou au .sable donl Icur moule est compose que par la surface exlo- lieure; qu il est rare, si ee moule est bien prepare, bien seelitS quil sen drtaciie qiielcpie chose; que, poiirvu qu'on ne fasse pas tombcr la fontc trop prccipilammcnt, el quelle soit bien ii(piide, elle ne iTlinil ni Ies iiulles de lair, ni cellcs des vapt urs qui scxb.alenl a iiRsuie (pie le moule se 512 IMRODUCTIO.N A LHISTOIKE DliS MIMillAUX. remplit clans loute sa cavilo; il nedoit pas se Iroiivcr autaiil de ces dcfauls, a bcaucotip pros, dans cellc nialicre coulee picin, que dans cello oil le noyau, rcndanl a rinlorieur son air el son liuniidilc, ne peul guerc inanquer d'oc- casionnor des soulTlures et des cliambres, qui se formeront dauiant plus aisemonl, que roi)aisseur do la malierc est moindre, sa qualilc nioins bonne, el. son refroidisscmenl phis subil. Jusquici tout sonible done concourir a donncr la preference a la pratique de couler les canons plein. Neanmoins, comnie 11 faut une moindre (luanlitc de matieres pour les canons creux; quil est des lors plus aise de I'opurcr au fourncau avant de la couler; que les frais des machines a forer sont imnicnscs en comparaison de ceux des noyaux, on forait bien dessayer si, par le moyen des events que je viens de pioposer, on narriverait pas au point de rendre les pieces coulees a noyau assez parfailos pour n'avoir pas a crairidre les soufflurcs, el n'elre pas oblige de leur cnlcvor la trenipc de leur surface inloriouro : ils scraienl alors dune plus grande resistance que les aulrcs, auxquels on peul daillours fairc quel- ques reproclies par les raisons que je vais exposer. Plus la fonle du for est epuree, plus elle est compacle, dure el diflicilc a forer; les meilleurs ontils d'acier ne renlamenl qu'avoc peine, el I'ouvrage de la forcrie va d'aulanl moins vile que la fonlo est meilleure. Ceux qui onl inlroduil celle pratique onl done, pour la eonunodile de lours machines, alterc la nature do la matiere *; ils ont change I'usage ou Ion elail de faire *Siir lit llii de I'annee 1762, M. Maritz fit couler aux louriieanx de la Notice, en Brrla- (rne, des jjneuses avcc les mines de la Ferricre el de Nojal ; il en cxaniina la foiile, en adressa nn pieces-verbal ; ct. snr Irs assurances (ju'il donna am entrepreneurs, que leur fer avail toules les qnalites requiscs pour faire de bons canons, ils se determinercnt a ela- blir des mouleries, fondcries, decapiteries, centrcries. foreries; et les lours iiecessaircs pour lourncr exicrieuremcnl les pieces. Les entrepreneurs, apres avoir forme leur ctablis- semcnt, ont mis les deux fourneaux en feu le 20 Janvier 176o, el le 12 fcvrier suivant, on commenca ,qu'il parut plusieurs grelots dc la grosseur d'une noisette qui ouvrircnt plusieurs cbambres dans I'dma de la piece. Je n'ai rapporte let fails contenus dans cette note, que pour pronvcr que Ics auleurs de la pratique du forage des canons n'ont clierchc qu'a faire couler des fontcs tendres, ct qu'ils onl, par consequent, sacrilie la m.liere a la forme, en rejelanl toules les bonnes fonles que leurs forets ne pouvaient entamer aisement, tandis qu'il faut au contrairc cliercber la malirre la plus compactc cl In pins dure, si I'on v.nl avoir des canons d'unc bonne tesiiliiiicc. 33 BVrroK. toiii. II. 5i4 INTRODUCTION A LHISTOIRK DES MINERAUX. grain en les faisant casser a la masse. J'on tiouvai, coinme je nry allendais, lacouleur plus grise el le grain plus fin. La maliere ne pouvait manqucr de sepurcr par ccUc scconde fusion : ct en effel, layant portee a la balance hydroslatique, ellc sc Irouva peser qualre cent soixante-neuf livres le pied cube; ce qui cependant napproche pas encore de la densite rcquise pour une bonne fonte. Eten effet, ayant fail converlir en fcr successivement, et par mcs meilleurs ouvriers, toutes les pclitcs gueuses refondues et provenant de ces Iroocons de canon, nous nobtinnics que du fer dune qualite Ires-commune, sans aucun nerf, cl. dun grain assez gros, aussi different de celui de mes forges que le fer eonnnun 1 est du bon fer. Ell 1770, on menvoya de la forge de Ruellc en Angoumois, oil Ion fond actueilement la plus grande partie de nos canons, des echantillons de la fonto donl on les coulo. Cetle fonle a la coulour grise, le grain asscz fin, ct pese qualre ccjil (|ualre-vingt quinze livres le i)ied cube *. lleduile en fer batlu el forgee avec soin, j'en ai trouve le grain sembiablc a celui du fer conunun, et ne prenant que peu ou point de nerf, quoi(iue iravaille en pe- tiles verges et passe sous le cylindrc; en sorte que celle fonle, qiioique meil- Icure (lue cl'Uc qui m"est venue des forges de la Nouee, n"esl pas encore de la boiuie fonle. J ignore si, dopuis ce lenips. Ion ne coule pas aux fourneaux de Ruellc des fontes meilleures et plus pesanlesj je sals seulemenl que deu,\ olliciers de marine**, tres-babiles et zcles, y ontete envoyes suecessivenient, ct qu'ils sonl lous deux fort en elat de perfectionner I'art et de bicn con- duire les Iravaux de celle fonderie. Mais, jusqu a lepoipie que je viens do ciler, et qui est bien recente, je suis assure que les fontes de nos canons coules plein netaient que de mediocre qualite, quune pareille fonle n'a pas assrz de resistance, et qn'en lui otnnl encore le lien qui la conlient, c'est- a-dire en enlevant, par les coulcaux du lour, la surface Irempec, il y a tout a craindrc du service dc ces canons. * Ces inorccaiix di' fonle ciivoyc^ tin founioaii do liuelle ttaiciit dr foiiiie. cublqiic dc trois pouces, faiblcs daus loutes Icurs diineiisiuiis ; Ic preiniir, murqiio S, pesait dans I'air 7 livres 2 onccs 4 ^ros i, c'est-a-dire 916 gros i. Le mcme luorceau pesait dans I'eau 6 li- vres a onccs 2 (;ros i : done ]c volume d'eau egal n\i volume dc cc morceau de fonle pesait laogros. L'caudaus laquclleila etc pesc pesait cllc-mcmc 70 liv. le pied cube. Or, ISOjjros : 70 livres : : 916 gros, i : 495 A livres, poids du pied cube de celle foiitc. Le second mor- ceau, marque Pj pesail dans I'air 7 livres 4 onces I gros. c'est-a-dire 9S9 gros. Le mcme morceau pesail dans I'eau 6 livres 3 onccs 0 gros, c'e^t-a-dirc 798 gros : done le volume d'eau egal au volume de cc morceau de fonte pesait 131 gros. Or, 131 gros : 70 livres : : 929 gros : 496 -^^ livres, poids du pied cube de celle fonle. On observcra que ces mor- coaux, qii'on avail voulu couler sur les dimensions d'un cube de 3 pouccs, etaient Irop faiblcs : ils auraicnl du conlenir cbacun 27 pouccs cubiqucs ; ct par consequent le pied culie du priniier n'anrait pe.se que 458 livres 4 onces, car 27 pouces : 1,728 peaces.: : 916 gros 'j : 468 livres 4 onces ; el le pied cube du second n'aurait pcse que 464 livres |, au lieu de 493 livres ^\ cl de 496 livres ^. '* MM. de Souvillr cl de Vlalise. I I PARTIE EXPERIMENTALE. SIS On lie manqucra pas de dire que ce soiit ici des frayeurs paniques et mal londees, qu'on nc sc sort jamais que des canons qui ont subi lepreuve, ct quune piece une fois eprouvee par unc moilie de plus dc charge ne doit ni lie peul crever a la charge ordinaire. A ceci je reponds que non-seulement cela nest pas certain, mais encore que Ic contraire est beaucoup plus pro- bable. En general, Tepreuve des canons par la poudre est peut-etre la plus mauvyise nielhode que Ion put employer pour sassurer de leur resistance. Le canon ne peut subir le Irop violent effort des cpreuves qu'en y cedant autant que la coherence de la matiere le permet, sans se roinprej et, comnic 11 s'en faut bien que cotte matiere de la fonte soit a ressort parfait, les par- lies scparees par le troj) grand effort ne peuvent se ra|)prociier ni se relabiir coninie elles etaient d'aboid. Celle cohesion des parties iiitegrantes de la fonte etant done fort diminuce par le grand effort des epreuves, il nest pas etonnant que le canon cre\e ensuite a la charge ordinaire; cest un effct tres- simple qui derive dune cause tout aussi simple. Si le premier coup de- preuve ecarle les parties dune moilie ou dun tiers de plus (pie le coup ordi- naire, eilcs se retabliront,se reuniront moins dans la memc proportion j car, quoique leur coherence nait pas cte detruite, puisque la piece a rcsistc, i[ n'en est pas moins vrai que cctle coherence n'est pas si grande quelle ctait auparavant, ct quelle a diminue dans la memc raison que diminue la force dun ressort imparfait ; des lors, un second ou un troisieme coup d eprcuye fera eclater les pieces qui auront resisle au premier, et cejlcs qui ayront subi les trois epreiives sans se rompre ne sont guere plus silres que les autres; apres avoir subi trois fois le meme mal,c'est-a-dire le trop grand ecartcment de leurs parties integrantes, elles en sont necessairement devenues bien plus faibles, et pourront par consequent ceder a I'effort de la charge ordi- naire. Un moycn bien plus sur, bien simple, et millc fois moins coutcux, pour s'assurer de la resistance des canons, serait den fairepcser la fonte a la ba- lance hydrostatique : en coulant le canon, Ion mcttrait a part un niorceau dc la fonte : lorsquil serait refroidi, on le pcscrait dans I'air et dans I'eau ; et si la fonte ne pesail jias au moins cinq cent viiigt livres le pied cube, on rebuterait la piece comme noii recevable : Ion epargnerait la poudre, la peine des homines, et on bannirait la crainte tres-bicn fondee de voir crever les pieces souvenl aprcs lepreuve, Etant une fois siir de la dcnsilc de la malierc, on serait egalement assure de sa rdsistance; et, si nos canons etaient faits avec dc la fonte pesant cinq cent vingt livres le pied cube, et qu'on nc s'avisat pas de les tourner ni de toucher a leur surface exlericurc, j ose assurer qu'ils resisteraicnt ct dureraient autant qu'on doit se le pro- mettre. J'avoue que, par ce moycn, peut-etre trop simple pour etre adopte, on ne peut pas savoir si la piece est sainc, s'il n'y a pas dans I'mterieur de la iiiatierc des defauts, des soufllurcs, des cavites; mais, connaissaut une fois la boiile dc la fonte, il suflirait, pour sassurer du reste, de faire eprou- ver unc scule fois, et a la charge ordinaire, les canons nouvcllement fondus, 33. 51 G INTRODUCTION A LIIISTOIRK DES MINERAUX. el Ton serait beaucoiip plus sur de leur resistance que dc celle de coux qui ont subi des opreuves violentes. Plusieuis pcrsonncs ont donne des projets pour fairs de meillcurs canons : les uns ont propose de les doubler de cuivre, d'aulres, dc fer battu, d'aulres, de souder cc for baltu avec la fonle. Tout cela peut etre bon a certains egards; et dans un art dont Tobjet est aussi important et la pratique aussi difiicile, les efforts doivent etre accueillis, ct les moiiidres decouvertes re- conipensecs. Je ne ferai point ici d'observations sur les canons de M. Feutry, qui ne laissont pas de demander beaucoup d"art dans leur execution; je nc parlerai pas non plus des aulres tentativcs, a lexception de celle de M. dc Souville, qui ma paru la plus ingenicuse, et qu'il a bien vouiu me commu- niquer par sa lettre datee d'Angouleme, le 6 avril 1771, dont je donne ici lextrait *, IMais je dirai seulcment que la soudure du cuivre avec le fer rend cclui-ci beaucoup plus aigre; que quand on soude de la fonle avec elle- nieme par le moyen du soufre, on la cbange de nature, et que la ligne de jonction des deux parties soudees nest plus de la fonte de fer, mais de la pyrite tres-cassante; et qu'en general le soufre est un intermede quon ne doit jamais employer lorsquon veut souder du fer sans en alterer la qualile : je ne donne ceci que pour avis a ceux qui pourraient prendre cette voie comme la plus sure el la plus aisee pour rendre le fer fusible et en faire de grosses pieces. Si Ton conserve I'usage de forer les canons, et quon les coule de bonne fonte dure, il faudra en revenir aux machines a forer de M. le marquis de * • Les canoDS fahriquei avec des spiralcs ont oppose la plus grande resistance a la plus • forte cliarge de poudre ct a la nianiere la plus dangerfusc de les cl)arger. 11 ne manque I a celte mctliode, pour etre bonne, que d'empeclier qu'il ne se forme des chambres dans « ces bouches a feu : cet inconvenient, il est vrai, rn'obliyerait a I'abandonner si jc n'y « parvenais; mais pourquoi ne pas le tenter? Beaucoup de pcrsonnes ont propose de faire « des canons avec des doublures ou des cnveloppes de fer forge : mais ces doublures et cos « envcloppes ont toujours cle un assemblage de barrcs infloxibles que leur forme, leur € position et leur raideur rondent inutilcs. La spirale n'a pas les memes dcfauts ; die se « pretc a toutcs les formes que prend la matiere ; die s'afl'aissc avec die dans le moule : « son fer ne perd ni sa ductilite ni son ressort dans la commolion du iir, I'efl'ort est dis- • tribue sur toute s»d etendue. Elle enveloppc presque loute I'epaisseur du canon, et des t lors s'oppose a sa rupture avec une resistance dc |)rcs de trentc mille livres de force. Si « la fonte eprouve une plus grande dilulalion que lefer, die rcsiste avec toule cette force; I si celte dilatation est moindre, la spirale ne recoil que le mouvcment qui lui est com- « muniquc : ainsi, dans I'un et I'autre cas, rcfTet est le meme. L'assemblage des barres, • au contrairc, ne resiste que par les cerdcs qui h's runtiennent. Lorsqu'on en a rev^tu • I'ame des canons, on n'a pas augmente la resistance dc la fonte : sa tendance a se roni- t pre a etc la m^mc ; el lorsqu'on a enveloppc son tpaisscur, les eercles n'ont pu soutenir t cgalemenl rcfforl qui se parlage sur tout le dcvdoppement dc la spirale. Les barrcs • d'ailieurs s'opposent aux vibrations des ccrcles. La spirale que j'ai raise dans un canon " de six, fore et eprouve au calibre de douze, ne pesail que qualre-viiigt-trois livres; die « avail deux pouces de largeur el quatre lignes d'epaisseur. La distance dune lielice a « I'autre elail aussi de deux pouees ; elle dtait roulee a cliaud sur un uiandrin defer. » PARTIF. EXPERI.MENTALE. KI7 Montalemi)ort, cclles de M. iMorilz ivetant bonnes que pour le bronze on la fonte de fer lendre. M. de Monlalend)ert est encore un dcs honimes de France qui entend le mieux cct art de la fonderie des canons, et jai toujours gemi que son zele, eclaire de loules les connaissances necessaircs en ce genre, n"ait abouti quau detriment de sa fortune. Comme je vis eloigne de lui, j'ecris ce Memoire sans lelui communiquer :mais jeseraiplus flattedeson approbation que de celle dc qui que ce soit; car je ne connais personne qui enlende mieux ce dont il est ici question. Si Ion meltait en masse, dans ce royaume, les tresors de lumiere que Ion jelte a I'ecart, ou quon a I'air de dedaigner, nous serious bicntot la nation la plus florissante etle peuple leplus riclie. Par exemple, i! est le premier qui ait conseille de reconnaitre la resis- tance dela fonte parsa pcsantcur specifiquc; ila aussi cliercheapcrfectionner Tart de la moulerie en sable des canons de fonte de fer, et cet art est perdu depuis quon a imagine de les tourner. Avec les monies en terre, dont on se servait auparavant, la surface dcs canons etait toujours cbargee dasperites etde rugosiles. M. de IMontalembertavaitlrouvele moyende faire desmoules en sable qui donnaient a la surface du canon tout le lisse et meme le luisant qu'on pouvait desirer. Ceux qui connaissent les arts en grand sentiront bion les diflicultes quil a fallu surniontcr pour en venir a bout, et les peines quil a fallu prendre pour former des ouvriers capablesd'executer ces monies, auxquels ayant substitue le mauvais usage du tour, on a perdu un art excel- lent pour adopter une pratique funeste *. * L'outil a lano-iie dc carpc perce la fonte do fer avec unc vitesse presqiic double de cclle de l'outil a cylitidre. Il n'est point neccssaire avec ce premier outil, dc seriiifruer de I'eau diins la piece, coinme il est d'usajje de le fairc en eniployant le second, qui s'ecliaufle beau- coup par son frotlemenl Ires-considerable. L'outil a cyllndre serait delrcnipe en peu da temps sans cetlc precaution : ellcest inemc souvenl insulFisante; di'S que la foute se trouvc plus compacte et plus dure, cct oulil ne pent la forer. La limaille sort naturcllcment avec l'outil a lan|iiie dc carpc, tandis qu'avcc l'outil a cylindre il faut employer conlinuellemcnt un irocbet pour la tirer; ce qui ne pent se faiie assez exactement pour qu'il n'en rcsle pas entre l'outil et la piece, ce qui la (jene et augmente encore son frollemcnt. 11 landrail s'attacber a pcrfcclionner la moulerie. Cetle operation est difficile, mais elle n'est pas impoisible a quelqu'un d'intelligcnt. Plusicurs choscs sont absolument neces- saircs pour y rcussir : 1° des moubMies plus etendues, pour pouvoir y placer plus dc clian- liers et y fairc plus dc monies a la fois, afin qu'ils pusscnt secber plus lentement ; 2" une jrrande fosse pour les recuirc debout, ainsi que cela se pratique pour les canons de cuivre, afin d'cvitcr que le moule ne soit arque, et par consequent le canon ; .3» un petit cbariol a quaire roues fort basses avec des montants assez elevcs pour y suspcndre le moule recuil, et Ic transporter de la moulerie a la cuvc du fourneau, comme on transporte un lustre ; 4' un Juste melange d'une lene jjrassc et d'unc terre sablcuse, telle qu'il le faut pour quau recuit le moule ne se fende pas de mille et mille fentes qui rcndent Ic canon defec- lueux. et surlout pour que cclle terre. avee celtc qualile de nc pas se fendre, puisse con- server ravautaje de s'eculer (c'cst-a-dirc dc sc detacber du canon quand on vient i le ncltoycr): plus' la lerr« est jrrasse. mieut elle s'm//f, et plus die se fend ; plus ellcest mai^reet sablcuse, moins ollc se fend, mais moins elle s'.Ta/*-. II y a dcs monies dc celle 518 INTRODUCTION A LUISTOIRE DES MINERAUX. Une attenlion ires-necessaire lorsque Ton coule du canon, c'est d'empe- cher les ecumes qui surmontonl la fonte de tomber avec elle dans le moule. Plus la fonte est legere et plus ellc fait decume; et Ion pourrait juger, a I'inspection meme de la coulee, si la fonte est de bonne qualite; car alors sa surface est lisse et ne porte point d'ecume : mais, dans tous ces cas, ii faut avoir soin de comprimcr la nialiere coulante par plusicurs torches de paille placces dans les coulees. Avec cctle precaution, il ne passe que peu d'ecume dans le moule; et si la fonte etait dense et compacte, il n'y en aurait point du tout. La liourrc de la fonte ne vient ordinairement que de ce qu'elle est Irop cruc et trop prccipitammcnt fondue. Dailleurs, la maliere la plus pesanle sort du premier fourneau; la plus logerc vient la dernicre : la cu- lasse du canon est par cetle raison toujours dune meillcure matiere que les parlies superieures de la piece; mais il n'y aura jamais de bourre dans le canon si, dime part, on arretc les ecumes par les torches de paille, et qu'en meme temps on lui dorine une forte masselotte de matiere excedante, dont il est meme aussi neccssaire quiitile quil restc encore, apres la coulee, trois ou qualre quintaux en fusion dans le creuset : cette fonte qui y resle y entre- tient la clialeur; et, comme elle est encore melee dune asscz grande quan- tile de lailier, elle conserve le fond du fourneau et empechc la mine fon- danlo de brulcr en s"y attachant. II me parait iju en France on a souvent fondu les canons avec des mines en roclie, qui toutes contiennent une plus ou moins grande quantite de sou- fre; et comme Ton n'est pas dans Tusage de les griller dans nos provinces ou le hois est cher, ainsi qu'il se pratique dans les pays du Nord ou le hois est commun, je presume que la (jualite cassante de la fonte dc nos canons de la marine pourrait aussi provenir de ce soufre qu'on n'a pas soin d'enlever h la mine avant dc la jcier au fourneau de fusion. Les fonderies de Ruclle en Angoumois, de Saint-Gervais en Dauphine, ct de Baigorry, dans la Basse-Navarre, sont les sculcs dont j'ai connaissance, avec cclle de la Nouee, en Brctagne, dont j'ai parle, et ou je crois que le travail est cesse : dans toutes les quatre, je crois quon ne scst scrvi et qu'on ne se sert encore que de mine en rociie, et je nai pas oui dire qu'on les grillat ailleurs qua Saint-Gervais et a Baigorry. J'ai tache de me procurer des echantillons de chacune de ces mines, et, au defaut d'une asscz grande quantite de ces echantillons, tous les renseignemenls que jai pu oblenir par la voie de quel- lerrc qui se tienncnl si fort atlaclics au cnnon, qu'on ne pcut avec Ic niarleau el le ciseau en empoitci que la plus giossc parlie ; ces sortes de canons rcstcnl encore plu» vilains que ccux cicatrises par les fcntes innombrabli.'S des moules de terre jrrasse. Ce melange de terre est done trcs-difficilo, il dcniaude beaucoup d'attention, d'experirnee : et, ce qu'il y a de facheuT, c'est que les experiences dans ce genre, Taites pour de petits calibres, ne coiichient rien pour les grns. Il n'est jamais dilTioile de faire ecaler de petits ca- nons aveo uii melange sableux. Mais ce meme melange ne pent plus etre employe des que les ealibres passent celui de douze ; pour ceux de trenle-six surtout, il est tres-difficile d'attraper le point du melange. PARTIE EXPERIMENTALE. SIO ques amis intelligenls. Voici ce que m'a ccrit M. de Morogues an sujot iles mines qu'on emploie a Ruelle : M La premiere est dure, compacle, pcsanle, faisaiil feu avec racier, dc « conleur rouge brun, formee par deux couciies dinegale cpaisseur, dont « Tune est spongieuse, parsemee de trous ou cavites, dun veloule violet « i'once, ct quclcpicfois dun bleu indigo a sa cassure, ayant des mameions, « teignanl en rouge de sanguine; earactcres qui pcuvent la faire ranger « dans la seplicme classe de lart des forges, comme une espece de piorre « bemalite : mais elle est riclic et douce. « La secondc resscmble asscz a la precedcnie pour la pcsanteur, la « durele et la conleur; mais elle est un pen salard^e; (on appelle salard, « ou mine salardee, ccUe qui a des grains de sable clair, et qui est « melee de sable gris blanc, de caillou et dc fer). Elle est riciie en « metal ; employee avec de la mine trcs-douce, elle se fond tres-facilement. « Son lissu a sa cassure est strie ct parseme quelqucfois de cavites dun « brun noir. Elle parait de la sixieme cspcoe de la mine rougeatre dans lart « des forges. « La Iroisieme, qu'on nomme dans le pays (jlacieuse, parce quelle a ordi- « nairenient quelques-unes de ses faces lisses et donees an lonelier, n'est ni « fort pesante ni fort riclie; elle a eommunemcnt quoiques pclits points « noirs et luisants, dun grain scndilable an maroquin. Sa conleur est variee; « elle a du rouge assez vif, du brun, du jaune, un peu de vert et quelques « cavites. Elle parait, a cause de ses faces unies el luisanles, avoir qucbpic « rapport a la mine speculairc de la liuilicme espece. « La quatrieme, (|ui fournil (rexcellonl fer, mais en petite quantile, est « legere, spongieuse, assez tendre, dune couleur bnmc presque noire, « ayant quelques mameions, et sablonneuse; elle parait etre une sorte de « mine limoneuse de la onzieme espece. a La cinquieme est une mine salardee, faisanl beaucoup de feu avee la- « eier, dure, compacle, pesante, parsemee, a la cassure, de pelits points « brillants, qui ne sent que du sable de couleur de lie dc vin. Cette mine « est dillicile a fondrc : la qualile de son fer passe pour n'etre pas mauvaise; a mais elle en produit peu. Les ouvriers prclendent quil n'y a pas moyen « de la fondre seule, et que I'abondance des crasses qui s'en separent lag- « glulinenta louvrage du fourneau. Celte mine ne parait pas avoir de res- « semblance bien caracterisee avec cellc donl S\vedeid)org a parlc. « On emploie encore un grand nond)re d'autrcs es|)eccs de nunes; mais « dies ne di.Terenl des precedenles que par moins de (pialile, a I'cxceplion « dune espece doere marliale, qui i)etil fdurnir iei une sixieme classe. Celte « mine est assez abondanle dans les minieres : elle est aisee a tirer ; on I'en- « leve comme la lerre. Elle est jaune, et quelqucfois melee de pelites gre- « nailles; elle fournil p( u de fer : elle est tres-douee. On pent la ranger « dans la douziemc espece de Tart des forges. .< La gangue elil nceud a I'une des faces. Le surlende- main, jai fail pesor eclte piece : son poids se trouva etre de quatre cent neuf livres; ensuite, I'ayant passee dans la boucle de fer, ct ayant lourne en liaut PARTIE EXPERIMENTALE. 327 la face oii etait Ic pctil na'ud, jc fis disposer la pieco dc niveau sur los tre- leaux : elle porlait dc six pouces sur cliaqiie tretoau; celte porlee de six pouccs clait celle des pieces de doiize pieds; cclle de viiigt-qualre pieds por- laient de douze pouces, et ainsi des autres, qui porlaient toujours dun demi- pouce par pied de longueur : ayanl ensuite fail glisser la boucle du fer jus- quau milieu de la piece, on souleva, a force de leviers, la table qui, soulc avcc ics boucles et la clef, pesait deux inille cinq cents livres. On conimcnca a trois heures cinqnanle-six minutes : huit liommes chargcaient coiitinucllc- n)ent la table; a cin(| heures trenle-neuf minute la piece navait pas encore plie que de deux pouces, quoique cbargee de seize milliers; a cinq heures quarante-cinq minutes, elle avail plie de deux pouccs et demi, et die elait chargee de dix-huit mille cinq cents livres; a cinq heures cinquante-une minute, elle avail plie de trois pouces, et etait chargee de vingt-un milliers; a six heures une minute, elle avail plie de trois pouces et demi, et elle etait chargee de vingt-lrois mille six cent vingt-cinq livres : dans eel instant elle lit Mil eclat comme un coup de pistolet; aussitol on disconlinua de charger, el la piece plia dun demi-pouce de plus, c"est-a-dire de quatre pouces en tout. Elle contimia d'eclaler avec une grande violence pendant plus dune heme, et il en sortait par los bonis une espece de fumee avec un sitriement. Elle plia dc pres de sept pouces avant que de ronipre absolunicnt, et sup- porta, pend.-inl lout ce temps, la charge de vingt-lrois mille six cent vingt^ cinq livres. Une parlie des fibres ligncuses etail coupee net comme si on I'eut sciee, et le reste selait rompu en se decbirant, en se lirant el laissanl des inlervalles a peu pres comme on en voit enlre les dents dun peigiie; larete de la boucle de fer qui avail Irois ligncs de largeur, et sur laquelle porlait loule la charge, elait entree d'une ligne et demie dans Ic hois de la piece, et avail fail rcfouler de chaque cole un faisceaux de fibres, el le pelil n(jcud (|ui elait a la facesuperieurc n'avail point du lout contribue a lafaire rompre. J'ai un journal oil il y a [ilus de cent experiences aussi detaillees que celle-ci, donl il y en a plusieurs (|ui sonl plus fortes. J'en ai fait sur des pieces dc dix, douze, qualorze, seize, dix-liuit, vingl, vingl-deux, vingl-qualre, vingl-six et vingl-huit pieds de longueur et de toules grosseurs, depuis qunire jusqu'a huit pouccs d'wpiarrissage, el jai toujours, pour une incme longueur el giosseur, fail rompre trois ou qualre pieces pareilles, alin d'etre assure de leur force respective. La premiere remarque que j'ai faile, c'est que le hois ne casse jamais sans averlir. a moins que la piece ne soil fort pclile ou fort scche; le bois vert casse plus dinicilement que le bois sec; et, en general, le bois (jui a du res- sorl resisle beaucoup plus (juc celui qui n'eii a pas : laubier, le bois des branches, celui du sommet de la lige d'un arbre, tout le bois jcune est moms fort que le bois plus age. La force du bois n-esl pas proporfonnelle a son volume ; une piece double ou quadruple dune autre piece de meme lon- gueur est beaucoup plus du double ou du quadruple plus forle que la prc^ uiieic. Par cxemple, il ne faut pas qualrc milliers pour rompre une piece o28 LMRODUCTFON A LJIISTOIUE DES lAIINERAUX. (le dix pieds de longueur et do qualre pouccs d'cquarrissagc, ct il cii fiuil dix pour romprc une piece double; il faut ving(-six niilliers pour roiiiprc une piece quadruple, c'esl-a-dire une piece de dix pieds dc longueur sur liuit pouces dcquarrissage. II en est de mcme pour la longueur : il semble qu'unc piece de liuit pieds, et de mcme grosseur qu'une piece de seize pieds, doit, par Ics regies dc la mecanique, porter juste le double; cependanl elle porte beaucoup moins. Je pourrais donner les raison pbysiques de lous ces fails ; mais je me borne a donner des faits. Le bois qui, dans le mcme terrain, croit le plus vite, est le plus fort; celui qui a cru lentement, ct donl les cercles annuels, c'esl-a-dirc les couclies ligneuses,sont minces, est plus faible que Taulre. J'ai trouve que la force du bois est proportionnelle a sa pcsanleur,de sorte qu'une piece de meme longweur et grosseur, mais plus pesanle quune autre piece, sera aussi plus forte ^ pcu pres en memo raison. Celte remar<|ue donne Ics moyens de comparer la force des bois qui viennent de differents pays et de differenls terrains, et etend infinimenl Tutilitc de mes experiences; car, lorsquil s'agira dune construction imporlante ou d'un ouvrage de con- sequence, on pourra aisement,au moyen de ma table, el en pesantlcs pieces, ou seulemenl des ecbantillons de ces pieces, s'assurer de la force du bois qu'on emploie, ct on evitera le double inconvenient d'employcr trop ou Irop peu de celte maliere, que souvent on prodigue mal a propos, et que quclque- fois on menage avcc encore moins de raison. On serait porte a croire qu'unc piece qui, comme dans mes experiences, est posee librement sur deux treteaux, doit porter beaucoup moins quune piece retenue par les deux bouts, et infixce dans une muraille, comme sont les poutres el les solives dun bailment : mais si on fait reflexion qu'une piece que je suppose de vingt-quatre pieds dc longueur, en baissanl de six pouces dans son milieu, cc qui est souvent plus qu'il n'en faut pour la faire rompre, ne hausse en meme temps que d'un demi-pouce a chaque bout, el que meme elle ne bausse guere que de trois lignes, parce que la charge lire le bout bors de la muraille souvent beaucoup plus quelle nc le fait liausser, on verra bien que mes experiences sappliquent a la position ordi- naire des poutres dans un batimenl. La force qui les fait rompre, en les obligeant de plier dans le milieu et de bausser par les bouts, est cent fois plus considerable que celle des plalrcs et desmorliers qui cedent et se degra- dent aisement; et je puis assurer, apres I'avoir eprouve, que la difTorence de force d'une piece posee sur deux appuis ct libre par les bouts, el de celle d'une piece fixee par les deux bouts dans une muraille batie a I'ordinaire, est si petite, qu'elle ne merile pas qu'on y fasse attention. J'avoue qu'en retenant une piece par des ancres de fer, en la posant sur des pierres de laille dans une bonne muraille, on augmenle eonsidcrable- ment sa force. J'ai quelques experiences sur celte position, donl je pourrai donner les resultats. J'avouerai mcme de plus que, si cette piece etait invin- ciblement retenue el inebranlablement contenue par les deux bouts dans des PARTIE EXPERIMENTALE. 529 ench^lres dune rnatiere inflexible et parfaitcment dure, 11 faudrait une force presque infinio pour la roinpre; car on pent dcmontrer que, pour rom[(rc une piece ainsi posee, il faudrait une force beaucoup plus grande que la force necessaire pour rompre une piece de bois debout, qu'on lirerait ou qu'on presserait suivant sa longueur. Dans les balinfienls ct les contif/nations ordinaires, les pieces de bois sont ehargees dans toule leur longueur ct en diiferents points, au lieu que dans nies experiences toute la charge est rcunic dansun seul point au milieu; cela fait une dilTerence considerable, mais qu'il est aise de determiner au juste j cest une affaire de calcul que tout constructeur un pcu verse dans la nicca- nique pourra supplecr aisement. Pour essayer de comparer les efl'ets du temps sur la resistance du bois^ el pour reconnaitre combien il diminue de sa force, jai choisi quatre pieces de dix-huit pieds de longueur sur sept pouces de grosseur ; jcn ai fait rom- pre deux, qui, en nondjres ronds, ont porte neuf miliiers cbacune pendant une heure : jai fail charger les deux autres de six milliers seulement, c"est-a-dire des deux tiers de la premiere charge, et je les ai laissees ainsi ehargees, resolu d'attcndre levenement. Lune de ces pieces a casse au bout de cinq mois et vingt-cinq jours, et lautrc au bout de six mois et dix- sept jours. Apres cette experience, je fis travailler deux autres pieces toutes pareilles, el je ne les fis charger que de la moitie, c'est-a-dire de quatre mille cinq cents livres; je les ai tenues pendant plus de deux ans ainsi cliargdes : elles nont pas rompu, mais elles out jjlie assez considerablement. Ainsi, dans des batiments qui doivent durer longtemps, il ne faut donner au bois loul au plus que la moitie de la charge qui peut le faire rompre, et il ny a que dans des cas pressants el dans des constructions qui ne doivent pas durer, comme lorsqu'il faut faire un pont pour passer une armee, ou un echafaud pour secourir ou assaillir une ville, quon peut hasarder de donner au bois les deux tiers de sa charge. ,Ie ne sais sil est necessaire davertir que jai rebute plusieurs pieces qui avaient des defauls, et que je nai eompris dans ma Table que les expe- riences dont jai etc salisfait. J ai encore rcjete plus de bois que je nen ai employe; les noeuds, le fil tranche et les autres defauts du bois sont assez aises a voir; mais il est difficile de juger de leur effel par rapport a la force dune piece. 11 est sur qu ils la diminuent beaucoup, el jai trouve un moyen d'eslimer a peu pres la diminutioti de force causee par un noeud. On sail quun noeud est une espece de cheville adherente a linterieur du bois; on peul meme connaitre a peu pres, par le nonibre des cercles annuels qu il contlenl, la profondeur a laquellc il penetre. Jai fait faire des trous en forme de cone et de meme profondeur dans des pieces qui etaient sans noeuds, et jai rempli ces trous avec des chevillesde meme figure; jai fait rompre ces pieces, el jai reconnu par la combien les noeuds olent de force au bois, ce qui est beaucoup au dela de ce qu'on pourrait imaginer : un noeud qu. se irouvera, ou une chiville qu'on meltra a la face inferieure, et surtout a 1 une 34 uMtson tome u .13(1 INTUODI CTION \ LHISTOlHi: l>liS MINKRALX. lies arrle>, ilimiiuie qiielquefois d"un quart la force de la piece. J'ai aussi cssave de rccoiinailre, par plusieurs experiences, la diminution de I'orce eaiisee par le fil tranche du bois. Je suis oblige de supprimer les resullals de ces epreuvos (|ui deinandent beaucoup de detail; qu'il me soil permis eopendant de rapporler un fait (pii parailra singulier, cest (inayant fail rompre des pieces courbes, telles (juou les emploie pour la construction des vaisscaux, des domes, etc., j'ai Irouve qu'elles resistenl davantagc en oppo- santa la charge le cote concave. On imaginerait d'abord le eonlraire, ct on penserait quen opposant le cote eonvexe, comme la piece fail voule, ellc de- vrail resister davantagc; cela serail vrai pour une piece dont les fibres longi- uidinales seraient courbes nalurellemenl, c'est-a-dire pour une piece courbe, donllefilduboisserailcontinuetnon tranche; mais comme les pieces courbes donlje me suis servi, el presquo loutcs cellcs dont on sc serf dans les eon- struelions, sont prises dans un arbre qui a de lepaisseur, la parlie intt^- rieiuc de ces couches est beaucoup plus iranchee que la parlie cxlerieure, et par consequent clle resisle moins, comme je lai irouve par mes experiences. II semblerail que des epreuves faites avec lanl d'appareil el en si grand nombre ne devraienl rien laisser a desirer, surloul dans une inatierc aussi simple que celle-ci; cependant je dois convenir. e( je lavouerai vnlontiers, qui! reste encore bien des choses a trouver : jc nen citerai que quelques- unes. On ne connnit pas le rapport de la force de la coherence longiludi- nale du hois a la force de son union transversale, c'est-a-dire quelle force 11 iaul pour rompre, el quelle force il faul pour fendre une piece. On ne lonnait pas la resistance du bois dans des positions differenles de celle que «;upposenl mes experiences, positions cependant assez ordinaires dans les bnlimenls, et sur lesquelles il serail tres-miportant davoir des regies eer- laines; je veux parler de la force des bois debout. des bois inclines, des bois retenus par une seule de leurs extremiles, etc. IMais en partanl des resul- lats de mon travail, on pourra parvenir aisement a ces connaissances qui nous mnnquent. Passons niaintenant an detail de mes experiences. Jai d abord recherche quels elaienl la densite el le poids du bois de ch6ne dans les ditterents ages, quelle proportion il y a enire la pcsanteur du bois qui occupe le centre, et la pcsanteur du bois de la circonference. ct encore entre la pcsanteur du bois parfail el cellc de laubier, etc. M. Duhanul ma dil (pi'il avail fail des experiences ace sujel: latlention scrupuleuse avec laquelle les miennes ont ele faites me donne lieu de croire quelles se trou- veront daccord avec les siennes. J'ai fait tirer un bloe du pied dun chene abatlu le meme jour, et ayant pose la poinle d"un compas au centre des cercles annuels, jai deeril une circonference de cercle autour de cc centre; el ensuile, ayant pose la poinle du compas au milieu de Tepaisscur de laubier, jai decrii tin pareil cercle dans laubier. J'ai fait ensuite tirer de ce bloc deux petils cylindres, lun de ( (Pur de chene, et lautre daubier, et les ayant poses dans |{>s bassins d'une bonne balance bydroslalique, et qui penchait sensiblement a un quart de I PAKTli: KXPKRIMENTALE, 551 grain, je les ai ajiistes en diminuant pen a peu le plus pesanl des deux, et lorsquils m'ont paru parfaitement en equilibre, je les ai peses : ils pesaieni egalementcliaeun 571 grains. Les ayant ensiiilc peses separement dans I'eati, oil je ne lis que les ploiiger un moment, jai Irouve que le morceau de cceur perdait dans I'eau 317 grains, ct le morceau daubier 344 des mcmes irrains. Le peu de temps quils demeurerent dans I'eau rendit insensible In ilifTerenoe de leur augmentation de volume par limbibilion de lean, qui est ires-difl'erente dans le rneur de ebene el dans I'aubier. Le nieme jour j"ai fail faire deux aulres cyiindres, lun de cumu" et I'auire daubier de chene, tires dun autre bloe, pris dans un arbre a peu pres de memo age que le premier, el a la memo bautcur de terre. (les deux eylin- dres pesaieni eliacuu 1,'.)78 grains; le morceau de coeur de chene perdit dans Teau l,G3o grains, ct le morceau daubier 1,784. En eomparant eelte experience avec la premiere, on trouvc que le creur de chene ne perd dans eelte seeonde experience cpie 307 ou environ snr 371, au lieu de 317 ^, el de meme que laubier ne perd siir 571 grains que 350, au lieu de 344, ce qui est a peu pres la meme proportion enlre le cceur et laubier. La difte- rence reelle ne vient que de la densite differente tant du coeur que de I'au- bier du second arbre dont lout le bnis en general etait plus solide et plus dnr (|ue le bois du premier. Trois jours apres jai pris dans un des morceaux d'un autre chene, abaliu le meme jour que les piV'cedents, trois cyiindres, Tun au centre de I'arbrc, I'auire a la circonference du canir, et le troisicme a I'aubier, qui pesaieni lous trois 07.*) grains dans Fair: ei les ayant pesos dans I'eau, le bois du cen- tre perdit 873 grains, celui de la eirconforenco du coeur perdit 906, el lau- bier 938 grains. Kn eomparant eelte iroisieme experience avec les deux pre- eedentes, on irouve que 371 grains du crour du premier chene perdani 317 grains i, 371 grains du ccpiir du second chene auraient di'i perdre 332 grains a peu pres; et de memo que 371 grains d'aubier du premier chene perdant 344 grains, 371 grains du second chene auraient du perdre 350 grains, ct 371 grains do laubier du Iroisieme chene auraient du perdre 3o6 grains, ce qui ne seloignc pas bonucoup do la premiere proportion; la difference rocllo de la perle, tant du coeur que de I'aubier de ce troisionif chene, venant de ce que son bois c(oii plus logcr ct un peu plus sec que coliii (les deux aulres. Prenant done la mesure moyenne enlre ces trois diHorenls bois do (bono, on Irouve que 371 giains de coeur pcrdcnl dans I'eau 319 grains ', de letu- poids, et que 371 grains daubier pcrdcnl 543 grains de leur poids : done le volume du cuur (h^ cMnc. est au volume de lau- bier :: 519 { : 345, et les masses : : 545 : 519 \, ce qui fail environ mi quinzi(Jme pour la difr(''rence outre ]c< j.oids sp(:'cifiques du cfour ct de I'aubier. J'avais choisi, pour faire eelte lroisi('mc cxp(''rienee, un morceau do boi^, dont les couches lignouses mavaient paiu assoz ('gales dans leur ('paissour. (I j'enlcvai mes trois cyiindres de telle faoon, que le centre do mon cvlindre 34. ^32 INTRODUCTION A LUISTOIRK DES MINERAUX. (Ill i>iilieii, qui ciail pris a la oireonCeiciice dii coeur, clait egalemenl eloigne (III coiUrc (Ic lorhrc oil j'avais ciiL've nion premier eylitulre de cosur, et dii centre du cyliiidre daubicr. Pur la j ai reconnu que la pesanteur du bois de- rroit a peu pres en progression aritiimi'lique, car la perte du cylindre du cenlre clant 873, et cellc du cylindre daubier etaiil 938, on irouvera, eu prenant la moitie de la souime de ces deux nombres, que le bois de la circonfijience du coeur doit perdre 90S ^, et par I'experience je trouve qu'il a perdu 906; ainsi Ic bois, depuis le centre jusqua la derniere circonferenoc de laubier, diminue de densitc en progression ariihmetique. Jc me suis assure, par dcs (ipreuves scmblables a celles que je viens din- diquer, de la diminution de pesanteur du bois dans sa longueur; le bois du pied dun arbrc pcse plus que le bois du trohc au milieu de sa hauteur, ei celui de ce milieu p("'se plus que le bois du sommet, et cela a peu pres en progression arillimijtique, lant que I'arbre prcnd de I'accroissement; mais il vient un temps oil le bois du centre et celui de la circonference du coeur pesent a peu pres egalement, et cest le temps auquel le bois est dans sa per- fection. Les experiences ci-dessus ont ete faites sur des arbres de soixante ans, qui croissaient encore, tant en hauteur quen grosseur; et les ayant repetees sur des arbres de quarante-six ans, et encore sur des arbres de trente-trois ans, jai toujours trouve que le bois du centre a la circonference, et du pied de Tarbre au sommet, diminuait de pesanteur a peu pres en progres- sion arillimtUique. Mais, commeje viens de I'observer, des que les arbres cessentde croitre, cette proportion commence a varier. Jai pris dans le tronc dun arbre den- viron cent ans trois cylindres, comme dans les epreuves prccedentes, qui tous trois pesaicnt 2,004 grains dans lair; celui du centre perdit dans leau 1,713 grains, celui de la circonference du coeur 1,718 grains, et celui de laubier 1,779 grains. Par une seconde epreuve, jai trouve que de trois autres cylindres, pris dans le tronc dun arbre denviron cent dix ans. et qui pesaient dans lair 1,122 grains, celui du centre perdit 1,002 grains dans leau, celui de la circonference du coeur 997 grains, et celui de laubier 1,023 grains. Cette experience prouve que le coeur n elait plus la partie la plus solide de I'ar- bre, et elle prouve en miime temps que laubier est plus pesant et plus solide dans les vieux que dans les jeunes arbres. J'avoue que dans les diflerents climats, dans les differenls terrains, el meme dans le meme terrain, cela varie prodigieusement , et qu'on peui irouver des arbres silues asscz lieureusement pour prendre encore de lac- croissement en hauteur a lage de cent cinquante ans; ceux-ci font une ex- ception a la regie : mais, en general , il est constant que le bois augmente de pesanteur jusqua un eertein age dans la proportion que nous avons eta- blie, qu'apres cet age le bois des dilTerentes parties de I'arbre devient h peu pres d'egale pesanteur, et cest alors qu'il est dans sa perfection; et enUn, PARTIE EXPERIMENTALE. 533 que sur son declin le centre de I'arbre venant a s'obstruer, le bois du coeur se desseche, faule de nourriture sufTisanle, et dcvienl plus leger que Ic bois dela circonference a proportion de la profondeur,deia difTerence du terrain et du nombre des circonstanccs qui peuvcnt prolonger ou raccourcir le temps de I'aceroissement des arbres. Ayant reconnu par les experiences precedentes la dilTerence de la densite du bois dans les difl'erenls ages et dans les difl'crenls elals oi'i il se Irouve avant que d'arriver a sa perfection, jai cberclie quelle elait la difference de la force, aussi dans les memes differents ages ; et pour cela j'ai fait tirer du centre de plusieurs arbres, tons de nieme age, c'est-a-dire denviron soixante ans, plusieurs barreaux de trois pieds de longueur sur un pouce d equarrissage, entre lesquels jen ai choisi quatre qui etaicnt les plus par- faits; ils pesaient : 1" 2- 3" 4' barreau onces. onces. onces. onces. 26fi 26i| 2614 26^. lis onl rolnpu sous la cliai ige de 301' 289' 272' 272'. Ensuite jai pris plusieurs morccaux de bois de la circonference du coeur, de meme longueur et de meme equarrissage, c"esl-a-dire de 3 pieds sur I pouce, entre lesquels jai cboisi quatre des plus parfaits; ils pesaient : i" 2' 3" 4"" barreau. onces. onces. onces. onces. 2S|4 25ij 25fi ont rompu sous la cha rge de 262' 258' 235' . 255'. Et de meme ayant pris quatre morccaux daubier, ils pesaient : 1" 2' 3' 4" barreau. onces. onces. onces. onces. 23^ 24f| 24f^ 24—. lis ont rompu sous la charge de 248' 242' 241' 230'. Ces epreuves me firent soup^-onner que la force du bois pourrait bien eire proportionnelle a sa pesanteur; ce qui s'est irouve vrai, comme on le vcrra pur iii suiic de ce IMemoiio. .Jui ropcle les nicnics t.xpciioiices sur des barreaux de 2 pieds, sur d'autres de 18 pouces de longueur et dun pouce d'equarrissage. Void le resullut de ces experiences : I.MRUDLOTlOlN A LHISTOIKIi DES iMJiNEKAlX. liAlUlEAlX DE Diax PIEDS Poidi. l^r 2= 5- 4" bairenu OIICCS. oiici;j. OIICCS. OIICCS. Centre ... • 174 1()H I6f^ ]6^. Circoiiler ence . • 13^ l^ri l^TT 13^. Aiibier... • i4II 14— Churtjes. 14— 14|7. Coiiiie... . 40o' 415' 428' 45*)'. Cireoiirt'ience . . 5oG 550 546 346. Aiibier... . 540 55 i 525 516. uwmr.ALX w. nix-iirn rdu.Ks. Puidi-. I" 2' ."" onces. OIICCS. oiiccs Cciilro 15H 15^ 15^ Circoiilerence.. 12|| 12i| 12^ .-Viibici- 11^7 M|i Il|^ t'linrijes. Ceiilrc 48,S' 186' i78' Ciicouference .. 460 i.'il H5 \ubifr 45'.> i5S 128 baireau. onccs 15. 12^. 477'. 44!. 28. laiu'. i,\i \ 1) 1 N I'il.l". /' '0 /'(/»■. ,., 2' 5' 4" liiincaii onccs. OIICCJ. onccs. OIICCS. Cciilrc S> 1 0 8K 8ii 8ii- Circon Terence , • ^h 7|7 7H Iti- .\iibier ■ 7^1 a 7ff anjes. 7 davantage lorsque les couches ligneuses qui le composent sonl situees perpendiculaircment; elles prouvenl aussi que, plus il y a de couches ligneuses dans les barreaux ou autres petites pieces de bois, plus la dilTcrcnce de la force de ccs pieces dans les deux positions opposces est con- siderable. Mais, comme je netais pas encore pleinement satisfait a cet egard, jai fait la meme experience sur des planches mises les unes contre les aulres, el je les rapporterai dans la suite, ne voulant point interrompre ici I'ordre des temps de mon travail, paree qui! me parait plus nalurel de donner les clioses comme on les a faites. Les experiences precedentes onl servi a me guider pour celles qui doivent suivre; elles monl appris qu'il y a une difference considerable entre la [lesanteur ct la force du bois dans un meme arbre, selon que ce bois est pris au cenire ou a la circonferenee dc I'arbre; elles m'ont fait voir que la situation des couches ligneuses faisait varier la resistance de la meme piece de bois. Elles m'ont encore appris que le nombrc des couches ligneuses influe sur la force du bois; et des lors j'ai reconnu que les tentatives qui out ete faites jusqua present sur celte matiere sont insullisantes pour determiner la force du bois : car toutcs ces tentatives onl ete faites sur de petites pieces dun pouce ou dun pouce el demi d'equarrissage, et on a fonde sur ces expe- riences le calcul des Tables qu'on nous a donnees pour la resistance des poutres solives ct pieces de toute grosseur ct longueur, sans avoir fail aucune des remarques que nous avons enoncees ci-dessus. Apres ces premieres connaissances de la force du bois, qui ne sont encore (jue des notions assez pen completes, j'ai cherche a en acquerir de plus pre- cises; j'ai voulu m'assurcr dabord si dc deux morceaux de bois de meme longueur et de meme figure, mais dont le premier ctait double du second pour la grosseur, le premier avail une resistance double; et pour cela, j'ai choisi |)lusieurs morceaux, pris dans les memes arbres et a la meme distance du centre, ayanl le meme nombre d'annces, situes de la meme fac^on, avec loutes les circonslanccs nccessaires pour elablir une juste com- paraison. J'ai pris a la meme distance du centre dun arbre, qualre morceaux de bois parfait, cliacun dc 2 pouccs d cquarrissage sur 18 pouces de longueur; ces qualre morceaux onl rompu sous 3,22G, 5,062, 2,985 et 2,890 livres, (•'csl-a-dire sous la charge moycnrie de 5,040 livres. Jai de meme pris i|uatre morceaux de 17 lignes, faibles d'equarrissage, sur la meme lon- gueur, ee qui fait a Ires-pou pres la moiiie do grosseur des qualre premiers morceaux, et j'ai trouve qu'ils onl rompu sous 1,304, 1,274, 1,331, I PARTIK EXPERIMENTALE. .S37 1,198 livres, c"est-a-dire, an pied iiioyen, sous 1,252 livres. Et de meme jai pris qiiatre morceaux durj poucc dcquai rissage sur la meme longueur de 18 ponces, ce qui fait Ic quart de grosscur des premiers, et j'ai irouve (lu'ils oiitrompu sous 526, 517, 500, 49G livres, c'esl-a-dire,au pied moyen, .-ous 510 livres. Celte experience fait voir que la force dune piece nest pas proporlioniielle a sa grosscur; car ces grossours etant 1, 2, 4, les charges devraient elre 310, 1,020, 2,040, an lieu quelles sent en elfet 510, 1,252, •1,040; ce qui est fort different, comme lavaient dcja remarque quelques auteurs qui ont ecril sur la resistance des solidcs. J'ai pris dc meme plusicurs bnrrcaux dun pied, de 18 pouces, de 2 pieds et de 3 pieds dc longueur, pour reconnaitre si les barreaux d'un pied porte- raicnt una fois aulant que ceux de 2 pieds, et pour m'assurer si la resistance V i;iiis'K)iiti: i)i;> mineuaix. ailonliuii iics-sfru|)tilt'iis(' ilans lo clioix da hois, ime eg;ililepiesqiie |)OiJait<^ (Ions l:i |K's;uitciir. Ic iiK'-ine iionibrc dims Ics couclies ligneiiscs; ct, oiili'o ccia, il y a\ait iiii iiicoinciiiciit presqiie iiic\ liable, eclalt rol)liquitc de la (liiCL'lioM dcs iibics, (|iii, soiixoiil, iciidail, les tiioi'ccaiix de bois Iranclies lo^ llIl^ d line coiiclie. les aulres d'niie denii-coiiciie, ce iiui diniinuail coiiside- rablcnieiil la force dii baireaii. Jc ne parle pas des noeuds, des defauls du hois, de la dirccliou tres-oblique des couches ligneuses; on sent hien que tous ces niorceaux etaient rejeles sails se doiiiier la peine de les nicllrc a repreuvo. Knliii, dc ce grand noinbrc d'expeiieiices que jai Cailes sur de pelils niorceaux, je n'en ai pu lirer rien dassure que les resuUats que j'ai donncs ci-dessus, el je n'ai pas cru devoir liasarder den lirer i\c^ conse- quences geiierales pour faire des tables sur la resistance du bois. (les considerations et les regrets des pcines pcrdues ine delerniinerenl a enlrepreiidre de I'aire des experiences en grand : je voyais clairemenl la dif- liculte dc rciitreprise, inais je ne pouvais me resoudre a rabandonner; et, heureuscment. jai ele beoucoup plus salisfait que je ne I'espcrais d'abord. EXPERIENCES. I. Jai tail abatire un cheiie de 5 pieds de circoiileience. el denviroii 25 pieds de hauteur; il elail droit etsans branches juscjua la hauteur de lo a 1(5 |)ieds; je lai I'ait seier a 14 pieds. afiii deviter les defauls du bois, causes par leruplion des branches, el ensiiiie j'ai fait scier par le milieu cette piece de 14 pieds; cela ma donne deux pieces de 7 pieds cliaeune; je les ai fail e(iuarrir le lendeinain par des charpentiers, et le stirlendemain jeles ai fail Iravaillcr a la varlope par des meniiisiers, pour les rediiirc a qualre pouees jusle d equarrissage. Ces deux pieces elaient fort saines el sans aucun nceud apparent; cclle (pii provenail du pied de I'arbre pesait 00 livres: celle qui venait du dessus du Ironc pesait oG livres. On employa a charger la |)re- miere vingl-nenf minutes de temps: elle plia dans son milieu de 3 pouees [. avanl que declater; a linstant que la piece cut eclate, on disconliiuia de la charger; elle continua dedaler et de faire beaucou]) de bruit pendant \ing(- deux minutes; elle baissa dans son milieu de 4 pouees ',, et ronipil sous la charge de 0,350 livres. La seconde piece, c'est-a-dire celle qui provenail de la partie superieure du Iroiic, fut chargee en vingt-dcux minutes; elle plia dan* son 'njlieu de 4 pouees 6 lignes a\anl tpie d eclaler; alors on cessa de PAKTIK EXPEKIMIvN'IALi:. :;riU la cluiiiior: die coiiluuiii dV'clater [joinlniil iiiiil iuiiuile.'=, d ellc l»iii!i>;i (\im< soil milieu de (1 ponces 0 ligiu-s, el rompil sous la cliartic ile lij'il'.i Iivih>. II. Dans le nieme terrain oil j"avais I'ail eouper larhre (|ui ma servi a lexperieiice |jreccden(e. jen ai laii altaltre un aulie piesiiue scniblable au premier: il etail seulemeiil nii [)eu plus eleve. (pioii|ue un i)eu uioius gros. sa tige etail assez droile, luais clle laissail parailre plusieurs pelites hranclie."- de la grosseur dun doigt dans la parlie superiemc, el a la hauteur de 17 pieds elle se divisait en deux grosses branches : j'ai Tail tiier dc ect arhie deux solives de 8 pieds de longueur surquaire pouces dequarrissage, el je les ai fail ronipre deux jours apies. c"esl-a-dire inunediatemenl apres qu'oii les eul travaiilees el reduiles a la jusic mesure. La premiere solive qui pro- venait du pied de larbre, pesail (58 livrcs; el la seconde, tiree de la parlie superieure de la tige, ne pesail que (15 livres. On chargea cette premiere solive en quinze mimUes; elle plia dans >on milieu de 5 ponces 1) lignes avant que d eclater: des (pTelle eul eelale, on ets.-a de la charger; la solive continua d eclater pendant di\ minutes; elle baissa dans son milieu de 8 pouces J apres quoi ellc rompil, en I'aisant beaucoup de bruit, sous le poids de 4,600 livres : La seconde solive lul chaigee en treize minutes; elle plia dc 4 pouces 8 ligncs avant (|ue d'eclaler; ct apres le premier eclat, (pii se til a 3 pieds 2 pouces du milieu, elle baissa de 1 1 pouces en six minutes, el rompil au boul de ce leinps, sous la charge de 4,o00 livres. in. Le meme jour, je (is abattre un troisieme clienc, voisin des deux aulres, el jen lis scier la tige par Ic milieu; on en lira deux solives de Opieds dc longueurchacune suripouces d equairissage ; eelle du pied pesail 77 livres, el cellc du souunet 71 livres; el les avant fait mellre a I'epreuve, la premiere ful chargee en tpialorze minutes; ellc jdia de i pouces 10 ligncs a\anl (jue d'eclaler. el cnsuile ellc baissa de 7 ponces ', et ronq)il sous la • barge de I, lOOlixres : cclle dndes>us de la lige, qui ful chargee en douzc mimites, plia de ii pouces ;,, cl edala ; cnsuile elle baissa juscpva 9 pouces, el rompil net sous la charge de .l/.l.'iO livres. Ces experiences font voir que le bois du pied d'un arbre est plus pesani que Ic boisdu haul de la tige ; elles a|ipr('micnt aussi (pie le bois du pied esl plus fori et nioins tlcxible (pie celui du ees auparavanl; car il se irouve ici une dilfcreiicc de pres dc deux milliers sur cinq dans la charge, cl cctte difference ne doit 6lrc allrihuce qu a la fenle de la premiere ruplure i|ui avail ail'aihli la piece. Ktant done encore moins satisfail, apres celte Iroisieme epreuve, (|ue je ne Tetais apres les deux premieres, je cherchai dans le meme terrain deux :irhrcs dont la ligc |)i'it me fournir deux solivcs de la meme longueur de 14 pieds sur "J pouces d'cquarrissage; cl les ayant fait couper le 17 mars, je les lis rnmpre le 1U du memo mois : Inne des pieces pesail 17S et laulre I7r>. Klles se liouvcrent hcurciisement fort saines el sans aucun defaul iippareiU ou cache. La premiere ne plia poini sous le premier millier: elle plia d un poucc sous le second, de 2 pouces { sous le Iroisieme, de i poii- t'cs ^ sons le qualiieme, et de 7 pouces | sous le cinqnienic. On la chargea encore de 400 livrcs, apres quoi elle lit un eclat violent, el conlinua d eclaier pcndani vingletune minules : ellebaissa jusqu'a 1o pouces, el rompil enlin sous la charge de "J, 400 livrcs. La scconde plia un pcu sous le premier millier; elle plia dun pouce 5 lignes sous le second, dc 5 pouces sous Ic iroisieme, de ;> pouces sous le qualrienie, el de pres de 8 pouces sous le linipiicme : 200 livrcs de pins la fireiil eclaier. Kile conlinua a faire du I. mil cl a haisser pendant dix-huit minutes, cl rompil au bout de ce Icmps >oiis la charge de ."i,200 livres. Ces deux derniercs experiences me salisdrent l)lcincmcnt, cl je lus alors convaincu que les pieces de 14 pieds de longueur sur H pouces d'cquarrissage, peuvent porter au moins cinq milliers. tandis (pic, par la loi du Icvier, dies nauraieni du porter que le double dc^ |)iecos do 2S pieds, e'est-a-dire o.OOO livrcs ou environ. FAKTii; i:\fkiumrnt\ij:. ur, \ ill. JiiMiis liiii iiliallre le mem*' juur deux aiilres cliene>. lionl la tige avail environ 1(j a 17 pieds ile liaiiteiir sans branelios, ct javais fail -^eior ecfi deux arl)res en deux parlies (•i;ales; cela niG donna qualre solives de 7 pieds de longueur siu' "i pouecs dequarrissage. De ces ((ualre solives je Ciis oblige den rebuter une qui piovenait de la parlie inierieure de lun de ces arbrcs, a cause dune tare assez considerable; c"t'tait im aneien coup de cognee que eet arbre avail recu dans sa jeunesse, a .1 pieds i au-dessus de terra. Cclte blessure setail recouvertc avec le lemps; niais la cicatrice uelait pas reunie el subsislail en enlier, ce (|ui faisait un defaut Ires-considerable. Je jugeai done que celle piece devait eire rejctee. Les Irois aulres ('taienl assez saines el n'avaienl aucun defaul; Tune provenail dn |)ied, ct les deux aulres du sommel des arbrcs : la difference de leur poids le marquait assez ; car eellc qui venait du pied pesail 94 livres, el, des deux aiUres Tune pesait 90 livres, et laulre 88 livres \. Je les lis romprc loulcs irois le meme jour 19 mars. On cinploya pres dune iieure pour charger la pre- miere; dabord on la cbargeait de deux milliers par cinq minulcs. On se servit dun gros equipage qui pesail seul 2,u00 livres. An bout de ipiinze ininules, elle elait cliargee de sept milliers; clle n'avait encore plie que de '.J ligiu's. Commc la dillicnlle de charger augmenlail, on ne put. dans les cinq minulcs suivantcs. In charger que de I ..'iOO livres; elle avail plie de 9 lignes. Mille livres, qu'on mil ensuilc dans les cinq^ minutes suivanles. la firent plier dun ponce T) lignes; miile aulres livres en cinq minutes 1 amenerent a I ponce 1 I lignes; encore miile livres, a :2 ponces G lignes. On conlinuait de charger; niais Pa piece eclala lout a coup et tres-violeni- inenl sous la charge de 1 1,77;) livres. Kile conlinna declaler avec grande violence pendant dix minulcs, baissa jus(|u a o pouoes 7 lignes. ct rotnpii net au milieu. La sccondi! piece, (pii pesail 9(1 livres, Inl ehargce C(inmie la premiere; (-lie plia plus aiseineni, el rompit au bout de Irenic cinq minulcs sons la charge de l(),9.'>(l livres : mais il y avail \u\ pciil momkI ."i la surface mfc- rieiire, ipii avail conlribue a la faire rompre. La iroisieme piece, (|ui lie pesail que 8S livres ', nyant etc ehargce en ein(|iiai)le-lrois im'nuU's, roin|)il sous la charge de I 1,^7.') livres. J'observai quClle avail encore plus piii' (pie les deux aulres; mais on manqna de mar- qiier exaclement les (pianliles donl ces deux derniercs pieces plierenl a mesure qu'on les chargeail. Par wi trois eprcuvcs. il esi aise de voir que la force dune piece de hois de 7 pii'ds de longueur, (pii ne devrail eire (|ue (piadrnph- de la force dune piece de hois de 'i^ pieds, est a pen pres sextuple. IX. Pour suivre plus loin ces eprcuvcs et massurer de celle augmentation de force en detail el dans tonics les longueurs des pieces de hois, jail fail Td)allre, loujour.s dans le meme canton, deux ciicnes fori lisscs, donl la lige porlail plus de 2") pieds sans aucune grosse branche; jen ai fail lirer deux solives de 24 pieds de longueur sur 'i ponces dccpiarrissauc : ces deux pieces 54/p INTRODUCTION A L'HISTOIRK DES MINERAUX. etaient fort saines el friiii bois liant qui se travaillaitavcc facilite. La premiere pesait 550 livres et la seconde n'en pesait que 307. Jc Ics ai fait charger avec un petit equipage de 500 livres par cinq minutes. La premiere a plie de 2 pouces sous une charge de 500 livres, de 4 pouces i sous eelic dun niil- lier, de 7 pouces i sous 1,500 liv!-es,etdc presde 11 |)oueessous2, 000 livres. La piece eclata sous 2,200, ct rompit au bout de cinq minutes, apres avoir baisse jusqua 15 pouces. La seconde piece plia de 3 pouces, 6 pouces, 9 pouces i, 13 pouces sous les charges successives et accumulees de 500, 1,000, 1,500 et 2,000 livres, el rompil sous 2, 125 livres, npres avoir baisse jusqu'a 16 pouces. X. II me fallait deux pieces de 12 pieds de longueur sur 5 pouces dequar- rissage, pour comparer leur force avec eelle des pieces de 14 pieds de I'ex- perience precedente ; jai choisi pour celn deux arbrc^s qui etaient a la vcrile un pen trop gros, n)ais que j'ai ele oblige d"em|)k)yer I'aute dautres. Je les ai fail abaltre le meme jour avec huit aulres arbres, savoir : deux de 22 pieds, deux de 20, et quatre de 12 a 13 pieds de hauteur. Jai fait travailler le lendemain ces deux premiers aibres, et en ayanl fait lirer deux solives de 12 pieds de longueur sur 5 pouces d'equarrissage, j'ai ete un pcu surpris de irouver que Tune des solives pesait 150, et que lautre ne pesait que 158 livres. Je navais pas encore trouve daussi grandes differences, meme a beaucoupjM'es, dans le poids de deux pieces semblables; je pensai d'abord, malgre lexamen que j'en avais fait, que Tune des pieces etail trop forte el lautre trop faibic d equarrissagej mais les ayant bien mesurees partout avec un iroussoquin de menuisier,'et ensuite avec un couq)as courbe, je reconnus quelles etaient parfailement egnlcs; ct comme elles etaient saines et sans aucun defaut, je ne laissai pas de Ics faire ronqire toutes deux, pour reconnaitre cc que celte difference de poids produiiait.On les chargca toutes deux de la meme fagon, c'est-a-dire dun nsillier en cinq minutes. La plus pesante plia de \, 7, 1 ~, 2 f, 4, 5 pouces \ dans les cinq, dix, quinze, vingl, vingt-cinq et trente minutes quOn cmploya a la charger, et elle eclata sous la charge de 6,050 livres, apres avoir baisse jusqu'a 15 pou- ces avant que de rompre absolument. La moins pesante des deux pieces plia dej, 1, 2, 5 J, 5 J dans les cinq, dix, quinze, vingt el vingt-cinq minutes; el elle eclata sous la charge de 5,225 livres, sous laquelle, au bout de 7 a 8 minutes, elle rompit entierement. On voit que la dillerence est ici a peu prcs aussi grande dans les charges que dans les poids, et que la piece legere etail tres-faible. Pour lever les douies que javais sur celtc experience, je lis lout de suite travailler un autre arbre de 15 pieds de longueur; j'en lis lirer une solive de 12 pieds de longueur sur 5 pouces d equarrissage. Elle se trouva peser 154 livres, el elle eclata apres avoir plie de 5 pouces 9 lignes, sous la charge de 6, 100 livres. Cela me fit voir que les pieces de 12 pieds sur 5 pouces peuvent supporter environ 6,000 livres, tandis que les pieces de 24 pieds ne portent que 2,200, ce qui fail un poids beaucoiip plus fort que le double de 2,200 qu'elles auraient dii porter par la loi du levier. II me restait, pour PAKTIli KXPERIMImNTALE. 54?5 satisfaire sui' louies les circoiistai.ces de cette experiorue, a irouver pour- quoi, dans un meme terrain, il se (rouve quelquefois des arbres dont le bois est si different en pesanteur et en resistance; jallai, pour le decouvrir visi- ter le lieu, el, ayant sonde le terrain aupres du ironc de I'arbre qui' avail fourni la piece Icgere, je reconnus quil y avait un pen dhumidite' qui sejournait au pied de cet arbrc par la pente nalurelle du lieu, et jallribuai la laiblesse de ce bois au terrain huniide ou il avait cru; car je ne maper- gus pas que la terre fiit dune qualite dilTerente; et, ayant sonde dans' plu- sieurs endroits, je trouvai parlout une terre semblable. On verra par lexpe- rience suivante, que les dilTerenls terrains produisent des bois qui sont quelquefois de pesanteur et de force encore plus inegales. XI. Jai choisi, dans le memo terrain ou je prenais tous les arbres qui me servaient k faire mes experiences, im arbre a peu pros de la memegrosseur que ceux de Texperiencc neuvieme, el en meme temps jai elierclie un autre arbre k peM pres semblable au premier, dans un terrain different. La terre est forte et melee de glaise dans le premier terrain, el dans le second ce n'est quun sable presque sans aucim melange de terre. J'ai fait tirer de chacun de ces arbres une solive de 22 pieds sur 3 pouces dequarrissage. La pre- miere solive, qui venait du terrain fort, pesait 281 livres; lautre, qui venait du terrain sablonneux, ne pesait que 232 livres : ce qui fait une difference de pres dun sixieme dans le poids. Ayant mis a lepreuve la plus pesante de ces deux pieces, clle plia de 1 1 pouces 3 lignes avant que declater, et elle bais.sa jusqua 19 pouces avant que de rompre absolumenl; clle sup- porta, pendant 18 minutes, une cliargc de 2,965 livres; mais la seconde piece, qui venait du terrain sablonneux, nc plia que de 5 pouces avanl que declater, et ne baissa que de 8 |>ouccs '- dans son milieu, etelle rompil, au bout de 3 minutes, sous la cbarge de 2,3o0 livres; ce qui fait une difference de plus dun cinquiemc dans la cbarge. Je rapporterai dans la suite quelques aulres experiences a sc sujet. Mais revenons a noire eclielle des resistances suivant les differentes longueurs. XH. Ue deux solives de 20 pieds de longueur sur 5 pouces d equarrissage, prises dans le meme terrain el mises a lepreuve le meme jour, la pre- miere, qui pesait 263 livres, supporta pendant dix minutes une cbarge de 3,275 livres, et ne rompil qu'aprcs avoir pliedans son milieu de 16 pouces 2 lignes; la seconde solive, qui pesait 259 livres, supporta, pendant liuil minutes, une cliargc de 3,275 livres, et roiu\)\t apres avoir plie de 20 pouces i. XIIL Jai ensuile fait faire trois solives de 10 pieds de longueur el du meme equarrissage de 5 pouces. La premiere pesait 132 livres, et a rompu sous la charge 7,225 livres au bout de vingl minutes, el apres avoir baisse de 7 pouces {. La seconde pesait 130 livres; clle a rompu, apres vingt mmutes, sous la charge de 7,050 livres, et elle a baisse de 6 pouces 9 lignes. La troisieme pesait 128 livres irelle a rompu sous la charge de 7,100 livres, apres avoir baisse de 8 pouces 7 lignes, et cela au boiil de dix-liuil minutes. En comparant cette experience avec la precedenle, on voit que les pieces 35 CI tf(l.\. tillll. II. 546 Ii\Tll()DIJCTI()i\ A L'HISTOIHE DKS MINKRAUX. lie 20 pieds siir 5 pouces d cquarrissagc peuvenl porter une charge de 3,223 livrcs, el celle de 10 pieds de longueur et du meme equarrissage de D pouces, une charge de 7,12S livres ; au lieu que, par les regies de la mecanique, dies nauraieiil du porter que 6,4S0 livres. XIV. Ayant mis a lepreuve deux solives de 18 pieds de longueur sur I) pouces dequarrissage, jai trouve que la premiere pesait 252 livres, et qu'elle a supporte, pendant onze minutes, une charge de 3,750 livres, apres avoir baisso de 17 pouces; el que la seconde, qui pesait 231 livres a sup- porte une charge de 3,630 livres pendant dix minutes, et n'a rompu qua- pres avoir baisse de 15 pouces. XV. Ayant de meme mis a 1 epreuve Irois solives de 9 pieds de longueur sur 5 pouces dequarrissage, jai trouve que la premiere, qui pesait 1 18 livres, a portc, pendant cinquante-huit minutes, une charge de 8,400 livres, apres avoir plic dans son milieu de 6 pouces; la seconde, qui pesait 116 livres, a supporte, pendant quarante-six minutes, une charge de 8,325 livres, apres avoir plie dans son milieu de 5 pouces 4 lignes; et la Iroisieme, qui pesait 115 livres, a supporte, pcndantquarante minutes, une chargede 8,2001ivres, et elle a plie de 5 pouces dans son milieu. Comparant celle experience avec la precedcnte, on voit que les pieces de 18 pieds de longueur sur 5 pouces d equarrissage portent 3,700 livres, et que celles de 9 pieds portent 8,308 livres |, au lieu qu'elles n'auraient du porter, selon les regies du levier, que 7,400 livres. XVI. Enfin, ayant mis a lepreuve deux solives de 16 pieds de longueur sur 5 pouces dequarrissage, la premiere, qui pesait 209 livres, a porte, pendant dix-sept minutes, une charge de 4,425 livres, el elle a rompu apres avoir baisse de 16 pouces; la seconde, qui pesait 205 livres, a pone, pen- dant 15 minutes, une charge de 4,275 livres, et elle a rompu apres avoir baisse de 12 pouces j. XVII. Et ayanl mis a lepreuve deux solives de 8 pouces de longueur sur 5 pouces dequarrissage, la premiere, qui pesait 104 livres, porta pendant quarante minutes, une charge de 9,900 livres, ct rompit apres avoir baisse de 5 pouces; la seconde, qui pesait 102 livres, porta, pendant trenle-neuf minutes, une charge de 9,673 livres, et rompit apres avoir plie de 4 pouces 7 lignes. Comparanl celle experience avec la precedente, on voit que la charge moycnne des pieces de 16 pieds de longueur sur 5 pouces dequarrissage est de 4,350 livres, et que celle des pieces de 8 pieds el du meme equarrissage est de 9,787 |, au lieu que, par la regie du levier, elle devrait elre de 8,700 livres. II resulte de toutes ces experiences, que la resistance du bois nest point en raison inverse de sa longueur, comme on la cru jusqu'ici , mais que celle resistance decroit tres-considerablemcnt a mesure que la longueur des pieces augmenlp, ou, si Ion veut, quelle augmente beaucoup a mesure que cette longueur diminue. II n'y a qu'a jeter les ycux sur la table ci-apres pour sen PARTIE EXPERIMENTALK. 347 convaincre : on voit que la charge d'une pi6ce de 10 pieds est le double et un neuvieme de celle dune piece de 20 pieds; que la charge d'une piece de 9 pieds est le double et environ le huilieme de celle dune piece de 18 pieds; que la charge d'une piece de 8 pieds est le double el un huitienie presque juste de celle d'une piece de 16 pieds ; que la charge dune piece de 7 pieds est le double el beaucoup plusdun huilieme de celle de 14 pieds : de sorle qu'a mesure que la longueur des pieces diminue,la resislance augmente, et cette augmentation de resistance croit de plus en plus. On pent objecler ici que cette regie de raugmentation de la resistance, qui croit de plus en plus a mesure que les pieces sont moins longues, ne s'observe pas au dela de la longueur de 20 pieds; et que les experiences rap- poriees ci-dessus sur des pieces de 24 et de 28 pieds prouvent que la resis- tance du bois augmente plus dans une piece de 14 pieds, comparec a une piece de 28, que dans une piece de 7 pieds, comparee a une piece de 14; et que de meme celte resistance augmenle, plus que la regie ne le demande, dans une piece de 12 pieds, comparee a une piece de 24 pieds : mais 11 n'y a rien la qui se contrarie, et tela narrive ainsi que par un elTet hien nalurel; c'est que la piece de 28 pieds et cellc de 24 pieds, qui n'ont que 5 pouces d'equarrissage, sont trop disproporlionnees dans leurs dimensions, el que le poids de la piece memc est une partie considerable du poids total quil faul pour la rompre ; car il ne faul que 1,773 livres pour rompre une piece de 28 pieds, et cette piece pese 362 livres. On voit bien que le poids de la piece devientdans ce cas une partie considerable de la charge qui la fait rompre; et d'ailleurs ces longues pieces minces pliant beaucoup avanl de rompre, les plus petils defauls du bois, et surtout le fil tranche, conlribuent beaucoup plus a la rupture. II seraitaise de faire voir quune piece pourrait rompre par son propre poids, et que la longueur quil faudrait supposer a celte piece, proporlionncl- lement a sa grosseur, nest pas a beaucoup pres aussi grande qu'on pourrait I'imaginer. Par exeniple, en partant du fait acquis par les experiences ci- dessus, que la charge dune pie(;e de 7 pieds de longueur sur 5 pouces d'e- quarrissage est de 1 1,523, on conclurait tout de suite que la charge d'une piece de 14 pieds est de S,762 livres; que celle d'une piece de 28 pieds est de 2,881 ; que celle d'une piece de 56 pieds est de 1,440 livres, cesl-a-dire la huilieme partie de la charge de 7 pieds, parce que la piece de 56 pieds est huit fois plus longuc : cependanl, bien loin quil fut besoin dune charge de 1,440 livres pour rompre une piece de 56 pieds, sur 5 pouces seulcment d'equarrissage, j'ai de bonnes raisons pour croire qu'elle pourrait rompre par son propre poids. Mais ce n'esl pas ici le lieu de rapporter les recherches que j'ai failes a ce sujet, el je passe a une autre suite dexperiences sur des pieces de 6 pouces d'equarrissage, depuis 8 pieds jusqu'a 20 pieds de longueur. XVIII. J'ai fait rompre deux solives de 20 pieds de longueur sur 6 pouces d'equarrissage; I'une de ces solives pcsail 377 livres, el laulre 575 : la plus pesanle a rompu au bout de douze minutes, sous la charge de 5,02;) livres, 35. M8 IMHODLICTlOiN A LUISTOIRE DES MINERAUX. apres avoir plic cle 17 polices; la secondc, ipii elait la moins pesaiite, a rompu en onze miiniles, sous la charge de 4,873 iivros, apres avoir plie de 14 ponces. Jai ensuilc mis a lepreiivc deux pieces de 10 pieds de longueur sur le nu-me cquarrissagc de 6 pouees : la premiere, qui pesait 188 livres, a supporte pendant quaranle-six minutes une charge de 11,47S livres, et na rompu qu'en se fcndant jusqu'a I'une de ses exlremites : elle a plie de 8 pouees; la scconde. (pii pesait 1 80 livres, a supporte pendant quarante- quatre minutes une charge de 1 1,025 livres; elle a plie de 6 pouees avanl que de rompre. XIX. Ayanl mis a lepreuve deux solives de 18 pieds de longueur sur 6 pouees d'equarrissage, la premiere, qui pesait 334 livres, a porte pendant seize minutes une charge de 5,62S livres : elle avail eclate avanl ee temps, mais je ne pus apereevoir de rupture dans les fibres, de sorte qu'au bout de deux heures et demie, voyant qu'elle elait toujours au rneme point, etqu'elle ne baissait plus dans son milieu oii elle avail plie de 12 pouees 3 lignes, je voulus voir si elle pourrait se redresser, et je fis oter peu a peu tons les poids dont elle etail ehargee : quand lous les poids furent enleves, elle ne demeura eourbe que de 2 pouees, et le lendemain elle setait redressee au point quil n'y avail que 5 lignes de courbure dans son milieu. Je la fis recharger tout de suite, et elle rompil au bout de quinze minutes sous une charge de 5,475 livres, tandis quelle avail supporte le jour precedent une charge plus forte de 250 livres pendant deux heures el demie. Cette experience sac- eorde avec les preccdenles, oii Ion a vu qu'une piece qui a supporte un grand fardeau pendant quelque temps perd de sa force, meme sans avcrlir el sans eclaler. Elle prouve aussi que le bois a un ressorl qui serelablil jus- qu'a un certain point, mais que ce ressorl, etant bande autanl (piil pent letre sans rompre, ne pcul pas se retablir parfaitement. La seconde solive, qui pesait 331 livres, supporla pendant quatorze minutes la charge de 5,500 livres, el rompit apres avoir plie de 10 pouees. Ensuite, ayanl eprouve deux solives de 9 pieds de longueur sur (j pouees d'equarrissage, la premiere, qui pesait 166 livres, supporta pendant ein- quanle-six minutes la charge de 13,450 livres, el rompil apres avoir plie de 5 pouees 2 lignes; la seconde, qui pesait 164 livres^, supporla, pendant cinquantc-une minutes, une charge de 12,850 livres, el rompit apres avoir plie de 5 pouees. XX. Jai fail rompre deux solives de 16 pieds de longueur sur 6 pouees d'equarrissage : la premiere, qui pesait 294 livres, a supporte, pendant vingl-six minutes, une charge de 6,250 livres, et elle a rompu apres avoir plie de 8 pouees; la seconde, qui pesait 293 livres, a supporte, pendant vingl-deux minutes, une charge de 6,475 livres, et elle a rompu apres avoir plie de 10 ponces. Ensuite, ayanl mis a lepreuve deux solives de 8 pieds de longueur, sur le meme equarrissage de 6 pouees, la premiere solive, qui pesait 149 livres, PARTIE EXPERIMENTAL!:. 54i) supporla, pendaiU uiie heure vingt minutes, une charge de 15,700 livres, el rompit apres avoir baisse de 3 pouces 7 lignes; la seconde soiive, qui pesail 146 livres. porta, pendant deux heures cinq minutes, une charge de 15,350 livres, et rompitapres avoir pliedansle milieu de4pouces2 lignes. XXI. Ayant pris deux solives de 14 pieds de longueur sur 6 pouces d equarrissage, la premiere, qui pesait255 livres, a supporte, pendant ijua- rantc-six minutes, la charge de 7,450 livres, et elle a rompu apres avoir plie dans Ic milieu de 10 pouces; la seconde, qui ne pesait que 254 livres, a supporte, pendant une heure qiiatorze minutes, la charge de 7,500 livres, et n"a rompu qu'apres avoir plie de 11 pouces 4 lignes. Ensuite, ayant mis a lepreuve deux solives de 7 pieds de longueur sur six |)ouces dequarrissage, la premiere, qui pesail 128 livres, a supporte, pendant deux lieures dix minutes une charge de 19,250 livres, ct a rompu apres avoir plie dans le milieu de 2 |)ouces 8 lignes; la seconde, qui pesail 126 livres ^, a su[)porte, pendant une heure quarante-huil minnles, une charge de 18,650 livres; elle a rompu apres avoir pliede 2 pouces. XXII. Enfin, ayant mis a lepreuve deux solives de 12 pieds de longueur sur 6 pouces d equarrissage, la premiere, qui pesait 224 livres, a supporte, pendant quarante-six mmutes, la charge de 9,200 livres, et a rompu apres avoir plie de 7 pouces; la seconde, qui pesait 221 livres, a supporte, pen- dant cinquante-trois minutes, la charge de 9,000 livres, el a rompu apres avoir plie de S pouces 10 lignes. J'aurais bien voulu faire rompre des solives de 6 pieds de longueur, pour les comparer avee celles de 12 pieds, mais il aurait fallu un nouvel e(piii»age, parce que celui donl je me servais elait trop large, et ne pouvait passer entre les deux treleaux sur lesquels portaienl les deux exiremites de la piece. En comparanl les resullats de toutes ces experiences, on voil que la charge dune piece de 10 pieds de longueur sur 6 pouces d"equarrissage est le double el beaucoup plus dun septicme de celle dune piece de 20 pieds; que la charge d'une piece de 9 pieds est le double et beaucoup plus dun sixieme de celle d'une piece de 18 pieds; que la charge dune piece de 8 pieds est le double et beaucou|» plusdun cinquiemede celle dune piece de 16 pieds ; et enfin que la charge dune piece de 7 pieds est le double et beau- coup plus d'un quart de celle dune piece de 14 pieds sur 6 pouces decpiar- rissage : ainsi laugmentation dc resistance est encore beaucoup plus grande a proportion que dans les pieces de 5 pouces dequarrissage. Voyons mainle- nant les experiences que j'ai faites sur dcs pieces de 7 pouces dequarrissage. XXIII. J'ai fail rompre deux solives de 20 pieds de longueur sur 7 pou- ces dequarrissage : la premiere de ces deux solives, qui pesait 505 livres, a supporte, pendant trente-sepl nuiuiles, une charge de 8,550 livres, el a rompu apres avoir plie de 12 nouccs 7 lignes; la seconde soiive, (pii pesait 509 livres, a supporte, pendant vingt minutes, nne charge de 8,000 livres, el a rompu apres avoir plie de 12 i)oiices. Ensuite, ayant mis a lepreiivr deux solives de 10 pi.'.ls de longuem s.ii mo INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. 7 polices d equarrissage. la premiere, qui pesait254 livres, a supporle, pen- dant deux heures six miiuiles, une charge de 19,650 livres, elelle a rompu aprt^s avoir plie de deux pouces 7 lignes avanl que d eclaier, et baisse de 13 pouces avant que de rompre absolumenl; la seconde solive, qui pesail 252 livres, a supporle, pendant une heure quaranle-neuf minutes, une charge de 19,300 livres, el ellea rompu apres avoir plie de 3 pouces avanl que d eclater, et de 9 pouces avant que de rompre entieremenl. XXIV. Jai fait rompre deux solives de 18 pieds de longueur sur 7 pou- ces dequarrissage : la premiere qui pesail 454 livres, a supporle, pendant une lieurc huit minutes, une charge de 9,450 livres, et ellc a rompu apres avoir plie de 5 pouces C lignes avant que d ecIaler, et de 12 pouces avanl que de rompre; la seconde, qui pesail 450 livres, a supporle, pendant cin- quanle-qualre minutes, une charge de 9,400 livres, el elle a rompu apres avoir plie de 5 pouces 10 lignes avant (jue declaler, el ensuile de 9 pouces fi lignes avant que de rompre absolumenl. Ensuile, ayant mis a 1 epreuve deux solives de 9 pieds de longueur sur le mcme equarrissage de 7 pouces, la premiere solive, qui pesail 227 livres, a supporle, pendant deux heures, une charge de 22,800 livres, et elle a rompu apres avoir plie de 3 pouces une ligne avant que d eclaier, el de 5 pouces G lignes avanl que de rompre absolumenl j la seconde solive, qui pesail 225 livres, a supporle, pendant deux heures dix-huit minutes, une charge de 21,900 livres, el elle a rompu apres avoir plie de 2 pouces 1 1 lignes avanl que d eclaier, et de 5 pouces 2 lignes avanl que de rompre entieremenl. XXV. J'ai fait rompre deux solives de 10 pieds de longueur sur 7 pouces dequarrissage : la premiere qui pesail 406 livres, a supporle, pendant qua- ranle-sept minutes, une charge de 11,100 livres, el elle a rompu apres avoir plie de 4 pouces 10 lignes avanl que d eclater, et de 10 pouces avant que de rompre absolumenl; la seconde, qui pesait 403 livres, a supporle, pendant cinquante-cinq minutes, une charge de 10,900 livres, et elle a rompu apres avoir plie de 5 pouces 3 lignes avant que declaler, el de 11 pou- ces 5 lignes avant que de rompre entieremenl. Ensuile, ayant mis a lepreuve deux solives de 8 pieds de longueur sur le meme equarrissage de 7 pouces, la premiere, qui pesait 204 livres, a sup- porle, pendant Irois heures dix minutes, une charge de 26,150 livres, el elle a rompu apres avoir plie de 2 pouces 9 lignes avanl que d'eclater, et de 4 pouces avant que de rompre entieremenl; la seconde solive, qui pesail 201 livres I, a supporle, pendant Irois heures quatre minutes, une charge de 25,950 livres, et ellc a rompu apres avoir plie de 2 pouces 6 lignes avant que declaler, el de 3 pouces 9 lignes avant que de rompre entieremenl. XXVI. Jai fait rompre deux solives de 14 pieds de longueur sur 7 pouces dequarrissage : la premiere qui pesail 351 livres, a supporle, pen- dant quaranteet une minutes, une charge de 13,600 livres, el elle a rompu apres avoir plie de quatre pouces 2 lignes avanl que d'eclater, et de 7 pouces I PAUTfE EXPERIMEiNTALK. 551 3 lignes avanlque de rompre; la seconde soli ve, qui pesait aussi 351 iivres, a supporle, pendant cinquanle-hiiil minntes, une ciiarge de 12,850 Iivres, el eilea rompu apres avoir plie de 3 pouces 9 lignes avant que declater, et de huit pouces une ligne avant que de rompre absolumenl. Ensuile, ayant fait faire deux solives de 7 pieds de longueur sur 7 pouces dequarrissage, et ayant mis la premiere a lepreuve, clle etait chargee de 28 milliers, lorsque tout a coup la machine ecroula : c'etait la boucic de fer qui avait casse net dans scs deux branches, quoiiiu'elie fut d'un bon fer carre de 18 lignes | de grosseur, ce qui fait 348 lignes carrecs pour cha- cune des branches, en tout 69G lignes de fer qui ont casse sous ce poids de 28 milliers, qui tirait perpendiculairement. Celte boucle avail environ 10 pouces de largeur sur 13 pouces de hauteur, el elie etait a ires-pcu prcs de la meme grosseur parloul. Je remarquai quelle avait casse presque au milieu des branches perpendiculaires, et non pas dans les angles, oii nalu- rellement jatirais pense quelle aurait du rompre. Jc remarquai aussi, avec quelque surprise, quon pouvait conclure do celte experience quune ligne carree de fer ne devail porter que 40 Iivres; ce qui me parait si conlraire a la verite, que je me delerminai a faire quelques experiences sur la force du fer, que je rapporterai dans la suite. Je n'ai pu venir a bout de fan-e rompre nies solives de 7 pieds de lon- gueur sur 7 pouces d'equarrissage. Ces experiences ont eie failes a ma cam- pagne, ou il me fi;t impossible de trouver du fer plus gros que cclui que javais employe, et je fus oblige de me conlenter de faire faire une autre boucle pareille a la precedente, avec laquellej'ai fait le reste dc mes expe- riences sur la force du bois. XXVII. Ayant mis a Tepreuve deux solives de 12 pieds de longueur sur 7 pouces dequarrissage, la premiere, qui pesait 302 Iivres, a supporle, pen- dant une heure deux minutes, la charge de 10,800 Iivres, et elle a rompu apres avoir plie de 2 pouces 11 lignes avant que declaler, el de 7 pouces 6 lignes avant que de rompre tolalemenl; la seconde solive, qui pesait 301 iivres, a supporle, pendant cinquante-cinq minutes, une charge de 15,550 Iivres, el elle a rompu apres avoir plie de 3 pouces 4 lignes avant que declaler, el de 7 pouces avant que de rompre enlieremenl. En comparanl loules ces experiences sur des pieces de 7 pouces dequar- rissage, je trouve que la charge dune piece de 10 pieds dc longueur est le double et plus dun sixieme de celle d'une piece de 20 pieds; que la charge d'une piece de 9 pieds est le double et pres d'un cinquicme de cclle dune piece de 18 pieds; que la charge dune piece de 8 pieds est le double et beaucoup plus dun cinquiemc de celle d'une piece de IG pieds; d ou Ion voit que non-sculcmenl lunite qui serl de mesure a raugmenlation de la resistance, et qui est ici le rapport entre la resistance dune piece de 10 pieds, est le . Livres. 8 4,550 9,787 ^ 15,525 20,050 9 4,025 5,508 i 13,150 11,250 22,350 10 5,612 7,125 19,475 27,750 12 2,987 i 6,075 9,100 16,175 23,450 14 5,500 7,475 15,225 19,775 16 4,350 6,562 { 11,000 16,575 j 18 3,700 5.562 1 9,245 15,200 20 5,225 4,950 8,375 1 1,487 1 22 2,975 24 2,162^ 1 28 1,775 PAUTJli EXPEUIMENTALK 589 SEPTIEME TABLE. Comparaison de la resistance du bois, Irouvh par les experiences prSc^dentes, et de la resistance du bois suivant la rerjle que cette resistance est cormne la largeur de la piece, mullipliie par le carr6 de la hauteur, en supposant la meme longueur. I LORGVECB des PifeCES. GROSSEURS. 4 pouces- 5 pouces. 6 pouces. 7 pouces. 8 pouces. Pieds. 7 Livres. ^ 8,312 ^ 8,901 Livres. 1 11,528 Livres. 18,980 19,918 4 Livrcs. 32,200 31,624 4 Livres. 48,100 47,649 4 47,198 4 g i 4,880 1 Q787 i iS,828 * 1 8,011 \ \ ^'^*^ \ 16,912 1 26,080 26,886^ *39,780 40,089 4 g 4,028 \ o,no,\ 13,480 ^ 4,283 1| 1 ».'^"»?( 14,386 f 22,380 22,798 4 *32,800 34,031 10 \ ^'612 \ 7.c,« i 11,280 ^" j 3,648 \ ''^^^ \ 12,312 19,478 19,881 27,750 29,184 • 2 i 2,987 1 I ..„. i 9,100 ^^ f 3,110 1 j •''"^^ ^ 10,497 1 16,178 16,669 4 23,480 24,883 4 14 Sinn ^ '''^^^ '''*"" ^ 8,812 4 13,228 13,998 4 19,778 20,889 4 16 , „„„ t 6,362 4 11,000 11,936 4 16,373 17,8171 18 3,800 } «;§52| 9,428 10,182 4 13,200 13,1884 20 ^99H i ^'980 '^'•^^^ ) 8,872 4 8,278 8,849 4 11,487? 13,209 4 Lfs asici isques uiar(|iii'ii( que Ics experiences n'oiit pas etc failes. MO INTHODLCTIOiN A L HISTOIRE DES MINEKAUX. DOUZIEME MEMOIRE. ARTICLE PREMIER. MOYEN FACILE UAI'CMENTER I.A SOIJDITi!:, l.A FORCE ET LA DUR^E Dll BOIS. il ne faut pour cela quecoicer I'arbre du haul en bas, dans le temps de la seve, el le laisser seclier eiilierement sur pied avant que de I'aballre. Cetle preparation ne demande qu'unc tres-petite depense : on va voir les precieux avanlages qui en resuUent. Les choses aussi simples, el aussi aisees a Irouver que Test eelle-ci, n'onl ordinairemenl aux yeux des physieiens quun merile bien leger; mais leur ulilite sufTil pour les rendrc dignes d'etre presentees; el peul-elre que I'exae- titude et les soins que j'ai joints a mes reclierches leur feront Irouver grace devant ceux memos qui onl le mauvais gout de n'estimer d'une decouverte que la peine etle temps qu'clle a coiites. Javoue que je suis surpris de me Irouver le premier a annoncer eelle-ci, surloul depuis que jai lu ce que Vilruve et Evelin rapporlent a cet egard. Le premier nous dil, dans son Architeclure,qu'avantd'aballre les arbres, il faut les corner par le picdjusque dans le cceur du bois, et les laisser ainsi seclier sur pied; apres quoi ils sont bien meilleurs pour le service , auquel on pout memo les employer tout de suite. Le second rapporle, dans son Traite des Forets, que le docteur Plot assure, dans son Histoire naturelle, qu'autour de Ilaffon, en Angleterre, on ecorce les gros arbres sur pied dans le temps de la seve, qu'on les laisse secher jusqua I'hiver suivant, qu'on les coupe alors; qu'ils ne laissenl pas que de vivre sans ecorce; que le bois en devient bien plus dur, et quon se sen de I'aubier comme du coeur. Ces fails sont assez precis, el sont rap- portes par des auleurs d'un assez grand credit, pour avoir merile raltenlion des physieiens et memo des architectes; mais il y a tout lieu de croire qu'outre la negligence qui a pu les empecher jusqu'ici de s'assurer de la I PAIITIE i:XPEIUMi:i\TALE. 561 verile de ces fails, la craiiite decontreveiiir a I'Ordonnance dcs cnux ct forels a pu retarder Icur curiusric. II est defendu, sous peine de grosses ainendes, d ocorcer aucuii arbre et de Ic laisser seiher sur pied. Celle defriise, qui daiileurs est fondee, a dii fairc un prejuge contraire,qui sans doute ;,ura U.U. regarder cc que nous venons de rapporter comme des fails faux, ou du moins liasardes;etjeseraisencoremoi-memedansl"ignoranceacclegard,silesalten- lious de M. le comle de Maurepas pour les sciences no meusseiil procure la liberie defairemes experiences, sans avoir a craindre do ics payer tiop cIut. Dans un bois taillis nouvellement abatlu, et ou j"avais Hiit reservcr qtul- qucs beaux arbres, le 5 de mai 1733, jai fait ecorcer sur |»iod quatre cheiies d'environ Ireiite a quaranle pieds de bauteur, el de cinq a six pieds de pourtour. Ces arbres etaient tous quatre tres vigoureux, bien en seve, ei ^ges denviron soixante-dlx ans. Jai fait enlever I'ccorcc, depuis le somniet de la tige jusqu'au pied de I'arbre, avec une serpe. Cede operation cstaisee, rccorce se separant Ires-facilcmcnt du corps de I'arbre dans le temps de la seve. Ces cbencs etaient de lespece, commune dans les forels, qui porte le plus gros gland. Quand ils furent enliercmenl depouillcs de leur ecorce, je fis abattre qualre autres chenes de la meme espece dans le meme terrain, et aussi setnblables aux premiers que je pus les trouver. Mon dessein etait d en fairc ecorcer le meme jour encore six, et en abattre six autres ; mais je ne pus acbever cettc operation que le lendemain. Dc ces six chenes ecorces, il sen trouva deux qui etaient beaucoup moins en seve que les qualre autres. .le fis conduire sous un hangar les six arbres abaltus, pour les laisser secher dans !eur ecorce jusqu'au temps que j'eii aurais besoin, pour les comparer avec ceux que j'avais fail depouiller. Comme je mimaginais que celle operalion leur avail fail grand tori, et qu'elle devait produire un grand changement, j'allai, plusieurs jours de suite, visiter tres-curieusement mes arbres ecorces ; mais je n'apereus aucune alteration sensible pendant plus de deux mois. Enlin, le lOjuillet, lun de ces chenes, celui qui etail le moins en seve dans le temps de lecorcemenl, laissa voir les premiers symp- lomes de la malad-ie qui devait bientot le delruire. Ses feuilles commence- renl a jaunir du cote du midi, et bientot jnunirent enlierement, socIh'- rentet tombercnl; de sorte quau 26 aout il ne lui en restait pas une. Je le fis abattre le 50 du meme mois. Jetais present. II etait devenu si dur, que la cognee avail peine a cntrer, el quelle cassa sans que la maladresse du bucheron mc parut y avoir part. L'aubier semblait etre plus dur que le eNEE 1734. MOIS ET J0( RS. I POIDS ' POIDS du sen! di'sscpl mor- eeau. mor- ceaux AISNEE 1754. MOIS ET JOURS. Avril 8 8 9 10 11 12 13 14 I.') 16 17 18 19 20 21 22 23 24 2.') 26 a 2 h du s a 10 h du .s a 10 h dum memeheure temps sec . . sec . . sec . . sec . . sec . . convert humidc ser. variable . chaud. , sec see {Trains. 2189 2130 2070 1973 1887 182.0 1778i 1744 1708 1084 lO.oOf 1630 1608^ 1590 lo76 1.564 1356 1550^ 1543 1532^ grains. 2189 1981 1851 1712 1628 1589 1565 1540i 1525^ 1518 1505 J 1502 1497^ 1494 I486 1481 1485 1486 1482 1479 27 28 29 30 Mai. 1" .1 9 13 21 29 Juin 6 Juill. 0 AoiJt 6 10 12 14 15 16 17 sec ... . sec .... vent. . . . piuie . . . humidc . . pluie . . . beau . . . humide . . beau ... vent et pliiio pluie ... beau ... .sec .... sec ... . see ... . see .... .sec . . - pluie ... beau. . . . POIDS POIDS du seiil desscpl mor- I mor- eeau. ' ccaux. grains. 15181 1509 1504 1504 1,507 1512 1510i 1511 1.504 i 1503 1517 1507 1500 1489 1479 1470 1461 1464 1465 grams. 1458 1449i 1447i 1461 1468 1479 1475 1470 1405 1406 1489 1479 1408 1401 1450 1448 1400 1408 1450 dans lcs huit premieres heures, est pour le moreeau seul de 59 grains, el pour les sept morceau.v de 208 grains. Ainsi la proportion du dessechement est plus grande que celle des surfaces; car le moreeau perdant 59, les sept morceaux nauraient du perdre (lue 200 ?. Ensuitc on voit que, depuis dix heures du soir jusqu'a sept heures du matin, le moreeau seul a perdu 574 INTRODlJCTIOiV A L IIISTOIRE DES MINER AUX. 60 grains, et que les sept inorceaux en ont perdu 130; et que, par conse- quent, le dessechement, qui dabord ^tait trop grand, proportionnollement aux surfaces, est maintenanl trop petit, parce qu'il aurait fallu, pour que la proportion fut juste, que le morceau seul perdant 60, les sept morceaux eus- sent perdu 204, au lieu qu'ils n'ont perdu que 130. En comparant le terme suivant, c'est-a-dire le quatrieme de la table, on voit que cette proportion diminue tres-considerablement, en sorte que les sept morceaux ne perdent que tres-peu en comjiaraison de leur surface; et des le cinquieme terinc, il se trouve que le morceau seul perd plus que les sept morceaux, puisque son dessecbenicnt est de 93 grams, et que celui des sept morceaux nest que de 84 grains. Ainsi le dessechement se fait ici d'abord dans une proportion un pcu plus grande que celle des surfaces, ensuile dans une proportion plus petite; et enfin il devient plus grand ou la surface est la plus petite. On voit quil n"a fallu que cinq jours pour desse- cher les sept morceaux, au point que le morceau seul perdait plus ensuite que les sept morceaux. On voit aussi qu'il n'a fallu que vinglet un jours aux sept morceaux pour se desscclier enticrement , puisquau 29 avril ils ne pesaient plus que 1 ,447 grains i, ce qui est le plus grand degre de legerete quils aient acquis, et qu'en moins de vingt-quatre lieurcs ils etaient a moilie sees; au lieu que le morceau seul ne s'est entieremcnt dosseche quen quatre mois et sept jours, puisque c'est au 15 d'aout que se trouve sa plus grande legerete, son poids n'elanl alors que de 1,461 grains, et qu'en trois fois vingt-quatre heures il etait a moitie sec. On voit aussi que les sept morceaux ont perdu par le dessechement plus du tiers de leur pesanteur, et le morceau seul k tres-peu pres le tiers. EXPtRIENCE IV. Sur le mime sujet que la pHcidente. Le 9 avril 1734,^ j"ai fait prendre dans le tronc dun chdne qui avait ete coupe et abattu trois jours auparavant, un morceau de bois en forme de cylindre dont j'avais determine la grosseur en mettant la pointe du compas dans le centre des couches annuelles, afin davoir la partie la plus solide de cet arbre qui avait plus dc soixante ans. .Jai fait scier en deux ce cylindre pour avoir deux cylindres cgaux et j'ai fait scier de la meme facon en trois Pun de ces cylindres. La superficie des trois morceaux cylindriques etait a la superficie du cylindre, dont ils n'avaient que le tiers de la hauteur, comma 45 est a 27, et le poids etait egal , en sorte que le cylindre seul pesait, aussi bien que les trois cylindres, 28 onces j|, et ils auraienlpese environ unelivre 14 onces si on les eut travaiiles le meme jour que i'arbre avait ete abattu. PARTIi: KXPERBlEiNTALE. Table du dessicliement de ces morceaux de bois. 575 ANNEE 1734. MOIS ET JOURS. POIDS POIDS du seul des trois mor- ceau. mor- reaiix. Avril 9 iO 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 2S 26 27 28 29 ^lOlidum. a 6hclum. meme h. . 28 28 28 27 27 27 26 26 26 26 2S 2.0 23 24 24 24 24 24 24 23 23 on COS. 28 ii 28^ 27 n 27 ^ 26 H 26 ^ 26 ^ 25 :~i 25 ~ 24 e 24^ 24^ 25 ^ 23 \~ 23^ 23 ~ 22 fi 22 ^ 22 — 22 ^ 22 ^ ANIVEE 1754. NOIS ET JOURS. POIDS du scul inor- eeau. Avril Mai Juin .iuill. Aoul Sept. Oct. Nov. Dec. 30 1" 2 3 5 9 13 17 21 25 29 2 6 14 26 26 26 26 26 26 26 POIDS des trois mor- ceaux. oiices. 23 II 23 23 23 23 22 22 22 22 21 21 21 21 21 21 20 20 20 20 21 21 oiices. 25 e 21 H 21 H 21 H 21 ^ 21 - 21 ^ 21 H 20 — •*'^' 3 2 20 — 20 ^ 20 ^ 20 H 20 ^ 20 i| 20 i| 20 - •^" 3 2 20 - ■^^ 32 20 — 20 fl 20 ^ On voit par celle experience, comparee avec la precedenle, que le bois du centre ou coeur de chene ne se dess^che pas tout a fait autant que lau- bier, en supposant meme que les morceaux eussent pese 30 onces, au lieu de 28 yI, et ceia a cause du dessechcmcnl qui sesl fait pendant trois jours, depuis le 6 avril quon a abatlu larbre dont ces morceaux ontete tires jus- qu'au 9 du meme mois, jour au(|ucl ils ont ele tires du centre de larbre et travailles. Mais en partant de 28 onces \^, ce qui etait leur poids reel, on voit que la proportion du dcssechement est d'abord bcaucoup plus grande que celle des surfaces; car le morceau seul ne pcrd , le premier jour, que ^ d'once, et les trois morceaux perdent ^, au lieu qu'ils n'auraientdu perdreque -^ -\- I ^X^ 16. En prenant le dessechement du secondjour, on voit que le morceau seul a perdu -^ el les trois morceaux ji, etquc, par conse- quent, il est a (res-peu prcs dans la meme proportion avec les surfaces quil ^tait Ic jour precedent, et la difference est en diminution. Mais, des le troi- sieme jour, le dessechement est en moindre proportion que celle des surfaces; car les surfaces etant 27 et 43, les dessechemenls seraient comme 5 et 7 H, sils etaienl en meme proportion; au lieu que les dessechements sent comme 5 et 7 ou j^ et j-^. Ainsi, des le iroisienie jour, le desseche- ment, qui dabord s'etait fail dans une plus grande proportion que celle des surfaces, devienl plus petit, et au douzi^me jour, le dessechement des trois 576 INTRODUCTION A LUISTOIRE DES MINERAUX. morceaux est cgal a cclui du morceau seul; et ensuite les trois morceaiix conti- nuent a perdre nioins que le morceau seul. Ainsi le desseehement se fait comme dans I'experience preccdente, d'abord dans une plus grande raison que celie des surfaces, cnsuitc dans une moindre proportion; et enfin il devient absolument moindre pour la surface plus grande. L"experiencc sui- vanle confinnera encore celte espece de regie sur le desseehement du bois. EXPtniENCE V. Jai pris, dans le meme arbrc qui mavait servi a I'experience preccdente, deux morceaux cylindriques de coeur de chene, tous deux de 4 pouces 2 lignes de diamelre et dun pouce 4 lignes d'epaisseur. J'ai divise I'un de ces morceaux en liuit parlies, par liuil rayons lires du centre, el j'ai fait fendre ce morceau en liuit, selon la direction de ces rayons. Suivant ccs mesures, la superficie des liuit morceaux est a tres-peu pres double de celle du seul morceau, et ce morceau seul, aussi bicn que les liuit morceaux, pesaient cliacun 11 onccs \l, ce qui revient a Ires-pcu pres a 70 livres le pied cube. Voici la table de Icur desseehement. On doit observer, comme dans lexperience preccdente, qu'il y avail trois jours que I'arbre dont jai lire ces morceaux de bois etait abattu, et que, par consequent, la quantile totale du desseehement doit elre augmentee de quelque chose. Table du desseehement d'un morceau de bois, et de huit morceaux, desquels la superficie itail double de celle du premier morceau, le poids itant le mime. ANNEE 1754. MOIS ET JOLRS POIDS POIDS. clii seu! Jes liuil mor- mor- ce.nu. ceaux. ANNEE 1754. MOIS ET JIIURS, POIDS du Sful mor- ceau. POlDS des liuil mor- ceaux. Avril 9 a 8 h du s. 10 a 6 hdu m. 1 1 meme h. . 12 13 14 13 16 17 18 19 20 21 22 23 24 2b 26 27 28 11 11 11 10 10 10 10 10 10 10 9 9 9 9 9 9 9 9 9 8 11 11 11 10 10 10 9 9 9 9 9 8 8 8 8 8 8 8 8 8 29 50 Mai 1" 2 3 9 15 17 21 25 29 Juin 6 26 Juiil. 26 Aoiit 26 Sept. 26 Oct. 26 Nov. 26 Dec. 26 onces. 8 ^ " 32 8^ 8 H 8^ 8 v^ 8 ^ 8 ^ 8 ;-! 8il 8iV 8 A 8t. 8^ 8^ 8i^ 8^ 8tj 8^. 8^ 8^ onces. 8^ 8^ 8 ^ 8 i^ 8ri 8ri 8 h 8 iT 8^ 8 ji 8^ 8^ 8^ 8ri 8 ^- 8^ 8 ^ 8 8 8 PARTlt; i:\PliHlME>TALi:. :i77 On voil ici, comme dans les experiences piecedenfes, ciiie la proportion du dessechcinenl est dabord beauconp plus iirande cpie celle des surfaces, ensuile moindre, puis beaucoup moindro, et enfin (juc par la plus petite surface vient bientot a perdre plus que la plus grande. On pent observer aussi, par lesderniers ternies de celle lable, quapres Ic dessccliement enlier, au 2() aoul, ces nioreeaux de bois onl augmente de pesanteur par riiuniidile des niois de septembre, octobrc ot novcndjre, el <|ue cette augmentation scst faite proportionncllement aux surfaces. EXPERIENCE M. Pour comparer le dessidiement du, hois parfait qu'on appelle le caur, avev le dessecheiiient du bois imparfait qu'on appelle I'aubier. Le 1 " avril 1734, j'ai fait tirer du corps d'un clienc abattu la veille, denx parailclipipedes, I'un de cccur et I'autre daubier, qui pesaient tons deux 6 onces \ : ils etaienl dcnieme figure; niais le morccau dnubier ctail d'en- viron un quinzieme plus gros que le niorceau de cteur, parcc que la densite du ca>ur de cliene nouvellcmenl abaltu csl a Ires-peu pres dune quinzieme partie plus grande que la dcnsile de I'aubier. Table du dessechcment de ces morceaux de bois. Ai\I\EE 1754. MOIS ET JOURS. I'OIDS du ccEur de cbctic. POIDS du mor- ccau d'auliicr ArSISEE 17.34. MOIS ET JOURS. POIDS du cucur do chciie. POIDS du mor- cpau d'aubier Avril 1" 2 /t- 5 6 7 8 9 10 11 12 1.3 U 1.^ K) . 17 , 18 . 19 , 20 , 21 , 22 . 23 , G 0 () ;i o o .") I) ;i xt o ;) .") .') ') o X* 5 onces. V u •) IT 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 Avril 24. 2:;. 2(i. 27. 28. 2<». 30. Mai I" o. <). 15. 17. 2.3. ,luin 2. 10. 20. .luill. 2(). Aoul 20. Sept. 20. Oct. 2(;. Nov. 20. Dec. 20. onces. 4 H 4 :i 4 H 4f^ 4K 4 H 4 H 4^^ 4 ^ 4 rr 4 ^ ^^ ^H ^^ 4 ^ onces. ^H 4 ii 4. i^ « s ^ i: ^^;^ 4 - 4 ^ iiifr(i.'«, torn. ii. a? b78 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. On voit, pnr celte table, que, sur G onces 7, la qiiantilc totale du dessc- choment dumorccau dc coeur de chene est 1 once fj, etque la quanlite totale du dessechcment du morceau d'aubier est de 2 onces ^; de sorte que ccs quantilcs sont enlrc dies, comme 57 est a 69, et comme 14 7 est a 16 7, cc qui nest pas fort dilTcrent de la proportion de densilc du coeur et de I'au- bier qui est dc lb a 14. Cela prouve que le poids le plus dense est aussi celui qui se dessecbe le moins, Jai dautres experiences qui confirment ce fait : un morceau cylindriquc d'alizier, qui pesait 15 onces i le 1" avril 1754, ne pesait plus que 10 onces i le 26 scptcnibrc suivant, et, par consequent, cc morceau avail perdu plus d"un tiers de son poids. Un morceau cylindriquc de bouleau qui pesait 7 onces ^ le mcme jour 1" avril, ne pesait plus que 4 once | le 26 septcmbre suivant. Ccs bois sont plus legers que le chene, et perdcnt aussi \\n pcu plus par le dessechcment; mais la difference n'est pas grande, et on pent prendre pour regie generale de la quantite du desse- chcment, dans les bois de toute espcce, la diminution dun tiers de leur pesanteur, en comptant du jour que le bois a ele abattu. On voit encore par lexperience prcccdente, que laubier se desseche d"a- bord hcaucoup plus promptcment que le coeur de chene ; car laubier etait deja a la moilie de son dessechcment an bout de sept jours, et il a fallu vingt- qualre jours au morceau de coeur pour se dessccher a moitie ; et par une table que jc nc donne pas ici, pour ne pas Irop grossir ee mcmoire, je vols que lalizior avail, en huil jours, acquis la moilie de son desscchement,ct le bouleau en sept jours : dou Ion doit conclure que la quantite qui s'evapore par le dessechcment dans les dilTcrentes espcccs de bois est a peu pres pro- porlionnelle a leur densilc; mais que le temps ncccssaire pour que les bois acquicrcnt un certain degre de dessechemenl, par exemple, celui qui est nc- ccssaire pour quon les puisse Iravailler aiscmenl, que ce temps, dis-je, est bien plus long pour les bois pcsants que pour les bois legers, quoiqu'ils ar- rivent a perdre a peu pres cgalement un tiers et plus de leur pesanteur. EXPKRIEXCE VII. Lc 26 fevricr 1744, j'ai fait exposcr au solcil les deux morceaux de bois qui m'ont servi aux deux premieres experiences, et que j"ai gardes pendant vingt ans. Lc plus ancien de ccs morceaux, c'est-a-dire celui qui a servi a la premiere experience sur le dessechcment, pesait, le 26 fevricr 1744,51 livres 1 once 2 gros ; et lautre, e'est-a-dire celui qui avait servi a la seconde expe- rience, pesait, le meme jour 26 fevricr 1744, 31 livres 4 onces ; ils avaient dabord etc desseches a lair pendant dix ans; ensuite, ayant etc exposes au soieil depuis lc 26 fevricr jusqu'au 8 mars, et toujours garantis de la pluic, ils se secherent encore, et ne pesaienlplus, le premier, que 30 livres 5 onces 4 gros, el lc second, 30 livres 6 onces 2 gros. Pour les dessccher encore davanlage, je les lis mctlre tons deux dans im four chaulTc a 47 degrcs au- PARTiE experi^iemalh:. :i79 dessus de la congelation; il etait neuf hcures quarantc minutes du matin : on les a tires du four deu\ hcures apres, c'est-a-dire a onze licurcs quaranle minutes, on Ics a niesurcs exactoment, leurs dimensions n"avaicnt pas clianfie sensiblenient. J"ai seulemcnt reniarque qui) setait fait dcs gerc^ures sur Ics quatre faces les plus longuesqui lesrendaient dune dcmi-ligne ou dune lignc plus larges; mais la hauteur ctait absolument la memc. On les a pescs en sortant du four; Ic morceau de la premiere experience ne pcsait plus que 29 livres 0 onccs 7 gros, et celui de la seconde, 29 livrcs G onccs. Dans le moment meme je les ai fait jeter dans un grand vaisseau rcmpli deau, et on a charge chaque morceau dune pierre pour Ics assujeltir au fond du vaisseau. Table de I'imbibition de res deux morceaux de bois qui ^talent entierement dessechds lorsqu'on les a plunges dans Veau. AAiNEE 1744. MOIS ET JOIRS. Mars 8. 9. 9. 9. 9. 9. 9. 9. 9. 9. 9. 9. 9. TEMPS pcndnnt IrquL'I Ics hois ont rcstr an four et liv. \ 1"30 / 2" 50 l\Ii» au four .i 9 li. 40' V Jrr 9(^ et lirijsa 11 li. 40'; I ^,. ^(^ ils pesaicnt. . . I Jelcs dans IVaii a 11 li. 40' cl tirees a niidi 40'. 1 Iicurc . . 1 iicurc . . 1 Iicurc . 1 Iieure . • 1 hcurc . • 1 hcurc 15'. i hcurc 45'. 1 hcurc 55'. 1 hcurc 55'. 1 hcure . . 1 " 52 2'- 52 1"52' 2' 55 1"52 2- 35 1"55 2' 55 1"33 2" 54 1"55 2" 54 1"55 2- 54 I" 55 2- 54 1"55 2- 54 \ I" 55 / 2" 54 \ 1-52 ) 2" 54 0 C 0 12 8 4 15 9 5 15 5 0 fi 1 8 4 9 o 10 C. 11 7 13 8 7 7 2 0 (•) () () 1 4 0 0 7 0 2 1 2 4 (; 4 2 2 7 Lr tl.crmo.n,-tr. a monte a 47 doRrcs : il etnilau Joji.e 'le laj^lj^o^;^_^ 37. o80 l,\Tlt()l)l CTIOiN A LIIISTUIRE DES IMI.NKUALIX. ANNEK 1744. TEMPS pendant Icquel los Ixiis MOIS F.T joriis. on I rcsic an four ct a I'cau. Mars y. 1 Iicurc . . 10. 11 lieures. . 10. 12 hemes. 11. 12 lieures. . n. 12 heures. 12. 12 lieures. 12. 12 lieures. . ir,. 12 Iicurcs. . 13. 12 lieures. . 14. 12 Iicurcs. 14. 12 Iicurcs. . i:;. 12 lieures. i;j. 12 lieures. IG. 12 lieures. . 10. 12 lieures. . 17.- 12 Iicurcs. . 17, 12 lieures. . 18. 12 Iicurcs. 18. 12 Iicurcs. . 19. 12 liCures. . IV). 12 Iicurcs. . 20. 12 lieures. 20. 12 Iicurcs. . I'OIDS des dcni morceau.i de Lois. one. {jr. 2" 34 l"o4 2- 5o lb 10 G 2 -14. 4 35 3.') 1' 2" 1' 2' 33 l'- 3.') 2" 35 1-^35 2- 5() 1"35 2'- 30 1"35 2'^ 30 1"35 2^ 36 1''30 2" 50 1 " 50 6 () 2 0 11 2 7 5 0 0 12 1 5 14 G 2 9 11 7 1 1 5 0 3 5 6 6 14 2 1' !'• 2'- 1' 2^' 1- 2" 3G 30 37 30 37 30 37 30 37 30 37 1"50 2- 57 1''30 2- 57 1"30 2' 37 1" 30 2'- 37 I "57 2" 57 1"57 2- 57 1" 57 2^ 37 1 2 1 3 4 15 0 10 1 13 4 0 0 2 8 0 7 2 2 1 3 4 9 0 5 5 2 0 11 2 7 5 12 0 10 0 8 15 9 14 10 0 12 1 13 2 14 4 2 4 7 7 2 2 1 0 0 5 PARTli: FA'PERIMKXTALK. SRI ANNEE 1744. Mois ET jorus. TEMPS peiiduiil Icquel lesbols mit rcsle a I'lau. 1'2 hen res. 12 licures. 12 hemes. 12 heures. 2i heures. 24 heures. 24 heures. 54 heures. 24 heures. 24 heures. 24 heures. 24 heures. 24 lieuros. 24 heures. 24 heures. 24 heures. 24 heures. 24 lieures. 24 heures. 24 lieures. 24 heures. 2i heures. 24 heures. POIDS dcs (li'ut inorceauJi dc bois. Iiv. l'^57 2" 37 1"37 2*^^ 38 1" 57 2- 38 1"37 2'- 38 1"37 2'-- 38 1"37 2- 38 1-37 2- 38 one. j;r. 3 7 13 2 3 0 57 58 57 38 57 0 7 4 0 1 4 S 2 2 4 (> 4 3 2 7 7 5 0 9 2 G () 0 3 2- 58 1"57 2- 38 1-37 2'- 38 1-57 11 o 8 7 12 2 10 0 15 1 2- 58 1" 57 2- 38 l-'38 2" 38 1--38 2" 58 1"38 2" 38 1"38 2" 58 1--58 2'- 3!) 1"38 2" 59 1"' 58 2'- 59 1 - 58 2- 59 l- 58 2'- 59 10 15 11 14 11 14 12 () 5 3 7 4 0 1 15 1 0 0 14 0 1 2 14 1 2 7 1^) 1 5 0 5 0 7 3 1 0 5 (') 1 2 4 () 1 ;> « 1 2 1 S82 INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MINERAUX. ANNEE 1744. TEMPS pendant lequel les Lois POIDS lies deux inorccaux MOIS ET JOlltS. out rcste a I'eau. dc bois. liv. one. t;r. Avril i\, pluie . 24 beures. . 1"58 0 7 2° 59 5 4 12, fioid . 24 beures. . 1-58 7 5 2" 59 5 0 13, sec. 24 beures. . 1"58 8 7 2° 39 0 4 14, fioid . 24 beures. . 24 beures. . 1-58 9 0 2" 59 0 0 IS, pluie . 1"58 10 2 2'= 59 7 4 10, vent. . 24 beures. . 1"58 10 7 2" 59 7 7 17, pluie . 24 beures. . \ 1-58 11 4 2^ 59 8 2 18, beau . 24 beures. \ 1-58 12 1 f 2'= 59 9 0 19, pluie 24 beures. . \ 1-58 15 1 / 2= 59 9 4 20, pluie 24 beures. . \ 1-58 15 2 2'-- 59 10 7 21, l)cau 24 beures. . , 1-58 14 0 ' 2-^ 59 11 0 22, beau 24 beures. . i 1-38 14 0 ( 2= 59 11 0 25, vent. 24 beures. . i 1-58 lo 0 f 2° 59 12 5 24, pluie 24 beures. . [ 1-59 0 5 / 2° 59 15 0 25, pluie 24 beures. . \ 1-59 1 5 / 2° 59 15 7 20, sec. 24 beures. . \ 1-59 1 0 1 2'^ 59 14 2 27, vent 24 beures. . \ 1-59 3 0 2° 59 15 4 28, pluie 24 beures. \ 1-59 4 1 ( 2" 40 10 29, beau 24 beures. . [ 1-59 4 3 / 2-= 40 1 0 50, sec . 24 beures. . \ 1-39 5 1 f 2° 40 1 7 Mai 1", beau 24 beures. . , 1-39 0 0 '( 2" 40 2 7 2, cliaud 24 beures. . \ 1-39 0 4 ( 2' 40 4 3 5, beau 24 beures. . \ 1-39 0 7 ( 2"= 40 5 7 I PARTIE EXPERIMENTALE. 583 ANNEE 1744. TEMPS POIDS n pendiiiil Icquel Ics Lois dcs ileux luorccaux || MOIS ET JOURS. ont resle a I'eau. de bois. liv. one. Sr. 3Iai... 4, beau. . . 24 heures . . V' 39 7 2"= 40 4 0 7 3, beau. . . 24 heures . . V' 39 7 2° 40 4 5 4 C, vent. . . 24 heures . . !■=■ 39 7 2" 40 4 4 1 7, pluie. . . 24 heures . . 1°'39 7 2° 40 5 n 3 8, pluie. . . 24 heures . . 1-^39 8 2° 40 5 5 3 9, beau. . . 24 heures . . J" 39 9 2° 40 G 2 0 . 1" 39 9 1 11, vent. . . 2 jours. . . 2" 40 5 3 i 1°^ 39 9 3 13, vent. . . 2 jours. . . 2° 40 3 G !■=' 39 9 7 13, vent. . . 2 jours. . . f 2-= 40 S 7 , J"39 10 0 17, pluie. . . 2 jours. . . f 2° 40 6 3 ) 1"39 H 5 19, pluie. . . 2 jours. . . 1 2" 40 7 2 \ r'39 12 3 21, tonnerre . 2 jours. . . 2" 40 8 3 i 1"39 13 3 23, beau. . . 2 jours. . . 2-= 40 9 0 r'39 14 4 23, pluie. . . 2 jours. . . T 40 10 0 1"40 1 1 27, beau. . . 2 jours. . . 2° 40 12 3 i"' 40 2 0 29, beau. . . 2 jours. . . ' 2° 40 12 4 \ 1"40 I 2 31, beau. . . 2 jours. . . ' 2° 40 12 3 \ V'40 2 4 Juin 2, sec . . . 2 jours. . . ( 2° 40 13 2 \ 1'''40 4 1 4, pluie. . . 2 jours. . . ' 2" 40 14 1 ( V'40 5 0 C, sec . . . 2 jours. . • ' 2° 40 14 7 , 1"40 0 0 8, sec . . . 2 jours. . . \ 2° 40 14 5 , i" 40 n 6 10, sec . . . 2 jours. . . ' 2° 40 0 0 584 INTP.ODlT/nOX A L'HISTOIRE DES MIN'ERAIX. ANNKE 1774. TEMPS POIDS MOIS KT JOl'KS. j>eii(liiiit le(|iiel les Lois out reslc a I'ean. des deux de morceau.v lois. liv. one. g'- Jiiin 12, sec . . . 2 jours. . . 1" 40 2" 41 G 0 i 14, diaud . . 2 jours. . , 1" 40 r 41 7 2 0 l(i, pliiio. . . 2 jours. •• \ r'40 ' 2° 41 8 1 3 0 18, com. 2 jours. . .. 1" 40 2' 41 10 2 1 7 i 20, pliiic. . . 2 jours. . . 1" 40 2" 41 10 3 4 1 0 22, couv. . . 2 jours. .. , 1- 40 2" 41 M 5 o 3 24, cliaud. . . 2 jours. . .. ^ 1" 40 f 2' 41 11 5 7 0 20, sec . . . 2 jours. .. . , 1°' 40 f 2' 41 13 G 0 2 28. sec . -. . 2 jours ^ 1" 40 f 2° 41 13 6 .3 .'0, sec . . . 2 jours. . . \ 1'40 / 2'- 41 14 G G 7 .Iiiillel 2. cliaiid . , 2 jours. .. . [ i" 40 f 2" 41 u 7 1 0 4, pliiie. •. -. 2 jours. . . , 1" 40 } 2" 41 la 8 3 (), pliiie. . •. 2 jours. .. .. \ i" 41 ( 2° 41 0 8 4 7 8. veiil. . . 2 jours. . .. 1 i" 41 ( 2" 41 1 10 0 0 I,e 10, oil a cHc (iblii,'i; tie li-^ chaiig*!' de c uvici', deux cercles.s'£l!Mil bt° sds. 12, pliiie. . -. 4 jours [ 1"41 1 2" 41 2 iO G (> 1(), pliiie. -. •. 4 jours. . . 1-41 1 2° 41 4 14 1 0 20, pliiie. . . 4 jours. . . \ 1-=^ 41 1 2° 41 13 0 0 24, couv. . . 4 jours. . . . [ 1" 41 ( 2° 41 G 4 G 28, beau. . . 4 jours. .. .. i r'41 1 ■±' 42 8 0 4 0 Aouf 1'", venl. . . 4 jours. . . ■ \ l'^' 41 1 2" 42 y 1 i 0 T), com . . ■ . 4 jours. .. . • \ 1"41 ( 2" 42 10 2 0 3 PARTIE EXPERIMENTALE. 58o ANNEE 1774. TEMPS POIDS pLMidiinl kMiuc'l les Lois (les ileux nioiTcaux || JOl'RS ET Mors. out nslc a I'eiiu. do bois. 1 liv. one. &■■ / 1" 41 11 4 Aoiil 9, chalcur . . 4 jours. . -. J 2° 42 3 1"41 12 2 1 J3, pluie. . . 4 jours. . . : 2" 42 3 1''41 12 7 7 17, vent. . . 4 jours. . 2" 42 3 l-'^l 13 3 3 21, pluie. . . 4 jours. -. . 2" 42 5 1"41 14 4 7 23, variable. . 4 jours. . . 2<^ 42 6 I' 42 0 7 4 29, beau. -. •• 4 jours. . . 2" 42 7 1-42 1 2 0 Sept. 2, beau. .. -. 4 jours. . . 2° 42 8 1"42 2 0 4 G, beau. . . 4 jours. . . 2" 42 9 1-' 42 3 2 5 10, variable. . 4 jours. •. . 2" 42 10 ^ 1" 42 5 3 14, beau. . -. i jours. -. . 1 2" 42 11 \ l"' 42 S 4 4 18, fbaud . . 4 jours. . . J 2° 42 12 \ r 42 4 0 7 22, beau. . •. 4 jours. . . 1 r 42 11 4 20, cliaud . . •i jonrs. . 1 2° 42 12 \ 1"42 0 2 7 50, beau. . . 4 jours. . . ( 2° 42 13 \ 1"42 7 1 4 Oclobre 4, vent. •. . 4 jours. . f 2° 42 14 \ 1"42 7 2 5 8, pluie. . -. 4 jours. . . / 2" 42 14 \ V 42 9 2 0 12, pluie. , . 4 jours. . . i 2' 42 1j \ 1"42 9 0 () 10, pluie. ■• . 4 jours. . . / 2" 43 0 \ 1"42 10 3 2 20, pluie. . . i jours. . . } 2° 43 1 ^ r^42 12 3 0 2i, pluie, . . 4 jours. . . ( 2" 43 2 \ ^"42 12 4 2 28, gelee. . . i jours. . . ; 2" i3 3 ^ 1"42 12 0 0 iNov. ^"^ beau . . 4 jours. . ( 2" 43 3 2 r,m INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. ANNEES 1744 ET 174S. TEMPS POIDS JOURS ET MOIS. pendant le(|uel les bois ont rcste a I'cau. des deux morceaux de bois. liv. one. gr- 1744. Nov. 5, pluie. . . 4 jours . . . 1" 42 13 2' 43 4 2 0 9, beau. . . 4 jours. . . 1"42 14 2° 43 4 0 13, beau. . . 4 jours. . . 1" 42 14 2° 43 5 4 2 17, pluie . . 4 jours. . • . 1"42 15 2° 43 5 2 6 21, variable. . 4 jours. . . 1"43 0 2° 43 6 2 2 25, beau. . . 4 jours, . . [ V 43 1 90 43 7 0 0 29, neige etge- lee. . . . 4 jours. . . , I"' 43 2 2° 43 8 0 0 Dec. 3, degel . . 4 jours. . . 1"43 2 2" 43 8 2 2 7, variable. . 4 jours. . . , l'=^43 2 2° 43 8 C 4 11, gelee . . 4 jours. . . 1" 43 3 2" 43 9 0 0 15, pluie, neige. . . 4 jours. . i"' 43 2 ' 2° 43 9 6 G 19, pluie, brouillard. . 4 jours. . . , 1" 43 3 ' 2" 43 9 4 4 23, pluie, neige. . . 4 jours. . . . 1"43 3 2" 43 10 5 0 31, neige, degel. 8 jours. . . l'=^43 5 2° 45 10 0 G 1745. Janv. 8, brouillard et pluie. . 8 jours. . . 1°' 43 5 ( 2° 43 H 4 2 IG, gelee . . 8 jours. . . 1"43 7 T 43 13 4 G 24, gelee, degel * . . 8 jours. . . 1" 43 7 j 2° 43 14 3 0 Fev. 1°', neige. . 8 jours. . . I 1-43 7 j T 43 15 7 4 9, pluie. . . 8 jours. . . I 1" 43 8 ( 2" 43 15 3 3 17, pluie, vent gelee. . . 8 jours. . . V 43 8 i 2" 44 0 3 0 * Lc liaquet ctait enticrcment gel e ; il n'y avail qu'iine pint( ; d'eau qui ne ful poinl glaccc. Oil avail cliaiige les bois dcu X jours aupaiavaiit pour re licr le baquel. PARTIE EXPERIMENTALE. 587 ANNEE 1743. MOIS ET JOliRS. TEMPS pendant Icquel Ics bois out reslc a I'eau. POIDS lies deux morceaux dc Lois. 174^). Fev. 27, beau. Mars 5, beau '' gelee. J3, gelee 21, vent. 29, beau. Avril C, sec. 14', sec. 22, pluie 30, beau. Mai 8, pluie** . IG, beau, pluie. . . 24, chaud, pluie. Juiu {", fi-oid, giboulee. 9, frais , chaud. . . 17, frais,vent. 25, pluie, vent . Juill. 5, i)Uiie, cliaud. . . \ 8 jours. . 8 jours. . 8 jours, . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . 8 jours. . liv. 1"43 2" 44 1"43 2° 44 1-44 2* 44 1"43 2° 44 1-^' 43 2° 44 1"43 2° 44 {"' 45 2" 44 1=^ 43 2° 44 1"43 2° 44 1"43 2" 44 1°'43 2° 44 i" 44 2° 44 i"U 2° 44 1- 44 2° 44 r^44 2" 44 1"' 44 2° 44 1°'44 one. gr. 9 6 1 11 4 12 3 11 5 0 4 0 2 0 0 1 H 0 3 2 11 3 13 5 2 4 4 0 13 0 G 0 13 2 5 3 U 3 7 2 13 0 7 0 1 0 8 1 8 3 9 7 0 4 2 0 9 7 3 4 11 1 3 4 \ 2" 44 11 1 • Les Lois etaient si fo.t serres par la glaco, qu'il a fallu y jcler de i'oau chaudo. lis onl pass.-, la nuit dans la cuisine aup.cs d. la ci.ea.incc, elils onl etc poses dou.e hour.. apreslVauciiaud.Muisodanslecuvier. , , „„ i„ " II est visible ici que e'est la vicissitude du temps qu, delen.une Ic plus ou le „.„ins d'aug^entation, apres un pa.eil non.b.c de jours ; Ics bo,s ont eons.derable.en rente Ctte fois, pre que les deux joucs qui ont p-ecede eelu, qu on les a peses ,1 ; S; te U eontLelle pa- un vent du coueban,, et ,e lende.a.a .1 a encore cont- nue de plcuvoir un pen. et ensuile un temps convert et bumulc. 588 INTRODUCTION A I/IIISTOIRE DES MINERAUX. A.\\EES 1745 ET 1740. TEMPS POIDS n MOIS ET JOURS. lieiieiaiit le(|ucl les hois out icste a I'cau. ties ilcux morceaux lie hois. liv. ouc. S'- 1743. Jiiill. 11, variable. . 8 jours. . . 1" 44 1 2" 44 4 H 6 2 19, pluie. 8 jours. . . , 1" 44 chaud. . . 2° 44 l."5 0 27, beau, . . 8 jours. . . , 1"44 1 2'' 44 6 12 0 0 Aoi'it. 4, pluie . . 8 jours. . . \ 1"' 44 i 2" 44 7 13 4 4 12, pluio. . 8 jours. . , ier44 \ 2" 44 8 14 3 2 20, pluie. . 8 jours. . . \ {" 44 1 2° 44 9 15 0 1 28, pluie, beau. . . 8 jours. . . , l"' 44 \ 2" 45 10 1 1 0 Sep!. 5, beau . . 8 jours. . . , l'^^44 1 2" 45 10 2 4 4 21, beau. . . 10 jours. . . , 1" 44 1 2'^ 45 H 4 0 1 Oct. 7, sec. . . 10 jours. . . \ 1"44 f 2'- 45 15 5 1 7 2.", beau. , . 10 jours. . . \ 1"44 / 2'= 45 15 0 0 1 j\ov. 8, >ariable. . IG jours. . . \ 1-45 \ 2" 45 1 8 4 2 21, iiuniide. . 10 jours. . i 1" 45 \ ^' 45 4 9 0 0 Dec. 10, gelee . . 10 jours. . . ( 1" 45 2" 45 4 10 () 1 20, buuiide. . 10 jours. . , l'^^45 2'= 45 3 10 0 4 174(5. .lanv. 1 1, variable. . 10 jours. . . \ 1" 45 } 2« 45 4 9 4 0 27, gelee, pluie. . . 10 jours. . . I 1" 43 } 2° 45 0 12 8 0 Fev. 12, pluie, neige. , . 28, degel . . 10 jours. . . 10 jours. . . \ 1-45 2= 45 i 1- 45 ' 2" 45 6 12 8 12 4 0 0 4 Mars 16, gelee, degel. . . IG jours. . . V' 45 2" 45 9 13 0 0 Avril 1", vent, neige. . . 10 jours. . . \ i" 45 1 2" 45 9 13 0 0 17, sec. . . 10 jours. . . \ 1"45 \ 2° 45 9 14 0 0 PAIITIE EXl^EKIMEMALE. o80 AJSiMiE 174(3 ET 1747. TEMPS POIDS 1 pendant lequcl les bois lies ili'iix nioi'ceaux || MOIS ET JOl'RS. ont rcsle ii I'cau. do bois. liv. one. S''- 1" 4j 10 0 ! 1740. Mai 3, variable. . 10 jours. . . 2- 45 13 0 1'.), sccct ) 10 jours. . . {"'AH 10 0 cliaud. . . ^ 2"^ 40 0 0 1" 4j 9 4 .liiin 4, pluio . . 10 jours. . . 2" 40 14 2 l"4:i 10 0 20, variable. . 10 jours. . . 2" 40 0 0 Juill. 0, variable, i 10 jours. . . {'''Ao 10 rj cliaud. . . 2^ 40 0 1 . • i 1'='43 10 5 22, sec. . . 10 jours. . . 2= 40 0 0 1"43 12 0 Aoul 7, liuiuide. . 10 jours. . . : 2-^ 40 0 7 i"4:) rj 3 23, cliaud . . 10 jours. . . 2^' 40 2 0 i"4ri i:i 0 Sei)l. 8, jiluie. . . 10 jours. . . 2'' 40 3 0 1-40 0 0 24, sec. . . 10 jours. . . 2'' 40 3 0 \ r^ 40 1 3 Oct. 10, liuiiiide. . 1(1 jours. . - ) r 40 4 3 \ 1°^ 40 1 0 20, beau. . . 10 jours. . . / 2" 40 T) 0 \ i" 40 2 0 >ov. 1 1, variable. . 10 jours. . . / 2'^ 40 C) 0 [ {" 40 3 1 27, friuias. . 10 jours. . . ' 2" 40 0 0 \ 1"40 4 4 Dec. !.■>, liuinide. . 10 jours. . . 1 2^- 40 7 4 \ l'^46 3 0 29, liuniide. . 10 jours. . . i 2" 40 7 0 i, 1" 4(i 3 0 1747. .JanN. \4, gelee . . 10 jours. . . 2" 40 8 0 \ {" 40 ^2 0 30, Iiuiiiide. . 10 jours. . • ( 2" 40 7 0 1"40 1 2 Fe\. 1j, lenipcre . 10 jours. . . / 2" 40 0 0 \ I'MO 3 0 Mars 3, degcl . . 10 jours. . • ( 2" 40 8 0 \ r 40 2 8 19, froid. . . 10 jours. . • ( 2'' 4!) 8 8 \ v 40 r> 1 Avril 4, pbric. . • 10 jours. . . 1 r 40 9 N< 90 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINEllAUX. ANNEES 1747 et 1748. TEMPS POIDS "1 pondaiil Icqiu'l les bois dcs ilciix morccaux | MOIS ET JOL'RS. out icste a rciiu. do I ois. l/v. ODC. c- 4747. Avim120, sec. . . 10 jours. . . 1" 40 r 40 4 8 7 1 Mai 0, leiiipcrc . 10 jours. . . 1"40 T 40 0 4 4 22, variable. . 10 jours. . . 1" 40 2" 40 7 9 5 0 Jiiiii 7, pkivicux. . 10 jours. . . 1"40 2" 40 8 10 2 3 23, Iciiiper. , plmicux. . ' JG jours. . r 40 2-^ 4() 9 12 1 1 Juill. !), variable. . 10 jours. . . 1" 40 2" 40 10 13 0 0 2 J, cliaud el buiiiide . 10 jours. . . 1"^ 40 2^ 40 12 14 0 4 Aoul 10, cliaud, i vent . . . ' 10 jours. . . 1 1'^ 40 2" 40 11 13 0 2 20, cliaud, pluic. . . 10 jours. . . 1"40 2" 40 12 15 0 0 Sept. 11, sec. . . 10 jours. . . 1"4G 2^ 40 11 13 0 0 27, pluv. . . 10 jours. . . I 1"40 2" 40 11 13 0 4 Ocl. 27, beau, con- vert . . . 30 jours. . . \ 1"40 2" 40 12 13 0 0 Nov. 27, brum, pen- dant 8 jours. 30 jours. . \ 1 i-'4e 2- 47 14 0 0 4 Dec. 27, pluv. . . 30 jours. . . \ 1"40 2- 47 IS 1 0 7 1748. Janv.27, gelee, neige cl deg. 30 jours. . . 1 1'^ 47 2" 47 0 2 0 0 Fev. 27, degel cl doux. 30 jours. . . \ 1 1"47 2" 47 1 2 0 4 Mars 27, froid. . . 30 jours. . . 1" 47 r 47 0 4 4 0 Avril 27, froid et pluv. . . 30 jours. . . i"47 2" 47 2 3 0 0 Mai 27, sec et froid. . . 30 jours. . . i^' 47 2" 47 2 4 0 0 1"47 14 0 Juin 27, sec. . . 30 jours. . . 2" 47 1 0 Juill. 27, chalcur cl pluic. . . 30 jours. . . \ r 47 2'- 47 10 2 2 1 Aout 27, cbaleur, brouillard. . 30 jours. . . \ 1"47 2° 47 2 4 0 0 PARTIE EXPERIMENTALE. 501 ANXEES 1748, 4!) et 50. TEMPS POIDS pendant leqiicl les Iiois des deux morceaux MOIS ET JOURS. ont reslo a I'eau. de In is. 1" liv. one. gr. | 1 1748. Sept. 27, pliiv. .• . 30 jours. . 1'-^ 47 2^ 47 3 0 5 5 Oct. 27, huinidc. . 30 jours. . . 1"47 2" 47 1" 47 7 5 7 4 4 1 ]\ov. 27, gclec. . . aO jours. . . 2- 47 7 4 Dec. 27, pluio et I vent . . . 30 jours. . . 1"46 2^ 47 rA7 4 4 6 7 6 i f74y. Janv. 17, pliiv. . . 30 jours. . . T 47 7 4 Fcv. 27; pluic , en- suite sec. . 30 jours. . . T 47 \ {" 47 6 0 8 2 8 0 Mars 27, pluv. . . 30 jours. . . f 2" 47 9 4 7 0 Avril 7, vent. . . 30 jours. . . 2'^ 47 1"47 0 0 0 0 Mai 27, chaiul. . 30 jours. . . 2" 47 \ 1-47 8 0 0 4 Juin 27, Aaiiable. . 50 jours. . . \ r 47 \ r'47 8 0 7 2 J 11 ill. 27, variable. . 30 jours. . . f r 47 \ r^47 8 2 10 0 Aout 27, pluv. , . 30 jours. . . 1 r 47 \ V'47 11 0 8 0 Sept. 27, sec. . . 30 jours. . . } T 47 \ {" 47 10 0 6 0 Oct. 27, sec. . . 30 jours. . . \ 2" 47 \ r47 7 0 12 0 Nov. 27, pluv. . . 30 jours. . . r 48 0 0 Dec. 27, gelec, de- 1 30 jours. . . ) 1"47 / 2° 47 14 0 15 0 gel. . . . \ 1-47 Hi 0 17jO,Janv. 27, huniide. . 30 jours. . . } 2" 47 \ m 13 4 15 4 Fev. 27, variable. . 30 jours. . . ( 2" 47 \ V'47 15 G 14 0 Mars 27, beau. . . 30 jours. . . 1 2'- 48 \ r47 2 0 12 4 Avril 27, beau . . 30 jours. . • } 2" 47 \ d"47 13 4 14 0 Mai 27, pluv. . . 30 jours. . . 2- 47 1"47 15 0 13 4 Juin 27, bruin. 30 jours. . . j 2" 47 13 4 -ir--rr.-.i ■n.-iT-na o92 IM'ROJJLGTIOX A I.'IIISTUIUE DES MINEIIALX. ANNEES 1750, S1,52etK3. TEMPS POIDS pendonl Ipqiirl Ics bois dcs deux ninrceaux IIOIS LT JOIIRS. on I I'oste ii I'eau. de bois. ; 1 liv. one. 8' • 17jO. Juill. 27, clialeur. . 30 jouis. .• . i 1"47 ' 2" 47 13 14 0 0 AoiU 27, pluv. . . 30 jours. . . 1"48 T 48 0 0 0 0 Sept. 27, bruin. 30 jours. . . 1"48 2" 48 1 1 0 0 Oct. 27, Loan , 30 jours. . . l"i8 1 0 convert . . 2'' 48 1 0 Nov. 27, pluv. . . 30 jours. . r48 2' 48 2 2 0 0 1751. Jaiiv.27, pluv. . . CI jours. . . 1"48 2*^ 48 10 13 0 0 Fev. 27, gclcc . . 30 jours. . . 1"48 2" 48 9 10 0 0 Mars 27, i)Iuic. . . 30 jours. , l'•^i8 2- 48 13 14 0 0 Avi-il 27, i)luio. . . 30 jours. . . 1"48 2- 48 13 14 0 0 Mai 27, ^al•ia]Jlo. . 30 jours. . . 1-48 2" 48 13 13 0 0 Juiu 27, chalciir. . 30 jours. . . 1 1-48 2" 48 8 12 0 0 Aoul 27, fcnipci'c. . GO jours. . . ! 1" 48 2" 48 7 8 0 0 Oct. 27, pluv. . . 00 jours. . . ' r 49 0 0 0 0 Dec. 27, gclee. . . 00 jours. . . J" 48 2- 48 10 10 0 0 1752. l-ev. 27, variable. . GO jours. . . ' J" 48 2' 48 9 11 0 0 Am'H 27, sec, . . GO jours. . . * 1" 48 2" 48 G G 0 0 Juin 27, ehautl. 1 '" 48 8 0 pluvieux. . ' GO jours. . . ) 2" 48 8 0 AoiH 27, variable. . GO jours. . 1"48 2= 48 10 10 0 0 Oct. 27, beau. . . GO joui's. . . 1"48 2- 48 10 M 4 4 Dec. 27, pluv. * . GO jours. . . . ) l-'48 T 48 11 12 0 0 1753. Fev. 27, liuniide. 1"48 10 4 doux. . . \ GO jours. . . . 1 2" 48 11 G AM-ii 27, pluv. . . GO joui's. ,. . 1 1"48 2" 48 11 12 4 0 1 ' On ;i oulilie de peser les deux mc rccaux do Iwis dans le niois de decembrc. I'AHTIE EXPEKIMEMALE. 59.1 On voil [)ar celte experience, qui a dure vingl ans : 1° Qu'apres le desscchemciit a I'air pendant dix ans, el ensuile au soleil et au feu pendant dix jours, le bois de chene, parvenu au dernier degre de son desseclicment, pcrd plus d'un tiers de son poids lorsqu'oii le travaille tout vert, et nioins d'un tiers lorsqu'on le garde dans son ecorce pendant un an avant de le travailler : car le niorceau de la pre- miere experience s'est en dix ans reduit de 4^) livres 10 onces a 29 livres (j onces 7 gros, et le niorceau de la seconde experience s'csl reduit, en neuf ans, de 42 livres 8 onces a 29 livres 0 onces. 2° Que le bois, garde dans son ecorce avant d'etre travaille, prend plus proniptement et plus abondamment I'eau, et par consequent I'liu- inidite de I'air, que le bois travaille tout vert : car le premier niorceau, 1051 1051 V, 1052 1053 1050 985 1010 1027 1034 1040 1044 1048 1051 1055 1056 1059 1061 1064 1065 1066 1067 1068 1069 1072 giains. 985 1065 1065 1073 '/., 1081 1083 1088 •/., 1090 1092 Vj 1084 1078 1078 7, 1079 7-, 1078 1074 1072 1073 1071 1072 PARTIE EXPERIMENTALE. oUri DATES DES PESEES. 1735. Avril Mai Juiii. Juill Aout. Sept. Oclob POIDS DES TROIS CYMNDRES. CcBur. lo2l, pluic . 22, couvert. 23, convert. 24, sec. . 25, sec. . 29, sec. . . 5, chaud . 0, sec . . 13, cliaiul . 21, pluie . 25, pluie . . 2, sec. . 10, liumide. 18, sec. . . G, pluic . ib, pluie . 23, pluie . . 23, sec . . 25, pluio . 25, pluie . grams. 1057 1057 ' 1058 1059 lOGO 10G5 10G8 '/ 1072 1073 1075 1077" 1078 ' 1082 1080 1088 109G 1113 1112 1120 1128 Circonferencc (iu occur. griiiiis. 1073 1073'/., 1077 1078 1079 1087 1091 1093 1095 1101 1103 1103 1108 1105 1109 1112 1I2G 1122 1I2() 1130 A 'A 'A 'A Aubicr grains. 1079 1078'/; 1074'/ 1074- 1074 1074 1073 1071 1070 1070 1084 1071 1078 10G4 10G9 1077 1098 1095 1092 1124 /2 Cette experience prescnte qnelque chose de fort singulier. On voit que, pendant !e premier jonr, I'aubier, qui est le moins solide des Irois morceaux, fire 80 grains pesantd'eau, fandis qne le morceau dc la cir- confercnce dii coeur n'en lire qne 31, ie morceau du centre 2G, et que le Icndeniain ce meme morceau d'aubier cesse de tirerl'eau; en sorfe que, pendant vingt-qualre Iicures enlieres, son poids n'a pasaugmenle d'un seul grain, tandis qucles deux aulres morccaux continuenl a tirer I'eau et a augmcntcr de poids; ct en jetant les ycux sur la table de I'im- bibition de ccs trois morceaux, on voit que celui du centre et celui de la circonferencc prennent des augmentations de pesanteur depuis le 2 avril jusqu'au 10 juin, au lieu que le morceau d'aubier augmentc el diminue de pesanteur par des variations fort irregulieres. II a ele nns dans I'eau Ic I" avril a midi j le ciel etait couvert et I'air humide; ce morceau pesait, comme Ics" deux autres, 985 grains. Le Icndcmain, a six hcuresdu matin, il pesait 1065 grains. Ainsi, en dix-huit hcures, il a\ait augmente de 80 grains, c'cst-a-dirc environ h de son poids total. II etait naturel de pcnser qu'il continuerait a augmcntcr de poids : cepctidant au bout de dix-huit lieures il a cesse tout d'un coup de tirer de I'cau, ct il s'e&l passe \ingt-(|ualre hemes sans qu'il ail augmenle; 38. ji)(i IM'UOD[JCTION A L'HISTOlllE DES MINEllAUX. eiisuile ce inorccau d'aubier a repris de I'eau, et a continue d'eii lirer pendant six jours, en sorte qu'au 10 aviil il avail tire 107 grains', d'eau: mais les deux jours suivants, le 11 et le 12, il a reperdu 14 grains V: cc (|ui fait plus de la moilie de ce qu'il avail tire les six jours precedents. II a denieure jtresquc slationnairc et au meme point pendant les Irois jours suivants, les 13, 1 i et la, apres quoi il a continue a rcndre I'eau qu'il a liree; en sorte qucle 19 du meinc mois il se trouve qu'il avait rendu 21 grains } dcpuis le 10. Il a diininue encore plus aux 13 et 21 du niois suivant, et encore plus au 18dcjuin;car il sc trouve qu'il a perdu 28 grains \ depuis le 10a\ril. Apres cela il a augmcntc pendant le mois de juillet, et au 25 de ce mois il s'est trouve avoir lire en total 113 grains pesanl d'eau. Pendant le mois d'aoi'il il en a repris 33 grains ; et entin il a augmente en seplcmbre ct surtout en oclobre si considera- blement, que, le 2o de ce dernier mois, il avait tire en total 139 grains. Unc experience que j'avais faite dans une autre vue a confirme celle-ci ; je vais en rapporter le detail j)our en faire la conq)araison. .J'avais fail faire quatre pelils c^lindres d'aubier de I'arbrc dont j'a\ais tire les petits morceaux de bois <|ui m'ont servi a lexperience rapportee ci-dessus. Je les avals fait tra\ailler le 8 avril, etjeles avals mis dans le meme vase. Deux de ces petits cylindres avaient ete coupes dans le cote de I'arbrc ((ui etail exi)Ose au nord lorsqu'il elait sur pied, et les deux aulres petils cylindres avaient ete pris dans le cote de I'arbre ([ui etail expose au midi. iMoii but, dans celle experience, ctait de savoir si le bois de la parlie de I'arbre qui est exposee au midi est plus on nioins solide que le bois qui est expose au nord. A'oici la pro- portion de leur inibibilion : PARTIE EXPERIMEXTALE. Tabic dc rimbibillon de ces qnatre cylindres. ■;97 I'OIDS DES MORCEAUX I'OIDS DES .MORCEAUX DATES DES PESEES. SEriEMHIONAlX. MKIUUIONALX. L'uii. L'auUe. L'uii. 1,'aulre. 173o. Avril. • • • o grains. 04 grains. 64 grains. 64 grains. 64 9 76 'A 76 73 'A 75 V-: 10 76 '„ 76 75 V. 75 7., H 76 V^ 76 74 74 12 77 76 74 74 15 77 7. 76 'A 74% 74 7.. U 76 V. 7(5 'A 75 74 7., i:i 77 'A 77 75 7. 75% IG 77 76 'A 74 'A 74 v. 17 76 ■/., 76 74 V, 75 V, 18 77 76 'A 74% 73 V. 19 77 76 74 75 V^ 21 78 '/, 77 75 75 25 77 76 74 74 29 77 '/., 76 'A 74 '/, 74 Mai. . . 5 77 'A 76 'A 74 74 13 77 V. 77 V. 74 74 28 78 77 75 75 Juin. . . . 30 78 76 % 75 75 Jiiillet. . . 25 80 '/., 80 78 7, 78 Aoul. . , . . 25 76% 76 ■/. 74 % 74 Septembre . . 25 80 V, 80% 79% 79 '/, Oclobrc. . . . 25 84 V, 84 83 83 Celle cvpeiience s'accorde avec Taiitre, et on voit que ces quatre mor- ccaux d'aubier aiigiuenteiit et diinimienl de poids les memes jours que le morceau d'aubier dc I'autre experience auginenle ou diniiuue, et que par consequent il y a une cause generale qui produit ces variations. On en .sei'a encoie plus convaiucu apres avoir jele les yeux sur la table sui- vante. Le i 1 avril de la nieme annee, j'ai pris un morceau d'aubier du nieme arbre qui pesait, avanl que d'avoir ete mis dans I'eau, 7 oiices 3 gros. \ oici la pi'oporlion de son imbibition : lidH INTRODUCTION A L'lilSTOIRE DES MINERAUX. POIDS roiDS MOIS ET JOURS. du moiceau. MOIS ET JOURS. du moitesu. onccs, onccs. 1735. Avril. . .11 7 '% 1735. Avril. . . 21 7 '% 12 7 '7a. 25 7 '% 13 7 '% Mai. . . 5 7 '%. 14 7 "/e, 25 7 '% 15 7 "/«. Juin. . . 25 7 '% 16 7 ^Vc4 Juillet . . 25 8 v.. 17 7 ^Vc. Aoiit. . . 25 7 '% 18 7 '% Septembre. 25 7 '7. 19 7 "/e. Octobre. . 25 8 Vu Cette experience confirnie encore lesautres; et on ne pent pas douter, a la vue de ccs tables, des variations singulieres qui arrivent au bois dans I'eau. On voit que tous ccs raorccaux do bois ont augmcnlc consi- derablement au 25 juillet j qu'ils ont tous diniinue considerablement au 25 aout, et qu'ensuite ils ont tous augmente encore plus considerable- ment aux niois de seplend)re et d'octobre. II est tres-cerlain que le bois, plonge dans I'cau, en tire et rejelte alternativenient dans une proportion dont les quantites sont tres-consi- derables par rapport au total de Timbibition. Ce fait, apres que je I'eus absolument verifie, m'elonna. J'iniaginai d'abord que ccs variations pouvaient dependre de la pcsantcur de I'air; je pensai que I'air etant plus pesanl dans le temps qu'il fait sec et chaud, I'eau chargee alors d'un plus grand poids devait penelrcr dans les pores du bois avec une force plus grande, et qu'au contraire, lorsque I'air est plus leger, I'eau qui y elait entree par la force du plus grand i)oids de ralmosphere pouvait en ressortir : mais cette explication ne va pas avec les obser- vations; car il parait, au contraire, par les tables preccdentes, que le bois dans I'eau augniente toujours de poids dans Ics temps de pluie, et diminue considerablement dans les temps sees et cliauds; et c'est ce qui me lit proposer, quelques annecs apres, a IM. Dalibard, de faire ces experiences sur le bois plonge dans I'eau, en comparant les variations de la pesanteur du bois avec les mouvemenls du barometre, du ther- mometre, et de I'liygromelre, ce qu'il a execute avec succes et public tlans le premier volume des Memoires etrangers, imprimes par ordi-e de I'Academie. EXPERIENCE IX. Sur rimbibition du bois vcit. Le 9 avril I73^j, j'ai pris dans le centre d'un clicne abatlu le ni«mo PARTIE EXPERIMENTALE. 590 jour, ag(> dVnvii'on soixaiile ans, un niorceau de bols cylindriquo qui pesail 11 onces; j(> I'ai mis loiil de suite dans im vase plein d'caii, que j'ai eu soin de lenir toujouis rcinpli a la meine hauteur. Table de I'imbibilion de ce morccau de cwiir de chcne *. AN>EE, MOIS POIDS AiVAEE, MOIS POIDS ET JOl'RS. dncGBrde cMne. ET JOURS. du cffiurdecliiue. onccs. onces 1735. Avril. . . 9 1755. Avril. . . 22 1 1 ^"Z 1 1 /f,i 10 11 /m 23 1 1 /M 11 11 Im 29 11 "/64 12 A i 26/ 1 1 la Mai ... 5 11 % 13 11 /64 13 11 ■"' 14 11 ■%. 29 1 1 /st 15 11 % Juin. . . 14 11 " ' ' /61 16 1 1 /C4 30 H "A. 17 I 1 2^/ I I hi Juillet . . 25 H 6"/ +♦ •* * Is* 18 1 1 m Aout. . . 25 19 * 1 hi Seplembre. 25 12 20 1 1 /ci Oclobre. . 25 12 Vo. 21 1 1 /6J II parait, par celte experience, qu'il y a dans le Lois une maticre grasse que I'eau dissout fort aiseincnl; il parait aussi qu'il y a des par- ties de fer dans cette matierc grasse qui donnent la couleur noire. On voil que le Lois qui \ ient d'etre coupe n'augniente pas beaucoup en pesanteur dans I'eau, puisqu'en six mois raugmentalion n'est ici que d'unc douzicme parlie de la pesanteur totale. EXPERIENCE X. Snr rimbibilion du bois sec, tant dans I'eau douce que dans I'eau salee. Le 22 avril 1735, j'ai pris dans une solive de cliene, Iravaillee plus de ^ingt ans au|)aravant, et (|ui avait loujours ele a couvert, deux petits parallelipipedesd'un pouce d'e(iuarrissage sur deux pouces de liauteur. J'avais auparavant fait foudre, dans une quantite de 13 onces d'eau, » L'eau, quoique changcc lics-souvent , picnail une couleur noire pen de temps aprcs que le Lois y elait ploiige ; (luelqucfois cette eau etail recouvortc d'une cspece de pelliculc huileuse, cl le bois a toujours etc gluant jusqu'au 2i) avril, quoique l'eau se soil clarifiee .[uclqucs jours auparavant. " On voit que, dans les temps auxquels Ics aubiers des experiences preccdenles diminuent au lieu d'augmcnlcr de pesanteur dans l'eau , Ic bois de cu-ur de chcne n'augmenle n. ne di- minuc. fiOO L\TR()l)i:CTFON A L'HISTOIRE DES MIXERAUX. ■1 oiico do sol luarin. Apres avoir peso Ics niorccaux de bois donl je viens de parlor, ot avoir oerit leur poids qui otait do 450 grains cliacun, j'ai mis I'liii de ces inorccaux dans I'eau salee, et Tautre dans una egalc qiiantito d'oau loiiimurio. Cliaquo niorceau |)csail, a\ant que d'etre dans I'oau, ijO grains; ils y onl ete mis a tin(i iieures du soir, et on les a laisscs surnager libre- mont. Table dc Vimbibhion de ccs deux viorceaiix de bois. I'oms I'OIDS ANNEi:, mm CT joi RS. du boisimbibr d'eau oomniuiic. (ill bois imbibe il'eaii salee. jsraiiis. grains. i73o. Avril . . 212 a 7 hcures du soir. 485 481 a 10 heures du soir. 493 487 2."> k G iieures dumalin. 50G 7,. 495 a G iieures du soir. . 521 V, 502 24 a G Iieures dumalin. 551 '/, 509 7. 25 meme heure . . . 547 517 7=* 2G . . ... . . . 5G0 528 27 a G hcures . i, !J, (1. grains. Srains. , 450 454 1705, Avril 22 a G heures ct demie. . 449 7.= 448 '/: 452 451 455 459 a 7 heures et demie. . 452 451 458 455 v.. 45G 4G3 a 8 heures cl demie. . 455 455 4G2 459 'A 458 4GG a 9 heures el demie. . 457 455 465 4G2 4G7 479 V, 23 k 0 heures du malin. . 4G4 4G3 476 '/. 475 475 494 '/., a 6 heures du soir. . . 474 471 491 488 482 505 V, 24 meme lieuie 480 479 505 501 r)02 INTRODUCTION A L'HTSTOIRE DES MINERAUX. POIDS UES NliMfROS d,2, 3. POIDS DES NUMtROS 4, 5, 6. 17o:>. Avril 25 k 6 heures du soir. 26 27 28 29 50 Mai V 0 i5 17 21 29 grains. 490 7, 4SG '/., 485 '/.. 501 497 495 507 'A 504 499 514 500 505 7.. 517 515 507 520 512 527 525 515 520 529 519 507 564 555 573 570 561 581 578 570 589 682 57) 59/ 584 583 619 618 612 grains. 'A 513 532 529 527 545 540 539 555 552 551 560 557 555 571 568 567 575 571 570 582 577 575 600 594 593 621 613 606 (>34 632 624 653 648 637 670 boo 649 682 667 664 ■A 'A 'A 1/ /2 'A ■A PARTIE EXPERIMENTALE. 003 MOIS ET JOURS DES PESEES. POIDS llES IVl'MtROS 1,2,3 POIDS IIES NUJIfeROS 4, 5, C. 1755. Juiii 6 a 6 lieures i4 . . . . du soir, . . 5;raiiis. 622 620 V„ 613 628 627 620 645 642 634 663 -A 657 648 688 694 686 718 711 704 723 713 V, 707 V, gfiiillS. 694 680 079 % 703 090 091 7, 724 715 715 7, 757 7, 731 7„ 729 747 742 750 752 748 740 757 7, 751 742 30 Juill. 25 Aout 25 Sept. 25 ... . Oct. 25 ... . . . . . II resulte de cette experience et de toutes les preccdentes : 1" Que le bois de cljeiie perd environ un tiers de son poids par le des- sechenient, el que ies bois nioins soiidcs que le clicne perdent plus d'un tiers de leur poids; 2° Qu'il faut sej)t ans au inoins pour dessecher des solives de 8 a 9 pouces de grosseur, et que par consequent il faudrait beaucoup plus du double de tenq)s, c'est-a-dire plus de quinze ans pour dessecher une ])OUlre de 10 a 18 pouces dequarrissage; 3° Que le bois abattu et garde dans son ecorce se desseche si lente- mcnt, que le temps qu'on le garde dans son ecorce est en pure perte pour le dessechenient, et (jue par consequent il faut equarrir les bois peu de temps apres qu'ils auront etc abattus; 4" Que, quand le bois est parvenu aux deux tiers de son desseche- ment, il commence a repomj)er I'liumidite de I'air, et qu'il faut par con- sequent consei-ver dans des licux fermes les bois sees qu'on veut employer a la nienuiseriej 5" Que le dessechenient du bois ne diminue pas sensiblement son \olume, et que la quantite de la seve est le tiers de celle des parlies solides de I'arbre ; (»" Que le bois de chene abaitu en pleine seve, s'il est sans aubier, 004 liNTRODl'CTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. n'esl pas plus siijol aiix vers que le bois de chene aballu dans toule autre saison ; 7° Que le dessechcnient du bois est d'abord en raison plus grande que celle des surfaces, et ensuite en nioindre raison j que le desseche- nient total d'un morccau de bois de volume egal , ct de surface double d'un autre, se fail en deux ou trois fois nioins de temps; que le desse- cbement total du bois a volume egal et surface triple se fait en cinq ou six fois environ moins de temps; 8" Que I'augmenlation de i)esanleur que le bois sec acquiert en repom- pant riuiniidite de I'air est propoilionnclle a la surface; 9" Que le dessechcnient total des bois est proportionnel a leur lege- rete, en sorte que I'aubier se dessecbe plus que le cceur de cliene, dans la raison de sa densile relative , qui est a peu pres de -j moindre que celle du coeur ; 10" Que, quand le bois est entierement desseche a I'ombre, la quan- lite dont on pent encore le dessecher en I'exposant au soleil , et ensuite dans un four (kliauffoa 47 degres, ne sera guere que d'unedix-seplieme ou dix-huilieme pai'tie du poids total du bois , et que par consequent ce dessechement artificiel est couteux et inutile ; ir Que les bois sees et Icgers, lorsqu'ils sont i)longes dans I'eau, sen renqjiissent en trespeu de temps; qu'il ne faut, par excmple, qu'un jour a un petit morceau d'aubier pour se renqilir d'cau, au lieu (pi'il faut vingt jours a un pared morceau de coeur de chene; 42" Que le bois de cceur de chene n'augmente que d'une douzieme partie de son poids total, lorsqu'on I'a plonge dans I'eau au moment (pi'on vient de le couper, et qu'il faut meme un tres-long temps pour qu'il augmente de cette douzieme partie en pesanteur; 13" Que le bois plonge dans I'eau douce la tire plus promplement et plus abondamment que le bois plonge dans I'eau salee ne tire I'eau salee ; 14" Que le bois plonge dans I'eau s'imbibe bien plus promptement qu'il ne se desseche a I'air, puisqu'il n'a fallu que douze jours aux mor- ceaux des deux premieres experiences pour reprendre dans I'eau lamoitie de toute I'liumidile (ju'ils avaicnt perdue i)ar le dessechement en sept ans, et qu'en vingt-deux mois ils se sont charges d'autant d'humidite qu'ils en avaient jamais eu, en sorte qu'au bout de ces vingt-deux mois de sejour dans I'eau ils pesaient autant (jue quand on les avail coupes douze ans auparavant; i'S" Enfin , que quand les bois sont entierement remplis d'eau, ils eprouvent , au fond de I'eau , des variations relatives a celles de I'at- mosphere , et (jui se reconnaissent a la variation de leur i)esanteur; et quoiqu'ou ne sache pas bien a quoi correspondent ces variations, on voit cependant en general que le bois plonge dans I'eau est plus humide lorsque I'air est humide, et moins humide lorsque I'air est sec, puisqu'il pese constanjment plus dans les temps de pluie que dans les beaiix temps. PAUTIE EX1»EK1MEMALE. OOj ARTICLE in. SUR LA CONSERVATION ET LE RETABLISSEMENT DES FOR^TS. l.e bois, qui ctait autrefois tres-commun en France, niainleiianl suffit a peine aux usages in(]ispensal)les, et nous sonimes menaces pour I'ave- uir tl'en niauquer absohinient. Ce serait une n raie pcrtc pour i'litat d'etre oblige d'avoir recours a ses voisins, et de tirer de cliez eux ii grands frais ce que nos soiiis et quelque legere econoniie peuvent nous procu- rer. Mais il faut s'y prendre a temps, il faul conuneiicer des aujourd'luii; car si noire indolence dure, si I'envie ])ressante que nous avons dejouir continue a augmenter noire indifference pour la poslerite; entiu si la police des bois n'est pas reformee, il est a craindre que les forels, ccltc parlic la plus noble du domaine de nos rois, nc deviennent des terres inculles , ct que le bois dc service , dans lequel consiste une parlie des forces niaritimes de I'Elal, ne se trouve consomme et dctruit sans espe- rance procliaine dc renouvellement. Ceux qui sonl preposes a la conservation des bois se plaignent eux- nuMues de leur dcperissement ; mais ce n'est pas asscz de se piaindre d'un mal qu'on ressent deja, et qui ne jieut qu'augmenter avec le temps; il en faut chercher le remede, et tout bon citoyen doit donner au public les experiences ct les redexions qu'il pent avoir faites a cet egard. Tel a toujours etc le principal objet de I'Academie : I'utililc publique est le but de ses fra\aux. Ces raisons ont engage feu iM. dc Reaumur a nous donner, en 1721, de bonnes remarqucs sur I'etat des bois du royaume. 11 pose des fails inconteslables, il offre des vucs saines, et il indique des experiences (lui feront honneur a ceux qui les executeront. Engage par les uicines motifs, et me trouvant a portee des bois, je les ai observes avec une attention particuiiere; et enlin, anime par les ordres de M. le conile de Maurepas, j'ai fait i)lusieurs experiences sur ce sujet. Des vues d'utilite particuiiere, autant (jue de curiosile dc pliysicien , m'ont porte a faire exploiter mes bois laillis sous mes yeux ; j'ai fait des pepinieres d'arbres forcstiers; j'ai seme et planfc plusieurs cantons de bois, et ayant fait loulcs ces epreuves en grand, je suis en etat de rendre compte du |)eu de succes de plusieurs pratiques qui reussissaient en pclil, et que les auteurs d'agricuiture avaient reconnnandees. II en est ici comme dc tons les aulres arts : le modele qui rcussit le mieux en petit souvent ne j)eut s'cxecuter en grand. Tons nos projels sur les bois doivenl se leduirc a tacher de conserver ceux (lui nous restenl, et a renouveler une parlie de ceux que nous avons delruils. Commentons par examiner les moyens de conservation, apres quoi nous viendrons a ceux de renouvellement. Les bois de service du royaume consistent dans les forels qui appar- tieimenla Sa .Majeste, dans les reserves des ecclesiastiques et des gens 60G INTRODUCTION A I'lIISTOIRE DES MINER AUX. dc mainiiiortc, et enlin dans les baliveaux (jue I'Ordonnance oblige dc laisscr dans tons les Lois. On salt, par iinc experience dcja trop longue, que le Lois des bali- veaux n'est pas de bonne qnalite, et que d'ailleurs ces baliveaux font lort aux laillis. J'ai observe fort souvent les effcis de la gelee du prin- temps dans deux cantons dc bois laillis voisins I'un de I'autre. On avait conserve dans I'un tons les bali\eaux de quatrc coupes successives; dans I'autre, on n'avait conserve que les baliveaux de la derniere coupe. J'ai reconnu que la gelee avait fait un si grand tort au taillis surcharge dc baliveaux, (juc I'autre taillis I'a devance de cinq ans sur douze. L'exposition clait la niemc; j'ai sonde le terrain en differenfs endroits, il clait seud)lable. Ainsi je ne puis altribuer cette difference qu'a I'onibrc ct a I'liuniidile (\nv les baliveaux jetaicnt sur le taillis, eta I'obstaclc qu'ils forniaient au dessechenicnt de cette huiuidite , en interrompanl I'actiou du vent et du soleil. Les arbres qui pousscnt vigourcuscment en bois produisent rarement beaucoup dc fruit; les baliveaux se chargent d'une grande quantile dc glands, et annoncent par la leur faiblesse. On imagincrait que ce gland devrait repeuplcr et garnir les bois : mais cela se rcduit a bien peu dc cliosc; car de plusieurs millions de ces graines qui tombent au pied dcs arbres, a peine en voiton lever quelques ccntaines, et cc petit nombre est bienlot elouffe par I'ondjre continuelle ou le manque d'air, ou supprinic par le ilcrjouUemcnt de I'arbre , et par la gelee qui est tou- jours plus Nive pres de la surface dc la terre , ou enfin dctruit par les obstacles que ces jeunes plantes trouvcnt dans un terrain traverse d'une infinite de racines ct d'herbes de loute espece. On voit, a la veritc, quel- ques arbres de brin dans les taillis; ces arbres viennent de graines, car le chene »c se mulliplie pas par rejetons au loin, et ne pousse pas dc la racine : mais ces arbres de brin sont ordinairement dans les endroits clairs des bois, loin des gros baliveaux, et sont dus aux mulots ou aux oiscaux, qui, en transporlant Ics glands, en sement une grande qnan- tite. J'ai su metire a profit ces graines que les oiscaux laissent tomber. J'avais observe, dans un champ cpii depuis trois ou quaire ans clait demeurc sans culture, qu'aulour de quelques petits buissons, qui s'y trouvaient fort loin les uns des autrcs , plusieurs petils chenes avaienl paru tout d'un coup; je reconnus bicntot par mes ycux que cette plan- tation appartenait a des gcais, qui, en sortant des bois, venaient d'habi- lude se placer sur ces buissons pour manger leur gland, ct en laissaient tomber la plus grande partie, qu'ils ne se donnaient jamais la peine de ramasser. Dans un terrain que j'ai plantc dans la suite, j'ai eu soin d'y mcltre de petils buissons; les oiscaux s'cn sont empares, et ont garni les environs d'une grande quantile de jeunes chenes. 11 faut quil y ait deja du temps (pi'on ait couuuence a s'aperccvoir du deperissemcnt des bois, puis((ue aulrefoib iios rois ont duiuie dcs ordres pour leur conservalion. La plus ulile de ces Ordonnances e>l celle qui I PARTIE EXPERIMENTALE. 007 etablit, dans les bois des ccclesiasliques et gens de mainmorte, la reserve du quart pour croitrc en fiitaic ; elle est ancienne et a ele donnee, pour la premiere I'ois, en 1:J73, confirmee en 4o97, et cependant dcmeuree sans execution jusciu'a I'annee 1069. Nous devons souhaiter qu'on ne se relache point a cet cgard. Ces reserves sont un fonds, un bien reel pour I'Etat, un bicn de bonne nature ; car elles ne sont pas sujettes aux defauts des balivcaux : ricn n'a etc micux imagine, et on en aurait bien scnli les avantages, si jnsqu'a present Ic credit, plutot que le besoin, n'en cut pas dispose. On prcviendrait cet abus en supprimanl I'usage arbi- Iraire des permissions, et en etabiissant un temps fixe pour la coupe des reserves : ce temps serait plus ou moins long, selon la qualile du terrain, ou plulot scion la profondcur du sol; car cctte attention est absoiiiinent neccssaire. On pourrail done en regler les coupes a cin- quanle ans dans un terrain de deux picds et denii de profondcur, a soixante-dix ans dans un terrain de trois pieds et dcnii , et a cent ans dans un terrain de qualrc pieds et demi et au dcia de profondcur. Je donne ces termes d'aprcs les observations que j'ai faites, au moyen d'une tariere liaute de cinq pieds, avcc laquelle j'ai sonde quantite do terrains, ou j'ai examine en meme temps la hauteur, la grosseur et I'age des arbres; ccia sc trouvera assez juste pour les terres fortes et petris- sables. Dans les terres legeres el sablonneuscs, on pourrait fixer les termes des coupes a quaranle, soixante et quatre-vingts ansj on per- drait a atlendre pins longlemps, et il vaudrait inliniiuent mieux gardcr du bois de ser\ice dans des magasins, que de le laisser sur pied dans les forets, ou il nc pent maiiquer de s'allcrer apres un certain age. Dans quelques provinces maritimes du royaume, comme dans la Brc- tagne pros d'Ancenis, il y a des terrains dc communes qui n'ont jamais ele cnltives, et qui, sans elrc en nature dc bois, sont converts d'une infinite de plantes inuliles. comme de fougeres, dc genets et de bruyeres, niais qui sont en meme temps planles dune assez grande quantite de chenes isoles. Ces arbres, souvent gales par I'abroulissement du bctail, nes'elevent pas; iis sc courbent, ils se torliilcnt, ct ils portent une mau- vaise figure, dont cependant on tire quelque avantage, car ils peuvent fournir un grand nombre de pieces courbcs pour la marine, et, par celte raison, ils mcrilcnt d'etre conserves. Cependant on degrade lous les jours ces especes de plantations naturelles ; les seigneurs donnent ou vendcnl aux paysans la liberie de couper dans ces communes, et il est a craindre que ces magasins de bois courbcs ne soient bienlot epuises. Cette perte serait considerable; car les bois courbcs de bonne qualite, tels que sont ceux dont jc viens de parler, sont fort rares. J'ai cherche les moyens de faire des bois courbcs , et j'ai sur cela des experiences com- mcncees (jui pourront reussir, et que je vais rapporter en deux mots. Dans un laillis, j'ai fait couper a differentes hauteurs, savoir, a 2, 4, G, 8, 10 et 12 picds au-dcssus dc lerre. les liges dc plusieui-s jeunes arbres, el, .pialre aunecs cnsuilc, j'ai fait couper le sommel des jeunes branches G08 liMHODLCTION A L'HISTOIKE MS MINEKALX. (|uc ces Jiibres eletos out produites ; la figure de ccs arbrcs est dcvenue, par cetle double operation, si irreguliere, qu'il n'est pas possible de la decrire, el je suis persuade qu'un jour lis fourniront du bois courbe. Celte facon de courber ie bois serait bieii plus simple et blen plus aiscc a jiraliquer que cello de charger d un poids ou d'assujcttir par une corde la tete des jeunes arbres, comme quelques gens I'ont propose*. Tons ccux qui connaisscnt un pen les bois savent que la gelee du |)riutemps est le fleau des laillis j c'esl ellc qui, dans les endroils bas el dans les pelils vallons, supprinic condnuellcment les jeunes rejelons, el enipeclie le bois de s'clever : en un mot, elie fait au bois un aussi grand tort qu'a toutes les aulres productions de la lerre; el si ce tort a jusqu'ici etc nioins connu, moins sensible, c'est que la jouissance d'un laillis etanl eloignec, le proprictairc y fait juoins d'atlenlion, et se console plus aise- n)ent de la pcrlc (juil fait : cependant cctte perte n'en est pas moins reellc, puisqu'ellc recule son revenu de plusicurs annees. J'ai tachc de prevenir, autant qu'il est possible, les mauvais effets de la gelee, en etudiant la faeou doiil clle .ngit, et j'ai fait sur cela des experiences qui in'ont appris (|ue la gelee agit bien plus violemnienl a rexposilion du niidi qu'a I'exposition du nord; qu'ellc fait tout perir a I'abri du vent, tandis qu'elle cpargne lout dans les endroils on il pent passer librement. (lelle observation, qui est constanle, fournit un moyen de preserver de la gelee (luehiues endroils des (aillis, au moins pendant les deux ou trois pi-emieres annees, qui sonl le temps crili(jue, et ou elle les attaque avcc j)lus d'avantage. Ce moyen consiste a observer, quand on les abal , de commencer la coupe du cote du nord. II est aise d'y obliger les mar- cliands de bois en metlant celte clause dans leur marclie, et je me suis deja tres-bien trouve d'avoir pris celte prt';caulion pour quelques-uns de nies laillis. Un pcre dc famillc, un homme arrange qui se trouve proprielaire d'une quantile uii pen considerable de bois laillis, connnence i)ar Jes faire arpcnter, borner, diviser el niettre en coupe reglee; il s'imagine que c'est la ie plus haul point d'economie : lous les ans il vend le meme nombre d'arpcnls ; de celte facon ses bois dcviennent un revenu annuel. 11 se sail bon gre de cctte regie, et c'est celte apparcnce d'ordre qui a fait prendre faveur aux coupes rcglees. Cependant il s'en faut bien que ce soil la le moyen de tirer de ses laillis tout le profit qu'on en pourrail oblenir. Ces coupes rcglees ne sent bonnes (|uc pour ceux (jui onl des terrcs eloignces (juils ne peu> enl visiter : la coupe reglee de Ictus bois est une espcce de ferme; ils complent sur le produit, el le recoivent sans se donner aucun soin. Cela doit con\enir a grand nondjre de gens; mais • Ccs jeunes arbres quo j'avais fail eteler en I73i, et doiil on avnit cneoie coupe la princi- pale branche en 1757, m'onl I'otiini , eu 1709, plusieurs courbes Ires-bonnes, el donl je me suisscrvi pour les roues des miirlcaux et lies soufflets ilc ines forges. I PAIiTIE EXPERIMENT ALE. G09 pour ceux donl riiabilalion se li-oiivc fixcc a la campagnc, ct lueme pour ceu\ qui y voiit passer un certain lenips loutes Ics annees, 11 Icur cs(, facile (Jc mieux ordonnor les coupes de leurs Ijois faillis. En general, on pent assurer que, dans les bons terrains, on gagnera a Ics atlendre . et que, dans les terrains ou il ny a pas de fond, il faut les couper fort jeunes; niais il serait a souhaiter qu'on piil donner de la precision a cette regie, el delerniiner au jusle lage ou Ton doit couper les taillis. Cctage est cclui ou raccroissenient du bois coninicnce a diniinuer. Dans Ics premieres anuces, ie bois croit de plus en plus, c'est-a-dire (jue la production de la secondc annee est plus considerable que celle de la premiere annee; raccroissenient de la troisienie annee est plus grand que celui de la seconde : ainsi raccroissenient du bois augniente jusqu'a un certain age, apres quoi il diaiinue. Cost ce point, ce maximum, qu'il faut saisir pour lirer de son taillis tout I'avantage ct lout Ie pro/it pos- sible. Mais comment Ie rcconnaitre? comment s'assurer de cct instant? il n'y a (pie des experiences faitesen grand, des experiences longues ct peiiibles, des experiences tellesque M. de Reaumur les a indicpices, qui puissent nous apprendre I'age ou les bois commencent a croilrc de nioins en mollis. Ces exjieriences consistent a couper el peser tons les aiis Ie prodiiit de quelar.edep„is un pied el den.i jusqu'i qu.Ue pieds el enu , on ne s apereoU d'.ucuac d.llc. ci.ce dans la grosscur des l.aliveau.. rd=crves .lans lc tailhs. 612 INTRODUCTION A L'lIISTOIRE DES MINERAIJX. La nature du terrain oil j'ai fait ccs essais in 'a paru semblabic dans tonic son ctcndue; c'cst unc Icrre fort pelrissable, un tant soit i)en niclce de glaise, rctenaiit lean longtcnips, ct se sechant asscz diflicilc- nient, fonnant par la gelee et par la secheresse nne espece de croiitc avec plusicurs pctites fentcs a sa surface, produisant naturellement une grandc ((iiandlc d'hichlcs dans Ics cndroits cultivcs, ct de gcnicv res dans Ics cndroits en fiiclic, Cc terrain est cnvironnc de tous cotes dc bois d'une belle venue. J'ai fait scnier avec soin tous Ics glands un a un, el a un pied de distance ics uns des autres, dc sorte qu'il en est cntre environ douze incsurcs ou l)oisseaux de Paris dans cliaquc arpeiit. Je crois (ju'il est nccessaire de rapporlcr ces fails pour qu'on puisse juger plus saincmenl de ceux qui doivent suivrc. L'annce d'aprcs, j'ai observe avec grandc attention I'etat de nia plan- tation, ct j'ai rccoiinu (pic, dans le canton doni j'esperais le plus, et que j'a\ais fait labourer tiois fois, et senier avaut I'liivcr, la plus grandc parlie des glands n'avaicnt pas Icvc; les pluies de I'liiver avaieut telle- inent baltu ct corroye la terre, quits n'avaient pu percer : le petit noinbrc dc ccuxqui avaient pu Irouvcr issue n'avait paru que fort lard, environ a la fin dc juin ; ils claicnt faibics, cftiles, la feuille etait jau- natre, languissanle, ct ils elaicnt si loin Ics uns des autres, Ic canton etait si pen garni, que j'cus quclque regret aux soins qu'ils avaient coute. Le canton qui n'a\ait cu que deux labours, ct qui avail aussi etc seme a\aul I'liiver, resscmblail asscz an premier; cependant il y avail unplus grand nouibrc dcjcunes cliencs, parcc que la terre etait nioius divisee par le labour, la pluie n'avait pu la battre autant que cclle du premier canton. Le troisicmc, qui n'avait eu qu'un scul labour, etait, par la uieme raison, un pcu micux pcupic que le second; uiais cepen- dant il retail si nial, que plus des trois quarts de mes glands avaient encore manque. Celle epreuvc me fit conuailrc que, dans Ics terrains forls ct mcles dc glaise, il nc faut pas labourer ct semer avant I'hiver : j'en fiis eiilie- remcnt convaincu en jetant les ycux sur les autres cantons. Ceux que j'avais fait labourer ct semer au prinlemps claicnt bien micux garnis : mais cc qui me surpril, c'cst (juc Ics cndroits on j'avais fait planter le gland a la pioche, sans aucnne culture preccdcnlc, claicnt considcrablc- nicnt plus pcuples que les autres; ceux meme on I'ou n'avait fait que caclier les glands sous I'herbc claicnt asscz bien fournis, quoique Ics mulols, les i)igcons ramicrs, ct d'aulres auin)aux en cusscnt cnq)orlc unc grandc quautitc. Les cautons oii les glands a\aicnt etc semes a six pouces de profond(!ur sc Irouvercnt beaucoup nioins garnis que ceux oil on les avail fait scuum" a un poucc ou deux dc profoudcur. Dans un petit canton ou j'en avais fait semer a uu pied de profoudcur, il n'cu parut pas uu, quoi('-cs, la g(''livurc, le double aubier,dans un iiK-me aibre,peiivenl encore produire celle augmentation d'c'paisseur des couches ligneuses; niais nous la croyons absolumenl independante de i'exj)Osilion; ce pose il en a\ail \ ingl-qualre; cependanl les vingt couches elaient d'un quart plus epaisses que les vingl-qualre. In autre chene de nieme age avail d'un cote dix couches d'auhier, el du cole oppose il en avail quinze; cependanl les dix couches etaient d'un sixieme plus epaisses que les quinze. In aulre chene de nieine age avail d'un cole qualorze couches d'au- hier, el de I'autre vingt el une; cependanl les qualorze couches elaient d'une epaisseur presque double de celle des vingl el une. Un chene de ineme age avail d'un cote onze couches d'aubier, el du cote oppose il en avail dixsept; cependanl les onze couches elaient d'une epaisseur double de celle des dix-sept. II a fait de send)lables observations sur les trois especes de chenes (jui se Irouvenl le plus ordinairemcnl dans les forets , el il n'y a point apei'cu de diHerence. Toules ces experiences prouvenl que I'epaisseur de I'aubier est d'au- lanl plus grande que le nonibre des couches qui le fornienlest plus petit. (le fait parail singulier; I'exiilication en est cependanl aisee. Pour la i-endre plus daire, sui)posons pour un instant qu'on ne laisse a un arbre <|ue deux racines, I'une a droile, double de celle qui est a gauche; si on n'a point d'attenlion a la conununicalion lalerale de la seve, le cote droit de I'arlji'c recc\ rait une fois aulanl de nouri'ilure (jue le cole gauche; les cei'des annucls grossiraienl done plus a droile (|u"a gauche, el en nieme temps la parlie droile de I'arbre se transfornicrait plus pronii)lenient en bois parfail (|ue la parlie gauche, parce qu'en se dislri- buanl plus de seve dans la parlie droile (|ue dans la gauche , il se depo- serail dans les intreslices de laubier un plus grand nonibre de parlies fixes propres a former le bois. II nous parail done assez bien prouve que de plusieurs arbresplanles dans le meme terrain , ceuv (|ui croissenl plus vile out leurs couches ligneuses plus epaisses, el (|u"en iiienie lenqis leur aubier se converlit j)lus tot en bois que dans les arbres qui croissenl lenlement.iNous allons niainlenanl faire voir ([ue lis chenes qui sont crus dans les terrains niaigres out plus daubiei', par proportion a la iiuanlile de leur bois, que ceux qui sont crus dans les bons terrains. Elfecti\enienl, si I'aubier lie se comerlil en bois i)arfait (|u'a proportion (|ue la seve(jui le Iraxerse y depose des parlies lixes, il est clair (pie I'aubier sera bien plus long temps PAUTIE EXPEKIMENTALE. U41 a se coincrh'r en Lois dans les terrains maigres (jiie dans les bons terrains. C'est aussi ce que j'ai rcniarque en exaiuinant des hois qu'on abaUait dans une vente, dont le bois elait beaucou|) nieilicur a une do ses exlre- niites qua Tautre, siniplenicnt |)arce que le terrain y axait pins de fond. Les arbres (jui etaienl \cnus dans la parlie oil il y avail nioins de bonne terre, etaient moins gros, ienrs couches Jigneuses elaient plus minces que dans les autres; ils avaienl un plus grand nonibre de couches d'aubier, et nienie generalenienl plus d'anbicr par proportion a la gros- seur de leur bois : je dis par proportion au bois; car si on se contenlail de mesurer avec un conipas I'epaisseur de I'aubier dans les deux ler- lains, on le trouverait coniniunemenl bien plus epais dans le bon terrain (jue dans I'autre. M. de BuHon a sui\i bien plus loin ccs observations; car ajant fail abatire dans un terrain sec el graveleux, ou les arbres conunencenl a couronner a trente ans, un grand nonibre de clienes a niediocres el petils glands, lous ages de quaranle-six ans, il tit aussi abatire autanl de chenes de nierue esjtece et du nienie age dans un bon iK-rrain , ou le bois ne couronne que fort lard. Ces deux terrains nouI a une porlee de fusil I'un de I'autre, a la nieme exposition, et ils ne different (jue par la qualile et la profondenr de la bonne terre, qui dans I'un est de quelques pieds, et dans I'autre de liuit a neuf ponces seulenient. iNous avons pris avec une regie et un conipas les niesures du cteur el de I'aubic'r de lous cesdifferents arbres; et, apres avoir fait une Table de ces niesures, el avoir pris la nioyenne entre toulcs, nous axons trouve : 1" 9u'a I'age de (inarante-six ans , dans le terrain iiiaigre, les chenes coniuiunsou de gland mediocre, avaienl i d'aubier el "i -\- ^, da eeeur, et les chenes de pelils glands 1 d'aubier et 1 -}- rz dc cu3ur. Ainsi, dans le teri-ain maigre les premiers out plus du double de cocur que les der- niers. T Qu'au meme age de quaranle-six ans, dans un bon terrain, les chenes communs avaient un d'aubier et trois de cceur, et les chenes de petits glands, un d'aubier el deux et demi de cteiir. Ainsi. dans les bons terrains, les |)remiers out un sixieme de c ie maiiv.tiN lerr.iiii , Bino.v, toiii. II. ' 642 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. coiiimc huit cent (luaraiite et un sorila qnatre centsoixante-deiix, c'est-a- dire presquc le doiiljlc ; et coinme les arbros de nieme espece s'elevcnl a proporlion de la boiitc el de la profoiuleur du terrain, on peut assurer , aienli)ioduit une calaiuite si generalc. Les plus grands desordres que causent jamais lesgelees du prinlemps ne porfenl pas a b<'aucoup pi-cs sur des choses aussi essenlielles, (|aoi- (ju'elles endomniagcnt les grains, el principalenient le seigle iorsqu'il est nouNellenicnt epic el en lait; on n'a jamais nu que cela ail |)roduil de grandes diselles : elles n'affeclenl pas les parlies les plus solides dcs ar- J)res, leur Ironc ni leurs branches ; niais elles delruisenl tolalenient leurs productions, el nous privenl de recoltes, de vins el de fruils, el par la suppression des nouveaux bourgeons elles causent un dommage conside- rable aux forels. Ainsi, quoicpfil y ail (juelques exemples que la gelee d'liiver nous ail reduils a mantiucr de [)ain, el a elre prives pendant plusieuis annees d'une inlinile de clioses utiles que nous fournissent les vegelaux , le dommage que causent les gelees du prinlenq)s nous devient encore plus important, parce qu'elles nous aftligenl beaucouj) plus Irequemmenl ; car, connne il arrive presque lous les ans (|uel(iues gelees en cellc saison, il est raie (|u'elles ne diminuenl pas nos revenus. A ne considerer (|ue les effets de la gelee, menie tres-superliciellc- nient, on apercoit deja (jue ceux que produisent les fortes gelees d'hiver sont tres-dil'ferenis de ceux qui sonl occasionnes par les gelees du prin- lemps, puisque les unes atlaquent le corps meme el les parlies les plus solides des arbres, au lieu que les autres delruisenl simplenient leurs productions, el s'opposent a leurs accroissemenls. C'est ce qui sera plus amploment prouve dans la suite de cc Memoire. Mais nous feroiis voir en meme tem[)s (ju'elles agissent dans des cir- conslances bien differentes, el que ce nc sonl pas loujours les lerroirs, les expositions el les situations ou Ton remarcjue que les gelees d'hiver ont produit de jjIus grands desordres, (jui soudVent le plus des gelees du printenqts. On concoil bien que nous n'avons pas pu parvenir a faii-e cette dis- tinction des effets de la gelee, qu'en rassemblant beaucoup d'observa- tions, qui remplironl la plus grande parlie de ceMcmoire. Mais seraient- elles simplenient curieuses, el n'auraicnt-elles d'utilile que pour ceux qui voudraienl rechercher la cause physique de la gelee? Nous esperons de plus qu'elles scront profitables a I'agricullure, et que si elles ne nous nieltenl pas a portce de nous garanlir enlieremenl des torts que nous fait la gelee, elles nous donneront des nioycns pour en parer une parlie : c'esl ce que nous aurons soin de faire sentir, a mesure que nos observa- tions nous en fournironl I'occasion. 11 faut done en donner le detail, que nous commencerons par ce (jui regarde les grandes gelees d'hiver; nous parlerons ensuile des gelees du printeuqjs. Nous ne pouvons i)as raisonner avcc aulanl de certitude des gelees d'hiver (pic dc cclks du piintcmps, parcc (|ue, conime nous laNoub 1>AUTIE E\I>ERIMENTALE. (US *l('ja (lit. (in est asscz ii(Miicii\ pour nciirouN cr (pit! larcmcnl lenis Irislcs (.'ffefs. La pliipart des arltres t-tanl, (Jans cette saison, d(iponill(^s de fleurs, do fruits ft de feuiiles, ont ordinairement lours bourgeons endurcis ot on t'tat de supporter des geioes asscz foitos, a inoins quo Vvli prt'codcut n'ait (?t(j frais; car vn ce cas les bourgeons n'ofant pas parvenus a co degre de niaturile (jue les jardiniers appolI(!nt aoiites, ils sont liors dYHat de resister aux plus nu'diocres gelces d'hiver : niais ce n'est pas I'ordi- naire, el le plus souxont les l)ourgeons muriss(!nl avant I'liivor, et les arbres suppoi-tent les riguours de cetle saison sans en ctva endoinmages, a nioins qu'il no vienne des froids excessifs, joints a des circonstances iaclieuses, dont nous parlerons dans la suite. Nous avons copendanl trouvt' dans les (brols beaucoup d'arbros atfa- qu(''s de d(^fauls considc-rablos, qui ont cortainonjont etc produits j)ar les fortes gelees dont nous venons de parlor, et particulieroment par celle de 1709; car quoique cette (jnorme gel(;e commence a etro assez ancienne, eile a produit dans les arbros (|u'elio n"a pas entic'romont d(''- truits, des d(3fautsqui no s'eriaceront jamais. Cos dofauts sont : i" des gercos (jui suivent la direction des fibres, el (fue les gens de forc-ts app(!llent geliviires; 2" line portion do bois mort ronformt'o dans le l)on bois, ce (|uo les foresliers appellent la fji'livnre cntrclairlec ; .")" Enfin, le double aubior, (|ui es( une couronno entid're de bois im- parfail, ronijjlio et recouverto par (U; bon bois. I! faul dolailler ces dofauts. et dire d'ou ils proc(^dent. Nous allons commencer par ce (jui regardo le doubb; aubior. l/aubier est, comme Ion sait. une couronno ou uneceinture plus on inoins ('-paisse de bois blanc ot imparfail , qui dans pres(iuo Ions los arbres so distingue ais(Mnent du bois jiarfait. (pi'on appollo le camr, ])nv la dilforence de sa coulour ot do sa diiroto. II so Irouve immodialomonl sous iocorce, et il en\olopj)(; le bois parfail, cpii dans kis arbres sains est a peu pres de la nieme couleur, dopiiis la circonforonco Jusqu'au centre; mais dans ceuxdont nous voulons parlor, le bois parfail so trou\e separe par unesecondo couronn(! de bois blanc. (mi soric (juosur la coupe du tronc dun do cos arbros, lai( aiissi dans les racincs; niais nous los a\ons trouvocs fios-saines. Ainsi il esl probalile (juo la lono <|ui les recouviait los avail ijaianlies du grand froid. \'oila (lono un ofl'ol dos plus faclioux dos goloos d'liivor. qui. |)0ur ofro ronlcriiio dans I'inloiicur dos arbios, n'on osl pas nioins a oraindro. puisqu'il rond los arhros (|ui on sont altaquos presque inutilos pour toutes sorlos d'ouvragos; niais ouiro cola il est Ires-froquent, el on a toulos los poinos du niondoa lrou\ or (|uol(|Uos arhros qui on soionl lota- lonionl oxonq)ls : copondanl on doil ooncluro des observations quo nous venons de rapporler, que Ions les arhros dont lo bois ne suil pas uiio nuanoo reglee depuis le ccnlro on il doil elre d'une oouhnir i)lus fonoee jus(ju'aupros do I'auhior, oil la oouleur s'oclairoil un pou. doivonl olro soupoonnes do quolquos dolauls, ot memo etre onliorenient robules pour les ouvrages de oonsequenoo. si la di(forenoe est considerable. Disons inainlenanl un niol do ool aulre defaut quo nous avons appole la fieti- riire entrclardee. En soiant horizonlalemonl dos pieds d'arbres, on a|)er(oilquolquefois un njorceau d'aubier morl el d'ocorce desseclieo, qui sonl enlieromenl I'ooouverls par le hois vif. Col aubier nior( occupe a pou pres le quarl de la oirconferonco dans I'ondroil du trono ou il se trouve; il esl (|uel- quol'ois ])lus brun (|ue lo hon bois. el d'aulros I'ois ])res(iue blanclialre. Ce delaut se trouve plus l'r6(|uennnont sur les coloaux exposes au niidi. quo parlout ailleurs. Enlin, par la prolondeur ou oet aubier se Irouvo, dans lo Irono, il |)arail dans boaucoup d'arbres a\oir i)ori on 1700. el nous croyons (ju'il esl dans tons une suile des grandes golees d'l)ivor qui onl fail enlieromenl perir une portion d'aubier el d'ocorce, qui ont onsuile ole rocouverls par lo nou\ eau bois ; el col aubier morl se lrou\ e proscpio loujours a I'oxposilion du n)idi. paroo quo le soleil venanl a londre la glace de ce cole, il on rosulto une liumidile qui regele de nouveau el sitol apres que le soloil a disparu ; ce qui forme un vcrglas <|ni, comme Ton sail, cause un prejudice considerable aux arbres. Ce dofaul noccupo pas ordinairemoni loulo la longueur du Ironc, de sorle (|ue nous a\ons vu des pieces e(iuarries qui paraissaienl lies-sainos, el quo Ton n'a roconnuos altaqueos de cello golivure que quand on los a eu refendues, pour en faire des planches ou des memhrieres. Si on los out omployoos de loulo lour grossour, on los aurail crues exomplos de tons dofauls. On conooil cependanl combion un tol vice dans lour inle- rieur doil diminuer lour force el precipilor lour deperisseiuenl. X'ous avons dil encore (|ue les forles gelees d'hiver faisaienl quohpio- fois fendre les arhros sui\ant la direction do lours libres, el memo avec bruit ; ainsi il nous reste a lapportor les observations que nous avons pu faire sur col accident. On trouve dans les forots dos arbres ([ui, ayant ele fendus sui\ant la direction de leurs fibres, sont marques d'une arete qui esl formoe par PARTIE EXPEHIMENTALE. 649 la cicalricc ,|ui a rocom oi-t ccs gcrciu'es (|ui leslcal dans linlt-rieur tie cos arhres sans se iTiinir. pane (|ue, comine nous le prouvcions dans une anlie occasion, il ne se forme jamais de reunion dans les fibres lii,M)euses, sitot (|u'eiles out ete scparees ou ronipues. Tons les ouvriers regardenl toufes ces fentes comnie i'effet des gelees d'hiver, c'esl pour- <|Uoi ils appeilent des ij;elivures toules les gercures qu'iis apei'coivent dans les arbres. II n'est pas douleux que la se\e, qui augniente de volume lors(|uelle \ ient a i-eler, comnie font toules les liqueurs aqueuses, peul i)ro(luire plusicurs de ces gercures ; mais nous croyons qu'il y en a aussi qui sont iiidependanles de la gelee, el qui sonl occasionn«'es par une hop grande abondance de scve. Quoi qu'il en soil, nous avons Irouvc de ces defectuosites dans tons h's lerroirs el a toules les expositions, mais plus frequennueut qu'ail- leuis dans les lerroirs liumides, et au\ expositions du nordet crvcul lours fouiilos pondanl. I'liivor sout oellcs (|ui Iranspirenl Ic nioius ; ecpondanl, oil soil que roranger , lo myrto, ol eiKcrc plus Icjasmiu d'Araliio , etc., sonl tros-sonsihios a la goloe, quoique cos arbros onnsorvoni lours feuilles pondanl I'liivor; il laut done :noii' reoours a uuo autre oausc pour oxpliquor pourquoi certains arbros. qui no so dopouilloni pas pondanl I'hiver, suppnrlent si bion los forlos j-oli'os. 650 INTRODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. rl (|iii s'csl cnsniU; rccoiivcric par unc ciraliict', formcnl iiiip anMo on ujjc emineiKC cii loriue de cordc, (|iii aanonce le vice iiitcrieur. Lcs graiidcs i^eleos d'liiver produisent sans donte bicn d'autres doin- inages aux arhres, el nous avons encore remarque phisieurs defaufs (jne nous pounions leur aUribuer avcc beancoup de vraisemblance : mais coninie nous n'avons pas pu nous on convaincro pleincnienf, nous n'ajouterons rien a ce que nous vi'nons de dire, et nous passeions anx observations que nous avons faites sur les effels des gelees du prinlemps, apres avoir dil nn mot des avantages ct (b's dcsa\ antages des differentes expositions par rap|)ort a la gelee; ear celle (picstion est trop inleres- santea I'agrieulturc pour ne pas essayer de I'eciaircir, d'aulant que les auteurs se trouvent dans des oppositions de sentiments plus capabies de faire naiire des doules, que d'augnienter nos connaissances, les uns prclendant que la gelee se fail sentir plus vivenient a I'exposition du nord, les aulres voulant que ce soil a celle du niidi ou du couchant; et Ions ces avis ne soni fondes sur aucune observation. IVous sentons cependant bien ce (pii a pu parlager ainsi les senlimenls, et c'est ee ([ui nous a mis a portce de les concilier. Mais avant que de rapporter les observations et les experiences (|ui nous y out conduits, il est bon de donner une idee plus exacte de la question. II n'est pas douleux (pie c'est a I'exposition du nord qu'il fait le plus grand froid : eile est a I'abri du soleil, qui pent soul, dans les grandes gelces, lemperer la rigueur du froid; d'ailleurs elle esl exposee an vent du iKtrd, de nord-est et de nord-ouest, qui sont les plus froids de tons, non-sculoment a en juger par les effets que ces vents produisent sur nous, mais encore par la liqueur des Ihermouielres, donl la decision est bien plus certaine. Aussi voyons-nous le long de nos espaliers, qae la terre est souvenl gelee elendurcie loute la journee au nord, pendant quelle est nieuble el qu'on la pent labourer au midi. Quand apres cela ii succede une forte gelee pendant la null, il est clair (|u'il doit faire bien plus froid dans I'cndroit ou il y a deja de la glace, que dans celui ou la terre aura etc echauffee par le soleil ; c'est aussi pour cela (pie, nit;ine dans les pays cliauds, on trouve encore de la neige a I'exposilion du nord, sur les revers des liaules monlagnes : d'ailleurs la liqueur dii thermouKilre se (ienl toujours plus bas a I'exposition du noid qu'a celle du midi; ainsi il est incontestable ()u'il y fait plus froid el qu'il y gele plus fort. Kn faul-il da\antage pour faire conclure que la gel(je doit faire jjlus de desordre a cettc exposition (|u'a celle du midi? et on se confirmera dans ce senlinu'ut par lobserNalion (jue nous avons faite de la gelivure sinqiie, que nous a\ons lrouv(ie en plus grande quanlite a celle expo- sition qu'a toules les aulres. Kffectivement il est siir que tons les accidents qui dependronl uni- quemenl de la grande force de la gelee, tels que celui dont nous venous PARTIE EXPERIMENTALE. 651 de parlor, se Irouvcront phis lio(|ii(;niiucul a I'cxposilion dii nord que partoHl ailleurs. Mais est-ce loujours la grande force de la gelee qui endominagc les arbres, et n'y a-l-il pas dcs accidents particuiiers qui font qu'iine gelee mediocre leur cause beaucoup i)lus de prejudice que ne font les gelecs beaucoup plus violentes, quand ellcs arrivenl dans des circonstances heureuses? Nous en avons deja donne uu exeniple en parlant de la gelivure entrelardee qui est produite par le verglas, el qui se trouve plus fre- quemment a I'exposition du niidi qu'a toutes les autres, et Ion se sou- vient bien encore qu'une pailie des desordres qua produits I'hiver de 1709 doit elre allribuee a un faux degel qui fnt suivi d'une gelee encore plus foite que celle qui I'avait precede, Mais les ol)servalions que nous a\ ons failes sur les effels des gelees du prinlenqjs nous fournissent beaucoup d'exeniples pareils, qui prouvent incontcslablenient »jue ee n'est pas aux expositions ou il gele le plus fort, et ou il fait le plus grand froid, que la gelee fait le plus de tort aux vegetaux ; nous en allons don- ner le detail, qui va rendre sensible la proposition generale que nous venous d'avancer, et nous comniencerons par une experience que M. de Buffon a fait executer en grand dans ses bois, qui sont silues pres de Montbard en Bourgogne. li a fait couper, dans le courant de I'hiver 17,')4, un bois taillis de sept a huit arpents, silue dans un lieu sec, sur un terrain plat, bien decouverl et environne de tons coles de terres labourables. II a laisse dans ce nienie bois plusieurs petils bouciuels carres sans les abaltre, et qui efaienl orientes de facon (|ue chaque face regardail exaclement le niidi, le nord, le levant et le couchaul, Apres avoir bien fait ncittoyer la coupe, il a observe avec soin. au prinlenips, raccroissenienl du jeune bourgeon, princi|)alenienl autour des bouquets reserves : au 20avril, il avail jjousse sensiblenient dans les endroils exj)Oses au midi, et qui, par consequent, etaienl a labi-i du vent du nord par les boucpiets; c'esi done en cet endroit (|ue les bourgeons pousserent les premiers el parurent les plus vigoureux. Ceux qui etaienl a I'exposition du levant parurenl ensuite, puis ceux de Texposilion du couclianl, et enfin ceux de I'exijosition du nord. Le 28 avril, la gelee se tit sentir Ires-vivemenl le matin, par un vent du nord, le ciel etanl fort serein el I'air fort sec, surtout depuis trois jours. II alia voir en quel etat etaienl les bourgeons autour des bou(|uels, el il les trouva gates el absolumeut noircis dans tons les endroils qui etaienl exposes au midi el a I'abri du vent du nord; au lieu que ceux qui etaienl exposes au vend froid du nord, (|ui soufllail encore, n'elaienl que legeremenl endoiriuiages; et il fit la meme observalion autour de tons les bouquets qu'il avail fail rcserver, A I'egard des expositions du levant et du coucliant, ellciS etaienl ce jour-la a pen pres egalement endommagees. 0^)2 INTHCtnrCTlOX A I/IIFSTOIRE MS MLNERAUX. I.cs \i, I") (■( •■2'2 m;ii. qiiil j^ela asscz xiNcmcnl j);ii" les venis dii noid et de nord-nord-ouest, il ()I)serva pareilk'iuenl que tout oe (jiii (Hail a I'abri du vent par les bouquets elait Ires-endoniniage, tandis que CO qui avail ete expose au vent avait tres-pcu souflcrl. (".etic expe- rience nous paiait decisive, el fait voii- que, quoiquil ii;ele plus fort aux cndroils exposes au vent du nord, (ju'aux autres, la gelee y fait cepen- 0, nous avons encore eu occasion de repc'Icr deux fois celte observation, (pii a mc-me ete accompagnc-e de circon- slances particidieres. niais donl nous soninies obliges de renieth'e le detail a un autre endroit de ce Mtimoire, pour en faire niieux senlir la singularil(}. Les grands bois peuvenl rendre les laillis qui sonl dans leur voisinage, dans le inenie tUd (pi'ils sei'aieni dans le fond d'une vaik'-e : aussi avons- ■ nous renianiud- ipie le long et pres des lisi(.'res des grands bois, les laillis sont plus souvenl endoniniag("s par la gelee, (jue dans les endroils (|ui en sont t-loignes; coninie dans le milieu des laillis el dans les bois oil on laisse un grand iiombre de baliveaux, clle se fait senlir a\ec bien plus de force que dans ceiix qui sonl plus dt'couverts. Or, tons les d(''sordres donl nous venous de parler, soil a I'egard des \allees, soil j)0ur ce qui se trouve le long des grands bois ou a couvert par les bali- vcaiix, ne sonl plus considerables dans ces endroits que dans les aulres, que parce que le vent et le soleil ne |)oinanl dissiper ia Iraiispiiatioii de la terre el des planles, il y resle line liuinidile considerable, (pii, coniine nous I'avonsdit, cause un Ires-grand prejudice aux planles. Aussi renian|ue-t-on (pie la gel(ie n'est jamais plus a craindre ])Our la vigne, les fleurs, les bourgeons des arbres, etc., (jiie lorsqu'elle siicc(3de a des brouillards, ou iniime a une pliiie, quelquc leg(''re quelle soil : loulcs c(?s planles supportent des froids Ires-considt'rables sans en elre endommag(^es lorsqu'il y aquehpie temps qu'il n'a plii, et que la terre est fori S(-clie, comme nous I'avons eiKore t'lJiotn (■ ce prinlemps dernier. C'est principalemeni pour celte ni(-me raison (pie la gelee agit plus puissammenl dans les endroils qu'on a fraiclienient labourers (|ii'ailleurs, et cela parce que les vapeurs qui s'd'Id'vent conliniiellement de la terre transpirenl plus librement et plus aboiulaininent des terres nouvelle- inenl labourees que des aulres; il faul neanmoins ajouler a celte raison, que les planles fraicli(!menl labourcjes poussenl plus \igoureuseiiienl que les aulres, ce qui les rend plus sensibles aux effels de la gel(ie. De iiK'me, nous a\ons remaniiK' (pie dans l(!s terrains ledgers et sablonneux, la geliic fail i)lus dedd'gals que dans les Umtcs fortes, en les supposaiil (:galement seclies, sans doute parce qu'ils sonl plus Iialifs, el encore iilus parce ([u'il s'ecliappc plus dexlialaisons de ccs sorles do 6S4 INTKODUCTION A L'HISTOIRE DES MINERAUX. tcrres que des aiilres, coinnie nous Ic prouverons ailleurs; et si une vignc nouvelleinent fumee est plus sujette a etre endommagcc de la gclee qu'une autre, n'est-ce pas a cause de Thumidite qui s'echappe des fuiniers? Un sillon de vigne qui est le long d'un champ de sainfoin ou de pois, etc., est souvent tout perdu de la gelee, lorsque le reste de la vigne est Ires-sain; ce qui doit certaincnient etre attribue a la transpi- ration du sainfoin ou des aulres plantes qui portent unc huniidite sur los pousses de la vigne. Aussi dans la vigne les verges, qui sont de longs sarments qu'on menage en laillant, sont-elles toujours inoins eridoniniagees que la sou- che, surtout qnand, n'etant pas altacliees a I'echalas, elles sont agrtees par le vent, ({ui ne tarde pas de les dessccher. F.a menie chose se remar(|ue dans les bois; et j'ai souvent vu dans les laillis tons les bourgeons laleraux d'une souche enlierement gates par la gelee, pendant que les rejelons superieurs n'avaient pas soufferlj niais M. dc Buffon a fait cette nieme observation avec plus d'exacti- ludc; il lui a toujours paru quo la gelee faisait plus de tort a un pied de terre qu a deux, a deux qa'a Irois, dc sorte qn'il faut qu'eiie soil bien violente pour gater les bourgeons au-dessus de qualre pieds. Toules ces observations, qu'on pent regarder comme tres-constantes, s'accordent done a i)rouver (|ue le plus souvent cc n'est pas le grartd froid qui endonunage les plantes chargees d'humidile, ce qui explique a merveille pourquoi elle fait tant de desordres k I'exposition du rnidi^ quoiqu'il y fasse moins froid qu'a cclle du nord; et de menie la gelee cause plus de doinmage a lexposiliort du Gouchant qu'a toutes les autres, quand, aprcs une pluie du Ncnl d'oucsf, le \cnt tourne an nord ^ers le soleil conche, comme cela arrive assez frequenunent an prinfenips, ou quand par un vent d'est il s'eleve un brouillard froid avant le lever du soleil, ce qui n'est pas si ordinaire. II y a aussi des circonstances ou la gelee fait plus de tort a I'exposi- tion du levatjt ([u'a loufes les autres ; mais comme nous avons plusieurs observations sur cela, nous rapporlerons auparavant celle que nous aNons faite sur la gelee du printenips de IT-jfi, (jui nous a fait tant de tort I'annee derniere. Comme il faisait tres-sec ce printcmps. il a gcle fort longtemps sans que cela ait endoramage les vignes : mais il n'en etait f)as de meiTie dans les forets, apparemment parce qu'il s'y conser\ e tou- jours plus d'humidite qir'ailleurs : en Bourgogne, de nieme quo dans la foret d'Orleans, les taillis furent endommagcs de fort bonne heure. I-lnlin la gelee augmeuia si fort, que toufcs les ^•ignes furent perdues malgre la secheresse qui oontinuait toujours; mais an lieu que c'est ordinaire- ment a I'abri du vent que la gelee fait plus de dominagc, an conlraire, dans le printenips dernier, les endroits abriles out ele les seuls qui aient ete conserves, de sorte que dans plusieurs clos de vignes enloures de murailles, on voyait les souches le long de I'exposition du midi etre assez PARTIE EXPERIMENT ALE. 688 NCTtcs, pcudaul (jue toules les aulrcs (Uaient seches coininc ei» hivor; ot Dous avons cu deux cantons de vignes d'epargncs.. I'un parce qu'il clait abrile du vent du nord par une pepinicrc d'orines, ct I'autre parce que la vigne clait remplie de beaiicoup d'arbres fruifiers. Mais cet clfet est tres-rare, et cela n'est arrive que parce qu'il faisait fort sec, et que les vignes ont rcsiste jusqu'a ceque la geiee fiit devenue si forte, pour la saison. qu'eiie pouvait endoiumager les plantes inde- peiidaniment de I'liuundite exterieure; et, comme nous I'avons dit, «piand la geiee endoniniage les pianlcs indepcndamment de celte lninii- dilc et d'aulres circonstances particuiiercs, c'cst a I'exposition du nord qu'elle fait le plus de dominage, parce que c'est a cette exposition qu'il fait plus de froid. Mais il nous semble encore apcrcevoir une autre cause des desordres que la geiee produitplus fre(|uenMnent a des expositions qu'a d'autres, au levant, par exeuq)le, [)lus qu'au coucliant; elle est fondee sur I'obscrva- tion suivante, qui est aussi constanle que les |)r6cedentes. Une geiee assez vi\e ne causi; aucun prejudice au\ plantes, fjuand elle fond avant (|ue le soleil les ait frappees : qu'il gele la nui(, si Ic matin le temps est convert, s'il toiube une petite pluie, en un mot, si, par (juel(|ue cause que ce puisseetre, la glace fond doucement et indc- l)endaninient de {'action du soicil, ordinairement elle ne les endoniniage pas ; et nous avons souvent sauve des plantes assez delicates qui elaient par iiasarti resteesa la geiee, en les rentrant dans la serre avant le lever flu soleil, on sirapiement en les couvrant avant que le soleil cut donne dessus. Lne fois, entre autres, il etait survenu en antoinne une geiee Ires- forte pendant que nos orangers etaient dehors; et comme il (Halt tombe de la pluie la veilie, ils etaient tous couverts de verglas : on leur sauva eel accident en les couvrant avec des draps avant le soleil leve; de sorle(|u'il n'y cut que les jcunes fruits et les pousses les plus tendres qui en fui-ent endomniages; encore sommes-nous persuades »|u'iis ne I'auraient pas ete si la couverture avail et6 pins ci)aisse, De menie une autre annee, nos (jemnium, et plusieurs aulrcs |)lanies qui craignent le verglas, elaient dehors, lorsfpietout a couple vent qui ctait sud-ouest se mit au nord, et ful si froid, que toule I'eau d'une jiluie abondanle qui lombait se gelait, et dans un instant tout ce qui y etait expose ful convert de glace : nous crumes toutes nos plantes per- duesj cependant nous les fimcs porter dans le fond de la serre, et nous fimes fermer les croisees; par ce nioyen nous en eiimes pen d'endoni- niagces. Cette precaution revient assez a ce (|u'on pratique pour les aniniaux : qii'ils soicnt transis de froid, (pi'ils aient un membre gele, on se donne bien de garde de ks exposer a une chaieur Irop vive ; on les frotte avec de la neige, ou bien on les trempe dans de I'eau, on les enterre dans du fumiier J en un mol, on les lechauffe par degies et avec menagemeat. (joO IMKODlCTlUiN A J.lllSTUlKt: DES MLNEUALX. I)c iiieine, si I'on (ait dej^elor liop piecipitaimnent clos fruils, iis sc poui rissent a I'inslanl, an lieu (jifils sour/Veiil beaucoup iiioins dc doiii- iiiago si on les fait d(';gcler pen a peu. Pour expli(|U('i' coininent Ic soleil produit (ant de desordres sur les planles gclec's, (|uei(niLvs-uiis a\ait'nt pcnse que la glace, en se fondani, so leduisail en petites goulles d'eau spliciiqucs, cpii faisaienl autanl dc peti(s niiroii's ardcnls quand Ic soleil donnait dessus ; niais (pielque court que soil le foyer dune loupe, elle ne pent produire de clialeur (ju'a unc distance, (luclcpic petite qu'clle soil, et elle ne pouira pas i)ro- duire nn grand effet sur no cor|)s (ju'elle loucliera : d'ailleurs, la goullc d'eau qui est sur la feuille d'une planle est a|)ialie du cote qu'eile tou- clie a la plante, ce qui eloigne son foyer. Enlin. si ces goultes d'eau pou\aient produire cet effcl, pourquoi les goultes de losee, qui sont l)areillenient splicriques, ne le produiraient-elles pas aussi? Peut-etre l)ourrail-on penser (jue les parties les plus spiritueuses et les plus vola- liles de la seve fondant les premieres, elles seraient evaporees avant que les aulres fussenl en etal de se niou\oir dans les \ aisseaux de la plante, ce tpii decoin|)oserait la seve. Mais on peul dire en general (jue la gclee, augnientant le volume des licpieurs, tend les vaisseaux des planles, et que le degel ne se pouvanl (aire sans (pie les parlies qui conqiosent le (luide gele entrent en niou- veinent, ce changemenl se peul (aire avec assez de douceur pour ne j)as ro)iq)i'e les vaisseaux les plus delicats des plantes, qui rentreront peu a pen dans leurton naturel, el alorsles plantes n'en souffriront aucundoin- niage : mais s'il se (ait a\ec trop de precipitation, ces \ aisseaux ne pour- ront pas re])rendre sitot le ton qui leur est naturel; apres avoir soufl'ert une extension violenle, les liqueurs s'eva[)oreront et la plante restera dessecliee. Quoi (pi'on puissc conclure de ces conjectures, dont je ne suis pas a beaucoup pros satisfait, il reste loujours pour constant : i" (^u'il arrive, a la verile rarement, quen liiver ou au printemps les plantes soient endoinniagees sinq)leinent par la grande (brce de la gelee, et independanunent d'aucuue circonstance particuliere; et dans ce cas, c'est a I'exposition du noid que les i>lantes soudrent le plus. T Dans le lenq)s dune gelee (jui dure plusieurs jours, I'ardeur du soleil fait fondre la glace en quelques endroits et seuleuient pour quel- ques lieures; car souvenl il regele avant le coucher du soleil, ce qui forme un verglas Ires-prejudiciable aux plantes; et on sent que I'expo- sition du midi est plus sujelte a cet inconvenient que toutes les aulres. 3° On a vu que les gelees du i)rinlenips font principalenienl du desordre dans les endroits on il y a de I'liuniidite. Les terroirs qui transpirenl beaucoup. les fonds des valiees, el generalement lous les endroits qui ne pourronl etre desseclies par le vent et le soleil , seront done plus endom mages que les aulres. Enlin, si, au printemps, le soleil qui donne sur les plantes gelees leur PARTIE EXPERIMENTALE. 657 occasionne un domniagc plus considc'rabic, il est clair que ce sera I'ex- position du levant, el ensuite du inidi qui souffriront Ic plus dc cet accident. Mais, dira-t-on, si ccla est, il nc faut done plus planter a I'exposition du niidi en d-dos (^qui sont des talus de terre qu'on menage dans les pota- gers ou le long des espaliers), les giroflees, les choux des avents, les laitues d'liiver, les pois verts et les autres plantes delieates auxquelles on veut faire passer I'liiver, et (jue Ton souhaite avancer pour le prin- tenips; ce sera a rcxposition du nord qu'il faudra dorenavant planter les pechers et les autres arbrcs delicafs. II est a propos de detruire ces deux objections, et dc faire voir qu'ellcs sont de fausses consequences dc ce que nous avons avance. On se propose dill'erents objets quand on met des plantes passer I'hiver a des abris exposes au nifdi : quelquefois c'est pour lialer leur vegetation ; c'est, par exeniple, dans cette intention (jn'oii plante, le long des espaliers, quelques rangees de lailues, qu'on appclle, a cause de cela, des laitues d'hiver, qui resislent assez bien a la gelei; ([uekiue part qu'on les nietle, niais qui avancent davantage a celle exposition ; d'au- Ires fois c'est pour les preserver de la rigueur de celtc saison, dans I'in- lenlion de les replanler de bonne heure au ])rinlenips; on suit, par exeniple, cette pratique pour les clioux (ju'on appclle des avents, qu'on seme en cette saison le long dun espalier. Celtc espece dc clioux, de meme que lesbrocolis, sont assez tendres a la gelee, et periraient souvent a CCS abris si on n'avait pas soin de les couvrir pendant les grandes gelces avec des paillassons ou du luniier soutenu surdes perches. Entin on veut quelquefois a\ancer la vegetation de quehpies plantes qui craignent la gelee, comma seraicnt les giroflees et les pois verts, et pour cela on les plante sur des a-dos bleu exposes au midi ; mais de plus on les defend des grandes gelces en les couvrant, lorsque le temps I'exige. On sent bien, sans que nous soyons obliges de nous elendre davan- tage sur cela, que I'exposition du midi est plus propre que toutes les autres a accelerer la vegetation, et on vient de voir que c'est aussi ce qu'on se propose principahnnent quand on met quelques plantes passer I'hiver a cette exposition, puisqu'on est oblige, comrae nous venous de ledire, d'employer outre cela des couvertures pour garantirde la gelee les plantes qui sont un pen delieates; mais il faut ajouler que, s'il y a quelques circonstances ou la gelee fasse plus de desordre au midi qu'aux autres expositions, il y a aussi bien des cas qui sont favorables a cette exposition, surlout quand il s'agit d'espalier. Si, par exemplc, pendant I'hiver il y a quelque chose a craindre des verglas, combien de fois arrive-t-il (jue la chaleur du soleil, qui est augmentee par la reflexion de la niuraille, a assez de force pour dissiper toute I'hunn'dite, et alors les plantes sont prcsque en siirete contre le froid ! IJe plus, combien arrive-t-il de gelees scches qui agisseni au nord sans rclache et (jui ne BUFFON, torn. II- *^ 058 INTRODl'CTiOX A I;HIST01RE DES MINERAIX. snnt |)ros(|iio pas scnsihics an luidi ! Dc nic'iin' an prinlemps, on sent l)i('n (jno si, apics nni- pinic qui M'cnl oqtie 141) Notes sur la cinquieme epoque IJJH Notes sur la sixieme epoque * l'^'' Notes sur la septieme e[)oque 178 Exiilicalion de la Carle (ieogra|)liiqiie. IH'. Introduction a I'histoire des Mineranx 101 Des £lements. — Premiere partic. — De la Lumiire^ de la Chaleur el dii Feu Il^i