MMM. ^^^^ ^j^^^^^^^^ B^-^-^^^^^ ~1fïi — "'"■^'^i ~fij^^~ ^^~ , ^^^^^^^^^B ^-^=:?^^^ -^^'^'^ — ^^ ¥/L/,t^ i^^'^' *C^ w /Y// OEUVRES COMTLETFS DE BUFFON. TOME XXII. OISEAUX. IV. PARIS. IMPlîlMUUli: 1) AU. aïOESSAIU) , lii;E DE FMiSTtMPIilU, . în" 8 OEUVRES COMPLETES DE BUFFON AU G M ENTEE S PAR iM. F. GUVIER, MEMBRE DE l'iNSTITUT, ( Académie des Sciences) DE DEUX VOLUMES OFFRANT LA DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES ET DES OISEAUX LES PLUS REMARQUABLES DÉCOUVERTS JUSQU'a CE JOUR, !T ACCOMPAGNEES I) UN BEAU PORTRAIT DE BUFFON, ET DE '2 6 O GKAVUKES UN TAILLE-UOUCE. EXÉCUTÉES POUR CETTE ÉDITION PAR LES MEILLEURS AUTISTES. A PARIS, CHEZ F. D. PILLOT. EDITEUR RUE DE SEINE-SAINT-CEI'.MAIN, n" 4() '• SALMON, LIBRAIRE, HUE CHRISTINE, N" 5, PRES CELLK DAUl'IUNE. i85o. 32 3f OISEAUX IV. KUFPOJV. XXII. Pli5i Tome 2.2. faxiaxie tr.sculp 1.LE MOll^AU _ 2 .1,A SOULCIE _ 3.LE PAROARE \A \VW» l/VWV \\\VV\VVWV\AV'V\A\V\\\V\\\X-VV\V-\\\VV\VV\AV\v\VV\\-V\V'V\'ViA^\'V'A'WVWVV'VV'V\'\VV LE MOINEAU*. FringlUa domestica. L Autant l'espèce du moineau est abondante en indi- vidus, autant le genre de ces oiseaux paroît d'abord nombreux en espèces. Un de nos nomenclateurs en compte jusqu'à soixante-sept espèces différentes et neuf variétés; cequifaiten tout soixante-seize oiseaux, dont il compose ou plutôt charge bien gratuitement ce genre, dans lequel on est étonné de trouver les linottes, les pinsons, les serins, les verdiers , les ben- galis, les sénégalis, le.s mayas, les cardinaux, les veuves, et quantité d'autres oiseaux étrangers qu'on ne doit point appeler moineaux, et qui demandent chacun un nom particulier. Pour nous reconnoître au milieu de cette troupe confuse, nous écarterons d abord de nol/e moineau, qui nous est bieii connu, tous les oiseaux que nous venons de nommer, et qui nous sont de mêxiie assez connus pour s'assurer qu'ils ne sont pas des moineaux. Suivant donc ici notre plan général, nous ferons une espèce principale de cha- cun de ces oiseaux de notre climat, à laquelle nous rapporterons les espèces étrangères qui nous paroî- tront en différer moins que de toutes les autres espè- ces : ainsi nous ferons un article pour le moineau , un 1. En laliu, passer domesticus ; en italien, passera; ou passera casa- rlngo ; en espagnol, pardal; en allemand , huss-spar, hauss-sperllng ; en anglois , house-sparrow. b LE MOINEAU. autre pour la linotte , un troisième pour le pinson, un quatrième pour le serin, un cinquième pour le ver- dier, etc. Nous séparerons encore du moineau proprement dit deux autres oiseaux qui en sont encore plus voi- sins qu'aucun des précédents, qui sont également de notre climat, et dont l'un porte le nom de moineau de campagne^, et l'autre moineau de bois. Nous leur donnerons ou plutôt nous leur conserverons les noms de friquet et de soulcie^ qui sont leurs anciens et vrais noms, parce qu'en effet ce ne sont pas de francs moi- neaux, et qu'ils en diffèrent par la forme et par les mœurs. Nous ferons donc encore un article particu- lier pour chacun de ces deux oiseaux. C'est là le seul moyen d'éviter la confusion des idées; car toutes les fois que, dans une méthode, l'on nous présente, comme ici, soixante ou quatre-vingts espèces sous le même genre et sous une dénomination commune, il n'en faut pas davantage pour juger non seulement de la très grande imperfection de cette méthode , mais encore de son mauvais effet, puisqu'elle confond les choses au lieu de les démêler, et que, bien loin de porter la lumière sur les objets, elle rassemble alen- tour des nuages et des ténèbres. Notre moineau est assez connu de tout le monde pour n'avoir pas besoin de description ; cependant nous l'avons fait représenter dans les planches enlu- minées, n"' 6 et 55, pour faire voir les différences de l'âge. Le n° 6, fig. i , représente le moineau adulte qui a subi ses mues, et le n° 55, fig. i , le jeune moi- neau avant sa première mue. Ce changement de couleur dans le plumage et dans le^ coins de l'ouver- LE MOINEAU. Q lure du bec est général et constant : mais il y a dans cette même espèce des variétés particulières et acci- dentelles; car on trouve quelquefois des moineaux blancs, d'autres variés de brun et de blanc, d'autres presque tout noirs ^, et d'autres jaunes. Les femelles ne diffèrent des mâles qu'en ce qu'elles sont un peu plus petites et que leurs couleurs sont plus foibîes. Indépendamment de ces premières variétés, dont les unes sont générales et les autres particulières, et qui se trouvent toutes dans nos climats, il y en a d'autres dans des climats plus éloignés qui semblent prouver que l'espèce est répandue du nord au midi dans notre continent depuis la Suède jusqu'en Egypte , au Sénégal, etc. INous ferons mention de ces variétés à l'article des oiseaux étrangers qui ont rapport à notre moineau. Mais, dans quelque contrée qu'il habite, on ne le trouve jamais dans les lieux déserts, ni môme dans ceux qui sont éloignés du séjour de l'homme ; les moineaux sont, comme les rats, attachés à nos habi- tations ; ils ne se plaisent ni dans les bois ni dans les vastes campagnes : on a même remarqué qu'il y en a plus dans les villes que dans les villages, et qu'on n'en voit point dans les hameaux et dans les fermes qui sont au milieu des forêts ; ils suivent la société pour 1 . Il se trouve en Lorraine des moineaux noirs : mais ce sont cer- tainement des moineaux ordinaires, lesquels se tenant habituellement dans les balles des verreries qui sont répandues en grand nombre au pied des montagnes, s'y sont enfumés. M. le docteur LoUinger se trou- vant dans une de ces verreries vit une troupe de moineaux ordinaires, parmi lesquels il y en avoit de plus ou moins noirs : un ancien du lieu lui dit qu'ils le devenoient quelquefois dans les halles de celte verrerie au point d'être lout-ù-faitmécounoissables. 10 LE MOINE Al. vivre à ses dépens ; comme ils sont paresseux et gour- mands, c'est sur des provisions toutes faites, c'est-à- dire sur le bien d'autrui, qu'ils prennent leur subsis- tance; nos granges et nos greniers, nos basses-cours, nos colombiers, tous les lieux, en un mot, où nous rassemblons ou distribuons des grains , sont les lieux qu'ils fréquentent de préférence ; et comme ils sont aussi voraces que nombreux , ils ne laissent pas de faire plus de tort que leur espèce ne vaut; car leur plume ne sert à rien , leur chair n'est pas bonne à manger, leur voix blesse l'oreille, leur familiarité est incommode, leur pétulance grossière est à charge; ce sont de ces gens que l'on trouve partout et dont on n'a que faire, si propres à donner de l'humeur, que dans certains endroits on les a frappés de proscription en mettant à prix leur vie. Et ce qui les rendra éternellement incommodes, c'est non seulement leur très nombreuse multiplica- tion, mais encore leur défiance, leur finesse, leurs ruses, et leur opiniâtreté à ne pas désemparer les lieux qui leur conviennent. Ils sont fins, peu craintifs, difficiles à tromper; ils reconnoissent aisément les pièges qu'on leur tend; ils impatientent ceux qui veulent se donner la peine de les prendre. Il faut pour cela tendre un filet d'avance, et attendre plu- sieurs heures, souvent en vain; et il n'y a guère que dans les saisons de disette et dans les temps de neige où cette chasse puisse avoir du succès; ce qui néan- moins ne peut faire une diminution sensible sur une espèce qui se multiplie trois fois par an. Leur nid est composé de foin au dehors et de plumes en dedans. Si vous le détruisez, en vingt-quatre heures ils en LE MOINE Al . ï 1 fout un autre ; si vous jetez leurs œufs, cjui sont com- munément au nombre de cinq ou six, et souvent davantage^, huit ou dix jours après ils en pondent de nouveaux; si vous les tirez sur les arbres ou sur les toits , ils ne s'en récèlent que mieux dans vos greniers. Il faut à peu prés vingt livres de blé par an pour nourrir une couple de moineaux ; des personnes qui en avoient gardé dans des cages m'en ont assuré. Que l'on juge par leur nombre de la déprédation que ces oiseaux font de nos grains; car quoiqu'ils nourrissent leurs petits d'insecte-s dans le premier âge, et qu'ils en mangent eux-mêmes en assez grande quantité , leur principale nourriture est notre meilleur grain. Ils suivent le laboureur dans le temps des semailles, les moissonneurs pendant celui de la récolte, les batteurs daas les granges, la fermière lorsqu'elle jette le grain à ses volailles; ils le cherchent dans 1(5 colom- bier et jusque dans le jabot des jeunes pigeoas, qu'ils percent pour l'en tirer : ils mangent aussi les mouches à miel, et détruisent ainsi de préférence les seuls insectes qui nous soient utiles; enfin ils sont si mal- faisants, si incommodes, qu'il seroit à désirer qu'on trouvât quelque moyen de les détruire. On m'avoit assuré qu'en faisant fumer du soufre sous les arbres où ils se rassemblent en certaines saisons et s'endor- ment le soir, cette fumée les suffoqueroit et les feroit tomber; j'en ai fait l'épreuve sans succès, et cepen- dant je Tavois faite avec précaution et même avec intérêt ; parce que l'on ne pouvoit leur faire quitter le voisinage de mes volières , et que je m'étois aperçu i. Oljna dltqu'ils font jusqu'à huit œuf?, rt jainaisirioins rie queitre. 1^ LE MOINEAU. que non seulement ils troubloient le chant de mes oiseaux par leur vilaine voix, mais que même à force de répéter leur désagréable tut ^ tui, ils altéroient le chant des serins, des tarins, des linottes, etc. Je fis donc mettre sur un mur couvert par de grands mar- ronniers d'Inde dans lesquels les moineaux s'assem- bloient le soir en très grand nombre; je fis mettre, dis-Je, plusieurs terrines remplies de soufre mêlé d'un peu de charbon et de résine : ces matières, en s en- flammant, produisirent une épaisse fumée qui ne fit d'autre effet que d'éveiller les moineaux; à mesure que la fumée les gagnoit, ils s'élevoient au haut des arbres, et enfin ils en désemparèrent pour gagner les toits voisins; mais aucun ne tomba: je remarquai seulement qu'il se passa trois jours sans qu'ils se ras- semblassent en nombre sur ces arbres enfumés ; mais ensuite ils reprirent leur première habitude. Comme ces oiseaux sont robustes, on les élève facilement dans des cages : ils vivent plusieurs années, surtout s'ils y sont sans femelles; car on prétend que l'usage immodéré qu'ils en font abrège beaucoup leur vie. Lorsqu'ils sont pris jeunes, ils ont assez de doci- lité pour obéir à la voix, s'instruire, et retenir quel- que chose du chant des oiseaux auprès desquels on les met. Naturellement familiers , ils Le deviennent encore davantage dans la captivité ; cependant ce naturel familier ne les porte pas à vivre ensemble dans l'état de liberté. Ils sont assez solitaires, et c'est peut-être là l'origine de leur nom^. Comme ils ne quittent jamais notre climat et qu'ils sont toujours 1 . Monos , un seul , soiilaiie , inoiue , moiaeau. LE MOINEAU. lù autour de nos maisons, il est aisé de les observer et de reconnoître qu'ils vont ordinairement seuls ou par couple. Il y a cependant deux temps dans l'année où ils se rassemblent, non pour voler en troupe, mais pour se réunir et piailler tous ensemble, l'au- tomne sur les saules le long des rivières , et le prin- temps sur les épicéas ou autres arbres verts : c'est le soir qu'ils s'assemblent, et, dans la bonne saison, ils passent la nuit sur les arbres; mais en hiver ils sont souvent seuls ou avec leurs femelles dans un trou de muraille, ou sous les tuiles de nos toits, et ce n'est que quand le froid est très violent qu'on en trouve quelquefois cinq ou six dans le même gîte , où pro- bablement ils ne se mettent ensemble que pour se tenir chauds. Les mâles se battent à outrance pour avoir des femelles; et le combat est si violent, qu'ils tombent souvent à terre. Il y a peu d'oiseaux si ardents, si puissants en amour : on en a vu se joindre jusqu'à vingt fois de suite, toujours avec le même empres- sement, les mêmes trépidations, les mêmes expres- sions de plaisir; et ce qu'il y a de singulier, c'est que ia femelle paroît s'impatienter la première d'un jeu qui doit moins la fatiguer que le mâle, mais qui peut lui plaire aussi beaucoup moins, parce qu'il n'y a nul préliminaire, nulles caresses, nul assortiment à la chose; beaucoup de pétulance sans tendresse, tou- jours des mouvements précipités qui n'indiquent que îe besoin pour soi-même. Comparez les amours du pigeon à celles du moineau , vous y verrez presque toutes les nuances du physique au moral. Ces oiseaux nichent ordinairement sous les tuiles. 1 /| LE MOINEAU. dans ies chéneaux, dans les trous de murailles, ou dans lespots qu'on lenr offre, et souvent aussi dans les puits et sur les tablettes des fenêtres dont les vitrages sont défendus par des persiennes à claire-voie ; néan- moins il y en a quelques uns qui font leur nid sur les arbres : l'on m'a apporté de ces nids de moineaux pris suj- de grands noyers et sur des saules très élevés; ils les placent au sommet de ces arbres, et les con- struisent avec les mêmes matériaux, c'est-à-dire avec du foin en dehors et de la plume en dedans : mais ce qu'il y a de singulier, c'est qu'ils y ajoutent une espèce de calotte par dessus qui couvre le nid, en sorte que l'eau de la pluie ne peut y pénétrer, et ils laissent une ouverture pour entrer au dessous de cette calotte, tandis que, quand ils établissent leur nid dans des trous ou dans des lieux couverts, ils se dispensent avec raison de faire celte calotte, qui devient inutile puisqu'il est à couvert. L'instinct se manifeste donc ici par un sentiment presque raisonné , et qui suppose au moins la comparaison de deux petites idées. 11 se trouve aussi des moineaux plus paresseux , mais en même temps plus hardis que les autres, qui ne se donnent pas la peine de construire un nid, et qui chassent du leur les hirondelles à cul blanc; quel- quefois ils battent les pigeons , les font sortir de leur boulin, et s'y établissent à leur place. Il y a , comme l'on voit, dans ce petit peuple, diversité de mœurs, et par conséquent un instinct plus varié, plus perfec- tionné que dans la plupart des autres oiseaux, et cela vient sans doute de ce qu'ils fréquentent la société : ils sont à demi domestiques sans être assujettis ni moins indépendants; ils en tirent tout ce qui leur L E MOI N EAU. 10 convient sans y rien mettre du leur, et ils y acquiè- rent cette finesse, cette circonspection d'instinct qui se marque par la variété de leurs habitudes rela- tives aux situations, aux temps, et aux autres cir- constances. OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AU MOINEAU. L LE MOINEAU DU SÉNÉGAL. Emberiza quctea. Gmel. L'oiseau représenté dans les planches enluminées, n° 225, fig. 1 , sous la dénomination de moineau du Sénégal^ et auquel nous ne donnerons pas d'autre nom, parce qu'il nous paroît être de la même espèce que notre moineau d'Europe, dont il ne diffère que par la couleur du bec, le sommet de la tête, et les parties inférieures du corps qu'il a rougeâlres, tandis que, dans !e moineau d'Europe, le bec est brun, le sommet de la tête et les parties intérieures du corps sont grises. Mais comme la grandeur, la forme, la position du corps, du bec, de la queue, des pieds, tout le reste, en un mot, nous a paru semblable, nous ne pouvons guère douter de l'identité de l'es- pèce de cet oiseau du Sénégal avec notre moineau d'Europe, et nous regarderons la différence de cou- l6 Lli MOINEAU DU SENEGAL. leur comme une variété produite par l'influence du climat. L'oiseau dont le mâle et la femelle sont représentés, fig. i et '2, dans les planches enluminées, n° 665, ne nous paroît être qu'une variété de celui-ci. IL LE MOINEAU A BEC ROUGE DU SÉNÉGAL. Il en est de même de l'oiseau représenté dans les planches enluminées, n° i85, fîg. 2, sous la déno- mination de moineau à bec rouge du Sénégal _, et au- quel nous ne donnerons pas d'autre nom, parce qu'il ne nous paroît être qu'une variété peut-être d'âge ou de sexe du précédent, d'autant qu'il est du même climat. Ainsi ces deux oiseaux d'Afrique doivent être regardés comme de simples variétés dans l'espèce du moineau d'Europe. m. LE PÈRE NOIR. Fringilla noctis. L. Yoici maintenant des oiseaux étrangers dont l'es- pèce, quoique voisine de celle de notre moineau, nous paroît néanmoins en différer assez pour leur donner des noms particuliers; par exemple, l'oiseau d'Amérique auquel les habitants de nos îles ont donné le nom de phe noir que nous lui conservons, n'est pas précisément un moineau. Cet oiseau est repré- senté dans les planches enluminées, n° 201, fig. i. Il paroît qu'on le trouve non seulement dans nos îles. LE PERE NOIR. l'J mais aussi dans la terre ferme du continent méridio- nal de TAmérique, comme au Mexique; car il a été indiqué par Fernandès sous le nom mexicain yohuai totoU^ et donné par Hans Sloane comme oiseau de la Jamaïque. Nous pi'ésiunons aussi que les trois oiseaux représentés dans les planches enluminées, n° 224, pourroient bien n'être que des variétés de celui-ci ; la seule chose qui s'oppose à cette présomption, c'est qu'ils se trouvent dans des climats très éloignés les uns des autres. Ils ont été nommés au bas de nos planches , I, moineau, de Macao ; II ^ moineau de Java; m, moineau de Cayenne. INéanmoins ils ne nous pa- roissent faire que le même oiseau , et n'être que des variétés de l'espèce du père noir; car, quoique ces noms de climat aient été donnés par les voyageurs qui ont apporté ces oiseaux en France, je ne sais s'ils méritent toute confiance. D'ailleurs il se pourroit aussi que cette espèce d'oiseau noir se trouvât égale- ment dans les climats chauds des deux continents. Indépendamment de ces trois oiseaux qu'on peut rapporter à l'espèce du père noir, il y en a encore d'autres qui ne nous paroissent être aussi que des variétés de cette même espèce. L'oiseau que nous avons fait représenter dans les planches, n" 292, fig. 1 , le mâle , et fig. 2 , la femelle , sous le nom de moineau du Brésil ^ ressemble si fort au père noir, qu'on ne peut guère douter qu'il ne soit de son espèce. A la vérité, cette ressemblance presque parfaite ne se trouve que dans le mâle ; les couleurs de la femelle sont fort différentes ; mais cela même nous apprend combien peu l'on doit compter sur la différence des couleurs pour constituer celle des espèces. l8 Li; PKPxE iNOlR. Enfin il y a encore une espèce voisine de notre moineau, et qu'on ne pourroit se dispenser de rap- porter immédiatement à celle du père noir, s'il n'y avoit pas une grande différence dans la longueur de la queue; c'est l'oiseau représenté dans les planches enluminées, n** i85, fig. i , sous la dénomination de moineau du royaume de Juda. Nous l'appelons phre noir à Umgue queue ^ parce qu'il nous paroît être de le même espèce que le père noir, et n'en différer que par sa queue, qui est plus longue et composée de plumes de grandeur inégale^. Si les noms des climats nous ont été fidèlement transmis, on voit que l'espèce du père noir se trouve aux îles Antilles, à la Jamaïque, au Mexique, à Cayenne, au Brésil, au royaume de Juda, ensuite en Abyssinie, à Java, et jusqu'à Macao, c'est-à-dire dans toutes les contrées méridionales de l'ancien et du nouveau continent. IV. LE DATTIER, ou MOINEAU DE DATTE. FringiLla Capsa. Lath. M. Shaw a parlé de cet oiseau dans ses Voyages , sous le nom de moineau de Capsa j, et M. le chevalier 1. M. le chevalier Bruce , après avoir attentivement examiné cet oiseau, l'a reconnu pour être le même que le mascalouf cl 'Abyssinie. On l'y nomme aussi oiseau, de la croix, parce qu'il arrive ordinaire- ment le jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix dans celte contrée, où il annonce la fin des pluies. M. Bruce ajoute qu'on voit aux sources du Nil, dans le même temps de la cessation des pluies, un oiseau qui ressemble en tout au mascalouf, excepté par la {jueuc , qu il a beau- coup plus courte. LE DATTIEll, OU MOINEAU DE DATTE. 1 {J Bruce m'en a fait voir le portrait en miniature , d'a- près lequel j'ai fait la description suivante. Le moineau de datte a ie bec court, épais à sa base, et accompagné de quelques moustaches près des angles de son ouverture; la pièce supérieure noire, l'inférieure jaunâtre, ainsi que les pieds; les ongles noirs ; la partie antérieure de la tête et la gorge blan- ches; le reste de la tête, le cou, le dessus du corps, et même le dessous, d'un gris plus ou moins rougeâ- Ire ; mais la teinte est plus forte sur la poitrine^ et les petites couvertures sup:^rieures des ailes : les pen- nes des ailes et de la queue sont noires; la queue est un tant soit peu fourchue , assez longue , et dé- passe l'extrémité des ailes repliées des deux tiers de sa longueur. Cet oiseau vole en troupe ; il est familier et vient chercher les grains jusqu'aux portes des granges. Il est aussi commun dans la partie de la Barbarie située au sud du royaume de Tunis, que les moineaux le sont en France; mais il chante beaucoup mieux, s'il est vrai, comme l'avance M. Shaw , que son ramage soit préférable à celui des serins et des rossignols 2. C'est dommage qu'il soit trop délicat pour être trans- porté loin de son pays natal ; du moins toutes les tentatives qu'on a faites jusqu'ici pour nous l'amener vivant ont été infructueuses. 1. M. Shaw parle de quelques rellets qu'il a aperçus sur la poitrine. 2, J'aurois été tenté, à cause du joli ramage de cet oiseau, de le ranger avec les serins ; mais le chevalier Bruce , qui l'a beaucoup vu , et à qui j'ai fait part de mon idée, a persisté dans l'opinion où il étoit , qu'on devoit le rapporter aux moineaux. 20 LE FRIQUET. LE FRIQUET*. Frlngilla montana. L. Cet oiseau est certainement d'une espèce (îiffé- rente de celle du moineau , et par conséquent ne doit pas en porter le nom. Quoique habitants du même climat et des mêmes terres, ils ne se mêlent point ensemble, et la plupart de leurs habitudes naturelles sont toutes différentes. Le moineau ne quitte pas nos maisons, se pose sur nos murailles et sur nos toits, y niche et s'y nourrît; le friquet ne s'en approche guère, se tient à la campagne, fréquente les bords des chemins , se pose sur les arbustes et les plantes basses, et établit son nid dans des crevasses, dans des trous, à peu de distance de terre. On prétend qu'il niche aussi dans les bois et dans les creux d'arbre; cependant je n'en ai jamais vu dans les bois qu'en passant : ce sont les campagnes ouvertes et les plaines qu'ils habitent de préférence. Le moineau a le vol pesant et toujours assez court; il ne peut aussi mar- cher qu'en sautillant assez lentement et de mauvaise grâce, au lieu que le friquet se tourne plus lestement et marche mieux. L'espèce en est beaucoup moins nombreuse que celle du moineau, et il y a toute I. En allemand, haam-spcrling. ;E FRIQUET, 2. LE BEAU -MARQUET, 3. LE P.INSOIT DE NETO LE FRIQUET. 2i apparence que leur ponte, qui n est que de quatre ou cinq œufs, ne se répète pas et se borne à une seule couvée ; car les friquets se rassemblent en grande troupe des la fin de l'été, et demeurent ensemble pendant tout l'hiver. Il est aisé, dans cette saison, d'en prendre un grand nombre sur les buissons où ils gîtent. Cet oiseau , lorsqu'il est posé , ne cesse de se re- muer, de se tourner, de frétiller ^ de hausser et bais- ser sa queue ; et c'est de tous ses mouvements, qu'il fait d'assez bonne grâce, que lui est venu le nom de friqaet. Quoique moins hardi que le moineau, il ne fuit pas l'homme; souvent même il accompagne les voyageurs et les suit sans crainte. Il vole en tournant et toujours assez bas; car on ne le voit point se per- cher sur de grands arbres, et ceux qui lui ont donné le nom de momeau de noyer ont confondu le friquet avec la soulcie , qui se tient en eiSet sur les arbres élevés et particulièrement sur les noyers. Cette espèce est sujette à varier; plusieurs natura- listes ont donné le moineau de montagne ^, le moineau à collier 2, et le moineau fou des Italiens, comme des espèces différentes de celle du friquet : cependant le moineau fou et le friquet sont absolument le môme oiseau, et les deux autres espèces n'en sont que de très légères variétés. Après avoir comparé les des- criptions, les ligures, et les oiseaux en nature , il nous a paru que tous quatre n'étoient dans le fond que le même oiseau, et que ces quatre espèces nominales 1. En riUeniand, rinrei-spatz , ringel-sperling , fcldspcriitKr ^ ival- spcrling. ■?. Vax aileiïiaacl , berg-sperting, wald-sperling; en anglois . ruoinitain wspan'o , ivliiie cap. BUFFOM. XXII. o 2 2 LE FRIQIET. doivent se réduire à une seule réelle, qui est celle du friquet*. La preuve que le passera mattugia ou moineau fou des Italiens est le friquet même, ou tout au plus une simple variété de cette espèce, dont il ne diffère que par la distribution des couleurs, c'est qu'Olina, qui en donne la description et la figure, dit positivement qu'on l'a nommé passera mattugia ^ moineau fou, parce qu'il ne peut rester un seul moment sans re- muer; et c'est à ce mouvement continuel qu'on doit, comme je l'ai dit, attribuer l'origine de son nom françois. jNe seroit-il pas plus que singulier que cet oiseau, si peu rare en France, ne se trouvât point en Italie, comme l'ont écrit nos nomenclateurs modernes, qui n'ont pas reconnu que le moineau fou d'Italie éloit notre friquet? Il paroît, au contraire, qu'il y a plus de variétés de cette espèce en Italie qu'en France: elle s'est donc répandue des pays tempérés dans les pays plus chauds, et non pas dans les climats froids; car on ne la trouve point en Suède. Mais je suis sur- pris que M. Salerne dise que cet oiseau ne se voit ni en Allemagne, ni en Angleterre, puisque les natura- listes allemands et anglois en ont don*né des descrip- tions et la figure ; M. Frisch prétend même que le friquet et le serin de Canarie peuvent s'unir et pro- duire ensemble une race bâtarde, et qu'on en a fait l'épreuve en Allemagne. Au reste, le friquet, n*^ 2^'-^^ fig. i , quoique plus remuant, est cependant moinspétulant, moins fami- 1. Le moineau tJe montagne cl le moineau à collier sont le même oiseau , et ils ne diffèrent du friquet que par un collier blanc ou blan- châtre qu'ils porlcnt au liant du cou. LE FRIQIJET. 2Ù lier , moins gourmand, que le moineau; c'est un oi- seau plus innocent et qui ne fait pas grand tort aux grains : il préfère les fruits, les graines sauvages, telles que celles des chardons, sur lesquels il se pose volontiers, et mange aussi des insectes. Il fuit le séjour et la rencontre du moineau , qui est plus fort et plus méchant que lui. On peut l'élever en cage et l'y nourrir comme le chardonneret; il vit cinq ou six ans : son chant est assez peu de chose , mais tout différent de la voix désagréable du moineau. On a observé que, quoiqu'il soit plus doux que le moi- neau, il n'est cependant pas aussi docile; et cela vient de son naturel qui l'éloigné de l'homme , et qui, pour être un peu plus sauvage, n'en est peut-être que meilleur. OISEAUX ÉTRANGERS " QUI OINT RAPPORT AU FRIQUET. L'ofSEAU qu'on appelle le passereau sauvage en Pro- vence nous paroît être une simple variété du friquet. Son chant, dit M. Guys, ne finit point comme il commence, et n'est pas le même que celui du moi- neau. Il ajoute que cet oiseau, très farouche, cache sa tête entre des pierres, laissant le reste du corps à découvert, et croit se mettre à l'abri des attaques par cette précaution. Il se nourrit de graines à la cam- â4 lE PASSE-VERT. pagne, et il y a des années où il est très rare en Pro- vence. Mais outre cet oiseau et les autres variétés de cette espèce qui se trouvent dans nos climats, et que nous avons indiquées, d'après nos nomenciateurs, sous les noms de moineau de montagne ^ moineau à collier j^ et moineau fou j, il s'en trouve d'autres dans des c!i- maîs cloignes. LE PASSE-VERT. Le premier de ces oiseaux étrangers, qu'on peut rapporter au friquet comme variété , ou du moins comme espèce très voisine de la sienne , est celui qui est représenté dans les planches enluminées , n" soi, lig. 2 , sous la dénomination de moineau à tête rouge de Cayenne^ et auquel nous donnons ici le nom de passe-vert_, comme qui diroit passereau vert^ parce qu'il a tout le dessus du corps verdâtre ; mais quoi- qu'il diffère presque autant qu'il est possible du fri- c|uet par les couleurs, c'est néanmoins de tous les oiseaux de notre climat celui dont il approche le plus. IL LE PASSE-BLEU. Tanagra cœrulea. Lath. li en est de même de l'oiseau représenté dans les planches enluminées, n° 2o5, lig. 2, sous la déno- mination (Je moineau bleu de Cayenne ^ et auquel nous LE PASSE- BLEU. ^5 donnons ici le nom de passe-bleu ou passereau bleu^ parce qu'il est presque entièrement îoleu , et que du reste il approche plus de l'espèce du friquet que d'au- cune espèce de notre climat. Au reste, le passe-vert et le passe-bleu étant tous deux du même climat de Cayenne , on ne peut guère décider si ce sont deux espèces distinctes et séparées , ou s'ils sont d'une seule et môme espèce. iïl. LES FOUDIS. Une autre espèce qu'on peut rapporter à celle du friquet c'est celle de l'oiseau appelé à Madagascar foudl lehémenéj, auquel je conserve ici partie de ce nom. M. Brisson l'a indiqué le premier sous la déno- mination de cardinalde Madagascar. Il est représenté dans les planches enluminées , n" i34, lig. 2 , sous le nom de moineau de Madagascar. {Loxia Madagascar riens is. L. ) Il y a deux autres oiseaux, dont l'un représenté dans les planches enluminées, n*' 6, Cg. 2, sous la dénomination de cardinal du cap de Bonne- Espérance -, et l'autre, n** 154? fig. 1 , sous cellede moineau du cap de Bonne-Espérance j me paroissent être, le premier le mâle , et le second la femelle, d'une variété dans l'es- pèce du foudi : car ils n'en diffèrent qu'en ce qu'ils ont le dessous du corps noir; et, par ce caractère , nous les appelons fondis à ventre noir,, pour les dis- tinguer du foudi quia le ventre rouge. Mais, comnie ils se ressemblent par tout le reste , nous croyons qu'étant du même climat ils sont de la même espèce. '26 LE FKIQIJET ilLlM'É. IV. LE FRIQUET HUPPÉ. Fringula cristata. L. Une autre espèce étrangère qui nous paroît encore voisine de celle du friquet par la grandeur et par la forme, quoiqu'elle en diffère beaucoup par les couleurs, c'est l'oiseau représenté dans les planches enluminées, n** 181 , fig. 1 et fig. 2 , sous les dénomi- nation^ de moineau de Cayenne et de moineau de la Caroline^ qui se ressemblent assez pour nous porter à croire qu'étant de pays tempérés et chauds du même continent , l'un, fig. 1 , est le mâle , et l'autre , fig. 2, la femelle. Nous lui donnons le 110m de friquet huppé pour le distinguer de tous les autres oiseaux du môme genre. LE BEAU M ARQUE T. FringiUd eiegans. Gmei.. Enfin nous croyons que l'on peut rapporter à l'es- pèce du friquet plutôt qu'à aucune autre le bel oi- seau représenté dans les planches enluminées , n° 2o3, fig. 1 , sous la dénomination de moineau de la côte d* Afrique^ parce qu'il a été envoyé de ces contrées, et nous l'appellerons beau marqueta, parce qu'étant d'une espèce différente de celle du friquet et de toutes les autres que nous venons d'indiquer, il mérite un nom particulier, et celui de beau marquet désigne qu'il est beau et bien marqué sous le ventre. Ce nom , et LE BEAU M AUQUEL i> 7 un coup d'œil sur la figure coloriée, suffirout pour le foire reconnoître et distinguer de tous les autres oi- seaux. LA S0ULCÏE\ Fringilla petronia. L. On a souvent confondu cet oiseau, n° 2 25, ainsi que le friquet, avec notre moineau; cependant il est d'une autre espèce, et il diffère de l'un et de l'autre en ce qu'il est plus grand, qu'il a le bec plus fort, plutôt rou^e que noir, et qu'il n'a, pour ainsi dire, aucune habitude naturelle qui lui soit commune avec le moineau. Celui-ci demeure dans les villes ; la soul- cie ne se plaît que dans les bois, et c'est ce qui lui a fait donner par la plupart des naturalistes le nom de moineau de bois; il y niche dans des creux d'arbre, ne produit qu'une fois l'année quatre ou cinq œufs ; ils se rassemblent en troupes dès que les petits sont assez forts pour accompagner les vieux , c'est-à-dire vers la fin de juillet. Les soulcies se réunissent donc six se- maines plus tôt que les friqnets; leurs troupes sont aussi plus nombreuses, et ils vivent constamment en- semble jusqu'au retour de la saison des amours, où chacun se sépare pour suivre sa femelle. Quoique ces oiseaux restent également et constamment dans 1 . Enilalieu , passera alpestre , petronia marina ; eii alluiuand . grau- finck ^8 L\ SOUtCIE. notre climat pendant toute Tannée, il paroît néanmoins qu'ils craignent le froid des pays plus septentrionaux; car Linnaeus n'en parle pas dans son énumération des oiseaux de Suède. Ils ne sont que de passage en Alle- magne^; ils ne s'y réunissent pas en troupes, et y ar- rivent un à un. Enfin ce qui paroît confirmer ce que nous venons de présumer, c'est qu'on trouve assez souvent de ces oiseaux morts de froid dans des creux d'arbre lorsque l'hiver est rigoureux. Ils vivent non seulement de grains et graines de toute espèce, mais encore de mouches et d'autres insectes; ils aiment la société de leurs semblables, et les appellent dès qu'ils trouvent abondance de nourriture; et, comme ils sont presque toujours en grandes bandes, ils ne lais- sent pas de faire beaucoup de tort dans les terres nou- vellement ensemencées. On a de la peine à les chasser ou à les détruire; car ils participent de l'instinct et de la défiance du moineau domestique : ils recon- noissent les pièges , les gluaux , les trébuchets : mais on les prend en grand nombre avec des filets. 1 . Cet oiseau u'étoil point ou presque point connu ci-devant en Lor- raine; mais depuis quelques années il y est devenu très commun. ( Note communiquée par M. Lotùnger. ) LE SOULCIET. 20 M'?'Ç>•»*^•^««|S»5«'•^^^ e OISEAUX ETRANGERS QUI ONT RAPPORT A LA SOULGIE. I. LE SOULCIET. FringUla monticola. Gmel. La première espèce étrangère qui nous paroît voi- sine de celle de la soulcie , au point de n'en être qu'une variété, s'il est possible que cet oiseau ait passé d'un continent à l'autre , c'est celui qui est représenté dans les planches enluminées, n" 220, fig. 2 , sous la dénomination de mouieau du Canada ^ et que nous avons appelé le soulclet _, parce qu'il est un peu plus petit que la soulcie, comme tous les autres animaux du nouveau continent, qui sont, dans la même es- pèce , moins grands que ceux de l'ancien. II. LE PAROARE. Loxia Doniinicana. Gmel, Un autre bel oiseau des contrées méridionales de l'Amérique qui nous paroît voisin de la soulcie c'est JO Lli 1» A KO A RE. celui que Maicgrave a indiqué sous le nom brasilien tije guacu paroara ^ et comme guacu n'est qu'un ad- jectif qui veut dire grand j^ et tije un nom générique, nous avons adopté celui de paroare comme dénomi- nation spécifique, d'autant qu'il faut conserver, le plus qu'il est possible, à chaque espèce d'animal le nom de son pays; et c'est par cette raison que nous préférons ici le nom de paroare que cet oiseau porte au Brésil dans son pays natal , à celui de cardinaL do- minicain ^ que M. Brisson a adopté , parce qu'il a la tête rouge et le corps noir et blanc. La femelle diffère du mâle en ce que le devant de sa tête n'est pas rouge, mais d'un jaune orangé semé de points rougeâtres. Nous appellerons a-ussi paroare huppé [Loxia cucul- lata. Lath. ) un oiseau des mêmes continents , qui ne nous paroît être qu'une variété du paroare , n° 55 , fig. 2, et qui en diffère par une huppe ou aigrette qu'il porte sur la tête. Ce bel oiseau est représenté dans les planches enluminées, n° io5, sous la déno- mination de cardinal dominicain happé de la Louisiane j, parce qu'il nous a été envoyé de celte contrée de l'A- mérique sous ce nom. III. LE CROISSANT. FrmgiUa hrcuata. Gmel. La troisième espèce étrangère qu'on doit rapportei à celle de la soulcie est l'oiseau représenté dans le.s planches enluminées, n" 25o, iig. i, sous la déno- mination de moineau du cap de Bonne-Espérance ^ qui PliBc Toine 2.2, tan oxie t,sculp 1 . 1 JC SE i: • ^3; .... 2 , T. A Ul^ 0 T TE _ 5 .LE BENGAEI EIÇ-IJETE, LE CROISSANT. 7)1 lui a été donnée par M. Brissoii , et que nous appelons ici croissant j, parce qu'étant d'une espèce et d'un climat différents des autres, il lui faut im nom parti- culier tiré de quelques uns de ses attributs. Or cet oi- seau , qui, par la distribution des couleurs, ne s'é- loigne pas d*e notre soulcie , porte un croissant blanc qui s'étend depuis l'œil jusque sous le cou. Ce carac- tère unique nous a paru suffisant pour le dénommer et le faire reconnoître. LE SERIN DES CANARIES. Fringilla Canaria, L. Si le rossignol est le chantre des bols , le serin , n° '202 , fig. 1 , est le musicien de la chambre : le pre- mier tient tout de la nature; le second participe à nos arts. Avec moins de force d'organe , moins d'é- tendue dans la voix , moins de variété dans les sons, le serin a plus d'oreille, plus de facilité d'imitation^, plus de mémoire ; et, comme la différence du carac- tère (surtout dans les animaux) tient de très près à celle qui se trouve entre leurs sens, le serin, dont l'ouïe est plus attentive, plus susceptible de recevoir et de conserver les impressions étrangères, devient 1. Un serin, placé encore fort jeune près de mon bureau , y avoit pris un singulier ramage ; il contrefaisoit le bruit que l'on fait en comp- tant des écus. ( Note commutiiquée par M. Hébert, receveur général à Dijon. ) 02 LE SERIN DES CANAïlIES. aussi plus sociable, plus doux, pins familier : il est capaJDle de coanoissance et même d'attachement; ses caresses sont aimables, ses petits dépits innocents, et sa colère ne blesse ni n'offense. Ses habitudes naturelles le rapprochent encore de nous : il se nour- rit de graines comme nos autres oiseaux domesti- ques; on l'élève plus aisément que le rossignol , qui ne vit que de chair et d'insectes, et qu'on ne peut nourrir que de mets préparés. Son éducation plus facile est aussi plus heureuse; on l'élève avec plaisir, parce qu'on l'instruit avec succès i il quitte la mélo- die de son chant naturel pour se prêter à l'harmonie de nos voix et de nos instruments; il applaudit, il accompagne , et nous rend au delà de ce qu'on peut lui donner. Le rossignol , plus lier de son talent , semble vouloir le conserver dans touie sa pureté ; au moins paroît-il faire assez peu de cas des nôtres : ce n'est qu'avec peine qu'on lui apprend à répéter quel- ques unes de nos chansons. Le serin peut parler et siffler; le rossignol méprise la parole autant que le sifflet, et revient sans cesse à son brillant ramage. Son gosier, toujours nouveau, est un chef-d'œuvre de la nature, auquel l'art humain ne peut rien chan- ger, rien ajouter; celui du serin est un modèle de grâces d'une trempe moins ferme , que nous pouvons modifier. L'un a donc bien plus de part que l'autre aux agréments de la vSociété : le serin chante en tout temps, il nous récrée dans les jours les plus sombres. Il contribue même à notre bonheur ; car il fait l'amu- sement de toutes les jeunes personnes, les délices des recluses; il charme au moins les ennuis du cloître, porte de la gaieté dans les âmes innocentes et cap- LE SERIN DES CANARIES. 35 tives ; et ses petites amours, qu'on peut considérer de près en le faisant nicher, ont rappelé mille et mille fois à la tendresse des cœurs sacrifiés : c'est faire au- tant de bien que nos vautours savent faire de mal. C'est dans le c!imat heureux des Hespérides que cet oiseau charmant semble avoir pris naissance, ou du moins avoir acquis toutes ses perfections : car nous connoissons en Italie une espèce de serin plus petite que celle des Canaries; et en Provence une autre espèce presque aussi grande ; toutes deux plus agrestes, et qu'on pent regarder comme les tiges sau- vages d'une race civilisée. Ces trois oiseaux peuvent se mêler ensemble dans l'élat de captivité ; mais, dans l'état de nature , ils paroissent se propager sans mé- lange, chacun dans leur climat : ils forment donc trois variétés constantes, qu'il seroit bon de désigner chacnne par un nom différent, afin de ne les pas confondre. Le plus grand s'appeloit cinit ou cini dès le temps de Belon (il y a plus de deux cents ans) ; en Provence, on le nomme encore aujourd'hui c'inl ou clgnlj,el l'on appelle z;^?<^wr^?î celui d'Italie. Lecanari^ le venturon j, et le clnij sont les noms propres que nous adopterons pour désigner ces trois variétés, et le serin sera le nom de l'espèce générique. Le venturon ou serin d'Italie se trouve non seu- lement dans toute l'Italie, mais en Grèce, en Tur- quie, en Autriche, en Provence, en Languedoc, en Catalogne, et probablement dans tous les climats de cette température : néanmoins il y a des années où il est fort rare dans nos provinces méridionales, et par- ticulièrement à Marseille. Son chant est agréable et varié : la femelle est inférieure au mâle, etpar léchant, v)j LE SERIN DES CANARIES. et par le plumage^. La forme, ia conleur, la voix, et la nourriture du venturon et du canari, sont à peu près les mêmes, à la différence seulement que le ven- turon a le corps sensiblement plus petit, et que son chant n'est ni si beau ni si clair. Le cini ou serin vert de Provence , plus grand que le venturon, a aussi la voix bien plus grande; il est remarquable par ses belles couleurs, par la force de son chant, et par la variété des sons qu'il fait enten- dre. La femelle, un peu plus grosse que le mâle, est moins chargée de plumes jaunes, ne chante pas comme lui, et ne répond, pour ainsi dire, que par monosyllabes. Il se nourrit des plus petites graines qu'il trouve à la campagne; il vit long-temps en cage, et semble se plaire à côté du chardonneret; il paroît l'écouter et en emprunter des accents qu'il emploie agréablement pour varier son ramage 2. Il se trouve non seulement en Provence, mais encore en Dau- phiné , dans le Lyonnois^, en Bugey, à Genève, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne^. C'est 1 . Extrait d'un mémoire qui accompagnoit un envoi considérable d'oiseaux qui m'a été fait par M. Guys , de l'académie de Marseille . homme de lettres , connu par plusieurs bons ouvrages , et particuliè- rement par son Voyage de Grèce. 2. Extrait du mémoire ci-dessus cité. o. J'ai vu dans la campagne , en Bugey , et aux environs de Lyon , des oiseaux assez semblables à des serins de Canarie; on les y appe- loïtsignis ou oignis. J'en ai vu aussi à Genève dans des cagt'S, et leur ramage ne ni«e parut pas fort agréable. Je crois qu'on les appelle à Pa- ns serins de Suisse. {Note donnée par M. Hébert, receveur général à Dijon. ) 4. On l'appelle en Catalogne, canari de montanja ; en Italie , serin ou scarzerin; en Allemagne, fœdenle; aux environs do Vienne, liirn- gryll ; en Suisse, scliwederle. LE SERIN DES CANARIES. 55 le même oiseau qu'on coiinoît en Bourgogne sous le nom de serin. Il fait son nid sur les osiers plantés le ]onj. des rivières, et ce nid est composé de crin et de poil à l'intérieur, et de mousse au dehors. Cet oi- seau , qui est assez commun aux environs de Mar- seille et dans nos provinces méridionales, jusqu'en Bourgogne , est rare dans nos provinces septentrio- nales. M. Lottinger dit qu'il n'est que de passage en Lorraine, La couleur dominante du venturon , comme du cini, est d'un vert jaune sur le dessus du corps, et d'un jaune vert sur le ventre : mais le cini , plus grand que le venturon, en diffère encore par une couleur brune qui se trouve par taches longitudinales sur les côtés du corps, et par ondes au dessus ; au lieu que, dans notre climat, la couleur ordinaire du canari est uniforme d'un jaune citron sur tout le corps et même sur le ventre. Ce n'est cependant qu'à leur extré- mité que les plumes sont teintes de cette belle cou- leur; elles sont blanches dans tout le reste de leur étendue. La femelle est d'un jaune plus pâle que le mâle. Mais cette couleur citron tirant plus ou moins sur le blanc , que le canari prend dans notre climat, n'est pas la couleur qu'il porte dans son pays natal, et elle varie suivant les différentes températures. « J'ai remarqué, dit un de nos habiles naturalistes^, que le serin des Canaries, qui devient tout blanc en France, est à Ténériffe d'un gris presque aussi foncé que la linotte; ce changement de couleur provient vrai- semblablement de la froideur de notre climat. » La couleur peut varier aussi par la diversité des alimenls, 1. M. Adanson , Voyage du Sénégal , page i5. 36 LE SERIN DES CANARIES. par la captivité , et surtout par les assortiments des différentes races. Dès le commencement de ce siècle les oiseleurs comptoient déjà , dans la seule espèce des canaris, vingt-neuf variétés, toutes assez recon- noissables pour être bien indiquées^. La tige primi- 1 . Nous les allons toutes désigner , en commençant par les plus communes , et finissant par les plus rares. 1. Le serin gris commun. 2. Le serin gris, aux duvets et aux pattes blanches, qu'on appelle race de panachés. 3. Le serin gris à queue blanche , race de panachés. 4. Le serin blond commun. 5. Le serin blond aux yeux rouges. 6. Le serin blond doré. 7. Le serin blond aux duvets , race de panachés. 8. Le serin blond à queue blanche, race de panachés. 9. Le sci-in jaune commun. 10. Le serin jaune aux duvets, race de panachés. 11. Le serin jaune à queue blanche, race de panachés. 12. Le serin agate commun. , i3. Le serin agate aux yeux rouges. 14. Le serin agate à queue blanche, race de panachés. i5. Le serin agate aux duvets , race de panachés. 16. Le serin isabelle commun. 17. Le serin isabelle aux yeux rouges. 18. Le serin isabelle doré. 19. l-e serin isabelle aux duvets, race de panachés. 20. Le serin blanc aux yeux rouges. 21. Le serin panaché commun. 22. Le serin panaché aux yeux rouges. 23. Le serin panaché de blond. 24. Le serin panaché de blond aux yeux rouges. 25. Le serin panaché de noir. 26. Le serin panaché de noir jonquille aux yeux rouges. 27. Le serin panaché de noir jonquille et régulier. 28. Le serin plein ( c'est-à-dire pleinement et entièrement jaune jon- quille ) , qui est le plus rare. 29. Le serin à huppe (ou plulôt à couronne ) : c'est un des plus beaux. T,E SEKIN DES CANARIES. .)'* tive de ces vingt neuf variétés , c'est-à-dire celle du pays natal ou du climat des Canaries, est le serin gris commun. Tous ceux qui sont d'autres couleurs uni- formes les tiennent de la différence des climats; ceux qui ont les yeux rouges tendent plus ou moins à la couleur absolument blanche, et les panachés sont des variétés plutôt factices que naturelles^. Indépendamment de ces différences , qui parois- sent être les premières variétés de l'espèce pure du serin des Canaries, transporté dans différents cli- mats ; indépendamment de quelques races nouvelles qui ont paru depuis , il y a d'autres variétés encore plus apparentes qui proviennent du mélange du ca- nari avec le venturon et avec le cini ; car non seule- ment ces trois oiseaux peuvent s'unir et produire ensemble, mais les petits qui en résultent, et qu'on met au rang des mulets stériles, sont des métis fé- conds, dont les races se propagent. Il en est de même du mél^inge des canaris avec les tarins, les chardon- nerets, les linottes, les bruants, les pinsons : on 1. Les nuances et les dispositions des couleurs varient beaucoup dans les serins panachés : il y en a qui ont du noir sur la tête , d'au- tres qui n'en ont point; quelques uns sont tachés irrégulièrement, et d'autres le sont très ré-gulièrement. Les différences de couleurs ne se marquent ordinairement que sur la partie supérieure de l'oiseau : elles consistent en deux grandes plaques noires sur chaque aile , l'une en avant et l'autre en arrière , en un large croissant de même couleur posé sur le dos, tournant sa concavité vers la tête, et se joignant par ses deux cornes aux deux plaques noires antérieures des ailes. Enfin le cou est environné par derrière d'un demi-collier d'un gris qui pa- roît être une couleur composée, résultant du noir et du jaune fondus ensemble. La queue et ses couvertures sont jn'csque blanches. ( Des- cription des coiiieurs d'un canari panaché, observé avec M. de Ment- he il! ard. ) F.IIFF01V. XÎII. 5 58 LE SEHIN DES CANARIES. prétend îiiôuie qu'ils peuvent produire avec le moi- neau. Ces espèces d'oiseaux, quoique très différentes, et en apparence assez éloignées de celle des canaris, ne laissent pas de s'unir et de produire ensemble, lors- qu'on prend les précautions et les soins nécessaires pour les apparier. La première attention est de sépa- rer les canaris de tous ceux de leur espèce , et la se- conde , d'employer à ces essais la femelle plutôt que le mâle. On s'est assuré que la serine de Canarie pro- duit avec tous les oiseaux que nous venons de nom- mer; mais il n'est pas également certain que le mâle canari puisse produire avec les femelles de tous ces mêmes oiseaux^. Le tarin et le chardoonneret sont les seuls sur lesquels il me paroît que la production de la femelle avec le mâle canari soit bien constatée. Voici ce que m'a écrit, à ce sujet, un de mes amis, homme aussi expérimenté que véridique : « Il y a trente ans que j'élève un grand nombre de ces petits oiseaux, et je me suis particulièrement at- taché à leur éducation : ainsi c'est d'après plusieurs expériences et observations que je puis assurer les faits suivants. Lorsqu'on veut apparier des canaris avec des chardonnerets, il faut prendre dans le nid de jeunes chardonnerets de dix à douze jours, et les mettre dans les nids de canaris du même âge, les nourrir ensemble et les laisser dans la même volière, en accoutumant le chardonneret à la même nourri- ture du canari. On met, pour l'ordinaire, des char- donnerets mâles avec des canaris femelles ; ils s'accou- 1. Gesner rapporte qu'un oiseleur suisse ayant voulu apparier un mâle canari avec une femelle scarzerine ( cini ) , il vint bien des œufs , mais que ces œufs furent inféconds. LE SEIUN DES CANARIES. ,lg plent beaucoup plus facilement , et réussissent aussi beaucoup mieux que quand on donne aux serins mâles des chardonnerets femelles. Il faut cependant remarquer que la première progéniture est plus tar- dive , parce que le chardonneret n'entre pas sitôt en partage que le canari. Au contraire, lorsqu'on unit la femelle chardonneret avec le mâle canari, le pa- riage se fait plus tôt*. Pour qu'il réussisse, il ne faut jainais lâcher le canari mâle dans des volières où il y a des canaris femelles, parce qu'il préféreroit alors ces dernières à celles du chardonneret. » A l'égard de l'union du canari mâle avec la fe- melle tarin, je puis assurer quelle réussit très bien : j'ai , depuis neuf ans, dans ma volière , une femelle tarin, qui n'a pas manqué de faire trois pontes tous les ans, qui ont assez bien réussi les cinq premières années ; mais elle n'a fait que deux pontes par an dans les quatre dernières. J'ai d'autres oiseaux de cette même espèce du tarin, qui ont produit avec les ca- naris, sans avoir été élevés ni placés séparément. On lâche pour cela simplement le tarin mâle ou femelle dans une chambre avec un bon nombre de canaris : on les verra s'apparier dans cette chambre dans le même temps que les canaris entre eux; au lieu que les chardonnerets ne s'apparient qu'en cage avec le canari, et qu'il faut encore qu'il n'y ait aucun oiseau de leur espèce. Le tarin vit autant de temps que le canari ; il s'accoutume et mange la même nourriture avec bien moins de répugnance que le chardonneret. 1. Ceci prouve , comme nous le dirons dans la suite, que la femelle est moins déterminée par la nature au sentiment d'amour, que par les désirs et les émotions que lui communique le mâle. .jO LE SERIN DES CANARIES. » J'ai encore mis ensemble des linottes avec des canaris : mais il faut que ce soit une linotte mâle avec un canari femelie ; autrement il arrive très rarement qu'ils réussissent, la linotte même ne faisant pas son nid, et pondant seulement quelques œufs dans le pa- nier, lesquels , pour l'ordinaire, sont clairs. J'en ai vu l'expérience, parce que j'ai fait couver ces œufs par des femelles canaris, et à plusieurs fois, sans aucun produit. ) Les pinsons et les bruants sont très difficiles à unir avec les canaris : j'ai laissé trois ans une femelle bruant avec un mâle canari; elle n'a pondu que des œufs clairs. Il en est de même de la femelle pinson ; mais le pinson et le bruant mâle avec la femelle canari ont produit quelques œufs féconds. » Jl résulte de ces faits et de quelques autres que j'ai recueillis, qu'il n'y a dans tous ces ciseaux que îe tarin dont le mâle et la femelle produisent également avec le mâle ou la femelle du serin des Canaries : cette femelle produit aussi assez facilement avec le chardonneret , un peu moins aisément avec le mâle linotte; enfin elle peut produire, quoique plus diffici- lement, avec les mâles pinsons, bruants, et moi- neaux, tandis que le serin mâle ne peut féconder aucune de ces dernières femelles. La nature est donc plus ambiguë et moins constante, et le type de l'espèce moins ferme dans la femelle que dans le mâle : celui-ci en est le vrai modèle ; la trempe en est beaucoup plus forte que celle de la femelle , qui se prête à des modifications diverses, et même subit des altérations par le mélange des espèces étrangères. Dans le petit no-mbre d'expériences que j'ai pu faire sur le mélange LE SERIN DES CANARIES. 4* de quelques espèces voisines d'animaux quadrupèdes, j'ai vu que la brebis produit aisément avec le bouc , et que le bélier ne produit point avec la chèvre. On m'a assuré qu'il y a voit exemple de la production du cerf avec la vache , tandis que le taureau ne s'est jamais joint à la biche; la jument produit plus aisément avec l'âne que le cheval avec l'ânesse ; et en général , les races tiennent toujours plus du mâle que de la femelle. Ces faits s'accordent avec ceux que nous venons de rapporter au sujet du mélange des oiseaux. On voit que la femelle canari peut produire avec le venturon , le cini , le tarin, le chardonneret, la linotte, le pin- son, le bruant, et le moineau; tandis que le mâle canari ne produit aisément qu'avec la femelle du ta- rin, difficilement avec celle du chardonneret, et point avec les autres. On peut donc en conclure que la fe- melle appartient moins rigoureusement à son espèce que le mâle, et qu'en général c'est par les femelles que se tiennent de plus près les espèces voisines. Il est bien évident que la serine approche beaucoup plus que le serin de l'espèce du bruant, de la linotte , du pinson, et du moineau, puisqu'elle s'unit et produit avec tous, tandis que son mâle ne veut s'unir ni pro- duire avec aucune femelle de ces mêmes espèces. Je dis, ne veut, car ici la volonté peut faire beaucoup plus qu'on ne pense; et p-eut-etre n'est-ce que faute d'une volonté ferme que les femelles se laissent sub- juguer, et souflVent des recherches étrangères et des unions disparates. Quoi qu'il en soit, on peut, en examinant les résultats du mélange de ces différents oiseaux, tirer des inductions qui s'accordent avec [\2 LE SERIN DES CANARIES. tout ce que j'ai dit au sujet de la génération des ani- mai^x et de leur développement. Gomme cet objet est important, j'ai cru devoir donner ici les principaux résultats du mélange des canaris, soit entre eux, soit avec les espèces que nous venons de citer. La première variété qui paroît constituer deux ra- ces distinctes dans l'espèce du canari est composée des canaris panachés et de ceux qui ne ie sont pas. Les blancs ne sont jamais panachés, non plus que les jaune-citron; seulement, lorsque ces derniers ont quatre ou cinq ans , l'extrémité des ailes et la queue deviennent blanches. Les gris ne sont pas d'une seule couleur grise; il y a sur le même oiseau des plumes plus ou moins grises; et dans un nombre de ces oi- seaux gris il s'en trouve d'un gris plus clair, plus foncé, plus brun, et plus noir. Les agate sont de couleur uniforme; seulement il y en a dont la couleur agate est plus claire et plus foncée. Les isabelles sont plus semblables; leur couleur ventre-de-biche est con- stante et toujours uniforme , soit sur le même oiseau , soit dans plusieurs iifdividus. Dans les panachés, les jaune-jonquille sont panachés de noirâtre ; ils ont or- dinairement du noir sur la tête. Il y a des canaris panachés dans toutes les couleurs simples que nous avons indiquées; mais ce sont les jaune-jonquille qui sont le plus panachés de noir. Lorsque l'on apparie des canaris de couleur uni- forme , les petits qui en proviennent sont de la même couleur. Un mâle gris et une femelle grise ne pro- duiront ordinairement que des oiseaux gris : il en est de même des isabelles , des blonds, des blancs, des LE SERIN DES CANARIES. 4^' jauQes, des agate; tous produisent leurs semblables en couleur. Mais si l'on mêle ces différentes couleurs en donnant, par exemple, une femelle blonde à un mâle gris, ou une femelle grise à un mâle blond , et ainsi dans toutes les autres combinaisons , on aura des oiseaux qui seront plus beaux que ceux des ra- ces de même couleur; et, comme ce nombre de com- binaisons de races que l'on peut croiser est presque inépuisable, on peut encore tous les jours amener à la lumière des nuances et des variétés qui n'ont pas encore paru. Les mélanges qu'on peut faire des ca- naris panachés avec ceux de couleur uniforme aug- mentent encore de plusieurs milliers de combinai- sons les résultats que l'on doit en attendre ; et les variétés de l'espèce peuvent être multipliées, pour ainsi dire , à l'infini. Il arrive même assez souvent que, sans employer des oiseaux panachés , on a de très beaux petits oiseaux bien panachés , qui ne doivent leur beauté qu'au mélange des couleurs différentes de leurs pères et mères , ou à leurs ascendants, dont quelques uns, du côté paternel ou maternel, éloient panachés. A l'égard du mélange des autres espèces avec celle du canari, voici les observations que j'ai pu recueillir. De tous les serins, le cini, ou serin vert, est celui qui a la voix la plus forte, et qui paroît être le plus vigoureux , le plus ardent pour la propagation ; il peut suffire à trois femelles canaris ; il leur porte à manger sur leurs nids, ainsi qu'à leurs petits. Le ta- rin et le chardonneret ne sont ni si vigoureux ni si vigilants, et une seule femelle canari suffit à leurs be- soins. 44 J^E SEllIxN DES CANARIES. Les oiseaux qui proviennent des mélanges du cini, du tarin, et du chardonneret avec une serine, sont ordinairement plus forts que les canaris : ils chantent plus long-temps, et leur voix, très sonore, est plus forte ; mais ils apprennent plus difficilement : la plu- part n© sifflent jamais qu'imparfaitement, et il est rare d'en trouver qui puissent répéter un seul air sans y manquer. Lorsqu'on veut se procurer des oiseaux par le mé- lange du chardonneret avec la serine de Canarie , il faut que le chardonneret ait deux ans , et la serine un an , parce qu'elle est plus précoce ; et , pour l'or- dinaire , ils réussissent mieux quand on a pris la pré- caution de les élever ensemble : néanmoins cela n'est pas absolument nécessaire, et l'auteur du Traité des serins se trompe en assurant qu'il ne faut pas que la serine se soit auparavant accouplée avec un mâle de son espèce , que cela l'empêcheroit de recevoir les mâles d'une autre espèce» Voici un fait tout opposé. « II m'est arrivé, dit le P. Bougot, de mettre ensem- ble douze canaris, quatre mâles et huit femelles; du mouron de mauvaise qualité fit mourir trois de ces mâles, et toutes les femelles perdirent leur première ponte. Je m'avisai de substituer aux trois mâles morts trois chardonnerets maies pris dans un battant. Je les lâchai dans la volière au commencement de mai ; sur la fin de juillet j'eus deux nids de petits mulets qui réussirent on ne peut pas mieux, et , l'année sui- vante, j'ai eu trois pontes de chaque chardonneret mâle avec les femelles canaris. Les femelles canaris ne produisent ordinairement avec le chardonneret que depuis l'âge d'un an jusqu'à quatre , tandis qu'a- LE SERIN DES CANARIES. 45 vec leurs mâles naturels elles produisent jusqu'à huit ou neuf ans d'âge ; il n'y a que la femelle commune panachée qui produise au delà de l'âge de quatre ans avec le chardonneret. Au reste , il ne faut jamais lâ- cher le chardonnere-t dans une volière , parce qu'il détruit les nids et casse les œufs des autres oiseaux. » On voit que les serines, quoique accoutumées aux mâles de leur espèce , ne laissent pas de se prêter à la recherche des chardonnerets, et ne s'en unissent pas moins avec eux; leur union est même au»ssi fé- conde qu'avec leurs mâles naturels, puisqu'elles font trois pontes dans un an avec le chardonneret. Il n'en est pas de même de l'union du mâle linotte avec la serine ; il n'y a pour l'ordinaire qu'une seule ponte, et très rarement deux, dans l'année. Ces oiseaux bâtards qui proviennent du mélange des canaris avec les tarins, les chardonnerets, etc., ne sont pas des muleis stériles, mais des métis fé- conds, qui peuvent s'unir et produire, non seulement avec leurs races maternelle ou paternelle, mais même reproduire entre eux des individus féconds, dont les variétés peuvent aussi se mêler et se perpétuer. Mais il faut convenir que le produit de la génération dans ces métis n'est pas aussi certain ni aussi nombreux, à beaucoup près , que dans les espèces pures ; ces métis ne font ordinairement qu'une ponte par an , et rarement deux : souvent les œufs sont clairs ; et la production réelle dépend de plusieurs petites circon- stances qu'il n'est pas possible de reconnoître et moins encore d'indiquer précisément. On prétend que parmi ces métis il se trouve toujours beaucoup plus de mâles que de femelles. « Une femelle de ca-» 46 LE SERIN DES CANARIES. nari et un chardonneret, dit le P. Bougot, mont, dans ia uiêine année, produit en trois pontes dix-neuf œufs , qui tous ont réussi. Dans ces dix-neuf petits mulets, il n'y avoit que trois femelles sur seize mâ- les. » 11 seroit bon de constater ce fait par des obser- vations réitérées. Dans les espèces pures de plusieurs oiseaux, comme dans celle de la perdrix, on a re- marqué qu'il y a aussi plus de maies que de femelles. La môme observation a été faite sur l'espèce humaine; il naît environ tlix-sept garçons sur seize fdles dans nos climats. On ignore quelle est la proportion du nombre des mâles et de celui des femelles dans l'es- pèce de la perdrix; on sait seulement que les mâles sont en plus grand nombre, parce qu'il y a toujours des bourdons vacants dans le temps du partage : mais il n'est pas à présumer que, dans aucune espèce pure, le nombre des mâles excède celui des femelles, autant que seize excède trois, c'est-à-dire autant que dans l'espèce mêlée de la serine et du chardonneret; j'ai oui dire seulement (ju'iî se troovoit de môme plus de femelles que de mâles dans le nombre des mulets qui proviennent de l'âne et de la jument : mais je n'ai pu me procurer sur cela des informations assez exac- tes pour qu'on doive y conjpter. 11 s'agiroit donc (et cela seroit assez facile) de déterminer par des obser- vations combien il naît de mâles et combien de fe- melles dans l'espèce pure du canari , et voir ensuite si le nombre des mâles est encore beaucoup plus grand dans les métis qui proviennent des espèces mêlées du chardonneret et de la serine. La raison qui me porte à le croire c'est qu'en général le mâle influe plus que la femelle sur la force et la qualité des ra- LE SERÏN DES CANARIES. /jy ces. Au reste , ces oiseaux métis , qui sont plus forts et qui ont la voix plus perçante , l'haleine plus lon- gue que les canaris de l'espèce pure, vivent aussi plus long-temps : mais il y a une observation constante qui porte sur les uns et sur les autres; c'est que plus ils travaillent à la propagation, et plus ils abrègent leur vie. Un serin mâle, élevé seul et sans commu- nication avec une femelle, vivra communément treize ou quatorze ans; un métis provenant du chardonne- ret, traité de même, vit dix-huit et même dix-neuf ans; un métis provenant du tarin , et également privé de femelles, vivra quinze ou seize ans, tandis que le serin mâle auquel on donne une femelle ou plu- sieurs ne vit guère que dix ou douze ans, le métis tarin onze ou douze ans, et le métis chardonneret quatorze ou quinze : encore faut-il avoir l'attention de les séparer tous de leurs femelles après les pontes, c'est-à-dire depuis le mois d'août jusqu'au mois de mars; sans cela leur passion les use, et leur vie se raccourcit encore de deux ou trois années. A ces remarques particulières, qui toutes sont in- téressantes, je dois ajouter une observation générale plus importante , et qui peut encore donner quelques lumières sur la génération des animaux et sur le déve- loppement de leurs différentes parties. L'on a con- stamment observé en mêlant les canaris, soit entre eux, soit avec des oiseaux étrangers, que les métis provenus de ces mélanges ressemblent à leur père par la tête, la queue, les jambes, et à leur mère par le reste du corps. On peut faire la môme observation sur les mulets quadrupèdes; ceux qui vienent de l'âne et de la jument ont le corps aussi gros que leur mère, et 4^ LE SERIiN DES CANARIES. tiennent du père les oreilles , la queue , la sécheresse des jambes. 11 paroît donc que dans le mélange des deux liqueurs séminales, quelque intime qu'on doive le supposer pour l'accomplissemeat de la génération , les molécules organiques fournies par la femelle oc- cupent le centre de cette sphère vivante qui s'accroît dans toutes les dimensions, et que les molécules don- nées par le mâle environnent celles de la femelle , de manière que l'enveloppe et les extrémités du corps appartiennent plus au père qu'à la mère. La peau, le poil, et les couleurs, qu'on doit aussi regarder comme faisant partie extérieure du corps, tiennent plus du côté paternel que du côté maternel. Plusieurs métis que j'ai obtenus en donnant un bouc à des brebis avoient tous, au lieu de laine, le poil rude de leur père. Dans l'espèce humaine , on peut de même re- marquer que communément le fils ressemble plus à son père qu'à sa mère par les jambes, les pieds, les mains, l'écriture, la quantité et la couleur des che- veux, la qualité de la peau, la grosseur de la tête; et dans les mulâtres qui proviennent d'un blanc et d'une négresse, la teinte de noir est plus diminuée que dans ceux qui viennent d'un nègre et d'une blan- che. Tout cela semble prouver que , dans l'établisse- ment local des molécules organiques fournies par les deux sexes, celles du mâle surmontent et envelop- pent celles de la femelle , lesquelles forment le pre- mier point d'appui, et, pour ainsi dire, le noyau de l'être qui s'organise , et que , malgré la pénétration et le mélange intime de ces molécules, il en reste plus de masculines à la surface , et plus de féminines à l'intérieur; ce qui paroît naturel , puisque ce sont LE SERIN DES CANARIES. ^iC) les premières qui vont chercher les secondes : d'où il résulte que , dans le développement du corps , les membres doivent tenir plus du père que de la mère, et le corps doit tenir plus de la mère que du père. Et comme en général la beauté des espèces ne se perfectionne et ne peut même se maintenir qu'en croisant les races, et qu'en même temps la noblesse de la figure, la force et la vigueur du corps, dépen- dent presque en entier de la bonne proportion des membres, ce n'est que par les mâles qu'on peut enno- blir ou relever les races dans l'homme et dans les animaux : de grandes et belles juments avec de vilains petits chevaux ne produiront jamais que des poulains mal faits, tandis qu'un beau cheval avec une jument ^ quoique laide, produira de très beaux chevaux, et d'autant plus beaux que les races du père et de la mère seront plus éloignées, plus étrangères l'une à l'autre. Il en est de même des moutons : ce n'est qu'avec des béliers étrangers qu'on peut en relever les races, et jamais une belle brebis avec un petit bélier commun ne produira que des agneaux tout aussi communs. Il me resteroit plusieurs choses à dire sur cette matière importante; mais iciceseroit se trop écarter de notre sujet , dont néanmoins l'objet le phis intéressant, le plus utile pour l'histoire delà nature, seroit l'exposition de toutes les observations qu'on a déjà faites et que l'on pourroit faire encore sur le mélange des animaux. Comme beaucoup de gens s'oc- cupent ou s'amusent de la multiplication des serins, et qu'elle se fait en peu de temps, on peut aisément tenter un grand nombre d'expériences sur leurs mé- langes avec des oiseaux différents , ainsi que sur les 5o LE SElllN DES CANARIES. produits ultérieurs de ces mélanges. Je suis persuadé que, parla réunion de toutes ces observations, et leur comparaison avec celles qui ont été faites sur les animaux et sur l'homme, on parviendroit à déter- miner peut-être assez précisément l'influence, la puis- sance effective du mâle dans la génération , relative- ment à celle de la femelle, et par conséquent désigner les rapports généraux par lesquels on pourroit présu- mer que tel mâle convient on disconvient à telle ou telle femelle, etc. JNéanmoins il est vrai que, dans les animaux comme dans l'homme, et même dans nos petits oiseaux , la disconveuance du caractère , ou , si l'on veut , la dif- férence des qualités morales, nuit souvent à la conve- nance des qualités physiques. Si quelque chose peut prouver que le caractère est une impression bonne ou mauvaise donnée par la nature, et dont l'éducation ne peut changer les traits , c'est l'exemple de nos se- rins. « Ils sont presque tous , dit M. Hervieux , diffé- rents les uns des autres par leurs inclinations; il y a des mâles d'un tempérament toujours triste, rêveurs, pour ainsi dire, et presque toujours bouffis, chan- tant rarement et ne chantant que d'un ton lugubre.... qui sont des temps infinis à apprendre, et ne savent jamais que très imparfaitement ce qu'on leur a mon- tré ; et , le peu qu'ils savent , ils l'oublient aisément... Ces mêmes serins sont souvent d'un naturel si m'al- propre, qu'ils ont toujours les pattes et la queue sa- les. Ils ne peuvent plaire à leur femelle , qu'ils ne réjouissent jamais par leur chant, même dans le temps que ses petits viennent d'éclore; et d'ordinaire ces petits ne valent pas mieux que leur père H y a LE SERIN DES CANARIES. 31 d'autres serins qui sont si mauvais , qu'ils tuent la femelle qu'on leur donne, et qu'il n y a d'autre moyen de les dompter qu'en leur en donnant deux : elles se réuniront pour leur défense commune; et, l'ayant d'abord vaincu par la force , elles le vaincront ensuite par l'amour. Il y en a d'autres d'une inclination si barbare , qu'ils cassent et mangent les œufs lorsque la femelle les a pondus ; ou si ce père dénaturé les laisse couver, à peine les petits sont-ils éclos , qu'il les saisit avec le bec, les traîne dans la cabane et les tue^. » D'autres, qui sont sauvages, farouches, in- 1. Il y a des mâles d'un tenipérament foible, indifférents pour les femelles , toujours malades après la nichée. Il ne faut pas les apparier; car j'ai remarqué que les petits leur ressemblent. Il y en a d'autres si pétulants, qu'ils battent leur femelle pour la faire sortir du nid, et rempcchent de couver : ceux-ci sont les plus robustes, les meilleurs pour le chant, et souvent les plus beaux pour le plumage et les plus familiers. D'autres cassent les œufs et tuent leurs petits pour jouir plus tôt de leur femelle. D'autres ont une sympathie singulière , qui a l'air du choix et d'une préférence marquée. Un rnale mis avec vingt fe- melles en choisit une ou deux, qu'il suit partout, qu'il embccque , et auxquelles il demeure constamment attaché sans se soucier des autres. Ceux-ci sont de bon naturel , et le communiquent à leur progéni- ture. D'autres ne sympathisent avec aucune femelle, et demeurent in- actifs et stériles. On trouve dans les femelles, comme dans les mâles, la même différence pour le caractère et pour le tempérament. Les fe- melles jonquilles sont les plus douces; les agate sont remplies de fan. taisies, et souvent quittent leurs petits pour se donner au mâle; les femelles panachées sont assidues sur leurs œufs, et bonnes à leurs pe- tits. Mais les mâles panachés , étant les plus ardents de tous les canaris, ont besoin de deux et même de trois femelles , si l'on veut les empêcher de les chasser du nid et de casser les œufs ; ceux qui sont entièrement jonquille ont à peu près la même pétulance , et il leur faut aussi deux 0U trois femelles ; les mâles agate sont les plus foibles, et les femelles de cette race meurent assez souvent sur les œufs. ( Note communiquée par le R. P. Bougot. ) 55> LE SERIN DES CANARIES. dépendants, qui ne veulent être ni touchés ni ca- ressés, qu'il faut laisser tranquilles, et qu'on ne peut gouverner ni traiter comme les autres : pour peu qu'on se mêle de leur ménage , ils refusent de pro- duire ; il ne faut ni toucher à leur cabane ni leur ôter les œufs, et ce n'est qu'en les laissant vivre à leur fan- taisie qu'ils s'uniront et produiront. Il y en a d'autres enfin qui sont très paresseux : par exemple, les gris ne font presque jamais de nid; il faut que celui qui les soigne fasse leur nid pour eux, etc. Tous ces carac- tères sont , comme l'on voit , très distincts entre eux , et très différents de celui de nos serins favoris, tou- jours gais, toujours chantants, si familiers, si aima- bles, si bons maris, si bons pères, et en tout d'un caractère si doux, d'un naturel si heureux, qu'ils sont susceptibles de toutes les bonnes impressions, et doués des meilleures inclinations : ils récréent sans cesse leur femelle par leur chant; ils la soulagent dans la pénible assiduité de couver; ils l'invitent à changer de situation, à leur céder la place, et couvent eux- mêmes tous les jours pendant quelques heures ; ils nourrissent aussi leurs petits , et enfin ils apprennent tout ce qu'on veist leur montrer. C'est par ceux-ci seuls qu'on doit juger de l'espèce , et je^n'ai fait men- tion des autres que pour démontrer que le carac- tère , même dans les animaux , vient de la nature , et n'appartient pas à l'éducation. Au reste , le mauvais naturel apparent qui leur fait casser les oeufs et tuer leurs petits vient souvent de leur tempérament et de leur trop grande pétulance en amour ; c'est pour jouir de leur femelle plus plei- nement et plus souvent, qw'ils la chassent du nid et LE SERIN DES CANARIES. O^g lui ravissent les plus chers objets de son affection : ^ aussi la meilleure manière de faire nicher ces oiseaux n'est pas de les séparer et dé les mettre en cabane; il vaut beaucoup mieuxleur donner une chambre bien, exposée au soleil et an levant d'hiver; ils s y plaisent davantage et y multiplient mieux; car s'ils sont en cage ou en cabane avec une seule femelle , ils lui cas- seront ses œufs pour en jouir de nouveau : dans la chambre, au contraire, où il doit y avoir plus de fe- melles que de mâles, ils en chercheront une autre, et laisseront la première couver trancpiillementc D'ail- leurs les mâles, par jalousie, ne laissent pas de se don- ner entre eux de fortes distractions; et, lorsqu'ils en voient un trop ardent tourmenter sa femelle et vouloir casser les œufs, ils le battent assez pour amor- tir ses désirs. On leur donnera, pour faire \e<, nids, de la char- pie de linge fin, de la bourre de vache ou de cerf qui n'ait pas été employée à d'autres usages, de la mousse, et du petit foin sec et très menu. Les char- donnerets et les tarins qu'on met avec les serines lors- qu'on veut se procurer des métis , emploient le petit foin et la mousse de préférence; mais les serins se servent plutôt de la bourre et de la charpie. Il faut qu'elle soit bien hachée , crainte qu'ils n'enlèvent les œufs avec cette espèce de filasse qui s'embarrasseroit dans leurs pieds. Pour les nourrir, on établit dans !a chambre une trémie percée tout alentour, de manière qu'ils puis- sent y passer la tête ; on mettra dans cette trémie une portion du mélange suivant : trois pintes de navette, deux d'avoine, deux de millet, et enfin une pinte de UUFFON. XXir. /f 54 IK SERIN DES CANARIES. chènevis , et tous les douze ou treize jours on regar- nira la trémie , prenant garde que toutes ces graines soient bien nettes et bien vannées. Voilà leur nour- riture tant qu'ils n'ont que des œufs : mais la veille que les petits doivent éclore , on leur donne un échaudé sec et pétri sans sel, qu'on leur laissera jus- qu'à ce qu'il soit mangé ; après quoi on leur donnera des œufs cuits durs; un seul œuf dur s'il n'y a que deux mâles et quatre femelles, deux œufs s'il y a quatre mâles et huit femelles, et ainsi à proportion du nombre : on ne leur donnera ni salade ni verdure pendant qu'ils nourrissent ; cela affoibliroit beaucoup les petits. Mais, pour varier un peu leurs aliments et les réjouir par un nouveau mets, vous leur donnerez tous les trois jours, sur une assiette, au lieu de l'é- chaudé , un morceau de pain blanc trempé dans l'eau et pressé dans la main; ce pain, qu'on ne leur don- nera qu'un seul jour sur trois, étant pour ces oiseaux une nourriture moins substantielle que l'échaudé, les empêchera de devenir trop gras pendant leur ponte. On fera bien aussi de leur fournir, dans le même temps, quelques graines d'alpiste , et seulement tous les deux jours , crainte de les trop échauffer : le bis- cuit sucré produit ordinairement cet effet, qui est suivi d'un autre encore plus préjudiciable, c'est qu'é- tant nourris de biscuit, ils font souvent des œufs clairs ou des petits foibles et trop délicats. Lorsqu'ils auront des petits, on leur fera tous les jours bouillir de la navette, afin d'en ôter l'âcreté. «Une longue expé- rience, dit le P. Bougot, m'a appris que cette nour- riture est celle qui leur convient le mieux, quoi qu'en disent tous le^ auteurs qui ont écrit sur les canaris. > LE SKRIN DES CANARIES. ;k^ Après leur ponte, il faut leur donner du plantain et de la graine de laitue pour tes purger; mais il faut en même temps ôter tous les Jeunes oiseaux , qui s'af- foibliroient beaucoup par cette nourriture ,, qu'on ne doit fournir que pendant deux jours aux pères et mères. Quand vous voudrez élever des serins à la bro- chette, il ne faudra pas, comme le conseillent la plu- part des oiseleurs, ies laisser à leur mère jusqu'au onzième ou douzième jour; il vaut mieux lui ôter ses petits dès le huitième joiu' : on les enlèvera avec le nid , et on ne lui laissera que le panier. On préparera d'avance la nourriture de ces petits; c'est une pâtée composée de navette bouillie, d'un jaune d'œuf , et de mie d'échaudé, mêlée et pétrie avec un peu d'eau, dont on leur donnera des becquées toutes les deux heures. Il ne faut pas que cette pâtée soit trop li- quide, et l'on doit, crainte qu'elle ne s'aigrisse, la renouveler chaque jour, jusqu'à ce que les petits mangent seuls. Dans ces oiseaux captifs, la production n'est pas aussi constante , mais paroît néanmoins plus nom- breuse qu'elle ne le seroit probablement dans leur état de liberté ; car il y a quelques femelles qui font quatre et même cinq pontes par an, chacune de qua- tre, cinq, six, et quelquefois sept œufs : communé- ment elles font trois pontes; et la mue les empêche d'en faire davantage. Il y a néanmoins des femelles qui couvent pendant la mue, pourvu que leur ponte soit comme-iicée avant ce temps. Les oiseaux de la même nichée ne muent pas tous en même temps : le$ plus foibles sont les premiers qui subissent ce chan- gement d'état; les plus forts ne muent souvent que 56 LE SEUIN DES CANARIES. plus d'un mois après. La mue des serins jonquille es£ plus longue et ordinairement plus funeste que celle des autres. Ces femelles jonquille ne font que trois pontes de trois œufs chacune. Les blonds mâles et fe- melles sont trop délicats, et leur nichée réussit rare- ment. Les isabelles ont quelque répugnance à s'appa- rier ensemble : le mâle prend rarement , dans une grande volière, une femelle isabelle, et ce n'est qu'en les mettant tous deux en cage qu'ils se déterminent à s'unir. Les blancs en général sont bons à tout; ils couvent, nichent, et produisent aussi bien et mieux qu'aucun des autres, et les blancs panachés sont aussi les plus forts de tous. Malgré ces différences dans le naturel , le tempé- rament , et dans le nombre de la production de ces oiseaux, le temps de l'incubation est le même; tous couvent également treize jours; et lorsqu'il y a un jour de plus ou de moins, cela paroît venir de quel- que circonstance particulière. Le froid retarde l'exclu- sion des petits, et le chaud l'accélère : aussi arrive-t-il souvent que la première couvée, qui se trouve au mois d'avril , dure treize jours et demi , ou quatorze jours au lieu de treize, si l'air est alors plus froid que tempéré; et au contraire dans la troisième couvée, qui se fait pendant les grandes chaleurs du mois de juillet ou d'août, il arrive quelquefois que les petits sortent de l'œuf au bout de douze jours et demi, ou même douze jours. On fera bien de séparer les mau- vais œufs des bons; mais, pour les reconnoître d'une manière sûre, il faut attendre qu'ils aient été couvés pendant huit ou neuf jours : on prend doucement chaque œuf par les deux bouts, crainte de les casser; LE SEKIN DES CANARIES. 67 on les mire au grand jour ou à la lumière d'une chan- delle, et Ton rejette tous ceux qui sont clairs : ils ne feroient que fatiguer la femelle si on les lui laissoit. En triant ainsi les œufs clairs, on peut assez souvent de trois couvées n'en faire que deux; la troisième fe- melle se trouvera libre, et travaillera bientôt à une seconde nichée^. Une pratique fort recommandée par les oiseleurs , c'est d'enlever les œufs à la femelle à me- sure qu'elle les pond, et de leur substituer des œufs d'ivoire , afin que tous les œufs puissent éclore en même temps; on attend le dernier œuf avant de ren- dre les autres à la femelle et de lui oter ceux d ivoire. D'ordinaire le moment de la ponte est à six ou sept heures du matin : on prétend que, quand elle retarde seulement d'une heure, c'est que la femelle est ma- lade : la ponte se fait ainsi successivement ^. Il est donc aisé de se saisir des œufs à mesure qu'ils sont produits. Néanmoins cette pratique, qui est plutôt relative à la commodité de l'homme qu'à celle de l'oi- I. Lorsqu'on tlistiibue les œufs d'une femelle à d'aulrcs , il faut qu'ils soient tous bons : les femelles panachées auxquelles ou donneroit des leufs clairs et mauvais ne manqueroient pas de les jeter elles-mêmes hors du nid au lieu de les couver : et lorsque le nid est trop profond pour qu'elles puissent les faire couler à terre, elles ae cessent de les bec- queter jusqu'à ce qu'ils soient cassés, ce qui gâte les autres œufs, et souvent infecte le nid et fait avorter la couvée entière. Les femelles d'autres couleurs couvent les œufs clairs qu'où leur donne. ( Noie du îi. P. Bougot. ) -1. La ponte se lait toujours à la même heure, si la femelle est dans Ifl môme état de santé; cepentlant il faut faire une exception pour le dernier œuf, qui es.t ordinairement retardé de quelques heures et quel- quefois dun jour. Ce dernier œuf est conslamnient plus petit que les autres, et Von m'a assuié que le jielit qui provient de ce dernier œuf est toujours un mâle, l! seroit bon do constater ce fait ?iiigulii>r. 58 LE SERIN DES CANARIES. seau, est contraire au procédé de la nature; elle fait subir à Ja mère une plus grande déperdition de cha- leur, et la surcharge tout à la fois de cinq ou six petits, qui, venant tous ensemble, l'inquiètent plus qu'ils ne la réjouissent, tandis qu'en les voyant éclore successivement les uns après les autres, ses plaisirs se multiplient et soutiennent ses forces et son courage : aussi des oiseleurs très intelligents m'ont assuré qu'en n'ôtant pas les œufs à la femelle , et les laissant éclore successivement, ils avoient toujours mieux réussi que par cette substitution des œufs d'ivoire. Au reste , nous devons dire qu'en général les pra- tiques trop recherchées, et les soins scrupuleux que nos écrivains conseillent de donner à l'éducation de ces oiseaux, sont plus nuisibles qu'utiles; il faut, au- tant qu'il est possible, se rapprocher en tout de la na- ture. Dans leur pays natal, les serins se tiennent sur les bords des petits ruisseaux ou des ravines humides; il ne faut donc jamais les laisser manquer d'eau, tant pour boire que pour se baigner. Comme ils sont ori- ginaires d'un climat très doux , il faut les mettre à l'abri de la rigueur de l'hiver : il paroît même qu'étant déjà anciennement naturalisés en France, ils se sont habi- tués au froid de notre pays; car on peut les conserver en les logeant dans une chambre sans feu, dont il n'est pas même nécessaire que la fenêtre soit vitrée; une grille maillée pour les empêcher de fuir suffira : je connois plusieurs oiseleurs qui m'ont assuré qu'en les traitant ainsi on en perd moins que quand on les tient dans des chambres échauffées par le feu. Il en est de même de la nourriture; on pourroit la rendre plus simple, et peut-être ils ne s'en porteroient que LE SERIN DES CANARIES. Sq mieux ^. Une attention qui paroît plus nécessaire qu'aucune autre , c'est de ne jamais presser le temps de la première nichée : on a coutume de permettre à ces oiseaux de s'unir vers le 20 ou le 25 de mars, et l'on feroit mieux d'attendre le 12 ou le 1 5 d'avril; car, lorsqu'on les met ensemble dans un temps encore froid, ils se dégoûtent souvent l'un de l'autre; et si par hasard les femelles font des œufs, elles les aban- donnent , à moins que la saison ne devienne plus chaude : on perd donc une nichée tout entière en voulant avancer le temps de la première. Les jeunes serins sont différents des vieux , tant par les couleurs du plumage que par quelques autres ca- ractères. «Un jeune serin de l'année, observé le i5 septembre 1772^, avoit la tête, le cou, le dos, et les pennes des ailes noirâtres , excepté les quatre pre- mières pennes de l'aile gauche et les six preuiières pennes de l'aile droite qui étoient blanchâtres; le 1. J'ai souvent éj)rouvé par moi-même, et par d'autres (jui se pi- quoient de suivre à la lettre et dans toute leur étendue les pratiques prescrites par les auteurs, que souvent le trop de soins et d'attention lait périr ces oiseaux. Une nourriture réglée de navette et de millet ; de l'eau d'un jour à l'autre en hiver, et d'une ou deux fois par jour en été; du séneçon, lorsqu'il en est, une fois le mois; du mouron dans le temps de la mue; au lieu de sucre , de l'avoine battue et du blé de Turquie, et surtout une grande propreté : c'est à quoi je me réduis depuis la fatale expérience que j'ai faite ties leçons des autres. '-,Petit Traité de la nichée des canaris , communujué par M. Batteau, avocat à Dijon. ) Je crois qu'il pourroit y avoir ici une petite erreur. Tous les oise- leurs que j'ai consultés mont dit qu'il falloit bien se garder de donner aux serins du mouron dans la mue, et que cette nourriture , trop ra- fraîchissante, prolongeoit la durée de ce mauvais état de santé. Les autres conseils que donne ici M. Batteau me paroissent bien fondés, •i. Note communiquée par M. Gueneau de Montbeillard. 60 - LE SERIN DES CANAllIES. croupion, les couvertures des ailes, la queue, qui n'étoit pas encore entièrement formée, et le dessous du corps, étoient aussi de couleur blanchâtre, et il n'y avoit pas encore de plumes sur le ventre depuis le sternum jusqu'à Vaniis. Ce jeune oiseau avoit le bec inférieur rentrant dans le bec supérieur, qui étoit assez gros et un peu crochu. » A mesure que l'oiseau avance ea âge , la disposition et les nuances de cou- leur changent; on distingue les vieux des jeunes par la force , la couleur, et le chant : les vieux ont con- stamment les couleurs plus foncées et plus vives que les jeunes; leurs pattes sont plus rudes et tirant sur le noir, s'ils sont de la race grise ; ils ont aussi les on- gles plus gros et plus longs que les jeunes. La femelle ressemble quelquefois si fort au mâle, qu'il n'est pas aisé de les distinguer au premier coup d'œil : cepen- dant le maie a toujours les couleurs plus fortes que la femelle, la tête un peu plus grosse et plus longue, les tempes d'un jaune plus orangé, et sous le bec une espèce de flamme jaune, qui descend plus bas que sous le bec de la fenLelle; il a aussi les jambes plus longues; entîn il commence à gazouiller presque aussi- tôt qu'il mange seul. Il est vrai qu'il y a des femelles qui, dans ce premier âge, gazouillent aussi fort que les mâles : mais, en rassemblant ces différents indices, on^j.)Ourra distinguer, même avant la première mue , les serins mâles et les femelles. Après ce temps, il n'y a plus d'incertitude à cet égard, car les mâles com- mencent dès lors à déclarer leur sexe par leur chant. Toute expression subite de la voix est, dans les ani- maux, un indice vif de passion; et comme l'amour est de toutes les émotions intérieures celle qui les re- LE SERIN DES CANARIES. 6l mue le plus souvent, et qui les transporte le plus puissamment, ils ne manquent guère de manifester leur ardeur. Les oiseaux par leur chant, le taureau par son mugissement, le cheval par le hennissement , l'ours par son gros murmure, etc. , annoncent tous un seul et même désir. L'ardeur de ce désir n'est pas à beaucoup près aussi grande, aussi vive dans la femelle que dans le mâle; aussi ne l'exprime-t-elle que ra- rement par la voix : celle de la serine n'est tout au plus qu'un petit ton de tendre satisfaction, un signe de consentement qui n'échappe qu'après avoir écouté long-temps, et après s'être laissé pénétrer de la prière ardente du mâle , qui s'eflbrce d'exciter ses désirs en lui transmettant les siens. Néanmoins cette femelle a, comme toutes les autres, grand besoin de l'usage de l'amour dès qu'elle est une fois excitée; car elle tombe malade et meurt, lorsqu'étant séparés, celui qui a fait naître sa passion ne peut la satis«faire. 11 est rare que les serins élevés en chambre tom- bent malades avant la ponte; il y a seulement quel- ques mâles qui s'excèdent et meurent d'épuisement. Si la femelle devient malade pendant la couvée, il faut lui ôter ses œufs et les donner à une autre; car, quand même elie se rétabliroit promptement, elle ne les couveroit plus. Le premier symptôme de ia maladie, surtout dans le mâle, est la tristesse; dès qu'on ne lui voit plus sa gaieté ordinaire, il faut le mettre seul dans une cage, et le placer au soleil dans la chambre où réside sa femelle. S'il devient bouffi, on regardera s'il n'a pas un bouton au dessus de la queue : lorsque ce bouton est mûr et blanc, l'oiseau le perce souvent lui-même avec le bec; mais si la sup- 62 LE SERIN DES CANARIES. puration tarde trop, on pourra ouvrir le bouton avec une grosse aiguille , et ensuite étuver la plaie avec de la salive sans y mêler de sel , ce qui la rendroit trop cuisante sur la plaie. Le lendemain, on lâchera l'oi- seau malade, et l'on reconnoîtra, par son maintien et son empressement auprès de sa femelle , s'il est guéri ou non. Dans ce dernier cas, il faut le reprendre, lui souffler avec un petit tuyau de plume, du vin blanc sous les ailes, le remettre au soleil, et reconnoître, en le lâchant le lendemain , l'état de sa santé : si la tristesse et le dégoût continuent après ces petits re- mèdes, on ne peut guère espérer de le sauver; il fau- dra dès lors le remettre en cage séparée, et donner à sa femelle un autre mâle ressemblant à celui qu'elle perd, ou , si cela ne se peut, on tâchera de lui don- ner un mâle de la même espèce qu'elle ; il y a ordinai- rement plus de sympathie entre ceux qui se res- semblent qu'avec les autres, à l'exception des serins isabelles, qui donnent la préférence à des femelles d'autre couleur. Mais il faut que ce nouveau mâle qu'on veut substituer au premier ne soit point un no- vice en amour, et que par conséquent il ait déjà ni- ché. Si la femelle tombe malade , on lui fera le même traitement qu'au mâle. La cause la plus ordinaire des maladies est la trop abondante ou la trop bonne nourriture : lorsqu'on fait nicher ces oiseaux en cage ou en cabane , souvent ils mangent trop ou prennent de préférence les ali- ments fucculents destinés aux petits; et la plupart tombent malades de réplétion ou d'inflammation. En les tenant en chambre, on prévient en grande partie cet inconvénient , parce qu'étant en nombre, ils s'em- LE SERIN DES CANARIES. 65 pèchent réciproquement de s'excéder. Un mâle qui mange long-temps est sûr d'être battu par les autres mâles; il en est de même des femelles. Ces débats leur donnent du mouvement, des distractions, et de la tempérance par nécessité : c'est principalement pour cette raison qu'ils ne sont presque jamais ma- lades en chambre pendant le temps de la nichée; ce n'est qu'après celui de la couvée que les infirmités et les maux se déclarent. La plupart ont d'abord le bou> ton dont nous venons de parler. Ensuite tous sont sujets à la mue : les uns soutiennent assez bien ce changement d'état, et ne laissent pas de chanter un peu chaque jour; mais la plupart perdent la voix , et quelques uns dépérissent et meurent. Dès que les fe- melles ont atteint l'âge de six ou sept ans, il en périt beaucoup dans la mue; les mâles supportent plus ai- sément cette espèce de maladie, et subsistent trois ou quatre années de plus. Cependant, comme la mue est un effet dans Tordre de la nature plutôt qu'une maladie accidentelle, ces oiseaux n'auroient pas be- soin de remèdes, ou les trouveroient eux-mêmes, s'ils étoient élevés par leurs pères et mères dans l'état de nature et de liberté; mais étant contraints, nourris par nous , et devenus plus délicats, la mue , qui pour les oiseaux libres n'est qu'une indisposition, un état de santé moins parfaite, devient pour ces captifs une maladie grave et très souvent funeste, à laquelle môme il y a peu de remèdes*. Au reste, la mue est d'autant 1. Pour la mue, il faut un morceau d'acier, et non de fer, dans leur eau : vous la changerez trois fois par semaine. Ne leur donnez point d'autres remèdes, quoique M. flervieux nous en indique de plu- sieurs sortes; il faut seulement mettre un peu plus de chènevis dans 64 l^îî SERIN DES CANARIES. moins dangereuse qu'elle arrive plus tôt, c est-à-dire en meiileure saison. Les jeunes serins muent dès la première année : six semaines après qu'ils sont nés, ils deviennent tristes, paroissent bouffis, et mettent la tête dans leurs plumes; leur duvet tombe dans cette première mue, et à la seconde, c'est-à-dire l'année suivante, les grosses plumes, même celles des ailes et de la queue, tombent aussi. Les jeunes oiseaux des dernières couvées, qui ne sont nés qu'en septembre au plus tard, souffrent donc beaucoup plus de la mue que ceux qui sont nés au printemps; le froid est très contraire à cet état, et ils périroient tous si on n'avoit soin de les tenir alors dans un lieu tempéré, et môme sensiblement chaud. Tant que dure la mue, c'est-à- dire pendant six semaines ou deux mois, la nature travaille à produire des plumes nouvelles; et les mo- lécules organiques, qui étoient précédemment em- ployées à faire le fond de la liqueur séminale , se trouvent absorbées pour cette autre production : c'est par celte raison que, dans ce même temps de mue, les oiseaux ne se cherchent ni ne s'accouplent, et qu'ils cessent de produire ; car ils manquent alors de ce surplus de vie dont tout être a besoin pour pouvoir la communiquer à d'autres. La maladie la plus funeste et la plus ordinaire, sur- tout aux jeunes serins, est celle qu'on appelle l'ava- turc; il semble en efl'et que leurs boyaux soient alors leur noiinilure ordinaire peadanl ce leuips critique. ( Note communi' quée par le R. P. Bougot. ) Observez que l'on ne recommande ici l'acier au lieu de fer que pour être sûr qu'on ne mettra pas dans Icau du fer rouillé ^ qui fcroit plus de mal que de bien. LE SERIN DES CANARIES. 65 avaléSj, et descendus fusqu a rextrémité de leur corps. On voit les intestins à travers la peau du ventre dans uQ état d'inflammation, de rougeur, et de distension : les plumes de cette partie cessent de croître et tom- bent; l'oiseau maigrit, ne mange plus, et cependant se tient toujours dans la mangeoire ; enfin il meurt en peu de jours : la cause du mal est la trop grande quan- tité ou la qualité trop succulente de la nourriture qu'on leur a donnée. Tous les remèdes sont inutiles; il n'y a que par la diète qu'on peut sauver quelques uns de ces malades dans un très grand nombre. On met l'oiseau dans une cage séparée, on ne lui donne que de l'eau et de la graine de laitue; ces aliments rafraîchissants et purgatifs tempèrent l'ardeur qui le consume, et opèrent quelquefois des évacuations qui lui sauvent la vie. Au reste , cette maladie ne vient pas de la nature, mais de l'art que nous mettons à élever ces oiseaux; car il est très rare que ceux qu'on laisse nourrir par leurs pères et mères en soient at- teints. On doit donc avoir la plus grande attention à ne leur donner que très peu de chose en les élevant à la brochette; de la navette bouillie, un peu de mou- ron , et point du tout de sucre ni de biscuit, et en tout, plutôt moins que trop de nourriture. Lorsque le serin fait un petit cri fréquent, qui pa- roît sortir du fond de la poitrine , on dit qu'il est asthmatique ; il est encore sujet à une certaine extinc- tion de voix, surtout après la mue : on guérit cette espèce d'asthme en lui donnant de la graine de plan- tain et du biscuit dur trempé dans du vin blanc, et on fait cesser l'extinction de voix en lui fournissant de bonnes nourritures, comme du jaune d'œuf haché 66 LE SEIIÎN DES CANARIES. avec de la mie de pain, et pour boisson de la tisane de réglisse, c'est-à-dire de l'eau où l'on fera tremper et bouillir de cette racine. l.es serins ont quelquefois ime espèce de chancre qui leur vient dans le bec : cette maladie provient des mêmes causes que celle de l'avalure ; les nourri- tures trop abondantes ou trop substantielles que nous leur fournissons produisent quelquefois une inflam- mation qui se porte à la gorge et au palais, au lieu de tomber sur les intestins; aussi guërit-on cette es- pèce de chancre comme l'avalure, parla diète et par des rafraîchissants. On leur donne de la graine de lai- tue, et on met dans leur eau quelques semences de melon concassées. Les mites et la gale, dont ces petits oiseaux sont souvent infectés, ne leur viennent ordinairement que de la malpropreté dans laquelle on les tient : il faut avoir soin de les bien nettoyer, de leur donner de l'eau pour se baigner, de ne jamais ]es mettre dans des cages ou des cabanes de vieux ou de mauvais bois, ne les couvrir qu'avec des étoffes neuves et propres, où les teignes n'aient point travaillé ; il faut bien vanner, bien laver les graines et les herbes qu on leur fournit. On leur doit ces petits soins, si l'on veut qu'ils soient propres et sains : ils le seroient s'ils avoient leur liberté; mais, captifs et souvent mal soignés, ils sont, comme tous les prisonniers, sujets aux maux de la misère. De tous ceux que nous venons d'exposer, au- cun ne paroît donc leur être naturel, à l'exception de la mue. Il y a même plusieurs de ces oiseaux qui , dans ce malheureux état de captivité , ne sont jamais malades, et dans lesquels l'habitude semble avoir LE SERIN DES CANARIES. 67 formé une seconde nature. En général, ieur tempé- rament ne pèche que par trop de chaleur; ils ont tou- jours besoin d'eau : dans leur état de liberté , on les trouve près des ruisseaux ou dans des ravines humi- des. Le bain leur est très nécessaire , même en toute saison ; car, si l'on met dans leur cabane ou dans leur volière un plat chargé de neige, ils se coucheront dedans, et s'y tourneront plusieurs fois avec une ex- pression de plaisir, et cela dans le temps même des plus grands froids; ce fait prouve assez qu'il est plus nuisible qu'utile de les tenir dans des endroits bien chauds ^. Mais il y a encore une maladie à laquelle les sérias, comme plusieurs autres oiseaux^, paroissent être su- jets, surtout dans l'état de captivité ; c'est l'épilepsie t les serins jaunes en particulier tombent plus souvent que les autres de ce mal caduc, qui les saisit tout à coup, et dans le temps même qu'ils chantent le plus fort. On prétend qu'il ne faut pas les toucher ni les prendre dans le moment qu'ils viennent de tomber; qu'on doit regarder seulement s'ils ont jeté une goutte de sang par le bec; que, dans ce cas, on peut les prendre, qu'ils reviennent d'eux-mêmes, et repren- nent en peu de temps leurs sens et la vie; qu'il faut *■ 1. Ces oiseaux n ont pas besoin d'être clans un endroit chaud, comme plusieurs le prétendent : dans les grands et les plus grands lioids, ils se baignent et se vautrent dans îa neige, loi'squ'on leur en donne dans un plat. Pour moi, je les laisse dans une chambre l'hiver avec un seul grillage de fer, sans fermer les fenêtres; ils y chalitent à merveille, et il ne m'en périt point. ( Noie communiquée par le R. P. Bougot. ) 2. Les geais , les chardonnerets , tous les perroquets , même les plus gros aras, etc. 68 LE SERIN DES CANARIES. donc attendre de la nature cet effort salutaire qui leur fait jeter une goutte de sang ; qu'enfin , si on les prenoit auparavant, le mouvement qu'on leur cora- muniqueroit leur feroit jeter trop tôt cette goutte de sang, et leur causeroit la mort^. Il seroit bon de con- stater cette observation , dont quelques faits me pa- roissent douteux : ce qu'il y a de certain, c'est que, quand ils ne périssent pas du premier accident, c'est- à-dire dans le premier accès de cette espèce d'épi- lepsie , ils ne laissent pas de vivre long-temps, et quelquefois autant que ceux qui ne sont pas atteints de cette maladie ; je crois néanmoins qu'on pourroit les guérir tous en leur faisant une petite blessure aux pattes, car c'est ainsi que l'on guérit les perroquets de l'épilepsie. Que de maux à la suite de l'esclavage 1 Ces oiseaux en liberté seroient-ils asthmatiques, galeux, épilep- tiques? auroient-ils des inflammations, des abcès, des chancres? et la plus triste des maladies, celle qui a pour cause l'amour non satisfait, n'est-elle pas commune à tous les êtres captifs? les femelles sur- tout, plus profondément tendres, plus délicatement susceptibles, y sont plus sujettes que les mâles. On a remarqué qu'assez souvent la serine tombe malade au commencement du printemps, avant qu'on l'ait appariée; elle se dessèche, languit, et meurt en peu de jours. Les émotions vaines et les désirs vides sont la cause de la langueur qui la saisit subitement, lors- qu'elle entend plusieurs mâles chanter à ses cotés, et qu'elle ne peut s'approcher d'aucun. Le mâle, qnoi- j. Note communiquée par le R. P. Bcugot. LE SERÎiV DES CANARIES. Gc) que premier moteur du désir, quoique plus ardeut en apparence, résiste mieux que la femelle au mal du célibat; il meurt rarement de privation, mais fré- quemment d'excès. Au reste , le physique du tempérament dans la se- rine est le même que dans les femelles des autres oiseaux; elle peut, comme les poules, produire des œufs sans communication avec le mâle. L'œuf en lui-même, comme nous l'avons dit, n'est qu'une ma- trice que l'oiseau femelle jette au dehors; cetle ma- trice demeure inféconde si elle n'a pas auparavant été imprégnée de la semence du mâle, et la chaleui* de l'incubation corrompt l'œuf au lieu de le vivifier. On a de plus observé, dans les femelles privées de mâles, qu'elles ne font que rarement des œufs si elles sont absolument séquestrées, c'est-à-dire si elles ne peu- vent les voir ni les entendre; qu'elles en font plus souvent et en plus grand nombre lorsqu'elles sont à portée d'être excitées par l'oreille ou la vue, c'est-à- dire par la présence du mâle , ou par son chant : tant les objets, même de loin, émeuvent les puissances dans tous les êtres sensibles! tant le feu de l'amour a de routes pour se communiquer^! Nous ne pouvons mieux terminer cette histoire 1 . Nous ajouterons ici deux petits laits dont nous avons été témoins. Une femelle chantoit si bien, qu'on la prit pour un mâle, et on l'a- voit appariée avec une autre femelle : mieux reconnue , on lui donna un mâle, qui lui apprit les véritables fonctions de son sexe; elle pondit, et ne chanta plus. L'autre (ait est celui d'une femelle actuel- lement vivan|;e, qui chante ou plutôt qui siffle un air, quoiqu'elle ait pondu deux œufs dans sa cage , qui se sont trouvés clairs comme tous les œufs que les oiseaux femelles produisent sans la communication du mâle. BUFFON. XXII. 5 yO LE SERIN DES CANAKIES. des serins que par l'extrait d'une lettre de M. Draines Barrington, vice-prësident de la Société royale, sur le chant des oiseaux, à M. Maty. « La plupart de ceux qui ont des serins des Cana- ries ne savent pas que ces oiseaux chantent , ou comme la farlouse, ou comme le rossignol; cependant rien n'est plus marqué que ce trait du chant du rossignol, que les Anglois appellent Jt^^j et que la plupart des serins duTyrol expriment dans leur chant, aussi bien que quelques autres phrases de la chanson du rossi- gnol. » Je fais mention de la supériorité des habitants de Londres dans ce genre de connoissances, parce que je suis convaincu que, si l'on en consulte d'autres sur le chant des oiseaux, leur réponse ne pourra que jeter dans l'erreur. » ^i OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AUX SERINS. LE SERirS DE MOZAMBIQUE. Les oiseaux étrangers qu'on pourroit rapporter à l'espèce du serin sont en assez petit nombre ; nous n'en connoissons que trois espèces. La première est celle qui nous a été envoyée des côtes orientales de LE SERIN DE MOZAMBIQUE. 7I rAfrique , sous le nom de serin de Mozambique^ qui nous paroît faire la nuance entre les serins et les ta- rins : nous l'avons fait représenter dans les planches enluminées, n** 364? fig- 1 ^^ 2* ^^ jaune est la cou- leur dominante de la partie inférieure du corps de l'oiseau, et le brun celle de la partie supérieure, ex- cepté que le croupion et les couvertures de la queue sont jaunes ; ces couvertures, ainsi que celles des ai- les et leurs pennes, sont bordées de blanc ou de blan- châtre. Le même jaune et le même brun se trouvent sur la tête distribués par bandes alternatives; celle qui court sur le sommet de la tête est brune, ensuite deux jaunes qui surmontent les yeux , puis deux bru- nes qui prennent naissance derrière les yeux, puis deux jaunes, et enfin deux brunes qui partent des coins du bec. Ce serin est un peu plus petit que celui des Canaries : la longueur totale de la pointe du bec à l'extrémité de la queue (que j'appelle constamment longueur totale) est d'environ quatre pouces et demi ; celle de la queue n'est que d'environ un pouce. La fe- melle est très peu différente du mâle, soit par la grandeur, soit pour les couleurs. Cet oiseau est peut- être le même que celui de Madagascar, indiqué par Flaccourt sous le nom de mangoiche j qu'il dit être une espèce de serin. Il se pourroit que ce serin, qui, par les couleurs, a beaucoup de rapports avec nos serins panachés, fût la tige primitive de cette race d'oiseaux panachés, et que l'espèce entière n'appartînt qu'à l'ancien conti- nent et aux îles Canaries, qu'on doit regarder comme parties adjacentes à ce continent ; car celui dont parle M. Brisson sous le nom de se7'in de la Janiaïque ^ et -"î^ LE SEnii\ DE MOZAMBIQUE. duquel Sloane et Ray ont donné une courte descrip- tion, me paroît un oiseau d'une espèce différente, et même assez éloignée de celle de nos serins, lesquels sont tout-à-fait étrangers à l'Amérique. Les historiens et les voyageurs nous apprennent qu'il n'y en avoit point au Pérou , que le premier serin y fut porté dans Tannée i556, et que !a multiplication de ces oiseaux en Amérique, et notamment dans les îles Antilles, est bien postérieure à cette époque. Le P. du Tertre rapporte que M. du Parquet acheta, en l'année 1657, d'un marchand qui avoit abordé dans ces îles, un grand nombre de serins des Canaries, auxquels il donna la liberté; que, depuis ce temps, on les en- tendoit ramager autour de son habitation, en sorte qu'il y a apparence qu'ils se sont multipliés dans cette contrée. Si l'on trouve de vrais serins à la Jamaïque, ils pourroient bien venir originairement de ces serins transportés et naturalisés aux Antilles dès l'année 1657. INéanihoins l'oiseau décrit par MM. Sloane, Ray, et Brisson, sous le nom de serin de la Jamaïque j, nous paroît être trop différent du serin des Canaries pour qu'on puisse le regarder comme provenant de ces se- rins transportés aux Antilles. Tandis qu'on finissoit l'impression de cet article, il nous est arrivé plusieurs serins du cap de Bonne- Espérance, parmi lesquels j'ai cru reconnoître trois mâles, une femelle, et un jeune oiseau de l'année. Ce sont tous des serins panachés, mais dont le plu- mage est émaillé de couleurs plus distinctes et plus vives dans les mâles que dans les femelles. Ces mâles approchent beaucoup de la femelle de notre serin vert de Provence : ils en diffèrent en ce qu'ils sont un LE SERIN DE MOZAMBIQUE. nj peu plus grands, qu'ils ont le bec plus gros à pro- portion; leurs ailes sont aussi mieux panachées; les pennes de la queue sont bordées d'un jaune décidé , et ils n'ont point de jaune sur le croupion. Dans le jeune serin, les couleurs étoient encore plus foibles et moins tranchées que dans la femelle. Mais, quoi qu'il en soit de ces petites différences, il me paroît prouvé de plus en plus que les serins pa- nachés du Cap, de Mozambique^, de Provence, d'I- talie , dérivent tous d'une souche commune , et qu'ils appartiennent à une seule et même espèce, laquelle s'est répandue et fixée dans tous les climats de l'an- cien continent dont elle a pu s'accommoder, depuis la Provence et l'Italie jusqu'au cap de Bonne-Espé- rance et aux îles voisines ; seulement cet oiseau a pris plus de vert en Provence, plus de gris en Italie, plus de brun ou de pîuspanachéen Afrique, et semble pré- senter sur son plumage différemment varié l'influence des différents climats. 1. Il paroît que le serin de Mozambique n'est pas tellement propre à cette contrée, qu'ils ne se rencontre ailleurs. J'ai trouvé parmi te* dessins de M. Commerson le dessin colorié de ce serin bien caractérisé. M. Commerson l'appelle canari du Cap ; et il nous apprend qu'il avoit été transporté à l'Ile-de-France, où il s'étoit naturalisé et même beau coup trop multiplié, et où il est connu sous le nom vulgaire d'oiseau, du Cap. On peut s'attendre pareillement à retrouver à Mozambique , et dans quelques autres pays de l'Afrique, les serins panachés du Cap, peut-être même ceux des Canaries, et, suivant toute apparence, plu- sieurs autres variétés de celte espèce. 74 I^E WORABÉE. II. LE WORABÉE. Fringitta Abyssinica. Lath. La seconde espèce qui nous paroît avoir plus de rapports avec les serins qu'avec aucun autre genre est un petit oiseau d'Abyssinie, dont nous avons vu la fi- gure bien dessinée et coloriée dans les portefeuilles de M. le chevalier Bruce , sous le nom de worabée d'Abyssinie. On trouve dans ce petit oiseau, non seulement les couleurs de certaines variétés appartenant à l'espèce des serins , le Jaune et le noir, mais la même gran- deur, à peu près la même forme totale, seulement un peu plus arrondie, le même bec, et un appétit de préférence pour une graine huileuse, comme le serin en a pour le mil et le panis. Mais le worabée a un goût exclusif pour la plante qui porte la graine dont je viens de parler, et qui s'appelle imik^ en abyssin ; il ne s'éloigne jamais beaucoup de cette plante, et ne la perd que rarement de vue. Le worabée a les côtés de la tête jusqu'au dessus des yeux, la gorge, le devant du cou, la poitrine, et le haut du ventre, jusqu'aux jambes, noirs; le dessus de la tête et de tout le corps, et le bas-ventre, jau- nes, à l'exception d'une espèce de collier noir qui embrasse le cou par derrière, et qui tranche avec le 1. La fleur de cette plante est jaune , et de la forme d'une crescente ou maricolde; sa tige ne s'élève que de deux ou trois pieds. On tire de sa graine une huile dont les moines du pays font grand usage. LE WORABÉE. 76 jaune. Les couvertures et les pennes des aiies sont noires, bordées d'une couleur plus claire; les pennes de la queue sont pareillement noires, mais bordées d'un jaune verdâlre; le bec est encore noir, et les pieds d'un brun clair. Cet oiseau va par troupes, et nous ne savons rien de plus sur ses habitudes natu- relles. III. L'OUTREMER. Fringilla ultramarina. Gmel. La troisième espèce de ces oiseaux étrangers qui ont rapport au serin ne nous est connue de même que par les dessins de M. Bruce. J'appelle outremer cet oiseau d'Abyssinie, parce que son plumage est d'un beau bleu foncé. Dans la première année /cette belle couleur n'existe pas, et le plumage est gris comme celui de l'alouette, et cette couleur grise est celle de la femelle dans tous les âges ; mais les mâles prennent cette belle couleur bleue dès la seconde année , avant l'équinoxe du printemps. Ces oiseaux ont le bec blanc et les pieds rouges; ils sont communs en Abyssinie, et ne passent point d'une contrée à l'autre. Leur grosseur est à peu près celle des canaris; mais ils ont la tête plus ronde : leurs ailes vont un peu au delà de Sa moitié de la queue. Leur ramage est fort agréable, et ce dernier rapport semble les rapprocher encore du genre de nos serins. 76 l'iIABESCH de SYRIE. L'HABESGH* DE SYRIE. Fringilla Syriaca. Gmel. M. le chevalier Bruce regarde cet oiseau comme une espèce de linotte, et je dois cet égard à un si bon observateur de ne point m'écarter de son opinion ; mais M. Bruce ayant représenté cet oiseau avec un bec épais et court, fort semblable à celui des serins , j'ai cru devoir le placer entre les serins et les linottes. Il a le dessus de la tête d'nn beau rouge vif; les joues , la gorge , et le dessus du cou , d'un brun noi- râtre mêlé ; le reste du cou, la poitrine, le dessus du corps, et les petites couvertures des ailes, variés de brun, de jaune, et de noirâtre; les grandes couver- tures des ailes d'un cendré foncé, bordées d'une cou- leur plus claire ;les pennes de la queue et les grandes pennes des ailes du même cendré, bordées extérieu- rement d'un orangé vif; le ventre et le dessous delà queue d'un blanc sale , avec des taches peu apparen- tes de jaunâtre et de noirâtre ; le bec et les pieds de couleur plombée. Les ailes vont presque jusqu'au milieu de la longueur de la queue , qui est fourchue. L'habesch est plus gros que notre linotte; il a aussi le corps plus plein, et il chante joliment. C'est un oi- seau de passage; mais M. Bruce ignore sa marche^ 1. M. le chevalier Bruce écrit habcsh , suivant l'orthographe an- gloisc. LHABESGH DE SYRIE. 77 et il assure que, dans le cours de ses voyages, il ne l'a point vu ailleurs qu'à Tripoli en Syrie» LA LINOTTE*. Fringilla cannabina. L. C'est la nature elle-même qui semble avoir mar- qué la place de ces oiseaux immédiatement après les serins, puisque c'est en vertu des rapports établis par elle entre ces deux espèces que leur mélange réussit mieux que celui de l'une des deux avec toute ^lutre espèce voisine; et ce qui annonce encore une plus grande analogie , les individus qui résultent de ce mélange sont féconds^, surtout lorsqu'on a eu soin de former la première union entre le linot mâle et la femelle canari. Il est peu d'oiseaux aussi communs que la linotte 5 mais il en est peut-être encore moins qui réunissent autant de qualités : ramage agréable , couleurs distin- 1. C'est l'anjouvin des Provençaux, qui l'appellent aussi bec- figue d'hiver, parce que , suivant M. Guys , cet oiseau est bon à manger en tout temps. '2. Cette observation m'a été donnée par M. Daubenton le jeune. M. Frisch assure qu'en appariant un linot de vigne avec une femelle canari blanche, accouuimée à sortirions les jours et à revenir au gîte, celle-ci fera son nid et sa ponte dans un buisson voisin , et que , lors- que les petits seront éclos , elle les rapportera à la fenêtre de la maison. Il ajoute que ces mulets auront le plumage blanc de la mère , et les marques rouges du père , principalement sur la tête. r8 LA LINOTTE. guées, naturel docile et susceptible d'attachement; tout lui a été donné, tout ce qui peut attirer l'at- tention de l'homme et contribuer à ses plaisirs : il étoit difficile , avec cela , que cet oiseau conservât sa liberté ; mais il étoit encore plus difficile qu'au sein de la servitude où nous l'avons réduit il conservât ses avantages naturels dans toute leur pureté. En effet, la belle couleur rouge dont la nature a décoré sa tête et sa poitrine, et qui, dans l'état de liberté, brille d'un éclat durable, s'efface par degrés et s'éteint bientôt dans nos cages et nos volières : il en reste à peine quelques vestiges obscurs après la première mue^. A l'égard de son chant, nous le dénaturons : nous substituons aux modulations libres et variées que lui inspirent le printemps et l'amour , les phrases con- traintes d'un chant apprêté qu'il ne répète qu'impar- faitement, et où l'on ne retrouve ni les agréments de l'art, ni le charme de la nature. On est parvenu aussi à lui apprendre à parler différentes langues, c'est-à- dire à siffler quelques mots italiens, François, an- glois, etc. , quelquefois même à les prononcer assez franchement. Plusieurs curieux ont fait exprès le voyage de Londres à Kensington pour avoir la satis- faction d'entendre la linotte d'un apothicaire , qui articuloit ces mots, pretty boy ; c'étoit tout son ra- mage, et même tout son cri, parce qu'ayant été en- 1. Le rouge de la tête se change en un roux brun varié de noirâtre, et celui de la poitrine se change à peu près de même; mais la teinte des nouvelles couleurs est moins rembrunie. Un amateur m'u assuré qu'il avoit élevé de ces liuof tes qui avoient gardé leur rougo : c'est ui\ fait unique jusqu'à présent. LA LINOTTE. 79 levée du nid deux ou trois jours après qu'elle étoil; éciose elle n'avoit pas eu le temps d écouter, de retenir le chant de ses père et mère, et que, dans le moment où elle coKumençoit à donner de l'atten- tion aux sons , les sons articulés de pretiy boy furent apparemment les seuls qui frappèrent son oreille, les seuls qu'elle apprit à imiter. Ce fait, joint à plusieurs autres^, prouve assez bien , ce me semble, l'opinion de M. Draines Barrington, que les oiseaux n'ont point de chant inné, et que le ramage propre aux diverses espèces d'oiseaux , et ses variétés , ont eu à peu près la même origine que les langues des différents peu- ples et leurs dialectes divers ^. M. Barrington avertit 1. Un chardonneret qui aToit été enlevé du nid deux ou trois jour? après être éclos , ayant été mis près d'une fenêtre donnant sur un jardin où Iréquentoient des roitelets, chantoit cxaclement la- chanson du roi- telet, et pas une seule note de celle du chardonneret. Un moineau enlevé du nid lorsque ses ailes commeuçoient à être, formées ayant été mis avec un linot, et ayant eu dans le même temps occasion d'entendre un chardonneret, il se fit un chant qui étoit un mélange de celui de la linotte et du chariionneret. Une gorge-rouge ayant été mise sous la leçon d'un rossignol excellent chanteur, mais qui cessa de chanter en moins de quinze jours, eut les trois quarts du chant du rossignol , et le reste de son ramage ne res- sembloit à rien. Enfin M. Barrington ajoute que les serins du Tyroi , à en juger par leur ramage , descendent d'un père commun , qui avoit appris à chan- ter d'un rossignol, comme le premier père des serins d'Angleterre paroît avoir appris à chanter d'une farlouse. ( Transaclions plùLosophi- ques, vol. 65, lo janvier lyyô. ) Si on élève un jeune linot avec un pinson ou un rossignol, dit Gesner , il apprendra à chanter comme eux , et surtout cette partie du chant du pinson connue sous le nom de boute-selle {reiterzu). 2. La mort du père, dans le moment critique de l'instruction , aura occasioné quelque variété dans le chant des jeunes, qui, privés des leçons paternelles, auront fait attention au chant d'un autre oiseau, 8o LA LINOTTE. que , dans les expériences de ce genre , il s'est servi par préférence du jeune linot mâle , âgé d'environ trois semaines, et commençant à avoir des ailes , non seulement à cause de sa grande docilité, et de son talent pour l'imitalion, mais encore à cause de la fa- cilité de distinguer dans celte espèce le jeune mâle de la jeune femelle , le mâle ayant le côté extérieur de quelques unes des pennes de l'aile blanc jusqu'à la côte, et la femelle l'ayant seulement bordée de cette couleur. Il résulte, des expériences de ce savant, que les jeunes linots élevés par différentes espèces d'alouettes, et même par une linotte d'Afrique, appelée i^^n^^/m^^ dont nous parlerons bientôt, avoient pris non le chant de leur père , mais celui de leur institutrice : seulement quelques uns d'eux avoient conservé ce qu'il nomme le petit cri d' appela, propre à leur espèce, et commun au mâle et à la femelle, qu'ils avoient pu entendre de leur père et mère avant d'en être séparés. 11 est plus que douteux que notre linotte ordi- naire, nommée par quelques uns linotte grise,, soit une espèce différente de celle qui est connue sous le nom de linotte de vigne ou de linotte rouge : car , 1° les taches rouges qui distinguent les mâles de cette dernière linotte ne sont rien moins qu'un caractère et l'auront imité, ou qui le modifiant, selon la conformation plus ou moins parfaite de leur organe, auront créé de nouvelles tournures de chant; qui seront imitées par leurs petits, et deviendront héréditaires, jusqu'à ce que de nouvelles circonstances de même genre amènent de nouvelles variétés. Si l'on y prend bien garde, il n'y a pas deux oiseaux de la même espèce qui chantent exactement la même chanson ; mais ce- pendant CCS variétés sont renfermées dans certaines limiles , etc. ( Tiré i\\^ YAnnual Remisier , année 1773. ) LA LIXOTTE. S\ constant, puisqu'elles s'elFacent dans la cage , comme nous l'avons vu plus liaut^. 2'' Elles ne sont pas môme un caractère exclusif, puisqu'on en reconnoît des vestiges dans l'oiseau décrit comme le mâle de la li- notte grise, lequel mâle a les plumes de la poitrine d'un rouge obscur dans leur partie moyenne. 5" La mue ternit et fait presque disparoître pour un temps ce rouge, qui ne reprend son éclat qu'à la belle sai- son, mais qui, dès la fin du mois de septembre, co- lore la partie moyenne des plumes de la poitrine, comme dans l'individu que M. Brisson donne pour le mâle de la linotte ordinaire. 4" Gesner à Turin , Olina à Rome, M. Linnœus - à Stockholm, Belon en France, et plusieurs autres n'ont connu, dans leurs 1. De quatre linottes mâles, et par conséquent rouges, qui me fu- rent apportées le 12 juillet, j'en fis mettre une au grand air et trois dans la chambre, dont deux dans la même cage. Le rouge de la tête de celles-ci commençoit k s'effacer le 28 août, ainsi que celui du bas de la poitrine. Le 8 septembre, une des deux fut trouvée morte dans la cage : elle avoit la tête toute déplumée , et même un peu blessée. Je métois aperçu que l'un des oiseaux baltoit l'auhe depuis la mue. comme s'ils se fussent méconnus à cause du changement de couleur. Le rouge de la tète de la linotte battue n'existoit plus, puisque toutes, les plaines étoient tombées: et celui delà poitrine étoit jilus qu'à demi effacé. La troisième de celles qui étoient renfermées a mué fort tard, et a conservé son rouge jusqu'à la mue. Celle qui avoit été tenue à l'air sest échappée au bout de trois mois, et elle avoit déjà perdu tout son rouge. Il résulte de cette petite expérience , ou que le grand air accé- lère la perte du rouge en accélérant la mue, ou que la privation du; grand air a moins de part à l'altération du plumage de ces linottes qu^e la privation de la liberté. 2. 11 n'est fait aucune mention de la linotte grise dans la Fauna Saecica. M. Klein parle d'un M. Zorn , auteur d'une Lettre sur les oiseaux d'Âltemngne, où il veut prouver qu'il n'y a qu'une seule espèce 02 LA LINOTTE. pays respectifs, que des linottes rouges. 5^* Des oise- leurs expérimentés de notre pays, qui ont suivi les petites chasses des oiseaux pendant plus de trente ans, n'ont jamais pris un seul linot mâle qui n'eût cette livrée rouge au degré que comporloit la saison, et il est à remarquer que dans ce même pays on voit beaucoup de linottes grises en cage. 6° Ceux mêmes qui admettent l'existence des linottes grises convien- nent que Tonne prend presque jamais de ces linottes, surtout en été; ce qu'ils attribuent à leur naturel dé- fiant. 7** Ajoutez que les linottes ro-tiges et grises se ressemblent singulièrement , quant au reste du plu- mage, à ia taille, aux proportions, et à la forme des parties, au ramage , aux habitudes; et il sera facile de conclure que s'il existe des linottes grises, ce sont, 1° toutes les femelles; 2° tous les jeunes mâles de l'année avant le mois d'octobre, qui est -le temps où ils commencent à marcjuer; 5" celles qui, ayant été éle- vées à la brochette, n'ont pu prendre de rouge dans l'état de captivité; 4" celles qui, l'ayant pris dans l'état de nature, l'ont perdu dans la cage^; 5° enfin celles en qui cette belle couleur est presque effacée par la mue , ou les maladies , ou par quelque cause que ce soit. D'après cela, on sera peu surpris que je rapporte ces deux linottes à une seule et môme espèce, et que tle liiiolte. J'ai entendu dire la même chose à plusieurs oiseleurs , qui cerlainement n'avoient pas lu cette lettre , et M. Hébert , qui est fait pour la juger, est du même avis. 1 . Il faut remarquer que ces oiseaux qui out eu des marques rouges et qui les ont perdues conservent aux mêmes endroits une couleur rousse approchant du rouge, que n'ont pas les jeunes élevés à la bro- chette, et qui par conséquent n'ont jamais eu de rouge. LA LINOTTE. 85 je regarde la grise comme une variété accidentelle, que les hommes ont créée en partie, et qui ensuite a été méconnue par ses auteurs. La linotte fait souvent son nid dans les vignes , c'est de là que lui est venu le nom de linotte de vi- gnes : quelquefois elle le pose à terre ; mais plus fré- quemment elle l'attache entre deux perches ou au cep même : elle le fait aussi sur les genévriers , les groseilliers, les noisetiers, dans les jeunes taillis, etc. On m'a apporté un grand nombre de ces nids dans le mois de mai, quelques uns dans le mois de Juillet, et un seul dans le mois de septembre : ils sont tous composés de petites racines, de petites feuilles, et de mousse au dehors, d'un peu de plumes , de crins, et de beaucoup de laine au dedans. Je n'y ai jamais trouvé plus de six œufs : celui du 4 septembre n'en avoit que trois. Ils sont d'un blanc sale, tacheté de rouge brun au jj^ros bout. Les linottes ne font ordi- nairement que deux pontes, à moins qu'on ne leur enlève leurs œufs, ou qu'on ne les oblige de les re- noncer, dans ce cas elles font jusqu'à quatre pontes : la mère , pour nourrir ses petits, leur dégorge dans le bec les aliments qu'elle leur a préparés en les ava- lant et les digé';anl à demi dans son jabot. Lorsque les couvées sont Unies et la famille élevée, les linottes vont par troupes nombreuses ; ces troupes commencent à se former dès la tin d'août, temps au- quel le chènevis parvient à sa maturité : on en a pris, à cette époque, jusqu'à soixante d'un seul coup de filet^ ; et parmi ces soixante , il y avoit quarante mâles. 1. On peut y employer le libt d'alouette, mais moins grand et à tiiaillcs plus sériées : il faut avoiy un ou deux linots mâles pour servir S'\. L\ LINOTTE. Elles conliniient de vivre ainsi en société pendant l'hi- ver; elles volent très serrées, s'abattent, se lèvent tou- tes ensemble, se posent sur les mêmes arbres; et, vers le commencement duprintemps, on les entend chan- ter toutes à la fois : leur asile pour la nuit ce sont des chênes, des charmes, dont les feuilles, quoique sè- ches, ne sont point encore tombées. On les a vues sur des tilleuls, des peupliers, dont elles piquent les bou- tons. Elles vivent encore de toutes sortes de petites graines, notamment de celle de chardon , etc. : aussi les trouve-t-on indifféremment dans les terres en fri- che et dans les champs cultivés. Elles marchent en sautillant; mais leur vol est suivi, et ne va point par élans répétés comme celui du moineau. Le chant de la linotte s'annonce par une espèce de prélude. En Italie , on préfère les linottes de TA- bruzze ultérieure et de la Marche d'Ancône pour leur apprendre à chanter. On croit communément en France que le ramage de la linotte rouge est meil- leur que celui de la linotte grise : cela est dans l'or- dre; car l'oiseau qui a formé son chant au sein de la liberté , et d'après les impressions intérieures du sentiment, doit avoir des accents plus touchants, plus expressifs que l'oiseau qui chante sans objet, et seulement pour se désennuyer, ou par la nécessité d'exercer ses organes. Les femelles ne chantent ni n'apprennent à chan- ter ; les mâles adultes, pris au fiiet ou autrement, ne profiteroient point non plus des leçons qu'on pourroit leur donner : les jeunes mâles pris au nid d'appeaux ou de chanterelles. On prend souvent avec les linottes des pinsons et d'autres petits oiseaux. LA LINOTTE. 85 sont les seuls qui soient susceptibles d'éducation. On les nourrit avec du gruau d'avoine eî de la navette broyée dans du lait ou de l'eau sucrée; on les siffle le soir à la lueur d'une chandelle, ayant attention de bien articuler les mots qu'on veut leur faire diie : quelquefois, pour les mettre en train, on les prend sur le doigt; on leur présente un miroir, où ils se voient et où ils croient voir un autre oiseau de leur espèce; bientôt ils croient l'entendre, et cette illu- sion produit une sorte d'émulation, des chants plus animés, et des progrès réels. On a cru remarquer qu'ils cliantoient plus dans une petite cage que dans une grande. Le nom seul de ces oiseaux indique assez la nour- riture qui leur convient; on ne les a nommés linottes ( linariœ) que parce qu'ils aiment la graine du lin ou celle de la linaire : on y ajoute le panis, la navette , le chènevis, le millet, l'aîpiste, les graines de rave, de chou , de pavot* , de plantain , de poirée, et quel- quefois celle de melon broyée, de temps en temps du massepain, de l'épine-vinette, du mouron, quel- ques épis de blé, de l'avoine concassée, même un peu de sel ; tout cela varié avec intelligence. Ils cas- sent les petites graines dans leur bec, et rejettent les enveloppes. Il leur faut très peu de chènevis, parce qu'il les engraisse trop, et que cette graisse excessive les fait mourir, ou tout au moins les empêche de chanter. En les nourrissant et les élevant ainsi soi- même, non seulement on leur apprendra les airs que i. Gcsucr dit quo si on ne dounoit ([uo de la graine do pavol pour loute nourriluif , fer à l'exercice de la galère; ils en prennent les 1. Ij€S linottes prisonnières sont aussi sujettes au mal caduc, au bouton. Les uns disent qu'elles ne guérissent jamais de ce bouton; les autres conseillent de le percer promptement, et detuverla petite plaie avec du \in. 2. On en a vu une à Moutbard qui avoit dix-sept ans bien constates. LX LINOTTE. 87 habitudes aussi facilement que le tarin et le chardon- neret. Il entrent en mue aux environs de la canicule, et quelquefois beaucoup plus tard. On a vu une li- notte et un tarin qui n'ont commencé à muer qu'au mois d'octobre ; ils avoient chanté jusque là, et leur chantétoit plus animé que cehii d'aucun autre oiseau de la même volière. Leur mue, quoique retardée, se passa fort vite et 1res heureusement. La linotte , 11° 4^-^? tig. 1 , et n° i5i , fig. 1 , est un oiseau pulvérafeur, et on fera bien de garnir îe fond de sa cage d'une couche de petit sable , qu'on renou- vellera de temps en temps. Il lui faut aussi une petite baignoire ; car elle aime également à se poudrer et à se baigner. Sa longueur totale est de cinq pouces quelques lignes; vol, près de neuf pouces; bec, cinq lignes; queue, deux pouces, un peu fourchue, dépassant les ailes d'un pouce. Dans le mâle, le sommet de la tête et la poitrine sont rouges ; la gorge et le dessous du corps sont d'un blanc roussâtre ; le dessus , couleur de marron ; pres- que toutes les pennes des ailes et de la queue, noires, bordées de blanc, d'où résulte sur les ailes repliées une raie blanche parallèle aux pennes. Communé- ment la femelle n'a point de rouge, comme on l'a dit ci-dessus, et elle a le plumage du dos plus varié que le mâle. y ariété de la Linotte. 1. La Linotte blanche. J'ai vu cette variété chez le sieur Desmouiins, peintre. Le blanc dorainoit en efliél dans son plumage; 88 VARIÉTÉS DE LA LINOTTE. mais les pennes des ailes et de la queue étoient noi- res, bordées de blanc, comme dans notre linotte ordinaire, et de plus on voyoit quelques vestiges du gris de linotte sur les couvertures supérieures des ailes. II. La Linotte aux pieds îwirs. Elle a le bec verdâtre et la queue très fourchue; du reste c'est, la même taille, mêmes proportions, mêmes couleurs que dans notre linotte ordinaire. Cet oiseau se trouve en Lorraine , et nous en devons la connoissance à M. le docteur Lottinger, de Sar- bourg. LE GYNTEL DE STRASBOURG. Fringllla Argentoratensis. Gmel. On sait fort peu de chose de cet oiseau ; mais le peu qu'on en sait ne présente guère que des traits de ressemblance avec notre linotte. 11 est de même taille; il se nourrit des mêmes graines; il vole comme elle en troupes nombreuses ; il pond des œufs de la même couleur; il a la queue fourchue, le dessus du corps rembruni, la poitrine rousse, mouchetée de brun, et le ventre blanc. A la vérité, il ne pond que trois ou quatre œufs, selon Gesner, et il a les pieds rouges: mais Gesner étoit-il assez instruit de la ponte de ces LE GYNTEL DE STRASBOURG. 89 oiseaux? Et quant aux pieds rouges, nous avons vu , nous verrons encore que cette couleur n'est rien moins qu'étrangère aux linottes, surtout aux linottes sauvages. L'analogie perce à travers ces différences mêmes, et je suis tenté de croire que lorsque le gyntel sera mieux connu, il pourroit bien se rappor- ter, comme variété de climat, de local , etc. , à l'es- pèce de notre linotte. LA LINOTTE DE MONTAGxNE. Fringilla montium. Gmel. Elle se trouve en effet dans la partie montagneuse de la province de Derby en Angleterre. Elle est plus grosse que la nôtre'^ ; elle a le bec plus fin à propor- tion; et le rouge q\ie notre linotte mâle a sur la tête et la poitrine, le mâle de celle-ci le porte sur le crou- pion 2. Du reste c'est à peu près le même plumage : la poitrine et la gorge sont variées de noir et de blanc, la tête de noir et de cendré , et le dos de noir et de roussâtre. Les ailes ont une raie blanche transversale très apparente, attendu qu'elle se trouve sur un fond 1 . Il est évident , par cela seul , que cette linotte est tout-à-fait diffé- rente du cabaret ou petite linotte, avec laquelle on l'a confondue par méprise. 2. Je ne sais pourquoi M. Kleiu, parlant de cette linotte de Wil- îughy, et citant cet auteur, page 90, dit positivement qu'elle n'a point de rouge , contre le texte formel de Willughby , page 191. go LA LINOTTE DE MONTAGNE. noir : elle est formée par les grandes couvertures qui sont terminées de blanc. La queue est longue de deux pouces et demi , composée de douze pennes brunes, mais dont les latérales ont une bordure blanche, d'au- tant plus large que la penne est plus extérieure. Il est probable que la linotte de montagne a la queue fourchue , et le ramage agréable , quoique Willughby ne le dise pas expressément; mais il a rangé cet oiseau avec les linottes, et il compte ces deux caractères parmi ceux qui sont propres aux li- nottes. Si l'on admet cette conséquence, lalinotte de montagne pourroit bien aussi n'être qu'une variété de climat ou de local. LE CABARET. Lorsqu'il s'agit d'oiseaux en qui les couleurs sont aussi variables que dans ceux-ci, on s'exposeroit à une infinité de méprises si l'on vouloit prendre ces mêmes couleurs pour les marques distinctives des es- pèces. ]Nous avons vu que notre linotte ordinaire , dans l'état de libeiHé , avoit du rouge sur la tête et sur la poitrine; que la linotte captive n'en avoit que sur la poitrine, encore étoit-il caché; que la linotte de Strasbourg l'avoit aux pieds; que celle de montagne l'avoit sur le croupion. M. Brisson dit que celle qu'il nomme petite linotte de vigiles en a sur la têle et sur la poitrine , et Gesner ajoute sur le croupion. Vil- lughby fait mention d'une petite linotte qui n'avoit orne aa. P ÀCLcp e t . sc-ntp 1 , T ,lLl CAB Aî\l<', T _ 2 I.E SEIC^G-Al.,1 _ 3 LE MTAIA LE CABARET. Ql de rouge que sur la tête, et ressembloit en cela à deux autres décrites par Aldrovande, mais qui en différoit à d'autres égards. Enfin le cabaret de M. Bris- son avoit du rouge sur la tête et le croupion , et celui de M. Frisch n'en avoit point sur la tête. Il est visi- ble qu'une grande partie de ces variétés viennent du temps et des circonstances où ces oiseaux ont été vus: si c'est au milieu du printemps, ils avoient leurs plus belles couleurs; si c'est pendant la mue , ils n'a- voient plus de rouge ; si c'est d'abord après, ils n'en avoient pas encore ; si c'est après avoir été tenus plus ou moins de temps en cage , ils en avoient perdu plus ou moins ; et si les plumes des difterenles parties tombent en des temps différents, c'est encore une source abondante de variétés. Dans cette incertitude, on est forcé d'avoir recours, pour déterminer les es- pèces, à des propriétés plus constantes, à la forme du corps, aux mœurs, aux habitudes. Faisant l'appli- cation de cette méthode, je trouve qu'il n'y a que deux espèces d'oiseaux à qui l'on ait donné le nom de petite imotte : l'un qui ne chante point, qui ne paroît que tous les six ou sept ans, arrive par trou- pes très nombreuses, ressemble au tarin , etc.; c'est la petite linotte de vignes de M. Brisson : l'autre est le cabaret de cet article, n"" l\8'S , fig. 2. M. Daubenton le jeune a eu , pendant deux ou trois ans, un de ces oiseaux qui avoit été pris au filet. Il étoit d'abord très sauvage; mais il s'apprivoisa peu à peu, et devint tout à-fait familier. Le chènevis étoit la graine dont il paroissoit le plus friand. Il avoit la voix douce et mélodieuse, presque semblable à celle de la fauvette appelée Irai ne-buisson. 11 j>erdit lout 92 LE CABARET. son rouge dès la première année, et il ne le reprit point; ses autres couleurs n'éprouvèrent aucune alté- ration. On a remarqué que , lorsqu'il étoit en mue ou malade, son bec devenoit aussitôt pâle et jaunâtre, . puis reprenoit par nuances sa couleur brune à mesure que l'oiseau se portoit mieux. La femelle n'est pas entièrement dépourvue de belles couleurs; elle a du rouge sur la tête, mais elle n'en a point sur le crou- pion. Quoique plus petite que la femelle de la linotte ordinaire, elle a la voix plus forte et plus variée. Cet oiseau est assez rare, soit en Allemagne, soit en France : il a le vol rapide, et ne va point par grandes troupes; son bec est un peu plus fin à proportion que celui de la linotte. Mesures. La longueur totale du cabaret est de qua- tre pouces et demi; son vol a près de huit pouces; son bec, un peu plus de quatre lignes; sa queue, deux pouces; elle est fourchue et ne dépasse les ailes que de huit lignes. Couleurs, Le dessus de la tête et le croupion rou- ges; une bande roussâtre sur les yeux; le dessus du corps, varié de noir et de roux; le dessous du corps,, roux, tacheté de noirâtre sous la gorge; le ventre blanc; les pieds bruns, quelquefois noirs; les ongles sont fort allongés , et celui du doigt postérieur est plus long que ce doigt. LA. VENGOLINE. gS OISEAUX ETRANGERS QUI ONT RAPPORT A LA LINOTTE. I. LA VENGOLINE. Frino-'dia An^olensis. Gmel. Tout ce que Ton sait de l'histoire de cet oiseau , c'est qu'il se trouve dans le royaume d'Angola, qu'il est très familier, qu'il est compté parmi les oiseaux de ce pays qui ont le ramage le plus agréable, et que son chant n'est pas le môme que celui de notre li- notte. Le cou, le dessus de la tête et du corps, sont variés de deux bruns; le croupion a une belle plaque de jaune qui s'étend jusqu'aux pennes de la queue : ces pennes sont brunes, bordées et terminées de gris clair, ainsi que les pennes des ailes et leurs grandes et moyennes couvertures. Les côtés de la tête sont d'un roux clair; il y a un trait brun sur les yeux; le des- sous du corps et les côtés sont tachetés de brun sur un fond plus clair. M. Edwards, qui nous a fait connoître la vengoline, et qui en a donné la figure au bas de la planche 129, incline à croire que c'est la femelle d'un autre oiseau représenté au Iriul de la même planche : cet autre 94 LA VENGOLINE. oiseau est appelé négral ou tobaque,, et son chant ap- proche fort de celui de la vengoline. Pour moi, j'a- voue que le chant de celle-ci^ me fait douter que ce soit une femelle : je croirois plus volontiers que ce sont deux mâles de la même espèce, mais de climats différents, dans lescjuels chacun aura été nommé dif- féremment; ou du moins que ce sont deux mâles du même climat, dont l'un, ayant été élevé dans la vo- lière, aura perdu l'éclat de son plumage," et l'autre n'ayant été pris que dans l'âge adulte, ou n'étant resté que peu de temps en cage, aura mieux conservé ses couleurs. Les couleurs du négral sont, en effet, plus riches et plus tranchées que celles de la vengoline : la gorge, le front, le trait qui passe sur les yeux, sont noirs; les joues blanches; la poitrine et tout le dessous du corps, d'une couleur orangée sans mou- chetures, et qui devient plus foncée sous le ventre et sous la queue. Ces deux oiseaux sont de la grosseur de notre linotte. M. Edwards ajoute qu'ils en ont l'œil et le regard. II. LA LIINOTTE GRIS DE FER. Loxia cana. Gmel. iNous devons la connoissance de cet oiseau à M. Ed- wards, qui l'a eu vivant, et qui en donne la figure et la description, sans nous apprendre de quel pays il lui 1. M. Draines Barriuglou prétend que la vengoline est supérieure, pour le chant, à tous les oiseaux ebauteurs de l'Asie , de l'Afrique, et de l'Aujériquc . excepté toutefois le moqueur d'Amérique. LA LINOTTE GRIS DE FER. 96 est venu. Son ramage est très agréable. Il a les allures, Ja taille, la forme, et les proportions de la linotte, à cela près que son bec est un peu plus fort. Il a le des- sous du corps d'un cendré fort clair, le croupion un peu moins clair; le dos, le cou, et le dessus de la tête, gris de fer; les pennes de la queue et des ailes noi- râtres, bordées de cendré clair, excepté toutefois les plus longues pennes des ailes, qui sont entièrement noires vers leur extrémité et blanches vers leur ori- gine, ce qui forme à l'aile un bord blanc dans sa par- tie moyenne. Le bec inférieur a sa base entourée aussi de blanc, et cette couleur s'étend jusque sous les yeux. ITT. LA LINOTTE A TÊTE JAUNE ^. Loxia Mexicana. Gmel. M. Edwards savoit bien que cet oiseau étoit nommé par quelques uns, moineau du Mexique; et s'il lui a donné le nom de linotte _, c'est en connoissance de cause, et parce qu'il lui a paru avoir plus de rapport avec les linottes qu'avec les moineaux. 11 est vrai qu'il lui trouve aussi du rapport avec les serins; et d'après cela, on seroit fondé à le placer avec l'iiabesch, entre les serins et les linottes. Moins l'histoire d'un oiseau 1. Le docteur Fermin, clans sa Description de Surinam, fait mention d'une Linotte à gorge et bec jaunes , dont le reste du plumage est cendré. «G est, dit-il, un oiseau de savane , qui est plus grand que le moineau... » Il n'a pas un chant qui mérite qu'on le mette en cage; mais, en ré- •> compense, on le regarde comme une espèce d'ortolan, parce qu'il « est très bon à manger. >> 96 LA LINOTTE A TÈTE JAUNE. est connue, plus il est difficile de lui marquer sa vé- ritable place. Celui-ci a le bec couleur de chair pâle ; les pieds de même couleur, mais plus sombre; la partie anté- rieure de la tête et de la gorge , jaune, et , sur ce fond jaune, une bande brune de chaque côté de la tête, partant de l'œil et descendant sur les côtés du cou; tout le dessus du corps brun , mais plus foncé sur les pennes de la queue que partout ailleurs, et semé de taches plus claires sur le cou et sur le dos; la partie inférieure du corps, jaunâtre , avec des taches brunes longitudinales, et clairsemées sur le ventre et la poi- trine. Cet oiseau a été apporté du Mexique. M. Brisson dit qu'il est à peu près de la grosseur du pinson d'Ar- denne : mais, à juger par la figure de grandeur na- turelle qu en donne M. Edwards , il doit être plus gros. IV. LA LINOTTE BRUNE. FringUla air a. Gmel. Comme cet oiseau n'est connu que de M. Edwards, qui l'a dessiné vivant, j'ai cru devoir lui conserver le nom que cet habile observateur lui a donné. Presque toutes ses plumes sont noirâtres, bordées d'une cou- leur plus claire , laquelle tient du roussâtre sur la partie supérieure du corps. La couleur générale qui résulte de ce mélange est rembrunie, quoique va- riée; il y a une teinte de cendré sur la poitrine et LA LINOTTE BRUNE. 97 le croupion; le bec est aussi cendré, et les pieds sont bruns. Il me semble que M. Brisson n'auroit pas du con- fondre cet oiseau avec le petit moineau brun de Ca- tesby, dont le plumage est d'un bruiii uniforme sans aucune marbrure, et par conséquent assez différent : mais la différence de climat est encore plus grande; car la linotte brune de M. Edwards venoit probable- ment du Brésil, et peut-être même d'Afrique, et le petit moineau de Catesby se trouve à la Caroline et à la Virginie, où il niche et reste toute l'année. M. Ca- tesby nous apprend qu'il vit d'insectes, et presque toujours seul; qu'il n'est pas fort commun, qu'il s'ap- proche des lieux habités, et qu'on le voit sautillant perpétuellement sur les buissons. Nous ne connois- sons point les mœurs de la linotte brune. i>8i«<8«&«*»*wS«*a*c*eiW<«') LE MINISTRE/. Emberiza cyanea, Lath. C'est le nom que les oiseleurs donnent à un oiseau de la Caroline, que d'autres appellent ïévêque^ et qu'*il ne faut pas confondre avec l'évêque du Brésil, qui est un tangara. Je le rapproche ici de la linotte, parce qu'au temps de la mue il lui ressemble à s'y mépren- dre, et que la femelle lui ressemble en tout temps. 1 . On a vu plusieurs fois cet oiseau chez le sieur Château, à qui Von doit le peu que Ton sait de sou histoire. gS LE xMINISTRE. La mue a lieu clans les^mois de septembre et d'octo- bre : mais cela varie comnie pour les veuves et pour beaucoup d'autres oiseaux. On dit même que souvent le ministre mue deux fois; en quoi il se rappioche encore des veuves, des bengalis, etc. Lorsqu'il a son beau plumage, il est d'un bien cé- leste, soutenu d'un peu de violet qui lui sert de pied Le fouet de l'aigle est d'un bleu foncé, et rembruni dans le mâle, et d'un brun verdâtre dans la femelle ce qui suffit pour distinguer celle-ci du mâle en mue dont le plumage au reste est assez semblable à celui de la femelle. Le ministre est de la grosseur du serin, et, comme lui, vit de millet, de graine d'alpiste, etc. Catesby a fait représenter ce même oiseau sous le nom de /.motte bleue j, et nous apprend qu'il se trouve dans les montagnes de la Caroline, à cent cinquante milles de la mer; qu'il cbante à peu près comme la linotte; que les plumes de la tête sont d'un bleu plus foncé; celles du dessous du corps, d'un bien plus clair; que les pennes de la queue sont du même brun que les pennes des ailes, avec une légère teinte de bleu; enfin qu'il a le bec noirâtre et les pieds bruns, et qu'il ne pèse que deux gros et demi. Longueur totale, cinq pouces; bec, cinq lignes; tarse, buit à neuf lignes; doigt du milieu, six lignes et demie; queue, deux pouces, elle dépasse les ailes de dix à onze lignes. LES BENGALIS ET LES SENEGALIS. 99 LES BENGALIS ET LES SÉNÉGALIS, etc. ^ Tous les voyageurs, et, d'après eux, les natura- listes, s'accordent à dire que ces petits oiseaux sont sujets à changer de couleur dans la mue : quelques uns même ajoutent des détails qu'il seroit à souhaiter qui fussent vérifiés; que ces variations de plumage roulent exclusivement entre cinq couleurs principa- les, le noir, le bleu, le vert, le jaune, et le rouge; que les bengalis n'en prennent jamais plus d'une à la fois, etc. Cependant les personnes qui ont été à portée d'observer ces oiseaux en France, et de les suivre pen- dant plusieurs années, assurent qu'ils n'ont qu'une seule mue par an , et qu'ils ne changent point de cou- leur^. Cette contradiction apparente peut s'expliquer par la différence des climats. Celui de l'Asie et de l'A- frique, où les bengalis et les sénégalis se trouvent naturellement, a beaucoup plus d'énergie que le nô- tre, et il est possible qu'il ait une influence plus mar- quée sur leur plumage. D'ailleurs les bengalis ne sont 1. On a aussi donné à quelques uns le nom fie moineaux du Sé- négal. 2. M. Mauduit, connu par son goût éclairé pour l'hisloire natu- relle , et par son beau cabinet d'oiseaux , a observé un sénégali rouge qui a vécu plus d'un an sans changer de plumage. Le sieur Château assure la même chose de tous les bengalis qui lui ont passé par les mains. iê lOO LES BENGALIS ET LES SENEGALIS. pas les seuls oiseaux qui éprouvent cette influence; car, selon Mérolîa, les moineaux d'Afrique devien- nent rouges dans la saison des pluies, après quoi ils reprennent leur couleur, et plusieurs autres oiseaux sont sujets à de pareils changements. Quoi qu'il en soit, il est clair que ces variations de couleurs qu'é- prouvent les bengalis, au moins dans leur pays natal, rendent équivoque toute méthode qui tireroit de ces mêmes couleurs les caractères distinctifs des espèces, puisque ces prétendus caractères ne seroient que mo- mentanés, et dépendroient principalement de la sai- son de l'année où l'individu auroit été tué. Mais, d'un autre côté, ces caractères si variables en Asie et en Afrique, devenant constants dans nos climats plus septentrionaux, il est difficile, dans l'énumération des différentes espèces, d'éviter toute méprise, et de ne pas tomber dans l'un de ces deux inconvénients, ou d'admettre comme espèces distinctes de simples va- riétés, ou de donner pour variétés des espèces vrai- ment différentes. Dans cette incertitude, je ne puis mieux faire que de meprêter aux apparences, et de me soumettre aux idées reçues : je formerai donc autant d'articles séparés qu'il se trouve d'individus notable- ment différents, soit par le plumage, soit à d'autres égards, mais sans prétendre déterminer le nombre des véritables espèces. Ce ne peut être que l'ouvrage du temps : le temps amènera les faits, et les faits dis- siperont les doutes. On se tromperoit fort si, d'après les noms de sf'??c'- galis et de bengalis j, on se persuadoit que ces oiseaux ne se trouvent qu'au Bengale et au Sénégal : ils sont répandus dans la plus grande partie de l'Asie et de LES BENGALIS ET LES SENEGALTS. lOl l'Afrique, et même dans plusieurs des îles adjacentes, telles que celles de Madagascar, de Bourbon, de France, de Java, etc. On peut même s'attendre à en voir bientôt arriver d'Amérique, M. de Sonini en ayant laissé échapper dernièrement un assez grand nombre dans l'île de Cayenne, et les ayant revus depuis fort vifs, fort gais, en un mot, très disposés à se natura- liser dans cette terre étrangère et à y perpétuer leur race^. Il faut espérer que ces nouveaux colons, dont le plumage est si variable, éprouveront aussi l'in- fluence du climat américain, et qu'il en résultera de nouvelles variétés, plus propres toutefois à orner nos cabinets qu'à enrichir l'histoire naturelle. Les bengalis sont des oiseaux familiers et destruc- teurs, en un mot, de vrais moineaux: ils s'approchent des cases, viennent jusqu'au milieu des villages, et se jettent par grandes troupes dans les champs semés de millet 2; car ils aiment cette graine de préférence; ils aiment aussi beaucoup à se baigner. On les prend au Sénégal sous une calebasse qu'on pose à terre, la soulevant un peu , et la tenant dans cette situation par le moyen d'un support léger au- 1. Il y a quelques années que l'on tua un sénégali rouge à Cayenne clans une savane : sans doute il y avoit été transporté de même par quelque voyageur. 2. Les voyageurs nous disent que les Nègres mangent certains petits oiseaux tout entiers avec leurs plumes, et que ces oiseaux ressemblent aux linottes. Je soupçonne que les sénégalis pourroient bien être du nombre ; car il y a des sénégalis , qui au temps de la mue, ressemblent aux linottes. D'ailleurs on prétend que les Nègres ne mangent ainsi ces petits oiseaux tout entiers que pour se venger des dégâts qu'ils font dans leurs grains , au milieu desquels ils ne manquent pas d'établir îeurs nids. BIIPFON. XXII. 7 102 LES BENGALIS ET LES SÉNEGALIS. quel est attachée une longue ficelle; quelques grains de millet servent d'appât : les sénégalis accourent pour manger le millet; Toiseleur qui est à portée de tout voir sans être vu, tire la ficelle à propos, et prend tout ce qui se trouve sous la calebasse, bengalis, sé- négalis, petits moineaux noirs à ventre blanc, etc. ^. Ces oiseaux se transportent assez difficilement, et ne s'accoutument qu'avec peine à un autre climat; mais une fois acclimatés j, ils vivent jusqu'à six ou sept ans, c'est-à-dire autant et plus que certaines espèces du pays : on est môme venu à bout de les faire nicher en Hollande, et sans doute on auroit le même succès dans des contrées encore plus froides, car ces oiseaux ont les mœurs très douces et très sociables : ils se ca- ressent souvent, surtout les mâles et les femelles, se perchent très près les uns des autres, chantent tous à la fois, et mettent de l'ensemble dans cette espèce de chœur. On ajoute qoe le chant de la femelle n'est pas fort inférieur à celui du mâle 2. LE BENGALL Fringilla Bengalm. L. Les mœurs et les habitudes de toute cette famille d'oiseaux étant à très peu près les mêmes, je me con- tenterai, dans cet article et les suivants, d'ajouter à 1. Je dois 1g (iétail de cette petite chasse à M. de Sonini. 2. Ces notes ont «Hc données par le siuur Château père. LE BENGALI. 1 o5 ce que j'ai dit de tous en général les descriptions res- pectives de chacun en particulier. C'est surtout lors- que l'on a à faire connoître des oiseaux tels que ceux-ci, dont le principal mérite consiste dans les couleurs du plumage et ses variations, qu'il faudroit quitter la plume pour prendre le pinceau , ou du moins qu'il faudroit savoir peindre avec la plume, c'est-à- dire représenter avec des mots, non seulement les contours et les formes du tout ensemble et de chaque partie , mais le jeu des nuances fugitives qui se suc- cèdent ou se mêlent, s'éclipsent ou se font valoir mu- tuellement, et surtout exprimer l'action, le mouve- ment, et la vie. Le bengali, n** 1 15, fig. i, a, de chaque côfcé de la tête , une espèce de croissant couleur de pourpre , qui accompagne le bas des yeux, et donne du caractère à la physionomie de ce petit oiseau. La gorge est d'un bleu clair; cette même couleur domine sur toute la partie inférieure du corps jusqu'au bout de la queue , et même sur ses couvertures su- périeures : tout le dessus du corps, compris les ailes, est d'un joli gris. Dans quelques individus, ce même gris, un peu plus clair, est encore la couleur du ventre et des cou- vertures inférieures de la queue. Dans d'autres individus venant d'Abyssinie, ce même gris avoit une teinte de rouge à l'endroit du ventre. Dans d'autres enfin, il n'y a point de croissant cou- leur de pourpre sous les yeux; et cette variété, con- nue sous le nom de cordon bleu^ est plus commune que celle qui a été décrite la première i on prétend lo4 LE BENGALI. que c'est la femelle; mais, par la raison même que le cordon bleu est si commun , je le regarde non seule- ment comme une variété de sexe , mais encore comme une variété d'âge ou de climat, qui peut avoir quel- que rapport, pour les couleurs, avec la femelle. M. le chevalier Bruce, qui a vu cet oiseau en Abyssinie, nous a assuré positivement que les deux marques rouges ne se trouvoient point dans la femelle, et que toutes ces couleurs étoient d'ailleurs beaucoup moins brillantes. Il ajoute que le mâle a un joli ramage; mais il n'a point remarqué celui de la femelle : l'un et l'autre ont le bec et les pieds rougeâtres. M. Edwards a dessiné et colorié un cordon bleu ve- nant des côtes d'Angola, où les Portugais l'appellent azulinka. Il difteroit du précédent, en ce que le des- sus du corps étoit d'un brun cendré, légèrement teint de pourpre, le bec d'une couleur de cbair rem- brunie, et les pieds bruns. Le plumage de la femelle étoit d'un cendré brun , avec une légère teinte de bleu sur la partie inférieure du «corps seulement. Il paroît que c'est une variété de climat , dans laquelle ni le mâle ni la femelle n'ont de marque rouge au des- sous des yeux , et cela explique pourquoi les cordons bleus sont si communs. Au reste, celui-ci est un oi- seau fort vif. M. Edwards rembarque que son bec est semblable à celui du chardonneret : il ne dit rien de son chant, n'ayant pas eu occasion de l'entendre. Le bengali est de la grosseur du sizerin : sa lon- gueur totale est de quatre pouces neuf lignes; son bec, de quatre lignes; sa queue , de deux pouces; elle est étagée et composée de douze pennes : le vol est de six à sept pouces. LE BENGALI BRUN. 1 o5 »«»«<» e»»»e.fre»e<»gi8»»*»»»»»eg«» 71 LE BENGALI PIQUETE De tous les bengalis que j'ai vus, celui qui étoit le plus moucheté, l'étoit sur tout le dessous du corps, sur les couvertures supérieures de la queue et des ailes, et sur les pennes des ailes les plus proches du dos : les ailes étoient brunes, et les pennes latérales 106 LE BENGALI PIQUETÉ. de la queue, noires, bordées de blanc. Un brun mêlé de rouge sombre régnoit sur toute la partie supérieure du corps, compris les couvertures de la queue, et de plus sous le ventre; un rouge moins sombre ré- gnoit sur tout le reste de la partie inférieure du corps, et sur les côtés de la tête. Le bec étoit aussi d'un rouge obscur, et les pieds d'un jaune clair. La femelle, suivant M. Brisson, n'est jamais pique- tée ; elle diffère encore du mâle en ce qu'elle a le cou, la poitriae , et le ventre d'un jaune pâle, et la gorge blanche. Selon d'autres observateurs, qui ont eu beaucoup d'occasions de voir et de revoir ces oi- seaux vivants, la femelle est toute brune et sans ta- ches. Est-ce encore une variété de plumage, ou bien seroit-ce une simple variété de description? Ce n'est pas celle qui met le moins d'embarras dans l'histoire naturelle. Willughby a vu plusieurs de ces oiseaux venant des Indes orientales, et, comme on le peut croire , il a trouvé plusieurs différences entre les indi- vidus : ils étoient d'un brun plus ou moins foncé ; les uns avoient les ailes noires, d'autres avoient la poi- trine de cette même couleur, d'autres la poitrine et le ventre noirâtres, d'autres les pieds blanchâtres; tous avoient les ongles fort longs, mais plus arqués que dans l'alouette. Il est à croire que quelques uns de ces oi- seaux étoient en mue; car j'ai eu occasion d'observer un individu qui avoit aussi le bas-ventre noirâtre, et don t le reste du plumage étoit comme indécis, et tel qu'il doit être dans la mue; quoiqu'il fût peint des couleurs propres à cette espèce : mais ces couleurs n'étoient pas bien démêlées. L'individu qu'a décrit M. Brisson venoit de l'ile do LE BENGALI PIQUETE. I07 Java : ceux qu'a observés Charleton venoient des In- des; ils avoient un ramage fort agréable : on en tenoit plusieurs ensemble dans la même cage, parce qu'ils avoient de la répugnance à vivre en société avec d'autres oiseaux. Le bengali piqueté, n° ii5, est d'une grosseur moyenne entre les deux précédents : sa longueur to- tale est d'environ quatre pouces, son bec de quatre à cinq lignes, son vol de moins de six pouces, sa queue d'un pouce quatre lignes; elle est étagée, et composée de douze pennes. LE SENEGALI. Fringilla Senegala. Deux couleurs principales dominent dans le plu- mage de cet oiseau : le rouge vineux sur la tête, ki gorge , tout le dessous du corps jusqu'aux jauibes, et sur le croupion; le brun verdâtre sur le bas-ventre et sur le dos : mais à l'endroit du dos il a une légère teinte de rouge. Les ailes sont brunes, la queue noi- râtre, les pieds gris, le bec rougeâtre, à l'exception de l'arête supérieure et inférieure, et de ses bords qui sont bruns, et forment des espèces de cadres à la couleur rouge. Cet oiseau, n° 167, fig. i, est un peu moins gros que le bengali piqueté; mais il est d'une forme plus allongée : sa longueur totale est de quatre pouces et quelques lignes, son bec de quatre lignes , son vol de lo8 LE SÉNÉGALI. six pouces et demi, et sa queue de dix-huit lignes; elle est composée de douze pennes. Far tété s du Séné ga IL 1. J'ai vu un de ces oiseaux, quiavoitété tuéàCayenne dans une savane, et le seul qui ait été aperçu dans cette contrée ^ : il est probable qu'il y avoit été porté par quelque curieux, et qu'il s'étoit échappé de la cage. Il difléroit en quelques points du précédent : les couvertures des ailes étoient légèrement bordées de rouge; le bec étoit entièrement de cette couleur, les pieds seulement rougeâtres; et ce qui décèle la grande analogie qui est entre les bengalis et les séné- galis, la poitrine et les côtés étoient semés de quel- ques points blancs. II. Le danbik de M. le chevalier Bruce. Cet ciseau, fort commun dans l'Abyssinie , parti- cipe des deux précédents; il est de même taille ! la couleur rouge, qui règne sur toute la partie antérieure, ne descend pas jusqu'aux jambes comme dans le séné- gali; mais elle s'étend sur les couvertures des ailes, où l'on aperçoit quelques points blancs, ainsi que sur les côtés de la poitrine. Le bec est pourpré, son arête supérieure et inférieure bleuâtre, et les pieds cen- I, Ce fait m'a été rapporté par M. de Sonini. VARIÉTÉS DU SÉNÉGALI. 1 09 drés. Le mâle chante agrëablement : la femelle est d'un brun presque uniforme, et n'a que très peu de pourpre. LE SÉNÉGALI RAYÉ'. Loxia Astrlld, L. Il est en effet rayé transversalement, jusqu'au bout de la queue, de brun et de gris; et la rayure est plus fine plus elle approche de la tête : la couleur générale qui résulte de cette rayure est beaucoup plus claire sur la partie inférieure du corps; elle est aussi nuan- cée de couleur de rose, et il y aune tache rouge oblon- gue sur le ventre. Les couvertures inférieures de la queue sont noires, sans aucune rayure; mais on en aperçoit quelques vestiges sur les pennes des ailes, qui sont brunes. Le bec est rouge, et il y a un trait ou plutôt une bande de cette couleur sur les yeux. On m'a assuré que la femelle ressembloit parfaite- ment au mâle : cependant les différences que j'ai ob- servées moi-même dans plusieurs individus, et celles qui ont été observées par d'autres, me donnent des doutes sur cette parfaite ressemblance des deux sexes. J'en ai vu plusieurs qui venoient du Cap, dont les uns avoient le dessus du corps plus ou moins rembruni, et le dessous plus ou moins rougeâtre; les autres avoient le dessus de la tête sans rayure. Les rayures de celui 1. N° 167, fig. 2. IIO tE SENEGALI HAYE. qu'a représenté M. Edwards, pi. clxxix, étoient de deux bruns; et les couvertures du dessous de la queue n'étoient point noires , non plus que dans le sujet que nous avons fait dessiner , pi. 1675 fig. 2, Enfin, dans l'individu représenté au haut de la pi. 554 ^'"^ rayure du dessus du corps est noire sur un fond brun : et non seulement les couvertures inférieures de la queue sont noires, comme dans le sujet décrit par M. Bris- son, mais encore le bas-ventre. L'individu observé par M. Brisson venoit du Séné- gal, les deux de M. Edwards venoient des Grandes- Indes, et la plupart de ceux que j'ai vus avoient été envoyés du cap de Bonne-Espérance. Il est difficile que, de tant de difîérences de plumage remarquées entre ces individus, il n'y en ait pas quelques unes qui dépendent de la différence du sexe. La longueur moyenne des ces oiseaux est d'environ quatre pouces et demi, le bec de trois à quatre lignes, le vol de six pouces, et la queue de deux pouces; elle est étagée, et composée de douze pennes. »»«««»^,'t ©««««-& o<&ot&9««*f>-Ç-e<8«««*e«e««®««>9«« Fernandès raconte comme une merveille que le maïa a le ventricule derrière le cou. Mais si cet au- teur eût jeté les yeux sur les petits oiseaux auxquels on donne la bëquée, il auroit vu que cette merveille et très ordinaire , et qu'à mesure que le jabot se rem- plit, il se porte vers l'endroit où il trouve moins de résistance, souvent à côté du cou, et quelquefois derrière ; enfin il se seroit aperçu que le jabot n'est pas le ventricule. La nature est toujours admirable ; mais il faut savoir l'admirer. LE MAIAxN. J^xia Maja. L. La Chine n'est pas le seul pays où se trouve cet oiseau : celui qu'a gravé M. Edwards venoitde Malaca, et, suivant toute apparence, il n'est point exclu des contrées intermédiaires ; mais on peut douter raison- nablement qu'il existe en Amérique , et qu'un si pe- tit oiseau ait franchi les vastes mers qui séparent ces deux continents : du moins il est assez différent de celui de tous les oiseaux d'Amérique auquel il a le plus de rapport, je veux dire du maîa, pour qu'on doive lui donner un nom différent. En effet, ses pro- portions ne sont point du tout les mêmes; car, quoi- qu'il soit un peu plus grand, ses ailes et sa queue sont un peu plus courtes , son bec est tout aussi court : d'ailleurs son plumage est différent, et a beaucoup moins d'éclat. l 14 LE M AI AN. Le maïaii, n° 109, fig. 1, a tout le dessus du corps d'un marron rougeâtre; la poitrine et tout le dessous du corps, d'un noirâtre presque uniforme, cependant un peu moins foncé sous la queue; le bec couleur de plomb, une espèce de coqueluchon gris clair, qui couvre la tête et tombe jusqu'au bas du cou : les cou- vertures inférieures des ailes sont de la couleur de ce coqueluchon , et les pieds couleur de chair. Le maïan de M. Brisson diffère de celui-ci, en ce qu'il a la poitrine d'un brun clair, quelques unes des premières pennes des ailes bordées de blanc, le bec et les pieds gris, etc. ; ces différences sont trop sen- sibles pour n'être regardées que comme de simples variétés de descriptions, surtout si l'on fait attention à l'exactitude scrupuleuse des descripteurs. s.g«*&S«c8«*Oi8<>««s««*e««i8>»««.S«1»4«8«*o-&o.ê«iS*^£i8«*»:*o#iji©«*8.*Ojg LE PINSON*. Fringilla cœlebs. L. Cet oiseau a beaucoup de force dans le bec : il sait très bien s'en servir pour se faire craindre des autres petits oiseaux, comme aussi pour pincer jusqu'au sang les personnes qui le tiennent ou qui veulent le pren- dre; et c'est pour cela que , suivant plusieurs auteurs, il a reçu le nom de pinson : mais, comme l'habitude de pincer n'est rien moins que propre à cette esp'èce, i. t'insou commun , fringilla, etc. Pinçard. piiichard , piucîion, glauiuet. huit, pichot , guignol, riche-prieur. Z1.X54. Tome Q.a. ig-ae t, scnlp I.LE; PUSTSOjST O. . la ^TEUVÎ, a gUATPJî BEINS LE PINSON. 1 l5 que même elle lai est commune, non seulement avec beaucoup d'autres espèces d'oiseaux, mais avec beau- coup d'aiiimaux de classes toutes différentes, quadru- pèdes, millepèdes, bipèdes, etc., je trouve mieux fondée l'opinion de M. Frisch , qui tire ce mot pinson de plnciOj, latinisé du mot allemand pinckj qui sem- ble avoir été formé d'après le cri de l'oiseau. Les pinsons ne s'en vont pas tous en automne; il y en a toujours un assez bon nombre qui restent l'hi- ver avec nous : je dis avec nous , car la plupart s'ap- prochent en effet des lieux habités, et viennent jusque dans nos basses-cours , où ils trouvent une subsi- stance plus facile; ce sont de petits parasites qui nous recherchent pour vivre à nos dépens, et qui ne nous dédommagent par rien d'agréable : jamais on ne les entend chanter dans cette saison, à moins qu'il n'y ait de beaux jours ; mais ce ne sont que des mo- ments , et des moments fort rares : le reste du temps, ils se cachent dans des haies fourrées , sur des chênes qui n'ont pas encore perdu leurs feuilles , sur des ar- bres toujours verts, quelquefois même dans des trous de rocher, où ils meurent lorsque la saison est trop rude. Ceux qui passent en d'autres climats se réunis- sent assez souvent en troupes innombrables; mais où vont-ils? M. Frisch croit que c'est dans les climats septentrionaux , et il se fonde , i** sur ce qu'à leur re- tour ils ramènent avec eux des pinsons blancs, qui ne se trouvent guère que dans ces climats; 2" sur ce qu'ils ne ramènent point de petits, comme ils feroient s'ils eussent passé le temps de leur absence dans un pays chaud où ils eussent pu nicher, et où ils n'au- roient pas manqué de le faire : tous ceux qui rcvien- 1 iG LE PINSON. nent , mâles et femelles , sont adultes ; 5° sur ce qu'ils ne craignent point le froid , mais seulement la neige , qui, en couvrant les campagnes , les prive d'une par- tie de leurs subsistances^. Il faut donc, pour concilier tout cela, qu'il y ait un pays au Nord où la neige ne couvre point la terre : or on prétend que les déserts de la Tartarie sont ce pays; il y tombe certainement de la neige ; mais les vents l'emportent, dit-on, à mesure qu'elle tombe, et laissent de grands espaces découverts. Une singularité très remarquable dans la migration des pinsons, c'est ce que dit Gesner de ceux de la Suisse , et M. Linnaeus de ceux de la Suède , que ce sont les femelles qui voyagent, et que les mâles res- tent l'hiver dans le pays 2; mais ces habiles natura- listes n'auroient-ils pas été trompés par ceux qui leur ont attesté ce fait , et ceux-ci par quelque altération périodique dans le plumage des^femelles, occasioné par le froid ou par quelque autre cause? Le change- ment de couleur me paroît plus dans l'ordre de la na- ture , plus conforme à l'analogie^, que cette sépara- 1. Aldrovande dit qu'en Italie , lorsqu'il y a beaucoup de neige, et que le froid est rigoureux , les pinsons ne peuvent voler , et qu'on les prend à la main (page 820 ). Mais cette impuissance de voler peut ve- nir d'inanition , et l'inanition de la quantité des neiges. Olina prétend qu'en ce même pays les pinsons gagnent la montagne pendant l'été. M. Hébert en a vu, dans cette saison, sur les plus hautes montagnes du Bugey , où ils étoient aussi communs que dans les plaines , et où certainement ils ne restent point l'hiver. 2. M. Linnaeus dit positivement que les pinsons femelles quittent la Suède par troupes au mois de septembre, qu'elles vont en Hollande, et reviennent au printemps rejoindre leurs mâles, qui ont passsé l'hi- ver en Suède. 3. Nous rendrons compte , à l'article du tarier ou traquct d'Angle- LE PINSON. 11^ lion à jour nommé des maies et des femelles, et que îa fantaisie de celles-ci de voyager saules et de quitter leur pays natal, où elles pourroient trouver à vivre tout aussi bien que leurs mâles. Au reste, on sent bien que l'ordre de ces migrations doit varier dans les différents climats. Aldrovande as- sure que les pinsons font rarement leur ponte aux en- virons de Bologne, et qu'ils s'en vont presque tous sur la fin de l'hiver, pour revenir l'automne salivant. Je vois au contraire, par le témoignage de Willughby, qu'ils passent toute Tannée en Angleterre, et qu'il est peu d'oiseaux que l'on y voie aussi fréquemment. Ils sont généralement répandus d?ais toule l'Eu- rope, depuis la mer Ballique et !a Suède, où ils sont fort communs et où ils nichent, jusqu'au détroit de Gibraltar, et même jusque sur les côtes d'Afrique. Le pinson, n" 54, fig- i? est un oiseau très vif; on le voit toujours en mouvement; et cela, joint à hi gaieté de son chant, a donné lieu sans doute à la façon de parler proverbiale , gai comme pinson. Il commence à chanter de fort bonne heure au printemps, et plu- sieurs jours avant le rossignol ; il finit vers le solstice d'été. Son chant a paru assez intéressant pour qu'on l'analysât; on y a distingué un prélude, un roule- ment, une fmale^; on a donné des noms particuliers à chaque reprise , on les a presque notées ; et les plus terre , de quelques observations cuiieuses sur les cliangenienis succes- âiis du plumage de cet oiseau et de quelques autres. I . Le prélude , selon M. Friscli , est composé de trois notes ou trait* semblables; le roulement , de sept notes difféimtos en descendant, et la finale de deux notes ou phrases. Il renvoie à VArt de la chasse de Schroder , page i38 ; et à VHelvetui curiosa J'Emmaniiei Konig, puge 83i . BLI-rOIN. ii.ll.. S 1 l8 LE RINSON. grands connoisseurs de ces petites choses s'accordent à dire que la dernière reprise est la plus agréable*. Quelques personnes trouvent son ramage trop fort, trop mordant; mais il n'est trop fort que parce que nos organes sont trop foibles , ou plutôt parce que nous l'entendons de trop près et dans des apparte- jnents trop résonnants , où le son direct est exagéré , gâté par les sons réfléchis : la nature a fait les pin- sons pour être les chantres des bois ; allons donc dans les bois pour juger leur chant , et surtout pour en jouir. Si l'on met un jeune pinson, pris au nid, sous la leçon d'un serin, d'un rossignol, etc., il se rendra propre le chant de ses maîtres : on en a vu plus d'un exemple^; mais on n'a point vu d'oiseaux de cette es- pèce qui eussent appris à siffler des airs de notre mu- sique : ils ne savent pas s'éloigner de la nature jusqu'à ce point. Les pinsons, outre leur ramage ordinaire, ont en- core un certain frémissement d'amour qu'ils font entendre au printemps, et de plus un autre cri peu agréable, qui, dit-on, annonce la pluie ^. On a aussi remarqué que ces oiseaux ne chantoient jamais mieux ni plus long-temps que lorsque, par quelque acci- dent, ils avoient perdu la vue^; et cette remarque 1. On la nomme en allemand, reiterzu; en françois, houte-selle. 2. Cette facilite de s'apjjroprier des chants étrangers explique la di- versité de ramage qu'on observe dans ces oiseaux. On distingue dans les Pays-Bas cinq à six sortes de pinsons, qui ont chacun des phrases plus ou moins longues. 3. Ce cri a un nom particulier; en allemand on l'appelle sckircken. 4. Ils sont sujets à cet accident, surtout lorsqu'on les tient entre deux fenêtres , à l'exposition du midi. LE PINSON. î 19 n'a pas été plus tôt faite, que l'art de les rendre aveu- gles a été inventé : ce sont de petits esclaves à qui nous crevons les yeux , pour qu'ils puissent mieux servir à nos plaisirs. Mais je me trompe, on ne leur crève point les yeux ; on réunit seulement la paupière inférieure à la supérieure par une espèce de cicatrice artificielle, en touchant légèrement, et à plusieurs reprises 5 les bords de ces deux paupières, avec un fil de métal rougi au feu , et prenant garde de blesser le globe de l'œil. Il faut les préparer à cette singulière opération, d'abord en les accoutumant à la cage pen- dant douze ou quinze jours, et ensuite en les tenant enfermés nuit et jour, avec leur cage, dans un cof- fre, afin de les accoutumer à prendre leur nourriture dans l'obscurité ^. Ces pinsons aveugles sont des chan- teurs infatigables^, et l'on s'en sert par préférence ^, comme d'appeaux ou d'appelants _, pour attirer dans les pièges les pinsons sauvages : on prend ceux-ci aux gluaux, et avec différentes sortes de filets, entre autres celui d'alouette ; il faut que les mailles soient plus petites , et proportionnées à la grosseur de l'oi- seau. Le temps de cette chasse^ est celui où les pinsons 1. Gesner prétend qu'en tenant des pinsons ainsi renfermés pen- dant tout l'été, et ne les tirant de prison qu'au commencement de l'aulomne, ils chantent pendant cette dernière saison; ce qu'ils n'eus- sent point fait sans cela : l'obscurité les reudoit muets, le retour de la lumière est le [>rintemps pour eux. 9. On les appelle en Flandre, rahadiaux. 5. Avec d'autant plus de raison que ceux qui ne sont point aveugles sont des chantres fort capricieux , et qui se taisent pour peu qu'il fasse de vent ou qu'ils éprouvent d'incommodité , et même d'inquiétude. 4. On établit le filet dans uu bosquet de charmille d'environ soixante 120 LE PINSON. Yolent en troupes nombreuses, soit en automne à leur départ , soit au printemps à leur retour : il faut, autant qu'on le peut, choisir un temps calme, parce qu'alors ils volent plus bas, et qu'ils entendent mieux l'appeau. Ils ne se façonnent point aisément à la cap- tivité; les premiers jours ils ne mangent point ou pres- que point, ils frappent continuellement de leur bec les bâtons de la cage, et fort souvent ils se laissent mourir^. Ces oiseaux font un nid biend rond et solidement tissu : il semble qu'ils n'aient pas moins d'adresse que de force dans le bec. Ils posent ce nid sur les arbres ou les arbustes les plus touffus : ils le font quelque- fois jusque dans nos jardins , sur les arbres fruitiers; mais ils le cachent avec tant de soin, que souvent on a de la peine à l'apercevoir, quoiqu'on en soit fort près : ils le construisent de mousse blanche, et de petites racines en dehors; de laine, de crins, de fds pieds de long sur troate-cinq de larg«* , à porlée des vignes et des chè- nevières ; le ûlet est à un bout ; la loge ou se met l'horame qui tient la corde du filet, à l'autre bout; deux appeaux dans l'espace qui est entre les deu\ nappes; plusieurs autres pinsons en cage répandus dans le bosquet : cela s'appelle une pinsonniére. Il faut beaucoup d'atlen- tiou à cacher l'appareil; car le pinson qui trouve aisément à vivre n'est point facile à atlirer dans le piège. Quelques uns disent qu'il est défiant et rusé , qu'il échappe à l'oiseau de proie en se tenant la tête en bas, que l'oiseau le méconnoît dans cette situation, et que s'il fond sur lui , souvent il ne lui prend que quelques plumes de la queue. M. Guys m'assure que la femelle est encore plus rusée que le mâle. Ce qu'il y a de sur, c'est qucmCde et femelle se laissent a|)procher de fort près. 1. Ceux que l'on prend aux gluaux meurent souvei.t à l'instant où on les prend, soii par le regret de la liberté , soit qu'ils aient été bles- sés parli chou('He, soit qu'ils en aient eu peur. LE PINSON. 121 d'araignée, et de plumes en dedans. La femelle pond cinq ou six œufs gris roiigeâtres, semés de taches noirâtres plus fréquentes au gros bout. Le maie ne la quitte point tandis qu'elle couve , surtout la nuit : il se tient toujours fort près du nid; et le jour, s'il s'éloigne un peu , c'est pour aller à la provision. Il se pourrolt que la jalousie fut pour quelque chose dans cette grande assiduité; car ces oiseaux sont d'un naturel très jaloux : s'il se trouve deux mâles dans un même verger au printemps, ils se battent avec achar- nement jusqu'à ce que le plus foible cède la place ou succombe; c'est bien pis, s'ils se trouvent dans une même volière où il n'y ait qu'une femelle^. Les pères et mères nourrissent leurs petits de che- nilles et d'insectes; ils en mangent eux-mêmes ^ : mais ils vivent plus communément de petites graines , de celles d'épine blanche, de pavot, de bardane, de rosier, surtout de faîne, de navette, et de chèricyis; ils se nourrissent aussi de blé et mêsne d'avoine, dont ils savent fort bien casser les grains pour en tirer la substance farineuse. Quoiqu'ils soient d'un naturel un peu rétif _, on vient à bout de les former au petit exercice de la galère , comme les chardonnerets : ils apprennent à se servir de leur bec et de leurs pieds pour faire monter le seau dont ils ont besoin. Le pinson est plus souvent posé que perché : il ne 1. On conseille même de ne pas meUre plus de deux paires dans la môme chambre» de peur que les màîes ne se poursuivent, et qu'ils ue causent du désordre dans la volière» 2. Aldrovande savoit cela, et il ajoute que les oiseleurs donnoient aux pinsons qui leur servoient d'appeaux, une sauterelle , ou quelque autre insecte, pour les mettre en train de chantfr ; ce qui supposeroil dans ces oiseaux un appétit de [iréférence pour les insectes. 122 LE PINSON. marche poial en sautillant; mais il coule légèrement sur la terre, et va sans cesse ramassant quelque chose. Son vol est inégal ; mais lorsqu'on attaque son nid , il plane au dessus en criant. Cet oiseau est un peu plus petit que notre moi- neau ; il est trop connu pour le décrire en détail : on sait qu'il a les côtés de la tête , le devant du cou , la poitrine, et les flancs, d'une belle couleur vineuse; le dessus de la tête et du corps marron, le croupion olivâtre, et une tache blanche sur l'aile. La femelle a le bec plus effilé, et les couleurs moins vives; mais, soit dans la femelle, soit dans le mâle, le plumage est fort sujet à varier. J'ai vu une femelle vivante, prise sur ses œufs le 7 mai , qui différoit de celle que M. Brisson a décrite ; elle avoit le dessus de la tête et du dos d'un brun olivâtre, une espèce de collier gris qui environnoit le cou par derrière, le ventre et les couvertures inférieures de la queue blancs, etc. Parmi les mâles , il y en a qui ont le dessus de la tête et du cou cendré , et d'autres d'un brun marron ; quelques uns ont les pennes de la queue les plus voisines des deux intermédiah^es , bordées de blanc, et d'autres les ont entièrement noires : est-ce l'âge qui produit ces petites différences ? Un jeune pinson pris sous la mère , dont les pen- nes de la queue étoient déjà longues de six lignes, avoit le dessous du corps comme la mère, le dessus d'un brun cendré, le croupion olivâtre; ses ailes avoient déjà les deux raies blanches : mais les bords du bec supérieur n'étoient point encore échancrés près de la pointe , comme .ils le sont dans les mâles adultes; ce qui me feroit croire que cette échancrure. qui se LE PINSON. 123 trouve dans beaucoup d'espèces, ne dépend pas im- médiatement de la première organisation , mais que c'est un effet secondaire et mécanique, produit par la pression continuelle de l'extrémité du bec infé- rieur , qui est un peu plus court, contre les bords du bec supérieur. Tous les pinsons ont la queue fourchue , et com- posée de douze pennes ; le fond de leurs plumes est cendré obscur, et leur chair n'est pas bonne à man- ger : la durée de leur vie est de sept ou huit ans. Longueur totale , six pouces un tiers ; bec , six lignes ; vol, près de dix pouces; queue, deux pouces deux tiers : elle dépasse les ailes d'environ seize lignes. Variétés du Pinson. Indépendamment des variations fréquentes de plu- mage que l'on peut remarquer dans les pinsons d'un môme pays, on a observé, parmi les pinsons de diffé- rents climats, des variétés plus constantes, et que les auteursont jugées dignes d'être décrites. Les trois pre- mières ont été observées en Suède , et les deux autres en Silésie. Le Pinson à ailes et queue noires. 11 a en effet les ailes entièrement noires ; mais la penne extérieure de la queue, et la suivante, sont bordées de blanc en dehors, depuis le milieu de leur longueur. Cet oiseau se tient sur les arbres, dit M. Lin- nicus. 1^4' VAKIÉTKS DU PINSON. II. Le Pinson brun. Il est remarquable par sa couleur brune et par son bec jaunâtre : mais celte couleur brune n'est point uniforme ; elle est moins foncée sur la partie anté- rieure, et participe du cendré et du noirâtre sur la partie postérieure. Cette variété a les ailes noires comme la précédente , les pieds de même couleur, et la queue fourchue. Les Suédois lui do-.inent le nom de riskuj dit M. Lînnasus. m. Le Pinson brun huppé. Sa huppe est couleur de feu, et c'est le trait carac- téristique qui le distingue de la variété précédente. M. Linnseus disoit, en 174^? qu'il se trouvoit en Kortland, c'est-à-dire dans la partie septentrionale de la Suède; mais, douze ans après, il a cru le re- connoître dans la linotte noire de Klein, et il a dit. en général , qu'il se trouvoit en Europe. IV. Le Pinson blanc. Il est fort rare , selon Schwenckfeld , et ne diffère que par la couleur de n©tre pinson ordinaire. Gesner atteste qu'on avoit vu un pinson dont le plumage étoit entièrement blanc. Îli55. Toxne ai { Fang-ae t^scTulp 1 . LE PINSON D 'AKDENKE _2 L^ G-ÏIA"MDE ^TETJVE VARIETES DU PINSON. 12^ V. Le Pinson à collier. Il a îe sommet de la tôte blanc, et im collier de la même couleur : cet oiseau a été pris dans les bois aux environs de Rotzna. LE PINSOxN D'ARDENNE\ Fringilla montifringilla. L. ÎL poiirroit se faire que ce pinson, n" 54? fig- ^ ? qui passe généralement pour le pinson de montagne, ou Vorospiza d'Arîstote , ne fût que son splzcij, ou son pinson proprement dit , et que notre pinson or- dinaire , qui passe généralement pour son spiza j, fût son véritable orospiza^ ou pinson de montagne : voici mes raisons. Les anciens ne faisoient point de descriptions com- plètes ; mais ils disoient un mot, soit des qualités extérieures, soit des habitudes, et ce mot indiquoit ordinairement ce qu'il y avoit de plus remarquable dans l'animal. \Jorospiza_, dit Aristote, est semblable au spiza : il est un peu moins gros; il a le cou bleu ; enfin il se tient dans les montagnes. Or toutes ces 1. Le montain , pinson montain , pinson d'Ardenne , mentis frin- gilla, orospizes , orospizis; en «juelques endroits, paisse ou moineau de bois , mai? par erreur ; peut-êti»c Je spiza d'Aristote ; fringillaro. l'iS LE PINSON d'aRDENNE. propriétés appartiennent à notre pinson ordinaire , et quelques unes d'elles lui appartiennent exclusive- ment. 1° Il a beaucoup de ressemblance avec le pinson d'Ardenne, par la supposition même; et, pour s'en convaincre, il ne faut que les comparer l'un à l'autre : d'ailleurs il n'est pas un seul méthodiste qui n'ait rapporté ces deux espèces au môme genre. 2° Notre pinson ordinaire est un peu plus petit que le pinson d'Ardenne , suivant le témoignage des na- turalistes, et suivant ce que j'ai observé moi-même. 3° Notre pinson ordinaire a le dessus de la tête et du cou d'un cendré bleuâtre , au lieu que, dans le pinson d'Ardenne, ces mêmes parties sont variées de noir lustré et de gris jaunâtre. l\° Nous avons remarqué ci-dessus, d'après Olina, qu'en Italie notre pinson ordinaire se retire l'été dans les montagnes pour y nicher ; et comme le climat de la Grèce est fort peu différent de celui de l'Italie , on peut supposer par analogie, à défaut d'observation, qu'en Grèce notre pinson ordinaire niche aussi sur les montagnes^. 5** Enfin le spiza d'Aristote semble chercher, sui- vant ce philosophe , les pays chauds pendant l'été, et 1. Frisch prétend que les pÎQSons d'Ardenne viennent des monta- gnes en automne, et que, lorsqu'ils s'en retournent, ils prennent le chemin des montagnes du nord. M. le marquis de Piolenc , qui m'a donnc'î plusieurs notes sur ces oiseaux, m'assure qu'ils partent dans le mois d'octobre des montagnes de Savoie et de Dauphiné, et qu'ils y reviennent au mois de février. Ces époques s'accordent très bien avec celles où nous les voyons passer et repasser en Bourgogne : il peut se faire que les deux espèces aiment les montagnes , et se ressemblent ea ce point. LE PINSON DARDENNE. 1 27 les pays froids pendant l'hiver. Or cela convient beau- coup mieux aux pinsons d'Ardenne qu'aux pinsons ordinaires, puisqu'une grande partie de ceux-ci ne voyagent poiat, et que ceux-là non seulement sont voyageurs, mais qu'ils ont coutume d'arriver au fort de l'hiver^ dans les différents pays qu'ils parcourent; c'est ce que nous savons par expérience , et ce qui d'ailleurs est attesté par les noms de pinson d'hiver^ pinson de neige ^ que l'on a donnés en divers pays au pinson d'Ardenne. De tout cela il résulte, ce me semble, que très probablement ce dernier est le spiza d'Aristote, et notre pinson ordinaire son orospiza. Les pinsons d'Ardenne ne nichent point dans nos pays; ils y passent, d'année à autre, en très grandes troupes. Le temps de leur passage est l'automne et l'hiver : souvent ils s'en retournent au bout de huit ou dix jours, quelquefois ils restent jusqu'au prin- temps. Pendant leur séjour, ils vont avec les pinsons ordinaires, ils se retirent, comme eux, dans les feuil- lages. Il en paru4^^ des volées très nombreuses en Bour- gogne, dans l'hiver de i 774 * et des volées encore plus nombreuses dans le pays de Wirtemberg , sur la fin de décembre 1776; ceux-ci alloient se gîter tous les soirs dans un vallon sur les bords du Rhin 2, et, dès 1. Aldrovaucîe assure posilivemenl que cela est ainsi aux environs de Bologne. M. Loltinger me mande que, dès la fin d'aoCït, il en pa- roit quelques uns en Lorraine , mais que l'on n'en voit de grosses trou- pes que sur la fin d'octobre , et même plus tard. 2. M. Lottinger dit, peut-être un peu trop généralement, que le jour ils se répandent dans les forêts de la plaine , et que la nuit ils se fotirrnt sur la montagne. Celte marche n'est point apparemment in 128 LE PINSON d'a]\DENNE. l'aube du jour, ils prenoient leur vol : la terre étoifc toute couverte de leur fiente. La même chose avoit été observée dans les années l'-jo et 1757. On ne vit peut-être jamais un aussi grand nombre de ces oiseaux en Lorraine que dans l'hiver de 1765; chaque nuit on en tuoit phis de six cents douzaines, dit M. Lottin- ger, dans des forêts de sapins qui sont à quatre ou cinq lieues de Sarbourg. On ne prenoit pas la peine de les tirer, on les assonimoit à coups de gaule ; et quoique ce massacre eût duré tout l'hiver, on ne s'a- percevoit presque pas à la fm que la troupe eut été entamée. M. Willughby nous apprend qu'on en voit beaucoup aux environs de Venise, sans doute au temps d i passage ; mais nulle part ils ne reviennent aussi régulièrement que dans les forêts de Weissembourg , où abonde le hêtre, et par conséquent la faîne, dont ils sont très friands. Ils en mangent le jour et la nuit; ils vivent aussi de toutes sortes de petites graines. Je me persuade que ces oiseaux restent dans leur pays natal tant qu'ils y trouvent la nourriture qui leur con- vient 5 et que c'est la disette qui les oblige à voyager : du moins il est certain que l'abondance des graines qu'ils aiment de préférence nesulîit pas toujours pour les attirer dans un pays, même dans un pays qu'ils connoissent; car, en 1774? quoiqu'il y eût abon- variable, et l'on peut croire qu'elle dépend du local et des circon- stances. On en a vu cette année dans nos environs une volée de plus de trois cents , qui a passé trois ou quatre jours dans le même endroit, et cet endroit est montagneux. Ils se sont toujours posés sur le même noyer; et lorsqu'on les tiroit, ils partoient tous à la fois , et dirigeoient con- stamment leur route vers le nord ou le nord-est. ( Note de M. le inar- tjuls (le Piolcnc. ) LE PINSON DARDENNE. 1 5?9 daiîce de faîne en Lorraine , ces pinsons n'y parurent pas, et prirent une autre route : l'année suivante, au contraire, on en vit quelques troupes, quoique la faîne eût manqué^. Lorsqu'ils arrivent chez nous, ils ne sont point du tout sauvages, et se laissent appro- cher de fort près. Ils volent serrés, se posent et par- tent de même ; cela est au point que l'on en peut tuer douze ou quinze d'un seul coup de fusil. En pâturant dans un champ , ils font a peu près la même manœuvre que les pigeons; de temps en temps on en voit quelques uns se porter en avant, lesquels sont bientôt suivis de toute la bande. Ce sont , comme l'on voit , des oiseaux connus et ré- pandus dans toutes les parties de l'Europe , du moins par leurs voyages ; mais ils ne se bornent point à l'Eu- rope : M. Edwards en a vu qui venoient de la baie d'Hudson , sous le nom d'oiseaux de neige ; et les gens qui fréquentent cette contrée hii ont assuré qu'ils étoient les premiers à y reparoître chaque année au retour du printemps , avant même que les nei^jes fussent fondues. La chair des pinsons d'Ardenne , quoiqu'un peu amère, est fort bonne à manger, et certainement meil- leure que celle du pinson ordinaire. Leur plumage est aussi plus varié, plus agréable, plus velouté ; mais il s'en faut beaucoup qu'ils chantent aussi bien : on a comparé leur voix à celle de la chouette et à celle du chat. Us ont deux cris : l'un est une espèce de piau- lement; l'antre, qu'ils font entendre étant posés à terre, approche de celui du traquet, mais il n'est ni aussi fort ni aussi prononcé. Quoique nés avec si peu 1. Je tiens ('v% faits de \\. Lotlinçor. . I«)0 LE PINSON d'aRDENNE. de talents naturels, ces oiseaux sont néanmoins sus- ceptibles de talents acquis : lorsqu'on ïes tient à por- tée d'un autre oiseau dont le ramage est plus agréable, le leur s'adoucit, se perfectionne, et devient sem- blable à celui qu'ils ont entendu. Au reste, pour avoir une idée juste de leur voix, il faudroit les avoir ouïs au temps de la ponte ; car c'est alors, c'est en chan- tant l'hymne de l'amour, que les oiseaux font enten- dre leur véritable ramage. Un chasseur qui avoit voyagé m'a assuré que ces /ciseaux niclioient dans le Luxembourg ; qu'ils posoient leurs nids sur les sapins les plus branchus , assez haut ; qu'ils commençoient à y travailler sur la fin d'avril; qu'ils y employoient la longue mousse des sapins au dehors, du crin , de la laine, et des plumes au de- dans; que la femelle pondoit quatre ou cinq œufs jaunâtres et tachetés, et que les petits commençoient à voltiger de branche en branche dès la fin de mai. Le pinson d'Ardenne est, selon Belon, un oiseau courageux, et qui se défend avec son bec jusqu'au dernier soupir. Tous conviennent qu'il est d'un na- turel plus doux que notre pinson ordinaire, et qu'il donne plus facilement dans les pièges. On en tue beau- coup à certaines chasses que l'on pratique dans le pays de Weissembourg , et qui méritent d'être con- nues. On se rassemble pour cela dans la petite ville de Bergzabern, et, le jour étant pris, on envoie, la veille , des observateurs à la découverte , pour re- marquer les arbres sur lesquels ils ont coutume de se poser le soir ; c'est communément sur les petits picéas et sur d'autres arbres toujours verts. Ces ob- servateurs, de retour, servent de guides à la troupe. LE PINSON DAKDENNE. l5i Elle part le soir avec des flambeaux et des sarbaca- nes : les flambeaux servent à éblouir les oiseaux et à éclairer les chasseurs ; les sarbacanes servent à ceux- ci pour tuer les pinsons avec de petites boules de terre sèche. On les tire de très près, afin de ne les point manquer; car s'il y en avoit un seul qui ne fut que blessé, ses cris donneroient infailliblement l'alarme aux auhes , et bientôt ils s'envoleroient tous à la fois. La nourriture principale de ceux que l'on veut avoir en cage, c'est le panis, le chènevis, la faîne, etc. Olina dit qu'ils vivent quatre ou cinq ans. Leur plumage est sujet à varier dans les différents individus; quelques mâles ont la gorge noire, et d'autres ont la tête absolument blanche, et les cou- leurs plus foibles. Frisch remarque que les jeunes mâles, lorsqu'ils arrivent, ne sont pas si noirs et n'ont pas les couvertures inférieures des ailes d'un jaune si vifs que lorsqu'ils s'ea retournent. Il peut se faire que l'âge plus avancé amène encore d'autres différences dans les deux sexes, et de là toutes celles que l'on remarque dans les descriptions. Le pinson que j'ai observé pesoit une once : il avoit le front noir; le dessus de la tête et du cou et le haut du dos, variés de gris jaunâtre et de noir lustré; la gorge, le devant du cou, la poitrine, et le croupion , d'un roux clair; les petites couvertures de la base de l'aile, d'un jaune orangé : les autres formoient deux raies transversales d'un blanc jaunâtre, séparées par nue bande noire plus large. Toutes les pennes de l'aile, excepté les trois premières , avoient sur leur bord ex- térieur, à l'endroit où fmissoient les grandes couver- tures, une tache blanche d'environ cinq lignes de long; ÎOa LK PINSON DAJIDI-NNE. ia suite Je ces taches formoit une troisième raie blanche , qui étoit parallèle aux deux autres dans l'aile étendue, myls qui, dans l'aile repliée, ne paroissoit que sous la forme d'une tache oblongue, presque parallèle à la côte des pennes; enfin ces même pennes ètoient d'un beau noir, bordées de blanc : les petites couvertures inférieures des ailes les plus proches du corps se faisoient remarquer par leur belle couleur jaune. Les pennes delà queue étoient noires, bordées de blanc ou de blanchâtre; la queue fourchue; les flancs mouchetés de noir; les pieds d'un brun oli- vâtre; les ongles peu arqués, le postérieur le plus fort de tous ; les bords du bec supérieur échancrés près de la pointe; les bords du bec inférieur rentrants et reçus dans le supérieur, et la langue divisée par le bout en plusieurs filets très déliés. Le tube intestinal avoit quatorze pouces de lon- gueur; le gésier étoit musculeux, doublé d'une mem- brane cartilagineuse sans adhérence, précédé d'une dilatation de l'œsophage , et encore d'un jabot qui avoit cinq à six lignes de diamètre, le tout rempli de petites graines sans un seul petit caillou. Je n'ai vu ni cœcum ni vésicule du fiel. La femelle n'a point la tache orangée de la base de l'aile, ni la belle couleur jaune de ses couvertures inférieures; sa gorge est d'un roux plus clair, et elle a quelque chose de cendré sur le sommet de la tête et derrière le cou. Longueur totale, six pouces un quart; bec, six lignes et demie; vol, près de dix pouces; queue, deux pouces un tiers : elle dépasse les ailes d'environ quinze lignes. a«>a«>a««»e««^ LE GRAND MONTAIN. LE GRAND MONTAÏN\ Fringilla Lapon ica. L. Ce pinson est le plus grand de ceux qui habitent l'Europe; Klein dit qu'il égale l'alouette en grosseur. Il se trouve dans la Laponie , aux environs de Tornéo. Il a la tête noirâtre, variée de blanc roussâtre^. or- née de chaque côté d'une raie blanche, qui part de l'œil et descend le long du cou ; le cou , la gorge, et la poitrine, d'un roux clair; le ventre et tout ce qui suit blanc ; le dessus du corps roussâtre varié de brun; les ailes noires, bordées de jaune pâle et verdâtre , et traversées par une raie blanche ; la queue fourchue, composée de douze pennes presque noires, bordées de jaunâtre; le bec couleur de corne, plus foncée vers la pointe; les pieds noirs. Longueur totale, six pouces et demi; bec, sept lignes, comme le pied et le doigt du milieu; vol, onze pouces et demi; queue, deux pouces et demi : elle dépasse les ailes de dix lignes. 1. Le grand pinson de montagne , t/ie greater hrambling. 2. Il est probable que le grand montain est l'oiseau que les habitants des montagnes du Daupliiné appellent roiissolan. &IJFPON. XXII. 5/| LE PINSOX DE NEIGE. >«>9««»6<}>»«K>««««S«3«o«>»^e««e t LE PINSON DE NEIGE, ou LA NIVEROLLE^ Fr'ingilla nivalis. L. Cette dénomination est fondée apparemment sur la couleur blanche de la gorge, de la poitrine , et de toute la partie inférieure de l'oiseau, comme aussi sur ce qu'il habite les pays froids, et qu'il ne paroît guère dans les pays tempérés qu'en hiver et lorsque la terre est couverte de neige. Il a les ailes noires et blanches; la tête et le dessous du cou cendrés, en quoi il se rapproche de notre pinson; le dessus du corps gris brun, varié d'une couleur plus claire; les couvertures supérieures de la queue, tout-à-fait noi- res, ainsi que le bec et les pieds. Longueur totale, sept pooces; bec, sept lignes; pieds, neuf lignes et demie; vol, douze pouces; queue, deux pouces sept lignes : elle dépasse les ailes de huit à neuf lignes. 1. C'est le nivereaii des montagnards du Dauphiné, LE BRLÎVOK. LE BRUNOR. Loxla bicolor, L. Ce nom renferme une description en raccourci ; car l'oiseau à qui on l'a donné , et qui est le plus petit de tous les pinsons connus, a la gorge, la poitrine, et tout le dessous du corps d'un orangé rougeâtre : il a de plus la tête et tout le dessus du corps d'un brun foncé ; mais les plumes et môme les pennes sont bor- dées d'une nuance plus claire , ce qui produit une couleur mêlée; enfin il a le bec blanc et les pieds bruns. M. Edwards, à qui nous devons la connoissance de cet oiseau, n'a pu découvrir de quel pays il venoit. M. Linnaeus dit qu'il se trouve aux Indes. Longueur totale, trois pouces et un quart; bec, trois lignes et demie ; pieds, quatre lignes et d?mie; queue, un pouce : elle dépasse les ailes de six lignes. LE BRUNET. Fringilla pécaris. L. La couleur dominante de cet oiseau est le brun ; mais elle est moins foncée sous le corps. Catesby nous l56 LE BRU NET. dil que son pinson brun, qui est notre brunet, se trouve en Virginie; qu'il va avec les choucas et les oiseaux dont nous avons parlé sous le nom de com- mandeurs ^ et que d'autres appellent étourneaux à ailes rouges. 11 ajoute qu'il se plaît dans les parcs où l'on renferme les bestiaux, et que l'on n'en voit point en été. Longueur totale, six pouces trois quarts; bec, sept lignes; queue, deux pouces et demi; elle dépasse les ailes d'environ quinze lignes; pieds, onze lignes; doigt du milieu, idem. LE BONANA. Fringilla Jamaica. L. Le bonana est un arbre d'Amérique sur lequel se perche volontiers l'oiseau dont il s'agit ici, et c'est de là qu'il a pris son nom. Il a les plumes du dessus du corps soyeuses et d'un bleu obscur; le dessous d'un bleu plus clair; le ventre, varié de jaune; les ailes et la queue d'un bleu obscur, tirant sur le vert; les pieds noirs; la tête grosse à proportion du corpj:, et le bec court, épais et arrondi. Cet oiseau se trouve à la Jamaïque. Longueur totale, quatre ponces et demi; bec, quatre lignes; vol, huit pouces et quelques lignes; queue, environ seize lignes; elle dépasse les ailes de cinq à six lignes. LE PINSON A TETE NOIllE ET BLANCHE. IJ7 LE PINSON A TÈTE NOIRE ET BLANCHE. FringiUa zena, Gmel. La tête de cet oiseau est noire , ainsi que le dos et les plumes scapulaires; mais elle a de chaque côté deux raies blanches, dont l'une passe au dessus et l'autre au dessous de l'œil. Le cou est noir par devant, et d'un rouge obscur par derrière; cette dernière couleur rogne sur le croupion et les couvertures su- périeures de la queue. La gorge est jaune , la poitrine orangée; le ventre, jusques et compris les couvertu- res inférieures de la queue, blanc; la queue brune et les ailes de même : celles-ci ont une raie transver- sale blanche. Cet oiseau est très commun à Bahama et dans plu- sieurs autres contrées de l'Amérique méridionale ; il est à peu près de la grosseur de notre pinson ordi- naire : son poids est de six gros. Longueur totale , six pouces et un quart ; bec , sept lignes; queue, deux pouces et un tiers; elle dépasse les ailes d'environ quinze lignes. i35 LE PINSON NOIR. **e*9*a«^*0 3.3 ««*««« *J **8«.^.ê^^HÎ*6*8««««^««*Q«.S^ LE PINSON NOIR AUX YEUX ROUGES. Emberiza erythrophthalma. L. Le noir règne sur la partie supérieure du corps (sur le haut de la poitrine suivant Catesby) , et sur les pennes de la queue et des ailes^; mais celles de la queue sont bordées de blanc : le milieu du ventre est de cette dernière couleur; le reste du dessous du corps est d'un rouge obscur, le bec noir, les yeux rouges , et les pieds bruns. La femelle est toute brune, avec une teinte de rouge sur la poitrine. Cet oiseau se trouve à la Caroline; il va par paires, et se tient dans les bois les plus épais : il est de la grosseur d'une alouette huppée. Longueur totale, huit pouces; bec, huit lignes; pieds, seize lignes; queue, trois pouces; elle dépasse les ailes d'environ ving-sept lignes, d'où on peut conclure qu'il n'a pas le vol fort étendu. LE PINSON NOIR ET JAUNE. La couleur générale de cet oiseau est un noir ve- louté, sur lequel paroît avec avantage la belle cou- 1. M. Klein dit qu'il a six raies blanches sur les ailes. [Loco citaio.) LE PINSON NOIK ET JAUNE. 1 JQ leur jaune qui règne sur la base de l'aile , le croupion et les couvertures supérieures de la queue, et qui borde les grandes pennes des ailes ; les petites pen- nes et les grandes couvertures sont bordées de gris ; le bec et les pieds sont de cette dernière couleur. Cet oiseau a été envoyé du cap de Bonne-Espé- rance ; il est de la grosseur de notre pinson ordi- naire. Longueur totale, six pouces et plus ; bec, buit lignes; pieds, douze lignes; doigt du milieu, dix lignes ; le doigt postérieur à peu près aussi long ; vol, dix pouces et un quart; queue, deux pouces deux lignes; elle dépasse les ailes de douze lignes. ^«.'«e>«>»t^ c«'b>i»e<»«<8«'««>e'e<@>e»»»0»»»9.»&g^tP»0«»a»O'»c»«e'O». L'OLIVETTE. Fringilla Sinica. L. J'appelle ainsi un pinson venu de la Chine qui a la base du bec, les joues, la gorge, le devant du cou , et les couvertures supérieures de la queue , d'un vert d'olive ; le dessus de la tête et du corps d'un brun olivâtre; avec une légère teinte de roux sur le dos, le croupion et les couvertures des ailes les plus pro- ches du corps; la queue noire, bordée de jaune, terminée de blanchâtre ; la poitrine et le ventre roux mêlé de jaune ; les couvertures inférieures de la queue et des ailes d'un beau jaune ; le bec et les pieds jaunâtres. Il est à peu près de la grosseur de la li- notte. La femelle a les couleurs plus foibles, comme c'est l'ordinaire. '^ Longueur totale , cinq pouces; bec, six lignes ; les pieds, six lignes et demie; doigt du milieu, sept li- gnes; vol, huit pouces un tiers; queue, vingt-une lignes : elle est fourchue, et ne dépasse les ailes que de cinq ou six lignes. LE PINSON JAUNE ET ROUGE. l4l LE PINSON JAUNE ET ROUGE. Fringilla Eustach^. Gmel. Le jaune règne sur la gorge, le cou, la tète, et tout le dessus du corps ; le rouge sur toutes les extrémités, savoir, le bec, les pieds, les ailes, et la queue. Ces deux couleurs se fondant ensemble forment une belle couleur orangée sur la poitrine et sur toute la partie inférieure du corps ; outre cela , il y a , de chaque côté delà tête, une marque bleue immédiatement au dessous de l'œil. Seba dit que cet oiseau avoit été envoyé de l'île Saint-Eustache , et il l'appelle pinson d'Afrique. Ap- paremment que cet auteur connoissoit une île de Saint-Eustache en Afrique, bien différente de celle de même nom qui est l'une des petites Antilles. La grosseur du pinson jaune et rouge est à peu près celle de notre pinson ordinaire. Longueur totale, cinq pouces et demi; bec, six lignes ; pieds , six lignes et demie ; doigt du milieu , sept lignes ; queue , vingt-une lignes : elle dépasse les ailes d'environ dix lignes. LA TOUITE. Fringilla varie gâta, L. J'adopte le nom que Seba a donné à cet oiseau , parce que c'est un nom propre qui lui a été imposé î42 LA TOUITE. dans le pays, et qui a rapport à son cri : or on doit sentir combien de tels noms sont préférables à ces dénominations équivoques, composées d'un nom gé- nérique et d'un nom de pays, telles par exemple que celle de pinson varié de la Nouvelle-Espagne ., par laquelle on a désigné l'oiseau dont il s'agit ici. Il est très probable que dans la Nouvelle-Espagne il y a plus d'un oiseau à qui le nom de pinson varié peut convenir, et qu'il n'y en a pas deux à qui les habi- tants de ce pays se soient accordés à donner le nom de touite. Ce bel oiseau a la tête d'un rouge clair, mêlé de pourpre; la poitrine de deux jaunes, le bec jaune, les pieds rouges; tout le reste varié de rouge, de blanc, de jaune, et de bleu; enfin les ailes et la queue bordées de blanc. Il est à peu près de la grosseur de notre pinson ordinaire. Longueur totale, cinq pouces deux tiers ; bec, six lignes et demie ; pieds, huit lignes; doigt du milieu , sept lignes et demie ; queue , deux pouces ; elle dé- passe les ailes d'environ onze lignes. LE PINSON FRISÉ. Fringilla crispa. Gmel. Le nom de cet oiseau vient de ce qu'il a plusieurs plumes frisées naturellement, tant sous le ventre que sur le dos : il a en outre le bec blanc, la tête et le cou noirs, comme si on lui eût mis un coquoluchon de LE PINSON FllISE. 1 ip cette couleur; le dessus du corps, compris les pen- nes delà queue et des ailes, d'un brun olivâtre; le dessus du corps jaune; les pieds d'un brun foncé. Comme cet oiseau venoit du Portugal , on a jugé qu'il avoit été envoyé des principales possessions des Portugais, c'est-à-dire du royaume d'Angola ou du Brésil. Sa grosseur est à peu près celle de notre pinson ordinaire. Longueur totale, cinq pouces et demi; bec, cinq à six lignes : la queue est composée de douze pennes égales, et dépasse les ailes de douze à treize lignes. LE PINSON A DOUBLE COLLIER. Fringilla Indica. L. Cet oiseau a en effet deux colliers, ou plutôt deux demi-colliers, l'un par devant, l'autre par derrière: le premier noir, et le plus bas des deux; l'autre blanc. Il a de plus la poitrine et tout le dessous du corps d'un blanc teinté de roussâtre; la gorge, le tour du bec, et les yeux, d'un blanc pur; la tête noire; tout le dessus du corps d'un cendré brun , qui s'é- claircit sur les couvertures supérieures de la queue; les grandes pennes des ailes noires; les moyennes et les couvertures supérieures noires, bordées d'un brun rougeâtre et qui a de l'éclat; le bec noir, et les pieds bruns. M. Brisson dit qu'il se trouve dans ï44 J-E PINSON A DOUBLE COLLIER. les Indes; il est de la grosseur de notre pinson ordi- naire. Longueur totale , environ cinq pouces ; bec , six lignes; queue, vingt lignes: elle est composée de douze pennes égales, et dépasse les ailes d'environ dix lignes. LE NOIR-SOUCI. Loxia Bonariensis. L. C'est ici une espèce nouvelle, à qui j'ai cru devoir donner un nouveau nom ; ce nom est formé des cou- leurs principales qui régnent dans le plumage de l'oiseau : il a la gorge, le devant du cou, et la poitrine, souci; le dessus du corps noirâtre; les pennes des ailes et de la queue de môme, bordées extérieure- ment de bleu ; la tête et le dessus du cou du même bleu ; le ventre et les couvertures inférieures de la queue d'un jaune soufre, le bec noirâtre, court, fort, et convexe ; le bec inférieur d'une couleur plus claire; les narines rondes, situées dans la base du bec et percées à jour; la langue demi-cartilagineuse et fourchue ; les pieds d'un brun rougeâtre ; le doigt du milieu uni à l'extérieur par une membrane jusqu'à la première articulation; le doigt postérieur, le plus gros de tous les doigts , et son ongle ; le plus fort de tous les ongles, lesquels, en général, sont aigus, arqués, et creusés en gouttière. Ces oiseaux vont par couples : le mâle et la fe- LE NOIU-SOUCI. 145 melle paroissent avoir lun pour l'autre un attache- ment et une fidélité réciproques ; ils se tiennent clans les terres cultivées et les jardins, et vivent d'herbes et de graines. M. Comuierson, qui le premier a fait coanoître cet oiseau, et qui l'a observé à Buenos- Ayres dans le mois de septembre , marque sa place entre les pinsons et les gros-becs : il dit que sa gros- seur est égale à celle du moineau. Longueur totale, sept pouces; bec, sept lignes; vol, onze pouces et demi ; queue, trente-trois lignes; elle est composée de douze pennes égales : les ailes ont dix-sept pennes; la deuxième et la troisième sont les plus longues de toutes. LES VEUVES. Toutes les espèces de veuves se trouvent en Afri- que; mais elles n'appartiennent pas exclusivement à ce climat, puisqu'on en a vu en Asie jusqu'aux îles Philippines : toutes ont le bec des granivores, de forme conique, plus ou moins raccourci, mais tou- jours assez fort pour casser les graines dont elles se nourrissent : toutes sont remarquables par leur lon- gue queue, ou plutôt par les longues plumes qui, dans la plupart des espèces , accompagnent la véri- table queue du mâle et prennent naissance plus haut ou plus bas que le rang des pennes dont cette queue est composée ; toutes enfin, ou presque toutes, sont sujettes à deux mues par an, dont l'intervalle, qui répond à la saison des pluies, est de six à huit mois, l/jb LES VEIVES. pendant lesquels les mâles sont privés non seulement de la longue queue dont je viens de parler, mais encore de leurs belles couleurs et de leur joli ra- mage^. Ce n'est qu'au retour du printemps qu'ils commencent à recouvrer les beaux sons de leur voix, à reprendre leur véritable plumage, leur longue queue, en un mot, tous les attributs, toutes les mar- ques de leur dignité de mâles. Les femelles, qui subissent les mêmes mues, non seulement perdent moins, parce qu'elles ont moins à perdre , mais elles n'éprouvent pas même de chan- gement notable dans les couleurs de leur plumage. Quant à la première mue des jeunes mâles, on sent bien qu'elle ne peut avoir de temps fixe, et qu'elle est avancée ou retardée , suivant l'époque de leur naissance : ceux qui sont venus des premières pontes commencent à prendre leur longue queue dès le mois de mai ; ceux au contraire qui sont venus des derniè- res pontes ne la prennent qu'en septembre et même en octobre. Les voyageurs disent que les veuves font leur nid avec du coton; que ce nid a deux étages; que le mâle habite l'étage supérieur, et que la femelle couve au rez-de-chaussée ^. Il seroit possible de vérifier ces pe- tits faits en Europe et même en France , où, par des soins bien entendus, on pourroit faire pondre et cou- 1 . Les veuves chantent en effet très agréablement , et c'est une de^ raisons qui déterminent M. Edwards à juger qu'elles doivent être rap- portées aux pinsons plutôt qu'aux moineaux. 2. Voyez la Description du cap de Bonne-Espérance par Kolbe. Il me paroît très probable que les chardonnerets à plumage changeant, dou^> il parle , sont de véritables veuves. LES VELVKS. I /| 7 ver les veuves avec succès, comme on l'a fait en Hol- lande. Ce sont des oiseaux très vifs , très remuants , qui lèvent et baissent sans cesse leur longue queue : ils aiment beaucoup à se baigaer, ne sont point sujets aux maladies, et vivent jusqu'à douze ou quinze ans. On les nourrit avec un mélange d'alpiste et de millet, et on leur donne pour rafraîchissement des feuilles de chicorée. Au reste, il est assez singulier que ce nom de veu- veSj, sous lequel ils sont généralement connus aujour- d'hui , et qui paroît si bien leur convenir, soit à cause du noir qui domine dans leur plumage, soit à cause de leur queue traîtiante, ne leur ait été néanmoins donné que par pure méprise : les Portugais les appe- lèrent d'abord oiseaux de JVIiidlia (c'est-à-dire de Juida) , parce qu'ils sont très communs sur cette côte d'Afrique. La ressemblance de ce mot avec celui qui signifie veuve en langue portugaise aura pu tromper les étrangers^; quelques uns auront pris Fun pour l'autre, et cette erreur se sera accréditée d'autant plus aisément, que le nom de veuves paroissoit, à plu- sieurs égards , fait pour ces oiseaux. On trouvera ici huit espèces de veuves; savoir, les cinq espèces déjà connues, et qui ont été décrites par M. Brisson; deux espèces nouvelles très distin- 1. C'est ce qui est aiTÎvé à de fort habiles gens. M. Edwards d\\ (page 86 de son Histoire naturelle des Oiseaux) que les Portugais don- nent à ceux-ci le nom de veuves ; mais ensuite , mieux informé , il dit. à la fin de la quatrième partie de cette même histoire, que leur véri- table nom , en Portugal, est celui d'oiseaux de Whidha. ( Whidha bird, et non pas tvidoxv bird. ) l/jS LES VEUVES. giiées , et remarquables par la belle plaque rouge qu'elles ont, l'une sur l'aile, et l'autre sur la poitrine. Enfin j'ajoute à ces sept espèces celle de l'oiseau que M. Brisson a appelé linotte à longue queue ^ et qui, ne fût-ce que par cette longue queue , me paroît avoir plus de rapport avec les veuves qu'avec les linottes. LA VEUVE AU COLLIER D'OR\ Fringilla paradlsea. Vieill. Le cou de cette veuve est ceint par derrière d'un demi-collier fort large , d'un beau jaune doré : elle a la poitrine orangée ; le ventre et les cuisses blanches ; le bas-ventre et les couvertures du dessous de la queue, noirâtres ; la tête , la gorge , le devant du cou , le dos , les ailes, et la queue, noirs. Cette queue est comme celle des autres oiseaux ; elle est composée de douze pennes à peu près égales, et recouverte par quatre longues plumes qui naissent aussi du croupion, mais un peu plus haut : les deux plus longues ont environ treize pouces; elles sont noires, de même que les pennes de la queue, et paroissent ondées et comme moirées; elles sont aussi un peu arquées comme celles du coq; leur largeur, qui est de neuf lignes près du croupion , se réduit à trois lignes vers leur extrémité : 1. Voyez les planches enluminées , n" 194, où cet oiseau est repré- senté sous le nom de grande veuve d' Angola ^ fig. 1, dans son iiabit d'été , qui est son l>el liahit; et fig. 9 , dans son liahit d'hiver. LA VELVE A\] COLLIER d'oII. 1 49 les deux plus courtes sont renfermées entre les deux plus longues, et n'ont que la moitié de leur longueur; mais elles sont une fois aussi larges, et se terminent par un filet délié , par une espèce de brin de soie, qui a plus d'un pouce de long. Ces quatre plumes ont leur plan dans une situation verticale, et sont dirigées en en-bas : elles tombent tous les ans à la première mue, c'est-à-dire vers le commencement de novembre, et , à cette même épo- que, le plumage de l'oiseau change entièrement, et devient semblable à celui du pinson d'Ardenne. Dans ce nouvel état, la veuve a la lete variée de blanc et de noir ; la poitrine , le dos, les couvertures supérieu- res des ailes, d'un orangé terne , moucheté de noi- râtre ; les pennes de la queue et des ailes , d'un brun très foncé ; le ventre et tout le reste du dessous du corps, blancs; c'est là son habit d'hiver; elle le con- serve jusqu'au commencement de la belle saison , temps où elle éprouve une seconde mue tout aussi considérable que la première , mais plus heureuse dans ses effets, puisqu'elle lui rend ses belles cou- leurs, ses longues plumes, et toute sa parure : dès la fin de juin, ou le commencement de juillet, elle re- fait sa queue en entier. La couleur des yeux, du bec, et des pieds , ne varie point ; les yeux sont toujours marron, le bec de couleur plombée, et les pieds couleur de chair. Les jeunes femeHes sont à peu près de la couleur des mâles en mue; mais, au bout de trois ans, elles deviennent d'un brun presque noir, et leur couleur ne change plus en aucun temps. Ces oiseaux sont communs dans le royaume d'An- BllFFON. XXII. l5o LA VEUVE AU COLLIER d'o R. gola, sur la côte occidentale de l'Afrique; on en a vu aussi qui venoient de Mozambique, petite île située près de la côte orientale de ce iiiêrae continent , et qui différoient très peu des premiers. L'individu qu'a dessiné M. Edwards a vécu quatre ans à Londres. Longueur totale, quinze pouces; lon^^ueur prise de la poir4e du bec jusqu'au bout des ongles , quatre pouces et demi ; bec, quatre lignes et demie; vol , neuf pouces ; fausse queue, treize pouces ; queue vé- ritable , vin^gt-une lignes : celle-ci dépasse les ailes d'environ un pouce. LA VEUVE A QUATRE BRINS\ FringUla régla. Vieill. Il en est de cet oiseau , n" 8, lîg. i , quant aux deux mues et à leurs effets , comme du précédent : il a le bec et les pieds rouges; la lèle et tout le dessus du corps, noirs; la gorge, le devant du cou , la poitrine et toute la partie inférieure, aurore : mais cette couleur est plus vive sur le cou que sur la poitrine; et s'étendaut derrière le cou, elle forme un demi- collier plus ou moins large , selon que la calotte noire de la tète descend plus ou moins bas. Toutes les pennes de la queue sont noirâtres; mais les quatre du milieu sont quatre ou cinq fois plus longues que 1. On donne encore à cet oiseau le nom de queue en soie. S LA VEUVE A O II AT RE BRIN S. 1 f) 1 les latérales, et les deux du milieu soat les plus lon- gues de toutes. Dans la mue, le mâle devient sem- blable à la linotte , si ce n'est qu'il est d'un gris plus vif. La femelle est brune, et n'a point de longues plumes à la queue. Cette veuve est un peu plus petite que le serin. On a vu plus d'un individu de cette espèce vivant à Pa- ris; tous avoient été apportés des côtes d'Afrique. Mesures prises sur plusieurs individus : longueur totale, douze à treize pouces; de la pointe du bec jusqu'au bout des ongles, quatre à cinq pouces; bec, quatre à cinq lignes; vol, buit à neuf pouces; les deux pennes intermédiaires de la queue, de neuf à onze pouces; les deux suivantes, huit à dix pouces; les latérales, de vingt à vingt-trois lignes. LA VEUVE DOMINICAINE\ Fringilla sereria. Vieill. Si la longueur de la queue est le caractère distinc- tif des veuves, celle-ci, n** 8, fig. 2, est moins veuve 1 . M. Gommerson soupçonnoit qu'un certain oiseau d'un noir bleuâ- tre qu'il avoit vu dans l'île de Bourbon , où i! a le nom de brenoud , n'éloil autre chose que cette même veuve en mue; at de cette suppo- sition il conciuoit que , lorsque le mâle éloit en mue , son plumage cloit plus uniforme. Mais cela seroit plus applicable à la femelle qu'a» mâle; encore y a-t-il loin du noir bleuiUre, qui est la couleur du bre- noud , au brun uniforme , qui est celle de la femelle dominicaine. Ce brrnoud ressemble plus à la grande veuve. r.o K):2 LA VEUVE DOMINICAINE. qu'une autre ; car les plus longues plumes de sa queue n'ont guère plus de quatre pouces. On lui a donné le nom de dominicaine à cause de son plumage noir et blanc : elle a tout le dessus du corps varié de ces deux couleurs; le croupion et les couvertures supé- rieures de la queue, mêlés de blanc sale et de noi- râtre; le dessus de la tête, d'un blanc roussâtre en- touré de noir; la gorge, le devant du cou, et la poitrine, du môme blanc, qui s étend encore en ar- rière, et va former un dejni-collier sur la face posté- rieure du cou. Le ventre n'a point de teinte de roux; le bec est rouge, et les pieds sont gris. Cette espèce subit une double mue chaque année, comme l'espèce précédente; dans l'intervalle des deux mues, le mâle n'a point sa longue queue, et son blanc est plus sale. La femelle n'a jamais à la queue ces longues plumes qu'a le mâle, et la couleur de son plumage en tout temps est un brun presque uniforme. Longueur jusqu'au bout de la queue, six pouces un quart; jusqu'au bout des ongles, quatre pouces; bec, quatre lignes et demie; pied, sept lignes; doigt du milieu, sept lignes et demie; vol, sept pouces et demi : les pennes du milieu de la queue excèdent d'environ deux pouces im quart les latérales qui sont étagées, et elles dépassent les ailes de trois pouces un quart. LA GRANDE VEUVE. 1 ;),) LA GRANDE VEUVE*. Emberlza vidua. L. Le deuil de cette veuve est un peu égayé parla belle couleur rouge de son bec; par une teinte de vert bleuâ- tre répandue sur tout ce qui est noir, c'est-à-dire sur toute la surface supérieure; par deux bandes trans- versales, Tune blanche et l'autre jaunâtri», dont ses ailes sont ornées; enfin par la couleur blanchâtre de la partie inférieure du corps et des pennes latérales de la queue. Les quatre longues plumes qui prennent naissance au dessus de la queue véritable sont noires^ , ainsi que les pennes des ailes; elles ont neuf pouces de longueur, et sont fort étroites. Aldrovande ajoute que cet oiseau a les pieds variés de noir et de blanc , et les ongles noirs, très acérés et très crochus. i- Cet oiseau a beaucoup plus de rapport avec le brenoud de Gom- merson, quant au plumage, ([ue n'en a la petite veuve; mais il est plus grand : il pourroit se faire que le brenoud fût une grande veuve encore jeune. 2o Aldrovande dit j)ositivemenl que le mâle de celte espèce a une double queue comuîe le paon mfde, et que la plus longue passe sur la plus petite , qui lui sert de support. Je ne sais pourquoi M. Brisson pré- sente les quatre plumes de la queue supérietire comme les quatre pennes intermédiaires de la véritable queue. l54 l'A VEUVE A ÉPALLETTES. ♦.♦«*« 0*i*B4 LA VEUVE A EPAULETTES\ FringlUa longicaiida, Yieell. La couleur dominante dans le plumage de cet oi- seau , n" 655 , est un noir velouté ; il n'y a d'exception que dans les ailes : leurs petites couvertures sont d'un beau rouge, et les moyennes d'un blanc pur, ce qui forme à l'oiseau des espèces d'épaulettes ; les grandes, ainsi que les pennes des ailes , sont noires , bordées d'une couleur plus claire. Cette veuve se trouve au cap de Bonne-Espérance. Elle a une double queue comme toutes les autres : l'inférieure est composée de douze pennes à peu près égales; la supérieure en a six qui sont de différentes longueurs; les plus longues ont treize pouces; toutes ont leur plan perpendiculaire k l'horizon. Longueur totale, dix-neuf à vingt pouces; le bec, huit à neuf lignes; pieds, treize lignes; queue, treize pouces. LA VEUVE MOUCHETÉE. Emberiza principalis. L. Toute la partie supérieure est en effet mouchetée de noir sur un fond orangé; les pennes de l'aile et ses gi-andes couvertures sont noires, bordées d'orangé; 1. C/est une espèce nouvelle qui n'a poini encore élédécrile. LA VEUVE MOUCHETÉE. 1 55 la poitrine est d'uQ orangé plus clair, sans mouche- tures; les petites couvertures de l'aile sont blanches et y forment une large bande transversale de cette cou- leur, qui est la couleur dominante sur toute la partie intérieure du corps; le bec est d'un rouge vif, et les pieds sont couleur de chair. Les quatre longues plumes qu'a cet oiseau sont d'un noir foncé : elles ne font point partie de la vraie queue , comme on pourroit le croire ; mais elles for- ment une espèce de fausse queue qui passe sur la première. Ces longues plumes tombent à la mue, et reviennent fort vite; ce qui est dans l'ordre commun pour le grand nombre des oiseaux, mais ce qui est une singularité chez les veuves. Lorsque ces plumes ont toute ler.r longueur, les deux du milieu dépassent la queue inférieure de cinq pouces et demi, les deux autres ont un pouce de moins. Les pennes de la queue inférieure, qui est la véritable, sont d'un brun ob- scur ; les latérales sont bordées en dehors d'une cou- leur plus claire, et marquées sur leur côté intérieur d'une tache blanche. Cette veuve est de la grosseur de la dominicaine; elle a le bec d'un rouge vif, plus court que celui du moineau , et les pieds couleur de chair. »99.@>»S>e<@^«s<@iS<@'3>^«<@-s«>»@-S'^ie:s<@.a^g^ LA VEUVE EN FEU. Fringilla Panayensis. Vieill. Tout est noir dans cet oiseau, et d'un beau noir velouté, à l'exception de la seule plaque rouge q^'il l56 LA VEUVE EN TEL. a sur la poitrine, et qui paroît comme un charbon ar- dent. Il a quatre longues plumes, toutes égales entre elles, qui prennent naissance au dessous de la vraie queue , et la dépassent de plus du double de sa lon- gueur. Elles vont toujours en diminuant de largeur, en sorte qu'elles se terminent presque en pointe. Cette veuve, n" 647? ^^ trouve au cap de Bonne-Espérance et à l'île Panay, l'une des Philippines. Elle est de la grosseur de la veuve au collier d'or : sa longueur to- tale est de douze pouces. ?-»»a^e^a-»o^»»a-e^.8-s.»^^«a^«.»o»a-a.a.»9»9»o->6»<»»»a«»<»a»«»«'»8»a LA VEUVE ETEINTE. Emheriza psitt acea. L. Le brun cendré règne sur le plumage de cette veuve, à cela près qu'elle a la base du bec rouge, et les ailes couleur de chair mêlé de jaune ; elle a en outre deux pennes triples de la longueur du corps , lesquelles prennent naissance du croupion , et sont terminées de rouge bai. "»cig»8»i»»o«»a»a«'&«-i LE GRENADIN. Frlngilla Granatina. Gmel. Les Portugais , trouvant apparemment quelque rap- port entre le plumage du grenadin et l'uniforme de AD IN. 2. DE TAHIN.. 3. LE BEC D'ARGEl^T LE GUKNADIxX. 1 57 quelques uns de leurs régiments, ont nommé cet oi- seau capitaine de l'Orénoque. Il a le bec et le tour des yeux d'un rouge vif, les yeux noirs; sur les côtés de la tête une grande plaque de pourpre presque ronde, dont le centre est sur le bord postérieur de l'œi! , et qui est interrompue entre l'œil et le bec par une tache brune : l'œil, la gorge, et la queue sont noirs ^; les pennes des ailes gris brun, bordées de gris clair; la partie postérieure du corps, tant dessus que dessous, d'un violet bleu : tout le reste du plumage est mordoré ; mais sur le dos il est varié de bsun ver- datre, et cette même couleur mordorée borde exté- rieurement les couvertures des ailes : les pieds sont d'une couleur de chair obscure. Dans quelques indi- vidus, la base du bec supérieur est entourée d'une zone pourpre. Cet oiseau, n** 109, fig. 5, se trouve au Brésil; il a les mouvements vifs et le chant agréable : il a de plus le bec allongé de notre chardonneret 2, mais il en diffère par sa longue queue étagée. La femelle du grenadin est de même taille que son mâle : elle aie bec rouge, un peu de pourpre sous les yeux, la gorge et ledes:^ous du corps d'un fauve pâle, le sommet de la tête d'un fauve plus foncé , le dos gris brun, les ailes brunes, la queue noirâtre, les cou- vertures supérieures bleues comme dans le mâle, les couvertures inférieures et le br.s-ventre blanchâtres. Longueur totale, cinq pouces un quart; bec, cinq lignes; queue, deux pouces et demi, composée 1. Dans quelques individus la gorge est d'un biuii verdâtre. •2. M. Edwards a trouvé la longueur du bec variable dans les diffc- icnls individus. l58 LE GRENADIN. de douze pennes étagées : les plus longues dépassent les plus courtes de dix-sept lignes, et l'extrémité des ailes de deux pouces; tarse, sept lignes; l'ongle pos- térieur esît le plus fort de tous. Dans les ailes, les qua- trième et cinquième pennes sont les plus longues de toutes. LE VERDIER'. Loxla cliloris. L. Il ne faut pas confondre cet oiseau avec le bruant, quoiqu'il en porte le nom dans plusieurs provinces ^ : sans parler des autres différences, il n'a pas de tuber- cule osseux dans le palais, comme en a le bruant vé- ritable. Le verdier, n^'sô^, fig. 2, passe l'hiver dans les bois; il se met à l'abri des intempéries de la mauvaise sai- son sur les arbres toujours verts, et même sur les charmes et les chênes touffus, qui conservent encore leurs feuilles quoique desséchées. Au printemps, i! fait son nid sur ces mêmes arbres, et quelquefois dans les buissons. Ce nid est plus grand et presque aussi bien fait que celui du pinson : il est composé d'herbe sèche et de mousse en dehors; de i. Verdale, verdauge, verdat , verdelat , verdrin , vredin, vcrdrie, en diiîéreiiles provinces. 2. Celle erreur de nom est fort ancien ni' , et remonte jusqu'aux tra- ducteurs d'Arislote. crin, de laine, et de plumes en dedans. Quelquefois il l'établit dans les gerçures des branches, lesquelles oerciires il sait agrandir avec son bec; il sait aussi pratiquer tout autour un petit magasin pour les pro- visions ^. La femelle pond cinq ou six œufs, tachetés, au gros bout , de rouge brun sur un fond blanc verdâtre : elle couve avec beaucoup d'assiduité, et elle se lient sur les œufs quoiqu'on en approche d'assez près, en sorte qu'on la prend souvent avec les petits ; dans tout autre cas, elle est très défiante. Le mâle paroît pren- dre beaucoup d'intérêt à tout ce qui regarde la fa- mille future : il se tient sur les œufs alternalivement avec la femelle , et souvent on le voit se jouer autour tîe l'arbre où est le nid, décrire en voltigeant plu- sieurs cercles, dont ce nid est le centre, s'élever par petits bonds, puis retomber comme sur lui-même, en battant des ailes avec des mouvements et un ra- mage fort gais ^. Lorsqu'il arrive ou qu'il s'en retourne, c'est-à-dire au temps de ses deux passages , il fait en- tendre un cri fort singulier, composé de deux sons, et qui a pu lui faire donner en allemand plusieurs noms, dont la racine commune signifie une sonnette : on prétend, au reste, que le chant de cet oiseau se per- fectionne dans les métis qui résultent de son union avec le serin. 1 . Nous tenons ces derniers faits , et quelques autres , de M. Guys , de Marseille. îî. On les garde en cage, parce qu'ils chantent plaisamment. (Be- lon , Nature des oiseaux , page 066. ) M. Guys ajoute que le ramage tic la femelle est encore plus intéressant que celui du mâle ; ce qui seroit très remarquable jiarmi les oiseaux. l6o LE VERDIE II. Les verdiers sont doux et faciles à apprivoiser : iis apprennent à prononcer quelques mots, et aucun autre oiseau ne se façonne plus aisément à la manœu- vre de la galère; ils s'accoutument à manger sur ie doigt, à revenir à la voix de leur maître, etc. Ils se mêlent, en automne, avec d'autres espèces, pour par- courir les campagnes. Pendant l'hiver, ils vivent de baies de genièvre ; ils pincent les boutons des arbres , entre autres ceux du marsaule : l'été, ils se nourris- sent de toutes sortes de graines, mais ils semblent préférer le chènevis; ils mangent aussi des chenilles, des fourmis, des sauterelles, elc. Le seul nom de verdler indique assez que le vert est la couleur dominante du plumage : mais ce n'est point un vert pur; il est ombré de gris brun sur la partie supérieure du corps et sur les flancs, et il est mêlé de jaune sur la gorge et la poitrine : le jaune domine sur le haut du ventre, les couvertures infé- rieures de la queue et des ailes, et sur le croupion; il borde la partie antérieure et les plus grandes pennes de l'aile, et encore les pennes latérales de la queue. Toutes ces pennes sont noirâtres, et la plupart bor- dées de blanc à l'intérieur : le bas-ventre est de cette dernière couleur, et les pieds d'un brun rougeâtre. La femelle a p-îus de brun : son ventre est presque entièrement blanc, et les couvertures inférieures de la queue sont mêlées de blanc , de brun, et de jaune. Le bec est couleur de chair, de forme conique, fait comme celui du gros-bec, mais plus petit : ses bords supérieurs sont légèrement échancrés près de la pointe, et reçoivent les bords du bec inféri^^in . qui sont un peu rentrants. L'oiseau pèse un pou [)ki.v PI 36 Tome ci2, r 1 ^^^^-^ M M 1^ V ^ nxgjaer scxlp 1 Xj-E ?APE_ 2 I,E VSRDrEE 5.1Ji^ CH.^KD03I1^,KE,T \.T. vi-iiDiEn. 161 dune once, et sa grosseur est à peu prrs celle de no- tre moineau franc. Longueur totale, cinq pouces et demi; bec, six lignes et demie; vol, neuf pouces; queue, vingt-trois lignes, un peu fourchue; elle dépasse les ailes de dix à onze lignes; pieds, sept lignes et demie; doigt du mi- lieu , neuf lignes. Ces oiseaux ont une vésicule du fiel, un gésier musculeux, doublé d'une membrane sans adhérence, et un jabot assez considérable. Quelques uns prétendent qu'il y a des verdiers de trois grandeurs différentes; mais cela n'est point constaté par des observations assez exactes, et il est vraisemblable que ces différences de taille ne sont qu'accidentelles, et dépendent de l'âge, de la nour- riture , du climat, ou d'autres circonstances du même genre. LE PAPE. Emberiza clris. L. Cet oiseau (n° iSg, fig. 2, le mâle) doit son nom aux couleurs de son plumage, et surtout à une espèce de camail d'un bleu violet, qui prend à la base du bec, s'étend jusqu'au dessous des yeux, couvre les parties supérieures et latérales de la tôte et du cou , et, dans quelques individus, revient sous la gorge : il a le devant du cou, tout le dessous du corps, et même les couvertures supérieures de la queue et le croupion , d'un beau rouge presque feu ; le dos varié de l62 LE PAPE. vert tendre et d'olivâtre obscur ^; les grandes pennes des aiîes et de la quene, d'un brun rougeâlre; les gran- des couvertures fies ailes, vertes; lespetites, d'un bleu violet comme le camail. Mais il faut plusieurs années à la nature pour former un si beau plumage : il n'est parfait qu'à la troisième. Les jeunes papes sont tous bruns la première année : dans la seconde, ils ont la tête d'un bleu vif, le reste du corps d'un bleu verdâ- tre, et les pennes des ailes et de la queue brunes, bordées de bleu verdâtre. Mais c'est surtout par la femelle ( n** 169, lig. 1 ) que cette espèce tient à celle du verdier : elle a le dessus du corps d'un vert terne, et tout le dessous d'un vert jaunâtre; les grandes pennes des ailes bru- nes, bordées finement de vert; les moyennes, ainsi que les pennes de la queue, mi-parties, dans leur longueur, de brun et de vert. Ces oiseaux nichent à la Caroline sur les orangers, et n'y restent point l'hiver. Ils ont cela de commun avec les veuves, qu'ils muent deux fois l'année, et que leurs mues avancent ou retardent , suivant les cir- constances : quelquefois ils prennent leur habit d'hi- ver dès la fin d'août ou le commencement de sep- tembre ; dans cet état, le dessous du corps devient jaunâtre, de rouge qu'il étoit. Ils se nourrissent, comme les veuves, avec le millet, Talpiste, la chi- corée... Mais ils sont plus délicats : cependant, une fois acclimatés, ils vivent jusqu'à huit ou dix ans : on les trouve à la Louisiane. Les Hollandois, à force de soins et de patience, i. L'individu décrit j)ar Calesby avoit le dos vert, termine de jaune (jiage 44). LE PAPE. l65 sont venus à bout de faire nicher les papes dans leur pays, comme ils y ont fait nicher les ben<^alis et les veuves; et l'on poarroit espérer, en imitant l'indus- trii' hoilandoise, de les faire nicher dans presque toutes les contrées de l'Europe. Ils sont un peu plus petiîs que notre moineau franc. Longueur totale, cinq pouces un tiers; vol, sept pouces deux tiers ; bec, six lignes; pieds, huit lignes; doigt du milieu, sept lignes; queue, deux pouces; elle dépasse les ailes de treize à quatorze lignes. Variété du Pape, Les oiseleurs connoissent, clans cette espèce, une variété distinguée par la couleur du dessous du corps, qui est jaunâtre Hl y a seulement une petite tache rouge sur la poitrine, laquelle s'efface dans la mue; alors tout le dessous du corps est blanchâtre, et le mâle ressemble fort à sa femelle. C'est probablement une variété de climat. LE TOUPET BLEU. Emberiza cyanopls. Gmel. En comparant cet oiseau avec le pape et ses varié- tés , on reconnoît entre eux des rapports si frappants, que, s'ils n'eussent pas été envoyés, comme on l'as- sure, ceux-ci de ia Louisiane, et l'autre de l'île de Java, on ne pourroit s'empêcher de regarder celui \6\ LK TOUPET BLEU. dont il s'agit dans cet article comme appartenant à la même espèce : on est même tenté de l'y rapporter, malgré cette différence prétendue de climat, vu la grande incertitude de la plupart des notes par les- quelles on a coutume d'indiquer le pays natal des oi- seaux. Il a la partie antérieure de la tête et la gorge d'un assez beau bleu; le devant du cou d'un bleu plus foible; le milieu du ventre, rouge; la poitrine, les flancs, le bas-ventre, les jambes, les couvertures in- férieures de la queue et des ailes , d'un beau roux ; le dessous de la tête et du cou, la partie antérieure du dos, et les couvertures supérieures des ailes, vertes ; le^bas du dos e? le croiipion , d'un roux éclatant; les couvertures supérieures de la queue, rouges ; les pen- nes de l'aile brunes, bordées de vert; celles de la queue de même, excepté les intermédiaires, qui sont bordées de rouge ; le bec couleur de plomb; les pieds gris : il est un peu plus petit que le friquet. Longueur totale, quatre pouces; bec, six lignes; pieds, six lignes et demie; doigt du milieu, sept li- gnes; vol , près de sept pouces; queue, treize lignes, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de six à sept lignes. LE PAREMENT BLEU. Emberiza viridis. Gmel. On ne peut parler de cet oiseau, ni le classer, que sur la foi d'Aldrovande, et cet écrivain n'en a parlé LE PAREMENT BLEU. 1 65 lui-ûiêiiie que d'après un portrait ea couleur, porté en Italie par des voyageurs japonois , qui en firent présent à M. le marquis Fachinelto. Tels sont les do- cuments sur lesquels se fonde ce que j'ai à dire du parement bleu. On verra facilement , en lisant la de- scription, pourquoi je lui ai donné ce nom. Il a toute la partie supérieure verte, toute l'infé- rieure blanche; les pennes de la queue et des ailes, bleues , à côles blanches ; le bec d'un brun verdâtre , et les pieds noirs Quoique cet oiseau soit un peu plus petit que notre verdier , et qu'il ait le bec et les pieds plus menus, Aldrovande étoit convaincu qu'Aristote lui-même n'auroit pu s'empêcher de le rapporter à ce genre. C'est ce qu'a fait M. Brisson, au défaut d'A- ristote, et nous n'avons aucune raison de ne point suivre l'avis de ce naturaliste. 3 o<8>9««t8>3*ee^ LE VERDINERE. Fringilla bicolor, Gmel. Excepté la tête, le cou, et la poitrine, qui sont noirs, tout le reste du plumage est vert; on diroit que c'est un verdier qui a mis un capuchon noir. Cet oi- seau est très commun dans les bois des îles de Bahama; il chante perché sur la cime des arbustes, et répète toujours le même air comme notre pinson : sa gros- seur est égale à celle du canari. Longueur totale, quatre pouces; bec, quatre lignes et demie; queue, dix-neuf lignes; elle dépasse les ailes de neuf à dix lignes. LK VKRDEKI^;. 167 LE VERDERIN. Loxla. Domini.ceiuis. Gmel. Nous ap[)elons ainsi ce verdier, n" 34i » fig. '2^ parce qu'il a moins de vert que les précédents : il a aussi le bec plus court, le tour des yeux d'un blanc verdâtre ; toutes les plumes du dessus du corps, com- pris les pennes moyennes des ailes, leurs couvertures, et les pennes de la queue, d'un vert brun, bordée<^ d'une couleur plus claire j les grandes pennes des ai- les, noires; la gorge, et tout le dessous du corps jus- qu'aux jambes, d'un roux sombre moucheté de brun; le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue, d'un blanc assez pur. Cet oiseau se trouve à Saint-Do- LE VERDIER SANS VERT. Loxia Africana. Gmel. Îl n'y auroit sans doute jamais eu de \x.-dier, s'il n'y eût pas eu d'oiseau à plumage vert; mais, le pre- mier verdier ayant été nommé ainsi à cause de sa cou- leur, il s'est trouvé d'autres oiseaux qui, lui ressem- blant à tous égards, excepté par les couleurs du plumage, ont dû recevoir la même dénomination de )68 LE VEUDIER SANS VERT. vertlier : tel est Foiseau dont il s'agit ici. C'est un ver- dier presque sans aucun vert, mais qui, dans tout le reste, a plus de rapport avec notre verdier qu'avec tout autre oiseau. 11 a la gorge blanche , le dessous du corps de la même couleur; la poitrine variée de brun; le dessus de la tête et du corps mêlé de gris et de brun verdâtre; une teinte de roux au bas du dos et sur les couvertures supérieures de la queue ; les couvertures supérieures des ailes d'un roux décidé; les pennes moyennes bordées ex:;érieurement de cette couleur; les grandes pennes et les grandes couver- tures bordées de blanc roussâtre , ainsi que les pennes latérales de la queue; enfin la plus extérieure de ces dernières est terminée par une tache de ce même blanc, et elle est plus courte que les autres. Parmi les pennes de l'aile, la seconde et la troisième sont les plus longues de toutes. Cet oiseau a été apporté du cap de Bonne-Espé-- rance par M. Sonnerat. Longueur totale, six pouces un tiers; bec, six li- gnes; tarse, sept lignes; queue, environ deux pouces et demi; elle dépasse les ailes de seize lignes, LE CHARDONNERET. Fringilia carduelis. L. Beauté du plumage , douceur de la voix, finesse de l'instinct, adresse singulière, docilité à l'épreuve, ce charmant petit oiseau réunit tout, et il ne lui manque LE CHAllDONNERET. 1 69 que d'être rare et de venir d'un pays éloigné, pour être estimé ce qu'il vaut. Le rouge cramoisi , le noir velouté , le blanc , le jaune doré, sont les principales couleurs qu'on voit briller sur son plumage, et le mélange bien entendu de teintes plus douces ou plus sombres leur donne encore plus d'éclat; tous les yeux en ont été frappés également, et plusieurs des noms qu'il porte en dif- lérentes langues sont relatiis à ses belles couleurs. Les noms de ckrysomltrès, d'aurivittlsj de gold-finckj, n'ont- ils pas en effet un rapport évident à la plaque jaune dont ses ailes sont décorées; celui de rotli-vogel au rouge de sa tête et de sa gorge; ceux d'asteres^ d'as- trolinuSj à i'éclat de ses diverses couleurs ; er ceux de poikiliSj, de varUij, à l'effet qui résulte de leur variété? Lorsque ses ailes sont dans leur état de repos, cha- cune présente une suite de points blancs, d'autant plus apparents qu'ils se trouvent sur un fond noir; ce sont autant de petites taches blanches qui terminent toutes les pennes de l'aile, excepté les deux ou trois premières. Les pennes de la queue sont d'un noir en- core plus foncé , les six intermédiaires sont terminées de blanc, et les deux dernières ont de chaque côté, sur leurs barbes intérieures, une tacrie blanche ovale très remarquable. Au reste, tous ces points bîancs ne sont pas toujours en même nombre, ni distribués de la même manière^, et il faut avouer qu'en général le plumage des chardonnerets est fort variable. 1. Les cliaidonnerets qui oal les six peiiues iateiiiiédiaires L' CTÏAP.DONNLRET. La même altération de couleur a eu lieu, dans les mêmes circonstances, sur un chardonneret que l'on nourrissoit en cage dans la ville que j'habite; il étoit noir sans exception. Celui de j\I. Brissori avoit quatre pennes de l'aile, depuis la quatrième à la septième inclusivement, bor- dées d'une belle couleur soufre au dehors, etde blanc à l'intérieur, ainsi que les moyennes, une de ces der- nières terminée de blanc; enfin le bec, les pieds, et les ongles , blanchâtres. Mais la description la plus exacte ne représente qu'un moment de l'individu , et son histoire la plus complète qu'un moment de l'es- pèce; c'est à l'histoire générale à représenter, autant qu'il est possible, la suite et l'enchaînement des dif- férents états par où passent et les individus et les es- pèces. Il y a actuellement à Beanne deux chardonnerets noirs, sur lesquels je me suis procuré quelques éclair- cissements : ce sont deux mâles : l'un a quatre ans, l'autre est plus âgé : ils ont l'un et l'autre essuyé trois mues, et ont recouvré trois fois leurs couleurs, qui étoient très belles; c'est à la quatrième mue qu'ils sont devenus d'un beau noir lustré sans mélange. Ils conservent cette nouvelle couleur depuis huit mois : mais il paroît qu'elle n'est pas plus fixe que la pre- mière; car on commence à apercevoir (ab mars) du gris sur le ventre de l'un de ces oiseaux, du rouge sur sa tête , du roux sur son dos, du jaune sur les pennes de ses ailes ^, du blanc à leurs extrémités et sur le bec. 11 seroit curieux de rechercher l'influence que peu- 1. Les première , seconrîe , cinquième, sixième, septième, et oii- zlèuK" (le limr vies ailes, et (|iieîques unes des autres. VARIÉTÉS DU Cil ARDOiXNEUliT. 1 85 vent avoir dans ces cliangemeals de couleurs ia nour- riture , l'air, la température, etc. On sait que le chardonneret électri^é par M. Klein avoit entièrement perdu , six mois après, non seulement le rouge de sa iête , mais ia belle plaque citrine de ses ailes. VIII. Le Chardonneret noir à tête orangée. Aldrovande trouvoit cet oiseau si différent du char- donneret ordinaire , qu'il le regardoit non comme étant de la même espèce, mais seulement du même genre. Il étoit plus gros que le chardonneret, et aussi gros que le pinson ; ses yeux étoient plus grands à proportion : il avcit ie dessus du corps noirâtre, la tête de même couleur, excepté que sa partie anté- rieure, près du bec, étoit entourée d'une zone d'un orangé vif; la poitrine et les couvertures supérieures des ailes d'un noir vei'dâtrc ; le bord extérieur des pennes des ailes de même, avec une bande d'un jaune foible, et non d'un beau citron comme dans le char- donneret; le reste des pennes noir, varié de blanc; celles de la queue noires, ia plus extérieure bordée de blanc à l'intérieur ; le ventre d'un cendié brun. Ce n'est point ici une altération de couleur pro- duite par l'état de captivité; l'oiseau avoit été pris dans les environs de Iv^^rrare, et envoyé à Aldrovande. IX. Le Chardonneret métis. Oii a VU beaucoup de ces métis; il seroit intini et encore plus iiuitiie d'en donner ici toutes les descrip- l86 VARIÉTÉS DU CHARDONNERET. tions. Ce qu'on peut dire en général, c'est qii'iis res- semblent plus au père par les extrémités, et à la nière par le reste du corps, comme cela a lieu dans les mu- lets des quadrupèdes. Ce n'est pas que je regarde ab- solument ces métis comme devrais mulets : les mulets viennent de deux espèces différentes, quoique voisi- nes, et sont presque toujours stériles, au lieu que les métis résultant de l'accouplement de deux espèces granivores, telles que les serins, chardonnerets, ver- diers, tarins, bruants, linottes, sont féconds, et se reproduisent assez facilement, comme on le voit !ous les jours. Il pourroit donc se faire que ce qu'on ap- pelle différentes espèces parmi les granivores ne fus- sent en effet que des races diverses, appartenant à la même espèce, et que leurs mélanges ne fussent réel- lement que des croisements de races, dont le produit est perfectionné, comme il arrive ordinairement. On remarque en effet que les métis sont plus grands, plus forts, qu'ils ont la voix plus sonore, etc. : njais ce ne sont ici que des vues; pour conclure quelque chose , il faudroit que des amateurs s'occupassent de ces ex- périences, et les suivissent jusqu'où elles peuvent aller. Ce que l'on peut prédire, c'est que plus on s'occupera des oiseaux, de leur multiplication, du mélange ou plutôt du croisement des races diverses, plus on multipliera les prétendues espèces. On com- mence déjà à trouver dans les campagnes des oiseaux qui ne ressenibient à aucune des espèces connues. J'en donnerai un exemple à l'article du tarin. Le métis d'Albin provenoil d'un mâle chardonne- ret élevé à la brochette, et d'une femelle canari : il avoit la tête , le dos, et les ailes du chardonneret. VARIÉTÉS DU CUARDONNEllET. 1 87 mais d'une teinte plus foible ; le dessous du corps et les pennes de la queue, jaunes, celles-ci terminées de blanc. J'en ai vu qui avoient la tête et la gorge orangées; il sembloit que le rouge du mâle se fût mêlé, fondu avec le jaune de la femelle. LE CHARDONNERET A QUATRE RAIES. FrlnglUa Lulensis. Gmel. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cet oiseau-, ce sont ses ailes dont la base est rousse , et qui orit outre cela quatre raies transversales de diverses cou- leurs dans cet ordre, noir, roux, noir, blanc; la tête et tout le dessus du corps, jusqu'au bout de la queue, sont d'un cendré obscur; les pennes des ailes sont noirâtres , la poitrine rousse , la gorge blanche , k ventre blanchâtre , et le bec brun. Ce chardonneret se trouve dans les contrées qui sont à l'ouest du golfe de Bothnie, aux environs de Luihea. 1 88 L E C H A l\ D O i\ N E l\ E T V L K ( . OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AU CHARDONNERET. 1. LE CHARDONNERET VERT, OL LE xViAUACAXAO. Fringilla Melba. L. . M. Edwards, qui Je premier a observé et décrit cet oiseau, donne la figure du mâle dessinée d'après le vivant, pi. ccLxxii ; et ceile de la femelle dessinée d'après le mort, pi. cxxviii. De plus, il nous apprend, dans une addition qu'il a mise à la tête de son premier volume, que c'est un oiseau du Brésil. Ce maie a le bec, la gorge, et la partie antérieure de la tête, d'un rouge plus ou moins vif, excepté un petit espace eatre le bec et l'œil qui est bleuâtre; le derrière de la tête , du cou , et le dos , d'un vert jau- nâtre ; les couvertures supérieures des ailes et les pennes moyennes verdâtres, bordées de rouge ; les grandes pennes presque noires ; ia queue et ses cou- vertures supérieures d'un rouge vif; les couvertures inférieures d'un gris cendré ; tout le dessous du corps rayé transversalement de brun , sur un fond qui est vert d'olive à la poitrine . et qui va toujours s'éclair- cissant. jusqu'à devenir tout-à-fait blanc sous le ven- LE CH AIIDONNEIIET VERT. l S(} tre. Cet oiseau est de la grosseur de nos chardonne- rets; il a le bec fait de même et les pieds gris. La femelle diffère du mâle en ce qu elle a le bec dun jaune clair; le dessus de la tête et du cou cen- dré; la base des ailes et le croupion d'un vert jaunâ- tre, comme le dos, sans aucune teinte de rouge; les pennes de la queue brunes, bordées en dehors d'un rouge vineux; les couvertures inférieures blanches et les pieds couleur de chair. II. LE CHARDONNERET JAUNE. Fringillu Iristis. Gmel. Tous ceux qui ont parlé de cet oiseau, n** 202^ fig. 2 , se sont accordés à lui donner le nom de char- donneret d'Amérique : mais, pour que cette déiiomi- iiation fut bonne , il faudroit que l'oiseau à qui on l'a appliquée fût le seul chardonneret qui existât dans tovut le continent du Nouveau-Monde; et non seule- ment cela est difficile à supposer, mais cela est dé- menti par ie fait même, puisque le chardonneret de l'article précédent est aussi d'Amérique. J'ai donc cru devoir changer cette dénomination trop vague en une autre qui annonçât ce qu'il y a de plus remar- quable dans le plumage de l'oiseau. Le chardonneret jaune a le bec à très peu près de même forme et de même couleur que notre chardonneret; le front noir, ce qui est propre au mâle ; le reste de la tête, le cou , le dos, et la poitrine , d'un jaune éclatant; les cuisses, le bas- ventre, les couvertures supérieures el infé- igO LE CHARDONNERET JAUNE. rieures de la queue, d'un blanc jaunâtre; les petites couvertures des ailes jaunes à l'extérieur, blanchâtres à l'intérieur, et terminées de blanc: les ujrandes cou- vertures noires , et terminées d'un blanc légèrement nuancé de brun , ce qui forme deux raies transversa- les bien marquées sur les ailes, qui sont noires; les pennes moyennes terminées de blanc ; celles qui avoi- sinent le dos, et leurs couvertures, bordées de jaune ; les pennes de la queue, au nombre de douze , égales entre elles, noires dessus, cendrées dessous; les laté- rales blanches à l'intérieur vers le bout; le bec et les pieds couleur de chair. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle n'a pas le front noii-, tuais d'un vert olive, ainsi que tout le dessus du corps, et en ce que le jar.ne du croupion et du dessus du corps est moins brillant, le noir des ailes moins foncé, et au contraire les raies transver- sales moins claires; enfin, en ce qu'elle a le ventre tout blanc , ainsi que les couvertures inférieures de la queue» Le jeune mâle ne diffère de la femelle que par son front noir. La femelle observée par M. Edwards étoit seule dans sa cage, et cependant elle pondit, au mois d'août 1755, un petit œuf gris de perle, sans aucune tache : mais ce qui mérite plus d'attention, c'est que M. Edwards ajoute que constamment cette femelle a mué deux fois par an ; savoir, aux mois de mars et de septembre. Pendant l'hiver, son corps étoit tout-à- fait brun ; mais la tête , les ailes, et la queue conser- voient la même couleur qu'en été. J^e mâle étant mort trop lot, on n'a pu suivre cette observation sur LE CHARDONNERET JAUNE. IQl lui; mais il est plus que vraiseûiblable qu'il aiiroit mué deux fois comme sa femelle 5 et coaime les ben- galis, les veuves, le ministre, et beaucoup d'autres espèces des pays cbauds. L'individu observé par M. Brisson avoit le ventre, les flancs, les couvertures inférieures de la queue et des ailes, du même jaune que le reste du corps; les couvertures supérieures de la queue d'un gris blanc; le bec, les pieds, et les ongles blancs : mais la plu- part de ces diflerences peuvent venir des différents états où l'oiseau a été observé. M. Edwards l'a dessiné vivant; il paroît aussi qu'il étoit plus grand que celui de M. Brisson. Catesby noiïs apprend qu'il est fort rare à la Caro- line, moins à la Virginie, et très commun à la Nou- velle-York; celui qui est représenté dans les plan- ches enluminées venoit du Canada, où le P. Cliarlevoix a vu plus d'un individu de la même espèce. Longueur totale, quatre pouces un tiers; bec, cinq à six lignes; tarse, de même; vol, sept pouces un quart; queue, dix-huit lignes, composée de douze pennes égales; elle dépasse les ailes de six lignes. «>e^*'*«.&*««i8>«***0*»-§-& oye/ Scliwenckt'eid, {>. 5/|.V 1.E SIZEUIN. 190 sent dans les lieux plantés d'aune, et Schwenckfeld îTiet la graine d'aune parmi celles dont ils sont friands; or on sait que les tarins aiment beaucoup la graine de cet arbre 5 ce qui est un nouveau trait de confor- mité entre ces deux espèces : d'ailleurs les sizerins ne mangent point de navette comme la Rnotte , mais bien du chènevis, de la graine d'ortie grièche , de chardon, de lin, de pavot, les boutons des jeunes branches de chêne, etc. Ils se mêlent volontiers aux autres oiseaux. L'hiver est la saison où ils sont le plus familiers, on les approche alors de très près sans les eflfaroncher^ ; en général, ils sont peu défiants et se prennent facilement aux gluaux. Le sizerin, n° i5i, fig. s, fréquente les bois; il se lient souvent sur les chênes, y grimpe comme les mésanges, et s'accroche comme elles à l'extrémité des petites branches : c'est de là que lui est venu probablement le nom de Unaria trancalis ^ et peut- être celui de petit-chêne. Les sizerins prennent beaucoup de graisse, et sont un fort bon manger. Schwenckfeld dit qu'ils ont un jabot cbmme les poules, indépendamment de la pe- tite poche formée par la dilatation de l'œsophage^ avant son insertion dans le gésier; ce gésier est mus- culeux comme dans tous les granivores, et l'on y trouve beaucoup de petits cailloux. Le mfde a la poitrine et le sommet de la tête rou- içes, deux raies blanches transversales sur les ailes, le reste de la tête et tout le dessus du corps mêlés de 1. Ces observations sont de M. Lottingcr. Schwenckfeld rapporte qu'où prit une quanlilé prodigieuse de size- rins au commencement de l'hiver de l'an 1602. 194 I-î-^ SIZERIX. brun et de roux clair; la gorge brune; le ventre et les couvertures inférieures de la queue et des ailes, d'un blanc roussâtre ; leurs pennes brunes bordées tout autour d'une couleur plus claire; le bec jau- nâtre, mais brun vers la pointe; les pieds bruns. Les individus observés par Schwenckfeld avoient le dos cendré. La femelle n'a du rouge que sur la tête, encore est-il moins vif. M. Linnaeus le lui refuse tout-à-fait; mais peut-être que la femelle qu'il a examinée avoit été long-temps en cage. Klein raconte qu'ayant électrisé au printemps un de ces oiseaux avec un chardonneret, sans leur cau- ser d'incommodité apparente, ils moururent tous deux au mois d'octobre suivant, et tous deux la même nuit : mais ce qui est à observer c'est que tous deux avoient entièrement perdu leur rouge. Longueur totale, cinq pouces et plus; vol, huit pouces et demi ; bec , cinq à six lignes ; queue , deux pouces un quart : elle est un peu fourchue, compo- sée de douze pennes, et elle dépasse les aiies de plus d'un pouce. LE TARIN\ Frlngilla splnm. L. De tous les granivores, le chardonneret est celui qui passe pour avoir le plus de rapport au tarin : tous 1. Lucre, eu Provence; en (Vancois, tarin, ferin , selon qnel([n(s lins, et ineme tir in. LE TARIN. \gj deux ont le bec allongé, un peu grêle vers la pointe; tous deux ont les mœurs douces, le naturel docile, ri les mouvements vifs. Quelques naturalistes, frap- r>lus facilement qu'aucun autre oiseau pris dans l'âge adulte; il ne faut pour cela que lui présenter habituellement dans les mains une nourri- ture mieux choisie que celle qu'il a à sa disposition, et bientôt il sera aussi apprivoisé que le serin le plus familier. On peut même l'accoutumer à venir se po- ser sur la main au bruit d'une sonnette : il ne s'agit que de la faire sonner dans les commencements , chaque fois qu'on lui donne à manger; car la méca- j. Les oiseleurs l'appellent vnlgaireiaenl honlc-entrain. LE TARIN. 197 nique subtile de l'association des perceptions a aussi lieu chez les animaux. Quoique le tarin semble choi- sir avec soin sa nourriture, il ne laisse pas de man- ger beaucoup, et les perceptions qui tiennent de la gourmandise paroissent avoir une grande influence . sur lui; cependant ce n'est point là sa passion domi- nante, ou du moins elle est subordonnée à une pas- sion plus noble : il se fait toujours un ami dans la volière parmi ceux de son espèce, et, à leur défaut, panni d'autres espèces; il se charge de nourrir cet ami comme son enfant, et de lui donner la becquée. Il est assez singulier que, sentant si vivement le be- soin de consommer, il sente encore plus vivement le besoin de donner. Au reste , il boit autant qu'il mange ^; ou du moins il boit très souvent; mais il se baigne peu : on a observé qu'il entre rarement dans l'eau, mais qu'il se met sur le bord de la baignoire , et qu'il y plonge seulement le bec et la poitrine sans faire beaucoup de mouvements^, excepté peut-être dans les grandes chaleurs. On prétend qu'il niche dans les îles du Pihin, en Franche-Comté, en Suisse, en Grèce, en Hongrie, et par préférence dams les forêts en montagne. Son nid est fort difficile à trouver, et si difficile, que c'est inie opinion reçue parmi le peuple , que ces petits oiseaux savent le rendre invisible par le moyen d'une certaine pierre : aussi personne ne nous a donné de détails sur la ponte des tarins. M. Frisch dit qu'ils font ou plutôt qu'ils cachent leur nid. dans des trous ; M. Cramer croit qu'ils le cachent dans les feuilles, 1. Aussi les oiseleurs en prennent-ils beaucoup à l'abreuvoir. 2. Observé par M. Danbenton le jeune. uLri-o:v. XXII. lô 19^ î^t^ TAKÎN. et que c'est la raison pourquoi on n'en trouve point : maison sent bien que cela n'est point applicable à la plupart de nos provinces; autrement il faudroit que les tarins eux-mêmes demeurassent aussi cachés tout l'été dans les mômes trous, puisqu'on n'y en voit ja- mais dans cette saison. Si l'on vouloit prendre une idée de leurs procédés dans les diverses opérations qui ont rapport à la mul- tiplication de l'espèce, il n'y auroit qu'à les faire ni- cher dans une chambre; cela est possible, quoiqu'on l'ait tenté plusieurs fois san5 succès : mais il est plus ordinaire et plus aisé de croiser cette race avec celle des serins; il y a une sympathie marquée entre ces deux races, au point que, si on lâche un tarin dans un endroit où il y ait des canaris en volière, il ira droit à eux, s'en approchera autant qu'il sera possible, et f[ue ceux-ci le rechercheront aussi avec empresse- ment; et si on lâche aussi dans la même chambre un maie et une femelle tarin avec un bon nombre de canaris, ces derniers, comme on l'a déjà remarqué, s'apparieront indifféremment entre eux et avec les ta- rins^, surtout avec la femelle, car le mâle reste quel- quefois vacimt. Lorsqu'un tarin s'est apparié avec une femelle ca- nari , il partage tous ses travaux avec beaucoup de zèle; il l'aide assidûment à porter les matériaux du nid et à les employer, et ne cesse de lui dégorger la nour- riture tandis qu'elle couve : mais, malgré toute cette 1. Le R. P. Bougot, de qui je tiens ces faits , a vu , cinq années de suite, une femelle taiin faite régulièrement trois pontes par an avec le même mâle canari . et les quatre années suivantes , faire deux pont«3 par an av«»r un autre mâle, le premier étant mort. T.K TAU IN. l()r) bonne intelligence , il faut avouer que la pluparl des œufs restent clairs. Ce n'est point assez de l'union des cœurs pour opérer la fécondation , il faut de plus im certain accord dans les tempéraments, et à cet égard le tarin est fort au dessous de la femelle canari. Le peu de métis qui proviennent de leur union tien- nent du père et de la mère. En Allemagne, le passage des tarins commence en octobre , ou même plus tôt : ils mangent alors les graines du houblon , au grand préjudice des proprié- taires; on reconnoît les endroits où ils se sont arrêtés, à la quantité de feuilles dont la terre est jonchée. Ils disparoissent tout-à-fait au mois de décembre, et reviennent au mois de février : chez nous, ils arri- rivent au temps de la vendange et repassent lorsque les arbres sont en (leurs; ils aiment surtout la fleur du pommier. En Provence, ils quittent les bois et descendent des montagnes sur la fin de l'automne ; on en trouve alors des volées de deux cents et plus, qui se posent tous sur le même arbre, ou ne s'éloignent que très peu. Le passage, dure quinze ou vingt jours, après quoi on n'en voit presque plus. Le tarin de Provence diffère du nôtre en ce qu'il est un peu plus grand, et d'un plus beau jaune; c'est une petite variété du climat. Ces oiseaux ne sont point rares en Angleterre, comme le croyoit Turner^; on en voit, au temps du 1. Je dis cela sur la foi de Willughby , page 192. Cependant les au- teurs de la Zoologie britannU/ue avouent qu'ils n'ont jamais vu cet oi- seau dans leur pays; d'où l'on peut conclure légitimement que du moins il n'y est pas commun. '200 LE TARIN. passage, comme ailleurs : mais il eu passe quelque- fois un très grand nombre, et d'autres fois très peu. Les grands passages ont lieu tous les trois ou quatre ans : on en voit' alors des nuées que quelques uns ont cru apportées par le vent. Le ramage du tarin n'est point désagréable , quoi- que fort inférieur à celui du chardonneret, qu'il s'ap- proprie , dit-on, assez facilement; il s'approprieroit de même celui du serin , de la linotte , de la fau- vette, etc., s'il étoit à portée de les entendre dès le premier âge. Suivant Oîina , cet oiseau vit jusqu'à dix ans-; la femelle du R. P. Bougot, dont j'ai parlé ci-dessus, est parvenue à cet âge ; mais il faut toujours se sou- venir que les femelles d'oiseaux vivent plus que leurs mâles. Au reste, les tarins sont peu sujets aux mala- dies, si ce n'est à la gras-fondure , lorsqu'on ne les nourrit que de chènevis. Le mâle tari^ a le sommet de la tête noir, le reste du dessus du corps olivâtre , un peu varié de noirâ- tre ; le croupion teinté de jaune ; les petites couver- tures supérieures de la queue tout-à-fait jaunes; les grandes olivâtres, terminées de cendré; quelquefois la gorge brune, et même noire^; les joues, le devant du cou, la poitrine, et les couvertures inférieures de 1. Ceux qu'on lient à la galère vivent beaucoup moins. 'j. Tous les mâles adultes n'ont pa? la gorge noire ou brune; j'en ai tenu qui l'avoient du même jaune que la poitrine, et qui avoient d'ailleurs toutes les marques distinctives du mcâle. J'ai eu occasion de voir cette tache noire se former par degrés dans un individu pris au filet : elJc étoit d'abord de la grosseur d'un petit pois ; elle s'est étendue insensiblement jusqu'à six lignes de longueur et quatre lignes de lar- geur dans l'espace de dix-huit mois, et encore à présent ( 8 avril) elle LE TARIN. 20 i la queue , d'un beau jaune citron ; Je ventre blanc jaunâtre ; les flancs aussi , mais mouchetés de noir ; deux raies transversales olivâtres ou jaunes sur les ailes, dont les pennes sont noirâtres, bordées exté- rieurement de vert d'olive ; les pennes de la queue jaunes, excepté les deux intermédiaires, qui soni noirâtres, bordées de vert d'olive; toutes ont la côte noire ; le bec a la pointe brune, le reste est blanc , et les oieds sont grjs. La femelle n'a pas le dessus de la tête noir comme le. mâle ; mais un peu varié de gris, et elle n'a la gorge ni jaune, ni brune, ni noire , mais blanche. Longueur totale, quatre pouces trois quarts; bec , cinq lignes; vol, sept pouces deux tiers; queue, vingt-une lignes, un peu fourchue; elle dépasse les ailes de sept à huit lignes. f^"^arictes dans l'espèce du Tarin. I. On m'apporta l'année passée, au mois de septem- bre, un oiseau pris au trébuchet, lequel ne pouvoit être qu'un métis de tarin et de canari; car il avoit le bec de celui-ci, et à peu près les couleurs du pre- mier : il s'étoit sans doute échappé de quelque vo- lière. Je n'ai point eu occasion de l'entendre chanter, ni d'en tirer de la race, parce qu'il est mort au mois de mars suivant ; mais M. Guys m'assure en général que le ramage de ces métis est très varié et très agréa- ble. Le dessus du corps étoit mêlé de gris, de brun , semble continuer do croître et de s'étendre. Ce tarin m'a paru plus gros que les autres, ri sa poitrine d'un plus beau jaune. '20'2 VARIl^.TKS Dî TARIN. et d un peu de jaune olivâtre : cette dernière couleur dominoit derrière le cou , et étoit presque pure sur le croupion , le devant du cou , et la poitrine jusqu'aux jaiubes ; enfin elle bordoit toutes les pennes de la queue et des ailes, dont le fond étoit noirâtre, et presque toutes les couvertures supérieures des pen- nes des ailes. Longueur totale , quatre pouces un quart ; bec , trois lignes et demie; vol , sept pouces et demi; queue, vingt-deux lignes; un peu fourchue, dépassant les ailes de neuf lignes; l'ongle postérieur étoit le plus long de tous... ; l'œsophage, deux pouces trois lignes , di- laté en forme de petite poche avant son insertion dans le gésier, qui étoit musculeux , et doublé d'une membrane cartilagineuse sans adhérence ; tube in- iestinal, ,*^pt pouces un quart; une petite vésicule de fiel; point de cœcum. H. he Tarin de la I^ouvelle-J: ovk , n° 27'i , ilg. i. il sutïit de comparer cet oiseau avec le tarin d'Eu- rope pour voir que ce n'est qu'une variété de climat : i! est un peu plus gros, et a le bec un peu plus court que le nôtre ; il a la calotte noire ; le jaune de la gorge et de la poitrine remonte derrière le cou, et forme une espèce de collier ; cette même couleur borde la plupart des plumes du haut du dos, et reparoît en- core au bas du dos et sur le croupion ; les couvertu- res supérieures de la queue sont blanches ; les pennes de la queue et des ailes sont d'un beau noir, bordées et terminées de blanc; tout le dessous du corps est VARIÉTÉS D\^ TARIN. 20.) d'un blanc sale. Comme les tarins sont des oiseaux voyageurs, et qu'ils ont le vol très élevé, il peut se faire qu'ils aient franchi les mers qui séparent les deux continents du côté du nord : il est possible aussi qu'on ait porté dans l'Amérique septentrionale des tarins d'Europe, et qu'en s'y perpétuant ils aient éprouvé quelques changements dans leur plumage. ' III. L'Otivarez. Le dessus du corps olivâtre; le dessous citron; l;i tête noire ; les pennes de la queue et des ailes, noi- râtres, bordées plus ou moins de jaune clair; les ailes marquées d'une raie jaune : tout cela ressemble fort à notre tarin et à celui de la Nouvelle-York; il est de la môme grosseur et modelé sur les mêmes pro- portions; on ne peut s'empêcher de croire que c'est le même oiseau qui, s'étant répandu depuis peu de temps dans ces différents climats, n'en a pas encore subi toute l'influence. La feiuelle a le sommet de la tête d'un gris brun, et les joues cilron , ainsi que la gorge. C'est un oiseau qui chante très bien, et qui sur- passe à cet égard tous les oiseaux de l'Amérique mé- ridionale. On le trouve aux environs de Buenos-Ayres et du détroit de Magellan , dans les bois qui lui offrent un abri contre le froid et les grands vents. Celui qu'a vu M. Commerson s'étoit laissé prendre par le pied entre les deux valves d'une moule. Il avoit le bec et les pieds cendrés; la pupille bleuâtre ; le doigt du milieu uni par sa premièie [>]ui- 204 VARIÉTÉS DU TARIN. laiige au doigt extérieur ; le doigt postérieur le plus gros , et son ongle le plus long de tous : enfin il pesoit une once. Longueur totale, quatre pouces et demi; bec, cinq lignes; vol, huit pouces ; queue, vingt-deux li- gnes , peu fourchue , composée de douze pennes ; elle dépasse les ailes d'environ un pouce : ces ailes n'ont que seize pennes. IV. Le Tarin noir. Comme il y a des chardonnerets noirs à tête oran- gée, il y a aussi des tarins noirs à tête jaune. Schwenck- feld en a vu un de cette couleur dans la volière d'un gentilhomme de Silésie : tout son plumage étoit noir, à l'exception du sommet de la tête, qui étoit jaunâtre. OISEAUX ETRANGERS QUI OI\T RAPP0R1' AU TARIN. LE CATOÏOL. FringiUa Catotoi. Gmel. On appelle ainsi au Mexique un petit oiseau de la taille de notre tari^ , lequel a toute la partie supé- rieure variée de noirâtre et de fauve , toute la partie infér-ieure blanchâtre, et les pieds cendrés : il se tient dans les plaines, vit de la graine de l'arbre que les LE CATOTOL. 20 'O Mexicains appellent hoauhtii^ et chante fort agréa- blement. IL L'ACATÉCHILI^. Fring'dia Mexicana. Gmel. Le peu que l'on sait de cet oiseau ne permet pas de le séparer du tarin ï il est à peu près de la même gros- seur; il chante comme lui; il vit des mêmes nourritu- res ; il a la tête et tout le dessus du corps d'un brun verdâtre, la gorge et tout !e dessous du corps d'un blanc nuancé de jaune. Fernande* lui donne le nom d'oiseau se frottmit contre les roseaux : cela tiendroit- il à quelques unes de ses habitudes? LES TANGARAS. On trouve dans les climats chauds de l'Amérique un genre très nombreux d'oiseaux, dont quelques uns s'appellent au Brésil tangaras- ; et les nomenclateurs ont adopté ce nom pour toutes les espèces qui com- posent ce genre. Ces oiseaux ont été pris par la plu- part des voyageurs pour des espèces de moineaux. Ils ne diffèrent en effet de nos moineaux d'Europe que par les couleurs et par un petit caractère de confor- 1. J'ai formé ee nom de c(3lui à'acateclùchictll , que lui donnent les Mexicains, et qui est trop difficile à prononcer pour les Européens. '2. Marcgrave, Willugliby , etc. 2o6 LiiS TA A G ARAS. mation, c'est d'avoir la mandibule supérieure du bec ^echancrée des deux côtés vers son extrémité : mais ils ressemblent aux moineaux par tous les autres carac- tères, et môme ils en ont à très peu près les habitudes naturelles; comme eux ils n'ont qu'un vol court et peu élevé , la voix désagréable dans la plupart des espèces. On doit aussi les mettre au rang des oiseaux granivores, parce qu'ils ne se nourrissent que de très petits fruits. Ils sont d'ailleurs presque aussi familiers que les moineaux, car la plupart viennent auprès des habitations ; ils ont aussi les mœurs sociables entre eux. Ils habitent les terres sèches, les lieux décou- verts, et jamais les marais. Ils ne pondent que deux œufs, et rarement trois : les moineaux de Cayenne n'en pondent pas davantage, tandis que ceux d'Eu- rope en pondent cinq ou six, et cette différence est presque générale entre les oiseaux des climats chauds et ceux des climats tempérés. Le petit nombre dans le produit de chaque ponte est compensé par des pontes plus fréquentes; comme ils sont en amour dans tou- tes les saisons, parce que la température est toujours à très peu près la même, ils ne font à chaque ponte qu'un moindre nombre d'œufs que les oiseaux de nos climats , qui n'ont qu'une ou deux saisons d'amour. Le genre entier des tangaras, dont nous connois- sons déjà plus de trente espèces, sans y comprendre les variétés, paroît appartenir exclusivement au nou- veau continent; car toutes ces espèces nous sont ve- nues de la Guiane et des autres contrées de l'Améri- que, et pas une seu^enenous est arrivée de l'Afrique ou des Indes. Cette multitude d'espèces n'a néanmoin.*; rien de surprenant ; car nous avons observé qu'en gé- Pl.i5^ Tozne an 1 L£ GP.AI'TD TAIsTGAïlA— 2.I.EB0IJViŒlIEL BLED— 3 LE SIZEEUT LES TÀNGARAS. 207 lierai le nombre des espèces et des individus dans les oiseaux est peut-être dix fois plus grand dans les cli- mats chauds que dans les autres climats parce que la chaleur y est plus forte, les forets plus fréquentées, les terrains moins peuplés , les nourritures plus abon- dantes , et que les frimas, les neiges, et les glaces , qui sont inconnus dans cespays chauds, n'en font pé- rir aucun; au lieu qu'un seul hiver rigoureux réduit presque à rien la plupart des espèces de nos oiseaux. Une autre cause qui doit encore produire celte diffé- rence , c'est que les oiseaux des pays chauds, trouvant leur subsistance en toutes saisons , ne sont point voya- geurs; il n'y en a môme que très peu &' erratiques : il ne leur arrive jamais de changer de pays , à moins que les petits fruits dont ils se nourrissent ne viennent à manquer; ils vont alors en chercher d'autres à une assez petite distance : l'on doit donc cesser d'ê-tre étonné de cette nombreuse multitude d'oiseaux qui se trouvent dans les climats chauds de l'Amérique. Nous allons diviser nos trente espèces de tangaras en trois ordres pour éviter la confusion , et uojjs n'em- ploierons que la différence la plus simple, qui est celle de la grandeur. LE GRAND TANGARA. PREMiÈrvE ESPÈCE. Tanagra magna. L. Le grand tangara est représenté dans les planches euhnninées. n**2o5. sous le nom de tangara des bois 2oS LE GRAND TANGARA. de Cayenne ; dénomination que nous avions alors adoptée , parce qu'on nous avoit assuré qu'il ne sor- toit jamais des grands bois pour aller à la campagne : mais M. Soriini de Manoncourt nous a informés que ce tangara non seulement liabitoit les grandes forêts de la Guiane , mais que souvent aussi on le voyoit dans les endroits découverts, et qu'il se tenoit sur les buissons. Le mâle et la femelle , qui se ressemblent beaucoup , s'accompagnent ordinairement ; ils se nourrissent de petits fruits, et mangent aussi quel- quefois de petits insectes qu'ils trouvent sur les plantes. Nous n'en donnons point ici la description, parce que la planche enluminée représente cet oiseau de grandeur naturelle et fort exactement pour la distri- bution des couleurs. Au reste , ce srrand tangara est ime espèce nouvelle, et qui n'a été indiquée par au- cun naturaliste. LA HOUPPETTE. SECONDE ESPÈCE. Tanagra cristata. Cet oiseau n'est pas tout-à-fait si grand que le pré- cédent , quoique dans ce genre il soit un peu plus gros; nous l'avons appelé liouppette ^ parce qu'il dif- fère de tous les autres tangaras par une petite huppe qu'il porte sur la tête, ou plutôt qu'il relève lorsqu'il est agité. LA HOUPPJETTK. 20g On l'a représenté d'abord dans la planche enlu- minée, n" v^oi , fig. 2, sons le nom de tangara huppé de la Guiane^ et encore dans la planche n° 7, fig. 2, sous le nom de tangara huppé de Cayenne^ parce qu'on ne s'est point aperçu que c'ëtoit la même espèce d'oi- seau, dont l'un n'est qu'une variété de l'autre : en considérant donc ces deux planches comme représen- tant deux variétés d'âge ou de sexe, et en les com- parant, on ne doutera pas que ce ne soit la même espèce d'oiseau. Cet oiseau est fort commun dans les terres de la Guiane, où il vit de petits fruits; il a un cri aigu comme celui du pinson, sans cependant en avoir le chant. Il ne se tient ni dans les grands bois, ni dans les palétuviers, et on ne le trouve que dans les endroits découverts ou défrichés. s:@«ie«^(S^i( LE TANGAVIO. TROISIÈME ESPÈCE. Tanagra Bonariensis. Gmel. C'est à feu M. Commerson que nous devons la connoissance de cet oiseau , n** 7 1 o ; il s'en est trouvé une peau assez bien conservée dans son recueil : il l'avoit nommé bruant noir ; mais ce n'est certaine- ment pas un bruant, puisque, par tous les rapports de sa conformation, il ressemble parfaitement aux tan- garas. De plus, il s'en faut bien que cet oiseau soit !^10 LE TA IN G AV 10. noir : il csl au coQtraire d'un violet foncé sur le corps et même sur le ventre, avec quelques reflets verdâ- très sur les ailes et la queue ; et c'est pour celte raison que nous l'avons nommé tangavlo par contraction de tangara violet. Cet oiseau, mesuré depuis l'extrémité du bec jus- qu'à celle de la cjucue, a huit pouces de longueur; son bec est noirâtre et long de huit à neuf lignes ; sa queue, qui n'est point étagée, a trois pouces de lon- gueur, et dépasse les ailes de dix-huit lignes. Le tarse a environ un pouce de long; il est noirâtre , ainsi que les doigts : les ongles sont gros et forts. La femelle a la tête d'un noir luisant comme de l'acier poli ; tout le reste de son plumage est d'un brun uniforme. L'on voit cependant, sur le dessus du corps et sur le croupion, quelques teintes d'un noir luisant. Le tangavio se trouve à Buenos-Ayres, et probable- ment dans les autres terres du Paraguay; mais nous ne savons rien de ses habitudes naturelles. LE SCARLATTE. QUATRIÈME ESPÈCE. Tanagra Brasilia. Gmel. Cet oiseau est représenté dans les planches enlu- minées, n° 127, fig. 1 , sous le nom de tangara du Mexique^ appelé le cardinal; et comme le nom de LE SCAn«ATTÎL 9. \ \ îangara est lui nom générique, et que le surnom de eardinalRelé appliqué à des oiseaux d'un autre genre, nous avons adopté le nom de scarlatte que lui ont donné les Anglois , parce que son plumage est d'un rouge d'écarlate. C'est le même oiseau que le cardinal de M. Bris- son , et le même que le moineau scarlet d'Edwards, On doit aussi lui rapporter, 1** Les deux moineaux rouges et noirs d'Aldrovande, qui ne diiFèrent entre eux qu'en ce que l'un des deux n'avoit pas de queue , et qu'Aldrovande a fait de ce défaut un caractère spécilique en le nommant l'un molneaif. roupie sans queue ^ et l'autre moineau rouge à queue : cette erreur et ses descriptions ont été copiées par presque tous les ornithologues; 2" Le tijepiranga de Maregrave; 5" Le chilottoti de Fernandès ; 4"* Et enfin le merle du Brésil de Belon, qu'il a ainsi nommé , parce que ceux qui apportoient en France quelques uns de ces oiseaux les appeloient merles du Brésil. Aldrovande a encore copié Belon ; la seule différence essentielle que l'on trouve dans les notices données par ces auteurs ne porte que sur le chant de ces oiseaux: mais, après les avoir toutes examinées, nous avons reconnu que ceux des oiseaux qui chantent étoient d'une taille un peu plus grande que les autres; qu'ils avoient le plumage teint d'un rouge plus éclatant; que cette couleur se voyoit aussi sur les couvertures supérieures des ailes, etc. ; ce qui nous fait croire, avec beaucoup de vraisemblance, que l'oiseau qui chante est le mâle, et que c'est la femelle qui n'a point de ramage, comme cela arrive 212 LE SCARLATTE. dans presque toutes les espèces d'oiseaux chanteurs. Il paroît aussi que le mâle a les plumes de la tête plus longues, et qu'il les relève un peu en forme de huppe, comme Edwards Ta représenté. C'est ce qui a fait dire à quelques voyageurs qu'il y avoit au Mexique deux espèces de cardinaux, l'un qui a une huppe et qui chante assez bien, et l'autre plus petit qui ne chante pas. Ces^oiseaux appartiennent aux climats chauds du MexiqueVdu Pérou, et du Brésil; mais ils sont fort rares à la Guîane. Belon dit que de son temps les marchands qui venoient du Brésil apportoient beau- coup de ces oiseaux et en tiroient un grand profit. Il faut croire que c'étoil pour faire des garnitures de robes et d'autres parures qui pouvoient alors être à la mode, et que ces oiseaux étoient dans ce temps bien plus nombreux qu'ils ne le sont aujourd'hui. On doit présumer que c'est du scarlatte qu'il faut entendre ce que les voyageurs disent du ramage du cardinal; car le cardinal huppé _, étant du genre des gros-becs, doit être silencieux comme eux. M. Sa- lerne , après avoir dit, comme les voyageurs, que le cardinal huppé , c'est-à-dire celui du genre du gros- bec, avoit un très joli ramage, ajoute qu'il en a vu un vivant à Orléans qui ne crioit que rarement, et dont la voix n'avoit rien de gracieux; contradiction qui se trouve dans la même page de l'ouvrage de cet auteur. Les voyageurs s'accordent à dire que cet oi- seau a un ramage très agréable, et qu'il est même susceptible d'instruction. Fernandès assure qu'on le trouve particulièrement à Tonocapa au Mexique , et qu'il chante très agréablement. LE SGARLATTE. 2l5 Nous regardons comme des variétés de cette es^ pèce, i" le cardinal tacheté j, cité par M. Brisson, qui ne diffère de notre scarlatte qu'en ce que quelques plumes du dos et de la poitrine sont bordées de vert; ce qui forme des taches de cette couleur qui ont [a figure d'un croissant. Aldrovande a fait un merle de cet oiseau, et, comme ses jambes ne sont pas aussi allongées que celles du merle, il l'a appelé merle aux pieds courts. 2° Le cardinal à collier ^ cité par M. Brisson , qui a la taille et les couleurs du scarlatte, mais qui a de plus les petites couvertures et les bords des pennes des ailes bleus, et de chaque côté du cou deux gran- des taches de la même couleur; elles sont contiguës, et ont la forme d'un croissant. Mais cet auteur décrit le cardinal tacheté ainsi que le cardinal à collier d'a- près Aldrovande , qui , selon la remarque de Wil- lughby, n'avoit vu que des dessins de ces deux oi- seaux, non plus que des autres que nous avons cités de lui dans cet article; ce qui rend ses descriptions très imparfaites et l'existence de ces oiseaux assez douteuse : je n'aurois pas même fait mention de ce- lui-ci, si les nomencîateurs ne Ta voient pas compris dans leurs listes. 3" U oiseau mexicain ^ que Hernandès a indiqué par la phrase suivante, Avis Mexicana psittaci colore^ et que M. Brisson, d'après lui, a décrit comme s'il l'a- voit vu, sous le nom de cardinal du Mexique ; tandis que Hernandès dit seulement : « Haec avis statim in » rostro ( quod aduncum nonnihil et cineritium est » totum ) inferiore parte ad caudam usque, hoc est » in ventre toto, minii colore rubet : qui idem co- BIIFFOIV. XXII. l4 2l4 LE SCARL.4TTE. 0 ior sursiJiii per uropygium ad dorsujii porrigitur, » nisi qiiod alarum versus principium cum viiore » rubor confundilur, qui ad ipsum ita coilum pro- » tenditur, quod omnino virescit. Caput autem ame- » thystino aiit hyacintliîno colore diluitur. Girculus » qui pupillam ambit, valde albet ; orbila vero oculi » est ca3rulei saturati coloris. Ubi suum sumunt prin- » cipium alae, coior est snbluteus. Sequilur primus )) pennarum in alis ordo cum secundo et tertio dicti » hyacinthini coloris. In medio tamen hàrum penna- » ru m circumferentia intercurrit linearis subviridis » usque ad finem. Cauda tota est aniethystini coloris » absque viriditate, dilutioris tamen versus fineni. Pe- » des, qui très ante et unum rétro digitos liabent, » in ter cinereum ac violaceum ambigunt. » Au reste , ces oiseaux volent en troupes ; on les prend facilement avec des lacets et autres petits piè- ges ; ils s'apprivoisent aisément, et de plus ils sont gras et bons à manger. LE TANGARA DU CANADA. CINQUIÈME ESPÈCE. Tanagra rubra. G.mel. Cet oiseau diffère du scarlatte par la grandeur et par la couleur; il est plus petit, et son plumage est d'un rouge de feu clair, au lieu que celui du scarlatte est d'un rouge vif foncé coinme l'écarlate. Le bec du langara de Canada, n° i56, fig. i , est de couleur de T.l' TANGAllA DU CANADA. 2 1 5 plomb dans toute son étendue, et n'a point de ca- ractères particuliers, tandis que le bec du scarlalle est en dessus d'un noir foncé, et que la p ointe de !a mandibule inférieure est noire, le reste de cette man- dibule blanc, et qu'elle est élargie transversalement comme la base de la mandibule inférieure de l'oiseau appelé bec-d'argent. Les becs de ces oiseaux sont a-^ez mal représentés dans les figures des planches nluminées. Le scarîalte ne se trouve que dans les climats les pins chauds de l'Amérique méridionale , au Mexique, au Pérou, au Brésil; le tangara du Canada se trouve dans plusieurs contrées de l'ilmérique septentrionale, aux Illinois, à la Louisiane, à la Floride : ainsi l'on ne peut douter qu'ils ne fassent deux espèces dis- tinctes et séparées. Cet oiseau a été décrit exactement par M. Brisson. Il a très bien remarqué que la couleur rouge de son plumage est beaucoup plus claire que celle du scar- latte ; les couvertures supérieures des ailes et les deux pennes les plus proches du corps sont noires; toutes les autres pennes des ailes sont brunes et bor- dées intérieurement de blanc jusque vers leur ex- trémité ; la queue est composée de douze pennes noires, terminées par un petit bord d'un blanc très clair; les latérales sont un peu plus longues que celles du milieu, ce qui rend la queue un peu fotirchiH*. 2l6 LE ïan(;ara Di; mississipt. e4»<>««««° jû e tf<»i«»«»ai»6»a»9<»«»t>a«<»p LE TANGARA DU MISSISSIPI. SIXIÈME ESPÈCE. Tanagra Mississipensis. Gmel. Le tangara du Mississipi , ii° 74* ^ ^^^ ^^^ espèce nouvelle qui n'a été décrite par aucun naturaliste. Cet oiseau a beaucoup de rapports avec le tangara du Canada; seulement ce dernier oiseau a, comme le scarlatte , les ailes et la queue noires, tandis que le tangara du Mississipi les a de la même couleur que le reste du corps. Une différence plus essentielle est celle qui se trouve dans le bec ; celui du tangara du Mississipi est plus grand que le bec de tous les autres tangaras, et eu même temps beaucoup plus gros. Il y a de plus un caractère particulier qui indique assez évidemment que ce tangara du Mississipi est d'une espèce différente de celle du tangara de Canada; c'est que les deux mandibules du bec sont convexes et renflées, ce qui ne se trouve dans aucune autre es- pèce de tangara, et ne se voit même que très rare- ment dans tous les oiseaux. INous devons avertir que ce caractère n'a pas été saisi par nos dessinateurs, et que cet oiseau n'ayant pas été dessiné vivant, le bec n'a ni sa forme ni sa couleur dans la planche enlu- minée ; car, dans l'état de nature vivante, le bec n'est pas noir, mais d'un brun très clair et très lavé, et la convexité des deux mandibules, qui n'est pas exprimée dans la planche, est néanmoins un carac-* tère très remarquable. LE TANGARA DU MISSISSIPI. 217 Au reste, cet oiseau n'a pas un chant aussi agréa- ble que celui du sca^'latte ; mais il siffle d'un ton net, si haut, et si perçant, qu'il romproit la tête dans les maisons, et qu'il ne faut l'entendre qu'en pleine campagne ou dans les bois. « C'est en été , dit Du- pratz, qu'on entend fréquemment le ramage du car- dinal dans les bois, et l'hiver seulement sur les bords des rivières lorsqu'il a bu; dans cette saison, il ne sort point de son domicile, où il garde continuelle- ment la provision qu'il a faite pendant le beau temps. On y a trouvé en effet du grain de maïs amassé jusqu'à la quantité d'un boisseau de Paris : ce grain est d'abord artistement couvert de feuilles, puis de petites bran- ches ou bûchettes, et il n'y a qu'une seule ouverture par où l'oisc au puisse entrer dans son magasin. » LE GAMAIL, ou LA CRAVATE. SEPTIÈME ESPÈCE. Tanagra atra. Gmel. Cette espèce est nouvelle, et c'est M. Sonini de Manoncourt qui nous l'a donnée pour le Cabinet. Nous avons tiré son nom du caractère le plus appa- rent , son plumage étant d'une couleur uniforme cen- drée, un peu plus clair sous le ventre, à l'exception du devant et du derrière de la tête, de la gorge, et du haut de la poitrine, sur lesquelles parties s'étend une couleur noire en forme de cravate, ce qui lui a fait donner le nom ue tangara à cravate noire dans le^ 2i6 LE CAMAIL, OU LA CRAVATE. planches enluminées ; mais, comme cette bande noire lui passe aussi sur le front, nous avons cru devoir préférer le nom de cajnail _, qui présente mieux ce caractère frappant. Les ailes et la queue sont encore d'une couleur cendrée, plus foncée que celle du des- sus du corps ; les pennes des ailes sont bordées exté- rieurement d'un cendré moins foncé , et celles de la queue d'une couleur encore plus claire. Cet oiseau est le septième dans l'ordre de grandeur en ce genre; sa longueur totale est de sept pouces. Le bec a neuf lignes : la partie supérieure en est blanche à la base et noire au bout ; l'inférieure est entièrement noire. La queue est un peu étagée ; elle a trois pouces un quart de long, et dépasse les ailes pliées de deux pouces. La planche enluminée, n" 714? fig- 2, le repré- sente fidèlement : il a été trouvé à la Guiane dans les lieux découverts ; mais il est fort rare , et n'a été in- diqué par aucun auteur. LE MORDORE. HUITIÈME ESPÈCE. Tanagra atricapilla. Gmel. Cette espèce est encore nouvelle, et a été appor- tée , comme la précédente, par M. Sonini de Manon- court. Ses dimensions sont les mêmes que celles du précédent; sa longueur est de sept pouces; la tête, les ailes, et la queue, sont d'un beau noir lustré; le LE MORDOIIE. 219 resie du corps est d'une belle couleur mordorée, plus foncée sur le devant du cou et la poitrine , et c'est de ce caractère très apparent que nous avons tiré son nom. On l'a désigné dans les planches enluminées n"" 809, fig. 2, sous la dénomination de tangara jaune à tête noire. Ses pieds sont bruns; sa queue, qui est étagée, a trois pouces de long, et dépasse les ailes pliées de quinze lignes ; le bec est noir et a neuf lignes de long. Nous ne savons rien de ses habitudes naturelles ; il se trouve à la Guiane, où il est encore plus rare que le précédent. L'ONGLET. NEUVIÈME ESPÈCE. Tanagra striât cl Giaiel. Dans cet oiseau , chaque ongle a, sur chacune des faces latérales, une petite rainure concentrique au contour des bords de cette face, et c'est de ce carac- tère singulier que nous avons th^é son nom : il a été apporté par M. Commerson; et comme il ressemble pour tout le reste aux tangaras, il est plus que pro- bable qu'il vient de l'Amérique méridioîiale. La tête de cet oiseau est rayée de noir et de bleu ; la partie antérieure du dos est noirâtre, et la posté- rieure d'un orangé vif; les couvertures supérieures de la queue sont d'un brun olivâtre; les couvertures supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la 2i0 L ONGLET. queue, sont noires et bordées extérieurement de bleu ; tout le dessous du corps est jaune. Sa longueur totale est de près de sept pouces ; le bec a huit lignes de long, et il est échancré vers la pointe comme celui des tangaras ; le tarse a neuf li- gnes, ainsi que le doigt du milieu. M. Commerson ne nous a laissé aucune notice sur les habitudes naturelles de cet oiseau. LE TANGARA NOIR ET LE TANGARA ROUX. DIXIÈME ESPÈCE. Tanagra Jiigerrima, Gmel. On a cru que ces oiseaux étoient de deux espèces différentes : mais M. Sonini de Manoncourt nous ap- prend qu'ils ne font qu'une espèce, et que celui qui est représenté dans les planches enluminées, n° 1^9, fig. 2, est le mâle; et celui qui est représenté dans la planche enluminée , n" 711, sous le nom de tan- garoUj, est la femelle de ce tangara noir. Comme la femelle est entièrement rousse, et que le mâle seroit entièrement noir sans une tache blanche qui couvre le haut de chaque aile, ces oiseaux n'ont pas besoin d'une plus ample description. Ils sont communs à la Guiane dans les endroits découverts; ils mangent comme les autres de petits fruits et quelquefois aussi des insectes ; leur cri est aigu, et ils n'ont point LE TANGARA NOIR ET LE TANGARA ROUX. 22 1 de chant. Us vont toujours par paires, et jamais en troupes. )«>»»»»4^'«»«4 LE TURQUIN. ONZIÈME ESPÈCE. Tanagra Brasiliensis. Gmel. Nous avons donné à ce tangara Je nom de turquui^ n** 179, fig. I , parce qu'il a toutes les parties infé- rieures du corps , Je dessus de la tête , et les côtés du cou, d'un bleu turquin; le front, le dessus du corps, les ailes, et la queue, sont noirs; il y a quelques taches de cette couleur noire près des jambes , et une bande assez large au bas de la poitrine. L'oiseau décrit par M. Brisson sous le nom à.Q tan- gara bleu du Brésil paroît être le même, ou bien une légère variété de cette espèce, qui se trouve à la Guiane, quoique assez rarement. Nous ne connois- sons rien de ses habitudes naturelles. LE BEC-D'ARGENT. DOUZIÈME ESPÈCE. Tanagra Japaca. Gmel. Nos colons de Cayenne ont donné à cet oiseau le nom de bec-'d' argent, que nous avons adopté, parce 2S'2 LE BEC-D ARGENT. qu'il exprime un caraclère spécifique bien marqué, et qui consiste en ce que les bases de la mandibule inférieure du bec se prolongent jusque sous les yeux en s'arrondissant, et forment de chaque côté une plaque épaisse qui, lorsque l'oiseau est vivant, paroît être de l'argent le plus brillant ; cet éclat se ternit quand l'oiseau est mort. On a manqué ce caractère dans la représentation qu'on a faite de cet oiseau, planche enluminée, n° 128, fig. 1, sous la dénomi- nation de tangara pourpré : apparemment l'on n'a pas cru qu'il fût général dans tous les individus; il l'est néanmoins pour tous les mâles. La femelle re- présentée sur la même planche, fig. 2, est mieux à cet égard, parce que dans la nature son bec n'a qu'une légère trace presque insensible de ce renflement si apparent dans le mâle, et par conséquent elle n'a pas, comme lui, ces plaques de couleur argentée. Dans la planche 267 des Glanures d'Edwards, on voit une très bonne représentation de cet oiseau qu'il a donné sous le nom de merle à gorge rouge. Il s'est trompé , comme l'on voit, sur le genre de cet oiseau : mais il a très bien saisi le caractère singulier du renflement du bec; seulement la couleur argentée des plaques est beaucoup plus terne, parce qu'il n'a pas dessiné l'oiseau vivant, et que le brillant de ces parties s'étoit dissipé. La longueur totale de cet oiseau est de six pouces et demi, celle du bec est de neuf lignes, et il est noir sur sa partie supérieure; la tête, la gorge, et l'esto- mac, sont pourprés, et le reste du corps est noir avec quelques teintes de pourpre ; l'iris des yeux est brun. La femelle diffère du mâle non seulement par la couleur du bec , mais encore par celle du plumage; LE BEC-D ARGENT. 2'2C> le dessus de son corps est brun avec quelques teintes d'un pourpre obscur, et le dessous rougeâtre; la queue et les ailes sont brunes. Un autre caractère distintif du mâle, et qui n*a- voit pas encore été saisi, c'est une espèce de deini- collier autour de l'occiput, formé par de longs poils ou soies pourpres, qui débordent les plumes de près de trois lignes : c'est à M. Sonini de Manoncourt que nous devons cette nouvelle observation; nous lui devons aussi la connoissance des habitudes naturelles de cet oiseau et des autres tangaras de la Guiane. Le bec-d'argent est de tous les tangaras celui qui est le plus répandu dans l'ile de Cayenne et à la Guiane. 11 y a apparence qu'il se trouve dans plusieurs autres climats chauds de l'Amérique ; car Fernandès en parle comme d'un oiseau du Mexique vers les montagnes de Tepuzcullula. Tl se nourrit de petits fruits; il entame aussi les bananes, les goyaves, et autres gros fruits tendres lorsqu'ils sont en maturité, et ne mange point d'insectes. Ces oiseaux fréquen- tent les lieux découverts, et ne fuient pas le voisinage des habitations; on en voit jusque dans les jardins : cela n'empêche pas qu'ils ne soient assez communs dans les endroits déserts, et môme dans les clairiè- res des forêts; car dans les plus épaisses, lorsque les vents ont abattu un certain nombre d'arbres, et que' .le soleil peut éclairer cet abatis et assainir le terrain, on ne manque guère d'y trouver quelques becs-d'ar- gent qui ne vont cependant pas en troupes, mais toujours par paires. Leur nid est un cylindre un peu courbé qu'ils at- tachent entre les branches horizontalement, l'ouver- a2L\ LE bec-d'argent. ture en bas, de manière que, de quelque côté que vienne la pluie, elle ne peut y entrer; ce nid est long de plus de six pouces , et a quatre pouces et demi de largeur ; il est construit de paille et de feuil- les de balisier desséchées', et le fond du nid est bien garni intérieurement de morceaux plus larges des mêmes feuilles. C'est sur les arbres peu élevés que l'oiseau attache ce nid; la femelle y pond deux œufs elliptiques, blancs, et chargés au gros bout de petites taches d'un rouge léger, qui se perdent en appro- chant de l'autre extrémité. Quelques nomenclateurs ont donné à cet oiseau le nom de cardinal; mais c'est improprement, parce qu'il a été appliqué, par ces mêmes nomenclateurs, à plusieurs autres espèces. D'autres ont cru qu'il y avoit une variété assez apparente dans cette espèce. On voit dans le cabinet de M. Mauduit un oiseau dont tout le plumage est d'un rose pâle varié de gris; il nous a paru que cette diflerence n'est produite que par la mue, et que ce n'est point une variété dans l'espèce, qui, quoique très nombreuse en individus, nous paroît très constante dans tous ses caractères. L'ESCLAVE. TREIZIÈME ESPÈCE. Tanagra Domlnica, Gmel. Nous conserverons à cet oiseau le nom d'esclave^ qu'il porte à Saint-Domingue, selon M. Brisson , et l'esclave. 225 nous sommes surpris qu'ayant un nom qui semble te- nir à l'état de servitude ou de domesticité, on ne se soit point informé si on le nourrit en cage, et s'il n'est pas d'un naturel doux et familier, que ce nom paroît supposer. Mais ce nom vient peut-être de ce qu'il y a à Saint-Domingue un gobe-mouche huppé qu'on y nomme tyran; nom qu'on a aussi donné au gobe-mouche à queue fourchue en Canada ; et comme ces oiseaux tyrans sont bien supérieurs en grandeur et en force, on aura donné le nom d'esclave à celui-ci, qui se nourrit, comme eux, d'insectes auxquels il donne la chasse. Cet oiseau a quelques caractères communs avec les grives : il leur ressemble par les couleurs, et sur- tout par les mouchetures du ventre; les grives ont, comme lui et les autres tangaras , l'échancrure du bec à la mandibule supérieure. Ainsi le genre des grives et celui du tangara sont assez voisins l'un de l'autre, et l'esclave est peut-être de tous les tangaras celui qui ressemble le plus à la grive ; néanmoins , comme il en diffère beaucoup par la grandeur, et qu'il est con- sidérablement plus petit, on doit le placer, comme nous le faisons ici , dans le genre des tangaras. L'esclave, n** i56, fig. 2, a la tête, la partie supé- rieure du cou, le dos, le croupion, les plumes sca- pulaires et les couvertures du dessus des ailes, d'une couleur uniforme ; tout le dessous du corps est d'un blanc sale, varié de taches brunes qui occupent le mi- lieu de chaque plume; les pennes des ailes sont bru- nes, bordées extérieurement d'olivâtre, et intérieure- ment de blanc sale ; les deux pennes du milieu de la queue sont brunes ; les autres sont de la même cou- 'J'jG l'esclave. leur, avec une bordure olivâtre sur leur côté intérieur; la queue est un peu fourchue; les pieds sont bruns. LE BLUET. QUATORZIÈME ESPÈCE. x\inagra Episcopus. Gmel. Cet oise.'u a été indiqué dans les planches enlumi- nées, n" 178, fig. 1,1e mâle; fig. 2, la femelle, sous le nom de Cévêque de Cayeniie^ parce que les nomencla- teurs Tavoient ainsi nommé, sans faire attention à l'in- décence de la dénomination, et à un inconvénient en- core plus grand , c'est qu'il y a deux espèces d'oiseaux auxquelles les voyageurs ont aussi donné ce nom sans trop savoir pourquoi, si ce n'est qu'ils ont une partie de leur robe bleue : l'un est un bengali qu'on a aussi appelé le ministre^ apparemment parla même raison ; le second est celui qu'on a appelé, à Saint-Domin- gue, L'organiste j, et auquel nous conserverons ce nom , à cause de son chant harmonieux ; et enfin le troisième évêc/iie étoit notre bîuet de Cayenne , que les habitants de cette colonie connoissent sous ce dernier nom , plus convenable que celui d'évêc/ue pour un oiseau : il est certainement du genre des tangaras, et d'une grandeur un peu au dessus de celle des espèces de tangaras qui composent notre second ordre de grandeur en ce genre. Dans la planche en- luminée, les couleurs en général sont trop fortes: le mâle a tout le dessous du corps d'un gris bleuâtre, Pl.i58 Torae 22 Eanrp.e t , scxilp . 1 . LE BLEUET _ Q .I.E DIABLE EimBITME _ 3 .LE MOKDORE et la teinelle a le dessus de la tète vert jaunâtre , et tout le dessous du corps, le dos, le dessus des pen- nes de la queue et des ailes, d'un brun olivâtre glacé de violet : la large bande des ailes, qui est d'un oli- vâtre clair, tranclie beaucoup moins que dans la planche avec le brun du dos. Les bluets sont très communs à Cayenne : ils ha- bitent les bords des forets, les plantages, et les an- ciens endroits défrichés, où ils se noi;riMssent de pe- tils fruits. On ne les voit pas en grandes troupes, mais toujours par paires. Il se réfugient le soir entre les feuilles des palmiers, à leur jonction près de la tige : ils y font un bruit à peu près comme nos moi- neaux dans les saules; car ils n'ont point de chant , et seulement une voix aiguë et peu agréable. 9'e*e«o«*-ft«?<«-«'8>'-'*o-»»6'^ LE ROUGE-CAP. QLINZIÈME ESPÈCE. Tanagra gularis. Gmel. Nous appelons cet oiseau rouge-cap'^ ^ parce que sa tête entière est couverte d'une belle couleur rouge. Pour se faire une idée exacte des nuances du plu- mage de cet oiseau , il faut substituer à la couleur brune qui couvre , dans la planche , tout le dessus du corps, une belle couleur noire; la tache de la gorge est plus étroite, plus allongée et noire, avec de pe- I. N" i55, fig. 2, sous la cîénominatîoîi de tangara brun d'Amé- rique. 228 LE ROUGE-CAP* tites taches pourpres; les pieds sont noirs, ainsi quf? la partie supérieure du bec; l'inférieure est jaune à sa base , et noire à son extrémité : tout ceci est tel dans la nature de l'oiseau vivant, et la planche a été gravée d'après un oiseau mort. Cette espèce n'est pas bien commune à la Guiane , et nous ne savons pas si elle se trouve ailleurs. » e^ 9»«-e«ô«<&«««« *««v& « LE TANGARA VERT DU RRESIL. SEIZIÈME ESPÈCE. Tanagra virens, Gmel. Ce tangara, que nous ne connoissons que d'après M. Brisson, est plus gros que le moineau-franc. Tout le dessus du corps est vert; l'on voit, de chaque côté de la tête , une tache noire placée entre le bec et l'œil, au dessous de laquelle est une bande d'un bleu très foncé , qui s'étend tout le long de la mandibule inférieure ; les plus petites couvertures supérieures des ailes sont d'une couleur d'aigue-marine fort bril- lante, les autres sont vertes. La gorge est d'un beau noir; la partie inférieure du cou est jaune , et tout le reste du dessous du corps est d'un vert jaunâtre; les ailes pliées paroissent d'un vert changeant en bleu ; les pennes delà queue sont de la même couleur, à l'exception des deux inter- médiaires qui sont vertes. M. Brisson dit que l'on trouve cet oiseau au Pérou et au Brésil. r,E TAXGAUX VERT DL BRESIL. 229 3 »? »>»o»*»9'»»»a»a»»&o»9i»»3ia»a'»»»o»9»a«ia»a »a»o»o»a»a®s»5»a.»o>»a#a-8 L'OLIVET. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. Tanagra olivacea. GxMEL. iSoLslui avons donné ce nom, parce qu'il est par- tout d'un vert couleur d'olive, plus foncé sur le des- sus du corps , et plus clair en dessous : les grandes plumes des ailes sont encore plus foncées en couleur que le dos, car elles sont presque brunes; on y dis- tingue seulement des reflets verdatres. Sa longueur est d'environ six pouces, et les ailes s'étendent jusqu'à la moitié de la queue. Ce tangara nous a été apporté de Cayenne par M. Sonini de Manoncourt. Les dix-sept espèces précédentes composent ce que nous avons nppe\é les grands tangaras ; nous allons maintenant donner la description des espèces moyennes pour la grandeur, qui ne sont pas si nom- breuses. LE TANGARA DIABLE-ENRHUMÉ. PREMIÈRE ESPÈCE MOYENNE. Tanagra Mexlcaria, Gmel. C'est le nom que les créoles de Cayeniie donnant à cet oiseau , dont le plumage est mélangé de bleu, de BiJFrON. XXII. if) 3iÔO LE TANCARA D I A B LE -E ^ R II U 31E. jaune et de noir, et dont le dessus etles côtés de la tète, la gorge, le cou, et le croupion, la partie antérieure du dos, sont noirs, sans aucune teinte de bleu. Les pe- tites couvertures des ailes sont cependant d'une belle couleur d'aigue-marine , et prennent, au sommet de l'aile, une teinte violette; le dernier rang de ces pe- tites couvertures est noir, terminé de bleu violet. Les pennes des ailes sont noires; les grandes (lapremiére exceptée ) sont bordées extérieurement de vert Jusqu'à environ la moitié de leur longueur; les grandes cou- vertures sont noires, bordées extérieurement de blea violet. Les pennes de la queue sont noires, bordées légèrement à l'extérieur de bleu violet jusqu'auprès de l'extrémité ; la première penne de chaque côté n'a pas cette bordure : elles sont toutes grises en dessous. Une légère couleur jaune couvre la poitrine et le ven- tre, dont les côtés, ainsi que les couvertures des jam- bes, sont semés de plumes noires, terminées de bleu violet et de quelques plumes jaunâtres tachetées de noir. Nous avons cru devoir donner la description exacte des couleurs prises sur l'oiseau vivant, parce qu'elles sont différentes de celles de la planche enluminée n° 290, fig. 2, qui n'a été peinte que d'après un oi- seau mort; on lui a donné dans celte planche la dé- nomination de tangara tacheté de Cayenne. Sa longueur totale est de cinq pouces et demi ; le bec a six lignes de long; la queue, un pouce dix li- gnes; elle dépasse les ailes pliées d'un pouce. On le trouve à la Guiane , où il n'est pas commun, et nous ne savons rien du tout de ses habitudes na- turelles. T. E TA \ G A U A 1) I A B L J:-E \ R II i; ML. :iù\ M. Brisson a pensé qac cet oiseau étoit le même que le teoaulitototl de Fernandès : mais Fernandès dit seulement que cot oiseau est environ de la grandeur d'un moineau ; qu'il a le bec court, le dessus du corps bleu, et le dessous d'un blanc jaunâtre avec les ailes noires. Il n'est guère possible , d'après une descrip- tion aussi incomplète, de décider si le teoaulitototl est le môme oiseau que le diable-enrimmc. Au reste, Fer- nandès ajoute que le teoauhtototl vit dans les cam- pagnes et sur les montagnes de Tetzocan au Mexi- que, qu'il est bon à manger, qu'il n'a pas un chant agréable . et qu'on ne le nourrit pas dans les juaisons. i«-eitudes naturelles de cet oiseau , qui est fort rare à la Guiane, et qu'il a trouvé dans les grandes forêts de cette contrée. LE PASSE-VERT. TROISIÈME ESPÈCE MOYENNE. Tanagra Cayana. Gmel. Nous avons déjà donné cet oiseau sous ce même nom de passe-vert dans ce xxii^ volume, page 24, et on l'a représenté dans la planche enluminée , n° 291 , fig. 2 , sous la dénomination de moineau à tête rousse de Cayenne : c'est cette dénomination qui nous a in- duits en erreur, et qui nous a fait joindre mal à pro- pos cet oiseau au genre des moineaux, tandis qu'il ap- partient à celui des tangaras; c'est le mâle de l'espèce : la femelle est représentée dans la planche enluminée, n" 290, fig. i , sous la dénomination de tangara à tête rousse. Ainsi je ne m'étois trompé que pour le mâle, dont voici la description plus détaillée pour les cou- leurs, quoique la planche les représente assez fidèle- ment; mais c'est pour faire connoître ici la différence des couleurs entre le mâle et la femelle. La partie supérieure de la tête est rousse ; le dessus du cou , le bas du dos, et le croupion , sont d'un jaune pâle doré, brillant comme de la soie crue, et dans LE PASSE-VEin. 2.33 lequel on aperçoit, selon certains ours, une légère teinte de vert; les côtes de la tête sont noirs; la par- tie supérieure du dos, les plumes scapulaires, les pe- tites couverttires supérieures des ailes et celles de la queue, sont vertes. La gorge est d'un gris bleu; le reste du dessous du corps brille d'un mélange confus de jaune pâle doré, de roux, et de gris bleu, et chacune de ces couleurs devient la dominante, selon les différents jours auxquels l'oiseau est exposé; les pennes des ai- les et de la queue sont brunes avec une bordure plus ou moins large d'un vert doré^. La femelle diffère du maie en ce qu'elle a le dessus du corps vert, et le dessous d'un jaune obscur avec quelques reflets verdâtres. Ces oiseaux sont très communs à Cayenne , où les créoles leur ont donné le nom de dauphinois ^ que nous eussions adopté si nous n'avions employé pré- cédemment celui de passe-vert y croyant que cet oi- seau étoit un moineau ou passereau vert. Il n'habite que les lieux découverts, et s'approche même des habitations; il se nourrit de fruits, et pique les bana- nes et les goyaves, qu'il détruit en grande quantité; il dévaste aussi les champs de riz dans le temps de la maturité. Le mâle et la femelle se suivent ordinaire- ment, mais ils ne volent pas par troupes; seulement 1. Dans quelques individus, le roux du sommet de la tête descend beaucoup plus bas sur le cou; dans d'autres, celte couleur s'étend d'une part sur la poitrine et le ventre , et de l'autre, sur le cou et tout le detjsus du corps, et le vert des plumes des ailes est changeant en. bleu. 2 04 lE rASSE-VJ'RT. on les trouve quelquefois en nombre dans les riziè- res. Ils n'ont ni chant ni ramage, mais un cri bref et aigu. LE PASSE-VERT A TÊTE BLEUE. VARIÉTÉ. L'on trouve dans la collection académique une de- scription d'un tangara qui paroît avoir beaucoup de rapport avec le passe-vert. Cet oiseau a, selon M. Lin- naeus, le devant du cou, la poitrine, et le ventre, d'un jaune doré; le dos d'un jaune verdâtre ;'et les ailes et la queue vertes , sans mélange de jaune : mais ce tangara diffère du passe-vert par sa tête, qu'il a d'un bleu très vif. LE TRICOLOR. oUATRIÈME ESPÈCE MOYENNE, Tanagra tricolor. Gmel. La planche enluminée, n° 55, représente deux oi- seaux sous les noms de tangara varié à tête verte de Cayenne, fig. i , et de tangara varié à tête bleue de Cayenne^ fig. 2 , qui nous paroissent ne faire qu'une variété dans la même espèce , et peut-être une simple différence de s:îxe, puisque ces deux oiseaux ne dif- fèrent guère que par la couleur de la tête , qui dans l'un est verte, et dans l'autre est bleue, et par le LE TRICOLOK. 2:>5 dessus du cou, qui est rouge dans l'un, et vert dans l'autre. Nous ne connoissons rien des habitudes naturelles de ces tangaras, qui tous deux nous sont venus de Cayenne, où cependant M. Sonini de Manoncourt ne les a pas vus. Nous avons donné à cette espèce le nom de tricolor^ parce que les trois couleurs dominantes du plumage sont le rouge , le vert , et le bleu , et tou- tes trois fort éclatantes. On voit dans le cabinet de M. Aubri, curé de Saint- Louis , ce tricolor à tête bleue bien conservé , auquel on a donné le nom de pape de Magellan; mais il n'est pas trop croyable qu'il vienne en effet des terres voi- sines de ce détroit, puisque ceux qui sont au Cabi- net du Roi sont venus de Cayenne. i »S'»»»a'»s-»a^^<»a»a»vO'»»g»a.&.a LE GRIS-OLIVE. CINQUIÈME ESPÈCE MOYENNE. Tanagra grisée. Gmel. Nous nommons ainsi cet oiseau , parce qu'il a le dessous du corps gris, et le dessus de couleur d'olive. La planche enluminée, n° 714? i'g- 1 ? le représente exactement; il y est dénommé tangara olive de la Louisiane : mais il se trouve à la Guiane aussi bien qu'à la Louisiane. Nous ne savons rien de ses habi- tudes naturelles. '2ù6 LE SEPTICOLOii. LE SEPTICOLOR\ SIXIÈME ESPÈCE MOYENNE. Tanagra Talao. Lath. Nous appelons septicoior celte espèce de tangara . parce que son plumage esl varié de sept couleurs bien distinctes, dont voici i'énuinération : nn beau vert sur la tête et sur les petites couvertures du dessous des ailes; du noir velouté sur les parties supérieures du cou et du dos, sur les pennes moyennes des ailes et sur la face supérieure des pennes de la queue; du couleur de feu très éclatant sur le dos ; du jaune orangé sur le croupion ; du bleu violet sur la gorge , la partie inférieure du cou, et les grandes couvertures supé- rieures des ailes ; gris foncé sur la face inférieure de la queue; et enfin du beau vert d'eau ou cou- leur d'aigue-marine sur tout le dessous du corps de- puis la poitrine. Toutes ces couleurs sont évidentes, même brillantes et bien tranchées ; elles ont été mal mélangées dans les planches enluminées, qui ont été peintes d'aorès des oiseaux assez mal conservés. Le premier qu'on a représenté , pi. 'j , fig. i , sous le nom de tangara ^ étoit un oiseau séché au four, qui venoit du cabinet de M. de Réaumur; les gens qui avoient soin de ce cabinet lui avoient ajouté une queue étrangère , et c'est ce qui a trompé nos pein- 1. Les créoles de Gayenne appellent cet oiseau dos rouge et oiseau épinard; quelques oiseleurs lui ont donné en France le nom de pa~ l.LE Sî;PTîCOLOR_2 .LEBKDANTDEFRANCE_3.LEPR0YE.Il. LE SEPTICOLOR. 267 très. Le second, qui est représenté , pi. 127, fig. 2, sous le nom de tangara du Brésil^ est un peu moins défectueux. Mais tous deux ne sont que le même oi- seau assez mal représenté ; car, dans la nature, c'est le plus beau , non seulement de tous les tangaras , mais de presque tous les oiseaux connus. Le septicolor jeune n'a pas sur le dos le rouge vif qu'il prend lorsqu'il est adulte, et la femelle n'a ja- mais cette couleur ; le bas du dos est orangé comme le croupion, et en général ses couleurs sont moins vives et moins tranchées que celles du mâle : mais on remarque des variétés dans la distribution des couleurs; car il y a des individus mâles qui ont ce rouge vif sur le croupion aussi bien que sur le dos, et l'on a vu d'autres individus, même en assez grand nombre, qui ont le dos et le croupion entièrement de couleur d'or. Le mâle et la femelle sont à peu près de la même grandeur; ils ont cinq pouces de longueur; le bec n'a que six lignes, et les pieds huit lignes; la queue est un peu fourchue , et les ailes pliées s'étendent jus- que vers la moitié de sa longueur. Ces oiseaux vont en troupes nombreuses; ils se nourrissent de jeunes fruits à peine noués, que porte un très grand arbre de la Guiane, dont on n'a pu nous dire le nom : ils arrivent aux environs de l'île de Cayenne lorsque cet arbre est en fleur, et ils dispa- roissent quelque temps après, pour suivre vraisem- blablement dans l'intérieur des terres la maturité de ces petits fruits; car c'est toujours de l'intérieur des terres qu'on les voit venir. C'est ordinairement en septembre qu'ils paroissent dans la partie habitée de 258 LE SEPTICOLOR. la Guiane ; leur séjour est d'environ six semaines, et ils reviennent en avril et mai, attirés par les mêmes fruits , qui mûrissent alors : ils n'abandonnent pas cette espèce d'arbre, on ne les voit jamais sur d'au- tres, aussi, lorsqu'un de ces arbres est en ileur, on est presque assuré d'y trouver un nombre de ces oiseaux. Au reste, ils ne nichent pas pendant leur séjour dans la partie habitée de la Guiane. Marcgrave dit qu'au Brésil on en nourrit en cage et qu'ils mangent de la farine et du pain, lis n'ont point de ramage, leur cri est bref et aigu. On ne doit pas rapporter à l'espèce du septicolor celle de l'oiseau talciOj comme l'a fait M. Brisson ; car la description qu'il a tirée de Seba ne iui convient en aucune façon. « Le talao , dit Seba , a le plumage joli- ment mélangé de vert pâle , de noir, de jaune , et de blanc ; les plumes de la tôte et de la poitrine sont très agréablement ombrées de vert pâle et de noir; il a le bec, les pieds, et les doigts, d'un noir de poix. » D'ailleurs ce qui prouve démonstralivement que ce n'est pas le même oiseau, c'est ce qu'ajoute cet au- teur, qu'il est très rare au Mexique; ce qui suppose qu'il ne va pas par troupes nombreuses, tandis que le septicolor voyage et arrive en très grand nombre. LE TANGAR BLEU. SEPTIÈME ESPÈCE MOYENNE. Nous avons indiqué cet oiseau sous cette dénomi- nation da.is les planches enluminées, n" i5S, fig. i. LE TANGAKA BLEU. 27jC) Il a eti efl'et la tête, la gorge, et le dessous du cou d'une belle couleur bleue; le derrière de la tête, la partie supérieure du cou, le dos, les ailes, et la queue , noirs; les couvertures supérieures des ailes noires et bordées de bleu; la poitrine et le reste du dessous du corps d'un beau blanc. En comparant cet oiseau avec celui que Seba a in- diqué sous le nom de moineau d'Amérique,, il jious a paru que c'étoit le même , ou du moins que ce ne poùvoit être qu'une variété de sexe ou d'âge dans cette espèce ; car la description de Séba ne présente aucune différence sensible. M. Brisson ayant apparemment trouvé la description de cet auteur trop imparfaite l'a amplifiée; mais, comme il n'a pas vu cet oiseau, et qu'il ne cite pas ceux qui peuvent lui avoir donné connoissance des caractères qu'il ajoute, nous n'avons pu établir aucun jugement sur la vérité de cette de- scription, et nous nous croyons bien fondés à regar- der ce moineau de SeLa comme un tangara, qui res- semble beaucoup plus à celui-ci qu'à tout autre. Au reste, cet oiseau de Seba lui avoit été envoyé de la Barbade ; le nôtre est venu de Gayenne , et nous ne savons rien de ses habitudes naturelles. LE TANGARA A GORGE NOIRE. HUITIÈME ESPÈCE MOYENNE. Tanagra n'igricoUls. Gmel. Cette espèce est nouvelle : on la trouve à la Gui a ne, d'où elle a été apportée par M. Sonini de ManoncourL 2[\0 LE TANGARA A GORGE NOIRE. Elle a la tête et tout le dessous du corps d'un ver^ d'olive; la gorge noire; la poitrine orangée; les côtés du cou et tout le dessous du corps d'un beau jaune ; les couvertures supérieures des ailes et les pennes des ai- les de la queue, brunes et bordées d'olivâtre; la man- dibule supérieure du bec noire; l'inférieure grise, et les pieds noirâtres : voyez les planches enluminées, n° 720, fig. 1 , sous la dénomination de tangara olive. ii^»&»»fr«»<»»»&6>»C<»»»C«»0-»«^»»t LA COIFFE-NOIRE. NEUVIÈME ESPÈCE MOYENNE. Tanagra pileata. Gmel. La longueur totale de cet oiseau, n° 720, (ig. 2, SOUS la dénomination de tangara à coiffe noire de Cayennej, est de quatre pouces dix lignes; son bec est noir et a neuf lignes de long; tout le dessous du corps est blanc , légèrement varié de cendré ; le des- sus de la tèle est d'un noir lustré , qui s'étend de cha- que côté du cou par une bande noire q»ui tranche sur le blanc de la gorge, ce qui donne à l'oiseau l'air d'être coiffé de noir. Les pennes de la queue ne sont pas par étage, et ont toutes vingt-une lignes de lon- gueur; elles dépassent d'un pouce les ailes pliées. Le pied a neuf lignes de long. Le tijepiranga de Marcgrave, dont M. Brisson a fait son tangara cendré du Brésil _, re^'sembleroit parfaite- ment à cet oiseau, si Marcgrave eût fait mention de cette couleur noire en forme de coiffe; ce qui nous LA COIFFE-NOJRE. 'j'i l fait présuDier que celui dont nous venons de donner la description est le mâle, et que le tijepiranga de Marcgrave est la femelle. Au reste, on le trouve dans les terres de la Guiane comme dans celles du Brésil; mais on ne nous a rien appris de ses habitudes naturelles. LES PETITS TANGARAS. Les tanii;aras de movenne grandeur dont nous ve- n.ons de faire réiiiimération ne sont en général pas plus gros qu'une linotte; ceux dont nous allons don- ner la description sont encore sensiblement plus pe- tits , et il y en a qui ne sont pas plus gros qu'un roi- telet. LE ROUVERDIN. PREMIÈRE PETITE ESPÈCE. Tanagra g ira la. Gmel. Ce nom que nous lui avons donné indique, pour ainsi dire, toute la description des couleurs de l'oi- seau ( n" 1 55, fig. 2, sous la dénomination de tangara du Pérou) ; car il a le corps entièrement vert avec la tête rousse : seulement il a sur la poitrine une légère couleur bleue avec une tache jaune sur le haut de i'aile. 'JJ\2 I-E ROLVERDI \. Cette espèce de tangara se trouve clans plusieurs contrées de l'Amérique méridionale , au Pérou , à Su- rinam , à Cayenne ; il paroît mênje qu'il voyage, car on ne le voit pas aux mêmes endroits dans taus les temps de l'année. Il arrive dans les forêts de la Guiane deux ou trois fois par an, pour manger le petit fruit d'un grand arbre sur lequel ces oiseaux se per- chent en troupes, et ensuite ils s'en retournent ap- paremment dés que cette nourriture vient à leur man- quer. Comme ils sont assez rares, et qu'ils fuient constamment tous les lieux découverts et habités, on ne les a pas assez bien observés pour en savoir davan- taoe sur leurs habitudes naturelles. LE SYACOU. SECONDE PETITE ESPÈCE. Tanagra Sayaca. Gmel. L'on peut regarder le tangara tacheté des Indes ^ des planches enluminées, n° i55, fig. i , et le tangara de Cayenne ^ n° 7>o\ , fig. i , comme deux oiseaux de même espèce, qui ne nous paroissent différer que parle sexe : mais ils nous sont trop peu connus pour décider absolument sur cette identité ; nous présu- mons seulement que celui de ces oiseaux qui a le ventre blanc est la femelle , et que celui qui l'a vert est le mâle. Dans la planche enluminée, n" i35, il auroit fallu ajouter occidentales au mot Indes ^ et non pas orien- LE SYACOL. 1j4^ taies j comme l'a fait M. Brisson, parce que cet oiseau est certainement de l'Amérique méridionale. Nous donnons à cette espèce le nom de syacou^ par contraction de son nom brasilien sayacoa; car nous ne doutons pas que cet oiseau , que M. Brisson indique sous le nom de tangara varié du Brésil ^ ne soit encore le même que celui-ci. Ces deux oiseaux nous sont venus de Cayenne , où ils sont assez rares. L'ORGANISTE. TROISIÈME PETITE ESPÈCE. P'ipra musica. Gmel. L'on a donné, à Saint-Domingue, le nom d\)rga- niste à ce petit oiseau, n" 809, fig. 1 , parce qu'il fait entendre successivement tous les tons de l'octave en montant du grave à l'aigu. Cette espèce de chant, qui suppose dans l'oreille de l'oiseau quelque con- formité avec l'organisation de l'oreille humaine, est non seulement fort singulière, mais très agréable. M. le chevalier Fabre Deshayes nous a écrit qi/il existe dans la partie du sud , sur les hautes montagnes de Saint-Domingue, un petit oiseau fort rare et fort renommé, que l'on y appelle mmicien^ et dont le chant peut se noter : nous présumons que ce musi- cien de M. Deshayes est le même que notre organiste; cependant nous doutons encore que le chant de cet oiseau imite régulièrement et constamment les tons ^44 l'oRGAiVISTE. successifs de l^octave de nos sons musicaux, car nous ne l'avons point eu vivant : il m'a été donné par M. le comte de Noé , qui Fa voit rapporté de la partie espa- gnole de Saint-Domingue , où il m'a dit qu'il étoit fort rare et très difficile à apercevoir et à tirer, parce qu'il est défiant et qu'il sait se cacher ; il sait même tourner autour d'une branche à mesure que le chasseur change de place , pour n'en être pas aperçu ; en sorte que souvent, quoiqu'il y ait plusieurs de ces oiseaux sur un arbre, on ne peut en découvrir un seul, tant ils sont attentifs à se mettre à couvert. Sa longueur est de quatre pouces ; son plumage est bleu sur la tète et le cou, noir changeant en gros bleu sur le dos, les ailes, et la queue , et jaune orangé sur îe front, le croupion, et tout le dessous du corps. Cette courte description suffit pour le faire recon- noître. On trouve dans l'ouvrage de M. Le Page Dupratz la description d'un petit oiseau qu'il appelle i'évêquej, et que nous croyons être le même que notre orga- niste. Yoici îe passage de cet auteur : « L'évêque est un oiseau plus petit que le serin ; son plumage est bleu tirant sur le violet; on voit par là l'origine de son nom (l'évêque). Il se nourrit de plusieurs sortes de petites graines, entre autres de ividiogouil et de chou- pichoalj, espèce de millet naturel au pays. Son gosier est si doux, ses tons si flexibles, et son ramage si tendre, que lorsque qu'une fois on l'a entendu, on devient beaucoup plus réservé sur l'éloge du rossignol. Son chant dure l'espace d'un miserere j, et, dans tout le temps, il ne paroît pas reprendre haleine; il se repose ensuite deux fois autant pour recommencer l'organiste. 2l^S aussitôt après. Cette alternative de chant et de repos dure deux heures. » Quoique M. Dupratz ne dise pas que son oiseau fasse les sept tons de l'octave, comme on l'avance de l'organiste, nous nous croyons néanmoins fondés à le regarder comme le même oiseau ; car d'abord ils se ressemblent par les couleurs et par la grandeur, sui- vant sa description; et, en second lieu, on ne peut comparer le sien pour le chant qu'avec le scarlatte , qui est tout rouge et deux fois plus grand; et si l'on veut le comparer à l'arada, dont le chant est si beau, on trouvera la même différence pour les couleurs, car l'arada est tou-t brun. II ne reste donc que l'or- ganiste auquel on doive rapporter cet oiseau évêque de la Louisiane , et le détail des habitudes naturelles donné par M. Dupratz doit lui appartenir; ce qui pa- roît indiquer que cet oiseau, qui ne se trouve à Saint-Domingue que dans la partie espagnole, habite aussi quelques contrées de la Louisiane. LE JACARINÏ. OUATKIÈME PETITE ESPÈCE. Tanagra Jacarina, Gmel. Cet oiseau a été nommé y^cûfrmî par les Brasiliens. Marcgrave. qui en fait mention , ne nous a rien trans- mis sur ses habitudes naturelles; mais M. Sonini de Manoncourt. qui l'a observé à la Guiane, où il est BllFFON. XXII. i6 2l[6 LE JACAROI. très commun , nous apprend que ces oiseaux fré- quentent de préférence les terrains défrichés et ja- mais les grands bois : ils se tiennent sur les petits ar- bres, et particulièrement sur ceux du café, et ils se font remarquer par une habitude très singuHère , c'est de s'élever à un pied ou un pied et demi de hauteur verticalement au dessus de la branche où ils sont perchés, de se laisser tomber au même endroit, pour sauter de même toujours verticalement plusieurs fois de suite; ils ne paroissent interrompre cette suite de sauts que pour aller se percher sur un autre ar- brisseau, et recommencer à sauter sur ses branches. Chacun de ces sauts est accompagné d'un petit cri de plaisir; et leur queue s'épanouit en même temps : il semble que ce soit pour plaire à leur femelle; car il n'y a que le mâle qui se donne ce mouvement, dont sa compagne est témoin, parce qu'ils vont toujours par paires; elle est au contraire assez tranquille,- et se contente de sautiller comme les autres oiseaux. Leur nid est composé d'herbes sèches de couleur grise; il est hémisphérique sur deux pouces de dia- mètre : la femelle y dépose deux œufs elliptiques, longs de sept à huit lignes, et d'un blanc verdâtre semé de petites taches rouges qui sont en grand nom- bre, et plus foncées vers le gros bout, qui en est presque entièrement couvert. Le jacarini, n"* 224, est aisé à reconnoître par sa couleur noire et luisante comme de l'acier poli ; elle est uniforme sur tout son corps, et il n'y a que les couvertures inférieuresdesailes qui soient blanches dans le mâle; car la femelle est entièrement grise, et diffère si fort du mâle par la couleur, qu'on pour- LE JACAniNI. ^Ly] roit la prendre pour un oiseau d'une aulre espèce : néanmoins le mâle devient aussi tout gris dans le temps de la mue , en sorte qu'on trouve de ces oiseaux mê- lés de gris et de noir, on de noir et de gris plus ou moins, selon qu'ils approchent ou qu'ils s'éloignent du temps de leur mue. Les planches enluminées les représentent dans leur grandeur naturelle. i>i»»»»a!8'p.O»»»-a'iw»9'gC'« LE ÏEITE. CINQUIÈME PETITE ESPECE. Ta7iafi:ra violacea. Gmel. -o' C'est le nom que porte cet oiseau dans son pays natal au Brésil, où Marcgrave est le premier qui l'ait observé. La planche enluminée, n*" ii4, Gg. i^,sous le nom de tangara du Brésil j représente exactement la grandeur et les couleurs du mâle , Marcgrave n'a point fait mention de la femelle : elle diffère si fort du mâle, qu'on pourroit la prendre pour une autre espèce ; car eile a le dessus du corps d'un vert d'olive, un peu jaune sur le front et au dessous du bec , et le reste d'un jaune d'olive ; ce qui, comme l'on voit , est fort différent des couleurs du mâle, qui sont d'un bleu foncé sur le corps, et d'un beau jaune sur le front, sous la gorge, et sous le ventre. Dans le jeune oiseau , les couleurs sont un peu dif- férentes; il a le dessus du corps olivâtre, semé de quelques plumes du bleu foncé dont il doit devenir. 2^6 LE TEITÉ. et sur le front le jaune n'est pas encore d'une couleur décidée. Les plumes ne sont que grises, et seule- ment un peu jaunes à la pointe; à l'égard du dessous du corps j il est d'un aussi beau jaune dans l'oiseau jeune que dans l'adulte. L'on remarque les mômes changements dans le plumage de cet oiseau que ceux qu'on a observés dans l'espèce précédente. Le nid est aussi fort seni- bkble à celui du jacarini; seulement il est d'un tissu moins serré et composé d'herbes rougeâtres, au lieu que celui du jacarini est tissu d'herbes grises. La figure première de la planche enluminée, n° ii^, sous le nom de tangara de Cayenne _, présente une variété du teité; les créoles de Cayennelui ont donné le nom de petit-louis ^ aussi bien qu'au premier teité : tous deux sont très communs à la Guiane, à Surinam, ainsi qu'au Brésil ; ils vivent, comme le jacarini, dans les terres défrichées qui entourent les habitations ; ils se nourrissent de même des différentes espèces de petits fruits que portent les arbrisseaux; ils se jet- tent a'Ussi en grand nombre sur les plantations de riz, et l'on est obligé de les faire garder pour les en chasser. On peut les élever en cage, où ils se plaisent, pourvu qu'on les mette cinq ou six ensemble; ils ont le sifflet du bouvreuil, et on les nourrit des plantes que l'on nomme au Brésil paco et mamao. LE TAN G AU A NEGRE. 2,|(> j*««ja«>s>J>j| LE TANGARA NEGRE. SIXIÈME PETITE ESPECE. Tanagra Cayennensis. Gmel. Ce petit oiseau, n" i i4 ? ^ig- 3, sous la dénoiniaa- tion de tangara de Cayenne^ est d'un bleu si foncé, qu'il paroît parfaitement noir, et que ce n'est qu'en le regai-dant de près que l'œil est frappé de quelques reflets bleus : il a seulement, des deux côtés de la poi- trine, une tache orangée qui est recouverte par l'aile, et qui ne s aperçoit pas, à moins qu'elle ne soit éten- due; de sorte que, dans son attitude ordinaire, l'oi- seau paroît entièrement noir. Il est de la même grandeur que les précédents; il vit dans les mêmes lieux, mais il est beaucoup plus rare dans la Guiane. Voilà tous lestangaïas grands, moyens, et petits, dont il nous a été possible de constater les espèces; il reste sept ou huit oiseaux donnés par M. Brisson , comme formant des espèces de ce genre : mais, comme il n'a pu les décrire que d'après des indica- tions vagues et incomplètes d'auteurs peu exacts, l'on ne peut décider s'ils sont en effet du genre des tan- garas , ou de quelque autre genre; nous allons néan- moins en donner l'énumération. i" L'oiseau des derbes , ou xlaktotolt de Fernandès, qui a tout le corps bleu , semé de quelques plumes 35o LE TA i\ G A R A ?v È G R E. fauves; les pennes de la queue noires, terminées de blanc; le dessous des ailes cendré , et le dessus varié de bleu , de fauve, et de noir; le bec court, un peu épais, et d'un blanc roussâtre ; les pieds gris. Cet auteur ajoute qu'il est un peu plus grand que notre moineau-franc, qu'il est très bon à manger, qu'on le nourrit en cage , et que son ramage n'est pas désagréable. Il ne nous est pas possible, d'a- près cette courte indication, de décider si cet oiseau est ou non du genre des tangaras : il est vrai qu'il se trouve au Mexique, et qu'il est de la taille de nos grands tangaras; mais cela ne suffit pas pour pronon- cer, comme l'a fait M. Brisson, qu'il appartient en effet à ce genre. 2° L oiseau du Mexique de Seba, de la grandeur du moineau. 11 a tout le corps bleu varié de pourpre, à l'exception des ailes, qui sont variées de rouge et de noir; la tête est ronde ; les yeux et le jabot sont garnis en dessus et en dessous d'un duvet noirâtre ; les couvertures inférieures des ailes et de la queue sont d'un cendré jaunâtre. On met cet oiseau au nom- bre des oiseaux de chanh Cette indication est, comme l'on voit, beaucoup trop vague pour que l'on puisse décider , comme l'a fait M. Brisson , que cet oiseau est du genre des tan- garas, parce qu'il n'a rien de commun avec eux, que de se trouver au Mexique, efc d'être de la grandeur d'un moineau; car la planche de Seba, ainsi que toutes les autres planches de cet auteur, sont si im- parfaites, qu'elles ne donnent aucune idée nette de ce qu'elles représentent. 3" Le guira-pcrea dtf Brésil^ de Marcgrave. Il est LE TANGAUA NÈGRE. 25 I de la grosseur d'une alouette; son bec est noir, court, et un peu épais ; tout le dessus du corps et le ventre sont (l'un jaune foncé tacheté de noir; le dessous de la tête et du cou, la gorge et la poitrine, sont noirs; les ailes et la queue ont leurs pennes d'un brun noirâtre , et quelques unes sont bordées extérieure- ment de vert ; les pieds sont d'un cendré obscur. 11 nous paroît , par celte courte description, que l'on pourroit rapporter cet oiseau plutôt au genre du bouvreuil qu'à celui du tangara. 4° L'oiseau plus petit que le chardonneret ^ ou le qua- toztli du Brésil j, selon Seba. Il a la moitié de la tête ornée d'une crête blanche, le cou d'un rouge clair, et la poitrine d'une belle couleur pourpre; les ailes d'un rouge foncé et pourpré, le dos et la queue sont d'un noir jaunâtre, et le ventre d'un jaune clair; le bec et les pieds sont jaunes. Seba ajoute que cet oiseau habite les montagnes de ïetzocano au Brésil. JNous remarquerons d'abord que le nom dequatoztii que Seba donne à cet oiseau n'est pas de la langue du Brésil, mais de celle du Mexique; et en second lieu, que les montagnes de Tetzocano sont au Mexique, et non pas au Brésil ; et il y a toute apparence que c'est par erreur que cet auteur l'a dit oiseau du Brésil. Ensuite nous observerons que, tant par la descrip- tion que par la ligure donnée par Seba, cet oiseau pourroit se rapporter bien mieux au genre des mana- kins qu'à celui des tangaras; et enfin nous avouerons que nous ne savons pas pourquoi M. Brisson l'a nommé tangara. 5° Le calatti de Seba, qui est à peu près de la gros- seur d'une alouette , qui a une huppe noire sur la 2^2 LE TANGARA NÈGRE. tête, avec les côtés de la tête et la poitrine d'un beau bleu céleste; le dos noir varié d'azur, les couvertures supérieures bleues avec une tache pourpre; les pen- nes des ailes sont variées de vert, de bleu foncé, et de noir; le croupion est varié d'un bleu pâle et vert, et le ventre est d'un blanc de neige. Sa queue est d'une belle forme; elle est brune sur sa longueu-r, et rousse à l'extrémité. Seba ajoute que cet oiseau, qui lui a été envoyé d'Amboine, est d'une figure très élégante (la planche qui le représente est fort mauvaise) ; il ajoute qu'il joint à la variété de son plumage un chant très agréa- ble. Cette courte indication doit suffire pour exclure le calatti du genre des tangaras, qui ne se trouvent qu'en Amérique, et non pas à Araboine ni dans aucun autre endroit des Indes orientales. 6° L'oiseau anonyme de Hernandès. Il a le dessus de la tête bleu, le dessus du corps varié de vert et de noir, et le dessous jaune tacheté de blanc; \es ailes et la queue sont d'un vert foncé avec des taches d'un vert plus clair; les pieds sont bruns, et les doigts et les ongles sont très longs. Hernandès ajoute dans un corollaire que cet oiseau a le bec noir et bien crochu, et que si la courbure du bec étoit plus forte et les doigts disposés comme ceux des perroquets, il n'hésiteroit pas à ie regarder comme un vrai perroquet. D'après ces indications, nous nous croyons fondés à rapporter cet oiseau anonyme au genre des pies- grièches; et il est étonnant que M. Brisson se soit si fort trompé sur les caractères de cet oiseau, et qu'il l'ait rapporté au genre des tangaras. LE TANGARA NÈGRE. 253 y" Le cardinal brun de M. Brissoii , qui n'est pas un tangara, mais un troupiale. Cet oiseau est le même que celui dont nous avons parlé sous le nom de com- mandeur. L'OISEAU SILENCIEUX. Tanagra silens. Latu. Cet oiseau, n" 74^, sous la dénomination de tan- gara de la GuamCj, est d'une espèce que nous ne pou- vons rapportera aucun genre, et que nous ne plaçons après les tangaras que parce qu'il a, par sa conforma- tion extérieure, quelque rapport avec eux : mais il en diffère tout-à-fait par les habitudes naturelles; car il ne fréquente pas, comme eux, les endroits décou- verts; il ne va pas en compagnie; on le trouve tou- jours seul dans le fond des grands bois fort éloignés des endroits habités, et on ne l'a jamais entendu ra- mager ni même jeter aucun cri; il sautille plutôt qu'il ne vole, et ne se repose que rarement sur les bran- ches les plus basses des arbrisseaux , car d'ordinaire il se tient à terre. Toutes ses habitudes sont, comme l'on voit, bien différentes de celles des tangaras, mais il leur ressemble par la forme du corps et des pieds; il a une légère échancrure aux deux côtés du bec, qui néanmoins est plus allongé que le bec des tanga- ras; il est du même climat de l'Amérique; et ce sont ces rapports communs qui nous ont déterminés à pla cer cel oiseau à la suite de ce genre. 254 l'ortolan. L'ORTOLAN'. Emberiza hortulana. L. Il est très probable que notre ortolan , n" 247, fig. 1, n'est autre chose que la miliaire de Yarron, ainsi appelée parce qu'on engraissoit cet oiseau avec du millet : il est tout aussi probable que le cenclirur mos d'Aristote et de Pline est encore le même oiseau ; car ce nom est évidemment formé du mot cencliris^ qui signifie aussi du mitlet : et ce qui donne beaucoup de force à ces probabilités fondées sur l'étymologie , c'est que notre ortolan a toutes les propriétés qu'Aristote attribue à son cenchramos^ et toutes celles que Varron attribue à sa miliaire. ' 1° Le cencliramos est un oiseau de passage, qui, se- lon Aristote et Pline, accompagne les cailles, comme font le râle, la barge, et quelques autres oiseaux voya- geurs. 2*" Le cencliramos fait entendre son cri pendant la nuit; ce qui a donné lieu aux deux mêmes natura- listes de dire qu'il rappeloit sans cesse ses compagnes de voyage, et les pressoit nuit et jour d'avancer che- min. 1. En plusieurs provinces de France, on donne le nom à'orlolans à plusieurs oiseaux d'espèces très différentes ; par exemple, au lorcol, au bec-figue, elc. En Amérique, on le donne à une petite espèce de tour- terelle qui prend beaucoup de graisse , et dont la chair est très déli- cate Les amateurs de bons morceaux ont aussi leur nomeuciaturc^ t/ortolan. 255 5" Enfin , dès le temps de Vairon, l'on engraissoit les uiiliaires ainsi que les cailles et les grives; et lors- qu elles étoient grasses, on les vendoit fort cher aux Hortensius, aux Luculhis, etc. Or tout cela convient à notre ortolan : car il est oiseau de passage ; j'en ai pour témoins la foule des naturalistes et des chasseurs; il chante pendant la nuit, comme l'assurent Rramer, Frisch , Salerne^: enfin, lorsqu'il est gras, c'est un morceau très fin et très recherché ^. A la vérité, ces oiseaux ne sont pas toujours gras lorsqu'on les prend; mais il y a une mé- thode assez sûre pour les engraisser. On les met dans une chambre parfaitement obscure, c'est-à-dire dans laquelle le jour extérieur ne puisse pénétrer; on l'é- claire avec des lanternes entretenues sans interrup- tion , afin que les ortolans ne puissent point distinguer le jour de la nuit; on les laisse courir dans cette cham- bre, où l'on a soin de répandre une quantité sutFisante d'avoine et de millet : avec ce régime ils engraissent extraordinairement , et finiroient par mourir de gras- fondure ^ , si l'on ne prévenoit cet accident en les tuant à propos. Lorsque le moment a été bien choisi, ce sont de petits pelotons de graisse, et d'une graisse dé- 1, Je puis citer aussi le sieur Burel . jardinier à Lyon , qui a quel- quefois plus de cent ortolans dans sa volière, et qui m'a appris ou contirmé plusieurs particularités de leur histoire. 2. On prétend que ceux que Ion prend dans les plaines de Tou- louse sont de meilleur goût que ceux d'Italie. En hiver ils sont très rares , et par conséquent très chers : on les envoie à Paris en poste dans une mallette pleine de millet, suivant l'historien du Languedoc ; de même qu'on les envoie de Bologne et de Florence à Rome dans des boîtes pleines de larine, suivant Aldrovande. T). On dit fju'ils engraissent quelquefois jusqu'à peser trois onces. 2 56 l'ortolan. licate, appétissante, exquise; mais elle pèche par son abondance même, et l'on ne peut en manger beau- coup : la nature, toujours sage, semble avoir mis le dégoût à côté de l'excès, afin de nous sauver de no- tre intempérance. Les ortolans gras se cuisent très facilement, soit au bain-marie, soit au bain de sable, de ceiidre, etc., et l'on peut très bien les faire cuire ainsi dans une coque d'œuf naturelle ou artificielle, comme on y faisoit cuire autrefois les bec-figues. On ne peut nier que la délicatesse de leur chair, ou plutôt de leur graisse, n'ait plus contribué à leur célébrité que la beauté de leur ramage : cependant lorsqu'on les tient en cage ils chantent au printemps, à peu près comme le bruant ordinaire, et chantent, ainsi que je l'ai dit p!us haut, la nuit coD)me le jour; ce que ne fait pas le bruant. Dans les pays où il y a beaucoup de ces oiseaux, et où par conséquent ils sont bien connus, comme en Lombardie, non seule- ment on les engraisse pour la table , mais on les élève aussi pour le chant, et M. Salerne trouve que leur voix a de la douceur. Cette dernière destination est la plus heureuse pour eux, et fait qu'ils sont mieux traités et qu'ils vivent davantage ; car on a intérêt de ne point étouffer leur talent en les excédant de nour- riture. S'ils restent long-temps avec d'autres oiseaux, ils prennent quelque chose de leur chant , surtout lorsqu'ils sont fort jeunes; mais je ne sache pas qu'on leur ait jamais appris à prononcer des mots, ni à chan- ter des airs de musique. Ces oiseaux arrivent ordinairement avec les hiron- delles ou peu après, et ils accompagnent les cailles LOKTOLAN. 'J'j'J OU les précèdent de fort peu de temps. Ils viennent de la basse Provence, et remontent jusqu'en Bourgo- gne, surtout dans les cantons les plus chauds où il y a des vignes : ils ne touchent cependant point aux rai- sins, mais ils mangent les insectes qui courent sur les pampres et sur les liges de la vigne. En arrivant ils sont un peu maigres, parce qu'ils sont en amour ^. Ils font leurs nids sur les ceps, et les reconstruisent assez négligemment, à peu près comme ceux des alouettes : la femelle y dépose quatre ou cinq œufs grisâtres, et fait ordinairement deux pontes par an. Dans d'autres pays , tels que la Lorraine , ils font leurs nids à terre, et par préférence dans les blés. La jeune famille commence à prendre le chemin des provinces méridionales dès les premiers jours du mois d'août; les vieux ne partent qu'en septembre, et même sur la fin. Us passent dans le Forez, s'arrê- tent aux environs de Saint -Chaamont et de Saint- Etienne : ils se jettent dans les avoines, qu'ils aiment beaucoup; ils y demeurent jusqu'aux premiers froids, s'y engraissent, et deviennent pesants au point qu'on les pourroit tuer à coups de bâton. Dès que le froid se fait sentir, ils continuent leur route pour la Pro- vence; c'est alors qu'ils sont bons à manger, surtout les jeunes : mais il est plus difficile de les conserver que ceux que l'on prend au premier passage. Dans le Béarn, il y a pareillement deux passes d'o''tolans, et par conséquent deux chasses, l'une au mois de mai, et l'autre au mois d'octobre. I. Ou peut cependant les engraisser malgré le désavantage de la saison, en commençant de les nourrir avec de l'avoine , et ensuite avec ie chènevis , le millet, etc. 258 l'orïolax. Quelques personues regardent ces oiseaux comme étant originaires d'Italie, d'où ils se sont répandus en Allemagne et ailleurs; cela n'est pas sans vraisem- blance, quoiqu'ils nichent aujourd'hui en Allemagne, où on les prend pèle-mele avec les bruants et les pinsons : mais l'Italie est un pays plus anciennement cultivé ; d'ailleurs il n'est pas rare de voir ces oiseaux, lorsqu'ils trouvent sur leur route un pays qui leur convient, s'yfixer et l'adopter pour leur patrie, c'est-à- dire pourVy perpétuer. Il n'y a pas beaucoup d'années qu'ils se sont ainsi naturahsés dans un pelit canton de la Lorraine, situé entre Dieuze et Mulée ; qu'ils y font leur ponte; qu'ils y élèvent leurs petits ; qu'ils y séjournent, en un mot, jusqu'à l'arrière -saison , temps où ils partent pour revenir au printemps. Leurs voyages ne se bornent point à l'Allemagne ; M. Linneeus dit qu'ils habitent la Suède , et fixe au mois de mars l'époque de leur migration : mais il ne faut pas se persuader qu'ils se répandent générale- ment dans tous les pays situés entre la Suède et l'Ita- lie; ils reviennent constamment dans nos provinces méridionales; quelquefois ils prennent leur route par la Picardie : mais on n'en voit presque jamais dans la partie de la Bourgogne septentrionale que j'habite, dans la Brie, dans la Suisse^, etc. On les prend éga- lement au fdet et aux glu aux. Le mâle a la gorge jaunâtre, bordée de cendré; le tour des yeux du même jaunâtre; la poitrine, le ven- tre, et les flancs, roux avec quelques mouchetures, d'où lui est venu le nom italien de tordino; les cou- 1. Gesiicr ne parle des orloîaus que d'après un de ces oiseaux ({ue lui avoif envoyé Aldrovande , et d'après les auteurs. L ORTOLAN. 2.}C) Tertures inférieures de la queue de la même couleur, mais plus claire; la tête et le cou cendré olivâtre; le dessus du corps varié de marron brun et de noirâtre; le croupion et les couvertures supérieures de la queue d'un marron brun uniforme; les pennes de l'aile noi- râtres , les grandes bordées extérieurement de gris, les moyennes, de roux; leurs couvertures supérieures variées de brun et de roux; les inférieures, d'un jaune soufre ; les pennes de la queue noirâtres, bordées de roux, les deux plus extérieures bordées de blanc; enfin le bec et les pieds jaunâtres. La femelle a un peu plus de cendré sur la tête et sur le cou , et n'a pas de tache jaune au dessous de l'œil : en général, le plumage de l'ortolan est sujet à beaucoup de variétés. Il est moins gros que le moineau-franc. Longueurs, six pouces un quart, cinq pouces deux tiers; bec, cinq lignes; pieds, neuf lignes; doigt du milieu , huit lignes; vol, neuf pouces; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de dix-huit à vingt lignes. Variétés de L'Ortolan, T. V Ortolan jaune. Aldrovande, qui a observé cette variété, nous dit que son plumage étoit d'un jaune paille, excepté les pennes des ailes, qui étoient terminées de blanc, et dont les plus extérieures étoient bordées de cette même couleur. Autre singularité : cet individu avoit îe bec et les pieds rouges. 26o VARIÉTÉS DE l'oUTOLAN. IL VOrioian blanc. Aldrovande compare sa blancheur à celle du cygne, et dit que tout son plumage, saas exception, est de cette blancheur. Le sieur Burel de Lyon, qui a nourri pendant long-temps des ortolans, m'assure qu'il en a vu plusieurs qui ont blanchi en vieillissant. ITI. L'Ortolan noirâtre. Le sieur Burel a aussi vu des ortolans qui avoient sans doute le tempérament tout autre que ceux dont on vient de parler, puisqu'ils ont noirci en vieillis- sant. L'individu observé par Aldrovande avoit la tête et le cou verts, un peu de blanc sur la tête et sur deux pennes de l'aile; le bec rouge et les pieds cen- drés; tout le reste étoit noirâtre. IV. L'Ortolan à queue blanche. Il ne diffère de l'ortolan que par la couleur de sa queue, et en ce que toutes les teintes de son plu- mage sont plus foibles. J'ai observé un individu qui avoit la gorge jaune mêlé de gris, la poitrine grise, et le ventre roux. t/ORTOLAN DK KOSEATJX. 261 L'ORTOLAN DE ROSE AU X\ Emberlza Schœniclas. Gmel. En comparant les divers oiseaux de cette famille, j'ai trouvé des rapports si frappants entre l'ortolan de cet article, n° 247, fig- 2, le mâle, et n''497? ^^- ^ -> la femelle, et les quatre suivants^, que je les eusse rapportés tous à une seule et même espèce, si j'avois pu réunir un nombre de faits suffisants pour autoriser cette petite innovation : il est plus probable que tous ces oiseaux et plusieurs autres du môme nom s'ac- coupleroient ensemble, si l'on savoit s'y prendre; il est probable que ces accouplements seroient avoués de la nature, et que les métis qui en résulteroient auroient la facuUé de se reproduire; mais une con- jecture , quelque fondée qu'elle soit , ne suffit pas tou- jours pour s'écarter de l'ordre établi. D'ailleurs je voi«; quelques uns de ces ortolans qui subsistent depuis long-temps dans le même pays sans se mêler, sans se rapprocher, sans rien perdre des différences qui les distinguent les uns des autres ; je remarque aussi qu'ils n'ont pas tous absolument les mômes mœurs ni les mômes habitudes : je me conformerai donc aux idées, ou, pour mieux dire, aux conventions reçues, en séparant ces races diverses, et les regardant en effet comme autant de races distinctes, sortant ori- i. 11 est connu en Provence sous le nom de chic des roseaux. 2. Le gavoué de Provence, le miiîlènc, l'ortolan d« Lorraine, et 1 ortolan de la Loiiisiano. ullFFO^'. XXIX. 1 7 à65> I/0UT0LA^ DE KOSEAllX. ginairemeiit d'une même tige, et qui pourront s'y réunir un jour; mais, en me soumettant ainsi à la pluralité des voix, je protesterai hautement contre la fausse multiplication des espèces, source trop abon- dante de confusion et d'erreurs. Les ortolans de roseaux se plaisent dans les lieux humides, et nichent dans les joncs, comme leur nom l'annonce; cependant ils gagnent quelquefois les hau- teurs dans les temps de pluie : au printemps, on les voit le long des grands chemins, et sur la fin d'août ils se jettent dans les blés. M. Kramer assure que le millet est la graine qu'ils aiment le mieux. En géné- ral , ils cherchent leur nourriture le long des haies et dans les champs cultivés , comme les bruants ; ils s'é- loignent peu de terre et ne se perchent guère que sur les buissons. Jamais ils ne se rassemblent en troupes nombreuses; on n'en voit guère que trois ou quatre à la fois. Ils arrivent en Lorraine vers le mois d'avril , et s'en retournent en automne; mais ils ne s'en re- tournent pas tous, et il y en a toujours quelques uns qui restent dans cette province pendant l'hiver. On en trouve en Suède, en Allemagne, en Angleterre, en France, et quelquefois en Italie, etc. Ce petit oiseau a presque toujours l'œil au guet, comme pour découvrir l'ennemi; et lorsqu'il a aperçu quelques chasseurs il jette un cri qu'il répète sans cesse, et qui non seulement les ennuie, mais quel- quefois avertit le gibier, et lui donne le temps de faire sa retraite. J'ai vu des chasseurs fort impatientés de ce cri , qui a du rapport avec celui du moineau. L'or- tolan de joncs a outre cela un chant fort agréable au mois de mai, c'est-à-dire au temps de la ponte. l'ortolan de roseaux. 267} Cet oiseau est un véritable hoche-queue; car il a dans la queue un mouvement de haut en bas, assez brusque et plus vif que les lavandières. Le mâle a le dessus de la tête noir; la gorge et le devant du cou variés de noir et de gris roussâtre ; un collier blanc qui n'embrasse que la partie supérieure du cou; une espèce de sourcil, et une bande au des- sous des yeux de la même couleur; le dessus du corps varié de roux et de noir; le croupion et les couver- tures supérieures de la queue variés de gris et de roussâtre; le dessous du corps d'un blanc teinté de roux; les flancs un peu tachetés de noirâtre; les pen- nes des ailes brunes, bordées de différentes nuances de roux; les pennes de la queue de même, excepté les deux plus extérieures de chaque côté, lesquelles sont bordées de blanc; le bec brun, et les pieds d'une couleur de chair fort rembrunie, La femelle n'a point de collier; sa gorge est moins noire, et sa tête est variée de noir et de roux clair; le blanc qui se trouve dans son plumage n'est point pur, mais presque toujours altéré par une teinte de roux. Longueurs, cinq pouces trois quarts, cinq pou- ces*; bec, quatre lignes et demie; pied, neuf lignes; doigt du milieu, huit lignes; vol, neuf pouces; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes, dépassant les ailes d'environ quinze lignes. 1 . Lorsqu'il y a deux longueurs exprimées, la première s'entend de la pointe du bec au bout de la queue ; et l'autre , de la pointe du bec au bout des ongles. 264 ^^ COQUELliCIlE. LA COQUELUCHE'. Une espèce de coqueluchon d'un beau noir recou- vre la tête , la gorge, et le cou de cet oiseau , puis des- cend en pointe sur la poitrine, à peu près comme dans l'ortolan de roseaux i tout ce noir n'est égayé que par une petite tache blanche, placée de chaque côté fort près de l'ouverture du bec; le reste du dessous du corps est blanchâtre, mais les flancs sont mouchetés de noir. Le coqueluchon dont j'ai parlé est bordé de blanc par derrière; tout le reste du dessus du corps est varié de roux et de noirâtre. Les pennes de la queue sont de cette dernière couleur, mais les deux intermédiaires sont bordées de roussâtre ; les deux plus extérieures ont une tache blanche oblique; les trois autres n'ont aucune tache. Longueur totale, cinq pouces; bec six lignes, noir partout; tarse, neuf lignes; queue, deux pouces, un peu fourchue , dépassant les ailes d'environ treize li- i. Cet oiseau est du cabinet de M. le docteur Mauduit, qui lui a donné le nom (ïortoiaH de roseaux de Sibérie. Je n'ai point osé adopter cette dénomination , parce qu'il ne me paroît pas assex prouvé que cet ortolan de Sibérie soit une simple variété de climat de notre ortolan de roseaux. LE GAVOLÉ DE PKOVIÎNGE. ^65 »»a»s»»»»fra»»»«»a<»9 LE GAVOUE DE PROVENCE*. Emberiza Provincialis. Gmel. Il est remarquable par une plaque noire qui coa- vre la région de l'oreille, par une ligne de la même couleur, qui lui descend de chaque côté du bec en guise de moustaches, et par la couleur cendrée qui règne sur la partie inférieure du corps; le dessus de la tête et du corps varié de roux et de noirâtre; les pennes de la queue et des ailes sont aussi mi-parties des mêmes couleurs, le roux en dehors est apparent , et le noirâtre en dedans est caché. Il y a un peu de blanchâtre autour des yeux et sur les grandes cou- vertures des ailes. Cet oiseau, n°656, fig. i, se nourrit de graines; il aime à se percher, et, dans le mois d'avril, son chant est assez agréable. C'est une espèce ou race nouvelle que nous devons à M. Guys. Longueur totale, quatre pouces deux tiers; bec; cinq lignes; queue, vingt lignes, un peu fourchue; elle dépasse les ailes de treize lignes. 1. On l'appelle en Provence, clil M. Guys, chic-gavoiL , d'où Ton a formé le nom de gavoué. On lui donne ..ussi le nom de c/dcnious' tache, à cause des bandes noires qu'il a autour du l)ec. 266 LE MITILÈNE DE PROVENCE, LE MITILÉNE DE PROVENGE'. Emberiza Lesbia, Gmel. Cet oiseau , n° 656, Cg. 2 , diffère du précédent en ce que le noir qu'il a sur les côtés de la tête se réduit à trois bandes étroites y séparées par des espaces blancs, et en ce que le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont nuancés de plusieurs roux : mais ce qui établit entre ces deux races d'or- tolans une disparité bien marquée, c'est que le miti- lène ne commence à faire entendre son chant qu'au mois de juin, qu'il est plus rare, plus farouche, et qu'il avertit les autres oiseaux, par ses cris répétés, de l'apparition du milan, de la buse, et de î'épervier; en quoi son instinct paroît se rapprocher de celui de l'ortolan de roseaux. Les Grecs de Metelin ou de l'an- cienne Lesbos l'oint établi, d'après la connoissance de cet instinct, pour être le gardien de leur basse-cour : seulement ils ont soin de le tenir dans une cage un peu forte; car on comprend bien que sans cela il ne troubleroit pas impunément les oiseaux de proie dans la possession immémoriale de dévorer les oiseaux foi- blés. 1. M. Guys , qui a envoyé cet oiseau au Cabinet du Roi , nous ap- prend qu'il est connu en Provence sous le nom de chic de Miidène ^ eu chic proprement dit , d'après son cri. l'ortolan de LORiiAiNi:. 267 L'ORTOLAN DE LORRAINE. Emberiza Lottingerica. Gmel. r M. Lottinger nous a envoyé cet oiseau ^ de Lor- raine, où il est assez commun : il a la gorge, le devant du cou, la poitrine, d'un cendré clair moucheté de noir; le reste du dessous du corps d'un roux foncé; le dessus de la tête et du corps roux moucheté de noir; l'espace autour des yeux d'une couleur plus claire; un trait noir sur les yeux; les petites couver- tures des ailes d'un cendré clair sans niouchetures; les autres mi-parties de roux et de noir; les premières pennes des aile? noires, bordées de cendré clair, les suivantes de roux; les deux pennes du milieu de la queue rousses, bordées de gris; les autres mi-parties de noir et de blanc, mais les plus extérieures ont tou- jours plus de blanc; le bec d'un brun roux, et les pieds moins rembrunis. Longueur totale, six pouces et demi; bec, cinq lignes et demie; queue, deux pouces quatre lignes; elle dépasse les ailes de quinze lignes. La femelle a une espèce de collier mêlé de roux et de blanc, dont on voit la naissance dans la figure; tout le reste du dessous du corps est d'un blanc roussâtre : le dessus de la tête est varié de noir, de roux , et de blanc; mais le noir disparoît derrière la tête, et le 1. N" 5n, fig. 1, le mAle, v\ fi g. 2 , la fomclle . sous le nom (Yorto tan de passage. 26S l'oktolan de lorraine. roux va s affoiblissant, en sorte qu'il résulte de tout cela un gris roussâtre presque uniforme. Cette femelle a des espèces de sourcils blancs; les joues d'un roux fonce; le bec d'un jaune orange à la base, noir à la pointe; les bords du bec inférieur rentrants et reçus dans le supérieur; la langue fourchue, et les pieds noirs. On m'a apporté, le lo janvier, un de ces oiseaux qui venoit d'être tué sur une pierre au milieu du grand chemin : il pesoit une once ; il avoit dix pouces d'intestins; deux très petits cœcum; un gésier très gros, long d'environ un pouce, large de sept lignes et de- mie, rempli de débris de matières végétales et de beaucoup de petits graviers : la membrane cartilagi- neuse dont il étoit doublé avoit plus d'adhérence qu'elle n'en a communément dans les oiseaux. Longueur totale, cinq pouces dix lignes; bec, cinq lignes et demie; vol, douze pouces, queue, deux pouces et demi , un peu fourchue , dépassant les ailes d'environ un pouce; ongle postérieur, quatre lignes et demie, et plus long que le doigt. L'ORTOLAN DE LA LOUISLINE. Emberiza Ludovica. Gmel. On trouve sur la tête de cet oiseau d'Amérique, n" i58, fig. 1, la bigarrure de blanchâtre et de noir qui est commune à presque tous nos ortolans : mais, au lieu d'avoir la queue un peu fourchue, il l'a au l'ortolan de la LOUISIANE. 26g contraire un peu étagée. Le sommet de la tête pré- sente un fer à cheval noir, qui s'ouvre du côté du bec , et dont les branches passent au dessus des yeux pour aller se réunir derrière la^ête : il a au dessous des yeux quelques autres taches irrégulières; le roux domine sur toute la partie inférieure du corps, plus foncé sur la poitrine, plus clair au dessus et au des- sous; la partie supérieure du corps est variée de roux et de noir, ainsi que les grandes et moyennes cou- vertures et la penne des ailes la plus voisine du corps: mais toutes les autres pennes et les petites couver- tures de ces mêmes ailes sont noires, ainsi que le croupion, la queue, et ses couvertures supérieures; le bec a des taches noirâtres sur un fond roux; les pieds sont cench'és. Longueur totale, cinq pouces un quart; bec, cinq lignes; vol, neuf pouces; queue, deux pouces un quart, composée de douze pennes un peu étagées; elle dépasse les ailes de quatorze lignes. UORTOLAN A VENTRE JAUNE DU CAP DE BONINE-ESPÉRAINCE. Emberiza Capensis. G31EL. Nous devons cet ortolan '^ à M. Sonnerat; c'est un des pins beaux de la famille : il a la tête d'un noir 1. IN" 664» fig. 2, le uialc adulte ; el ug. i, la femelle ou un jeune. 270 LORTOLAN A VENTRE JAUNE. lustré^ é^^yé par cinq raies blanches à peu près pa- rallèles, dont celle du milieu descend jusqu'au bas du cou. Tout le dessous du corps est jaune : mais la teinte la plus foncée se trouve sur la poitrine, d'où elle va se dégradant par nuances insensibles au dessus et au dessous; en sorte que la naissance de la gorge et les dernières couvertures inférieures de la queue sont presque blanches. Une bande grise transversale sépare le cou du dos; le dos est d'un roux brun, va- rié d'une couleur plus claire; le croupion gris; la queue brune , bordée de blanc des deux côtés, et un tant soit peu au bout; les petites couvertures des ailes, gris cendré; ce qui paroît des moyennes, blanc; les grandes, brunes, bordées de roux; les pennes des ailes, noirâtres, bordées de blanc, excepté les plus voisines du corps, qui sont bordées de roux; la troi- sième et la quatrième sont les plus longues de toutes. A l'égard des pennes de la queue, la plus extérieure et l'intermédiaire de chaque côté sont plus courtes; en sorte qu'en partageant la queue en deux parties égales, quoique la queue en totalité soit un peu four- chue , chacune de ces deux parties est étagée; la plus grande différence de longueur des pennes est de trois lignes. La feme-lle a les couleurs moins vives et moins tran- chées. Longueur totale, six pouces un quart; bec, six li- gnes; queue, deux pouces trois quarts, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d^ quinze lignes; tarse , huit à neuf lignes ; l'ongle postérieur est le plus fort de tous. L ORTOLAN DU CAP DE BOINNE-ESPEIIÂNCE. ii'J \ L'ORTOLAN DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. Si l'ortolan à ventre jaune du cap de Bonne-Espé- rance efface tous les autres ortolans par la beauté de son plumage, celui-ci, n° i58, fig. 2, semble être venu du même pays tout exprès pour les faire briller par la comparaison de ses couleurs sombres, foibles, ou équivoques : il a cependant deux traits noirs, l'un sur les yeux, l'autre au dessous, qui lui donnent une physionomie de famille : mais le dessus de la tête et du cou est varié de gris sale et de noirâtre ; le dessus du corps, de noir et de roux jaunâtre; la gorge, la poitrine, et tout le dessous du corps sont d'un gris sale; il a les petites couverture§ supérieures des ailes rousses; les grandes et les pennes, et même les pen- nes de la queue noirâtres, bordées de roussâtre ; le bec et les pieds noirâtres. Longueur totale, cinq pouces trois quarts; bec, cinq lignes; près de neuf pouces de vol ; queue, deux pouces et demi , composée de douze pennes : elle dépasse les ailes de quinze lignes. ^']'2 L ORTOLAN DE NEIGE. L'ORTOLAN DE NEIGE\ Emberiza nivalls. Gmel. Les montagnes du Spitzberg, les Alpes îapones, ies côtes du détroit d'Hudson, et peut-être des pays encore plus septentrionaux, sont le séjour favori de cet ortolan, n° 497 > ^^S- i' pendant la belle saison , si toutefois il est une belle saison dans de^ climats aussi rigoureux. On sait quelle est leur influence sur la couleur du poil des quadrupèdes, comme sur celle des plumes des oiseaux; et l'on ne doit pas être sur- pris de ce que l'oiseau dont il s'agit dans cet article est blanc pendant l'hiver , comme le dit M. Linna?us, non plus que du grand nombre de variétés que l'on compte dans cette espèce, et dont toute la différence consiste dans plus ou moins de blanc, de noir, ou de roussâtre. On sent que les combinaisons de ces trois couleurs principales doivent varier continuelle- ment en passant de la livrée d'été à la livrée d'hiver, et que chaque combinaison observée doit dépendre en grande partie de l'époque de l'observation : sou- vent aussi elle dépendra du degré de froid que ces oiseaux auront éprouvé ; car on peut leur conserver toute l'année leur livrée d'été , en les tenant l'hiver dans un poêle ou dans tout autre appartement bien échauffé. i. RosseUin dans les inonlagues du Dauphiné , sans doute à cause de la couleur roussa.lrc , qui est eu clé la couleur dominante de son plumage, surtout pour les lomclies. Toine 2.:. IXORT OLAN ISTEIGE _ 2, LE BHUANT ¥0"Cr_3.L OKTOLAKTIïE ROSSA'JX LOllTOLAN DE NEIGE. 27/; En hiver, le mâle a la tête , le cou , les couvertures des ailes, et tout le dessous du corps blanc comme la neige ^, avec une teinte légère et comme transpa- rentC'de roussâtre sur la tête seulement; le dos noir; les pennes des ailes et de la queue, mi-parties de noir et de blanc. En été, il se répand sur la tête, le cou, le dessous du corps et même sur le dos, des ondes transversales de roussâtre plus ou moins foncé, mais jamais autant que dans la femelle, dont cette couleur est, pour ainsi dire, la couleur dominante, et sur la- quelle elle forme des raies longitudinales. Quelques individus ont du cendré sur le cou, du cendré varié de brun sur le dos , une teinte de pourpre autour des yeux, de rougeâtre sur la tête, etc. La couleur du bec est aussi variable, tantôt jaune, tantôt cendrée a la base, et assez constamment noire a la pointe. Dans tous, les narines sont rondes, un peu relevées et couvertes de petites plumes; la langue un peu four- chue; les yeux petits et noirs; les pieds noirs ou noi- râtres. Ces oiseaux quittent leurs montagnes lorsque la gelée et les neiges suppriment leur nourriture; elle est la même que celle de la gelinotte blanche, et consiste dans la graine d'une espèce de bouleau , et quelques autres graines semblables. Lorsqu'on les 1. Ces plumes blanches sont noires à la base , et il arrive quelque- fois que le noir perce â travers le blanc, et y forme une multitude de petites taches, comme dans l'individu que Frisch a dessiné sous le nom de bruant blanc tacheté . D'autres fois il arrive que la couleur noire de la base de chaque plume s'étend sur la plus grande partie de la plume , en sorte qu'il en résulte une couleur noirâtre sur toute la partie inférieure du corps, comme dans le pinson noirâtre et jaunMre d'Al- diovande. ^"4 l'ortolan de neige. tient en cage, ils s'accommodent très bien de l'avoine, qu'ils épluchent fort adroitement , des pois verts, du chènevis, du millet, de la graine de cuscute, etc. Mais le chènevis les engraisse trop vite et les fait mourir de gras-fondure. Us repassent au printemps pour regagner leurs som- mets glacés. Quoiqu'ils ne tiennent pas toujours la même route , on les voit ordinairement en Suède, en Saxe, dans la basse Silésie, en Pologne, dans la Russie rouge, la Podolie , en Angleterre dans la province d'York. Ils sont très rares dans le midi de l'Allema- gne , et presque tout-à-fait inconnus en Suisse et en Italie. Au temps du passage ils se tiennent le long des grands chemins, ramassant les petites graines et tout ce qui peut leur servir de nourriture : c'est alors qu'on leur tend des pièges. Si on les recherche ce n'est que pour la singularité de leur plumage et la délicatesse de leur chair, mais non à cause de leur voix; car ja- mais on ne les a entendus chanter dans la volière : tout leur ramage connu se réduit à un gazouillement qui ne signifie rien, ou à un cri aigre approchant de celui du geai, qu'ils font entendre lorsqu'on veut les toucher. Au reste, pour les juger définitivement sur ce point, il faudroit les avoir entendus au temps de l'amour, dans ce temps où la voix des oiseaux prend un nouvel éclat et de nouvelles inflexions, et l'on ignore les détails de leur ponte et même les endroits où ils la font : c'est sans doute dans les contrées où ils passent l'été ; mais il n'y a pas beaucoup d'obser- vateurs dans les Alpes lapones. Ces oiseaux n'aiment point à se percher; ils se tien- T. ORTOLAN DE NEIGE. â^O nent à terre, où ils courent et piétinent coiunie nos alouettes, dont ils ont les allures, la taille, presque les longs éperons, etc., mais dont ils diffèrent par la forme du bec et de la langue, et, comme on a vu, par les couleurs, l'habitude des grands voyages, leur séjour sur les montagnes glaciales, etc. ^. On a remarqué qu'ils ne dormoient point ou que très peu la nuit, et que, dès qu'ils apercevoient de la lumière ils se mettoient à sautiller : c'est peut-être la raison pourquoi ils se plaisent pendant Tété sur le sommet des hautes montagnes du INord , où il n'y a point de nuit dans cette saison, et où ils peinent ne pas perdre un seul instant de leur perpétuelle in- somnie. Longueur totale, six pouces et demi; bec, cinq lignes, ayant au palais un tubercule ou grain d'orge qui caractérise cette famille; doigt postérieur égal à celui du milieu, et il a l'ongle beaucoup plus long et moins crochu ; vol, onze pouces et un quart; queue, deux pouces deux tiers, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de dix lignes. Variétés de t' Ortolan de neige. On juge bien , d'après ce que j'ai dit du double changement que l'ortolan de neige éprouve chaque année dans les couleurs de son plumage, et de la dif- férence qui est entre sa livrée d'été et sa livrée d'hiver; 1 . D'habiles naturalistes ont rangé l'ortolan «Je neige a^ec les alouet- tes ; mais M. Linnaeus, frappé des grandes différences qui se trouvent entre ces deux espèces, a reporté celle-ci , avec grande raison , dans Ir genre des bruants. 97^ VARIÉTÉS DE LORTOLAN DE NEIGE. OU jiîge bien, dis-je, qu'il ne sera ici question d'au- cune variété qui pourra appartenir, soit aux deux époques principales, soit aux époques intermédiaires, ces variétés n'étant au vrai que les variations produites par l'action du froid et du chaud dans le plumage du môme individu, que les nuances successives parlés- quelles chacune des deux livrées se rapproche insen- siblement de l'autre. I. L'Ortolan jacobin. C'est une variété de climat, qui a le bec, la poi- trine, et le ventre blancs, les pieds gris, tout le reste noir. Cet oiseau paroît tous les hivers à la Caroline et à la Virginie, et disparoît tous les étés. Il est probable qu'il va nicher du côté du nord II. UOrtolan de neige à collier. Il a la tête, la gorge, et le cou blancs; deux es- pèces de colliers au bas du cou; le supérieur de cou- leur plombée, l'inférieur de couleur bleue, tous deux séparés par la couleur du fond qui forme une espèce de collier blanc intermédiaire ; les plumes des ailes blanches, teintées de jaune verdâtre, et entremêlées de quelques plumes noires ; les huit pennes du mi- lieu de la queue et les deux extérieures blanches, les deux autres noires; tout le reste du plumage d'un brun rougeâtre, tacheté d'un jaune verdâtre; le bec rouge bordé de cendré; l'iris blanc, et les pieds cou- leur de chair. Cet oiseau a été pris dans la province VARIÉTÉS DE LOllTOLAN DE NEIGE, i?77 d'Essex; et ce n'est qu'après un trè^ long temps vt beaucoup de tentatives inutiles qu'on est venu à bout de l'attirer dans ie piège. M. Kramer a remarqué que les ortolans, ainsi que les bruants, les pinsons, et les bouvreuils avoienl les deux pièces du bec mobiles ; et c'est par cette raison , dit-il, que ces oiseaux épluchent les graines, et ne les avalent pas tout entières. L'AGRIPENNE, ou L'ORTOLAN DE RIZ. Emberiza oryzivora. Gmel. Cet oiseau , n'' 388 , fig. i , est voyageur, et le mo- tif de ses voyages est connu : on en voit au mois de septembre des troupes nombreuses, ou plutôt on les entend passer pendant la nuit, venir de l'île de Cuba, où le riz commence à durcir, et se rendant à la Caro- line, où cette graine est encore tendre. Ces troupes ne restent à la Caroline que trois semaines, et au bout de ce temps, elles continuent leur route du côté du nord, cherchant des graines moins dures; elles vont ainsi de station en station jusqu'au Canada, et peut- être plus loin. Mais ce qui pourra surprendre , et qui n'est cependant pas sans exemple , c'est que ces vo- lées ne sont composées que de femelles. On s'est as- suré, dit-on, par la dissection d'un grand nombre d'individus, qu'il n'arrivoit au mois de septembre que des femelles, au lieu qu'au commencement du nuFFON. xxn. iS 278 l'agripenne, ol l'ortolan de riz. printemps, les femelles et les mâles passent ensem- ble; et c'est en eflTet 1 époque marquée par la nature pour le rapprochement des deux sexes. Le plumage des femelles est roussâtre presque par tout le corps; celui des mâles est plus varié. Ils ont la partie antérieure de la tête et du cou , la gorge, la poitrine, tout le dessous du corps, la partie supé- rieure du dos, et les jambes, noirs, avec quelque mélange de roussâtre ; le derrière de la tête et du cou roussâtre ; la partie inférieure du dos et le croupion d'un cendré olivâtre; les grandes couvertures supé- rieures des ailes de même couleur, bordées de blan- châtre; les petites couvertures supérieures des ailes et les couvertures supérieures de la queue d'un blanc sale; les pennes de l'aile noires, terminées de brun , et bordées, les grandes de jaune soufre, les moyen- nes de gris. Les pennes de la queue sont à peu près comme les grandes pennes des ailes; mais elles ont une singularité, c'est que toutes sont terminées en pointe^. Enfin le bec est cendré , et les pieds bruns. On a remarqué que cet ortolan étoit plus haut sur ses -jambes que les autres. Longueur totale, six pouces trois quarts; bec, six lignes et demie ; vol , onze pouces ; queue , deux pou- ces et demi , un peu fourchue ; elle dépasse les ailes de dix lignes. Variété de l' Agripenne ou, Ortolan de riz. L' agripenne^ ou ortolan de la Louisiane. Je ne puis m'empêcher de rapporter cet oiseau à l'espèce précé* i. c'est la raison pourquoi nous avons donné à cet oiseau le nom *y agripenne. VARIETE DE LAGlllPENNE. 279 dente, comme simple variété de climat. En effet, c'est la même taille, le même port, les mêmes pro- portions, la même forme, jusque dans les pennes de la queue, qui sont pointues : il n''y a de différence •que dans les couleurs du plumage. L'ortolan de la Louisiane a la gorge et tout le dessous du corps d'un jaune clair, et qui devient encore plus clair sur le bas-ventre ; le dessus de la tête et du corps , les pe- tites couvertures supérieures des ailes, d'un brun oli- vâtre; le croupion et les couvertures supérieures de la queue, jaunes, rayés finement de brun; les pennes de la queue noirâtres, celles du milieri bordées de jaune, les latérales de bfenc, les intermédiaires de nuances intermédiaires entre le jaune et le blanc ; les grandes couvertures supérieures des ailes, noires, bordées de blanc; les pennes de même, excepté les moyennes qui ont plus de blanc. Les dimensions sont à peu près les mêmes que dans l'ortolan de riz. LE BRUANT DE FRANGE. Ernberiza CltrineUa. Gmel. Le tubercule osseux ou grain d'orge que cet oiseau a dans le palais, est le titre incontestable par lequel il prouve sa parenté avec les ortolans; il a encore avec eux plusieurs autres traits de conformité, soit dans la forme extérieure du bec et de la queue , soit dans la proportion des autres parties et dans le bon goût de sa a8o LE BRUANT DE FRANCE. chair ^. M. Saîerne remarque que son cri est à peu près le môme, et que c'est d'après ce cri, semblable, dit-il, à celui de l'ortolan, qu'on l'appelle dans l'Or- léanois binery. Le bruant, n^ 5o, fig. i, fait plusieurs pontes. H dernière en septembre. Il pose son nid à terre , sous une motte , dans un buisson, sur une touffe d'herbe ; et, dans tous les cas, il le fait assez négligemment : quelquefois il l'établit sur les basses branches des ar- bustes; mais alors il le construit avec un peu plus de soin. La paille, la mousse, et les feuilles sèches, sont les matériaux qu'il emploie pour le dehors; les raci- nes et la paille plus menue, le crin et la laine, sont ceux dont il se sert pour matelasser le dedans. Ses œufs , le plus souvent au nombre de quatre ou cinq, sont tachetés de" brun de difîérentes nuances, sur un fond blanc : mais les taches sont plus fréquentes au gros bout. La femelle couve avec tant d'affection , que souvent elle se laisse prendre à la main , en plein jour. Ces oiseaux nourrissent leurs petits de graines, d'insectes, et même de hannetons, ayant la précau- tion d'ôter à ceux-ci-^les enveloppes de leurs ailes, qui seroient trop dures. Ils sont granivores; mais on sait bien que cette qualité ne leur interdit pas les insec- tes. Le miilet et le chènevis sont les graines qu'ils ai- ment le mieux. On les prend au lacet avec un épi d'avoine pour tout appât : mais ils ne se prennent pas, dit-on, à la pipée. Ils se tiennent l'été autour des 1. Sa chair est jaune , et l'on n'a pas manqué de dire que c'étoit un remède ronlre la jaunisse, et même que, pour guérir de ce mal, il ne falloit que regarder l'oiseau, lequel prcnoit la jaunisse du regardant et monroit. Vovez Scbwenckfeld. LE BRUANT DE FRANCE. 281 boiSj îe long des haies et des buissons; quelqu'^fois dans les vignes, mais presque jamais dans l'intérieur des forets. L'hiver, une partie change de climat, ceux qui restent, se rassemblant entre eux, et se réunis- sant avec les pinsons, les moineaux, etc., forment des troupes très nombreuses, surtout dans les jours pluvieux; ils s'approchent des fermes, et même des villes et des grands chemins, où ils trouvent leur nourriture sur les buissons, et jusque dans la fiente des chevaux, etc. Dans cette saison, ils sont presque aussi familiers que les moineaux. Leur vol est rapide ; ils se posent au moment où l'on s'y attend le moins, et presque toujours dans le plus épais du feuillage, rarement sur une branche isolée. Leur cri ordinaire est composé de sept notes, dont les six premières égaies et sur le môme ton, et la dernière plus aiguë et plus traînée, tï^ tï j, tïj, tï _, tï^ tï^ tî'^. Les bruants sont répandus dans toute l'Europe , depuis la Suède jusqu'à l'Italie inclusivement, et par conséquent peuvent s'accoutumer à des températures très dilTérentes : c'est ce qui arrive à la plupart des oiseaux qui se familiarisent plus ou moins avec l'homme, et savent tirer parti de sa société. Le mâle est remarquable par l'éclat des plumes jaunes qu'il a sur la tête et sur la partie inférieure du 1. Selon quelques uns , ils ont encore un autre cri , vignerot , vigne- rot, vignerot, titchye. Olina dit qu'ils imitent en partie le ramage des pinsons , avec lesquels ils volent en troupes. Friscli dit qu'ils prennent aussi quelque chose du chant du canari lorsqu'ils l'entendent étant jeunes, et il ajoute que le mélis provenant du mâle bruant et de la femelle canari chante mieux que son père. Enfin M. Guys assure que le chant du mâle bruant devient agréable à l'approche du mois d";'.oûl. Aîdrovaude parle aussi de son ramage. 282 LE BRUANT DE FRANCE. corps : mais sur la tête, cette couleur est variée de bi*UQ; elle est pure sur les côtés de la tête, sous la gorge, sous le ventre, et sur les couvertures du des- sous des ailes, et elle est mêlée de marron clair sur tout le reste de la partie inférieure. L olivâtre règne sur le cou et les petites couvertures supérieures des ailes; le noirâtre mêlé de gris et de marron clair, sur les moyennes et les plus grandes, sur le dos, et même sur les quatre premières pennes de l'aile ; les autres sont brunes, et bordées, les grandes de jau- nâtre, les moyennes de gris; les pennes de la queue sont brunes aussi, et bordées, les deux extérieures de blanc, et les dix autres de gris blanc; enfin leurs couvertures supérieures sont d'un marron clair, ter- minées de gris blanc. La femelle a moins de jaune que le mâle, et elle est plus tachetée sur le cou, la poitrine, et le ventre : tous deux ont les bords du bec inférieur rentrants et reçus dans le supérieur ; les bords de celui-ci échancrés près de la pointe ; la lan- gue divisée en filets déliés par le bout : enfin l'ongle postérieur est le plus long de tous. L'oiseau pèse cinq à six gros; il a sept pouces et demi de tube intestinal; des vestiges de cœcuin; l'œsophage long de deux pouces et demi, se dilatant près du gésier; le gésier musculeux; la vésicule du fiel très petite. Dans l'o- vaire de toutes les femelles que j'ai disséquées, il s'est trouvé des œufs de grosseur inégale. Longueur totale, six pouces un tiers ; bec, cinq li- gnes; pieds, huit à neuf lignes; doigt du milieu pres- que aussi long; vol, neuf pouces un quart; queue, deux pouces trois quarts, composée de clouze pennes, un peu fourchue ► non seulement parce que les peu- p5cagxij3t,scub. 1 ,T.E.BKaAÎ"rT 2IZI_- 1 I.,E MANAKIN ROUGE _ 3. LE BOUVREUll LE BRUANT DE FRANCE. 285 lies intermédiaires sont plus courtes que les latérales, mais aussi parce que les six pennes de chaque côté se tournent naturellement en dehors: elle dépasse les ailes de vingt-une lignes. Variétés du Bruant, On peut bien s'imaginer que le jaune et les autres couleurs propres à cette espèce varient dans diflerents individus, dans difîerents climats, etc. , soit pour la teinte, soit pour la distribution. Quelquefois le jaune s'étend sur toute la tête, sur le cou , etc. D'autres in- dividus ont la tête d'un cendré jaunâtre ; le cou cen- dré tacheté de noir; le ventre, les jambes, et les pieds, d'un jaune de safran ; la queue brune, bordée de jaune, etc. '^. LE ZIZI, ou LE BRUAINÏ DE HAIE. Emberiza C irais. Gmel. Je donne à cet oiseau (n** 653, ug. i , le mâle, et lig. 2 , la femelle) le nom de zizi d'après son cri ordi- naire , assez semblable à celui du premier bruant. On le voit tantôt perché, tantôt courant sur la terre, et par préférence dans les champs nouvellement labou- rés, où il trouve des grains, de petits vers, et d'autres 1 . M. Brieson croit que c'est la femelle bruant : mais ce jaune safran ue peut guère appartenir à Iq femelle, ni même au mâle; en tout cas , V scroit une variété de femelle. 284 l'ï^ ZIZI, ou LE BRL'ANT DE HAIE. insectes : aussi a-t-il presque toujours le bec terreux. Il donne assez facilement dans tous les pièges, et lorsqu'il est pris aux gluaux , il y reste le plus souvent, ou bien il ne s'en tire qu'en perdant presque toutes ses plumes, et il tombe ne pouvant plus voler. Il s'ap- privoise aisément dans la volière, cependant il n'est pas absolument insensible à la perte de sa liberté; et ce qui le prouve, c'est que, pendant les deux ou trois premiers mois, il ne fait entendre que son cri ordi- naire, qu'il répète fréquemment et avec inquiétude lorsqu'il voit quelqu'un s'approcher de sa cage; il lui faut tout ce temps pour se faire à la captivité, quel- que douce qu'elle soit, et pour reprendre çnn ra- mage^. S'il faisoit bien, il ne le reprendroit jamais, afm que l'homme eût un motif de moins de le tenir en servitude. Il a à peu près la m ême taille et les mê- mes mœurs que notre premier bruant; en sorte qu'on peut légitimement soupçonner que ces deux oiseaux étant mieux connus, pourront se rapporter à la môme espèce. Les zizis ne se trouvent point dans les pays du nord, et il semble au contraire qu'ils soient plus communs dans les pays méridionaux; mais ils sont rares dans plusieurs de nos provinces de France. On les voit souvent avec les pinsons, dont ils imitent le chant, et avec lesquels ils forment des volées nombreuses, sur- tout dans les jours de pluie. Ils se nourrissent des mêmes choses que les granivores, et vivent environ six ans, selon Olina , ce qu'il faut toujours entendre 1. M. Guys assure que son cîianl est aionotone et sansraraage; ce qui prouve seulement que M. Guys, ou ceux qu'il a consultés, n'ont pas été à portée de l'entendre. LE ZIZI, OU LE BRUANT DE HAIE. 285 de l'état de domesticité, car il seroit assez difficile d'établir un calcul juste sur les probabilités de la vie des oiseaux jouissant de l'air et de la liberté. Le mâle a le dessus de la tête tacheté de noirâtre , sur un fond vert olive ; une plaque jaun.e sur les côtés, coupée eu deux parties inégales par un trait noir qui passe sur les yeux; la gorge brune ainsi que le haut de la poitrine; un collier jaune entre deux, le reste du dessous du corps d'un jaune qui v.a s'éclaircissant vers la queue, et tachetés de brun sur les flancs; !e dessus du cou et du dos varié de roux et de noirâtre; le croupion d'un roux olivâtre , et les couvertures supérieures de la queue d'un roux plus franc; les pennes des ailes brunes, bordées d'olivâtre, excepté les plus voisines du dos qui sont rousses; les pennes de la cjueue brunes aussi, bordées, les deux exté- rieures de blanc, les suivantes de gris olivâtre, et les deux du milieu de gris roussâtre; enfin le bec cendré et les pieds bruns. La femelle a moins de jaune et n'a point la gorge brune, ni la tache de la môme couleur sur la poitrine. Au reste, Aldrovande avertit que les couleurs du plu- mage sont fort variables dans cette espèce : l'individu qu'il a fait représenter avoit sur la poitrine une teinte de vert obscur; et, parmi ceux que j'ai observés, il s'en est trouvé un qui avoit la partie supérieure du cou olivâtre, presque sans aucun mélange. Longueur totale, six pouces un quart; bec, envi- ron six lignes; vol , neu*f pouces deux tiers; queue, près de trois pouces, composée de douze pennes; elle dé- passe les ailes d'environ dix-huit lignes : elle est four- chue à peu près comme dans les bruants. 286 LE BRUANT FOU. LE BRUANT FOU\ Emberiza cia. Gmel. Les Italiens ont ainsi appelé cet oiseau , parce qu'il donne indifféremmei'it dans tons les pièges, et que cette insouciance de soi-même et de sa propre con- servation est en effet la plus grande marque de folie, même dans les animaux; mais, comme nous l'avons remarqué, le bruant et le zizi participent plus ou moins à cette espèce de folie , et l'on peut la regarder comme une maladie de famille , que le bruant dont il s'agit ici, n" 5o, fig. 2, a seulement dans un plus haut de- gré : je lui ai donc conservé le nom qu'il porte en Italie , avec d'autant plus de raison que celui de bruant des prés me paroît ne lui point convenir , les oiseleurs et les chasseurs les plus attentifs m'ayant assuré unani- mement qu'ils n'avoient jamais vu dans les prés de ces prétendus bruants des prés. Ainsi que le zizi, le bruant fou ne se trouve point dans les pays septentrionaux, et son nom ne paroît point dans les zoologies locales de la Suède, du Da- nemark, etc. : il cherche la solitude et se plaît sur les montagnes; il est fort commun et très connu dans celles qui sont autour de iNantua. M. Hébert 2 l'y a vu souvent et d'assez près, soit à terre, soit sur des 1. C'est le chic- farnou: des Provençaux, selon M. Guys, «jui l'ap- pelle aussi L'oiseau bête par excellence. -2. Cet excellent observateur m'a appris ou confirmé les principaux faits (le riiisioirc des hruanls. LE BRUANT FOU. 287 noyers; les gens du pays lui oat assuré que sa chair étoitun très bon manger. Son chant est forl ordinaire, et a rapport \î celui de notre bruant. Les oiseleurs prus- siens prennent souvent de ces oiseaux, et ils ont re- marqué que, lorsqu'on les met dans une volière où il y a d'autres oiseaux de différentes espèces, ils s'ap- prochent des bruants ordinaires avec une prédilection marquée; ils semblent les reconnoître pour leurs pa- rents : ils ont en efl'et le même cri , comme nous ve- nons de le dire^ , la même taille, la même conformation que les bruants, et ils n'en diffèrent que par quelques habitudes et par le plumage. Le mâle a toute la par- tie supérieure variée de noirâtre et de gris : mais ce gris est plus franc sur la tête, et il est roussâtre par- tout ailleurs, excepté sur quelques unes des couver- tures moyennes des ailes , où il devient presque blanc ; ce même gris roussâtre borde presque toutes les pen- nes des ailes et de la queue , dont le fond est brun , seulement les deux pennes extérieures de la queue sont bordées et terminées de blanc. Le tour des yeux est blanc roussâtre ; les côtés de la tête et du cou sont gris ; la gorge est de cette dernière couleur pointillée de noirâtre , et bordée , de chaque côté et par le bas, d'une hgne presque noire 5 qui forme une espèce de cadre irrégulier à la plaque grise des côtés de la tête; tout le dessous du corps est d un roux plus ou moins clair, mais pointillé ou varié de noirâtre sur la gorge, la poitrine , et les flancs; le bec et les pieds sont gris. Longueur totale, six pouces un quart; bec, cinq à six lignes; vol, neuf à dix pouces; queue, deux pou - 1. Volando zip , zif) , sonans, dit Liuuieus. 288 LE BRUANT FOU. ces un tiers, un peu fourchue, composée de douze pennes : elle dépasse les ailes de seize lignes. LE PROYER. Emberiza Milinria. Gmel. C'est un oiseau de passage, et que l'on voit arri- ver de ijonne heure au printemps. Je suis surpris qu'on ne l'ait pas appelé bruant des préSj, car il ne s'éloigne guère des prairies dans la belle saison ^ : il y établit son nid, ou bien dans les orges, les avoines, les minières, etc., rarement à plate terre, mais trois ou quatre pouces au dessus du sol, dans l'herbe la plus serrée et assez forte pour porter ce nid. La fe- melle y pond quatre, cinq, et quelquefois six œufs; et tandis qu'elle les couve , le mâle pourvoit à sa nour- riture, et, se posant sur la cime d'un arbre , il répète sans cesse son désagréable cri tri^, trl^ trl^ tirltz_, cfu'ii ne conserve que jusqu'au mois d'août : ce cri est plus vif et plus court que celui du bruant. On a remarqué que lorsque le proyer, n° 233, s'é- levoit de terre pour s'aller poser sur une branche, ses pieds étoient pendants, et que ses ailes, au lieu de se mouvoir régulièrement, paroissoient agitées d'un mouvement de trépidation propre à la saison de l'a- mour. Le reste du temps, par exemple, en automne, il vole très bien et très vite, et même il s'élève à une assez grande hauteur. ; 1. Belon dit qu'il suit les eaux comme la bécasse. LE PROYER. 2SC) Les petits quittent le nid bien avant Je pouvoir s'en- voler; ils se plaisent à courir dans l'herbe, et il sem- ble que les père et mère ne posent leur nid à terre que pour leur en donner la facilité : les chiens cou- chants les rencontrent fort spuvent, lorsque l'on chasse aux cailles vertes. Les père et mère continuent de les nourrir et de veiller sur eux, jusqu'à ce qu'ils soient en état de voler ; mais leur sollicitude est quel- quefois indiscrète; car lorsqu'on approche de la cou- vëe^vils contribuent eux-mêmes à la déceler, en vol- tigeant au dessus d'un air inquiet. La famille élevée, ils se jettent par bandes nom- breuses dans les plaines , surtout dans les champs d'a- voine, de fèves, et autres menues ^jraines, dont la récolte se fait la dernière. Ils partent un peu après les hirondelles, et il est très rare qu'il en reste quelques uns pendant l'hiver, comme avoit fait celui qui fut apporté à Gesner dans cette saison. On a remarqué que le proyer ne voltige pas de branche en branche, mais qu'il se pose sur l'extré- mité de la branche la plus haute, la plus isolée, soit d'un arbre, soit d'un buisson; qu'au moment même il se met à chanter; qu'il s'y tient des heures en- lières dans la même place, à répéter son ennuyeux tri:, tri; enfin , qu'en prenant sa volée, il fait craquer son bec^. La femelle chante aussi, lorsque ses soins ne sont plus nécessaires à ses petits; mais elle ne chante que perchée sur une branche, et lorsque le soleil est au méridien, ou qu'il en est un peu éloigné : elle se tait 1. La plupart de ces faits mont été communiqués par M. Hébert, 2gO LE PKOYER. le reste du jour, et fait très bien ; car elle ne chante pas mieux que le mâle : elle est un peu plus petite, et son plumaoje est à peu près le même; tous deux se nourrissent de graines et de petits vers , qu'ils trouvent dans les près et dans les champs. Ces oiseaux sont ré- pandus dans toute l'Europe, ou plutôt ils embrassent toute l'Europe dans leurs migrations; mais Olina pré- tend qu'on en voit une plus grande quantité à Rome et dans les environs que partout ailleurs. Les oiseleurs les gardent en cage pour leur servir d'appeaux, ou d'appelants, dans leurs petites chasses d'automne ; et ces appeaux attirent dans le piège non seulement des bruants fous, mais encore plusieurs autres petits oi- seaux de différentes espèces. On tient ces appelants clans des cages basses , et où il n'y a point de bâtons ou juclîoirs; sans doute parce qu'on s'est aperçu qu'ils n'aimoient pas à se percher, au moins de cette manière. Le proyer a le dessus de la tète et du corps varié de brun et de roux ; la gorge et le tour des yeux d'un roux clair; la poitrine et tout le reste du dessous du corps d'un blanc jaunâtre , tacheté de brun sur la poi- trine et les flancs; les couvertures supérieures des ailes, les pennes de ces mêmes ailes et celles de la queue, brunes, bordées de roux plus ou moins clair; le bec et les pieds gris brun. La femelle a le croupion d'un gris tirant sur le roux , sans aucune tache ; les couvertures supérieures de la queue de la même couleur, bordées de blanchâtre; et en général ses plumes et les pennes de sa queue et de ses ailes sont bordées de couleurs plus claires. Le bec de ces oiseaux est d'une forme remarqua- LE PROYER. 291 ble : les deux pièces en sont mobiles comme dans les ortolans; leurs bords sont rentrants de même que dans le bruant ordinaire , et ils ne se joignent point par une ligne droite, mais par une ligne anguleuse; chaque bord du bec inférieur forme, vers le tiers de sa longueur, un angle saillant obtus, lequel est reçu dans un angle rentrant que forme le bord correspon- dant du bec supérieur; ce bec supérieur est plus so-- lide et plus plein que dans la plupart des autres oi- seaux. La langue est étroite, épaisse, et taillée à sa pointe en manière de cure-dent; les narines sont recou- vertes dans leur partie supérieure par une membrane en forme de croissant, et dans leur partie inférieure par de petites plumes : la première phalange du doigt ex- térieur est unie à celle du doigt du milieu. Tube intestinal , treize pouces et demi ; gésier mus- culeux , précédé d'une médiocre dilatation de l'œso- phage , contenant des débris de substances végétales, entre autres de noyaux mêlés avec de petites pierres; de légers vestiges de cœcum; point de vésicule du fiel ; grand axe des testicules , quatre lignes ; petit axe, trois lignes; longueur totale de l'oiseau , sept pouces et demi; bec, sept lignes; vol, onze pouces un tiers; queue, près de trois pouces, un peu four- chue , composée de douze pennes ; elle dépasse les ailes de dix-huit lignes. tlÇ)2 LE (lUÏRNEGAT. 8««*o««<8««>8*e««: «« OISEAUX ETRANGERS QUI ONT RAPPORT AUX BRUANTS. LE GUIRNEGAT^. Emberiza Brasiliensis. Gmel. Si ce bruant n'ëtoit point de l'Amérique mérîdio» nale, et que son cri ne fût point différent de celui de notre bruant , je ne Taurois donné que comme une variété de celui-ci : il est même en quelque sorte plus bruant que le nôtre ^ ; car il a plus de jaune que le nôtre n'en a communément^, et je ne doute pas que ces deux races ne se croisassent atec succès, et qu'il ne résultât de leur mélange des individus féconds et perfectionnés. Le jaune règne sans mélange sur la tête, le cou, et tout le dessous du corps, et cette même couleur borde presque toutes les couvertures supérieures , et les pennes de la queue et des ailes , qui sont brunes ; 1. C'est le moineau-paille de M. Maudiiit ; et les noms de cia paglia- rina, seupagUariccia, degotdhammer , de braant jaune , bruant doré, etc. , lui convienaent parfaitement. 2. Notre bruant s'appelle Luteola, auréola , golAhammer, bruant Jaune^ bruant doré, cia pagUarina. Le jaune semble faire partie de son es- sence, du moins de son essence de convention. 3. On ti'ouve quelques individus dans l'espèce de notre bruant qui ont la tête , le cou , et le dessons du corps presque entièrement jaune?; mais cela est rare. LK GUIRNEGAT. 2^7) sur îe dos , elle est mêlée de brun et de vert : le bec et les yeux sont noirs , et les pieds bruns. Cet oiseau , n" 52 1 , fig. i , se trouve au Brésil, et , selon toute apparence, il en est originaire, puisqu'il a été nommé par les naturels du pays. Ma regrave fait l'éloge de son ramage , et le compare à celui du pinson. La femelle est fort différente du mâle, puisque, suivant le même auteur, elle a le plumage et le cri du moineau. II. LA THÉRÈSE JAUNE^. Embei^iza Mexicana. Gmel. Comme je ne connois que le portrait de cet oiseau - du Mexique et son cadavre , je ne puis en dire autre chose, sinon que , par le plumage, il approche beau- coup de notre bruant comuufh. Il a presque toute la tête , la gorge, et les côtés du cou , d'un jaune orangé ; la poitrine et le dessous du corps mouchetés de brun sur un fond blanc sale ; le derrière de la tête et du cou, et tout le dessus du corps, bruns : cette der- nière couleur se prolonge de chaque côté sur le cou, en forme de pointe , et s'étend presque jusqu'à l'œil ; les pennes des ailes et de la queue, et leurs couver- tures, sont brunes, bordées d'un brun plus clair. 1. G'esl une espèce nouvelle, et qui n'a encore été ni décrite ni re- présentée. 'i. N" 086, fig. i, oîi cet oiseau est représenté sous le nom de bruant (la Mexique. Je lui ai donné celui de thérése Jaune à cause de la cou- leur jaune qui règne sur toute la partie antérieure de la tête et du cou. BUFFO.^. XXII. ly 2gi\ LA FL AVE OLE. 111. LA FLAYÉOLE. Emberiza Flavsola. Gmel. Elle a le front et la gorge jaunes, et tout le reste du plumage gris. Sa taille est à peu près celle du tarin. M. Linnaeus , qui a fait connoître cette espèce, dit qu'elle se trouve dans les pays chauds ; mais il ne dit pas à quel continent elle appartient. IV. L'OLIVE. Emberiza oiivacea. Gxmel. Ce petit bruant, qui se trouve à Saint-Domingue , n'est guère plus gros qu'un roitelet. Il a toute la par- tie supérieure, et uîême la queue et les pennes des ailes, d'un vert olive ; la gorge d'un Jaune orangé ; une petite plaque de cette couleur entre le bec et l'œil; le devant du cou noirâtre; tout le dessous du corps d'un gris très clair, teinté d'olivâtre; la partie anté- rieure des ailes bordée de jaune clair; le bec et les pieds bruns. La femelle n'a ni la cravate noire du mâle, ni la gorge jaune orangé, ni la petite plaque de la môme couleur entre le bec et l'œil. Longueur totale, trois pouces trois quarts; bec, quatre lignes et demie ; vol , six pouces ; queue , dix- huit lignes, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de sept à huit lignes. 1. A M A ZOXlv. ;^9^ V. L'AMAZOiNE. Emberiza Amazona. Gmel. Cet oiseau se trouve à Surinam. On le compare , pour la grosseur, à notre mésange. Il a le dessus de la tête fauve ; les couvertures inférieures des ailes blanchâtres; le reste du pluuiage hrun. VF. L'EMBÉRISE A CINQ COULEURS i. Emberiza Platcnsis. Gmel. Nous ne savons de cet oiseau de Buenos- Ayres que ce que nous en a dit M. Commerson, lequel n'a parlé que de son plumage et de ses parties extérieures, sans dire un seul mot de ses habitudes naturelles : nous ne le rapportons même aux bruants que sur la parole de ce naturaliste; car il l'appelle bruant _, sans nous ap- prendre s'il a les caractères distinctifs de l'espèce, en- tre autres le tubercule osseux du bec supérieur. Cet oiseau a tout le dessus du corps d'un vert brun, lirant au jaune ; la tête et le dessus de la queue d'une teinte plus obscure; le dessous de la queue d'une teinte plus jaunâtre ; le dos marqué de quelques traits ijoirs; le bord antérieur des ailes d'un jaune vif; les |)ennes des ailes et les plus extérieures de celles de la queue bordées de jaune; le dessous du corps d'un blanc cendré; la pupille d'un bleu noirâtre; l'iris 1. J'ai donné à cet oiseau peu connu le nom d'cmbérise, ([m le dis- tingue do nos bruants, sans l'eu séparer tout à-fait. 396 l'embkrise a cinq coule uns. marron; le bec cendré, convexe, et pointa ; les bords de la pièce inférieure rentrants ; les narines recouver- tes d'une membrane, et fort voisines de la base du bec; la langue terminée par de petits fdets; les pieds de couleur plombée. Longueur totale, huit pouces; bec, huit lignes; vol, dix pouces; queue, quatre pouces; ongle posté- rieur, le plus grand de tous. VIL LE MORDORÉ, Emberiza Borbonica. Gmel. Tout le corps de cet oiseau, n° 021, fig. 2, est mordoré, tant dessus que dessous, et presque par- tout de la même teinte; les couvertures des ailes., leurs pennes et celles de la queue sont brunes, bor- dées d'un mordoré plus ou moins clair; le bec est brun, et les pieds sont jaunâtres, teintés légèrement de mordoré ; en sorte que c'est avec raison que nous avons donné à cet oiseau le nom de mordoré. On le trouve dans l'île de Bourbon. Sa taille est à peu près celle du bruant; mais il a la queue plus courte et les ailes plus longues : celle-là ne dépasse celles-ci que de dix lignes environ. VIII. LE GONAMBOUCH. Embeviza grisea. Gmel. Seba nous apprend que cet oiseau est très commun à Surinam; qu'il a la taille de l'alouette, et qu'il LE GONAMBOUCH. 297 chante comme le rossignol, par conséquent beaucoup mieux qu'aucun de nos bruants; ce qui est remar- quable dans un oiseau d'Amérique. Les habitants du pays disent qu'il aime beaucoup le mais ou blé de Turquie , et qu'il se perche très souvent sur cette plante, tout au haut de sa cige. Sa couleur dominante est un gris clair; mais il y a une teinte de rouge sur la poitrine, la queue, les cou- vertures, et les pennes des ailes: ces dernières pen- nes sont blanches par dessous. Longueur totale, cinq pouces; bec, cinq lignes; queue, dix-huit lignes; elle dépasse les ailes de dix IX. LE BRUANT FAMILIER. Emberiza famUiaris. L. J'adopte le nom de M. Linnaeus, parce qu'il ne faut pas multiplier les dénominations sans nécessité , et que celle-ci peut avoir rapport au naturel de l'oiseau. Il a la tête et le bec noirs; le dessus du corps cendré et tacheté de blanc, le dessous cendré sans taches; le croupion et la partie du dos qui est recouverte par les ailes, jaunes; les couvertures et l'extrémité des pennes de la queue, blanches. Cet oiseau se trouve en Asie; il esta peu près de la taille du tarin. i?9S ^'^ CUL-UOISSET. X. LE CUL-ROUSSETi. Emberiza cinerea. Gmel. Nous devons cette espèce à M. Brisson , qui Ta dé- crite sur un individu venant du Canada. Cet individu avoit le dessus de la tête varié de brun et de marron; le dessus du cou, le dos, et les couvertures des ailes, variés de même , avec un mélange de gris ; le crou- pion , de cette dernière couleur sans taches ; les cou- vertures supérieures et inférieures de la queue, d'un blanc sale et roussâtre ; la gorge et tout le dessous du corps d'un blanc sale, varié de taches marron, plus rares néanmoins sous le ventre ; les pennes de la queue et des ailes brunes, bordées d'un gris tirant sur le marron ; le bec et les pieds gris brun. Longueur totale, cinq pouces et demi; bec, cinq lignes et demie; vol, huit pouces un quart; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'environ vingt lignes. XI. L'AZUR0U2. Emberiza cœridea. Gmel. C'est encore M. Brisson qui a fait connoître cet oi- seau, lequel est aussi originaire du Canada. Il a le dessus de la tête d'un roux obscur; la partie supérieure i. On verra cl.uis la description pourquoi je le aounne cul-rousset, '2. J'ai composé ce nom de deux mots, qui lappelien» les princi- pales couleurs du plumage. l'a Zl ROI. 2g() du cou et le dessus du corps variés de ce même roux obscur et de bleu; le roux est moins foncé sur les petites couvertures des ailes, ainsi que sur les grandes, qui sont bordées et terminées de cette couleur; les pennes des ailes et de la queue sont brunes, bordées de gris bleu ; le bec et les pieds gris brun. Longueur totale, quatre pouces un quart; bec, cinq lignes; vol, sept pouces un tiers; queue, un pouce, composée de douze pennes; elle ne dépasse les ailes que de quatre lignes. XII. LE BONJOUR-COMMAINDEUR. Emberiza Capensis. L. On appelle ainsi, dans l'île de Cayenne , une es- pèce de bruant qui a coutume de chanter au point du jour, et que les colons sont à portée d'entendre, parce qu'il vit autour des maisons. Quelques uns l'ap- pllent bruant de Cayenne : il ressemble si parfaite- inejit à celui du cap de Bonne-Espérance, représenté dans les planches enluminées, n'* 586, fig» 2, que M. de Sonîni le regarde comme le même oiseau sous deux noms différents : d'où il suit nécessairement que l'une de ces deux dénominations est fautive; et comme, suivant M. de Sonini, ce bruant est naturel à l'île de Cayenne, il est plus que probable qu'il ne se trouve au cap de Bonne-Espérance que lorsqu'il y est porté par les vaisseaux. Une autre conséquence plus géné- rale que Ton doit tirer de là , c'est que toutes ces dé- nominations, en partie géographiques, où l'on fait enlrer le nom du pays comme marque distinctive ^ 3oO LE BONJOUn-COMMANDEUR. sont équivoques, incertaines, et ne valent pas, à beaucoup près, celles que l'on tire des caractères propres à l'animal dénommé : i** parce que cet ani- mal peut se trouver dans plusieurs pays ; 2** parce qu'il arrive souvent qu'un animai n'est point aborigène du pays d'où on le tire, surtout d'un pays tel que le cap de Bonne-Espérance, où abordent des vaisseaux ve- nant de toutes les parties du monde. Les bonjour-commandeurs ont le cri aigu de nos moineaux de France ; ils sont le plus souvent à terre comme les bruants, et presque toujours deux à deux. Le mâle a sur la tête une calotte noire , traversée par une bande grise; les joues cendrées; une raie noire qui s'étend de la base du bec à la calotte dont j'ai parlé; au dessous de cette calotte, par derrière , un demi-collier roux; le dessus du corps d'un brun verdâtre , varié sur le dos par des taches noires oblon- gues ; les couvertures des ailes bordées de roussâtre ; tout le dessous du corps cendré. Il est un peu plus petit que notre zizi, n'ayant que cinq pouces de longueur totale; ses ailes sont courtes, et vont à peine à la moitié de la queue. XIII. LE CALFATA Emberiza Calfat. Gmel. M. Commerson, qui a décrit cet oiseau de l'Ile- de-France sur les lieux, nous apprend qu'il a le des- sus de la tête noire ; toute la partie supérieure du corps, compris les ailes et la queue, d'un cendré 1. On (iit aussi galfal à llIc-de-Fiance. LE CALFAT. JO I bleuâtre; la queue bordée de noir, la gorge de cette dernière couleur; la poitrine et le ventre d'une cou- leur vineuse ; une bande blanche qui va de l'angle de l'ouverture du bec à l'occiput; le tour des yeux nu et couleur de rose ; l'iris, le bec, et les pieds, aussi cou- leur de rose; les ouvertures inférieures de la queue blanches. Le caîfat est d'une taille moyenne entre le moi- neau et la linotte. î:9*e LE BOUVREUIL*. Loxla Pyrrhula. L. La nature a bien traité cet oiseau , n** i45, fig. i , le mâle, et fig. 2 , la femelle, car elle lui a donné un beau plumage et une belle voix. Le plumage a toute sa beauté, d'abord après la première mue; mais la voix a besoin des secours de l'art pour acquérir sa perfection. Un bouvreuil qui n'a point eu de leçons, i. Eu allemand, blutfinch , guegger , gut-fmch, brommeiss, boUen- beisser , rot-vogel, hall, goll, gold-finch quibusdam , pfaeflin, thum- l'faff, gympei , iliambherz; en anglois , buU-fincli: en italien, sujfuleno, frangueilo montano. Pyrrhula ,rubicdta , loxia; bouvreuil; en basse Normandie, bou- vreux, bourgeonnier ; ailleuis , bouvreur , bouvier ; en Sologne, bœuf ou pinson maillé; en Picardie , choppard, grosse lete noire; en Pro- vence, pivc; en Berri , pivane; en Lorraine, pion ou pione ; à Paris, pivoine ; en Saiutouge, pinson d'Auvergne; ailleurs , pinson rouge , ^illleur, flùleur , groulard , prêtre , perroquet de France, écossou- ncux , éhourgoonneux, rossignol raonci , civière. taj>on. J02 I.E BOl VIIKIIL. n'a que trois cris, tous fort peu agréables : le pre- mier, je veux dire celui par lequel il débute ordinai- rement, est une espèce de coup de sifflet; il n'en fait d'abord entendre qu'un seul, puis deux de suite, puis trois et quatre, etc. ]^e son du sifflet est pur; et quand l'oiseau s'anime, il semble articuler cette syl- labe répéî,ée, tm_, tid^ tulj et ses sons ont plus de force. Ensuite il fait entendre un ramage ^ plus suivi, mais plus grave, presque enroué, et dégénérant en fausset. Enfin dans les intervalles il a un petit cri in- térieur, sec et coupé, fort aigu, mais en même temps fort doux, et si doux qu'à peine on l'entend. Il exé- cute ce son, fort ressemblant à celui d'un ventrilo- que, sans aucun mouvement apparent du bec ni du gosier, mais seulement avec un mouvement sensible dans les muscles de l'abdomen. Tel est le cbant du bouvreuil de la nature, c'est-à-dire du bouvreuil sau- vage abandonné à lui-même, et n'ayant eu d'autre modèle que ses père et mère, aussi sauvages que lui; mais lorsque l'homme daigne se charger de son édu- cation, lorsqu'il veut lui donner des leçons de goût, lui faire entendre avec méthode ^ des sons plus beaux, plus moelleux, mieux filés, l'oiseau docile, soit mâle, soit 1. Voici ce ramage, autant que l'on peut noter le ramage d'un oi- seau : si, ut, àt , ut, si, rè , ut, ut, ât , iït , ut, ut, si, ré, ut. Il di- soit encore avec cette même voix , ut , La, ut, mi, ut, la. Quelquefois ces passages éloient précédés d'un son traîné dans le même genre, mais sans aucune inflexion, et qui ressembloit à une espèce de miau- lement. '2. On prétend que , pour bien réussir avec les bouvreuils , il faut les siffler, non pas avec le petit flageolet à serins, mais avec la flûte tra- versière ou la flûte à bec , dont le son est plus grave et plus plein. Le bouvreuil sait aussi se renthe projne \c ramage des autres oiseaux. LE BOlVJiEUIL. 00.) femelle * , non seulement les imite avec justesse , mais quelquefois les perfectionne et surpasse son maître, sans oublier pour cela son ramage naturel. Il apprend aussi à parler sans beaucoup de peine , et à donner à ses petites phrases un accent pénétrant, une expression in- téressante , qui feroit presque soupçonner en lui une âme sensible, et quipeutbiennous tromper dans le dis- ciple, puisqu'elle nous trompe si souvent dans l'institu- teur. Au reste, le bouvreuil est très capable d'attache- ment personnel, et même d'un attachement très fort et très durable : on en a vu d'apprivoisés s'échapper de la volière , vivre en liberté dans les bois pendant l'espace d'une année, et, au bout de ce temps , reconnoître la voix de la personne qui les avoit élevés, et revenir à elle pour ne la plus abandonner 2; on en a vu d'autres qui, ayant été forcés de quitter leur premier maître, se sont laissé mourh' de regret. Ces oiseaux se souviennent fort bien et quelquefois trop bien de ce qui leur a nui : un d'eux, ayant été jeté par terre avec sa cage par des gens de la plus vile populace, n'en parut pas fort in- commodé d'abord; mais dans la suite on s'aperçut qu'il tomboit en convulsion toutes les fois qu'il voyoit des gens mal vêtus , et il mourut dans un de ces accès , huit mois après le premier événement. 1. La femelle du bouvreuil est, dit-on, la seule de loutes les fe- melles des oiseaux de ramage qui apprenne à siffler aussi bien que le mâle. Voyex jEdonologie , page 87 ; voyez aussi Olina, Aldrovande, etc. Quelques uns prétendent que sa voix est plus foibieetplas douce que celle du mfde. 2. tJn de ces oiseaux , qui revint à sa maîtresse après avoir vécu un an dans les bois , avoit tentes les plumes chiffonnées et tortillées. La liberté a ses inconvénients , surtout pour un animal dépravé par l'es- elavage. 5o4 LE BOUVREUIL. Les bouvreuils passent la belle saison dans les bois ou sur les montagnes ; ils y font leur nid sur les buis- sons, à cinq ou six pieds de haut, et quelquefois plus bas. Le nid est de mousse en dehors, et de matières plus mollettes en dedans; il a, dit-on, son ouverture du côté le moins exposé au mauvais vent : la femelle y pond de quatre à six œufs^, d'un blanc sale, un peu bleuâtre, environnés, près du gros bout, d'une zone formée par des taches de deux couleurs , les unes d'un violet éteint, les autres d'un noir bien tranché. Cette femelle dégorge la nourriture à ses ])etits, ainsi que les chardonnerettes, linottes, etc., et le mâle a aussi grand soin de sa femelle ; M. Linnaeus dit qu'il tient quelquefois fort long-temps une arai- gnée dans son bec pour la donner à sa compagne. Les petits ne commencent à siffler que lorsqu'ils commencent à manger seuls, et dès lors ils ont l'ins- tinct de la bienfaisance, si ce que l'on m'a assuré est vrai, que de quatre jeunes bouvreuils d'une même ni- chée, tous quatre élevés ensemble, les trois aînés, qui savoient manger seuls, donnoient la becquée au plus jeune, qui ne le savoit pas encore. Après que l'éducation est finie, les père et mère restent appa- riés, et le sont encore tout l'hiver; car on les voit toujours deux à deux, soit qu'ils voyagent, soit qu'ils restent : mais ceux qui restent dans le même pays quittent les bois au temps des neiges, descendent de leurs montagnes^, abandonnent les vignes, où ils se 1. Jusqu'à liuil, suivant M. Salerno, qui s'étoit bien assuré, sans floule . que l'on n'avoit pas réuni les œufs de tleux nids dans un seul. 2. 11 y eu a beaucoup sur les montagnes de Bologne, de M odène , de Savoie, do Dauphiné , de Provence, rie. LE BOUVRElir. JOD jellent sur l'arrière-saisori, et s'approchent des lieux liabités , ou bien se tiennent sur les haies le long des chemins : ceux qui voyagent partent, avec les bécas- ses, aux environs de la Toussaint, et reviennent dans le mois d'avril^. Ils se nourrissent en été de toutes sortes de graines, de baies, d'insectes, de prunelles, et l'hiver, de grains de genièvre, des bourgeons du tremble , de l'aune, du chêne, des arbres fruitiers, du marsaule, etc. 2, d'où leur est venu le nom d'f- bourgeonneux. On les entend, pendant cette saison, siffler, se répondre, et égayer par leur chant, quoi- que un peu triste , le silence encore plus triste qui règne alors dans la nature. Ces oiseaux passent^ auprès de quelques personnes, pour être attentifs et réfléchis : du moins ils ont l'air pensant, et, à juger par la facilité qu'ils ont d'appren- dre , on ne peut nier qu'ils ne soient capables d'at- tention jusqu'à un certain point; mais aussi, à juger par la facilité avec laquelle ils se laissent approcher et se prennent dans les différents pièges^, on ne peut s'empêcher d'avouer que leur attention est souvent en défaut. Comme ils ont la peau très fine, ceux qui se prennent aux gluaux perdent, en se débattant, une partie de leurs piumes et même de leurs pennes, 1. Ou en voit beaucoup , sur la fiu de rauloruue el au commence- ment de l'hiver , dans les parties montagneuses de la Silésie , mais non pas tous les ans, dit Schwenckfeld. 2. Eu cage ils mangent du clièuevis, du biscuit, des prunes, de la salade, etc. Olina conseille de donner aux jeunes qu'on élève de la pâtée de rossignol faite avec des noix, etc. 3. Gesner en a pris beaucoup pendant riiiver, leur présentant, pour tout appât, des graines rouges àa solanum vivace. D'autres les alliient avec les grains de genièvre , de chèncvis , etc. 3o6 LE TiOLVP.ELIl.. à moins que l'on n'aille les débarrasser proniptement. II faut encore remarquer que les individus dont le plumage sera le plus beau seront ceux qui auront le moins de disposition poiu- apprendre à siffler ou à chanter, parce que ce seront les plus vieux, et par conséquent les moins dociles. Au reste, quoique vieux, ils s'accoutument facilement à la cage, pourvu que, dans les premiers jours de leur captivité, on leur donne à manger largement. Ils se privent aussi très bien , comme je l'ai dit plus haut; mais il y faut du temps, de la patience, et des soins raisonnes : c'est pourquoi l'on n'y réussit pas toujours. Il est rare que l'on n'en prenne qu'un seul à la fois; le second se fait bientôt prendre, pour peu qu'il entende son camarade : ils redoutent moins l'esclavage qu'ils ne craignent de se séparer. On a dit, on a écrit, que le serin, qui s'allie avec tant d'autres espèces, ne s'allioit jamais avec celle du bou- vreuil, et on en a donné pour raison que le mâle bou- vreuil ouvre le bec lorsqu'il est en amour, et que cela fait peur h la serine; mais c'est une nouvelle preuve du iisque que l'on court en avançant légèrement des propositions négatives, qu'un seul fait peut réfuter et détruire. M. le marquis de Piolenc m'a assuré avoir vu un bouvreuil mâle apparié avec une femelle canari; que de cette union il résulta cinq petits, qui étoient éclos vers le commencement d'avril. Ils avoient le bec plus gros que les serins du même âge, et ils commençoient à se revêtir d'un duvet noirâtre; ce qui donnoit lieu de croire qu'ils tiendroient plus du père que de la mère : malheureusement ils mouru- rent tous dans un petit voyage qu'on tenta de leur LE BOl VUE LJL. 50^ Taire l'aire. Et ce qui donne du poids à cette observa- tion , c'est fjue Friscli indique îa manière d'apparier Je mâle bouvreuil avec ia femelle canari : il conseille de prendre ce mCde de la plus petite taille parmi ceux de son espèce, et de le tenir long-temps dans la même volière avec la i'emelle canari : il ajoute qu'il se passe souvent une année entière avant que cette femelle le laisse approcher et lui permette de manger dans son auget ; ce qui suppose que cette union est difficile, mais qu'elle n'est pas impossible. On a remarqué que les bouvreuils avoient dans la queue un mouvement brusque de haut en bas , comme la lavandière, mais moins marqué. Ils vivent cinq à six ans. Leur chair est mangeable, suivant quel- ques uns; elle n'est point bonne à manger, selon d'autres, à cause de son amertume : cela dépend de l'âge, de la saison, et de la nourriture. Ils sont de la grosseur de notre moineau, et pèsent environ une once. Ils ont le dessus de la tête, le tour du bec, et la naissance de la gorge, d'un beau noir lustré, qui s'étend plus ou moins, soit en avant, soit en ar- rière ; le devant du cou, la poitrine, et le haut du ventre, d'un beau rouge, le bas-ventre et les couver- tures inférieures de la queue et des ailes, blancs; le dessus du cou, le dos, et les scapulaires, cendrés; Je croupion blanc ; les couvertures supérieures et les pennes de la queue, d'un beau noir tirant sur le violet, et une tache blanchâtre sur la penne la plus extérieure ; les pennes des ailes d'un cendré noirâtre, d'autant plus foncé qu'elles sont plus voisines du corps; îa dernière de toutes, rouge en dehors; les grandes couvertures des ailes, d'un beau noir chan- 3o8 LE BOUVREI IL. géant, terminées de gris clair rougâtre; les moyennes cendrées; les petites d'un cendré noirâtre, bordé de rougeâtre ; l'iris noisette, le bec noirâtre, et les pieds bruns. Les côtés de la tète, les côtés et le devant du cou, la poitrine, le haut du ventre, en un mot, presque tout ce qui est rouge dans le mâle, est d'un cendré vineux dans la femelle, cjueîquefois même le bas-ven- tre; elle n'a pas non plus ce beau noir changeant et lustré que le mâle a sur la tête et ailleurs : mais j'ai vu de ces femelles qui avoient la dernière des pennes de l'aile bordée de rouge, et qui n'avoient point de blanc sur la plus extérieure de celles de la queue. M. Linnaeus ajoute qu'elle a le bout de la langue di- visé en petits filets; cependant je l'ai toujours trouvée bien entière comme celle du mâle, ayant la forme d'un bec de cure-dent fort court. Plusieurs jeunes bouvreuils que j'ai observés sur la fin de juin avoient le front d'un roux clair ; le devant du cou et la poitrine, d'un brun roussatre; le ventre et les couvertures inférieures de la queue, d'un fauve qui alloit toujours se dégradant du côté de la queue; le dessus du corps plus ou moins rembruni; la raie blanche de l'aile chargée d'une forte teinte de rous- satre ; le croupion d'un blanc plus ou moins pur. On sent bien que tout cela est sujet à beaucoup de peti- tes variétés. Longueur totale, six pouces; bec, cinq lignes, épais et crochu. Rramer a remarqué que ses deux pièces sont mobiles, comme dans les pinsons et les bruants. Vol, neuf pouces un quart; queue, deux pouces un tiers, un peu fourchue ( mais pas toujours LE BOLVIIKUÎL. .loC) dans les femelles), composée de douze pennes; doigt extérieur , uni par sa première phalange au doigt du milieu ; ongle postérieur, pins fort et plus crochu que les autres. , Voici les dimensions intérieures d'une femelle que j'ai disséquée. Tube intestai, dix-huit pouces; vestiges de cœcinn; œsophage, deux pouces et demi, dilaté en forme de poche dans sa partie contiguë au gésier; cette poche distinguée de l'œsophage pas un rebord saillant ; le gésier musculeux , contenant beaucoup de petites pierres , et même deux ou trois petites graines jaunes bien entières, quoique cet oiseau fût resté deux jours et demi dans une cage sans rien manger ; grappe de l'ovaire , d'un volume médiocre, garnie de petits œufs presque tous égaux entre eux; oriductm développé, trois pouces et plus ; la trachée formoit une espèce de nœud assez gros à Tendroit de sa bifurcation. Variétés du Bouvreuil. Ptoger Sibbald n'a écrit qu/une seule ligne sur le bouvreuil, et dans cette ligne il dit qu'il y en a de diverses espèces en Ecosse, sans en indiquer d'autres que l'espèce commune. Il est probable que ces espè- ces dont il parle ne sont autre chose que les variétés dont nous allons bientôt faire mention. Frisch nous dit que l'on distingue des bouvreuils de trois grandeurs dififérentes; M. le marquis de Piolenc en connoît de deux grandeurs^; enfin d'au- i. Le plus petit, ajoute M. de Piolenc, est clt> la laille du pinsoD ; DiiFFON. XXII. 20 3lO VARIÉTÉS DU BOUVREUIL. très prétendent qu'ils sont pins petils en Nivernois qu'en Picardie. M. Lottinger assure que le bouvreuil de montagne est plus grand que celui de la plaine ; et cela explique assez naturellement l'origine de ces variétés de grandeur, qui dépendent en effet, du moins à plusieurs égards, de la différence de l'habi- tation, mais dont les limites ne sont point assez con- nues, et les caractères, c'est-à-dire les mesures re- latives aux circonstances locales , ne sont point assez déterminées pour que l'on puisse traiter de chacun dans un article séparé : je me contenterai donc d'in- diquer ici les seules variétés de plumage. Le Bouvreuil blanc. Schwenckfeld parle d'un bouvreuil blanc que Ton avoit pris aux environs du village de Frischbach en Silésie , et qui avoit seulement quelques plumes noi- res sur le dos. Ce fait a été confirmé par M. de l'Is'le. « 11 y a dans ce canton ( de Beresow en Sibérie ), dit cet habile astronome, des pivoines ou bouvreuils blancs, dont le dos est un peu noirâtre, et grisonne vers l'été. Ces oiseaux ont le chant agréable, fm , et beaucoup plus beau que les pivoines d'Europe. » Il paroît vraisemblable que le climat du nord a beau- coup influé sur ce changement de couleur. il a le corps plus allongé, la poitrine d'un rouge plus vif. et paroU plus sauvage que le bouvreuil ordinaire. VARIÉTÉS DU BOUVREUIL. 3ll if. Le Bouvreuil noir *. Je comprends sous cette dénomination non seu- lement les bouvreuils entièrement ou presque entiè- rement noirs, mais encore ceux qui commencent sensiblement à le devenir : tel ctoit celui que j'ai vu chez M. le baron de Goula ; il avoit la gorge noire, ainsi que le croupion , les couvertures inférieures de la queue, el le bas-ventre; le haut de la poitrine varié de roux vineux et de noir, et il n'y avoit point de tache blanche sur la dernière penne de la queue. Ceux dont parlent André Schaenberg, Anderson^ et M. Salerne étoient tout noirs, d'un noir de charbon comme les corbeaux, dit ce dernier. Celui de M. de Héaumur, dont parle M. Brisson , étoit exactement noir par tout le corps. J'en ai observé un qui étoit devenu noir, et d'un beau noir lustré, à la première mue, mais qui avoit conservé un peu de rouge de chaque côté du cou , et un peu de gris derrière le cou et sur les petites couvertures supérieures des ailes; il avoit les pieds couleur de chair, et l'intérieur du bec rouge. Celui d'Albin avoit quelques plumes rouges sous le ventre, les cinq premières pennes de l'aile bordées de blanc, l'iris blanc, et les pieds couleur de chair. Albin remarque que cet oiseau étoit d'une grande douceur, couime sont tous les bouvreuils. Il arrive souvent que cette couche de noir disparoît 1, AtriciUa, rouge-qucac noire , llte black buUfinch. (Co nom de y oiigequeue noire est appliqué mal à propos au bouvreuil. ) 2. Le bouvreuil d'Auderson étoit en cage depuis long-lemps. v)i2 VARIETES I) l BOUVREUIL. à la mue, et fait place aux couleurs naturelles; mais quelquefois aussi elle se renouvelle à chaque mue , et se soutient pendant plusieurs années : tel étoit celui de M. de Réaumur. Cela feroit croire que ce changement de couleur n'est pas l'effet d'une ma- ladie. m. Le grand Bouvreuil noir d'Afrique. Quoique cet oiseau soit d'un pays fort éloigné , et qu'il surpasse en grosseur notre bouvreuil d'Europe, je ne puis m'empêcher de le regarder comme ana- logue à la variété que j'ai décrite sous le nom de bouvreuil noir^ et de soupçonner que les grandes chaleurs de l'iVfrique noircissent le plumage de ces oiseaux , comme les grands froids de la Sibérie le blanchissent. Ce bouvreuil est tout noir, à l'excep- tion d'une très petite tache blanche sur les grandes couvertures de l'aile. Il faut encore excepter le bec, qui est gris, et les pieds, qui sont cendrés. On l'a vu vivant à Paris, où il avoit été apporté des côtes d'Afrique. Longueur totale, sept pouces un quart; bec, six lignes; vol , onze pouces un quart; queue, deux pou- ces et demi, composée de douze pennes; elle dé- passe les ailes de dix-huit lignes. LE BOLVEllET. O K) a«m »«»a«i«*««c«>44»^ OISEAUX ETRANGERS QUI OINT RAPPORT AU BOUVREUIL. I. LE BOUVEREïi. Loxia auratitia. Gmel. Je Feunis sous ce nom deux oiseaux annonces comme étant, l'un de l'île de Bourbon, et l'autre du cap de Bonne-Espérance. Ils se ressemblent trop en eft'et pour qu'on puisse ne pas les rapporter à la même espèce ; d'ailleurs on sait combien il y a de commu- nication entre le cap de Bonne-Espérance et l'île de Bourbon. Le noir et l'orangé vif sont les couleurs dominantes de celui de ces oiseaux que je regarde comme le mâle : l'orangé règne sur la gorge, le cou, et sur tout le corps sans exception; le noir règne sur la tête, la queue, et les ailes ; mais les pennes sont bordées d'o- rangé , et quelques unes terminées de blanc. La femelle a toute la tête , la gorge, et le devant dti cou, recouverts d'une espèce de capuchon noir; le dessous du corps blanc; le dessus d'un orangé moins vif qu'il n'est dans le mâle, et dont la teinte se ré- 1. Voyez les planches enluminées, n" 204, lig. 1, le mâle, sous le nom de bouvreuil de Ctle de Bourbon; et fig. 2 , la femelle, sous le nom de bouvreuil du cap de Bonne-Espérance. 3l4 LE BOUVERKT. pand, en s'affoiblissant encore, sur les pennes de la queue : les pennes des ailes sont finement bordées de gris clair presque hlanc; l'un et l'autre ont le bec brun et les pieds rougeâtres. Longueur totale, environ quatre pouces et demi ; bec, un peu moins de quatre lignes; vol, près de sept pouces; queue, vingt lignes, composée de douze pennes ; elle dépasse les ailes d'environ quinze lignes. II. LE BOUVREUIL A BEC BLANC. Loxia tor^ida. Gmel. C'est ici le seul oiseau de la Guiane que M. de So- nini reconno*isse pour un véritable bouvreuil. Son bec est de couleur de corne dans l'oiseau desséché ; mais on assure qu'il est blanc dans le vivant : la gorge, le devant du cou, et tout le dessus du corps, sans ex- cepter les ailes et la queue, sont noirs; il y a sur les ailes une petite tache blanche qui souvent est cachée sous les grandes couvertures; la poitrine et le ventre sont d'un marron foncé. Cet oiseau est de la grosseur de notre bouvreuil ; il a de longueur totale quatre pouces deux tiers, et sa queue dépasse ses ailes de presque toute sa longueur. lïl. LE BOUVERON. Loxia Lineola. L. J'appelle ainsi cet oiseau, n''3i9,fig. i , parce qu'il me paroît faire la nuance entre les bouvreuils d'Eu- LE BOUVERON. 01 5 rope et les becs-ronds d'Amérique, dont je parlerai bientôt. Sa taille ne surpasse pas celle du cabaret : un beau noir changeant en vert règne sur les plumes de la tête, de la gorge, et de toute la partie supé- rieure du corps, compris les pennes et les couvertu- res de la queue et des ailes, ou, pour parler plus juste , sur ce qui paroît de ces plumes ; car le côté intérieur est caché ou n'est pas noir, ou du moins n'est pas de ce beau noir changeant : il faut encore excepter une très petite tache blanche sur chaque aile , et trois taches de ineme couleur, mais plus grandes, l'une sur le sommet de la tête, et les deux autres au dessous des yeux. Toute la partie inférieure du corps est blanche; les plumes du ventre et les couvertures inférieures de la queue sont frisées dans quelques in- dividus : car on ne peut s'empêcher de regarder le bouvreuil à plumes frisées du Brésil comme apparte- nant à l'espèce du bouveron, puisque ces deux oi- seaux ne diffèrent entre eux que par la frisure des plumes ; différence trop superficielle et trop légère pour former un caractère spécifique, et d'autant moins que cette frisure n'est nullement permanente , et qu'elle tombe en certaines circonstances. Il est pro- bable que les individus frisés sont les mâles , puisque, en général , parmi les animaux, la nature semble avoir choisi les mâles pour leur accorder exclusivement le don de la beauté, et tout le luxe des ornements qui peuvent la faire valoir. Mais, dira-t-on , comment sup- poser que le mâle se trouve au Brésil, et la femelle en Afrique? Je réponds, r que rien n'est moins connu que le pays natal des oiseaux qui viennent de loin, et passejit par plusieurs mains. Je réponds, en 3l6 LE BOUVERON. second lieu , que si l'on a pu transporter à Paris ceux dont nous parlons , et les transporter vivants, on a pu les transporter de même de rAmérique méridionale en Afrique^. Quiconque aura jeté un regard de com- paraison sur ces oiseaux admettra sans hésiter l'une de ces deux suppositions, plutôt que de les rapporter à des espèces différentes. Longueur totale, quatre pouces un tiers; bec, quatre lignes; vol, sept pouces et demi; queue, vingt-une lignes, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'environ un pouce. IV. LE BEC-ROND A VENTRE ROUX^. Loxia minuta. Gmel. L'Amérique a ses bouvreuils, et j'en ai fait connoî- tre une espèce d'après M. de Sonini : elle a aussi ses becs-ronds, qui ont, à la vérité, du rapport avec les bouvreuils, mais qui en diffèrent assez pour qu'on doive les désigner par une autre dénomination. Leur 1. J'ai \fu dans le beau cabiuet de M. Mauduit, sous le nom de bouvreuil de Caycnne, un oiseau fort ressemblant au bouveron , excepté qu'il étoit un peu plus gros , et qu'il avoit un peu plus de blanc : peut-être étoit-ce un \ieux. M. de Sonini m'a assuré ayoir vu à la Guiane un bec-rond , lequel , à la fjrisure près , ressembioit exactement au bouvreuil à plumes frisées du Brésil. Il résulte de tout cela une assez forte probabilité que l'Amérique méridionale est la vraie patrie du bouveron. 2. Je dois avertir que ce bec-rond a du rapport avec le brunor, page i35, qui est le petit pinson rouge de M. Brîsson; mais , en y re- gardant de près, on trouve que ni les teintes, ni la distribution des couleurs, ni les proportions des ailes, ni la forme et la couleur du bec, ne sont absolument les mêmes. LE BEC-ROND A VENTRE ROLX. Ol^ bec est beaucoup moins crochu et plus arrondi ; d'où le nom de bec-rond leur a été donne. Celui dont il s'agit dans cet article, n" 3i9 , fig. 2 , demeure apparié toute l'année avec sa femelle. Ils sont très vifs et peu farouches ; ils vivent autour des lieux habités, dans les terrains qui étoient auparavant en culture , et qui ont été abandonnés depuis peu. Ils se nourrissent de fruits et de graines, et font enten- dre, en sautillant, un cri assez semblable à celui du moineau , mais plus aigu. Ils font , avec une certaine herbe rougeatre, un petit nid rond de deux pouces de diamètre intérieur, et le posent sur les mômes ar- bustes où ils trouvent leur nourriture ; la femelle y pond trois ou quatre œufs. Cet oiseau a le dessus de la tête, du cou, et du dos, d'un gris brun ; les couvertures des ailes, leurs pen- nes, et celles de la queue, de la même couleur, à peu près, bordées de blanc ou de marron clair ; la gorge , le devant du cou , le dessous du corps, les couvertu- res inférieures de la queue, et le croupion, d'un mar- ron foncé ; le bec et les pieds bruns. Dans quelques individus , la gorge est du même gris brun que le dessus de la tête. V. LE BEC-ROND, ou BOUVREUIL BLEU D'AMÉRIQUE. Loria cœrulea. Gmel. M. Brisson fait mention de deux bouvreuils bleus d'Amérique , dont il fait deux espèces séparées : mais comme ils sont tous deux d'Amérique , tous deux de 5l8 LE BEC-UOND, OU BOUVREUIL BLEU DAMER. même grosseur, tous deux proportionnés à peu près . de même , tous deux du même bleu , et qu'ils ne dif- fèrent que par la couleur des ailes, de la queue, et du bec. j'ai cru devoir les rapporter à une seule et même espèce , et regarder leurs différences comme produites par l'influence du climat. Dans l'un et l'autre, le bleu foncé est la couleur dominante : celui de l'Amérique méridionale a une petite tache noire entre le bec et l'œil; les pennes de la queue, celles des ailes , et les grandes couvertures de celles-ci, noires, bordées de bleu; le bec noirâtre , et les pieds gris. Celui de l'Amérique septentrionale a l*a base du bec entourée d'une zone noire, qui va rejoindre les yeux 5 les pennes de la queue, celles de l'aile, et leurs grandes couvertures, d'un brun teinté de vert; leurs moyennes couvertures rouges, formant une bande transversale de cette couleur; le bec brun, et les pieds noirs. Le plumage de la femelle est uniforme, et partout d'un brun foncé, mêlé d'un peu de bleu. A l'égard des mœurs et des habitudes de ces oi- seaux, on ne peut les comparer, parce qu'on ne sait rien de celles du premier. Voici ce que Catesby nous apprend de celui de la Caroline. C'est un oiseau fort solitaire et fort rare ; il reste toujours apparié avec sa femelle, et ne se met point en troupes : en ne le voit jamais l'hivei* à la Caroline; son chant est très mono- tone, et ne roule que sur une seule note. Je vois dans tout cela beaucoup de traits de conformité avec notre bouvreuil. lE BOUVREUIL, OU BEC-ROND NOIR ET BLANC. 01 9 VI. LE BOUVREUIL, ou BEG-ROND NOIR ET BLANC. Loxia nigra. La tu. II faudroit avoir vu cet oiseau , ou du moins sa dé- pouille , pour savoir s'il est bouvreuil ou bec-roud : îl a un peu de blanc sur le bord antérieur et sur la base des deux premières pennes de l'aile ; tout le reste du plumage est absolument noir, même le bec et les pieds ; le bec supérieur a une échancrure consi- dérable de chaque côté. Cet oiseau est du Mexique ; sa grosseur est à peu près celle du serin. Longueur totale, cinq pouces un quart; bec, cinq lignes; queue, deux pouces; elle dépasse les ailes d'un pouce. VU. LE BOUVREUIL, ou BEG-ROND VIOLET DE LA CAROLINE. FringUl.a purpurea. Latii. Tout est violet dans cet oiseau, et d'un violet ob- scur, excepté le ventre, qui est blanc, les couvertu- res supérieures des ailes, où le violet est un peu mêlé de brun, et les pennes de la queue et des ailes, qui sont mi-parties de violet et de brun , les premières suivant leur largeur, et les dernières suivant leur longueur. La femelle est brune par tout le corps, et elle a la poitrine tachetée comme notre mauvis. Ô20 LE BOUVREUIL, OU BEC-ROND VIOLET, etC. Ces oiseaux paroissent au inois de novembre , et se retirent avant l'hiver par petites volées. Ils vivent de genièvre, et détruisent, comme nos bouvreuils, les bourgeons des arbres fruitiers. Leur grosseur est à peu près celle du pinson. Longueur totale, cinq pouces deux tiers; bec, cinq lignes; queue, deux pouces, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de sept à huit lignes. VIIî. LE BOUVREUIL, ou BEC-ROND VIOLET A GORGE ET SOURCILS ROUGES. Loxia violacea. Gmel. Cet oiseau est encore plus violet que le précédent ; car Jes pennes de la queue et des ailes sont aussi de cette couleur : mais ce qui relève son plumage , et donne du caractère et du jeu à sa physionomie , c'est sa gorge rouge ; ce sont de beaux sourcils rouges , que la nature s'est plu à dessiner sur ce fond violet. La couleur rouge reparoît encore sur les couvertures in- férieures de la queue ; le bec et les pieds sont gris. La femelle a les mêmes marques rouges que le mâle; mais le fond de son plumage est brun, et non pas violet. Ces oiseaux se trouvent dans les îles de Bahama. lis sont à peu près de la grosseur de notre moineau- franc. Longueur totale , cinq pouces deux tiers ; bec , cinq à six lignes; queiie , deux pouces et demi; elle dé- passe les ailes de treize à quatorze lignes. IX. LA HUPPE NOIRE. Loxia coronata. Gmel. Le plumage de cet oiseau est peint des plus riches couleurs ; la tête noire , surmontée d'une huppe de même couleur; le bec blanc ; tout le dessus du corps d'un rouge brillant ; le dessous d'un beau bleu ; une marque noire devant le cou. Voilà de quoi justifier ce que dit Seba de cet oiseau, qu'il ne le cède en beauté à aucun oiseau chanteur. On peut conclure de là, ce me semble, qu'il a quelque ramage. Il se trouve en Amérique. M. Brisson le juge beaucoup plus gros que notre bouvreuil. Voici comment il détermine ses dimen- sions principales, autant qu'on peut le faire d'après une figure dont l'exactitude n'est pas trop bien ga- rantie. Longueur totale, six pouces; bec, six lignes; queue, dix-huit lignes et plus; elle dépasse les ailes d'environ six lignes. L'HAMBOUVREUX. I^xia Hamburgia. G31EL. Quoique ce prétendu bouvreuil habite notre Eu- rope, je ne le place cependant qu'après ceux d'Afrî- 52!2 L HAMBOUVRIÎUX. que et d'Amérique, parce que ce n'est point l'ordre géographique que je suis, et que son habitude de grimper, soit en montant, soit en descendant, le long des branches des arbres, comme les mésanges, celle de vivre de cerfs-volants et d'autres insectes, et sa queue étagée, semblent l'éloigner plus de nos bou- vreuils qu'une distance de deux mille lieues entre le pays natal des uns et des autres. Cet oiseau a le dessus de la tête et du cou d'un brun rougeâtre, teinté de pourpre; la gorge brune; un large collier de même couleur sur un fond blanc ; la poitrine d'un brun jaunâtre , semée de taches noires un peu longuettes ; le ventre et les couvertures infé- rieures de la queue blancs ; le dos, les scapulaires, et tout le dessus du corps, comme la poitrine; deux taches blanches sur chaque aile ; les pennes des ailes d'un brun clair et jaunâtre ; celles de la queue d'un brun sombre dessus, mais blanches dessous; l'iris jaune , et le bec noir. L'hambouvreux est un peu plus grand que notre moineau-franc ; il se trouve aux environs de la ville de Hambourg. Longueur totale, cinq pouces trois quarts; bec, six lignes; queue, vingt-une lignes, un peu étagée : elle dépasse les ailes de presque toute sa longueur. LE COLIOU. Il nous paroît que le genre de cet oiseau doit être placé entre celui des veuves et celui des bouvreuils : il tient au premier par les deux longues plumes qu'il LE COLIOU. 5'23 porte, comme les veuves, au milieu de la queue , et il s'approche du second par la forme du bec , qui se- roit précisément la même que celle du bouvreuil, s'il étoit convexe en dessous comme en dessus; mais il est aplati dans la partie inférieure, et du reste tout semblable à celui du bouvreuil, étant également un peu crochu , et proportionnellement de la même lon- gueur. D'autre côté, nous devons observer que la queue du coliou diffère de celle des veuves en ce qu'elle est composée de plumes étagées, dont les deux dernières, ou celles qui recouvrent et excèdent les autres , ne les surpassent que de trois ou quatre pouces, au lieu que les veuves ont une queue propre- ment dite, et des appendices à cette queue. J'entends par la queue proprement dite un amas de plumes attachées au croupion et d'égale longueur. Mais, outre cette queue qu'ont toutes les veuves, les unes, comme la veuve commune et la veuve dominicaine, . ont deux plumes; les autres en ont quatre, comme la veuve à quatre brins ; et les autres enfin ont six ou huit plumes , comme les veuves du cap de Bonne-Es- pérance. Toutes ces plumes excèdent celles de la queue proprement dite, et cet excédant dans cer- taines espèces n'est que de la longueur de la queue proprement dite; et dans les autres , cet excédant est du double et du triple de cette longueur. Les colious n'ont point cette queue proprement dite, car leur queue n'est composée que de plumes étagées. On doit encore observer que, dans les veuves, les plu- mes qui excèdent les autres p'iumes ont des barbes assez longues et égales des deux côtés; que ces bar- bes vont insensiblement en diminuant de longueur 3'2] LE COLIOU. de la base à la pointe de la plume, excepté dans la veuve dominicaine et la veuve à quatre brins : dans la première , les plumes excédantes n'ont que des barbes fort courtes, qui vont en diminuant sensiblement de la base à la pointe de la plume; dans la veuve à quatre brins, au contraire, les quatre plumes excédantes n'ont, dans leur longueur, que des barbes très cour- tes, qui s'allongent et forment un épanouissement au bout des plumes; et dans les colious, les plumes de la queue , soit celles qui excèdent , soit celles qui sont excédés, ont également des barbes, qui vont en di- minuant de la base à la pointe des plumes. Ainsi le rapport réel entre la queue des veuves et celle des co- lious n'est que dans la longueur; et celle de toutes les veuves dont la queue ressemble le plus à la queue des colious , est la veuve dominicaine. M. Mauduit a fait, à cette occasion, deux remar- ques intéressantes. La première est que les longues queues, et les autres appendices ou ornements que portent certains oiseaux, ne sont pas des parties sur- abondantes et particulières à ces oiseaux, dont les au- tres soient dépourvus; ce ne sont, au contraire, que les mêmes parties communes à tous les autres oi- seaux, mais seulement beaucoup plus étendues; de sorte qu'en général les longues queues ne consistent que dans le prolongement de toutes les plumes, ou seulement de quelques plumes de la queue. De même les huppes ne sont que l'allongement des plumes de la tête. Il en est encore de même des plumes longues et étroites qui forment des moustaches à l'oiseau de paradis; elles ne paroissent être qu'une extension des plumes fines, étroites, etoblongues, qui, dans tous LE COLIOU. 025 ies oi-eaux, servent à couvrir le méat auditif externe. Les plumes longues et flottantes qui partent de des- sous les ailes de l'oiseau de paradis commun, et celles qui représentent comme des doubles ailes dans le roi des oiseaux de paradis, sont les mêmes plumes qui partent des aisselles dans tous les autres oiseaux. Lors- que ces plumes sont couchées, elles sont dirigées vers la queue; et lorsqu'elles sont relevées elles sont trans- versales à l'axe du corps de l'oiseau. Ces plumes dif- fèrent, dans tous les oiseaux, des autres plumes, en ce qu'elles ont des barbes égales des deux côtés du tuyau; elles représentent, quand elles sont relevées, de véritables rames, et l'on peut croire qu'elles ser- vent non seulement à soutenir les oiseaux, mais à prendre la direction du vent lorsqu'ils volent. Ainsi tous les ornements du plumage des oiseaux ne sont que des prolongements ou des excroissances des mê- mes plumes plus petites dans le commun des oiseaux. La seconde remarque de M. Mauduit est que ces ornements des plumes prolongées sont assez rares dans les climats froids et tempérés de l'un et de l'autre continent, tandis qu'ils sont assez communs dans les oiseaux des climats les plus chauds, surtout dans l'an- cien contient. Il n'y a guère d'oiseaux à longue queue, en Europe, que les faisans, les coqs, qui sont en même temps souvent huppés, et qui ont de longues plumes flottantes sur les côtés; les pies, et la mé- sange à longue queue; et de même nous ne connois- sons guère, en Europe, d'autres oiseaux huppés que le grand, le moyen, et le petit duc, In huppe, le cochevis; et la mésange huppée. Quelques oiseaux d'eau, tels que les canards et Ips héroris, ont soiivent BUnOIN. XXII. 2 1 026 LE COLIOU. de longues queues et des orneiuents composés de plu- mes, des aigrettes, et des plumes flottantes sur le croupion. Ce sont là tous les oiseaux des zones froides et tempérées auxquels on voit des ornements de plu- mes : dans la zone torride , au contraire, et surtout dans l'ancien continent, le plus grand nombre des oiseaux ont de ces ornemen's; on peut citer avec les colious, tous les oiseaux de paradis, toutes les veu- ves, les kacatoes, les pigeons couronnés, les huppes, les paons, qui sont originaires des climats chauds de l'Asie , etc. Les colious appartiennent à l'ancien continent, et se trouvent dans les contrées les plus chaudes de l'Asie et de l'Afrique; mais jamais on n'en a trouvé en Amérique, non plus qu'en Europe. Nous en connoissons assez imparfaitement quatre espèces ou variétés, dont nous ne po-uvons donner ici que les descriptions, car nous ne savons rien de leurs habitudes naturelles. ["•Le COLIOU DU CAP deBonae-EspérAx\ce [ColiusCa- pensis. Gmel.), que nous avons décrit d'après un in- dividu qui est au Cabinet du Roi , et qui est représenté tlans la planche enluminée, n°282, figure 1. Nousne savons si c'est le mâle ou si c'est la femelle : il a tout le corps d'une couleur cendrée pure sur le dos et le croupion, et mêlée sur la tête, la gorge et le cou d'une légère teinte de lilas, plus foncée sur la poitrine; le ventre est d'un blanc sale, f^es pennes de la queue sont cendrées, mais les deux latérales de chaque côté sont bordées extérieurement de blanc; les deux pen- nes intermédiaires sont longues de six pouces neuf lignes; celles des côtés vont toutes en diminuant de LE COLIOU. v)27 longueur par degrés, et la plus extérieure de chaque côté n'a plus que dix lignes de long. Les pieds sont gris, et les ongles noirâtres; le bec est gris à sa base, et noirâtre à son extrémité. Ce coliou a dix pouces trois lignes, y compris les longues plumes de la queue : ainsi le coi;[)s de l'oiseau n'a réellement que trois pou- ces et demi de grandeur. 11 se trouve au cap de Bonne- Espérance. 2° Le COLIOU HUPPÉ DU SÉKÉr.AL [CoUus Senegaiensis Gmel. ) , que nous avons fait représenter, planches enluminées, n** 282, fig. 2, ressemble beaucoup au précédent, et l'on pourroit le regarder comme une variété de cette espèce, quoiqu'il en diffère par la grandeur; car il a deux pouces de longueur de plus que le coliou du Cap : il a de plus une espèce de huppe, formée par des plumes plus longues sur le sommet de la tête; et cette huppe est du même ton de couleur que le reste du corps. On voit une bande bien marquée d'un beau bleu céleste derrière la tête, à la naissance du cou : ce bleu est beaucoup plus vif et plus marqué qu'il n'est représenté dans la planche. La queue de ce coliou se rétrécit de la base à la pointe. Le bec n'est pas entièrement noir : la mandibule su- périeure est blanche, depuis la base jusqu'aux deux tiers de sa longueur; le bout de cette mandibule est noir. Ces différences, quoique assez grandes, ne le sont cependant pas assez pour prononcer si ce co- liou huppé du Sénégal est une espèce différente, ou une simple variété, de celui du cap de Bonne-Espé- rance. v)° Une troisième espèce, ou variété, encore un peu plus grande que la précédente, est le coliou rayé Ô'jS le GOLIOU. {Colius striatus. Gmel.), que nous avons vu dans le cabinet de M. Mauduit. Il a treize pouces de lon- gueur, y compris les longues plumes de la queue, lesquelles ont elles seules huit pouces et demi, et dépassent les ailes de sept pouces et demi : le bec a neuf lignes; il est noir en dessus, et blanchâtre en dessous. On l'appelle colioii rayé ^ parce que tout le dessous de son corps est rayé, d'abord , sous la gorge, de ban- des brunes, sur un fond gris roussâtre, et sous le ventre, de bandes également brunes sur un fond roux : le dessus du corps n'est point rayé; il est d'un gris terne, légèrement varié de couleur de liias, qui de- vient plus rougeâtre sur le croupion et la queue , la- quelle est verte, et tout-à-fait semblable à celle des autres colious. M. Mauduit , à qui nous devons la connoissance de cet oiseau, croit qu'il est natif des contrées voisines du cap de Bonne -Espérance , parce qu'il lui a été apporté du Cap avec plusieurs autres oiseaux que nous connoissons, et que nous savons appartenir à cette partie de l'Afrique. 4° Le coLiou DE l'île de Panay [Colins Panayensis. Gmel.). Nous tirons du voyage de M. Sonnerat la no- tice que nous allons donner de cet oiseau. «Il est, dit ce voyageur, de la taiile du gros-bec d'Europe; la tête, le cou, le dos, les ailes, et la queue, sont d'un gris cendré, avec une teinte jaune; la poitrine est de la même couleur, traversée de raies noires; le bas du ventre et le dessus de la queue sont roussâtres; les ailes s'étendent un peu au delà de l'o- rigine de la queue, qui est extrêmement longue, com- Llî COLIOU. 3i>9 posée de douze pluuies d'inégale longueur : les deux premières sont très courtes; les deux suivantes, de chaque côté, sont plus longues, et ainsi de paire en paire Jusqu'aux deux dernières plumes qui excèdent toutes les autres; la quatrième et la cinquième paires diffèrent peu de longueur entre elles. Le bec est noir; les pieds sont de couleur de chair pâle. Les plumes qui couvrent la tête sont étroites et assez longues; elles forment une huppe, que l'oiseau baisse ou élève à volonté. » *«<»**c<8«>3-9<9*e LES MANAKINS. Ces oiseaux sont petits et fort jolis ; les plus grands ne sont pas plus gros qu'un moineau, et les autres sont aussi petits que le roitelet. Leurs caractères com- muns et généraux sont d'avoir le bec court, droit, comprimé par les côtés, vers le bout; la mandibule supérieure convexe en dessus, et légèrement échan- crée sur les bords, un peu plus longue que la mandi- bule inférieure, qui est plane et droite sur sa lon- gueur. Tous ces oiseaux ont aussi la queue courte et coupée carrément, et la même disposition dans les doigts que les coqs de roche, les todiers. et les calaos; c'est-à-dire le doigt du milieu réuni étroitement au doigt extérieur, par une membrane, jusqu'à la troi- sième articulation, et le doigt intérieur jusqu'à la pre- mière articulation seulement; et autant ils ressem- blent au coq de roche par cette disposition des doigtsj autant ils diffèrent des cotingas par cette tnême dis- OOO LES M AN AR IN S. position : néanmoins quelques auteurs ont luèlé les manakins avec les cotingas ; d'autres les ont réunis aux moineaux, aux mésanges, aux linottes, aux tan- garas, au roitelet; enfin les nomenclateurs ont encore eu plus de tort de les appeler pipra^ ou de les réunir dans la même section avec le coq de roche, auquel ils ne ressemblent réellement que par celte disposition des doigts, et par la queue coupée carrément; car ils en diflerent constamment non seulement par la gran- deur, puisqu'un coq de roche est aussi gros par rap- port à un manakin qu'une de nos poules l'est en com- paraison d'un moineau 5 mais encore par plusieurs caractères évidents. Les manakins ne ressemblent en aucune façon bu coq de roche par la conformation du corps : ils ont le bec à proportion beaucoup plus court; ils n'ont communément point de huppe, et dans les espèces qui sont huppées, ce n'est point une huppe double, comme dans ie coq de roche, mais une huppe de plumes simples, un peu plus longues que les autres plumes de la tête. On doit donc sépa- rer les manakins non seulement des cotingas, mais encore des coqs de roche, et en faire un genre par- ticulier, dont les espèces ne laissent pas d'être assez nombreuses. Les habitudes naturelles qui leur sont communes à tous, n'étoientpas connues, et ne sont pas encore aujourd'hui autant observées qu'il seroit nécessaire pour en donner un détail exact. Nous ne rapporterons ici que ce que nous en a dit M. de Manoncourt, qui a vu un grand nombre de ces oiseaux dans leur état de nature. Ils habitent les grands bois des climats chauds de l'Amérique, et n'en sortent jamais pour LES MANAKINS. O J 1 aller dans les lieux découverts, ni dans les campa- gnes voisines des habitations. Leur vol, quoique assez rapide, est toujours court et peu élevé : ils ne se per- chent pas au faîte des arbres, mais sur les branches, à une hauteur moyenne; ils se nourrissent de petits fruits sauvages, et ils ne laissent pas de manger aussi des insectes. On les trouve ordinairement en petites troupes de huit ou dix de la même espèce, et quel- quefois ces petites troupes se confondent avec d'autres troupes d'espèces différentes de leur môme genre, et même avec des compagnies d'autres petits oiseaux de genre différent, tels que les pUpits^ etc. C'est ordi- nairement le matin qu'on les trouve ainsi réunis en nombre : ce qui semble les rendre joyeux; car ils font alors entendre un petit gazouillement fin et agréable. La fraîcheur du matin leur donne cette expression de plaisir; car ils sont en silence pendant le jour, et cherchent à éviter la grande chaleur en se séparant de la compagnie , et se retirant seuls dans les endroits les plus ombragés et les plus fourrés des forets. Quoi- que cette habitude soit commune à plusieurs espèces d'oiseaux, même dans nos forêts de France, où ils se réuniss-ent pour gazouiller le matin et le soir, les ma- nakins ne se rassemblent jamais le soir, et ne demeu- rent ensemble que depuis le lever du soleil jusqu'à neuf ou dix heures du matin; après quoi ils se sépa- rent pour tout le reste de la journée et pour la nuit suivante. En général , ils préfèrent les terrains hu- mides et frais aux endroits plus secs et plus chauds; cependant ils ne fréquentent ni les marais ni le bord des eaux. Le nom m.iuiakin a été donné à ces oiseaux par les 552 LES MANAKIiNS. Hollandois de Surinam. INous en connoissons sfx es- pèces bien distinctes : ujiais nous ne pourrons dési- gner que la première par le nom qu'elle porte dans son pays natal ; nous indiquerons les autres par des dénominations relatives à leurs caractères les plus ap- parents. M «e«««>e«««>»»« LE TUE, ou GRAND MANAKIN. PREMIÈRE ESPÈCE. Pipra pareola. Gmel. Cette espèce, n** 687, fig. 2, a été bien indiquée par Marcgrave, car elle est en effet la plus grande de toutes. La longueur de l'oiseau est de quatre pouces et demi, et il est à peu près de la grosseur d'un moi- neau : le dessus de la tète est couvert de plumes d'un beau rouge, qui sont plus longues que les autres, et que l'oiseau relève à volonté, ce qui lui donne alors Tair d'avoir une huppe; le dos et les petites couver- tures supérieures des ailes sont d'un beau bleu; le reste du plumage est noir velouté ; l'iris des yeux est d'une belle couleur de saphir ; le bec est noir et les pieds sont rouges. M. l'abbé Aubry, curé de Saint-Louis, a dans son cabinet, sous le nom de tijé-guacu de Cuba _, un oi- seau qui est une variété peut-être de sexe ou d'âge de celui-ci; car il n'en diffère que par la couleur des -£\i6^ -l.ozn.e aa. Pangnet, s ctin LXE 1/LAlsTAKTIT ._ 2 L. ORG-AITiSTÏÏ _ 3 .Ui PlUI/xEÏ E..-cV- ( LE TUE, OU GRAND MANAKIN. 00.^ grandes plumes du dessus de la lete qui sont d'un rouge foible et même un peu jaunâtre. Cette déno- minalion sembleroit indiquer que l'espèce de tijé ou grand manakin se trouve dans l'île de Cuba, et peut- être dans d'autres climats de l'Amérique, aussi bien que dans celui du Brésil • néanmoins il est fort rare à Cayenne; et comme ce n'est point un oiseau de long vol , il n'est guère probable qu'il ait traversé la mer pour arriver à l'île de Cuba. Le manakin vert à buppe rouge, représenté dans les planches enluminées, n" 5o5, fig. 2, est le tijé jeune. On a vu plusieurs manakins verts déjà mêlés de plumes bleues, et il faut observer qu'ils ne sont ja- mais , dans l'état de nature , d'un vert décidé , comme il l'est dans la planche enluminée : leur vert est plus sombre. 11 faut que les tijés jeunes et adultes soient assez communs dans les climats chauds de l'Amérique, puisqu'on les envoie souvent avec les autres oiseaux de ces mêmes climats. LE CASSE-NOISETTE'. SECONDE ESPÈCE. Pipra manacus. Gmel. Nous donnons le nom de casse-noisette à cet oiseau, parce que son cri représente exactement le bruit du petit outil avec lequel nous cassons des noisettes. Il j . Voyez les planches enluminées, u" 5o2 , fig, i, cl n" 5o5 , fig. 2 , sous le nom de manakin noiv et blanc. 334 l'E CASSE-NOISETTE. n'a nul autre chant ni ramage. On le trouve assez coni- munément à la Guiane , surtout dans les lisières des grands bois; car il ne fréquente pas plus que les au- tres manakins les savanes et les lieux découverts. Les casse-noisettes vivent en petites troupes, comme les autres manakins, mais sans se mêler avec eux; ils se tiennent plus ordinairement à terre, se posent rare- ment sur les branches, et toujours sur les plus basses. Il semble aussi qu'ils mangent plus d'insectes que de fruits. On les trouve souvent à la suite des colonnes de fourmis, qui les piquent aux pieds, et les font sauter et faire leur cri de cassè-noisette , qu'ils répè- tent très souvent. Ils sont fort vifs et très agiles; on ne les voit presque jamais en repos, quoiqu'ils ne fassent que sautiller sans pouvoir voler au loin. Le plumage de cet oiseau est noir sur la tête, le dos, les ailes, et la queue, et blanc sur tout le reste du corps; le bec est noir, et les pieds sont jaunes. La planche enluminée, n°302, fig. i, présente une va- riété de cette espèce, sous le nom de manakln du Bré- sil : mais c'est certainement un casse-noisette, car il a le même cri, et nous présumons que ce n'est qu'une différence de sexe ou d'âge. Il ne dillère en effet du premier que par la couleur des petites couvertures supérieures des ailes, qui sont blanches, au lieu qu'elles sont noires dans l'autre. LE MANAKIN ROUGE. ÔJO LE MANAKIN ROUGE. TROISIÈME ESPÈCE. Pipra auréola. Gmel. Le mâle , clans cette espèce , n" 34 , fig. 3 , est d'un beau rouge vif sur la tête, le cou, le dessus du dos, et la poitrine; orangé sur le front, les côtés de la tête, et la gorge; noir sur le ventre, avec quelques plumes rouges et orangées sur cette même partie; noir aussi sur le reste du dessus du corps, les ailes et la queue : toutes les pennes des ailes, excepté la première , ont, sur la face intérieure et vers le milieu de leur lon- gueur, une tache blanche, qui forme une bande de cette même couleur, lorsque Taile est déployée; le haut des ailes est d'un jaune très foncé; et leurs cou- vertures inférieures sont jaunâtres : le bec et les pieds sont noirâtres. La femelle a le dessus du corps olivâtre , avec un vestige d'une couronne rouge sur la tête; et le des- sous de son corps est d'un jaune olivâtre : elle est, au reste , de la même figure et de la même grandeur que le mâle. L'oiseau jeune a tout le corps olivâtre , avec des taches rouges sur le front, la tête, la gorge, la poi- trine, et le ventre. Cette espèce est à la Guiane la plus commune de toutes celles des raanakins. 556 LE MANARIN OKANGÉ. LE MANAKIN ORANGÉ. QUATRIÈME ESPÈCE. Edwards est le premier auteur qui ait donné la fi- gure de cet oiseau, n° 5o2 , fig. 2 ; mais il a cru mal à propos qu'il étoit la femelle du précédent. Nous ve- nons de décrire cette femelle du manakin rouge; et il est très certain que celui-ci est d'une autre espèce, car il est extrêmement rare à la Guiane, tandis que le manakin rouge y est très commun. Linnaeus est tombé dans la même erreur, parce qu'il n'a fait que copier Edwards. Ce manakin a la tête, le cou, la gorge, la poitrine, et le ventre, d'une belle couleur orangée; tout le reste de son plumage est noir : seulement on remar- que sur les ailes les mêmes taches blanches que porte le manakin rouge ; il a aussi comme lui les pieds noi- râtres, mais son bec est blanc; en sorte que, malgré ces rapports de la bande des ailes, de la couleur des pieds , de la grandeur et de la forme du corps, on ne peut pas le regarder comme une simple variété d'âge ou de sexe dans l'espèce du manakin rouge. \ ^: i\:an vonN atete D'OI LE MANÂKIN A TÈTE I)'OR, etC. 557 »o)»a<»«i»»»a«»c<»»»8»< LE MANAKIN A TETE DOR, LE MAINARÏN A TÊTE ROUGE, Pipra erythroccphala. Gmel. ET LE MANAKIN A TÊTE BLANCHE. Pipra leucocapiUa. Gmel. CINQUIÈME ESPÈCE. Nous présumons que ces trois oiseaux ne sont que trois variétés de cette cinquième espèce; car ils sont tous trois exactement de la môme grandeur, n'ayant que trois pouces huit lignes de longueur, tandis que toutes les espèces précédentes , que nous avons don- nées par ordre de grandeur, ont quatre pouces et demi, quatre pouces trois quarts, etc. D'ailleurs tous trois sont de la même forme de corps, et se ressem- blent même par les couleurs, à l'exception de celle de la tête, qui, dans le premier, est d'un beau jaune, dans le second d'un rouge vif, et dans le troisième d'un beau bleu. On ne trouve aucune diflerence sen- sible dans tout le reste de leur plumage, qui est en tout et partout d'un beau noir lui.sant. Tous trois ont aussi les plumes qui couvrent les jambes, d'un jaune pâle, avec une tache oblongue d'un rouge vif sur la face extérieure de ces plumes. Seulement le premier de ces manakins a le bec blanchâtre et les pieds noirs; vl58 LE MANAKIN A TÊTE d'oR, etC. Je second, le bec noir et les pieds cendrés; et le troisième, le bec gris brun , et les pieds rougeâtres : mais ces légères différences ne nous ont pas paru des caractères assez tranchés pour faire trois espèces dis- tinctes, et il se pourroit môme que , de ces trois oi- seaux, l'un fût la femelle d'un autre. Cependant M. Mauduit, auquel j'ai communiqué cet article, m'a assuré qu'il n'avoit Jamais vu au manakin à tête blan- che les plumes rouges qui recouvrent le genou dans le manakin à tête d'or. Si cette différence étoit con- stante, on pourroit croire que ces deux manakins for- ment deux espèces différentes; mais M. de Manoncourt nous a assuré qu'il avoit vu des manakins à tête blan- che avec ces plumes rouges aux genoux, et il y a quelque apparence que les individus observés par M. Mauduit étoient défectueux. Ces manakins se trouvent dans les mêmes endroits, et sont assez communs à la Guiane ; il paroît même que l'espèce en est répandue dans plusieurs autres climats chauds, comme au Brésil et au Mexique. Néan- moins l'on ne nous a rien appris de particulier sur leurs habitudes naturelles; nous pouvons seulement assurer qu'ils se tiennent, comme tous les autres ma- nakins, constamment dans les bois, et qu'ils ont le gazouillement qui leur est commun à tous, à l'excep- tion de celui que nous avons appelé le casse-noisette j, lequel n'a d'autre voix, ou plutôt d'autre cri, que celui d'une noisette que l'on casse en la serrant. l.E \[AN1KIl\ a aOilGH BLANCHE LE MANAKIN A GOKGE BLANCHE. Pipra gutt lira lis. Gmel. Uke troisième variété dans cette espèce est le ma- nakio à gorge blanche, n** 5^4, fig. i, qui ne diffère des précédents que par la couleur de la tête, laquelle est d'un noir luisant comme tout le reste du plumage, à l'exception d'une sorte de cravate blanche qui prend depuis la gorge et finit en pointe sur la poitrine. 11 est exactemeni: de la même grandeur que les trois précédents, n'ayant comme eux que trois pouces huit lignes de longueur. Nous ignorons de quel climat il est, ne l'ayant vu que dans des cabinets particuliers, où il étoit indiqué par ce nom, niais sans aucune au- tre notice. M. deManoncourtne l'a pas rencontré à la Guiane; cependant il y a toute apparence qu'il est, comme les trois autres, originaire des climats chauds de l'Amérique. > &9 SKi«»s«-e«^«>9 c £'94.@^3^«^pa-s« s-»s« SAS«s«>é>^'^ s«<& LE MANAKIN VARIE. SIXIEME ESPECE. Pipra serena. Gmel. Nous donnons la dénomination de manakin varié à cet oiseau, n° 024, fig- 2 ? parce que son plumage est en effet varié de plaques de différentes couleurs. 340 LE MANARIN VARIÉ. toutes très belles et très tranchées. 11 a le front d'un beau blanc mat, le sommet de la tête d'une belle couleur daigne-marine , le croupion d'un bleu écla- tant, le ventre d'une couleur brillante orangée, et tout le reste du plumage d'un beau noir velouté : le bec et les pieds sont noirs. C'est le plus joli et le plus petit de tous les manakins, n'ayant que trois pouces et demi de longueur, et n'étant pas plus gros qu'un roitelet. 11 se trouve à la Guiane, d'où il nous a été envoyé; mais il est très rare, et nous ne savons rien de ses habitudes naturelles. Indépendamment des six espèces et de leurs va- riétés que nous venons de décrire, les nomenclateurs modernes ont appelé manakins quatre oiseaux indi- qués par Seba, dont nous ne faisons ici mention que pour faire remarquer les méprises où l'on pourroit tomber en suivant cette nomenclature. Le premier de ces oiseaux a été indiqué par Seba dans les termes suivants : Oiseau nommé par les Brasiliens maizi de miacatototl. (Pipra torquata. Gmel, ) «Son corps est orpé de plumes noirâtres, et ses ailes de plumes d'un bleu turquin : sa tête, qui est d'un rouge de sang, porte un collier d'un jaune doré autour du cou et du jabot; le bec et les pieds sont d'un jaune paie. » M. Brisson, sans avoir vu cet oiseau , ne laisse pas d'ajouter à cette indication des dimensions et des dé- tails de couleurs qui ne sont point rapportés par Seba ni par aucun autre auteur. On doit aussi être étonné MANARJx^ VARIÉ. 3/j 1 de ce que Seba a donné le surnom de miacatototl à cet oiseau, qu'il dit venir du Brésil, car ce nom n'est pas de la langue du Brésil, mais de celle du Mexique, dans laquelle il sx^vàïie oiseau de mah. La preuve évidente que ce nom a été mal appliqué par Seba, c'est que Fernandès a indiqué sous ce même nom un oiseau du Mexique fort différent de celui-ci, et qu'il décrit dans les termes suivants : De miacatototl:, seu ave germinis maizi. « Avicula est satis parva, ita nuncupata quod o^er- )> minibus maizi insidere soleat; ventre pallente ac » reliquo corpore nigro, plumis tamen cadentibus in- » tersertis, alae caudaque inferne cinereae; frigidis de- » git locis, ac bono constat alimento. » Il est aisé de voir, en comparant ce que dit Fer- nandès avec ce qu'a dit Seba , que ce sont deux oiseaux différents, mal à propos indiqués sous ce même nom ; mais comme la description de Fernandès est à peu près aussi imparfaite que celle de Seba , et que la fi- gure que ce dernier a donnée est encore plus impar- faite que sa description, il n'esrt pas possible de rap- porter cet oiseau qui se repose sur les mais, au genre du manakin plutôt q'uà tout autre genre. ^ Il en sera de même d'un autre oiseau donné par Seba, sous le nom de Rabetra ^ ou oiseau d' Amérique huppé, ( Pipra Rubelra. Gmel. ) « 11 n'est pas un des moindres oiseaux de chant , dit cet auteur. 11 a la crête jaune , le bec jaune aussi , llLFFOiX. XXII. 2 2 Oi\'2 LE MANAK.i.\ VARIE. excepté dessous qu'il est brun; son plumage est, au- tour du cou et sur le corps, d'un roux jaune; la queue et les grosses plumes des ailes sont d'un bleu écla- tant, tandis que les petites plumes sont d'un jaune pâle. » M. Brisson , d'après cette description de Seba , a cru pouvoir prononcer que cet oiseau étoit un manakin. Cependant, s'il eût consulté la figure donnée par cet auteur, quelque imparfaite qu'elle soit, il auroit re- connu que la queue est très longue, et le bec mince , courbe, et allangé; caractères très différents de ceux des manakins. Il me paroît donc évident que cet oi- seau est encore plus éloigné que le précédent du genre des manakins. Un troisième oiseau que nos nomenclateurs ont appelé manakin est celui que vSeba indique sous le nom de PicicitU j ou oiseau du Brésil très petit et huppé, { Pipra cristata. Gmel. ) «Il a, dit cet auteur, le corps et les ailes d'un pourpre qui est par-ci par-là plus ou moins haut; la crête est d'un jaune des plus beaux, et forme comme un petit faisceau de plumes; son bec pointu et sa queue sont rouges. En un mot, ce petit oiseau est tout-à-fait joli, de quelque côté qu'on le voie. » M. Brisson , d'après une description aussi mal faite , a néanmoins jugé que cet oiseau devoit être un ma- nakin , quoique Seba dise qu'il a le bec pointu, et il y ajoute des dimensions et d'autres détails, sans dire d'où il les a tirés; car la figure donnée par Seba ne LE MANÂKIN VARIÉ. 7)f^5 présente rien d'exact. D'ailleurs cet auteur s'est en- core trompé en disant que cet oiseau est du Brésil ; car soQ nom picicltli est mexicain, et Fernandès a indi- qué par ce même nom un autre oiseau qui est vrai- ment du Mexique, et duquel il l'ait mention dans les termes suivants : « Tetzcoquensis etiam avis picicitli , parvula tota- » que cinereo corpore, si caput excipias et collum quae » atra sunt, sed candente macula oculos (qui magni » sunt) ambiente, eu jus acumen in pectus usque pro- » cedît : apparent post imbres, educataequc domi brevi » moriuntur; carent cantu, bonum praestant alimen- » tu m : sed nesciunt Indi referre ubi producant sobo- » lem. » En comparant ces deux descriptions, il est aisé de voir que l'oiseau donné par Seba n'a d'autre rapport que le nom avec celui de Fernandès, et que c'est fort mal à propos que ce premier auteur a été chercher ce nom pour l'appliquer à un oiseau du Brésil, fort différent du vra-i picicitli du Mexique. Il en est encore de même d'un quatrième oiseau indiqué par Seba, sous le nom de Coquantototl j, ou petit oiseau happé ^ de la figure dn moineau. ( Pipra grisea. Gmel. ) « Il a, dit cet auteur, le bec jaune, court, re- courbé , et se jetant en arrière. On observe au dessus des yeux une tache jaune ; son estomac et son ventre tirent sur un jaune blafard; ses ailes sont de la même couleur, et mélangées de quelques plumes grêles in- 5/|/j LE MANAKIN VARIÉ. carnates , tandis que leurs maîtresses plumes sont cendré gris; le reste du corps est gris : il porte sur le derrière de la tète une petite crête. » Sur cette indication , M. Brisson a encore jugé que cet oiseau étoit un manakin. Cependant la seule forme du bec suffit pour démontrer le contraire; et d'ail- leurs, puisqu'il est de la figure du moineau, il n'est pas de celle des manakins. Il paroît donc bien certain que cet oiseau, dont le nom est encore de la langue du Mexique , est très éloigné du genre des manakins. Nous invitons les voyageurs , curieux des productions de la nature , à nous donner quelques renseigne- ments sur ces quatre espèces d'oiseaux, que nous ne pouvons jusqu'à présent rapporter à aucun genre connu, mais qu'en même temps nous nous croyons fondés à exclure de celui des manakins. sS>9«>*e«rt>8iS»5<9«<8îî*<»8«<«>W* »o&»8 oi6»o<»g«»ft«»te<8-»»»»»»e»»&fg> LE CORDON BLEU'. Ampelis Cotinga. Gmel. Un bleu éclatant règne sur le dessus du corps, de la tête, et du cou, sur le croupion, les couvertures supérieures de la queue et les petites couvertures des ailes : cette même couleur reparoît encore sur les couvertures inférieures de la queue, le bas-ventre, et les jambes. Un beau pourpre violet règne sur la gorge, le cou, la poitrine, et une partie du ventre jusqu'aux jambes : sur ce fond on voit se dessiner, à 1. Le peu que j'ai dit ici des mœurs des cotingas, je le dois à M. Aublet; mais je dois aussi ajouter que M. de Manoucourt a'a pa» ouï dire que la chair des cotingas fût un mets recherché à Gayenne. Peut-être cela n'est-il vrai que de quelques espèces. 2. Voyez les planches enluminées, n" i88, le mâle, sous le nom de cotinga du Brésil; et n" i86, la femelle, sous le nom de coiinaa. Tome 0.2 îaTLCpfit scxilp 1 LE COÏINGA CORDONBLEU_2 LE LINAMOUMAGOITA. Li: CORDOIX BLEU. vl55 le adroit de la poitrine, une ceinture du même bleu que celui du dos , et qui a valu à cette espèce le nom de cordon bien. Au dessous de cette première cein- ture, quelques individus en ont une autre d'un beau rouge, outre plusieurs taches de feu répandues sur le cou et sur le ventre : ces taches ne sont pas dispo- sées tout-à-fait aussi régulièrement que dans la plan- che 188; mais elles sont jetées avec cette liberté qui semble plaire par dessus tout à la nature, et que l'art imite si difîicilement. Toutes les pennes de la queue et des ailes sont noires; mais celles de la queue et les moyennes des ailes ont le côté extérieur bordé de bleu. L'individu que j'ai observé venoit du Brésil : sa lon- gueur totale étoit de huit pouces; bec, dix lignes; vol, treize pouces; qaeue, deux pouces deux tiers, composée de douze pennes ; elle dépassoit les ailes de dix-huit lignes. L'individu décrit par M. Brisson avoit toutes ses dimensions un peu plus fortes, et il étoit de la grosseur d'une grive. La femelle n'a ni l'une ni l'autre ceinture, ni les marques de feu sur le ventre et la poitrine ; pour tout le reste elle ressemble au mâle : l'un et l'autre ont le bec et les pieds noirs, et dans tous deux le fond des plumes bleu et noirâtre ; celui des plumes couleur de pourpre est blanc, et le tarse est garni par derrière d'une sorte de duvet. 356 LE QUEREIVA. LE QUEREIVA\ Ampelis Cayana. L. Si Ion vouloit avoir égard à la couleur dont chaque plume est teinte dans toute son étendue, il est cer- tain que la couleur dominante du quereiva , n°624, scroit le noir; car la plus grande partie de chaque plume, à compter depuis son origine, est noire : mais comme en fait de plumage il s'agit de ce qui se voit et non de ce qui est caché, et qu'en cette occasion l'apparent est le réel, on peut et on doit dire que la couleur dominante de cet oiseau est an bleu d'aigue- marine, parce que cette couleur, qui termine les plumes de presque tout le corps, est celle qui paroît le plus lorsque ces plumes sont couchées les unes sur les autres. A la vérité, le noir perce en quelques en- droits sur la partie supérieure du corps; mais il n'y forme que de petites mouchetures, et il ne perce point du tout à travers le bleu qui règne sous le corps : on voit seulement dans quelques individus , près du croupion et des jambes, quelques petites plumes qui sont en partie noires, et en partie d'un rouge pourpré. La gorge et une partie du cou sont recouvertes par une espèce de plaque d'un pourpre violet très écla- 1. J'ai conservé à cet oiseau le nom qu'oa lui donne dans son pays natal, suivant de Laët, qui se récrie sur la singulièie beauté de son plumage. LE QL'EREIVA. 55^ lant; cette plaque est sujette à varier de grandeur, et à s'étendre plus ou moins dans les différents indi- vidus. Les couvertures des ailes , leurs pennes et celles de la queue sont presque toutes noires, bordées ou terminées d'un bleu d'aigue-marine ; le bec et les pieds sont noirs. Cet oiseau se trouve à Cayenne; il est de la gros- seur du mauvis, et modelé sur les mêmes proportions que le précédent, excepté que ses ailes, dans leur repos, ne vont qu'à la moitié de la queue, qu'il a un peu plus longue. »ei»oec plus allongé que le petit béfroi ; les yeux, dont Tiris est rougeâtre, sont entourés d'une peau d'un bleu céleste; les pieds et la partie inférieure du bec sont de la môme couleur. La gorge, le devant du cou, et le haut de la poi- trine, sont couverts d'une plaque noire en forme d'une cravate, avec une bordure noire et blanche qui s'é- tend derrière le cou, et y forme un demi-collier; le reste du corps est cendré. Les oiseaux de cette espèce sont très-vifs; mais ils ne volent pas plus que les autres en plein air : ils grimpent sur les arbrisseaux à la manière des pies, et en étendant les plumes de leur queue. Ils font entendre une espèce de fredonnement, coupé par un petit cri bref et aigu. Les œufs sont bruns , gros à peu près comme des 580 LE PALIKOUn, ou lOURMILlEIÎ. œufs de moineau ; le gros bout est semé de laclies d'une couleur bx^une foncée ; le nid est plus épais et mieux tissu que celui des autres fourmiliers, et a de plus une couche de mousse qui le revêt à l'extérieur. Nous avonsmisàla suite desmerles plusieurs fourmi- liers; mais maintenant qu»e M. de Manoncourt nous a fait connoître pleinement ce nouveau genre, il faut rapporter à l'espèce du paiikour^ ou fourmilier propre- ment dit^ le merle à cravate de Cayeiinej, tome XXI, page 022, et planches enluminées, n** 56o, fig. 2, le merle roux de Cayenne ^ page 552 , et planches enlu- minées , n° 644 ' fig- * ' elle petit merle brun à gorge rousse de Cayenne ^ p. 552, et planches enluminées , n° 644? ûg- ^' ^^ peut les regarder comme des va- riétés de cette quatrième espèce de fourmilier. Au reste, la description en est bonne, et n'exige aucun changement; nous observerons seulement que les di- mensions du merle à cravate (tome XXI, page 522 ) , et du merle roux (tome XXI, page 552) , oîit été prises sur de grands individus; ce qui pourroit les faire juger plus grands que le grand béfroi , dont nous n'avons donné que la grandeur moyenne , et qui est réellement plus gros que ceux-ci. «9C »0'»a<>«j<»»»£«»gOidoft»e-g»o»o&^S«««««««««^*««««««<)«««>=*S«<«««««'9««*0 LE FOURMILIER A OREILLES BLANCHES^. SIXIÈME ESPÈCE. Tardas auritus. Gmel. Il est long de quatre pouces neuf lignes ; le dessus de la tête est brun, et les bas côtés du devant de la tête et la gorge , noirs : depuis l'angle postérieur de l'œil jusqu'au bas de la tête , descend une petite bande d'un beau blanc luisant, dont les plumes sont plus larges et plus longues que celles de la tête. Le reste du plumage n'a rien de remarquable : la couleur du dessus du corps est un mélange peu agréa- ble d'olive et de roussâtre ; la partie supérieure du dessous du corps est rousse , et le reste gris. La queue est longue de quinze lignes; les ailes pliées aboutissent à son extrémité, les pieds sont bruns. Au reste, les habitudes naturelles de cet oi- seau sont les mêmes que celles des précédents. sieurs petits de cette espèce , qui étoient prêts à prendre leur essor : il essaya vainement d'en élever quelques uns; ils périrent tous au bout de trois ou quatre jours , quoiqu'ils mangeassent fort bien de la mie de pain. 1. N" 822 , fig. 1, le mâle; et fig. 2, la femelle. cS/f LE CARILLONNEUR. s &»e!»»ai»e€^o»«<>»e»o»ge'eg»e<»9»3^ e^» ?• LE CARILLONNEUR. SEPTIÈME ESPÈCE. Turdus tintinnabulatus. Gmel. La longueur totale de cet oiseau, n"" 700, fig 2, est de quatre pouces et demi, et sa queue dépasse les ailes pliëes de neuf lignes. Nous renvoyons pour les couleurs à la planche enluminée, qui les repré- sente assez fidèlement. Outre les habitudes communes à tous les four- miliers, le carillonneur en a qui lui sont particuliè- res; car quoiqu'il se nourrisse de fourmis, et qu'il habite, comme les autres fourmiliers, les terrains où ces insectes sont le plus abondants, cependant il ne se mêle pas avec les autres espèces , et il fait bande à part. On trouve ordinairement ces oiseaux en peti- tes compagnies de quatre ou six. Le cri qu'ils font entendre en sautillant est très singulier; ils forment parfaitement entre eux un carillon pareil à celui de trois cloches d'un ton différent : leur voix est très forte, si on la compare à leur petite taille. Il semble qu'ils chantent en partie, quoiqu'il y ait à présumer que chacun d'eux fait successivement les trois tons : cependant on n'en est pas assuré, parce que, jusqu'à ce jour, l'on n'a pas pris le soin d'élever ces oiseaux en domesticité. Leur voix n'est pas, à beaucoup près, aussi forte que celle du béfroi, qui ressemble vrai- ment au son d'une assez grosse cloche; on n'entend LE C ARILLONNELR. 585 distiacteinent que de cinquante pas la voix de ces carillonneurs, au Jieu que l'on entend celle du béfroi de plus d'une demi-lieue. Ces oiseaux continuent leur singulier carillon pendant des heures entières, sans la moindre interruption. Au reste, cette espèce est assez rare, et ne se trouve que dans les forêts tranquilles de l'intérieur de la Guiane. LE BAMBLA. HUITIÈME ESPÈCE. *► Turdus Bambla. Gmel. Nous l'avons ainsi nommé, parce qu'il a une bande blanche transversale sur chaque aile. La planche enluminée, n" 700, fig. 2, donne une idée exacte de la taille et des couleurs de ce petit oiseau, qui est très rare, et dont les habitudes naturelles ne nous sont pas connues; mais, par sa ressemblance avec les autres fourmiliers, il nous paroît être du même genre, en faisant néanmoins une espèce particulière. Outre ces huit espèces tle fourmiliers, nous en avons encore vu trois autres espèces que nous avons fait graver, planches 821 et 823, ligures 1 et 2 ; mais nous ne connaissons que la figure de ces oi- seaux, qui tous trois nous sont venus de Cayenne, sans la moindre notice sur leurs habitudes natu- relles. 586 L ARADA. l«««««'@>««>e»e L'A R AD A. Tardas cantans, Gmel. On a représenté cet oiseau , planches enluminées^ n" 706, fig. 2, sous la dénomination de musicien de Cayennej nom que lui avoit d'abord donné M. de Ma- noncourt; mais comme ce même nom de musicien a été imposé à d'autres oiseaux de genres diflférents y je conserve à celui-ci le nom à'arada^ qu'il porte dans son pays natal. Ce n'est pas précisément un fourmilier; mais nous avons cru devoir le placer à la suite de ces oiseaux , parce qu'il a tous les caractères extérieurs communs avec eux. Il en diffère néanmoins par les habitudes naturelles, car il est solitaire. Il se perche sur les ar- bres, et ne descend à terre que pour y prendre les fourmis et autres insectes, dont il fait aussi sa nour- riture. Il en diffère encore par un grand caractère : tous les fourmiliers ne forment que des cris ou des sons sans modulation, au lieu que l'arada a le ramage le plus brillant : il répète souvent les sept notes de l'octave, par lesquelles il prélude; il siffle ensuite différents airs, modulés sur un grand nombre de tons et d'accents différents, toujours mélodieux, plus graves que ceux du rossignol, et plus ressemblants a'Ux sons d'une flûte douce : l'on peut même assurer que le chant de l'arada est en quelque façon supé- rieur à celui du rossignol; il est plus tovichant , plus LARADA. 087 tendre, et phis ilûté. D'ailleurs, i'arada chante dans presque toutes les saisons, et il a, de plus que son chant, une espèce de sifflet par lequel il imite parfai- tement celui d'un homme qui en appelle un autre. Les voyageurs y sont souvent trompés : si l'on suit le sifflet de cet oiseau, c'est un sûr moyen de s'égarer ; car, à mesure qu'on s'approche, il s'éloigne peu à peu en sifflant de temps en temps. L'arada fuit les environs des lieux habités; il vit seul dans l'épaisseur des bois éloignés des habitations, et l'on est agréablement surpris de rencontrer dans ces vastes forets un oiseau dont le chant mélodieux semble diminuer la solitude de ces déserts : mais on ne le rencontre pas aussi souvent qu'on le désireroit ; l'espèce n'en paroît'pas nombreuse, et l'on fait souvent beaucoup de chemin sans en entendre un seul. Je dois avouer, à l'occasion de cet oiseau dont le chant est si agréable, que je n'étois pas informé de ce fait lorsque j'ai dit dans mon Discours sur la nature des oiseaux, tome XIX, qu'en général, dans le Nou- veau-Monde, et surtout dans les terres désertes de ce continent, presque tous les oiseaux n'avoient que des cris désagréables ; celui-ci, comme l'on voit, fait une grande exception à cette espèce de règle , qui néanmoins est très vraie pour le plus grand nombre. D'ailleurs on doit considérer que, proportion gardée, il y a peut-être dix fois plus d'oiseaux dans ces climats chauds que dans les nôtres, et qu'il n'est pas sur- prenant que, dans un aussi grand nombre, il s'en trouve quelques uns dont le chant est agréable : sur près de trois cents espèces que nos observateurs connoissent en Amérique, on n'en peut guère citer 588 l'ara D A. que cinq ou six; savoir, l'arada , le tangara-cardina! ou scariat, celui que l'on appelle r organiste de Saint- Domingue j, le cassique jaune, le merle des savanes de la Guiane , et le roitelet de Cayenne , presque tous les autres n'ayant, au lieu de chant, qu'un cri désagréable. En France, au contraire , sur cent ou cent vingt espèces d'oiseaux, nous pourrions compter aisément vingt ou vingt-cinq espèces chantantes avec agrément pour notre oreille. Les couleurs du plumage de l'arada ne répondent point à la beauté de son chant; elles sont ternes et sombres (voyez la planche enluminée, n° 706, fig. 2); car il faut observer que, dans cette planche, les couleurs y sont trop vives et trop tranchées : elles sont plus sombres et plus vagues dans l'oiseau même. Au reste, la longueur totale de l'arada n'est que de quatre pouces, et la queue , rayée transversale- ment de roux brun et noirâtre, dépasse les ailes de^ sept lignes. On peut rapporter à l'arada ua oiseau que M» Man- dait nous a fait voir, et qui ne peut être d'aucun autre genre que de celui des fourmiliers : néanmoins il diffère de toutes les espèces de fourmiliers, et se rapproche davantage de celle de l'arada, dont il se pourroil même qu'il ne fût qu'une variété ; car il ressemble à l'arada par la longueur et la forme du bec, par celle de la queue, par la longueur des pieds, et par quelques plumes blanches mêlées dans les plumes brunes sur les côtés du cou; il a aussi la même grandeur à très peu près et la même forme de corps : mais il en diffère en ce qu'il a l'extrémité du hec plus crochu, la gorge blanche avec un demi- l'a 11 AD A. 389 collier noir au dessous, et que son plumage est d'une couleur uniforme, et non rayé de lignes brunes comme celui de l'arada, dont la gorge et le dessous du cou sont rouges. Ces différences sont assez gran- des pour qu'on puisse regarder cet oiseau de M. Mau- duit comme une race très distincte de celle de l'arada, ou peut-être comme une espèce voisine ; car il se trouve de même à Cayenne : mais comme nous ne con- noissons rien de ses habitudes naturelles, et que nous ne sommes pas informés s'il a le chant de l'arada, nous ne pouvons décider quant à présent de l'identité ou de la diversité de l'espèce de ces deux oiseaux. LES FOURMILIERS ROSSIGNOLS. Ces oiseaux, par leur conformation extérieure, forment un genre moyen entre les fourmiliers et les rossignols; ils ont le bec et les pieds des fourmiliers, et, par leur longue queue, ils se rapprochent des rossignols. Ils vivent en troupes dans les grands bois de la Guiaîie, courent à terre et sautent sur les bran- ches peu élevées, sans voler en plein air; ils se nour- rissent de fourmis et d'autres petits insectes. Ils sont très agiles, et font entendre en sautillant une espèce de fredonnement, suivi d'un petit cri aigu , qu'ils ré- pètent plusieurs fois de suite lorsqu'ils se rappellent. Nous n'en connoissons que de deux espèces. IHTFOA. XXII. J^O LE CORAYA. LE CORAYA. PUEMIÈRE ESPÈCE. Tardas Coraya. Gmel. jNous l'avons aiasi nommé, parce qu'il a la queue rayée transversalement de noirâtre. La longueur de cet oiseau, n^^oi , fig. i , est de cinq pouces et demi, mesuré depuis l'extrémité du bec jusqu'à celle de la queue ; la gorge et le devant du cou sont blancs ; la poitrine est moins blanche, et prend une teinte de cendré ; il y a un peu de roussâtre sous le ventre et sur les jambes ; la tête est noire, et le dessus du corps d'un brun ro ux : la queue, étagée, est longue de deux pouces; elle dépasse les ailes de dix-huit lignes au moins : l'ongle postérieur est, comme dans les four- miliers , le plus long et le plus fort de tous, L'ALAPI. SECONDE ESPÈCE. Turdus A tapi. Gmel. Cette seconde espèce de fourmilier-rossignol est un peu plus grande que la première. Cet oiseau, n° 701 , fig. 2 , a près de six pouces de longueur ; la gorge, le devant du cou, et la poitrine sont noirs; le reste du dessous du corps est cendré; une cout L AL API, ÔC)\ leur îirune olivâtre couvre le dessus de la tète, du cou, et du dos ; le reste du dessus du corps est d'un cendré plus foncé que celui du ventre ; l'on remar- que une tache blanche sur le milieu du dos; la queue, noirâtre et un peu étagée, dépasse d'un pouce et demi les ailes, dont les pennes sont brunes en dessus et noirâtres en dessous ; et les couvertures supérieures sont d'un brun très foncé, piqueté de blanc, ce qui a fait donnera cet oiseau le nom à'alapL La femelle n'a pas la tache blanche sur le dos; sa gorge est blanche , et le reste du dessous du corps roussâtre , avec des plumes gris cendré sur les côtés du bas-ventre et sur celles qui forment les couvertu- res inférieures de la queue; les pointes des couver- tures des ailes sont aussi roussâtres, et la couleur du dessus du corps est moins foncée que dans le mâle. Au reste, ces teintes de couleurs et les couleurs elles-mêmes sont sujettes à varier dans les différents individus de cette espèce, comme nous l'avons ob- servé dans celle des fourmiliers. L'A G A M I. Psopilia crepitans. L. Nous rendons à cet oiseau, n'* 169, le nom d'^^- gami j, qu'il a toujours porté dans son pays natal , afin d'éviter les équivoques dans lesquelles l'on ne tombe que trop souvent par la confusion des noms ; nous- mêmes avons déjà parlé de cet oiseau sous le nom de caracaraj, sans savoir que ce fut l'agami : mais tout 7)g2 l'agami. ce que nous en avons dit. d'après le P. Du Tertre, doit néanmoins se rapporter à cet oiseau , qui n'est point un faisan , comme Je dit cet auteur, et qui est encore plus éloigné du caracara de Marcgrave , lequel est un oiseau de proie, et dont le P. Du Tertre avoit mal à propos emprunté le nom. L'agami n'est donc ni le caracara, ni un faisan; mais ce n'est pas non plus une poule sauvage, comme l'a écrit Barrère, ni une grue, comme il est dénommé dans l'ouvrage de M. Pallas, ni même un grand oi- seau d'eau de la famille des vanneaux, comme M. Adan- son paroît l'insinuer en disant qu'il est de cette fa- mille , à cause de ses genouillères relevées et du doigt postérieur situé un peu plus haut que les trois anté- rieures; et qu'il forme un genre intermédiaire entre le jacana et le kamichi. Il est vrai que l'agami a quelque rapport avec les oiseaux d'eau par ce caractère très bien saisi par M. Adanson , et encore par la couleur verdâtre de ses pieds; mais il en diffère par tout le reste de sa nature, puisqu'il habite les montagnes sèches et les forêts sur les hauteurs, et qu'on ne le voit jamais ni dans les marécages ni sur le bord des eaux. Nous n'a- vions pas besoin de ce nouvel exemple pour démon- trer l'insuffisance de toutes les méthodes, qui ne portant jamais que sur quelques caractères particu- liers, se trouvent très souvent en défaut lorsqu'on vient à les appliquer; car tout méthodiste rangera, comme M. Adanson, l'agami dans la classe des oiseaux d'eau , et se trompera autant qu'il est possible de se tromper , puisqu'il ne fréquente pas les eaux, et qu'il vit dans les bois comme les perdrix et les faisans. L AGAMI. 7)()5 Cependant ce n'est point un faisan ni un liocco ; car il diffère de ce genre non seulement par les pieds et les jambes, mais encore par les doigts (^t les ongles, qui sont beaucoup plus courts : il diffère encore plus de la poule , et l'on ne doit pas non plus le placer avec les grues, parce qu'il a le bec, le cou, et les jambes beaucoup plus courts que la grue, qu'on doit mettre avec les oiseaux d'eau , au lieu que l'agami doit être rangé dans les gallinacés. L'agami a vingt-deux pouces de longueur; le bec, qui ressemble parfaitement à celui des gallinacés, a vingt-deux lignes : la queue est très courte , n'ayant que trois pouces un quart; de plus, elle est couverte et un peu dépassée par les couvertures supérieures, et elle n'excède pas les ailes lorsqu'elles sont pliées : les pieds ont cinq pouces de hauteur, et sont revêtus tout autour de petites écailles , comme dans les au- tres gallinacés ; et ces écailles s'étendent jusqu'à deux pouces au dessus des genouillères , où il n'y a point de plumes. La tête en entier, ainsi que la gorge et la moitié supérieure du cou, en dessus et en dessous, sont éga- lement couvertes d'un duvet court, bien serré, et très doux au toucher; la partie antérieure du bas du cou, ainsi que la poitrine , sont couvertes d'une belle plaque de près de quatre pouces d'étendue , dont les couleurs éclatantes varient entre le vert, le vert doré, le bleu , et le violet ; la partie supérieure du dos et celle du cou qui y est contiguë sont noires, après quoi le plumage se change sur le bas du dos en une cou- leur de roux brûlé ; mais tout îe dessous du corps est noir, ainsi que les ailes et la queue ; seulement 394 l'agami. les grandes pîiimes qui s'étendent sur le cronpion et sur la queue sont d'un cendré clair ; les pieds sont verdâtres. La planche enluminée présente une image assez fidèle de la forme et des couleurs de cet oiseau. Non seulement les nomencîateurs avoient pris l'a- gami pour un faisan, une poule , ou une grue, mais ils l'avoient encore confondu avec le macucagua de Marcgrave, qui est le grand tinamou , et dont nous parlerons dans l'article suivant, sous le nom de ma- gua. M. Adanson est le premier qui ait remarqué cette dernière erreur. MM. Paîlas et Vosmaër ont très bien observé la fa- culté singulière qu'a cet oiseau de faire entendre un son sourd et profond , qu'on croyoit sortir de l'anus^. Ils ont reconnu que c'étoit une erreur. Nous obser- verons seulement qu'il y a beaucoup d'oiseaux qui, comme l'agami, ont la trachée-artère d'abord osseuse et ensuite cartilagineuse, et qu'en général ces oiseaux ont la voix grave; mais il y a aussi beaucoup d'oi- seaux qui ont au contraire la trachée-artère d'abord cartilagineuse, et ensuite osseuse à l'entrée de la poi- trine, et que ce sont ordinairement ceux-ci qui ont la voix aiguë et perçante. Mais, à l'égard de la formation du son singulier que rend cet oiseau , elle peut en effet provenir de la plus grande étendue de son poumon, et des cloisons mem- braneuses qui le traversent : cependant on doit obser- 1. M. (le La Conclamino. dit que cet oiseau a de particulier de faire quelquefois uu bruit qui lui a fait donner le nom de trompette; mais que c'est mal à propos que quelques uns ont pris ce son pour un chant ou pour un ramage, puisqu'il se forme dons un organe tout différent, et précisément oppo«^é à relui de la gorge. l'agami. 395 ver que c'est par un faux préjugé qu'on est porté à croire que tous les sons qu'un animal fait entendre passent par la gorge ou par l'extrémité opposée; car, quoique le son en général ait besoin de l'air pour véhicule , cependant on entend tous les jours dans le grouillement des intestins, des sons qui ne passent ni par la bouche ni par l'anus, et qui sont cependant très sensibles à l'oreille. Il n'est donc pas nécessaire môme de supposer que l'agami ouvre un peu le bec, comme le dit M. Yosmaër, pour que ce son se fasse entendre ; il suffit qu'il soit produit dans l'intérieur du corps de l'animal pour être entendu au dehors, parce que le son perce à travers les membranes et les chairs, et qu'étant une fois excité au dedans, il est nécessaire qu'il se fasse entendre plus ou moins au dehors. D'ailleurs, ce son sourd que l'agami fait en- tendre , ne lui est pas particulier : le hocco rend sou- vent un son de même nature, et qui môme est plus articulé que celui de l'aganii ; il prononce son nom et le fait entendre par s^Hlabe , co^ hocco ^ co ^ ce _, co ^ d'un ton grave profond, et bien plus fort que celui de l'agami. 11 n'ouvre pas le bec, en sorte qu'on peut les comparer parfaitement à cet égard ; et comme, dans leur conformation intérieure, il n'y a rien d'assez sensiblement différent de celle des autres oiseaux, nous croyons qu'on ne doit regarder ce son que comme une habitude naturelle, commune à un grand nombre d'oiseaux, mais seulement plus sensible dans l'agami et le hocco. Le son grave que font entendre les coqs-d'Inde avant leur cri, le roucoulement des pigeons qui s'exécute sans qu'ils ouvrent le bec, sont des sons de môme nature ; seulement ils se produi- 396 l'agami. sent dans une partie plus voisine de la gorge : l'on voit celle du pigeon s'enfler et se distendre, au lieu que le son du hocco, et surtout celui de l'agami, sont produits dans une partie plus basse , si éloignée de la gorge, qu'on est tenté de rapporter leur issue à l'ouverture opposée, par le préjugé dont je viens de parler, tandis que ce son intérieur, semblable aux autres sons qui se forment au dedans du corps des animaux, et surtout dans le grouillement des intes- tins, n'a point d'autre issue que la perméabilité des chairs et de la peau , qui laisse passer le son au dehors du corps. Ces sons doivent moins étonner dans les oiseaux que dans les animaux quadrupèdes ; car les oiseaux ont plus de facilité de produire ces sons gourds , parce qu'ils ont des poumons et des réser- voirs d'air bien plus grands à proportion que les au- tres animaux : et comme le corps entier des oiseaux est plus perméable à l'air, ces sons peuvent aussi sortir et se faire entendre d'une manière plus sensi- ble ; en sorte que cette faculté , au lieu d'être parti- culière à l'agami , doit être regardée comme une propriété générale que les oiseaux exercent plus ou moins, et qui n'a frappé dans l'agami et le hocco que par la profondeur du lieu où se produit ce son, au lieu qu'on n'y a point fait attention dans les coqs- d'Inde, les pigeons , et dans d'autres où il se produit plus à l'extérieur, c'est-à-dire dans la poitrine ou dans le voisinage de la gorge. A l'égard des habitudes de l'agami dans l'état de domesticité , voici ce qu'en dit M. Vosmaër : « Quand ces oiseaux sont entretenus avec propreté, ils se tien- nent aussi fort nets, et font souve?ït passer pnv l ïidoptë paf quelques nomenclateurs : mais le tinamou diffère de la perdrix en ce qu'il a le bec grêle , al- longé, et mousse à son extrémité, noir par dessus et blanchâtre en dessous , avec les narines oblongues et posées vers le milieu de la longueur du bec; il a aussi le doigt postérieur très court , et qui ne pose point à terre ; les ongles sont fort courts^ assez larges, et creusés en gouttière par dessous ; les pieds diÛerent encore de ceux de la perdrix ; car ils sont chargés par derrière, comme ceux des poules, et sur toute leur longueur, d'écaillés qui ont la fornie de petites co- quilles, mais dont la partie supérieure se relève et forme autant d'inégalités , ce qui u'est pas si sensible sur le pied des poules. Tous les tinamous ont aussi la gorge et le jabot assez dégarnis de plumes , qui sont très écartées et clair-semées sur ces parties; les pen- nes de la queue sont si courtes, que, dans quelques individus, elles sont entièrement cachées par les cou- vertures supérieures. Ainsi ces oiseaux ont été très mal a propos appelés perdrix^ puisqu'ils en diffèrent par tant de caractères essentiels. Mais ils diffèrent aussi de l'outarde par quelques uns de leurs principaux caractères, et particulière- ment par ce quatrième doigt qu'ils ont en arrière, et qui manque à l'outarde; en sorte que nous avons cru devoir en faire un genre particulier, sous le nom qu'ils portent dans leur pays natal. Les habitudes communes à toutes les espèces de tinamous sont, comme nous l'avons dit, de se per- cher sur les arbres pour y passer la nuit, et de s'y tenir aussi quelquefois pendant le jour, mais de ne jamais se placer au faite des grands arbres , et de ne BUFFON. XXII. 26 4o6 LES TIN A MOI) S. se poser que sur les branches les moins élevées. Il semble donc que ces oiseaux, ainsi que beaucoup d'autres, ne se perchent que malgré eux, et parce qu'ils y sont contraints par la nécessité : on en a un exemple évident par les perdrix de cette con- trée, qui ne diffèrent pas beaucoup de celles de l'Europe, et qui ne quittent la terre que le plus tard qu'elles peuvent chaque jour; elles ne se perchent même que sur les branches les plus basses, à deux ou trois pieds de hauteur de terre. Ces perdrix de la Guiane ne nous étoient pas bien connues lorsque nous avons écrit l'histoire de ce genre d'oiseaux; mais nous en donnerons la description à la suite de cet article. En général, les tinamous sont tous bons à manger; leur chair est blanche, ferme, cassante, et succu- lente, surtout celle des ailes , dont le goût a beaucoup de rapport à celui de la perdrix rouge. Les cuisses et le croupion ont d'ordinaire une amertume qui les rend désagréables; cette amertume vient des fruits de balisier dont ces oiseaux se nourrissent, et l'on trouve la même amertume dans les pigeons ramiers qui mangent de ces fruits : mais lorsque les tina- mous se nourrissent d'autres fruits, comme de cerises sauvages, etc., alors toute leur chair est bonne, sans cependant avoir de fumet. Au reste , on doit observer que comme l'on ne peut garder aucun gibier plus de vingt-quatre heures à la Guiane sans qu'il soit cor- rompu par la grande chaleur et l'humidité du climat, il n'est pas possible que les viandes prennent le degré de maturité nécessaire à l'excellence du goût, et c'est par cette raison qu'aucun gibier de ce climat ne LES TI>AMOi;S. 4^7 peut acquérir de fumet. Ces oiseaux, comme tous ceux qui ont uq jabot, avalent souvent les fruits sans les broyer, ni mêzne les casser; ils aiment de préfé- rence, non seulement les cerises sauvages, mais encore les fruits du palmier comon_, et même ceux de Tarbre de café, lorsqu'ils se trouvent à portée d'en manger. Ce n'est pas sur les arbres mêmes qu'ils cueillent ces fruits; ils se contentent de les ramasser à terre ; ils les cherchent. Ils grattent aussi la terre et la creusent pour y faire leur nid, qui n'est com- posé pour l'ordinaire que d'une couche d'herbes sèches. Ils font communément deux pontes par an, et toutes deux très nombreuses ; ce qui prouve en- core que ces oiseaux, ainsi que l'agami, sont delà classe des gallinacés, lesquels pondent tous en beau- coup plus grand nombre que les autres oiseaux. Leur vol est aussi, comme celui des gallinacés, pesant et assez court ; mais ils courent à terre avec une grande vitesse. Ils vont en petites troupes , et il est assez rare de les trouver seuls ou par paires; ils se rappellent en tout temps, matin et soir, et quelquefois aussi pendant le jour : ce rappel est un sifflement lent , tremblant , et plaintif, que les chasseurs imitent pour les attirer à leur portée; car c'est l'un des meilleurs gibiers et le plus commun qui soit dans ce pays. Au reste , nous observerons, comme une chose assez singulière, que dans ce genre d'oiseaux, ainsi que dans celui des fourmiliers ^ la femelle est néan- moins plus grosse que le mâle; ce qui n'appartient guère, dans nos climats, qu'à la classe des oiseaux de proie : mais du reste les femelles tinamous sont pres- que entièrement semblables aux mâles par la forme 4o^ LES TIN A 31 OU S. du corps, ainsi que par l'ordre et la distribution des couleurs. LE MAGOUA. PREMIÈRE ESPÈCE. Tetrao major. Gmel. Nous donnons au plus grand des tinamous le nom de magoua^ par contraction de macoucagoua., nom qu'il porte an Brésil^. Cet oiseau, n** 476, est au moins de la grandeur d'un faisan ; son corps est si charnu, qu'il a, selon Marcgrave ^ , le double de la chair d'une bonne poule. Il a la gorge et le bas du ventre blancs; le dessus de la tête d'un roux foncé; le reste du corps d'un gris brun , varié de blanc sur le haut du ventre , les côtés , et les couvertures des jam- bes ; un peu de verdâtre sur le cou, la poitrine, le haut du dos, et les couvertures supérieures des ailes et de la queue, sur lesquelles on remarque quelques i. MM. Brisson et Barrére ont confondu mal à propos le magoua avec Xyambu du Brésil , qui , selon Marcgrave , est une vraie perdrix de la taille et de Ja forme des nôtres ; et ils ont aussi tous deux réuni \ agami et le macucagua de Marcgrave, qui est le même oiseau que le magoua. M. Brisson a donc indiqué cette espèce de tinamou sous deux noms différents, et sa quatrième et sa cinquième perdrix désignent le même oiseau, c'est-à-dire le magoua, si cependant l'on sépare de leur nomenclature Yyambu, qui en diffère, et Vagami, qui n'y a aucun rapport. 2. Cet oiseau mange, suivant l'auteur, des fèves sauvages, et les fruits que porte l'arbre appelé au Brésil aracicu. LE MA(;OLA. if 09 taches transversales noirâtres, qui sont moins nom- breuses aux couvertures de la cjueue ; le gris brun est plus foncé sur le reste du corps, et il est varié de taches transversales noires, qui deviennent moins nombreuses vers le croupion ; l'on voit aussi quelques petites taches noires sur les pennes latérales de la queue : les pennes moyennes des ailes sont variées de roux et de gris brun, et terminées par un bord roussâtre ; les grandes pennes sont cendrées , sans taches, et sans bordures : les pieds sont noirâtres, et les yeux noirs, derrière lesquels, à une petite dis- tance , l'on voit les oreilles comme dans les poules. Pison a observé que toutes les parties intérieures de cet oiseau étoient semblables à celles de la poule. La grandeur n'est pas la même dans tous les indivi- dus de cette espèce. Voici à peu près le terme moyen de leurs dimensions. La longueur totale est de quinze pouces, le bec de vingt lignes, la queue de trois pouces et demi , et les pieds de deux pouces trois quarts : la queue dépasse les ailes pliées d'un pouce deux lignes. Le sifflement par lequel ces oiseaux se rappellent est un son grave qui se fait entendre de loin , et ré- ♦rulièrement à six heures du soir, c'est-à-dire au mo- ment môme du coucher du soleil dans ce climat ; de sorte que quand le ciel est couvert, et qu'on entend le magoua, on est aussi sûr de l'heure que si l'on con- sultoit une pendule. Il ne siffle jamais la nuit , à moins que quelque chose ne l'effraie. La femelle pond de douze à seize œufs presque ronds, un peu plus gros que des œufs de poule , d'un beau bleu verdâtre , et très bons à manger. 4lO LE TIN A MOU CENDUL. LE TINAMOU GENDRE*. SECONDE ESPÈCE. Tetrao cinerem. Gmel. Nous avons adopté cette dénomination, parce qirelle fait, pour ainsi dire, la description de l'oiseau, qui n'étoit connu d'aucun naturaliste , et que nous devons à M. de Manoncourt. C'est de tous les tinamous le moins commun à la Guiane. Il est en effet d'un brun cendré uniforme sur tout le corps, et cette couleur ne varie que sur la tète et le haut du cou , où elle prend une teinte de roux. Nous n'en donnons pas la représentation , parce qu'on peut aisément se faire une idée de cet oiseau , en jetant les yeux sur le grand tinamou , pi. 4;^? ^^ ^^ supposant plus petit, avec une couleur uniforme et cendrée. Sa longueur est d'un pied ; son bec de seize lignes ; sa queue de deux pouces et demi, et ses pieds d'autant. LE TINAMOU VARIE. TROISIÈME espèce. Tetrao variegatus. Gmel. Cette espèce , qui est la troisième dans l'ordre de prandeur, diffère des deux premières par la variété j.. Par les François de Gayeiiue, perdrix cendrée. LE TINA M OU V7\ Il I E. , | 1 ' du plumage. C'est par cette raison que nous lui avons donné le nom de tlnainou varié j, n** 828. Les créoles de Cayenne l'appellent perdrix-pintade ^ quoique cette dénomination ne lui convienne point; car il ne res- semble en rien à la pintade , et son plumage n'est pas piqueté , mais rayé. 11 a la gorge et le milieu du ven- tre blancs; le cou, la poitrine, et le haut du ventre roux ; les côtés et les jambes rayés obliquement de blanc , de brun, et de roux ; le dessus de la tête et du haut du cou noirs; tout le dessus du corps, les cou- vertures supérieures de la qneue et des ailes, et les pennes moyennes des ailes, rayés transversalement de noir et de brun olivâtre , plus foncé sur le dos, et plus clair sur le croupion et les côtés; les grandes pennes des ailes sont brunes, uniformément sans au- cune tache ; les pieds sont noirâtres. Sa longueur totale est de onze pouces ; son bec de quinze lignes; sa queue de deux pouces; elle dé- passe les ailes pliées de six lignes. 11 est assez commun dans les teri^es de la Guiane , quoique en moindre nombre que le magoua , qui de tous est celui que l'on trouve le plus fréquemment dans les bois ; car aucune des trois espèces que nous venons de décrire ne fréquente les lieux découverts. Dans celle-ci , la femelle pond dix ou douze œufs, un peu moins gros que ceux de la poule faisane, et qui sont très remarquables par la belle couleur de lilas dont ils sont peints partout et assez uniformément. 4*2 L E s O L ï . I.E SOl]î\ QUATUIÈME ESPÈCE. Tetrao Sovi. Gmel. C'est le nom que cet oiseau porte à la Guiane, et qui lui a été donné par les naturels du pays. Nous l'a- voDS l'ait représenter^ planches enluminées, n* 829. Il est le plus petit des oiseaux de ce genre, n'ayant que huit à neuf pouces de longueur, et n'étant pas plus gros qu'une perdrix. Sa chair est aussi bonne à manger que celle des autres espèces; mais il ne pond que cinq ou six œufs, et quelquefois trois ou quatre, un peu plus gros que des œufs de pigeon; ils sont presque sphériques et blancs, comme ceux des pou- les. Les souïs ne font pas, comme les magouas, leur iiid ea creusant la terre; ils le construisent sur les franches les plus basses des arbrisseaux, avec des feuilles étroites et longues : ce nid, de figure hémi- sphérique, est d'environ six pouces de diamètre, et cinq pouces de hauteur. C'est la seule des quatre es- pèces de tinamous qui ne reste pas constamment dans les bois; car ceux-ci fréquentent souvent les halliers, c'est-à-dire les lieux anciennement défri- chés, et qui ne sont couverts que de petites brous- sailles; ils s'approchent même des habitations. 1. Par les naturels de la Guiane, soui; par les créoles de Cayenne, perdrix cul-rond, à cause do sa q.tteu'e très courte, qui est recouverte par les grandes couvertures. LE SOUi. 41*5 Le souï a la gorge variée de blanc et de roux; tout je dessous du corps et les couvertures des jambes d'un roux clair ; le dessus de la tête et le haut du cou noirs; le bas du cou, le dos, et tout le dessus du corps, d'un brun varié de noirâtre peu apparent; les couvertures supérieures et les pennes moyennes des ailes sont brunes, bordées de roux; les grandes pen^ nés des ailes sont brunes, sans aucune tache ni bor-^ dure; la queue dépasse les ailes pliées de dix lignes, et elle est dépassée elle-même par ses couvertures. >»>eo»e<8«i0q'8i»»»ge»»«»g«fr»<(o»ei LE TOGRO, ou PERDRIX DE LA GUIAINE. Tetrao Guyannensls. Le tocro est un peu plus gros que notre perdrix grise, et son plumage est d'un brun plus foncé; du reste, il lui ressemble en entier, tant par la ligure et la proportion du corps que par la brièveté de la queue, la forme du bec et des pieds. Les naturels de la Guiane l'appellent tocro _, mot qui exprime assez bien son cri. Ces perdrix du nouveau continent ont à peu près les mômes habitudes que nos perdrix d'Europe; seu- lement elles ont conservé l'habitude de se tenir dans les bois, parce qu'il n'y avoit point de lieux décou- verts avant les défrichements. Elles se perchent sur les plus basses branches des arbrisseaux, et seule- ment pour y passer la nuit; ce qu'elles ne font que pour éviter l'humidité de la terre, et peut-être les io- 4l4 I-r. TOCKO, ou PERDRIX DE LA GUIANE. sectes dont, elle fourmille. Elles produisent ordinai- rement douze ou quiuze œufs, qui sont tout blancs. La chair des jeunes est excellente, cependant sans fumet; on mange aussi les vieilles perdrix, dont la chair est même plus délicate que celle des nôtres : mais, comme on ne peut pas les garder plus de vingt- quatre heures avant de les faire cuire, ce gibier ne peut acquérir le bon goût qu'il prendroit s'il étoit possible de le conserver plus long-temps. Comme nos perdrix grises ne se mêlent point avec nos perdrix rouges, il y a toute apparence que ces perdrix brunes de l'Amérique ne produiroient ni avec l'une ni avec l'autre, et que par conséquent elles forment une espèce particulière dans le genre des perdrix. LES GOBE -MOUCHES, MOUCHEROLLES. ET TYRANS. Au dessous du dernier ordre de la grande classe des oiseaux carnassiers , la nature a établi un petit genre d'oiseaux chasseurs plus innocents et plus utiles, et qu'elle a rendus très nombreux. Ce sont tous ces oiseaux qui ne vivent pas de chair, mais qui se nourrissent de mouches , de moucherons, et d'au- tres insectes volants, sans toucher ni aux fruits ni aux graines. On les a nommés gobe-mouches j, mouclierolles ^ et tyrans. C'est un des genres d'oiseaux le plus nombreux en espèces : les unes sont plus petites que le rossi- LES GOBE -MOUCHES, MOLCIIEIIOLLES , etC. 4^^ gnol , et les plus grandes approchent de la pie-griè- che, OU l'égalent; d'autres espèces moyennes rem- plissent tous les degrés intermédiaires de ces deux termes de grandeur. Cependant des rapports de ressemblance et des formes communes caractérisent toutes ces espèces : un bec comprimé, large à sa base , et presque trian- gulaire , environné de poils ou de soies hérissées, courbant sa pointe en un petit crochet dans plusieurs des moyennes espèces, et plus fortement courbé dans toutes les grandes; une queue assez longue et dont l'aile pliée ne recouvre pas la moitié , sont des ca- ractères que portent tous les gobe-mouches , mou- cheroUes, et tyrans. Ils ont aussi le bec échancré ^ vers la pointe ; caractères qu'ils partagent avec îe genre du merle, de la grive, et de quelques autres oiseaux. Leur naturel paroît, en général, sauvage et. soli- taire , et leur voix n'a rien de gai ni de mélodieux. Trouvant à vivre dans les airs, ils quittent peu le som- met des grands arbres ; on les voit rarement à terre : il semble que l'habitude et le besoin de serrer les branches sur lesquelles ils se tiennent constamment leur aient agrandi le doigt postérieur, qui, dans la plupart des espèces de ce genre, est presque aussi long que le grand doigt antérieur. Les terres du Midi, où jamais les insectes ne ces- sent d'éclore et de voler, sont la véritable patrie de ces oiseaux : aussi contre deux espèces de gobe-mou- ches que nous trouvons en Europe, en comptons- nous plus de huit dans l'Afrique et les régions chaudes de l'Asie, et près de trente en Amérique , où se trou- 4l6 LES GOBE-MOIJCHES, MOL CIIERO LIES, etC. vent aussi les plus grandes espèces ; comme si la na- ture, en multipliant et agrandissant les insectes dans ce nouveau continent, avoit voulu y multiplier et for- tifier les oiseaux qui dev^oient s'en nourrir. Mais Tor- dre de grandeur étant le seul suivant lequel on puisse bien distribuer un aussi grand nombre d'espèces que les ressemblances dans tout le reste réunissent, nous ferons trois classes de ces oiseaux muscivores : la pre- mière , de ceux qui sont au dessous de la grandeur du rossignol , et ce sont les gobe-mouches propre- ment dits; la seconde, sous le no^n de moucheroUes^ de ceux qui égalent ou surpassent de peu la taille de ce même oiseau; dans la troisième , qui est celle des tyrans, ils sont tous à peu près , si même ils ne l'excèdent, de la grandeur de l'écorcheur ou pie-griè- che rousse , du genre de laquelle ils se rapprochent par l'instinct, les facultés, et la figure : ils terminent ainsi ce genre nombreux d'oiseaux chasseurs aux mouches, en le rejoignant à la dernière espèce des oiseaux carnassiers. e^s^****.»*» e<È> LE GOBE-MOUCHE. PREMIÈllE ESPÈCE. Muscicapa gr isola, L. Nous conserverons le nom générique de gobe-mou- che à celui d'Europe, comme étant généralement connu sous ce seul et même nom ; d'ailleurs ce gobe- mouche nous servira de terme de comparaison pour LE GOB K-MO U C H K. . j 1 7 toutes les autres espèces. Celui-ci, n° 565, fig. 1, a cinq pouces huit lignes de longueur, huit pouces et demi de vol; l'aile pliée s'étend jusqu'au milieu de la queue, qui a deux pouces de longueur; le bec est aplati , large à sa base , long de huit lignes , environné de poils; tout le plumage n'est que de trois couleurs, le gris, le blanc ^ et le cendré noirâtre; la gorge est blanche; la poitrine et le cou , sur les côtés, sont tachetés d'un brun foible et mal terminé ; le reste du corps est blanchâtre ; le dessus de la tête paroît varié de gris et de brun; toute la partie supérieure du corps , la queue, et l'aile, sont brunes; les pennes et leurs couvertures sont légèrement frangées de blan- cliâtre. Les gobe-mouches arrivent en avril, et partent en septembre. Ils se tiennent communément dans les fo- rêts, où. ils cherchent la solitude et les lieux couverts et fourrés; on en rencontre aussi quelquefois dans les vergers épais. Ils ont l'air triste, le naturel sauvage, peu animé, et même assez stupide. Ils placent leur nid tout à découvert, s oit sur les arbres , soit sur les buissons : aucun oiseau foible ne se cache aussi mal , aucun n'a l'instinct si peu décidé. Ils travaillent leurs nids différemment : les uns le font entièrement de mousse , et les autres y mêlent de la laine. Ils em- ploient beaucoup de temps et de peine pour faire un mauvais ouvrage ; et l'on voit quelquefois ce nid en- trelacé de si grosses racines, qu'on n'imagineroit pav« qu'un ouvrier aussi petit pût employer de tels maté- riaux. Il pond trois ou quatre œufs et quelquefois cinq, couverts de taches rousses. Ces oiseaux prennent le plus souvent leur nourri- 4l8 T.E GOBE-MOUCHE. ture en volant, et ne se posent que rarement et par instants à terie, sur laquelle ils ne courent pas. Le mâle ne diffère de la femelle qu'en ce qu'il a le front plus varié de brun, et le ventre moins blanc. Ils ar- rivent en France au printemps; mais les froids qui surviennent quelquefois vers le milieu de cette saison leur sont funestes. M. Lottinger remarque qu'ils pé- rirent presque tous dans les neiges qui tombèrent en Lorraine , en avril 1767 et 1772 , et qu'on les prenoit à la main. Tout degré de froid qui abat les insectes , volants dont cet oiseau fait son unique nourriture devient mortel pour lui : aussi abandonne-t-il nos contrées avant les premiers froids de l'automne, et on n'en voit plus dès la fin de septembre. Aldrovande dit qu'il ne quitte point le pays; mais cela doit s'en- tendre de l'Tlalie , ou des pays encore plus chauds. LE GOBE-MOUCHE NOIK A COLLIER, OÏJ GOBE-MOUCHE DE LORRAIlNE'. SECONDE ESPÈCE. Muscicapa atrlcapilla. Gmel. Le gobe-moucbe noir à collier, n** 565, est la se- conde des deux espèces de gobe-mouches d'Europe. 1. Une notice envoyée des Vosges alsaciennes nous parle d'un pelit irobe-iiiouclie appelé dans ces cantons mocfiren-koepflein ^ que nous 'jugeons n être pas différeat du gol>» -mouche îioir à collier de Lor- raine. r,,ll.c: L 'OhK MOUCHR "DF, LORRAINE. 2. LE GObK Mûi: 3 . LE. DRONpO , LE GOBE-MOUCIÏK NOIR A COLLIER. ^IQ On l'a nom nié aussi gobe-mouche de Lorraine^ el celte dénomination peut avec raison s'ajouter à la pre- mière , puisque c'est dans cette province qu'il a été , pour la première fois, bien vu et bien décrit, et où il est plus connu et apparemment plus commun. 11 est un peu moins grand que le précédent, n'ayant guère que cinq pouces de longueur. Il n'a d'autres couleurs que du blanc et du noir, par plaques et taches bien marquées; néanmoins son plumage varie plus singu- lièrement que celui d'aucun autre oiseau. Suivant les différentes saisons , l'oiseau mâle pa- roît porter quatre habits différents : l'un, qui est celui d'automne ou d'hiver, n'est guère ou point dif- férent de celui de sa femelle , laquelle n'est pas su- jette à ces changements de couleur ; leur plumage res- semble alors à celui du mûrier, vulgairement petit pinson des bois : dans le second état, lorsque ces oiseaux arrivent en Provence ou en Italie, le plu- mage du mâle est tout pareil à celui du bec-figue : îe troisième état est celui qu'il prend quelque temps après son arrivée dans notre pays, et qu'on peut ap- peler son habit de printemps : c'est comme la nuance par laquelle il passe au quatrième, qui est celui d'été, et qu'on peut nommer avec raison , dit M. Lollinger, son habit de noces j puisqu'il ne le prend que lors- qu'il s'apparie, et qu'il le quitte aussitôt après les ni- chées. L'oiseau est alors dans toute sa beauté : un collier blanc de trois lignes de hauteur environne son cou , qui est du plus beau noir, ainsi que la tête, à l'exception du front et de la face, qui sont d'un très beau blanc ; le dos et la queue sont du noir de la tête ; le croupion est varié de noir et de blanc; 420 LE GOBE-MOUCIÏE NOIR A COLLIEIÎ. un trait blanc , Jarge d'une iigne , borde , sur quelque longueur, la penne la plus extérieure de la queue près de son origine ; les ailes , composées de dix-sept pennes, sont d'un marron foncé; la troisième penne et les quatre suivantes sont terminées par un brun beaucoup plus clair, ce qui, l'aile étant pliée, fait un très bel eflet; toutes les pennes, excepté les deux premières , ont sur le côté extérieur une tache blan- che c[ui augmente à mesure qu'elle approche du corps, en sorte que le côté extérieur de la dernière penne est entièrement de cette couleur ; la gorge , la poitrine , et le ventre sont blancs ; le bec et les pieds^ noirs. Un lustre et une fraîcheur singulière relèvent tout ce plumage ; mais ces beautés disparoissent dès le commencement de juillet : les couleurs deviennent foibles et brunissent ; le collier s'évanouit le premier^ et tout le reste bien lot se ternit et se confond : alors l'oiseau mâle est tout-à-fait méconnoissable ; il perd son beau plumage dans les premiers jours de juillet, « J'ai été trouver plusieurs fois, dit M. Lottinger, des oiseleurs qui avoient des tendues sur des fontaines dans des lieux où nichent ces oiseaux; et, quoique ce ne fui qu'en juillet, ils me dirent qu'ils prenoient fréquemment des femelles, mais pas un seul mâle. » Tant les mâles étoient devenus semblables aux fe- melles. C'est aussi sous leur livrée qu'ils reviennent avec elles, dans leur retour au printemps : mais M. Lottinger ne nous décrit pas avec le même détail l'habit que ce gobe-mouche prend dans son passage aux provinces méridionales ; je veux dire le qua- trième changement qui lui donne l'apparence du bec-figue. Aldrovande paroît indiquer le changement LE GOBE-MOUCHE NOIR A COLLIER. 1^21 de ce gobe-mouche, qu'il a bien désigné ailleurs^, lorsque , le rappelant de nouveau parmi les bec-fi- gues , il dit l'avoir surpris dans l'instant même de sa métamorphose, et où il n'éfcoit ni bec-figue ni tête noire. Il avoit déjà cependant, ajoute-t-il, le collier blanc, la tache blanche au front, du blanc dans la queue et sur l'aile , le dessous du corps blanc , et le reste noir. A ces traits, le gobe-mouche à collier est pleinement reconnoissable. Cet oiseau arrive en Lorraine vers le milieu d'avril. Il se tient dans les forêts, surtout dans celles de haute futaie ; il y niche dans des trous d'arbre quel- quefois assez profonds , et à une distance de terre assez considérable. Son nid est composé de petits brins d'herbe et d'un peu de mousse qui couvre le fond du trou où il s'est établi. Il pond jusqu'à six œufs. Lorsque les petits sont éclos , le père et la mère ne cessent d'entrer et de sortir pour leur porter à manger ; et , par cette sollicitude , ils décèlent eux- mêmes leur nichée, que, sans cela , il ne seroit pas facile de découvrir. Ils ne se nourrissent que de mouches et autres in- sectes volants; on ne les voit pas à terre ; et presque toujours ils se tiennent fort élevés, voltigeant d'arbre en arbre. Leur voix n'est pas un chant , mais un ac- cent plaintif très aigu , roulant sur une consonne ai- 1. Il décrit le collier : In cullo macula alba est vetut turauis.,.. el ia tache blanche de l'aile : Item alla in medio alarum lî parle de la beauté de ce petit oiseau : In sumina pidckra avicula est et la grandeur qu'il lui donne convient à notre gobe-mouche noir : « H est »> connu, ajoute-t-il, des oiseleurs boîonois, qui l'ont nommé peglio- a mosche. » BUFFON. XXII, 9 7 422 LE GOBE-MOUCïlE NOIR A COLLIER. gre , crrt^ crri. lis paroissent sombres et tristes ; mais j'amour de leurs petits leur donne de l'activité et même du courage. La Lorraine n'est pas la seule province de France où l'on trouve ce gobe-mouche à collier. M. Hébert nous a dit en avoir vu un dans la Brie , où néanmoins il est peu connu, parce qu'il est sauvage et passager» Nous avons trouvé un de ces gobe-mouches, le lo mai 17^3, dans un petit parc près de Montbard en Bour- gogne; il étoit dans le même état de plumage que celui qu a décrit M. Brisson (tome II, page 38i)o Les grandes couvertures des ailes, qu'il représente terminées de blanc, ne l'étoient que sur les plus voi- sines du corps; les plus éloignées n'étoient que bru- nes : les seules couvertures du dessous de la queue étoient blanches, celle du dessus d'un brun noirâtre; le croupion étoit d'un gris de perle terne; et le der- rière du cou, dans l'endroit du collier, moins foncé que la tète et je dos; les pennes moyennes de l'aile étoient, vers le bout, du même brun que les grandes pennes; la langue nous parut effrangée par le bout; large pour la grosseur de l'oiseau, mais proportionnée à la largeur de la base du bec ; le tube intestinal étoit de huit à neuf pouces de longueur; le gésier muscu- leux, précédé d'une dilatation dans l'œsophage; quel- ques vestiges de cœcwn; point de vésicule de fiel. Cet oiseau étoit mâle, et les testicules paroissoient d'environ une ligne de diamètre i il pesoit trois gros. Dans cette espèce de gobe-mouche, le bout des ailes se rejoint et s'étend au delà du milieu dé Ja queue ; ce qui fait une exception dans ce genre , où l'aile pliée n'atteint pas le milieu de la queue. L'oi- LE GOBE-xMOUCHE NOIR A COLLIER. l\'2Ô seau ne la tient pas élevée, comme elle est représen- tée clans la planche enluminée, n'' 565 , fig. 2 et 5. Le blanc du devant de la tête est aussi beaucoup plus étendu que dans cette figure, et M. Lottinger juge qu'au n° 3 on a donné un maie commençant à chan- ger d'habit , pour une femelle : il observe de plus que le collier du mâle, n° 2, devroit environner tout le cou, sans être coupé de noir. L'on doit avoir égard aux remarques de cet observateur exact, qui le pre- mier nous a fait connoître les habitudes et les chan- gements de couleur de ces oiseaux. Au reste, ce petit oiseau, triste et sauvage, mène pourtant une vie tranquille, sans danger, sans com- bats, protégée par la solitude. 11 n'arrive qu'à la fin du printemps, lorsque les insectes dont il fait sa proie ont repris leurs ailes, et part dans l'arrière-saison pour retrouver aux contrées du Midi sa pâture, sa solitude, et ses amours. Il pénètre assez avant dans le Nord, puisqu'on le trouve en Suède : mais il paroît s'être porté beaucoup plus loin vers le Midi, qui est véritablement son cli- mat natal; car nous ne croyons pas devoir faire deux espèces du gobe-mouche du cap de Bonne-Espé- rance, représenté planche 5y2 , fig. 2, sous le jiom de gobe-?nouc/ie à collier du Cap^ et de notre gobe- mouche de Lorraine, la ressemblance étant frap- pante, à une tache rousse près que le premier a sur la poitrine ; différence, comme l'on voit, très légère, vu l'intervalle des climats, et surtout dans un plu- mage qui nous a paru si susceplible de diverses tein- Jes, et sujet à des changements si rapides et si sin- iîuîie.'s. La figure 1 de la mêiîie planche qui représenic 424 T^E GOBE-MOLCHE NOIR A COLLIER. un second gobe-mouche du Cap^ qu'on auroit pu aussi nommer à collier (puisque si l'autre en a un qui lui ceint le cou par derrière , celui-ci en porte un par de- vant) , ne nous paroissant que la femelle , dont la li- gure 2 est le mâle , doit se rapporter encore à notre gobe -mouche à collier, dont on retrouve dans ces deux variétés le môme port, la même figure, et plus de ressemblances que Ton n'a droit d'en attendre à cette distance de climat. >»a»&»&&9»oi8»ac^«fr»8<»a LE GOBE-MOUCHE DE L'ILE-DE-FRANCE. TROISIÈME ESPÈCE. Muscicapa undulata. G.mel. Nous avons au Cabinet deux gobe -mouches en- voyés de l'Ile-de-France ; l'un plutôt noir que brun , et l'autre simplement brun : tous deux ont le corps un peu moins gros et surtout plus court que nos gobe-mouches d'Europe. Le premier a la tête d'un brun noirâtre, el les ailes d'un brun roussâtre ; le reste du plumage est un mélange de blanchâtre et de brun pareil à celui de la tête et des ailes, disposé par petites ondes ou petites taches, sans beaucoup de régularité. Le second paroît n'être que la femelle du premier. En effet, leurs différences sont trop légères pour en faire deux espèces, surtout n'ayant que deux indivi- dus, dont la grandeur, le port, et même le fond de LE GOBE-MOLCHE DE l'iLE-DE-FR A NGE. -\'2[^ couleur, aux nuances près, sont semblables. Ce der- nier a plus de blanc, mêlé de roussâtre, sur la poi- trine et sur le ventre ; le gris brun de la tête et du corps est moins foncé. Ces différences en moins dans le ton de couleur sont presque générales, de la fe- melle au mâle, dans toutes les espèces des oiseaux. Nous ne donnons pas la figure de ces gobe-mouches , qui n'ont rien de remarquable. *S6»5®S«0«>5-g-9*S*6'8>ec9!«s«î«f3«i&O«ê«>e9cS«!e«!iî»S:iea LE GOBE-MOUCHE HUPPE DU SÉNÉGAL. CINQUIÈME ESPÈCE. Muscicapa cristata. Gmel. Avec le gobe-mouche huppé du Sénégal, n° 675, fig. '2 , est représenté dans la même planche, fig. 1 , un gobe-mouche huppé de l'i/e de Bourbon ^ que nous ne séparons pas du premier, persuadés €[u'il n'en est qu'une variété. L'île de Bourbon , jetée au milieu d'un vaste océan , située entre les tropiques, dont le climat constant n'a pas d'oiseaux inquiets ni voya- geurs, n'étoit peuplée d'aucun oiseau de terre lors- que les premiers vaisseaux européens y abordèrent. Ceux qu'elle nourrit à présent y ont été transportés, soit à dessein , soit par hasard. Ce n'est donc pas dans cette île qu'il faut chercher les espèces originaires^; 1. Nous trouvons encore deux gobe-mouches de l'île de Bourbon , que nous ne ferons qu'indiquer, convaincus qu'ils apparliennent à quelque espèce du continent de l'Afrique. L'un est représenté dans nos planches enluminées, u° 672, fig. 5 : il est petit et tout noir, a un peu de roux près et sous la queue; et, malgré la différence de cou- leur, on pourroit penser qu'il se rapporte, comme variété, aux gobe- tnouches du Cap, que nous avons déjà rapprochées de notre gobe- mouche noir à collier, ces diversités de plumages n'étant apparemment pas autres que celles par où nous .le voyous passer lui-même, et que l'influence d'un climat plus chaud doit encore rendre plus étendues et plus rapides dans un naturel qui se montre d'ailleurs si facile à les subir. M. Brisson indique, par la pluase suivante, le troisième gobe- aiouche de l'iie de Bourbon, auquel il dit que les habitants donnent 428 LE GOBE-MOUCIIE HUPPÉ DU SÉNJEGAt. et, trouvant ici dans le continent l'analogue de l'oi- seau de l'île, nous n'hésitons pas d'y rapporter ce dernier. En effet, il y a entre ces deux goÎDC-mouches des différences qui n'excèdent pas celles que l'âge ou le sexe produisent en diverses espèces de leur genre , et plusieurs ressemblances qui, dans tous les genres, font juger les espèces comme très voisines. La figure , la grosseur, les masses de couleur, sont les mêmes. Tous deux ont la tête garnie de petites plumes à demi relevées en huppe noire , à reflets verts et violets : ce noir, dans celui du Sénégal, descend en plaque car- r*ée sur la gorge et le devant du cou; dans celui de Bourbon, représenté dans la planche, le noir n'en- veloppe que la tête avec l'œil et le dessous du bec : mais, dans d'autres individus, nous avons vu cette couleur envelopper aussi le haut du cou. Tous deux ont le dessous du corps d'un beau gris d'ardoise clair, et tous deux le dessus d'un rouge bai, plus vif dans celui de Bourbon, plus foncé et marron dans celui du Sénégal; et cette couleur, qui s'étend également sur toute l'aile et la queue du dernier, est coupée par un peu de blanc à l'origine de celle de l'autre, et cède sur l'aile à une teinte plus foncée dans les couvertures : elles sont aussi frangées de trois traits plus clairs; le noirâtre des pennes n'a ([u'un léger bord roussâtre au côté extérieur, et blanchâtre à l'intérieur des barbes. La plus grande différence est dans la queue : celle du gobe-mouche de Bourbon est courte et carrée, n'ayant que deux pouces et demi; la queue de celui le nom de tecteo : Muscicapa supenie fusca, oris pennarum rufescevtibus , inferne rufescens ( mas); sordide alha ( feraina), tectricibus saturate fus- cis , oris exterioribus dilittius fuscis. LE GOBE-MOUCHE HUPPÉ DU SÉNÉGAL. /fSQ du Sénégal a plus de quatre pouces, et elle est éta- gée depuis les deux pennes du milieu , qui sont les plus longues, jusqu'aux plus extérieures, qui sont plus courtes de deux pouces. Cette différence pou- vant être le produit de l'âge, de la saison, ou du sexe, ces deux oiseaux ne forment à nos yeux qu'une espèce. Si quelque observation survient qui engage à les distinguer, c'est de l'union même et du rappro- chement que nous en aurons fait ici , que résultera l'attention à les séparer dans la suite. >»«S'e<©'l.@©®«^ LE GOBE-MOUCHE A GORGE BRUNE DU SÉNÉGAL. SIXIÈME ESPÈCE. Muscicapa melanoptera. Gmel. Ce gobe-mouche, n° 56", fig. 5, a été apporté du Sénégal par M. Adanson. C'est celui que décrit M. Brisson sous le nom peu approprié de gobe-mou- che à collier du Sénégal^ puisque ni la tache brune, qui n'est qu'une simple plaque sur la gorge, ni la ligne noire qui la termine , ne font l'effet d'un collier. Une tache d'un brun laarron lui prend sous le bec et sous l'œil carrément, couvre la gorge au large, mais ne descend pas sur la poitrine, une ligne noire la tranchant net au bas du cou; cette ligne a peu de largeur, et l'estomac ^'st l)lanc , avec le reste du des^ 43o LE GOBE-MOUCUE A GORGE BRUNE DU SÉNÉGAL, SOUS du corps ; le dessus d'un beau gris bleuâtre ; la queue noirâtre; la penne la plus extérieure est blan- che du côté extérieur; les grandes couvertures de l'aile sont blanches aussi, les petites sont noirâtres; les pennes sont d'un cendré foncé , frangé de blanc , et les deux plus près du corps sont blanches dans leur moitié extérieure; le bec, large et aplati, est hérissé de soie aux angles. ' LE PETIT AZUR, GOBE-MOUCHE BLEU DES PHILIPPIjNES. SEPTIÈME ESrÈCE. Musicapa cœrulea. Gmel. Un beau bleu d'azur couvre U^ dos , la tête, et tout le devant du corps de ce joli petit gobe-mouche, à l'exception d'une tache noire sur le derrière de la tète , et d'une autre tache noire sur la poitrine ; le bleu s'étend en s'affoiblissant sur la queue; il teint les petites barbes des pennes de l'aile , dont le reste est noirâtre , et on l'aperçoit encore dans le blanc des plumes du ventre. Cet oiseau, n° 666 , fig. i , est un peu moins grand, plus mince, et plus haut sur ses jambes, que notre gobe-mouche. Long*ueur totale, cinq pouces; bec, sept à huit li- gnes, point échancré ni crochu ; queue, deux pouces, tant soit peu étagée. Le bleu du plumage a beaucoup de lustre et de reflets, mais au sortir de sa teinte. LE BARBICHON DE CAYENNE. /p * ei*0<8'»8«<8'&*î>>g«(ê«^ I LE BARBICHON DE CAYENNE. HUITIÈME ESPÈCE. Muscicapa barbata. Gmel. Tous les golfes-mouches ont plus ou moins le bec garni de poils ou de soies : mais dans celui-ci , n° 85o, lig. 1 , le mâle , et fig. 2 , la femelle , elles sont si lon- gues, qu'elles se portent en avant jusqu'au bout du bec; et c'est pour exprimer ce caractère que le nom de barblclion lui a été donné. Cet oiseau a près de cinq pouces de longueur; son bec est fort large à la base, et très aplati dans toute sa longueur; la mandi- bule supérieure déborde un peu l'inférieure ; tout le dessus à\i corps est d'un brun olivâtre foncé, excepté le haut de la tête, que recouvrent des plumes oran- gées, en partie cachées sous les autres plumes; le dessous du corps est d'un jaune verdâtre , qui , sur le croupion , se change en un beau jaune. La femelle est un peu plus grande que le mâle; tout le dessus de son corps est d'un brun noirâtre, mêlé d'une légère teinte de verdâtre, moins sensible que dans le mâle ; le jaune du sommet de la tête ne forme qu'une tache obiongue , que des plumes de la cou- leur générale recouvrent encore en partie ; la gorge et le haut du cou sont blanchâtres ; les plumes du reste du cou , de la poitrine, et du dessous des ailes, ont leur milieu brun , et le reste jaunâtre; le ventre cl le dessous de la queue sont entièrement d'un jaune 452 LE BAKBICHON DE CAYENNE. pâle; ie bec est moins large que celui du mâle , ei n'a que quelques petits poils courts de chaque côté. Ce gobe-mouche na pas la voix aigre, et il siffle doucement pipi. Le mâle et la femelle vont ordinai- rement de compagnie. L'instinct borné des gobe- mouches, dans la manière de placer leur nid, se mar- que singulièrement dans celui-ci : ce n'est point dans les rameaux touilus qu'il le pose ; c'est aux endroits découverts, sur les branches les moins garnies de feuilles : il est d'autant plus apparent, qu'il est d'une grosseur excessive; il a douze pouces de haut sur plus de cinq de diamètre, et tout entier de mousse. Ce nid est fermé au dessins; l'ouverture étroite est dans le flanc, à trois pouces du sommet. C'est à M. de Manon- court que nous devons la connoissance decet oiseau. 3<8«®(i««i&8*e««i&a^ LE GOBE-MOUCHE BRUN DE CAYENNE. NEUVIÈME ESPÈCE. Muscicapa fuliginosa. Gmel. Ce gobe-mouche, n° 674? hg- i , est petit, ayant à peine quatre pouces de longueur. Les plumes de la tête et du dos sont d'un brun noirâtre, bordées d'un brun fauve ; le fauve est plus foncé, et domine sur les pennes de l'aile , et le noir sur celles de la queue , qui sont bordées d'une frange blanchâtre ; cette dernière couleur est celle de tout le dessous du ^orps, excepté une teinte fauve sur la poitrine; la LE GOBE-MOUCHE BRUN DE CAYENNE. 1^7)% queue est carrée, l'aile pliée en couvre la moitié; le bec aigu est garni de petites soies à sa racine : ce sont tous les traits qu'on peut remarquer dans ce petit oiseau. Son espèce a néanmoins une variété , si les différences que nous trouvons dans uk second indi- vidu ne sont pourtant pas celles du mâle à la femelle, ou du jeune à l'adulte. Sur le fond cendré brun de tout le plumage de ce second individu , paroît sous le ventre une teinte jaunâtre , et à la poitrine un brun olive ; le cendré noirâtre de la tête et du dos est un peu teint de vert olive foncé , et l'on voit sur les grandes pennes des ailes quelques traits plus clairs sur leurs petites barbes, tandis que les grandes barbes des petites pennes montrent, en se développant, un jaune rosat, léger, et pâle. »«e«<&»»ej!ae««««t8«6<&©e«l\i: -MOUCHE NOIRATKE. /^^J LE GOBE-MOUCHE NOIRATRE DE LA CAROLIINE. QUATORZIÈME ESPÈCE. Muscicapa fusca, Gmel. Cet oiseau est à peu près de la grandeur du rossi- gnol. Son plumage 9 depuis la tête à la queue, est d'un brun uniforme et morne; la poitrine et le ven- tre sont blancs, avec une nuance de vert Jaunâtre; les jambes et les pieds noirs. La tête du mâle est d'un noir plus foncé que celle de la femelle; ils ne diffè- rent que par là. Ils y nichent à la Caroline , au rapport deCatesby, et en partent àl'approche de l'hiver. LE GILLIT, ou CxOBE-MOUCHE PIE DE CAYENNE. QUINZIÈME ESPÈCE. Muscicapa blcolor. Gmel. Cet oiseau, n" 676, fig. i , qui se trouve à la Guiane , se nomme glUlt en langue garipone, et nous avons cru devoir adopter ce nom , comme nous l'avons tou- jours fait pour les autres oiseaux, et pour les animaux qui ne peuvent jamais être mieux indiqués que par les noms de leur pays natal. La tête , la gorge , tout le JJUFFON. XXII. y 8 438 LE GILLIT, OU GO B F.-M O IJ CIIE PIE. dessous du corps, et jusqu'aux deux patles de cet oiseau, sont d'un blanc uniforme; le croupion, la queue, et les ailes sont noirs, et les petites pennes de celles-ci sont bordées de blanc ; une tache noire prend derrière la tête, tombe sur le cou, et y est in- terrompue par un chaperon blanc qui fait cercle sur le dos. La longueur de ce gobe-mouche est de quatre pouces et demi. Le plumage de la femelle est partout d'un gris uniforme et léger. On les trouve ordinaire- ment dans les savanes noyées. Le gobe-mouche à ventre blanc de Cayenne^ des planches enluminées, n° 566, fig. 3, ne diffère pres- que en rien du gillit, et nous ne les séparerons pas , de peur de multiplier les espèces dans un genre déjà si nombreux, et où elles ne sont séparées que par de très petits intervalles. Nous rapporterons aussi à ce gobe-mouche à ventre blanc la mouckerolle blanche et noire d'Edwards, de Su- rinam, et dont les couleurs sont les mêmes, excepté du brun aux ailes , et du noir au sommet de la tête ; différences qui ne sont rien moins que spécifiques. a®t>.»«»»giO»e»8»&»o-»oeo«fO'Sii»9»a-»»ëaa»<>»e^«»a»a»g'»a»o»a»a»:^ LE GOBE-MOUCHE BRUN DE LA CAROLINE. SEIZIÈME ESPÈCE. Muscicapa virens. Gmel. CELUi-ci est le petit preneur de mouches brun de Catesby. Il est de la taille et de la figure du gobe- LE GOBE-MOUCIIE BRUN DE LA CAROLINE. /pQ mouche olive aux yeux et pieds rouges , donné par le môme auteur, et nous aurions voulu les réunir; mais cet observateur exact les distingue. Une teinte brune et morne qui couvre uniformément tout le dessus du corps de cet oiseau n'est coupée que par le brun roussâtre des pennes de l'aile et de la queue; le dessous du corps est blanc sale avec une nuance de jaune; les jambes et les pieds sont noirs; le bec est aplati, large, et un peu crochu à la pointe , il a huit lignes, la queue deux pouces; l'oiseau entier, cinq pouces huit lignes; il ne pèse que trois gros. C'est tout ce qu'en a dit Catesby, d'après lequel seul on a parlé de ce petit oiseau. LE GOBE-MOUCHE OLIVE DE CAYENNE. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. Muscicapa agilis. Gmel. Ce gobe-mouche, n° 574? fig- ^> n'est pas plus grand que le pouillot d'Europe ; il a sa taille et ses couleurs, si ce n'est que le verdâtre domine un peu plus ici sur le cendré et le blanc sale, qui font le fond du plumage de ces deux petits oiseaux : celui-ci, par son bec aplati , appartient à la famille des gobe-mou- ches ; nos pouillols et soucis , sans y être précisément compris, en ont les mœurs : ils vivent de même de mouches et moucherons ; c'est pour les saisir que , dans les jours d'été, ils ne cessent de voleter; et 440 quand la saison rigoureuse a fait disparoître tous !es insectes volants, le souci et le pouillot les cherchent encore en chrysalides, sous les écorces où il se sont cachés. Longueur totale, quatre pouces et demi; bec, sept lignes; queue, vingt lignes, laquelle dépasse l'eile pliée de quinze lignes. e-&e««<8«<&<»&3'*s LE GOBE-MOUCHE TACHETE DE CAYEINNE. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. Muscicapa virgata. Gmel. Ce gobe-mouche de Cayenne , n** 570, fig. 3, est à peu près de la grandeur du gobe-mouche olive , naturel au même climat. Le blanc sale , mêlé sur l'aile de quelque ombre de rougeatre et de quelques taches de blanc jaunâtre plus distinctes, avec du cen- dré brun sur la tête et le cou , et du cendré noirâtre sur les ailes, forment avec confusion le mélange des taches du plumage de cet oiseau ; une petite men- tonnière de plumes blanchâtres et hérissées lui prend sous le bec, et les plumes cendrées du sommet de la tête , mêlées de filets jaunes, se soulèvent en demi- huppe. Le bec est de la même grandeur que celui du gobe-mouche olive; la queue de même longueur: mais la couleur les différencie. L'olive paroît aussi avoir la taille plus fme, le mouvement plus vif que le tacheté , autant du moins qu'on peut en juger par leurs dépouilles. LE PETIT NOIR-AURORE. 44 ^ LE PETIT iNOIR-AURORE, GOBE-MOUCHE D'AMÉRIQUE. DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. Muscicapa ruticilla. Gmel. Nous caractérisons ainsi, des deux couleurs qui tran- chent agréablement dans son plumage, ce petit gobe- mouche que les naturalistes avoient jusqu'à présent nommé vaguement gobe-mouche ci' Amérique., comme si ce nom pouvoit le faire distinguer au milieu de la foule d'oiseaux du même genre qui habitent également ce nouveau continent. Celui-ci , n° 566, fig, i , le mâle, et fig. 2 , la femelle , est à peine aussi grand que lepouil- lot; un noir vif lui couvre la tête, la gorge, le dos, et les couvertures; un beau jaune aurore brille par pin- ceaux sur le fond gris blanc de Testomac, et se ren- force sous le pli de l'aile : cette môme couleur perce en traits entre les pennes de l'aile, et couvre les deux tiers de celles de la queue, dont la pointe est noire ou noirâtre, ainsi que les pennes de l'aile. Ce sont là les couleurs du mâle. La femelle en diffère en ce que tout ce que le mâJe a d'un noir vif, elle l'a d'un noirâtre foi- ble, et d'un jaune simple tout ce qu'il a d'aurore ou d'orangé. Edwards a donné les figures de la femelle (planche 255), et du mâle (planche 8o), que Catesbv représente aussi (tome I, page 67) sous le nom de ros- signol de muraille y mais d'uno taiile plus grande que celui d'Edwards et que celui de nos planches enlumi- nées ; ce qui fait imaginer une variété dans l'espèce» l\[\2 LE IITJBIN, OU GOBE-MOUCHE ROUGE HUPPE. LE RUBIN, OU GOBE-MOUCHE ROUGE HUPPÉ DE LA RIVIÈRE DES AMAZONES. VINGTIÈME ESPÈCE. Mtiscicapa coronata. Gmel. De toute la nombreuse famille des gobe-mouches , celui-ci , n" 675, fig. 1 , est le plus brillant : une taille fine et légère assortit l'éclat de sa robe; une huppe de petites plumes effilées d'un beau rouge cramoisi se hérisse et s'étale en rayons sur sa tète ; le môme rouge reprend sous le bec. couvre la gorge, la poitrine, le ventre, et va s'étendie aux couvertures de la queue; un cendré brun, coupé de quelques ondes blanchâ- tres au bord des couvertures et même des pennes, couvre tout le dessus du corps et les ailes. Le bec , très aplati, a sept lignes de longueur; la queue, deux pouces : elle dépasse les ailes de dix lignes , et la longueur totale de l'oiseau est de cinq pouces et demi. M. Commerson l'avoit nommé mésange cardinal; mais ce petit oiseau étant encore moins cardinal que mésange, nous lui avons donné un nom immédiate- ment relatif à la vivacité de sa couleur^. Ce seroit, 1. Nous trouvons une figure de cet oiseau parmi les dessins rappor- tés du pays des Amazones par M. de I^a Gondamine. Cet oiseau, sui- vant une note au bas de ce dessin, s'appelle, en espagnol, putiilas. La femelle , qui est représentée avec le mâle , n*a point de huppe : tout le beau de son plumage est plus foible, et on ne lui voit, partout où LE llUBIN, OU GOBE-MOUGIIE ROUGE HUPPÉ. 44^ saijs contredit , un des plus jolis oiseaux que l'on pût renfermer en cage ; mais la nature, dans le genre de nourriture qu'elle lui a prescrit , paroît l'avoir éloigné de toute vie commune avec l'homme , et lui avoir as- suré , après le plus grand des biens, le seul qui en ré- pare la perte , la liberté ou la mort. LE GOBE-MOUCHE ROUX DE CAYENNE. VINGT-UNIÈME ESPÈCE. Muscicapa rufescens, Gmel. '^^E gobe-mouche , n** 4^^ ? ^*g- * ? long de cinq pouces et demi, est à peu près de la grosseur du ros- signol. 11 est, sur tout le dessus du corps , d'un beau roux clair qui à du l'eu ; cette teinte s'étend jusque sur les petites pennes de l'aile , qui, couvrant les grandes lorsqu'elle est pliée, n'y laissent voir qu'un petit trian- gle noir, fornié par leur extrémité : une tache brune couvre le sommet de la tête ; tout le devant et le des- sous du corps est blanchâtre , avec quelques teintes légèrement ombrées de roux; la queue, qui est carrée, s'étale; le bec large, court, et robuste, et dont la pointe est recourbée , fait nuance à cet égard entre les gobe-mouches et les tyrans. Nous ne savons si l'on doit rapporter à cette espèce le gobe-mouche roux de Cayenne de M. Brisson. C'est une chose désolante It' mâle est rouge, que quelques trails affoiblis Je celle couleur, sur un fond blanchâtre. 444 I-E GOBE -MOU CHK ROUX DE CAYENJN'E. que cette contrariété d'objets sous une même déno- mination , à quoi rien n'est comparable que la con-^^ trariété de dénominations sur le même objet, non moins fréquente chez les nomenclateurs. Quoi qu'il en soit , le gobe-mouche roux de Cayenne a , selon M. Brisson , huit pouces de longueur, et le nôtre n'en a que cinq. Voyez en outre la différence des couleurs, en comparant sa phrase avec notre description. Au reste, le gobe-mouche roux à poitrine orangée, dont nous avons donné ci-devant la description, ne diffère de celui-ci par aucun autre caractère essentiel que par la grandeur; car; sans cela, on pourroit le regar- der comme une variété de sexe, d'autant plus que , dans ce genre, les femelles sont communément plus grandes que les mâles : car si cette différence dans la grandeur était produite par l'âge, et que le plus petit de ces deux oiseaux fût en effet le plus jeune, la ta- che orangée qu'il porte sur la poitrine seroit moins vive que dans l'adulte. LE GOBE-MOUCHE A VENTRE JAUNE. VINGT-DEUXIÈME ESPÈCE. Muscicapa Cayennensis, Gmel. Ck beau gobe-mouche habite en Amérique le con- tinent et Jes îles. Celui que représente la planche enluminée, n° 669, fig. 2, venoit de Cayenne; un LE GOBE-MOUCHE A VENTRE JAUNE. /|45 autre a été envoyé de Saint-Domingue au Cabinet , sous le nom de gobe-mouche de Saint-Domingue. Nous croyons apercevoir, en ces deux individus, la diflerence du mâle à la femelle. Celui qui est venu de Saint-Domingue paroît être le mâle ; il a le jaune doré du sommet de la tête beaucoup plus vif et plus large que l'autre , où ce jaune plus foible se mon- tre à peine à travers les plumes noirâtres de cette partie de la tête. Du reste, ces deux oiseaux se res- semblent; ils sont un peu moins gros que le rossignol. Leur longueur est de cinq pouces huit lignes; le bec, à peine courbé à la pointe, a huit lignes; la queue, deux pouces et demi ; l'aile pliée ne l'atteint pas à moitié. La tache orangée de la tête est bordée de cendré noirâtre; une bande blanche traverse la tempe sur les yeux, au dessous desquels prend une tache du même cendré noirâtre qui vient se confondre dans le brun roussâtre du dos : ce brun roussâtre couvre les ailes et la queue , et s'éclaircit un peu au bord des petites barbes des pennes. Un beau jaune orangé couvre la poitrine et le ventre; cette couleur écla- tante distingue ce gobe-mouche de tous les autres. Quoique les plumes jaune doré du sommet de la tête paroissent devoir se relever au gré de l'oiseau, comme nous le remarquons dans nos petits soucis d'Europe, cependant on ne peut pas proprement nommer celui- ci gobe-moMclie huppée puisque ces plumes , habituel- lement couchées, ne forment pas une véritable huppe, mais un simple couronnement qui ne se relève et ne paroît que par instants. 446 LE ROI DES GOBE-MOUCHES. LE ROI DES GOBE-MOUCHES. VINGT-TIIOISIÈME ESPÈCE. Todus reglus, Lath. On a donné à cet oiseau le nom de roi des gobe- mouches ^ à cause de de Ja belle couronne qu'il porte sur la tête , et qui est posée transversalement , au lieu que les huppes de tous les autres oiseaux sont posées longitudinalement. La figure, dans la planche enlumi- née , ne rend pas assez sensible cette position trans- versale de la couronne ; elle est composée de quatre à cinq rangs de petites plumes arrondies, étalées en éventail sur dix lignes de largeur, toutes dun rouge bai très vif, et toutes terminées par un petit œil noir, en sorte qu'on la prendroit pour la miniature d'une queue de paon. Cet oiseau, n" 289, a aussi la forme singulière, et paroît rassembler les traits des gobe-mouches, des mouchcrolles, et des tyrans : il n'est guère plus gros que le gobe-mouche d'Europe , et porte un bec dis- proportionné , très large, très aplati, long de dix lignes, hérissé de soies qui s'étendent jusqu'à sa pointe qui est crochue ; le reste ne répond point à cette arme : le tarse est court , les doigts sont foibles; l'aile n'a pas trois pouces de [ongueur, la queue pas plus de deux. On voit sur l'œil un petit sourcil blanc; la gorge est jaune; un collier noirâtre ceint le cou et se rejoint à cette teinte qui couvre le dos, et se change sur l'aile en brun fauve foncé ; les pennes de la queue LE ROI DES GOBE-MOUCHES. 44; sont bai clair; la même couleur, mais plus légère, teint le croupion et le ventre , et le blanchâtre de l'estomac est traversé de noirâtre en petites ondes. Ce roi des gobe- mouches est très rare; on n'en a encore vu qu'un seul apporté de Cayenne , où même il ne paroît que rarement. LES GOBE-MOUCHERONS. VINGT-QUATRJÈME ET VINGT-CINQUIÈME ESPÈCE. Ici la nature a proportionné le chasseur à la proie : les moucherons sont celle de ces petits oiseaux, que telle grosse mouche ou scarabée d'Amérique attaque- roit avec avantage. JNous les avons au Cabinet du Roi, et leur description sera courte. Le premier de ces gobe-moucherons [Musclcapa minuta. Gaiel. ) est plus petit qu'aucun gobe-mouche ; il l'est plus que le souci, le plus petit des oiseaux de notre continent : il en a aussi à peu près la figure et même les couleurs; un gris d'olive, un peu plus foncé que celui du souci et sans jaune sur la tête , fait le fond de la couleur de son plumage; quelques ombres foibles de verdâtre se montrent au bas du dos, ainsi que sur le ventre, et de petites lignes d'un blanc jaunâtre sont tracées sur les plus noirâtres et sur les couvertures de l'aile. On le trouve dans les climats chauds du nouveau continent. La seconde espèce [Musclcapa pygmœa. Gmel. ) est celui que nous avons fait représenter dans les planches enluminées, sous le nom àe petit gobe-mou- clie tacheté de Cayenne^ n" 83 1 , fig. 2. Il est encore 44^ ^^^ GOBE-MOUCHERONS. un peu plus petit que le premier; tout le dessous du corps de ce très petit oiseau est d'un jaune clair tirant sur la couleur paille. C'est un des plus petits oiseaux de ce genre; il a à peine trois pouces de longueur. La tête et le commencement du cou sont partie jau- nes et partie noirs, chaque plume jaune ayant dans son milieu un trait noir, qui fait paroître les deux couleurs disposées par taches longues et alternatives; les plumes du dos, des ailes, et leurs couvertures, sont d'un cendré noir et bordées de verdâtre; la queue est très courte , l'aile encore plus. Le bec effilé se prolonge; ce qui porte toute la figure de ce petit gobe-mouche en avant et lui donne un air tout par- ticulier et très reconnoissable. INous ne pouvons mieux terminer l'histoire de tous ces petits oiseaux chasseurs aux mouches, que par une réflexion sur le bien qu'ils nous procurent ; sans eux, sans leur secours, l'homme feroit de vains efforts pour écarter les tourbillons d'insectes volants dont il seroit assailli : comme la quantité en est in- nombrable et leur pullulation très prompte, ils en- vahiroient notre domaine, ils remplîroient Fair et dévasteroient la terre, si les oiseaux n'établissoient pas l'équilibre de la nature vivante, en détruisant ce qu'elle produit de trop. La plus grande incommodité des climats chauds est celle du tourment continuel qu'y causent les insectes ; l'homme et les animaux ne peuvent s'en défendre : ils les attaquent par leurs piqûres ; ils s'opposent aux progrès de la culture des terres, dont ils dévorent toutes les productions utiles; ils infectent de leurs excréments ou de leurs œufs toutes les denrées que l'on veut conserver : ainsi les LES GOBE-MOUCHERONS. 4^9 oiseaux bienfaisants qui détruisent ces insectes ne sont pas encore assez nombreux dans les climats chauds , où néanmoins les espèces en sont très multipliées. Et dans nos pays tempérés, pourquoi sommes-nous plus tourmentés des mouches au commencement de l'automne qu'au milieu de l'été? Pourquoi voit- on dans les beaux jours d'octobre, l'air rempli de my- riades de moucherons? C'est parce que tous les oi- seaux insectivores, tels que les hirondelles, les ros- signols , fauvettes , gobe-mouches , etc. , sont partis d'avance , comme s'ils prévoyoient qu*e le premier froid doit détruire le fonds de leur subsistance , en frappant d'une mort universelle tous les êtres sur les- quels ils vivent. Et c'est vraiment une prévoyance ; car ces oiseaux trouveroient encore, pendant les quinze ou vingt jours qui suivent celui de leur départ, la môme quantité de subsistance, la même fourni- ture d'insectes qu'auparavant: ce petit temps, pen- dant lequel ils abandonnent trop tôt notre climat , suffit pour que les insectes nous incommodet^t par leur multitude , plus qu'en aucune autre saison ; et cette in- commodité ne feroit qu'augmenter, car ils se multi- plieroient à l'infini , si le froid n'arrivoit pas tout à pro- pos pour en arrêter la pullulation, et purger l'air de cette vermine aussi superflue qu'incommode. LES MOUGHEROLLES. Pour mettre de l'ordre et de la clarté dans l'énu- mération des espèces du genre très nombreux des gobe-mouches, nous avons cru devoir les diviser en 45o LES MOLCHEUOLLES. trois ordres, relativement à leur grandeur, et nous sommes convenus d'appeler mouclieroUes ceux qui , étant plus grands que les gobe-mouches ordinaires, le sont moins que les lyrans, et forment entre ces deux familles une famille intermédiaire où s'obser- vent les nuances et le passage de l'une et de l'autre. On trouve des moucherolles, ainsi que des gobe- mouches, dans les deux continents : mais dans cha- cun les espèces sont différentes, et aucune ne paroît commune aux deux. L'Océan est pour ces oiseaux , comme pour tous les autres animaux des pays méri- dionaux, une large barrière de séparation, que les seuls oiseaux palmipèdes ont pu franchir, par la faculté qu'ils ont de se reposer sur l'eau. Les climats chauds sont ceux du luxe de la nature; elle y pare ses productions, et quelquefois les charge de développements extraordinaires. Plusieurs espèces d'oiseaux , tels que les veuves, les guêpiers , et les mou- cherolles, ontla queue singulièrement longue, ou pro- longée de pennes exorbitantes : ce caractère les distin- gue des gobe-mouches, desquels ils diffèrent encore par le bec, qui est plus fort et un peu plus courbé en crochet à la pointe que celui des gobe-mouches. e«(5<«««x5«>ei&s*«!S«!8>5<&e«>o«>»e'0 LE SAVANA. PREMIÈRE ESPÈCE. Muscicapa Tyrannus. Lath. Ge moucherolle, n*" 671 , fig. 2, approche des tyrans par la grandeur, et il est représenté dans les LE SAVANA. 4^' planches enluQiinées sous la dénomination de ty- ran à queue four cime de Cayenne. Néanmoins son bec, plus foible et moins crochu que celui des ty- rans, le réunit à la famille des moucherolles. On l'appelle veuve à Cayenne : mais ce nom, ayant été donné à un autre genre d'oiseaux, ne doit pas être adopté pour celui-ci, qui ne ressemble aux veuves que par sa longue queue. Comme il se tient toujours dans les savanes noyées, le nom de savana nous a paru lui convenir. On le voit, perché sur les arbres, descendre à tous moments sur les mottes de terre ou les touffes d'herbes qui surnagent, hochant sa lon- gue queue comme les lavandières. Il est gros comme l'alouette huppée : les pennes de la queue sont noi- res; les deux extérieures ont neuf pouces de longueur, et s'écartent en fourche; les deux qui les suivent immédiatement n'ont c|ue trois pouces et demi, et les autres vont en décroissant jusqu'aux deux du milieu, qui n'ont qu'un pouce. Ainsi cet oiseau, à qui, en le mesurant de la pointe du bec à celle de la queue, on trouve quatorze pouces, n'en a que six du bec aux ongles. Au sommet de la tête est une tache jaune, laquelle cependant manque à plusieurs individus qui sont apparemment les femelles. Du reste, une coiffe noirâtre, courte, et carrée, lui cou- vre le derrière de la tête : au delà le plumage est blanc, et ce blanc remonte jusque sous le bec, et descend sur tout le devant et le dessous du corps; le dos est d'un gris verdâtre, et l'aile brune. On voit ce moucherolle au bord de la rivière de la Plata, et dans les bois de Montevideo , d'où il a été rapporté par M. (iommerson. L^S'2 LE MOlJ(fHEROLLE HUPPÉ. LE MOUCHEROLLE HUPPÉ A TÊTE COULEUR D'ACIER POLL SECONDE ESPÈCE. Muscicapa paradisL Gmel, Ce moucherolle, n° 20^, fig. i et 2, se trouve au cap de Bonne-Espérance , au Sénégal, et à Ma- dagascar; il est donné trois fois, dans V Ornithologie de M. Brisson, sous trois dénominations différentes: i** (page 4iS? tome II) sous le nom de gobe-înouche huppé du cap de Bonne-Espérance y' 2° (page l\.i^) sous le nom de gobe-mouche blanc du cap de Bomie-Espérance ; 5° (page 4^6 ) '^^"s ^^ nom de gobe-mouche huppé du. Brésil. Ces trois espèces n'en font qu'une, dans laquelle l'oiseau rouge est le mâle, et le blanc la femelle, qui est un peu plus grande que son mâle, comme nous l'avons observé dans l'espèce du barbichon. Cette dif- férence, qui ne se trouve guère que dans la classe des oiseaux de proie, en rapproche le genre subalterne des gobe-mouches, moucherolles, et tyrans. Ce moucherolle mâle a sept pouces de longueur, et la femelle huit pouces un quart, cet excès de longueur étant presque tout dans la queue: cepen- dant elle a aussi le corps un peu plus épais, et à peu près de la grosseur de l'alouette commune. Tous deux ont la tête et le haut du cou, à le trancher circulairement à la moitié , enveloppé d'un noir lui- sant de vert ou de bleuâtre, dont l'éclat est pareil à LE MOUCHEROLLE HUPPÉ. 453 celui de Facier bruni. Une belle huppe de même couleur, dégagée et jetée en arrière en plumet, pare leur tête, où brille un œil couleur de feu. Au coin du bec, qui est long de dix lignes, un peu arqué vers la pointe et rougeâlre, sont des soies assez lon- gues. Tout le reste du corps de la femelle est blanc, excepté les grandes pennes, dont le noir perce à la pointe de l'aile pliée. On voit deux rangs de traits noirs dans les petites pennes et dans les grandes cou- vertures ; et la côte des plumes de la queue est éga- lement noire dans toute sa longueur. Dans le mâle, au dessous de la coiffe noire, la poitrine est d'un gris bleuâtre , et l'estomac , ainsi que tout le dessous du corps, sont blancs; un man- teau rouge bai vif en couvre tout le dessus jusqu'au bout de la queue ; cette queue est coupée en ovale et régulièrement étagée : les deux pennes du mi- lieu étant les plus grandes, les autres s'accourcissent de deux en deux lignes ou de trois en trois , jusqu'à la plus extérieure, et de même clans la femelle. Ce beau moucherolle est venu du cap de Bonne- Espérance ; on le trouve aussi au Sénégal et à Ma- dagascar : selon M. Adanson, il habite sur les man- gliers qui bordent les eaux, dans les lieux solitaires et peu fréquentés du Niger et de la Gambia. Seba place ce moucherolle au Brésil , en le rangeant parmi les oiseaux de paradis, et lui donnant le nom brasilien d'acamacu : mais on sait assez que ce col- lecteur d'histoire naturelle a souvent donné aux cho- ses qu'il décrit des noms empruntés sans discerne- ment; et d'ailleurs nous ne croirons pas qu'un oiseau, vu et reconnu aux rives du INiger par un excellent BiiproN. XXII. 29 454 LE MOUCIIEROLLE HUPPÉ. observateur tel que M. Adansori, soit en môme temps un oiseau du Brésil : néanmoins c'est uniquement sur la foi de Seba que M. Brisson l'y place , quoique lui-même observe l'erreur où il tombe, et remarque, à la fin de ce prétendu gobe-mouche huppé du Brésil, qu'apparemment Seba se trompe en le nom- mant ainsi, et que cet oiseau nous vient d'Afrique et de Madagascar. Klein le prend pour une grive hup- pée, et Mohering pour un choucas : exemple de la confusion dont la manie des méthodes a rempli l'his- toire naturelle ; et , s'il en falioit un plus frappant , nous le trouverions encore sans quitter cet oiseau : c'étoit peu de l'avoir fait grive et choucas, M. Lia- naeus a voulu en faire un corbeau, et, à cause de sa queue allongée, un corbeau de paradis ; et c'est à son espèce blanche que M. Brisson applique la phrase où cet auteur fait de ce moucherolle un corbeau. a.»ei»c»g»a»aiftogo^t>>-a LE MOUCHEROLLE DE VIRGINIE. TROISIÈME ESPÈCE. . Muscicapa Caroiinensis. Gmel. Catesby nomme ce moucherolle oiseau-chat ( t/ie cat-bird), parce que sa voix ressemble au miaule- ment du chat. On le voit en été en Virginie, où il vit d'insectes ; il ne se perche pas sur les grands ar- bres et ne fréquente que les arbrisseaux et les buis- sons. Il est aussi gros, dit cet auteur, et même un LE MOLCHEROLLE DE VIRGINIE, 4^^ peu plus gros qu'une alouette. Il approche donc , par la taille, de celle du petit tyran : mais son bec droit et presque sans crochet 1 éloigne de cette fa- mille. Son plumage' est sombre, la couleur en est mêlée de noir et de brun plus ou moins clair et foncé : le dessus de la tête est noir ; et le dessus du corps, des ailes, et de la queue, est d'un brun foncé, noirâtre même sur la queue; le cou, la poi- trine, et le ventre sont d'un brun plus clair; une teinte de rouge terne paroît aux couvertures du dessous de la queue : elle est composée de douze plumes , toutes d'égale longueur ; les ailes pliées n'en couvrent que le tiers ; elle a trois pouces de longueur : le bec a dix lignes et demie ; et l'oiseau entier, huit pouces. Ce moucherolle niche en Vir- ginie; ses œufs sont bleus, et il quitte cette contrée à l'approche de l'hiver. LE MOUCHEROLLE BRUN DE LA MARTINIQUE. QUATRIÈME ESPÈCE. Muscicapa petechla. GxMEL. Ce moucherolle , n° 568, fig. 2 , n'est pas à longue queue comme les précédents. Par sa grandeur et sa figure, on pourroit le regarder comme le plus gros des gobe-mouches : il diffère des tyrans par la forme du bec, qui n'est pas assez crochu, et qui d'ailleurs est moins fort que le bec du plus petit des tyrans : îl 456 LE MOUCHEROLLE BRLN DE LA MARTINIQUE. a néanmoins huit lignes de longueur; et l'oiseau entier, six pouces et demi. Un brun foncé de teinte assez égale lui couvre tout le dessus du corps, la tête, les ailes, et la queue; le dessous du corps est ondulé transversalement de blanc, de gris, et de teintes claires et foibles d'un brun roux; quelques plu- mes plus décidément rougeâtres servent de couvertu- res inférieures à la queue ; elle est carrée , et le bord des pennes extérieures est frangé de lignes blanches. LE MOUCHEROLLE A QUEUE FOURCHUE DU MEXIQUE. CINQUIÈME ESPÈCE. Miiscicapa forficata. Gmel. Ce moucherolle , n** 677 , est plus gros que l'a-- louette; sa longueur totale est de dix pouces, dans laquelle la queue est pour cinq ; ses yeux sont rouges; le bec, long de huit lignes, est droit, aplati, et assez foible. Ses couleurs sont un gris très clair qui couvre la tête et le dos , sur lequel devroit être jetée, dans la figure enluminée, une légère teinte rougeâtre; le rouge du dessous de l'aile perce en- core sur le flanc dans le blanc qui couvre tout le dessous du corps; les petites couvertures, sur un fond cendré , sont bordées de lignes blanches en écailles; le même frangé boréle les grandes couver- tures , qui sont noirâtres ; les grandes pennes de LE MOUCHEROLLE A QUEUE FOURCHUE. /|57 l'aile sont tout-à-fait noires et entourées de gris rous- sâtre; les plumes les plus extérieures dans la queue sont les plus longues , et se fourchent comme la queue de l'hirondelle ; les suivantes divergent moins et s'accourcissent jusqu'à celle du milieu, qui n'a que deux pouces, toutes sont d'un noir velouté et frangé de gris roussâtre ; les barbes extérieures des deux plus grandes plumes de chaque côté paroissent blanches dans presque toute leur longueur. Quel- ques individus ont la queue moins longue que ne l'avoit celui qui est représenté dans la planche , et qui avoit été envoyé du Mexique à M. de Boynes , alors secrétaire d'état au département de la marine. LE MOUCHEROLLE DES PHILIPPINES. SIXIEME ESPÈCE. ^ Muscicapa P/iUippensis. Gmel. Ce moucheroUe est de la grandeur du rossignol; son plumage est gris brun sur toute la partie supé- rieure du corps; les ailes et la queue sont blanchâ- tres sur toute la partie inférieure depuis le dessous du bec; une ligne blanche passe sur les yeux; des poils longs et divergents paroissent aux angles du bec. C'est là le peu de traits obscurs et monotones dont on puisse peindre cet oiseau, qui est au Cabinet, et sur lequel du reste nous n'avons d'autre indication que celle de sa terre natale. 458 LE MOUCHEROLLE DE VfftGINIE A HUPPE VERTE. LE MOUCHEROLLE DE VIRGINIE A HUPPE VERTE. SEPTIÈME ESPÈCE. Muscicapa crinita. Gmel. L'on a donne, d'après M. Brisson, le nom de gobe- mouche à cet oiseau dans les planches enluminées, n''579, fig. 1. Catesby l'a indiqué sous la dénomina- tion de preneur de mouches j, et il en a donné la figure, ' planche 52 ; mais sa longue queue et son long bec in- diquent assez qu'il doit être placé parmi les niouche- rolles, et non pas avec les gobe-mouches. Il est d'ail- leurs un peu plus grand que ces derniers, ayant huit pouces de longueur, dont la queue fait près de moitié ; son bec aplati, garni de soies, et à peine crochu à sa pointe, est long de douze lignes et demie; la tête garnie de petites plumes couchées en demi-huppe; le haut du cou et tout le dos sont d'un vert sombre ; la poitrine et le devant du cou sont d'un gris plombé ; le ventre est d'un beau jaune; l'aile est brune, ainsi que la plupart de ses grandes pennes, qui sont bor- dées de rouge bai; celles de la queue de même. Cet oiseau n'a pas encore la forme des tyrans , mais il paroît déjà participer de leur naturel triste et méchant. Il semble, dit Catesby, par les cris désagréables de ce preneur de mouches, qu'il soit toujours en co~ LE MOUCIIEROLLE DE VIRGINIE A HUPPE VERTE. 4^9 îère : il ne se plaît avec aucun autre oiseau. Il fait ses petits à la Caroline et à la Virginie, et se retire en hiver dans des pays encore plus chauds^ LE SCIIET DE MADAGASCAR. HUITIÈME ESPÈCE. Muscicapa mutata. Gmel. On nomme sclietj, if 248, fig. 1 et 2, à Madagascar, un beau moucherolle à longue queue ; et on y donne à deux autres les noms de scliet-all et de scliet-vouiou- loiij qui signifient apparemment sc/iet roux et sc/iet varié j et qui ne désignent que deux variétés d'une même espèce. M. Brisson en compte trois : mais quel- ques diversités de couleurs ne peuvent former des espèces différentes, quand la forme, la taille, et tout le reste des proportions sont les mêmes. • Lesschets ont la figure allongée de la lavandière; ils sont un peu plus grands, ayant six pouces et demi de longueur jusqu'à l'extrémité de la vraie queue , sans parler des deux plumes qui l'agrandirolent extrê- mement si on les faisoit entrer dans la mesure, le scliet que nous avons sous les yeux ayant onze pouces, à le prendre de l'extrémité du bec à celle de ces deux pennes : le bec de ces oiseaux a sept lignes; il est triangulaire, très aplati, très large à sabase, garni de soies aux angles, et tant soit peu crochu à la pointe. Une belle huppe d'un vert noir avec l'éclat de l'acier poli, couchée et troussée en arrière, couvre la tetc 46o LE SCHET DE MADAGASCAR. de ces trois schets ; ils ont l'iris de l'œil jaune et la paupière bleue. Dans le premier, le même noir de la huppe enve- loppe le cou, couvre le dos, les grandes pennes de l'aile et de la queue , dont les deux longues plumes ont sept pouces de longueur, et sont blanches, ainsi que les petites pennes de l'aile et tout le dessous du corps. Dans le schet-all:, n° 248, fig. 1, ce vert noir de la . huppe ne se trouve que sur les grandes pennes de l'aile, dont les couvertures sont marquées de larges lignes blanches; tout le reste du plumage est d'un rouge bai, vif et doré, qu'Edwards définit belle cou- leur cannelle éclatante ^ qui s'étend également sur la - queue et sur les deux longs brins : ces brins sont semblables à ceux qui prolongent la queue du rollier d'Angola ou de celui d'Abyssinie , avec la différence que dans le rollier ces deux plumer sont les plus exté-/ Heures, au lieu que dans le moucherolle de Madagascar ce sont les deux intérieures qui sont les plus longues. Le troisième schet, ou le schet vouloulou, ne dif- fère presque du précédent que par les deux longues plumes de la queue, qui sont blanches, le reste de son plumage étant rouge bai, comme celui du schet- all. Dans le schet-all du Cabinet du Roi, ces deux pennes ont six pouces; dans un autre individu que nous avons également mesuré, elles en avoient huit, avec les barbes extérieures, bordées de noir aux trois quarts de leur longueur, et le reste blanc; dans un troisième, ces deux longues plumes manquoient, soit qu'un accident en eût privé cet individu, soit qu'il n'eût pas encore atteint l'âge où la nature les donne à son espèce , ou qu'il eut été pris dans le temps LE SCHET DE MADAGASCAR. f^6l de la mue, qu'Edwards croit être de six mois de du- rée pour ces oiseaux. Au reste , on les trouve à Ceylan et au cap de Bonne- Espérance , comme à Madagascar. Knox les décrit assez bien. Edwards donne le troisième schet sous le nom d' oiseau de paradis pie j, quoique ailleurs il relève une pareille erreur de Seba. En effet, ces oiseaux diffèrent des oiseaux de paradis par autant de carac- tères qu'ils en ont qui les unissent au genre des mou- cherolles ^. LES TYRANS. Le nom de tyran ^ donné à des oiseaux, doit pa- roître plus que bizarre. Suivant Belon, les anciens appelèrent le petit souci huppé, tyrannuSj, roitelet : ici cette dénomination a été donnée non seulement à la tète huppée ou couronnée, mais encore au na- turel, qui commence à devenir sanguinaire; triste marque de la misère de l'homme , qui a toujours joint l'idée de la cruauté à l'emblème du pouvoir. Nous eussions donc changé ce nom affligeant et absurde, s'il ne s'étoit trouvé trop établi chez les naturalistes; et ce n'est pas la première fois que nous avons laissé, 1. La pie huppée à longue queue {the cr-ested long tailed pie, des Glanures) n'est encore que le second schet, où le roux est représenté rougeâire; mais la taille et la tête sont exactement l^s mêmes, et l'oi.- seau est parfaitement reconnoissable. Ray a décrit celui-ci {Synops. page 196), et un autre (page ig^, tab. 3, n" i3); mais la figure est mauvaise, et la description incomplète* 462 LES TYRANS. malgré nous, le tableau de la nature défiguré par ces dénominations trop disparates, mais trop générale- ment adoptées. Nous laisserons donc le nom de tyran kdes oiseaux du nouveau continent, qui ont, avec les gobe-mou- ches et les moucherolles, le rapport de la môme ma- nière de vivre, mais qui en différent comme étant plus gros, plus forts, et plus méchants : ils ont le bec plus grand et plus robuste; aussi leur naturel, plus dur et plus sauvage, les rend audacieux, que- relleurs, et les rapproche des pies-grièches, aux- quelles ils ressemblent encore par la grandeur du corps et la forme du bec. LES TITIRIS, ou PIPIRIS. PREMIÈRE ET SECONDE ESPÈCE. Lanim Tyrannm j, var. A. Lath. La première espèce des tyrans est le titiri, ou pi- piri, n° 55^ : il a la taille et la force de la pie-grièche grise; huit pouces de longueur, treize pouces de vol; le bec aplati, mais épais, long de treize lignes, hé- rissé de moustaches, et droit jusqu'à la pointe, où se forme un crochet plus fort que ne l'exprime la fi- gure ; la langue est aiguë et cartilagineuse. Les plu- mes du sommet de la tête, jaunes à la racine, sont terminées par une moucheture noirâtre qui en cou- vre le reste lorsqu'elles sont couchées : mais quand dans la colère l'oiseau les relève, sa tète paroîï alors LES. TITiniS, OU PIPIRIS. 4^^ comQie couronnée d'une large hnppe du plus beau jaune. Un gris brun clair couvre le dos, el vient se fondre aux deux côtés du cou avec le gris blanc ar- doisé du devant et du dessous du corps; les pennes brunes de l'aile et de la queue sont bordées d'un filet roussâtre. La femeile de cette espèce a aussi sur la tête la lâ- che jaune, mais moins étendue; et toutes ses couleurs sont plus foibles ou plus ternes que celles du mâle. Une femelle mesurée à Saint-Domingue par le cheva- lier Deshayes avoit un pouce de plus en long'îeur que le mâle , et les autres dimensions plus fortes à propor- tion ; d'où il paroîtroit que les individus plus petits qu'on dit remarquer généralement dans cette espèce, sont les mâles. A Cayenne, ce tyran s'appelle titirij, d'après son cri qu'il prononce d'une voix aiguë et criarde. On voit ordinairement le mâle et la femelle ensemble dans les abattis des forêts; ils se perchent sur les ar- bres élevés, et sont en grand nombre à la Guiane : ils nichent dans des creux d'aVbre, ou sur la bifurca- tion de quelque branche, sous le rameau le plus feuillu. Lorsqu'on cherche à enlever leurs petits, ils les dé- fendent, ils combattent, et leur audace naturelle de- vient une fureur intrépide ; ils se précipitent sur le ravisseur, ils le poursuivent; et lorsque, malgré tous leurs efforts, ils n'ont pu sauver leurs chers petits, ils viennent les chercher et les nourrir dans la cage où ils sont renfermés. (.et oiseau, quoique assez petit, ne paroit redou- ter aucune espèce d'animal. « Au lieu de fuir comme 464 LES TITIRIS, OU PIPIRIS. les autres oiseaux, dit M. Deshayes, ou de se cacher h Vâspecl des ma l finis ^ des émouchets, et des autres tyrans de l'air, il les attaque avec intrépidité, les provoque, les harcèle avec tant d'ardeur et d'obsti- nation, qu'il parvient à les écarter. On ne voit aucun animal approcher impunément de l'arbre où il a posé son nid. 11 poursuit à grands coups de bec, et avec un acharnement incroyable, jusqu'à une certaine dis- tance, tous ceux qu'il regarde comme ennemis, les chiens surtout et les oiseaux de proie. » L'homme même ne lui en impose pas; comme si ce maître des animaux étoit encorepeu connu d'eux dans ces régions où il n'y a pas long- temps qu'il règae. Le bec de cet oi- seau, en se refermant avec force dans ces instants de colère, fait entendre un craquement prompt et réitéré. A Saint-Domingue on lui a donné le nom deplplrij, qui exprime , aussi bien que titiri^ le cri ou le piau- lement qui lui est le plus familier. On en distingue deux variétés ou deux espèces très voisines : la pre- mière est celle du grand pipiri dont nous venons de parler, et qu'on appelle dans le pays, pipiri à tête noire ou pipiri gros bec ;V^utve^ nommée pipiri à tête jaune ou pipiri de passage^ est plus petite et moins forte : le dessus du corps de celui-ci est gris frangé de blanc partout, au lieu qu'il est brun frangé de roux dans le grand pipiri. Le naturel des petits pipiris est aussi beaucoup plus doux ; ils sont moins sauvages que le grand pipiri , qui toujours se tient seul dans les lieux écartés, et qu'on ne rencontre que par paires; au lieu que les petits pipiris paroissent sou- vent en bandes, et s'approclient des habitations : on LES TlïlliJS, (3L PIPIRIS. /^65 les voit réunis en assez grandes troupes pendant ie mois d'août, et ils fréquentent alors les cantons qui produisent certaines baies dont les scarabées et les insectes se nourrissent de préférence. Ces oiseaux sont très gras dans ce temps, et c'est celui où com- munément on leur donne la chasse. Quoiqu'on les ait appelés pipiris de passage ^ il n'y a pas d'apparence, dit M. Deshayes, qu'ils quittent l'île de Saint-Domingue , qui est assez vaste pour qu'ils puissent y voyager. A la vérité , on les voit dis- paroître dans certaines saisons des cantons où il se plaisent le plus : ils suivent de proche en proche la maturité des espèces de fruits qui attirent les insectes. Toutes les autres habitudes naturelles sont les mêmes que celles des grands pipiris. Les deux espèces sont très nombreuses à Saint-Domingue, et il est peu d'oi- seaux qu'on y voie en aussi grand nombre. Ils se nourrissent de chenilles, de scarabées , de papillons, de guêpes. On les voit perchés sur la plus haute pointe des arbres, et surtout sur les palmistes: c'est de là qu'ils s'élancent sur leur proie, qu'une vue perçante leur fait discerner dans le vague de l'air; l'oiseau ne l'a pas plus tôt saisie qu'il retourne sur son rameau. C'est depuis sept heures du matin jusqu'à dix , et depuis quatre jusqu'à six du soir, qu'il paroît le plus occupé de sa chasse ; on le voit avec plaisir s'élancer, bondir, voleter dans l'air pour saisir sa proie fugitive ; et son poste isolé , aussi bien que le besoin de découvrir à l'entour de lui, l'exposent en tout temps à l'œil du chasseur. Aucun oiseau n'est plus matinal que le pîpiri , et flbb LES TITIRIS, OU Ï'IPIUIS. J'on est assuré , quand on entend sa voix, que le jour commence à poindre : c'est de la cime des plus hauts arbres, que ces oiseaux habitent , et où il^ se sont re- tirés pour passer la nuit, qu'ils la font entendre. Il n'y a pas de saison bien marquée pour leurs amours. On lés voit nicher, dit M. Deshayes , pendant les cha- leurs en automne, et même pendant les fraîcheurs de l'hiver à Sainl-Domingue, quoique le printemps soit la saison où ils font plus généralement leur cou- vée : elle est de deux ou trois œufs, quelquefois quatre, de couleur blanchâtre tachetée de brun. Ear- rère fait de cet oiseau un guêpier , et lui donne le nom de petit rie. LE TYRAN DE LA CAROLINE. TROISIÈME ESPÈCE. Muscicapa Ludoviciana. Gmel. Au caractère et à l'instinct que Catesby donne à cet oiseau de la Caroline nous n'hésiterions pas d'en faire une même espèce avec celle du pipiri de Saint-Do- mingue; même hardiesse, même courage , et mêmes habitudes ♦naturelles : mais la couronne rouge que celui-ci porte au sommet de la tête l'en distingue , aussi bien que la manière de placer son nid, qu'il fait tout à découvert sur des arbrisseaux ou des buissons, et ordinairement sur les sassafras; au con- traire , le pipiri cache son nid ou même l'enfouit dans LE TYRAN DE LA CAROLINE. /[Gj des trous d'arbre. Du reste, le tyran de la Caroline, n"* 676, est à peu près de la même grosseur que le grand pipiri; son bec paroît moins crochu. Catesby dit seulement qu'il est large et plat , et qu'il va en diminuant. La tncbe rouge du dessus de la tête est fort brillante, et entourée de plumes noires qui la cachent lorsqu'elles se resserrent. Cet oiseau paroît à la Virginie et à la Caroline vers le mois d'avril; il y fait ses petits, et se retire au commencement de l'hiver. Un oiseau envoyé au Cabinet du Roi , sous le nom de tyran de la Louisiane ^ paroît être exactement le même que le tyran de la Caroline de Catesby : il est plus grand que le tyran de Cayenne, cinquième es- pèce, et presque égal au grand pipiri de Saint-Do- mingue. Le cendré presque noir domine sur tout le dessus du corps , depuis le sommet de la tête jusqu'au bout de la queue, qui est terminée par une petite bande blanche en festons : de légères ondes blan- châtres s'entremêlent dans les petites pennes de l'aile; et à travers les plus noirâtres du sommet de la tête , percent et brillent quelques petits pinceaux d'un orangé foncé presque rouge; la gorge est d'un blanc assez clair , qui se ternit et se mêle de noir sur la poi- trine, pour s'éclaircir de nouveau sur l'estomac et jusque sous la queue. 468 LE BENTAVEO, OU Ll- CUIRIRI. 3«<'*«**&«««*»^«*&««««.&ô««*«*«*i*«*«*Oi*8Sj«.S:*®,*^ LE BENTAVEO, ou LE CUIRIRL QUATRIÈME ESPÈCE. Lanius p itang ua.L. Ce tyran, n° 212 , appelé bentaveo à Buénos-Ayres, d'où la rapporté M. Commerson, et pitangua-guacu par les Brasiliens, a été décrit par Marcgrave : il lui donne la taille de l'étourneau (nous observerons qu'elle est plus ramassée et plus épaisse ) ; un bec gros, large, pyramidal, tranchant par les bords, long de plus d'un pouce ; une tête épaisse et élargie; le cou accourci ; la tête, le haut du cou, tout le dos, les ailes, et la queue, d'un brun noirâtre, légèrement mêlé d'une teinte de vert obscur ; la gorge blanche , ainsi que la bandelette sur l'œil, la poitrine et le ventre jaunes, et les petites pennes de l'aile frangées de roussâtre. Marcgrave ajoute qu'entre ces oiseaux, les uns ont une tache orangée au sommet de la tête , les autres une jaune. Les Brasiliens nomment ceux-ci cuiriri j du reste tout semblables au pitangua-guacu. Seba applique mal à propos ce nom de culrlrl à une espèce toute différente. Ainsi le bentaveo de Buenos- Ayres, le pitangua, et le cuiriri du Brésil, ne font qu'un même oiseau, dont les mœurs et les habitudes naturelles sont sem- blables à celles du grand pipiri de Saint-Domingue , ou titiri de Gayenne ; mais les couleurs, la taille épaisse, le gros et large bec du bentaveo, sont des LE r.ENTAVEO, OU LE CUIRÏRT, /\6() caractères assez apparents pour qu'on puisse le dis- tinguer aisément du pipiri. B*««*»3«.§<e««#»»©eû*9*es&<3S>«*GI LE TYRAN DE CAYENNE. CINQUIÈME ESPÈCE* Muscicapa ferox. Gmel. Le tyran de Cayenne est un peu plus grand que îa pie-grièche d'Europe nommée l'ccorckem'. L'individu que nous avons au Cabinet a tout le dessus du corps d'un gris cendré , se nuançant jusqu'au noir sur l'aile^ dont quelques pennes ont un léger bord blanc ; la queue est de la même teinte noirâtre ; elle est un peu étalée et longue de trois pouces; l'oiseau entier a sept pouces, et le bec dix lignes; un gris plus clair cou- vre la gorge , et se teint de verdâtre sur la poitrine ; le ventre est' jaune paille ou soufre clair; les petites plumes du haut et du devant de la tête, relevées à demi, laissent apercevoir entre elles quelques pin- ceaux jaune citron et jaune aurore; le bec, aplati et garni de ses soies , se courbe en crochet à la pointe. La femelle est d'un brun moins foncé. Le petit tyran de Cayenne, représenté n° Dyi, fig. 1 des planches enluminées, est un peu plus petit que le précédent, et n'en est qu'une variété. Celui que décrit M. Brisson, page l\oo, n'est aussi qu'une variété de celui de la page 298 de son ouvrage. BUFFON. XXIJt. 00 470 lE CÂUDEC. LE GALDEC. SIXIÈME ESPÈCE. Muscîcapa audax. Gmel. C'est le gobe-mouche tacheté de Cayennej, des plan- ches enlnminëes, n'' 4^3, fig. 2 : mais le bec cro- chu , la force , la taille, et le naturel s'accordent pour exclure cet oiseau du nombre des gobe-mouches et en faire un tyran. A Cayenne, on le nomme caudec. Il a huit pouces de longueur; le bec, échancré par les bords vers sa pointe crochue , et hérissé desoies, a treize lignes. Le gris noir et le blanc mêlé de quel- ques lignes roussâtres sur les ailes, composent et va- rient son plumage : le blanc domine au dessous du corps, où il est griveté de taches noirâtres allon- gées; le noirâtre , à son tour, domine sur le-dos, où le blanc ne forme que quelques bordures; deux li- gnes blanches passent obliquement, l'une sur l'œil, l'autre dessous; de petites plumes noirâtres couvrent à demi la tache jaune du sommet de la tête ; les pen- nes de la queue, noires dans le milieu, sont large- ment bordées de roux ; l'ongle postérieur est le plus fort de tous. Le caudec vit le long des criques , se perchant sur les branches basses'des arbres, surtout des palétuviers, et chassant apparemment aux mou- ches aquatiques. 11 est moins commun que le litiri , dont ii a l'audace et la méchanceté. La femelle n'a LE CAD DE 6. 4? point de tache jaune sur la tête; et dans quelques mâles, cette tache est orangée; différence qui proba- blement tient à celle de l'âge. «>9;S«»»@««a«««>3 «K)« LE TYRAN DE LA LOUISIANE. SEPTIÈME ESPÈCE. Lanius Ludovic ianus. Gmel. Cet oiseau, envoyé de la Louisiane au Cabinet du Roi sous le nom de gobe-mouche^ doit être placé parmi les tyrans ; il est de la grandeur de la pie-grièche rousse nommée écorcheur. Il a le bec long , aplati , garni de soies et crochu ; le plumage gris brun sur la tête et le dos, ardoisé clair à la gorge, jaunâtre au ventre, et roux clair sur les grandes pennes ; quelques traits blanchâtres se marquent sur les grandes cou- vertures; les ailes ne recouvrent que le tiers de la queue, laquelle est de couleur cendrée brune , lavée du petit roux de l'aile. Nous ne connoissons rien de ses mœurs; mais ses traits semblent les indiquer suf- fisamment; et avec la force des pipiris, il en a vrai- semblablement les habitudes. 4;^ LE IvINRI-MANOU DE MADAGASCAR. »9«i&o««ft»a»SiSî9 OISEAUX QUI ONT RAPPORT AUX GENRES DES GOBE-MOUCHES, MOUGHEROLLES E;T TYRANS. LE KIINKI-MANOU DE MADAGASCAR. Muscicapa cana. Gmel. Cet oiseau, n° 54i . qui s'éloigne des gobe-mou- ches par la taille, étant presque aussi grand que la pie-grièche, leur ressemble néanmoins par plusieurs caractères, et doit être mis au nombre de ces espè- ces qui, quoique voisines d'un genre, ne peuvent y être comprises , et restent indécises, pour nous con- vaincre que nos divisions ne font point ligne de sé- paration dans la nature, et qu'elle a un ordre diffé- rent de celui de nos abstractions. Le kinki-nianou est gros et épais dans sa longueur, qui est de huit pouces et demi. Il a la tête noirâtre : cette couleur descend en chaperon arrondi sur le haut du cou et sous le bec ; le dessus du corps est cendré , et le dessous cen- dré bleu. Le bec, légèrement crochu à la pointe , n'a pas la force de celui de la pie-grièche, ni même de celui du petit tyran ; quelques soies courtes sortent de l'angle. Les pieds, de couleur plombée, sont gros LE KINKI-MANOU DE MADAGASCAR. L\^Ù et forts. Les habitants de Madagascar lui ont donné le nom de thiki-maiiou „ que nous avons adopté. IL LE PRENEUR DE MOUCHES ROUGE. Tanagra œstiva. Gmel. Il ne nous paroît pas que l'oiseau donné par Catesby sous le nom de preneur de mouches rouge ^ et dont M. Brisson a fait son gobe-mouche rouge de ta Caro- line j, puisse être compris dans le genre des gobe- mouclies , ni dans celui des moucherolles : car, quoiqu'il en ait la taille, la longue queue, et appa- remment la façon de vivre , il a le bec épais , gros , et jaunâtre ; caractère qui l'éloigné de ces genres , et le renvoie plutôt à celui des bruants. Néanmoins, comme la nature , qui se joue de nos méthodes, sem- ble avoir mêlé cet oiseau de deux genres différents , en lui donnant l'appétit et les formes de l'un avec ie bec d'un autre , nous le placerons à la suite des gobe-mouches, comme une de ces espèces anomales que des yeux libres de prévention de nomenclature aperçoivent aux confins de presque tous les genres. Yoici la description qu'en donne Catesby : « Il est environ de la grosseur d'un moineau; il a de grands yeux noirs; son bec est épais, grossier, et jaunâtre. Tout l'oiseau est d'un beau rouge , excepté les fran- ges intérieures des plumes de l'aile, qui sont brimes; / mais ces franges ne paroissent que quand les ailes 474 I^E PRENEUR DE 310LCHES ROUGE. sont étendues. C'est un oiseau de passage qui quitte la Caroline et la Virginie en hiver. La femelle est brune avec une nuance de jaune. » Edwards décrit le même oiseau , et lui reconnoît le bec des granivores , mais plus allongé. « Je pense, ajoute-t-il, que Ca- tesby a découvert que ces oiseaux se nourrissent de mouches , puisqu'il leur a donné le nom latin de Muscicapa rubra. » LE DRONGO. Lanius forficatus. L. Quoique les nomenclateurs aient placé cet oiseau, n° 189, à la suite des gobe-mouches, il paroît en dif- férer par de si grands caractères , aussi bien que des moucherolles, que nous avons cru devoir totalement l'en séparer et lui conserver le nom de drongo qu'il porte à Madagascar. Ces caractères sont, 1° la gros- seur, étant aussi grand que le merle, et plus épais; 2° la huppe sur l'origine du bec; 5" le bec moins aplati; 4° 1^ tarse et les doigts bien plus robustes. Tout son plumage est d'un noir changeant en vert : immédiatement sur la racine du demi-bec supérieur, s'élèvent droit de longues plumes très étroites, qui ont jusqu'à un pouce huit lignes de hauteur; elles se courbent en devant, et lui font une sorte de huppe fort singulière : les deux plumes extérieures de la LE DR ON GO. 47^ queue dépassent les deux du milieu d'un pouce sept lignes; les autres, étant de grandeur intermédiaire, se courbent en dehors, ce qui rend la queue très fourchue. M. Commerson assure que le drongo a u^ beau ramage, qu'il compare au chant du rossignol V ce qui marque une grande différence entre cet oi- seau et les tyrans, qui n'ont tous que des cris aigus, et qui d'ailleurs sont indigènes en Amérique. Ce drongo a premièrement été apporté de Madagascar ])ar M. Poivre; on l'a aussi apporté du cap de Bonne- Espérance et de la Chine. Nous avons remarqué que la huppe manque à quelques uns; et nous ne doutons pas que l'oiseau envoyé au Cabinet du Roi, sous le nom de gobe-mouche à queue fourchue de la Chine ^ ne soit un individu de cette espèce , et c'est peut-être la femelle, la ressemblance, au défaut de huppe près, étant entière entre cet oiseau de la Chine et le Drongo. On trouve aussi une espèce de drongo à la côte de Malabar, d'où il nous a été envoyé par M. Sonnerai. Il est un peu plus grand que celui de Madagascar ou de la Chine : il a, comme eux, le plumage entière- ment noir; mais il a le bec plus fort et plus épais : il manque fie huppe, et le caractère qui le distingue le plus consiste en deux longs brins qui partent de la pointe des deux pennes extérieures de la queue : ces brins sont presque nus, sur six pouces de longueur, et, vers leurs extrémités, ils sont garnis de barbes comme à leur origine. Nous ne savons rien des habi- tudes naturelles de cet oiseau du Malabar; mais la no- ' ticc solis laquelle il nous est d(^crit nous indique qu'il 47^ LE DRONGO. les a communes avec le drongo de Madagascar, puis- qu'il lui ressemble par tous les caractères extérieurs. LE PIAUHAU. Muscicapa mbricoUls. Gmel. Plus grand que tous les tyrans , le piauhau ne peut pas être un gobe-mouche; le caractère du bec est le seul qui paroisse le faire tenir à ce genre : mais il est si éloigné de toutes les espèces de gobe-mouches , moucherolles , et tyrans, qu'il faut lui laisser ici une place isolée , comme celle qu'il paroît occuper dans la nature. Le piauhau, n*" 58i , a onze pouces de longueur, et il est plus grand que la grande grive nommée draine. Tout son plumage est d'un noir profond, hors une belle tache d'un pourpre foncé qui couvre la gorge du mâle , et que n'a pas la femelle : l'aile phée s'étend jusqu'au bout de la queue; le bec, long de seize lignes, large de huit à la base, très aplati, forme un triangle presque isocèle, avec un petit crochet à la pointe. Les piauhaux marchent en bandes, et précèdent ordinai-rement les toucans, toujours en criant aigre- ment pUiauiiaiL. On dit qu'ils se nourrissent de fruits comme les toucans; mais apparemment ils mangent aussi des insectes volants, à la capture desquels la LE riAUHAU. 477 nature paroît avoir destiné le bec de ces oiseaux. Ils sont très vifs et presque toujours en mouvement. Ils n'habitent que les bois, comme les toucans, et on ne manque guère de les voir dans les lieux oii l'on ren- contre le piauhau. M. Brisson demande si le jacapu de M^rcgrave n'est point le même que son grand gobe-mouche noir de Cayenne , ou que notre piauhau. On peut lui répondre que non. Le jacapu de Marcgrave est , à la vérité, un oiseau noir, et qui a une tache pourpre ou plutôt rouge sous la gorge; mais en même temps il a la queue allongée ^ l'aile accourciej avec la taille de l'a- louette. Ce n'est point là le piauhau. Ainsi le kinki-manou et le drongo de Madagascar, le preneur de mouches rouge de Virginie, et le piau- hau de Cayenne, sont des espèces voisines, et néan- moins essentiellement différentes de toutes celles des gobe-mouches, moucherolles , et tyrans, mais que nous ne pouvions mieux placer qu'à leur suite. flN DU VINGT-DEUXIEME VOLUME, TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE VINGT-DEUXIÈME VOLUME. SUITE DES OISEAUX. Le Moineau Page 7 OisEÂtx ÉTRANGERS qui out rapport au Moineau i5 Le Moineau du Sénégal ibid. Le Moineau à bec rouge du Sénégal. 16 Le Père noir ibid. Le Dattier, ou Moineau de datte 18 Le Friquet 2tt OisEADX ÉTRANGERS qui ont rapport au Friquet 23 Le Passereau sauvage ibid. Le Passe-Vert r 24 Le Passe-Bleu ibid. Les Foudis 26 Le Friquet huppé 26 Le Beau Marquet ibid. La Soulcie 27 Oiseaux étrangers qui ont rapport à la Soulcie 29^ Le Soulciet ibid. Le Paroaie ibid. Le Croissant 3a 48o TABLE. Le Serin des Canaries Page 3 Oiseaux étrangers qui ont rapport aux Serins 70 Le Serin de Mozambique ibid. Le Worabée 74 L'Outremer 76 Lllabescli de Syrie 76 La Linotte 77 Variétés de la Linotte - • • 87 La Linotte blanche.. ibid. La Linotte aux pieds noirs 88 Le Gyntel de Strasbourg - . ibid. La Linotte de montagne 89 Le Cabaret 90 Oiseaux étrangers qui ont rapport à la Linotte. ...... 98 La Vengoline ibid. La Linotte gris de fer 94 La Linotte à tête jaune 96 La Linotte brune 96 Le Ministre 97 Les Bengalis et les Sénégalis, etc 99 Le Bengali 102 Le Bengali brun io5 Le Bengali piqueté ibid. Le Sénégali 107 Variété du Sénégali 108 Le Danbik de M. le chevalier Bruce ibid. Le Sénégali rayé 109 Le Serevan. 110 Le petit Moineau du Sénégal m Le Maïa .^ 112 Le Maïan ii3 Le Pinson ii4 Variétés du Pinson i23 Le Pinson à ailes et queue noires ibid. Le Pinson brun 124 Le Pinson brun huppé ibid. TABLE. 4^1 Le Pinson blanc Page 124 Le Pinson à collier 126 Le Pinson d'Ardenne ibid. Le grand Montain i55 Le Pinson de neige , ou la Niverolle io4 Le Brunor i35 Le Brunet ibid. Le Bonana i36 Le Pinson à lête noire et blanche, . . j iSy Le Pinson noir aux yeux rouges i58 Le Pinson noir et jaune ibid. Le Pinson à long bec 109 L'Olivette .^ . i4o Le Pinson jaune et rouge ï4i La Touite. , ibid. Le Pinson frisé 142 Le Pinson à double collier i45 Le Noir-Souci i44 Les Veuves 1 45 La Veuve à collier d'or i48 La Veuve à quatre brins i5o La Veuve dominicaine .^ i5i La Grande Veuve i55 La Veuve à épaulettes i54 La Veuve mouchetée ibid. La Veuve en feu. i55 La Veuve éteinte i56 Le Grenadin ibid. Le Verdier i58 Le Pape 161 Variété du Pape i65 Le Toupet bleu ibid. Le Parement bleu 164 Le Verl-Brunet i6.'> Le Verdinère 166 Le Verderin. 167 Le Verdier sans vert ibid. Le Chardonneret i68 Variétés du Chardonneret i8o Le Chardonneret à poitrine jaune i8i 482 TABLE. Le Chardonneret à sourcils et front blancs Page 1 8 1 Le Chardonneret à tête rayée de rouge et de jaune. . . ibid. Le Chardonneret à capuchon noir 182 Le Chardonneret blanehâtre ibid. Le Chardonneret blanc ibid. Le Chardonneret noir i83 Le Chardonneret à tête orangée i85 Le Chardonneret métis ibid. Le Chardonneret à quatre raies 187 Oiseaux étrangers qui ont rapport au Chardonneret. ... 188 Le Chardonneret vert, ou le Maracaxao. . . ibid. Le Chardonneret jaune 189 Le Sizerin igi Le Tarin ic)4 Variétés dans l'espèce du Tarin 201 Le Tarin de la Nouvelle-York 202 L'Olivarez 2o3 Le Tarin noir ^ 204 Oiseaux étrangers qui ont rapport au Tarin ibid. Le Catotol ibid. L'Acaléchili 2o5 Les Tangaras ibid. Le Grand Tangara , première espèce 207 La Houpetle, seconde espèce 208 Le Tangavio , troisième espèce 209 Le Scarlatte, quatrième espèce 210 Le Tangara du Canada, cinquième espèce 2i4 Le Tangara du Mississipi, sixième espèce 216 Le Camail, ou la Cravate, septième espèce 217 Le Mordoré, huitième espèce 218 L'Onglet, neuvième espèce 210 Le Tangara noir et le Tangara roux, dixième espèce. . . . 220 Le Turquin, onzième espèce 221 Le Bec-d'Argent, douzième espèce ibid. L'Esclave, treizième espèce 224 Le Bluet, (juatorzième espèce. . . . , 22(> TABLE. 4^5 Le Rouge-Cap , quinzième espèce. Page -227 LeJTaugara vert du Brésil, seizième espèce 228 L'Olivct, dix-septième espèce 229 Le Taugara Diable-Enrhumé, première espèce moyenne. . ibid. Le Verderoux , seconde espèce moyenne 261 Le Passe- Vert, troisième espèce moyenne 262 Le Passe-Vert à tête bleue, variété 204 Le Tricolor, quatrième espèce moyenne ibid. Le Gris-Olive, cinquième espèce moyenne 235 Le Septicolor, sixième espèce moyenne s 36 Le Tangara bleu, septième espèce moyenne 238 Le Tangara à gorge noire, huitième espèce moyenne. ... , 209 Le Coiffe-Noire, neuvième espèce moyenne 240 Les petits Tangaras 241 Le Rouverdin, première petite espèce ibid. LeSyacou, seconde petite espèce 2 4'^ L'Organiste , troisième petite espèce 245 Le Jacarini, quatrième petite espèce 24^ Le Teité , cinquième petite espèce. - 247 Le Tangara nègre, sixième petite espèce 249 L'Oiseau silencieux 2 55 L'Ortolan . 254 Variétés de l'Ortolan 1 259 L'Ortolan jc>une ibid. L'Ortolan blanc 260 L'Ortolan noirâtre ibid. L'Ortolan à queue blanche. ibid. L'Orlolan de roseaux 261 La Coqueluche 264 Le Gavoué de Provence 265 Le Mitilène de Provence 266 L'Orlolan de Lorraine 267 L'Ortolan de la Louisiane » 268 L'Orlolan à ventre jaune du cap de Bonne-Espérance ... 269 L'Ortolan du cap de Bonne-Espérance 271 L'Ortolan de neige 272 Variétés de l'Ortolan de neige 275 L'Ortolan jacobin 276 L'Orlolan de noig^? à collier ibid. 4^4 TABLE. F^'Agrîpenne , ou l'Ortolan de Riz page 277 Variété de l'Agripenne , ou Ortolan de Riz 278 Le Bruant de France 2^q Variétés du Bruant 285 Le Zizi , ou Bruant de haie jbij ^ Le Bruant fou. , 286 Le Proyer 288 Oiseaux étrangers qui ont rapport aux Bruants 2q'2 Le Guirnegat ibid. La Thérèse jaune 295 La Flavéole 294 L'Olive ibid. L'Amazone 2q5 L'Enibérise à cinq couleurs ..,....., ibid. Le Mordoré , 296 Le Gonarabouch ibid. Le Bruant familier 297 Le Cul-Rousset 298' L'Azurou ibid. Le Bonjour-Commandeur 299 Le Galfat , 3oo Le Bouvreuil 3oi Variétés du Bouvreuil 609 Le Bouvreuil blanc 010 Le Bouvreuil noir 3ij Le Bouvreuil noir d'Afrique 5i2 Oiseaux ÉTRAis'GERs qui ont rapport au Bouvreuil. ...... 3iG Le Bouveret.. ibido Le Bouvreuil à bec blanc 3i4 Le Bouveron, ibid. Le Bec-Rond à ventre roux 3i6 Le Bouvreuil bleu d'Amérique 317 Le Bouvreuil , ou Bec-Rond noir et blanc 319 Le Bec-Rond violet de la Caroline. ibid. Le Bec-Rond violet à gorge et sourcils rouges 32 o La Huppe noire 02 i TABLE. 4^^ L'Hambouvreux Pag^e 021 Le Coliou 322 Les Manakins.. . • 329 Le Tijé, ou grand Manakin, première espèce 532 Le Gasse-Noiselte, seconde espèce 355 Le Manakin rouge , troisième espèce 335 Le Manakin orangé, quatrième espèce 336 Le Manakin à tête d'or, le Manakin à tête rouge , et le Ma- nakin à tête blanche , cinquième espèce 337 Le Manakin à gorge blanche 33() Le Manakin varié , sixième espèce ibid. Espèces voisines du Manakin 344 Le Plumet blanc ibid. L'Oiseau cendré de la Guiane 545 Le Manikor 346 Le Coq de roche 547 Le Coq de roche du Pérou 35o Les Cotingas 552 Le Cordon bleu 354 Le Quereiva 556 La Tersine 557 Le Gotinga à plumes soyeuses 558 Le Pacapac , ou Pompadour 559 Variétés du Pacapac 5Go Le Pacapac gris pourpre ibid. L'Ouette, ou Cotinga rouge de Gayennc 562 Le Guira Panga , ou Gotinga blanc 565 L'Averano 565 Le Guirarou 567 Variété du Guirarou 568 Les Fourmiliers 569 Le Roi des Fourmiliers , première espèce 574 L'Azurin, seconde espèce 376 Le grand Béfroi , troisième espèce • . . 3^7 Le petit Béfroi , variété 378 Le Palikour, ou Fourmilier proprement dit, quatrième es- pèce 079 BUFFOIS. XX II. 3l 486 TABLE. Le Golma Page 58o Le Tétéma 38 1 Le Fourmilier huppé , cinquième espèce 382 Le Fourmilier à oreilles blanches, sixième espèce 383 Le Carillonneur, septième espèce 384 Le Bambla, huitième espèce 585 L'Arada 386 Les Fourmiliers rossignols 389 Le Coraya, première espèce 590 L'Alapi. seconde espèce ibid. L'Agami 39 Les Tinamous l[Où Le Mangoua, première espèce 4t>8 Le Tinamou cendré , seconde espèce 4io Le Tinamou varié , troisième espèce ibid. Le Souï , quatrième espèce 4i2 Le Tocro , ou Perdrix de la Guiane 4i3 Les Gobe-Mouches, Moucherolles, et Tyrans 4i4 Le Gobe-Mouche , première espèce 4^6 Le Gobe-Mouche noir à collier, ou Gobe-Mouche de Lor- raine, seconde espèce 4i8 Le Gobe-Mouche de l'Ile-de-France , troisième espèce. . . 4^4 Le Gobe-Mouche à bandeau blanc du Sénégal, quatrième espèce 425 Le Gobe-Mouche huppé du Sénégal, cinquième espèce. . . 427 Le Gobe-Mouche à gorge brune du Sénégal, sixième espèce. 429 Le petit Azur, Gobe-Mouche bleu des Philippines, septième espèce c 43o Le Barbichon de Gayenne, huitième espèce 4^1 Le Gobe-Mouche brun de Gayenne, neuvième espèce. . . . 4^2 Le Gobe -Mouche roux à poitrine orangée de Gayenne, dixième espèce 4^5 Le Gobe-Mouche citrin de la Louisiane, onzième espèce. . 4^4 TABLE. 487 Le Gohe-Mouche olive de la Caroline et de la Jamaïque , douzième espèce Page 4^^ Le Gobe Mouche huppé de la Martinique, treizième espèce. 4^6 Le Gobe-Mouche noirâtre de la Caroline , quatorzième es- pèce 4^7 Le Gillit, ou Gobe-Mouche Pie de Cayenne , quinzième espèce ibid. Le Gobe-Mouche brun de la Caroline, seizième espèce. . . 4-^8 Le Gobe-Mouche olive de Cayenne , dis-septième espèce. . 4^9 Le Gobe-Mouche tacheté de Cayenne , dix-huitième espèce. 44^ Le petit Noir- Aurore , Gobe-Mouche d'Amérique, dix-neu- vième espèce 44 i Le Rubin , ou Gobe-Mouche rouge huppé de la rivière des Amazones, vingtième espèce, 44'^ Le Gobe-Moucho roux de Cayenne , vingt-unième espèce. . 44^ Le Gobe-Mouche à venire jaune , vingt-deuxième espèce. . 444 Le Roi des Gobe-Mouches, vingt-troisième espèce 446 Le Gobe-Moucherons , vingt-quatrième et vingt-cinquième espèce 44? Les MoucheroUes 449 Le Savana , première espèce 4^0 Le Moucherolle huppé à tête couleur d'acier poli, seconde espèce 4^2 Le Moucherolle de Virginie, troisième espèce 4^4 Le Moucherolle brun de la Martinique , quatrième espèce. 4^5 Le Moucherolle à queue fourchue du Mexique , cinquième espèce 456 Le Moucherolle des Philippines, sixième espèce 457 Le Moucherolle de Virginie à huppe verte, septième espèce. 4^8 Le Schet de Madagascar, huitième espèce 4^9 Les Tyrans 46 1 Les Titiris ou Pipiris , première et seconde espèce 462 Le Tyran de la Caroline , troisième espèce 466 Le Bentavéo , ou le Cuiriri , quatrième espèce . 468 Le Tyran de Cayenne , cinquième espèce 469 Le Caudec , sixième espèce 47^ Le Tyran de la Louisiane , septième espèce 47 1 l[8S TABLE. Oiseaux étrangers qui ont rapport aux genres des Gobe- Mouches , Moucherolles , et Tyrans. . . i . . , . Page 472 Le Kinki-Manou de Madagascar ibid. Le Preneur de Mouches rouge 4yo Le Drongo 474 Le Piauhau 47^ riN DE LA TABLE. lAMi) MOijM v..-^^ b¥iS^