i^i\Jh \ ~ \^ \^ -^w OEUVRES n o AI p I, E T r; s DE BUFFON. TOME XXIII. OISEAUX, V. ,5. IMPHIMEBIK i) AB. WOKSSAAl) , WtJE DE FtHSTEMBEUG . Ti" ^ Dl». OEUYRES COMPLETES DE BUFFON AUGMENTEES PAR M. F. CUVIER, MEMBRE DE l'iNSTITUT, V ( Académie des Sciences) DE DEUX VOLUMES OFFRANT LA DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES ET DES OISEAUX LES PLUS REMARQUABLES DÉCOUVERTS JUSQU'a CE JOUR. 1 C c: O M P 1 G \ K E s P'UA BEAU FOUTRAIT DE BUFFON. ET DE 'i H O (.JiAVlU'ES E^ TAILLE-DOUCE. EXÉCUTÉES TOUR CETTE ÉDITION PAR LES MEILLEURS AUTISTES. A PARIS, CHEZ F. D. PILLOT, ÉDITEUR. RUE DE SEINE- SAINT -GERMAIN, N" 49 '■> SALMON, LIBRAIRE, RUE CHRISTINE, N" 5, PRES CELLE DAUPHINE, 85o. 3^3^' OISEAUX. V. r.rFroiv. xxiif. Tliyi Tome Q.'5. FanoTie t, s ciûp : ]_.'ALOTJETTE_ 2 LAFAKLOUSE OU L^ALOUETTE DES PRES _ 3 LE CUJELIER L'ALOUETTE. Alauda arvensis, J^. l^ET oiseau, n° 565, fig. i , qui est fort répandu au- jouid'hui, serabîe l'avoir été plus ancienueoient dans nos Gaules qu'en Italie, puisque son nom latin alauda j, selon les auteurs latins les plus instruits, est d'origine gauloise^. Les Grecs en connoissoient de deux espèces : l'une qui avoit une huppe sur la tête , et que , par cette rai- son , l'on avoit nommé corudbs^ corudalbs^ galerita , eassita; l'autre qui n'avoit point de huppe, et dont il s'agit dans cet article. Willughby est le seul auteur, que je sache, où l'on trouve que cette dernière relève quelquefois les plumes de la tête en forme de huppe , et je m'en suis assuré moi-même à l'égard du mâle, en sorte que les noms de galerita et de corudbs peu- vent aussi lui convenir. Les Allemands l'appellent 1. Le nom celtique est alaud, d'où nous avons formé alone , puis alouette. Apparemment que les soldats de la légion nommée alauda portoient sur leur casque un panache qui avoit quelque rapport avec celui de l'alouette huppée. Scliwenckfeld et Klein , qui apparemment navoient pas lu Pline, dériveut ce nom à' alauda, a laude , parce que selon le premier, on a remarqué quelle s'éievoit sept fois le jour vers le ciel , chantaul les louanges de Dieu. Il est bien reconnu que toutes les créatures attestent l'existence et sojit la gloire du Créateur; mais faire chanter les heures canoniales à de petits oiseaux', et fonder cette conjecture sur la ressemblance fortuite d'un mot latin avec un mot gaulois , il faut avouer que c'est une idée bien puérile. 5 LALOri-TTh. lerck^ qui se prononce en plusieurs provinces lerichj et paroît visiblement imité de son chant. M. Barring- ton la met au nombre des alouettes qui chantent le mieux, et l'on s'est fait une étude de l'élever en vo- lière pour jouir de son ramage en toute saison, et, par eile, du ramage de tout autre oiseau, qu'elle prend fort vite , pour peu qu'elle ait été à portée de l'entendre quelque temps, et cela même après que son chant propre est fixé; aussi M. Daines Barring- ton l'appelle-t-il oiseau moqueur imitateur ; mais elle imite avec cette pureté d'organe, cette flexibilité de gosier qui se prête à tous les accents et qui les em- bellit. Si Ton veut que son ramage, acquis ou natu- rel, soit vraiment pur, il faut que ses oreilles ne soient frappées que d'une seule espèce de chant, sur- tout dans le temps de la jeunesse , sans quoi ce ne seroit plus qu'un composé bizarre et mal assorti de tous les ramages qu elle auroit entendus. Lorsqu'elle est libre, elle commence à chanter dès les premiers jours du printemps, qui sont pour elle le temps de l'amour; elle continue pendant toute la belle saison : le matin et le soir sont les temps de 1;« journée où elle se fait le plus entendre, et le milieu du jour celui où on l'entend le moins ^. Elle est du pe- tit nombre des oiseaux qui chantent en volant : plus elle s'élève, plus elle force la voix; et souvent elle la force à un tel point qne, quoiqu'elle se soutienne au haut des airs et à perte de vue , on l'entend encore assez distinctement, soit que ce chant ne soit qu'un 1. Gela peut êlrc vrai dans les pays chauds, comme l'Italie et la Grèce; car dan> nos pays tempérés on ne remarque point que l'a- louclte se taise au milieu du jour. î/ALOlIKTiE. Ç) simple accent d'amour ou de gaieté , 8oit que ces petits oiseaux ne chantent ainsi en volant que par une sorte d'émulation et pour se rappeler entre eux. Un oiseau de proie qui compte sur sa force et mé- dite le carnage, doit aller seul, et garder dans sa marche un silence farouche, de peur que le moindre cri ne fût pour ses pareils un avertissement de venir partager sa proie, et pour les oiseaux foibles, un si- irnal de se tenir sur leurs srardes : c'est à ceux-ci à se rassembler, à sortir, à s'appuyer les uns les autres, et à se rendre ou du moins à se croire forts par leur réunion. Au reste , l'alouette chante rarement à terre, où néanmoins elle se tient toujours lorsqu'elle ne vole point ; car elle ne se perche jamais sur les arbres, et on doit la compter parmi les oiseaux pulvérateurs : aussi ceux qui la tiennent en cage ont-ils grand soin d'y mettre dans un coin une couche assez épaisse de sablon où elle puisse se poudrer à son aise, et trou- ver du soulagement contre la vermine qui la tour- mente; ils y ajoutent du gazon frais souvent renou- velé, et ils ont l'attention que la cage soit un peu spacieuse. On a dit que ces oiseaux avoient de l'antipathie pour certaines constellations, par exemple, pour Arcturus y et qu'ils se taisoient lorsque cette étoile commençoit à se lever en même temps que le soleil ; apparemment que c'est dans ce temps qu'ils entrent en mue, et sans doute ils y entreroient toujours quand Arcturm ne se lèveroit pas. Je ne m'arrêterai point à décrire un oiseau aussi connu : je remarquerai seulement que ses principaux attributs sonl d'avoir le doigt du milieu étroitement lO LALOLETTE. uni avec le doigt extérieur de chaque pied par sa pre- mière phalange; l'ongle du doigt postérieur fort long et presque droit; les ongles antérieurs très courts et peu recourbés; le bec point trop foible , quoiqu'eu alêne; la langue assez large, dure, et fourchue; les narines rondes et à demi découvertes; l'estomac charnu et assez ample, relativement au volume du corps; le foie partagé en deux lobes fort inégaux ; le lobe gauche paroissant avoir été gêné et arrêté dans son accroissement par le volume de l'estomac; envi- ron neuf pouces de tube intestinal; deux très petits cœcum communiquant à l'intestin ; une vésicule du liel; le fond des plumes grisâtre; douze pennes à Li queue et dix-hiiit aux ailes, dont les moyennes ont le bout coupé presque carrément et partagé dans son iuilieu par un angle rentrant , caractère commun à toutes les alouettes. J'ajouterai encore que les mâles sont un peu plus bruns que les femelles^; qu'ils ont un coUier noir, plus de blanc à la queue, et la con- tenance plus nère; qu'ils sont un peu plus gros, quoi- que cependant le plus pesant de tous ne pèse pas deux onces; enfin qu'ils ont, comme dans presque toutes les autres espèces, le privilège exclusif du chant. Olina semble supposer qu'ils ont l'ongle pos- térieur plus long 2; mais je soupçonne avec M. Klein que cela dépend autant de l'âge que du sexe. 1. Il m'a paru que les alouettes ou mauviettes de Beauce , qui se vendent à Paris, sont plus brunes que nos alouettes de Bourgogne. Quelques individus ont plus ou moins de roussàlre, plus ou moins de jienues de l'jiile bordées de cette couleur. 2. (îesner assure avoir vu un de ceri ongles long d'environ deux pouces; mais il ne di> pas si l'oiseau doit mâle ou iemelle. L ALOUETTE. 1 1 Lorsqu'aux premiers beaux jours du printemps le mâle est pressé de s'unir à sa femelle, il s'élève dans l'air en répétant sans cesse son cri d'amour, et em- brassant dans son vol un espace plus ou moins étendu, selon que le nombre des femelles est plus petit ou plus grand : lorsqu'il a découvert celle qu'il cherche , il se précipite et s'accouple avec elle. Cette femelle fécondée fait promptement son nid; elle le place en- tre deux mottes de terre; elle le garnit intérieure- ment d'herbes, de petites racines sèches^, et prend beaucoup plus de soin pour le cacher que pour le construire : aussi trouve-t-on très peu de nids d'a- louette, relativement à la quantité de ces oiseaux. Chaque femelle pond quatre ou cinq petits œufs qui ont des taches brunes sur un fond grisâtre : e!le ne les couve que pendant quinze jours au plus, et elle emploie encore moins de temps à conduire et à éle- ver ses petits. Cette promptitude a souvent trompé ceux qui vouloient enlever des couvées qu'ils avoient découvertes, et AIdrovande tout le premier. Elle dis- pose aussi à croire, d'après le témoignage du môme AIdrovande et d'Olina", qu'elles peuvent faire jusqu'à trois couvées dans un été, la première au commence- ment de mai, la seconde au mois de juillet, et la der- nière au mois d'août : mais si cela a lieu , c'est surtout dans les pays chauds, dans lesquels il faut moins de temps aux œufs pour éclore , aux petits pour arriver au terme où ils peuvent se passer des soins de la mère, et à la mère elle-même pour recommencer une nouvelle couvée. En effet, AIdrovande et Olina, qui i. Les chasseurs disent que le uid des alouettes est mieux construi que celui des cailles et des perdrix. 12 LALOLKiTE. parlent des trois couvées par an , écrivoierit et obser- voieiit en Italie; Frisch, qui rend compte de ce qui se passe en Allemagne, n'en admet que deux; et Schwenckfeld n'en admet qu'une seule pour la Si- lésie. Les petits se liennent un peu séparés les uns des autres : car la mère ne les rassemble pas toujours sous ses ailes; mais elle voltige souvent au dessus de la couvée, la suivant de l'œil avec une sollicitude vrai- ment matei'neile , dirigeant tous ses mouvements, pourvoyant à tous ses besoins, veillant à tous ses dan- gers. L'instinct qui porte les alouettes femelles à élever et soigner ainsi une couvée se déclare quelquefois de très bonne heure, et même avant celui qui les dis- pose à devenir mères, et qui, dans l'ordre de la na- ture, devroit, ce semble, précéder. On m'avoit ap- porté, dans le mois de mai, une jeune alouette qui ne mangeoit pas encore seule ; je la fis élever, et elle étoit à peine sevrée lorsqu'on m'apporta d'un autre endroit une couvée de trois ou quatre petits de la même espèce ; elle se prit d'une affection singulière pour ces nouveaux venus, qui n'étoient pas beaucoup plus jeunes qu'elle; elle les soignoit nuit et jour, les réchauifoit sous ses ailes, leur enfonçoit la nourri- turc dans la gorge avec le bec : rien n'étoit capable de la détourner de ces intéressantes fonctions; si on l'arrachoit de dessus ces petits, elle revoloit à eux dès qu'elle étoit libre, sans jamais songer à prendre sa volée, comme elle l'auroitpu cent fois. Son affec- tion ne faisant que croître, elle en oublia à la lettre le boire et le manger; elle ne vivoit plus que de la l'alole m:. i^ becquée qii*on lui donnoit en même temps qu'à ses petits adoptîfs, et elle mourut enfin consumée par cette espèce de passion maternelle : aucun de ces petits ne Jui survécut, ils moururent tous les uns jiprès les autres : tant ses soins leur étoient devenus nécessaires ; tant ces mêmes soins étoient non seule- ment affectionnés, mais bien entendus. La nourriture la plus ordinaire des jeunes alouettes sont les vers, les chenilles, les œufs de fourmis et môme de sauterelles; ce qui leur a attiré, et à juste titre, beaucoup de considération dans les pays qui sont exposés aux ravages de ces insectes destructeurs : lorsqu'elles sont adultes, elles vivent principalement de graines, d'herbe, en un mot, de matières végé- tales. Il faut, dit-on, prendre en octobre ou novembre celles que l'on vent conserver pour le chant, préfé- rant les mâles autant qu'il est possible, et leur liant les ailes lorsqu'elles sont trop farouches, de peur qu'en s'élançant trop vivement elles ne se cassent îa tête contre le plafond de leur cage. On les apprivoise assez facilement; elles deviennent même familières jusqu'à venir manger sur la table et se poser sur la main : mais elles ne peuvent se tenir sur le doigt, à cause de la conformation de l'ongle postérieur, trop long et trop droit pour pouvoir l'embrasser; c'est sans doute par la même raison qu'elles ne se perchent pas sur les arbres. D'après cela on juge bien qu'il ne faut point de bâtons en travers dans la cage où on les tient. En Flandre, on nourrit les jeunes avec de la graine de pavot mouillée , et lorsqu'elles mangent seules. i4 l'alolette. avec de la mie de pain aussi humectée : mais dès qu'elles commencent à faire entendre leur ramage , il faut leur donner du cœur de mouton ou du veau bouilli haché aveo des œufs durs; on y ajoute le blé, répeautre, et l'avoine mondés , le millet , la graine de lin, de pavots, et de chènevis écrasés, tout cela dé- trempé dans du lait ; mais M. Frisch avertit que, lors- qu'on ne leur donne que du chènevis écrasé pour toute nourriture, leur plumage est sujet à devenir noir. On prétend aussi que la graine de moutarde leur est contraire : à cela près, il paroît qu'on peut les nourrir avec toute sorte de graine, et même avec tout ce qui se sert sur nos tables, et en faire des oiseaux domestiques. Si J'en en croit Frisch, elles on l'ins- tinct particulier de goûter la nourriture avec la lan- gue avant de manger. Au reste, elles sont susceptibles d'apprendre à chanter et d'orner leur ramage naturel d^ tous les agréments que notre mélodie artificielle peut y ajouter. On a vu de jeunes mâles qui, ayant été siffles avec une turlutaine, avoient retenu en fort peu de temps des airs entiers , et qui les répétoient plus agréablement qu'aucune linotte ou serin n'auroit su faire. Celles qui restent dans l'état de §auvage ha- bitent pendant l'été les terres les plus sèches ; l'hiver elles descendent dans la plaine, se réunissent par troupes nombreuses, et deviennent alors très grasses, parce que , dans cette saison , étant presque toujours à terre, elles mangent, pour ainsi dire, continuelle- ment. Au contraire, elles sont fort maigres en été, temps où elles sont presque toujours deux à deux, volant sans cesse , chantant beaucoup , mangeant peu, et ne se posant à terre que pour faire l'amour. Dans l'alouette. i5 les plus grands froids , et surtout lorsqu'il y a beau- coup de neige, elles se réfugient de toutes parts aux bords des fontaines qui ne gèlent point; c'est alors qu'on leur trouve de l'herbe dans le gésier; quelque- fois même elles sont réduites à chercher leur nourri- ture dans le fumier de cheval qui tombe le long des grands chemins; et, malgré cela, elles sont encore plus grasses alors que dans aucun temps de l'été. Leur manière de voler est de s'élever presque per- pendiculairement et par reprises, et de se soutenir à une grande hauteur, d'où, comme je l'ai dit, elles savent très bien se faire entendre; elles descendent au contraire en filant pour se poser à terre, excepté lorsqu'elles sont menacées par l'oiseau de proie ou attirées par une compagne chérie; car, dans ces deux cas, elles se précipitent comme une pierre qui tombe ^. Il est aisé de croire que de petits oiseaux qui s'é- lèvent très haut dans l'air peuvent quelquefois être emportés par un coup de vent fort loin dans les mers, et même au delà des raers. « Sitôt qu'on approche des terres d'Europe , dit le P. Du Tertre , on com- mence à voir des oiseaux de proie, eles alouettes, des chardonnerets, qui, étant emportés par les vents, perdent la vue des terres, et sont contraints de ve- nir se percher sur les mâts et les cordages des navires.» C'est par cette raison que le docteur Hans Sloane en a vu à quarante milles en mer dans l'Océan, et le comîe Maisigli dans la Méditerranée. On peut même soup- çonner que celles qu'on a retrouvées en Pensylvanie, en Virginie, et dans d'autres régions de l'Amérique, 1 . Voyez Olina , ou plutôt voyez les alouettes clans les ehainps. i6 l'alouette. y ont été transportées de la même façon. M. le cheva- lier des Mazis m'assure que les alouettes passent à l'île de Malte dans le mois de novembre; et, quoiqu'il ne spécifie pas les espèces, il est probable que l'espèce commune est du nombre ; car M. Lottinger a observé qu'en Lorraine il y en a un passage considérable , qui finit précisément dans ce même mois de novembre, et qu'alors on n'en voit que très peu; que les passagères entraînent avec elles ceîlesqui sont nées dans le pays : mais bientôt après il en reparoît autant qu'auparavant, soit que d'autres leur succèdent, soit que celles qui avoient d'abord suivi les voyageuses reviennent sur leurs pas, ce qui est plus vraisemblable. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'elles ne passent pns toutes, puisqu'on en voit presque en toute saison dans notre pays, et que dans la Beauce , la Picardie, et beaucoup d'autres endroits, on en prend en hiver des quantités considérables : c'est même une opinion générale en ces endroits 5 qu'elles nesontpoint oiseaux de passage; que si elles s'absentent quelques jours pendant la plus grande rigueur du froid, et surtout lorsque la neige lient long-temps , c'est le plus souvent parce qu'elles vont sous quelque rocher , dans quelque caverne , à une bonne exposition^, et, comme j'ai dit, près des fontaines chaudes ; souvent même elles disparoissent 1. Dans la pailie du Bugey située au bas des montagaes, entre le litiône et l'Aiu, ou a vu souvent, sur la fin d'oetobre ou au comnieu- reraent de novembre, une multitude innombrable d'alouellos pendant une quinzaine de jours, jusqu'à ce que la neige gagnant la plaine les obligeât d'aller plus loin. Dans les grands froids qui se firent ressen- tir la dernière quinzaine du mois de janvier 1776, il parut, aux envi- rons du Pont-dcBcauvoisin , une si prodigieuse quantité d'alouettes, jffu'avre une peirhe un seul homme en Inoit la eliarge de rlrux mulets : L ALOL i:t j i:. 17 subilemenl au printemps, lorsque, après des jours doux qui les oi\\. fait sortir de leurs retraites, il sur- vient des froids vifs qui les y font rentrer. Cette oc- cultation de l'alouette étoit connue d'Aristote, et M. Klein dit qu'il s'en est assuré par sa propre obser- vation. On trouve cet oiseau dans presque tous les pays habités des deux continents , et jusqu'au cap de Bonne-Espérance, selon Kolbe; il pourroit même subsister dans les terres incultes qui abonderoient en bruyères et en genévriers; car il se plaît beaucoup sous ces arbrisseaux, qui le metttent à l'abri, lui et sa couvée, contre les atteintes de l'oiseau dé proie. Avec cette facilité de s'accoutumei- à tous les terrains et à tous les climats, il paroîlra singulier qu'il ne s'en trouve point à la Côte-d'Or , comme l'assure Vil- lault, ni même dans l'Andalousie , s'il en faut croire Averroès. Tout le monde connoit les différents pièges dont on se sert ordinairement pour prendre les alouettes ^ tels que collets , traîneaux, lacets, pantières; mais il en est un qu'on y emploie plus communément, et ([ui en a tiré sa dénomination de filet d'alouette. Pour réussira cette chasse, il faut une matinée fraîche, un beau soleil, un miroir tournant sur son pivot, et une ou deux alouettes vivantes qui rappellent les autres r elles se réfugioient jusque dans les maisons, et éloicnt fort maigres. Il est clair que, dans ces deus cas, les aloJiettes n'ont quitté leur séjour ordinaire que parce qu'elles n y trouvoient plus à vivre, mais on sent l)ien que cela ne suffit pas pour qu'elles doivent être regardées abso^ lumrnt comme oiseaux de passage. Thévenot dit que les alouettes pa- roissent en Egypte au mois de septeml^re, et y séjournent jusqu'à la fin tie l'année. i8 LALOUETTE. car on ne sait pas encore imiter leur chant d'assez près pour les tromper, c'est par cette raison que les oiseleurs disent qu'elles ne suivent point l'appeau; mais elles paroissent attirées plus sensiblement par le jeu du miroir : non sans doute qu'elles cherchent à se mirer, comme on les en a accusées d'après l'ins- tinct qui leur est commun avec tous les oiseaux de volière, de chanter devant une glace avec un redou- blement de vivacité et d'émulation ; mais parce que les éclairs de lumière que jette de toutes parts ce miroir en mouvement excitent leur curiosité, ou parce qu'elles croient cette lumière renvoyée par la surface mobile des eaux vives qu'elles recherchent dans cette saison : aussi en prend-on tous les ans des quantités considérables pendant l'hiver aux environs des fontaines cliaudes où j'ai dit qu'elles se rassem- bloient; mais aucune chasse n'en détruit autant à la fois que la chasse aux gluaux qui se pratique dans la Lorraine françoise et ailleurs^, et dont je donnerai ici le détail , parce qu'elle est peu connue. On com- mence par préparer quinze cents ou deux mille gluaux : ces gluaux sont des branches de saule bien droites ou du moins bien dressées, longues d'environ trois pieds dix pouces, aiguisées et môme un peu brûlées par l'un des bouts; on les enduit de glu p^ar l'autre de la longueur d'un pied : on les plante par rangs parallèles dans un terrain convenable, qui est ordinairement une plaine en jachère, et où l'on s'est assuré qu'il y a sufFisamment d'alouettes pour indem- 1. M. (le Sonini lait depuis long-temps exécuter cette chasse clan? sa terre de Manoncourt en Lorraine. Feu le roi Stanislas y prcnoit plaisir, et l'a souvent honorée de sa présence. LALOIETTE. 19 niser des frais, qui ne laissent pas d'être considéra- bles; l'intervalle des rangs doit être tel, que l'on puisse passer entre deux sans toucher aux ghiaux ; l'intervalle des ghiaux de chaque rang doit être d'un pied, et chaque gluau doit répondre aux intervalles des gluaux des rangs joignants. L'art consiste à planter ces ghiaux bien régulière- ment, bien à-plomb, et de manière qu'ils puissent rester en situation tant que l'on n'y touche point, mais qu'ils puissent tomber pour peu qu'une alouette les touche en passant. Lorsque tous ces gluaux sont plantés, ils iorment un carré long qui présente l'un de ses côtés au terrain où sont les alouettes; c'est le front de la chasse : on plante à chaque bout un drapeau pour servir de point de vue aux chasseurs, et dans certains cas pour leur donner des signaux. Le nombre des chasseurs doit être proportionné à l'étendue du terrain que l'on veut embrasser. Sur les quatre ou cinq heures du soir, selon que l'on est plus ou moins avancé dans l'automne, la troupe se partage en deux détachements égaux, commandés chacun par un chef intelligent, lequel est lui-même subordonné à un commandant générai , qui se place au centre. L'un de ces détachements se rassemble au drapeau de la droite, l'autre au drapeau de la gauche, et tous deux , gardant un profond silence , s'étendent chacun de leur côté sur une ligne circulaire pour se Joindre l'un à l'autre à environ une demi-lieue du front de la chasse, et former un seul cordon qui se resserre lou- itO LALOLl-TTi:. jours davantage en se rapprocluint des gluaux, et pousse toujours ies alouettes en avant. Vers le coucher du soleil , le milieu du cordon doit se trouver à deux ou trois cents pas du front : c'est alors que l'on donne j, c'est-à dire que l'on marche avec circonspection, que l'on s'arrête, que l'on se met ventre à terre, que l'on se relève, et qu'on se re- met en mouvement à la voix du chef. Si toutes ces manœuvres sont commandées à propos et bien exé- cutées, la plus grande partie des alouettes renfermées dans le cordon, et qui à cette heure là ne s'élèvent que de trois ou quatre pieds, se jettent dans les gluaux, les font tomber, sont entraînées par leur chute et se prennent à la main. S'il y a encore du temps, on forme du côté opposé un second cordon de cinquante pas de profondeur , et l'on ramène les alouettes qui avoient échappé la première fois : cela s'appelle revirer. Les curieux inutiles se tiennent aux drapeaux, mais un peu en arrière , afin d'éviter toute confu- sion. On prend jusqu'à cent douzaines d'alouettes et plus dans une de ces chasses; et l'on regarde comme très mauvaise celle où l'on n'en prend que vingt-cinq douzaines. On y prend aussi quelquefois des compa- gnies de perdrix et même des chouettes; mais on en est très fâché, parce que ces événements font enlever les alouettes, ainsi que le passage d'un lièvre qui tra- verse l'enceinte , et tout autre mouvement ou bruit extraordinaire. lies oiseaux voraces détruisent aussi beaucoup d'à- LALOLETTE. 2\ loiielles pendant l'été; car elles sont l'eur proie laplus ordinaire, même des plus petits; et le coucou, qui ne fait point de nid, lâche quelquefois de s'appro- prier celui de l'alouette, et de substituer ses œufs à ceux de la véritable mère : cependant, malgré cette immense destruction, l'espèce paroît toujours fort nombreuse; ce qui prouve sa grande fécondité et ajoute un nouveau degré de vraisemblance à ce qu'on a dit de ces trois pontes par an. Il est vrai que cet oi- seau vit assez long-temps pour un si petit animal : huit à dix ans, selon Olina; douze ans, selon d'au- tres ; vingt-deux , suivant le rapport d'une personne digne de foi, et jusqu'à vingt-quatre, si l'on en croit Rzaczynski. Les anciens ont prétendu que la chair de l'alouette bouillie, grillée, et même calcinée et réduite en cen- endant cette saison on les trouve par terre dans les plaines; qu'ils sont assez communs dans le Bugey, cl encore plus en Bourgogne. D'un autre côté, M. Lot- linger prétend ([u'ils arrivent sur la fin de lévrier, et qu'ils s'en vont au commencement d'octobre : mais tout cela se concilie, si parmi ces alouettes, comme parmi les communes, il y on a de voyageuses et d'autres résidantes. 5o LE CUJELIER. qu'on les a |:)ris , et cela d'une manière plus distincte que ceux qui ont été pris en toute autre saison^. Longueur totale, six pouces; bec, sept lignes; Yol, neuf pouces (dix, selon M. Lottinger); queue, deux pouces un quart, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'environ treize lignes. LA FARLOUSE, ou L'ALOUETTE DES PRÉS. Alauda pratensis. L. Belon et Olina disent que c'est la plus petite de toutes les alouettes, mais c'est parce qu'ils ne con- noissoient pas l'alouette pipi dont nous parlerons dans la suite. La farlouse, n" 674? ^*o* ^ ' P^^^ ^^^ ^ ^^P*^ gros, et n'a pas neuf pouces de vol. La couleur domi- nante du dessus du corps est l'olivâtre varié de noir dans la partie antérieure , et Tolivatrepur et sans mé- lange dans la partie postérieure; le dessous du corps est d'un blanc jaunâtre, avec des taches noires longitu- dinales sur la poitrine et les côtés; le fond des plumes 1. Voyez Albin, tome I, page 56. Il recommande de les nourrir alors de cœur de mouton, de jaune d'reul", de pain, de chènevis , ddîufs de fourmis, de vers de farine, et de mettre dans leur eau deux ou trois tranches de réglisse et un peu de sucre candi ^ avec une pincée ou deux de safran, une fois la semaine; de les tenir dans un lieu sec où donne le soleil , et de mettre du sablou dans leur cage. Il paroU f|u'Albin avoit observé cet oiseau par lui-même. LA FAIILOUSE, OU LALOllETTE DES PRES. Oi est noir; les pennes des ailes presque noifes, bordées d'olivâtre ; celles de la queue de même , excepté la plus extérieure, qui est bordée de blanc, et la suivante, qui est terminée de cette môme couleur.' Cet oiseau a des espèces de sourcils blancs , que M. Linnaeus a choisis pour caractériser l'espèce. En général, le mâle a plus de jaune que la femelle à la gorge, à la poitrine, aux jambes, et même sous les pieds suivant Albin. La farlouse part rapidement au moindre bruit, et se perche sur les arbres, quoique difîicilement : elle niche à peu près comme le cujelier , pond le même nomb-re d'œufs, etc.; mais elle en difl'èreen ce qu'elle a la première penne des ailes presque égale aux sui- vantes, et le chant un peu moins varié, quoique fort agréable. Les auteurs de la Zoologie brltimnique trou- vent à ce chant de la ressemblance avec un ris mo- queur;etAlbin, avec le ramage du serin des Canaries; tous deux l'accusent d'être trop bref et trop conpé : mais Belon et Olina s'accordent à dire que ce petit oiseau est recherché pour son plaisant clianter; et j'a- voue qu'ayant eu occasion de l'entendre , je le trouvai en eifet très flatteur, quoiqu'un peu triste, et appro- chant de celui du rossignol, quoique moins suivi. Il est à remarquer que l'individu que j'ai ouï chanter étoit une femelle, puisqu'en la disséquant je lui ai trouvé un ovaire : il y avoit dans cet ovaire trois œufs plus gros que les autres, lesquels sembloient annon- cer une seconde ponte. Olina dit qu'on nourrit cet oiseau comme le rossignol . mais qu'il est foit difficile à élever; et comme il ne vit que trois ou quatre ans^ cela explique pourquoi l'espèce est peu nom- 52 LA FARL0U6E, OU L ALOUETTE DES PPxES. breiise , et pourquoi le uiale, !ois([n'2i s'élève pour aller à la découverte d'une femelle, embrasse dans son vol un cercle beaucoup plus étendu que l'alouette ordinaire, et même que le cujelier. Albin prétend que celte alouette est de longue vie, peu sujette aux maladies, et qu'elle pond ordinairement cinq ou six œufs. Si cela étoit, l'espèce devroit être beaucoup plus nombreuse qu'elle ne l'est en effet. Suivant M. Guys, la farlouse se nourrit principale- ment de vermisseaux et d'insectes qu'elle cherche daiisles terres nouvellement labourées. Willughby lui a trouvé en effet dans l'estomac des scarabées et de petits vers. J'y ai trouvé moi-même des débris d'in- sectes, et de plus de petites graines et de petits cail- loux. Si l'on en croit Albin, elle a l'habitude, en mangeant, d'agiter sa queue de côté et d'autre. Les farlouses nichent ordinairement dans les prés, et même dans les prés bas et marécageux; elles po- sent leur nid à terre, et le cachent très bien : tandis que la femelle couve, le mâle se tient perché sur un arbre dans le voisinage, et s'élève de temps à autre en chantant et battant des ailes. M. Willughby, qui paroît avoir observé cet oiseau de fort près, dit avec raison qu'il a l'iris noisette, le bout de la langue divisé en plusieurs filets, le ven- tricule médiocrement charnu, les cœcum unpeu plus longs que l'alouelte, et une vésicule du fiel. J'ai vé- rifié tout cela , et j'ajoute qu'il n'a point de jabot, et même que l'œsophage n'a presque point de renfle- ment à l'endroit de sa jonction avec le ventricule, el que le ventricule ou gésier est gros à proportion du «orps. J'ai gardé un de ces oiseaux [)endant une année TA FAR 1,0 USE, OU LAI.OUKTTE DES PRES. Ô) entière, ne lui luisant donner que de î)etites graines pour toute nourriture. La farlouse se trouve en Italie , en France , en Aiie- njagne, en Angleterre et en Suède. Albin nous dit qu'elle paroît (sans doute dans le canton de l'Angle- terre qu'il habite) au commencement d'avril, avec le rossignol , et qu'elle s'en va vers le mois de septem-^ bre. Elle part quelquefois dès la fin d'août, suivant M. Lottinger, et semble avoir une longue route à faire ^. Dans ce cas elle pourroit être du nombre de ces alouettes qu'on voit passer à Malte dans le mois de novembre, en supposant qu'elle s'arrête en che- min dans les contrées où elle trouve une tempéra- ture qui lui convient. En automne , c'est-à-dire au temps des vendanges, elle se tient autour des grandes routes. M. Guys remarque qu'elle aime beaucoup la couîpagnie de ses semblables , et qu'à défaut de cette société de prédilection, elle se mêle dans les troupes de pinsons et de linottes qu'elle rencontre sur son passage. Au reste , en comparant ce que les auteurs ont dit de la farlouse , je vois des différences qui me feroient croire que cette espèce est sujette à beaucoup de variétés, ou qu'on l'a confondue quelquefois avec des espèces voisines , telles que le cujelier et l'alouette pipi 2. février 1774 : mais il a vu aussi, ce mèoie liiver, d'autres oiseaux qui n'ont pas coutume de rester en Lorraine, tels que verdiers^, bergeron- nettes, lavandières, etc.; ce que M. t^oltinger attribue, avec raison , à la douce température de l'hiver de cette année 1774- •2. Là disposition des taches du phiniare est à peu près la même 54 l'A. FARLOL'SE, OU l'aLOLETTE DES PRES. Longueur totale . cinq pouces et dmnl ; bec , six li- gnes, bords de la pièce supérieure un peu échancrés vers la pointe; vol, environ neuf pouces; queue, deux pouces, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de huit lignes; l'ongle postérieur est moins long et plus arqué que dans les espèces précédentes. Variété de la Farlouse. La farlouse blanche ne diffère de la précédente que par son plumage , qui est presque universellement d'un blanc jaunâtre, mais plus jaune sur les ailes; elle a le bec et les pieds bruns : telle étoit celle qu'Aî- drovande a vue en Italie; et quoique le jésuite E.zac- zynski lui donne place parmi les oiseaux de Pologne, je doute qu'elle se trouve dans ce pays, ou du moins qu'il l'y ait vue, d'autant qu'il se sert des paroles même d'Aldrovande sans y rien ajouter. dans ces trois espèces, quoique les couleurs de ces taches soient différentes dans chacune, et les habitudes encore plus différeules . mais moins cependant que les opinions des divers auteurs sur les pro- priétés de la farlouse et sur les détails de son hisloire. Il ne faut que comparer Belon, Aldrovande, Brisson , Olina , Albin, etc.; on verra que les couleurs du plumage par lesquelles M. Brisson caractérise l'es- pèce, ne sont pas les mêmes que dans Aldrovande : celui-ci ne parle point du long doigt postérieur; mais il parle d'un certain mouvement de queue, dont les autres, excepté Albin, ne disent rien. Ce dernier prétend (jue son tit-lark est vivace et pou sujet aux maladies; Olina et lîelon assurent , au contraire , que la farlouse s'élève difficilement , et Olina dit positivement qu'elle vit peu : ajoutez à cela les différentes opinions sur son chant. LA FA BLOUSAIS E. J3 OISEAU ÉTRANGER QUI A RAPPORT A LA FARLOUSE. LA FARLOUSANE. Aiauda Ludovic iaiia, Gmel. Je donne ce nom à une alouette de la Louisiane , que j'ai vue chez M. Mauduit, et qui m'a paru avoir beaucoup de rapports avec la farîouse : elle a la gorge d'un gris jaunâtre; le cou et la poitrine grivelés de hrun sur ce même fond; le reste du dessous du corps fauve ; le dessus de la tête et du corps mêlé de brun verdâtre et de noirâtre : mais comme ce sont des cou- leurs sombres, elles tranchent peu Tune sur l'autre, et il résulte de leur mélange une teinte presque uni- forme de brun obscur; les couvertures supérieures d'un brun verdâtre sans mélange ; les pennes de la queue brunes; la plus extérieure mi-partie de brun noirâtre et de blanc en dehors, et la suivante termi- née de blanc; les pennes et les couvertures supérieures des ailes d'un brun noirâtre , bordé d'un brun plus clair. Longueur totale, près de sept pouces; bec , sept li- gnes; tarse, neuf ligues; doigt postérieur avec l'on- gle , un peu moins de huit lignes ; cet ongle , un peu plus de quatre lignes, légèrement courbé ; queue , deux pouces et demi ; elle dépasse les ailes de seize ,)0 L ALOUETTE PIPI. L'ALOUETTE PIPP. Alauda trivialis. Gmel. C'est la plus petite de nos alouettes de France ; son nom allemand piep-lerclie ^ et son nom aiigîois piplt , sont évidemment dérivés de son cri , et ces sortes de dénominations sont toujours les meilleures, puis- qu'elles représentent l'objet dénommé autant qu'il est possible : aussi n'avons-nous pas bésité d'adopter ce nom de pipL On compare le cri de cette alouette, n** 66i , fig. 2 , du moins son cri d'hiver, à celui d'une sauterelle ; mais il est un peu plus fort et plus perçant. L'oiseau le foit entendre, soit en volant, soit en se perchant sur les branches les plus élevées des buis- sons ; car il se perche même sur les petites branches, quoiqu'il ait l'ongle de derrière fort long (moins long cependant et plus recourbé que dans l'alouette ordi- naire) ; mais il sait bien se servir de ses ongles anté- rieurs pour saisir les pe4^ites branches et s'y tenir perché : il se tient aussi à terre, et court très légè- rement. Au printemps, lorsque le mâle pipi chante sur sa tranche, c'est avec beaucoup d'action ; il se redresse alors , il entr'ouvre le bec , il épanouit ses ailes , et tout annonce que c'est un chant d'amour : de temps en teuîps il s'élève assez haut , il plane quelques mo- ments, et retombe presque à la môme place , en con- 1. En Lorraine, vulgairement sinsignotic , selon \L Loiliiiger ; dans U' lUigey. bcc-fm d'hiver. L ALOUKTTE PIPI. .>^ tinuaiit toujours de chanter, et de chanter fort agréa- blement. Son ramage est simple ; mais il est doux , harmonieux et nettement prononcé. Ce petit oiseau fait son nid dans des endroits solitaires, et le cache sous une motte de gazon; aussi ses petits sont-ils sou- vent la proie des couleuvres : sa ponte est de cinq œufs 5 marqués de brun vers le gros bout. Il a la tête plutôt longue que ronde ; le bec très délicat et noirâ- tre ; les bords de îa pièce supérieure échancrés près de la pointe ; les narines à demi recouvertes par une membrane convexe de même couleur que le bec, et Cachée en partie sous de petites plumes qui reviennent en avant ; seize pennes à chaque aile ; le dessus du corps d'un brun verdâtre, varié ou plutôt onde de noirâtre; le dessous d'un blanc jaunâtre, moucheté irrégulièrement sur la poitrine et 5ur le cou ; le fond des plumes cendré foncé ; enfin deux raies blanchâ- tres sur les ailes, dont M. Liùnaeus a fait un des ca- ractères de l'espèce. Les alouettes pipi paroîssent en Angleterre vers le milieu de septembre , et on en prend alors une grande quantité dans les environs de Londres; elles fréquen- tent les bruyères et les plaines, et voltigent plutôt qu'elles ne volent, car elles ne s'élèvent jamais beau- coup. Il en reste ordinairement quelques unes pen- dant l'hiver sur les marais des environs de Sarbourg. On peut juger par la forme et la délicatesse du bec de l'alouette pipi qu'elle se nourrit principale- ment d'insectes et de petites graines, et par sa peti- iesse qu'elle ne vit pas fort long-temps. Elle se trouve en Allemagne, en Angleterre, et même en Suède, à ce que dit M. Linnaeus dans son Système de la Nu- BUFFON. XXIIl, 58 l'alouette pjpi. ture^ quoiqu'il n'en fasse aucune mention dans la Fauna Suecica ^ du moins dans la première édition. Cet oiseau est assez liaijt monté. Longueur totale , environ cinq pouces et demi ; bec, six à sept lignes; doigt postérieur, quatre li- gnes; son ongîe, cinq; vol, huit pouces un tiers; queue , deux pouces; elle dépasse les ailes d'un ponce ; tube intestinal , six pouces et demi; œsophage , deux pouces et demi , dilaté avant son insertion dans le gé- sier , qui est musculeux ; deux très petits cœcum : je n'ai point trouvé de vésicule du fiel. Le gésier occu- poit la partie gauche du bas-ventre; il étoit recouvert par le foie, et nullement par les intestins. B*v*i.e>s-&«.è-e*S-8«'**'&«*«<«**«« LA LOCUSTELLE. Sylvia Locustelln. Gmel. Cette alouette est encore plus petite que la précé- dente, et elle est la plus petite de toutes celles de notre Europe. Les auteurs de la Zoologie britannique^ à qui seuls nous devons la connoissance de cette es- pèce, lui ont donné le nom à' alouette dea saules, parce qu'on la voit tous les ans revenir visiter certaines saus- saies du territoire de Whitefort en Flintshire, où elle passe tout l'été. La locustelle ne diffère de l'alouette pipi, ni par son éperon, ni par ses allures, ni par son chant, qui ressemble par conséquent à celui d'une ci- gale; et c'est par cette raison que je lui ai conservé le nom de locustelle que lui a donné Willughby. Quant au plumage, elle a la tête et le dessus du corps d'un Î.A lOCUSTELLl., .>9 brun jaunâtre, avec des taches obscures; les pennes des ailes brunes, bordées de jaune; celles de la queue, d'un brun foncé ; des espèces de sourcils blanchâtres, et le dessous du corps d'un blanc leinté de jaune. ft«>e<«ie-»«'8»8>©«-îi«>î-â'*S!e«»5^t««'8*«-9««!S^ LA SPIPOLETTK Alauda campestris. Gmiîî,. J'adopte ce nom que l on donne à Florence à 1 oi- seau dont il s'agit ici. Il est un peu plus gros que la farlouse, et se tient dans les friclie-s et les bruyères. 11 a le doigt postérieur fort long, comme l'alouette; mais son corps est plus effilé, et il diiFère encore de cette dernière par le mouvement de sa queue, sem- blable à celui de la lavandière et de la farlouse. Ces oiseaux se plaisent dans les bruyères, les friches, el surtout dans les éteules d'avoine, peu après la mois- son ; ils s'y rassemblent en troupes assez nombreuses. Au printemps, le mâle se perche pour rappeler ou découvrir sa femelle; quelquefois même iî s'élève eu l'air en chantant de toutes ses forces, puis revient bien vite se poser à terre , où est toujours le re;:dez-vous. Lorsqu'on approche du nid, la mère se trahit bien- tôt par ses cris; en quoi son instinct paroît différer de celui des autres alouettes, qui, lorsqu'elles craignent quelque danger, se taisent et demeurent immobiles. M. Willughby a vu un nid de spipoletto sur un ge- nêt épineux, fort près de terre, composé de mousse KTi. dehors, et en dedans de paille et de cria de cheval. /,0 LA SPIPOLETTE. On esr assez curieux d'élever les feunes mâles, à cause de leur ramage; mais cela demande des pré- cautions. Il faut au commencement couvrir leur cage d'une étoffe verte, ne leur laisser que peu de jour, et leur prodiguer les œufs de fourmis. Lorsqu'ils sont accoutumés à manger et à boire dans leur prison , on peut diminuer par degrés la quantité des œufs de fourmis, v substituant insensiblement le chènevis écrasé, mêlé avec de la fleur de farine et des jaunes d'œufs. On prend les spipolettes au fdet traîné, comme nos alouettes , et encore avec des gluaux que l'on place sur les arbres où elles ont fixé leur domicile ; elles vont de compagnie avec les pinsons; il paroît même qu'elles partent et qu'elles reviennent avec eux. Les mfdes diffèrent peu des femelles à l'extérieur : mais une manière sûre de les reconnoître, c'est de leur présenter un autre mâle renfermé dans une cage , ils se jetteront bientôt dessus comme sur un ennemi , ou plutôt comme sur un rival. Willughb}^ dit que la spipolette diffère des autres alouettes par la couleur noire de son bec et de ses pieds. Il ajoute que le bec est grêle , droit et pointu; les coins de la boucbe bordés de jaune; qu'elle n'a pas , comme le cujelier. les premières pennes de l'aile plus courtes que les suivantes, et que le mâle a les ailes un peu plus noires que la femelle. Cet oiseau se trouve en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, etc. M. Brisson regarde l'alouette des champs de Jessop comme étant de la même espèce que la sienne , quoi- qu'elles diffèrent entre elles par l'ongle postérieur. LA SPIPOLETTE. 4* qui est fort long dans la dernière , et beaucoup plus court dans l'alouette de Jessop : mais on sait que la longueur de cet ongle est sujette à varier suivant 1 âge, le sexe , etc. 11 y a une différence plus marquée entre l'alouette de champ de M. Brisson et celle de M. Lin- naeus, quoique ces deux naturalistes les regardent comme appartenant à la môme espèce. L'individu dé- crit par M. Linnaeus avoit toutes les pennes de la queue, à l'exception des deux intermédiaires , blan- ches depuis la base jusqu'au milieu de leur longueur; au lieu que celui de M. Brisson n'avoit de blanc qu'aux deux pennes les plus extérieures , sans parler de beaucoup d'autres différences de détail qui suffi- sent, avec les précédentes, pour constituer une va- riété. Les spipolettes vivent de petites graines et d'insec- tes; leur cliair, lorsqu'elle est grasse, est un très bon manger. Elles ont la tête et tout le dessus du corps d'un gris brun teinté d'olivâtre; les sourcils, la gorge et tout le dessous du corps , d'un blanc jaunâtre, avec des taches brunes oblongues sur le cou et la poitrine; les pennes et les couvertures des ailes, brunes , bor- dées d'un brun plus clair ; les pennes de la queue noi- râtres , excepté les deux intermédiaires qui sont d'un gris brun , la plus extérieure qui est bordée de blanc, et la suivante qui est terminée de même ; enfin le bec noirâtre et les pieds bruns. Longueur totale , six pouces et demi ; bec , six à sept lignes; vol , onze pouces et plus; queue, deux pouces et demi , un peu fourchue , composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de quinze lignes. 42 LA (rIROL LA GIROLE. Alauda Italica. Gmel. M. Brisson soupçonne, avec grand apparence de rai- son , que l'individu observé par AIdrovande étoit un jeune oiseau dont la queue extrêmement courte, et composée de plumes très étroites, n'étoit pas entiè- rement formée, et qui avoit encore la commissure du bec bordée de jaune : mais il y auroit eu , ce me semble , une seconde conséquence à tirer de là , c'est que c'étoit une simple variété d'âge appartenant à une espèce connue, d'autant plus qu'Aldrovande, le seul auteur qui en ait parlé , n'a jamais vu que ce seul in- dividu. Il étoitde lataille de notre alouette commune; il en avoit le principal attribut, c'est-à-dire le long éperon à chaque pied. Le plumage de la tête et de tout le dessus du corps étoit varié de brun marron , de brun plus clair, de blanchâtre, et de roux vif; AIdro- vande le compare à celui de la caille ou de la bécasse. I! avoit le dessous du corps blanc , le derrière de la lète ceint d'une espèce de couronne blanchâtre , les pennes des ailes brun marron, bordées d'une cou- leur plus claire; celles de la queue, du moins les quatre paires intermédiaires, de la même couleur; la paire suivante mi-partie de marron et de blanc , et la dernière paire toute blanche ; la queue un peu fourchue, longue d'un pouce; le fond des plumes rendre; le bec rouge à large ouverture , les coins de LA GIROLE. 4'^ la bouche jaunes ; les pieds couleur de chair; les on- gles blanchâtres; l'ongle postérieur long de six lignes, presque droit, et seulement un peu recourbé par le bout. Cet oiseau avoit été tué aux environs de Bologne , sur la fin du mois de mai. Je le présente ici seulement comme un problème à résoudre aux naturalistes qui sont à portée de l'observer et de le rapporter à sa véritable espèce : car, encore une fois, je doute beau- coup que l'on en doive faire une espèce distincte et séparée. M. Ray lui trouve beaucoup de rapport avec le cujelier , et ne voit de différence que dans les cou- leurs des pennes de la queue : cependant il auroit dû y voir aussi une différence de grandeur, puisqu'il est aussi gros que l'alouette ordinaire , et par conséquent plus gros que le cujelier; différence à la laquelle on doit avoir encore plus d'égards, si l'on supppose avec M. Brisson que l'oiseau d'Aldrovande étoit jeune. LA CALANDRE, ou GROSSE ALOUETTE^. Alauda Calandra. Gx\iel. Oppien, qui vivoit danslesecondsièclede l'ère chré- tienne, est le premier parmi les anciens qui ait parlé de cet oiseau, en indiquant la meilleure façon de le pren- 1. Wi]lughby ne coiu»ois.soit point cet oiseau, qu'il confonJ avcr l'ortolan de neige. Ray ne l'a pas même nommé. 44 I-'^ CALANDRE, OU GUOSSE ALOUETTE. dre, et cette façon est précisément celle que propose Olina: elle consiste à tendre le filet à portée des eaux où la calandre a coutume d'aller boire. Cet oiseau , n° 565 , fig. 2 , est plus grand que l'a- louette; il a aussi le bec plus court et plus fort, en sorte qu'il peut casser les graines : de plus, l'espèce est moins nombreuse et moins répandue. Aces diffé- rences près , la calandre ressemble toLit-à-fait à notre alouette : même plumage, à peu près même port, même conformation dans l'ensemble et dans les dé- tails , mêmes mœurs , et même voix, si ce n'est qu'elle est plus forte, mais elle est aussi agréable; et cela est si bien reconnu, qu'en Italie on dit communément chanter comme une calandre j, pour àhre chanter bien. De même que l'alouette ordinaire , elle joint à ce ta- lent naturel celui de contrefaire parfaitement le ra- mage de plusieurs oiseaux, tels que le chardonneret, la linotte, le serin , etc., et même le piaulement des petits poussins, le cri d'appel de la chatte, en un mot, tous les sons analogues à ses organes, et qui s'y sont imprimés lorsqu'ils étoient encore tendres. Pour avoir des calandres qui cliantentbien , il faut, selon Olina, prendre les jeunes dans le nid, et du moins avant leur première mue, préférant, autant qu'il est possible , celles de la convée du mois d'août : on les nourrira d'abord avec de la pâtée composée en partie de cœur de mouton; on pourra leur donner ensuite des graines avec de la mie de pain , etc., ayant soin qu'elles aient toujours dans leur cage nn plâtras pour s'aiguiser le bec , et un petit tas de sablon pour s'y égayer lorsqu'elles sont tounnenlées par la ver- mine. Malgré toutes ces précautions, on n'en tirera LA CALANDRE, OU GROSSE ALOUETTE. 4-^ pas beaucoup de plaisir la première année : car la ca- landre est un oiseau sauvage , c'est-à-dire , ami de la liberté , et qui ne se façonne pas tout de suite à l'es- clavage ; il faut même, dans les commencements, ou lui lier les ailes , ou substituer au plafond de la cage une toile tendue. Mais aussi lorsqu'elle est civilisée , et qu'elle a pris le pli de sa condition , elle chante sans cesse ; sans cesse elle répète ou son ramage propre, ou celui des autres oiseaux; et elle se plaît tellement à cet exercice , qu'elle en oublie quelque^ fois la nourriture. On distingue le mâle en ce qu'il est plus gros, et qu'il a plus de noir autour du cou; la femelle n'a qu'un collier fort étroit ^; quelques individus, au lieu de collier , ont une grande plaque noire sur le haut de la poitrine ; tel étoit l'individu que nous avons fait représenter. Cette espèce niche à terre comme l'alouette ordinaire, sous une motte de gazon bien fournie d'herbe , et elle pond quatre ou cinq œufs. Olina, qui nous apprend ces détails, ajoute que la calandre ne vit pas plus de quatre ou cinq ans, et par conséquent beaucoup moins que l'alouette ordi- naire. Belon conjecture qu'elle va par troupes comme cette dernière espèce. Il ajoute qu'on ne la verroit point en France, si on ne l'y apportoit d'ailleurs : mais cela signifie seulement qu'on n'en voit point au 1. Voyez Edwards 5 pi. 268. Celui qui a donné cette observation à M. Edwards avoit nue méthode de distinguer le mâle de la femelle parmi les petits oiseaux: c'éloit de les renverser sur le dos et de souf- fler sur l'estomac : lorsque cest une femelle, les plumes se séparent de chaque côté . laissant l'estomac à nu. Mais cette méthode n'est sûre que dans la saison où les oiseaux nichent. ( Gesner, DeAvibus, p. 80. ) 46 LA CALANDRE, OU GROSSE ALOUETTE. Mans, ni dans les provinces voisines; car cette es- pèce est commune en Provence , où eile se nomme coulassade j, à cause de son collier noir, et où Ton a coutume de 1 élever à cause de son chant. A lé- zard de l'Allemagne, de la Pologne, de la Suède et des autres pays du Nord , il ne paroît pas qu'elle y soit fréquente. On la trouve en Italie , vers les Pyrénées, en Sardaigne. Enfin M. Russel a dit à M. Edwards qu'elle éloit commune aux environs d'Alep; et ce dernier nous a donné la figure coloriée d'une vraie calandre, qui venoit, disoit-on , de la Caroline. Elle pouvoit y avoir été transportée , elle ou ses père et mère , non seulement par un coup de vent, mais en- core par quelque vaisseau européen ; et comme c'est un pays cbaud, il est très probable que l'espèce peut y prospérer et s'y naturaliser. M. Adanson regarde la calandre comme tenant le milieu entre l'alouette et la grive : ce qui ne doit s'en- tendre que du plumage et de la forme extérieure ; car les habitudes de la grive et de la calandre sont fort différentes , entre autres dans la construction du nid. Longueur totale, sept pouces et un quart; bec, neuf lignes; vol, treize pouces et demi; queue, deux pouces un tiers , composée de douze pennes , dont les deux paires les plus extérieures sont bordées de blanc , la troisième paire terminée de même, la paire intermédiaire gris brun; tout le reste noirâtre; ces pennes dépassent les ailes de quelques lignes; doigt postérieur, dix lignes. LA CRAVATE JAUNE. 47 OISEAUX ÉTRANGERS QUI OKT RAPPORT A LA CALANDRE. LA CRAVATE JAUNE, ou CALANDRE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCES Alauda Çapensis. Gmel. Je n'ai point vu l'individu qui a servi de modèle à la figure 2 de la planche 5o4; mais j'en ai vu plusieurs de la même espèce. En général, les mâles ont le des- sus du corps brun , varié de gris; la gorge et le haut du cou d'un bel orangé , et cette espèce de cravate est bordée de noir dans toute sa circonférence : cette même couleur orangée se trouve encore au dessus des yeux en forme de sourcils, sur les petites couvertu- res de l'aile par petites taches, et sur le bord anté- rieur de cette même aile, dont elle dessine le contour. Ils ont la poitrine variée de brun , de gris et de jau- nâtre ; le ventre et les (lancs d'un roux orangé ; le des- sous de la queue grisâtre ; les pennes de la queue plus ou moins brunes , mais les quatre paires les plus extérieures bordées et terminées, les grantles de 1. M. le vicomte de Querhoent, enseigne de vaisseau, et M. Com- merson, ont tous deux observé celte alouette au cap de Bonne-Espé- rance en des temps difîérents, * 48 LA CRAVATE JAUNE. jaune, et les moyennes de gris; enfin le bec et les pieds d'un gris brun plus ou moins foncé. Deux femelles que j'ai observées avoient la cravate non pas orangée, mais d'un roux clair ; la poitrine gri- velée de brun sur le même fond, qui devenoit plus foncé en s'éloignant de la partie antérieure ; enfin le dessus du corps plus varié, parce que les plumes étoient bordées d'un gris plus clair. Longueur totale, sept pouces et demi; bec, dix li- gnes; vol, onze pouces et demi; doigt postérieur, ongle compris, plus long que celui du milieu ; queue , deux pouces et demi, un peu fourchue , composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de quinze lignes. J'ai vu et mesuré un individu qui avoit un pouce de plus de longueur totale , et les autres parties à proportion. il. LE HAUSSE-COL NOIR, ou l'aloui:tte de Virginie. Alauda alpestris. Gmel. Je rapproche cette alouette américaine delà cravate jaune, à laquelle elle a beaucoup de rapports; mais elle en diffère cependant par le climat, par la gros- seur, et par quelques détails du plumage. Elle passe «juelquefois en Allemagne dans les temps de neige, et c'est par cette raison que M. Frisch Ta appelée alouette dliiver ; mais il ne faut pas la confondre avec le lulu, à qui, selon Gesner, on pourroit donner le même nom, puisqu'il paroît dans le temps où la terre est cou- verte de neige. M. Frisch nous dit qn'elle est peu LK IIALSSE-COL NOIR. 49 connue en Allemagne, et qu'on ne sait ni d'où elle vient ni où elle va. On en a pris aussi quelquefois aux environs de Dantzick, avec d'autres oiseaux, dans les mois d'a- vril et de décembre ; et l'utie d'elles a vécu plusieurs mois eu cage. M. Klein présume qu'elles avoient été apportées par un coup de vent de l'Amérique septen- trionale dans la Norwége, ou dans les pays qui sont encore plus voisins du pôle, d'où elles avoient pu fa- cilement passer dans des climats doux. Il paroît d'ailleurs que ce sont des oiseaux de pas- sage ; car nous apprenons de Catesby qu'elles ne pa- roissent que l'hiver dans la Virginie et la Caroline, venant du nord de l'Amérique par grandes volées, et qu'au commencement du printemps elles retournent sur leurs pas. Pendant leur séjour, elles fréquentent les dunes, et se nourrissent de l'avoine qui croît dans les sables. Cette alouette est de la grosseur de la nôtre, et son cbant est à peu près le même : elle a le dessus du corps brun; le bec noir; les yeux placés sur une bande jaune qui prend à la base du bec ; la gorge et le reste du cou de la même couleur, et ce jaune est en partie terminé de chaque côté par une bande noire qui , partant des coins de la bouche , passe sous les yeux, et tombe jusqu'à la moitié du cou; il est terminé au bas du cou par une espèce de col- lier ou hausse-col noir : la poitrine et tout le dessous du corps sont d'une couleur de paille foncée. Longueur totale , six pouces et demi ; bec , sept li- gnes; le doigt et l'ongle postérieurs encore plus longs que daiis notre alouette ; queue, deux pouces et demi. ;)0 LE HAUSSE-COL NOIR. un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de dix à onze lignes. ÎIT. LALOUETTE AUX JOUES BRUNES DE PENSYLVANIE, Alauda rubra. Gmel. Voici encore une alouette de passage, et qui est commune aux deux continents ; car M. Bartam , qui l'a envoyée à M. Edwards, lui a mandé qu'elle com- mençoit à se montrer en Pensylvanie dans le mois de jiiars, qu'elle preiioit sa route parle nord, et qu'on n'en voyoit plus à la fin de mai; et, d'un autre côté , M. Edwards assure l'avoir trouvée dans les environs de Londres. Cet oiseau est de la grosseur de la spipoîette : il a le bec mince , pointu , et de couleur foncée ; les yeux bruns, bordés d'une couleur plus claire, et située dans une tache brune, de forme ovale, qui descend sur les joues , et qui est circonscrite par une zone en partie blanche, en partie d'un fauve vif. Tout le des- sus du corps est d'un brun obscur, à l'exception des deux pennes extérieures de la queue , qui sont blan- ches ; le cou, la poitrine, et tout le dessous du corps, sont d'un fauve rougeâtre , moucheté de brun : les pieds et les ongles sont d'un brun foncé comme le bec; l'ongle postérieur est fort long, mais cependant un peu moins que dans l'alouette commune. Enfin une singularité de cette espèce c'est que l'aile étant repliée et dans son repos , la troisième penne , en comptant L ALOUETTE AUX JOUES RRUKES. ;^ 1 depuis le corps, atteint l'extrémité des plus longues pennes; ce qui est, selon M. Edwards, le caractère constant des lavandières : et ce n'est pas le seul trait de ressemblance qui se trouve entre ces deux espèces; car nous avons déjà vu à la spipolette et à la farlouse un mouvement de queue semblable à celui des la- vandières, auxquels on a donné trop exclusivement, comme on voit, lenom de hoche- queues. LA ROUSSELINE, ou L'ALOUETTE DE MARAIS. Alauda Mosellana. Gmel. Cette alouette, qui se trouve en Alsace , est d'une grosseur moyenne entre l'alouette commune et la farlouse. Je l'appelle rousseline ^ parce que la couleur dominante de son plumage est un roux plus ou moins clair. Elle a le dessus de la lete et du corps varié de cette couleur et de brun ; les côtés de la tête roussâtres, rayés de trois raies brunes presque paral- lèles, dont la plus haute passe sous l'œii ; la gorge d'un roux très clair ; la poitrine d'im roux un peu plus foncé et semé de petites taches brunes fort étroites; le ventre et les couvertures inférieures de la queue d'un roux clair; les pennes de la queue et des ailes noirâtres, bordées du même roux; le bec et les pieds jaunâtres. Cette alouette, n*' 661, fig. 1, fait entendre son chant dès le matin, comme plusieurs autres espèces 135? Ls\ ROÎJSSE LINE. de ce genre; et son ramage est fort agréable, selon Rzaczynski. Son nom d'alouette de marais indique assez qu'elle se tient près des eaux; on la voit sou- vent sur la grève : quelquefois elle niche sur les bords de la Moselle, dans les environs de Metz, où elle paroît tous les ans en octobre , et où Ton en prend alors quelques unes. M. Mauduit m'a parlé d'une alouette rousse qui avoit les plumes du dessus du corps terminées de blanc, ainsi que les pennes latérales de la queue : c'est probablement une variété dans l'espèce de la rousseline. Longueur totale, six pouces mi quart; bec, huit lignes; tarse, un pouce; doigt postérieur, quatre lignes; son ongle, trois lignes et demie, un peu courbé; queue, deux pouces un quart ; elle dépasse les ailes de dix-huit lignes. t»SOi»»»e'»&&»8'e LA CEINTURE DE PRETRE. ou L'ALOUETTE DE SIBÉRIE*. Alauda flava. Gmel. De tous les oiseaux à qui Ton a donné le nom d'alouette, c'est celui-ci, n° 65o, fig. 2, qui a le plus beau plumage et le plus distingué : il a la gorge, le front, et les côtés de la tète d'un joli jaune, re- i. Ne seroit-ce pas le thufu tytUnger dont parle M. Muller avec incerli tilde dans sa Zoologie danoise, page 29? L,\ CEIATLRE DfE TRÊjnE. 55 levé par une petite tache noire entre l'œil et le bec, laquelle se réunit à une autre tache plus grande , située immédiatement sons l'œil ; la poitrine déco- rée d\ine large ceinture noire ; le reste du dessous du corps blanchâtre; les flancs un peu jaunâtres , variés par des taches plus foncées ; le dessus de la tête et du corps varié de roussâtre et de gris brun ; les couvertures supérieures de la queuve jaunâtres; les pennes noirâtres, bordées de gris, excepté les plus extérieures, qui le sont de blanc; les pennes des ailes grises, bordées finement d'une couleur plus noire; les couvertures supérieures du môme gris, bordées de roussâtre ; le bec et les pieds gris de plomb. Cet oiseau a été envoyé de Sibérie, où il n'est point commun. Le voyageur Jean Wood parle de petits oiseaux semblables à l'alouette, vus dans la Nou- velle-Zemble. On pourroit soupçonner que ces petits oiseaux sont de la même espèce que celui de cet article, puisque les uns et les autres se plaisent dans les climats septentrionaux. Enfin je trouve dans le catalogue des oiseaux de Russie une alauda tungustica aurlta; ce qui semble indiquer une alouette huppée du pays des Tonguses , voisins de la Sibérie. Il faut attendre les observations pour mettre ces oiseaux à leur place. Longueur totale, cinq pouces trois quarts; bec, six à sept lignes; doigt postérieur, quatre lignes et demie ; son ongle, cinq lignes et demie ; queue, deux pouces, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'un pouce. 54 LA VARIOLE. OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AUX ALOUETTES. LA VARIOLE. Alauda vif a. Gmel. C'est M. Commerson qui nous a apporté cette jolie petite alouette, n° 758, fig. 1 , des pays qu'arrose Li rivière de la Plata. Le nom de variole j que nous lui avons donné, a rapport à l'émail très varié et très agréable de son plumage : elle a en effet le dessus de la tête et du corps noirâtre , joliment varié de diffé- rentes teintes de roux; l^e devant du cou émaillé de même; la gorge et tout le dessous du corps blanchâ- tre ; les pennes de la queue brunes, bordées, les huit intermédiaires de roux clair, et les deux paires exté- rieures de blanc ; les grandes pennes des ailes grises, et les moyennes brunes, toutes bordées de roussâtre; le bec brun, échancré près de la pointe; les pieds jaunâtres. Longueur totale, cinq pouces un quart; bec, huit lignes; tarse, sept ou huit lignes; doigt posté- rieur, trois lignes ; son ongle, quatre lignes; queue, vingt lignes, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'un pouce. L.\ CENDTllLLE. 5D IJ. LA CENDRILLE. Alaudd cinerea. Gmel. J'ai le dessin d'une alouette du cap de Bonne-Espé- rance, ayant la gorge et tout le dessous du corps blanc, le dessus de la tête roux, et cette espèce de calotte bordée de blanc depuis la base du bec jusqu'au delà des yeux; de chaque côté du cou , une tache rousse bordée de noir par en haut; la partie supérieure du cou et du corps, cendrée; les couvertures supérieu- res des ailes et leurs pennes moyennes, grises; les grandes, noires, ainsi que les pennes de la queue. Longueur totale, cinq pouces; bec, huit lignes; ongle du doigt postérieur droit et pointu , égal à ce doigt; queue, dix-huit à vingt lignes, dépassant les ailes de neuf lignes. Y auroit-il quelque rapport entre la cendrille et cette alouette cendrée que l'on voit en grand nom- bre, selon M. Shaw, aux environs de Biserte, qui est Tancienne Utique? Toutes deux sont d'Afrique : mais il y a loin des côtes de la Méditerranée au cap de Bonne-Espérance ; et d'ailleurs l'alouette cendrée de Biserte n'est pas assez connue pour qu'on puisse la rapporter à sa véritable espèce : peut-être faudra- t-il la rapprocher de la grisette du Sénégal. i>6 LE SIllLI DU CAP DE BONNE-ESPERANCE. lll. LE SIRLI DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE^. Aiauda A f ricana. Gmel. Si cet oiseau semble s eloigaer du genre des alouet- tes par la courbure de son bec, il s'en rapproche beaucoup par la longueur de son éperon, c'est-à-dire de so.n ongle postérieur. Il a toute la partie supérieure variée de brun plus ou moins foncé, de roux plus ou moins clair, et de blancs les couvertures des ailes, leurs pennes et celles de la queue, brunes, bordées de blanchâtre, quelques unes ayant une double bordure , l'une blanchâtre et l'autre roussâtre ; toute la partie infé- rieure du corps blanchâtre, semée de taches noirâ- tres ; le bec noir et les pieds bruns. Longueur totale, huit pouces; bec, un pouce; tarse, treize lignes; doigt postérieur, quatre lignes; l'ongle de ce doigt, sept lignes, droit et pointu; queue, environ deux pouces et demi, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de dix-huit 1. C'est une espèce nouvelle, qui a été envoyée au Cabinet du Roi par M. de liosenevez, et qui ne ressemble que par le nom au shirlce de M. Edwards, pi. 342 , lequel est un troupiale. Pll72 Tome 2? ^ ""^Tm i f'f^ ^^ IvV^ ^^^^^. Vs^T ^^m^^ ^ VS^ ^■Si ^ 1 LE SIRLÎ _ 2 LE CO CHERIS — 3 LEl ROSSIGNOL Î.E CGC LIE VIS. i»(»8«^*P*et3>«<9«*S«'8<8^««*S.-«he<8>>««i8iO*!N»8*i5«««>5< LE GOCHEVIS\ ou LA GROSSE ALOUETTE HUPPÉE. Alauda cristata. Gmel. Cette alouette a été nommée cochevisj parce qu'on a regardé l'aigrette de plumes dont sa tête est sur- montée comme une espèce de crête, et conséquem- ment comme un trait de ressemblance avec le coq. Cette crête, ou plutôt cette huppe, est composée de quatre plumes de principale grandeur , suivant Belon ; de quatre ou six, suivant Olina; et d'un plus grand nombre, selon d'autres , qui le portent Jusqu'à douze. On ne s'accorde pas plus sur la situation et îe jeu de ces plumes que sur leur nombre : elles sont toujours relevées, selon les uns, et, selon d'autres, l'oiseau peut les élever ou les abaisser, les étendre ou les resserrer à son gré, soit que cette différence dé- pende du climat, comme l'insinue Turner , ou de la saison, ou du sexe, ou de quelque autre circon- stance. C'est une preuve de plus, ajoutée à mille 1. Coclievis j c'est-à-dire visage de coq ^ selon Ménage, parce que le cochevis ressemble un peu au coq par sa crête ; en Berry, alouette crêlée ; en Sologne, alouette duppée (pour alouette huppée); en Beauce, alo la longueur qu'il a communément dans les alouettes. »S««c«««e-&«««««>s«<@>e<@«9«««^'^«&»9<»«>e<»s>S«4 LA GOQUILLADE. Alauda nudata. Gmel. C'est une espèce nouvelle que M. Guys nous a en- voyée de Provence : je la rapproche du cochevis, LA COQLILLADE. 65 parce qu'elle a sur la tête une petite huppe couchée en arrière, et que sans doute elle sait relever dans l'occasion. Elle est proprement l'oiseau du matin; car elle commence à chanter dès la pointe du jour, et semble donner le ton aux autres oiseaux. Le mâle ne quitte point sa femelle, selon le même M. Guys; et tandis que l'un des deux cherche sa nourriture , c'est-à-dire des insectes, tels que chenilles et saute- relles, et même des limaçons, l'autre a l'œil au guet, et avertit son camarade des dangers qui menacent. La coquîllade, n° 662, a la gorge et tout le des- sous du corps blanchâtres, avec de petites taches noi- râtres sur le cou et sur la poitrine; les plumes de la huppe noires, bordées de blanc; le dessus de la tête et du corps varié de noii âtre et de roux clair ; les grandes couvertures des ailes terminées de blanc; les pennes de la queue et des ailes brunes, bordées de roux clair, excepté quelques pennes des ailes qui sont bordées ou terminées de blanc ; le bec brun dessus, blanchâtre dessous; les pieds jaunâtres. Longueu»' totale, six pouces trois quarts ; bec, onze lignes, assez fort; tarse, dix lignes ; doigt postérieur, neuf à dix lignes, ongle compris ; cet ongle, six lignes; queue, deux pouces, dépassant les ailes de sept à huit liirnes. M. Sonnerat a rapporté du cap de Bonne-Espé- rance une alouette fort ressemblante à celle-ci , soit par sa grosseur et ses proportions, soit par son plu- mage ; elle n'en diffère qu'en ce qu'elle n'a point de huppe, que la coaleur du dessous du corps est plus jaunâtre , et que parmi les pennes de la queue et des ailes il n'y en a aucune qui soit bordée de blanc : 66 LA COQUILLADT". mais ces diflorences sont trop petites pour constituer une variété dans cette espèce ; c'étoit peut-être une femelle , ou un jeune oiseau de l'année. Dans le Foyage au Levant de M. F. Hasselquist , il est fait mention de l'alouette d'Espagne, que ce na- turalisée vit dant la Méditerranée , au moment où elle quittoit le rivage ; mais il n'en dit rien de plus, et je ne trouve dans les auteurs aucune espèce d'alouette qui ait été désignée sous ce nom. OISEAU ETRANGER OUr A RAPPORT AU GOGHEVTS. LA GRISETTE, ou LE GOCHEVIS DU SÉNÉGAL. Alauda Senegaiensis. Gmel. On doit à M. Brisson presque tout ce que l'on sait de ce cochevis étranger, n° 5o4? fig- i: il a l'at- tribut caractéristique des cochevis. c'est-à-dire une espèce de huppe, composée de plumes plus longues que celles qui couvrent le reste de la tête. La gros- seur de l'oiseau est à peu près celle de l'alouette commune. Il appartient à l'Afrique , et se perche sur les arbres qui se trouvent au bord du INiger : on le voit aussi dans l'île du Sénégal. Il a le dessus du corps varié de gris et de brun ; les couvertures supérieures de la queue d'un gris roussâtre ; le dessous du corps blanchâtre, avec de petites taches brunes sur le cou ; LA GUISE T TE. 67 îes pennes de l'aile gris brun , bordées de gris ; les' deux intermédiaires de la queue, grises; les latéra- les brunes, excepté la plus extérieure qui est d'un blanc roussâtre, et la suivante qui est bordée de cette même couleur; le bec, couleur de corne; les pieds et les ongles gris. J'ai vu une femelle dont la huppe étoit couchée en arrière comme celle dn mâle, et variée, ainsi que la lete et le dessus du corps, de traits bruns sur un fond roussâtre; le reste du plumage étoit conforme à la description précédente. Cette femelle avoit le bec plus long et la queue plus courte. Longueur totale, six pouces et demi ; bec , neuf li- gnes et demie; vol, onze pouces; doigt postérieur, ongle compris, égal au doigt du milieu; queue, deux pouces deux lignes, un peu fourchue , composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de six à sept lignes. LE ROSSIGNOL\ Motacilla Lusclnia. L. Il n'est point d'homme bien organisé à qui ce nom ne rappelle quelqu'une de ces belles nuits de prin- temps où le ciel étant serein , l'air calme , toute la na- ture en silence, et, pour ainsi dire, attentive, il a 1. En allemand, nac/ii-grt//; en aaglois , nigktingale ; on italien , rossigtiuoio uscignioto. Le rossignol franc , rossignol chanteur, rossignol des bois. En Pro- vence , roussigiiol , on roussi gnean: Li femelle, ronss'gnoleUe ; le jeune, roussignolet. 6S LE ROSSIGNOL. écoute avec ravissement le ramage de ce chantre des forêts. On pourroit citer quelques autres oiseaux chan- teurs dont la voix le dispute, à certains égards, à celle du rossignol, n° 61 5, fig. 2. Les alouettes, le serin , le pinson, les fauvettes , la linotte, le chardonneret, le merle commun, le merle solitaire , le moqueur d'Amérique , se font écouter avec plaisir lorsque le rossignol se tait : les uns ont d'aussi beaux sons, les autres ont le timbre aussi pur et plus doux, d'autres ont des tours de gosier aussi flatteurs; mais il n'en est pas un seul que le rossignol n'efface par la réu- nion complète de ses talents divers et par la prodi- gieuse variété de son ramage, en sorte que la chan- son de chacun de ces oiseaux, prise dans toute son étendue, n'est qu'un couplet de celle du rossignol. Le rossignol charme toujours , et ne se répète jamais, du moins jamais servilement : s'il redit quelque pas- sage, ce passage est animé d'un accent nx)uveau , em- belli par de nouveaux agréments; il réussit dans tous les genres, il rend toutes les expressions, il saisit tous les caractères, et de plus il sait en augmenter l'effet par les contrastes. Ce coryphée du printemps se prépare-t-il à chanter l'hymne de la nature , il commence par un prélude timide, par des tons foi- bles, presque indécis, comme s'il vouloit essayer son instrument et intéresser ceux qui l'écoutent : mais ensuite, prenant de l'assurance, il s'anime par degrés, il s'échauffe, et bientôt il déploie dans leur plénitude toutes les ressources de son incomparable organe ; coups de gosier éclatants ; batteries vives et légères; fusées de chant , où la netteté est égale à la volubilité ; murmure intérieui* et sourd qui n'est point LE UOSSIGNOL. 69 appréciable à l'oreille, mais 1res propre à augineiUer l'éclat des tons appréciables; roulades précipitées, brillantes et rapides, articulées avec force et même avec une dureté de bon goût; accents plaintifs caden- cés avec mollesse : sons lilés sans art , mais enQés avec âme; sons enchanteurs et pénétrants; vrais soupirs d'amour et de volupté , qui semblent sortir du cœur et font palpiter tous les cœurs, qui cause à tout ce qui est sensible une émotion si douce, une langueur si touchante. C'est dans ces tons passionnés que l'on reconnoît le langage du sentiment qu'un époux heu- reux adresse à une compagne chérie , et qu'elle seule peut lui inspirer; tandis que dans d'autres phrases plus étonnantes peut-être, mais moins expressives, on reconnoît le simple projet de l'amuser et de lui plaire , ou bien de disputer devant elle le prix du chant à des rivaux jaloux de sa gloire et de son bon- heur. Ces différentes phrases sont entremêlées de silen- ces, de ces silences qui, dans tous genres de mélodie, concourent si puissamment aux grands effets : on jouit des beaux sons que l'on vient d'entendre, et qui retentissent encore dans l'oreille ; on en jouit mieux, parce que la jouissance est plus intime, plus recueillie, et n'est point troublée par des sensations nouvelles. Bientôt on attend, on désire une autre reprise; on espère que ce sera celle qui plaît : si Ton est trompé, la beauté du morceau que l'on entend ne permet pas de regretter celui qui n'est que dif- féré, et l'on^conserve l'intérêt de l'espérance pour les reprises qui suivront. Au reste, une des raisons pour- quoi le chant^du rossignol est plus remarqué t'tpro- Liii'FoN. xxm. •Jt) I-E ROSSIGNOL. duit plus d'effet, c'est , comme dit très bien M. Bar- rington, parce que chantant la nuit, qui est le temps le plus favorable, et chantant seul, sa voix a tout son éclat, et n'est offusquée par aucune autre voix. Il ef- face tous les autres oiseaux, suivant le môme M. Bar- rington , par ses sons moelleux et tlûtés, et par la durée non interrompue de son ramage , qu'il soutient quelquefois pendant vingt secondes. Le môme obser- vateur a compté dans ce ramage seize reprises diffé- rentes , bien déterminées par leurs premières et der- nières notes, et dont l'oiseau sait varier avec goût les notes intermédiaires. Enfin il s'est assuré que la sphère que remplit la voix d'un rossignol n'a pas moins d'un mille de diamètre, surtout lorsque l'air- est calme; ce qui égale au moins la portée de la voix humaine. Il est étonnant qu'un si petit oiseau, qui ne pèse pas une demi-once, ait tant de force dans les organes de la voix : aussi M. Hunter a-t-il observé que les muscles du larynx, ou, si l'on veut, du gosier, étoient plus forts à proportion dans cette espèce que dans toute autre, et môme plus forts dans le mâle qui chante, que dans la femelle qui ne chante point. Aristote , et Pline d'après lui , disent que le chant du rossignol dure dans toute sa force quinze jours et quinze nuits sans interruption, dans le temps où les arbres se couvrent de verdure ; ce qui doit ne s'entendre que des rossignols sauvages, et n'être pas pris à la rigueur, car ces oiseaux ne sont pas muets avant ni après l'époque fixée par Aristote : à la vérité, ils ne chantent pas alors avec autant d'ardeur ni aussi constamment. Ils commencent d'ordinaire au mois f.E ROSSIGNOL. Il d'avril; et ne finissent tout-à-fait qu'au mois de juin, vers le solstice ; mais la véritable époque où leur chant diminue beaucoup c'est celle où leurs petits viennent à éclore , parce qu'ils s'occupent alors du soin de les nourrir, et que , d-ans Tordre des instinct^?, la nature a donné la prépondérance à ceux qui ten- dent à la conservation des espèces. Les rossignols captifs continuent de chanter pendant neuf ou dix mois, et leur chant est non seulement plus long- temps soutenu , mais encore plus parfait et mieux formé : de là M. Barrington tire cette conséquence, que dans cette espèce, ainsi que dans bien d'autres, le mâle ne chante pas pour amuser sa femelle, ni pour charmer ses ennuis durant l'incubation ; consé- quence juste et de toute vérité. En effet, la femelle qui couve remplit cette fonction par un instinct, ou plutôt par une passion plus forte en elle que la passion môme de l'amour : elle y trouve des jouissances in- térieures dont nous ne pouvons bien juger, n)ais qu'elle paroît sentir vivement, et qui ne permettent pas de supposer que dans ces moments elle ait be- soin de consolation. Or, puisque ce n'est ni par de- voir ni par vertu que la femelle couve, ce n'est point non plus par procédé que le mâle chante ; il ne chante pas en effet durant la seconde incubation : c'est l'amour, et surtout le premier période de l'a- mour, qui inspire aux oiseaux leur ramage. C'est au printemps qu'ils éprouvent le besoin d'aimer et celui de chanter : ce sont les mâles qui ont le plus de dé- sirs , et ce sont eux qui chantent le plus; ils chantent la pliis grande partie de l'année, lorsqu'on sait faire régner autour d'eux un printemps perpétuel qui re~ ^'2 LE nOSSIGNOL. nouvelle incessamment leur ardeur, sans leur oflVir aucune occasion de l'éteindre. C'est ce qui arrive aux rossignols que l'on tient en cage, et même , comme nous venons de le dire , à ceux que l'on prend adul- tes : on en a vu qui se sont mis à chanter de toutes leurs forces peu d'heures après avoir été pris. Il s'en faut bien cependant qu'ils soient insensibles à la perte de leur liberté, surtout dans les commencements : ils se laisseroient mourir de faim les sept ou huit pre- miers jours, si on ne leur donnoit la becquée ; et ils se casseroient la tête contre le plafond de leur cage, si on ne leur attachoit les ailes; mais à la longue la passion de chanter l'emporte , parce qu'elle est en- tretenue par une passion plus profonde. Le chant des autres oiseaux , le sondes instruments, les accents d'une voix douce et sonore , les excitent aussi beau- coup ; ils accourent, ils approchent, attirés par les beaux sons; mais les duos semblent les attirer encore plus puissamment : ce qui prouveroit qu'ils ne sont pas insensibles aux effets de l'harmonie. Ce ne sont point des auditeurs muets; ils se mettent à l'unisson et font tous leurs efforts pour éclipser leurs rivaux, pour couvrir toutes les autres voix et même tous les autres bruits : on prétend qu'on en a vu tomber morts aux pieds de la personne qui chantoit ; on en a vu un autre qui s'agitoit , gonfloit sa gorge, et faisoit enten- dre un gazouillement de colère , toutes les fois qu'un serin qui étoit près de lui se disposoit à chanter, et il étoit venu à bout par ses menaces de lui imposer silence : tant il est vrai que la supériorité n'est pas toujours exempte de jalousie! Seroit-ce par une suite de cette passion de primer, que ces oiseaux sont si LE ROSSIGNOL. ^5 attentifs à prendre leurs avantages, et qu'ils se plai- sent à chanter dans un lieu résonnant ou bien à por- tée d'un écho? Tous les rossignols ne chantent pas également bien; il y en a dont le ramage est si médiocre, que les amateurs ne veulent point les garder; on a même cru s'apercevoir que les rossignols d un pays ne chan- toient pas comme ceux d'un autre. Les curieux en Angleterre préfèrent, dit-on, ceux de la province de Surry à ceux de Middlessex, com^ie ils préfèrent les pinsons de la province d'Essex et les chardonnerets de celle de Kent. Celte diversité de ramage dans des oiseaux d'une môme espèce a été comparée , avec raison, aux différences qui se trouvent dans les dia- lectes d'une même langue : il est difficile d'en assigner les vraies causes, parce que la plupart sont acciden- telles. Un rossignol aura entendu, par hasard, d'au- tres oiseaux chanteurs : les efforts que l'émulation lui aura fait faire auront perfectionné son chant , et il l'aura transmis ainsi perfectionné à ses descendants; car chaque père est le maître à chanter de ses petits; et l'on sent combien , dans la suite des générations , ce môme chant peut être encore perfectionné ou modifié diversement par d'autres hasards semblables. Passé le mois de juin, le rossignol ne chante plus, et il ne lui reste qu'un cri rauque , une sorte de croas- sement, où l'on ne reconnoît point du tout la mélo- dieuse Philomèle ; et il n'est pas surprenant qu'au- trefois en Italie on lui donnât un autre nom dans cette circonstance : c'est en effet un autre oiseau, un oiseau absolument différent, du moins quant à la voix , ■ et même un peu quant aux couleurs du plumage. -^ I-E KOSSIGNOL. Dans l'espèce da rossignol, comme dans tontes ies^ autres, il se trouve quelquefois des femelles qui par- ticipent à la constitution du mâle, à ses habitudes^ et spécialement à celle de chanter. J'ai vu une de ces femelles chantantes qui étoit privée; son ramage ressembloit à celui du mâle : cependant il n'étoit ni aussi fort ni aussi varié ; elle le conserva jusqu'au printemps : mais alors, subordonnant l'exercice de ce talent, qui lui étoit étranger, aux véritables fonctions de son sexe , elle se tut pour faire son nid et sa ponte, quoiqu'elle n'eût point de mâle. Il semble que dans les pays chauds, tels que la Grèce, il est assez or- dinaire de voir de ces femelles chantantes, et dans cette espèce, et dans beaucoup d'autres : du moins c'est ce qui résulte d'un passage d'Aristote^. Un musicien , dit M. Frisch , devroit étudier le chant du rossignol : c'est ce qu'essaya jadis le jésuite Kircher, et ce qu'a tenté nouvellement M. Barring- fon ; mais, de l'aveu de ce dernier, c'a été sans au- cun succès. Ces airs notés , étant exécutés par le plus habile joueur de flûte, ne ressembloient point du tout au chant du rossignol. M. Barrington soupçonne que la difficulté vient de ce qu'on ne peut apprécier au juste la durée relative, ou, si l'on veut, la valeur de chaque note. Cependant , quoiqu'il ne soit point aisé de déterminer la mesure que suit le rossignol lorsqu'il chante , de saisir ce rh} thme si varié dans ses mouvements, si nuancé dans ses transitions , si li- bre dans sa marche, si indépendant de toutes nos règles de convention , et par cela même si convenable i. Les entliousiahles des beaux sons croient que ceux du rossigiïo!, çoivtvibueut plus que îa chaleur à viviGer le fœtus dans lœuf. LE ROSSIGNOL, 75 au chantre de la nature, ce rhythme , en un mot, fait pour être finement senti par un organe délicat , et non pour être marqué à grand bruit par un bâton d'orchestre, ii me pafoît encore pkis difficile d'imi- ter avec un instrument mort les sons du rossignol » ses accents si pleins d âme et de vie , ses tours de go- sier, son expression , ses soupirs : il faut pour cela un instrument vivant et d'une perfection rare; je veux dire uiie voix sonore, harmonieuse, et légère, un tim- bre pur, moelleux, éclatant; un gosier de la plus grande flexibilité, et tout cela guidé par une oreille juste, soutenu par un tact sûr, et vivifié par une sen- sibilité exquise : voilà les instruments avec lesquels on peut rendre le chant du rossignol. J'ai va deux personnes qui n'en auroient pas noté un seul passage, et qui cependant l'imitoicnt dans toute son étendue, et de manière à faire illusion; c'étoient deux hommes; ils siffloient plutôt qu'ils ne chantoient : mais l'un sif- floit si naturellement, qu'on ne pouvoit distinguer, à la conformation de ses lèvres, si c'étoit lui ou son voisin qu'on entendoit; l'autre sifïloit avec plus d'ef- fort, il étoit même obligé de prendre une attitude contrainte; mais , quant à l'effet, son imitation n'étoit pas moins parfaite. Enfin on voyoit il y a fort peu d'années , à Londres, un homme qui , par son chant, savoit attirer les rossignols, au point qu'ils venoient se percher sur lui et se laissoient prendre à la main. Comme il n est pas donné à tout le monde de s'ap- proprier le chant du rossignol par une imitation fi- dèle, et que tout le monde est curieux d'en jouir, plu- sieurs ont tâché de se l'approprier d'une manière n6 LE KOSSIGNOL. pins simple, je veux dire en se rendant maîtres du rossignol Ini-niême, et le réduisant à l'état de do- mesticité : mais c'est nn domestique d'une humeur difficile, et dont on ne tire le service désiré qu'en mé- nageant son caractère. L'amouret la gaieté ne se com- mandent pas, encore moins les chants qu'ils inspi- rent. Si l'on veut faire chanter le rossignol captif, il faut le bien traiter dans sa prison; il faut en peindre les murs de la couleur de ses bosquets, l'environ- ner, l'ombrager de feuillages, étendre de la mousse sous ses pieds, le garantir du froid et des visites im- portunes^, lui donner une nourriture abondante et qui lui plaise; en un mot , il faut lui faire illusion sur sa captivité , et tâcher de la rendre aussi douce que la liberté, s'il étoit possible. A ces conditions , le ros- signol chantera dans la cage. Si c'est un vieux, pris dans le commencement du printemps, il chantera au bout de huit jours et même plus tôt 2, et il recommen- cera à chanter tous les ans au mois de mai et sur la fin de décembre. Si ce sont de jeunes de la première ponte, élevés à la brochette, ils commenceront à ga- zouiller dès qu'ils commenceront à manger seuls; leur voix se haussera , se formera par degrés ; elle sera dans toute sa force sur la fin de décembre, et ils l'exerceront tous les jours de l'année, excepté au temps de la mue ; ils chanteront beaucoup mieux que les rossignols sauvages ; ils embelliront leur chant na- 1 . Ou recommande même de le nettoyer rarement lorsqu'il chante. 5. Ceux qu'on prend après le i5 mai chantent rarement le reste de la saison : ceux qui ne chantent pas au l>oul de quinze jours ne chaulent jamais bien, et souvent sont des femelles. LE ROSSIGNOL. 77 tiirel de tous les passages qui leur plairont dans Je chant des autres oiseaux qu'on leur fera entendre, et de tous ceux que leur inspirera l'envie de les sur- passer; ils apprendront à chanter des airs si on a la patience et le mauvais goût de les siffler avec la rossi- gnolette; ils apprendront même à chanter alternati- vement avec un chœur, et à répéter leur coupletàpro- pos : enfin ils apprendront à parler quelle langue on voudra. Les fds de l'empereur Claude en avoient qui parloient grec et latin : mais ce qu'ajoute Pline est plus merveilleux ; c'est que tous les j©urs ces oiseaux préparoient de nouvelles phrases , et môme des phra- ses assez longues, dont ils régaloient leurs maîtres. L'adroite flatterie a pu faire croire cela à de jeunes princes : mais un philosophe tel que Pline ne devoit se permettre ni de le croire , ni de cliercher à le faire croire, parce que rien n'est plus contagieux que l'er- reur appuyée d'un grand nom. Aussi plusieurs écri- vains se prévalant de l'autorité de Pline, ont renchéri sur le merveilleux de son récit. Gesner entre autres rapporte la lettre d'un homme digne de foi (comme on va le voir) où il est question de deux rossignols ap- partenant à un n^ailre d'hôtellerie de Ratisbonne, lesquels passoient les nuits à converser en allemand sur les intérêts politiques de l'Europe , sur ce qui s'é- toit passé, sur ce qui devoit arriver bientôt, et qui ar- riva en effet. A la vérité, pour rendre la chose plus croyable, l'auteur de la lettre avoue que ces rossignols ne faisoient que répéter ce qu'ils avoient entendu dire à quelques militaires ou à quelques députés de la diète qui fréquentoient la même hôtellerie : mais avec cet adoucissement même, c'est encore une his~ rS LE ROSSIGNOL. toire absurde et qui ne mérite pas d'êlre réfutée se- rieusement. j'ai dit que les vieux prisonniers avoient deux sai- sons pour chanter, le mois de mai et celui de décembre* mais ici l'art peut encore faire une seconde violence à la nature, et changer à son gré Tordre de ces saisons, en tenant les oiseaux dans une chambre rendue ob- scure par degrés, tant que l'on veut qu'ils gardent le silence, et leur redonnant le jour, aussi par degrés, quelque temps avant celui où Ton veut les entendre chanter; le retour ménagé de la lumière, joint à tou- tes les autres précautions indiquées ci-dessus, aura sur eux les effets du printemps. Ainsi l'art est par- venu à leur faire chanter et dire ce qu'on veut et quand on veut ; et si l'on a un assez grand nombre de ces vieux captifs, et qu'on ait la petite industrie de re- tarder et d'avancer le temps de la mue, on pourra, en les tirant successivement de la chambre obscure, jouir de leur chant toute l'année, sans aucune inter- ruption. Parmi les jeunes qu'on élève, il s'en trouve qui chantent la nuit : mais la plupart commencent à se faire entendre le matin sur les huit à neuf heures dans le temps des courts jours, et toujours plus ma- tin, à mesure que les jours croissent. On ne se douteroit pas qu'un chant aussi varié que celui du rossiîrnol est renfermé dans les bornes étroites d'une seule octave; c'est cependant ce qui résulte de l'observation attentive d*un homme de goût, qui joint la justesse de l'oreille aux lumières de l'esprit^. A la vérité, il a remarqué quelques sons aigus qui alloient 1. M. le docteur Remond , qui a traduit plusieurs morceaux de la Collectiou académique. LE ROSSIGNOL. 79 à la double octave, et passoient comme des éclairs; mais cela n'arrive que très rarement^, et lorsque l'oi- seau , par un effort du gosier, fait octavier sa voix , comme un Auteur fait octavier sa flûte en forçant le vent. Cet oiseau est capable à la longue de s'attacher à la personne qui a soin de lui : lorsqu'une fois la con- noissance est faite, il distingue son pas avant de la voir, il la salue d'avance par un cri de joie ; et s'il est en mue, on le voit se fatiguer en efforts inutiles pour chanter, et suppléer par la gaieté de ses mou- vements , par Tame qu'il met dans ses regards , à l'ex- pression que son gosier lui refuse. Lorsqu'il perd sa bienfaitrice, il itteurt quelquefois de regret; s'il sur- vit, il lui faut long-temps pour s'accoutumer à une autre : il s'attache fortement , parce qu'il s'attache difficilement, comme font tous les caractères timides et sauvages. Il est aussi très solitaire : les rossignols voyagent seuls, arrivent seuls aux mois d'avril et de mai, s'en retournent seuls au mois de septembre^; et lorsqu'au printemps le mâle et la femelle s'appa- rient pour nicher, cette union particulière semble fortifier encore leur aversion pour la société générale ; 1. Le même M. Remond a reconnu dans le chanl du rossiguol des batteries à la tierce, à la quarte, et à l'octave, mais toujours de l'aigu au grave, des cadences toujours mineures, sur presque tous les tons, mais point d'arpèges ni de dessein suivi. M. Barrington a donné une balance des oiseaux chanteurs, où ii a exprimé en nombres ronds les degrés de perfection du chant propre à chaque espèce. 2. En Italie, il arrive en mars et avril, et se retire au commence- ment de novembre ; en Angleterre, il arrive en avril et mai , et repart dès le mois d'août. Ces époques dépendent, comme on le juge bien , de la température locale et de celle de la saison. 80 LE ROSSIGNOL. car iJs ne souflVent aîors aucun de leurs pareils dans le terrain qu'ils se sont approprié : on croit que c'est afin d'avoir une chasse assez étendue pour subsister, eux et leur faitiille ; et ce qui le prouve c'est que la dislmce des nids est beaucoup moindre dans un pays où la nourriture abonde. Cela prouve aussi que la jalousie n'entre pour rien dans leurs motifs, comme quelques uns l'ont dit ; car on sait que la jalousie ne trouve jamais les dislances assez grandes , et que l'a- bondance des vivres ne diminue ni ses ombragés ni ses précautions. Chaque couple commence à faire son nid vers la hn d'avril et au commencement de mai : ils le con- struisent de feuilles, de joncs, de brins d'herbe gros- sière, en dehors; de petites fibres, de racines, de crin, et d'une espèce de bourre, en dedans : ils le placent à une bonne exposition, un peu tournée ati levant, et dans le voisinage des eaux; ils le posent ou sur les branches les plus basses des arbustes , tels que les groseillers, épines blanches, pruniers sauvages, charmilles, etc. , ou sur une touffe d'herbe , et môme à terre , an pied de ces arbustes ; c'est ce qui fait que leurs œufs ou leurs petits, et quelquefois la mère, sont la proie des chiens de chasse, des renards, des fouines, des belettes, des couleuvres, etc. Dans notre climat, la femelle pond ordinairement cinq œufs^, d'un brun verdâtre uniforme, excepté que le brun domine au gros bout, et le verdâtre au petit bout : la femelle couve seule ; elle ne quitte son poste que pour chercher à manger, et elle ne le quitte 1. Arislole dit cinq ou six; cela peut être vrai de la Grèce , rini esl 1111 pay;^ plus chaud , et où il peut y avoir plus de fécondité. LE I10SS1G\0L. (Si que sur le soir, et lorsqu'elle est pressée par la faim : pendant son absence, le mâle semble avoir l'œil sur le nid. Au bout de dix-huit ou vingt jours d'incuba- tion, les petits cpmmencent à éclore. Le nombre des mâles est communément plus que double de celui des femelles : aussi, lorsqu'au mois d'avril on prend un mâle apparié, il est bientôt remplacé auprès de la veuve par un autre, et celui-ci par un troisième; en sorte qu'après l'enlèvement successif de trois ou qua- tre mâles, la couvée n'en va pas moins bien. La mère dégorge la nourriture à ses petits comaie font les fe- melles des serins; elle est aidée par le père dans cette intéressante fonction ; c'est alors que celui-ci cesse de chanter, pour s'occuper sérieusement du soin de la famille; on dit môme que, durant l'incubation, ils chantent rarement près du nid, de peur de le faire découvrir : mais lorsqu'on approche de ce nid, la tendresse paternelle se trahit par des cris que lui ar- rache le danger de la couvée, et qui ne font que l'augmenter. En moins de quinze jours les petits sont couverts de plumes, et c'est alors qu'il faut sevrer ceux qu'on veut élever: lorsqu'ils volent seuls, les père et mère recommencent une autre ponte, et après cette seconde, une troisième; mais, pour que cette dernière réussisse, il faut que les froids ne sur- viennent pas de bonne heure. Dans les pays chauds , ils font jusqu'à quatre pontes, et partout les derniè- res sont les moins nombreuses. L'homme, qui ne croit posséder que lorsqu'il peiU user et abuser de ce qu'il possède , a trouvé le moyen de faire nicher les rossignols dans la prison : le plus grand obstacle éloit l'amour de la liberté , qui est très ^2 LE nOSSIGNOL. vil' dans ces oiseaux; mais on a su contrebalancer ce sentiment naturel par des sentiments aussi naturels et plus forts, le besoin d'aimer et de se reproduire, l'amour de la géniture, etc. On prend un mâle et une femelle appariés, et on les lâche dans une grande volière ^ ou plutôt dans un coin de jardin planté d'ifs , de charmilles, et autres arbrisseaux, et dont on aura fait une volière en l'environnant de filets : c'est la manière la plus douce et la plus siire d'obtenir de leur race. On peut encore y réussir, mais plus diffi- cilemetit, en plaçant ce mâle et cette femelle dans un cabinet peu éclairé , chacun dans une cage séparée , leur donnant tous les jours à manger aux mêmes heures; laissant quelquefois les cages ouvertes, afin qu'ils fassent connoissance avec le cabinet, la leur ouvrant tout-à-fait au mois d'avril pour ne la plus fer- mer, et leur fournissant alors les matériaux qu'ils ont coutume d'employer à leurs nids , tels que feuilles de chêne, mousse, chiendent épluché, bourre de cerf, des crins, de la terre, de l'eau; mais on aura soin Lb^ retirer l'eau quand la femelle couvera. On a aussi trouvé le moyen d'établir des rossignols dans un en- droit où il n'y en a point encore eu : pour cela, on tâche de prendre le père, la mère , et toute la couvée avec le nid; on transporte ce nid dans un site qu'on aura choisi le plus semblable à celui d'où on l'aura enlevé ; on tient les deux cages qui renferment le père et la mère à portée des petits , jusqu'à ce qu'ils aient en- tendu leur cri d'appel : alors on leur ouvre la cage, sans se montrer ; le mouvement de la nature les porte droit au lieu où ils ont entendu crier leurs peîits ; ils leur donnent tout de suite la becquée ; ils continue- LV. ROSSIGNOL. 67) ront de les nourrir tant qu'il sera nécessaire, et l'on prétend que , l'année suivante , ils reviendront au même endroit. Ils y reviendront sans doute, s'ils y trouvent une nourriture convenable et les commodi- tés pour nicher; car sans cela, tous les autres soins seroient à pure perte, et, avec cela, ils seront à peu près superflus. Si l'on veut élever soi-même de jeunes rossignols , il faut préférer ceux de la première ponte, et leur donner tel instituteur que l'on jugera à propos; mais les meilleurs, h mon avis, ce sont d'autres rossignols, surtout ceux qui chantent le mieux. Au mois d'août, les vieux et les jeunes quittent les bois pour se rapprocher des buissons, des haies vi- ves, des terres nouvellement labourées, où ils trou- vent plus de vers et d'insectes; peut-être aussi ce mouvement général a-t-il quelque rapport à leur pro- chain départ : il n'en reste point en France pendant l'hiver, non plus qu'en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Grèce, etc. ; et, comme on assure qw'il n'y en a point en Afrique, on peut juger qu'ils se re- tirent en Asie. Cela est d'autant plus vraisemblable, que l'on en trouve en Perse, à la Chine, et môme au Japon, où ils sont fort recherchés, puisque ceux qui ont la voix belle s'y vendent, dit-on, vingt co- bangs^. Ils sont généralement répandus dans toute l'Europe, jusqu'en Suède et en Sibérie ^ , où ils chan- 1. Le cobang vaut quarante taeld, le tael cinquante-sept sous do Franco; et les vingt cobangs pi'ès de cent louis. Les rossignols étoicnt bien plus chers à Rome, comme nous le verrons à l'article du rossignol blanc. 2. M. Gmeiin parle avec transport des rives agréables du ruisseau 8-4 Lli ROSSIGNOL. teiit Iros agréablement. Mais en Europe comme en Asie , il y a des contrées qui ne leur conviennent point, et où ils ne s'arrêtent jamais : par exemple, le Bugey jusqu'à la hauteur de Nantua , une partie de la Hollande, l'Ecosse, l'Irlande^, la partie du nord du pays de Galles, et même de toute l'Angleterre, ex- cepté la province d'York; le pays des Dauliens aux environs de Delphes, le royaume de Siam, etc. Par- tout ils sont connus pour des oiseaux voyageurs; et cette habitude innée est si forte en eux, que ceux que l'on tient en cage s'agitent beaucoup au prin- temps et en automne, surtout la nuit, aux époques ordinaires marquées pour leurs migrations : il faut donc que cet instinct qui les porte à voyager soit in- dépendant de celui qui les porte à éviter le grand froid, et à chercher un pays où ils puissent trouver une nourriture convenable; car, dans la cage, ils n'é- prouvent ni froid ni disette , et cependant ils s'agitent. Cet oiseau appartient à l'ancien continent; et quoi- que les missionnaires et les voyageurs parlent du ros- signol du Caiiada, de celui de !a Louisiane, de celui des Antilles, etc. , on sait que ce dernier est une es- pèce de moqueur; que celui de la Louisiane est le même que celui des Antilles, puisque, selon Le Page Dupratz, il se trouve à la Martinique et à la Guade- loupe; et l'on voit par ce que dit ie P. Charlevoix de de Sibérie, appelé Beressouka , et du ramage des oiseaux qui s'y font entendre, parmi lesquels le rossignol tient le premier rang. 1. Je sais qu'on a douté de ce qui regarde l'Irlande, l'Ecosse, et la Hollande : mais ces assertions ne doivent pas être prises à la ri- gueur, elles signifient seulement que les rossignols sont fort rares dans ces pays; ils doivent l'être en effet partout où il y a peu de bois et d c buissons, peu de chaleur, peu d'insectes, peu de belles nuits, elc. LE ROSSÎGiNOL. 8!S celui du Canada, ou que ce n'est point un rossignol ou que c'est un rossignol dégénéré. 11 est possible en effet que cet oiseau , qui fréquente les parties sep- tentrionales de l'Europe et de l'Asie, ait franchi les mers étroites qui, à cette hauteur, séparent les deux continents, ou qu'il ait été porté dans le nouveau par un coup de vent ou par quelque navire, et que, trou- vant le cliuiat peu favorable , soit à cause des grands froids, soit à cause de l'humidité, ou du défaut de nourriture^, il chante moins bien au nord de TAmé- rique qu'en Asie et en Europe, de même qu'il chante moins bien en Ecosse qu'en Italie; car c'est une règle générale que tout oiseau ne chante que peu ou point du tout lorsqu'il souffre du froid et de la faim , etc. ; et l'on sait d'ailleurs que le climat de l'Amérique, et surtout du Canada, n'est rien moins que favorable au chant des oiseaux : c'est ce qu'aura éprouvé notre ros- signol transplanté au Canada ; car il est plus que pro- bable qu'il s'y trouve aujourd'hui, l'indication trop peu circonstanciée du P. Charlevoix ayant été confir- mée depuis par le témoignage positif d'un médecin résidant à Québec, et de quelques voyageurs^. Comme les rossignols, du moins les mâles, passent toutes les nuits du printemps à chanter, les anciens s'étoient persuadés qu'ils ne dormoient point dans cette saison ; et de cette conséquence peu juste est {.. Je sais qu'il y a beaucoup cl'iusoctes en Amérique; mais la plu- part sont si gros et si bien armés, que le rossignol, loin d'en pouvoir iaire sa proie, auroit souvent peine à se défendre contre leurs attaques. 9.. Ce médecin a mandé à M. de Salerne que notre rossiguol se trouve au Canada comme ici dans la saison. Il se trouve aussi :V la Gaspesie , selon le P. Leclerc , et n'y chante pas si bien. BLFFON. XXIH. () SG LE nOSSIONOL. née cette erreur, que leur chair étoit une nourriture antisoporeuse, qu'il suffisoit d'en mettre le cœur et les yeux sous l'oreiller d'uoe personne pour lui don- ner une insomnie ; enfui , ces erreurs gagnant du ter- rain et passant dans les arts, le rossignol est devenu l'emblème de la vigilance. Mais les modernes, qui ont observé de plus près ces oiseaux, se sont aperçus que, dans la saison du chant, ils dormoient pendant le jour, et que ce sommeil du jour, surtout en hiver, annonçoit qu'ils ëtoient prêts à reprendre leur ra- mage. Non seulement ils dorment, mais ils rêvent, et d'un rêve de rossignol; car on les entend gazouiller à demi-voix et chanter tout bas. Au reste , on a débité beaucoup d'autres fables sur cet oiseau, comme on fait sur tout ce qui a de la célébrité : on a dit qu'une vipère, ou, selon d'autres, un crapaud, le fixant lors- qu'il chante, le fascine par le seul ascendant de son regard, au point qu'il perd insensiblement la voix et finit par tomber dans la gueule béante du replile; on a dit que les père et mère ne soignoient parmi leurs petits que ceux qui montroient du talent, et qu'ils tuoient les autres, ou les laissoient, périr d'inanition (il faut supposer qu'ils savent exce^pter les femelles) ; on a dit qu'ils chantoient beaucoup mieux lorsqu'on les écoutoit que lorsqu'ils chantoient pour leur plai- sir. Toutes ces erreurs dérivent d'une source com- mune, de l'habitude où sont les hommes de prêter aux animaux leurs foiblesses, leurs passions, et leurs vices. Les rossignols qu'on iient en cage ont coutume de se baigner après qu'ils ont chanté : M. Hébert a re- marqué que c'étoit la première chose qu'ils faisoient LE ROSSIGNOL. 07 le soir, au moment où l'on allumoit la chandelle. Il a aussi observé un autre effet de la lumière sur ces oi- seaux, dont il est bon d'avertir : un mâle qui chantoit^ très bien, s'ëlant échappé de sa cage, s'élança dans le feu , où il périt avant qu'on pût lui donner aucun se- cours. Ces oiseaux ont une espèce de balancement du corps, qu'ils élèvent et abaissent tour à tour, et presque parallèlement au plan de position. Les mâles que j'ai vus avoient ce balancement singulier; mais une femelle que j'ai gardée deux ans ne l'avoit pas ; dans tous , la queue a un mouvement propre de haut en bas, fort marqué , et qui sans doute a donné oc- casion à M. Lînnaeus de les ranger parmi les hoche- queues ou motif cil /es. Les rossignols se cachent au plus épais des buis- sons : ils se nourrissent d'insectes aquatiques et au- Ires, de petits vers, d'œufs, ou plutôt de nymphes de fourmis ; ils mangent aussi des figues , des baies , etc. : mais comme il seroit difficile de fournir habituelle- ment ces sortes de nourriture à ceux que l'on tient en cage , on a imaginé différentes pâtées dont ils s'ac- commodent fort bien. Je donnerai dans les notes celle dont se sert un amateur de ma connoîssance * , 1. M. Le Moine, que j'ai déjà eu occasion de citer plusieurs fois , donne des pâtées différentes, selon les différents âges. Celle du pre- mier âge est composée de cœur de mouton, mie de pain, chènevis. persil, parfaitement pilés et mélés/-, il en faut tons les ]ou.ts de la nouvelle. La seconde consiste en parties égales d'omelette hachée et de mie de pain, avec une pincée de persil haché. La troisième est plus composée et demande plus de façon : prenez deux livres de bœuf maigre , une demi-livre de pois chiches, autant de millet jaune ou écorcé , de semence de pavot blanc et d'amandes douces, une livre de 88 LE ROSSIGNOL. parce qu'elle est éprouvée, et que j'ai vu un rossignol qui, avec cette seule nourriture, a vécu jusqu'à sa dix-septième année : ce vieillard avoit commencé à o;risonner dès l'âge de sept ans; à quinze, il avoit des pennes entièrement blanches aux ailes et à la queue; ses jambes ou plutôt ses tarses avoient beau- coup grossi par l'accroissement extraordinaire qu'a- voient pris les lames dont ces parties sont recouvertes dans les oiseaux; enfin il avoit des espèces de nodus aux doigts comme les goutteux, et on étoit obligé de temps en temps de lui rogner la pointe du bec su- périeur^ : mais il n'avoit que cela des incommodités de la vieillesse; il étoit toujours gai, toujours chan- tant, comme dans son plus bel âge, toujours cares- sant la main qui le nourrissoit. Il faut remarquer que ce rossignol n'avoit jamais été apparié ; l'amour sem- ble abréger les jours, mais il les remplit; il remplit de plus le vœu de la nature; sans lui, les sentiments si doux de la paternité seroient inconnus; enfin il étend l'existence dans l'avenir, et procure , au moyen des générations qui se succèdent, une sorte d'im- mortalité : grands et précieux dédommagements de quelques jours de tristesse et d'infirmités on 'il re- tranche peut-être à la vieillesse ! On a reconnu que les drogues échauffantes et les miel blanc , deux onces de fleur de îarine , douze jaunes d'œufs frais , deux ou trois onces de beurre frais, et un gros et demi de safran en poudre; le tout séché, chauffé long-temps en remuant toujours , et réduit en une poussière très fine , passée au tamis de soie Cette poudre se conserve et sert pendant un au, 1. Les ongles des rossignols que Ion tient en cage croissent aussi beaucoup dans les commencements, et au point qu'ils leur deviennent jrabarrassants par leur excessive grandeur : j'en ai vu qui formoientun LE ROSSIGNOL. c>9 pai(uius exciloieiit les rossignols à chanter ; que les vers de farine et ceux du l'umier leur convenoient lorsqu'ils éloieut trop gras, et les figues lorsqu'ils eloient trop maigres; enfin que les araignées étoient pour eux un purgatif. On conseille de leur faire prendre, tous les ans, ce purgatif au mois d'avril; une demi-douzaine d'araignées sont la dose : on re- commande aussi de ne leur rien donner de salé. Lorsqu'ils ont avalé quelque chose d'indigeste, ils le rejettent sous la forme de pilules ou de petites pe- lotes, comme font les oiseaux de proie ; et ce sont en effet des oiseaux de proie très petits, mais très féroces, puisqu'ils ne vivent que d'êtres vivants. Il est vrai que Belon admire la providence qu'ils ont de n'avaler aucun petit ver qu'ils ne l'aient premièrement fait mourir; mais c'est apparemment pour éviter la sensation désagréable que leur causeroit une proie vivante , et qui pourroit continuer de vivre dans leur estomac à leurs dépens. Tous les pièges sont bons pour les rossignols; ils sont peu défiants, quoique assez timides. Si on les lâche dans un endroit où il y a d'autres oiseaux en cage, ils vont droit à eux ; et c'est un moyen entre beaucoup d'autres pour les attirer. Le chant de leurs camarades, le son des instruments de musique, celui d'une belle voix, comme on l'a vu plus haut, et même des cris désagréables, tels que ceux d'un chat atta- ché au pied d'un arbre et que l'on tourmente exprès, tout cela les fait venir également. Ils sont curieux et même badauds; ils admirent tout et sont dupes de demi-cercle de cinq lignes de diamètre; mais dans la grande vieillesse il ne leur eu reste presque point. QO LE ROSSIGAOL. tout. On les prend à la pipée, aux gliiaux, avec le trébuchet des mésanges, dans des reginglettes ten- dues sur la terre nouvellement remuée^, où l'on a répandu des nymphes de fourmis, des vers de farine, ou bien ce qui y ressemble, comme de petits mor- ceaux de blancs d'œufs durcis, etc. I! faut avoir l'at- tention de faire ces reginglettes et autres pièges de même genre avec du tailetas, et non avec du filet, où leurs plumes s'embarrasseroient , et où ils en pourroient perdre quelques unes, ce qui retarderoit leur chant : il faut, au contraire, pour l'avancer au temps de la mue, leur arracher les pennes de la queue, afin que les nouvelles soient plus tôt reve- nues; car tant que la nature travaille à reproduire ces plumes, elle leur interdit le chant. Ces oiseaux sont fort bons à manger lorsqu'ils sont gras, et le disputent aux ortolans : on les engraisse en Gascogne pour la table ; cela rappelle la fantaisie d'Héliogabale, qui mangoit des langues de rossignol, de paons, etc., et le plat fameux du comédien Ésope, composé d'une centaine d'oiseaux tous recomman- dables par leur talent de chanter et par celui de er pari Comme il est fort essentiel de ne pas perdre son temps à élever des femelles, on a indiqué beaucoup 1. Quelquefois ils se trouTent en très grand nombre dans un pays. Bol-ju a été témoin qne, dans un village de la forêt d'Ardenne, les petits bergers en prenoieiit tous les jours chacun une vingtaine, avec beaucoup d'auti'es petits oiseaux; cétoit une année de sécheresse, et toutes les mares, dit Beion, étaient taries ailleurs...; car ils se tiennent adonc dans les forêts j en l'endroit où est l' /tumeur. 2. Pline, llv. IX, ciut|). 5i. Ce plat fut estimé 608 sesterces. Aldio- Vaade a aussi mange des rosi-ignols et les a trouvas bons. LE ROSSIGNOL. Ql de marques distinctives pour reconnoître les mâles : ils ont, dit-on, l'œil plus grand, la tête plus ronde; le bec plus long, plus large à sa base, surtout étant vu par dessous; le plumage plus haut en couleur, le ventre moins blanc, la queue plus touffue et plus large lorsqu'ils la déploient : ils commencent plus tôt à gazouiller, et leur gazouillement est plus sou- tenu ; ils ont l'anus plus gonflé dans la saison de l'a- mour, et ils se tiennent long-temps en la même place, portés sur un seul pied, au lieu que la femelle court ça et là dans la cage. D'autres ajoutent que le mâle a à chaque aile deux ou trois pennes dont le côté extérieur et apparent est noir, et que ses jambes, lors- qu'on regarde la lumière au travers, paroissent rou- geâtres, tandis que celles de la femelle paroissent blanchâtres. Au reste, cette femelle a dans la queue le même mouvement que le mâle ; et lorsqu'elle est en joie, elle sautille comme lui, au lieu de marcher. Ajoutez à cela les différences intérieures, qui sont plus décisives. Les mâles que j'ai disséqués au prin- temps avoient deux testicules fort gros, de forme ovoïde : le plus gros des deux ( car ils n'étoient pas égaux) avoit trois lignes et demie de long sur deux de large. L'ovaire des femelles que j-'ai observées dans le même temps, contenoit des œufs de différentes grosseurs, depuis un quart de ligne jusqu'à une ligne de diamètre. Il s'en faut bien que le plumage de cet oiseau ré- ponde à son ramage : il a tout le dessus du corps d'un brun plus ou moins roux ; la gorge, la poitrine, et le ventre, d'un gris blanc; le devant du cou d'un gris plus foncé ; les couvertures inférieures de la queue et 92 LE ROSSIGNOL. des ailes d'un blanc roussâtre , plus roussâlre dans les mâles ; les pennes des ailes d'un gris brun tirant au roux ; la queue d'un brun roux ; le bec brun ; les pieds aussi, mais avec une teinte de couleur de cbair; le fond des plumes cendré foncé. On prétend que les rossignols qui sont nés dans les contrées méridionales ont le plumage plus obscur, et que ceux des contrées septentrionales ont plus de blanc. Les jeunes mâles sont aussi , dit-on, plus blan- châtres que les jeunes femelles; et, en général, la couleur des jeunes est plus variée avant la mue , c'est- à-dire avant la fin de juillet ; et elle est si semblable à celle des jeunes rouge-queues, qu'on les distingue- roit à peine s'ils n'avoient pas un cri difterent^: aussi ces deux espèces sont-elles amies ^. Longueur totale, six pouces un quart; bec, huit lignes, jaune en dedans, ayant une grande ouverture, les bords de la pièce supérieure échancrés près de la pointe; tarse, un pouce; doigt extérieur uni à celui du milieu par sa base; ongles déliés, le posté- rieur le plus fort de tous; vol, neuf pouces; queue, 1 rente lignes, composée de douze pennes; elle dé- passe les ailes de seize lignes. Tube intestinal, du ventricule à l'anus, sept pouces quatre lignes; œsophage, près de deux pouces, se dilatant en une espèce de poche glanduleuse avant son insertion dans le gésier; celui-ci musculeux, il occupoit la partie gauche du bas-ventre , n'étoit point 1. Le pelit rossignol mâle dit ziscra , ciscra , suivant Olina ; croi , croi , selon d'autres : chaeun a sa manière d'entendre et de rendre ecs sons indéterminés, et d'ailleurs fort variables. 2. On dit même qu'elles contractent des alliances entre elles. LE ROSSIGNOL. t)0 recouvert par les intestins, mais seulement par un lobo du foie ; deux très petits cœcum; une vésicule du Oel ; le bout de la langue garni de fdets et comme tronqué, ce qui n'étoit pas ignoré des anciens^, et peut avoir donné lieu à la fable de Philomèle qui eut la langue coupée. Variétés du Rossignol. I. Le grand Rossignol. Il est certain qu'il y a variété de grandeur dans cette espèce : mais il y a beaucoup d'incertitudes et de contrariétés dans les opinions des naturalistes sur les endroits où se trouvent les grands rossignols; c'est dans les plaines et au bord des eaux, selon Schwenck- feld , qui assigne aux petits les coteaux agréables : c'est dans les forêts, selon Aldrovande ; selon d'autres, au contraire, ceux qui habitent les forêts sèches el n'ont que la pluie et les gouttes de rosée pour se dés- altérer, sont les plus petits, cecjui est très vraisembla- ble. En Anjou, il est une race de rossignols beaucoup plus gros que les autres, laquelle se tient et niche dans les charmilles; les petits se plaisent sur les bords des ruisseaux et des étangs. M. Frisch parle aussi 1. Proprium lusciniœ et atricapillœ ut summœ linguœ acumine ca- reant. ( Arist., Hist. animal., \ïh. IX, cap. i5. ) Au reste, il faut re- uiarcjuer que, suivant les Grecs, qui sont ici les auteurs originaux, (c lïil Progné qui fat niélamorphosce en rossignol, et Philomèle, sa ^(v\x\\ eji hirondelle; ce sont les écrivains latins qui ont changé ou hrousllé les noms, el lei;r erreur a passé en force de loi. 9q VARIÉTÉS DU ROSSIGNOL d'une race un peu plus grande que la commune, la- quelle chante plus la nuit et même d'une manière un peu diflerento. Enfin l'auteur du Traité du rossignol admet trois races de rossignols : il place les plus grands, les plus robustes, les mieux chantants, dans les buissons à portée des eaux, les moyens dans les plaines, et les plus petits de tous sur les montagnes. Il résulte de tout cela qu'il existe une race, ou, si l'on veut, des races de grands rossignols, mais qui ne sont point attachées à une deaieure bien fixe. Le grand rossignol est le plus commun en Silésie; il a le plumage cendré avec un mélange de roux, et il passe pour chanter mieux que le petit, II. Le Rossignol blanc. Cette variété étoitfort rare à Rome : Pline rapporte qu'on en fit présent à Agrippine, femme de l'empe- reur Claude, et que l'individu qui lui fut olîert coûta six mille sesterces, que Budé évalue à quinze mille écus de notre monnoie , sur le pied où elle étoit de son temps, et qui s'évalueroit aujourd'hui à une somme numéraire presque double; cependant xVldrovande prétend qu'il y a erreur dans les chiffres, et q,ue la somme doit être encore plus grande. Cet auteur a vu un rossignol blanc; mais il n'entre dans aucun dé- tail. M. le marquis d'iVi'gens en a actuellement un de cette couleur qui est de la plus grande taille , quoique jeune , et dont le chant est déjà formé, mais moins forl que celui des vieux. « 11 a, dit M. le mar- quis d'Argens, la tête et le cou du plus beau blanc, VARIETES DU ROSSIGKOL. QD les ailes et la queue de même ; sur le milieu du dos, ses plumes sont d'un brun fort clair et mêlées de petites plumes blanches... celles qui sont sous le ven- tre sont d'un gris blanc. Ce nouveau verni paroît cau- ser une jalousie étonnante à un vieux rossignol que j'ai depuis quelque temps. » 8-e*o<8<*8«*<î«>»« M OISEAU ETRANGER OUI A RAPPORT AU ROSSIGNOL. LE FOUDI-JALA. Motacilla Madagascariensis. Gmtel. Ce rossignol, qui se trouve à Madagascar, est de la taille du nôtre, et lui ressemble à beaucoup d'é- gards : seulement il a les jambes et les ailes plus cour- tes, et il en diflère aussi par les couleurs du plumage : il a la tête rousse avec une tache brune de chaque côté, la gorge blanche, la poitrine d'un roux clair, le ventre d'un brun teinté de roux et d'olive; tout le dessus du corps, compris ce qui paroît des pennes de la queue et des ailes, d'un brun olivâtre ; le bec et les pieds d'un brun foncé. M. Brisson , à qui l'on doit la connoissance de cette espèce, ne dit point si elle chante, à moins qu'il n'ait cru l'avoir dit assez en lui donnant le nom de rossignol. Longueur totale , six pouces cinq lignes; bec, neuf lignes; taise, neuf lignes et demie ; vol, huit pouces et demi; ({ueue , deux pouces et demi, composée de 9^ LE FOUDI-JALA. douze pennes, un peu étagée; elle dépasse les ailes d'environ vingt lignes. LA FATJVETTE\ PREMIÈRE ESPÈCE. MotaciUa liortensis. Gmel. Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil ou plutôt de la torpeur de la nature : Jes in- sectes sans vie, les reptiles sans mouvement, les vé- gétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l'air détruits ou relégués , ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace , et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les an- tres, et les terriers ; tout nous présente les images de la langueur et de la dépopulation. Mais le retour des oiseaux au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante ; et les feuil- lages renaissants, et les bocages revêtus de leur nou- velle parure , sembleroient moins frais et moins tou- chants sans les nouveaux hôtes qui viennent les animer et y chanter l'amour. De ces hôtes des bois, les fauvettes sont les plus nombreuses, comme les plus aimables : vives, agiles, légères et sans cesse remuées, tous leurs mouvements ont l'air du sentiment; tous leurs accents, le ton de la joie; et tous leurs jeux, l'intérêt de l'amour. Ces 1. Dans le Bolonois, on rappelle scatarello , suivant Alclrovaude; colombatide PU Provence, et pettf chaps dans la province d'York en Angleterre. ii73 Tome 'ii Muet^scnip ILAFAUVETTE _ 2, liE ROUGE -GORGE _ S.LE EIGUER LA FAUVETTE. 97 jolis oiseaux arrivent au moment où les arbres déve- loppent leurs feuilles et commencent à laisser épanouir leurs fleurs ; ils se dispersent dans toute l'étendue de nos campagnes : les ims viennent habiter nos jardins, d'autres préfèrent les avenues et les bosquets ; plu- sieurs espèces s'enfoncent dans les grands bois , et quelques unes se cachent au milieu des roseaux. Ainsi les fauvettes remplissent tous les lieux de la lerre, et les animent par les mouvements et les ac- cents de leur tendre gaieté. A ce mérite des grâces naturelles nous voudrions réunir celui de la beauté ; mais en leur donnant tant de qualités aimables, la nature semble avoir oublié de parer leur plumage. Il est obscur et terne : excepté deux ou trois espèces qui sont légèrement tachetées, toutes les autres n'ont que des teintes plus ou moins sombres de blanchâtre, de gris, et de roussâtre. La première espèce, ou la fauvette proprement dite, n** 579, fig. 1 , est de la grandeur du rossignol. Tout le manteau, qui dans \e rossignol est roux brun, est gris brun dans cette fauvette, qui de plus est légère- ment teinte de gris roussâtre à la frange des couver- tures des ailes, et le -long des barbes de leurs petites pennes; les grandes sont d'un cendré noirâtre, ainsi que les pennes de la queue, dont les deux les plus extérieures sont blanches du côté extérieur, et des deux côtés à la pointe : sur l'œil , depuis le bec , s'é- tend une petite ligne blanche en forme de sourcil, et l'on voit une tache noirâtre sous l'œil et un peu en arrière; cette tache confme nu blanc de la îiorire, qui se teint de roussâtre sur les côtés, et plus forte-- ment sous le ventre. 98 LA FAUVETTE. Cette fauvette est la pFus grande de toutes, ex- cepté celle des Alpes, dont nous parlerons dans la suite. Sa longueur totale est de six pouces ; son vol de huit pouces dix lignes ; son bec, de la pointe aux angles, a huit lignes et demie; sa queue, deux pou- ces six lignes; son pied, dix lignes. Elle habite avec d'autres espèces de fauvettes plus petites dans les jardins, les bocages, et les champs semés de légumes, comme fèves ou poi-i; toutes se posent sur la ramée qui soutient ces légumes; elles s'y jouent, y placent leur nid, sortent et rentrent sans cesse , jusqu'à ce que le temps de la récolte, voi- sin de celui de leur départ, vienne les chasser de cet asile, ou plutôt de ce domicile d'amour. C'est un petit spectacle de les voir s'égayer, s'a-^ gacer, et se poursuivre; leurs attaques sont légères, et ces combats innocents se terminent toujours par quelques chansons. La fauvette fut l'emblème des amours volages, comme la tourterelle de l'amour fi- dèle ; cependant la fauvette , vive et gaie , n'en est ni moins aimante, ni moins fidèlement attachée, et la tourterelle triste et plaintive n'en est que plus scan- daleusement libertine^. Le mâle de la fauvette prodi- gue à sa femelle mille petits soins pendant qu'elle couve; il partage sa sollicitude pour les petits qui viennent dVclore, et ne la quitte pas même après l'é- ducation de la famille; son amour semble durer en- core après ses désirs satisfaits. Le nid est composé d'herbes sèches, de brins de chanvre et d'un peu de crin en dedans ; il contient ordinairement cinq œufs, que la mère abandonne lors- 1. Voyoz l'article rie la Tourterelle, tome XX, page 387. LA l'ArVETTE. 99 qu'on les a touchés, tant cotte approche d'un ennemi lui paroît d'un mauvais augure pour sa future famille. II n'est pas possible non plus de lui faire adopter des œufs d'un autre oiseau : elle les reconnoît, sait s'en défaire et les rejeter. «J'ai fais couver à plusieurs pe- tits oiseaux des œufs étrangers ^ dit M. le vicomte de Querhoent, des œufs de mésange aux roitelets, des œufs de linotte à un rouge-gorge; je n'ai jamais pu réussir à les faire couver par des fauvettes : elles ont toujours rompu les œufs; et lorsque j'y ai substitué d'autres petits, elles les ont tués aussitôt. » Par quel charme donc , s'il en faut croire la multitude des oi- seleurs, et même des observateurs, se peut-il faire que la fauvette couve l'œuf que le coucou dépose dans son nid, après avoir dévoré les siens; qu'elle se charge avec affection de cet ennemi qui vient de lui naître, et qu'elle traite comme sien ce hideux petit étranger? Au reste, c'est dans le nid de, la fauvette babillarde que le coucou , dit-on , dépose le plus sou- vent son œuf; et dans cette espèce, le naturel pour- roit être différent. Celle-ci est d'un caractère craintif; elle fuit devant des oiseaux tout aussi foibles qu'elle^ et fuit encore plus vite et avec plus de raison devant la pie-grièche, sa redoutable ennemie : mais, l'instant du péril passé, tout est oublié ; et le moment d'après, notre fauvette reprend sa gaieté, ses mouvements, et son chant. C'est des rameaux les plus touffus qu'elle le fait entendre; elle s'y tient ordinairement cou- verte, ne se montre que par instants au bord des buissons, et rentre vite à l'intérieur, surtout pendant la chaleur du jour. Le matin, on la voit recueillir la rosée, et, après ces courtes pluies qui tombent dans iOO LA FAUVETTE. les jo'irs d'été, courir sur les feuilles mouillées et se baigner dans les gouttes qu'elle secoue du {'euiilage. Au reste, presque toutes les fauvettes partent en même temps, au milieu de l'automne , et à peine en voit-on encore quelques unes en octobre : leur dé- \yàvi est fait avant que les premiers froids viennent détruire les insectes et flétrir les petits fruits dont elles vivent; car non seulement on les voit chasser aux mouches, aux moucherons, et chercher les ver- misseaux, mais encore manger des baies de lierre, de mézeréon, et de ronces; elles engraissent même beau- coup dans la saison de la maturité des graines du su- reau , de l'hièble, et du troène. Dans cet oiseau, le bec est très légèrement échan- cré vers la pointe; la langue est eflVangée par le bout et p^roît fourchue; le dedans du bec, noir vers îe bout, est jaune dans le fond; le gésier est musculeux et précédé d'une dilatation de l'œsophage ; les intes- tins sont longs de sept pouces et demi; communé- jnent on ne trouve point de vésicule du fiel , mais deux petits cœcum ; !e doigt extérieur est uni à celui du milieu par la première phalange , et l'ongle posté- rieur est le plus fort de tous. Les testicules, dans \u\ mâle pris le 18 juin , avoient cinq lignes au grand dia- mètre, quatre dans le petit. Dans une femelle ou- verte le 4 du môme mois, VovidtictuSj très dilaté, renfermoit un œuî, et la grappe oSroit les rudiments de plusieurs autres d'inégale grosseur. Dans nos provinces méridionales et en Italie, on nomme assez indistinctement bec-figues la plupart des espèces de fauvettes; méprise à laquelle les nomen- clateurs avec leur nom générique (ficedula) n'ont pas îwV FAUVETTE. lOl peu contribué. Aldrovande n'a donné les espèces de ce genre que d'une manière incomplète et confuse; il semble ne l'avoir pas assez connu. Friscb remarque que le e;enre des fauvettes est en efl'et un des moins éclaircis et des moins déterminés dans toute l'ornitho- logie. Nous avons taché d'y porter quelques lumières en suivant l'ordre de la nature. Toutes nos descrip- tions, excepté celle d'une seule espèce , ont été faites sur l'objet même, et c'est tant sur nos propres obser- vations que sur des faits donnés par d'excellents ob- servateurs que nous avons représenté les différences, les ressemblances, et toutes les habitudes naturelles de ces petits oiseaux» LA PASSERINET1E\ ou PETITE FAUVETTE. SECONDE ESPÈCE. Motacilla Passerina. Gmel. Nous adoptons pour cet oiseau le nom de passeri- nette qu'il porte en Provence ; c'est une petite fau- vette qui diffère de la grande, non seulement par la taille, mais aussi par la couleur du plumage, et par son refrain monotone, tip., tlp , qu'elle fait entendre à tout moment en sautillant dans les buissons, après 1. Dans le Bolonois, celte fauvelte s'appelle c/t«f m; dans le pays (le Gênes, 6orm, suivant Aidrovandc et Wiliughby, qui le répète d'après lui; aux environs de Matoeille, becafiguio; et apparemment de même dans les autres endroits où la fauvette est appelée bccafico. BL'FFo::?. xxm. 7 102 LA PASSERINE TTE. de courtes reprises d'une même phrase de chant. Un gris blanc fort doux couvre tout le devant et le des- sous du corps, en se chargeant sur les côtés d'une teinte brune très claire ; du gris cendré égal et mo- notone occupe tout le dessus, en se chargeant un peu et tirant au noirâtre dans les grandes pennes des ailes et de la queue; un petit trait blanchâtre, en forme de sourcil, lui passe sur l'œil. Sa longueur est de cinq pouces trois lignes; son vol d'environ huit pouces. La passerinette, n"* 679, fig. 2, fait son nid près de terre sur les arbustes: nous avons vu un de ces nids sur un groseillier dans un jardin ; il étoit fait en demi-coupe , composé d'herbes sèches , assez gros- sières en dehors, plus fines en dedans et mieux tis- sues ; il contenoit quatre œufs fond blanc sale avec des taches vertes et verdâtres répandues en plus grand nombre vers le gros bout. Cet oiseau a l'iris des yeux d'un brun marron, et l'on voit une très petite échan- crure près de la pointe du demi-bec supérieur; l'on- gle postérieur est le plus fort de tous; les pieds sont de couleur plombée; le tube intestinal, du gésier à l'anus, a sept pouces, et deux pouces du gésier au pharynx; le gésier est muscuîeux et précédé d'une dilatation de l'œsophage ; on n'a point trouvé de vé- sicule du fiel, ni de cœcum, dans l'individu observé, qui étoit femelle; la grappe de l'ovaire portoit des œufs d'inégale grosseur. LA FAUVETTE A TÊTE NOIRE. 1 o5 LA FAUVETTE A TÈTE NOIRE\ TROISIÈME ESPÈCE. Motacilla atricapilla, Gmee. Aristote, en parcourant les divers changements que la révolution des saisons apporte à la nature des oiseaux, comme plus immédiatement soumis à l'em- pire de l'air, dit que le bec-figue se change dans l'automne en fauvette à tête noire. Cette prétendue métamorphose, qui a fort exercé les naturalistes, a été regardée des uns comme merveilleuse, et rejetée des autres comme incroyable : cependant elle n'est ni l'un ni l'autre, et nous paroît très simple. Les pe- tits de la fauvette dont nous parlons ici, sont pendant tout l'été très semblables par le plumage au bec-figue; ce n'est qu'à la première mue qu'ils prennent leurs couleurs, et c'est alors que ces prétendus bec-figues se changent en fauvettes à tête noire. Cette même interprétation est celie du passage où Pline parle de ce chanî^ement. Aldrovande, Jonston , et Frisch , après avoir dé- crit la fauvette à tête noire, paroissent faire une se- conde espèce de la fauvette à tête brmie : cependant celle-ci n'est que la femelle de l'autre, et il ny a d'antres différences entre le mâle et la femelle que 1. En italien, capinera , caponegro ; on allemand, grasz muckl , grasz spatz; en anglois, black-cap, La femelle est connue en Provence sons Je nom de testo rnusan lo4 l'À FAUVETTE A TÈTE NOIRE. dans cette couleur de la tête, noire dans le premier, et brune dans la seconde. En effet, une calotte noire couvre, dans le mâle, le derrière de la lête et le som- met, jusque sur les yeux; au dessous et alentour du cou, est un gris ardoisé plus clair à la gorge, et qui s'éteint sur la poitrine dans du blanc ombré de noi- râtre vers les flancs; le dos est d'un gris brun, plus clair aux barbes extérieures des pennes, plus foncé sur les inférieures, et lavé d'une foible teinte olivâtre. L'oiseau a de longueur cinq pouces cinq lignes; huit pouces et demi de vol. La fauvette à tête noire, n** 58o, est de toutes les fauvettes celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu : il tient un peu de celui du rossignol, et l'on en jouit bien long-temps; car, plusieurs semaines après que ce chantre du printemps s'est tu, l'on en- tend les bois résonner partout du chant de ces fau- vettes ; leur voix est facile, pure, et légère, et leur chant s'exprime par une suite de modulations peu étendues, mais agréables, flexibles , et nuancées. Ce chant semble tenir de la fraîcheur des lieux où il se fait entendre ; il en peint la tranquillité, il en exprime même le bonheur ; car les cœurs sensibles n'enten- dent pas sans une douce émotion les accents inspirés par la nature aux êtres qu'elle rend heureux. Le mâle a pour sa femelle les plus tendres soins : non seulement il lui apporte sur le nid des mouches, des vers, et des fourmis, mais il la soulage de l'in- commodité de sa situation; il couve alternativement avec elle. Le nid est placé près de terre, dans un taillis soigneusement caché, et contient quatre ou cinq œufs fond verdâtre avec des taches d'un brun lé- L\ FAUVETTE A TÈTE NOIRE. lo5 ger. Les petits grandissent en peu de jours; et pour peu qu'ils aient de plumes, ils sautent du nid dès qu'on les approche, et l'abandonnent. Cette fauvette ne fait communément qu'une ponte dans nos provin- ces : Olina dit qu'elle en fait deux en Italie, et il en doit être ainsi de plusieurs espèces d'oiseaux dans un climat plus chaud, et où la saison des amours est plus Jongue. A son arrivée au printemps, lorsque les insectes manquent par quelque retour du froid, la fauvette à tète noire trouve une ressource dans les baies de quelques arbustes, comme du lauréole et du lierre. En automne , elle mange aussi les petits fruits de la bourdaine et ceux du cormier des chasseurs. Dans cette saison, elle va souvent boire ; et on la prend aux fontaines sur la fin d'août : elle est alors très grasse et d'un goût délicat. On l'élève aussi en cage; et de tous les oiseaux qu'on peut mettre en volière, dit Olina, cette fau- vette est un des plus aimables. L'atfection qu'elle marque pour son maître est touchante; elle a pour l'accueillir un accent particulier, une voix plus affec- tueuse; à son approche elle s'élance vers lui contre les mailles de sa cage, comme pour s'eflbrcer de rom- pre cet obstacle et de le joindre ; et par un continuel battement d'ailes accompagné de petits cris, elle semble exprimer l'empressement et la reconnoissance. Les petits élevés en cage, s'ils sont à portée d'en- tendre le rossignol, perfectionnent leur chant, et le disputent à leur maître. Dans la saison du départ, qui est à la fin de septembre , tous ces prisonniers s'agitent dans laçage, surtout pendant la nuit et au Io6 LA. FAUVETTE A TÈTE NOIRE. clair de la luue, comme s'ils savoient qu'ils ont un voyage à faire; et ce désir de changer de lieu est si profond et si vif, qu'ils périssent alors en grand nom- bre du regret de ne pouvoir le satisfaire. Cet oiseau se trouve communément en Italie, en France, en Allemagne, et jusqu'en Suède : cependant on prétend qu'il est assez rare en Angleterre. Aîdrovande nous parle d'une variété dans cette es- pèce, qu'il appelle fauvette variée^ sans nous dire si cette variété n'est qu'individuelle, ou si c'est une race particulière. M. Brisson , qui la donne sous le nom de fauvette noire et blanche^ n'en dit pas davantage; et il paroît que la fauvette à dos^ noir de Frisch n'est encore que cette même variété de la fauvette à tète noire. La petite colomhaude des Provençaux est une autre V ariélé de cette même fauvette ; elle est seulement un peu plus grande, et a tout le dessus du corps d'une couleur plus foncée et presque noirâtre, la gorge blanche et les côtés gris; elle est leste et très agile ; elie aime les ombrages et les bois les plus touffus, et se délecte à la rosée, qu'elle reçoit avidement. Dans une fauvette à tête noire, femelle, ouverte le 4 juin, l'ovaire se trouva garni d'œufs de différentes grosseurs; le tube intestinal, de l'anus au gésier, étoit long de sept pouces un quart; il v avoit deux cœcuin bien marqué, de deux lignes de long : le gésier mus- culeux ét©it long de cinq lignes; la langue effilée eit fourchue par le bout; le bec supérieur tant soit peu échancré; le doigt extérieur uni à celui du milieu par sa première phalange ; l'ongle postérieur le plus fort de tous. LA FAL'VETTE A TÊTE NOIllE. IO7 Dans un mâle, ouvert le 19 juin, les testicules avoient quatre lignes de longueur et trois de large ; la trachée-artère avoit un nœud renflé à l'endroit de la bifurcation ; et l'œsophage , long d'environ deux pouces, formoit une poche avant son insertion dans le gésier. LA GRISETTE\ ou FAUVETTE GRISE; EN PROVENCE, PASSEUINE. QUATRIÈME ESPÈCE. Motacilla sylvia, Gmel. Aldrovande parle de cette fauvette grise sous le nom de stoparola que lui donnent les oiseleurs bolo- nois ; apparemment, dit ce naturaliste, parce qu'elle fréquente les buissons et les halliers, où elle fait son nid. Nous avons vu l'un de ces nids sur un prunelier, à trois pieds de terre : il est en forme de coupe , et composé de mousse des prés entrelacée de quel- ques brins d'herbes sèches; quelquefois il est entiè- rement tissu de ces brins d'herbes plus fines en de- dans, plus grossières en dehors. Ce nid contenoit cinq œufs fond gris verdâtre , semés de taches rous- satres et brunes , plus fréquentes au gros bout. 1. Les oiseleurs bolonois la nomment stoparola, suivant Aldio- \ande; les Provençaux, passerine. 108 LA GRISETÏE. La uière fut prise avec les petits : elle avoit Tins couleur de marron; les bords du bec supérieur lé- gèrement échancrés à la pointe ; les deux paupières garnies de cils blancs; la langue effrangée par le bout : le tube intestinal, du gésier à l'anus, étoit de six pouces de longueur; il y avoit deux cœcum longs de deux lignes, adhérents à l'intestin ; de l'œsophage au gésier, la distance étoit de deux pouces, et le pre- mier, avant son insertion, l'ormoit une dilatation; !a grappe de l'ovaire étoit garnie d'œufs d'inégale grosseur. Dans un mâle ouvert au milieu du mois de mai. les viscères se trouvèrent à très peu près les mêmes; des deux testicules, le droit étoit plus gros que le gau- che, et avoit dans son grand diamètre quatre lignes, et deux lignes trois quarts dans le petit. On observa le gésier musculeux, dont les deux membranes se dédoublent; il contenoit quelques débris d'insectes, et point de graviers. L'iris étoit mordoré clair, dans un autre il parut orangé ; ce qui montre que cette partie est sujette à varier en couleurs, et ne peut point fournir un caractère spécifique. Aldrovande remarque que l'œil de la grisette, n° 579, fig. 3, est petit, mais qu'il est vif et gai. Le dos et le sommet de la tête sont gris cendré; les tempes, dessus et derrière l'œil, marquées d'une ta- che plus noirâtre ; la gorge est blanche jusque sous l'œil; la poitrine et l'estomac sont blanchâtres, lavés d'une teinte de roussâtre clair, comme vineuse. Cette fauvette est \\n peu plus grosse que je bec-figue; sa longueur totale est de cinq pouces sept lignes; elle a huit pouces de vol. On l'appelle passer inc en Pro- LA GRISETTE. 1 09 vence, et sous cet autre ciel elle a d'autres habitudes et d'autres mœurs : elle aime à se reposer sur le fi- iiuier et l'olivier, se nourrit de leurs fruits, et sa chair devient très délicate. Son petit cri semble ré- péter les deux dernières syllabes de son nom de pas- serine. M. Guys nous a envoyé de Provence une petite es- pèce de fauvette, sous le nom de bouscarle^ gravée dans les planches enluminées, n** 655, fig. 2. L'es- pèce avec laquelle la bouscarle nous paroît avoir plus de rapport , tant par la forme du bec que par la gran- deur, est la grisette; cependant la bouscarle en dif- fère par le ton de couleur, qui est plutôt fauve et brun que gris. LA FAUVETTE BABILLARDE. CINQUIÈME ESPÈCE. Motacilla curruca. Gmel. Cette fauvette, n^ 58o, fig. 5, est celle que l'on entend le plus souvent et presque incessamment au printemps : on la voit aussi s'élever fréquemment d'un petit vol, droit au dessus des haies, pirouetter en l'air, et retomber en chantant une petite reprise de ramage fort vif, fort gai, toujours le même, et qu'elle répète à tout moment; ce qui lui a fait donner le nom de babillarde ; outre ce refrain qu'elle chante le plus souvent en l'air, elle a une sorte d'accent ou de sifflement fort grave, bjie^ bjicj qu'elle fait en- IIO LA l'AL'VETTli BABILLAUDE. tendre de l'épaisseur des buissons, et qu'on n'imagî- neroit pas sortir d'un oiseau si petit. Ses mouvements sont aussi vifs, aussi fréquents que son babil est con- tinu ; c'est îa plus remuante et la plus leste des fau- vettes. On la voit sans cesse s'agiter, voler, sortir, rentrer, parcourir les buissons, sans jamais pouvoir la saisir dans un instant de repos. Elle niche dans les haies, le long des grands chemins, dans les endroits fourrés, près de terre, et sur les touÛes mômes des herbes engagées dans le pied des buissons : ses œufs sont verdâtres, pointillés de brun. Suivant Belon, les Grecs modernes appellent cette fauvette potainida ( oiseau du bord des rivières ou des ruisseaux) ; c'est sous ce nom qu'il l'a reconnu^e en Crète; comme si, dans un climat plus chaud, elle affectoit davantage de rechercher la proximité des eaux , que dans nos contrées tempérées , où elle trouve plus aisément de la fraîcheur. Les insectes que l'humidité échauffée fait éclore font sa principale nourriture. Son nom dans Aristote^ désigne un oi- seau qui cherche sans cesse les vermisseaux ; cepen- dant on voit rarement cette fauvette à terre, et ces vermisseaux qui font sa pâture sont \es chenilles qu'elle trouve sur les arbustes et les buissons. Belon, qui l'appelle d'abord fauvette brune ^ lui donne ensuite le surnom de plombée^ qui représente beaucoup mieux la vraie teinte de son plumage. Elle a le somni*et de la tête cendré, tout le manteau cen- dré brun, le devant du corps blanc lavé de roussâtre; 1 . Ypolais , que Gaza traduit curruca; nom (jue tous les naturalistes ont appliqué à cette fauvette. Ypolais, quod vcnninihus pascatur, (>Scliwenckfekl. ) LA FALVKTTE BABILLAUDE. 1)1 les pennes de l'aile brunes, leur bord intérieur blan* châtre; l'extérieur des grandes pennes est cendré, et celui des moyennes est gris roussâtre ; les douze plumes de la queue sont brunes, bordées de gris, ex- cepté les deux plus extérieures , qui sont blanches en dehors comme dans la i'auvette coumiune; le bec et les pieds sont d'un gris plombé. Elle a cinq pouces de longueur, et six pouces et demi de vol; sa gros- seur est celle de la grisetie, et en tout elle lui res- semble beaucoup. C'est à cette espèce qu'on doit rapporter non seu- lement le bec-figue de chanvre d'Olina, tel qu'il dit être si fréquent dans les chènevières de la Lombar- die, mais encore la canevarola d'Aldrovande et la fau- vette titling de Turner*. Au reste, celte fauvette se prive aisément; comme elle habite autour de nous dans nos prés, nos bosquets, nos jardins, elle est déjà familière à demi. Si l'on veut l'élever en cage, ce que l'on fait quelquefois pour la gaieté de son chant, il faut, dit Olina, attendre à l'enlever du nid qu'elle ait poussé ses plumes , et lui donner une bai- gnoire dans sa cage; car elle meurt dans le temps de la nuie si elL^ n'a pas la facilité de se baigner : avec cette précaution et les soins nécessaires, on pourra la garder huit à dix ans en cage. 1. Aldrovaude remarque que la crtni^yaro/rt ressemble entièrement à la fauvette f*««i*Ctd*«««*vawî' LA ROUSSETTE, ou FAUVETTE DES BOIS. SIXIÈME ESPÈCE. Motacilla Scliœnobœnus. Gmel, Si Belon ne distinguoit pas aussi expresséuieril qu'il le fait la roussette ou fauvette des bois_, de soo mouclietj que nous verrons être la fauvette d'hiver, nous aurions regardé ces deux oiseaux comme le même, et nous n'en eussions fait qu'une espèce : nous ne savons pas encore si elles sont diflérentes ; car les ressemblances paroissent si grandes et les dif- férences si petites, que nous réunirions ces deux oi- seaux, si Belon, qui les a peut-être mieux observés que nous , ne les avoit pas séparés d'espèce et de nom. Comme toutes les fauvettes, celle-ci est toujours gaie, alerte, vive, et fait souvent entendre un petit cri : elle a de plus un chant qui, quoique monotone , n'est point désagréable ; elle le perfectionne lors- qu'elle est à portée d'entendre des modulations plus variées et plus brillantes. Ses migrations semblent se borner à nos provinces méridionales ; elle y paroît l'hiver, et chante dans cette saison : au printemps, elle revient dans nos bois, préfère les taillis et y con- struit son nid de mousse verte et de laine ; elle pond quatre ou cinq œufs d'un bleu céleste. Ses petits sont aisés à élever et à nourrir, et l'on en LA KOUSSETÏE. 1 K> prend volontiers la peine pour !e plaisir que donne leur familiarité, leur petit ramage, et leur gaieté. Ces oiseaux ne laissent pas d'être courageux. « Ceux que j'élevois, dit M. de Querîioent, se faisoient redouter de beaucoup d'oiseaux aussi gros qu'eux. Au mois d'avril je donnai la liberté à tous mes petits prison- niers, les roussettes furent les dernières à en profi- ter. Comme elles alloient souvent faire de petites promenades, les sauvages de la même espèce les poursuivoient : mais elles se réfugioientsur la tablette de ma fenêtre, où elles tenoient bon; elles héris- soient leurs plumes; chaque parti fredonnoit une petite chanson et becquetoit la planche à la manière des coqs, et le combat s'engageoit alors avec viva- cité. » Cette fauvette est la seule que nous n'ayons pu dé- crire d'après nature ; la description qu'on nous donne du plumage , nous confume dans la pensée que cette espèce est au moins très voisîue de celle de la fau- vette d'hiver , si ce n'est pas précisément la môme : celle-ci a la tête, le dessus du cou, la poitrine, le dos, et le croupion , variés de brun et de roux, cha- que plume étant dans son milieu de la première cou- leur, et bordée de la seconde; les plumes scapulai- res , les couvertures du dessus des ailes et de la queue, variées de même et des mêmes couleurs; la gorge, la partie inférieure du cou, le ventre et les côtés , roussâtres ; les pennes des ailes brunes bor- dées de roux ; celles de la queue tout-tà-fait brunes. Elle est de la grandeur de la fauvette, première es- pèce. La robe des fauvettes est généralement terne et obscure ; celle de la roussâtre ou fauvette des bois 1 l4 Lx\ KOl]SSETTE. est une des plus variées, et Belon peint avec expres- sion l'agrément de son plumage. Il remarque en même temps que cet oiseau n'est guère connu que des oiseleurs et des paysans voisins des bois, et qu'on le prend dans les chaleurs, lorsqu'il va boire aux mares. LA FAUVETTE DE ROSEAUX'. SEPTIÈME ESPÈCE. Motacilla salicarla. Gmel. La fauvette de roseaux chante dans les nuits chau- des du printemps comme le rossignol ; ce qui lui a fait donner par quelques uns le nom de rossignol des saules ou des osiers. Elle fait son nid dans les roseaux, dans les buissons, au milieu des marécages, et dans les taillis au bord des eaux. ]Nous avons vu un de ces nids sur les branches basses d'une charmille près de terre : il est coîuposé de paille et de brins d'herbes sèches, d'un peu de crin en dedans; il est construit avec plus d'art que celui des autres fauvettes : on y trouve ordinairement cinq œufs, blanc sale , marbrés de brun, plus foncé et plus étendu vers le gros bout. Les petits, quoique fort jeunes et sans plumes, quittent le nid quand on y touche, et même quand on l'approche de trop près : cette habitude, qui est propre aux petits de toute la famille des fauvettes, et \. Eu alleiuaiul, weidench ; fu aiiu;loi.s, sedge-btfd , oist\'iu de saugr, suivant Alhin. lA FAUVETTE DE ilOSEAUX. Il5 môme à cette espèce qr.i niche an milieu des eaux, semble être un caractère distiuctif du naturel de ces oiseaux. On voit, pendant tout Tété, cette fauvette s'élancer du milieu des roseaux pour saisir au vol les demoi- selles et autres insectes qui voltigent sur les eaux : elle ne cesse en même temps de faire entendre son ramage *; et pour dominer seule dans un petit can- ton, elle en chasse les autres oiseaux, et demeure maîtresse dans son domicile, qu'elle ne quitte qu'au mois de septembre pour partir avec sa famille. Elle est de la grandeur de la fauvette à tête noire, ayant cinq pouces quatre lignes de longueur, et huit pouces huit lignes de vol : son bec est long de sept lignes et demie; les pieds de neuf; sa queue de deux pouces : l'aile pliée s'étend un peu au delà du milieu de la queue. Elle a tout le dessus du corps d'un gris roussâtre clair , tirant un peu à l'ohvatre près du crou- pion; les pennes des ailes plus brunes que celles de la queue; les couvertures inférieures des ailes sont d'un jaune clair; la gorge et tout le devant du corps jaunâtre, sur un fond blanchâtre, altéré, sur les côtés et vers la queue, de teintes brunes. *I1 n'y a nulle apparence que la petronella de Schwenckfeld, oiseau qui nlcIie sous les rockers et à plate-terre ^ qu'on ne voit que dans les endroits escarpés i. « G'esl un oisoau très babillard : en Brie, où on l'appelle effar- nvatte, on dit en proverbe, babiller comme une effarvaUe. » {Note communiquée par M. Hébert.) Mais nous devons observer que la vérita!)le effarvatte est eet oiseau que nous avons indiqué, t. XXI, p. 240, sous ce môine nom , et sous celui de petite rousserolle. Il6 LA FArVETTE DE ROSEAUX. des montagnes, qui remue incessamment la queue ^ comme la lavandière, soit notre fauvette de roseaux : et nous ne voyons pas sur rpioi M. Brisson a pu l'y rapporter; car, suivant le plumage même que lui donne Schwenckfeld, ce seroit plutôt une sorte de rossignol de muraille ou de queue rouge. Si ïoiseau de sauge [sedge-bird) d'Albin est aussi la fauvette de roseaux, la figure qu'il en donne est bien mauvaise, et toutes les couleurs en sont fausses. Ce n'est point peindre, c'est masquer la nature que de la charger d'images infidèles. La figure donnée dans Aldrovande, et empruntée de Gesner, sous le nom de salicaria^ porte un bec de beaucoup trop gros, et qui ne peut appartenir au genre des fauvettes; et si l'oiseau de la page 753 [avis consimilis stoparolœ et magnanimœ) est la fauvette de roseaux, comme le dit M. Brisson, et comme on peut le croire, il est très difficile d'imaginer que la salicaria de la page jo^ soit le même. Tel est l'embarras de démêler dans Aldro- vande les espèces qu'il a voulu rapporter à un genre qu'il paroît n'avoir pas connu par lui-même; et on voit, par l'exemple de ce naturaliste, si estimable d'ailleurs, combien il est dangereux de ne parler que sur des relations souvent fautives, souvent confuses, et qui ne peignent jamais la nature avec la vérité né- cessaire pour la reconnoître et la juger. LX P E T I r E F A U V E 1' 1 E il O U S SE . l \ "J LA PETITE FAUVETTE ROUSSE. HUITIÈME* ESPÈCE. MotaclUa ru fa, Gmel. Belon dit avoir pris beaucoup de peine à trouver à la petite fauvette rousse une appellation antique ^ et il finit par se tromper en lui appliquant celle de troglo- dyte; il semble niême s'en apercevoir quand il rap- porte ^di fauvette rousse au ^rt^^Wjf^ indiqué par Aétius et Paul Éginete : car il observe que leur texte s'ap- plique bien mieux au roitelet brun qu'à la fauvette rousse; et ce roitelet est en effet le véritable troglo- dyte, auquel nous rendrons à son article ce nom qui lui appartient de tout temps. La fauvette rousse, \f 58 1 , tig. i , n'est donc point le troglodyte : cette dénomination ne peut convenir qu'à un oiseau qui fréquente les cavernes, les trous des rochers et des murs; habitude qui n'est celle d'aucune fauvette, et que néanmoins Belon leur sup- pose, entraîné par son idée et par la prévention d'une fausse étymologie du nom de fauvette a foveis ^. Celle-ci fait communément cinq petits; mois ils deviennent souvent la proie des oiseaux ennemis, sur- 1. « Caria fauvette prend ce nom de ce qu'elie entre dedans 1rs » fossettes et creux de murailles, retenant le même nom en françois « que les Latins ont pris des Grecs. » (Belon. ) Le nom de fauvette vient de leur couleur fauve , qui est celle de la plupart de ces oiseaux; et celle j-tjmologie , que Belon rejette, est la véritable, dit Ménage. BVFFOîv'. xxrii, 8 Il8 LA PETITE FAUVETTE ROLSSE. tout des pies-grièches. Les œufs de cette fauvette sont fond blanc verdâtre, et portent deux sortes de ta- ches : les unes peu apparentes et presque effacées, répandues également sur la surface; !es autres plus foncées et tranchant sur le fond, plus fréquentes au gros bout, u C'est une chose infaillible, dit Beloii, qu'elle fait son nid dedans quelque herbe ou buisson pa-i- les jardins, comme sur une c^'guë ou autre sem- blable, ou bien derrière quelque muraille de jardin ez villes ou villages. » Le dedans est garni de crin de cheval : mais le nid dont parle Belon avoit le fond percé à claire-voie; sur quoi il attribue une intention à l'oiseau, tandis que ce n'étoit apparemment que par accident que ce nid étoit percé, une semblable dis- position ne se rencontrant dans aucun des nids, éta^c même essentiellement contraire au but de la nidifica- tion, qui est de recueillir et de concentrer la chaleur. Le même naturaliste rencontre mieux, lorsqu'il dit que cette petite fauvette est toute d'une seule couleur, qui est celle de la queue du rossignol : cette compa- raison est juste, et nous dispense de faire une de- scription plus longue du plumage de cet oiseau ; nous remarquerons seulement qu'il y a un peu de roux tracé dans les grandes couvertures de l'aile, et plus foiblement sur les petites barbes de ses pennes , avec une teinte très lavée et très claire , de gris roussâtre sur le gris du dos et de la tête, et sur le blanchâtre des flancs. Ce n'est, comme l'on voit, qu'asssez im- proprement que cette fauvette a été nommée fauvette rousse par le peu de traits de cette couleur dont se peignent assez foiblement quelques parties de son plumage. LA PETITE FAUVETTE HOUSSE. II9 Elle n'a que quatre pouces huit lignes de longueur lotale, six pouces dix lignes de vol : c'est une des plus petites, elle est encore moindre que la grisette; mais Belon semble exagérer sa petitesse quand il dit (ja'eUe n est pas plus grosse que le bout du doigt. «=c <8.sc8'e««*6#9'8«3>§»s««««'« LA FAUVETTE TACHETEE. NEUVIÈME ESPÈCE. Motacilla nœvia. Gmel. Le plumage des fauvettes est ordinairement uni- forme et monotone : celle-ci se distingua par quelques taches noires sur la poitrine ; mais du reste son plu- mage ressemble à celui des autres. Elle est de la gran- deur de la petite fauvette , seconde espèce; elle a cinq pouces quatre lignes de longueur, et les ailes pîiëes couvrent la moitié de la queue : tout le manteau , du sommet de la tête à l'origine de la queue, est varié de brun roussâtre, de jaunâtre, et de cendré ; les pen- nes de l'aile sont noirâtres, bordées extérieurement de blanc; celles de la queue de même; la poitrine est jaunâtre et marquée de taches noires; la gorge, le devant du cou, le ventre, et les côtés, sont blancs. Cette fauvette, n° 58 1, fig. 5, est plus commune en Italie , et apparemment aussi dans nos provinces méridionales, que dans les septentrionales, où on la connoît peu. Suivant Aldrovande, on en voit bon nombre aux environs de Bologne ; et le nom qu'il lui donne semble lui supposer l'habitude de suivre les troupeaux dans les prairies et les pâturages. 120 LA FAUVETTE TACHETEE. Elle niche en effet dans les prés, et pose son nkl ànn pied déterre, sur quelques plan les fortes, comme de fenouil, de DDjrrliis, etc. ; elle ne sort pas de son nid lorsqu'on en approche, et se laisse prendre des- sus plutôt que de l'abandonner, oubliant le soin de sa vie pour celui de sa progéniture : tant est grande la force de cet instinct qui, d'animaux foibles, fugi- tifs, fait des animaux courageux, intrépides! tant il est vrai que, dans tous les êtres qui suivent la sage loi de la nature, l'amour paternel est le principe de ce qu'on peut appeler vertus 1 LE TRAINE-BUISSON' ou MOUCHE T, ou LA FAUVETTE D'HIVER. DIXIÈME ESPÈCE. MotaclUa modidaris. Gmee. Toutes les fauvettes partent au milieu de l'automne; c'est alors au contraire qu'arrive celle-ci, n"* 61 5, fig. i : elle passe avec nous toute la mauvaise saison , et c'est à juste titre qu'on l'a nommée fauvette d'hi- ver; on l'appelle aussi traîne-buissoîij passe-buse j, rossi- g7iold' hiver j, dans nos différentes provinces de France ; en Italie , paisse-sauvage ( passara salvatica ) , et en Angleterre, moineau de haie [hedge-sparrovi)). Ces deux derniers noms désignent la ressemblance de son plumage varié de noir, de gris, et de brun roux, avec 1. Enanglois, liedgc-sparrow , et suivant Gharlelon, iitUng; en al- lemand, braunflechlgc gras-mucke ; en italien , passara salvatica. LE TRAÎNE-BUISSON, OU MOUCHET. 121 celui du moineau , ou plutôt du friquet ; ressemblance que Belon trouvoit entière. En elTet, les couleurs de la fauvette d'hiver sont d'un ton beaucoup plus foncé que celles de toutes les autres fauvettes : sur un fond noirâtre, toutes ses pennes et ses plumes sont bordées d'un brun roux ; les joues, la gorge, le devant du cou, et la poi- trine, sont d'un cendré bleuâtre ; sur la tempe est une tache roussâtre ; le ventre est blanc. Sa grosseur est celle du rouge-gorge; elle a huit pouces de vol. Le mâle difl'ère de la femelle en ce qu'il a plus de roux sur la tête et le cou, et celle-ci plus de cendré. Ces oiseaux voyagent de compagnie; on les voit arriver ensemble vers la fin d'octobre et au commen- cement de novembre; ils s'abattent sur les haies, et vont de buisson en buisson, toujours assez près de terre, et c'est de cette habitude qu'est venu son nom de traîne- buisson. C'est un oiseau peu défiant et qui se laisse prendre aisément au piège. Il n'est point sau- vage; il n'a pas la vivacité des autres fauvettes, et son naturel semble participer du froid et de l'engourdis- sement de la saison. Sa voix ordinaire est tremblante ; c'est une espèce de frémissement eloux, tltlt-titltlt ^ q^i *ï répèle assez fréquemment ; il a de plus un petit ramage , qui , quoi- que plaintif et peu varié, foit plaisir à entendre dans une saison où tout se tait; c'est ordinairement vers le soir qu'il est plus fréquent et plus soutenu. Au fort de cette saison rigoureuse, le traîne-boisson s'appro- che des granges et des aires où l'on bat le blé, pour démêler dans les pailles quekjues menus grains. C'est ap[)ijr{niHr2,i'nt l'origine du nom de graîte-paillc qu'on 12 2 I- E T 1\ A 1 N E - B U I S S O N , OU ,M 0 IJ C II E T. lui donne en Brie. M. Hébert dit avoir trouvé dans son jabot des grains de blé tout entiers : mais son bec menu n'est point fait pour prendre cette nourriture, et la nécessité seule le force de s'en accommoder; dès que le froid se relâche , il continue d'aller dans les haies, cherchant sur les branches les chrysalides et les cadavres des pucerons. Il disparoît au printemps des lieux où on l'a vu l'hi- ver, soit qu'il s'enfonce alors dans les grands bois et retourne aux montagnes, comme dans celles de Lor- raine , où nous sommes informés qu'il niche , soit qu'il se porte en effet dans d'autres régions, et apparem- ment dans celles du Nord, d'où il semble venir en automne, et où il est très fréquent en été. En Angle- terre, on le trouve alors presque dans chaque buis- son, dit Albin; on le voit en Suède; et même il sem- bleroit, à un des noms que lui donne M. Linnieus , qu'il ne s'en éloigne pas l'hiver, et que son plumage, soumis à l'eflet des rigueurs du climat, y blanchit dans cette saison; il niche également en Allemagne : mais il est très rare, dans ros provinces, de trouver le nid de cet oiseau; il le pose près de terre ou sur la terre même, et le compose de mousse en dehors, de laine et de crin à l'intérieur. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs, d'un joli bleu clair uniforme et sans taches. Lorsqu'un c4iat ou quelque autre animal dan- gereux approche du nid, la mère, pour lui donner le change, par un instinct semblable à celui de la perdrix devant le chien, se jette au devant et voltige terre à terre jusqu'à ce qu'elle l'ait suffisamment éloigné. Albin dix qu'elle a. en Angleterre, des petits dès LE TRÂÎNE-IUIISSON, OU MOUCIIET. 120 le cotûQaencemeiit de mai, qu'on les élève aisément, qu'ils ne sont point farouches et deviennent mêmti très familiers, et qu'enfin ils se font estimer pour leur ramage, quoique moins gai que celui des autres fauvettes ^. Leur départ de France au printemps, leur fréquence dans les pays plus septentrionaux dans cette saison est un fait intéressant dans l'histoire de la migration des oiseaux; et c'est la seconde espèce à bec effilé, après l'alouette-pipi, dont il a été parlé à l'article des alouettes, pour qui la température de nos étés semble être trop chaude, et qui ne redoute pas les rigueurs de nos hivers, qui fuient néanmoins tous les autres oiseaux de leur genre; et cette habitude est peut- être suffisante pour les en séparer, ou du moins pour les en éloigner à une petite distance. LA FAUVETTE DES ALPES. ONZIÈME ESPÈCE. Motacilla Alpina. Gmel. On trouve sur les Alpes et sur les hautes monta- gnes du Dauphiné et de l'Auvergne cet oiseau, n" 668, i. Une fauvette d'hiver, gardée pendant cette saison chez M. Dau- benton le jeune, et prise au piège en automne, n'étoit pas plus fa- rouche que si on l'eût prise dans le nid. On l'avoit mise dans une volière remplie de serins , de linottes , et de chardonufM'ets ; un serin s'étoit tellement attaché à celte fauvette , qu'il ne la quittoit point : cette préférence parut assez marquée à M. Daubcnton pour les tirer de la volière générale, et les mettre à part dans une cage à nichtr; mais celte inclination a'éloit apparemment que de l'amitié , non de I2f\ LA FAL'VETÏE DES ALPES. fig. 2, qui est au moins de la taille du proyer, et qui par conséquent surpasse de beaucoup toutes les fau- vettes en grandeur; mais il se rapproche de leur genre par tant de caractères, que nous ne devons pas l'en séparer. Il a la gorge fond blanc, tacheté de deux teintes différentes de brun : la poitrine est d'un gris cendré; tout le reste du dessous du corps est varié de gris plus ou moins blanchâtre et de roux; les cou- vej'tures inférieures de la queue sont marquées de noirâtre et de blanc; le dessus de la tête et du cou gris cendré; le dos est de la même couleur, mais varié de brun; les couvertures supérieures des ailes sont noirâtres, tachetées de blanc à la pointe; les pennes de l'aile sont brunes, bordées extérieurement, les grandes de blanchâtre, les moyennes de roussâtre; les couvertures supérieures de la queue sont d'un brun bordé de gris verdâtre, et, vers le bout, de roussâtre; toutes les pennes de la queue sont termi- nées en dessous par une tache roussâtre sur le côté intérieur; le bec a huit lignes de longueur ; il est noi- râtre dessus. Jaune dessous à la base, et n'a point d'échancrure ; les pieds sont jaunâtres; le tarse est long d'un pouce ; l'ongle postérieur est beaucoup plus épais que les autres. La queue est longue de deux pouces et demi; elle est un peu fouchue et dépasse les ailes de près d'un pouce. La longueur entière de l'oiseau est de sept pouces. La langue est fourchue. L'œsophage a un peu phis de trois pouces; il se di- late en une espèce de poche glanduleuse, avant son insertion dans le gésier, qui est très gros, ayant un l'amour, cl ne produisit poiut d'alliauce. Il esl plus que probable que i'alllancc n'eût point produit de géncratiou LA FAUVETTE DES ALPES. 1 2D pouce de long sur huit lignes de large ; il est muscu- leux, doublé d'une membrane sans adhérence; on y a trouvé des débris d'insectes , diverses petites graines et de très petites pierres. Le lobe gauche du foie, qui recouvre le gésier, est plus petit qu'il n'est ordinaire- ment dans les oiseaux. 11 n'y a point de vésicule du fiel, mais deux cœcuin d'une ligne et demie chacun. Le tube intestinal a dix à onze pouces de longueur. Quoique cet oiseau habite les montagnes des Alpes voisines de France et d'Itahe, même celles de l'Au- vergne et du Dauphiné, aucun auteur n'en a parlé. M. le marquis de Piolenc a envoyé plusieurs individus à M. Gueneau de Montbelliard, qui ont été tués dans son comté de Montbel , (e 18 janvier 1778. Ces oi- seaux ne s'éloignent des hautes montagnes que quand ils y sont forcés par l'abondance des neiges; aussi ne les connoît-on guère dans les plaines : ils se tiennent communément à terre, où ils courent vite en filant comme la caille et la perdrix, et non en sautillant comme les autres fauvettes; ils se posent aussi sur les pierres, mais rarement sur les arbres : ils vont par petites troupes, et ils ont, pour se rappeler entre eux, un cri semblable à celui de la lavandière. Tant que le froid n'est pas bien fort, on les trouve dans les champs ; et lorsqu'il devient plus rigoureux, ils se rassemblent dans les prairies humides où il y a de la mousse, et on les voit alors courir sur la glace : leurs dernières ressources ce sont les fontaines chaudes et les ruisseaux d'eau vive; on les y rencontre souvent c\\ cherchant des bécassines. Ils ne sont pas bien fa- r »uches ; et cependant ils sont difficiles à tuer, surtout au vol. 126 LE PITCHOU. LE PITCHOU. Motacilla Provincialls. Gmel. On nomme en Provence pitchou un très petit oi- seau , qui nous paroît plus voisin des fauvettes que d'aucun autre genre ; il a cinq pouces un tiers de lon- gueur totale, dans laquelle la queue est pour près de moitié : on pourroit croire que le nom de pitchoului vient de ce qu'il se cache sous les choux; en efî'et, il y cherche les petits papillons qui y naissent, et le soir il se tapit et se loge entre les feuilles du chou pour s'y mettre à l'abri de la chauve-souris son enne- mie, qui rôde autour de ce froid domicile. Mais plu- sieurs personnes m'ont assuré que le nom de pitchou n'a nul rapport aux choux, et signifie simplement eu provençal petit et menu; ce qui est conforme à l'éty- mologie italienne, piccino^ picciniiio ^ et convient parfaitement à cet oiseau presque aussi petit que le roitelet. Le bec du pitchou, n** 655 , fig. ï , est long relati- vement à sa petite taille , il a sept lignes; il est noirâ- tre à sa pointe, blanchâtre à sa base; le detni-bec supérieur est échancré vers son extrémité ; l'aile est fort courte et ne couvre que l'origine de la queue ; le tarse a huit lignes; les ongles sont très minces, et le postérieur est le plus gros de tous. Tout le dessus du corps , du front au bout de la queue, est cendré foncé; les pennes de la queue et les grandes des ailes sont bordées de cendré clair en dehors, et noirâtres à l'in- LE PITCHOU. 127 térieur; la gorge et tout le dessous du corps, ondes de roux varié de blanc ; les pieds sont jaunâtres. Nous devons à M. Guys de Marseille la connoissance de cet oiseau. re<8>o«©«««««««e«««o*s««*«>M«i«««e«xMi 0*54 («8''* OISEAUX ETRANGERS OUI ONT RAPPORT AUX FAUVETTES. I. LA FAUVETTE TACHETÉE DU GAP DE BONNE-ESPÉRANCE. MotaclUa Africana. Gaiel. Cette fauvette, décrite par M. Brisson, est des plus grandes, puisqu'il la fait égale en grosseur au pinson d'Ardenne , et lui donne sept pouces trois li- gnes de longueur. Le sommet de la tète est d'un roux varié de taches noirâtres, tracées dans le milieu des plmnes ; celles du haut du cou, du dos, et des épau- les, sont nuées, excepté que leur bord est gris sale; vers le croupion, aux couvertures des ailes et du des- sus de la queue, elles sont bordées de roux; tout le dessous et le devant du corps est blanc roussâtre, va- rié de quelques taches noirâtres sur les flancs ; de chaque côté de la gorge est une petite bande noire ; \gs plumes de l'aile sont brunes, avec le bord ex- térieur roux; h^s quatre du milieu de la queue de même, les autres rousses; toutes sont étroites et 128 LA FAUVETTE TACHETÉE I)U CAP. pointues; le bec est de couleur de corne, et^a huit lignes de longueur; les pieds, longs de dix, sont gris brun. II. LA PETITE FAUVETTE TACHETÉE DU CAP DE BOKNE-ESPÉRANGE. Motaciila macroura. Gmel. Cette fauvette est une espèce nouvelle , représentée dans les planches enluminées, n° "52, et apportée du cap de Bonne-Espérance par M. Sonnerat ; elle est plus petite que la fauvette babillarde, et a la queue plus longue que le corps; tout le manteau est brun, et la poitrine est tachetée de noirâtre sur un fond blanc jaunâtre. ITI. LA FAUVETTE TACHETÉE DE LA LOUISIANE. Motaciila Noveboraccnsis. Gmel. Cette fauvette , n^ 762 , fig. 1 , est de la grandeur de l'alouette des prés, et lui ressemble par la manière dont tout le dessous de son corps est tacheté de noirâ- tre sur un fond blanc jaunâtre : ces taches se trouvent jusqu'alentour des yeux et aux côtés du cou ; une trace de blanc part de l'angle du bec pour aboutir à l'œil; tout le iininteau, depuis le sommet de la tête au bout de la queue, est mêlé de cendré et de brun foncé. LA FAUVETTE TACHETEE DE LA LOUISIANE. l 2() Nous n'eussions pas hésité de rapporter à cette es- pèce, comme variété d'âge ou de sexe, une autre fau- vette qui nous a été envoyée également de la Loui- siane, n° 709, fig. I, dont le plumage, d'un gris plus clair, ne porte que quelques ombres de taches net- tement peintes sur le plumage de l'autre; le dessus du corps est blanchâtre : un soupçon de teinte jaunâtre paroît aux flancs et au croupi du. D'ailleurs ces deux oiseaux sont de la même grandeur ; les pennes et les grandes couvertures de l'aile du dernier sont frangées de blanchâtre. Mais une différence essentielle entre eux se trouve dans le bec : le premier l'a aussi grand que la fauvette de roseaux; le second, à peine égal à celui de la petite fauvette. Cette diversité dans la par- tie principale paroissant spécifique, nous ferons de cette fauvette une seconde espèce sous le nom de fau- vette ombrée de la Louisiane. iv. LA FAUVETTE A POITRINE JAUNE DE LA LOUISIANE. Sylvia trichas. Latii. Cette fauvette, n"* 709, est une des plus jolies, et ia plus brillante en couIcîu^ €le toute la famille des fauvettes : un demi-masque noir lui couvre le front et les tempes jusqu'au delà de l'œil; ce masque est surmonté d'un bord blanc; tout le manteau est oli- vâtre ; tout le dessous du corps jaune, avec une teinte orangée sur les flancs. Elle est de la grandeur de la grisette , et nous a été rapportée de la Louisiane par M. Lebeau. 1 JO LA FAUVETTJL A POITRINE JAUNE. Une quatrième espèce est la fauvette verdâtre de la même contrée : elle est de la grandeur de la fau- vette tachetée dont nous venons de parler; son bec est aussi long et plus fort; sa gorge est blanche; le dessous de son corps gris blanc; un trait blanc lui passe sur l'œil et au delà ; le sommet de la tête est noirâtre ; le dessus du cou cendré foncé ; les côtés avec le dos sont verdâtres sur un fond brun clair; le verdâtre plus pur borde les pennes de la queue et l'ex- térieur de celles de l'aile, dont le fond est noirâtre. Elle paroît, à cause de sa calotte noirâtre, former le pendant de notre fauvette à tête noire, qu'elle égale en grandeur. LA FAUVETTE DE CAYENNE A QUEUE ROUSSE. MotaciUa ruficanda. Gmel. Sa longueur totale est de cinq pouces un quart : elle a la gorge blanche , entourée de roussâtre poin- tillé de brun , la poitrine d'un brun clair ; le reste du dessous du corps est blanc avec une teinte de roussâ- tre aux couvertures inférieures de la queue ; tout le manteau , du sommet de la tête à l'origine de la queue, est brun avec une teinte de roux sur le dos; les cou- vertures des ailes sont rousses ; leurs pennes sont bor- dées extérieurement de roux , et la queue entière est de cette couleur. LA FAUVETTE DE CAYENNE. l.)l VI. LA FAUVETTE DE GAYENNE A GORGE BRUNE ET VENTRE JAUNE. MotacUla fuscicoLis. Gmel. La gorge, le dessus de la tête et du corps de cette fauvette, sont d'un brun verdâtre; les pennes et les couvertures de l'aile, sur le même fond, sont bordées de roussatre; celles de la queue de verdâtre; la poi- trine et le ventre sont d'un jaune ombré de fauve. Cette fauvette, qui est une despluspetites, n'est guère plus grande que le pouliot; elle a le bec élargi et aplati à sa base, et par ce caractère elle paroît se rapprocher des gobe- mouches, dont le genre est effectivement très voisin de celui des fauvettes, la nature ne les ayant séparés que par quelques traits légers de conformation, et les ayant rapprochés par un grand caractère, celui d'une commune manière de vivre. VIL LA FAUVETTE BLEUATRE DE SAINT-DOMINGUE. MotacUla cœrutescens. Gmel. Cette jolie petite fauvette, qui n'a de longueur que quatre pouces et demi, a tout le dessus de la tête et du corps en entier cendré bleu ; les pennes de la queue sont bordées de la même couleur sur un fond brun; on voit une tache blanche sur l'aile, dont les pennes IJ'2 LA FAUVETTE BLEUATRE DE SAINT-DOMINGUE. sont brunes; la gorge est noire, le reste du dessous du corps blanc. Nous ne savons rien des mœurs de ces différents oiseaux, et nous en avons du regret ; la nature in- spire à tous les êtres qu'elle anime un instinct, des fa- cultés, des habitudes relatives aux divers climats, et variés comme eux; ces objets sont partout dignes d'être observés, et presque partout manquent d'ob- servateurs. Il en est peu d'aussi intelligents, d'aussi laborieux, que celui ^ auquel nous devons, dans un détail intéressant, l'histoire d'une autre petite fau- vette de Saint-Domingue, nommée cou-jaune dans cette île. *3 ««i9«*e««if»i8i8#*@oS«-« LE COL-JAUNE. Motacllla pensilis. G31EL. Les habitants de Saint-Domingue ont donné le nom de cou-Jaune^ à un petit oiseau qui join^ une Jolie robe à une taille dé2:a2;ée et à un ramaïre a2;réable : il se tient sur les arbres qui sont en Heurs; c'est de là qu'il fait résonner son chant. Sa voix est déliée et foible, mais elle est variée et délicate; chaque phrase est 1. M. le chevalier Lofevre Desh.iies. 2. Ils l'appellent aussi, chardonnct ou chardonneret , mais par une fausse analogie, le cou-jaune ayant le bec aigu de la fauvette ou du rouge-gorge, le port, le naturel, el les habitudes de ce dernier oii^eau, et rien qui rappey»^'au chardonneret qu'un ramage, qui encore est bien différent. LE GOU-JAUNi:. l55 composée de cadences brillantes et soutenues^. Ce que ce petit oiseau, n® 686, fig. i, a de charriîant c'est qu'il fait entendre son joli ramage , non seule- ment pendant le printemps , qui est !a saison des amours, mais aussi dans presque tous les mois de l'année. On seroittenté de croire que ses désirs amou- reux seroient de toutes les saisons; et l'on ne seroit pas étonné qu'il chantât avec tant de constance un pa- reil don de la nature. Dès que le temps se met au beau, surtout après ces pluies rapides et de courte durée qu'on nomme aux îles grains ^ et qui y sont fréquen- tes, 1g mâle déploie son gosier et en fait briller les sons pendant des heures entières, La fesneîle chante aussi; mais sa voix n'est pas aussi modulée, ni les ac- cents aussi cadencés, ni d'aussi longue tenue que ceux du mâle. La nature, qui peignit des plus riches couleurs la plupart des oiseaux du Nouveau-Monde, leur refusa presque à tous l'agrément du chant , et ne leur donna sur ces terres désertes que des cris sauvages. Le cou- jaune est du petit nombre de ceux dont le naturel vif et gai s'exprime par un chant gracieux, et dont en même temps le plumage est paré d'assez belles cou- leurs; elles sont bien nuancées et relevées par le beau jaune qui s'étend sur la gorge, le cou, cl la poitrine : le gris noir domine sur la tête ; cette couleur s'éciair- 1. « Le chanl de Yoiseau d'herbe à blé, oxx.oi&eau de cannes , ressom- » ble , pour l'exiguité des sons et pour )e genre de modulation, au » ramage du cou-jaune. » ( ISote île M» Lefévre Desliaies , observateur ingénieux et sensible, à qui nous devons les détails de cet article , efe plusieurs autres fails intéressants de l'histoire naturelle des oiseaux de S; int-Domingne. ) BUFFOIN. XXIll. <) 1 34 f'I' COL-JALNE. cit en descendant vers le cou, et se change en gris foncé sur les plumes du dos; une ligne blanche , qui couronne l'œil, se joint aune petite moucheture jaune placée entre l'œil et le bec ; le ventre est blanc , et les flancs sont grivelés de blanc et de gris noir; les cou- vertures des ailes sont mouchetées de noir et de blanc par bandes horizontales; on voit aussi de grandes ta- ches blanches sur les pennes , dont le nombre est de seize à chaque aile, avec un petit bord gris blanc à rexlrémilé des grandes barbes; la queue est compo- sée de douze pennes, dont les quatre extérieures ont de grandes taches blanches; unepeau écailleuseet fine, d'un gris verdâtre, couvre les pieds. L'oiseiu a quatre pouces neuf lignes de longueur, huit pouces de vol , et pèse un gros et demi. Sous cette jolie parure on reconnoît, dans le cou- jaune, la figure et les proportions d'une fauvette; il en a aussi les habitudes naturelles. Les bords des ruis- seaux , les lieux frais et retirés près des sources et des ravines humides, sont ceux qu'il habile de préférence, soit que la température de ces lieux lui convienne da- vantage, soit que , plus éloignés du bruit, ils soient plus propres à sa vie chantante : on le voit voltiger de branche en branche, d'arbre en arbre, et tout eu traversant les airs il fait entendre son ramage; il chasse aux papillons, aux mouches, aux chenilles , et cependant il entame, dans la saison, les fruits du goyavier, du sucrin, etc. , apparemment pour cher- cher dans l'intérieur de ces fruits les vers qui s'y en- gendrent, lorsqu'ils atteignent un certain degré de maturité. Il ne paroît pas qu'il voyage, ni qu'il sorte de l'île de Saint-Domingue; son vol, quoique rapide. LE COU-JAUA'L. 1 35 n'ost j3as assez élevé, assez soutenu, pour passer les mers, et on peut avec raison le regarder comme in- digène dans cette contrée. Cet oiseau , déjà très intéressant par la beauté et la sensibilité que sa voix exprime, ne l'est pas moins par son intelligence et la sagacité avec laquelle on lui voit construire et disposer son nid : il ne le place pas sur les arbres, à la bifurcation des branches, comme il est ordinaire aux autres oiseaux; il le suspend à des lianes pendantes de Tentrelas qu'elles forment d'ar- bre en arbre , surtout à celles qui tombent des bran- ches avancées sur les rivières ou les ravines profondes; il attache% ou, pour mieux dire, enlace avec la liane le nid, composé de brins d'herbe sèche, de fd^rilles de feuilles, de petites racines fort milices, tivssuesavec le plus grand art; c'est proprement un petit matelas roulé en boule, assez épais et assez bien tissu par- tout pour n'être point percé par la pluie; et ce ma- telas roulé est attaché au bout du cordon flottant de la liane, et bercé au gré des vents, sans en recevoir d'atteinte. Mais ce seroit peu pour la prévoyance de cet oi- seau de s'être mis à l'abri de l'injure des éléments, dans des lieux où il a tant d'autres ennemis ; aussi sem- ble-t-il employer une industrie réfléchie pour garan- tir sa famille de leurs attaques : son nid , au lieu d'être ouvert par le haut ou dans le flanc, a son ouverture placée au plus l)as; l'oiseau y entre en montant, et il n'y a précisément que ce qu'il lui faut de passage pour parvenir à l'intérieur où est la nichée , qui est séparée »»9-»»>aftfti»ftei»o.j;.»»»e.ftc<»e^e»6«i»»»»fta<»a.»9<8>e«a*i LE ROSSIGNOL DE MURAILLE. Motaciiia Phœnlcurus. Gmel. Le chant de cet oiseau n'a pas l'étendue ni la va- riété de celui du rossignol, mais il a quelque chose LE ROSSIGNOL DE MUllAILLE. l57 de sa modulalion; il est tendre et mêlé d'un accent de tristesse : du moins c'est ainsi qu'il nous affecte ; car il n'est sans doute, pour le chantre lui-même, qu'une expression de joie et de plaisir, puisqu'il est l'expression de l'amour, et que ce sentiment intime est également délicieux pour tous les êtres. Cette ressemblance, ou plutôt ce rapport du chant, est le seul qu'il y ait entre le rossignol et cet oiseau , n"* 35 1 , fig. 1 , le mâle ; fig. 2 , la femelle : car ce n'est point un rossignol, quoiqu'il en porte le nom; il n'en a ni les mœurs, ni la taille, ni le plumage : cependant nous sommes forcés par l'usage de lui laisser la déno- mination de rossignol de muraille _, qui a été générale- ment adoptée par les oiseleurs et les naturalistes. Cet oiseaoi arrive avec les autres au printemps, et se pose sur les tours et les combles des édifices inha- bités; c'est de là qu'il fait entendre son ramage. Il sait trouver la solitude jusqu'au milieu des villes, dans jesquelles il s'établit sur le pignon d'un grand mur, sur un clocher, sur ane cheminée, cherchant par- tout les lieux les plus élevés et les plus inaccessibles ; on le trouve aussi dans l'épaisseur des forêts les plus sombres. Il vole légèrement ; et lorsqu'il s'est per- ché , il fait entendre un petit cri , secouant incessam- ment la queue par un trémoussement assez singulier , non de bas en haut, mais horizontalement et de droite à gauche. Il aime les pays de montagne, et ne paroît guère dans les plaines. Il est beaucoup moins gros que le rossignol , et même un peu moins que le rouge-gorge ; sa taille est plus menue, p'ius allongée; un plastron noir lui couvre la gorge, le devant et les côtés du cou; ce même noir environne les yeux, et l38 l-K UOSSIGNOL DE MLRAiLLE. remonte jusque sous le bec ; un bandeau blanc mas- que son front ; le haut, le derrière de la tête , le des- sus du cou, et le dos, sont d'un gris lustré, mais foncé : dans quelques individus, apparemjnent plus vieux, tout ce gris est presque noir : les pennes de l'aile cendré noirâtre ont leurs barbes extérieures plus claires , et frangées de gris blanchâtre ; au des- sous du plastron noir, un beau roiax de feu garnit la poitrine au large, se porte, en s éteignant un peu, sur les flancs, et reparoît dans sa vivacité sur tout le faisceau des plumes de la queue , excepté les deux du milieu qui sont brunes; le ventre est blanc ; les pieds sont iioirs; la langue est fourchue au bout comme celle du rossignol. La femelle est assez différente du mâle pour excu- ser la méprise de quelques naturalistes qui en ont fait une seconde espèce : elle n'a ni le front blanc, ni la gorge noire ; ces deux parties sont d'un gris mêlé de roussâtre , et le reste du plumage est d'une teinte plus foibie. Ces oiseaux nichent dans des trous de muraille, à la ville et à la campagne, ou dans des creux d'arbre et des fentes de rocher ; leur ponte est de cinq ou six œufs bleus; les petits éclosent au mois de mai. Le mâle, pendant tout le temps de la couvée, fait en- tendre sa voix de la pointe d'une roche, ou du haut de quelque édifice isolé , voisin du domicile de sa fa- mille : c'est surtout le matin et dès l'-iurore qu'il pré- lude à ses chants. On prétend (pie ces oiseaux craintifs et soupçon- neux abandonnent leur nid s'ils s'aperçoivent qu'on les observe [)endant (^n'iis y travaillent ; et l'on assure LE ROSSIGNOL DE ML RAILLE. 1 OC) qu'ils quittent leurs œufs si on les touche , ce qui est assez croyable : mais ce qui ne Test point du tout, c'est ce qu'ajoute Albin, que, dans ce même cas, ils délaissent leurs petits, ou les jettent hors du nid^. Le rossignol de muraille, quoique habitant près de nous ou parmi nous, n'en demeure pas moins sau- vage ; il vient dans le séjour de l'homme sans paroître le remarquer ni le connoître; il n'a rien de la familia- rité du rouge-gorge, ni de la gaieté de la fauvette , ni de la vivacité du rossignol ; son instinct est solitaire , son naturel sauvage, et son caractère triste. Si on le prend adulte , il refuse de manger, et se laisse mou- rir; ou s'il survit à la perte de sa liberté, son silence obstiné marque sa tristesse et ses regrets. Cependant, en le prenant au nid et l'élevant en cage, on peut jouir de son chant; il le fait entendre à toute heure et même pendaiit la nuit; il le perfectionne, soit par les leçons qu'on lui donne, soit en imitant celui des oiseaux qu'il est à portée d'écouter. On le nourrit de mie de pain et de la môme pâtée que le rossignol : il est encore plus délicat. Dans son état de liberté, il vit de jnouches, d'araignées, de chrysalides, de fourmis, et de petites baies ou fruits tendres. En Italie, il va becqueter les figues. Olina dit qu'on le voit encore en ce pays en novembre, tandis que, dès le mois d'octobre, il a déjà disparu 1. C'est aussi le plus retenu de tous les oiseaux : car s'il s'aperçoit fjue vous le regardiez pendant le temps Q L'EUE. l/f^ probable que le pyrrhidas d'Aristote, le rubicilla de Théodore Gaza, loin d'être le bouvreuil, est d'un uenre tout différent. Aristote fait en cet endroit un dénombrement des petits oiseaux à bec fin qui ne vivent que d'insectes, ou qui, du moins, en vivent principalement; tels sont, dit-il, le sycalis (le bec- fi<^ue) , le melancoryp/ios^ (la fauvette à tele noire) , le pyrrhulaSj Verithacos ^ Vliypolaïs (la fauvette ba- billardc), etc. : or je deinande si l'oîi peut ranger le bouvreuil au nombre de ces oiseaux à bec elfdé , et qui ne vivent en tout ou en grande partie que d'in- sectes- Cet oiseau est au contraire un des plus dé- cidément «granivores ; il s'abstient de toucher aux in- sectes dans la saison où la plupart des autres en faut I. Je sais (|ao Jieloii, et [jlusieuis naUiralistes a|)rèslui, ont appli- tjué aussi au bouvreuil le nom de mclancoryjfhos; et je suis convaincu encore (jue ce nom lui est mal appliqué. Aristote parle en deux en- droits du melancorypiws ; cl, dans ces deux endroits, de deux oiseaux différents , dont aucun ne peut être le bouvreuil : premièrement, dans le passage C[ue nous examinons . par toutes les raisons (jui prouvent <(u'il ne peut pas èixvAi} pyvrhuUu : le second passage où Aristote nomme le meLancorypIiOS, que (îa7.a traduit atri.capiUa , est au livre IX, cha- pitre if); et c'est celui que lielon a[)pli([ue au bouvreuil ( Nature des Oiseaux, page 359) ; mais il est clair que VatricapiUa , (pii pond vingt œufs, (|ui niche dans les trous d'arbre, et se nourrit d'tnsectes (Aristote, loco ciialo), n'est point le bouvreuil, et ne peut être que la petite mé- sange à tête noire ou nonnelle, tout comme Yatricapdla , cjui se trouve pour accompagner le rouge-gorge, le rossignol de muraille, elle bec- ligue, ne peut être que la fauvette à tête noire. Cette petite discussion nous a paru d'autant plus nécessaire, que Belou est de tous les natu- ralistes celui qui a rapporté généralement avec plus de sagacité les dénominations anciennes aux espèces connues des modernes: et que, d'un autre côté, la nomenclature du bouvreuil est une de celles qui sont demeurées remplies de plus d'obscurité et de méprises ( voyez rbisloire du bec-Ggue), et qui jeloient le plus tl'eînbarras sur celle de plusieurs autres oiseaux, et en parti( ulier au rouge queue. / / leur pâture, et paroîl aussi éloigné de cet appétit pas- son instiiicty qu'il l'est par la forme de son bec , diffé- reiile de celle de tous !es oiseaux en qui l'on reD:iar- que ce genre de vie. On ne peut supposer qu'Aristote^ ait ignoré cette dilFérence dans la manière de se nour- rir, puisque c'est sur cette différence même qu'il se fonde en cet endroit; par conséquent, ce n'est pas le bouvreuil qu'il a voulu désigner par le nom de pyr- r/iulas. Quel est donc Foiseau, placé entre ie rouge-gorge* et la fauvette, autre néanmoins que le rossignol de muraille , auquel puisse convenir à la fois ces carac- tères d'êlre à bec effilé, de vivre principalement d'in- sectes, et d'avoir quelque partie remarquable du- plumage d'un roux de feu ou rouge fauve? Je ne vois que celui qu'on a nommé rouge-queue ^ qui habite les bois avec le rouge-gorge , qui vit d'insectes comme lui pendant tout l'été, et part en même temps à l'au- tomne. Wuotton s'est aperçu que le pyrrhulas doit être une espèce de rouge-queue; Jonston paroît faire la même remarque : mais le premier se trompe , en disant que cet oiseau est le même que le rossignol de muraille, puisque Aristote le distingue très nette- ment dans la même phrase. Le rouge-queue est en effet très différent du ros- signol de muraille ; Aldrovande et Gesner l'ont bien connu en l'en séparant. Le rouge-queue est plus grand; il ne s'approche pas des maisons, et ne niche pas dans les murs, mais dans les bois et buissons comme les bec-figues et les fauvettes; il a la queue d'un roux de feu clair et vif; le reste de son plumage est composé de gris sur tout le manteau, plus foncé LE ROUGE-QUEUE. l45 et frangé de roussâtre dans les pennes de l'aile, et de sris blanc mêlé confusément de roussâtre sur tout le devant du corps; le croupion est roux comme la queue; il y en a qui ont un beau collier noir, et dans tout le plumage des couleurs plus vives et plus variées. M. Brisson en a fait une seconde espèce : mais nous croyons que ceux-ci sont les mâles ; quelques oise- leurs très expérimentés nous l'ont assuré. M, Brisson dit que le rouge-queue à collier sr trouve en Alle- magne^ comme s'il étoit particulier à cette contrée , tandis que partout où Ton rencontre le rouge-queue gris, on voit également les rouge-queues à collier. De plus il ne le dit que sur une méprise; car la figure qu'il cite de Frisch , comme celle du rouge-queue à €ollier, n'est dans cet auteur que celle de la femelle de l'oiseau que nous appelons gorge-bleue. Nous regarderons donc le rouge-queue à collier comme le mâle, et le rouge-queue gris comme la fe- melle : ils ont tous deux la queue rouge de mtMne ; mais, outre le collier, le mâle a le plumage plus foncé, gris brun sur le dos, et gris tacheté de brun sur la poitrine et les flancs. Ces oiseaux préfèrent les pays de montagne , et ne paroissent guère en plaine qu'au passage d'automne; ils arrivent au mois de mai en Bour^oiifne et en Lor- raine, et se hâtent d'entrer dans les bois, où ils pas- sent toute !a belle saison; ils nichent dans des petits buissons près de terre , et font leur nid de mousse en dehors, de laine et de plumes en dedans : ce nid est de forme sphérique, avec une ouverture au coté du levant , le plus à l'abri des mauvais vents; on y trouve cinq à six œufs blancs, variés de gris. l/j6 LE ROUGE -QUEL E. Les rouge-qiieues sortent du hois le malin» y ren- trent pendant la chalenr du jour, et paroissent de nouveau sur le soir dans les champs voisins ; ils y cher- chent les vermisseaux et les mouches; ils rentrent dans le bois la nuit. Par ces allures et par plusieurs traits de ressemblance , ils nous paroissent appartenir au genre du rossignol de muraille. Le rouge-queue n'a néanmoins ni chant ni ramage ; il ne fait entendre qu'un petit son flûte , suit^ en allongeant et filant très doux la première syllabe : il est en général assez silencieux et fort tranquille'^; s'il y a une branche isolée qui sorte d'un buisson ou qui traverse un sen- tier, c'est là qu'il se pose en donnant à sa queue une petite secousse comme le rossignol de muraille. Il vient à la pipée, mais sans y accourir avec la vi- vacité et l'intérêt des autres oiseaux ; il ne semble que suivre la foule : on le prend aussi aux fontaines sur la fin de l'été ; il est alors très gras et d'un goût délicat. Son vol est court et ne s'étend que de buisson en buisson. Ces oiseaux partent au mois d'octobre : on les voit alors se suivre le long des haies pendant quelques jours, après lesquels iî n'en reste aucun dans nos provinces de France. 1. Un lougc-queue pris en automne, et lâché dans un appartement, ne fil pas entendre le moindre cri, volant, marchant, ou en repos. Enfermé dans la môme cage avec une fauvette, celle-ci sélançoit à tout instant contre les barreaux : le rouge-queue non seulement no s'élançoil pas, mais resloit immobile des heures entières au même en- droit , où la fauvette retomboit sur lui à chaque saut ; et il se laissa ainsi fijuler pendant tout le temps que vécu! la fauvetle, c'est à-dire pon - danl trente-six lieures. 1, E II <) U G E - q l i: LE DE l. \ C. U I A N E . 1 4 7 LE ROUGEQUEIJE DE LA GUIANE. MotaclUa Guyarmensis, Gmel. Nous avons reçu de Cayenne un rouge queue, qui est représenté dans les planches enluminées, n" 686, fijj;. 2 : il a les pennes de l'aile du même roux que celles de la queue , le dos gris , et le ventre blanc» On ne nous a rien appris de ses habitudes naturelles; mais on peut les croire à peu près semblables à celles du rouge-queue d'Europe , dont celui de Cayenne paroît être une espèce voisine. LE BEC-FIGUE. Motacilla ficedtda. Gmel. Cet oiseau , n° QÇi^ , fig. i , qui, comme l'ortolan, fait les délices de nos tables, n'est pas aussi beau qu'it est bon : tout son plumage est de couleur obscure; le gris , le brun , et le blanchâtre en font toutes les nuan- ces, auxquelles le noirâtre des pennes de la queue et de l'aile se joint sans les relever; une tache blan- che, qui coupe l'aiîe transver/^alemant , est le trait le plus apparent de ses couleurs, et c'est celui que la plupart des naturalistes ont saisi pour le caractériser ; le dos est d'un gris brun qui commence sur le haut l/|8 LE BEC-FIGUE. de la tète, et s étend sur le croupion; !a gorge est blancliâtre, la poitrine légèrement teinte de brun, et le ventre blanc ainsi que les barbes extérieures des deux premières pennes de la queue ; le bec , long de six lignes, est effilé. L'oiseau a sept pouces de vol, et sa longueur totale est de cinq ; la femelle a toutes les couleurs plus tristes et plus pâles que le mâle. Ces oiseaux, dont le véritable climat est celui dn Midi, semblent ne venir dans le nôtre que pour at- tendre la maturité des fruits succulents dont ils por- tent le nom ; ils arrivent plus tard au printemps, et ils partent avant les premiers froids d'autQmne. Ils par- courent néanmoins une grande étendue dans les ter- res septentrionales en été; car on les a trouvés en An- gleteiTC, en Allemagne, en Pologne, et jusqu'en Suède : ils reviennent dans l'automne en Italie et en Grèce, et probablement vont passer l'hiver dans des contrées encore plus chaudes. Ils semblent changer de mœurs en changeant de climat; car ils arrivent en troupes aux contrées méridionales, et sont au con- traire toujours dispersés pendant leur séjour dans nos climats tempérés : ils y habitent les bois, se nour- rissent d'insectes, et vivent dans la solitude, ou plu- tôt dans la douce société de leur femelle. Leurs nids sont si bien cachés, qu'on a beaucoup de peine à les découvrir. Le mâle dans cette saison se tient au som- met de quelque grand arbre , d'où il fait entendre un petit gazouillement peu agréable et assez sembla- ble à celui du motteux. Les bec-figues arrivent en Lorraine en avril, et en partent au mois d'août, môme quelquefois plus tôt. On leur donne dans cette province les noms de milrlcrs et de petits phnons des LE BEC-FIGUE. l/|9 bois; ce qui n'a pas peu contribué à les faire inécon- rioître : en même temps on a appliqué le nom de bec-figue à la petite alouette des prés , dont l'espèce est très différente de celle du bec-figue ; et ce ne sont pas là les seules méprises qu'on ait faites sur son nom. De ce que le bouvreuil paroît friand des figues en Italie, Belon dit qu'il est appelé par les Italiens hec^ cafigi; lui-même le prend pour le vrai bec-figue dont parle Martial : mais le bouvreuil est aussi différent du bec-figue par le goût de sa chair , qui n'a rien que d'a- mer, que par le bec, les couleurs , et le reste de la figure. Dans nos provinces méridionales et en Italie, on appelle communément bec- figues ^ toutes les dif- férentes espèces de fauvettes, et presque tous les pe- tits oiseaux à bec menu et effilé : cependant le vrai bec-figue y est bien connu, et on le dislingue par- tout à la délicatesse de son goût. Martial, qui demande pourquoi ce petit oiseau qui becquette également les raisins et les figues, a pris de ce dernier fruit son nom plutôt que du premier, eut adopté celui qu'on lui donne en Bourgogne, où nous l'appelons vmette^ parce qu'il fréquente les vi- gnes et se nourrit de raisins; cependant avec les figues et les raisins, on lui voit encore manger des insectes et la graine de mercuriale. On peut exprimer son petit cri par bzi^ bzi. Il vole par élans, marche, et ne saute point , court par terre dans les vignes , se relève sur les ceps et sur les haies des enclos. Quoique ces oiseaux ne se mettent en route que vers le mois d'août, et ne paroissent en troupes qu'alors dans la plupart de nos provinces, cependant on en a vu au milieu de l'été en Brie, où quelques uns font appa- BUFFON. XXIIT. 1 5o LE BEC-FIGLE. remment leurs nids. Dans leur passage , ils vont par petits pelotons de cinq ou six; on les prend au lacet ou au filet ; au miroir en Bourgogne et le long du Rhône, où ils passent sur la fin d'août et en sep- tembre. C'est en Provence qu'ils portent ajuste titre le nom de bec-figues : on les voit sans cesse sur les figuiers, becquetant les fruits les plus mûrs; ils ne les quit- tent que pour chercher l'ombre à l'abri des buissons et de la charmille touffue. On les prend en grand nombre au mois de septembre en Provence et dans plusieurs îles de la Méditerranée, surtout à Malte, où ils sont alors en prodigieuse quantité, et où l'on a remarqué qu'ils sont en beaucoup plus grand nom- bre à leur passage d'automne qu'à leur retour au prin- temps. Il en est de même en Chypre, où l'on en faisoit autrefois commerce : on les envoyoit à Venise dans des pots remplis de vinaigre et d'herbes odori- férantes^. Lorsque l'île de Chypre appartenoit aux Vénitiens, ils en tiroienttous les ans mille ou douze cents pots remplis de ce petit gibier, et l'on conuois- soit généralement en Italie le bec- figue sous le nom d'oiseau de Chypre [Cyprlas^ uccelli di Cypro), nom qui lui fut donné jusqu'en Angleterre , au rapport de Willughby. 11 y a long-temps que cet oiseau excellent à man- ger est fameux; Apicius nomme plus d'une fois le 1. Voyage de Pietro délia Falie, iomc VIII, page i5o. Il ajoute que clans quelques endroits , comme à Agia nappa, ceux qui mangent des bec-figues s'en trouvent quelquefois incommodés , à cause de la scam- monée qu'ils becquettent dans les environs; ils mangent aussi dans res îles de rArchipcl les fruits du lentisque. LK BEC-FIGLE. 131 bec-figiie avec la petite grive, comme deux oiseaux également exquis. Eustache et Athënëe parlent de la chasse des bec-Ggues, et Hésychius donne le nom du ûlet avec lequel on prenoit ces oiseaux dans la Grèce. A la vérité, rien n'est plus délicat ^ plus fin, plus succulent , que le bec-figue mangé dans la sai- son ; c'est un petit peloton dune graisse légère et sa- voureuse, fondante, aisée à digérer; c'est un extrait du suc des excellents fruits dont il vit. Au reste, nous ne connoissons qu'une seule es- pèce de bec-figue^, quoique l'on ait donné ce nom à plusieurs autres. Mais si l'on vouloit nommer bec- figue tout oiseau que l'on voit dans la saison becqueter les figues, les fauvettes et presque tous les oiseaux à bec fin , plu- sieurs môme d'entre ceux à bec fort, seroient de ce nombre; c'est le sens du proverbe italien, nel mese d'agosto ogni uccello è bcccafico : mais ce dire popu- laire, très juste pour exprimer la délicatesse du suc que donne la chair de la figue à tous ces petits oiseaux qui s'en nourrissent, ne doit pas servir à classer en- semble, sur une simple manière de vivre passagère et locale, des espèces très distinctes et liés déterminées d'ailleurs; ce seroit introduire la plus grande confu- sion, dans laquelle néanmoins sont tombés quelques naturalistes. Le bec-figue de clianvre d'Olina [beccafico 1. Aldrovaiide donne (tome II, page 769) deux figures du bec-figue, dont la seconde, selon lui-même, ne présente qu'une variété de la première, peut-être même accidentelle, et qu'on pourroit, dit il, ap. peler btc- figue varié , le blanc et le noir étant mêlés dans tout son plumage, comme la figure l'indique. Mais cette figure ne montre que le blanc de lailo un peu plus large , et du blanc sur le dev ant du cou et de la poi- hine ; ccqui neconstitue en effet qu'une variété purement individuelle. l52 LE BEC-FIGLE. canapino) n'est point un hec-figue, mais la fauvette babillarde. La grande fauvette eUe-même, suivant Ray, s'appelle en Italie beccafigo. Belon applique également à la fauvette roussette le nom de bccca- figlia; et nous venons de voir qu'il se trompe encore plus en appelant bec-figue son bouvreuil ou pivoine ., auquel, en conséquence de cette erreur, il appli- que les noms de sycaiis et de ficedala^ qui appar- tiennent au bec-figue. En provence , on confond sous le nom de bec-figues plusieurs oiseaux différents* M, Guys nous en a envoyé deux entre autres, que nous ne plaçons à la suite du bec-figue que pour observer de plus près qu'ils lui sont étrangers. LE FIST DE PROVENCE. Motacilla Massitiensis. Gmel. Le fistj, ainsi nommé d'après son cri, et qui nous a été envoyé de Provence comme une espèce de bec- figue, en est tout différent, et se rapporte de plus près à l'alouette , tant par la grandeur que par le plumage; il n'en diffère essentiellement que parce qu'il n'a pas l'ongle de derrière long. Il est représenté dans les planches enluminées, n° 654 > %• *• ^^^ cri est fist ,, fist. 11 ne s'envole pas lorsqu'il entend du bruit, mais il court se tapir à l'abri d'une pierre jus- qu'à ce que le bruit cesse ; ce qui suppose qu'il se tient ordinairement à terre, habitude contraire à celle du bec-figue. LA PIVOTE-ORTOLANE. LA PIVOTE-ORTOLANE. Motacilla maculata. Gmel. La pivote-ortolanCj n" 652, fig. 2, autre oiseau de Provence, n'est pas plus un bec-figue que le fist , quoiqu'il en porle aussi le nom dans le pays. Cet oi- seau est fidèle compagnon des ortolans, et se trouve toujours à leur suite ; il ressemble beaucoup à l'a- louette des prés, excepté qu'il n'a pas l'ongle long et qu'il est plus grand. Il est donc encore fort différent du bec-figue. LE ROUGE-GORGE\ Motacilla Riibecula. Gmel. Ce petit oiseau, n° 061 , fig. 1 , passe tout l'été dans nos bois, et ne vient alentour des habitations qu'à son départ en automne et à son retour au printemps; mais, dans ce dernier passage, il ne fait que paroître, et il se hâte d'entrer dans les foVêts pour y retrouver, sous le feuillage qui vient de naître, sa solitude et ses amours. Il place son nid près de terre, sur les racines des jeunes arbres, ou sur des herbes assez fortes pour 1. En latin moderne, rubecula; en italien, pettirosso , pettasso , pe- cliietto; en anglais , red-breasi , robin-red-breast , ruddock; eu allemand, roth-breustUn, wald-i^oetele , rot-b) ustle , ivinter roe'elc , roth-kcldcin. l54 I^E ROTJGE-GOKGE. le soutenir : il le construit de mousse entremêlée de crin et de feuilles de chêne, avec un lit de plumes au dedans; souvent, dit WiHughby, après l'avoir con- struit, il le comble de feuilles accumulées, ne lais- sant sous cet amas qu'une entrée étroite oblique, qu'il bouche encore d'une feuille en sortant. On trouve ordinairement dans le nid du rouge-gorge cinq et jusqu'à sept œufs de couleur brune. Pendant tout le temps des nichées, le mâle fait retentir les bois d'un chant léger et tendre; c'est un ramage suave et délié, animé par quelques modulations plus éclatan- tes, et coupé par des accents gracieux et touchants, qui semblent être les expressions des désirs de l'a- mour; la douce société de sa femelle non seulement le remplit en entier, mais semble même lui rendre importune toute autre compagnie. Il poursuit avec vi- vacité tous les oiseaux de son espèce, et les éloigne du petit canton qu'il s'est choisi ; jamais le même buis- son ne logea deux paires de ces oiseaux aussi fidèles qu'amoureux. Le rouge-gorge cherche l'ombrage épais et les en- droits humides. Il se nourrit dans le printemps de vermisseaux et d'insectes qu'il chasse avec adresse et légèreté : on le voit voltiger comme un papillon au- tour d'une feuille sur laquelle il aperçoit une mou- che ; à terre, il s'élance par petits sauts et fond sur sa proie en battant des ailes. Dans l'automne il mange aussi des fruits de ronces, des raisins à son passage dans les vignes, et des alises dans les bois; ce qui le fait donner aux pièges tendus pour les grives, qu'on amorce de ces petits fruits sauvages. Il va souvent aux fontaines, soit pour s'y baigner, soit pour boire , et LE ROUGE-GORGE. l55 plus souvent dans l'automne , parce qu'il est alors plus gras qu'en aucune autre sai^n, et qu'il a plus besoin de rafraîchissement. Il n'est pas d'oiseau plus matinal que celui-ci. Le rouge-gorge est le premier éveillé dans les bois, et se fait entendre dès l'aube du jour : il est aussi le der- nier qu'on y entende et qu'on y voie voltiger le soir; souvent il se prend dnns les tendues, qu'à peine reste- t-il encore assez de jour pour le ramasser. Il est peu défiant, facile à émouvoir, et son inquiétude, ou sa curiosité, fait qu'il donne aisément dans tous les piè- ges; c'est toujours le premier oiseau qu'on prend à la pipée : la voix seule des pipeurs, ou le bruit qu'ils font en taillant des branches, l'attire, et il vient der- rière eux se prendre à la saut«.'relle ou au gluau pres- que aussitôt qu'on l'a posé; il répond également à l'appeau de la chouette et au son d'une feuille de lierre percée^. Il suffit même d'imiter, en suçant le doigt, son petit cri nip^ ufp^ ou de faire crier quel- que oiseau , pour mettre en mouvement tous les rouge- gorges des environs; ils viennent, en faisant entendre de loin leur cri , tirit^ tiritit^ tirititltj d'un timbre so- nore, qui n'est point leur chant modulé, mais ceUii qu'ils font le matin et le soir, et dans toute occasion où ils sont émus par quelque objet nouveau : ils vol- tigent avec agitation dans toute la pipée jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés par les giuaux sur quelques unes des avenues ou perchées, qu'on a taillées basses ex- près pour les mettre à portée de leur vol ordinaire, qui ne s'élève guère au dessus de quatre ou cinq pieds de terre; mais s'il en est un qui s'échappe du gluau, 1. Ce qur les pipeurs appellent froûet. l56 lE ROUGE- GOJIGE. il fait entendre un troisième petit cri d'alarme, tî-î^ tî-îy auquel tous ceux qui s'approcboient fuient. On les prend aussi à la rive du bois sur des perches garnies de lacets ou de gîuaux; mais les rejets ou sau- terelles fournissent une chasse plus sûre et plus abondante : il n'est pas même besoin d'amorcer ces petits pièges; il suffit de les tendre au bord des clai- rières ou dans le milieu des sentiers, et le malheu- reux petit oiseau, poussé par sa curiosité , va s'y jeter de lui-même. Partout où il y a des bois d'une grande étendue^ l'on trouve des rouge-gorges en grande quantité, et c'est surtout en Bourgogne et en Lorraine que se font les plus grandes chasses de ces petits oiseaux excel- lents à manger; on en prend beaucoup aux environs des petites villes de Bourmont, Mirecourt, et Neuf- château : on les envoie de Nanci à Paris. Cette pro- vince, fort garnie de bois et abondante en sources d'eaux vives, nourrit une très grande variété d'oiseaux; de plus, sa situation entre l'Ardenne d'un côté, et les forêts du Suntgau , qui joignent le Jura de l'autre, la met précisément dans la grande route de leurs mi- grations; et c'est par cette raison qu'ils y sont si nom- breux dans les temps de leurs passages : les rouge- gorges en particulier viennent en grand nombre des Ardennes, oà Belon en vit prendre quantité dans la saison. Au reste , l'espèce en est répandue dans toute l'Europe, de l'Espagne, et de l'Italie jusqu'en Polo- gne et en Suède ; partout ces petits oiseaux cherchent les montagnes et les bois pour faire leurs nids et y passer l'été. Les jeunes, rivant la première mue, n'ont pas ce LE ROUGE-GORGE. 137 beau ronx orangé sur la gorge et la poitrine, d'où, par une extension un peu forcée , la rouge-gorge a pris son nom. ^11 leur perce quelques plumes dès la fin d'août; à la fin de septembre ils portent tous la même livrée et on ne les distingue plus. C'est alors qu'ils commencent à se mettre en mouvement pour leur départ, mais il se fait sans attroupement : ils pas- sent seul à seul, les uns après les autres; et dans ce moment où tous les autres oiseaux se rassemblent et s'accompagnent, le rouge-gorge conserve son naturel solitaire. On voit ces oiseaux passer les uns après les autres; ils volent, pendant le jour, de buisson en buis- son : mais apparemment ils s'élèvent plus haut pen- dant la nuit et font plus de chemin; du moins arrive- t-il aux oiseleurs, dans une forêt qui le soir étoit pleine de rouge-gorges et promettoi t la meilleure chasse pour le lendemain, de les trouver tous partis avant l'arrivée de l'aurore. Le départ n'étant point indiqué, et, pour ainsi dire , proclamé, parmi les rouge-gorges comme parmi les autres oiseaux alors attroupés, il en reste plusieurs en arrière, soit des jeunes que l'expérience n'a pas encore instruits du besoin de changer de climat , soit de ceux à qui suffisent les petites ressources qu'ils ont su trouver au milieu de nos hivers. C'est alors qu'on les voit s'approcher des habitations , et chercher les expositions les plus cliaudes; s'il en est quelqu'un qui soit resté au bois dans cette rude saison , il y devient compagnon du bûcheron, il s'approche pour se chauf- fer à son feu, il becquette dans son pain, et voltige toute la journée alentour de lui en faisant entendre son petit cri : mais lorsque le froid augmente, et î58 LE ROUGE-GORGE. qu'une neige épaisse couvre la terre , il vient jusque dans nos maisons, frappe du bec aux vitres, comme pour demander un asile, qu'on lui donne volontiers, et qu'il paie par la plus aimable familiarité, venant amasser les miettes de la table, paroissant reconnoî- tre et affectionner les personnes de la maison, et prenant un ramage moins éclatant, mais encore plus délicat que celui du printemps, et qu'il soutient pen- dant tous les frimas, comme pour saluer chaque jour la bienfaisance de ses hôtes et la douceur de sa re- traite *. Il y reste avec tranquillité jusqu'à ce que le printemps de retour, lui annonçant de nouveaux be- soins et de nouveaux plaisirs, l'agite et lui fait deman- der sa liberté. Dans cet état de domesticité passagère, le rouge- gorge se nourrit à peu près de tout : on lui voit amasser également les mies de pain, les fibres de viande, et les grains de millet. Ainsi c'est trop généralement qu'Olina dit qu'il faut , soit qu'on le prenne au nid ou déjà grand dans les bois, le nourrir de la même pâtée que le rossignol; il s'accommode, comme on voit, d'une nourriture beaucoup moins apprêtée; ceux qu'on laisse voler libres dans les chambres n'y causent que peu de saleté, ne rendant qu'une petite fiente assez sèche. L'auteur de VMdonologle prétend que le rouge-gorge apprend à parler; ce préjugé est ancien, et l'on trouve la même chose dans Porphyre : mais le fait n'est point du tout vraisemblable, puisque cet i. Jai vu, chrz un de mes amis, un rouge-gorge à qui on avoit ainsi donné asile au fort de Fiiivcr, venir se poser sur l'écritoire tan- dis qu'il éorivoil; il chanloit des heures entières, d'un petit ramage doux et mélodieux. LE ROUGE-GORGE. 1 Sf) oiseau a la langue fourchue. Belon , qui ne Tavoit oui chanter qu'en automne, temps auquel il n'a que son petit ramage , et non l'accent brillant et affectueux du grand chant des amours, vante pourtant la beauté de sa voix en la comparant à celle du rossignol. Lui-même, comme il paroît par son récit, a cru que le rouge- gorge étoit le même oiseau que le rossignol de mu- raille ; mais, mieux instruit ensuite, il les distingua par leurs habitudes aussi bien que par leurs couleurs. Celles du rouge-gorge sont très simples : un manteau du même brun que le dos de la grive lui couvre tout le dessus du dos et de la tête; l'estomac et le ventre sont blancs; le roux orangé de la poitrine est moins vif dans la femelle que dans le mâle; ils ont les yeux noirs, grands, et même expressifs, et le regard doux; le bec est foible et délié, tel que celui de tous les oi- seaux qui vivent principalement d'insectes; le tarse, très menu, est d'un brun clair, ainsi que le dessus des doigts , qui sont d'un jaune pâle par dessous. L'oi- seau adulte a cinq pouces neuf lignes de longueur, et huit pouces de vol; le tube intestinal est long d'en- viron neuf pouces; le gésier, qui est musculeux, est précédé d'une dilatation de l'œsophage; \e cœcum est très petit, et quelquefois nul dans certains individus. En automne, ces oiseaux sont très gras : leur chair est d'un goût plus (în que celui de la meilleure grive, dont elle a le fumet, se nourrissant des mêmes fruits, et surtout des alises. l6o LA GORGE-BLEUK. LA GORGE-BLEUE'. Motacilla Suecica. Gmel. Par la proportion des formes, par la grandeur et la figure entière, la gorge-bleue ^ sexnble n'être qu'une répétition du rouge-gorge; elle n'en diffère que par le bleu brillant et azuré qui couvre sa gorge, au lieu que celle de l'autre est d'un rouge orangé : il paroît même que la nature ait voulu démontrer l'analogie entre ces deux oiseaux jusque dans leurs différences; car, au dessous de cette plaque bleue, on voit un cinlre noir et une zone d'un rouge orangé, qui sur- monte le haut de la poitrine ; cette couleur orangée i-eparoît encore sur la première moitié des pennes latérales de la queue : de l'angle du bec passe par l'œil un trait de blanc roussâtre. Du reste, les cou- leurs, quoique un peu plus sombres, sont les mêmes dans la gorge-bleue et dans le rouge-gorge. Elle en partage aussi la manière de vivre. Mais en rapprochant ces deux oiseaux par les ressemblances , la nature sem- ble les avoir séparés d'habitation : le rouge-gorge de- meure au fond des bois; la gorge-^bleue se tient à leurs lisières, cherchant les marais, les prés humides, 1. La gorge-bleue se nomme en latin moderne , cyanecida; en aîlo- niand, regfleckiein , sm\aut Gesner ; blau-kehlein , selon Klein et Frisch. 4^2. N° 56i, fig. 2, la gorge-bleue à tache blanche; n° 6io , fig. i, la gorge-bleue sans tache blanche; fig. 2 , la femelle ; fig. 3, jeune gorge- Ivleue. LA CtORGE- BLEUE. l6l les oseraies, et les roseaux; et avec le même instinct solitaire que le rouge-gorge, elle semble avoir pour riiomuie le même sentiment de familiarité ; car, après toute la belle saison passée dans ces lieux reculés, au bord des bois voisins des marécages , ces oiseaux vienuent, avant leur départ, dans les jardins, dans les avenues, sur les haies, et se laissent approcher assez pour qu'on puisse les tirer à la sarbacane. Ils ne vont point en troupes, non plus que les rouge-gorges, et on en voit rarement plus de deux ensemble. Dès la fin de 1 été, les gorge-bleues se jet- tent, dit M. Lottinger, dans les champs semés de gros grains; Frisch nomme les champs de pois comme ceux où elles se tiennent de préférence, et prétend même qu'elles y nichent : mais on tiouve plus com- munément leur nid sur les saules, les osiers, et les autres arbustes qui bordent les lieux humides; il est construit d'herbes entrelacées à Torigiiie des branches ou des rameaux. Dans le temps des amours, le mâle s'élève droit en l'air, d'un petit vol, en chantant; il j)irouette et re- tombe sur son rameau avec autant de gaieté que la fauvette, dont la gorge-bleue paroît avoir quelques habitudes; elle chante la nuit, et son ramage est très doux, suivant Frisch. M. Hermann ^ , au contraire, nous dit qu'il n'a rien d'agréable : opposition qui peut se concilier par les différents temps où ces deux obser- vateurs ont pu l'entendre; la même différence pou- 1. Docteur et professeur en médecine et en histoire naturelle à Strasbourg, qui a bien voulu nous communiquer quelques faits de rhisloire naturelle de cet oiseau. l62 LA GORGE -BLEUE. vaut se trouver au sujet de notre rouge-gorge, pour quelqu'un qui n'auroit ouï que son cri ordinaire, et non le chant mélodieux et tendre du printemps, ou son petit ramage des beaux jours de l'automne. La gorge -bleue aime autant à se baigner que le rouge-gorge, et se tient plus que lui près des eaux : elle vit de vermisseaux et d'autres insectes, et, dans la saison de son passage, elle mange des baies de su- reau. On la voit par terre aux endroits marécageux, cherchant sa nourriture et courant assez vite, en re- levant la queue, le maie surtout lorsqu'il entend le cri de la femelle vrai ou imité. Les petits sont d'un brun noirâtre et n'ont pas en- core de bleu sur la gorge; les mâles ont seulement quelques plumes brunes dans le blanc de la gorge et de la poitrine, comme on peut le voir dans la figure enluminée, n° 610, fig. 3, qui représente la jeune gorge-bleue avant la première mue. La femelle ne prend jamais cette gorge bleue tout entière : elle n'en porte qu'un croissant ou une bande au bas du cou, telle qu'on peut la voir dans la figure 2 de la même planche; et c'est sur cette dilTérence et sur la figure d'Edwards , qui n'a donné que la femelle, que M. Bris- son fait une seconde espèce de sa gorge-bleue de Gi- braltar j, d'où apparemment l'on avoit apporté la fe- melle de cet oiseau. Entre les mâles adultes, les uns ont toute la gorge bleue , et vraisemblablement ce sont les vieux, d'au- tant que le reste des couleurs et la zone rouge de la poitrine paroissenl plus foncées dans ces individus : les autres, en plus grand nombre, ont une tache. LA GOUGE-BLEUE. 1 Ô."» comme an demi -collier, d'un beau blanc, dont Frisch compare Téclat à celui de l'argent poli ^ ; c'est d'après ce caractère que les oiseleurs du Brande- bourg ont donné à la gorge-bleue le nom d'oiseau à miroir. Ces riches couleurs s'efl'acent dans l'état de capti- vité, et la gorge-bleue mise en cage commence aies perdre dès la première mue. On la prend au filet comme les rossignols et avec le môme appât ^. Dans la saison où ces oiseaux deviennent gras, ils sont, ainsi que tous les petits oiseaux à chair délicate, l'ob- jet des grandes pipées; ceux-ci sont néanmoins assez rares et même inconnus dans la plupart de nos pro- vinces ; on en voit au temps du passage dans la partie basse des Vosges vers Strasbourg, suivant M. Lotlin- ger : mais un autre observateur nous assure que ces oi- seaux ne remontent pas jusque dans l'épaisseur de ces montagnes au midi. Ils sont plus communs en Alsace; et quoique généralement répandus en Allemagne et jusqu'en Prusse, nulle part ils ne sont bien communs; et l'espèce paroît beaucoup moins nombreuse que celle du rouge-gorge : cependant elle s'est assez éten- due. Au nom que lui donne Barrère , on peut croire que la gorge-bleue est fréquente dans les Pyrénées : nous voyons, parla dénomination de la seconde es- pèce/?rf/^é??2^a4 I-^ GORGE-BLEUE. et on le croiroit indigène en Suède au nom que lui donne M. Linnaeus : mais ce nom mal appliqué prouve seulement que cet oiseau fréquente les régions du i\ord; il les quitte en automne pour chercher sa nourriture dans des climats plus doux : cette habi- tude, ou plutôt cette nécessité, est commune à la gorge-bleue et à tous les oiseaux qui vivent d'insectes et de fruits tendres. '&«6l©'e<&^et■es««••Sî**S>^* « OISEAU ETRANGER QUARAPPORT AU ROUGE-GORGE ET A LA GORGE-BLEUE. LE ROUGE-GORGE BLEU DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE- Motacilla scalis. Gmel. INoTRE rouge-gorge est un oiseau trop foible et de vol trop court pour avoir passé en Amérique par les mers; il craint trop les grands hivers pour y avoir pénétré par les terres du Aord : mais la nature a pro- duit dans ces vastes régions une espèce analogue et qui le représente ; c'est le rouge-gorge bleu , qui se trouve dans les parties de l'Amérique septentrionale, depuis la Virginie, la Caroline, et la Louisiane, jus- qu'aux îles Bermudes. Catesby nous en a donné le premier la description : Edwards a représenté cet oi- seau, et tous deux conviennent qu'il faut le rapporter LE ROUGE -G ORGE BLEU. 1 65 ail rouge-gorge d'Europe, comme espèce très voi- sine. Nous Tavons fait représenter dans les planches enluminées, n" 590 : il est un peu plus grand que le rouge -gorge, ayant six pouces trois lignes de lon- gueur et dix pouces huit lignes de vol. Catesby re- marque qu'il vole rapidement, et que ses ailes sont longues; la tète, le dessus du corps, de la queue , et des ailes, sont d'un très beau bleu, excepte que la pointe de l'aile est brune; la gorge el la poitrine sont d'un jaune de rouille assez vif; le ventre est blanc. Dans quelques individus, tels que celui que Catesby a représenté, le bleu de la tète enveloppe aussi la gorge : dans les autres, comme celui d'Edwards et celui des planches enluminées, n^ 090, fig. 1, qui est le mâle, le roux couvre tout le devant du corps jus- que sous le bec. La femelle, n** 2 de la même plan- che , a les couleurs plus ternes, le bleu mêlé de noi- râtre ; les petites pennes de l'aile de cette dernière couleur et frangées de blanc. Au reste , cet oiseau est d'un naturel très doux, et ne se nourrit que d'in- sectes. 11 fait son nid dans les trous d'arbres; diffé- rence de mœurs peut-être suggérée par celle du cli- mat, où les reptiles plus nombreux forcent les oiseaux à éloigner leurs nichées. Catesby assure que celui-ci est très commun dans toute l'Amérique septentrio- nale. Ce naturaliste et Edwards sont les seuls qui en aient parlé, et Klein ne fait que l'indiquer d'après eux^ liiii'FON. xxrii. l6G LE TRAQUF.Ï. r.E TRAQUET. Motacilla Rubicota. G.mel. Cet oiseau, très vif et très agile, n'est jamais eu repos; toujours voltigeant de buisson en buisson, il ne se pose que pour quelques instants, pendant les- quels il ne cesse encore de soulever les ailes pour s'envoler à tout moment : il s'élève en l'air par petits élans, et retombe en pirouettant sur lui-même. Ce mouvement continuel a été comparé à celui du tra- quctd'un moulin ^ et c'est là, suivant Belon , l'origine du nom de cet oiseau. Quoique le vol dn traquet, n" 678, Gg. 1, soit bas et qu'il s'élève rarement jusqu'à la cime des arbres, il se pose toujours au sommet des buissons et sur les branches les plus élancées des haies et des arbris- seaux, ou sur la pointe des tiges du blé de Turquie dans les champs, et sur les échalas les plus hauts dans les vignes; c'est dans les terrains arides, les landes, les bruyères, et les prés en montagne, qu'il se plaît davantage, et où il fait entendre plus souvent son petit cri ouistratra , d'un ton couvert et sourd. S'il se trouve une lige isolée ou un piquet au milieu du ga- zon dans ces prés, il ne manque pas de se poser des- sus; ce qui donne une grande facilité pour le prendre : un gluau placé sur un bâton suffit pour cette chasse bien connue des enfants. D'après cette habitude de voler de buisson en buis- son sur les é.pines et les ronces, Belon, qui a trouvé cet oiseau en Crète et dans la Grèce, comme dans LK TRAQIET. l6^ nos provinces, lui applique le nom Oatls (oiseau de ronces), dont Aristote ne parle qu'une seule fois, en disant qu'il vit de vermisseaux. Gaza a traduit batls par rubetrUy que tous les naturalistes ont rapporté au traquet, d'autant que rubetra ponrroit aussi signifier oiseau rougeâtre^ , et le rouge bai de la poitrine du traquet est sa couleur la plus remarquable. Elle s'é- tend en s'affoiblissant jusque sous le ventre; le dos, sur un fond d'un beau noir, est nué par écailles bru- nes, et cette disposition de couleurs s'étend jusqu'au dessus de la tête, où cependant le noir domine; ce noir est pur sur la gorge, quoique traversé très légè- rement de quelques ondes blanches, et il renîonte jusque sous les yeux. Une tache blanche sur le côté du cou confine au noir de la gorge et au rouge bai de la poitrine; les pennes de l'aile et de la queue sont noirâtres, frangées de brun ou de roussâtre clair; sur l'aile, près du corps, est une large ligue blanche, et le croupion est de cette uîême couleur : loules ces teintes sont plus fortes et plus foncées dans le vieux mâle qxie dans le jeune. La queue est carrée et un peu étalée; le bec est effih' et long de sept lignes; la tète assez arrondie, et le corps ramassé; les pieds sont noirs, menus, et longs de dix lignes : ii a sept pouces et demi de vol , et quatre pouces dix ligues de longueur totale. Dans la femelle, la poitrine est 1. Dans cette idée, ce nom paroît plus approprié au tra(|uet; car AldrovanJc observe l'équivoque du mot rubetra daus le sens à'oiseau de ronces appliqué à cet oiseau, y eu ayant plusieurs autres qui se posent comme lui sur les ronces, et ce nom iVoiseau de ronces ayant elVeclivement été donné par Longolius à la miliaire, qui est rorlolan, €t par d'aulrea à la petite grive. î68 LE TKAQUET. d'un roussâtre sale : cette couleur, se mêlant à du brun sur la tête et le dessus du corps, a du noirâtre sur les ailes, et se fond dans du blanchâtre sous le ventre et la gorge; ce qui rend le plumage de la femelle triste, décoloré, et beaucoup moins distinct que celui du mâle. Le traquet fait son nid dans les terrains incultes, au pied des buissons, sous leurs racines ou sous le couvert d'une pierre : il n'y entre qu'à la dérobée, comme s'il craignoit d'être aperçu ; aussi ne trouve- t-on ce nid que difficilement. Il le construit dès la fin de mars. La femelle pond cinq ou six œufs d'un vert bleuâtre, avec de légères taches rousses peu appa- rentes, mais pkis nombreuses vers le gros bout. Le père et la mère nourrissent leurs petits de vers et d'insectes qu'ils ne cessent de leur a-pporter : il sem- ble que leur sollicitude redouble lorsque ces jeunes oiseaux s'élancent hors du nid; ils les rappellent , les rallient, criant sans cesse oïdstratra ; enfin ils leur donnent encore à manger pendant plusieurs jours. Du reste, le traquet est très solitaire; on le voit tou- jours seul, hors le temps où l'amour lui donne une compagne. Son naturel est sauvage, et son instinct paroît obtus; autant il montre d'agilité dans son état de liberté , autant il est pesant en domesticité : il n'ac- quiert rien par l'éducation ; on ne l'élève même qu'a- vec peine et toujours sans fruit. Dans la campagne, il se laisse approcher de très près, ne s'éloigne que d'un petit vol sans paroître remarquer le chasseur; il semble donc ne pas avoir assez de sentiment pour nous aimer ni pour nous fuir. Ces oiseaux sont très gras dans la saison ^ et comparables, pour la délica- LE TRAQUE T. 1 69 tesse de la chair, aux bec-figues; cependant ils ne vivent que d'insectes, et leurljec ne paroît point fait pour toucher aux graines. Belon et Aldrovande ont écrit que le traquet n'est point un oiseau de passage : cela est peut-être vrai pour la Grèce et l'Italie; mais il est certain que, dans les provinces septentrionales de France, il prévient les frimas et la chute des in- sectes, car il part dès le mois de septembre. Quelques personnes rapportent à celte espèce l'oi- seau nommé, en Provence, fourmeiron., qui se nourrit principalement de fourmis. Le fourmeiron paroît so- litaire, et ne fréquente que les masures et les dé- combres : on le voit , quand il fait froid , se poser au dessus des tuyaux des cheminées, comme pour se réchauffer. A ce trait, nous rapporterions plutôt le fourmeiron au rossignol de muraille qu'au traquet, qui se tient constamment éloigné des villes et des habitations. il y a aussi en Angleterre, et particulièrement dans les montagnes de Derbyshire, un oiseau que M. Bris- son a appelé le traquet d'Angleterre, Ray dit que cette espèce semble particulière à cette île. Edwards a donné les figures exactes du mâle et de la femelle; et Klein en t'ait mention sous le nom de rossignol à ailes variées. En effet, le blanc qui marque non seu- lement les grandes couvertures, mais aussi la moitié des petites pennes les plus près du corps, fait dans l'aile de cet oiseau une tache beaucoup plus étendue que dans notre traquet commun. Du reste, le blanc couvre tout le devant et le dessous du corps, forme une tache au front, ^et le noir s'étend de là sur le dessus du corps jusqu'au croupion , qui est traversé l^O LE TRAQIET. de noir et de blanc; les pennes de la queue sont noires, les deux plus extérieures blanches en dehors, et les grandes pennes de Faile brunes. Tout ce qui est de noir dans le mâle, est dans la femelle d'un brun verdâtre terni ; le reste est blanc de même : dans l'un et l'autre le bec et les pieds sont noirs. Ce tra- quet est de la grosseur du nôtre , quoiqu'il paroisse particulier à l'Angleterre, et même aux montagnes de Derby : il faut néanmoins qu'il s'en éloigne dans la saison du passage; car on a vu quelquefois cet oiseau dans la Brie. On trouve l'espèce du traquet depuis l'Angleterre et l'Ecosse jusqu'en Italie et en Grèce; il est très com- mun dans plusieurs de nos provinces de France. La nature paroît l'avoir reproduit dans le Midi sous des form.es variées. Nous allons donner une notice de ces traquets étrangers, après avoir décrit une espèce très semblable à celle de notre traquet, et qui habite nos climats avec lui. LE TARIER\ Motacllla rubetra. Gmel. L'espèce du tarier, quoique très voisine de celle du traquet, doit néanmoins en être séparée, puisque toutes deux subsistent dans les mêmes lieux sans se mêler, comme en Lorraine, où ces deux oiseaux sont communs et vivent séparément. On les distingue à des diflerences d'habitudes, autant qu'à celles du plu- 1. Le tarier se nomme en Angleterre, tvhinc/int; ec Alieiiiagne . fhigcn-stakerle , flugen-slakerdn , lodtcn-voi^el. LE TA R 1ER. I7I mage. Le tarier, n" 6'jS , fig. 2, se perche rarement, et se tient le plus souvent à terre sur les taupinières, dans les terres en friche, les pâquis élevés à côté des bois; le traquet au contraire est toujours perché sur les buissons, les échalas des vignes, etc. Le tarier est aussi un peu plus grand que le traquet; sa longueur est de cinq pouces trois lignes. Leurs couleurs sont à peu près les mêmes, mais différemment distribuées : le tarier a le haut du corps coloré de nuances plus vives; une double tache blanche dans l'aile, et la ligne blanche depuis le coin du bec s'étend jusque derrière la tète; une plaque noire prend sous l'œil, et couvre la tempe, mais sans s'étendre, comme dans le traquet, sous la gorge, qui est d'un rouge bai clair; ce rouge s'éteint peu à peu , et s'aperçoit encore sur le fond blanc de tout le devant du corps; le croupion est de cette même couleur blanche, mais plus forte et grivelée de noir; tout le dessus du corps, jusqu'au sommet de la tête, est taché de brun sur un fond noir; les petites pennes et les grandes couvertures sont noi- res. Willughby dit que le bout de la queue est blanc ; nous observons, au contraire, que les pennes sont blanches dans leur première moitié depuis la racine : mais ce naturaliste lui-même remarque des variétés dans cette partie du plumage du tarier, et dit qu'il a vu quelquefois les deux pennes du milieu de la queue noires avec un bord roux, et d'autres fois bordées de même sur un fond blanc. La femelle dif- fère du mâle en ce que ses couleurs sont phjs pâles, et que les taches de ses ailes sont beaucoup moins apparentes. Elle pond quatre ou cinq œufs d'un blanc sale piqiie:lé de noir. Du reste, le tarier fait son nid 1^2 LE TARIEP,. comme le traquet; il arrive et part avec lui, partage son instinct solitaire, et paroît môme d'im naturel encore plus sauvage; il cherche les pays de monta- gne ; et dans quelques endroits on a tiré son nom de cette habitude naturelle. Les oiseleurs bolonois l'ont appelé montanello. Les noms que lui appliquent Klein et Gesner marquent son inclination pour la solitude dans les lieux rudes et sauvages. Son espèce est moins nombreuse que celle du traquet; il se nourrit comme lui de vers, de mouches, et d'autres insectes. Enfin le tai'ier prend beaucoup de graisse dès la fin de l'été^ et alors il ne le cède point à l'ortolan pour la délica- tesse. OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AU TRAQUET ET AU TARIER, LE TRAQUET ou TARIER DU SÉNÉGAL. MotaciUa fervida. Gmel. Cet oiseau est de la grandeur du tarier, et paroît se rapporter plus exactement à cette espèce qu'à celle du traquet. Il a en effet, comme le premier, la double tache blanche sur l'aile , et point de noir à la gorge : mais il n'a pas, comme lui, la plaque noire sous l'œil, ni les grandes couvertures de l'aile noires; elles sont seulement tachetées de cette couleur sur un fond LE TRAQUET OU TAKIEU DU SÉNÉGAL l^Ô brun. Du reste , les couleurs sont à peu près les mêmes que dans le tarier ou le traquet : seulement elles sont plus vives sur toute la partie supérieure du corps; le brun du dos est d'un roux plus clair, et les pinceaux noirs y sont mieux tranchés. Cette agréable variété règne du sommet de la tête jusque sur les couver- tures de la queue : les pennes moyennes de l'aile sont bordées de roux , les grandes de blanc, mais plus lé- gèrement; toutes sont noirâtres. Les couleurs plus nettes au dessus du corps dans ce traquet du Sénégal que dans le nôtre, sont au contraire plus ternes sous le corps; seulement la poitrine est légèrement teinte de rouge fauve entre le blanc de la gorge et celui du ventre. Cet oiseau, n° 585, fjg. i, a été apporté du Sénégal par M. Adanson. 11. LE TRAQUET DE L'ILE DE LUÇON. Motacilla caprata. Gmel. Ce traquet, n" 255, est à peine aussi grand que celui d'Europe, mais il est plus épais et plus fort; il a le bec plus gros et les pieds moins menus ; il est tout d'un brun noir, excepté une large bande blanche dans les couvertures de l'aile, et un peu de blanc sombre sous le ventre. La femelle pourroit, par ses couleurs, être prise pour un oiseau d'une tout autre espèce, un roux brun lui couvre tout le dessous du corps et le croupion; cette couleur perce encore sur la tête à travers les ondes d'une teinte plus brune qui se renforce sur les ailes et la queue, et devient d'un brun roux très sombre. Ces oiseaux ont été envoyés 1-4 LK TRAQLET DE LILE DE LUÇON. de l'île de Luçon, où M. Brisson dit qu'on les appelle rnariacapra, iri. AUTRE TRAQUET DES PHILIPPINES. Motaeilla fuUcata. Gmel. Cet oiseau est représenté, n" i85, fig. i de nos planches enluminées. Il est d'un noir encore plus pro- fond que le mâle de l'espèce précédente; il a la taille plus grande, ayant près de six pouces, et la queue plus longue que tous les autres traquets; il a aussi le bec et les pieds plus forts; la tache blanche de Taile perce seule dans le fond noir à reflets violets de tout son plumage. IV. LE GRAND TRAQUET DES PHILIPPINES. Motaeilla Philippensis. Gmel. Ce traquet , n° î85, fig. 2 , plus g^aud que le pré- cédent , a un peu plus de six pouces de longueur; sa tète et sa gorge sont d'un blanc lavé de rougeâtre et de jaunâtre par quelques taches. Un large collier d'un rouge de tuile lui garnit le cou; sous ce colliei', une écharpe d'un noir bleuâtre ceint la poitrine, se porte sur le dos, et s'y coupe en chaperon assez court par deux grandes taches blanches jetées sur les épaules : du noir à reflets violets achève de faire le manteau sur tout le dessus du corps jusqu'au bout de la queue de cet oiseau; ce noir est coupé dans l'aile par deux pe- tites bandes blanches, l'une au bord extérieur vers l'épaule, l'autre à l'extrémité des grandes couvcrtu- LE GRAND TRA.QUET DES PII ILI m NES. 1 75 res : le ventre et l'estomac sont du intime blanc rou- «eâtre que la tête et la gorge ; le bec, qui a sept lignes de longueur, et les pieds épais et robustes, sont cou- leur de rouille. M. Brisson dit que les pieds sont noirs; apparemment que ce caractère varie. Les ailes étant pliées s'étendent jusqu'au bout de la queue, au con- traire de tous les autres traquets, où les ailes eu couvrent à peine la moitié. V, LE FITERÏ, ou LE TRAQUET DE MADAGASCAK. MolaciUa sibilla. Gmi;l. M. Brisson a donné la description de cet oiseau^ o\ nous l'avons trouvée très exacte en la vérifiant sur un individu envoyé au Cabinet du Roi : cet auteur dit qu'on l'appelle fîte?^t à Madagascar, et qu'il chante très bien; ce qui sembleroit l'éloigner du genre de nos traquets , à qui on ne connoît qu'un cri dés- agréable, et auxquels cependant il faut convenir que le fitert appartient par plusieurs caractères qu'on ne peut raéconnoître. Il est un peu plus gros que le traquet d'Europe; sa longueur est de cinq pouces quatre lignes. La gorge, la tête, tout le dessus du corps jusqu'au bout de la queue sont noirs; on voit seulement au dos et aux épaules quelques ondes rous- s.ilres : le devant du cou, l'estomac, le ventre, sont blancs; la poitrine est rousse; le blanc du cou tran- che entre le noir de la gorge et le roux de la poitrine, ci il forme un collier; îc;- grandes couvertures de \'j6 LE FITElîï, OU LE TRAQUET DE MADAGASdAR. l'aile les plus près du corps sont blanches, ce qui fait une tache blanche sur l'aile; un peu de blanc termine aussi les pennes de l'aile du côté intérieur, et plus à proportion qu'elles sont pkis près du corps. VI. LE GRAND TRAQUET. Motacilla magna. Gmel. C'est avec raison que nous appelons cet oiseau grand traquet; il a sept pouces un quart du bout du bec à l'extrémité de la queue, et six pouces et demi du bout du bec jusqu'au bout des ongles. Le bec est long d'un pouce ; il est sans échancrures. La queue, d'environ deux pouces, est un peu fourchue; l'aile pliée en couvre la moitié. Le tarse a onze lignes; le doigt du milieu sept, celui de derrière autant, et son ongîe est le plus fort de tous. M. Commerson nous a laissé la notice de cet oiseau sans nous indiquer le pays où il l'a vu ; mais la description que nous en don- nons ici .pourra servir à le faire reconnoître et retrou- \er par les voyageurs. Le brun est la couleur domi- nante de son plumage; la tête est variée de deux teintes brunes ; un brun clair couvre le dessus du cou et du corps; la gorge est mêlée de brun et de blan- châtre ; la poitrine est brune : cette couleur est celle des couvertures de l'aile et du bord extérieur des pennes; leur intérieur est mi-partie de roux et de brun, et ce brun se retrouve à l'extrémité des pennes de la queue, et couvre la moitié de celles du milieu; le reste est roux, et le dehors des deux plumes exté- rieures est blanc; le dessous du corps est roussâtre. LE TRAQUET DU CAP DE BONNE-ESPERANCE. 1 ;; VII. LE TRAQUET DU GAP DE BON.NE-ESPÉRANGE. Sylvia sperata. Latii. M. de Roseneuvetz a vu au cap do Bonne-Espérance un traquet qui n'a pas encore été décrit parles natu- ralistes. Il a six pouces de longueur; le bec noir, long de sept lignes, échancré vers la pointe; les pieds noirs; le tarse long d'un pouce. Tout le dessus du corps, y compris le haut du cou et de la tête, est d'un vert très brun; tout le dessous du corps est gris, avec quelques teintes de roux : le croupion est de cette dernière couleur. Les pennes et les couvertures de l'aile sont brunes avec un bord plus clair dans la même couleur; la queue a vingt-deux lignes de lon- gueur, les ailes pliées la recouvrent jusqu'au milieu, elle est un peu fourchue : les deux pennes du milieu sont d'un brun noirâtre; les deux latérales sont mar- quées obliquement de brun sur un fond fauve, et d'autant plus qu'elles sont plus extérieures. Un autï-e individu de la même grandeur, rapporté également du cap de Bonne-Espérance par M. de Roseneuvetz , et placé au Cabinet du Roi , n'est peut-être que la femelle du précédent. Il a tout le dessus du corps sim- plement brun noirâtre , la gorge blanchâtre, et la poi- trine rousse. Nous n'avons rien appris des habitudes naturelles de ces oiseaux; cependant cette connois- sance seule anime le tableau des êtres vivants, et les présente dans la véritable place qu'ils occupent dans i-6 LE TRAQLI-T DU CAP DE BONNE-ESPERANCE. la nature. Mais combien de fois, dans l'histoire des animaux, n'avons-nous pas senti le regret d'être ainsi bornés à donner leur portrait, et non pas leur his- toire! Cependant tous ces traits doivent être recueillis et posés au bord de la route immense de l'observation, comme sur les cartes des navigateurs sont marquées les terres vues de loin, et qu'ils n'ont pu reconnoîlrc de plus près. Vlli. LE CLIGNOT, ou TRAQUET A LUNETTE. Motacitla perspicUiata. Gmel. Un cercle d'une peau jaunâtre plissée tout autour des yeux de cet oiseau, et qui semble les garnir de lunettes, est un caractère si singulier, qu'il suffit pour le distinguer. M. Commerson l'a rencontré sur la ri- vière de la Plata vers Montevideo, et les noms qu'il lui donne sont relatifs à cette conformation singulière de l'extérieur de ses yeux^. Il est de la grandeur du chardonneret, mais plus épais de corps; sa tête est arrondie, et le sommet en est élevé; tout son plu- mage est d'un beau noir, excepté la tache blanche dans l'aile qui l'assimile aux traquets : cette tache s'étend largement par le milieu des cinq premières pennes, et finit en pointe vers l'extrémité des six, sept, et huitième. Dans quelques individus, on voit aussi du blanc aux couvertures inférieures de la queue; dans les autres, elles sont noires comme le reste du plumage. L'aile pliée n'atteint qu'à la moitié de la queue, qui est longue de deux pouces, carrée lors- 1, Pespiciilar'ms , nicùlarius, Uchennps, cliguot. LE CLIGNOÏ, OU TUÂOUET A LU-iS'ETTE. l'^i) qu'elle est fermée, et formant, quand elle s'étale, un triangle presque équilatéral; elle est composée de huit pennes égales. Le bec est droit, effilé, jaunâtre à la partie supérieure, légèrement fléchi en crochet à l'extrémité* la langue est membraneuse , taillée en flèche à double pointe ; les yenx sont ronds avec l'iris jaune et la prunelle bleuâtre. Cette singulière mem- brane, qui fait cercle alentour, n'est apparemment que la peau même de la paupière nue et plus éten- due qu'à l'ordinaire, et par conséquent assez ample pour former plusieurs plis; c'est du moins l'idée que nous en donne M. Commerson , lorsqu'il la compare à du lichen ridé, et qu'il dit que les deux portions de cette membrane frangée par les bords se rejoignent quand l'oiseau ferme les yeux : on doit remarquer de plus dans l'œil de cet oiseau la membrane clignotanle qui part de l'angle intérieur. Les pieds et les doigts, assez menus, sont noirs; le doigt de derrière est le plus gros, et il est aussi long que ceux du devant, quoiqu'il n'ait qu'une seule articulation , et son ongle est le plus fort de tous. Cet oiseau auroit-il été pro- duit seul de son genre et isolé au milieu du nouveau continent? c'est du moins le seul de ces régions qui r.ous soit connu, comme ayant quelque rapport avec nos traquets ; mais ses ressemblances avec eux sont moins frappantes que le caractère qui l'en distingue, et que la nature lui a imprimé comme le sceau de ces régions étrangères qu'il habite. l8o lE MOTTE UX. LE MOTTEUX, ANCIENNEMENT VITREC, VULGAIREMENT CUL-BLANC^ Motacilla œnanthe. Gmel. Cet oiseau, commun dans nos campagnes, se tient habituellement sur les mottes dans les terres fraîche- ment labourées; et c'est de là qu'il est appelé moU teax; il suit le sillon ouvert par la charrue pour y chercher les vermisseaux dont il se nourrit. Lors- qu'on le fait partir, il ne s'élève pas , mais il rase la terre d'un vol court et rapide, et découvre en fuyant îa partie blanche du derrière de son corps ; ce qui le fait distinguer en l'air de tous les autres oiseaux, et lui a fait donner par les chasseurs le nom vulgaire de cul-blanc. On le trouve aussi assez souvent dans les jachères et les friches, où il vole de pierre en pierre , et semble éviter les haies et les buissons, sur lesquels il ne se perche pas aussi souvent qu'il se pose sur les mottes. Il est plus grand que le tarier et plus haut sur ses pieds, qui sont noirs et grêles. Le ventre est blanc, ainsi que les couvertures inférieures et supérieures de la queue, et la moitié à peu près de ses pennes, dont la pointe est noire; elles s'étalent quand il part, et offrent ce blanc qui le fait remarquer. L'aile dans le mâle est noire , avec quelques franges de blanc rous- 1. En latin, vitiflora; en italien, eulo bianco'; an anglois, white- taii, falloxu-smiier , wheat-ear, liorse-match. M- MOTTEUX. 181 sâtre; le dos est d'un beau gris cendré ou bleuâtre; ce gris s étend jusque sur le fond blanc; une plaque noire prend de l'angle du bec, se porte sous l'œil et s'étend au delà de l'oreille; une bandelette blanche borde le front et passe sur les yeux. La femelle n'a pas de plaque ni de bandelette ; un gris roussâtre règne sur son pluniage, partout où celui du mâle est gris cendre ; son aile est plus brune que no^re, et lar- gement frangée jusque dessous le ventre; en tout, elle ressemble autant ou plus à la femelle du tarier qu'à son propre mâle; et les petits ressemblent par- faitement à leurs père et mère dès l'âge de trois se- maines, temps auquel ils prennent leur essor. Le be-c du motteux, n** 554» est menu à la pointe et large par sa base ; ce qui le rend très propre à sai- sir et avaler les insectes, sur lesquels on le voit cou- rir, ou plutôt s'élancer rapidement par une suite de petits sauts. 11 est toujours à terre; si on le fait lever, il ne s'éloigne pas, et va d'une motte à l'autre, tou- jours d'un vol assez court et très bas , sans entrer dans les bois ni se percher jamais plus haut que les haies basses ou les moindres buissons : posé , il balance sa queue, et fait entendre un sou assez sourd, tltreû, tltreâj et c'est peut-être de cette expression de sa voix qu'on a tiré son nom de vitrée ou titrée; et tou- tes les fois qu'il s'envole, il semble aussi prononcer assez distinctement et d'une voix plus forte far-far, far-far; il répète ces deux cris d'une manière préci- pitée. Il niche sous les gazons et les mottes dans les champs nouvellement labourés, ainsi qre sous les pierres dans les friches, auprès des carrières, à l'entrée des ni!l'FO>. XXllI. 12 l82 LE MOTTEUX. terriers quittés par les lapins, ou bien entre les pier- res des petits murs à sec dont on fait les clôtures dans les pays de montagnes. Le nid, fait avec soin, est composé en dehors de mousse ou d'herbes fines , et de plumes ou de laine en dedans; il est remarqua- ble par une espèce d'abri placé au dessus du nid et collé contre la pierre ou la motte sous laquelle tout l'ouvrage est construit : on y trouve comniunément cinq à six œufs d'un blanc bleuâtre clair, avec un cercle au gros bout d'un bleu plus mat. Une feirSalle prise sur ses œufs avoit tout le milieu de l'estomac dénué de plumes, comme il arrive aux couveuses ar- dentes. Le mâle affectionné à cette mère tendre lui porte, pendant qu'elle couve, des fourmis et des mouches : il se tient aux environs du nid ; et lorsqu'il voit un passant, il court ou vole devant lui, faisant de petites passes, comme pour l'attirer; et quand il le voit assez éloigné , il prend sa volée en cercle et regagne le nid» On en voit de petits dès le milieu de mai ; car ces oiseaux, dans nos provinces, sont de retour dès les premiers beaux jours vers la fin de mars : mais s'il survient des gelées après leur arrivée , ils périssent en grand nombre, comme il arriva en Lorraine en 1767. On en voit beaucoup dans cette province, surtout dans la partie montagneuse ; ils sont également com- muns en Bourgogne et en Bugey : mais en Brie on n'en voit guère que sur la fin de l'été. En générai, ils préfèrent les pays élevés, les plaines en montagnes et les endroits arides. On en prend grand nombre sur les dunes, dans la province de Sussex, vers le commencement de l'automne, temps auquel cet oi- L£ MOTTliLX. î85 seau est gras et d'un goût délicat. Willughby décrit cette petite chasse que font dans ces cantons les ber- gers d'Angleterre : ils coupent des gazons et les cou- chent en long à côté et au dessus du creux qui reste en place du gazon enlevé, de manière à ne laisser qu une petite tranchée , au milieu de laquelle est tendu un lacet de crin. L'oiseau, entraîné par le dou- ble motif de chercher sa nourriture dans une terre fraîchement ouverte et de se cacher dans la tranchée, va donner dans ce piège : l'apparition d'un épervier, et même l'ombre d'un nuage, suffit pour l'y précipi- ter; car on a remarqué que cel oiseau timide fuit alors et cherche à se cacher. Tous s'en retournent en août et septembre , et l'on n'en voit plus dès la fin de ce mois : ils voyagent par petites troupes, et du reste ils sont assez solitaires : il n'existe entre eux de société que celle du mfde et de la femelle. Cet oiseau a l'aile grande^; et quoique nous ne lui voyions pas faire beaucoup d'usage de sa / puissance de vol, apparemment qu'il l'exerce mieux dans ses migrations : il faut même qu'il l'ait déployée quelquefois, puisqu'il est du petit nombre des oi- seaux communs à l'Europe et à l'Asie méridionale; car on le trouve au Bengale , et nous le voyons en Europe depuis l'Italie jusqu'en Suède. Onpourroit le reconnoîtrepar les seuls noms qui lui ont été donnés en divers lieux : on l'appelle dans nos provinces motteux^ tourne-motte j, brise-motte j, et terras- 1. iAI. Brissoii dit que la piemière des pennes de l'aile est extrême- lucut courte ; mais la plume qu'il prend pour la première des grandes pennes n'est que la première des grandes couvertures, implantée sous la première penne, et non à côté. 154 ^^ MOTTELX. son., de ses habitudes de se tenir toujours à terre et d'en habiter les trous, de se poser sur les mottes et de paroître les frapper eu secouant sa queue. Les noms qu'on lui donne en Angleterre désignent égale- ment un oiseau des terres labourées et des friches, un oiseau à croupion blanc. Mais le nom grec œnan- tliCj, que les naturalistes, d'après la conjecture de Belon, ont voulu unanimement lui appliquer, n'est pas aussi caractéristique ni aussi approprié que les précédents, La seule analogie du mot œnanthe à celui de vitiflorOj, et de celui-ci à son ancien nom vitrée, a déterminé Eelon à lui appliquer celui à'œnantlie ; car cet auteur ne nous explique pas pourquoi ni com- ment on Ta dénommé oiseau de fleur de vigne (œnan- the). Il arrive d'ailleurs avant le temps de cette flo- raison de^la vigne, il reste long-temps après que la fleur est passée; it n'a donc rien de commun avec cette fleur de la vigne. Aristote ne caractérise l'oiseau œnanthe qu'en donnant à son apparition et à son dé- part les mêmes temps qu'à l'arrivée et à l'occultation du coucou. M. Brisson compte cinq espèces de ces oiseaux : i'' le cul-blanc ; 2" le cul-blanc gris ^ qu'il ne distingue de l'autre que par cette épithète , quoique le premier soit également gris. La différence prise d'après M. Lin- naeus, qui en fait une espèce particulière, consiste en ce qu'il a de petites ondes de blanchâtre à travers le gris teint de fauve qui les couvre également tous deux. M. Brisson ajoute une autre petite différence dans les plumes de la poitrine, qui sont, dit-il-, pi- quetés de petites taches grises, et dans celles de la queue, dont les deux du milieu n'ont point de blanc ^ LE MOTTELX. 1 85 quoique les autres en aient jusqu'aux trois quarts : mais les détails minutieux de ces petites nuances de couleurs feroient aisément plusieurs espèces d'un seul et même individu ; il suffiroit pour cela de les prendre un peu plus près ou un peu plus loin du temps de la mue^. Ce n'est point saisir la touche de la nature que de la considérer ainsi ; les coups de pinceau dont elle se joue à la superficie fugitive des êtres ne sont point le trait de burin fort et profond dont elle grave à l'intérieur le caractère de l'espèce. Après le cul-blanc gris , M. Brisson fait une troi- sième espèce de cul-blanc cendré ; mais les diffé.rences qu'il indique sont trop légères pour les séparer l'un de l'autre, d'autant plus que l'épithète de cendré ^ loin d'être distinctive. convient pleinement au cul- blanc commun, dont celui-ci ne sera qu'une simple variété. Voilà donc trois prétendues espèces qu'on peut réduire à une seule. Mais la quatrième et la cin- quième espèce, données de même par M. Brisson, ont des diûerences plus sensibles; savoir, le motteux ou cul-blanc roussâtrCj, et le motteux ou cul-blanc roux. Le motteux ou cul-blanc roussâtre ^ qui fait la qua- trième espèce de M. Brisson , est un peu moins gros que le motteux commun , et n'a que six pouces trois lignes de longueur : la tête , le devant du corps , et la poitrine, sont d'un blanchâtre mêlé d'un peu de roux; le ventre et le croupion sont d'un blanc plus clair; le dessus du cou et du dos est roussâtre clair. On 1. De petits cul-blaacs piis le 20 mai avoient le dessus du corps brouillé de roussâtre et de brun; les plumes du croupion sont hlau- châtres, rayées légèrement de noir; la gorge et le dessous du corps roux pointillé de noir : toute cette livrée tombe à la première mue. ] 86 Î^E MOTTE IJX. pourroit aisément prendre cet oiseau pour la femelle du cuKblanc commun, s'il ne se trouvoit des indivi- dus avec le caractère du mâle , la bande noire sur la tempe du bec à l'oreille. Ainsi nous croyons que cet oiseau doit être res-ardé comme une variété dont la race est constante dans l'espèce du motteux. On le voit en Lorraine vers les montagnes, mais moins fré- quemment que le motteux commun : il se trouve aussi aux environs de Bologne en Italie; Aldrovande lui donne le nom de strapazzino. M. Brisson dit aussi qu'il se trouve en Languedoc , et qu'à Nîmes on le nomme reynauby, La cinquième espèce donnée par M. Brisson est le motteux ou cul-blanc roux : le mâle et la femelle ont été décrits par Edwards ; ils avoient été envoyés de Gibraltar en Angleterre. L'un de ces oiseaux a non seulement la bande noire du bec à l'oreille, mais aussi toute la gorge de cette couleur, caractère qui manque à l'autre , dont la gorge est blanche , et les couleurs plus pâles ; le dos, le cou , et le sommet de la tête, sont d'un roux jaune; la poitrine, le haut du ventre, et les côtés, sont d'un jaune plus foible ; le bas-ventre et le croupion sont blancs; la queue est blanche, frangée de noir, excepté les deux pennes du milieu, qui sont entièrement noires; celles de" ra»ile sont noirâtres, avec leurs grandes couvertures bordées de brun clair. Cet oiseau est à peu près de la grosseur du motteux commun. Aldrovande , Wil- lughby, et R.ay, en parlent également sous le nom iVœnanthe altéra. On peut regarder cet oiseau comme une espèce voisine du motteux commun, mais qui est beaucoup plus rare dans nos provinces tempérées. LE GUAND MOTTEUX, OU CUL- BLANC. 187 OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AU MOTTEUX. LE GRAND MOTTEUX, OU CUL-BLANG DU GAP DE BONNE-ESPÈRANCE. Motacilla hottentota. Gmel. M. de Roseneuvelz nous a envoyé cet oiseau qui n'a été décrit par aucun naturaliste : il a huit pouces de longueur; son bec a dix lignes, sa queue treize, et le tarse quatorze : il est, comme l'on voit, beau- coup plus grand que le motteux d'Europe. Le des^ sus de la tête est légèrement varié de deux bruns dont les teintes se confondent; le reste du dessus du corps est brun fauve jusqu'au croupion, où il y a une bande transversale de fauve clair; la poitrine est variée, comme la tête, de deux bruns brouillés et peu distincts; la gorge est d'un blanc sale ombré de brun; le haut du ventre et les flancs sont fauves; le bas-ventre est blanc sale , et les couvertures inférieu- res de la queue, fauve clair; mais les supérieures sont blanches, ainsi que les pennes jusqu'à la moitié de leur longueur; le reste est noir, terminé de blanc sale, excepté les deux intermédiaires, qui sont en- tièrement noires et terminées de fauve; les ailes, sur un fond brun, sont bordées légèrement de fauve clair aux grandes pennes, et plus légèrement sur les pennes moyennes et sur les couvertures. l88 LK MOTTEUX, OU CLL-BLA]NC BIILN VERDArnii, IL LE MOÏTEUX, ou CUL-BLANC BRUN VERDATRE. Motacitla uurantia. Gmel. Cette espèce a été rapportée, comme la précé- dente, du cap de Bonne-Espérance, par M. de Ro- seneuvelz; elle est plus petite, l'oiseau n'ayant que six pouces de longueur. Le dessus de la tête et du corps est varié de brun noir et de brun verdâtre : ces couleurs se marquent et tranchent davantage sur les couvertures des ailes; cependant les grandes ^ comme celles de la queue , sont blanches : la gorge est d'un blanc sale ; ensuite on voit un mélange de cette teinte et de noir sur le devant du cou ; il y a de l'orangé sur la poitrine , qui s'alToiblit vers le bas du ventre : les couvertures inférieures de la queue sont tout-à-fait blanches ; les pennes sont d'un brun noi- râtre, et les latérales sont terminées de blanc. Cet oiseau a plus encore que le précédent tous les carac- tères de notre motteux commun , et l'on ne peut guère douter qu'ils n'aient à peu près les mêmes ha- bitudes naturelles» in. LE MOTTEUX DU SÉJNÉGAL, Motacilla leucorhoa. Gmei.. Cet oiseau, rep^-ésenté dans les planches enlumi- nées, n** 585, fig, ] , est un peu plus grand que le mot- teux de nos contrées, et ressemble très exactement à ia femelle de cet oiseau, en se figurant néanmoins LE MOTTEUX DU SENEGAL. 1 8() la teinte du dos un peu plus brune, et celle de la poitrine un peu plus rougeâtre ; peut-être aussi l'indi- vidu sur lequel a été gravée la figure étoit dans son es- pèce une femelle. LA LAVANDIERE ET LES BERGEUETTES ou BERGERONNETTES. L'on a souvent confondu la lavandière et les ber> geronnettes ; mais la première se tient ordinairement au bord des eaux, et les bergeronnettes fréquentent le milieu des prairies et suivent les troupeaux : les unes et les autres voltigent souvent dans les champs autour du laboureur, et accompagnent la charrue pour saisir les vermisseaux qui fourmillent sur la glèbe fraîchement renversée. Dans les autres saisons , les mouches que le bétail attire , et tous les inscîtes qui peuplent les rives des eaux dormantes, sont la pâture de ces oiseaux; véritables gobe-mouches à ne les con- sidérer que par leur manière de vivre , mais diffé- rents des gobe-mouches proprement dits, qui atten- dent et chassent leur proie sur les arbres, au lieu que la lavandière et les bergeronnettes la cherchent et la poursuivent à terre. Elles forment ensemble une petite famille d'oiseaux à bec fin, à pieds hauts et menus , et à longue queue qu'elles balancent sans cesse ; et c'est de cette habitude commune que les unes et les autres ont été nommées motacilla par les Latins, et que sont dérivés les différents noms qu'elles portent dans nos provinces. 9^ I. A LAVAADIivUK. LA LAVANDIERE'. Motacilla aiba. Gmel. Belon , et ïurner avant lui, appliquent à cet oi- seau le nom grec de knipologoSj, rendu en latin par celui de calicilega^ oiseau recueillant les moucherons : ce nom, ou plutôt cette dénomination, semble con- venir parfaitement à la lavandière; néanmoins il me paroît certain que le knipologos des Grecs est un tout autre oiseau. Aristote (liv. VIII, cliap. m) parle de deux pics [dryocolaptas) et du loriot [galgulus) comme hvabi- tants des arbres, qu'ils frappent du bec : il faut leur joindre, dit-il, le petit oiseau amasseur de mouche- rons [knipologos) qui frappe aussi les arbres [qui et ipse llgnipeta est), qui est gris tacheté [colore cuie- reuSj maculis distinctus), et à peine aussi grand que le chardonneret [magnitudine quanta spi?ius), et dont la voix est foible [voce parva). Scaliger observe, avec raison, qu'im oiseau Ugnipete ^ ou qui becquette les arbres [xulocopo) , ne peut être la lavandière. Un plu- mage fond gris et pointillé de taches n'est point ce- lui de la lavandière , qui est coupé par grandes ban- des, et par masses blanches et noires; le caractère i. En latin, motacilla; en italien, ballarina , codatremoia, codin- zinzoLa, cutrettola, bovarlna; en anglois, wag-lail, water-wagtail, wliitc water-waglail , comnion disk iv as lier ; eu allemand, wysse wasser-steltz , bach-steltz, tveissc and scinvartze bach-steUze, \vege-slertz, klosier freuUn. LA LAVANDIÈRE. I91 de la grandeur, celui de la voix, ne lui conviennent pas plus : mais nous trouvons tous ces traits dans notre grimpereau; voix foible, plumage tacheté sur un fond brun ou gris obscur, habitude de vivi e alentour des troncs d'arbres , et d'y recueillir les moucherons engourdis, tout cela convient au grimpereau, et ne peut s'appliquer à la lavandière, de laquelle nous ne trouvons ni le nom ni la description dans les auteurs grecs. Elle n'est guère plus grosse que la mésange com- mune : mais sa longue queue semble agrandir son corps , et lui donne en tout sept pouces de longueur ; la queue elle-même en a trois et demi : l'oiseau l'épa- nouit et l'étalé en volant; il s'appuie sur cette longue et large rame, qui lui sert pour se balancer, pour pi- rouetter, s'élancer, rebrousser, et se jouer dans le vague de l'air; et, lorsqu'il est posé, il donne inces- samment à cette même partie un balancement assez vif de bas en haut par reprises de cinq ou six se- cousses. Ces oiseaux courent légèrement à petits pas très prestes sur la grève des rivages ; ils entrent même, au moyen de leurs longues jambes, à la profondeur de quelques lignes dans l'eau de la lame aifoiblie , qui vient s'épandre sur la rive basse en un léger ré- seau : mais plus souvent on les voit voltiger sur les éc>uses des moulins et se poser sur les pierres ; ils y viennent, pour ainsi dire, battre la lessive avec les laveuses, tournant tout le jour alentour de ces fem- mes, s'en approchant familièrement, recueillant les miettes que parfois elles leur jettent, et semble imi- ter, du battement de leur queue, celui qu'elles font 1C)2 LA LAVAiNDiERE. pour baltre leur îinge , habitude qui a l'ait donner à cet oiseau le nom de lavandière. Le blanc et le noir, jetés par masses et par grandes taches, partagent le plumage de la lavandière : le ven- tre est blanc ; la cpieue est composée de douze pennes, dont les dix intermédiaires sont noires, les deux laté- rales blanches jusqu'auprès de leur naissance ; l'aile pliée n'atteint qu'au tiers de leur longueur; les pen- nes d3S ailes sont noirâtres et bordées de gris blanc. Belon remarque à la lavandière un petit rapport dans les ailes qui l'approche du genre des oiseaux d'eau. Le dessus de la tète est couvert d'une calotte noire qui descend sur le haut du cou ; un demi-masque blanc cache le front, enveloppe l'œil , et tombant sur les côtés du cou, confine avec le noir de la gorge, qui est garnie d'un large plastron noir arrondi sur la poitrine. Plusieurs individus, tels que celui qui est représenté iig. 2 de la planche enluminée n° 65i2 , n'ont de ce plastron noir qu'une zone en demi-cercle au haut de la poitrine, et leur gorge est blanche : le dos, gris ardoisé dans les autres, est gris brun daus ces individus, qui paroissent former une variété, qui néanmoins se mêle et se confond avec l'espèce; car la différence du mâle à la femelle consiste en ce que dans celle-ci la partie du sommet de la tête est brune, au lieu que dans le mâle cette même partie est noire. La lavandière est de retour dans nos provinces à la fin de mars : elle fait son nid à terre, sous quel- ques racines ou sous le gazon dans les terres en repos, mais plus souvent au bord des eaux , sous une rive creuse et sous les piles de bois élevées le Ion»; des ri- vières; ce nid est composé d'herbes sèches, de petites LA LAVANDIÈRE. 10)3 racines , quelquefois entremêlées de mousse, le tout lié assez négligemment , et garni au dedans d'un lit de plumes ou de crin. Elle pond quatre ou cinq œufs blancs, semés de taches brunes, et ne fait ordinaire- ment qu'une nichée , à moins que la première ne soit détruite ou interrompue avant l'exclusion ou l'é- ducation des petits. Le père et la mère les défen- dent avec courage lorsqu'on veut en approcher : ils viennent au devant de l'ennemi, plongeant et volti- geant, comme pour l'entraîner ailleurs; et quand on emporte leur couvée, ils suivent le ravisseur, volant au dessus de sa tète , tournant sans cesse , et appelant leurs petits avec des accents douloureux. Us les soi- gnent aussi avec autant d'attention que de propreté, et nettoient le nid de toutes ordures; ils les jettent au dehors, et même les emportent à une certaine distance : on les voit de même emporter au loin les morceaux de papier ou les pailles qu'on aura semés pour reconnoître l'endroit où leur nid est caché. Lorsque les petits sont en état de voler, le père et la mère les conduisent et les nourrissent encore pen- dant trois semaines ou un mois; on les voit se gorger avidement d'insectes et d'œufs de fourmis qu'ils leur portent. En tout temps, on observe que ces oiseaux prennent leur manger avec une vitesse singulière , el sans paroître se donner le temps de l'avaler, ils ra- massent les vermisseaux à terre ; ils chassent et at- trappent les mouches en l'air, ce sont les objets de leurs fréquentes pirouettes. Du reste, leur vol est ondoyant et se fait par élans et par bonds; ils s'aident de la quevie dans leur vol en la mouvant horizontale- ment, et ce mouvement est différent de celui qu'ils 194 ^'^ LAVANDIÈRE. lui donnent à terre, et qui se fait de haut en bas per- pendiculairement. Au reste , les lavandières font en- tendre fréquemment, et surtout en volant, un petit cri vif et redoublé , d'un timbre net et clair, gui guîtj, gui gui guit; c'est une voix de ralliement, car celles qui sont à terre y répondent : mais ce cri n'est jamais plus bruyant et plus répété que lorsqu'elles viennent d'échapper aux serres de l'épervier. Elles ne crai- gnent pas autant les autres animaux, ni même l'homme; car quand on les tire au fusil, elles ne fuient pas loin et reviennent se poser à peu de dis- tance du chasseur. On en prend quelques unes avec les alouettes au filet à miroir; et il paroît, au récit d'Olina. qu'on en fait en Italie une chasse particu- lière vers le milieu d'octobre ''^. C'est en au lom ne qu'on les voit en plus grand nom- bre dajis nos campagnes. Cette saison qui les rassem- ble paroît leur inspirer plus de gaieté; elles multi- plient leurs jeux; elles se balancent en l'air, s'abattent dans les champs, se poursuivent, s'entr'appellent, et se promènent en nombre sur les toits des moulins et des villages voisins des eaux, où elles semblent dialoguer entre elles par petits cris coupés et réité- rés : on croiroit, à les entendre, que toutes et cha- cune s'interrogent, se répondent tour à tour pendant un certain temps, et jusqu'à ce qu'une acclamation générale de toute l'assemblée donne le signal ou le 1. Si vaol tendere a cfuest' uccello da mezz' ottobre continuando fui per iutto novembre. ( Olina , page 5i ; la figure , page 45 )• Cette cliasse dure depuis quatre heures da soir jusqu'à l'entrée de la nuil : on se place au liord des eaux; on atlire les lavandières par un appelant de leur espèce, ou. si l'on n'en a j>as encore, avec quelque aulre petit oiseau. LA LAVANDIÈRE. igi") consentement de se transporter ailleurs. C'est dans ce temps encore qu'elles font entendre ce petit ra- mage doux et léger à demi-voix, et qui n'est presque qu'un murmure, d'où apparemment Belon leur a ap- pliqué le nom italien de msurade [à susurra). Ce doux accent leur est inspiré par l'agrément de la saison et paj- le plaisir de la société, auquel ces oiseaux sem- blent être très sensibles. Sur la fin de l'automne, les lavandières s'attrou- pent en plus grandes bandes ; le soir on les voit s'a- battre sur les saules et dans les oseraies, au bord de^ canaux et des rivières, d'où elles appellent celles qui passent, et font ensemble un chamaillis bruyant jus- qu'à la nuit tombante. Dans les matinées claires d'oc- tobre, on les entend passer en l'air quelquefois fort baul , se réclamant et s'appelant sans cesse ; elles par- tent alors; car elles nous quittent aux approches de l'hiver, et cherchent d'autres climats. JM. de Maillet dit qu'il en tombe en Egypte , vers cette saison , des quantités prodigieuses, que le peuple fait sécher dans le sable pour les conserver et les manger ensuite. M. Adauson rapporte qu'on les voit en hiver au Séné- gal avec les hirondelles et les cailles, qui ne s'y trou- vent également que dans cette saison. La lavandière est commune dans toute l'Europe, jusqu'en Suède, et se trouve, comme l'on voit, en Afrique et en Asie. Celle que ^F. Sonnerat nous a rap- portée des Philippines est la même que celle de l'Eu- rope. Une autre apportée du cap de Bonne-Espérance par M. Commerson ne difléroit de la variété repré- sentée fig. 2 de la planche n*" 652, qu'en ce que le blanc de la gorge ne remontoit pas au dessus de la ig6 lA LAVANDIÈRE. tète , ni si haut sur les côtés du cou , et en ce que les couvertures des ailes, moins variées, n'y formoient pas deux lignes transversales blanches. Mais Olina ne se méprend-il pas , lorsqu'il dit que la lavandière ne se voit en Italie que l'automne et l'hiver, et peut- on croire que cet oiseau passe l'hiver dans ce cHniat, en le voyant porter ses migrations si loin dans des cli- mats beaucoup plus chauds? LES BERGERONNETTES OU BERGERETTES. LA BERGERONNETTE GRISE^. PREMIÈRE ESPÈCE. Motaciila cinerea. Gmel. L'on vient de voir que l'espèce de la lavandière est simple , et n'a qu'une légère variété ; mais nous trou- vons trois espèces bien distinctes dans la famille des bergeronnettes, et toutes trois habitent nos campa- gnes sans se mêler ni produire ensemble. Nous les indiquerons par les dénominations de bergeronnette grise j, bergeronnette de printemps j, et bergeronnette jaune^ pour ne pas contredire les nomenclatures re- çues; et nous ferons un article séparé des bergeron- 1. La bergeroiinelle grise est le mosfyufï/o?* de Provence, suivant Kl note que nous a envoyée M. Guys »»»»»0»S»9i»<9<»9<»g>»>»?»»»9<»»» 9» »»»»»»»»&» 9»»»»» LE FIGUIER VERT ET JAUNE. PREMIÈRE ESPÈCE. Motacilla Tiphia. Gmel. Cet oiseau a quatre pouces huit lignes de lon- gueur, le bec sept lignes, la queue vingt lignes, et les pieds sept lignes et demie; il a la tête et tout le dessus du corps d'un vert d'olive , le dessous du corps jaunâtre; les couvertures supérieures des ailes sont d'un brun foncé, avec deux bandes transversales blanches ; les pennes des ailes sont noirâtres , et celles de la queue sont du même vert que le dos; le bec, les pieds, et les ongles sont noirâtres. Cet oiseau , donné par Edwards , est venu de Ben- gale; mais cet auteur l'a appelé mouchera lie _, quoiqu'il ne soit pas du genre des gobe-mouches ni des mou- cherolles , qui ont le bec tout différent. Linnaîus s'est aussi trompé en le prenant pour un motacilla^ hoche- queue, lavandière, ou bergeronnette ; car les figuiers, ^u'il a tous mis avec les hoche-queues , ne sont point de leur genre : ils ont la queue beaucoup plus courte; ce qui seul est plus que suffisant pour faire distinguer ces oiseaux. \ LE CHKRIC. :^09 ^.3<.8<<8<»c»<<»o»a«»G«ci»c.8»<9a^>»»»g»»»»»»»^^a<>9^^^<'ftO'a<>^a<)■»»8«»^»&»^^S^a^»t'9^■o^^ e» -to*-* LE PETÎT SIMON. TROISIÈME ESPÈCE. MotaciUa Borbonica, Gmel. On appelle , à l'île de Bourbon , cet oiseau petit Si- mon : mais il n'est pas originaire de cette île , et il t'eut qu'ii y ait été transporté d'ailleurs ; car nous sommes informés par les Mémoires de gens très di- gnes de foi , et particulièrement par ceux de M. Com- merson , qu'il n'existoit aucune espèce d*animaux quadrupèdes ni d'oiseaux dans l'île de Bourbon et dans celle de France lorsque les Portugais en firent la découverte. Ces deux îles paroissent être les poin- tes d'un continent englouti, et presque toute leur sur- face est couverte de matières volcanisées, en sorte qu'elles ne sont aujourd'hui peuplées que des ani- maux qu'on y a transportés. Cet oiseau, n° 705, fig. 2. sous la dénomination de figuier de Madagascar ,, est précisément de la môme grandeur que le précédent; il a le dessus du corps d'une couleur d'ardoise claire , le dessous gris blanc, la gorge blanche, les grandes plumes de la queue d'un brun foncé, bordées d'un côté d'un peu de couleur d'ardoise, le bec brun, pointu, et effilé; les pieds gris, et les yeux noirs. Les femelles, et môme les petits, ont à peu près le môme plumage que les mâles. On le trouve partout en grand nombre dans l'île de Bourbon, où M. le vicomte de Quer- rr. PETIT SIMON. 21 î hoent l'a observé. Ces oiseaux commencent à nictier an mois de septembre. On trouve communément trois œufs dans leur nid , et il y a apparence qu'ils font plu- sieurs pontes par an. Ils nichent sur les arbres isolés et même dai^s les vergers. Le nid est composé d'her- bes sèches et de crin à l'intérieur. Les œufs sont bleus. Cet oiseau se laisse approcher de très près. Il vole toujours en troupe, vit d'insectes et de petits fruits mous. Lorsqu'il aperçoit dans la campagne une per- drix courir à terre, un lièvre , un chat, etc. , ii vol- tige alentour en faisant un cri particulier, aussi sert-il d'indice au chasseur pour trouver le gibier. »»»o<»a»&»a.»w>»»»»»<>>.a«p»q«^i«»<'BO^»8'»»»»»-»» LE FIGUIER BLEU\ QUATRIÈME ESPECE. Motacilla Mauritiaria. Gmel. Cette espèce n'a été indiquée par aucun naturaliste; elle est probablement originaire de Madagascar. Le mâle ne paroît différer de la femelle que par la queue, qui est un tant soit peu plus longue, et par une teinte de bleuâtre sur le dessous du corps, que la femelle a blanchâtre sans mélange de bleu. Au reste, ils ont la tôte et tout le dessus du corps d'un cendré bleuâtre ; les pennes des ailes et de la queue noirâtres, bordées de blanc; le bec et les pieds bleuâtres. 1. ]\° 7o5, fig. 3; le mâle sous la dénomination de figuier de Mada- gascar; fig. 1, la femelle sons la dénomination do figuier de l'Ile-de- France. 'Al 2 LE FIGUIER DU SENEGAL. »»»»»»» p»»»o»«>»^■»g■8^^»6»e LE FIGUIER DU SENEGAL\ CINQUIÈME ESPÈCE. MotaclUa flavescens, Gmel. Nous présumons que les trois oiseaux représentés dans la planche enluminée, n'* 582, ne font qu'une seule et même espèce, dont le figuier tacheté seroit le mâle, et les deux autres des variétés de sexe ou d âge. Us sont tous trois fort petits, et celui de la figure première est le plus petit de tous. Le figuier tacheté , n'* 2 , n'a guère que quatre pou- ces de longueur, sur quoi sa queue en prend deux ; elle est étagée, et les deux plumes du milieu sont les plus longues. Toutes ces plumes de la queue sont brunes, frangées de blanc roussâtre ; il en est de même des grandes pennes de l'aile ; les autres plumes de l'aile, ainsi que celles du dessus du dos et de la tête, sont noires, bordées d'un roux clair : le crou- pion est d'un roux plus foncé, et le devant du corps est blanc. Les deux autres diffèrent de celui-ci, mais se ressem- blent beaucoup entre eux. Le figuier, fig. 5, n'a pas la queue étagée , elle est d'un brun clair, et plus courte à proportion du corps; le haut de la tête et du corps est brun; l'aile est d'un brun noirâtre, frangée sur i. N" 582, fig. 1, sous la dénominatiou de figuier du Sénégal ; fig. '2, sous la dénomii;ation de figuier tacheté du Sé.iégal ; et fig. 3, ïOus la dénomination de figuier à ventre jaune du Sénégal. LE FIGUIER DU SENEGAL. 2 1.) les pennes, et ondée sur les couvertures d'un brun roussâtre; le devant du corps est d'un jaune cîair, et il y a lin peu de blanc sous les yeux. Le figuier, figure i , est plus petit que les deux autres; tout son plumage est à peu près le môme que celui de la figure 3 , à l'exception du devant du corps, qui n'est pas d'un jaune clair, mais d'un rouge au- rore. On voit déjà que, dans quelques espèces du genre des figuiers, il y a des individus dont les couleurs va- rient sensiblement. Il en est de même de trois autres oiseaux indiqués dans la planche enluminée, n°584^ : nous présumons que tous trois ne font qu'une seule et même espèce , dans laquelle le premier nous paroît être le mâle, et les deux autres des variétés de sexe ou d'âge; le troi- sième surtout semble être la femelle : tous trois ont la tête et le dessus du corps bruns, le dessous gris, avec une teinte plus ou moins légère et plus ou moins étendue de blond; le bec est brun , et les pieds sont jaunes. Maintenant nous allons faire l'énumération des es- pèces de figuiers qui se trouvent en Amérique, lis sont en général plus grands que ceux de l'ancien con- tinent; il n'y a que la première espèce de ceux-ci qui soit de même taille. JNous avons donné ci-devant les caractères par lesquels on peut les distinguer, et nous pouvons y ajouter quelques petits faits au sujet de leurs habitudes naturelles. Ces figuiers d'Améri- 1. N° 584 , fig. i, sous la dénomination de figuier brun du Sénégal : iig. a, sous la dénomination de figuier blond du Sénégal ; et fig. 3, soufi ]ix dénomination de figuier d ventre gris du SénégaL juiFi'o>. xxm. 14 2l4 LK FIGUTIEK DU SENEGAL. que sont des oiseaux erratiques, qui passent en été dans lâ Caroline et jusqu'en Canada, et qui revien- nent ensuite dans les climats plus chauds pour y ni- cher et élever leurs petits. Ils habitent les lieux clé- couverts et les terres cultivées ; ils se perchent sur les petits arbrisseaux, se nourrissent dwisectes et de fruits mûrs et tendres, tels que les bananes, les goya- ves, et les figues, qui ne sont pas naturelles à ce cli- mat, mais qu'on y a trans'portées d'Europe; ils en- trent dans les jardins pour les becqueter, et c'est de là qu'est venu leur nom : cependant , à tout prendre , ils mangent plus d'insectes que de fruits , parce que pour peu que ces fruits soient durs , il ne peuvent les entamer. LE FIGUIER TACHETE. PREMÎÈÏIE ESPÈCE. Motacilla œstivvi. Gmel. Cet oiseau, n" 58 , fig. 2 , se voit en Canada pen- dant l'été; mais il n'y fait qu'un court séjour, n'y niche pas, et il habite ordinairement les terres de la Guiane et des autres contrées de l'Amérique méri- dionale. Son ramao^e est agréable, et assez semblable à celui de la linotte. Il a la tête et tout le dessous du corps d'un beau jaune, avec des taches rougeâtres sur la partie infé- rieure du cou et sur la poitrine et les flancs ; le des- sus du corps et les couvertures supérieures des ailes l. K F l G L l K n TA C H li TE. 2\ J sont d'un vert d'olive ; les pennes des ailes sont bru- nes, et bordées extérieurement du même vert; les pennes de la queue sont brunes et bordées de jaune ; le bec, les pieds, et les ongles sont noirâtres. Une variété de cette espèce, ou peut-être la fe- melle de cet oiseau , est celui qui est représenté dans la même planche, n" 58, fig. i ; car il ne diffère de l'autre qu'en ce qu'il r point de taches rougeâtres sur la poitrine, et que le dessus de la tête est, comme le corps, d'un vert d'olive : mais ces petites différen- ces ne nous paroissent pas suffisantes pour en faire une espèce particulière. ivA^^ayn •)«»%«« »'<-»«4>«««»«.»«««90^'9«&«<»a 9««0 >J»»**«**«-S*»*9«'Ϋ*»«««'9 LE FIGUIER A TETE ROUGE. SECONDE ESPÈCE. Motacilla pctcchia, Gmel. CEt oiseau a le sommet de îa tête d'un beau rouge; tout le dessus du corps, vert d'olive ; le dessous d'un beau jaune, avec des taches rouges sur la poitrine et le ventre; les ailes et la queue sont brunes; le bec est noir, et les pieds sont rougeâtres. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que ses couleurs sont moins vives. C'est un oiseau solitaire et erratique : il arrive en Pensylvanie au mois de mars; mais il n'y niche pas : il fréquente les broussailles, se perche rarement sur les grands arbres, et se nourrit des in- sectes qu'il trouve sur les arbrisseaux. 210 LE FIGUIER A GOKGK BLANCHE. LE FIGUIER A GORGE BLANCHE. TROISIÈME ESPÈCE. MotaciUa albicollls, Gmel. Cet oiseau se trouve à Saint-Domingue. Le mâle a la tête, tout ie dessus du corps, et les petites cou- vertures supérieures des ailes, d'un vert olive; les côtés de la tête et la gorge blanchâtres; la partie infé- rieure du cou et la poitrine jaunâtres, avec de petites lâches rouges ; le reste du dessous du corps est jaune; les grandes couvertures supérieures des ailes , les pennes des ailes et celles de la queue sont brunes et bordées de jaune olivâtre; le bec, les pieds, et les ongles, sont d'un gris brun. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que le vert de la partie supérieure du cou est mêlé de cendré. LE FIGUIER A GORGE JAUNE. QUATRIÈME ESPÈCE. MotaciUa Ludoviciana. Gmel. Cet oiseau se trouve à la Louisiane et à Saint-Do- mingue. Le mâle a la tête et tout le dessus du corps d'un beau vert d'olive , qui prend une légère teinte de jaunâtre sur le dos; les côtés de la tête sont d'un cendré léger; la gorge, la partie inférieure du cou , LE FIGLiliR A GORGli JAUNE. 217 et la poitrine sont d'un beau jaune, avec de petites taches rougeâtres dessus la poitrine ; le reste du des- sous du corps est d'un blanc jaunâtre ; les couver- tures supérieures des ailes sont bleuiitres et terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blanches ; les pennes des ailes sont d'un brun noirâtre, et bordées extérieurement de cendré bleuâtre et de blanc sur leurs côtés extérieurs; les trois premières pennes de chaque côté ont de plus une tache blanche sur l'extrémité de leur côté inté- ^ur; la mandibule supérieure du bec est brune, l'in- férieure est grise ; les pieds et les ongles sont cendrés. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce qu'elle n'a pas de taches rouges sur la poitrine. Nous ne pouvons nous dispenser de remarquer que M. Brisson a cou Tondu cet oiseau avec le grimpereau de sapin, donné par Edwards, qui est en effet un figuier, mais qui n'est pas celui-ci. INous en donne- rons la description dans les articles suivants. »«>>»«N(Vv4i«<:>i««««'4«-9 LE FIGUIER VERT ET BLANC. CINQUIÈME ESPÈCE. MotaciUa chloroleuca. Gmel. Cette espèce se trouve encore à Saint-Domingue. Le mâle a la tête et le dessous du cou d'un cendré jaunâtre ; les petites couvertures supérieures^ des ailes et tout le dessus du corps, d'un vert d'olive ; la gorge et tout le dessous du corps, d'un blanc jauxiâtre ; les 2l8 LE FI G LIE 11 VEUT ET BLAISC. grandes couvertures supérieures des ailes et les pen- nes des ailes sont brunes et bordées de vert jaunâtre; les pennes de la queue sont d'un vert d'olive très foncé; les latérales ont, sur leur côté intérieur, une tache jaune qui s'étend d'autant plus que les pennes deviennent plus extérieures; le bec, les pieds, et les ongles sont d'un gris brun. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que les teintes des couleurs sont plus foibles. LE FIGUIER A GORGE ORANGEE. SIXIÈME ESPÈCE. Mctacilla auricoUis. G.mel. M. Brisson a donné cet oiseau sous le nom de fi- guier du Canada; mais il est probable qu'il n'est que de passage dans ce climat, comme tous les autres fi- guiers. Celui-ci a la tête, le dessus du cou, le do», et les petites couvertures supérieures des ai!es. d'un vert d'olive ; le croupion et les grandes couvertures supérieures des ailes, cendrés ; la gorge, la partie in- férieure du cou, et la poitrine, orangées; le ventre d'un jaune pale; le bas-ventre et les jambes blanchâ- tres ; les pennes des ailes sont brtines et bordées ex- térieurement de cendré ; les deux pennes du milieu de la queue sont cendrées ; toutes les autres sont blan- ches sur leur côté intérieur, et noirâtres sur leur côté extérieur et à l'extrémitié. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que les cou- leurs sont moins vives. LE FIGlJllill A TETE CENDREE. 2 1 () 9>»»(tiOl»9'J»0»0'9tt9D''9ff^^>"^O'' LE FIGUIER A TETE CEiNDREE. SEPTIÈME ESPÈCE. Motacilla maculosa. Gmel. CeI oiseau a été envoyé de Pensylvanie eu Angle- terre , et Edwards l'a donné sous le nom de mouclie- rolle au croupion jaune j, et il a mal à propos appelé mouclicrolles tous les iiguiers qu'il a décrits et dessi- nés. Celui-ci a le sommet et les côtés de la tète cen- drés; le dessus du cou et le dos, vert d'olive tacheté de noir; la gorge, la poitrine, et le croupion , d'un beau jaune, avec des taches noires sur la poitrine; les couvertures supérieures des ailes sont d'un cendré foncé et terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blaiiches ; les pennes des ailes sont d'un cendré foncé, bordées de blanc; les deux pennes du milieu de la queue sont noirâ- tres , avec une grande tache blanche sur leur côté intérieur ; le bec , les pieds, et les ongles sont bruns. LE FIGUIER BRUN. HUITIÈME ESPÈCE. Mo'taciUa fuscescens. Gmel. Hans Sloane est le premier qui ait indiqué cet oi- seau , qu'il dit se trouver à la Jamaïque dans les ter- i220 LE ri G U 1ER BllUiV. raiiis cultivés, et qu'il appelle oiseau mangeur devers. Il a la tête, la gorge, tout le dessus du corps, les ailes , et la queue , d'un brun clair ; le dessous du corps, varié des mêmes couleurs que le plumage des alouettes. Voilà toute la notice que cet auteur nous donne de ce figuier. a4>9«>»»S'S«€«®«@«'@«^â««^'£ LE FIGUIER AUX JOUES NOIRES. NEUVIÈME ESPÈCE. C'est à Edwards que l'on doit la connoissance de cet oiseau, qu'il dit se trouver en Pensylvanie , où il fréquente les petits bois arrosés de ruisseaux, au bord desquels on le trouve communément. Il ne passe que l'été dans ce climat, et s'en éloigne pendant l'hiver; ce qui indique que ce figuier n'est, comme les autres dont nous avons parlé, qu'un oiseau de passage dans ces provinces de l'Amérique septentrionale. Il a les côtés de la tête d'un beau noir, et le som- met d'un brun rougeâtre ; le dessus du cou , le dos , le croupion, et les ailes, d'un vert d'olive foncé; la gorge et la poitrine d'un beau jaune; le reste du des- sous du corps, d'un jaune pâle; le bec et les pieds sont bruns. LE FIGUIER TACHETE DE JAUNE. 22 i LE FIGUIER TACHETE DE JAUNE. DtXiÈME ESPÈCE. Motacilla tigrina. Gmel. C'est encore à M. Edwards que nous devons la con- noissance de cet oiseau. Le mâle et la femelle qu'il décrit avoient tous deux été pris en mer sur un vais- seau qui étoit à huit ou dix lieues des côtes de Saint- Domingue ; c'étoiLau mois de novembre, et c'est sur ce vaisseau qu'ils sont arrivés en Angleterre. L'auteur remarque avec raison que ce sont des oiseaux de pas- sage, qui étoierit alors dans leur traversée de l'Amé- rique septentrionale à l'île de Saint-Domingue. Ce figuier a la tête et tout le dessus du corps d'un vert d'olive ; une bande jaune au dessus des yeux ; la gorge, la partie inférieure du cou, la poitrine, et les couvertures inférieures des ailes, d'un beau jaune, avec de petites taches noires; le ventre et les jambes d'un jaune pâle sans taches ; les ailes et la queue d'un vert d'olive obscur; l'on voit une longue tache blan- che sur les cou vertu j-es supérieures des ailes, et les pennes latérales de la queue sont blanches sur la moi- tié de leur longueur. ]ja femelle ne diflère du mâle qu'en ce qu'elle a la poitrine blanchâlre, avec des taches brunes, et que le vert d'olive du dessus du corps est moins luisant, (j'est cette femelle que M. Brisson a donnée comme une espèce, sous le nom de figuier brun de Saint-- Domingue. 'l'I'l LE ri G l 1ER BRLiN ET .lAU^E. ^'e'S<»9»»«»o»&»i;«tt<'e'»8»C<'ir^O'a'8o»«»tt»j LE FIGUIER BRUN ET JAUNE. ONZIÈME ESPÈCE. Cet oiseau se trouve à la Jamaïque. Sloane et Browne en ont tous deux donné la description , et Edwards a donné la figure coloriée sous le nom de roitelet jaune; ce qui est une méprise. Catesby et ïvlein en ont fait une autre, en prenant cel oiseau pour une mésange. Il fait ses petits à la Caroline; mais il n'y reste pas pendant l'hiver. H a la tête, tout le dessus du corps, les ailes, et la queue, d'un brun verdâtre ; deux petites bandes brunes de chaque côté de la tête ; tout le dessous du corps, d'un beau jaune; les couvertures supérieures des ailes sont terminées de vert d'olive clair, ce qui forme sur chaque aile deux bandes obliques ; les pennes des ailes sont bor- dées extérieurement de jaune ; le bec et les pieds sont noirs. LE FIGUIER DES SAPINS. DOUZIÈME ESPÈCE. Syivia pinus. Lath. C'est celui qu'Edwards a appelé grimpereatt de sapin; mais il n'est pas du genre des grimpereaux, quoiqu'il aitj'habitude de grimper sur les sapins à la LE FlGLIEll DES SAPINS. 22Ô Caroline et en Pensylvanie. Le Ijec des ti;nnipereai.ix est, comme l'on sait, courbé en forme de faucille, au lieu que celui de cet oiseau est droit ; et il ressem- ble par tout le reste si parfiûtement aux tiguiers, qu'on ne doit pas le séparer de ce genre. Catesby s'est aussi trompé lorsqu'il l'a mis au nombre des mésanges, vraisemblablement parce qu'elles grimpent aussi contre les arbres : mais les mésanges ont le bec plus court et moins aigu que les iiguiers ; et d'ailleurs ils n'ont pas, comme elles, les narines couvertes de plumes. M. Brisson a aussi fait une méprise en pre- nant pour une mésange le grimperean de sapin de Catesby, qui est notre figuier, et il est tombé dans une petite erreur en séparant le grimpereau d'Ed- wards de celui de Catesby. Cet oiseau a la tête, la gorge, et tout le dessous du corps, d'un très beau jaune; une j)etite bande noire de chaque côté de la tête ; la partie supérieure du cou et tout le dessus du corps, d'un vert jaune ou couleur d'olive brillant, et plus vif encore sur le croupion ; les ailes et la queue sont gris de fer bleuâtre; les couvertures supérieures sont terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blanches ; le bec est noir, et les pieds sont d'un brun jaunâtre. La femelle est entièrement brune. Ce figuiei passe l'hiver dans la Caroline, où Ca- tesby dit qu'on le voit sur des arbres sans feuilles cViercher des insectes; on en voit aussi, pendant l'été, dans les provinces plus septentrionales. M. Bartram a écrit à M. Edwards qu'ils arrivent au mois d'avjil en Pensylvanie , et qu'ils y demeurent tout l'été; ce-^ 224 LE FIGUIER DES SAPINS. pendant il convient n'avoir jamais vu leur nid. Ils se nourrissent d'insectes qu'ils trouvent sur les feuilles et les bourgeons des arbres. LE FIGUIER A CRAVATE NOIRE. TREIZIÈME ESPÈCE. Motacilla virens. Gmel. Ce figuier a été envoyé de Pensylvanie par M. Bar- tram à M. Edwards. C'est un oiseau de passage dans ce climat ; il y arrive au mois d'avril pour aller plus au Nord, et repasse au mois de septembre pour re- tourner au sud. Il se nourrit d'insectes comme tous les autres oiseaux de ce genre. 11 a le sommet de la tète, tout le dessous du corps, et les petites couvertures supérieures des ailes, d'un vert d'olive ; les côtés de la tête et du cou, d'un beau jaune ; la gorge et le dessous du cou noirs, ce qui lui forme une espèce de cravate de cette couleur; la poitrine est jaunâtre ; le reste du corps est blanc , avec quelques taches noirâtres sur les flancs ; les grandes couvertures supérieures des ailes sont d'un brun foncé et terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blanches ; les pennes des ailes et de la queue sont d'un cendré fon- cé ; les trois pennes extérieures de chaque côté de la queue ont des taches blanches sur leur côté inté- rieur ; le bec est noir^ et les pieds sont bruns» LE FIGUIER A TETE JAUNE. LE FIGUIER A TÈTE JAUNE. QUATORZIÈME ESPÈCE. Motaciila icterocepliala, Gmel. M. Brisson a donné le premier la description de cet oiseau , et il dit qu'il se trouve au Canada ; mais il y a apparence qu'il n'est que de passage dans ce climat septentrional, comme quelques autres espèces de fi- guier. Celui-ci a le sommet de la tète jaune, une grande tache noire de chaque côté de la tète au des- sus des yeux , et une autre tache blanchâtre au des- sous des yeux; le derrière de la tète, le dessus du cou , et tout le dessus du corps sont couverts de plu- mes noires , bordées de vert jaunâtre ; la gorge et tout le dessous du corps sont blanchâtres; les couver- tures supérieures des ailes sont noires et terminées de jaunâtre , ce qui forme sur chaque aile deux ban- des transversales jaunâtres; les pennes des ailes et de la queue sont noirâtres et bordées extérieurement de vert d'olive et de blanchâtre; les côtés intérieurs des trois pennes latérales de chaque côté de la queue sont d'un blanc jaunâtre, depuis la moitié de leur longueur jusqu'à l'extrémité; le bec , les pieds , et les ongles sont noirâtres. Il paroît que l'oiseau représenté dans la planche enluminée, n** ^51, iig. 2, sous la dénomination de figuier de Mississipl^ n'est qu'une variété de sexe ou à'di^e de celui-ci; car il n'en diffère qu'en ce qu'il n'a 'j'ji) LE FIGUIER A TETE JAUNE. point de taches aux côtés de la tête, et que ses cou- leurs sont moins fortes. LE FIGUIER CENDRE A GORGE JAUNE. QUINZIÈME ESPÈCE. Motacilla Dominica, Gmel. Nous devons au docteur Sloane la connoissance de cet oiseau, qui se trouve à la Jamaïque et à Saint- Domingue. Il a la tête, tout le dessus du corps, et les petites couvertures supérieures des ailes, de cou- leur cendrée : de chaque côté de la tête . une bande longitudinale jaune; au dessous des yeux, une grande tache noire; à côté de chaque œil à l'extérieur, une tache blanche; la gorge, le dessous du cou, la poi- trine, et le ventre, sont jaunes, avec quelques pe- tites laclies noires de chaque côté de la poitrine ; les grandes couvertures supérieures des ailes sont bru- nes, bordées extérieurement de cendré, et terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blanches ; les pennes des ailes et de la queue sont d'un cendré brun, et bordées extérieure- ment de gris ; les deux pennes extérieures de chaque côté de la queue ont une tache blanche vers l'extré- mité de leur côté intérieur; le bec, les pieds, et les ongles , sont bruns. Ll' FIGIJIEU CKNDKK A COLLÎER. 2 f> 7 LE FIGUIER CENDRÉ A COLLIER\ SEIZIÈME ESPÈCE. Sy/via torquata. Vieillot. Nous (levons à Catesby la connoissance de cet oi- seau, qu'il a nommé mcsange-pliisou ^ mais qui n'est ni de l'un ni de l'autre de ces genres, et qui appar- tient à celui des figuiers. Il se trouve dans l'Amérique septentrionale , à la Caroline , et môme en Canada. Il a la tête, le dessus du cou, le croupion, et les couvertures supérieures des ailes, d'une couleur cen- drée ; le dos vert d'olive; la gorge et la poitrine jau- nes, avec un demi-collier cendré sur la partie infé- rieure du cou ; le reste du dessous du corps est hianc, avec quelques petites taches rouges sur les lianes; les grandes couvertures supérieures des ailes sont ter- minées de blanc . ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blanches; les pennes des ailes et de îa queue sont noirâtres ; les deux pennes exté- rieures de chaque côté de la queue ont une tache blanche à l'extrémité de leur côté intérieur ; la man- dibule supérieure du bec est brune ; la mandibule inférieure et les pieds sont jaunâtres. Ces oiseaux grimpent sur le tronc des gros arbres, 1. ]\" 701, fia;, i, sous la <.l«';iioiniiiatiou de figuier cendré de la Ca- roline. 29.8 LE FIGUIER CENDRÉ A COLLIER. et se nourrissent des insectes qu'ils tirent d'entre les fentes de leurs écorces. Ils demeurent pendant tout l'hiver à la Caroline. LE FIGUIER A CEINTURE. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. Motacilla cincta, Gmel. M. Brisson a donné cet oiseau sous le nom de fi- guier cendré du Canada. li a une tache janne sur le sommet de la tête, et une bande blanche de chaque côté ; le reste de la tête, le dessus du corps, les cou- vertures supérieures des ailes, sont d'un cendré foncé presque noir : mais son caractère le plus apparent est une ceinture jaune, qu'il porte entre la poitrine et le ventre, qui sont tous deux d'un blanc varié de quelques petites taches brunes. Les grandes couver- tures supérieures des a>les sont terminées de blanc, ee qui forme sur chaque aile deux bandes transver- sales blanches ; les couvertures supérieures de la queue sont jaunes; les pennes des ailes et de la queue sont brunes; les deux pennes extérieures de chaque côté de la queue ont une tache blanche vers l'extré- mité de leur côté intérieur; le bec est noir; les pieds et les ongles sont bruns. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce qu'elle est brune sur le dessus du corps, et que les couvertures supérieures de la queue ne sont pas jaunes. LE FIGIIER BLED. 229 LE FIGUIER BLEU', DIX-HUITIEME ESPECE. Motacilla Canadensis. Gmel. Cet oiseau est le moucherolle bleu d'Edwards ; il avoit été pris sur mer à huit ou dix lieues des côtes du sud de Saint-Domingue : mais il paroît , par le témoi- gnage de cet auteur, qu'il a reçu de Pensylvanie un de ces mêmes oiseaux ; ils arrivent au mois d'avril pour y séjourner pendant l'été : ainsi c'est un oiseau de passage dans rAmériquc septentrionale, comme presque tous les autres figuiers, dont le pays natal est l'Amérique méridionale. Celui-ci a la tête, tout le dessus du corps, et les couvertures supérieures des ailes , d'un bleu d'ardoise; la gorge et les côtés de la tête et du cou, d'un beau noir; le reste du dessous du corps blanchâtre ; les pennes des ailes et de la queue noirâtres, avec une tache blanche sur les gran- des pennes des ailes; le bec et les pieds sont noirs, ils sont jaunes dans la planche enluminée : c'est peut-être une variété ou un changement de couleur qui est arrivé par accident dans cet individu, qui n'a pas été dessiné vivant, et dont les petites écailles des pieds étoient enlevées. i. N° G85, fig. 2, sous la dénomination de figuier cendt^é du Canada. BUFl'ON. XXIII. i5 '2:)0 LE FlftlMl'K VARIE. LE FIGUIER VARIÉ. I)IX-\EUV1ÈME ESPÈCE. Motacilla varia. Gmel. M. Stoane a trouvé cet oiseau à la Jamaïque , et M. Edwards l'a reçu de Pensylvanie , où il arrive au mois d'avril , se nourrit d'insectes , et passe l'été pour retourner, aux approches de l'hiver, dans les pays mé- ridionaux de l'Amérique. 11 a le sommet de la tête blanc ; les côtés noirs , avec deux petites bandes blan- ches; le dos et le croupion d'un blanc varié de gran- des taches noires; la gorge noire aussi; la poitrine et le ventre blancs, avec quelques taches noires sur Ja poitrine et les flancs; les grandes couvertures supé- rieures des ailes sont noires , terminées de bianc , ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blanches; les pennes des ailes sont grises, et bordées de blanc sur leur côté inférieur; les pennes de la queue sont noires, et bordées do gris de fer; les la- térales ont des taches blanches sur leur côté intérieur ; le bec et les pieds sont noirs. LE FIGUIER A TÊTE ROUSSE. VINGTIÈME ESPÈCE. Motacilla ruficapilla. Gmel. Cet oiseau a été envoyé de la Martinique à M. Au- bry, curé de Saint-Louis. 11 a la tète rousse; la partie LE Kl(;i;iEJ\ A TETE KOLSSE. 2.)l supérieure du cou et tout le dessus du corps, d'un vert d'olive; la gorge et la poitrine d'un jaune varié de lâches longitudinales rousses; le reste du dessous du corps d'un jaune clair sans taches; les couvertures supérieures des ailes, et les peunes des ailes et de la queue, sont brunes et bordées de vert d'olive; les deux pennes extérieures de chaque coté de la cpieue ont l(îur coté intérieur d'un jaune clair; le bec est brun , et les pieds sont gris. Il nous paroît que l'oiseau indiqué parle P. Feuil- lée sous la dénominalion de chloris crytiiraclilorides est le même que celui-ci. « H a, selon cet auteur, le bec noir et pointu , avec un tant soit peu de bleu à la racine de la mandibule inférieure; son œil est d'un l)eau noir luisant, et son couronnement, jusqu'à son [)aremeQl , est couleur de feuille morte ou roux jaune; tout son parement et jaune moucheté, à la façon de nos grives de l'Ein-ope , par de petites taches de même couleur que le couronnement ; tout son dos est verdâtre : mais son vol est noir, de môme que son manteau; les plumes qui les composent ont une bordure verte : les jambes et le dessus de ses pieds sont gris, mais le dessous est tout-à-fait blanc, mêlé d'un peu de jaune, et ses doigts sont armés de petits ongles noirs et fort pointus. >) Cet oiseau voltige incessamment, et il ne se re- pose que lorsqu'il mange; son chant est fort petit, mais mélodieux. » 1402 LE FIGUIER A POITRINE ROUGE. LE FIGUIER A POITRINE ROUGE. VINGT-UNIÈME ESPÈCE. Motacilla Pensyivanica, Gmel. Edwards a donné le mâle et la femelle de cette es- pèce, qu'il dit avoir reçus de Pensylvanie , où ils ne font que passer au commencement du printemps , pour aller séjourner plus au nord pendant l'été. Ils vivent d'insectes et d'araignées. Cet oiseau a le sommet de la tête jaune, du blanc de chaque côté, et une petite bande noire au dessous des yeux; le dessus du cou et les couvertures supé- rieures des ailes sont noirâtres ; les plumes du des- sus du corps et les pennes des ailes sont noires et bordées de vert d'olive; le haut de la poitrine et les côtés du corps sont d'un rouge foncé ; la gorge et le ventre sont blanchâtres; les grandes couvertures su- périeures des ailes sont terminées de blanc , ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales blan- ches ; le bec et les pieds sont noirs. La femelle d»'ifère du mâle en ce qu'elle n'a point de noir sur le derrière de la tête , ni de rouge sur la poitrine. LE FIGUIER GRIS DE FER. ^55 LE FIGUIER GRIS DE FER. VINGT-DEUXIÈME ESPÈCE. Motacilla cœrulea. Gmel. C'est encore à M. Edwards qu'on doit la connois- sance de cet oiseau. Il a donné les figures du mâle, de la femelle, et du nid. On les trouve en Pensylvanie, où ils arrivent au mois de mars pour y passer l'été ; ils retournent ensuite dans les pays plus méridio- naux. Ce figuier a la tête et tout le dessus du corps gris de fer; une bande noire de chaque côté de la tôt* au dessus des yeux : tout le dessous du corps est blanc ; les ailes sont brunes; les deux pennes extérieures de chaque côté de la queue sont blanches ; la troisième de chaque côté a une tache blanche vers son extré- mité ; elle est, dans le reste de sa longueur, ainsi que les autres pennes de la queue , de la même cou- leur que le dessus du corps ; le bec et les pieds sont noirs. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce qu'elle n'a point de bandes noires sur les côtés de la tète. Ces oiseaux commencent en avril à construire leur nid avec la petite bourre qui enveloppe les boutons des arbres et avec le duvet des plantes; le dehors du nid est composé d'une mousse plate et grisâtre [lichen), qu'ils ramassent sur les rochers; entre la couche intérieure de duvet et la couche extérieure de 1254 LE FIGl'IER GRIS DE FER. mousse , se trouve une couche intermédiaire de crin de cheval. La forme de ce nid est à peu près celle d'un cylindre court, fermé par dessous , eî l'oiseau y entre par le dessus. 11 nous paroit qu'on doit rapporter à cette espèce l'oiseau de la planche enluminée , n** "^04 •, fi^- i « q^i<^ l'on a indiqué sous la dénomination de figuier à tête noire de Coyenne : car il ne diffère de l'oiseau mâle, donné par Edwards, qu'en ce cju'il a la tète, les pen- nes des ailes, et celles du milieu de la queue, d'un beau noir; ce qui ne nous paroît pas fiûre une diffé- rence assez grande pour ne pas les regarder comme deux variétés de la même espèce. LE FIGUIER AUX AILES DORÉES. V f\(;T-TRO[STÈ\îE ESTÈCE. MotacUla eh?ysop/er(/. G m kl, Encorb un figuierde passage en Pensylvanie, donne par Edwards. 11 ne s'arrête que quelques jours dans cette contrée, où il arrive au mois d'avril; il va plus au nord, et revient passer l'hiver dans les climats méridionaux. 11 a la tète d'un beau jaune, et une grande tache de cette couleur d'or sur les couvertures ^uipérieures des ailes; les côtés de la> tète sont blancs, avec une large bande noire qui entoure les yeux; tout le des- sus du corps . les ailes . et la queue , sont d'un cendré foncé ; la gorge et la partie inférieure du cou sont ^ LE FIGUIER AIX VILES DOKÉES. 2?)\^ noires; le resle du dessus; du corps est blanc ; le bec et les pieds sont noirs, LE FIGUIER COURONNÉ D'OR. VINGT-QL A TllIÈME ESPÈCE. Motacilla coronata. Gmel. ISous adoptons cette dénomination, couronné d'or, qui a été donnée par Edwaids à cet oiseau dans la description qu'il a faite du fuale et de la femelle. Ce sont des oiseaux de passage en Pensylvanie , où ils arrivent au printemps pour n'y séjourner que quel- ques jours, et passer de là plus au nord, où ils de- meurent pendant l'élé, cl d'où ils reviennent avant l'hiver pour regagner les pays chauds. (iC figuier a sur le sommet de la tète une tache ronde d'une belle couleur d'or; les cotés de la tèJe, les ailes, et la queue sont noirs; la partie supérieure (lu cou . le dos, et la poitrine sont d'un brun d'ar- doise, tacheté de noir; le croupion et les côtés du corps sont jaunes, avec quelques taches noires; tout le dessous du corps est blanchâtre ; les grandes cou- vertures supérieures des ailes sont terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transver- sales blanches; le bec et les pieds sont noirâtres. La femelle ne difière du mâle qu'en ce qu'elle est brqne sur le dessus du corps, et qu'elle n'a point de noir sur les côtés de la tête ni sur la poitrine. 2.36 LE FIGUIER ORANGÉ. LE FIGUIER ORANGÉ*. VINGT-CINQUIÈME ESPÈCE. Motacilla chrysocephala. Gûiel. Cette espèce est nouvelle et se trouve à la Guiane^ d'où elle nous a été envoyée pour le Cabinet. L'oiseau a le sommet et les côtés de la tête , la gorge, les cô- tés, et le dessous du cou, d'une belle couleur oran- gée, avec deux petites bandes brunes de chaque côté de la tète ; tout le dessus du corps et les pennes des ailes sont d'un brun rougeâtre; les couvertures supé- rieures des ailes sont variées de noir et de blanc; la poitrine est jaunâtre aussi bien que le ventre ; les pen- nes de la queue sont noires et bordées de jaunâtre ; le bec est noir, et les pieds sont jaunes. LE FIGUIER HUPPÉ. VINGT-SIXIÈME ESPÈCE- Motacilla crlstata. Gmel. Cette espèce se trouve à la Guiane , et n'a été in- diquée par aucun naturaliste. Il paroît qu'elle est sé- dentaire dans cette contrée; car on y voit cet oiseau dans toutes les saisons. Il habite les lieux découverts, se nourrit d'insectes, et a les mêmes habitudes natu- relles que les autres figuiers. Le dessous du corps > 1. N" 58, fîg, 5, sons îa fleuominalioii de figuier étranger. LE FIGUIER HUPPE. 2^)7 dans cette espèce, est d'un gris mêlé de blanchâtre; et le dessus, d'un brun tracé de vert. Il se distingue des autres figuiers par sa huppe, qui est composée de petites plumes arrondies, à demi relevées, frangées de blanc, sur un fond brun noirâtre, et hérissées jus- que sur l'œil et sur la racine du bec. Il a quatre pou- ces de longueur, en y comprenant celle de la queue. Son bec et ses pieds sont d'un brun jaunâtre : n^OQi, fig. 1. ««■e*68«*o>«« »*v»«**»e«6««» LE FIGUIER iNOIR\ VINGT-SEPTIÈME ESPÈCE. MotaclUa rnulticolor. Gmel. Une autre espèce qui se trouve également à Cayenne. mais qui est plus rare, est le figuier noir, ainsi dési- gné parce que la tête et la gorge sont enveloppées d'un noir qui se prolonge sur le haut et les côtés du cou, et sur les ailes et le dos jusqu'à l'origine de la queue ; ce même noir reparoît en large bande à la pointe des pennes, qui sont d'un roux bai dans leur première moitié ; un trait assez court de cette même couleur est tracé sur les six ou sept premières pennes de l'aile vers leur origine, et les côtés du cou et de la poitrine; le devant du corps est gris blanchâtre; le bec et les pieds sont d'un brun jaunâtre. Au reste , ce figuier est un des plus grands; car il a près de cinq pouces de longueur. 1. ]N° 591, fig. 2, sou^ la dcnominalJon de figuier noir et jaune de Cayenne, 238 LE FHIUIEK OLIVE. LE FIGUIER OLIVE. VINGT-HUITIÈME ESPÈCE. Motac'Ua œquinoctialis, Gmel. Encore un autre 6guier , n''685, fig. i , qui se trouve à Cayenne assez communément, et qui y est séden- taire. Nous l'avons nommé figuier o/ive_, parce que tout le dessus du corps et de la tète est de vert d'olive, sur un fond brun; cette même couleur olive perce encore dans le brun noirâtre des pennes des ailes et de la queue; la partie de la gorge et de la poitrine jus- qu'au ventre est d'un jaune clair. C'est aussi un des plus grands figuiers, car il a près de cinq pouces de lono-tieur. LE FIGUIER PROTONOTAIRE*. VINCrT-NEL VIÈME ESPÈCE. Motacilla Protonotarius. Gmel. On appelle ce figuier, à la Louisiane, protoiiotairey et nous lui conservons ce nom pour le distinguer des autres. Il a la tète, la gorge, le cou, la poitrine, et 1. iN" 704. fi^. 'X. sous la dénoinin.jlion clo figuier à ventre ei tête jaunes. LE FIGUIER PROTONOTAiRE. 2J9 le ventre, tlïinbeaii jaune jonquille; le dos olivâtre; le croupion cendré; les couvertures inférieures de la queue blanches; les pennes des ailes et de la queue noirâtres et cendrées; le bec et les pieds noirs. Indépendamment de ces vingt-neuf espèces de fi- guiers, qui sont toutes du nouveau continent, il pa- roît qu'il y en a encore cinq espèces ou variétés dans la seule contrée de la Louisiane , dont on peut voir les individus dans le cabinet de M. Mauduit , qui lui ont été apportés par M. Lebeau , médecin du roi à la l^ouisane. |-s<&'v8~6<»e^e 9a><»»f»'0'»»»»e»»»»a LE FIGUIER A DEMI-COLLIER. TRENTIÈME ESPÈCE. Motacilla semitovquata, Gmel. (^E petit oiseau est d'un cendré très clair sous la gorge et tout le dessous du corps, avec un demi-col- îier jaunâtre sur la partie inférieure du cou. Il a le dessus d*^ la tête olivâtre tirant sur le jaune, une bande cendrée derrière les yeux ; les couvertures supérieures des ailes sont brunes, bordées de jaune ; les grandes pennes des ailes sont brunes , bordées de blanchâtre, et les pennes moyennes sont également brunes, mais bordées d'olivâtre, et terminées de blanc; le ventre a une teinte de jaunâtre ; les pennes de la queue sont cendrées, les deux intermédiaires sans aucun blanc, les quatre latérales de chaque côté bordées de blanc sur leur côté intérieur; toutes dix sont pointues par •2l\0 LE FIGUIER A DEMI-COLLIER. le bout; le bec est noirâtre en dessus, et blanchâ- tre en dessous. L'oiseau a quatre pouces et demi de longueur; la queue, vingt-une lignes; elle dépasse les ailes pliées d'environ dix lignes. Les pieds sont noirâtres. LE FIGUIER A GORGE LiUNE. TRENTE-LNïÈiux. ' '^'' Motacilla ftUca. Gmel. Cette trente-unième espèce est un figuier dont la gorge, le cou, le haut de la poitrine, sont jaunes; seulement le haut de la poitrine est un peu plus rem- bruni, et le reste du dessous du corps est roussâtre, tirant au jaune sur les couvertures inférieures de la queue. Il a la tête et le dessus du corps d'un olivâtre brun; les petites couvertures inférieures des ailes sont d'un jaune varié de brun , ce qui forme une bor- dure jaune assez apparente; les pennes des ailes sont brunes; les moyennes sont bordées d'olivâtre, et les grandes d'un gris clair, qui , s'éclaircissant de plus en plus, devient blanc sur la première penne; celles de la queue sont brunes, bordées d'olivâtre; le bec est brun en dessus et d'un brun plus clair en dessous; les pieds sont d'un brun jaunâtre. LE FKilîIER BRUN OLIVE. '2^i »» »» ■►* ■'8> '*«' ■^»«- •>* 1* »S> ï* ^8i > LE FIGUIER BRUN OLIVE. TRENTE-DEUXIÈME ESPÈCE. MotaclUa fusca. Gmel. Ce figuier a le dessus de la tête , du cou et du corps , d'un brun tirant à l'olivâtre; les couvertures supé- rieures de la queue, couleur d'olive; la gorge , le de- vant du cou , la poitrine , et les flancs sont blanchâtres et variés de traits gris; le ventre est blanc jaunâtre; les couvertures inférieures de la queue sont tout-à- fait jaunes; les couvertures supérieures des ailes et leurs pennes moyennes sont brunes, bordées d'un brun plus clair, et terminées de blanchâtre ; les gran- des pennes des ailes sont brunes, bordées de gris clair; les pennes de la queue sont aussi brunes , bor- dées de gris clair, avec une teinte de jaune sur les in- termédiaires ; les deux latérales , de chaque côté , ont une tache blanche à l'extrémité de leur côté intérieur, et la première de chaque côté est bordée de blanc ; le bec est brun en dessus, et d'un brun plus clair en des- sous ; les pieds sont bruns. LE FIGUIER GRASSET. TRENTE-TROISIÈME ESPÈCE. Motacitla pinguis. Gmel. Cet oiseau a le dessus de la tête et du corps d'un gris foncé verdâtre; ou d'un gros vert d'olive, a,vec 242 LE FlGUIEn GRASSET. une tache jaune sur la lête, et des traits noirs sur le corps; le croupion est jaune; la gorge et le dessous du cou sont d'une couleur roussâtre, au travers de laquelle perce le cendré foncé du fond des plumes; le reste du dessous du corps est blanchâtre ; les grandes pennes des ailes sont brunes, bordées ex- térieurement de gris, et intérieurement de blanchâ- tre; les pennes moyennes sont noirâtres, bordées extérieurement et terminées de gris; les pennes de la queue sont noires, bordées de gris; les quatre pennes latérales ont une tache blanche vers l'extré- mité de leur côté intérieur; le bec et les pieds sont noirs. LE FIGUIER CENDRE A GORGE CENDRÉE. TIIENTE-QU ATlllÈME ESPÈCE. MotadUa cana. Gmel. Ce figuier a la tête et le dessus du corps cendrés ; la gorge et tout le dessous du corps, d'un cendré plus clair; les pennes des ailes sont cendrées, bor- dées de blanchâtre ; les pennes de la queue sont noi- res : la première de chaque côté est presque toute blanche; la seconde penne est moitié blanche du côté de l'extrémité; la troisième est seulement ter- minée de blanc : le bec est noir en dessus , et gris en dessous. Ces figuiers s'appellent grassets à la Louisiane, LE FIGIJIEH CENDRE A GOUGE CHXDKÉE. li\3 parce qu'ils sont en effet fort gras, ils se perchent sur les tulipiers, et particulièrement sur le magnolia y qui est une espèce de tulipier toujours vert. Pâ4«-d>d.d>a4>e&»#â-e">««'9^^>e«««s>ei»9«<&i94s«^^^MKd«'â LE GRAND FIGUIER DE LA JAMAÏQUE. T R E N T E -G 1 N Q U lÉ M E E S PÈ G E. Sylvia calidris. }jM'u. M. Edwards est le premiei- qui ait décrit cet oi- seau sous le nom de rossignol d' Amérique; mais ce n'est point un rossignol , et il a tous les caractères des iiguiers, avec lesquels M. Brisson a eu raison de le ranger. La partie supérieure du bec est noirâtre; l'in- férieure , couleur de chair; le dessus du dos, de la tête, et des ailes, est d'un brun obscurément teint de verdâtre ; les bords des pennes sont jaunes verdâ- tre plus clair; une coulenr orangée règne au dessus du corps, de la gorge à la queue; les couvertures inférieures de l'aile et toutes celles de la queue , ainsi que les barbes intérieures de ses pennes, sont i!e la même couleur; de l'angle du bec un trait noir passe par l'œil; un autre s'étend dessous ; entre deux et au dessous, l'orangé forme deux bandes; les pieds et les doigts sont noirâtres. L'oiseau est à peu près grand comme le rouge-gorge , et un peu moins gros. M. Ed- wards remarque qu'il a beaucoup de rapport avec ce- lui que Sloane, dans son Histoire naturelle de la Ja- !^44 Ï-E GRAND FIGUIER DE LA JAMAÏQUE. maïqne^ tome II, p. 299, appelle icterus minor nidum suspendens. Nous ne pouvons nous dispenser de parler ici de trois oiseaux que nos nomenclateurs ont confondus avec les figuiers, et qui certainement ne sont pas de ce genre. Ces oiseaux sont : r le grand figuier de la Jamaï- que j, donné par M. Brisson dans son supplément, page 101. Il dififère absolument des figuiers par le bec. 2° Le figuier de Pensylvatiie [ibid, page 202 ) , qui diffère aussi des figuiers par le bec , et paroît être du même genre que le précédent. 5" Le grand figuier de Madagascar ( Ornithologie du même auteur, tome lïl , page 482 ) , qui a plutôt le bec d'un merle que celui d'un figuier. LES DEMI-FINS. Il ne faut que comparer les oiseaux des deux con- tinents pour s'apercevoir que les espèces qui ont le bec fort et vivent de grains sont aussi nombreuses dans l'ancien qu'elles le sont peu dans le nouveau , et qu'au contraire les espèces qui ont le bec foible et vivent d'insectes sont beaucoup plus nombreuses dans le nouveau continent que dans l'ancien ; en quoi l'on ne peut s'empêcher de reconnoître l'influence de l'homme sur la nature; car c'est l'homme qui a créé le blé et les autres grains qui font sa nourriture , et ce sont ces mômes grains qui ont visiblement multi- LES DEMI- F UNS. .*2|.) plié les espèces d'oiseaux granivores, puisque ces es- pèces ne se trouvent en nombre que dans les pays cultives, tandis que , daos les vastes déserts de l'Amé- rique , dans ses grandes forets, dans ses savanes im- menses, où la nature, brute par cela même qu'elle est indépendante de l'homme, ne produit rien qui ressemble à nos grains, mais seulement des fruits, de petites semences, et une énorme quantité d'in- sectes, les espèces d'oiseaux insectivores et à bec foi- ble se sont multipliées en raison de l'abondance de la nourriture qui leur convenoit : mais, dans le pas- sage des oiseaux à bec fort aux oiseaux à bec foible , la nature, comme dans tous ses autres ouvrages, procède par gradations insensibles ; elle tend à rapprocher les extrêmes par l'artifice admirable de ses nuances, de ses demi-teintes , qui déroutent si souvent les divi- sions tranchées de nos méthodes. La classe des denii- fms est une de ces nuances; c'est la classe intermé- diaire entre lesoiseauxàbec fort etceuxà becfin. Cette classe existe de temps immémorial dans la nature, quoiqu'elle n'ait point encore été admise par aucun méthodiste^ : elle comprend parmi les oiseaux du i. Lorsque Ton commençolt d'imprimer cet article, je me suis aperçu que M. Edwards, dans son catalogue d'oiseaux, elc, (jui est à la fin du septième volume, a rangé parmi ceux qui ont des hecs d'une épaisseur moyenne, les oiseaux suivants : i" Son oiseau écarlale, qui est noire scarlate; 9° Son oiseau rouge d'été, qui est notre preneur de mouches rouge ; 3° Son manakin au visage blanc, qui est notre demi-fin à liuppe et gorge blanches ; 4" Son moineau de buisson d'Amérique, qui est notre habit uni ; 5" Sou rouge-queue des Indes , qui est notre petit-uoir'^aurore ; 6° Sa moucheroUe olive , qui est notre gobe-mouche olive ; 7° Son mangeur de vers, auquel nous avons conservé ce nom. BUFFOJV. xxiii. i6 2l\6 lks dk mi-fin s. Nouveau-Monde ceux qui ont le bec plus fort que les pitpits, mais moins que les tangaras; et parmi les oi- seaux de l'ancien continent, ceux qui ont le bec plus fort que les fauvettes, mais moins que la linotte. On pourroit donc y rapporter non seulement la calandre et quelques alouettes , mais plusieurs espèces qui n'ont été rangées dans d'autres classes que parce que celle-ci n'existoit pas encore. Enfin les mésanges fe- ront la nuance entre ces demi-fins et les becs foibles, parce que , bien qu'elles aient le bec fin , et par con- séquent foible en apparence, cependant on jugera qu'elles l'ont assez gros si on le compare à sa très petite longueur, et parce qu'elles l'ont en effet assez fort pour casser des noyaux et percer le crâne d'uu oi- seau plus gros qu'elles, comme on le verra dans leur histoire. LE DEMI-FIN, MANGEUR DE VERS. Motacilla vennivora. L. Cet oiseau est tout différent d'un autre mangeur de vers dont parle M. Sloane , et qui est non seule- ment d'un autre climat, mais encore d'une nature dif- férente. Celui-ci a le bec assez pointu, brun dessus, couleur de chair dessous; la tête orangée, et, de chaque côté, deux bandes noires, dont l'une passe sur l'œil même, l'autre au dessus, et qui sont sépa- rées par une bande jaunâtre , au delà de laquelle elles LE DEMI-FIN, MANGEIJK DE VEIIS. ^l^-J voûl se réunir près de 1 occiput; la gorge et la poi- trine aussi d'une couleur orangée, mais qui s'aftbiblit en s'éloignant des parties antérieures, et n'est plus que blanchâtre sur les couvertures inférieures de la queue; le dessus du cou, le dos, les ailes, et la queue, d'un vert olivâtre foncé; les couvertures in- férieures des ailes d'un blanc jaunâtre; les pieds cou- leur de chair. Cet oiseau se trouve dans la Peosylvanie; il y est connu pour oiseau de passage , ainsi que toutes les espèces à bec fm et quelques espèces à bec fort. Il arrive dans cette province au mois de juillet, et prend sa route vers le nord ; mais on ne le voit point repa- roitre l'automne en Pensylvanie, non plus que tous les autres oiseaux qui passent au [)rintenips dans la même contrée. 11 faut, dit M. Edwaids, qu'ils repas- sent vers le sud par un autre chemin derrière les mon- tagnes. Sans doute que, dans cet autre chemin, ils trouvent en abondance les vers et les insectes qui leur servent de nourriture. Le mangeur de vers est un peu plus gros que la fauvette à tête noire. LE DEMI-FIN NOIR ET BLEU. Fringilla cyanomelas. Gmkl. M. Koelreuter, qui a le premier décrit cet oiseau, le donne comme une espèce iort rare venant des In- des. 11 nous apprend qu'il a le bec plus long et plus .'^4<^ LE DEMI-FIN NOIR ET BLEU. menu que les pinsons^, et par conséquent il doit se rapporter à la classe des demi-fins. A l'exception du bec qui est brun , et des pieds qui sont bruns aussi, mais d'une teinte moins foncée, cet oiseau n'a que du noir et du bleu dans son plu- mage; le noir règne sur la gorge, la base de l'aile et la partie antérieure du dos, où il forme un demi-cer- cle, dont la convexité est tournée du côté de la queue; il y a outre cela un trait noir qui va de cha- que narine à l'œil du même côté; les pennes des ailes sont noirâtres, bordées de bleu, et ce bord est plus large dans les moyennes; tout le reste du plu- mage est bleu changeant, avec des reflets de couleur cuivreuse. La grosseur de ce demi-fin est à peu près celle de la grande linotte; son bec a cinq lignes et demie de long, et sa queue est composée de douze pennes égales. LE DEMI-FIN NOIR ET ROUX. MotaciUa Bonariensis. Gmel. M. Commerson a vu cet oiseau à Buénos-Ayres. 11 a tout le dessus de la tête et du corps, depuis la base du bec jusqu'au bout de la queue, d'un noir décidé; la gorge, le devant du cou, et les flancs, d'une couleur de rouille; on voit du blanc entre le 1. Longius et tenuius , dit M. Koelreuter. On ne peut qu'être surpris après cela qu'il fasse de cet oiseau un pinson. LE DEMI-FIN NOIR ET ROUX. ^49 front et les yeux, à la naissance de la gorge , au milieu du ventre, à la base des ailes, et à rextrémité des pennes extérieures de la queue; le bec est noirâtre ; les narines sont, très près de sa base, à demi recou- vertes par les petites plumes; Vins marron, la pupille d'un bleu noirâtre, la langue triangulaire, non divi- sée par le bout, enfin longle postérieur le plus fort de tous. M. Commerson, déterminé sans doute par la forme du bec, qui est un peu effilé, marque la place de cet oiseau entre les pinsons et les oiseaux à bec fin ^ ; et c'est par cette raison que je l'ai rangé avec les demi- fins, le nom de pinson ne pouvant lui convenir, sui- vant M. Commerson lui-même, qui cependant le lui a donné faute d'autre. Il est à peu près de la grosseur de la linotte. Longueur totale , cinq po-uces deux tiers ; bec , cinq lignes; queue, vingt-six lignes : elle est composée de douze pennes, et dépasse les ailes de vingt lignes; les ailes ont seize à dix-sept pennes. »9>9S>09'0-S'0^«'»'0'9^-i LE BIMBELE, ou LA FAUSSE LINOTTE. Motaciila palmarum. Gmel. Je dois la connoissance de cet oiseau de Saint-Do- mingue à M. le chevalier Lefèvre DesLayes, qui a 1. MotaciUis et fringiUis quasi inicrmedia , dit M. Commerson. L'on sait (lue le mot d«' motaciila, qui, jusqu'à M. Linna;us, avoil été le 2DO LK BIMBELE. non seulement un goût éclairé, mais un zèle très vif pour l'histoire naturelle, et qui joint à l'art d'obser- ver le talent de dessiner et même de peindre les ob- jets. M. le chevalier Deshayes m'a envoyé , entre au- tres dessins coloriés, celui du bimbelé, ainsi nommé par les nègres, qui, lui trouvant quelques rapports avec un oiseau de leur pays, lui en ont donné le nom. Mais il est probable que ce nom n'est pas mieux appliqué à l'oiseau dont il est ici question, que celui ile fausse linotte ; il ne ressemble en eflet à notre li- notte ni par le chant, ni par le plumage, ni par la forme du bec. Je lui conserve cependant et l'un et l'autre nom , parce que ce sont les seuls sous lesquels il soit connu dans son pays. Son chant n'est ni varié ni brillant ; il ne roule que sur quatre ou cinq notes : malgré cela, on se plaît à l'entendre, parce que les tons en sont pleins, doux et moelleux. Il vit de fruits et de petites graines ; il se tient assez volontiers sur les palmistes, et fait son nid dans l'es- pèce de ruche que les oiseaux palmistes et autres for- ment sur ces arbres , à l'endroit d'où sort le pédicule qui soutient la grappe. La femelle ne pond que deux ou trois œufs, et c'est peut-être une des causes pour- quoi les bimbelés sont si rares. Leur plumage est encore moins brillant que leur chant : ils ont la gorge , le devant du cou , la poitrine, et le haut du ventre , d'un blanc sale teinté de jaune ; nom propre des hoche-queues , est devenu, dans la méthode de ce na- turaliste , un nom générique qui embrasse les petits oiseaux à bec fin ; et il paroîl que M. Gommerson suivoife, à bien des égards, la méthode do M. Linnteus. LE BIMlîELÉ. 2bl les jambes, le bas-ventie , et les couvertures inférieu- res de la queue, d'un jaune foible; les flancs d'un gris foncé ; toute la partie supérieure d'un brun plus foncé sur la tête, plus clair sur le dos; le croupion et les couvertures supérieures de la queue, d'un vert olivâtre; les pennes et couvertures supérieures des ailes et les pennes de la queue, brunes, bordées extérieurement d'une couleur plus claire ; les deux paires les plus extérieures des pennes de la queue bordées intérieurement d'une large bande de blanc pur vers leur extrémité; la face intérieure de toutes ces pennes d'un gris ardoise; l'iris d'un brun clair. Le bimbelé pèse un peu moins de deux gros et demi. Longueur totale, cinq pouces; bec, sept lignes, très pointu ; narines fortobiongues, surmontées d'une protubérance; vol, sept pouces; dix-huit pennes à chaque aile; queue, environ dix-huit lignes, compo- sée de douze pennes à peu près égales; elle dépasse les ailes d'environ un pouce. LE BANANISTE. Motacilla baiianlvora, G31EL. Nous avons parmi les pinsons un oiseau de la Ja- maïque appelé bonana ^ qu'il ne faut pas confondre avec celui-ci. Le bananiste est beaucoup plus petit; son plumage est différent; et, quoiqu'il se plaise sur le môme arbre appelé bonana ou bananier^ il a pro- bablement aussi des mœurs différentes : c'est ce 2D'À LE BANANISTE. qu'on poLiiroit décider, si celles du bonana de M. Sloane étoient aussi bien connues que celles de l'oiseau dont il est question dans cet article, et dont M. le chevalier Lefèvre Deshayes nous a envoyé la description, la figure coloriée, et tout ce que nous en dirons. Il se trouve à Saint-Domingue ; les nègres assurent qu'il suspend son nid à des lianes. On le voit souvent sur les bananiers : mais la banane n'est point sa seule nourriture, et plusieurs autres oiseaux s'en nourrissent comme lui, en sorte que le nom de bananistCj il faut l'avouer, ne le caractérise pas suffi- samment ; mais j'ai cru devoir lui conserver ce nom , sous lequel il est connu généralement à Saint-Do- mnigue, Le bananiste a le bec un peu courbé , fort pointu , et d'une grosseur moyenne, comme sont les becs des demi-fins. Outre les bananes, il se nourrit d'oranges, de cirouelles, d'avocats , et même de papayes; on n'est pas bien sûr s'il mange aussi des graines ou des insectes; tout ce qu'on sait c'est qu'il ne s'est trouvé nul vestige d'insectes ni de graines dans l'estomac de celui qu'on a ouvert. Il se tient dans les bananiers , dans les terrains en friche et couvert de hal!iers;il vole par sauts et par bonds ; son vol est rapide, et ac- compagné d'un petit bruil : son ramage est peu varié; c'est, pour ainsi dire, une continuité de cadences plus ou moins appuyées sur le même ton. Quoique le bananiste vole bien, M. le chevalier Deshayes le trouve trop délicat et trop foible pour soutenir les grands voyages, et pour supporter la tem- péraiure des y)ays septentrionaux; d'où il conclut que c'est un oiseau indigène du nouveau continent. LE BANANISTE. ^55 Il a le dessus du corps d'un gris foncé presque noirâ- tre , qui approche du brun sur la queue et les cou- vertures des ailes; les pennes de la queue moins fon- cées que celles des ailes, et terminées de blanc ; les ailes marquées dans leur milieu d'une tache blan- che ; des espèces de sourcils blancs ; les yeux sur une bande noire qui part du bec et va se perdre dans la couleur sombre de Tocciput; la gorge gris cendré; la poitrine , le ventre , et le croupion , d'un jaune ten- dre ; les flancs, les cuisses, et les couvertures infé- rieures de la queue, variés de jaune clair et de gris; quelques unes des couvertures blanches et se rele- vant sur la queue ; la partie antérieure des épaules d'un beau jaune; le bec noir; les pieds gris ardoisé. Longueur totale, trois pouces huit lignes,; bec , quatre lignes ; narines larges de la forme d'un crois- sant renversé, surmontées d'une protubérance de n)ême forme, mais en sens contraire; langue pointue; tarse, sept lignes; vol, six pouces; ailes composées de dix-sept pennes; queue, quatorze à quinze lignes; elle dépasse les ailes d'environ sept à huit lignes. LE DEMI-FIN A HUPPE ET GORGE BLA^CHES. Pipra albifrons. h. Tout ce que M. Edwards nous a])prend de cet oi- seau qu'il a dessiné et lait connoître le premier, c'est <[u'il e,sl oi iginaire de l'Amérique méridionale et des 2 54 ^^ DEMI-FIN A HUPPE ET GORGE BLANCHES. îles adjacentes, telle que celle de Gayenne. Sa huppe est couiposée de plumes blanches, longues, étroites, et pointues, qui sont couchées sur la tête dans l'état de repos, et que l'oiseau relève lorsqu'il est agité de quelque passion. 11 a la gorge blanche, bordée d'une zone noire qui va d'un œil à l'autre; le derrière de la tête, le devant du cou, la poitrine, le ventre, le croupion, les pennes de la queue, leurs couvertures tant inférieures que supérieures, et les couvertures inférieures des ailes, d'un orangé plus ou moins écla- tant; le haut du dos, le bas du cou joignant les pen- nes des ailes, leurs couvertures supérieures, et les jambes, d'un cendré foncé tirant au bleu plus ou moins; le bec noir, droit, assez pointu, et d'une grosseur moyenne ; les pieds d'un jaune orangé. Longueur totale, cinq pouces et un quart; bec, huit à neuf lignes; tarse, dix lignes; le doigt exté- rieur adhérent dans presque toute sa longueur au doigt du milieu ; la queue, composée de douze pen- nes; elle dépasse les ailes de huit à dix lignes. L'HABIT UNI. Motacllia ca?npestrls. L. M. Edwards se plaint en quelque sorte de ce que le plumage de cet oiseau est trop simple, trop mono- tone, et n'a aucun accident par lequel on puisse le caractériser : je le caractérise ici par cette simplicité môme. 11 a une espèce de capuchon cendré tirant un peu sur le vert, lequel couvre la tête et le cou; tout L H ABIT UNI. i>.D5 îe dessus du corps, compris les ailes et la queue, d'un brun roussâtre; les pennes cendrées en dessous; le bec noir, et les pieds bruns. Cet oiseau est de la grosseur de la fauvette de haie : mais il n'est pas de la même espèce , quoique M. Ed- wards lui en ait donné le nom; car il avoue expres- sément qu'il a le bec plus épais et plus fort que cette fauvette. On le trouve à la Jamaïque. LES PIPITS. Quoique ces oiseaux ressemblent beaucoup aux fiL-uiers, et qu'ils se trouvent ensemble dans le nou- veau contiuent, ils dlifèrent néanmoins assez les uns dos autres pour qu'on puisse en former deux genres distincts et séparés. La plupart des figuiers sont voya- geurs; tous les pitpits sont sédentaires dans les cli- mats les plus chauds de l'Amérique. Ils demeurent dans les bois et se perchent sur les grands arbres, au iieu que les figuiers ne fréquentent guère que les lieux découverts, et se tiennent sur les buissons ou sur les arbres de moyenne hauteur. Les pilpits ont aussi les mœurs plus sociales que les figuiers; ils vont par grandes troupes, et ils se mêlent plus familière- ment avec de petits oiseaux d'espèces étrangères; ils sont aussi plus gais et plus vifs, et toujours sautil- lants : mais, indépendamment de cette diversité dans ies> habitudes naturelles, il y a aussi des diflérences dans la conformation ; les pitpits ont le bec plus gros et moins effilé que les figuiers, et c'est par celte rai- 2,56 LES PITPITS. SOQ que nous avons placé les oiseaux à bec demi-fin entre eux et les figuiers, desquels ils diffèrent encore en ce qu'ils ont la queue coupée carrément, tandis que tous les figuiers l'ont un peu fourchue. Ces deux caractères du bec et de la queue sont assez marqués pour qu'on doive séparer ces deux genres. INous connoissons cinq espèces dans celui des pit- pits, et toutes cinq se trouvent à la Guiane et au Bré- sil, et sont à peu près de la môme grandeur. LE PITPIT VEUT. PREMIÈRE ESPÈCE. Motacilla cyanocepliala. Gmel. Les pitpits sont en général à peu près de la gran- deur des figuiers, mais un peu plus gros : ils ont qua- tre pouces et demi ou cinq pouces de longueur. Ce- lui-ci, que nous appelons le pitpit vert^ n'a que la tête et les petites couvertures supérieures des ailes d'un beau bleu, et la gorge d'un gris bleuâtre : mais tout le reste du corps et les grandes couvertures su- périeures des ailes sont d'un vert brillant; les pennes des ailes sont brunes et bordées extérieurement de vert; celles de la queue sont d'un vert plus obscur; le bec est brun , et les pieds sont gris. On le trouve assez communément à Cayenne. LE PITPIT BLEB. 2^' LE PITPIT BLEU. SECONDE ESPÈCE. Motacilla cyanea. Gmel. Le pitpit bleu , n*" 669, fig. 2 , est aussi commun à la Guiane que le pitpit vert. Il est à peu près de la même grosseur; cependant il forme une espèce sé- parée , qui a même des variétés. 11 a le front, les côtés de la tête , la partie supérieure du dos, les ailes, et la queue, d'un beau noir; le reste du plumage est d'un beau bleu; le bec est noirfitre, et les pieds sont gris. P^arlétes du Pitpit bleu. Une première variété du pitpit bleu est l'oiseau qu'Edwards a donné sous le nom de manakin bleu ; car il ne diffère du pitpit bleu qu'en ce qu'il a la gorge noire, et que le front, ainsi que les côtés de la tête, sont bleus comme le reste du corps. Une seconde variété de cette môme espèce est l'oi- seau qui est représenté dans les planches enluminées, n*" 669, fig. 1, sous la dénomination àe pitpit bleu de Cayenne y qui ne diffère du pitpit bleu qu'en ce qu'il n'a pas de noir sur le front ni sur les côtés de la tête. Nous sommes obligés de remarquer que M. Brisson a regardé l'oiseau du Mexique, donné par Fernandès sous le nom d'elotototl^ comme un pitpit bleu : mais nous ne voyons pas sur quoi il a pu fonder cette opi- :258 VARIÉTÉS nu PIIMT RLEL. nion ; car Fernandès est le seul qui ait vu cet oiseau , et voici tout ce qu'il en dit. « Uelotototl est à peine de la grandeur du charJonneret ; il est blanc ou bleuâ- tre , et sa queue est noire ; il habite les montagnes de Tetzcocano ; sa chair n'est pas mauvaise à manger; il n'a point de chant, et c'est par cette raison qu'on ne î'ëlève pas dans les maisons. » On voit bien que , par une pareille indication, il n'y a pas plus de raison de dire que cet oiseau du Mexique est un pitpit qu'un oiseau d'un autre genre. LE PITPIT VARIÉ. TROISIÈME ESPÈCE. MotacUla velia. Gmee. Get oiseau se trouve à Surinam et à Cayenne. Il a le front de couleur d'aigue-marine ; le dessus de la tête et du cou et le dos , d'un beau noir ; le croupion vert doré; la gorge d'un bleu violet; la partie infé- rieure du cou et la poitrine variées de violet et de brun ; le reste du dessous du corps est roux ; les cou- vertures supérieures de la queue , et les petites cou- vertures du dessus des ailes , sont bleues ; les grandes couvertures et les pennes des ailes, et celles de la queue, sont noires, bordées de bleu; la mandibule supérieure du bec est brune ; l'inférieure est blanchâ- tre ; les pieds sont cendrés. 1. N" ^69, fig. 5 , sous io nom de pitpit bien de Surinam, LE PITPIT \ COIFFE BLEUE. 2;iC) »o^^^«»^j'^o»»ë<^»>»6»»»«o^»»»^^^^^ao^»»»eft■a^■»o»?go^»»--a»««r-&s* -Ç- J'»^»»»»»»»?»»»»»»»»»»?. LE POUILLOT, ou LE CHANTRE*. Motacilla trochilus. Gmel. Nos trois plus petits oiseaux d'Europe sont le roite- let, le troglodyte, et le pouillot, n'* 65i , fig. 1. Ce 1. En latin, nsilus; en anglois, greenwren ou smalL yellovo bird. Li: POLILLOT, OU LE CHANTRE. 261 dernier, sans avoir le corps plus gros que les deux autres. Ta seulement un peu plus allongé; c'est la tournure , la taille , et la figure , d'un petit figuier : car le pouillot paroît appartenir à ce genre déjà si nom- breux; et s'il ne valoit pas infiniment mieux donner à^ chaque espèce son nom propre, dès qu'elle est bien connue, que de la confondre dans les appellations génériques, on pourroit nommer le pouillot, /;é'f/7 fi- guier d'Europe j et je suis surpris que quelque no- menclateur ne s'en soit point avisé. Au reste, le nom de pouillot j comme celui de poul donné au roitelet ,. paroît venir de pullus, pusillus^ et désigne également un oiseau très pelit. Le pouillot vit de mouches et d'autres petits insec- tes;, il a le bec grêle, effilé, d'un brun luisant en de- hors, jaune en dedans et sur les bords. Son plumage n'a d'autres couleurs que deux teintes foibles de gris- verdâtre et de blanc jaunâtre : la première s'étend sur le dos et la tête; une ligne jaunâtre, prise de l'an- gle du bec, passe près de l'œil et s'étend sur la tempe ; les pennes de l'aile, d'un gris assez sombre, ont, comme celles de la queue, leur bord extérieur frangé de jaune verdâtre ; la gorge est jaunâtre, et il y a nn^ tache de la même couleur sur chaque côté de la poi- trine, au pli de l'aile ; le ventre et l'estomac ont du blanc plus ou moins lavé de jaune foible, suivant que l'oiseau est plus ou moins âgé, ou selon la différence du sexe: car la femelle a toutes les couleurs plus pâles que le mâle. En général, le plumage du pouillot res- semble à celui du roitelet, qui seulement a de plus une tache blanche dans l'aile, et une huppe jaune. Le pouillot habite les bois pendant l'été. Il fait son r.L'i'Fox. xxin. 17 262 LE POUILLOT, OV LE CHANTRE. nid dans le fort des buissons ou dans une touffe d'her- bes épaisses ; il le construit avec autant de soin qu'il le cache ; il emploie de la mousse en dehors , et de la laine et du crin en dedans : le tout est bien tissu , bien recouvert, et ce nid a la forme d'une boule comme ceux du troglodyte, du roitelet, et de la pe- tite mésange à longue queue. 11 semble que cette structure de nid ait été suggérée par la voix de la na- ture à ces quatre espèces de très petits oiseaux, dont la chaleur ne suffiroit pas si elle n'étoit retenue et concentrée pour le succès de l'incubation; et ceci prouve encore que tous les animaux ont peut-être plus de génie pour la propagation de leur espèce que d'instinct pour leur propre conservation. La femelle du pouillot pond ordinairement quatre ou cinq œufs d'un blanc terne , piqueté de rougeâtre , et quelque- fois six ou sept. Les petits restent dans le uid jusqu'à ce qu'ils puissent voler aisément. En automne , le pouillot quitte les bois et vient chanter dans nos jardins et nos vergers. Sa voix, dans cette saison , s'exprime par tuitj tidtj et ce son pres- aue articulé est le nom qu'on lui donne dans quel- ques provinces'^, comme en Lorraine, où nous ne re- trouvons pas la trace du nom c/iofti^ qu'on y donnoit à cet oiseau du temps de Beion, et qui, selon lui , si- gnifie chanteur oi\ chantre ^ autre dénomination de cet » 1. Eu Toscane, Lui; et il proaoïice ce petit nom d'uue voix plain- tive , dît Olina . sans avoir d'autre chant. Ceci sembleroit indiquer que ie pouillot ne passe point l'été eu Italie, d'autant plus qu'Olina dit en- suite qu'on l'y vojt en hiver. 2. On le nomme encore ainsi dans la forêt d'Orléans, suivant M. Sa- lerne. T.lî l'OUlLLOT, OU LE Cil ANTRE. ^63 oiseau, relative à la diversité et à la continuité de son ramage, qui dure tout le printemps et tout i'été. Ce chant a trois ou quatre variations, la plupart modu- lées : c'est d'abord un petit gloussement ou grogne- ment entrecoupé, puis une suite de sons argentins dé- tachés, semblables au tintement réitéré d'écus qui tomberoient successivement l'un sur l'autre; et c'est apparemment ce son que Wilhighby et Albin compa- rent à la strideur des s?iUtcvc\\es. Après ces deux efforts de voix très différents l'un de l'autre, Toiseau fait en- tendre un chant pl»ein ; c'est un ramage fort doux, fort agréable, et bien soutenu, qui durependaul le prin- temps et Tété : mais en automne, dès le mois d'août, le petit sifflement tait ^ tult_, succède à ce ramage, et cette dernière variation de la voix se fait à peu près de même dans le rouge-queue et dans le rossignol. Dans le pouillol, le mouvement est encore plus continu (jne la \oix; car il ne cesse de voltiger vive- ment de branclu- en iD^ranche : il part de celle où il se trouve pour attraper une isouche , revient, repart en furetant sans cesse dessus et dessous les feuilles pour chercher des infectes; ce qui lui a fait donner, dans quelques unes de nos provinces , les noms de fretUlet^ féncrotet. Il a un petit balancement de queu.e de haut en bas, mais lent et mesuré. Ces oiseaux arrivent en avril, souvent avant le dé- veloppement des feuilles. Ils sont en troupes de quinze ou vingt pendant le voyage ; mais au moment de leur arrivée, ils se séparent et s'apparient; et lorsque mal- heureusement il survient des frimas dans ces premiers temps de leur retour, ils sont saisis du froid el tom- bent morts sur les chemins. 26/| l'E POUIILOT, OU LE CHANTRE. Celte petite et foible espèce ne laisse pas d'être très çépaiidue; elle s'est portée jusqu'en Suède, où Lin- napus dit qu'elle habite dans les saussaies. On la con- npît dans toutes nos provinces : en Bourgogne , sous le nom de fénérotet ; en Champagne, sous celi^i de frétiUet; en Provence ^ sous celui de fifi* On la trouve en Italie , et les Grecs semblent l'avoir connue sous ie nom de oispros^ asiltis; il y a même quelque ap,- pa.vence que le petit roitelet vert non liuppê de Ben- gale, donné par Edwards, n'esl; qu'iine varié^ç çl;ç no- tre pouillot d'Europe. LE GRAND POUILLOT. Nous connoissons un autre pouillot, mojns petit d'un quart que celui dont nous venons de donner la description, et qui en diffère aussi par les couleurs. Il a la gorge blanche et le trait blanchâtre sur l'œil; une teinte roussâtre sur un fond blanchâtre couvre la poitrine et le ventre; la même teinte forme une large frarige §ur les couvertures et les pennes de l'aile, dont le fond est de couleur noirâtre; un mélan2;e de ces deux couleurs se montre sur le dos et la tête. Du reste, ce pouillot est de la même forme que le petit pouillot commun. Oi;i le trouve en Lorraine, d'où il nous a été envoyé; mais, comme nous ne savons rien de ses habitudes naturelles, nous ne pouvons pro-, noncer sur l'identité de ces deux espèces. A l'égard du grand pouillot que M. Brisson, d'après Willughby, donne comme une variété de l'espèce du PI 174 Tome a3. PaxiQ-aet^scxLtp. ILE TROGLODYTE— 2.LER0ITELET_ 3 LA MESANGE CBAKBOKSSuÈke LE GKAND POUILLOT. !265 pouillot coinmun, et tjui a le double de grandeur ^ il est difficile, si cela n'est pas exagéré, d'imaginer qu'un oiseau qui a le double de grandeur soit de la même espèce. iNous croyons plutôt que \Yillugbby aura pris pour un pouillot la fauvette de roseau qui lui res- semble assez , et qui est effectivement une fois plus grosse que le pouillot commun. LE T110GL0DYTE\ VULGAIREMENT ET IMPROPREMENT LE ROITELET. Motacilla Troglodytes. Gmel. Dans le choix des dénominations , celle qui |)eint ou qui caractérise l'objet doit toujours être préféi'éë : tel est le nom de troglodyte^ qui sigriiQe habitant dès antres et des cavernes ^ que les anciens avoient donné à ce petit oiseau , et que nous lui rendons aujour- d'hui ; car c'est par ërreUr que les moderne^ l'ont ap- pelé roitelet. Cette méprise vient de ce que le véritable roitelet, que nous appelons tout aussi impropremëiit j)oul ou souci huppé j, est aussi petit que le troglodyie, n° 65i, fig. 2. Celui-ci paroît en hiver autour de nos habitations; on le voit sortir du fort des buissons ou des branchages épais pour entrer dans les petites ca- vernes que lui forment les trous des murs. C'est par 1. En latin , troclùluSj troglodytes ; en italien , reattlno , re dl siepe; en allemand, schenee koenig, winter koenig, zaun koenlg, thurn koenig, meuse koenig, zaun schiopflin; en anglois , ivren, common wren. 266 LE TilOGLODYTE. cette habitude naturelle qu'Aristote ie désigne, doit liant ailleurs, sous des traits qu'on ne peut mécon- noître et sous son propre nom, le véritable roitelet, auquel la huppe ou couronne d'or et sa petite taille ont, par analogie, fait donner le nom de petit roi ou roitelet. Or, notre troglodyte en est si différent parla figure autant que par les mœurs, qu'on n'auroit ja- mais dû lui appliquer ce même nom. Néanmoins l'er- reur est ancienne, et peut-être du temps même d'Aris- tote. Gesner l'a reconnue; mais, malgré son autorit'é, soutenue de celle d'Aldrovande et de Willughby, qui , comme lui, distinguent clairement ces oiseaux, la confusion a duré parmi les autres naturalistes, et l'on a indistinctement appelé du nom de roitelet ces deux espèces, quoique très différentes et très éloignées'^. Le troglodyte est donc ce très petit oiseau qu'on voit paroître dans les villages et près des villes à l'ar- rivée de l'hiver, et jusque dans la saison la plus rigou- reuse, exprimant d'une voix claire un petit ramage gai, particulièrement vers le soir, se montrant un instant sur le haut des piles de bois, sur les tas de fagots, où il rentre le moment d'après, ou bien sur l'avance d'un toit, où il ne reste qu'un instant, et se dérobe vite sous la couverture ou dans un trou de mu- raille. Quand il en sort, il sautille sur 1-es branchages 1. Olina , Belon , Albin , et i^risson , le nomment roitelet; Frisch et Schwenrkfeld , après l'avoir nommé troglodyte , l'appellent aussi roi- telet : n'.ais Gesner, Aldrovande , Jonston , Willugliby , et Sibbald, ajtrès eux , rejettent cette dernière dénomination, et s'en l'ennent à celle de troglodyte. Par une nouvelle CvOn fusion, Klein, Barrère , Frisch. et Gesner lui-même . appliquent de nouveau au roitelet tyrunnus, le nom de trachilos , rjui , dans Arislolc . appartient cvidcînmcjit nu Iro^lo djtc. M. Bris*on copie leur erreur. LE TROGLODYTE. 267 entassés, sa petite queue toujours relevée^. Il n'a qu'un vol court et tournoyant, ses ailes battent d'un mouvement si vif, que les vibrations en échappent à l'œil. C'est de cette habitude naturelle qne les Grecs le nommoient aussi trochilos^ sabot ^ toupie; et cette dénomination est non seulement analogue à son vol , mais aussi à la forme de son corps accourci et ra- massé. Le troglodyte n'a que trois pouces neuf lignes de longueur, et cinq pouces et demi de vol; son bec a six lignes, et les pieds sont hauts de huit; tout son plumage est coupé transversalement par petites zones ondées de brun foncé et de noirâtre , sur le corps et les ailes, sur la tête et même sur la queue; le dessous du corps est mêlé de blanchâtre et de gris. C'est en raccourci, et, pour ainsi dire, en miniature, le plu- mage de la bécasse -. Il pèse à peine le quart d'une once. Ce très petit oiseau est presque le seul qui reste dans nos contrées jusqu'au fort de l'hiver; il est le seul qui conserve sa gaieté dans cette triste saison : on le voit toujours vif et joyeux, et , comme dit Belon avec une expression dont notre langue a perdu l'éner- \. Il lui donne on chantant un petit mouvement vif de droite à gauebe. EUe a douze pennes assez singulièrement étagéos; la plus extérieure est de beaucoup plus courte que la suivante, celle-ci que la troisième : mais les deux du milieu le sont à leur tour un peu plus que le^irs voisines cle chaque côté; disposition facile à reconnoîîre dans cette queue, que l'oiseau a coutume non seulement de relever, mais d'épanouir en volant, et qui la fait paroître à deux pointes. 2. Aussi ai-je vu des enfants à qui la bécasse étoil connue , du pre- mier moment qu'on leur monlroit le troglodyte, Tappeler peft/c bé- casse. UQS LE TKOl^LODYTI:. gie, allègre et vioge. Son chant, liaiir et clair, est com- posé de notes brèves et rapides, sidiritl ^ sidiritl; il est coupé par reprises de cinq ou six secondes. C'est la seule voix légère et gracieuse qui se fasse entendre dans cette saison, où le silence des habitants de l'air n'est interrompu que par le croassement désagréable des, corbeaux. Le troglodyte se fait surtout entendre quand il est tombé de la neige; ou sur le soir, lorsque le froid doit redoubler la nuit. Il vit ainsi dans les basses-cours, dans les chantiers, cherchant dans les branchages, sur les écorces, sous les toits, dans les trous des murs, et jusque dans les puits, les chrysa- lides et les cadavres des insectes. Il fréquente aussi les bords des sources chaudes et des ruisseaux qui ne gè- lent pas, se retirant dans quelques saules creux, où quelquefois ces oiseaux se rassemblent en nombre^ : ils vont souvent boire , et retournent promptement à leur domicile commun. Quoique familiers, peu dé- fiants, et faciles à se laisser approcher, ils sont néan- moins difficiles à prendre; leur petitesse, ainsi que leur prestesse, les fr.-^'t presque toujours échapper à l'œil et à la serre de leurs ennemis. Au printemps, le troglodyte demeure dans les bois, où il fait son nid près de terre sur quelques bran- chages épais, ou même sur le gazon, quelquefois sous un tronc ou contre une roche, ou bien sous l'avance de la rive d'un ruisseau, quelquefois aussi sous le toit de chaume d'une cabane isolée dans un lieu sauvage, et jusque sur la loge des charbonniers et des sabo- tiers qui travaillent dans les bois. Il amasse pour cela 1 . Un chasseur nous assure eu avoir trouvé plus de vingt réunis dans le même Irou. LE TROGLODYTE. 26C) beaucoup de mousse, et le nid en est à l'extérieur entièrement compose; mais en dedans il est propre- ment garni de plumes. Ce nid est presque tout rond, fort gros, et si informe en dehors, qu'il échappe à la recherche des dénicheurs; car il ne paroît être qu'un tas de mousse jetée au hasard. 11 n'a qu'une petite entrée fort étroite, pratiquée au côté. L'oiseau y pond neuf àdixpelitsœufsblanc'lerne, avec une zone poin- tillée de rou";eâtre au crros bout. Il les abandonne s'il aperçoit qu'on les ait découverts. Les petits se hâtent de quitter le nid avant de pouvoir voler, et on les voit courir comme de petits rats dans les buissons. Quelquefois les mulots s'euiparent du nid, soit que l'oiseau l'ait abandonné, S(Mt que ces nouveaux hôtes soient des ennemis qui l'en aient chassé en détruisant sa couvée. Nous n'avons pas observé qu'il en fasse une seconde au mois d'août dans nos contrées, comme le dit Albert dans AIdrovande, et comme Olina l'as- sure de l'Italie, en ajoutant qu'on en voit une grande ({uantité à Rome et aux environs. Ce même auteur donne la manière de l'élever, pris dans le nid; ce qui pourtant réussit peu, comme l'observe Belon : cet oi- seau est trop délicat. Nous avons remarqué qu'il se plaît dans la compagnie des rouge-gorges; du moins on le voit venir avec ces oiseaux à la pipée. Il appro- che en faisant un petit cri , tlritj, tirit, d'un son plus grave que son chant, mais également sonore de tim- bre. Il est si peu défiant et si curieux, qu'il pénètre à travers la feuillée jusque dans la loge du pipeur. Il voltige et chante dans les bois jusqu'à la nuit serrée, et c'est un des derniers oiseaux, avec le rouge-gorge et le merle, qu'on y entende après le coucher du soleil; ti-jO LE TROGLODYTE. il est aussi un des premiers éveilles ie mafin : cepen- dant ce n'est pas pour le plaisir de la société ; car il aime à se tenir seul, hors le temps des amours; et les mâles en élé se poursuivent et se chassent avec vivacité. L'espèce en est assez répandue en Europe; Belon dit qu'il est connu partout. Cependant s'il résiste à nos hivers, ceux du INord sont trop rigoureux pour son tempérament. linnaeus témoigne qu'il est peu commun en Suède. Au reste, les noms qu'on lui donne en différents pa}'S sutTiroient pour le faire connoître. Frisch l'apjîelle i^oitelet de haies dlilver^ Schwenckfeld, roitelet de neige. Dans quelques unes de nos provinces, on le nomme roi de froidure. Un de ses noms allemands signifie qu'il se glisse dans les branchages; c'est aussi ce que désigne le nom de di- kesmouler qu'on lui donne en Angleterre , suivant Gesner, et celui de perchiachagla qu'il porte en Si- cile, Dans rOrléanois, on l'appelle ratereau ou ratil- Ion jf parce qu'il pénètre et court comme un petit rat dans les buissons. Enfin le nom de bœuf c^uil porte dans plusieurs provinces lui est donné par antiphrase à cause de son extrême petitesse. Cet oiseau de notre continent paroît avoir deux re- présentants dans l'autre : le roitelet ou troglodyte de Buenos-AyreSj, àoT\x)é dans les planches enluminées, n" 7v'5o, fig. 2; et le troglodyte de la Louisiane^ même planche, fig. i. Le premier, avec la même grandeur et les mêmes couleurs, seulement un peu plus tran- chées et plus distinctes, pourroit être regardé comme une variété de celui d'Europe. M. Commerson, qui l'a vu à Buenos- Ayres, ne dit rien ;mtre chose de ses. Lli TROGLODYTE. 2;l habitudes naturelles, sinon qu'on le voit sur l'une et l'autre rive du fleuve de la Plata , et qu'il entre de lui-même dans les vaisseaux pour y chasser aux mou- ches. Le second est d'un tiers plus grand que le pre- mier; il a la poitrine et le ventre d'un fauve jaunâtre, une petite raie blanche derrière l'œil ; le reste du plu- mage sïjr la tète , le dos, les ailes, et la queue, de la même couleur, et uiarbré de même que celui de no- tre troglodyte. Le P. Charlevoix loue le chant du tro- glodyte ou roitelet du Canada, qui probablement est le même que celui de la Louisiane. ('3-»««««««<>««'«^-»»d« LE ROITELEÏ\ Motacilla régulas. Gmel. (Test ici le vrai roitelet, comme nous l'avons très bien prouvé. On auroit toujours du l'appeler ainsi, et c'est par une espèce d'usurpation , fort ancienne à la vérité, que le troglodyte s'étoit approprié ce nom; mais enfin nous le rétablissons aujourd'hui dans ses droits. Son titre est évident; il est roi, puisque la na- ture lui a donné une couronne, et le diminutif ne convient à aucun autre de nos oiseaux d'Europe au- tant qu'à celui-ci, puisqu'il est le plus petit de tous. Le roitelet est si petit qu'il passe à travers les mailles des fdets ordinaires, qu'il s'échappe facilement de toutes les cages, et que lorsqu'on le lâche dans une 1. I\" 65 1, fig. ô, où cet oiseau esl rcprôsoiii<; sous les noms de souci et de pouL 'J-J^ LE ROITELET. chambre que l'on croit bien fermée, il disjpâroît au bout d'un certain temps, et se fond en quelque sorte, sans qu'on en puisse trouver la moindre trace ; il ne faut, pour le laisser passer, qu'une issue presque in- visible. Lorsqu'il vient dans nos jardins , il se glisse subtilement dans les charmilles : et comment ne le perdroit-On pas bientôt de vue.»^ la plus petite feuille suffit pour le cacher. Si Ton veut se donner le plaisir de le tirer, le plomb le plus inehu seroit trop fort; on ne doit y employer que du sable très lin, surtout si l'on se propose d'avoir sa dépouille bien conservée. Lorsqu'on est parvenu à le prendre, soit aux gluaux, soit avec le trébuchet des mésanges, ou bien avec un filet assez fin, on craint de trop presser dans ses doigts un oiseau si délicat; mais, comme il n'est pas moins vif, il est déjà loin qu'on croit le tenir encore. Son cri aigu et perçant est celui de la sauterelle, qu'il ne surpasse pas de beaucoup en grosseur ^. Aristote dit qu'il chante agréablement ; mais il y a toute appa- rence que ceux qui lui avoient fourni ce fait avoient confondu notre roitelet avec le troglodyte; d'autant plus que, de son aveu, il y avoit dès lors confusion de noms entre ces deux espèces. La femelle pond six ou sept œufs, qui ne sont guère plus gros que des pois, dans un petit nid fait en boule Cfeuse, tissu so- lidement de mousse et de toile d'araignée, garni en dedans du duvet le plus doux, et dont l'ouverture est dans le flanc; elle l'établit le plus souvent dans les forêts, et quelquefois dans les ifs et les charmilles de nos jardins, ou sur des pins à portée de nos maisons. 1. Ce chaut n'est pas fort harmonieux, si Gesner l'a bien entendu pt bien rendu; car il Tcxprime ainsi : ziiL zU, zalp. LE ROITELET. 2n3 Les plus petits insectes font la nourriture ordinaire de ces très petits oiseaux : l'été , ils les attrapent les-^ tement en volant; l'hiver, ils les cherchent dans leurs retraites, où ils sont engourdis, demi-morts, et quel- quefois morts tout-à-fait. Ils s'accommodent aussi de leur larve et de toutes sortes de vermisseaux. Ils soû^ si habiles à trouver et à saisir cette proie, et ils en sont si friands, qu'ils s'en gorgent quelquefois jus- qu'à étouffer. Ils mangent pendant l'esté de petites baies , de petites graines, telles que celles du fenouil. Enfin on les voit aussi fouiller le terreau qui se trouve dans les vieux saules , et d'où ils savent apparemment tirer quelque parcelle de nourriture. Je n'ai jamais trouvé de petites pierres dans leur gésier. Les roitelets se plaisent sur les chênes, les ormes, les pins élevés, les sapins, les genévriers, etc. On les voit en Silésie l'été comme l'hiver, et toujours dans les bois, dit Schwenckfeld ; en Angleterre, dans les bois qui couvrent les montagnes; en, Bavière, en Au- triche , ils viennent l'hiver aux environs des villes , où ils trouvent des ressources contre la rigueur de la sai- son. On ajoute qu'ils vplenl, par petites troupes, com- posées, n,9n^ seulement d,'oiseaux de leur espèce, mais d'autres petits oiseaux qui ont le même genre de vie, tels que grimpereaux, torche-pots, mésanges, etc. D'un autre côté, M. Salerne nous dit que, âsMS l'Or- léanois, ils vont ordinairement deux à deux pendant l'hiver, et qu'ils se rappellent lorsqu'ils ont été sépa- rés. Il faut donc qu'ils aient des habitudes différentes en diÛerents pays, et cela ne me paroît pas absolu- ment impossible , parce que les habitudes sont rela- tives aux circonstances; mais il est encore moins im- *2'J,\ LE K GITE LE T. possible que les auteurs soient touibés clans quelque mrprise. En Suisse , on n'est pas bien sûr qu'ils res- tent tout l'hiver : du moins on sait que, dans ce pays et eu Angleterre , ils sont des derniers à disparoître. 11 est certain qu'en France nous les voyons beaucoup plus l'automne et l'hiver que l'été, et qu'il y a plu- sieurs de nos provinces où ils ne nichent jamais ou presque Jamais. Ces petits oiseaux ont beaucoup d'activité et d'agi- lité; ils sont dans un mouvement presque continuel, voltigeant sans cesse de branche en branche , grimpant sur les arbres, se tenant indifféremment dans toutes les situations, et souvent les pieds en haut comme les mésanges, furetant dans toutes hes gerçures de l'é- corce, en tirant le petit gibier qui leur convient , ou le guettant à la sortie. Pendant les froids, ils se tien- nent volontiers sur les arbres toujours verts, dont ils mangent la graine; souvent même ils se perchent sur la cime de ces arbres^ : mais il ne paroît pas que ce soit pour éviter l'homme; car, en beauooup d'autres occasions, ils se laissent approcher de très près. L'au- tomne ils sont gras, et leur chair est un fort bon manger, autant qu'un si petit morceau peut être bon. C'est alors qu'on en prend communément à la pipée, et il faut qu'on en prenne beaucoup aux environs de Nuremberg , puisque les marchés publics de cette ville en sont garnis. Les roitelets sont répandus non seulement en Eu- rope, depuis la Suède jusqu'en Italie, et probablement jusqu'en Espagne; mais encore en Asie, jusqu'au Ben- 1. On en voit l'hiver sur les picôas et autres arbres toujours veris tlu Jardin du Roi ; mais ils n'y ^ut jamais niclié. LE KOITELET. '2']^ gale, el même en Ajnérique, depuis les Antilles jus- qu'au nord de la Nouvelle-Angleterre, suivant M. Ed- wards, pi. ccLiv^; d'où il suit que ces oiseaux, qui, à la vérité, fréquentent les contrées septentrionales, mais qui d'ailleurs ont le vol très court , ont passé d'un continent à l'autre; et ce seul fait bien avéré seroit un indice de la grande proximité des deux continents du côté du nord. Dans cette supposition, il fiuit con- venir que le roitelet, si petit, si foible en apparence, et qui, dans !a construction de son nid, prend tant de précautions contre le froid, est cependant très fort non seulement contre le froid, mais contre toutes les températures excessives, puisqu'il se soutient dans des climats si diflerents. Ce qu'il y a de plus remarquable dans son plumage c'est sa belle couronne aurore, bordée de noir de chaque côté, laquelle il sait faire disparoitre et cacher sous les autres phnnes par le jeu des muscles de la tète ; il a une raie blanche qui , passant au dessus des yeux, entre la bordure noire de la couronne et un autre trait noir sur lequel l'œil est posé, donne plus de caractère à la physionomie; il a le reste du dessus du corps, compris les petites couvertures des ailes, d'un brun olivâtre; tout le dessous, depuis la base du bec, d'un roux clair, tirant à l'olivâtre sur les flancs; le tour du bec blanchâtre , donnant naissance à quelques moustaches noires; les pennes des ailes 1. Sa carrière seroit encore bien plus étendue, s'il étoit vrai qu'on le trouvât dans les terres Magellaniques, comme il est dit dans les Navigations aux terres australes, tome II, ]>age 38 : mais on n'est pas londé à assurer que l'espèce de roitelet dont il est question dans ce [lassage soit la môme que celle de oel arlicle. '^jQ LE ROITELET. brunes, bordées extérieure m en l de jaune olivâtre; cette bordure interrompue vers le tiers de la penne par une tache noire dans la sixième, ainsi que dans les suivantes, jusqu'à la quinzième, plus ou moins; les couvertures moyennes et les grandes les plus voi- sines du corps, pareillement brunes, bordées de jaune olivâtre, et terminées de blanc sale, d'où résultent ileux taches de cette dernière couleur sur chaque aile; les pennes de la queue gris brun , bordées, d'olivâtre; te fond des plumes noirâtre, excepté sur la tête, à la naissance de la gorge et au bas des jambes; l'iris noi- sette, et les pieds jaunâtres. La femelle a la couronne d'un jaune pâle, et toutes les couleurs du plumage plus foibles, comme c'est l'ordinaire. Le roitelet de Pensylvanie, dont M. Edwards nous adonné la figure et la description , pi. ccliv, ne diffère de celui-ci que par de légères nuances, et trop peu pour constituer, je ne dis pas une espèce , mais une simple variété. La plus grande différence est dans la couleur des pieds, qu'il a noirâtres. M. Brisson dit que dans notre roitelet la première plume de chaque aile est extrêmement courte ; mais ce n'est point une penne, elle n'en a pas la forme; elle n'est point implantée de même, et n'a pas le même usage : elle naît de l'extrémité d'une espèce de doigt qui termine l'os de l'aile , comme il naît une autre plume semblable à celle-ci d'une autre espèce de doigt qui se trouve à l'articulation suivante^. Le roitelet pèse de quatre-vingt-seize à cent vingt 1. On peut appliquer cette remarque à heauconp (]"autres espèces Lli ROITELET. 277 Longueur totale, trois pouces et denii ; bec, cinq lignes, noir, ayant les bords de la pièce supérieure échancrés près de la pointe, et la pièce inférieure un peu plus courte; chaque narine située près de la base du bec, et recouverte par une seule plume à barbes longues et roides, qui s'appliquent dessus; tarse, sept lignes et demie; doigt extérieur adhérent à celui du milieu par ses deux premières phalanges; ongle pos- térieur, presque double des autres; vol, six pouces; queue, dix-huit lignes, composée de douze pennes, dont les deux intermédiaires et les deux extérieures sont plus courtes que les autres, en sorte que la queue se partage en deux parties égales, l'une et l'autre éta- gées; elle dépasse les ailes de six lignes : le corps plumé n'a pas -un pouce de long. Langue cartilagineuse, terminée par de petits fi- lets; œsophage, quinze lignes, se dilatant et formant une petite poche glanduleuse avant son insertion dans le gésier; celui-ci musculeux, doublé d'une mem- brane sans adhérence , et recouvert par le foie ; tube intestinal, cinq pouces; une vésicule du fiel; point de cœcitm. Furiétés du Roitelet. î. LE ROITELET RUBIS. Motacilla calendula. Gmel. Je ne puis m 'empêcher de regarder cet oiseau de Pensylvanie comme une variété de grandeurdans l'es- d'oiseaux, dont on a dit qaiis avoieiit la première penne de l'aile extrêmeiftent courte. BUFFON. xxiii. 18 '2'^iy VARIÉTÉS DU ROITELET. pèce de notre roitelet. A la vérité, sa couronne est nn peu diflérente, et dans sa forme , et dans sa couieur; elle est plus arrondie, d'un rouge plus franc, plus décidé, et dont l'éclat le dispute au rubis; de plus, elle n'est point bordée par une zone noire. Le roitelet rubis a en outre le dessous du corps d'un olivâtre plus foncé sur les parties awtérieures, plus clair sur le croupion, sans aucun mélange de jaune; une teinte de cette dernière couleur sur la partie inférieure du corps, plus foncée sur la poitrine. Mais sa plus grande différence est celle de la taille, étant plus gros, plus pesant dans la raison de onze à huit. Quant au reste, ces deux oiseaux se ressemblent à quelques nuances près, je veux dire dans ce que laissent voir des oi- seaux morts et desséchés : car les mœurs, les allures , les habitudes naturelles du roitelet rubis, nous sont inconnues; et si jamais on découvre qu'elles sont les mêmes que celles de notre roitelet, c'est alors qu'il sera bien décidé que ces deux oiseaux sont de la même espèce. Dans la race du roitelet rubis, la couronne ap- partient au mâle exclusivement, et l'on en cherche- roit en vain quelque vestige sur la tête de la femelle : mais elle a d'ailleurs à peu près le même plumage ({ue son mâle ; et de plus elle est exactement de même poids. Longueur totale, quatre pouces un quart; bec, cinq lignes et demie; vol, six pouces et demi; tarse, huit lignes; doigt du milieu, six; queue, dix-huit, com- posée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'environ un demi-pouce. On peut rapporter à cette variété l'individu que VARIliTES DU ROITELET. 279 M. Lebeau a trouvé à la Louisiane , et qui a le der- rière de la tête ceint dune espèce de couronne cra- moisie. A Ja vérité, ses dimensions relatives sont un peu différentes , mais point assez , ce me semble , pour constituer une nouvelle variété, et d'autant moins que , dans tout le reste , ces deux oiseaux se ressem- blent beaucoup, et que tous deux appartiennent au même climat. Longueur totale, quatre pouces un quart; bec, six lignes; queue, vingt-une lignes, dépassant les ailes de huit à neuf lignes. II. LE ROITELET A TÈTE ROUGE. C'est celui que le voyageur Ivolbe a vu au cap de Bonne-Espérance; et quoique ce voyageur ne l'ail pas décrit assez complètement, néanmoins il en a assez dit pour qu'on puisse le regarder, 1" comme une variété de climat, puisqu'il appartient à l'extré- mité méridionale de l'Afrique; 2° comme une va- riété de grandeur, puisque, suivant Kolbe , il sur- j)asse en grosseur notre mésange bleue, qui surpasse elle-même notre roitelet; 5" comm^î une variété de plumage , puisqu'il a les ailes noires et les pieds rou- geâtres, en quoi il diffère sensiblement de notre roitelet. IL C'est ici , ce me semble, la place de cet oiseau en- voyé de Groenland à M. Muller, sous le nom de mé- sange grise couronnée d'écarlate^ et dont il ne dit que deux mots. 5i8o LE ROITELET-MÉSANGE. LE ROITELET-MÉSANGE\ Cette espèce, qui est de Cayeniie, fait la nuance par son bec court entre le roitelet et les mésanges; elle est encore plus petite que notre roitelet : elle se trouve dans l'Amérique chaude; en quoi elle diSère de notre roitelet , qui se piaît dans des climats plus tempérés, et qui même n'y paroît qu'en hiver. Le roitelet-mésange se tient sur les arbrisseaux, dans les savanes non noyées , et par conséquent assez près des habitations. Il a une couronne jonquille sur la tête, mais placée plus en arrière que dans le roitelet d'Eu- rope ; le reste de la tête d'un brun verdâtre; le dessus du corps et les deuxpennes intermédiaires de la queue , verdâtres; les pennes latérales, les couvertures supé- rieures des ailes e«t leurs pennes moyennes, brunes, bordées de verdâtre, et les grandes, brunes, sans aucune bordure; la gorge et le devant du cou cendré clair ; la poitrine et le ventre verdâtres; le bas-ventre, les couvertures înférieures de la queue, et les flancs, d'un jaune foible. Longueur totale, trois pouces un quart; bec, qua- tre lignes ( il paroît à l'œil beaucoup plus court que celui de notre roitelet); tarse, six lignes, noir; ongle postérieur le plus fort de tous; queue, quatorze li- gnes , composée de douze pennes égales ; elle dépasse les ailes de dix lignes. I. ÏN" 708, fig. '2, où cel oiseau est représenté sous le nom cîe mé- sange hui>pce ae Cayenne. LES MÉSANGES. 'jS\ LES MESANGES'. Quoique Aldrovande ait appliqué particulièreineiil au roitelet le nom de parra _, je crois que Pline s'en est servi pour désigner en général n©s mésanges , et qu'il regardoit ce genre comme une branche de la famille des pics , famille beaucoup plus étendue selon lui qu'elle ne l'est selon les naturalistes modernes. Voici mes preuves : 1° Pline dit que les pics sont les seuls oiseaux qui fassent leur nid dans des trous d'arbre, et l'on sait que plusieurs espèces de mésanges ont aussi cette habitude. 2° Tout ce qu'il dit de certains pics qui grimpent sur les arbres comme les chats, qui s'accrochent la tète en bas, qui cherchent leur nourriture sous l'é- corce, qui la frappent à coups de bec, etc., convient aux mésanges comme aux pics. 3° Ce qu'il dit de certains autres pics qui suspen- doient leur nid à l'extrémité des jeunes branches, en sorte qu'aucwn quadrupède n'en pouvoit appro- cher, ne peut convenir qu'à certaines espèces de mésanges, telles que le remiz et la penduline, et point du tout aux pics proprement dits. 1 . Parus , parix, mesanga; dans quelques cantons d'Italie, paruta; en d'autres, parizoUij patascio , parraza, zinzin , orbesina , sparuoe- zolo ; en allemand, mayss , majse, meysslein ; en anglois, iihnouse (peut-être, dit Ray, parce que ces oiseaux nichent dans des Irons do muraille comme les souris); vulgairement en Bourgogne, qninque- hères, piqne-mouckes ; en Provence, serre fine. 2^2 LES MÉSANGES. 4° il est diliicile de supposer que Pline n'eût ja- mais entendu parler du remiz et de îa pendulijie qui suspendent leur nid , puisque l'un des deux au moins nichoit en Italie , conime nous le verrons dans la suite , et il n'est pas moins difficile de supposer que. connoissant ce nid singulier, il n'en ait point parlé dans son Histoire naturelle. Or le passage ci-dessus est le seul de son Histoire naturelle qui puisse s'y ap- pliquer; donc ce passage ne peut s'entendre que des mésanges considérées comme étant de la famille des pics. De plus, cette branche de la famille des pics avoit la dénomination particulière de parr& : car, dans le genre des parrŒj dit Pline, il y en a qui construisent leur nid en boule, et fermé avec tant de soin qu'à peine on en peut découvrir l'entrée ; ce qui convient au troglodyte , oiseau qu'on a confondu quelquefois avec le roitelet et les mésanges ; et il y en a une autre espèce qui le fait de même en y employant le chan- vre ou le lin , ce qui convient à îa mésange à longue queue. Puis donc que ce nom de parrœ étoit le nom d'un genre qui embrassoit plusieurs espèces, et que ce qui est connu de plusieurs de ces espèces convient à nos mésanges, il s'ensuit que ce genre ne peut être que celui des mésanges ; et cela est d'autant plus vrai- sembîa])le que le nom d'argatilis^ donné par Pline à l'une de ces espèces, a tant de rapport avec le nom grec agithalos j, donné par Aristote aux mésanges, qu'on ne peut s'empêcher de le regarder comme le même mot un peu défiguré par les copistes ; d'autant plus que Pîine ne parle point ailleurs de VaigithaloSj, quoiqu'il connûl trèr. l>ien les ouvrages d'Aristote, et LES MESANGES. u8.) quoiqu'il les cùr consultés expressément en compo- sant son dixième livre qui roule sur les oiseaux. Ajou- tez à cela que le nom d'argatilis n'a été appliqué par les auteurs à aucun oiseau , que je sache, autre que celui dont il est ici question, et qui, par toutes les raisons ci-dessus, semble ne pouvoir être qu'une mé- sange. Quelques uns ont confondu les mésanges avec les guêpiers, parce que comme les guêpiers elles sont apivoreSj c'est-à-dire qu'elles mangent les abeilles. On les a confondues encore avec les tette-chèvres à cause de la ressen^blance des noms grecs aigithalos_, aigotkèlas; maisGesner soupçonne à ces deux noms si ressemblants une étymologie toute différente : d'ail- leurs les mésanges n'ont jamais été ni pu être accusées de t('ter les chèvres. Tous les oiseaux de cette famille sont foibles en ap- parence, parce qu'ils sont très petits; mais ils sont en même temps vifs , agissants, et courageux : on les voit sans cesse en mouvement; sans cesse ils volti- gent d'arbre en arbre; ils sautent de branche en bran- che ; ils grimpent sur l'écorce ; ils gravissent contre les murailles; ils s'accrochent , se suspendent de tou- tes les manières, souvent même la têle en bas, afin de pouvoir fouiller dans toutes les petites fentes , et y chercher les vers, les insectes ou les œufs. Ils vivent aussi de graines; mais au lieu de les casser dans leur bec, comme font les linottes et les chardonnerets, presque toutes les mésanges les tiennent assujetties sous leurs petites serres, et les percent à coups de bec; elles percent de même les noisettes, les aman- iîô4 LJES MKSAjNOES.- cles*, etc. Si on leur suspend un*e noix au bout d'un fil, elles s'accrocheront à cette noix et en suivront les oscillations ou balancements sans lâcher prise, sans cesser de la becqueter. On a remarqué qu'elles ont les m*i«cles du cou très robustes et le crâne très épais; ce qui explique une partie de leurs manœuvres : mais, pour les expliquer toutes, il faut supposer qu'elles ont aussi beaucoup de force dans les muscles des pieds et des doigts. La plupart des mésanges d'Europe se trouvent dans nos climats en toute saison , mais jamais en aussi grand nombre que sur la fin de l'automne, temps où celles qui se tiennent l'été dans les bois ou sur les montagnes^ en sont chassées par le froid, les neiges, et sont forcées de venir chercher leur subsistance dans les plaines cultivées et à portée des lieux habi- tés^. Durant la mauvaise saison, et môme au com- mencement du printemps, elles vivent de quelques graines sèches, de quelques dépouilles d'insectes qu'elles trouvent en furetant sur les arbres; elles pin- cent aussi les boutons naissants et s'accommodent des œufs de chenilles, notamment de ceux que l'en voit autour des petites branches , rangés com.me une 1 . Comme cet exercice est un peu rude , et qu'à la longue il les rend aiveugles, selon M. Frisch, on recommande d'écraser les noisettes, le ehènevis, en un mot, lout ce qui est dur, avant de le leur donner. '2. La mésange à longue queue , selon Aristole, la charbonnière, la petite bleue, la noire, et la huppée, sel»2i les modernes, 5. Les uns prétendent qu'elles se retirent alors dans les sapinières; 8tS LES 3IÉS ANGES. procher; mais bientôt elles acquièrent derexpérience et deviennent îin peu plus défiantes. Eller^ pondent jusqu'à dix-liuit et vingt œufs, plus ou moins : les unes dans des trous d'arbre, se servant de ieur bec pour arrondir, lisser, façonner ces trous à i'inlérienr, et leur donner une forme convenable à leur destination ; les autres dans des nids en boule ^ et d'un volume très disproportionné à la taille d'un si petit oiseau. 11 semble qu'elles aient compté leurs œufs avant de les pondre; il semble aussi qu'elles aient une tendresse anticipée pour les petits qui en doivent êclore : cela paroit aux précautions affectionnées qu'eues prennent dans la consfruction du nid, à l'at- tention prévo^^ante qu'ont certaines espèces de le suspendre au bout d'une branche , au choix recher- ché des matériaux qu'elles y emploient , tels qulierbes menues, petites racines, mousse, fd , crin , laine, co- ton , plumes, duvet, etc. Elles viennent à bout de procurer la subsistance à leur nombreuse famille; ce qui suppose non seulement un zèle, une activité infatigables, mais beaucoup d'adresse et d'habileté dans leur chasse : souvent on les voit revenir au nid ayant des chenilles dans le bec. Si d'autres oiseaux attaquent leur géniture, elles la défendent avec in- trépidité, fondent sur l'ennemi, et, à force décou- rage, font respecter la foiblesse. Toutes les mésanges du pays ont des marques blan- ches autour des yeux; le doigt extériem- uni par sa base au doigt du milieu , et celui-ci de très peu plus long que le doigt postérieur; la langue comme tron- quée et terminée par des HleiS : presque toutes sont trhs fouriiies de pkimcs sous le croupion ; loiUes, ex- cepté la bieue, ont la tête noire ou marquée de noir ; toutes, excepté celle à longue queue, ont les pieds de couleur plombée. Mais ce qui caractérise plus parti- culièrement les oiseaux de cette famille , c'est leur bec, qui n'est point en alêne, comme l'ont dit quel- ques liiéthodiste-s , mais en cône court, un peu aplati par les côtés ; en un mol, plus fort et plus court que celui des fauvettes, et souvent ombragé par les plu- mes du front, c[ui se relèvent et reviennent en avant : ce sont leurs narines recouvertes par d'autres plumes plus petites et immobiles : enlbi ce sont surtout leurs mœurs et leurs Iiabitudes naturelles. Il n'est pas in- utile de remarquer que les uiésanges ont quelques traits de conformité avec les corbeaux, les pics, et même les pies-griècbes, dans la force relative de leur bec et de leurs petites serres, dans les moustaches qu'elles ont autour du bec , dans leur appétit pour la chair, dans leur manière de déchirer leurs aliments en morceaux pour les manger, et même , dit-on , dans leurs cris et dans leur manière de voler : mais on ne doit point pour cela les rapporter au même genre, comme a fait M. Kramer; il ne faut qu'un coup d'œil de comparaison sur ces oiseaux, il ne faut que les voir grimper sur les arbres, examiner leur forme extérieure, leurs proportions, et réfléchir sur leur prodigieuse fécondité , pour se convaincre qu'une mésange n'est rien moins qu'un corbeau. D'ailleurs, quoique les mésanges se battent et s'entre-dévorent quelquefois, surtout certaines espèces qui ont l'une pour l'autre une antipathie marquée^, elles vivent i. Telles sont lu cliarbounière et la noniiettc cendrée. Voyez Jour- '2C)0 LES MESANGES. aussi qiieiquelois en bonne intelligence entre elles et même avec des oiseanx d'une autre espèce ; et l'on peut dire qu'elles ne sont pas essentiellement cruelles, comme les pies-j^rièches, mais seulement par accès et dans certaines circonstances qui ne sont pas toutes bien connues. J'en ai vu qui , bien loin d'abuser de leur force, le pouvant faire sans aucun risque, se sont montrées capables de la sensibilité et de l'intérêt que la foiblesse devroit toujours inspirer au plus fort. Ayant mis dans la cage où étoit une mésange bleue deux petites mésanges noires, prises dans le nid, la bleue les adopta pour ses enfants, leur tint lieu d'une mère tendre, et partagea avec eux sa nourriture ordi- naire , avec grand soin de leur casser elle-même les graines trop dures qnis'y trouvoient mêlées : je douie fort qu'une pie-grièche eût fait cette bonne action. Ces oiseaux sont répandus dans tout l'ancien con- tinent, depuis le Danemarck et la Suède jusqu'au cap de Bonne-Espérance, où Kolbe en a vu , dit-il, six espèces entre autres, savoir : la charbonnière, la non- nette cendrée, la bleue, celle à tête noire, celle à longue queue , et le roitelet qu'il a pris pour une mé- sange , « tous oiseaux chantant joliment, selon ce voyageur, et, comme les serins de Cànarie, se mê- lant avec ces oiseaux, et formant avec eux de magni- fiques concerts sauvages^. » Nos connoisseurs pré- nal de physique , août 1776. On y dit encore que si l'on met successive- ment plusieurs mésanges dans une même cage , la première domiciliée se jette sur les nouvelles venues , leur fait la loi, et si elle peut en venir à bout , les tue , et leur mange la cervelle. 1. Voyez hi Description du cap de Boniie - Espérance ^ partie 111, «hap. XIX, page i65. J'avoue que j'ai peu de confiance à cette obser- vation , où Kolbe, au lieu de dire ce qu'il a vu , semble copier ce qu'il LES MES AN CE S. .991 tendent qu'elles chantent aussi très bien en Europe; ce qu'il faut entendre de leur chant de printemps, je veux dire de leur chant d'amour, et non de ce cri dés- agréable et rauque qu'elles conservent toute l'année, et qui leur a fait donner, à ce que l'on prétend, le nom fie serrurier *. Les mêmes connoisseurs ajoutent qu'elles sont capables d'apprendre à siffler des airs; que les jeunes, prises un peu grandes, réussissent beaucoup mieux que celles qu'on élève à la bro- chette 2, qu'elles se familiarisent promptement, et qu'elles commencent à chanter au bout de dix ou douze jours : enfin ils disent que ces oiseaux sont fort sujets à la goutte, et ils recommandent de les tenir chaudement pendant l'hiver. Presque toutes les mésanges font des amas et des provisions, soit dans l'état de liberté , soit dans la vo- lière. M. le vicomte de Querhoent en a vu souvent plusieurs de celles à qui il avoit coupé les ailes pren- dre dans leiu' bec trois ou quatre grains de panis avec un grain de chènevis^, et grimper d'une vitesse sin- gulière an haut de la tapisserie où elles avoient établi leur magasin : nxais il est clair que cet instinct d'a- a lu dans les naluralislos , se permettant seulement de dire que les mésanges chantent comme les serins , au lieu (jue , suivant les auteurs, elles chantent plutôt comme les pinsons. T . Je ne suis point de l'avis des auteurs sur ce point; car le nom de serrurier ayant été donné aux pics, non à cause de leur cri , mais parce qu'ils ont coutume de frapper les arbres de leur bec , il nie pa- roît raisonnable de croire que c'est parce que les mésanges ont la même habitude qu'on leur a aussi donné le même nom. 2. Tout le monde s'accorde à dire que les petites mésanges , prises dans le nid, s'élèvent difficilement. 3. Frisch dit à peu près la môme chose de la nonnetle cendrée. 292 LES MESAi^GES. masser, d'entasser les provisons, est un instinct d'a- varice et non de prévoyance, du moins pour celles qui ont coutume de passer l'été sur les montagnes , et l'hiver dans les plaines. On a aussi remarqué qu'elles cherchent toujours les endroits obscurs pour se cou- cher ; elles semblent vouloir percer les planches ou la muraille pour s'y pratiquer des retraites, toutefois à une certaine hauteur; car elles ne se posent guère à terre , et ne s'arrêtent jamais long-temps au bas de ia cage. M. Hébert a observé quelques espèces qui passent la nuit dans des arbres creux : il les a vues i:>kisieurs fois s'y jeter brusquement, après avoir re- gardé de tous côtés, et, pour ainsi dire, reconnu le terrain ; et il a essayé inutilement de les faire sortir en introduisant un bâton dans les mêmes trous 011 il les a voit vues entrer : il pense qu'elles reviennent chaque jour au même gîte ; et cela est d'autant plus vraisemblable , que ce gîte est aussi le magasin où elles resserrent leurs petites provisions. Au reste, tous ces oiseaux dorment assez profondément, et la tête sous l'aile , comme les autres. Leur chair est en géné- ra! maigre, amère , et sèche, et par conséquent un fort mauvais manger; cependant il paroît qu'il y a quelques exceptions à faire ^. Les plus grandes de toutes les mésanges sont , parmi les espèces d'Europe, la charbonnière et la moustache ; et parmi les étrangères, la mésange bleue des Indes , et la huppée de la Caroline : chacune 1. Gesner dit qu'on en mange en Suisse; mais il avoue que ce n'est rien moins qu'un bon morceau : le seul Schwenckfeld est d'avis que «'est une viande qui nVst ni de mauvais goût ni de mauvais suc, en ^iiitomne et en tiiver. LES MESANCxES. 29,) délie pèse environ une once. Les plus petites de toutes sont la mésange à tête noire , celle à longue queue ^ la nonnette cendrée, la penduline, et la nié- sai>ge à gorge jaune , lesquelles ne pèsent chacune que deux à trois gros. Nous commencerons l'histoire particulière des dif- férentes espèces par celles qui se trouvent en Eu- rope , ayant soin d'indiquer les propriétés caractéris- tiques de chacune; après quoi nous passerons aux es- pèces étrangères; nous tâcherons de démêler, parmi les espèces européennes, celles avec qui chacune de ces étrangères aura plus de rapports : nous renverrons les fausses mésanges (j'appelle ainsi les oiseaux qu'on a mal à propos rapportés à cette classe), nous les renverrons, dis-je , dans les classes auxquelles ils nous ont paru tenir de plus près; par exemple, la quin- zième mésange de M. Brisson aux figuiers, la dix-sep- tième aux roitelets, etc. ; enfin nous tâcherons de rap- porter à leur véritable espèce de simples variétés dont on a fait mal à propos autant d'espèces séparées. LA CHARBONNIÈRE, ou GROSSE MÉSAiNGE^ Palus major. L. Je ne sais pourquoi Belon s'est persuadé que « cette espèce ne se pendoit pas tant aux branches que les i. Mezange, mésange, mezenge, mèszenge, mavenge, mésengère , musangére, selon Golgrave; eu Provence, bezenge, serrurier; en Pi- BUFFOiv. xxui. 1 (^ 1^94 ^^ GHAllBONNIÊRE. autres; » car j'ai eu occasion d observer un individu qui se pendoit sans cesse aux bâtons de la partie su- périeure de sa cage, et qui, étant devenu malade, s'accrocha à ces mêmes bâtons, la tête en bas, et resta dans cette situation pendant toute sa maladie, jusqu'à sa mort inclusivement, et même après sa mort. Je me suis aussi convaincu par moi-même que la charbonnière en cage perce quelquefois le crâne aux jeunes oiseaux qu'on lui présente, et qu'elle se repaît avidement de leur cervelle. M. Hébert s'est assuré du même fait à peu près, en mettant en expérience dans une cage un rouge-gorge avec huit ou dix charbon- nières : l'expérience commença à neuf heures du ma- tin ; à midi le rouge-gorge avoit le crâne percé , et les mésanges en avoient mangé toute la cervelle. D'un autre côté, j'ai vu un assez grand nombre de mé- sanges-charbonnières et autres, toutes prises à la pi- pée, lesquelles avoient vécu plus d'un an dans la même volière sans aucun acte d'hostilité ; et, dans le moment où j'écris, il existe une charbonnière vivant depuis six mois en bonne intelligence avec des char- donnerets et des tarins, quoique l'un des tarins ait été malade dans cet intervalle, et qiie , par son état cardie, mesingle oh rhesangte; en Savoie, mayenche, autrement iar- dère; en Sologne, arderelle, arderoUe , ardezeile; ailleurs, lardeLles , LardercUci; et encore, patron des maréchaux, selon moi , par la même raison qu'on a donné aux pics le nom de serrurier; en Poitou, Sain- tonge et Berry, cendriUe; en Eoarbonnois, croque-abeiiies; ailleurs, charbonnier, pinsonné , pinsonniére, mésange, nonnette, moinelon ou petit moine. II ne faut pas confondre ce charbonnier-ci avec celui du Bugey, qui, comme on l'a dit plus haut, est un rossignol de murailles. LA CHAIlBONx\IÈRE. oc),^ craftbibiissement, il lui ait offert plus d'une occasion facile de satisfaire sa voracité. Les charbonnières se tiennent sur les montasfnos et dans les plaines, sur les buissons, dans les taillis, dans les vergers, et dans les grands bois; cependant M. Lottinger m'assure qu'elles se plaisent davantage sur les montagnes. Le chant ordinaire du mâle , celui qu'il conserve toute l'année, et qu'il fait entendre surtout la veille des jours de pluie , ressemble au grin- cement d'une lime ou d'un verrou , et lui a valu , dit- on, le nom de serrurier; mais au printemps il prend une autre modulation, et devient si agréable et si va- rié, qu'on necroiroit pas qu'il vînt du môme oiseau. Friscli, M. Guys et plusieurs autres, le comparent à celui du pinson*, et c'est peut-être la véritable éty- mologie du nom de mésange-pinson donné à cette es- pèce. D'ailleurs Olina accorde la préférence à la char- bonnière sur toutes les autres pour le talent de chanter et pour servir d'appeau : elle s'apprivoise aisément et si complètement, qu elle vient manger dans la main, qu'elle s accoutume, comme le chardonneret, au petit exercice de la galère, et, pour tout dire en un mot, qu'elle pond même en captivité. Lorsque ces oiseaux sont dans leur état nature! , 1. On nourrit eu cage cette mésange en certains pays, dit Alcho vande, à cause de son joii ramage, qu'elle fait entendre presque toute Vannée : d'un autre côté , Turuer dit que sa clianson du printemps est peu agréable, et que le reste de l'année elle est muette; elle dit , selon les uns, titigu, titiga, iitigii, et au printemps stlti , st'iti , ek'. Eu général, les auteurs font souvent de leurs observations particu- lières et locales autant d'axiomes universels, quelquefois même ils ne l'ont que r/*péter ce qu'ils ont entendu dire des gens peu inslruils; et do là les eoniradiclions. ygÔ TwV CH AHBONNIÈRE. c/est-à-dire libres, ils comnienceiit de s'apparier dès les premiers jours de février : ils établissent leur nid dans un trou d'arbre ou de muraille^; mais ils sont long-temps appariés avant de travailler à le construire, et ils le composent de tout ce qu'ils peuvent trouver de plus doux et de plus mollet. La ponte est ordinai- reuïent de huit, dix, et jusqu'à douze œufs blancs avec des taches rousses, principalement vers le gros bout. L'incubation ne passe pas douze jours : les petits nou- vellement éclos restent plusieurs jours les yeux fer- més; bientôt ils se couvrent d'un duvet rare et fin , qui tient au bout des plumes , et tombe à mesure que les plumes croissent; ils prennent leur volée au bout de quinze jours; et l'on a observé que leur accroisse- ment étoit plus rapide quand la saiscn étoit pluvieuse ; une fois sortis du nid, ils n'y rentrent plus, mais ils se tiennent perchés sur les arbres voisins, se rappe- lant sans cesse entre eux 2; et ils restent ainsi attrou- pés jusqu'à la nouvelle saison, temps où ils se sépa- rent deux à deux pour former de nouvelles familles. On trouve des petits dans les nids jusqu'à la fin du mois de juin; ce qui indique que les charbonnières font plusieurs pontes : quelques uns disent qu'elles en font trois; mais ne seroit ce pas lorsqu'elles ont et 3 troublées dans la première qu'elles en entreprennent une seconde , etc. ? Avant la première mue on distin- 1, Surtout des iniuajlles de maisons isolées et à portée des forêts ; par exemple, de celles des charbonniers, d'où est venu, selon quel- ques uns, à cette mésange le nom de charbonnière. 2. C'est peut-être par un effet de cette iiabitude du premier âge que les mésanges accourent si vite dès qu'elles entendent la voix de leurs semblables. LA CHARBONNIÈRE. iiC)'] gue le mâle, parce qu'il est plus «^ros et plus coléri- que. En moins de six mois tous ont pris leur entier accroissement, et quatre mois après la première mue ils sont en état de se reproduire. Suivant Olina, ces oiseaux ne vivent que cinq ans, et, selon d'autres, cet âge est celui où commencent les fluxions sur les yeux, la goutte, etc. ; mais ils perdent leur activité sans perdre leur caractère dur, qu'aigrissent encore les souffrances. M. Linnaeusdit qu'en Suède ils se tien- nent sur les aunes, et que l'été ils sont fort communs en Espagne. La charbonnière, n° 5, fig. i, a sur la tête une es- pèce de capuchon d'un noir brillant et lustré, qui, devant et derrière, descend à moitié du cou, et a de chaque côté une grande tache blanche presque trian- gulaire; du bas de ce capuchon , par devant, sort une bande noire, longue et étroite, qui parcourt le milieu de la poitrine et du ventre, et s'étend jusqu'à l'extré- mité des couvertures inférieures de la queue; celles- ci sont blanches, ainsi que le bas-vent*re; le reste du dessous du corps, jusqu'au noir de la gorge, est d'un jaune tendre; un vert d'olive règne sur le dessus du corps, mais cettecouleur devient jaune et même blan- che en s'approchant du bord inférieur du capuchon : elle s'obscurcit au contraire du côté opposé, et se change en un cendré bleu sur le croupion et les cou- vertures supérieures de la queue; les deux premières pennes de l'aile sont d'un cendré brun sans bordures; le reste des grandes pennes sont bordées de cendré bleu , et les moyennes d'un vert d'olive qui prend une teinte jaune sur les quatre dernières; les ailes ont une raie transversale d'un blanc ja'unâtre : tout ce qui pa- 2gS LA CHAH BON NIÉ RE. roît des pennes de la queue est d'un cendré bleuâtre, excepté la plus extérieure qui est bordée de blanc, et la suivante qui est terminée de la même couleur; le fond des plumes noires est noir, celui des blan- ^bes est blanc, celui des Jaunes est noirâtre, et ce- lui des olivâtres est cendré. Cet oiseau pèse environ une once. Longueur totale , six pouces ; bec , six lignes et de- mie, les deux pièces égales, la supérieure sans au- cune échancrure; tarse, neuf lignes ; ongle posté- rieur le plus (brt de tous; vol, buit pouces et demi; queue, deux pouces et demi, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de dix-huit lignes. La langue n'est point fixe et immobile, comme quel- ques uns l'ont cru; l'oiseau la pousse en avant et l'é- lève parallèlement à elle-même avec une déclinaison sutlisante à droite et à gauche, et par conséquent elle est capable de tous les mouvements composés de ces trois principaux : elle est comme tronquée par le bout, et se termine par trois ou quatre filets. M. Frisch croit que la charbonnière s'en sert pour tâter les aliments avant de les manger. Œsophage , deux pouces et demi , formant une pe- tite poche glanduleuse avant de s'insérer dans le gé- sier, qui est musculeux et doublé d'une membrane ridée , sans adhérence ; j'y ai trouvé de petites graines noires, mais pas une seule petite pierre : intestins, six pouces quatre lignes ; deux vestiges de ccecunij une vésicule du fiel. LA PETITE CHARBONNIÈRE. 2gg ei* «/»,s^>a»a.a»a<>tS-a^W<»a<8»-94i'»a«^»<»»^«^»0'fro»a<0»»«<><»oi9^^ LA PETITE CHARBONNIERE. Parus ater. L. Le nom de tête-noire ( atricapilla melancoryphos ) a été donné à plusieurs oiseaux, tels que la fauvette à tête noire, le bouvreuil, etc. ; mais il paroît que la tête-noire d'Aristoteestune mésange; car, suivant ce philosophe, elle pond un grand nombre dœufs, jus- qu'à dix-sept, et môme jusqu'à vingt-un; et de plus elle a toutes les autres propriétés des mésanges, comme de nicher sur les arbres, de se nourrir d'insectes, d'a- voir la langue tronquée, etc. Ce que le même auteur ajoute d'après un oui-dire assez vague, et ce que Pline répète avec trop de confiance, savoir, que les œufs de cet oiseau sont toujours en nombre impair, tient un peu du roman et de cette superstition phi- losophique qui de tout temps supposa une certaine vertu dans les nombres, surtout dans les nombres impairs, et quileur attribua je ne sais quelle influence sur les phénomènes de la nature. La petite charbonnière diffère de la grande, non seulement par la taille et par son poids, qui est trois ou quatre fois moindre, mais encore par les couleurs du plumage, comme on pourra s'en assurer en com- parant les descriptions. M. Frisch dit qu'en Allema- gne elle se tient dans les forêts de sapins; mais, en Suède, c'est sur les aunes qu'elle se plaît, suivant M. Liuuceus. Elle est la moins défiante de toutes les OOO LA PETITE CHARBONNIÈRE. mcsanges; car non seulement les jeunes accourent à la voix d'une autre mésange, non seulement elles se laissent tromper par Tappeau, mais les vieilles même, qui ont été prises plusieurs fois et qui ont eu le bon- heur d'échapper, se reprennent encore et tout aussi facilement dans les mômes pièges et par les mêmes ruses. Cependant ces oiseaux montrent autant ou plus d'intelligence que les autres dans plusieurs actions qui ont rapport à leur propre conservation ou à celî»e de la couvée ; et comme d'ailleurs ils sont fort coura- geux , il semble que c'est le courage qui détruit en eux le sentiment de la défiance comme celui de la crainte. S'ils se souviennent de s'être pris dans le filet, au gluau , ils se souviennent aussi qu'ils se sont échap- pés, et ils se sentent la force ou du moins l'espérance d'échapper encore. Cette mésange habite les bois, surtout ceux où il V a des sapins et autres arbres toujours verts, les ver- gers, les jardins; elle grimpe et court sur les arbres comme les autres mésanges, et c'est, après celle à la longue queue, la plus petite de toutes; elle ne pèse que deux gros : du reste , mêmes allures , même genre de vie. Elle a une espèce de coqueluchon noir , ter- miné de blanc sur le derrière de la tête, et marqué sous les yeux de la même couleur; le dessus du corps cendré, le dessous blanc sale, deux taches blanches transversales sur les ailes, les pennes de la queue et des ailes cendré brun, bordées de gris; le bec noir, et les pieds de couleur plombée. Longueur totale, quatre pouces un quart; bec , qua- tre lignes deux tiers ; tarse , sept lignes, ongle posté- rieur le plus fort de tons , les latéraux plus longs à Fi X75 T orne -&- ILAPETITE CHARB0MSmd:RE_2,LAMESANG-EM0USTACHE MALE_3XAMESA^TGE MOUSTACHE ÏEMELLE , LA PETITE CllARlîONNIÈUE. 001 proportion que dans la grosse charbonnière ; vol , six pouces trois quarts ; queue , vingt lignes , un peu four- chue , composée de douze pennes; elie dépasse les ailes de dix lignes. M. Moehring a observé que, dans cette espèce, le bout de la langue n'es»t tronqué que sur les bords, de chacun desquels part un Glet, et que la partie in- termédiaire est entière et se relève presque vertica- lement, Variétés de la petite Charbonnière. I. LA INOINNEÏTE CENDRÉE. (No3,fig. 5.) Parus pcdustris. L. Je sais que plusieurs naturalistes ont regardé celte espèce comme séparée delà précédente par un assez grand nombre de différences. Willughby dit qu'elle est plus grosse, qu'elle a la queue plus longue, moins de noir sous la gorge, le blanc du dessous du corps plus pur, et point du tout de cette dernière couleur sur l'occiput ni sur \es ailes. Mai's si Ton considère que la plupart de ces différences ne sont rien moins que constantes, notamment la tache blanche de l'occi- put^, quoiqu'elle soit comptée parmi les caractères spécifiques de la petite charbonnière; si l'on consi- i. \}ini petite charbonnière observée par les auteurs de la Zoologie britannique n'avoit point cette tache ; el M. Lotlinger assure que si la nonnelte cendrée avoil celte tache de l'occiput, elle ne diiïèreroit pas de la mésange à tcte noire . qui est nolie petite charbonnière. 3o'J LA NONNETTE CENDRiÉE. dère que l'on a donné à toutes deux ce môme nom de charbonnière j qui en effet leur convient également, et que celui de mésange de marais ^ donné assez gêné- lalement à la nonnette cendrée, peut aussi convenir à l'espèce précédente, puisqu'elle se plaît, dit M. Lin- n8eus, sur les aunes, et que les aunes sont, comme on sait, des arbres aquatiques, croissant dans les en- droits humides et marécageux; enBn si l'on considère les traits nombreux de conformité qui se trouvent entre ces deux espèces, môme séjour, môme taille, même envergure, mêmes couleurs distribuées à peu près de même, on sera porté à regarder îa nonnette cendrée comme une variété dans l'espèce de la petite charbonnière. C'est ie parti qu'ont pris avec raison les auteurs de la Zoologie britannique j et c'est celui auquel nous croyons devoir nous arrêter, toutei'ois en conservant les noms anciens, et nous contentant d'avertir que cette diversité de noms n'indique pas ici une différence d'espèce. La nonnette cendrée se tient dans les bois plus que dans les vergers et les jardins, vivant de menues grai- nes, faisant la guerre aux guêpes, aux abeilles, et aux chenilles, formant des provisions de chènevis lors- qu'elle trouve l'occasion , en prenant à la fois plusieurs grains dans son bec pour les porter au magasin, et les mangeant ensuite à loisir. C'est sans doute sa ma- nière de manger qui l'oblige d'être prévoyante : il lui faut du temps, il lui faut un lieu commode et sûr pour percer chaque grain à coups de bec; et si elle n'avoit pas de provisions, elle seroit souvent exposée à souffrir la faim. Cette mésange se trouve en Suède et même en ISorwége, dans les forêts qui bordent le LA NONNETTE CENDREE. 3o3 Danube, eu Lorraine, en Italie, etc. M. Salerne dit qu'on ne la connoît point dans l'Orléanois, ni aux environs de Paris, ni dans la Normandie. Elle se plaît sur les aunes, sur les saules , et par conséquent dans les lieux aquatiques, d'où lui est venu son nom de mésange de marais. C'est un oiseau solitaire, qui reste toute l'année, et que l'on nourrit difficilement en cage. On m'a apporté son nid, trouvé au milieu d'un petit bois en coteau, dans un pommier creux, assez près d'une dvière : ce nid consistoit en un peu de mousse déposée au fond du trou. Les petits, qui vo- loient déjà, étoient un peu plus bruns que le père; mais ils avoient les pieds d'un plombé plus clair : nulle échancrure sur les bords du bec, dont les deux pièces étoient bien égales. Ce qu'il y avoit de remar- quable, c'est que le gésier des petits étoit plus gros que celui des vieux, dans la raison de cinq à trois; le tube intestinal étoit aussi plus long à proportion : mais les uns ai les autres n'avoient ni vésicule du fiel ni le moindre vestige de cœcum. J'ai trouvé dans le gésier du père quelques débris d'insectes et un grain de terre sèclie, et dans le gésier des jeunes plusieurs petites pierres. La nonnetle cendrée est un peu plus grosse que la petite charbonnière, car elle pèse environ trois gros. Je ne donnerai point la description de son plumage; il suffit d'avoir indiqué ci-dessus les différences prin- cipales qui se trouvent entre ces deux oiseaux. liOngueur totale, quatre pouces un tiers; bec, qua- tre lignes ; tarse, sept lignes ; vol, sept pouces ; queue, deux pouces, composée de douze pennes, elle dé- passe les ailes de douze lignes. 5o4 lA NONNETTE CENDRÉE. M. Lebeau a rapporté de ja Louisiane une mésange qui avoit beaucoup de rapport avec celle de cet ar- ticle; il ne manque à la parfaite ressemblance que la tache blanche de l'occiput, et les deux traits de même couleur sur les ailes : ajoutez que la plaque noire de la gorge étoit plus grande, et en général les couleurs du plumage un peu plus foncées, excepté que dans la femelle , n** 5o2 , fig. i , la tête étoit d'un gris roussâ- tre , à peu près comme le dessus du corps, mais cepen- dant plus rembruni. Longueur totale, quatre pouces et demi ; tarse , sept à huit h'gnes; ongle postérieur le plus fort de tous; queue, vingt-une lignes, un peu étagée ( ce qui forme un nouveau trait de disparité) ; elle dépasse les ailes d'environ neuf lignes. II. Une autre mésange d'Amérique qui se rapproche beaucoup de la petite charbonnière, c'est la mésange à tête noire du Canada [Parus atrlcapillus. L. ) : elle est de la grosseur de la nonnette cendrée ; elle a à peu près les mêmes proportions et le même plumage, la tête et la gorge noires, le dessous du corps blanc; le dessus cendré foncé, couleur qui va s'afFoiblissant du côté du croupion, et qui, sur les couvertures supé- rieures de la queue, n'est plus qu'un blanc sale; les deux pennes intermédiaires de cette même queue cen- drées comme le dos; les latérales cendrées aussi, mais bordées de gris blanc; celles des aiîes brunes, bordées ile ce même gris blanc; leurs grandes couvertures su- périeures brunes, bordées de gris; ie bec noir, et les pieds noirâtres. LA MÉSANGE A TÈTE NOIKE DU CANADA. 5o5 Longueur totale, quatre pouces et (4eini; bec, cinq lignes; tarse, sept lignes et demie; vol, sept pouces et demi; queue, vingt-six lignes, composée de douze pennes égales; elle dépasse les ailes d'un pouce. Gomme les mésanges fréquentent les pays du Nord, il n'est pas surprenant que l'on trouve en Amérique des variétés appartenant à des espèces européennes. ni. Si la gorge -blanche de WiHugbby est, non pas une fauvette, comme le croyoit cet auteur, mais une mé- sangr, comme le pense M. Brisson, on seroit tenté di^ la rapporter à la nonnette cendrée, et conséquem- ment à la petite charbonnière. Elle a la tôte d'un cen- dré foncé, tout le dessus du corps d'un cendré rous- sâtre;le dessous blanc, teinté de rouge dans le mâle, excepté toutefois la naissance de la gorge, qui est dans quelques individus d'un blanc pur, et qui dans d'au- tres a une teinte de cendré, ainsi que le devant du cou et de la poitrine; la première penne de l'aile bor- dée de blanc, les dernières de roux; les pennes de la queue noires, bordées d'une couleur plus claire, excepté la plus extérieure, qui l'est de blanc, mais non pas dans tous les individus; le bec noir, jaune à l'intérieur; la pièce inférieure blanchâtre dans quel- ques sujets ; les pieds tantôt d'un brun jaunâtre, tan- tôt de couleur plombée. La i^orge-blanche se trouve l'été en Angleterre; elle vient dans les jardins, vit d'insectes, fait son nid dans les buissons près de terre ( et non dans des trous d'arbre comme nos mésanges ) , le garnit de crin en dedans, y pond cinq œufs de forme ordinaire, 5o6 LA GOr.GE-BLANCIIl!:. pointillés de noir sur un fond brun clair verdâtre. Elle «st à peu près de la grosseur de la nonnette cendrée. Longueur totale , de cinq pouces trois quarts à six pouces; doigt postérieur le plus fort de tous; les deux latéraux égaux entre eux, fort petits, et adhérents à celui du milieu , l'extérieur par sa première phalange , l'intérieur par une membrane , ce qui est fort rare dans les oiseaux de ce genre; vol, environ huit pouces; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes un peu étagées, elle dépasse les ailes de seize à dix-sept lignes *. IV. J'ai actuellement sous les yeux un individu envoyé de Savoie par M. le marquis de Piolenc, sous le nom de grimpereaUj, et qui doit se rapporter à la même espèce. Il a la tête variée de noir et de gris cendré : tout le reste de la partie supérieure , compris les deux intermédiaires de la queue, de ce même gris; la penne extérieure noirâtre à sa base , grise au bout, traversée dans sa partie moyenne par une tache blanche ; la penne suivante marquée delà même couleur, sur son côté intérieur seulement; la troisième aussi, mais plus près du bout et de manière que le blanc se res- serre toujours, et que le noir s'étend d'autant plus; il 2;agne encore davantage sur la quatrième et la cin- 1. J'ai vu dans les cabinets un oiseau dont le plumage resscmbloit singulièrement à celui de cette mésange, mais qui en dJ£féioit par ses proportions. Sa longueur totale étoit de ciuq pouces et demi; tarse, dix lignes; queue, vingt-neuf lignes, dépassant les ailes d'un pouce seulement ; mais le trait le plus marqué de dissemblance, c'étoit sou bec long de sept lignes , épais de trois à sa base. LE GRIMPE RE AU. So; quième penne, qui n'ont plus du tout de blanc, mais qui sont terminées de gris cendré comme les précé- dentes ; les pennes des ailes sont noirâtres , les moyen- nes bordées de gris cendré, les grandes de gris sale; chaque aile a une tache longitudinale, ou plutôt un trait blanc jaunâtre; la gorge est blanche, ainsi que le bord antérieur de laile ; le devant du cou et toute la partie inférieure sont dW roux clair ; les couver- tures inférieures des ailes les plus voisines du corps sont roussâtres, les suivantes noires, et les plus lon- gues de toutes blanches; le bec supérieur est noir, excepté l'arête, qui est blanchâtre, ainsi que le bec inférieur; enfui les pieds sont d'un brun jaunâtre. Longueur totale, cinq pouces un tiers; bec, six li- gnes et demie; tarse, huit lignes; doigt postérieur aussi long et plus gros que celui du milieu, et son ongle le plus fort de tous ; vol, sept pouces trois quarts; queue, dix-huit lignes, composée de douze pennes un peu inégales et plus courtes dans le milieu; elle dé- passe les ailes de dix lignes. Là MESANGE BLEUE. Parus cœruleus. L. Il est peu de petits oiseaux aussi connus que celui- ci , n" 3, fig. 2 , parce qu'il en est peu qui soient aussi communs, aussi faciles à prendre, et aussi remarqua- bles paries couleurs de leur plumage; le bleu domine sur bipartie supérieure, le jaune sur l'inférieure; le 5o8 LA MÉSANGE BLEUE. noir et le blanc paroissent distribués avec art pour sé- parer et relever ces couleurs, qui se multiplient en- core eu passant par différentes nuances. Une autre circonstance qui a pu contribuer à faire connoître la mésange bleue, mais en mauvaise part, c'est le dom- mage qu'elle cause dans nos jardins en pinçant les boutons des arbres fruitiers; elle se sert même avec une singulière adresse de ses petites griffes pour déta- cher de sa branche le fruit tout formé, qu'elle porte ensuite à son magasin. Ce n'est pas toutefois son uni- que nourriture ; car elle a les mêmes goûts qme les autres mésanges, la même inclination pour la chair, et elle ronge si exactement celle des petits oiseaux dont elle peut venir à bout, que M. Klein propose de lui donner leur squelette à préparer ^. Elle se distin- gue entre toutes les autres par son acharnement con- tre la chouette^. M. le vicomte de Querhoent a re- marqué qu'elle ne perce pas toujours les grains de chènevis comme les autres mésanges, mais qu'elle les casse quelquefois dans son bec comme les serins et les linottes. Il ajoute qu'elle paroît plus avisée que les autres, en ce qu'elle se choisit pour l'hiver un gîte plus chaud et de plus difficile accès. Ce gîte n'est ordinairement qu'un arbre creux ou un trou de muraille ; mais on sait bien qu'il y a du choix à tout. La femelle fait son nid dans ces mêmes trous, et 1. Il conseille la précaution d'onlever auparavant la plus grande partie des chairs et de la cervelle de l'oiseau dont on vcttt avoir le squelette bien disséqué. 2. Gesner prélend qu'étant plus petite, elle est aussi plus douce et moins méchante : mai? il paroît que ce n'est qu'une conjecture fondée sur un raisonnement très fautif, au lieu que ce que je dis est fondé sur robservalion. LA MÉSANGE BLEUE. 5o() n'y épargne pas les plumes : elle y pond au mois d'a- vril un grand nombre de petits œufs blancs; j'en ai compté depuis huit jusqu'à dix-sept dans un même nid, d'autres en ont trouvé jusqu'à vingt-deux; aussi passe-t-elle pour la plus féconde. On m'assure qu'elle ne fait qu'une seule couvée, à moins qu'on ne la trouble et qu'on ne l'oblige à renoncer ses œufs avant qu'elle les ait fait éclore ; et elle les renonce assez fa- cilement , pour peu qu'on en casse un seul , le petit fût-il tout formé , et même pour peu qu'on y tou- che : mais lorsqu'une fois ils sont éclos, elle s'y at- tache davantage et les défend courageusement; elle se défend elle-même et souffle d'un air menaçant lorsqu'on l'inquiète dans sa prison. Le mâle paroît se reposer plus à son aise étant accroché au plafond de sa cage, que dans toute autre situation. Outre son grin- cement désagréable, elle a un petit gazouillement foi- ble, mais varié, et auquel on a bien voulu trouver quelque rapport avec celui du pinson. M. Frisch prétend qu'elle meurt dès qu'elle est en cage, et que, par cette raison, l'on ne peut l'em- ployer comme appelant; j'en ai vu cependant qui ont vécu plusieurs mois en captivité , et qui ne sont mortes que de gras-fondure. Scliwenckfeld nous apprend qu'en Silésie on voit cette mésange en toute saison dans les montagnes; chez nous ce sont les bois où elle se plaît, surtout pendant l'été, et ensuite dans les vergers, les jar- dins, etc. M. Lottinger dit qu'elle voyage avec la charbonnière, mais que cette société est telle qu'elle peut être entre des animaux pétulants et cruel , c est- à-dire ni paisible ni durable. On dit cependant que 3lO LA MÉSANGE BLEUE. la femelle reste plus long-temps réunie que dans les autres espèces. La mésange bleue est fort petite , puisqu'elle ne pèse que trois gros; mais Belon , Klein, et le voya- geur Kolbe , ne dévoient pas la donner pour la plus petite des mésanges. La femelle l'est un peu plus que le mâle ; elle a mains de bleu sur !a tête , et ce bleu ainsi que le jaune du dessous du corps est moins vif : ce qui est blanc dans l'un et l'autre est jaunâtre dans les petits qui commencent à voler; ce qui est bleu dans ceux-là est brun cendré dans ceux- ci , et les pennes des ailes de ces derniers ont les mê- mes dimeuions relatives que dans les vieux. Longueur totale , quatre pouces et demi ; bec , quatre lignes et demie, les deux pièces égales et sans aucune échancrure ; langue tronquée, terminée par plusieurs filets, dont quelques uns sont cassés pour l'ordinaire; tarse , six lignes et demie; pieds gros et trapus, ditBelon; ongle postérieur le plus fort de tous; vol, sept pouces; queue, vingt-cinq lignes; elle dé- passe les ailes de douze; chacune de ses moitiés, composée de six pennes, est étagée. Les jeunes , en assez grand nombre, que j'ai disséqués sur la fin de mai, avoient tous le gésier un peu plus petit que leur mère , mais le tube intestinal aussi long. Deux légers vestiges de cœcum^ point de vésicule du fiel. LA MOU STAC Hli. .)! 1 »ai»»»»»e»«.»o»f»»»e»»i»e»ai»B.tti«'e\.-8-rme ovale et presque cylindrique, le ferme par dessus, laisse une entrée d'un pouce de diamètre daos le côté , et se ménage quelquefois deux issues qui se répondent, afin d'éviter l'embarras de se retourner : précaution d'autant plus utile que les pennes de sa queue se détacbent avec facilité , et tom- bent au plus léger froissement^. Son nid diffère en- core de celui du remiz en ce qu'il est plus grand ^ , d'une forme plus approchante de la cylindrique; que le tissu n'en est pas aussi serré ; que le contour de sa petite entrée ne forme pas communément au dehors un rebord saillant^; que son enveloppe extérieure est composée de brins d'herbe , de mousse, de lichen, en un mot, de matériaux plus grossiers, et que le de- dans est garni d'une grande quantité de plumes, et non de matière cotonneuse que fournissent les saules et les autres plantes dont ii a été parlé à l'article du remiz. 1. c'est ce qui iai a fait donner le uoru de pcrd-sa-queue. 2. J'ai mesuré de ces nids, qui avoient environ huit pouces de hauteur sur qnatr»' do largeur. 5. Cajelan Aïonli prétend que cela n'a jamais lieu. Ostio in tubiUum protenso, dit au contraire Daniel Tilius. Ces observations opposées pcMvcnt être également vraies, pourvu qu'on les restreigne au.v lieux et aux lesnps oii elles ont été faites, et qu'on ne veuille pas les donner pour des résultats généraux. Il est probai)le que ce nid suspendu à une branche do saule avancée sur l'eau, fait en forme de sac, composé de matière cotonneuse et de plumes, trouvé en 174^ aux ovirons de Prent^.low, dans la Marche- Ukraine, et dont parie Daniel Titius, étjjt un nid de mésange à longue queue : car, si ion vonloit le regarder comme celui d'un remiz,, il f.mdroit supposer que le remiz emploie des plumes dans la oonslrue- lion de son nid, ce qui est conlrair? à loules les observations; au Jinu que la mésang;; à longue queue les emp^)ie iant au dedans q-i'ati de- hors, iuais beauv^onp plus au dedans. r.iMTo.'N. xxiri. SI 3-26 LA MESANGE A LONGLE QUEUE. Les mésanges à longue queue pondent de dix à quatorze œufs, même jusqu'à vingt, tous cachés pres- que entièrement dans les plumes qu'elles ont amassées au fond du nid. Ces œufs sont de la arosseur d'une noisette , leur plus grand diamètre étant de six lignes; ils sont environnés d'une zone rougeâtre sur un fond gris , lequel devient plus clair vers le gros bout. Les jeunes vont avec les père et mère pendant tout l'hiver , et c'est ce qui forme ces troupes de douze ou quinze qu'on voit voler ensemble dans cette saison, jetant une petite voix claire, seulement pour se rap- peler; mais au printemps leur ramage prend une nouvelle modulation, de nouveaux accents^, et il devient beaucoup plus agréable. Aristote assure que ces oiseaux sont attachés aux montagnes. Belon nous dit qu'il les avoit observés en toutes contrées, et Belon avoit voyagé; il ajoute qu'ils quittent rarement les bois pour venir dans lesj*ardins. Wiilughhy nous apprend qu'en Angleterre ils fréquen- tent plus les jardins que les montagnes. M. Hébert est du même avis que Willugliby, en restreignant toutefois son assertion à l'hiver seulement. Selon Gesner, ils ne paroissent qu'au temps des froids, et ils se tiennent dans les endroits marécageux et parmi 1. 0 II chante si plaisarament au printemps, dit Belon, qu'il n'y a » guère autre oiseau qui ait la voix plus hautaine et plus aérée. » ( Nat. dea oiseaux. ) Gesner dit que, dans cette même saison, la mésange à longue queue dit gulckeg, guickeg. Selon toute apparence, ce n'est pas là le chant plaisant dont Belon a voulu parler. D'autres disent que cette mésange a la voix foible et un petit cri assez clair, ti, ù, ù , il; mais ce petit cri n'est pas sans doute le ramage qu'elle fait entendre au printemps. LA MESANGE A LONGUE QUEUE. 0^7 les roseaux, d'où ils ont tiré leur nom de ntésanges de roseaux. M. Daubenton le jeune en a vu des vo- iées au Jardin du Roi sur la fin de décembre , et m'a appris qu'on en voyoit assez communément dans îe bois de Boulogne. Enfin les uns disent qu'ils restent pendant l'hiver; les autres, qu'ils voyagent; d'autres enfin, qu'ils arrivent plus tard que les autres mésnn- ges , d'où ils ont été nommés mésanges de neige. Tous ces faits, tous ces avis contraires, peuvent èlre et sont, à mon sens, également vrais : il ne faut pour cela que supposer, ce qui est 1res vraisemblable, que ces oiseaux varient leur conduite selon les cir- constances des lieux et des temps; qu'ils restent où ils sont bien ; qu'ils voyagent pour être mieux ; qu'ils se tiennent «ur la montagne ou dans la plaine, daris les terrains secs ou humides, dans les forets ou dans les vergers, partout, en un mot, où ils rencontrent leur subsistance et leurs commodités. Quoi qu'il en soit, ils se prennent rarement dans les tt*ébuchets, et leur chair n'est point un bon manger. Leurs plumes sont presque décomposées, et res- semblent à un duvet fort long; ils ont des espèces de sourcils noirs; les paupières supérieures d'un jaune orangé ; mais cette couleur ne paroît guère dans les sujets desséchés ; le dessus de la tête , la gorge et tout le dessous du corps, blanc, ombré de noirâtre sur la poitrine, et quelquefois teinté de rouge sur le ventre, sur les flancs, et sous la queue ; le derrière du cou noir, d'où part une bande de même couleur qui parcourt toute la partie supérieure du corps, entre deux larges bandes d'un rouge faux; la queue noire, 5 '2 8 L^V MÉS^NCE A LONGUE OU EUE. bordée de blanc; la |>artie antérieure de l'aile noire et blanche; les grandes pennes noirâtres ; les moyennes aussi, mais bordées de blanc, excepté les plus pro- ches du corps qui le sont du même roux que le dos; le fond des plumes cendré foncé; l'iris gris ; le bec noir, mais gris à la pointe ; et les pieds noirâtres. La bande blanche du sommet de la tête s'élargit plus ou moins, et quelquefois gagne tellement sur les bandes noires latérales que la tête paroît toute blanche dans quelques individus; le dessous du corps est tout blanc : tels étoient ceux qu'a vus Belon, et quelques uns que j'ai observés moi-même. Dans les femelles les bandes latéiales de la tête ne sont que noirâtres ou même variées de blanc et de noir, et les couleurs du plumage ne sont ni bien décidées ni bien tranchées. Cet oiseau ne surpasse guère le roitelet en grosseur; il pèse environ cent quatorze grains. Gomme il tient ses plumes presque toujours hérissées, il pa- roît un peu plus gros qu'il n'est réellement. Longueur totale, cinq pouces deux tiers; bec, trois lignes et demie, plus épais que celui de la mé- sange bleue, le supérieur un peu crochu; la langue un peu plus large que celle de cette même mésange bleue, terminée par des filets; tarse, sept lignes et demie ; ongle postérieur le plus fort de tous ; vol , six pouces et demi; queue, trois pouces et demi, composée de douze pennes inégales, irrégulièrement étagées, et toujours augmentant de longueur depuis la plus extérieure, qui a dix-huit lignes, jusqu'à la cinquième, qui en a quarante-deux, plus ou moins ; ja paire intermédiaire n'en a que trente-neuf au plus. LA 31ESANGE A LONGUE QUEUE. Ô'2() et est à peine égale à la quatrième^; la queue dépasse les ailes d'en^'iron deux pouces et demi ; tube intes- tinal , quatre ponces. Je n'ai aperçu qu'un léger ves- tige de cœcum ; le gésier musculeuxcontenoit des dé- bris de matières végétales et d'insectes, un fragment de noyau , point de petites pierres. >»«»c»o»<»ia»»ir«W»»»«»«<»o»'»»»«> LE PETIT DEUIL. Parus cupensis. L. J'appelle ainsi une petite mésange que M. Sonne- rat a rapportée du cap de Bonne-Espérance, et dont il a fait paroître la description dans le Journal de Phy- sique. Les couleurs de son plumage sont en effet celles qui constituent le petit deuil : du noir, du gris, du blanc. Elle a la tête, le cou, le dessus et le dessous du corps, d'un gris cendré clair; les pennes des ailes noires, bordées de blanc; la queue noire dessus, blanche dessous; l'iris, le bec, et les pieds noirs. 1. Je l'ai vérifié sur nombre d'individus; mais, comQie ces pennes se délachent facilement , on pourroit , si Ion n'y prenoit garde , tomber dans quelques méprises. Belon dit que cette mésange a la queus four- chue comme l'hirondelle , et il dit en môme temps que cette queue est étagée : il faut doue que , dans l'individu qu'a vu Belon , les pennes de la queue se soient séparées, par quelque cause accidentelle, en deux parties, au lieu que, dans leur silualion naturelle , elles sont superpo- sées les unes aux autres , au point que la queue paroît fort étroite. Daniel Titius s'est aussi trompé en disant que la paire intermédiaire éioit la plus longue de toutes : c'est la cinquième pair« qui surpasse (v)iiles les autres en longueur. O.X) LE PETIT DEUIL. Celle mésange se rapproche des précédentes, sur- tout de ]a mésange à longue queue, par la manière de faire son nid. Elle l'établit dans les buissons les plus épais, mais non à l'extrémité des branches, comme l'ont supposé quelques naturalistes : le mâle y travaille de concert avec sa femelle; c'est lui qui, frappant de ses ailes avec force sur les côtés du nid, en rapproche les bords, qui se lient ensemble et s'arrondissent en forme de boule allongée. L'entrée est dans le flanc; les œufs sont au centre, dans le lieu le plus sûr et le plus chaud. Tout cela se trouve dans le nid de la mésange à longue queue ; mais ce qui ne s'y trouve pas, c'est un petit logement séparé où le mâle se tient tandis que la femelle couve. ^?9#9'$iâ>9«;e«e««#«@>e^ LA MESANGE A CEINTURE BLANCHE, Paras sibiricus. L. i^oL'S ne savons point l'histoire de cette mésange, 0° "joS , fig. 3, que nous avons vue dans le cabinet de M. Mauduit. M. Muller n'en a point parlé. 11 pourroit se faire qu'elle ne se trouvât pas en Danemarck, quoi- qu'elle ait été envoyée de Sibérie. Elle a sur la gorge et le devant du cou une plaque noire qui descend sur la poitrine , accompagnée de part et d'autre d'une bande blanche qui naît des coins de la bouche, des- cend en s"élargissant jusqu'aux ailes, et s'étend de chaque côté sur la poitrine, où elle prend une teinte de cendré, et forme une large ceinture ; tout le reste du dessous du corps est gris roussâtre , le dessus aussi , mais plus foncé ; la partie supérieure de la tête et du cou gris brun ; les couvertures supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la queue, brun cen- dré ; les pennes des ailes et la penne extérieure de la queue , bordées de gris roux ; le bec et les pieds noirâtres. Longueur totale, cinq pouces; bec, six lignes; tarse, sept; queue, vingt-deux, dépasse les ailes de quinze : elle est un peu étagée; en quoi cette espèce a plus de rapport avec la moustache, le remiz, et la mésange à longue queue, qu'avec les autres espèces, qui toutes ont la queue un peu fourchue. »t»»»»»8'g«^«»a»o.gi»8<»«r»g'»c»g^»a.»»»»»»»o»a<»■»»^»9««<^»c»9»9»o»»»a■»l OISEAUX ETRANGERS QUI ONT RAPPORT A LA MÉSANGE, LA MÉSANGE HUPPÉE DE LA CAROLINE. Parus bicolor. L. La huppe de cette mésange étrangère n'est point permanente, et n'est véritablement une huppe que lorsque l'oiseau, agité de quelque passion, relève les longues plumes qui la composent, et alors elle se termine en pointe; mais la situation la plus ordi- naire de ces plumes est d'être couchées sur la tête. Cet oiseau habite, niche, et passe toute l'année à la Caroline , à la Virginie ; et probablement il se trouve au Groenland, puisque M. Muller lui a donné place dans sa Zoologie danoise. Il se tient dans les fo- rêts, et vit d'insectes comme toutes les mésanges. Il est plus gros que l'espèce précédente, et propor- tionné différemment; car il a le bec plus court et la queue plus longue. Il pèse environ quatre gros. Son plumage est assez uniforme : il a le front ceint d'une j espèce de bandeau noir; le reste du dessus de la tête et du corps , et même les pennes de la queue et des ailes, gris foncé; le dessous du corps blanc, mêlé d'une légère teinte de rouge , qui devient plus seni^ LA MESANGE HUPPEE DE LA CAROLINE. ^J:^ sible sur les couvertures inférieures des ailes; le bec noir, et les pieds do couleur plombée. La femelle ressemble parfaitemeat au mâle. Longueur totale , environ six pouces ; bec , cinq li- gnes et demie; tarse, huit lignes et demie; doigt du milieu , sept lignes ; ongle postérieur le plus fort de tous; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes: elle dépasse les ailes d'environ seize lignes. II. LA MÉSANGE A COLLIER. •Sy/ym mttrata. Latham. 11 semble qu'on ait coiffé cette mésange d'un ca- puchon noir un peu en arrière sur une tète jaune, dont la partie antérieure est à découvert; la gorge a aussi une plaque jaune , au dessous de laquelle est un collier noir; tout le reste du dessous du corps est encore jaune, et loul le dessus olivâtre; le bec noir, et les pieds bruns. 1/oiseau est à peu près de la taille du chardonneret; il se trouve à la Caroline. Ijongueurtolale. cinq pouces; bec, six lignes; tarse, neuf lignes; queue, vingt-une lignes, un peu four- chue ; elle dépasse les ailes de dix lignes. ITT. LA MÉSANGE A CROUPJOiN JAUNE. Parus vir ginianus. L. Elle griuipe sur les arbres comme les pics, dit Ca- Sesbv. et connue eîix l'ait sa nourriture ordinaire des JJO LA MESANGE A CKOLTlOiV JAUNE. iiisecle.s. Elle a le bec noirâtre et les pieds bruns; la gorge et tout le dessous du corps gris; la tête et tout le dessus du corps jusqu'au bout de ia queue, compris les ailes et leurs couvertures , d'uu brun ver- dâtre j à l'exception toutefois du croupion, qui est jaune; ce croupion Jaune est la seule beauté de l'oi- seau , le seul trait remarquable qui interrompe l'in- sipide monotonie de son plumage, et c'est l'attribut le plus saillant qu'on puisse faire entrer dans sa déno- mination pour caractériser l'espèce. La femelle res- semble au mâle : tous deux sont un peu moins gros que le chardonneret, et ont été observés dans la Vir- ginie par Catesby. Longueur totale, environ cinq pouces; bec, cinq lignes; tarse, huit lignes; queue, vingt-une lignes, un peu fourchue, composée de douze pennes, dont les intermédiaires sont un peu plus courtes que les latérales; elle dépasse les ailes d'environ dix lignes. ï V. LA MÉSAJNGE GRISE A GORGE JAUNE. Sylvia fatvfl. Latu. Non seulenjent la gorge, mais tout le devant du cou est d'un beau jaune, et l'on voit encore de cha- que côté de la tête ou plutôt de la base du bec su- périeur une petite échappée de cette couleur; le reste du dessous du corps est blanc avec quelques mouchetures noires sur les flancs; tout le dessus est d'un joli gris; un bandeau noir couvre le iront, s'é- tend sur les yeux et descend des deux côtés sur Je cou, accompagnant la plaque jaune dont j'ai parlé; LA MKSANfrE GRISE A TrORGE JAUNE. ;)57 les aiies sonl d'un gris hrun et marquées de deux ta- ches blanches; la queue noire et blanche; le bec noir et les pieds bruns» La femelle n'a ni ce beau jaune qui relève le plu- mage du mâle, ni ces taches noires qui font sortir les autres couleurs. Cet oiseau est commun à la Caroline ; il ne pèse que deux gros et demi, et cependant M. Brisson le croit aussi gros que notre charbonnière qui en pèse sept ou huit. Longueur totale, cinq pouces un tiers; bec, six lignes; tarse , huit lignes et demie ; ongles très longs, le postérieur le plus fort de tous; queue, vingt-six lignes, un peu fourchue , composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de quatorze lignes. V. LA GROSSE MÉSANGE BLEUE. Parus c^anus. L. La figure de cet oiseau a été communiquée par le marquis Fachinetto à Aldrovande, qui ne l'a vue qu'en peinture; elle faisoit partie des dessins coloriés d'oi- seaux que certains voyageurs japonois oflrirent au pape Benoît XIV, et qui n'en furent pas moins suspects à Wiilughby; cet habile naturaliste les regardoit comme des peintures de fantaisie représentant des oiseaux imaginaires ou du moins très défigurés : mais par exactitude nous allons rapporter la description d'Al-^ drovande. <( Le bleu clair régnoit sur toute ia partie supé- rieure de cet oiseau , le blanc sur l'inférieure ; un 338 LxV GROSSE MÉSANGE BLEUE. bleu très foncé sur l»*s pennes de la queue el des ailes : il avoit l'iris de couleur jaune , une tache noire derrière les yeux, la queue aussi longue que le corps, et les pieds noirs et petits. » Ces petits pieds ne sont pas des pieds de mésanges; d'ailleurs toute cette description respire une certaine uniformité qui ne ressemble guère à la nature, et qui justifie les soup- çons de Willughby. VI. LA MÉSANGE AMOUREUSES Parus amatorius. L. La Chine a aussi ses mésanges : en voici une dont nous devons la connoissance à M. l'abbé Gallois, qui l'avoit apportée de l'extrémité de l'Asie, et qui la fit voir à M. Commerson en 1769. C'est sur la foi de celui-ci que je place cet oiseau à la suite des mésanges, dont il s'éloigne visiblement par la longueur et la forme de son bec. Le surnom à' amoureuse donné à cette espèce indi- que assez la qualité doaiinante de son tempérament : en effet, le mâle etlafemelle ne cessent de se cares- ser; au moins dans la cage c'est leur unique occupa- tion. Ils s'y livrent, dit-on, jusqu'à l'épuisement, et de cette manière non seulement ils charment les en- nuis de la prison, maiS/ils les abrègent; car on sent bien qu'avec un pareil régime ils ne doivent pas vivre fort long-temps, parcette règle générale que l'intensité 1. Quelques uns lui donnent le nom de chanolnesse , à cause de sa robe noire et de ses petites manchettes, comme on a donné le nom de chanoine au bouvreuil , celui de nonnette à la charbonnière , etc. LA MÉSANGE AMOl REISE. ÙOCJ de l'existence en diminue la durée. Si tel est leur but, s'ils ne cherchent en effet qu'à faire finir jDroniptement leur captivité , il faut avouer que dans leur désespoir ils savent choisir des moyens assez doux. M. Com- merson ne nous dit pas si ces oiseaux remplissent avec la même ardeur toutes les autres fonctions rela- tives à la perpétuité de l'espèce, telles que la construc- tion du nid, 1 incubation, l'éducation, eutin s'ils pon- dent comme nos mésanges un grand nombre d'œufs. D'après la marche ordinaire de la nature , qui est toujours conséquente , l'affirmative est assez probable, avec toutes les modifications néanmoins que doivent y apporter la différence du climat et les bizarreries de l'instinct particulier, qui n'est pas toujours aussi con- séquent que la nature. Leur plumage est en entier d'un noir d'ardoise, qui règne également sur le dessus et le dessous du corps, et dont l'uniformité n'est interrompue que par une bande mi-partie de jaune et de roux posée Ion- gitudinalement sur l'aile, et formée par la bordure extérieure de quelques unes des pennes moyennes : cette bande a trois dentelures à son origine vers le milieu de l'aile, qui est composée de quinze ou seize pennes assez différentes en longueur. La mésange amoureuse pèse trois gros : elle est de la forme des autres mésanges, et d'une taille moyenne ^; mais elle a la queue courte, et par cette raison sa lon- gueur totale est d'autant moindre , et de cinq pouces un quart seulement; bec, huit lignes, noir à la base, 1 . M. Gommerson , dans une note écrite de sa main , après avoir dit qu'elle ne pesoit que trois gros, ajoute qu'elle est de la taille de notre . grosse charbonnière, qui cependant pèse une fois davantage au moins. t r>4o LA MÉSANGE AMOUREUSE. (l'un orangé vif à l'extrémitc opposée , la pièce supé- rieure excédant un peu l'inférieure , et ayant ses bords léi^èrement écliancrés vers la pointe; langue comme tronquée par le bout, ainsi que dans les autres mé- sanges; tarse, huit lignes; doigt du milieu le plus long de tous, adhérent par sa première phalange au doigt extérieur; les ongles formant un demi-cercle par leur courbure, le postérieur le plus fort de tous; vol , sept pouces et demi; queue, près de deux pouces, un peu fourchue, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes d'un pouce et plus. La mésange noire ou cela de M. Linnaeus a des rap- ports frappants avec cette espèce, puisqu'elle n'en diffère, quant aux couleurs, que par son Lee blanc, et par une tache jaune qu'elle a sur les couvertures supérieures de la queue. M. LinnaBus dit qu'elle se trouve aux Indes; mais il faut que ce soit aux Indes occidentales, car M. Le Page Dupratz l'a vue à la Guiane. Malgré cette grande différence de cliioats, on ne peut guère s'empêcher de la regarder comme une simple variété dans l'espèce de la mésange amou- reuse de la Chine : pour s'expliquer plus positive- ment, il faudroit connoître la taille, les dimensions et surtout les habitudes naturelles de cet oiseau. Pla77 Tome 23 Pa.-n.aTxet,scnln 1 Ij A STTELLE __ 2 .LE PB TIT GRTMÏEREAU DET-ÎIAÎTCE 3 LE PETIT GRTMPERE AUDE LA GITZMqiSEE . LÀ SITTELLE. 5 ^| l P»»»tq<»»»«i9a»»»J>^S»C-»»H LA SITTELLE'. VULGAIREMENT LE TORCHE-POT. Sitta europœa. L. La plupart des noms que les modernes ont impo- sés à cet oiseau ne présentent que des idées fausses ou incomplètes, et tendent à le confondre avec des oiseaux d'une toute autre espèce : tels sont les noms de pic cendré^ pic de mai^ pic bleu_, pic-maçon^ pico- telle, tape-boisy casse-noix ^ casse-noisette j, grimpard , grand grimpereauj hoche -queue j, cendrille. Ce nest pas que les propriétés diverses indiquées par ces dif- férents noms ne conviennent à l'espèce dont il s'agit dans cet article, mais ou elles ne lui conviennent qu'en partie ou elles ne lui conviennent point exclu- sivement. Cet oiseau frappe de son bec l'écorce des ar- bres, et même avec plus d'effort et de bruit que les pics et les mésanges ^. De plus, il a beaucoup de l'air et de la contenance de ces dernières; mais il en dif- fère par la forme du bec , et des premiers parla forme de la queue ^, des pieds et de la langue. Il grimpe 1. En Lorraine, maçon, pic-maçon (Lottinger) ; en Normandie, perce-pot, au[Tc{oh chausse -pot, selon Gotgrave; en Picardie, ginm- pard ou grimpant; à Issoudun , cendrille; ailleurs , dos bleu, pic-bleu ^ cape-bois, béque-bois cendré, casse-noix , elc. ; en Dan}3hiné, planot. 2. il conserve cette halntude en cage , dans laquelle il sait forl bien faire un trou pour s'échapper ; il en frappe à tout moment les parois, f{ à coups réitérés, depuis deux ou trois jusqu'à huit ou neuf; il casse ainsi des carreaux do vitie et les glaces de miroir. 5. M. Moehriag dit qu'il a les pennes de la queue roidrs; cepeu- BliFFON. XXIII. 2 2 54'^ LA SITTELLE. sur les troncs et les branches comme les oiseaux aux- quels l'usage a consacré le nom de grlmpereaux ; mais il en diffère par son bec et par l'h^abitude de casser des noix, et d'autre part il diffère du casse-noix par l'habitude de grimper sur les arbres. Enfin il a dans la queue un mouvement alternatif de haut en bas comme les lavandières, mais il a des mœurs et des allures entièrement différentes. Pour éviter toute con- fusion, et conserver autant qu'il est possible les noms anciens, j'ai donné à notre oiseau celui de sittelle, d'après les noms grec et latin sittè:, sitta; et comme il a plus de choses communes avec les mésanges d'une part, et de l'autre avec les grimpereaux et les pics, qu'avec aucune autre famille d'oiseaux, je lui conser- verai ici la place que la nature semble lui avoir mar- quée dans l'ordre de ses productions. La sittelle, n° 6^5, fig. i , ne passe guère d'un pays à l'autre ; elle se tient l'hiver comme l'été dans celui qui l'a vu naître : seulement en hiver elle cherche les bonnes expositions, s'approche des lieux habités, et vient quelquefois jusque dans les vergers et les jar- dins. D'ailleurs elle peut se mettre à l'abri dans les mêmes trous où elle fait sa ponte et son petit maga- sin, et où probablement elle passe toutes les nuits; car dans l'état de captivité, quoiqu'elle se perche quelquefois sur les bâtons de sa cage, elle cherche des trous pour dormir, et, faute de trous, elle s'ar- range dans l'aujïet où l'on met sa man2:eaille. On a dantBclon avoit remarqué lo contraire long-temps auparavant, et c'est même une des trois différences principales qu'il avoit observées entre la sittelle et les pics. Pour moi, j'ai vu comme Belon; je soupçonne que M. Moehring n'a vu que par les yeux d'autrui. LA SITTliLLE. 545 aussi remarqué que, dans laçage, Jorsqu'elie s'accro- che, c'est rarement dans la situation qui semble la plus naturelle , c'est-à-dire la tête en haut , mais pres- que toujours en travers et même la tête en bas : c'est de cette façon qu'elle perce les noisettes après les avoir fixées solidement dans une fente. On la voit cou- rir sur les arbres dans toutes les directions pour donner la chasse aux insectes, xlristote dit qu'elle a l'habitude de casser les œufs de l'aigle , et il est possible en effet qu'à force de grimper elle se soit élevée quelquefois jusqu'à l'aire de ce roi des oiseaux ; il est possible qu'elle ait percé et mangé ses œufs, qui sont moins durs que des noisettes : mais on ajoute trop légère- ment que c'est une des causes de la guerre que les aigles font aux sitteiles ^ ; comme ^^i un oiseau de proje avoit besoin d'un motif de vengeance pour être l'en- nemi des oiseaux plus foiblcs et les dévorer.^ Quoique la sittelle passe une bonne partie de son temps à grimper ou, si l'on veut, à ramper sur les arbres, elle a néanmoins les mouvements très lestes et beaucoup plus prompts que le moineau : elle les a aussi plus liants et plus doux; car elle fait moins de bruit en volant. Elle se tient ortlinairement dans les bois, où elle mène la vie la plus solitaire; et cepen- dant lorsqu'elle se trouve renfermée dans une vo- 1. Quidam ciatiiatoriam dicunt, Labeo prolùbitonam, et apud ISigri- dium subis appellatur avisfjuœ aquilarum ova frangat {PVin., Nat. Hist., lib. X, cap. XIX ). Ne seroit-ce point là le sitta d'Àrislote? Pline n'en parle dans aucun autre endroit, et il désigne ici cet oiseau par un trait de son histoire que cite Aristole : d'ailleurs le nom de pro/ubitoria que lui donne Labéon semble avoir rapport aux fables anciennes qu'on a débitées sur la ^ittelle, sur la sorcellerie , sur l'usage qu'en faisoient les nécromanciens. 544 ^^ SITTELLE. lière avec d'autres oiseaux, comme moineaux, pin- sons, etc. , elle vit avec eux eu l'oit bonne intelli- gence. Au printemps le mâle a un chant ou cri d'amour, guiricj guiriCj, qu'il répète souvent : c'est ainsi qu'il rappelle sa femelle. Celle-ci se fait rappeler, dit-on, fort long-temps avant de venir; mais enfin elle se rend aux empressements du mâle, et tous deux travaillent à l'arrangement du nid : ils l'établissent dans un trou d'arbre^; et s'ils n'en trouvent pas qui leur convienne, ils en font un à coups de bec, pourvu que le bois soit vermoulu : si l'ouverture extérieure de ce trou est trop large, ils la rétrécissent avec de la terre grasse, quelquefois même avec des ordures qu'ils gâchent et façonnent , dit-on, comme feroit un potier, fortifiant l'ouvrage avec de petites pierres, d'où leur est venu le nom àe pic-maçon et celui de torche-potj nom qui, pour le dire en passant , ne présente pas une idée bien claire de son origine ^. Le nid étant ainsi arrangé, ceux qui le regardent par dehors n'imagineroient pas qu'il recelât des oi- seaux. La femelle y pond cinq, six, et jusqu'à sept œufs de forme ordinaire, fond blanc sale, pointillé de roussâtre ; elle les dépose sur de la poussière de bois, de la mousse, etc. ; elle les couve avec beau- 1 Quelquefois dans un trou de muraille ou sous un toit, dit M. Lin- naeus. 2. Ce nom vient du nom bourguignon torche-poieux , qui signifie à la lettre iorche-pertuis, et convient assez bien à notre oiseau, à cause de l'art avec lequel il enduit et resserre l'ouverture du trou où il niche. Ceux qui ne connoissoient pas le patois bourguignon auront fait de ce nom celui de torche-pot , qui peut-être ensuite aura donné lieu de com- parer l'ouvrage de la siltelle à celui d'un potier de terre. LA SIÏTELLE. 545 coup d'assiduité, et elle y est lellenient attachée qu'elle se laisse arracher les plumes, plutôt que de les aban- donner. Si l'on fourre une baguette dans son trou, elle s'enflera, elle sifflera comme un serpent, ou plu- tôt comme feroit une mésange en pareil cas : elle ne quitte pas môme ses œufs pour aller à la pâture, elle attend que son mâle lui apporte à manger ; et ce mâle paroît remplir ce devoir avec affection. L'un et l'autre ne vivent pas seulement de fourmis, comme les pics, mais de chenilles, de scarabées, de cerfs-volants, et de toutes sortes d'insectes, indépendamment des noix, noisettes^, etc. Aussi la chair de leurs petits, lors- qu'ils sont gras, est-elle un bon manger, et ne sent point la sauvagine comme celle des pics. Les petits éclosent au mois de mai^ : lorsque l'é- ducation est finie, il est rare que les père et mère recommencent une seconde ponte; mais ils se sé- parent pour vivre seuls pendant l'hiver, chacun de son côté. « Les paysans ont observé, dit Belon , que le mâle bal sa femelle quand il la trouve lorsqu'elle s'est dé- partie de lui , dont ils ont fait un proverbe pour un qui se conduit sagement en ménage, qu'il ressemble au lorche-pot. » Mais, quoi qu'il en soit de la sagesse des maris, je ne crois point que, dans ce cas particulier, celui-ci ait la moindre intention de battre sa femme : je croi- 1. J'ai nourri une femelle pendant six semaines du chènevis que d'autres oiseaux laissoient tomber tout cassé. On a remarqué en eflfet que la sittelle se jette dans les chènevières vers le mois de septembre. 2. Jen ai vu d'éclôs dès le lo, et j'«i vu des œufs qui ne l'étoient pas encore le i5 cl plus tard. 346 LA SITTELLE. rois bien plutôt que cette femelle , qui se fait désirer si long-temps avant la ponte, est la première à se re- tirer après l'éducation de sa famille, et que, lorsque le mâle la rencontre après une absence un peu longue, il l'accueille par des caresses d'autant plus vives, Jneme un peu brusques, et que des gens qui n'y re- gardent pas de si près auront prises pour de mauvais traitements. La sittelle se tait la plus grande partie de Tannée : son cri ordinaire est ti, tl^ ti^ tij tt^ tij, ti^ qu'elle répète en grimpant autour des arbres, et dont elle précipite la mesure de plus en plus. M. Linnseus nous apprend, d'après M. Strom^ qu'elle chante aussi pen- dant la nuit. Outre ces différents cris et le bruit qu'elle fait en battant Técorce, la sittelle sait encore, en mettant son bec dans Une fente, produire un autre son très singulier, comme si elle faisoit éclater l'arbre en deux, et si fort qu'il se fait entendre à plus de cent toises^. On a observé qu'elle marchoit en sautillant, qu'elle dormoit la tête sous l'aile, et qu'elle passoit la nuit sur le plancher de sa cage, quoiqu'il y eût deux ju- choirs où elle pouvoit se percher. On dit qu'elle ne va pas boire aux fontaines, et par conséquent on ne la prend point à l'abreuvoir. Schwenckfeld rapporte qu'il en a pris souvent en employant le suif pour tout appât; ce qui est un nouveau trait de conformité avec 1. Outre leur toque , toque , toque, contre le bois, ces oiseaux frot- tent leur bec contre des branches sèches el creuses , et font un bruit grrrrrro, qu'on entend de très loin, et qu'on imagineroit venir d'un oiseau vingt fois plus gros. LA SITTELLE. 54; Jes mésanges, qui, coiume on Ta vu , aiment toutes 3es graisses. Le mâle pèse près d'une once, et la femelle cinq à six gros seulement^. Le premier a toute la partie su- périeure de la tête et du corps, et même les deux pennes intermédiaires de la queue , d'un cendré bleuâ- tre ; la gorge et les joues blanchâtres; la poitrine et le ventre orangés; les flancs, les jambes et les envi- rons de l'anus d'une teinte plus rembrunie, tirant au marron; les couvertures inférieures de la queue blan- châtres, bordées de roux, s'étendant à cinq lignes du bout de la queue; un bandeau noir qui part des narines, passe sur les yeux, et s'étend en arrière au delà des oreiUes; les grandes couvertures supérieures et les pennes des ailes brunes, bordées de gris plus ou moins foncé ; les pennes latérales de la queue noires, terminées de cendré, la plus extérieure bor- dée de blanc sur la moitié de sa longueur, et traver- sée vers le bout par une tache de même couleur; les trois suivantes marquées d'une tache blanche sur le côté intérieur; le bec cendré dessus, plus clair dessous; les pieds gri», le fond des plumes cendré noirâtre. La femelle a les couleurs plus foibles : j'en ai ob- servé une , le 5 mai , qui avoit tout le dessous du corps , depuis l'anus jusqu'à la base du cou, sans aucune plume, comme c'est l'ordinaire dans les femelles des oiseaux. Longueur totale, six pouces ; bec, dix lignes, droit, un peu renflé dessus et dessous, les deux pièces à peu 1. Un individu desséché à la cheminée depuis un an , et fort bien conservé, ne pesoit «jue deux gros et demi. 34^ tA 51TTELLE. près égales, la pièce supérieure sans échancrure; na- rines presque rondes, à demi recouvertes par de pe- tites plumes qui naissent de la base du bec, et dont l'alit^nement est parallèle à son ouverture ; la langue piate, plus large à sa base. Variétés de la Sittelle. Le type de ce genre d'oiseau paroît très ferme et n'avoir été que foiblement modifié par les influences des climats divers : c'est partout les mêmes allures, les mômes habitudes naturelles; toujours du gris cendré sur la partie supérieure , du roux plus ou moins clair et tirant quelquefois au blanchâtre sur la partie inférieure. La principale différence est dans la gran- deur et les proportions ; et cette différence ne dépend pas toujours du climat : d'ailleurs elle n'est pas suffi- sante pour constituer des espèces diverses; et après avoir comparé avec grande attention nos sittelles eu- ropéennes avec les étrangères, je ne puis m'empêcher de rapporter celles-ci aux premières comme des va- riétés qui appartiennent à la même espèce. Je n'en excepte qu'une seule qui en diffère à plu- sieurs égards, et qui d'ailleurs^ par son bec un peu courbé, me semble faire la nuance entre les sittelles et les grimpereaux. LA PETITE SITTELLE. On ne peut parler de cette variété de grandeur que d'après Belon : elle est selon lui beaucoup plus p LE GRIMPE RE AU. plus longues superposées aux plus courtes , ce qui fait paroître la queue étroite ; toutes ces pennes poin- tues par le bout, ayant l'extrémité de la côte usée comme dans les pics , mais étant moins roides que dans ces oiseaux ; cette queue dépasse les ailes de douze lignes. Les ailes ont dix-sept pennes; celle que l'on regarde ordinairement comme la première , et qui est très courte , ne doit point être comptée parmi les pennes. OEsophage, deux pouces; intestins, six; gésier musculeux, doublé d'une membrane qui ne se déta- che pas facilement; ilcontenoitdes débris d'insectes, mais pas une seule petite pierre ni fragment de pierre; légers vestiges de cœcum; point de vésicule du fiel. Variété du Grimpereau. LE GRAND GRIMPEREAU. C'est une simple variété de grandeur, qui a les mêmes allures, le même plumage, et la même con- formation que le grimpereau : seulement il paroît moins défont , moins attentif à sa propre conserva- tion; car, d'un côté, Beîou donne le grimpereau or- dinaire pour un oiseau difficile à prendre, et, de l'au- tie , Klein raconte qu'il a pris un jour à la main un de ces grands grimpereaux qui couroit sur un arbre. pennes : sans doute qu'il en manquoit deux ; car j'en ai compté douze, ainsi que MM. Pennanl et Moehring. PliyB Tome a; 1.LB GRIMPERE AUDE MDEAELLE _ 2 LE SOUI-MMIG-A^TERT DOEE ^LONGUE gUffilIE 3 LE SOUl-MANGA OLIVE, À GOR&B POtIKPKE LE GRIMPKIIEAW DE MUllAlLLK. ùbî LE GRIMPEREAU DE MURAILLE \ Certhia muraria, L. Tout ce que le grinipereau de Tarticle précèdent fait sur les arbres, celui-ci, n** 572, fio;. 1, le mâle, et fig. 2, la femelle, le fait sur les murailles; il y loge, il y grimpe , il y chasse , il y pond 2. Je comprends sous ce nom de murailles non seulement celles des hom- mes, mais encore celles de la nature , c'est-à-dire les grands radiers coupes à pic. M. Kramer a remarqué de ces oiseaux qui se tenoient dans les cimetières par préférence, et qui pondoient leurs œufs dans des crânes humains. Ils volent en battant des ailes à la manière des huppes; et quoiqu'ils soient plus gros que le précédent, ils sont aussi remuants et aussi vifs. Les mouches, les fourmis, et surtout les arai- gnées , sont leur nourriture ordinaire. Belon croyoit que c'étoit une espèce particulière à la province d'Auvergne : cependant elle existe en Autriche, en Silésie, en Suisse, en Pologne, en Lor- raine, surtout dans la Lorraine allemande, et môme, selon quelques uns , en Angleterre ; selon d'autres , 1. Le nom An pic de montagne, qu'on lui donne à Turin, est un indice qu'on le soupçonne , au moins dans ce pays , de s'accommoder aussi bien des trous de rocher que de ceux de muraille; et d'ailleurs Schwenckfeld dit qu'on le voit communément dans les citadelles qui soat situées sur les montagnes. 2. On dit aussi qu'il pond dans des trous d'arbre. 562 LU GRIMPEllEALl DE MURAILLE. elle y est au moins fort rare * : elle est au contraire assez commune en Italie, aux environs de Bologne et de Florence, mais beaucoup moins dans le Piémont. C'est surtout l'hiver que ces oiseaux paroissent dans les lieux habités; et , si l'on en croit Belon , on les en- tend voler en l'air de bien loin , venant des monta- gnes pour s'établir contre les tours des villes. Ils vont seuls ou tout au plus deux à deux, comme font la plupart des oiseaux qui se nourrissent d'insectes; et, quoique solitaires, ils ne sont ni ennuyés ni tristes^ : tant il est vrai que la gaieté dépend moins des res- sources de la société que de l'organisation intérieure! Le mâle a sous la gorge une plaque noire qui se prolonge sur le devant du cou , eï c'est le trait carac- téristique qui distingue le mâle de sa femelle ; le des- sus de la tête et du corps d'un joli cendré ; le dessous du corps d'un cendré plus foncé; les petites couver- tures supérieures des ailes, couleur de rose ; les gran- des noirâtres, bordées de couleur de rose; les pen- nes terminées de blanc, et bordées , depuis leur base jusqu'à la moitié de leur longueur, de couleur de rose qui va s'affoiblissant , et qui s'éteint presque sur les pennes les pkis proches du corps; les cinq pre- mières marquées, sur le côté intérieur, de deux ta-r ches d'un blanc plus ou moins pur, et les neuf sui- vantes d'une seule tache fauve ; les petites couvertures inférieures, les plus voisines du bord, couleur de rose, les autres noirâtres; les pennes de la queue noirâtres, terminées, savoir : les quatre paires in- i. M. Edwards ne la croit ni native ni de passage en Angleterre : il ne l'y a jamais vue , non plus que Ray et Willughby. 3 II sont gais et vioges , dit Belon. LE CRIMPEREAU DE MURAILLE. 565 termédiaires de gris sale, et les deux paires extérieu- res de blanc ; le bec et les pieds noirs. La femelle a la gorge blanchâtre. Un individu que j'ai observé avoit sous la gorge une grande plaque d'un gris clair, qui descendoit sur le cou , et envoyoit une branche sur chaque côté de la tête. La femelle, que M. Edwards a décrite, étoit plus grande que le mâle décrit par M. Brisson. En général, cet oiseau est d'une taille moyenne entre celle du merle et celle du moineau. Longueur totale , six pouces deux tiers; bec, qua- torze lignes, et quelquefois jusqu'à vingt, selon M. Brisson ; langue fort pointue, plus large à sa base , terminée par deux appendices; tarse, dix à onze li- gnes ; doigts disposés trois en avant et nn seul en ar- rière, celui du milieu neuf à dix lignes, le postérieur onze , et la corde de l'arc formé par l'ongle seul , six ; en général, tous les ongles longs, fins et crochus; vol, dix pouces; ailes composées de vingt pennes selon Edwards, de dix-neuf selon Brisson, et tous deux comptent parmi ces pennes la première qui est très courte et n'est point une penne ; queue , vingt-une li- gnes , composée de douze pennes à peu près égales ; elle dépasse les ailes de six à sept lignes. Belon dit posil ivement que cet oiseau a deux doigts devant et deux derrière ; mais il avoit dit aussi que le grimpereau précédent avoit la queue courte. La cause de cette double erreur est la même : Belon regardoit ces deux oiseaux comme avoisinant la famille des pics^, et il leur en a donné les attributs sans y re- 1. Belon nommj celui-ci pic de muraille, et les rapports du grim- pereau précédent avec les pics ne lui avoient point échappé. 364 ^E GKIMPEREAU DE MURAILLE. garder de bien près ; c'est qu'il Toyoit quelquefois par les yeux de l'analogie : or Ton sait que la lumière de l'analogie, qui éclaire si souvent l'esprit et le mène aux grandes découvertes, éblouit quelquefois les yeux dans le détail des observations. OISEAUX ÉTRANGERS DE l'ancien continent QUI ONT RxiPPORT AUX GRIMPEREAUX. Je donnerai à ces oiseaux le nom de soui-mangas ^ que porte à Madagascar une assez belle espèce , par laquelle je vais commencer l'histoire de cette tribu. Je ferai ensuite un article séparé des oiseaux étran- gers du nouveau continent qui ont quelque rapport à nos grimpereaux, mais auxquels ce nom de grlm-- pereaux ne peut convenir, puisqu'on sait que la plu- part ne grimpent point sur les arbres, et qu'ils ont des mœurs, des allures, et un régime fort différents. Je les distinguerai donc, et de nos grimpereaux d'Eu- rope , et des soui-mangas d'Afrique et d'Asie, parle nom de guit-guits ^ nom que les sauvages, nos maî- tres en nomenclature, ont imposé à une trèsbe'ie es- pèce de ce genre qui se trouve au Brésil. J'appelle les sauvages nos maîtres en nomenclature, et j'en pourrois dire autant des enfants, parce que les uns et les autres désignent les êtres par des noms d'après nature, qui ont rapport à leurs qualités sensibles. OISEAUX QUI ONT IlAP P. AUX GRIMPLUEAUX. ù6î\ souvent même à la plus frappanle , et qui par consé- quent les représentent à l'imagination et les rappel- lent à l'esprit beaucoup naieux que nos noms abstraits, adoucis, polis, défigurés, et qui hi plupart ne ressem- blent à rien. En générai , les grimperaiix et les soui-mangas ont le bec plus long à proportion que les guit-gr.its, et leur plumage est pour ie moins aussi beau , aussi beau njème que celui des brillants colibris : ce sont les couleurs les plus riches, les plus éclatantes, les plus moelleuses; toutes les nuances de vert, de bleu , d'o- rangé, de rouge, de pourpre, relevées encore par l'opposition des différentes teintes de brun et de noir velouté, qwi leur servent d'ombre. On ne peut s'em- pêcher d'admirer l'éclat de ces couleurs , leur jeu pé- tillant, leur inépuisable variété, même dans les peaux desséchées de ces oiseaux qui ornent nos cabinets : on croiroit que la nalure a employé la matière des pierres précieuses, telles que le rubis, l'émeraude, l'améthyste, l'aigue-marine, la topaze, pour en com- poser les barbes de leurs plumes. Que seroil-ce donc si nous pouvions contempler dans toute leur beauté ces oiseaux eux-mêmes, et non leurs cadavres ou leurs mannequins; si nous pouvions voir l'émail de leur plumage dans toute sa fraîcheur, animé par le souffle de vie , embelli par tout ce que la magie du prisme a de plus éblouissant, variant ses reflets à chaque mou- vement de l'ois-eau qui se meut sa*ns cesse, et taisant jaillir sans cesse de nouvelles couleurs ou plutôt de nouveaux feux! Dans le petit comme dans le grand, il faut, pour bien connoître la nature, l'étudier chez elle-même; 366 OISEAUX QUI ONT KAPP. AUX GRIMPEKEAUX. il faut la voir agir en pleine liberté, ou du moins il faut tâcher d'observer les résultats de son action dans toute leur pureté, et avant que l'homme y ait mis la main. Il y a beaucoup de soui-mangas vivant chez les oi- seleurs hollandois du cap de Bonne-Espérance : ces oiseleurs ne leur donnent pour toute nourriture que de l'eau sucrée; les mouches, qui abondent dans ce climat, et qui sont le fléau delà propreté hollandolse, suppléent au reste. Les souis-mangas sont fort adroits à cette chasse, ils attrapent toutes celles qui entrent dans la volière ou qui en approchent ; et ce qui prouve que ce supplément de subsistance leur esttrès nécessaire, c'est qu'ils meurent peu de temps après avoir été transportés sur les vaisseaux , où il y a beau- coup moins d'insectes. M. le vicomte de Querhoent, à qui nous devons ces remarques, n'en a jan>ais pu conserver au delà de trois semaines. LE SOUI-MANGA. Certhia Soul-Manga. L. C'est, suivant M. Commerson , le nom que l'on donne à ce bel oiseau dans l'île de Madagascar, où il l'a vu vivant. Le soui-manga a la tête , la gorge , et toute la par- tie antérieure d'un beau vert, brillant, et cl?e plus un double collier, l'un violet et l'autre mordoré : mais ces couleurs ne sont ni simples ni permanentes; la lu- mière qui se joue dans les barbes des plumes comme dans autant de petits prismes, en varie incessamment LE SOUI-MANGA. 067 les nuances depuis le vert doré jusqu'au bleu foncé. Il y a de chaque côté au dessous de l'épaule une ta- che d'un beau jaune; la poitrine est brune; le reste du dessous du corps jaune clair, le reste du dessus du corps olivâtre obscur; les grandes couvertures et les pennes des ailes brunes, bordées d'olivâtre: celles de la queue noires, bordées de vert, excepté la plus exté- rieure , qui l'est en partie de gris brun ; la suivante est terminée de cet!e môme couleur; le bec et les pieds sont noirs. La iemelle est un peu plus petite et beaucoup moins belle; brun olivâlre dessus, olivâtre tirant au jaune dessous; du reste ressemblant au mâle dans lout ce qui n'a point d'éclat. Cet oiseau est à peu près de la grosseur de notre troglodyte. Longueur totale, environ quatre pouces; bec , neuf lignes ; tarse, six lignes et plus ; doigt Au milieu, cinq lignes et demie, plus grand que le postérieur; vol, six pouces; queue, quinze lignes, composée de douze pennes égales; elle dépasse les ailes de sept à huit lignes. On doit rapporter à cette espèce, comme variété très prochaine , le soui-manga de l'île de Luçon, que j'ai vu dans le beau cabinet de M. Mauduit, et qui a la gorge , le cou , et la poitrine couleur d'acier poli , avec des reflets verts, bleus, violets, etc.; et plu- sieurs colliers que le jeu brillant de ces reflets paroît multiplier encore : il semble cependant que l'on en distingue quatre plus constants, l'inférieur violet noi- râtre, le suivant marron, puis un brun, et enfin im jaune ; il Y a deux taches de cette couleur au dessous des épaules; le reste du dessous du corps gris olivâ- 7)68 LK SOUl-MANG A. tre; îe dessus du corps vert foncé avec des reflets bleus, violets, etc. ; les pennes des ailes, les pennes et couvertures supérieures delà queue d'un brun plus ou moins foncé, avec uu œil verdâtre. Longueur totale, un peu moins de quatre pouces ; bec, dix lignes; tarse, sept; ongle postérieur le plus fort; queue, quinze lignes, carrée; elle dépasse les ailes de sept lignes. ÎL LE SOUI-MAiNGA MARRON POURPRÉ A POITRl?sE ROUGET Cerlliia sperata. L- Scba dit que le chant de cet oiseau des îles Phi- lippines est semblable à celui du rossignol : il a la tête, la gorge, et le devant du cou, variés de fauve et de noir lustré, changeant en bleu violet; le dessus du cou et le dessus du corps dans sa partie antérieure, marron pourpré, dans sa partie postérieure violet chan- geant en vert doré ; les petites couvertures des ailes de même, les moyennes brunes, terminées de marron pourpré; la poitrine et le haut du ventre d'un rouge vif; le reste du dessous du corps, dun jaune olivâtre; les pennes etgrandes couvertures des ailesbrunes, bordées de roux ; les pennes de la queue noirâtres, avec des re • ilets d'acier poli, bordées de violet changeant en vert doré; bec noir dessus (jaune, selon Seba), blan - châtre dessous ; pieds bruns (jaunâtres selon Seba), el les ongles longs. î. IN" '2f\6, fig. 1, le inâlc, où cet oisciu est lepréseiité sous le noiu de grimpereau des Philippines ; el fig. 2 , la femelle. LE SOUl-.M Àj\ (; A A POITHINE JAUNK. 7)6g La femeile diflère du mâle en ce qu'elle est vert d'olive dessus, jaune olivâtre dessous ; que les pennes de sa queue sont noirâ^es , et les quatre paires laté- rales terminées de gris : ces oiseaux sont un peu plus petits que nos grirapereaux. Longueur totale , quatre pouces ; bec , huit lignes; tarse, six; doigt du milieu, cinq, le postérieur un peu plus court; vol, six pouces; queue, un pouce, composée de douze pennes; elle dépasse les ailes de trois lignes. Variétés du Soid-Manga marron pourpré à poitrine rouse. Le petit grimpcreua ou soui-manga brun et b/anc d'Edwards a tant de rapport avec celui-ci, que je ne puis m'empôcher de le regarder comme une variété d'âge dont le plumage n'est point encore formé et commence seulement à prendre des reflets : en ellet, il est blanc dessous, brun dessus, avec quelques re- flets de couleur de cuivre; il a un trait brun entre le bec et l'œil; des espèces de sourcils blancs; les pen- nes des ailes d'un brun plus foncé que le dos, et bordées d'ime couleur plus claire; les polet. \. N° 68i, fig. 2, où cet oiseau est représenté sous le nam de grim-^ pereau de L'île de Bourbon. 582 LES SOUI-MANGAS A LONGUE QUEUE. «<@'i<&«;>«v^i&c.9«>@.< LES SOUI-MANGAS A LONGUE QUEUE. Nous ne connoissons que trois oiseaux dans l'ancien continent à qui ce nom soit applicable. Seba parle aussi 'l'une femelle de cette espèce qui n a point de longue queue; d'où il suivroit que, du moins dans quelques espèces, cette longue queue est un attribut propre au mâle. Et qui sait si, parmi les espèces que nous venons de voir, il n'y en a pas plusieurs où les mâ- les jouissent de la même prérogative lorsqu'ils ont l'âge requis , et lorsqu'ils ne sont point en mue? qui sait si plusieurs des individus qu'on a décrits, gravés, coloriés, ne sont pas des femelles, ou de jeunes mâles, ou de vieux mâles en mue, et privés, seulement pour un temps, de cette décoration? Je le croirois d'autant plus que je ne vois aucune autre diiFérence de conformation entre lessoui-mangas à longue queue et ceux à queue courte, et que leur plumage brille des mêmes couleurs et jette les mêmes reflets. L LE SOUI-MANGA A LONGUE QUEUE ET A GAPUGHOIN VIOLET*. Certhia violacea. L. J'ignore pourquoi on a donné à cet oiseau le nom de petit gî^impereaUj si ce n'est parce qu'il a les deux 1. JN" 670, tig. 2, où cet oiseau est représenté sous le nom de petit grivipereau à longue ffuene du cap de Bonne-Espérance. lES SOLI-MANGAS A LONGUE QUEUE. 585 pennes intermédiaires de la queue moins longues que les deux autres; niais il est certain qu'en retranchant à tous de la longueur totale celle de la queue, celui- ci ne seroit pas le plus petit des trois. Je remarque, ensecondlieu, qu'en le comparant au soui-manga marron pourpré , on trouve entre les deux des rapports si frappants et si multipliés que s'il n'é- toit pas plus gros, et qu'on ne lui sût pas la queue autrement faite, on seroit tenté de les prendre pour deux individus de la môme espèce, dont l'un auroit perdu sa queue dans la mue. M. le vicomte de Quer- hoent l'a vu dans son pays natal , aux environs du cap de Bonne-Espérance. Il nous apprend qu'il construit son nid avec art, et qu'il y emploie pour tous maté- riaux une bourre soyeuse. Il a la tête, le haut du dos et la gorge d'un violet brillant changeant en vert; le devant du cou d'un violet tout aussi brillant, mais changeant en bleu ; le reste du dessus du corps d'un brun olivâtre, et cette couleur borde les grandes couvertures des ailes, leur pennes et celles de la queue , qui toutes sont d'un brun plus ou moins foncé ; le reste du dessous du corps d'un orangé pkis vif sur les parties antérieures, et qui va s'affoiblissant sur les parties éloignées. La tailie de cet oiseau n'est que très peu au dessus de celle de notre grimpereau. Longueur totale, six pouces et plus; bec, onze lignes et demie; pieds, sept lignes et demie; doigt du milieu, six lignes, de très peu plus long que le postérieur; vol, six pouces un tiers; queue, trois pouces, composée de dix pennes latérales étagées, et de deux intermédiaires qui excèdent les latérales^ 5tS4 LES SOUI-31ANGAS A LONGUE QUEUE. de douze ou quatorze lignes, et les ailes de vingt-sept lignes. Ces deux intermédiaires sont plus étroites que les latérales, et cependant plus larges que dans les espèces suivantes. IL LE SOUI-MANGA VERT DORÉ CHANGEANT A LONGUE QUEUE*. Certhia pulchella. L. Il a la poitrine rouge; tout le reste d'un vert doré assez foncé, néanmoins éclatant et changeant en cui- vre de rosette; les pennes des ailes noirâtres, bordées de, ce même vert; celles de la queue et leurs grandes couvertures brunes; le bas-ventre mêlé d'un peu de blanc; le bec noir; les pieds noirâtres. Cette espèce est du Sénégal. La femelle a le dessus brun verdâtre ; le dessous jaunâtre , varié- de brun ; les couvertures inférieures de la queue blanches, semées de brun et de bleu; le reste comme dans le mâle, à quelques teintes près. Ces oiseaux sont à peu près de la taille de notre troglodyte. Longueur totale, sept pouces deux lignes; bec, huit lignes et demie ; tarse , sept lignes ; doigt du mi- lieu, cinq lignes et demie, plus long que le posté- rieur ; vol , six pouces un quart ; queue , quatre pouces trois lignes, composée de dix pennes latérales à peu près égales entre elles ; et de deux intermédiaires fort longues et fort étroites, qui débordent ces latérales de deux pouces huit lignes, et les ailes de trois pouces quatre lignes. 1. N" 670, tig. 1, où cet oiseau est représenté sous le nom d<' grim nercau à longue queue du Sénégal, LES SOUI-MANGAS A LONGUE QUEUE. 585 m. LE GRAND SOUI-MANGA VERT A LONGUE QUEUES Certhia famosa. L. Cet oiseau se trouve au cap de Bonne-Espérance , où il a été observé et nourri quelques semaines par M. le vicomte de Querhoent, qui Ta décrit de la ma- nière suivante : « Il est de la taille de la linotte ; son » bec, qni est un peu recourbé, a quatorze lignes de » long ; il est noir, ainsi que les pieds, qui sont garnis » d'ongles longs, surtout celui du milieu et celui de » l'arrière; il a les yeux noirs, le dessus et le dessous » du corps d'un très beau vert brillant ( changet«it en » cuivre de rosette, ajoute M. Brisson ) , avec quelques » plumes d'un jaune doré sous les ailes ; les grandes » plumes des ailes et de la queue d'un beau noir vio- » let changeant; le filet de la queue, qui a un peu » plus de trois pouces, est bordé de vert. » M. Brisson ajoute qu'il a de chaque côté, entre le bec et l'œil, un tr^it d'un noir velouté. Dans cette espèce la femelle a aussi une longue queue, ou plutôt un long filet à queue, mais cepen- dant plus court que dans le mâle ; car il ne dépasse les pennes latérales que de deux pouces et quelques lignes. Cette femelle a le dessus du corps et de la tête d'un brun verdâtre , mêlé de quelques plumes d'un beau vert; le croupion vert; les grandes plumes des ailes et de la queue d'un brun presque noir, ainsi que 1. N" 85, où cet oiseau est représenté, fig. i, sous le nom de grim- pereau à longue queue du cap de Bonne-Espérance. T)S6 LES SOUI-MANGAS A LONCxUE QUEUE. Je ûiet ou les deux pennes intermédiaires; le dessous du corps est jauuâtre, avec quelques plumes vertes à la poitrine. L'OISEAU ROUGE A BEC DE GRîMPEREAu! Certhia mexicana. L. Quoique cet oiseau et les trois suivants aient été donnés pour des oiseaux américains, et qu'en cette qualité ils dussent appartenir à la tribu des guit-guits, cependant il nous a paru , d'après leur conformation, etsurtout d'après la longueur de leur bec, qu'ils avoient plus de rapport avec les soui-mangas; et en consé- quence nous avons cru devoir les placer entre ces deux tribus, et, pour ainsi dire, sur le passage de l'une à l'autre. INous nous y sommes déterminés d'autant plus vo- lontiers que l'indication du pays natuî de ces oiseaux ou n'a point de garant connu , ou n'est fondée que sur l'autorité ele Seba, dont les naturalistes connoissent la valeur, et qui ne doit balancer en aucun cas celle de l'analogie. Nous aurons néanmoins cet égard pour les préjugés reçus, de ne point encore donner aux espèces dont il s'agit le nom de soui-mangas ; nous nous contentons d'avertir que c'est celui qui leur con- vient le mieux : ce sera au temps et à l'observation à le leur conBrmer. Le rouge est la couleur dominante dans le plumage de l'oiseau dont il est ici question : mais il y a quel- que différence dans les nuances; carie rouge du som- met de la tête est plus clair et plus brillant, celui du reste du corps est plus foncé. Il y a aussi quelques ex- LES SOUI-MANGAS A LONGUE OÏJEUE. 587 ceptioiis : car la gorge et le devant du cou sont de couleur verte ; les pennes de la queue et des ailes ter- minées de bleuâtre; les jambes, le bec, et les pieds, d'un jaune clair. Sa voix est, dit-on, fort agréable, et sa taille est un peu au dessus de notre grimpereau. Longueur totale, environ quatre pouces et demi; bec, dix lignes; doigt du milieu, cinq lignes, un peu plus long que le doigt pos-térieur ; queue , quatorze lignes, composée de douze pennes égales; elle dé- passe les ailes d'environ sept lignes. Je regarde comme une variété dans cette espèce l'oiseau rouge à tête noire, que Seba et quelques au- tres d'après lui placent dans la Nouvelle -Espagne. Cet oiseau est si exactement proportionné comme îe précédent, que le tableau des dimensions relatives de l'un peut servir pour les deux; la seule différence apparente est dans la longueur du bec , que l'on fixe à dix lignes dans l'oiseau précédent, et à sept dans celui-ci , différence qui en produit nécessairement une autre dans la longueur totale : mais ces mesures ont été prises sur la figure , et par conséquent sont sujettes à erreur; elles sont ici d'autant plus suspectes que l'observateur original, Seba, paroît avoir été plus frappé du long bec de cet oiseau-ci que de celui de l'oiseau précédent II est donc très probable que le dessinateur ou le graveur auront raccourci le bec de celui dont il est ici question; et pour peu que Ton suppose qu'ils l'aient seulement raccourci à eux deux de trois ou quatre lignes, toutes les proportions de ces deux oiseaux se trouvent parfaitement semblables et presque identiques : mais il y a quelques différences 588 LES SOII-MANGAS A LONGUE QUEUE. dans le plumage, et c'est la seule raison qui ine déter- mine à distinguer celui-ci du précèdent, comme sim- ple variété. Il a la tête d'un beau noir, et les couvertures supé- rieures des ailes d'un jaune doré ; tout le reste est d'un rouge clair, excepté les pennes de la queue et des ailes qui sont d'une teinte plus foncée. A l'égard des dimensions relatives des parties, voyez celles de l'oiseau précédent , lesquelles , comme nous l'avons dit , sont ou doivent être exactement les mêmes. L'OISEAU BRUN A BEC DE GRIMPEREAU^, Certlùa gutturalis. L. Le bec de cet oiseau fait lui seul en longueur les deux septièmes de tout le reste du corps. Il a la gorge et le front d'un beau vert doré ; le devant du cou d'un rouge vif; les petites couvertures des ailes d'un violet brillant; les grandes couvertures et les pennes des ai- les et de la queue, d'un brun teinté de roux; les moyennes couvertures des ailes, tout le reste du dessus et du dessous du corps, d'un brun noirâtre; le bec et les pieds noirs. Cet oiseau n'est pas plus gros que notre bec-figue. Longueur totale^ cinq pouces un tiers; bec, un pouce; tarse, sept lignes et demie; doigt du milieu, six pouces, plus grand que le postérieur; vol, huit pouces; queue, vingt-une lignes, composée de douze i. N" 778 , fjg. 3 , où cet oiseau est représenté sous le nom de grim- pereau biuin du Brésil. LES 80L1-MANGAS A LONGUE QUEUE. 58C) pennes égales; elle dépasse les ailes d'environ sept lignes- V L L'OISEAU POURPRE A BEC DE GRIMPEREAU. Ccrthia purptirea. L, Tout son plumage, sans exception, est d'une belle couleur de pourpre uniforme. Seba lui a donné arbi- trairement le nom d'atototl^ qui , en mexicain, signifie oheau aquatique; cependant l'oiseau dont nous nous occupons ici n'est rien moins qu'un oiseau aquatique. Seba assure aussi, je ne sais sur quels mémoires, qu'il chante agréablement. Sa taille est un peu au dessus de celle du bec-figue. Longueur totale, quatre pouces et demi; bec, un pouce et plus; tarse, six lignes et demie; doigt du milieu, cinq lignes et demie, un peu plus long que le doigt postérieur; queue , quatorze lignes ; elle dé- passe les ailes de sept lignes, LES GUIT-GUITS D'AMÉRIQUE. GuiT-GUiT est un nom américain qui a été donné à un ou deux oiseaux de cette tribu, composée des grimpereaux du nouveau continent, et que j'ai cru devoir appliquer comme nom générique à la tribu entière de ces mêmes oiseaux. J'ai indiqué ci-dessus, à l'a^rticle des grimpereaux, quelques unes des diffé- rences qui se trouvent entre ces guit-guits et les co- libris; on peut y ajouter eacore qu'ils n'ont ni le vol BUFFOIV. XXIIÏ. 55 390 LES GUIT-GUITS d'aMÉRIQUE. des colibris, ni l'habitude de sucer les fleurs : mai^, malgré ces difierences, qui sont assez nombreuses et assez constantes, les créoles de Gayenne confondent ces deux dénominations, et étendent assez générale- ment le nom de colibris aux guit-guits ; c'est à quoi il faut prendre garde enlisant les relations de la plupart de nos voyageurs. On m'assure que les guit-^uitsde Gayenne ne grim- pent point sur les arbres, qu'ils vivent en troupes, et avec les oiseaux de leur tribu , et avec d'autres oiseaux, tels que petits tangaras, sittelles, picuculles, etc., et qu'ils ne se nourrissent pas seulement d'insectes, mais de fruits et même de bourgeons. LE GUIT-GUIT NOIR ET BLEU^ Certhia cyan-ea. L. Ge bel oiseau a le front d'une couleur d'aigue-ma- rine; un bandeau sur les yeux d'un noir velouté; le reste de la tête , la gorge et tout le dessous du corps (sans exception, suivant Edwards ) , le bas du dos et les couvertures supérieures de la queue, d'un bleu d'outremer, seule couleur qui paroisse lorsque les plumes sont bien couchées les unes sur les autres, quoique chacune de ces plumes soit de trois couleurs, selon la remarque de M. Brisson, brune à sa base, verte dans sa partie moyenne, et bleue à son extré- mité; le haut du dos , la partie du cou qui est conti- guë au dos, et la queue, sont d'un noir velouté; ce 1. iN" 83 , fig. 2 , où cet oiseau est représenté sous le nom de grim- pereau du Brésil. P H 179 Tome a 3. Pancme t,scTila 1 iE &UIT &"DTT NOIRET BLEU_ 2 LE SUCK[ER_ 3. LE S OUI-MANGA A LONGTXE QUEUE ET À CAP UCHOlSr VIOLET , LES GLlT-flUITS 1) A MERIQU li. jgi qui paroît des ailes lorsqu'elles sont pliées est du même noir, à l'exception d'une bande bleue qui tra- verse obliquement leurs couvertures; le côté intérieur des pennes des ailes et leurs couvertures inférieures sont d'un beau ja*une ; en sorte que ces ailes, qui sem- blent toutes noires dans leur repos , paroissent variées de noir et de jaune lorsqu'elles sont déployées et en mouvement : les couvertures inférieures de la queue sont d'un noir sans éclat (et non pas bleues, suivant M. Brisson ) ; le bec est noir, les pieds tantôt rouges, tantôt orangés, tantôt jaunes, et quelquefois blan- châtres. On voit, par cette description, que les couleurs du plumage sont sujettes à 'varier dans les différents^ individus : dans quelques uns, la gorge est mêlée de brun; dans d'autres, elle est noire. En général, ce qui semble le plus soumis aux variations dans le plu- mage de ce guit-guit, c'est la distribution du noir; il arrive aussi quelquefois que le bleu prend une teinte de violet. Marcgrave a observé que cet oiseau avoit les yeux noirs, la langue terminée par plusieurs filets, les plu- mes du dos soyeuses, et qu'il étoit à peu près de la grosseur du pinson : il l'a vu au Brésil; mais on le trouve aussi dans la Guiane et à Gayenne. La femelle a les ailes doublées de gris jaunâtre. Longueur totale, quatre pouces un quart; bec, huit à neuf lignes; tarse, six à sept; doigt du milieu, six, de très peu plus long que le doigt postérieur; vol, six pouces trois quarts; queue, quinze lignes, composée de douze pennes égales; elle dépasse les ailes de trois ou quatre lignes. 49^ ï'Ï^S ftUIT-GUITS D AMERIQUE. Fariété du guit-guit noir et bleu. Cette variété se trouve à Gayenne ; elle ne diffère de l'oiseau précédent que par des nuances : elle a la tête d'un beau bleu; un bandeau sur les yeux d'un noir velouté; la gorge, les ailes, et la queue, du même noir; tout le reste, d'un bleu éclatant tirant sur le vio- let; le bec noir et les pieds Jaunes; les plumes bleues qui couvrent le corps sont de trois couleurs, et des mêmes couleurs que dans le précédent. A l'égard de la taille, elle est un peu plus petite, et la queue surtout paroît plus courte; ce qui suppose- roit que c'est un jeune oiseau , ou un vieux qui n'avoit pas encore réparé ce que la mue lui avoit fait perdre : mais il a une plus grande étendue de vol, sans quoi je l'eusse regardé simplement comme une variété d'âge ou de sexe. Cet oiseau fait son nid avec beaucoup d'art ; en dehors de grosse paille et de brins d'herbe un peu fermes, en dedans de matériaux plus mollets et plus doux : il lui donne à peu près la forme d'une cornue; il le suspend par sa base à l'extrémité d'une branche foible et mobile, l'ouverture est tournée du côté de la terre : par cette ouverture, l'oiseau entre dans le col de la cornue, qui est presque droit et de la lon- gueur d'un pied, et il grimpe jusqu'au ventre de cette même cornue, qui est le vrai nid; la couvée et la couveuse y sont à l'abri des araignées, des lézards, et de tous leurs ennemis. Partout où l'on voit subsis- ter des espèces foibleSj non protégées par l'homme, il y a à parier que ce sont d^s espèces industrieuses. LES GIIIT-GUITS DAMÊUIQUK. JC^.) L'auteur de VEssai sur l'histoire naturelle de la Guiane fait mention d'un oiseau fort ressemblant à la variété précédente , si ce n'est qu'il a la queue d'une longueur extraordinaire. Cette longue queue est-elle la prérogative du inâle lorsqu'il est dans son état de perfection , ou bien caractérise-t-elle une autre va- riété dans la même espèce? II. LE GUrr-GUIÏ VERT ET BLEU A TÊTE NOIRE. Ceriina s pizza. L. Le plumage de cet oiseau d'Amérique est de trois ou quatre couleurs , et n'en a guère plus de variété pour cela, chacune de ces couleurs étant rassemblée en une seule masse, saris presque se croiser, se mêler ni se fondre avec les trois autres : le noir velouté sur la gorge et la tête exclusivement ; le bleu foncé sous le corps; le vert éclatant sur toute la partie supé- rieure , compris la queue et les ailes , mais la queue est d'une teinte plus foncée : les couvertures infé- rieures des ailes sont d'un brun cendré, bordées de vert, et le bec est blanchâtre. Longueur totale , cinq pouces un quart ; bec, neuf lignes; tarse, même longueur; doigt du milieu, sept lignes, un peu plus long que le doigt postérieur; queue, dix-huit lignes, composée de douze pennes égales; elle dépasse les ailes de huit à dix lignes : l'étendue du vol est inconnue. Ce guit-guil est à peu près de la taille du pinson : 594 JLE^ GUIT-GllITS D AMERIQUE. oii ne dit pas dans quelle partie de rAinérique il se trouve; mais, suivant toute apparence, il habite les [ïiêmes contrées que les deux individus dont je vais parler, et qui lui ressemblent trop pour n'être point regardés comme des variétés dans cette espèce. Variétés du Guit-guit vert et bleu à têie noire. LE GUIT-GUIT A TÊTE NOIRE^. Gelui-ci a la tête noire comme le précédent, mais non la gorge ; elle est verte et d'un beau vert, ainsi que tout le dessus et le dessous du corps, compris les couvertures supérieures des ailes : leurs pennes sont noirâtres , ainsi que celles de la queue ; mais toutes sont bordées de vert , seule couleur qui pa- roisse , les parties étant dans leur repos : les couver- tures inférieures des ailes sont d'un cendré brun, bordées aussi de vert ; le bec est jaunâtre à sa base , noirâtre dessus , blanchâtre dessous , et les pieds sont d'une couleur de plomb foncée : les dimensions re- latives des parties sont à peu près les mômes que dans l'oiseau précédent ; seulement la queue est un peu plus longue, et dépasse les ailes de onze lignes : le vol est de sept pouces et demi. 1 . ÏN° 678 , fig. 2 , où cet oiseau est représenté sous le nom de grim- fl^reau d tJte noire du Brésil. LES GUIT-aUITS D AMERIQUE. ôg:} IL LE GUIT-GUIT VERT ET BLEU A GORGE BLANCHE. Le bleu est sur la tête et les petites couvertures su- périeures des ailes ; la gorge est blanche ; tout le reste du plumage est comme dans la vari.été précédente , excepté qu'en général le vert est plus clair partout, et que, sur la poitrine, il est semé de quelques ta- ches d'un vert plus foncé; le bec est noirâtre dessus, blanc dessous, suivant M. Brisson, et, au contraire, blanchâtre dessus et cendré foncé dessous, suivant M. Edwards ; les pieds sont jaunâtres. A l'égard des dimensions, elles sont précisément les mêmes que dans l'oiseau précédent. Cette confor- mité de proportions et de plumage a fait soupçonner à M. Edwards que ces deux oiseaux appartenoient à la même espèce : c'est aux observateurs à nous ap- prendre si ce sont des variétés d'âge, de sexe, de climat, etc. IIL LE GUIT-GUIT TOUT VERT^. Tout le dessus du corps esi d'un vert foncé teinté de bleuâtre, excepté le croupion, qui, de même que la gorge et le dessous du corps, est d'un vert plus clair teinté de jaunâtre : le brun des ailes est noir, le bec et les pieds noirâtres ; mais on aperçoit un 1. N° 682 , fig. 1, OH cet oiseau est représenté sous le nom de grim- pereau vert de Cayeune. Ig^ LES GUIT-GUITS DAMÉ RIQ U E. peu de couleur de chair près de la base du bec infé- rieur. On trouve cet oiseau à Cayenne et dans FAmérique espagnole : il est de la grosseur des pj-écédents, et proportionné à peu près de même, si ce n'est qu'il a le bec un peu plus court et pîus approchant de celui des sucriers. l.V. LE GUIT-GUIT VERT TACHETÉ*. Certliia Cayana. L. Celui-ci est plus petit que les guit-gaits verts dont nous venons de parler, et il est aussi proportionné difleremment. Il a le dessus de la tête et du corps d'un beau vert, quoiqu'un peu brun (varié de bleu dans quelques individus), sur la gorge, une plaque d'un roux clair encadrée des deux côtés par deux bandes bleues fort étroites qui accompagnent les branches de la mâchoire inférieure ; les joues variées de vert et de blanchâtre ; la poitrine et le dessous du corps de petits traits de trois couleurs différentes, ies uns bleus 2, les autres verts, et les autres blancs; les couvertures inférieures de la queue jaunâtres; les pennes intermédiaires vertes; les latérales noirâtres, bordées et terminées de vert; les pennes des ailes de même; le bec noir; entre le bec et l'œil une tache d'un roux clair , et les pieds gris. 1 . .IS" 628 , fig. 2, où cet oiseau est représenté sous le nom de grim- pereau vert tacheté de Cayenne. 2. Dans l'individu décrit par M. Keelreuter, il n'y avoit point de bleu ; mais la gorge étoit jaune , ainsi que l'espace entre le bec et l'œiL Je croirois que c'éloii un jeune «làic , cl non une lenielJe adulfv. LES GUIT-GUITS d'amÉRIQUE. 097 La femelle a les couleurs moins décidées , et le vert du dessous du corps plus clair; elle n'a point de rous- sâtre ni sur la gorge ni entre le bec et l'œil, et pas une seule nuance de bleu dans tout son plumage : j'en ai observé une à qui les deux bandes qui accom- pagnent les deux branches de la mâchoire inférieure étoient vertes. Longueur totale, quatre pou.ces deux lignes; bec, neuf lignes; tarse, six lignes; doigt du milieu de même longueur, un peu plus long que le doigt pos- térieur ; vol , six pouces trois quarts ; queue , quinze lignes, composée de douze pennes égales; elle dé- passe les ailes de cinq lignes. V. LE GUIT-GUIT VARIÉ. Certhla variegata. h. La nature semble avoir pris plaisir à rendre agréa- ble le plumage de cet oiseau , par la variété et le choix des couleurs qu'elle y a répandues : du rouge vif sur le sommet de la tête , du beau bleu sur l'occiput ; du bleu et du blanc sur les joues ; du jaune de deux nuances sur la gorge, la poitrine, et tout le dessous du corps ; du jaune , du bleu , du blanc , et du noirâ- tre sur le dessus du corps, compris ie^ ailes, la queue, et les couvertures supérieures. On dit qu'il est d'A- mérique; mais on ne désigne point la partie de ce continent qu'il habite de préférence. Il est à peu près de la taille du pinson. Longueur totale, cinq pouces; bec, neuf lignes; tarse, six lignes; doigt du milien , sept , un peu plus ÛÇ)S LES GUIT-GUITS d'aMÉRIQUE. lonii que le doigt postérieur; ongles assez longs; queue, dix-sept lignes; elle dépasse les ailes de cinq à six lignes. VI. LE GUIT-GUIT NOIR ET VIOLET. Cert/iia Brasiliana. L. Il a la gorge et le devant du cou d'un violet écla- tant ; le bas du dos, les couvertures supérieures de la queue et les petites des ailes, d'un violet tirant sur la couleur d'acier poli ; la partie supérieure du dos et du cou, d'un beau noir velouté; le ventre, les couver- tures inférieures de la queue et des ailes, et les gran- des couvertures supérieures des ailes, d'un noir mat ; le sommet de la tête d'un beau vert doré ; la poitrine marron pourpré , le bec noirâtre , et les pieds bruns. Cet oiseau se trouve au Brésil ; il est de la taille de notre roitelet. Longueur totale , trois pouces cinq lignes ; bec , sept lignes ; tarse , cinq lignes et demie ; doigt du mi- lieu , cinq, un peu plus long que le doigt postérieur; vol, quatre pouces un quart ; queue, treize lignes et demie , composée de douze pennes égales; elle dé- passe les ailes de cinq à six lignes. VIL LE SUCRIER. Certhia flaveoia. L. Le nom de cet oiseau annonce l'espèce de nourri- ture qui lui plaît le plus : c'est le suc doux etvisqueux LES GUIÏ-GLITS d'amÉIUQUE. O99 qui abonde dans les cannes à sucre ; et, selon toute apparence, cette plante n'est pas la seule où il trouve un suc qui lui convienne : il enfonce son bec dans les «;erçures de la tige, et il suce la liqueur sucrée; c'est ce que m'assure un voyageur qui a passé plusieurs an- nées à Cayenne. A cet égard, les sucriers se rappro- chent des colibris; ils s'en rapprochent encore par leur petitesse, et celui de Cayenne nommément par la longueur relative de ses ailes, tandis que, d'un au- tre côté, ils s'en éloignent par la longueur de leurs pieds, et la brièveté de leur bec. Je soupçonne que les sucriers mangent aussi des insectes, quoique les observateurs et les voyageurs n'en disent rien. Un sucrier mâle de la Jamaïque avoit la gorge , le cou, et le dessus de la tête et du corps d'un beau noir, toutefois avec quelques exceptions, savoir, des espèces de sourcils blancs, du blanc sur les grandes pennes des ailes, depuis leur origine jusque passé la moitié de leur longueur, et encore sur les extrémités de toutes les pennes latérales de la queue ; le bord des ailes, le croupion, les flancs et le ventre, d'un beau jaune qui alloit s'affoiblissant sur le bas-ventre, et qui' n'étoit plus que blanchâtre sur les couvertures inférieures de la queue. L'espèce est répandue à la Martinique , à Cayenne, à Saint-Domingue, etc.; mais le plumage varie un peu dans ces différentes îles, quoique situées à peu près sous le même climat. Le sucrier de Cayenne ^ a la tête noirâtre, deux sourcils blancs, qui, se prolon- geant, vont se rejoindre derrière le cou; la gorge i. Les créoles et les nègres de Cayenne Tappeilenl sicouri. 4oO LES GUIT-GUITS d'amÉRIQUE. gris cendré clair; le dos et les couvertures supérieu- res des ailes gris cendré plus foncé ; les pennes des ailes et de la queue gris cendré, bordé de cendré ; la partie antérieure des ailes bordée de jaune citron ; le croupion Jaune; la poitrine et le dessous du corps jaune aussi, mais cette couleur est mêlée de gris sur le bas-ventre; le bec noir, et les pieds bleuâtres; la queue dépasse de fort peu l'extrémité des ailes. Cet oiseau a le cri très fin, zij, zi^^ comme le coli- bri, et, comme lui et les autres sucriers, il suce la sève des p!antes. Quoiqu'on n/ait fort assuré que le sucrier de Cayenne que je viens de décrire étoit un mâle, cependant je ne puis dissimuler qu'il a beau- coup de rapport avec la femelle du sucrier de Ja Ja- maïque : seulement celle-ci a la gorge blanchâtre, ime teinte de cendré sur tout ce qui est noirâtre ; les sourcils blanc jaunâtre; la partie antérieure des ailes bordée de blanc, et le croupion de la même couleur que I«e dos; les cinq paires des pennes latérales de la queue terminées de blanc, selon Edwards (la seule paire extérieure, suivant Brisson) ; enfin les plus grandes pennes des ailes blanches, depuis leur ori- gine jusqu'au delà de la moitié de leur longueur, comme dans le mâle, M. Sloane dit que cet oiseau a un petit ramage fort court et fort agréable ; mais si tel étoit le ramage de l'oiseau observé par M. Sloane, lequel étoit probable- ment une femelle, on peut croire que le chant du mâle est encore plus agréable. Le même observateur, qui a disséqué un de ces oiseaux, nous apprend qu'il avoit le cœur et le gésier petits, celui-ci peu musculeux, doublé cependant LES GUIT-GUITS D A MÉ R ï Q U K. Z|0 l d'une membrane sans adhérence, le foie d'un rouge vif, et les intestins roulés en uo grand nombre de cir- convolutions. J'ai vu un sucrier de Saint-Domingue qui avoit le bec et la queue un peu plus courts, ies sourcils blancs, et sur la gorge une espèce de plaque grise plus étendue que ne 1 est la plaque blanchâtre dans la femelle ci-dessus; il lui ressembloit parfaitement dans tout le reste. Enfin M. Linnaeus regarde comme le même oiseau le grimpereau de Bahama de M. Brisson, et ses su- criers de la Martinique et de la Jamaïque. Il a en effet le plumage à peu près semblable à celui des autres sucriers; tout le dessus brun, couipris môme les pen- nes des ailes et de la queue, celles-ci blanchâtres par dessous; la gorge d'un jaune clair; le bord antérieur des ailes, leurs couvertures inférieures et le reste du dessous du corps, d'un Jaune plus foncé qu'au bas du ventre, lequel est du même brun que le dos. Au reste, cet oiseau est plus gros que les autres sucriers, et il a la queue plus longue; en sorte qu'on doit le regarder au moins comme une variété de grandeur et oîême de climat. Voici les dimensions comparées de ce sucrier de Bahama et de celui de la Jamaïque. le. îx)ngufiur total idem f lion compris la queue. . . Bec Tarse Doi^t du milieu . . . . SUCRIER SUCRIER DE BAHAMA. DF LA JAMAÏQUE. poue. lig. poue. Jig. 4 8 3 7 o 32 o 27 o 6 o 6 o 6 V, o 7 0 6 i A o 6 /|02 LES GlilT-GUITS d'amÉRIQUE. SUCRIER SUCRIER DE BAHAMA. DE LA JAMAÏQUE. poue. lig. pouc. lig. Doigt postérieur • . . . o 5 et plus, o 4^5 Vol 7 o inconnu. Queue, composée de douze pennes, s? o i 4 Dépasse les ailes de o i5ài6 o 5à6 Le nom de lusci?iia_, que M. Kiein donne à cet oi- seau, suppose qu'il le regarde comme un oiseau chan- teur; ce qui seroit un rapport de plus avec le sucrier de la Jamaïque. L'OISEAU-MOUCHE*. De tous les êtres animés , voici le plus élégant pour là forme, et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature ; elle Ta placé dans Tordre des oiseaux au dernier degré de gran- deur : maxime miranda in minimis. Son chef-d'œuvre 1. Les Espagnolsle nomment fomtnetos; les Péruviens, quinti , selon Garcilasso; selon d'autres, f/uindé , et de même au Paraguai ; les Mexicains, liuitzitzU, suivant Ximenès ; boitzitzil, dans Hernandès ; ourissia (rayon du soleil) , suivant Nieremberg ; les Brasiliens, guai- munbi (ce nom est générique, et comprend dans Marcgrave les coli- bris avec les oiseaux -mouches; c'est apparemment ce même nom corrompu que Léry et Thevet l'cndent par g-onam^o/ic/i, et que les re- lations portugaises écriveiit guanimihique); guac/iichil à la Nouvelle- Espagne , r'est-à-dire suce-fleurs^ suivant Gemelli Carreri ; en auglois, liumining bird (oiseau bourdonnant) : en latin moderne de nomencla- ture, ineUisuga (lîrisson) , trocldtus (Linn. ). l'oiseau-moughe. 4^5 est le petit oiseau-mouche; elle l'a comblé de tous les doQS qu'elle n'a fait que partager aux autres oi- seaux : légèreté, rapidité, prestesse, grâce et riche parure, tout appartient à ce petit favori. L'émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits; il n^ les souille jamais de la poussière de la terre , et, dans sa vie toute aérienne , on le voit à peine toucher le gazon par instants : il est toujours eo l'air, volant de tleurs en fleurs; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar, et n'habite que les climats où sans cesse elles se renouvellent. C'est dans les contrées les plus chaudes du Nouveau- Monde que se trouvent toutes les espèces d'oiseaux- mouches. Elles sont assez nombreuses et paroissent confinées entre les deux tropiques; car ceux qui s'avan- cent en été dans les zones tempérées n'y font qu'un court séjour : ils semblent suivre le soleil; s'avancer, se retirer avec lui, et voler sur l'aile des zéphyrs à la suite d'un printemps éternel. Les Indiens, frappés de l'éclat et du feu qne ren- dent les couleurs de ces brillants oiseaux, leur avoient donné les noms de rayons ou clieveux du soleiL Les Espagnols les ont appelés tomlneioSj, mot relatif à leur excessive petitesse : le tomine est un poids de douze grains. J'ai vUj dit Nieremberg, passer au trébuclict un de ces oiseaux^ lequel ^ avec son nid , ne pesoit que deux tontines. Et, pour le volume , les petites espèces de ces oiseaux sont au dessous de la grande mouche asile ( le taon ) pour la grandeur, et du bourdon pour la grosseur. Leur bec est une aiguille fine, et leur langue un fil délié; leurs petits yeux noirs ne parois* sent que deux points brillants; les plumes de leurs 4 04 ' '0 1 s E A L - M O U C H E. ailes sont si délicales qu'elles en paroissent transpa- rentes. A peine aperçoit-on leurs pieds tant ils sont courts et menus : ils en font peu d'usage; ils ne se posent que pour passer la nuit, et se laissent, pen- dant le jour, emporter dans les airs. Leur vol est con- tinu, bourdonnant ei rapide. Marcgrave compare le bruit de leurs ailes à celui d'un rouet, et l'exprime par les syllabes hour^ hour^ Iwiir. Leur battement est si vif que l'oiseau, s'arrêtant dans les airs, paroît non seulement immobile, mais tout-à-fait sans action. On le voit s'arrêter ainsi quelques instants devant une fleur, et partir comme un trait pour aller à une au- tre. 11 les visite toutes, plongeant sa petite langue dans leur sein , les flattant de ses ailes, sans jamais s'v fixer, mais aussi sans les quitter jamais; il ne presse ses inconstances que pour mieux suivre ses amours et multiplier ses jouissances innocentes : car cet amant léger des fleurs vit h leurs dépens sans les flétrir ; il ne fait que pomper leur miel , et c'est à cet usage que sa langue paroît uniquement destinée. Elle est composée de deux fibres creuses, formant un petit canal divisé au bout en deux filets; elle a la forme d'une trompe, dont elle fait les fonctions : l'oiseau la darde hors de son bec; apparemment par un mé- canisme de l'os hyoïde, semblable à celui de la langue des pics ; il la plonge jusqu'au fond du calice des fleurs pour en tirer les sucs. Telle est sa manière de vivre d'après tous les auteurs qui en ont écrit. Ils n'ont eu qu'un contradicteur, c'est M. Badier , qui , pour avoir trouvé dans l'œsophage d'un oiseau-mouche quelques débris de petits insectes, en conclut qu'il vit de ces animaux, et non du suc des fleurs. Mais nous ne l'oiseau -MO te HE. 4o5 croyons pas devoir faire céder une muititiide de të- moignages authentiques à une seule assertion, qui même paroît prématurée. En effet, que l'oiseau- mouclie avale quelques insectes, s'ensuit-il qu'il en vive et s'en nourrisse toujours? et ne semble-t-ii pas inévitable qu'en pompant le miel des fleurs ou re- cueillant leurs poussières, il entraîne en même temps quelques uns des petits insectes qui s'y trouvent en- gagés? Au reste, la nourriture la plus substantielle est nécessaire pour suffire à la prodigieuse vivacité de i'oiseau-mouclie, comparée avec son extrême peti- tesse; il faut bien des molécules organiques pour sou- tenir tant de force dans de si foibies organes , et four- nir à la dépense d'esprits que fait un mouvement perpétuel et rapide : un aliment d'aussi peu de sub- stance que quelques menus insectes y paroît bien peu proportionné; et Sloane , dont les observations sont ici du plus grand poids, dit expressément qu'il a trouvé l'estomac de Toiseau-mouche tout rempli des pous- sières et du miellat des fleurs. Rien n'égale en effet la vivxicité de ces petits oiseaux, si ce n'est leur courage , ou plutôt leur audace : on les voit poursuivre avec furie des oiseaux vingt fois plus gros qu'eux, s'attacher à leur corps, et, se lais- sant emporter par leur vol, les becqueter à coups redoublés, jusqu'à ce qu'ils aient assouvi leur petite colère; quelquefois môme ils se livrent entre eux de très vifs combats. L'impatience paroît être leur âme; s'ils s'approchent dune fleur et qu'ils la trouvent fanée, ils lui arrachent les pétales avec un précipita- tion qui marque leur dépit. Ils n'ont point d'autre voix qu'un petit cri, screpj screp^ fréquent et répété; 4o6 L OISEAU-MOUCHE. ils le font entendre dans les bois dès l'aurore, jusqu'à ce qu'aux premiers rayons du soleil , tous prennent l'essor et se dispersent dans les campagnes. Ils sont solitaires, et il seroit difficile qu'étant sans cesse emportés dans les airs , ils pussent se reconnoî- tre et se joindre : néanmoins l'amour, dont la puis- sance s'étend au delà de celle des éléments, sait rap- procher et réunir tous les êtres dispersés; on voit les oiseaux-mouches deux à deux dans le temps des ni- chées. Le nid qu'ils construisent répond à la délica- tesse de leur corps; il est fait d'un coton fin ou d'une bourre soyeuse recueillie sur des fleurs : ce nid est fortement tissu et de la consistance d'une peau douce et épaisse. La femelle se charge de l'ouvrage , et laisse au mâle le soin d'apporter les matériaux : on la voit, empressée à ce travail chéri, chercher, choisir, em- ployer brin à brin les fibres propres à former le tissu de ce doux berceau de sa progéniture ; elle en polit les bords avec sa gorge, le dedans avec sa queue; elle le revêt à l'exlérieur de petits morceaux d'écorce de gommiers qu'elle colle alentour pour le défendre des injures de l'air, autant que pour le rendre plus solide : le tout est attaché à deux feuilles ou à un seul brin d'oranger, de citronnier, ou quelquefois à un fétu qui pend de la couverture de quelque case. Ce nid n'est pas plus gros que la moite d'un abricot, et fait de même en demi-coupe : on y trouve deux œufs tout blancs, et pas plus gros que de petits pois; le mâle et la femelle les couvent tour à tour pendant douze jours; les petits éclosent au treizième jour, et ne sont alors pas plus gros que des mouches. « Je n'ai jamais pu remarquer, dit le P. Du Tertre, quelle sorte L OISEAU-MOUCHE. jO^ de becquée la mère leur apporte, sinon qu'elle leur donne à sucer sa langue encore tout emmiellée du suc tiré des fleurs. » On conçoit aisément qu'il est comme impossible d'élever ces petits volatiles; ceux qu'on a essayé de nourrir avec des sirops ont dépéri dans quelques se- maines. Ces aliments, quoique légers, sont encore bien difîférents du nectar délicat qu'ils recueillent en liberté sur les fleurs, et peut-être auroit-on mieux réussi ea leur ofl*rant du miel. La manière de les abattre est de les tirer avec du sable ou à la sarbacane. Ils sont si peu défiants , qu'ils se laissent approcher jusqu'à cinq ou six pas ^. On peut encore les prendre en se plaçant dans un buisson fleuri, une verge enduite d'une gomme gluante à la main; on en touche aisément le petit oiseau lorsqu'il bourdonne devant une fleur. Il meurt aussitôt qu'il est pris, et sert après sa mort à parer les jeunes in- diennes, qui portent en pendants d'oreilles deux de ces charmants oiseaux. Les Péruviens avoient l'art d^ composer avec leurs plumes des tableaux dont les an- ciennes relations ne cessent de vanter la beauté. Marc- grave, qui avoit vu de ces ouvrages, en admire l'éclat et la délicatesse. Avec le lustre et le velouté des fleurs, on a voulu encore en trouver le parfum à ces jolis oiseaux ; plu- sieurs auteurs ont écrit qu'ils sentoient le musc. C'est une erreur dont l'origine est apparemment dans le nom que leur donne Oviedo, de passer mosquîtuSy aisément changé en celui de passer mosckatas. Ce n'est 1. Ils sont en sj grand nombre, dit Marcgrave. qu'un cliasse''u- en un jour en prendra facUonient soixante. 4o8 l'oiseau-3iouciie. pas la seule petite merveille que l'imagination ait voulu ajouter à leur histoire : on a dit qu'ils étoient moitié oiseaux et moitié mouches, qu'ils se produisoient d'une mouche; et un provincial des Jésuites affirme gravement, dans Clusius, avoir été témoin de la mé- tamorphose. On a dit qu'ils mouroient avec les fleurs, pour renaître avec elles; qu'ils passoient dans un sommeil et un engourdissement total toute la mau- vaise saison, suspendus parle bec à l'écorce d'un ar- bre. Mais ces fictions ont été rejetées par les natura- listes sensés, etCatesby assure avoir vu, durant toute l'année, ces oiseaux à Saint-Domingue et au Mexique, où il n'y a pas de saison entièrement dépouillée de fleurs. Sloane dit la même chose de la Jamaïque, en observant seulement qu'ils y paroissent en plus grand nombre après la saison des pluies, et Marcgrave avoit déjà écrit qu'on les trouve toute Tannée en grand nombre dans les bois du Brésil. Nous connoîssons vingt-quatre espèces dans le genre des oiseaux-mouches, et il est plus que probable que nous ne les connoissons pas toutes. Nous les désigne- rons chacune par des dénominations différentes, ti- rées de leurs caractères les plus apparents, et qui sont suffisants pour ne les pas confondre. PI 180 . Tome ■il 1 LE PLUS PEirr OISE ATD M0UCHE_2 LOISEAUMOUCHE HUPPE — SLEBnjPPE-COL LE PLUS PETIT OISEAU-MOUCHE. 4^9 B»a»w)mii!a«MB>ao«»i.«tr«ia.« L'AMETHYSTE. TROISIÈME ESPÈCE. Trochilus amethystinus. L. Ce petit oiseau-mouche a toute ia gorge et le devanl du cou de couleur améthyste brillante. On n'a pu donner cet éclat à la figure enluminée , n** 672 , fig. 1 ; c'est môme la difficulté de rendre le lustre et refTet des couleurs des oiseaux-mouches et des colibris, qui en a fait borner le nombre dans les planches en- luminées, et discontinuer un travail que tous les auteurs reconnoissent également être l'écueil du pin- ceau. L'oiseau améthyste est un des plus petits oi- seaux-mouches; sa taille et sa figure sont celles des rubis; il a de même la queue fourchue; le devant du corps est marbré de gris blanc et de brun ; le dessus est vert doré; la couleur améthyste de la gorge se change en brun pourpré, quand Toeil se place un peu plus bas que l'objet; les ailes semblent un peu plus courtes que dans les autres oiseaux-mouches, et ne s'étendent pas jusqu'aux deux plumes du milieu de la queue, qui sont cependant les plus courtes, et ren- dent sa coupe fourchue. l'ok-veut, 4'^ L'OR-VERÏ. QUATRIÈME ESPÈCE. Trockilus viridissimus. L. Le vert et le jaune doré brillent plus ou moins dans tous les oiseaux-mouches; mais ces belles couleurs couvrent le plumage entier de celui-ci avec un éclat et des reflets que l'œil ne peut se lasser d'admirer : sous certains aspects 5 c'est un or brillant et pur; sous d'autres, un vert glacé qui n'a pas moins de lustre que le métal poli. Ces couleurs s'étendent jusque sur les ailes; la queue est d'un noir d'acier bruni ; le ven- tre blanc. Cet oiseau-mouche est encore très petit, et n'a pas deux pouces de longueur. C'est à cette es- pèce que nous croyons devoir rapporter le petit oi- seau-mouche entièrement vert [ait green liumming blrd ) de la troisième partie des Glanures d'Edwards, planche cccxvi, page 56o, que le traducteur donne mal à propos pour un colibri : mais la méprise est excusable, et vient de la langue anglaise elle-même, qui n'a qu'un nom commun, celui d'oiseau bourdon- nant ( humming bird ) , pour désigner les colibris et les oiseaux-mouches. Nous rapporteroîis encore à cette espèce la seconde de Marcgrave ; sa beauté singulière, son bec court, et l'éclat d'or et de vert brillant et glacé ( transplen- dens) du devant du corps, le désignent assez. M. Bris- son , qui fait de cette seconde espèce de Marcgrave 4l4 l'or -VEUT. sa seizième, sous le nom iï oiseau- mouche à queue four cime du Brésil ^ n'a pas pris garde que, dans Marc- grave , cet oiseau n'a la queue ni longue ni fourchue (cauda similis priori j, dit cet auteur) : or la première espèce n'a pointlaqueuefourchue,mais droite, longue seulement d'un doigt, et qui ne dépasse pas l'aile. LE HUPPE-COL. CINQUIÈME ESPÈCE. Trocliilus ornatus. L. Ce nom désigne un caractère fort singulier, et qui suffit pour faire distinguer l'oiseau, n°64o, fig- 5, de tous les autres; non seulement sa tête est ornée d'une huppe rousse assez longue , mais de chaque côté du cou, au dessous d*es oreilles, partent sept ou huit plumes inégales. Les deux plus longues, ayant six à sept lignesj sont de couleur rousse, et étroites dans leur longueur; mais le bout un peu élargi est marqué d'un point vert; l'oiseau les relève en les dirigeant en arrière : dans l'état de repos, elles sont couchées sur le cou, ainsi que sa belle huppe; tout cela se dresse quand il vole, et alors l'oiseau paroît tout rond, il a la gorge et le devant du cou d'un riche vert doré ( en tenant l'œil beaucoup plus bas que l'objet, ces plu- mes si brillantes paroissent brunes); la tête et tout le dessus du corps est vert avec des reQets éclatauts d'or et de bronze, jusiqu'à une bande blanche qui traverse le croupion ; de là jusqu'au bout de la queue LE HUPPE-COL. 4l«> règne un or luisant sur un fond brun aux barbes ex- térieures des pennes, et roux aux intérieures; le des- sous du corps est vert doré brun; le bas-ventre blanc. La grosseur du huppe-col ne surpasse pas celle de l'améthyste. Sa l'cuielle lui ressemble, si ce n'est qu'elle n'a point de huppe ni d'oreilles, qu'elle a la bande du croupion roussâtre, ainsi que îa gorge; le reste du dessous du corps roux, nuancé de verdâtre; son dos et le dessus de sa tête sont, comme dans le mâie^ d'un vert à reflets d'or et de bronze. LE RUBIS-TOPAZE. SIXIÈME ESPÈCE. Trochilus mosckitus, L. De tous les oiseaux de ce genre, celui-ci, n" 227, fig. 2, est le plus beau, dit Marcgrave, et le plus élé- gant : il a les couleurs et jette le feu des deux pierres précieuses dont nous lui donnons les noms; il a le dessus de la tête et du cou aussi éclatant qu'un rubis; la gorge et tout le devant du cou, jusque sur la poi- trine, vus de face, brillent comme une topaze aurore du Brésil ; ces mêmes parties vues un peu en dessous paroissent un o^^ mat, et vues de plus bas encore, se changent en vert sombre; le haut du dos et le ventre sont d'un brun noir velouté; l'aile est d'un brun vio- let; le bas-ventre blanc; les couvertures inférieures de la queue et ses pennes sont d'un beau roux doré et teint de pourpre; elle est bordée de brun au bout; 4l6 LE RUBIS-TOPAZE. le croupion est d'un brun relève d'un vert doré ; raile pliëe ne dépasse pas la queue, dont les pennes sont égales. Marcgrave remarque qu'elle est large, et que l'oiseau l'étalé avec grâce en volant. Il est assez grand dans son genre : sa longueur totale est de trois pouces quatre à six lignes; son bec est long de sept à huit, Marcgrave dit d'un demi-pouce. Cette belle espèce paroît nombreuse , et elle est devenue commune dans les cabinets des naturalistes. Seba témoigne avoir reçu de Curaçao plusieurs de ces oiseaux. On peut leur re- marquer un caractère que portent plus ou moins tous les oiseaux-mouches et colibris, c'est d'avoir le bec bien garni de plumes à sa base, quelquefois jusqu'au quart ou au tiers de sa longueur. La femelle n'a qu'un trait d'or ou de topaze sur la gorge et le devant du cou : le reste du dessous de son corps est gris blanc. Nous croyons que l'oiseau -mouche représenté n° 64o, fig. 1, des planches enluminées, est d'une es- pèce très voisine, ou peut-être de la même espèce que celui-'Ci ; car il n'en diffère que par la huppe, qui n'est pas fort relevée : du reste , les ressemblances sont frappantes; et de la comparaison que nous avons faite des deux individus d'après lesquels ont été gra- vées ces figures, il résulte que ce dernier, un peu plus petit dans ses dimensions, est moins foncé dans ses couleurs, dont les teintes et la distribution sont es- sentiellement les mêmes. Ainsi l'un pourroit être le jeune, et l'autre l'adulte; ou bien c'est une variété produite par le climat. Comme l'un est de Cayenne et l'autre du Erésil, cette différence peut se trouver dans l'espèce, de l'une à l'autre région. L'oiseau-mouche LE RL LIS-TOPAZE. 4^7 a huppe de rubis ( ruby crested humming bird) , donné planche cccxliv, page 280 de la troisième partie des Glanures d'Edwards, se rapporte parfaitement à notre figure enluminée n° 64o , fig. 1 . Et c'est encore la tête de cet oiseau-mouche, que M. Frisch a donnée, table 24? et sur laquelle M. Brisson fait sa seconde espèce, en prenant pour sa femelle l'autre figure donnée au même endroit de Frisch , et qui repré- sente un petit oiseau-mouche vert doré. Mais la fe- melle de l'oiseau-mouche à gorge topaze, dont le corps est brun, n'a certainement pas le corps vert, aucune femelle en ce genre, comme dans tous les oiseaux, n'û-yant jamais les couleurs plus éclatantes que le mâle. Ainsi nous rapporterons beaucoup plus vraisemblablement à notre or-vert ce second oiseau- mouche au corps tout vert^ donné par M. Frisch. '»fi>»8ie«ii«»as«« L'OISEAU-MOUCHE HUPPE. SEPTIÈME ESPÈCE. Trochilus cristatus. L. Cet oiseau est celui que Du Tertre et Feuillée ont pris pour un colibri : mais c'est un oiseau-mouche , et même l'un des plus petits, car il n'est guère plus gros que le rubis. Sa huppe est comme une émeraude du phis grand brillant : c'est ce qui le distingue : le reste de son plumage est assez obscur; le dos a des reflets vert et or sur un fond brun ; l'aile est brune ; la queue noirâtre et luisante comme l'acier poli; tout le devant /ji8 l'otseau-molche huppé. dn corps est d'uû l)run velouté, mêlé d'un peu de vert doré vers la poitrine et les épaules ? Taile pliée ne dépasse pas la queue. Nous remarquerons que, dans la figure enluminée, n'* 227, fig. 1, la teinte verte du dos est trop forte et trop claire , et la huppe un peu exagérée et portée trop en arrière. Dans cette espèce, le dessus du bec est couvert de petites plu- mes vertes et brillantes presque jusqu'à la moitié de sa longueur. Edwards a dessiné son nid. Labat re- marque que le mâle seul parte la huppe, et que les femelles n'en ont pas. 8*©«f9e<&o& >»8««'«»8a«»o<>«<>»o-8«i><^g*>8«&(>»i)«<»<)«»^^*q^8<«w.»<;<^ L'OISEAU-MOUCHE POURPRE. NEUVIÈME ESPÈCE. Trockilus riiber, L. ToLT le plumage de cet oiseau est un mélange d'o- rangé , de pourpre, et de brun; et c'est peut-être, suivant la remarque d'Edwards, le seul de ce genre qui ne porte pas ou presque pas de ce vert doré qui brillante tous les autres oiseaux-mouches : sur quoi il faut remarquer que M. Klein a donné à celui-ci un caractère insuffisant, en l'appelant suce-fleurs à ailes brunes ( melUsuga ails fuscis ) , puisque la couleur brune plus ou moins violette , ou pourprée, est géné- ralement celle des ailes des oiseaux-mouches. Celui-ci a le bec long de dix lignes; ce qui fait presque le tiers de sa longueur totale. LA CRAVATE DOREE. DIXIÈME ESPÈCE. Troc kl lus leucogaster. L. L'oisEÀU donné sous cette dénomination dans les planches enluminées , n* Çtn^ , fig. 3 , paroît être celui l^AO LÀ CRAVATE DOREE. de la première espèce de Marcgrave, en ce qu'il a sur la gorge un trait doré; caractère que cet auteur dé- *sigiie par ces mots, le devant du corps blanc ^ mêlé au dessous du cou de quelques plumes de couleur éclatante ^ et que M. Brisson n'exprima pas dans sa huitième espèce, quoiqu'il en fasse la description sur cette première de Marcgrave. Sa longueur est de trois pou- ces cinq ou six lignes : tout le dessous du corps, à l'exception du trait doré du devant du cou, est gris blanc, et le dessous vert doré. Et de plus, nous re- garderons comme la femelle dans cette espèce, l'oiseau dont M. Brisson fait sa troisième espèce, n'ayant rien qui la distingue assez pour l'en séparer. s i&&«ai3J*4«o*««8®o.*î«^«»S «*■©<>««■$««>««« LE SAPHIR. ONZIÈME ESPÈCE. Troch'ilus sapp/iirlnus. L. Cet oiseau-mouche est, dans ce genre, un peu plus au dessus de la taille moyenne : il a le devant du cou et la poitrine d'un riche bleu de saphir, avec des reflets violets; la gorge rousse ; le dessus et le dessous du corps vert d'or sombre; la bas-ventre blanc; les couvertures inférieures de la queue rousses, les su- périeures d'un brun doré éclatant; les pennes de la queue d'un roux doré, bordé de brun; celles de l'aile brunes; le bec blanc, excepté la pointe qui est noire. LE S A iMU il - É M K R  l! 0 1: . - /f 'A ^ <9« 4 ,:»>8»j»*»«jHiiiipa'^'Ofl'»<)i»a»9 LE SAPHIR-EMERAUDE DOUZIEME ESPECE- Trocliikis blcolor. L, Les deux ricbes couleurs qui parent cet oiseau lui méritent le nom des deux pierres précieuses dont il a le brillant : un bleu de saphir éclatant couvre la tête et la gorge, et se fond admirablement avec le vert d'émeraude glacé, à reflets dprés , qui couvre la poi- trine , l'estomac , le tour du cou , et le dos. Cet oiseau- mouche est de la moyenne taille; il vient de la Gua- deloupe , et nous ne croyons pas qu'il ait encore été décrit. jNous en avons vu un autre venu de l*a Guiane, et de la même grandeur; mais il n'avoit que la gorge saphir, et le reste du corps d'un vert glacé très bril- lant : tous deux sont conservés avec le premier dans le beau cabinet de M. Mauduit. Ce dernier nous pn- roît être une variété ^ ou du moins une espèce très voisine de celle du premier. Ils ont également le bas- ventre blanc : l'aile est brune, et ne dépasse pas ia queue, qui est coupée également e.t arrondie; elle est noire à reflets bleus. Leur bec est assez long : sa moitié inférieure est blanchâtre, et la supérieure est noire. lUIFFON. XXHÎ. 2^ j '2 2 L E M E II A L' J) K - A y\ £ T II Y S ï E . L'ÉMERAUDE-AMÉTHYSTE. TREIZIÈME ESPÈCE. Trockilus ourissia. L. Cet oiseau-mouche est de la taille moyenne appro- chant de la grande : il a près de quatre pouces, et son bec huit lignes. La gorge et le devant du cou sont d'un vert d'émeraude éclatant et doré; la poitrine, l'estomac, et le haut du dos, d'un améthyste bleu pourpré de la plus grande beauté ; le bas du dos est vert doré, sur fond brun; le ventre blanc; l'aile noi- râtre. La queue est d'un noir velouté luisant comme l'acier poli ; elle est fourchue et un peu plus longue que l'aile. On peut rapporter à cette espèce celle qui est donnée dans Edwards , planche xxxv ( thc g^recn and bitte liumming blrd ) , et décrite par M. Brisson sous le nom <ï oiseau-mouche à poitrine bleue de Suri- nam^ qui ,îst le même que représentent les planches enhiminées , n" 227 , fig. 5. La teinte pourpre dans le bleu n'y est point assez sentie , et le dessin paroît tiré sur un petit individu : effectivement il est figuré un peu plus grand dans Edwards. Ce5 petites différences ne nous empêchent pas de reconnoître que ces oi- seaux ne foi-ment qu'une même espèce. L ESCARBOUCLK. l^'20 L'ESGARBOUCLE. QUATORZIÈME ESPÈCE. Trocliilus ccirbunculus. L. Un rouge d'escarboucle ou de rubis foncé est la couleur de cet oiseau sur la gorge, le devant du cou et la poitrine ; le dessus de la tête et du cou sont d'un rouge un peu plus sombre ; un noir velouté enveloppe le reste du corps; Taile est brune, et la queue dun roux doré foncé* L'oiseau est d'une grandeur un peu au dessus de la moyenne dans ce genre : le bec , tant dessus que dessous, est garni de plumes presque jus- qu'à moitié de sa longueur. 11 nous a été envoyé de Gayenne, et paroît très rare. M. Mauduit , qui le pos- sède, seroit tenté de le rapporter à notre rubis-tO' paze comme variété : mais la différence du jaune to- paze au rubis foncé sur la gorge de ces deux oiseaux nous paroît trop grande pour les rapprocher l'un de l'autre; les ressemblances, à la vérité, sont assez gran- des dans tout le reste. Nous remarquerons que les espèces précédentes, excepté la treizième, sont nou- velles, et ne se trouvent décrites dans aucun natura- liste. 424 l'E VEKT-DOIIÉ. LE VERT-DORÉ. QUINZIÈME ESPÈCE. Trochilus meUisiigm, L. C'Est la neuvième espèce de Marcgrave. Cet oiseau,- dit-il, a tout le corps d'un vert brillant à reflets dorés ; la moitié supérieure de son petit bec est noire, l'in- férieure est rousse ; l'aile est brune ; la queue, un peu élargie , aie luisant de l'acier poli. La longueur totale de cet oiseau est d'un peu plus de trois pouces : il est représenté, n° 276, fig. 5, dans les planches enlumi- nées, et l'on doit remarquer que le dessous. du corps n'est pas pleinement vert comme le dos, et qu'il n'a que des taches ou des ondes de cette couleur. Nous n'iiésiterons pas à rapporter la figure 2 de la même planche à la femelle de cette espèce , presque toute la différence consistant dans la grandeur, qu'on sait être généralement moindre dans les femelles de cette famille d'oiseaux. M. Brisson soupçonne aussi que sa cinouième espèce pourroit bien n'être que la femelle de la sixième, qui est celle-ci; en quoi nous serons volontiers de sop avis. Mais il nous paroît, au sujet de celte dernière, qu'il a cité mal à propos Seba, qui ne donne, à l'endroit indiqué, aucune espèce particu- lière d'oiseau-mouche ; mais il y parle de cet oiseau en général , de sa manière de nicher et de vivre. Il dit, d'après Mérian, que les grosses araignées de la Guiane font souvent leur proie de ses œufs et du pe- LE VEUT-DORÉ. 4^25 tit oiseau lui-même, quelles enlacent dans leurs toiles et froissent dans leurs serres : mais ce fait ne nous a pas été confirmé ; et si quelquefois loiseau- mouche est surpris par l'araignée , sa grande vivacité et sa force doivent le faire échapper aux embûches de l'insecte. »i»»aic^io beaucoup plus grand que le petit rubis de la Caroline , a quatre pou- 1\/aG LI- aUBIS-ÉMERAUDE. ces quatre lignes de longueur : il a la gorge d'un rubis éclatant ou couleur de rosette, suivant les aspects; la tête, le cou , le devant et le dessus du corps, vert d'émcraude à reflets dorés ; la queue rousse. On le trouve au Brésil de mênie qu'à la Guiane. ««««-3'*â«««««*«>«>9*e««'««Se«««g«^3<> *©«;**«««««« L'OISEAU-MOUCHE A OREILLES. tHX-lIlJITlÈME ESPÈCEv Trochilas auritus. L. Nous nommons ainsi cet oiseau-mouche, tant à cause de la couleur remarquable des deux pinceaux de plumes qui s'étendent en arrière de ses oreilles , que de leur longueur, deux ou trois fois plus grande que celle des petites plumes voisinas dont le cou est garni : ces plumes paroissent être le prolongement de celles qui recouvrent dans tous les oiseaux le méat auditif; elles sont douces, et leurs barbes duvetées ne se collent point les unes aux autres. Ces remarques sont de M. Mauduit, et rentrent bien dans la belle observation que nous avons déjà employée d'après lui; savoir, que tontes les plumes qui paroissent dans les oiseaux surabondantes, et, pour ainsi dire, para- sites, ne sont point des productions particulières, mais de simples prolongements et des accroissements développés de parties communes à tous les autres. L'oiseau-mouche à oreilles est de la première gran- deur dans ce genre : il a quatre pouces et demi de lon*ïueur; ce qui n'empêche pas que la dénomination Pliôa. Tome 23 PaxLCjTie t , s cuip 1 l'OUF. AD MOUCHE. À COLLIER 34 Dî; GEAND^HAT _ 2 IE. COLIBRI TOPAZE 3. LE C OLIBRI RUBIS L OISEAU -MOL' (MIE A OUEILLES. 427 de grand oiseau-mouche de Oayenne^ que lui attribue M. Brisson , ne paroi.sse mal appliquée, quand, qua- tre pages plus loin (espèce 17), on trouve un autre oiseau-mouche de Cayenne aussi grand , et beaucoup plus, si on le veut mesurer jusqu'aux pointes de la queue. Des deux pinceaux qui (garnissent l'oreille de celui-ci , et qui sont composés chacun de cinq ou six plumes, l'un est vert d'émeraude et l'autre violet améthyste : un trait de noir velouté passe sous l'œil ; tout le devant de la tête et du corps est d'un vert doré éclatant^ qui devient, sur les couvertures de la queue, un vert clair des plus vifs; la gorge et le des- sous du corps sont d'un beau blanc ; des pennes de la queue , les six latérales sont du même blanc, les qua- tre' du milieu d'un noir tirant au bleu foncé; l'aile es! noirâtre, et la queue la dépasse de près du tiers de sa longueur. La femelle de cet oiseau n'a ni ses pinceaux, ni îe trait noir sous l'œil aussi distinct; dans le reste elle lui ressemble. UOISEAU-MOUGHE A COLLIER, DIT LA JACOBINE. DIX-NELVIÈME ESPÈCE. Trochilus mellivorus. L. Cet oiseau-mouche, n** 640, fig. 2 , est de la pre- mière grandeur : sa longueur est de quatre pouces huit lignes; son bec a dix lignes. ïl a la tête , la gorge , et le cou . d'uu beau bleu sombre changeant en vert ; 4'28 l'oisëal-mouche a collier. sur le derrière du cou , près du dos, il porte un demi- collier blanc ; le dos est vert doré; la queue blanche à la pointe, bordée de noir, avec les deux pennes du milieu et les couvertures vert doré; la poitrine et le flanc sont de même; le ventre est blanc : c'est appa- remment de cette distribution du blanc dans s?)n plu- mage qu'est venue l'idée de l'appeler jacobine. Les deux plumes intermédiaires de la queue sont un peu pjus courtes que les autres; l'aile pliée ne la dé- passe pas : cette espèce se trouve à Cayenne et à Su- rinam. La figure qu'en donne Edwards paroît un peu trop petite dans toutes ses dimensions, et il se trompe quand il conjecture que la seconde figure de la môme planche xxxv est le mâle ou la femelle dans la même espèce; les différences sont trop grandes : la tête, dans ce second oiseau-mouche , n'est point bleue ; il n'a point de collier, ni la queue blanche, et nous l'a- vons rapporté , avec beaucoup plus de vraisemblance, à notre treizième espèce» 3-e6^=-!>o.e*'a>'?-S-f»&«©«i<»e<â>at6«'*€««<8î L'OISEAU-MOUGHE A LARGES TUYAUX, VINGTIÈME ESPÈCE. Trochllus campylopterus, L. Cet oiseau ei le précédent sont les deux plus grands que nous connoissions dans le genre des oiseaux-mou- ches : celui-ci , n** 672 , fig. 2 , a quatre pouces huit lignes de longueur. Tout le dessus du corps est d'un l'oiseau- MOUCHE A LARGES TUYAUX. l\'2i) vert doré foible , le dessous gris ; les plumes du mi- lieu de la queue sont comme le dos ; les latérales, blanches à la }3ointe , ont le reste d'un brun d'aciei- poli. Il est aisé de le distinguer des autres par l'élar- gissement des trois ou quatre grandes pennes de ses ailes, dont le tuyau paroîc grossi et dilaté, courbé vers son milieu; ce qui donne à l'aile la coupe d'un large sabre. Cette espèce est nouvelle, et paroît être rare : elle n'a point encore été décrite : c'est dans le cabinet de M. Mauduil, qui l'a reçue de Cayenne , que nous l'avons fait dessiner. L'OISEAU-MOUCHE A LONGUE QUEUE, COULEUR d'acier BRUNI. VINGT-UNIÈME ESPÈCE. Trochlkis macrourus. L. Le beau bleu violet qui couvre la tête, la gorge, et le cou de cet oiseau-mouche, sembleroit lui don- ner du rapport avec le saphir si la longueur de sa queue ne laisoit une trop grande différence; les deux pennes extérieures en sont plus longues de deux pouces que les deux du milieu; les latérales vont toujours en décroissant, ce qui rend la queue très i'ourciiue; elle est d'un bleu noir luisant d'acier poli ; tout le corps, dessus et dessous, est d'un vert doré éclatant; il y a une tache blanche au bas-ventre : l'aile pliée n'atteint que la moitié de la longueur de la Z}/>0 L 01SEAL-M0i:cUE A LONGlli QLElJE. que«e, qui est de trois pouces; le bec en a onze. La longueur totale de l'oiseau est de six pouces. La res- semblance entière de cette description avec celle que Marcgrave donne de sa troisième espèce nous force à la rapporter à celle-ci, contre l'opinion de M. Bris- son, qni en a fait sa vingtième; mais il paroît certain qu'il se trompe. En effet, la troisième espèce de Marcgrave porte une queue longue de plus de trois pouces : celle du vingtième oiseau-mouche de M. Bris- son n'a qu'un pouce six lignes ; différence trop consi- dérable pour se trouver dans la même espèce. En établissant donc celle-ci pour la troisième de Mare- grave, nous donnons, d'après M. Brisson, la suivante. Ci6-5^ii^<) e«--<»»»39'»g<«tpg"e''''»»6'»»^8 « L'OISEAU-MOUCHE •A LONGUE QUEUE, OR , VERT, ET BLEU. VlNGT-TROISIÈMi: ESPÈCE. Trockilus forficatm, L. Les deux plumes extérieures de la queue de cet oiseau-mouche sont près de deux fois aussi longues que le corps, et portent plus de quatre pouces. Ces plumes, et toutes celles de la queue, dont les deux du milieu sont très courtes et n'ont que huit lignes, sont d'une admirable beauté, mêlées de reflets verts et bleu doré, dit Edwards : le dessus de la tête est bleu ; le corps vert; l'aile est d'un brun pourpré. Cette espèce se trouve à la Jamaïque. 402 l'oîseau-mouche a longue queue noire. L'OISEAU-MOUCHE A LOÎSGUE QUEUE NOIRE. vingt-quatrième espèce. Trocliilm polythmus. L. Cet oiseau-mouche a la queue plus longue qu'au- cun des autres ; les deux grandes plumer en sont qua- tre fois aussi longues que le corps, qui à peine a deux pouces : ce sont encore les deux plus extérieures ; elles ne sont barbées que d'un duvet effilé et flottant : elles sont noires comme le sommet are la tête ; le dos est vert brun doré ; le devant du corps vert ; l'aile brun pourpré. La figure d'Albin est très mauvaise, et il a grand tort de donner cette espèce comme la plus petite du genre. Quoi qu'il en soit, il dit avoir trouvé cet oiseau-mouche à la Jamaïque, dans son nid fait de coton. Nous trouvons dans VEssai sur l* histoire naturelle de la Guiane l'indication d'un petit oiseau-mouche à huppe bleue (page 169). Il ne nous est pas connu, et la notice qu'en donne l'auteur, ainsi que deux ou trois autres , ne peut suffire pour détermioier leurs espè- ces, mais peut servir à nous convaincre que le genre de ces jolis oiseaux, tout riche et tout nombreux que nous venions de le repré-senter, l'est encore plus dans la nature. LE COLTBni. 1^7)7* LE COLIBRr. La nature, en prodiguant tant de beautés à l'oi- seau-mouche , n'a pas oublié le colibri son voisin et son proche parent; elle l'a produit dans le même climat, et formé sur le môme modèle. Aussi brillant, aussi léger que Foiseau-mouclie , et vivant comme lui sur les fleurs , le colibri est paré de même de tout ce que les pliis riches couleurs ont d'éclatant, de moelleux, de suave : et ce que nous avons dit de la beauté de l'oiseau-mouche , de sa vivacité, de son vol bourdoQiiant et rapide, de sa constance à visiter les fleurs , de sa manière de nicher et de vivre, doit s'appliquer également au colibri : un même instinct anime ces dei^x charnjanls oiseaux; et comme ils se ressemblent presque en tout, souvent on les a con- fondus sous un même nom. Celui de colibri est pris de la langue des Gcribes. Marcgrave ne distingue pas les colibris des oiseaux-mouches, et les appelle tous indiiTéremment du nom brasilien gHabiumbl^. Ge^ pendant ils diffèrent les uns des autres par un carac- tère évident et constant : cette différence est dans le bec. Celui des colibris, égal et filé, légèrement renflé 1. En latin de nomenclature, polyllunas, falcincllas , troelidas, et meUisao[a. 2. Quelques nomcnciateurs (confusion qui leur est moins pardon- nable ) parlent aussi indistinctement de roiseau-mouclie et du colibri; M. Salerne , par exemple : « Le colibri on colubri , dit-il, qui s'appelle autrement 1 oiseau-mouche. » 434 ^E COLICKi, par le bout, a'est pas droit comme clans I oiseau- mouche , mais courbé dans toute sa longueur : il est aussi plus long à proportion. De plus, la taille svelte et légère des colibris paroît plus allongée que celle des oiseaux-mouches ; ils sont aussi généralement plus gros : cependant il y a de petits colibris moindres que les grands oiseaux-mouches. C'est au dessous de la famille des grimpereaux que doit être placée celle des colibris, ^quoiqu'ils diffèrent des grimpereaux par ia forme et la longueur du bec, par le nombre des plumes de la queue, qui est de clouze dans les grim- pereaux, et de dix dans les colibris, et enfin par la structure de la langue, simple dans les grimpereaux ^ et divisée en deux tuyaux demi-cylindriques dans le colibri comme dans i'oiseau-mouche. Tous les naturalistes attribuent avec raison aux co- libris et aux oiseaux-mouches la môme manière de vivre, et Ton a également contredit leur opinion sur ces deux points ; mais les mêmes raisons que nous avons déjà déduites nour, y font tenir, et ia ressem- blance de ces deux oiseaux en tout le reste garantit le témoignage des auteurs qui leur attribuent le même genre de vie. Il n'est pas plus facile d'élever les petits du colibri que ceux de loiseau-mouche ; aussi délicats, ils pé- rissent de même en captivité. On a vu le père et la mère , par audace de tendresse , venir jusque dans les mains du ravisseur porter de la nourriture à leurs pe- tits. Labat nous en fo^nnit un exem'ple assez intéres- sant pour être rapporté. « Je montrai, dit-il, au P. Montdidier un nid de eolibris qui étoit sur un appentis auprès de la mai- LE corip, m :]7)S son ; i! remporta avec les petits 1oisc|u'i!s eurent quinze ou vingt jours, et le mit dans une cage à la fenêtre de sa chambre , où le père et la mère ne man- quèrent pas de venir donner à manger à leurs enfants, et s'apprivoisèrent tellement qu'ils ne sortoient pres- que plus de la chambre , où^ sans cage et sans cou- cou trainte , ils venoient mançrer et dormir avec leurs petits. Je les ai vus souvent tous quatre sur le doigt du P. Montdidier, chantant comme s'ils eussent été sur une branche d'arbre. Il les nourrissoit avec une pâtée très tine et presque claire, faite avec du bis- cuit , du vin d'Espagne , et du sucre. Ils passoient leur langue sur cette p3ie, et quand ils étoient ras- sasiés, ils volligeoient et chantoient Je n'ai rien vu de plus aimable que ces quatre petits oiseaux, qui roltigeoient de tous côtés dedans et dehors de la maison , et qui revenoient dès qu'ils enlendoient la voix de leur père nourricier. » Marcgrave, qui ne sépare pas les colibris des oi- seaux-mouches, ne donne à tous qu'un même petit cri, et nul des voyageurs, n'attribue de chant à ces oiseaux. Les seuls Thevet et Léry assurent de leur gonambouclij, qu'il chantent de manière à le disputer au rossignol ; car ce n'est que d'après eux que Coréal et quelques autres ont répété la même chose : mais il y a toute apparence que c'est une méprise. Le ganam- bouch ou petit oiseau de Léry à plumage blanc liâtre et taisant j, et à voix claire et nette ^ est \e sucrier ou quelc[ue autre, et non le colibri; car la voix de ce der- nier oiseau, dit Labat, n'esl qu'une espèce de petit bourdonnement agréal^le. Il ne paroîl pas que les colibris s'avancent aussi 456 hE-COLIBRÏ. loin dans rAiriértqiîe septentrionale que les oisoaux- niouches; du moins Cateshy n'a vu à la Caroline qu'une seu»le espèce de ces derniers oiseaux ; et Char- levoix, qui prétend avoir trouvé un oiseau-mouche au Canada, déclare qu'il n'y a. point vu de colibris. Cependant ce n'est pas le froid de cette contrée qui les empêche d'y fréquenter en été ; car ils se portent assez haut dans les Andes pour y trouver une tem- pérature déjà froide. M. de La Condamine n'a vu nulle part des colibris en plus grand nombre que dans les jardins de Quito, dont le climat n'est pas bien chaud. C'est donc à .20 ou 2\ degrés de température qu'ils se plaisent ; c'est là que , dans une suite non interrompue de jouissances et de délices, ils volent de la fleur épanouie à la fleur naissante, et que l'année, composée d'un cercle entier de beaux jours, ne fait pour eux qu'une seule saison constante d'amour et; de fécondité. ««<»î*s &<<&«««* i>*£<3«««4sj«S^*ea*<.<©«« LE COLIBRI-TOPAZE. PREMIÈRE ESrÈGE. Troc hilus pe lia. L, Comme la petitesse est le caractère le plus frappant des oiseatix-mouches , nous avons commencé Ténu- mération de leurs espèces nombreuses par le plus pe- tit de tous ; mais les colibris n'étant pas aussi petits , nous avons cru devoir rétablir ici l'ordre naturel de grandeur, et commencer par le colibri-topaze, n" 599, fig. 1, qui paroît être, même indépendamment des LE COLIBIII-TOPAZE. 4'^7 deux longs brins de sa queue , le plus grand dans ce genre. Nous dirions qu'il est aussi le plus beau, si tous ces oiseaux brillants par leur beauté n'en dispu- ioient le prix , et ne sembloient l'emporter tour à tour à mesure qu'on les admire. La taille du colibri- topaze , mince, svelte, élégante, est un peu au des- sous de celle de notre grimpereau. La longueur de l'oiseau, prise de la pointe du bec à celle de la vraie queue, est de près de six pouces; les deux longs brins l'excèdent de deux pouces et demi. Sa gorge et le devant du cou sont enrichis d'une plaque topaze du plus grand brillant; cette couleur, vue de côté, se change en vert doré, et vue en dessous, elle paroît d'un vert pur; une coiffe d'un noir velouté couvre la tête ; un filet de ce même noir encadre la plaque to- paze ; la poitrine, le tour du cou et le haut du dos, sont du plus beau pourpre foncé ; le ventre est d'un pourpre encore plus riche, et brillant de reflets rouges et dorés; les épaules et le bas du dos sont d'un roux aurore ; les grandes pennes de l'aile sont d'un brun violet; les petites pennes sont rousses ; la couleur des couvertures supérieures et inférieures de la queue est d'un vert doré ; ses pennes latérales sont rousses, et les deux intermédiaires sont d'un brun pourpré : elles portent les deux longs brins, qui sont garnis de petites barbes de près d'une ligne de large de chaque côté. La disposition naturelle de ces longs brins est de se croiser un peu au delà de l'extrémité de la queue, et de s'écarter ensuite en divergeant. Ces brins tombent dans la mue; et dans ce temp», le mâle au- quel seul ils appartiennent ressembleroit à la femelle. s'il n'en différoit par d'autres caractères. La femelle n'a BUFFON. xxni. 2'S 458 LE COLIBRI-TOPAZE. pas la gorge topaze , mais seulement marquée d'une lé- gère trace de rouge ; de même au lieu du beau pourpre et du roux de feu du plumage du mâle, presque tout celui de la femelle n'est que d'un vert doré. Ils ont tous deux les pieds blancs.' Au reste , on peut remar- quer dans, ce qu'en dit M. Brisson, qui n'avoit pas vu ces oiseaux, combien sont défectueuses des descrip- tions faites sans l'objet; il donne au mâle une gorge verte, parce que la planche d'Edwards la représente ainsi, n'ayant pu rendre l'or éclatant qui la colore. ?^<»e(a»&«<»e<9»»o»«»a'ei»; ■ac^'»gg»9'g>S'gr LE GRENAT. SECONDE ESPÈCE. Trockilus auratus. L. Ce colibri a les joues jusque sous l'œil , les côtés et le bas du cou et la gorge jusqu'à la poitrine, d'ua beau grenat brillant; le dessus de la tête et du dos, et le dessous du corps, sont d'un noir velouté; la queue et l'aile sont de cette même couleur, mais enri- chies de vert doré. Cet oiseau a cinq pouces de lon- gueur, et son bec dix ou douze lignes. LE BRÎN BLANC. TROISIÈME ESPÈCE. Trockilus superctliosfjs. L. De tous les colibris, celui-ci a le bec le plus long; ce h^ec a jaisqu'à vingt lignes. Il est bien représenté LE BRIN BLANC. 4^^9 dans la planche enluminée, n** 600, fig. 3; mais le corps de Foiseaii y paroît un peu trop raccourci , à en juger du moins par l'individu que nous avons sous les yeux. La queue ne nous paroît pas assez exacte- ment exprimée ; car les plumes les plus près des deux longs brins sont aussi les plus longues : les latérales vont en décroissant jusqu'aux deux extérieures, qui sont les plus courtes; ce qui donne à la queue une coupe pyramidale. Ses pennes ont un reflet doré sur un fond gris et noirâtre, avec un bord blanchâtre à la pointe, et les deux brins sont blancs dans toute la lon- gueur dont ils la dépassent; caractère d'après lequel nous avons dénommé cet oiseau. Il a tout le dessus du dos et de la tête couleur d'or, sur un fond gris qui festonne le bord de chaque plume, et rend le dos comme onde de gris sous or ; l'aile est d'un brun vio- let, et le dessous du corps gris blanc. x<»»«»i»»»»»»«>»o»o^i»»»»aei8>«»C<»»>»»««>@«i'««>&««'>'««'i^«<8«9e«^>^« .«««««04 LE COLIBRI HUPPE. SEPTIÈME ESPÈCE. Trocliilm paradisem, L. C'est encore dans le recueil de Seba que M. Brisson a trouvé ce colibri : ce n'est jamais qu'avec quelque défiance que nous établissions des espèces sur les no- tices souvent fautives de ce premier auteur; néan- moins celle-ci porte des caractères assez distincts pour que l'on puisse, ce semble, l'adopter. « Ce petit oiseau , dit Seba , dont le plumage est » d'un beau rouge, a les ailes bleues; deux plumes y> fort longues dépassent sa queue; et sa tête porte » une huppe très longue encore à proportion de sa » grosseur, et qui retombe sur le cou; son bec long » et courbé renferme une petite langue bifide^, qui » lui sert à sucer les fleurs. » M. Brisson, en mesurant la figure donnée par Seba, sur laquelle il faut peu compter, lui trouve près de cinq pouces six lignes jusqu'au bout de la queue. LE COLIBRI A QUEUE VIOLETTE. HUITIÈME ESPÈCE. Troc/iiUis albiis. L. Le violet clair et pur qui peint la queue de ce co- libri, n° 671, fig. 2, le distingue assez des autres. 444 I-E COLIBRI A QUEUE VIOLETTE. La couleur violette fondue , sous des reflets brillants d un jaune doré , est celle des quatre plumes du mi- lieu de sa queue ; les six extérieures, vues en dessous, avec la pointe blanche, offrent une tache violette qu'entoure un espace bleu noir d'acier bruni ; tout le dessous du corps vu de face est richement doré, et de côté paroît vert; l'aile est, comme dans tous ces oi- seaux, d'un brun tirant au violet; les côtés de la gorge sont blancs, au milieu est un trait longitudinal xle br«n mêlé de vert ; les flancs sont colorés de mên^e; la poitrine et le ventre sont blancs. Cette espèce assez grande est une de celles qui portent le bec le plus long; il a seize lignes, et la longueur totale de l'oiseau est de cinq pouces. i^ia^iiiê^^^i^ LE COLIBRI A CRAVATE VERTE. NEUVIÈME ESPÈCE. Trochilus maciilàtus. L. Un trait de vert d'émeraude très vif tracé sur la gorge de ce colibri, n° 671, fig. 1, tombe en s'élar- iiissant sur le devant du cOu : il a une tache noire sur la poitrine; les côtés de la gorge et du cou sont roux mêlé de blanc; le ventre est blanc pur; le dessus du corps et de la queue est d'un vert doré sombre ; la queue porte en dessous les mêmes taches violettes, bbanches, et acier bruni, que le colibri à queue vio- lette : ces deux espèces paroissent voisines; elles sont de môme taille : mais dans celle-ci l'oiseau a le bec LE COLIBRI A CRAVATE VERTE. 44^ moins long. Nous avons vu dans le cabinet de M. Mau- dnit un colibri de même grandeur avec le dessus du corps foiblement vert et doré sur un fond gris noi- râtre, et tout le devant du corps roux, qui nous paroît ôlre la femelle de celui-ci. LE COLIBRI A GORGE CARMIN. D1XIÈ3IE ESPÈCE. Trochilus Jugularis, L. Edwards a donné ce colibri , que M. Brisson, dans son supplément, rapporte mal à propos au colibri vio- let, comme on peut en juger par la comparaison de cette espèce avec la suivante. Le colibri à gorge car- min a quatre pouces et demi de longueur : son bec, long de treize lignes, a beaucoup de courbure, et par là se rapproche du bec du grimpereau , comme l'ob- serve Edwards; il a la gorge, les joues, et tout le devant du cou, d'un rouge de carmin, avec le bril- lant du rubis; le dessus de la tête, du corps, et de la queue, d'un brun noirâlre velouté, avec une légère frange de bleu au bord des plumes ; un vert doré foncé lustre les ailes ; les couvertures inférieures et supé- rieures de la queue sont d'un beau bleu. Cet oiseau est venu de Surinam en Angleterre. 446 LE COLIBRI VIOLET. LE COLIBRI VIOLET. 4^9«iSit>»»9e<8> »e<&o«««i»«8 LE PLASTRON BLANC. QUINZIÈME ESPÈCE. Trocliilus margaritacetis. L. Tout le dessous du corps , de la gorge au bas-ventre, est d'un gris blanc de perle ; le dessus du corps est d'un vert doré : la queue est blanche à la pointe ; en- suite elle est traversée par une bande de noir d'acier bruni , puis par une de brun pourpré, et elle est d'un noirbleu d'acier près de son origine. Cet oiseau, n^ôSo, fig. 1, a quatre pouces de longueur, et son bec est long d'un pouce. LE COLIBRI BLEU. SEIZIÈ3IE ESPÈCE. TYocIiUus venustissimus. L. On est étonné que M. Brisson, qui n'a pas vu ce colibri , n'ait pas suivi la description qu'en fait le P. Du Tertre, d'après laquelle seule il a pu le donner, à moins qu'il n'ait préféré les traits équivoques et infi- dèles dont Seba charge presque toutes ses notices. (]e colibri n'a donc pas les ailes et la q;ieue bleues, comme le dit M. Erisson, mais noires, selon le P. Du 450 LE COLIBUI BLEU. Tertre, et selon l'analogie de tous ies oiseaux de sa famille. Tout le dos est couvert d'azur; la tête, la gorge , le devant du corps jusqu'à la moitié du ventre, sont d'un cramoisi velouté, qui, vu sous différents jours, s'enrichit de mille beaux reflets. C'est tout ce qu'en dit le P. Du Tertre en ajoutant qu'il est envi- ron la moitié gros comme le petit roitelet de France, Au reste, la figure de Seba, que M. Brisson paroît adopter ici, ne représente qu'un grimpereau. LE VERT-PERLE. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. Trochilus dominicus. L. Ce colibri est un des plus petits, et n'est guère plus grand que l'oiseau-moucbe huppé : il a tout le dessus de la tête, du corps, et de la queue, d'un vert tendre doré qui se mêle sur les côtés du cou, et de plus en plus sur la gorge, avec du gris blanc perlé; l'aile est, comme dans les autres, brune, lavée de violet; la queue est blanche à la poitrine , et en dessous couleur d'acier poli. PI a70 Panc]ttsb,sctilp 1 LEMOUCHEROLLK OU SAVA.'NA 2 LE GRAMOTYRAW, LE COLIBRI A VENTUE ROUSSATRE. 4^1 « .'9>9«>««>e««<9«««<»9«>e««'^ L«>e«e«« ««<»««>««» LE COLIBRI A VENTRE ROUSSATRE. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. Trochilus hlrsûtus. L. Nous donnons cette espèce sur la quatrième de Marcgrave; et ce doit être une des plus petites, puis- qu'il la fait un peu moindre que sa troisième, qu'il dit déjà la plus petite ( qiiarta paulo niinor tertia tertia minor rellqals omnibus ^ P^g^ ^97)- Tout le dessus du corps de cet oiseau est d'un vert doré, tout le dessous d'un bleu roussâtre ; la queue est noire avec des reflets verts , et la pointe en est blanche ; le demi - bec inférieur est jaune à l'origne , et noir jusqu'à l'ex- trémité; les pieds sont blancs jaunâtre. D'abord il nous paroît, d'après ce que nous venons de transcrire de Marcgrave , que M. Brisson donne à cette espèce de trop grandes dimensions en général; et de plus, il est sûr qu'il fait le bec de ce colibri trop long, en le supposant de dix-huit lignes [Brisson _, page 671 ) : Marcgrave ne dit qu'un demi-pouce. LE PETIT COLIBRI. DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. Trochilus thamnantias. L. Voicile dernier et le plus petit de tous les colibris : il n'a que deux pouces dix lignes de longueur totale; 452 LE PETIT COLIBRI. son bec a onze lignes, et sa queue douze à treize. Il est tout vert doré, à l'exception de l'aile, qui est vio- lette ou brune. On remarque une petite tache blan- che au bas-ventre, et un petit bord de cette même couleur aux phjmes de la queue, plus large sur les deux extérieures, dont il couvre la moitié. Marcgrave réitère ici son admiration sur la brillante parure dont la nature a revêtu ces charmants oiseaux. Tout le feu et l'éclat de la lumière, dit-il en particulier de celui- ci , n*" 600 , fig. 1 , semblent se réunir sur son plumage; il rayonne comme un petit soleil : Iji summa splendet ut sol. FIN DU VINGT-TROISIEME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE VINGT-TROISIEME VOLUME. SUITE DES OISEAUX. L'Alouette Page 7 Variétés de l'Alouette 22 L' Alouette blanche ibid. L'Alouette noire 24 L'Alouette noire à dos fauve 25 Le Cujelier 26 La Farlouse, ou l'Alouette des prés 3o Variété de la Farlouse 54 Oiseau étranger qui a rapport à la Farlouse 35 La Farîousaue ibid. L'Alouette pipi ^ 36 La Locustelle 38 La Spipolette 39 La Girole 42 La Calandre , ou grosse Alouette 43 Oiseaux étrangers qui ont rapport à la Calandre 4^ La Cravate jaune, ou Calandre du cap de Bonne-Espé- rance ibid. Le Hausse-Col noir, ou l'Alouette de Virginie 48 L'Alouette aux joues brunes de Pensylvaoie. ...... 5o La Rousseline , ou l'Alouette de marais 5i BUFFON. 3çxrn aq 454 TABLE. La Ceinture de Prêtre, ou l'Alouette de Sibérie. ...... Page 52 OisEAUX^ÉTHANGERS qiji out rapport aux Alouettes 54 La Variole ibid. La Cendrille 55 Le Sirli du cap de Bonne-Espérauce 56 Le Coclievis , ou la grosse xllouette huppée Sy Le Lulu, ou la petite Alouette huppée 63 La Goquillade 64 Oiseau £tra>ger qui a rapport au Cochevis 66 La Grisetle, ou le Cochevis du Sénégal. ..,,.... ibid. Le Rossignol 67 Variétés du Rossignol . 90 Le grand Rossignol . ibid. Le Rossignol blanc 94 Oiseau étrangeu qui a rapport au Rossignol g5 Le Foudi-Jala - . ibid. La Fauvette , première espèce 96 La Passerinette, ou petite Fauvelte, seconde espèce 10 1 La Fauvette à tête noire , troisième espèce io3 La Griselte, ou Fauvette grise, quatrième espèce 107 La Fauvette babillarde , cinquième espèce. 109 La Roussette, ou Fauvette des bois , sixième espèce. ... 112 La Fauvette de roseaux, septième espèce ii4 La petite Fauvette rousse, huitième espèce.. 117 La Fauvette tachetée , neuvième espèce 119 Le Traîne-Buisson ou Mouchet, ou la Fauvette d'hiver, dixième espèce 120 La Fauvette des Alpes , onzième espèce i23 Le Pitchou. 126 Oiseaux étrangers qui ont rapport aux Fauvettes 127 La Fauvette tachetée du cap de Bonne-Espérance. . . . ibid. La petite Fauvette tachetée du cap de Bonne-Espérance. 128 La Fauvette tachetée de la Louisiane ibid. La Fauvette à poitrine jaune de la Louisiane ...... 129 TABLE. 4^^ La Fauvette de Gayenne h queue rousse Page i5o La Fauvette de Gayenne à gorge brune et ventre jaune. . i3i La Fauvette bleuâtre de Saint-Domingue ibid. Jje Gou- Jaune iSa Le Rossignol de muraille i56 Le Rouge-Queue i42 Le Rouge-Queue de la Guiane i47 Le Bec-Figue ibid. Le Fist de Provence 162 La Pivote-Ortolane _ i53 Le Rouge-Gorge ibid. La Gorge-Bleue 160 Oiseau étranger qui a rapport au Rouge-Gorge et à la Gorge- Bleu 164 Le Rouge-Gorge bleue de l'Amérique septentrionale. . . ibid. Le Traquet 166 Le Tarier 170 Oiseaux étrangers qui ont rapport au Traquet cl au Tarier. . 1 72 Le Traquet ou Tarier du Sénégal . ibid. Le Traquet de Pile de Luçon 170 Autre Traquet des Philippines 174 Le grand Traquet des Philippines ibid. Le Fitcrt , ou le Traquet de Madagascar 175 Le grand Traquet 176 Le Traquet du cap de Bonne -Espérance 177 Le Glignol , on Traquet à lunette 178 LeMotteux, anciennement F/ù-ec, vulgairement Cw/'B/anc. . 180 Oiseaux étrangers qui ont rapport au Motteux 187 Le grand Motteux , ou Gui-Blanc du cap de Bonne-Espé- rance ibid. Le Motteux, ou Gui-Blanc brun verdâtre 1S8 Le Motteux du Sénégal ibid. La Lavandière et les Bergerettes ou Bergeronnettes 189 La Lavandière. 190 Les Bergeronnette» ou Bergerettes 1 96 \b(^ TABLE. La Bergerouuette grise , première espèce Page 196 La Bergeronnette de printemps , seconde espèce 199 La Bergeronnette jaune, troisième espèce 201 Oiseaux étrangers qui ont rapport aux Bergeronnettes. . . 2o4 La Bergeronnette du cap de Bonne-Espérance ibid. La petite Bergeronnette du cap de Bonne-Espérance, . . 2o5 La Bergeronnette de l'île de Timor 206 La Bergeronnette de Madras ibid. Les Figuiers 207 Le Figuier vert et jaune , première espèce 208 Le Chérie , seconde espèce 209 Le peVit Simon, troisième espèce 210 Le Figuier bleu, quatrième espèce 211 Le Figuier du Sénégal , cinquième espèce 212 Le Figuier tacheté, premièi>e espèce d'Amérique 2i4 Le Figuier à tête rouge , seconde espèce 2i5 Le Figuier à gorge blanche, troisième espèce 216 Le Figuier à gorge jaune, quatrième espèce ibid. Le Figuier vert et blanc, cinquième espèce 217 Le Figuier à gorge orangée , sixième espèce 218 Le Figuier à tête cendrée, septième espèce 219 Le Figuier brun , huitièiiic espèce ibid. Le Figuier aux joues noires , neuvième espèce 220 Le Figuier tacheté de jaune, dixième espèce 221 Le Figuier brun et jaune, onzième espèce 222 Le Figuier des sapins , douzième espèce ibid. Le Figuier à cravate noire, treizième espèce 224 Le Figuier à tête jaune, quatorzième espèce 225 Le Figuier cendré à gorge jaune, quinzième espèce 226 Le Figuier cendré à collier, seizième espèce 227 Le Figuier à ceinture, dix-septième espèce 228 Le Figuier bleu, dix-huitième espèce 229 Le Figuier varié, dix-neuvième espèce 260 Le Figuier à tète rousse, vingtième espèce,. . ibid. Le Figuier à poitrine rouge, vingt unième espèce. ..... 2?2 Le Figuier gris de fer, vingt-deuxième espèce 253 Le Figuier aux ailes dorées, vingt-troisième espèce 2 54 Le Figuier couronné d'or, vingt-quatrième espèce. . • . , 255 Le Figuier orangé, vinglcinquiènje espèce 256 TABLE. 4^7 Le Figuier huppé; vingt-sixième espèce Page 236 LeFiguier noir, vingt-septième espèce 207 Le Figuier olive , vingt-huitième espèce 258 Le Figuier protouolaire, vingt-neuvième espèce ibid. LeFiguier à demi -collier, trentième espèce 259 Le Figuier à gorge jaune, trente-unième espèce 240 Le Figuier brun olive, trente-deuxième espèce 2^l Le Figuier grasset , trente-troisième espèce ibid. Le Figuier cendré à gorge cendrée, trente-quatrième espèce. 242 Le grand Figuier de la Jamaïque, trente-cinquième espèce. y 43 Les Demi-Fine 244 Le Demi-Fin, mangeur de vers 246 Le Demi-Fin noir et bleu 247 Le Demi-Fin noir et roux 248 Le Bimbelé, ou la fausse linotte 249 Le Bananiste 201 Le Demi-Fin à huppe el gorge blanches 253 L'Habit uni 254 J^s Pitpits. 255 Le Pitpit vert, première espèce 25G Le pitpit bleu, seconde espèce 257 Variétés du Pitpit bleu ibid. Le Pilpit varia , troisième espèce 258 Le Pitpit à coiffe bleue, quatrième espèce 259 Le Guira-Beraba, cinquième espèce ibid. Lu Pouillot, ou le Chantre 260 Le grand Pouillot. 264 Le Troglodyte, vulgairement et improprement le iîoffe/éf. . 265 Le Uoitelet, 271 iVariélé.s du I»oiJe]el 277 Le Uoitelet rubis ibid. Le Boitelet à tête rouge 279 Le Iloiteîet-lViésange 280 ïj'.ii 41t!sanges. 281 458 TABLE. La Charbonnière, ou grosse Mésange Page agS La petite Charbonnière 299 Variétés de la petite Charbonnière ooi La Nonnelte cendrée ibid. La Mésange à tête noire du Cauada 3o4 La Gorge-Blanche 5o5 Le Grimpereau 006 La Mésange bleue. 3o7 La Moustache on Le Remiz oi4 La Penduline • 32 1 La Mésange à longue queue. 323 Le petit Deuil 329 La Mésange à ceinture blanche 33o La Mésange huppée 33 1 Oiseaux étraageus qui ont rapport aux Mésanges 334 La Mésange huppée de la Caroline ibid. La Mésange à collier 335 La Mésange à croupion jaune ibid. La Mésange grise à gorge jaune. 336 La grosse Mésange bleue 537 La ^Mésange amoureuse 338 La Sitt «lie , Tulgaircment /e TorcAe-Pof. 34i Variétés de la Sittolle 348 La petite Sittelle ibid. La Sittelle du Canada 349 La Sittelle à huppe noire 35o La petite Sittelle à huppe noire 35 1 La Sittelle à tête noire ibid. La petite Silelle à tête brune ibid. Oiseaux ÉTRAisGERS qui ont rapport à la Sittelle . 352 La grande Sittelle à bec crochu ibid. La Sittelle grivelée 353 Les Grimpereaux 354 Le Grimpereau 357 Variété du Grimpereau. • 36o Le grand Grimpereau ibid. TABLE. 4^9 Le Grirnpereau de muraille Page 56 1 OiSEADX ÉTRANGERS de l'aucien coutineat qui ont rapport aux Grimpereaux 364 Le Soui-xManga 366 Le Soui-Manga marrou pourpré à poitrine rouge 568 Variétés du Soui-Manga marron pourpré à poitrine rouge. 569 Le petit Grimpereau, ou Soui-Manga brun et blanc, ibid. Le Grimpereau, ou Soui-Manga à gorge violette. . 570 Le Soui-Manga -violet à poitrine rouge ibid. Le Soui-Manga pourpré Syi Le Soui-Maaga à collier 572 Le Soui-Manga olive à gorge pourpre 576 L'Angala Diau 577 Le Soui-Manga de toutes couleurs 579 Le Soui-Manga vert à gorge rouge. . • 58o Le Soui-Manga rouge , noir, et blanc ibid. Le Soui-Manga de l'île de Bourbon 58 1 Les Soui-Mangas k longue queue 582 Le Soui-Manga à longue queue et à capuchon violet. . . il id. Le Soui-Manga vert doré changeant à longue queue. . . 584 Le grand Soui-Manga vert à longue queue 585 L'Oiseau rouge à bec de grimpereau 386 L'Oiseau brun à bec de grimpereau 588 L'Oiseau pourpré à bec de grimpereau 389 Les Guit-Guits d'Amérique ibid. Le Guit-Guit noir et bleu Sgo Variété du Guit-Guit noir et bleu 592 Le Guit-Guit vert et bleu à tête noire 395 Variétés du Guit-Guit vert et bleu à tête noire. . . , 394 Le Guit-Guil à tête noire ibid. Le Guit-Guit vert et bleu à gorge blanche 395 Le Guit-Guit tout vert ibid. Le Guit-Guit vert tacheté 596 Le Guit-Guit varié 597 Le Guit-Guit noir et violet 598 Le Sucrier ibird. 460 TABLE. L'Oiseau -Mouche. Page [\o2 Le' plus petit Oiseau-Mouclie, première espèce 409 Le Rubis, seconde espèce 4^0 L'Améthyste, troisième espèce. 4i2 L'Or- Vert, quatrième espèce. l\\'à Le Huppe-Col, cinquième espèce 4^4 Le Rubis-Topaze , sixième espèce [\\^ L'Oiseau-Mouche huppé, septième espèce 4^7 L'Oiseau-Mouche à raquettes, huitième espèce l\\% L'Oiseau-Mouche pourpré , neuvième espèce 4^9 La Cravate dcjrée, dixième espèce ibid. Le Saphir, onzième espèce 420 Le Saphir-Émeraude, douzième espèce 421 L'Émeraude-Améthyste , treizième espèce 422 L'Escarbouclc , quatorzième espèce 42^ Le Vert-Doré , quinzième espèce 424 L'Oiseau-Mouche à gorge tachetée, seizième espèce. .... 425 Le Rubis-Émeraude , dix-septième espècse. ibid. L'Oiseau-Mouche à oreilles, dix-huitième espèce 426 L'Oiseau-Mouche à collier, dit la Jacobine, dix-neuvième espèce 427 L'Oiseau-Mouchc à larges tuyaux, vingtième espèc^ . . . 428 L'Oiseau-Mouche à longue queue, couleur d'acier bruni, vingt-unième espèce 429^ L'Oiseau-Mouche violet à queue fourchue, vingt-deuxième espèce 45o L'Oiseau-Mouchc à longue queue, or, vert, et bleu, vingt- troisdème espèce 4^* L'Oiseau-Mouehe à longue queue noire, vingt-quatrième espèce 4'''2 Le Colibri 435 Le Colibri-Topaze, première espèce 43& Le Grenat, seconde espèce 438 Le Brin blanc, troisième espèce. ibid. Le Zitzil , ou Colibri piqueté, quatrième espèce 4^9 Le Brin bleu, cinquième espèce 34o Le Colibri vert et noir, sixième espèce 442 Le Colibri huppé, septième espèce 44^ Le Colibri à queue violclte, huitième espèce. . .... ibid. TARLlî. 1^6 { Le Colibri à cravate veiie , neuvième espèce Ptige 444 Le Golibi'i à gorge carmin , dixième espèce 44^ Le Colibri violet, onzième espèce \ . . 44^ Le Hausse-Col vert, douzième espèce ibid. Le Collier rouge, treizième espèce 44? Le Plastron noir, quatorzième espèce 44^ Le Plastron blanc, quinzième espèce 449 Le Colibri bleu, seizième espèce ibid. Le Vert-Perlé, dix-septième espèce 45o fjc Colibri à ventre roussâtre, dix-huitième espèce 4^1 Le petit Colibri , dix-neuvième espèce ibid. FJiN l>t: LA lAlîMi. I!riK)\ XVllI, m'^H,^ m^^.