«sr^<<^ UiUi ^^ wy ^B^ae^ ^^im^l-: i^^ X. r S '^ SUPPLEMENT A THISTOIRE NATURELLE, CÉXÉRALE ET PARTICULIERE, DE BUFFON. TOME II. OISEAUX, TABIS. - IMPaUIERTE D'AD. M0ES5ABD, RUE EE FURSTEMBERG. N» 8 BIS. SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, DE BUFFON LA DESCRIPTION DES MAMMIFERES ET DES OiSEAliX LES PLUS REMARQUABLES DÉCOUVERTS JUSQUA CE JOUR, ET ACCOMPAGNÉ DE GRAVURES: M. F. CUVIER, MEMBRE DE l'iNSTITIT, {Académie des Sciences ) A PARIS, CHEZ F. D. PILLOT, ÉDITEUR, RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, N" 49- i832. 3 ;i4- c «.VV^VYV\'VYVV\VVA\\V\V»A/*'VV\\\'\V\'V\'\.AVVV\VVV\.VVA\VV\\\VVAVVV\'VVV\\\V\'VVV\'VV\'\\\\>-IV-V\VVV\ DISCOURS PRÉLIMINAIRE Quand Buffon commença son Histoire naturelle des Oiseaux, il avait déjà publié le quinzième volume de son Histoire naturelle des Quadrupèdes, et nous avons vu qu'à la fin de l'histoire de ces animaux, ses idées sur la formation des genres, des ordres, des familles, avaient éprouvé d'assez notables modifica- tions. 11 n'est donc point étonnant si, sous ce rap- port , nous le trouvons dans son Histoire des Oiseaux, un peu différent de ce qu'il était au commencement de son Histoire des Quadrupèdes. Mais si nous le voyons former des genres, établir les rapports de ces genres entre eux, les réunir en ordres, en familles; si nous le surprenons discutant comme l'aurait fait Lin- na3us, et comme le ferait tout naturaliste aujourd'hui pour savoir si telle ou telle espèce appartient ou non à tel ou tel genre ; si , en un mot, il devient classifica- leur, dans toute la force de ce terme, qu'il employa souvent avec tant de mépris, ce n'est en quelque sorte qu'à son corps défendant, malgré lui, à son insçu et comme poussé par un sentiment aveugle CUVIER. II. A IJ DISCOURS pins foit que sa volonté. On croirait presque qu'il ne se faisait point une idée des conséquences qui résul- taient de ses rapprochements d'espèces, de ses pro- pres classifications; car nous le voyons souvent, au moment où il s'en occupe avec le plus de soin, blâ- mer sévèrement ceux qui s'en étaient occupés avant lui. Comment expliquer tant de contradictions dans un homme d'un tel génie? Fort simplement : Il croyait que ces genres naturels , qu'il était forcé de recon- naître, ne se composaient point d'espèces, mais seulement de races, plus ou moins nombreuses, auxquelles une espèce seule donnait naissance , suivant les influences plus ou moins nombreuses qu'elle avait éprouvées et son degré de fécondité, hypothèse que nous l'avons vu établir^ dans son Discours sur la dégénération des animaux, et qui n'a pas plus de fondement pour les oiseaux que pour les quadrupèdes ; car elle repose sur des faits qui ne se prêtent point aux conclusions exagérées que s'est cru en droit d'en tirer Butl'on. Cette explication au reste ne rend point raison de sa sévérité envers les classihcaleurs , pour lesquels il éprouve tant d'éloi- gnemenl; en effet, que les oiseaux dont se composent les genres forment des groupes nommés espèces par ceux-ci, ou races par ceux-là, leur rapprochement, suivant leur plus grande ressemblance, n'est pas moins utile dans un sens que dans l'autre; il est plus indispen- sable même dans l'hypothèse de Buffon que dans l'hy- pothèse contraire , puisque c'est sur la connaissance des espèces que l'iiistoire naturelle des animaux re- i. Suppl. au Disc, prélira., p. 28.— Tom. XVIII, p. 255, Edil. Pillot. PRELIMINAIRE. iij pose; or, pour parvenir à celte connaissance, il est encore plus nécessaire do réunir les races autour de leur souche commune , que de réunir les espèces sous une dénomination générique; dans le premier cas, lespèce ne pouvant exister que dans ses races, tandis que dans l'autre, lexislence des espèces est sans rapport nécessaire avec l'existence du genre. Buffon estime à quinze cents ou deux mille îe nombre des oiseaux qui vivent à la surface du globe, et il croyait en connaître à peu près ie tiers; c'est même ce nombre bien supérieur à celui des quadru- pèdes alors connus qui l'a déterminé en partie à suivre le plan qu'il expose dans un discours particulier. De- puis, ce nombre a plus que doublé, et rien d'ap* proximatif ne peut être donné sur le nombre des des oiseaux qui peuplent la terre. Chaque voya«^e en fait découvrir de nouveaux, et les productions de plus de la moitié du globe nous sont encore in- connues. Le plan adopté par BufFon pour son Histoire natu- relle des Oiseaux, est le seul qui puisse conduire à une connaissance véritable de ces animaux : recher- cher les noms sous lesquels on en a parlé, dans la vue de rassembler les matériaux de notre histoire; les décrire ensuite, afin de les distinguer les uns des autres ; retracer leurs principales actions , pour déter- miner leur naturel, leurs mœurs, leur instinct; et •enfin, partir de là pour nous présenter le tableau général de ces êtres , et nous faire apprécier leur in- fluence ici bas, et la part qu'ils prennent à l'économie de ce monde, c'est remplir toutes les conditions qu'une histoire quelconque exige , et Buffon en a IV DISCOURS rempli plusieurs avec la supériorité qui lui apparte- nait; mais en quelques points il est resté au dessous de lui-même. Pour appliquer les règles de la critique à des objets qui ne se montrent qu'imparfaitement, pour écarter l'obscurité qui les environne ou le faux jour sous le- quel ils nous apparaissent , l'esprit ne saurait être trop éclairé ni trop indépendant; et quand ces objets sont compliqués et que l'obscurité est profonde , quand ou ne peut arriver à une conclusion que par des rai- sonnements compliqués eux-mêmes, ou par des induc- tions hardies, l'intelligence ne saurait avoir trop de force; or, si cette force d'intelligence n'a jamais manqué àBuffon, si les lumières de son esprit sur- passaient ce que lui demandait la science dans la- quelle il voulait porter la lumière, il manquait de l'indépendance sans laquelle la force s'égare et la lumière n'éclaire pas. Cette idée que les influences extérieures, les climats, la nourriture peuvent appor- ter les plus grands changements dans le plumage des oiseaux, et même dans des parties plus importantes de l'organisation, ne lui a fait voir, dans les différen- ces des espèces plus ou moins voisines les unes des autres, que des effets purement accidentels ; peu lui importe que ces différences lui soient présentées par des oiseaux d'Europe ou du Bengale, du Congo ou du Pérou ; dès lors le naturel des uns était le na- turel des autres; ou plutôt l'histoire de cette espèce ne se trouvait être qu'un assemblage hétérogène, tel souvent que l'imagination la plus hardie n'aurait pu le créer. La grande difficulté des descriptions , le peu de res- rUELIMINAIllE. V sources que nous offre notre langue pour retracer les formes souvent indéterniinëes sous lesquelles se montrent les différentes parties des animaux, pour désigner même clairement ces parties , pour rendre les nuances si variées des diverses couleurs, lui parut si non une difficulté insurmontable, du moins une dif- iiculté trop grande pour être surmontée par des efforts ordinaires; car il nous a trop bien appris qu'à cet égard il n'était rien qui ne fût au dessous de ses forces. Les admirables tableaux qu'il nous a souvent retracés témoignent assez quelle était en ce genre sa puissance, et à quel point il savait multiplier lés ri- chesses de son langage pour les égaler a celles de la nature. Pour ne pas vaincre celte difficulté il l'a élu- dée, et, ne donnant point de descriptions , il a donné des peintures; de là est née cette grande collection de figures coloriées à laquelle il renvoie pour suppléer à ce qu'il ne dit pas; malheureusement cette collec- tion se trouve détachée de son ouvrage, et quand on ne la possède pas, rien ne peut la remplacer. Quoique les moyens de description se soient un peu perfectionnés depuis Buffon, c'est cependant en- core une des parties les plus imparfaites de la science, une de celles qui réclament le plus de secours; celle qui demanderait qu'un second Buffon vînt imposer à la langue française le langage dont l'art de décrire en histoire naturelle aurait besoin , langage qui à plu- sieurs fois été proposé et qu'elle n'a pu jusqu'à ce jour que repousser avec dédain. Mais si Buffon se montre lesclave d'une hypothèse et s'égare dans ses recherches de synonyjnie, et s'il &'al)stient de décrire les espèces dont il se proposait \j DISCOURS de présenter l'histoire, comme s'il eût craint d'alté- rer ses tableaux par des détails peu compalibFes, il faut l'avouer, avec les eflets qu'il voulait produire, l'intérêt qu'il voulait inspirer, il reprend toute sa supériorité quand, ayant pour objet une espèce bien connue, il en vient à son histoire proprement dite ; quand il nous fait un récit des mœurs de cette espèce, nous retrace ses instincts, nous peint son naturel, et nous la montre agissant sous le bras tout puissant qui la dirige, et dont elle n'esta ses yeux que l'aveugle et docile esclave : car Buflfon n'accorde pas plus d'in- telligence aux oiseaux qu'aux quadrupèdes. Cependant on ne doit point lire Euffon dans ses plus belles pages, quand on veut non seulement qu'elles émeuvent mais encore qu'elles instruisent, sans avoir dans la pensée que son langage est quel- quefois trop métaphorique pour une science qui vit essentiellement de précision; et c'est surtout lors- qu'il veut caractériser le naturel des piseaux , qu'il est nécessaire de se tenir en garde contre ses paroles, toutes empruntées au langage qui nous sert à retracer les passions humaines, et quelquefois même nos plus nobles attributs. Sans doute il n'aurait rien changé à ses expressions, môme quand notre langue en aurait eu de plus vraies pour parler des facultés des ani- maux; il ne devait, il ne pouvait retracer ces facultés que par des images; mais alors l'interprétation de son langage figuré aurait été facile, elle se serait ren- contrée dans tous les esprits, et n'aurait point exposé à l'erreur. Il n'en est point ainsi aujourd'hui : nous ne savons encore parler des animaux, qu'avec un lan- gage qui n'est vrai que pour l'homme. Ce serait une PRliLlMINAlRIi. vij liiche trop longue et trop diflicile pour moi , que de donner l'interprétalion de ce langage appliqué aux animaux. Je me bornerai donc à cet avertissement: que toutes les actions auxquelles nous allaclions l'idée de liberté, quand il s'agit de l'honinie, doi- vent être dépouillées de celle idée quand il s'agit des animaux; et que les termes qui servent à les expri- mer prennent non seulement un sens beaucoup plus étendu dans le premier cas que dans le second , mais un sens loul-à-fait dilFérent; car les animaux sont entièrement privés de liberté, c'est-à-dire delà faculté de délibérer avant d'agir. C'est donc à la partie historique que Buflbu atta- cha le plus d'importance dans son Histoire nalurelle des Oiseaux; malheureusement les préventions qui le suivirent dans ses recherches de synonymie , ne lui permirent pas d'être toujours vrai où il devait mettre le plus de prix à l'être, car il sentait que c'est dans cette histoire du naturel et des mœurs que réside la véritable science, que les autres parties ne sont qu'accessoires, et ne forment que le vestibule du temple dans le sanctuaire duquel est la divinité. Il ne sera peut-être pas sans intérêt de rechercher quelles sont les causes qui ont empêché que la direc- tion que Buffon imprima à l'histoire naturelle des ani- maux ne se continuât, et qui ont porté les esprits à s'attacher exclusivement aux autres branches de cette science, à la synonymie et aux descriptions. Quand, en ly/fQ, Bu0bn commença son Histoire naturelle générale et particulière des animaux, aucune impulsion n'avaitencore été imprimée à cette science; le seul ouvrage même de quelque mérite qu'on pos- Vilj DISCOURS sédât , étaient les Mémoires pour servira l'histoire des animaux, publiés presque un siècle auparavant par les Académiciens, et cet ouvrage était essentiel- lement anatomique, quoique ses auteurs eussent cherché à reconnaître ce que les anciens avaient pu dire des animaux dont ils étudiaient l'organisation. Bufibn régna donc d'abord sans partage; et si , à peu près en même temps que lui, Brisson publia son Règne animal et son Ornithologie, cet auteur se bor- nant, dans ces ouvrages, à classer les animaux et à les décrire, il ne les fit recevoir que comme des catalogues, dont l'aridité diit être repoussante, à côté des histoires pleines d'intérêt dont se composent les premiers vo- lumes de l'Histoire naturelle générale et particulière. Mais quand , faisant la part de la littérature et de la science , on porta sur celle-ci le regard scrutateur de la critique , les vides trop fréquents qui s'y trouvent furent aperçus; on mit à nu les hypothèses qui y dominent souvent, et les erreurs que ces premières tentatives dévoilèrent, dans les histoires les plus pro- pres à plaire , firent connaître la nécessité de remplir ces vides et d'écarter ces hypothèses, avant de tra- vailler à l'élévation des hautes parties de la science. Linnaeus, que BiifTon avait contribué à faire con- naître en le critiquant, s'était entre autres choses appliqué, d'abord, à classer les animaux et à les sou- mettre à une nomenclature méthodique, ensuite à éclairer leur synonymie, c'est-à-dire les parties de l'histoire naturelle où Bufibn avait porté le moins de lumière. Frappés de ces travaux, de la méthode ([ui y avait présidé, et des avantages qu'ils présen- taient, obligés de rejeter, en partie, comme ima;iil- PRÉLIMINAIRE. ]X naîres quelques uns de ces brillants tableaux par les- quels Bufl'on s'ëtait illustré, mais trouvant surtout qu'il était beaucoup plus facile de marcher sur la terre avec l'un , que de s'élever de la terre au ciel avec l'autre, les naturalistes ne voulurent plus consi- dérer Buflbn que comme écrivain, et Linnœus seul eut l'honneur d'être admis dans leurs rangs. Les ou- vrages de cet homme illustre, que Buffon ne sut point apprécier, répondaient, il est vrai, à un be- soin réel et pressant de la science; mais, s'il y eut quelque équité dans le jugement qu'on porta sur BuîTon, il y eut plus encore d'injustice, et les fruils que ce jugement produisit en donnèrent la preuve. Pendant vingt ans tout ce qu'on fit, en histoire na- turelle, fut calqué sur l'ouvrage principal de Lin- naeus, son Systema Nattirœ; et quand le moment vint où l'on envisagea la route qu'on avait suivie, on fut tout étonné de voir que le nombre des objets dont s'occupe l'histoire naturelle s'était considéra- blement accru , sans que la science eût , à beaucoup près, fait des progrès dans la même proportion. Elle avait gagné en superficie , mais non point en profondeur; une excellente méthode de nomencla- ture lui restait, plus de précision peut-être lui était acquise; mais son système de classitication était vi- cieux, et l'observation des mœurs n'avait pas fait un pas. Une nouvelle révolution était donc inévitable , et elle eut lieu dans le sens où le demandaient ces nombreux objets obscurément entassés dans les ca- dres quel.innaeus leur avait préparés, révolution heu- reuse qui parut comme un éclair au milieu de la X DISCOURS plus profonde nuit. Les principes sur lesquels se fon- dait le système de classification du naturaliste sué- dois étaient en quelque sorte arbitraires; ils avaient surtout pour but de conduire à la connaissance du nom des animaux , et ce nom une fois connu , on pouvait remonter à leur histoire par le moyen de la sy- nonymie ; mais il n'en résultait aucune notion sur la nature de ces animaux et sur leur rapport d'organi- i^ation ; rien à cet égard ne pouvait être nécessaire- ment inféré de leur rapprochement, et le tableau général des êtres animés qui en était le produit , n'était qu'un tableau trompeur de la nature , qui ne nous faisait apprécier ni la sagesse ni la puissance de son auteur. Ces principes disparurent donc devant celui de la subordination des caractères, qui ren- ferme , dans la classification seule , tous les systèmes organiques des animaux , et nous les présente dans l'ordre de leur importance et de leur influence mu- tuelles, tout en conduisant d'ailleurs, avec la même facilité que ceux qu'il remplace , à la connaissance du nom des espèces. C'est à l'anatomie comparée qu'est du en grande partie ce changement fondamen- tal , et c'est elle qui pourra conduire à toutes les conséquences du principe de la subordination ; mais comme ces conséquences sont loin d'être obtenues, qu'elles ne le seront même jamais qu'en proportion des progrès de celte anatomie générale, et que la connaissance anatomique et physiologique des ani- maux n'arrivera sans doute jamais à son dernier îerme , il n'y aurait aucune raison pour fiue l'his- loire naturelle de ces êtres fît le moindre progrès ^ PRÉLIMINAIRE. X) si, jusqu'à ce que toute recherclie de ce genre de- vînt inutile, on se renfermait dans la partie qui a pour objet la classification. C'est cependant cette direction anatomique que rhistoire naturelle des animaux a prise aujourd'hui à peu près exclusivement. Les grands résultats aux- quels l'anatomie comparée conduit , ont jeté les es- prits dans une préoccupation profonde qui leur a fait perdre de vue le but essentiel et définitif de cette histoire et de toutes les recherches dont elle est l'ob- jet. Décrire des espèces nouvelles et les rapprocher de celles qui sont connues , conformément à la res- semblance des organes, voilà ce qui chez nous constitue la science , c'est-à-dire qu'elle est encore dans le point de vue où l'avait placée Linnaeus; seu- lement elle est entrée dans une voie plus large, mais bien étroite encore lorsqu'on envbrasse par la pen- sée l'ensemble de la science. Sans doute , quand en anaiomie les idées générales se renouvelleront plus difficilement, et laisseront en nous un vide pénible, nous verrons comme dans tous les sujets qui sont du domaine de l'intelligence, notre esprit porter ailleurs l'activité qui fait sa vie ; et alors , si quelques travaux importants quelque riche observation , quelque voix puissante , viennent exercer sur lui leur influence en faveur de l'étude des animaux vivants, il pourra re- venir à cette étude , à la suite de Bufîbn , et l'em- brasser avec la même ardeur qu'il embrassa les clas- sifications artificielles après Linnaeus, et que de no& jours il a embrassé les classifications naturelles. Butfon sentait déjà très vivement le vide desobser- Xlj DISCOURS valions dont la connaissance de la nature vivante avait besoin , par le peu de rensei'^neraents qu'à cet égard il trouvait pour l'histoire des oiseaux; aussi nous le voyons recommander ce genre de recherches à tous ceux qui , vivant près des animaux et pouvant les suivre dans leurs actions , sont à portée de recueillir les véritables éléments de leur histoire^. Il sentit même que des expériences pouvaient utilement étendre le champ de ces recherches , et il nous donne l'exemple de celles qu'il crut devoir tenter. Les conseils de BuflTon proGtèrent peu , et nous croyons avoir montré pourquoi. Serait- il mieux en- tendu aujourd'hui? on peut en douter : le besoin qu'il signalerait avec son autorité toute puissante serait apprécié sans doute ; mais aujourd'hui la carrière de l'histoire naturelle n'est pas celle qu'es- sayeront de suivre les esprits qui sentiront leurs forces , et qui seuls pourraient la parcourir avec fruit; d'autres carrières s'ouvrent pour eux, et leur montrent un but que l'opinion environne de plus de gloire et de plus d'éclat. Dans son Discours sur la nature des Oiseaux qui vient après celui où il expose le plan de son ouvrage, nous le voyons traiter de la structure des sens et des sensations chez ces animaux , et ramener directe- ment ou indirectement aux impressions qu'ils en éprouvent, toutes les actions essentielles de leur vie, ou les phénomènes principaux qui se manifestent en eux ; car il considère les organes de la reproduction comme ceux d'un sixième sens. 1. Tom., 1" iu-4% p. 25.~Toni. F^, p. 4; et sulv. Édit. TïWok. PRÉLIMINAIRE. XII j Ainsi à propos de la vue, il parie des migrations desoiseaiix, de leur force musculaire ; à la suite de l'ouïe, il traite de leur voix; à l'occasion du toucher, il décrit leurs mues, etc. Nous ne reviendrons pas, pour les examiner, sur toutes les parties de ce dis- cours fort remarquable d'ailleurs. Nous nous borne- rons à quelques observations sur les points qui , ne se trouvant plus conformes à ce que des observations plus nombreuses ou plus exactes ont appris , nous paraissent avoir plus besoin d'être rectifiées. C'est à l'instinct et au naturel, que Buffon attribue toutes les actions des oiseaux , et pour lui l'inslinct est le résultat de la faculté de sentir, et le naturel l'exercice habituel de cet instinct , guidé et nieme produit par celte faculté. Si ces, actions dillèrent sui- vant les espèces , c'est qu'il y a chez ces espèces des différences entre les facultés de sentir. Rien, comme on le voit, dans ce système n'est accordé à l'intelli- gence. Sans doute les oiseaux ne sont point doués de la faculté d'agir avec celte connaissance réfléchie qui est le partage exclusif de l'hoinuie ; ils agissent par le fait d'une détermination spontanée, qui a été précédée, si l'on vent, de ce que Buffon appelle un sentiment , mais ce sentiment est un véritable jugement , car il n'a pu être , dans loutes les circonstances fortuites, que le sentiment de leur convenance ou de leur dis- convenance à l'animal qui, par elles, a été déterminé à agir. Ce jugement pour être obscur, n'en est pas moins semblable à la plupart de ceux que nous por- tons chaque jour dans toutes les circonstances qui ne demandent pas de notre part une délibération réfléchie ; or, entre ce sentiment tout intelligent, et Xiv DISCOURS rînstinct tout aveugle, il y a l'infini; il y a toute la dis- tance qui sépare l'esprit de la matière. L'erreur de Buffon, en confondant les actions ir- réfléchies avec les actions instinctives, s'est propagée jusqu'à ce jour, malgré la connaissance exacte et dé- taillée qu'on a pu prendre de celles-ci, par les nom- breuses et belles observations dont les Réaumur, les Bonnet, les Hubert ont enrichi l'histoire naturelle. Descartes était plus avancé; car il avait compris que la plupart de ces actions instinctives ne plaçaient pas les animaux au dessous de l'espèce humaine, mais les élevaient fort au dessus d'elle. C'est que nos ac- tions les plus nobles ne sont que les effets immédiats de notre faible intelligence, tandis que les actions instinctives sont les effets médiats de l'intelligence divine. Si, dans son système, Buffon refuse toute intel- ligence aux oiseaux, dans son langage , par contre, il leur en accorde avec excès; et en cela il nous donne un nouvel exemple de l'inconvénient qu'il y a à em- ployer au sujet des animaux des termes qui n'ont de vérité que par rapport <\ l'homme. Ainsi on ne croira pas que les oiseaux méditent leur retraite quand le temps de la migration est arrivé; qu'ils se rassemblent d'abord dans l'intention d'entraîner avec eux leurs petits; qu'ils augmentent leurs troupes, prévoyant la nécessité de résistera leurs ennemis, etc. Toutes ces actions ils les font sans doute, mais ils les font instinctivement et dans l'ignorance la plus tîomplète de ce qui en sera le résultat; s'il n'en était pas ainsi, ce serait véritablement de leur part de la méditation et de la prévoyance ; ce qui nous ramène PRELIMINAlUli. XV à l'idée si juste de Descartes : que les actions instinc- tives ne sont pas d'un ordre inférieur à nos actions raisonnables, mais d'un ordre au contraire bien supé- rieur à tout ce qu'il est donné à notre intelligence de l'aire. Ses idées sur les influences variées que les animaux peuvent recevoir de toutes les causes propres à agir sur eux , le conduisent à penser qiîe c'est de notre in- lluence, ou plutôt de l'influence de notre civilisation, que plusieurs des oiseaux qui vivent en Europe ont reçu la faculté de cbanter agréablement, croyant que ceux qui vivent dans les pays sauvages ne font enten- > forme de la plume. Le principal de ces sillons oc- )) cupe le dos du bulbe Les autres, beaucoup plus » fins , tombent obliquement et régulièrement par « paires de chaque côté du sillon principal, et com- » mencent dans la ligne médiane et ventrale du )) bulbe. » Et à en juger par analogie, des stries d'un troisième ordre tombent sur ceux du second, mais leur petitesse empêche de les voir. Tel est l'organe producteur de la plume « qudud il vient à en exhaler » la matière qui se dépose en grains non adhérents... » Il se forme une succession de cônes non distincts, » mais ces cônes ne s'emboîtent pas d'abord les uns » dans les autres ; ils se fendent le long de la ligne » médiane inférieure, où les filets cornés, produits » des sillons, se réunissent, et dans la longueur même » de ces filets cornés, très probablement à l'endroit « des stries tertiaires. » C'est ainsi que se forme la lame de la plume; » c'est-à-dir.e la partie dont l'axe est plein et solide, » et qui est pourvue de barbes et de barbules. y) Quand le bulbe a produit cette lame qui est sortie )) au fur et à mesure de la capsule rompue à son ex » trémité, il a considérablement diminué de vie; et » soit que les sillons s'effacent ou que sa base n'en ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. C) » offre plus , il exhale de toute sa circonférence de » la matière cornée qui forme alors le tube complet, » celui qui termine la plume. » Ce tube renferme la pulpe, et comme l'exl rémité » de celle-ci, à mesure qu'elle diminue, se retire, » elle produit des espèces de cloisons en forme de » verres de montre; c'est ce qu'on nomme l'Ame de » la plume, et ce n'est autre chose que la succession » de l'extrémité des cônes qui composent le tube. » Ces idées sur la formation des plumes, dont j'ai copié textuellement l'exposition à cause de leur pré- cision, sont fort différentes de celles de M. Dutro- chet ; et comme les unes ne reposent pas , à propre- ment parler, sur d'autres fondements que les autres , mes observations ne se trouvent pas mieux concorder avec les explications de M. de Blainville , qu'avec celles de l'observateur dont nous avons précédem- ment exposé le système. Je vais actuellement décrire les faits que j'ai re- cueillis; j'essaierai d'en montrer ensuite les consé- quences. Malheureusement nos moyens d'observa- tion sont bornés , et la nature est aussi infinie dans la moindre de ses productions que dans l'ensemble des êtres dont l'univers est formé ! 10 DE LA STRliCTUllE De la plume en général^ et des diverses parties qui la composent. La production organique qui fait J'objet de ce Mémoire est celle qui constitue le vêtement des oi- seaux, et que l'on désigne communément par le nom général de plumes, quelles que soient les formes ou les apparences sous lesquelles elles se présentent : qu'elles soient lâches ou soyeuses comme celles de certaines variétés de nos poules domestiques, fermes ou résistantes comme les pennes des oiseaux qui vo- lent, molles ou veloutées comme le duvet, recourbées en panaches, relevées en aigrettes ou allongées eri soies, etc., etc. Toutes ces sortes de plumes, en effet, ont la même structure fondamentale; leurs différences, quelque grandes qu'elles paraissent, ne tiennent qu'à des mo- difications assez légères, et les unes comme les autres se composent des mêmes parties essentielles. Il n'entre pas dans mon plan de montrer la cause de ces variations; non seulement elles feraient la matière de plusieurs volumes; mais, de plus, elles exigeraient un ijrrand nombre d'oiseaux fort rares, dont il faudrait cependant disposer comme on fait d'oiseaux domestiques, ce qui n'est possible pour personne. Un ensemble complet de recherches sur les différentes sortes de plumes ne peut être que l'ouvrage successif du temps; les miennes se sont principalement portées sur les plumes qui reçoivent Je nom de pennes, et c'est celles-là dont je dois faire ET DE LA. rKODLCÏION DES PLUMES. Il connaître les parties avant de m occuper de l'organe qui les produit. Toutes les pennes que tout le monde peut se repré- senter par nos plumes à écrire, nousprésentent un tube corné à leur extrémité inférieure, une tige qui le sur- monte, et de chaque côté de laquelle se développent des barbes qui sont elles-mêmes garnies de barbuîes. Le tube, toujours plus gros et plus court que la tige, est à peu près cylindrique et généralement transparent; il se termine en une pointe plus ou moins mousse, et est percé à son extrémité inférieure d'un orifice que nous nommerons ombilic inférieur^ par opposition à un autre orifice auquel nous donnerons le nom d'om- bilic supérieur^ et qui est situé au point où le tube se réunit à la face interne de la tige , et où les barbes des oôtés de celle-ci , qui ont commencé un peu plus haut à se rapprocher, finissent par se réunir tout-à- fait. L'intérieur de ce tube renferme des capsules emboîtées les unes dans les autres, et souvent unies entr 'elles par un pédicule central qui en forme une sorte de chaîne : c'est ce qu'on nomme vulgairement l'âme de la plume. C'est par le tube que les plumes tiennent à la peau. La tige, considérée isolément, a une forme plus ou moins carrée; elle va en diminuant graduellement de grosseur de rombilic supérieur jusqu'à son extré- mité, et elle suit une ligne courbe. Nous désignons par le nom de face interne de la tige la partie intérieure ou concave de cette ligne , et par celui de face externe sa partie extérieure ou convexe. Ces deux faces sont revê- tues d'une matière d'apparence cornée, assezsembla-^ ble à celle qui constitue le tube; et cette matière couvre \2 DE LA STKVCTLUE immédiatement une substance blanche, molle, élas- tique, que nous nommons matière spongieuse, et qui constitue la partie centrale de la tige, du moins dans la plupart des plumes. La face externe est toujours lisse et légèrement arrondie; dans quelques pennes, elle est unie; dans d'autres, elle présente au travers de sa matière cornée des lignes parallèles longitudinales plus ou moins nombreuses qui semblent des stries, [/interne est toujours partagée en deux parties égales dans toute sa longueur, par une dépression, ou petit canal, ou par une saillie; et ces dernières différen- €es résultent ordinairement de la structure interne lie la tige. En effet , nous avons trouvé dans les pennes , nous pouvons même dire dans les plumes, deux sortes de tiges ; les unes pleines et solides, les autres creusées et pourvues d'un canal dans toute leur longueur. Dans les premières, l'âme de la plume se termine à l'om- bilic supérieur auquel elle est attachée; dans les se- condes, elle est également attachée à cet ombilic, mais elle se prolonge d'un bout de la tige à l'autre. Quant aux lignes parallèles, aux apparences de stries longitudinales de la face externe de quelques tiges , elles sont dues à ce que la lame cornée est formée de semblables stries du côté où elle s'applique sur la ma- tière spongieuse, et sa transparence les rend sensi- bles à l'œil , car elles ne le sont pas au toucher exté- rieurement. Les barbes consistent dansdes lames, dont l'épais- seur . la largeur et la longueur varient suivant les es- pèces de j)lnmes, et qui naissent sur lescôlésdeJa tige vers le bord de sa face externe. De chaque côté ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. l .1 lîe ces barbes sont des barbiiles ou des lames plus petites qui sont lâches ou serrées, longues ou courtes ; ces barbules sont quelquefois barbelées elles-mêmes , comme on peut s'en assurer sur les barbules des grandes plumes de paon ; et c'est surtout de la con- texture des unes et des autres que résultent en grande partie les différences qui caractérisent extérieurement les plumes , abstraction faite des couleurs. Ces barbes et barbules sont pourvues de deux bords qui correspondent l'un à la face interne de la lige, qui est le bord interne, et l'autre à la face externe, qui est le bord externe, et deux faces : celle qui regarde le haut de la tige est la face supérieure, celle qui regarde du côté du tube est la face infé- rieure. Les bords des unes et des autres m'ont tou- jours paru lisses et légèrement arrondis; et ce n'est pas toujours aux points correspondants des faces des barbes que naissent les barbules. Enfin, il paraît que la grande variété de couleur que présentent les plumes réside dans la matière cornée de la tige, dans les barbes et les barbules; mais l'éclat de ces couleurs paraît tenir autant à la contexture des parties qui les présentent qu'aux sub- stances colorantes elles-mêmes. l4 DE LA STRLCTl'KE De la capsule productrice des plumes. Quoique composé de parties qui se distinguent ai- sément l'une de l'autre par leurs formes et leurs rap- ports, cet organe fait cependant un tout indivisible : on ne peut détacher une de ses parties sans l'altérer, et néanmoins son analyse est nécessaire; sans elle, on ne pourrait le faire connaître ; mais si je décris séparément les parties qui le constituent, on ne doit pas oublier que leur union est intime , et que les fonctions de l'une sont inséparables des fonctions de l'autre. Ce qui rend, son élude fort difficile , ce qui a em- pêché que jusqu'à ce jour il fût bien compris, c'est qu'il ne se présente jamais complètement à l'obser- vateur, et qu'il se détruit par une de ses extrémités h mesure qu'il se développe par l'autre. Tant qu'une dent est sécrétée, l'organe qui la produit conserve son intégrité. Cela paraît être plus vrai encore pour les poils: ils se composent, dit-on, d'une succession de cônes produits successivement par un organe qui en exhale la matière, et qui en est le moule. L'organe producteur de la plume, au contraire, n'est jamais un moment le môme : la partie qui a excrété la première portion d'une plume s'est oblitérée en même temps que cette portion a été formée et que la partie qui doit suivre se montre; celle-ci, qui produira la seconde portion, s'oblitérera à son tour, dès qu'elle aura rempli sa destination, et il en sera ainsi jusqu'à l'en- tière production de la plume. Il en résulte que cet ET DE LA FORMATION DES PLUMES. 1 i> =^rgano ne poiivanl. être vu tout entier eu même temps, et le développement de ses parties suivi sur un même oiseau , puisqu'il faut détruire cet organe pour l'ob- server , sa description générale ne saurait se former que de la réunion d'observations particulières isolées qui n'ont de liens que dans l'esprit, ou du moins que ceux que l'esprit croit apercevoir en eux. Toutes ces circonstances m'obligeront à entrer dans des détails que j'aurais pu supprimer, si l'examen d'une seule capsule productrice des plumes eût pu suffire pour la faire connaître; mais dans les faits où l'observation n'est pas simple , on ne doit pas moins rendre compte de la route qu'on a suivie, des moyens qu'on a employés, que des résultats qu'on a obtenus. Toute capsule naît d'une papille du derme, mais elle n'en est point le développement ; elles n'ont pas le moindre rapport de structure, et ne tiennent l'une à l'autre que par des points très circonscrits. Aussi, lorsqu'on ouvre l'étui du derme où se trouve conte- nue la partie inférieure d'une capsule nouvelle , et qu'on pénètre jusqu'à la papille, on trouve celle-ci for- mant un cône extrêmement petit en comparaison de cette capsule, et ne communiquant guère avec elle que par son sommet; ce qui explique l'extrême faci- lité qu'on éprouve à arracher une capsule naissante et l'intégrité de toutes ses parties après cette violente séparation. La première forme de la capsule , celle sous la- quelle elle se présente d'abord et avant toute altéra- tion , est la forme d'un cylindre terminé par un cône. Dans la plupart des oiseaux, ce cylindre n'est pas plutôt sorti de quelques lignes hors de la peau, que l6 DE LA STRUCTURE la partie conique tombe, qu'il se décoiffp, pour laisser libre l'extrémité de la plume. Cependant il est des capsules qui atteignent jusqu'à quatre ou cinq pou- ces avant d'éprouver aucun changement extérieur; mais, dans tous les cas, la chute du cône précède toujours et de beaucoup l'entière formation de la plume. Lorsqu'une capsule de plume à tige solide a été détachée soigneusement de la couche corticale où elle a pris naissance, et qu'on l'examine, on recon- naît qu'elle est terminée inférieurement par une mem- brane fibreuse, molle, percée à son milieu par un orifice au travers duquel pénètrent les vaisseaux nour- riciers de l'intérieur de l'organe, et qui représente l'ombilic inférieur de la plume , parce qu'il remplit les mêmes fonctions , quoiqu'il ne se trouve pas aux mêmes parties, le tube de la plume étant loin d'être formé dans une capsule dont le développement com- mence. On remarque ensuite que toute sa partie extérieure se compose d'une enveloppe membra- neuse, qui a reçu et à laquelle nous conserverons le nom de gaine; que la consistance de cette enve- loppe va en diminuant graduellement de son extré- mité supérieure à son extrémité inférieure où se trouve l'orifice au travers duquel les nerfs et les vais- seaux s'introduisent dans l'organe ; et qu'une ligne droite, de peu de largeur, moins opaque que les parties environnantes , et que nous nommerons ligne moyenne , règne dans toute sa longueur. En enlevant cette enveloppe, on découvre une membrane qui a la forme de la capsule, et qui paraît striée, exceptée dans une ligne droite correspondant ET DE LA PRODUCTION DES l»HJMES. 17 à celle que la gaine nous a ofl'erte à la ligne moyenne et dans nne ligne directement opposée à celle-ci qui va s'élargissant de haut en bas. Les stries naissent de chaque côté de cette dernière ligne, sur ses bords, montent obliquement, et viennent se terminer à droite et à gauche de la première. Cette membrane , que je désignerai par le nom de membrane striée externe, forme l'enveloppe immédiate de la plume. Cette membrane enlevée , (m trouve les barbes re- ployées obliquement de bas en haut, de manière à se rapprocher par leur extrémité, et à former un cylindre semblable à la gaine; mais dans les premiers temps du développement de la capsule, les barbes de l'extré- mité de la plume, ainsi que leur tige , sont seules for- més ; et les molécules qui constituent les autres parties sont d'autant moins liées, qu'elles se rapprochent da- vantage de leur origine commune; là, les barbes se divisent sans le moindre efibrt comme le ferait de la bouillie, et leurs molécules ont la forme d'une aiguille. Les barbules sont intimement couchées le long des barbes. Si l'on écarte, ou si l'on enlève même les barbes qui ont acquis toute leur consistance , on trouve entre chacune d'elles une membrane mince qui les égale en longueur et en largeur, et que nous nommerons cloisons transverses, ou, plus simple- ment, cloisons; et en cherchant l'origine de ces membranes nouvelles, on voit qu'elles sont une dépendance, qu'elles font partie intégrante d'une se- conde meaibrane striée qui se trouve placée entre la face interne du tube que forment les barbes reployées et la partie centrale de la capsule. Nous désignerons cette dernière membrane par le nom de membrane CUVIER. II. iS DE LA STRUCTURE Striée interne, et la partie centrale de la capsule par le nom de bulbe. Maintenant il me reste à examiner séparément cha- cune de ces parties , afin d'en fixer les caractères, d'en déterminer les rapports, et d'en reconnaître les fondions dans le développement de la pinrne. r La gaine. Cette enveloppe extérieure de tout le système or- ganique dont se compose la capsule productrice des plumes, a son origine au même point que le reste de cet organe , c'est-à-dire sur une papille du derme , et le développement qu'elle acquiert est toujours le même que celui de la plume dont elle doit protéger la formation; ainsi la gaine de la plus grande plume de paon, par exemple, a eu toute la longueur de celte plume, quoiqu'elle n'ait jamais paru avoir plus de cinq à six pouces. C'est que , comme nous Tavons dit, elle se détruisait par une de ses extrémités à mesure qu'elle croissait par l'autre. Au point où elle prend naissance et à sa partie inférieure, elle est formée par une membrane très molle, fibreuse et jaunâtre; mais au delà et dans une longueur variable , suivant l'espèce des plumes et le degré de développement qu'elles ont acquis, la gaî'ne est formée d'une membrane blanchâtre , opa- que , molle, d'apparence cartilagineuse, et que revêt une lame d'épiderme. A mesure qu'elle arrive au contact de l'air, elle semble se dessécher, se durcir, et se changer en mi nombre plus ou moins grand liT DE LA PKODUCTION DES l'LUMES. 19 de couches épîdermoides, minces, transparentes, fibreuses, et s'enlevant par lanières, suivant le con- tour de la capsule et non point suivant son axe , ce qui est à noter. Dans certaines plumes, la capsule ne paraît se composer que de ces pellicules d'opidermes; mais dans d'autres elle se recouvre d'une matière blanche, d'une nature particulière, dont l'apparence est albumineuse et même crétacée, et qui se détache par petites écailles de la membrane striée externe qu'elle revêt immédiatement. Ces caractères sont ceux que présentent la gaine jusqu'au moment où se forme le tube corné de la plume, alors les couches internes de la gaine deviennent la couche externe de ce tube en s'identifiant avec les couches de ceiui-ci , sécrétées par le bulbe qu'il renferme. C'est ce que nous ont montré toutes les plumes du tube corné, desquelles nous avons cherché à détacher les parties de la gaine qui étaient naturellement détachées du reste de la plume, c'est-à-dire de la tige des bar- bes , etc. ; en saisissant fortement ces parties de la gaine, et en faisant effort pour les enlever , en diri- geant l'effort vers l'extrémité du tube et parallèlement à son axe , la surface de celui-ci s'est constamment déchirée dans cette direction et non plus transversa- lement; et nous n'avons pu trouver, par aucun moyen, entre ces parties de la gaine et la surface du tube , de solution de continuité naturelle. 20 DE LA .STRUCÏTJRE 2° La membrane striée externe. Celle membrane fine, colorée quelquefois quand la plume Test elle-même, enveloppe entièrement, comme la gaîne , les parties plus centrales de la capsule, et sa structure est en rapport intime avec la structure des parties qui sont en communication immédiate avec elle; elle est lisse à sa face externe comme la face interne de la gaîne, lisse ou striée à sa face opposée, suivant les parties de la plume qu'elle recouvre, l'intervalle vide que les barbes laissent entre elles à leur extrémité, ces barbes elles-mêmes, ou la face externe de la lige. Elle se détache plus facilement de la gaîne que de la plume ; il paraît qu'il n'y a entre elle et la première que des rapports de juxta- position . et il y en a de beaucoup plus intimes avec la seconde. D'abord , ses stries ne sont autre chose que les bords des cloisons transverses qui ne font avec elle qu'un seul et même tout, et auxquelles reste ordinairement attachée l'extrémité des barbules, comme l'extrémité des bar- bes reste attachée le long de la ligne moyenne. Ce sont les lignes noires, que forment ces débris de la plume, qui donnent la première indication de stries sur cette membrane, quoiqu'ils ne forment qu'une partie accidentelle de celles qui y existent réelle- ment. On ne parvient à analyser cette membrane et à reconnaître tous ses caractères qu'aux parties où la plume est entièrement formée, car elle se développe ET DE LA PKODUCTlOiN DES PLUMES. 2 1 avec elle, et ce n'est qu'avec peiue qu'on peut la découvrir où les barbes ne sont encore qu'à Tëtat de bouillie; et elle tombe en poussière , comme la gaine, dès que la plume éprouve l'action de l'air. Elle est très visible sur toutes les plumes, sous les parties de la gaine, qui se divisent en pellicules épidermoides; mais celles dont les barbes sont rares le long de leur lige en montrent mieux tous les détails; c'est pour- quoi les plumes de paon sont les plus favorables pour la bien faire connaître. .>" Les cloisons transverses. Ces membranes ne sont que des prolongements de la face interne de la membrane striée externe; elles servent de limites aux barbes; c'est entre elles que cellCvS-ci sont déposées ainsi que les barbules qui paraissent être elles-mêmes, séparées les unes àei> autres par de petites cloisons, lesquelles dépendent aussi des premières, comme j'ai cru m'en assurer toutes les lois que je les ai cherchées sur les plumes de paon; car ces parties sont si petites et si confuses qu'il est fort difficile de voir clairement si ce sont elles qu'on distingue en effet : aussi n'en parlerais-je point si mes observations n'étaient pas soutenues par les analogies ; comme je n'aurais aucun égard à celles- ci, si les faits que j'ai eu sous les yeux ne leur avaient pas été favorables. Ces cloisons , comme nous l'avons dil , tiennent à îa face externe do la membrane striée interne, de la même manière ([u'à la i'ace interne de îa membrane 22 DE LA STRUCTURE striée externe ; c'est-à-dire qu elles en sont des pro- longements; elles leur servent ainsi de liens, et font que toutes trois ne forment qu'un même système organique , dans lequel les barbes se déposent comme dans un moule, où elles s'accroissent, et où elles se consolident par l'action propre de leurs molécules. 4° La membrane striée interne. Ce nom ne convient aussi qu'imparfaitement à la membrane à laquelle nous le donnons; elle ne paraît striée que quand les barbes ont été enlevées ou se sont épanouies, et qu'elles ont détaché les cloisons transverses pour les entraîner avec elles, les stries ne résultant proprement que des traces de ces cloisons, et, dans son intégrité , au lieu de stries , elle présente des languettes ou des rainures , suivant qu'on consi- dère, indépendamment l'une de l'autre , les cloisons ou les intervalles qui les séparent. Cette membrane , colorée quand la plume l'est elle-même , revêt le bulbe ; elle est intimement unie à sa surface externe; mais on la sépare parla macération, du moins partiel- lement. Elle naît au point où naissent les barbes , et n'existe pas dans la partie correspondante à la face interne de la tige. A l'origine du bulbe ou de la cap- sule , elle est peu sensible . et reste confondue avec toutes les parties informes de la plume et de son organe producteur. Ce n'est que dans les parties moyennes du bulbe qu'elle se présente sous la forme do pellicule continue, el son caractère membraneux ne se distingue bien que dans les parties supérieurej» ET DE LA PRODUCTION DES PLLMES. 25 de ce dernier organe; et si , en ce point, on veut la détacher, on voit qu elle n'est jamais libre que dans les intervalles de deux anneaux, ou de deux cercles étroits autour desquels elle est organiquement unie; ce sont les points par lesquels le système des mem- branes striées paraît lié au bulbe , et conséquemment aux vaisseaux qui le nourrissent. Les trois sortes de membranes que nous venons de décrire, la striée supérieure, les cloisons et la striée inférieure, présentent la même contexture. Lorsqu'on peut les considérer isolément, et les examiner de telle sorte que la lumière les traverse, on voit qu'elles sont formées de petits globules qui se touchent, et qui ont une opacité plus grande que les intervalles qu'ils laissent entre eux. Ces membranes ainsi que lagaîne, paraissent être entièrement dépourvues de vaisseaux et de nerfs. Du bulbe. Cette partie centrale de la capsule des plumes est. sans contredit, la plus importante ; mais elle est aussi la plus compliquée , et celle dont l'analyse offre les difficultés les plus grandes. C'est elle seule qui paraît renfermer les vaisseaux et les nerfs du système organique auquel elle appar- tient. C'est elle qui paraît donner directement nais- sance à toutes les autres parties de ce système , comme à toutes les parties de la plume; elle seule est en com- munication immédiate avec le reste de l'organisation. De cette diversité de fonctions, qui ne s'exercent 2l\ de la structure que successivement, résultent dans ce buibe des modiiicatîons successives si diverses, qu'on ne peut espérer de saisir le point précis où elles naissent, et toutes les conditions qui les accompagnent et les caractérisent, qu'à l'aide du temps et des circonstan- ces favorables qu'il peut amener. Ses changements, pendant l'accroissement d'une plume, sont plus con- sidérables que ceux d'aucune autre partie de sa cap- sule; jamais il ne se présente sous les mêmes appa- rences ; à sa naissance il n'est pas ce qu'il sera à la fin , et il change encore dans tous les points intermé- diaires; de sorte que pour le décrire complètement, il faudrait aussi le suivre dans tout le cours du déve- loppement d'une plume , ce qui est impossible , ou siir lui nombre de plumes égal à celui de ses chan- gements , ce qui n'est guère plus praticable ; d'ailleurs tontes les pluines ne se ressemblent pas, et comme leurs différences se retrouvent dans leurs bulbes, il serait difficile de reconnaître sur l'un d'eux le point correspondant à celui que l'on aurait observé sur un autre; aussi je suis loin de penser que les détails où je vais entrer renferment tout ce qu'il serait néces- saire de savoir pour se faire une idée parfaitement cojuplète de cet organe singulier; c'est pourquoi, je ne me bornerai plus à rapporter les faiis d'une manière générale , comme j'ai à peu près pu le faire jusqu'ici, ces faits pouvant, avec quelque attention , être véri- fiés sur toutes les plumes. Dans les particularités que je vais décrire, j'indiquerai les espèces de j)h]mcs q(ii uiv les auront présentées, et les espèces d'oiseaux d où j'aurai tiié ces plumes. ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. 25 PREMIÈRE OBSERVATION. Une grande penne de l'aile d'un niarabon complè- tement formée et desséchée , mais où ne se trouvait que la moitié de son tube , l'autre ayant été détruite accidentellement, m'a présenté , depuis lapartie infé- rieure de ce qui restait du tube jusqu'à l'extrémité de sa tige, une succession de cônes épidermoïdes entiers et dans un parfait état d'intégrité jusqu'au tiers de la tige ; à partir de ce point , ils étaient réduits par le dessèchement, à de simples pellicules concaves, à de simples godets. Ces cônes s'enfilaient l'un l'autre, dans toute la partie où leur forme pri- mitive s'était conservée; de telle sorte que le sommet du premier s'attachant à l'intérieur du sommet du second , celui-ci au troisième et ainsi de suite jus- qu'au dernier , il en résultait d'abord un tube ou canal continu* jusqu'au cône qui se trouvait au dessous de l'ombilic supérieur, cône qui n'avait point de pro- longement tubuleux, était hémisphérique , fortement attaché aux parois de l'ombilic , en dehors duquel se montraient des rudiments d'autres cônes appliqués contre la face interne de la tige et adhérents à ces mêmes parois; au delà de ce cône hémisphérique, dans l'intérieur de la tige, se continuait la série de cônes dont nous venons de parler, les premiers réunis parleur prolongement tubuleux, et les autres isolés par la privation de ce prolongement. 20 DE LA STRLCTIJRE DEUXIEME OBSERVATION. Une autre penne de l'aile d'un marabou , dont toute la tige était formée, mais qui n'avait encore qu'une partie de son tube, avait toute l'étendue de celui-ci remplie par un bulbe qui paraissait surtout composé de fibres blanches, longitudinales, molles et élastiques; des vaisseaux et des nerfs pénétraient dans son intérieur par l'ombilic inférieur et rampaient à sa surface ; il se terminait en pointe à l'endroit où les dernières portions de la matière spongieuse de la tige avaient été déposées, et on voyait à sa surface une matière blanche opaque légèrement nacrée; son sommet était couronné par un cône membraneux, qui ne communiquait avec lui que par sa base, laquelle était attachée au point où le bulbe se rétré- cissait pour se terminer en pointe. D'autres cônes membraneux venaient ensuite, et paraissaient n'avoir pas d'autres rapports entre eux , et avec le premier, que les rapports que celui-ci avait avec le sommet du bulbe ; ni l'un ni l'autre n'avaient de prolongement tubuleux. Le cône contigu à l'ombilic supérieur avait en ce point sa membrane engagée , entre la matière spongieuse et la matière cornée , dans un trajet de trois à quatre lignes , où elle était colorée en rouge. A l'endroit où, par cette espèce de canal, elle se trou- vait sortie de l'intérieur de la plume, on voyait une seconde série de corps membraneux, enfilés les uns dans les autres au moyen de leur prolongement tubu- ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. 2'] leux, et recouvert extérieurement par la membrane striée interne. Des cônes semblables à ceux qui couronnaient im- médiatement le bulbe se trouvaient dans l'intérieur de la tige, au delà du point correspondant à l'ombilic supérieur, et ils ne paraissaient pas plus que les pre- miers conserver de traces de leur tube central et commun. TROISIÈME OBSERVATION. La penne de la queue d'un hocco, longue de quatre pouces et encore complètement renfermée dans sa capsule, ayant été ouverte le long de la ligne moyenne, m'a présenté un bulbe cylindrique, nu à sa partie in- férieure, et revêtu dans tout le reste de sa longueur, de la membrane striée interne. Ayant procédé de bas en haut, et dans le sens de la ligne moyenne, à l'enlèvement de cette membrane striée, je fus conduit, par l'incision d'une première por- tion, sous la portion qui lui était immédiatement supé- rieure, de celle-ci sous celle qui la suivait , et ainsi de suite jusqu'au point où je ne rencontrai plus que des cônes membraneux. En cherchant à écarter les bords de cette membrane ainsi incisée dans cinq parties successives du bulbe, je la trouvai bridée transversa- lement au bord inférieur de chacune de ces parties ; incisant alors cette membrane en travers, ses bords se renversèrent, et je vis qu'elle ne constituait que la partie externe de cônes qui se recouvraient les uns les autres dans la plus grande partie de leur étendue 28 DE LA STRUCTURE OÙ ils n'étaient point stries, et que chacun d'eux ren- fermait une subslance pulpeuse qui variait de couleur ef de consistance à mesure qu'on s'élevait. Enfin cha- cun de ces cônes était fixé par son bord inférieur sur celui qui le précédait, au point où commençait sur celui-ci la membrane striée, d'où résultait la bride circulaire que nous avons dû inciser pour les ouvrir. Le premier cône, en commençant par la partie ifi- férieure du bulbe , recouvrait la sommité conique de celui-ci qui n'était point formée de cônes, mais dont la portion de substance blanche , opaque , fibreuse , présentait les caractères du bulbe dans son état pri- mitif d'activité. Le second cône renfermait une ma- tière qui n'avait plus d'apparence fibreuse , et qui ressemblait à une pulpe blanche et légère ; le troi- sième contenait cette même matière pulpeuse , mais elle avait une teinte lilas ; sous le quatrième cette matière était rouge et moins abondante que sous les cônes précédents; enfin le cinquième était presque vide, et le peu de matière pulpeuse qu'on y rencon- trait était aussi rouge. Les cônes qui suivaient étaient entièrement vides. QUATRIEME OBSERVATION. Dans l'observation précédente, quoiqu'on vît qu<3 les cônes pénétraient les uns dans les autres, on ne pouvait cependant pas reconnaître exactement leurs rapports. Pour atteindre ce but , j'enlevai la matière pulpeuse de chaque cône, et alors je vis que chacun KT DE LA PRODUCTION DES PLUiMES. '2g d eux se prolongeait en un tube étroit, et que les tu- bes des cônes inférieurs allant se réunir aux tubes des cônes supérieurs, il en résultait un canal continu qu'on pouvait suivre depuis !e premier cône jusqu'à ceux dont le dessèchement amenait la destruction de cette espèce de canal. On voyait les membranes co- niques se diriger de bas en haut en convergeant, sui- vaut un angle aigu, et aboutir toutes au canal central qu'elles formaient par leur réunion; et l'intervalle qui séparait les cônes non encore vides , était rempli par la pulpe plus ou moins colorée que nous venons de décrire. CINQUIEME OBSERVATION. Une seconde penne de la queue d'un hocco, qui avait une gaine de deux pouces et demi de longueur, et dont le développement était parvenu au point k peu près où la face externe de la lige est formée , mais cette tige n'est pas encore toute remplie de ma- tière spongieuse, à sa partie inférieure du moins, m'a présenté un bulbe charnu de deux pouces de longueur, surmonté par cinq cônes membraneux qui occupaient la longueur d'un pouce ; il était entière- ment revêtu de la membrane striée interne qui de- venait toujours d'autant plus distincte qu'on s'élevait davantage vers les cônes membraneux. Cette mem- brane enlevée, il m'a fait voir dans toute sa longueur le caractère iibreux propre au bulbe dans les premiers temps de sa formation , et les cônes n'avaient de rap- 3o DE LA STRUCTURE ports entre eux que par leur base ; ils étaient privés de prolongements tubuleux , et leur sommet était libre. SIXIÈME OBSERVATION. Une autre penne de même espèce, et arrivée au même degré de développement, m'a montré, au point correspondant à la naissance des barbes, l'origine de filets noirs (la plume avait celte couleur) qui s.ui- vaîent la direction du bord de ces barbes, et comme s'ils eussent pris part à leur formation. On détachait sans eflort ces filets intermédiaires à la membrane striée et aux barbes, en suivant la direction de celles-ci. SEPTIÈME OBSERVATION. Ce bulbe avait une adhérence avec toute la surface interne de cette tige; mais un léger effort suffisait pour l'en détacher, et comme les bords de cette par- tie de la tige se relevaient, et que le bulbe les em- brassait, il en résultait pour ce dernier deux rainures très marquées dans toute sa longueur et très lisses, les bords de la tige l'étant eux-mêmes. Les parties latérales du bulbe qui s'étendaient au delà des rai- nures étaient minces et frangées; et la partie moyenne, correspondante à la partie moyenne et striée de la tige, était en saillie et striée comme cette dernière. L'une était le moule ou la contre-épreuve de l'autre. Il résulte de là que ce bulbe se composait d'une partie supérieure, et d'une partie inférieure formée ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. Ji elle-même crime portion moyenne striée , et de deux parties latérahis lisses et frangées que je désignerai par le nom d'ailes. La tige, à son origine inférieure, était mince, unie, d une apparence membraneuse , et enduite d'une couche de matière noire. A deux ou trois lignes plus haut , naissaient les stries longitudinajes dont nous venons de parler, et qu'on suivait jusqu'au point où elles étaient entièrement cachées sous la matière spongieuse. Ses bords ne se relevaient que graduel- lement : à leur origine , la matière cornée n'était point encore sensible; mais plus on s'élevait, plus celte matière devenait abondante; elle avait de la mollesse , s'enlevait par lanières minces, et les bords se rapprochaient en s'épaississant , jusqu'au point où ils se réunissaient pour former la face interne de la tige La matière spongieuse la plus nouvelle avait déjà toutes les qualités principales qui distinguent la plus ancienne ; seuleuientsa mollesse la rendait semblable à une pulpe. Aussi après avoir enlevé \z bulbe de sa tige, trouvai-je que plusieurs portions de cette ma- tière y étaient restées attachées, et qu'elles remplis- saient les stries de cet organe. Tels sont les faits qui me paraissent les plus im- portants à extraire de mes recherches sur le bulbe, et desquels je crois qu'on peut, jusqu'à un certain point, déduire sa structure et ses caractères essen- tiels. L'examen du bulbe des plumes à tige tubuleuse nous donne l'explication du bulbe des plumes à tige solide , quoiqu'en apparence plus compliqué, préci- sément parce que ses parties sont séparées, et que 32 DE LA STRUCTURE l'analyse en semble naturellement faite. En effet, si les bulbes de ces deux sortes de plumes ne se res- semblent point, ils produisent cependant les mêmes matières, d'où il est simple de conclure qu'ils sont essentiellement les mêmes, que leur nature est ab- solument identique. Ainsi le bulbe doit être considéré comme un or- gane double, c'est-à-dire qu'il a une portion anté- rieure et une portion postérieure depuis le point où la tige et les barbes naissent jusqu'à celui où elles finissent, depuis l'extrémité originelle de la plume jusqu'à son ombilic supérieur. A partir de ce point jusqu'à l'ombilic inférieur, il devient simple et uni- forme dans toutes ses parties; et cette portion simple du bulbe ne communique jamais qu'avec le tube. Dans les plumes à tige tubuleuse, la portion anté- rieure du bulbe est entièrement séparée de la pos- térieure, tandis que dans celles à tige pleine , la pre- mière est intimement unie à la seconde; mais, dans les unes et dans les autres, ces portions du bulbe conservent les mêmes rapports : l'une est en com- munication avec la partie centrale de la tige, l'autre on revêt la face interne. D'où il suit que nous devons considérer la partie moyenne de la portion antérieure des bulbes simples, comme analogue de la portion antérieure toute entière des bulbes doubles. Leur por- tion postérieure est formée des ailes et de toutes les parties que la membrane striée interne recouvre. La tige et les barbes étant les premières parties de la plume qui paraissent, c'est aussi la partie du bulbe r[ui les produit qui se montre la première; et comme la plume se développe successivement en longueur, ET DE LA PRODICTION DES PLUMES. 55 le bulbe se développe de même ; mais une fois que la partie la plus avancée a rempli sa destination, elle s'oblitère, se dessèche, et disparaît en partie. En effet, tant que le bulbe est actif, il présente, outre les vais- seaux qui pénètrent dans son intérieur ou qui ram- pent à sa surface, des fibres longitudinales, blanches, molles, élastiques, que je comparerais aux fils des toiles d'araignée ; et son activité paraît principalement résider à sa base, et dans une partie assez restreinte de sa longueur. Aussitôt que son activité s'affaiblit, la partie où ce phénomène se passe change de na- ture ; des membranes en forme de cônes très allon- gés et qui s'emboîtent, se développent, et se remplis- sent d'une matière pulpeuse, laquelle disparaît petit à petit à mesure que ces cônes , de blancs et d'opa- ques qu'ils étaient d'abord, se dessèchent et de- viennent transparents. Pendant un temps, ces cônes communiquent entre eux par un tube central; mais ce tube s'oblitère plus ou moins promptement suivant les plumes, et sans doute aussi suivant l'influence de plusieurs circonstances diverses qu'il serait important d'apprécier. Du développement des plumes. Ce sont les observations que je viens de rapporter, les plus concluantes de celles que j'ai été à portée de recueillir, qui doivent me servir pour l'explication du développement des plumes, de ces singuliers pro- duits organiques, que les oiseaux seuls nous présen- tent, et nous présentent toujours ; car ces téguments piliformes qu'on trouve chez certains oiseaux , et eu VICK. II. 3 34 ï>î"^ r^A STRUCTURE qu'on a considérés comme des poils, ne sont que des plumes dépourvues de barbes. Malheureusement ces observations sont bien in- suffisantes pour qu'il me soit possible d'atteindre le but qu'elles ont eu pour objet; elles doivent cepen- dant en rapprocher; et si je ne puis les compléter, je m'efforcerai de ne présenter mon explication qne dans les termes les plus propres à faire distinguer soigneusement ce qui est fondé en fait de ce qui n'est que conjectural. La plume naissant dans un état complet de mol- lesse et d'imperfection, à la circonférence inférieure du bulbe et de la gaine au point où ces âeux parties se confondent, et ne présentant encore alors que la face externe et cornée de la tige les barbules et peut- être le bord externe des barbes, iî est manifeste que c'est de ce point qu'elle tire son origine, et par sa face externe qu'elle commence; et quec'est du même point que sortent successivement toutes les autres parties qui la constituent. C'est un fait que nous de- vons prendre tel qu'il nous est donné par l'observa- tion , et au delà duquel on ne pourrait remonter que par des hypothèses dont nous devons nous garantir. Mais si c'est du cercle ombilical que sortent les premiers rudiments de toutes les parties de la plume, c'est le reste du bulbe, produit en même temps qu'eux, qui les nourrit et les accroît , qui en forme tout-à- fait d'autres, et qui fait acquérir à la plume le déve- loppement qu'elle peut atteindre; car ses parties n'ar- rivent à leur terme qu'au point où la gaine, comme tout ce qu'elle enveloppe , est arrivée à un état de dessicalion tel qu'elle puisse tomber en lambeaux ou ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. .Vj en poussière ; or, nous avons vu des bulbes actifs non réduits à l'état de cônes membraneux de plusieurs pouces de longueur. Dans les premiers instants de leur formation , la face externe de la tige paraît avoir toute son épais- seur; mais les barbes, si elles existent, sont réduites à leurs bords externes et aux barbules qui y sont at- tachées ; et les membranes striées comme les cloisons transverses se confondent avec les barbes, du moins pour nos instruments. Une fois en contact avec le bulbe, celui-ci fournit à la nutrition de toutes ces parties, aux membranes striées internes et externes et à leurs cloisons transverses, par la bride circulaire, seul point de communication entre le bulbe et ces membranes, comme nous Fa fait voir notre troisième observation; aux barbes par les bords latéraux de sa portion postérieure; car les filets noirs, que notre sixième observation nous a montrés, ne me paraissent guère pouvoir se rapporter à autre chose qu'à la lame des barbes; ils pénétrent entre les cloisons transverses et naissent dans l'intervalle des points où celles-ci naissent elles-mêmes; à la matière cornée des faces internes et latérales de la tige par la surface inférieure de ses ailes ; enfin à la matière spongieuse par sa por- tion antérieure. On dirait même que l'origine des barbes a quel- que chose de commun avec celle des faces latérales de la tige; car lorsqu'on les arrache dans une direc- tion parallèle à la tige, et en se dirigeant contre le tuyau, c'est-à-dire de haut en bas, elles entraînent avec elles une partie de la lame cornée qui revêt ces faces latérales, surtout si l'effort est lent, et elles 56 DE LA STRUCTURE laissent la lame cornée de la face externe dans un parfait étal d'intégrité. Le bnibe naît simultanément avec la partie externe de la lige, les barbes et leurs membranes, et dès le premier instant de son apparition il sécrète et dépose les diverses matières qui doivent résulter des forces qui agissent en lui. Cependant la capsule se déve- loppe , croît en longueur avec tout ce qu'elle con- tient, et bientôt sa gaîne se décoiffe, desséchée à son extrémité , parce que le sommet du bulbe cesse de vivre, et qu'en cette partie la plume est tout-à-fait formée. Alors rextrémilé de la lige paraît, et les pre- mières barbes s'épanouissent , avec leurs membranes et les corps réduits à de simples pellicules transpa- rentes , qui tomberont bienlôl , ainsi que ces mem- branes, par l'effet du contact de l'air et des frotte- ments des corps extérieurs. Dans les plumes à tige pleine, la face interne de la tige ne se forme que successivement ; elle commence par ses bords, et finit par sa partie centrale ; et à me- sure que la matière spongieuse se dépose , le bulbe s'oblitère à sa face antérieure, les bords de la tige se rapprochent , et celie-ci ne se trouve plus recouverte que par les ailes productrices de la matière cornée. C'est le rapprochement de ces bords qui forme la rainure des liges dont nous parlons. Dans les plumes à tige tubuleuse , la portion antérieure du bulbe, dé- posant tout autour d'elle la matière spongieuse, il ne se forme point de semblables rainures, dans le plus grand nombre de cas du moins; la forme de la face interne de ces tiges dépond uniquement de celle de la partie du bulbe qui en produit la couche cornée. ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. 37 Ce sont ces phénomènes qui se manifestent aussi long-temps qu'a lieu le développement de la tige et de ses barbes; mais une fois que ces parties ont cessé de se produire, il s'opère tout à coup un change- ment considérable : le bulbe se simplifie, sa portion postérieure se rétrécit graduellement , les barbes de- viennent de plus courtes en plus courtes, les deux lignes sur lesquelles elles naissent se rapprochent en même temps que la face externe de la tige s'étend et s'arrondit en tube; et un moment arrive où le bulbe, comprimé par ce rapprochement, ne tient plus à la partie qui jusque là a produit les barbes et la couche cornée de la face interne à sa portion postérieure, en un mot, que par un léger pédicule qui reste entre la matière spongieuse et la cornée , c'est-à-dire dans l'ombilic supérieur. Ainsi, dans les plumes à tige solide , la partie antérieure du bulbe ne produit pas de matière spongieuse, d'une manière sensible du moins, au dessous de l'ombilic supérieur, étant détruite, ou pour mieux dire, oblitérée en même temps que la portion postérieure , tandis que dans les plumes à tige tubuleuse, cette portion antérieure se continuant immédiatement avec le bulbe du tube, reste plus long-temps vivante, et la matière spongieuse se dépose encore long-temps après que les barbes ne naissent plus, et que l'ombilic supérieur est fermé. Dès €[ue les barbes cessent d'être produites, la partie cornée de la face externe de la tige se dépose en abon- dance dans toute la circonférence du bulbe , et le tube se forme. Dans cette formation la gaine où ses parois internes s'unissent au tube , et c'est de la réu- nion de cette gaîne et de la matière cornée que ce 38 DE LA STRLCTLRE tube se coQslitue, comme nous l'avons vu dans nos observations sur la gaine. Enfin, le moment arrive où la capsule a produit tout ce que la somme de vie dont elle était pourvue lui permettait de produire; elle se rétrécit par degré, le tube suit ce rétrécissement, et se termine en une pointe plus ou moins obtuse au milieu de laquelle est 1 ombilic inférieui'. CONCLUSION. Les détails imparfaits dans lesquels on était entré sur la structure de l'organe producteur des plumes suffisaient déjà pour montrer le peu de ressemblance qui existe entre lui et l'organe producteur des poils ^, en admettant la structure de ce dernier telle qu'elle a été donnée dans les ouvrages qui s'en sont occupés d'une manière spéciale. Ceux que je viens d'exposer achèvent de montrer les nombreuses différences qui existent entre ces deux organes , et éloignent bien davantage les plujnes des poils, par leur structure, que ne devraient le faire penser les premières ana- logies qu'on avait cru reconnaître entre eux. Ainsi les plumes et les poils ont reçu la même des- tination; ils résultent l'un et l'autre d'une excrétion de mêmes matières; enfin leur organe producteur a 1. Tout ce que je dis ici des poils je le lais dans la supposition quou se faisait une idée juste de leur développement. Dans ce cas, il est certain qu'il n'y a rien de commun, si ce n'est l'origine, entre l'organe producleur des plumes et celui des poils ; mais comme cette idée ne repose que sur des observations incomplètes, il arrivera pro- bablement que des observations plus exactes rétabliront l'analogie de ces organes. ET DE LA P R O D U C T 1 O IV DES P L iJ 31 E S. JiJ une origine commune ; mais il n'y a aucune resseni- Llance entre leur structure, entre la manière parti- culière dont ils sont produits, entre l'organe qui en fournit la matière et qui la dépose. Rien , en un mot, dans l'organe producteur des plumes ne pourrait don- ner une idée de la formation, par cônes successifs, des poils , comme rien dans l'organe producteur des poils ne pourrait expliquer la formation de la tige , des barbes et du tuyau des plumes. Tant que la capsule des plumes ne consistait qu'en un cône plus ou moins allongé et renfermé dans un étui, ainsi qu'on l'admettait, on pouvait à la rigueur regarder la plume sécrétée par ce cône, comme une succession de cônes elle-même ; seulement les mo- lécules déposées par cet organe s'arrangeaient en tige, en barbes , en barbules, etc. Aujourd'hui une telle supposition ne pourrait se soutenir; il n'y a rien dans la sécrétion d'une plume qui ressemble le moins du monde à un cône; et si jamais les téguments des animaux étaient soumis à une classification et à une nomenclature régulière, on ne pourrait donner aux plumes le nom générique de poils ou réciproque- ment, que par le plus étrange abus de langage , du moins dans l'état actuel de nos connaissances sur la structure de l'organe producteur des poils ; car il ne serait point absolument impossible qu'une étude plus exacte de cet organe ne fît découvrir entre lui et l'organe producteur des plumes des ressemblances que rien n'autorise à y reconnaître aujourd'hui. Mais, dans cet étal de nos connaissances, y a-t-il une parité quelconque entre les deux organes que nous com- parons? On ne manquerait pas de raisons pour en 40 DE LA STIlUCTURi: douter. Le poil, tei qu'où le conçoit, ne semble de- mauder pour son développement que l'activité de la papille du derme qui lui donne naissance, qui le sé- crète. Cette papille conique produit des cônes suc- cessifs dont la réunion forme le cylindre du poil; et celui-ci sera d'autant plus long et plus épais que la papille conservera plus long -temps son activité et sera plus grosse. Pour cela elle n'a besoin ni d'une organisation plus compliquée, ni même d'un déve- loppement plus grand; il lui suffit d'un peu plus de vie que dans le cas où elle serait improductive. Or, ce n'est pas la papille du derme qui , chez l'oiseau , produit la plume, il faut à celle-ci un organe spécial; et la papille ne sert que de base à la capsule produc- trice des plumes. C'est sur elle que cette capsule prend naissance , croît , grandit , et , sans doute, à l'aide de ses vaisseaux qui alors prennent un développement nouveau ; mais ii n'y a entre la papille et la capsule aucun autre rapport ; et , dans le corps animal, parce que les vaisseaux d'une partie en nourrissent une autre par leur extension, ce n'est pas une raison pour que ces deux parties soient identiques. En effet , la capsule et la papille dermique me sem- blent deux organes très distincts. La seconde sub- siste toujours, fait partie constituante du derme, l'autre n'est que fortuite et temporaire; l'une naît avec l'animai et dure autant que lui, l'autre est une création passagère qui se renouvelle périodiquement, et dont une foule d'accidents peuvent empêcher la formation ou modifier la structure. Ainsi la capsule productrice des plumes vient s'a- jouter à ces autres organes, si propres à exciter l'éton- ET DE LA PRODUCTION DES PLUMES. 4» neinent, qui naissent comme elle de toute pièce, par le fait d'une sorte de création nouvelle, dont le prin- cipe est dans les parties dont ils dépendent essen- tiellement, mais que rien, absolument rien, ne mani- feste avant ses effets; et on ne saurait nier la formation spontanée de celte capsule sans se livrer aux hypo- tèses les plus arbitraires et les plus contraires au vé- ritable esprit des sciences d'observation. Il en est pour moi de cet organe comme des bois du cerf, dont aucun indice, avant leur apparition, n'annon- çait ni les formes ni même l'existence future; et ce phénomène est le même que celui du développement successif de toutes les parties des corps organisés. On serait cependant loin encore de concevoir tout ce que l'organe producteur des plumes peut avoir d'influence sur l'existence des oiseaux, si Ton se bornait à l'envisager dans sa complication. Combien n'est-il pas plus étonnant par son développement, quand on songe qu'il acquiert constamment la lon- gueur des plumes; qu'il ne cesse point de se déve- lopper pendant qu'elles se développent elles-mêmes; qu'il est des oiseaux chez lesquels toutes les plumes se renouvellent chaque année, et , pour ainsi dire, en quelques jours; que parmi celles-ci on en trouve de plusieurs pieds de longueur, et que des époques fixes sont marquées pour ces renouvellements, c'est-à- dire que les papilles du derme sont alternativement douées d'une activité prodigieuse et condamnées à un repos absolu. Des faits aussi considérables suffisent, sans doute , pour reudre raison des nombreux accidents qui ac- compagnent la chute et le développement des plu- :j2 STRUCTURE ET PRODUCTION DES PLUMES. mes, ia mue, en un mot; toutes les précautions que ce phénomène nécessite ; les dangers pour les oiseaux du froid et de l'humidité à cette époque ; l'obligation d'employer alors pour eux une nourriture excitante, et qui surtout ranime l'activité de leur peau. Ils nous expliquent même jusqu'à un certain point une des causes qui rendent si difficile dans nos climats froids la reproduction des oiseaux des pays chauds ; car les forces de la génération sont d'autant plus faibles que celles de la vie sont plus partagées; et chez ces oi- seaux la mue ne se fait qu'avec lenteur et est pres- que continuelle, ce qui n'a point lieu pour les oiseaux de nos contrées chez lesquels l'époque de la mue diffère toujours de celle des amours. Il est douteux que l'organisation animale nous pré- sente beaucoup de phénomènes plus dignes de nos recherches et de nos méditations que le développe- ment de la capsule productrice des plumes. Les ob- servations renfermées dans ce mémoire ne sont point encore suffisantes pour expliquer la structure et les fonctions de ce singulier organe, et cependant elles sont bien propres déjà à exciter notre curiosité par les faits inconnus qu'elles nous montrent, et les rap- ports nouveaux qu'elles nous font apercevoir. Ainsi plus nos connaissances sur les productions de la na- ture se multiplient, soit que nous pénétrions dans leurs détails, soit que nous nous élevions à leurs géné- ralités, plus le sentiment d'admiration qu'elles font naître en nous s'approfonorne qu'elles nous révèlent. rvA\^A.VV\'VVV\/VVV\AVV'kaV\\VVV>aA'V\ LES OISEAUX DE PROIE DIURNES. Dans son discours sur les oiseaux de proie , qui suit immédiatement celui qui a pour titre : Discours sur la nature des oiseaux j dont nous avons fait l'examen, Buffon laisse paraître l'influence des principes qui l'éloignèrent des classifications méthodiques, fon- dées sur la nature, lorsqu'il traça l'histoire des qua- drupèdes ; tant s'enracinent profondément en nous nos premières idées, tant la raison est impuissante à les détruire complètement. Par la même cause nous le voyons se livrer encore au penchant qui le portait à généraliser les faits bien au delà de ce que légitime l'expérience, à créer des hypothèses, comme pour se soustraire aux particu- larités dont il n'apprécia jamais le mérite; et dans les- quels son esprit ne se complaît que quand elles lui rappellentces grandes pensées d'ordre et d'harmonie, ces rapports de causes et d'eifets qui unissent la na- ture à l'homme et l'univers à Dieu. On ne peut donc point donner un entier assenti- ment à toutes les idées de Buffon sur les rapports qu'ont entre eux les oiseaux de proie ; et, à cet égard, on doit toujours le consulter avec quelque défiance /|4 OISEAUX DE PROIE DIURNES. Lorsqu'il dit, qu'absolument parlant, presque tous les oiseaux vivent de proie, il semble douter qu'on puisse établir une ligne de démarcation entre les oi- seaux de proie proprement dit , et ceux qu'on n'ad- met pas communément dans celte catégorie ; et s'il se conforme à la distinction vulgaire, admise par les naturalistes, d'oiseaux carnassiers et d'oiseaux insec- tivores, granivores, etc., ce n'est que pour satisfaire ce besoin de classification qu'il avait enfin reconnu, mais qu'il croyait encore plus nécessaire aux autres qu'à lui-même. Ce qui nous le fait penser c'est que, dans la comparaison qu'il établit entre le nombre des quadrupèdes carnassiers, et celui des oiseaux qui comme eux se nourrissent de chair, nous le voyons comprendre parmi les premiers , le phalanger , les roussettes, et même les rats. Sans doute, en envisa- geant les faits superficiellement, les rats, comme les galinacées, se nourrissent de matières animales, aussi bien que les loups et les vautours, que les faucons et les chats; mais tout ce qu'on peut en conclure, c'est que des penchants naturels analogues n'annon- cent point nécessairement de similitude dans les or- ganes, et que de semblables penchants ne peuvent point servir de base à une classification naturelle, quoique depuis Buflbn cette erreur ait plusieurs fois été reproduite ; non pas que les penchants naturels ne soient en rapport avec l'organisation : seulement les penchants se classent comme les modifications orga- niques ; car, comme elles, ils sont plus ou moins im- portants, plus ou moins dominateurs , et l'erreur de Buflon, comme de ceux qui l'ont suivi , a été de ne pas faire cette distinction, et de tirer une généralité OISEAUX DE PROIE DIURNES. 4^ de faits qui, n'étant pas de même ordre, ne pouvaient conduire à la conclusion qu'ils se sont cru en droit d'en tirer. A l'époque où Buffon publia ce discours, en 1770? il trouvait qu'il n'y avait pas une quinzième partie du nombre total des oiseaux qui soient carnassiers, tandis que dans les quadrupèdes il en trouvait plus du tiers; mais comment arriverait-on, avec quelque fondement, à la moindre conclusion, de rapports de nombres donnés par le hasard? car le hasard seul avait donné ces nombres de mammifères et d'oiseaux, puisque dès lors ils ont changé dans des proportions que l'imagination môme de Buflbn n'atteignit pas, et que les rapports qui existaient alors entre eux n'existent plus. Les rapports mêmes de cette nature qu'on pourrait tirer des nombres connus aujourd'hui, seraient tout-à-fait vains; car si l'on en juge par les acquisitions de l'histoire naturelle dans ces dernières années, en tenant compte des contrées où elles ont été faites, et des moyens à l'aide desquels on les a obtenues, on sera convaincu que le nombre des qua- drupèdes , et surtout celui des oiseaux, est destiné chaque jour à s'accroître encore; que toutes les bases manquent pour en établir la comparaison, et qu'elles manqueront jusqu'à ce que la terre entière ait été explorée. Poursuivant les mêmes rapprochements sur les ani- maux aquatiques , il trouva le contraire de ce que lui avaient présenté les animaux terrestres, c'est-à-dire que les oiseaux qui cherchent leur proie dans les eaux, sont plus nombreux que les mammifères qui 46 OISEAUX DE PROIE DIURNES. cherchent de même dans les eaux la leur. Ce rapport paraît exister encore aujourd'hui; mais, d'après ce que nous venons de dire , il n'y a rien à en inférer. Au reste , les oiseaux aquatiques qui se nourrissent de matières animales ne sont point classés par Bufîbn au nombre des oiseaux de proie ; ils en diffèrent en effet parles organes et par le naturel; et en écartant encore les oiseaux de nuit des oiseaux de proie diur- nes, il présente ceux-ci dans l'ordre où il paraît con- cevoir leurs rapports naturels. Les aigles avant les vautours, parce qu'ils sont plus généreux , moins bas- sement cruels; les vautours ensuite, caractérisés par leur instinct de basse gourmandise et de vora- cité; puis les milans, les buses, les éperviers, les au- tours, oiseaux ignobles, immondes et lâches, comme les précédents; enfin les faucons, essentiellement nobles dans le sens que Buffon donne à ce mot, c'est- à-dire hardis et courageux; cependant il ne nous dit pas pourquoi il les place à la queue plutôt qu'à la tête de ses oiseaux de proie diurnes. INous avons déjà fait remarquer, dans quelques endroits de notre premier volume de ces supplé- ments, combien d'idées fausses naissent de ces mots : nobles, généreux, cruels, etc., dont le sens est tout moral, appliqués aux animaux. En vain l'on prétexte- rait qu'ils n'ont été employés et ne doivent être pris que dans un sens figuré, que poétiquement ; l'erreur qui en résulte n'en existerait pas moins, et quoi qu'on en j;uisse dire , la poésie n'embellit l'erreur qu'aux yeux de ceux qui ne connaissent pas les char- mes de h\ vérité. Un sentiment de faveur ou de défa- OISEAUX DE l'UOIE DIURNES. 4? veur est întimement lié en nous à ces mots qui expri- ment des penchants pour lesquels nous avons de l'estime ou du mépris , et ce sentiment nous !e repor- tons sur les êtres que ces mots désignent. Or, rien ne serait plus faux que de haïr les vautours parce qu'ils seraient bassement cruels, que de mépriser les mi- lans ou les buses parce qu'on les croirait immondes et lâches, que d'estimer les aigles et les faucons parce qu'on jugerait que la noblesse est leur partage! Les uns comme les autres remplissent, sans liberté, le rôle qui leur a été imposé par la nature; ils travail- lent au maintien de l'ordre et de l'harmonie sur notre terre 5 et celte tâche est assez belle. Au surplus, s'il fallait absolument se prononcer sur la part que ces oiseaux prennent à l'économie de ce monde , sur l'utilité du rôle qu'ils y jouent , sur les services qu'ils rendent à l'homme , il n'est pas sûr que les aigles et les faucons l'emportassent sur les vautours ou les buses. Les ornithologistes modernes n'ont point suivi BuSbn dans leur classification des oiseaux de proie diurnes. Depuis Linneus, la plupart commencent la série par les vautours pour ne décrire qu'ensuite les aigles , les buses , les faucons. Nous ne pourrions point indiquer le motif de la préférence qu'on a ac- cordée à cet ordre sur tout autre; car les faucons et les aigles nous paraissent avoir plus de droits à la prééminence que les vautours : leur organisation est plus développée , et , destinés à vivre de chasse, à poursuivre une proie vivante, qui peut les fuir ou se défendre, ils ont été pourvus d'une intelligence 48 OISEAUX DE PROIE DIURNES. qui semble devoir i'emporter sur celle d'oiseaux qui, comme les vautours , vivent de proie morte, et ne combattent qu'entre eiix. Les détails où Bnflbn est entré sur l'organisation des oiseaux de proie et sur leur naturel , ne suffisent pas pour faire connaître ces oiseaux sous ce double rapport. 11 parle de la différence de taille des mâles et des femelles, de la force de leurs membres , de la déli- catesse de leur vue, de la forme de leur bec, ce qui est insuffisant, et ce qu'il dit de leur naturel , moins cir- constancié encore , renferme une erreur qu'on ne de- vait pas s'attendre à rencontrer dans un auteur qui se plaît à reconnaître dans toute la nature la parfaite sa- gesse de son auteur : or, les oiseaux de proie sont les fruits de cette sagesse; comme tous les autres êtres ani- més leur conservation en dépend, et puisqu'ils doi- vent exister, la nature ne leur a pas refusé l'instinct qui porte tous les animaux de leur ordre à veiller sur la vie de leur progéniture; ils ne chassent donc point par dureté naturelle et férocité leurs petits hors du nidj, dans le temps qu'ils leur devraient encore des soins et des secours pour leur subsistance^; comme les autres oiseaux, ils les protègent et les nourrissent avec beaucoup de tendresse, jusqu'au moment où ces petits, obéissant à leur naturel, s'émancipent et pourvoient eux-mêmes à tous leurs besoins. La sé- paration des pères et des enfants ne se fait point chez eux d'une manière brusque : l'affection pour les petits ne s'éteint pas plus subitement dans les uns que la force et l'intelligence nécessaires à la poursuite d'une 1. Tome XVI , in-4°, page 66. — Édit. Pillol, tome XIX , page 76- OISEAVX DE PROIE DIURNES. ^C) proie, et se manifeste tout à coup dans les aulres. L'homme seul peut contraindre et dominer ses senti- inents parce qu'il est libre; les anirnaux sont néces- sairement esclaves des leurs. C'est encore à la dureté de leur caractère que Euftbn attribue l'insociabilité des oiseaux de proie. La moindre réflexion aurait pu le désabuser ; mais je ne combattrai pas de nouveau cette erreur, et je ren- voie pour cela à mon discours sur la sociabilité des animaux cjui se trouve dans le premier volume de ces suppléments. Les oiseaux de proie diurnes connus aujourd'hui sont d'environ cent cinquante espèces. Leur plus grande taille est celle du condor ou du vautour brun, et la plus petite celle du faucon-moineau : les premiers ont une envergure de douze à quinze pieds, celle du dernier n'est que de dix pouces ; et, entre ces limites, se trouvent tous les intermédiaires. On voit par là que le même système général d'organes est susceptible de tous les degrés de développement , et dans tous les climats, près des pôles comme sous l'équateur, on rencontre des oiseaux de proie de grande et de petite espèce. Les proportions des difTérentes parties de ces oi- seaux annoncent leur force et leur légèreté. Tous ont le bec crochu propre à déchirer, un estomac sim- ple et membraneux , de courts intestins et un cœcum rudimentaire; leur sternum, sans échancrure, pré- sente aux muscles qui s'y attachent une large surface osseuse et une forte crête. Leurs doigts sont au nom- bre de quatre, trois en avant et un en arrière, ar- més d'ongles plus ou moins forts et plus ou moins cuviER. n. A bO OISEAUX DE PROIE DIURNES. aigus, qui pour quc.'lqnrs espèces soiil une des arme.^ les plus puissantes dont elles aient pu être pour- vues. Leurs yeux sont grands, placés sur les côtés de la tête, et ils ont une troisième paupière; leurs narines cartilagineuses s'ouvrent de chaque côté de ]a cire qui garnit le bec à sa base; leur langue est ou cornée ou charnue, libre, mais remplissant toujours la capacité du bec, et leurs oreilles ne se marquent point au dehors. Ils sont revêtus d^m plumage épais et serré qui , en amortissant le toucher, les soustrait à l'influence des changements de température ; et c'est d'après les variations de formes, de proportions, de couleurs aux- quelles ces diverses sortes d'organes sont soumises, variations qui sont conformes à la destination , aux besoins, aux instincts de ces oiseaux, que l'on ca- ractérise leurs genres et leurs espèces ; mais il importe beaucoup, et Buffon le fait observer, pour ne pas multiplier faussement ces espèces, d'étudier les chan- gements de couleurs que ces oiseaux éprouvent sui- vant les âges, les saxas et même les saisons; étude qui avait été fort négligée avant lui, et qui depuis n'a pas toujours été suivie à beaucoup près suffisamment ; mais dans ces variations de couleurs Bufl'on fait une beaucoup trop grande part aux causes accidentelles. C'était chez lui une tendance générale sans fonde- nient; car aujourd'hui même, malgré les progrès de la science dans ses moyens d'expérimentation, nous ignorons absolument les effets de ces causes sur la coloration des animaux. LES AIGLES. i)I LES AIGLES; BuFFON, dans cet article , examine en critique les' oiseaux que les naturalistes désignaient par le nom d'aigles; et nous le voyons donner à ces naturalistes la dénomination méprisante de nomenclateurs. C'est Brisson et Linneus principalement qu'il avait en vue. Ainsi, quoique rentré en grande parlie dans les voies de ces naturalistes , il ne leur pardonnait pas encore l'aspect sous lequel ils avaient envisagé la science; mais surtout, il ne prévoyait guère que ce titre de nomenclateur serait un de ceux que la postérité hono- rerait le plus dans te naturaliste suédois. Réduire le nombre des espèces d'aigles que les tiouîenclaleurs lui paraissaient augmenter sans raisons, c'est ce que Buffon se propose ; mais si plusieurs de ses essais sont heureux, quelques autres par contre ne le sont pas, et ses erreurs portent autant sur les espèces qu'il croyait devoir admettre que sur celles qu'il croyait devoir supprimer. Sans la prévention qui l'abusait, il aurait sans doute reconnu que la science était encore trop pauvre en observations, pour qu'il fût possible de se prononcer sur ces questions de variétés ou d'espèces, toujours si difficiles chez les oiseaux, et il aurait senti que, dans le doute, la mulliplication des espèces avait moins d'inconvénients 5ii LKS AIGLES. que leur réduction; car, dans le premier cas, ce sont des faits qui se conservent, et dans le second des faits qui se suppriment. Nous le voyons en eflet, malgré toute sa puissance de raison, méconnaître d'une part des espèces réelles, et de l'autre transfor- mer en espèces de simples variétés, tant il est vrai qu'aussi long-temps que les règles en histoire natu- relle ne sont pas établies sur un très grand nombre d'observations , il est toujours dangereux d'en faire une application trop absolue; et aujourd'hui môme, les ornithologistes les plus exercés ne se prononce- raient pas, avec une pleine assurance , sur toutes les questions de cette nature. Une des raisons que Buf- fon allègue, pour ne pas admettre comme espèces tous les aigles qui se présentent avec des caractères différents, c'est que les anciens, dit-il, avaient reconnu que les aigles de races différentes se mêlent volon- tiers et produisent ensemble. Sans doute cette opi- nion était celle des anciens : Aristote^ attribue cette disposition non pas seulement aux aigles, mais à tous les oiseaux, par opposition à l'aigle franc qu'on pré- tend, dit-il, être le seul oiseau dont la race soit pure , et il ne parle point d'observations, comme Buffon le fait supposer; en effet, l'observation nous a appris que l'idée de ce mélange des espèces n'était qu'un préjugé. Brisson avait donné comme espèces d'Europe les onze premiers aigles qu'il décrit, et ce sont ces espè- ces que BuÛbn soumet à sa critique et qu'il réduit à six , ne conservant le nom d'aigle qu'aux trois pre- i. Lil). IX, cap. 32. LES AIGLES. 55 miers , et considérant les trois autres comme des espèces fort différentes des aigles. Pour arriver à ce résultat, il admet comme espèce, avec Brisson, l'aigle doré et le petit aigle tacheté , et il réunit l'aigle brun et l'aigle noir, du même auteur, pour en former son aigle commun. Jusque là son jugement a été confirmé par les observations qui sont survenues; mais il rap- porte à l'espèce qu'il nomme pygargue, non seule- ment le grand et le petit aigle à queue blanche de Brisson, qui ne sont en effet que la femelle et le mâle d'une même espèce, mais de plus l'aigle à tête blanche qui constitue une espèce bien distincte de toutes les autres; et par une erreur opposée, il dis- tingue spécifiquement l'orfraye qui n'est qu'un pygar- gue avant l'âge adulte. Au reste , ces deux erreurs étaient faciles à commettre, et ce n'est que dans ces derniers temps qu'elles ont été rectifiées. Le sentiment des rapports a mieux inspiré Buffon lorsqu'il l'a conduit à considérer le pygargue, l'aigle de mer ou balbuzard et le jean-le-blanc, donnés par Brisson pour des aigles, comme étrangers à ces oiseaux, et ne devant point être réunis avec eux sous la même dénomination générique. En effet , depuis Buffon , ces oiseaux sont devenus îevS lypes de trois genres différents. Aujourd'hui les aigles forment une grande tribu, ou famille, qui se partage en plusieurs genres. Elle ren- ferme tous les oiseaux de proie diurnes qui ont le bec très fort, droit à sa base et courbé seulement vers la pointe, et des serres aiguës. C'est parmi eux que se trouvent , sinon les plus grandes espèces, du moins les plus puissants de tous les oiseaux de proie. Les genres 54 lES AIGLES. que celte tribu renferme sont au nombre de neuf, i "Lès Aigles proi'REment dits, qui ont le tarse enipkimé jusqu'aux doigtset les ailes de la longueurde la queue. IjC grand aigle, l'aigle commun et le petit aigle de Bufîbn, en sont les types principaux. 2" Les Aigles PÊCHEURS, qui ne diffèrent des précédents qu'en ce que leurs tarses ne sont revêtus de plumes qu'à leur moitié supérieure, et sont à demi écussonnés sur la moitié inférieure. Nous en trouvons le type dans le pygargue. S^'Les Balbuzards, dont le balbuzarddeBuf- fon nous donne l'idée, et qui diffèrent des deux genres précédents, en ce que, au lieu d'avoir les ongles creu- sésen gouttière en dessous, ils lesont arrondis, etence que leur tarse n'est point écussonné , mais réticulé. De plus, c'est la seconde penne de leur aile qui est la plus longue, et non point la quatrième comme chez les aigles et les pygargues. 4° Les Circaètes , qui ont les ailes des aigles et les tarses réticulés des balbu- zards , et parmi lesquels se trouve le jean-le-blanc , dont Buffon donne une histoire et une description fort exacte. 5** Les Caracaras, qui ressemblent aux précédents par les ailes, mais qui, avec des tarses nus et écussonnés, ont une partie des côtés de la tête et quelquefois la gorge dénués de plumes. Buf- fon a fait représenter une espèce de ce genre dans ses planches enluminées, n**4i7) et il en dit quelques mots dans son texte ^. 6" Les Harpies, qui ressem- blent aux aigles pêcheurs ou pygargues par les pieds; seulement, au lieu d'avoir leurs tarses écussonnés, ils les ont réticulés, et leurs ailes sont plus courtes que 1. Tenir I", ]n-\", pagji i/jâ. — Kclil. Pillot, loiuo XÎX, page i8<|, LES AIGLE.S. 5a leur qiîeiie. Butfon ne nous en a point dorme d'exein- p!e. 7" Les AiGLEs-AuTOLRs, semblables aux harpies par l(? bec et les ailes ; mais qui, au lieu d'avoir les tarses courts et gros, les ont longs et grêles. Buffon ne nous en offre point de type, mais il parle de deux espèces de ce genre, dans son article des oiseaux étrangers, qui ont rapport aux aigles*; ces espèces sont celles de rUrutaurana et de l'Urubilinga. 8** Les Cymindis, qui ont les caractères de harpies, mais qui en diffèrent par des narines presque fermées et semblables à une fente. Le petit autour de Cayenne, dont Buffon dit quelques mots ^, et dont il donne la figure dans ses planches enluminées 47^^ appartient à ce genre. 9° Enfin les Rostrames, qui, au lieu d'avoir la mandibule supérieure du bec élevée et comprimée sur les côtés, l'ont entièrement arrondie, et par là plus faible; du reste, ils ont les narines des cy~ mindis. Aucunes des espèces, qui peuvent apparte- nir à ce genre, n'étaient connues de Buffon. Il résulte de cet état actuel de la science, et de ce qu'elle était sous Buffon, que pour donner une idée de chacun des genres entre lesquels se partagent les espèces d'oiseaux qu'on réunit sous la dénomination com- mune d'aigles, nous avons à présenter des exemples des genres Cx\racaras, Harpies, Aigles - Autours , Cymindis et Rostrames; car, si Buffon indique quel- ques espèces qui se rapportent aux uns ou aux autres, il n'en donne pas une description suffisante pour les faire connaître. Mais avant d'entrer dans le détail des 1. Tomeï", in^^^pag. i37ct i^\. — Écliiion Pillot , tome XIX . pages 127 et 129. 2. Toaic l", in-4"> page 257. — Édit. Pillot , lomc XIX , page 200* 56 LES AIGLES. espèces, je dois examiner les genres pour faire appré- cier ia nature de leurs caractères, et lorsqu'il sera pos- sible, le degré d'influence que ces caractères exercent sur la vie des oiseaux qui en sont pourvus; mais je bornerai cet examen à la famille des aigles : cet exem- ple suffira. L'ornithologie n'est point encore arrivée au point de n'avoir que des caractères scientifiques pour dis- tinguer ses genres et ses espèces, et de rendre raison de l'emploi qu'elle fait dans ce cas des modifications organiques. Elle est encore le plus souvent obligée de s'en tenir aux faits matériels, sans appréciation de leur influence sur la vie, en un mot , de rester toute empirique. C'est à changer cet état de choses imparfait, à faire passer, non seulement l'ornithologie, mais encore toutes les autres branches de l'histoire naturelle, de l'empirisme à la science , de l'aveugle succession des effets à leur dépendance nécessaire , que doivent ten- dre les efforts de tous ceux qui s'occupent spéciale- ment des rapports des êtres naturels , et leur tâche est encore immense , comme nous aurions souvent occa- sion de le faire apercevoir dans l'application que nous pourrions faire de ces principes aux groupes généri- ques entre lesquels on a partagé les oiseaux , si nous ne devions pas éviter des répétitions qui deviendraient fastidieuses. Lorsque nous envisageons d'une manière générale les oiseaux réunis aujourd'hui sous le nom commun d'aigles, et qui composent les différents genres dont il vient d'être question , nous voyons qu'à l'exception du nombre et des rapports des doigts, de l'acuité LES AIGLES. Sn des ongles, de la forme du bec à sa base et à sa pointe, ils diffèrent partons les autres caractères; par la forme des autres parties de ce bec lui-même, par la com- position des ailes et par leur étendue, par le degré d'allongement et la force des tarses , par la nature et la forme des produits dont cette partie de la jambe est revêtue , et enfin par quelques uns de leurs sens et par la nature des téguments de la gorge et des côtés des joues. D'un autre côté, nous voyons que l'existence de ces oiseaux repose principalement sur leurs téguments et leurs sens , sur leurs organes du mouvement , sur ceux de la préhension et sur ceux de la manducation. Au moyen de ces organes, en effet, ils aperçoivent et poursuivent leur proie, la saisissent et la dévorent, et c'est par eux aussi qu'ils aperçoivent les dangers, les fuient ou se défendent; car le seul rôle qu'ils paraissent être appelés à jouer dans la nature est, comme nous l'avons déjà dit, de restreindre la pro- pagation des espèces qui se nourrissent de substances végétales. C'est donc dans l'union des modifications organi- ques de ces oiseaux, avec leurs différents modes d'existence, qu'on devrait trouver la raison des genres entre lesquels ils ont été partagés, et qui ont surtout été fondés sur les modifications des organes. Dans cette recherche nous prendrons pour point de comparaison les aigles proprement dits, dont nous avons donné les caractères génériques plus haut, et dont on connaît les mœurs ; or, en partant de ce point de vue, nous arrivons à des résultats très différents. Les pygargues se distin- guent des aigles par leurs tarses nus, couverts de larges r38 LliS AIGLES. écailles, et habitent le voisinage des eaux, se faisant leur proie des poissons qu'ils saisissent avec leurs ser- res. Or des tarses nus s'associent mieux que des tarses emphimés, à l'instinct qui porte les pygargues à cher- cher leur proie dans les eauxplutôt qu'à terre, quoique ce caractère n'appartienne pas exclusivement, même dans la tribu des aigles, aux espèces pécheresses. Le balbuzard, qui est aussi un aigle pêcheur, a les tarses nus des pygargues; mais au lieu d'être écussonnés ils sont réticulés; leurs ongles sont arrondis en dessous comme en dessus, et au lieu de la quatrième c'est la se- conde penne de leur aile qui est la plus longue. JNous ignorons tout-à-fait l'influence que peuvent exercer sur le genre dévie des écailles aux tarses, disposées comme les mailles d'un réseau, et des ongles tout-à- fait arrondis ; mais il n'en est pas de même de la place qu'occupent les plus longues pennes des ailes; dans ce cas leur influence est appréciable : l'aile est un levier du troisième genre ; plus le point où s'exerce la puis- ^ance est éloigné de celui où agit la résistance, moins ia première a de force : or, le balbuzard, toutes choses égales d'ailleurs, doit avoir moins de force dans son vol que les aigles et les pygargues, chez qui la plus ^irande penne, étant la quatrième, est moins rappro- chée de l'extrémité de i'aîle; mais ce vol doit être plus facile et plus étendu. Les circaètes ont les ailes et les tarses réticulés des balbuzards, quoiqu'ils ne pa- raissent pas être des oiseaux pêcheurs; ils ne diffèrent donc des pygargues que par un caractère dont nous ignorons complètement la valeur et l'influence , et par laformedesécailles dont leurs tarses sont cou verts. Les Caracaras ne diffèrent aussi des pygargues que par LES AIGLE'!. ^9 une particularité organique, insigniliante aujourd'hui pour la science :1a nudité des joues, et quelquefois de la gorge; mais la faiblesse des ongles s'associe bien à leur vie de vautours. Les harpies on les tarses réticulés des balbuzards, mais gros et courts, et leurs ailes sont moins longues que leur queue , tandis que dans les «enres précédents elles l'étaient au moins autant : ces oiseaux en effet, par la puissance de leurs ser- res, égale à celle des mâchoires des mammifères les plus carnassiers, seraient les plus puissants de tous les oiseaux de proie , si leur vol joignait à sa force l'étendue de celui des aigles. Les aigles-autours ne se distinguent des harpies que par des tarses beau- coup moins forts, et conséquemment par une puis- sance bien moindre. Les cymindis ressemblent aux circaètes par les tarses et les ailes, et n'en diflerent que par leurs narines semblables à une fente au lieu d'être circulaires, ce qui peut être en rapport avec leur sens de l'odorat, mais ce que nous ignorons. Enfin les rostrames, remarquables par la mandibule supérieure de leur bec tout-à-fait arrondie en dessus; et c'est encore un caractère dont on n'a point établi les rapports avec le naturel. ÎNous pouvons seulement conjecturer que, leur bec étant plus faible que celui des cymindis, ils sont moins courageux. Il résulte des considérations précédentes que, des neuf genres entre lesquels les aigles se partagent, quatre seulement sont fondés sur des caractères dont on peut apprécier l'influence , ou du moins qui , par leur association constante avec certaines dispositions naturelles, en sont devenus les signes à peu près certains. Les cinq autres ne trouvent dans leurs carac- 6o LES AIGLES. tères ni l'un ni l'autre de ces avantages; on ne peut découvrir leur raison ni en eux-mêmes ni dans leur association avec d'autres, et ils l'attendent encore de robservation ; non pas que nous veuillons faire envi- sager ces derniers genres comme étant dépourvus de tout fondement; de nombreuses analogies permet- tent de penser que le temps les confirmera ration- nellement; mais c'est cette confirmation de la raison qu'ils demandent encore. Il nous reste actuellement à faire connaître les principales espèces des genres dont nous ne trouvons point d'exemple dans Buffon; c'est-à-dire des Caraca- KAs, des Harpies, des Aigles-Autours, des Cymindis el des Rostrames. ■»fg>^i LES r, ARAC\RAS. 6l »« ««*««« »»»««««'»»««««4««4 LES CARACARAS. Le nom de caracara a été donné à une espèce de ce genre par ICvS Guaranis, peuple qui, à l'époque de la conquête, habitait une parlie considérable de rAuiérique méridionale, et dont on rencontre encore aujourd'hui les restes au Brésil, au Paraguay, etc.; il lui fut donné par onomatopée, ce nom imitant le cri habituel de cet oiseau. Depuis , la dénomination de caracaras a été étendue à toutes les espèces qui ont été réunies dans le même genre, avec le caracara proprement dit. Les cinq ou six espèces qui forment aujourd'hui ce genre sont toutes américaines ; et elles se rappro- chent des vautours par leur naturel , comme par leurs caractères distinctifs : la nudilé de quelques parties de leur lête et la brièveté de leurs ongles. En effet, les caracaras, suivant M. Azara qui en a observé plu- sieurs espèces au Paraguay , se tiennent près des lieux habités, perchés sur les arbres ou les toits; ils des- cendent même à terre et ne fuient pas la présence des hommes. Ils ne se nourrissent que de charognes, ou d'animaux vivants dont ils peuvent facilement faire leur proie, tels que lézards, grenouilles , insec- tes, à moins qu'ils ne se réunissent en troupes; alors ils chassent les buses, les hérons, etc., et on voit les grandes espèces forcer le vautour-urubu à dégor- 6'A LV.S CARACAKAS. j^er ce qu'il a dans son jabot, et à leur abandonner ainsi sa propre nourriture. La sécurité dont ces animaux jouissent près des habitations, et dont nous les voyons avoir une sorte de conscience, vientsans doute des ser- vices qu'ils rendentendébarrassant laterre, comme les vautours, des cadavres dont la décomposition empoi- soEinerait l'air ; car, pour les oiseaux aussi , le moyen d'obtenir des protecteurs c'est d'être utiles; et comme nous voyons les caracaras abuser de leur force pour enlever à un vautour, plus faible qu'eux, la nourri- ture qu'il a déjà prise , nous ne serions point étonnés qu'eux-mêmes devinssent, de la même manière, les victimes d'espèces plus puissantes que la leur ; car le spectacle de cette succession d'abus de la force sur la faiblesse nous sera souvent encore oflert par les oiseaux qui se nourrissent de proie. Quoi qu'il en soit, celte violence , exercée sur un animal pour lui faire rejeter la nourriture qu'il a prise, est bien digne de remarque; elle résulte évidemment d'un de ces instincts qui doivent être pour nous , plus qu'aucun autre phénomène naturel, la preuve d'une providence dont il ne nous est pas plus donné de souder les voies que de marquer le but où ces voies conduisent. Les mâles et les femelles ne diffèrent point ; mais les jeunes ne ressemblent point aux adulîes. Les premiers caracaras qui furent connus, celui dontMarcgrave a donné une très courte et très impar- faite description et une mauvaise figure sous ce nom de caracara^, ce qui induisit Brisson en erreur el le 1. llisl. nalui-, lires., p. 211. LES CARACARAS. 65 jporla àen faireiinbazaid, et celui cjneBafToii nomme petit aigle d'Amérique à gorge nue^, ont d'abord élc considérés comme des faucons, par Gmelin elLatham, qui réunissaient sous ce nom commun tous les oi- seaux dont se forme aujourd'hui la nombreuse tribu des aigles , c'est-à-dire tous ceux qui n'appartiennent ni à la tribu des vautours ni à celles des oiseaux de proie nocturnes. C'est dans le voyage d'Azara^ que nous trouvons, pour la première fois, le genre cara- cara formé ; mais les caractères en sont mal établis , ce qui a conduit l'auteur à introduire des espèces étrangères dans ce genre. Mon frère a pris le prin- cipal caractère des caracaras, de la nudité de quel- ques parties de leur tête ou du cou, et de la faiblesse de leurs ongles; depuis, ces parties nues et leurs variations ont paru assez importantes à M. Vieillot, pour qu'il plaçât les caracaras parmi les vautours, et qu'il les subdivisât en trois genres, auxquels il a donné les noms de Daptrlus ^ d^Ibycter et de Polybo- rus; nous n'adoptons point ces genres nouveaux, parce qu'aucune raison ne nous paraît les motiver, et que le nombre des espèces de caracaras est trop petit pour qu'il soit nécessaire de les diviser artifi- ciellement. En effet, \e^ espèces admises aujourd'hui dans ce genre ne sont qu'au nombre de quatre ou cinq. Nous donnerons la description des trois prin- cipaux. 1. Etlit. iu-4"» tome l, pag'" i/j-»,, pi. euluni. 4 '7' — Ed;l. Pillol , fome XIX, page i3o. 2. Voyages d'Azara d«ns!'Améri(|iu' uiér'nlionalc, loiiu'Hf, page5in. 64 LE C A n A C A R A 1) E M A U C GRAVE. LE CARAGARA DE MARCGRAVE*. C'est en efl'et à Marcgrave que l'on doit les pre- mières notions sur cette espèce; il la trouva au, Bré- sil, et , comme nous venons de le dire , il en donna une description très incomplète et une mauvaise figure; aussi ne reconnut-on l'oiseau dont il parlait que quand on eut cet oiseau sous les yeux. Depuis, M. Azara a rencontré ce caracara au Paraguay, et sans doute il sera observé dans un grand nombre d'autres contrées de l'Amérique méridionale; mais il ne paraît point avoir passé lesCordillières; il n'a encore été vu ni au Pérou , ni au Chili. C'est aujourd'hui la plus grande espèce du genre, pour les naturalistes qui n'y admettent pas le faucon de la Nouvelle-Zélande de Latham ; il égale au moins le milan royal. Sa longueur, du sommet de la tète à l'extrémité de la queue, est de vingt à vingt-deux pouces, son envergure de plus de quatre pieds, et ses proportions n'annoncent pas moins de légèreté que de force. Le brun plus ou moins foncé est la cou- leur qui domine dans son plumage, aux parties supé- rieures du corps; les parties inférieures sont variées i . Carancho, à la rivière de La Plata ; gavlaon, par les Portugais au BrésiL Azara, Voyage au Paraguay. Le busard du Brésil, Brisson, Or- iiilhoL, tomel, p. l\ob;falco bras'diensis, Gn\c\.', polyb or us vulgaris. Vieillot, Galer, pi. 7. Daudin, Ornilh., t. II, p. 149, en fait un milan. LE CARACARA DE MARCGRAVE. (JS de lignes transversales blanches et brunes; le dessus de la têle, toute la partie supérieure du corps, les couvertures des ailes, rextrëaiitë des pennes de la queue sont d'un brun plus ou moins foncé. M. Azara a trouvé cette espèce très multipliée au Paraguay; elle se rencontre quelquefois solitaire; mais elle est également portée à vivre en société ; caries caracaras se réunissent, pour chasser, au nom- bre de quatre ou cinq; alors ils peuvent attaquer avec succès les hérons, les buses rousses, etc. Seul, il se laisse assaillir par les petits oiseaux, tels que mo- queurs , hirondelles, tyrans, etc., qui le suivent et le frappent quelquefois à coups de bec ; mais ce n'est ni par faiblesse , ni par dédain, ni par répugnance pour leur chair qu'il se résigne à ces outrages; car il se jette sur l'espèce sauvage du cochon-d'Inde, l'Apérea ; et l'on dit même qu'il attaque les agneaux nouveau- nés et les jeunes oiseaux de basse-cour ; et, comme nous l'avons déjà rapporté , il force le vautour urubu à rejeter les aliments qu'il a dans l'estomac. Ce n'est pas le seul exemple d'un oiseau carnassier fuyant, poursuivi par des oiseaux insectivores ou granivores beaucoup plus faibles que lui, et qui sembleraient plutôt destinés à le craindre qu'à le braver; mais c'est encore un de ces phénomènes de mœurs, d'instinct . qui tient à l'économie générale , et que la science n'explique pas, parce que, jusqu'à ce jour, elle a beau- coup moins porté ses vues sur l'ensemble de la nature, que sur les êtres particuliers qui la composent. C'est au mois de juin que les caracaras éprouvent les besoins de la propagation. Ils cachent ordinaire- ment leurs nids au sommet des arbres les plus inac- CUVIER. II. 5 Q^ LE CAMACAKA DE MARCGRAVE. cessibles par les lianes dont ils sont embarrassés, et ils le composent de petits morceaux de bois flexibles entrelacés, dont la réunion forme une aire spacieuse, presque plate, qu'ils tapissent d'une épaisse couche de poils. Leurs œufs , au nombre de deux à chaque ponte , sont de la grosseur des moyens œufs de poule , très pointus à un de leurs bouts, et couverts de taches rouge de sang sur un fond de couleur tannée. LE CAllACARA A GORGli NUE. 67 LE CARACARA A GORGE NUE\ BuFFON, comme nous l'avons dit, a parlé de cet oiseau; mais il ne l'a fait que pour nous dire qu'il est petit, que son bec a plutôt la forme de celui des aigles que de celui des éperviers , et que son carac- tère le plus remarquable consiste dans une large pla- que d'un rouge pourpré qu'il a sous la gorge. Celte plaque est une partie entièrement nue, et c'est cette particularité, qui ne s'observe point chez les autres caracaras, qui a déterminé Vieillot à en faire le type de son genre Ibycter; mais, comme le caracara de Marcgrave, celui-ci a le tour des yeux entièrement nu, et il lui ressemble encore par tous les autres caractères génériques. Voilà pourquoi le genre ibyc^ tère n'a point été admis; il a semblé inutile de former un genre d'une seule espèce, d'autant plus que la nudité de la gorge, dans cette espèce, n'est que la continuation de la nudité de l'œil, et qu'il est impos- sible d^e reconnaître quelle est l'influence que cette partie dépourvue de plumes exerce sur le naturel, quelle différence il peut y avoir, à cet égard, entre le caracara à gorge nue et les caracaras à gorge emplumée. 1. Le petit aigle à gorge nue, Buffon , tome ï, in-4°i page i4'^j pi. enl., 417- Édit. Pillot, t. XIX, p. i3o. Ibycier leacogaster, Vieill. gai., pi. (). Faico aifuilinua, (\va^\,\Fcilco formosus , Lalh. 68 LE CARACARA A GORGE NUE. Le caracara à gorge nue a environ dix-huit pouces du sommet de la tête à l'extrémité de la queue; les parties nues, du tour de l'œil et du cou, sont d'un rouge pourpre; tout le pelage est noir, à reflets bleuâ- tres, à l'exception du ventre qui est blanc ; le bec et les ongles sont jaunes; la cire de la base du bec est grise. Il paraît que, chez les femelles, les reflets bleuâtres du pelage ne sont pas aussi vifs que chez les mâles, et que leurs parties nues sont d'un pour- pre moins brillant. Cette espèce se trouve à la Guiane, où elle habite les plus épaisses forêts. Elle vit en société , et fait souvent entendre sa voix forte et retentissante. C'est 4à tout ce qu'on connaît de son histoire. PI 4 <^/^^^^^^('^/Y^^ ^i^-^ry LE CARACARA ^OIR. 69 LE CARACARA N(>1R\ Le Muséum d'histoire naturelle du Jardin du Roi a long-temps possédé cette espèce avant qu'on la fît connaître; c'est Vieillot qui, le premier, en a donné une description sommaire, dans son analyse d'une nouvelle ornithologie, en en formant le genre Iribin ou daptrim ; il en a ensuite donné, une figure et une description détaillée, sous cd nom généri- que d'Iribin, regardant cet oiseau comme très voi- sin du vautour, que les naturels du Paraguay nom- ment/rt^t/ ou Urubu^. Enfin, M. Temminck a publié, sous le nom de Caracara noir, une nouvelle descrip- tion de cette espèce, en l'accompagnant de deux figures, l'une qui représente un individu d'âge moyen, et l'autre un individu adulte; et il paraît que le pre- mier avait d'abord été pris pour une espèce distincte par Vieillot, qui l'avait nommé Daptrlus slrlatus, à cause des bandes transversales du dessous de la queue; M. Duraont^ rapporte en eil'et , qu'un indi- vidu du muséum , qui s'y trouve encore , et qui n'est qu'un jeune caracara noir, portait le nom de cara- 1. Daptrlus ater, Vieill., Analyse d'une ornilh. allem., pages 2a et C8 , et gai., pi. 5, p. 19. Falco aterrimiis, 'ïvmnx., pi. 07 et54*i. 2. Percnoplère-Urulni. 5. Dietionnairc des Sciences naturelles . tome VU, page 10, ^O LE CARACARA NOIR. cara à queue rayée , avec la synonymie de Daptrlus striatus Vieillot, synonymie qui n'aurait pu être inscrite au Muséum, sous le nom de Vieillot, si elle n'était venue de lui , car c'était lui accorder la dé- couverte de cette espèce à queue rayée , si elle eût existé véritablement, comme paraissent aussi l'avoir cru ceux qui alors étaient chargés de la dénomina- tion des oiseaux dans cet établissement. Les différences qui distinguent le caracara noir des espèces précédentes n'ont point paru suffisantes pour faire admettre le genre daptrius de Vieillot ; et en effet, leur influence est tout-à-fait inappréciable, et de plus elles paraissent être passagères. Cette espèce est dfe la taille d'un épervier; elle a environ quinze pouces du sommet de la tête à l'extré- mité de la queue, et elle est entièrement d'un noir à reflet bleuâtre, à l'exception de la queue, qui, à sa base en dessous, est entièrement blanche chez les adultes, et variée de taches ou de bandes noires chez ceux qui n'ont point encore atteint cet âge. Ce caracara se trouve à la Guiane et au Brésil. LES HARPIES. 71 LES HARPIES. Quoique ce genre ne soit établi que sur une seule espèce, puisqu'une seule espèce en a fait connaître les caractères d'une manière exacte, il n'en est pas moins fondé. Cette espèce une fois bien connue , il devenait indispensable de la séparer de toutes les autres; car ses traits caractéristiques sont frappants, et leur influence sur le naturel ne peut être douteuse. C'est mon frère qui a formé ce genre, et il a natu- rellement été adopté par tous les ornithologistes. Les harpies différent des aigles proprement dites et des pygargues , par des ailes moins longues et qui sont plus courtes que leur queue ; leurs tarses à demi nus sont réticulés, plus courts que ceux des aigles, mais proportionnellement beaucoup plus gros, ainsi que leurs serres; ils relèvent , en forme de huppe, les plumes de leur tête, et leurs yeux, singulièrement dirigés en avant, sont recouverts d'un sourcil plus saillant que celui d'aucun autre oiseau. Ils tirent de ces divers traits une physionomie particulière, annon- çant une force et un courage qui, sous ce rapport, les placent à la tête de tous les oiseaux de proie de leur famille. -2 l.A GRANDE HAKPIli DAMERIQUK. >»eia e» ^a^^q^^e—o-^o»»»»»»»»»»» ai»* i»e #♦« ♦» LA GRANDE HARPIE D'AMÉRIQUE. C'est probablement à Fernandès ou Hernandez^j vers le milieu du dix-septième siècle, que nous devons la connaissance de ce grand et puissant oiseau de proie ; il le décrit superficiellement sous le nom jnexicain dyzquauhtii, mais il en exagère la taille et le courage , ou plutôt la témérité, en disant qu'il atteint à la grandeur du mouton commun, et qu'il brave les animaux féroces. Depuis , cet oiseau était entré dans les espèces artificielles formées par Lin- neus^, Brisson ^, Gmelin ^, etc., sous les noms de vulttir liarpyja^ d'aigle huppé du Brésil, de falco harpyja et de falco crlstatus^ en réunissant l'his- toire de plusieurs espèces bien distinctes, mais qui avaient une huppe pour caractère commun. Mauduit^ est le premier naturaliste qui ait donné une descrip- tion de cet aigle d'après nature , mais seulement 1. l^crn-, Hist. Nov.-Hisp., page 34, cap. loo. 2. Syst. nat., édit. i3, page 121, ii° 2. 5. Le Règne anim., ois., tome I, page 44^, n" 10. 4. Syst. nat., page 261, n" 54 , et page 260, n" 67. ^. P^ncycl. méth., Ois., tome II, p. 474* 'lom 2 PI. ^/./.■^..■^,-/ " /^^//rJ z'/ /y///'/^f ft G^m'r //^.y^.,-.^. /A'^t'c^'/f. ' LU GRANDE HARPIE D AMÉRIQUE. ^3 d'après des dépouilles ; il la nomme grand aigle de la Guiane ; sa description a pour objet un jeune indi- vidu , qu'il croit une femelle ; il indique ensuite îes caractères des mâles, qui paraissent être ceux des adultes. Daudin^, qui est venu ensuite, n'a rien ajouté à ce qu'avait enseigné Mauduit; il paraît même s'être borné à tirer de cet auteur tout ce qu'il nous dit de son aigle destructeur. Enfin, M. Temminck est jus- qu'à ce jour le dernier naturaliste , qui, sous le nom d'autour destructeur, nous parle de la grande harpie d'Amérique , et il ne le fait encore que d'après des individus empaillés de diverses collections. Hernan- dez, en conséquence de ce qui précède, serait le seul qui, ayant vu cet oiseau vivant, aurait pu en donner la description, ce qu'il n'a pas fait, et deux siècles se sont écoulés sans qu'aucun naturaliste se fût trouvé à porté d'observer de nouveau en vie cet oiseau de proie, le plus puissant du Nouveau-Monde, et peut- être du monde entier. La ménagerie du Muséum d'histoire naturelle a possédé cet oiseau; il pourra donc être décrit, comme il serait à désirer que tous les êtres vivants pussent l'être , comme la nature les a créés pour Taccomplis- sement de ses vues, comme ils sont quand ils pren- nent une part active à son économie. Cet aigle a deux pieds et demi de longueur, depuis le bout du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, et cinq pieds d'envergure ; ses tarses ont quatre pouces de circonférence, la longueurdeses serres est de trois j. Traité d'oniilh., tome II, page 60. 74 LA GRANDE HARPIE DAMERIQUE. pouces et demi , et elles sont grosses à proportion des tarses ; sa couleur générale est d'un noir grisâtre , ré- sultant de plumes couvertes de taches transversales alternativement noires et grises; les pennes des ailes sont noires; celles de la queue sont marquées en dessus de quatre bandes alternativement grises et brun-noir; en dessous les bandes grises sont blanchâ- tres ; les parties inférieures du corps sont blanches, à l'exception d'un large collier noir sur la poitrine ; les jambes ont des rubans transversaux noirs sur un fond blanc; la huppe est gris-brunâtre; le bec est noir; et la cire ainsi que les tarses sont jaunes. Dans les jeunes individus, les parties inférieures , au lieu d'être blanches, sont d'un brun clair sans collier noir, et les rubans noirs des jambes sont rares et étroits; il paraît en outre que le cou blan- chit plus tard que la poitrine et le ventre, que les bandes des pennes de la queue ne se montrent que par degré , et que toutes les pennes sont d'abord ter- minées par une tache noire triangulaire. L'individu qui a vécu à notre ménagerie , qui y est arrivé assez jeune, et dont nous venons de faire con- naître les couleurs, n'était devenu ni craintif ni fami- lier. Perché dans la partie la plus élevée de sa loge, il regardait , avec une apparente curiosité et de cet œil d'aigle si bien caractérisé chez son espèce, ceux qui pénétraient dans sa prison, et envers lesquels il n'était jamais hostile. On voyait que l'esclavage avait arrêté en lui le développement des instincts, et paralysait son activité. A l'heure des repas on l'entendait jeter un cri aigu et traînant, mais assez peu élevé, que LA GRANDE HARPIE D AMERIQUE. ",) représente assez bien la syllabe cri répétée à quelque intervalle trois ou quatre fois de suite. Ses mues ne se sont jamais faites sans altération dans sa santé; et il est mort, à l'époque du renouvellement de ses plu- mes, à l'approche de notre printemps. L'ES AIGLES-AUTOURS. r»»a»»t»»««»g'»<»«it>8»«i>8iwm»<»6«'8'9»e»»»»(r»»»»«i4?e.»e»»et AIGLES-AUTOURS A TARSES NUS, L'URUBITINGA^. BuFFON^ ne dit qu'un mot de cet oiseau du Brésil, et d'après Marcgrave, et c'estencore d'après cet ancien auteur qu'on en a parlé jusqu'à ces derniers temps; car Brisson, Mauduit, Daudin n'ont fait que le copier. Ce n'est que par une très mauvaise figure, et par une description un peu moins fautive, que Marcgrave nous fait connaître cet oiseau. Yoici ce qu'il en dit, et c'est tout ce qu'on en a su pendant près de deux siècles. L'urubitinga est semblable aux aigles et de la taille d'une oie âgée de six mois. Le bec est noir, et la mem- brane qui entoure les narines est jaunâtre; les yeux sont grands et ont l'éclat de ceux des aigles; la tête est grosse ; la jambe et les pieds sont jaunes; les pieds ont quatre doigts, comme laplupart des autresoiseaux; les ongles sont noirs, longs et crochus ; les ailes sont amples et la queue est large; tout son vêtement se compose de plumes brunes et noirâtres, mélangé d'un peu de cendre aux ailes; la queue a neuf pou- 1. Hist, uat. Bras., pagt- 214. 2. Toine 1", hi-4", page i4i. — Ivlit. Pillol, lomeXlX, page i24 l'aigle-autour a queue cerclée. »»»»»» »»9»»a-»»&-»»»»»9i8 a» ?^»p<»» L'AIGLE-AUTOUR A QUEUE CERCLÉE C'est à M. Auguste de Saint-Hilaire , savant bota- niste et membre de l'Académie des Sciences, que l'histoire naturelle doit la connaissance de cet oiseau; il le rapporta du Brésil, au retour du voyage qu'il y a fait , et qui a été si fruclueux pour toutes les bran- ches des sciences naturelles. M. Temmirick^aensuite décrit cet aigle-autour, d'après l'individu même rap- porté par M. de Saint-Hilaire, et c'est de la descrip- tion de M. Temminck que nous tirons celle que nous allons donner. Les individus adultes ont dix-neuf pouces environ de longueur totale ; le sommet de la tête, la nuque, le dos, les épaules et le croupion sont d'un brun foncé ; deux petites taches blanches se voient sur le front, près des narines ; la gorge et les côtés du cou sont d'un brun clair varié de blanc , dans les jeunes seulement peut-être; la poitrine, le ventre et l'ab- domen sont d'un brun noirâtre , et toutes les pennes des ailes, entièrement du même brun, à l'exception de leur extrémité qui est blanche ; les pennes de la queue sont blanches à leur base et à leur extrémité ; dans tout le reste de leur longueur elles sont d'un 1. PI. col. cl'ois., n" 5 10. l'aigle-altour a queue cerclée. 85 bnm-rioirâtre pourpré ; les grandes couvertures de la queue, en dessus et en dessous, sont d'un blanc- roussâtre, et sur le milieu de chaque plume se voit une tache brune ; les petites couvertures supérieures et inférieures des ailes , le bord externe de celles-ci et les cuisses sont d'un beau roux varié de taches brunes dans le centre de chaque plume; les tarses sont jaunes et le bec est bleuâtre. S6 l'aigle-autour cristatelle. AIGLES-AUTOURS A TARSES EMPLUMÉS. L'AIGLE-AUTOUR CRISTATELLE Cette espèce a été décrite et figurée pour la pre- mière fois, sous le nom à' Autour cristatelle ^ par M. Temminck, dans son recueil des oiseaux coloriés, et il a été classé parmi les aigles-autours. En effet, la forme de son bec qui est comprimé, presque droit, convexe et non recourbé dès sa base coiiime celui des autours, ses ailes plus courtes que sa queue et ses tarses longs, grêles et emplumés jusqu'à la nais- sance des doigts, lui donnent trop de ressemblance avec ces oiseaux pour qu'on puisse l'en séparer. L'âge adulte de cet oiseau ne nous est point connu; nous n'avons eu à examiner que des individus encore revêtus du plumage qui précède celui de l'état par- fait : toutefois nous ferons observer, d'après M. Tem- minck, que cet oiseau, arrivé à son entier dévelop- 1. Autour Cristatelle, Temm., pi. col. d'ois., n° 212. I/AIGLE-AUTOUR CRISTATELLE. 87 pernent, a la tête, le col et le ventre d'un blanc pur, tandis que tontes ces parties sont encore ou rousses ou taciiëes de roux, chez les oiseaux porteurs de la livrée sons laquelle nous décrirons cette espèce. Deux individus, que nous avons sous les yeux, ont environ vingt-trois pouces du sommet de la tête à l'extrémité de la queue; les plumes du dos sont d'un brun-roussâlre, tachées de brun violacé sur leur milieu, mais blanches à leur base; le dessus de la tête, la nuque et les côtés du col sont d'une couleur rousse légèrement flammée de brun ; les plumes qui recouvrent ces parties, chez l'un de nos aigles-autours, sont d'une couleur isabelle claire , laissant déjà aper- cevoir, à leur pointe, la couleur blanche qu'elles auraient prise plus tard ; les ailes couvrent la moitié de la queue ; les rémiges ainsi que les pennes secon- daires , dont l'extrémité est bordée de blanc, sont rayées en dessus de bandes d'un brun-roux sur un fond noirâtre; en dessous elles sont coupées trans- versalement par des bandes noires sur un fond blan- châtre ; dans leur moitié supérieure tontes leurs bar- bules internes sont blanches traversées de raies grises, si peu apparentes, que le dessous de l'aile paraît entièrement blanc ; la queue est arrondie , bordée d'un blanc sale; les pennes qui la composent sont brunes en dessus, coupées transversalement par sept ou huit bandes noirâtres, qui reparaissent, mais bien faiblement en dessous, sur un fond blanchâtre. La gorge, et généralement toutes les parties infé- rieures, sont blanches; mais la poitrine est marquée de taches rousses sur lesquelles on aperçoit un peu de brun; ces taches s'élargissent sur le ventre, et se 88 l'aicle-auïour cristatelle. fondent, en couleur d'un roux vif, sur les flancs; les cuisses et l'abdomen sont presque entièrementde cette dernière couleur, qui ne forme plus que des rayures peu sensibles sur les tarses, dont les plumes sont blan- ches. Cet oiseau est remarquable par les plumes lon- gues et roides qu'il porte sur l'occiput ; cette sorte de huppe est noire dans sa plus grande partie , mais blanche à sa base et à son extrémité. Les doigts de cet oiseau sont jaunes, proportion- nellement plus forts que ceux de ses congénères, armés d'ongles noirs assez arqués, ceux des doigts postérieurs surtout, qui sont tranchants sur leurs bords, et fort aigus à leur pointe. Cetoiseau,sur les mœurs duquel nous n'avonsaucun renseignement, a été trouvé au Bengale et dans l'île de Ceyian, par Leschenaull, dont l'histoire naturelle, qu'il a tant enrichie, pleure aujourd'hui la perte. l'aigle-autour huptart. 89 L'AIGLE-AUTOUR HUPPART\ Levaillant, dans son Histoire des oiseaux d'Afri- que, nous donne celle de cet oiseau. Le huppart, dit-il , est courageux ; ce n'est que pousse par la faim qu'il se décide à se repaître de charogne; il fait ordi- nairement sa proie des lièvres, des canards et des perdrix, qu'il chasse avec dextérité, et sur lesquels il fond avec tant de promptitude, que ces dernières, malgré la rapidité de leur vol, ne peuvent lui échap- per. La femelle, qui est toujours plus grosse que le mâle, pond deux œufs presque ronds , blancs, tachés de brun-roussâtre , qu'elle dépose dans un nid con- struit sur un arbre, et garni, en dedans, de plumes ou de laine. Les jeunes oiseaux sont d'abord revêtus d'un duvet gris-blanc , qui , plus tard , est remplacé par des plu- uies brunâtres, bordées de roux. iSous ferons remarquer que l'auteur auquel nous empruntons ces détails, en parlant de la longueur des ailes de cet oiseau, nous dit que leur pointe s'étend presque aussi loin que le bout de la queue, caractère qui est aussi indiqué dans la figure, maib 1. Lovaillaat , oiseaux cl'Alriquc , pi. 2. go l'aïgle-autour huppart. que nous avons tout lieu de croire inexact, car les quatre individus de cette espèce que nous avons obser- vés, nous ont présenté au contraire des ailes assez courtes, atteignant, tout au plus, la moitié des pen- nes caudales. Arrivé à son état adulte, cet aigle-autour est de la grosseur de notre gros corbeau d'Europe; il a envi- ron vingt pouces du sommet de la tête à l'extrémité de la queue; le dessous de celle-ci est blanc , traversé par trois bandes noires, dont la dernière est la plus large et la plus foncée; le noir, au contraire, est la couleur principale de la face supérieure des pennes caudales, que deux ou trois raies blanchâtres coupent transversalement. Les tarses, ou plutôt les plumes qui les recouvrent dans toute leur longueur, sont blanches, finement striées de brun clair; le blanc se fait encore remar- quer sur le bord des ailes, ainsi que sur la plus grande partie des deux faces de leurs pennes, dont l'extré- mité, brune en dessus, blanchâtre en dessous, est rayée de bandes noires. Tout le reste du plumage de cet oiseau est d'un brun-noir violacé , plus foncé sur le dos et sur la tête, dont la partie postérieure est ornée d'un bouquet, formé d'environ douze ou quinze plumes d'inégale longueur , flexibles et pendantes sur le col de l'ani- mal dans l'état de repos, mais que, sans doute, il a la faculté de relever ; les plumes qui composent cette parure sont , dans la plus grande partie de leur lon- gueur, d'un noir à reflets violets, mais blanches à leur base; la cire du bec et les doigts sont jaunes; ceux-ci L AIGLE-AUTOLR HUPPART. Ql sont revêtus d'écaillés réticulées, et armés d'ongles, qui sont, ainsi que le bec, de couleur plombée. Cette espèce est répandue dans une grande partie de l'Afrique. C'est dans le pays d'Auteniquoi et dans la Cafrerie, que Levaillant l'a rencontrée ; Bruce l'a trouvée dans les montagnes de l'Abyssinie; et depuis, on Ta fort souvent reçue du Sénégal et de la Gambie. g2 LES CYM1]\D[S. »»>'rc»8»««e»»t^«^«»«»^ LES CYMINDIS. QO d'Homère ou d'Aristote, nous sont-ils assez complè- tement connus pour n'avoir plus à tenter la recher- che du véritable cymindis? Ces questions ne sont point résolues, ou plutôt la dernière l'est négative- ment; par conséquent, toute recherche sur la nature de cet oiseau ne peut point encore être abandonnée, et, si on parvient à le reconnaître, son nom devra lui être restitué , et un nom nouveau donné aux oiseaux américains qui le portent aujourd'hui. Ce genre a été originairement formé, par mon frère, du petit autour de Gayenne, dont Buffon ne dit qu'un mol^, et qui se trouve représenté, dans ses planches enluminées, sous le n** 47^- Depuis, deux ou trois autres espèces y ont été ajoutées; mais un examen plus attentif a conduit à en séparer une , pour en constituer le genre rostrames; et il paraîtrait que c'est au genre cymindis que l'on doit rapporter l'oi- seau que Vieillot a décrit sous le nom d'asturine cen- drée. 1. Tome I", in-4*', page sSy. — Édit. Pillot, tome XIX, page 200, 91 LE CYMINDIS DE CAYENNE. LE CYMINDIS DE CAYENNE, ou A MANTEAU NOIR^. Monsieur Temminck parle , sous le nom de buse- cymindoïde^, d'un jeune oiseau qu'il regarde comme le Jeune âge du petit autour de Cayenne de Bufibn, lequel , comme nous venons de le dire , a été le type du genre cymindis. C'est cependant plutôt sur des analogies , des conjectures mêmes, que sur des faits, que M. Temminck établit l'identité spécifique de ces oiseaux; et sans ses connaissances profondes en orni- thologie , sans sa grande habitude des oiseaux, nous aurions révoqué en doute cette identité , tant les observations sur lesquelles elle repose nous parais- sent peu liées entre elles, et par là, peu propres à servir de fondement à une induction. C'est donc sur Tau torité de ce savant ornithologiste que nous admet- trons sa buse-cymindoïde, comme étant un jeune, revêtu de la livrée qui précède les couleurs des adultes. Cette cymindis de Cayenne égale presque par la taille notre bondrée , dont elle a d'ailleurs le bec , les 1. Falco Cayennensis, Gmel. BufFon , tome 1*% in-4°> page 237. — Édil. Pillot, loàn. XIX, p. '200. 9. PI. d'ois. col., n" 270. LE GYMINDIS DE CAYENNE. Qi) ailes, la queue , les pieds et les doigts, mais non les narines ni les petites plumes qui garnissent la base du bec. Les individus adultes ont le dos et les ailes entièrement noirs; la queue, également noire, est marquée de trois lignes transversales grises , à égale distance Tune de l'autre ; la tête et le dessus du cou sont gris; le dessous du cou , la poitrine et le ventre blancs ; et les pennes de la queue, en dessous , bar- rées de blanc et de noir. Les jeunes individus qui sont bruns ont les côtés de leur cou fauves, les plumes des parties inférieures du corps bordées de blanc, et leur queue est bar- rée en dessous, comme celle des adultes; les uns et les autres ont les tarses et la cire jaunes, et le bec noir. 96 LE CYMINDIS HEC-EN-CROC. LE CYMINDIS BEC-EN-CROC/. La longueur de cet oiseau, du bec à l'extrémité de la queue , est de quatorze à quinze pouces, et ses proportions sont élégantes et légères. Les couleurs du mâle sont entièrement d'un noir-plombé, plus clair aux parties inférieures qu'aux supérieures; les plumes du dessous de la queue ont une teinte rous- sâtre , et le tiers de la longueur des plumes est blanc dans leur partie moyenne; les tarses, la cire et en avant des yeux une partie nue , sont orangés. Les femelles , avant d'être adultes, sont d'un beau gris-bleuâtre, plus foncé aux parties supérieures qu'aux inférieures; le cou, la poitrine et le ventre sont ornés de rubans transversaux étroits et blancs; les pennes des ailes sont noires; celles de la queue barrées de blanc et de noir; et les plumes qui les garnissent, à la base en dessous, sont blanches. A un âge plus jeune encore , ces oiseaux, gris-brun en dessus, sont entièrement fauves en dessous avec des rubans transversaux blancs , depuis la gorge jus- qu'à l'origine de la queue, qui est barrée comme chez les individus adultes. Cette espèce se rencontre au Brésil et à la Guiane. i. Cimyndis uncinntus , Temninck , pi. dois, col., n"' io3, io4 et ii5. VU' LES UOSTRAMi'S, 97 *»!«*»*« s*»»?» •««♦»«»»d*»*e«*»*»«««4M*8*a*9«»ftO«*»*»9«>W»*68«'9 LES ROSTRAMES. Monsieur Lesson a séparé , avec raison , du genre cymindis , l'espèce qu'on a désignée par le nom de bec-en-hameçon. Il a été conduite cette séparation, en considérant la différence qui existe entre le bec de cette espèce et celui des autres cymindis. En effet, cet organe est très caractéristique chez les rostrames ; car la mandibule supérieure, au lieu d'être élevée et comprimée sur les côtés, a peu d'élévation et est tout- à-fait arrondie, ce qui en fait une arme faible , dont le naturel des rostrames doit se ressentir. Malheureu- sement ce sont des oiseaux peu connus, et celui qui fait le type du genre , et qui constitue encore ce genre à lui seul , n'est connu que par ses dépouilles. r.UVIER. Il qS LE ROSTRAME B E C-E N- Il AM E C ON. eV4^S^»tt-a<'8«a^-8^»<>s<»»»»*«'»°'g^»«^»*<»«»»^<^»«»«'g«»ft»*'8»«<'»g»c#<}>»^»»8^»«i^ .E ROSTRAME BEC-EN-HAMECON* La loijgueur de cet oiseau est de quinze à dix-huit pouces, et les adultes sont entièrement d'un noir plombé , qui devient presque d'un noir pur sur les pennes des ailes et de la queue ; des plumes blanches se trouvent en dessus et en dessous de la base de la queue ; l'iris est rouge; la cire et les pieds sont oran- gés, le bec et les ongles noirs. La couleur des jeunes est entièrement différente : les plumes de toutes les parties supérieures sont brunes terminées par un croissant fauve ; celles des parties inférieures, brunes aussi dans leur milieu, sont bordées de blanc fauve; des taches longitudi- nales jaunâtres se remarquent sur le sommet et les côtés de la tête; le dessous et les côtés du cou sont blanchâtres, avec de légères lignes brunes longitudi- nales en petit nombre. Les pennes de la queue sont brunes , avec du gris à leur base et à leur pointe ; l'iris est roux-brun; la cire est jaunâtre, et les pieds sont orangé pâle. Cette espèce, jusqu'à présent, n'a encore été ap- portée en Europe que du Brésil. 1. Fatco hanialus, lUiger Cymindis , bec-en-hameçou , Temm., pi. col. d'ois, , n"' 61 et 25i. =ss>«^9<=s. LES VAUTOUUS. 99 ««o»s.S«««-»»»e<»e««« LES VAUTOURS. Les aigles se nourrissent de proie vivante, atta- quent leur victime avec impétuosité, la déchirent et la dévorent toute palpitante, et, confiants par instinct dans leur force, ne paraissent connaître que très fai- blement le sentiment de la crainte. Les vautours , au contraire, ne se nourrissent que de proie morte; quelques espèces, mais seulement quand elles sont poussées par la faim, attaquent les animaux les plus faibles, et tous fuient à la moindre apparence de danger. Ces différences de mœurs, associées dans notre esprit aux différences de physionomie qui ca- ractérisent les oiseaux de ces deux familles, font que les aigles sont généralement devenus pour nous les emblèmes de la force et du courage , tandis que les vautours ne nous représentent que la faiblesse et la lâcheté. Les aigles, il est vrai, sont portés par leur instinct à attaquer les animaux vivants qui pourraient se défendre ; mais ils sont tellement supérieurs à ces animaux par leur force; ils cou- lent si peu de dangers dans la lutte que quelque- fois ils peuvent avoir à soutenir ; môme quand ces dangers existeraient ils sont si peu capables de les prévoir, et s'ils les connaissent, si peu portés à les braver, que jamais estime ne fut plus injustement 100 LES VAUTOURS. acquise que celle que nous leur accordons. Il est éga- lement vrai que les vautours vivent au milieu de tous les autres oiseaux sans jamais les attaquer; mais c'est par instinct qu'ils le font, parce qu'ils n'ont aucun goût pour la chair vivante , et que c'est de la chair morte surtout qu'il leur faut. Il n'y a donc pas plus de lâcheté au vautour brun, au condor, au lemmergayer, qui sont des oiseaux de dix à quinze pieds d'enver- gure, à ne pas attaquer un merle ou un lapin, qu'il n'y a de courage à un aigle royal ou à une harpaye armés de leur bec crochu et de leurs griffes acérées, à se jeter sur ces animaux. Les uns et les autres obéis- sent à leur nature; ils remplissent aveuglement leur destinée ; et les sentiments qui les animent ne res- semblent pas plus à ceux que nous éprouvons lors- que nous bravons ou que nous fuyons un danger dont nous avons apprécié l'étendue, que leurs facultés mo- rales et intellectuelles ne ressemblent aux nôtres. La destinée des vautours est une des plus impor- tantes qu'il soit donné aux oiseaux de remplir; ils contribuent puissamment à débarrasser la terre des cadavres qui l'empuantiraient, et qui pourraient la rendre inhabitable partout où la main de l'homme ne viendrait pas suppléer la nature. Un des besoins les plus pressants des sociétés hu- maines , c'est de se soustraire aux émanations que répandent, en se décomposant, les corps morts des hommes et des animaux, d'éloigner de la vue ie triste spectacle de ces êtres sans vie prêts à vicier l'air de leur infecte odeur. Eh bien , ce besoin ne paraît pas être moins impérieux pour la nature que pour l'espèce humaine; rien n'est plus merveilleux que les moyens LES VAUTOIIUS. loi qu'elle amis eu usage pour le satisfaire, que la variété de secours qu elle a su tirer de ses œuvres pour at- teindre ce but, que la prévoyance qui dans cette vue Ta dirigée lorsqu'elle les créa. Un animal n'a pas plus tôt cessé de vivre qu'à l'instant arrivent de toutes parts des milliers d'autres animaux pour le dévorer, des insectes de tout ordre , tant à l'état de larve qu'à l'état parfait, des limaçons, des oiseaux de tout genre, et enfin des quadrupèdes de plusieurs espèces; mais de tous ces animaux c'est sur les vautours que la na- ture semble avoir le plus compté, surtout dans les pays chauds; car avertis de très loin de l'existence d'un cadavre , par leur vue ou par leur odorat , et vivants en troupes, ils arrivent promptement et en grand nombre à la place qu'il occupe, tandis que les insectes ou les quadrupèdes du voisinage sont seuls attirés par lui. On ne s'étonnera donc pas de la pro- tection que ces oiseaux ont trouvée chez tous les peu- ples : ils furent déifiés chez les Egyptiens, plusieurs nations punissent encore leur mort comme un crime, et partout ils vivent familièrement au milieu des hom- mes, qui leur rendent en bienveillance' ce qu'ils en reçoivent en utilité. Builbn caractérise très bien le genre des vautours; mais il n'a point été heureux dans son histoire des espèces; il confond souvent ce qui appartient aux unes avec ce qui appartient aux autres, et, par cette sorte de création, se met, sans le vouloir, à la place de la nature. Il parle de neuf vautours : i° du perciioptère qu'il n'a point cru connaître et dont il ne parle que d'a- près Aristote, quoiqu'il en eût une figure qu'il a 102 LES VAUTOURS. donnée comme étant celle de son grand vautour; 2" le grifTon de Perrault^ qui paraît être représenté par ce grand vautour 2, mais dontBuffon ne parle que d'après les mémoires que je viens de citer en note ; 3° le grand vautour^ qui est formé d'une histoire et d'une figure étrangères Tune à l'autre ; 4° îe vautour à aigrette tiré d'une grossière figure donnée par Gesner^, et qui paraît avoir été celle d'un aigle; 5° le petit vautour^ qui est le percnoptère d'Egypte passant du jeune âge à l'âge adulte ; 6" le vautour brun^ qui n'est que ce même percnoptère d'Egypte dans son jeune âge ; '^"le roi des vautours'', espèce bien caractérisée qui est devenue le type du genre Sarcoramphe; S** L'aura, autre espèce bien distincte de toutes les autres qui est devenue un des types du genre Cathartes, mais dont BufTon forme l'histoire en réunissant des no- tions qui appartiennent à des espèces très différentes l'une de l'autre; 9° enfin le condor qu'il ne connut point, et dont il compose l'histoire en rassemblant tout ce qui a été dit des plus grands oiseaux de proie de tous les pays du monde, même de ce roc qui joue un si grand rôle dans l'imagination des Orien- taux; aussi, le considérant comme un oiseau plein décourage, il penche, contre l'opinion des voyageurs qui l'ont observé et décrit, à le rapprocher des aigles. Les vautours de Bufl'on forment aujourd'hui une i. Mémoires pour servir h l'histoire des animaux , t. III, p. 209. •2. PL enlum. ,425. 5. Ois. p. 782. .4. PI. enl., 449' 5. P!. cnl., 427. 6. PI. enl.. 428. 7. PI. cnl., 187. LES VAUTOUKS. 1 o5 famille divisée en piasienrs genres, et enrichie do plusieurs espèces qu'il ne connut pas. Ces genres sont au nombre de cinq : i° les Vautours proprement dits, quipourraientêtrereprësentésparlegriffondeBuffon, accompagné de la figure de son grand vautour, et qui se caractérisent par un bec gros et fort, des na- rines en travers sur sa base , la tête et le cou sans plumes et sans caroncules, et un collier de longues plumes ou de duvet au bas du cou. Les vautours de ce genre ne se trouvent encore que dans l'ancien monde; 2" les Sarcoramphes dont le loi des vautours serait le type. Ils sont remarquables par les caroncu- les qui surmontent la membrane de leur bec; ce bec est de la forme de celui des vautours proprement dits; mais les narines sont ovales, longitudinales et ouvertes dans les caroncules. Tous sont américains; 5° les Ca- ïHARTES qui n'ont pour représentants chezBuflbn que sa figure de l'aura. Ils ont le bec et les narines des sarcoramphes, mais sans caroncules; 4" les Percnop- TÈRES dont le petit vautour et le vautour brun de Buffon donnent les caractères, et qui ont le bec grêle, long, un peu renflé au dessus de sa courbure , les nari- nes ovales, longitudinales et la tête seule dénuée de plumes. Ce sont les plus faibles de tous les vautours ; et 5** enfin les Griffons qui ne consistent encore que dans les individus d'une seule espèce que BufTon n'a point connue, celle du lemmergayer. Ces derniers oi- seaux s'éloignent des vautours par leurs mœurs qui les rapprochent des aigles. Ils ont la tête couverte de plu- mes et leur bec fort est droit, crochu à son extrémité et renflé sur ce crochet. Leurs narines sont recou- vertes par des soies dirigées en avant, et un pinceau 104 I^ES VAUTOURS. de soies semblables se trouve sous leur bec. Les tarses sont courts et emplumés jusqu'aux doigts ; leurs ailes sont longues et la troisième penne est la plus longue. D'après ce qui précède, Buffon nous donnant des types des genres Vautour, Sarcoramphe , Catharte et Percnoptère, nous nous bornerons à rectifier les textes de l'aura et du condor, en donnant une bonne figure de celui-ci, et nous ferons connaître le lemmer- gayer, type du genre Griffon. LAURA. 10,^ iiai»0 lOuitiKiPiliiCiQ tin ♦«(>»»« ti'8 t-iaiÇ-fi'ftviwtXK-anfl-ft^ ir«-i^Mt'qflvi''g Tf>t-'>iw^»°^>"'»^4^<**''*''**^*'fl^'***«'fr''"'*»»* L'AURA\ La première erreur que commet Bufl'on dans i'his- toire de cet oiseau c'est de le confondre avec l'urubu , autre espèce de vautour américain, qui non seule- ment diffère de l'aura par ses caractères spécifiques, mais aussi par ses caractères génériques; car ce n'est point un Catharte, c'est un Percnoptère. Une erreur plus grande a été de confondre cette espèce avec un oiseau du Cap dont Kolbe fait une histoire en grande partie fabuleuse, quoiqu'il en indique cependant assez clairement les caractères pour qu'on puisse recon- naître qu'il s'agit d'un aigle et non d'un catharte. La longueur totale de l'aura est de plus de deux pieds, et son envergure est de cinq pieds six pouces. Voici ce que d'Azara, qui de tous les naturahstes voya- geurs est celui qui entre dans le plus de détails sur cet oiseau, nous en dit : « Ce vautour est assez mul- tiplié dans tout le Paraguay, et il passe aussi au sud de la rivière de la Plata ; mais comme il n'est pas de la centième partie aussi multiplié que le pré- 1. Fuit, aura, Linn., Ginel. , et vuU. jota, var. b. Tuikej Buzzard, Gatesby, Carol., t. I", p. ^94, pi. 6. Buffon , pi. cnluui. 187. Vautour aura, Vieillot, ois. d'Ainér., t. I"^, p. 26, pi. 2 bis. Galeries des ois., pi. 4» p- 1^- D'Azara, Acoberay, voy. t. 111, p. 25. Ce uoin signifie, chez les Guaianis, tête nue on rasée , Bartram. io6 l'aura. cèdent^ il est moins commun. 11 se tient seui ou par j3aire , et il est moins farouche que Viriburubicha (roi des vautours) et plus que l'iribu. Mon ami JNozeda m'a assuré que la ponte de cette espèce a lieu au mois d octobre ; qu'elle se compose de deux œufs blancs, un peu tachetés de rougeâtre ; que le nid ne consiste qu'en un léger enfoncement en terre dans les halliers à la lisière des bois, sans aucune disposi- tion de matériaux, et que les petits naissent couverts d'un duvet blanc et les yeux fermés. » Quand il vole il tient ses ailes plus élevées que le reste du corps, et les agite peu. 11 vole sans cesse près de terre avec beaucoup d'aisance cherchant à décou- ,vrir sa proie, et passe ainsi des journées entières comme si cette continuelle action lui était plus na- turelle que le repos. Il se nourrit non seulement de cadavres, mais aussi de limaçons et d'insectes, et il ne poursuit point les petits oiseaux. » Catesby, après en avoir donné une passable de- scription, ajoute que cet oiseau, qu'il nomme turgay buzzard, se nourrit de charogne, se soutient long- temps en l'air, vole aisément en faisant peu de mou- vement de ses ailes 2, qu'une proie morte en attire toujours un grand nombre , et que ces oiseaux la découvrent de loin par leur merveilleux odorat; d'a- bord ils se tiennent en tournoyant au dessus d'elle, et ne descendent que peu à peu comme s'ils crai- gnaient les piésjes d'un ennemi caché. 11 ajoute qu'ils se nourrissent aussi de serpents, et qu'il a appris que 1. Llrjbu. 2. Bartrarn dit au contraire que cet oiseau bal fréquemment des ailes comme s'il avait besoin de grands efforts pour se soutenir. LAURA. 107 des agneaux ont été tués par eux. Plusieurs se tien- nent habituellement perchés sur les grands arbres, où ils restent le matin immobiles et les ailes déployées, probablement pour recevoir les premières influences de soleil. Le jeune aura diffère de l'aura adulte parles par- ties brunes de son pelage. Chez lui toutes les parties supérieures du corps sont d'un noir à reflets violâtres qui, sur les côtés, prend une teinte brune. Cette dernière couleur est celle des ailes, à l'exception des grandes pennes qui sont noires. C'est aussi celle des pennes latérales de la queue; à leur face supérieure les moyennes plus grandes que les autres, et formant une queue étagée, étant noires. Toutes ces pennes sont d'un gris blanchâtre à leur face inférieure. La fraise est du noir du dos ainsi que toutes les parties infé- rieures du corps. Le bec est blanchâtre ; la cire d'un rouge violâtre , et c'est dans celte partie que s'ou- vrent les narines. La peau de la tête est rouge pour- pre, et des plis transverses rouges et jaunes se re- marquent sur le cou derrière la tête à l'occiput; l'œil est entouré d'un cercle jaune , et l'iris est d'un jaune clair. Des plumes en forme de poils noirs se remarquent au devant de l'œil , et une ligne de ces poils unit les deux yeux l'un à l'autre. Les jambes nues sont jaunâtres. Les individus tout-à-fait adultes sont entièrement d'un noir bleuâtre. o8 LE CO.D0U. » »ft^>a»9i^«<8i9a»1. col. dois.,n"85. V /' ^/^yv./'^A l'élanus de ri au cour. iaS La description que Vieillot donne de cet oiseau étant fort exacte , nous la répéterons en partie ici. L'ÉIanus de Riaucour a le dessus de la lete et du cou, le dos, le croupion, les plumes des épaules, les couvertures et les pennes des ailes d'un cendré bleuâtre, plus foncé sur le dos et le croupion que dans les autres parties; l'extrémité des pennes secon- daires et des grandes couvertures supérieures des ailes, ie côté interne des pennes de la queue , à l'exception des deux intermédiaires, le bord et les côtés du iVont, le dessous des ailes et toutes les parties inférieures sont d'un très beau blanc de neige; le tour de l'œil est d'un cendré noirâtre; une grande tache noire se trouve sur le pli de l'aile; la queue longue de huit pouces a ses deux longues pennes, les plus externes, de deux à trois pouces plus longues que les autres; elles sont étroites et terminées par une tache noire, comme, au reste, le sont aussi les trois premières pennes des ailes. Le bec est noir, les pieds sont oran- gés, et les ongles jaunes. La longueur de cet Elanus, du bout du bec à l'extrémité de la queue, est de dix- sept pouces. Les femelles et les jeunesse distinguent en ce que leurs longues pennes de la queue sont plus courtes que celles du mâle et qu'il n'y a point de noir dans les couleurs de l'aile, mais du roussâtre, comme le dit M. Temminck. 126 l'ÉLANUS a QtElJE iRRÉGUtTÈRE. L'ÉLANUS A QUEUE IRRÉGULIÈRE*. M. Azara , qui le premier a décrit cet oiseau, le considérait comme un faucon ; mais il a été réuni avec plus de raison aux milans dont il a un des caractères- principaux, la queue fourchue, et on l'a associé à l'Elanus de Riaucour à cause des plumes qui couvrent; en partie ses tarses, quoique, au lieu d'avoir la penne qui forme de chaque côté le bord externe de la queue plus longue que les autres, il l'ait plus courte. C'est, dit M, Azara, sur le bord du Paraguay, entre Nem- bucu et Remolinos, et sur la frontière du Brésil, par le 02" degré de latitude , que j'ai rencontré cette es- pèce. Ses mœurs étaient celles des faucons; mais i4\e différait de ces oiseaux par une tête plus grosse et fort aplatie en dessus, sa grande bouche, son œil plus grand et plus couvert par l'orbite. Le bec des élanus dispar se recourbe insensible- ment jusqu'à sa moitié où il se ploie tout à coup en crochet. Leur tarse arrondi est très gros et couvert de plumes en devant sur la moitié de sa longueur, et revêtu sur le reste de petites écailles égales entre elles; leur doigt du milieu est entièrement séparé des autres. Ils ont vingt-deux pennes aux ailes, la seconde 1. iNIilan à queue irrégulière, Fatco dispar, Temm., pi. col. dois., n" 019. Faucon hlanc d' Azara, Vojago, tome IIJ, page 96. L ÉLANUS A QUEUE lUREGULlÈRE. 1 27 étant la plus longue, douze à la queue, l'extérieure de sept lignes plus courte que celle qui le suit. La longueur de cet oiseau est de treize pouces, et son envergure de trente-quatre. Toutes les parties inférieures du corps, le dessus et les côtés de la tête sont blancs, excepté une tache noire qui entoure l'œil. Le dessus du corps, les ailes, la queue à l'exception des quatre premières pennes de chaque côté sont d'un gris bleuâtre; ces quatre premières pennes sont blanches ; les couvertures du dessous des ailes sont noires ; l'iris est orangé , le bec noir, et la cire ainsi que les tarses sont jaune pâle. M. Temminck donne la figure d'un jeune de cette espèce qui confirme ce qu'Azara avait dit des in- dividus de cet âge. Le derrière de la tête , le dessus du cou et le dos sont d'un brun clair; les couvertures des ailes noirâtres bordées de fauves; les pennes des ailes grises avec leur extrémité blanche. Le dessous du corps blanc est couvert de petites taches longitu- dinales fauves; l'œil, comme dans l'adulte, est en- touré d'un cercle noir, et les pennes latérales de la queue sont blanches; enfin les couvertures du des- sous des ailes sont marbrées de blanc et de noir. 128 LE BLAG. LE BLAC, Cette espèce , due au voyage de Vaillant en Afri- que, avait en apparence tous les caractères organi- ques des milans, sans en avoir les habitudes et les mœurs; ce qui a porté ce naturaliste à faire une cri- tique, tout-à-fait injuste, des auteurs qui cherchent à classer méthodiquement et naturellement les oi- seaux, critique à laquelle nous avons déjà vu Buffon se livrer, et que nous voyons se reproduire encore assez fréquemment de nos jours. Avec des idées plus saines, Vaillant, au lieu de blâmer les classifica^ lions méthodiques, aurait cherché à les perfection- ner; ne reconnaissant pas un milan dans son blac, il en aurait fait un élanus , et n'aurait pas laissé ce soin à M, Savigny; par là, on aurait reconnu en lui, non seulement un descripteur habile et un natura- liste exercé > mais encore un ornithologiste éclairé et savant. Voici ce que dit Vaillant de cet oiseau :« Je lui trouve beaucoup d'analogie avec l'oiseau décrit par Brisson, sous le nom de milan de la Caroline; comme lui, il a le tarse proportionnellement plus court que le milan , et sa mandibule supérieure i. Vaillant, oiseaux d'Afrique , pi. 36 et Sy, p. i^y. Falco mela- HûpteruSf Daud., Ornith., tome II, page 162. LE BLAC. 139 manque aussi du crochet des côtés. Je rangerai donc le blac à côté de ce prétendu milan de la Caroline , d'autant plus que leurs mœurs sont les mêmes d'après ce que dit Catesby, qui parle de cet oiseau américain sous le nom d'épervier à queue d'hirondelle. » La queue du blac est très peu fourchue , car la plus longue plume, de chaque côté, n'excède que d'un pouce celles du milieu, qui sont les plus cour- tes ; ainsi, par ce caractère, il sera facile à distin- guer du milan de la Caroline de Brisson , dont les deux plus grandes plumes de la queue sont de huit pouces plus longues que celles du milieu. ») Le blac mâle est de la taille de notre cres- serelle femelle. Cet oiseau est facile à reconnaître par le noir de toutes les couvertures des ailes, le blanc de la partie antérieure de son corps, le gris roussâtre de son manteau, de sa tête et de son cou par derrière. Les pennes des ailes sont d'une cou- leur cendrée plus ou moins foncée , et toutes sont terminées de blanc; les scapulaires le sont d'une ligne roussâtre fauve. La queue est blanche en des- sous, et d'un gris nuè de roussâtre par dessus; les deux plumes du milieu , plus entièrement de cette couleur, sont, ainsi que toutes les autres, terminées de blanc. Du noir couronne l'œil, qui est d'un orangé vif. Le même noir ombrage l'espace compris entre les narines et l'œil. Les serres sont noires , ainsi que la mandibule supérieure; l'inférieure l'est seulement au bout; sa base est jaune , ainsi que les doigts et le tarse, dont une partie du haut est emplumée et se trouve couverte par les culottes très amples de cet ci.'ViEr.. ir. 100 LE r>r\c. oiseau. L'aile pliée s elend plus loin que le bout de la queue. » La femelle diffère du mâle par sa taille, qui est un peu plus forte; son manteau est aussi d'une teinte plus bleuâtre; le noir de ses ailes est moins foncé, et son blanc est légèrement sali. Ces oiseaux nichent dans l'enfourchure des arbres : le nid, assez spa- cieux, est très évasé; de la mousse et des plumes en garnissent l'intérieur. La ponte est de quatre ou cinq œufs blancs. » En naissant, les jeunes de cette espèce sont d'abord couverts d'un duvet gris roussâtre, qui se remplace par des plumes, qui, sur le manteau, la tête et le derrière du cou, prennent une forte teinîe ix)ussâtre; toute la poitrine est alors d'un beau roux ferrugineux , et le reste du blanc est teint légère- ment de cette même couleur. » J'ai trouvé le blac répandu sur toute ia côte est d'Afrique, depuis le Duyven-Hock, où je l'ai vu la première fois, jr.sque chez les Cafres, où il est moins commun qu'en deçà ; je l'ai vu aussi dans l'intérieur des terres, dans le Camdeboo, et sur les bords du Swarte-Kop et du Sondag. Il est toujours perché sur le sommet des arbres ou des plus hauts buis- sons, d'où on peut l'apercevoir de très loin, par son blanc très brillant au soleil. Son cri est des plus per- çants, et il se plaît même à le répéter souvent, et plus particulièrement lorsqu'il vole : ce qui le décèle <•! avertit de sa présence. Je n'ai jamais vu le blac faire de mal aux petits oiseaux, quoique souvent il pour- suive les pies-grièches, seulement pour les éloigner du lieu de sa chisse, qui se réduit à celle des insectes, LE B LAC. l5l des sauterelles el des luanthes surtout, dont il fait un grand dégât. 11 est hardi et courageux. Je l'ai vu s'acharner à poursuivre les corbeaux, les milans, et obliger ces oiseaux, beaucoup plus forts que lui, à déguerpir des lieux qu'il s'est choisis, et où on le voit continuellement. 11 est très farouche et singu- lièrement difficile à approcher. La nature de ses aliments produit sans doute l'odeur du musc dont ses excréments et son corps sont éminemment par- fumés. Les dépouilles de ces oiseaux conservent toujours cette odeur dans mon cabinet, malgré celle des préparations dont je fais usage pour préserver les animaux de la voracité des insectes destructeurs. » Il paraît que le blac habite une grande partie de l'Afrique, car j'ai vu chez M. Desfontaines un indi- vidu de cette espèce qu'il avait tué en Barbarie ; j'en ai vu aussi un dans un envoi d'oiseaux venant direc- tement des Indes. Il reste à savoir si cet oiseau n'y avait point été envoyé d'ailleurs. » 32 I-liS FAL'CONS. ►*e*v<8«>«-*'s*'«**»ï«»*9ft«>»>«>»*e*'»«?«»*-»^*eTl>M*'*»»*'>»»*»*<^<>* *»■«'•»*•*■« «*»**««« 9*^9■5 LE FAUCON HUPPE*. C'est à M. Leschenault, dont nous avons déjà plu- sieurs fois eu occasion de rappeler les services , et que l'histoire naturelle a perdu au moment où il redoublait d'efforts pour l'enrichir, que l'ornithologie doit cet oiseau de proie, qui, dans l'état actuel de la science, ne trouve à se réunir qu'aux faucons, mal- gré les différences assez notables qui l'en séparent. La structure des plumes de plusieurs parties, leurs cou- leurs, et la distribution de ces couleurs, donnent déjà à cet oiseau quelque chose d'étranger à la phy- sionomie générale des faucons; l'espèce de huppe dont sa tête est ornée ajoute encore aux différences qu'il présente sous ce rapport; mais ce qui ensuite sépare le plus ces oiseaux, ce sont les ailes, dont la penne la plus longue, chez le faucon huppé, n'est pas la seconde, mais la troisième et la quatrième qui sont égaies; à la vérité, la seconde n'est qu'un peu plus courte qu'elles. M. Temminck dit que les ongles de cet oiseau sont petits, ce que je n'ai pu reconnaî- tre en le comparant à plusieurs faucons de sa taille, avec lesquels il ne m'a offert, à cet égard, aucune différence ; mais ses doigts sont plus courts que ceux i. Fatco lopliotes. Faucon happart , Temm., fig. col. cl'ois,, n" lo. l36 LE FAUCON HUPPÉ. de quelques espèces , de rémérillon , de la cresserelle, par exemple ; sa huppe consiste en un petit nombre de plumes longues, étroites, qui naissent de la partie postérieure de la tête; son bec est bidenté; les plu- mes du cou sont étroites et allongées, et très diflfé- rentes de celles du dos et de la poitrine, qui sont lar- ges et arrondies; les pennes de la queue sont de lon- gueur égale. Toutes les parties supérieures du corps, le cou , les ailes et la queue sont d'un noir bleuâtre, mélangé irrégulièrement sur les couvertures des ailes de blanc et de brun ; un collier blanc orne le dessus de la poitrine , et au dessous en est un autre qui est brun mélangé de noir; le bas de la poitrine et les plumes qui couvrent les côtés des cuisses sont d'un blanc fauve avec des raies brunes transverses; l'abdo- men, les cuisses et les couvertures inférieures de la queue sont du noir du dos; enfin, les pennes de la queue et des ailes en dessous sont grises. Sa longueur, du bout du bec à l'extrémité de la queue, est de douze à treize pouces. Cette description ne s'accorde pas eu tout point avec celle de M. Temminck , et cependant elles ont été faites, l'une et l'autre, d'après le môme individu; quoi qu'il en soit, cet individu n'avait point encore le vêtement de son espèce à l'état adulte ; il était encore jeune, et ce qui le prouve c'est ce mélange irrégulier de blanc, de fauve et de noir, dans différentes par- ties de son plumage. La longueur de cet oiseau, du bout du bec à l'extrémité de la queue, est d'environ quatorze pouces ; il est originaire de l'Indostan ; c'est de Pondichér}' que Leschenault l'a envoyé à notre Muséum. LE FAUCON DIODON. l37 ««i««*9«i««*M 0*»**fi8 B-e*«*o*»8-e<»»«»*6**e9«««e*e«'e*»ôe«o«»«' LE FAUCON DIODON'. Ce faucon, dont le nom indique que le bec a deux dents de chaque côté, est d'une taille un peu plus petite que celle du précédent; la longueur des mâles est de dix à onze pouces. On en doit la découverte à M. le prince de Wied, qui l'a rapporté de son voyage au Brésil , et c'est M. Temminck qui en a donné la première histoire; mais cette histoire ne consiste encore que dans la description un peu incomplète des formes et des couleurs. Notre Muséum en possède deux individus d'âge un peu différent, et qui seraient des individus femelles, si, comme le dit M. Tem- minck , les femelles et les jeunes diffèrent des mâles par des ailes dont la teinte est plus brune que noire. Nous tirerons donc la description du faucon diodon mâle de ce naturaliste, et nous décrirons les femelles d'après les individus qui se trouvent dans les collec- tions du Muséum. « Le mâle adulte a la tête , le dos et les ailes d'un noir ardoisé; la nuque, les joues et les côtés du cou sont cendré foncé , et toutes les parties inférieures cendré clair; la gorge et les couvertures inférieures de la queue sont blanches ; les petites couvertures dii 1. Falco diodon ^ Tcmm , pi. col. d'ois,, n" 198. l58 LE FAUCON DIODON. dessous des ailes eJ: les plumes de la cuisse sont d'un beau roux; la queue et les ailes , rayées en dessus de bandes noires et cendrées, sont rayées en dessous de bandes blanchâtres et noires. En examinant les plumes des scapulaires , on voit qu'elles ont toutes, vers leur milieu , deux taches blanches qui se trou- vent cachées par l'extrémité noire des plumes qui les surmontent; l'iris est jaune; les pieds orangé, et le bec couleur de corne. » Les jeunes mâles ont toutes les parties supérieures du plumage d'un brun foncé varié de zones d'un brun plus clair qui se trouvent à l'extrémité de chaque plume; leurs joues sont rayées longitudinaîement de brun et de roux clair, et toutes les parties infé- rieures blanchâtres sont marquées de taches étroites d'un brun noirâtre ; les cuisses sont rousses comme celles des adultes. » Notre femelle était remarquable, comme l'espèce précédente, par la troisième et la quatrième penne de ses ailes, qui étaient plus longues que la seconde ; et elle avait toutes les parties supérieures, c'est-à- dire la tête, le cou, le dos et les ailes, d'un brun noirâtre; seulement les côtés de la tête et la partie supérieure du dos avaient une teinte moins foncée et non point cendrée comme le mâle ; les parties inférieures, à l'exception de la gorge, étaient d'un gris de souris, et non pas du gris bleuâtre que nous voyons dans la figure du mâle de M. Temminck; les petites couvertures des ailes n'avaient aucune partie fauve ; et les tarses de cet oiseau ne nous ont pas paru plus couverts que ceux du faucon bidenté ; de sorte que le fait contraire, observé par M. Temminck, LE FAUCON DIODON. 1 OQ pourrait n'être qu'une individualité sans conséquence, s'il n'était pas un caractère exclusif des rbâles, ce qui n'est guère à présumer. En général on rencontre beaucoup trop, en his- toire naturelle, de ces différences sans caractère précis, que les uns apprécient, que les autres négli- gent, et qui sont encore pour tous une source de doutes et d'incertitudes : c'est surtout contre celte imperfection de la science que les efforts des natura- listes devraient se réunir; autrement l'histoire natu- relle ne sortira pas de la direction qu'elle suit , du mouvement qui lui a été imprimé par la nécessité de distinguer nettement les êtres les uns des autres, avant d^entrer dans la voie large et étendue qui seule conduira à leur connaissance véritable, c'est-à-dire à la connaissance de leur destinée sur la terre. 4o LE FAUCON BI DENTÉ. r»1>^Bti»i»»«oa»t»» «»<««< «vCo.»9»»ax),Cia»ai^^.e^^^,^^ LE FAUCON BIDENTE Cette espèce était connue depuis long-temps, mais en partie seulement, lorsque M. Temminck l'a décrite de nouveau , en ajoutant les différences du plumage suivant les sexes et l'âge des individus. En effet, les caractères donnés à cette espèce par Latham ne se rapportent qu'au mâle adulte , et chez les oiseaux de proie, comme nous l'avons déjà indiqué , les espè- ces ne sont véritablement connues que quand on a suivi le développement entier des deux sexes , afin d'apprécier les changements de couleurs, quelque- fois très considérables, qu'ils éprouvent en passant du jeune âge à l'âge adulte. Le faucon bidenté présente, dans ses caractères génériques , l'anomalie importante que nous avons déjà remarquée dans les deux espèces précédentes: ce n'est pas sa seconde penne de l'aile qui est la plus longue; elle n'est égale, sous ce rapport, qu'à la cin- quième ; les plus longues sont la troisième et la qua- trième, qui à cet égard ne diffèrent point l'une de l'autre ; de plus ses doigts n'ont pas la longueur de ceux des cresserelles ou des émérillons. On a souvent pris occasion de ces anomalies pour 1. Fako bicientatus, Lalliam. Faucon bidcnte, Trnim.. pî. col. dois. , n"' 58 o\ 208. LE FA^L'CON BIDENTÉ. 1 /| I déclamer contre les méthodes en histoire naturelle , contre la formation de ces groupes d'ordre ou de genre, sans lesquels la nature ne serait à nos yeux qu'un chaos qu'il deviendrait impossible d'étudier et d'ordonner sous forme de science : en eflet, ces décla- mations attestent que ceux qui s'y livrent ne se sont pas donné la peine de comprendre l'esprit et le but d'une méthode, qu'ils ne conçoivent pas même la na- ture des sciences d'observation, puisque leur critique repose tout entière sur l'idée qu'il peut y avoir quel- que chose d'absolu dans ces sciences, et que les ca- ractères d'une famille ou d'un genre une fois donnés, quels que soient les progrès qu'on fasse dans la con- naissance des êtres, ne doivent plus éprouver aucun changement. Avec de moins fausses notions sur les méthodes, on s'abstiendrait d'une critique, qui, ne pouvant ni changer la nature, ni nous soustraire au besoin d'ordre , de classification , est une critique vaine et puérile, que la hauteur à laquelle les sciences na- turelles sont parvenues ne devrait pas rendre pos- sible aujourd'hui. Ces anomalies, présentées par les ailes et les pieds du faucon bidenté , rapprochent cet oiseau des au- tours, et devient naturellement le type d'un groupe intermédiaire entre cette famille et celle des faucons proprement dits; car, si l'on a fondé celle-ci sur un bec unidenté et sur des ailes dont la seconde penne est la plus longue, pourquoi n'en formerait-on pas une autre d'oiseaux dont le bec est bidenté, et dont les plus longues pennes des ailes sont la troisième et la quatrième? La nature et l'importance des carac- tères sont dans l'un et l'autre cas les mômes; et il est }/l'2 LE FAUCO^^ BIDENTÉ. hors de doute qu'on trouvera, dans les mœurs de ces faucons à deux dents, comparées à celles des autres faucons, des anomalies analogues à celles des organes. Ces considérations nous paraissent d'autant plus fondées que les trois espèces de faucons à deux dents, comme on vient de le voir, ont aussi la troisième et la quatrième penne de leurs ailes plus longues que la seconde et égales entre elles, et des doigts assez courts; aussi approuvons-nous M. Yigors d'avoir con- sommé cette séparation en donnant le nom généri- que d'harpagus à ces faucons*. Notre Muséum possède plusieurs individus de cette espèce, les uns jeunes, les autres vieux, et leurs dif- férences, entre la première et la dernière époque de leur vie, sont extrêmement considérables. Le faucon bidenté adulte a toutes les parties supé- rieures du corps d'un noir bleuâtre un peu moins foncé sur la tête et le cou que sur le dos , les ailes et la queue; la gorge et les couvertures du dessous de la queue sont blanches, et tout le reste des parties inférieures est d'un beau fauve oraiîgé, uniforme dans certains individus, et quelquefois varié de lignes blanches arquées transversales ; les plumes et les pennes des ailes ont des taches blanches à leur côté interne et caché , et il en est de même des pennes de la queue ; et comme ce côté interne est visible en dessous, il en résuite trois lignes transversales blan- ches à la face inférieure de la queue, qui dans cette partie est grise et non pas noire comme à sa face supé- rieure ; le bec est bleuâtre, et les tarses sont jaunes. 1. Voir les Trausact Jina. el le Joara. zool. LE FAUCON lîlDENïÉ. l43 'Le jeune mâle est brun sur loutes les parties où l'adulte est noir, et il est blanc avec de petites lignes longitudinales noires sur tontes celles où avec 1 âge il deviendra fauve; sa queue a trois rubans transver- ses blanchâtres. 11 paraît que c'est par la tête et la queue que commence le passage des couleurs du jeune âge à l'âge adulte. Quelques individus, peut- être femelles, ou plus jeunes encore que celui dont nous venons de parler, ont les plumes des épaules marquées d'une tache blanche allongée dans leur milieu, et le fauve ne paraît se développer que suc- cessivement, et n'arriver à son dernier terme qu'après quelques mues. La longueur du faucon bidenté est de douze à quinze pouces. Jusqu'à présent il n'a encore été trouvé qu'au Brésil et à la Guiane. 44 I^E FAUCON MOINEAU. •« <««««« »0<»»»»»»»8»»»«»9»»»»»C'C«^»»a»91>»»»«»»C»9'8«'8V»C»a< LE FAUCON MOINEAU'. Cette espèce est la plus petite du genre. Sa lon- gueur, dubecàrextrémité, est de six pouces environ, et son envergure est de dix. On l'a trouvée au Ben- gale et dans les Moluques , mais elle se rencontrera sans doute encore dans plusieurs autres contrées du midi de l'Asie. Un oiseau d'un vol aussi puissant que celui des faucons, a dû s'étendre partout où des obsta- cles insurmontables ne l'ont pas arrêté; et ceux que le faucon moineau a pu rencontrer, sont des espaces de mer très étendus ou des chaînes de montagnes très élevées ; or les îles nombreuses et rapprochées qui peuplent la mer des Indes ont dû le recevoir succes- sivement; il en a été de même de toutes les parlies du continent qui communiquent entre elles par des terrains bas ; et si les hautes chaînes ont borné son vol, c'est que cet oiseau se nourrissant principa- lement d'insectes , s'est trouvé privé de toute subsi- stance chaque fois qu'il a voulu abandonner les plaines pour pénétrer dans les régions moins favora- bles qu'elles, par leur température, à la production de ces êtres que le faucon moineau doit consommer en immense quantité. 1. Fatco bengalensis , Brisson , Ornith. supp. VI, p. 20. Peut fau- con indien noir et fauve, Edwards, Glan., pi. 108. LE FAUCON 31 01 NE AU. J 45 11 est connu depuis long-temps des naturalistes. Ed- wards, qui fut naturaliste et peintre, en a donné une assez bonne figure, comme nous l'avons montré plus haut^. Vieillot en a publié une nouvelle sous le nom de faucon-pygmée , d'après un des deux individus que possède notre Muséum, et M. Temminck l'a fait re- présenter sous le nom de faucon moineau^ dans deux individus, l'un mâle et l'autre femelle. Les couleurs des sexes diffèrent peu , si elles diffè- rent en effet : chez tous les individus adultes les par- ties supérieures de la tête et du cou, et une tache plus ou moins longue qui descend de l'œil sur les côtés du cou, les épaules, le dos, les ailes et la queue sont d'un noir à reflet bleuâtre ; les seules différences qu'on observe consistent dans les couleurs de la tête , du cou et des parties inférieures. Chez un des individus du Muséum ces couleurs sont le fauve mélangé d'un peu de blanc dans la partie qui est séparée de la tête et du cou par la tache noire longitudinale dont nous venons de parler; dans l'individu mâle de M. Tem- minck , la gorge , le dessous du cou et la poitrine sont d'un beau blanc , tandis que les côtés du cou et le ventre seuls ont du fauve mélangé de blanc. Sa femelle au contraire a du fauve à toutes les parties inférieures du corps, les côtés de la tête et du cou seuls sont blancs. Les poils blancs qui garnissent la partie antérieure de la tête au dessus du bec sont fauves chez l'individu mâle. Du reste, chez tous, les couvertures du dessous des ailes sont blanches, et 1. Gai., pi. i-S, p. 46. 2. PI. col. d'ois., n° 97. ovviF.r.. ij. ]i\6 T,1Z FAUCON MOINEAU. celles du dessus de la queue fauves ; et toutes les pen- nes des ailes, comme de la queue, ont leur face in- férieure grise , et leur côte interne partagé par quatre ou cinq lignes blanches transverses placées à peu près à égale distance l'une de l'autre. Il est fortement à présumer que les différences que nous venons de faire remarquer entre les trois individus qui ont été représentés tiennent à des diflérences d'âge, et que les couleurs de l'adulte sont le fauve à toutes les parties où nous avons vu cette couleur se mêler avec du blanc. LE FAUCON AUX PIEDS ROUGES*. INous terminerons ce que nous nous proposons de dire sur les faucons, ])ar l'histoire du faucon aux pieds rouges que Buffon n'a point décrit, et par celle de la Cresserelette qu'il n'a point connue; ce sont les seules espèces d'Europe dont cet illustre naturaliste n'ait pas parlé dans ce qu'il a publié sur l'histoire des oiseaux. Cette espèce, plus commune dans le nord et l'est de l'Europe qu'en France, est connue depuis long- temps, et l'était même de Buffon comme nous l'avons vu, mais il la prenait pour une variété du hobereau, qui à la vérité lui paraissait singulière. En effet, les dif- férences qui distinguent ces oiseaux ne sont point de ;. Faico rufipcSf Bccliat. Faucon aux pieds rouges , Temm., Man. d'oniilli., p. 53. Le Kobcr, Sonnini , Buff., l. III. p. 201. LE FAUCON AUX PIEDS ROUGES. l^ ia nature de celles qui constilnent les variétés, quand elles sont observées sur des individus de même âge ; car s'ils se rapprochent, c'est seulement parce qu'ils ont tous deux les parties supérieures dune teinte foncée, et les cuisses fauves, ainsi que les couver- tures du dessous de la queue. Du reste ils diffèrent essentiellement. Le maie du faucon aux pieds rouges est uniformé- ment d'un gris plombé; la cire, le tour des yeux et les pieds sont d'un rouge violâtre ; le bec et les on- gles sont jaunes. La femelle diffère du mâle par les raies noires et longitudinales de sa tête, par la teinte rousse du der- rière du cou, des côtés de la tête et de la gorge ; les plumes du dessus du cou sont bordées de noir, et les parties inférieures du corps sont rayées de brun foncé. La queue d'un gris de plomb est marquée de six ou sept bandes noires transversales, qu'une d'entre elles termine. La cire et les pieds sont orangés. Mais ces couleurs, chez les mâles comme chez les femelles, éprouvent de grandes variations suivant l'âge, et elles auraient besoin d'être observées et décrites avec plus de détails qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. Mais il paraît que les jeunes mâles ressemblent aux femelles adultes. La longueur de cet oiseau est de dix à douze pouces. Ses mœurs semblent le rapprocher du hobereau ; car il habite , comme lui , le voisinage des grands bois et les taillis où les petits oiseaux deviennent facile- ment sa proie ; cependant les insectes font aussi sa nourriture habituelle. IjvS • LE FAUCON r.RESSEf.ELETTK. LE FAUCON CRESSERELETÏE\ Il n'y a rien d'étonnant si Bufîbn n'a point connu cette espèce, car l'eût-il vue, l'eût-il même obser- vée, sa grande ressemblance avec la cresserelle l'au- rait empêché de l'en distinguer; il les aurait consi- dérées comme des variétés légères l'une de l'autre, et telles que lui en offraient souvent tous les autres faucons. 11 paraît au reste que celte espèce ne s'est point présentée à ses yeux, et que si elle se ren- contre en France, ce n'est que quelquefois dans le Midi, car elle ne paraît être commune que dans le royaume de Naples, en Sicile, en Sardaigne et dans le midi de l'Espagne; de plus elle .serait de passage dans les provinces Illyriennes et dans la Hongrie. Ses mœurs sont analogues à celles de la cresserelle , dont elle a la taille; cependant on dit qu'elle fait son nid dans les fentes des rochers, tandis que cette dernière ferait de préférence le sien dans les trous des vieilles masures ou dans les troncs creux des arbres; mais il est aisé de juger que ces différences ne sont qu'appa- rentes; car il est plus que probable que si la cresse- relle ne trouvait pas de vieilles murailles lézardées, elle se coolenteraiL de la fente des rochers; en effet, est-il croyable que la nature en la formant ait lié l'instinct irrésistible qui la porte à construire son 1. Falco tinnunculoides hotterens ^ Storia n.ilnrale degli uccelli .ut- ortiata cli (iguie. Florentise , 1767. Temm., Vlan, d'ornilh., p. 3i. LE l'ALCON CHESSERKLETTE. l49 nid , d'une manière déterminée, au penchant éven- tuelqui porte les hommes à élever des édihcos? Non, assurément. Les différences qu'on a pu remarquer entre les lieux où ces oiseaux font leurs nids tiennent sans doute à ce que la cresserelle a principalement été observée dans les pays très peuplés et très culti- vés, où les édifices abandonnés sont plus nombreux que les rochers solitaires, tandis que ç'à été le con- traire pour la cresserelette, jusqu'à présent du moins. Quoi qu'il en soit, la différence constante qui dis- tingue ces deux espèces, c'est que la première, à tout âge, a les ongles noirs, tandis qu'à tout âge, la se- conde les a blancs. Du reste, elles sont si semblables par les couleurs quelquefois, qu'il devient impos- sible par là de les reconnaître. On dit cependant que les parties supérieures du mâle de la cresserelette sont d'un fauve uniforme, sans aucune tache noire , tandis que des taches varient constamment cette partie du plumage de la cresserelle; quelques autres différences ont encore été marquées, mais il est évi- dent qu'elles ne sont que dans les mots, c'est-à-dire dans de si légères variations de teintes, que le plus souvent la vue ne peut les saisir. ISote additionnelle aux Aigles. Nous avons essayé de faire connaître toutes les modifications sous lesquelles se présenle l'organisation des aigles. Une seule nous avait échappé, c'est celle qui consiste dans la queue étagée , représentée par TAiGLE a queue étagée {falco fucostts) de mon frère, que M. Tem- mink a fait représenter dans son recueil d'oiseaux coloriés, pi. Sa. Cet oiseau découvert à la Nouvclle-iJolIande , est entièrement d'un noir de suie, à l'exception de l'occiput et de la nuque qui sont d'un fauve clair. Les tarses sont oouvertg déplumes, et sa taille est d'enviro.i deux pieds cl demi. 50 LtS PIES-GRIÈCHES. ♦t»»»»»»»a»>»e»B»»»e»a^»»e.».*e**-»««««^*s«*«>o«« s* (»*jj«**««««*-#s»4v4«it^«ni'ft*e«>»^ LE GONOLEK A la manière dont Buffou parle en quelques mois d'une pie-grièclie rousse du Sénégal, dans son histoire de l'écorcheur^, pour établir que la pie-grièche rousse d'Europe passe en Afrique, et à ce qu'il dit du Gono- lek sans le décrire, on pourrait conclure que ces deux oiseaux appartiennent à la même espèce; car celle- ci lui venait du même pays que la première, et il la désigne aussi par le nom de pie-grièche rousse. Il im- porte d'éviter cette confusion ; car ces deux espèces n'ont presque rien de commun par les couleurs. Brisson avait distingué le gonolek de toutes les autres pies-grièches , sous le noui de pie-grièche rousse du Sénégal^. Buffon tenait d'Adanson les indi- vidus qui ont fait le sujet de ses observations, et ils étaient originaires du Sénégal, comme nous venons de le dire. Brisson avait aussi obtenu les siens d'Adanson et de la même contrée; mais c'est du cap de Bonne- Espérance queLevaillant a rapporté ceux qui faisaient 1. Voir les pi. eulum. 4?? et 56. Bufton, iii-Zj", t. i, p. 5o5 et 3i4. — Édif. Pillot, t. XIX, p. 957. 1. Lnnius barhaviis, Gniel. 5. Oinillt., loni. II, pag. i85 , h" •>.o. l58 LE GONOLEK. paitie de sa collection . et qui consistaient en deux mâles et une femelle, lesquels furent tués par lui ou par ceux qui l'accompagnaient dans le pays des grands Namaquois. On peut conclure des deux points où cette espèce a été rencontrée jusqu'à présent, qu'elle habite presque toutes les parties occidentales de l'Afrique. Le gonolek est un peu plus petit que notre pie- i^rièche grise commune : du bout du bec à l'extrémité de la queue il a de huit à neuf pouces. Ses couleurs sont remarquables par leur pureté et leur éclat. Un beau jaune olivâtre qui commence à la base du bec, et descend jusqu'au bas du cou en passant au dessus des yeux, colore ces parties. L ne bande noire qui naît sur les côtés du bec, enveloppe l'œil et descend sur les épaules, vient se joindre au noir du dos et des ailes. Le croupion et la queue sont du même noir que les ailes, et toutes les parties inférieures sont du rouge le plus éclatant , à l'exception de la gorge, où le rouge semble prendre une teinte orangé, et de la couver- ture du dessous de la queue , où le fauve se montre. Le bec est noir; les pieds sont bruns ainsi que les yeux. Les teintes de la femelle, qui est un peu plus petite que le mâle, sont moins brillantes et moins pures. C'est là tout ce que l'on connaît de l'histoire de cette espèce, qui semble, par l'éclat de ses couleurs, si différente des pies-grièches de nos contrées; on croirait qu'elle appartient à une autre nature , et qu'elle doit présenter dans ses mœurs des caractères non moins différents que ceux que nous présente son vêtement. LA PIE-GRlÈCHi: HUTPÉC DU S j! NE G AL. 1 5t) e -e-^* '>'i>-e*p«'T^?'e'9*e LA PIE-GRIECHE HUPPEE DU SÉNÉGAL*. C'est SOUS ce nom que celte espèce a long-lemps été connue chez nous avant d'être décrite, et nous en devons la connaissance détaillée à Levaillant^, qui la décrivit d'après des Individus rapportés du Sénégal par M. GeofïVoy de Villeneuve , et c'est d'après les indications de Levaillant que Vieillot en a fait le genre Prionops ou Bagadois qu'il caractérise ainsi : bec garni à sa base de plumes dirigées en avant, tendu , très comprimé parles côtés. Levaillant, en effet, nous dit que si l'on considère la forme droite, allongée et tirée en avant de ce bec, ainsi que ses côtés aplatis, on trouvera qu'il diffère beaucoup de celui des pies- grièches ; ensuite il en donne une description fort exacte que nous ne pouvons mieux faire que de ré- péter ici à de légères modifications près. Une large paupière déchiquetée enveloppe l'œil ; les plumes d'entre le bec et les yeux se hérissent ou se dirigent en avant, et recouvrent les narines et la base du bec qu'elles cachent en grande partie. La tète est ornée d'une huppe de plumes molles. Les pennes de la queue sont de longueur égale, et les ailes ne s'éten- 1. Lanius piuniatus, Shaw; Prionops Geojfroii, Vieil!.; Gai. pi. 142. 2. Le Geoffroy, Vaillant, ois. d'Afriq., pag. 124. pi. 80 et 81. l6o LA PIE-GRIÈCHE HUPPKE DU SENEGAL. (Jeiit que jusqu'à la moitié de la queue. Les plumes qui recouvrent le bec, ainsi que celles de la huppe et des joues, sont d'un blanc pur, tandis que la tête à sa partie postérieure et sur ses côtés est d'un gris noir. Le cou en dessus , la gorge, le cou en dessous , la poitrine , les flancs , le ventre , les couvertures du dessous des ailes et celles du dessous de la queue sont d'un blanc pur. Le dos, les épaules et les ailes sont d'un noir bleuâtre. Une large bande blanche qui fait partie des grandes couvertures des ailes et des bords des plus longues plumes des épaules , traverse l'aile dans toute sa longueur. Les deux plumes les plus la- , térales de chaque côté de la queue sont entièrement blanches; la troisième a du noir à sa naissance, et le noir s'étend toujours un peu davantage sur les autres. Le bec est noir et les pieds sont jaunes. Cet oiseau est de la taille de notre grive. Nous pourrons ajouter que la paupière déchique- tée de Levaillant se compose de petites plumes re- présentant des dentelures par leur disposition ; que le doigt du milieu est beaucoup plus séparé de l'interne que de l'externe, auquel il est réuni depuis le milieu de la seconde phalange de ce dernier, tandis que la seconde phalange du premier est tout-à-fait libre ; que la troisième penne des ailes est la plus longue , et que les pennes de la queue sont au nombre de dix. Les mœurs de cet oiseau sont tout-à-fait incon- nues. LA PIE-GRIECHE A FROINT BLANC. 1 0 1 8»e«e«««o«««>««« LA PIE-GRIECHE A FRONT BLANC Ce bel oiseau de la Nouvelle-Galle du sud, c*est- à-dire des parties orientales de la Nouvelle-Hollande, a été placé par Latbam, qui le premier l'a fait con- naître exactement 2, dans le genre des pies-grièches, M. Vieillot l'en a tiré pour en former son genre Fal- cwiculus^ , et M. Teraminck l'y a rappelé sous le nom nouveau de pie-grièche à casque^. Nous avons déjà exprimé notre opinion sur la puérilité des discussions qui ont pour objet la formation des genres, quand il s'agit de caractères, dont ceux qui les critiquent, pas plus que ceux qui les proposent, n'ont été à por- tée d'apprécier la valeur. A la vérité, le genre pie- griècbe avait fini par devenir si nombreux en espèces et si peu naturel, que, pour en faciliter l'étude, il devenait utile de le subdiviser; mais dans cette vue des genres artificiels composés chacun d'une seule es- pèce, comme M. Vieillot l'a fait, répondaient-ils à ce besoin? C'est ce que nous ne pensons pas. Quoi qu'il en soit, la pie-grièche à front blanc ou à casque est de la taille de la pie-grièche commune, et la rappelle 1. Lanius frontatus, Lafh. ; Falcanculus frontatus, Vieill. 2. Synopsis, 2^suppl.,pl. 122, pag. 75. 5. Gai. de? ois., pi. 107. 4. PI. col. dois., n" 77, fig. 1 et 2. CUVIER. II. ) i l62 LA PIE-GRIÈCHE \ FRONT BLANC. tont-à-fait, à la première vue, par sa physionomie. En l'observant plus attentivement on voit qu'elle peut relever les plumes de sa tête en forme de îiuppe, que la mandibule inférieure de son bec est un peu plus forte , un peu plus courbée à son bord infé- rieur que celle des autres espèces du genre, et que toutes les pennes de sa queue sont d'égale lon- gueur; et elle rappelle encore plusieurs autres es- pèces de pies-grièches par la distribution de ses couleurs, quoique sous ce rapport elle soit plus ri- chement partagée qu'un grand nombre d'entre elles, et surtout que celles d'Europe. En effet, le noir, le gris, et un peu de marron, sont les seules couleurs qui s'observent chez ces dernières , tandis que les teintes vertes dominent chez la pie-griècheà front blanc. Le dessus de la tête et du cou sont noirs; les ailes et la queue sont grises, à l'exception de la penne extérieure de la queue qui est blanche à son bord externe et à son extrémité ; les côtés de la tête et du cou sont blancs, coupés par une bande ou moustache noire , qui naît à la partie postérieure de l'œil, et des- cend obliquement de manière à se réunir à la partie noire du dessus du cou; moustache qui semble être un caractère commun à toutes les pies-grièches. Les épaules, le dos jusqu'à la queue sont dun vert nn peu foncé , les parties inférieures, c'est-à-dire la poi- trine et l'abdomen tout entier, sont d'un jaune ver- dâlre; chez le mâle la gorge et le dessous du cou sont noirs, tandis que chez la femelle ces parties sont vertes , et c'est celle-ci qui a la huppe la plus petite. Le bec et les pattes sont bleuâtres. LES VAN G A. l6v 9-»v»«M»< *«*e *e -o^*>J«« ««***«*«♦»♦»*•*«*••<•»« »«»«<>• irL A 1 LES VANGA Ces oiseaux sont remarquables par leur bec droit, aussi grand que leur tête, dont la mandibule supé- rieure se recourbe en crochet à sa pointe, tandis que sa mandibule inférieure se recourbe de bas en haut , et comme ce bec est beaucoup plus haut que large , même à sa base, ce qui en augmente beaucoup la force, il devient pour cet oiseau une arme très puis- sante. Le doigt externe est réuni au doigt moyen jus- qu'à la première phalange ; c'est la troisième penne des ailes qui est la plus longue, et elle ne dépasse pas l'origine de la queue. Des soies raides, dirigées eu avant, garnissent les côtés du bec à sa base. Tous les vrais vanga paraissent appartenir aux Indes orientales ou à la Nouvelle-Hollande; mais l'on n'en connaît encore qu'un très petit nombre d'espèces : celle que BufTon indique sans la décrire sous le nom de Vanga ou Bécarde à vefitre bianc^, et dont il a donné la figure dans ses planches enluminées, n° 228, sous la dénomination de Pie-grleche^ appelée l'écor- cheur de Madagascar; le vanga destructeur 2, dont M. Temminck donne une bonne figure, et le vanga 1. Vanga, Buff., Temm. 2. Tom. I", in-4% pag. 3i2. — Édit. Pillot , lom. XIX, ]>ag. 255, o. Cosaiciiv ileatnicfeiir, Tomni,. pi. co'., n" 9.~ô. l64 lE VANGA A VENTRE BLANC. cap-gris de M. Lesson^, sont peut-être aujourd'hui les seules espèces de ce genre. Ce sont des oiseaux dont les mœurs ne sont point connues, et qui sous ce rapport surtout doivent appeler l'attention des naturalistes voyageurs. LE VANG4 A VENTRE BLANC Sa longueur du bout du bec au bout de la queue est d'environ dix ponces, et sa taille est celle du merle. Le cou, les épaules, la poitrine, le ventre, les couver- tures du dessons de la queue sont d'un blanc pur, à l'exception d'une grande tache d'un noir verdâtre, a la partie postérieure de la tête. Le dos, les ailes et la queue sont noirs à reflet verdâtre, seulement on voit sur l'aile une bande blanche formée par les extrémi- tés des grandes couvertures et le bord des pennes se- condaires, et la même couleur termine chacune des pennes de la queue. Cette queue est étagée. Le bec est noir, les pieds sont couleur plombée, et les ongles noirâtres. Cet oiseau avait été rapporté de Madagascar par Poivre, qui le donna à Réaumur; et c'est cet individu qui a servi à ce qu'ont publié Buffon et Brisson de cette espèce. Le nom de Vanga est celui que les Ma- décasses donnent à cet oiseau ; et nous ne devons 1. ZooL du voyage do la Coquille , pL 1 1. 2. Lanius curvirostris, Grae].; l'Ecorcheur de Madagascar^ Brisson, Oriiîlb., totn. II, pag. 191, pi. 19, fig. i. LE VANGA DESTRUCTEUR. J 65 point terminer ce que nous avons à en dire sans faire remarquer que Buffon sentit d'abord que le Vanga se distinguait génériquement des pies-grièches , ce qui n'avait point été aperçu par Brisson. LE VANGA DESTRUCTEUR*. On ne connaît encore cette espèce que par la de- scription que M. Temminck en donne. La tête, l'occiput, une partie de la nuque et les joues sont noirs. L'intervalle entre l'œil et le bec est blanc , et des soies raides s'y font voir. La partie pos- térieure du cou, les scapulaires et le dos sont gris d'ardoise. Les ailes sont d'un brun noir, à l'exception de trois pennes secondaires qui sont extérieurement bordées de blanc. La queue , composée de pennes à peu près égales entre elles, est noire; mais chaque penne, excepté les deux moyennes, est terminée de blanc. La gorge , le devant du cou et la poitrine sont blancs, et le blanc de ces parties s'avance sur les côtés du cou presque jusqu'à la nuque ; le noir des joues descend lui-même sur le blanc du cou. Le mi- lieu du ventre et l'abdomen sont blanchâtres, mais les flancs sont d'un gris cendré. Le bec, bleuâtre à sa base, est noir à sa pointe. La femelle se distingue du mâle en ce que ce qui est noir dans celui-ci, est brun foncé dans celle-là; 1, Cassi.can destructeur, Tciaui, , [>). cul. 'iyô. l66 LE VANGA CAP-GRIS. de plus, chez elle, les tiges des pi urnes de la têfe et des joues sont blanches, les ailes n'ont aucune par- tie blanche visible, les parties inférieures sont d'un blanc roussâtre terne, et les flancs sont d'un brun très foncé. La longueur totale de cette espèce est d'environ dix pouces, et elle a été rapportée de la Nouvelle- Hollande où elle ne paraît pas être très rare ; cepen- dant on n'en connaît encore que les formes et les couleurs, c'est-à-dire qu'on est encore à l'enfance de son histoire. LE VANGA CAP-GRIS\ Voici ce que M. Lesson nous apprend de ce vanga : « Ce bel oiseau , de la grandeur d'un merle , a de lon- gueur totale neuf pouces. Le bec est long d'un pouce du front à son extrémité; il est fort et robuste, à arête saillante entre les narines qui sont déprimées. La mandibule supérieure se termine par une pointe crochue et forte. Les tarses sont robustes et le doist postérieur est remarquablement fort. Les ailes dé- passent le croupion ; la queue composée de dix pennes est légèrement arrondie. ))La tête, les joues et le dessous de la gorge jus- qu'à la poitrine sont d'un gris cendré. Le dos, le croupion et les couvertures des ailes sont d'un i. Lanius kirkocephabts, Lcss. Voyag. de la Coquille, pi. ii, p. 635, LE VANGA GAP-GllIS. 1 67 rouge brun orangé fort vif. Les grandes pennes et les moyennes, ainsi que la queue en dessus, sont d'un gris fauve uniforme. Le ventre , les plumes des cuisses, les couvertures inférieures de la queue d'un rouge fauve d'égale teinte, La queue en dessous est d'un gris clair, et l'extrémité des pennes s'use très aisément. Le bec est plombé , et cette couleur semble encore propre aux pieds. ))Le vanga cap-gris habite les forêts de la Nouvelle- Guinée, aux alentours de Doméry, où les Papons le nomment Pltoliui. » >i««B l68 LES BATARA. LES BAïARAS Ces oiseaux ont le bec court, élargi à sa base, com- primé à sa pointe, dont la mandibule supérieure est obtuse et recourbée à son extrémité, l.a mandibule inférieure est convexe à son bord inférieur, et ter- minée en pointe. Les narines sont ovoïdes, les pieds grêles, les ailes courtes, et ce sont les troisième, quatrième et cinquième pennes qui sont les plus longues. Tous ^es oiseaux sont américains, et vivent entre les deux tropiques. Le nom de Batara est donné à ces oiseaux par les Guaranis, comme nous l'apprend M. Azara, à qui l'on doit tout ce que Ton sait sur le naturel de ces pies- griècbes américaines. C'est lui en eSTet qui nous apprend que les Batara vivent dans les halliers les plus épais, voltigeant de buissons en buissons sans jamais descendre à terre; qu'ils se nourrissent d'insectes, de chenilles, de larves de toutes espèces; que jamais on ne les rencontre dans les grands bois ni dans les plaines découvertes; qu'ils vivent par paires, et que dans les saisons des amours ils font entendre à la distance d'un demi-mille leur voix forte, qui chez toutes les espèces se res- semble et consiste dans une répétition précipitée de la syllabe îa; qu'ils ne sont point farouches et se ren 1. Batara, Aiara , voyag., toni: 111; Thamnvplulas. Vieillot. Anaî. d'une nouY= oriiilli. , p;ig. ,\q. LE BATARA RAYE. 1 69 contrent fréquemment près des habitations, lorsque leur voisinage est couvert d'abondantes broussailles. M. Azara a décrit huit espèces de Batara dont sept n'étaient point connues, et MM. Swainson et Such viennent d'en ajouter treize autres à ce genre^. Nous donnerons ce que l'on sait de l'histoire de quelques unes des principales, car la plupart n'ayant été obser- vées que dans leurs dépouilles, non seulement on ne connaît absolument d'elles que leurs formes et leurs couleurs, mais même on n'est pas d'accord sur les genres auxquels toutes appartiennent. LE BATARA RAYÉl Cet oiseau a de treize à quatorze pouces de lon- gueur du bout du bec à l'extrémité de la queue , et celle-ci fait à peu près la moitié de cette mesure et est étagée. Les ailes sont courtes et ne s'étendent pas au delà de la naissance de la queue. Une huppe composée de plumes droites et larges couronne la tête, et les tarses nus ont environ un pouce et demi de hauteur. Ces diverses proportions rappellent assez celles de notre pie commune. Chez les femelles adultes la huppe est d'un noir 1, Tlic lool. Joiira. vol. ) , ().»g. 554, <-'' vol. 11, pag. 554- 2. Tainnopliiius strialus , Taninop. vigorsii, Such,, zool. Journ., jauv. 1825, vol. F, i);)g. 567; Vanga slriato ^ Voyag. de l'Uranie, Quoy vi. Gaiinard. 1-^0 LE BATARA RAYE. brillant. Le manteau, le dessus et le dessous des ailes, et leurs pennes, sont du même noir, mais bar- rés de raies blanches. Le derrière et les côtés du cou , la poitrine, le ventre, les couvertures inférieures de la queue sont d'un gris d'ardoise qui pâlit sous la gorge. Le bec d'une teinte plombée est d'un blanc bleuâtre sur le bord de ses mandibules ; les tarses sont grisâtres et les doigts bruns ainsi que les ongles. Chez le mâle les raies blanches des parties su- périeures du corps ont une teinte rousse , et le noir de celles-ci est devenu brun, excepté la huppe qui est restée noire. De plus, les femelles ont la gorge blanchâtre et toutes les parties inférieures du corps fauves. Les plumes qui recouvrent le front et le dessus des yeux sont d'un roux vif. Cette espèce , suivant MM. Quoy etGaimard, se trouve au Brésil ; elle vit sur les bords des bois, dans le voisinage des prairies, où elle irait courant à terre , à la recherche des vers, en relevant la queue comme nos pies : ce qui ne serait pas entièrement conforme à ce que nous dit M. Azara des caractères génériques de ces oiseaux. Ce voyageur décrit sous le nom de Batara rayé^ un oiseau qui a avec celui dont nous venons de parler les plus grands rapports; il en diffère cependant par quelques points assez importants pour qu'on ne doive pas les confondre dans la même espèce sans de nou- velles observations. Voici ce qu'en dit ce voyageur: « Cet oiseau a la huppe d'un beau noir; la base du bec marbrée de noir et de blanc, ainsi que le des- sous et les côtés de la tête et le haut du cou ; le des- 1. Voyag., tom. 111, pag. 4^0. LE BATARA RAYE. I7I SOUS du COU, le dos et les couvertures supérieures des ailes rayés transversalement de blanc et de noir; les pennes des ailes noires tachetées de bleue; la queue noire avec des bandes blanches transversales et inter- rompues ; le devant du cou et la poitrine rayés de noir, sur un fond blanchâtre ; le ventre et les cou- vertures inférieures des ailes de couleur blanche ; le dessous des pennes de l'aile taché de blanc, sur un fond noirâtre luisant, le tarse d'un plombé clair; le bec noirâtre à sa base et blanc céleste dans le reste, enfin l'iris d'un jaune paille très brillant. » La femelle a les mêmes dimensions et la même huppe; mais les côtés et le derrière de sa tête sont d'un brun mêlé de blanchâtre et de roux avec des raies noires; le dessus de la tête et du corps est de couleur de tabac d'Espagne, et tout le dessous est roux blanchâtre. » Cet oiseau a six ou sept pouces de longueur to- tale... Il place son nid sur les petites branches des buissons épais , et il le construit en dehors de fila- ments fortement attachés à deux rameaux qui for- ment la fourche à l'extrémité d'une branche menue; l'intérieur est tapissé de crins et de tiges de plantes aussi déliées ; la largeur et la profondeur de ce nid sont de deux pouces et demi, et sa longueur de quatre. Le mâle et la femelle partagent l'incubation ; leurs œufs sont blancs rayés de rougeâtre, et plus pointus à un des bouts, etc. » 1^2 LE BATARA ROUX. LE BATARA ROUX'. C'est aussi à A:2ara que Ion doit la connaissance de cet oiseau , huppé à peu près comme les précé- dents , et à queue étagée comme eux. Yoîei la de- scription qu'il en donne : Longueur totale six pouces et un quart, de la queue deux pouces et demi... Une teinte de brun blanchâtre commence aux narines et couvre les côtés et le dessous de la tête. Des raies transversales, blanches et noires, occupent le devant et les côtés du cou , aussi bien qu'une partie de la poitrine dont le reste est blanchâtre, comme le ventre. Le dessous de l'aile est d'un blanc roussâtre. Les plumes du dessus de la tête ont une couleur ta- bac d'Espagne foncée. Le derrière du cou , les cou- vertures supérieures, et les trois dernières pennes de l'aile, aussi bien que la bordure de toutes les pennes, sont mordorés. Le dos est d'un brun mêlé de bleu. Les pennes intermédiaires de la queue sont noirâtres, et les autres noires, avec de petits traits blancs sur leur plus large côté, et une tache de la même couleur à leur extrémité. Le tarse a une teinte plombée ; le bee est noir en dessus, et d'un bleu clair en dessous. Leur nid se construit de la même manière et avec les mêmes précautions que celui du batara rayé; ils 1. Azaia, Voyag., tom. lll , pag. 424* LE BATARA ROUX. 1^3 y déposent des œufs blancs légèrement piquetés de rouge, et les jeunes, qui ne diffèrent point des adul- tes, prennent leur volée quinze jours environ après leur naissance. 1^4 11^*^ LANGRAIENS. LES LANGRAIENS\ Les Langraiens forment, dans la famille des pies- grièches, un groupe distinct bien caractérisé par la grande longueur des ailes; en effet les ailes de toutes les autres pies-grièches ne s*avancentle plus souvent que jusqu'à l'origine de la queue , ce qui restreint singulièrement rétendue du vol de ces oiseaux, tan- dis que les langraiens, ayant des ailes fort longues qui dépassent souvent la queue, approchent des hirondelles pour la légèreté et la puissance du vol. Sonnerai est le seul auteur qui nous apprenne quelque chose des mœurs de ces oiseaux, en parlant de sa pie-grièche douiinicaine de Manille , qui est le langraien à ventre blanc ; mais il se borne à nous dire que cet oiseau se balance en l'air comme les hiron- delles, et qu'il est ennemi du corbeau, auquel il livre des combats tellement opiniâtres, et avec tant d'avantage par la facilité qu'il a d'échapper à son ennemi, que celui-ci finit ordinairement par s'éloi- gner, en lui abandonnant le champ de bataille. Ce genre renferme cependant plusieurs autres espè- ces, dont M. Vaîancienne a décrit les caractères, et pour quelques unes donné les figures ; mais ces espè- ces ne sont connues que par leurs dépouilles: recueil- i. Nom de ces oiseaux à Manille. LE LANGRAIEN A VENTRE BLANC. 1^5 lies à la hâte dans les lieux où les oiseaux ont été découveî'ls, on n'a pu observer ceux-ci vivants, et leur histoire reste conséquemment loule entière à tracer. Dans l'étude particulière queM.Valancienne a faite de ces oiseaux, il en établit six espèces qui sont tou- tes des Indes orientales. LE LANGRAIEN A VENTRE BLANC BuFFON parle de cet oiseau, qu'il connaissait par Sonnerat, pour indiquer les différences qui se trou- vent entre lui et les pies-grièches proprement dites, auxquelles Brisson l'avait associé; mais il ne le décrit pas. Sonnerat au contraire en donne une description sommaire , qui en fait connaître les traits principaux , c'est-à-dire la taille et les couleurs, indiquant suffi- samment par le nom qu'il lui donnait, le genre auquel il pensait devoir le rapporter, et par conséquent ses caractères génériques. C'est Brisson qui en a donné une description complète d'après un individu du Cabinet de l'abbé Aubri, qui venait de Manille. 1. Ocypterus leucogaster. Valent. Mém. du Mus., tora. VI, pag. 21, pL 7, fîg. 2. La Pie-griêclie dominicaine des P/iUippines, Sonnet at,yoyag. à la Nouvelle-Guinée, p. 55, pi. 25. Langraien, Buff., torn. V\\u-[\° , pag. 3io. — Kdit, Pillot , lom. XIX, pag. 253. La Ple-grièche de Ma- nille, Brisson, tom. II , pag. 180 , pi. 18, fig. 2. 1^6 LE LANGRAIEN A LIGNES BLANCHES. Depuis, celte espèce a été envoyée de Timor, et se trouve assez communément dans les collections. Elle a sept pouces du bout du bec au bout de la queue; la tête , le cou, les ailes et la queue sont d'un gris d'ardoise ; le dos et les grandes couvertures des ailes sont d'un brun sale; la poitrine, l'abdomen et les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont blanches; les pennes des ailes et de la queue sont d'un gris-blanc en dessous ; le bec est bleuâtre , et les pieds sont noirs. Il y a quelques différences entre cette description , celle de Sonnerat et celle de Brisson, en ce que le premier dit que toutes les par- ties supérieures, le cou et la poitrine sont noirs ^ et que Brisson dit seulement que les parties supérieures sont noirâtres, ce qui s'accorde mieux avec ce que nous venons de rapporter; mais il ajoute que le bec est gris-blanc; or, ce sont ces différences qui ont porté Gmelin à faire son Lanius dominicanus de l'oi- seau de Sonnerat , et son Lanius leucorhyncos de celui de Brisson. LE LANGRAIEN A LIGNES BLANCHES^ Cet oiseau est d'une taille égale à celle de la pie- grièche écorcheur; une couleur brune, beaucoup plus foncée sur le dos et les petites couvertures des ailes, est répandue sur la tele, la poitrine et le ven-? l. Ocypterus a(bovitlaius,\ii]. mém. mus., pi. 8, fig. i. LE LANGRAIEN A LIGNES BLANCHES. I^y tre ; ses ailes longues et pointues atteignent l'extrë - mité de la queue; en dessus, un bleu d'ardoise les colore; en dessous, leur partie antérieure est blan- che, mais le reste de leur longueur est gris; le bord externe des seconde , troisième et quatrième rémi- ges est d'un blanc pur, et quand les ailes sont fer- mées, ces bords blancs réunis forment, sur chacune d'elles, une bandelette longitudinale blanche; la queue , légèrement arquée , est d'un beau noir, ainsi que ses couvertures supérieures et inférieures; cha- cune des pennes qui la composent, les deux média- nes exceptées, est terminée par une tache blanche ; un bleu foncé règne sur la plus grande partie du hec, mais la pointe ainsi que les pieds sont noirs. Le plumage de cet oiseau, dans son premier âge, est, sur la tête, le dos et les parties inférieures, d'une couleur roussâtre grivelée de taches blanches ; cha- que plume des petites couvertures des ailes est ter- minée par une tache noirâtre avec un point blanc sur le milieu de la pointe; la couleur blanche de l'extrémité des pennes caudales est liserée de noi- râtre; le bec est plus court que dans l'adulte; sa base est blanche et sa pointe brune. Cette espèce a d'abord été envoyée de Timor au Muséum d'histoire naturelle, par Maugé, naturaliste, mort dans le voyage de Baudin; depuis on l'a reçue de la Nouvelle-Hollande. «JLVIER. II. 1^8 I-KS CASSICANS. LES CASSICANS*. BuFFON trouvant de la ressemblance entre un oiseau de la Nouvelle-Guinée , qu'il avait reçu de Sonnerai, les cassiques et les toucans^, imagina que ce nom de cassican serait propre à rappeler ces rapports à lesprit. Malheureusement ces ressemblances n étaient que fort légères; car les toucans appartiennent à un autre ordre que les cassicans, et les cassiques, quoi- que de Tordre des passereaux . sont de la famille des conirostres, c'est-à-dire des oiseaux à bec conique, et non point de celle des oiseaux à bec denté ou den- tirostre : ce nom de Cassican serait donc plus propre à égarer l'esprit qu'à réclairer.s'il avait conservé sa signi- fication, et c'a presque toujours été la destinée des noms significatifs , même lorsqu'ils exprimaient des caractères positifs , des particularités organiques sen- sibles à la vue ; à plus forte raison l'est-elle quand ils n'expriment que des rapports. Les traits distinctifs des cassicans consistent dans un bec grand, conique, droit , rond à sa base , enta- mant les plumes du front par une échancrure circu- laire, arrondi au dos, comprimé sur les côtés, à pointe crochue et échancrée latéralement; des nari- i. Baritaj Guv.; Cracticus, Vieill. '2. Tom. VII, in-4% pag. i54.— Édit. Pillot, tom. XXV, pag. loo LE CASSICAx\ VARIE. 1^9 lies ovales, petites, linéaires, nues, et n'étant point entourées d'une partie membraneuse; la seconde et la troisième penne de l'aile plus longues que toutes les autres. Ce sont des oiseaux qui ont été découverts à la Nou- velle-Hollande et à la Nouvelle-Guinée, mais qui, n'ayant fait le sujet d'aucune observation à l'état vivant , nous laissent dans une profonde ignorance sur leurs mœurs, que la forme de leur bec fait sup- poser être analogues à celles des pies-grièches. Ce genre se compose aujourd'hui de cinq ou six espèces, à la tête desquelles se trouve celle que Buf- fon a fait représenter , dans ses planches enluminées n® 62S , sous le nom de Cassican de la Nouvelle-Gui- née, et dont il se borne à donner les mesures dans son texte ; nous suppléerons à ce qui manque à la description de cette espèce , et nous en ferons con- naître en outre une ou deux autres. »»ftp»ei» a» 8^8'» »»»»«»»» »»p»»»»ft»«l9'«e»»*«»»r«8!e<»»***» LES CALYBES'. Les calybés ont de grands rapports avec les cassi- cans : pendant long-temps ces oiseaux ont été réunis dans le môme genre. Ils sont des mêmes contrées, et ont probablement le même genre de vie ; mais quoi- que le bec des calybés ait la môme forme que celui des cassicans, il est moins gros à sa base, et les na- rines des premiers sont percées dans un large espace membraneux qui ne s'observe point chez les seconds. Mais ce qui surtout fait distinguer ces oiseaux, c'est qu'avec des systèmes d'organes à peu près semblables, les uns sont revêtus du plumage le plus riche, com- posé de plumes d'une structure toute particulière, tandis que, sous ce rapport, les autres n'ont rien que d'ordinaire. Cet éclat du vêtement , qui établit une analogie remarquable entre les calybés et les oiseaux de paradis , avait porté les premiers observateurs à les réunir à ceux-ci, malgré les nombreuses différences qui les séparaient d'ailleurs. Depuis, les formes du bec ayant prévalu, comme caractères génériques, on vit réunir ces oiseaux aux cassicans; et ce n'est qu'après une troisième comparaison, qu'après que toute prévention a eu cessé d'agir, et que l'esprit a pu retrouver son entière liberté, qu'on en a formé î, Calybœusj Cuv.; Vlwny^anui, LcbS. l84 LE CALYBÉ DE PARADIS. un groupe naturel distinct de tous les autres grou- pes de la même famille. Les espèces de ce genre consistent dans le calybé de paradis, et dans le calybé cornu ou deKëraudren; mais ce dernier, remarqua- ble par plusieurs circonstances de son pelage, pourra peut-être rester le type du genre phonygame de M. Lesson, que ce naturaliste avait d'abord distingue de tous les autres genres de la famille, mais que de- puis il a considéré comme identique à celui des caly- bés, que mon frère a fondé sur le cassican calybé, et auquel, à la vérité, il a réuni ce phonygame que M. Lesson , dans le voyage de la Coquille^ a fait graver sous le nom générique de cassican. LE CALYBE DE PARADIS*. C'est Sonnerat qui le premier a publié une descrip- tion de ce bel et brillant calybé; il le découvrit à la Nouvelle-Guinée, et, principalement frappé parle plumage éclatant dont cet oiseau est revêtu, et par la nature des plumes qui le composent en partie, il le prit pour un oiseau de paradis, et le nomma oiseau de paradis vert. C'est BulTon qui le nomma calybé, 1. Paradisea viridis , GmeL; Cal. paradisœus, C.\.; l'oiseau de pa- radis vert, Sonnerat, Vojag. à la NouvcIlc-Guinée , pag. i64, pi. 9g; le Calybé de la Nouvelle- Guinée, Buff. , pi. euL 654 ; Vaillant, ois. de paradis, pag. 64, pi. 20; Vieillot, ois. de paradis, n" 10; Cassican Calybé, Lesson, Man. d'ornilh. , lom, I, pag. i4o. LE CALYBE DE PARADIS. 1 85 en en donnant la figure dans ses planches enlumi- nées d'après l'individu même rapporté par Sonnerai. Depuis, Vaillant et Vieillot en ont donné chacun une nouvelle figure et une nouvelle description dans leurs oiseaux de paradis. Enfin, M. Lesson en a donné une histoire abrégée dans son Manuel d'ornithologie. Il résulte de ces divers renseignements, plus ou moins originaux, mais surtout de celui de Sonnerat, que ce calybé a douze à treize pouces de longueur du bout du bec à l'extrémité de la queue qui a cinq pouces, et que lout son plumage très foncé présente, étant éclairé, les reflets les plus riches, bleus, vio- lets, verts, plus ou moins dorés ou argentés, suivant que le jour le frappe. C'est à la contexture de la face supérieure des plumes que ces merveilleux effets sont dus; car, en dessous, elles sont du noir terne qu'elles paraissent avoir quelquefois en dessus, mais ne dé- composent point la lumière. Le bec et les pieds sont noirs et l'iris est rouge. M. Lesson, outre le calybé brillant de Sonnerat, trouva à la Nouvelle-Guinée un oiseau qui n'en différait absolument que par des teintes beaucoup moins ri- ches ; aussi ne les distingue-t-il point spécifiquement : il considère ces oiseaux comme de simples variétés l'une de l'autre, et nous apprend que le calybé vit solitaire, qu'il se tient dans les forets, perché sur les grands arbres, où il trouve à la fois des fruits et des in- sectes. l86 LE CALYBÉ OORNU OU DE K É R A L D 1'. K i\ *•e»»f^»^9♦e«o«e«»•»**we*.'o««^^ff««rt>««o«'•«»*•*e«ft^'^<^«^«^*8tfte«e♦»e9*e*«»«(>*8*»(>e«e«'e•te-9«.e<*■ LE CALYBE CORNU DE KÉRAUDREN^ Nous ne pouvons mieux faire que de tirer l'histoire de cette espèce de M. Lesson, qui jusqu'à présent nous paraît être le seul auteur qui l'ait décrite. Ce bel oiseau, dit M. Lesson^, a douze pouces de longueur totale, du bout du bec à l'extrémité de la queue. Les plumes qui revêtent la tête, les narines et les joues, sont courtes, serrées, et donnent à ces parties l'apparence de velours. Leur teinte est d'un noir passant au vert sombre doré, suivant les effets de la lumière. Deux liuppes , séparées Tune de l'autre, occupent les parties latérales et postérieures de l'oc- ciput ; elles sont minces , triangulaires , et formées de plumes effilées, linéaires. Le cou est garni de plumes imbriquées, triangulaires, qui deviennent linéaires dans sa partie antérieure. De plus, ces dernières se terminent par une petite soie qui devient plus appa- rente sous la gorge. La tige et la partie inférieure de ces plumes sont d'un noir brun ; le reste est d'un vert à reflets métalliques. Les plumes de l'abdomen ont 1. Caiybeus cornutus, C. V.; Phonygama Keraudrenii, Lesson, Man. d'ornilh. et Voyag. de la Co(jnille. Cassican de Kéraudren, Voyag, de la Coquille, \A. i3. 2. Voyag. de la Coquille , pig. (Jo6. LE CALYBÉ CORNU OU DE KÉRAUDREN. T 87 lenr tige très grêle, garnie de barbules fines et lâches, ce qui leur donne un caractère particulier de dou- ceur, et elles sont d'un vert sombre. Le dos, revêtu de plumes semblables à celles des parties inférieures, est d'un vert chatoyant. Les ailes et leurs couvertu- res, le croupion et le dessus de la queue sont d'un vert bleuâtre. Le côté interne des pennes des ailes et de la queue est d'un brun terne , tandis que leur face inférieure est noirâtre. Le bec et les pieds sont noirs. La base des doigts est élargie par un rebord mem- braneux. La trachée-artère de cet oiseau mérite un examen particulier. Ce tube est composé de cent à cent vingt anneaux cartilagineux , réunis par une membrane que produit sa tunique extérieure mince et diaphane, et il a dix-sept pouces et demi de longueur, c'est-à-dire qu'il est beaucoup plus long que le corps de l'animal. Pour trouver une place, cet organe, en sortant des poumons , se dirige , monte le long du sternum, passe par le bord antérieur de cet os, et vient se placer et rouler trois fois sur lui-même , entre les muscles pec- toraux et la peau; il remonte ensuite en ligne droite pour se terminer au larynx. Il résulte de cette orga- nisation, que la voix de cet oiseau est un véritable cbant, et on reconnaît toujours par là sa présence dans les forêts. Les sons qu'il fait entendre sont clairs, et passent successivement par tous les tons de la gamme. C'est un oiseau très défiant et très rare. 11 fut ren- contré à la Nouvelle-Guinée, dans les grands arbres qui avoisinaient le havre Dorery. Les Papous le nom- ment Mansinème et Issapc. 85 LES BÉCARDES. »e*>»*»«e<»»»a«»»e«»»»*««»»»«0«»»e<*««<»«e««»e«e«e«»6Me«««««a«e«'««»« LES BECARDES'. BuFFON, comme il nous Tapprend^, a donné ce nom de bécarde à un oiseau voisin des pies-grièches, à cause de la grosseur et de la longueur de son bec. En efl'et , les bécardes sont remarquables par leur bec conique, très gros, rond à sa base, nes'avançant point sur le front, légèrement comprimé à sa pointe, la mandibule supérieure se terminant par un crochet pointu, derrière lequel se trouve une petite échan- crure; la mandibule inférieure est pointue, et ne se relève point à son extrémité. Mais Buffon a donné ce nom de bécarde à deux autres oiseaux qui ne sont pas du môme genre que sa bécarde, et appartiennent même chacun à un genre différent. Cette erreur, au reste, était assez naturelle à l'époque où écrivait Buflbn; car nous trouvons encore des auteurs qui ont écrit long-temps après lui et dont l'objet spé- cial était la classification, ce qui n'était nullement le sien, faire encore des pies-grièches de tous ces oi- seaux. Toutes les espèces de ce genre sont de l'Amérique méridionale, où elles vivent à la manière de nos pies- grièches, sans cependant qu'on ait des renseigne- ments bien certains sur leur naturel. L'espèce dont 1. Psaris, G. V.; Tityru, Vieill. ; Pachyvkyncus, Spix. 2. Tom. I"j in-4". pag. ou. — Kdil. Pillol, lona. XIX, pa;;. 254- LA BÉCARDE GRISE. 1 89 parle Buffon est représentée dans ses planches enlu- minées sons les numéros 5o4 et 5-7 ; il ne la décrit pas , se bornant à quelques mots sur les couleurs, et à exprimer sa pensée , que le premier de ces oiseaux est le mâle , et le second la femelle. Nous supplée- rons, par une description plus complète, au silence de Bufibn. LA BECARDE GRISE'. La bccarde grise a sept pouces et demi de longueur de la pointe du bec à l'extrémité de la queue ; celle-ci , la tête et le dessus des pennes aîaires sont d'un noir profond. Une tache de la même couleur se fait re- marquer sous la gorge à la base de la mandibule infé- rieure. En dessous, la partie antérieure de Taile est du blanc le plus pur, mais les rémiges et les pennes secondaires, d'abord grises, deviennent noirâtres vers leur extrémité. Un joli gris de perle est répandu sur le manteau , tout le reste du plumage est d'un gris blanc plus ou moins foncé. La moitié supérieure du bec est noire, sa base, ainsi que l'espace nu autour de l'œil , sont d'un très beau rouge. 1. Psans cajanus. La Pie-grièche grise de Cayennc, pi. enl. 5o4 ; te Piegriéche tachetée de Cayenne, pi. cnl. 077. PachyrJvyncus cayanus , Spix. , pi. 44- Cg- !• Tityra cynerca , VieilL , Gai, pi. i54- ]()0 LA BÉCARDE GRISE. Les tarses sont cendrés et les ongles noirâtres. Telle est la coloration du plumage du mâle adulte. La femelle a les ailes et la queue d'un noir moins foncé que celles du mâle ; le dessus de la tête et le derrière du cou sont tachés de noir sur un fond gris roussâtre ; les grandes couvertures des ailes sont gri- ses, bordées de blanc , avec leur baguette noire. Les plumes des parties inférieures sont blanchâtres mar- quées d'une tache longitudinale noire sur leur milieu. Les mâles encore revêtus de la livrée du jeune âge, ressemblent aux femelles, si ce n'est la couleur noire de leur tête qui les en distingue toujours. La bécarde grise vit à Cayenne ; c'est une des es- pèces les plus répandues dans les collections, et sur les mœurs de laquelle cependant nous ne possédons aucun renseignement. LES CM OU C Ain S. LES GHOUGARIS*. Ces oiseaux, par leur forme générale, ont avec les corbeaux et les rolliers des analogies qui les ont fait souvent rapporter aux mêmes genres ; et quoi- qu'il ne soit pas toujours facile de distinguer les becs coniques dentés des becs coniques non dentés, tant sont petites les dimensions auxquelles la dent est quelquefois réduite , tant l'échancrure qui la forme est peu sensible , cependant l'incertitude ne peut point encore exister pour les choucaris ; ils ap- partiennent certainement au sous-ordre des denti- rostres. Leur caractère consiste dans un bec crochu et échancré à sa mandibule supérieure, moins com- primé que celui des pies-grièches, dont l'arête supé- rieure est aiguë et également arquée dans toute sa longueur. Ce sont , comme les cassicans et les calybés , des oiseaux de la Polynésie; mais ayant été recueil- lis par les voyageurs sur les côtes où ils ont abordé, on n'a pu apprendre à connaître que leurs formes et leurs couleurs ; aussi est-ce à ces notions super- ficielles que se borne tout ce que nous en savons. C'est, au reste, une connaissance préliminaire, in- dispensable aux autres sujets de recherche dont ces t. Graucalus , Cuv. 1^2 LES CHOUCARIS. oiseaux peuvent être l'objet, et que Ton doit consi- dérer, sinon comme leur histoire , du moins comme ce qui doit en faire l'introduction. Cinq ou six espèces ont déjà été rapportées à ce genre, et parmi elles plusieurs se distinguent par la beauté de leurs couleurs. Cependant tous les natura- listes ne les ont pas réunis de même génériquement. Je n'examinerai point les motifs de leur dissentiment à cet égard, et me bornerai, sur la détermination des espèces de choucaris, aux indications de mon frère. Parmi les oiseaux de ce genre il s'en trouve deux que BufTon a fait représenter dans ses planches en- luminées, n° 629 et 65o, et dont il a donné une description sommaire^. L'un et l'autre venaient de la Nouvelle-Guinée, d'où ils avaient été rapportés par Sonnerat; Buffon nomme le premier choucas, et le second choucaris : aussi est-ce ce dernier qui peut être considéré comme type du genre. Vieillot, depuis BufTon, a donné du choucaris, sous le nom de Cora- cine choucaris , une nouvelle figure et une descrip- tion qui ne s'accordent pas^. Nous ne reviendrons plus sur ces espèces , pour donner une idée de quelques autres plus remarqua- bles, sinon mieux connues; je veux dire , le drongo azuré, et un ou deux pirolls de M. Temminck. 1. Tom. m, in-4%pag. 80 el 81.— Edit. Pillot, tom. XXl, pag. G7. 2, Gai., pag. 179, pL 110. E CHOU C A lus AZURE. IQj LE CHOUGARIS AZURE\ Ce magnifique oiseau se trouve à Java et à Sumatra, où , suivant M. Horsfield, il habile les forets des lieux élevés et montagneux, loin des hommes et de leurs habitations. Sa nourriture consisterait en fruits et en graines. A Java , c'est dans les parties occidentales que cette espèce se rencontre le plus communément ; dans tous les autres districts , elle est peu répandue ou très rare. Il paraîtrait qu'à Sumatra cette espèce de- vient plus grande, et acquiert un plumage plus bril- lant que dans les îles voisines ; c'est du moins ce qui semble résulter de la comparaison qu'on a faite des individus originaires de ces diverses contrées. Ce beau choucaris était déjà connu de Latham , qui lui avait donné le nom de puclla en le plaçant parmi ses rolhers, lorsque M. Horsfield en donna de nou- veau une description avec deux figures , celle du mâle et celle de la femelle ; et M. Temminck l'a décrit une troisième fois , et en a fait représenter le mâle dans son plumage complet, le mâle en mue et la feuielle. C'est là l'avantage qu'ont, sur tous les autres oiseaux , ceux dont le vêtement riche de brillantes couleurs est propre à attirer l'attention; on les recueille avec soin, on les rassemble en grand nombre, croyant ne 1. Edotius puetlus, Reinwald.; Drongn azuré, Temm., pi. col. d'ois. , n° 70, pag. 225 et 47^- I>'ena pudiu, Horsfield, zool. leschar. in Java. ctviER. ri. i3 194 LE CHOUCARIS AZURE. pouvoir trop faire connaître des êtres plus propres que tout autre à exciter notre admiration , et à nous faire apprécier la grandeur et la magnificence des œuvres de la nature. Deux seules couleurs se partagent le vêtement du clîoucaris azuré : le bleu et le noir; mais le bleu a tant de pureté et d'éclat , et le noir lui-même est si noir et si brillant, que les yeux, après avoir long- temps contemplé la première de ces couleurs , trou- vent encore un plaisir vrai dans la contemplation de la seconde. Ce sont les parties supérieures du corps ainsi que les couvertures supérieures et inférieures de la queue qui sont bleues chez le mâle. Toutes les autres parties sont noires. La femelle est entièrement d'un bleu gri- sâtre, à l'exception de la queue et des grandes pennes des ailes qui sont d'un noir terne. Dans l'individu en mue le vert se mêle irrégulièrement au bleu sur tout le corps. Les pennes des ailes sont noires. LE CHOU CARIS DE LA. CHINE. 1 9;) •♦«♦î-^si^a^*»»****»®*?*»*»»» LE CHOUCARIS DE LA CHINE*, ET LE CHOUCARIS THALASSIN^ Ces oiseaux connus depuis long-temps, mais con- sidérés comme de simples variétés d'une même es- pèce , classée communément parmi les rolliers , ainsi que tant d'autres oiseaux de la famille des dentiros- Ires, ont été distingués spécifiquement par M. Tem- mînck. A l'aide des nombreux individus de l'une et de l'autre de ces espèces qu'il a été a portée d'exami- ner, il a reconnu que les traits caractéristiques de l'une ne se confondent jamais, à aucun âge, dans aucun sexe et dans aucune saison, avec les traits caractéris- tiques de l'autre; et, pour arriver à ce résultat, il ne fallait rien moins que la comparaison détaillée et com- plète qu'il a pu faire de ces oiseaux; car leurs dif- férences sont légères , et dans la constance qu'elles affectent, bien établie par M. Temminck, on était fondé, par de nombreuses analogies, à ne point prendre ces choucaris pour des espèces distinctes; car la ressemblance que ces oiseaux ont entre eux ne surpasse pas celle qu'on rencontre souvent entre les espèces des genres très naturels. C'est pour bien 1. Rallier de la Chine, Buff., pi. cul. G20. Coracias sinenais, Grncl. 2. Piroll. t/ialassin, 'IVinm, }g6 LE CHOUCARIS DE LA CHINE. faire sentir les ressemblances et les différences du choucaris de la Chine et du choucaris tbalassin , que nous les avons réunis dans le même article, pouvant par là faire suivre plus immédiatement la description de l'un de la description de l'autre. Le choucaris de la Chine est généralement vert , plus pâle en dessous qu'en dessus ; une huppe le cou- ronne ; l'œil est environné d'une tache noire qui descend sur le cou ; les ailes sont noirâtres avec les dernières grandes pennes blanches à leur extrémité. Les pennes vertes de la queue qui est étagée , et dont la longueur est presque égale à celle du reste du corps, sont terminées de blanc. Le bec et les pieds sont ronges. Le choucaris tbalassin est d'un vert céladon bril- lant; une huppe orne sa tôte , et une bande noire, qui prend naissance vers le bec et passe sur l'œil , vient se réunir sur l'occiput à la bande du côté opposé. Les ailes sont entièrement d'un brun mordoré très vif, à l'exception des pennes secondaires les plus rap- prochées du corps qui sont vertes; aucune tache blan- che ne s'y montre , et il en est de même de la queue qui , également étagée, est entièrement verte. L'iris, le bec et les pieds sont d'un beau rouge vermillon. On voit que, quant aux couleurs, les différences sont sensibles; elles le sont encore quant aux pro- portions de certaines parties et à la taille. Le chou- caris tbalassin a onze à douze pouces de longueur to- tale ; le choucaris de la Chine est sensiblement plus petit; de plus, le premier a un bec proportionelle- ment plus fort , et une queue beaucoup plus courte que le second. LE CIIOUCARIS VÉLOUTK. \^r La femelle du choucaris thalassia ne diffère point du mâle. Les jeunes de Tannée, au contraire, ont le bec et les pieds noirs, les ailes rousses , et tout le reste de leur plumage est d'un bleu clair blanchâtre; et c'est en s'avivant qu'elle passe au vert céladon. Cette espèce se trouve à Java et à Sumatra. LE CHOUCARIS VELOUTÉ'. Cet oiseau de la Nouvelle -Hollande et des îles voisines forme le type du genre piroîl de M. Tem- minck, genre dont les caractères rentrent dans ceux des choucaris à de légères exceptions près, insuffi- santes pour servir de fondement à un genre particu- lier. C'est pourquoi mon frère a réuni cette espèce à ses choucaris avec lesquels elle a en effet les rapports les plus étendus , car elle en a le bec et les pieds. M. Ruhl, que les sciences naturelles ont eu le malheur de perdre par une mort prématurée , a le premier fait connaître cet oiseau d'une manière exacte; seulement il le considérait comme devant former un genre nouveau dans la famille des cor- beaux, et il donnait à ce genre le nom de ptilorhyn- chuSj, à cause des plumes veloutées qui garnissent la base du bec de l'espèce sur laquelle il l'établissait, c'est-à-dire , de son ptilorhynchm holosericeus qui est le choucaris velouté. 1. Kitta holosericea , Temm. , pi. ogô ci^'22> igS LE CHOUCAHIS VELOUTÉ. Le mâle de cette espèce est entièrement revêtu d un plumage à reflets métalliques, tantôt bleu , tantôt vio- let, quelquefois noir, suivant que la lumière le frappe relativement à l'œil qui le regarde. Les grandes pen- nes et une partie des pennes secondaires des ailes et la queue sont d'un noir foncé mais terne , et les pieds ainsi que le bec sont jaunâtres ; enfin les petites plu- mes de la base du bec dont nous venons de parler, et qui ne s'observent que chez les mâles, sont courtes, soyeuses et serrées les unes contre les autres , de ma- nière à donner l'apparence de velours aux parties qu'elles revêtent ; et ces plumes cachent entièrement les narines. Les femelles diffèrent considérablement des mâles. Elles sont entièrement verdâtres» Aux parties supé- rieures de leur corps, cette couleur est mélangée de cendré ; et sur les ailes et la queue le vert est mé- langé à du roux qui domine. Toutes les parties infé- rieures sont d'un vert cendré blanchâtre varié de taches brunes , plus grandes sur l'abdomen que sur le cou, qui simulent des écailles. Les pieds et le bec sont bruns. La longueur totale de cet oiseau est de douze à treize pouces. LES BKTHYLES, 1 9Q LES BETHYLES\ Ces oiseaux se fout surtout remarquer par leur bec gros , court, bombé de toute part, et légèrement comprimé vers le bout. Les troisième et quatrième peanes des ailes sont les plus longues, et les doigis extérieurs sont réunis parleur base au doigt du mi- lieu. La queue est élagée. On n'en connaît encore qu'une espèce qui est de Cayenne. LE BÉTHYLE BICOLORE. Vaillant est l'auleur qui a donné de cette espèce la descripùori la plus détaillée. Elle est, dit-il, de la grandeur de notre pie-grièche grise d'Europe, mais plus épaisse de corps. Les couleurs de son plumage sont le noir et le blanc très pur, distribués avec assez d'harmonie pour former à cet oiseau un vêtement fort agréable. Sa tête, son cou , sa poitrine sont d'un beau noir lustré; les plumes du haut de la poitrine 1. Betliylus , Guv.: Cissopis, Vieillot. 2. La Pie-griéche, Vaillant , ois. d'Afriq., lom. H, pag. 33, pi. Go. 7 M ("os ni eut us . Lath. Laniua picutus , Lath ;iO() Lli F.ETHYLE BICOLOR. sont remarquables par leur forme allongée et étroite. Tout le reste du dessous du corps et les couvertures du dessous de la queue sont blancs. Le manteau, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont du même blanc , tandis que les ailes et la queue sont du noir de la tête et du cou ; seulement des taches blanches varient le noir des ailes, et une sem- blable tache termine chacune des pennes de la queue. Le bec, les pieds et les ongles sont noirs. Mon frère considère comme très rapproché des béthyles , mais avec un bec un peu plus comprimé , un oiseau qui ne se range nettement dans aucun iiutre sous-genre de la famille des pies-grièches ; c'est celui dont Vaillant a donné une description et une figure sous le nom de grande pie-grièche^, quoi- qu'il la regardât lui-même comme assez différente des pies-grièches proprement dites, pour présenter le type d'un groupe particulier. Cette espèce est de la taille de notre merle, mais sa queue est aussi longue que son corps. Un gris cen- dré uniforme colore entièrement sou plumage, à l'ex- ception d'une tache allongée roussâtre qui s'étend de chaque côté de la tête en passant au dessus de Fœil comme une sorte de sourcil. Le côté externe des pennes des ailes et le bout des pennes de la queue sont aussi quelque peu roussâtre. Vaillant ignorait l'origine de cet oiseau , dont il ne possédait que les dépouilles. j. Ois, d'Afriq,, pag. ii8, pL 78. LES 1»AUDAL0TES. 201 •«.>« ««M «4 «««««««« e««a >M ««»« < 7C 1 LES PARDALOTES En arrivant à la fin de la famille des pies-grièches, nous arrivons à des oiseaux qui ne nous rappel- lent plus par leurs apparences extérieures ceux que nous avons fait connaître jusqu'à présent. Les parda- lotes, en effet, rappellent beaucoup plus notre roi- telet à la première vue , qu'aucune des espèces des divers sous-genres que nous venons de parcourir. Les quatre ou cinq espèces qui sont connues ont à peine trois pouces de longueur chacune, et une queue et des ailes si courtes qu'ils doivent volti- ger plutôt qu'ils ne doivent voler. Toutefois lors qu'on les considère attentivement, on voit que l'ap- parence chez eux était trompeuse et qu'ils se distin- guent des roitelets par des modifications organiques très importantes. Ainsi leurs caractères génériques consistent en un bec très court , gros, dilaté à sa base, ayant une arête distincte sur la mandibule supérieure, et les deux mandibules presque également fortes et de la même longueur, toutes deux convexes et un peu obtuses, mais la supérieure fortement échancrée. Leurs na- rines sont ouvertes à la base et sur les côtés du bec; elles sont petites , nues et couvertes d'une membrane. Les pieds sont grêles , et leur doigt externe est dans i. Pardulotas , Vicill 202 LE PARDAI.OTE POINTILLÉ. la moitié de sa longueur réuni au moyen. Enfin, les deux premières pennes des ailes sont les plus longues de toutes, sans être toujours absolument égales. Les pardalotes les mieux connus viennent des îles de îa Sonde et de la INouvelIe-HoIJande ; M. Tem- minck dit cependant que deux espèces ont été dé- couvertes au Brésil. Ce sont en général des oiseaux agréablement vêtus et de proportions élégantes. t *< *-• i»«ja»>:i»e**i*i9« LE PARDALOTE POINTILLES Latham mentionne celle espèce dans son Index ornithoiogicus; mais c'est à M. Temminck que nous en devons une bonne description et une bonne tl- gure. Le mâle de cette espèce, dit ce naturalite, a la tête couverte dune huppe touffue formée de plumes noires marquées d'une tache ronde et blanche à leur pointe. Toutes les plumes du manteau et du dos sont couleur de feuille morte et bordées d'un liséré noir; le croupion est d'un marron rougeâtre, et les couver- tures du dessus de la queue sont d'un roux vif. Les ailes et la queue sont noires, avec des taches rondes blanches, les plumes de toutes les couvertures et de toutes les pennes étant terminées par une sem~ 1. Pardaioius punctaius , Pipra punciata, L^ih. ; Pardaloic pcintdlf, Temm., ois. coL, |)L 78. LE PARDALOTE POIGNARDE. 20J blable tache. La gorge , ie devant du cou et les cou- vertures inférieures de la queue sont d'un beau jaune, les joues et les côtés du cou d'un cendré pointillé de noirâtre; uq large sourcil blanc passe sur les yeux. Le ventre, les flancs et l'abdomen ont une teinte isa- belle plus ou moins foncée ou brunâtre. La femelle a les mêmes couleurs générales que le mâle , mais elles sont moins pures, moins vives; leur caractère le plus marqué consiste dans les taches rondes de leur huppe qui sont jaunes au lieu d'être blanches. Ces oiseaux sont originaires de la Nouvelle- Hollande. »<8ia»8»o^«»aga'»»8»»»»a'»»»ai»»9»»oi»»8iC'tt» S'sfra'X'fttt^ LE PARDALOTE POIGNARDE*. C'est encore M. Temminck qui nous fait connaître cette belle espèce de pardalote, originaire de Java, que M. Yan-Hasselt y découvrit. Une couleur bleue très foncée, et dont la teinte est plombée, couvre toutes les parties supérieures de cet oiseau, c'est-à-dire les ailes, les joues et les côtés du cou; une bande d'un rouge pâle orne le sommet de sa tête. Toutes les parties inférieures sont d'un beau jaune jonquille, à l'exception d'une tache rouge, couleur de sang sur la poitrine. Une ligne blanche , en forme de moustache, sort des coins du bec , et s'étend sur les côtés de la tête. 1. PardaLolus percussus , Teriini., pi. col. dois., u" 094» fig. 2. 204 IV. PARDAtOTE PARÉ. LE PARDALOTE PARE*. C'est encore au même naturaliste que nous de- vons la connaissance de cette troisième espèce. Le sommet de la tête, les ailes et la queue sont noirs, mais les plumes de la tête ont des lignes d'un blanc pur; celles des ailes sont marquées d'une pe- tite raie rouge ponceau , et quelques unes de leurs pennes ont une bordure mordorée. De larges sourcils blancs surmontent les yeux, et tranchent sur le jaune vif qui colore l'intervalle de l'œil au bec. Les joues sont variées de blanc et de noir; le dos est cendré verdâtre , le croupion couleur de feuille morte ; la gorge, le milieu de la poitrine et les côtés des flancs sont d'un jaune vif; le milieu du ventre est blanc, et sa partie postérieure cendrée; le bec et les pieds sont noirs. Cette espèce vient, comme la première, de la Nou- velle-Hollande. i. Pardalotus ornaius, Temm., pi. coi. d'ois. , u° 394, fig. ». \V\VV\\V\\\V\VV\'kV\VVVVVV\AVVV\'V\\VV\A\\/«^'\A/ \^\V»VVV\\\'\\VVA'VVVVVVVVV\'\'\'V'VV\/V\\\VV\\\'VV\* LES OISEAUX DE PROIE NOCTURNES. C'est par ces oiseaux que Bufîon termine son his- toire des oiseaux, qu'il considère comïuo oiseaux de proie; et dans le discours qu'il place à leur tête, nous le voyons exposer avec beaucoup de vérité les mœurs des sept espèces qui se trouvent en France*, et qu'il divise ensuite en deux sous-genres, les hiboux, oi- seaux dont la tète est garnie de deux aigrettes, et les chouettes, qui sont privées de ce caractère. Quant aux oiseaux de proie nocturnes étrangers qu'il con- naissait, mais principalement ceux d'Amérique, il est porté à ne les considérer que comme des variétés de celles d'Europe, occasionées par l'influence des climats; et, en effet, les couleurs du pelage des oi- seaux de nuit présentent si peu de différences, que cette erreur était naturelle à une époque où l'on ne connaissait pas encore tout ce qu'il pouvait y avoir de générique dans le vêtement des oiseaux. L'examen critique qui suit, et qui a pour objet d'établir les rap- ports des espèces dont il vient de parler, avec celles i. Le n-rand Duc^ le Hibou ou moyen Duc , le Scops ou petit Duc, ta Hulotte et le C liât- huant , V Effraye, la grande Chevêche et la petite Chevêche, Édit. Pillot, tom. XIX, pag. 272 et suiv. i>o6 LES OISEAUX DE PROIE NOCTURNES. dont parle Arislote, est rempli de vues aussi fines qu'ingénieuses; et si ses conclusions peuvent laisser quelques doutes, il ne faut l'attribuer qu'à la diffi- culté du sujet, difficulté qui n'a pu être encore en- tièrement surmontée jusqu'à ce jour, et qui ne le sera peut-être jamais, à cause de l'erreur fondamen- tale , qui a porté les anciens à ne point donner de description exacte et méthodique des animaux dont ils parlaient. La comparaison entre les caractères qui distinguent les oiseaux de proie nocturnes des diur- nes, par laquelle BufTon termine ce discours, pré- sente des idées justes, auxquelles la connaissance d'espèces plus nombreuses n'a fait apporter aucun changement. Aujourd'hui les oiseaux de proie nocturnes , qui forment une famille cosmopolite , sont partagés en huit ou neuf sous-genres. Ces sous-genres sont, i° ce- lui des HIBOUX [otus) qui ont un double cercle de plu- mes autour des yeux , deux aigrettes sur le front , une conque auditive, munie d'un opercule membraneux, laquelle s'étend en demi-cercle depuis le bec jusque vers le sommet de la tête, et dont les pieds sont re- vêtus de plumes jusqu'aux ongles. Le hibou ou moyen-duc^ représente ce genre dans BufTon ; 2"* les CHOUETTES {ulula) qui ressemblent aux hiboux, à l'exception des aigrettes dont elles sont privées , Buffon n'a connu aucune espèce de cette division, qui toutes sont étrangères à la France ; 5" les effrayes [strix) qui se distinguent des hiboux par leur bec allongé, comme celui des aigles, et ne se recourbant i. ïoin. I", in-4", p-'g. 542' — Edil. Pillot , toni. XIX , pag. 2 78. LES OISEAUX DE PllOIE NOCTIJIINES. 207 que vers sa pointe, et par l'absence d'aigrettes. L'ef- fraye de Buffon* en est le type; [\' ies chats-huants [symium) dont la conque se réduit à une cavité ovale de moyenne grandeur, qui n'ont point d'ai- grettes, et qui nous sont représentés par le chat-huant de nos provinces, et la hulotte qui, pour plusieurs auteurs, n'est qu'un vieux chat-huant mâle 2; 5" les DUCS [bubo) semblables aux chats-huants, mais pourvus d'aigrettes, et avec le cercle du tour des yeux moins marqué. Notre grand-duc^ fait partie de ce sous- genre ; 6" les CHEVÊCHES [noctiia) sans aigrettes, sans conque de l'oreille évasée, et avec le cercle du tour des yeux moins marqué encore que chez les ducs : les unes ont la queue longue et étagée avec des doigis emplumés, ce sont les surnies, d'autres, Icsharfangs, ont la queue courte avec les mêmes pieds, d'autres encore ont les pieds nus. Les premières nous sont représentées dans BufFon parle caparacoch^, les se- conds par le harfang et la petite chevêche ou che- vêche commune^; quant aux troisièmes BulTon n'en donne point d'exemples; 7° enlin les scops [scops) qui , avec de petites oreilles et des doigts nus, ont des ai«:reltes comme les ducs et les hiboux, et j^. ^ v.w.^.. . ^^ .^^ v....^, am sont représentés par le scops ou petit duc^. Pour achever de faire connaître les principales 1. Tom. I", in-4°, pag. 366, plauch. 26.— Edit. Pillot, tom. XIX, pag. 294, pi. 120. •2. Idem, pag. 358 et 362, pi. 25. — Idem j pag. 289. 3. Idem, pag. 332, pi. 22. — /cfem, pag. 272, pi. 122. 4. Idem, pag. 385. — Idem, pag. 3o8. 5. Idem, pag. 5i7 et 077. pi. 58. — Idem, pag. 00-2. 6. Idem, pag. 553. pi. 24. — /c/cm, pag. 287, pi. 122. 208 LES OISEALX DE TROIE NOCTURNES. modifications dont les oiseaiixde proie nocturnes sont susceptibles, modifications sur lesquelles ces divers sous-genres reposent, il ne nous resterait conséquem- ment qu'à décrire des chouettes et des chevêches à pieds nus; et nous pourrons ajouter la chouette à queue fourchue, celte modification de la queue ne se trouvant point parmi celles qui servent à caracté- riser les différents sons-genres dont nous venons de parier, et cependant nous l'avons déjà vue, et nous la retrouverons souvent encore employée comme ca- ractère générique. lom 2 / LA CHOUETTE GRTSE DU CANADA. '20C) LA CHOUETTE GRISE DU CANADA^ Le mâle de cette espèce a seize pouces de longueur. Les plumes de la tête , du derrière du cou et du dos, les couvertures des ailes et celles du dessus de la queue sont brunes rayées de blanc. Sur les épaules on voit 'des taches blanches qui se détachent d'un fond brun mêlé de roux. L'extrémité des pennes alaires et des rectrices est bordée de blan- châtre; leur face supérieure est coupée par des ban- des brunes à reflets violets qui alternent avec d'autres bandes d'un blanc roussâtre et plus étroites. Le blanc sale du dessous des ailes et de la queue est barré de brun. Un cercle de plumes écaiileuses, noirâtres, bordées ou tachées de blanc, encadre la face. Les plumes du disque de l'œil sont grises, rayées circuîairement d'un brun clair; leurs barbes supé- rieures sont fort allongées et extrêmement fines. Un trait noir, qui part du coin de l'œil , surmonte le bord supérieur de la paupière. La cire du bec est recouverte par des plumes effilées , de couleur grise et à points noirâtres. La coloration des parties inférieures est assez re- marquable : le cou et la poitrine sont rayés trans- 1. Strix nebulosa , Gmel., Vieill., Amer., pi. 17; Wils, tom. ÎV, pi. 33. La Chouette américaine , ulula nebulosa. r.rviKB. iT. i4 210 LA CHOUETTE GRISE DU CANADA versalement de blanc et de brun , tandis que les plumes blanches du ventre et des couvertures de la queue sont marquées sur leur milieu d'une tache longitudinale d'un brun marron. Les cuisses , les tarses et les doigts sont garnis d'un duvet soyeux d'une couleur blanchâtre , mêlé de brun clair. Les ongles blanchâtres à leur base, sont noirâtres sur le reste de leur étendue. Un beau jaune doré , dont les couleurs sombres du plumage relèvent en- core l'éclat, colore le bec. La femelle diffère du mâle par sa taille un peu plus considérable . par les larges taches blanches qui sont répandues sur ses ailes, et par le brun chocolat pur qui règne sur ses épaules. Cette chouette habite les Étals-Unis, le Nouveau- Jersey, la Caroline et la Pensylvanie où, au rapport de Wilson , elle est fort commune , surtout pendant l'hiver, dans les forêts qui bordent les vastes prairies du Schuyskili et du Delaware. On la voit fréquemment voler pendant le jour, et son cri a quelques rapports avec celui de l'épervier. Le plus ordinairement, elle se nourrit de rats, de souris et de menu gibier ; mais quelquefois aussi elle s'attaque à la volaille et aux jeunes lapins. Son nid , qu'elle construit sur les arbres, est com- posé de petites branches entrelacées d'herbe et de feuilles sèches ; les œufs qu'elle y dépose sont au nombre de trois, moins gros que ceux d'une poule> d'une forme plus ronde et parfaitement blancs. LA CnEVKCHE NUDIPEDi:. i? 1 l LA CHEVÊCHE NUDÏPÈDES La chevêche nudipède a de longueur totale sept pouces et demi. Un roux fauve , mêlé de brunâtre , est répandu sur sa tête , le derrière du cou, le man- teau et le dessus des pennes caudales ; le dessous de celles-ci est d'une couleur cendrée, traversée de quelques raies blanches fort peu apparentes. Les plumes qui recouvrent le front et le dessous de la gorge sont blanches rayées de brun roux. Sous la joue, se trouve une petite bande blanche bordée intérieurement de brunâtre. Quelques rayures dïai blanc roux se montrent sur les petites couvertures des ailes. Les rémiges sont brunes, tachées de blanc sur les deux faces des barbes externes. Le centre de chaque plume de la poitrine et du ventre est flammé de brunâtre ; sur les barbes blan- ches de ces plumes on aperçoit des petites rayures assez peu régulières, les unes brunes, les autres rousses, qui s'élargissent et deviennent plus distinc- tes à mesure qu'elles s'avancent vers la région anale. Le duvet roux des cuisses s'étend jusqu'au des- sous de l'articulation, sur le tarse dont le reste de l'étendue est parfaitement nu et de couleur brune. Les teintes du plumage de la femelle sont plus claires. Cette chevêche habite l'île de Portorico. 1. Slrixuudipcs, Daud. , Orailh. , t. II , p. i99,Vieill., Amer., pi. 16. 2\2 LA CHOUETTE A QUEUE FOURCHUE. «*e*.e*9**e««*«««««-*« »«««••*«♦• t LA CHOUETTE A QUEUE FOURCHUE*. Cette espèce ne se trouvant faire partie d'aucune des nombreuses collections ornithologiques de Pa- ris, c'est à la description et à la figure qu'en a don- nées M. Temminck dans le recueil des planches colo- riées, que nous avons recours pour la faire connaître. Les principaux caractères qui distinguent cette eflVaie américaine de l'effraie ordinaire, sont ses formes généralement plus robustes , ses serres plus fortes et plus faites pour saisir, ses tarses proportion- nellement plus longs, et sa queue fourchue. Sa longueur totale est de quatorze pouces. La coloration du plumage des parties supérieures est à peu près la même que celle du strtx flammea y c'est-à-dire d'une couleur fauve, ondée de gris de lin et de brun. La plus grande partie des pennes alaires et la queue , dont le dessus est coupé par trois bandes d'un brun pâle, sont blanches. Les rémiges ont deux ou trois bandes irrégulièrement marquées sur les barbes in- térieures, le bout antérieur seulement est couvert de zigzags. Une tache rousse indiquée dans la figure, et dont il n'est point parlé dans la description, se fait remar- i. Strix furcata, Temm., pi. col. 452. LA CHOUETTE DES PAGODES. 210 quer au coin intérieur de l'œil. Un blanc pur couvre les plumes du disque et celles de toutes les parties inférieures; mais sur la poitrine et le ventre on aper- çoit des petites taches brunes irrégulièrement semées à grand intervalle. Deux pouces neuf lignes sont les proportions du tarse , dont les deux tiers supérieurs sont légèrement couverts , et le reste de sa longueur totalement nu est de couleur jaune , ainsi que le bec. Cette espèce se trouve au Mexique et aux Antilles. LA CHOUETTE DES PAGODES*. Messieurs Leschenault et Dussumier ont décou- vert cette espèce remarquable par le brillant de ses couleurs, sur la côte de Malabar, où elle porte le nom de Oumé-Kotan; elle se trouve aussi à Java et sans doute dans beaucoup d'autres parties de ces ré- gions. Cette chouette a les plumes du sommet de la tête et des côtés du cou d'un beau marron varié de petites taches blanches , et elles sont bordées de noir. Les mômes couleurs se remarquent sur le dos, les épaules et les couvertures des ailes, mais elles y sont un peu plus claires, et les taches blanches sont environnées 1 Temmink, pi. col. d'ois. a3o. 2\[\ LA CHOUETTE DES PAGODES. d'une ligne noire. Les pennes des ailes d'un brun roux sont coupées de bandes plus claires. Celles de la queue coloriées de même sont terminées de blanc. La face est d'un jaune roux; la poitrine variée de pe- tites bannies transversales brunes et blanches; le reste des parties inférieures est blanc avec des bandes bru- nes très étroites et transversales. La longueur totale de cet oiseau est de dix-huit à vingt pouces. WWWV'VVVWViWVWVVVWVVWVWVX-v VV\ \V\ \WV>VWVW\VWVVVVWVVV«/VV»AV\V\ wivwx vvxvvvxt OISEAUX QUI NE PEUVENT VOLER. Le discours général qui a pour objet ces oiseaux est un singulier mélange d'erreurs et de vérités , mais où les erreurs l'emportent malheureusement de beau- coup sur les vérités^. Buffon y expose sommairement ses idées sur les rapports des animaux , et ce qu'il dit de vrai , c'est que ces êtres ne nous présentent point une série ascendante ou descendante de modifications graduel- les, une échelle uniforme , une ligne droite, suivant lesquelles tous pourraient être rangés sans laisser de vides entre eux, système admis avant lui , et soutenu depuis, comme tous les systèmes, même quand leur fausseté a reçu la plus incontestable des démonstra- tions, celle des faits. Il avait fort bien vu que si les animaux , comme il le dit , forment une chaîne , « cette chaîne n'est pas un simple fil qui ne s'étend qu'en longueur, que c'est une large trame ou plutôt un faisceau qui, d'intervalle à intervalle, jette des bran- ches de côté pour se réunir avec les faisceaux d'un autre ordre, etc.;» idée que les naluralistes moder- nes ont rendue par une image plus sensible : celle d'un réseau formé d'autant de divisions principales qu'il y a de classes dans le règne animal. 1. Tom. XIX, pag. 5i6, Édit. Pillot, 2l6 OISEAUX QUI NE PEUVEIST VOLEK. Après cette vérité, dont tout Je défaut était d'être trop générale , comme il nous le fait voir par les faits au moyeu desquels il veut la démontrer, presque tous les rapports qu'il indique entre les animaux sont autant d'erreurs; et cela parce qu'il s'arrête à des rapports superficiels, parce qu'il ne compare les oiseaux aux chauves-souris que par leur vol, les pois- sons et les cétacés que par leurs organes du mouve- juent , les reptiles et les pangolins que par leurs écailles , les crustacés et les talous que par leurs cui- rasses , enfin les oiseaux qui ne peuvent voler aux quadrupèdes que parce que les uns et les autres n'ont que la marche pour moyen de progression. Sans doute à l'époque où il écrivait, les idées de subordination des caractères n'existaient point comme aujourd'hui que cette idée est en quelque sorte de- venue triviale ; mais comme nous l'avons rapporté dans le premier volume de ces suppléments, il avait lui- même fait remarquer de quelle importance le déve- loppement des organes est à la vie des animaux , et l'on savait les profondes différences qui existent à cet égard entre les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les poissons. Quoi qu'il en soit, ces erreurs doivent être abandonnées ; les chauves-souris ne servent pas plus de transition des mammifères aux oiseaux, que les pangolins ne font le passage des mammifères aux reptiles. Il n'a encore été reconnu aucun intermédiaire entre ces différentes classes de vertèbres qui restent complètement isolées les unes des autres : les chauves- souris et les pangolins sont aussi complètement des juammifères que le lion ou l'éléphant. En un mot , il n'y a encore aucun animal qui soit moitié mammi-- OISEAUX QUI NE PEUVENT VOLER. 21^ fère et moitié oiseau , ou moitié poisson , et il n'y au- rait guère eu moins d'erreur à dire que J'éléphant s'unit au papillon , tous deux ayant une trompe , qu'à trouver, comme le dit Buffbn , « que l'autruche tient au chameau par la forme de ses jambes , et au porc-épic par les tuyaux ou les piquants dont ses ailes sont armées, » ce qui, suivant lui, placerait cet oi- seau immédiatement à la suite des quadrupèdes^. D'après tous ces raisonnements, on pourrait être étonné que Buffon ait décrit les oiseaux qui ne peu- vent voler, et qui se nourrissent de matières végé- tales , après ceux qui volent le mieux et qui ne se nourrissent que de chair. Aussi ne sont-ce pas leurs rapports d'organisation qui l'a déterminé à les pla- cer à ia suite les uns des autres; c'est au contraire parce que ces rapports n'existent pas, et qu'un con- traste profond les sépare , « car, dit-il , la comparai- son est la voie de toutes nos connaissances, et le contraste étant ce qu'il y a de plus frappant dans la comparaison , nous ne saisissons jamais mieux que par l'opposition les points principaux de la nature des êtres que nous considérons, etc. » Ces vérités sont incontestables dans leur sens le plus général , mais elles sont complètement fausses dans l'application qu'en fait Buffon. En eifet, nous n'aurions que des idées fort incomplètes de la na- ture animale, si nous n'avions étudié que les ani- maux qui contrastent le plus entre eux ; et si au- jourd'hui lorganisation animale nous est connue , si nous savons mieux apprécier le rôle que doit jouer chaque espèce sur la terre, c'est parce que nous avons 1= Tom.XIX, pag. 3i8, Édil. Pilloh 2lS OISEAUX QUI .\E PEUVENT VOLER. observé les dégradations les plus insensibles des or- ganes, et que par là nous avons appris toutes les différences par lesquelles les animaux se distinguent les uns des autres. On doit donc voir avec peine Euffon regretter de n'avoir pu faire suivre l'histoire des quadrupèdes de l'histoire de l'autruche , et cela « parce que la philosophie est souvent obligée d'avoir l'air décéder aux opinions populaires, et que le peuple des naturalistes, qui est fort nombreux, souffre impa- tiemment qu'on dérange ses méthodes , etc. » Il faut avouer que, si la philosophie est prise ici pour l'amour du vrai, Buffon était beaucoup moins philosophe que ces naturalistes qui tenaient à leurs méthodes, et doni il parla avec tant de mépris. Les oiseaux qui ne peuvent voler, dont s'occupe Buf- fon, sont l'autruche dont il donne une histoiie fort d-é- taillée et vraie à peu d'exceptions près ; le touyou ou autruche d'Amérique, sur qui il a recueilli tout ce que les voyageurs rapportent; le casoar à casque dont il parle aussi d'après des voyageurs, et surtout d'après Clusius*^ et Messieurs de l'académie^, le dronte qui paraît avoir disparu de la terre aujourd'hui , et enfin le solitaire et l'oiseau de Nazare dont on n'a plus parlé depuis Léguât^ et Gauche^. L'autruche de l'ancien monde forme aujourd'hui à elle seule un genre, ainsi que le touyou et le casoar à casque. Pour le premier de ces oiseaux , le nom spé- cifique est devenu générique ; Brisson a donné le nom 1. Exot., lib. V, pag. 97, avec fig. a. Mém. pour servir à l'hist. des anim., part. II, pag. 167. 3. Voyag. en deux îles désertes des Indes orieutales, tom. I, pag. 98. 4. Description de l'île de Madagascar, pag. i5o. OISEAUX QUI NE PEUVENT VOLER. 219 de NANDU [Rhea) au genre formé par le second, et le nom de casoar est aussi devenu générique. Quant aux trois autres oiseaux, voici ce qu'en dit mon frère ^. «Le dronte n'est connu que par une description faite par les premiers navigateurs hollandais et con- servée par Glusius, exot. , p. 99, et par un tableau à l'huile, de la même époque, copié par Edwards, pi. 294; car la description d'Herbert est puérile, et toutes les autres sont copiées de Clnsius et d'Edwards. Il paraît que Tespèce entière a disparu , et l'on n'en possède plus aujourd'hui qu'un pied conservé dans le Muséum britannique (Shaw.,nat. miscell., pi. il^ô), et une tête en assez mauvais état au Musée d'Asmo- léen d'Oxford, id. ib.j, pi. i66. Le bec ne paraît pas sans quelque rapport avec celui des pingouins, et le pied ressemblerait assez à celui des manchots s'il était palmé. » La deuxième espèce, où le solitaire, ne repose que sur le témoignage de Léguât, homme qui a défiguré les animaux les plus connus, tels que l'hippopotame et le lamantin. » Enfin la troisième, ou l'oiseau de Nazare, n'est connue que par François Gauche qui le regarde comme le même que le dronte, et ne lui donne cependant que trois doigts, tandis que tous les autres en donnent quatre aux drontes. Ces trois animaux composent le genre Didus pour quelques natura- listes. » Depuis Buffon,deux nouveaux oiseaux, dépourvus de la faculté de voler, ont été découverts ; l'un est le i. Règne animal, tom. I, pag. 497» »olc 2, 220 OISEAUX QUI NE PEUVENT VOLER. casoar de la Nouvelle-Hollande, qui ressemble à celui dont parle Buffon ^, excepté qu'il n'a point de casque, et, sur ce caractère négatif, Vieillot en a fait le genre Emou ou Dromaim ; l'autre est VApterix australis de Shaw^. Pour compléter les oiseaux privés de la faculté de voler, il ne nous reste donc qu'à faire connaître le ca- soar sans casque et l'aptérix; mais comme Buffon ne donne ni la figure du casoar à casque , ni celle du tayou, ni la figure de ce que l'on possède du dronte, je joindrai ces figures à celles des deux espèces que j'ai à décrire. 1. ïom. XIX, pag. 369, Édit. Pillot. 2. Nat. Miscell. io56et 1067. >«^ T«.ra 2 LE CASOAR SANS CASQUE. 2P.I LE CASOAR SANS CASQUE DE LA NOUVELLE-HOLLANDE \ Les expéditions maritimes des Hollandais visitèrent plusieurs points des côtes septentrionales , occiden- tales et méridionales de la Nouvelle-Hollande, dès la première moitié du XVIP siècle , et Cook en décou- vrit les côtes orientales en 1 770. Ce ne fut cependant qu'après l'établissement des Anglais à Port-Jackson, en 1787, que les naturalistes eurent connaissance de ce casoar. Phillip , commandant l'expédition chargée de fonder cet établissement, et While, qui en fut le chirurgien, donnèrent les premiers, dans l'histoire de leur voyage, la description de cet oiseau 2; White ajouta une figure à la sienne. Ces cent soixante-dix ans écoulés depuis la décou- vertedelaNouvelle-Hollande,jusqu'àcelle d'un oiseau qui approche de la taille de l'autruche, et qui était fort commun dans toutes les parties de ce continent, nous montrent bien tout ce qu'ont de vain les cal- culs qui reposent sur le nombre d'oiseaux que l'on conjecture existersur la terre, et auxquels nous avons 1 . Casuarius Novœ HoUandiœ, Lath, ; Casoar de la Nouvelle- Hollande, Phillip, voyag., Irad. franc., pag. an. White. 2. C'est Latham qui a rédigé toute l'histoire naturelle du voyage de Phillip. 2'2'2 LE GASOAR SANS CASQUE. VU Buffon se livrer dans son discours général sur les oiseaux de proie. Car combien de contrées dont nous n'avons encore visité que les côtes, et dans l'inté- rieur desquelles nous ne pénétrerons pour les con- naître, comme à la Nouvelle-Hollande, que dans quelques siècles peut-être ! Heureusement les faits ne manquent pas à la science pour fonder des rai- sonnements solides, et les vérités positives doivent avoir assez de prix pour qu'on ne se livre pas à la vaine recherche de vérités conjecturales. Lorsque le casoar sans casque est debout et qu'il tient sa tôle élevée, il atteint jusqu'à cinq pieds de hauteur. Son cou est d'une longueur proportionnelle à celle de ses jambes. Son corps est une masse lourde qu'épaissit encore la grande quantité de plumes qui le revêt, et sa tête est comparativement petite. Le bec est droit, un peu arrondi à sa pointe, comprimé sur les côtés, et légèrement relevé en carène à sa partie supérieure; il a trois doigts aux pieds, dirigés en avant et armés de forts ongles , les tarses sont nus , écussonnés en devant à leur moitié inférieure (ces écussons s'étendent sur les doigts) , et réticulés sur tout le reste. Les ailes extrêmement courtes n'ont pas de pennes, leurs plumes ne diffèrent point de celles des autres parties du corps. Une peau nue, bleuâtre, revêt les côtés de la tête de ces oiseaux, et descend jusque sur le cou; et leurs plumes très longues et très flasques sont toutes composées de deux tiges naissant du même germe, qui ne sont garnies que de simples barbes, assez écartées l'une de l'autre et flasques elles-mêmes, comme la tige qui les porte , de sorte que le plumage de cet oi- LE CASOAR SANS CASQUE. 223 seau rappelle, par son apparence, par la direction de toutes les plumes qui le composent, l'épaisse toison de certaines races de moutons à laine longue ; les plumes du cou et de la tête sont très courtes et quelquefois semblables à des poils par leur sim- plicité. Tout le plumage en dessus est d'un noir ou d'un brun de suie plus ou moins foncé sans rien de régulier à cet égard , en dessous il est blanchâ- tre ; le bec et les ongles sont noirs. Les mâles et les femelles se ressemblent pour les couleurs. Mais les premiers se distinguent par une taille plus grande. Les jeunes, en naissant, ont une livrée qui consiste en qu-alre bandes ou rubans blancs qui s'étendent de la tête au croupion ; mais cette livrée paraît se perdre dès les premiers mois, et sans doute dès la première mue. C'est ce que nous apprenons des figu- res du casoar publiées dans l'atlas du voyage des dé- couvertes aux terres australes^, figures que nous de- vons au pinceau de M. Lesueur, comme nous devons l'Histoire du voyage à la plume de Pérou ; malheureu- sement le plan que celui-ci avait adopté , dans la rédac- tion de son voyage , l'a empêché de nous donner ses observations sur ce singulier oiseau , et la mort l'a enlevé avant la publication de ses recherches spé- ciales sur l'histoire naturelle. Ce casoar, quoique lourd en apparence , court avec une telle vitesse, et peu soutenir si long-temps sa course, que les chiens ne peuvent l'atteindre en cou- rant. Il vit par paires, et se nourrit de végétaux. Ses œufs, proportionnés pour la grosseur à sa taille, sont 1. PI. 36. 224 r.E CASOAR SANS CASQUE. verts , el c'est tout ce qu'on sait de relatif à sa repro- duction. Ceux qui ont vécu à notre ménagerie, et qui avaient été ramenés de la Nouvelle-Hollande par l'expédition de Baudin, se sont accouplés plusieurs fois, et toujours au mois de janvier, sans qu'il en soit rien résulté. Les mâles ont une voix sourde qu'ils pro- longent sur un même ton, et qu'ils font principale- ment entendre à l'époque du rut. Ceux qui ont mangé de la chair de cet oiseau la comparent à celle du bœuf. Dès que cet animal fut découvert , on reconnut les rapports qui l'unissent au casoar des Mollusques ou à casque , et on marqua les différences qui distinguaient ces deux espèces l'une de l'autre. Leur ressemblance à déterminé plusieurs auteurs à les réunir dans le même genre, et leur différence en a déterminé d'autres, et principalement Vieillot, à les diviser en deux genres, laissant au premier son nom générique de Casoar, et donnant à l'autre le nom générique d'Emou ; et les uns nous semblent avoir autant de bonnes rai- sons que les autres à alléguer pour motiver leur opinion. M. Lesson parle (Ornith. , p. 210) d'un casoar de la INouvelle-Zélande, différent de celui dont il vient d'être question, et que les naturels nommeraient kivt- klvi. Ce casoar serait grisâtre et de la moitié plus petit que celui de la Nouvelle-Hollande ; mais M. J^esson n'a vu qu'une dépouille informe de cet oiseau ! Ne serait-ce pas l'aptéryx dont nous allons parler? l'aPTÉRIX Alî&TRAL. ^225 «« 4««>s«4 »« ««-»a«i«««9« »e»a4 L'APTÉRIX AUSTRAL*. Shaw, le naturaliste, ayant seul connu et décrit cet oiseau, nous ne pouvons mieux faire que de co- pier la description et la figure qu'il en a données. « L'aptérix constitue un genre tout-à-fait nouyeau, qu'il est assez difficile de rapprocher d'aucun des or- dres établis en ornithologie; toutefois , c'est avec les autruches et lesgallinacéesqu*il a le plus de rapports, quoique la forme de son bec indique un genre de vie tout-à-fait différent du leur. » La taille de cet oiseau est à peu près celle d'une oie ; mais sa longueur, de l'extrémité du bec à celle du tronc, est d'environ deux pieds et demi; ce qui surpasse beaucoup la longueur de l'oie, c'est que le bec de i'aptérix a six pouces , tandis que celui de l'oie n'en a que deux ou trois. Son aspect rappelle celui des pingouins, et son plumage a une singulière ressemblance avec celui du casoar de la Nouvelle- Hollande. Sa tête est petite , son bec est allongé, mince , un peu étroit, recouvert à sa base, marqué de chaque côté par un sillon lubulé , et légèrement renflé et courbé à sa pointe , et c'est à l'extrémité de ce bec que sont les narines. Les ailes rudimentaireset garnies de quelques plumes seulement ne se compo- sent que d'une seule articulation ou doigt terminé î, Sliaw, Nat. Mjscpll.. pi. ior>6 et loSy. CLVIER. II. i5 226 l'aptérix austral. par UQ ongle on une épine crochue. Les pieds courts, forts, semblables à ceux des gallinacées, ont quatre doigts, et celui de derrière est beaucoup plus court que les autres. Il n'a point de queue. » Sa couleur sur tout le corps est d'un gris ferrugi- neux pâle, qui paraît mélangé de brun, parce que l'extrémité des plumes est plus foncée qu'elles ne le sont dans le reste de leur longueur. Le bec et les tarses, ainsi que les doigts, sont d'un brun jaunâtre. » Cet oiseau a été découvert à la côte méridionale de la Nouvelle-Zélande, par le capitaine Barcley. La singularité de l'aptérix a porté des naturalistes, et des plus instruits, à douter de son existence , et à regarder l'individu publié par Sliaw comme un être artificiel , comme un pingouin qu'on aurait dénaturé; c'est qu'en effet en enlevant à un pingouin les mem- branes qui réunissent ses doigts et font de ses pieds des pieds palmés , ces oiseaux ne différeraient plus génériquement l'un de l'autre, du moins en n'entrant pas davantage dans le détail des autres organes , et ces espèces de fraudes ont plus d'une fois eu lieu en histoire naturelle. LES OUTAKDES. 22^ >»c»»8>o»»« LES OUTARDES. Les outardes sont des oiseaux dont les formes am- biguës ont long -temps embarrassé les naturalistes qui cherchaient à les classer d'après leurs véritables rapports. Leur bec assez semblable à celui du cocj , du dindon , du paon , et leurs jambes allongées comme celles des coure-vite ou des cigognes , ont porté , suivant qu'on donnait plus d'importance à l'un ou à l'autre de ces caractères, à les réunir tantôt aux premières (les gallinacées) , tantôt aux seconds (les échassiers). Linneuslesplace àlafindes échassiers, et Gmelin à la tête des gallinacées : plus tard, elles sont venues ou au commencement de l'ordre dont elles terminaient auparavant la série des genres, ou elles ont clos l'ordre que jusque là elles avaient ouvert; et ces transports assez arbitraires d'une place à une autre n'ont à\\ cesser que lorsqu'on a eu reconnu , par l'ensemble de l'organisation , que ces oiseaux avaient des rapports beaucoup moins nombreux avec les gallinacées qu'avec les échassiers. Ils en- trent donc dans ce dernier ordre ; mais , y occupant le premier rang , ils conservent leurs rapports avec les gallinacées qui , dans la classification générale , précèdent immédiatement les échassiers. Dans Buffon , les outardes se trouvent placées à la suite des oiseaux qui ne peuvent voler, c'est-à-dire des autruches, des casoars, etc.; c'est qu'en effet 22S LES OUTARDESi. elles volent très lourdement , et ne se servent de leurs ailes que pressées par un danger immédiat , et ce sont les gallinacées qui viennent après elles, les outardes ayant les formes épaisses et le bec de ces oiseaux , et vivant , comme eux , d'herbes , de grains et d'insectes. Les outardes ont un bec de médiocre grandeur, dont la mandibule supérieure est légèrement ar- quée et voûtée. Leurs jambes sont élevées et nues , garnies d'écaillés réticulées , et elles n'ont que trois doigts qui sont dirigés en avant, et réunis à leur base par une petite membrane. Leurs ailes sont fort cour- tes , et elles ne s'en servent le plus souvent que pour accélérer leur course. Leur nombre s'élève aujourd'hui à dix ou onze espèces ; quelques unes se distinguent par un bec plus faible que celui de notre grande outarde : d'au- tres par des plumes en forme de collier ou d'ai- grette ; mais le genre qu'elles constituent est des plus naturel. Bufibn en connut par lui-même deux espèces , celles d'Europe : la grande outarde [Otis tarda), et la canepetière (O. tetrax), et deux autres publiées par Edwards : le lohong (0. arabs) , et le churge (0. ben- galensis) , et il a rapporté tout au long la description qu'en a donnée ce naturaliste anglais. Bufibn parle encore de trois autres outardes, mais avec confusion, n'ayant pu les décrire suffisamment: de l'oufarde d'Afrique (0. afra) , du Houbara (O. Houbara) , et du Rhaad(0.iRrt«t/)*.Nous compléterons donc, autant qu'il dépendra de nous l'histoire, de ces oiseaux , et i. Tom. XIX , pag. SgS et suiv., Édit. Pillot. LES OUTARDES. 229 tloiinerons celle des principales espèces qui ont été découvertes depuis, c'est-à-dire de l'outarde de Nu- bie (O. nuba),de l'outarde plombée (O. cœrulescens), et de l'outarde oreillard (O. «î/n7^/). Quant à deux autres espèces nouvelles , l'outarde à collier du Cap (O. torquata) , et l'outarde de Denham (O. Denhami)^ nous nous bornerons à Tindication de leurs noms que nous donnons ici. Les outardes sont des oiseaux dont la chair est fort bonne , et qu'on chasse comme un excellent gibier. Elles paraissent toutes portées à vivre réunies en pe- tites troupes sous la conduite d'un seul mâle , et elles habitent de préférence les plaines sèches, se nourris- sant d'herbes, de graines et d'insectes. Ces qualités et ces dispositions ont tant d'analogies avec celles des paons, des coqs, qu'indépendamment de tout autre motif, il n'est point étonnant qu'on ait réuni les outardes à ces derniers oiseaux ; mais ce qui étonne aussi , c'est qu'on n'en ait pas fait des oiseaux domestiques. Tout annonce que les tentatives auxquelles on se livrerait dans cette vue ne seraient pas vaines; car les outardes remplissent la condition principale de la domesticité : le penchant à vivre en troupes. 11 est difficile de croire , au reste , que des essais de ce genre n'aient pas été entrepris, et sans doute ils auront été abandonnés parce qu'ils n'au- ront pas été immédiatement suivis de succès. Il est certain qu'il y a une très grande différence dans le degré de disposition des animaux sociables pour passer à l'état domestique : les uns semblent s'être attachés à l'homme dès le premier instant qti'ils l'ont 230 LES OUTAKHES. connu , tandis que les autres ne peuvent quitter l'état sauvage qu'après une longue succession de modifications ; et cette différence a porté à con- clure que les animaux destinés à devenir domesti- ques l'étaient dès long-temps, et que la vie sauvage était essentielle aux autres. D'un autre côté , les qua- lités des animaux qui nous sont associés , ayant dé- terminé les services que nous leur demandons , et nos besoins s'étant mis en harmonie avec ces services, nous nous trouvons à peu près indifférents à l'acqui- sition d'espèces domestiques nouvelles. Ces différents motifs, diversement combinés, sont cause sans doute du peu d'efforts qu'on fait pour rendre domestiques des animaux qui ne demanderaient pour le devenir qu'une suite de soins bien entendus. Si l'on concevait le projet de former une race d'outardes domestiques , il faudrait commencer par faire éclore les œufs de l'espèce qu'on choisi- rait , et par élever les petits en les nourrissant comme les jeunes faisans, mais en les nourrissant soi-même , et en les ayant sans cesse près de soi , afin que leur apprivoisement devînt aussi complet que possible ; car la grande difficulté est de porter les oiseaux sauvages à se reproduire. Si cette pre- mière génération se reproduit, si les femelles qui naîtront sont fécondées par les mâles qui auront été élevés avec elles, la race domestique a pris nais- sance ; mais sa domesticité n'est encore qu'en germe, et ce ne sera qu'à la suite d'un nombre de généra- tions plus ou moins grand que cette race pourra èlre abandonnée à elle-même pour sa propre conser- Toni J LE HOUBAUA. 23l vation , et traitée à cet égard comme les autres oi- seaux de basse-cour. Ces principes sont ceux de toute domesticité , et peuvent être appliqués, non seulement aux oiseaux, mais encore aux quadrupèdes, comme nous avons déjà eu occasion de le montrer en traitant de la do- mesticité de ces derniers animaux , dans le premier volume de ce Supplément. LE HOUBARA*. Tour ce qu'on savait de cette belle outarde , du temps de Buffon, on le devait à Shaw le voyageur; mais la figure et la description qu'il en donne ne suffisaient point pour qu'on pût s'en faire une idée bien précise. Ce qu'il nous en apprend avait cepen- dant permis aux naturalistes de la rapporter à son véritable genre ; ses caractères spécifiques et son histoire naturelle seuls restaient obscurs, et M. Des- fontaînes, à son retour d'Alger, fit connaître les pre- miers, en rapportant les dépouilles de cet oiseau , et en en publiant une bonne description^ et une bonne figure , auxquelles il ajouta quelques détails sur le naturel et sur les mœurs. Yoici ce qu'il en dit : « Le houbara est à peu près de la grosseur d'un fai- san ; son bec est d'un brun grisâtre, long d'environ deux pouces, légèrement courbé depuis la partie i. Shaw, Voy. , nom que les l)arl)aresques clonncnt à cel oiseau. ■2. Mém. de rAcadémie des Sciences , 1787, pi. lo. 2^2 LE HOUBARA. moyenne jusqu'à la pointe. La mandibule supérieure est triangulaire à la base, un peu plus longue que l'in- férieure , et armée vers Textrémité de deux petites dents latérales ; les narines sont nues et ovoïdes ; les yeux sont un peu plus grands que ceux du coq , et l'iris est de couleur d'eau. » Du sommet de la tête^naît un faisceau de plumes fines, blanches, renversées en arrière, longues de trois à quatre pouces ; le cou est gros et allongé , en- touré obliquement d'une belle fraise de plumes blan- ches et noires que l'oiseau abaisse ou redresse à vo- lonté. Toute la partie antérieure de la gorge est pointillée d'une très grande quantité de petites ta- ches brunes sur un fond gris ; le dessous du corps est d'un beau blanc, sa surface supérieure ainsi que le dessus des ailes , oflVent une couleur fauve, tachetée d'une multitude de petits carrés noirs, irréguliers, de diverse grandeur, et réunis en groupes qui laissent çà et là des interstices de la largeur du bout du doigt. » Le houbara a environ trois pieds et demi de vol ou d'envergure ; les pennes sont blanches, quelquefois brunes vers la base ; la queue est longue d'environ huit pouces; les grandes plumes sont sensiblement égales, terminées par un demi-cercle blanc , et rayées transversalement de bandes bleu fauve alternatives. » Les cuisses sont nues inférieurement , et il n'a que trois doigts à chaque pied, comme toutes les outar- des ; ces doigts sont larges, forts, terminés chacun par un ongle obtus. »La femelle ne diffère pas beaucoup du mâle, elle porte conuiie lui une aigrette sur la tête et une fraise autour du cou ; elle a moins de grosseur, et les cou-» LE HOUBARA. 2Ô3 leurs de son plumage sont un peu moins vives et moins tranchées. » Les Arabes m ont assuré que sa ponte était de quatre œufs ; une femelle que j'ai eue vivante pen- dant plusieurs mois, n'en a pondu que deux; ils étaient de la grosseur de ceux d'une cane , d'une couleur d'olive , et parsemés de taches brunes irré- gulières. » Le vol du houbara est pesant et néanmoins ra- pide ; lorsqu'il traverse les airs , il ne s'élève pas à une grande hauteur. C'est au milieu des plaines incultes et dans le voisinage des déserts qu'il établit de pré- férence son domicile, soit parce qu'il y trouve une nourriture convenable , soit parce que ses mœurs naturellement sauvages l'éloignent de toute habita- tion. Ses yeux sont très subtils, et rarement il se laisse approcher par le chasseur. On en rencontre quelquefois un grand nombre dans le même canton, mais on ne les voit jamais en troupe : ils vont ordi- nairement seuls ou deux à deux ; ils se nourrissent d'herbes , de graines , d'insectes , etc. » Les Arabes leur donnent la chasse avec le faucon ; celui-ci ne peut s'en rendre maître que lorsqu'il les surprend à terre. Cette chasse est curieuse, et j'ai sou- vent pris plaisir à voir toutes les ruses que le houbara emploie pour lui échapper lorsqu'il en est poursuivi : il court rapidement, revient tout à coup sur ses pas, s'enfonce dans les broussailles, en sort, y rentre plu- sieurs fois de suite , et lorsqu'il se voit sur le point d'être saisi par l'oiseau de proie , il se renverse sur le dos et le frappe fortement avec les pieds. La chair du houbara est très bonne à manger, et il serait utile 234 l'outarde d'afrique. d'apprivoiser et de multiplier cet oiseau pour l'usage de la basse-cour. » Les Arabes attribuent des vertus à la vésicule du fiel et à son estomac, pour la guërison des maladies des yeux ; ils en frottent l'organe malade, ou les por- tent en amulette suspendus au cou. » Shaw parie encore d'une autre outarde que les Arabes nomment rhaad, et dont Buflbn rapporte tout ce que nous en apprend le voyageur anglais, c'est-à-dire tout ce qu'on en sait même encore au- jourd'hui^. M.Temminck suppose que ce rhaad, qui depuis Shaw n'a été vu par aucun naturaliste, pour- rait bien n'être que la femelle du houbara ; mais nous venons de voir que la femelle de celte dernière es- pèce ne diffère point du mâle, tandis que le rhaad diffère du houbara en ce qu'il est entièrement privé de la fraise qui orne le cou de ce dernier. M. Vieillot qui a décrit le houbara des galeries du Muséum^, rapporte que cet oiseau a vécu dans la ménagerie de cet établissement , ce qui est une er- reur. L'OUTARDE D'AFRIQUE. Cette espèce dont l'existence est bien réelle et qui paraît habiter une grande partie de l'Afrique, Buffon on a composé l'histoire en réunissant les récits de 1. Tom. II, pag. 61. — Édit Pillol, lom. XIX, pag. 437. 2. Gai. p. 82. j>l, 227. l'outarde d'afrique. 2v35 plusieurs voyageurs; et ces récits semblent se rap- porter à des espèces différentes. C'est sur ïotis afra que Linneus avait décrite, dans la collection de Jean Burmann , que celte outarde d'Afrique repose prin- cipalement ; mais Buffon , croyant en reconnaître les traits dans ce que Lemaire et Adanson disent de l'au- truche volante , ne s'est pas contenté de la descrip- tion de Votls afra^ et lui a associé tout ce qui a été dit de cette prétendue autruche qui paraît bien être aussi une outarde, mais une outarde dont le pelage est entièrement gris , tandis que le mâle et la femelle de Vous afra ont toutes les parties inférieures du corps noir. Depuis Linneus et Buffon , Latham a donné, sous le nom de white eared bustard^, une figure de Votis afra ou de l'outarde d'Afrique, dessinée d'après un individu envoyé à Joseph Banks, du cap de Bonne- Espérance : cette figure montre qu'en effet ces mots de Linneus auribus albls signifiaient bien oreilles blanches, et non pas huppe blanche, comme Buffon voulait les interpréter. C'est à cette outarde d'Afrique que Gmelin ainsi que M. Temminck rapportent ce que dit Kolb , dans sa description du Cap, de l'oiseau qu'il nomme KNORHAAN, et dout tout le plumage est un mélange de rouge et de blanc , à l'exception du sommet de la tête qui est noir comme le bec; or, c'est précisé- ment le contraire pour l'outarde d'Afrique , qui , à en juger par la figure de Latham , a ie sommet de la tête blanc , tandis que le reste de !a têt(», le cou, le 1, Syii. II. 802, pi. 69. 256 l'outarde plombée. ventre et les cuisses sont noirs; le dos et les ailes sont brun fauve , à l'exception du bord externe de celies-ci qui est blanc. La queue est grise avec deux ou trois bandes transverses noires. Le bec et les pieds sont jaunâtres. *>«e»9«'V8-(!TJ »v*8*«*»»» L'OUTARDE PLOMBEE'. M. Temminck qui a publié cette belle outarde la devait à Vaillant, qui la découvrit dans son voyage au Cap; elle paraît habiter toute la partie méridionale de l'Afrique, depuis le pays des Holtentots jusqu'à celui des Cafres. Celte espèce, qui est de la taille du houbara, n'est encore connue que dans des individus mâles fort re- marquables par les couleurs tranchées de leur vête- ment. Le dessus et le derrière de la tele, le cou, à l'exception de la gorge, la poitrine, le ventre et les cuisses sont d'un beau gris bleuâtre. Les côtés de la tête et le dessous du bec à Sa base sont blancs poin- tillés de brun ; la partie antérieure de la tête, la gorge, et une ligne semi-circulaire au dessous de l'œil sont noirs ; le dos et une partie des ailes sont fauves variés de petites lignes transverses qui couvrent chaque plume ; les moyennes couvertures des ailes et les pennes de la queue sont d'un fauve uniforme ; les pieds sont jaunes verdâtres et le bec est brun. i. Otis eœralesccns, Tcmm., ois, coL, pi. 552. l'outarde oreillard. 237 >»»»«»^'«<>«»8<»<*<>«<<««1W»a»<4<««-8oa«»««<'»««»»'«<*o*<««»e«<«^'C«'»^ L'OUTARDE OREILLARD\ Cette outarde, une des plus petites espèces du genre , a environ quinze pouces de longueur totale , et elle se distingue au premier coup d'œil de toutes les autres par le panache de longues plumes dirigées en arrière , qui naissent de chaque côte de sa tête, derrière ses oreilles; et, à en juger d'après la figure que M. Teraminck en a publiée , son bec ne l'en dis- tinguerait pas moins, car il rappelle, par sa forme générale, plutôt celui des merles que celui des gal- linacées. Du reste, elle n'est pas sans analogie par les couleurs avec l'outarde d'Afrique , dont nous ve- nons de parler : sa tête, son cou, sa poitrine et son ventre, ainsi que le dessous et la moitié inférieure des couvertures des ailes sont d'un beau noir; une tache blanche arrondie se voit sur chaque oreille, et immé- diatement après naissent de longues plumes noires qui ne sont garnies de barbes qu'à leur extrémité, dans un quart environ de leur longueur, lesquelles se dirigent en arrière en se recourbant de haut en bas , par l'effet de leur flexibilité , et du poids léger que leur extrémité reçoit des barbes qui la garnis- sent. Le dessous de la base du bec , la partie infé- 1. Oti$ aiirita, Lath. , Syn., vol, I , pag. 2^8 ; Teintn. , pi. col. d'ois., 11" 535. 2v38 l'outarde nubienne. Heure de la queue et une partie des couvertures des ailes sont blancs. Le dos, les scapuîaires, les pennes secondaires les plus rapprochées des épaules, les pennes de la queue et ses couvertures supérieures sont fauves variés de taches, de lignes, d'ondula- tions noirâtres; des taches noires triangulaires et bor- dées de blanc, colorent les plumes du dos. Trois ou quatre bandes très séparées Tune de l'autre se voient sur la queue. Le bec et les pieds sont jaunâtres. Cette outarde paraît être très rare; elle est origi- naire des Indes. Latham la connaissait, et en parle sous le nom de Passerage buctor dans le supplément de son Synopsis, vol. I, p. 228. La femelle de cette espèce ne paraît point être connue, et M. Temminck a fait la description du mâle dont nous venons de donner un extrait , d'après un individu qu'il a trouvé à Londres dans la collection de M. Leadbeater. »e'»»8»»»8»»g9a'»fte^'»ftc»9i»e»»»»» L'OUTARDE NUBIENNE. Cette espèce, découverte en Nubie par M. Ruppel , ajoute à la variété comme à la richesse du genre ou- tarde ; car elle a les rapports les plus intimes avec les espèces qui ont servi de types à ce genre , et elle se distingue par des caractères assez remarquables. Sa longueur est de plus de deux pieds, et sa hauteur est d'un pied dix pouces , ce qui sous ce rapport l'égale presque au paon. Le sommet de la tête est fauve varié de quelques l'outarde nubienne. 259 points noirs. Une grande tache noire qni naît de la base du bec et passe sur l'œil , vient se réunir sur la partie postérieure de la tête à la tache du côté op- posé. Une autre grande tache noire garnit le dessous de la gorge : les côtés de la tête sont blancs. Tout le cou est d'un gris bleuâtre , et une espèce de collier d'un roux uniforme composé de longues plumes étroites et lisses en garnit la base vers la poitrine. Toutes les parties supérieures du corps, les ailes, leurs couvertures sont fauves avec un grand nombre de lignes noires en zigzag. Les pennes des ailes sont noires , et celles de la queue fauves clair-scmées de pe- tites taches noires. Toutes les parties inférieures , de- puis la poitrine jusqu'à la queue, sont blanches. Le bec, les pieds et l'iris sont jaunes. 2/i0 LES GALLTNACÉES. e««»»<»e«««g««««««e*«««««»0««««»»e>*a«9{' ««««««M LES GALLINAGEES. BuFFON n'a point parlé des gallinacëes, mais il a réuni à la suite l'une de l'autre toutes les espèces qui appar- tiennent à cet ordre et qui lui étaient connues ; il ne forme point une division générique de ces espèces, n'en expose pas les caractères communs , mais il place le coq à leur tête , et c'est le coq qui sert en quelque sorte de type à la description de toutes les autres; c'est de lui qu'il les rapproche, c'est à lui qu'il les compare pour faire ressortir les ressemblances ou les difiérences de ces oiseaux avec les uns et avec les autres. L'ordre des gallinacées existait donc pour lui , il le concevait comme tous les naturalistes l'ont conçu. Et pour ne différer d'eux en aucun point, il n'avait qu'à faire connaître explicitement sa pensée , et à cet effet donner un nom à cet ordre. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? c'est que depuis plus de vingt ans il s'était prononcé contre les classifications , et que l'on devient esclave des idées dont on a contracté une longue habitude. Buffon a décrit plus de soixante gallinacées, et ce- pendant il n'en connaissait encore que la moitié de ce qu'on en connaît aujourd'hui. Les cent vingt ou cent trente espèces qui ont été décrites se partagent en vingt-huit ou trente genres ; et celles dont parle Buflbn ne se rapportent qu'à huit ou dix de ces LES GALLINACÉES. 2!^l genres. En suivant le plan auquel nous nous som- mes conformés jusqu'à présent , nous devrions nous borner à donner l'histoire des espèces caractéris- tiques des genres , que les espèces décrites par Buf- fon ne font point connaître ; cependant nous ferons une exception en faveur de cette riche famille, à cause de la beauté des oiseaux qu'elle renferme. En effet, la richesse de leur robe où les couleurs les plus brillantes se marient harmonieusement, nous présente des images dont les yeux ne peuvent se las- ser, et qui souvent sont pour l'esprit la source des plus hautes pensées ou des plus douces méditations. ÎNous reviendrons donc sur la plupart de ces genres, pour donner la description des espèces qui sont ve- nues les enrichir, et nous ajouterons les espèces sur lesquelles se sont fondés les genres nouveaux. Tous les gallinacées sont des oiseaux dont les for- mes sont assez ramassées, qui n'ont point le vol léger de la plupart des autres oiseaux, qui vivent ou dans les forêts des pays élevés ou dans les plaines sèches, et qui se nourrissent d'insectes et de graines. Ils se réunissent en familles plus ou moins nombreuses , et la plupart ne font à terre leurs nids qu'en les compo- sant de quelques brins de paille. On en trouve dans toutes les parties du monde; mais les espèces les plus riches, par leur vêtement, appartiennent aux contrées méridionales ou orientales de l'Asie. Plu- sieurs d'entre elles sont devenues domestiques, et toutes nous fournissent un excellent gibier. Ces oiseaux se distinguent de tous les autres par des caractères dont plusieurs sont très importans : CrViKR. II. ifi •2^2 LES GALLINACÉES. ils ont, dit mon frère ^, la mandibule supérieure du bec voûtée, les narines percées dans un large es- pace membraneux de la base du bec , recouvertes par une écaille cartilagineuse ; le sternum osseux di- minué par deux échancrures si larges et si profondes qu'elles occupent presque tous ses côtés, sa crête tronquée obliquement en avant , en sorte que la pointe aiguë de la fourchette ne s'y joint que par un ligament, toutes circonstances qui, en affaiblissant beaucoup leurs muscles pectoraux, rendent leur vol difficile. Leur queue a de quatorze à dix- huit pen- nes. Leur larynx inférieur est très simple, aussi n'en est-il aucun qui chante agréablement : ils ont un jabot très large et un gésier fort vigoureux. Leurs doigts, au nombre de quatre, ont les trois anté- rieurs réunis à leur base par une petite membrane, et ils sont dentelés le long de leurs bords; le qua- trième est postérieur et rudimentaire. i. Règne animal, tom. I, pag. 4^^' LES COQS. 245 LES COQS. Ces oiseaux se font remarquer par des formes et (les proportions qui sont communes à toutes les es- pèces, et dont notre coq domestique ordinaire donne une idée fort exacte. Les mâles ont le corps ramassé et leurs jambes sont d'une hauteur moyenne ; ils por- tent la tête haute, leur queue relevée retombe en panache , et leur allure est vive et assurée. Les pou- les, plus élancées que les coqs, relèvent moins la tête et la queue. Chez les premiers, la tête est surmontée d'une crête charnue de forme variable , et un ou deux barbillons également charnus garnissent les côtés et le dessous de la mandibule inférieure du bec. Les joues sont nues et recouvertes d'une peau très rouge. Les pennes de la queue se redressent sur deux plans verticaux adossés l'un à l'autre , et relèvent avec elles leurs couvertures dont les plumes, et surtout les moyennes , sont plus longues que les pennes ; ce sont ces plumes qui se recourbent en arc et donnent à la queue de ces oiseaux le caractère qui les dis- tingue. Quoique plusieurs voyageurs , dans des contrées assez éloignées les unes des autres, aient parlé de coqs,Buffon n'admit point que ces différents récils pouvaient se rapporter à des espèces différentes ; il ^44 ^'^^ COQS. raisonna toujours dans l'hypolhèse que ces coqs n'étaient que des variétés d'une seule espèce , aussi les indique-t-il sans ordre, parlant des coqs qui se trouvent sauvages en A.sie , après certaines races des nôtres, et d'autres races de ceux-ci après ces poules sauvages , etc., etc. Toutes ces idées sont changées aujourd'hui , et le genre coq n'est pas un des moins riches en espèces, sans cependant être un de ceux qui en contient le plus. On en distingue cinq ou six qui toutes sont originaires du midi de l'Asie, ou des Indes orientales. ' Parmi ces espèces il en est une , celle du coq sans croupion ou JVaUikikili ^ qui n'appartiendrait point au genre coq, puisqu'elle ferait exception à un de ses principaux caractères , celui qui est tiré de sa queue; en effet, une modification aussi profonde que celle de l'absence des vertèbres de la queue serait plus que suffisante pour fonder un genre , si celle modificalion n'était point accidentelle. Jusqu'à ce jour, cette oblitération a été regardée comme une sorte de monstruosité par défaut; cependant nous trouvons dans M. Temminck*^ une assertion qui mé- rite une attention toute parlicuiière, venant d'un ornithologiste aussi expérimenté et aussi habile. Il regarde le coq sans croupion comme une espèce, et se fonde sur un témoignage que nous croyons devoir du moins faire connaître, sinon adopter absolument. 11 nous dit que le coq sans croupion est originaire de l'île de Ceylan dont il habite les immenses forêts ; que sa hauteur, du sol au sommet de la tête, est de quinze i. llist. liai. géii. clos Gallinacées, loin. If, pag. 267 LES COQS. 345 ponces, et qu'il eu a treize du bout du bec jusqu'à l'anus. Une crête charnue uniforme orne la tête de cet oiseau ; les joues, jusque derrière les oreilles, et une partie du dessous de la gorge sont nues ; de chaque côté de la mandibule inférieure du bec pen- dent deux appendices charnus semblables à ceux de notre coq domestique. Les plumes de la nuque sont longues et effilées, leurs barbes désunies et soyeuses sont marquées d'une tache longitudinale de couleur noire, laquelle est entourée de jaune orangé. Au dessous de la gorge se voient des plumes d'un vio- let à reflets pourprés; le reste du devant du cou, la poitrine et le ventre sont d'une belle couleur orangée, et une tache longitudinale d'un brun foncé occupe le centre de toutes les plumes qui recouvrent ces parties ; les moyennes et les petites couvertures des ailes et les plumes du dos sont d'un roux orangé ; les grandes plumes placées près du croupion retombent en arc et couvrent cette partie: elfes sont d'un beau violet à reflet bronzé. Les grandes pennes des ailes sont d'un brun mat. La poule de cette espèce construit son nid à terre avec des herbes grossièrement entrelacées. Ce sont des oiseaux très farouches : le mâle fait en- tendre fréquemment son chant qui est iuoins fort que celui de notre coq domestique , mais qui lui res- semble. Les naturels de Geyian donnent à cette es- pèce le nom de Wallikikiil^ qui signifie coq des bois. Ces renseignements ont été donnésà M.ïemminck par le gouverneur même des établissements hol- landais àCeylan , et c'est sur plusieurs individus, en- 2^46 LE COQ AYAM-ALAS. voyés par ce même gouverneur, que M. Temminck a fait la description que nous venons de rapporter. LE COQ AYAM-ALAS\ On trouve l'ayam-alas dans Tîle de Java , et , sui- vant le témoignage de quelques colons , il habite aussi certaines parties de l'île de Sumatra. C'est uu fort beau gallinacée de vingt et un pouces de longueur environ , qui porte sur la tête une crête lisse, et sous la gorge un simple fanon ou membrane mince et flottante, qui s'étend depuis la mandibule inférieure du bec jusqu'au bas de la partie nue du cou. A l'exception de petites plumes raides et serrées, qui garnissent l'entrée du trou auditif, les côtés de la tête en sont entièrement dénués. Un rouge vif co- lore toutes ces parties nues , aussi bien que la crête , le fanon et la région glabre de la gorge. Des plumes comme écailleuses , de forme arrondie , imbriquées , à reflets métalliques verts et bleus , qui descendent de l'occiput sur le derrière et les côtés du cou de cet oiseau, lui composent une élégante col- lerette qu'il a sans doute la faculté de relever. Les plumes qui naissent sur le dos prennent une autre forme : elles sont ovales par le bout , et brillent sur le 1. GaUus fursatus , Temra. , pi. col. 483, et Gai., tom. I, pag. 261; Phosianus varias, Shaw, mise, pi. 553. PI 8 . //'^"j^f^^. LE COQ AYAM-ALAS. 2/^7 oiilieu d'un vert à reflets violets qu'entoure une bor- dure d'un noir velouté. Les petites couvertures des ailes se composent de plumes assez longues , de couleur noire , frangées de roux vif. Les grandes pennes des ailes sont d'un noir brun ; on remarque un léger reflet vert doré sur les barbes externes de celles qui sont le plus près du corps. La poitrine et généralement toute la partie infé- rieure du corps ont une couleur noirâtre. Les plumes longues et pendantes du croupion sont d'un noir brillant, à reflets verts, et bordées d'une belle frange jaunâtre. La queue est comme celle du coq domestique, et entièrement cachée par des couvertures qui la dépassent; celles-ci sont arquées comme celles des autres coqs , et leur couleur est d'un beau vert doré. Les tarses proportionellement assez élevés sont armés d'un ergot fort et très pointu. La taille de la poule est d'un tiers moins grande que celle du mâle. La région ophtalmique est la seule des parties latérales de la tête qui soit dégarnie de plumes. Celles qu'on voit sous la gorge sont blanches. Un gris brun est répandu sur la tête et sur le cou ; les plumes du dos et celles qui composent les cou- vertures des ailes et de la queue sont d'un vert foncé, à reflets dorés, elles sont bordées de gris, et une raie jaunâtre traverse leur milieu. Une teinte grise isabelle est répandue sur la poitrine , le ventre et l'ab- domen. Les pennes des ailes sont noirâtres, faiblement S48 LE COQ BRONZE. glacées de vert, et rayées extérieurement de blanc fauve. Quelques reflets verts se montrent également sur les pennes de la queue qui sont brunes. L'iris est jaunâtre, et le bec d'un brun noirâtre. Les habitudes de cette espèce sont peu connues ; on sait seulement qu'elle se tient à la lisière des fo- rêts où elle reste cachée pendant le jour. Le coq fait entendre un chant qui peut être rendu par les deux syllabes co^crik. LE COQ BRONZÉ\ On doit la connaissance de ce bel oiseau à M. Diard qui l'a adressé de Sumatra au Muséum d'histoire na- turelle. Un peu plus fort que le coq ayam-alas , il a , de la pointe du bec à l'extrémité de la queue , deux pieds environ. C'est , pense M. Temminck , l'espèce à la- quelle les Malais donnent le nom de Ayam-Baroogo. Sa tête est surmontée d^une crête élevée , lisse et assez épaisse ; outre le fanon mince qui lui pend sous la gorge, il porte encore, de chaque côté de la man- dibule inférieure, un petit appendice ou barbillon charnu. Toutes ces parties sont , ainsi que les joues et la gorge , colorées d'un rouge vif. Les plumes oblongues de la tête , du cou et d'une 1. Gallus œneus, Temin., pi. oy/i- LE COQ BRONZÉ. '2!\Q partie du manteau brillent dun vert métallique à reflets pourprés , et sont toutes entourées d'un cer- cle vert velouté. Les longues plumes du dos et des couvertures des ailes , et celles plus longues encore du croupion , qui retombent avec élégance de chaque côté de la queue, sont richement peintes sur leur milieu de violet pour- pré , et portent une large frange d'un marron éclatant. Ces belles teintes pourpres et violettes se reflètent encore sur le plumage noir du devant du cou , de la poitrine et de toutes les parties inférieures. Les ailes en dessus, ou plutôt leurs pennes les plus rapprochées du corps, sont d'un vert doré ma- gnifique. Les grandes pennes ont une teinte noire mêlée de vert; sur leur bord externe se voit un peu de roux, et du blanc se montre à leur pointe. Les pennes de la queue , suivant la manière dont elles sont frappées par la lumière , reflètent ou le vert doré le plus brillant, ou le violet pourpre le plus écla- tant. Les tarses sont robustes, armés d'un fort éperon, et revêtus d'écaillés épaisses et solides; ils sont, ainsi que le bec , d'un gris cendré. Cette espèce habite la lisière des forêts de l'intérieur de Sumatra ; la femelle n'est point encore connue. '>a>«9e< 2 5o LES DINDONS. «««««<»««4« »«#«««>»««««« LES DINDONS. Ce genre ne comprend encore que deux espèces : le dindon commun qui est la souche du dindon do- mestique , et le dindon œillé, aussi remarquable par la richesse et la variété de son plumage, que l'autre l'est par l'uniformité du sien; et le premier, quant à ses formes générales, donne une idée très exacte du second que l'on connaît d'ailleurs. Ce sont des oiseaux dont les proportions sont lourdes ; et il en est de même de leurs allures, du moins dans leur état ordinaire, c'est-à-dire quand ils ne sont excités par aucun sen- timent violent. L'un et l'autre sont américains. Ils se distinguent organiquement des autres galli- nacées par leur tête nue, recouverte d'une peau toute mamelonnée; par un appendice qui naît sous la gorge et se prolonge le long du cou ; par un autre appen- dice conique sur le front qui , chez le mâle , a la fa- culté de s'étendre et de s'agrandir à la volonté de l'animal jusqu'à dépasser le bec ; par un pinceau de poils très durs au bas du cou du mâle , enfin par les couvertures de la queue qui, dans les individus mâles, ont la faculté de se relever et de s'étaler pour for- mer la roue ; les mâles se distinguent encore des fe- melles par des éperons. Ce sont des oiseaux qui vivent en troupes, quel- Tom 2 Plq ■ordured'or rouge est d'autant plus frappant, qu'elle esl séparée de la partie verte et bleue de la plume , 1-E DINDON OEILLE. 279 par une ligne d'un beau noir de velours. Les plumes du croupion ont leur partie cachée gris cendré v6r- inicuiée de brun noirâtre. Cette partie grise vermi- culée prend plus d'étendue, et se montre au dehors sur les dernières d'entre elles, aiuvsi que sur les cou- vertures supérieures et sur les pennes de la queue; en sorte que la partie bleue et verte, entourée de toutes parts par un cercle noir, et bordée en outre, du côté du bout de la plume, par une large bande de la plus belle couleur d'or changeant en cuivré, y représente des yeux assez analogues, pour leur dis- tribution , à ceux de l'éperonnier [Pava bicalcara- tus), mais beaucoup plus grands et plus éclatants eu couleur. Il paraît qu'en comptant ceux du bout de la queue, il y a quatre rangées transversales de ces yeux ainsi séparés par des espaces gris et vermiculés. Les plumes des flancs et celles du dessous de la queue sont semblables à celles du haut du croupion; mais leur vert est plus foncé, et leur doré est plus rouge. Les petites ouvertures de l'aile sont d'un beau vert d'émeraude , avec un bord étroit d'un noir de ve- lours. Les grandes couvertures secondaires sont d'une belle cou!ei!r de cuivre métallique , avec des reflets dorés. Leur partie couverte est d'un vert d'émeraude près la tige, et vermiculée de gris et de blanc le long du bord couvert. L'aile bâtarde et les couvertures primaires sont d'un brun noirâtre , avec des bandes transversales étroites et obliques blanches. C'est aussi la couleur de toutes les pennes, mais le bord externe des dernières pennes primaires et de toutes les se- condaires est blanc ; et quand l'aile est fermée ces 2S0 LE DINDON OEILLÉ. bords blancs réunis forment sur son milieu une large bande longitudinale blanche. Les pennes secondaires les plus voisines du dos ont dans leur brun des tein- tes vert doré. Tout le dessous de l'aile est bardé en travers de blanc et de gris brunâtre. Je ne compte que quatorze pennes à la queue de cet individu, qui est ronde par le bout. Toutes les pennes en dessous sont noirâtres légèrement vermiculées de blanchâtre. Les plumes des cuisses sont noirâtres. Les jambes sont un peu élevées et plus fortes qu'au dindon commun, et armées d'éperons beaucoup plus forts et plus poin- tus à proportion. Leur couleur paraît avoir été d'un beau rouge. Les plus beaux dindons sauvages, comme on vient de le voir, ont le fond de leurs plumes d'un bronze changeant en cuivre , une large bordure noire et un autre bord fauve mat; leur queue, formée de pennes plus longues et plus fortes que dans notre oiseau, n'a ni sur les plumes, ni sur les couvertures rien qui res- semble à des veux. >^^«S*m LES PINTADES. '2^1 e<>»»'a»»»»»«^>W9«»»e»»*9<'a»o*W9*e4i*»we»aig*«'e*e»«* LES PINTADES. Ces oiseaux se font remarquer par la forme ramas- sée et arrondie de leur corps, qui leur est toute par- ticuiière, et qui résulte de ce qu'ils n'ont qu'une très courte queue, que celte queue est pendante, et de ce que leur cou court et mince, proportionna à leurs courtes jambes, porte une tête petite qui semble être sans proportion avec les dimensions du corps. Les pintades ont la tête nue , couronnée seulement par une petite touffe de plumes ou par une espèce de casque corné; leur bec est court comparative- ment à celui de plusieurs autres gallinacées , et de petits barbillons, ou des plis dans la peau , se remar- quent à sa base ; leurs tarses sont sans éperons , et leurs ailes sont fort courtes. Toutes les espèces de pintades sont africaines, et elles vivent en troupes assez nombreuses dans le voi- sinage des bois. Ce sont des oiseaux vifs, pétulants, criards , qui vivent et se reproduisent à la manière de tous les autres gallinacées, et qu'on parvient assez facilement à apprivoiser; aussi une espèce est-elle devenue domestique, et il en serait , sans doute, de même des autres , si l'on s'était donné la peine d'en élever au milieu de nos habitations deux ou trois gé- nérations successives. 282 LA PilSTADE HUPPEE. , Eufloii n'a connu que la pintade domestique à cas- que* [numidarneleagrls). Depuis, Pallas en a décrit et fait figurer une qui , au lieu de casque , a 1 a tête couronnée par une petite touûe de poils, et l'on en a encore indiqué une ou deux autres qui auront be- soin d être revues pour être adoptées définitivement. Tout ce que dit Buffon de la pintade comuiune ou domestique, est aussi complet que l'histoire d'une espèce d'oiseau peut l'être, quand on n'en observe que des races domestiques, et que l'on n'a connais- sance de la race sauvage que par les récits toujours bien superficiels des voyageurs. Depuis Buffon cette espèce n'ayant été le sujet d'aucune observation nou- velle, nous n'aurons rien à ajouter à son histoire; nous nous bornerons donc à rapporter ce que nous apprennent, de l'espèce huppée que Buffon ne con- naissait point et dont il n'a pas parlé , les auteurs qui ont eu occasion de l'observer. LA PINTADE HUPPEE'. Cette espèce est un peu plus petite que la pin- tade commune , et n'a point les barbillons charnus que l'on voit sous le bec de celle-ci; ils sont rem- placés par un pli longitudinal de la peau qui s'élend de chaque côté de la mandibule inférieure. \]ne huppe épaisse , composée de plumes noires cou- 1. Tom. XX, pag. 90, Édit. Pillol. 2. Pallas, Spic. zoo)., pag. i5, pi. 2 ; Pintade cornai, Temm.,Hist nat. desGalliu., loin. II, pag. 448; Vieillot, Gai., pag. 53, pi. 209 ;Tom 2 4?' .i^o^x'/'/^/^r/^^ //////y/'' c: . 2 ,-w' '■y^/'/^o^<a^»»a^»»g»»a'^<»» LES TALEGALLES'. Les nombreux voyages qui dans ces derniers temps ont eu la polynésie pour objet, ont été pour l'his^ toire naturelle, et en particulier pour rornithologie, une très grande source de richesses; la Nouvelle- Guinée, en particulier, s'est toujours fait remarquer par la nature particulière de plusieurs des oiseaux qu'elle produit, et l'espèce qui constitue ce genre en est un nouvel exemple. Les caractères génériques du talégalle consistent, ainsi que nons l'apprend M. Lesson , auteur de ce genre, en un bec robuste, très épais, long du tiers de la longueur de la tête, comprimé en dessus, à mandibule supérieure convexe, entaajant les plumes du front; en des narines situées à la base et sur les côtés du bec, ovales, allongées, et ouvertes dans une large membrane ; en une mandibule inférieure du bec moins haute, mais plus large que la supérieure, et presque droite en dessous ; les bords sont lisses , ses branches écartées, et leur écartement rempli par une membrane garnie de plumes; enfin , su pointe est taillée obliquement en bec de flûte. Les joues de cet oiseau sont entièrement nues. Sa tête et son cou sont garnis de plumes à barbes simples ; ses ailes sont 1. Ta [('irai la, Less. 286 LE TALÉGALLE DE CUVIEU. arrondies et d'une grandeur médiocre ; la première penne est très courte et la troisième est la plus lon- gue de toutes. La queue longue est arrondie ; les tarses robustes, médiocrement longs , sont garnis de larges plaques en devant. Des quatre doigts , le pos" térieur est le plus court, mais il appuie sur le sol, et, des antérieurs, c'est le moyen qui est le plus long; ceux-ci sont garnis à leur base d'une petite mem- brane. Les quatre ongles sont convexes, aplatis en dessous, légèrement recourbés et forts. LE TALEGALLE DE CUVIER*. Ce talégalle est sans contredit une des espèces les plus intéressantes dont se soit, dans ces derniers temps, enrichie l'ornithologie. La découverte en est due à M. Lesson , qui l'a dé^ crit et figuré dans la partie zoologique du voyage de la Coquille. L'individu qui lui a servi de type a été tué aux alentours du Havre - Dorey , à la Nouvelle- Guinée. Un autre individu de cette espèce, rapporté des mêmes contrées par MM. Quoy et Gaimard , et dé- posé par eux dans les galeries du Muséum, est celui que nous avons maintenant sous les yeux. Sa longueur totale est de vingt-un pouces; la 1. Talegatlus Cuvicrii, Less. , V'oyag. de la Cofjuille , [A. 58, LE TALÉGALLE DE CUVIER. 'jS'J quene, mesurée à part, a six pouces et demie; le bec a dix-neuf lignes. Des pieds forts et réticulés, à doigts munis d'on- gles robustes , bien que médiocres, supportent son corps. Les ailes dépassent à peine l'origine de la queue ; les baguettes de leurs rémiges , de même que celles des pennes caudales, sont assez minces, mais fermes et luisantes. Le front, le dessus de la tête et la nuque sont garnis de plumes rares, de couleur brune , à tige lisse , à barbes désunies et d'une ex- trême finesse, ce qui donne à ces parties l'apparence d'être velues. Une nudité complète règne sur les joues, qui sont, ainsi que les tarses, colorées en jaune, dans l'état vivant. L'ouverture du trou auditif est éga- lement dégarni de plumes; celles qu'on voit sous la gorge et sur le haut du cou , clair-seraées et fort courtes, ont une teinte fauve grisâtre; tout le reste du plumage, aussi bien en dessus qu'en dessous, est d'un noir brun foncé. La couleur du bec est d'un jaune rosé assez vif. Cet oiseau a été rencontré non loin de la mer dans les broussailles , où il vit à la manière de tous les gal- linacées. 5>88 LES PAONS. LES PAONS. Notre paon mâle domestique donne une idée fort exacte de la physionomie générale des mâles de ces oiseaux, qui se distinguent de tons les autres galîi- nacées par la huppe dont ils sont couronnés, par la faculté qu'ils ont de relever leur queue, et par les lon- gues couvertures qui la revêtent en dessus , et qui constituent l'ensemble de plumes au moyen des- quelles ces oiseaux font la roue, et qu'on considère communément comme leur queue, quoiqu'elles ne la forment pas en efïet. La queue des paons, beaucoup plus courte que ces plumes , se compose de huit pen- nes raides à barbes très serrées , et dont les barbules s'attachent les unes aux autres, tandis que ces couver- tures sont, comme on sait, extrêmement flexibles et garnies, dans une grande partie de leur longueur, de barbes lâches très éloignées les unes des autres, et presque dépourvues de barbules. Les femelles ont la couronne des mâles sans en avoir la queue. Le bec des paons et de médiocre grandeur, coni- que, à mandibule supérieure un peu crochue à son extrémité. Les narines sont à la base du bec et nues. La tête est entièrement revêtue déplumes. Les pieds ont trois doigts courts en avant et un en arrière , et c'est la sixième penne de leurs ailes qui est la plus longue. LES PAONS. 289 Ces oiseaux sont originaires des Indes orientales ; mais on n'en connaît encore que deux espèces : celle dont notre paon domestique, dit-on, tire son origine, et le paon spicifère. BufFon ne connut que le paon domestique et ses races; il ne connut pas le paon sauvage, et il ne parle de celui auquel il donne le nom de spicifère , que pour rappeler, comme tous les autres ornithologistes jus- qu'à ces derniers temps, ce qu'on croit qu'en avait dit Aldrovande, d'après une figure envoyée du Japon au pape. Depuis, le paon sauvage ayant été vu et dé- crit dans les collections d'histoire naturelle, et vivant même aujourd'hui dans notre Ménagerie, nous pour- rons faire connaître les légères différences par lesquel- les il se distingue du paon domestique. Il en sera de môme du spicifère : nous pourrons le décrire d'après ses dépouilles qui ont été envoyées au Muséum, et se trouvent aujourd'hui dans ses collections d'oiseaux. Chacun connaît la ravissante peinture que BufFon a donnée du paon domestique^; l'art admirable avec le- quel il a représenté les couleurs qui ornent l'éclatant plumage de ce bel oiseau, les teintes variées sous les- quelles elles se présentent, les nuances sans nombre par lesquelles elles passent, et l'ensemble magnifique qui résulte du mélange harmonieux des unes et des autres. On ne pouvait représenter plus dignement en paroles, et rendre plus sensible à l'esprit l'image do cet oiseau, sur qui la nature semble avoir pris plaisir à réunir toute sorte de beautés et de richesses. Mais dans cette histoire Bu ffon n'est pas seulement un pein- tre admirable, il est encore un historien fidèle ; et , si i. Tom. XX, pag. 186, Étlil. Pillol. CIVIEU. H. 19 290 LES PAONS. Ion pouvait y trouver quelques légères taches, ce ne serait que quand, pour faire connaître le naturel de celte espèce , il est conduit à employer des tenues qui ne peuvent convenir qu'à la nature de rhomme ; mais ces termes n'ont dans son discours qu'un sens hyperbolique, et il importe de ne point l'oublier; car, comme nous l'avons vu dans l'histoire des mam- mifères, BufTon accordait encore moins d'intelligence aux animaux qu'il ne leur en aurait accorde , s'il eût été à portée de les mieux étudier et de les mieux connaître. Il ne considère, avec raison , le paon blanc que comme une variété du paon ordinaire^; mais, l'assi- milant sous le rapport de la couleur au lièvre, à l'her- mine qui deviennent blancs en hiver, il suppose avec Frisch que sa couleur est un effet immédiat du froid , ce qui est une erreur. La blancheur pour ce paon est ce qu'elle esl pour tons nos oiseaux de basse-cour, pour tous les animaux qui sont soumis à notre in- fluence journalière; elle est un effet du genre de vie auquel nous avons assujettis les individus dont il des- cend; c'est une modification commune, inévitable même , et de laquelle il ne nous est point encore donné d'assigner la cause. Buffon suppose encore que cette modification dans le plumage doit être ac- compagnée de modifications analogues dans le tempé- rament, ce qui le porte à regretter que ces oiseaux n'aient pas fait le sujet d'observations dans la vue d'en déterminer les habitudes et les mœurs. Cette supposition de Buffon^ ne se trouve point fondée : les paons blancs ont complètement le naturel des paons 1. Tom. XX, pag. 212, Édit. Pillot LE PAON SAUVAGE. 29 1 dor^s; el, contrairement à ce que l'on croit, je nVi pas vu que les jeunes de cette variété fussent sensi- blement plus délicats, et plus difficiles à élever, par les soins nombreux qu'ils exigeraient , que les jeunes de la race colorée. Enfin, il est encore une erreur que nous devons signaler. Buflbn pense que le paon panaché est un produit du paon ordinaire avec le paon blanc , et il se trompe*. Le paon panaché est un paon ordinaire sur lequel des plumes, en plus ou moins grand nom- bre , naturellement altérées dans leurs germes, nais- sent et se développent sans l'éclat des autres et tout-à-fait blanches. C'est la première trace de la modification qui, en s'étendant sur tout le plumage, produirait le paon blanc. II est même rare aujour- d'hui de trouver des paons colorés sans quelques unes de ces taches blanches irrégulières qui sont une des marques les plus profondes de l'influence de l'homme, et de l'assujettissement des races. LE PAON SAUVAGE. Le paon sauvage , naturel de Java , diffère assez peu du paon domestique à plumage coloré , c'est peut-être une des races de nos animaux domestiques qui a subi le moins de modifications sous notre in- fluence ; car, excepté la race blanche , il ne s'en est point produit d'autres dans cette espèce ; et cette résistance à toutes les causes qui ont si puissamment i, Tom. XX, pag. 21 5, Édit. Pillot. 292 LE PAON SAUVAGE. agi sur d'autres espèces, est peut-èlre digne de re- marques , si l'on considère que ce paon est soumis à la race humaine dès la plus haute antiquité , et qu'aucune autre espèce exposée à cette épreuve , n'a pu conserver aussi pure ses caractères primitifs. Quels que soient en effet les oiseaux domestiques que nous considérions, nous y trouvons des races nombreuses, profondément modifiées dans leurs organes, et dont les modifications mêmes ont acquis toute la fixité des caractères spécifiques , dont ils ont quelquefois pris la place. Qui reconnaîtrait le coq sauvage dans le coq huppé, le canard commun dans le canard à bec courbe , et le pigeon primitif dans les cinquante ra- ces qui en sont descendues? Quoi qu'il en soit, le paon sauvage ne l'emporte sur le paon domestique, que par ses couleurs en général un peu plus bril- lantes , mais surtout par ses ailes qui sont d'un vert foncé à reflet métallique, bordées d'un vert doré, au lieu d'avoir une teinte lie de vin variée irréguliè- rement de petites lignes ondulées noirâtres. Ce paon sauvage s'apprivoise aisément et s'habi- tue sans peine à nos soins et aux mouvements de nos habitations ; il devient donc facilement domestique ; aussi s'unit-il aux femelles de paon domestique, comme il s'unirait à celles de sa propre race, et leur produit m'a donné des individus à ailes vertes et des individus à ailes fauves, sans rien d'intermédiaire en- tre ces deux couleurs. Dans tout ce qui précède j'ai suivi les idées com- munément reçues en ornithologie , sur les rapports du paon aux ailes vertes et du paon aux ailes fauves ; mais je ne dois pas laisser ignorer que ces rapports LE PAON SPiClFÈUli. 29^ ne reposent que sur ce que la ressemblance qui existe entre ces oiseaux , est plus grande que celle qui existe entre le paon domestique et les autres paons sauvages ; on n'a aucune preuve directe du pas- sage de la race sauvage à la race domestique , et tout ce qu'on en pense ne repose que sur des induc- tions qu'à la vérité permettent les faits connus. Les espèces des genres naturels ne diffèrent souvent pas davantage que ces deux races de paons , et on ne peut rien conclure de ce qu'elles se reproduisent mutuellement : c'est un fait général que les indivi- dus de deux espèces contiguës, d'un genre naturel , se comportent les uns avec les autres en esclavage , comme le feraient des individus de la môme espèce. Ainsi rien ne prouve que nous connaissons la véri- table race sauvage de notre paon domestique, et qu'il n'existe pas en Asie, ou dans les îles voisines, une es- pèce dont les ailes seraient rousses , comme il en existe une dont les ailes sont vertes. Ces diverses contrées ne sont point assez connues pour que sur ce sujet nous puissions avoir aucune certitude. ê '■ ^ LE PAON SPICIFÈRE\ Le spicifère, ainsi nommé par Buffon^ à cause de l'aigrette en forme d'épi qu'il porte sur la tête , ne 1. Le Paon spicifère, Buffon, t. II, p. 566; Pavo spiciferus ,\ÏGi\\. , Gai., pi. 202 -, Pavo muiicus, Linu. , Syst. géii.*, Lalli., Ind.; n" 2. 2. Tom. XX, pag. 2A6, Éclil. PiUot. 394 ^^ PAON SPICIFÈRE. le cède au paon ordinaire ni par la taille , ni par la beauté et Téclat de ses couleurs. C'est un magnifique oiseau dont les pieds sont, comme ceux de son congénère, armés de forts épe- rons. L'iris de l'œil est jaune, et les joues, entièrement dénuées de plumes , ofïrent une belle couleur rouge. La hauteur de la huppe est d'environ quatre pou- ces, les plumes qui la composent sont à tigeraide, droite et garnie sur toute son étendue de barbes ser- rées qui paraissent émaillées de vert et de bleu. Le bec et le tarse sont d'une couleur cendrée. Un beau vert colore les petites plumes arrondies, et comme gaufrées, qui recouvrent le sommet de la tête; la partie postérieure de celle-ci, la gorge et le haut du cou sont teints de bleu foncé auquel se mêle du vert. La forme arrondie des plumes du col et de la poi- trine, ainsi que la distribution de leurs couleurs les font ressembler à des écailles; elles sont sur leur mi- lieu d'un beau bleu indigo qu'environne un vert mé- tallique , et portent une large bordure d'un vert doré. Sur le dos, les épaules et le croupion el^es présen- tent la même disposition; mais le bleu est remplacé sur le centre de chaque plume, par le vert le plus brillant, et leur bordure vert doré se montre non seulement plus riche et plus éclatante , mais ornée d'une frange d'un noir velouté. Il règne sur le ventre et les flancs une couleur brune à reflets verts ou bleus qui se font également remar- quer sur le haut des cuisses; la partie de celle-ci la plus proche du tarse est d'une couleur brune uni- forme. Les ailes , en dessus, reflètent, selon la ma- LE PAON SPICIFÈRE. 2^0 îiière dont elles sont éclairées , ou des teintes vertes, ou des teintes bleues; leurs pennes sont d'une cou- leur isabelle. Les grandes couvertures des pennes de la queue , la partie la plus remarquable du plumage , ne sont pas moins vivement colorées que chez l'espèce ordi- naire : l'or, le vert émeraude , le pourpre et le violet sont les couleurs dont elles brillent , suivant les diffé- rents aspects sous lesquels on les considère : les plus externes de ces plumes prennent une forme arquée vers les deux tiers de leur longueur; toutes les autres sont droites, à tige blanche, et se terminent par un disque vert doré, à reflets violets ou pourprés, dont le centre d'un vert émeraude supporte un croissant du plus beau bleu. Nous ne connaissons point la femelle du paon spi- cifère ; les individus qu'on a jusqu'à présent regardés comme appartenant à ce sexe , ne sont à notre avis que des jeunes mâles , et les couleurs brillantes dont ils sont déjà parés, l'indiquent assez; car il y a dans la nature de certaines règles dont elle ne s'écarbe guère ; ce qui nous fait penser que la femelle du spi- cifère ne doit pas , du côté de la richesse et de la parure , être plus privilégiée que celle du paon or- dinaire, et des autres espèces de gallinacées. Aldrovande, qui le premier a fait mention de ce paon , ne le connaissait que par une peinture peu fidèle, envoyée au pape par l'empereur du Japon; aussi la ûgure et la description qu'il en a données manquent-elles d'exactitude sur plusieurs points. La plupart des auteurs ont copié Aldrovande, et ont par conséquent reproduit les mêmes fautes que lui. 2g6 LES Él»ERONNIEKS. Tous les individus de cette espèce que possèdenl le Muséum d'histoire naturelle, lui ont été envoyés de Java par M. Diard. »«>â«li9O0««««»(r »•»»»« «««««^«« LES EPERONNIERS Les oiseaux qui constituent ce sous-genre se dis- tinguent au premier aspect de tous les autres galli- nacées , par les deux ergots ou éperons dont leur tarse est armé, et c'est ce caractère qui a porté Buffon à donner ce nom à l'espèce dont il parle sans le savoir sous deux noms différents, sous celui de chinquis et sous celui d'éperonnier^. Depuis, deux ou trois autres espèces ont été ajoutées à celle que Buf- fon connaissait, et sont venues constituer avec elles un genre que l'on peut considérer comme intermé- diaire entre les paons et les faisans. Buffon s'étend longuement pour prouver que Té- peronnier n'est ni un paon ni un faisan, tout en re- connaissant qu'il a des rapports avec l'un et avec l'autre de ces oiseaux; mais ces rapports ne lui sem- blent que superficiels, et il ne cherche point à en établir d'autres, comme si la science était satisfaite quand elle possède la description d'une espèce, sans connaître en même temps ses relations avec celles 1. Pol/yplectrottj Temm. , Hist. nat. desGalliii., tom. II, pag. 368. '2. Tom. 11, m^% p. 565 et 568- - Éclit. Pillot, tom. XX, p. 24^ et 2 48. LES ÉPERONNIEPiS. 297 qui sont d'une nature plus ou moins analogue à la sienne. On est peiné de voir à chaque pas la préoc- cupation qui occupait Bufibn contre les méthodes, suspendre sa pensée , et l'arrêter au moment où, avec son génie , il aurait porté une si vive lumière où les esprits ordinaires ne marchent qu'à tâtons. C'est M. Temminck qui a formé ce genre dont on ne connaît encore rien des mœurs. Ses caractères organiques consistent en un bec médiocre , grêle , droit, comprimé, dont la base est couverte de plu- mes, et la mandibule supérieure courbée à sa pointe; des narines latérales placées au niilieu du bec et ou- vertes par devant, parce que par derrière elles sont à moitié couvertes d'une membrane nue ; des tarses longs, grêles, armés de plusieurs éperons dans le mâle, et de simples tubercules dans la femelle; une queue longue, étagée, ou ayant ses pennes dispo- sées en arc de cercle à son extrémité; des ailes dont les quatre premières pennes sont plus courtes que la cinquième et la sixième qui sont les plus longues ; des orbites et des joues dénués de plumes. Ces oiseaux ne relèvent point leur queue à la ma- nière des paons; ils la portent toujours horizontale- ment, et toutes les pennes dont elles se composent restent transversalement à peu près sur la même li- gne , différant en cela de la queue des faisans dont les pennes se partagent en deux plans obliques. Mais la queue des éperonniers se compose de deux rangs de pennes, les unes en dessous qui sont les plus cour- tes , et les autres en dessus qui sont d'un tiers plus longues que les premières, et qui semblent consti- tuer à elles seules cet organe. 2gS L*ÉPERONNIER A TOUPET. Les espèces de ce genre sont originaires de la Chine ou des Indes orientales. L'éperonnier dont parle Buffon est le poyplectron bicalcaratus des au- teurs ; il le décrit d'après des dessins qui lui furent envoyés d'Angleterre et fort exactement, c'est pour- quoi nous ne reviendrons pas sur cette espèce ; nous nous bornerons à en faire connaître deux autres dont la publication est due à M. Teinuainck. L'ÉPERONNIER A TOUPET*. Cette espèce , remarquable par la richesse de son vêtement, est couronnée par une longue huppe de plumes étroites à barbes soyeuses; une large bande blanche passe au dessus des yeux, et une tache de îueme couleur couvre son oreille. La huppe , la nu- <[ue , le devant du cou et la poitrine sont d'un noir verdâtre à reflets métalliques; le reste des parties in- férieures est noir. Les ailes sont d'un vert bleuâtre très brillant, et changeant suivant leurs rapports avec i'œil et la lumière. Le dos et les couvertures supé- rieures de la queue sont d'un brun terne varié par des lignes en zig-zag d'une teinte plus pâle. Les pennes de la queue supérieures et inférieures sont brunes avec de nombreuses petites taches jaunâtres, et chacune d'elles porte à son extrémité deux mi- i. Polypleetron eniphanum^ Tcmm., pi. col. dois., n" 54o. L*ÉPERONNIER CHALGUUE. 299 roîrs ovales du vert à reflet métallique le plus bril- lant ; ils sont sépares par la tige moyenne, et environ- nés de deux cercles, l'interne noir, l'externe brun clair; enfin, toutes les pennes sont terminées par une bande blanche. Les pennes des ailes sont entiè- rement brunes. Le bec et les tarses sont couleur de corne. La femelle de cette espèce n'est pas connue. Cet éperonnier, dont on ne possède encore qu'un seul individu mâle, n'a pas d'origine certaine : on croit qu'il vient de quelques unes des îles des Indes orientales; et M. Temminck l'a décrit d'après cet unique individu acquis par M. le prince d'Essling, qui, comme le savent tous les naturalistes, possède une des plus riches collections d'oiseaux, et en fait le plus L'ÉPERONNIER CHALCURE'. La collection du Muséum est la seule qui possède cette espèce d'éperonnier, et dans un mâle seulement, qui lui a été envoyé de Sumatra par MM. Duvanceî et Diard. Cet éperonnier diffère des trois autres espèces, en ce que l'on ne voit sur aucune partie de son plumage, ces taches brillantes ovales que l'on désigne par le nom de miroir, et dont la queue du paon donne de i. PoiypUctron chalcuvumjTamm. , pi. dois. col. ,n" 5 19. 300 k*ÉPEllONNIEU CIIALCLRE. si beaux exeiriples, et il en diffère encore en ce que sa queue n'a pas les deux rangées de pennes que nous avons fait remarquer avec raison parmi les caractères du genre ; de plus , cet organe, au lieu d'être arrondi à son extrémité , comme la queue de 1 eperonnier à toupet, par exemple, est étage, c'est-à-dire formé de pennes qui vont en s'allongeant graduellement des externes aux moyennes , et celles-ci sont trois fois plus longues que les premières. Ces différences sont de telle nature que quoiqu'éperonnier par ses deux ergots à chaque tarse, il est évident qu'il appartient à un type nouveau , à moins que ne considérant les ergots que comme un organe d'un ordre assez secon- daire, on ne le rapproche d'un type ancien. Ce qui est certain c'est qu'il est une anomalie dans son genre ; tout fait prévoir que tôt on tard il en sera tiré , et pour le moment il nous suffit d'avoir donné ces indications. Tout le corps de cet oiseau est recouvert de plu- mes d'un beau brun marron, sur lesquelles se dessi- nent deux ou trois croissants noirs , mais principale- ment sur quelques unes des grandes couvertures des ailes , les scapulaires, les plumes du manteau et celles du dos. Les grandes couvertures et les pennes de la queue sont variées de lignes transversales alternati- vement noires et brunes; mais toutes ces pennes, depuis le milieu jusqu'au bout, sont d'un beau vio- let à reflets verts et pourprés. Le bec est blanchâtre et les pieds sont gris. Sa longueur totale est de dix- huit pouces. LES HOUPriFKRES. v^JO 1 LES HOUPPIFÊRES*. Ces oiseaux semblent être des coqs dont la crête est remplacée par une belle huppe droite ou plutôt une belle couronne de plumes ; car leur queue ver- ticale, dont les couvertures sont plus longues que les pennes et retombent en panache , rappelle tout- à-fait la queue des coqs, tandis que leur huppe rap- pelle celle des paons et des lophophores. Les joues sont nues et le bord inférieur de la peau qui les revêt, par la saillie qu'il fait, semble reproduire le barbillon qui garnit de chaque côté la mandibule inférieure du bec du coq à sa base. Du reste , les houppifères ressemblent aux faisans par tous les autres carac- tères ; et la seule espèce bien connue , et que Ton peut considérer comme le type du genre, est origi- naire des îles de la Sonde. Cette espèce n'a pas tou- jours été considérée comme appartenant à un genre particulier; les uns en ont fait un faisan 2, les autres un coq ^, mais en reconnaissant toujours les diffé- rences essentielles qui la distinguent de ces oiseaux. Aujourd'hui que les idées sur les méthodes sont plus exactes, ce houppifère a été mis à sa véritable place entre les coqs et les faisans , parmi lesquels se trou- vent des espèces huppées. 1. Houppifères , Temm., Gallin. , tom. II, pag, 273. 2. Phasianus ignitus , Shaw, nat. mis., ôai. 5. Vieillot, Gai., pag. 29, pi. 107. 002 LE HOUl'PIFÈRE MAKAllTNEY. On n'a recueilli aucun détail sur les mœurs de cetre belle espèce de gallinacées. L'analogie permet de pen- ser qu elle vit en troupes, et que son naturel est du reste analogue à celui des espèces dont elle se rap- proche par ses organes. ■»»% 9»»» »»»»»»»»»*»»»»»» »»»*»9»»W»»»»» LE HOUPPIFÊRE MAKARTNEY*. Une huppe , composée de plumes dont la tige raide et verticale est garnie seulement à son extrémité de barbes décomposées et disposées en éventail , cou- ronne la tête de cet oiseau. Sa grosseur peut être comparée à celle d'un gros coq de basse-cour ; mesuré de la pointe du bec au croupion , il a treize pouces , la queue seule en a neuf. La peau nue et violette de ses joues se prolonge en deux petits appendices de forme triangulaire, qui pen- dent sous les yeux de chaque côté du bec. Son plumage sur la tête et la totalité du cou, sur le manteau, la poitrine et le ventre, est d'un noir bril- lant à reflets bleu d'acier. Un beau rouge orangé très vif, à reflets couleur de feu, règne sur les plumes du dessous de la queue. 1. Gatlits Makart7ieyij Temm., Gall., tom. III, pag. 663; Phasia' nus igjiitus, Lath.; Galtiis ignitas ,Yiei\\., Gai., pi. 107; Makartney ignicolor, Less., Trait, ornilh., pag. 49^. LE UOUPPIFÈRE MAKARTNEY. ÔOÔ Les flammes se montrent avec de larges flammèches blanches qui, quelquefois aussi, prennent une teinte orangée. La queue semblable à celle des coqs n'est cepen- dant pas, comme elle, recouverte en entier par les couvertures supérieures; celles-ci ne font, pour ainsi dire, que l'envelopper jusqu'aux deux tiers de sa hauteur ; elles brillent , ainsi que les couvertures des ailes, d'un noir brillant , et portent à leur extrémité des zones d'un vert doré extrêmement foncé. Les pennes de la queue sont fort larges et à lige solide ; les quatre intermédiaires , dont la couleur est un blanc tirant sur le roux, sont légèrement arquées, toutes les autres sont droites, étagées, et de couleur noire. Un jaune d'ocre colore le bec ; les pieds sont gri- sâtres , et les éperons dont ils sont armés , ainsi que les ongles, sont bruns. Un peu moins forte que le mâle , la femelle porte , comme lui , une huppe sur le sommet de la tête. Ses joues sont aussi dénuées de plumes , mais on n'aper- çoit aucune trace d'appendices ou de barbillons sur les côtés du bec. La mandibule supérieure de celui-ci est brun« , l'inférieure est blanchâtre. Une teinte d'un roux ferrugineux finement strié de brun est répandue sur toute la partie supérieure du corps , excepté la gorge qui est d'un blanc uniforme, tout le plumage des parties inférieures est largement flammé de brun marron sur un fond blanc. Cette espèce habite l'île de Java. 5o4 LE HOUPPIFÈRE CUVIER. (v»s*%»»«5<»a«»*>9«>Mbft**»»ô*«.o LE HOUPPIFERE GUVIER\ Cet oiseau a de longueur totale vingt-un pouces , dioiensions dans lesquelles la queue entre pour neuf pouces. Ses joues sont, comme celles du faisan or- dinaire , recouvertes d'une membrane épaisse qui se prolonge en une pointe libre jusque sur les narines ; de nombreuses et très petites papilles garnissent celte peau que colore un rouge écarlate. La région du bec voisine des narines est noire, un jaune doré en colore les autres parties. Cet oiseau porte sur l'occiput un faisceau de plumes effilées, à barbes un peu désunies et coucbées sur leur lige. Cette huppe longue de plus de deux pouces se di- rige horizonlalement en arrière , et est , avec le cou, une partie du dos et les plumes oblongues de la poi- trine et des côtés du ventre, d'un noir à reflels violets très brillants. Les plumes courtes et de couleur brune de la gorge en laissent voir la peau, tant elles çontpeu serrées. Le milieu du ventre et les cuisses sont d'un brun terne. A peine les ailes, qui sont glacées de vert sur un fond noir, s'étendent-elles au delà de l'origine de la queue. Celle-ci, bien que l'oiseau la porte dans une di- 1. Lophophoru.s Cuvicrii , Tomm., pi. roi. i . LE HOUPPIFÈRE CUVIER. 3o5 rectioa horizontale ou à peu près , est légèrement tectiforme , les pennes en sont étagées et d'une cou- leur noire avec des reflets bleus. Les larges plumes qui revêtent le croupion bril- lent de reflets violets, et portent sur leur bord ar- rondi une élégante frange du blanc le plus pur. Les tarses sont pourvus d'éperons dont l'extrémité est légèrement recourbée et très pointue; les uns et les autres sont, ainsi que les doigts, d'un brun cen- dré , les ongles sont blanchâtres. La taille de la femelle du houppifère Cuvier est presque égale à celle du mâle. Le derrière de la tête donne aussi naissance à une huppe qui est de moitié moins longue que celle de l'autre sexe, La nudité qui entoure l'œil , d'un rouge moins vif, est aussi moins étendue, et ne présente aucun prolongement. Le bec est aussi coloré en jaune. Un brun fauve terre d'Egypte avec des reflets violets teint la tête, le cou, la région thoracique et tout le dessous du corps. Toutes les plumes qui recou- vrent ces parties, celles de la tête et de la nuque exceptées, ont à leur centre un trait blanchâtre, et sur le bord terminal un croissant de la même couleur. La gorge est d'un blanc sale qui passe au fauve sous le cou. La partie supérieure du corps offre des zones de couleur rousse sur un fond brun fer- rugineux glacé de violet , et finement strié de noi- râtre. La huppe et les couvertures supérieures de la queue sont d'un marron vif avec de très petites stries noires d'un brun clair. Les ailes ne dépassent pas le croupion; les pennes caudales sont d'un noir CLVIER. II. 5o6 LE IIOUPPIFÈRE CUVIER. un peu luisant. Elle ne porte point d'éperons aux tarses, de très petites tubercules les remplacent. Ce gallinacée habite le Bengale ; le Muséum d'his- toire naturelle en possède plusieurs individus qui lui ont été envoyés par M. Alfred Durancel. LES LOPHOPHORES. ÔOJ LES LOPHOPHORESS La magnifique espèce de gallinacée qui, seule encore aujourd'hui peut-être, constitue véritable- ment ce genre, a long-temps été réunie aux faisans, lorsque les faisans rassemblaient tous les oiseaux bril- lants de leur ordre qui ne pouvaient être rapprochés ni des paons ni des coqs. C est M. Temminck qui forma le genre Lophophore , de cette espèce alors unique , qu'il ne connaissait que par les traits carac- téristiques que Latham avait donnés^, et par quel- ques dépouilles altérées d'individus mâles. Depuis plusieurs collections d'ornithologie se sont enrichies de ce bel oiseau, et la femelle étant aussi bien con- nue que le mâle , on a pu en tirer les caractères génériques beaucoup plus exactement qu on ne l'avait fait auparavant. Depuis son établissement, ce genre a subi plusieurs modifications bien inutiles à la science. Latham lui a donné le nom d'Impayan , ce qui a été imité par M. Lesson, et Vieillot lui a donné celui de Monaul. Quand ne croira-t-on plus qu'il y a du mérite à fabriquer des noms? Les lophophores ont comme les coqs, les faisans i. Loplwphorus (Porte-crinière), Teiniii., Histoire nat, des (lall.. toin. 11, pag. 555; Phasianus, Lath., Syn., pa^. ii/| . et Impav. Syn. supp., n"^ 11 : Monaul, Vieil!., G ail., pi. 208. 2, Index - u" 1 1. 3o8 LES LOPHOPHORES. et les paons, un piumage peint généralement, ou du moins dans quelques unes de ses parties, des plus vives couleurs; ils ont de plus, comme les faisans et les coqs, toute la circonférence de l'œil recouverte d'une peau nue, et comme les paons, une belle huppe sur la tête ; mais leur queue ne se compose pas de pennes disposées sur deux plans différents, comme celle des faisans et des coqs , et ils n'ont pas la faculté de la relever comme les coqs et les paons. Les lophophores se caractérisent en outre par un bec long, fort, très courbé, large à sa base, à bords saillants , dont la mandibule supérieure, large et tranchante à son extrémité, dépasse de beaucoup l'inférieure. Leurs narines sont situées à la base du bec et à moitié recouvertes en arrière par une mem- brane revêtue de plumes; leurs tarses sont couverts de plumes à leur partie supérieure et armés d'un fort éperon ; leurs ailes sont courtes , et c'est la qua- trième et la cinquième de leurs pennes qui sont les plus longues; la queue droite et horizontale est arrondie à son extrémité. Les mâles et les femelles diffèrent beaucoup l'un de l'autre, et c'est des mâles surtout que les carac- tères précédents ont été pris, ce qui est au reste propre à tous les gallinacées, à peu d'exceptions près: ce n'est que dans un petit nombre de genres seule- ment que les mâles ne se distinguent pas des femelles par des caractères très marqués, d'où résulte que l'organisation des mâles n'est pas seulement difî'é- rente, mais qu'elle est en outre beaucoup plus com- pliquée. LES LOPHOPHORES. SOQ Les montagnes du aord de l'Indostaii sont les contrées qui sont naturelles aux lophophores ; ils paraissent préférer les climats froids aux climats chauds, ce qui nous permettrait de les faire vivre facilement en Europe, si on parvenait à y en trans- porter quelques espèces; et comme l'analogie con- duit à penser que ces oiseaux vivent en troupe, il est probable aussi qu'avec quelques soins nous pour- rions en enrichir nos basses-cours, ou du moins nos volières, comme nous les avons enrichies du faisan doré et du faisan argenté. C'est aux particularités organiques que nous venons de rapporter, que se bornent malheureusement tou- tes nos connaissances génériques sur les lopho- phores; leurs mœurs n'ont point été observées, et si quelques individus de la plus riche espèce ont été élevés à Calcuta, ce n'a été que comme objet de curiosité ; on s'est contenté d'en admirer les cou- leurs, et ils n'ont donné lieu à aucune observation scientifique. Bnffon n'a eu connaissance d'aucun oiseau de ce genre. Nous donnerons la description de l'espèce qui est propre à en faire prendre l'idée la plus riche, et qui est en même temps la mieux connue. ^10 LE LOPHOPHOKE RESPLENDISSANT. LE LOPHOPHORE RESPLENDISSANT OU MONAUL LMPEYANi. Ce magnifique oiseau a de longueur totale vingt- sept pouces ; dans ces dimensions la queue est com- prise pour neuf pouces. Comme celle du paon, sa tête est ornée d'un panache élégant, composé de dix-sept ou dix-huit plumes, longues de deux à trois pouces et demi , dont la tige mince et flexible porte à son extrémité une palette oblongue et dorée. La peau nue qui entoure l'œil est colorée de pour- pre; un vert glacé d'or couvre le dessus de la tête, les joues et l'occiput; les plumes de la nuque emprun- tent du rubis son éclat; l'or et la couleur de l'éme- raude se montrent sur les longues plumes, terminées en fer de lance , qui revêtent la partie postérieure du cou; les côtés de celui-ci, de même que les épaules, brillent du vert métallique le plus éclatant ; c'est le pourpre à reflets bleuâtres qui vient se répandre sur une partie du dos, sur les couvertures des ailes ei le 1 Temmink , pi. col. 607 et 5 15 ; Phasianus impeyanus^ Lath., Syn, pi. ii4; It; Monaui impeyan, Vieill., Gall., ph 208; Impcy resplendU- santj, Lcs6. , Trait., pag. 488, LE LOPHOPHORE RE S P LEIN DISS ANT. ^11 CFOtipion; les ailes, lorsqu'elles sont fermées, cachent iHi large espace blanc qui existe sur la partie moyenne du corps; le plumage de la gorge , du devant du cou, de la poitrine et du ventre, est d'un beau noir à reflets vert doré ; les plumes de la région abdominale, et cel- les qui recouvrent les cuisses, ont une couleur brune ; toutes les grandes pennes des ailes sont noires, les secondaires seules brillent de quelques légères tein- tes vert doré; les pennes de la queue sont d'un roux vif; elles prennent un ton beaucoup plus foncé à leur extrémité ; le jaune d'ocre est la couleur du bec; un gris noirâtre colore les pieds et les éperons dont ils sont armés. On ne voit, sur le plumage de la femelle, aucune Irace de ces couleurs métalliques qui sont répandues avec tant de profusion sur celui des mâles. Elle en diffère aussi par sa taille , qui est un peu moins forte; sa longueur totale est tout au plus de deux pieds; son tarse est privé d'éperon, une large écaille, ou plutôt un petit tubercule en tient la place; sa tête n'est revêtue d'aucun oruement; le dessous de la gorge est entièrement blanc; un trait de la même couleur se voit en arrière de l'œil; les dix premières pennes des ailes présentent une teinte brunâtre uniforme, mais celles qui les suivent sont, ainsi que les plumes de la queue, assez irrégulièrement rayées de fauve et de roux; tout le reste du plumage est d'un brun terne , avec des raies et des taches irréguîières fauves ou rousses, et une bande longitudinale blanchâtre qui occupe le centre de chaque plume; le bec et les pieds sont grisâtres. Le mâle do celte espèce fait, dit-on , entendre un 3l2 LE LOPHOPHORE llESPLEN DISS ANT. gloussement ranqne , fort , et semblable à celui du faisan. On ajoute que ces oiseaux supportent le froid ^ mais qu'ils ne peuvent supporter la chaleur. Les monts Himalaye et le Népaul sont leur patrie^ où ris portent le nom de Monaiil; quelques uns don- nent au mâle celui d'oiseau d'or. Ou a encore réuni au lophophore resplendissant une espèce, publiée par M. Teraminck sous le nom de L. Cuvier, mais qui depuis a été transportée aux houppifères par M. Temminck lui-même. M. le gé- néral Hardwicke a décrit deux autres oiseaux qu'il rapporte l'un au genre lophophore et qu'il nomme Lop. Wallichil, et l'autre au genre faisan, et qu'il désigne par le nom de Phaslanvs gardneri. M. Les- son considère ce faisan comme un lophophore; mais les raisons des uns et des autres nous portent à ne considérer encore ces rapprochements que comme de simples essais. LES FAISANS. O 1 v> LES FAISANS. L'erreur de tous les naturalistes qui ont cherché à reconnaître les rapports des animaux entre eux , dans la vue de les classer avec méthode, a été de donner aux règles qu'ils se faisaient une extension exagérée, une portée qu'il n'était pas dans la nature de ces règles d'atteindre, ce qui a singulièrement nuit au point de vue , d'ailleurs fort juste , sous le- quel ils envisageaient la science, et l'a souvent fait méconnaître aux esprits les plus droits; et c'est cer- tainement à cette erreur qu'il faut attribuer celle de Buflbn , lorsqu'il nie i'utilîté et le mérite des classi- fications. Le genre faisan de Linneus renfermait tous les gal- linacées dont la peau des joues était nue, ce qui le conduisit à réunir le coq aux véritables faisans. Or, Buffbn ne pouvait qu'être blessé d'une telle associa- tion ; mais il aurait dû , envisageant le genre dans son ensemble, reconnaître explicitement ce qui s'y trou- vait de vérité; car après avoir retranché le coq des faisans, il est conduit, dans son histoire de ces oi- seaux, et dans ce qu'il dit des oiseaux étrangers qui ont des rapports avec eux, de parler précisément des oiseaux que Linneus range parmi les faisans. Depuis, ce genre, conservant le caractère que lui avait donné ce naturaliste, a été surchargé d'une foule 5l4 I-ES FAISANS. d'espèces qui ont fini par en faire une des réunions les plus anomales de toute l'ornithologie. Aujourd'hui qu'il est renfermé dans des limites plus étroites et mieux caractérisées, il constitue un genre parfailement naturel , et dans lequel toutes les espèces ont les rap- ports les plus intimes, tellement que Buffon lui- même n'aurait pu méconnaître l'analogie qui unit toutes ces espèces, et la légitimité du genre qu'elles constituent. Un des caractères de ce genre consiste toujours dans la nudité des joues, mais on y a ajouté les sui- vants : Bec médiocre à base nue ; mandibule supé- rieure convexe et déprimée vers le bout; narines si- tuées à la base et snr les côtés du bec, à moitié fermée en arrière par une membrane ; têle et gorge couvertes de plumes; un seul éperon au tarse; la queue étagée, très longue, composée de pennes ployées chacune en deux plans obliques, formant un angle , et se re- couvrant à droite et à gauche des moyennes , très grandes, aux externes, beaucoup plus courtes. Tous ces oiseaux, remarquables par la beauté de leur robe, l'élégance de leurs proportions, la vivacité de leurs mouvements, sont de l'Asie orientale ou mé- ridionale, à l'exception d'un seul qui paraît propre aux contrées occidentales de ce continent, et aux par- ties orientales de l'Europe qui en sont voisines. Trois ou quatre espèces sont devenues à peu près domestiques, du moins nous les élevons facilement dans nos volières où elles se reproduisent sans peine ; et tout annonce qu'il en serait de même des autres, car tous vivent en troupe ; et comme plusieurs d'entre elles recherchent les pays élevés, ou dont la tempe- LES FAISANS. 3l5 rature ne va pas au delà de certains degrés , notre climat ne serait pas un obstacle à leur conservation , et ne s'opposerait pas à ce qu elles se reproduisi- sent ; aussi est-il permis de prévoir, avec le goût de l'histoire naturelle qui se répand, et la facilité des communications entre l'Europe et l'Asie , que ces magnifiques oiseaux ne tarderont pas à être élevés dans nos volières, et à embellir nos habitations. Buffon a considéré neuf gallinacées comme étant des faisans: le faisan commun^ [plias, colchicus) , sa variété blanche et sa variété panachée, le faisan doré^ [plias, pictus), le faisan argenté^ (j)/ias. nycthemerus) , l'argus''* [plias, argus), le faisan cornu qui est devenu le type du genre Tragopan^, et le kalraca^qui n'est point un faisan mais un yacou; et à la suite du faisan commun il décrit le coquard ou le mulet provenant du faisan commun mâJe avec la poule commune. Nous n'ajouterons rien à ce que BuiTon rapporte du faisan commun; tous les détails dans lesquels il entre peuvent être pris à la lettre ; aucune observa- tion nouvelle de quelque importance ne peut porter à les modifier. Il n'en est pas de même pour ce qu'il dit du faisan blanc et du faisan varié; il est à leur sujet dans la même erreur que celle où il était à l'é- gard du paon blanc et du paon varié; il croit que le pelage du premier est produit par l'action du froid, et que celui du second résulte de l'accouplement de 1. Tom.XX, pag. 216, Edit. Pilloî. 2. Idem, ^ag. 2^y , idem. 3. Idem, pag. 240, idem. 4. Idem, pag. 2^2 , idem. 5. Idem, idem, idem. (5. Idem, jiag. 244 < idem. 3l6 LES FAISANS. Ja variété colorée avec la variété blanche. Or, il en est pour les faisans comme pour les paons, et ce que nous avons dit de ceux-ci peut s'appliquer à ceux-là : l'un n'est pas devenu blanc par l'effet du froid, et l'autre n'a point l'origine que Buffon lui suppose ; tous deux sont devenus ce qu'ils sont par l'influence de la domesticité, par l'action qu'ont exercée sur les germes de leurs plumes les circonstances où nous les avons placés; et quelles sont ces circonstances? c'est ce que nous ignorons complètement; l'histoire na- turelle n'en est point encore venue à s'occuper de ces question ; la direction qu'elle a prise ne tend mal- heureusement pas même à l'en rapprocher. Le faisan doré de la Chine est considéré par Buffon « comme une simple variété du faisan commun , qui » s'est embellie sous un ciel plus beau, » et cela parce que Le Roi, lieutenant des chasses de Versailles, ayant réuni une faisanne de la Chine et un faisan com- mun, en obtint des produits féconds. Il était difficile de porter plus loin cet abus des règles conditionnelles que Buffon condamnait si sévèrement dans les natu- ralistes classificateurs, et de violer plus ouvertement celles qui auraient été très propres à modifier à ses yeux les règles qu'il suivait si aveuglement. En effet, que fait Buffon pour s'autoriser à confondre dans une seule ces deux espèces de faisans? Il commence par donner à une règle tirée de l'expérience, à la faculté reproductrice, une autorité absolue , comme si un tel caractère pouvait jamais appartenir à telles règles; mais comme la différence des plumages opposait un puissant obstacle à sa conclusion, et que celte différence devait être expliquée, il affn^me graluitement, sans même au- LES FAISANS. 3l7 ciine analogie, qu'un plumage sans huppe , coloré par taches très circonscrites de brun et de bleu à reflets métalliques, taches qui par leur réunion produisent une teinte assez uniforme , s'embellit sous l'influence d'un ciel plus beau, et se transforine en un plumage où le rouge ponceau, le jaune doré, et le bleu le plus pur se distribuent par grandes masses , et dans lequel il se forme une huppe et des muscles pour la mou- voir : avec de telles suppositions on ne fait pas l'his- toire de la nature; on n'en fait pas même le roman, car le roman veut la vérité; on fait de la poésie, mais la poésie n'est bonne que quand on l'a mise à sa place , que quand on l'a donnée pour ce qu'elle est. Au reste , BulTon paraît avoit fmi par croire sérieu- sement que les genres naturels ne se composent que des variétés d'une souche commune; et il est bon d'avoir cette idée dans l'esprit à la lecture de ses ou- vrages , pour les comprendre exactement. Bien loin donc qu'on doive regarder le faisan commun et le faisan doré comme deux variétés de la même espèce, il faut les regarder comme deux espèces très dis- tinctes qui peuvent bien former des mulets par leur réunion , mais jamais une race fixe se reproduisant constamment comme toutes les véritables races. Buffon fait au sujet du faisan argenté la même sup- position qu'au sujet du faisan doré ; il n'est pour lui qu'une variété du faisan commun qui , après être de- venu blanc par le froid, s'est transformé en faisan argenté , sous l'influence des provinces septentrio- nales de la Chine , comme ce faisan commun s'est transformé en doré sous l'influence des provinces lùé- ridionales ; mais cette supposition est infiniment plus 3l8 LE FAISAN DE SŒMMERRING. arbitraire encore que la première; carie mulet obtenu par Le Roi servait dans ce dernier cas d'appui à la conclusion; et Buffon ignorait tout-à-fait que le fai- san argenté et le faisan commun produiraient un nuiiet, comme le faisait ce dernier et le faisan doré. Ce mulet en effet se produit ; mais bien loin de venir à l'appui de la conclusion de Buffon, il contribue, comme tous les autres faits de même nature, éprou- ver que la fécondation d'un animal par un autre n'est nullement la preuve de leur identité spécifique. Depuis Buffon on a distingué dix espèces de faisans en ajoutant aux trois dont il parle le faisan à collier, le faisan superbe, le faisan de Sœmmerring, le faisan vénéré, le faisan d'Amherst, le faisan versicolor, et le faisan argus. Dans l'impossibilité de les toutes décrire quoique toutes le méritassent par la beauté de leurs couleurs , nous nous bornerons à faire connaître les cinq dernières. LE FAISAN DE SOEMMERRING'. C'est encore à M. Temminck que nous emprun- tons la description de ce beau faisan, originaire du Japon, et que le Muséum des Pays-Bas, dirigé par M. Temminck avec tant de soins, a reçu de M. le docteur Yan-Siebold. Ce beau faisan est de taille intermédiaire entre le î. Plwsianus Sceramcrringii , pi, col, d'ois. - ii- 488. LE FAISAN DK SŒMMER R IN G. ;>19 faisan commun d'Europe et le faisan tricolor ou dore de la Chine et du Japon. Sa queue, rassemblée en faisceau , est plus longue que celle du faisan doré ; un petit espace nu , d'un beau rouge , environne les yeux, et un autre, semé de papilles blanches, garnit le dessous de l'orbite. Le mâle n'a point de huppe ni de toufles à l'occiput; la queue est longue, très étagée , composée de dix-huit pennes très larges, à surface plane; les deux du milieu ont une dimen- sion qui surpasse de beaucoup celle des autres. La plus grande partie du plumage du mâle est co- lorée d'un pourpre éclatant de couleur d'or , et cha- toyant en teintes opalines, selon le jour qui l'é- claire ; la couleur pourprée domine sur la tête, le cou, le manteau et la poitrine; un pourpre brillant, cha- toyant agréablement par les reflets qui naissent des bordures imitant l'or et la nacre , produit sur le dos et sur le croupion de charmans reflets variés ; le plu- maiïe du ventre et des ailes est d'un roussâtre mêlé de reflets pourprés et parsemés de grandes taches noires; la queue d'un roux ardent est lavée, par nuances, de demi-teintes plus ou moins claires, et coupée , à grand intervalle , de treize lignes trans- versales noires; les pieds sont d'un gris clair, et le bec est jaune. La longueur totale de cet oiseau est de trois pieds six , huit ou dix pouces, selon la longueur des pennes du milieu de la queue , dont la plus grande dimension est de deux pieds huit pouces. La femelle a une queue de six pouces de long ; elle est régulièrement étagée. La couleur du plu- mage ne diffère pas beaucoup de celle de la femelle des autres faisans. Un roux plus ou moins pourpré, 020 LE FAISAN VENERE. couvert de grandes taches noires, forme la teinle des parties supérieures; toutes les plumes ont une bande longitudinale d'un roux plus clair, qui suit la direction des baguettes; les plumes de la gorge et du devant du cou sont blanchâtres, et une réunion de petites zones noires en dessine les contours; la poi- trine est variée de zig-zags noirs sur fond cendré roussâtre; le milieu du ventre est blanc; les flancs et les ailes sont marqués de grandes taches noires et rousses, et les pennes terminées de blanc ; la queue , d'un roux très vif, a, vers le bout des pennes (les deux du milieu exceptées) , une bande d'un noir pur, suivie d'une tache terminale blanche ; les deux du milieu sont rousses, couvertes de nombreux zig- zags noirs et à bout terminal d'un blanc terne. La longueur totale est de dix-neuf à vingt pouces. S«««« S««««««« 4^ 4 LE FAISAN VÉNÈRE*. Cette belle espèce de faisan, originaire de la Chine où elle paraît même être rare, n'est connue que par les individus mâles; la femelle n'a pas encore été dé- crite ni représentée. On dit que cet oiseau fait une des plus grandes richesses des volières des Chinois , et même on assure que son exportation est sévère- ment punie. C'est M. Temminck qui nous l'a fait 1. PJiasianus vencralus , Teinin. , pi. col. dois.,»" ![S5. LE FAISAN VÉNÉRÉ. 02 1 connaître par une magnifique peinture et par une ex- cellente description que nous croyons devoir nous borner à reproduire. Ce beau faisan, paré de couleurs fortement tran- chées et à pennes de la queue d'une longueur énorme, est de la taille du faisan argenté ou bicoior de la Chine, par conséquent un peu plus grand que notre faisan commun ; son bec est plus droit, plus déprimé, surtout bien moins courbé à la pointe que celui des autres espèces de ce genre; une très petite partie des joues dénuée déplumes, forme un cercle rouge au- tour de l'orbite; la queue très étagée a une longueur remarquable, même disproportionnée pour la taille de l'oiseau relie est composée de dix-huit pennes très étroites, dont les quatre du milieu forment la gout- tière renversée ; les pennes latérales de chaque côté n'ont guère plus de trois ou quatre pouces, tandis que les deux du milieu portent au delà de quatre pieds de longueur. Aucune huppe ou parure accessoire n'orne la tête de ce faisan; une calotte blanche on couvre le som- met et descend sur l'occiput; ce grand espace blanc est bordé sur les côtés, par une bande noire étroite, mais qui se dilate vers le trou auditif, et entoure la partie blanche de la tête; sur le front, le blanc est également bordé par un autre bandeau noir : deux colliers, plus larges sur le devant du cou qu'à la nu- que, couvrent cette partie; le collier supérieur est d'un blanc pur, et s'étend sur la gorge jusqu'à la base du bec; l'inférieur descend en pointe vers la poitrine. La partie du bas du cou, tout le manteau, le dos et le croupion sont couverts de plumes qui, par CUVIER. II. 2 1 52 2 LE FAISAN VÉnÉRÉ. la manière tranchée dont elles sont colorées, font l'effet d'écaillés; leur teinte est d'un jaune d'or très vif; et toutes sont terminées par un bord, en forme de croissant, d'un noir pur; celles de la poitrine, des côtés du ventre, et les grandes plumes des flancs, sont peintes de deux bandes noires en losange, sur un fond blanc éclatant; elles ont, vers le bout, un croissant d'un noir pur, et leur bord terminal est entouré par une large bande mordorée; les plus longues des der- nières plumes des flancs ont leur extrémité colorée de jaune d'or. Tout le milieu du ventre, les cuisses et l'abdomen sont d'un noir velouté; celles des couver- tures inférieures de la queue sont noires, tachetées de jaune d'or. Les pennes de la queue sont larges d'environ deux pouces; elles se terminent en pointe, et sont opposées obliquement l'une à l'autre; la ba- guette est fortement cannelée dans toute sa longueur. La couleur des barbes de ces pennes est d'un blanc grisâtre se nuançant par demi-teinte en un roux doré, de manière que cette dernière couleur est très pro- noncée sur les bords des barbuîes; on compte qua- rante-sept barres en forme de croissant sur chaque côté des barbes : ces bandes sont parallèles à la base et à l'extrémité de la penne ; mais depuis le quart jus- qu'aux trois quarts environ de la longueur, elles al- ternent; leur teinte est plus ou moins noire à l'origine de la penne, brune au centre, et marron vers l'ex- trémité. Les pieds et les éperons sont d'un gris clair; le bec est blanc, La longueur totale varie sans doute beaucoup en proportion du plus ou moins de lon- gueur des pennes du milieu de la queue, dont les plus grandes ont quatre pieds cinq pouces. LE FAISAN d'aMHERST. Ô9.J («Wi8«««ç,Mi«#»*»««<»SW*0«=0iS« ««♦«•«>**««« «VS^J*»*»*»*» ««*«>■ LE FAISAN D'AMHERST*. L'ensemble de cet oiseau et ia disposition de son plumage sont assez semblables à ceux de notre faisan doré. Sa longueur du bec à la croupe est de treize pouces, et sa longueur totale, de la pointe du bec à l'extrémité de la queue, cinquante-un pouces. L'iris est blanc, et la partie nue qui environne les yeux est d'un beau bleu clair; les plumes du sommet de la tête sont vertes, celles de la crête sont cramoisies, et de la longueur de deux pouces un quart; l'espèce de fraise ou de palatine qui lui couvre le cou est d*un blanc éclatant; chacune des plumes qui la composent est terminée par une bande d'un vert foncé; une autre bande transversale, de même couleur, se montre encore à trois huitièmes de pouce de son extrémité ; la longueur totale de cette palatine est de cinq pon- ces un quart, ses pins longues plumes ont quatre pouces un quart; le cou, le dos, les épaules, la Ê^oriie et le dessus des ailes sont d'un beau vert métal- lique, et chaque plume se termine par une large zone d'un noir velouté; les grandes pennes primaires de l'aile sont brunes avec la tige plus claire; les plus grandes et moyennes couvertures de l'aile sont d'un j. Lcadlx'oter, Trans, Liiu).,vol. XVI, pag. 129, pi. i5. 7j'2!\ le faisan d'amhehst. noir bleuâtre ; la poitrine et le ventre sont blancs ; les cuisses et le dessons de la queue tiquetés de brun noirâtre et de blanc; les jambes d'un bleu clair; les plumes sur le croupion brunes à leur base, vertes à leur partie moyenne, et d'un beau jaune safran dans le reste de leur longueur; les pennes du dessus de la queue sont aussi brunes à leur base, leur par- lie moyenne est barrée de vert et de blanc , et se termine par une pointe écarlate ; ces plumes ont une longueur de dix pouces , et s'insèrent à peu près au même point que les véritables pennes; la première penne primaire de la queue n'a que vingt -neuf pouces; elle a un fond blanc bril- lant, avec de larges bandes vertes espacées d'envi- ron trois quarts de pouce suivant la direction des barbes, et entre cbaque bande des mouchetures de môme couleur ; les troisième et quatrième pennes sont les plus longues, et ont chacune trente-huit pouces de longueur ; les barbes de dedans sont étroi- tes et piquetées de noir et de blanc , celles de dehors sont larges d'un pouce trois huitièmes, avec des ban- des transversales d'un vert foncé espacées de trois quarts de pouce environ, sur un fond dont la partie interne est d'un blanc grisâtre , et la partie externe d'un châtain clair. C'est à lord âmlierst que l'on doit la connaissance de cette belle espèce de faisan ; il en rapporta deux individus mâles à son retour des Indes. La femelle n'est point connue. Ces oiseaux , originaires des montagnes de la Cochincliine , furent donnés par le roi d'Ava à M. Archibald Campbell, qui en fit pré- sent à lord Amherst, et ils arrivèrent vivants en An- LE FAISAN DE DlARl). Oti[ gielerre, mais ils ne survécurent que quelques se- maines aux fatigues du voyage. »»i»»«a«'a»6«^y6.8<#«»a'ei»»î4 LE FAISAN DE DIARD*, OU VERSICOLOR. Cet oiseau , pour la forme et la taille, est à peu près semblable au faisan vulgaire , mais sa queue est pro- portionnellement plus courte. Il a deux pieds sept pouces de longueur totale , les pennes caudales dans ces dimensions étant com- prises pour quinze pouces. Les plumes du cou, du manteau et de la poitrine offrent cette particularité , qu'elles ont à leur extré- mité une forte échancrure qui les divise en deux lobes arrondis. La couleur du bec est jaune. Les joues vivement colorées en rouge et garnies de pe- tites papilles ne sont pas entièrement dénuées de plumes , quelques unes s'y montrent éparses çà et là. Il a aussi , comme notre faisan d'Europe , une pe- tite aigrette de chaque côté de l'occiput. Le dessus de la tête et la nuque sont d'un vert doré à reflets violets. Sous la gorge , sur le devant et les côtés du cou 1. Phasianas Diardii, Tcmm.; P/iasianus bicolorj\'ivÀ\\. n" 209. 520 tli FAISAN DE DIARD. apparaissent encore des reflels violets sur un blei* magniûque. En arrière , la base du cou est d'un verl doré à reflets pourprés. La poitrine , le ventre et les flancs brillent d'un vert éclatant. Les scapulaires d'un vert métallique portent vers leur extrémité une zone d'un blanc jaunâtre , et se terminent par une large bordure dorée. On remarque sur la couleur verte des plumes du dos des lunules d'un brun fauve. La région du dessons de la queue est peinte d'un <>ris glacé de verdâtre. Un gris lilas nuancé de vert est répandu sur la surface supérieure des ailes , dont les grandes pennes sont d'un brun clair, traversées de quelques raies fauves. La queue assez courte et peu étagée est , comme celle de tous les faisans, tectifornie ; un gris verdâtre la colore : les quatre moyermes portent le long de leur baguette , de chaque côté , de petites bandes transversales noires. Les barbes de ces pennes sur leur bord libre sont désunies , ce qui forme une espèce de frange pendante qu'un gris pourpré colore. Les autres , c'est-à-dire les latérales , sont parse- mées de points noirs extrêmement petits. Les tarses sont verdâtres et armés d'éperons. La taille de la femelle est un peu plus petite qutj celle de l'autre sexe. Son tarse ne porte qu'un très petit tubercule ; à peine si les échancrures des plu- mes du cou et de la poitrine se font sentir. Par la couleur de soti plumage , elle se rapproche beaucoup de la femelle du faisan d'Europe , cepen-- LE FAISAN DE DIARD. J'A'J daiil elle s'en distingue très bien par les nom- breuses taches noires qui sont répandues sur ses parties inférieures; mais, comme chez cette der- nière , toutes les plumes des parties supérieures sont bordées de jaune doré, et, de plus, brillent d'une légère teinte verdâtre métallisée. Ces oiseaux sont originaires du Japon , où , à ce qu'il paraît , ils sont assez communs. Ils vivent dans les bois , et ont ïe^ mêmes habi- tudes que les faisans d'Europe. Cette espèce a été dédiée à M. Diard qui Ta le premier fait connaître. Les individus qui font par- lie de la collection du Muséum d'histoire naturelle ont été envoyés par lui : il les avait achetés à Ba- tavia. ùqS les tr a go pan s. LES TRAGOPANS\ Les Tragopans se distinguent éminemment par leurs caractères génériques de tous les autres gallinacées dont ils ont le port, le bec , les pieds, les ailes, etc.; par les deux espèces de plumes qui garnissent leur tête au dessus des yeux, et par l'espèce de fanon attaché sous la gorge , qu'ils ont la faculté d'étendre et de gonfler à volonté. Ces attributs sont ceux des mâles , les femelles en sont privées, mais elles ont, comme les mâles , leurs tarses armés chacun d'un éperon. La seule espèce du tragopan connue vient du nord de l'Inde et du Bengale. Ses formes assez particulières, et les caractères singuliers qu'elles présentaient ont laissé les natu- ralistes dans une grande incertitude sur les genres auxquels ils devaient les rapporter. Edwards ^ qui le premier le décrivit en fit un faisan , et c'est parmi les oiseaux étrangers qui ont rapport aux faisans que Buffon^ nous en parle d'après Edwards; Gmelin en fit un yacou ; Latham le considéra comme un dindon , M. Temminck le replaça parmi les faisans , et il en a été de même de Vieillot ; c'est mon frère qui en a fait un genre particulier, et il a pris le nom de tra- 1. Guvier, Règne aniniul, 2' édition , tom. I, pag, 479- 2. Hist. nat. des ois., pi. 96, Glan., tom. IIJ, pag. 53 1. 5. Tom. IÏ,in-4", pag. 062. — Édit. Piliof, lom. XX, pag. 24*2. 4. Temm., Gallin. LE NAPAUL OU TRAGOPAN CORNU. ù2C) gopan à Pline ^ qui semble en effet parler de cet oi- seau , quand il dit que le tragopan a sur les tempes des cornes recourbées, que la couleur de son plu- mage est celle de la rouille, etc. ; de plus, ce nom de tragopan, qui signifie paon-bouc ou paon cornu, convient à ce bel oiseau. a»8-»e<»<»»a»&»8»6»oifro»»»o» eta »»»»<»8-e'3'»e'e^ e«<>« »ft LE NAPAUL ou TRAGOPAN CORNUE La longueur de cet oiseau est de dix-neuf à vingt pouces , et il se fait remarquer au premier aspect par les deux appendices cornées de couleur bleue qu'il porte sur les côtés de la tête en arrière des yeux, et que Ion a comparées à des cornes. Un fanon mince, qui prend naissance à la base de la mandibule infé- rieure du bec , tombe et flotte sur le milieu de la gorge; la peau nue de celle-ci se prolonge latérale- ment en deux membranes épaisses qui descendent jusque sur les premières plumes du cou; ces parties sont semées de quelques poils noirs , et sont co- lorées en bleu avec des taches orangées ; le tour de Toeil est nu; des plumes extrêmement serrées, d'une nature assez dure , garnissent la base du bec et le front. Sur toute la tête règne un noir très foncé qui s'étend aussi en forme de collier autour de la région 1. Histoire naturelle, liv. X, chap. 49' 2. Edwards. — Faisan cornu, Bulîon, t. XX, pag. 242 , Kdit. Pillot. v"3o LE NAPAUL OU TUAGOPAN CORNU. glabre de la gorge. A rexception de la tête et du haut du cou, on voit sur toutes les parties du plu- mage des taches blanches bordées de noir; ces ta- ches occupent la pointe de chaque plume, les plus grandes se montrent sur les flancs et les couvertures des ailes et de la queue ; un beau rouge foncé et glacé colore la partie antérieure comme la partie postérieure du corps , ainsi qu'une partie de l'épaule. La région dorsale est variée de noir, de brun clair et de fauve. Les pennes des ailes , de même que les pennes de la queue et leurs couvertures supérieures sont brunes, traversées de raies fauves fort irrégu- lières ; le bec est brun ; les pieds sont colorés en jaune et ornés d'un éperon médiocre , mais très pointu. C'est par erreur que M. Vieillot a dit que la fe- melle portait une longue huppe d'un bleu foncé ; elle est beaucoup plus petite que le mâle, et ne porte point d'éperons ; elle n'a ni huppe sur la tête , ni ca- roncules sur la gorge , celle-ci est couverte de plu- mes d'un blanc fauve ; un cercle nu fort étroit en- toure l'œil. Tout son plumage, sur la partie supé- rieure du corps, est mélangé de brun et de roux fauve; les plumes de la poitrine et du devant du cou sont rousses, finement striées de brun, et elles portent sur leur centre un trait blanc. Le même système de colo- ration se fait remarquer sur les côtés de la poitrine, où l'on voit de plus des taches brunes; les tarses sont gris. La livrée des jeunes mâles avant la première mue est absolument la même que celle des femelles ; la présence de l'éperon peut seul les faire distinguer de celles-ci. LES ARGUS. 53 i LES ARGUS. BuFFON n'a connu la seule espèce qui constitue ce genre que d'une manière incomplète, et seulement par une note des Transactions philosophiques*; encore l'origine et les traits qu'il lui donne sont inexacts : cet oiseau n'est point de la Chine, et il n'a poin*t de hnppe^. Tous les ornithologistes ne sont pas d'accord sur la nature de cet oiseau; cependant il n'y a aucune con- testation sur ses rapports avec les gallinacées ; il a sans exception, et de la manière la plus marquée , les ca- ractères de cet ordre ; mais on se partage pour sa- voir s'il doit faire un genre distinct ou être réuni aux faisans proprement dits. M. Temniinck l'a considéré comme le type d'un genre particulier, et il a été suivi en cela par d'autres ornithologistes , tandis que Lin- neus, Latham et mon frère en faisaient un faisan. Les motifs principaux qui paraissent avoir porté les naturalistes que nous venons de désigner à sé- parer l'argus des faisans, sont la physionomie géné- rale particulière que cet oiseau reçoit de son plu- mage , mais surtout la très grande longueur des pennes secondaires des ailes qui surpassent de beau- «:oup celles des pennes véritables. Les raisons, aii 1. Tom. LV, pag. 88, pi. 3, ii. Tom, XX, pag. 242, Édil. Pillol. ÔÔ2 LES ARGUS. contraire, qui ont déterminé d'autres naturalistes à ne point admettre de distinction générique entre l'argus et les faisans, c'est que quand les modiGca- tions de la physionomie générale ne résultent pas de difl'érentes dispositions des plumes, d'au Ires rela- tions entre elles , et seulement de ce qu'elles sont plus longues ou plus larges , il n'y a pas lieu à les considérer comme des modiûcalions importantes , et dont l'influence soit telle, que la nature même de l'animal en éprouve des changemens. Or, il est cer- tain qu'à cet égard l'argus n'a point cessé d'être un faisan. En a-t il été de même de la grande extension qu'ont prises les pennes secondaires des ailes .^ li faut d'abord remarquer que chez les gallinacées les ailes ne sont point , comme chez les oiseaux de proie, un organe prédominant, dans lequel le développement de toutes les parties soit subordonné au développe- ment de celles qui sont essentiellement nécessaires au vol, les vraies pennes; et que chez presque tous les gallinacées ces pennes , toujours très courtes, ne dépassent souvent pas celles qui les recouvrent, c'est- à-dire les pennes secondaires; or que ces dernières aient pris un peu plus ou un peu moins d'étendue, cela ne me paraît devoir rien changer à la nature des oiseaux; c'est une exubérance dans des parties sans influence ; car ces pennes secondaires ne peuvent nullement suppléer les autres pour faciliter et éten- dre le vol ; aussi l'argus , comme les autres galli- nacées , a-t-il plutôt recours à ses jambes qu'à ses ailes pour satisfaire ses besoins et pourvoir à sa sû- reté. Les couleurs de son plumage oBrent des carac- tères particuliers, qui, |>]us que lout autje . pour- LES ARGUS. ^55 raienl moliver sa séparalioa des faisans. Eq effet , aucun de ces derniers oiseaux ne nous présenle dans son j3Înniage des dessins analogues à ceux de l'argus; tous ont des couleurs assez remarquables, plusieurs même en ont de très brillantes ; mais il n'en est point qui aient les plumes semées de petites taches nom- breuses , et surtout qui nous présentent des pennes secondaires, ayant chacune, dans toute leur lon- gueur, cette longue ligne de larges taches circu- laires environnées d'un cercle noir et réfléchissant les plus belles couleurs métalliques ; et c'est ce motif principalement qui nous fait représenter cet oiseau, et qui nous le fait décrire sous un nom gé- nérique. Du reste, l'argus a tous les caractères j3rin- cîpaux communs aux faisans; cependant les côtés de sa tête et de la moitié supérieure de son cou sont presque nus, tandis que chez les faisans il n'y a de nu que le tour des yeux. Ses narines s'ouvrent à peu près au milieu du bec , au lieu de s'ouvrir à sa base, et le mâle n'a point l'ergot qui est propre à tous les faisans. C'est des parties méridionales de l'Asie , de Su- matra , et sans doute de quelques autres parties des Indes orientales que les argus sont originaires ; et , quoique fort sauvages , ils se laissent apprivoiser assez facilement. 334 l'augus lien. «i©,jfljçg.*o*(»9«*«*»»9'«»«w«*«<***»««««««>9*«««*e**«ie*»'8>e»»«**«>o« L'ARGUS LUEN Ce qni frappe le pins dans cet oiseau , c'est le dé- veloppement considérable que présentent les ailes et la queue. Celle-ci n'a pas inoins de quatre pieds de longueur; celle des ailes, mesurées du coude à l'ex- trémité des pennes secondaires, qui sont les plus Ion- gnes , est de deux pieds et demi. De la pointe du bec jusqu'au bas du croupion il y a dix-sept pouces. La hauteur des tarses est de quatre pouces. Les doigts sont réunis à leur base par une mem- brane qui se prolonge en une frange sur leur bord intérieur. JjGs parties latérales de la tête, la gorge et les côtés du cou sont couverts d'une peau nue parsemée de poils grisâtres. Le front et le sommet de la tête sont revêtus de petites plumes noires veloutées qui se montrent un peu plus longues sur l'occiput. Celles qui garnissent le derrière du cou sont fort étroites , à barbes décomposées et piliformes. Un roux marron , très vif sur le bas du cou en de- vant, colore la poitrine et le ventre; ces parties sont transversalement rayées de noir ainsi que les lianes, dont le fond brun porte, en outre , des raies fauves. 1. Argus pavonius, \ie\\\., GaW., pi. oo , n° i; Phasianus argus, Lalîi.: Argus giganteus , Temm., Gall., lom. III, pi. fijS. PI. 15 1 {c / /'y//. J ////// . 2 .^^ -, y^r/'/''^/// /'//'.juv^/k'/: LAKGUS LUEN. Oj5 Le dos et les couvertures des aîîes sont bruns avec des taches noires marquées de raies irrégulières jau- nâtres. La forme concave, en dessous, des plumes qui revêtent le croupion , ne leur permet point de s'ap- pliquer parfaitement Tune sur l'autre. Elles sont d'une teinte fauve et assez régulière- ment marquées de petites taches rondes et brunes. La tige des rémiges, qui sont légèrement courbées, est robuste , très aplatie en dessus, peinte d'une belle couleur de chair vers l'endroit de son insertion , et colorée en bleu le plus tendre sur le reste de son étendue. Ses larges barbes sont très fortement unies entre elles, les externes offrent une couleur fauve ou gri- sâtre, sur laquelle sont disposées, en plusieurs li- gnes, des petites taches bmnes qu'environne une teinte jaunâtre. Une large bande de couleur chocolat semée de très petits points blancs entourés d'un cer- cle bleuâtre se montre sur les barbes internes, dont ie fond est fauve marqué de taches noires cerclées de roussâtre. De plus , on remarque le long de la ba- guette une suite de petits traits noirs , qui se trou- vent séparés l'un de l'autre par une tache oblongue et ocrée. Les pennes secondaires sont du double plus lon- gues que les rémiges ; encore leur extrémité , qui est brune , tachetée de blanc , puis d'une couleur cho- colat, n'atteint-elle qu'à la moitié des longues pennes caudales Leurs baguettes, qu'un noir luisant bordé de rose colore vers la partie la plus raprochée du tuyau, tan- 556 l'argus luen. (lis que le reste de leur longueur est du plus beau blanc, sont droites, peu résistantes, et supportent des barbes plus élargies que celles des rémiges. Celles de ces barbes qui sont attachées au bord externe de Ja tige, portent le long de cette même tige une ran- gée de miroirs ou taches rondes, formée d'un cercle noir au milieu duquel le rouge, le jaune et le blanc se nuancent diversement, dont la largeur est à peu près celle d'une pièce de vingt sous. On voit encore sur le fond roussâtre de ces mêmes barbes externes des raies noires qui les traversent obliquement, et des taches de la même couleur qui couvrent leur bord libre. Enfin , le côté intérieur des pennes secondaires est teint de brun chocolat que parcourent des points noirs. Les pennes de la queue, nuancées de brun marron et de gris cendré , sont chargées de points blancs en- tourés de noir; les deux médianes, dont la longueur est deux fois plus considérable que celle des pennes latérales, ont du blanc sale à leur extrémité. La grosseur de la femelle est la même que celle du mâle ; les plumes de ses ailes et de sa queue sont restées dans les proportions ordinaires, et ne sont point élégamment peintes comme celles du mâle. On observe cependant chez elle la même nudité aux joues, sur le devant et les côtés du cou. Les petites plumes veloutées qu'elle porte sur le dessus de la tête sont brunes rayées de fauve. Le plumage du cou et de la poitrine, ainsi que les rémiges ont une couleur marron plus ou moins rayé de brun. Le ventre et le bas-ventre sont teints d'un fauve roussâtre, également rayé de brun. LARTrUS LUEN, OO7 Le manteau et les grandes couvertures des ailes sont d'un brun noir, sur lequel se répandent des li- gnes ou des points fauves. Les pennes de la queue brunes sont striées de roussâtre. Sur leurs couvertures supérieures le brun domine le fauve. Ce bel oiseau habite les îles de Java et de Sumatra ; dans cette dernière on lui donne le nom de Cooox ; on dit aussi qu'il se trouverait dans la Tartarie chi- noise , où il serait connu sous celui de Luen. On le rencontre encore dans les royaumes de Pégu, de Siam, de Gampoge et à Malacca. C'est une espèce qui, à l'état sauvage , est très fa- rouche, qui vit dans les forêts, et dont le cri est fort et désagréable; cependant à Batavia on la con- serve dans les basses-cours où Ton assure qu'elle est réduite à l'état de domesticité comme le paon, et que même on la préfère à cet oiseau à cause de la délica- tesse de sa chair. Les dames indiennes se parent des belles plumes que leur fournissent les ailes du mâle. MM. Diard et Duvancel ont enrichi la collection du Muséum de plusieurs de ces oiseaux, qui sont dans le plus bel état de conservation. ^JU'yiE». 11. 558 TES CRYPTONYX. î-e^t'^-s-B*!»*»*^ LES CRYPTONYX* OUROULOUL. L'oiseau qui nous donne le type de ce genre rap- pelle par sa forme générale la caille et la perdrix. La grosseur de son corps , la brièveté de sa queue sont précisément les caractères que ces oiseaux nous pré- sentent ; mais il en diffère en ce que ses tarses sont privés d'éperons et son doigt postérieur d'ongle, sans compter les couleurs brillantes qui le revêtent, et qui diffèrent tant de celles des perdrix ou des cailles. Les naturalistes ont été long-temps incertains à quel genre ils associeraient cet oiseau. Sonnerai, qui le fit connaître sous le nom de rouloul de Malacca, se borna à indiquer les rapports qu'il apercevait entre lui, les faisans et notre ramier. Sparmann en fit un faisan sous le nom de cristatus. Latham et Gmelin réunirent le mâle aux pigeons , et firent une perdrix de la femelle, et enfin c'est aux perdrix que Latham l'a joint. Quand on voit les auteurs systématiques à vues étroites transporter ainsi un animal d'un genre dans un autre , c'est ordinairement le signe que cet ani- mal doit devenir le type d'un genre nouveau ; ce que 1. TomtD. Gali. Toiii.2 PI 15 LE CRYPTONYX OU ROULOUL COURONNÉ. 559 ces auteurs n'aperçoivent pas, parce que, donnant à leur système une autorité absolue , ils en viennent presque toujours au point de supposer que la nature n'a pu faire autre chose que ce qu'ils ont conçu : c'est la mesure de leur intelligence qu'ils lui imposent, et ils ne comprennent plus rien à la science, ou croient qu'elle n'existe plus quand on la traite autrement qu'eux. M. Temminck a donc eu très raison de former ce genre cryptonyx; mais non point à cause de l'ongle qui manque au doigt de derrière : ce doigt rudi- mentaire chez tous les gallinacëes ne mérite pas l'importance qu'on lui a donnée dans les caractères génériques. LE CRYPTONYX OU ROULOUL COURONNÉ^ Ce petit gallinacée a le port du francolin , sa taille est au dessous de celle de la perdrix grise ; mesuré de la pointe du bec à l'extrémité de la queue, sa longueur est d'environ neuf pouces et demi. Le mâle porte sur l'occiput une huppe composée de plumes longues de dix-huit à vingt lignes , raides, 1. Temm., pi. col.35o et35i; RoulouldcMatacca^SonaeY^U'iyo]. pi. ii3; Vieillot, GalUpl. 210. 54o LE CRYPTONYX OU ROIJLOUL COURONNÉ. à barbes désunies et espacées : cette aigrette que l'oi- seau tient toujours à moitié relevée est d'un rouge mordoré. Sur le devant du front naissent six crins noirs , assez épais , courbés en arrière , dont les plus longs ont à peu près dix-huit lignes. La face est d'une belle couleur noire , mais sur le dessus de la tête, à l'origine de la huppe occipitale, se montre un espace blanc. Il existe autour des yeux un cercle proéminent formé de petites appendices char- nues de couleur rose. Un rouge clair colore la partie nue qu'on voit au- tour et en arrière de l'œil. La nuque , les joues , le devant du cou, le ventre et les cuisses sont revêtus de plumes d'un noir brillant ; celte même couleur se couvre de reflets bleus ou violets sur le derrière du cou , les scapulaires et la poitrine. Un vert foncé à reflets bleus colore le dos, ainsi que les plumes longues et pendantes du croupion ; ces plumes cachent presque entièrement les pennes de la queue dont la longueur est à peine de deux pouces. Les barbes externes des pennes des ailes présentent des raies en zig-zags brun clair, sur un fond roux; mais les barbes internes , les pennes secondaires et toutes les couvertures des ailes sont d'un brun foncé. Un rouge jaunâtre colore les tarses et les doigts ; les ongles sont bruns, et l'iris des yeux est d'un rouge vif. La presque totalité du bec est noire , on ne voit que du rouge à sa base. La femelle porte, ainsi que le mâle, six crins ar- LE CIIYPTONYX OU IIOULOUL COURONNÉ. 34 1 qucs sur le devant de la tête ; mais elle est privée de la huppe du mâle. La même nudité se fait remar- quer autour des yeux. La tête et la partie supérieure du cou sont cou- vertes de plumes d'une nature cotonneuse d'un brun cendré reflétant une teinte violette. Le cou , à sa base , la poitrine , le dos et les plu- mes épaisses qui cachent la queue, brillent d'un beau vert glacé, sur lequel de fines raies transversales d'un brun gris se laissent apercevoir. La face inférieure des pennes caudales est noire, leur face supérieure est verte , cette dernière couleur est aussi celle des flancs ; mais la région abdominale et les cuisses sont d'un brun cendré. Le cryptonyx couronné habite les forêts de la pres- qu'île de Malacca , et est , à ce qu'il paraît, fort commun dans toutes les parties de l'île de Sumatra , qui est séparée de la terre ferme par le détroit de Malacca. On ne rencontre Jamais cet oiseau dans les plai- nes ; il est d'un naturel méfiant et farouche , et ne peut point, dit-on, supporter la captivité , ce qui est sans doute une exagération. Le cri d'appel du mâle est un petit gloussement plus sonore que celui de la perdrix grise. 3A2 LES MÉ G APODES. >v«o» »»»•»»»« s«>»«e<»e«>»»»9>««<»3 «a»» LES MEGAPODES. BuFFON n'a connu aucune espèce de ce genre. D'à- bordcegenreaëtéfondésurdesoiseauxdëcouvertspar MM.Quoy et Gaimard dans plusieurs îles de la mer des Indes, lorsqu'ils faisaient partie de l'expédition com- mandée par le capitaine Freycinet. C'est M. Temminck qui , pressé de faire connaître au public les décou- vertes de nos compatriotes , a donné à ce genre le nom de Mégapode, et l'a placé dans l'ordre des gal- linacées; il a enlevé ainsi à MM. Quoy et Gaimard le petit avantage de joindre à leur importante décou- verte un nom de leur création ; car à moins d'être dépourvu de toute pratique en ornithologie, et nos voyageurs étaient loin d'être dans ce cas , il était évident que ces oiseaux ne s'associaient à aucun genre connu, et qu'ils devenaient les types d'un genre nouveau. En effet, à la grandeur de leurs jambes, de leurs doigts, de leurs ongles, à leurs mœurs, à toutes leurs habitudes, on devait les grouper à part, et , suivant que l'on s'attachait plus à un système d'organes qu'à un autre pour établir leurs rapports , les classer dans Tordre des gallinacées ou dans celui des échassiers; et c'est en eflet ce qui a été fait : M. Temminck les associe au premier de ces ordres, et mon frère au second; LES MIiGAl»ODES. ^L\5 nous aurions suivi ce dernier exemple si, à Tëpoque où nous avons fait un choix de figures pour Tatlas de cet ouvrage, nous avions connu les mëgapodes comme nous les connaissons aujourd'hui. Nous tâcherons cependant que l'erreur que nous avons commise, à l'imitation de M. Temminck, ne soit pas sans avan- tage pour la connaissance des gallinacées. Il vient un point où, comme nous l'avons vu en parlant des outardes, ce n'est pas sans quelque hé- sitation que l'on place un oiseau, ou parmi les échas- siers ou parmi les gallinacées; mais principalement lorsqu'on ne peut être guidé que par les caractères extérieurs, tels que le bec, les jambes, les ailes, etc.; car lorsqu'on est à portée de consulter la structure intérieure des animaux, les objets de comparaison se multipliant il devient beaucoup plus facile d'établir les véritables rapports des êtres qu'on veut connaître. On peut de môme découvrir des rapports importants et vrais en étudiant le naturel et les mœurs, qui sont un résultat de l'organisation la plus intime, et qui, s'ils ne la dévoilent pas, comme le fait l'observation des organes aidée du scalpel , indiquent du moins qu'elle est différente chez les animaux qui à cet égard n'ont point de ressemblance. Il ne paraît pas qu'on ait fait Tanatomie des mégapodes, et qu'on ait cherché à constater quelle est la nature de leur canal alimentaire; car la connaissance de leur esto- mac aurait aidé à lever bien des doutes. Il ne restait donc que les mœurs , et heureusement elles étaient connues en un assez grand nombre de points pour servir à une juste induction. D'après tous les rap- ports, les mégapodes vivent dans les terrains mare- 344 LES MÉGAPODES, cageiix, déposent leurs œufs dans des cavités qu'ils forment eux-mêmes en creusant légèrement Je sable, ayant soin ensuite de les recouvrir ; ils choisissent pour cela les expositions les plus chaudes, et ne dé- posent jamais qu'un seul œuf dans chaque Ccivité. Les petits naissent sous la seule influence de la cha- leur solaire, et pourvoient eux-mêmes à leurs besoins dès qu'ils sortent de l'œuf, sans que leur mère prenne plus de soin de leur conservation à cette première époque de leur vie , qu'elle n'en avait pris pour les faire éclore. Nous avons vu dans tout ce que nous avons dit jusqu'ici des gallinacées , qu'il n'y a pres- que aucun rapport entre leurs mœurs et celles des oiseaux dont nous parlons. Autant les premières veil- lent avec sollicitude sur leur progénitme, à commen- cer avec la ponte jusque long -temps après que cette progéniture peut déjà pourvoir à tous ses besoins, au- tant les autres l'abandonnent aux soins et à la pré- voyance de la nature; or, pour que de telles différences aient lieu, il faut nécessairement que le système fon- damental de l'organisation soit différent, parce que les actions des animaux sont le résultat médiat de leurs organes, parce que de telles mœurs sont atta- chées à d'autres destinées, parce que dans l'économie générale le rôle des uns ne sera pas celui des autres. Les mégapodes ne sont donc point des gallinacées ; ils appartiennent à un ordre différent, et tout an- nonce que c'est auprès des kamichis qu'ils doivent prendre place , comme l'a pensé mon frère dans son règne animal. Les caractères extérieurs des magapodes consistent d^ans un bec grêle, faible, droit, aussi large que haut, LES MÉGAPODES. 545 et aplali en dessus à sa base; sa mandibule supérieure est plus longue que l'inférieure, et légèrement cour- bée à sa pointe; la mandibule inférieure est droite et n'est point débordée et cachée par la supérieure. Les narines sont ovales, ouvertes, placées plus près de la pointe du bec que de sa base, et les fosses na- sales sont longues et couvertes d'une membrane gar- nie de petites plumes. Le tour de l'œil est nu et le cou n'est revêtu que de plumes petites et rares. Les ailes sont médiocres, concaves, arrondies, et ce sont les troisième et quatrième pennes qui sont les plus longues. La queue cunéiforme et courte , ne dépasse guère les ailes ; elle se compose de douze pennes. Les pieds sont grands et forts, placés à l'arrière du corps; le tarse est gros et long, couvert de grandes écailles , comprimé surtout en arrière; quatre doigts très allongés, trois en devant presque égaux, réunis à leur base par une petite membrane plus apparente entre le doigt interne et celui du milieu , qu'entre celui-ci et l'externe; le doigt postérieur, aussi grand que les autres, pose à terre dans toute sa longueur. Enfin, les ongles très longs, très forts, plats en des- sus, très peu courbés, sont triangulaires, et ont les pointes obtuses. Ces caractères qui sont ceux que M. Gaimard donne à ce genre , et qui sont absolument les mêmes que ceux qu'il avait reçus de M. Temminck, devaient déjà faire supposer que ces oiseaux n'étaient pas des galli- nacées; carie doigt postérieur de ceux-ci est telle- ment rudimentaire , que dans plusieurs genres il dis- paraît tout entier. 34^^ LE MÉGAPODE AUX PIEDS ROUCIiS. 9«»^tt«t«9-9»oe««*«4k4«*«««4>9'«« LES PERDRIX. Ces oiseaux forment une famille très naturelle, qui a été divisée par Bufîbn en quatre genres : 1" les perdrix proprement dites; 2° les francoiins; o*" les cailles; 4° '^s colins; c'est-à-dire, comme ils sont encore divisés aujourd'hui, à l'exception du tocro, qui est devenu le type d'un genre nouveau, et que Buffon, quoique ne le connaissant que très impar- faitement , avait bien reconnu être voisin des per- drix, car il le nomme perdrix de la Guiane^, tout en l'éloignant cependant beaucoup des gallinacées. Il donne plusieurs exemples de perdrix propre- ment dites , dans ses descriptions ; de la perdrix grise (P. cinereus 2) . de la bartavelle (P. grœca^) , de la per- drix rouge (P. rufus^), de la perdrix de roche (P. pe- trosa^) ; aussi nous serions -nous abstenu d'ajouter une espèce à ce genre, sans la beauté de la perdrix mégapode, dont nous avons cru devoir donner une figure. C'est par la même raison, et, de plus, parce que Buffon est entré dans peu de détails dans la de- 1. Tom. IV, in-4", pag. 5i5. — Kdit. Pillot, toin. 22, pag. 4 10. 2. Tom. II, in-4- , pag. /[ox. — Édil. PHlot. lom. 20, pag. 274. 3. Idem, pag. l['20. — Idem, pag. 289. 4. Idem, pag. 45i. — Idem, pag. 298. 5. Idem, pag. 44^- — Idem, nag. 509. 550 LES PERDRIX. scriptîon du francolin, que nous donnons, avec les caractères du genre , la figure et la description du francolin ensanglanté ; car si Buffon parle de quatre ou cinq espèces de ce genre, du francolin proprement dit (F. vu/garls^), du bisergot {F. bîcalcaratus^), de la perdrix perlée [F. perlatm^) , du francolin de Madagascar qu'il regarde comme nne caille ( jP. spadl- nus^), de la perdrix rouge d'Afrique (F. rubricolis^), il ne le fait que très superficiellement. N'ayant pas les motifs de la beauté des couleurs pour faire figu- rer des cailles ni des colins, nous n'ajouterons que la description d'une ou deux espèces, à celles que Buffon a fait connaître, mais insuffisamment pour donner une juste idée de l'un et de l'autre de ces genres, ou plutôt de ces subdivisions. Outre la caille commune [Cot, vulgaris^) , il décrit la grande caille de Pologne [Cot. major'^) , la fraise ou caille de la Chine [Cot. sinensis^). Parmi les colins, il parle du colenicui [C. borealls^), de l'ococolin [C.nœvia^^ ), du zone-colin [C. cristata^^), etc. , mais il les a peu connus, ce qui nous a déterminé à en donner les caractères génériques, avec la description de deux espèces pour exemples , et nous terminerons par 1. Tom. 11, in4''»pag' 4^8. — Edit. Pillot, lom. 20, pag. 3o3. 2. Idem, pag. 443. — Idem, pag. 507. 3. Idenij pag. 446* — Idem, pag. 3 10. 4. Idem, pag. 479* — Idem, pag. 335. 5. Idem, pag. 444- — Idem, pag. 3o8. 6. Idem, pag. 449- — Idem, pag. 3i 1. 7. Idem, pag. 476. — Idem, pag. 352. 8. Idem, pag. 478. — Idem, pag. 534. 9. Idem, pag. 4^7' ~ Idem,ipàg. 342. 10. Idem,\)iig. 489 — Idem, pag. 54/i- 11. i(/enj, pag. 485. — Jf/cw, pag. 34o. LES PERDRIX. 55 I les caractères du genre tocro , et la description de la seule espèce qui le constilue. L'histoire de la perdrix grise, celle de la perdrix rouge , et celle de la bartavelle, sont aussi complètes que celles qu'on pourrait en donner aujourd'hui; seu- lement, ce qu'il dit d'après Athénée et Tournefort de la perdrix rouge, qui a rendu inhabitable l'île de Nanfio en Grèce, tant elle y a pullulé, doit s'entendre de la bartavelle. Ce qu'il nous apprend de la petite perdrix grise voyageuse, a été confirmé par beaucoup d'observateurs ; aussi plusieurs ornithologistes ont- ils été porté à la considérer , avec raison peut-être , comme une espèce distincte, car l'instinct des voya- ges ne peut guère être celui d'une variété ou d'une race , puisqu'il ne pourrait naître d'une influence for- tuite , et aucune autre cause n'aurait pu agir sur des animaux à l'état sauvage; ou il faudrait supposer, ce qui n'est point hors de toute vraisemblance , que cet instinct ne se développe que dans certaines cir- constances. Quant à sa perdrix de montagne, un excellent observateur, M. Bonelli de Turin, a cru reconnaître qu'elle n'était qu'une variété de perdrix grise. Son histoire du francolin , bien inférieure à celle des perdrix, et celle du bisergot et de la per- drix rouge d'Afrique , qui , comme nous l'avons dit, sont deux francolins, ne rachètent pas ce qui man- que au francolin d'Europe ; nous suppléerons donc à ces omissions, comme nous venons de le dire, par la description et la figure du francolin ensanglanté. Quant à sa gorge nue, ne serait-ce pas un raaraille? La perdrix rouge de Barbarie est une espèce particulière, et il en est de même de celle de roche. OD2 LES PETxDRIX. La perdrix perlée de la Chine est un francolin, et celle de la Nouvelle-Angleterre un colin. Dans l'histoire de la caille, Buffon entre dans des détails nombreux et vrais. Sa grande caille de Polo- gne aurait besoin d'être plus complètement décrite , et il en est de même de celle des Malouines, qui pourrait être un colin. Sa fraise, ou caille de la Chine, a été admise à ce titre dans les catalogues méthodi- ques , et celle de Madagascar a été rapprochée des francolins. Quant au réveil-matin, il est tiré d'un rapport de Bontius qui paraît fabuleux à quelques na- turalistes , et à d'autres , se rattacher au genre turnix. Tout ce que Buôon dit des colins , ne consiste qu'en dénominations accompagnées de quelques no- tes plus ou moins vagues tirées de Fernandès, lesquel- les, considérées comme fondées, ont porté les orni- thologistes à établir sur elles de vraies espèces ; ainsi , le zone-colin est devenu laperdrixàcrête(P.crîs^^^fl), le grand colin , la perdrix de la Nouvelle-Espagne [P. Novœ-Hispaïiiœ), l'ococolin, la perdrix tachetée [P. 7iœvia),e{c., etc. Depuis, les cailles d'Amérique ayant été observées, elles sont beaucoup mieux con- nues, et l'on peut aujourd'hui recourir heureusement à des sources plus pures que celles qui nous étaient offertes par Fernandès. LES PERDRIX PROPREMENT DITES. vJSj LES PERDRIX PROPREMENT DITES. Chacun connaît, par nos perdrix grises et rouges ^ la physionomie propre à toutes les espèces de ce genre très naturel. Ces oiseaux ont le corps arrondi , les tarses nus et courts, la tête petite; dans beau- coup d'espèces le tour de l'œil est sans plumes; ils ont de plus des ailes peu étendues, et une queue qui, môme quand elle les dépasse, ne peut cepen- dant être considérée que comme un organe peu influent; leur bec, d'une médiocre force, plus large ({u'élevé à sa base , est court comparativement à celui de plusieurs autres gallinacées , et sa mandibule supé- rieure est assez fortement courbée à sa pointe; les mâles n'ont point d'éperon , mais un tubercule corné à sa place. Toutes les perdrix paraissent avoir les mêmes mœurs; elles se nourrissent principalement de grai- nes , se tiennent de préférence dans les plaines sèches ot découvertes, ne se perchent jamais ; le mâle et la femelle s'appareillent et ne se séparent plus; à l'épo- que de la reproduction ils soignent tous deux leur couvée, formée de quinze ou dix-huit perdreaux, avec une constance et une solliciindc qui ne sont CUVIFR. II, 20 554 ^^ PERDRIX MÉG APODE. surpassées par celles d'aucune autre espèce de cet ordre. Elles sont d'un caractère sauvage, qu'on ne parvient à adoucir que par les plus grands soins. 6««**«'S*c««*«««*e>* LA PERDRIX MEGAPODE\ Le nom de inégapode , imposé à cette espèce , indique d'avance son principal caractère spécifique. En effet, son tarse, assez robuste, s'articule avec des doigts, qui sont comparativement plus longs que ceux d'aucune autre perdrix; celui du milieu surtout qui, y compris l'ongle pour huit lignes, n'a pas moins de deux pouces de longueur totale. De la pointe du bec à l'extrémité de la queue , qui est fort courte et en partie cachée par ses couver- tures , cet oiseau a dix pouces. Les deux sexes offrent quelques légès es différences dans la coloration de leur plumage. Celui du mâle est sur le front, le sommet de la tête et l'occiput, d'un roux mordoré, qui s'étend jusque sur la nuque, <3Ù il est semé de quelques taches noirâtres. Le noir profond qui colore la partie derrière cha- cun des côtés du bec, et le dessous de l'œil , s'avance sur les tempes en passant au dessus de l'orbite, où il se trouve bordé d'un liseré blanc; cette partie noire sépare ainsi le roux de l'occiput de celui qui règne sur la région de l'oreille. 1 Pcrdix mcgapodia , 'l'einui, pi. ool. 4'^^^ ^^ 4^^^- Tom. 2 VI lG ''/' ' ''VV'/^/Vv. /• ///''ry/'/'y/t^'t^/Y .2., yf r ^/'/'/'//rY'///. y //'/// /f / /■ //. tf''// LA PERDRIX MÉGAPODE. 7)^5 Des plumes noires liserées de blanc revêtent îe der- rière, les côtés et le devant du cou , qui , à sa partie inférieure , porte un hausse-col blanc. La poitrine est cendrée; un blanc pur couvre le milieu du ventre; les flancs, ou plutôt chacune de leurs plumes, qui sont cendrées, ont à leur centre une grosse larme blanche, et sur leurs bords latéraux une large bande d'un marron vif. Un gris olivâtre teint le dos et le croupion; le pre- mier se couvre de croissants noirâtres, tandis qu'une tache noire en forme de fer de lance se montre sur le milieu des plumes du second, ainsi que sur les couvertures supérieures de la queue; les pennes de cette dernière sont d'une couleur olivâtre, avec quel- ques raies brunes et une faible tache noire vers leur extrémité. Les plumes composant les petites couvertures des ailes sont, comme celles des côtés du corps , grises bordées de marron; mais sur leur milieu, à la place d'une large raie, c'est un très petit trait longitudinal blanc qui s'y voit. Les grandes couvertures des ailes sont variées de gris et de marron vif, et ont vers leur pointe une grande tache noire; les pennes primaires et secon- daires, d'une teinte brune, ont du roussâtre sur leur bord externe. Le bec est noir ; les pieds sont d'un gris bleuâtre , et les ongles d'un brun très clair. Chez la femelle, un brun cendré, tacheté de noir sur la nuque, remplace le roux mordoré que nous avons vu colorer les parties supérieures de la lele du mâle, ainsi que les plumes qui recouvrent l'entrée du 356 LA PERDRIX MÉG APODE. trou auditif; au lieu du noir qui s étend des côtés du bec sur les tempes , c'est une teinte fauve ou grisâtre à laquelle se mêlent de très petites taches brunes; la gorge et le cou sont couverts de taches noires sur un fond de couleur rousse, et le hausse-col est d'un roux très vif; le fond cendré de la poitrine est bariolé de roux clair; le haut du ventre, également cendré, porte de larges taches rondes et blanches ; l'abdo- men ou le bas ventre est blanc sali de fauve. Sur les ailes de ce sexe on remarque la même distribution de couleurs que sur celles du mâle , seu- lement elles sont moins vives. Cette perdrix se trouve au Bengale, d'où elle a été envoyée au Muséum, par Alfred Duvancel. LES FRANCOLINS. 357 «>«««->«''»d«a»ee LES FRANCOLLNS. Ces oiseaux ont avec les perdrix la plus grande ressemblance ; ce n est que par une longue habitude qu'on parvient à les distinguer les uns des autres au premier coup d'œil ; et ce n'est que par une particu- larité organique, d'assez peu d'importance, la pré- sence de l'éperon chez les mâles , qu'on est parvenu jusqu'à présent à les faire distinguer d'abord; mais des caractères plus importants sont le bec plus grand et la queue plus longue que chez les perdrix. Les francolins sont des oiseaux d'une nature particulière ; et si elle n'est pas facile à reconnaître à la forme des organes, à la couleur des vêtements, elle paraît se manifester sa»ns incertitude dans les mœurs : ces oiseaux ne cherchent plus en efl'et, comme les perdrix, les pays décou- verts, les plaines en culture où les graines principa- lement fournissent à la nourriture ; ils préfèrent au contraire le voisinage des bois , se tenant habituelle- ment perchés, et surtout pendant la nuit, vivant de baies autant que de graines , et ne fuyant pas les lieux humides où les insectes abondent. Mœurs toutes parti- culières, et qui nous annoncent sutrisamment que la nature, en créant les francolins, lésa destinés à jouer dans son économie un tout autre rôle que celui dont elle chargea les perdrix. 558 LE FRANCOLIN ENSANGLANTÉ. a»»»B<»i»»»»a*e^»a»» »fe»«'9»»»»»»»»»»»9i»(iLB^»ft»9.»8»»aci8)9^ieie «i»»»»»»»»8j»»»»»8»»»»»»B»eii>i»»»a»» » LE FRANCOLIN ENSANGLANTÉ \ C'est sous le nom de phaisan que ce magnifique oiseau a pour la première fois été signalé par le ma- jor-général Hardwick dans les Transactions de la Société Linéenne de Londres. M. Temminck, en le rapportant aux francolins , Ta mis à sa véritable place. Ne nous étant connu que par le portrait et la description qu'en a donnés ce dernier auteur, dans le recueil des planches coloriées, nous ne croyons mieux faire que de reproduire en partie cette môme description : « La taille du mâle approche de celle d'une poule domestique ; il est un peu plus petit que le franco- lin criard d'Afrique. Le plus souvent il est armé de trois éperons d'inégale longueur à chaque pied , cependant on trouve des individus à trois ou quatre éperons , et celui qu'on décrit ici en a quatre d'iné- gale longueur au tarse gauche, et deux d'égale gran- deur au tarse droit. La cire du bec, la nudité qui environne l'œil et les pieds en entier sont d'un beau rouge ponceau. La tête est ornée d'une pe- tite huppe composée de plumes un peu longues; 1. PerdU crncnto ^Tcmm,, p\, col. ^Ô2;Phasianus crucntus, Hardw. Tiaiis, Linn.^ pag. aôy; vol. lô. LE FRANCO LIN EN S AiX G L ANT É. OiK) sa queue est de moyenne longueur et arrondie, et son bec proportionnellement court et très bombé ; son tarse est généralement plus grêle que dans les autres francolins. Un gris très pur couvre les par- ties supérieures du corps et du cou ; chaque plume de ces parties porte une raie blanche sur toute lelendue de la ligne moyenne , et cette bande lon- gitudinale est bordée de chaque côté par une raie noire ; toutes les grandes couvertures de la queue portent de larges franges couleur carmin ; cette belle teinte carminé borde les pennes de la queue , qui sont grises à leur base, blanches au bout, et dont les baguettes ont un lustre argentin ; les baguettes des pennes des ailes ont cette même teinte; mais sur tou- tes les couvertures se dessine une bande longitudi- nale d'un vert tendre accompagné de bordures noi- res; les plumes de la huppe sont panachées de blanc sur un fond gris; celles du front et le derrière des côtés du bec ont une teinte rouge noirâtre passant en forme de sourcil au dessus des yeux; les parties inférieures du corps et du cou ont une teinte vert tendre , un peu jaunâtre à la poitrine , et d'un vert plus décidé sur les flancs; le devant du cou est panaché de noir sur un fond jaune verdâtre ; la "[orge et toutes les couvertures du dessous de la queue sont d'un carmin très pur. On voit des ta- ches carmin clair, irrégulièrement réparties sur les barbes des plumes de la poitrine , et en petits points ronds sur celles des flancs. Ces taches rou- ges, réparties sans symétrie apparente, ont valu à l'espèce le nom qu'elle porte : elles ressemblent en effet à des taches de sang dont le plumage paraît 56o LE FRANCOLIN ENSANGL A NTlÉ. comme souille. La femelle est plus petite ; elle res- semble au mâle par le plumage; mais les teintes sont moins pures et moins vives; le tarse n'est pas armé d'éperons.» Cet oiseau est originaire de l'Inde ; il vit dans les pays monlueux encore peu exploités de la chaîne du Népaul. LES CAILLES. e«e*ô*e«'0 LES CAILLES. La caille commune, dontBuffon nous donne l'his- toire et la figure^, nous fait connaître assez exacte- ment le naturel et la physionomie générale qui ap- partiennent aux espèces assez nombreuses qui con- stituent ce genre très naturel ; mais quoique BufTon distingue implicitement les cailles des perdrix, il ne nous donne pas les moyens de distinguer les unes des autres; car par les apparences extérieures, il serait assez difficile de décider si un oiseag appartient plutôt aux premières qu'aux secondes et réciproquement : seulement les cailles sont en général plus petites que les perdrix; mais la taille ne constitue pas un carac- tère générique quoiqu'elle puisse souvent en être l'indice. En effet, les cailles se distinguent des per- drix et des francolins par un caractère plus précis que celui de la taille : chez elles, la première penne de l'aile est la plus longue , tandis que, chez les per- drix, les plus longues sont les quatrième et cinquième; et ce caractère est tout-à-fait en harmonie avec les irsstincts de ces oiseaux. On a pu voir par ce que nous avons dit, en parlant des oiseaux de proie , quelle était l'influence de la longueur des pennes sur le 1. Tom. XX,pag. 3ii, pi. i34; Édit. Pillot. 562 LES CAILLES. vol, suivant que les plus longues de ces plumes étaient plus ou moins rapprochées de l'exlrémité des ailes ; le vol devient d'autant plus étendu que les plus lon- gues pennes sont les premières ; or on sait quel est l'instinct voyageur des cailles , quand des circonstan- ces convenables le mettent en jeu , le rendent actif; un vol étendu leur était donc nécessaire, et, à cet égard, la nature a conformé leur organisation à leur penchant en montrant la môme prévoyance , la même sagesse que celles qu'elle nous montre dans tous ses ouvrages. Ce n'est que pour leurs voyages que les cailles se réunissent en troupes ; dans tout autre temps elles vivent isolées: et tout ce que nous dit BufTon des mœurs de la caille commune paraît, à peu de différences près, convenir à toutes les autres. Toutes les cailles sont originaires des contrées chaudes de Tancien continent ; et si , à certain égard, celle d'Europe fait exception à cette règle, il n'en est pas moins vrai qu'elle se trouve dans des climats plus chauds que le nôtre , et que c'est pour les rechercher qu'elle se livre à de si longs et de si pénibles voyages. Les autres caractères organiques de ces oiseaux consistent dans un bec court, plus large que haut, le tour des yeux entièrement revêtu de plumes , les pieds sans éperons ni tubercules. LA CAILLE A VENTRE PERLÉ. 365 ■*»fr»»»»ei4'»ft»fr»Oi»»»»ai9»4>»»»*eioaC!9i»»0.pa»»»o«>»ei«»8»»»9i»i>< LA CAILLE A VENTRE PERLÉ'. Cette grande caille d'Afrique se distingue de toutes ies antres espèces du genre par la force du bec et par la longueur de la mandibule supérieure; carac- tère qui la rapprocherait des espèces de perdrix pro- preuient dites, et des francolins qui habitent cette partie du globe , si elle ne s'en éloignait par les ca- cactères exclusivement propres aux cailles , la lon- gueur des premières pennes des ailes; sa queue est un peu plus longue proportionnellement que celle de la caille d'Europe ; mais elle est , comme dans cette es- pèce , cachée par les couvertures supérieures ; du reste , quoique modelée sur les mêmes formes, elle est d'un tiers plus grande dans toutes ses dimensions. Cette caille a neuf pouces de longueur totale , et le bec a dix lignes. Le sommet de la tête , la partie postérieure du cou , le dos et le croupion sont d'un brun roux ; sur le centre de chacune de ses plumes est une large bande jaunâtre, qui suit la direction de la baguette ; sur les plumes de la nuque sont quel- ques taches noires, et sur celles du dos des bandes transversales noires et rousses ; l'espace entre l'œil , la gorge et le devant du cou sont d'un noir profond; 1. Peidixstnaia , halh. 564 ^^ CAILLE A VENTRE PERLE. *9*e*^ft9««*(N«>6« (>ttee>^e»î>«*«*9««««**aer9*»»*««6>«»» »9e««4 w8>9*»**»»**«9*»»»» LA CAILLE NATTEE^ Cette caille est un peu plus petite que celle d'Eu- rope ; mais leurs proportions sont les mêmes , et leur plumage se ressemble : seulement un plus grand nombre de raies et de taches foncées se voient sur celui de la caille nattée , et les parties in- férieures sont variées de taches et de raies nom- breuses. Le mâle se distingue par une tache noire triangulaire sous la gorge, et par deux bandes noires, étroites et demi-circulaires qui ornent le devant du cou ; la première entoure la gorge , et ses extrémités remontent jusque vers les oreilles ; la seconde des- cend sur la poitrine , et ses extrémités vont se réunir derrière celles des premières ; une petite moustache noire , qui naît à l'angle du bec, semble en prolonger l'ouverture , et une raie cendrée s'étend de l'œil aux narines; tout le reste du devant du cou est blanc , et c'est la couleur des larges sourcils qui s'étendent de la base du bec presque jusqu'au bas du cou. Une bande noire plus ou moins large , souvent formée d'une chaîne de petites taches , couvre le thorax ; toutes les parties inférieures d'un blanc roussâtre sont marquées de taches noires en forme de mèches 1. Perdix iexlilis , Teinm. ni. coi. dois. 566 LA CAILLE NATTÉE. avec des traits blancs parallèles ; les bandes sur- cillaires et celles du milieu de la tête sont sem- blables à celles de notre caille d'Europe; les plu- mes du cou , du dos , des épaules et celles qui cou- vrent le croupion sont couvertes au milieu d'une tache lancéolée d'un blanc roussâtre bordé de noir ; le reste des barbes est marqué de grandes taches noires coupées par des bandes rousses et cendrées ; les couvertures des ailes sont cendrées et coupées par des bandes jaunâtres bordées de noir ; les pennes sont cendrées. La femelle diffère du mâle ; elle manque de la tache triangulaire et des bandes demi-circulaires à la gorge; seulement celles-ci sont indiquées par une série de petites taches noires , disposées de la même manière que chez les mâles; la gorge est d'un blanc pur; les parties supérieures ne diffèrent point d'une manière très marquée, mais celles du cou et du dessous du corps sont d'un blanc roussâtre , irré- gulièrement marqué de taches noires et de raies longitudinales blanches : ces dernières se trouvent sur les flancs ; le milieu du ventre est blanc. Cette espèce est commune au Bengale , et paraît se trouver sur tout le continent des Indes. LES COLINS. 367 »*«««<&ft»9*»©«<&^««««*e*^fte<8«««*o*s*««>e<8«««««<9««9«<><ê<^^ LES COLINS. Pendant long-temps on a pu croire que ces oiseaux étaient exclusivement propres au Nouveau-Mond^i ; mais un examen plus attentif des perdrix indiennes de petite taille pourrait nous apprendre que les colins ne sont pas seulement des oiseaux américains, car la perdrix gorge rousse , figurée par M. Tem- minck, rappelle plus un colin qu'une perdrix. Quoiqu'il en soit, ces oiseaux tiennent des perdrix et des cailles : des unes par leur port et leur genre de vie; des autres par leur tête sans aucune partie nue. Leur bec est court, gros et arqué ; c'est la troi- sième et la quatrième penne de leurs ailes qui sont les plus longues, et leurs tarses sont sans éperons; les uns sont huppés et les autres sont sans huppes. Ce sont des oiseaux qui ne vivent point en troupe, mais s'associent par paires, et qui restent unis toute leur vie. Le mâle et la femelle prennent également soin des petits, et leur fécondité est assez grande. 568 LE coLI:^! sonnini. t<»a»o»o<<»a»a'0^»aa<>fr»»»««^s^»o^a»oi8^«<<8<>'8«8«'g«»»»»8<><9<»oa<»o«8^ LE COLIN SONNINr. Cette espèce, huppée et connue depuis long-lemps, n'a été nettement déterminée que par M. Temminck. On en trouve une description dans le Journal de Physique de 1772^, une autre dans le Buffon de Son- nini^, et Barrère ainsi que Laborde en avaient parlé, mais rien de clair et de précis n'était sorti de ces pre- miers travaux. Ce colin, vivant dans les parties chaudes méridio- nales, reste sédentaire et n'émigre point. Il forme des troupes de sept ou huit, jusqu'à quinze et seize individus, et lorsqu'une de ces troupes prend son vol , les vieux mâles se lèvent les premiers. Ces oiseaux habitent de préférence la lisière des bois, et s'avan- cent jusque dans le voisinage des habitations. Les jeunes ne prennent pas facilement leur vol ; ils se cachent dans les grandes herbes entrelacées, dans les buissons, les petits palmiers épineux; lorsque quelque apparence de danger les menace, ils ne poussent aucun cri et filent droit devant eux; leur vol n'est pas élevé de plus de cinq ou six pieds; quand 1. PerdixSonninii, Te mm. 2. ToiR. II,part. 1", pag. 217. 3. Vol. VU, pag. i55. LE COLIN SONNIM. o6c) les jeunes ont été séparés l'un de l'autre, ils se rap- pellent par une suite de sifflement, assez semblable à celui des perdreaux. Le colin de Sonnini pond en différents temps, et fait deux couvées. Elevé en cage , il n'en conserve pas moins son caractère sauvage. La longueur totale est de sept pouces et trois ou quatre lignes; le bec est comme celui du zone- colin ; quatre ou cinq plumes étroites, dont les deux plus longues ont un pouce, lui forment une petite huppe sur le haut de la tête, entre les yeux; elles sont jaunâtres avec un peu de brun au milieu; le front est jaunâtre, et cest aussi la couleur qui entoure la base des deux mandibules ; toute la gorge , et une large bande derrière les yeux, sont d'un roux foncé; les plumes de la nuque et des côtés du cou ont des taches blanches, noires, et de couleur mar- ron; le haut du dos est d'un cendré roux, avec de nombreux zig-zags noirs ; toutes les autres parties supérieures portent, sur un fond cendré roux, de grandes taches noires et des zig-zags bruns, et les couvertures des ailes ne sont point bordées de cou- leurs claires; la poitrine d'un cendré rougeâtre clair, qui est à points noirs, montre encore quelques taches blanches; toutes les plumes des parties inférieures, ainsi que les couvertures inférieures de la queue , ont de grandes taches ovoïdes d'un blanc pur, dispo- sées de chaque côté de la plume le long de ses bords; ces taches sont entourées de noir, et le milieu de la plume est d'un beau roux marron ; toutes les pennes des ailes sont brunes; celles de la queue sont d'un brun très foncé, avec une multitude de petits zig- CUVIER. II. 24 J-JO LE COLIN DE VIRGINIE. zags noirs; le bec est noir, et les pieds sont jaunâ- tres. La femelle, toujours un peu moins grande, n'a point de huppe, et les couleurs de son plumage sont plus pâles, mais distribuées de même que chez les mâles. LE COLIN DE VmGINIE\ Voici ce que nous apprend M. Audubon sur cette espèce de colin 2. On rencontre abondamment cette espèce dans tou- tes les parties des États-Unis, mais plus spécialement encore dans les états de Tintérieur. Dans ceux de rOhio et du Kentucky, ils sont assez abondants, pour qu'on en rencontre dans les marchés d'énormes quantités soit vivants soit morts. Cette espèce fait quelquefois des migrations du nord-ouest vers le sud-est; elles ont lieu d'ordinaire au commencement d'octobre , et se font d'une ma- nière assez semblable à celles du dindon sauvage. Dans cette saison, les rives nord-ouest de l'Ohio sont, pendant plusieurs semaines , couvertes de trou- pes de ces oiseaux. Elles suivent le cours de ce fleuve, au milieu des bois qui garnissent ses bords, et elles le traversent en général vers le soir. De même que les dindons , les plus faibles tombent fréquemment dans l'eau, et le plus souvent ils y périssent; car, 1. Perdix Virginianaj Lalh. 2. Audubon's anicrican Ornithological Biography. LE COLIN DE VIRGINIE. 37 1 ïjuoiqu'ils nagent avec une facilité merveilleuse, leur force musculaire ne peut pas suffire aux efforts né- cessaires, et ils ne réussissent à échapper au dan- ger que quand ils sont tombés à peu de distance du rivage. Aussitôt que ces oiseaux ont traversé les principaux cours d eau qui se trouvent sur leur route, il se répandent en troupes dans le pays , et repren- nent leur g^nre de vie ordinaire. Cette espèce vole en général à une petite distance de terre ; son vol est rapide , et se compose de batte- ments d'aile fréquemment répétés , que l'animal sus- pend ensuite jusqu'à ce qu'il soit au moment de s'abat- tre ; il recommence alors ses battements d'aile pour éviter de toucher terre. Lorsque ces oiseaux sont poursuivis par les chiens , ou par quelque autre en- nemi, ils se réfugient à la hauteur moyenne des arbres, où ils demeurent jusqu'à ce que le danger soit passé , et on les voit alors marcher avec facilité sur lesbranches; s'ils s'aperçoivent qu'on les observe, ils dressent les plumes de leur tête, font entendre un bruit sourd, et fuient vers une branche plus éle- vée, ou vers un autre arbre à quelque distance. Quand ces oiseaux s'envolent spontanément , ils sui- vent tous la même direction; mais lorsqu'on les fait lever, ils se dispersent; puis, lorsqu'ils ont repris terre, ils s'appellent, et sont bien vite réunis, cha- cun se dirigeant rapidement vers le lieu ou ils enten- dent la voix bien connu du chef. Kn hiver, quand la neige couvre la terre , il leur arrive souvent de demeurer perchés pendant plusieurs heures de suite. Le cri ordinaire de cette espèce est un sifflement clair, composé de trois notes , dont la première et la 3-2 LE COLIN DE VIRGINIE. dernière sont d'égale longueur, celle-ci moins forte que l'autre, mais plus forte que celle du milieu. Lorsqu'ils aperçoivent un ennemi, ils font entendre un grasseyement fréquemment répété, et ils s'en- fuient la queue ouverte, la crête redressée, et les ailes pendantes , cherchant un asile dans quelque buisson , ou dans le feuillage de quelque arbre déra- ciné. D'autres fois, lorsqu'un individu de la troupe s'est égaré, il pousse deux sons, plus forts qu'aucun de ceux dont nous venons de parler; le premier est plus court et plus bas que le second, et aussitôt quel- qu'un de la troupe y répond. Cette espèce a de plus un cri d'amour qui est plus fort et plus net que les précédents, et que l'on peut entendre à une très grande distance ; il consiste en trois notes distinctes, dont les deux dernières sont les plus fortes, et il est particulier aux mâles. Les fermiers et les chasseurs reconnaissent facilement ce cri, à la ressemblance qu'il a avec les syllabes bob ouaïte ; mais ces deux sons sont toujours précédés d'un autre, que l'on en- tend aisément à une distance de trente ou quarante yards ; les trois sons réunis ressemblent aux mots ali bob ouaïte; le premier son résulte d'une sorte d'aspi- ration ; le dernier est très fort et très net; ce siffle- ment ne s'entend guère après la saison de l'amour; mais pendant celle-ci, l'imitation du cri qui est par- ticulier à la femelle fait accourir le mâle, que le chasseur peut tirer alors avec facilité. Dans les districts du milieu , le cri d'amour du mâle commence à se faire entendre vers le milieu d'avril ; mais beaucoup plus tôt dans la Louisiane. On voit le mâle perché sur quelque haie ou sur les branches LE COLIN DE VIRGINIE. Ô'JJ basses d'un arbre , conservant la même position pen- dant des heures entières, et répétant ait bob ouaite par intervalles de quelques minutes. On entend sou- vent plusieurs mâles, appelant à l'envi de différents points; et s'ils viennent à se rencontrer à terre, ils se battent avec beaucoup décourage et d'obstination, jusqu'à ce que le vainqueur ait réussi à chasser son ennemi. La femelle construit un nid de gazon , de forme ronde, et ayant une entrée assez semblable à celle d'un four ordinaire; elle le place au pied de quelque touffe d'une herbe haute, ou près d'un bouquet d'épis bien rapprochés , et elle l'enfonce en partie en terre. Les œufs au nombre de dix à dix-huit, sont un peu aigus à leur petite extrémité; leur couleur est d'un blanc pur; quelquefois le mâle aide la femelle à couver. Cette espèce n'élève qu'une couvée par an , à moins que les œufs ou les petits n'aient été détruits; dans ce cas, la femelle reconstruit immédiatement un nouveau nid, et il peut arriver que celui-ci étant également détruit, elle en élève un troisième. Les petits courent aussitôt qu'ils sont éclos , et ils suivent leurs parents jusqu'au printemps, où ayant acquis tout leur développement, ils se réunissent par paires. La femelle se repose la nuit avec ses petits sur la terre, au milieu des herbes ou sous le tronc renversé d'un arbre. Les individus qui composent la couvée se placent d'abord en rond, puis marchent à recu- lons jusqu'à ce qu'ils soient près les uns des autres; de cette manière toute la couvée peut s'envoler en cas d'alerte , et tous ces oiseaux peuvent partir en- semble et voler en droite ligne sans être exposés à se nuire mutuellement. 0'^L\ LE COLIN DE VIRGINIE. On prend aisëment ces oiseaux dans des pièges ^ dans des trappes, ou dans des cages semblables à celles où l'on prend les dindons sauvages , mais pro- portionn(5es à la taille de ces oiseaux; on en tue aussi un certain nombre au fusil; cependant le prin- cipal moyen de les prendre consiste dans lemploi des filets, surtout dans les états de l'ouest et du midi. Voici la manière de s'en servir : Un certain nombre d'individus à cheval, et munis d'un filet, se mettent à la recherche des oiseaux; ils marchent le long des haies et des buissons de ronce où l'on sait que ces oiseaux se tiennent de préfé- rence. Un ou deux des chasseurs sifflent de la ma- nière que nous avons décrite plus haut; bientôt une couvée y répond, et aussitôt les chasseurs cherchent à en reconnaître la position et le nombre, dédaignant le plus souvent d'employer le filet quand il n'y a que quelques individus. Ils s'approchent avec beaucoup de soin, causant et riant entre eux, comme s'ils conti- nuaient leur chemin; quand les oiseaux ont été découverts, un des chasseurs part au galop en décri- vant un circuit, prend une certaine avance plus ou moins étendue, selon la position des oiseaux, et le reste des chasseurs, pendant ce temps ^ continuent leur marche en causant , mais en observant en même temps tous les mouvements des perdrix. Cependant celui qui a pris l'avance, avec le filet, met pied à terre, et dispose ce filet de manière à ce que ses compagnons puissent facilement y pousser la couvée ; puis il remonte à cheval et rejoint la troupe. Les chasseurs alors se séparent à de courtes distances, et ils suivent les perdrix en causant, sifflant, frappant des LE COLIN DE VIRGINIE. OyG mains , ou battant les buissons ; les oiseaux fuient avec légèreté , à la suite les uns des autres, et dans la di- rection que leur font conserver les chasseurs ; le chef de la troupe approche bientôt de la bouche du filet, y pénètre, et toute la troupe après lui; aussitôt le premier chasseur descend de cheval , ferme l'entrée du filet, et s'empare des oiseaux. De cette manière on prend d'un seul coup quinze ou vingt colins, et souvent on peut dans une journée en prendre plu- sieurs centaines. En général, les chasseurs rendent à la liberté une paire de chaque troupe, pour perpé- tuer la race. Le succès de cette chasse dépend beaucoup de l'état du temps. Le meilleur est un temps de pluie fine, ou de neige fondante; car alors les colins, et tous lesgallinacées en général , fuient en courant fi de grandes distances sans s'envoler, tandis que si le temps est sec et pur , ils prennent leur volée aussitôt qu'ils voient un étranger, ou ils se tapissent de manière à rendre leur poursuite très difficile. De même , lors- qu'on trouve les troupes dans les bois, elles fuient avec tant de rapidité assez loin , qu'il est fort difficile au chasseur qui porte le filet , de réussir à le placer à temps. Le filet, cylindrique, a trente ou quarante pieds de long , sur environ deux pieds de diamètre , excepté à l'entrée où il est plus grand, et à son extrémité où il prend la forme d'un sac. On le tient ouvert au moyen de petits anneaux de bois, placés à deux ou trois pieds de distance les uns des autres; l'ouverture est garnie d'un grand demi-annneau , dont les deux extrémités, coupées en pointe, sont enfoncées dans 076 LE COLIN- DE VIRGINIE. Ja terre, de manière à offrir aux oiseaux une entrée facile : deux pièces de filet , nommées ailes, et aussi longues que le filet cylindrique , sont placées à l'em- bouchure , de manière à former un angle fortement obtus, et elles sont soutenues par des bâtons enfon- cés dans la terre. Le tout est fait avec des matériaux à la fois légers et forts. Le colin de Virginie se conserve facilement en cage, où il devient bientôt extrômement gras; mais il est fort difficile de l'obtenir directement par l'incuba- tion, sans doute à cause du manque de soins, et de l'absence des insectes dont les petits se nourrissent. La nourriture ordinaire de cette espèce consiste en graines de diûérentes sortes, et en baies qui naissent très près de la surface de la terre ; elles avalent en même temps une grande quantité de sable. Vers l'automne, quand les jeunes ont presque atteint leur entier développement, leur chair devient grasse , ten- dre et succulente; elle est blanche, très savoureuse, et fort recherchée. Ils souffrent beaucoup dans les districts du milieu, pendant les hivers rigoureux, et on les lue alors en nombre prodigieux. LES TOCROS. Jj «« »« »4 C««fl*»M««««4 LES TOCROS', L'espèce qui constitue ce genre, originaire de l'A- iiiérique méridionale, a été réunie aux espèces amé- ricaines de la famille des perdrix , c'est-à-dire aux colins ; mais des considérations qui nous paraissent très fondées ont déterminé M. Vieillot à la donner comme le type d'un genre. Les caractères qu'il as- signe à ce genre consistent dans un bec très robuste, gros, convexe en dessus, très comprimé sur les côtés, dont la mandibule supérieure voûtée est très cro- chue à son extrémité, et dont l'inférieure droite est bidentée sur chaque bord vers sa pointe. Les yeux sont entourés d'une peau nue qui se prolonge jus- qu'au bec. Les cinquième et sixième pennes des ailes sont les plus longues. Du reste, les Tocros ressem- blent aux autres perdrix américaines. On ne connaît guère les mœurs de ces oiseaux. Buflbn^ rapporte tout ce qu'il avait appris du tocro , et ce qu'il en dit est peu d'accord avec ce que nous apprenons par d'Azara de son uru , que l'on re- garde cependant comme appartenant à la même espèce que le tocro. Nous nous bornerons donc à rapporter l'histoire que cet excellent observateur nous donne de cet uru. 1 . Odoniopliorus , Vieillot. 2. Tom. IV, in-4% pag. 5i3. — Édit. Pillot, loin. XXII , pag. 4i5, 378 LE TOCRO URU. «««««««««♦A e<4« tv««« ^«««^'S) »«!««««•«««««« ^ LES TETRAS\ BuFFON ayant connu toutes les espèces de ce genre, nalurelles à l'Europe ou du moins qui se trouvent en France, et ayant parlé de leur organisation extérieure et de leurs mœurs, avec assez de détail et d'exacti- tude, donne les moyens de bien connaître sous ce double rapport les caractères communs de ces oiseaux. Ce sont en eflet des gailinacées qui ont des rapports avec les coqs par leurs joues nues, et avec les din- dons par la faculté qu'ont les mâles de relever leur qu-eue en éventail ; mais qui cependant forment un groupe bien distinct , par leur physionomie générale, par plusieurs modiGcations organiques, et surtout par leur naturel. Ces oiseaux, par les formes géné- rales de leur corps, rappellent un peu la perdrix; leur bec est court , et sa mandibule supérieure sin- gulièrement voûtée ; les narines sont ouvertes à la base du bec , mais tout-à-fait cachées par les petites plumes serrées les unes contre les autres qui les envi- ronnent; les tarses sont garnis de plumes; la troi- sième et la quatrième pennes des ailes sont les plus longues, lis vivent solitairement dans les grandes forêts, et choisissent de préférence celles des mon- tagnes. Leur nourriture consiste principalement dans les bourgeons des pins, des bouleaux, dans les baies 1, Tetrao. 382 LES TÉTRAS. OU les fruits des différents arbrisseaux , dans les insec* tes, etc. Les mâles se réunissent aux femelles dès les pre- miers jours du printemps , et restent avec elles jus- qu'à ce que la ponte soit terminée; alors ils se sépa- rent les uns des autres , les premiers pour reprendre des forces qu'un grand amaigrissement leur rend nécessaire, et les autres pour élever leur famille. L'amour chez les tétras est une passion aveugle et violente qui fait taire toutes les autres ; aussi devien- nent-ils alors aussi imprudents qu'ils sont ordinaire- ment défiants et sauvages ; ils appellent les femelles d'une voix forte, qui décèle leur retraite, et les expose à toutes les atteintes de leurs ennemis, car souvent môme, dans leur aveuglement, ils ne les aper- çoivent pas. Les femelles font leur nid sur la terre dans les taillis épais , et leur ponte est de huit à dix œufs; quand les petits sont éclos, ils suivent leur mère jusqu'au printemps prochain; elle les quitte alors pour se livrer aux soins d'une nouvelle progé- niture, tandis que les jeunes de leur côté s'appareil- lent, poussés par le besoin de se reproduire. Buffon donne une histoire exacte du grand coq de bruyère (P. urogallus^ )_, du coq de bruyère à queue fourchue (P. ^^frâ^), et de la gelinotte (P. bonasla^). Son petit tétras à plumage variable , et son petit té- tras à queue pleine , paraissent à mon frère se rap- porter à l'espèce du nord que l'on a désignée par le nom àUntermedius, Sa gelinotte d'Ecosse ne diffère 1. Tom. XX, page 109, Edit. Pillot, 2. Idem, page 124, idem. 3o ïdem. page \l\l\, idem. LES TÉTRAS. ôSô point de la gelinotte proprement dite ; et son attagas ne paraît être qu*une femelle de gelinotte, ou une gelinotte très jeune. Parmi les oiseaux étrangers qui ont des rapports avec les tétras, il parle de la gelinotte du Canada qui est le Tetrao canadensis des naturalis- tes, et du coq de bruyère à fraise qui est leur Tetrao umbellm. Au sujet de la première il fait remarquer, avec raison , qu'elle ne diffère point de celles qu'Ed- wards a décrites, sous le nom de gelinottes de la baie d'Hudson^, et que c'est à tort que Brisson^ voulait les distinguer; mais au sujet du coq de bruyère à fraise, il commet l'erreur qu'il reproche à Brisson : il con- fond en une seule espèce, ce coq de bruyère décrit et représenté par Edwards^, et le coq de bois de Ga- tesby^; deux tétras si différents, par l'organe parti- culier qui caractérise celui-ci, que quoique voisins, ils nous semblent appartenir à des types génériques différents; c'est ce motif qui nous détermine à ajou- ter aux descriptions des tétras de Buffon , celle de ce singulier oiseau. Les lagopèdes ne se distinguent guère des tétras que parce que non seulement leurs tarses, mais en- core leurs doigts, sont couverts de plumes, et qu'au lieu de rechercher les forêts, ils se tiennent plus habituellement dans les halliers. Buffon cependant les considère sous un point de vue générique et il en décrit deux espèces, le lagopède proprement dit [T. logopus), et le lagopède de la baie d'Hudson (T. 1. PI. ii8 le mâle, et 71 la femelle. 2. Tom. I, pag. 2o3. 3. Glan., pi. i48. 4. Suppl. 1, p. i, pi. 1. 584 ^"^ ^'^^ '^E BRUYÈRE A AILERONS. albiis). Ce qu'il dit de ces oiseaux en donne une idée exacte, et suffit pour faire connaître le groupe, d*ail- leurs très faible, auquel ils appartiennent. Buffon considère les gangas comme très voisins des tétras, car il les place entre eux et les lagopèdes; ils diffèrent cependant des uns et des autres par des caractères importants, et principalement par la grande longueur des ailes. Aussi, tout en les laissant auprès des tétras, nous les décrirons dans un genre particulier. LE COQ DE BRUYÈRE A AILERONS OU TÉTRAS CUPIDON*. Buffon a confondu mal à propos cet oiseau , comme nous venons de le dire, avec le coq de bruyère à fraise. Les traits caractéristiques de ces deux espèces sont très différents ; et même celle que nous allons décrire présente, accessoirement à ses organes de la voix , des vessies , des réservoirs d'air qui nous sem- bleraient des modifications organiques plus impor- tantes pour caractériser un genre que ne le sont des plumes étendues du tarse aux doigts, caractères qui distinguent les lagopèdes des coqs de bruyère pro- prement dits. Ce coq de bruyère singulier est connu depuis long- temps par ses formes. Catesby^ en avait déjà donné 1 . Teirao Ciipido , Gmel. 2. Suppl., pag. 1, pi. i. '"l:d^»k/>^/:^/'' LE COQ DE BRUYÈRE A AILERONS. 585 \me figure et une description lorsque Buffon écrivait sur ces oiseaux; mais on ne le connaît véritablement et avec détails, que depuis que MM. Wilson et Audu- bon nous en ont donné l'histoire. La taille de cette espèce égale celle du grand coq de bruyère; et leur nourriture est la même. Mais si l'on en croit M. Wilson le coq de bruyère à ailerons ne boirait qu'en saisissant avec son bec les gouttes de rosée ou de pluie , ce qu'il fait très adroitement. C'est en mars que la saison des amours commence pour ces oiseaux, et elle dure deux à trois mois. A cette époque le mâle pousse un cri particulier qui s'entend de la distance de trois à quatre milles, et ressemble à la voix sourde et caverneuse des ventriloques; aussi est-on souvent trompé sur la dislance de l'individu qu'on entend, et qu'on croit généralement plus éloi- gné qu'il ne l'est. La femelle cache très soigneuse- ment son nid qu'elle fait à peu près à nu sur la terre, et elle y pond de dix à quinze œufs assez semblables pour la forme et la couleur à ceux de la pintade. Les soins qu'elle donne à sa couvée sont très assidus, et l'on assure que dans le danger elle imite la perdrix, s'expose seule et cherche à attirer sur elle l'attention de l'ennemi , pour donner à ses petits le temps de fuir et de se cacher. Ce sont des oiseaux statîonnaires qui cherchent les terrains secs, et préfèrent les taillis aux bois élevés et épais. On les rencontre dans toute l'étendue des États-Unis , et jusqu'au delà des monts Pierreux, Ils vivent habituellement en troupes de douze à quarante individus, et ces troupes ne sont quelquefois composées que de mâles. Quoique d'un naturel sauvage , lorsqu'ils sont pressés par la faim , CUVIEU. JI. 25 7)86 LE COQ DE BRUYERE A AILERONS. quand la neige couvre la terre, on les voit quelque- fois se mêler aux oiseaux de basse-cour. Plusieurs particularités rendent les mœurs de ces oiseaux remarquables. Quand les femelles sont oc- cupées à couver, on voit tous les mâles d'un district se rassembler en s'appelant dès avant le lever de l'aurore; ils choisissent à cet effet un terrain uni, où aucun obstacle ne gêne leurs actions, et après s'être pava- nés, en relevant les plumes de leur cou, en étalant celles de leur queue, avec des mouvements lents et mesui'és, comme le sont quelquefois ceux du dindon, et en variant leur voix, ils se livrent des combats qui cessent quand le soleil est arrivé à une certaine hau- teur, c'est-à-dire vers huit ou neuf heures du matin. C'est au moyen de ses sacs aérien que le coq de bruyère à ailerons produit le son extraordinaire qu'il fait entendre. Ce son se compose de trois notes sur le même ton, chaque note étant fortement accen- tuée, et la dernière deux fois aussi longue que les précédentes. Lorsque plusieurs de ces oiseaux crient ainsi ensemble , l'oreille ne peut plus distinguer la régularité de ces triples notes ; elle n'entend plus qu'un long bourdonnement; c'est alors qu'ils imitent les mouvements du dindon, en agitant et déployant leurs ailerons et leur queue; puis changeant tout à coup ils font entendre quelques notes rapides et saccadées qui imitent assez un rire éclatant. Ce coq de bruyère a dix-huit pouces de longueur, et vingt-sept pouces d'envergure, et son poids est de trois h vquatre livres. Ses ailerons naissent au bas de son cou , et se composent chacun de dix-huit plu- mes , qui vont en diminuant de longueur de la pre- LE COQ DE BRUYÈRE A AILERONS. 58^ mière à la dernière. Une petite huppe couronne sa tête, et une autre que l'oiseau meut à volonté, d'une belle couleur orangée, se montre au dessus des yeux. C'est sur les côtés du cou, an dessous des ailerons, que se voient ces sacs dont nous avons parlé plus haut, que l'oiseau peut gonfler à volonté , et qui alors ont la grosseur et la couleur d'une petite orange; lorsque ces sacs ne sont pas gonflés ils s'aperçoivent à peine, et ne consistent pkis qu'en une membrane lâche que les plumes voisines cachent en grande partie. La gorge est d'un blanc jaunâtre; les parties su- périeures du corps sont tachées transversalement de brun rougeâtre, de noir et de blanc. La queue est uni- formément couleur de suie; le cou est tacheté de même que le dos; les parties inférieures sont d'un brun pâle , marqué transversalement de blanc. Le duvet qui couvre les tarses est d'un fauve sale. Le bec est brunâtre et les yeux sont couleur noisette. Ces caractères sont exclusivement propres aux mâles; les femelles, beaucoup plus petites, sont pri- vées des ailerons comme des sacs à air, et leur tête n'est point garnie de huppe orangée. De plus, les cou- leurs de leur plumage sont beaucoup plus pâles que celles des mâles. 588 LES GANG AS. «i«Vf*»5« *♦»♦>»« LES GANGAS*. Ces singuliers oiseaux se rapprochent sans doute beaucoup plus des gallinacées que d'aucun autre ordre. Leur physionomie générale rappelle celle des perdrix à beaucoup d'égards; de plus, ils pondent un grand nombre d'œufs , et à terre sur un nid composé grossièrement de quelques brins de paille et de quel- ques plumes ; leurs petits sortent de l'œuf tout for- més et prêts à se conduire, et ils se nourrissent comme toutes les autres espèces de cet ordre; mais ils en diflèrent par un caractère si important qu'on ne doit point s'étonner si quelques auteurs ont douté que les rapports de ces oiseaux avec les gallinacées fussent aussi intimes que d'autres le prétendaient : en effet, autant les coqs, les dindons, les pintades, les tétras , ont les ailes courtes et le vol lourd, au- tant les gangas ont les ailes et le vol étendus. Ils s'é- loignent donc par un caractère très important des gallinacées proprement dits, et forment, avec quel- ques autres genres que nous indiquerons , un groupe particulier intermédiaire entre ces derniers oiseaux et les pigeons. Leurs autres caractères organiques consistent dans un bec médiocre assez grêle dans quelques espèces, j. Pterocles , Ternm. LES GANGAS. 089 en un cercle nu autour des yeux, en des pieds dont les doigts sont courts, mais principalement celui de derrière qui n'a que deux ou trois lignes ; en tarses couverts de plumes en devant , en une queue dont les pennes s'allongent graduellement de ses bords à son milieu , et qui se termine ainsi en pointe; mais chez les uns , les deux pennes moyennes s'allongent consi- dérablement en forme de filet, tandis que chez d'au- tres cet allongement n'a pas lieu. Les gangas sont naturels aux parties chaudes de l'ancien continent; une seule espèce vit en Europe, et n'en dépasse pas les contrées méridionales, en- core, dit-on, n'y est-elle que de passage. On en connaît dix à douze espèces que l'on divise en deux groupes : celle dont la queue est simple, et celle dont les deux pennes moyennes s'allongent fort au delà des autres en se rétrécissant. L'espèce dont parle Buffon^ est celle qu'on voit^en été en France près des Pyrénées , et en Provence ; tout ce qu'il en rapporte est exact, et il en est de même de la critique qu'il fait de l'opinion de quel- ques naturalistes qui ont cru devoir appliquer au ganga, des noms anciens qui désignaient évidemment d'autres oiseaux; mais dans l'article qui suit celui du ganga, nous le voyons, après un long examen et des comparaisons détaillées, conclure que l'attagas des Grecs et l'attagen des Latins est notre francolin, le tetrao francolinus de Linneus. Or une critique plus éclairée a depuis conduit à penser que l'attaga est le ganga. Nous ajouterons deux espèces nouvelles à celles I 3. Tom. XX, pag. i52 , Edit. Pillol. ogO LE G/INGA COURONNÉ. de Biifïbn , propres à caractériser chacune des divi- sions dont nous avons parlé plus haut : le ganga cou- ronné qui appartient à la première, et le ganga à ventre brûlé qui appartient à la seconde. a»ai«^»gr» LES AT TA GIS. vOgS »9»a»»e«>««i« 8i»i«'»»»'««'>o»»«»»»^<»«'W»f»a»a< LES ATTAGTS'. Ce genre n'est encore fondé que sur une seule espèce dont la physionomie générale est celle des perdrix ; mais les altagis diffèrent de ces derniers oiseaux en ce qu'aucune partie nue ne se trouve au- tour de l'œil , et en ce que le bec est beaucoup plus fort; mais, pour faire connaître les caractères de ce genre , et ceux de l'espèce qui le constitue , nous n'avons qu'à suivre en ces deux points les auteurs qui nous ont fait connaître l'attagis et ses rapports. « J3ec robuste , comprimé sur les côtés , voûté et convexe en dessus , courbé uniformément depuis sa base ; mandibule inférieure dont le bord supérieur suit la courbure de la mandibule opposée ; fosses na- sales très grandes, en croissant, garnie en dessus d'une membrane en partie revêtue de petites plumes. Tête sans aucune partie nue. Ailes courtes dont les pre- mière et deuxième pennes sont les plus longues. Queue courte, arrondie à son extrémité, et com- posée de quatorze pennes. Tarses nus , courts , forts, couverts de petites écailles ; doigts au nombre de qua- tre , le pouce très court et placé très haut, écusson- nés , ongles moyens. » On ne connaît rien du naturel de ces oiseaux. i. Attagis . Isid. GeolT. etLcss.; cent. )C)6 l'aï TA GIS DE G A Y. ^ ««•«<»•«>] ««<«««« L'ATTAGIS DE GAY*. «Le mâle de cette espèce rappelle la taille et la forme d'une perdrix grise ; sa longueur totale est de onze pouces et sept à huit lignes. Son bec est noir et ses tar- ses sont plombés. Le plumage est très dense et très fourni. Un épais duvet sert d'enveloppe à la peau, et les plumes sont de leur nature excessivement molles et soyeuses. Un gris fauve lancéolé de roux et de noir teint toutes les parties supérieures du corps, la tête, le cou , le dos , les ailes et le croupion. La colora- tion de chaque plume est difficile à décrire, parce que , d'abord grise à leur base , leur sommet est brun avec des cercles étroits d'un gris fauve clair et des stries d'un roux assez vif. Ces stries terminales, plus foncées sur les couvertures des ailes, sont plus nuan- cées de gris sur les couvertures supérieures de la queue, et forment, par l'harmonie de leurs nuances, un ensemble agréable. Les pennes des ailes sont bru- nâtres et terminées à l'extrémité d'une légère bor- dure blanche. Leurs tiges sont blanchâtres et raides. Les pennes de la queue, entièrement cachées par les couvertures en dessus et en dessous, sont d'un roux carné assez clair, mais striées en travers de brun. La 1. Aitagis Gayi j Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Lesson. l'attagis de gay. 097 gorge, le haut du cou, sont d'un blond roux, fai- blement moucheté de brun; tout le devant du cou et la poitrine sont roux , mais chaque plume se trouve bordée d'un cercle noir. Le ventre, les flancs, le bas- ventre et les couvertures inférieures sont d'un blond fauve doux et agréable , sur lequel tranchent sur les flancs des ondes blanchâtres , et sur les cuisses des cercles brunâtres. Les ailes sont en dedans d'un blond carné marqué de brunâtre aux épaules. Les couver- tures des ailes sont molles, allongées et étagées. » La femelle ne diffère point du mâle autrement que par une taille plus petite; elle n'a guère en effet que dix pouces de longueur totale : cependant les pennes des ailes sont d'un brun plus franc, le dessous du corps est un peu plus doré, avec des ondes blanches plus marquées; mais d'ailleurs la plus complète ressem- blance existe entre les deux sexes. » La connaissance de cette espèce est due à M. Gay, voyageur éclairé , qui l'a découverte dans le Chili , sans avoir pu en étudier les mœurs , car pour cela il faut un loisir qui ne peut jamais être le partage d'un voya- geur. » 598 LES TUIINIX. »ft»9«r»*e<»'««*»* LES TURNIX*. Ces oiseaux de petite taille ont non seulement les rapports les plus intimes avec les cailles, mais ils pa- raissent en avoir en partie les mœurs. Ils vivent dans les pays chauds et dans les plaines où les herbes les protègent contre leurs ennemis, et leur donnent les moyens d'échapper par la fuite à ceux qui les cher- chent et les poursuivent. Ils ont été peu observés; ce- pendant une espèce est élevée à Java, comme notre caille commune l'est dans quelques pays, pour servir de spectacle en combattant. Leurbec estmédiocre, grêle, droit, comprimé ; leurs narines , allongées et à moitié fermées, sont à la base du bec. Les ailes, de médiocre longueur, ne cachent pas la queue, et c'est leur première penne qui est la plus longue. La queue est courte , faible et presque cachée sous ses couver- tures supérieures. Les pieds dont les tarses sont très longs, n'ont que trois doigts dirigés en avant et sans membrane qui les réunisse. Ce sont ces derniers traits qui font leurs principaux caractères génériques ; mais ils ne doivent être consi- dérés que comme de simples signes extérieurs de ca- ractères plus importants , si en eflet ces oiseaux doi- vent former un genre distinct; car le doigt postérieur i, llemiiwdiurs , Teinminck. LE TURNIX BARIOLÉ. 399 chez les gallinacées , et la petite membrane qui se voit chez le plus grand nombre entre les doigts antérieurs, étant tout-à-fait à l'état rudîmentaire , ont pu dispa- raître entièrement chez certaines espèces sans que cela pût tirer à conséquence , sans qu'il en résultat aucun changement dans les facultés, dans les pen- chants. Les espèces de Turnix sont assez nombreuses; toutes sont de l'ancien monde , mais elles ne se trouvent que dans les parties chaudes , et elles se rencontrent dans l'Océanie comme dans les Indes, et au midi comme au nord de l'Afrique. Les deux espèces qui sont propres à la Barbarie s'avancent jusque dans les parties méridionales de l'Europe , et principalement en Espagne. LE TURNIX BARIOLÉ\ La taille de cet oiseau est à peu près celle de notre caille, et, relativement aux autres espèces du genre , son bec et ses pieds sont forts , et sa queue est longue. La teinte générale de ce turnix est brune , mais tellement variée par des taches et des lignes blan- ches, noires, fauves, qu'elle disparaît presque, et que 1 . Hcmipodius larius , Ncw-HoUand partridge , Latli., Suppl. Syn., tom, II, jiag. 285. /fOO LE TURNIX BARIOLÉ. le plumage qui résulte de ce nombreux mélange de couleur est fort difficile à décrire. De très petites mèches blanches et noires couvrent le front , la partie entre le bec et l'œil et les sourcils ; des plumes blanches à croissants noirs garnissent les joues , et servent d'encadrement à la plaque blanche de la gorge ; une bande longitudinale d'un gris brun, marquée latéralement de taches noires, passe sur la tête ; la nuque et les côtés du cou sont irrégulière- ment variés de taches noires, blanches et rousses, les unes grandes et les autres très petites; un cendré clair, couvert de taches blanches lancéolées, forme la bîgarure de la poitrine ; de grandes taches noires se voient sur les plumes du dos : ces taches sont variées de stries rousses , bordées latéralement de raies longitudinales blanches , et le liséré de ces plu- mes est gris; de grandes taches rousses, noires, blan- ches couvrent les ailes ; leurs pennes sont d'un cen- dré avec un liséré d'un blanc pur. Le ventre et l'abdomen sont blanchâtres; le bec est de couleur de corne, et les pieds sont jaunes. La longueur totale de ce turnix et d'un peu plus de six pouces. Le plu- mage est très variable ; peut-être l'âge et le sexe pro- duisent ils des différences plus ou moins marquées. On trouve cette espèce à la Nouvelle-Hollande. i^9* LE TURNIX COMBATTANT. 4^1 LE TURNIX COMBATTANT*. La satiété des émotions qui naissent des senti- ments doux, satiété qui est le résultat nécessaire de la répétition trop fréquente de ces émotions et de la faiblesse qui fait qu'on s'y abandonne , en donnant le besoin des émotions plus vives, a fait rechercher les spectacles propres à les satisfaire. De là ces com- bats auxquels on se presse pour applaudir au triom- phe du vainqueur, et repaître ses yeux des derniers tourments de la victime. Les combats d'animaux sont devenus un de ces spectacles ; et l'on a toujours recherché de préfé- rence, pour donner à ces combats plus d'intérêt, les espèces qui , par leur force ou leur colère , y portaient plus de violence ou d'acharnement , et c'est à cette dernière qualité que le turnix que nous allons décrire doit le nom de combattant qu'il a reçu, et l'estime qu'ont pour lui les Javanais ; ils l'élèvent en elTet avec soin , et le payent un haut prix quand il a donné des preuves de sa vigueur et de son courage. Les combats de ces petits oiseaux donnent lieu à des paris considérables, et la cupidité alors devient une nouvelle cause d'émotion. Le nom de cet oiseau , en langue malaie , est bou- 1. Hemipodius pugnax , Tcimn. CUVIER. n. 26 /|02 LE TIJRNIX COMBATTANT. ron-gema. Une bande suTcillaire, le derrière des yeux et les joues sont variés de petits points noirs et blancs. Toutes les parties supérieures sont d'un brun foncé ; mais la pointe des plumes du dos et des épaules porte, dans l'adulte , des croissants noirs et roux , et de petites taches blanches longitudinales. L'aile est variée de carrés noirs et blancs , disposés sur un fond gris brun : celte couleur est répandue sur les pennes des ailes dont l'externe porte une bordure blanchâtre. Le vieux mâle a la gorge et le devant du cou d'un beau noir, la poitrine rayée transversalement de larges bandes noires et blanches ; tout le reste des parties inférieures est d'un roux vif; le bec est grisâtre. La longueur de cet oiseau est de cinq pouces six ou huit lignes. La femelle adulte a la gorge blanche et les bords marqués de points noirs et blancs ; le devant du cou et de la poitrine sont rayés de noir et de blanchâtre ; le milieu du ventre est d'un blanc roussâtre ; le reste du plumage est coloré comme dans le mâle. Cette espèce vit dans les îles de la Sonde. LES SYRRHAPTES. 4^^ «»»»»»»»» >*'t«»»»»»»»9»»»»Bi»^»< ei»»»»a»a*a LES SYRRHAPTES' L'oiseau qui sert de type à ce genre, et qui le constitue encore tout entier, a de nombreux rap- ports avec les gangas , et surtout par ses très longues ailes terminées chacune par deux pennes qui se pro- longent en filet fort au-delà des autres. Il est de plus remarquable par ses tarses courts entièrement revê- tus de plumes, et par ses doigts qui, courts de même et au nombre de trois seulement, sont presque tout-à-fait réunis par une membrane comme le sont les doigts des palmipèdes. Le seul syrrhapte qu'on connaisse se trouve dans les déserts de la Tartarie ; mais on n'en a point observé les mœurs , et ce n'est qu'avec une sorte de doute que quelques auteurs l'ont admis parmi les gallina- cées. C'est ainsi que , lorsqu'on arrive sur les confins des divisions naturelles , se montrent des espèces qui , n'ayant relativement à ces divisions que des caractères ambigus, mettent en défaut les naturalis- tes, qui ne se font pas des méthodes la juste idée qu'ils devraient s'en faire. 1 . Hétéroclites , Temm. lOzj LE SYHRHAPTli; DE PAL LAS. re«>»»«»ai»o«e«a«e«-««««»t ■ LE SYRRHAPTE DE PALLAS La iongiietir totale de ce dernier est de huit pouces dix lignes, depuis lextrëmité du bec jusqu'à celle des pennes latérales de la queue , sans y comprendre les filets 5 qui la dépassent de trois pouces trois lignes, et à la moitié desquels atteignent ceux des pennes des ailes. Le dessus de la tête est d'un cendré clair; la nuque, la gorge et le haut du cou sont d'un orangé foncé; le bas du cou est cendré ainsi que la poitrine, dont quelques plumes se terminent par un croissant noir, formant une ceinture qui s'étend d'une aile à l'autre ; un cendré jaunâtre règne sur le ventre, d'où part une large bande noire dont les extrémités remon- tent jusque sous les ailes ; les cuisses , le dessous de la queue , les tarses et les doigts sont couverts de plumes d'un fauve blanchâtre ; les parties supérieures sont d'un cendré jaunâtre; les plumes du dos sont en outre terminées par un croissant noir , et les moyennes pen- nes des ailes sont bordées de pourpre , tandis que les grandes ont le bout blanc , à l'exception des deux extérieures dont le prolongement en filet est noir; la queue, très étagée, est d'un cendré foncé; la partie i.Tetrao paradoxus , Pall., Voy., trad. franc. in-8°, ton». 111, pi. i, pag. 18; Syrr/iaptes heierocUtes f Vieillot, Galeries, pi. 222. LE SYRRHAPTE DE PALLAS. /^O^ extérieure est bordée de blanc pur, et les deux filets du milieu se terminent par des brins noirs. Cet oiseau est connu en Russie sous le nom de sadscha ; Pallas la trouvé en Tartarie , près du lac Baïkal. Nous terminerons ce résumé des richesses qui ont été acquises depuis Buffon , à la nombreuse famille des gallinacées, par l'indication de deux nouveaux <];enres anomaux qui y ont été introduits, et qui peut- être n'y seront pas conservés, et par un mot sur les tinamous. Ce sont les thinocores et les c/iionis. Eschs- choltz , naturaliste qui accompagna Kotzbue dans son voyage autour du monde , a formé le premier, d'un oiseau qui a toutes les apparences extérieures d'une alouette , mais dont le bec est un peu plus fort, dont les narines sont plus grandes, dont le pouce est beaucoup plus court, etc. Cet oiseau qui vient du Chili, et qu'Eschscholtz avait nommé rumicivorus _, a été joint à une seconde espèce découverte dans le même pays par M. d'Orbigny, et que MM. Isid. Geof- froy Saint-Hiiaire et Lesson ont nommé orbignyanus. On ne connaît de ces oiseaux que les dépouilles. Le genre chinois ^ dû à Forster , se compose d'une espèce découverte à la Nouvelle-Hollande, et qui vit sur les rivages, ne se nourrissant que de substances animales rejetées par les flots. Cet oiseau a quelque chose des gallinacées dans la forme du bec et des jambes; toutefois, son genre de vie l'a fait placer 4o6 LE SYRRHAPTE DE PALLAS. dans l'ordre des échassiers par plusieurs naturalistes. C'est parles tinamous que nous aurions dû termi- ner ce que nous avions à dire sur les gallinacées ; mais Buffon n'en parlant qu'après les pigeons, les cor- beaux, les geais, les oiseaux de paradis, etc., nous sommes obligés, nous-mêmes, de n'en parler, qu'a- près ce que nous avons à dire sur ces derniers oi- seaux. LES PIGEONS. 4^7 «I.M «>«««»« e!a«»«««M*a«« «««o»»»a»«<««o«a«i«««««*»*« «««»»• S««««e««M4 LES COLOMBI-GALLINES. Ce sont de tous les pigeons ceux qui se rapprochent le plus des gallinacées, qui ont les formes les plus lourdes , le vol le moins étendu , les tarses les plus élevés. De plus , ce sont des oiseaux qui vivent en troupes, ne se perchent point, et cherchent à terre leur nourriture; aussi l'une des espèces de ce genre , le pigeon couronné, est-il élevé à Java dans les basses- cours, où il se reproduit comme les autres oiseaux domestiques. Les colombi-gallines ont le bec grêle, flexible, légèrement renflé vers son extrémité ou ne l'étant point du tout, la mandibule supérieure courbée à sa pointe etsillonée sur ses côtés , les narines situées dans une rainure , les ailes courtes et arrondies. On trouve des espèces de ce genre dans l'ancien et dans le Nouveau Monde, en Asie, en Afrique, et en Amé- rique ; mais dans les parties très chaudes seulement. 4l2 LE PIGEON COURONÎNÉ. LE PIGEON COl]RONNÉ\ Cette grande espèce de pigeon , qu'au premier as- pect on serait tenté de prendre pour un gallinacée , a de longueur totale vingt-sept pouces , les pennes caudales dans ces dimensions étant comprises pour dix pouces. Une huppe aplatie sur les côtés, longue de cinq à six pouces, occupe toute la ligne médiane de la tête, depuis le front jusqu'à l'occiput; les plumes qui la composent sont disposées sur deux rangs parallèles; elles sont à lige droite, garnie de barbes espacées et légèrement cintrées. Le bec a sa base garnie d'une couleur noirâtre; la pointe est brune. La couleur noire du lorum enveloppe l'œil qui est rouge. La huppe, la tête, le cou, le haut du dos et toutes les parties inférieures du corps sont teintes d'un cendré bleu. Les épaules et le milieu du dos ont une couleur chocolat faiblement pourprée. Sur la face supérieure de l'aile on voit une bande blanche transversale. Un bleu d'ardoise colore toutes les pennes des ailes ainsi que les pennes de la queue 1. Le Goura de la Nouveite-Guinée, Sonu., Voy. , pag. 169 ; Colomba coronata, Linn., Gnael., Sjst. nat. ; ColumbiGalline Goura, Temm.; Sop liir us cor 07iat us, WviW. , pi. 1C7. PI. 17. LE PIGEON DE N ICO BAR. l^i5 qui portent à leur extrémité une bande bleue cen- drée ; les pieds sont noirâtres. Cette espèce se trouve à la Nouvelle-Guinée , dans l'archipel des Moluques , à Waigion et à Tamogris; dans cette dernière île elle porte le nom de Motutu, A Java elle est commune sous le nom de GourOj et les Papous l'appellent Manipi. Elle niche sur les arbres ; la ponte n'est que de deux œufs, qui sont de la grosseur de ceux d'une poule. LE PIGEON DE NICOBAR\ De la taille de notre ramier d'Europe , ce pigeon est un des plus beaux et des plus remarquables du genre. Ce qui le distingue surtout, ce sont les belles et longues plumes terminées en pointe, qui naissent de la partie inférieure de son cou; ces plumes longues de trois pouces de demi, qui couvrent les épaules et une partie du dos , lui forment une sorte de camail sur lequel brille le vert doré le plus éclatant. Le bec est noir; l'iris de l'œil rouge. Un noir bleuâtre teint le dessus de la tête, la gorge et les plumes à barbes effilées de la nuque et du devant du cou. Sur la poi- trine, le ventre et le bas du ventre se voit un vert émeraude à reflets violacés. 1. Columba Nicoborica , Lalh. 4l4 LES PIGEONS PROPREMENT DITS. Le manteau, suivant la manière dont il est exposé aux rayons lumineux , se montre ou d'un vert dore magnifique, ou couvert du pourpre le plus brillant. Les trois premières pennes des ailes sont d'un noir bleuâtre luisant; celles qui les suivent, ainsi que les pennes secondaires, offrent un bleu brillant glacé de vert sur le bord des barbes externes. Toutes les pen- nes de la queue et leurs couvertures sont du blanc le plus pur. Les pieds d'une couleur brune ont des ongles blanchâtres. Cet oiseau habite plusieurs îles de l'archipel In- dien. e»»a»e»>»»»9»9»>»9»9<»9»»o»c»»»»»»^»9i»9<»»»»»ft»a<»a»e»»»»»e<»9i»e»e»9<»«»»»»»9»»fr6»e»6»a^ LES PIGEONS PROPREMENT DITS. Ces pigeons se distinguent des colombi-gallines par des pieds beaucoup plus courts, et les ailes lon- gues ; aussi ce sont des oiseaux qui volent avec au- tant de facilité que les premiers volent péniblement ; les uns ont la queue très élargie, chez les autres elle se termine carrément. C'est parmi ces pigeons que se rangent les quatre espèces qui sont propres à nos contrées, et d'après les mœurs desquelles on peut supposer celles de toutes les autres. Ce sont encore des pigeons cosmopolites. P1.18. LE PIGEON A DOUBLE HUPPE. 4*^ «•««a.;»*»»**»***»»* : ?1 LE PIGEON A DOUBLE HUPPE Cette espèce a reçu son nom des deux huppes qui la caractérisent. La première huppe naît sur le front à la partie supérieure du bec, entre les narines; les plumes qui la composent sont comprimées, ei se re- courbent sur les plumes couchées du sommet de la tête ; la seconde huppe prend naissance sur locci- put ; elle est plus touffue que la première, et compo- sée de plumes à barbes déliées, très étroites à leur origine, mais plus larges à leur extrémité ; toutes les plumes de la nuque et de la poitrine ont une échan- crure double , et non point simple, comme plusieurs espèces d'Afrique et des Indes , qui se font remar- quer par cette singulière modification , mais aux plumes du cou seulement. La première huppe, ainsi que presque tout le plu- mage de ce singulier oiseau, est d'un gris cendré, un peu plus foncé sur les ailes et sur le dos que sur les autres parties du corps ; la seconde huppe est d'un roux foncé ; toutes les plumes dont elle est composée sont noirâtres à leur base ; les pennes des ailes et celles de la queue , toutes d'égale longueur, ont une teinte noire ; vers l'extrémité de cette dernière partie se trouve une large bande d'un blanc grisâtre, comme i. Coltimha dilopha , Tyiiim. 4l6 LE PIGEON MAGNIFIQUE. dans notre ramier [Col. palumbus); les tarses sont à moitié couverts de plumes; leuraulre moitié, ainsi que les doigts, a une teinte rougeâtre ; le bec est fort et légèrement renflé vers la pointe, sa couleur est aussi rougeâtre ; l'iris est d'un beau rouge. Sa lon- gueur totale est d'environ quinze pouces. La colombe à double buppe se trouve à la Nou- velle-Hollande, dans l'intérieur des terres, vers Red- Point. ««««»aC'»»»aia»8^iCi8^»a«ai»e<<8«»ai8v»«eo»^s«»a»»8^iS»s<#8»a^»8»»<»8»a»«^«<<>^^ LE PIGEON MAGNIFIQUE', La tête , les joues, ainsi que toute la nuque, sont d'un cendré pur ; cette couleur passe , par demi- teintes, au vert brillant sur toutes les parties supé- rieures du corps, et l'éclat de cette nuance verte est en quelque sorte rendu plus vif par un grand nombre de tacbes d'un beau jaune disposées sur toutes les couvertures des ailes; les pennes secondaires et les pennes principales sont d'un vert chatoyant, et il en est de même de celles de la queue. On voit sur le devant du cou, depuis la gorge jusqu'à la poitrine, une large bande d'un violet pourpré , changeant sous certains jours en vert bleuâtre; cette couleur occupe une grande partie de la poitrine et couvre tout le ventre ; les côtés de la poitrine sont du même vert que le dos ; i. Columba niagnifica, Temm. tE PIGEON DE LONGUP. 4^7 l'abdomen, les cuisses et les couvertures du dessous de la queue, sont d'un jaune foncé ou de couleur d'ocre ; cette teinte, mais d'une nuance moins pure , est ré- pandue sur les flancs ; toutes les couvertures du des- sous des ailes sont d'un jaune d or ; la queue en des- sous est cendrée; les pieds sont bleuâtres; le bec est brun, mais rougeâtre à la pointe; l'iris et la nudité qui entoure les yeux sont rouges. Sa longueur totale est de quinze ou seize pouces. Il est, comme le précédent, originaire de la Nou- velle-Hollande et des mêmes parties de ce continent. On dit sa chair très savoureuse. LE PIGEON DE LONGUP\ Le caractère le plus marquant de ce pigeon con- siste dans la très longue huppe qui couronne sa tête; les plumes dont elle est composée sont toutes étroites, effilées et pointues au bout, absolument comme le sont les plumes occipitales de nos vanneaux d'Europe. Cet ornement donne encore plus de grâces aux formes sveltes et au plumage agréablement peint de cette belle espèce , remarquable encore par sa queue étagée , qui la rapproche des plus grandes tourterelles. Toute la tête , le devant du cou, la poitrine , et le I. Co lumba lophotat , Temm. CUVIEU. II. *i7 /jl8 LE PIGEON DE REINWAP».nT. veatre , sont d'un gris cendré. C'est à l'occiput que naissent les plumes de la huppe ; d'après leur nature et la place qu'elles occupent, elles ne paraissent pas destinées à se dresser verticalement. Ces plumes sont d'un cendré noirâtre ; toute la nuque est d'une teinte cendrée vineuse ; les plumes du dos et les petites cou- vertures des ailes sont d'un brun cendré ; à quelque distance de leur bout se trouve une bande noire transversale, et toutes sont terminées par du cendré roussâtre. Les plumes de la rangée des grandes cou- vertures sont terminées par une large plaque d'un vert brillant et métallique, elles sont toutes lisérées d'un blanc pur; les pennes secondaires des ailes sont, ainsi que les principales, d'un gris cendré très foncé, mais ces pennes ont une grande tache d'un pourpre brillant, à reflets métalliques disposés sur leurs barbes extérieures, qui sont aussi lisérées d'un blanc pur. Les pennes de la queue sont d'un noir lustré de reflets verts et violets; leur extrémité est blanche, mais terminée de noir, et les pieds sont rouges. Sa longueur est de douze pouces. Cette espèce a été découverte dans les montagnes Bleues de la Nouvelle-Hollande. M«« •«««««««»«««»«««»<»«« e>e »««« -M ««««'M -»««««« e>e ^ LE PIGEON DE REINW^ARDT*. Ce grand pigeon se distingue de toutes les au- tres espèces, et se rapproche des colombars par 1. Columba Reinwardtsl , Temm. Toi 11. 2 ^^ è*"^" %. C^- .i^^,fli-. \,'*d/:^> ■y/. [ •1 . ^fr'-- 1^ ^r^ryPM //(Z/ LE PIGEON DE REINWAllDT. 4^9 tin bec dont les deux mandibules sont fortes, larges, et terminées en pointe renflée et courbée; mais ses pieds ne diffèrent point de ceux des pigeons pro- prement dits , et les couleurs de son plumage le dis- tinguent aussi de tous les colombars connus, dont la livrée, comme on sait, est toujours nuancée de teintes vertes. Un beau cendré clair couvre la tête et la nuque; la face et le devant du cou sont d'un blanc pur : cette couleur est légèrement nuancée de cendré très clair sur toutes les autres parties inférieures du corps; les cuisses, Tabdomen, et les couvertures du dessous de la queue , ont une teinte plombée ; le dos, les épau- les, les grandes couvertures des ailes, et les quatre pennes du milieu de la queue, qui dépassent de beaucoup toutes les autres , sont d'une belle teinte rouge pourprée ou canelle ; toutes les autres par- ties des ailes sont noires; les quatre pennes latéra- les de cbaque côté de la queue sont noires à leur base, cendrées au milieu , et terminées de noir ou de roux ; l'extérieur est bordé de blanc. Une grande partie du tour de l'œil est nue, et cette nudité com- munique avec la cire ; l'une et l'autre sont rouges, ainsi que les pieds. Sa longueur totale est de dix- huit à dix-neuf pouces. L'individu qui a fait connaître celle espèce a été trouvé dans l'île Gélèbe. 4 20 LL; COLOMB a R A QUEUE POINTUE. LES COLOMBARS. Ce sont des pigeons dont le bec est épais et gros comparativement à celui des groupes précédents , comprimé sur les côtés, et très enflé vers son extré- mité. Leurs tarses sont courts , et leurs doigts réu- nis à leur base par une large membrane. Les colom- bars n'ont encore été rencontrés que dans les parties les plus chaudes de l'ancien monde. •«••••* ««««<»e««««»a««4 LE COLOMB AR A QUEUE POINTUE*. Cette espèce se distingue de tous les autres co- lombars connus par une queue étagée, dont les deux pennes du milieu sont pointues, et dépassent les sui- vantes d'environ un pouce. Les couleurs du plumage sont peu variées; toutes les parties supérieures, les ailes, les flancs, les cuisses et l'abdomen, sont d'un vert foncé ; un vert plus clair est répandu sur la gorge, la poitrine et le ventre; le bas-ventre et la région abdominale sont d'un beau jaune citron dans le mâle , et jaunâtre dans la femelle ; les couvertures 1. Columba oxyura,T\emvf, Toi r r^/g.'. /// f'^r^^ ■' r^g^K'/ V/^r^/Y'^: LE COLOMB AR ODORIF'ÈRE. [^'21 ïnféiieures de la queue sout jaunes sur les barbes extérieures, et vertes sur les barbes intérieures; les pennes de la queue sont en dessus , et depuis leur base jusqu'à la moitié de leur longueur, d'un cendré foncé , puis traversées par une bande noire et termi- nées de cendré clair ; les pennes secondaires et pri- mairesdesailes sont d'un noir plein, mais les premières ont une petite bordure cendrée. Les tarses sont en partie couverts de plumes vertes ; ils sont nus et rouge dans le reste de leur longueur, ainsi que les doigts et le tour des yeux; le bec est d'un bleu foncé à la base, et d'une teinte plombée à la pointe. La femelle ressemble au mâle, et ne s'en distingue que parla teinte plus terne de son phimage et par le jaune verdâtre de son abdomen. Sa longueur totale est de treize pouces. Ce colombar est très répandu à Java, mais nous ne connaissons aucune de ses habitudes, ni la nourriture qu'il préfère. B^e<»»»g»aiaj»»e»»»»«^»4»a<»»»e»»e*e LA PIE ACAHÉ. 4^9 supposer que, sous ce rapport, elles se rapprochent à plusieurs égards de notre pie commune. »a»a»»;9o»a-»»»c^ LA PIE AGAHE\ Nous apprenons de M. Azara , que cette pie , qu'il a observée au Paraguay, s'approche volontiers des habitations rurales, s'apprivoise et devient même tellement familière qu'elle pond en captivité. On la nourrit de viande, de maïs, d'insectes, et principa- lement d'œufs, qu'elle perce et vide avec adresse, sans en rien perdre. Elle fait une guerre cruelle aux poussins qui s'écartent de leur mère, se jette dessus, et leur ouvre le crâne 'pour en dévorer la cervelle; elle dévaste aussi les nids des oiseaux qui ne sont pas assez forts pour défendre leurs petits. La voix de cette pie, sans être désagréable, n'a cependant rien qui ressemble à du chant et qui puisse plaire; chaque fois qu'elle jette un cri, elle avance le corps, élève et baisse le croupion. Elle fait son nid sur les arbres, le cache avec soin, le compose de petites bûchettes et de racines à l'exté- rieur, de matières douces à l'intérieur; la ponte est de quatre ou cinq œufs presque blancs , teints de bleuâtre au gros bout, et partout tachetés de brun. Une tache, d'un bleu céleste, se fait remarquer derrière l'œil; elle s'étend sur l'occiput et sur une petite partie du cou , où elle diminue graduellement 1. Coruiis pileatus , Te.inm ; Pica clirysops , \iei\i. 4^0 LA PIE GIJNG. de longueur; une petite marque, d'un bleu vif, hante de quatre lignes, large de six, elliptique et composée de petites plumes verticales, surmonte l'œil et s'élève en forme de sourcils; une autre, d'un bleu plus foncé , couvre la paupière inférieure et se joint à une troisième qui est triangulaire , de la même couleur, et située sur la partie inférieure du bec; la queue , dont l'extrémité est blanche, le dessus et les côtés de la tête , le cou et toutes les parties supé- rieures , sont d'un bleu turquin presque noir; toutes les inférieures sont jaunâtres dans le mâle , blanches chez la femelle; le bec est d'un noir luisant, l'iris d'une belle couleur d'or et le tarse noir; les plumes qui couvrent le dessus et les côtés de la tête sont ser- rées, droites, un peu fermes, décomposées, rudes et frisées; elles paraissent, à la vue et au toucher, comme une coiffe de velours noir , et forment une huppe haute de huit lignes aussi large que la tête. La longueur totale de cet oiseau est de treize pouces environ. LA PIE GING'. La pie ging a la taille et les formes de l'acahé , mais elle est facile à distinguer de cette dernière . par une huppe longue, composée de plumes plus larges à leur pointe qu'à leur base ; tout le sommet de la tête de la pie acahé est couvert de plumes courtes, veloutées et un peu contournées en avant; 1. Corvns cyntiopogon , New.. Temm, LA PIE UING. /jJÏ le plumage des parties supérieures de celte dernière est d'un bleu très brillant, celui de la pie ging est d'un cendré fauve ou brun livide , et les ailes ont du bleu noirâtre ; les deux tiers de la partie supérieure de la queue de l'une est d'un bleu vif; cette partie est d'un noir plein chez l'autre. Telles sont les prin- cipales différences qui caractérisent ces deux espè- ces très rapprochées par la taille, les formes et les mœurs. La queue de la pie ging est arrondie, et les ailes n'en couvrent pas la moitié ; une huppe composée de plumes longues, plus larges à leur extrémité qu'à la base , s'élève entre les yeux ; cette huppe , le front, la région des yeux et des oreilles, le devant du cou et la poitrine sont d'un noir plein; on voit, au des- sus des yeux et à l'angle du bec, sur la base de la mâchoire inférieure, une tache d'un beau bleu tur- quin , pur chez les adultes, et moins vif dansles jeu- nes individus; l'occiput et une partie de la nuque sont blanchâtres, et celte teinte, mélangée de cen- dré brun, couvre le reste de la partie postérieure du cou, le dos et les scapulaires; les ailes sont d'un noir légèrement teinté de violet dans les adultes, et d'un noirâtre mat chez les jeunes; toutes les pennes de la queue sont noires, excepté vers le bout, dont une grande partie est d'un blanc pur ; tout le ventre, les cuisses et les couvertures du dessous des ailes, sont blancs ou blanchâtres; les pieds et le bec sont noirs. La longueur totale de cette pie est à peu près de douze pouces. On trouve cette espèce au Brésil, dans les districts de Bahia. 4')2 LES GEAIS. »»g»ft9»»o»»<»ei>B0i»09»ie«i9Hiei»B»ei»»»«i»»^e»enB»»ft9»»» » LE GEAI BLEU HUPPE\ Cette espèce se rencontre sur les côtes orientales de l'Amérique septentrionale , depuis la Louisiane jusqu'à la baie d'Hudson , et sur les côtes occiden- tales, depuis la Californie jusqu'à la baie Nootka, et même encore plus au nord ; mais elle n'est jamais aussi abondante aux Etats-Unis qu'en automne , épo- que de la migration de ces oiseaux du nord au sud. On en voit alors, quelquefois dans le même jour, des bandes de deux à trois cents qui voyagent de compagnie et qui suivent la même direction. Ces oiseaux se dispersent dans la matinée pour cbercher leur nourriture, s'appellent et se rallient lorsqu'ils la trouvent en abondance; et dès qu'ils sont ras- sasiés ils se dispersent de nouveau. Cependant ils se réunissent toujours vers la chute du jour, pour passer la nuit dans le même canton, et se disperser de nouveau au lever de l'aurore. Leur point de réu- nion est ordinairement sur la lisière des forêts, surtout de celles où les chênes sont en plus grand nombre, et dont le fruit fait alors leur principale nourriture. Leur passage dure environ quinze jours; néanmoins on en rencontre encore après, mais en petit nombre ; ces traîneurs ne s'éloignent guère du 1. Gai'ulas crislalus. (..uviiiu. il. 28 434 LE GEAI BLEU HUPPÉ. centre des États-Unis, pendant la mauvaise saison. Ce geai, naturellement moins sauvage et moins dé- fiant que celui d'Europe, s'approche des habitations, et donne dans tous les pièges qu'on lui tend. Pris , adulte ou vieux, il supporte volontiers l'esclavage et semble même s'y plaire ; mais dès ks premiers jours du printemps , il s'inquiète, se chagrine , refuse toute nourriture, dessèche et périt si on ne lui rend la liberté. L'intérieur des bois, où serpente un ruisseau, est pendant l'été son domicile habituel ; il se cache dans l'endroit le plus fourré, et, quoique par ses cris il décèle sa retraite, on le décoi\yre difficilement, parce qu'il se tient au centre ou au pied des buissons les plus épais, et qu'alors il s'élève rarement à la cime des arbres. Son naturel le rapproche de notre geai , il en a la pétulance et la vivacité , mais il n'est point aussi criard, et ses* accens, quoique analogues, sont plus doux et moins forts. Il construit son nid avec des bûchettes à sa base, de petites racines sur le contour, du chevelu et des herbes fines à l'intérieur. La ponte est de quatre à six œufs d'un vert olivâtre, parsemés de taches couleur de rouille ; il en fait ordinairement deux par an. La belle couleur bleue qui domine sur la huppe s'étend aussi sur toutes les parties supérieures, sur la queue , les couvertures et les pennes secondaires des ailes; elle est traversée de raies noires sur les dernières parties, dont le bord externe est d'un bleu violet, et l'extrémité blanche; les pennes primaires sont en dehors pareilles à l'aigrette , et noirâtres en LE GEAI HOUPETTE OT P I O U. /^3S dedans; les pennes de la queue portent des lignes transversales noires, et toutes les latérales ont à leur extrémité une grande marque blanche ; cette dernière couleur, nuancée de lilas et de gris, règne sur les cô- tés de la tête et du cou ; la bande noire , qui naît entre le bec et l'œil, sert de bordure à la buppe, fait en- suite un demi-cintre en arrière des oreilles, se pro- longe sur les côtés du cou , et se termine en forme de hausse-col sur le haut de la poitrine; les plumes qui couvrent les narines sont grises; la gorge est d'un bleu clair; le dessous du corps d'un gris de souris, qui s'af- faiblit insensiblement sur les parties les plus inférieu- res; le bec et les pieds sont noirs; l'iris est couleur de noisette. La longueur totale de cet oiseau est de dix pouces neuf lignes. La gorge ne prend une teinte bleue que chez les vieux mâles. La femelle porte une huppe moins longue, et des couleurs moins vives; la gorge est d'un gris clair. Les jeunes ont les ailes et la queue pareilles à celles des adultes, mais leur huppe est moins apparente ; les parties supérieures sont d'un cendré bleuâtre , les in- férieures d'un blanc sale. 8«'««>-«.5*»#««ï>»»?vS>«■»** e<»»»»»e>»<»fto*9»»»»»»a'»t'9«»>fra'»fe9»»»e LE GEAI HOUPETTE ou PIOM\ La base du bec de cette espèce est parée d'une petite huppe à plumes efîilées et fortement courbées 1. Corvus cristotcitus , Ternm.; (.wri'its cyanolcncim , Ncuw. 456 LES CASSE-NOÏX. vers le sommet du crâsie; cette huppe et les plumes de la face sont d'un noir profond ; la couleur sombre qui couvre la face est légèrement teintée de brun, et un brun noirâtre est répandu sur l'occiput, sur la nuque, le cou et la poitrine; le ventre et toutes les parties inférieures sont d un blanc jaunâtre; le dos et les épaules sont d'un bleuâtre terne mêlé d'une teinte brune ; les ailes et la moitié supérieure de la queue sont d'un bleu assez vif; la moitié inférieure de tou- tes les pennes caudales est blanche; les pieds et le bec sont noirs. La longueur totale de ce geai est de treize pouces. On trouve cette espèce au Brésil, où elle vît à la manière de nos pies et de nos geais. e* »«««««■!! LES CASSE-NOIX', BuFFON parle du casse-noix immédiatement après les geais , et il en donne une histoire très exacte et assez complète ; et comme, encore aujourd'hui, ce genre ne contient que l'espèce d'Europe, nous n'avons aucune addition à faire à ce qu'il dit de cet oiseau. 1. Caryocalacles , Cu\. ^tr/// LE TEMIA VARIABLE. qô'j LES TEMIA\ Ces oiseaux se distinguent des pies par leur bec fort élevé, dont la mandibule supérieure est très bombée , et qui est garni à sa base de plumes velou- tées , qui ne s'observent pas dans les oiseaux de la famille des corbeaux, et qui ne se retrouvent que chez les oiseaux de paradis. INous donnerons la description que Vaillant a pu- bliée de l'espèce qui a servi de type à l'établissement de ce genre. LE TEMIA VARIABLEl Cet oiseau a le corps de la grosseur de celui de notre mauvis d'Europe, mais il est un peu plus allongé; sa queue , composée de dix plumes , est très étagée et fort longue; les quatre pennes du milieu seule- ment ont la même grandeur; les autres sont succes- sivement un peu plus courtes; le bec, les pieds et les ongles sont noirs; toutes les plumes du corps 1 . Crypsirina, Vicill. 'X. Corvds varians , Vaillant, Ois. d'Af. , pi. 50. 458 LES GLAIJGUPES. sont longues, lînes et à barbes soyeuses très douces au toucher; à un certain jour elles paraissent noi~ res, niais elles ont un reflet verdâtre ou purpurin suivant la lumière qu'elles reçoivent; le front el l'espace compris entre l'œil et le bec , ainsi que la gorge, sont couverts de petites plumes si serrées qu'elles paraissent d'un noir mat , sans aucun reflet , et imitent le velours à certain aspect; les pennes de l'aile sont noirâtres; les quatre plumes du milieu de la queue sont verdâtres, les autres n'ont que leurs barbes extérieures de cette couleur, de sorte qu'en dessous la queue est noirâtre, et en dessus elle est d'un vert sombre. On ignore l'origine de cette espèce- LES GLAUCOPES*. Les témia et les glaucopes ont tant de rapports^ que M. Temminck ne les distingue point générique- ment , considérant que le caractère des derniers n'ost propre qu'au mâle de la seule espèce qui cou stitue ce genre; et pour lui, le genre glaucope , qu'il adopte de Forster, est le même que le genre témia de Vieillot, comme on pourra le voir par son glau- cope lemnure dont nous donnons la ligure, î. l'orsloi. LE GLAUCOPE TEMNUKE. /)3() }»s<'C'a«<<««c»»<«<^c<8»»»»»a'8»«i»'»»»8«i»«'»»^//^/. y.y c. y':S:^ (l^-r ■>/.'■ 1 .^^ ■ ^X,'iifi-,"^^y-^-:^ i?éi^li?èi^^- v^. -f ^'-^^^^1 LE ROLLIER VERT. l\[\\ des Indes et de Madagascar^, ce sont des rolles, tan- dis que son rollier dn Mexique ^ est le geai du Ca- nada [Garrulm Canadensls), et son rollier de para- dis^, l'oiseau de paradis orangé [para aurea). Nous n'avons rien à ajouter à ce que BuOTon dit de notre rollier, et il paraît que les mœurs des autres sont analogues à celles de cette espèce; mais une étude attentive de ces oiseaux nous apprendrait sans doute sur leur naturel des particularités intéressantes. Buffon avait fort bien remarqué que son rollier du Canada difFérait fondamentalement de ses autres rol- liers par un bec tout différent, et c'est en effet des oiseaux pourvus d'un bec semblable qu'on a formé le genre rolle, nom aussi employé par Buffon pour désigner des oiseaux qu'il classait parmi les rolliers; mais en cela il commettait une erreur, car son roîîe de la Chine ^ paraît être un merle ou une pie-grièche, et son rolle de Cayenne un tangara. > e«»eifte.'a'»(»e<»»a«i»a<»e;fe»»6»»»f^ 9* LE ROLLIER VERT\ LevAtllant^ a fait connaître cet oiseau qui avait été rapporté des Indes orientales en Europe par Poi- i . Tom. XXI , pag. 1 20 et 1 2 1 , Édit. Pilloî. 2. Jrfem, pag. \2i, idem. 7). Idem, pag. 122, idem, 4. Zc/em, pag. 108, i(/em. 5. Cor. viridis. 6. Hisl. nat. des ois. de. paradis, 11" 5i, pag. 82. 442 LE ROLLIER VERT. vre , sans qu'on ait su de quelle partie de ces vastes contrées. La couleur verte domine dans le plumage de cet oiseau qui a toutes les formes extérieures du rollier d'Europe, mais qui aune moindre taille. Les plumes du front jusqu'aux yeux, ainsi que celles qui avoisi- nent la base du bec et la gorge , sont d'un blanc rous- sâtre. La tête, le cou, le haut du dos, toutes les plumes des épaules, celles des ailes les plus pro- ches du corps , et généralement loutes leurs couver- tures supérieures sont d'un vert aigue-marine ; toutes les plumes du dessous du corps, depuis le blanc rous- ëâtre de la gorge jusqu'au bas-ventre, sont aussi vert aigue-marine , mais d'un ton plus clair, et qui pre- nant une nuance blanche vers le bas-ventre, devient enfin du blanc légèrement teint du môme vert sur les couvertures du dessous de la queue : les six pre- mières grandes pennes des ailes sont d'un beau bleu violâtre; les suivantes sont de plus légèrement bor- dées de vert à leurs pointes; les plumes du crou- pion et les couvertures du dessus de la queue sont d'un vert bleuâtre, ainsi que les deux pennes inter- médiaires de celle-ci, bleues partout ailleurs tant en dessus qu'en dessous, où ce bleu est cependant un peu plus clair; le bec est noir et les pieds sont roux. s=»«^ LE ROLLIER DU BENGALE. /|4>^ >g«.»»8«i»oaiC'C«e<'tto»«<«»8o»a4»C'»»»»tK» e LE ROLLIER DU BENGALE*. Ce roi lier se trouve dans l'Inde et en Afrique. •On le reçoit du Bengale , des Moluques, de Ceylan, du cap de Bonne-Espérance et du Séuëgai. Cet oiseau, long de treize pouces environ , a le bec noir et les yeux brun marron. Un vert tirant à la couleur aigue-iuarine colore la pailie supérieure de la tête. Les plumes du front et celles du menton oÛVent une teinte blanc roussâtre. Sur les joues, sous la gorge et sur le devant du cou, se montrent de beaux reflets violets avec un trait blanc longitudinal sur chacune des plumes qui re- vêtent ces parties. La nuque, la poitrine et le ventre sont d'une couleur fauve ou roussâtre glacée de vio- let. Une teinte verdâtre , sur laquelle se manifestent aussi quelques reflets violets , se voit sur le dos et les épaules. La région du bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue sont d'une couleur vert-de- gris. Un très beau bleu brillant colore le coude de l'aile, l'épaule et le croupion. La tige des pennes des ailes et des pennes secon- daires est noire ; ces plumes sont à leur origine d'une belle couleur vert-de-gris clair, les secondes oflVen^ i. Coracius Bengalensis , (îmcl. ; Coracias indMi ^ Guie\., Edw.^ct Lath.; le Cuit, Jjuff. , pi. enl. 286. 444 ^^ ROLLIER DU BENGALE. du Î3leu sur le reste de leur longueur, mais sur les premières celte couleur remplit seule un large es- pace, puis le vert-de-gris reparaît encore jusqu'à la pointe, qui est mélangée de noir, de bleu et de ver- dâtre. La queue est carrée, les pennes qui la composent sont à baguette noire, du même bleu que celui des ailes; elles portent, vers la moitié de leur longueur, une très large bande d'un vert aigue-marine. Les deux moyennes sont d'un vert sombre glacées de bleu vers leur partie supérieure. Chez la femelle les traits blancs des joues et du devant du cou sont plus apparents. La couleur rousse de la poitrine et du ventre est plus foncée, et la co- loration du reste du plumage est moins vive. Les jeunes individus ont du blanc sur la face et les oreilles; le sommet de la tète est d'un roux vi- neux, mais déjà des teintes violettes se mêlent à la couleur rousse des joues, du devant du cou, de la poitrine et du haut du ventre , avec un trait blanc longitudinal sur chaque plume de ces diverses par- ties. Le bas-ventre est d'un blanc roussâlre. Un vert terne olivâtre teint le manteau et les pennes moyennes de la queue. Les grandes couvertures des ailes sont d'un roux violâtre. Les barbes externes des trois pre- mières rémiges sont vertes; elles ont ainsi que toutes les autres grandes pennes des ailes, qui sont ensuite bleues et terminées de noir, une teinte violâtre à leur origine. Les pennes de la queue sont légèrement nuancées de vert sur un fond bleu violet. Les pieds sont roux. Levaillant nous apprend que cette espèce, en Tojii . PI.26 . //""'^^^.Z, U LE ROME DE MADAGASCAR. 44^ Afrique, se plaît dans les bois ; elle construit son nid au soiijDiet des plus grands arbres ; ce nid est très volumineux, et par conséquent très facile à décou- vrir; il est composé de brins de bois entrelacés d'herbe et de mousse , et le dedans est garni de plumes. La ponte est de quatre œufs, qui sont d'une couleur roussâtre. s*.»*» >a«rf^'^*««•s«.9«l9*»«^e«>e«>?^*e* «»e-8-o<»9*»*«*9*eo<*«»s«i8»< LE PARADIS ORANGÉ\ Le peu de resseuîblance extérieure qui se trouve entre cet oiseau et les autres espèces du genre, avait porté la plupart des naturalistes à l'éloigner des oiseaux de paradis. Les uns en faisaient un trou- piale, les autres un loriot, et Buffon en fit un rollier en le rapprochant des oiseaux de paradis^, comme pour servir d'intermédiaire entre ces deux genres. Ce qui a déterminé à l'admettre tout-à-fait parmi les oiseaux de paradis est la forme de son bec, et les plumes veloutées qui l'environnent. La simplicité de son plumage forme cependant dans ce genre une anomalie qui choque , et il est aisé de prévoir qu'il ne tardera pas à eu être tiré, et à être même sé- paré du superbe auquel Vieillot l'a réuni dans son sous-genre lophorina, pour devenir le type d'un genre particulier; mais ce qui serait plus important, c'est qu'on découvrît d'où il est originaire et qu'on pût étudier ses mœurs. Cet oiseau a huit pouces et demi de longueur, son hoc un pouce ; les mandibules sont de couleur de corne et noires vers leur extrémité ; une petite huppe 1. Par. aureus , Vîcill. 9. Tom. XXI, png. 122, Edit. Pillot, c /^ ?"lii?^^^5;^^ — 'i''.'-r^W2'W//j.»«A«s>a«i»««««l LE SUPERBE\ Le superbe a huit pouces huit lignes de longueur ; son bec a quatorze ligne* et il est noir; îa gorge est d'un noir changeant en violet; les plumes qui partent de sa partie supérieure recouvrent l'inférieure et le haut de la poitrine , ensuite s'écartant sur les côtés du ventre, laissent le milieu à découvert, et finissent exactement comme la queue d'hirondelle. Ces plu- mes plus longues que les autres sont d'un vert bronzé 1. Par, superba, Gaicl. 452 LE SIFILET. changeant en violet. Le ventre est noir, ie dos, le croupion, les ailes, les couvertures et les pennes de la queue sont de la même couleur, mais à reflets violets selon la direction de la lumière ; les ailes lors- qu'elles sont pliées atteignent le milieu de la queue, dont les pennes moyennes sont d'un noir velouté à reflets violets, avec une ligne teinte de vert. Les pieds sont noirs. Bufibn suppose que le superbe qu'il décrit n'avait pas de filets^, parce qu'il les avait perdus soit par ac- cident, soit par l'eflet de la mue ; cette conjecture ne s'est point confirmée; mais quoique le superbe soit privé de ce caractère assez remarquable, il n'en présente pas moins dans son plumage des anomalies suffisantes pour que ses rapports avec les oiseaux de paradis ne puissent être méconnus. LE SIFILETl BuFFON a décrit cet oiseau sous le nom de manu- code à six filets^; mais il n'en a donné la figure que dans ses planches enluminées, n° 653. La tête du sifilet est ornée d'une huppe mobile composée de plumes fines, raides et peu barbues, prenant naissance sur la base du bec; elle est d'abord noire , ensuite mélangée de blanc , d'où résulte un gris perlé ; des touffes de plumes noires à barbes dé- 1. Tom. XXI, pag. i58, Edit Pillot. 2. Par. sexceîaeea. ^. Tom. XXI, pag. i55, Edit. Pillot. Tom . 2 PI 28. LE PARADIS IIOUGE. ^[53 sunies, molles, partent des côtés du ventre, sous les ailes, les recouvrent dans l'état de repos et se relè- vent. Celles de la gorge, étroites à leur base , larges à leur extrémité, sont d'un beau noir de velours dans leur milieu, et d'un vert doré changeant en vio- let sur les côtés; mais l'ornement qui distingue sur- tout ce superbe oiseau, ce sont trois filets noirs de cinq à six pouces de longueur qui naissent de chaque côté de la tête et se terminent par des barbes plus longues que les autres, qui, en s'épanouissant, don- nent à l'extrémité une forme ovale; la queue étagée est composée de douze pennes du velouté le plus beau , le plus moelleux ; plusieurs de ces pennes ont les barbes longues, séparées et flottantes; der- rière la tête se trouve un collier de même couleur que la gorge. Le dos et les ailes sont d'un beau noir foncé. La grosseur de cet oiseau est celle d'une tourterelle , sa longueur est de dix à douze pouces. Il a l'iris jaune , le bec noir et long de quinze lignes ; les pieds sont noirâtres. Cette espèce se trouve à la Nouvelle-Guinée. ?i LE PARADIS ROUGE Cet oiseau extrêmement rare est très peu connu. Sa longueur du bout du bec à l'extrémité de la queue 1 Paradisea rubra, Vieiil. 454 I-E PARADIS ROUGE. est de près de neuf pouces, et jusqu'à celle des lon- gues plumes des flancs de douze à treize. Le bec est long d'un pouce et de couleur de corne ; la taille, la Ijuppe, les couleurs et la forme des deux filets, ne permettent pas de douter qu'il ne soit d'une espèce très distincte de toutes les autres de son genre, et surtout du petit émeraude (oiseau de paradis de Buf- fon) avec lequel il forme le genre Samalia. Un noir de velours couvre son front et le dessous du bec ; les plumes du sinciput, plus longues que les autres, forment deux petites huppes ; ces plumes , celles du dessous du cou et du gosier sont d'un vert doré , et elles sont tellement serrées les unes contre les autres, qu'elles font sur la vue l'efTet du velours; le jaune couvre le dessus et les côtés du cou , le haut du dos, le croupion et une partie des côtés de la poitrine; la partie inférieure de la poitrine, le ventre, les ailes et la queue sont d'une couleur brune plus claire sous le bas-ventre ; les plumes des flancs sont à barbules rares et molles, et les deux filets de vingt-deux pouces de longueur sont très lisses , d'un noir brillant , con- vexes en dessus, concaves en dessous, et terminés en pointe. Cependant on remarque à leur racine quel- ques barbes très courtes et très fortes. FIN DU DEUXIEME ET DERiMEll VOLUMli. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME'. OISEAUX, Discours préliminaire Page j De la Structure et de la Production des Plumes i Les Oiseaux de proie Diurnes ^5 Les Aigles 5i Les Garacaras 6i Le Caracara de Marcgrave 64 Lg Caracara à gorge nue 67 l-e Caracara noir 6q Les Hari'ies yi La grande Harpie d'Amérique 72 Les Aigles-Autours 76 Aigles-Autours à tarses nus. — L'Urubitinga 78 L'Aigle- Autour à joues nues 8i L'Aigle-Autour à queue cerclée 84 Aigles-Autours à Tarses emp lûmes. — L'Aigle-Autour cristatelle 86 L'Aigle-Autour huppart 8f) Le-ô Cymiimus 92 Le Cymindis de Cayenne , ou à manteau noir ^4 Le Cymindis bec-en-croc gfi Les Rostrames 97 Le Rostrame bec-en-hameçon 98 Les Vautours 99 L'Aura io5 1. Voyez ci après h Table générale el par ordre alpliabéiiqiie, pour les do La Pie-grièche bleue de Madagascar iSa La Pie-grièche olive ^^^ Le Goiiolek ,,..... iSy La Pie-grièche huppée du Sénégal 1^9 La Pie-grièche à front blanc • « i^i Les Vainga i65 Le Vanga à ventre blanc • • 1^4 Le Vanga destructeur i65 Le Vanga cap-gris. 166 Les Batara 168 Le Batara rayé 169 Le Batara roux i?» ^jES Langraiens 174 Le Langraien à ventre blanc 17^ Le Langraien à lignes blanches. 17^ Lps Cassicans 17° Le Gassican varié ^79 Le Cassican Quoy 180 Le Gassican réveilleur. i8i Les Galybés i85 Le Galybé de paradis 1^4 Le Calybé cornu , ou de Kéraudren 186 Les Bécardes » • ^88 La Bécarde grise io£^ Les Ghoucaris ^9^ Le Choucaris azuré 19. TABLE. 4^7 Le Clioucaris de la Chine et Ghoucaris Tiialassin. . . . Pag. igS Le Clioucaris velouté 197 Les Bétiiytes 199 Le Béih)'le bicolôr ibid. Les Pahdalotes 201 Le Pardalote pointillé 202 Le Pardalote poignardé 2o3 Le Pardalote paré 2o4 Les oisEACx de proie nocturnes 2o5 La Chouette grise du Canada 209 La Chevêche nudipède 211 La Chouette à queue fourchue 212 La Chouette des Pagodes 210 Oiseaux QUI NE PEUVENT VOLER 2i5 Le Gasoar sans casque de la Nouvelle-Hollande 221 L'Aplérix Austral 226 Les Outabues 227 Le Houbara 261 L'Outarde d'Afrique 204 L'Outarde plombée 236 L'Outarde oreillard 237 L'Outarde nubienne 238 Les Gallinacées 240 Les Coqs 243 Le Coq ayam-alas 246 Le Coq bronzé 248 Les Dindons 260 Le Dindon sauvage 261 Le Dindon oeillé * 276 Les Pintades 281 La Pintade huppée 282 Les Talégalles 285 Le Talégalle de Guvier 286 Les Paons 288 Le Paon sauvage 291 Le Paon Spicifère 293 Les Eperonniers 296 L'Éperonnier à toupet.. 298 L'Éperouuier Chalcure 299 CUVIER. II. 3o 458 TABLE. Les Houppifèp.es , . Pag. ôoi Le Houppifèrc Makarlney. 002 Le Houppifère Guvier 3o4 Les Lophophores 307 Le Lophophore resplendissant, ou Manaul impeyan.. . . 5 10 Les Faisans 3i5 Le Faisande Sœmmerring 5t8 Le Faisan vénéré 32o Le Faisan d'Amherst 025 Le Faisan de Diard , ou Versicolor 325 Les Tragopaivs 328 Le Napaiil ou Tragopau cornu 029 Les Argus 35 1 L'Argus Luen 534 Les Cryptonyx ou Rouloul. 338 Le Gryplonyx , ou Rouloul couronné 339 Les Mégapodes 542 Le Mégapode aux pieds rouges 54G Le Mégapode Freycinet 3^^ Les Perdrix 5/19 Les Perdrix proprement dites 355 La Perdrix mégapode 354 Les Fhancoliivs 35y Le Francolin ensanglanté 358 Les Cailles 061 La Caille à ventre perlé 565 La Caille nattée. . ' 3fi5 Les Colins 36y Le Colin Sonnini , 368 Le Colin de Virginie 37e Les Tocros 3yy Le Tocro uru 3y8 Les Tétras 38 1 Le Coq de bruyère à ailerons , ou Tétras cupidon 384 Les Gangas 388 Le Ganga couronné 390 Le Ganga à ventre brûlé 392 Les Attagis 096 L'Attagis de Gay 396 TA RLE. 4^9 Les Turmx P.ig. 098 Le Turnix bariole*. 599 Le Turnix combattani 4t>i Les Syruhaptes i\où Le SyrrhaptG de PaUas 4o4 Lus Pigeons 407 Les Golombi-Gallines 4ii Le Pigeon couronné 4ia Le Pigeon de Nicobar 4^5 Les Pigeons proprement dits 4^4 Le Pigeon à double huppe ^i5 Le Pigeon magni6que 4 16 Le Pigeon de Longup 417 Le Pigeon de Keinwardt 4 18 Les Colombars 4'2o Le Colombar à queue pointue ibid. Le Colombar odorifère 4^ 1 Les Corbeaux 4^5 Les Corbeaux proprement dits 4^4 Le Corbeau éclalant 426 Le Corbeau nasiquc 4'-*7 Les Pies 4^8 La Pie acahé 429 La Pie Ging ^00 Les Geais 4'52 Le Geai bleu huppé. 4^5 Le Geai houpette , ou Piom 4*^5 Les CASSE-Norx ^ôG Les Témia 4^7 Le Témia variable ibid. Les Glau(;opes 438 Le Glaucope Temnure 4^9 Les Rolliers et les Rolles 44'^ Le Roilier vert 44i Le Roilier du Bengale 445 Le Rolle de Madagascar 445 Le petit Rolle violet 446 Les Ojseaux de paradis 448 Le Paradis orangé 45o 46o TABLE. Le Superbe Pag. 45 1 Le Sifilet 452 Le Paradis rouge 455 FIN DE LA TABLE DU SECOND VOLUME. SUPPLEMENT L'HISTOIRE NATURELLE DE BUFFON. TABLE GENERALE PAB ORDRE ALPHABETIQUE DES MATIERES. CUVIER. II. AVIS DE L'ÉDITEUR. Amsi que je Tai annoncé dans l'Avertissement qui précède la Table générale de Buffon , je joins ici, et par ordre alphabétique, celle des matières contenues aux deux volumes supplémentaires de M. Guvier, Table dont cet auteur a bien voulu me confier la rédac- tion. On a pu voir, dans le cours de l'ouvrage, que toutes les fois que M. Guvier avait traité un sujet dont Buffon s'était déjà occupé, ou avait cité des passages de cet auteur, il avait eu le soin de les indi- quer en renvoyant par des noies spéciales d'abord à l'édition in-4°, et ensuite à celle publiée par moi. D'après ce premier travail , j'aurais pu me dispenser de le repro- duire ici , mais j'ai jugé qu'il serait avantageux , lorsqu'on chercherait un sujet, de connaître à l'instant l'indication , soit du même sujet dans Buffon , soit du passage y relatif cité par M. Guvier : néanmoins , comme il est souvent arrivé , que dans un même article ou une seule description . l'auteur a rappelé plusieurs passages de Buffon , et que l'ordre que j'avais adopté ne me permettait pas de les énumérer tous , je les ai indiqué sommairement en renvoyant aux notes du supplé- ment même , qui les mentionnaient. Enfin , et ce supplément , quoique pouvant faire suite à toutes les éditions de Buffon , se rapportant plus spécialement à la mienne , c'est à cette dernière seule que renverront les diverses indications conte- nues dans la Table. F. D. 1>. ;\\v\\vv\av\\\vv>/vvvv\v\v.'vvv\\vv\ >v\v\/v\vvwv\'V\v\w^^•vvv\\\v\^\\.\v\\va\v^(\\\\\^^.(\v\v*vw TABLE GÉNÉRALE ET PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. A. Supplément. Tom. Pag. Tom. P.ig. Aigle à queue étagée ii i49 Aigle-Autour à joues nues ib. 81 à queue cerclée ib. 84 — cristatelle ib. 86 — — huppart ib. 89 Aigles (Les) ib. 5i * xix 80 Aigles- Autours (Les) ib. 76 — — à tarses emplumés ib. 86 — — à tarses mis ib. 78 Animaux domestiques i 55 Aptérix austral 11 226 Argus (Les) ib. 33i — — luen ib. 334 Atilax (Les) i ^iG Attagis (Les) u ^gS Attagis de Gay ib. 396 Aura ib. ïo5 Autour destructeur, voyez Harpie ( Grande ) d'Amérique. 1. Voyez en outre les divers pass;ige5 di; Bnfion indiquée dans le cours dr. cet arlicle. XIX 199 XIV 7 XX 24-2 ib. ib. lVII 489 464 TABLE GÉNÉRALE SCPPLÉMCST. BtFros. Tom. Pag. Tom- Pag, Autours (Les). ii 120 xix 194 Avertissement relatif aux mammifères. ... 1 5 B. Batara (Les) 11 168 ^^ rayé ib. 169 roux ib. 172 BÉCAROE grise ib. 189 BÉCARDES (Les) ib. 188 xix 254 Belette d'Afrique i 218 xv 119 Benturong gris ib. 4^7 noir ib. 4^9 BÉTHYLE bicolor II 199 BÉTHYLEs (Les) ib. ib. Bison d'Amérique i io5 Blac II 128 Blaireau américain , Voyez Garcajou. Blaring, nom donné au mégapode Freycinet par les habitans de l'île de Guébé. ... ib. 348 Bouc de Cachemire, Voyez Chèvre de Cache- mire. — du Népaul , Voyez Chèvre du Népaul. Bre3is I 111 XIV 157 Bulbe des plumes 11 23 c. Caille à ventre perlé 11 363 nattée ib. 365 Cailles (Les).. . , ib. 36i xx 3ii Calybé cornu , ou dcKéraudren ib. 186 de paradis , ib. 1-84 xxi \f\i 406 467 DES MATIÈRES. 4^5 ScppLiMBNT. BdffOK. Tom. Pag. Toni. Pag. Calybés (Les) ii i83 Garacara à gorge nue ib. 67 six i3o de Marcgrave ib. 64 noir ib. 69 Caracabas (Les) ib. 6i xx 267 Garcajou ou Blaireau américain i 2C7 xvii | i^Z Gasoar sans casque de la NouveUe-Hollaude. 11 32 1 xix 369 Gasse-noix (Les) 11 456 xxi 101 Gassigaw Qdûy ib. 180 réveilleur ib. 181 — varié : ib. 179 xxv 100 Gassicans (Les) ib. 178 ib. ib. Chacal de Barbarie , Voy. Dibb. — — du Bengale i i65 du Caucase ib. 16a du Sénégal ib. i56 xvi 100 Chat botté ib. 4^9 ib. 80 cervier du Canada ib. 4^3 de Cafrerie ib. 443 de Java ib. 44S du Brésil ib. 4^9 du Népaul ib. 45o Chats (Les) ib. 421* xvi 4^ d'Afrique ib. 43i — — d'Asie ib. 44-^ de l'Amérique méridionale ib. t\b'i Ghati ib. 45t> XVI j ,'* Chaus ib. 44i Chauve-Souris (Les) ib. 222^ xv 255 Chevêche nud'pède n 2)1 Chèvre i 118 XIV 174 2. Vojez les divers passage:- di- Bufl'on indiqués aux noies de ces articles. 466 T.^BLi: GÉNÉRALE Si:PPLtMEST. BCFFOW Tom. Pag. Tom, Pae. Chèvre de Cachemire i ia4 ■ de la Haule-Egyple ib. 121 xiv 186 du Népaul ib. laS Chien ib. 128 xiv 201 delà Nouvelle-Hollande ib. i5i de prairie , nom impropre donné au Spermophile de la Louisiane ib. 317 de Terre-Neuve. ib. i38 — — des Esquimaux ib. i4o GniONis (Les) n 4o5 Ghorok ...' i 217 Choucakis (Les) n 191 xxi 67 azuré ib. 196 de la Chine ib. 196 Thalassin ib. ib. — velouté ib. 197 CuouETTE à queue fourchue ib. 212 des Pagodes ib. 2i3 grise du Canada ib. 209 Civettes (Les) i 38o* xvi i^^6 ' — proprement dites ib, 386 Colin de Sonuini 11 368 de Virginie ib. 370 Colins (Les) ib. 567 GoLocoLO I 462 CoLOMBARS (Les) n 420 à queue pointue ib. ib. odorifère ib. 4ai COLOMBI-GALLINES ib. 4 1 1 Condor ib. 108 xix 16a Gooox , nom donné à l'Argus luen dans l'île 1. Vojcz les dill'ticns passages de BufTou indiqué? pai les noies de cet article. DES MATIÈRES. l[6j SUPPLÉMKXT. BbfFON. Tom. Pag. Toin. Pag. de Sumatra ib. SSy Coq Ayam-alas ii 246 — bronzé ib. â48 — de bruyère à ailerons ou Tétras cupidon. ib. 384 Coqs (Les) ib. 245 xx 7 Cordeau éclatant. ib. 426 nasique ib. 427 Corbeaux (Les) ib. 420 xti i5 — proprement dits ib. 424 CoRSAc I 174 XVII 4lj6 CuossARQUES ( Les ) ib. 4o5 Cryptowyx (Les) 11 358 — — — -ou Fiouloul couronné ib. 559 Cyminuis (Les) ib. 92 xix 200 — — — bec en croc ib. 9G — — — bec en hameçon , Fqy. Rostrame bec en hameçon. — de Cayenne ou à manteau noir. . ib. 94 D. Daw. . . • DiBB ou Chacal de Barbarie ib. i56 Di\D0N œillé II sauvage ib, Dindons (Les). . . ." ib Discours préliminaire relatif aux mammi- fères. I — — — — — — relalif aux oiseaux. . 11 DziGTAI I i. Voyez les divers p;iss;igçs Jp BiilVou rnppelés dans ces diseoin-H. 8tj XIV 11 i56 XVI 100 27C 251 XX 88 25o ib. 64 9 I 47 j^ XIX 24 82 XVIi 55 468 TABLE GENERALE E. Supplément. Tom. Pagr. KcuREUiL à longue queue i 297 à mains jaunes ib. 280 • à queue de cheval ib. ib. — ' à ventre doré . ib. 28/i à ventre gris ib. 282 à ventre roux ib. ib. bicolor ib. 286 — brun ib. 285 courtes oreilles ib. 296 d'Afrique ib. 293 d'Amérique ib. 296 d'Asie ib. 277 de Gingj jb. 279 — d'Hudson ib. 3o5 de la Californie ib. 000 de Syrie ib. 292 des Pyrénées ib. 609 du Brésil ib. 3o7 fossoyeur ib. 296 noir ib. 002 Ecureuils (Les) ib. 271 proprement dits ib. 276 ELA^us à queue irrégulière 11 126 (ou Milan) de Riaucourt ib. 124 ÉpERONiNiER à toupet ib. 298 — — — chalcure ib. 299 ViPERO^NiERs (Les) ib. 296 Tom. Pi, XVI 197 ib. XVI XVIII 190 195 394 XV ib. 164 160 XIX 170 245 2 48 DES MATIÈRES. 4% F. SOPPLBUBKT. BOïFOS. Tom. Pag. Tom. Pag, Faisan d'Amherst ii 325 de Diard ou versicolor ib. 525 — — de Sœmmerring ib. 5i8 — — vénéré ib. 52o — — versicolor, Voyez Faisan de Diard. Faisans (Les) ib, 3i3* xx 216 Faucon aux pieds rouges ib. i46 — — bidenté. ib. i4o ~ — cresserelelte • ib. i48 Diodon ib. iSy huppé ib. i35 moineau ib. i44 Faucons (Les) ib. i5a xix 208 Fennec r 177 xviii 078 Francolins (Les) 11 567 Francolin ensanglanté . ib. 358 Furet de Java i 220 xv ii4 Furie hérissée ib. 257 G. Oalltnagées (Les) 11 240 Ganga couronné ib. 690 — — ventre brûlé ib. 592 GANGAs(Les) ib. 388 xx 162 Geai bleu huppé ib. 4^3 xxi 88 — houpette ou Piom ib. 455 Geais (Les) ib. 432 ib. ib. Genette de Java i 4^2 — — du Sénégal.. . , ib. 4^0 i- Vojez aussi les divcis passages indiqués aux notes «Te U page 5i5 du lom. Il du SvippléniciU. CUVIER. II. 52 J. ( xvn 487 470 TABLE GÉNÉRAL SecPLÉMEST. Tom. Pag. Genette rayée OU Rasse i 4^4 Genettes (Les) ib. 409 Gladcopes (Les) 11 4^8 G1.ATJCOPE temuure ib. 4^9 Glossophage de Pallas i 227 GoNOLEK n 167 XIX 267 GouB I 100 GouRiN , nom donné dans l'Inde à la femelle adulte du Gour ib. io4 Guerliisguet-Lary , Voyez Larj. — — Plantani, Voy. Plantani. GuERWNGUETs (Lcs) ib. 272 xvin 597 Gyall , ou Jungly-gau ib. 92 xvi l\ç>% Gypaète . Voyez Lemmergayer. H. Harpie (Grande) d'Amérique ri 72 Harpies ^^Les) ib. 71 HotBARA ib. 23l XIX 436 Houppifère Guvier ib. 3o4 — — — Makartaey ib. 3o2 HouppiFÈRES (Les) ib. Soi Hyénopode I 262 XVI 108 L IcTiDEs (Les) I 417 Isatis ib. 1 70 XV 65 XVII 492 Jaguar i 4^2 xvi 57 Jukgly-gau , Voyez Gyall. DES JIATIÈRES. 4?^ SliPPLÙMENl BbFFONÎ Tom. Pag. Toni. Pag. LA^GnAIEIV à lignes blanches ii 176 — à ventre blanc ib. 176 xix 2.53 Laagbaiens (Les) il). 17/4 Lauy I 274 Lëmmebgayer II ii5 LÉOPARD , I 4^7 i^i 42 LopiiopuoBE resplendissant , ou Monaul im- peyau 11 3 10 LopHOPiioRES (Les) ib. 3o7 Loup antarctique i i5'i xv 65 — de d'Azara ib. i55 — de Java ib. iGG — glouton *. — pâle 2. 1. 2. Qua^tie sujets repréeenlanl le Loup glouton, le Loup pâle, la Roussette macroglosse et Ki Roussette harpie ou Céphalote de Pallas, se irouTent dans les planches du premier volume de ce Supplément, sans qu'il y ait de texte correspondant : celte légère omission provient de ce r,ue ces ligures avaient été données plutôt comme types des genres, que comme types des espèces : cependant une description sommaire de ces sujets pouvant offrir quelque intérêt, nous allons donner ici celles du Loup glouton et du Loup pâle , et on trouvera ci-après celle des Roussettes à leur ordre dans c«tte Table. LE LOUP GLOUTOiN. Cani» fameiicûê. Il a été découvert en Nubie par M. Ruppel , et est remarquable par la grandeur de ses oreilles. Ses couleurs sont peu tranchées : sa léte a une teinte ocracée. Les parties supérieures de son corps sont fauve grisâtre passant au châtain sur le dos. Les parties inférieures sont jaunâtres , et le bout de la queue est blanc. LE LOUP PALE. Canis paliidus. lia été découvert de même par M. Ruppel , mais dans le Darfur; il a toutes les parties .supérieures du corps dun fauve très clair et les 47^ TABLE GÉNÉRALE Supplément. Buffos- Tom. Pag. Tom. Pag. Loup renard , Voyez Loup antarctique. — rouge I i54 Loups (Les) ib. i44* ^^ '^9 Loutre barang , ou Leplonyx ib. 207 — — de la Caroline ib. 2o5 de la Guianne ib. j 99 ib. 85 — — de la Trinité ib. 202 du Brésil , Voyex Saricovienne. — — du Canada ib. 194 ib. 80 du Gap ib. 210 du Eamtschatka , Voyez Loutre ma- rine. — — Leptonyx , Voyez Loutre Barang. marine, ou du Kamtschatka ib. 2o4 ib. 86 nirnaier ib. 209 sans mufle ib, 201 Loutres (Les) ib. 192 ib. 72 M. Makgouste à bandes i l^o\ xvii 486 — — — d'Egypte ib. 594 ib. 481 — — — de Java ib. 699 ib. 489 — — — de Malaca ib. 697 — — — rouge ib. 1\q^ Mangoustes (Les) ib. SgS ib. 481 Mangue ib. 4^4 MANKiais, nom donné au Mégapode Frey- ciuet par les habitans de la terre des Pa- pous ou Nouvelle-Guinée 11 348 inférieures blanches. Tout le long du dos règne une ligne noirâtre, et le bout de la queue est noir. Ces deux animaux sont à peu près de la taille du chacal. j. Voyez les nombreux pass.igcs de liullon indiqués aux iiotfS de cH ailicli-. DES MATIÈRES. 4;-> SUPPLEMENT. BlIFFON. Tom. Pag. Tom. Pag. Marmotte américaine, ) j ,, , , M noms donnes par Marmotte-Léopard, } ' quekiues naturalistes au Spermo- phile de Hoode i | -j^g Marte des Hurons. . îb. 221 — — des palmiers, nom donné au Pou- gouné par les Français de Pondi- chéry ib. Sgi Marte-Zibelinb ib. 2i4* iv loS Martes (Les) ib. 2i3^ Mégaderme feuille ib. 23i xv 287 Mégalotis ib. iCo MÉGAi'ODE aux pieds rouges 11 346 Freycinet ib. 347 Mr.GAPODES (Les) ib. 54^ Méléagre oeillé, Voyez Dindon œillé. MÉSOMÉLAS I i58 Milan de Riaucourt , Voyez Elanns de Rian- court MiivK . ib. 218 Monacl impeyan, Voyez Lophophore resplen- dissant. MoRuops ib. 255^ Mouton d'Astracan ib. iiG siv 174 MusANG ib. 591 Musaraigne à courte queue ib. 261 — — — blonde ib. 2 55 — — — de rinde. ib. 254 — — — masquée ." ib. 261 — — — petite ib. 260 — — — plaron ib. 261 — — — pygmée ib. 252 1. Voyez la note indiquée à l'eirata, pag. 8, tom. I'^, de cci Ouvrage. £. 5. Voyez les divers passages de Buffoii rappelés dans cet arlicle , ci indiqués par 1rs uuK s. 474 TABLE GÉNÉRAL Supplément. Biiffos», Tom. Pag. Tom. Pag. Musaraignes (Les) i 2^6 xv 188 — — — — — aquatiques ih, 260 ib. 190 — — — — — d'Amérique ib. 267 Myoptère, Voyez Rat volant. N. Wapaul , on Tragopan cornu. 11 029 xx -2^2 NocTiLiON bec de lièvre . i 242 O. Oiseaux de paradis n 448 — — de proie diurnes ib. l\o — — — — — uoclurnes ib. 2o5 * — — qui ne peuvent voler ib. 2i5 Odrs (Les) I 344 — blanc de la mer glaciale ib. 347 — de Norwége ib. 879 ■ — de Sibérie ib. ib. — de Sjrie ib. 376 — des 'Pyrénées ib. 379 — du Chili ib. 358 — euryspile ib. 369 — jongleur ib. 56o — malais ib. 364 — noir de l'Amérique septenlrionaie. . . ib. 552 xv 3o8 Outarde d'Afrique. 11 234 ^^^ 43*2 nubienne ib. 238 oreillard « ib. 237 plombée ib* 236 Outardes (Les) ib. 227 ib. ^5 i. Voyez les divers passagnsde BuHon cilês el indiques dans cel ailicle, nolaniincnl page 207. XXI 124 XIX 7» ib. 259 ib. 3i6 XV 292 ib. 3o9 DES MATIÈRES. 4;^ P. SUPPLEMENT. Tom. Pag. Panthèuk I 43 1 Paon sauvage 11 291 — spicifère ib. 2^3 Paons (Les) ib. 288 Paradis orangé ib. 4^0 — — rouge ib. 455 Paradoxures I 586 Pardalote paré 11 204 — — — poignardé ib. 2o3 — — — pointillé ib. 202 Pardalotes (Les) ib. 201 Pareeah , nom donné dans l'Inde à la fe- melle du Gour de première an- née I 104 Perdrix (Les) 11 349* xs 270 — — mégapode ib. 354 — — proprement dites ib. 353 xx 274 Perouasca I 219 Pie acahé 11 429 — ging ib. 45o PiE-GRiÈcHE à front blanc ib. 161 — — — bleue de Madagascar ib. i52 xix 246 — — — huppée du Sénégal ib. 159 — — — olive ib. i55 Pies (Les) ib. 428 xxi 70 PfEs-GRiÈcuES (Les) ib. i5o xix 241 Pigeon à double huppe ib. 4i5 couronné ib. 4^2 de Nicobar. ib. 4^3 xx 385 a. Voyez les diirérens passages de Bufïon cités dans cet article, /}7Ô TABLE GÉNÉRALE Supplément. Buffox. Tom. Pag. Tom. P.ig. Pigeon de Keinwaidt ii 4i8 — — de longup. ib. 4^7 ■ — — magnifique ib. ^iQ Pigeons (Les) ib. 407 xx 545 proprement dits ib. 4^4 Pintade huppée ib. 282 Pintades (Les) ib, 281 xx 90 Plantant i 276 Pllme (Delà) en général, et des diverses parties qui la composent 11 10 Plumes (Production des) ib. 1 — — (Structure et production des). . . ib. ib. — — (De la capsule productrice des). . ib. 14 (Gaînedes) ib. 18 — — (Membrane striée externe des ). . . ib. 20 — — (Cloisons transverses des) ib. 21 — — (Membrane striée interne des).. . . ib. 2a — — (Bulbe des) ib. 20 — — ( Développement des) ib. 33 POUGOUNÉ I 387 XVI i3o pDRORAn, nom donné tlans l'Inde au Gour mâle de première année. ... ib. io4 Putois (Les) ib. 2i3* xv 110 R. Rassb, Voyez Gcneile rayée. Rat de café , nom donné au Musang par les habitans de Java i 592 — volant ib. 244 Uenard argenté ib. 189 d'Egypte. ib. 177 — — rouge ib. 184 1. Voyez les (liTf rs passages «le BiifTon indiqués dans les notes de cel article. DES MATIÈRES. 4"; ■UPPLEMEMr. JjDPfON. Tom. Pag Tom. Pag. Renaud Iricolor i 187 Renards (Les) ib. 168 xv 55 RniNOPOME microphyile ib. 255 RoLLE de Madagascar 11 44^ (Petit) violet'. ib. 446 RoLLiER de Bengale ib. 44'^ — — vert ib. 44"^ RoLLiERS (Les) et les Rolles ib. 44^ xxi 10^ RosTRAME bec en hamcçen ib. 98 RosTRAMES (Les) ib. 97 RouLOUL couronné , Voyez Cryptonyx. Roussette harpie, ou Céphalote de Pallas*. — — — macroglosse '. ir. 2. Voyez la noie de la pag. 471 de cette Table explicative des descriptions suivantes. LES ROUSSETTES. Ce sont des chauves-souris qui se nourrissent des fruits au lieu de se nourrir d'insectes , et qui ont des dents à couronnes plates propres à broyer la nourriture qu'elles recherchent, et non point hérissées de pointes telles que sont les dents des insectivores. LA ROUSSETTE HARPIE, ou CÉPHALOTE DE PALLAS. Harpja Pallasti. Elle se distingue de toutes les autres roussettes et surtout de la macroglosse par sa tête courte et ramassée ; elle n'a point d'incisives à la mâchoire inférieure, et n'en a que deux à la supérieure, tandis que toutes les roussettes proprement dites , ainsi que la macroglosse ont quatre incisives à chaque mâchoire. Cette céphalote est d'un gris cendré en dessus et d'un blanc pâle en dessous. rUVIER. II. oô 47^ TABLE GÉNÉRALE S. SCPPLEMBNT. Tom. Pag, Sabicovienne , ou Loutre du Brésil i 107 SiFFLEua , nom donné par les Canadiens au Spermophile de Richardson. . ib. 526 SiFiLET II 452 XXI 129 Spermophile à quatre bandes, Foyez Suisse. de Beechey i Zoo de Douglas. . . • • ib. 533 de Franklin ib. 628 de Hoode ib. 537 de la Louisiane ib. 3i6 de Parry ib. 5i9 de Richardson ib. 323 de Say ib. 335 Spermophiles (Les) ib. 3i3 Structure et production des plumes. ... 11 1 Suisse, ou Spermophile à quatre bandes. . i 34o xvi loô Superbe n 4^1 xxi i58 Suricates (Les) i 409 xvii 449 Syrbhapte de Pallas 11 4o4 Syrrhaptes (Les) ib. l[oZ LA ROUSSETTE MAGROGLOSSE. Pierepus rostratus. Elle se distingue de toutes les autres par la forme de sa tête étroite et allongée, par l'absence de toute fausse molaire anomale, et par la grandeur de la dernière vraie molaire. Ces caractères sont d'une na- ture assez importante pour qu'on ait fait de cette roussette le type du genre macroglosse. Elle est toit petite et d'un fauve clair un peu plus foncé aux parties inférieures. DES MATIÈRES. 479 T. StlPPLKMEJÎT. BtIFFOlf. . Tom. Pag. Tûin. Tag. Talégalle de Cuvier n 286 Talégalles (Les) ib. 286 Taphien indien i 240 TÉMiA (Les) » 4^7 variable ib. ib. Tétras (Les) ib. 38i — — cupidon , Fojez Coq de bruyère à ailerons. TuiNOcoRES (Les) ib. 4o5 Tigre ondulé i 44^ ^vi oa TocRO uru \ . , . II 378 TocROS (Les) ib. 377 Toupaye I 275 Tragopan cornu , Foyez Napaul. Tragopans (Les) n 028 \x 'ii\^. Turnix (Les) ib. 598 — — bariolé -- ib. 399 — — combattant ib. 4oi U. l nUKITINGA H 78 " XIX I29 V. Vainga (Les) " i65 xix 255 — — à ventre blanc ib. i64 — — cap-gris ib. i66 destructeur ib. i65 Vautours (Les) ib. 99 xix i53 FIN. Am ^^^.&5^r :L^^-?'^^^ ?ï^ h h ^ lMm^