INSECTOLOGIE. TOME PREMIER. OEUVRES D'HISTOIRE NATURELLE E T D E PHILOSOPHIE DE CHARLES BONNET, De r Académie Impériale Léopoldine ^ ^ de celle de St, Péîerhoitrg; des Académies Royales des Sciences de Londres , de Montpellier , de Stockholm, de Copenhague , de Lyon; des Acad. de rhftitut de Bologne, de Harlem, de Munich, de Sienne, des Curieux de la Nature de Berlin , Corres- pondant de r Académie Royale des Sciences de Paris, TOME PREMIER. OBSERVATIONS DIVERSES SUR LES INSECTES. J AMSTERDAM. Chez M A R CM I C H E L R E Y. MDCCLXXX. L I S T E i)Es Écrits PUBLIÉS PAR L'AUTEUR " EiSf DIVERS TEMS. I raitê d' InfeStologîe , ou Olferyatîons fur tes Pucerons â? fur quelques Efpeces de Vers d'eau douce , qui^ coupés par morceaux , deviennent autant £^ Animaux complets. 2 Parties, in- 8"". avec Figures , Paris 1745. Traduit en Allemand & augmenté de Notes, par M. Goeze^ Palteur de S. Blaife; Halle 1773^ Recherches fur Vufage des Feuilles dans les Fiantes , ^ fur quelques autres fujets relatifs à rHiJIoire de la Végétation: in- 4'^'. avec Figu- res; Gottingue & Leyde 1754. Traduit en Allemand par M. Arnold, Profeffeur d'His- toire Naturelle à Erlang 1762 in -4". & au- quel le Traducteur à ajouté la traduélion des Mémoires de l'Auteur fur la végétation des Plantes dans la Moufle &c. & celle d'une Let- tre qu'il avoit écrite fur le même fujet à l'Aca- démie de Suéde. Efai de Pfychologie ; ou Confidérations fur les Opérations de l'Ame^ fur l'Habitude 6? fur l'Education^ auxquelles on a ajouté des Princi- pes philofophiques fur la CausePremiehe Tome L * Il LISTE DES ECRITS. S fur fin Effet. Londres in- lî. 1754, quoi- que le titre porte 1755. Traduit en Allemand par M. Do H M 1773; & augmenté de quel- ques Notes du Traduàeur. Effai Analytique fur les Facultés de VAmey în-4''. Coppenhague 1760: réimprimé in-8'"'- en 1769. Traduit en Allemand & en Hol- îandois. Confi aérations fur les Corps organifés , ou Von traite de leur Origine ^ de leur Développement , de leur Réproduction , &c , S oU Von a raffem- lié en raccourci , tout ce que VHifîoire Naturelle cffre de plus certain & de plus intéreffant fur ce fujet. 2 vol. in-S''^ Amfterdam 1762, réim- primées en 1768. Traduites en Italien par un Prêtre, & en Allemand par M. Goeze. Contemplation de la Nature^ 2 vol. in-8'''*. Amfterdam 1764; réimprimée en 1769, & contrefaite en divers lieux. Traduite en An- glois, Londres 1766: traduite & commentée en Allemand par M. Titius , Profeflëur d'Hiftoire Naturelle à Wittenberg , Leipflg, 1765, 1766; traduite & commentée en Italien par M. l'Abbé Spallanzani, ProfelTeur d'Hiftoire Naturelle à Pavie; à Modene 1769; traduite & commentée en Hollandois par MM. CoopMAN & vanSwinden, Profeftèur^ de Chymie & de Philofophie à Franeker ; 17755 177^5 & 1777. LISTE DES ÉCRITS. m ^ JLa FaUngénéfic. P.hUofophique^ ou Idées fur. Y état paffé & fur l'état futur des Etres viyans; Ouvrage defliné à feryîr de Supplément aux der^ mers Ecrits de l Auteur ^ & qui contient prin- cipakment k Précis de fes recherches fur le Chrisr tianifma. 2 voL in-8Y°., Genève 1769: réim- primée en 1770; traduite & commentée qxx Allemand par M. Lavater , Pafteur à Zm- dch, 176p.. Recherches Philofôphiques fur ks Preuves dif Çhrifliamfne : féconde édition, où Ton trouve" quelques Additions & des Notes propres à fa- ciliter l'intelligence de l'Ouvrage à un plus, grand nombre des ledeurs: in- 8^°., Genève 1770, réimprimées à Genève en 1771, & è!ugmentée$ d'un Chapitre fur les preuves do ^Exjftènce de Dieu. On ne joint, pas ici la lifle de fept Mémof- res fur divers fujets d'Hiftoire Naturelle, que l'Auteur a préfentés en divers temps à TAca- dçmie Royale des Sciences de Paris , & qu'elle a publiés dans le Recueil des Savans Etrangers, On omet pareillement l'indication de dix Mé- moires de l'Auteur , publiés dans le journal d$ !Phyfique de l'Abbé Rozier , depuis Mars î774J>Jfqu'en Novembre 1777. $^ b. J. CHANGUION & B. VLAM; débitent aéluellement les éditions origina- les des ouvrages de M. C; Bonnet; favoir: llècherches fur Tufa^e :ëes. Feuilles dans les , Plantes & fur quelques autres fujers relatifs à l'Hi'ioire de la Végétation" in .4. avec, % /j: j; "Êfïb de Pf^C' ologie , ou ' onfidérârions fur lies Opérations de i'Ame , fur l'habitude /& fur , l't.ducarion, &c. 1 vol. ^ ;. ..,^. --Tri i'-r'-J-:^^ Eflai Analytique fur les facultéà de rAriie. "" "V a^ . 2 .vol. 8 . . . .: . ./ [ :. .'i^'rf ^ — - — Le même Ouvra e, in-4 ,.V')~ > j:'_«i Confidératîc ns fur les Corps organifés, oii ron traite de leur .Origine, de leur i^éveloppe- ' nier.t, de leur Rcprodutlion &c. & où l'on a ■ ralTembié en raccourci tout ce eue 1 irlffloire ^'atunlle cfTre de plus cer ain & de plus in- . . , tércflant fur ce fujet.. 2 vol gr.".8 , .J2;...-i^ €onteirplation de là Nature. 2 vol 8 •• ^- ^i"-2 La Palingéréfie Philofophique , ou.- Idées' -fu^j ^■ ■':'^ l'é'at paffé &. fur l'état futur des Etres -y jvàns. ^ /..-t;; 2 vol 8 . ,,. - , ' . ■ ■• ... - 9i',[ii^< Éecherches philoiophiques fur les 'preuves 'dÙ",/. ' -,.'"' ChriflianifiTè. 1 vol gr, 8. ■• " - '■••^ -X-i'-ibi Traité d'Infeflologie, ou Obfer' ariors fur les Pucerons & fur que'oues- bJpeces de X'ers * d'eau douce , qui , Coupés par morceaux., ■Ac^ iennent autant d'Animaux complets. 2 vol. .gr 8 . avec fig- Jrijt. 1782. .3» ^;i ■— ——— Le même Ouvrage in-4% avec ,:^ .^gures. - 4î"ïd.'; . > . 66A'i tîb ^w PREFACE SU'R CETTE ÉDITION DES OEUVRES DE L'AUTEUR. J E ne fongeois point du tout à publier une Colleétion complette de mes Ecrits , lorfqu un Libraire étranger vint, en 1775, me folliciter dans ma retraite , de confentir à cette entrepri- fe & d'y concourir. Je me refufai d'abord à fes follicitations ; & j'infiftai fortement auprès de lui fur les confidérations qui me paroiflbienc les plus propres à le détourner de fon defTein. Comme il me promettoit une belle édition en grand format , je craignois avec fondement que le débit ne répondît pas aux fraix confidérables dans lefquels une pareille entreprife l'engageroit. Je craignois encore que les ménagemens que je dois à ma fanté , & fur - tout à mes yeux , ne me permiiTent pas de faire pour le perfec- tionnement de mon travail, tout ce que l'in- térêt du Libraire & celui du Public exigeroient. Je me retraçois avec force à moi-même \e^ nombreufes imperfections de mes Ecrits , & tout ce qui leur manquoit pour foutenir la nou- velle forme fous laquelle on me follicitoit de les faire paroîcre. Cette forme me fembloit avoir * 3 Vï PRÉFACE, un air de prétention qui accroiflbit encore ma répugnance. Je raconte fimplement le vrai, & ce n'eft point du tout la modeflie qui me diéle ceci. La modeflie efl toujours trop fufpeéle lorfqu'elle parle devant le Public. Elle n'auroit d'ailleurs prefqu'aucun mérite chez un Ecrivain qui a manié des fujets aulîî difficiles & auffi étendus que ceux dont il ell queflion dans la plupart de mes Ouvrages. Que dirai -je enfin ? car je me hâte d'a- chever rhifloire de cette édition de mes Oeuvres: las de réfifler, entraîné par les in- ftances de l'ardent Typographe, fécondé de celles de quelques Amis qui ne prévoyoient pas , comme moi , tout le travail que l'entre- prife me préparoit, & rafTuré par l'indulgence que le Public n'avoit cefTé de me témoigner, & fur laquelle il m'avoit accoutumé à compter beaucoup ; je cédai à la demande qui m'étoit faite, & je mis la main à l'œuvre dès l'Au- tomne de 1775. La tâche qui m'étoit impofée ne m'enga- geoit pas feulement à revoir & à corriger avec foin les divers Ecrits, déjà affez nombreux, que j'avois publiés depuis 1745 ; elle m'en- gageo't encore à y faire des additions plus ou moi^^ confidérables , foit en forme de notes ^ foit en forme de puppUmens. D'autres Ecrits , que je n avois jamais publiés , & qui la plupart n'écoient que de fimples ébauches ralfemblées P R. É F J C E, VII fans ordre dans mon porte -feuille, entroient aufli dans cette revifion générale, & me pré- paroient un nouveau travail dont j'ignorois l'é- tendue & le terme. Je ne m'étendrai pas davantage fur cette Colledion de mes Oeuvres : les Préfaces ou les Avertifîèmens particuliers que j'ai placés à la tête des principaux Ecrits qui la compo- fent, diront affez au Leéleur ce qu'il lui im- porte le plus de favoir fur chacun de ces Ecrits. Je n'ai pas fait tout ce que j'aurois defiré de faire; mais j'ai fait au moins tout ce que ma fanté m'a permis de faire. Si des maux d'yeux anciens & habituels , ne m'avoient point mis dans la trifte obligation de me fervir per- pétuellement de Leéleur & de Secrétaire , j'au- rois beaucoup plus multiplié mes leélures & mes extraits, & raffemblé ainfi plus de faits fur chaque fujet. Mais peut-être n'ai-je pas fort à regretter de n'avoir pu confulter un plus gr^nd nombre d'Auteurs: mes propres Ecrits feroient devenus bientôt des ouvrages de com- pilation , & mon efprit feroit tombé dans cette forte de paralyfie fi commune chez le Peuple nombreux des Compilateurs. Il eft û com- mode de compiler , & û pénible de méditer & de digérer , qu'il n'y a pas lieu de s'étonner , que des Auteurs qui n'étoient pas dépourvus de génie , fe foient plus fouvent fervi de leurs yeux & de leur main que de leur tête. *4 vni PREFACE, Mais, s'il efl un Livre que je regrette vivement de n'avoir pu confulter de nouveau , autant qu'il méritoit de l'être, c'efl le grand Livre de la Nature, dont il m'avoit été permis autrefois de lire 6c d'extraire deux ou trois pa- ragraphes. J'ai bien fait en dernier lieu , quel- ques nouvelles obfervations relatives à la Phy- fique des Plantes & à celle des Animaux ; mais combien ce travail efl - il peu de chofe en com- paraifon de ce que j'aurois tenté d'exécuter lî mes yeux avoient pu féconder mon zele pour le perfeélionnement de l'Hilloire Naturelle! J'a I divifé cette Colleélion en deux parties générales : j'ai placé dans la première les Ecrits d'Hiftoire Naturelle : j'ai rangé dans la féconde les Ecrits de Philofophie fpéculative. Il en étoit de mixtes , que j'ai placés dans la clalTe à laquelle il m'ont paru appartenir le plus di- reélement. La plupart de ces Ecrits, confi- dérés fous un certain point de vue , concourent affez à former un enfemble , dont les différen- tes pièces font enchaînées les unes aux autres par des rapports plus ou moins direéi:s , qui ne font pas difficiles à faifir. La Phyfique & l'Hilloire Naturelle tiennent de plus près qu'on ne penfe à la Métaphyfique , & même à la Métaphyfique la plus tranfcendante. C'ell tou- jours des objets de la Nature ou des idées purement fenfjbles, que l'entendement déduit les notions les plus abftraites. Cette raerveil- PREFACE. IX leufe opération par laquelle il gcneralife de plus en plus fes idées; j'ai preique dit, par laquelle il les fpiritualife de plus en plus, n'eft autre chofe qu'un certain exercice de Tattention, aidé du fecours des fignes arbitraires ; & l'art -d'ob- ferver , cet art qui femble propre au Phyficien & au Naturalise , n'eft encore que l'attention elle-même, appliquée avec règle à tel ou tel objet particulier. La Phyfique eft donc, com- me je le difois ailleurs, la Mère de la Méta- phyfique ; & l'art d'oblerver eft l'art du Méta- phyficien , comme il eft celui du Phyficien. Ç avoit été aufli l'étude de la Nature qui m'a- voit conduit dans ma jeuneflè à la Métaphy- fique, pour laquelle j'avois eu d'abord la plus forte répugnance, mais qui s'étoit attiré mes regards dès qu'elle avoit emprunté pour me plaire les brillantes couleurs de la Nature , & qu'elle s'étoit rendue palpable en revêtant un corps. C'eft donc une Métaphyfique prefque toute Phyfique que celle qui domine dans mes Ecrits, ou pour parler plus exactement, cette Métaphyfique ne confifte gueres que dans quel- ques confidérations philofophiques qui m'ont paru découler de l'obfervation du rapprochement des faits , & que j'ai jugées propres à étendre la vue de l'efprit. En général , quand un Na- turalifte a un peu de difpofition à réfléchir, il s'élève bientôt par la penfée au-deflus des objets que fes yeux contemplent ; & il ne X PRÉFACÉ, fauroit voyager long-tems dans le monde cor- porel fans pénétrer plus ou moins dans le monde intelleéluel qui lui efl fi étroitement uni. A u refîe , quoique les additions que j'ai fai- iQZ dans cette édition , à mes Ecrits d'Hifloire Naturelle, foient aflez confidérables , j'efpere qu'elles ne me feront pas reprochées par ceux qui ont acheté les premières éditions. Ils vou- dront bien confidérer 9 que THiftoire de la Nature s'enrichifTant chaque jour par de nou- velles découvertes , j'ai été dans l'obligation d'indiquer au moins les faits les plus intéreffans qui ont été découverts depuis la publication de mes Ecrits. U étoit encore d'autres faits plus ou moins importans, qui n'étoient pas parve- nus à ma connoiffance lorfque je compofois ces Ecrits, & que j'ai dû auflî indiquer. Je devois fur -tout corriger mes erreurs. Tel efl le fort des ouvrages deflinés à repréfenter en raccourci quelques parties de la Nature : ils perdent nécelTairement de leur mérite à mefure qu'ils vieillilfent. C'eft qu'un tableau ne re- préfente qu'un infiant donné ; & que le mou- vement progrefTif de la fcience étant rapide & continuel , il arrive bientôt que le tableau n'eft plus en rapport avec l'état afluel de la fcience, & qu'il ne peut plus le repréfenter que d'une manière imparfaite. Cette repréfentation ne lailfe pas néanmoins d'être utile; puifqu'elle PREFACE. xi fait , en quelque forte , partie de FHifloire de l'Efprit humain i qui efl celle de toutes les vérités. Je ne faurois terminer cette Préface, fans apprendre au Public , que c'eft principalement aux foins vigilans & éclairés de M. Meuron^ de Neuchâtel, digne Miniflre du S. Evangile, qu il doit la bonne exécution de cette édition de mes Oeuvres. Son attachemîent pour l'Au- teur & fon zèle pour le progrès des Sciences me répondoient aflez de l'attention foutenue qu'il donneroit à la correélion & à la propreté du travail. Mais il l'a portée plus loin encore que je n'aurois ofé l'exiger. Il agréera qu'en lui en témoignant ici ma julte recônnoiflance , je falTure de tout le cas que je fais de fon mérite. Non-seulement les Editeurs n'ont rien néglige pour rendre leur édition aulïi élégante que correéle ; ils ont voulu encore qu'elle fût ornée de vignettes & de culs -de- lampe en cuivre , & du portrait de l'Auteur (*). J'avois été bien éloigné alTurément d'exiger d'eux ce petit luxe typographique, mais ils ont préfumé que (♦) N. B. Le Lecteur comprendra bien que ce que M. Bonne t dit ici des vignettes & des culs - de - lampe en cuivre , ne regarde que a be!!e Edition in-4to. que nous avons faite de fes Oeuvres. Nous r.vons cependant jugé h propos de joindre à celle-ci pour 1% fatisfaélion du public , le portrait de l'Auteur ( Note des EditeHTs, ) xn PREFACE. les Amateurs leur fauroient gré d'avoir faifi une occafion heureufe d'embellir leur édition. Les beaux arts fleuriflent en Danemarck , fous les aufpices d'un gouvernement éclairé qui fe plaît à les encourager. Trois Artiltes Danois, qui féjournent à Genève depuis l'année dernière, & qui ne font pas moins recommandables par leur caraélere moral que par la fupériorité de leurs talens , ont bien voulu fe prêter avec emprelTement aux defirs des Editeurs & enrichir cette Colleélion de mes Oeuvres , des excel- lentes produétions de leur génie. Je leur dois en mon particulier bien de la reconnoiflance de leur travail; puifque le defir de me donner des preuves de leurs fentimens pour l'Auteur $ a été un des motifs qui les ont portés à pro- longer leur féjour dans notre ville & à con- courir avec tant de zele aux vues des Edi- teurs (*). A Genthod près de Genève i le iS d'Amiî 1778* (•) M. Joël m'a peint tandis que j'étois enfoncé dans une profon- de méditation fur la reftitution & le perfedlicnnement futurs des Etres vivans. On fent allez que ce caradlere méditatif n'dtoit pas facile à rendre; mais rien n'eft difficile aux grands talens que le génie infpire. Ce que le pinceau du nouveau Van dick avoit fi fupérieurement exé- cuté, ne Ta pas été avec moins de fuccès par l'admirable burin de fon ami M. Clemens; & leur ami commun I\I. 1'. e a d t a mis dans les vignettes & dans les culs de lampe de fa coinpofiiion , cette intelligence & ce goût qui caraftérifc fes productions. TRAITE TRAITE D'INSECTOLOGIE. o u OBSERVATIONS SUR LES PUCERONS. PREMIERE PARTIE. Tome L ** AV ERTISSEMENT AU SUJET DE CETTE NOUVELLE ÉDITION. ^E nai fait cà £? là que de très ^' légers chan^ gemens à la première édition de cet ouvrage , qui parut à Paris au commencement ^e 1745, ^ qui deyoit paroître en 1744. Mais fai cru qu'on yerroit avec plaifir que je fijfe à cette mu- yeîle édition quelques notes ^ qui manquoient à Ici première. On me [aura gré fur - tout de celles qui contiennent divers extraits des Lettres que M. de Reaumur inavoit écrites fur les In- fentes dont je m'occupois. Tout ce qui efl parti de la plume de ce grand Naturalifîe , a droit àintéreffer la curiofité du Public. Nous avons fort à regretter que la mort de cet illuflre Ob- fervateur nous ait privés de" la fuite defes exceU lens Mémoires fur les InfeSîes. Le titre faflueux de Traité que portent ces Obfervations , nefl point de moi; il efl du Li- braire de Paris qui lavoit fuhflitué^ fans m'en prévenir "emble fe transformer , n'efl que le Papillon lui-même, revêtu de certaines enveloppes qui le tiennent comme emmaiilotté. L E w E N H o E c K , (4) aidé de fes excellens microfcopes , nous a découvert un mionde nou- Lithohgie , &^ on a appe!(i Conçkyo'.ogU , celle qui traite des coquillngcs. La fcience des Infectes n'ayant point encore reçu de nom, j'ai cru pou- voir Ini donner celui ^flnficlohgie. (i) Expérimenta circa gsnerat'wnem JufeSorutn. (^2) D'jJ':Ttatio tptflitlica de Bonibyc, (3) H'fl'ir'a l'Jttlorum generdis. (4) /iTcuna H^atura» P R E F A C E. XXIII veau dans cette multitude innombrable d'Anî- Eiaiix infiniment petits , dont prefque toutes les liqueurs font peuplées, & en particulier, celle d'où dépend la confervation de notre efpece. Vallisnieri nous a donné ( i ) THifloi- re curieufe de divers Infeéles remarquables par leur fagacité & leur induftrie. Tels font , par exemple, les Teignes aquatiques, la Mouche à fcies du Rofier , & celles de quelques autres efpeces , dont les unes vont dépofer leurs œufs dans le corps des Chenilles vivantes , les autres fous répaifle peau des bêtes à cornes , d'autres dans l'anus des Chevaux, d'autres dans le nez des Moutons? Mais aucun Naturalifte n'a porté VlnfeSto- logk à un plus grand point de perfeélion, & ne fa rendue plus digne d'être mife au rang des Sciences , que l'illuflre M. de R e a u m u r (2) , l'ornement de la France & de fon fiecle. Ici , que n'aurois-je point à dire de tout ce que renferment les admirables Mémoires dont ce grand Obfervateur enrichit la République des Lettres depuis plufieurs années? Les Chenilles , les Papillons , les Mou- ches , laiffés auparavant dans la plus grande (l) Callerie de Minerve. (_2) iU moire s pour feryir à VHilloire des InfcSes, .\xiv PREFACE. confufion , diftribués en CJafTes & en Genres , par des méthodes également flmpîes & abré- gées, la Urudure de leurs parties extérieures & intérieures décrite avec toute la clarté & Texaditude poflibles ; la théorie de leurs chan- gemens de formes mife dans un nouveau jour , & enrichie de découvertes très-curieufes , leurs mœurs , leur génie , leurs inclinations dévelop- pées avec le plus grand art; les fecrets de la conîlruclioD de leurs divers ouvrages dévoilés : voilà en peu de mots, les principales richelTes dont V Infect ologk efl redevable à la profonde fagacité & à la patience infatigable de M. de Reaumur. Mais il ell; d'autres fruits des travaux de ce grand homme, qui ne le cèdent point en utilité aux précédens , c& qui en relèvent en- core le mérite. Je veux parler de l'effet que la leélure de fes Ouvrages produit néceffaire- ment fur l'efprit de tous ceux qui ont le goût de la Phyfique. En excitant leur admiration pour les merveilles de la Nature, & en leur infpirant les plus grandes idées de l'E t r e S u- prÊme qui e:i cit l'Auieur, elle les forme en même tems à Vart d'obferyer^ art d autant plus eftiraable qu :1 n efl point borné à un feul gen- re de Science. Conduit de bonne heure à faire mes dé- lices de cette excellente lecture , je n"ai pu PREFACE. XXV que me fentir animé du defir de devenir le fpeclateur de faits fi intérelTans. J'ai donc tâché de revoir après de M. de Reaumur. Je l'ai fiiivi, pour ainfi dire, pas à pas. Dans un pays fi valte , & jufqa'ici allez peu fréquen- té, il n'cll pas difficile de faire de nouvelles découvertes. L'Obfervateur le plus éclairé & le plus attentif ne fauroit appercevoir tout. On peut d'ailleurs fe trouver favorifé d'heureux halàrds qui s'étaient refufés à d'autres. Tout cela doit empêcher qu'on ne s'étonne que j'aie vu, afTez jeune, des particularités qui avoient échappé à un .Obfervateur aulTi clairvoyant que l'eft M. de Reaumur. Enhardi par cette bonté qui lui eft naturelle , j'ai pris la hberté de lui communiquer mes Obfervations dans le plus grand détail ; & la manière obligeante & affedueufe avec laquelle il a bien voulu les recevoir , n'a pas peu contribué à m'exciter à poufîer plus loin mes recherches. C'est donc principalement à Mr. de Reau- mur, dont je me fais gloire de me dire l'éle- vé, que le public doit les Obfervations que je lui offre aujourd'hui : elles roulent fur deux des plus importantes découvertes de V Infect o- logîe. La première efl la génération des Pu- cerons fans accouplement; la féconde, la mul- tiplication de certains Vers par bouture, A re- gard de cette dernière, on ne trouvera point ici de ces éconnans prodiges que M. Trem- XXVI PREFACE. BLE Y a expofés (i) avec tant de netteté & de fagefTe dans l'admirable Hilloire des Polypes qu'il a publiée depuis peu. Outre que je n'ai pas fa làgacité, les Vers qui me font tombés en partage, appartiennent à un ^enre fur le- quel on ne fauroit tenter toutes les épreuves que cet habile Obfervateur a fait fubir fi heu- reufement à fes Polypes, Un autre avantage fort confidérabîe que M. T R E M B L E Y a cu fur moi , c'efi: de pos- féder dans la perfonne d'un ami, un Phyficien, qui, au talent d'obferver, joint encore celui de deffiner & de graver dans ia plus grande perfeclion. On comprend que je veux parler de M. Lyon ET, dont les rapides progrès, dans fart de la gravure ne font pas une des moindres merveilles que renferme l'Ouvrage de Mr. Tremble Y. Non - feulemen t je n'ai eu perfonne dans notre ville (2) en état de gra- ver les Planches de cet ouvrage , mais j'ai en- core manqué de delîinateur. On n'en doit pas être furpris : pour bien rendre un Infeéle , & fur -tout un Infeéle du genre de mes Vers, dont plufieurs parties font affez difficiles à dis- tinguer, il faut être Obfervateur; autrement on ne faifit que le gros de la Figure, & on manque le plus intérelTant. J'ai donc été ré- (1) Mémuires pvttr fervir i rWJiohe d'un genre de PolyJ)es ffea. 33+ & fuiv. de fe! Mémoires. Ils font encore remarquables par leur gros« leur qui égale prefque celle d'une Mouche coiiimuae. SUR Ï.ES PUCERONS. 5 cette trompe efl très curieufe : elle eft faite de trois pièces ou tuyaux [Fig. VIII. p. 0. ?.] , qui rentrent les uns dans les autres, à- peu- près comme ceux d'une Lunette d'approche. 3. Sur le corps, à quelque diflance de l'anus,' font pofées fur une même ligne deux efpeces de petites cornes (_Fig. IF, c, c), immobiles, beaucoup plus courtes que les Antennes, & plus grofles, & qui font fmgulieres par leur ufage : chacune d'elles efl: un tuyau par lequel fort une liqueur miellée que les Fourmis recherchent, & dont la Médecine fait ufage. Ces cornes, au refl:e, n'ont pas été accor- dées à toutes les efpeces de Pucerons ; & à cet égard on pourroit les divifer en deux ClaiTes géné- rales: la première qui feroit la plus nombreufe, comprendroh les Pucerons qui font pourvus de ces organes , la féconde , ceux qui en font privés. Dans ceux-ci on obferve à la place des cornes, deux petits rebords circulaires (Fig. FIIL c. c.) , qui ont paru à M. de Reaumur capables des même» fondions. 4. Enfin, parmi les Pucerons, &, ce qui efl plus . digne de remarque, dans chaque famille de ces petits Infeftes, il y en a qui n'ont point à' ailes ^ & qui ne parviennent jamais à en prendre: d'au- tres en ont quatre femblables à celles des Mouches , qu'ils portent appliquées les unes contre les autres fur le defTus du corps (^Fig. F.), Ceux-ci font dits fe métamorphofer , quand ils pafFent de l'état d'In- fc6tes non -ailés à celui d'infe6les ailés ; ce qui ar- rive lorfqu'ils ont atteint leur parfait accroilTement: mais les uns & les autres n'y parviennent qu'après avoir changé plufieurs fois de peau. A 2 4r . O^ SERVATIONS II. Il y a 'certains Infectes qui ont beaucoup de reflemblance avec les Pucerons, & que M. de KEAUMURa nommés par cette raifon Faux • Puce* rms (Fig. IX, X. XL p. p. XIL âf XIIL). Comme eux ils fe tiennent attroupés fur les plantes, & en pompent le fuc. Ils y font naître de même diver- lés excroiflances , mais ce qui les différencie , c'efl due leur corps eft plus appl.ati que ne l'ell celui dès vrais Pucerons ; leurs jambes font aufG plus courtes; &, ce qui eft plus elfentiel, ils parvien- nent tous à prendre des ailes. Le Buis en nourrit une efpece (i) \_Fig, IX."], dont les excrémens prennent la* forme d'une longue queue, u. j. que Ces petits Infeétes traînent après eux. III. I. La pltis grande diverfité qu'on obferve entre lès efpeces différentes de Pucerons eft dans la cou- leur: il y en a de vertes, de jaunes, de brunes, de noires , de blanches. Les unes ont une couleur matte (2); celle des autres a une forte d'éclat (3) ; . (i) On l'y trouve en Avrfl & en Mai. Ces faux Pucerons font pren- dre aux feuilles de Buis la figure tt'uiie calotte: & de plufieurs de ces calottes fe forme une boule creufe qui fert de logement à ces petits Infeftes. Reaumur , T«m, 111. PI. 49. Fig. i. & 2. Le Figuier nourrit une autre efpece de faux Pucerons qui y psroît en Mai & en Juin. Ceux-ci, de même que les fou x Pucerons du Buis, fe transforment en Moucherons qu'on nomme Sauteurs ^ praxe qu'ils fau- tent comme les Puces. Une troifieme efpece de ces Inleétes vit fur l'Aube- épine: je l'y ai obfervé en Juin. (2) Telle eft celle des Pucerons du Sureau, du Pavot, des grolTes Fèves de Marais, &c, Cs), On voit de ces fortes de Pucerons fur le Lichnis, l'Abricotier, le Laiteron , le Chêne, &c. Il y en a qui paioiflcnt d'un beau vernis de couleur de bronze. SUR LES PUCERONS, 5 maïs fouvent cet éclat efl dû à un petit Vtr que le Puceron nourrit dans fon intérieur, & qui lui donne la mort (i). Enfin, quelques efpeces l'ont joliment tachetées tantôt de brun & de blanc (2), tantôt de verd, de noir (3), ou d'autres couleurs. • 2. Les Pucerons forment une claflTe de petits- Animaux , dont la Nature a prodigieuferaent mul- tiplié les efpeces. Leur nombre n clt peut-être pas inférieur à celui des efpeces des plantes: car fi, comme le remarque M. de Reaumur (*), il n*e(t pas fur que chaque efpece de pfantes ait fon efpece particulière de Pucerons, il efl: certain feulement qu'en général des plantes de diff"érentes efpeces ont diff^érentes efpeces de Pucerons, & que fouvent plufieurs fortes de Pucerons aiment la même piance. Non -feulement il y en a qui vivent fur les feuilles, fur lés fleurs (4) & fur les tiges: il y en a aulfi qui vivent fous terre & s'attachent aux racines (5). " 0) Ce Ver provient d'une petite Mouclic du genre de celles qu'on a appelées Jchneumont , qui pique le Puceron vivant, & difpofc dans ion corps un œuf, d'ofi fort enfuite un petit Ver qui vie aux dépens du Puceron, & y prend fon parfait accroilTement. LniTqu'ii l'a acquis, il fe fait jour au travers de la peau de ce dernier , & ie conftruit une petite coque dans laquelle il fe change en Nymphe, & eniuitc en une. I«tite Mouche femblable ii celle qui lui avoit donné naiflance. (2) Tels font ceux de l'Abrynthe. (3) On en voit de femblables fur l'Ofeille. C*) Tom. 3. des Mém. fur les InftSies^ Préf. f, 15. de rEdit, de Parts, (4> Les fleurs du Chevre-feuille deviennent fouvent hideufes par Is grand nombre de Pucerons dont elles font couvertes. (5) On trouve des Pucerons aux racines du Lichnis, du Mille-feuille , de^la Camomille, de la Langue-dc-Cliicn , de l'Avoine, du Pied-dc- v«au , &c. A 3 6 OBSERVATIONS. V. 1. J'ai dit que les Pucferons caufent diverfes altérations dans les plantes: les plus remarquables font ces greffes vejfics \_Fig, ///, 3 communes fur les Ormes. La manière dont elles font produites efï extrêmement digne d'attention. II n'en eft pas de ces veffies comme des galles (*) qui s'élèvent fur tant d'efpeces d'arbres & de plantes. Celles-ci doivent leur naiiTance à une Mouche qui a piqué quelque partie de la plante , & y a dépofé un ou plufieurs œufs. Autour de ces œufs il fe forme une excroiffance, une tubérofité qui groffit journelle- ment. Nos veffies font de même occafionnées par des piqûres ; mais l'Infeéle qui les fait , fe laiffe renfermer lui - même dans la tumeur qu'il a excitée. Là il jette les fondemens d'une petite république. Les petits qu'il y met au jour , donnent à leur tour, nailTance à d'autres. A mefure que le nombre des Pucerons augmente, la tumeur acquiert plus de capacité. Les piqûres de ces petits Infeétes, réi- térées en tout fens, déterminent le fuc nourricier à s'y porter plus abondamment qu'ailleurs, & à s'y diftribuer à- peu -près également dans tous les points. De 'là l'augmentation de volume de la veffie & fa configuration. Enfin elle s'ouvre, & on en voit fortir des milliers de Pucerons. 2. Mais ce qu'on jugera fans doute plus inté- reffant» c'eft qu'à la Chine, en Perfe, dans le Le- vant , &c. des Pucerons travaillent utilement pour les Arts : les veffies qu'ils font naître , & qui por- tent le nom de Basgendges, ou de Baizonges (**), (*) Foy. Malpighi de Gallis , £? Je Mimtire 12. Toff?. 3, des M4- pzoires fur les InfeSeSm _^ (**; yoy, Sayary , Di^ioo- du Coiumerce^ f k SUR LES PUCERONS. 7 font une des drogues employées pour les ceintures, & particulièrement pour celles en Cramoify. 3. A u refle ce que j'ai dit fur la formation des veSies des Ormes, doit s'appliquer aux autres ex- croilTances ou altérations que les Pucerons produi- ient dans les plantes. Elles font toutes l'effet de cette loi du mouvement , guc les coKps , fur - tout les fluides y fe portent ou ils Jont le moins prejfés. Aulli ces Infeftes ne couvrent -ils qu'un des côtés d'une tige ou d'une feuiille : & ce fera de ce côté que cette tige ou feuille fe courbera, [_Fig. IL a. h.'] pourvu néanmoins qu'elle ait aflcz de ibuplefTe pour fe prêter à l'impreffion qui lui efl communiquée. De même, s'ils s'établilTent près des bords d'une feuille, & ce qui eft l'ordinaire, deflbus, la feuille fe gonflera & fe recourbera dans ce fens. S'ils s'établilTent au contraire vers le mi- lieu, ils y occafioneront la produflion de diverfes tumeurs plus ou moins larges, ou plus ou moins élevées , fuiyant que les piqûres auront été diri- gées, ou fuivant l'état de la partie fur laquelle l'adlion des trompes, fe fera fait fentir. (i) V. I. Les Pucerons, comme tous les animaux qui multiplient,beaucoup , ont des ennemis occupés fans ceffe à les détruire. J'en ai déjà indiqué une es- pèce dans ce petit Ver qui fe nourrit de leur in- térieur & les fait mourir infenfiblement. [III. i.] Quantité d'autres Infeftes naiffent leurs ennemis déclarés, & leur font la plus cruelle guerre. Nous femons des grains pour fournir à notre fubfîftance: (0 Voyez des exemples de fcs diverrcs aUérationj , Keatim, Tom. lir. PU XXIJI. Fig, i ar a. Pl. XXiy» Fig, 4 fif i- 5f PU XXFÙ Fig. 7 , 3 , 9 fif 10. A4 8 OBSERVATIONS il femble que la Nature feme des Pucerons fur toutes les efpeces d'arbres & de plantes , pour nour- rir une multitude d'Infcéles différens. 2. Ces Infeftes peuvent être divifés en deux clalTes : en Vers fans jambes , & en Vers pourvus de jambes. Ceux de la première clafle fe transfor* ment en Mouches à deux ailes', & entre ceux de la fc'Conde , les uns deviennent des Mouches à qua- cre ailes, les autres des Scarabés (r). S- Les Mange 'Pucerons de la première clafle font fur -tout remarquables par la forme de leur tête & par leur voracité ( 2 ). La tête des Ani- maux qui nous font les plus familiers , a une figure conàante: celle de nos Vers en change prefqu'à chaque inftant. On la voit s'allonger & fe raccour- cir, s'arrondir & s'applatir, fe contourner tantôt en un fens & tantôt en un autre, & cela avec une promptitude furprenante. On juge que pour exé- cuter des mouvemens fi prompts & fi variés , cette tête ne doit pas être ofleufe ou écailleufe , comme î'efl celle des grands animaux & de la plupart des Infe<51:e8; mais qu'elle doit être formée de chairs extrêmement flexibles ; & cela efl ainfi. A l'ex- trémité fe remarque une efpece de trident ou de dard à trois pointes, avec lequel le Ver fe rend maître de fa proie. Il n'eft peut-être dans la nature (i) On nomme Scarahé un Infedle dont les ailes font renfermées fous des fourreaux ou étuis écailleux. Le Hanneton , par exemple , eft un Scarabé. (2) Il y a plufieurs efpeces de ces Vers qui fe diftinguent fur -tout par la couleur. Les uns font entièrement verds , excepté fur le dos où ils ont une raie' jaune ou blanche ; d'autres font blanchâtres avec des raies ondées &' jaunâtres; d'autres font d'un jaune d'ambre ; d'autres d'un jaune citron; d'autres enfin font tout blancs. Il y en a qui font hér^O'és d'épines. Reaum, Tom. 3. M.. XXXI. Fig. 6. & 7. Trans- formés en MoucTics, ils rcffemblent aflez par la figure, la grandeur, & iur-tout par la couleur, aux Guêpes ordinaires. PI, 11, Fig, 3. SUR LES PUCERONS. <^ aucun animal carnacier qui chafle avec plus d'avan- tage. Couché fur une tige ou fur une feuille [P/. IL Fig, L M.], il elt environné de toutes pans des Infeftes dont il fe nourrit. Non-feulement les Pu- cerons ne cherchent point à fuir , ils font encore incapables de faire la moindre réfiflance. Dès que fon trident a touché une de ces malheureufes vic- times, il lui efl impoffible d'échapper; il l'élevé en l'air [_Fig. I £î? II2 ; & après l'avoir fait palfer fous fes premiers anneaux, de façon qu'elle dis- paroît prefqu'entiérement, il en tire le fuc, & la réduit en moins d'une minute à n'être qu'une peau feche. Vingt à trente Pucerons fuffifent à peine pour fournir à un de fes repas ; & les fiens font aulîi fréquens que copieux. D'où l'on peut juger du nombre prodigieux de Pucerons que ce Ver détruit. 4. Les Mange ' Pucerons de la féconde Clafle ne ]e cèdent pas en voracité à ceux de la première, (i même ils ne les furpaflent. Les plus fmguliers font ces Infectes que M. de Reaumur (*) a nom- més Lions des Pucerons, l^Fig, ly ^ VJ] , parce qu'ils ont h tête armée de deux petites cornes femblables à celles du Formica- Léo,, & avec lefquelles ils fai- fifTent, percent & fucent les Pucerons (r). Le procédé de quelques-uns efl très -curieux. Ils fe (♦) Mém. far rHiji. des InftBes. Mém, II. (i) Les Lions des Pucerons fe ran2cnt fous trois genres. Le premier comprend ceux qui ont de petits mammelons , fur les côtés de chacun defqucls part une aigrette de poils courts. PI. II. Fig. 4. La couleur des Lions de ce genre varie en diffdrentes efpeces. Plufieurs font d'un canelle rougeâtre ; d'autres ont des raies citron ; d'autres font de couleur moyenne entre les préc(îdentes : enfin il y a de ce.s Lions qui différent en grandeur. Les Lions du fécond genre ne difierent de ceux du pre- mier , qu'en ce qu'ils n'ont point d'aigrettes de poils fur les cotés. PI. 11. Fig. 5. Leur couleur cft grifiltre. Enfin, les Lions du troificme genre ont le corps plus arrondi que ne l'cfl: celui des deux autres. Ils font aufii plus petits. PU II. Fig. 7. to OBSERVATIONS font une efpece d'habillement, & en même temps un trophée des peaux des Pucerons qu'ils ont fucés. ^Fîg, y II. & FUI'] On s'imagine voir Hercule revêtu de la peau du Lion de Némée. Ces In- ieftes fe tranforment en de très -jolies Mouches ^Fig. Fiy, du genre des Demoi/elles (i), & qui par un inflinél naturel vont dépofer leurs œufs aux endroits où il y a le plus de Pucerons. Ces œufs eux-mêmes méritent d'être vus. On les prendroic pour de petites plantes prêtes à fleurir [Fig. IX. d, o: m. o] Chacun d'eux eft porté par un long pé- dicule qui eft comme la tige de la fleur, dont l'œuf femble être le bouton. Celui ci paroît s'épanouir lorfque le petit éclot. 5. Au lieu de dard & de cornes, les Mange- Pucerons qui fe changent en Scarabés, ont reçu de la Nature des dents dont ils fe fervent aulîî avec un grand avantage. L'efpece qui mérite le plus d'être connue, efl celle qui porte le nom de Barbet blanc, \_Ftg X ^ XI"], parce que tout fon corps efl couvert de touffes cott^nneufes d'une gran- de blancheur, qui tranfpirent à travers fa peau, & fe façonnent dans de petites filières difpofées à defîein. (1) Voici la -^ defcription que M. de Reaumor donne d'une de ces Dcmoiielles , Tom. Ifl. p. .-^Us. „ Cette Mouche a des ailes qui ont „ plus d'ampleur par rapport à la grandeur du corps , que n'ont celles j, des Demoilelles ordinaires; elle les porte aufli tout autrement quand „ elle eft en repos; alors elles forment un toi: au-delFous duquel le „ corps eft logé. Ces ailes font délicates & minces au-delà de ce qu'on „ peut dire ; il n'eft point de gaze qui ait une tranfparcnce pareille b la „ leur ; aufll laifient-ellcs voir le corps au-defius duquel elles font éle- ^ vées; & ce corps méiite d'être vu. I^ eft d'un verd tendre & écla- „ tant ; quelquefois il paroît avoir une teinture d'or. Le corcelet eft „ auiïï de ce môme vcrd ; mais ce qu'elle a de plus brillant, ce font „. deux yeux gros & laillans. Ils font de couleur d'im bronz.- rouge ; „ mais il n'eft point de bronze ni de métal poli dont l'éclat approche y, du leur." La Demoifelle du Lion du fécond genre diffère principa- lement de celle qui vient d'être décrite, en ce que fcs ailes fopt près» qu'entièrement opaques. ' ...,-.. SUR LES PUCERONS. ii 6. Ce ST encore de^ Vers mangeurs de Pucerons IFîg. Xi/.] , que provient ce joli petit Scarabé hé- mifphérique \_Fig.- X7i/)] , connu même des enfans fous les noms de Vachi à Dieu , de Bêtè de la Fier* ge^ &c. ôc qui n'épargne pas plus les Pucerons lous cette forme, qu'il le faifoit fous la première (i). V I. . I. Cependant, maigre' tant d'ennemis, l'es- pèce -des Pucerons fe conferve, & même la ma- nière dont s'opère chez eux la fécondation , efl ce qu'ils offrent de plus intéreffant. Nous avons vu ci-defFus [I. 4.] , que dans la même famille de ces Infe6les , il y en a d'ailés & de non-aijés. Selon l'analogie ordinaire , les premiers devroîent tous être des mâles, & les féconds des femelles. C'efl ainQ que parmi les Papillons il y a plulieurs efpeces dont les femelles ; font privées d'ailes , tandis que les mâles en font pourvus : & pour employer un exem- ple plus connu, on fait que le l'er îuifant efl une femelle qui a pour mâle un Scarabé. Mais ce qui doit paroitre une grande fingularité dans nos Pu- cerons , c'efl: que les ailés comme les non-ailés font femelles. On n'a pu jufqu'ici découvrir la manière dont les uns & les autres font fécondés. Tous font vivipares: dès qu'ils ont atteint l'âge d'engendrer, ils ne femblent prefque faire autre chofe pendant plufieurs femaines. Les petits viennent au jour à reculons [/wg. XIF, m. 6? XF.'} Quand on les écrafe (i) Il y a plufieurs efpeces de ces Scarabés , comme il y a plufieurs efpeces de Vers qui prennent cette forme. Le fond de la couleur des ufis eft biun ; celui des autres efl rouge; des troifiemes font jaunes; d'autres violets , &c. Sur ces difl\ fans autres preuves que de fimples apparences, n'aient mis les Pucerons au rang des Animaux qu'on croit fe fuffire à eux-mê- mes. D'autres (**) ont cru qu'il en étoit d'eux comme de la plupart des Mouches, c'efl -à- dire qu'ils s'accouploient & faifoient des œufs , d'où fortoient les petits Pucerons. Des troifiemes (*♦•) qui n'ont pas ignoré qu'ils font vivipares , ont re- gardé les ailés comme les auteurs de la fécondation. Je ne parle point de l'cpinion des Anciens, qui faifoient naître les Pucerons de la rofée, ni de (*) Lewenhoeck, Ceflnni, Bettrguet. Vid. Arc, Nat. Oper, yalliftf, T. I. in-fûl. p. 374. Lettres Philof. p. 78. (**) De la Hire, Hift. de PAc. Royale des Sciences, An 1703. C**0 Frichfàe V Académie de Berlin ^ 4^, Berçl, Tom, t, Siém% 10, SUR LES PUCERONS. , 13^ celle de Goedaert (*) , qui pre'tend qu'ils naiflent d'une femence humide que les Fourmis vont dé- pofer fur les plantes. De pareilles opinions fe ré- futent d'elles-mêmes. ■ 3. Pour avoir là-deflus plus que des conieftu- res , M de Reaumur avoit propofé (**) mié ex- périence qu'il a d'abord tentée quatre à cinq fois îans fuccès : c'ell de prendre un Puceron à la for- tie du ventre de fa mère , & de l'élever de maniera qu'il ne puifTe avoir de commerce avec aucun In- fe6le de fon efpece. „ Si un Puceron qui auroic 5, été ainfi élevé feul, dit M, deRsAUMUR, pro- „ duifoit des Pucerons, ce feroit fans accouple- 5, ment, ou il faadroit qu'il fe fût accouplé dans le j, ventre même de fa mère." Animé par l'invitation de M. de Reaumur, j'entrepris en 1740, de tenter cette expérience fur un Puceron du fufain. (♦5 Num, X35. de VEàit. di Li/ler, Tom, «. de FEdît, franc, Exp, ae. (♦♦> Tom, i, p» %t$, dit Uim, fur les Itif. 14 OBSERVATIONS OBSERVATION I. Première Expérience fur un Puceron du Fufaiu , pour décider fi les Pucerons fe multiplient fans accouplement. JLl Ce préfentoit divers moyens d'élever un Pu-J ceron en folitude. Voici celai pour lequel je me' déterminai. Dans un pot à fleurs {^Figure XVI.'] rempli de terre ordinaire , j'enfonçai jufqu'auprès de fon col une phiole ^Figure XVIL'] pleine d'eau. Je fis entrer dans cette phiole le pied d'une petite branche de fufain, \_Figiire XniL] à qui je ne laiflai que cinq à fix feuilles, après les avoir exa- minées de tous côtés av^c la plus grande attention. Je pofai enfuite fur une de ces feuilles un Puceron dont la mère dépourvue d'ailes venoit d'accoucher fous mes yeux. Je couvris enfin la petite branche d'un vafe de verre [^Figure X/X.], dont les bords s'appliquoient exaftement contre la furface de la terre du pot à fleurs; moyennant quoi jetois plus affuré de la conduite de mon prifonnier, que ne le fut Acrifius de celle de Danaë, quoiqu'enfermée par fon ordre dans une tour d'airain. Ce fut le 20 Mai, fur les cinq heures du foir, que mon Puceron fut mis, dès fa naifl^ance, dans la folitude que je viens de décrire. J'eus foin dès- lors de tenir un journal exa6l de fa vie. J'y notai jufqu'à fes moindres mouvemens; aucune de fes démarches ne me parut indifférente. Non feulement je l'obfervai tous les jours d'heure en heure, à com- mencer ordinairement dès quatre à cinq heures du SUR LES PUCERONS. 15 matin , & ne difcontinuant guère que vers les neuf à dix heures du foir ; mais même je l'obfervois plu- fieurs fois dans la même heure, & toujours à la Loupe, pour rendre l'obfervation plus exa6le, & m'inftruire des aftions les plus fecretes de notre petit folitaire. Mais fi cette application continuelle me coûta quelque peine , & me gêna un peu , en revanche j'eus de quoi m'applaudir de m'y être alTujetti. La fin que je m'étois propofée me pa- roiffoit d'ailleurs trop importante, pour ne dorner à cette expérience qu'une attention ordinaire. En- fin , en étudiant avec foin un feul Puceron , je cro- yois me mettre au fait du génie de la plupart de ces Infeftes, entre lefquels à cet égard, on n'obferve pas de différences bien confidérables , comme me l'avoit appris la le6lure des excellens Mémoires de M. de Reaumuk. Entre les faits que j'obfervaî , il y en eut beau- coup qui n*ont rien de remarquable, & dont je ne chargeai mon journal que pour plus d'exaiSlitude. Dans la crainte de fatiguer mon ledteur par un ré* cit trop détaillé, & qui n'entreroit pas dans le plan que je me fuis prefcrit, je ne ralTcmblerai ici que les particularités les plus curicufes. Mon Puceron changea de peau [Introd. î. 4.'] quatre fois; le vingt-troifieme fur le loir; le vingt- fixieme à deux heures après midi; le vingt- neuvième à fept heures du matin; & le trente- unième fur les fept heures du foir. Les Chryfalides n'offrent rien de plus fingulier, que la manière dont celles de certaines Chenilles font tomber leur dépouille après avoir achevé de s'en dégager. Ceux qui ont lu les Mémoires de M de KiiAUMVRj favent combien ce grand ûb- i6 OBSERVATIONS fervateur a rendu, à fon ordinaire, ce trait înté- reflant par la manière dont il l'a raconté (*). Je ne fais fi on fe feroit attendu à quelque chofe de femblable de la part des Pucerons , qui afllirément ne paroiflent pas des Infeéles fort adroits. Celui dont j'écris l'hiftoire m'a pourtant f^t voir en ce genre certains procédés , qui , quoique moins frap- pans que ceux des Chryfalides des Chenilles éplneufes- de l'ortie, ne laifîent pas de s'attirer l'attention, ^'î C'ÉToiT immédiatement après s'être défait de fa vieille peau , que mon Puceron travailloit à l'é-' carter. Avec fes deux dernières jambes, comme' avec deux bras , il TembrafToit , il tâchoit de la fou- lever pour décramponner les crochets qui la rete- noient attachée contre la feuille ou contre la tige, fur laquelle il s'étoit dépouillé. Il réitéroit fes ef- forts en divers fens, Peu-à peu il parvenoit a faire lâcher prife à une des jambes, & enfuiteà toutes les autres. Dès que la dépouille n'étoit plus rete- nue, le Puceron l'élevoit en l'air & l'abandonnoit à elle-même. Ce travail a quelque chofe de rude pour un Puceron, dont les jambes n'ont pas en- core eu le temps de s'affermir. Plufîeurs auffi s'en difpenfent. Peut-être m'accuferoit»on de puérilité , fi je racontois les inquiétudes que mon Puceron me caufa à fa dernière mue. Quoiqu'il eût toujours, été ren- fermé , de manière à ne pas donner lieu de craindre qu'aucun Infefte fe fût gliffé dans fa folitude, je le trouvai alors fi renflé <& li luifant, qu'il me pa- rut dans l'état des Pucerons qui nourriflfent un Ver dans leur intérieur. [Introd. III. i.] Ce qui con- tribuoit encore à me le faire craindre, & qui aug- mentoic a^ Mim, four VHift, des Inf. Tom, u Mém. lo. SUR LES PUCERONS* 17 mentoit mon chagrin , c'efl qu'il ne paroifToit fe donner aucun mouvement. Malheureufement je ne pouvois Yobiervei qu'à la lumière d'une bougie» Ayant enfin reconnu qu'il changeoit de peau, je me raflurai un peu ; mais je ne reliai pas tout-à-faic fans inquiétude. Il étoit couché fur le côté , & il le fut bientôt fur le dos, enforte que fon ventre étoit entièrement en vue. Je lui voyois remuer les jambes, qu'il avoit tenues jufques-là appliquées fut fa poitrine à la manière des Nymphes ; il les agitoic à diverfes reprifes, comme s'il eût voulu en faire ufage pour changer de fituation; mais ,foibles com- me elles l'étoient alors, ne faifant que de fortir des enveloppes de la vieille peau , elles ne paroiflbienc pas fort propres à s'acquitter de leurs fondions» Dans cette attitude, & fur une feuille prefque droite, le Puceron n'étoit retenu que par fa dé- pouille, à laquelle l'extrémité de fon corps tenoic encore. Il étoit donc expofé à faire une chute fatale, dès qu'il auroit achevé de fe dépouiller» Cette crife me tenoit inquiet, & je ne devins tran- quille que lorfque peu -à -peu il fe fut mis fur fon féant. Je ne manquai pas de venir l'obfervôr le len- demain de bonne heure, fuivant ma coutume. La mue avoit apporté un léger changement à fa cou- leur; fon corps s'étoit bien rembruni, à- peu- près comme il devoit l'être, c'eft-à-dirC) comme l'eft celui des Pucerons du fufain , lefquels tirent fur un violet foncé prefque noir & velouté; mais les jam- bes de même que les Antennes étoient marquéei tranfverfalement de blanc & de noir , au lieu qu'au- paravant elles n'oifroient que du brun. PendanC que je le conlîdérois à la Loupe & obliquement an Totnc L B iS OBSERVATIONS grand jour, j'obfervai diflinflement fix points très- luifans fitués fur les côtés , dans la ligne des petites cornes [Introd I. 3.], & placés chacun dans une efpece d'enfoncement. Je portai le Puceron au foleil pour mieux voir leur fituation , & bien m'as- furer de leur nombre; mais il me parut que loin que le foleil m'aidât, il m'étoît au contraire un ob- fiacle ; la lumière étant trop fortement réfléchie par le corps de l'Infefte, effaçoit le brillant des points. Je le rapportai donc où il étoit auparavant , & je continuai à examiner la particularité que j'avois nouvellement découverte. Le premier point n'é- tûit pas loin de la tête ; le llxieme étoit fort proche de la petite corne, dans la ligne de laquelle il fe trouvoit. 11 paroiflbit y avoir entre chaque point la largeur d'un anneau. Je ne doutai pas que ces points ne fufTent les organes de la refpiration , con- nus fous le nom de ftigmates. Et s'ils font placés dans la ligne des petites cornes, n'efl-ce point de quoi nous faire foupçonner que celles-ci fervent auflî en partie à la refpiration? Nous avons plu- fieurs exemples d'Infe6les qui refpirent par de fem- blables tuyaux, & qui les ont placés peu différem- ment. Une autre remarque qui peut fervir à ap- puyer cette idée, c'eft la façon dont eft rejetée la liqueur qui fort par ces cornes; elle l'effc avec force, à-peu- près comme elle le feroit par un cha- lumeau. A la vérité ce fait pourroit ne prouver autre chofe , finon que la refpiration fert à l'éjec- tion de cette eau. Quoi qu'il en foit, j'obfervaî une chofe par rapport à ces cornes que je ne dois pas omettre. Au lieu d'être élevées fur l'extré- mité du corps, comme elles le font à l'ordinaire, [Voyez rintrod.] elles étoient abaiflees de manière qu'elles débordoient par delà. SUR LES PUCERONS. i^ „ Sur les feuilles de Prunier (*) couvertes de „ Pucerons, dit M. de Reaumur, on voit de „ temps en temps prefque tous ceux d'une feuille 5, élever leur derrière en l'air & quatre de leurs „ jambes ; ils ne font portés alors que par les deux „ premières. Quelqu'un des Pucerons commence „ à faire ce mouvement ; fes voifins en font enfuite 5, un pareil; & fucceflîvement tous ceux de h „ feuille le font. C'efl-là tout leur exercice, car „ ils ne changent guère de place.'* Il m'avoic toujours paru afTez intéreflant de rechercher I3 caufe de ces balancemens alternatifs. Mes obfer- vations fur ces Infe6les, & en particulier fur notre Puceron du fufain, m'ont appris qu'ils fervent à aider l'éjeélion des excrémens, ou de la liqueur qui en tient lieu. [Introd. I. 3.] Car ce n'étoic guère que lorfqu'une goutte de cette liqueur dévoie bientôt être chaflee au dehors, que je le voyois éle- ver fon derrière & fes quatre dernières jambes, & les abaifler alternativement; ce qu'il ceflbit de faire dès qu'il Ta voit rendue. I L crut allez rapidement ; msîs Ces accroiïïemens ne commencèrent à devenir fenfibles qu'après la première mue. J'ai tâché d'en donner une idée pour chaque jour. Planche II. Fig. 23. Mais il eft temps d'en venir à l'endroit le plus intéreflant de la vie de notre herraite. Délivré heureuferaent des quatre maladies par lefquelles il devoit pafler, il étoit enfin arrivé au terme oîi j'avois tâché de l'amener par mes foins. Il étoic devenu un Puceron parfait. Dès le premier de Juin , environ les fept heures du foir , je vis avec (*} Slim, ptur FHiJl, des Inf. Tom. 3, f, 296, B a 20 OBSERVATIONS un grand contentement qu'il étoit accouché, & dès- lors je crus lui devoir donner le nom de Pucerone, Depuis ce jour, jufqu'au vingt -unième inclufive- ment, elle fit nouante -cinq petits, tous bien vi- vans, & la plupart venus au monde fous mes yeux. Voici une table où j'ai marqué avec le plus d'exac- titude qu'il m'a été poffible, le jour & l'heure de la naiflance de chacun de ces Pucerons. L'étoile * défigne ceux dont la Pucerone écoic accouchée dans les momens où je n'obfervois pas. ^ ^ V ^ ^ TABLE I. L E des jours ^ heures auxquels font nés les levons qu enfanta depuis le premier Juin jufqu^au TJB Pucer^... ^-. - j -, -^. ^ j-.j.^ vingt- un inclufîvement , celui qui depuis fa naijjance avoit été tenu dans une parfaite folitude. SB Jours Juin. Nombre des Pucer. nés dans chaque j. I. 2 pue. 2. 10 pue. 3. 7 pue. 4. 10 pue. S. 8 pue. 6. 5 pue. 7. 4 pue. i. 8 pue. 54 Nombre des Puceron^: nés chaque matin ^ ^ les heures de leur nais fnnce . à 5 h. 6 •2\ bi 10 h. U à s h. 6 61 h 5 h. à 6 h. à 5 h. 10 a 5 h. î 9 9Î 10 o p. 1 p. 3 P-* 1 p. I p. 4P.* 3 P-* 1 p» I p. a p.* I p. I P- 1 p. B3 Nombre des Pucer, nés cha'^ue après-mi- di ^ ^ i:s hiures iîe leur na^-ITctvce. h 7 h. 9 12 h.; 6\ h 3 h. 4 9 P- p.* p. p. p. à 12 h. i 9 I p. I p. 1 p. 2 p.* à I h. 7 1 p. I p. I p. 1 P- à 1 2 h. i 2Î I p. I r. à 7 h. 10 M* ki2 h.; I 2\ I Vtrs le foÎT 1 Jours de Juin. 9- lo. II. 12. 14. 15. 16. 17. 18. 30 31. Nombre des Purer. nés dans chaque j. 54 4 pue. 3 pue 6 pue. 4 pue 5 pue. 6 pue. 3 pue. 2 pue. 2 pue. 95 Nombre des Pucerons nés chaque matin, ^ les heures de leur nais- fance. à 6 h.\ II h 10 h.^ à 6 h.2 10 à 6 h. à II h. à 6 h. 7i à 5 h. 8 à 5 h. 9\ à 7 h. à 6 Ij. 10 à 5 h. I p. I p. I p. I p. I p. 1 p. 2 p. I p. 3 P-* I p. 3 p.* I p.* 3 p. I p. I p. I p. I p.'' I P- o p. O p. Nombre desPueet. nés chaque après-mi' di , ^ les heures de leur naijfance. k I h. io| 1 p. î p.* à I h. 4Î ip.* I p. Il 5 h.^ 71 I p. I p. I p. àia h.| I Rs . . 0 p. • • • • Op. kio h. X p,* à 6h. «p.* k 3 h. 9 I p.'** * • • • 0 p. k 4 h.| 1 p. • ' '• « a 0 p. à 7 h.; 2 p.* 1S0WW* tôfa/^ 95 Pucerons, SUR LES PUCERONS. 23 Comme cette partie de l'hidoire de notre Puce- rone contient les faits les plus remarquables de fa vie, je ne puis m'empêcher de parler ici de quelques particularités qui y ont rapport, & qui, autant que j'en puis juger, ne font pas indignes d'attention, quoique dans un Infefte qui offriroit plus de variétés que n'en offrent les Pucerons, elles ne méritaflent peut-être pas qu'on en fît un récit; mais dans une difette on fait ufage de ce qu'on auroit rejeté dans des temps d'abondance. Pendant que ma Pucerone accouchoit pour la cinquième fois, tout fon corps étoit à- peu-près parallèle au plan de pofition; ainfi la diftance entre ce plan & le deffous de fon ventre n'écoit pas con- fidérable. Le petit Puceron , dont une grande portion fortoit de moment en moment , eut bientôt atteint du bout de fon derrière (i), la furface du pédicule de la feuille fur lequel fe trouvoit alors la mère, tandis que fa partie antérieure étoit encore dans le ventre de celle-ci. Il lui refloit donc à achever de fe dégager; ce qu'il n'auroit pu faire que difficilement, pendant que les chofes en fe- roient demeurées dans cet état. Mais la Pucerone n'eut pas plutôt fenti que fon Puceron avoit atteint le bas , qu'elle s'éleva brufquement fur fes derniè- res jambes le plus qu'il lui fut poffible, fans néan- moins leur faire abandonner le pédicule. Par ce moyen le Puceron eut plus d'efpace qu'il ne lui en falloit pour fortir librement. Mais fi la Puce- rone eût continué à tenir ainfi fon derrière élevé, comme il l'étoit, de plus que de la longueur du Puceron , celui - ci n'auroit pu atteindre de l'extré- mité de fon corps , pas même de celle de fes der- Ci) Les Pucerons viciment au jour le derricra le premier. Voy. rintrod, B 4 «4 OBSERVATIONS nieres jambes, le pédicule; & il auroit rifqué de tomber dès qu'il auroit pu fe dégager entièrement, La Pucerone remédia encore à cet inconvénient, en s'abaiflant peu à peu, à mefure que le petit Puceron fe dégageoit. De cette manière il put s'accrocher par fes dernières jambes au pédicule dès qu'elles eurent commencé à le toucher ; & voilà peut-être une des raifons pourquoi ces Infec- tes viennent au jour le derrière le premier. Leurs premières ïambes étant plus courtes que les derniè- res , auroient été apparemment moins propres à les empêcher de tomber , s'ils fuflent venus au monde comme les petits des autres animaux. Dans quelques accouchemens j'ai vu la Puce- rone élever fon derrière à plulîeurs reprifes, ne l'ayant pas aflez élevé la première fois. Une chofe encore qui contribue beaucoup à aflurer une heureufe fortie au Puceron, c'eft la courbure que fon corps prend à mefure qu'il fe dégage. Cette courbure, dont la concavité regarde le deflbus du ventre , donne une plus grande faci- lité aux dernières jambes de fe cramponner, elle les rapproche plutôt, de même que la pointe de l'anus, \^Planc, 1, Fig. IV. & V. q'] qui peut bien entrer ici pour quelque chofe, étant alors enduite de la liqueur qui baignoit le Puceron dans la matri- ce, elle les rapproche, dis- je, plutôt de la feuille ou de la tige fur laquelle fe trouve la mère. QUELQ.UE paifibles que paroiflent les Puce- rons , ils ne font pourtant pas exempts d'humeur dans certaines circonftances. C'eft encore ce que ma Pucerone m'a fait voir. Lorfque pour enlever ceux de fes petits qui étoient auprès d'elle, je veiiois à h toucher le nioins du monde du bout dç SUR LES PUCERONS. 25 l'épingle dont je me fervois à cet effet, elle élevoit brufquement en l'air fon derrière & fes plus longues jambes, qu'elle ramenoit enfuite d'un mouvement aulTi brufque à leur première fituation. D'autres fois elle les écartoit de fes côtés le plus qu'elle pouvoit, comme pour atteindre l'épingle, & les y ramenoit enfuite rudement, en frappant la feuille de leur extrémité. Elle ne marquoit pas moins de colère quelquefois, lorfqu'un de fes petits venoit à la heurter pendant qu'elle étoit tranquille. Elle fembloit le frapper du bout de fes dernières jambes: mais ce qui offroit un fpe6lacle plaifant , c'efî qu'elle fe fervoit quelquefois pour cela du Puceron qu'elle n'avoit pas encore achevé de mettre au jour. Alors ce n'étoit pas fimplement des coups de pied, mais, pour ainli dire, des coups de maffue. Les variétés que j'ai obfervées dans le nombre de Pucerons venus au monde chaque jour, font une autre particularité qui me paroît digne d'atten- tion. C'étoit ordinairement lorfque la Pucerone iie trouvoit pas un endroit propre à lui fournir une nourriture convenable qu'elle faifoit le moins de petits. Elle devenoic alors inquiète; elle marchoit quelquefois pendant des heures entières fans fe fixer. Enfin, avoit-elle rencontré un endroit tel qu'il le lui falloit, elle ne tardoit guère à y mettre bas. Cela ne fembleroit-il pas indiquer que le mo- ment de l'accouchement étoit en quelque forte à fa difpofidon; que, quoiqu'elle fût au bout de fon terme, elle étoit, pour ainfi dire, la maîtrefTe de 3e prolonger? J 'a I déjà eu occafion de dire que les excréraens des Pucerons font liquides. Tels furent ceux que rendit notre Puceron jufqu'environ le treize Juin, ^ue je remarquai qu'ils fe congeloient prefqu'auffi' s(î OBSERVATIONS tôt après être fortis. Au lieu que certains Faux- Prcerons [Introd. II. i.] traînent les leurs en ma- nière de longue queue, notre Pucerone portoit les fie is amoncelés fur fon dos en manière de paquet (i). Elle avoit commencé alors à perdre de fon embonpoint , & à prendre la figure du petit Animal que M. Geoffroy (•) (a) conjeélure être le mâle des Pucerons. Enfin, pour achever l'hiftoire de notre Puce- rone, je n'ai plus qu'à dire qu*ayant été obligé de m'abfenter d'auprès d'elle pendant tout le vingt- cinq, jufqu'au lendemain matin fur les cinq heures, j'eus le chagrin à mon retour de ne la pas trouver où je l'avois laiflee, ni dans les environs où je la cherchai inutilement. Comme, depuis qu'elle avoit commencé d'accoucher, je n'avois pas cru qu'il fût néceffaire de la tenir renfermée exaftement, elle en avoit fans doute profité pour aller finir fes jours ailleurs. On juge aifément que je ne fus pas infen* fible à cette perte. J'avois vu naître cette Puce- rone; je l'avois fuivie conflamment pendant plus (;i) La matière du duvet qu'on voit fur le corps de la plupart des Pucerons, ne feroit - elle point la même que celle qui eft rejetée par les cornes? On fait que les fueurs ont beaucoup de rapport avec les urines. i\ parole donc aflez probable que la liqueur qui fort par les cornes, laquelle peut être regardée comme analogue aux urines, étant portée à la furtace de la peau par des vaifleaux difpofés à deffein, s'y fiwe. comme nous la voyons fe figer après être fortie des cornes. La for- mée des pores dont la peau eft comme criblée , lui fait prendre appa- remment celle de longs poils ou de duvet. (♦) Mém, de VAcad, des Se, 1724. (2) C'eft une autre opinion dont je n'ai pas parlé lorfque j*ai mdiqué «elle des Naturaliftes touchant la génération des Pucerons. Ce qui avoit porté M. Geoffroy à regarder ce petit animal comme le niAIe des pucerons, c'eft qu'après l'avoir écrafé, il ne lui avoit trouvé ni œufs ni petits. M. de Reaumur a très-bien prouvé, Tome 111^ p. 330, que ce n'étoit réellement qu'une mère Pucerone qui s'étoit délivrée de tous fes petits. L'obfervation que je viens de rapporter en eft une autre ipreuve* SUR LES PUCERONS. i^ d'un mois ; & je me faifois un plaifir de continuer à l'obferver avec le même foin jufqu'à fa mort. Je me propofois en cela plus que cette fatisfaftion ; c'étoic de favoir au juÛe le nombre de Pucerons dont elle auroit peut-être encore accouché. 11 y a apparence qu'il n'auroit pas été conlîdérable, à en juger par Textrême diminution de fa taille. Son ventre, qui, lorfqu'elle n'avoitfait encore que peu de petits, étoit arrondi & comme diftendu, s'étoic applati, & étoit devenu de forme triangulaire. Ce qui indique aflez qu'elle avoit mis au jour tous ou prefque tous les Pucerons qu'elle y devoit mettre. éf% %^ ê% iZ OBSERVATIONS OBSERVATION IL Seconde Éf troifieme Expérience fur les Pucerons du Fujain , pour décider fi les Pucerons fe multiplient fans accouplement, j[\ ous vivons dans un fiecle, où en matière d'ob- fervations, fur -tout lorfqu'elies ont pour objet des faits fmguliers, on ne fait cas que de celles qui font détaillées jufqu'à un certain point , & qui ont été répétées plufieurs fois. On ne veut pas feule- ment favoir le refultat de l'expérience ou de l'ob- fervation ; on veut encore favoir comment l'Ob- fervateur s'y eft pris pour découvrir ce qu'il rap- porte , les différentes particularités qui fe font of- fertes fur fa route , <& jufqu'aux obftacles qu'il y a rencontrés. En un mot , on veut être aiTuré qu'il a bien vu , & être en état de revoir après lui. C'eft ce qui m'a engagé à donner à l'Obfervation précé- dente une étendue que je n'avois pas d'abord comp- té lui donner. J'ai cru qu'un fait auffi extraordinaire que la multiplication des Pucerons fans accouple- ment, ne pouvoit être trop bien prouvé. Mais, comme je viens de le dire , il ne fuffit pas en Phy- fique de s'être afTuré d'un fait par une première vue; il faut encore, s'il efl polfible, le rapeler à un fécond examen, & apporter à ce fécond exa- men la même attention & les mêmes foins qu'au premier. Je réitérai donc l'année fuivante, con- formément à ces principes , l'expérience du Puceron du fufain, mis à fa naiflance dans la folitude, & élevé jufqu'à l'âge de maturité. J'y fus encore en- gagé par un autre motif beaucoup plus puiffant. SUR LES PUCERONS. 29 & qu'il m'efl glorieux d'avoir à rapporter. Ce fut à rapprobation (•) dont F Académie Royale DEsSciENCEs&M. de Reaumur en particulier, honorèrent cette expérience , & le defir qu'ils té- moignèrent de la voir réitérée le plus que je le pourrois. Dans cette vue j'élevai en folitude deux Pucerons de la même efpece que le premier , qui avoit fi bien répondu à mes fouhaits. L'un de ces Pucerons naquit le vingt Mai à dix heures du ma- tin ; l'autre le même jour fur les cinq heures du foir. Le premier commença à accoucher le trente du même mois à neuf heures & demie du foir ; & jufqu'au quinze Juin inclufivement, il mit au jour quatre-vingt-dix petits. L'autre ne commença à accoucher que le premier Juin à quatre heures & demie du matin ; & jufqu'au dix-fept inclufivement, il donna naiflance à quarante - trois petits feulement. Celui-ci étoit moins gros en naiflant, & il refîa toujours moins gros que l'autre ; il avoit peut - être le corps moins rempli de fœtus : auffi fut - il moins fécond. Il y a apparence qu'il auroient encore continué d'accoucher; mais une fièvre dont je fug attaqué me força de cefTer de les foigner ; & je foupçcnnai qu'ils périrent de faim. Voici les tables des accouchemens de ces deux Pucerons. L'étoile *, comme je l'ai déjà expliqué (Obf. i.), défigne les petits mis au jour dans un temps où il ne m'a- voit pas été permis de continuer mes obfervations ; & ce ligne f indique ceux qui ne faifoient que de naître, ou qui n'étoient nés que depuis peu de momens, quand je revenois oblerver. C) Mémoires àe M, de RzAvnv v, fur let In/eftes» Toms FI, JHém, Xllh nijl. de VAcai, 1741. TABLE II. TABLE des jours ^ heures auxquels font nés les Pucerons qu enfanta depuis le trente Mai y juS' DU* au quinze Juin inclujivement , celui qui avait été renfermé à fa naiffanccy le vingt Mai à dix heures du matin. 4. 5. Jours -^de Mai. Nombre des Pucer. nés dans chaque j. BO. I pue. 31- Il pue. lôîïrs de Juin. I. 7 pue. 3. 7 pue. 3- 8 pue. 6 pue. 9 pue. 6 pue. 55 Nombre des Pucerons nés tbaque matin , fj" les heures de leur nais, fance. • • • . o p. à 6 h. 9 lO 5 p.* I p. I p. k 4 h.i 6 „ I / z 9 9l I p* 1 p. I p. I p. I p. à 5 h. 8 9 lOl 2 p.^T I p. I p. I p. à 6 h. 7 10 ni I p.* I p. I p. I P * à 6 h. II 4P.* I p. à 6 n. 61 Dep. 8 nif. 3 P-* I p. 4 abfenr. à 5 h. 9^ 3 P " I p.* Nombre des Pucer, nés chaque aprês~mi~ dîf ^ les heures de leur naiJJ'ance. à 9 h \ I P. k 2 h. 4 S 6 1 p. I p. 1 p. I p. Dep. I h. jufqu'à 6, abfent. ^ 6 lu 2 p.*t Dep. 2 h. jufqu'à 5 l abfent. à 5 h. I 2 p. Enr, 2 &3 h 2 p.* Depuis 4 h. jufqu'à 9, abfent, h 9 h. an.» Dep. 4 juf. lO abC à fo h. I p.* à 4 h. 5 p. h I h. 8* I p. * I p.* Jours I ''de « Juin. 7. 8. 9. 10. II. 12. J4. Nombre I Nombre des Pucerons t Nomlre des Pucer, des Pucer. \ nés chaque matin , ^\ nés chaque après mi nés dans '" "• "'- ' "- " "'• ■ ■ chaque j. 4 pue. 7 pue. 4 pue. 3 pue. 2 rue. 3 pue. les heures de leur juis. | rfi , ^ »'ey ^jm/m de lance. leur nnÀ{Tn'n/-o Jance î» 5 h. Sur les 6 8 à 7 h. o pue, 90 2 p.* I p.* I p.* I p. à 4 h.^ 6 I Pt I P. b 5 ft. 7 8 2 p.^ I p. I p* 3 P- à 5 h. 9 Ip* I p. à 6 h. II 12 I p.* I p. I p. h 9 -.. I p. à 6 h. 2 p.» leur naé [Jance. h 12 h.| 45 I p. I p. à 6 h. 7 I p. I p.* o p. ^ I h.4 I p. S 1 p. Apr. 4. I p. Jufqu'à 8 abfent. _8 I p.* à 3 h. I p. Dep. 4 juf. 7 abf. Apr. 7 h. I p.« O p. h 7 h. I p. Dep. 5 h. julqu'a j abfent. à 7 h. . . ..op. Smms titale go Pucerons. I p. o p. TABLE IIL TABLE des jours 8* heures auxquels font nés les Pucerons qu'enfanta depuis le premier Juin^ jufquau dix-Jept inclufivement , celui qui avoit été renfermé à fa naijjajice , le vingt Mai à cinq heu- res du foir. Jours de Juin. I. 2. Nemhre des Pticer. nés dans chaque j. 5 pue. 4 pue. 4 pue. 4 pue. 4 pue. 2 pue. I pue. 3 pue. I pue. I pue. I pue. 30 Nombre des Pucerons nés chaque matin , (j* les heures de leur nais- fatice. à 4h.| 6 I p.* I p. I p. à 5 h. I 7 P* 2 p.* 1 p. à 6 h. 8 2 p.« I p. I P- h 6 h. lO lOl I p.* I p. I p. I n. à 6 h. Dp. 8 juf. 4 2 p.* abf. bio h. I p. Ent. 6 & 7. I p.* à 9 h. lO II I p. I p.* I p. à 5 h. 1 p. a 7 I P-* Nomhre des Pucer, nés chaque après-mi' di , ^ les heures ds leur naîfja7%ce. O p. h I h. Depuis à 6 I p- I juf. 6 abfl I p.* • ..op. * • ..op. • • • •op. à 4 h. I p.* I p. Dep. 5 h 7 h. juf. 7 abf. I p.* -...op. • • ..op. ....op. • . «dp. Dep. 4 jui; 7 abf. Apr, 7 h. I p.* Jours fours Juin. 12. 33- 16. Nombre des Pucer, nés dam chaque j. Nombre des Pucerons nés chaque matins t$ les heures de leur nais, fan ce. 30 3 pue. à 6 h ni I p- I p. I p. 2 pUÇ. V • « • 0 p. I pue. à 6 h. I p.* 4 pue. à 6 h, I n ' 12 p.* I p. I p. I p. 2 pue. à 0 h. 12 1 p. I p. I pue. à 7 Jî. I p.* N'omhé des Pucer» nés chaque après-mi- di , Ê? les heures d€ leur nalfFance. • • • ■ O p< i->ep. 1 h. jufqu'k il «bf. à 3 h.j I p.« Dep. 5 juf. 7 abf. à__7 ip.» . . . . o D. o p. • o p. o p. La fièvre m'ayant forcé d'interrompre ces Obfervations , je ne pus continuer à donner mes foins à notre Pucerone qui mourut au bout de quelques jours , après avoir encore donné naiflance k ,..,S. 39 rons du Sureau, a dit que fur h couche de ces pe- tits Inftdles, qui couvre immédiacement un jet de cet arbufte, on voit fouvent des mères [Planch. I, Fig. I q. r.] q^ui ne fetnblent occupées que du foin de multiplitr iefpece, Ôi ne pas foirger à prendre de nourriture. M. de R eau mur a cru que leur trompe n'étoit pas aflez longue pour atteindre jus- cju'à l'écorce; mais plufieurs obfcrvations m'ont convaincu qu'entre les Pucerons de cette féconde couche, il y en a qui font pafler leur trompe entre les Pucerons de la couche inférieure, & qui la font parvenir jufqu'à l'écorce dans laquelle ils la tiennent piquée. Il feroit en effet bien remarquable que 'es mères Pucerones ne priffent aucun aliment pendant des femaines entières, & même des mois, qu'elles ne ceflent d'accoucher ; & que les fœtus fe déve- loppafTent néanmoins au point d'acquérir toute la grandeur qu'ils doivent avoir pour venir au jour. Auffi ai • je vu conftamment les Pucerones du Fu- fain ,& celles de quelques autres efpeces, tenir leur trompe fichée dans la plante, pendant tout le temps que duroit leur fécondité. J'avois même quelquefois beaucoup de peine à leur faire lâcher prife. Les Pucerons, comme la plupart des Inre61:es, ne parviennent à leur parfait accroiffement qu'après avoir changé plufieurs fois de peau. [Introd. I, 4 ] On ne s'eft pas trop embarrafTé jufqu'ici de faire les obfervations propres à apprendre quel eft le nombre de celles dont i^s fe défont. M. Fricii, habile Obfervateur de l'Académie de Berlin , a avan- cé , mais trop généralement, qu'ils fe dépouillent quatre fois. Cela peut-être vrai de beaucoup d'es- pèces ;c'eft ce que j'ai obfervé conftamment dans les Pucerons du Fufain, dans ceux du Piantain, dans ceux du Grofeiller, dans ceux d'une très - grolle C4 40 OBSERVATIONS efpece qui vit fur le Chêne, _& dont je parlerai ail* leurs au long. Mais j'en ai obfervé qui ne fubis- fent que trois fois cette rude opération. Tels font , par exemple,- ceux du Sureau. Un Puceron de cette efpece, qui avoit été renfermé le premier Août, environ midi, s'étoit dépouillé pour la pre- mière fois le 4 , fur les fix heures du matin. Le 7, fur les (ix heures du foir, il avoit changé de peau pour la féconde fois. Le 9 , fur les cinq heu- res du matin , il s'étoit dépouillé pour la troifieme. Et le même jour, environ les ûx heures du foir, il avoit accouché de quatre petits. J'ai déjà eu occafion de faire remarquer que les Pucerons fortent du ventre de leur mère le derriè- re le premier. £Introd. VL i] Cependant j'ai vu un petit qui fortoit du corps d'un Puceron ailé du Rofier, [Planch, I. Fig. V.'] la tête la première & le ventre tourné en haut , & qui ne laiiîa pas de venir à bien ; car dès qu'il fut né il grimpa fur le dos de fa mère. Celui - ci en fit d*autres fous mes yeux , qui vinrent au jour à la manière ordinaire ; ainfi le cas que je viens de rapporter, peut être regardé comme une exception ( i ). Je l'ai encore revu dans une Pucerone de Plantain, mais avec cette différence que le petit dont cette dernière a accouché, efl forti le ventre tourné vers le bas, comme l'ont alors tous ces Infeftes. Cl) Je fais cette remarque au fujet de ce que M. de REaumur dj^ }à-deirus dans le fi;!iieme Volume de fçs M(!moires> p. 561. SUR LES PUCERONS. 41 OBSERVATION IV. /autres Expériences fur les Pucerons du Fufain , pour s'affîirer que des générations de Puce^ rons^ élevées faccejjivement en folitude^ con- fervent la propriété de procréer leurs Jèmhlables fans le Jecours de F accouplement. V-/E n'étoît pas afTjz, fans doute, d'avo'r éîevé en folicude quatre générations de Pucerons, pour être en droit de rejeter la conje6ture dont j'ai parlé dans robfervation précédente. li n'en eft pas des Phyficiens de nos jours comme de ceux de l'anti- quité. Ceux ci, amateurs du merveilleux, admet- toient les faits les plus extraordinaires , fans fe met- tre en peine de les bien établir; les preuves les plus foibles leur fuffifoient; mais aujourd'hui TOb- fervateur de la Nature ne fe contente pas de faire les expériences propres à lui découvrir la vérité; il en poulTe l'examen à une telle certitude, qu'elle diflipe jufqu'au moindre doute. Il ne fouffre point que le plus léger foupçon , le plus petit nuage en vienne affoiblir l'éclat. Loin donc de me contenter de mes premières expériences fur la multiplication des Pucerons, je ne les regardai que comme de fimples ébauches. J'eftimai n'avoir encore que commencé à éclaircir ce fujet intéreflant , & je me préparai à le repren- . dre de nouveau. Entre les différentes efpeces de Pucerons que j'avois à choifir, je me déterminai pour celle qui vit 42 OBSERVATIONS rjur-h Firfain. La facilité que j 'a vois trouvé à en élever en folitude, & l'heureux fuccès de cette tentative m'avoient en quelque manière rendu chers ces Tucerons. "'^;^mMÏÊkî^ GÉNÉJl^TIO N. Lé 6 Mai 1742, fur les trois heure? après midi, je renfermai à fa nailTance un de ces Puceron* mis au jour fous mes yeux par une Pucerone non - ailée. Le 2i,;(*) fur les trois heures après-midi, il avoit accouché pour la première fois. SECONDE GÉNÉRATION. Le 22, je mis en folitude un des petits delà Pucerone de la première génération ; c'étoit le fixieme; il étoit venu au jour entre onze heures & midi. Le 4 Juin (**), à pareille heure, il avoit accou- ché de Ion premier Puceron. TROISIEME GÉNÉRATION L E même jour , 4 Juin , je renfermai à fa nais- fance le fécond Puceron mis au jour fur les deux heures après-midi, par celui de la génération pré- cédente. (•i Le Thermomètre de M. de Reaumur, placé dans mon cabinet ^ fe tenant au}( environs de 12 deg. au-defas dt la congélation, (♦*) La liqueur du Thermomètre ^ depuis 5 à 0 jours ^ à 15 deg» eu • ^'fft ^f i» congélation. SUR LES PUCERONS. 43 Le 15 au matin, (*) je vis avec furprife qu'il avoit déjà faic dix-fepc Pucerons. Je dis, avec furprife , parce qu'il ne paroiffoit pas avoir encore acquis fon parfait accroiirement, à en juger par comparaifon aux Pucerones des deux premières générations. Les petits qu'il avoit mis au jour, au liew de tirer fur le noir, tiroient fur le verd, quoiqu'ils euffent eu cependant le temps de fe rembrunir. QUATRIEME GÉNÉRATION, Le même jour, 15 du mois, entre une heure & deux, je renfermai un petit de la quatrième gé- nération, qui venoit de naître fous mes yeux. Le 23 au matin, je le trouvai accouché de fon premier Puceron. Si h petitefle de la Pucerone de la iroifieme génération m'avoit furpris, j'eus lieu de l'être encore davantage de celle de fa fille. Elle ne fembloit pas avoir atteint la moitié de la groffeur qu'ont ordinairement les Pucerones de cette efpece lorfqu'elles commencent à engendrer. De plus fa couleur étoit fi pâle, qu'elle tirait fur le verd céladon. CINQUIEME GÉNÉRATION. Entre fix & fepf heures du fdir du même jour 23 Juin, je renfermai le troifieme Puceron qui venoit de naître de celui de la quatrième génération Le 4 Juillet, fur les huit heures du matin, (**) il avoit donné naiffance à une nouvelle génération, (♦) Le Thermomètre depuis quelques jours au -ri: fus de i8 deg. (*•) Le Thermomètre depuis pîufteurs jours , de i6 à i8 degrés. 44 OBSERVATIONS îl'avoit fait un petit. Sa taille, je dis de laPucerone, étoic à -peu -prés comme celle de la Pucerone de la i^uatrieme gentration , prife au même terme. SIXIEME GÉNÉRATION. Le même jour 4, fur les cinq h fix heures du foir, la Pacerone de la génération précédente ayant accouché fous mes yeux, de fon fécond Pi-Cv-ron, je le mis fur le champ. en folitude j mais iJ n'y vécut qu^environ deux jours. Je me difpofois à lui donner un fuccefleur , lors- que je vis que la Pucerone qui l'avoit mis au monde avoit fubi le même fort. Elle avoit été fort inquiète quelque temps avant fa more, courant de côté & d'autre, fans fe fixer, comme fi elle eût manqué de nourriture. Cependant je lui avois fervi récem- ment une petite branche de Fufain, dont les feuil» les étoient du plus beau verd. Je me tournai donc ver^ les autres Pucerons qu'elle avoit mis au jour, & qui étoient au nombre de deux; mais, quoiqu'ils enflent auffi à leur difpofition une branche très» pleine de fuc, ils n'avoient pas laifle de périr. SUR LES PUCERONS. 45 OBSERVATION V. Autres expériences fur le même fu jet ^ fritfi^fw des Pucerons du Plantain. : -'.^, ■;';; JLiES Pucerons du Fufain m'ayant manqué dans le cœur de l'été lorfque je m'y attendois le moins , je jetai les yeux fur ceux qui s'attachent aux- tiges de Plantain en "fleur, ou prêtes à fleurira' Comme ces tiges font parfaitement nues dans toute leur Jon- gueur, elles donnent beaucoup de facilité à obfer- ver nos petits In ft6bes. Cefl ordinairement à Ten- droit od commence l'épi qu'ils s'etabliflent , quel- quefois dans l'épi même. Ils commencent à paroî- tre vers les prtmiers jours de Juillet (i), 6c ils font communs jufques vers la mi-Septembre. Leur extérieur efl en tout fi femblabîe à celui des Puce- rons du Fufain, que je ferois fort porte à les croire de la même efpece, & à pcnfer qu'après avoir vécu pendant les mois de Mai & de Juin far le Fufain , ( car ce n'eil guère qu'alors qu'on y en voit ) ils fe tranfportent fur le Plantain. Si cette conjcfture eft vraie, on auroit le dénouement de cette difficulté; pourquoi les dernières générations des Pucerons du Fufain , que j'ai élevées en folitu- de, font péries, bien qu'elJes fufîent fur des bran- ches dont les feuilles étoient trôs-fucculentes. Ces feuilles, quoiqu'en apparence bien conditionnées, pouvoient n'être plus au goût de nos Pucerons. Afin de m'éclaircir là • deffus je me propofî de reprendre avec plus de foin mes expériences fur ces Pucerons, & d'eflayer de les faire pafîer fur CO J't;i'' ai vu Cette année 1744, cLi k-s premLvs jours de Jiun. ^6 OBSERVATIONS -le Plantain, quand je les verrai dégoûtés du Fulàin. Cet efTai réuiTiflant , je pourrai élever de fuite en folitude un beauconp plus grand; nombre de géné- rations de ces Infeftes, que je ne Tai fait encore. Mais en attendant que j'ai^ tenté cette expérience , & que je me fois mis par -là en état de décider, je vais tranfcrire ici le journal de mes Obfervations fur les Pucerons du Plantain , comme s'ils n'avoient rien de commun avec ceux du Fufain. PREMIERE GÉNÉRATION, >Le i8 Août 1742 (*), fur les trois heures après-midi, je renfermai à ma manière ordinaire , un Puceron du Plantain , dont la mère venoit d'ac- coucher fous mes yeux. Apres avoir changé trois fois de peau, je ne faurois dire dans quel temps, il fe dépouilla pour la quatrième, le 27, fur les huit heures du matin, & vers les deux heures, il étoit devenu mère. Le 5 Septembre (**), notre Pucerone avoit déjà fait cinquante -quatre petits. Le 13, elle en avoit encore mis au jour une douzaine , fans avoir néanmoins diminué de grofleur d'une manière fenfible. Mais ce qui efl plus remar- quable, c'efl qu'avant le milieu du mois, elle cefla d'accoucher , quoique le Thermomètre fe fût tenu jufques-là aux environs de quinze degrés. Il efl vrai que dès le 20, il étoit defcendu au-deflbus de douze degrés , & que fur la fin du mois , il n'étoic qu'à huit. Auffi notre Pucerone demeura- 1- elle (*) I* Therm. à 15 deg, (*♦) Le Them. à 15 deg. SUR LES PUC.EROiVS. 47 prefque toujours fans mouvement, cramponnée Gôn« tre la tige de Plantain, & fa trompe piquée à l'or- dinaire dans l'écorce. Elle vécut ainfi jufqu'envi- ron le 10 d'Oflobre, que je la trouvai morte & arrêtée feulement par Testrémité de fes premières jambes contre la tige. Je tentai de la ranimer en ia portant dans un lieu chaud , mais ce fut inutile- ment. Je Taurois fans doute confervée plus Iodjt. terhps, & peut être pendant tout l'hiver, fi j'avoîs pu trouver dans les mois d'Oflobre & de Novem- bre des tiges' de Plantain conditionnées, comme il Convient qu'elles le foient, ou fi j'avois connu quelque autre plante propre à leur être fubflituée •' i'Abfynthe & le Fufain que j'éprouvai fur la fia de Septembre, lorfque le Plantain commença à me manquer , l'ayant été fans fuccôs ( i ). Après tout, la durée de la vie de notre Pucerone ne paroîtrc; pas avoir été trop courte, dçs qu'on. faur^ qu'elle vit fes defcendans jufqu'à la fixieme géné- ration , comme on pourra le remarquer par ia fuite de ce journal. SECONDE GÉNÉRATION. Le 27 Août, fur les fix heures dufoir, je mis en folitude le quatrième Puceron de la Pucerone de la première génération, mis au jour fous mes yeux à la même heure. Le 5 Septembre, environ fur les neuf heures du matin, il avoit accouché de fix petits. 48 OBSERVATIONS Vers le 12 du mois il cefTa de vivre, après avoir encore donné naiflance à une trentaine de Pucerons. > *' 3:;::::; TROISIEME GÉNÉRATION, Le 13 du. même mois, le feptîeme Puceron mîâ au jour par la Pucerone de h génération précéden- te, & renfermé à fa naiffance, le cinq, fur les onze heures du matin, avoit accouché de quatre petits. Sa grofleur étoit de la moitié plus petite que celle de la Pucerone de la première génération;, mais fa couleur étoit aufli foncée. L E lendemain 14 , entre cinq & fix heures du matin, il avoit fait trois petits. Environ fur leff huit heures , il accoucha fous mes yeux du huitiè- me, que je mis auffi-tôt en folitude. Le 19, il en avoit encore fait une vingtaine. Il mourut enfuite ( i ). QUATRIEME GÉNÉRATION Le 22, le Puceron renfermé le 14 fe dépouilla pour la dernière fois. Le 25 , voyant qu'il n'avoit point encore fait de petits, quoiqu'il eût toute la grofleur, où à peu -prés, des plus gros Pucerons de cette efpece, je jugeai devoir l'attribuer au man- que de chaleur nécefïaire, le Thermomètre ne fe tenant dans ma chambre depuis le 23 , qu'aux en- virons (i) Il efl: \i remarquer que ce Puceron, de même que celui de la fé- conde génération, élevé en folitude , fe tint toujours à la même place dtpuis Ta naiflance juiqii'au jour qu'il commença d'accoucher ; lavoir, à l'endroit où commence l'épi , & la tête tournée en bas, J'ai eu plu- fteurs auti.es occaCotis de faire cette remarque. SUR LES PUCERONS. 49 virons de huit à neuf degre's. J'eiTayai donc le 26, de porter mon Puceron dans une armoire pratiquée derrière une cheminée de cuifine, donc la tempéra- ture étoit marquée par dix - huit à vingt degrés du même Thermomètre. Je l'y laiffii une partie de la matinée de ce jour & de celle du fuivant ; & le refle de ces deux jours, en y comprenant la nuit, je le tins dans une chambre où le Thermomètre demeuroit élevé d'environ dix degrés. Le 28 au matin, il avoit fait un petit. Le 30 au matin, il en avoit mis au jour fix. Et le premier Oélobre , ce nombre avoit été augmenté de trois. Jufques-là je l'avois laifTé dans cette chambre dont je viens de parler. Mais ce même jour, premier Oftobre, je le rapportai dans mon cabinet. 11 n'y accoucha point, comme je l'avois prévu; il n'y vécut même que quelques jours. Je préfume cependant que fa mort fut plutôt occafion- rée par le manque de nourriture que par la dimi- nution de la chaleur. CINQUIEME GÉNÉRATION. Le vingt -huit de Septembre, entre dix & onze heures du matin , je renfermai , à fa nailTance , un petit , dont la Pucerone de la génération précédente venoit d'accoucher fous mes yeux : c'étoit le fécond* Afin d'accélérer fon accroilTement, & d'avoir plutôt ainfi la fixieme génération, je le portai dans l'armoire qui me tenoit lieu de ferre chaude. L'ef- fet de la chaleur fur notre petit folitaire fut fenfi- ble : bientôt il furpafla fon frère aîné en grofTeur. Mais ces heureux commencemens ne furent pas fui- vis d'une fin qui y répondit: dès le fécond Octobre, Tome 1. D \ 50 OBSERVATIONS il avoit cefle de vivre. Apparemment que la cha- leur,- en accélérant l'accroifTement du petit Infefte, accéléra trop en même temps la tranfpiration de la plante deftinée à lui fournir la nourriture : elle fé- cha : les autres Pucerons de cette génération péri- rent de même, faute d'aliment, dans le courant du mois. A u refle , je ne dois pas négliger de rapporter ici une expérience que je fis fur nos Pucerons du Plantain. Ce fut d'en renfermer enfemble d'ailés & de nonailés provenus de la même mère; favoir, trois non -ailés avec un feul ailé, pris parmi ceux de la féconde génération; & quatre non -ailés avec un feul ailé , pris parmi ceux de la troifieme. Mais je ne vis point ceux qui étoient pourvus d'ailes, & qu'on a regardés comme les mâles de l'efpece, en faire la fondlion auprès des autres. SUR LES PUCERONS. 51 OBSERVATION VI. autres Expériences fur le même ftijet^ faites fur des Pucerons du Plantain^ 6? pouffées plus loin que les précédentes. Q. _UATRE générations confécutives de Pucerons du^Sureau, cinq de ceux du Plantain, & fix de ceux du Fufain , élevées dans une parfaite folitude , ne laiflent guère lieu de douter que la multiplication de ces Infeftes ne s'opère fans aucun accouplement préalable. Je n'ai cependant pas jugé en avoir fait affez pour écarter toute chicane à ce fujet : en Phy- fique, on ne fauroit être trop fcrupuleux. J'aî voulu étendre mes expériences à une plus longue fuite de générations. J'ai même entrepris quelque chofe de plus: j'ai tenu un regiftre des accouche- mens de chacune, & cela avec la même exactitude & les mêmes foins que j'avois apportés à ma pre- mière expérience. Les Pucerons du Plantain ont encore fourni à ces nouvelles épreuves. Mais cel- les-ci ont été commencées plutôt que celles dont il a été queftion dans l'obfervation précédente. Dès le 9 de Juillet 1743 , j'ai eu en folitude la première génération , qui a été fuivie de neuf autres dans l'efpace d'environ trois mois. La féconde a été renfermée le dix- huit Juillet , à fix heures & demie du foir; la troifieme, le 28 à midi; la quatrième, le fix Août, à huit heures & demie du matin ; I3 cinquième , le quinze , à cinq heures & trois quarts du matin; lafixieme, le vingt- trois, à onze heures un quart avant midi; h feptieme, le trente- un, deux heures & demie de Taprès midi; la huitième, D 2 52 OBSERVATIONS le onze Septembre , à neuf heures du foir ; la neu- vième, le vingt -deux, à huit heures & demie du matin ; la dixième, le vingt-neuf, fur les fept heures du matin. J'aurois été bien plus loin , comme je me l'étois propofé, û la mort prématurée du dernier Puceron mis en folitude ne m'eût arrêté, ou s'il m'avoit été poflîble de le remolacer par un autre de la même génération: mais laPucerone qui l'avoit mis au jour, étoit auffi morte avant le temps. J'ai dit qu'elle avoit été renfermée à fa naiflance, le vingt -deux Septembre, à huit heures & demie du matin. Comme depuis quelques jours la chaleur avoit confidérablement diminué , j'avois eu foin de la tenir dans l'armoire dont j'ai déjà fait mention , & où elle étoit née. Là, elle avoit joui pendant toute fa vie d'une chaleur aflez égale, & telle que celle des beaux jours d'été: auflî étoitelle parvenue à l'âge de maturité, environ deux jours plutôt que celles des premières générations. Le vingt -neuf, fur les fept heures du matin , elle avoit accouché d'un petit. Elle fe portoit bien , & elle paroiflbit devoir donner naiilance à une nombreufe poftérité, mais une expérience que je voulus tenter, fut en partie caufe de fa mort. Voici cette expérience , que je rapporte d'autant plus volontiers, qu'elle me donne lieu de parler d'un fait nouveau qui concerne rhifloire de nos Pucerons du Plantain , & dont la connoiflance pourra être très - utile à ceux qui fou- haiteront de répéter ces obfcrvations & de les pouffer plus loin. On a vu ci- dtffas que le grand obflacle que j'ai rencontré , lorfque j'ai voulu élever en folitude une fuite un peu nombreufe de générations de nos petits Inft6tes, a été de trouver une plante qui pût rem- placer celle fur laquelle ils avoient vécu pendant SUR LES PUCERONS. 53 un certain temps , mais dont ils s'étoient enfulte dégoûtés , ou dont il ne m étoit plus poffible de les fournir. Cet obftacle eil plus difficile à furmon- ter qu'on ne l'imagine peut-être. Il ne fuffiroic pas, pour en venir à bouc, de favoir que telles ou telles plantes ont les même qualités, le même goût, la même odeur, &c. M. de Reaumur (*) a ob- fervé des Pucerons de rAbfynthe qui alloient s'é- tablir fur des plantes infipides; ce qui lui fait dire avec raifon, „ qu'il n'eft pas bien fur que tous ceux „ de différentes plantes foient de différentes tfye- „ ces.'* Il faut recourir aux expériences, & les varier à un certain point. Le hafard m'a épargné cette peine : je cherchois fur des Cardons , dans le mois de Septembre de cette année 1743 » ""^ Che- nille épineufe dont M. de Reaumur a parlé, [ Tome I, de fes Mérn. p. 428. ] & qu'il a nourrie de Cardons à feuilles d'Acanthe, lorfque j'apperçus des Pucerons qui me parurent fort femblables à ceux du Plantain, & qui fe tenoient fur le deffous des feuilles de ces Cardons. Cela me fie aulTî - tôt naître la penfée que cette plante pourroit être du goût de nos Pucerons du Plantain ; je ne tardai pas à en faire l'effai ; mais le fuccès ne répondit pas à mes fouhaits. Je ne me fuis pas rebuté néan- moins , je fuis revenu depuis à la charge , & cette féconde tentative a réuffi. Dix à douze Pucerons de cette efpece , pris parmi ceux de la huitième génération , fe font fort bien accommodés des feuil- les de Cardons que je leur ai offertes, & plufieurs y ont fait des petits qui s'en font nourris de même. Maintenant, pour revenir à notre Pucerone de la neuvième génération , renfermée à fa naiffan- ce , après qu'elle eut donné le jour à I3 dixième , (*; Mém, pour l'Hifl. des Inf, Tom. 3. pag. 286. JD 3 54 OBSERVATIONS je la fis pafler fur une feuille de Cardon , afin d'y élever en folicude le premier Puceron dont elle y accoucheroît. Je remarquai bientôt que ce chan- gement de nourriture ne lui plaifoit pas: elle ne faifoit qu'aller & venir fur la feuille, fans fe fixer. Je fus attentif à la fuivre pendant les premières heures: quoique fes inquiétudes continuafTent, j'es* pérai qu'elles cefieroient peu à peu , comme je l'avois vu arriver aux autres Pucerons de cette efpe- ce que j'avois établis fur le Cardon. M'étant donc abfenté pendant une partie de l'après-midi, je ne manquai pas à mon retour d'aller vifiter ma Puce- rone : je la trouvai dans un état bien différent de celui cù je l'avois laifTée, & qui me fit bien re- gretter de l'avoir perdu de vue. Elle étoit mou- rante, & renverfée fur fon dos: fes forces épui- fées , par une agitation prefque continuelle, ne lui avoient pas permis de fe relever. Heureufement il me reftoit de cette Pucerone, un Puceron qui devint l'objet de tous mes foins & de toutes mes efpérances : mais ce petit Infeéte , qui m'étoit (î précieux, vécut à peine un jour. J'ignore abfolu- ment la caufe de cette prompte mort; ce que j'en pourrois dire ne feroit que pure conje6lure. Tout ce que je fais de certain , c'efl qu'elle n'a point été l'effet de quelque accident furvenu. Quoi qu'il en foit néanmoins , je crois avoir fuffifamment prou- vé que la multiplication des Pucerons s'opère fans accouplement (i). Mais, fi malgré des expériences (i") C'efl: la foUition du problème phyfique, propofé par le célèbre W. Breynius, aux Amateurs des Recherches d'Hiftoire Naturelle. On fait que cet habile Obfervateur avoit d'abord penfé, d'après fes propres obrcvvations , & fur le témoignage de M. Cestoni, que rinfefte con- nu fous le nom de Graine d'Ecarlate de Pologne, en latin, Coccus tinc- torius PoloKicus, & que M. de Reaumur a rangé parmi les Progal- linfiBes , ;!ii!fi nommés de leur reifembiance avec les GallhifcSies , fe multiiilioit fans accouplement. Mais on fait aulTi qu'il (.(I revenu de cette opinion , après avoir fait des obfervations plus exactes que les pre- SUR LES PUCERONS. 5 s pouflees auflî lo^n que celles dont je rends compte actuellement, on n'eftimoit pas f;ue j'eufTe encore démontré la faufleté da foupçon indiqué dans l'Oh- fervation UI, on feroit toujours forcé de convenir qu'admettre avec moi que les Pucerons perpétuent leur efpece abfolument fans accouplement, ou ad- mettre qu'un accouplement fert au moins à neuf générations confécutives , ce feroit admettre une chofe également éloignée des règles ordinaires; fi même la dernière ne l'étoit beaucoup plus. Qu'on ne croie pas cependant que je dife ceci pour me difpenfer de reprendre ces expériences, & de les étendre à un plus grand nombre de générations , on fe tromperoit : mon deflein eft au contraire , de mettre à profit les connoifTances que j'ai acquifcs fur cette matière, & d'y répandre plus de jour: je ne défefpere pas même de parvenir au moins à élever en folitude jufqu'à la trentième génération de ces petits Infeftes, Et afin de rifquer moins d'être pris au dépourvu , je me propofe d'en renfermer à îa fois pfufieurs provenus de la même mère; en for- te que lorfque l'un viendra à manquer, l'expérience mieres. Cela lui a donné lieu de propofer le problème en queftion, que je vais tranfcrire tel qu'il fe uouve dans les /lâes des Curieux de la Nature t pour l'année 173.'^, pag. 28 de l'Appendice, & dans le Com- merce Littéraire pour la mcuic année, féconde femaine. „ Liceat verà intérim hac occapone, dit M. Breynius, fequens Na- „ tura ùfylîiSf ne« injucundunit nec inutile y difficile , quamvi$ folutu , (, pruponere, „Problema Physicum. „ An indubitatè demonftrari pofïït , in rerum Natura geniis aliqtrod „ Aniinalium verè Androgynum, id tft , quod fine adminiculo Maris fui „ gcncris, ova in & à fe iplb fœcundata parère, adeôque iblum es & à „ fe ipfo genus fuuni propagare polTit ? " j> Genus Animalium ejufmodi Androgynum, ajoute M. Brky- „ Nius, Wc^r à muUis iijqne primi Ordinis Natura Confultis flaluatur^ „ à neniine tamen qund equidem fciam , ita aetr.onfïraiutn fuit, ut non ,, multa^ eai^ue haud teyia ^ ci pojfint obj'ici dtil^ia,'" D4 56 OBSERVATIONS puifle être continuée fur l'autre; & c*efi: ce que j'ai déjà commencé à pratiquer, A u refle , avant qu'on jette les yeux fur les Ta- bles qui fuivent, je ferai remarquer trois chofes: la première, que je n'ai pas obfervé de différence bien fenfible , eu égard à la taille , entre les Puce- rones des dernières générations & celles des géné- rations précédentes : j'en excepterai feulement celle de la première , dont la grofleur a furpalFé alTes confidérablement celle des Pucerones des autres générations: aufTi a- 1- elle été plus féconde. La féconde chofe que j'ai à obferver eft, que les Pu- cerons ailés de chaque génération ont tous produit, fans que je les aie jamais vu s'accoupler les uns avec les autres, ou avec les non -ailés. La troifieme, que leur nombre a été confidérablement plus petit que celui des Pucerons non - ailés , n'ayant jamais vu plus de quatre à cinq de ceux - là dans la même famille. TABLE IV. S? TABLE des jours âf heures auxquels font nés y depuis le dix-huit Juillet jujquau Jept /ioût inclufivement ^ les Pucerons qu'a enfanté la Pucerone de la première génération, renfermée le neuf Juillet p à une heure après • midi. fours ''de Juillet. 21. 0.2. 23- 2(5. 27. 28. 29. N'ombre des Fucer. nés dans chaque j. 4 pue. 3 P"c. . 3 pue. 5 pue. 1 pue. 4 pue. 2 pue. 3 pue. 5 pue. 5 pue. 6 pue. 4 pue. 45 Nombre des Pucerons nés chaque matin, ^ les heures dff-leur nais" fonce. à II h. 2 p.f à 5 h- k 6 h.i loi 2 p. à 4 h. IT I p. J_p. I P.t I p.* I p.* à 4 h. (08* o p. I p. I p. I P- Nombra des Pucer, nés chaque après - mi- di, ^ les heures d& leur naiffanr.e à 8 h.i I P. à 4 h. 5i I p.* ip. Dep. 7 h. 9 abfenc à 9 h- 2 p. jufqu'à *i p. à 6 h.i 9 10 4- I p. I p. I p. à 7 h. 8 2 p.* I p. à 4 h.i 2 p.* à 5 h. I 61 ] P- [ p. à 3 h.i I p. à 3 h. 1 I P. à 5 h.i I 6\ ] p- l p. à 3 h. 1 ] p. à 5 h i ] [ p. à 4 h.i ] [ p. à 4 h. I p. à midi § 9 h. l p. I p. à 5 h. i 9 I p. [ p. à 12 h.^ 7§ 9 ] I p. [ p.* Dep. 5 juf. 9 abîT à 9 h. 2 p.* Ci) Celui-ci eft venu au jour, la tête la preaiicre & le ventre tourné vers le bast D5 58 TABLE IV. 'de' Juillet, chaque j. nés chaque matin . ^ les heures de leu mis. fance. 30. 45 6 pue. à 4 h.i 7^ à 4 h. § 7 I p. I p. 31. 4 pue. 1 I p.* I p.* Jours d'Août. I. 6 pue. à 6 h. I p.* 2. 3 pue. à 4 h. 1 loi I p.* I p. 3. 4 pue. à 4 h. 4 à 5 h.l 2 p.* 4. 6 pue. I p. 5- 2 pue. • • • à 5 h. §1 p. (5è 0 p. -é. 4 pue. *i p. I p. 7. T pue. 1 . , . 0 p. Nûinhre des Pucer, nés chaque après - mi~ di ^ les heures de leur iitiffance. à 4 h. 6 9 1 p. 2 p.* à 2 h. § I p.'^ I p. à 2 h. ^ Dep. 7. j a 10 h. 2 p.* 10 abf. I p.* à 12 h.i ip. Dep. 3^ à 9 h. j. 9 abf. 2 p.* Abf. jufq à 8 h. 2 p 2 p.* 8 h. .* I p. ' Dep. 6i à 8 h. j. 8 abf. 2 p.* à 9i I p. à9 h. I p.* 81 10, Vers les neuf heures du matin , la Pucerone meurt fans avoir ac, couché depuis le fept. Somme totale 81 Pucerons, TABLE .V. S^ TABLE des jours 6? heures auxquels font nés^ depuis le vingt-huit Juillet ju/quau neuf ^oût inclufive* ment , les Pucerons qua enfanté la Pucerone de la féconde génération, renfermée le iZ Juillet^ àfix heures (jt demie du foir. fours Juillet. 28. 29. \o. 31- Jours d'Auût. I. 3 pue. Nomhre des Pucer. nés dans cbnanc y. Nombre des Pueeront ncs chaque matin, ^ les heures de kurnais- J'mice. 7 pue. à 3 h. 12 3 P-* I p. 2 pue. ... 0 p. 4 pue. à 7 h. i I p. 4 pue. à 9. h. 11 m I p. 1 p. I P 3 pue. - . , 0 p. 4 pue. à 6 h. 1 1 p. * I p. Dep. 4h. ^julqu'à 7 abfcDt. à 7 h. 2 p.* Ndihbre des Pucer, nés chaque après.mi- di, ^ les heures de leur naiffance. à 2 h. ? I p. Dep. 5 h. Ijufqu'à 7 2 abfent. à 75 I p.* I p. Dep. 5 juf. à 9 h. loi 9 abf. I p.* I p. à I h. 3 4i I p. I p. I p. _ à 3 h.l 1 p. ài2 h.i 2§ Dep. 7 j. a 10 h. I p. I p. ro abf. I p.* à 6 h. II h. I p.* I p.. à 2 h.i- I p. 6o TABLE V. Jours d'Août. Nombre des Pucer. nés dans chaque j. 27 2 pue. Nombre des Pucerons nés chaque matin , ^ les heures de leur nais- fance. à 4 h.^ 12 I p. I p. 3 P^c. 0 pue. à5i 6 2 p.* I P. . . . 0 p. 0 pue. . . 0 p. 2 pue. à 9 h.* r p. 4 pue. à 5 h-* 2 p.* 38 Komhre des Pucer, nés chaque après- mi» di , ^ les heures ds leur naijfance. O p. O p. -9_p^ a 5 h. j I p. DepTj l juf. 8 abi; à 8 10 p.* p.* Un accident fait périr la Pucerone. Somme totale 38 Pucerons, TABLE VI. 6t TABLE des jours 6f heures auxquels font nés, depuis le Jîx /joût jujquau dix inchfivement , les Pucerons qua enfanté la Pucerone de la troijieme génération ^ renfermée le vingt-huit juillet, à midi. Jours 4'JoÛt. Nombre des Pucer. nés dans chaque j 6. 6 pue. 7- 8. 2 pue. 3 pue. 9 lo. I pue. 1 pue. II. La f ucer Nombre des Pucerons lits chaque matin » ^ les heures de leur fiais fnnce. à 5 h.| 3 P- I p. à 6 h. . ^ P- à 8 h.4 91 I p. I p. à 7 I p. I p. Nombre des Pucer. nés chaque après- vit' di , ^ les heures de leur naifjance. à 5 h.i I p- Dep. 6 h. jufqu'à 9 2 abfent. 9}_ I p.* à 9 i" p'> à 6 h. ^ I p. o p. o p. Somme totale 13 Pucerons, €2 TABLE VII. TJBLE des jmrs ^ heures auxquels font nés , de» puis le quatorze /loût jufquau vingt trois înclujîve- ment , les Pucerons qu'a enfanté la Pucerone de la quatrième génération, renfermée le fix du même mois, à huit heures [jt demie du matin. yours d'Joût J6. 17- 18. 19. 20. 21. 22. 23- Nombre des Pucer. nis dans chaque j. 2 pue. 5 pue. 5 pue. 6 pue. 2 pue. 5 pue. 3 pue. 3 pue. 3 pue. 2 pue 36 Nombre des Pucerons nts cbaque matin , ^ ies heures de leur nuis- fance. Nombre des Pucer, nés cbaque après^mi' di , ^ les heures de leur naijjance. à 12 h. à 5 h. 9i 12 J„P_t I p,* I p. I p. I p. à à à I h. 4 h.i ip.* I p. à 5 h.4 84 lol io4 I p. I p. I p. I p. I h. I p. à 5 h.i 8 2 p.* L p. .ï Pv I h.i 6k I p.* I p. . . . 0 p. à 3 h.i Si I p.* I p. à 5 h.:. 7 I P-* 2 p.* I p. à 4 h.i I p. à 4 n.i 61 I p.* I P. - • • . 0 p. à 6 h 12 2 p.^ I p.* 1 p. I p, • • . 0 p. à 5 h.i 7i à r 2 h. 4 2 p. à 5 h.^ iii- I p. I p. 5 h. la pueer. celle de vivre. Somme totale 3(5 Pucerons. TABLE VIII. ^ TJBLE des jours â? heures auxquels font nés les Pucerons qu'a enfanté, depuis le vingt -trois Joilt jufquau premier Septembre indu/îvement , la Pu- cerone de la cinquième génération, renfermée le quinze Août , à cinq heures trois quarts du matin. Jours d'Août, Nombre des Pucer. nés dans chaque j. 7 pue. Nombre des Pucerons ncs chaque matin , ^ les heures de leur nais- fance. Nombre des Pucer, nés chaque après-mi. dit &* les heures de leur nniffance 23- à 7 h. 2 p.* lU I p. à 12 h.l I p. 4* I p. Dep. 51 j. 7 abf. à 7 I p.* 9 I p.* _24. I pue. à 5 h. i I p. à 5 h.l 2 p.* 8 I p. 12 I p.* ... 0 p. 25- 6 pue. à 5i I p.* I p. ^ 26. 3 pue. à 5 h. è 3 p.* .... 0 p. 27. 4 pue. à 9 h. I p.* à 2 11. I p.* 5 I p.* 9 1 p.* 28. 4 pue. à (5 h. i 2 p.* 10 I p.* à II h. I p.* i p. à 5 h.è 4P-* 6\ I p. à 2 h: I p.* 29. 30- 2 pue. 7 pue. 3 piic. , • • • 0 p. • a 4 h. i- I p.* 9 1 p. 31- à 7 h. § I p. à 5 h.l I p. 10^ I p.* Jouis Sept. I. I pue. 38 „ à 5 h.l I p.f La Pucerone meurt (i). . . .0 p. Sùmme totale 38 Pucerons. Cl) L'ayant ouverte, j'en ai fait fortir quatre Fœtus bien fornids. Elle avoit beaucoup diminuiî de groITcur. (54- TABLE IX. T^ BLE des jours ^ heures auxquels font nés les Pucerons qu enfanta depuis le trente un Août ^ jus- qu'au neuf Septembre înclujîvement y la Pucerons de la Jixieme génération ^ renfermée le vingt-trois Août à onze heures un quart avant midi. yeurs d'Août. 31- lours Sept. I. Nombre des Fucer. nés dans chaque j 5 pue. 7 pue. 5 pue. 5 pue. 3 pue 5 pue 3 pue. 33 Nombre des Pucerons nés chaque matin , &f les heures de leurnais- fance. O p à 5 h.§ ip.*ip- 6 I p. à 7 h. 7^ I P I p. à 5 h.i Si m 2 p.*t I p I p. à (5 h. 7i I p. 1 P à 6 h. 4 12 I p. I P à 5 h i 6 ipt I p. Nombre des\Pueer. nés chaque après-mi' di , ^ les heures ds leur nai[fance» à I h.\ 2^ 5 6 loi ip.* I p. 1 p. à 1 h I P * Dep. 5 h. jufqu'à 7 4 abfenn. à 7 h. 4 I p* 9 I p.* 95 I p à I h. 4 3 9 I p.* I p. I p.* à 3 h. I p.* à 3 h.i I p. à 3 h. 4^ I p. I p. 3^4 I P* ^ours TABLE IX. «S Jours Sept. 13- Nombre des Pucer. nés dans- cbaquejj__ 33 0 pue 1 pue. & 2 Fœt. I Fœc. Nombre des Pucerons nés chaque matin ^ ^ les heures de leurnais fance. k 6 h.i 7^ o p. 1 p. If (2) à_^_h_é I i (33 Nombre des Pucer^ nés chaque après mi- di, (f les heures dé leur naijfançe. 0 p. O p. O p. Vers les fix h. du m. laPuc.avoitceflédevivrc, 34 Somme totale 34 Pucerons ^ 3 Fœtm, Ci) Toutes les parties de ce fœtus étoient reconnoiflables. La Puce- rone a employé plus d'une heure à s'en délivrer. Il eft tombé à terre auflî-tôt après. (2) A neuf heures du foir , il tenoit encore au derrière de la Pu- cerone. • (3) Le 10 , à neuf heures du foir , la Pucerone portoit encore attaché îi Ion derrière, le fœtus dont elle écoit accouchée le neuf. Ces deux derniers fe font collés à la tige dfe Plantain , & s'y font erifuite deflechés. -J'attribue le dépériirement de ces deux fœtus, à la diminution de la chaleur, Foyez la Tabte dis Fariaiions du ther^ taometre. Tome 1, 66 TABLE X, TJBLE des jours &f heures auxquels font nés, de- puis le onze Septembre juJqiCau vingt-un inclufivc' ment, les Pucerons qua enfanté la Fucerone de la fepîieme génération, renfermée le trente-un Août, a deux heures après 'midi. ^ d^ZuSïS^M' Jours de Se [.t. Nombre des Fucer. nés . dans chaque j. Nombre des Pucerons 7îés chaque matin , ^ les heures de leur nais- fance. I^omhre des Pucer. nés chaque après.mi» dij ^ les heures de leur iiaijjance. T r. } pue. 5 pue. 2 pue. 3 pue. 3 pue. 4 pue. . . .op. à 9 h. I p t 12 à 6 h I p.* I p Dep 8h j.i^abf. à I h.§ ip.* I p. 5^ T p. »rî à 5 h l ip ' ip. ... 0 p. 14. Dep i>h ijuiqu'à 3 i abfent. à 3 h.i 2 p.* Ai I p. à 5 h.è I p* 15- Dep. 8 h h jufqu'à 1 1 , abfent. II 2 p.* . . . 0 p. i5. • •op. à I h. ^ I p. 3 I p.* I p. Dep. J juf. 8 abf. à 8 I p* 17' 1 pue à 8 h. T p . . . 0 p iH 0 pue. . . . 0 p 0 p. ly. 2 pue. 2 pue. 7 pue. à 6 h. i p. h 6 h. 2 p * à 9 h 1 p.^ 20. . . . 0 p. 21. u 5 h. 4 1 p * 6\ I p 8 h. 4 1 p. loi 1 p 12 1 p. à i h. I p. 31 * P- 25. matin la Pueerone étoit roor te. 30 Somme totolf! 30 Pucerons. TABLE XL 67 TABLE des jours 6? heures auxquels font nés y de- puis le vingt 'deux Septembre y ju/quau vingt-cinq inclujivement 9 les Pucerons qua enfanté la Puce' rone de la huitième génération , renfermée le onze ^ à neuf heures du foir, (i) Jours Sept. 22. 23- 24. 25- 27^ Nombre des Pucer. nés dans cbaQue j 5 pue. 0 pue. 1 fœtus 3 pue. Nombre des Pucerons 1 Nombre des Pucer» nés chaque matin t^Xnés chaque après-mi» les heures de leur nais-\ dif ^ les heures d» fonce. I leur naijfance. à 8 h. 8§ 4 p. I p. op. àii h.| I p.* o p. mr o p. à 4 Im rip> Dep. 5 h. jufqu'à 6 h abfent. à 6 h. 4 I p.* Sur les lept h. du matin , la Pucerone ne vi voit plus. 8 Somme totale 8 Pucerons 6? i fœtus. (1^ Cette Pucerone a été tenue dans l'armoire depuis le 20 du mois j«rqu'au 22 ; & depuis le 25 jufqu'au a/. £ % 68 OBSERVATIONS OBSERVATION VIL Chfervatms qui démontrent quil y a une efpece de Pucerons en qui la diftinBion en mâles & femelles a lieu^ S qtd s^ accouplent. One les Pucerones de cette efpece^ au lieu de '^petits yîyans , mettent quelquefois au jour des ~ Fœtus 5 ^ avec quelles précautions, 1 ou TES les obfervations précédentes ont eu pour principai objet, de prouver qu'il n'y a réelle- ment aucun accouplement parmi les Pucerons, qu'ils font des efpeces d Hermaphrodites du genre le plus fingulier ; des Hermaphrodites qui fe fuffifent à eux-mêmes: & c'èil, je crois, ce qui paroîtra démontré à ceux qui liront ces Obfervations. Je me perfuade donc que plufieurs de mes Lefteurs font portés à conclure que ce privilège eft commun à toute la nation des Pucerons : mais rien de plus dangereux en Phyfique que ces conclufions trop générales. Voici des obfervations qui prouvent qu'il y a du moins une efpece de Pucerons en qui l'accouplement a lieu , comme il a lieu parmi les Mouches , les Papillons , & tant d'autres efpeces d'Infeftes & d'Animaux. A parler généralement , les Pucerons font de bien petits Infc6les, & auxquels on n'auroit peut- être jamais pris garde, s'ils fe multiplioient moins. L'efpece ( r ) que je veux faire connoître elt extrê- Ci) Cette efpece ne doit pas être confondue avec celle dont parle M. de Reaumur, Tom» IJI.f»'^^^. & J'uiy, ds fus i\JéimifiS. Je SUR LES PnCE^RONS. (5p mement remarquable par la groffaur .de fa" taîlle : c'tft en quelque forte l'JÊiéphant des Pucerons. J'en ai vu de cette efpece dont le ventre étoit auffi gros que. celui d'une Mouche ordinaire, fi, même il ne l'cioit davantage. Ils vivent fur le Chêne, ils s'at- tachent fur -tout aux branches qui ont commencé à noirciri C'eft au, moins fur de telles branches qu'il m'efl: arriv.é d'en voir plus ordinairement de ralTemblés. J'en ai pourtant trouvé , mais en moin- dre, quantité, fur déjeunes branches, & même fur les pédicules des feuilles. L'Automne ell le temps de î'anpée où ils font plus communs, & principa- lement les mois d'Ottobre & de Novembre. Peu ■de temps avant d'avoir atteint l'âge où ils devien- nent habiles à là génération , leur couleur efl: un brun -foncé, terne fur le dos, mais un peu luifant fous le ventre. Les jambes , les antennes & la trompe font d'un rouge - maron : près du derrière , au lieu de cornes , (Introd. L 3) ils n'ont que deux petits tubercules arrondis. La longneur de leur trompe eft environ les deux tiers de celle de 'leur corps. Il y en a parmi eux d'ailés & de non» ailés, comme parmi toutes les efpcces de ces In- feftes : mais ceux • là font toujours moins nombreux. Leurs ailes, qu'ils portent perpendiculaires au plan de pofition , reflemblent à celles des Mouches pâpil* lonacées ( i ) ; elles n'ont qu'une demi-tranrparence. .crois qu'elle en diffère principalement en ce que fa trompe efl: moins longue que celle âe cette dernière. Au moins n'ai-je point vu de Puce- -rons de cette Ibrte qui en portalTent une d'une longueur anfli ik'mefu- rce. [Voyez rintroducl. I. a.] Un autre endroit encore par où.jil me psroîc que la mienne dilTere de celle de M. de R eau m un, c',efl: qu'elle fe tient fur l'extérieur des tiges, & non. fous l'écorce. PourWs «liltinguer par le caraéljre le plus frappant, je nomaicrai la niigmie i» ■ ffroffe efpece de Pucerons du Chêne à trompe courte. Ci) On nomme Mouches papillonacées celles donc les niîes n'ont c)u\inc demi - trnnlpareiicc , & tiennent beaucoup de celles des TapilkiiB» 'yoy. MiiÛ. poihr feryir à riHJl. des Inf, Tom. IV. p. 137, E 3 70 OBSERVATIONS Elles font mi-parties blanches & noires. Ils ne m'ont pas paru en faire grand ufage : feulement je les ai vus s'en fervir à s'élancer d'une branche à une au- tre, lorque j'agitois celle fur laquelle ils étoient. En- fin, pour achever de rapporter ce que l'extérieur de nos gros Pucerons de Chêne offre de plus re- marquable à la première vue, j'ajouterai qu'ils ont une odeur affez forte , mais que je ne faurois défi- nir ni comparer. Voici maintenant quelques obfer- vations fur ce fujet , que j'ai faites avec le fecours des verres. J*A I fouvent confîde'ré les plus gros à la loupe. Les efpeces de tubercules ou rebords circulaires, qui ont femblé à M. de Reaumur capables des fonftions effentielles qui font propres aux cornes, (Introd. I. 3. & p. 285. du Tom. 111. des Mém, four rHifi. des Infectes) ne m'y ont point paru per- cés; auffi n'ai' je jamais obfervé ces Pucerons re- jeter par - là de cette liqueur que j'ai dit ( Voy. l'Introd. ) être leurs excrémens ; ils la rejettent par l'anus , & de la même manière que le faifoit le Pu- ceron du Fufain dont j'ai donné l'hiftoire, Obf. I.; je veux dire, en élevant leur derrière en l'air, & en agitant leurs dernières jambes. J'ai voulu m'aflurer fî l'ouverture deftinée à lais- fer fortir les petits étoit différente de 1 anus ; & c'efl ce que j'ai obfervé, lorfque j'ai examiné à la loupe le bout de la partie poftérieure d'une mère. J'ai vu au • deffus de l'anus une ouverture façonnée en entonnoir, plus évafée à l'entrée qu'en dedans, & par laquelle j'ai fait fortir plufieurs fœtus. J'a I encore obfervé fur les côtés de ces gros Pu- cerons, fix efpeces de petits tubercules très-appla- tis , diflribués comme dQS fligmates , & qu'on SUR LES PUCERONS. 71 pourroic foupçonner avec raifon fervir aux mêmes ufages. J E n'ai pas négligé la trompe ; en la prelTant près de fa bafe, j'ai vu fe détacher de deflus la face fupérieure une efpece d'aiguillon d'un maron clair. Cette obfervation qui fe rapporte à celle que M. de Reaumur (*) a faite fur la trompe des gros Pucerons qui fe logent dans les crevaffes & fous l'écorce des Chênes, femble nous indiquer dans l'une & dans l'autre la même llru6lure. Une autre fois , après avoir enlevé affez brufquement de deffus une branche un de nos gros Pucerons qui y avoit piqué fa trompe, je remarquai un filet brun extrêmement délié , qui alloit bien par de là le bout de l'étui. J'oUBLiois une remarque par rapport à cette trompe. J'ai dit plus haut qu'elle alloit environ jufqu'aux deux tiers du ventre dans les Pucerons parvenus à l'âge de maturité : dans ceux qui ne font que de naître, ou qui font encore fort jeunes, elle atteint l'extrémité du corps. Q u o I Q.U E rafTemblés fur des branches prefque nues, & à la hauteur des yeux, il n'efl pas aufïï aifé qu'on l'imagine peut- être, de féparer ceux de nos Pucerons qu'on veut obferver. Il faut pour cela écarter une armée de groffes Fourmis qui les environnent de toutes parts , & qui envoient au vifage des gouttes d'une eau mordicante , qui y fait la même imprefllon qu'y feroient de très -petites aiguilles. Si on s'arrête quelque temps à confidé- rer des branches de Chêne ainfî couvertes de nos gros Pucerons & de Fourmis, on verra un Ipedta- ç\q aflez divertiffant. On obfervera de ces Puce- (*) Tom, ni. Je: liUm, fur Us Inf. p. 33-, £4 7a OBSERVATIONS rons qui fembleront vouloir défendre l'approche de leur derrière à celles - ci. On les verra fe ba» Jancer alternativement à droite & à gauche avec vîîtfle, appuyés feulement fur leurs premières jam- bes ; élever enfuite leur derrière fort haut , & ruer de toutes leurs forces contre les Fourmis. On en obfervera auflî avec plaifir fe balancer de la même manière , pour retirer leur trompe de dedans l'écorce. Dans la vue de m'inftruire avec quelque foin de l'hifloire de ces Pucerons, j'en renfermai au commen- cement d*06tobre 1740, comme j'avois fait celui du Fufain , quatre à cinq des plus gros avec un autre de la même efpece , mais beaucoup plus petit & ailé. Un matin étant venu obferver, comme à mon ordinaire, quelle fut ma furprife de voir le petit Puceron poié fur une des mères dans l'attitude d'un mâle accouplé avec fa femelle ! J otai promp- tement le poudrier qui les couvroit & m'empêchoit de faire ufage de la loupe; & m'étant approché, j'obfervai avec toute l'attention que demandoit un phénomène fi nçuveau. Les deux Pucerons pa- rolifoient bien être accouplés; le derrière de celui qui fembloit faire la fonction de mâle étoit courbé vers le ventre de la femelle, & l'endroit où devoit être la partie deftinée à la féconder, appliqué con- tre l'ouverture préparée pour la recevoir. Ils ne fe donnoient prefqu'aucun mouvement; leurs têtes étoient tournées vers le bas de la branche contre laquelle la femelle fe tenoit cramponnée. Je fis mon poffible pour découvrir fi leur union étoit auffi intime qu'elle le paroifToit; mais ayant donné un peu de mouvement à la branche , le petit Puceron commença à changer de fituation ; il fe trouva bien- tôt fur une même ligne avec la Pucerone, dont il fê fépara enfin entièrement, SUR LES PUCERONS. 73 Une obfervation fi peu attendue me- rendit fore attentif à épier le moment où le petit Puceron s'accoupleroit de nouveau ; & c'eft ce que j'eus le plaifir devoir plufieurs fois le même jour & le fuivant. Voici comme tout fe paflbit. Lorfquen fe promenant le long de la branche il venoit à ren- contrer une Pucerone tranquille , il ne s'amufoic point à tourner autour d'elle pour la prendre par l'endroit le plus favorable, il livroit aflaut fur le champ , il grimpoit deflus , de quelque côté qu'elle fe préfentât, fût-ce de celui de la tête, comme je le fuppofe ici. Il avançoit enfuite en marchant jufqu'environ le milieu de la longueur du corps. Là il faifoit un demi- tour: fa tête, qui auparavant re- girdoit le derrière de la femelle , fe trouvoit alors regarder du côté oppofé. Mais ce n étoit pas as- fez,- on voyoit bien clairement que fes delirs n'é- toient pas remplis , qu'il fouhaitoit d'amener fori derrière vers celui de la Pucerone, duquel il étoic encore éloigné. Il tâchoit donc de l'eil approcher en reculant peu à peu. Parvenu enfin tôuc auprès, il courboit l'extrémité de fon corps ; il s'eiForçoic de lui faire toucher l'anus de la femelle; il l'y ap- pliquoit. Pendant tous ces mouvemens auxquels il fal» loit un temps , la Pucerone jne refloit pas conftam- ment immobile ; tantôt elle agitoit les antennes, tantôt fes jambes ; quelquefois etle élevoit fon der- rière , comme fi elle eût voulu rejeter de la li* queur, ou faire lâcher prife au Puceron; enfin, elle fe mettoit à marcher : mais , foit légèreté , foit qu'il ne fe trouvât pas à fon aife , il l'abandonnoit or- dinairement après q'u'elle avoit fait quelques pqs pour fe mettre à, l'abri de fes entreprifes. E5 74 OBSERVATIONS Il n'ëtoit pas toujours également bien reçu. Sou- vent il lui arrivoit de s'adrefler à des Pucerones féveres à qui fes careiTes ne plaifoient pas, & qui le repoulToîent à grands coups de pied. Alors il prenoit fon parti: ou il n*in(illoit que peu, ou il pafToit outre fans s'arrêter. Je ne fais comment on auroit jugé à ma place de tout ce petit manège. Pour moi je conclus que j'avois vu au moins les préludes de faccouplement. Je ne doutai point que le Puceron ailé ne fût un mâle : tout fembloit l'indiquer ; mais fur - tout fa petitefTe & fon agilité , jointe à l'inquiétude qui lui paroiffoit naturelle. De tels carafteres ne pouvoient guère être des fignes équivoques. ' Mais pour avoir quelque chofe de plus décifif , & qui me fatisfît pleinement , le petit Puceron dont je viens de parler étant mort, je fus à la quête pour m*en procurer un autre. J'eus le bonheur de trouver une branche de Chêne , où avec un alFez bon nombre de nos grofles Pucerones , écoit un de ces petits Pucerons, tel que je le pouvois fouhai- ter ; je veux dire , qui n'avoic pas encore pris des ailes, mais qui ne paroiffoit pas 'devoir beaucoup tarder à en prendre. J'ajuftai la branche à ma manière , & je la couvris d'un poudrier [ PI, IL Fig. XiX.] Depuis le 24 Oftobre, que le petit Puceron avoit pris des ailes, jufqu'à la fin du mois, je ne vis rien de décifif. Enfin, le fécond de Novembre, fur les onze heures du matin, je fus fatisfait. J'ob- fervai le petit Puceron pofé fur une femelle dans l'attitude que j'ai décrite ; je l'examinai à la loupe avec une grande attention & dans le jour le plus SUR LES PUCERONS. 75 favorable ; & je reconnus , à n'en pouvoir plus douter , qu'il y avoit un accouplement dans les for- mes. On n'appercevoit aucun intervalle entre le bout du derrière de Tun & le bout du derrière de l'autre; ils étoient bien joints. Ce que je defirois particulièrement de faifir, c'étoit le moment où fe feroit la féparation , afin de découvrir la partie du mâle , ce qui arriva environ un quart - d'heure après. Je vis très - diftinftement à l'extrémité du ventre du Puceron ailé un petit corps charnu , lon- guet & recourbé, de couleur blanchâtre, que je ne pus prendre que pour le principal organe de la génération. ^ Je réitérai le lendemain matin robfervation. J'ob- fervai très - nettement que les lèvres de l'ouverture deftinée à recevoir la partie du mâle , étoient , pen- dant l'accouplement , écartées fenfiblement l'une de l'autre ; & qu'entre deux étoit inférée celle • ci , dont on ne découvroit que la racine. Mais ce que je vis de plus cette fois , furent deux efpeces d'ap- pendices de couleur brune, dont étoit garni le der- rière du petit Puceron, & que je reconnus pour être des crochets analogues à ceux du derrière des Papillons mâles. Le principal organe de la géné- ration étoit placé au milieu. Pendant les trois jours qui fuivirent, je ne vis point d'accouplement. Comme il faifoit très- froid , & que je tenois mes Pucerons dans une chambre où il n'y avoit point de feu, je crus que û je les portois dans un poêle, je rendrois au mâle fa première ardeur, & que les femelles, parvenues à l'âge de maturité, feroient peut-être des petits. Ce fut donc ce que j'exécutai le même jour : & dans ce jour -la même je vis quatre à cinq accouple- mens, mais qui ne furent pas de longue durée. 76 OBSERVATIONS Il ne me reftoit plus que fept femelles , toutes fans ailes, parmi lefqueiles il n'y en avoit qu'une qui parût être à maturité; & les autres, quoique grofTes, & très-grofTes pour ce genre d'Inre6tes, ne l'étoient pas, à beaucoup près, auranc qu'elle, C'étoit à cette Pucerone, que le petit mâle en vou- loit plus volontiers. Je remarquai que dans i'efpace d'environ trois heures, il lui livra quatorze aiTauts, dont à la vérité il n'y en eut que trois qui paruflenc fuivis d'un véritable accouplement ( i ). J'obfervai avec pîaifir , que pour y exciter fans doute la Pu- cerone, il "lui frottoit à diverfes reprifes le deflbus du corps , du bout de fes plus longues jambes. Il attaqua encore d'autres Pucerones ,cinq à fix fois dans le même efpace de temps. On auroit dit qu'il ne pouvoit cefTer d'être en aftion : que fes forces re- -îiaiflbient à chaque infiant. Quelle différence de ce mâle û vif, fi ardent , d'avec ces mâles fi froids , fi indiJBTérens , qui ont été donnés à la mère Abeil- le ! (*) Mais que ce contrafle paroît admirable, àès qu'on réfléchit fur cette conduite de la Nature! Elle a voulu qu'il n'y eût chez les Abeilles qu'une feule femelle pour un grand nombre de mâles: fî tous euffent été aufîî ardens que celui des groffes Pucerones du Chêne , la mère Abeille en auroit été incommodée; & l'ordre merveilleux que nous vo- yons régner parmi ces Mouches , en auroit été al- téré. Mais , dès qu'il lui a plu d'établir qu'il y auroic au contraire chez nos Pucerons, plus de femelles que de mâles, il falloit qu'un feul de ceux-ci fût en état de fatisfaire un certain nombre de celles* là, & que le delir de perpétuer l'efpece fût en lui un • (i) ]e prends ici pour un véritable accouplement, celui qui duroit un certain temps, & qui ne finifiToit pns par une Icpaiation brufque, mais, pour ainfi dire, ménagée par degrés. (;*) Blém. pour fervir à PHi/î» des 1/jf, Tom, V. Méin, 9, SUR LES PUCERONS. 77 defir très • agifTant. Elle a donc donné à la reine Abeille cette même ardeur, & aux femelles de nos Pucerons une indifférence fouvenc peu éloignée de celle des Faux- bourdons (i). Je n'ai encore rien dit de certains mouvemens extraordinaires & comme convulfifs, que fe don- noit quelquefois mon petit Puceron. 11 ne prenoit guère de repos que la nuit. Pendant le jour, il étoit prefque continuellement en a6lion. Souvent il ne faifoit que monter & defcendre le long de la branche , fans jamais fe fixer. Lorfqu'il étoit par- venu au haut, ou fur les bords d'une feuille, il fembloit fe trémoufler & piétiner comme quelqu'un qui Ibuffre; il étaloit fes ailes; il tâchoit de faire palier par-defîus une de fes dernières jambes; il le donnoit des contorfions de tout le corps. Tan- tôt il fe jetoit fur un côté, tantôt fur l'autre: d'autres fois, il s'élevoit fur fes plu? longues jam- bes le plus qu'il lui étoit poffible ; & un moment après , il fe rabaiffoit jufqu'à toucher la tige de foa ventre. 11 fe renverfoit en arrière, & s'élançoic enfuite en avant. Quelquefois il s'afTeyoit, pour ainll dire, fur fon derrière, en cramponnant for- tement fes premières jambes dans l'écorce ; de fa- çon que fon corps étoit prefque perpendiculaire fur le bout de la branche. A cette attitude bizar- re, en fuccédoit bientôt une autre: on le voyoit étendre fes dernières jambes, & les traîner à- peu- près comme font les chiens : tout cela, fans qu'on pût deviner la caufs d'une agitation fi extraordi- naire. Cependant, à le voir dans un état en ap- parence Il violent, on auroit été porté à penfer qu'il alloit mourir: mais on fe défabufoit lorfqu'on CO f-es Kiâlcs diS Abeilles, 78 OBSERVATIONS l'obfervoît s'accoupler plufieurs fois après ces es- pèces de convulfions, & paroître tel qu'auparavant. Un jour, c'étoit le neuvième Novembre, je le vis élever fon derrière, comme pour rejeter de ]a liqueur: mais je fus bien furpris, lorfqu'au lieu de cela, il fit fortir la partie deflinée à féconder les femelles; ce qu'il réitéra par deux fois. Enfin, tout le matin du onzième, & une par- tie de l'après-midi , il fut fort tranquille contre fa coutume. Il refta fixé fur la tige, jufques fur les quatre heures, qu'il tomba mort. Je le pris pour l'examiner au microfcope; mais je n'y découvris rien de plus , eu égard à l'organe de la génération , que ce que j'ai rapporté. Je perdis encore ce jour -là deux Pucerones. Apres m'être convaincu de la manière la plus décifive , que ia diftindion ordinaire des fexes a lieu chez nos gros Pucerons , & m'être afliiré par plu- fieurs obfervations , de la réalité de l'accouplement , il ne me reftoit qu'à me convaincre aufli de fa né- ceffité. J'attendois, pour cet effet, avec la der- nière impatience, que quelqu'une de mes Pucero- nes accouchât. J'aurois mis aa(Ti-tôt le petit Pu- ceron dans la folitude ; je l'y aurois élevé. Mais la chofe tourna autrement: je ne pus faire l'ex» périence que j'avois tant fouhaitée ; & en échange, je fis une obfervadon finguliere, à laquelle je ne m'étois point attendu. Au lieu de Pucerons vî- vans, mes Pucerones ne mirent au jour que des fœtus , qui reflembloient fi parfaitement à des œufs de figure ordinaire, qu'il étoit difficile de ne s'y pas méprendre. Tout y étoit parfaitement uni. Le microfcope même n'y découvroit pas la moindre inégalité. Leur couleur étoit rougeûtre : leur gros- SUR LES PUCERONS. 79 feur moindre que celle des Pucerons de cette es- pèce pris à leur naiflance. Ils étoient collés à la branche , & arrangés la plupart les uns à côté des autres , comme le font les œufs de quantité d'In- feftes. Je comptai, le douzième, une quinzaine de ces fœtus, à la produélion defquels la grofïe Pucerone n'avoit eu aucune part, quoiqu'elle fûc celle dont j'avois lieu d'attendre le plutôt des petits. Il me tardoit de faifir le moment où une de mes Pucerones accoucheroit d'un fœtus. J'y par- vins enfin. Quand j'arrivai , le fœtus étoic déjà plus d'à moitié forti. Sa direélion étoit félon la longueur de la branche, contre laquelle il étoic appliqué par toute la portion de fon corps qui paroiiibit à découvert. Une liqueur vifqueufe dont il étoit enduit, le retenoit attaché à l'écorce. Je m'armai aufli-tôt d'une loupe; & m'étant placé dans la pofition la plus avantageufe, je me pré- parai à fuivre cet accouchement jufqu'à la fin. L A Pucerone fe tenoit dans une immobilité par- faite ; fa tête regardoit vers le bas de la branche ; fes antennes & fa trompe étoient couchées , les premiè- res fur le dos , la féconde fur fa poitrine, & le bout de fon derrière étoit appliqué contre l'écorce. Cette dernière particularité me paroît extrêmement digne d'être remarquée. Elle peut fervir à prouver que les Infe6tes favent varier leurs procédés fuivant les circonftances. J'ai dit dans ma première Obfer- vation fur les Pucerons du Fufain, en racontant ce qui fe palToit pendant l'accouchement, que la mère avoit foin de tenir fon derrière élevé au-deflus du plan de pofition , afin que le petit naifiant pûc avoir fuffifamment d'efpace pour s'avancer a? i- de. hors, & fe cramponner enfuite avec fes pl'js Ion- ■gucT jambes à la tige. Notre Pucerone du Chêne 50 OBSERVATIONS n'avoit garde de s'y prendre ainfi, ne mettant au jour qu'un fœtus. Quoiqu'enduit d'une efpece de glu, il n'àuroit pu être collé à la branche dans toute fa longueur, & il convenoit apparemment qu'il le fût, fans quoi il auroit été expofé à être emporté par le moindre accident. Elle avoit donc grand foin de ne pas éloigner de la tige le bout de fon derrière ; elle l'y tenoit conftammtnt appliqué. Les lèvres de l'ouverture par laquelle fortoit le fœtus, paroiflbient fort écartées l'une de l'autre. On vo- yoit très-diftin6lement fur les côtés de celui-ci, la membrane qui leur permettoit de fe prêter à fon paflage. Toutes deux n'étoient pas précifémenc de la même longeur ; la fupérieure recouvroit tant foit peu plus le fœtus que l'inférieure. J'étois très- attentif à obferver fi le derrière de la Pucerone ne fe donnoit point de mouvement; ce qui me fera- bloit néceflaire pour la fortie de l'embryon ; mais, quelque attention que j'apportafTe, tout me pa- roifîbit dans le plus parfait repos. Je ne doutois pas néanmoins qu'il n'y eût des mouvemens dans l'intérieur, & j'étois fort difpofé à foupçonner que la membrane qui avoit permis aux lèvres de s'écar- ter, fe contra6toic & fe dilatoit intérieurement, à-peu-près comme le fphin6ler qui efl à l'entrée du col de la matrice dans les femelles des grands animaux; contrariions & dilatations, qui, bien que je ne les apperçuffe pas, pouvoient opérer fur le fœtus, le chalTcr infenfiblement hors du ventre de la mère. Je dis infenfiblement , parce qu'il s'avan- çoit au- dehors avec tant de lenteur, qu'on ne pou- voit s'apperçevoir de quelque changement qu'au bout de plufieurs minutes. A mefure qu'une plus grande portion de fon corps fortoit , les lèvres de l'ouverture tendoient mutuellement h fe rapprocher, & on voyoit moins de la mtmbrane ou fphin6ler. Cependant, SUR LES P a GERONS. Si Cependant, comme leur longueur n'étoit pas parfai- tement égale ; que la portion du fœtus recouverte par l'inférieure, étoit tant foit peu moindre que celle recouverte par la fupérieure, c'étoit une fuite néceflaire que celle-là vînt fe réunir à l'autre^ avant que celle ci eût abandonné entièrement le bouf du fœtus. C'eft aulTî ce qui arriva : la lèvre fupérieure continua même d'être adhérente à l'embryon , plus d*un demi- quart- d'heure après que l'inférieure s'en fut féparée j elle fembloit ne pouvoir s'en détacher. Indépendamment des contrarions & des dilatations alternatives du fphinéter placé à l'ou- verture du vagin, la Pucerone avoit, ce femble, un moyen plus prompt & plus efficace de fe déli- vrer; le fœtus fortant enduit d'une humeur vifqueufe qui le colle auflî-tôt à la branche fur laquelle fe trouve la mère , elle paroît n'avoir autre chofe à faire qu'à fe pouffer en avant , fans avoir à crain- dre que le fœtus la fuive. Ce ne fut cependant pas précifément ce moyen auquel notre Pucerone eut recours, il auroit pu n'être pas affez favorable au fœtus, fur -tout dans ces premiers momens où la liqueur vifqueufe n'avoic fans doute pas encore acquis le degré de ténacité convenable. Elle pré- féra de n'ufer de fes forces, pour ainfi dire, qu'à demi. Elle fe contenta fur la fin de l'accouche- ment de remuer fon derrière à plufieurs reprifes , mais foiblement ; & encore poufla-t-elle les ména- gemens au point de ne les pas faire fuccédcr trop promptement; elle mettoit entre chacune un petit intervalle. J E ne ceflTois de l'obferver avec une bonne lou- pç, quoiqu'il y eût déjà près de demi -heure que j'avois les yeux attachés fur elle, & que j'en fuffe même fatigué. Enfin le moment de l'entière déli* 2 orne L F 82 OBSERVATIONS vrance arriva; je remarquai alors une fort petite goutte de la liqueur vifqueufe qui abandonna le bout du derrière de la mère pour fe retirer fur le fœtus. Il eft fi important pour le fœtus que la mère n'élo^'gne pas trop tôt Ton derrière du plan de po- li tîon, ou ne Ten éloigne pas brufquement, qu'une de mes Pucerones n'ayant pas eu ces ménagemens, le fœtus fe détacha en partie de la tige, contre laquelle il ne reda collé que par un bout. J'en vis un autre quelque tems après qui , apparemment par le même défaut de précaution, portoit fon fœtus attaché à fon derrière. A l'occasion de la liqueur qui enduit le fœtus à fa fortie, il me vint une penfée qui me paroîc n'être pas deftituée de fondement, c'ell qu'elle eft peut-être la même que celle que ces Infeéles rejet- tent par l'anus. [Voy. l'Introd.] Deux qualités leur font communes , la vifcofîté & la tranfparence ; & je ne doute pas qu'elles ne fe reflemblent encore par le goût. 11 peut y avoir un canal de commu- nication de l'inteflin dans la matrice , par lequel cette liqueur pafTe. Le 14 Novembre, je perdis une de mes Puce- rones qui mourut en accouchant d'un fœtus. L'ayant preflee entre mes doigts, j'en fis fortir trois fœtus femblables à ceux que j'avois vu naître les jours précédens. Je fis alors une remarque; c'efl: que la membrane dont ils font enveloppés, qu'on peut regarder comme analogue à celle qui enveloppe le Papillon dans l'état de Chryfalîde , eft douée d'une élafticité très-fenfible.^ En preffant un de ces fœtus avec le bout de la tige d'une épingle, je voyois fa peau céder & fe relever auflitôt que je ceiTois SUR LES PUCERONS. 83 de la prefler. Je fends crever avec force ceux fur lefquels j'appuyai trop. Je ne poufferai pas plus loin ce journal, il n'au- roit rien qui pût mériter d'être rapporté; j'ajouterai feulement, qu'ayant été obligé le 15 du mois, de rapporter mes Pucerones dans mon cabinet , je les y lailTai huit jours, pendant lefquels elles refterenc comme collées à la branche , engourdies fans doute par le froid. Elles étoient alors réduites au nom- bre de trois, entre lefquelles je compte la plus groffe. Le 23 , je les reportai dans le poêle pour éprouver l'effet que la chaleur produiroit fur elles. Celle qui reftoit avec la grofle, car il en manquoic encore une, commença bientôt à fe mettre en mou- vement; l'autre ne fit qu'agiter foiblement fes an- tennes, & au bout d'environ deux heures, elle fe lailTa tomber à terre. J'avois remarqué les jours précédens, qu'il lui étoit venu au bout du derrière une efpece de moififTure de couleur blanche, que j'obfervai encore mieux après fa mort à l'aide de la loupe. I "^ 1 T i g^ OBSERVATIONS OBSERVATION VIII. Ohferyatms fur les Fœtus que les greffes Puce- rones du Chêne mettent au jour. .1. ouR ne pas interrompre le fil de l'hifloire de nos Pucerons du Chêne renfermés dans une même habitation, j'ai renvoyé à parler de quelques ob- fervations faites dans le même temps fur d'autres Pucerons de cette efpece , que je décrirai dans cel- le-ci & dans les fuivantes. La première de ces obfervations regarde les fœtus; j'en trouvai le 31 Oflobre une quantité aOez confidérable fur deux branches coupées à deux dif- férens Chênes. J'en comptai, fur l'une plus d'une foixantaine , & fur l'autre une quinzaine. Ils étoient arrangés à- peu- près comme le font les œufs de beau- coup de Papillons , leur plus grand diamètre paral- lèle à la longueur de la branche, à laquelle quel- ques-uns étoient cependant plus ou moins obliques. Leur couleur étoit la même que celle des foetus venus au jour fous mes yeux, c'eft-à-dire rou- geâtre. Ils fe refîembloient encore, eu égard à leur grofleur. Le plus grand nombre de ceux de la branche qui en étoit la mieux fournie , formoient deux amas inégaux, peu éloignés l'un de l'autre; le refte étoit difperfé çà & là à quelque diftance: ceux de l'autre branche ne compofoient qu'un feul amas. Ils étoient tous bien enduits d'une humeur vifqueufe, affez tenace pour arrêter les Puceron* quivenoient à pailer defTus. SUR LES PUCERONS. 85 OBSERVATION IX. Autres Ohfervatîons fur les Fœtus que les gros- fes Pucerones du Chêne mettent au jour. Que ces Fœtus font de véritables œufs. J'ai prouvé ci-defllis [Obf. VIL] que Tenve- loppe des fœtus eft douée d'une élafticité très-fen- ilble ; c'ell une obfervation que j'eus depuis occa- fion de répéter fur quelques foetus que j'avois for- cés, comme les premiers, de venir au jour; mais je remarquai cette fois une particularité à laquelle je n'avois pas encore fait attention ; c'eft que la matière que renferme leur intérieur a beaucoup de rapport avec le Corps graijjeux ( i ) des Chenilles. Je voulus enfuite éprouver fi la membrane ou enveloppe de ceux qui avoient été dépofés déjà depuis un certain temps, feroit autant fouple & élaflique, que j'avois trouvé celle des foetus fortis par la prelîion ; mais elle me parut plus ferme , & la liqueur qu'elle renfermoit , écoic femblable à celle qu'on voit fortir des Pucerons de cette efpece lorfqu'on les écrafe; je veux dire, aflez claire & d'un verd foncé. Mais que devons -nous penfer des fœtus, dont accouchent quelquefois nos grofles Pucerones du Chêne? Je n'ai à offrir là deflus que des conje6lu* res, mais qui paroîtront vraifemblables. (1) Le Corps graifeur dans Jcs Chenilles, efl cette matière j'aun;'^- tre , leinblalile à la graifle qui occupe les vuides que les autres parties laillcnt entr'ciics. i'vy, Mém. pour feryir à CHifl, des hj, Tom. 1, F 3 85 OBSERVATIONS J'ai d'abord penfé qu'il falloit regarder ces fœ tus comme des Pucerons avortés. La difpro- portion de taille qui s'obferve entr'eux & les Pu- cerons qui naiflent à terme, étoit ce qui favorifoit Je plus cette idée. Il étoit naturel de foupçonner que le froid n'avoit pas permis à ces fœtus d'acqué- rir la grofleur propre aux petits naiflans , & qu'ils auroient acquife dans une faifon plus favorable. Cependant, confidérant la forme extérieure de ces foetus, & les précautions avec lefquelles ils font dépofés , je formai une autre conjecture , très» finguliere à la vérité, mais qui me plut auffi-tôt. J'imaginai qu'ils étoient comme des efpeces de co- ques, dans chacune defquelles un Puceron demeu- roit renfermé jufqu'au retour du Printemps, ou, pour parler fans figure, je les foupçonnai de véri- tables œufs. Je me flattai de voir mon foupçon fe vérifier. Dans cette vue , je confervai très-foi- gneufement les branches fur lefquelles quelques-uns de ces fœtus avoient été dépofés; & en particulier celle où fe trouvoient ceux des Pucerones que j'a- vois tenues renfermées avec un mâle ; mais aucun ne s'anima Ils noircirent tous, & fe deffecherent. Je n'abandonnai pas pour cela mon idée, je corn- parai nos œufs de Pucerons à ceux d'où fortent certaines faufles Chenilles ( i ) , lefquels ont befoin de fe nourrir, de s'imbiber, pour ainfi dire, de la vapeur infenfible que la plante, fur laquelle ils ont été dépofés, tranfpire. Je ne manquai donc pas de chercher de ces œufs ou fœtus , l'hiver fui- (i) Les fauffes Chenilles du Grofeiller & du Saule. Voy. le Tome V. ies Mém, de M. de Reaumur , fur les InfeSes, On appelle Faujfe Che- nille tout Infefte qui rcdemble k une Chenille pai- la forme du cori"'s, mais qui a plus de jambes, ou qui les a autrement conformées que la Chenille, & qui , au lieu de fe chauler en Papillon , fe change conflainmcnt tu Mouches à quatre ailes. SUR LES PUCERONS. 87 vant & dans le commencement du printemps de 1741; mais toutes mes recherches furent inutiles; elles m'apprirent feulement que nos gros Pucerons du Chêne à trompe courte abandonnent les branches de cet arbre , lorfqu'elles ont commencé à fe dé- pouiller de leurs feuilles, ou que le froid eft de- venu plus piquant. Ils favent fans doute trouver des retraites fous Técorce & dans des crevafles, où ils paflent la rude faifon. OBSERVATION X. Ohferyaîiom qui prouvent que les gros Pucerons du Chêne y après avoir pris des ailes, font eU" core fufceptibles de quelque accroijfement» V-^'est une fegle eflîmée générale pour tous les Infedles qui fe transforment, qu'ils ne croifTent plus après avoir fubi leur dernière métamorphofe. On ne connoît encore que les Grenouilles qui falTent une exception à cette règle. Après avoir quitté l'enveloppe qui les faifoit paroître des Têtards, elles continuent à groflir. Je ne fais fi nos gros Pucerons du Chêne ne forment point une féconde exception : voici ce qui me porte à le conjecturer. Chercha NT, un jour du mois d'Oélobre 1 740 , fur un Chêne , un de ces petits Pucerons ailés , de l'efpece dont il s'agit , & que j'ai démontré être des mâles, (Obf. VIL) j'en attrapai un i-peu-près tel, quant àlagroffeur, que je le fouhaitois, mais dont le ventre étoit pourtant plus gros à proportion que ne l'étoit celui d'un autre petit Puceron ailé F 4 g3 OBSERVATIONS que j'avois vu s'accoupler peu de jours auparavant.' Celui-ci ditFéroit encore de l'autre par fa couleur qui étoit noire. Celle du Puceron dont je parle tiroit fur le rougeâtre. Ces différences alfez frap- pantes me faifoient extrêmement fouhaiter d'élever ce dernier: mais il lui arriva un accident qu'il eft inutile que je rapporte , & qui fut caufe que je ne pus le conferver. Pour comble d'infortune , un autre qui avoit tous les caraéteres propres aux Pu- cerons mâles , & que j'avois renfermé peu de jours auparavant avec iix femelles, eut le fort du pre- mier. Je mis pourtant ces deux pertes à profit; je leur preflai le ventre à l'un & à l'autre : de ce- lui que je foupçonnois être femelle , fortit une li- queur verte , dans laquelle nageait un grand nom» bre de petits corps d'une couleur plus foncée , que je ne pus prendre que pour des fœtus ou œufs , & du derrière de celui que je favois être un mâle , fortit une partie blanchâtre, façonnée comme celle que j'ai décrite dans rObfervatipn VII. Un autre Puceron du Chêne , de Tefpece des précédens, après avoir pris des ailes, étoit affez effilé & vif; je le croyois un mâle; mais au bout de quelques jours je le vis tellement groffir, qu'il vint enfin à égaler les grofles femelles non -ailées, & je l'obfervai enfuite accoucher. On me dira peut- être qu'il en efl de cette aug- mentation de grofleur, comme de celle qui arrive aux femelles des grands animaux lorfqu'elles por- tent; qu'elle doit être attribuée aux fœtus, qui pre- nant de jour en jour plus d'accroiflTement , diften- dent de plus en plus les membranes de la matrice. JEt j'avouerai qu'il fe peut que ce foit là la caufe unique de cet accroiiTeraent de volume, Sur les pucerons. 8§) OBSERVATION XL Que les Fourmis fe faijijjent quelquefois des Pucerons, X L eft bien avéré que les Fourmis ne fe tiennent auprès des Pucerons que pour recueillir la liqueur miellée qu'ils rejettent, & qu'ainfi ce n'eft point à eux- mêmes qu'elles en veulent, comme l'ont pré- tendu Leuvenhoek&Hartsoeker. Fivos verb hos Pediculos , dit M. Frisch, (*) numquam laàunty nec auferunt. Voici néanmoins une pecite obfervation qui femble direftement contraire à ce qu'avance ce célèbre obferyatpur. Ayant apperçu , au milieu d'une troupe de nos gros Pucerons du Chêne , un de ceux que j'aî prouvé être des mâles, je fouhaitai l'emporter dans mon cabinet. Pour cet effet, comme il me parue avoir fa trompe fichée dans la branche , je com- mençai par le toucher légèrement du bout du doigt à deux ou trois reprifes: je le déterminai ainfi à fe mettre en mouvement & à changer de place , mais au moment que j'avançois la main pour le prendre, une de ces groffes Fourmis , dont ces Pucerons font toujours environnés, le faifit avec fes dents, & fe jeta auffi tôt à terre. Je me baiflai promp. tement, mais je ne pus découvrir ni la Fourmi ni le Puceron. Je foupçonne volontiers que la Four- mi ne fe feroit pas jetée fur celui-ci, Ci ma pré- fence ne l'eût échauffée , &, pour ainfi dire, tirée de fon naturel, (♦) faS' *3 Jes Mifccl. Berol. an. 1723. p<> OBSERVATIONS . A u refle, ce petit Puceron m'ofFrit une partîcu» larité qui pourroit faire douter fi les deux efpe- ces de gros Pucerons que le Chêne nourrit , ne font pas les mêmes. Il portoit feslailesexaftement pa- rallèles au plan de pofidon: or M. de Reau- MtTR a remarque', [_Tom. 111. p, 334 de/es Mémoi' res"] que ce port dk celui des ailes des gros Puce- rons qu'il a découverts dans des crevaiîes de cet arbre. Mais un fenl exemple ne conclut pas : d'ailleurs aucun des Pucerons, de l'efpece que j'ai ûbfervée , n'avoit une trompe à beaucoup près auffi longue que l'eft celle des Pucerons de M. de Reaumur. OBSERVATION XII. Ohferyations fur des Pucerons de la grojfe Efpect qui vit fur le Chêne , Êf , dont la peau s'enle- voit après leur mort en y appliquant le doigt , quoique légèrement» X A K M I les Pucerones renfermées enfemble dans la même habitation, il m'eft arrivé plus d'une fois d'en voir de fixées contre la branche, & comme fi elles euiTent été pleines de vie : mais , quand je venois à les toucher du bout du doigt, quelque légèrement que ce fût, la portion de la peau fur laquelle mon doigt avoit été appliqué, étoit empor- tée fur le champ ; l'intérieur étcit mis par -là à découvert. Il s'élcvoit - au deffus de la plaie une liqueur prefque noire, doDt tout le corps étoit rempli. SUR LES PUCERONS. pr OBSERVATION XIIL Qjne rEfpece de gros Pucerons^ en qui fai dé- montré r accouplement, fe multiplie cependant fans ce fecours, X-/É MONTRER qu*il y a une efpece de Pucerons où fe trouvent des mâies & des femelles qui s'ac- couplent, c'eft donner lieu à cette queftion, fî cette efpece n'eft pas aflujettie à la loi générale, qui veut que la génération fe fafle par le concours des deux fèxes , & feulement par ce concours. Il eft vrai que dés qu'on s'eft afluré, par des expé-, liences de la nature de celles que j*ai rapportées,' que plufieurs efpeces de Pucerons fe fuffifent à el- les - mêmes , il eft naturel d'en tirer cette confé- quence , qu'il en eft de même de toutes. Cepen- dant , comme nous ne connoiffons que très - impar- faitement l'ordre qu'il a plu à l'Auteur de la Na- ture de fe prefcrire dans \e& fyftêmes particuliers qui compofent le fyftême général du Monde, nous devons nous défier de ce qu'indique le raifonne- ment , & confulter l'expérience autant que nous le pouvons. L'analogie & l'induélion, quoiqu'el- les conduifent affez fouvent au vrai , trompent quel- quefois: c'eft de quoi l'hiftoire naturelle ne nous fournit que trop de preuves. Conformément à ces principes , j'ai tâché d'élever en folitude , depuis leur naiffance, de nos gros Pucerons du Chêne k trompe courte; d'ailleurs, M. de Reaumur, h qui j'avois communiqué mes premières obfervations fur ces Pucerons, ayant jugé cette expérience né- celTaire, c'en étoit affez pour m'obliger à la tenter. Je vais en donner les principaux détails. 9» OBSERVATIONS JOURNAL D'OBSERVATIONS Air. Us gros Pucerons du Chêne ^ à trompe courte^ X\'::^\\iséleyés dans une parfaite folitude. X_>E 30 Août 1742, à neuf heure? du matin, j'ai mis en folitude à l'a naifTance un Puceron de cette efpece, venu au jour fous mes yeux. Le 2 Septembre, fur les trois heures après - mi- di, il s'efl dépouillé pour la première fois. Le 5, fur les dix heures du foir, il avoit fubî un fécond changement de peau. Ses jambes étoienc encore jaunes, de même que fes antennes; mais fon corps avoit prefque achevé de fe rembrunir. Le 8, fur les onze heures du foir, il avoit re- jeté une troifieme dépouille. Ses jambes confer- voient encore une teinte de jaune. Le 12 , entre fept & huit heures du foir, il s'efl dépouillé pour la quatrième & dernière fois. Le 16, il efi: mort. Il avoit acquis toute la gros- feur qu'ont les Pucerons de cette forte, parvenus à l'âge de maturité. J'en ai fait fortir des fœLus dont les yeux étoient très • diflinéls. Le 18, à une heure après midi, j'ai renfermé à fa naîlTance un autre Puceron de cette efpece , pour remplacer celui qui étoit mort le 16. Et, aîin de ne me pas trouver dans le cas de voir manquer de nouveau l'expérience par la mort de ce fécond Puceron, j'en ai mis encore deux autres en foltiude, l'un le 19, }'autr« le 20, mais ce dernier n'a pas vécu, non plus qu'un troifieme renfermé de même à fa naifTance le 24. SUR LES PUCERONS. Journal de la vie du Puceron i né le 18 Septembre , à tme heure après •• midi , 6f élevé en foUtude. 27 Sur les S h. m. Il s'étoit dépouillé pour la première fois. Ses. jambes, les an- tennes & fa trompe étoient encore jaunes. O C T. 4 env. 7 h. d. f. 5 environ 7 h. m. O c T. II à 2 h. 58 min. à 3 h. 38 min. à 9 h. Il s'eft dépouillé pour la féconde fois. Il efl: remarquable qu'il l'ait fait un jour plus tard que l'autre Puceron. 53 Journal de la vie du Puceron, né le tç) Septembre , à onze heures du matin , âf élevé en fo/itude. . Il s'étoit dépouillé pour la première fois. Comme il s'étoit rem- bruni, & que la veille à dix heures du foir, il n'avoit point en- core mué , il faut qu'il] 'ait fait pendant la nuit. Il s'eft dépouillé pour la féconde fois. Il avoit commencé à fe dépouiller pour la troifieme fois. Il étoit entièrement hors de fa dépouille. vSes jambes, fes an- tennes & fa trompe confervoient encore 94 OBSERVATIONS 12 ent. n ^ :4h. apr. midi. 23 lur les 3 h. apr. midi. 24 lur les '^ h. apr. midi. Nov. 5 '. H matiQ Il s'eft dépouillé pour la troifieme fois. Il s'eft dépouillé pour la quatrième fois. une teinte de jaune & il n'avoit pas en- core commencé à fai- re ufage de cette der- nière ; mais jquelques momens après, il l'a piquée dans i'écorce. Il s'eft dépouillé pour la quatrième fois. . Voyant qu'il n'a- voit point encore commencé d'accou- cher, & l'attribuant à la diminution de la chaleur , je l'ai porté dans cette armoire dont la température eft à l'ordinaire de 15 à 20 degrés du thermomètre de M. de Reaumur. iLavoitmisaujour un fœtus, que j'ai trouvé couché paral- lèlement à lalongueur de la branche, ôcrfur lequel toutes les par- ties extérieures du Pucer. fe voyoient en relief, j'ai remar- qué que , quoique le Puceron n'eût encore accouché que de ce fœtus, il avoit cepen- dant diminué de gros- feur fcnfiblement. SUR LES PUCERONS. Nov. II mac. 95 Il avoit cefTé de vivre. 24 ftiat. I Je l'ai trouvé près I que mort, ou, pour parler plusjufle, en- gourdi par le froid! de la nuit, qui avoit 1 fait defcendre le Thermomètre à qua- tre degrés au-deflus de la congélation. Je l'ai donc porté dans un poêle pour le ra- nimer: mais la cha- leur n'a pas produit fur lui beaucoup d'ef- fet. Je l'ai vu feule- ment un peu agiter fes antennes & fes jambes, fans néan- moins changer de place. 25 mat. I II étoit mort. p^ OBSERVATIONS OBSERVATION XIV. Autre Expérience fur le même fujet. Conje^ure fur Vufage de l'accouplement. >^uoiQUE rexpérîence précédente ne laiflat guère lieu de douter que Taccouplement n'efl pas plus néceflaire pour la multiplication de l'efpece, aux gros Pucerons du Chêne, qu'il ne l'eft à ceux du Fufain, du Plantain & du Sureau; cependant, comme de ceux que favois élevés en folitude, l'un n'avoit point produit , & l'autre n'avoit mis au jour qu'un feul fœtus , je me fuis cru obligé d'en venir à une féconde épreuve qui a eu le fuccès defiré. Un Puceron de cette efpece , mis au jour fous mes yeux par une Pucerone ailée, le 6 Juillet 1743, entre 6 & 7 heures du matin , & renfermé fur le champ, avoit accouché de deux petits bien vivans le 9 du même mois, à 10 heures du foir. J'aurois donné ici une table ou regiflre des accouchemens de ce Puceron, s'il ne s'étoit évadé le 13, après avoir encore donné naifTance à trois petits. J'ai fait mon poffible pour élever aulTi en folitude deux de ces petits ; mais , quelques foins que j'aie pris, je n'ai pu en venir à bout. Ils n'ont fait que courir , ôc font enfuite tombés morts d'épuiferaent. Cette re- marque doit empêcher de fe rebuter ceux qui fou- haiteront de faire cette expérience. Un des meil- leurs moyens d'en aflurer la réuflite , eft de couvrir le poudrier , [Obf. I.] de façon que la lumière ne puiiTe avoir accès dans l'intérieur. i - Il SUR LES PUCERONS. 97 I L eft donc à préfent bien conftaté que ces gros Pucerons du Chêne que j'ai vus s'accoupler en Au- tomne, peuvent ne'anmoins fe perpétuer fans avoir de commerce avec aucun individu de leur efpece. Cela étant, quel fera l'ufage de l'accouplement? Pourquoi ces Pucerons feront-ils diflingués entr'eux de fexe? Ici, j'avouerai d'abord mon ignorance, n'ayant là - deflus qu'une conje6lure à propofer ; c'eft que l'accouplement fert peut-être à vivifier les œufs que ces Pucerons pondent avant l'hiver. ( i ). A cette conjefture on préférera fi l'on veut celle de M. de Re AUMUR (*) ; „ que l'union du mâle 3, avec la femelle pourroit n'avoir d'autre ufage que j, celui de donner aux mères la facilité de fe déli- „ vrer des fœtus qui ne font pas à terme, afin „ de fe conferver elles - mêmes pour une poftérité 5, qu'elles feroient naître dans des temps plus heu- „ reux." Si cependant le refpeft que j'ai pour cet illuflre obfervateur, me permettoit de dire mon fentiment fur cette conjeélure, j'avouerai qu'elle ne me paroît pas afTe^ fondée. J'ai fait, à la vé- rité, une expérience qui femble la confirmer, je veux parler de celle de ces deux Pucerons du Chêne élevés en folitude, dont l'un n'a point accouché, & Tautre n'a accouché que d'un fœtus. Mais man- querons nous de raifons naturelles pour expliquer ce fait? Le froid, la conftitution aéluelle de l'Infe^le, la (qualité de fa nourriture, celle de l'air, &c. ont pu concourir à fa produ6lion. D'ailleurs, puifqu'il s'agit d'oppofer expérience à expérience , pourquoi (i) On trouve cette conjedlure développée dans l'article 306 de mes CanfidiTutions fur les corps or gant fis ^ publiées à Amfterclam en 1762; & Chap. VHI. de la Partie ViU. . XXIL'] mais, pour qu'il ne refle abrolument aucun vuide , je garnis tout le tour de fable fec. Cela fait, je n'ai point à craindre qu'aucun Puceron, ou qu'aucun autre Infe6le , fi petit qu'il foit, pûifTe s'introduire dans la folitude. ■ Mais ce qui fait k mon fens le principal mérite de cet expédient, c'efl: que s'il prend fantaifie au Puceron de quitter la branche fur laquelle il s'étoit fixé, il peut enfuite la regagner, après quelques tours de promenades fur le carton ou autour du poudrier. On ne ris- que point ainfi de le perdre, comme il arrive quel- quefois en faifant ufage des autres moyens qu'indi- que M. de Reaumuk. Enfin, il faut ici moins d'appareil , comme je l'ai déjà infinué. Pour mieux diftinguer le petit animal , on peut employer des cartons d'une couleur très - différente de la fienne. Tome L II 114 O B S E R V A T I O N S T/îBLE des Variations du Thermomètre (i), de- puis le 9 de Juillet 1^4.^, jufqu\au 2*^ de Sep- tembre inclujivement , pour fervir à l'ObfervationVI, Jours du mois D E D U G M R É S A T I N., D E G R DE l'aPRÈS- É S MIDI. JuiUut, 9. Heures. à 4 h. 1 9 12 Degrés. I5i à 3 h. 10 • • ♦ . • Degrés. 16 13} • * • 10. à 4 h. 4 9 12 10 1(51 18 à 3 h. 10 • . 17 13^ II. à 4 h. 4 9 12 9 17 i i8f à 3 h. 10 * 19 * • * à 4 h. 9 12 m 18 19 12. àio • • • 13. à 4 h. è 9 12 9 17 18 à 3 h. • • i8i 16 \ • • • à 4 il. i 9 12 I4i 13 i3i , 14. à 9 h. • • • 11^ • • • ï5- à 4 h. ï 9 12 III 301 lU à 3 h.i 9 14 1 io5. • • * 16. à 4 n.4 12 10 ' 15 a 3 h. 9 13 i- 10 i 17- à 4 h. 4 9Ï 12 10 1(5 à 3 h. 9 • • ♦ • • 16 O^ Ce Thermomètre, qui eft celui de M. de Reat'mur, a dté tenu à l'air ext6'icur : mais la rempérature itii cabinet, où Ic-s c.xpiî- riences rapportées dans l'Obiervatlon VI, ont éci; laites, ne clilil-ru (lue- de (iuekiucs dciinis de celle du dcliurs. SUR LE THERMOMETRE. 115 Jours du mois. D E G D U M R É S AT I N. Degrés. II 14 D E G R DE L'aPRÈS- É S MIDI. Juillet. 18. Heures. à 5 h. 9i Heures. à 3 h. 9 Degrés, 14 12$ 19. à 5 h. 9 12 10] 17 à 3 11. 9 19l I3i 20. à 4 h. 5 9 12 10 î 16 17^ à 3 h.| 9 18 • • • 21. à 4 h. 4 8i 12 8 1(5 1 20 à 3 h. 9 20 13^ • • • 22. à 4 h. + 9 12 144 16 i à 3 h. 9 12 f- 23- à 41 y 12 9 Iiî 14* • * • • « à 9 h. • • • 10 24. à 4 h. è 9 12 95 14 î7 à 3 h. 9 18 1 12§ • w 25- à 4 h. 9 12 8,. 17 19 à 3 h. 9é I9k 26. à 4 h. i 9 I 2 11 19; 20 i à 3 h. 9 21 l(5î • • ♦ 27. à 4 h. i 9 I 2 14 21 22 à 3 il. 9 23 14§ 28. à 4 h. i 12 13 18 à 3 h. 9 i8| 12i 29. à 4 h. i 9 • • • • 8§ 17* • • • • a midi ^ 3 h. 9i 19 QO II 2 11(5 OBSERVATIONS Jours du mois D E D U G M R A T É S I N. DEGRÉS DE L'iiPRÈS-MIDr. Juillet. à 4 h. ^ 9 12 Degrts. 10- 19 i 21^ Heures, à 3 h. 9 D titrés, 2li • 31- à 4 h. ^ 9 12 12^ 21 23 à 3 h. 9^ • 22 k 17 Aoilt. I. à 4 h. 4 9 12 14 23 23 à 3 h. 10 24 18 • * " • à 4 h. 4 9 12 14 i 20 21 2. • . • • • 3- c'i 4 h. i 9 12 13 20 21 ' • • ♦ à 9 h. * • é • • 4. 5- 6. à 4 h. 4 12 10 19 à 3 h. io§ 19 § 14 à 5 h. 4 9^ . 2 ï9 à 9 h. à 3 h. 9i 17 20^ 19 7- à j h. 9 12 l6é 17 î9 à 3 h. 9 20 13 8. à 4 h. 4 9 12 17 i8f à 3 h. 9 i9 4 14 • • • • 9. à 5 h.t 9 12 18 81 17 18 . à 3 h. 10 12 2 10. à 5 h. 9 12 a 3 h.4- 9 • 19 13 = SUR LE THERMOMETRE. 117 Jours du mnîp. yioùC, II. D E G R E SjD E G R É S DU MATIN. I DE l'aPRÈS-MH)T. Heures, à 5"h. 12 à 5 h. 9§ iM 12 à 5 h-^ 9 r 12 Degru 9 18 ip: a 5 n. 10 9 20 12 22 à 5 h. 12 9 20 12 20; à 5 h. 4 9i 13 12 19\ Heures. à 3 h. 9 à 3 h. 4 9i 12 22 5 24 23^ à 5 h. 13^ 9 - 2C> 12 . 22 'i 5 h.i 14 i 9 18 12 19 a j h. 12 8§ ij.i 12 iji à 5 il-* iOi 9 I^ 12 17' à 5 h. 10 ï 9 17 12 17^ à 6 h. 14 9Ï - 16 12 18 à 3 h. L. 9 lO: I5i 17 H3 à 3 h. 9 à 3 h. à 3 h. 9 a 3 n. 9 à 3 h. 9+- Vegfcs. 2 11 ■ 14^ 21 2 I i I6i 18 16 19 • IT§ 12 + 18 14 18 i 14 19 14^ 18 13; Ii8 OBSERVATIONS Jours du tnc.s. D E G R DU MAT É S 1 M. DEGRÉS DE l'après-midi. Août. 23. à 5 h.^ 9 12 12 141 17 Htiires, à 3 h. 9 Degns, 19 15 24. à 5 h.i 9 12 I2é 18 à 3 h. 9 • • • • 18^ I4Î 25- à 5 h.i 9i 12 13 18 17 à 3 h. 9 171 I3i 25. à 5 h.i 9 12 i2§ 14^ à 3 h. 9 < ■ • 1(5 § I3i • • • » à 5 h.i 8i 9 12 12: I4i 14 i 15* 27. à 3 h. 9 15 13^ 28. à 9 h. 12 164 17 à 3 h. 9 à 3 h. 9 ^7Î 135 29. à 5 h.^ 12 10 19 I9i 15 • • • • 30- à 5 h.è 9 13 18 i à 3 h. 9 i8t • • • • 31- à 5i 9 12 II' 183 19 à 3 h. 9 # • • I9i « • Septembre. I. à 5 h.i 12 à 5 h.i 9 12 19 20 12 14^ ^7 à 3 h. 9 20 16 1^ 2. à 3 h. 9 i8f 14Î • • • • . 3. à 5 h.i 9 l 12 12 1 153 15 i à 3 h.i 81 • • • • I5§ 12 • • • • SUR LE THERMOMETRE. 119 Jours du mois. D E G R DU MAT É S IN. D E G DE l'aPR R É S es -MIDI. Hiptembre. -4. Heures, à <î Ia, 9 12 . 16 Heures. à 3 h. 9 J^eirnsi 16 \ 12 • • • . r, S- à 5 h. i 9 12 8 1(5 18 à 3 h. 8 4 17 * ■ . • 6. à 5 h. 12 ir 17 a 3 h. 9 • • • 16 i 14 i- • • » . 7. a 5 -h. i- - 9 12 i4 18 à 3 h. 9 19 14 • 8. à 5 h. 4 8i 12 10 ; 16 1(5 a 3 il. 9 • . . • 16 i 12* 9. à 5 h. 4 .9. . 10 II à 12 h.4- 3 9 î -14 ■ ^^^ 12 10.. à 5 h. 4 12 75 à 4 h. r 9 • * • - • • • . . II. à 6 h. 9 12 12 i 1(5; 18; à 9 h. • • • • • • . . I3i • • • • 12. à (5 h. 8 12 13 "^ I7i àio h. .^3 • • • . 13- à 6 h. 9 à 3 h.ï 9 ■ i?§^ 15 ; 14- à 6 h. 9i i3 17 à 8 h. è • 14 ' 15.' -Si' 12 14 § ai2î 3 9 J6j i7i I2i à 5 h. i 12 10 18 l8i * iCj. à 9 h. 15? • • • • H4 120 OBSERVATIONS Jours du mois. Septembre, 18. 19. 20. — 21. 22. -237- 24. 25- 26, 27. DEGRÉS DU MATIN. Heures, à 6 h. 9 à 6 h. 81 Degrés. I2i I6f 12 14-3 à 6 h. 81 9 8 12 IQ à 6 h. 5 12 II à (5 h. 7 9 IO§ à 5 h. 9ï 9 I0§ 12 II' à 5^ 5i 12 12 à <5 h.i Si 9§ 10' 12 II-: à 6 h.i 5i 9 I0§ 12 I2§ à 6 h. 8 9 I0§ 12 13 à 6 h. 9) 9 II" 12 14 DEGRÉS DE l'après-midi. Heures. à 3 h. 9 à 3 h. 9 à 3 h. 9 7i 9^ à 3 h. 9 à 3 h. 9 à 3 h. 9i Degrés, 10 P 8 ni 8 121" 8i ï3 9 131 84 à 3 h. 9 I2i 8 à 3 h. 9 12 91 • . . à 3 h. 9 • • • à 3 h. 9 14 9§ à 8 h. 4 10 -■ OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPECES DE VERS D'£ jû U D 0 U C Ey Qui, coupés par morceaux, deviennent autant d'Animaux complets. SECONDE PARTIE. INTRODUCTION. Hifloire abrégée de la muyelle Découverte. JLi'HisTOïRE naturelle, û féconde en faits fîn- guliers , n'avoit rien offert encore de plus extraor- dinaire que cette propriété commune à divers Infec- tes qu'on a coupés par morceaux , de devenir au- tant d'animaux complets, & capables de toutes les fondions de i'Infeàe entier. M. Tremble y, mon parent, qui fait a6luellement (à réfidence à la lîaye en Hollande , & dont l'habileté dans l'arc d'obferver efl au - defflis de mes éloges , eft comme on fait, le premier auteur de cette découverte. Ce fut fur la fin de Janvier i74r, qu'il me l'annonça §h ces termes, „ Je ne fais prefque fl je dois ap- H 5 122 OBSERVATIONS „ peler Plante ou Animal Tobjet qui m'occupe le „ plus à préfent. Je l'étudié depuis le mois de „ Juin : il m'a fourni des cara6leres aflez marqués „ de plante & d'Animal. C'efl un petit Etre aqua- „ tique. Dès qu'on le voie pour la première fois , „ on s'écrie que c'efl une petite plante. Mais, (i „ c'efl une plante, elle eft fenfuive & ambulante; „ &, fi c'efl un Animal, il peut venir de bouture „ comme plufieurs Plantes. ' J'en ai coupé en trois „ parties : il efl revenu à chacune ce qui lui man- „ quoit pour être telle que cet Etre avant d'être „ partagé; chacune a marché , & fait jufqu' ici tous „ les mouvemens que j'ai vu faire à l'Animal j, complet/' Dans une autre lettre en date du 24 Mars, M. Trembley en m'envoyant un defTein de fon pe- tit Etre aquatique, m'enfeignoit comment je devois m'y prendre pour m'en procurer. I L n'en falloit pas tant pour piquer beaucoup ma curiofité: impatient de la fatisfaire, je me mis donc en campagne y mais fans fuccès. Au défaut de la produétion extraordinaire qui faifoit Tobjet de mes recherches, j'attrapai une forte de Ver long, fort agile & fans jambes, fur lequel il me vint en penfée de tenter ce genre d'épreuve. Je crus que fi la ten- tative que je méditais réufîîfToit fur ce Ver, bien reconnu pour Animal , j'aurqis démontré qu'il y a réellement des Animaux qui peuvent être multi- pliés, pour ainfi dire, de bouture y ce qui confîrme- roit la belle découverte , encore naifTante , de M. T R E M B L E Y. L'expérience réuffit efFedlivement : mon Ver partagé en deux me donna bientôt autant d'Animaux complets. Je ne manquai pas de les fuivre tous les jours bien régulièrement, avec tout le foin & toute l'attention qu'ils méritoient. J'eus SUR LES VERS. 123 ]e plaifir de voir, en quelque façon , fe former fous mes yeux la tête & la queue: je vis les vifceres fe prolonger dans l'un & l'autre Ver, & ces nou- veaux organes s'acquitter de leurs fondions , de la même manière que les anciens. Je ne doutai plus après cela que l'Etre aquatique de M. Trem- ble y, malgré fa reflemblance avec une Plante, ne fût bien un Animal. En effet, il m'avoit écrit depuis aflcz peu de temps , que c'en étoit vérita- blement un, auquel M. de Rea u m ur avoit don- né le nom de Polype, Mon deflein n'eft pas de donner ici un précis des découvertes deM. Trembley: c*efl: ce qui a été parfaitement exécuté par M. de Reaumur, dans la belle préface qu'il a mife à la tête du fixie- me volume de fes mémoires fur les Infeéles. Je me bornerai donc au récit de mes propres obferva- tions, & je commencerai par la defcription du Ver qui en a fait le principal objet. Quelque fimple que paroiffe fa flrudlure au premier coup-d'œil, dès qu'on vient à l'examiner de plus près, on y décou- vre des parties auflî propres à s'attirer l'attention , que celles des Animaux que nous jugeons les plus parfaits. %ii\^ 124 OBSERVATIONS OBSERVATION I. Defcription de la première Efpece de Ver qui a fait le fujet de ces Obferyations, Le Ver [P/. L Fîg. 1. IL IIL IF.'\ dont il efl queftion, eft d'ua brun rougeâtre, plus foncé dans le milieu du corps que vers les extrémités. L'ex- trémité poftérieure tire pour l'ordinaire fur le jau- nâtre. La longueur de ce Ver eft d'environ quin- ze à feize lignes, quelquefois elle va à plus de deux pouces. Il eft gros comme une chanterelle de vio- lon , ou même plus. Son corps eft formé d'une fuite d'anneaux membraneux, qui vont toujours en diminuant à mefure qu*ils approchent des extrémités. Ces anneaux font garnis chacun dans leur partie inférieure de quatre à fix efpeces d'épines [_Pl. L Fig. V' c. c. c. âfc.] blanchâtres, qui fuppleent au défaut de jambes. Outre ces épines, l'extérieur de ce Ver offre encore quelque chofe d'ailez remar- quable; & qu'on obferve avec plaifir au mifcrofco- pe ; ce font les Mufcles qui fervent au mouvement des anneaux , & qui forment une infinité de lignes circulaires, ou de plis parallèles les uns aux autres, dont féclat de la peau augmente beaucoup le relief. La tête {a) n'a point, comme celle des grands Animaux, de figure conftante. L'Infe6i:e l'alonge, la raccourcit , la dilate & la contracte à fon gré. Quelquefois elle montre de chaque côté deux peti- tes élévations [P/. /. Fig. V. a. « ], qu'on diroit devoir être la place de deux yeux : ce qui eft au- delà fe termine en pointe pour donner plus de fa- s U R L E s V E R s. 125 cilité au Ver de percer le Jimon dans lequel il fe lient ordinaîremenc. A l'endroit où la tête a le plus de diamètre, entre les deux élévations dont je viens de parler, eH phcée h Bouche , b. Lorfque rinfeéle l'ouvre, l'ouverture qui fe diflingue nette- ment, paroît circulaire, & garnie tout aucour d'un mufcle aflez épais \_Fig, FIL k.'] C'ell en partie ce mufcle qui , en s'appliquant exaftement par toute fa circonférence fur un plan uni & perpendiculaire à l'horizon , permet à l'Inftfte de s'y promener d'un endroit à l'autre. Plus d'une fois il m'eft arri- vé de voir s'élever au-deflus de la bouche [P/. jl comme une efpece de vefîîe \_Fig. VI. h.~] qui étoic alternativement poufTée au-dehors , & retirée en- de- dans. Vue de côté , elle avoit quelque air d'un mamelon \_Fig. FUI, /.] " Seroit-ce là la langue de notre Infefte, ou du moins une partie équivalente? Je le croirois volontiers. A l'autre extrémité du corps efl une ouverture oblongue [Fig. X ». Fîg. XIF. ç], dont le grand diamètre eft parallèle à la longueur de l'Animal, ^ qui donne palfage aux excrémens. [_Fig, I. II, ^c, e. e. e. àfc. ] Mais rien n*attire plus l'attention, dans cette efpece de Ver, que h grande artère [^Fig. F,f.f, f. C. C. C. ^c. ] Ce vailîeau que le ceiebre M a l- PIGHI a cru devoir regarder* comme une chaîne de cœurs, & qui dans les Chenilles, ainfi que d:ns quantité d'autres Inffc6les,ell étendu en ligne droite tout du long du dos, eft ici plus ou moins replié dans différentes portions de fou étendue. Souvent ce n'eft d'un bout à l'autre que plis & replis. Dans ces routes tortueufes ferpente la liqueur analogue au fang. D'inflant en infiant on voie une goutce de celte liqueur qui par: de l'extrémité de la queue ,^ 126 OBSERVATIONS enfile tous ces zigzags , & va fe perdre enfin dans le cerveau. On Ja fuit aifément dans Ja plus gran- de partie de fon cours, par les mouvemens alterna- tifs de contraèlion & de dilatation qui s'excitent fuccefTivement d'anneau en anneau: il femble que chaque portion de l'Artère comprife dans la lon- gueur d'un de ces anneaux , foit elle-même un vé- ritable cœur ( r ) , qui poufîe à celui qui le fuit , la goutte de liqueur qu'il a reçue de celui qui le pré- cède. On ne peut fe lafler d'admirer le fpeélacle qu'offrent ces mouvemens continuels de Syftole & de Dyaftolei mais, pour en bien jouir, il faut fixer fes regards fur le milieu du corps. C'eft-là que l'Artère a le plus de diamètre (2). Tout s'y pafle beaucoup plus vifiblement que vers les deux extré- mités. Du côté de la tête, fur une longueur d'en- viron une ligne, l'artère ne paroît prefque plus que comme un fil, qu'on a peine à diftinguer, & qui diminue continuellement jufques près de la bouche où elle cefTe abfolument d'être vifible. Mais ce qu'on ne doit pas négliger de remarquer , c'efl la (i) C'3 été, en effet, la penfée de ^^ALPICIII, comme ic l'ai déjà infiiiué, & comme on peut le voir dans l'a DiiTertation fur le Ver à Ibic. Cependant, quoique cette multiplicité de cœurs ait quelque chofe de plus merveilleux qu'une fimple artcre tendue tout du long du corps, je penchcrois néanmoins plus volontiers à croire qu'il n'y a dans uo5 Vers , non plus que dans les Chenilles , qu'un feul vaifleau dcfliné à pouffer la liqueur analogue au fang. Mais comme ces Vers font à pro- portion beaucoup plus longs que les Chenilles qui le font le plus, & que le fang auroit eu par conféquent plus de peine à y circuler, à me- fure qu'il Te feroit éloijîné du principe de fon mouvement fi la grande artère eût été faite précifément fur le même modèle que celle des Chenil- les, j'imagine que la Nature a placé à chaque jonélion d'anneaux une efpece de valvule, qui, par la manière dont elle joue, aide à chafler le fang avec plus de force. Je penfc- qu'il en efl: à peu près ici comme des infertions tendineufcs des nnifcles droits de l'Abdomen, ou des valvules du Canal Thorachique. Cette Ihuélurc, quoique plus fimple que ne l'a voulu malpighi, n'en cft pas, ce me iemble, moins ad- mirable. (2) Ce diamètre eft d'environ un quart ou un cinquième de la Ir.r- geur de l'anneau. [^Nute ajout, par Vaut» à celte nouy, Edi. SUR LES VERS. 127 rapidité avec laquelle le cours du fang s'accélère à cet endroit. 11 femble être comme dardé dans le cerveau. Du côté de la queue, dans une étendue de plufieurs lignes , il ne paroîc plus que ce foie le même jeu. Ces contrariions & ces dilatations al- ternatives , fi aifées à obferver dans le milieu du corps, fe confondent ici, de manière à ne pouvoir être diftinguées. On ne voit à la place que des cfpeces d'ondulations , ou comme des couches de nuages qui fe fuccedent les unes aux autres avec beaucoup de régularité, [ï] A LA jon6lion des anneaux , on remarque de petits vaifTeaux à plufieurs branches [P/. /. Fig. F, d. d. d. âff.]» 4"i paroiffent être des produdcions de la grande Artère. Cependant, comme je n'ai pu leur découvrir de fyftole & de dyaftole , on pour- roit foupçonner avec vraifemblance que ce font des ramifications de veines, qui rapportent le fang au principal tronc des veines , couché apparemment le long du ventre. Tout du long, & immédiatement au -défions de la maîtreflTe Artère [P/. /. Fig. y, D. D. D. âf^.] ell étendu le canal des Intcfi'ms , moins vifible par lui-même que par les matières terreufes dont il eft ordinairement rempli. Il efl: pourvu , comme le font les inteftins des grands Animaux , des différens [i] Les 'anneaux étant beaucoup plus fcrrtîs les uns près des autres vers la partie pcftcrieurc du corps , les niuuvcmcns de iyllole & de dyaflolc , qui fe font dans cliaque portion dj l'artcre conipii(c dans la lonjîueur d'un de ces anneaux, ne fauroient âtre apperçus diftinctcnicnt, & de -là provient fans doute cette apparence dj cotichcs de nuages qui vont de la queue vers la tétc. J'ajouterai ici que les bords de la gran- de artère , confid(îrée dans le milieu du corps de l'Infi-fte, fe montrent fuus l'afpcrt de deux lignes brunes bien terminées; & qu'îi chaque fy- ftole on vuit dilHnftement les deux lignes brunes aller ù la rencontre l'une de l'autre, fe rapprocher ainfi de plus en plus & fe toucher près, que. I/elpace compris entre les dnix lij^ncs ou les deux hoT&< de l'ai"- iciL eft ioit iranfparcut. [/Iddil» /aile par CAut, à cette i\', £, 128 OBSERVATIONS ordres de fibres mufculeufes, qui, par l'ëlafticité (i) dont elles font douées, chaflent peu à peu vers Yylnus le réfidu des alimens. Si on ne les découvre pas à l'œil , on en juge au moins par leur efFet. On obferve diftin61:ement comment les ex- crémens font poulies de place en place jufqu'à l'ouverture préparée pour les laiiTer fortir: la trans- parence de la peau le permet. Quelquefois néan- moins, à l'occafion des divers mouvemens que fe donne l'Infeàe , on les voit rétrograder : d'autres fois ils femblent couler, être entraînés rapidement vers l'Anus, Dans certains momens où l'Animal fe vuide, on pourra obferver vers l'extrémité de la queue comme un mouvement de fourmillement ex- traordinaire, à -peu -près comme fi l'eau, qui envi- ronne immédiatement le Ver, profitoit de l'ouver- ture que lui offre l'Anus pour fe gliffer dans l'inté- rieur. Et ce qu'on jugera rendre la comparaifon' d'autant plus jufte, c'eft qu'on rémarquera alors que les excremens qui s'avançoient à la fuite des premiers rejetés, feront forcés de rétrograder dans les inteflins, fans pouvoir pendant quelques minutes reprendre leur cours. Un autre fpe^lacle alTez intéreffant qu'ofFre quel- quefois l'intérieur de cette efpece d'Infefte , eft celui de bulles d'air rangées à la file dans l'cflomac & les inteflins. Mais au lieu que les poifTons ont à leur commandement l'air qu'ils ont renfermé dans une veffie, & s'en fervent pour s'élever ou s'en- foncer, notre Ver en efl au contraire maîtrifé : dès qu'il ("i") Je ne connoiflbis pas alors VlrritalUité c\\\i a joué depuis un fi grand rôle en Pliyrioiogic ; j'attribuois à VElcIliciié ce qui ne lui appar- ^tenoic point. On fait aujourd'liui que le mouvement Périflaltlque ou Vfiiniculaire des intcftins dépend de l'irrirribilité exquITe dont ils fonc duuds, & qui n'a rien de commun av(jc rélallicicé. '[Note ojout, par l'Aut, à utts nciiv. Edit, s U R L E s V E R s. 12^ qu'il lui efl arrivé d'en avaler une certaine quanti- té, il ne lui efl: plus poflîble, malgré les efforts qu'il ne ceiTe de faire , de gagner le fond de l'eau , iJ faut qu'il refle à la furface jufqu'à ce qu'il aie achevé de le rendre. J'ai vu de ces bulles alterna- tivement chaiïées vers l'anus, & repouffées vers la tête, pendant plufieurs minutes. Telles font , en gros , les principales particu- larités que les yeux nuds ou armés d'un Microfco- pe découvrent dans la ftruélure de cet Infefte* Cette fl:ru(5ture , une fois connue jufqu'à un cer* tain point, on en admirera davantage la merveille de la réproduélion de tant d'organes* OBSERVATION IL Sur un Ver partagé transverfalement en deu^ parties par le milieu du corps. J'ai dit que j'avois partagé un pareil Ver en deux parties. Je fis cette opération le 3 de Juin 1741* Immédiatement après je mis les deux moitiés dans une efpece de tafle de verre, de trois à quatre pou- ces de diamètre fur un pouce ou environ de pro- fondeur. Je ne les perdis prefque pas de vue : je remarquai que la première moitié , celle où tenoic la tête , fe mouvoit comme à l'ordinaire. Mais ce qui me parut bien autrement remarquable, c'efl: que l'autre moitié qui n'avoit point de tête , fe mou» voit prefque comme fi elle en avoit eu une. Elle alloit en avant en s'appuyànt fur l'extrémité anté- rieure de fon corps j elle avançoit même avec aflez Tome L I I30 OBSERVATIONS de \ îtcfTe. On voyoit que ce n'ëtoit point un mou- vement fans dirtélion , un mouvement produit par une caufe telle que celle qui fait mouvoir la queue d'un Lézard après qu'elle a été féparée du tronc, mais un mouvement très*voloniaire. On Tobier- voit fe détourner à la rencontre de quelque obfla- cle, s'arrêter, puis fe remettre à ramper. Lorfque les deux moitiés venoient à fe rencontrer, c é- loit comme û elks n'eLiT.nt jamais formé un même Infefte: elles ne paroiifoient ni fe cher- cher, ni fe fuir. Chacune tiroit de fon côte; ou fi elles alloient de compagnie vers le même endroit, la première devançoit ordinairement la féconde. Mais celle-ci ne montroit jamais mieux une forte de volonté , que lorfque je l'expofois au foleil ; elle hâtoit alors confidérablement fa marche. Deux jours s'étant écoulés, je crus devoir met- tre dans la lâlTe un peu de terre & de lentille a .|Ua- tique. La première moitié ne tarda pas à s'y en- foncer: mais la féconde fe contenta de fe cacher entre les menues racines ce la lentille. Dans ce temps -là j'obfervai au bo- 1 a icérieur de cette moi- tié, une efpece de petit re -tlement, une forte de bourlet analogue à celui qui vient à une branche d'arbre dont on a enlevé circulairement une portion d'écorce : je ne le diftinguai pas fi bien à l'extrémi- té poftérifcure de l'autre moitié. Ce bouriet fem- bloit lui donner plus de facilité pour ramper, elle ne paroifloit plus craindre autant le frottement. Le lendemain j'apperçus à la coupe de chaque moitié un petit accroiffement rtconnoiflable par la différence de couleur , qui étoit la beaucoup plus claire que dans le refle du corps. Les jours fuivans tout devint plus fenfible. Enfin , au bout d'environ une femaine , chaque moitié fut un Ver complet. s U R L E s V E R s. 131 La tête qui avoit pouffé à la féconde , e'toit préci- fément telle, quant à la forme, que celle de la première, & capable des mêmes fondions; & la nouvelle queue de celle-ci , en tout femblable à celle de la féconde moitié ; le cœur, l'eftomac, les inteflins, &c. s'étoient prolongés dans l'une & dans l'autre; de nouveaux anneaux avoient pouffé à la fuite des anciens. En un mot, tout ce que le premier Ver faifoit avant que d'avoir été partagé , nos deux Vers qui en étoient provenus, le faifoienc pareillement; même agilité, mêmes inclinations, même façon de vivre, de fe nourrir. J'avois foin de mefurer de temps à autre leuf accroiffement , avec autant de précifion qu'il m'étoic poffible. Au temps de l'opération ils avoient cha- cun environ un pouce; le 22 du mois ils en avoiene prés de deux. J E continuois à les fuirre , & je me promettoîs bien de pouffer l'expérience aufli loin qu'il fe pour» roit; mais ils trouvèrent au bout de quelques jours , à mon grand étonnement, le moyen de m'échap* per ( I ). (i) J'ai eu lieu depuis de (bupçonner qu'ayant quitté le foad de l'eau , & s'étant mis à ramper le long des parois de la tafle , en de- hors, ils s'y étoient deffechés, comme je l'ai vu arriver plus d'une foisi Il croît contre les parois intérieures du vafe une efpece de moufle aqua* tique qui donne plus de facilité à Tinfeéle pour y ramper. Afin de pré* venir cet inconvénient, il eft bon de changer quelquefois de vafe. Je m'écois hâté d'envoyer à Mr. de Reaumur, les détails de cette pre* miere expérience. J'étois bien fur qu'ils ne lui fcroient pas indiffércns* On aimera , fans doute , h trouver ici la réponfe de cet illuftre Natura* lilte. Elle fera un bon llipplément à l'hiftoire très-abrégée que j'ai don* née \Obf* /.] de la découverte des Animaux qu'on multiplie en les toi»», pane par morceaux. A Paris ce ie. à' Août 1741. „ Je vous remercie, Monfieur, de ce que vous avez déjà vérifie Urtft „ piédicîlion que j'avois faite à l'Académie & qu'on pouvoit lui fairô „ fans fe donner pour prophète. Pni tout j'ai trouvé des Faits qui prou- M v.;iif que l'Auteur -de la Nriturc a multiplié les Produftions ks plus 1 2 132 OBSERVATIONS „ fiiijiilieres, qu'il ne s'eft pas borné à nous donner des exemples uni- „ qiics de quelques-unes.' Dès qu'on s'eft convaincu qu'il eft très- 5, réel , qu'un Polype coupé en deux devient deux Polypes , on a dû „ conclure que cette étrange prérogative avoir été accordée h d'au- 5, très Animaux, & peut-être à beaucoup d'autres. Je foupçonne que ,, ces orties de Mer qui reflemblent aux Polypes par leurs cornes & par „ la lenteur de leur marche, peuvent l'avoir. Je me rappelle des obfer- 5, vations qui paroiflent prouver que des Etoiles de Mer l'ont aulîî. 5, Enfin , vos obfervations très-curieulës , faites avec toute l'intelligence „ & l'attention qu'on peut defirer, prouvent inconteftablement qu'il y a „ une efpece d'Infedles d'un genre très - dilTérent de celui des Polypes , 55 qui peut être multipliée par la voie la plus fûre pour détruire les in- 5, dividus des autres Eipeces. J'ai lu vos obfervations en entier à l'A- „ endémie , & elles lui ont fait un extrême plaifir. Il en fera fait une „ mention convenable dans l'Iliftoire de cette année Quand vous „ ne me l'euffiez pas promis par votre lettre , je m'en ferois bien douté , „' que vous vous étiez propofé de ne pas épargner les Infeéles de diffé- 5, rens Genres qui peuvent paroître mériter d'être coupés. Le fuccès „ de vos expériences fur un Ver long , invite à faire des épreuves fur „ tous les Infeéles de forme vermiculaire qui n'ont point de métamor- „ phoies à fubir, & je m'attens h apprendre de vous bien des Faits fin- „ giiliers de quelques-uns des petits Animaux de ces fortes de Genres." hvte ajçutt par VAut* à cette nouvelle Edition, s U R L E s V E R s. 133 OBSERVATION IIL Sur des Vers partagés en 2, 3. 4. 8. 10. 14. & 26. parties. Lé E fuccès^ de l'Expérience dont je viens de don- ner un précis , & l'extrême envie que j'avois de pouffer plus loin ces recherches, ne me laifTerenc pas long- temps tranquille. Je cherchai bien -toc à me procurer d'autres Vers pareils au premier, & j'eus le bonheur d'y réuffir. J E commençai d'abord par répéter ma première Expérience. Le fuccès ne fe démentit point. Un de ces Vers, partagé (i) tranfverfalement par le milieu du corps, me donna en peu de jours deux Vers complets. J'essayai enfuite de pouffer la divifion plus loin, & de partager de ces Infeéles en trois, en quatre, en huit, en dix, en quatorze portions; & toutes , ou prefque toutes, reproduifîrent tête & queue. Enfin, j'ai été jufqu'à couper un même Ver en vingt-fix portions, dont la plupart ont repris, & dont pluficurs font devenues des animaux com- plets. C I ) Ils font trop effilés pour pouvoir être partagés longitudinalemenc 134 OBSERVATIONS OBSERVATION IV, Jiemûrques générales fur ce qui a rapport à la réprodu£fion S à V accroijfement des extrémités de ces Vers, Variétés qu'on y ohferve, V^'e s t ordinairement deux à trois jours après To- péraiion , en Eté , mais feulement au bout d'environ dix à douze en hiver, que j'ai vu des moitiés de mes Vers commencer à fe completter. Dans de plus petites portions , dans des douzièmes , des quinzièmes, des vingt - quatrièmes , la réproduftion ne fe fait pas à -beaucoup -près fi promptement, comme on le verra ailleurs. La tête eft à l'ordi- naire celle qui fe développe la première. Elle s'a- longe continuellement pendant une femaine & plus, jufqu'à ce qu'elle ait atteint Ja longueur d'environ une ligne ( i ), ou une ligne & demie \_Fig, I, //. ^c, a, bJ] : alors elle cefle de croître. Il n'en eft pas de même de la queue : après avoir bien-tôt fur- paffé la tête en longueur, elle ne difcontinue point 4e s'étendre. Ce font de jour en jour de nouveaux progrès ; enforte que j'ignore encore jufqu'où cela (i) Je ne veux pas dire par-là, que la tête proprement ainC nom- mée, c'tft-à-dirc cette partie qui comprend le cerveau, la bouche, &c. ait la longueur d'une ligne à une ligne & demie ; il s'en faut de beaucoup. Mais je donne ici le nom de tête, non-feulement à cette par- tie à qui on ne fauroit le refufer , mais encore ii un alfemblage d'anneaux CFig. 1. IL ^c. a /». ) qui poulllnt conftammcnt à la fuite, & qui pris enfemble font une longueur d'environ une ligne. Ce fera là, fi l'on veut , la partie antérieure de l'InfeClc. Pour abréger, j'ai ciu pouvok ïiégligcr cette tUftindion , & qu'il me fuffifoit d'en avercir. s U R L E s V E R s. i^.^ pçut précifemenc aller. II me fuffira de remarquer pour le prefent , que des portions de ces Vers qui immédiatement après ropération n'avoient g ;eres que deux à trois lignes, fe font trouvées en moins de fix mois avoir environ deux pouces. Mais ce qu'on jugera apparemment plus remar juable, c'eft que de femblables portions aient fait , en temps ég'l, autant de progrés que d'autres quatre à cinq fois aulTî longues. J'ai comparé, par exemple, les différentes crues de Ja première moirié d'un Ver de cette efpece, long d'environ deux pouces, & par- tagé le 18 Juillet, avec celles de quelques unes des portions d'un autre Ver de la même efpece & éga- lement long, coupé le même jour en huit parties, & j'ai été furpris de trouver de part & d'autre à- peu près les mêmes quantités d'accroiffemeat. Mais fi au lieu de faire cette comparaifon entre les portions de différens Vers , on la fait entre cel- les du même Ver, on remarquera des variétés aux- quelles on ne s'étoit pas attendu. On verra de ces portions qui auront acquis douze à quinze lignes de longueur , tandis que d'autres en auront à peine quatre à cinq. J'ai fait mon poflible pour trouver au milieu de ces variétés quelque point fixe, quelque règle qui ne fût pas démentie par l'expérience: & en général il m'a paru que ce font les portions les plus voifines de la queue, qui dans le même temps font le moins de progrès. On doit fur-tout mettre de ce nombre la dernière. A l'égard de celle qui garde la tête, quoiqu'elle foit fouvent la portion qui, en temps égal, reproduit une plus longue qU'Ue, cela n' fl: pourtant pas fi confiant qu'on puilTe le regarder comme principe. Mes obfervations m'en ont four- ni plus d'une preuve. Ce n'ell pas une rtgle que I 4 130 OBSERVATIONS toutes les portions intermédiaires qui ont repris une tête, parviennent aulTi à reprendre une queue: j'ai encore des exemples du contraire. Ce qu'il y a feulement de certain, c'eft que l'état du Ver^ le nombre des divifions , & diverfes autres circonftan- ces paroiiTent influer extrêmement fur toutes ces irrégularités. OBSERVATION V. Qiie la réproduStîon de ces Vers de bouture , peut aller comme celle des Plantés à Finfinu CJne branche de Saule, de Peuplier, &c. coupée & plantée en terre, y prend racine & devient bien- tôt un arbre , dont la moindre branche peut à fon tour en donner un autre, & ainfi à l'infini. Il en eft de même de nos Vers , fi l'on partage ceux qui doivent leur origine à la feélion , ils fe reproduiront comme à l'ordinaire. J'ai eu des quinzièmes , d s vingt- quatrièmes, des vingt -fixiemes, à qui rien ne raanquoit, & qui étoient provenus de moitiés, de quarts. On peut juger par -là à quel point il efi: poflSble de multiplier ainfi ces fortes d'infeftes. Pour nous en faire une idée, fuppofons qu'on en ait partagé un , long de deux pouces feulement en huit parties. Chacune de ces parties , pourra aifé- ment au bout de l'année être partagée elle-même en autant de portions. On aura donc au bout de deux ans foixante- quatre Vers pareils au premier. A la fin de la troifieme année, cinq cent douze. A la fin de la quatrième, quatre mille quatre- vingt- feize. A la cinquième, trente-deux mille fept-cenc fç)ixante - huit. ■ s U R L E s V E R s. 137 Nous avons mis les chofes alTez bas: que feroit- ce 0 au lieu de fuppofer un Ver partagé feulement en hdit, nous le fuppofians partagé en douze, qui n'eft pourtant qu'un nombre médiocre? Au bouc de cinq ans on en auroit deux cent quarante -huit- mille huit cent trente-deux, fur la fili de la fixieme année, deux millions neuf cent quatre -vmgt- cinq mille neuf cent quatre-vingt-quatre &c. OBSERVATION VL Sur des Vers trouvés mutilés. Comment il leur arrive de Je partager^ V-^ ET T E merveilleufe propriété de fe reproduire qprès avoir été mis en pièces, n'a-t-elle été accor- dée à ces Infe6les que pour fatisfaire notre curiofité & ne s'opère- 1- elle pas auffi de foi -même dans les ruiffeaux où ils naiiïent, loin de la vue des curieux, ÔL pour la confervation de cette efpece finguliere d'Animaux? C'eft-là un fait aufTi certain qu'il effc remarquable: j'ai trouvé de nos Vers, dont les uns n'avoient point encore de tête, & dont d'au- tres avoient commencé à en reprendre une: mais il y a plus, j'en ai tiré de l'eau dans le mêmeétac que ceux à qui on a coupé la tête & la queue , ou qui ont été partagés en plus de deux parties: tous ces Vers ont enfuite achevé de fe completter fous mes yeux. Seroit - ce là la manière naturelle donc ces Vers confervent leur efpece? Ou ceux que j'ai trouvés partagés, l'avoient-ils été par quelque cau- fe accidentelle? Je n'avois pas efpéré que mes ob« fervations me fourniroient de quoi m'éclaircir là- 1 5 I3S OBSERVATIONS deflus : mais des Vers de cette efpece que je con- fervois entiers, s'étant partagés comme d'eux-mê- mes dans mes talTes, m'ont appris que c'elt fouvent par accident que cela leur arrive. Cet accident provient crdingirement de ce qu'ils fe font enfoncés trop avant dans la terre, ou de ce que la terre dans laquelle ils fe font enfoncés, réfifte trop. Il con- venoit donc que ces Infeftes , dont le corps eft cafTant, & qui font défîmes à vivre dans la boue, puflent fe reproduire de la manière que je l'ai dé- montré. Une autre raifon encore a pu l'exiger : ces Vers font apparemment fujets à être manges, foit en tout , foit en partie , par d'autres animaux , à la nourriture defquels ils ont été deflinés. Enfin j'ajouterai qu'ils font attaqués quelquefois d'un ma- ladie aflez finguliere, dont je parlerai ailleurs plus au long, qui leur emporte fouvent une partie du corps, qu'ils ne manquent pas de recouvrer enfuite, comme la recouvrent ceux à qui on l'a coupée ( j ), (i^ Dans une lettre du so Novembre 1741, Mr. de Reaumur me difoit fa penlée fur la caufe finale des admirables réproduél ons dont ii eft queftion dans cet ouvrage. „ Si nous voulions deviner les fins de la Na- „ ture, m'écrivoit-il, nous pourrions foupçonner que les Animaux qui 5, doivent fervir de pâture abondante b d'autres jmai-s qui ne lont ordinai- „ rernent mangés qu'en partie, ont dans la partie reftante de quoi repro- „ duire la partie qui a été mangée. Des vers rouges qui doivent vous être „ connus, qui tiennent leur partie antérieure enfoncée dans la vale cou- j, verte d'eau , & dont la partie poftérieure fait des ofciilations continucl- „ les dans l'eau, ces Vers, dis -je, qui fe trouvent dans l'eau en fi gran- „ de quantité, qu'ils la font paroître louge, ont leur partie poftérieure „ bien plus expol'ée que l'autre à être coupée par des Animaux voraces; „ auffi cette partie poftérieure fe reproduit- elle avec une très -grande ,> facilité , & la réproduftion de leur partie antérieure eft exceffivement ,, lente. J'ai eu , comme vous , le plaifir de tirer de l'eau & de la boue „ foit de ces Vers rouges, foit de vos Vers grifâtres qui étoient dans le 5, cas de ceux qui réparent des parties qu'ils ont perdues. Les Animaux ,,. dont le corps eft trop caflant avoient encore befoin que cette fource de „ réproduélion leur fût accordée, comme elle l'a été aux Ecrevifles par „ rapport à kurs jambes." {Note ejoutdt far P Autour à tetie nouvelle Edition.] OBSERVATION VII. Que la portion du Ver comprife entre les deux ferions ne s étend point. \Jn fait par une Expérience curieufe (*), que les os des animaux, lorfqu'iJs fe font oflîfiés jufqu'à un certain point, ne çroifFent plus que dans leurs extrémités ; le corps de l'os n'eft pas fufceptible d'extenfion. Plufieurs obfervations m'ont convaincu qu'il en efl ainfi chez nos Vers : le Tronçon , la por- tion que la feétion a donnée , ne prend aucun ac- croiiFement. Il n'y a que les parties qui repoulTent aux extrémités, qui en foient fufceptibles (i). (♦) La Stat. des Verget. Je M, Haies \ de la trad, di M. de Bufon Pag. 287. ( I ) Ici il fe préfente une queftion qui m'a été faite : quand la queue renaît & acquiert un pouce de longueur , comment fe fait cet accroiife- ment? A la fcclion il fe forme un petit bourlet qui devient bien -tôt un anneau: mais ou fe forme l'anus? Cet anneau refte-t-il toujours l'anneau de l'extrémité, de forte que le nouvel anneau qui naît après celui-là, fe forme entre le dernier anneau de la feftion , Se l'anneau qui a précédé immédiatement celui dont il s'agit dans fa naiffance ; ou bien le nouvel ■anneau le formc-t-il en -dehors de l'anneau dernier formé ? On préfume fans doute que la chofe fe pafie de la première de ces deux manières, & cela eft vrai. De - ià il naît une autre queftion: lorfque l'Animal, fans avoir été coupé , croît par l'addition de nouveaux anneaux , où fe placent ces nouveaux anneaux ? Efl-ce indiftinélement par-tout ou dans quelque partie finguliere ? ou fon augmentation fe fait-elle par l'addition de nou- veaux anneaux , ou feulement par l'expanfion des anciens ? Pour décider cette queftion, il faudroit avoir élevé un de ces Vers depuis fa naiflance jus- qu'à fon parfait accroiireinent , & avoir compté le nombre de Ces anneaus dans ces deux Ages ; mais c'eft une expérience qu'il ne m'a i)as encore été permis de faire. Je ne ferois pourtant pas éloigné de penfer que l'accroiffement dans le ' Ver entier , fe f2.it & par l'addition , ou plus ex- adoment , par le développement de nouveaux anneaux, & par l'extenfion dt-S anciens. On peut fc repréfenter le corps de ces Vers fous l'image d'un reffbrt à boudin. Les anneaux, d'abord extrêmement ferrés les uns près des autres , s'éloignent peu-à-pcu , & augmentent ainfi les dimen- îions de l'Infecfte ; bien entendu que ce fu:it ceux de la partie poftérieure «lui font le plus fufceptibles d'extenfion, & qui le demeiirent plus long- tems, couforœément à ce que j'ai remarqué ci-deflus Olfery, IV. J40 OBSERVATIONS y A I remarqué auflî qu'il faut à ces parties un temps confidérable pour acquérir la couleur du tron- çon. J'ai des huitièmes & des dixièmes de vers coupés depuis plus de deux ans, dans lesquels celui- ci eft encore trés-reconnoiflable par fa couleur. OBSERVATION VIII. Quelles différences rêfultent du plus ou du moins de chaleur pour la réproduSîion ê? -faccroiffe- ment des portions de ces Vers, Expériences à ce fujet. Xj a chaleur & le froid qui influent d*une manière û marquée fur la vie & l'accroiflement des. corps organifés , n'ont fans doute pas moins d'influence fur nos Vers , & en particulier fur leur réproduc-,. tion. Mais il ne fuffifoit pas de le foupçonner , if falloit faire là -deflus des expériences, qui. en dé- montrant la vérité de ce foupçon , appriffent en même temps quelles font les différences qui rêful- tent de ces deux états cppofés. Ce fut pour y parvenir, & aufîî pour eflayer de pouffer la diviOon plus loin que je n'avois encore fait, que je partageai fur la fin de Janvier 1742, deux de mes Vers, l'un en vingt-quatre, & l'autre en vingt -fix parties; celui-là étoit provenu delà première portion d'un pareil Ver coupé en quatre, en Juillet 1741 ; celui-ci étoit venu d'une des inter- médiaires ; chacun avoic environ deux pouces de longueur. SUR LES VERS. Ht Ames la mi -Mars feulement, (*) les portions fuivantes de la première divifion en vingt- quatre, avoient commencé à fe completter , favoir la fixieme, la huitième, la neuvième, la onzième, la treizième & la feizieme. Le 3 Avril, la huitième, la neuvième, la on- zième & la feizieme, avoient repris une tête d'en- viron une demi -ligne , & bien formée'; mais la queue étoit plus courte. Le II, la quatrième, la cinquième, la feptie- me, la neuvième, la dixième, la onzième, la qua- torzième & la feizieme étoient encore pleines de vie; mais avant le 27, toutes avoient péri. A l'égard des portions du Ver partagé en vingt - fix, environ la mi - Mars , celles qui fuivent , favoir la féconde, la troifieme, la quatrième, la fixieme, la huitième, la dixième, la feizieme & la dix - feptieme , avoient commencé à reprendre ce qui leur manquoit pour être des animaux parfaits. Le 3 Avril, quelques-unes, comme la quatriè- me , la huitième & la dix - feptieme avoient pris une tête de la longueur d'environ une demi - ligne. Le 17, la huitième & la dix - feptieme étoient les feules qui donnaflent encore des fignes de vie. Elles ne paroifToient pas cependant avoir pris de nourriture ; la tranfparence de leur intérieur l'in- diquoit. Après avoir donné le réfultat des deux expé- riences précédentes, faites dans des mois d'hivçr, je vais maintenant donner celui d'une troifieme faite (*) l.e Thernifimetn de RI. de Reaumur, placé dans ma chambre^ Je tenant ordinairement aux euylrons de 4 degrés au-dejfus de la Cori' félali'tn. 14^ OBSERVATIONS en Eté , fur l'autre portion intermédiaire de ce Ver coupé en quatre , & partagée elle • même en vingt- fix, le 3 de Juillet. Le 13 (*), la troifieme , la quatrième , la cin- quième, la fixieme, la neuvième, la dixième, la onzième & la douzième avoient achevé de repro- duire une tête & une queue ; mais, le 26 feulement, la feptieme, la vingtième & la vingt -deuxième ap- prochoient de l'état d'animaux parfaits. Ce jour- là quelques-unes, favoir la troifieme, ]a quatrième & la cinquième avoient pouffé une queue d'une ligne à une ligne & demie, La féconde, la quinzième, la feizieme & la dix* huitième paroiflbient dès le 16 avoir achevé, ou prefque achevé de fe completter. Les autres périrent fans s'être complettées, 6c la plupart avant le quinze. Nous voyons donc par ces expériences , com- bien l'Eté eft plus favorable que l'hiver à la multi- plication de nos Infeéles par bouture , comme il étoit naturel de le préfumer. Il efl vrai néanmoins que beaucoup d'autres circonftances peuvent mfluer ici, auxquelles nous ne faifons pas attention. Il peut arriver, par exemple, qu'on faffe la feftion en des endroits du corps de l'animal , plus ou moins dangereux. Le Ver fur lequel on tente l'expérien- ce , peut être plus ou moins en état de la liippor- ter , qu'un autre qui lui reffemble d'ailleurs en tout pour l'extérieur. Enfin, le mouvement continuel du Ver ne permettant pas de faire les portions auffi (*) I« Thermomètre de M> de Reaumur placé dans ma shambre t Je tenant ordinairement ««* enyiront de 15 deg^ au-defus de la Coït: gihtm* s U R L E s V E R s. 143 égales qu'on les voudrok, cette inégalité peut en- core devenir une foarce de variétés & de bifarre- ries apparentes. Q^uoi Q.u'iL en foit, voici encore fur ce fujet une expérience que j'ai cru devoir rapportef, ^ J'ai partagé transverfalement par le milieu du corps, deux Vers de l'efpece des précédens, longs chacun d'environ un pouce trois quarts : le premier le 18 Juillet, le fécond le 24 Janvier. Celui-là au bout d'environ fix jours a repris tête & queue, & cette queue ( i ) avoit déjà le 26 Août dix lignes. Celui-ci avoit achevé de fe completter le 1 2 Février, mais le 10 Juin feulement, la queue avoit atteint la longueur de dix lignes. Outre les effets mentionnés ci deflus , le froid m'a paru en produire un autre fur les boutures de nos Vers, qui efl affcz remarquable; c'efl de les conferver en vie pendant un temps plus long, que ne le fait le degré de chaleur propre à l'Eté. Sans doute que la tranfpiration étant moins abondante en hiver, elle n'exige pas une auffi grande réparation qu'exigeroit celle d'une faifon plus chaude. Les curieufes expériences de M. de R e a u m u r (*) fur les moyens de prolong r & d'abréger la durée de la vie des Infe6bt.s, nous en fourniflent plus d'une preuve, <& d'un genre bien fingulier. O) Je fais ici, par rapport h la queue, la môme remarque que j*ai faite plus baut , Obi", IV. par rapport ^ la vûtc. O flUm pour Cîlifl. des InfeU. Tm. 11. Mém. premier. 144 OBSERVATIONS OBSERVATION IX. Obferyations âf Expériences fur la façon dont ces Vers croiffent, XJK favant M. H al es (*) que j'ai déjà eu occa- llon de citer, a fait fur les plantes une expérience qui a été trouvée belle , & qui l'eft en effet ; c'efl d'avoir mefuré avec beaucoup de précifion , les ac- croilTemens journaliers de quelques- unes pendant un certain efpace de temps (i). Curieux de connoître les loix fuivant lesquelles s'opèrent ceux de nos In- fe£les qui viennent de bouture , j'ai tenté fur eux l'expérience que je viens d'indiquer. J'ai drelTé une Table de l'accroilTement des portions de quatre Vers, (2) à-peu-près égaux & femb'ables, parta- gés dans le même mois, l'un en deux, l'autre en quatre, le troifieme en huit, & le quatrième en dix parties. Je n'ai rien négligé pour que les me- fures aftuelles fuflent les plusjultes qu'il feroit pos- lible , mais fans prétendre néanmoins à une préci- fion mathématique qu'on ne fauroit fe promettre ici. J'ai cru que ce feroic affez, fi je donnois des à peu,- pès^ & M. de Reaumur l'a penfé comme moi, (3) Ces Vers font fi vifs, ils s'aiongent & fe rac* courciflent (♦) Stat, des Véget. page 280. ^ fuîv. Ci) Avant que d'avoir lu M. Hales, j'avois fait une femblable expé- rience fur des oignons de fleurs : mais ce n'eft pas ici le lieu de la dé- tailler. (2) Longs de 18 à 20 lignes ou plus. (3) Voici ce que m'en écrivoit cet illuflre- Académicien le 8 d'Août 1742. 5, Quoique vos tables fur les progiès de raccroiflcment des parties djft'é- „ rentes s U R L E s V E R s. 145 courciflent avec tant de promptitude ; ils replient leur corps de tant de façons différentes ; enfin, ils font fi délicats, qu*on fent aifément qu'il n'eft pas auffi facile de les mefurer qu'on le fouhaiteroit, & qu'il l'eft de mefurer une plante. Les moyens & les précaution'a dont j'ai fait ufage font fort fimples: l'efl^entit'l fe réduit à prendre avec un compas la plus grande longueur du Ver, & à la rapporte?? fur un pié divifé exaftement en pouces & en li- gnes. Je dis la plus grande longueur du Ver , au- trement, fon plus grand alongement: c'efl le terme qui m'a paru le moins fujet à erreur; celui de la plus grande contraftion l'étant beaucoup plus. En- fin , on aura foin de faire jeûner l'Xnfette , un jour ou deux avant que de le mefurer: il ne manque pas de fe vuider pendant cet intervalle, & l'on en diflingue mieux ainfi ce qui faifoit partie du corp$ de rinfeéle coupé. Voici maintenant comme un échantillon de ce que j'ai commencé de faire en ce genre. ],'' CJNote ajottUe par P /tuteur à ettte nouytUe Edition^) Tome L K îi6 TABLE I. TyJBLE de Y accroijjement des portions de quatre Vers à- peu 'près égaux ^ femblabks , partagés dans le même mois^ l'un en 2, l'autre en ^, le îroîfieme en S y ^ le quatrième en 10 parties. Incervalle de temps. LlVii. juuib. 5. II. 7. x8. 8. 26, I. 13. 9. 25. 0, 10. '6' 14. 21. EN DEUX. A. B. I. 2. XVIII. 3^uilJet. 1741. Jour de T Opération. XXIV. Juillet. Tête de B Queue de A XXIX. Juillet. Tête de B Queue de A V. Jcîit. Tête de B. (elle a ctflé de croître Queue de A Xlir. yJoût. Queue de A XXVI. ^ozÎÊ. Queue de A XX. Scptemb. Queue de A XXX. Octobre, Queue de A XX. No-ijc-mbre. Queue de A Loni des rcprn parues Juites. pouc. lign. I I. II. ■ I. 5- 8. 10. I. I, 2, I. 2. 4. m. I 5. jours de temps écoulé depuis i'operaciojQ. TABLE I. 147 lutervaUe E N D E U X, Longueur de A. B. I, 2. clés parties temps. rcpmduia'S. mois. 1 jours. pouc. Ugll,' ' 4. 5. 20. X. Décemb, De même. I. rr. XX. Janvier, 1742. 6. 6. Queue de A Nota. La partie B. avoit crû à proportion, & I. 4' étoic égale à A. I. 29. XX. Mars, Queue de A I. 4^ I. S. XXVII. Avril. J'ai trouvé A. partagé •' eu deux. t8. XV. Mai. 10. I. Il s'étoic détaché de l'extrémité poftérieure de B. une portion d'en- viron 2. lignes, quoi qu'il n'y eût que peu de terre dans la tafle, Voy. Obf. X. No. III. toro. I joui 'S de temps écoulé depui S i'opén itioD, K J48 TABLE IL EN QUATRE. C. D. E. F. Incei'valie de temps; iliUiS. jours. 8. 9. 17. ? 9. 2Ô. 13- I. 2. 3. 4. I XVIIL ^^Mi/Z^f. I Jour de l'Opération. XX VL >f//^f. Têtes de D. E. F Queue de C Queues de D. E Nota. En prenant F. il s'en eft détaché de l'extrémité poftérieure une portion (f.) lon- gue d'environ 2. lignes. IV. Mût. Têtes deD. E. F Queue de C Queues de D. E Nota. F. commence à reprendre une queue, & f. à reprendre une tête. XIII. Août. Queue de C Queues de D. E Queue de F XXVL Août. Queue de C Queues de D. E Queue de F Longueur des parties reproduites. pouc. lign. I. 4' 3- 7. 4. I. 9. 7- 4- I m. I 9. jours de temps écoulé depuis l'opération. TABLE II. 149 intervalle ■ de 1 temps. 1 mois, I. jOUiS. 25. I. : 10. 3. 14. 21. 4- 5. 20. I. 6. ir. 6. / • 6. 13- T. 22. 8. 5. 3- 12. il. 17. EN QU/JTRE. C. D. E. F. I. 2. 3. 4. XX. Septembre. Queue de C Queues de D. & E. . . Queue de F XXX. Octobre. Queues de C. D. & E. Queue de F XX. Novembre. Queues de C. D. & E. Queue de F X. Décembre, De même XX. janvier. 1742. Queues de C. D. Ôl E. Queue de F XXVII. Janvier. J'ai partagé C. en 24 parties, & une des intermédiaires ( Supp. D.) en 26. Voyez Obf. VIII. XX. Mars. . E. & F. n'avoient pas pris d'accroiflement bien fenfible. XXX. yuîn. Queue de E Queue de F | Longueot des parties reproduites. pouc. I. X. I. I. I. I. r. I. 10. 10. 5. 2. il. 5. 2. 6. 3. II m. I 17. jours de temps écoulé depuis l'opération. K 3 tso l'A B L E n. intervalle Ç de j temps. 1 £iV QUATRE. CD, E. F; I. 2. 3. 4. LongticHT des parties reprodiiifes- ^ mois. jours. pouc. lign. 11. 17. ' 3. ïir. Juillet. J'ai partagé E.en 26 portions. Voy. Obf. Vlll. 17 :^X. Jutlîet. " 12. 1 V. n'avoit pas fait des ■ progrès bien fenfibl©s. : ; 21. -'■JiV Août, 0e même. . , ■ r- XIII. Août. 13- X. Il s^étoit détaché de rextrémîté pollérieure i de F, une portion t ; d'environ quatre li- gnes, qui le 14. avoit ■ celTé de vivre. Je n'ai / rien remarqué dans la tafle qui pût avoit caufé cet accident. ^ î ' 24. IV. Mai, 1743. 21. K 2d. F. en entier 3* 2im. ( 25 jours de temps écoulé depuis l'opération. TABLE III. 151 luiervade de temps. mois. jours. 8. 5. 13- 19. EN HUIT, G. H. I. K. L. M. N. O. I. 2. 3. 4, 5. 6. 7. 8. XVIII. juillet, i74r. Jour de TOpération. ' XXVI. S^iiillet. Têtes deH.I.K.L.N.O. Queue de G Nota. Il avoit péri une des portions intermé diaires. (fupp. M.) XXXI. Juillet, TêtesdeH.I.K.L.N. O Queues de G. & de. 3 des portions intermédi- aires, (fupp. I. K. L.) Nota. Une portion in- termédiaire , h plus grofTe & la plus courre des huit , ( fupp. H. ) n*avoit point repris de queue, quoiqîj'elle eût repris une tere. VI. yhût. Les Têtes ont cefle de croître. Queue de G Queues de I. K. L. . . . Queues de N Nota. H. n'avoit point encore repris de queue. des parties reproduites. pouc. Uijii. I. 2. 4. r. 19 jours de temps écoulé depuis l'opéracioiî. K4 i5^ TABLE IIL intervalle de temps. mois. jouis. 19. 7- 26. i. I. 2. H 10. 3. A3- 21. 20. EN HUIT. G.H.I.K.L.M.N.O. I. a. 3. 4. 5. 6. 7. 8. XIII. ^022^ Queue de G.......... Queues de I K. L. . . . Queue de N H. '& O. n'avoient pas encore fait de pro- grès fenfibles, XXVII. Jo^t, Queue de G *.,.. Queues de I. K. L,... Queue de N H. avoit péri. O. étoit à ■ peu - près comme le treizième. XXX. Joûù. Une des portions I. K. L. (fupp. L.) avoit péri. XX. Septembre, Queue de G Queues de I. & K.... Queue de N... O. en entier ^ X. O^ûbre, Queue de G Queues de I. & K. . . . Queue de N O. en entier Longuear des partief reproduites. pouc. lign. 4. 6. il 6. 8. 2i I. 10, I. I. 7. 4. 1. ,8. 5i i, m. 24 jours de temps écoulé depuis l'opération. TABLE III. 153 Intervalle de temps. mois. 2. jours. 24. 20. 3- 14. 2r. 4. 5. 20. I. rr. 6. 6, I. 8. 3. 90. 5. 12. 11. ^7. 20. 12. 7. £N HUIT. G.H.I.K.L.M.N.O. I. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. XXX. 0(^6^r5. Queue de G Queues de I. & K.... Queue de N O. en entier XX. Novembre. Queues de G. I. <& K. Queue de N O. en entier X. Décembre. De même. XX. janvier. 1742. Queues de G. I. & K. Queue de N O. en entier XX. Mars. De même. XXX. >f«. Queues de G. I. K.... Queue de N O. en entier XX. Juillet. G. s'étoit defleché con- tre les parois , en vou lant fortir de la tafle. Queues de I. K Queue de N O. en entier Longueur des parties reproduites. pouc. lijjn.' I. 2. I. 2\ 10 1 7- I. 6. I. I. 8. I. I. 7. 3. 8. I. 9. I. 3- 10. I. 9. I. 3. 10. ï2 m. I 7. jours de temps écoulé depuis l'opération. K 5 154 TABLE III. IntciValle de. temps, inôis. 12. jours. 2 1. 27. EN HUIT, G.H.l.K.L.M.N.O. I. i' 3' 4* 5. ^* 7- 8. ' X. Joût. I. K. N; de même. 0;'en entier.,^.......* .- ï.' CijQbC. Longueur des parties reproduites. Tiin7 .IV» MïïV 1743. ' Queues de I. & K. . . . Queue de N.....i.... O. en entier. ,,....... . Là diminution de I. I K. N. eu remarquable. pouc I. I. I. I. 3. 2. 3. 21. m [25. jours de temps écoulé depuis l'opération. TABLE IV. JE iV DIX, P.Q. R. S. T. V. W. X.Y. Z, I. 2. 3. 4. 5- ^' ?• 8, 9 10. '• 155 Jl.'lc- V IjC de temps. JOUl^ (5. 14. XXIII juillet. 1741. Jour de l'Opération. XXXI. S^uillet. Têres de Q. R. S. T. V. W. X. Y. Z Queues de P. Q. R. S. T. V. W. X. Y VI.' Joîît, Têtes de Q. R. S. T. V. W. X. Y. Z Queue de P Queues dé trois por dons intermédiaires, '(fupp. q. R. S.).... Queues de trois autres portions intermédiai- res, (fup. T. V. W) ' X. avoit fervi à une expérience, & Y. qui étoit des plus courtes, n'avoit point encore repris. de queue, quoi <^n'eJle eût repris une tête. i^ij. loueur des parties reproduites. li^u. pouc I. 2. li 14, jours de temps écoulé depuis ropération. I5<5. TABL IV. Intervalle de temps. Uicii:s. l. I. 2. Jours. 14. 22 6. il 19. 10. 20. I 19. E N D I X. I P.Q.RS.T.V.W.XYZ. I 1.2.3.4.5.6.7.8.9.10. XXVÎU. M(, Les têtes avoienc cefle de croître. Queue de P Queues de Q. R. S. . . Queues de T. V. W. Queue de Y Z. n'avoit pas fait de progrès fenfible. X, Septembre, Queue de P Queues de Q. R S. . . . Queues de T. V. (une des 3 , fupp. W. avoit ^péri.) r Queue de Y ■ Z. en entier XX. Septembre, Queue de P Queues de Q. R. S... Queues de T. V Queue de Y Z. en entier X. Octobre, Queue de P Queues de Q. R. S. Queues de T. V. . . . Queue de Y Longueur des parties reproduites. ^ouc. I. I. iign. 45 6, 4. 2. 6. 5. 3. 6. II. 9. 6, 4. 10. 2. I. II. 2. m. I 19. jours de temps écoulé depuis l'opéracion. TABLE IV. 157 Intervalle de temps. luois. 2. JOUIS. 19. 20. 3. 9. 2t. 4. 20. I. ir. 6. I. I, 29. 8. 3- 12. li. 12. 2. TO. 12 2. K N D 7 X. P.Q.R.S.T.V.W.X.y.Z. 1.2.3 4- 5» 6. 7. 8.9.10. XXX. O^obre. Queue de P Queues de Q.R.S.T.V. Queue de Y Z. en entier XX. Novembre, Queue de P QaeuesdeQ.R.S.T.V. Queue de Y.... Z. en entier X. Décembre, De même. XX. Janvier. 1742. De même. XX. Mars, De même. XXX. Juin. P. Q. R. S. T. V. n'a- voient pas fait de pro- grès bien fenfible. Queue de Y Z. en entier,, I. Juillet, P. s'efl deffeché contre les parois, en voulant fortir de la taffe. XX. Juillet, jComme ]e 30. Juin. Longueur des parties leproduites. pouc. ligii. I. I. I. 5. I. I. 10. I. 2. I. 7- I. 2. I. I. I. I. 4. 4. 12 ni. I 2 jours de temps écoulé depuis ropéruiion. 158 TABLE IV: Intiervalle de teiTUTS. mois. 12. 7- no. I. jours. 2. 21. 2^ EN DIX. P.Q.R.ST.V.WX YZ. 1.2.3.4 5.6.7. 8.9.10. X. ^oût. De même. Jvril. 1743. J'ai trouvé au com mencement de ce mo}.-^ q. R. s. T. V con- lumés par la maladie, dont il eft parlé Ob- {qxv. VI. Il n'en res toit qu'une portion lon- gue de s. lign. qui n'a vécu que jufqu'au 27. IV. Mai. Z. en entier. Longueur des parties reprofUiites. ligùT pouc 2. I. 21. m. I 20 jours de temps écoulé depuis l'opération. s U R L E s V E R s. 159 REMARQ.UES Sur la première Table, Je ne repéterai point ici ce que j'ai déjà in finué ci-delTus touchant les difficultés qu'il y a à fe pro- curer des mefures pafTiblement exades de l'accrois- fement des Vers de cetce efpece. On fe rappellera que je n'ai prétendu donner que des à-peu-prèr. Mais , quel que foie le degré de jufleiTe de cette table, il me paroît qu'elle établit au moins ces trois propolition?. La première, que raccroiflement de ces Vers fuit à - peu - près les mêmes loix que celui des végé» taux, conformément à ce que M. H a le s a ob- fervé fur les farmens de vigae. Foy. h al es. Stat^ cks Feget, pag, 281. ^ fuiv, de la trad, de M, de. Buffon, La féconde, qu'il n'y a pas de différence con- (îdérable entre les progrès que font dans le même temps des moitiés & des quarts, & ceux de hui- tièmes & de dixièmes. [Obferv. IV.] La troifieme, que la dernière portion efl celle de toutes qui , en temps égal , prend le moins d'ac- croiflement, &, après elle, celles qui la précèdent immédiatement. £Obf. IV.] i6o OBSERVATIONS OBSERVATION X. Expériences pour s'ajfurer fi la réproâuStion des parties coupées ejl inépuifahle dans le même Individu. A V A N T la découverte des Infedles qui peuvent être multipliés de bouture, les Phyficiens connois- foient la réprodu6lion des pattes des Ecrevifles: ils favoient que lorfqu'on les a coupées un certain nombre de fois au même individu, il ceffe enfin d'en repoufTer de nouvelles. Réfléchiflant fur. le rapport qu'il y a entre la réproduétion de ces pat* tes , & celle des parties qui ont été coupées à nos Vers, j'ai été conduit à rechercher, fi en coupant la partie nouvellement produite, l'ancien tronçon auroit de nouvelles reflburces, pour reproduire en- core ce qui lui manqueroit, & fi cette provifion pourroit s'épùifer, ou étoit inépuifable. J'ai donc recoupé confécutivement à un même Ver (i) la tête & la queue, à mefure que ces par- ties ont achevé de fe refaire. Dans l'efpace d'en- viron deux mois d'Eté, pendant lefquels il a tou- jours été tenu dans l'eau pure, il s'eft completté jufqu'à huit fois, & il avoit commencé à le faire pour la neuvième lorfqu'il a cefle de vivre. Cette expérience méritoit extrêmement d'être variée. Auffi l'ai- je fait de toutes les façons dont j'ai Cl) Ce Ver étoit la première moitii; de la féconde portion d'un autre partagé en trois, en Juillet 1741» laquelle portion s'éioit partagée d'ellï- inôme par le milieu , en Janvier de l'année fuivante. . y s U R L E s V E R s. ièi j'ai pu m'avifer. J'ai recoupé au même Ver (i) feulement la tête; à un autre (2) feulement la queue; à un troifienie (3) l'une ôc l'autre de ces parties, mais en laifTant entre chaque opération l'intervalle de temps néceflaire pour que î'Infefte ait pu prendre de nouvelles nourritures ; enfin j'ai recoupé avec la même précaution à un quatrième (4) feuietnent la tête, impatient de recouper les parties nouvellement re- produites ; fi je leur ai toujours laifFé le temps fufE- fant pour achever de fe refaire ? Il y auroit quelque raifon d'en douter. Afin donc de lever ce doute j je dirai que je ne m'en fuis point fié à la fimple vue, mais que j'ai appelé chaque fois le microfcope 3 mon fecours. Et fi cela ne fuffifoit pas, j'ajoute- rôis que j'ai vu des portions de ces Vers , dont I3 tête longue au plus de demi-ligne, s'acquittoit déjî de fes fondions les plus efiTentielles, en donnant O) Ce Ver étoit la féconde moitié d'un autre partagé dans le mois de' Juillet 1741, des accroiffemens de laquelle j'ai donné une efpec» d'cchelle. Tab. I. Obf. IX. (2) Ce Ver avoit ^té pris dans un ruifleau le 25 Mai 1743. H avoic perdu la queue , ou partie poftérieure , & il commençoit à en reprendre une nouvelle, dont la longueur étoit déjà de deux tiers de ligne. C3) Ce Ver avoit été tiré mutilé du fond d'un ruifleau le 19 0(Jtobra 1741. La queue ne faifoit encore que commencer à pouffer, mais Itf tète avoit déjà environ trois quarts de ligne. (4) Il avoit été trouvé dans le mûme ruifleau que les préeédens, & au mois de Mai 1743. (5) 11 avoit été pris dans le même eijdroic q«e le précédent , ejp Juin de ïd mâme année. Tome I. h I 102 OBSERVATIONS entrée aux alimens ; & que j'en ai vu d'autres dont la queue n'avoit^ gueres qu'un tiers de li^ne, & dont on obfervoit fort bien l'anus s'ouvrir pour lailTer fortir les excrémens. Il ne paroifToit pas encore , il eft vrai , fous la forme d'une fente oblon- gue, [Obf. 1.] ainfi qu'il auroit paru dans la fuite; on ne voyoit qu'une efpece d'échancrure [P/. /. Fig. XIIL p. 2» niais toujours reflentiel s'y remar- quoit - il, A u refle je ne dois pas oublier de faire obferver que j'ai toujours fait en forte de ne point toucher au tronçon , de ne couper précifément que la partie nouvellement produite. La différence fenfible de couleur de celle-ci d'avec celui-là, met en état de les diftinguer. [Obf. VIL] Remarques Sur h féconde Table. D ES Tables dans le goût "de celle-ci foumiroient bien des remarques curieufes, & propres à éclaircir la matière qui fait le fujet de ces Obfervations ; mais, comme ce que je donne aftuellement dans ce genre n'eft qu'un premier effai , je croirois manquer ù la bonne méthode, fi je tirois des conféquences d'expériences, qui n'ont pas été pouffées aflez loin, ni aflez fouvent réitérées. On ne regardera donc les remarques fuivantes, que comme de (Impies ré- flexions, ou comme des queltions que je foumets à un plus mûr examen. s U R L E s V E R s. 163 PREMIERE QUESTION. La fource de réprodudlion des extrémités eft-elle inépuiîàble dans le même individu ? 11 n'y a pas lieu de le croire , puifque je n'ai point eu de Ver qui fe foit completté plus de douze fois. Il efl vrai que je n'ai pu pouffer affez les expériences fur ceux des No. IV & V ; mais il y a lieu de croire qu'ils n'auroient pu fournir encore à plufieurs opérations, ayant fenfiblement diminué de groffeur, & de Ion* gueur dès la fin de l'Automne. Il efl très-probable que la propriété que ces infe6les ont de repouffer une nouvelle tête, & une nouvelle queue à la place de celles que la fe6lion leur a fait perdre , efl pro- portionnée au nombre, & à la nature des accidens auxquels ils font expofés pendant le cours de leur vie. C'efl-là une idée qui s'offre naturellement à l'efprit, dès qu'on réfléchit fur la fageffe qui brille dans tous les ouvrages de la Nature , & en parti» culier, dans les moyens qu'elle met en œuvre pour la confervation des Efpeces. SECONDE QUESTION. Les Vers auxquels on a donné de la nourriture, fe complettent-ils un plus grand nombre de fois que ceux que l'on a tenus dans l'eau pure? On pourroit le foupçonner; cependant, à en juger par la Table , qui fait le fujet de ces réflexions , il ne paroît pas qu'il y ait de différence. Nous y voyons, par exemple, que le Ver N». I, auquel on a donné de la terre, s'efl completté huit fois dans fefpace. d'environ quatorze mois, & que celui du No II, qui a été tenu dans l'eau pure, l'a fait autant de fois dans l'efpace de deux mois d'Eté. Peut-être L 2 i64 OBSERVATIONS que chez l'un & Tautre la fource de réproduftion éroic épuifée, ou pour m'exprimer à la manière des rhyficiens modernes, que tous les germes mis en provifion par la nature, avoient achevé de fe dé- velopper. Quoi qu'il en foit , il me paroît extrê- mement remarquable que le Ver , que j'ai toujours laifle dans l'eau pure , fe foit completté jufqu'à huit fois. Cela indique une grande énergie dans le ^ principe vital de ces Infeftes. Car fi l'on prend la longueur de chaque tête, & de chaque queue reve- nus au Ver dont je viens de parler, la fomme qui en proviendra, furpaflera de demi -ligne celle du ironjon lui-même après la première opération. TROISIEME QUESTION. La réproduftion des extrémités fe fait-elle plus pfomptement dans les Vers auxquels on a donné de Ja nourriture, que chez ceux qu'on a lailTés dafis l'eau pure ; ou , ce qui revient au même , les pre- miers font- ils en temps égal plus de progrès? Les expériences dont il s'agit ici, n'ayant pas toutes été faites dans la même faifon à une égale tempéra- ture , je ne fauroîs [Obf VIII.] rien dire de pofi- tif fur cette queftion. Si cependant on fe borne à comparer les accroiffemens du Ver, N°, V. avec ceux du Ver du No. VI. on jugera l'affirmative plus probable. Il efl d'ailleurs bien naturel que de àeux Vers, celui qui aura été le mieux nourri faffe en temps égal plus de progrès. Mais quelle fera alors la différence de l'accroiflement, la tempéra- ture étant fuppofde la même? C'eil, comme on voit , ce qu'il s'agit de déterminer. A cette occafion je ferai obfêrver , qu'outre le dt'gré de chaleur, & les autres fources de variétés s U R L E s V E R s. i6s que j'ai indiquées dans rObfervation VIII, la qua- lité de la terre dont l'Infefte fe nourrit, & la quan- tité en laquelle elle lui eft livrée, influent beaucoup fur fon accroiflement. Je m'en fuis convaincu par plufieurs expériences faites fur difFérens Vers, & en particulier fur les portions I. K. de la Table I. £Obf. IX.] On y a pu remarcjuer que ces portions, qui le 30 Juin 1742, avoient un pouce neuf li- gnes, n'en avoient qu'un trois lignes, le 4 Mai de l'année fuivante. Comme elles ne s'étoient point divifées, ainfi qu'il arrive aflez fouvent à ces Vers [Obf. VI. IX. Tab. I. X. Tab. ÎL N'^. III. IV & V.] je foupçonnai que ce décroifl"ement prove- noit de ce qu'elles n'avoient pas eu affez de terre, ou qu'elles n'en avoient pas eu d'alTez bien condi* tionnée, celle que je leur avois donnée étant un peu fablonneufe. Pour m'éclaircir là-deflus, je couvris vers la mi-Août entièrement le fond de la tafle d'une boue prife au fond d'un ruilTeau, la- quelle j'avois eu auparavant la précaution de faire fecher pour tuer les petits Vers qu'elle pouvoic contenir (i). Dans l'efpace d'environ une femai- ne, ces portions qui, huit jours auparavant, n'a- voient pas plus de feize à dix-fept lignes de lon- gueur, en avoient acquis vingt-quatre. Elles avoient auffi groffi à proportion. Il n'eft gueres douteux que ces Vers ne fâchent choifir entre les particules terreufes celles qui contiennent le plus de fucs ou des fucs plus gras, & que ce choix ne fe faffe mieux fur une plus grande quantité de terre que fur une quantité moindre. Mais, comme je l'ai déjà infinué [Obf. VI.] en augmentant la quantité de la terre, on augmente la réfiftance que les Veri ont à la percer, & de-là il arrive qu'ils fe rompent. Ci) Cette précaution c(l ndccflairc pour s'afTurer fi les Vers « qu'or, 8 cqupés , en mettent au jour li'autres de leur efpcce. 1^3 i65 OBSERVATIONS ce qui efl un fâcheux inconvénient. Je ne manquai pas de l'éprouver fur les portions donc il s'agit; chacune d'elles s'écant partagée en deux autres peu de jours après. On peut juger par-là, à quel point ces Vers doivent fe divifer dans les ruifleaux, & multiplier ainfi leur efpece par une voie qu'on n'au- roit crue propre qu'à les faire périr. Q^UJTRIEME Q^UESTION. La tête & la queue croiflent- elles également dans le même individu? J'ai déjà touché a cette queflion au commencement de rObfervation IV, lorfque j'ai dit que la tête eft à V ordinaire celle qui fe développe la première. Les opérations que j'ai fait fubir au Ver du N<^. IL de cette Table , me parois- fent achever d'établir cette propofition , ou , ce qui eft la même chofe, que la tête eft celle qui en temps égal prend le plus d'accroiffement. On n'a pour s'en convaincre, qu'à jeter un coup -d'oeil fur la fuite de ces opérations : on y verra que lorfque cette dernière avoit déjà acquis une demi ou trois quarts de ligne de longueur, la queue n'en avoit encore qu'un quart ou un tiers. La circulation du fang fe faifant de la queue vers la tête, [Obf. L] celle-ci recevroit-elle plutôt, en plus grande abon- dance & mieux conditionnés les fucs deftinés à fournir à fon développement? Quoi qu'il en foit de ce foupçon, il paroît bien conforme à la fagelTe de la Nature, que l'organe par lequel le corps reçoit la nourriture foit le premier à fe former. ^-^§IÛ R LÎ: s VER S. 167 CINQUIEME question/ La quantité de raccroiflement , toutes chofes d'ailleurs à-geu-p_rès égales, efl-elle conftammenc fe même dâns'lëâ' extrémités après chaque opéra- tion ? Je crois pouvoir décider négativement , & établii qu'elle dimiituél En effet, -li l'on compare, par exemple , les accroiffemens des Vers N°. II & IH., après. les. premières opéradonsj avec ceux de ces mêmes Vers après les derEiieres opérations, on y remarquera des différences très» fenfibles. Les forces de l'animal s'épuifent peu-à-peu, & cet épui- fement qu'annonce encore la diminution du tronc, n'a rien que de fort naturel. SIXIEME Q^UESTION. Les extrémite's repoulfent • elles conflamment dans la ligne de direftion du corps, & jamais de côté comme les branches des arbres? C'efl-là une Loi à laquelle je n'ai point encore vu d'exception , de quelque manière que la feélion ait été faite, foie perpendiculairement au tronc , foit obliquement. SEPTIEME Q,UESTION, 'Les nouveaux organes que le tronc pouffe après chaque opération, font-ils toujours également par- faits? C'efl encore là une vérité que toutes mes obfervations m'ont paru établir. Je n'ai jamais re- marqué que, pour avoir coupé plufieurs fois de fuite à un même Ver la tête ou la queue, celles qui repouffoient enfuite en fuffent moins bien con- L4 lëS QBSEJtVATIONS formées. Je ne voudroîs cependant pas en conclure qu'il n'arrive jamais ici des dérangemens qui affec- tent l'organifation de ces parties : tout ce qui eft çompofé pu machine y eft efleatiellement fujet. OBSERVATION XI. "expérience fur Vaccroîjjement des queues coupées au Ver du N". L de la Tapie IL Jl ouR connoître dans quelle proportion les queues poupées au Ver du N". I. de la Table précédente çroîcroient, je les ai meHarées de temps à autre j^ comme on le voie dans la Table qui fuie. TABLE V. 1^9 Intervalle de temps. mois. JOUIS. I. 3. I. 12. 22. 26. I. 6. Longueur des parties reproduites. T^B LE de Pacer oîjjement des Queues coupées au Ver du Numéro I, de la Table IL A, B. C. D. E. F. G. I- 2. 3. 4. 5. 6. 7. XXIV. Août 1742. A. ayant tenté dans le mois de Juillet de fortir hors du vafe où je la tenois renfermée, elle étoit demeurée collet contre les parois ; elle pouvoit avoir alors en- viron B C , . D E. Elle avoit cefle de vivre le 1 2 Juillet. XV. Octobre. Idem, ou àpeu-près. VIII. Juin 1743. B. avoit difparu. C. . ... : D. avoit difparu. F. avoit péri par le mêm; accident qu'A, &cela avant la fin de l'Hiver. G. n'avoit pas fait de progrès fenfibles. IX. Juillet. C. Idem. G XXV. Août, C '-'• • . ...... G pouc'. ligôT I. 5. 8. 6. ' ■ I. 5î .,.., r. _^ 7§_ Î2 m. 1 6 jours de temps écoulé depuis i'opér^cion. L 5 I70 OBSERVATIONS , O B s E R V A T I O N XII. Qiie la tefe (^ la partie antérieure àt ces Fers^ non plus que la partie po/lérieurè., ne devien- nent jamah ■ des Vers parfaits. ; E i^ai poitit 'tjncbrç fatisfait à utie^ queflion qui naît nàturellemç^t des obfervatïons que je viens de coramilniquer : elle confifte à favoir fi la tête & la queue , qu*on.' 'iiécoupe confécurivemeftt au même Ver , à mefure -qu'elles ont achevé de fe refaire , deviennent ellps-mêmes des touts parfaits ? Je répons que c'eft ce que je n*ai jamais- vu arriver. L'une & l'autre ont ordinairement ceffé de vivre 24 heu- res apfès Topération, quelquefois plus: tard, d'au- tres fo^ plutôt, fuivant qu'elles avoient été coupées plus 0% moins longues. Mais efl-ce ici une règle générale qui n'admette aucune exception? J'avojs d'abor| conjepuré qu'ihfalloic pour que ces parties puflent^végétet par elles-mêmes, & devenir des Vers parfaite, <^'eïle9 euflent déjà acquis, un certain de* gré da confiflance ; mais je me fuis, convaincu de la fauSeté de;cetté conjeâure en coupant la tête à des Vers auxquels elle ne paroilToit point l'avoir encore' été. Quoique je lui eufle laifîë une bonne ligne de longueur, elle ne parvint pas néanmoins à fe leproduire. Je pafle fous filence quantité d'autres tentatives que j'ai faites fur la queue, & dont le fuccè$ a été le même. Je fuis maintenant Il perf^adé que ni- Tune ni l'autre -de ces parties ne fauroient devenir des animaux parfaits, que je le regarde comme un -principe dans cette -matière; d'où je: crois pom^oir tirer cette conféquence, que la fource de réproduflion ne réiïde pas dans tout le s U R L E s V E R s. 171 corps de ces Vers, mais que fi l'on fait la feftion à une diflance de l'une ou de l'autre extrémité , qui foit moindre qu*une ligne ôc demie, la partie cou- pée périra fans fe reproduire. L'état de la grande artère dans ces deux endroits (Obf. 1.), contribue- roit-il en quelque chofe à la production de cet effet fingulier ? On pourroit le foupçonner avec d'autant plus de vraifemblance, que j'ai vu des portions dont la longueur n'étoit guère que de demi à deux tiers de ligne, mais qui avoient été prifes entre les deux points dont je viens de parier , fe prolonger de part & d'autre , & devenir enfin des Vers à qui rien ne manquoit. OBSERVATION XIII. Nouvelles Expériences pour connoître les Loix fuiyant le/quelles ces Fers croijfent, X^*oRDRE & les proportions qui s*obfervent dans la réproduélion de nos Infeftes de bouture font, à mon avis , ce qui doit le plus exciter l'attention des Phyficiens. Ce font-là des connoifiTances dont l'utilité n'eft nullement bornée à ce genre de petits Animaux , mais qui peuvent répandre beaucoup de jour fur plufieurs points de Phyfique très-importans & très -peu éclaircis encore; par exemple, fur la génération & l'accroififement des corps organifés. Aufli a- ce été un des principaux objets que j'ai eu en vue dans plufieurs de mes obfervations. C'efi: en particulier ce motif qui m'a engagé à dreflfer une Table (Obf. IX ) des accroiflemens progrelîifs des portions de quatre Vers à -peu- prés égaux & fem- blables, partagés dans le même mois fuivant diff"é- 172 OBSERVATIONS SUR LES VERS. rentes dimenfions, & àendrefleruneautreCObf.X.) de la réprodu6tion des parties recoupées confécuti- vement à différens individus, tenus les uns dans l'eau pure , & les autres dans de l'eau où il y avoir de la terre. Dans la même vue je donnerai ici une quatrième Table qui contiendra réchelle d extenfion de trois Vers de l'ePpece de ceux dont je viens de parler, coupés, le premier en trois, le fécond en fix, le troifieme en douze parties. Je promets d'en drefTer d'autres par la fuite, qui feront plus éten- dues que celles-ci, & d'en former comme une es- pèce de Recueil ou de Corps, Quoiqu'il ne foit pas poffible d'atteindre fur ce fujet à une exa6litude parfaite , par les raifons auxquelles j'ai touché (Obf. IX.) , on ne doit pas néanmoins fe difp^nfer de ce travail, puifque d'ailleurs il ne s'agit point ici d'une précifion mathématique, maïs feulement phvQque. TABLE VI. 17a TABLE de V accroiffement àes portions de trois Vers partagés en différens temps y l'un en trois , h fécond enjix, 6f ^s troifieme en douze parties. EN TROIS, A. B. C. I. 3. 3. Intervalle lie XIV, Juillet 17^1, Jour de l'Opération. XVI. 3^uillet, La Tête & la Queue commencent à poufler dans chaque portion. XIX. 3^uillet, Têtes deB. C Qaeuesde A. B XX. Juillet A. périt par accident. XXIV. Juillet, Tètes deB. C Longueur des parties reprnihiiies. lUUIS. JOUia. 2. 3- I. 4. 10. TI iJouc. 1 1 à I. Queue de B I i IV. Août, .■ 21. La Tête a cefle dt croître. Queue de B 3- Ces portions avoieni été laiflTées dans l'eau pure jufqu'à ce jour. 0 XIII. Août. I. Quçue de B. ,... 1 4. I. m. de tfmps écoulé depuis l'opération. 174 TABLE VI. Intervalle de r..« ■ JOUIS. I. n- •■ ' I. 13- 15- TO. m 2. 8. ^o. 1— 2. 2S. 20. 3- i8. 1 21. m 4- 9 20. £ N TROIS. A. B. C. I. 2. 3. XXVI. Jûût. Queue de B X. Septembre, Queue de B C. en entier XX. Septembre, Queue de B. . . . • . . C. en entier. ..•.., X. Oêiobre. Idem ou à -peu -près. XXX. Oaobre, Queue de B C. en entier XX. Novembre» B. idem C. en entier X. Décembre, Idem. Longueur des r"'-':ies reproduites. poUL-. I. I. I. I. I. I. I. 6, 8. 2. 6. 2. 4. m. I 29. jours de temps écoulé depuis l'opération. TABLE VII. ns Intervalle de teinns. llJUiS. JUUlï» EN SIX, D. E. F. G.H. L I. 2. 3. 4. 5, 6. XVI. Joù. 1743. Jour de l'Opération. XVIII. ^cfit. Il s'étoit formé un bourlet très-fenfibJe à la partie poflérieure de D. XXII. ^oiît. Le bourlet de D, avoit difparu , & cette portion avoit commencé à re- prendre une queue , qui avôît ceci de remarqua- ble, qu'elle étoit auflî grofle , ou à - peu - prés , que le corps , au lieu que cette part, eft toujours plus effilée. On n'y dé- couvroit point encore d'anu3 au microfcope. Tête de E Têtes de F. G. H. I. . . Queue de E Queues de F. G Celle de H. commen- çoit feulement à pous- fer. Ixmgiieur des parties reoroduites. IJOUt. Ii2n. 6. jours de temps écoulé depuis l'opération. I7«5 TABLE VIL Intervalle E N S I X. È .Longueur de temps. D. E. F. G. H. L I. 2. 3. 4. 5. (5. des parties reproduites. . mois. jours. 6 pouc. Ijgu. 6. XXIV. Joût. 8. Têtes de E. G. H. L . . Têt^e F Queues de D. E Queues de F. G. .... . CelledeH.n*avoitpas fait de progrès fenfible. 2, k ï .^. XXIX. ^oût. 13- Têtes de E. F. G. H I I. Queue de D 2| Queue de E, * Queue de F 21 lî Queue de G li Queue de H. k Toutes ces portion^ avoient commencé à prendre de la nourri ture. ro. Vin. Septembre. 23- La tête a cefle de croître Queue de D Queue de F Queue de G 5- ' 3. s. Queue de H I. E. ayant voulu fortir hors de la taûe , s'étoit defleché contre les pa- 1 rois. 1 23. jours de temps écoulé depuis l'opération. Intervalle Intervalle de teroDS. moia. jour». 23- 17- X, lO. 25. 2. 5- I. II. lO. TABLE VII. EN SIX. D. E. F. G. H. I. I. 2. 3. 4. 5. 6. XXV. Septembre, Queue de D Queue de F Queue de G Queue de H XX. Octobre, Idem. XXX. Novembre. Idem. X. Décembre, [dem. ^77 Longueur des partiea reorodiiites. pouc. lisn. 3. m. I 26. jours de temps écoulé depuis l'opération. Tome !• M 178 TABLE VIII. E N D O U. Z E, K. L. M. N. O. P. Q, R. S. T. V. X. I- 2. 3. 4. 5. 6. 7. g. 9. 10. u. 12. i.iLcrvâile de tcrnris. VIII. y^««(. ;743, Jour de l'Opération. des parties '•epro('u''^' <:. «lus. JUUti. i-oiic. 11^11. I. IX. 4oûu A 5 h. du ra^tjn. K. meuTt. 2. î I. 2. 6. Xi, Joiît. Sur les (5 h. du matin. X. avûic celTé de vivre. xri. joût. Toutes les portions ont commence de reprendre. XIV. Joîtt. Têtes de L. M. N. O P. Q. R. Queues de L. M. N. 0. Ui P.Q.R. ^ৠS. avoit fait un peu moins de progrès. T. V. avoient encor. moins poufTé. 2. XVI. Joût. 8. Têtes de L. M i TêtesdeN.O.P.Q.R.S. ■ î Têtes de T. V § Queues de L. M f Queues de N. O. Q. R. » Queue de P Queue de S 2 I I 8. jours de temps ejouié depuis i'upérauon. TABLE VIII. 17 Intervalle de teninf. jours. 8. :?. II. 16, EN DOUZE. KLMNOPQRSTVX. i.a.3.4.5»6.7.8.9.lo.ii,i2 La queue de T. V. avoit encore faic fi peu depro grès, qu'elle n'étoit pres- que pas fenlible à la vue Qmple. XIX, 2^oût, Têtes de LMNOPQRS. Têtes de T. V Queues de L. M Queue de N Queues de O. Q. R Queue de P Queue de T La queue de V. n'avoit prefque fait aucun pro- grès.. Toutes ces portions avoient commencé à prendre de la nourriture. XXIV. Joût, Têtes de L. M. N. O. P. Q, R. S. T Queue de L Queue de M. QueuesdeN.O.P.Q.R. Queue de S," Queue de T V. n'avoit fait aucun progrès. Longueur (les parties reproduites. pouc. ittia* I. 2. Il II r. î r. 3§ 31 3. Il I. 16. jours de itaips écoulé depuis l'opération, M 2 i8o TABLE VIII. intervalle EN DOUZE, Longueur de tcmns. KLMNOPQRSTVX. 1.2. 3.4.5 A?. 8. p. 1 0.1 1.12. des parties reproduites. OIOJS. Juuii. pouc. lig". i6. TO. III. Septembre, 26. La Tête a celTé de croîcre. ; Queue de L Queues de M. Q. . . . Queues de N. R Queues de O. F Queues de S. T Celle de V. commençoit feulement à fe montrer. 5^ 5. 4. 6. 2. ^7. XX. Septembre. J. ^3- Queue de L, 7- Queues de M. Q. . . . 5- • Queues de N. R. . . . . Queue de O 4§ 6. Queue de P 8. . Queues de S. T 2^ V. n'avoit pas crûfeniî- blement. T. XX. OBobre. 2. 13- Idem. Je n'ai pu retrouver la ■ - féconde portion. i. II. XXX. Novembre, Idem. lO. X. Décembre, 4- 4. Idem. 4. 4. laem. 4.. m. j 4. jours de temps écoulé depuis l'opération. OBSERVATIONS SUR LES VERS. iSi Remarques Sur la Quatrième Table, J E ne ferai que deux remarques fur cette Table. La première, qu'elle confirme aînfi que la troi- fieme, les trois conféquences ou propolitions que j'ai • ■■ ' OBSERVATION XV. Que la circulation du fang fi fait toujours très- régulièrement dans ces Vers ^ fiit qu'ils de- meurent entiers , fiit qu'on les coupe par mor- ceaux, JL L efl affirrément fingulier que la circulation du fang, dont la régularité paroît fi eflentielle à la vie dé tout animal, Ibuffre cependant dans certains In- feéles des altérations confidérables. Telles font celles que le célcbre Malpighi (*) a obfervées dans le Ver à foie. Mais je ne fai s'il ne paroîtra point aufîî rem^arquable que ceux dont je parle ne m'aient jamais fait voir la moindre de ces variations , en quelque tems & en quelque état que je les aie obfervés. C'eft conftamment de la queue vers la tête que j'ai vu circuler la liqueur analogue au fang, & cela jufques dans des portions qui avoient à peine demi-ligne, ou qui, pour mieux dire, n'étoient que des atomes. J'étois ainfi en état de diflinguer le bout antérieur du poftérieur, & de m'aflurer, au- tant qu'il étoit poiTible, que c'eft toujours à celui- là que la tête reparoît. Je n'ai point obfervé non plus que la circulation du fang augmentât ou di- minuât de vîcefFe par la fe6tion. On fait cepen- avouc. J'ai tAclié ti'en donner de telles Cliap. XXlV de FEfai analy- tique fur les Facultés d« V/lms. Et cliap. HT, du Tom. II. des Con/iif. fur les corps orgau. Mais , quand je compolois ce Traité iflnfeflologle je n'ctois point encore laniiliarifé av-C les maticrcR de P/yeologie: elles me rcpouflbient môme, & j'dtois bien 6\o\p,n6 de foupçonner que je m'y cnfoncerois un jour. (^IVote ujoutec ^Air l'Auteur à cette nouvelle Edi- ton.') ■ O WfTt, Epljl. de Lemi, i84 OBSERVATIONS dant que c'efl: ce qui arrive ordinairement après des bltfTures bien moins confidérables que celle - ci. Au refle, je ne mets point au rang des varia- tions proprement dites dans le cours du fang, un ralentiffement très-fenfible que j'ai fouvent remarqué dans les Vers affaiblis par un long jeûne: il n'a rien que de fort naturel. OBSERVATION XVI. ■Que ces Vers ont le toucher extrêmement délicat. Qu'ils femblent même n'être pas entièrement privés de lufage de la yue. JL/Es Naturalifles ont fort célébré l'extrême dé- licateffe du toucher de l'Araignée: celle de nos Vers n'eft peut-être pas moindre. Si on en ap- proche le bout d'un brin de bois, on les verra fré- tiller comme des Anguilles prefque avant que d'en avoir été atteints : ils fe cachent au moindre mouve- ment qui s'excite autour d'eux. Mais j'ai fait d'au- tres expériences qui m'ont laifTé incertain fi ce n'eft point plutôt à la vue qu'à la finefle du ta£l, que je dois attribuer ce qu'elles m'ont fait voir. J'ai ob- fervé que, dès que les premiers rayons du foleil ve- noient à donner fur les vafes pleins d'eau, où je te- nois ces infe6tes , leurs mouvemens paroiflbient de- venir plus vifs. J'ai cru voir la même chofe lors- qu'après les avoir mis dans l'ombre, je faifois tomber fur eux, au moyen d'un miroir, la lumière du foleil, ou que je venois les obferver à la chandelle. , Si la moindre plaie nous caufe de fi vives dou- leurs, quelles ne doivent pas être celles que reffen- s U R L E s VERS. 185 tent ces Vers lorfqu'on les coupe par morceaux! Cependant, à en juger par ce qui fuit cette terrible opération , on pencheroit plus volontiers à la croire moins douloureufe, moins cruelle pour eux qu'on ne l'imagine d'abord. OBSERVATION XVII. Sur me petite anguille fortie vivante d'une por- tion dun de ces Fers, IVIais comment s'opère la ge'nération dans ces Vers: font- ils vivipares ou ovipares? Voici, à ce fujet , une obfervation finguliere. Comme je partageois un de ces Infeftes en huit parties, je vis fortir d'une des portions voîfines de la tête un peu de matière terreufe , au milieu de laquelle j'apperçus remuer comme un filet blanchâtre. Je ne doutai point d'abord que ce ne fût quelque vais- feau , ou quelque autre partie analogue du corps de l'animal, qui n'en étant pas entièrement féparée, en tiroit encore le principe de fon mouvement. Mais, m'étant armé d'une bonne loupe, quelle fut ma furprife de voir ce prétendu vaifleau fe changer en un petit Ver tout femblable pour la figure à celui dans lequel il étoit auparavant renfermé ! Je pcnfai aufli-tôt à l'élever, & je ne défefpérai pas d'y réuflîr. Pour cet efi'et je le mis à part dans un petit vafe plein d'eau, à laquelle je crus devoir joindre une pincée de terre. Je ne fus pas long- temps à reconnoître, par la promptitude avec la- quelle je l'y vis s'enfoncer, que je l'avois fervi fui- vant fon goût. De temps en temps néanmoins il reflbrtoit pour nager de côté vk d'autre dans le M 5 i8(5 OBSERVATIONS vafe. On ne pouvoit s'empêcher alors d'admirer ]a vivacité de tous fes mouvemens : on croyoit voir une de ces petites Anguilles que le microfcope fait découvrir dan» le vinaigre. À l'aide de cet inftru- ment je remarquai que fes anneaux étoient plus mar- qués qu'ils ne le font dans les grands Vers de ce genre, l'aurois pu aifément les compter , fi ce petit animal eût été moins vif, J'obfervai encore à l'extrémité de fa queue comttie une efpece de pe- tite houpe de poils blanchâtres extrêmement courts, & qui me parurent avoir quelque reflemblance avec des nageoires. C'étoit en effet au moyen des coups réitérés de fa partie poflérieure contre le li- quide , & de coups réitérés avec une extrême promptitude & en fens Of>pofés, qu'il nageoit. Un autre mouvement lui étoit particulier: il cour- boit fon corps en manière de cerceau , & il le re- drcfîbit enfuite tout à coup. Ce mouvement brus- que, analogue à celui des Fers fauteurs qu'on trouve dans les pois, le portoit quelquefois à plufieurs lignes, mais fans pourtant lui faire abandonner le fond du vafe. Je le fuivis ainfi pendant plus d'un mois & demi, au bout duquel un accident, que je n'avois pas prévu, me l'enleva k mon grand regret. Mais enfin ce que j'avois fouhaité principalement de fa- voir, je m'en étois inflruit au moins en partie; je veux dire, fi ce Ver que j'avois forcé de venir au jour, par une opération qu'on peut comparer à l'opération Céfarienne, non •feulement continue- roit de vivre , mais parviendroit encore à acquérir plus de longueur. Et c'efl en effet ce que j'ai va arriver. Ce Ver , qui à fa nailfance n'avoit guère plus d'une ligne, ou une ligne & demie, en avoit déjà au moins deux, lorfque j'eus le malheur de le perdre. s U R L E s V E R s. 187 Cette obfervation à laquelle j'étois fi peu pré- paré, me porta à examiner avec (une nouvelle at- tention l'intérieur de ces Vers. Aidé d'une bonne loupe, je crus bien diftinguer dans celui des plus grands, de part & d'autre de la grande artère , de petits Vers pareils à celui dont j'ai parlé ci-deflus: il me fembloit les voir s'agiter en difFérens fens, s'étendre , fe replier. Mais ayant appelé le micros- cope à mon fecours, je commençai. à douter que ce que je voyois fût réellement ce qu'il fembloic être. Il me parut que c'étoit plutôt des branches de ces vailftaux dont j'ai parlé (Obf. I.), & qu'on diroit être des produftions de la principale artère [P/. /. Fig. V. dy dy d.^ Cependant, ayant répété robfervation un grand nombre de fois, & ]es mêmes apparences de petits Vers vivans s'étant fait voir de nouveau, je fuis relié dans le doute. Il ne m'a pas été auffi aifé de fufpendre mon ju- gement par rapport au petit Ver en queflion : je n'ai pu m'empêcher de le regarder comme une preu- ve que l'Efpece , dont je donne ici les obfervations efl: vivipare, (i) En effet quelle conféquence plus O) .l'ai fléjà donné (Obf. II.;) l'extrait d'une lettre queM. deREAU- îviuR in'avoit fait riionneiir de mVcrire le 7 d'Août 1741', fur la décou- verte des Animaux qu'on multiplie de bouture : j'en tranfcrirai ici une aiiire qui fera comme un fécond Supplément à l'hiftoire que j'ai efquifl'ée de cette fameule découverte, Obf. I, & qui fcrvira en même temps de confirmation à mes Expériences» jt Paris ce 30 Novembre 1741, 5, La plus étrange , Monficur , & la plus enibarraffante nouveauté qui „ fe foit jamais offerte h ceux qui étudient la Nature, efl: affurémentla „ réprodudlion des Animaux par boutures. Mais , dès qu'il a été prouvé „ qu'il y en avoit une efpece qui pouvoir être multipliée par une voie fi 5, extraordinaire, on a dû croire que cette efpece n'étoit pas la feule h „ laquelle une fi étonnante propriété eût été accordée. Audi n'Iiéfitai- j, je point à prédire à l'Académie qu'on la découvriroit bientôt à d'autres „ Efpeccs, & je lui en indiquai quelques-unes que je foupçonnois l'avoir. „ Mais vous aurez été le premier qui m'ayez mis en état de lui jufiiticr 5, ma prédi(ftion ; qui h préfent peut être vérifiée pr.r plus de quinze dif- „ féfcmes Efpcces d'Inicdes. Je ra'étois l>iLn aitepdn que tous ne m OBSERVATIONS naturelle que celle-là? M'obje fiera. t-on que ce Ver pouvoit avoir été avalé par celui auquel je conjec- ture qu'on doit en attribuer la naiflance ? Mais dans une telle fuppofition, comment concevoir qu'il ait pu réGfler à l'adtion de l'eflomac? Et fi l'on dit qu'il avoit été engendré dans l'intérieur du grand de la même manière que le font tant d'Efpeces d'in- feftes dans le corps de divers animaux , je deman- „ vous en tiendriez pas h vos premières expériences fur un Ver aquati- „ que coupé en deux. Vous m'aviez promis les nouvelles obfervations „ que vous fourniroient d'autres Vers de la môme Efpece, & vous l'avez „ fait par votre Lettre du 3 de ce mois. Si je n'avois pas eu aflez de „ preuves de votre attention à_ obferver, & de l'exaftitude & de la jus- „ tefle de vos obfervations , j'en aurois trouvé dans le^ réfultats que „ vous m'avez communiqués , qui font d'autant plus décififs , que je me „ fuis beaucoup diverti pendant les vacances à couper des Vers que je „ juge être de même Efpece que les vôtres. J'ai eu une très -grande „ facilité à avoir de ces Vers: un feul trou qui fe trouvoit à la décharge „ d'un étang m'en fourniffbit autant que j'en voulois. J'ai vu avec bien j, du contentement , que mes remarques étoient d'accord avec les vô- j, très. Il m'a paru fingulier, comme à vous, que l'accroiflement ne fe j, fft pas toujours plus vite proportionnellement à la grandeur des parties ,j que la feélion avoit données. Des moitiés d'un Ver n'ont pas crû ,, plus vite que des quarts d'un autre Ver. Ces dernières parties m'ont j', pourtant paru croître plus vite que des huitièmes ou des dixièmes par- j, ties. Mais il peut y avoir dans tout cela des variétés comme vous j, le remarquez très-bien, qui dépendent foit de l'état du Ver qui a été j, coupé, Ibit de diverfes autres circonftances. Ce qui m'a paru le plus „ confiant , c'eft que la partie poflérieurc fe reproduit plus lentement que les autres , & fur-tout que les premières des antérieures. J'ai eu des ', dix-feptiemes parties de ces Vers, & des vingtièmes parties d'un au- ',' tre, mais quelques-unes feulement, qui ont réufli, & la reproduction 'j, de ces très-petites parties a été plus lente que celles des parties plus ', grandes : il en a péri pluficurs , pendant que je n'ai guère vu périr |, de huitième ou de quatrième partie. J'ai fait deffiner un Ver en „ grand, avec la famille de fix Vers venus de celui-ci Hivifé en fis, & „ cela dans le temps où l'ancienne portion eft aifée à diftinguer de celles „ qui ont été nouvellement produites. „ Les bonheurs n'arrivent guère qu'à ceux qui favent fe les procurer. Le filet qui fe montra au bout d'une des (celions d'un Ver eût été en :ope vous a tait voir par rapport a ces hiets oh petits térieur du Ver; je les lirai avec grand plaifir quand vos occupations ',1 vous auront permis de me les écrire. „ Il me femble que vos Vers croiflent plus vite que les miens; il a „ fallu aux quarts & aux fixiemes parties environ cinq femaincs avant „ que d'avoir acquis la longueur de celui dont ils avoient été une por- 5j cion. Vous pourriez me tirer du doute qui peut nie relkr û votre s U R L E s V E R s. 1S9 derai comment il a pu vivre pendant un mois & demi hors de fon lieu naturel? Comment il n'a point paru fe reflentir de ce changement d'état? En un mot , je requerrai qu'on m'explique , fui- vant cette idée, tout ce que j'ai rapporté de ce Ver dans cette Obfervation. (i) ,, erpece de Ver ell réellement celle fur laquelle j'ai beaucoup opcrt^, en „ m'cnvoyant un de vos Vers dans une petite bouteille avec dt JVau & „ de 'la vafe, &c." Je m'empieffai h fatisfaire aux defirs de M. de Reaumur, en lui fai- faiu parvenir par la Porte un de mes Vers, & voici ce qu'il m'écrivit à ce fujet en date du 28 de Février 1742. „ Je commence , Moiifieur , par vous faire des remercimens du Ver „ ou plutôt des deux Vers que vous m'avez envoyés , car au moyen de „ la divifion il eft devenu deux. Je n'ai que de uès-bonnes nouvelles „ h vous apprendre de leur fanté. Ils font du même genre que ceux ,, dont j'ai trouvé une fi grande quantité à Reaumur pendant les va- „ cances , mais je les regarde comme une autre Elpece de ce genre. „ Leur inclination les porte à fe tenir plus fouvent que les autres, en „ partie hors de terre, leur couleur eft plus jaunâtre, &c. En un mot, „ je les regarde comme une Efpecc à ajouter h celles que je connois- „ fois , qui ont la propriété étrange de pouvoir être multipliés par bou- 3, turcs. Les miens ne fe caflent pas aufii volontiers en deux que les „ vôtres ; j'en ai pourtant fouvent trouvé de ceux que je tirois de la j, boue , qui venoient d'une divifion , & auxquels la partie qui avoit été „ emportée comniençoit à revenir. ^ Je ne m'accoutume point à cette 5, merveille, quelque fouvent que je la revoie, &c. " (^Note ajoutée par r/tu:cur à cette nouvelle Edition.') (i) j'ai dit. Art. 250 des Confidérattons fur les corps orgnnirés , les raiibns qui m'ont porté depuis à croire que je m'étois trompé fur l'ori- gine de la petite Anguille dont il s'agit dans celte Obiervation , & l'ur l'origine de celles des Obfervations XVUI & XXI. Je renvoie le Lec- teur à cet Article. bic \~{Z' (Note ajoutée far P/lutcur à cette tiokyelle Eiiition.') N 3 ipg OBSERVATIONS II. No. VT. n'étoient fans doute pas difFérens de celui dont il s'agit ici. S'ils euffent été moins pe- tits , j'aurois pu efpérer de les faire développer par l'opération; mais je la tentai vainement. Pour tâcher d'en faire naître de femblables fur d'autres Vers, j'en ai coupé plufieurs fur différen- tes proportions, & j'ai fait à d'autres des piqûres & des incifions en difiPérens endroits du corps , mais fans fuccès. Ce font des expériences qui de- mandent apparemment d'être répétées un grand nombre de fois & d'être beaucoup variées. J'y invite les Curieux. Ce n'eft pas feulement à la partie antérieure que nos Vers pouffent des tubercules ou boutons : ils en pouffent auffi à la partie poftérieure. C'efl ce que j'ai obfervé le 15 Juin 1743, fur celui du N''. VI de la Table II , & ce qui a été caufe que j'ai différé à faire la onzième opération. Mais le bou- ton qui avoit commencé à fe développer , a difparu à mefure que la queue a pris plus d'accroiffement. Il étoit placé à environ deux lignes de l'extrémité poftérieure, vers laquelle il s'inclinoit fenfiblement.^ Le 24 Juillet, j'ai fait la douzième opération; la queue avoit une ligne un tiers, le corps treize. Au refte, on doit voir avec furprife que ce Ver ait déjà vécu plus d'un an dans l'eau pure, & s'y foit completté douze fois fans avoir fouffert de di- minution dans fa taille , au moins de diminution bien fenfible. Mais je ferai obferver que quoique j'aie toujours eu l'attention de couvrir d'un papier fort la raffe où je le tenois enfermé , la poufliere ne laiffoit pas néanmoins de s'y introduire; ce quia pu fournir à l'infefte de quoi le faire fubfifter. $ U R L E s V E R s. i(}^ OBSERVATION XXI. Obferyatîons & Expériences fur des petites An- guilles , àe rEfpece de celles dont il a été parlé ci'de£us. Que ces petites anguilles fe reproduifent de bou- ture: à quel point elles fe divifent & fe fiih- divifent^ & avec quelle promptitude. Différences de progrès entre celles qui ont été partagées en Hiver , Êf celles qui l'ont été en Eté. v_>r N trouve ^ans les ruifleaux de très -petites An- guilles blanchâtres, qui refllmblent beaucoup à cel- les du vinaigre, foit par la forme de leur corps, foit par la nature l, Apparemment qu'elles avoient péri d'inanition. Quoi qu'il en foic,c'eft un fait bien digne d'être remarqué, que ces portions aient vécu environ fept mois fans prendre ée nourriture^ Nous avons déjà vu néanmoins quelque chofe de femblable dans des vingt -fij^iemesxles Vers delà première Efpece , Ob(^ VIII. Ce fait.n'eil: pas de ceux dont les Phyficiens feront embarrafles à rendre raifon: les Ours, lesMarmotes, les Loirs; & parmi les Infefles , les Abeilles ^ les Fourmis , les Chryfalides dé quantité d*efpeces de Chenilles, certains Papillons , &c. apprennent qu'il y a beau- coup d'animaux qui ppflent pluHeurs mois de l'an- née fans manger: leur graifle, ou des fucs analo- gues, rentrent apparemment dans les voies du fang, & lui fourniflent ainfî de quoi fe renouveler. Com- me la tranfpiration de ces animaux eft alors peu abondante, elle n'exige pas une grande réparation : & nos Vers aquatiques qui vivent dans une élément dont le degré de chaleur efl à l'ordinaire , moindre que celui de l'air extérieur , doivent encore moins tranfpirer. Ce que cette reflburce de la Nature a néanmoins de plus admirable dans ceux - ci , c'eft que non - feulement elle fournit à leur entretien pendant plufieurs mois, mais encore au dévelop» pement de divers organes. Le 4 Juin, la portion F s'étoit partagée d'elle- même par le milîeti.-^ La longueur de chaque moi- tié n'étoit guère que d'environ une ligne. Le 10 Juin, elles avoient ceiTé de vivre. s U R L E s V E R s. 219 OBSERVATION XXV. , Expérience fur les Vers de la féconde Ëfpece-, pour [avoir fi ^ en faifant lafeêfion ailleurs que dans le milieu du corps-, on ne parviendrait pas à faire développer une tête au Jieu d'une queue. J'ai dit, dans rObfervation précédente, que le 27 Novembre, j'avois coupé la tête aux portions A & G. Mon but étoit de tenter fi en faifant la feftion ailleurs que dans le milieu du corps , je parviendrois à rétablir les chofes dans l'ordre na- turel, je veux dire à faire développer une tête au lieu d'une queue, &. c'eft en effet ce que j'ai vu arriver 5 comme il paroîcra par cette Obfervation. Le 19 Décembre, la portion A commençoit k poufler vers le bout antérieur. Elle avoit été te- nue pendant quatre jours dans un poêle, dont la température étoit de dix à quinze degrés du Iher- mometre de M. de R eau mur. Le premier Février, examinée au microfcope,' elle paroiffoit avoir achevé de reprendre une têter mais la tranfparence de fon eftomac & des inteftins indiquoit qu'elle n'avoit pas encore commencé de manger ; ce ne fut que quelque temps après que je les vis remplis de matières terreufes. Le 22 de Juin fuivant , je recoupai , pour la féconde fois, la tête à ce Ver; mais je lui laifTai plus de longueur que je ne lui en avois laifTé la 220 OBSERVATIONS première fois. Je de'tachai avec elle toute la partie antérieure, c'eft-à-dire une portion longue d'une ligne & demie. Le S de Juillet, le corps avoit pouffé au bout antérieur une queue de deax tiers de ligne. La plus petite portion avoit aufli commencé à en re- prendre une: mais toutes deux. périrent avant le milieu, du mois , celle-ci ayant furvécu h l'autre quelques jours. Je viens à la portion G: elle avoit auflî com- mencé à fe prolonger vers l'extrémité antérieure, le 19 de Décembre; & le premier Février, elle étoit devenue un Ver à qui rien ne paroiffoit manquer. Le 28 Avril, je fis l'expérience 'de la partager en trois parties KLM. Elle avoit alors un pou- ce de longueur. Le 13 Mai, K L avoîent pouffé une queue d'en- viron un tiers de ligne : mais L n*avoit pas encore commencé à fe prolonger du côté de la tête. M n'avoit point fait de progrès. Le 12 Juin, la queue de K avoit cinq lignes. L AVOIT reproduit une queue à la place d'une tête. Chaque queue pouvoit avoir une ligne. M COMME le 13 Mai. Le 23, M s*étoit partagée en deux parties éga- les, qui ne vécurent que peu de jours. Le 14 Juillet, les queues de L commenjoient à être attaquées de la gangrené. s U R L E s V E R s. 221 OBSERVATION XXVI. Sur un Ver de la féconde Efpece , partagé en deux , êP dont la féconde moitié a reproduit une queue au lieu dune tête, JL/E 28 Avril, je partageai la portion C de TOb- fervation XXIV , en deux |)arties égales N O. Cette portion avoit douze à treize lignes. L E 1 3 Mai , N avoit repris une queue de demi- ligne. O coMMENçoiT à poulTer une queue au lieu d'une tête. Le 21, O comme le 13. Le 12 Juin, la queue de N avoit cinq lignes; O comme le 21 Mai. L E 25 Juillet , O avoit cefle de vivre fans avoir fait plus de progrès. Le 7 Août, N avoit en entier treize lignes. 222 OBSERVATIONS OBSERVATION XXVII. Sur un Ver de la féconde Efpece , partagé en quatre-, pour confirmer les Ohfervations pré- cédentes^ fur les portions qui pouffent une queue au lieu d^une tête. Que cette Efpece poujje aujjl des mamelons ou tubercules , qu'on pourroit foupçonner des Re- jetons. i^A Nature auroit-elle donc condamné les portions de nos Vers blanchâtres à demeurer toujours pri- vées de tête , ou à ne pouffer que des queues ? Le nombre des Obfervations que j'ai déjà faites fur ce fujet , & que je viens de rapporter affez en détail , pourroit donner lieu de le conje6lurer avec une forte de vraifemblance. Pour me procurer de nou- veaux éclairciffemens là-deffus , j'ai encore fait , le 28 Avril, l'expérience de partager un de ces Vers long d'environ un pouce, en quatre parties P. Q. R. S. Le 13 Mai, P. avoit commencé à reprendre une queue , mais elle étoit contrefaite : le bout en étoit arrondi & comme bouclé. On n'y découvroit au microfcope rien de diftin6L Q A VOIT pouffé au bout poflérieur une queue d'environ demi- ligne. L'accroiffement qui s'étoit fait à l'autre extrémité, n'étoit prefque pas fenfible. R A VOIT commencé à reproduire deux queues où l'anus étoit très- diflindt. Toutes deux étoienc s U R L E s V E R s. 223 fort courtes, mais l'antérieure plus que la poflé- rieure. , S ÉTOIT pe'rie dès le 3 du mois. Le 21, la queue de P étoit à-peu-près dans le même e'tat que le 13 ; mais ce que cette portion offroit ce jour -là de nouveau étoient huit tubercu- les ou mamelons, qui avoient pouffé de chaque côté du corps , quatre à droite & quatre à gauche , & qui à la vuefimple, parpiflbient être des jambes extrêmement courte^, (t) La queue qui étoit venue à rextrémîté poflé- rîeure de Q avoit une ligne ; celle qui avoit com- mencé à fe montrer au bout oppofé, n'avoit pas fait de progrès fenfibles. ^ :":r^ R ÉTOIT à^peu-près comme le 13. Le 4 Juin, les mamelons de P avoient difparu , & la queue étoit toujours difforme. L*eflomac & les inteftins paroiffoient vuides. Le 15 , la queue de cette portion compofoit une maffe (P/. IL Fig. FIL m,) de forme finguliere, plus approchante néanmoins de la fphérique que de toute autre, & dont le volume furpaffoit confidé- rablement celui du corps. Comme lui, elle étoit garnie tout autour d'efpeces de petites épines , [_e e]i & on obfervoit dans fon intérieur les mêmes mouvemens qu'on a coutume d'obferver dans la partie poftérieure de cette forte de Vers, Obf. I. Du refte il n'y paroi ffoit point d'anus, ni d'ouver- ture qui en tînt lieu. La partie poftérieure de Q s'étoit prolongée de demi -ligne; l'antérieure étoit demeurée la même. (I) Confulccz les Obf. XIX & XX. :224 OBSERVATIONS R ÉTOiT en mauvais état. Le i8, elle avoit cefTé de vivre. Le 33, la plus longue queue de Q ayant été attaquée de la gangrené , elle s'étoit enticrement fé- parée du corps. Le 4 Juillet, cette portion étoit morte. P ÉTOIT comme le 15 Juin, ou à-peu- près. Le 14, elle ne donnoit plus aucun figne de vie. Jufques-là néanmoins elle avoit paru fe porter bien. Quoiqu'elle eût fenfiblement diminué de grandeur , elle n'avoit rien perdu de fa vivacité ordinaire. OBSERVATION XXVIIL Sur un Ver de la féconde Elpece , auquel on a coupé trois fois la tête, à différentes dijlan- ces de V extrémité, & dont la dernière a pouffé obliquement à la longueur du corps, X oiJR ine procurer de nouvelles connoifTances fur l'étrange fingularité qu'offrent nos Vers blanchâtres, ou de la féconde Efpece ; le 7 Août 1743 , je cou- pai au Ver N, Obferv XXVI, feulement la tête, fans rien prendre de la partie antérieure. Le 16, la nouvelle tête avoit achevé de fe re- faire. On voyoit de la terre dans les inteflins. Le 21, je coupai de nouveau la tête à notre Ver, mais à une ligne & demie de l'extrémité. Le s U R L E s V E R s. 225 Le premier Septembre il paroifToit avoir achevé d'en refaire une autre , où on diftinguoit fort bien ]a bouche: mais l'extrémité ne s'étoit pas encore autant alongée qu'elle devoit le faire par la fuite. Le 17, ayant mefuré le Ver, je lui trouvai feulement onze lignes. Ce même jour je lui cou- pai la tête pour la troifieme fois , à une ligne de fon extrémité. L E 30 Novembre , il en avoit poulTé une nou- velle , mais qui étoit fenfiblement inclinée à la lon- gueur du corps; ce qui ell une fingularité très- digne de remarque (Obf. X. Qucllion fixieme). Le Ver avoit alors treize à quatorze lignes. OBSERVATION XXÎX. Sur des Vers blanchâtres d\me troifieme Efpe- ce , qui périjfent lorfquon les coupe par mor- ceaux^ ou quon les mutile, IN DUS venons de voir des Vers en qui la pro- priété de revenir de bouture ne réfide que d'une manière très-imparfaite : j'en ai découvert récemment une nouvelle Efpece, dont partie des Individus périt lorfqu'on les coupe par morceaux. Cette Efpece offre quelques cara6teres qui peuvent aider à la diftinguer de la première & de la féconde. Jo. Elle eft un peu plus effilée, & fa longueur eft d'environ trois à quatre pouces. 2o. Elle eft moins vive : au lieu de frétiller quand on la touche , elle fe replie fur elle-même en manière de peloton ou Toms I, P 226 OBSERVATIONS de volute. 30. Elle tient ordinairement fa partie pos- térieure hors de la boue , & lui fait faire des vibra- tions prefque continuelles. Quant à h couleur, elle n'efl pas la même dans tous les Individus ; les uns tirent fur le brun , & n*ont de rougeâtre que l'extrémité de la partie' poflérieure ; les autres font entièrement grifâtres ou blanchâtres. Ce font ceux- ci que j'ai lieu de croire être privés de la faculté de fe reproduire après avoir été partagés. Voici aflez en détail les Obfervations qui me paroiiTent l'établir. Je donnerai dans la fuivante celles que j'ai faites fur les Vers de cette Efpece, dont la couleur tire fur le brun, (i) (i) Je l'ai déjh remarqué dans l'Obf. XXII : les différentes Erpeces de Vers longs fans jambes , liir Icfquelles j'ai fait ces Expériences , fe reffemblent beaucoup par l'extérieur , & paroiiîent ne différer guère que par la couleur. J'ai pourtant tâché de faifir dans les unes & daiis les autres des carafteres plus effentiels que j'ai eu foin d'indiquer. Les Vers dont il s'agit dans cette Obf. XXIX, ne me feniblent pas aujour- d'hui appartenir à la môme Efpece : les uns font grilâtres ou blancbi\- trcs, & périflent lorfqu'on les coupe ou qu'on les mutile: les autres font brimâcres & reproduifent après avoir été partagés. Ces différences re- marquables me paroiffent exiger qu'on fafle deux Efpeces de ces Vers. Ceux dont la couleur eft blanchâtre & qui périffent lorfqu'on les coupe formeront la troijîeme Efpece. Ceux dont la couleur eft brunâtre, & qui peuvent être multipliés de bouture, formeront Ta quatrième Efpece. 11 refte pourtant à s'affurer par de nouvelles Expérience j, fi les Vers que je nomme de la trotfteme Efpece périffent conftamment lorfqu'on les coupe par morceaux. (^ISote ajoutée par V Auteur à cette nouvelle EMoii.) ^e SUR LES VERS. 227 JOURN AL iVObfer'oatîons fur deux vers blanchâ- tres de la troifieme Efpece^ partagés chacun en cinq parties. Jours du Mois. Sept. 8. à II h. m. 9. à 6. h. m. EN CINQ. A. B. C. D. E. Partagé. Je n'ai pu faire toutes les portions parfaitement égales ; la féconde a été la plus courte. Pendant l'o pération le Ver a mar que beaucoup de fenfi- bilité en fe pliant & fe repliant fur lui-même à diverfes reprifes, &. il en a été de même de chaque portion. La dernière efl: celle qui a paru fouffrir le plus elle s'efl: beaucoup agi- tée les premiers mo mens. Enfuite toutes font demeurées immo- biles, excepté la pre- mière qui a continué à fe mouvoir. La température de l'air de mon cabinet entre 16 k iS degrés au-delTus de la Congé lation. Toutes les portions commençoient d'être attaquées de la gangre- né. A rétoit au bout poilérieur ; C & D aux deux bouts; E à l'an- térieur, (Sw cette der- P 2 EN CINQ. A, B. C. D. E. :i2S OBSEPvVATlONS ^ours du Mois. Sept. 9. 10. a 7. h. m. II. ent. 6 & 7 m. à 4 h. du loir. EN CINQ. A. B. C. D. E. niere étoit celle en qui la gangrené avoit fait le moins de progrès. B n'avoit non plus qu'une de fes extrémi tés d'attaquée : mais je ne faurois déterminer fi c'écoit l'antérieure ou la poftérieure. A. continuoit d'être malade de la gangrené, qui cependant n'avoit pas fait plus de progrès. B. étoit guérie. C. avoit perdu une de fes ex- trémités qui s'étoit dé tachée d'elle-même du refte du corps , en forte que la gangrené ne te- noit plus qu'à l'extré- mité oppoîee. D n'é toit de même attaquée qu'à un bout, au pos- térieur. E fe portoit bien. Le Ther. de 11 à 16 à. A avoit encore un léger étranglement au bout poflérieur. BDE fè portoientbien. Mais C étoit prefqu'à moi- tié confumée. J'ai été furpris de trouver B entièrement confumée. C n'avoit plus qu'un tiers du corps de fain. EN CINQ. A. B. C. D. E. SUR LES VERS. 229 Jours du Alois, Sept. II. à 9 h. f. 12. entre 7 & 0 m. 15. entre 7 & 8 m. 15. entre 7 & 8 m. £ N CINQ. A, B. C. D. E. Cette dernière vivoit plus. ne Le Ther. 13 d. de 12 à A idem. D avoit le tiers du corps gan- grené. Efeportoitbien. Le Therm. de 12 15 degrés. EN CINQ. A. B. C. D. E^ Partagé. Ce Ver n'a pas témoigné moins de fenfibiiité que l'autre, & s'clt donné les mê- mes mouvcmens. La quatrième portion été la plus courte. Immédiatement après l'opération la première eft demeurée parfaite- ment immobile , &; étendue au fond de la tafle comme dans un état de léthargie. Les autres fe font repliées à différentes reprifes: mais aucune n'elt allée en avant. A commençoit à être attaquée de la gangrené au bout pos- térieur. B avoit aUiTi une de fcs extrémités légèrement affectée. C fe portoit bien. D avoit un léger étran- glement à un bout. E étoit plus d'à moitié confumée. La gangre- né avoit commencé par le bout polliéficur. P 3 330 OBSERVATIONS Jours du Mois. Sept. i6. entre 7 & 8 m. 17 à 7 h. m. EN CINQ. A. B. C. D. £7 EN CINQ, A. B. C. D. E. A idem. D ne vivoit A , la gangrené con- plus que dans un tiers tinue à faire du progrès, de fon corps. Ebien.JB C D E à -peu -près comme le 15. Le Therm. id. A idem. D. ce qui lui reftoit de fain avoit environ deux lig. E bien. Le Therm. à 14 d. A idem. D confu mée en entier. Tout 18 à 7 fon corps s'étoit cou- h. m. ~ vert d'une efpece de noififfure dont chaque tilet formoit comme autant de rayons, E bien. 23. 30- Odob. 2. A E étoient entière- ment confumées. BC D bien. B C bien. D pres- que entièrement gan- grenée. A idem. E avoit B confumée en en- le bout antérieur gan- tier. C bien, grené depuis deux trois jours. A idem. E continue à fe bien porter. A idem. E entière- ment confumée. C idem. 1 C , il s'étoit fait vers le milieu du corps un étranglement fi profond que les deux moitiés en lefquelles cette por- tion lembloit être di- vifée, ne tenoient l'u- ne à l'autre que par un SUR LES VERS. 23t Jours du Mm, 0£lob. a.. 7. 8. 10. EN CINQ, A. B. C. D. E. A , l'étranglement avûit difparu. A fort mal. A entièrement con- fumée. Le Therm. depuis le 17 Sept, de dix à douze degrés. EN CINQ, A. B. C. D. £r fil très-délié. La plus longue écoit gangrenée en, partie. C , les deux moitiés s'étoient féparées. La plus courte étoit morte. L'autre étoit très-mal. Celle-ci étoit con- fumée en entier. r4 232 OBSERVATIONS Non- SEULEMENT nos Vers "blanchâtres de la troifieme Efpece périflent lorf^u'ils ont été par- tagés, mais il en arrive de même à ceux auxquels on a coupé la tête. Ceft ce que j'ai obfervé fur quatre de ces Vers que j'avois retirés en cet érat du fond d'un folTé. Dans l'efpace de trois à quatre jours ils ont cous été confumés. J*A t fait une femblable obfervation fur un pareil Ver, long d'environ un pouce & demi à deux pou- ces , & qui avoit perdu la tête & la queue. L'ayant mis dans un vafe à part, j'ai remarqué un moment après , que le bout postérieur commençoit d'être înfefté de la gangrené ; j'ai coupé auffi tôt jufqu'au vif, &, ce qui eft digne d'attencion , en moins d'un demi -quart d'heure ta gangrené s'efl: de nouveau déclarée à cette extrémité. Au refte, le Ver dont J'ai parlé au commence- ment de rObfervacion XXII, étoic fans doute de même Efpece que ceux -ci, quoique j'aie paru le confondre avec les Vers blanchâtres de i'Obferva- lion XXUI & fuiv. SUR LES VERS. ^33 OBSERVATION XXX. Sur des Fers brunâtres dune quatrième Efpece, le/quels reviennent de bouture. JOUR NJ L d'Obfervaîîons fur deux Fers brunâtres de la quatrième Efpece^ partagés ^ l'un en deux, é? l'autre en cinq parties. Jours du E N Mois, Sept. 12. entre 8&9h.m. I f . entre 7 &8h.m. i5. entre 7&8h.m. 17. à 7 h. m. DEUX, A. B. Partagé. Ce Ver ainfi que celui partagé en cinq parties , fe font donné pendant & après l'opération, les mêmes mouvemens que les Vers de i'Obf. précé- dente. A B bien. A B idem. A B idem. A recommence à reprendre une queue B idem. ' P5 EN CINQ, A. B. C. D. E. Partagé. La dernière portion a été un peu plus longue que les autres. A B C D bien. E commençoit à être at- taquée de la gangrené à l'extrémité antérieure. A B C D idem. E avoit près des trois quarts de fon corps gangrenés. A B C D idem. E entièrement confuméc. 234 OBSERVATIONS Jours du Mois, Sept. i8. à 7. h. m 23- 30. 15- EN DEUX. A. B. A continue de croî- tre. B idera. B idem. EN CINQ. A. B. C. D. E. AB CD idem. A a voit pouffé une queue de deux tiers de ligne. B. étoit entie rement confuraée. AB idem. C gan- grenée à un bout. D "montroit un petit étran- glement à chaque ex- trémité. A avoit repris une queue longue d'envi- ron une demi - ligne. BD idem. C, il ne lui relloit plus de fain qu'un quart de fon corps. A continue à pous- fer. B D idem. C con- fumée. B avoit commencé de pouffer à un bout. D idem. D commence à re- prendre une queue. B avoit trois à qua- tre écranglemens au bout oppofé à celui qui s'étoit prolongé, D idem. s U R L E s V E R s. 235 E N voilà aflez pour prouver que ces Vers bru- nâtres reviennent de bouture; la couleur blanche ou blanchâtre des autres feroit elle en eux un figne de foiblefle ou de maladie ? Car je n'ai rien remar- qué ni dans leur extérieur, ni dans leur façon de vivre , qui puiffe faire préfumer qu'ils foient d'une autre forte (i). OBSERVATION XXXI. Sur me cinquième Efpece de Ver long , fam jambes , quon peut nommer Faux - millepié. Que cette Efpece fe multiplie de bouture. JLi A clafle des Vers longs fans jambes qui habitent les ruifleaux , en comprend beaucoup d'efpeces, qui, fuivant la remarque de M. de Reaumur (*j, ne différent entr'elles que par de fort légères va- riétés. J'en ai découvert une néanmoins , qui m'a offert des particularités propres à la diftinguer. Je vais tâcher de la faire connoître. Elle eft longue de feize à dix- huit lignes. Sa couleur eft un blanc fale. Les anneaux dont fon corps eft compofé , font beaucoup plus marqués que ne le font ceux des Vers que j'ai le plus fuivis. Les Efpeces d'épines, ou de crochets, qui en gamiflent la partie inférieure , font auiîi plus gros & plus longs. A la vue (impie on les prendroit pour de véritables jambes, & l'Infeéte pour une forte de C I ) Confultez la Note qui cfl: à la fin de l'Obf. XXIX. C*) MdK, pour riiifl. des Inf. Tome VI y Prif. p, 57. 236 OBSERVATIONS li/JîUepié, Nous lui donnerons auffi le nom de Faux- millepé, S A peau , qui a de la confiftance , efl comme chagrinée. Elle eft fi opaque, qu'elle cache ab- folument les parties fituées au-deflbus. Sa taille eft plus arrondie, & va plus en grofîiflant vers la partie antérieure; fa tête jjaroît mieux terminée; les deux élévations dont j'ai parlé, Obf. I, y font plus fenfibles : elle peut-être entièrement retirée fous le premier anneau , & difparoître ainfî totale- ment , précifément comme fi on l'avoit coupée ; ce qui n'arrive pas à un tel point à celle des autres Vers que j'ai le plus obfervés ; enfin il n'a point cette vivacité qu'on admire dans ces Vers , ki mouvemens font au contraire fort lents. Quand on le touche il fe replie fur lui-même, comme font en pareil cas certaines Chenilles. Le premier Ver de cette Efpece qui me foie tombé entre les mains , avoit été pris le 22 Avril 1742, dans le même ruiflTeau d'où avoient été tirés ceux qui ont fait le fujet des Obfervations précéden- tes. Sa longueur étoit d'environ un pouce & demi, A quelque diftance de la tête, il avoit une efpece de collier, formé d'une peau d'un blanc aflez vif, de la largeur d'une ligne. On en voit quelquefois de femblables aux Vers de terre. Il paroiffoit avoir perdu fa queue, & commencé à en reprendre une nouvelle qui n'avoit pas encore plus d'une ligne. J E jetai dans le vafe où je l'avois mis , une cer- taine quantité dSs boue bien détrempée: quelquefois il s'y enfonçoit en partie, mais le plus fouventil demeuroit fur la furface. Enfin , au bout de quel- ques jours , il commença à être attaqué de cette maladie que je regarde comme analogue à la gan- s U R L E s V E R s. 437 grene. La partie poflérieure fut la première où elle fe déclara , elle gagna enfuite fucceflivement jufqu'au collier. Ce Ver fembloit être alors com- pofé d'une fuite de petits grains ronds femblables à ceux d'un chapelet. La proprie'té de fe reproduire après avoir e'té coupé par morceaux, a -t- elle été accordée à notre Faux-miUepiél On juge aifément que je n'ai pas manqué de tenter les expériences qui pouvoient m'en inflruire: mais la rareté de cette efpece de Ver a été caufe que je n'ai pu faire à cet égard tout ce que j'aurois fouhaité. J'en ai cependant partagé en deux & en trois parties. La première a été la feule que j'aie vu parvenir à fe completter. Le temps qu'elle y a employé a été beaucoup plus long que ccJui qu'emploient ordinairement les por- lions des deux premières Elpeces de Vers dont j'ai parlé. On en jugera par ce qui fuit. Le 25 Août 1742 , je partageai tranfverfalement par le milieu du corps un Faux - viillepié , un peu moins long & moins gros que celui dont il s'eft agi au commencement de cette Obfervation. Le 29, il m'arriva de partager accidentellement en deux la féconde moitié. Le 31 au matin, la portion intermédiaire étoit morte. Le la 06lobre, la première portion paroiflbit avoir achevé de fe completter , mais la dernière n'avoit point repris , & quelque temps apréi elle refla fans vie. Le 26 Mai 1743, j'ai partagé par le milieu un autre Faux - millepié. Au commencement de Juin, la féconde moitié avoit péri: ai. le 6 Août, ju première avoit pouHé 238 OBSERVATIONS une qaeue qui n'avoit pas encore trois lignes de lon- gueur. Au refte, j'ai obrervé q-ie les portions de cette Efpece de Ver ne montrent point autant de fenfi- bilité dans l'inftant de l'opération , qu'en montrent celles des autres efpeces que j'ai le plus fuivies. J'en ai vu qui ne fe donnoient alors prefqu'aucun mouvement. OBSERVATION XXXII. Sur une petite Efpece de Fers fans jambes qui fe logent dans des tuyaux faits de boue. Que cette Efpece efl du nombre de celles qui ont la propriété de fe reproduire après avoir été coupées par morceaux. y_j k Mer, fi riche en produflions naturelle?, nour- rit plufieurs Efpeces de Vers longs, dépourvus de jambes, qui fe font des fourreaux de matière cru- ftacée ou pierreufe, dans lefquels ils habitent fans changer de place, & que les Naturalises ont nom- més Vers à tuyau , en Latin Fermes tubulati. L'eau douce a auffi fes Vers à tuyau. [P/. //. Fig, iX.] J'ai cru pouvoir donner ce nom à des Vers blan- châtres fort déliés, qui fe tiennent dans la boue des ruifleaux , & qui de cette même boue fe font des tuyaux analogues à ceux des Vers de Mer. Ce font des Infeftes extrêmement communs. Pour en avoir des milliers, il fuffit de remplir, en partie, de boue un poudrier, ou quelqu'autre vafe que SUR LES VERS. 239 ce foit, & de verfèr deflus un peu d*eau. Si au bout d'un jour ou deux on vient obferver, on jouira d'un petit fpedlacle dont j'ai joui plufieurs fois avec plaifir: on verrra la furface du Jimon cou- verte d'une infinité de petit tuyaux, les uns droits, les autres plus ou moins inclinés , de chacun defquels on apperçevra fortir un Ver long de plufieurs lignes , & plus délié qu'un fil , dont l'agitation continuelle en tout fens paroîtra imiter celle d'une corde arrê- tée par une de fes extrémités au fond du badin d'une fontaine. Mais fi , au milieu de ce fpeélacle amufant, on frappe contre le poudrier, on verra tous ces petits Vers rentrer dans leur tuyau plus promptement qu'un Limaçon dans fa coquille. L A manière dont ces Infeéles conflruifent leurs fourreaux, n'a rien de fort remarquable, à ce qu'il m'a paru. J'avois d'abord penfé que tout Te ré- duifoit , à cet égard , à nne forte de glu , ou de fuc visqueux qui tranfpiroit de leur corps, & qui lioic enfemble les molécules du limon qui l'environnoic immédiatement , ou contre lefqnels il venoit à s'ap- pliquer: mais il m'a femblé depuis qu'il favent filer; du moins ai-je cru apperçevoir quelques fils qu'ils avoient tendus dans une petite bouteille. Je ne dé- ciderai pas cependant là-delTus; parce que j'ai fait d'autres obfervations que je rapporterai plus bas qui rendent la chofe fort incertaine. A V refte , c'efl la partie poflérieure du Ver qui fort hors du tuyau , & qui s'agite continuellement en divers fens: l'antérieure demeure toujours ca- chée dans la boue. J'en ai obfervé plufieurs au microfcope : leur ftrufture m'a paru la même que celle des petites Anguilles dont j'ai parlé (Obf. XXI). J'ai feule- ment remarqué que les poils qui font fur les côtés, 24© OBSERVATIONS font moins longs dans ceux-là que dans celles-ci; on a peine à les apperçevoir fur la plupart. Mais ce qui doit le plus intérefler notre curio- fité préfentement, eft de favoir fi nos Vers à tuy- au font de ceux qui ayant été mis en pièces, revivent, pour ainfî dire, dans chacune de leurs portions. Pour m'en inflruire j'ai fait les expériences fuivantes. Le 15 Août 1743, entre fix à fept heures du matin, j'ai partagé trois de ces Vers, longs de cinq à fix lignes; le premier en deux parties A, B; le fécond en trois C, D, E; le troifi^me en quatre F, G, H, I. Le 17 5 j'ai préfenté au microfcope chaque portion. A n'avoit point encore repoufle au bout poflé- rieur; mais B avoit commencé à le faire: je n'ai pu difcerner fi c'étoit une tête ou une queue qui paroiflbit. Il efl: remarquable que B ait repris avant A. C'eft le contraire de tout ce que j'ai obfervé fur les Vers blanchâtres ou de la féconde Efpce. (Obf. XXII.) C dans le même état que A, D s'étoit prolongée à l'une & à l'autre des ex- trémités: à la poftérieure fe difcernoit une queue, mais l'antérieure ne montroit rien encore qui pût faire décider que ce fût une tête qui commençât à s'y former, E comme B. F AVOIT repris une queue où l'anus étoit vifi- ble. G avoit auffi poulTé une queue au bout poflé- neur. SUR LES VERS. 241 rieur, mais elle avoit des étrangletnens à l'ante'- rieur. H , comme C. I , paroiflbic avoir commencé à reprendre une tête. Le 19, A à-peu-près comme le 17; B m'a para avoir repris une tête. Je n'ai pu cependant y dé- couvrir de bouche; & i'eftomac & Jes inteftins étoient vuides. Cette portion s'étoit conftruit ua fourreau de terre , auffi long qu'elle-même ; & que j'ai été obligé d'ouvrir pour l'en tirer & l'obferver au microfcope. C A VOIT difparu. D fembloit avoir repris deux queues, mais dont on ne pouvoit bien diflinguer l'anus. Elle s'étoit fait, comme B, un fourreau. E avoit continué de pouffer vers le bout antérieur, fans qu'il m'ait été poflible de difcerner l'efpece de la nouvelle partie. Elle s'étoit conftruic auffi un fourreau. F AVOIT continué de fe prolonger vers le bouc pollérieur. Le prolongement ou la nouvelle queue pouvoit avoir un tiers de ligne. Elle étoit renfer- mée comme les autres dans un fourreau. G avoit une queue auffi longue que F. la tête ne fe diflin- guoit point encore nettement. Ses inteflins étoient vuides. Elle ne s'étoit point conftruit de fourreau ; mais elle s'étoit logée au milieu d'une molécule de terre. H comme G; I à-peu-près comme H, eu égard à la tête. Le 26, A comme auparavant. B avoit enfin achevé de fe completter. La tête paroiflbit au mi- crofcope bien formée : mais , ce qui eft plus dé- cifif dans de fi petites portions , fon eflomac & fes inteflins étoient pleins de terre. Il n'y a donc guère lieu de douter que le tuyau qu'elle s'étoit fait le 19, ne l'eût été de la manière que je l'avois da- Toms I. Q 242 OBSERVATIONS bord imaginé , & que j'ai indiquée au commence- ment de cette Obfervation , puifqu'alors elle n'avoic point encore achevé de fe completter. J*^n ai une autre preuve : c'efl que dans tous les fourreaux que j*'ai défaits , je n'ai jamais apperçu le moindre fil. La terre m'en a toujours paru liée avec une efpece de glu ou de colle peu tenace. Le 29, D,E montroient qu'elles avoient achevé de reprendre ce qui leur manquoit pour être des Vers complets : la tête paroifToit au microfcope telle qu'elle devoit être. Celle de E [P/. H. Fîg. XL ?.] fembloit fe divifer en deux [0 , oJ] prés de fon extrémité , ni l'une ni l'autre n'avoit cependant pris encore de nourriture. F avoit une queue de demi à deux-tiers de ligne. G s'etoit complettée ; fa queue étoit longue d'en- viron deux -tiers de ligne. La tête étoit plus cour- te ; ce qui fe remarquoit auflî dans toutes les autres portions. H comme G. Elle s'étoit fait un four- reau. I avoit difparu. En voilà aflez, je penfè, pour prouver que nos Vers, à tuyaux, font de ceux qui fe reproduifent de bouture , & pour donner une idée des principales circonflances qui accompagnent chez eux cette répçcKÎu^ion. J'auroi§ pu donner une plus longue fuite d'expériences fur ces Vers , s'il étoit auffi aifé de, les fuivre, qu'il l'efl de fuivre ceux dont il a été ^queflion dans les Obfervations précédentes. Mais, outre qu'ils font fort petits & extrêmement délicats, nous avons vu que les portions dans les- quelles on les partage , fe font un fourreau ainfi que les Vers entiers. Pour les cbferver au micros- cope, & déterminer la quantité de leur accroilTe* ment, c'eft une nécefîiié de les en faire forcir, ce s U R L E s V E R s. 243 qui ne s'exécuçe jamais que difficilement, & aux rifques de blefler le petit animal. J'ai fouvent paffé plufieurs heurçs à attendre qu'une de ces portions fe fût tirée d'eljç-même de fon fourreau ,^que j'avois raccourci autant qu'il pouvoit l'être fans la toucher. Il y a plus encore ; j'ai obfervé qu'elle» ne fe tien-., nent pas conftamment dans le même tuyau, maig qu'elles s'en conflruifent fucceffivement plufieurs.. Or , comme tous ces tuyaux fe reflemblent à l'exté- rieur, il faut les examiner tous avec une égale at- tention, pour découvrir celui qui eft habité. Ec fi , dans la vue de lever ces obftacles , on tient ces portions dans l'eau pure, on ne pourra avoir de preuves bien décifives qu'elles fe feront complettées» parce que ces preuves fè tirent des nourricures fo- lides que l'Infecte prend alors. Je ne laifferai pas néanmoins , malgré toutes ces difficultés, de repren- dre ces expériences dans un autre temps. OBSERVATION XXXIII. Sïir une fixieme Efpece de Ver long , fans Jam^ 'tes y d'un rouge brun, laquelle fe multiplie ûuffi> de bouture» Al me refle à parler d'une autre Efpece de Ver long aquatique , fur laquelle j'ai commencé de faire des eflais, & qui fe rapproche plus des Vers de terre, que celles dont il s'eit agi jufqu'ici. Elle eft beaucoup plus grofle que ces dernières fans être plus longue; fon corps conferve jufques fort près des extrémités un diamètre aflez égal^ les annea-ix Q a 241 G B s E R V A T I 0^ N s en font très- marqués, précifëment comme Je fonc * ceux des Vers de terre. La tête ne fe termine"' pas autant en pointe, ou par une pointe aufli fine à proportion que celle des Vers des Obfervations 1, XXII & XXIX. Sa couteur eft un rouge brun. Elle fe tient volontiers dans la boue, (r) "Ce fut le 14 de JuilJet 1741, que je trouvai les premiers Vers de cette Efpece, & les feuls que j'aie encore vus. J'en pris trois, entre lefquels je n^ remarquai pas de différence fenfible. ^ Le même jour j'encoupai un en deux trans-,^ verfalement; mais ies mouvemeris qu'il fe donna* furent caufe que la première moitié fut plus longue' que l'autre de quelques lignes. CeJle-là' m'échappa au bout de quelques jours. Le 8 Août, la féconde n'avoit pouffé que foîblement: on n'apper^evoit au bout antérieur qu'une pointe blanchâtre de îa groffeur de celle d'une épingle; la queue s'étoit auffi un peu alongée; le prolongement qui feter- minoit en pointe, étoit de même blanchâtre. Pendant le refte du mois,' & une partie du fuivant, cette moitié ne fit que peu de progrès: la. tête groffit feulement davantage. & la, queue te prolongea de plus d'une ligne. Mais je n'ob- (ï) J'ai nommé cette Efpece la fixieme^ parce que jène mets' pas dans le môme genre les petites /Inguillcs de l'ObC. XXI ni les petits Vers à Tuyau de robl". XXXII: ces deux petites Efpeces de Vers ne j^jsroifleiK appartenir à des genres dilTéreiis. Il feroit bien difficile de défigner par des noms propres, & qui ne luITent pas abfoiument arbi- traires , les fix Elpeces dont je parle ici, au moins ne Tai-je pas tenté. ie nie fuis donc borné à Its défigner par les caraéleres qui m'ont pasa :s plus frappanSj & les plus propres à les taire connoître. Je ferai en- .4;ôre remarquer q^ue je ne prétends pas que les llx Efpeces dont il efl: ici qucftion nppartieniien.c toutes au même Genre. On peut facile- incnt former plufieurs Genres de ces fortes de A'crs longs : par exeiti- •ple : le Faux-milUpié de l'Obf. XXXI furmernit un Genre particulier, & le Ver d'un muge l>rnn de cette Obf. XXXlll en formcroit un itu- l'ife. Ç^Nots âjuiiiéi par t" dut sur à cetic nuuyelle Editlort.) .. SUjR les vers. 245 fervai point que "cette portion fit aucune fonction •anim.ale qui donnât à connoître qu'elle s'étoit com- plettée, £ile ne fie pas même de tentative pour percer le Jimon, Elle fe tenoit à la furface, or- dinairement repliée fiir elle-même, fans fe donner beaucoup de mouvement. Enfin , le 6 Septembre ■icWf» mnnrnf. -clie. mourut. ?*; •;[ cri 'HA ^1 OBSERVATION XXXIV. Seconde Expérience -fur les Vers fans jambes de la iixierae Elpece. X- , fa trompe compofée de trois parties ou tuy- aux; c, c, les rebords circulaires. ' La Fig. IX eft celle d'un Faux -Puceron du Buis, groffi à la loupe, & qui a an derrière une efpece de Vermi-celli de matière tranfparente que rinfe6le rend par l'anus; celle de difFérens Faux- Pucerons eft différemment contournée ; u, s, ces efpeces de Vermi-celli. DES PUCERONS. 253 La F I g. X repréfente en grand le Moucheron dans lequel le Faux -Puceron du Buis fe transforme; r, fa trompe; a^ b, fes ailes. _ ^ La Fi g. XI montre une portion de feuille de Figuier, fur laquelle de Faux-Pucerons i f , p> , p, p, les Puce- rons; r, marque une place vuide, où le Ver a mangé les Pucerons qui y étoient ci -devant, La Fig. II repréfente en grand le Ver de la Figure précédente; s, j, organes poftérieurs de la refpiration , qu'il tient aéluellement prefque cou- chés ; 0, un des fligmates antérieurs; p, un Puceron que ce Ver fuce. -"^ • --■ La Fig. III efl celle 'de h Mouche , dans la- quelle le Ver des Fig. I & II fe métamorphofe. La Fig. IV repréfente un petit Lion de Pu- cerons du premier Genre, vu au naturel ;<; c , {qs cornes ; « « , efpece d'antennes. La Fig. V eft celle d'un Lion de Pucerons du fécond Genre , de grandeur naturelle. 554 EXPLICATION DES FIGURES. La Fi g. VI montre la Demoifelle dans hquélle les petits L^ons fe métamprphofenti La Fi g. VII repréfente au naturel un de ces petits Lions: du troifieme Genre, qui fê couvrent des peaux d^s Pucerons qu'ils ont fucés. La Fi g. VIII montre ce petit Lion groflî à la loupe;/,/, fa couverture. La Fi g. IX fait voir un bout de branche de Prunier, fur lequel des Mouches du Lion des Pu- cerons ont attaché leurs œufs ; d, o, w, o, divers petits tas, ou plutôt difFérens bouquets de ces œufs. La FiG. X repréfente le petit Infe£le nommé le Barbet blanc d^ Pucerons, dans fa grandeur naturelle. La Fi g. XI le repréfente groflî à la loupe. La Fi g, XII eft celle d'un Ver mangeur de Pucerons, qui fe transforme en Scarabé hémifphé- rique. Ce Ver eft repréfente ici de grandeur na- turelle. La Fi g. XIII montre au naturel le Scarabé hémifphérique , dans lequel fe transforme le Man- ge-Puceron de la Figure précédente. ■ > La Fig. XIV montre en grand un Puceron mère non -ailée du Poirier, qui met un petit au jour; c i c, les petites cornes ; q , elpece de petite queue ; K, le Puceron naifTant. La Fig. XV eft celle du Puceron de la Figure précédente, dont l'accouchement eft plus avancé. Le petit eft prefqu'entierement forti du corps de fa mère; il montre & étend fes fix jambes, /, /, ./r r D E s PUCERONS. "25^ La F I g. XVI reprëfente un pot de terre , tel que ceux où l'on met dos S'^u^s/i [-'^ ;[ d La Fi G. XVII efl celle d'une bouteille de ver- re, deftinée à être mife dans le pot de la ri^i;e pre'cédente. • . •* - La Fi g. XVIIF rèpréfente le pot^e la Figure XVI, dans lequel a été mife la bouteille qui eft couverte jufques |)rès du. goulot par la terre dont le pot a été rempli. Au-defTus du goulot de cette bouteille s'élève une petite tige qui porte des feuil- les, furyuoe deftiiOiles.uo PuceroQ naiflant^ ^lété pofé, La Fi g. XIX .a_de plus q,qe la Fig. XVIII uh vafe ou poudrier de -verre fous lequel font renfer- mées les feuilles qpi doivent fournir des fuçs nour- riciers au Puceron, condamné à. vivre dans une par- faite folitude. Les bords du poudrier font exafte- ment appliqués contre la terre , & en font couverts, La Fig. XX efl celle d'un poudrier de; verre à moitié plein d'eàq, La Fig. XXI efl un difque de carton, percé dans fon milieu d'un trou 0, lequel. va être pofé fur le poudrier de la Figure XX. La Fig. XXII montre ce poudrier couvert de fon carton c, par le trou duquel pafle une tige de Plantain, dont l'épi eft renfermé dans un autre poudrier de verre , dont l'ouverture s'applique exa6tement fur le carton, c. La Fig. XXIII repréfente au naturel les ac- croifTemens journaliers d'un Puceron du Fufain ren- fermé à fa naifiance. EXPLICATION DES FIGURES (*) De la féconde partie 9 concernant les Vers d'eau douce. PLANCHE PREMIERE. ,1 JT.S Figures L II. III. IV. repréfentent de grandeur naturelle ( i ) difFérens Vers longs aqua- tiques d'un brun rouge âtre ; ou de la première EJpece; a, la tête; d, la queue. De a en b, eft cet afîemblage d'anneaux de longueur déterminée , qui pouffe à la fuite de la tête, & qu'on peut regarder comme la partie antérieure du Ver. On la diflingue aifément du corps par (a couleur qui. eft plus foible. De c en d,^ efl la partie pofté- rieure ; dont la longueur varie en différens Vers ; les uns l'ayant plus longue, les autres plus courte, fuivant qu'ils ont été partagés depuis plus ou moina de tems, ou fuivant qu'ils ont fait plus ou moins de progrès. Sa couleur demeure toujours plus foir ble que celle de la partie antérieure. Dans les Vers qui font reftés entiers, cette diftinflion de partie antérieure & de partie poftérieure eft plus difficile C*) Le Icftur efl: prid de parcourir ces explications. Ci;) Ou à -peu -près; car ces Figures repréfentent le Ver un peu plus grand que le naturel. ^Nots ajoutée par V Auteur à cette nouvelle EJitiQn.') • DES VERS D'EAU DOUCE. 7$? difficile ou plus arbitraire ; mais il eft rare de trou- ver des Vers dans cet état; e e t^ grains d'excré* mens qui paroiflent comme des taches noires au travers de la peau. La Fi g. V eft celle d'un de ceô Vers vu au microfcope, & du coté du dos. A, h tête, quï va en s'élargiflant jufqu'en a a, ot font deux peti- tes élévations qu'on diroit devoir être la place des yeux ; b , l'endroit où eft la bouche. Elle ne paroîc ici que comme une petite tache brune > parce qu& le Ver la tient fermée; C C C, ôic. la grande artère ; D D D , &c. le canal où font contenus l'eftomac & les inteftins; c c Cy &c. efpeces de crochets ou d'épines qui tiennent lieu de jambe* au Ver, & qu'on ne voit guère que lorfqu'on re- garde d'un certain fens. Quelquefois elles parois- fent doubles, d'autrefois triples & quadruples, d dd^ &c. petits vaiiïeaux qui femblent être des produc- tions de la grande artère , & qui ont l'aif de petits Vers vivans , fi plufieurs n'en font réellement. A chaque battement de l'artère ils font retirés en arrière : j'ai vu des Vers où ils étoient plus dis- tin6ls, & dans lefquels on en remarquoit d'un bout à l'autre du corps. E, l'anus; ///, &c. molécu- les terreufes contenues dans les inteftins, & donÊ l'Infefte va fe vuider. Les grandes taches brunes qu'on voit dans le milieu du corps , & qui femblenc dues au renflement du canal des inteftins, appar* tiennent à la peau. 11 y a des Vers dont elles occupent une beaucoup plus grande étendue. Dafts les uns elles font plus claires, dans les autres plui foncées: cela dépend de l'état de l'Infeflei Quand il tombe malade, elles s'effacent; elles blanchiflent» Dans ceux qui ont eu à foutenir de longs jeûnes > elles fe rembruniflent au contraire davantage* Tonw L R 258 EXPLICATION Les Fig. VI, VU, VIIl & IX ont toutes été deffinées au raicrofcope. EHes fervent à faire voir les diverfes formes fous lefquelles fe montre la bouche de notre Ver lorfquelle s'ouvre. La Fig. VI repréfente la partie antérieure vue par-deflus; g l'extrémité delatêtej/z Efpece de veiîîe qui paroît s'élever au-deffus de la bouche f , formée en entonnoir: c'eft dans une pareille circon- flance que j'ai vu fouvenc l'Infefte avaler des bul- les d'air qui fe rangeoient à la file dans l'œfophage. La Fig. VII montre la partie antérieure vue par-deflbus; k, la bouche en forme d'entonnoir. La Fig. VIII montre la partie antérieure de côté; /, efpece de trompe ou de langue, qui fore de la bouche , & qu'on diroit être l'embouchure de l'œfophage , le pharinx qui efl porté en - dehors. La Fig. IX eft encore celle de la partie anté- rieure vue de côté 5 ?«, la bouche en manière d'échancrure. Les Fig. X, XI, XII, XIII & XIV repré- fentent l'anus fous divers points de vue , & groffî au microfcope. Dans la Fig, X il paroît ouvert pour donner pafTage aux excrémens. L'ouverture n eft , com- me on voit, oblongue & taillée dans la peau du dos. Dans les Fig. XI & XII, l'ouverture 0 0 efl prefque circulaire. Dans la Fig. XIII, l'anus ne paroît encore que fous la forme d'une échancrure p. On le voit auffi dans des portions dont la queue ne fait que commencer à pouflc;r. DES VER^ D'EAU DOUCE. 25^ Daks la Fi g. XIV, ii ne fe diflingue que paf un trait brun q, La Fi G. XV montre, vue à la loupe, là demie* re portion d'un Ver de l'Erpece des précédens» partagé en trois parties, laquelle, après avoir repris comme à l'ordinaire une téce A , commence à en pouffer une féconde B à côté. La Fi g. XVI eft celle de la partie antérieur de ce Ver , un peu plus grofîie que dans la Figure précédente. A , la tête venue la première ; B , la féconde tête. On peut remarquer que cette fécon- de tête efî: un peu différente de l'autre. La Fi g. XVII montre, obfervée au microfcô- pe, la partie antérieure d'un autre Ver de k pre- riiiere Efpece; r r, efpeces de mamelons qui onfi pouffé a,uç.;deux côtés de la tête. L a I?^i g; XVill eft pour donner une idée det accrpiffemens d'un huitième, depuis le ir Septem- bre» jour de l'opération, jufqu'au premier Oftobre*. 1 , ce huitième vu immédiatement après la feftion 5 2, vu le 14; 3, le 1(5; 4, le 18: ce jour -là, la nouvelle tête t étoit à-peu*près parfaite, mais l'ex- trémité ne s'étoit pas encore autant alongée qu'elle devoit le faire. 5, vu le 20 ; 6, le 26 j 7, le pre- mier 06lobre. La Fi g. XIX, repréfente une de cet taffes daui lefquelles j'élève mes Vers. Il 3 2^0 EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE SECONDE. La Fi g. I reprëfente de grandeur naturelle (i) ûA de mes Vers blanchâtres , ou de la féconde Es- •pcce: c'eft un des plus longs que j'aie vus, & la première portion d'un autre partagé en trois le 23 Septembre 1742, laquelle portion avoit été parta- gée elle-même en autant de parties le 28 Avril 1743; ?, la tête qui ne diffère point de celle des Vers rougeâtres, ou de la féconde Efpece; g, en- droit d'un blanc allez vif où l'on apperçoit comme des molécules de grailTe. Lorfque j'ai coupé de ces Vers à cet endroit , j'en ai vu efFeftivement fôrtir une matière femblable à du lait épaiffi. Tous ces Vers n'ont pas de ces taches blanches. Celui dont il s'agit ici s'étant partagé en trois parties dans le mois de Janvier 1744, la dernière a repris une queue au lieu d'une tête, ce qui prouve que ce n'eft pas le plus ou le moins de grofleur de ces Vers qui contribue à la production de ce phéno- mène finguîier. J'avois pourtant eu d'abord quel- que penchant à foupçonner qu'il étoit une marque de foiblefTe, & qu'il falloit peut-être plus de force ou de vigueur dans l'infefte pour reproduire une tête, que pour reproduire une queue. (2) La Fi g. II efl celle d'un Ver de la même Es^ pece que le précédent, mais qui n'a pas été fi bien nourri. La Fi g. III eu. celle de trois anneaux d'un de ces Vers, pris dans le milieu du corps & grofîis au microfcopej v v v, &c. vaifleau placé fur les côtés (i) La Figure I eft encore un peu plus grande que le naturel. (2) On pourroit encore dëniontrcr la faufTcté de ce foupcon, en cou- riaiiC h tête h un Ver de cette Elpecc qu'on auroit Cil jcftner i-cndr.nt long- temps. Obf. XXV oc XXVill. DES VERS D'EAU DOUCE. 261 de rinfefte, & qui va d'un bout à l'autre du corp5. On ne peut le voir que dans des Vers qui ont jeûné long- temps. " La Fi g. IV efl celle de la portion intermé- diaire d'uii femblable Ver partagé en trois, laquelle a poufTé deux queues q q , une à chaque bout. Cette portion efl: repréfentée ici au naturel. On voit, & encore mieux dans la Figure VI, groiîîe à la loupe, que ce qui a poulTé au bout antérieur efl: auflî effilé que ce qui a poufl^e au bout pofl:érieur; au lieu que fi cette portion eût repris une tête , Is bout antérieur prolongé auroit été fenfiblement plus gros que le pofliérieur. C efl: ainfi qu'on peut s'as- furer à la fîmple vue fi c'efl: une tête ou une queue qui a commencé à fe faire voir. On peut encore s'en afTurer par les mouvemens du Ver qui font alors moins libres, comme je l'ai dit dans mes Obfervations. La Fi G. V repréfente, de grandeur au-defTus de la naturelle, la partie antérieure d'une autre por- tion ; Q, la queue qui a pouffé à la place de la tête ; a , l'anys. La Fi G. VI montre, de même groflîe, la partie antérieure d'une portion de Ver de l'Efpece des précédens, qui a aufîî repris une queue au lieu d'une tête , & dont l'anus a paroîc fous la forme d'une fente oblongue. La Fig. VII montre, groflîeau microfcope, la queue de la première portion d'un ver blanchâtre de la féconde Efpece, partagé en quatre, laquelle efl: devenue monftreufe; w, le bout de cette queue qui forme une groffeur de figure affez irréguliere ; e d? , les épines qui fe voient fur ks bords de cette grolTeu-r. R j $52 EXPLICATION DES FIGURES. La Fi g. VIII eft celle d'un Ver blanchâtre de l'Efpece des précédens , vu au microfcope ; A A A , la grande artère ; E E E , le canal des inteftins ^ui femblent être compofés de véficules mifes bout-à- bout, qu'on prendroic pour autant de, petits efto* macs. D'autrefois il paroît un fimple boyau replié cà & là ; r r r , renflemens qu'on obferve dans ce canal ; b, h bouche; e e e, les épines ou crochets, La Fi g. IX repréfente de grandeur naturelle ces petits Vers qui fe tiennent dans des fourreaux faits de boue; /, le tuyau; i, le Ver qui en fort; s s s, particules terrreufes qui fe font attachées au corps d'un de ces Vers, pendant qu'ils fe jouoic fur la furface de la boue, La F 1 g. X repréfente ces mêmes Vers dont le fourreau ne fort point encore hors de terre , & ne paroît que commme un petit trou , parce que l'on p'en voit que l'ouverture. La Fi G. XI montre, groflîe au microfcope , une portion d'un Ver à tuyau, laquelle a commencé à reprendre une tête ; t , cette tête qui femble fe di* vifer en deux o Oy k l'extrémité. FIN du Tome premier. .^^ 2C3 TABLE OBSERVATIONS SUR LES PUCERONS. R REMI ER E PARTIE, l^îrodiiàîon contenant une idée générale de ce qui a été obfervê jufqu'ici de plus ejjentïel fur les Puce- rons, Page I G B s E R V. I. Première expérience fur Jin Puceron du Fufain , pour décider fi les Pucerons fe multiplient fans accouplement. 14 Observ. II. Seconde E^ troifieme expériences fur les Pucerons du Fufain y pour décider fi les Pucerons fe multiplient fans accouplement. 2% Observ. III. Autres expériences fur le même fu- jet y faites fur des Pucerons de plufieurs efpeces , en particulier fur ceux du Sureau, [^ pour s'ajfurerfi des générations de Pucerons , élevés ficceffivement en foUîude ^ çon fervent la même propriété de fe per' pétucr fans le fecours de ï accouplement. ^6 R4 2^4 TABLE DES OBSERVATIONS Que la trompe des Pucerons eft capable d'un alonge^ ment confia érable. ibid. Qu'il y a cjs ces infeàes qui changent ie peau feule- ment trois fois, ibid^ Que les petits viennent quelquefois au jour y la tête la première, ibid, Observ. IV. Jutres expériences fur les Pucerons du Fufaîn, pour s'ajjurer que des générations de Pucerons élevés fucceffivement en folitude , confer^ vent la propriété de fe perpétuer fans le Jecours de Y accouplement. 4^ Observ. V. Jutres expériences fur le mêmefujet, faites fur des Pucerons du Plantain, 45 O B s E R V. V I. /lut r es expériences fur le même fujct , faites fur des Pucerons du Plaritain, ^ pouffée.s plus loin que les précédentes, •-.... 51 OôsERV. VII. Obfervations qui démontrent qu'il y a une efpece de Pucerons en qui la diJlin5iion en ma- les â? femelles a lieu, ^ qui s'accouplent, 68 Que les Pucerons de cette efpece y au lieu de petits vivqns , mettent Quelquefois au jour des Fœtus , ^ avec auelles précautions. - ■ " • ^ ' m^^ OssERV. Vlil. Obfervations fur les Fœtus que les grfiffes Pucerones du Chêne mettent au jour. 84 Observ. IX. Autres Obfervations fur les Fœtus que Jes groffes Pucerones du Chêne mettent au jour, 85 SUR LES PUCERONS. 455 Que ces Fœtus font de véritables œufs. ibid, Gb SERV. X. Ohfervatîons qui prouvent que les gros Pucerons du Chêne y après avoir pris des ailes, fonP encore fufceptibles de quelque accroiffement. 87 O B s E R V. XI. g«^ les Fourmis fe faijijjent quelque- fois des Pucerons, 3p Observ. XII. Obfervations fur des Pucerones de la groffe efpece qui vit Jur le Chêne, £f dont la peau s'enlevoît après leur mort , en y appliquant le doigt ^ quoique légèrement. po O B s E R V . X 1 1 1. 0/^5 V efpece de gros Pucerons , en qui fai démontré l'accouplement, fe multiplie cepen^ dant fans ce fccours, çj Journal d' Obfervations fur les gros Pucerons du Chêne, à tro?npe courte, élevés dans une parfaite folitude, g^ 0 B s E R V. X I V. Mtre expérience fur le même fujet. Conjcdtures fur lufage de V accouplement. 95 O B s E R V. X V. 0«tf parmi les mâles des gros Puce- rons du Chêne , il y en a d'ailés âf de non - ailés. 99 Observ. XVI. De la façon dont les gros Pucerons du Chêne fe dépouillent. 103 Observ. XVII. Oiie les gros Pucerons du Chêne n'abandonnent pas les branches dont les feuilles fe font fechées. R.5 26(1 TABLE. ObfcTvatîon fur des œufs de ces Pucerons , dépofés en gxand nombre fur de telles branches. 105 Observ. XVIII. Sur des Puccrones du Chêne de fcfpece des précédentes , laijjees fans nourriture dans une boîte. O IZ .v.i..;:^'^ O? s E R V. XIX. Expériences qui proumnt incQfites- ' tablement qua Us gros Pucerons du Cligne font à la fois vivipares 6f ovipares. ibid. O-BSERV. XX. Que Içs Puceron^poiirr^çi^Journir de belles couleurs. .;..;., .'A -.. r*. Wi Observ. XXI. 5«r un moyen très^coinmodç â? irès^ fur d'élever des Pucerons en folUude. 113 Table des variations du Thermomètre, 114 •^C^ tCf SECONDE PARTIE. OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPECES DE FERS D'EAU DOUCE, Qui , coupés par morceaux , deviennent autant d*animaux complets. iNtroduBion contenant une Hîfioire abrégée de la nou- velle Découverte. Page 121 Observ. I, Defcriptîon de la première Efpece de Ver qui a fait le fujet de ces Obfervations, 124 Observ. II. Sur un Ver -partagé tranfoerfalement en deux parties par le milieu du corps. lap Observ. III. Sur des Vers partagés en deux, trois, quatre, huit y dix, quatorze â? vingt 'fix par^ ties. J33 Observ. IV. Remarques générales fur ce qui a rap- port à la réprodumon 6? à PaccrdJ/etnent des extré^ mités de ces Vers. Variétés qu'on y ob/erve, j». I î(5g TABLE DES OBSERVATIONS X^Bi^E R V. V. Que la réproduàion de ces Vers de bou- ture , put aller , comme celle des Plantes , à fin- •^«îJ ^ ^' '' l VI O ' ,36 O B s E R V. VI. Sur des Vers trouves mutilés. Com- ment il leur ahm de fe partager,' 137 Ob s ER v> VII. Que la portion du ^^m^tiiere des Poly~ pes» ri^^VAi^-iîV 191 Observ. XX. Sur un Fer deTEfpcce des premiers^ • auquel on ejl parvenu à donner deux têtes. Qiie ce nefi pas feulement à la partie antérieure que les Fers de cette Efpece poujfent des tubercules y qu'ils en poujfent encore à la partie poflérieure. 19 \. Observ. XXI. Obfcrvatiom àf Expériences fur des ■ petites /Inguilîes de ÏEJpece de celles dont il a été parlé ci-dcjfus. S70 TABLE DES OBSERVATIONS Que ces petites Anguilles fe reproiuifent de bouture; à quel point elles fe àivifent ^ Je fubdivifent y 6f . cMec quelle promptitude* Différences de progrès entre celles qui. ont été parta- gées en Hiver, ^ celles qui l'ont été en Été, ipp Observ. XXII. Sur des Vers blanchâtres d'une autre ^J^fpece que les précédens. Maladies auxquelles les uns & les autres font fit' jets» . 206 Obs^kv. XXlll- Obfervatîons £«? Expériences fur les Vers blanchâtres^ ou de la féconde Efpece, dont il à été parlé ci'deffus, Oue ces Vers peuvent être multipliés de boutufe. Portion d*un de ces Vers , qui y au lieu de ■ reproduire une tête y a reproduit une queue. 21% Observ. XXIV. Suite des Obfervations ^ Expé- riences fur les Vers blanchâtres, Portion d'un de ces Vers qui a reproduit deux queues. 215 Observ. XXV. Expérience fur les Vers de lu. féconde Efpece , pour favoir fi en faifant la fe6lîon ailleurs que dans le milieu du corps y on m ■ parviendroît pas à faire développer une tête au lieu à' une queue, 219 Observ. XXVI. Sur un Ver de la féconde Efpece, partagé en deux , [^ dont la féconde moitié a repro- duit une aueus au lieu d'une îête. 221 s U R L E s V E R s. zf^ O.BSERV. .XX VII. Sîir un Ver de la féconde Efpe- ce, partagé en quatre, pour confirmer ks Ob/erva- tions précédentes , fur les portions qui poujjent une queue où lieu^ d'une tête, ■> .Vîi. -q Que cette Efpece poujje aujft as mamelons ou tuber- cules^ qu'on pourrait foupçonner dos rejetons. . ca^y Observ. XX VIII. Sur uriTcr^e ta féconde E^e- ce, auquel' or;- à àmp.âPr9is^fûk"la tête i à différen- tes diftiince dtvlextifém^i^ ^ dpnt la deriiiet^aa^ pouffé obliquement à la longueur du corps. -//^^4 Observ. XXiX. »S!î^r des^ Fers blanchâtres d'une troifieme ECptce, qui pérl/Jentlor/qucn les coupe par morceaux ou qu'on les mutile, 225 Observ. XXX. Sur des Vers brunâtres d*une q'iî- tricme Efpece, le/quels rcvrennen: de bouture. 233 Observ. XX\l, Sur une GinqK?eme Efpece ^^ Vers longs ^ J ans jambes y q'Con peut nommer Faux- roillepié. f)ue cette Efpece fe multiplie de bouture. 235 Observ. XXXII. Sur une petite Efpece de Vers fans jambes , qui fe logent dans des tuyaux faits de boue. Oue cette Efpece cft du nombre ds celles qui ont la propriété de fe reprod':ire après avoir été coupées par morceaux. ?.28 4y2 X A B L £. Observ. XXXIII. Sur une fixieme Efpece de Fer long fans jambes, d'un rouge brun, laquelle Je . multiplie ^aujjî de bouture, 243 Observ. XXXIV. Seconde Expérience fur les Vers fans jambes de la fixieme Efpece. 245 OsBERV. XXXV. Tentatives fur les Vers-de- terre, £5* ce qui en a réfulté» "Exv Lie AT ion des Figures pour les Pucerons, 25 1 Explication des Figures pour les Vers d*eau douce, 2 $6 F I N de la Table. ^ ^ ^ INSERT FOLDOUT HERE hi.