m^^ MAY3.1I%5 WEST VIRGINIA UNiVERSITY MEDICAL SCHOOL LIBR/ti^v WVU - Médical Center Library Locked Cage QH 45 B64o cl v.3 WVMJ Oeuvres d'histoire naturelle et de / Bonnet, Char ij^^^fe 3 0802 000023924 8 OLD BOOKS QH45 - BGko V.3 .1779 m HCrt ^^ t\ Y T IT /^ T' ? COMPLETTE ES ŒUVRES i)^ CHARLES BONNET. TOME TROISIEME. ŒUVRES D' HISTOIRE NATURELLE E T D E DE CHARLES BONNET, De r Académie Impériale LéopoU.ive , '^ de celle de St. Pétershoiirg ^ des Académies Royales des Sciences de Londres , de Montpellier , de Stockholm , de Copenhague , de Lyon i des Acad. de Plnjlitut de Bologne , de Harlem , de Munich, de Sienne, des Curieux de la Nature de Berlin ,• Correfpondant de P Académie Royale des Sciences de Paris. TOME TROISIExME. M E' M oiRES d' Histoire Naturellj. A NEUCHATEL, Che;z Samuel Fauche, Libraire du Roi, M D C C L X X I X. Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation http://www.arcliive.org/details/oeuvresdliistoire03bonn AYERTïSSEMENTo J'AI rajfemblé dans ce Foltime de meÈ Oeuvres , les Mémoires dHiftoîre Naturelle que f avais préfentés en différens tems à V Académie des Sciences de Paris ^ g? qu'elle avoit publiés dans le Recueil des Sa vans Étrangers. J'y ai fait qà ^ là quel- ques additions: la plus conjidérable eft celle qui termine le fécond Alémoire fur la végé- tation des Plantes dans d'autres matières que la Terre , êfc. Et afin qvJon put reconnoïtre plus facilement ces additions , je les ai déjignces par un figne particulier (tt) To'me III, a ï) A V E R T I S S E ]\I E N T. placé au-devant de la première ligne de cha^ que addition (i). c (i) On auroit pu rendre ce Volume plus confidé- lable , en y tranfportant une partie du II ou du IV, qui font beaucoup plus forts ,• mnis on a préféré de ne f as couper les matières. ( 2\ote des Editeurs. ) ERRATA. Page 24, ligne iî, nprès àépotàlle : aioiitez; & ce oui rend ce fait encore plus fingulicr, eft qu'elle attatjue d'nborJ les parties les. plus dures , comme les tuyaux , le cnin-é , les dents , les jambes écailleufes. Un .aliment fi étrange feroit-il un fortifiant convenable à l'état de foibîefTe où la mue met l'în- feâe ? La Chenille dont je parle,, n'cfl; piîs la feule qui fe plaife à manger fa ci.éjiouiliç : j'ai eJbfcrvé, &c. MEMOIRES MEMOIRES D' H I S T O I R E N AT XJ R E L L E^ Fréfentés par V Auteur à r Académie Royale des Sciences de Paris , & qu'elle a publiés dans fou Recueil des Sa vans Étrangers, Twie ni MÉMOIRE Sur une nouvelle partie commune à plifjleurs Efpeces de Chenilles. Sav. Étrang. Tom. lî , pag. 44. L V Partie qui fait le fujet de ce Mémoire , c(t uiie cfpece de î-nameiou ou de corne char- luic , placé ions le premier anneau , entre la lèvre inférieure & la première paire àc^ jambes. Ordinairement • cette partie eft retirée ai!-dedans du corps , mais on l'oblige à paroi- tre en prcifant la Chenille vers le premier anneau (î). Cette partie eft com.mune à plufieurs Efpe-. CCS de Chenilles : voici une Ufte de celles que (0 J'ai «découvert cette partie en 1759 -. & j'ai commnnj'jué la mc.-!R' amiée cette ohlervation à M. de Rea.Umue. V( yes rh:îl,)ire de cette petite découverte , Obferviitions divsrfes fur les Jnf. Obf. ÏX,X. Oeuvres, Tom. II. A2 4 MEMOIRES. j'ai examinées , dans laquelle j'ai défigné par une étoile * les Efpeces qui iont pourvues de cette nouvelle paitie. PRE MI ERE' CLASSE. Grandes ^ rafes. î. La belle Chenille du Tithymaîe à port de Cyprès. Isléinoires pour fervir à CHijIoire des înf, par M. de Reaumur , Torae /, PL XIII , Fig. i, IL La Clieiiiile qui donne le Papillon à tète de mort. Mémoires pour PHiJL des Inf. Tom. II , PL XXIV, Fig. I, m. La Chenille a tubercules du Poirier , qui donne le Papillon nommé le grand Paon. Mém. de M. de Reaumur, Tom. /, Pi. XLVIII, Fig. I. IV. La Chenille qui donne le Papillon moyeyt Paon. Ihid. PL L , Fig. i. V. La Chenille qui donne le petit Paon. Ihid. PI XLIX, Fig. I. VL Le Sphinx. Ihid. Tom. II, Pi. XX, Fig. i, VIL Le Ver^à-foie. jyHISTOIKE NATURELLE. <; . VIII. Une Chenille que j'ai nommée la Lé^ far Je , à caufe de la forme de fa partie anté- rieure, qui n'imite pas mal celle de la tète d'uii Xcfard : elle lui reifemble encore par fes cou- leurs , & par la manière dont =elles font dif- tribuces. GoEDAERT l'a nommée l'Eléphant : elle eft repréientée , N^. 25 de réoiiion que Lister nous a donnée de cet Auteur. IX. Uke Chenille qui reiTemble par fes cou- leurs à la Léfarde , & qui donne le Papillon repréfenté, Tom. /, Fi XIII, Fig, 8 des Mér.u fur les Infectes, X. La Chenille du N^. 24 de Goedaert ^ édition de Lister. XL La belle Chenille du FenouiL Mém. fur les bif Tor/i. i , PL KXX , Fig. 2. * XII. Une Chenille dont le corps eft effilé:, à-peu-pres comme i'eil: celui des Sangfues , donc la couleur eil un beau verd , qui fe trouve fur rOlier dans le mois de Juillet , & qui ie me- tamorphofc au. milieu d'un paquet de feuilles de cet arbriiieau. * Xni. Une Chenille qui , par la forme de ion corps <^ par (ii dén^^rche, reiTemble aux A 3 € MÉMOIRES arpentetifes qu'on trouve fur le Chèiie dan à lé mois de Juillet , & dont la couleur imite celle des jeunes branches de cet arbre. * XÎV. Une Chenille d'un verd céladon , avec quatre raies le long du dos , dont deu!^ font jaunes & les deux autres blanches- , & de petites taches noires entre deux , qui fe trouve en Juillet , & qui fe métamorphofe dans la terre en un Papillon dont le port des ailes eil: pareil à celui des ailes des Oifeaux. Moyennes ^ rafes, * XV, Une Chenille qu'on trouve en Eté fur la Chicorée fauvage , & dont les couleurs font le jaune & le noir diftribués par taches fur le deifus du corps. Cette Chenille a un œil fatiné : elle fe conttruit une Coque de terre (f). * XVI. Une Chenille dont le deiTus du corps eft d'un bel olive , & le ventre d'un beau gris ar- doifé. Le pied des janibes membraneufes eft de couleur blanche : le refte de la jambe eft d'urt iioir d'écaillé. Cette Chenille porte fur le der- iriere la figuré d'une corne peinte en verd jau- nâtre : enfin on remarqué fur la partie fupé- aticure de chaque anneau , quatre points noirs ii) Ohn dm s fur les Jnf. Obf. IX. D'HISTOIRE NATURELLE, f rangés à-peu-près en quarré. Cette Chenille fut trouvée fur Therbe en Août : elle entra en terre où elle fe conftruifit une Coque dans laquelle elle fe changea en Chryfalide à nez (f)- * XVII. La belle Chenille du Boiiillon-hlanc. Menu fur les Inf, Tom. /, FL XLIII, Fig, 3. * XVIII. La Chenille de la Luzerne, MéiU» fur les Inf Tom. /, FL XL, Fig, il. XIX. La Chenille repréfentée dans les Méml fur les Inf Tom. /, FL XXXIX, Fig. 10. * XX. Une Chenille du Cerifter. Mém. f& les Inf Tom. /, FL XVIII , Fig. 10. * XXL Une Chenille qui me paroit être la même que celle de la Fig. 7 , PL XL du même Volume. * XXIL Une Chenille dont le fond de la couleur eft un bel ardoile , lur lequel font jettées des taches d'un brun velouté , féparées par des raies d'un beau jaune , qu'on trouve lur le Chêne en Juin , & qui fe tient ordinairement fous une toile de foie , ou dans une feuille pliée. (10 Ohf. dw. fur les Inf. Obf. X. A4 t M É MOIRES * XXÎII. Une Chenille jaunâtre tout dy lon^ du dos., fur le corps de laquelle font étendus deux filets blanchâtres , &' fur les ftigmates une> raie jaune , qui fe trouve fuj k Chêne dans. îe mois de Juillet. * XXÏV. La belle Chenille du Chou,. Mém. fur les Inf, Tom. 7, P/. XXVIIL , Fig, 8- * XXV. .La Chenille du Chou-fleur. N«>. 2^ du GOEDAERT de LiSTER, * XXVL La Chenille qui aime liss plantes baiTes Se potagères , de PEfpece de la Fig. 4 ^ FI. XIV. du Tom. I des Mém. fur les Inf. * XXVIL Le Zigzag. Mém. fur les Inf,, Tom. 11^ PL XXII, Fig^ 10. XXVÎIL Une Chenille d'un verd de pré , feiTiG de points jaunes , & qui , comme la belle du Fenouil , povtQ une corne en forme d'Y. Elle vit fur l'Aubépine ^ & fe métamorphofe en Chryfaiide angulaire , après s'être liée d'une ceinture de foie : elle fe change eu Papillon à qu.eue (t)* (t) Ohf. div. fw les Inf. Ohf. XI¥:. D'imTOIRE KATURELLK § * XXIX. Une Chenille rayée de verd , qu'on trouve fur PArrête-bxuf en Août. * XXX. Une Chenitle à quatre tubercules charnus , pofés fur les quatrième , cinquième =, fixieme & feptieme anneaux, Tetites & raféî. XXXI. La Chenille de la Jacohée. Menu fur les Inf. Tom, 7, FL XVI, Fig. i. XXXII. La Chenille qui vit dans Pintérieur des têtes du Chardon à bonnetier, (f) Mém. fur les Inf Tom. II, PL XXXIX, Fig. lO. * XXXIII. La Chenille qui vit en fociéte fur les Fommiers , fur r Aubépine , ^c. Se qui fe tient dans des nids pareils aux toiles d'A- raignées. Mém. fur les Inf Tom. II, PL XII, Fig. 2. XXXIV. La Chenille du Bouillon-blanc. Mém, fur les Inf Tom. I, PL XVIII, Fig. 14. * XXXV. La Chenille verte du Chou. Mém, fur les tuf Tom. /, PL XXIX, Fig. 4. * XXXVI. La Chenille de la même plante , (t) Ohf. div. fur lis Inf. Obf. XIX. î<9 MEMOIRES qui me paroît être celle de la Fig. I2 , PI. XVî, du même Volume. XXXVIL Une Chenille qui vit fur la C/e- matïs , & que j'ai nommée la Fiinaife , parce qu'elle a une odeur qui approche fort de celle de cet Iniede. (f) ^ XXXMII. Une Chenille qui lie les feuilles de rOfier , & fe conftruit une Coque en bateau. Grandes ^ velues. XXXIX. La Chenille qui Vit des feuilles de Cornouiller , de Charme , de Charmille , ^c, Mem.fur les Inf. Tom. /, Fl. XXXV, Fig. î. XL. La Chenille du Gazon , du même Genre que la précédente. XLL L'hÉrissonne. Mém. fur les Infe&es Tom. U l'I' XXXVI, Fig. i. Moyejines ^ velues. XLIL La Chenille Lièvre. Mém. fur les Inf. Tom. /, FL II Fig. i6. XLÏÎL La Cominune. Mém. fur les Inf Tom. I , FL VI, Fig. 2. (t) Ohj: div. fur les Jnf. Obf. XKX. t)' HISTOIRE NATURELLE ïî XLIV. La Chenille qui relTemble à la com- mune , repréfentée Fig. 8 ^ E^- XVI , du Tom. /, des Mém. fur les Jnf, XLV\ La Chenille qui vit eii fociété fur les Pins. Mém. fur les Inf Tom, II, Pi. VII, Fig. 3. XLVL La Chenille à oreilles. Mém. fur les Inf Tom. /, EL XXIV, Fig. I. Grandes ^ demi ~ velues. XL\T[L La Livrée, Mém. fur les Inf. Tom. î , EL F, Fig. 7* XLVIÏL La Chenille du Viorne , repréfentée N". 8^ du GoedaeR'T de Lister. XLIX. La Chenille qui vit en fociété fur le Saule, fans fe faire de nid 5 repréfentée N". 9Î du même Auteur. L. La Chenille qui fe fait une Coque qui a Fair d'un gland , repréfentée Fig. il, EL XXXII du Tom. I , des Mém.. fur les Inf Cette Chenille vit en fociété pendant une partie de fa vie. * LL La Chenille repréfentée EL II, Fig. ^. dîi Tom. II des Mém, fur les Inf î^ MÉMOIRES Moyennes ^ demi - velues. * LÎI. La Chenille de l'Arijhloche. M'ém. fur les Inf, Tom. I , PL XXXVIL Fig. ii. ^ LUI. La Chenille noire & épineufe dçi l'Ortie, Mém. fur les Inf Tom, 7, P/. XXV ^ Bg. 3. * LIV. La Chenille épineufe rayée de-- verd & de brun , de Ja 'même plante'. Mém^. fur les Inf Tom, /, Fl. XXVI , Fig. i. * LV, La plus commune de POrme. * LVL La Bedmide. Mém. fur les Inf Tom, I,. H XXV II, Fig, 1, * LVIL La Chenille du Chardon à feuilles: d'Acanthe. Mém. fur les Inf Tom. /, Fl, XXVI. Fig, 8. Fetites ^ demi - velues. * LVIÎL Une Chenille brune , dont je ne fais point encore Tliiftoire , 8c que je ne mets ici que pour montrer que , parmi celles de ce Geiue y il s'en trouve qui ont la nouvelle partie, Q,U A T R I E M E CLASSE. * LIX. La grande Chenille à cornes du. D'HISTOIRE NATURELLL 13 SiUile. Mémjuries Inf, Tom. Il, PI- XXI, Fig. I. CINQUIEME CLASSE. * LX. La Chenille des Légumes, Mém. Jur les Inf. Tom. II, PL XXVI, Fig, x. "^ • S I X I E M E C L A S S E. Grandes & rafes. LXL Une Arpenteiife en bâton 7'ahoteiix l qu'on trouve fur le Chêne dans le mois de Juillet , dont ia couleur imite celle de Pécorce des branches de cet arbre , qui eft fort fem- blable à, celle de la Fig. 17 , PI. XXVII du T. II , des Mém.. fur les Inf & qui entre en terre pour sV transformer. LXIL Une Arpent eufe en bâton , de couleur verte , qu'on trouve fur l'Oner dans le mois de Juillet , & qui entre en terre pour s'y tranf- former. Toutes les Chenilles dont je viens de faire réuamération , ont été trouvées aux environs de Th.onex , petit village fort agréable , fîtué à trois 'quarts de lieue à l'orient de Genève , & où je paife la plus grande partie de l'année. Voici ce qui refaite de la lifte précédente. 14 M É M 0 I R E S i". Que des foixantc-dcux Efpeccs de Che- nilies dont elle dï compofée , tucnte-une font pourvues de la nouvelle partie, (f) 2°. Qiie je n'ai point trouvé cette partie à celles qui appartiennent au Genre des velues. 3°. Que je ne l'ai point vue non plus à celles qui font du nombre des très-grandes , ou du premier degré de grandeur. De nouvelles recherches apprendront ce qu'on doit penfer de ces réfultats. La partie dont je parle , offre des variétés de forme qui méritent d'être remarquées : on peut les réduire à deux genres principaux. Le premier genre confiftc en une cfpecc de bouton à~peu-près hémifthérique. Le fécond genre , plus compofé , paroît à la loupe formé de trois pièces qui rentrent les unes dans les autres , à la manière des cornes des limaqons. Le diamètre de ces pièces dimi- nue à mefure qu'elles s'éloignent de leur ori- gine. La pièce qui iért de bafe aux autres: eO: la plus grolïë : celle qui la fuit immédiatement , et) Voy. PI. m, Fig. 5 , dos Obf. dk',J}n- les Inf. D'HISTOIRE NA TUKELLE. i <; TeO: un peu moins. La pièce du fonimet fe termine en pointe : ces trois pièces forment amii par leur aflemblage une efpece de corne. Je ne connois encore que trois Efpeces de Chenilles auxquelles le premier genre foit pro- pre , XXIV , XXXV, LI y mais j'ai obfervi le fécond genre à vingt-cinq Elpeces de la pre- mière , quatrième & cinquiem*e ClalTes. La grandeur , la figure , la pofition , le nom- bre , &c. peuvent fournir des caradteres propres à fous-divifer ces deux genres. En général , la longueur de la corne égale celle des premières jambes , mais quelquefois elle ]a lurpafle : telle eft la corne des Chenilles des NI XIII , XIV , XVII. La corne de la Che- nille XIV a environ deux lignes. La grandeur de la corne ne répond pas tou- jours à celle de la Chenille. Il y a des cornes qu'on prendroit pour une filière. Celle de la Chenille XIII reflemble allez , par fa figure & par fa couleur, à un piquant d'ortie. En prefFant fortement la partie antérieure î6 M È M D I K E S, de deux Efpeces de Chenilles , XXV, XXXVI j'ai vu Ibrtir de l'extiéaiité de la corne un petit corps oblong ^ dont la tranfparence ap^* prochoit de celle du cryftal» On obferve quelquefois fur la corne ^ ainfi que fur le bouton hémifphérique , de petits tubercules femblables à ceux qui font répandus fur tout le corps de Pinfecle. Dans la plupart des Efpeces , la nouvelle partie eft placée précifément entre la lèvre in- férieure & la première paire des jambes : mais il en efl; 5 LI , où cette partie fe trouve fituée plus près de la bouche que des jambes. La diredion de la corne à fa fortie du corps » varie auili quelquefois ; mais on peut attribuer cette variation à la maniera dont la CheniîU eft pr elTée. Lorsque la partie dont il s'agit, eft retirée dans l'intérieur du corps , on voit à la place une petite fente (f) difpofée parallèlement à la bon- elle. Cette fente eii: plus fenfible dans quelques Efpeces , XXIII , XXVII , LÏX , que dans d'autres. (t) PI. lil , Fig. 4 des Qhf, div. fur ir; Inf. ht lymSTOÎKE NATURELLE. ij Le bouton hémirpliérique n'eft pas (impie, quoique^ je Taie laiiîe entendre tel jufqu'ici : je ï'ai trouvé double (f) dans les trois Efpeces de Chenilles XXIV, XXXV, Lî, dont j'ai parlé ci-delTus. Les deux boutons font pofés Tun à côté de l'autre y mais ils tendeiit à s'écarter à mefure qu^ils s'éievent : leurs bafes fe touchent lorfque la preiîion a été portée aufîî loin qu'ellç :peut l'être fans nuire à la Chenille. La corne eft encore plus multipliée que ne Peft le bouton hémifphérique : je l'ai vu qua- druple (II) dans trois Efpeces de Chenilles ^ XXIIÏ, XX VIL, LIX: ces quatre cornes fone difpofées par paires aux extrémités de la fente , & celles de chaque paire forment une efpece de fourche. En preifant fortement la Chenille du N^. XXIII 5 j'ai vu s'élever autour de la fente une forte de rebord ou de bourlet charnu. Quel eft Pufage de la nouvelle partie dont nous parlons? La corne feroit-elle une Êliere ^ Mes obfervations s'accordent mal avec cette conjedure. J'ai fuivi avec attention des Che- nilles qui onc cette corne, pendartt qu'elles tra- vaiiloient à leurs dilférens ouvrages » & je u'ajl (t) PI. in , Fig, 5 àei Okf, div, fur les Inf. (tt) Ihi^, Fig. 7, ï8 M E MOIRES jamais obfervé que la corne fit la fondlion de filière. Lorfque j'ai eu recours à une tres-lbrtc prelfioji , il n'elt ibrti cle Pextrémité de la corne qu'une liqueur limpide. Enfin ^ le bouton hémif- phérique n'a aucune reirembiance avec une hiiere. J'ai mieux réuffi à m'affurer que la corne n'eit pas eiîentielie à la vie de l'Iniecte : je l'ai coupé à douze Chenilles épineuîes , LIV : tou- tes ont fort bien foutenu cette opération , & ie font enluite transFoimées en Chryfalide , à ia manière qui eit propre a cette Erpece. ^ J'ai fait fubir la même épreuve à cinq Che- nilles du Choit-fleur, XXV; elle ne leur a pas été plus nuiiîbie qu'aux Chenilles épineuies. Celles dont je parle , ont mangé peu de temps après l'opération avec beaucoup d'avidité. Trois de ces Chenilles font rentrées en terre au bout de quelques jours , les deux autres font demeurées lur la furflîce ; mais la terre s'étant trop delféchée , aucune n'eit parvenue à fe métamorphofer. Ces expériences demandent d'être variées & répétées plufieurs fois. On doit encore chercher à fe convaincre Ci le retranchement de la corna liinhye point iur ie Pupiiion. D'HISTOIRE NATURELLE. i9 Au refte , on parviendra plus fûrement à fiire ces expériences , en plongeant la Chenille dans Peau froide , & en l'y laiiTant quelques minutes 5 elle y perdra le mouvem-^nt & le ieutiment 5 elle s'y ramollira , & l'on pourra pouiFer la prdiion fort loin ^ fans nuire à l'La- fede. ' M. de Reaumur a ol:)fervé (|) à une Teigne aquatique du Genre des Vers , une partie qui a beaucoup de relfemblance avec celle que je viens de décrire : cet illuftre Académicien foup- çonne que cette partie eft une filière 5 mais il ajoute qu'il n'a pu faire des obfervations pro- pres à l'en convaincre. J'ai (ait quelques obfervations fur la grands Chenille à cornes du Saule , dont plufieurs o.nt du rapport avec celles que je viens de rappor* ter i mais je renvoie à un autre Mémoire lé récit de ces Obiervations. ADDITION. [f] J'ai dit ci-delfus que j'avois conjeduri (t) Mém. fur les Inf. Tom. lïl, PJ. XIIÏ , Fig. I. îpag. 165. de i'cil. in-4''. Nota. Cette marque [f ] iléfigne les adlitioDS faites p2f J[*Aut€ur à cette nouveUe Edition, 3 X ao M E M 0 I R E S que cette nouvelle partie , dont j'ignore encore Tuflige , pouvoit être une filière : un Anonyme a cru s'en être -àiTuvé , comme on le verra par Fextrait fuivant d'une lettre que M. de Reau- MUR m'écrivit de Paris le 27 d'Avril 175 1. " Je ferai ufage du Mémoire que vous m'a- „ vez envoyé fur la nouvelle partie que vous 55 avez découverte aux Chenilles , qui fera très- „ bien placé dans le fécond Volume des Savans „ Etrangers. Un très-bon Obfervateur , qui ne 35 s'embarralTe pas d'être connu du public , qui 55 même pendant quelques années n'a pas voulu 35 que 'je le connuiTe lorfqu'il me communiquoit „ des Obfervations dont je ferai ufage G on 35 réimprime les Mémoires pour fer vir à PHifoire 35 des Infe&es m'en a envoyé depuis peu qui 55 me donnent beaucoup de penchant à croire 55 que , votre nouvelle partie des Chenilles eft 55 une filière. Les Obfervations dont je veux 35 parler ont pour objet la conftrudion des 35 Coques de terre faites dans la terre. Ce Sa- 35 vaut a mieux expliqué cette conlhudion que 35 moi. Il Ta expliquée comme j'ai expliqué celle 35 des Coques du Formicaleo. La convexité fu- 35 périeure de la Coque eft formée la première , ,5 quelqu'épaiiTe que doive être cette partie , 5;, la Chemile attache enfemble tous les grains D'HISTOIRE NATURELLE. ?a 53 qui la doivent compofer. Pour y parvenir ^ 53 elle fe fert d'une filière qu'elle eft maitrelfe 33 d'almiger bien aw-delà de ce que nous aurions 33 ofé imaginer. Le Chenille fait paiTer cette 33 filière au travers d'une tres-épallFe couche de 33 terre pour coller les grains enfemble. C'eft ce 23 que la belle Chenille du Rouillon-bianc , qui 33 eft une de celles de votre lifte , lui a fait 33 voir , & que d'autres Chenilles lui ont donné 33 occafîon d'obferver. ,3 Je répondis à M. de ReauMur en Juin de la même année : les Ohfervations de l'Anonyme fiqneni: beaucoup 'ma airiofité. J^ai quelque pen- chant: a croire que la fdiere qu'il a découvert efi nia noirLelle partie. Je n'ai qu'un doute là-deffus , c'eft que phifteurs Chenilles épincufes qui n'ont À filer qu'une frmple monticule , fo7it pourvues de eette partie. B 3 2iZ M É M 0 î R E S M É M O 1 R E Snr la gravide Chenille à Oneue Fourchue du Saule , dans lequel on prouve que la- lujutur que cette Chenille fait jai'lir , efi tni vcritaile acide , ^ un acide , très-' aBif. Sav. Etra^ng. Tom. lî , pag. Z'j6 (f); J.-i.l forme de cette Chenille eft finguliere, elf&' tient un peu de celle d'un pcliron : fa partie antérieure eft grolTe proportionnellement au corps y fa partie poftérieure eft effi'ée & fe ter- mine par deux tuyaux Qcaille'ux , dans chacun defqueis eft renfermée une corne charnue que Finlede fait fortir au befoin». Je n'ai voulu qu'indiquer un des traits qui carac'lériient cette Chenille Inigulierc s M. de R EAU MUR Ta décrite (ff) avec la darté oc l'cxacr titude qui lui font naturelles : je me borne ici (t) Lu le ? JiiilUt ^7V' . - rtf) Jlém. fur Us hif, Toni. lî , Méî?!. VJ. B'mSTOTRE NATVRELLE. %^ à montrer en peu de mots , ce qu'e-le m'a ofFert de plus nouveau ou de plus intérelTaut. L'oeuf dort cette CheniHe provient , n'a rien de remarquable \ il eft blanc , uni , len- ticulaire. J'ai trouvé des œufs de cette Efpece dépofés irrégulièrement fur des icuilles dç Saule : i^s y compofoient deux amas , l'un de cinq , l'autre de trois œufs,. La Chenille fe dépouille au moins trois fois avant que de fe renfermer , elle i'e prépare à la mue , en tapiifant de foie fcndroit far le- quel elle ie fixe. Qiielques momens avant l-e changement de pçau , on voit les tuyaux & \q% jambes écailleufes fe donner divers mouvemens qui tendent à les dégager de leurs enveloppes : la vieiiie peau s'ouvre, non. fur le dos, mai^ La troideme mue fait tomber les mamelons en formes d'oreilles de Chat , qui ibnt à 'a partie antérieure de l'Lifecle : à la place de c^s mamelons, paroiiîent deux taches noires. Cetre particularité fcnible prouver que la Chenille dont M. de Reaumur parle , (f) étoit de la même ffpece que celle dont il s'agit ici. (t) Tsmt; II , pai: :7s àc fes Mém. B 4, §4 M È M 0 I Tx E S En preifant les tuyaux de la dépouille près? de leur bafe ^ j'en faifois fortir les cornes r comme auroit fait la Chenille -, Se Ionique je- ceiîbis de prelfer , ell&s ' rentroient d'elles-mêmes dsns leur fourreau. Ces cornes n'étoient pas. rouges 5 comme elles, le font , lorfqu'elles tien- ïient à l'infede, mais bîancîiâtres. Une de ces Chenilles à qui j'àvois coupé les. tuyaux à leur origine , ne furvécut qu'un jour, à cette opération (l). Peu, après s'ctre dépoinllé'e , la Chenille fe jnet à dévorer fa dépouille : j'ai obfervé la même chofe dans la belle Chenille du. Tithymale (t) ?. (i) f Le 9 d'Août 174'? •> je- répétai cette expérience fur une ie'jne Chenille de cette Efpece. Avec des cifeaux j'empor- tai la moitié des tuyaux écailleux qui renferment les cornes. Il fortit par la pïaie quelques gouttes, d'une liqueur verte. Le lo, la Chenille cKangea de peau jr. mais elle ne put par- venir à dégager fa partie poftérieure : je lui aidai i & cela me donna lieu de m'aîTijrer qu'en coupant les tuyaux de la dé- pouille, j'avois coupé en. même temps les tuyaux de h nou- vsjle peau. Le 16 , h, Cheuiile fubit une fçconde mue j mais cette fois , elle n'eut pas befoin de mon fecours pour achever de fe dépouiller. Le 29, quantité de petits Vers hianchâtres qu'elle nourrifibifc dans fon intérieur, lui percèrent les côrés & fe filèrent à leur na'iïance , de petites Coques de foie, blna^-he', dont la phipart furent sttnchées fur le corps même de la Chenille. Malgré tant & de fi profondes blefTnrcs , elle vécut jufqu'au ?i. (f) ^''^y' le Mém. précédent y. N». i. D'HISTOIRE NATURELLE. 2$ dans la belle Chenille du Bouillon blanc (j) > dans une Chenille du Cerifier (i) (tj). J'ai va une Chenille du Tithymale manger l'eftomae d'une Chenille de cette Efpece , que je venois de dilléquer : j'ai vu de même rHénlTonne (tlf) manger le cadavre d'une autre Chenille 5 enfin j'ai obfervé une Chenille (fttt) 4^^ 5 immédiate^ ment après être éclofe , alloit ronger les Coques de celles de fon Efpece , qui n'étoient pas en- core venues au jour ,' & qui hâtoit ainfî le mo-- ment de leur nailTance. (ftttt) M. Bazin, Correfpondant de rAcadémie, excellent Obfervateur, avoit obfervé avant moi des Chenilles qui mangeoient leur dépouille y mais je l'ignorois quand je communiquai mon oblervatioii à M. de Reaumur :. celle de M. Bazin n'avoit pas encore paru. Après avoir acquis fon parfait accroifTement, la Chenille à quette fourchue ne tarde pas à tra- vailler à fa Coque. Avec fes, dents , qui font (t) Ibid. N«. 17. (1) Sur toutes ces Chenilles qui dévorent leur dépouille, coi'Tultcz l^s Ohf. div. fur les Lif. Obf. XVII, Oeuvres, jK L (tt) ^tjy- Je Mém. pre'cédent , N<^. 20. (ttt) Ihid. 41. Ctttt; Il)id. SI. ' Citttt; Voy. Ohf. Aiv. fur les Inf, Obf. Viq. 2(S M É M 0 I R t S fort tranclian tes , elle détache du Saii^e fur lequel elle a vécu , ou de la boîte dans laquelle ou 1'^ tenue enfermée , de petits fragmens qu'elle lie avec de la foie. Pour rendre ces fragmens plus propres à s'unir les uns aux autres , elle en remplit fa bouche, elle les y tient pendant quelr que temps , elle les y huniede j par-là , elle par- vient à donner à fa Coque un degré de foliditç qui diffère peu de celui eu bois. La foie de cette Chenille m'a paru d'une nature aifez particulière : ce n'eft prefque qu'une eolle très-vifqueufe , tirée en fil. Les vaiffcaux qui la fourniifent , font au nombre de deux ,• ils recouvrent l'eftomac & en occupent les deux tiers de la longueur : les plis & les. replis qu'ils y forment , femblent imiter l'arrangement des côtes fur la poitrine. Je fuis ailement parvenu à féparcr ces vaiffcaux des parties voifmes , & à les conferver dans l'efprit de vin.. Lorsqu'on regarde la Chenille de front c'^ dans le temps où elle fait rentrer fa tète fous fon premier anneau , on apperqoit , entre la lèvre inférieure & la prcmie:'-e paire des jambes , une fente oblongue Si c.arifverfale (1), d'envi- ron une ligne & demie de longueur. Si l'on (f; Cbf. iiv.fiiy In hf. Pî. ÎII , Fig. 5,/. D'HISTOIRE NATURELLE. ^■i preiTe la partie antédcurc de rînfecle , on verra fortir de cette fente des jets d'une liqueur lim- pide, d'une odci;r tiès-péiiétrante, & aiTez ana- logue à celle des Fourmis } on obfervera de petits frémiâTemens dans les lèvres cîe la f?nte': il Ton pouiïe la prelîion plus loin , on verra paroitre aux extrémités de la fente , deux petits corps (|) de figure comique , qui tendront à s'écarter Tun de l'autre à mefure qu'ils s'avan- ceront au-dehors : une efpece de bourrelet s' élè- vera alors fur la fente.. On reconnoît fans doute que la partie dont )e viens de parler , eft précirément la même que celle qui a fait le fujet du Mémoire précédent; j'y renvoie donc le Lcdeur. En prefîlnit très - fortement la partie anté- rieure d'une Chenille de cette Efpece, qui venait d'achever ïà Coque , je vis fortir de i'intérieu.r de la fente avec les quatre petites cornes dont il s'agit , une veille de la gro/ïcur d'un petit pois, de couleur violette, fur laquelle on- obfer- yoit des ramifications de vaiifeaux d'un blanc arge'ité, q^\\ ne pouvoient être prifes que pour des trachées : ayant tenté de tirer cette vefîie hors du corps , é\Q entraîna avec elle un long (t) IhiL PI. lij, T^' HISTOIRE NATURELLE. n 'lefpece de fouet pour chailer ces Mouches , ne la défend pas toujours bien contre leurs infuU tes. J'ai obfervé deux Efpeccs de Vers man-r geurs de cette Chenille. La première Elpece ne ni'a rien ofFert de particulier, elle eft fort petite, elle vit dans Tintérieur de flnfede ; & lorf- qu'elle eft parvenue à fon parfait accroillement , elle perce fa peau & fe file au-deifus une Goc^ue ■de foie. La féconde Efpece eft plus remarquable , elle fe tient fur l'extérieur de la Chenille j elle y paroit d'abord ibus la forme d'un petit œuf noir •& brillant comme du jais. Ce petit corps fcm- ble implante dans la Chenille par un court pédicule : peu-à-peu commence à fortir de dél- ions cette Efpece de Coque un Ver blanchâtre & d'une fubftance molle. Ce Ver groilit & s'alonge de jour en jour, mais fans abandonner La Coque dont je viens de parler. Cette Coque femble diminuer de grandeur , quoiqu'à parler exadcment, cette diminution ne foit qu'appa-. rente, étant due uniquement à la comparaifoii que l'œil fait du volume de cette Coque avec celui du Ver : enfin , ce Ver change de peau s alors la Coque tombe , & le Ver paroit tel que tant d'autres qu'on trouve dans les fruits ou dans le corps de divers Infectes. Je n'ai pu Tnûie IIL C 34 MÉMOIRES cependant m'airurer de la Chiffe à laquelle il appartient. Je Pai Vu quelquefois tirer des fils à la manière des Chenilles. Lorfque j'ai exa- miné ces Vers à la loupe , j'ai obfervé dans ieur intérieur des mouvemens analogues à ceux que les Anatomiftes ncmm^^nt vermiciiLùres. J'y ai encore découvert des couches d'une liqueur blanchâtre , qui alioit alternativement de la tète vers la queue , & de la queue vers la tète. J'y ai auffi apperqu de petits grains blancs de forme irréguliere , fitués de part & d'autre de la grande artère , & qu'on pourroit foupqonner £iire partie du corps graijjenx: tout cela mérite d'être mieux examiné. 'îi'mSTOIKE NATURELLE, 3f RECHERCHES Sur la refpiratlon des Chenilles ; fur celle des Papillons , & far les Faux-Jîigmates de la Chenille gui mt en f&ciété fur k$ -Fins. Sa V. Étîiang. 'Tom. V , pag. 27<^. E ï N T R O D Û C T I O N. Ntre les mer veilles qui brillent dans l'éco*' iiomie animale , le mécaiflfme de la refpiratiou 'tient un des premiers rangs : auffi les plus grands Anatomiftes fe font-ils beaucoup exercés à en pénétrer le jeu & la fin. Mais jùfqu'ici ils l'ont plus étudié dans les grands Animaux que dans les Inlecles , & il ne fout pas en être fur- pfis : ceux-là leur ont flins douce paru avoir des rapports plus prochains avec cette machine qu'il nous importe (i fort de connoitre. Cepen- dant cet appareil de fiiginates & de trachées que Malpighi a découvert dans ies autres , étoit b^en propre à piquer la curiofité des Phyficiensj ^ à les exciter à faire là-dellu^^ de nouvelkl C g ^6 MÉMOIRES tccherclies. M. de Reaumur a été le premier que je iache, qui l'ait foit , & qui, en vérifiant ies expériences de cet illuftre Obfervateur , ait ajouté à fes idées. Ceft en m'eiforqant de fuivré les traces de M. de Reaumur , que j'ai aulFi entrepris de travailler fur ce fujet inté- relïant. J'ai d'abord eu en vue principalement de m'alfurer 11 les ftigmates ne fervent qu'à Vinfpiration , comme M. de Reaumur l'a éta- bli (7) , ou s'ils fervent auffi à V expiration^ comme quelques expériences que je lui avoiâ communiquées précédemment , m'avoient paru Finfinuer , & voici alTez en détail , & peut-être trop ., celles que j'ai tentées depuis. I. Sur la refpiration des Chenilles, PREMIERE EXPÉRIENCE. Le 12 de Juillet 1742 , j'ai plongé dans Peau une jeune Chenille du Tithymale (|f) , qui ne fembloit avoir pris encore que la moitié de fon accroiifement; elle s'y eft beaucoup agitée pen- dant quelques momens , & je n'ai point vu durant cet intervalle , fortir de bulles d'air des (t) Mém. fur les Jnf. Mém. III, Tome I, p. 151 , &c. (tt) Mém. i\e Reaum¥r, Tome I, PI. XIII, Fig. i. i D'HISTOIRE NATURELLE. 37 ftigmates j il en a paru feulement en divers autres endroits du corps , comme autour de la bouche & de Tanus , dans la jonction des an-, neaux , &c. mais lorfque les grands mouvemens ont ceïïe , quand la Chenille ne fe donnoit plus que de petites fecouifes de la partie anté- rieure , j'ai obfervé une bulle d'air plus grofle que la tète d'une épingle qui fortoit & ren- troic alternativement de chacun des deux pre- miers ftigmates, fans qu'elle s'en foit détachée pour s'élancer vers le haut ; ce qui a duré au-^. tant que les petites fecouffes ont continué. J'ai encore fiit une femblable expérience far une autre Chenille de même Efpece & de même âge que la^ précédente ; les réfultats n'en ont pas ditféré feniiblement. DEUXIEME EXPÉRIENCE. Comme l'air s'attache plus ou moins à: la furface de tous les corps , & qu'il les fuit memf^ jufques fous l'eau , lorfqu'ils y font plongés , j'ai pcnfé que celui c a^ paroit alors fur toute la furface du corps d'une Chenille , provient moins de l'intérieur par voie à'expiratioyi , que du dehors par voie d'adhérence : afin de m'en éclaircir 6i d'ôter toute équivoque , j'ai eflayé - c 3. 5g M È M 0 I R E S: de cîialTer l'air de l'extérieur des Chenilles fe îelquelles j'ai voulu tenter ces expériences^ c'eil:-à-dire qu'avant de les- plonger dans l'eau, j-e les ai mouillées à diverfes reprifes , en pre- nant la précaution de faire pénétrer l'eau , foit avec un pinceau , foit autrement , dans tous les endroits où on fait que Fair a plus de prife ^ comme dans les plis des anneaux , les inégalités, des jambes , &c. ce qui ne m'a pas toujours, été également facile. Il m'a paru que ces In- feéles ont la peau d'un tiifu alfez femblable à celui des plumes des Oifeaux ou des feuilles de certaines plantes :, qu'on mouille difficilement >, Se c'elt avec raifon que la Nature a pris foin de munir ainfi nos Chenilles , puifque la plu-, part ne font pas. moins expofées que les Oifeaux aiêix injures de la pluie, fur -tout celles qui. vivent fur les plantes baifes^ où l'humidité s'en- tretient fî aifément. ILorfque M. de Reaumur a tâché de rendre raifon pourquoi certaines Chenilles ^ comme le Ver-à-foie > laiifées fous Feau pendant plufieurs heures , n'y périffent pas y. il a en recours à cette conjedure , que ce fluide ne pénétre p*»; dans la cavité des ftigmates, qu'il s'y conferve ainfi une certaine quantité d'air. Cette explication n'eft plus fim^, plement coiijedurale > elle eft fondée fur un feit «:eîtain. Je cxgm ^YQk aès.-bien obfervé 3'HISTOIRE NATURELLE. ^9 dans quelques Chenilles tenues fous l'eau & vues d'un certain Fens , qu'il étoit refté de Pair dans le bailin de chaque ftigmate y ce qui lui donnoit un œil argenté : (iins doute que les ftigmates ont été mis encore plus en état que les autres parties du corps de réfifter à l'hu- midité 5 il le talioit. Toutes les expériences qui fuivent ont donc été faites avec la précaution dont je viens de parler : ainli je n'ai pas cru néceiîaire d'en avertir en parlant de chacune : j'en excepte feu- iement celles où je me fuis cru engagé à le faire» Je reprends donc le fil de mes expériences. J'ai plongé dans l'eau une troifieme Chenille du Tithymale , -à-peu-près du même âge que les deux premières j mais quoiqu'elle s'y foit beaucoup agitée, ainti que celles -ci a je n'ai cependant point vu fortir de bulles d'air d'au- cun des ftigmates , & il n'^eii a point paru non plus fur aucun autre endroit du corps, TROISIEME EXPÉRIENCE. J'ai tenu fous l'eau une Chenille du Tithy- male , un peu plus jeune que les précédentes ; elle s'y eft donné de violens mouvemens , elle «L même jette des excrémens par la bouche : 40 MEMOIRES cependant je n'ai apperqu que deux petites, bulles d'air , l'une entre les deux jambes de la féconde paire des écailleufes >, l'autre au-defliis. du huitième anneau. (QUATRIEME EXPÉRIENCE. J'ai mis à une femblable épreuve une Cbe^ îiille de même Efpece que celles des expénen--. ces précédentes , & àr-peu^près de l'âge des. trois: premières; je n'ai apperqu à la vue fimple que deux petites bulles , placées l'rme entre les jambes écailleufes de la féconde paire , Tnutre à côté d'une troifieme en^dehors \ mais la loupe- m en a fait découvrir de très-petites en. divers. endroits. Quelques foins, q-ue l'on prenne pour cbaiTer Pair de l'extérieur , il refte toujours de petites placer où il demeure adhérent. CINaUIEME EXPÉRIENCE. J^Aï plongé dans Teau une trèsr-grande Che- îiiîie du: Tithymale , j'ai vu à la vue (impie, mais, mieux à la loupe , beaucoup de très-petites, bulles; d'air fur toute la furface de fon corps ^ mais; 1% vCeix ai point obfervé fortir des îfig- niâtes, v. q\Çl fur cette Chenille que j'ai d'abord srenosrqué que m peau de ces: Infedcs a une &»:t]?i d'^îidmt impénétrable ,. jufqu'à un, certain B'mSTOTRE NATURELLE, 4^ point , à rhuraidité y je n'ai pu parvenir à la bien mouiller , à la mouiller à fond.. SIXIEME ET SEPTIEME EXPERIENCES. J'ai fait périr dans Pefprit de vin deux Clie-. ïiilles du Tithymale , du nombre de celles doait j'ai parlé dans les expériences précédentes ^ Pune des plus jeunes , Pautre des plus grandes , & qui toutes deux avoient repris, leurs forces y elles sy font violemment agitées , comme il eft aifé de Pimaginer , cependant je n'ai point vu fortir de bulles d'air des ftigmates , & il n'en a point paru , au n^oins de bien fenfibles , fur le refte du corps. J'ai enfuite ouvert la plus grande tout" du long du dos , après l'avoir laiffée aifez long-temps dans la liqueur pour lui ôter la vie : ce qui m'a le plus frappé d'abord , outre Peftomac bien rempli , fes différens ordres de fibres mufculaires , fon cordon longitudinal & fes admirables ramifications de trachées , q'a été les vailleaux dits variqueux , étendus le long de la plus grande partie de l'eftomac , mais fort repliés vers le gros ijiteftin. Je n'ai pu. refufer mon attention à ces efpeccs de créne- lures ou de franges en forme de grappes , qui font pour ces vaiifeaux un fi grand ornement, & dont Pufage eft encore inxonniv Ils m'ont 43 M È M 0 I R E S^ paru , je dis ces efpeGes d'appendices ou de franges , plus diftincls dans les endroits où les vaiiîeaux font le plus replies. J'ai obfervé auffi très-nettement la conformation du corps grmf- feux , compofé d'un aifemblage prodigieux de vaiffeaux aifez larges , mais plats repliés les uns fur les autres , de couleur blanche fous l'eftomac 8c jaune fur les côtés. D'où vient cette diffé- rence de couleur ? Ces vaiiîeaux font-ils plu- fieurs , ou n'en cft-ce qu'un feul ? Je pencherois pour ce dernier fentiment. Il m'a femblé qu'avec beaucoup de patience & de dextérité on pour- ïoit parvenir au moins à en dévider quelques pouces : je crois avoir remarqué que leur en- trelacement imite celui des inteftins des grands animaux , qui efi; feulement plus compliqué - j'ai très-bien vu auffi la moelle fpinale j je lui ai compté onze nœuds. Mais voici une expé-. rience fort curieufe : j'ai piqué avec une épin^ gîe ces nœuds , & j'ai obfervé avec un fin- guîier plaifir , les mufcles correfpondans fe con~ trader , & cela demi-heure après . la mort de la Chenille (i). CO Ceci tçnoit à V Irritabilité , cette propriété ilç k fibre iniifciilaire , devenue depuis fi Fameufe par les belles expé-. rienccs de M. de Haller. Je tou€hf)is donc ici fans le fa-^. voir , à cotte propriété (ecrette , ft féconde en grands effets, dans les machines animales , & quç je ne comioiîïels pas. même de noim B'mSTOlRE NATURELLE. 45 HUITIEME EXPÉRIENCE, Pour mettre à l'épreuve des Chenilles eu tans états , j'ai plongé dans Peau une Chenille de l'Efpece des précédentes qui n'écoit pas éloignée de la métamorphofe , & qui s'étoit extrêmement racourcie. Aux divers mouvemens qu'elle s'eft donnés , il eft forti de grolîes bulles d'air de îa plupart des ftigmates , & principa- lement des antérieurs : J'ai elîliyé d'en faire de même fortir , " en preflant la Chenille , ce qui m'a réuffi : ces bulles ne s'élanqoient cependant pas vers le haut , elles fortoient & rentroient alternativement , elles étoient infpirées & expi-. rées fuivant que je mdnageois la preffion, NEUVIEME EXPÉRIENCE. J'ai tenu fous Peau une autre Chenille du Tithymale , peu éloignée de fon parfait accroif- fement ; il eft forti pendant l'agitation de groifes bulles des ftigmates antérieurs 8c poftérieurs. DIXIEME EXPÉRIENCE. J'x\i plongé dans Phuile une grande Che- nille du Thitymale : elle s'y eft beaucoup agitée , & il a paru fortir quantité de bulles d'air de divers endroits du corps , excepté des 44 MÉMOIRE ^ iligmates. Je n'avois point auparavant mouillé celle-ci j je n'ai pas befoin d'en dire la raifon. L'âYANT ouverte trois heures ^ demie 3près, je n'ai apperçu aucun mouvement dans, l'intérieur des vifceres , ni en piquant la moelle fpinale. J*Aî mis à la même épreuve une autre Che- nille de mèm.e Efpece & de même taille que la- précédente , & je l'ai ouverte entre la ligne du, <îos & celle des jambes , mais je n'ai vu aucun; mouvement dans l'intérieur : elle n'avoit de- meuré dans la liqueur qu'une heure & un quart., ONZIEME EXPÉRIENCE. Jai fait fubir le même jour l'épreuve de l'eau à une Chenille à tubercules du Poirier de la moyenne Efpece (f) : elle s'y eft agitée & elle a rendu par la bouche des excrémens , mais je n'ai obfervé que fort peu de bulles d'air , & de très-petites fur l'extérieur , foit en rCj em- ployant que mes yeux feuls , foit en leur don- nant le fecours d'une loupe. Les plus groffes ont paru autour delà bouche , & c'eft fort l'or- dinaire dans toutes ces fortes d'expériences. (t) RçAUMUS , Tenu î, PI. L ,. Fig. i.. î)'liISTOlkE NATURELLE, 4^ En général, je crois avoir remarqué que la tète ne fe mouille qu'avec peine : il eft difficile d'en chalFer abfolument l'air extérieur , il y trouve trop de prifes , fur-tout dans les environs des mâchoires. DOUZIEME EXPÉRIENCE. J'ai plongé dans l'eau une de ces grandes Chenilles qui reiFemblent , pour le* fond de la couleur , à celle que j'ai nommée la Léfarde , & que GoEDAERT a nommée l'Eléphant, (f) Pen- dant qu'elle a continué de s'agiter , il ell forti de très-groifes bulles d'air des ftigmates , prin- cipalement des antérieurs. J'en ai fait fortir de même fuccefîivement de tous en la prelfant de diftance en diftance , & j'ai remarqué que c'é- toit dans les moments où FLifedle grolîiiîbit fon corps , que ces ouvertures laiifoient échaper l'air. Les bu lies qui ont paru fur la peau , n'ont pas été confidérables & en grande quantité 3 il m'a même femblé qu'elles ne provenoient pas de l'intérieur , mais qu'elles étoient attachées aux endroits dont je n'avois pu parvenir a chaifer (t) Voyez la dercripbîon He cette Chenille, Ohf. div. fur lei Jnf. Obf. XV. Elle eft une de celles fur lefquelles j'avois découvert ces efpeces de faux-Jîis^wittes ^ Û peu appareils, &i dont j'ai parlé dans cette Obf. XV. 4^ MEMOIRES totalement Pair : cette Chenille a, comniè k Chenille nommée le Sphinx (f) ^ tout le corps coupé par des rides ou plis aiîcz profonds , qui femblent autant d'anneaux , d'entre lefquels il n'eft pas aifé de chaiïer entièrement l'air : c'eft auffi dans les interftices de ces plis que les bulles m'ont paru en plus grande quantité ., lorfque l'Infede a été plongé dans le liquide : à quoi il faut ajouter le tiffu particulier de l'é- piderme , ou l'efpece de vernis dont il eft en- duit , qui le rend plus ou moins impénétrable à l'eau. Or l'épiderme de cette Chenille , de rjiême que celui du Sphinx , dont je parlerai bientôt , font ceux qui réiiftent le mieux à l'ap- pUcation de l'eau» Ayant plongé de nouveau cette Chenille dans la liqueur, & la forçant de fe tenir au fond , en appuyant mes doigts aflez fortement fur fon corps , j'ai vu fortir de fa bouche des jets de bulles d'air de différentes grofleurs. Après l'avoir lahTée afTez long-tems dans Peau pour lui faire perdre tout mouvement » j'ai eifayé d'en retirer feulement la tète & les deux [f] Voyez le Mémoire de M. de Rsaumur fur les Che- aUles fingulieres . dans fon hiftoire des Infecles , Tom. H, FI. XX, Fis. i. / D'HISTOIRE IslÀTUEELLE. 47 premiers ftigmates , à defîein d'éprouver fi l'air que peuvent fournir ces feules ouvertures feroit fuffifant pour ranimer flnfede 5 & c'eft ce que j'ai vu arriver. TREIZIEME EXPÉRIENCE, J'ai tenu fous l'eau une Chenille Sphinx parvenue à fon dernier accroilfement : pendant l'agitation qui a duré alîëz long-temps 5 il eft forti de très-groifes bulles d'air des ftigmates ; & il en a paru aulîi quelques petites dans cer- tains endroits dont je n'avois pu bien chalfer l'air , par les raifons que j'ai dites à la douzième expérience , comme dans la jondion des anneaux , l'entre-deux des plis , &c. QUATORZIEME EXPERIENCE. J'ai plongé dans l'eau ., pour la troifieme fois 5 la Chenille de la douzième expérience , qui de- puis étoit fore raccourcie , ne paroilTant pas éloignée de la métamorphofe. Je m'attcndois que les ftigm.ates laiiferoient fortir l'air plus facilement & en plus grande quantité , cependant il n'eft forti qu'une buile ou deux des anté- rieurs : à la vérité la Chenille s'eft fort peu agitée. Je l'ai prelfée entre mes doigts pour eifayer fi cela produiroit un effet plus coniidé- 4% M à M 0 i R E S rable & tel que celui que j'ai rapporté dan^ îà douzième expérience > mais c'eft ce qui n'elî point arrivé. QUINZIEME EXPÉRIENCE. J'ai encore fait cette expérience : j'ai plongé dans l'eau une grande Chenille à corne , de î'Efpece de celle repréfentée au N^. 24 du GoE- DAERT de Lister 5 il n'eft forti que quelques bulles d'air des il;igmates antérieurs , & il n'en a prefque point paru fur le refte du corps : j'ai prelTé cette Chenille j mais allez foiblement, & cette épreuve n'a point été fuivie du fuccès que î'avois Heu d'en attendre. SEIZIEME EXPÉRIENCE. Ces dix-huit bouches qni ont été accordées aux Chenilles & à tant d'autres Infectes pour refpirer , leur font-ellec toutes abfolument né- ceiïàires ? La quantité d'air que deux de ces bouches font capables de faire entrer dans le corps 5 ne feroit-elle pas fuiîifante pour en en- tretenir les mouvemens ? Le furplus ne feroit-il point un furcroit de précaution plutôt que de nécelïïté ? On a vu ci - dclfus , à la douzième expérience , qu'une Chenille , après avoir perdu tout mouvement dans Peau 5 cil revenue , pour ainii ■'^TT-nTr-i D'HISTOIRE NATUEELLE, 4^ ^infi dire , à la vie , lorfque fa tète & fes deux premiers ftigmates ont été mis à l'air. Cette expérience ne femble-t-elle pas établir ces foup- (jons d'une manière à leur donner beaucoup de probabilité? On m'objedera fans doute qu'une feule expérience ne fuffit pas , & que celle que je viens de citer ne prouve pas tout ce qu'elle nie paroît prouver : je n'ai garde de m'obftnier Jà-delfus j je vais ieuiement rapporter celles quf j'ai tentées en confirmation. J'ai commencé par plonger dans Peau en entier une Chenille Sphinx parvenue à fon der- nier accroilTement s je l'ai forcée à fe tenir au fo;id pendant tout le temps néceifaire pour lui faire perdre fes forces & la m.ettre dans un état de mort , ce qui eft bien-tôt arrivé 5 mais pendant que la Chenille confervoit encore de la vigueur, j'ai vu foi tir beaucoup de foré groiîes bulles d'air des ftigmates. Ensuite je l'ai retirée hors de Peau 5 8c après lui avoir donné le tems de reprendre fes forces , je l'y ai plongée pour la féconde fois en entier :' je l'y ai laiifée pendant un quart d'heure, jufqu'à ce qu'elle ait perdu tout {en-^ timent : alors j'ai mis à Pair feulement la tète &: les deux ftigmates antérieurs. La tète n'^ Tome III D 5'o MÉMOIRES pas manqué bientôt de fe donner des niouve- mens j elle s'eft portée à droit & à gauche ; le corps y a participé à fon tour , de même que les premières jambes , mais non les mem- hraneufes , puis elle a fait effort pour marcher , Se durant ces mouvemens , j'ai vu fortir beau- coup de bulles d'air des ftigmates antérieurs , pollérieurs & intermédiaires : ces bulles étoient lancées avec force à la furface de l'eau , où elles iembloient crever avec éclat. Pendant environ demi-heure la Chenille a continué de fe donner ies mêmes mouvemens , mais j'ai cru toujours remarquer que quoique ces mouvemens fulfent tels , que (i je ne Pavois retenue , elle feroit tout-à-fait fortie hors de l'eau , cependant les jambes membraneufes n'y participoient que fort peu. Eft-ce que l'air qui entre par les ftigma- . tes qui leur répondent feroit néceiî'aire pour animer les mufcles qui les font jouer? DIX-SEPTIEME EXPÉRIENCE. J'ai fait cette féconde expérience 3 j'ai plongé; la Chenille dans l'eau ; je l'y ai tenue jufqu^àj ce qu'elle ait perdu tout mouvement ; j'en ail retiré enfuite la partie poftérieure , c'eft-à-dire , l'anus avec les deux derniers ftigmates : j'ai laifle la Chenille dans cette fituation pendant environ une demi-heure , fans qu'elle ait paru D'HISTOIRE NATURELLE, ^x le moins du monde fe mnimcr : puis j'ai mis à l'air ruccefTivement , jurqu'aux cinq paires Suivantes des ftigiiiates j rinfecle iren a pas donné des lignes de vie plus marqués. Sur ces entrefaites , ayant été obligé de fufpendre l'expérience 5 je Fai reprife le jour fuivant J'ai donc mis fucceiTivement à Pair tous les ftigma- tes , à commencer par les poftérieurs , la Che-- nille étant furpendue au moyen d'un fil , & la bouche feule trempant dans l'eau : je lai laillee aiiiiî en expérience pendant environ trois quarts d'heure i elle ne s'cft donné aucun mouvement. Avec un chalumeau j'ai pompé l'eau & j'ai mis ainfî la bouche à l'air ; a^u bouc d'environ une demi-heure ayant touché la Chenille , elle s'eil: -donné des miouvemens , & j'ai reconnu qu'elle avoic repris fes forces. DIX-HUITIEME EXPÉRIExVCE. Le foir du même jour , après avoir laiffé la Chenille dont je viens de parler , fufjoendue dans l'eau pendant environ deux heures , de hqon que les cinq dernières paires de (tigmates étoient à l'air , & voyant à mon retour qu'elle n'avoit point perdu le mouvement , j'ai verfo de l'eau dans le vafe jufqu'à ce qu'il ne foit relié à découvert que Tanus & les deux ftîinaa» D z ^2 MÉMOIRES tes pofterieurs. J'ai laiiTé la Chenille plus de demi-heure dans cet état , pendant lequel in- tervalle de temps je n'ai point difcontinué à robferver 3 j'ai vu qu'elle s'eft recourbée de fois à autre pour atteindre la furface de l'eau , & que dans les eiiorts qu'elle a fait pour cela , il eft forti des ftigmates antérieurs des bulles d'air , mais qu'il n'en a paru aucune ailleurs. J'ai remarqué de plus que ces bulles étoient expirées au moindre mouvement de l'Infedle , mais qu'elles augmentoient en quantité & en grolîeur lor (qu'il s'agitoit davantage. J'ai encore obfervé que pendant tout ce temps , les deux efpeces de petites cornes ou d'antennes qui partent des deux côtés de la lèvre fupérieure , étoient mues avec afTez de vitefTe : les jambes éeailleufes Pétoient auffi , quoique foibîement, & nullement les membraneufes. J'ai vcrfé enfuite de l'eau pour couvrir les deux ftigmates pofterieurs -, la Chenille s'eft auiîî-tôt violemment agitée , fans que néanmoins il foit forti aucune bulle d'air des ftigmates : enfin toute agitation a ceifé. J'ai pompé Peau fur le champ & j'ai remis à l'air les deux ftigmates pofterieurs i la Chenille n'a pas tardé à repren- dre du mouvement , mais un moment après elle eft retombée en léthargie : j'ai eu beau la D'HISTOIRE NATURELLE 53 f reffer entre mes doigts , elle n'a point donné de fignes de vie. Quelle eft la caufe de ces bizarreries apparentes ? N'eft-ce point qu'après avoir couvert les deux ftigmates poftérieurs , & après les premières agitations qui ont en- fui vi , i'Infede n'avoit pas néanmoins encore perdu totalement fes forces s & que Jorfque j'ai eu remis à l'air les deux derniers ftigmates , ils ont continué pendant quelque temps à de- meurer bouchés par l'eau ? Mais dans cette conjedure, que devient cette petite provifioii d'air qu'on fait être en réferve dans le creux de chaque ftigmate ? ' DiX^NEUVlEME EXPÉRIENCE. J'aî fufpcndu dans l'eau par îa corne une autre grande Chenille Sphinx , les deux der- niers ftlgm:-itcs feulement hors de i'eau & la partie antérieure retenue au fond par un poids attaché , au moyen d'un fil , autour du corps de la Chenille , après la dernière paire des jam- bes écailleufes : j'ai eu foin que ce fil ne gênât en aucune manière rinfede , qu'il ne fit que l'cmpècher d'élever fa tête à la furface de l'eau , [ comme font ordinairement les grandes Che- nilles tenues dans cette attitude <& dont la par- tie antérieure ed abfolument libre. Pendant la D 3 ^4 MÉMOIRES première demi-heure , j'ai remarqué des jets de groiîes bulles d'air qui fortoient de temps à autre de la première piùre des il:igm/ates : ces bulles étoient comme dardées à la furface de l'eau , où elles fe rompoient ; mais il n'en for- toit pas , à beaucoup près , auffi fouvent ni en fiulli grande quantité & de ii groifes , des au* très (ligmates -, celles même que lailioient échap- per ces derniers , reftoient la plupart attachées au corps. Ceci né fcmble-t-il pas prouver que les ll:igmates antérieurs chailent l'air avec plus de force , & qu'il y a entr'eux & les pofté- rieurs une communication plus immédiate r' Au reftc la Chenille fe donnoit les mêmes mouve- jnens de tout le corps que fi elle eiit été hors de Peau , à quelque dilierence près : elle failoit effort pour marcher y elle embralfoit avec fes jambes écailleufes & les premières des mem- brancufes , le poids qui l'empèchoit de s'élever , elle le Ibuîevoit : elle a rejeté enfin par l'anus de gros excrémens bien moulés. Au refte je n'ai prefque point vu de bulles d'air fur la peau j le peu qui en a paru a été des bulles tres-petites. Pour pôulTer plus loin cette expérience , j'ai laiilé ma Chenille ainfi fufpenduc jufqu'au 8 du mois , que je l'ai trouvée morte : pendant «QUI vwt iai^^^vuli^ de tempii elle a coniervé les jy HISTOIRE NATURELLE, ^$ forces en entier , & les ftigmates antérieurs ont continué à me faire voir des jets de bulles d'air à chaque mouvement de i'animal. Deux ftigma- tes fuffifent donc pour conferver la vie à une Chenille , au moins pendant du temps. J'en donnerai bientôt une preuve encore plus frap- pante. VINGTIEME & VINGT-UNIEME EXPÉRIENCES. J'ai fait deux autres expériences : j'ai plongé dans l'huile une Chenille Sphinx de l'âge de la précédente ; trois quarts d'heure après je l'ai ouverte le long du dos , un peu à côté de la grande artère s j'ai vu l'intérieur fe ranimer , mais feulement vers la partie poftérieure , & bientôt cette efpece de réfurredion s'eft changée en une véritable mort. De ce que l'intérieur a paru fe ranimer vers la partie poftérieure plutôt qu'ailleurs , ne pcurroit-on pas en conclure que c'eft là qu'eft le principe du mouvement du cœur ? C'eft ce que M. de Reaumur avoit àé,]à foupqonné. T'en ai fufpendu une autre de la même efpece & de la même grandeur dans l'huile , la tête en emba^, & feulement les deux der- ^ê MÉMOIRES mers ftigmates hors de la liqueur ; elle s'y cS agitée, mais je n'ai vu fortir de bulles d'air que d'un des ftigniatcs de la cinquième paire , & il n'en eft forti que deux ou trois , même alfez petites , qui ont gagné le haut. Cette Chenille a donné des fignes de vis pendant environ troiâ quarts d'heure s au bout de ce temps-là , la jugeant morte , je l'ai ouverte comme la pré- cédente j tout fon intérieur a paru fe ranimer , inais cela -n'a duré que quelques fécondes : le peu de temps que cette Chenille a vécu , fuf- pendue ainfi dans l'huile , n'indique-t-il pas que cette hqueur s'applique û exaelement à chaque fligmate , qu'elle ne permet pas à l'air d'en fortir , du moins en une quantité pro- portionnée à la quantité en laquelle il eft entré par les deux ftigmates poftérieurs , & qui eft îîécelFairè pour entretenir la vie de l'animal ? VINGT-DEUXIEME EXPÉRIENCE. LèRS«^ÙÈ je communiquai à M. de Reau- BXÎR mes premières expériences fur la manière dont s'opère la refpiration dans les Chenilles, il me répondit qu'il fe pouvoir que chez celles (^ui font parvenues à leur dernier accroiifement y les fti^^mates ont plus de difpofition à laiifer écteppei FaiTo. AEh. donù dfî m'alfurer s'il n'en ï)'HISfOIRE NATURELLE. 5f eft pas de même dans les jeunes Chenilles , j'ai fait le 6 Août l'Expérience fuivante : j'ai plongé dans Peau , comme je Tai rapporté de la Che- nille de l'expérience dix^neuf , une jeune Che- nille de refpece de celle que j'ai dit reiTembler , pour la couleur , à la Léfarde ou Cochonnette , ou l'Eléphant de GoEDAERT; elle n'avoit guère plus d'un pouce - de longueur , & elle avoit changé de peau la veille : de temps à autre il a paru fur les premiers ftigmates une groffe bulle d'air qui le plus fouvent eft rentrée dans l'intérieur , mais qui quelquefois s'eft détachée pour gagner la furface de l'eau , les autres ftigmates n'en ont fait voir que très-rarement , de même .que la peau : la Chenille s'elt donné les mêmes mouvemens à-peu-puès que celle de l'Expérience dix-neuF> elle a vécu ainfi j ufqu'au dixième jour , qu'elle eft morte. Au refte , cette Chenille eft' de l'Efpece de celles que j'ai obfervces m mger leur dépouille (|). VINGT-TROISIEME EXPÉRIENCE. J'ai fufpe^ndu dans l'eau , comme dans l'Expé- rience précédente , une Chenille Sphinx , non (t) Ohf, div, fur les Irf, Obf. XVII.. f 8 M È M 0 I II E S encore parvenue à Ton dernier accroîiTement : pendant fix heures que je l'ai tenue dans cette attitude & qu'elle s'eft donné les mouvement accoutumés , j'ai vu foutir des ftigmates anté- rieurs de grolfes bulles d'air , & par fois des intermédiaires , mais il n'en a paru aucune fur le refte du corps : j'ai remarqué que les bulles qu'ont laiiTé Ibrtir ces ftigmates , n'en Ibnt pas forties ni auîli fréquemment ni en auffi grande quantité que de ceux de la Chenille de l'Expérience dix-neuf. Mais , dira-t-on , peut-être ce ne font pas îes feuls ftigmates poftérieurs laifles à l'air qui ont fuffi à entretenir le mouvement dans des Chenilles fufpendues dans Peau , comme celles des dix-neuf , vingt-deux & vingt-troifieme Ex^ périences : qui fait fi les autres ftigmates , quoi- que plongés fous l'eau , n'y ont pas contribué de quelque manière , foit par la petite quantité d'air que le baffinet de chaque ftigmate peut retenir , foit en féparant celui qui. eft contenu dans le liquide ? Cette objedlion n'eft fans doute pas de celles qui paroitront mériter de nou- velles expériences : dès que les Chenilles que l'on plonge tout-à-fait dans l'eau y pérllfent. ordinaiixment au bout de quelques heures , & que celles. qui y vivent le plus long-temps iie D'HISTOIRE NATURELLE. ^9 pafTent guère le jour entier , on ne voit pas comment Tobjeclion en queftion peut fe fou- tenir. Cependant je ne nfen fuis pas tenu là, il y avoit une expérience (impie que j'ai voulu teîiter ; elle confifte à appliquer de l'huile avec un pinceau fur les deux ftigmates poftérieurs laiilës à l'air. Je l'ai fait fur la Chenille dont il s'agit ici , elle eft tombée bientôt en de vio- lentes convuliions , qui ont duré pendant quel- ques momens , & durant lefquelles il eft forti quelques bulles d'air des ftigmates antérieurs. A CCS convuliions a fuccédé une profonde léthargie. Ensuite , pour efîliyer de ranimer ma Che- nille , j'ai tiré avec un chalumeau de l'eau du vafe 5 jufqu'à ce que j'aie eu mis les deux ûig^ mates pénultièmes à l'air ; quelques momens après j'ai appercu l'Infede fe trémouirer de tout le corps , mais fans autre mouvement i foit des jambes , de la tète , &c. & ces trémouife- mens n'ont pas été de durée. Enfin , j'ai mis à l'air fuccefîîvement les quatre paires de ftigmates fuivantes ; la Chenille a continué à demeurer immobile j mais l'ayant piquée , elle s'eft donné des mouvemens qui marquoient de la vigueur , puis elle eft retonu bée dans fon efpece de létharçrie. 6o M É M 0 2 R E S VINGT- QUATRIEME ^ VINGT- CÏN- / QUIEME EXPÉRIENCES. J'ai fufpendu dans Peau , à la manière des Expériences dix-neuf, vingt-deux & vingt-trois , une grande Chenille de PEfpcce qui donne le papillon /r tke de mort (f) > quelques moraens après , elle s'y eft beaucoup agitée , mais je n'ai vu aucune bulle d'air fortir des ftigmates , & il n'en a point paru fur le refte du corps , ex~ cepté de petites autour de la bouche. J'ai répété cette expérience deux jours après , mais avec un fuccès différent: ^ux mouvemens que s'eft donné la Chenille , j'ai vu des jets de bulles d'air fortir du premier ftigmate gauche: ces mouvemens ont été bien moins violens que la première fois -, parce qu'alors les deux ftig- mates poftérieurs lailfés à l'air , s'étoient trou- vés bouchés par l'eau dont je me fervois d'or- dinaire pour chaifer l'air de tout le corps , cette eau n'ayant pu s'évaporer aifez tôt. Pendant plulieurs heures que j'ai fuivi cette Chenille , elle a continué à ié donner divers mouvemens , foit de la tète , foit des jam.bes écailleufcs & et) Voyez le Mémoire île M. cîe RtAUMUE fur les Papil- lons finguSier?;, dans fon Hiftoire des lnfe(îles , Tome II, PL XXIV, Fig. I. D'HISTOIRE NATURELLE. 6i .membraneiifes , à-peu-près comme je l'ai rap- porté de la Chenille de l'Expérience dix-neuf. Je dis à-peu-près , car la Chenille dont je parle ayant été cinq à lix jours fans prendre de nourriture , avoit beaucoup perdu de fa vigueur ; cependant, le croira-t-on? cette Chenille a vécu huit jours confécutifs fufpendue ^mû dans Teau , & ne refpirant que par les deux ^ig^ mates poftérieurs. Pendant un fi long intervalle de tems , j'ai eu tout le loifir de Fobferver , & je l'ai fait avec attention : les premiers jours ^ il ne s'eft rien palfé de différent de ce que j'ai remarqué ci-deffus. Aux divers mouvemens de l'Infecte , le ftigmate antérieur gauche , a con- tinué de lailfer échapper de temps en temps des jets de bulles d'air ; mais ce que je dois fur - tout faire remarquer, c'eft -que jamais je n'ai vu paroitre une feule de ces bulles fur le rerte du corps. Si toutefois la refpiration s'o- péroit chez les Chenilles comme M. de Reau- MUR l'a penfé , ne femble-t-il pas que j'aurois dû m'en appercevoir dans cette expérience ? Autant que j'en puis juger , elle n'eft point éjuivoque j ce n'eft pas une Chenille tenue fous l'eau pendant quelques heures feulement, c'eft une Chenille qui a vécu plus d'une fc- maine. Comment donc l'air infpiré par les deux iligmates poftérieurs n'a-t-il paru reiibrtir que €% MÉMOIRES par les antérieurs ? On ne fauroit dire que la Chenille étant près de fe transformer en Chry- ialide , fa peau avoit commencé à fe dclfécher , à s'endurcir ; car outre que je crois avoir prouvé ci-deifus que Tépiderme des jeunes Chenilles plongées dans l'eau avec les précautions con- venables , n'a pas plus de difpofition à donner palfage à l'air, celle dont il efl; ici queftion n'étoit pas Ci voifine de la métamorphofe j je le prouve 5 en ce qu'elle n'avoit encore rien perdu de fes belles couleurs. On m'objedlera peut-être les expériences faites avec la pompe pneuma- tique j mais dès que les ftigmates , & fans doute îa bouche & l'anus , peuvent donner des iifues à l'air, & lui en fournir de fi confidérables en comparaifon de celles que M. de Reaumur a foupçonné fe trouver dans les pores de l'épi- derme 5 & qui y font en effet, je ne vois pas pourquoi le corps de ces Infecles enfleroit dans le vuide , lors même que les pores de la peau ne donneroient aucun paifage à Pair ; mais les jets de bulles d'air que j'ai obfervé for tir des ftigmates , ne font-ils point l'effet do mouve- mens convuififs ? M. de Reaumur en a jugé ainfi. Cependant je dois obferver que les mou- vemens que fe font donné plufieurs des Che- nilles fur lefquelles j'ai fait mes expériences , m'ont paru fort naturels , & tels que fi elles D'HISTOIRE NATURELLE, 63 euiïent été hors de Peau. Je puis mettre de ce nombre celles dont il s'agit : outre cela , j'ai vu des bulles d'air être expirées à de très - petits mouvemens par les ftigmates , & qui ne fem- bloient afTurément rien moins que convuliifs. Mais je l'avouerai, quoique toutes ces confîdé- rations me paroiflent avoir afTez de force , elles n'en ont pourtant pas encore afTez pour me déterminer j & ce qui la diminue encore beau- coup , c'eft la jufte défiance où je fuis à mon égard & l'eiFet que l'autorité de M. de Reaumur produit toujours fur mon efprit , quelqu'eiTort que je falfe pour la combattre. Je fufpendrai donc mon jugement jufqu'à ce qu'on ait véri- fié mes expériences : en attendant , je reprends les détails de celle-ci. Sur la fin du fixieme jour , obfervant le mouvement de la grande artère, je l'ai trouvé il lent, qu'entre deux fyftoîes il s'écouloit en- viron dix fécondes de temps (f) , & qu'entre une fyltole & une diaftole , il s'eft écoulé quel- ques fécondes. Le lendemain matin feptieme , j'ai eu beau prelfer la Chenille, la piquer même (t) J^ pourrois dire que c'eft le temps de réciter l'Oraifon dominicale, pour employer le même terme de comparaifoH, que ATalpighi a employé en un cas à-pea-près fembhble , dans fon Traité du Ver-à-foie, ^4 MÉMOIRES à diverfes reprifes , elle ne m'a point paru y Être fenfiblc : cependant le cœur continuoit à battre , mais il ne fortoit point d'air ni des Itigmates , ni d'aucun autre endroit. Se feroit-il dans la rerpiration des Chenilles tenues fous Teau un changement analogue à celui qu'on conjcdure qui arrive quelquefois dans les noyés ? Le 4 Odobre au matin , le cœur m'a paru prefque fans aclion , du moins fon mouvement étoit-il fi extraordinairement foible , que pour l'appercevoir il faîloit y regarder avec une ex- trême attention. J'ai touché la Chenille , elle m'a paru auiîi ferme , aufîi roide que le font celles qu'on a fait périr dans l'eau : je l'ai prelTée vers le milieu du corps , il eft forti des ftigma- tes antérieurs , des bulles d'air , enfuite , pour mieux m'aiîurer qu'elle étoit encore en vie , que le cœur continuoit à battre , je l'ai retirée entièrement hors de l'eau & je l'ai tenue fur ma main. J'ai vu d'abord qu'il étoit vrai que je cœur battoit encore , mais il foiblement , comme je l'ai d'abord remarqué , qu'il étoit difficile de s'en appercevoir ; il fembloit plus dilaté qu'à l'ordinaire : au bout d'environ un quart d'heure , il s'écouloit dix fécondes de temps entre deux batternens , demi-heure après les couleurs de la Chenille , qui s'étoient con- feivécs WHlSfOlKÊ }^ATUR'ÉILË. ^f fctvées àflez belles daiTS l'eau , ont commencé à s'altérer. Infenfiblement le jaune a pris une teinte de brun , qui en trois quarts d'heure de temps ou environ , s'eO; tellement renforcée , qu'il n'a pas été pofTible de difceriier le mou- vement de la grande artère. La Chenille a com- mencé alors à fc donner de petits mouvemens de la partie poftérieure 3 je l'ai mife dans moa fcin pour mieux la ranimera mais inutilement > mie heure Se demie après , elle avoit ceifé de vivre. Je viens de rendre compte des expériences '<^ue j'ai faites fur diveries ElJDeces de Chenilles , pour m'inflruire de la manière dont la refpira-= tion s'exécute dans les Infedes j il me refte à communiquer celles que j'ai tentées dans la Kième vue iur le Ver-à-foie : de toutes les Ohe- lîilles, c'étoit aifurément celle que je devois ètr© le plus curieux de mettre à l'épreuve. VINGT-SIXIEME EXPÉRIENCE. J'ai plongé dans Peau un Ver-à-foie qui avoit commencé à faire fa Coque , mais je Y y a\ plongé fans avoir pris auparavant la précau-^ don de chaîfer l'air de fon extérieur > il s'y eft agité quelque temps, & beaucoup de buVes d'air 5 dont quelques-unes étoient pins g-i'^j»U^^ €^ MÉMOIRES que des têtes d'épingles , ont paru fur divet.^ endroits du corps y il y en a eu qui m'ong femblé venir des Itigmates. J'ai été attentif à obferver les mouvemens de la grande artère , j'ai remarque qu'elle a battu pendant quelques momens comme à l'ordinaire : en fuite , lorique le Ver ne s'eft plus donné de mouvement , le jeu de ce vaiiTeau s'eft tellement ralenti , que j'ai pu , fans me prelTer , compter depuis un jufqu'à douze d'un battement à l'autre : outre cela 5 ces battem.ens étoient très-foibles , c'eft-à- dire , que lorfque le cœur fouiïroit fyftole , il ne ie contradoit pas , à beaucoup près , autant qu'il a coutume de le faire dans l'état naturel^ nu bout de quelques minutes , je n'ai plus ob- fervé de battemens. J'ai laiifé l'Infedle en expé- rience une heure trois quarts : environ un quart d'heure après l'avoir retiré de l'eau , le cœur a commencé tout-à-coup à battre , & même allez fcrt , de faqon que je n'ai pu compter que depuis un jufqu'à fix , entre chaque battement. VINGT-SEPTIEME EXPÉRIENCE. J'ai mis à la même épreuve un autre Ver- à-foie , auffi près de fe renfermer que le précé- dent y mais après avoir eu la précaution de chalfer l'air de toute la furface : je n'ai apperqu D'HfSTOlM NATURELLE. 6j q^.e quelques petites bulles d'air, dont les unes îont paru fur la partie poftérieure^ les autres aux environs de la bouche. V'INGT-HUITÏEME EXPÉRIENCE. J'ai jette dans l'eau avec la précaution fuf- dite , un troificme Ver-à-foie , auili avancé en âge que les deux premiers, je n'ai vu que fort peu de bulles d'air fur l'épiderme, & cela foit à la vue Imiple , foit à la loupe, mais il n'ell. forti aucune bulîe des itigmates. VINGT-NEUVIEME EXPÉRIENCE. J'ai plongé dans l'eau, comme le précédent^ un Ver-à-foie qui avoit commencé à le rac- cuLircir , dont le terme de la transformatioit étoit prochain -, il ne s'y eO: prefque point agité & il n'a paru que quelques petites bulles d'air autour de la bouche. J'ai preifé ce Ver d'an- neau en anneau , pour voir il je ferois fortic des bulles des ftigmates , mais c'eft ce qui n'eft pas arrivé. TRENTlExME EXPÉRIENCE. J'ai plongé dans l'eau , avec la même pré- «autioil 5 un Ver-à-foie. parvenu à fon parfait E ^ 6% MÉMOIRES accrolifement j ii sy eit donné quelques niôU- vemens , & je n'ai pas vu paroitre fur fa peau quatre bulles d'air , même en y employant la loupe. TRENTE-UNIEME & TRENTE-DEUXIEME EXPÉRIENCES. Jai vti la même chofe , ou à-peu-près , fut deux Vers-à-foie des plus grands , mis à une feniblable épreuve , & obfervés aulFi à la loupe. TRENTE-TROISIEME EXPÉRIENCE. J'ai encore fait la même obfervation fur uii autre. Ver-à-foie peu éloigné delà métamor- pliofe , & plongé dans Teau de la même ma^ iiiere : j'ai preiTe ce Ver alfez fortement de dif- tance en diftance , mais il n'elt point forti de bulles d'air des ftigmates , comme je m'y atten- dois p je l'ai enfaite ouvert du côté du ventre après que le cœur a eu ceiTé de battre. Mon defîein étoit d'éprouver , s'il en arriveroit de même que dans les Chenilles étouliécs par l'huile , dont on voit l'intérieur fe ranimer dès qu'on le met à l'air , en les ouvrant prompte- ment 3 mais la choie n'a pas eu le même liiccès. I U HISTOIRE NATURELLE, TRENTE-QUATRIEME EXPÉRIENCE, Entre les dix-huit ftigmates qui ont été accordés aux Chenilles pour refpiier Pair , les deux premiers & les deux derniers m'ont tou- jours femblé les plus importons , ceux qui font d'un plus grand uilige à Flnlecle > c'eil au moins ce que j'ai cru pouvoir déduire de plu- iieurs de mes expériences. J'ai même remarqué dans la Chenille des légiunes (j; , qiie ces il:ig- mates là font fenfiblement plus grands que les autres , & fans doute que cela ne Awi eft pas particulier s mais j'ai fait à es fujet fur les Vers-à-foie des expériences qui me p'^roiifent fortifier cette idée , car ayant bouché avec du beurre leurs ftigmates antérieurs & poftérieurs, fuis, toucher aux intermédiaires, , j'çii obfervé conftamm^nt qu'ils étoient plus mal que lorfque je boiicliois ceux-ci & que j'épargnois ceux-là. TRENTE-CINQUIEME EXPÉRIENCE. Vqîçi celle de nies expériences qui paroîtra lans doute demander le plus d'être vérifiée. J'ai vu dans un Ver-à-foie qui avoit commencé à fe raccourcir, & que j'avois tenu fous Peau plus d-une heure, les anneaux fe contracler & les jambes fe donner des mouvemens quelque. (t; KH.\u,^âUi?., Tv^me I, FI. XIV, Fig, 4. E 3 ^(^ M É M 0 I R E S temps avant que le cœur, fur lequel j'avois le& yeux fixés & que j'aidois encore de lu loupe , commençât à battre. TRENTE^SÎXIEME EXPÉRIENCE. M. de Reaumur a donné pour une preuve^ convaincante , que les huiles d'air qui paroiJfeW fur la peau d'un Ver-à-foie plongé dans Peau ,. foîft formées par Pair qui s^échappe des trachées- qui ont leurs ouvertures fur la peau , une obfer- vation faite par Malpighi , fiivoir que , f le Ver-à-foie qii'on plonge dans Peau ejt mort , il ne s^ élevé que peu ou point de bulles d\iir de fc^ peau. Cette obfervation étoit de celles que ]u île Jevois pas omettre. J'ai d'abord plongé dans Feau, mais fans avoir pris auparavant la pré- caution de chailér Tair de tout l'extérieur , 'Uii Ver-à-foie rnorr, & qui n'avoit pas encore pris ion parfait accroiirement : tout ion corps a paru couvert de bulles d'air de ditférentes grof- ieuré 5 je l'en ai retiré un moment après , & je îy ai replongé de nouveau avec la précaution iuimentionnée i je n'ai vu que quelques petites "bulles d'air qà Se là fur fa peau , comme je Tai tap^porté de& Vers-à-foie & des Chenilles des fcpériences précédentes ^ mifes de la même mn^ B' HISTOIRE NATURELLE, yt [ff] Telles font les expériences que je «l'étois propofé de rapporter. Elles ne font en- core , comme on le voit , que de foibles ébau- ches, que j'invite les Naturaliftes à perfeclioa- ner. Je ne tardai pas à les foumettre au juge- ment de M. de Reaumur dans une très-lon°^ue Lettre que je lui écrivis en 1743 5 & voici l'extrait de fa reponfë que je crois devoir met- tre fous les yeux du public. Elle étoit datée du 12 Avril de la même année. " Je m'ctois propofé avant que de vous écrire de faire de mon côté quelques cxpé- ric-nees fur la refpiration des Chenilles , ma- tière extrèmeniint curieufe , & qui paroit mériter d'être examinée plus à fond que je ne l'ai fait. Vos expériences me rendent dou- teux ce que j'avois cru très-certain. Les Vers qui donnent le fcarabé Monoceros , & qu'on trouve en quantité dans les couches fur lei- quelics on élevé des plantes, m'avoient paru plus commodes , parce qu'ils font ras & plus gros que des Chenilles , pour s'a/Turer fi c'clt réeliemer.t par la peau que refpirent des Li- fccles qui n'ont poirit encore fubi de méta- morphofes. Mais le temps dont j'avois beibin pour foire les eifais que je m'étois propofé , m" fi manqué jurqu'ici.'Lii préauition que vous 7^ MEMO I R E Sr y, avez prife de bien mouiller le corps (^m\& 55 Chenille eft tres-bonue. 11 étoit naturel dy „ foupconner qu'une partie de l'air qui paroifc ^ fur le corps de celle qu'on tient plongée- 35 dans Peau , tenoit à cette Chenille quandî „ elle y a été enfoncée > mais cette quantité- „ d'air qui étoit adhérente au -dehors de la 55 Chenille doit le niontier dans les premiers: 55 inftans. Si la quantité augmente ienllblement 55 dans la fuite > on peut penfer avec vraifeni-. 55 blance que l'intérieur du corps a fourni Pair 55 de cette augnieiitation ; d'ailleurs Pexpéfience 55 du corps m.ouiilé- far lequel ojj, ne voit pas. 55 de bulles, attachées, ne prouve pas aulîi déci- 55 llvement qu'il me Pavoit femblé d'abord >. 55 qu'iï ne fort pas d'air du corps de la Che- 55 nille ^ lorfqu'on n'en voit point qui s'y foit 55 attaché". Celui qui s'échappe alors ne doit pas. 55 fe coller à une furface mouillée , & il peut 55 être en bulles, fi petites , qu'elles font invifi-. 5, b!es à nos yeux lorfqu'elles s'élèvent dans. 55 Peau j elles, ne doivent être vifibles que quand. ^5 elles, fe font jointes en graiîd nombre ; d'aiU 55 leiM's Pexpérience de la machine du vuide 35 fubijfte dans toute fa force, & paroiî: prou-. 5^ ver que Pair trouve dans toute Phabitudc du^ ^5 eorps. des: Chenilles; des ilfues pour fortir.. ^ Mius. i'Qit ïêviçiiS: à Uiie que cette matière: L'HTSTOTRE NATURELLE. n '. méiite que vous continuyez de la fuivre. ,5 Je. ferai deux obfervations fur cette Lettre de M. de Reaumur : h première, que loin que les bulles qui paroiiieiit fur le corps d'une Che- nille que l'on tient plongée dans l'eau , aillent en augTxientant de jour en jour en nombre So en groiTeur , elles vont au contraire en dimi- nuant , enforte qu'il vient un temps ou on n'en voit plus aucune , même à la loupe : la, féconde , que l'expérience de la machine du vuide , loin d'être décifive , eft au moins très- équivcque , puifque par la fouftraclion de l'air envircnnant on donne à l'air intérieur une force qu'il n'a point dans l'état naturel , & qui Iç read capable de furmonter la réfiftaace des vaiiicaux qui fe rendent ù répiderme. Qiiojqu'it en int , je. d,eiîre que d'habiles. Naturalifles vcuilent remanier ce fujet fî digne de leurs recherches : je me borne ici à les mettre fur les v)ies. Je fens de plus en pKis combien mon, travail eft imparfait. / I I. Sftr les flîgmates des Papillons, D^NS le même temps à -peu -près que je riVocipois.de la refpiration de? Chenilles, je 74 ^ i M 0 I R E S tâchai à découvrir les organes extérieurs de celle des Papillons. Voici l'extrait d'une Lettre que j écrivis là-delfus à M, de Reaumur, datée de Genève , le 23 Juin 1742. " J'ai fait depuis peu une obfervation dont 35 je n'ai pas voulu différer à avoir l'honneur 55 de vous faire part ; c'eft fur le Papdlon de 33 la Chenille Jhiguliere à carnes du Smiie. Vous 3^ vous rappellerez peut-être , Monfieu: , que 53. j'avois mis l'automne dernière dans me cf- 33 pece d'étuve une Chryfalide de cette Che- 33 nille , après l'avoir tirée de fa Coque Se l'a- 33 voir renfermée dans une boîte : mon ceifein 35 étoit principalement d'accélérer par-là la Sortie 33 du Papillon que je me propofois de ^ilfé^ 33 quer , pour favoir , s'il eft pourvu de :ctte 33 cfjiece de veiîie que j'ai découv..*vte dais la 33 Chenille (t). La chofe s'eft faite heur eu fe- 3;j ment : quoique la Chryfalide eût été irée 33 d'une Coque très-dure , épailfe & bien dofe 33 de toutes parts , elle n'a pas laiifé de fe tanll 33 former j le Papillon en eft éclos fur la fin 33 d'Avril , environ deux mois avant le tenps 33 ou il fe fcroit transformé, s'il n'avoit pasétç (t) Voyez mon Mémoire fur la lîqiîeur pcide (!c bChe- , niile lingiiliere à conus du Saule atiui précède immsdiatnieîit celui-ci. D'HISTOIRE NATURELLE. 7f 55 tenu pendant quelques mois dans un air 3,5 plus chaud que Pair extérieur. C'était un „ nialei je n'ai pas eu lieu de m'en féliciter; 33 une femelle auroit mieux répondu à mon 35 but j fa taille plus avantageufe m'auroit rendu 33 la dilfedlion plus facile. Avant que de Pou- j3 vrir, j'ai voulu tâcher de découwir les ftig- 35 mates du corps & ceux du corcelet : j'y ai écé 35 fur-tout excité par les difficultés que vous, 35 Monfieur, & M. Bazin avez trouvées à y 35 réulFir. Pour cet effet , je me luis mis à épi- 55 1er mon Papillon avec tout le foin & la i*i- 35 tience dont je fuis capable j & afin de le 35 faire mieux & de n'être pas inquiété par les 35 mouvemens continuels de fes jambes & de 35 fes ailes , je les lui ai coupées le plus près 35 que j'ai pu de leur origine ; ainfi j'ai réuili 35 11 bien à le dégarnir de tous fes poils , quoi- 35 qu'il fût des plus velus , que je fuis par- 35 venu H ma grande fttisfidion , à voir , même 33 à la vue feule , les ft gm:.tes du corps : ils 35 font placés fur la ligne qui fàpnre le deifus 35 du dos du deifous du ventre t là , la peau 35 cft comme ridée > elle n'a point cet air écail- 35 leux ou' crulbcé qu'elle a fur le dos ik fous 1 35 le ventre, elle imite en quelque forte la mem- 55 brane qui aifemble les deux pièces des an- >5 ièc;iux des Mouches , c'étoit un mâle , il paroiifoit fort vif „ Pendant que je le tenois par les ailes , iî écartoit les deux lames creufées en gouttie- ,, res qui cachent les organes de la géiiération , „ comme s'il eût defiié de s'accoupler : mais •,; ce qui me frappa le plus , ce fut deux efpe- 3, ces de houppes de poils en manière d'en- n, tonnoirs , placées une de chaque côté , à la ., .;jondlion du corps avec le corcclet , Si près ., de l'origine de la dernière paire de jambes. 3î tymSTOlRE NATURELLE. 83 5^ Cette pofition qui eft juftement celle des 35 fligniates de la féconde paire , me rappella 5, certaines Nymphes de Tipules aquatiques , 5, dont le corcelet eft orné de panaches (f)' 3, les houppes "3e ce Papillon avoient ceci de '5, remarquable , qu'on les voyoit tantôt s'épa- •„ nouir en manière d'entonnoir , tantôt fe 3, refermer en fe couchant fur le corps , de telle •„ forte qu'elles dilparoilïbient tout-à-fiit. Le 3, premier cas avoir lieu lorfque le Papillon s'a- „ gitoit , & comme c'eft principalement alors 3, que l'air eft chalfé par les ftigmates , je fus -3, porté à foupqonner que les houppes en quef- '35 tion étoient formées par les poils que l'ail' -35 qui s'échappoit de Pintérieur écartoit » do ■3, tous côtés. Pour favoir à quoi m'en tenir , -35 je plongeai mon Papillon dans Peau , en le ■55 tenant par les ailes , mais je ne vis point* 3, fortir de bulles d'air des ftigmates , comme 35 je Pavois efpéré Se les houppes fe tinrent* 35 fermées conftamment. Cette expérience me 35 donna heu d'obferver qu'il en eft des poiis •3, & des écailles des Papillons comme des plu- 35 mes de beaucoup d'Oifeaux qui ne fe mouiU 35 lent que très-dilFicilement : au refte ce PapiU •5, louavoit une aifez forte odeur de m^fc. (tt,h^ (t) Reaumur, Tom. V , PI. V, Fig. 9. iH) Obf. liiv. fp.r Us Inj: OUf. -XXX. F It 84 MÉMOIRES (tt)' Qp'n. me foit permis de joindre ici rextrait de la 'rcponfe que M. de Reaumur fit à cette lettre , ie 8 Août de la même année. " C'est avoir , Monfieur , à vous remercier d'un petit Volume compofé pour m'appren- dre des faits que je luis très-curieux de fa- voir , que d'avoir à vous faire des remer- cîmens de votre lettre du 23 Juin. Vous avez donc enfin trouvé au corcelet du Pa- pillon ces quatre ftigmates que j'avois eu lieu de ioupconn:er. Combien ne découvririez- vous pas d»' même de faits fur lefquels nous fommes encore incertains , & de faits dont nous ne doutons pas , s'il vous étoit permis de fuivre uniquement le goût qui vous en- traine vers les recherches propres à enrichir FHiftoire Naturelle. Vous contnl^uerez fûrc- ment pendant toute votre vie aux progrès de FHiftoire Naturelle s ne donnalEez - vous aux obfervations que vos heures de déîalîè- ment , on peut hardiment prédire que vous en ferez un grand nombre , qui nous appren- dront des faits nouveaux. Vous avez bien plus étudié que je ne Pavois fliit les faux- iligmates des Chenilles du Pin ,5 &c. L'Observation fur les feux-ftigmates de h D'HISTOIRE KATURELLE. 85 Chenille du Pin , dont parle M. de Reaumur mérite quelque attention. J'en ferai le fujet de l'article fuivant. III. Stir les Faux-Jîipfmies de la Chenille du Phu J'ai beaucoup étudié cette Chenille -, elle cft frocejjmmmre. (f) Les Chenilles qui comporent une fociété marchent à la fiie4es unes, des autres v elles tapilfent de fuie les chemins qu'elles par- courent , & c'eif en fuivant cette trace foyeufc qu'elles favent regagner leur nid loriqu'cllcs^s'eii font écartées. Ce procédé ingénieux eil commun à plulieurs Efpeces de Chenilles qui vivent eti fociété , & n'avoit pas été encore obfervé : je l'ai décrit plus au long dans un Mémoire que je préfentai à la Société Royale de Londres en 1743 , & qu'elle a publié dans les Tranfac- tions philofophiques pour la même année. Je ne parlerai ici que des faux-ftigmates que nous offre la Chenille du Pin & qu'on n'a découverts dans aucune autre elpece. (tf) Voici la defcription qu'en donne M. de Reauîvïur dans le Tom. Il de fa belle Hif- toirs des Injectes , pag. i ^4 & luivantes. (tj Olif.div.fuYiciLif. Ohf. V-I. $& MÉMOIRE S " Les poils de cette Chenille ne partent nulle- part de tubercules , ils tirent leur origine de la peau même. Pour faire entendre comment ils font arrangés fur le dos , il faut expliquer- une particularité qu'offre -la partie fupéricure des huit anneaux qui fuivent. les trois pre- miers. Cette particularité digne d'être remar-. qiiée , m'avoit échappé les premières fois que j'eus de ces Chenilles y elle fut obfervée par Mile, du * *. Pendant qu'elle étoit occupée à en delllner une^ elle remarqua fur la partie la plus élevée de chaque anneau une enceinte ovale !^Qrmée par un rebord , par une efpece de cordon bien marqué qui s'élevoit un peu au~deifus du refte de la peau ,. & dans l'en- ceinte duquel il y avoit une cavité. Le petit diamètre de l'ovale eft dans le fens. de la Ion-, gueur de la Chenille, Sz plus grand ou plus, petit feion les mouvemens qu'elle fe donne ;, c'eft-à~dirc , que ce cordon formoit un ovale,. tantôt plus & tantôt moins: ouvert. (>îiel- quefois l'ovale étoit fermé ;, un des côtés de l'enceinte venoit s'appHquer fur l'autre. Les. poils- feuille -morte font difpofés autour du. cordon- de cet. ovale ,. & lui font prefque per- pendiculaires, en certains temps. Quand la, Chenille cft en repcs , les poils qui paroiiîent; pait.i.i; de. la partie; di,i, rt;bord la plus proche- n-HISTOIRE NATURELLE. 8? 55 de la tète , fe dirigent vers la tète ; ceux qui 5, partent de la partie oppofée , tendent vers le 5, derrière i & ceux qui partent d'auprès des 3, bouts , s'inclinent vers les côtés. „ Les poils blancs ne font point mêics avec les poils-Feuille-morte -, ils fortent immédiate- ment de la peau, & plus que d'ailleurs, du milieu de la circonférence de chaque anneau , un peu au-deilus des -jambes. Là , il y a de chaque côté fur chaque anneau , des poils qui formei'it une toutfe , mnis cette toutte n'a point un tubercule pour bafe. Pour re- venir à la petite cavité renfermée par un rebord , Mile, du * * y obferva encore uno particularité : le dedans étoit rempli d'u-ic matière comme coton neufe , qui étoit formée de poils courts. Pendant que la Chenille le donnoit des mouvcniens , qu'elle ouvroit & qu'elle fermoit cette efpece de ftigmate , de petits flocons de coton s'éievoient au-denjs des bords de la cavité , ils paroiifoient n'être plus adhérehs au corps. Auiïi bientôt étoieni- ils pouifés hors de l'enceinte , & quelquefois même ils étoient dardés dehors à quelque hAuteur. Lorique Mile, du ** voulut me faire voir le jeu de ces flocons , aucune des Chenilles que je lui avois remifes ne voulut: 88 MEMOIRES „ le montrer. Celles qu'elle avoit eues venoicac „ de fortir de leur nid , pour la première fois y, depuis leur arrivée. J'eus quelque temps après 5, un nouveau nid de ces Chenilles y elles eu 5, fortirent , je fus attentif à les obferver , & 3, je vis le jeu des flocuns de poils cotonneux. y, Apparemment queles poils courts , rentermd;? „ dans la petite enceinte , tiennent peu en- 5, fenible , lorfque la Chenille commence à quit- 5, ter fon nid ^ que les mouvemens qu'elle fe „ donne , achèvent de les détacher , & que ces 5, mouvemens (ont même capables de les d. *•- 55 der en l'air. ,, Aussi quelques jours après que ces Che^ „ nilles ont commencé à fortir de leur nid , 3, il ne paroit plus de poils dans ces enceintes. 3, ou au plu8 il en parok une petite toulTe à 5, chaque bout de Tovale intérieur. On voit 3, alors une partie de la méchanique qui peut 5, aider à les faire fortir , & même à les faire 5, iiuter : car dans certains momens,on voit 3-, que la partie du milieu de l'enceinte s'élève 5, en pyramide bien au-deilu,s des rcboids de 3, l'ovale» :,. J'ai fait pcuir d-c ces Chenilles dans l'ef^ ?7 prit de vm ,' il s'ell: élevé beaucoup de grof- UHISTOIRE NATURELLE. S9 „ Tes bulles d'air de chacun de ces efpcccs de 5, ftigmates au-deiTus du dos : l'air auroit-ii là „ de plus grandes iilucs qu'ailleurs (^ „ J'ai tâché de découvrir quelque chofe de plus que ce que M. de Reaumur rapporte dans le paiîage que je. viens de tranfcrire. Je lui rendis compte de mes obfervations dans ma lettre du 23 Juin 1742 , en ces termes. " J'observe a(fluellem.ent les Chenilles du 3, Pin i quoi que la faifon foit bien avancée , 5, cependant il y en a beaucoup qui n'ont point 55 encore atteint leur parfait accroillement ; 5, ainii il n'eft pas, généralement vrai que ces 35 Chenilles aient pris tout leur accroillement „ avant la fin de Décembre , comme vous pa- „ roiifez , Monfieur , le penfer : apparemment „ que nos environs font plus froids que ceux 5, de Bordeaux , ou que l'hiver y a été pi us „ long cette année. Qiioi qu'il en foit , il y a ,, une dixaine de jours que je chargeai un „ payPan de m'en apporter quelques nids des „ montagîies voilines : je me propofois princi- 5, paiement d'examiner deux particularités qui ,5 excitoient depuis aiïez long-temps ma eu- ., rioiîté ; la première , fi ces Chenilles font ^5 pourvues de la nouvelle partie , ou du ma- ^o MEMOIRES melcjî charitn que j'ai découvert dans beau- coup d'efpeces de ces Infedes ( i ) i la fe-^ conde, (i ces crpeces de (ligmates qu'elles ont fur le dos fout de quelque ufage par rapport à la refpiration. Je me fuis pleinement fatif- fait fur le premier point > j'ai vu que ces Chenilles n'ont point le mamelon dont -il s'agit s mais à l'égard du fécond , je ne fais pas encore au jufte à quoi m'en tenir. Voici» Monfieur , un petit détail des obfervations qu'il m'a engagé de faire. La première chofe par* laquelle j'ai cru devoir commencer a été d'obferver avec attention la ftrudure de cette efpece de ftigmate : pour cet eifet , j'ai tâché de le dégarnir de tous ces petits poils qui paroiifent comme une -matière cotonnsnfe. Il m'a fallu pour cela un certain temps : car quoique le jeu feul de cette efpece de ftigmate foit fufîifant pour en détacher un aifez grand nombre , cependant j'ai été obligé , afin de les faire tomber en entier , d'avoir recours à la pointe d'un cure-dent j j'ai obfervé que ceux de ces poils qui font placés aux deux bouts de i'ovalc & qui y forment comme deux petites houppes , font ceux qu'on a le plus de peine à enlever. J'ai obfervé de plus^ ( 1 ) Voyez. ci-ilolTuK mon Mémoire fur cette nouvelle partie. D'HISTOIRE NATURELLE, ^t >, qu'il y a là une forte d'enfoncement qui 5, provient de oe que la peau du faux-ftigmiue 3, y eft retirée dans l'intérieur : cet enfonce- „ ment qui ne difparoit jamais tout à fait ^ 3, quoique l'efpece de ftigmate foit porté eu :,, dehors autant qu'il peut Pètre , eft caufo „ apparemment que les, petits poils qui y tien- „ nent , y tiennent plus fortement , & ne font „ pas rejettes comme les autres , il ni'eft fou- 3, vent aririvé en voulant dégarnir parfaitement „ de poils ces deux endroits , d'entamer la 3, peau & d'en voir fortir une liqueur jaune j, fort limpide j mais il m'a femblé que la peau „ eft là plus aifée à entamer qu'ailleurs , lans „ doute parce qu'elle y eft plus mince ; car j'a- „ vois foin de ménager beaucoup les environs „ du ftigmate. Après avoir mis à découvert la „ partie que je fouhaitois de confidérer , je „ l'ai examinée attentivement avec une très- „ bonne loupe , & placé dans le jour le plus r, favorable -, je n'y ai vu abfolument aucune 5, ouverture analogue à celle d'un ftigmate. Tout „ ce que j'y ai remarqué , ont été deux efpc- 3, ces d'entailles , l'une dirigée fuivant le grand 5, diamètre de l'ovale, mais néanmoins de faqoii 3, que l'une des moitiés , celle qui eft du oôté 35 de la tète de riaf:cl:e , eft un peu p'us .^3 grande que celle q.ui eft du coté de la queue : S% ^f É MOIRES 5, Tautre , qui femble déterminer le petit axe „ & qui coupe la première à angle droit à Pen- „ droit de la fedion , c'eft-à-dire , dans la partie „ fupérieure de l'anneau , fe voit comme une 5,- plaque écaineufe de la figure d'un lofange. „ Ces efpeces d'entailles» au refte ne font que 3, légères ; elle ne paroifTent pas aller au delà ,., de la première peau ; elles femblent n'être pro- „ prement que des plis de l'efpece de (ligmate : „ c'eft dans ces entailles ou plis que font im- 5, plantés les petits poils qui garnlifent Tinté- 3, rieur an faux-ftigmate : outre les deux entail- s, les dont je viens de parler , il y en a encore 3, une autre qui m'a paru l'environner , tracer „ la circonférence de l'ellipfe & dans laquelle 5, font auiîî plantés de petits poils. J'ai été 5, curieux d'examiner au micro fcope la figure „ de ces petits poils : elle m'y a paru telle que 5, celle des poils ordinaires. „ Apres avoir obfervé la ftrudure de ces y, efpeces de ftigmates , telle que je viens, 3, Monfieur , d'avoir l'honneur de vous la dé- „ crire , j'ai été porté à foupqpnner , comme „ vous l'avez été , qu'ils fourniliènt peut-être 5, des ouvertures à l'air pour s'écbapper de l'in- 3, térieur du corps , qu'ils en font les princi- „. pales iifues : les. efpeces. d'entailles & la fa- UHTSTOIRE NATURELLE. 93 ^^ cilité avec laquelle la peau s'entre-ouvre dans 5, cet endroit , m'ont femblé indiquer que 3, la peau eft là moins épaiile qu'ailleurs , & 3, qu'ainfi l'air y peut avoir plus de facilité à 55 s'échapper. J'ai été encore confirmic dans 35 mon foupqon 5 par l'expérience que vous 35 avec faite , de plonger de ces Chenilles dans 35 refprit-de-vin j vous avez vu , Monfieur y 35 alors beaucoup de bulles d'air s'élever de ces 35 faux - ftigmates. Sans douter le moins du 35 monde de la vérité de ce fait , j'ai été bien ,5 aife de faire moi-même l'expérience : je n'ai 5, pu parvenir à rien voir de bien concluant j 5, les bulles qui font forties ne m'ont pas paru 3, fortir plus de ces faux-ftigmates que du reite 3, du corps ; quelquefois même je n'y en ai vu 35 aucune : mais comme j'ai penfé que les poils 55 dont chaque faux - itigmate eft garni 5 pou- 3, voient contribuer à m'empècher de bien voir , „ j'ai jette dans la liqueur quelques-unes de nos 3, Chenilles dont j'avois foigneufement épilé 3, les faux- ftigmates. Pendant qu'elles s'y font ,, agitées , j'ai obfervé quelques petites bulles 5, furplufîeur^ des-faux-ftigmates , j'ai cru même 55 remarquer qu'il en eft forti principalement V, de ces deux ,efpeces d'enfoncemens que j'ai - 5, dit être aux deux extrémités de l'ovale , mais j: les plus groifes fouc fortins conftàmmeut de ^4 M È M 0 ï R E 'S 5, la bouche, de l'aniis^ du dciTous du ventre^ 3, j'ai vu auiîi la tète s'en couvrir , mais ces 3, builes n'étoient pas plus grollcs que celles i,y que laiiToient échapper les faux-ftigmates du g, dos. J'ai obfervc à-peu-près la même chofé ^, dans celles de mes Chenilles que j'ai plongées 3, dans l'eau , après avoir épilé conmie à mou ^, ordinaire , chaque faux-ftigmate y quelquefois 5, il m'eît arrivé de voir pijroitre une aiïez .,, groilé bulle aux environs du premier îHgmate, .,5 mais fans que je puile difcerner fi c'étoit 3, véritablement de celui-ci qu'elle fortoit , comme 35 les apparences fembloient l'indiquer. J'ai 3, eiTayé quelquefois de preifer l'Infecfle pour ^, voir fi je forcerois quelque bulle à s'élancer 3, des faux-ftigmates du dos , comme j'en ai 55 fait fortir par ce moyen des ftigmates du 5, Papillon de la Chenille finguliere du Saule ; 35 mais q'ii été fans effeî ^ au moins bien ien- 35 fible y le fuccés a été le même par rapport 53 aux vrais ftigmates. 55 J'ai fait encore Texpérience d'appliquer de 35 l'huile avec un pinceau fur chacun des faux- 5, ftigmates du dos ; la Chenille n'a pas paru 55 en fouffrir j mais lorfque je l'ai plongée 5, toute entière dans l'huile 5 elle s'y eft beau-^ 5, coup agitée > &:■ l'en ayant retirée prefqu^ 35 U HISTOIRE NATURELLE, 3S fur le champ , je l'ai vu marcher quelque temps avec viteiie, après quoi elle eit tom^ bée fans mouvement & fans vie. „ J'ai remarqué au refte que de celles que j,, j'ai plongées ainfi dans Pliuiie , il y en a eu „ ^ui ont rendu quelques petites bulles d'air „ par les faux- (tig mat es , & principalement par 5, les deux bouts de l'ovale qu'ils forment. ^5 Une autre expérience que j'ai tentée fur *, ces Chenilles , c'eil celle qu'a faite M. Bazin , 55 & qui eft rapportée dans les Mérdoires de PA- 5, cadémie pour l'année 17385 favoir , d'en ou- 55 vrir après les avoir huilées à fond & leur „ avoir ainfî donné la mort : j'ai vu même dans „ des Chenilles étouifées depuis -environ une 5, heure & ouvertes fur le côté , fintérieur fe ,,- ranimer en quelque forte , ic donner des 5, mouvemens pareils ou analogues à ceux d'une ^, Chenille qui veut marcher , mais je n'ai pas 5, vu la même chofe dans des Chenilles de 3, cette Efpece ouvertes quelques heures plus 5; tard, après avoir aulîi été feuifées. 5^ ^6 M È M 0 I R E s SUR L E T iE N I A , Oli après avoir parlé d'un nouveau fecret pour texptdfer des Intefiins' dans lefqtieh il eft logé , qui a eu d'heureux fucch , ton donne quelques ohfervations fur cet Infecie , '^' l'on effaye de répondre à quel- ques quefiions auxc^uelles il donne lieu, . Sav. Etrang. Tom. î , pag. 47S. PRE M 1ERE PARTIE. E: tNtre les dilKrens Vers qui hiibitent rinté- rieur du corps \\m\\m\ ^ \q Txnin eiHans doute im des plus Iniguliers ; fa forme approche de celle d'un ruban ou d'un lacet , c'ell-à-dire , qu'il eii: long & plat , & tlelà lui eft venu le ]iom latin de Tk';/zV?. On Ta nommé en francois Solitaire^ parce qu'on croit qu'il eft ordinaire- ment feul de fon eipece dans le même fujet ; il eft fort raince ik articulé d'un bout a l'autre , ^HISTOIRE NATVEELLE. 97 fautre, ces articulations font plus ou moins fer- li^-es en diiîerens Vers i mais la longueur de cet Infcde eft ce qu'il orFre de plus remarquable. Pline paile de P^nia de trente pieds , & ua -iïuteur plus digne d'sitre cru , Fillullre BoER- HAAVE a allure en avoir vu un de trente aunes. Un Infede auffi furprenantn'a pu qu'exciter beaucoup Tattentioa des Phyiiciens , & en par- ticulier de ceux dont l'étude a principalement pour objet la confervation de la fajité. Plïp- POCRATE , ce père delà mcdecine , en a parlé, & après lui qu.uitité d'autres Auteurs Grecs & Latins. Mais c'étoit itir-tout aux Médecins de nos jours , qu'il étoit réfervé de pénétrer mieux d^ins la nature de ce Ver , & de nous prefcrire des recetces plus fiires pour nous en débarralîèr : p]ulijurs lui ont aulfi confacré leur plume , & nous ont donné de flivanres & curieuies dif- fertations , dont il a été le iujet. Mais le point qui intérefToit le plus , je veux d:re les m^oyens d^expulfer ce Ver , demeuroit •encore incertain : ce n'eft pas qu'on manquât de recettes -, on eft effrayé quand on parcourt la lifte de- celles qui ont été prefcrites contre les Vers , & en particulier contre le TiCiiia ; il n'y a prcfque point d'extrait, point de prc;pariitioiî Tovie II L G 98 M E M 0 I R E S qu'oîi n'ait indiquée ; les trois règnes ont preC- que été épuifés i cependant au milieu de cette abondance on étoit pauvre , aucune recette qui opérât iû rem en t. Il arrivoit bien ordinairement que le malade , avec le fecours de tel ou de tel remède , rendoit par le bas pîuiicurs morceaux , & quelquefois plulieurs aunes de ce Ver , mais ce n'étoit qu'aifez rarement qu'il fortoit entier. Ekfin le liafard auteur de la plupart des découvertes , vient de nous découvrir un fpéci- fique dont l'efficace iemble laifler peu à defirer. Le poiiefTeur d'un fecret fi utile , eft M. Her- KENSCHWAKDS Dodeur en Médecine , natif de Morat en Suiilë , & difciple des Boerhaave ce des HoFFMAN. Il reconnoit en devoir les premières connoilfances à un ami , qui à fou tour les a dues au hafard -, cet aveu fait l'éloge de la candeur de M. Herrenschwakds. Ami du genre humain , il n'auroit pas tardé de le communiquer au public , (i fa famille eût été dans une fituation plus aifée s mais il a cru qu'on ne lui reprocheroit point de travailler d'abord pour elle , il promet d'informer eufuite • le public de tout ce qu'il lui importe de lavoir ' fur cette matière. Après ce que je vie^s de dire, on ivattend m'mSTOlTxE ISfÂTVMiXE, S9 ■f as fans doute de moi , des détails bien cir- conftanciés fur cette découverte ; je dois me borner à l'annoncer , & à rapporter en peu dô mots ce que j'en fais , & que je tiens en par- tie de M. Herrenschwakds lui-même. Le fpécifique en queftion eft une poudre ■qui paroit végétale , elle eft trés-légere & très- fine , fa couleur eft olive; on y apperqoit à i'œii nud , ôc mieux avec le fecours des verres , des particules brillantes , qu'on pourroit foup^^ qonner être des particules d'éthiops minéral , ou de quelqu^autre ingrédieiit de ce genre j fou odeur tient de celle du fafran , & elle a uii petit goût falé : Voici la manière dont M. Her- KEKSCHWANDS Padminiftre , & les diverfes cir- conft-ances qui en accompagnent l'opération. Sur les quatre heures après midi du jour 'qui précède celui où fc doit faire k cure , ii fait prendre dans de Peau tiède , fiîc grains d'une autre poudre blanchâtre où il entre du vitriol de Mars, cette poudre ne produit point d'eifet fenfible : étonneroit-elle le Ver ? donne- roit-elle plus de jeu aux fibres des inteftins pour le • poulfer dehors '< Enfin , feroit-elle un préfervatif contre la trop grande acftivi'cé de la principale poudre^ C'eft là tout ce que je pui^ ïoo MÉMOIRES conicdurcr de probable fur ce fujct. Quoiqu'il en Ibit , elle n'ell pas d'une abfolue néceffité : M. Herrenschwands a feulement remarqué que le remède réufîliîoit mieux par cette pré- paration. A fept heures , il fait fouper légèrement le malade , & deux heures après , il lui fait avaler une cuillerée d'huile d'amande douce ou d'olive : le lendeni'ain matin, de. deux heures en deux heures , il lui donne une prife de fon fpécifique dans du pain à chanter ; la dofe ordinaire de chacune ell d'une dragme ou quatre fcrupules , mais il l'augmente ou la diminue fuivant la vigueur du fujet 5 jamais il ne va au delà de trois prifes : la première demeure fouvent fans adion , quelquefois elle eft fuivie d'un petit vomiffement , & phis fréquemment d'une felle j en ce cas M. Herrenschwands fut prendre au malade un peu de bouillon. Si le Ver rédfte à cette première attaque , comme il arrive ordinairement , on lui en livre une fe- if conde ou une troifieme s ce n'elt pas abfolument fans que le malade en fouifre j quelquefois il eft pufgé aflez violemmen.t par le haut & par le bas , il reffent des douleurs plus ou moins vives de colit^ue , fon pouls eft élevé , mais d'autres fois tout fe paife plus doucement j ce n'eft fouvent que i'après midi que le Tctnia déloge 3 & pour le plus tard pendant la nuit D'HISTOIRE NATURELLE, lOi' ou le îendeinain matin. Il eft arrivé quatre fois ici , à Genev-e , qu'il eft parti à la première prife , ce qui eft alfurément une grande preuve de l'efficace finguliere de ce remède j ordinaire- ment il fort vivant 8t toujours aufîi entier qu'il peut l'être s on voit la partie antérieure fe termi- ner par un fil délié , que M. Herrenschwands nomme k fiiel du Ver. I.ORSQUE celui qui a été expulfé eft d'une cer- taine longueur, le malade fe fent dans l'intérieur cx)mme un vuide , qui lui caufe une forte d'à- néantilTement , accompagné de maux de cœur, à-peu-près comme il arrive aux Kydropiques , qui ont fubi l'opération de la paracenthefe , quel- ques-uns en font aifez acc^ibiés pendant un jour ou deux , d'autres ont de la fièvre ; mais d'au- tres en font Ci peu travaillés , qu'ils fe trouvent en état de fortir le même jour. Toutes ces va- riétés dépendent fans doute de circonltances différentes , du tempérament , de la conditu- tion aduelle , de l'âge , du plus ou du moins de chcileur de l'air, peut-être encore de l'état du Tcznia. M. HerrenschwANDS a déj^i opéré en SuifTe fur vingt-quatre fujets , qui tous ont été guéris : il en a traité vingt dan$. notre ville , dont deux G 3 xcz. M É M 0 T R E S n'ont point rendu de Tccnia , probablemciii: parce qu'ils en avoient déjà été délivrés fans le favoir, & dont un autre qui étoit un enfont de huit à neuf ans , fe rebuta à la première prife. Parmi ces fujets de Tun & ds l'autre fexe , il s'en eft trouvé de forts délicats , & même de valétudinaires , qui ont fait ufage du fpécifique fans avoir éprouvé aucun accident fâcheux. Uke autre remarque que je ne dois pas omettre j c'eft que des perfonnes traitées par M. Herrenschwands , ayant été purgées à la manière ordinaire quelque temps après , il xi'a paru dans leurs déjedions aucun des fignes qui annoncent le T^nia •>, de plus la médecine a opéré fans, être accompagnée de fymptômes, qui fe manifeftoient. ordinairement avant leur guérifon > comme de violentes coliques , de dé- feillances > <&c. Le temps confirmera fans doujte V.R fi heareux début. J'aï dit qu^iî eft arrivé ici à M. Herrens-v CHWANDS de donner infriiclueufement de fa poudre à deux perfonncs qui probablemert avoient déjà été débarraffées, du TcOîiia : pour n'être plus trom.pé- là-deiliis , il fait avaler la veille une cuillerée de firop de Heurs de pèches ;, § aflare que, toij.s ceiix qui, ont ce ver rendent D'HISTOIRE NATURELLE. 103 alors dans !eurs déjeclions des grains ou molé-^ cilles blanchâtres , qu'il foupqomie êcre les excrémcns de Flnfede : ne feroient-elles pas plutôt des portions de Faninvil lui-môme , alté^ rées ou corrompues ? M. Herrenschwands eft préfentement à Bàle ( I ,) , d'où il écrit qu'il a vu avec une extrême furprife , que tous les malades qui lui ont été mis entre les mains , fe font trouvés attaqués du Ttnia de h féconde efpece de Plater , qu'il conjecture être plus difficile à expuifer que îa première : ce qui le porte à le foupçonner, c'eft qu'il n'eft point encore parvenu à faire fortir un de ces Vers entier , mais feulement par morceaux. SECONDE PARTIE, Ohferviïtions far la flrn&tire du Tc:ii(f. ' Une poudre qui fait fortir le Ténia entier &' vivant , n'eft pas feulement néceifiire aux per- fonnes qui en font travaillées , elle el]; encore très-utile aux NaturaliPces , en ce qu'elle les met à portée d'obferver cet înfecle digne de leurs ?;echcrches. Dans la vue de fatisfaire ma curiofité (1) J'écrivGÎs ceci ihns rAutomiie «le 174?. G4 '.to4 M i M 0 I K E s à cet égard», mes obfervations me retenant à îa cvmpagne , j'ai fait prier M. Herrenschwands, pendant fon fëjoiir dans notre ville , de vouloir feien m'envo5rer les T^nia qu'il feroit fortir du corps de Tes malades y il s'eft- prêté avec plaifif a ce que je fouhaitois , Si, je dois lui en té- moigner ici ma reconnoiflanee. J'ai donc eu quatre à cinq Tctnia , dont trois étoient bien conditionnés , j'en aurois eu dava- tage fans divers contretemps ; ils fe font tous trouvés de la féconde efpece de M. Andry , ou de ceux qu'il nomme TcOiia h épine , que j'appellerai Txnia h anneaux courtes , par oppo- sition à ceux ^ anneaux longs , où M. Andry- dît qu'on n'obferve point d'épine. (|) Nous ver^. rons plus, bas ce quç c'eft que cette épine , & ce qu'on doit penfer de la divifiou qu'elle 3. fourni^ à ee Savant. ' Deux de ces Verç longs de quatre à cfnq aunes , & dont le bout antérieur fe terminoit- m manière de fil très-délié , /m'ont oiiert une^ pxvûcuhxité remarquable , iis étoient dentelée, prefque d'un bout-à-f autre, dans certains endroits les dentelures étoient plus profondes, dans d'au= (t) -Vojes (on, 'Traité de la géné/.ation des Vevs dans le covfs "h i/^QW?;'.t?5 Troi6e!p? Edit/ion^ Farjà^ if4i^ &RrSTOIRE NATURELLE: lof trcs elles Tétoieiit raoins : ces dentelures criradldrU abieut-ellcs une Efpece de ces Vers, ou fer oient- elles de fimples variétés dues à quelqu'accident ? Ceil furquoi je ne iatirois décider. L'un de ces Vers avait été rendu le 14 Septembre , entre kuit à neuf heures du matin j l'autre le 18 du même mois , environ à la même heure : ils écoienc JTortis vivans , leurs mouvemens étoienc des niuuvemens d'ondulations ou vermiculaires , ^lais qui ceilerent en moins d'une heure. La première chofè à laquelle je me fuis ntta-. çhé a été à découvrir la tète : on fait combien cette partie a excité de dïfp utes parmi les Na- raiides , les uns prétendant que ce Ver en eft dépourvu , les autres foutenant Favoir obfervée dans l'efpece à anneaux longs. M. An DRY , qui eft du nombre de ces derniers , convient qu'on lie l'a point encore vue dans le l'innia a épine ou à anneaux courts. J'ai d'abord obfervé le Tcuia rendu le 14 Septembre ; la partie antérieure m'y- a paru fe terminer par une efpece .de renflement elliploïde atfez alongé [PL /, Fig. 4, « ] : examiné avec une bonne loupe [ Fig. S , ^ ] je n'y ai rien dé- couvert qui eût de l'air d'une tète -, ce renfle- ment étoit articulé comme le refte du corps , Ï0(^ M É MOIRES les articulations ou anneaux en ctoient feulement beaucoup plus ferrés ; mais ce que j'ai remarqué qui mérite plus d'attentimi , font des efpeces. de filamens , ///, ^c. , de même couleur que le Ver, c'eft-à-dire, blanchâtres, & fitués îur Ics côtés de la partie antérieure : ces filamens feroient-ils à notre Ver ce qxi'cR le chevelu aux racines des Plantes , ou ne feroit-ce que des par^ ticulcs du mucus qui enduit le velouté des in* tedins ? La partie antérieure de rautre Ver m'a offert quelque chofe de plus reifcmblant à une tète, que ce que m'a offert la partie antérieure du premier , le renflement [ Fig. i , « J qui la ter- minoit étoit plus fenfible & moins alongé ; l'avnnt obfervé attentivement au microfcope ,. je lui ai trouvé une forme approchante de la conique [Fig. 2, j^] 8< telle à -peu -près que- ceîle fms laquelle on chercheroit à dépeindra une tète ; le deffus & le deffous étoient un peu relevés. A PcxtrémJté fe remarquoient deux pe- tites pointes mouiTcs , m , p , placées immédia- tement à côté Tune de l'autre , ou , fi Poii veut, l'une fur l'autre , 8i dont la première ,. 7n , fembl.oit recouvrir tant foit peu la féconde , p : précifément au-def{(jus de la première aitf- culation , ou de l'endroit qui pourroit être re- ITHISTOIRE NATURELLE. lOf gardé comme la bafe de la tète , s'appcrccYoit vne efpcce de courte épine droite & obtu fc , e,. qui formoit avec le corps un angle aigu du côté de la grofleur , & un. obtus du côté oppofé y cette efpece d'épine étoit de même couleur que ra;iimal : au-deiTus de celle-ci on ccoyoit ea découvrir d'autres beaucoup pîu"5 courtes , g g. Voila tout ce que j'ai pu découvrir dan 5 cette partie , à Taide d'un bon microfcope : devons-nous la regarder comme la tète du Ver? Je ne le penfe pas , quoiqu'elle eût pu palFer pour telle dans Feiprit de bien des Obfervateurs moins difficiles à contenter que je ne le fuis > je foupconnerois plus volontiers que le Ver dont il ei^ ici queftion , ayant été rompu près de Pextrémité antérieure , avoit commencé à repouiTer dans cet endroit. Ce que j'ai ubferve fur les V^ers qu'on mu tiplie en les coupant par morceaux , (f) me paroit favorifer cette conjec- ture , iur laquelle néanmoins je n'inflfterai pas, M. Herrensçhwanbs m'a éc.it , qu'il a cher- ché en vain la tète organifée de M. Aïs" DRY » qu'il a trouvé à l'aide de bons microfcopes , que ie bouton qu'il a fouvent remarqué à l'extré- mité de 'la partie antérieure de ces Vers , étoit (t) Voyez Traîti d' Infeciologie. ?nrt. II, Obf. II, Oeuvrer Tom, I, îog^ MÉMO T R E S^ une espèce de bourbe formée du mucilage- qui couvre le velouté des intefims, ■ Les Auteurs qui nous ont donné des def- criptions de Tdnia , n'ont pas négligé de. nous parler d'une efpece de vaiiTeau qui paroit étendu d'un bout du corps à l'autre , & qui en occupe précifément le milieu i c'eft en effet la partie qui fe f a t le plus remarquer dans la plupart de ces Vers ; elle ny a pas conftamment la même forme extérieure : dans les uns , elle ne paroît que comme un cordon bleuâtre ou prourpré [ Fig. 9 & 10 m ^ rrr], 8i c'eft ainfi qu'elle paroif- foit fur les deux T^nia dont j'ai parlé : dans d'autres , elle femble compofée d'une fuite de- grains raboteux , comme s'exprime M. An,dry j. ou pour employer une comparaifon qui en donne une plus jufte idée , elle paroît formée d'une file de corps glanduleux en manière de fleurs [ Fig. i^ , c c ] -, ces corps glrndn'eux méritent aifurément une grande attention , ils forment fur celui de l'Infedle un trava 1 qui fe fait confidérer avee plaifir; [ Fig. ^3 -> g g g ^] je m'arrêterai d'autant plus volontiers k le dé- cnre , qu'il ne l'a point encore été comme il demandoit de l'être, les figures qu'en ont données divers auteurs étant toutes défedueufes. UHISTOIRE NATURELLE, 109 C'EST dans le milieu de chaque articulation ou anneau , que faut placés les corps en manière de fleurs dont nous voulons parler , ils en occupent une partie de l'intérieur [ Fig iS-]? ils font couchés entre deux peaux, dont Tune, p , peut être dite la fupérieure , «& Tautre ,, s , l'in- férieure. Spigelius dit aulîî qu'ils font formés de deux -membranes; leur nombre dans chaque anneau n'ell: pas , je crois , bien conftant -, oit en compte ordinairement cinq à Cix[Fig. 13]. Tîiiï aliquando hiijtifinodi pun^a , interdiim flura , noytnunquam eaâem fexayigula ohfervavi , remarque Olaûs Borrichius j ils font fort iné- gaux en groifeur , il y en a deux [ Fig. J 3 , jv 5^ ] fur-tout , qui font confidérablement plus gros qiie les autres , & cela s'obferve conftamment dans chaque amas ; leur forme eft un ovale plus ou moins alongé , auffi Spigelius les nomme- t-il avec raifon les facs ov'à\cs, facciilos ovales^ ils ont ordinairement une couleur pourprée , mais qui change avec le temps : les deux plus gros font toujours les plus colorés, & les plus éloignés de ceux-ci le font le moins, L'ar- arangement de ces corps entr'eux' cil; tel , qu'il imite , comme je l'ai déjà infinué , celui des pétales , d'une fleur ; chaque corps femble tenir au centre de l'amas par un très-court pédicule j mais pour bien voir cette dilpoliciou . il faut tïô M È M 0 ï k Ë s avoir recours au microfcope.Xe nombre c^c ce'S petits corps ou lacs ovules , y paroit plus grand qu'à la vue finiple ou à la loupe , on y en compte facilement une douzaine { Fig. i ^ ] clans chaque anneau , entre les deux plus gros , on apperqoit yn très-petit cercle ou trou rond [ Fig. 13,0,0] er idem crifcium feddii. /Nantie idem nojha T^eHia; a Naturà diT^erJîmode îtuïtnte^ pl^ip^'i''i'iu*h Cùvcsdi foti/it;-? Lp? Polypes an'on tonltipUe par la fedion , rendent aufîà .1§n rs èscfémeiis pas: la. bcuçh^^ D'HISTOIRE NATURELLE. i2t ftent ifllie au chyle contenu dans l'eftomac de rinfede. J'ai déjà remarqué que les corps glanduleux ou lacs ovi-les n'occupent qu'environ le tie:s de l'intérieur du Txnia , Fefpace de part & d'autre eft rempli par un nombre prodigieux de globules jaunâtres. [Fig. 13 & 19.] LeeU- WENHOEK eft , je crois , le premier qui les ait obfervés , & après lui M. AndrY : voici de quelle façon l'Obfervateur HoUandois s'exprime à ce fujet : Clinique ea meynhra ( les anneaux du Tscnia ) qiut lata erant , fepararem , ex partibus: ahruptis magna , & incredibilis fere ejfaiehat glo- hulorum copia, Hi globuli paulo erant majorer globulis fanguinern noflntm vubriim reââeyitihiis , ^ tam acciirate erant epifdem molis , ac fi nobis reprxfentarenms globnlos phimbeos eiâem formA mclujos. M. An DRY en parle à-peu-prts de la même manière. Nous appsrçurnes , dit-il , ( le célèbre M. Mer Y & lui , conjointement avec un autre Docteur en Médecine ) dans tonte retendue du Ver un amas infini de petits corps glanduleux , rejfemblans à des grains de millet , mnis très-ronds ^ je ne faurois ymeux comparer Pâmas de ces petits globules , que fai regardés depuis avec un nouveau fioin par le microjcope , qu''J ces amas d'œufs qui fe trouvent dans les xzz' MÉMOIRES Carpes i ils paroijjent entajfés de la même manière ^ Çf? tous diftingués les mis des autres ,* ils font em fi grand nombre dans ce Ver , que fi on les touche avec la pointe d'une épingle , ce qui demeure attaché à t épingle , ne fut-il pas plus gros que le plus petit grain de poujjiere , paroit par le microfi cope un amas incroyable de petites boules. M. Andry foupqonne que ces globules font les œufs du T9eaia ; pour moi je les ai obfervés avec toute l'attention dont je fuis capable , & je dois dire que mes Obfervations ne s'accor-. dent pas avec celles de ces Savans : en premier lieu, je ne les ai pas trouvés aufîi petits qu'ils nous les repréfentent , mes yeux feU'S ont fufîi pour me les faire difcerner ; ea fécond lieu ils ne m'ont pas paru au microfcope d'une figure aufîi régulière , & autant relfemblante à celle de globules qu'ils nous les ont dépeints 5 la leur m'a fcmblé tenir plus de celle des grains de fable [Fig. 14.] ou d'une fine pouiîiere , il eft vrai qu'à la vue fimpîe & à la loupe , ils pa- roiifent plus arrondis; enfin, je ferai remarquer que je n'ai point obfervé de ces petits grains dans la ligne des corps glanduleux. \^¥ig. 13.] Seroit-ce s'éloigner de la vraifemblance que de conjedurer qu'ils font au Txiiia , ce qu'cft la graiiié dans les giands Animaux , c'eft-à-dire », un amas duie m.ticre huileufe féparée da WHISTOmE NATURELLE: J^^: iàiig , & renfermée d^ms des efpeçes de cap- fules ? Cette con;e6lare nie parok au moins plus probable que celle pour laquelle M. AndrY" fembie incliner. Le corps graijjeiix des Chenilles, & de quantité d'autres Infedles , femble de même compofé d'un amas de globules que j'ai obfervés à la vue fimple dans certaines /Imjjèj"- Chenilles ([■). L'Auteur du Traité Hifwriqtie fur les Afcarides ^ fur le Ver glat , que j'ai déjà eu occafîon de citer , a fait une femblabl^ re- marque , & il feroit à foiihaiter- pour lui que fa critique eût toujours été auflî bien fondée. On pourroit encore foupçonner avec vraifem- blance qu'il en eft de ces grains comme ds ceux dont le corps des polypes d'eau douce eft rempli. Voyez les Mémoires de M. Tremble Y fur cet Infecte., Pour achever le récit de ce que j'ai obfervé fur le Taenia , il me rcfte à parler de quelques particularités que m'ont oifertes les anneaux & la partie poftérieure des deux que j'ai examinés avec le plus d'attention. J'ai dit au commencement de ce Mémoire, que tout .le corps du Taenia eft articulé , & que (t) La grRiide faiifTe Chenille de l'OFier. Foy. Ohf. div. fur Us Inf. Obf. XXXIV. Oeuvres , Tome IL 124 MÉMOIRES ces articulations font plus ou moins ferrée? en dilïcrens Vers s ceux dont il eft ici queftion doivent être mis au rang des Taenia dont les anneaux font les plus courts : les plus longs que j'aie vus n'avoient guère plus àe deux lignes , & ceux-ci appartenoient à la partie pof- térieure. [ Fii^. 3 C^ ^. ] Ceux qui formoieut le milieu du corps n'avoient au plus qu'une ligne, fur une largeur d'environ demi-pouce. [ Fig. 9 ^ lo ] Plus loin , en tirant vers la partie la plus effilée du Ver, on en voyoit dont la lon- gueur étoit à peine de demi-ligne j [Pi. 11^ C de b en i?.] mais ils paroilfoient enfuite en aug- menter jufqucs à quelques pouces de diftance de rextrémité antérieure \ [de B en «. ] là , ils devenoient prefque infenfibles, & fembloient fe confondre les uns dans les autres, [de a en A. ] On comnrend par cet expofé , que les pro- portions fuivant lefquelles les anneaux de notre Ver augmentejit ou diminuent de longueur, ne font rien moins que confiantes ', il n'y a pas plus de régularité à l'égard de la largeur : en certains endroits , [ ^ ] elle augmente fenfible- ment & prefque tout à coup , & diminue de même ; mais il eft d'autres variétés plus remar- quables qui n'ont pas échappé aux yeux de M. Andry. Ce ikit des anneaux qui paroiifent- D'HISTOIRE NATURELLE, i2f jsomme coupés ou interrompus, [Pi. I, Fig.'j ^8-] de la même manière, à-peu-près , que le font afTez fouvent dans les arbres les couches concentriques qui fe forment fuccelîivement d'année en année , & qu'on croit déterminer leur âge. La furface des anneaux n'eft pas parfaite- ment liiTe , mais fillonnee j ces filions peuvent fe divifer en deux ordres j en longitudinaux & en tranfverfaux y les premiers font parallèles à la longueur du Ver , les féconds lui font perpen- diculaires : entre les longitudinaux , le plus re- marquable eft celui qui occupe précifément le milieu du corps , mais qui n'eft bien vifible que dans quelques endroits. [ Fîg. ^ J, l, PL II, ^5 ^ î ^9 &c. ] Outre ces filions on apperqoit encore de petites foifes [ Fig. 9 , f, f , & Fig, 10. PL II, C, m , m. ] dont il y en a une à chaque anneau , placée à l'endroit du ftigmate. Enfin , je ferai remarquer que les interfedions des anneaux ne font pas des lignes droites , mais des courbes qui ont diifércntes inflexions , [ P/. / , i^^^. 7 , 8 , 9 5 &? 10. ] elles rappellent à l'efprit l'image des ondes que trace l'eau d'une rivière fur le fable des bords. Je viens à la partie poflérieure de nos deux ïiè MÉMOIRES Taenia , elle ne fe termiiioit pas en manière de fel comme l'antérieure, le bout de Tune & de l'autre avoit environ trois lignes de largeur : t^^:^- 3&^'] celle du Ver rendu le ig Septem- "bre , moiitroit deux elpeces d'appendices ou de cornes [ Fig. 3 , c , c] inégales en longueur , & qui examinées avec attention , paroilloient n'être que des re{l:es de deux anneaux dont une partie avoit été emportée par qUelqU'accident : on en voyoit une femblable , mais plus courte, [ Fig. 6" , ^. ] à l'extrémité poilérieure de l'autre Taenia. Ici, je ne puis m'empècher de relever deux erreurs confidérables de M. le Clerc 5 la pre- mière conUtte en ce qu'il a regardé comme la partie poftérieure du Taenia le bout le plus efTilé , ce n'eft pas néanmoins que s'il étoit pofîïble que le Ver plat pût fe conferver en entier dans le corps qu'il habite , le bout pof- tédeur ne dût fe terminer par un fil délié , ainfî que l'antérieur -, m. lis on fait qu'il eft or- dinaire à ceux qui l'ont, d'en rendre de temps à autre des morceaux fouvent longs de pîu- îieurs pieds , & c'eft ce qui étoit arrivé au ma- lade dont M. le Clerc fait Thiftoire : la féconde erreur qu'il a commife , eft d'avoir pris pour des organes propres à la tète du T3enia , deux cornes pareilles à celles dont j'ai parlé ci-dellbs, mais ce Savant n'eft pas le feul qui s'y foit D'HISTOIRE NATURELLE, 127 hiépris, & on doit le lui pardonner d'autant plus volontiers , il écrivoit d'ailleurs fur une partie touchant laquelle , comme le remarque ingénieuf:ment TlsON , les Anatomiftes n'ont pas moins varié que les Géographes touchant l'origine du Nil. La partie poftérieure du Taenia auquel les deux cornes en queftion appartenoient , ofTroit une autre particularité alTez remarquable , elle étoit percée à jour en deux endroits de la ligné du milieu du corps: [Fi^, 3 , /> a] le trou le plus proche de l'extrémité étoit le plus grand, & l'un & l'autre étoient oblongs. Comment ces trous avoient-ils été faits? C'eft ce que j'ignore; j'en ai obfervé d'oblongs ailleurs qu'à la partie poftérieure dans un Taenia dittérent de ceux dont je parle. ADDITION. [ff] J'ai dit ci-defîus , que je ne doutois pas qu'on ne découvrit un jour la tète au Tmia cl anneaux courts : en fufant cette efpece de pré- diction , je ne founconnois pas qu'il me fût réiérvé de l'accomplir , c'eft néanmoins ce qui m'eft arrivé & que je dois à un heureux ha- fard : voici Thiftoire de cette découverte , qu'on jugera d'autant plus importante qu'on fait que m MÉMOIRES les Naturaliftes ont beaucoup varié fur îa parti» qui eu fait le fujet , & qu'elle peut fcrvir à décider plufieurs queftions qui ne l'avoieut point encore été , & qui méritoient de Pètre. Au commencement de Juin 1747 , un Chi- rurgien de notre ville, M. René Macaire, m'apporta un Tsenia à anneaux courts , long d'environ trois à quatre pieds j fa partie anté- rieure fe terminoit , comme à l'ordinaire , pat un fil très-délié , mais ce qu'elle offroit de très- remarquable , & que je n'avois encore vu à aucun Txnia , c'étoit une tache noire que le Chirurgien prenoit pour la tète de l'Infede , & où il aifuroit avoir . remarqué quatre tuber- cules 5 je robfervai auffi^tôt avec une loupe de cinq à Çix lignes de foyer 3 je vis en effet les quatre tubercules , ils paroiifoient formés de chacun deux boutons pofés l'un fur l'autre , Finféiieur étoit plus gros & fervoit de bafe à l'autre j ru ilmniet de celui-ci étoit une petite ouverture , qui n'avoit pas non plus échappé au Chirurgien. A cet appareil je ne pus m'em- j3ècher de juger que c'étoit -là cette tète fur laquelle les Naturaliftes avoient fi fort variés je regardai ces mamelons ou tubercules comme autant de fuqoirs. Cette jymSTOlM NATURELLE. Î29 €^TTE ôbfervation me paroiiTant très-impDr- étante , & l'état aduel de mes yeux me déïen- daiit Fiifage du microfcope , j'eus^ recours à j\L Calandrini , Profetfeur de Philofbphie dans Fotre Académk , & qui unit à un profond {•ivoir toutes les qualités qui font rexcelleut Obrervateur ; il découvrit d'abord les quatre mamelons, Se il obierva leur poficion & leur ftruélure mieux' que je n'avois faitA je le priai de décrire & de donner ce qu'il voyoit , il s'y prêta fur le champ avec plaulr, & c'eft ce qu'on trouvera ci-après. [PL //, F/>. 2 ] A, tête du Taenia vue de front , elle paroît compofée de quatre bouts de rrompe , terminés par un bourlet de couleur fauve parfemé de p'ufieurs points noiràtr^^s , :.U milieu eft une ouverture bordée de filameus blanchâtres. a paroiflbit bordé d'une matière blanchâtre aflez femblable au refte du Ver , comme 11 on voyoit par le trou les chairs de l'intérieur dé rinfede, cela étoit tranfparent , comme fi a tra- veirs les parois du trou la lumière eût pu paf^ fer ', d étoit dans l'ombre , on voyoit néan- moins diitindement le trou 5 b étoit vu de manière qu'on ne pouvoit voir l'ouverture du Tome IIL l 13© MÉMOIRES trou , quoiqu'on eu entrevît le bord j le centre des quatre mamelons ne paroilibit qu'un enfon- cement. B, \^¥îg. 3.] un des trous vus de front, les autres étant cachés. C , [ ¥ig. 4. ] ce même trou qui paroît dans m\ enfoncement dans la première figure , parut un moment après s'avancer en-dehors comme une efpece de mamelon , qui avec fa bafe au- loit fliit un cône dont le fommet auroit été le trou s on voyoit néanmoins des traces du cer- cle qui étoit le bord de l'enfoncement, D, [ Fi^. 5.] deux trous vus de côté ave». îe bowrlet d'un troifieme. A la vue fimple , cette tète paroifToit comme lin gros point , e. [ Fig, 6. ] Le microcofpe étoit fimple , & avoit trois quarts de ligne de foyer. Au refte ce que M. An dry dit avoir vu à l'égard de la tète du Taenia a anneaux longs ^ fe rapporte afTez à ce que je viens de dire de la tète du Taenia à anneaux courts. Voici comme m' HISTOIRE I^ATURELIK 13 r '"parle ce Médecin (|) : Ce Ver a la tète noire ^ plate , un peu arrondie , ok font quatre ouver- taures , deux d^un cùté-y rganes font appropriée à un certain genre de;- msi-^ puiiîb fc faixe à ua aiixre diamétral cmenÇ; D'HISTOIRE NATURELLE, 13T ©ppofé ? Comment admettre qu'un Ver aquati- que introduit dans les inteftins d'un grand Animal , y foutienne le degré de chaleur qui leur eil: propre ? Comment vouloir qu'il réfifte à l'adion continuelle des folides & des fluides ? Comment imaginer la même chofe des femen- ces de ces Inlectes ? Des œufs qui , dans Fétat ordinaire, éclofent à l'air & à une certaine tem- pérature, éclorront-ils auffi dans un autre fluide dont la chaleur eft incomparablement plus grande ? Dira-t-on que le changement de lieu , de nourriture , opère dans ces petits Animaux une métamorphofe qui les rend toHt ditférens de ce qu'ils étoient, & qui les met en état de fe foutenir dans un monde Ci différent du leur? Mais, outre qu'il n'y a point de métamorphofes proprement dites dans la Nature , que tout fe fait par un développement infenfîble de parties préexiltcntcs , comme Swammerdam l'a dé-. montré le premier , il eft plus que probable qu'un changement comme celui dont il s'agit, ne fauroit produire que de fimples variétés de grandeur , de couleur & autres femblables , & non donner lieu à un nouvel arrangement d'or- ganes , à un nouveau méGhanifme. Il eft vrai qu'on trouve dans divers Auteurs des exemples qui fav'orifent le fentiment que j'examine, des graiiis d'avoine ont gernic dans l'eftomac d'un 1.4. IS6 MEMOIRES Soldat , des cannes de fucre ont poufTé danâ celui d'un Éléphant , des Chenilles , des Écre- vilFes , des Lézards, des Grenouilles, des Vipc-. res , &c. font fortis du corps de diverfes p^r- foniies 5 mais font-ce !à des iaits bien, certaiiis 2 N'y a-t-il auciiîi heu de craindre qu'o'i ne s'en firit laiiTé impofer? Combien de faits. reçus pour vrais par les Natura'iftes , 8i dont la fauxletc a enfuite été reconnue r Confentoiis néaiimoins à ne pas chicuier {iir ceux qu'on nous allègue ici i en ferait- il démontré que ces diverfes Efpeces d'Infeclv-s qu'on nous alTure avoir été rendues , étoient bien les mêmes que celles, que nous connoiifons fous les mêmes noms ? Les delcriptions & les figures qu on en produit , fuffiioient pour en faire douter : fi, au contraire , ce font des productions affedées au corps hu- main , il s'agira d'expliquer d'où elles tirent leur origine. On pourroit efpérer de rendre raifou de l'origine du T9enia , fuivant la méthode la plus reque , fi on en avoit vu ailleurs que dans le corps de l'homme & dans celui de quelques Ainmaux : c'eft la grande objedion de Hart- S.OF.KER & de Vallisnieri. Le célèbre LiN- KiEUS aifure avoir fait une fcmblable obferva- ton 3 les tei!)\es méritent d'être rappoxcés. : In D'HISTOIRE NATURELLE. ï-37 tîiho inîeliinali borninnm très jpecies anivicihnm occiirrmit y dit ce fdvaiit Natiualifte dais i»7ii iyitème ^ Liunhrici n^'.mpe , Jjlaricles ^ r^. qnod Livmbvîci inteiinalis una eademque jit ffs-* des aim Lumbrico terrejrri vul^aiijimo , 'monjlrat- figura omniuji partiwn : qnod Afcarides iide}yi jmt aim Lnmhricis iïiis .minutijJJmis in lacis pah'.jirib^is nhique obviis , ex autopjiâ clarijjime patet. Tctnia Iniciifqne pro parafiticà fpecie habita efi , cum in- horninihus y canibus , pij'cibus , ^c. frequenti'j^me , folitaria reperta fiterit , ^ maximum negotinm illis facejfat , qui in indaganda generatione ani^ malium diligentem operam contuierunt. Ego vero in itinere Reuterholmiano Dalekarlico j aynio Ï734 , conjïitutus , in pVc^fentiû feptern fociO'- rwn meorum , hanc inter ochram acididareut Jcurnenfem inveni , quod maxime miratus fu7n , cum aqUii acidulari ejufmodi TcCJiias phtrimi ex^ pellere tentayit. Hinc fequitur , Vermes non oriri ex ovis Injeàiorum , Mufcarum ^Jimilium ( quod fi fieret ^ jmnquam multiplicari pofient iyitra tuhum intejiînalem\ çf? fecundum gradiis metamorpho^ fto> périrent ) fed ex ovis Vermium prtzdidori.m wia cum aqUii hihendo haujiis. J'ai beaucoup de refped pour un Naturalifte de Tordre de M. Linnîeus , je prendrai ncan- ' moiiiS là liberté de lauc (quelques lemarqucs 338 MÉMOIRES fur lepalîiige que je viens de citer. Et d'aborcî> je demande s'il eft bien vrai que les Vers de terre & ceux du corps humain , qui leur reirem- bîcnt pour Textcneur , foient organifés de la îiième manière ? Redi ne Pa pas penfé , lui qui avoit diiTéqué les uns vSc les autres avec beau- coup de foiii & d'attention. Je fliis la même demande à l'égard des Afcarides ^ de ces Vers très-petits qu'on trouve dans les lieux maréca-. genx : en fécond lieu , l'Efpece de Ver que M. LïNN.^Us a trouve dans Tochre , eft- elle réelle-, ment le Taenia du corps humain ? Je ne le crois pas ; il me paroît plus probable que ce Savant aura été trompé par quelque rapport de forme. Si cependant on veut qu'il n'y ait point ici d'erreur , je prie qu'on me dife , com- ment la même Efpece de Ver peut vivre éga- lement dans la terre & dans le corps d'un Animal? En troifieme lieu enfin, M. LiNNiEUS eft le feul qui ait fait cette découverte , or s'il étoit certain qu'il fe trouve des Taenia hors du corps de l'homme & de celui des Animaux ,, feroit-il ooffible qu'après tant de recherches que des Naturaliftes de tout pajs ont Rùtes en divers endroits , foit de la terre , foit des eaux, aucun n'eut jamais rencontré cet Infecta ? Cela feroit d'autant plus extraordinaire , que ce Ver eft aifez conimun aux liabitans de certaines cou- D'HISTOIRE NATURELLE, 135^ trées , comme à ceux de la Hollande & de rAllemagne, Voyons maintenant (î nous trouverons moins de difficultés dans le fyftèm.e de HarTSOEKER. & de Vallisnieri. Ces deux fameux Phyficiens ont penfé , comme nous Pavons vu , que le Taenia eft. contemporain de Thomme , c'eft- à- dire , qu'il habitoit déjà en Adam , 8c que de lui il a paifé dans fa poftérité : cette hypothefe eft le refuge d'un Naturalifte preflé par les difficultés qui accompagnent les autres fyftèmes , mais ce n'eft pas un refuge alTuré ; car , premièrement , ou ce Ver a été créé avant Adam , ou en même temps, ou après :Ci on dit qu'il étoit avant Adam, il y aura donc eu un temps où le Taenia vivoit hors du corps humain ; & dans cette fuppofi- tion , les objeélions que nous faifions contre le fyftème de ceux qui le font venir de dehors veparoiifent dans toute leur force. Si on dit qu'il a été créé en même temps qu'Adam , on s'élève contre le texte facré , qui nous en feigne, que Dieu avoit créé tous les Animaux, fans en excepter même les Lifedes.^ avant qu'il eût formé l'homme j la même objection aura encore j)lus de force fi on embraife le troificme parti : 140 M È M 0 I K E S en fécond lieu , comment accorder avec !a hgi^^e & la bonté de Dieu, qu'il eût placé dans 1er corps d'Adam innocent, un femblable Animal, que dis-jeî qu'il en eut fait le domicile de quan- tité d^autreslnfec'les ? Vallisnieri répond aifez plaifamment à cette difficulté ; il prétend quV vaut le péché les Vers ne nuifoient point à rhomme ; mais qu'au contraire ils lui rendoient mille bons offices , foit en confumant les hu- meurs fuperfîues , foit en réveillant par de légers cbranlemens l'élafticité des fibres engourdies. Je lailTe aux Théologiens à difcuter , fi Adam dans rétat d'innocence avoit befoin que les Vers con- fumalfjnt fes miuvaifes humeurs , & donnaflent plus d'élafticité à fes fibres relâchées ? On ré- foudroit mieux à mon avis , l'objeclion , en fuppofant avec M. le Clerc (f) , que tous ces Vers qui infedent aujourd'hui nos inteftins & d'autres parties de notre corps , n'exiftoient en Adam avant fa chute, que fous la forme d'œufs , qui ne pr,oduifirent qu'enfuite de fa défobéif- faiice. Mais on demandera fans dout€ , comment notre Taenia a pu fe communiquer à Eve , & par elle à fes defcendantes ? Vallisnieri ré- (t) Danîelis CiirRlCl ^. Hijîoria naturalis zff medica lato^ rioh LumbYtcorun:, Genevas , an. 17 15: » //i'-^*". D'HISTOIRE NATURELLE. T41 pond là-defliis , qivil y a beaucoup de cliofes dans cette partie de l'Hiftoire de la création qui concerne )a formation de la première femme d'une des côtes d'Adam , dont nous ne faurions pénétrer le fens ; mais que s'il faut prendre à la lettre le récit de l'Écrivain facré , il n'eft pas impofîible d'expliquer la manière dont les Vers ont pu paiTer des inteftins d'Adam dans la côte dont Eve fut tirée j puifque , dit-il > le canal thorachique monte le long des côtes , & qu'il pouife des ram.-^aux dans les inteftins , féjour ordinaire de ces Lifed^s. Mais fans recoudr à de fcmblables explications , la mèm.e Puilfance , ajoute notre Auteur , qur a formé d'une côte un corps fi admirablement organifé , n'a-t elle pas pu introduire dans cette même côte des Vers tirés des inteftins du premier homme ? On aimera mieux fans doute expliquer cette communication fimplement , par les routes que l'Airatomie nous indique , que d'employer les divers moyens dont fe fert Vallisnieri. En admettant que les œufs du Taenia & des autres Vers qui vivent dans les inteftins , font fi petits qu'ils peuvent être aifément admis dans les voies du fang , & être portés de là dans les véficules féminales , on rend raifon de tout fans beimcoup de peine , & fans faire intervenir la Puilfance Divine, 14^ MÉMOIRE S L'on peut faire une autre queftion fut ïë iyftème de Vallisnieri -, elle canfifte à favoit pourquoi tous les hommes ne font pas tra- vaillés des Vers , puifque tous tirent leur ori- gine d'Adam ? Cette queftion qui a panj très- diiïicile à M. le Clerc , n'eft pas néanmoins fans réponfe : le climat, la nourriture , le tem- pérament , le genre de vie & d'autres circonf- tances pareilles , peuvent en fournir de bonnes folutions. J'ai difcuté avec toute rimpartialité dont je fuis capable , les dilférentes hypothefes qui ont été imaginées pour rendre raifon de l'origine des Vers du corps humain ; il s'agiroit préfen- tement de décider entre ces hypothefes ^ mais je fufpens mon jugement jufqu'à ce que je fois mieux inftruit : une chofe néanmoins me paroît favorifer la troiiieme hypothefe ^ ce font îeè obfervations extrêmement curieufes de Val- lisnieri & de M. de Reaumur, fur certaines Efpeces de Vers qui habitent, diiférentes parties du corps de quelques quadrupèdes , & qu'on a découvert provenir de dehors j on comprend que je veux parler des Vers des tumeurs des bètes à cornes , de ceux qui habitent les fiitts frontaux des Moutons , de ceux qui vivent dans les inteftins du Cheval , & enfin de ceux Ï^'HÎSTOÎRE nATVTxELl'Ë, ï45 qui fe tiennent dans ces bourfes charnues qui font à la racine de la langue du Cerf. Si on. ne favoic aujourd'hui que tous ces Vers doi- vent leur nailiance à des mouches , ne feroit-oii pas aulïî embarraiië à expliquer leur origine ., qu'on l'eft encore à expUquer celle du T-xnia, &, des autres Vers que nous nourriirons. Je hasarderai fur ce fujet une conjedure j le Tecnia eft fort commun dans les Chiens , il l'eft auiîi dans quelques Poiifons , particulière- ment dans les Tanches 5 ne pourroit-on pas fuppofer qu'il nous vient de ces Animaux, pat des œufs de ce Ver qu'ils laiilent échapper dans leurs déjedions ou autrement , lefquels peuvent enfuite être introduits dans notre corps par mille moyens qu'on imagine aifé- ment : l'eau , par exemple , en fournit un très- naturel ; on pourroit tenter là-deiTus une expé- rience. Après avoir fait avaler à des Chiens le nouveau f]:)écifiquc , & s'être alTuié ainfi qu'ils n'ont pas le Txnia , on leur fera boire à l'or- dinaire de l'eau où des Tanches auront féjourné, ou , (i l'on veut , dans laquelle on aura fait macérer durant quelque temps des en.trailies de Tanches habitées par des Taenia: fi ces Chiens 5 ainfi abreuvés pendant quelques années , & ou- verts enfuite 5 montroient des Txiiia, ce feroit 144 MÉMOIRES un fort préjugé en faveur de l'idée que je propofe fur Foriginé de ce Ver ; je dis limple- nient un préjugé , parce que je fens fort bien qu'on ne parviendra jamais à démontrer d'une manière rigoureufe, que les Chiens fur lefquels on aura tenté l'expérience dont il s'agit, étoient abfolument exempts de Txnia & de leurs œuiis. (tt) On aimera fans doute à favoir ce que penfbit M. de Reaumur fur la queiHon Ç\ téné- breufe que je viens de difcuter. Je vais donc tranfcrire ici ce qu'il m'en cciivoit le 15 de Janvier 1748' " L'idée que vous me propofez 53 fur l'origine du Taenia , n'a rien que de vrai- 35 femblable. Plufîeurs Auteurs ont déjà penfé 55 que le Taenia nous venoit des eaux que nous 55 buvons. M. LiNN^us entr'autres croit avoir 33 trouvé de ces Vers dans l'eau ; mais je doute 35 que ceux qu'il y a trouvés foient de l'Efpece ,5 de ceux qui vivent dans les inteftins de ,5 l'homme. Vous levez bien mieux les difficuU 55 tés 5 en fuppofant , que c'clt le frai ou que 3. ce font les œufs de ces Vers que nous ava- 33 Ions avec l'eau , en iiippofant que ces œufs 33 font fortis du corps des Poilîbns où des 33 Taenia habitent. Un Ver qui aura crû dans 33 les inteftms d'une Tanche ou de quelqu'autre 3, Poilibn , peut fe trouver encore mieux dans 33 ce ux de l'homme. ^^ Il ïfmSTOIRE NATURELLE, 14^ Ïl tliùt convenir néantiioins , que le problème t\t feroit pas entièrement réfolu par la -fuppo- lition dont il s'agit j piiifqu'il refteroit toujours à rendre raifou de Porigine du Tsenia dans la Tanche & dans d^iutres Poiiïbns. Il eft vrai que 11 l'eau étr/it la patrie du Txnia , il ne !eroit p.ts diincile de concevoir comment les tetjfs ou les femences de ce V^er , ou le Ver lui itièmc encore très-petit , pourioient s'introduire dans l'intérieur du Poiiibn. Q_U E S T I O N IL Comment le TJinia fe propage-t-il F Cette queftion quoique moins épineufe que ïa précédente , n'en a pas été mieux éclaircie ; .le Taenia èft-il vivipare ou ovipare ? S'accouple^ t-il ou mukiplie-t-il fans accouplement '< Qiiant au premier point, je ne connois aucun Auteur qui ait cru ce Ver vivipare, tous ont "conjecluié qu'il étoit ovipare : nous avons vu ci-deiïus ce qu'on doit penfer de très-petits grains jaunâtres qu'on obTerve dans Ton intérieur , & qui ont été pris pour fes œufs. A l'égard du iecond point on eil plus partagé, M. Lyûnet (.) dit , en rapportant les obièrvations qui femblent (i) Théologie des Infcûes de M. LsssEB^^ nvec les note? U M. Lyonet, Tom. î, pa^, 5^, 5+, 55. Tome IIL K 14^ MEMOIRES établir qu'il y a des animaux qui nurtipliens liuis avoir de commerce avec un autre , ( pag. 5 3) que fi tin fait aujji fiîjgulier pouvoir s^étcihlir fur de fimples raifowiemeus , aucun animal ne fem- hleroit plutôt devoir être mis au rang de ceux qui fe fujfifent h eux 7nêmes , que le Solitaire : cependant comme cet habile Obferv.iteur paroît douter s'il y a efFedivement de tC'S animaux dans la Nature , je crois devoir dire ici , que }e penfe l'avoir démontré par rapport aux Fuce^ rons. On a pu voir par la ledure du fixieme volume des Mémoires de M. de Reaumur fur Jes Infedes , les diverfes expériences qui ont été faites pour conftater la vérité de ce fait extraordinaire j je les ai répétées depuis avec lin nouveau foin , & les ai pouifces au point d'avoir élevé fuccefîivement en foUtude jufqu'à Ja neuvième génération de ces petits Infedes , comme on peut le lire plus en détail dans les Ohfervatiom. que j'ai publiées en f745 , fur ce fujet intérelfant (|). M. Tremeley , très- connu aujourd'hui par fa belle découverte des Polipes complets , s'el!: auflî aifuré qu'il n'y a point d'accouplement chez ces animaux , fi dignes à tous égards de notre admiration. C'est un fait attcfté par divers Auteurs an- (t) Truite éi^lnMologie , Part. % D'HISTOIRE NATURELLE. 147 ciens & modernes , entr'aiitres , par HïppO- 'x:rate ^< Vallisnieri , que le Taenia fe forme dans le fœtus des le ventre de fa mère ? la manière dont ce Ver peut fe communiquer de celie-ci à celui-là , n'a rien d'embarraflaiit pour quelqu'un un peu au fait de l'économie animale : nous Tavons déjà indiquée , mais, nous la dé- taillerons ici un peu pi «s , d'après M. Lyo« KEï , (|y elle confifle à fnppofer que P œuf oit le fj^tus de ce Ver eji extrêmement petit , q^ue Taurmal le dépofe dans notre chyle , ce qu'il peut faire aifément fi Pijfue de fon ovaire eji près de fa tète , comme Pejl celle des Limaces : du chyle il entrera dans la ma/Je du fang de l'homme on de la femme ou ce Ver habite j fi c'ejl dans uns fem'fne , la communication que fon fang a avec le fœtus quelle porte , y donnera par la circula- tion entrée à l'œuf ou au fœtus du Ver , qui y croîtra auîji-rot qu'il fera arrêté à P endroit qui lui convient : que fi l'œuf ou le fœtus du Ver fe trouve dans là maffe du fa?ig d'un homme , la circulation de ce fan^ fera paffer cet œuf ou ce fœtus dans les vaijfeaux oh le fang fe filtre , afin d'être préparé à un ufage néceffaire pour la cov^ fervation de notre efpece ,• ^ de là on conçoii aifément comment il peut fe trouver mêlé dans et) Théol. des înf. pag. î4. 148 MÉMOIRES les parties qui entrent dans la compojition du fœtîts hiuiiain. au E S T I O N II L T a-t-il pliifieurs Efpeces de TcCjiia ? Les anciens ont connu trois efpeces de Vers des inteftins , les longs & ronds , teretes , au- trement Jlroni^Ies y les ronds & courts , afca- 7ides p & les phts ou larges , /^^;. HîPPOCRATE eft le premier qui ait parlé du Ver plat , il le compare à une peau détachée des inteftins , fpecies ejns ejî velut aih/tm intejlini ramenttan , il aiTurc qu'il n'engendre point,. & il le répète trois à quatre fois ; le même Auteur parle auffi des Vers longs & ronds , teretes , qu'il dit produire leur fenib'able. Aristote , après avoir fait mention des trois efpeces de Vers qui viennent d'être indiquées , ajoute , que les deux premières n'engeiidrent pomt , qu'il n'y a que le Ver plat qui produife quelque chofe de femblable à la graine de courge. Galien admet la même divilion , mais Celse omet les Afcarides. Les Arabes , fucceiîeurs des Grecs & des Latins dans la Médecine , ont tait aulîi men- tion de trois fortes de Vers des inteftnis j les ronds &c longs , les larges , & les petits ou grêles , parvi [eu graciks : il ne paroit pas bien clairement D'HISraiRE NATURELLE. 145 qu'ils aient diftingué les Afcarides. des Cucur- hitains ^ qu'ils ont aind nommés de leur reiTeai- blaiice avec la graine de courge. Pierre de Abano , furnommé le Conciliateur, qui vivoit environ Taii 1300, fuit à-peu-près la même divifion que les Arabes, & parolt confondre les. Cucurbitains avec les Afcarides ; il infinue que ces Vers fe joignent quelquefois les uns aux autres , & forment ainfi le Ver plat ou le Tsenia des Grecs , opinion qui a ét.e adoptée par beaucoup de favaiis. Gemna cif le premiçr qui ait donné la figure d'un Taenia; cet Auteur vivoit dans le feizieme ficelé. D'autres, veulent que le Taenia ne foit point un animal , mais, une membrane détachée des inteftins & pleine de Cucurbitains vivans. Mouffet embraiTe ce dernier ientiment j Vallçriola , entr'autres , fait de grands elforts pour prouver philofophi- quement que la pituite des inteftins peut fe changer en une membrane reîTemblante à ce quon appelle T<£yKa. Fernel fait l'énumératiou de quatre efpeces de Vers qui vivent dans les inteftins , les ft rongles , teretes , les Cucurbitains , le Ver plat formé de l'uriion des Cucurbitains entr'cux , & les Afcarides qu'il déligne par l'é- .pithete de petits Vers longs & ronds : Exigiii ac tev.nes , fîrniilqiie tcretdi ( Afcarides appellant. ) Aldroyande & quelques autres n'eu leco.n-^ K 3 ISO MÉMOIRES noiiTeiit , avec les Arabes, que de trois efpeGC^5. niais il me tarde d'en venir à la divilion de FÉLIX Plater, qui ell la plus_célebre. Voici les deux fameux paiTages qui Tétablifl fent : Fer podicem , dit Plater , corpora. . . . fed raro , rejiciiintur , ârjerforum generum i e quîbiis tinum fafàam quarulam refert , membra-^. neam , intefiinorimi temàum fttbjl antija. fmiilem ,. eormn longittidinem adcnquantem , minime tamen » titi îlla , cavam , fed digiuim tranfverfum latam \ quam latiim Lumhriciim appellant , re&ius 7\aiiam. intejïmarmn y fiquidem ciim Lumhrico nidlam habeat jhniliîudinem y nec itti Liimhriais vivat ^ dut loco moveatur , fed tamdiii donec nunc iyite-. grum y magno im petit , ant terrore patient is ,. exijiimantis intefina omnia fie procidere , vel âbrupttim elabatiir. In quâ fafciu plerumqiie line^z nigrdU tranfverf£ , fpatio digiti ab invicem dif~ tantes ^ per totam ipji'us longittidinem , ^ ad formam vertebrariim , in intervallis illis extube- rantes , apparent. . . . Alias vera , a/iter formata ejufmodi TJ!.nia longiijiiyia , veliiti ex portionihus multis cohccrentibus , Ç<^ qu£ ab iîivicem abfcedere ^offunt y conjiare, videtiir , quas portiones , cum çucîirbità^ femina quadrata non nihil référant , €ucurbitinU7n Vermem vocant. Qiialis rarius in^. fieger ,, f§d plerumqiie in Pluru ff''(jia diviyus ^ D'HISTOIRE NATURELLE. 151 rejicittir j qiix fiiigida privatos Fermes ejje , Cu- curhitinos di&os , credidenmt , licet tantnm fyfcia illms ahrupt<& fmt particuU, Telles ont été les différentes opinions des Médecins depuis HiPPOÇRATE jurqu'à Plater , touchant là nature & les Efpeces du Tsenia. J'aurois pu m'épargner tout ce fa vaut détail qui ne m'appartient pas , & que j'ai tiré de. M. le Clerc , Ci je n'avois eu deifeiii que d'é- tablir le fentiment le plus probable ; mais j'ai cru qu'on aimeroit à voir en raccourci ce qui a été dit fur cette queftion , depuis qu'elle a commencé d'être agitée. Dans la même vue je pourrois pouifer plus loin cet extrait , & palier aux Auteurs qui ont fuivi immédiatement Pla- ter , mais comme ils n'ont rien dit d'abfolumeat nouveau ni de plus exacT: fur ce fujet , je viens tout d'un coup à M. Andry : ce fivant admet trois fortes de Vers des intelHns , les ronds ^ longs , les ronds & courts , ^ les plats , autre- ment les Strongles , les Afcarides , & le T2;enia , diviiion qui eft la même que celle des anciens. Se au fond la meilleure qu'on piiiife faire. Il diftmgue le T'c^nia comme Plater , en deux efpeces , mais il les déiîgne par des caractères différons , il nomme la première le Tmia fans épine , la {econde le T^',iicî- à épine : j'ai i'uîR- K4 ïfl MÉMOIRES fammcnt expHqiié dans la féconde partie d'(ir cette dillertation , ce que c'eft que cette épine de M. Andry. I^ s'agit préfentcmcnt de difcuter fi la divilion qu'elle lui a donné iicu d'étublir , eft la plus convenable : je renirirque d'abord qu'elle efl: beaucoup plus nette , pius (impie , moins fujctte à erreur que celle de Plater , mais il faut convenir en même temps , que ce dernier à entrevu, la différence carc.dcrillique de M. Andry , f(?J iLmes noires trcmj ver -aies en fonne de vertèbres , lined!. ni/rct tranjverfcz. . . . ad formam vertehrcirwH y m mtervaliis. . . extuhe- rantes , ne font certamement autje chofe que nos corps en manière de jleiirs , ou nos véficides or^/W , que M. Akdry nomme les grains rabo- teux, de r épine. La divilion de Plater ci donc pu donner naifïànce à celle du Médecin Fran- <;ois ; unQ chofe feulement embcirraife dans le paflage que je viens de citer , c'eft ce que l'Au- teur dit des taches noires , qu'elles font dif- tantts d'un doigt les unes des autres , fpatio digiii ab invicem dijiantes i il s'en faut apurement de beaucoup qu'elles le foient autant;; elles font au contraire allez ferrées , comme on peu s'en convaincre en jettant les ycu-)^ fur les figures qu'en ont données MM. le Clerc & Andry , ou fur celles de cette diiferratiOM j m.iis peut-être qiîe dans, le TiCuia obfervé par Plater , cas D'HISTOIRE NATURELLE. i^ taches n'dtoient pas toutes également vifiblcs , ce qui aura trompé cet Auteur d'autant plus aifément , qu'il n'étoit pas obfervateur , & qu'il vivoii dans un fiecle où on n'y regardoit pas de Cl près : quoiqu'il en (bit , il aura toujours la gloire d'avoir le premier dilHngué deux efpeccs de notre Ver. Je reviens à la divifion de M. Andry , elle me paroit fujette à deux difficultés , la première c'eft d'exiger une pré- paration , qui bien que fort iimple en ell tou- jours une j ce compofé qu'il nomme l'épine, ne fe voit que lorfqu'on a fait deifécher une portion de l'Iufede fur un morceau de verre s & j'ai déjà remarqué que j'ai eu des Taenia de cette efpece , en qui je ne l'aurois point foupçonné : la féconde , c'eft qu'il ne paroit pas même -clairement par ce que dit M. Andry du T^cnid. fans épine :,. qu'il en foit abfolument dépourvu : voici fes termes , P antre efpece de Tcinia , qui eji la première ?Ca point d'épine le long du corps. . . .^ la jiruBure en efl toute dijfé^ rente : pour voir cette Jiru&nre , il faut étendre tout de même flir un ynorceau de verre un lambeau du Ver , l'y laiffer fécher , ^ enfuite l'examiner à travers le verre , qu'on expofe perpendiculaire- ment au grand jour , on y découvre alors dans chaque ventre ou efpace contenu entre les articula- tions y certaines ramifications de vaijfeaux , dont îH M É M 0 I R E S je ne faurois îfiieitx comparer la Jifpojition qiâà celle des dents d'un peipie ^ ces ramiJJcatious fe terminent eri une efpece de bouton fait en forme de rofette , lequel Je trouve à l'une des extré'tmtés de chaque ventre : ce bouton eii forme de rofette n'eft~il point Téquivalent de nos corps glandu- leux , ou des grains raboteux du Taenia de la féconde efpece (t) ? Je le foupqonnerois volon- tiers , & je fouhaiterois fort d'être à portée de vérifier ce doute. Je prie les Naturaliftes à qui M. Herrenschwands fournira Poccafion d'ob- ierver de ces Taenia , à'y donner l'attention qu'il me paroit mériter : s'il étoit vrai comme je crois m'en être aiTuré que le Tyenia de la fécondé efpece n'a point les ouvertures latérales ou protubérances mamillaires qu'on remarque à celui de la première (jt) 5 ^^"^ auroit un caradere très- propre à les diftinguer , mais M. An DRY affirme le contraire : fai cru long-temps , dit-il , que le T^tnia de la féconde efpece , que f appelle autrement , Taenia à épine , n'azoit point de ma-. melons y mais un nouvel examen hia convaincu du contraire a il n'y a qiCà confdérer le Ver de bien près , Ç^ pour y mieux réujjir le fif pendre dans une jtole pleine d'eau , ^ le regarder atten- tiverdent à travers la fiole j oyi y dif cerner a _ des (t) La première de Platlr. (tt) Là Ttcciulc dç i- LA TER. D'HISTOIRE NATURELLE, ifÇ pmmelons très-réels , ^ fituès de la même ma^ niere que dans le TdLnia fans épine , ils font inoins apparens , il eji vrai , ynais c^efl toute la dijference qui s'y trouve , '^)C. G^eft encore fur quoi j'attendrai le concours d'un plus grand ;iombre d'obfervations avant que de décider. Après avoir indiqué les à^wn méthodes qui ont été employées jufqu'ici avec le plus grand fuccès , pour divifer le Taenia , favoir , celle de Plater & celle de M. Andry , je propoferai la mienne; elle eft prife de la diiiérence très-fenfible qui s'obferve entre la longueur des anneaux de quelques Txnia , & celle des anneaux de quel- ques autres. Le TcCiiia à épine de M. Andry , ou le T'ccnia de la première cfpece de Plater , a conftamment les anneaux moins longs , plus ferrés que celui fans épine. J'appellerai donc celui-là le Txnia à anneaux courts^ & celui-ci le Taenia à amie aux. lon^s. Mais , dira-t-on , le plus ou le moins de longueur qui s'obferve dans les anneaux de diiférens Taenia , ne feroit-il point luie fimple variété due à quelque circonftance particulière , comme à la diverfité de nourriture, de climat, de tempérament & autre femblable ? C'eli i'opiniou de AI. Goulet , Auteur du Traité IS^ MÉMOIRE S ' Hijîorique fur les Afcarides ^ le Ver plat. : Il ne veut reconnoître qu'une feule efpece de Tscnia , & il prétend que ceux qui , comme M. Andry & M le Ci.erc , en admettent plu- fleurs , les trouvent principalement dans leur imagination , in hnanncitione Jiia pr^uipnê inve- 7niint , langage décifi'f qui lui eil très -familier ; plus £«? minus non mutant fpeciem , dit-il plus .bas , nibil autem prxtdr plus aut yninus , in qua- libet Litmhrici lati fpecie de quâ egeriint aiic- tores extitijje contendo ; e, g. pliires , pauciorefve feciioîies , feu Afcarides eas conjiituentes , qu^i lon^itudinem tnajoreni vel minoreni ejîciunt , jnajus minufue fpatium in ter annulas , quodfolil contrac^ tio7îe fM'artnn fpiralimn cujuscunque feàio'nis pro- ducitur y '^c. mais li le plus ou le moins d'ef- pace entre chaque articulation , ou ce qui.revient au même , (î le plus ou le moins de longueur des anneaux dépendoic de Tcxtention ou de la contraction de hu:s jiLres fpirales ^ il devroit ce femble arriver que dans un T'jenia d an- neaux courts , il y en eût de corifiderablemcnt P'US longs les uns que les autres dans des endroits peu éloignés ou contigus j car on ne voit pas comment la contraclibn ou la dilatation des fxbres , quelle qu'en pât être la caufe , agu'oit d'une manière plus réguliqre , dès qu'on lie fuppofe ici qu3 à^ purs accidents. Or qu'on D'HISTOIRE NATURELLE. 1^7 ie donne la peine de comparer le Taenia de la féconde planche de cette diiiertation , avec relui de la première planche de M. le Clerc ou de M. An DRY , & Ton fcntira bientôt i'nifuffifance de cette explication , ainfi que de toutes les autres du même genre. Je ne Ens de plus , fî les Naturaliftes d'aujourd'hui , trouveront que Faxiome , que le plus ou le moins ne change pas lefpece , foit ici à\v\ grand poids : (1 on dé- couvroit un Ver en tout iemb'able au Ver-à foie , ex^_ • té que la taille fut triple ou qua- druple , ne mettroit-on aucune diiférence en- tre ces deux Vers ? Ne croiroit-on pas au con- traire , devoir faire du premier une nouvelle elpece qu'on défigneroit par Tépithete de très- grande, f Des Obfervateurs célèbres ont employé à caradérifer certaines efpeces d'Iafeéles , des dirlérences bien moins confidérables que celles- ci 5 & bien p'us dirRcilcs à faifir. Il ne faut pas multiplier les eipeces fans néjelfité j mais il ne faut pas non p us les confondre : il eft d'ail- leurs des cas où il y a autant d'art que d'utilité à- diviier. Il y a p'us , dans l'exemple que j'ai choiii , j'ai fuopolé de part & d'autre une par- faite conformité de llruclure , foit à l'égard de l'extérieur , foit à fégard de Tnitérieur ; & M. CoULET , ni aucun autre x'Vuteur , ont ' ils démontré qu'il en foit de même de nos deux î^g MÉMOIRES efpcces de Txnia ? N'avons-nous pas au coii^ traire plus de raifon d'en douter, après ce qu'en a rapporté M. An DR Y , qui n'a point encore été réfuté folidernent fur cet Artide ? Je dis folidement , parce que M. CouLET l'a entrepris, inais fans y employer aucune preuve décifive j il lui arrive même de commettre une erreur grofîiere , lorfqu'il dit en parlant des 7iœuâs qui fe voient fur les portions delfé chées du Txnia à épine de ce Médecin , qu'ils font fimplc'ment occafionés par l'union des Afparides entr'eux: quand il feroit vrai , ce que je n'examine pas encore , que le ver plat fe forme de cette ma- nière , ce ne feroit jamais daqs les articulations ique fe verroient les noeuds de M. Andry ; ils font conftamment (îtués dans le milieu de chaque anneau 5 ce dont M. CoUlet auroit pu aifément fe convaincre , s'il eût vu de ces Taenia : mais il a voulu parler de ce qu'il n'avoit jat>iais eu occafioii de voir j plein de fon fyPœme, il lui eft arrivé, com- me à bien d'autres , de prétendre y tout ramener. M. le Clerc fait fur nos deux Tsenia une remarque qui mérite attention 5 il croit qu'on peut inférer de ce qu'en ont écrit des Auteurs de différentes nations , que la première efpece de Plater , ou l'efpece que je nomme à an^ neatix courts , eft plus rare dans les pays me-* D'HISTOIRE NATURELLE. 1^9 tidionaux que !a féconde , & que d'un autre côté celle-ci l'eft plus dans les pays fcpten- trionaux ; mais on a déjà vu dans la première partie de cette diirertation , que ivL Herrens- CH^^ANDS n'a trouvé à Bàle que des fujets travaillés du T^rnia à anneaux longs , tandiç <5u'à Morat & dans notre ville , il n'on a fait for tir que de fefpece .7 ami eaux courts. La fuite des expériences de ce Médecin , fera mieux connoitre ce qu'on doit penfer de robfeuvation de M. le Clerc. Q_U E S T I O N IV. Le Tznîa efi^l nu feiil ^ unique Animal , ou tine chaîne de Vers ? La queftion précédente a dé'a préparé à celle- ci j nous y avons vu que dès le commencement du quatorzième fiecle , on foupconnoit que le Txnia étoit formé d'un aifemblage de Vers , nommés par les Arabes Cucurhitains , de leur rcifemblance avec la graine de courge j mais quoi- que cette opinion eût été fuivie par beaucoup d'Auteurs , aucun , que je fâche , avant le célèbre Vallisnieri , n'avoit entrepris de la prouver. L'autorité d'un auffi grand Obfervateur n'a fans doute pas peu contribué à accréditer cette opinioii 5 qui feroit peut - être tombée d'elle- i&(} M Ê M 0 î R E s même, fi elle ne Teùt eu pour défenfeur. j^eîl* treprens ici de la combattre, &'de montrer > que Valijsnieri s'en eft laiiîc impcferj je mô flatte qu'on me fera le grâce de croire que c'eft uniquement Famour de la vérité qui m'inlpire, puifque perionne d'ailleurs ne refpede 8<. n'ad- mire Vallisnieri plus que je le fais. Les principaux argumens fur Icfquels notre {avant Naturaliftc s'appuie , fe réduil^ent , fi jô ne me trompe , à ces troîs. t^. Les aniieaux du Tccnia après avoir été féparés les uns des autres , lui ont paru capables des mêmes mou- vemens que les Vers fans jambes ont cou^ tume de fe donner. 3^. Il croit avoir découvert à l'extrémité antérieure de ces anneaux deux efpeces de crochets , lefquels vont s'inférer dans deux petites foifcs qu'on obferVe à l'extrémité poilérieure de l'anneau qui précède. 3°. 11 n'a pu appercevoir de vailfeau continu d'un bout â l'autre du Taenia : examinons chacun de ces argumens en particulier, en fuivant la tradudioii latine que M. le Clerc nous a donnée des principaux endroits de l'ouvrage Italien de notre Auteur , relatifs à la queilion dont il s'agit, & auxquels je prie le lecteur de faire ^attention. Attente autmi ohfervavi horiim Vtrmhim qui Joli fok vel foluti , nuilîqiie alii î/ermi ciâhàirentes eraiit , mdliim iiîlatemis differre ab illis qui , adunati , longam catenmn. . . . .pw uno longijjimo Vernie habitam conjiitnebant. Hi vero alioriuyj- Vernùicn apodoninore ^ fnpra menfam incedehant ^ jihras fcilicet fuas crifpantes , corpiijque profe- rentes , ynodo fibras eafdem luxantes ^ prodiicen- tes , modo ipfas in arcus formant jie&entes , tit: tinda levi vento comniota. Ubi ipjbrum itineri ohex qnifpiam occiirrebat ^ Cczccrum more ^ ad eitnt Ojfendebant i t unique pars corporis eorum anterioY dilatabatur , pojîérior coar&abatur , nec tôt à cor^ por'is mole ^ ut alio tenderent ^ dextrorfum vet Jrnijirorftim convertebantur , fed vehiti candîi in caput mutât à ^ feu puppi in proram verfl retro^ grediebantur , ijivertentes fcilicet fibrarum motitnt ^ tam facile retroincedentes , quajn antea pro^ grediebantur , quaf caput in utroque corporis extremo poftum habuifjhtt. . . . Éorum Vermium , continue Vallisnieri . plnres in aquara conjeci^ eofque diverfjjimis motibus ibidem agitât os vidi, Notandiim autem , non eos dnntaxat Venues^ qui foli , vel fohiti excreti fuerant , hoc modo in aquà fefe movijfe^ fed idem etiam contigiffe jingulis folii Andryani annulis , ita ab ipfo vo^ catis , a fe invicem manu me à difjuu&is , viz'is ciâhuc '^ fefe ynoventibus , quin omnia experi^ menta a me jam memorata , aliaque poflhac adfs* To7ue IIL L 16-2 M É M 0 I R E S rendu , in Vernies hofce , ckm folos excretos , ttim cateiiaiVin jîbi invicem adh.erentes difjnnciofque , pofîmodwn , eodevd femper fiiccejju indijlin&e fa&a fnnt , £f?6-. Tout ce qu'on vient de lire des mouvemens que le donnent les portions du Tscnia , je l'ai obrervé fur ceiles de mes Vers aquatiques qui peuvent être multipliés , pour ainfi dire , de bouture. J'ai vu des portions de ces Infedes , longues de demi-pouce , & d'autres qui avoient à peine demi-ligne , fe mouvoir comme fi elles euifent été des Vers parfaits , quoique néan- moins elles n'euilent point encore commencé à le compléter : je puis dire plus 5 après avoir coupé la tète à un Ver de cette eipece , j'ai vu le tronc faire effort pour s'enfoncer dans la boue , S: parvenir à s'y cacher à mon grand étonne- ment : j'ai obfervé à-peu-près la même chofe dans des morceaux de Vers de terre. Ce n'ell donc pas un argument concluant en faveur du fyfteme de Vallisnieri , que celui qu'il tire des mouvemens que fe donnent les anneaux ou les prétendus Vers dont-il croit qu'eil formé le Tccnia i ces mouvemens prouvent Seulement que le principe de vie eft répandu dans cet In- fec1:e , ainfi que dans ceux qui reviennent de bouture , uiiiverleiiement par tout le corps : il ^HISTOIRE X'ATURELLE. ï6^ cil eft de même du Millepié terreflre , doiafe S. Augustin parle avec tant ci'adnun^.tioii dans la cité de Dieu , & que VallisNïERI a aufîi beaucoup admiré i mais pourquoi cet habiie Obfervateur , après avoir reconnu ce dernier Inledle pour un feui & unique Animal , a-t-il Youlu que le T'aenia fut formé d'une fuite de Vers accrochés les uns aux autres , puifque tous deux lui ont offert le même phénomène ? La railbn n'en eft pus difficile à trouver. Premiere- 3iient , Vallisnieri avoit d'autres argumens %\iiQ celui-ci , qui lui parohlbient établir cette formation du Taenia. En fécond lieu , il étoic perfuadé , comme il nous le dit lui-même, que des portions de quelque Animal que ce loit , fc parées du tout dont elles faiibient auparavant partie , ne fauroieiit vivre long-temps j ce qu'il prouve par l'exemple du Miilepié dont j'ai parié. Or Tison allure que les portions du Taenia continuent de vivre après leur féparution du corps de l'Animal. E^g quoqu^ hoc facile credide^ rim , dit là-deiius Vallisnieri .... qmmdo quidein fin^uU lu partes iinns verufque fiint Verniis Scolopendram terrejirem , friijiatim dijjeâum vivere , dho quamlibet ejiis partem , â toto divifam , incedei^e , ^ ab objeais ptricidis jihi quadantcHUS cavere Jiovi. . . . Sed novi etiant iHtdi hiijtijce brevein ejfe durationem , mirabikijiiù L a t64- MÉMOIRES 'îflud phcCiiomejwn hrevi cejfare. Dico igittir partes qitajhijjqiie , ab nno fohqne Ver me , tanquam à îoto fno âivnlfas , nec crefcere vel aiigeri^ nec per intiltuni tenip'ns vivere pojje , nf experimento. , , . C07ijtabit , fi hiijnfinOfU hife&a , înenfit impofita , ilijfecare vohierhmts. Mais Ç\ VallïsNIERI eût été conduit à poulïer pins loin cette expérience, & à la tenter fur diverfes efpeces d'Infed.es , comme Ta fait M. Lyonet (|), il auroit appris qu'il y en a beaucoup qui , après qu'on leur a coupé la tète , ou qu'on les a mis en pièces , non feulement continuent à fe mouvoir pen- dant un temps confidérable ; mais dont chaque partie , ce qui eit plus furprenant , fcmble don- ner des marques de fentiment & de connoif- fance. M. Lyonet a vu le corps d'une Che- jiillc fmstète, marcher quelques jours après l'avoir perdue *, quand il la touchoit , elle failoit les mêmes mouvemens qu'elle faifoit en cas pareil lorfqu'elle l'avoit encore ; & pour peu qu'il continuât , elle prcnoit la fuite. Il a vu le tronc du corps d'un Ver de terre , qu'un Infede aqu-^.tique avoit bien raccourci d'un tiers à chaque bout , vivre dans l'eau plus d'une femaine après : vcnoit-il à le toucher , il fc met- toit d'abord en mouvement & fe retiroit au plus vite. Il a vu le corps d'une Guêpe s'agiter (t) Thcologie lics Inl. Tom. II , pag. 84 & %%. D'HISTaiRE NATURELLE. i^^ trois jours après avoir été féparé du corcelet : quand il tenoit la partie aiicéricure de cette Guêpe , elle mordoit dans tout ce qu^i! lui préfentoit ; & lorfqu'il tcuchoit au corps , elle laiioic d'abord fortir fon aiguillon , & le dar- doit de cous cotés & en tout fens. , comme pour tâcher de le piquer. A ces expériences de M. Lyonet , & k celles que y:à déjà eu occaiion de rapporter ci-deffus , j'en joiiuirai quelques autres qui ne furprendront peut-être pas moins. J'ai coniervé en vie pendant environ trois mois , des vingt-quatriemcs & des vingt- iixiemes parties de mes V'ers aquatiques qu'on multiplie en les coupant par morceaux \ au bout d'un fi long efpace de temps, aucune de ces portions n'avoit pris de nourriture „ cependant elles fe donnoient tous les mouvemens que fe donnent 1-es Vers de cette efpece, qui ne vien- nent que d'être coupés. J'ai vu des portions, plus longues à\mQ, autre forte de Ver d'eau douce , vivre plus de fix mois lans tète , & conferver pendant tout ce temps-là , le fenti- ment) elles Pavoient même il délicat que pour peu que je les touchaile , elles remuoienr : quel- quetbis elles rampoieiit à la manière des Vers {ans jambes ^ d'autres Fois elles frétilloient comme des Anguilles i l'expérience a été pouifée encore plus loin ibr des Vers de terre , cène dont je i 3 1.66: M É M 0 I R E S veux parler a vécu plus de neuf mois fans fe compléter j & malgré un fi long jeûne , elle ne paroiiibit pas avoir beaucoup perdu de iii vigueur : à la vérité elle écoit prefque toujours immobile , repliée fur elle-même ; mais des que je la pofois fur ma main , elle s'agitoit & fe mettoit en mouvement , elle s'enfon:qoit fous terre comme auioit fait un Ver eritiei.*. M. CoULET nie formellement que les an- neaux ou portions du Txnia (f) , après qu'elles. ont été féparées du corps, aillent à reculons, ainfi que Vallisnieri Ta raconté : il alfure au contraire , que quelqu'obftacle qu'on oppofe à leur marche , on ne les voit jamais rétrograder: Nullîim unqiiam , dit-il , retroincedentem , vel retrogreâientevi confpexi , qtialijainqiie ftierit ohex queni ht p'O/rejTj.i juo offenderunt : il ajoute , Error eji non mhiifs gravis , qtumi ociilo ipfo dete- geiidiis y tillwn ejfe animal, qiiod proprie ^ na- tiirà fiià retrorfiim incedat i ita ut non pojjlt nifi contra banc natitram antrorjum progredi. Qiiis iwmnon videt idjhiiunmodo tribucndwn ejje tiniori^ quo. à mininiis otje&is , ttti Cancri , vel Scolopen- dria terrejiria , aîiaqiie epifniodi percellun-ur , vel &d alium quemainque finem , qiiaiis ejfe poteji fim-^. fbx viùtUs anupâratio ? '^c. Si notre Auteur (f) Fâ.g,€: S?3î d? [on Traité çi.-iejfui.. D'HISTOIRE NATURELLE. \Ci eut connu le Fourmilion ordinaire , il fe feroit peut-être épargné tout ce raifonnement , qu'il poulie beaucoup plus loin que la chofe ne paroit le demander j mais notis verrons ailleurs qu'il a un intérêt particulier à ce que les pré- tendus Cucurbitains ne reculent point : je paile au iecond argument de Vallisnieri. Sunt omnes ifti anmdi ( vel potins omnes ifii Venues) dit cet illuftre Obfervateur, nno modo fahricati. . ... In finguloruni tttroqne latere fnps- riori afTurgunt diix miniincZ prorninentidi , qiut digitis fuhtus preffce , cornicula quccpiam , feu un- cinos , jpinnlafve contortas , microfcopii ope conf- picuas promimt. His tmcinis tenadîer uniuutiir parti inferiori antecedentis anniili feu Verrais , qui2 fcilicet aliks Vermis pars pojiica efi , cui infculpti funt fcrohiadi quidam , corniculis , tmcinifue recipiendis dejtinati. Et plus bas dans fa réponfe à TisON : Haruûi fpinarum , ut fuperius jam monui , ufiis efi , 7ion quidem ut alimentum exfugant , fed lit ipfis , quaji totidem uncis , intefiino Vernies fir miter adbjirefcere pojjiyié^ ne cum fcccimis foras ahripiantur. Hune ufum libenter admitto , ami haud ahfimîlem. fpinarum armaturain viderim , iyt capite Ver-mium qui intra^ oviii-ji , caprarum , ^k-, fronteyn ^5^ nafum inve^ niiuiturj^ut ^ in hrc\:ibiis eqnoriun. .. Vennihus^ L4 16% M É M 0 T R E S quibiis hdi fphic£ y in eiin.lem fineui , fîu^ulos cir^ cumâant annidos. . . . Verum ego [pinis^ . . . Cn~ curbitinorum vojhoriim .... ufimi alium ajjigïio y hiis iiwiirum fpinas iâeo faclas fuijfd ohjervo » itt 5 occafione data , Vernies nojlri , earum ope y fe invicem , velutï inorâiais , appréhendant , atqne ita ,Jirî&e adunati, alii aliis catenatim adkcCrefcant. Ici notre illuilre Auteur nous fournit un exemple rcmarquabie de ce que peut la préven- tion en faveur d'an fylhme : qui ne croiroit à entendre la defcription qu'il fait des crochets dont l'extrémité antérieure de chaque anneau eft , fuivant lui , pourvue, que rien n'eil moins douteux que leur exiltc^icc .^ Cependant il eft- ceitani que Vallîsnieri s'en eft lailîé impofer, comme bien d'autres , par deux efpeees de petites cornes moulfes qui paroiirent ordinaire- nient à une des extrémités des anneaux lorfan'on vient à les défuni-- ; ces cornes font de Ihnples inégalités produites par Peifbrt qui fe fait dans le moment de la féparation. MM. Andry & COULET font très- bien prouvé : voici , dit le pre-- inier , ce qui fe remarque quand on. jepare les anneaux les uns des autres en les tirant avec les deux doigts , on voit dans la portion ok huître eji ^m.boitée^ un petit enfoncement au iiiilieu de Pe^Jr-e-. m^é gîii fexvQit d^einbo/ttire | cet enfonccment^ D'HISTOIRE NATURELLE. 169 €Ouime on le recomioit en Pexcvnmaut , jfejl qu'une petite fqjfe , que la portion détachée laijje dans l'endroit ok elle tenoit , à~peu~près comme la tige d'un œillet, lo7'fqiton la cajfe dans les nmids ok elle ejï emboîtée , laiffe -voir dans ces u'xuds une fetite cavité , qui eji le lieu de Pemboiture : il arrive auljJ quelquefois. . . . que cette extrémité emboîtée étant dégagée de celle qui la recevait , p croît avoir comme deux cornes vers les cotés , ce qui vient d'une déchirure qui fe fait prefqtie toujours en cette occafion. M. CoULET rCt^ pas ici moins exacl: Vidit clarijjlmus Vallisnierus, dit-il , (f) eminentias .... qu£ certijjmie nihil aliiiâ erant , pVcCter partes dilaceratas , cjUcC plures ijix- qualitates formabant . Si cmîem accidit , ut onines. . . ab utroque anterioris partis latere fitas obfcrvave- rit , id certo certius veniebat ex folâ dijfociafione extrcnitatis illiuS' partis , a parte inter illas fit à , qvuis fie dereliclas , ^ difruptas , pro imcinis habiiit. Supponendum emm ejî , partem illius extre- mitatis vere mediam , firtnius hctrere , quam late^ Yo.les poffunt. ..... Vis refijientuz in mediis certe longe major • efi j prnindeque altius demijjlufve , optime abrumpi pojfunt , quam latérales , qu<£ mï}nis refifiunt. EnEn , s'il eft nécelîaire que je joigne mon témoignage à celui de ces Auteurs , je dirai que j'ai obfervé la même choie fur ks portions de Tseiiia que j'ai exammécs. et) ^^^^ m- :i7o^ M È M 0 1 R E S Mais quaiuî on acconleroit à Vallisnierï que les inégalités eu quefiiiun font de véritabies. crochets , en feroit-il beaucoup plus avancé? Je ne le crois pas y car en premier lieu , pour que CCS parties pulTent être propres aux ufages qu'il leur a afîigîiés , il faudroit de néceffité qu'elles: fuiîent formées d'une matière dure & analogue- il celle des crochets des Vers dont parle l'Au- teur , & auxquels il les compare : or il n'y a rien ici d'approchant y les prétendus crochets du T'c€nia font purement charnus, ils ne fau- roient faire la moindre réfiftance. En fécond lieu , quand ils auroient la dureté requHe , les petites foifes que Vallisnierï dit deltmécs à les recevoir, feroient-elles fort nécellaircs? N'au- roient-ils pas allez de prife pa^' eux-mêmes, pour pouvoir fe paifer de ce fecours ? En troi- fîeme lieu enfin , comment imaginer que ces crochets aillent toujours le loger exactement dans ces alvéoles? Venons au troifieme argUr. ment. /?/ iftorum Vermhim , mite aîiqnot haras mor^.. tiwrivài .... phiribiis , gcuIo .... coujpiciehimtiir fplendentes 7'amidi canâidijjîmoruyn vaforiiîn , toto ipforum .... corpufcido . . . . difperfortiui. Hi an^. tem ramiili è qrwJani trunco .... qui per mediiwi difcurrebat Ver,nis dorfnmy oriebanuir, . , . . Ap BUmTOÎRE NATURELLE. 17s , diligente}' infpexi an truncus médius intra pro» prios iimifes anmili .... reipfa ter'àî:ncîreti{r y an vero pergeret ad ultinias ufqiie fihras ejtu partis juperioris ^ inferioris .... ità ut cofitinui onmes ejfent c anale s ifii, fed etim prius ter}mnari ohjer^ vavi ^ quam illuc ab idla parte accéder et. Cette preuve anatoraique n'eft point auffi eoncluante en faveur de notre Autour , qu'elle iui a paru l'être. Malpighi a obfervé la même particularité dans le Ver-à-foie. Le cœur de cet Infecte , ou la grande artère , lui a paru ^ fe partager en autant de parties qu'il y a d'an- neaux. J'ai encore mieux vu ce fait fiaguiier dans mes Vers aquatiques qui fe multiplient par la fedion (|). En conclurons -nous néan- moins que ces diverfes efpeces d'Iiifedles font formées d'une fuite de Vers '< Tout au plus en pourroit-on inférer qu'il s'y trouve autant de cœurs que d'anneaux , & c'eft ce qu'a fait Mal- pighi. Mais M. de Reaumur (ff) ne iaiîle pas même la liberté de former une teile conjeclure. Il a fait injeder ce vifcere, foit dans le Ver-à- foie , foit dans d'autres Chenilles , & il Fa trouvé (t) Voyez la première Oh/ervation de la féconde Partie de Ji'ouvras^e que fai publié fur les Ivjecfr:^ rtt) Mi'm. four fervir à l'JIif, des Inf. T. I , page i6l 4j l'Edit. de Paris* 172, M É :j 0 I r e s clans toDte !oii étendue d'un dianv^tre é<4a] , <.!' Tinjccihoii a paiîe à\vA bout à r mais ce qu'il dit à ce i'iijet, n'ell; au plus qu in- génieux '■, il imagine que le canal de communi- cation dont il s'agit , eft une forte de lien qui fert à mieux unir les Cucurbitains entr'eux , & qui forme ainfi du Taenia , comme un corps civil 5 dont tous les membres font étroitement liés par certaines loix ([) : maisécoutons-le parler lui-même : Argumenta pro pluralit.Ue Vennium facile p7'i£pon:lerant , ut cuijis attento leBori pateoit. Sed miicuin excitât âuhïuni ille canalis hngituâinalis ad jînera in utroque latere pofitus , ^f per totum tracium Tc^iiie pergens , qui aliquo modo pro unitate pngnare forjan videbitur. Hoc auteui nie non niovet^ jed potins ad banc manu^ dncit fententiam ^ tota nimirum Tdnia iinum ejjîcil^ quaji civile corpus arde inter fe certis legihu^ nin^um ; commodins ç-y tutius vi^iuit Fermes , quando hoc vinculum integrwn manst, Alvulfwn iniernodimn non poteji impedire , quo minus qua- cunque -vi tnedicammîoruyn vel per alium cafum è fila fede ahriplatur , ^ 67^?// excrementis foraf ejiciatur , '^c. (t) Pase 17, Ï74- ^? i- M 0 I R E ^ Je ne fais fi Vallisnieri auroit cherclié-^ 'comme FAuteur que je viens de citer, à éluder la force de l'argument pris du vaiiieau de com- munication obiervé dans le Ts^nia. A en juger par ce qu'il dit la-deiius, touchant M. Andry, on pourroit croire que s'il ne s'étoit pas d'a- bord rendu, du moins auroit-il été bien ébranlé. Î! reproche à celui-ci, de ce qu'api es avoir vu qu'il n'y a point de vailfeau de communication dans le Tsenia (f; ^ il n'a pas compris que ce n'étoit pas un iéul & unique Anim^d : Non haben^l^ dit notre il'uftre ObiërVateur , Vtrnies ijiî Cîtctirhithii ^ nec habere pojjimt ^ quanâo adn- nantur , âucmfn iiiiimi intenumi , qtii onniiaiis ; mit plurihiis fit CQmmmiis , quia licet cateriativl uniù , nmira Animal non conjiituunt , [eà piiira. Talent dudmn , qui à capàe ad caudani pertin^ geret ^ nuilum vîdit Dommus An DRY , lU ipjhnet fatetur y qiiod ciim a}iimadzerteret , eo ipjb intcU Ug'ere , auf fiiltem jufpicari debuit , Jblium iuiid fuum non tiniun fnijfe Animal. Renverfons ce railonnement, & appliquons-le à notre Auteur ^ c'eft précifément le cas. Je pourrois en demeurer là à Tégard de Val- (t) Vallisnieri n'avoit pu voir que les premières é<îi^ tiuns du Livre de M. AnduY: ce n'eu que dans la dernière - dans celle de 1741 , dont je me luis iervi , que fe trouve b découveite de M. VÎ''i.nslo\v% D'HISTOIRE NATURELLE, î7f LISNIERI , puiîque je crois avoir déjà fuffiram- nient prouvé la fauiieté de fou hypothefe j mais comme il le trouve des gens chez qui l'auto- rité tient fouvent lieu de raifon , & que celle de Vallisnîeri e(l d'un très-grand poids , je vais tâcher de ne leur lailTer aucun refuge. Les anneaux du Tscnia, comme ceux de la plupart des Vers , vont toujours en diminuant à mefure qu'ils approchent des extrémités, c'eft un fait fondé fur robfervation 5 on a vu des Txnia dont un des bouts fe terminoit par un fil très-délié , & qui dans le milieu du corps avoient environ demi-pouce de largeur ; tel eft le Tcenia qui eft repié l'enté dans la féconde Planche de cette diilertation , tel eft celui dont M. Aïs' DRY a donné la figure dans la Préface de fon livre far les Vers , tels font plufieurs au- tres qu'il eft inutile d'indiquer. Maintenant je demande aux partifms de Vallisnieri com- ment les prétendus Çucurbitains favent fe ran- ger avec tant d'ordre & de fymmétrie , qu'ils forment un tout continu qui augmente ou diminue de dimenfion par degrés ? Convien- nent-iis entr'eux que les p'us petits occuperont les premiers rangs , ceux qui font un peu plus grands que les féconds , & ainfi des autres fuc- celHvement ? M. k Clerc qui eft un de ceux 1-7^ MÉMOIRES Qui ont embrafle avec le plus de chaleur là parti de Vallïsnieri , ne iatisfait nullement à cette difficulté , il fe contente de dire que par cet arrangement des Cucurbitains , la chaîne , ou le tout qu'ils conipofent , acquiert plus de force qu'il n'en auroit autrement : Hac ratione ...» 'VIS agyninis mtillo efi fortior qiiam fi parvnii cun&i tino in loco foli inter fe conjuyi&ï , ipjwii vel ducerejif vel clmidereiit. Peut-être y auroit-il moyen de réfoudre la difficulté en queftion , & Vallisnieri lui-même femble la prévenir, lorsqu'il dit : Adunati qiiidem dwn finit Vernies nojiri ^ formaiJi qiiandam longijjîmi Vermis ^ capite caudàqiie donati , reprce.fientmit , quia nimirinn gradcUihi majores minoribus , minores grandio- rihtis agghitinantur , fieciindum imcinorwn ^ fcrohiculorum , quorum ope jungmitur , propor- tioncm ad fie invice^n. Mais ici en voulant éviter Charibde , on tombe dans Scylla : qu'on fe re- préfcnte , fi l'on peut , les obftacies que les prétendus Cucurbitains auroient à furmonter pour fe joindre de la manière que l'indique V^ALLISNIERI : que d'annécs ne leur faudroit-il pas pour former ainfi un Taenia de pluficurs aunes ? Cependant des Auteurs dignes de foi , Vallisnieri lui-mèir.e nous aifurent que cet lnfecT;e exiftc déjà dans le fœtus. A'Ions plus loin , i'uppofons un Taenia , pour ainfi dire , dc^ Gompofe' Jd'HîSTGîRE NATURELLE. 177 ^omporé en autant de pièces qu'il a d'anneaux 5 mêlons toutes ces pièces enfemble : comment , je vous prie, parviendront-elles a fe réunir, & à former un Taenia tel que le premier ? Pour cela il Eiudroit qu'une main bien liabiie con- courût à cette récompofitioii j car pour le dire en un mot, c'eft preique vouloir que des carac- tères d'imprimerie jettes au hafard , ou mus pendant un certain temps , formailènt une épi- gramme ou un fonnet ^ mais, dira -t- on, c'eft outrer les chofes que de les prendre fous ce point de vue : examinons 11 ce reproche eft fondé. Quelle fin notre Auteur affigne-t-il à cette union des Cucurbitains entr'eux '"! Il conjedure qu'ils fe dii'pofent ainfi pour fe dérober plus facilement à ce qui leur pourroit nmre. Il les compare aux Rats , qu^i , fuivant Elîen , s'ac- crochent les uns aux autres lorfqu'i's veulent palfer un fleuve à la nage. Il les compare en- core aux Abeilles prêtes à effaimer , & qu'on fait compofer alors des grouppes ou des maifes de forme irréguliere fufpendues aux gâteaux. Qriidni itaqiie & Ciictirbitiîii nojhi , demande là- delfus Vallisnieri , noxios fiiccos , iyiteftinif 7injiris imp nient es evitaturi , fugarn yn\ditentitr , tuiaque omnes ftri&ijjime jungantur , ciim Uf à Tome JU\ M 178 MÉMOIRES vejieiiato hnmorc tiniverfi facilhis fihi , eu rpt-' tione , caveant , tiim ttt ttitius proficifci qmant.? Vallisnieki veut donc que les prétendus Cu- curbitains fe joignent les uns aux autres , & forment ie Teenia avec autant de fadlité & de promptitude, que les Abeilles fe dirpofent tantôt €n manière de chaînes , tantôt en manière de •grappes , ou d'autres façons : Noxios fticcos uita- turi , fu^iiin meditantitr ^ nnaqiie omnes Jiri&if- firne jungtmîur. Mais qu'il y a loin de cet arran- gement des Abeilles à celui des pièces qui en- trent dans la compofition du Txiiia î Les Abeilles s'accrochent les unes aux autres par leurs' pieds. Chaque pied eft garni de à^u^ paires de crochets écailleux dont la pointe eft très-fine. Les anneaux du Taenia font aiTemblés par le moyen d'une membrane qui a du réf. iort ; cet* membrane forme autour de chaque articulation comme une efpece de rebord ou de nœud , analogue à ceux d'un rofeau : alTem- blage qui a tant de force qu'il eft quelquefois plus aifé de rompre le Taenia dans 1& milieu d'un anneau que dans l'articulation même , ainfî que A^ÂLLISNIERI & CoULET Pont remarqué. Qi\A rapport, je vous prie, entre ces deux genres d'union '< Et comment admettre que la dernière 's'jpere au fi facilement & aulîi promp- temeat que notre Auteur le laiiie entendre , & IPmSTOIRE NATXmELLE. 179 ■qllè le demaiide la fin qu'il lui afîigne ^ Accor- dons-lui & fes crochets & fes alvéoles : don- nions aux uns & aux autres la forme la plus avantageiife i il efl aile de voir que les difficul- tés ne ibnt pas levées. Ceft dans ks inteftins que fe doit faire cette jonxSion , les inteftins font , comme on fait , un long tuyau con- tmu , qui forme une infinité de p'is Se de ,ïep]is. Dans ces cavités tortueufes eft-il bien ■facile aux prétendus Cucurbitains de s'unir en un corps ? De plus , les inteftins font doués d'un mouvement qu'on nomme ijermicidaire ou ■perijïaltïqiie , dont ils ibnt fans ctS^Q agités. Ils participent encore à ceux de toute la machine j •ces divers' mouvemens n'apportent -i's aurun ubftac'e à la formation du Tsciiia ? Enfin , les Cucurbitains eux-mêmes font prcfque toujours €11 adîon j leurs mouvemens fe diveriifient d'une infinité de manières ; eos dherfi'JImis raotihts a^itatos vidi , dit notre favant Natu- ralilte. Les u. 'S fe portent d'un côté , ies autres d'un autre. Qtioquo verfum incedebant. Les uns vont en avant , les autres à reculons , veluti Ciindà in cciput rnutatu , retrojrediehatitur. Au refte, cette objedion tire, comme Ton voit, fa ■principal-e force, du Jieu ou v.t le Tae.'iiij car il r-on fuppofoit des portions de ce Ver dans nu heu ou elles puiiènt demeure*- rairembic^es 18Ô M É M 0 I R E S les unes auprès des autres pendant un certain temps , il ne feroit pas impoffible qu'elles par- vinldènt à s'unir par une efpece de greffe ana- logue à celle qui unit plufieurs portions du Polype. Il feroit à fouhaiter qu'on pût tenter ce genre d'expérience fur notre Taenia , mais la choie me paroit bien difficile. A toutes les objeclions que je viens de pro- pofer contre le fyfteme de Vallisnieri , j'en joindrai une autre qui ne le cède en force à aucune des précédentes s je veux parler de celle que nous fournit la découverte de la tète du Ticnia à mineanx courts. En effet , dès que le premier anneau d'une des extrémités a des par- ties qu'on ne trouve pas aux autres anneaux , &. que ces parties font faites comme celles qui font deilinées à fucer , il eft bien évident que cette longue draine n'eil: pas compufée d'une fuite d'anneaux femblables 5 & dès que le pre- mier anneau de la chaîne a feul les parties pro- pres à fucer, il n'eft pas moins évident que cet anneau eft chargé de nourrir tous les autres , & qu'il eft la tète, (i) (l) M. de REAUMUR,n qui j'ai communiqué cette DifTer- tatinn avant cjiie «!e la rendre publique, a juge' Tririrurnent tiré de la têre du Tœnia un des plus forts qu'on ^puiffe allé- guer contre l'opinion de Valmsnifki, qui lui a p-^ru d'ail- leu.rs foîidemcnt combattue par tous les antres lailonnemeas que j'ai rappertés. D'HISTOIRE NATURELLE. ïS-l Les partifans de Vallisnieri , pour tâcher et'élLider la force de ce raironnement , accorde- ront peut-être que le Taenia , dans lequel j'ai découvert une tète , efl: bien un feul & unique x^nimal , mais ils nieront , qu'il en (bit de même du T3enia à anneaux longs 3 ou de celui qu'a. obfervÉ Vallisnïeri. Cette réponfe, peut paiTer pour le dernier retranchement de la chicane ^ elle {uppofe du., moins un fait bien étrange 5 c eft qu'il y ait dans la nature un Genre de Ver , qui a fous lui deuv Efpeces , dont l'une eil formée comms à l'ordinaire, d'une fuite d'anneaux, & dont l'autre eft formée d'une fuite de Vers entés les uns au bout des autres. Je conviens que la fineularité de cette idée n'eft pas uîie raifon fuififante pour la faire rejetter j il eft des faits bien prouvés qui ne font pas moins estraordi- rxaires qu€ celui qu'on avance ici ; mais ce Taenia de Vallisnieri , qu'on oppofe à celui que j'ai obfervé , montre auifi une tète , & même aiilz femblable à celle du Taenia à anneaux courts^ c'cft du moins ce qu'il eft permis de conclure de fobfervation de M. An DR Y , que j'ai rap- portée à Ta fin de la féconde partie de cette diifertation. Il eft vrai que cette obfervatioii. E'çft pas auiii bien conftatce qu'il ieroit à d4?- IJ2 MÉMOIRES: firer , mnis elle ne laiiFe pas de mériter beaircon-p» cr-ciiterittoii , principalement par i^i conformité avec colle du même genre que j'ai eu le V.onheur de faire fur le Txnia de la féconde efpece. (tt) Je f^rminerai cette difcufîîon , déjà trop longue , par un paifage aiiez renvarquàbjp d'un et Lettre que M. de Reaumur nvécrivit le 17 d'Août 1747^ " L'observation de îa tête du Taenia ne 35 lai lie aucun lieu à la chicane. La fcule qui 3) pourroit être faite , le pourroit être par ceux y 35 (& autant que je puis m'en, fo u venu" , Val-- 33 LISNIERI eft dar.s ce nombre , } qui convien- 33 nent qu'il y a de véritable Vers plats, dans le 33 corps humain , dans les Poiiibns comme dans 3^ les Tanches , & d'une grande longueur , & j3 que la fij-te des anneaux appartient .lU même 33 Inlede > mais ces mêmes Auteurs veulent 33 qa'il y ait auiîi des ailèmblages de Vers qui '' 33 imitent un f:ui Ver j ils nieront peut être, j5 que celui à qui vous avez vu Uîie tète foit 33 de ces derniers. 11 n'elf ras à défirer que les 33 T?enia foiciit plu^ communs dans les Hom- j5, mes qu'ils ne Je font > le contraire eft à 3^^ fouihaiter , k il le feroit que tous ceux dont-ils 3^ feroieni délivrés tuiîéut remis à des Obfer- & HISTOIRE NATURELLE. m jy vateurs tels que vous. Il me iemble qu'on ^y ne peut guère nier que les Vers Cucurbir 33 tains ne s'attachent quelquefois les uns aux. 35 autres j je crois avoir lu lur ce'a des Obfer- 33 varions que je n'olerois croire fauJes j mais 33 pour les croire vraies je voudrois les tenir 33 de vous. Vous ne vous feriez pas contenté de 33 coiiftater le fait , vous auriez examine com- 33 ment ces Vers s'uniffent & fi c'eft avec une 33 régularité , qui puiife donner les apparences 33 d'un Ver compofé de pîuiîeurs anneaux , s'il 33 n'y a pas des irrégularités qui décèlent la. 33 jonction faite , pour ainfi dire , par art. „ J'ignore quelles étoient ces obfervatioiis que M. de Reaumur n'ofoit croire fmijfes : j'a- vois , fans doute , négligé de le lui demander, car je ne trouve rien de plus ftir ce fujet dans le recueil de fes lettres : mais Ci l'on fuppofe que ces obfervations ont été bien faites , il eu réfaiteroit i que les anneaux, du Taenia de l'ef^ pece dont il s'agit , ont une certaine tendance à fe réunir les uns aux autres quand ils ont été féparés , & qu'ils confervent encore tout leur mouvement. Je répéterai ici néanmoins j que pour que j'admiife une femblable greffe entre les anneaux , il m'en faudroit les preuves i,c& plus rigo^reufes. Je crois avoin ajîèz fait M. 4- • î84 MÉMOIRES fentir Textrènxe improbabilité d'une pareille greife. Après avoir réfuté le fyfteme de Vallïs- KIERI , je devrois paifer maintenant à l'exa^ Bien du livre de M. CouLÊT : rapprobatioa dont M. BoERHAAVE l'a honoré , Pexigeroit. Mais cet examen me meneroit trop loin , & je penfe que les raifons fur lefquelies j'ai tâché d'établir hinité du Txnia, fuuilént pour détruire i'hypothefe de M. Couleï , qui ne me paroît pas appuyée fiir de meilleurs fondemens que celk de Vallisnieri , à laqueiie elle ie rap- porte pour le fond. au E s T I o N v: Le Tcmia repotijje-t-il après avoir été rompi ? Les Auteurs qui, comme M. Akdry , ont écrit que le Txrna repoulîé après avoir été rompu 5 ont avancé une propofition qui a dû |)aroître peu vraifemblable lorfqu'on ne con- noiifoit point encore les Polypes & les autres. Infecles qu'on mu'tiplie par la feclion , aujour-^ 4'hui cette propofition n'a rien d'extraordinaire ;. %\\ elf^t ^ Ç%. la propriété de fe reproduire après avoir été partagés , a été accordée aux Polypes^ â: à. pluiie.uirs; autres, efpeces de. Vers , parce qije> D'HISTOIRE NATURELLE, îS? leur genre de vne les expofoit à perdre fouvent une partie de leur corps , le Txnia ne doic pas avoir été privé d'une femblable reiîburce » puisqu'il n'eft pas moins expofé que ces Iiifcdes à ces fortes d'accideiis j des mouvemens un peu violens dans les inteftins , rimpi*einon de certaines matières dont ils font quelquefois remplis , Paélion des remèdes , &c. occafionent fouvent à ce Ver des pertes coniidérables. Il faut néanmoins convenir que nous n'a- vons point encore de preuves diredles de cette reproduction du Tsenia , & Ton doit reprocher avec raifon à M. Andry d'en avoir affirmé la réalité avant que de s'en être convaincu par des expériences déciiives (i). Voici fes termes :. " Le Txnia ou Ver folitaire , fe rompt aifé- 55 ment en fortant du corps , & fi après s'être 55 rompu , l'cxcrémité à laquelle tient la tète > 55 vient à rentrer , cette extrémité rompue croit 55 & repoulle comme une Plante : c'eft pourquoi 55 l'on voit des malados rendre des portions de 53 ce Ver pendant plufieurs années , jufqu'à ce (î) La précipitation que je reproche ici à M. Andry,. c^ nue fiilte que j'ai commife moi-même dans mon Echelle des £tres Naturels j^ en y plaçant le Taenia entre les Polypes & les Galle- înlfcTies, l\uiU dTnJedulogie ^ à la fin de la préface. tSS MÉMOIRES 55 que la têts fort fortic , & en rendre d'une. ^ loiigueui 11 extraordinaire , qu'il n'ett pas vrai- „ fcQiblabie qu'elles puiffent tenir toutes en-. ^ femble dai-is les inteftins ; quand le Ver e(t 5j foiti y l'endroit où il a repouifé fe reconnoit 3^3 à, un petit alongement coudé , ou à une efpece 33 de cicatrice qui imite afîez bien ce qu'on 33 remarque quelquefois aux arbriiTeaux dans 33 les endroits où ils ont repouiîé après avoir 33 été taillés. 5^ Je ferai quelques remarques fur ce paflage de M. Andry. Les nœu'^s qu'on obfervefur quelques Tsenia^ forment à la vérité une préfomption en fiveur de la reproduction de ce Ver, à la manière qui efl: propre aux Polypes & aux autres Infectes qui reviennent de bouture -, mais il refte tou^ jouis à démontrer que ces nœu»is , ainfi quç les autres inégalités qui leur font analogues (i)^ n'ont point d'autre caufe que celle que M. An-- DRY leur a affignce» Ce n'eft pas un argument bien concluant que celui que notre Auteur tire des portions (i; J'en ai indiqué ({uelc^ues exemples dans U féconde partie de ccttt DilTertation. D'HIÎTOIRE NATURELLE. i87 clu Txnia , que rendent de temps en temps ceux qui font attaqués de ce Ver y cet Infeelie eft (i mince , & la capacité des inteftins eft (i con- fidérable , qu'on n'a pas de peine à concevoir comment vingt à trente aunes d'un tel Ver peu- vent s'y loger à la fois , comme l'expérience nous l'apprend. D'ailleurs , il n'eft pas fur que toutes ces portions dont parle M. Andry enflent appartenu au même Tsenia. Il n'eft pas certain non p^us qu'une portion de Txnia , quoique dépourvue de tète , ne puiiie pas devenir lui Ver complet. L'analogie qu'on voudroit établir entr'2 le Txnia & les Vers fans jambes , qui fe multiplient par la fcdion , eft très - contraire à cette idée, mais M. Akdry avoit publié fon livre long-temps avant la dé- couverte de ces Efpeces d'Infedes. A la fuite du paiTage que je viens de citer , M. Andry propofe une expérience mgénieufe pour s'uifurer fî le Tsenia repouife après avoir été rompu. " Ce feroit de traverfer d'un fin cordon de 33 foie mêlé de cheveux pour réllfter à la cor- 3^ riiption , le premier morceau de Ver qui fe 15 préfenteroit , (Se de le traverfer par le moyeu ï88 M t M 0 l R E S 55 d'une aiguille , le p'us haut qu'il fe pourroifr „ lorrqiic le Txiiia , au lieu de continuer k ^y' fortir comnienceroit à rentrer , puis de faire 53 au cordon un nœud en forme de gance ua „ peu large , & fans attendre que le Ver fe 33 rompe ; de le caiîer trois doigts au-deffous 33 du cordon , enforte que la portion traverfée 33 par le fil puiife rentrer dans le corps du ma- 33 lade avec le cordon j donner un mois après 33 au malade , quelque chofe de propre contre 33 ce Ver , & lorf^ue i'Lilcde fortiroit , exa- 33 miner s'il fort avec la portion percée du 33 cordon , & en cas que cela fut , bien con- 33 fidérer iî après ce fil le Ver auroit plus de 33 longueur qu'il n'en avoit à ce bout-là , lorf. 33 qu'après avoir ét;é caiTé , on l'a laiifé ren-* 33 trer , Sec. Cette expérience décideroit la queftion >". îîiais je préférerois d'y employer un fil d'or très- délié , au lieujde ce'ui dont M. Andry voudroit qu'on fît ufage , il feroit , ce me femble , plus, propre à rédller aux divers accidens qui pour- roient altérer |e dernier. Qiioiqu'il en foit , on pourroit encore eifiyer d'introduire dans les inteftins d\ui chien, des portions de ïsenia ,. coupées fuivant dirférentes diredlions : je me^ fervirois pour cet effet d'un tuyauL de bois re- D'HISTOIRE NATURELLE, 1^9 couvert d'un cuir huilé , que j'iiitroduirois dans le re&îtm de FAnimal , & par lequel je ferois gliirer dans ce .boyau les portions de Taenia que j'aurois préparées. Uke autre expérience à tenter , feroit de par« tager longitudinalement le bout d'un Txnia qui fe montreroit hors du corps , comme dans l'expérience de M. AtnDRY , Se de l'y lalifer enfuite rentrer. On s'adureroit par-ià s'il en eft du T?enia comme du Polype. au E s T I O N V I. Le Tcoiîa eji-il toujours feitl rh fou Ejpece dans le ni^iJie Jujet i* On a donné le nom de Solitaire au T'aenia , parce qu'on a cru qu'il étoit conftamment feu' de foil efpece dans le même fujet. M. Herrenscwands m'a mis en état d'affirmer le contraire , en me failaiit voir deux T3enia, longs chacun de plu- ficurs aunes , fortis a la fois de la même perfonne. Ils étoient a anneaux courts^ & leur partie an- térieure fe terminoit comme à l'ordinaire , par un El délié : cette dernière particularité prouve inconteilabîement la réalité de ces deux Tccnia , mais étoient-ils fortis de deux œufs, ou prove- noient-i!s de la divifion d'un même Taenia? c'elt ce qu'on ne fauroit décider. J90 EXPLICATION :e X :jp JL z c ^T z o M 'DES FIGURES. AVERTISSEMENT. ré- ! [f|] V^Omme je manquois de Defîinateur tandis que j'obiervois le Tsenia , j'avois été duit à delîiner moi-mènie ce que je découvrois i quoique je n'euiic jamais eu de maître de def- fin. Je n'aurois pas olé néanmoins hafarder de publier mes deffins , fi M. de Reaumur , à qui je les avois envoyés , ne les avoit trouvés exads , & bien plus Diiis qu'ils ne me le pa- roilfoient à moi-même. Les traits par lefquels j'avois eilàyé de rendre quelques parties du Tsenia , étoient extrèniem.ent fins : le Graveur de rAcùdémie ne les avoit pas apper^us difl tindeme.'t : il en a réuilté des impertedlions dans la gravure , qui n'étoient pas , au moins au même degré , dans le dcHni original. Je les ferai remarquer en expliquant les Figures, (r) (i) Ces défauts ont été corrigés dans les Planches de cette «oiivelle Editioiî 5 & on n'en parle ici que pour les peribnnee qui fuiléilsiit les Mimoires de l'Acaùemie; DES FIGURES. 191 PLANCHE PREMIERE, La Figure T repré fente au naturel le bout antérieur d'un T^nia a anneaux courts, a , petit renflement par lequel ce bout fe terminoit , & ^ui fembloit devoir être la tète du Ver. On remarquera que les articulations font ici fort ferrées , ou ce qui revient au même , que les anneaux y font courts , & ne paroilTènt que •comme des traits tranfverfaux fort déliés. La Figure 2 repréfente le bout antérieur de la Figure précédente grofli au microfcope. A , le renflement ou j'efpece de tète. Le deifus & îe deifous de cette forte de tète font un peu relevés 5 mais le deflus i'eft plus que le de/fous. Cette manière de tète paroît un peu rabougrie ; elle avoit ap!3tîremment un peu foulfert dans la liqueur où le Ver avoit demeuré plongé, m, rp , deux petites pointes mouiTes , qui ont bien l'air de deux lèvres , & qui fembleiit fe recou- vrir l'une l'autre, e , courte épine droite & obtufe, qui forme un angle aigu avec le corps du Ver , 8c que le Graveur a exprimée un peu confufément. g ■>g', deux autres efpeces d'épines placées au-deifus de celle dont je viens de parler , & moins apparentes. Au refte , le mot à' épine ne doit pas s'entendre ici d'une pointe tfi È X ^ t î c  T I 0 yi dure : tout eft membraneux dans le T3enia : il ed au nombre des Infedics entièrement mois ou charnus. Ces très-petits appendices en ma- liicre d'épines , ctoieiic vraifemblablement de même nature que certains fiiamens dont je par- lerai bientôt. La. Figure 3 montre ait naturel le bout poftérieur d'un T'jenia. ^, c, efpeces de cornes moulFes par lefqueiles ce bout fe terminoit : l'une eft beaucoup plus longue que l'autre : elle paroit formée de deux articulations. C'eft qu'elles n'étoient pas de véritables cornes : elles n'é- toient proprement que les reftes de deux ans iieaux déchirés par quelque accident à moi in- connu : on peut s'en adurer par la fimpie inf- peclion de la Figure : on y voit que les deux articulations de la prétendue corne , ne fonfe réellement que les reftes de deux anneaux qui avoient été détruits en grande partie. Ç'avoit été de femblables appendices , en manière de cornes , qui en avoient impofé à divers Au- teurs qui n'étoient pas Obiervateurs de pro» fellion. Us avoient pris ainfii la queue du Ver pour fa tète. / , / , filion longitudinal & aiîez apparent, qui occupe le milieu du corps. On apperçoit fur le Tsenia bien d'autres filions , les uns longitudinaux , les autres tranfverlàux i mais ID JE s J J G U R E '5. ^S3 ^»îîîS qui font moins apparens que celui-ci. t ,t^ ?trous oblongs qui traverfent Pépaiifeur du Ver , Se qui font purement accidentels. On voit de ■ces trous ailleurs que dans la partie pofté- 3:ieure j & il en dï de diiterentes figures & de idijtfér entes grandeurs. La Figure 4 repréfente •an naturel une por- tion considérable du bout antérieur d'un Txnia. Cette Figure eft principalement deltinée à mon- trer comment les anneaux diminuent graduel- lement de longueur à mefure qu'i's approchent ■de la tète ou de l'extrémité antérieure, a , ren- flement de forme ellypfoïde , qui paroît mani- fertement être analogue à celui de la Figure l. On voit encore dans cette Figure 4, que la largeur des anneaux préfeiite de grandes varié- tés en divers endroits. De piireiiles irrégularités font fort communes daiis k Taenia. La Figure 5 repréfente groffi à la loupe , le bout antérieur du fseaia de la Figure précé- dente. «, le renfiemeiit ou la place de la tête, r, le renfieme it vu de côté. ////, petits fila- niens adhérens au corps du V^er , & qui n'é- toient pxpbabiement que des parcelles du }iiucus dLes inteliinsjou peut-être des particules chy- leufes. Tome III N Î94 EXPLICATION La. Figure 6 montre au naturel le bout poftérieur d'un Txnia. Ce bout n'eft compoie ici que de cniq anneaux, a a a ^c. , h , corne mouiFe fort courte , qui a la même origine que celles de la Figure 3. La Figure 7 fait voir au naturel quatre an- neaux pris dans le milieu du corps ou dans Pendroit où le Tsenia a le plus de largeur. Cette Figure eft deftinée à donner un exemple de certaines irrégularités alFez frappantes qu'on, découvre quelquefois dans les anneaux , & qu'on foupqonneroit provenir de quelque blef- i'ure ou de quelque défordre fecret fur venu pendant l'accroiiTement. v v v ^ trois de ces anneaux irréguîiers. i , anneau régulier. La Figure 8 eil comme la Figure 7 , celle de quatre anneaux pris dans le milieu du corps , Se dont deux c c offrent des anomalies analo- gues à celles que je viens d'indiquer. La Figure 9 eil; encore celle de quatre an- neaux vus au naturel , & pris de même dans le milieu du corps, i i i , les anneaux en forme d'ondes. / / , fiUon longitudinal & liiperFiciel. //, foffette dans le milieu de l'anneau , & qui indique l'endroit du Jiijrinate. On a repréfenté ici uiie foiiette dans chaque anneau. Tf r s FIGURES. ÏÏ9V La Figure r o , far le moH^^le des trois pré- •ce dentés, repré fente encore au natULci qu lire anneaux des plus larges. Ts ont , comme ceux 'des Figures que ie viens de citer, eîrviioit demi-pouce de lurgeur. Mais cette Figure ro «R: principalement deftinée à e^ primer au natu- rel une manière de cordon bleuâtre qui règne tout du long & dans le milicïJ des anneaux, & qui y efi: u i peu relevé en boife r r r , ce cordon en relief, & qui n'eft autre chofe que les corps en manière de fleur î ^ qui ont ici une certaine faillie , & qui font vus au travers de" la peau. Les anneaux de ^ette Figure , comme ceux des trois précéientes, étoient encoie frais; je veux dire, que je ne les avois pas fait fécher fur une glace. ///, la foifette ou le jUgînate, Les Figures ii & 12 repréfentent au natu- rel deux fragmens de Taenia , que j'avois fait féjher à deiieiii fur une glace, pour rendre plus apparens les corps en manière de ÏÏeurs. Un de ces fragmens eft compofé de neuf an- neaux , l'autre de fix. x x x ^r. les corps en manière de fleurs^ deveiUïs très-apparens , paixe que la peau a pris de la tranfpiLrence en fe deiféchant. Elle s'elf en même temps amincie. Dans cet état, elle ne reifemble pas mal à une lame de taiG : il ne lui en manque que le brii- Ï9^ EXPLICATION lant. En o, dans la Figure T2, eft un très-petit trou rond, qui cil Poiivertiiie du IHgmate. Tl n'étoit vifible ici que dans quelques anneaux. La Figure 13 repréfente trois anneaux un peu grolïis à la loupe , & qui ont été féchés ibr îin Ver très - poli. On y voit à merveille les corps en jnauiere dç fieurs , qui forment fur chaque anneau un petit travail qui fixe agréa- blement Pcittention. ^ ^ ^ , les corps en manière de fleurs , qui font proprement de petits efto- macs ou de petits inteftins. Ils font exprimés ici en relief. Ce font eux qui forment fur le Tccnia à mineaux cOîirts ces efpeces de nodoli- tés que M. Andry a regardées comme de pe- tites vertèbres , & qui Pont porté à donner à ce TcCnia le nom de T.mia à épine. Il n'avoit pas bien connu la véritable nature de ces nodo- iités ni leur vraie ftruclure. Je fuis , je crois, le premier qui l'ait bien vue & qui Tait deiTi- iiée exaélement. Entre les corps en manière de fleurs , il en eft deux ordinairement plus grands que les autres , & qui conféquemment font "beaucoup phis-apparens. Ils relfemblent à deux facs ovales, y y y^ ces deux grands facs ovales. Ils font à l'ordinaire pleins d'une matière plus ou moins purpurine .; mais dont la couleur change par le deiiéchemeut. Entre ces deux façs ou DES FIGURES. i^y Toit un petit trou rond qui déllgue le {lig-mate , « 0. Sur les. côtés des anneaux , on appercoit un poiiitillage deftiiié à repréfenter un nombre prodigkux de petits grains jaunâtres dilïemintk dans ces endroits , & qu'on ne voit point dans le milieu, des anneaux ou dans la bandç occu«. pée par les corps en manière de fleurs. La Figure 14 montre au microftope les petits, grains diiféminés fur les côtés de la Figure 13.^ On Toit que ces. grains n'ont pas la ftgure; régulière que M. An DR Y leur avoir trouvée , & qui Tavoit porté à les regarder comme les., çeuFs du T?e]iia. Il en parle comme de vérita-, blés globules. Four moi, je ne leur ai vu que dés Egares aiîez irrégulieres., & telles à-peu-, près que celles des grains de fable. La Figure 1 5 montre plus en grand Taf- fenibiage que compofent les corps en )',iaiiiere d^ fleurs ou les petits eltoniacs du Ver. Us font 101 ifolés pour les rendre plus didinc'ts. On peut en compter ujie douzaine. On voit bien mieux dans cette Figure que dans la F?,gare 13., les deux plus grands corps ou fiçs ovales:, ils font fort ombrés,. pour exprimer la CQUitur rembrunie de la matière qu'ils, renier- aient. Kntre ces deux plus grands iacs.^ on- Î9S E X P L I C A T I O K apperqoit une petite tache blanche , qui defigne k Jti^mate. Il eft ici beaucoup plu-s apparent que dans les autr-s Figures. Mais je dois faire remarquer que le Graveur avoit mal rendu moa defîin : la petite tache branche paroit dans la gravure un peu irré;u'iere , au lieu qu'elle devroit exprimer l'ouverture d'un p€tit trou rond. Pour mieux comprendre l'apparence de cette petite tache b'anche ou plutôt blanchâtre, il faut favoir que l'anneau auquel appartenoient les corps en manière de fleurs repré fentes dans cette rigure , étoit vu par tranfparence , parce que l'anneau avoit été féché à delfein fur un verre poli. Le ftigmate n'a point la même appa- rence fur un anneau frais ou qui ne s'eft pas delTéché. Il n'y paroît que comme une petite foiTette , au moins lorfqu'on le regarde par defl fus. L'anneau n'a alors que peu ou point de tranfparence. Les Figures \6 8c 17 font celles de deux anneaux féchcs fur un verre pour mettre en vue les corps en manière de fleurs. La Figure 18 eft deftinée à montrer au na- turel que les corps en manière de fleu-s c , c ^ font logés entre deux peaux, p , la peau fupé- îi'eure i j , ta peau inférieure* DES FIGURES. J99 La Figure 19 repréfente au naturel fiK an- neaux pris dans la partie poilérieure du Ver. On y voit tres-diftindement trois bandes, dont celle du milieu eft occupée par les corps jîo7'i- formes , & dont les deux autres font remplies de ces petits grains jaunâtres , qui font repré- fentés au micro fcope dans la Figure 14. La Figure 20 montre au naturel un frag- ment de Taenia coviipofé de Cix anneaux , fut les côtés defquels on apperqoit un petit vaiifeau, dirigé parallèlement à la longueur du corps , & qui eft exprimé ici par un petit trait noir. z z z &c\ , ce vaiifeau longitudinal. Ce frag- ment appartenoit à la partie poftérieure de rinfede. PLANCHE IL La Figure i montre au naturel un Txnia a tinneaux courts , deiîiné dans une grande partie de fa longueur ; cette Figure , qui exprime alfez bien la nature , eft deftinée à expofer aux yeux du Ledeur diverfes particularités que je vais indiquer. A , le renflement ellypfoïde qui defignc la tète du'Ver. De a en A > ou voit que les anneau^ vont N ^ 200^ EXrLTCATIOK toujours en diminuant de longueur , & qu'ils^ deviennent enfin fi courts, qu'i's fe confondent prefque , & qu'on ne peut plus les compter à la vue fi m pie. Cette partie du Ver eft celle qu'on a nommée le filet j &: l'on dit que le Txnia a été expulfé en entier , quand il l'a éts avec le filet.. De b en B , font des anneaux qui n'^ont qu'environ demi-ligne de longueur. c c c ^ cfpecss de filions qui régnent ici le long du milieu du corps. C , anneau dont la coupe eft une couibe à plufieurs inflexions. 'd d d , efpeces d-e dentelures. Elles ne font pas rares dans le Tseiiia. On voit quelquefois des TaMiia qui en font garnis dans une aifez- grande partie de leur longueur : ils font comme frifés. D , irrégularité que préfente ici un des an- Beaux du milieu du corps.. E , autre anomalie ou eVpece de cicatrice , qui s'étend obîiqueinent dans la longueur de trois anneaux. m îKi j, trait léger qui indiq^ue la place- des DES FIGURES. zoi torps fîoriformes qui ne fe montroient pfts ea relief dans ce Txiiia , parce q.u'il ne s'étoits point dclféché. /, le iîllon longitudinal. La Figure 2 eft celle de la tète cf un T^en'ia vue de front & deflinée au mkrofcope. Elle paroît compofée de quatre mamelons ou fu(^oirs, A , cette tète. a y c , d , trois des mamelons plus en vue que le quatrième , b. On voit au milieu de ces. trois mamelons une ouverture bordée de £la- mens blanchâtres. On ne voit pas cette ouver- ture dans le mamelon b , parce que fon bout n'eft pas tourné vers l'œil de TObfervateur. La Figure 3 eft celle de la même tète groffie de même au microfcope. B , un des quatre mamelons ou fuqoirs , qui ic préfente ici de front , & au centre duquel on apperqoit un petit trou rond. Les Figures 4 & 5 repréfentent encore la même tète vue au microfcope , mais fous d'au- tres positions. C , un des mamelons du centre , duquel 20% EXPLICATION DES FIGURES. s'élève une pointe mouife ou un très-petit cône. Cette partie conique avoit paru fortir du petit trou rond de la Figure 3. La Figure 5 , eft celle de deux fuqoifs vus de côté , & d'un troiiieme vu de front. On peut remarquer dans cette Figure ^ ainfi que dans les deux précédentes, que la bafe du mamelon ou fuqoir préfente à fœil une fort© de bourlet circulaire. La Figure 6 eft celle du bout antérieur du TcCiiia auquel appartenoit la tète dont on vient d'indiquer la ftrudure. Ce bout antérieur eft repréfenté ici au naturel. On voit que les an- neaux qui !e compofent font extrêmement ferrés, ou extrêmement courts. e , la tète telle qu'on la voyoit à la vue fim- pie , & qui ne fe montre ici que comme un gros point noir. %.^ 205 EXPÉRIENCES Sur la végétation des Plantes dans d'autres matières que la Terre , & principalement dans la Moufle. PREMIER MÉMOIRE. Sav. Étrang. Tom. I , pag. 420. ÂL efl: peu d'expériences plus faciles à répéter que celles qui font le fujet de ce Mémoire: tout fe réduit à remplir un vafe de Mouilë pure ou débarralfée de matières étrangères , à lui conferver une certaine humidité par des arro- femens faits à propos , & à femer ou planter dans cette MoulTe , comme on ferbit dans la Terre , quelque elpece de Graine ou de Plante que ce foit. Mais fi cette expérience eft fort fimple , les rélu'tats qu'elle préfente aux yeux d'un Phyfi- cien , yCqw font pas moins capables de piquer fa curiolité : il ne pourra voir fans furprife cette. 204 MÉMOIRES Moufle , qu'on ne croiroit propre qu'a etoufi'cr les Plcintes , fe convertir pour celles iju'il lui confie , en un terrein fertile , dans le feiii duquel s'étendront en tous fens une infinité de petites racnies , qui porteront à la jeune Plante, une nourriture conven'4blç , & lui feront pouifer \ des jets vigoureux. L'idée de faire venir des plantes dans la Mouiîe n'eft pas de moi , c'eft une découverte qui a été faite à Berlin , & dont j'ai été in- formé par une lettre de M. Forme Y de l'Aca-. endémie des Sciences de cette Ville , à une per- fonne de ma connoiiTance. Dans cette lettre » ce favant Académicien , après avoir annoncé à fon eorrefpondant le nouveau phénomène , re- marquoit qu'il falloir preifcr la Mouffe plus ou moins , félon que les Plantes qu'on auroit defleiii d'y élever , exigeroient une terre plus ou moins forte : M. Formey ajoutoit que le Roi de PruiTe n'avoit pas jugé cette découverte indigne de fon attention , & qu'il avoit fouhaité d'eu voir. les détails. Ce fut fur la fin d'Avril I74<î> qu'on me fit part de cette lettre : je ne différai point à. répéter l'expérience , tout m y invitoit , fon extrême fîmplicité > la glorieufe approbation dont D'' HISTOIRE NATURELLE. 205- «Ife avoit été honorée , & la faifoii la plus favorable de toutes à la végétation. Dès le commencement de Mai , je remplis donc de MoulFe plufieurs vafes de différentes grandeurs : dans les uns je femai du Bled , de i'Grge 3 de l'Avoine , des Pois , des Haricots 5 je plantai dans les autres des boutures de Vigne, y eus foin de faire la même chofe dans des vafes pleins de Terre , afin de pouvoir juger de la différence des progrès & des produits. Te rapporterai d'abord les expériences faites far les graines, je ferai enfuite fhiftoire des boutures , mais fans entrer dans un grand détail. Au refte la MouiTe dont je me fuis fervi, eft cette Mouife longue & branchue qui croit dans les bois , aux pieds des haies , autour des buif- fons , & généralement dans tous les lieux un peu humides ou qui ne font pas trop expofés au foleil j j'ai toujours été attentif à n'en point employer qui n'eût été bien dépouillée de ma- tières étrangères , 8c fur-tout de la Terre qui demeure fouvênt attachée aux racines : j'ai anoié alfez fréquemment , plus rarement néan- moins dans les temps humides ou pluvieux , 2c6 MÉMOIRES I que dans les temps chauds , enfin j'ai tenu mes vafes expofés au levant & en plein air. PREMIERE EXPÉRIENCE. Le s àe Mai , je remplis de Moufle Cix vafes de Terre d'égale grandeur, 8c tels que ceux dont fe fervent les Fleuriftcs : leur ouverture avoit envion cinq pouces de diamètre , leur profondeur étoit un peu moindre ; je preflai la Moulfe alfez fortement, mais fans y employer, d'autre force que celle des mains. Je fis remplir en même temps de Terre de jardin fîx vafes pareils aux précédens : je ne femai dans cha- cun de ces vafes que deux granis , & je les enfouis à deux pouces ou environ de la fuper- ficie. Je ne fus pas long- temps à attendre la con- firmation de ce qu'avoit écrit M. Forme Y : en moins de huit jours , POrge femée dans la Moulfe avoit crû de deux pouces : les autres graines levèrent pareillement & firent beau- coup de progrès , le bled feul ne réulîit pas : je n'en rechercherji pas la caufe ; je me bornerai à réitérer l'expérience. La diiTéreiice entre les progrès des graines UmSTOmE NATURELLE. 207 femées dans la Moufle , & ceux des graines femées dans la Terre, ne fut pas d'abord bien fenfible , mais elle le devint davantage par la fuite : elle fe -fit fur- tout remarquer dans les haricots y ceux de la MoufTe devinrent , à mon grand étonnement , beaucoup plus ^ beaux que ceux de la Terre : l'état de ces derniers étoit même tel vers le milieu de Juin , que je crus devoir arracher une des plantes , afin que l'au- tre pût tirer plus de nourriture. J'obfervai aux racines de celle que j'avois arrachée, de petites galles pleines d'un fuc rouge j ces galles feroient- cUes analogues à la graine d'écarlate de Polo- gne ? Ou proviendroient - elles de la piquure d'une Mouche ? L'état de mes yeux ne m'a pas permis cet examen , peut-être ferai-je quel- que jour en état de l'entreprendre. Qiioiqu'il en foit , le retranchement que j'avois fait ne produifit pas un etfet confiJérable, le haricot qui avoit crû dans la Terre , demeura toujours in- férieur en grandeur à ceux qui avoient crû dans la Mouife : au refte , l'efpece de Phaféole dont je parle , eil celle qui ne rampe pas. Le premier de Juillet, les Pois & les Pha- féoles , .foit ceux de la Terre , foit ceux de la Mouife 5 avoient commencé de Heurir. 20g MÉMOIRES Le 7 , rOrge de la Terre & celle 3e la Mouife commenqoient d'cpier : T Avoine de la Terre le faifoit aulîi , celle de la Mouife un peu plus tardive, ne le £t que deux ou trois jours après. Le 23 5 les Pois feinés dans la Terre ayant .atteint leur maturité , je les arrachai : les tiges avoicnt chacune environ deux pieds neuf pou- ces de longueur j les goulFes au nombre de quatre feulement , étoient petites , mal confor- jiiées , & peu fournies de grains ^ celle qui rétoit le plus , n'en ayant que trois , & le total de ceux-ci fe réduifant à l'ept. Le même jour-, je raoiffonnai rAvoine qui avoit crû dans la Terre. Des deux grains femés le 5 Mai, Fun avoit pouifé trois tuyaux, l'au- tre feulement un. Les plus longs de ces tuyaux avoient un pied & demi jufqu'à l'origine de i'épi , celui-ci avoit cinq pouces , & étoit formé de vingt grains : le total de ces derniers mon- toit à quarante-Hx. Le 29 , je cueillis les Pois venus dans la Mouife j chaque tige avoit un peu plus de trois pieds de longueur : les gouiies étoient au nom- bre de cinq , mieux conformées & mieux four- îiies m^msTorKE natvrellk 209 'nies que celles des Pois élevés dans la Terre j mne de ces gouiles portoit Gx grains, & le total de ceux-ci alloit à quni2e« Le 13 Août , les Phaféoles de la MouiTe étoient parvenues à maturité j la plus longue des gouiîes avoit cinq pouces & reniermoit qua- tre Fèves -, la plus courte avoit quatre pouces & demi, & portoit trois Fèves, dont deux étoient avortées ; le nombre total étoit de quinze : les tiges avoient cinq à Cix pouces de hauteur. Au refte, le nombre des gouifes avoit d'abord été de douze s mais les cinq plus grolTes avoient apparemment affamé les autres qui étoient demeurées fort petites, & n'avoient pix porter de fruit. Le 17 , je coupai l'Avoine qui avoit cruB: dans la iMouife , & qui y étoit parvenue à maturité : un des grains avoit pouiTé Gx tuyaux , dont le plus long avoit vingt-un pouces jufqu'à l'épi, lequel étoit compofé de vingt-huit grains j xet épi avec les cinq autres formoit un pro^ duit de quatre-vingt-dix grains : de l'autre grain étoient fortis deux tuyaux, dont le plus long n'a voit pas vingt pouces j le produit de ce* deux tuyaux aiioit à dix-neuf grains. Tuim LU Q 2î€> M È M 0 I R E S A la fiii du mois , un des grains d'Orge femés dans la Terre avoit pouiTé deux tuyaux; l'autre grain avoit péri. De ces deux tuyaux ^ le plus long avoit vingt pouces & demi , & fon épi portoit dix-iept grains , qui avoient atteint leur maturité ; l'épi de l'autre tuyau n'en avoit que quinze , qui ne furent i*iùrs que vers le milieu du mois fuivant : total , trente-deux grains. Le 14 Septembre, l'état de l'Orge femée dans la Moulîe étoit tel qu'il s'enfuit : d'un feul grain étoient fortis dix tuyaux , l'autre grain avoit péri ; le plus long de ces tuyaux avoit un pied & demi, le plus court avoit un pied: lix portoient des épis murs , ceux des trois autres étoient encore en lait , Sz ne furent en état d'être cueillis que le 30 du même mois. Parmi les épis des fix premiers tuyaux , deux avoient quinze grains , deux douze , un onze ^ car ces derniers n'ayant que cinq à iix pouces de proFoiideur fur autant ou à-peu- près d'ouver- ture , ne contenoient pas aiTez de matière pour fournir au jufte accroiifement des plantes qui y avoient été femées. On le fentira encore mieux , fi je dis qu'après avoir fait féclier la Mouife dans laquelle avoit crû l'Orge qui avoic donné dix tuyaux , je l'ai pefée , & que fou poids ne s'eft trouvé être que d'une once trois quarts > ce qui , pour le faire remarquer eu paifant , rend cette végétation dans la Mouife encore plus remarquable. Un fécond, inconvé- nient des petits vafes , & qui eft une fuite du premier , c'eft que la matière dont on les. rem- plit , n'y conferve que fort peu de temps fhu- midité néceHIiire à la végétation 5 il faut reve- nir fouvent à arrofer , & par ces fréquens arrofemens lu Terre fe durcit quelquefois à un tel point, que les petites, racines ont beaucoup. de peine à la pénétrer s cela arrive fur -tout dirîs. les grandes chaleurs , telles qu'ont é^é eeiles de l'été de 1746", pendant lequel le ther- momètre de M. de Reaumur s'eil tenu piu- iieurs femaines confécutives aux environs du •vingt-cinquième degré, O 3 ^14 MÉMOIRES La végétatioia des plantes dans la Mouif© eft un fait qui ne peut manquer de paroitre très-fin guli\er ; mais fi l'on veut fe donner la peine de réfléchir fur les qualités de cette ma- tière , on verra bientôt que fon efficace eft toute naturelle , & on expliquera d'une ma- nière également fimple & facile les réfultats, précédens. PREMIERE OBSERYATION. On fait en général combien Peau eft nécef- faire à la végétation : on n'ignore pas qu'elle^ diiTout ces molécules terreufcs , ond:ueia!es & ■falines , qui font la nourriture propre des plan- tes 5 & qu'elle les met ainfi en état de s'intro- duire dans leurs pores ; on fait encore quel en eft le véhicule ; enfin , plufieurs expériences ont appris que l'eau contient elle-même de ces par- ticules alimentaires : or une des qualités de la Mouile eft de retenir long-temps l'humidité , & de n'eu retenir que ce qui eft necellàire pour la végétation: c'eft appi^remmeiit la rai fon pour- quoi les plantes qui y croiflent pouifent de plus longues tiges que celles qui croitlcnt dans la Terre, conformément au deuxième ré- fultat : l'humidité qui abreuve contn-iuellement les racines des, premières. Rut que toutes les Tf HISTOIRE NATUEELLE. 2ïÇ parties de la plante conrerver.t plus long-temps le degré de foupleife qui leur permet de s'a- longerj le premier réfultat paroic être encore Telfet de la même caufe. Au refte , on peut conjedurer avec beaucoup de probabilité de ce qui a été dit ci-deiius , que toutes les plantes qui fe plaifent dans un terrein humide vien- dront très-bien dans la MoufTe. SECONDE OBSERVATION. L'air n'efl: pas moins nécelTaire que l'eau à la nourriture & à raccroiircment des plantes , elles pompent ce fluide délié au moyen de leurs trachées, & c'cft lui qui par fon refTort aidé de la chaleur diftribue le fùc nourricier à toutes ics parties du végétal s ainii le Laboureur, eii ouvrant la Terre à diverfes reptiles , ne la rend pas feulement plus meuble , il y introduit en- core Pair & la chaleur nécelEtires au dévelop- pement des graines qu'il lui confiera: laMouiFe quelque preflee qu'elle foit, donne toujours u.i libre accès à l'air dans fon intérieur , les filets branchus n'ont pas autant de difpoficion à ad- hérer les uns aux autres qu'en ont les molé- cules de la Terre j on a beau arrofèr la Mouife fréquemment, il ne lui arrive point, comme i k Terre , de fe d^arciio Q % s T^: M- E M 0 I R E S TROISIEME OBSERVATION. Par u.'ie fuit? du même principe, les racines doivent pénétrer beaucoup plus aifément la Moulië que la Terre : elles doivent s'y divifer. & s'y fubi^.iv'iier davaatage , & c'ell ce que je crois avoir obfcrrvé^ c::tte fubdivifion des raci- nes eft probablement fuivie du développement d'un plus grand nombre de germes , ce qui expiiquèroit le troificmc & confequemnient le quatrième réfultat. QUATRIEME OBSERVATION. Tous les corps organifés fe réduifent au^ tout d'un certain temps dans leurs premicrs^ principes 5 leurs différentes parties fi artiftement feiqonnées & unies entr'elles d'une manière jQ- admirab'c, ceffent enfin de former un tout organique , elles fe défuniilent, ib décompofent & fe changent à la longue; dans une Terre fine & ipongieufc y, c'eft ainfi que les végétaux &. les. animaux- rendent à la Terre ce qu'elle leur a fourni pour leur accroiifement & leur fubiiftance : admirable circulation , métamor- phofe fiiiguliere , & qu'on n'a pas encore au- tant étudiée- qu elle^ mériteroit de l'être î Notre Mouife fubjt donc auliî la même transforma- •'mu^ elle, fe aonvertit peu^àrpeu dans un ter» D'HISTOrRE NATURELLE, 2ir reau tïès-fîii , & pemiant que fous la forme d© Mouife elle donne nailTance à des produélions. qui nous furprennent , elk fe prépare par ua changement d'état à nous en montrer de plus vigoureufes & de plus abondantes. Je ferai ce- pendant remarquer qu\iyant examiné la Moufle dans laquelle avoient cru de POrge & de l'A- voine , je l'ai trouvé beaucoup mieux confervée que je ne m'y étois attendu ; ce n'eft appa- remment qu'au bout d'un temps alfez long qu'elle prend la forme de terreau : on pourroit faire fur ce fujet des expériences propres à déterminer l'efficace de la Mouife dans fes di- vers états.. J'invite fur-tout les Fîeuriftes à femer dans la Moulîe : elle m'a donné des Oeillets auiïï beaux que ceux qui ont été nourris de la meilleure Terre , & dont l'odeur étoit extrême- ment relevée. Je penfe que la plupart des Oignons s'en accommoderont : j en juge par les elfais que j'ai commencé île faire fur ceux de Tubéreufe , de Hyacinthe , de Tulipe , de Nar- ciifc , & de Jonquille. J'ai aufîi mis à la même épreuve la Renoncule & l'Anémone , mais ce n'eft pas ici le lieu de rapporter les détails de ces expériences. J'ajouterai feulement que les 5rg MÉMOIRES F]eu»-i{les peuvent Te promettre d'obtenir die 1^ Moulïe de nouvelles variétés. SECONDE EXPÉRIENCE. Pendant que je feraois dans la Moulfe , il lïie vint en penfée de femer dans FEponge ^ je me propofbis en cela plufieurs vues j la prin- cipale étoit de rechercher TelTicace de Peau , par rapport à la végétation : pour cet effet , je^ mis mon Eponge dans une cloche de verre à moitié pleine d'eau , que je plaçai fur une fenêtre au levant j je femai dans l'Eponge du, Bled, de l'Orge & de l'Avoine. Toutes ces graines germèrent en peu de temps , nicMS le Bied fécha enfuite. J'obfervai avec plaifir le progrès de cette germination , je m'arrêtai fur -tout à confidérer cette, petite graine d'un blanc argenté , qui accompagne la jeune tige jufqu'à deux ou trois pouces de hauteur , & qui la préferve des atteintes de l'air , auxquelles elle cft fort fenfible dans cet âge tendre. L'orge & l'Avoine furent d'abord d'un beau: verd, mais elles jaunirent à mcfuie qu'elles s'é- levèrent : les feuilles ayant peine à fe ibutenir D'HISTOIRE NATURELLE. 2îf à caiife de leur nombre & de l&iir longueur , je fus obligé d'en raccourcir quelques-Uiics & d'en retrancher quelques autres. Le 12 Juillet , l'Avoine commenqoit à épier j le 30, e'îe étoit parvenue à maturité i chaque grain n'a voit pouiTé qu'un tuyau , le plus long étoit de quinze pouces , & portoit Uii épi corn- poié de lix grams. Au commencement d'Août, TOrge avoit com« mencé d'épier, mais l'é-pi n'étoit point forti d® fcs enveloppes. Le 3 Septembre , il avoit acquis fa maturité ^ il n'étoit^ forci de chaque grain qu'un fcul tuyau, dont le p'us long avoit un pied quatre pouces y l'épi portoit fix grains. RÉFLEXIONS. Cette expérience prouve la grande efficace de l'eau dans l'ouvrage de la végétation. Il eft vrai que l'Eponge étant une produdlion marine , doit conteiur des fels qui mêlés avec l'eau , la rendent; plus agiifante ou plus propre à la nu- trition & à l'accroilFement des vé-^étaux. J'ai Jii eiFct obier vé dans pluficurs Eponges ^?.Q M É M 0 I R E S grofTîeres ou à larges porcs, une poufîiere fînr^ de, couleur grife , qui , quoiqu'elle ne fit aucune imprcfïion fur la. langue , agiffoit fans- cloute avec force fur les racines des plantes qui leur étoient confiées. Du Bled farrafin femé dans ces Eponges , m'a paru y éprouver les mêmes accidens qu'éprouve celui qu'on a femé dans le fumier, ou dans queiqu'autre matière fort chaude 5 il n'y a que les feuilles féminales qui parviennent à s'y développer , & la couleur jaune qu'elles confervent conftamment , indique alfez l'excès de chaleur de la matière qui les a nourries. Je n'ai point apperqu la pouiTiere dont je viens de parler dans l'Eponge de l'ex- périence précédente : cette Eponge étoit fine ou à petits pores , mais ce n'efl pas une raifon de penfcr qu'elle en fût entièrement dépourvue. Au refte , on peut fe fervir utilement des Eponges pour fuivre les progrès de la végéta- tion : on les mettra pour cet effet fur une plaque de plomb percée de pluficurs trous , au=^ deifous de laquelle on placera ini vafe de verre plein d'eau j les petites racines ne tarderont pas à percer l'Eponge pour defçendre dans le fluide où elles fe répandront en tout fens. D'HISTOIRE NATURELLE. ^zi TROISIEME EXPÉRIENCE. Ce ii'étoit pas aflez d'avoir vu végéter dans la Moulîe & dans PEponge , il falloit s'afTurer de la bonté des graines recueillies dans ces deux matières , Tépreuve la plus décifive étoit de les femer : c'eft aufii ce que j'ai fait au <:ommencenient d'Avril de- cette année 1747, & j'ai employé à cette nouvelle expérience les mêmes var:s & les mêmes efpeces de matières qui a voient fervi à la première ; toutes ces graines ont parfaitement réuiTi ; mais ce qui m'a le plus furpris dans cette épreuve , c'eit que celles qui avoient été recueillies dans l'E- ponge , & dont la légèreté Se la petite/Te n'an- iionccient rien de favorable ^ ont paru le difputer pour le produit à celles qui étoient venues dans îa MoulTe , quoique ces dernières paruifent beau- coup mieux nourries. Ce fait eft remarquable , 8c prouve que ce n'efl: pas une règle conftante , que les plus belles graines produifent les plus abondantes récoltes. ^c0" è>2t MÉMOIRES TABLE DE RAPPORT, Graines recueillies dans la Moiijj'e. Orge. Terre. Qiiatre tuyaux, le plus long un pied cinq pouces. Epi , feize grains. Total. 49 grains. Moujje. Sept tuyaux , le plus long un pied quatre pouces. Epi, trei- ze grains. Total. 31 grains. Avoine. Terre. Trois tuyaux , le plus long un pied lept pouces. Epi , vingt- un grains. Total. 28 grains. jî/o/f/fè. Quatre tuysiix, Je plus long deux pieds. Epi , vingt-deux grains. Total. 36" grains. Graines reaieillies dam PEpon^e. Orge. Terre. Deux tuyaux , le plus long un pied (îx pouaes. Epi , feize grains. Total. 23 grains. Mouffe. Huit tuyaux , le plus long un pied neuf pouces. Epi , quin- ze grains. Total. 38 grains. Avoine. Tei-re. Trois tuyaux , le plus long un pied cinq pouces. Epi, dix* neuf grains. Total. 55 grains. Mouffe. Cinq tuyaux, le plus long un pied quatre pouces. Epi ^ treize grains. 1 otal. 49 grains. D'HISTOIRE NATURELLE, â^3 Je lie dois pas finir ce Mémoire fans ajouter que /ai répété ce printemps l'expérience de JTemer du bled dans la Moufle j elle n'a pas eu un ïuccès plus heureux que la première , quel- ques grains ont à la vérité épié, mais les épis n'ont rien produit -, j'avois cependant mis la Moufle dans une caiire d'un pied en quarré , & je l'y avois preflée aflez fortement : on fera peut-être tenté d'attribuer ce mauvais fuccès à la qualité de l'aliment , mais ce foupqon s'éva- nouira fans doute , lorsqu'on faura que cette expérience a été faite dans la terre , ibit dans des vafcs, foit en plein champ, & qu'elle n'y a pns mieux rcuiTi. Nous devons do)îc chercher ailleurs la caule de ce fliit : nous la trouverons , je penfe , dans la découverte qu'on a faite de- puis peu des deux racines que le bled doit pouflbr pour parvenir à fa perfedion , dont l'une fe développe avant & pendant l'hiver, & l'autre deftinée à lui fuccéder, ne paroit qu'au printemps j il y a lieu de penfer que dans le bled femé au mois d'Avril, comme l'a été celui dont il s'agit , ces deux racines n'ont pas le temps néceflaire pour fe développer & fe fuc- céder. Cette réflexion n'eft pas- propre à encou- rager ceux qui fouhaiteroicnt de mettre nos bleds à l'abri des rifques auxquels ils font ex- pofés pendant i'iiiver , en ne les fcmant qu'au printemps. Au refte , puifque j'ai occafion de parler id du bled , je dirai un mot d'une maladie qui l'attaque quelquefois , & qui a été fort com- mune cette année en plufieurs cantons j on la connolt fous les divers noms de yiielle , de fony* ritnre , de hrouijyiire , &c. L'on eft fort partagé fur la cauie de cette maladie i les uns l'attri- buent à la mauvaife qualité des femences , d'au- tres au peu de profondeur du labour, d'autres aux pluyes, d'autres à des Vers qui s'infinuent dans le grain , d'autres aux vents , d'autres enfin à des rofécs froides. Je n'ai point encore fait de recherches bien fuivies de ce phéno- mène, mais j'ai fait quelques obfervations qui, quoique groffieres , me paroiifent décider en faveur de ceux qui Tattribuent à des rofées froides. Voici ces obfervations-: 1^. Les bleds qui croiflent dans les lieux élevés, comme les montagnes, font moiits fujets à cette maladie que ne le font ceux qui croif- fent dans la plaine , & fur- tout dans des lieux: bas & humides. 2©. On obferve beaucoup plus rarement des grains pourris au bled barbu qu'à celui qui eft fans barbes j la raifon en eft , fans doute , que la D'HISTOIRE NATURELLE, 2 2<^ la barbe tient la rofée écartée cia grain , & l'em- pêche de s'y attacher. 3°. Toutes chofes d'ailleurs égales , les •champs expofés au levant font plus fujets à la pourriture que ceux qui font llcués au cou- chant , ou en toute autre expoiition. On obTer- vera la même chofe à l'égard des diverfes par- tics d'un même chimp , & ce qui eil encore plus remarquable , danjs un efpace de quelques pieds feaiement ; on fait en elfet que la rofée îi'eil: fLiaefte aux plantes , que iorfqu'elle eO: mile en adion par les premiers rayons du foleil. 4". La nielle fe maniFeite ordinairement lorf- que ie bled eil en fleur , temps auquel les plan- tes redoutent le plus les roiét^s froides. 5". On obferve des bifirrerîes dans les épis- rnellés , qui ne peuvent guère s'expliquer que par l'hypothefe en queiiion : on verra des épis dont une partie fera tres-faine , tandis que iau- tre fera très-niellée j on trouvera des éjiis par- tagés en deux moitiés tranfverialement , donc l'une n'aura que des grains bien ianis , & dont l'autre n'en olfnra que de pourris j d'autres fois- cette divifion fe fera fur la longueur de l'épi, TQm(^ UL V 225 M É M 0 I Tx E S '6"^. L'ÉTAT du bled poBrri relTcmWe affez ri celui des jeunes rejettons qui ont fcnti la gelée , on trouve fous Tenveloppe du grain une farine noire , une efpece de charbon d'une odeur très-fétide j mais ce qui embarralfe dans cette a'uération , c'eft que le bled niellé paroît renflé ou plus rempli que le bled fain , cependant (i on le met dans l'eau il furnagcra : cet eifet pourroit avoir fa caufe dans quelque Fermen- tation occafiunée par" la tofée. 70. Des bleds où l'on n'appercevoit aucune marque de pourriture avant une rofée froide , fe font trouvés très-altérés peu de jours après. 8^ Ni la qualité des femences , ni les diver- fes préparations qu'on peut leur donner , ni le plus ou le moins de profondeur du labour, ne mettent le bled à l'abri de la pourriture. 9*^. Tout ce qui eft propre à attirer l'humi- dité & à Fentreteiiir , favorife la nielle : du bled qui iiura crii le long d'une Iraie vive fera or- dinairement plus ma'traité que celui qui aura crû dans le milieu du champ. ïû". Enfi:n , l'année où nous femmes qui a ^té fi féconde en nielle , a fourni beaucoup dç ■t'mSTO'lKE NATVRELtE. £37 rofees , & des rofces très-froides & très-forces> A toutes ces obfervations , qiie je ne donne cependant ni comme déciiîves , ni comme fut- filLimment vérifiées , je joindrai une expérience propre à déiabufer ceux qui croient que le bied mieiié en produit de iembJable , j'ai lemé de ce bled dans de la terre de jardin bien préparée , fans qu'il en ait germé un feui grain : c'ell de quoi il n'y a pas lieu d'être furpris , puifque )a nieile -altère ou détruit entièrement toute la fubPcauce du grain, QiJANT aux moyens de prévenir cette fâ« clicufe maladie , Ci la caufe que je viens d'éti uiïigner eft la véritable , on préfervera bien des champs en faifant palfer fur les bleds , avant le lever du foleil , une corde qui en les fecouaiife légèrement , en détachera la rofée. ^^asrf-îiâcSà^ 22g MÉMOIRES ^ vy^-i^^v\ '^.«-'^^a-^ W'^'^^i^fvv v.'-^^^"iis^K^:r:^,t-''^i^fvv i:','.^^^^. v? EXPERIENCES Sur la végétation des Plantes dans d'autres matières que h terre & principalement- dans la Mouffe. SECOND MÉMOIRE. Sav. Etrakg. Tom. I , pag. 434. o> M a vu mille fois dans des lieux humides les grains germer , & leurs racines & leurs tiges sV développer : cette obrervation com- mune a pu rendre moins frappantes celles qui ont fait le fujet du Mémoire précédent. Je ne doute pas aulîi qu'il ne paroiffe plus fingulier que des boutures de vigne, c'eft - à - dire , des portions de farment ablbîument dépourvues de racines , ayant été enfjncées dans la Mouilë par une de leurs extrémités , y ibnt devenues des ceps qui l'ont difputé en grandeur à ceux qui étoient provenus de femblables boutures plan- tées en terre , c'eft ce que je dois rapporter ici plus en détail. D'HISTOIRE NATUMLLE. 229 PREMIERE E X P É R 1 EN C E. Le s -^î'^^i 174^5 js remplis de Moulfe ti*ois vafes de dix à 01120 pouces de hauteur fur au- tant ou à-peu-près d'ouverture. La Moulfe de deux de ces vafes étoit fort pure , mais ceile du troiileme étoit terreufe. Je remplis en même temps de terre de jardin un autre vafe pareil aux précédens , & je plantai dans chacun de ces vafes une bouture de vigne à raifins rou- ges , longue d'environ un pied , «Se de treize k quatorze Hgnës de circonférence ; toutes ces boutures avoient appartenu au même cep , & avoient été coupées fur le bois de l'année pré- cédente. Pour abréger & pour éviter la confufion . je les. déiîgnerai pas des lettres 3 j'appellerai A , K les boutures plantées dans la Moufle pure , C celle plantée dans la Mouife terreufe , [) la bouture plantée dans la terre. p 3: ft / 0 U R N A L. D Comcivf^ ce à déve-i:; 'opper fesp feuilles. ]-. moins leiiiiics 27. a Y a n c e que E. Jet, 4 pouces & demi. La plus grande f e u i 1 1 c avoit 2? lignes de! 'oîigueui s'étoient dévelop- pées. Jet, 3 pouces & iemi. La plus g r a n d e ['eu i 11 e avoit 23 ignés de Les bou- tons com- mencent s'enfler. Jet, pouce. fur 36 de irirgeur : e nom- :)re d e toutes les feuilles^ étoit de 8 'onp'ueur fur 31 de 'argeur. T o t a i dv'S, kml- es. 14. La plus grande f e li i 1 1 e ivoit r^ iignes de longueur fur 2 1 de largeur, ^ îc miles H l'oeil (b- pé rieur , '& autant a fiiifé- igncs de ongueur Tur 2 8 defe argeur,7|^ feuilles àfe œil fu-l périeur , j &>àrin-j^ :éneur , e; 1^ Jet , 3 pouces 2p 'ues. La plusp g r a il d ej. f e u i, 1 1 ep :ivoit 2 IL J^ 0 U'R N A È, 23 ï RI 5î"T03 rf»- (O) a^» «.• •r» -ff^; (O) »0)-: ^174^- A B C 1 , ^^ . :! ^ rieur ; ce- celui - d ^ t lui- ci cou- coupé. j FlJuillet. pé. : i n- Jet, 14 Jet, 9 Jet , 7 ■ Jet, 12 ^ ■ pouces & pouces & pouces. pouces. ï w demi. demi. a Second _ « - jet forti _ = depuis, le î - premier ^ ■1 & à côté , : ^ 7 pouces ^ , ^ Août. & demi. l .' ^- Jet, 19 Premier Jet , 9 Jet, i3i . pouces. jet , 12 pouces & pouces & -\ -, pouces. demi. demi. « - Second ] , jet , 8 p. s L on- L 0 n- L 0 n- L 0 n- J :■ „ " gueur de ia plus gueur de !a plus gueur de ia p i u s gueur de^ grande grande gr an d c g r a n d ej : feuille 3,0 feuille 2-] feuille 36 Feuille 30? ■ ^ iigu. , lar- 'ign., lar- Hgn., lar- iign., hir:j_ î geur 48. geur 36. geur 45. geur 39. C Total 1 . Total Total Total des feuil- des feuil- des feui - des fcuiuÉ les , 37- les , pre- les, 19. les, 22. [ mier jet , iê.TT^; ■■«», .v:: 3[^^2i:iZL-. iL^-TKTTr- -rr^) «yr-'ii] P4 S32 1746. J 0 U R N A L iiiiZig^Eiig.'fi'j'T'-Tciizizr: J Dec - 1747- ^i Avril y i^. 20. w l'A'Iai I. Taillé & luiiiië ieu- e m e n t un bau- toii. Les bou~ ;onscom TieiiceiU à s'enfler. Tranf- planté en motte dans imc c a i if e d'un pied & demi en quar- ré , rcm- p H e de Mouife pure & bien pref- lée. PoufTé 4 jets, dont B 19. Sec jet, 2 y. Icltm. iCS Idem. Idem. A- peu. près com- plus me A. Idem. Tranf- plantc en motte dans une G a ille d'un pied & demi en qii3i rc , rem- plie de Ferre & deMoiïire dirpofées par lits. D Idem. Idem. A -peu- près com- me A 6^ B. :iS:^D~ig3r::iii?r," '^-^^ J 0 U R H A L. î^3^. mnzKuzzKjrzzK^inizi^-A^Tizzii: I Î747- Mai. 1 18- Juin. =j 15. -iJctoc.l 26. A ! o u (( s a voient 2 à 3 pou- ces : cou- pé 2 de CCS jets, Pieniiei jet ,, 8 p & demi. Second jet, 7 p. Premier jet , 2 pieds 3 p. & -demi. Sec. jet, 2 pieds & un demi pouce. Premier jet, 3 pieds &. B jet, 8 R- Secoue: jet , 5 p. Goupé 2 jets plus petits. Prem. jet, 2 pieds 2 pouces. Sec. jet , [ pied' 3 pouces. Premier i e t Premier jet , 7 p Second jet, 5 p. Premier jet, pieds 1 pouce *Sc demi. Sec. jet, I pied 7 pouces èc Jcmi. Premier D Coupé 2^" lets. Comme z / Premier jet, I pied 7 pOLlCcS. Sec. jet , î pied 7 Douces. PremierL- 3 iet , 7 p.ijec , 2 p.j^ piedî &7 p. demi. g Kin:^ lOctob J 26. iî34 J 0 UR MA L. B L o n- gucyr de 'a plus 2^ r a n d e reuille 54 'ign. , lar- jzeiir 60 A L on i^ueur de la plus g r a n d e ieuiile 42 ligii. , lar- geur 60 lignes. Le plus ^YQS jet à eiidroît de fo n in fer don ivec le cep , un pouce de circonfé- rence. Circon- érence du cep , un pouce & demi. inr:^ plus Le gros jet a ('endroit de f o n infertion, comme A. Circon- férence du cep . comme A. C La plus g r-an de Feuille comme B. Circon- iérence du plus gros jet, un pouce & demi. Circon- férence du cep , I p. trois quarts. D La plusf^ g r a n d c F euil le^ comme A. Circon- férence du plus|^ gros jet,l^ comme A^ H Circon- férence du cep comme A & B. %i "'>> ^-'(^Tî^-iT^i^) rf-)fr1^'^^~rrT~ t<-» (cy;A-2 tandis que celle de raccroiîTenient de D n'a été que de. douze pouces , cela s'accorde fort bien avec le fécond réfuîtat du premier Méni-oire. Une autre remarque dljne d'attention, c'eft que C , planté dans la Monde terreuié a pouilé beaucoup moins la première année que A , B. » Cette bouture C nous donne lieu de faire luie troiileme remarque ; ce font fes gnmds progrès pendant la u^conde année après avoir été traîuplantée danç une caille remplie de Terre 6c de Mouife difpofées par lits : nous obfervons que la fomme de l'accroiifemeiit de cette bou- tU! e pour cette année , a été de fept pieds fept pouces V pendant que celle de l'accroidement de A n'a été que de trois pieds & demi ; la raifon çn ell apparemnicnt que la Mouife mêlée avec 23^ MEMOIRES là terre fe pourrit plutôt que celle qui cft erft- ployée pure. D'ailleurs la MouiTe e-mpèche que la Terre ne fe durciiîe. par les arroicpiens , elle ménage des iflîies à Pair & a l'eau, & elle facilite la ramification & la marche des racines ; ainfi que ce feroit peut-être une bonne pratique d'employer la Moulîe dans les plantations , & même préiisrablement au fumier , on ne rifque- roit pas du moins d'occafioner de la pourriture dans les racines comme cela arrive fouvent lorf- qu'on fait ufage du fumier. Remarquons enfin que la bouture B , qui n'avoit point été tranf^Dlantée , a fait cette année prefque autant de progrès que A qui l'avoit été, La rnilon eu eft peut-être, que les racines de la bouture tranfplantée fe font d'abord jettécs dans la Mûuiïe neuve , au lieu de s'étendre dans la vieille plus confumée ^ & par conféquent plus propre à la végétation. OBSERVATIONS. J'ai obfervé que pendant les premiers moi^.-^ les feuilles des boutures plantées dans la MouiTe pure , ont été d'un verd beaucoup moins foncé que celles des autres boutures, mais par la fuite ce ,Ycrd a pris, une plus iorte teiutei il edaifé- D'HISTOIRE NATURELLE. 237 de découvrir la caufe de ce fait : la Mouire neuve doit néceflairemcnt fournir moins de nourriture aux racines que celle qui a commencé à prendre la nature de terreau, & tel eft l'état de la Mouiîe qui a fervi quelque temps. Une des qualités de la MouiTe eft de réfiftsr à la féchereife ; l'Eté de 174*^ , qui peut être mis .au rang des plus chauds , étoit très-propre à manifefter cette qualité : pendant dix à douze jours d'une chaleur où la liqueur du thermo- mètre de M. de Reaumur fe tcnoit aux envi- rons du vingt-cinquième degré , la bouture B , ne paroiifoit point fouSrir , quoiqu'elle fiit privée de tout arrofement. Ayant été expofée quelque temps après à la même épreuve pendant cinq femaines , elle la fubit fans autre altération qu'un léger changement de couleur dans fes feuilles 5 cependant quoique la Mouife conferve long-temps l'humidité , il convient de l'arrofer fouvent 5 fur-tout iorfqu'elle n'a point encore fervi , cela la détermine à prendre plus prompte- ment la forme de terreau. D'ailleurs l'eau enlevé àe la furface de la Mouife les particules terreufes dont elle eft toujours plus ou moins chargée, elle les' diiîbut & les met par-là en état de pé, iiétrer avec elle dans les racines : il en faut dire autant de celles qu'elle détache de la fubftance 23'8 M É Xf 0 ï R Ë S même de la MoiifTc , c^ dont elle eft aufTi le véhicule. On m'objedeva peut-être , que la bou- ture C , qui avoit été plantée dans la Mouife terreufé , a fait moins de progrès la première année que celles qui aVoient été plantées danK la Moulie pure : cela cil vrai , mais je ne crois pas que ce ioit précifément parce que cette Mouife étoit terreufe , puifque cette même bou- ture ayant été tranfplàntée Tannée fui vante dans une caille remplie de Terre & de -Mouilé , elle y a fait incomparablement plus de progrès que la boutuie A, tnînfplantée dans une lemblable caille pleine de Moiiire pure. Il tant donc cher- cher ailleurs la caufe du fait dont il s'agit ; nous la trouverons peut-être dans une remarque que je n'ai point encore faite, c'eft que cette Zvîouiie terreufe n'étoit pas de refpcce qui eft la plus lon.gue & la plus branchue , d'où il eif arrivé qu'elle s'eit durcie > & qu'elle a fait avec la Terre une maife que les racines ont eu de la peine à percer , & da;is laquelle elles n'ont pu fe ramifier beaucoup j d'autres caufes qui nous font inconnues ont pu concourir avec celle-là à produire ce fait : de nouvelles -expériences nous les feront connoitre. J'observerai enfin , par rapport aux bou- tures piaiitces dans la Moufle pure , que leurs D'MISTOIRE NATURELLE. 239 ;progr€S ont furpafle ceux que font commune- iiTent de femblables boutures plantces en pleine Terre -, c'cll ce que des vignerons très-experts ^ à qui je les ai montrées , m'ont alTuré. Au refte , ce que nous avons vu jurques ici de nos boutures , ne doit pas être regardé comme la partie la plus curieule de leur îiiRoire^ elles n'ont point encore porté de fruits , & Ton doit être impatient de favoir fi elles en porteront , & quelle en fera la qualité : nous rapprendrons apparemment l'année prochaine , je ne manquerai pas de les fuivre , & de rap- porter ce qu'elles m'offriront de plus intérelîlmt. Je tâcherai aulTi de tourner ces expériences du côté de la pratique j c'eif ce que j'ai déjà com.- mencé de faire en provignant en p'cinc Terre avec de la Mouife. Cet eliài a fort bien réufii , j'ai compté jufqu'à fept grappes à un fcul provin ; mais il m'a paru qu'elles demandoient pour parvenir à leur parfaite maturité , un temps un peu plus long que celui qu'exigent celles des provins pour lefquels le funlier a été em- ployé, & c'eft là une remarque qui quadrè par- friternent avec le premier réfultat du premier Mémoire. Il y a fans doute lien des obferva- tions à faire fur l'ufage de la Moulue, ibit dans les provins , foit k l'égai d des autres efpeces H^ MÉMOIRES de plantatiop.s i mais ce font tîcs coîinoifTance^ que la pratique feuîc peut amener à un cerfciil degré de préciiloii & de certitude. Oïl peut conjeélurer , par exemple, que la Moudc cqn^ vient mieux dans les Terres légères , & qui ne retiennent rhumidité que peu de temps , que dans les Terres fortes qui n'en font ordinaire- nient que trop imbibées , & auxquelles la chiu leur du fumier eft plus flivorable. Je crois ce- pendant que la Mouilé mélangée d'usie manière convenable avec une Terre forte , la rendroiî; plus meuble , & par-'à plus propre à là végé- tation. Qiioi qu'il en foit, on i^era toujours Rir d'employer la Mûu.lé utilement ioriqu'on l'aura lait fuififvmiment confumer : pour cet effet , on en pourra faite des amas qu on laiiiera expo- fés aux injures de l'air, ou qu'on enfouira "dan, n la Terre à une certaine profondeur. On fera encore plus affuré du fuccès , il l'on .difpofe la Mouife & la Terre par lits. Je ne fiis point ici de nouvelles réflexions fur la végécation des Plantes dans la Mouife : je me borne à celles que j'ai faites là-deflus dans le premier Mémoire. SECONDE EXPÉRIENCE. Avant que j'eulTe oui parier de la végéta- tion l^'HIôTOTRE NATURELm 114Î 'Xi'on 3es Plantes dan^ la MouiFe , j'avois tenté plufieurs fois de faire végéter des boutures de vigne dans l'eau pure j cette ex/érience ne m'a voit jamais rèuiTi qu'impatRiitement. Plu-.. 'lïeurs de ces boutures pouiibient à la vérité des feuilles , & même des raifiiis , mais aucune ne parvenoit à faire des racines ; ce qui étoit caufe que toutes féchoient ordinairement au bout de quelques femaines. Soupçonnant néan* moins certaines circonilances particulières d'a- voir apporté quelque obttacle à ces premiers- eifais : je voulus rannée^dernij^re en faire de nouveaux. Je me promcttois du moins d'y ga- ■gner une vérité , favoir , quelles léroienc des boutures plantées dans la Mouife , dans la Terre & dans l'eau , celles dont les buutons fe déve*. lopperoient les premierSc Conformément à ces vues, h 5 Mai 174.6^ je remplis d'eau pure une cloche de verre , telle tjue celles -dont fe fervent les Jardiniers 5 fur laquelle je pofai une petite planche percée d'un trou ; j'introduifis dans la cloche par cette ou-< verture l'extrémité inférieure de deux boutures femblables à celles que je venois de plantée •dans la 'MouiTe & dans la Terre. Je dél-iguerai ces deux boutures par les lettres E , F. 2'ome lîL Q^ 24^ M È M 0 I R F s DÈS le 13 de Mai , leurs boutons avoîent commencé de s'ouvrir. Le 21 ellt?s mo'.itroient des feuilles , & même de petits railins j elles devancèrent ainfi celles qui avoient été plantées dans la MoufTe & dans la Terre , apparemment parce qu'elles avoient requ plus de partie* àqueufes. Lé 27 , conîîdérant qu'elles ne faifoient pas de progrès fenfibles , je plongeai la partie infé- rieure de F , dans de l'eau que j^ivois fait filtrer bouillante à travers ck la bonne Terre , & qui s'ctoit ainii chargée d'un limon très-fin. L'état de ces boutures étoit alors tel qu'il fuit. E. Jet un pouce ïix lignes , longueur de k plus grande feuille feize lignes , largeur vingt- quatre lignes ; cinq feuilles à l'œil fupérieur , & deux à l'inférieur 5 celui-ci a été retranché. F. Jet deux pouces , longueur de la plus grande feuille dix- huit lignes , largeur vingt- qiiatre lignes , cinq feuilles à l'œil fupérieur , & quatre à llnférieur 3 celui-ci a été retranché. • Le 24 Jwin , F commcnqoit de jaunir. Le 29 , i\ avoit perdu toutes fes feuilles , & n'avoit poulie auciiiie raciuea I lymSTOTRE NJTUEELLE, 243 Le 8 Juillet, coîiliJémnt la bouture E, je remarquai avec quelque furprife que fes Feuilles ëtoienc d'un verd plus Çoncé qii'.'uparnvant : je regardai dans Teiu , &, j'eus le pîaifîr d'cbfervcu un grand nombre de petites racines blanchâtres , garnies d'un court chevelu , & dont une pou voit avoir quatre pouces de longueur , ce^ racines étoient ibrties d'autour d'un œil placé vers le milieu de la partie inférieure de la bouture. Le 15 Juillet , le jet de cette bouture avoit augaienié ieulernent d'une li^ae. Le 30, elle avoit poulTé un nouveau îct d'uil pouce deux lignes de longueur^ la plus grande- ieuiiie de, ce jet a^oît leize lignes de long fur dix-iept de large , & le total des feuilles étoit àc Hx. J'obfervai i^ar quelques-unes de petite^ galles qui fe voyoient auili fur celles de Fau-^^ tre jet. Le ') Aoat , le premier jet avoit trois pouces V îa partie qui formoit ce nouvel accroiifsmenc ctoit d'un verd fort clair j la longueur deîa plus grande Feuille de ce jet, étoit de dix-huit ligiies , ia largeur ds vingt-une. Total des feuilles , disi A la fin de Septembre cette bouture com^ 244 ^^ ^^ MOIRES mcnqoit de jauiiir j vers le i20 d'Odobrc elle avoit achevé de le dépouiller. Je la taillai le 22 Décembre , & je ne lui laiiiài qu'un bouton. Je la tranfplantai en même temps dans un autre vafe , qui contenoit bcau-=. coup plus d'eau que ia cloche de verre où elle àvoit vécu jurqu'alors ; ce changement me donna occâfion de mefurer les racines , & 'fen trouvai plufieurs qui avoient un demi-pied de longueur. Pour mettre cette bouture , ainfl que celles qui avoient été plantées dans la Mouilé & dans la Terre , à l'abri des rigueurs de Phyver , je les renfermai dans une eipece de celUer -, mais le grand froid du mois de Janvier fui vaut ne laiiîa pas de fe faire fentir à ces boutures , & l'eau du vafe ou étoit E gela à la profondeur de deux pouces. Cela me 'fit craindre qu'elle n'eût péri , & je ne me raifurai que vers le milieu d'Avril , qu'elle commenta de bourgeonner. Le premiei: Mai , elle avoit poulTé un jet d'en- viron trois quarts de pouce. Le i8) ce jet avoit un pouce Se demi. Yers le milieu de Juin a les feuilles féGherent W HISTOIRE NATURELLE. 24y après être devenues fort noires , & la bouture ceifa abiolument de produire. RÉFLEXIONS. . Quoique cette bouture dont nous venons. de voir Thiftoire , n'ait pouiTé que de troi^ pouces la première année & d'un pouce & demi la féconde , c'eft cependant beaucoup pour n'a- voir été nourrie que d'eau pure ; la longueur Se le nombre de fcs racines rendent cette vé- gétation encore plus remarquable. Je ne doute pas que Ci j'euiTe jette de la Terre dans l'eau ,. elle n'eût poufle incomparablement davantage , & qu'elle n'eut vécu plus long-temps. Et c'eft yne expérience que je ne manq^uerai pas de tenter, ~ Au refte, quand je dis que cette bouture n'a été nourrie que d'eau pure , je ne prétens pasr en exclure les particules hétérogènes que ce liquide contient, xii celles que l'air y dépofe à chaque mftant. TROISIEME EXPÉRIENCE. Je n'ai rien dit encore de quelques Obfer-. vations que j'ai eu occafion de faire fur la vé- 0.3 24^ MÉMOIRES gétation de nos boutures , quoiqu'elles ne ren» ferment pas des pardcularitcs fingulieres , je me- periiiade cependant qu'elles ne paroitront pas- tout a fait indiiïer entes : voici ces obiervations. Lorsque je plantai les boutures qui ont fait, le fujet de la première expérience , la crainte* de les voir manquer m'engagea à en mettre deux d^ans cbaque vafe ; mais après que celles dont j^ai donné le journal , eurent comm.encé de vé- géter 5 j-arrachai cette féconde boutui-e , afin que l'autre pût tirer, plus de nourriture : je me pro- pofois encore en cela d'examiner l'état de la partie inférieure de la bouture ^ ce qui me pa- roiifoit digne d'attention. Je découvris à fou bout 3 à la furface faite par là fedion , de petits tubercules blanchâtres , d'inégale grolTeur , & dont le plus gros upprochoit de celle d'une len- tille h ils fortoient de l'épaiffeur de l'écorce , & formoient autour du bois placé au centre une efpece de couronne , qui dans une des bou- tures étoit complctte , mais qui dans les autres ne rétoit qu'en partie : ces tubercules étoient fort "délicats- a pour peu. qu'on les prciiat avec Foiigle 9: on les. détaclioit >. leur forme varioifc alitant que leur grolTeur , mais^ en géîîéral elle. ■ >; lapprochoit da celle de boutons plus ou nioiiis,^ MEQ^dis.. D'HISTOIRE NATURELLE. 247 On jugeoit qu'ils teudoient à recouvrir le bois , lequel n'oiiroit rien de particulier. Ayant; enfuite porté mes regards fnr les nœuds ou •boutons où je comptois appercevoir des racines , je ny appercus rien de nouveau. Pour fuivre cette végétation , je mis deu^vi de ces boutures dans Teau : celle qui avoît été tirée de Terre étoit la plus avancée , elle avoit de petites feuilles , & fa couronne de Tuber- cules étoit complctte. J'appellerai cette bouture G, l'autre que je nommerai H> & qui avoit été prife dans la Mouile , por^oit un bouton qui ne s'étoit pas encore ouvert. Après avoir été quelque temps dans l'eau , les tubercules me parurent groiîir & former un bourlet. Ce que je viens de dire de ces boutures , doit être rapporté au 25 Juin. Le I î Juillet 5 ayant obfervé le bout infé- rieur de G , j'y remarquai deux à trois tuber- cules plus gros qu'une lentille , mais il ne pa- roiiïbit point de racines , & les feuilles dont le verd étoit très-foncé , n'avoient point fait, de progrès, Lî 20 j H paroifTait féche» îî4g M È M 0 J K E S Le 30 9 je vis avec plaifir qu'elle avoit poiifTé de petites feuilles d'un verd t€udre« G en avoit aufîi pouflï de. nouvelles. Cette végétation me fît naître une idée fur Tufage des tubercules, c'eft qu'ils feivoient peut- être de filtre aux {'ucs nourriciers , & tenoient ainfi lieu de- racines. La bouture H étoit fort pourvue de ces tubercules, ils recouvroient eu partie le bout. Le premier Août, G portoit cinq feuilles ,. dont la plus grande avoit quatorze lignes de longueur , fur autant ou à-peu-près de largeur;. les grandes feuilles ctoient d'un verd très-foncé 9. & elles a voient beaucoup de coniiftance. H avoit quatre feuilles ;: la plus grande avoit luit lignes de longueur ,. & autant de largeur. Ces boutures, n'avoient point pouffé de ra-.. dnes. Le 16\ ayant obfervé la. partie inférieure de G, je n'y découvris rien de nouveau. Ayant enfuite- appuyé; le doigt fur les tubercules , je Ites. fentis crever 5,. comme auroit pu faire yne ■^effie plciîie, d'eau^. D^HISTOIRE NATURELLE: ^J^^ Quelques jours après, cette bouture cork menqa à ie dépouiller , fes feuilles avoieut dcja jauni. Le 14 Odobre , H étoit eneore très- verte , fa plus grande feuille avoit dix lignes de longueur & treize de largeur (1). A l'approche de Pbyver , je portai les deux boutures dont il s'agit ici dans cette efpece d^ cellier , où j'ai dit ci-defïus que j'avois porté les autres > mais elles y périr^^nt Je doute qu'elles euifenc eu un fort plus heureux dans un air â\i\ie température plus douce. La vigne n'eft pas la feule Plante dont; j'aie cfraié de mettre d-es boutures dans l'eau : au mois de Septembre de l'année 174^, je fis la même expérience fur des boutures d'Ofier , de Grol'ciiler & de Coudrier. Les premières pouilerent en peu de temps des racines & des feuilles , mais il ne parut point de tubercules au bout flut par la coupure. Les autres ne réuffirent pas fî: bien. (ï) J'ai, toujours pris la longueur des feuilles fur la prin- cipale nervure , & h largeur fur une li.irne qui In croifoit à aHiîlo (^^oit ; c'el une remarque que j'avois oublié de faire é^iAs les expériences précédentes.. 'SS» M E M 0 I R F & Lf Printemps dernier j'ai planté de nouveau dans Peau , dans la MoulTe & dans la Terre pliifieurs boutures de vigne. Tout ce que les premières mont ofîert , s'eft réduit à quelques feuilles , qui ont féché au bout de quelques femaines. Les autres ont poulfe plufieurs jets- J'aî arradié de ces boutures en différens temps , & voici les principales obfervations qu'elles m'ont donné lieu de faire. PREMIERE OBSERVATION. Toutes les boutures ne pouflbient pas des; tubercules à leur bout inférieui' , de fept que j'ai arraché de terre aucune n'en montroit. SECONDE OBSERVATION, Ayant mis tremper dans Peau deux bou- tures , dont l'une avoir des tubercules à fou bout inférieur , & dunt l'autre en étoit abfoiu- ment dépourvue , & ayant pris foin de ne leur lailfer riucune raeme y celle-là s'eft confervee verte plus long-temps que celle-ci : ce qui fem- ble confirmer ce que j'ai dit ci-deiîus de Tufage des tubercules. Cependant comme ce genre de productions wÛ ^out ^^ fait analogue , pour liCi lyHISTGJRE NATUEELLE. SfS pas dire pafaitGnieiif fenibliible au bourlet qui s'clcve ordiudiicmciit fur les cicatrices de l'é-. corce des arbres , on penrera fans doute plus volontiers , que les tubercules en queftion ne> font qu'une fimple marque de plus grande vi* gueur dans la bouture ou ils paroûlent. TROISIEME OBSERVATION. Les boutures plantées dans la Moufle pouiTenï ordinairement un plus grand nombre de racines a que celles qui ont été piantées dans la Terre. Q.UATRIEME OBSERVATION. Les racines ne partent pas des boutons 3 comme on auroit pu le foupqcaner 3 mais des environs. En effet, (î Ton coniidere les boutons comme autant de graines plantées dans la tige , la radicule de ces petites plantes cft déjà déve- loppée dans le bois , c'eft là qu'elle s'miplante & qu'elle doit recevoir fa nourriture. Ce font d'autres germes qui fourniiTent les racines def- tiiiées à aller chercher hors de la Plante raliment dont celle-ci a befoin* CINClUIEME OBSERVATION. Il fort aufïi des racines dans i'efpace com-. Si'fZ MÉMOIRES^ pris entre deux boutons , mais elles font toUrr. jours en plus petit nombre & moins longues, que celles qui tortent des environs de ces der- niers. Voila tout ce que j'avois à dire pour le. préfent , fur la végétation des boutures : ce fujet nourroit fournir bien des expériences eu- rieufes , & même des découvertes utiles à la pratique de l'Agriculture. Je ne le négligerai pas, 8c j'invite les Phyficiens à foire la-deifus de nouvelles, rechercheso. Ce Mémoire doit être fuivi d'un troifieme , qui traitera principalement de quelques végéta- tations finguHcres op4rées dans du papier , dans du cotton , dans de la laine, dans de la fciurô de fapin neuf, dans du fable pur , dans diverfes çfpeces de terreaux, dans du tan, &c. A D D I T I O N. (f|) Ce troifieme Mémoire dont je viens do parier , étoit bien plus intéreifant que les deux premiers. Il contenoit des expériences plus, cu^ ïieufes , plus variées , & dont les réfultats étoient anoins faciles à prévoir. Je Pavois adrelfé en J757 à M. Duhamel pour être préfenté à FA-., D'HISTOIRE NATURELLE. S ^5 'endémie des Sciences & publié dans lé troifîeme "Volume des Scivans Étrangers. Il ne le fut pas néanmoins i on en verra la raifbn dans Pextrait fuivant d'une lettre que M. Duhamel m'é- crivoit de Paris le 19 de Juillet I7>8. ^' J'ai fait part à l'Académie en fon temps de %,3 votre Mémoire fur la Mouife 5 mais je ne ^5 piîis m.e rappeiler 11 la Compagnie intbrmée 5, que je travaillois fur cette matière ne m'a 35 pas recommandé d'en faire ui'age dans mon 53 Ouvrage , ou Ci comme je le deGrois , votre 33 Mémoire a été deilmé à être imprimé dans 35 celui des Etrangers. J'elfayerai de prendre 53 fur cela des éclairciiremens s mais je vois qu'au 33 moyen de mon Ouvrage , le Public fera à 33 portée de profiter de vos découvertes , 8c 33 le f:Dra d'autant plus , que cet Ouvrage eO: 33 voué aux Savans qui s'occupent de la Fhyfî- 33 que des Plantes. 33 L' Académie avoit donc laiflc à M. Duhamel à publier mes nouvelles Recherches fur la vé- gétation des Plantes dans d'autres matières que la Terre : mais le pian de cet illuftre Acadé- micien île l'acheminant point à tranfcrire en entier dans fa Fhyfique des Arbres mon nou^ veau Mémoue 3 il fe borna à en détacher quelques 2f4 M. É MOIRES faits qu'il inféra dïins le Clictp. î , tin Liv. V de foii excellent Ouvrage. Malhcureiiienient je n'ai pU retrouver la copie de mon Mémoire ni recou- vrer rGrigin.al Je vais tâcher d'y iuppléer en extrayant de la Phyjique des Arbres &: d'une de mes lettres (|) à mon illuftre ami M. de Geer , les faits qui me paroiifent les plus dignes de l'attention des Phyficiens. Les fuccès fi remarquables & fi peu attendus de mes premières expérioncçs far la végétation des Plantes dans la Moulfe , m'engagèrent à les étendre à un plus grand nombre d'efpeces foit herbacées , foit ligneufes. Ces nouvelles tentatives ne furent pas moins hcureufes que les premiè- res. Tout ce que je femai ou plantai dans la Mouife y fit d'auiîi grands progrès > & allez fouvent de plus grands progrès , que dans la Terre. Je ne puis donner i/:i qu'un léger pré- cis de ces nouvelles expériences. Les détails etoient dans le Mémoire , & ils me manquent» y M dit dans mon premier écrit s que la Mouife m'avoit fur-tout paru très-favorable aux Plantes à oignon. La Tubereufe entr'autres , m'en, fournit une autre preuve bien frappante. Je vis (t) Datée du la d'Avril 175J, D' HISTOIRE NATURELLE, â^Ç «ette Plante s'élever dans la MouiTe pure à près de quatre pieds de hauteur ^& y porter quarante cloches d'une beauté & d'un parfum admirables. Je n'avois jamais eu dans la meilleure Terre d'aulîi belles Tubereufes. Les Anémones & les Renoncules réuffirenÊ auiîî très-bien dans la MouiFe , ain(i que bien d'autres efpeces de fleurs de diSerens genres & de différentes claiTes. J'ai donné dans mon fécond Mémoire Thif- toire des premiers progrès de quelques boutures de vigne, que j'avois plantées dans la MouiTe pure en 1745. Elles continuèrent à faire de grands progrès les années fuivantes ; & en ly^Z une de ces boutures pouiTa d'ans l'cfpace de quelques mois des jets de plus de dix pieds de longueur , chargés de fept à huit groifes grappes d'un excellent goût , quoique la cailfe où cette bouture avoit été élevée n'eût pas plus de quinze pouces en quatre. J'avois continué à provigner dans la MouiTe,' Se ces nouveaux eflais m'avoient perfuadé de de plus en plus , que cette matière Ci ingrate en apparence , équivaloit à cet égard aux meil- leurs engrais. Peut-être même feroit-clle pré- t^S ^f È M 0 7 R E s férable ; parce qi!\3ii ne courroit aucun rifqiTè en l'employant d'altérer le goût du vin. Il s'a* giroit pourtant de confirmer ceci par des expé- iiences poutlées plus loin & exécutées plus en grand. J'y invite les cultivateurs. J'avoîs élevé dans de la Mouife pure un Poi- rier, un Prunier, un CerifierjUn Pécher. Tous ces arbres avoient paru s'y plaire : tous y avoient fait des progrès confidérables ^ & en 17^4 j'eus le plaifir de cueillir' fur les arbres des trois premières efpeces de très-bons fruits^ Des Orangers qui languiiToient dans la Terre, reprirent dans la Mouie une nouvelle, vie. J'ai fait remarquer ci-defTus que la MoulTè fe décompofe peu-à-peu -, qu'elle fe réduit peu-à- peu en an terreau plus ou moins fin , de cou« leur noire. Mes expériences m'ont appris , que cette décompoiition s'opère au bout d'environ deux ou trois ans. Si pendant cet efpace de temps on négligeoit de preiTer àe nouveau la Mouife dans laquelle on auroit élevé des Plantes vivaces , ces Plantes rifqueroient dy périr. Leur mort prochaine s'annonceroit par la médiocrité de leurs poulies & par la couleur jaune de leurs feuilles* D'HISTOIRE NATURELLE. 2v7 feuilles. C'eft que lorfque la Moulfe fe décom- pofe , elle tend à occuper moins d'efpace dans les vafcs : il fe forme donc qà & là des vuides ou des chambres dans lefquelles les racines demeurent à nud : or , on flut qu'elles de- mandent à être toujours environnées immé- diatement de la matière, au milieu de laquelle s'opère leur accroiifement. Elles veulent même en être prefTées jufqu'à un certain point. Lors donc qu'on élevé des Plantes dans la Mouife , il faut avoir foin de la preifer de nouveau de temps en temps , afin de lui conferver une certaine conllftance. On la preiïera d'autant plus fortement , que les Plantes qu'on fe pro- pofera d'y élever, exigeront une terre moins légère. Il feroit mieux encore, & l'expérience me fa démontré , d'enlever de temps à auti*e le terreau qui fe forme inlenfiblement au fond des vaiés , & de le remplacer fur le champ par de la Mouife fraîche ou récemment cueillie. Rien de plus facile que cette opération. On n'a qu'à plonger dans l'eau en entier les vafes dont on veut renouveller la Mouife : l'eau s'in- troduit promptement entre les parois du vafe & la Mouiie , & permet d'enlever la Plante & fa motte, fans olienfcr le moins du monde celle-là. J'avois d'abord préfumé que le terreau qui To:;ie IIL ' R 2Sd M É MOIRES provenoit de la décompofition de la MoufTe deroit être plus favorable à la végétation que la Moufle même. Bien des faits très -connus concouroient à me le perfuader. L'expérience m'a pourtant prouvé le contraire. Des graines qui avoient été femées dans ce terreau , & qui y avoient très -bien levé, n'y firent point d'aulîi grands progrès , que des graines de même efpece , femées le même jour dans de la Mouiîe vierge. Sans doute que le terreau ne preffe pas aiTez les racines . & qu'il y refte trop de petits vuidcs qu'une certaine preiîîou ne fait pas évanouir. Peut-être même que la MoufTe vierge contient certains principes fecre.ts qui ne fe trouvent pas dans le terreau , & qui aident à la végétation. En même temps que je cultivois dans la MouiTe pure diliérentcs efpeces de Plantes , je tentai d'élever une même efpece de Plante dans des matières très-différentes les unes des autres. Je choiiis pour ces nouvelles recher- ches une efpece dont raccroiifement eft affez rapide 3 je veux parler du bled làrrafin. J'en femai donc le même jour , à la même expofi- tion , dans plufieurs efpeces de terres , dans la Moufle pure , dans des Plâtras , dans de l'écorce de Chè^ie ou dans le tan , dans du fable pur , D'HISTOIRE KATVRELLE. 2>9 dans du coton , dans de la fciiire de fa pin neuf, dans des éponges , dans de la laine crue , dans des mélanges de plufieurs de ces matières. Toutes furent difpofées dans des vafes égaux & fembîables , & arrofées également. Je ne pou- vois mieux m'y prendre pour inPcituer entre mes Plantes des comparaifons aulîî intérellan- tes que faciles. Toutes mes graines levèrent à la feule exception de celles que j'avois iemées dans la laine crue , & elles me donnèrent des Plantes qui différèrent beaucoup plus entr'elîes , que ne dilîérent cntr'eux les hommes des divers climats de la terre. J'eus ainiî depuis le plus petit Nain jufqu'au Géant de la plus haute taille. Les individus qui me parurent les plus dégradés Jurent ceux qui avoient pris leur accroiifement dans la fciure de fapin ; ils n'a- voient que deux à trois pouces de hauteur , & répaiifeur de leur tige n'étoit guère que celle d'un gros fil. Leurs plus grandes feuilles n'avoient qu'environ trois lignes de longueur. Cependant ces Plantes fî en miniature fleuri- rent 5 & me donnèrent des graines d'une pcti- telFe finguliere. Celles qui avoient crû dans l'éponge & dans le coton , ne diiférérent pas beaucoup entr'elîes. La MouiTe pure & les Plâtras furent les matières qui me donnèrent; les plus belles producT:ions. Les Plantes qui Il ^ 26o MÉMOIRES avoicnt cru dans ces matières s'étoient éîevcei à la hauteur de près de trois pieds. Je ne parle pas de la différence des couleurs : il me fuffira de dire, que mes Plantes m'offrirent des verds de toutes nuances , depuis la plus paie jufqu'à la plus foncée. Je ne manquai pas de femer dans de la bonne terre, ces très-petites graines que m'a- voient données ces Plantes fi dégradées , qui avoient crû dans la fciure de fapin y 6c je vis avec étonnement naître de ces graines fî ché- tives , d'auffi belles Plantes que celles qui pro- vinrent des graines que j'avois recueillies fur les Plantes qui avoient crû dans les^ matières les plus fertiles. Entin , pour mettre plus de variété encore dans mes expériences , j'imaginai de planter dans un livre , & de lui faire porter ainfi des fruits très-différens de ceux que l'Auteur s'en étoit piomis. Je plantai donc dans du papier des boutures de Grofeiller : elles y prirent ra- cine , & ce qui fut bien remarquable , elles y portèrent de fruits qui vinrent à maturité par- faite ,''& qui furent trouvés auiîî colorés & d'un aufli bon goût que ceux des Grofeillers élevés dans h terre. TymSTOIKE NATURELLE. 26t (J'avoit été le célèbre M. Gleditsch , de rAcadémie de PrulTe , qui avoiE tenté le premier d'élever des Plantes dans ia MouiTe. Je l'igno- rois lorfqueL je tentai mes propres expériences ; Se ce n'a été que Tannée dernière I77<^, que j'ai lu l'hilloire de celles de M. Gleditsch dans les Mémoires de Berlin de 1773, Il a bien voulu y faire une mention obligeante de mes premières tentatives : mais je dois faire remarquer ici une différence bien eiîentielle qui s'obferve entre la manière de procéder de l'ingénieux Académicien & la mienne. Je n'avois jamais arrofé n\QS Plantes qu'avec de l'eau pure. Se M. Gleditsch nous apprend lui-même qu'il arrofoit les fiennes avec de Peau de fumier , à laquelle il joignoit enfuit e une certaine Isjjlve , tirée du fumier de Brebis le plus gras çf? de copeaux de cornes bien pourries. Or , qui ne fait combien de tels engrais font efficaces î II doit donc paroitre bien plus fingulier que j'aie eu d'aulîi grands fuccès fans aucun fecou^ étranger , & en n'employant dans mes eiPais que la Moulfe pure & l'eau pure. Mais un Phylicien qui a un peu creufé dans l'hiftoire de la végétation , n'ignore point qu'il entre fort peu de fubflance terreufe dans la nourri- ture des végétaux ; & que leur accroiffement eit du principalement à l'incorporation de l'eau. Z6Z MÉMOIRES, ^c. de Pair , du feu , de la lumière dans les mailles de leur tilfu. Ceft par cet art fi favant & fi profond , dont le fecret fe dérobe à toutes nos recherches , que les matières les plus fubtiles viennent à compoler au bout d'une longue fuite d'années & quelquefois de fieules , le Cèdre majeftueux du Liban , & Féiiorme Bao^ hah (i) du Sénégal. (ï) Autrement Fcmi-de-Sin^^. Il efl; de ces arbres qui ont plus de viiigt-cinq pieds ('e diamètre. M Adanson conjec- ture qu'un tel Baohib peut uvcfr \é\:u plus de trois mille ajis. F I M àîi troifteme Volume. 1^? DES MÉMOIRES Contenue dans ce Volume. ÉMOIRES d^HiJîoire Nattireîle préfentés p.ir l'Auteur à P Académie Royale des Sciences , '^c. Page I MÉIMOIRE fur une nouvelle partie commune à plufienrs efpeces de Chenilles. 5 MÉMOIRE fur la grande Chenille à queue four- chue du Saule , dans lequel on prouve que la liqueur ,que cette Chenille fait jaillir , ejl un véritable acide & un acide trés-a&ij. 2,Z Recherches fur la refpiration des' Chenilles^ fur celle des Papillons ^ fur les faux-Jligmates de la Chejiille qui vit en fociété fur les Pins, Introduction. ibid. I. Sur la refpiration des CijejjiHes. ^6 IL S7tr les Jtigmates des Papillons . 73 llï. Sur les faux -Jîigmates de la Chenille du 2^4 T A B L E. Dissertation fur h Tccnîa , o/> après avoir parlé d'un nonveati fecret pour Pexpiilfer des intejtins dans lefqueis il ejl logé , qui a en d'heii^ veux flic ce s , Pon donne quelques ohfervations fur cet InJeBe ^ ^ l'on ejfaie de répondre à quelques quefions auxquelles il donne lieu. 96 Première Partie. Spécifique de M. Herren- SCHWANDS ^ fes fiiccès. ibid. Seconde Partie. Ohfervations fur la Jîru&ure du Tmiia. 103 Troisième Partie. Qnejîions fur le Txnia , ^ tentatives pour y répondre. 1 3 ï Quest. Ï. f^ue/k efi l'origine du Tania ? ibid. QuEST. II. Comment le Tcznia fe propage-tM ? 14^ QpEST.III. T a-t-il phifieurs efpeces de Tdnia ? 148 Que ST. IV. Le Taenia eji-il un feul ^ unique ani'inal , ou une chaîne de Vers. 1^9 QuEST. V. Le Tctnia repoujfe - 1 - il après avoir été rompu t* i84 Que S T. VI. Le Tcwia efi-il toujours feul de fou efpece dans le même fujet ? I 89 Explication des Figures. 190 Expériences fur la végétation des plantes dans d'autres inatieres que la terre , 5i? principale^ ment dans la Mouiie. PrExM. Mémoire. 203 Sec. Mémoire. ^ 228 F I xV' de kl Table. 'lônu'in Jv/K-za Pl.:^. :/v^5...SoJp. : ~