m^m^mê^m:?:^^ ^^^i^ '^m^ I QUt6 iv.s iTi'î : Ji»«VEB«jTY IBRARY WVU - Médical Center Library Locked Cage QH 45 B64o cl v.5 WVMJ Oeuvres d'histoire naturelle et de / Bonnet, Char OLD BOOKS b6^o 1779 3 0802 000023926 6 A ".UUVî i%j Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation Iittp://www.archive.org/details/oeuvresdliistoire05bonn ^^^ %^ su SLi Slt ^^^ JL 1 K^ COMPLETTE DES ŒUVRES DE CHARLES BONNET. TOME CINQUIEME. ■ ^^ «- ' ^Z^ -r — ^ ŒUVRES 'HISTOIRE NATURELLE E T D E JP JET XX OS O 3PJBi:XM DE CHARLES BONNET, De r Académie Impériale Léopoldine , ^ de celle de St. Pétersbourg j des Académies Royales des Sciences de Londres^ de Montpellier ^ de Stockholm , de Copenhague , de Lyon ,* des Acad. de rinflituî de Bologne , de Harlem , de Munich , de Sienne , des Curieux de la Nature de Berlin ^ Correfpondant de P Académie lioyah des Sciences de Paris. T O ME C I N Q.U ï E M E. ■ j ^^r:i^^ '^ Corps Organise' s. îre. Partie. A NEUCHATEL, Chez Samuel Fauche , Libraire du Roî. M D C C L X X I X, Ui^. ■♦If- •«>• -W- ^ (f^ 4fr-$^ *•».*.*. ^.;*. •«>• -llf* ■Î&' nih •4>- •*&• ^«V-^^^jf-i^^y*- -îfe* "tif niy- •»;»?"^»y>>/ter«^ 5 ^ C 0 A^ D SUPPLÉMENT ! A U L I V R E 5£//? L'USAGE DES FEUILLES DANS LES 2PJL^WX JUS C*)- g^^- . '.- ' ^^ I. SkJ" /« iîo/è>. Frécis des expériences de M. dli Fay & de la théorie de M. le Roi. J ffc/E difois art. II de mon Livre , l'expérience (*) Le quatrième volume étoit tiéja imprimé , quaivl l'Auteur nous a fait parvenir ce fécond fupplcment : c'eft ce qui nous a obligés à le placer à h tête tle ce cinquième volumeir ( JS^otc de r Editeur. ) tf On, le rappellera que ce figne indique les aiulition$ ^^ç TAuteur a faites à cette éilition de fes Oinvrci. Tome V. A 1 SUFTLÈMEKT, démontre que la rofée s^éleve Je la terre : j'ajou- tois y 33 la furface inférieure des feuilles auroit- „ elle été principalement deftinée à pomper 33 cette vapeur & à la tranfmettre dans i'inté- 53 rieur de la Plantg ? La poiition des feuilles „ relativement à la terre & le tilTu de leur fur- 35 face inférieure femblent l'indiquer ". Cette in- génieufe conjedure qui nravoit été propofée par 1111 excellent Phyficien , avoit été la bafe ou l'origine de mes Recherches fur l'ufage deâ feuil- les dans les Plantes j & cette conjeclure repofoit elle-même , comme on le voit , fur les expérien- ces qui avoient été tentées fur la rofée. Je ne fliifois que les indiquer , & je renvoyois en marge aux Méritoires de l'Académie des Sciences de Paris de 1735, où elles étoient racontées en détail. On comprend aifez que je parlois de celles du célèbre du Fay , qui avoit été précédé dans cette nouvelle carrière par Gerste'n , Phyfîcieii Allemand. Je n'entreprendrai pas ici de donner une idée des curieufes expériences du Phyficien François : il fuffira à mon but que J8 tranfcrive un paifage de filluftre Hiftorien de l'Académie , qui en préfente le réfultat général. „ En PhyGque , dit agréablement notre Hif- 33 torien , dès qu'une chofe peut être de deuic 33 façons , elle cil ordinairement de celle qui eil s U P F L É M E N T 5 ^ la plus contraire aux apparences. . . La rofée 55 peut également tomber d'une certaine région 3, de l'air , ou s'élever de la terre , comme une 3, vapeur , jufqu'à cette région. Tout le monde 3* J^g^ qu'elle tombes c'eft un don du ciel , il en 35 favorife la tsrre , &c. Il n'en eft rien , la rofée 35 s'élève de la terre , du moins ce qu'on appelle 35 proprement rofée , ces gouttes d'eau imper- 35 ceptibles chacune à part , mais qui fe peu- 33 vent aifément ramaffer , que l'on trouve le 33 matin jurqu'à une certaine heure fur les 35 Plantes-, fur le linge, &c M. du Fay 33 a conftaté d'abord que la rofée s'élève de la 33 terre qui a été échauffée par la chaleur du 35 jour. Ce n'eft pas que la rofée ne s'élève auiîi 33 pendant le jour , & plus abondamment , fe- ^ Ion Papparence ,• mais elle eft en même tems 33 diiîipée , évaporée. M. du Fay ayant pofé 33 au milieu d'un jardin , dans !e mois d'Oc- ,5 tobre & dans de beaux jours , une grande 33 échelle double , haute de plus de trente-deux 33 pieds , y a mis fur des planches à pluiieurs 35 hauteurs différentes, des carreaux de vitres , ,5 de forte qu'ils ne s'ontbrageaiîent point „ les uns les autres , & fe préfentaiTent à la 33 rofée, avec Uii avantage égal : il y en avoïc 35 un des le pied de Téchelie. C^ite fallok-il qu'il 33 arrivât, en cas que la rofée s'élève ? Il falloif- A 2; 5? S U F F L É M E K T, que le carreau du pied de Féchelle fiit Tiumedt? 35 le premier, &ne le fût d'abord qu'eil dellbus; „ qu^enfuite <& un peu plus tard , il le Rit aufîî 55 en-delms , mais moins , & que le carreau 33 immédiatement fupérieur le fût en - delfous 55 prei'qu'en même tem.ps , & qu'enfin la roféc 3, continuât toujours jufqu'au haut de l'échelle 33 cette marche régulière, & c'cif précifémcnt 33 ce qui eft arrivé. " En renvoyant à ces expériences de M. dis Fay, je lailfois penfer avec cet Académicien , que toute la roiée vient de la terre. Cette opinion n'eit cependant pas vraie : M. le Roi , de la fo- ciété royale de Montpellier , Pa démontré. On coiinoit fon intéreifant écrit fur Pélévation & la fufpenfJoîi de Peau dans Pair (i). Suivant cet habile Phyficien , Pair diiTout Peau , comme Peau diiTout les fels. L'eau que Pair a diilbute fait corps avec lui & pefe avec lui. Et comme Peau diflbut d'autant plus de fel qu'elle eft plus chaude ; l'air diflbut auffi d'autant plus d'eau qu'il ' eft plus chaud; il en diiibut d'autant moins , qu'il eft plus froid. Le degré de faturatmi de Pair eft donc proportionnel à fon degré de chaleur. Dés que l'air vient à fe refroidir , il lailfe préci- piter une partie de Peau qu'il tenoit en dilfolution. (ï) Mélanges de Flaque ç^ de Médecine: Paris 1771. SUFFLÈMENT. 5 Ce fluide délié iveft jamais entièrement privé d'eau > toujours il en tient une certaine quan^ tité en dlifolution. Ce qu'il en laiiïe échapper à rapproche de la nuit & jurqu'au lever du foleil , dans les jours cahiics & fcreins , fe mon- tre à nos yeux fous la forme de gouttelettes plus ou moins abondantes. C'eft-là une de ces efpeces de rofées que M. le Roi a caradlériféeg dans fon écrit. Elle s'attache à la furface de dif- férens corps , qui paroiiTënt l'attirer : elle s'y ralTemble ou s'y condenfe. Si l'air eft aifez froid pour que cette rofée fe ,^êle , elle formera ce qu'on nomme la gelée blanche : ce fera , en quel- que forte 5 une cryjîallij'atmt de l'eau. . Cette efoece de rofée ne s'élève donc pas de Ja terre. L'air la porte dans fon fein ; & il en eft à la îois le ré fer voir & le véhicule. Les leuilles des Plantes attirent cette rofée comme le font d'autres corps , elles l'abiorbcnc & la font paifèr dans les tuyaux féveux. Mais il eft une autre efp-ece de rofée qui ne doit pas être confondue avec celle dont je viens de parler. La^rofée donc il s'agit à préfent , eft* eetic vapeur qui s'exhale le jour & la nuit de tous les terreins un peu humides. Dans la belle faiibn , ^lle eft plus abondante pendant le jour,. A 3 "^ s V F F L E M F N T. 8c paroit l'être moins ; c'eft que l'air étant plus chaud pendant le jour , la dilfout eu entier , & ne lui iailTe pas le tems de s'attacher aux corps qu'on lui préfente ( î ). Mais l'air devenant moins chaud à l'approche de la nuit, ne peut plus dilToiidre une auffi grande quantité de la vapeur : la partie furabondante s'attache donc aux feuilles des Plantes , & aux diiï'érens corps qui fe rencontrent fur fa route. Cette évapora- tion continue pendant la nuit, parce que la terre dont la vapeur s'exhale , ne fe refroidit pas aulE prompte m ont que l'air,. C'est par ces remarques fort fimples que M. le Roi rend raifon des expériences de M. du Fa¥. Comme l'air ne fe refroidit que par de- grés infenilbles , il ne peut parvenir fubitement au degré de froid qui crcailone la précipita- tÏQn de fon eau. Ain fi , la vapeur qui s'éicve de te terre doit s'attaclier à la face inférieure du carreau de verre qui efr le plus proche de la ferface du terrain , & non aux faces des car- reaux; fupérieurs ; car l'air étant encore allez (î) Ainlî , ït>rfi:]ue j'ai" dit lîkns VEfquïjfe de mon' Livre fur I^s- f^r.illës.jpsge i% , qce In rofée s'élc've de la terre au coucher é» fakîl , cela ne doit s'entendre que de cette partie de îa roféc •pç' h- foaich«nï de î'air rend alors plus eu moins fenlible , K' fiîi' ChVP^n-mi'QQ- à fe ralibmblfer en gouttelettes fur la fur- ■limi tfe ilili^rsnSi Ghi?^^ &: en particulier fur celle des feuilles. SUPPLÉMENT, 7 chnud pour dilToudre la vapeur , ne lui permet pas encore de s'attacher à ces carreaux fupé- rieurs , &c. On voit par cette légère efquiiTe de la théorie de M. le Roi , que ce que j'ai dit dans mon Livre fur la fuccion de la roiee par les feuilles peut fubllfter en entier ; puifqu'il n'en demenro pas moins vrai que les feuilles font conftruitcs , dingées & arrangées de la manière la plus favo, rable pour pomper cette vapeur nourricière & la faire paiTer dans Tintérieur de la Plante. ï L Ohfervatwns de V Auteur fur îafiru&ure des f mil- les. Idée de celles de M. de SAUSSURE. Divers rapports de ces ohj'ervations avec l^nfage des feuilles. Je fuis revenu plus d'une fois dans mon livre à parler du îuiîre de la furface fupérieure des feuilles des Arbres & Arbuftes. Je Tai com- paré à celui des vernis ^ & j'ai dit. que cette furhice paroît enduite d'un vernis naturel. J'ai reconnu qu'il eft dû à une membrane fine , liife ,, tranfparente & grifâtre ou blanchâtre, qui revêt une forte de parenchyme , d'un verd tou^ jouis mat & d'une teinte plus ou moins forte. k 4 $ s U F F L É M E N T ■' 'd; ce verd vu à travers la membrane qui jecouvre le parenchyme , & qui elt modifié plus eu moins par cette membrane , qui pro- tiuic la couleur & îe lu(tre propres aux feuilles de Gi:^erenteL efpeces. Je comparois ce petit pro- cédé de la nature à celui dont elle fe fert pour opérer la riche dorure de certaines chrjfahdes (i). Ce fut fur des feuilles de Charme ou des In- fedes tiiinears (2) s'étoient fort multipUés , que Je fis pour la première fois en Août 1760, cette ©bfervation qui me pîut beaucoup, par les di- Verfes conféquenees qui me parurent en dé- couler. En fe logeant adroitement entre la mem- trane 8c le parenchyme , les mineurs les avoient féparés Fun de l'autre , & cette fcparation , que je n'aurois pas fqu exécuter auffi bien , me don- rioit une grande facilite d'obferver la membrane & le parenchyme. J'enlevois fans peine la membrane avec la.pointe d'un cure-dent ; je mcttois ainii en- tièrement à découvert la partie du parenchyme qu'elle recouvroit 3 j'obfervois la couleur raatte du parenchyme y & en y appliquaiit de nouveau la portion de la membrane que j'avois détachée , (i) Oeuvm Tom. îî, Ohf. dîv. fur les Tnfecics. OM. XIL iotiteîn\dat.. de In NaU Part,. F y Cliap. XI. < (s-.) Voyca. Qhf. itivcrfes fur les- Jnf. Obf. XLIV. Oeuvres y tTom, iî. s U P F L 'É 'M-- E N T: . f je voybis avec plaifir que je rendois à cet en- droit de la feuille Ion lullre naturel. J'ai répété depuis cette expérience fur les feuilles de plufieurs autres Plantes : mais il n'en eft point où il foit plus facile de la faire que fur celles de cette efpece de Joubarbe , dont la tis^e s'éîeve aifez fouvent à la hauteur d'un pied & demi ou plus. Les feuilles de cette Plante font très-charnues. On peut, fans beaucoup d'a- drelfe , les dépouiller de leur membrane en tout ou en partie. On met alors à découvert un pa- renchyme , d'un très-beau ver cl , qui a un œil velouté , & qui eft tout parfemé de points bril- lants. En replaçant la membrane fur le paren- ch\'me l'on en change beaucoup la nuance & l'on rend fur le ^hamp à la feuille fa couleur & fon luftre ordinaires. J'ai efllîyé d'appliquer d'afîez grandes por- tions de cette membrane de la Joubarbe , fur des pétilles de fleurs jaunes & de fleurs bleues : la couleur de ces pétales en a été auilî-tôt fort dégradée. Sans doute , que le plus ou le moins d'épaiiTeur de la membrane dont il s'agit , con- tribue à varier les nuances dans différentes ef- pcces. Quand elle ell auffi fine qu'elle peut Tètre, elle ne modifie que très-peu la ccukur propre au parenchyme. I© s U P F L É M E M T, Je n'ai pas remarqué de diiFérenccs fenfible^ dans la Joubarbe , entre la membrane de la fur- face inférieure des feuilles & celle de la furface oppofée. J'ai fait la même remarque à Tégard du parenchyme : auffi ces deux furfaces fe ref- femblent-elles beaucoup j ce qui n'a pas lieu dans, la plupart des Plantes s car la furface fupérieure eft pour l'ordinaire plus liife , plus luftrée & d'un verd plus vif que la furface inférieure.. Plus j'ai confidéré les feuilles de la Joubarbe , 8c plus j'ai été convaincu, que leur examen microfco- pique & anatomique pourroit répandre un grand jour fur la ftrucflure & fur l'ufage des feuilles en général. Je me fuis appliqué dans mes Recher- ches à découvrir l'ufage des deux furfaces des feuilles. J'ai montré que la ^.irface fupérieure, toujours tournée vers le ciel ou vers le plein air, eft principalement deftinée à fervir d'abri à la furface oppolée , qui renferme les principaux organes de la fitccmt & de la tranfpiration. En effajant de dépouiller proprement , finon en tout , du moins en partie , des feuilles de différentes Plantes , les unes de la membrane fupérieure , les autres de l'inférieure , d'autres enfin des deux membranes ; & en plongeant le pédicule de toutes ces feuilles dans des tubes de verre calibrés & pleins d'eau , l'on parvien- SUPPLÉMENT II droit peut-être à déterminer avec une certaine précifion les changemens que ces divers procé- dés occalion croient, foit à l'égard de la fucciori foit à regard de la tranfpiration. On pourroit tenter des expériences analogues fur des feuilles ainO dépouillées qu'on appliqueroit fur Peau , les unes par leur furface fupérieure , les autres par leur furface inférieure , comme je l'ai décrit dans> le I Mémoire de mes Recherches (III ). Je ne puis trop exhorter les Phyficiens à tenter ces expériences. Je fens bien qu'ils ne pourront fe flatter de réullîr à leur gré à dépouiller en- tièrement les feuilles de l'une ou de l'autre mem- brane , & moins encore de toutes les deu\ en- semble : mais toujours conviendra-t-il d'eiîayei: en ce genre tout ce que fart peut opérer. M. de Saussure , ProfeflTeur de Philofophie dans l'Académie de Genève , ei\ du petit nom^ bre de ces Phyficiçns nés pour perfeclionner tous les fujets qu'ils manient. Il s'efl; fur-tout attaché à approfondir la ftrucluue des feuilles des Plantes , & il a fait fur ce fujet prefque neuf , une multitude d'obfervations qui ont beaucoup ajouté à nos connoilTances. Il les avoit décrites, avec autant de clarté que d'exactitude dans un petit Ouvrage (i) qu'il publia à Genève Ci) Qhf. fur l'écorce des feuilles ^ dei Fétalts » in.ia- la SUPPLÉMENT, en .17^2 5 êc dont je ne puis trop recommander la ledltire à ceux qui s'occuperont de Tufage des feuilles dans les Plantes. Notre habile Obfervateur a beaucoup plus étudié que je n'avois pu le faire , cette fine membrane dont j'ai parlé , & que je n'avois d'abord regardée que comme uh fimple épidémie. Sa fineiTe & fa tranfparence m'avoient trompé , comme elles avoient trompé des Botaniftes célè- bres. M. de Saussure s'eit affuré , que cett© membrane Ci fine , eft une véritable écorce , Se il lui en a donné le nom. Il a vu qu'elle étoic adhérente' au parenchyme , & qu'elle avoit un épidémie auquel elle adhéroic plus fortement. Il a fait diverfes obfervations microfcopiques fur ies mailles de cette écorce , fur leur figure , fur leurs proportions & fur les vailfeaux plus ou moins tranfparens &: plus ou moins déliés qui compofent ces mailles ou ce qu'il appelle le yéfeau cortical. Les Mineurs n'attaquent point ce réfeau , & ils ne le féparent point de fon épidémie. Mais il eit dans les feuilles un autre réfeau , qu'il nomme parenchymateux , placé im- médiatement au - deiTous du premier , & qui ii'avoit pas échappé aux recherches des Mal- PiGHi & des Grew. Ses mailles font ordinai- rement plus grandes que celles du réfeau cortical y & fes vaiilcaux font plus gros & plus droits. s U F F L É M E K T. î3 Jai parlé dans mon Ouvrage , Art. XVIII d'une memhraîîe réticulaire obfervée par M. Ca- LANDRINI dans des feuilles de Pied-de-Veaii , qui avoient commencé à s'altérer par la macé- ration ; j'ai fiiit mention encore dans le même article d'une membrane très-fine qui fe détackoit d'elle-même de deflus des feuilles appliquées fur l'eau par l'une ou l'autre de leurs furfaces : cette membrane , que je nommois improprement un épiderme , & la membrane réciculaire de M. Ca- LANDRINI étoient manifeftement le réfeau cor- tical de M. de Saussure. Comme les feuilles des Arbres paroiflent être une fimple expanfion & un applatiffement des branches ou des rameaux dont elles partent , il y a lieu de préfumer qu'elles contiennent en petit les divers ordres de vaifTeaux , & les différentes enveloppes qu'on obferve dans les branches ou les rameaux. On pourroit donc en inférer avec fondement , que les feuilles n'ont pas feulement un épiderme & une vé- ritable écorce ou un réfeau cortical ; mais qu'elles ont encore un réfeau ligneux analogue au corps ligneux des branches j & ce réfeau li- gneux feroit celui que M. de Saussure a nommé parenchynmteux. Dans des parties aufîi applaties, auffi minces que le font les feuilles , l'écorce î4 supplément: & le bois ne fauroient fe montrer que comme d&s ré (baux très - fins. On fiiit que les trachées ou les vailFeaux fpiraux ne fe trouvent que dans le bois ; & les feuilles ont leurs traclié(?s , qu'on découvre focilement à l'œil nud en déchirant avec précaution des feuilles de rolier ou de vigne : les feuilles ont donc une enveloppe analogue au corps ligneux des branches & nu tronc (i). J'ai regret que M. de Saussure n'ait pas cherché des vaiifeaux fpiraux dans fon réfeau parenchymateux : au moins ne trouve-je dans fon écrit aucune obfervation fur ces vaif- feaux. J'ai parlé ci^deiTus des points brillants dont le parenchyme de la Joubarbe m'avoit paru par- femé , & qui avoient ibuveiit fixé mon atten- tion : les ménagemens que je devois à mes yeux ne me permettoient pas de m'ocçuper de fi petits objets j ik ;'étois bien éloigné de foup- (i) Je difois Art. CVIÎ , en parlant des greflPes acciden- telles qui s'opèrent entre iknx iluiîies ou entre deux folioles de la même feuille : „ toutes ces gieiies ne concourent- elles 3, pas à prouver qu'il y a dans les feuilles deux fubftanccs analogues :\ la fubilance corticale & à la fui)ftance ligneufe qu'on obfetve ihnr, les branches à dans la tige? On fait, „ que c'eft de l'expanlion cii toutfensde la fubftance corticale 5, fur la fubftance ligneufe j (juc dépend l'umoa dç la greff? 55 avecleyi/;tA" ?> s U F P L É M E N T, if c;oiiner les faits finguliers qu'ils ont offerts k M. de Saussure , & qui ont été k fruit de fes longues & curieufes recherches. Il s'eft a Juré , que ces corpufcules brillans , qui ne font point propres à la Joubarbe , & qu'on retrouve dans les feuilles de toutes les efpeces, font d'une nature fi inaltérable, qu'ils réliftent à l'eau bouillante , à l'efprit-de-vin , à Facide vitriolique , & à la plus grande féche- relfe (i). Il en a conclu ; qu'ils ne font ni gommeux , ni réfineux , ni falins. Qije font donc ces finguliers corpufcules , Ci brillans , fi généralement répandus , & (i dignes des plus profondes recherches du fcrutateur de la Na- ture ? Le fage Obfervateur , qui les avoit tant étudiés , s'eft abftenu de former aucune con- jecture fur leur nature 5 parce que fes nom- breufes obfervations ne Péclairoient point en- core aifez. Au refte , ces très-petits corpufcules brillans s'obfervent auffi dans le réfeau corti- cal ; mais ils abondent beaucoup plus dans le parenchyme. Ce tiiTu délicat , ce réfeau cortical qui en- veloppe, les feuilles , eft doué d'une élailicité CO Ohf. fur i écor ce des feuilles ^ E^c. page 57. t6 SUPFLÉMEN T. très-marquée , Se qui fe manifclle à Fœil par des effets très-fendblcs. Il fe roule auffi-tôt {uc lui-même dès qu'on le détache de la feuille. M. de Saussure fait remarquer (i) , que les deux écorces fupérieure & inférieure des feuilles tendent toujours à fe rouler en fens contraire. Lorfque le reifort de l'une domine fur le ref- fort de l'autre , la feuille devient concave du côté le plus foible. Elle demeure plane , lorfque îes" deux écorces ou les deux réfeaux font ea équilibre. Notre ingénieux Obfervateur ajoute : 35 qu'il y a donc dans l'écorce des feuilles 55 deux fyftèmes de vailfeaux qui tendent à 35 agir en fens contraire : les uns analogues 55 aux cordes de chanvre , fe tendent à l'hu- 35 midité , les autres fcmblables aux cordes de 35 boyau fe tendent à la féchereife ". On a vu dans l'article LUI de mon Livre , que " j avois foupqonné l'exiftence de ces deux fyllèmes de vaiffeaux , & que j'avois tenté d'expliquer ainfi quelques-uns des phénomènes que nous pré- fentent certains mouvemens naturels des feuil- les. J'avois m.ôme eilayé de conlfruire d'après cette idée des feuilles artificielles ^ qui me paru- rent imiter le jeu des feuilles naturelles. - (0 Ohf.fur l'écorce des feuilles^ ^c, pase 13, Le SUPPLEMENT. 17 Le réfeau cortical eft pourvu de très-petites glandes , qui lui font propres , & qui y font diiTéminées en (i grand nombre qu'elles en ont pris le nom de glandes milliaires. Ces glandes iont fphériques ou ovales , & fort tranfpareii- tes. Elles font environnées à leur bafe d'un petit vaiifeau tranfparent auquel vont s'abou- cher plufieurs autres vaiifeaux. L'état de ces très -petites glandes elt toujours en rapport: avec l'état de fanté ou de maladie des feuilles. Dans les feuilles vertes & en pleine vigueur, les glandes ont beaucoup de tranfparence. Lort que les feuilles commencent à jaunir, les glan* des commencent à perdre de leur tranfparence, & plufieurs deviennent plus ou moins opaques* Toutes le deviennent en entier , lorfque ks feuilles font près de leur chute. M. de Saussure , à qui nous devons ces obfervations fur les glandes niilliaires , & bien d'autres que je fuppnme pour abréger , re- cherche quel peut être le principal ufage d6 ces très -petits organes j & ce qu'il dit à ce fujet a trop de rapport avec mes expériences fur les feuilles pour que je ne le tranfcriv* pas ici.. 53 Ce qui me porteroic à croiv: , dit -il, Tome V. B ïg s V ? P L É M E N T. 35 que les glandes milliaires ou corticales font 35 des vaifleaux ahforhans (i) , c'eft le rapport 5, que j'ai obfervé entre la pofition de ces 3, glandes & les expériences qu'a faites M, 3, Bonnet fur la nutrition des Plantes par 5, leurs feuilles. Les réfultats les plus gêné* 35 raux de ces expériences font ; que les Flan- 35 tes herbacées pompent à -peu -près autant 35 d'humidité par la furface fupérieure que par 5, la furface inférieure de leurs feuilles , mais 5, que les Arbres & Arbuftes en pompent in- 3, comparablement plus par la furface inférieure 3, que par la furface oppofée. D'un autre côté , 5, j'ai obfervé que prefque toutes les Plantes 3, herbacées ont des glandes corticales dans l'une 3, & dans l'autre furface qq leurs feuilles y 5, moins à la vérité dans la fupérieure; au lieu 3, que les Arbres & Arbuftes n'en ont jamais „ que dans la furface inférieure. ... Il parolt 3, donc que le degré d'aptitude à pomper les 5, fucs ell; dans les furfaces des feuilles à-peu- 5, près en raifon de la quantité des glandes 55 corticales de ces furfaces. Il faudroit pour 5, donner du poids à cet argument , faire un. 5, grand nombre d'expériences analogues à celles 55 de M. Bonnet , dans leiquelles on compa- CO Ohf.fuY récoYce des feinlles, page 79 , &c. \ SUPPLÉMENT, T9 :», Tât eiitr'elles , relativement à leur aptitude à 3, pomper Phumidité , des feuilles inégalement 5, riches en glandes corticales. Si l'on trouvoic „ que toutes chofes d'ailleurs égales , celles „ qui ont le plus de glandes abforbent le plus ,- 5, ou fe confervent vertes le plus long-temps , 3, il devicndroit très-probable que ces glandes 3, font des vaifTeaux afpirans ". M. de Saussure clTi^ye enfuite de prouver par les obfervations qu'il a faites fur les feuilles du Nchuifar ou Lys d'eaii , que les glandes corticales peuvent auili fervir aux excrétions > mais il faut encore que je le lailfe parler lui- même. 5, M. Bonnet, dit-il (0 , a prouvé par un 5, grand nombre d'expériences , que la furface 5, inférieure des feuilles tranfpire plus dans 5, un temps donné que la furfice fupérieure: „ or à quoi pciït-on attribuer cette diife- 5, renée , fi ce n'eft à la quantité des glandes 5, corticales , toujours plus grande auprès de „ cette furface qu'auprès de la furface oppo- ,, fée. Il y a quelques Plantes dans lefquelies 5, cet organe paroit être le féal auquel on (0 O^L fnr iécoyce des feuilles , page 8; , &c. U 2, 20 SUPPLÈMEN T. 55 puifTc attribuer les excrétions nécelfaires li 3, leur confervation. Le Nénufar ou Lys â'enii 5, entrautres en donne un exemple frappant : „ cette Plante aquatique a toujours , comme 5, on fait, la furface inférieure de fes feuilles 3, appliquée immédiatement fur Peau , tandis 5, que leur furface fupérieurc eft expofée à 35 Tair libre. Il paroit bien naturel que la tranf- 3, piration fe faiTe par la partie expofée à l'air 3, libre s il faut donc que la partie Supérieure 3, des feuilles foit chargée de cette i-bndion.; 5, mais cette furface ell lilTe & brillante , on 55 n'y voit aucun poil , aucune éminence que 3, Ton puiiTe prendre pour un organe excré- 35 toire : n'eft-ce pas pour fuppléer à cela que 35 la Nature a pourvu cette furface d'un nom- 3, bre prodigieux de petites glandes corticales? 3, Elle n'en a point placé dans la furface infé- 35 ricure , on voit allez qu'elles y auroient été 5, inutiles à ces excrétions. J'ai eu beaucoup 35 de peine à découvrir les glandes de cette 3, feuille 5 on ne les voit point lorfque la feuille 35 eft entière , &c. " Ces remarques de notre ingénieux Natura- îiiîe fur les glandes corticales du Némtfar , ne paroilfent pas s'accorder avec les expéiiences que j'ai tentées fur les feuilles de cette Plante , s U P P L È M E K T. SI Se que j'ai rapportées , Ait. I de mon premier Snpplément. On a vu qu'il réfulte de ces ex- périences , que les feuilles du Néijnfar qui avoient été appliquées fur Teau par leur fur- face fupérieure , ont péri prefque aufîi promp- tement que celles qui avoient été lailTécs fans nourriture , tandis que des feuilles égales & femblables appliquées fur Peau par leur furface inférieure ont vécu plus de quinze jours. Les glandes corticales qui font à h furface fupérieure des feuilles du Némifar font donc incapables de s'acquitter des fondions propres aux organes abforbans j & puifque notre habile Obfervateur s'eft aifuré , qu'il n'y a point de glandes corti- cales à la furface inférieure des feuilles de cette Plante , ne fommes-nous pas fondés à en infé- rer au moins , que les glandes dont il s'agit , ne font pas les feuls organes abforbans que la Nature ait placés à la furface inférieure des feuilles. M. de Saussure con;ecT:ure (1)5 q^^e les glandes corticales , ou du moins les vaifleaux qui les entourent, ont quelque communication immédiate avec les vailfeaux ou les utricules du parenchyme : il fonde la conjjdurc fur (0 Obf- fur rkavcc des feuilles , ^c. page 85:, 8^- li 3 22 6^ U P P L É M E N T, deux obier vatioîis\ i^. Il a vu que dans la plupart des Plantes ^ le parenchyme relloit plus Jbuvent adhérent aux glandes corticales qu'aux autres parties du réfeau, 2^. Il n'a prefque point appcrqu de glandes corticales dans les parties du réfeau qui recouvrent imrnédiate- tnent les nervures des feuilles : ce qui femble- roit indiquer qu'il n'y a pas de communication immédiate entre les glandes corticales & les- vaiifeaux féveux & aériens qui forment les. nervures. Tout ceci exigcroit de nouvelles recherches. îl s'en faut de beaucoup que nous foyons allez éclairés fur le fecret de la ftrLidiire des feuilles >. &; en particulier , fur les commujiications mé^ dfates on immédiates qui exiReut entre les dif- férentes parties qui les compofent. J'efpérois de plus grandes lumières de ces injections colo- rées qui nous ont déjà été il utiles ; mais il faudroit trouver une liqueur colorée qui n'al- séràt point le tiflli délicat des feuilles , & qui fût allez fubtile pour s'inOnuer dans les vaif- feaux les plus déliés. Ne défefpérons de rien. Nous fommcs déjà alfurés , que certaines tein- tures colorent les feuilles, & même les parties fcxuelles (î) : mais on n'a voit pas. obfervé au (0 Voyez mon livre Art, XVIil , XC. SUPPLÉMENT. 23 jnicrofcope les portions colorées , pour tâcher de découvrir à l'aide de cette coloration , les commmiications les plus fecrettes. Je n'ai pu faire que quelques pas dans cette belle carrière, & j'ai regretté vivement qu'il ne me fût pas permis de m'y enfoncer. Je ne regrette pas moins que les occupations acluelles de M. de Saussure ne lui permettent pas de reprendre fon travail fiir les feuilles : que n'aurions-nous point à attendre de fa patience & de fa fagacité ? Il termine fes belles obfervations par une conclufion générale que je ne puis m'empèclier de tranferire , parce qu'elle préfente un précis clair & fuccind: de l'idée qu'il s'ell formée de Véconomie végétale. 5, Tous ces faits, dit-il (i) , ne confirment- „ ils pas que les fucs imbibés par les racines , „ pompés par le tronc , portés par les branches ,5 jufqu'aux pédicules des feuilles , & difrribués „ de-là à toutes les nervures de ces feuilles , „ palTent de ces nervures dans les réfeaux à\x 3, parenchyme & de l'écorce , y reçoivent leur „ dernière élaboration , s'y dépouillent de leurs. 3, partie^ fuperfiues , qui paifent dans les orga- (0 Ohf. fur V écor ce des feuilles j page 88. B4 S4 S U F F L É M E N T. 5, nés excrétoires , & que ces réfeaux devenant ,, à ieiir tour premières voies des âlimens , re- 3, qoivcnt & préparent ceux qu'ont puifé dans „ l'air les organes abforbans ? " Je iiG puis paifer ici fous filence une autre découverte importante de M. de Saussure , qui concerne les pétales ou les feuilles des fleurs. Il ne leur a point trouvé de glmides cor^ ticales , & ce nouveau caradere eft bien propre à les diftniguer des autres feuilles des Plantes. Il faut rapprocher cette obfervation de M. de Saussure des expériences que j'ai faites fur hs pétales ^ & qui font rapportées , Art. Vlli de, mon Livre. Je n'en tirerai aucune conféquence, parce que mes expériences fur les pétales n'ont point été aifez multipliées* 1 I L Nouvelles Expériences pour prouver que la fur- face hiférieure des feuilles des Arbres ne fauroit réfîfier a taBion continuée du foleil connne îct furface oppofée. AhératlGU finguUere que le coton imhibé d^eau pvduitr dans les branches ^ dam les feuilles. ÏL me fcmble que fai alTez bien prouvé dans mon Livre ,, que la furtacc inférieure des SUFPLEMENT. 2Ç feuilles des Arbres iveft pas feulement deflinee à pomper Thumidité qui s'élève de la terre & «elle qui eft répandue dans Pair , mais qu elle- efl; encore le principal organe de cette tranfpi- ration infenfible & très - abondante , qui n'eft pas moins néceiîaire que la fuccion à la vie de la Plante. Cette furflicc qui exerce des fondions fi importantes , n'a rien néanmoins qui frappe- les yeux du fpeclateur. Elle n'a point ce beau luftre , ce vernis. brillant qui pare tant la fur- face fupérieure, & qui eft un des grands orne- mens de la Nature. Mais l'ufige de ces vernis: fi luftrés ne fe borne point à réjouir nos yeuxr. il m'a paru avoir des utilités plus réelles ; car par-tout daixs la Nature l'utile eft joint à l'a- gréable : j'ai cru m'ètre aiTuré qu'il fervoit prin- cipalement à défendre les feuilles contre les. ardeurs du foleil , & que la furface fupérieure étoit ainfi une forte d'abri à l'ombre duquel la- furface inférieure exercoit en fureté fes divcrfes fonclious. Aufîi la furface fupérieure eft -elle toujours tournée vers le plein air ; & fi par quelque accident cette direction naturelle des feuilles vient à changer , elles fa vent la repren- dre d'elles-mêmes par un mouvement qu'on diroit fpontané. Ainfi la furfice mférieure n'eft pour l'ordiiiaice que peu ou point expofée au 2^ SUPPLEÀfENT. foleil : elle regarde ordinairement le tcrrein ou Fintérieiir de la Plante. J'ai été curieux de m'alTurer par une expé- rience direde , s'il étoit , en effet , bien vrai que la furface inférieure n'étoit pas capable de réfifter long-temps à Paélion mimédiate du foleil, J'avois donc ajulté des feuilles de Prunier do manière que leur furface intérieure fut toujours expofée au foleil , & qu'elles ne puifent jamais fe retourner. J'ai raconté , Art. XCIV , le faccés de cette expérience , qui avoit pleinement ré- pondu à mes vues. J'ai dit que la furface infé- rieure s'étoitinfenllbleraent altérées qu'elle avoit changé peu-à-peu de couleur, qu'elle avoit pris un œil livide , & qu'elle m'avoit paru fe deifé- cher. J'en avois conclu , qu'il étoit donc bien important à l'économie végétale , que les feuilles puifent fe retourner d'elles-mêmes pour repren- dre leur diredion naturelle & garantir ainli leur furface inférieure de Faction trop long- temps continuée de l'aftre du jour. Cette expérience étoit bien du nombre de celles qui méritoient le plus d'être répétées. Je l'ai donc répétée dans l'Eté de 1777 , à l'occa- (lon de la réimpreiTion de mon Livre -, & pour le faire avec plus de facilité, 'fy ai employé s U F F L É M E N T. 2? des planchettes de bois femblables à celle qui eil repréreutée , PL XIX de mon ouvrage. Ces planclirttes mobiles fur leur pied font très-com- modes pour rObfervateur , parce qu'il peut les élever ou les abailfer à volonté , félon que Texi- gent la hauteur & la pofition des branches. Je me fuis d'abord adrelTé aux feuilles qui avoient fait le fujet de ma première expérience , je veux dire , à celles du Prunier : & comme il s'agillbit d'expofer la furface inférieure de ces feuilîes à la plus grande ardeur du fol eil , j'ai choifi un Prunier tourné au midi. Mais crai- gnant Kvec fondement que le bois de la plan- chette ne s'échauifât trop , & qu'il ne nuifit ainli aux feuilles que j'y appliquerois immé- di.itement , je me fuis avifé d'étendre une cou- che de coton fur la planchette , & q'a été fur ce coton que j'ai appliqué les feuilles par" leurs furfàces fupérieures. Pour y parvenir , je n'ai eu qu'à coucher fur la planchette , fituée hori- fontalement , la petite branche qui portoit les feuilles que je voulois mettre en expérience. J'ai ajuilé ces feuilles de part & d'autre de la branche , de manière qu'elles ne fe recouvroient point , & je les ai retenues dans cette pofition à l'aide d'un fil délié , qui en fufant plufieurs. circonvolutions autour de la nlauchette., a fervi îig SUPPLEMENT. de bride aux feuilles & les a empêché de fe re couru er» J'ai commence cette expérience îe 14 de Juillet. Pendant le relie du mois & tout le mois fuivaut , la chaleur a été trcs-confidérable. Le thermomètre placé à l'ombre , a marqué fou- vent le vingt-deuxième , le vingt-troifieme , le- vingt-quatrième degré. îl s'eft même élevé deux fois jufqu'au vingt-cinquième, & un peu plus,* & la fécherelfe a été conftante. Je ne pouvois donc rencontrer une faifon plus favorable à ce genre d'expérience. Au bout de deux jours , j'ai apperqu une altération très-fenlible dans la furface inférieure des feuilles. Elle paroiffoit tendre au defféche- ment : mais ce qui m'a le plus frappé , c'eft que la branche elle-même paroiiToit fouffrir beaucoup : elle tendoit aulîî au defTéchement $ & ce qui étoit plus remarquable encore , elle avoit commencé à noircir , & fembloit comme brûlée çà Se là , dans toute la portion de fli longueur qui repofoit fur la couche de coton. La fommité de la branche , qui débordoit le coton , ne montroit aucune altération , non plus que les feuilles qui tenoient à cette foni». mité. SUPPLÉMENT. 29 Le 17 de Juillet , & les jours fuivans , Fal- teratioii a fait de nouveaux progrès , foit dans la branche , foit dans les feuilles. Celles-ci ont paru fe deirécher de plus en plus ,* & même dans leurs deux furfaces. Les pédicules ont noirci. Toute la partie de la branche qui repo- foit fur le coton , a pris une teinte de noir plus foncée : les fibres de l'écorce fe font mon- trées fous l'afped de petites rides longitudina- les. Mais , ce qu'il importe le plus que je faife remarquer j c'eft que ces altérations (1 confidé- rables de la branche & des feuilles , étoient exadement renfermées dans l'étendue de la couche de coton. Tout ce qui débordoit cette couche paroiifoit fain. Il faut même que l'alté- ration de la branche ne fut pas profonde , puif- que les feuilles de fa fommité ne fembloient point du tout louifrir. Au refte , j'avois laiifé ces jeunes feuilles à elles-mêmes , & je n'avois afîujetti fur le coton que celles qui étoient par- venues , ou à -peu -près à leur parfait accroif- fement. Je ne poufferai pas plus loin le récit de cette expérience. Il me fuffira de dire , que dans le cours des mois d'Août & de Septem- bre , le dépérilfement de la branche & des feuilles a augmenté graduellement. La branche elt ^0 SUPPLÉMENT. tombée enfin dans une forte de marafme ; iî en a été de même de la plupart des feuilles , & pluileurs fc font détachées de la branche. Mais le mal ne s'ell point propagé vers Tori- 'gine de la branche , & n'a point outrepaiTé de >ce côté-là le bord de la couche de coton. Le jour que j'avois commencé cette expé- rience fur les feuilles de Prunier , j'en avois commencé une femblable fur les feuilles de V Abricotier. Le i5, ces feuilles ne montroient encore aucune altération fenfible non plus que la jeune branche qui les portoit. Je ferai remarquer ici au fujet des feuilles de VAhicotier , que leur furface inférieure n'eit point inégale comme celle des feuilles du Prunier, elle eft très-unie, très-liiTe , «& un peu luftrée y mais elle ne fclî: pas à beaucoup près autant que la lurface op- pofée 5 cSc ià couleur cît plus ou moins pale. Les jours fuivans , j'ai commencé à apper- cevoir quelque altération dajis les feuilles qui repofoient fur le coton : cette altération a accru graduellement , & m'a oi-fert des particularités qui ont fort excité mon attention, j'ai remar- qué fur les feuilles des taches oblongues , plus s U F F L È M E N T. 31 ou moins confidérables , & qui étoient bordées d'une bande noire. La feuille paroiflbit comme deiréchée au centre de chaque tache j elle y avoic pris une couleur feuille-morte. Ces taches reifembioient beaucoup à celles jqu'on voit (î fréquemment fur les feuilles de la vigne qui ont fouiferc Taltération que les cultivateurs nomment fouine ou brUlure, Ce genre fingulier d'altération a fait journel- lement de nouveaux progrès : il a aufîî attaqué la branche elle-même , qui a un peu noirci qà & là 5 mais moins que celle du Prunier : & dans la branche & les feuilles de l'Abricotier comme dans celles du Prunier , l'altération a été condamment renfermée dans l'étendue de la couche de coton. Je n'ai pas tardé à attribuer au coton la caufe fecrette de ces diverfes altérations. Je le trouvais toujours plus ou moins humecté par la rofée , lorfque je venois le matin obferver mes feuilles. J'ai donc conjeduré , que l'eau dont il étoit imbibé, étant échauffée c^ réduite en vapeur par le foleil , produifoit ces diife- rentes altérations. Cet cifet remarquable, que je n'avois pas prévu , nous conduit à tenter en ee genre de nouvelles expériences , qui très- '312 SUPFLÉMEN T. probablement ne feroient pas inutiles à l'agri- culture. Je ne les négligerai pas , fi mes cir- confiances me le permettent. Elles pourroient nous conduire à découvrir la véritable caufe de la maladie qui fait fouvent bien des ravages dans la vigne, & les meilleurs moyens de l'en •préfcrver. Persuadé de plus en plus que je devois attribuer au coton imbibé des vapeurs de la nuit, la caufe fecrette des altérations que j'ob- fervois j j'ai imaginé de le renfermer entre deux doubles de fort papier blanc ; & q'a donc, été immédiatement fur le papier que j'ai cou- ché d'autres jeunes branches de Prunier & d'Abricotier. J'ai commencé cette expérience ie .19 de Juillet. J'ai eu bientôt la preuve de la vérité de ma tonjedure. Les branches & leurs feuilles n'ont jamais noirci , & ne m'ont jamais oiîert les mêmes genres d'altération que j'avois obfeivés dans celles de l'expérience précédente. Mais lin* îa hn du mois , la couleur de la furiace infé- rieure des feuilles de Prunier a commencé à changer fenfiblement. Ce changement me fap- poit davantage , lorfque je comparois ces feuilles avec celles qui les avoiiinoient & qui avoicnt ete / SUPPLÉMENT. 33 été laiiTées en liberté. Je ne poiivois point en- core définir ^ ce changement : je croyois entre- voir cà & là fur la furface expoiée au Ibleil une teinte jaunâtre. Mais, vers; le if d'Août, raltération de cette fiirtace eft devenue facile à Garaclériler. Elle m'olFroit ci & là des taches plus ou moins grandes , de couleur livide ou plombée , & telles que celles doiit j'ai parlé , Art. XCn'' de mon Livre. Ces taches ont augmenté par degrés infenfibles , & les feuilles ou je les obfervois ont paru s'animer. Des taches jaunes répondoient dans la furface fupé- rieure aux taches livides de la lurlace oppofée. Ce n'a été pourtant qu'au bout d'un temps confidérable que la furface inférieure des feuilles de Prunier a paru fort altérée : il n'en refaite pas moins de cette expérience comme de celle de l'Art. XCIV^ , que cette furface ne fauroit réfiiler à l'action immédiate du foleil comme h furface fupérieure. 11 étoit donc bien eifentiel que les feuilles pulUnit fe retourner pour met- tre leur furface inférieure à l'abri du foleil. Les feuilles de l'Abricotier , dont la furface inférieure e(l, comme je l'ai déjà remarqué, un peu iit'lrée , n'or.t pas fouifert autant de i'ac- tiûii du foleil, que celles du Prunier: elles Tuf/.^ V. C 5C SUFPLÉMEN T: l'ont foiitcnue beaucoup plus long-temps fans paroitre en fouffrir; & il en iroit apparemment de même des feuilles de toutes les elpeces dont la furface inférieure eft plus ou moins liiïc ou un peu luftrée. Il faudroit donc étendre cette expérience à un certain nombre d'efpeccs diffé- rentes 5 & je ne faurois trop y inviter les Ama- teurs. Je les invite fur-tout à obferver au mi- crofcope les portions de Pécorce inférieure que le foleil rend livides , & en particulier Pétat des glandes corticales renfermées dans ces por- tions. I V. Sur la chaleur dire&e du foleil en Eté , comparée il celle qiCon éprouve h l'ombre. Expériences de M. Bon ^ celles de l'Auteur, En traitant , Art. LUI , des caufes du re- tournement des feuilles & du repliement des tigeS & des branches, j'ai fait remarquer, que la chaleur diredle du foleil a beaucoup plus d'influence fur ces mouvemens , en apparence fpoutanés , que celle de l'air. J'ai cité à ce fujet des expériences du Préfîdent Bon , de la fociété de Montpellier, par Icfquelles ce favant Natu- ralilfe avoit prétendu prouver que la chaleur direde du foleil en Ëté elt ordinuirement double SUPPLÉMENT. af -de celle qu'on éprouve à l'ombre. Je vais rap- porter le précis de ces expériences d'après le fécretaire de la fociété. De toutes les expériences de M. Bon , die M. de Ratte (i) , il rélulte en général : „ qu'à ^3 Montpellier , pendant l'Été , la chaleur du 55 foleil fait monter ordinairement la liqueur „ du thermomètre de M. de Reaumur à une 35 hauteur double de celle quun pareil thermo- 55 mètre marque à l'ombre , en comptant du „ point de la congélation j c'eft-à-dire , que fi „ un thermomètre à l'ombre & à l'air libre, 5,5 marque quinze , vingt , trente degrés au^defîus 53 de la congélation ^ il en marquera trente , 53 quarante , foixante , ou à très -peu de chofe 33 près , lorfqu'il fera expofé au foleil depuis 33 midi jufqu'à trois heures ". M. de Ratae ajoute : qu'il eft très-rare que fendant PEté la chaleur du foleil [oit plus grande que le double de la chaleur qu'ion éprouve à l'ombre. Il n'en cite qu'un feul exemple : „ le 33 30 de Juillet 170^ , dit -il, le thermomètre 33 de M. Amontons marquait à l'ombre cin- 33 quante-huit pouces, quatre lignes & demie, (1) Ajfc'.nhUs publique de la Société Royale de Mo/it^illier ^ da 2 Décembre 174^. C3 3^ S U F P L É M E N T, ^ ^5 ce qui revient à trente-un degrés de M. de 55 Reaumur 5 & au ibieil foixante-treize pou- 33 ces , ou quatre-vingt degrés de Rea-UMUII ^ 53 terme de Teau bouillante ". 53 II en va tout autrement pendant l'Hiver, 53 continue l'Hidorien : la chaleur direde du Ibîeil 33 eft beaucoup plus grande , par rapport à celle 55 -qu'on éprouve à l'ombre : elle eft exprimée 33 par un nombre de degrés au moins triple , 33 quelquefois l'extupîe de celui que le thermo- 35 mètre marque à l'ombre ". Tel eft le réfultat général des expériences thermométriques de M. RoN : mais une cholb bien eiFentielle manque entièrement au réciC de l'Hiftorien : if ne nous dit point les précau- tions que rObfervateur avoit prifes pour faire l'expérience. On le borne à nous dire , „ qu'il 3, avoit expofé directement un thermomètre de „ Reaumur aux rayons du foleil dans un beau 5, jour d'Été , & qu'il avoit comparé le degré 3, que marquoit ce thermomètre à celui que „ marquoit un pareil thermomètre expofé à „ l'ombre , à l'air libre , & tourné vers le nord ". Or , on ne fauroit douter aujourd'hui que l'Ob- fervateur n'eût oubhé la précaution la plus im- portante, celle d'ifoler parfaitement la boule de SUPPLÉMENT. 37 fes thermomètres. Si Ton prend cette préd^u- tion 5 on aura des rcfultats qui ne s'accorderont point avec ceux de M. Bon , & qui en diffé- reront conlidérablement. Les thermomètres ex- pcfés au foleil ne fe tiendront pour Tordinaire en Été , que deux , trois ou quatre degrés plus haut que ceux qui feront expofés à f ombre. L'exnérience en a été faite par pluiieurs bons Phyficiens , & je l'ai répétée moi-même très* fouvcnt. Je Pavois faite autrefois à Thonex fans ufer de cette précaution : mon thermomètre çxpofé aux rayons du foleil étoit couché hori- fbntaîement fur une plate-bande de jardin, 8c j'eus le même réfultat que M. Bon. Ce ther- momètre s'éleva à cinquante deux degrés , tan- dis que celui qui étoit à l'ombre ne fe tenoit qu'aux environs du vingt-fixieme. Mes thermo- mètres étoient d'efprit-de-vni , nouvelles, obfervationsv s U F F L Ë M E N T, 4t Août 13. I h. th. à roiiib. 2 S cleg. I tiers. Barom. 27. p. au fol. 27 . . . 2 tiers. 1 1. 3 quarts. au fol. plus ifolé. 2S 14. I 11 à l'omb. 23 , . . I tiers. au fol. 27 . . . 8c demi, au fol. plus ifolé. 2f...&deini'. . . 2 h à fomb. 24 au fol. 28 . • . ^ -derniv au fol. plus ifolé 2^ ... & demi. Ainsi la chaleur diredte du foleil en Eté ne dirtere que très-peu dans nos contrées de celle qu'on éprouve à l'ombre ; & Ton peut juger par cette dernière table , combien on doit fe ren- dre attentif dans les obfervations thermomé- triques , à l'influence fecrette des abris. Un IF ne paroît gueres propre à réfléchir à un pied &: demi une chaleur fenfible 3 & pourtant on voit par mes tables qu'il influoit bien plus qu'on ne Peut foupconné fur l'élévation du thermomètre. Ceci me donne lieu de propofer aux Phyficiens d'inftituer ime fuite d'expé- riences diredes pour déterminer d'ui"te manière plus ou moins précife , le degré d'influence des abris & de diiFérens abris fur rélévatioii du thermomètre. Je dirai comment je conçois 43 SUFPLEMEN T. qu'on devroit procéder dans ces expériences. Il faudroit fe procurer un certain nombre de ther- momètres bien calibrés & exactement compara- tifs ; les ranger tous fur la même ligne & à la même hauteur , à Pexpodcion du midi , & pla- cer derrière ces thermomètres à différentes dif- tances déterminées , des planchettes de bois de fapin bien uni , les unes verticales , les autres plus ou moins inclinées en divers fens, & tenir un régiftre exad des degrés de tous ces ther- momètres : & parce que la nature particulière des abris peut influer fur le degré de chaleur comme leur pofition &; leur diftance ; je vou- drois qu'on plaçât derrière les thermomètres des planchettes de diiférens bois plus ou moins durs , & plus ou moins polis. Je voudrois en- core qu'on employât des planchettes de matiè- res plus dures que le bois , & fiifceptibles d'un plus beau poli , comme les pierres & les mé- taux. Des vernis de différentes quahtés pour- roient encore donner des réfultats intérelfans. De femblables expériences ne font pas indiffé- rentes au perfectionnement de l'Agriculture «Se de la Phyfique générale , & il feroit poffible qu'elles nous manifeftalfent dans certains corps des propriétés fecrettes qu'on n'y avoit pas foupçonnées. SUPPLÉMENT. 43 V. Feuille de Chicorée qui offrait v.ne monftruofîté .remarquable. Les monftriiofités végétales ne font pas moins dignes de Texamen réâéchi du Phyficien que les moufiriiofités animales y & les unes comme les autres peuvent répandre beaucoup de jour fur la théorie de la génération. J'ai produit dans les Art. LXXI , LXXII , LXXIII , LXXIV , LXXV , CVII , CVIII , un grand nombre d'exemples plus ou moins frappans de monftruofîtés végétales , & je me fuis arrêté quelque temps à les décrire. J'ai préfum.é que les Phyficiens qui s'occupent de l'origine des corps organifés , & fur-tout de la grande quef- tion de la formati^i des Monjires , me fau- roient gré de ces détails. Je me fuis étendu en particuHer fur une monltruofité fort remar- quable, qui n'eft pas bien rare dans les feuilles du Clmi-fleur (LXXIÏ, CVIII), & qui con- fifte principalement dans de petites feuilles fa- (jonnées en manière de cornet ou d'entonnoir qui végètent fur la feuille principale. En Juin 177^, j'ai obfcrvé fur une feuille de Chicorée de jardin, une monllruoilté d'un genre analogue à celui des monftruofités du 44 S U P F L É M E N T. Chou-f.eur , 6c qui mérite bien que je la dé, crive* La feuille principale [ ?/. XXXII, Fi^. I. FFF. ] avoit environ huit pouces de longueur fur trois de largeur. Veïs le milieu de fa lon- gueur , & du milieu de PépaifTeur de la grolle nervure [AfiNT. ] fur la furPace inférieure par- toit une petite feuille façonnée en manière d'entonnoir. [£] Cet entonnoir étoit porté, par lin pédicule effilé [ P. ] , cylindrique , long de feize lignes. L'ouverture de l'entonnoir étoit elliptique : le grand diamètre avoit dx lignes un tiers j le petit quatre lignes trois quarts ; il etoit coupé obliquement :■ fa plus grande lon- gueur étoit de douze lignes ; la moindre de f\K. Le tiifu de fon extérieur [e] imitoit celui de la furfacc inférieure de la feuille princi- pale : le tiifu de fon intérieur [i] reiîembloit à celui de la Ibrface fupcrieure de la même feuille. Les nervures étoicnt donc en relief fur l'extérieur de fentonnoir , t^ en creux dans l'intérieur. Il y avoit encore , relativement à la couleur, entre le dehors & le dedans de l'en- tonnoir, la même dinérence qu'on obfervoit entre la couleur de la furficc inférieure de la grande feuille 8c celle de la furface oppofée. Au reftc 3 le pédicule de la feuille en entonnoir SUPPLÉMENT. 4f formoit un angle aflez aigu avec la grofTe ner-. yuie de la principale feuille , Se cet angle re- ^ardoit Pextrémité fupérieure de celle-ci. Je ferai ici une remarque qui ne paroîtra pas indiiîerente aux Naturaliltes qui s'occupe- ront de la figure des feuilles. Grew avoit ap- perqu le premier, que dans les feuilles rondes ou à-peu-près rondes , le pédicule étoit cylin- drique , & qu'il étoit plus ou moins applati dans les feuilles plus ou moins alongées. Notre petite feuille en entonnoir fuivoit bien la mèma loi ; car les contours de l'entonnoir appro- choient fort de la figure circulaire. Les feuilles en entonnoir du ChoutÎQur [Art. LXXII. ] , étoient auffi portées iur une tige cylindrique. Je ne fuis pas plus éclairé aujourd'hui fur l'origine de ceS'monftruofités fingulieres que je ne rétois en 1752. Nous avons vu , Art. LXXVIII 5 que les feuilles des herbes peuvent dans certaines circoîiftances poulîer des racines, & même en très-grand nombre : elles peuvent donc pouiier aulFi d'autres feuilles. Mais d'où vient la forme aiTez bifarre de ces feuilles qui iiaiirent fur la feuille principale dans le Chou- fleur & la Chicorée: pourquoi aiicc^ent- elles itifez conftamment la forme de cornet ou d'ai^ '^^ SUPPLEMENT. tonnair? Ou apperqait bien que cette forme iî iinguliere peut dépendre de celle du pédicule : mais pourquoi le pédicule eft-il cylindrique , & comment arrive -t- il encore qu'il produit en s'épanouiiïant , une feuille en cornet, au lieu cie produire une feuille ronde & applatie? On lie va pas loin dans la Phyfique organique fans rencontrer nombre de petits faits donc l'explication fe refuie à nos connoilfances ac- tuelles. Ne nous preiTons pas de chercher des explications avant que d'avoir rairembîé alTez de faits analogues. Ce fera du rapprochement & de ïa comparaifon des faits que jailliront les traits unicicrs ,* & c'edr de ce rapprochement & de cette union que dépend le degré de confif- tance ou d'endurciiFement de la Plante. Or on fliit,que les Plantes fort étiolées n'ont que peu ou point de conflitance , & qu'elles ont beaucoup moins de faveur que celles qui croif- fent en liberté. En méditant de nouveau fur cef faits 5 j'avois été conduit à envifager rétiole- nicnt Comme une enfance prolongée , & la lumière comme une forte de deJJJcatif, Je prie néanmoins qu'on ne prenne pas à la rigueur £ette dernière exprefiîon (i). La lumière peut CliDp. VI, Art. ÏI, a infifte fur cette corjefture , en rendant compte tle mes expériences ti'apfès les détails du Livre fur f''fiS.s des feuilles. „ L'aiîtenr, dit-il, pcnfe que rétiolement 53 Ans PlaRtujs eft ptiacipaiement produit par la privation die 33 la lumière. Ne ponrroiton pas ajouter que les expériences 35 rapportées à l'oce^-fion de la tranfpir.ition des feuilles , 3> prouvent que les Plq^jiteS' renfermées d'ans les tuyaux de „■ bois ^ranfpirent beaucoup moins que celles qui font dans „ les tuyaux de verre ? Ce défaut de trar.fpiration les doit 33 entretenir phis tendres , plus herbacées , plus duétiles j ce j, q-ui fait, que fe prêtant davantage au mouvement de la- 53 fève , elles s'étendent beaucoup en longueur , & ne pren- 3, lient point de grfifTeur. Mais cette idée auroit befoin d'être j3 appuyée de pTeu'\fes ". Ci) Je vooîois expriîT.er par ce mot Peffet qui pouvoit ïîfultsr (k l'aâit'a de la lumiexs. fiu' Iss organes excrétoires» s V P P t É M E N T T7 agir ici tîe bien des manie^res diiierentes , que nous ne {aurions encore déterminer. Il feroit poiFible , par exemple , qu'elle s'incarporât im- médiatement au tiffu des Plantes , & que leuE coloration dépendit en partie de cette incorpo- ration. Qiioiqu'il en foit, il m'a paru intéref- fant d'imaginer quelque procédé qui influât aifez fur la tranfpiration infenfible , pour qu'on put juger avec certitude fî l'étioîement tient en eifet au défaut de cette tranfpiration : voici donc fexpérience que j'ai tentée à ce fujet. En Août 1777 5 j'ai femé dans un vafe plein de terre & fous une boîte de fapin très-mince , quatre fèves de Haricot. Elles ont germé , & les Jlaricots fe font fort étiolés. Lorfqu'ils ont atteint la hauteur d'environ onze pouces , j'ai enlevé la boite Se mis à découvert les quatre Plantes. Les tiges étoient d'un beau blanc ar- genté , & les feuilles d'un beau jaune foncé. Il n'y avoit que les premières feuilles ou les feuilles féininales qui fe fuifent développées ,• & elles ne l'étoient pas à beaucoup près autant que les feuilles féminales d'une autre Plante de Haricot , femée dans le même vafe , mais qui avoit crû en liberté. Le 28 du même mois, fur les fept heures 58 SUPPLÉMENT, du matin , j'ai fait entrer dans un grand pou- drier de verre blanc , de dix pouces de hauteur , fur trois pouces de largeur , deux des Haricots étiolés; en les coudant de manière que leur fom- mité a été inclinée en embas dans l'intérieur du poudrier. J'ai enfuite rempli d'eau claire ce même poudrier , & j'ai ainiî fubmergé toute la partie fupérieure des deux Plantes. Les deux autres Plan- tes qui avoient cru auprès de celles-ci ont été laiffées à l'air ; mais j'ai pris la précaution de les alfujettir contre une baguette avec un fil lâche , pour qu'elles ne fuifent pas expofées à fe ren- verfer fur elles-mêmes , comme il arrive ordi- nairement aux Plantes fort étiolées , parce qu'elles n'ont pas aifez de force pour fc foutenir. J'ai placé mon petit appareil dans un lieu où mes Plantes n'étoient pas trop expofées à la chaleur du foleil. Cette précaution étoit fort néceffaire ; car les Plantes qui ont crû dans l'obfcurité , & qu'on expofe fubitement à un foleil un peu ardent , ne manquent pas de périr. Dis le 29 au foir , les Haricots laifles à Pair avoient commencé à fentir l'influence de h lumière : leurs feuilles montroient une teinte de verd très - feniîble. Cette teinte s'eft ren- s V F F L R M E N T. 19 forcée le 30 , & ce même jour , les feuilles ctoient déjà d'un aflez beau verd. Il n'en allok pas de même des feuilles des Haricots plongées fous l'eau : le jaune dominoit toujours dans leur couleur. Le 31 , les feuilles fémtnales des Haricots laifles à Fair , avoient pris une teinte de verd encore plus foncée. Ils avoient pouiTé de nou- velles feuilles d'un verd brun, mais les tiges étoient encore d'un beau blanc. Les Haricots plongés fous Pe?iu étoient à- peu-près comme le 30 j & ils n'ont commencé à poulTer de nouvelles feuilles que le premier de Septembre. Mais , ce qui mérite beaucoup d'attention ; ces nouvelles feuilles ne mon- troient aucun des caradteres de l'étiolement. Elles étoient d'un verd très-agréable , ainfi que les nouvelles tiges qui les porcoient. Ce verd étoit feulement plus clair que celui des jeunes poulies qui s'étoient développées en plein air. A l'égard des feuilles féminales des Hari- cots fubmergés , elles n'ont pris qu'une très- légère teinte de verd; & vers la mi-Septembre^ ia pourriture avoit déjà fait de grands pro- €o SUPPLÉMENT, grès, & dans ces feuilles & dans les romiraté& des tiges 5 qui avoient confervé leur blancheur native. A cette même date , les tiges des deux Plan- tes lailîees à Tair , confervaicnt encore une forte teinte de blanc. On voit bien quelle étoit ma manière de îaiibnner dans cette expérience : je fuppofois, que feau étant moins favorable que l'air à la tranfpiration infenfible , les nouvelles produc- tions qu'y feroient les Plantes étiolées fe ref- fentiroient plus ou moins de la diminution de cette tranfpiration , & qu'elles m'olîriroient des caractères plus ou moins marqués d'étio- lement. C'eil: pourtant ce qui n'eif point ar- rivé : les Plantes continuellement fubmergces, ont pouffé de nouvelles tiges & de nouvelles feuilles , & ces tiges ni ces feuilles ne m'ont offert aucun des figues qui caradérifent l'étio- iement. Nous voyons néanmoins par cette expé- rience , que l'eau intercepte jufqu'à un certain point l'aélion de la lumière j puifque les feuilles féminales des Plantes fubmergées n'ont pris qu'une très - légère teinte de verd 5 tandis que SUTPLÈMENT, €i celles des Plantes qui n'ctoient point fiibmer- gées , avoient pris en moins de deux jours une forte teinte de cette couleur. Je ne dois pas négliger de faire obferver que le foleil donnoit le matin pendant quel- ques heures fur toutes les Plantes. La faifoii écoit fort chaui4e : le thermomètre s'étoit élevé le 3 1 d'Août à plus de vingt-cinq degrés , & il s'étoit tenu jufqu'au i6 dQ Septembre, entre le 1 5 & le 20. Maintenant , il s'agiroit de déterminei: par une expérience diredle le degré de dimi- nution de la tranfpiration infenfible que Peau occafione dans les Plantes qu'on y tient plon- gées. La ehofe ne me paroît pas facile; car es ne feroit pas un bon moyen d'y parvenir que de pefer les Plantes qui auroient été fubmcr- gées pendant un certain temps , & de com- parer leur poids à celui de femblables Plantes lailTées à l'air : on fent bien que l'eau doit pénétrer extérieurement les Plantes qu'on y tient plongées , & accroître ainli leur poids. Il faudroit donc encore avoir un moyen d'éva- luer la quantité d'eau que les Plantes imbi- bent de cette manière , &c. Mais il paraît toujours alTes évident que les Plantes doivent m s V F F L É M E N f . îHoins tranfpirer fous Peau que dans l'air ; 8z fi les Fiantes terreftres qu'on force à végéter fous l'eau , n'y donnent auciui figne marque d'étiolement , il femble qu'il faille en conclure, ou que l'eau ne diminue pas alfez la tranfpira- tion infenfîble , ou que Pétiolement ne dépend pas prinçpalement d'une certaine diminution de cette tranfpiration. Ne voyons -nous pas d'ailleurs , que les Plantes aquatiques végètent fous l'eau fans s'étioler ? J'avouerai do«c , que malgré mes nom- "breufcs expériences fur l'étiolement , je ne fuis pas plus éclairé aujourd'hui fur le comment du phénomène , que je ne l'étois quand je com- nienqai à m'en occuper il y a vingt-fept ans. La feule vérité qui m'ait paru fubfiiier au milieu des variétés que j'ai remarquées dans le cours de mes expériences , c'eit que l'étio- lement eft .toujours en rapport plus ou moins dired: avec le degré d'obfcurité dans lequel croiifent les Plantes. Mais on jugera mieux de tout ceci quand je publierai le détail de mes diverfes tentatives. En attendant je renvoie mon ledteur aux nombreufes expériences de l'ingénieux M. Méese , dont nous avons fort à regretter la mort prématurée. L'habile Pro- ^ V V ? L È M E K T. ^l felTeur (i) qui avoit excité le jeune Obferva- teur à s'occuper d'après moi de rinfluence de la lumière fur les Plantes , a rendu compte au public des tentatives multipliées de fon eftima- ble Elevé, dans une fuite de Mémoires inférés dans le Journal de Fhyfique de 1775 & 1776'. En parcourant ces Mémoires , on reconnoitra que les expériences de M. Méese s'accordent avec les miennes pour TeiTentiel , & qu'elles concourent toutes à confirmer ce que j'avois établi touchant l'influence de la lumière fur les Plantes. Mais le jeune Phyficien avoit fu porter fon attention fur des côtés de l'objet, que je n'avois point encore confidérés , & qui niéritoient de l'être. Il avoit adopté ma pre- mière conjec'ture fur la caufe de i'étiolement : il fattribuoit à un défaut de tranfpiration in- fenfible i & il avoit déjà fait quelques expé- riences qui lui paroiffoient favorables à cette opinion. On les trouvera dans le troidcme Mémoire (2). Mais je me propofe à'Qw taire de plus diredes, & qui nous éclaireront da- (O M. Van-Swinden , Profefleur île Phîlofophîft o d'Oc- tohïQ 175.8-. PRÉFACE. 75: Vos Fonlets yyï'enchantmt: je yi^trvoh pas ejpéré qne le fecret de la génération commeiiceroit fitot a fe dévoiler. Ceft bien vous y Mon fie nr ^ qui aveZx fil prendre la- Nature fiur le fiait., fiavois tenté ,. il y a une dixaine damnées , de la devi;ier , ^. fiai été bien agréablement finrpris , lorfique fiai vie. vos Ohfiervations s'accorder fi parfiaitement avec, mes conjecînres ,. ^ votre hypothefie avec la: ?menne. Si vous avez gardé mes Lettres , & fi vous prenez la peine de parcourir celles que fiai eu Phonneur de vous écrire depuis quatre ans , vous y trouverez les premiers rudimens de cette hypoihefie. Elle- fiait le fiujet d^un écrit que je-, compofiai en 1.747 i ^ que fiuvois quelque defifiiîi de rendre public. D'autres occupations V/tetant. fiurvenues , je n'ai pu le retravailler ; mais fiai bien envie de le fioumetire , tel qiCil ejl > à votre, jugement ,. çff c. M. de Haller voulut bien me témoiguer de rempreiremeut à voir mes méditations. Je les lui envoyai donc , en les faifant précéder d'une Lettre qui en conteno-ic riaiftoirc , <& dojit je place ici la copie. 74 PRÉFACE. A Genève, le 4 de Décembre 17^8- Vous voulez donc , Monfieur , que je vous emiuis en vous donnant a lire mes méditations fur la formation des Corps organifés. ,f obéis : les voilà donc en original ^ telles que je les ai écrites ou diBéss , il y a dix à onze ans. Je n^y ai fas changé un feul 'mot , afiyi que vous piiffiez mieux juger quelles ont été mes premières idées fur ce fiijet intéreffant , 5f? quelle a été la mar- che de mon efprit d^ns ces routes ténébretfes-. Vous reconnoitrez aux numéros des Chapi^ très 5 des paragraphes ^ des pages , que ce Manufcrit fait partie dhin ouvrage , dont voici en deux mots rhiftoire. L'étude des Infe&es- m^ ayant extrêmement fatigué la vue , je fus forcé de me févrer d'un plaifir fi vif pour moi y mais- mon efprit naturellement très-aclif ^ ne put fe livrer à un repos abfolu ,* je me mis donc à mé-^ diter fur toutes Us parties de la Nature. J\ir^ rangeai mes méditations dans un certain ordre y j'en formai une efpece di,e fyftêwe harmonique que j'intitulai Contemplation de la. Nature. Infenfiblemenî mon ouvrage grojfit , cf dans peu d'années je me trouvai un Volume de médàta^ F R É F A C E. 7$ fions de plus de neuf cents pages. Cétoît tine- fuite de Tableaux auJJJ. variés que la Nature. Mes yeux ne me permettant pas toujours d'é- crire moi-même , je- condamnai 7non cerveau à- retenir ce qu'il avoit compofé , jujquW ce que quelqu'ami vint me prêter fa main, & écrire fous ma diclée. De-là cette diverfité de cara&e^ res que vous trouverez dans le Aîayiufcrit que- je vous envoie,. Cependant je n étais pas au hout du plan que- je m'étois tracé. La multitude des objets que favoïs encore à confidérer , m'ejfrayoit : mes Recherches Jur Pufage des Feuilles étant furve^- nues , je fufpendis moyt grand ouvrage ,• ^ lorf- que je l'eus fufpendu pendant un temps , je 71 eus plus la force de 'm'y remettre. Je le laiffai donc dormir dans mon cabinet , après l'avoir ht en entier à une Société de gens de Lettres , qui en fut plus contente que je n'avois ofé l'efpérer. Fendmit que cet ouvrage donnoit , il me venoiù de. temps en temps en penfée , d'en détacher qtieU ques parties pour les donner au Fuhlic. Mais les imperfe&iojts que je découvrois dans ces pro- du&ions 5 la jujîe défiance ou je fuis de 7mi 7^ F R É E A C E, talens '^§ de mes lumières y détoiirnoienîi toujours cette idée de mon efprit. Enfin , vos admirables Ohfervations fur le foîilet ont paru : je les ai lues avec avidité ; £«f j^ai été agréablement furpris de la conformité de quelques-unes de vos idées avec les miefines y Î\m commencé h me fentir un peu réchauffé pour cet ouvrage infortuné que favois aband'o?mé à la poujjlere de mon cabinet. Jai donc pris le pay'ti de vous- écrire fur ce qui yn^avoit roulé fi long-temps dans Pefprit ,* mais je Pai fait en fort peu de mots : vos réponfes ont achevé de me convaincre que nous avions les nmnes idées fur la génération. Aujourd''lmi vous avez la bonté de vouloir- vous occuper de la fuite d.e mes 7néditations p ce defir ejî très -flatteur pour moi : je foumets donc mon Manufcrit à votre jttgenient. S^il avoit le bonheur de vous plaire , je fer ois très - récompenfé de mon travail. S^U vous plaifoit affez pour qti^il vous par Ht 7nériter d^ètre publié , une des principales raifons qui 77î^ engager oient à y confentir , feroit P extrême impatience que fai de me parer auprès du Public de P amitié dont vous m'honorez > Monfieur , ^ F R É F A C E. 77 sJe lïù apprendre ^ quel point je vous eflime ^ je vous refpecîe. En lifant ce Maniifcrit , veuillez vous fou- "venir qu'il il été compofé , comme le rejh de Vouvrage , tantôt dans mi jardin , tantôt dans la campagne , tantôt dans un bois , à pied , à cheval^ en carrojfe. La partie qui fuit immédia* tement celle-ci , efl un parallèle des Fiantes ^ des Animaux , dans lequel fai rajfemblé en petit tout *ce que ces deux clajfes d'êtres organifés- ejfrent de plus intérejfant. Quand fai lu ce que Pon a écrit avant vous , Monfieur , fur la for- '/nation des Corps organifés , fen ai été peu fatif fait 5 ^ f et ois prefque tenté de préférer mes idées à celles des Auteurs qui ni* av oient précédé. Au moins il me femhloit que fapprofondiffois un peu plus la matière qxCils ne Pavoient fait. En me renvoyant mon Manufcrit , M. de Haller m'honora d'une réponfe , qu'il me permit de rendre publique , & que je produits ici, parce qu'il me fcmble que la véritable raodeftie ne confifte pas à taire l'approbation d'un grand homme; mais qu'elle confifte à ne- yg T n É F A C £ ia regarder que comme un encouragement. Il faut bien d'ailleurs que le Public fâche les motifs qui m'ont engagé à ne pas fuppiimec les prémices d'un travail , que j'ai tâché dans la fuite de perfectionner. A Roche le f de Janvier 1759. Je vous fuis très-ohUgé , Monfieiir , de la leC" titre agréable & mftru&îve que vous în'avez procurée. Elle ejî venue bien à point dans un accès de goutte qui m'a tenu depuis quinze jours , ^ dont quelqttes niomens ont été des plus dou- loureux. Je vous le renvoie 5 votre Manufcrit i en vous priant avec le zèle d'un Cofmopolite , de le publier. Je ferois charmé fi je pouvois contribuer à tirer du cabinet un ouvrage aujjl bien penfé que le vôtre. Il y a deux clajjes ds Savans : il y en a qui objervent , fouvent fans écrire , il y en a auJJi , qui écrivent fans obfer- ver. On ne fauroit trop augmenter la premiers de ces clajfes , 7ii peut - être trop diminuer la féconde. Une troifieme claffe eji plus maiivaife encore , c^eji celle qui obferve mai PRÉFACE. ^i JÈ cédai à une invitation fi preiîlmte & fi propre à me ralfurer fur le jugement du Public, & immédiatemenc après avoir achevé mon Effai Analytique fur TAme , je repris mes recherches fur les Corps crrgmsifés. Je ne fon- gcois d'abord qu'à compofer un nouveau Cha- pitre , qui contiendroit un précis des décou- vertes de M. de Haller : mais, dès que j'eus commencé à exécuter ce projet , je prévis que je ferois appelle à creufer divers fujets , que je n'avois qu'effleurés dans mon premier écrit. Je ne voyois point encore jufqu'où ces nouvelles méditations me conduiroient : je ne fentois que la néccffité de perfedlionner mes recherches, & je la fentois fortement. Voila comment j'ai été acheminé à rema- nier mon fujet , à développer & à redlifier mes premières idées , & à préfenter au Public une nouvelle fuite de faits , de conféquences & d'analyfes. Je n'ai pas parcouru tous les Auteurs qui ont écrit fur les Corps organifés^ le nombre en étoit trop grand. Je me fuis borné à con- 80 T R É f A C Ë. fiilter ceux qui m'ont paru les plus originaux'^' & j'ai rendu leurs Obfcrva tiens avec toute J'exaditude & la précifion dont j'étois capable. J'ai eo un grand avantage ; j'ai moi-même ■t)biervé. Gela m'a donné pl'us de facilité à faific & à extraire les Naturaliiles que je conluitois. J'ai cru qu'on me permettrait de faire ufage ;de mes propres Observations , & je l'ai fait forfque j'y ai été appelle. Je n'ai tiré des faits que les conféquen ces qui me fembloient en découler le plus natu- rellement. J'ai fouhaité que mon Livre fût une efpece de Logique. Je n'ai donc pas mis les conjedtures à la place des faits -, mais j'ai fait enforte qu'elles réfultalTent des faits comme de leurs principes. Ceux de mes Ledeurs qui ne voudront que juger de ma marche & de ma théorie , liront feulement le Chapitre XII de ce Volume, & les Chapitres I, lï, VII, VÎIÏ, du Tome fixieme. Parmi les fûts variés & mukipîiés qui s'of- froient à mon examen , j'ai chpifî ceux que 3'ai ^PRÉFACE, $j[ j'ai jugés les plus certains & les plus intérefl fans. Peut-être même qu'il n'a point encore prru d'ouvrage lur la Génération , qui en con- tint davantage que celui-ci, & fur ia vérité defquels ou pût élever moins de doutes. J'ai vu de bonne heure que moii Livre feroit i en quelque forte , une Hifloire naturelle en raccourci. Je n'ai pas craint qu'il en fût moins goûté dans un fiecle qu'on pourroit nommer le fiecîe des Oi3rervateLirs. Si j'ai relevé quelques opinions liafardéeS ^ c'a été aifuré'rnent fans aucune intention dd choquer ceux qui les adoptent. Je n'ai voulu que prémunir mes Ledleurs contre Pimpreilioil de la célébrité. Je prie qu'on^ ne juge pas de mon travail fur la ledure des huit premiers Chapitres de ce Volume 3 j'ai alfez dit qu'ils ne font que des ébauches , & je les aurois même fuppri- mes entièrement ^ ^i M. de H ALLER ne ie|i avoit honorés de fon approbation. Ce (j[ue js ne faurois trop répéter , c'eft que je ferai Tome V\ ' F %% T R É F A C E, toujours prêt à abandonner mes opinions pour des opinions plus probal)les. Mon amour pour le vrai ell fîncere , & je n'aurai jamais de peine à avouer publixjuement mes erreurs. J'ai toujours penfé qu'un fat tort , valoit mieux que cent répliques ingénieufes. A Genève 5 îe fremier de Mars 17 6Z. iî^^s^!:^- ===^# ::*:#^^ I CONSIDERATIONS SUR LES CHAPITRE PREMIER. Des Germes , principes des Corps orgctnifh, I. Fondement de rexijhnce des Germes, La Philofophie ayant compris l'impolîibilite où elle étoit d'expliquer méchaniquement la formation des Etres organifés , a imaginé heu- reufement qu'ils exiftoient déjà en petit , fous îa forme de Germes , ou de Corpiifctiles organi- qiies. Et cette idée a produit deux hypothefes qui plaifent beaucoup à la raifon. II. Deux hypothefes fur les Germes. La première fuppofe , que les Germes à% §4 CONSIDERATIONS tous les Corps organifés d'une même efpece ^ étoient renfermés les uns dans les autres , comme un petit monde peuplé d'une multitude d'Êtres organifés , appelles à fe fuccéder dans toute la durée des liecles. Les preuves qui établiifent la divifion de la matière à Vindéfini , fervent donc de bafe à la théorie des enveiopj^^smem. SVR LES CORPS ORGANISÉS. 85 Le foleil , un million de fois plus grand que la Terre , a pour extrême un globule de lu- mière, dont^ piufieurs milliards entrent à la rois dxins Tœii de l'Animal vingt -fept millions de fois plus petit qu'un Ciron, Mais la raifon perce encore au-delà. De ce globule de lumière elle voit fortir un autre "Univers , qui a ion foîeil , fcs planètes , fes végétaux 5 les animaux , & parmi ces. derniers un. animalcule , qui eft à ce nouveau monde , ce que celui dont je viens de parler, eft au monde que nous habitons, IV. La Dijj'éminatmu La féconde hypothefe , en femant les Gcr^! mes. de tous côtés , £nt de l'air , de Peau , de îa terre, & de tous les Corps folides , de vaftes & ^ombreux magafins , où la. Nature a dépofé fes principales richeiîes. La fe trouve en raccourci , toute la fuite des générations futures. La prodigieufe petitelfe des germes , les met hors de ['atteinte des. caufes qui opèrent la diifolution des mixtes;. Ils entrent dans l'intérieur des Plantes k des AmmauxL ; . ils e,i\. dcviciinçnt même parties F 3. S(^ COKtSID F RATIONS compofantes, & lorfque ces compofés viennent à fiibir la loi des dilTolutions , ils en fortent , fans altération , pour flotter dans Pair ou dans l'eau , ou pour entrer dans d'autres Corps organifés. Il n'y a que les germes qui contiennent des Touts organiques , de même efpece que celui dans lequel ils fe font introduits , qui s'y développent. Portés dans l'écorce d'un Arbre , ils s'y arrêtent , ils y groiîiiTent peu à peu , & donnent ainiî naiflance aux boutons , aux racines , aux branches , aux feuilles , aux fleurs, Se aux fruits. Portés dans les ovaires de la femelle ou dans les véllcules féminales du mâle , ils y font le principe de la généra- tion du Fœtus, C H A P I T R E I I. Be faccroiffement. des Corps organifés en général V. Difficulté au fujet. iiA manière dont s'opère l'accroifTement des Corps organifés , eft un point de .Phyfîque SUR LES COXPS ORG^ixiSÉS, 87 très-obfcur. Lorfque nous aurons une fois bien conqu , comment une fimpie fibre grollit Se s'étend , nous comprendrons comment une graine devient un Arbre 3 eu comment un œu£ produit un Animal. On peut faire bien des expériences pour découvrir les loix que les Corps organifes obfervent dans leur accroilTement. On peut drelîer des échelles exades de leur exteniioii refpedive. On peut obferver jufqu'a un cer^ tain point, la ftruclure intéti-eure de ces Corps, & le jeu des organes qui féparent & diilri- buent les fucs nourriciers. On peut encore ramener au calcul Taclion des vallfeaux , & la vitelîe des liqueurs qui y circulent. Toutes ces connoiirances , quoique précieufes , ne fuffifent point pour diffiper les ténèbres qui couvrent la méchanique de raccroiiicmcnt. Eiîàyons d'y fuppléer , en pofant des principes qui nous eonduifent à une hypothefe raifonnable. VI. Principes fur Pacer oijjerdent. La N'c'ture ne va point par fauts. Tout a fà raifon fujfifante , ou fa caufe prochaine & immédiate. L'état adiiel d'un Corps cft la fuite ou le produit de fon état antécédent 3 ou g8 CONSIDET. ATIONS pour parler plus jufte , Pétat actuel d'un Corps eft déterminé par fon état antécédent. VIL GradaPions univerfelles, ÎL eft une gradation entre les Etres , il en eft une auiîi dans leur accroiiTement. Tous parviennent , par degrés inî-enfibies , à la per- fedion qui leur eft propre. C'eft ce qui Te îionime âévelofpsmmt dans les Carps organiTés, VIIL DéveloppemenSo Les Plantes & les Animaux que nous voyons ûBjOurd'hiii , ont donc palfé fuccciTivement par tous les degrés, de grandeur compris entre celui où iis ont commencé d'être vifibles pour nous , $c celui où nous les voyons maintenant. Si nous obfervons au microfcope la graine d'une Plante ou l'œuf d'un Animal , nous nous convaincrons, que le Corps organisé qui en doit naître , y exifte déjà en petit > avec touïes fes parties çiientielles,. Nous admirons la fàgacité du Naturalifte qm a fa le premier découvrir le Papillon fous Fcnveloppe de Chenille. SUR XES CORPS ORGANISÉS, 8^ IX. La ytiitritîon , caiife du développement, I.E développement infenubie de toutes les parties du Corps organifé , fe fait par la nutrition, X. AHmenr* Les alimens font un mélange d'air , d^eau , de terre , de fels , d'hailes , de foufres & de plufieurs autres principes diiFéremment conv- binés. XL Leur préparation. Pour être rendu propre à Riire Corps , ce mélange paiie par divers genres de vaiireaux , qu: diminuent graduellement , & dont il éprouve Tadion. Les uns le reçoivent, d'autres le préparent 5 ai troilîemcs le diPtribuent préparé à toutes les parties. XIL Trois' opérations des vaijjeaiix. L'action des vaiiTeaux fuppofe donc trois opérations principales. La réparation du fuperfîu j la décompofltioii d'une partie dçs principes., & ia réunion de 90 CONSIDE' RATION S pliiiieurs dans une même malTe , analogue à la nature du Corps orgauifé. XIII. Compojttion- des vaijfeaux. Les vaifTeaux , ainfi que tous les autres organes , font originairement formés de fibres Jimples^ c'cft^à^dire, qui ne font pas elles-mêmes compofées d'autres fibres ', ce qui iroit à Fin- fini , mais dCéléraens particuliers. La nature , la forme Se Farrangement de ces élémens déterminent Fefpece du Corps ©rganifé. XîV. Dïfmhiition & afflmilation des fîtes nourriciers. L'extrait nourricier fe diftribue aux fibres ilniples, & i'extenfion de celles-ci en tout fer.s, fait le développement du Tout organique. Les élémens des fibres font le fond qui reçoit les particules du iluide nourricier. - L'affinité de ces particules avec les élé- mens , les rend propres à s'unir à eux. La conrorniatiou & Farrangement des éîç- SÛR LES CORPS ORGANISÉS. ^i mens leur permet de s'étendre en tout fens jurqii'à un certain point , & de céder anitl à Iimpreflion du fluide nourricier. On peut fe rcpréfenter une fibre fimplf comme une efpece d'ouvrage à réfeati. Les atomes nourriciers s'infinuent dans les mailles , & les agrandiiient peu à peu en tout fens» Les vailTeaux qui reçoivent l'aliment grof- fier qui vient du dehors , & ceux qui le pré- parent , font nourris par d'autres vaifTeaux plus petits , deftinés à répandre cet aliment par-tout. Ces vaifTeaux verfent le précieux extrait dans les interftices que les fibres laiiTent entre elles , d'où il paiîe en fuite dans les mailles de ces dé-nieres par une forte de fuccion ou d'imbibition. Et comme les petits vaiîTeaux ont eux-mê- mes befoin d'être nourris , on peut fuppofer qu'ils fe nourriifent par eux-mêmes du fuc qu'ils contiennent , ou de celui qu'ils rencon- trent entre les divers paquets de fibres qu'ils parcourent. 92 CONSIDFRATIOKS XV. Limites de hxccroijjemeyit. Enfin , lorfque les mailles d'une fibre fîm- pie fe font autant agrandies que la nature & l'arrangement de leurs principes ont pu le per- mettre , cette fibre ceiTe de croître , & ne reçoit plus que la nourriture deftinée à remplacer celle que la tranfpiration & les mouvemens inteftins diilîpent (i). ^"fe' - .^ , .^^!::^^'- — ^= ~ — W§ C H A P I T R E . I I L De la génération des Corps organifés. Des Monfires & des Mulets en général, Prhu cipes & conjeàures fur leur formation. XVI. Introdti&ioih " Jl O u s les Corps organifés multiplient : & pendant que la loi des diiTolutions exerce fon empire deltrudif fur la mafle des Etres vivans , (0 tf Telles furent mes premières méditations fur Vac- cYoîjfement. J'ai tâché d'approfondir un peu plus ce fujct ténébreux dans quelques autres Ecrits , & en particulier dans îa Palingénéjîe philofopbique , fart. XL C'eft là qu'on verra ' des Observations direâ:es & très curieufes d'un habile Acadé- micien , qui confirment les principes que je m'étois faits dans ma jenneiTe fur la méchanique fccrette de XaccruijfemenL . SUR LES CORPS ORGANISÉS. n îa loi des générations préfide à la confervation des efpeces , & leur aflure l'immortalité. XVII. La génération efl un myflere qu'on décoiu vrira peut- être un jour, La génération efl: un de ces fecrets que la Nature femble s'être refervé. Je crois cependant qu'on le lui arrachera quelque jour. J'en juge principalement par le nombre & la nature des découvertes dont on a déjà enrichi cette ma- tière. Les vérités Phyfiques , fruits de Pobfer- vation & de l'expérience , fe multiplieront & fe perfedionneront fans cefle. Les vérités mé- taphyfiques , plus indépendantes des fens Se des machines 5 & liées à un petit nombre d'idées abftraites , ne fe multiplieront pas , fans doute , en même proportion. Une intelligence qui con- noîtrcHt à fond les forces de l'efprit humain , pourroit tirer l'horofcope des fciences , & pré- dire le degré de perfedion où chacune d'elles parviendra. Je ferois fort porté à penfer que la deftrudlion de notre globe n'arrivera que îorfque les hommes auront épuifé la connoif. limce des productions qu'il renferme. Mais cet événement tient à d'autres qui ne paroilTent pas plus prochains. , ^4 CONSIDFRATîONS XVIII. Deux hypothefes fur le lieu de PEmbriofu I". Les œufs ou les graines prolifiques. Le Germe exiftoit-il déjà dans la graine, ou dans l'œuf, avant la fécondation ? La poiiirier® des étamines , ou la liqueur que le mâle four- nit , n'ett - elle que le principe de fon dévelop» pement ? XIX. Z°. VEmhrion dans la liqueur féminak. Ou la matière féminale eft-elle le véhicule du Germe , & la graine ou Fœuf , le logement deftiné à le recevoir ? Ce font là deux hypothefes qui fe difputent la préférence , & leur combat n'eft pas près de^ finir. XX. Animaux fpermatiques. Une découverte imprévue , faite par le mi- crofcope dans le dernier fiecle , a paru donner de la fupériorité à la féconde hypothefe fur la première. Je veux parler de la découverte des Animalcules fpermatiqiieSé Ces Animaux , d'une petiteiTe extrême , ont paru iiager dans pref(j[us toutes les femences SVR LES CORPS ORGANISÉS, 9<: qu'on a foumifes à cet examen. On a comparé leur forme à celle du Têtard: leur tète eft groife & arrondie, & le refte de leur corps ell tres-effilé. La plus petite goutte de fcmence en renferme un nombre prodigieux. Oîi les voit s'y jouer avec une agilité merveiileufe , comme les PoiiTons dans un lac. Les fujets qui ne font pas encore en état d'engendrer , ceux qui font avancés en âge ou attaqués de maladies vénériennes , n'oifrent point de ces Animaux. XXL Syjîèmes auxquels ces Animaux ont donné naijfance. Sur ces faits réels ou apparens , on a ima- giné que les Animalcules fpermatiques étoient les auteurs immédiats de la génération. On l. fuppofé ingénieufement qu'ils fubilToient des niétamorphofes analogues à celles des Lnfedcs ou du Têtard. Mais on s'eft partagé fur la manière de la fécondation. Les uns ne voulant point reconnoître d'o- vaires dans les femelles des Animaux vivi- pares 5 ont eru que l'animalcule s'atta choit à quelque endroit particulier de la rnaîrice , d'où pis C ON s 1 D FRA TI 0 H s \ il tiroit la nourriture dcftiiiée à le faire j croître. I î Les autres , partifaiis déclarés des ovaires ., ■ -veulent que le Ver fpermatique s'introduife dans i la véjîcule , qui , félon eux , fe détache de Po- \ i)mre , & tombe par la trompe dans la matrice \ 8c que ce foit dans cçtte véficule qu'il prenne j fes premiers accroilTemens. i XXII. Application âhm de ces fyfiêmes à la \ génération des Fiantes. \ Ces Phyficiens appliquent aux grains de la ; poiijjiere des et aminé s ^ ce qu'ils difeut des Ani-^ \ maux fpermatique s. \ Ils regardent chaque grain renferme dans ^ un globule des et aminé s ^ comme un petit œuf, ; qui contient le Germe de la Plante future. Ils ] nous font remarquer , que la graine , avant la ' fécondation , n'eft qu'une véficule pleine d'une \ liqueur limpide , dans laquelle les meilleurs i microfcopes ne nous découvrent aucune trace j d'embryon ; mais que fi l'on examine cette même \ graine après la fécondation , on y appercevra J, un point verdàtre, fort reiTemblant à un grain \ de la pouffiere des étaniines. i XXIIi \ WR LES CORPS ORGANISÉS. 97 XXIIL Doîites & dijfîctdtés fur le fyjîème clef Animaux fpsrmatiques. Lé fyftènle des Vers féminaux eft afTuréméiiÊ i^igénieux, & il femble au premier coup-d'œil, irètre pas deftitiié de probabilité. Quelques- obfervations cependant le rendent au moins douteux 3 pour ne rien dire de pins. On n'a pu découvrir de ces Vers dans la femence de quelques animaux. On a découvert dans celle du Calmar , de petits corps à reifort , qui paroilient être ana- logues aux Vers fpermatiques , & qui pour- roient faire douter que ces Vers foient de vé- ritables animaux (i). En les fuppofant tels , il y auroit Heu de p en fer , qu'il en efl: de la liqueur féminals comme de tant d'autres efpeces de liqueurs 4 que l'AuTEUR de la Nature a jugé à propos de peupler de diiiérentes efpeces d'habltans. Enfin , on croit avoir apperqu de fembla- (i) Nouvelles découvertes faites avec le tnicrcfcvp^ t pai T» NeedhaM. Leide, Liîzac 1747, Chap. V. Tome l\ Q 5)8 C 0 N S I D FRA TIO N S blés Vers dans la femence de quelques femelles de Quadrupèdes. Quelle place affigneva-t-on à ces Vers; quel rôle leur fera-t-on jouer dans le fyftème dont nous parlons ? Imaginera-t-on qu'ils s'accouplent avec ceux qui habitent la femence du mâle , & que de ces accouplemens naiflent les Germes , au- teurs de la génération ? Ce feroit reculer U difficulté d'un degré. Conjecturer A-T-ON qu'ils fe greffent, ou s'uniifent les uns aux autres, pour former dif- fère ns Touts individuels ? XXIV. Réflexions fur les îtouvelles conje&ures qiCon petit imaginer pour expliquer la géné- ration, Oserois-JE joindre ici mes conjedtures fur la génération , à celles de tant de favans Phy- ficiens qui ont traité cette matière ? Une réfle- xion que je crois jufte , m'enhardit à le faire- On ne fauroit avoir trop de conjedure$ fur lui fujet obfcur. Ce font autant de fils qui SUR LES CORPS ORGANISÉS. '9^ peuvent nous conduire au vrai par différentes routes , ou nous donner lieu de découvrir de nouvelles terres. Les conjedures font les étin* celles , au feu defquelles la bonne Phyfîque allume le flambeau de l'expérience. Je loue la lîiodefte timidité des Phyliciens , qui s'en tien- nent aux faits j mais je ne faurois blâmer la liardieife ingénieufe de ceux qui entreprennent quelquefois de pénétrer au-delà. LailTons agir l'imagination j mais que la raifon tienne tou- jours la bride de ce courfier dangereux. Tour- jions-nous de tous les côtés : formons de nou- velles conjedures 5 enfantons de nouvelles liypothefesj mais fouvenons-nous toujours que ce ne font que des conjedures & des hypo- thefes , & ne les mettons jamais à la place des faits. C'est dans cet efprit que je hafarde de publier mes fonges fur la génération. XXV. Principe fo^îdamental fur la génération. Tout Corps organifé croît par dévelop- p^ement. Au moment où il commence d'être vifible, on lui voit, très-eu petit, les mêmes parties G 2j :i30 C G N s I D E'RA T I 0 N^ elTentielIes qu'il offrira plus en grand dans la fuite. t'^ELQU'EFFORT que nous fafîîons pour ex- pliquer méchaniquement la fbnnation du moin- dre organe , nous ne iaurions en venir à bout. Nous fommes donc conduits à penfer ^ que les Corps organifés qui exiil:ent aujourd'hui , exiftoicnt avant leur nallfance dans des ger- mes ou corpurcuies organiques. XXVÎ. Q^ie la génération 7i^ejl qiCnn dévelop^ . cernent. L'acte de la génération peut donc n'être que le principe du développement des germes. XXVIL Qtie ce développement s'opère par la nutrition. Le développement s'opère par la nutrition. La nutrition n'eft proprement que l'incor- poration des fucs nourriciers dans les mailles des £bres élémentaires. Ces priHcipes pofés , je demande : .SUR LES CORPS ORGANISÉS. lor XXVIII. Liqnsnr féminité , fiic nourricier du Germe ? La. pcufliere des étamiues & la liqueur fe- minale ne contiendroient- elîes point les fucs nourriciers , deiHnés par leur fubtilité & par leur adivicé extrêmes à ouvrir les. mailles du Germe , & à y faire naître un développement , que des fucs. moins. 6ns & moins, élaborés n'a- voient pu commencer , mais qu'ils peuvent continuer & amener à fou dernier terme? XXIX. Application aux principaux phénomène^ de la génération. Étendons un peu cette conjedlure , & tâ- chons de l'appliquer aux différens cas que ren- ferme la matière qui nous occupe. On peut les réduire à trois principaux; La. relTemblance des enfans au pei-e & à lii mère , les Monjires , & les Mulets. Fixons-nous à Phypothefe qui admet des œufs ,dans les femelles vivipares , & qui recon^ nolt ces œufs pour le lieu des Germes , js veux dire, pour prolifiques^ G 5 102 CONSID F RATIONS XXX. Des Monftres, On nomme Monjlre toute produdion orga- nifée, dans laquelle la conformation, l'arrange- ment, ou le nombre de quelques-unes des par- ties ne fuivent pas les règles ordinaires. XXXI. Quatre genres de Monflres, De là, quatre genres de Monftres. Le premier renferme ceux qui font tels par îa conformation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties. Le fécond genre comprend les Monftres qui ont quelques-uns de leurs organes , ou de leurs membres autrement diftribués que dans Fétat naturel,- Le troifiëme genre embraffe les Monftres qui ont moins de parties qu'il n'en a été donné à l'efpece. Le quatrième gente Renferme ceux qui ont, au contraire , plus de parties que l'état naturel ne le comporte , foit que ces parties ne foient pas propres à l'efpece , foit que lui étant pro- pres 5 elles s'y trouvent en plus grand nombre. SUR LES CORPS ORGANISÉS, 103 XXXIL Des Millets, Les Mulets font des cfpeces ds Monftres , qui. proviennent de Paccouplement de deux in- dividus d'efpeces différentes, & qui participent âinfi de la nature de l'un & de l'autre. La reifemblance des Mulets avec les indivi- dus dont ils. tirent leur origine , ne fe mani- fefte pas d'yne manière uniforme dans- toutes les efpeces s c'eft-à-dire , qu'elle n'a pas: lieu conftammcnt dans les mêmes parties. On croit cependant avoir remarqué , qu'en général le corps du Mulet tient plus de la femelle que du mâle , & que les extrémités tiennent plus. du mâle que de la femelle. XXXlIi, Qiiejlions fur la génération dans Phy^. pothefe de l'Auteur, Sî les germes font contenus originairement èàx\s les ovaires de la femelle , & 11 la matière féminale n'eft qu'une efpece de fluide nourricier, deftiné à devenir le principe du développement ,. d'où viennent les divers traits de rellemblance des enl-ans avec ceux qui leur ont donné le jour ? Pourquoi les Monftres ? Comment fe forment les Mulets ? G. 4 104 CONSIDERATIONS Laissons, le'premier cas, comme moins frap- pant , & toujours un peu équivoque. Attachons- iious aux deux derniers , plus iiïfc^tibles de détermmation & d'analyfe. XXX IV, TenPutives pour refondre- quelques-unes, de ces quejiions. On expliqueroit afiez heureufement par F'hy- potliefe propofée , le premier , le troillemc 8z qyatiieme genre de Monftrcs , en fuppoflme pour b premier êc le troiileme , que la mar- che ou Topération. du fluide fémmal , a été troublée ou. modifiée par quelqu'accident : & en admettant pour le quatrième genre , que deux; germevS fe font développés à.l^ fois , dont Fun a fourni à l'autre par une efpece de greiie 3^ \ine ou plufieurs parties furnumir.aires. Le fécond genre eft beaucoup plus difficile. à expliquer r ^ il ne me paroit pas qu'on en piiilTe rendre raifori qu'en recourant a Thypo- thefe des germes originairement monftrueux : refuge beureu-x , mais qui ne plait ,pas égale- ment, à tous- les FîiyficienS'. LiESi, rapports des Muîets avec les efpeces. aii^r^ quelles, ils doivent;, ki nailTapce , peuvent SUR LES CORPS ORGANISÉS- 107 être rangés fous plufieurs genres. Nous ne confidérerons ici que les rapports de couleur, & les rapports de forme. Les rapports de couleur s*expliquent facile- ment par rhypothefe de la liqueur féminale 5 con il dé ré e comme fluide nourricier. On fait combien la qualité des aliniens influe fur la couleur des Corps organifés. La Garance rougit les os des animaux qui s'en nourriifent. Oii varie les nuances des végétaux en leur faifant pomper différentes sfpeces de teintures. Et c'eft, pour le dire en paffant, un genre d'expériences qui eft bien digne de l'attention des Pliyiî- ciens. Il feroit très-propre à perfectionner PHif- toire de la végétation , & à nous découvrir la "véritable deftination des principaux organes (i). Mais , dira-t-on , les couleurs que le fluide féminal imprime au Germe devroient s'altérer peu à peu , & s'eiFacer enfin entièrement. Je réponds que la difpolltion à réfléchir cer- taines couleurs , dépend de la nature Se de l'arrangement des parties 5 or , cette nature & (î) Voyez mes Recherches fin' ttifnge des feidlks daus les Jetantes, Mémoire V. Leide, 1754, in-^^. Oeuvres, Tome IV, 10^ CONSIDERATIONS cet arrangement étant une fois déterminés , il paroît très-pofîible qu'ils fe confervent, & que les nouveaux fucs , qui furviennent , s'accom- modent à cette détermination , comme nous l'entreverrons bientôt. La nourriture influe encore beaucoup> fur les proportions de toutes les parties : & cette vérité fi connue nous conduit aux rapports- de forme. Deux objets principaux s'offrent ici , à notre méditation j le Germe , & le fluide féminal. Analyfons ces deux idées autant que nous en fouîmes capables» XXXV. Idée qiCon doit fe faire du Germe. On dit que le Germe efl: une ébauche ou une eiqulife du Corps organifé. Cette notion peut n'être pas aifez précife : ou il faut entre- prendre d'expliquer méchaniquement la forma- tion des organes , ce que la bonne Philofophie reconnoit être au- deiliis de fes forces : ou il faut admettre que le Germe contient aduelle- ment en raccourci toutes les parties eflentielles à la Plante ou à l'Animal qu'il repréfente. SUR LES CORPS ORGANISÉS 107 XXXVI. Conféqtmice de cette idée, La principale différence qu'il y a donc entre le Germe & F Animal développé > c'eft que le premier n'eft compofé que des feules particules élémentaires , & que les mniiies qu'elles for- ment y font auffi étroites qu'il eft poilible 5 au lieu que dans le fécond :, les particules élémen- taires font jointes à uiie infinité d'autres par- ticules que la nutrition leur a aifociées , & que les mailles des fibres limples y font auffi larges qu'il eft poilible qu'elles le foient , relativement à la nature & à l'arrangement de leurs principes. XXXVII. Autre coiiféquence tirée de lou variété des parties^ La variété qui règne entre toutes les parties de l'Animal , foit à l'égard des proportions , foit à l'égard de la coniiftance , indique dans les élémens une variété relative dont celle-là dépend. Ainll les £bres élémentaires des os ont originairement plus de confitlance , & font moins fufceptibles d'exterlion , que celles des YaiiTeaux ou des membranes. io8 C UN S I D FR A Tl 0 N S XXXVIII. Rapports de la liqueur féminale à ces variétés. Le degré d'extenfion de chaque organe eft de plus relatif à la puiiîluice qui Pa produit. Cette puiirancc eft ici , le fluide nourricier ou la liqueur féminale. Il y a donc entre ce Ruide & le Germe, cerciAins rapports^ qui déterminent ]a confiftance & Texteniion de chaque partie. Ces rapports , G nous voulons railonner fur des idées connues , ne fauroient être que des rapports de forme , de proportion ,. de mouve* ment , de chaleur , &c. XXXIX. St (profitions de l'Auteur, A ces réRexions générales , je joindrai quel- ques fuppolitions particuHeres. Je fuppofe , i^\ qu'il y a dans la liqueur féminale autant à'^Ç- peces d'éiémcns qu'il en entre dans la compo- fition au Germe. 2^. Que les élémens d'une même efpece , font plus difpofés à s'unir , que ceux d'efpeces diiférentes. 3®. Que les mailles de chaque partie obfer- vent une certaine pi'oportipn a\^c les m.olécu- les relatives de la femence. SUR LES CORPS ORQAI^ISÉS. 109 4^. Que PeHic'ace de la liqueur fémiiiale dépend du degré de fon mouvement & de (a chaleur , & du nombre des particules élémen- taires de chaque efpece. XL. Ejjhi d'explication du Mulet. Ces principes pofés, la génération des Mulets fenible s'éçlaircir jufqu'à un certain point De l'aecouplement d'un Ane avec une Jument nait le Mulet proprement dit. Cette produdion exiftoit déjà en petit , mais fous la forme d'un Cheval dans les ovai- res de la Jument. Comment ce Cheval a-t-il été métamor- phofé ? D'où lui viennent en particulier ces longues oreilles? Pourquoi la queue eft-elle Ç\ peu fournie de crins ? L'éclaircillement de ces deux points achèvera de développer ma pe nfée. Je dis donc, que les élémens de la liqueur féminale répondant à ceux du germe , la fe- jnence de l'Ane contient plus de particules pi^opres à fournir au développement des oreilles que n'en contient celle du Cheval ^ à que d'ua tîO C 0 NS I DE'R A TI 0 N s autre côté , elle a moins de particules propres à développer la queue, que n'en a cette dernière. De>la Pexcès d'along'ement dans les mailles des oreilles , & l'oblitération d'une partie de celles de la queue. XLI. Ohje&ions ^ réponfes. Ok m^objedlera fans doute 'que les femences & les germes d'mie même elpece doivent fe répondre exadement , & que par conféquent il n'y a que la femence du Cheval qui puifle faire développer les germes contenus dans les ovaires de la Jument. I Je réponds , qu'on peut fuppofer fans aucune abfurdité , que dans le rapport de la femence & du germe , il eft une certaine latitude , qui permet à la liqueur féminale d'un Animal de développer les germes d'un autre qui n'en dif- fère pas extrêmement en forme Se en grandeur. On m'objeclcra encore que les notions que }e donne de la liqueur féminale & du germe font trop compofées , vu la multitude des é)é- mens que j'y fais entrer , & la diverfité" des combinaifans qu'elles fuppofeut. SUR LES CORPS ORGANISÉS, iiî Je réponds , que nous ne faurions nous faire de trop grandes idées de Fart qui règne dans les ouvrages de la Nature, & fur-tout dans h firudure des Corps organifés. Une autre objedion beaucoup plus confidé- rable , eft celle qui fe tire de certains Mulets , dans lefquels on obferve des parties qui ne tiennent abfolument que du mâle. Tel eft ce Mulet qui provient de l'accou- plement du Coq avec la femelle du Canard , & qu'on alTure avoir des pieds parfaitement reffemblans à ceux du Coq. J'avoue que je ne faurois llitisfaire à cette ©bjedion , Ci le fait eft tel qu'on le rapporte ; mais je doute de la parfaite relTemblancc de ces pieds avec ceux du Coq : j'en appelle donc à un examen plus approfondi. XLII. Importance des expériences fiir les Mulets. Je fouhaiterois fort auflî qu'on multipliât les expériences fur la génération des Mulets. Rien ne feroit plus propre à répandre du jour fur cette matière tcnébreufe. Les végétaux pourroient beaucoup fournir en ce genre. ri2 CONSID F RATIONS Je dcfirerois fur-tout qu'on s'alTurât , fi dans les petits qui proviennent d'individus de même efpece, & d^ns ceux qui proviennent d'indivi- dus d'efî^eces diiFérentes , il eft conftamment des parties qui tiennent plus du mâle , & d'autres qui tiennent plus de la femelle , & f\ cette reiièmblance eft toujours uniforme , ou fi elle varie ? Dans Fun & Poutre cas , on pourroit faire i-ntervenir la liqueur feminale de la femelle, & raifonner fur cette liqueur comme j'ai fait fur celle du mâle. On pourroit conjedurer avec quelque vrai- femblance pour le premier cas , que la femence de la femelle contient les élémens particuliers à une ou pluGeurs parties , & celle du mâle ceux qui font propres aux autres. Pour le fécond cas, on admettroit que ces combinaifons changent dans dirférentes efpeces. A l'aide de ces conjcdurcs on pourroit par*^ venir à rendre raifon des divers traits de ref- femblance qu'on croit obfcrver entre les enfans & ceux auxquels ils doivent la nailfmce , mais il fau droit toujours établir pour principe , que les SUR LES CORPS ORGANISÉS. ii3 ΀3 deux femences ne fauroieiit agir Tune fans l'autre. On pourroit encore avec le fecours de la même hypotheie , expliquer la formation dé quelques Aîonfires. Par exemple , (î deux Animaux dont les femences ne contiendroient que les éiémens propres au développement du tronc , venoient à s'unir , ce qui en proviendroit feroit une nialFe oblongue , un tronc fans extrémités. XLÏII. Prmcipe de In circulation dans le germe. La génération renferme un autre point auffi intéreirant qif il eft obfcur. Je veux parier du principe de la circulation dans le germe. Voici comment je conqois la chofe. Je ne penfe pas qu'il fe faife aucune circulation daiîs le germe non fécondé. Je crois plutôt que tout • y ell dans un repos parfait, (Se que les folidcs ne contiennent alors aucune liqueur (i)i mais pendant la tccondation, la liqueur féminale ell CO tt Je me trompoîs : j'ai donné ailleurs des idées plus jiiftes de cette mntiere, & en particulier dans le Chap. VU, 4e ia îeconde partie de cet ouvrage. Tome V. H. XI4 CONSIDFRATIONS portée dans les organes de la circulation, du^ germe. Elle les dilate , & cette dilatation étant naturellement fuivie de la réaction du vaiiTeau fur la liqueur , la circulation commence à s'o- pérer. Le fluide féminal porté par cette voie à toutes les parties, ouvre les mailles des fibres iimples, & les met en état de recevoir les fucs que la matrice leur envoie. Elles continuent ainfi à s'élargir par une efpece de dudilité analogue à celle des métaux , jufqu'à ce qu'elles aient atteint les bornes de leur extenfioii ref- pedive. XLIV. Manière dont V Auteur envifage [on > hypothefe. Tout ce que je viens d'expofer fur la gé- nération , on ne le prendra , Ç\ l'on veut , que pour un roman. Je fuis moi-même fort difpofé à l'envifager fous le même point de vue. Je fens que je n'ai fatisfait qu'imparfaitement aux phénomènes. Mais je demanderai C\ l'on trouve que les autres hypothcles y fatisfaifent mieux. Je ferai là-deffus deux réflexions. XLV. Réf exions. La première , que je ne faurois me réfoudre S!UR LES CORPS ORGANISÉS, iif à abandonner une auffi belle théorie que l'eft celle des germes préexiftans ^ pour embraiTer des explications purement méchaniques. La féconde , qu'il me paroit qu'on auroic du tâcher d'approfondir davantage la manière dont s'opère le développement , avant que de chercher à pénétrer celle dont s'opère la géné- ration. CHAPITRE IV. De la multiplication de bouture & de celk par rejeftons. L XL VI. Faits principaux. [A confervation de la vie dans chaque por- tion de l'individu diviie , i'accroi (renient de cette portion , la production de fes nouveaux organes , la multiplication par rejetions , font les principaux faits qui s'oifrent maintenant à notre examen. XLA^II. Premier fait. La confervation de la vie. Explication. Le premier fait s'explique facilement j dè^ n^ tONSIDrilATlOUS . qu'on admet que chaque portion contient tou« tes les parties héceflaires à la vie de rAnimal ? & que leur llrudlure elt telle, que leur (éparri^ tien du Tout ne cauCe aucun dérangement dans leur jeu. L^OBSERVATION Confirme Pune & l'autre de ces fuppofitions : elle nous montre les princi- paux vifceres étendus d'un bout à l'autre du corps dans les Vers que j'ai multipliés de bou- ture, & dont j'ai publié Phiftoire en 1745 (i); & elle nous en découvre le jeu jufque^ dans les moindres portions que la feclion fépare. Enfin , elle nous apprend que les plaies qu'on fait à ces Animaux en les mettant en pièces , fe confolident avec une extrême faci- lité , par la difpolition finguliere qu'ont les lèvres des vaiiîeaux rompus ou déchirés , à fe rapprocher & à fe réunir. Les fondions vitales n'étant point interrom- pues par la fec1:ion , le lue nourricier que cha- que portion renferme , continue d'être porté à toutes les parties pour les nourrir & les faire' croître. (0 Tyaiié d'Infeâîologie $ féconde Partie , Paris , in- g». OcHvrêi 3 Tome I, SUR LES CORPS ORGANISÉS. 117 XLVlil. Secoyid fait. La confolidation de la flaie ^ PaccroiJJhfient, Explication, La manière dont cet accroiirement s'opère revient précifément à ce qui le pafTe dans ua arbre auquel on a enlevé de l'écorce. Les bords de la plaie fe rapprochent continuellement par Textenfion des fibrilles dont ils font garnis > Se peu à peu il fe forme ainfi fur la plaie ua bourlet qui la recouvre. A ce premier ouvrage de la Nature en fuc- cede bientôt un autre plus confidérabl^ ; & auquel celui-là fert , pour ainii dire , de prépa- a:atif, je veux parler de la production des or-, ganes qui manquent aux diliérentes portions du Ver pour devenir des Animaux complets. Arrêtons-nous un moment à fuivre une de ces portions qui ont été mutilées aux deux extré- mités. XLIX. Treijîeme fait, La prodti&ion d'arme iiou-^. velle tête çf? d'iuie nouvelle queue. Explicatioito A l'extrémité antérieure doit paroitre une tête , à la poftérieure une queue. Du milieu du bourlet , ibuvent infenfîble , qui fe forme ci, chaque extrémité,, fort un bouton très- petite H 3 Îi8 CONSIDE'RATIONS d'iuic couleur plus claire que le «efte du corps. Il groOit par degrés , & prend la forme d'une pointe moulîe. Cette pointe s'aîonge de jour en jour j bientôt on y découvre des anneaux, au travers delquels paioilTent de nouveaux ¥ifceres 5 qui fembîent n'être qu'un prolonge- rnent des anciens. Enfin , la tète ûc la queue fe montrent 5 accompagnées de toutes les par- ties qui leur font propres. C'eft un Ver par- fait 5 auquel il ne manque p'us que d'acquérir la grandeur de ceux de fon efpeceo On voit par ce petit détail , qu'il en eft de îa multipiication de ces Vers par bouture , comme de celle des plantes. Tout s'opère dan^ les uns & dans les autres par un développe- ment de parties préexiilantes. >suile méchani- que k nous connue , capable de former un cœur 5 un cerveau , un ePcomac , &,c. Les ger- mes répandus dans tout le corps de ces Ani- maux, n'attendent , pour fe développer 3 qu'una ciiconilance flivorable. La fection produit cette circonftance. Elle, détourne ^ au profit des germes , la partie du fluide alimentaire , qui auroit clé employée à. raccroifîement du Ver entier ; de la même ma- râere ^ à-peu^-près ^ qu'en étetant un arbre , 014 SUR LES CORPS ORGANISÉS. I19 en taillant une de fes grofTes branches , on voit fortir autour de la coupe , un grand nom- bre de boutons , qui , fans cette opération , ne fe feroient point développés. L. Difficulté. Cette explication , quoique très-fimple , n'efi: cependant pas exempte de difficultés. Suivant la notion que j'ai donnée du germe , c'eft un Animal , pour ainfi dire , en miniature : toutes les parties que les Animaux de fon efpece ont en grand , il les a très-en petit. Or , dans Tapplication de cette idée aux cas dont il s'agit, il n'y a que quelques parties du germe qui fe développent , la tète dans le germe placé à la partie antérieure de chaque portion , la queue dans celui qui eft à la par-= tie poftérieure. Que devient dans le premier germe la queue ? dans' le fécond la tète ? Pour- quoi , lorfque le développement a commencé dans quelques-unes des parties , ne continue-t- il pas dans toutes les autres ? Les mêmes queftions ont lieu à l'égard des plantes : les germes que l'on fuppofe avoie donné naifîiince aux branches, contenoieut un^ Î20 CONSID F RATIONS plante en petit. Il en étoit de même de ceux d'où, font provenucs les racines. Les uns & les autres ne fe font donc développés qu'en partie. LL RcpofTfe a la difficulté. Ces diiBcukés , approfondies jufqu'à un cer- tain point , fe rcduifent , ce me femble , à imiir giner des caui'es capables d'empêcher le déve- loppement de qraeîuucs parties du germe : en eiïÊt, je ne penfe pas qu'on veuille admettre des germes particuliers, pour chaque organe , i3t LXVI. Réflexions fur la rejfemhlance des eU'* fans à leurs far eus. J'avouerai cependant, qu'il eft des traits de reilemblance entre les enf^ms , & ceux auxquels ils doivent le jour, que je ne fuis point encore parvenu à expliquer par Phy- pothefe que je propofe. Mais ces traits ne font - ils point équivoques ? Ne commettons- nous point ici, le fophifme que les Scholaf- tiques appellent 7ton caufa , pro caufa : ne pre^ nons-nous point pour caufe ce qui n'eft pas caufe? Un père bolTu a un enfant boffu; ou en conclut auflî-tôt que l'enfant tient fa boife de fon père. Cela peut être vrai , mais cela peut aulîî être faux. La boife de l'un & celle de l'autre peuvent dépendre de différentes eau-, fes, & ces caufes peuvent varier de mille manières. Les maladies héréditaires fouifrent moins de difficultés. On conçoit facilement que des fucs viciés doivent altérer la conftitution du germe» Et ^i les mêmes parties qui font affectées dans le père, ou dans la mère, le font dans Peu- fant, cela vient de la conformité de ces par- ties qui les rend fiîfçeptiblçs des mêmes al. térations. I4 Î36 CONSIDE' RATIONS Au refte , les difformités du corps décoii- njçnt fouvent de maladies héréditaires ; ce qui diminue beaucoup la difficulté , dont je parlois il n'y a qu'un moment. Les fucs qui dévoient fe porter à certaines parties étant mal condi- tionnés , ces parties en feront plus ou moins défigurées , fuivant qu'elles fe trouveront plus ou moins difpofées à recevoir ces. mauvaifes impreffions. LXVII, Sixième qiieftian: Pourquoi les. Mulets n^engendreut-îls pomt ? Sixième question. Pourquoi les Mulets iVengendrçnt-ils point j' RÉPONSE. L'auteur de la Nature ayant voulu limiter les cfpeces , a établi un tel rap- port entre la liqueur féminale & le germe, que les organes de la génération de celui-ci,. ne iliuroient être développés en entier que par le xiuide féminal propre à fo.n cfpece. Je d'is en entier, parce qu'il y a une diltinélioti de fexe dans les À^ideW x ninls cette diftinc- îion eli incompiette , puirqu'ils. Ji'engendrenfe -^oiiiX^ (i) L>es vaiileaux que le fluide fénii-, (0 tt (Itîand fécrivok ceci, fignorols qu'il y eût, i\e% jireuves dii çontxaire ; je ies iiuiiquerai ailleurs. SUR LES CORPS ORGANISÉS. T37 nal n'a pu développer , ou qui font demeures oblittérés dès la conception , donnent lieu- à cette impuiflai-ice, LXVIII. Septieyne quejlion: Les germes qui ^ dans les plantes^, donnent naijfcvice aux bran- ches , produifent-ils encore la plantiile logée dans la graine^ Septième auESTiON. Les mêmes germes qui 5 dans les végétaux , produifent les bran- ches & les racines, donnent -ils encore naif- iance à la petite plante renfermée dans la graine 5> RÉPONSE. "Le germe qui efi: contenu dans la graine , ne lauroit fe développer fans le iecours de la ponjjiere des étcan'uies. Cette pouf- fiere renferme une liqueur , que Ton peut fup- pofer être la plus lubtiie & la plus adive de toutes celles qui circulent dans la plante. Les germes qui donnent nailTance aux branches & aux racines , fe développent lans fécondati'on , du moins apparente. Un fluide moins fubtil & moins acT:if que le fluide féminal , fuffit donc pour le développement de ces germes : d'où l'on peut légitimement conclure qu'ils différent de ceux qui produifent la Flantule , en ce qu'ils font plus grands , ou que leurs mailles font moins ferrées. 138 CONSIDERATIONS On ponrroit foupqonner que la liqueur des étamines pénètre dans le corps de la plante ^ & y féconde les germes dont nalifent les bou- tons. Mais le retranchement des fleurs n'em- pêche point la plante de pouiTer de nouvelles branches > & de nouvelles racines. Faites une forte ligature à une branche : il fe formera au-delfus de la ligature , un hoiirlet. Coupez la branche à l'endroit de la ligature , & plantez -la en terre : elle y reprendra avec beaucoup plus de faciUté & de promptitude, qu'elle n'auroit fait fans cette petite prépara- tion. La hgature, en interrompant le cours du fluide nourricier , le détermine à fc porter en plus grande abondance aux germes qui fe trou- vent placés au-deflus de la ligature. L'art avec lequel toutes les parties de la • plante font difpofées dans la graine , nous aide à concevoir celui que fuppofe l'arrangement de ces mêmes parties dans le germe primitif. LXIX. Huitième quejîïon : Comtnejtt fe forme une nouvelle écorce , wie nouvelle peau ? Huitième question. Si toutes les parties d'un Corps organifé cxjltoient , en petit , dans SUR LES CORPS ORGANISÉS, I39 le germe , s'il ne fe fait point de nouvelle produclion , comment concevoir la formation d'une nouvelle écorce, d'une nouvelle peau , &c. ? RÉPONSE. Toutes les fibres d'un Corps or^ ganifp ne fe développent pas à la fois. Il en eft un grand nombre qui ne peuvent parvenir à fe développer qu'à l'aide de certaines circonf- tances. Telles font les fibres qui fourniifent aux reproductions dont il s'agit ici. La plaie faite à l'ancienne peau , détermine les fucs nourri- ciers à fe porter aux fibres invifibles , qui en- vironnent les lèvres de la plaie , &c. Mais fans recourir à J'exiftence de ces fibres invifibles , on peut fe contenter d'admettre , que les fibres des environs de la plaie étant mifes plus au large par la deftrudion des fibres qui les avoi- finoient, & recevant tout le fuc qui étoit porté à celles-ci j doivent naturellement groifir , 8ç s'étendre davantage, LXX. Neuvième qîiejîion : Si les mues ^ les métmnorphofes des Infecîes , la prodn&iou des dents , la reprodn&ion des pattes de r Ecrevijje prouvent qu'il eji des germes appropriés à dif^ férentes parties if JÎEuyiEME Q.UESTION. Les mues de diiférens I40 CONSIDERATIONS animaux, leurs mctamorphofes , la reproduction des pattes des EcreviiTcs , ceiJe des dents , &c- ne prouvent^elles pas qu'il, eft des germes parti- culiers , deftinés à la reprodudion de diiîeren-^ tes parties ? RÉPONSE. Si nous ne pouvons expliquer méchauiqaeinent la formation d'une fimple fibre , au moins d'une manière à fatisfaire la raifon , comment expliquerions - nous par la même voie , la reproduction d'organes auiîï cômpofés que le font ceux de la plupart des Infectes ? Qiielle méchanique préfidera à la for- mation d'une dent 3 d'une jambe , d'un œil , &c. ? Si l'on veut préférer é^es idées aiTcz claires , à des idées très - obfcures , on conviendra que toutes ces parties exiftoient en petit dans le germe principal. Ainfi le germ.e de l'Infede qui fe métamorphofe , contient acl;uellement toutes les enveloppes dont cet Infede doit fe défaire , & tous les organes qui les accompagnent. Ces diiférentes peaux emboîtées les unes dans les autres , ou arrangées les unes fur les autres , peuvent être regardées comme autant de ger- mes particuliers , renfermés dans le germe principal. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 14Î :' J'ai eu recours à une autre hypothefe pour rendre niifon de la multiplication de bouture & de celle par rejettons , parce qu'il m'a paru que ce font des productions d'un genre différent. LXXL Dixième qiiefiion : Un germe d'aune efpece donnée peut-il fe développer dans un Tout organifé d'aune efpece différente ? Dixième question. Un germe d'une efpece donnée , peut-il fe développer dans un Corps organifé d'une efpece différente : le germe du Tctnia , par exemple , porté dans notre corps , & abreuvé des fucs les plus propres à la nour- riture de ce Ver, parviendroit-il à s'y déve- lopper ; & feroit - ce là l'origine des Vers du corps humain ? RÉPONSE. Comme je ne crois pas que le germe de la Tulippe puiffe jamais fe dévelop- per dans la Rofe , je ne penfe pas non plus , que le germe du Tdinia puiife fe développer dans le corps humain , comme dans fa matrice naturelle. Je crois qu'il n'eft point dans la Nature de loix plus invariables , que celle qui ordonne que les germes d'une efpece ne fe développent point dans des Corps organifés d'une efpece diiféreute. Ainli , quoique l'origine J^t CONSIDERATIONS \ i des Vers du corps humain foit extrèmefnens ! obfcure , je préférerai toujours de fufpendre ! mon jugement fur ce fujet , à embrafTer l'hy- j pothefe dont je viens de parler (i). LXXII. Réfexions fur Porighie des Vers du ! corps hmnain. Une Mouche va dépofer fes œufs dans le iiez du Mouton. Une autre Mouche , plus ! hardie encore , va pondre dans le gofier du j Cerf (2). Lorfqu'on ignoroit ces fait? , on étoit : auffi embarraffé fur forigine des Vers du nez ■ du Mouton , ou fur celle des Vers du 'gofier du Cerf ^ qu'on l'eH: aujourd'hui fur l'origine des Vers du corps humain. Un heureux hafard , : des obfervations plus fines ou plus poulfées , ; nous découvriront un jour le myftcre, & nous j apprendront qu'il en eft de l'origine des Vers i du corps humain , comme de celle des autres i animaux* '. Si le Tmiia exiftoit dans la terre , comme Taffure un habile Naturalifte , le problème feroit Ct) Je renvoie fur ce que je viens de dire des germes, a | la note que j'ai placée à la fin du Chapitre précédent ' I (2) Mémoires fur les Infeiîes^^^x M. de R eau MUR, Tom. j !V & V. SUR LES CORFS ORGANISÉS. 143 facile à réfoudrCo Mais robfervation fur laquelle ce fait repofe , n'a point été répétée , & elle manque des détails qui auroient été propres à la conftater (i). Le T^nia eft commun à difFérens animaux: la Tanche Se le Chien y font fort fujets. On imagine aifément comment cet Infede peut palfer du corps de ces animaux dans celui de VHomme. Mais comment s'introduit-il dans l'in- térieur de la Tanche ? Les eaux font encore' moins connues que la terre: feroient- elles la vraie patrie du Tc^nia ? Les femences invifibles de ce V'er ou le Ver lui - même , encore petit , paiTeroient - ils avec les alimens dans les inteC- tins de la Tanche ? Mais le même Infede peut- il vivre également dans l'eau , & dans le corps d'un animal vivant ? Les obfervations de Plan- tes qui ont germé dans l'eftomac , & les intef. tins de divers animaux , celles d'Infedes ter- reftres ou aquatiques qui font fortis du corps de plufieurs perfonnes , rendroient cette con- jedure plus probable, Ci elles étoient plus fCires, ou mieux conftatées (2). Quoi qu'il en foit , CO Voyez ma Diflertation fur le Ttenia^ premier Volume des Savam Etrangers, Oeuvres , Toîiie III. (2) ft J'avois douté fortement de l'exadlitude des obferva-. 144 CONSIDERATIONS nous voyons les hommes & les animaux fé faire à des climats tres-ditFérens , & quelquefois tions qu'on troiU'c fur ce fujet dans je i:e fais combien d'écrits. Je puis aujourd'hui en rapporter qui me parolifent me'riter la confiance du Naturaliite philofophe. J'ai en m^iin la copie d'un certificat figné par iin Médecin & par un Chirurgien i\n^lois fous la date du i8 Juillet I7'55 , qui prouve que des Cloportes font fuitis vivans du corps d'une jeune fille , qui ΣS avoit rendus avec de grands vomilTemens. Le certificat porter qu'elle avoit avalé quelque temps auparavant , de ces ïnfeftes vivans. Ceux qu'elle rejetta , dont le nombre étoiÊ prodigieux , étoient renfermés dans une humeur vifqueufe. Il y en avoit de toute grandeur i ce qui pfoitvcroit qu'ils s'étoient «léveloppés dans l'eftomac en des temps différcns. On trouve dans l'Hiftoire de l'Acadéanc de PruOTe pour 1770, une relation circonftnnciée, préfcntée à cette Compagnie par M. Batigne, Médecin de Montpellier & bon Obfcrva- teur ^ qui prouve ; que des Salamanires aquiiiiques avoient multiplié dnns l'eftomac d'un Fayfan de Languedoc. Ce Payfan , âgé de trente-cinq ans» rendit par h bouche tn Mai 1759, des Salamandres de': différentes grandeurs, les unes vivantes, les autres mortes. Peu li'années auparavant, pretTé de la foif, il avoit bu d'une eau croupilfinte , peuplée apparemment de Salamandres, très- communes dans les eaux de ces contrées. Elles s'étoient établies dans fou eftomac comme dans une mare. Leur multiplication exceffive caufoit fouvcnt des dé- faillances au malade, qu'on faifoit ceiïer en lui failant avaler de l'eau- Les Salamandres fe trouvant alors dans leur élé- ment, n'affertoient plus les memln-anes nerveufes de l'eftomac. Des vomitifs adminiftrés au malade lui firent rendre dans l'efpace de quelques mois, par la bouche & par les felles, quatre-vingt Salamandres. Les Cloportes v^ les Salamandres ne changent point de forme: il devra donc paroitre plus fingulicr^ que des Infedtes du genre de ceux qui fubiftent des mét.-^mcrphofes , puiiTent vivre quelque temps lîans l'intérieur du corps humain. C'eft contraires. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 14? Contraires. Nous les voyons auffi s'accoutumer à des alimens qui ne différent pas moins que ies climats. Nous prolongeons ou nous abré- geons à volonté , la durée de la vie de beau- coup d'Infedes : nous les faifons vivre indiffé- temment dans un air extrêmement froid , ou extrêmement chaud : nous retardons ou nous accélérons , comme il nous plaît , la tranfpira- tion de ces petits animaux , fans qu'ils paroif- fenc en fouffrir (i). Ce font là autant de pre- fomptions en £\veur des tranfmigrations du Tdunia. '- Enfin, n'en feroit-il point du Tmia , 8c pourtant ce qui paroît attefté par le témoignage d'un Méde- cin, que mon illuftre ami M. de Geer cite dans la première Partie du Tome II de fes Mémoires fur les Infères , paee no. Il fdut que je rapperte fes propres termes. Un Médecift célebrs , dit- il, m'a fait voir des larves de Mouches comnmnei qui avoient été rendues par les /elles. M. de Geer cite à cette occafion Leuvvenhoek , qui avoit trouvé de femblables larves dans une tumeur de la jambe , & qui les avoit vues fe changer en Mouches. On peut voir dans V Encyclopédie d'Yverdon , au mot Fer à Mouche du corps humain^ bien des exemples très- remarqua- bles de Vers d(mt les uns fe changent en Mouches , les autres en Papillons ou en Scurahés , & qui ont vécu dans l'intérieur du corps humain. Mais je ne répondrois pas de la vérité de tous ces faits. Il eil trop facile ici de s'en lailfer impofer. (i) Mémoires fur les Infechs ^ pît M. de Reaumu^, Tome II. î4<^ CONSinr RATIONS des autres Vers du corps humain , comme de plufîeurs efpeces d'Infedes , dont la vie paroît avoir été liée dès le commencement , à celle de différens animaux ? Les Vers du Mouton & ceux du Cerj\ dont nous venons de parler, la Fiice ^ le Fou ^ &c. en feroient des exemples. Les Etres doués de fentiment, ont été multi- pliés autant que le plan de la Création a pu le permettre. Un animal eit un monde habité par d'autres animaux : ceux-ci font mondes à leur tour > & nous ne favons point où cela finit. LXXIir. 0?meme quejiion : Comment fe fait la multiplicatiojt fans accouplement ? Onzième question. Comment fe fait la multiplication fans accouplement? Réponse. Dans les efpeces qui ne font pas foumifes à la loi de l'accouplement , chaque individu a en foi le principe de la fécondation. 11 efl pourvu d'organes qui fé parent de la nialfe de fon fmg , la liqueur fubtile qui doit opérer le développement des germes. Ces germes font nourris , ils croilfent & fe perfedionnent œmme les autres parties de l'animal : & cette multiplication qui nous paroît (1 extraordinaire , lîous paroitroit la plus naturelle ^ parce qu'elle SUR LES CORPS ORGANISÉS. 147 cft la plus fimple, (î nous u'euffions jamais vu d'animaux s'accoupler. LXXIV. Réjlexion fur l'accouplement. En efFet , comment euflions-nous. foupqonne que pour produire une plante oii un anmial, îa Nature eut du y employer le concours de deux plantes ou de deux animaux. Confidé- rons l'appareil d'organes qui ont été ménagés dans les deux fexes pour cette importante fin. Rendons-nous attentifs aux diverfes circonC- tances qui précédent , qui accompagnent & qui fuivent l'union de deux individus j & jîous demeurerons convaincus , qu'il n'eft peut-être rien dans la Nature, de plus lingulier, & de plus propre à exciter notre furpriie. LXXV. Coiije&ures fur la raifon métaphyjiqiie de f accouplement. Par quel motif, la Sagesse Suprême a-t- elle été déterminée à choifir un femblable moyen pour conferver les efpeces? Quelle eft la raifon métaphyfique de l'accouplement ? On peut propofer la même queftion fur les métamorphofes des lafec'les : les- réflexions aux- "1 K z X4E CONSIDERATIONS quelles elles donnent lieu, reparoilTent ici, à- peu-près , fous le même point de vue. Si- Vunité & la variété conftituent le beau phyfiqiie , la diftindion de la plupart des ani- maux en t mâles & Femelles, eft très -propre à embellir hr Nature. La diverfité qui réfulte de cette diftindion , foit à l'égard des formes , des proportions , des couleurs , des mouvemens , ■ibit à regard du caradere , des goûts , des inclinations , fait une perfpedive qui fixe agréa- blement la vue du fpedàteur. On pourroit conjedurer ^avec quelque fon- dement , que le concours des fexes fert princi- •paiement à rendre les générations plus régu- lières. Dans un Tout auiîi compofé que l'eft un oifeau , un quadrupède, l'homme, il eût été fans doute bien difficile que la génération n'eût pas été fou vent troublée ou altérée , fi elle s'y fût faite à la manière des Pucerons ou des Folypes. Les défeduofités qui fe feroient faci- lement rencontrées dans l'individu auroient pu paifer au fœtus, & de celui-ci, aux animaux qui en feroient provenus. Le dérangement auroit crû ainii à chaque génération. Dans r union des fexes , au contraire , ce qu'il y a de défedueux chez l'un des individus peut être SUR LES CORPS ORGANISÉS. i4> repavé par ce que fournit l'autre individu. Ce qu'il y a de trop dans l'un , eft compenfé par ce qu'il y a de moins dans l'autre. C H A P I T R E V I. De la nutrition confidérée relativement à la génération. Conjecture fur la forination de la liqueur féminale. N, LXXVL Dejfein de ce Chapitre. Ous avons jette un coup-d'œil fur Vêcono-^ fHÎe organique : la nutrition eft un de fes prin» cipaux effets. Confidérons - en plus attentive- ment & la manière , & les fuites. Cet examen plus approfondi , éclaircira peut-être , la matière de la génération. LXXVII. De la nutrition en particulier , ^ des matières- alimejitaires. La nutrition eft cette opération , par laquelle le Corps organifé convertit en fa propre iubf- tance, ou s'ajjimile les matières alimentaires. K 3 x^o CONSID F RATIONS Ces matières varient fuivant l'efpece du Corps organifé. Elles fe divifent , comme les Corp$ terref- très 5 en matières fluides , & en matières folides f en matières jtoji-orgmîifées , & en matières orga^ nifées y en matières fojfiles , végétales & animales. La Chymie remonte plus haut , & nous offre dans fa terre , dans fon fel , dans fon Jotifre , dans fon efprit , dans fon phlegme , les élémens de tous les mixtes. Mais ces élémens ne font ni auffi fimples qu'elle les fuppofe , ni les feules parties confiituantes des corps. Il eft d'autres fortes d'élémens , que la Chymie ne paroit pas avoir connu , je veux parler des corpufcîiles organiques , auxquels on a donné le nom de germes. Il paroît que la nourriture des végétaux efi: un fluide très-délié , mais très-hétérogene. La terre que ce fluide tient en diiTolution , eft un mélange des trois règnes. La rofée & les èx- halaifons qui s'élèvent de la terre , font impré- gnées de particules de ces différens genres. Il n'eft pas jufqu'aux métaux ^ qui ne pénètrent ^ans l'intérieur des plantes. Sans parler de celleS; dpnt la tige ou les feiiilles ont paru ornées d^ SUR LES CORPS ORGANISÉS, i^i veines d'or ou d'argent , le couteau aimanté nous découvre dans les cendres de plufieurs efpeces , des particules ferrugineufes. On retrouve dans les nourritures des ani- maux , des principes femhlables , ou analogues à ceux qui entrent dans les nourritures des végétaux. Mais ce font d'autres combinaifons , d'autres mélanges , d'autres proportions. LXXVIII. Différences entre les plantes ^ les animaux , relativement à la jnitrition. Ordinairement les matières alimentaires font moins atténuées , moins divifees , lorf- qu elles entrent dans l'intérieur des animaux, qu'elles le font lorfqu'elles entrent dans l'inté- rieur des végétaux. La Nature s'eft , pour ainfî dire , chargée des premières décompofitions des mixtes, en ftveur des végécaux. L'aliment eft déjà très - p/éparé ou très - fubtilifé , lorfqu'il arrive à leurs racines ou à leurs feuilles. Les animaux , conilruits far d'autres modèles que les plantes , ont , comme elles , des racines , mais ces racines font fort intérieures ; elles font placées dans les inteftins. L'aliment entre d'abord fous une forme alTez grofiicrc , &: plus ou moins volumiiieufe. Il e(ï hvcvé & diifous 1^2 CONSID F RATIONS dans la bouche Se dans Peftomac, 8c lorfqu'il defcend dans les inteftins ^ & qu'il fe préfente aux petites racines dont ils font garnis ; il eft déjà un fluide très-préparé. Parmi les animaux , les uns ne prennent que des nourritures liquides : d'autres n'eu prennent que de folides , d'autres vivent éga- lement de nourritures liquides 8c de nourri- tures folides» Il eft des animaux dont les alîmetis appar- tiennent au genre des folTiles , d'autres Te nour- riflent de fubftances végétales , d'autres vivent de fubitances animales , d'autres , dont l'appétit eft plus étendu ? ne fe bornent point à un feul genre. Le Ver de terre fe nourrit du même limori qui lui fert de retraite. A faide dinftrumens dont la flrudure étonne rObfervateur , la Puce èi le Coufm puifent dans nos veines un ali- ment fwcculent : VAbeilîe 8c îe Papillon recueil-. ïent le plus précieux extrait des fleurs. VHnitre ouvre fon écaille , & reqoit avec l'eau de k mer des corpulcuics , 8c des Infedes de diffé- rens genres. Telle cft encore la nourriture de î'énoinie Bakim : fon goûcr étroit, ne s'ouvre SUR LES CORPS ORGANISÉS, i>3 qu'à l'eau de la mer , elle en avale une prodi- gieufe quantité, & après que fon vafte eftomac en a féparé les fucs les plus nourrilîlins , elle rejette le fuperflu avec force par deux tuyaux placés fur fa tête. Le Ver à foie fait fes délices de la feuille du Meurier. Le Chenevis , & le Mil plaifent au Chardonneret & à la Caille, La Brebis , le Bœuf, le Cheval , le Cerf vont cher- cher dans les prairies la pâture qui leur a été deftinée. Le Vautour , V Aigle , le Tigre , le Lion , appelles à vivre de rapines & de carnage , por- tent par -tout la défolation & la mort. La Foule , le Canard , le Chat , le Chien recueillent les reftes de nos tables & de nos cuifines , & vivent ainfi de mets forts diiférens. U Homme , le plus friand des animaux , appelle à lui toutes les productions de la Nature, & force tous les climats de fatisfaire à fes goûts & à fon in- tempérance. LXXIX. Idée de la méchanique de la mitri- tio7î. Fynncipes fur ce fujet. Quelle eft la merveilleufe méchanique qui convertit une motte d'argille en un Corps organifé ? Qiiel art transforme le végétal en animal ,' l'animal en végétal? Par quelles opé- rations 5 fupérieures à toutes les forces de la IH CONSinr RATIONS Chymie, la Vigne extrait-elle de la terre ce jus délicieux , le Ver à foie tire-t-il du Meurier ce fil brillant ? Comment le Thym & le Gramen fe changent -ils dans les mamelles de la Vache en une liqueur égalem.cnt agréable & utile ? Par quelle vertu fecrette cet amas confus de différentes matières , revèt-il la forme de nerfs , de mufcles , de veines , d'artères , &c. ? Qiielle force, quelle puifTance débrouille ce cahos , & en fiit fortir un monde , dont la ftrudure & l'harmonie excitent l'admiration des Anges? Il n'eft point de vraie métamorphofe dans la Nature. Les élémcns font invariables. Les mêmes particules qui entrent aujourd'hui dans la conipofition d'une plante , entreront demain dans celle d'un animal. Ce palTage ne changera point leur nature y il ne fera que leur donner im autre arrangement. C'eR ainfi , à-peu-près , que le mènie morceau de métal devient entre les mains de l'Artifte , le figne des valeurs , l'image d'un Héros , ou la mefure du temps. Tel eft encore l'art de toutes ces compofitions qui enrichilTent , chaque jour , la Société de nouveaux biens. Cet art raifemble des matières de tout genre ; il les unit , il les combine fous différentes prportions ; de cette union & de ces rapports naît un édifice , un meyble , une SUR LES CORPS ORGANISÉS. J<;^ ctoiFe, un remède, une teinture, &c. Détruifcz cette liaifon , ces rapports ; abattez la pyra- mide ; les pierres demeureront les mêmes i mais ce ne fera qu'un amas de ruines. En feroit-il donc des produdions naturelles , comme de celles de Part ? Ne craignons ponit , (En le penfant , de diminuer rexcellence des ouvrages de la Nature. Quoiqu'elle foit aiTu- jettie à travailler toujours fur le même fond , elle l'emploie avec tant d'intelligence , que fes moindres productions furpa^ent infiniment tou- tes les inventions humaines. Un canot eft in- comparablemicnt moins éloigné de k pcrfedion d'un vailfeau du premier rang , que f horloge la plus parfaite ne i'eft de la machine organi- que la plus fimple. Tandis que Vaucanson conftruit , d'une main favante , fon Canard artificiel , & que faifis de furprife & d'étonne- ment , nous admirons cette imitation hardie des ouvrages du Cp^éateur , les Esprits Cé- lestes fondent , & ne voient qu'un enfant qui découpe un oifeau. LXXX. Des élémens çff de leurs conihinaifons. Le monde phyfique efl: compofé d'élcmens , ^onç le nombre eft détermine. 15^ CONSIDERATIONS Leur figure , leurs proportions , leurs qua- lités varient fuivant leur efpece. De Paflembîage ou de la combinaifoii de ces principes , rcfult-ent les corps particuliers. La nature des élémens nous eft inconnue. Leur extrême petitefle , la groffiéreté de nos inftruQiens , les bornes aduelles de notre ef- prit , nous privent de cette connoiiTance. Tout ce que la raifon peut faire , après nous avoir perruadé Pexiftence des élémens , eft de nous fournir quelques légères conjedures fur la ma^ nierc.'-dont ils opèrent^ LXXXL Deux genres d^élémetts. Nous pouvons fuppofer , avec vraifemblance , qu'il eft deux genres d'élémens : les élémens premiers ou inorgmihjues y les élémens féconds ou organiques. Les élémens du premier genre font des corps très-fimples ou très -homogènes. Un globule d'air , un globule d'eau , font des corps de ce genre. Les élémens féconds ou organiques , font les SUR LES CORPS ORGANISÉS, ï<;r germes , formés , dès le commencement , d'ato- mes inorganiques. Les germes différent des élémens premiers , en ce qu'ils font compofés ; mais ils s'en rapprochent en ce qu'ils font , comme eux , invariables ou impériifables , tant qu'ils demeurent infécondes , ^ qu'ils entrent dans la compofition des mixtes. LXXXII. De la tendance des élémens à s'' unir. Réflexions fur l\Utra&ion Kewtoniemie. Les élémens tendent à s'unir. Cette difpofi- tion augmente ou diminue dans le rapport plus ou moins prochain de leur nature , ou de leurs qualités refpedives. Nous ne pénétrons point la caufe de runion des élémens : nous ne favons point pourquoi un globule d'eau s'unit à un globule d'eau , & pourquoi un globule d'eau ne s'unit point à un globule d'huile. Dire que cette union eft le produit d'une force elfentielle au corps , & qui n'a rien de commun avec Vimpulfion , c'eft recourir à une hypothefe également hardie , obfcure & in- certaine. Je ne demande point qu'on me dé- montre ce que cette force eft en elle-même %, 158 COKSIDFRATIOKS la nature de l'impiiifion ne nous eft pas mieux connue : je demande feulement qu'on me prouve, que les phénomènes qu'on veut expliquer par cette voie , ne fauroient l'être par les forces méchaniques , à nous connues. Vattra&ion Newtoniemie eft un fait qu'on eft forcé d'ad- mettre : mais fommes-nous forcés d'admettre que la caufe de ce fait eft l'attradion même i A-t-on démontré que la pefanteur foit elTen- tielle à la matière ? Le contraire ne paroit-il pas plus probable ? Nous voyons dans les corps , trois proprié- tés elTentieries ou primordiales ; Véte>uliie , la foiidité , la force d'inertie. Nous noîamons ces propriétés ejfentieîles ou primordiales , parce qu'elles conftituent la nature du corps , qu'elles CQ font inféparables, qu'elles ne peuvent foul:- ïrir aucune efpece de changement , qu'elles ne dépendent d'aucune caiife qui foit hors du corps. La figmx & le rmiivement dépendent «l'une caufe qui eft extérieure au corps 5 ce ne font donc pas des propriétés eifeiitielles s ce dfont de fimples modes , mais qui ont leur fon- .dement dans les attributs eflentiels de la ma- tière j la figure dans i'étcndue 3 Is mouvement ^daus la folidité. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 1^9 La force iinertie , quelqu'impropre que foit cette expreiîîon , & quelle que Ibit la nature de cette force , eft telle que le corps perfévere dans le même état de repos ou de mouvement autant qu'il eft en lui. Si Vattra&ion étoit eiTen- tie'le à la matière , elle feroit contraire à une autre propriété eiîentiellc , à la force d'inertie , ce qui feroit contradictoire : un corps en repos fe mettroic de lui-même en mouvement à la préfence d'un autre corps , pendant qu'il tcn- droit à conferver fon premier état en vertu de îa force d'inertie. De plus , une propriété elTen- ticîle n'eft fufceptible d'aucun changement , nous l'avons dit ; pourquoi donc l'attradtion s'exerceroit-elle plus fortement au pôle qu'à i'équateur ? Voyons - nous que les corps aient plus de folidité en Groenland qu'au Pérou ? La force d'inertie fouifre-t-elle aucune variation ? Enfin, on a tenté d'expliquer méchaniquement î'attracftion 5 & fi les explications auxquelles on a eu recours , ne font pas exemptes de diffi- cultés 5 cela prouve moins l'infuffifance des forces méchaniques , que les bornes de notre efprit. Adoptons cependant le terme d\mra&ion^ comme très -propre à exprimer le fait. Difons que les élémens %'attirsnt ks uns les autres j i6o CONSID F RATIONS S: qUe ceux de même efpece s'attirent plu? fortement , que ceux d'efpeces différentes. Voyons maintenant ce qui doit réfulter de ce principe, & de ceux que nous avons pofés au commencement de cet article, LXXXIII. Idées fur la manière dont les élêmem entrent dans la conipofition des Toxits vrga^ niques* Les élémens répandus dans tt)utes les par- ties de la Nature , y donnent naifTance à trois genres de compofés , aux fluides , aux folides jion-07'ganifés , aux folides organifés. Il n'elt pas néceiîaire d'indiquer ici les caractères qui dif^ tinguent ces trois ordres d'Etres corporels. Il lie s'agit aduellement que des Corps organifés. A parler exacftement, les éîémens ne forment point les Corps organifés : ils ne font que les développer , ce qui s'opère par la nutrition, L'organifation primitive des germes détermine l'arrangement que les atomes nourriciers doi- vent recevoir pour devenir parties du Tout organique. Un folide iion-organifé eft un ouvrage de îmrqueterie ^ ou de pièces de rapport. Un y folide SUR LES CORPS ORGANISÉS. iSi folide organifé eft une étoiFe formée de Peu- trelacement de différens fils. Les fh'es élénieiî" tciires avec leurs îuailles , font la chaîne de rétoffe 5 les atomes nourriciers qui s'infînuent dans ces mailles , font la trame. Ne preifez pourtant pas trop ces comparaifons. LXXXÎV. Principes fur la méchaniqtie de rajjiînilation. Pour approfondir la méchanique de la nu^ ïrition ., ne remontons pas au germe; il it€ nous eft pas aifez connu. Prenons lô Corps organifé dans fon plein accroiffement. Quel eft ici Teffet que la machine doit produire ? Qiielles font les puiifances que la Nature met en œuvre ? Il s'agit de féparer dés alimens les parti- cules propres par leur nature ^ à s'unir au Corps organifé. La figure ^ la groiTeur & les qualités de ces particules varient beaucoup. Le tiifu du Corps organifé renferme des variétés analogues. Quoique toutes fes parties ne foienc formées, que de fibres ditFéremm eut entrelacées, toutes ces fibres n'ont pas originairement une égale confiftance; la configuration des pores Tome F. L 1(52 CONSIDERATIONS ou des mailles n'eft pas par-tout la même , tou- tes ne font pas formées des mêmes élcmens., ' Les organes de la nutrition , & ceux de la \ circulation l'ont les principales puiiTances que | la Nature met ici en jeu. Par Padion de ces ■ pulifances, l'aliment elt converti en un fluide qui , dans les plantes , porte le nom de [eve , \ & dans les animaux , celui de fang. Ce fluide ed ; très-hétcrogene ou très-mèlangé. On peut le rc- \ garder comme un amas de tous les élémens \ qui entrent dans la compofition du Tout or- | ganique. j LXXXV. Des [écrétions en général. "' Si nous fuivons le cours de ce fluide , nous obferverons que la Nature le fait pafier par des vaiiTeaux, dont le diamètre diminue gra- ; duellement 5 & qui fe divifcnt & fe fubdivi- i fent fans ceiTe. Nous obierverons encore , que j dans les animaux , pluOeurs de ces vaiiTeaux forment qà & là ( i ) , par leurs plis & leurs replis, & par leurs divers entrelacemens , des malTes plus ou moins conlidérables , dans lef- (î) De lu niariiere dont fe fout les fécrétiims dam les glandes, par M. WiNSLOW. Mé7}i. de l'Acad. de l'avis^ année 171 1? pag. S4S , L&c. SUR LES CORPS GRGAKISÉS, i6i iquelles paroit une liqueur, qui ne relfemble point à celle que les vallFeaux fanguins y ont apportée > & qui diifére aulfi de celle que d'au^ très vaiireaux fanguins rapportent de ces mê- mes maifes aux principaux trancs des veines. De ces obfervations générales découle la théorie des fécrétiû)is y Tune des plus belles parties de l'économie organique. Il paroit que les organes des fécrétions font des efpeces de filtres , dont les diamètres ont été propor- tionnes à ceux des molécules qu'ils doivent extraire. Ainfi pendant que le iang parcourt rapidement les plus grands vaiiïëaux , il dé- pofe dans les plus petits les particules qui leuL' font relatives. Maïs quelque ingénieufe, & quelque vrai-= fembiable que foit cette idée, nous iious trom- perions peut-être , dans certains cas , fi nous l'admettions exclufivement à toute autre. Nous fuppoferons donc encore , que plufieurs orga- nQs fécrétoires ont été imprégnés, dès le com- mencement , d'une liqueur femblable ou ana- logue à celle qu'ils doivent féparer ; en forts qu'il en eft de ces organes , comme de ces bandes de drap ou de toile , qu'on plonge dans un vafe plein de différentes liqueurs, & L z 1^4 CONSIDERATIONS qui ne tirent que celles dont elles ont été au* paravant imbibées (i). Enfin , le ralentiiTement du mouvement des liqueurs dans les plus petits vailîeaux j les coudes & les circuits de ces vaifTeaux ; refpece d'attradion qu'il peut y avoir entre les parois des tuyaux & les liqueurs qui y circulent , peuvent devenir autant de fources de fécré- tions. LXXXVÏ. ConjeBiire fur la manière dont les atomes nourriciers s^uwjfent au Tout organique. Mais comment les corpufcules nourriciers s'uniilent-iis aux parties qu'ils doivent nourrir ? C'eft ce que nous n'avons point expliqué , lorfque nous avons pofé les premiers princi- pes de la théorie de i'accroiiTement. Se repré Tentera- t-on la liqueur nourricière cir- culant dans les petits vaiiFeaux , fous l'image d'un ruiffeau , qui dépofe fur fes bords les différentes matières dont il eft chargé ? (t) tt M. de Haller a prouvé la faiirTeté lîe cette opi- nion , comme je l'ai cHt ailleurs. Il étoit remonté plus haut dans cette matière ténébreufe , que ne l'avoient fait les rhyfiologiftes qui l'avoient précédé. SUR LES CORPS ORGANISÉS, i^f On pourroit fe contenter de cette compa- raifon , s'il ne s'a^jifoit que d'un (Impie dé- pôt i mais il y a ici beaucoup plus. Les ato- nies nourriciers ne s'appliquent pas fimplc- ment à la furface des parties , ils en pénétrent le tilFu & i'étendent en tout feus. Le mouvement de fyflole , quelque fort qu'on le fuppofe dans les grands vaiiTeaux-, ne fliuroit être que très-foibie dans les der- nières ramifications , foit à caufe de leur éloi- gneraent du principe de la circulation ; foit à caufe de l'extrême finelFe de leurs membranesi Nous fommes donc conduits à chercher ailleurs une caufe plus efficace de l'effet dent nous parlons. Cette caufe feroit-elle une force analogue à celle qui élevé les liqueurs dans les t7ihes capillaires^ ou qui fait qu'une corde mouillée peut élever un grand poids en fe raccourciflaiit ? Cette conjec1:iu*e n\c parolt une des plus naturelles qu'on puiife former fur ce flijet. Ainsi toutes les. parties du Corps organifé font .nourries par une efpece à'iinhihition-:> comme je l'ai déjà infmué ci-delfus. L, 3: 166 COMSIDE' RATIONS LXXXVII. Deux réfidtats principaux de la nutrition. De la nutrition réfultent deux eiïets prin- cipaux ; rentretien des parties , & leur accroif- fcment en tout lens. L'action continuelle des liqueurs iur les vaiCeanx dans Iciquels elles circulent j le frot- tement des parties Iblides les unes contre les ancres ^ les mouvemens mufculaires j le plus ou le monis de chaleur du Corps organifé , Dccafionent dans toutes les parties une dcv perdition de fubftance , qui , fi elle n'étoit fans ceiie réparée , en entraineroit la deftruâ:ion^ C'eft à quoi la nutrition remédie : elle remplace- les corpu feules qui fe dîiîipe; v , par d'autreS; corpufcales qui leur ibnt analogues, LXXXVIIL De la dijpojlilon originelh des fibres; à s'étendre en tout feus.. La force qui chafTe dans les niailles des fibres, les atomes nourriciers, produit Pexten-. fion de ces fibres en tout fens. La durée & le degré de cette extenfion font relatifs à la. nature des. éléînens dont les fibres font ccni° ■p,o.ré€S.. Le plus, ou le moins de facilite de çe% SUR LES CORPS ORGANISÉE \C^ clémens à gliOTer les uns fur les autres , ou pour m'expriuier eu d^ autres termes , leur ànc^ tilité plus OU moins parfaite , rend PaccroiiFe- ment plus ou moins prompt , ou plus ou moins confîdérable. Les £bres élémentaires de certains Corps organifés auront, fi Ton veut, une duc- tilité analogue à celle de Vor : d'autres Corps organifés auront des Ebres , dont la dudilité répondra à celle de ['argent : d'autres feront formés de fibres qui n'auront que la dudilité- du fer , &c. L'accroïssemekt en longueur celTe ordi- nairement avant celui en largeur. Les fucs qui étoienc employés à Pexteniîon des principales, fibres , ceflent de s'y porter en Ci grande abon- dance , lorfqu'elles ont pris tout leur accroif- femeîit : le fuperflu de ces fucs fe dirige appa- remment vers des filets latéraux ou intermé-. diaires , dont il procure le développement. LXXXIX. Raifons de la folidité qtC acquièrent les parties , ^ des caufes naturelles de la mort. La nourriture que reçoivent les fibres qui ont pris tout leur accroilfement , augmente de plus en plus leur folidité. Le battement conti- nuel des vaifTeaux > ^ la preifion mutuelle des. î^8 CONSIDERATIONS parties qui tendent à réunir plufieurs fibres ou pluficurs membranes , m\ une feule hbie ou en une feule membrane j. l'augraentatioii d'attradlion qui réfulte de l'augmentation des maffes y la dminuition des humoLirs qui don- nent occafion aux parties folidcs de fe rappro- clicr 5 ou de s'unir plus intimement , un climat excelîivement chaud , ou un climat exceirive-. ment froid , des nourritures feches , groffieres > ou vifqueufes ,, un genre de vie pénible ou laborieux , font autant de caufès qui contri- buent à reiidurciirement des fibres. Le dernier terme ^e cet endurciireaient , ef^ le dernier terme de la vie. Les liqueurs qui font canten.ues dans les derniers replis , ou dans les plus petites, rami^ Êcations , n'y lejournent pas. E'ks [but conti-, nuellcment repompées par des petits, vaiiteaux ,. qui les conduiferiC dan^; d'autres vaiileaux pius grands , d'ijù elles pailent de liou.veau dans cçujx de la circulation. Si cette refdrbtion des liqueurs ne fe fail point , elles fe corrompent h & cette torruptioi^ eil une des caufes de la mort. SUR LES COR? S ORGANISÉS. 169 XC. Ejfaï d'application des principes précédens au développement du germe. Rapprochons -NOUS maintenant de notre fujet. GE^quis les alimens greffiers font au Corps organifé, dans fon plein accroiflement, le fluide féminal l'eft au germe , après la fécondation. Les organes infiniment petits de cet atome vivant, agiffent fur les molécules variées de la liqueur féminale , comme les organes infiniment grands de la plante ou de l'animal développé, agilTent fur les molécules des alimens. Le germe fépare donc de la liqueur fémi- nale les molécules propres à s'unir à lui. Nous avons fuppofé , que cette liqiieur contenoit les élémens de toutes les parties du Corps orga- nifé i & nous avons été conduits à cette fup- poficîon par des conféquences naturelles. Plu- fieurs Auteurs l'ont aulli admife , & cette con- formité de fentimens lui ed favorable. On a dit aifez unanimement que la liqueur féminale ell un extrait du Corps organifé. Mais perfonne n'a entrepris d'expliquer comment fe forme cet extrait. J'ai été long-temps fans ofer por- ter mes regards de ce côté-là y la difficulté du I70 CONSIDE'RATIO N S problème m'elFrayoit. Mais une canjedure qui s'cfl: oHerte à moi , m'a im peu enhardi. J'ai penié , que les organes de la génération , Ibit ceux du mâle , foit ceux de la femelle , pou- voient bien avoir été eon(h-uits a^■cc un art û merveilleux , qu'ils fuireiît une repréientation des principaux vifceres de l'animaL \ ^Cl. Soupçon de P Auteur fur la jtruSure des organes de la gemrarÎGn y & fur la formatmi de la liqueur feminale. Je m'explique. J'ai penfé qu'il y avoit dans les telticules , des vailîeaux relatifs à cette par- te du cerveau qui filtre le fluide nerveux^ d'autres , qui répondoient au foie par leur fonc- tion , & qui féparoient des particules analogues à la bile ; d'autres , qui répondoient au fyftème lymphatique , & qui féparoient une matière analogue à la lymphe , comme de quelques parties qui ne fe dévelopxpent qu'à un certani âge. Mais en voilà alTez fur cette idée , que je qualifierois prefque de romanefque. Si cepen- dant'elle plaifoit 5 on ne manqueroit peut-être pas de raiions pour la fouteuir. Je le répcte; SUR LES COB.PS ORGANISÉS. 173 clans un fujet aufîi obfcur , on ne fauroit for- mer trop de conjedures : c'ed enfuite à la raifon à les apprécier. XCIV. Remarque fur la dijfémination. Au refte , dans tout ce que je viens d'ex- pofer fur la génération , l'hypothefe des germes répandus par-tout , paroît être l'hypothefe do- minante. Ce n'eft pas que j'aie rejette celle des germes enveloppés les uns dans les autres: j'ai toujours regarde les difficultés qu'on fait contre cette hypothefe , comme des monftres qui terraifent l'imagination , & que la raifon terraife à fon tour. Mais j'ai cru devoir pré- férer un fyftème dont la raifon & l'imagination s'accommodent également. Pourquoi ne pas complaire un peu à Timagination , quand la raifon le permet? ^74 CONSIDT RATIONS \ CHAPITREVII. i Obfervations mkrofcopiques fur les liqueurs ; feminales , & fur les infufions de diffé- j rentes efpeces, j Nouveau fyjïê?ne fur la génération, \ XCV. Occafîon çf? dejfeiyi de ce chapitre. J E comporois le Chapitre précédent , lorfque le fécond Volume de VHifioïre naturelle , géné- rale '^particulière ^ ni'eft tombé entre les mains. La conformité des matières contenues dans ce Volume avec celles que je viens de traiter , la réputation de l'Auteur , la fingularité du ïy^- tème , la nouveauté des découvertes , Pair de preuves qu'elles alfedent , & fur - tout la dé- fiance où je dois être à l'égard de mes idées , m'avoient d'abord fait penfer à renoncer à tout ce que j'avois écrit fur la génération. Ayant cnfuite confidéré de plus près, quoi- que d'une vue générale , le nouveau fyftème & les expériences fur lefquellcs on tâche de rétablir , j'ai cru que je pouvois en donner ici SUR LES CORPS ORGANISÉS. 17^ un extrait , qu'ils n'en font ni queues ni membres , & que plus ce filet eP»: long, plus ce globule eft embarraiTc dans fou mouvement. XCVil. Seconde extériekce fur le fperme Immain. Seconde expérience. Une autre goutte de femen , qui n'avoir point été mêlée avec Teau , ayant été obfervée au microfcopc , il a paru que la liqueur étant devenue très4impide au bout de dix à onze heures , les globules dépouillés de filets fortoient d'une efpece de Hiucilage ou touffe de filameiis ; ils paifoient rapidement d'un côté du champ du microfcopc au côté oppofé , en forme de courant. Dimi- nuant d'autant la fource d'où ils partoient , la liqueur le delfécha , & devint comme un point noir dans- fon milieu. Les globules mouvans qtii fe réunirent par le deiféchement , & ç{ui perdirent de leur grandeur , formoient autour Tome V. M 178 CONSID F RATIONS un réfeau ou toile d'Araignée j & en même temps qu'ils diminuoient de volume , ils aug- mentoient en peEmteur fpécifique , ce qui les faifoit tomber au fond de la liqueur , fans con- ferver aucun mouvement. XCVIII. Troifieme expérience : fur le fperme dit Chien. Troisième expérience. Dans le femen d'un Chien , on apperqut des corps mouvans fembh^blcs à ceux de l'Homme , avec des filets de même groifeur j feulement on n'y vit point de filamens. Le mouvement des globules à queue , qui etoit vertical , étoit plus fort , mais pas fi rapide. Le quatrième jour , il n'y avoit qu'un très- petit nombre de ces globules , tandis qu'il en relloit davantage qui n'avoient point de queue. La liqueur dépofa un fédiment compofé de glo- bules fans mouvement , & de queues détachées. XCIX. Qtiatrieme expérience : Jiir le fperme dtt Chien. Quatrième expérience. Le femen d'un Chien depuis peu ouvert , oifrit une grande SUR LES CORPS ORGANISÉS 179 quantité de très -petits globules fans mou- vement. Les tefticules de ce même Chien ayant été mis en infufion , on y apperqut trois iour^ après une grande quantité de corps mouvans, de figure ovale , fans filets , du relie fembla- bles aux premiers , fe mouvant en tout leiis j quelques-uns changeant de figure, ou s'alon- géant, ou fe raccourcilfant, ou fe gonflant aux extrémités. On en vit jufqu'au vingtième jour, qui fe mou voient avec plus de rapidité que jamais , mais d'une petiteife extrême. Alors il fe forma une efpece de pellicule fur h furface de l'eau. Cette pellicule paroiifoit compofée des enveloppes de ces petits corps. L'eau n'avoit eu aucune communication avec Pair extérieur. C. Ciuqnieme expérience : fur le fperme du Lapin, CiNauiEME EXPÉRIENCE. Après avoir fait ouvrir cinq Lapins , fans y avoir trouvé de liqueur féminale, le fixieme en donna en abon- dance. Elle fe réf:>lut lentement & par degrés en filamens & en gros globules , attachés les uns aux autres •■> mais fans mouvement diftindl. S'étant liquéfiée , elle fe deifécha. Mêlée avec de l'eau , elle ne put fe délayer. M 2 ï80 C 0 N S I D F R À T IONS ' Ayant R)it i^ie infufion d^ la liqueur dtt Lapin, on y obierva les mêmes gros globules, mais en petit nombre , 8c ieparés les uns des autres, & dont les rn^uvcmens étoient îi lents, qu'ils étoient à peine fenllbles. Ces globules diminuèrent de volume quelques heures après, & leur mouvement fur leur centre augmenta. Au bout de vingt-quatre heures , les globules parurent en beaucoup plus grand nombre. Ils avoient diminué de groiFeur à proportion. Cette diminution de volume augmenta de jour en jour , en forte qu'au huitième ils étoient pref- que infenfibles. Enfin , ils difparurent entière- ment. Ils avoient ceifé de fe mouvoir un peu auparavant. CI. Sixieyyie expérience : ftir le fpêrme du Lapin. Sixième expérience. La liqueur féminale du Lapin , au moment qu'il la fournit à fa femelle , parut plus fluide & donna des phé- nomènes différens. On y vit des globules en. mouvement , & des hlamens fans mouvement > des globules à fdets , femblables à ceux de l'Homme , mais plus courts , & qui traverfoient le champ du microfcope en forme de courant. Il refte cependant quelque doute fur l'exillence SUR LES CORFS ORGANISÉS, igï de ces queues ou filets , qui pouvaient bien n'être que des traits formés dans la liqueur par la rapidité du mouvement de ces glol>ules. CIL Sepio.ti expérience ifur le fpenne du Eélrer, Septième expérience. La liqueur fémiuab du Bélier produifit un nombre infini de corps, qui fe mouvoient eu tout fens , &; qui étoien: de figure oblongue. La liqueur ayant été délayée avec de Teau- chaude , pour empêcher qu'elle ne le coagulât / ies petits corps y conferverent leurs mouve-' mens 5 leur nombre étoit prodigieux. Ils étoienè fans queue. CIIL Huitième expérience : fur le Jperme des femelles. Huitième expérience. Les mêmes expé- riences furent faites fur la liqueur léminale- des femelles. On trouva cette liqueur dans des corps glanduleux femb:ables à des petits mamelons , qui étoient dans un des tefticules , placés X Pexcrémité- des cornes de la matrice d'iHie M 3 182 CONSIDERATIONS Chienne. On diftingua bientôt les petits corps moiivans , pourvus de queues ou de filets , & qui reiîembioieut entièrement à ceux du Chien. On y vit aiiffi plufieurs globules qui tâchoient de fe dégager du mucilage qui les envu'onnoit , & qui emportoient après eux des filets. Cette liqueur de la femelle eft auili fluide que celle du maie. Au bout de quatre ou cinq heures , elte fit un dépôt, d'où fortoit un tor- rent de globules;, qui paroiifoient trës-adifs & vouloir fe dég;iger de leur enveloppe muciliagi- ncLiie & de leurs queues. ÇIV. Neuvième expérience : fur le 7uélange des deux [pennes. Neuvième expérience. Le mélange de deux liqueurs d'un Chien & d'une Chienne ne fournit rien de nouveau , la liqueur & les corps en mouvemen^t étant toujours les mêmes & çntierement ièmblables. ÇV. Dixième expérience : fur les tejîicules de la Vache. PîXiEME expérience. On chercha enfuite SUR LES CORFS ORGANISÉS. î83 dans des tefticules de Viiche , la liqueur dont il s'agit. On la trouva , non dans des vélicules lymphatiques placées à la furface de ces tefti- cules , lefquelles ne contenoient qu'une liqueur traniparente , & qui n'offroit rien de mouvant ; mais dans ur corps glanduleux gros & rouge comme une cerife. On y obferva des globules mouvans , mais fort petits & obrcurs , fans ap- parence de queues ou de filets. Les uns avoient un mouvement progreiEf fort lent : les autres étoient immobiles. CVI. Onzième expérience : fur le même ftijet. Onzième expérience. Les tefticules do. deux Vaches furent auflî mis en infuiion dans de l'eau pure , & renfermés exactement dans: un bocal. Au bout de Çix jours , on y découvrit unt^ quantité innombrable de globules mouvans , d'une petiteife extrême, fort aclifs , tournant- fur leur centre , & en tout fens. Ils difparu- rent entièrement trois jours après. CVIL Douzième expérience : fur Peau d'Huître ^^ ^ fur la gelée de Veau. PouziEME J&XJÇÉR.IENCE. De l'eau à' Huîtres, ^ M 4- ïS4 ^ ^ ^'^ '^ ^ ^ -^ ^^ ^ '^ IONS ëc de la gslée ds Veau rôti ayant été mifes en expérience de hi înèuic nicmiere , on y décou- vrit au bout de quelques jours de petits corps > les uns ovales , les autres fphériques , ferabla- bles à des. poillons qui nagent , mais qui étoicnt dépourvus, de queues & de membres. Ils étoient très-diftinds y & ils deviiircnt de jour en jour- plus petits, CVHI. Treizième expérience : fur les inftifions des graines de f Oeillet ^ du Foivre. Treizième expérience. On examina auffi les infuiions des graines de quelques plantes , en particulier de Y Oeillet ôc au Foivre, L'iNFUSïON â Oeillet offrit une très-grande quantité de globules , dont le mouvement étoit extrêmement fennble , Se qui fe conferva pen- dant trois femaines, au bout delquciies la peti- te (Te des globules augmenta au point de les rendre abfbl ornent invifibles,. L'eau de Foivre bouillie 8c celle qui n'^avoit point bouilli , prérentercnt le même fpqc'lciciG:. ïnais plus tard. 0^ SUR LES CORPS ORGANISÉS. i8 quel- léra le Phyfieien qui tentera ces" différentes opérations liir ces globes infiniment petits qui roulent dans les liqueurs féniinales? Qui nous tracera les courbes infiniment variées qu'ils décrivent ? Qui nous aiîîgnera les loix de leurs mouveniens & de leurs révolutions ? Qui pénétrera leurs véritables figures , 8c h raifon de toutes leurs apparences? Qui percera cette nuit profonde > qui fondera cet abîme où la Nature va fe perdre ? Quelle intelligence compare d'un coup-d'œil , la fphere de Saiume , & celle du globule qui nage dans la liqueur fémmaîe du Ciroii ? Cette intelligence nMiabite point fur la terre; le ciel eft fa demeure. Elle connoit le nombre des étoiles fixes , & celui des mondes qu'elles éclairent. Elle fait combien le plus petit globule de liqueur elt contenu de fois dans le globe énorme du foleil. CXII. Trém au nouveau fyjïème. Molécules orga- niques. Au précis que j'ai donné des dernières expé- SVR LES CORPS ORGANISÉS. i89 lien ces qui ont été faites fur la génération > je joindrai une légère efquiffe du nouveau fyftèmc qu'elles paroiifent établir. Suivant ce fyftème , il eft dans la Nature une matière commune aux végétaux & *aux animaux , compofée de particules organiques vivantes, primitives , incorruptibles , & toujours adives. Le mouvement de ces particules peut être arrêté par les molécules les plus groiïiéres des mixtes j mais dès qu'elles parviennent à fe dégager , elles produifent par leur réunion , les différentes efpeces d'Êtres organifés qui figu- rent dans le monde. Cette matière répandue par-tout , fert à la nutrition & au développement de tout ce qui vit ou végète. CXIII. Surplus des molécules organiques renvoyé à un dépôt C07nmun. Le furpîus de ce qui eft néceffaire pour pro» duire cet elfet , eft renvoyé de toutes les par- ties du corps dans un réfervoir commun où il fe forme en liqueur. Les organes de la généra- tien font ce réfervoir. ^90 CONSIDE' RATIONS CXIV. Liqueur fénmuile. Moule intérieur. Glo- bules mouvans. La liqueur féminale contient toutes les mo- lécules analogues au corps de Panimal ou du •végétal , & ifuivant qu'elle trouve une matrice convenable , elle produit un petit Être entiére- ïiient femblable au moule intérieur dont les molécules faifoient partie. Lorsqu'elle ne trouve point de matrice convenable , elle produit ces Êtres organifés , qui font ces corps mouvans & végétans que Ton voie dans les liqueurs féminales des ani- maux , & dans les infufions végétales ou ani- males. Toutes les fubftances organifées renferment donc une grande quantité de cette matière pro- dudrice , comme on le voit par les infufions de toute efpece. Elle y paroît d'abord fous la forme de corps mouvans , auiîî gros que ceux des liqueurs féminales j mais qui , à mefure que la décompofition augmente , diminuent de grof- feur, & acquièrent plus de mouvement, & enfin deviennent imperceptibles quand la matière qui eft en infufioa a achevé de fe corrompre. SUFy LES CORPS ORGANISÉS. 191 Il fuit de là , que le pus des plaies efi: tout cumporé de ces petites parties organiques qui font en très-grand mouvement. CXV. V origine des Vers du corps humain,^ Cette matière productrice fe trouvant raf- Femblée dans quelque partie de l'animal d'où elle ne fauroit s'échapper, y forme des Etres vivans tels que le T(^nia^ les Afcarides ^ & tous les Vers qui font dans les veines , ceux qu'on tire des plaies, ou qu'on trouve dans les chairs corrompues, dans le pus, &c. CXVI. Végétations fiîameytteufes. Les molécules ou corps mouvans dont ii s'agit, font tous développés dans les liqueurs féminales , & s'y manifeftent très promptement. Dans toutes les fubftances végétales & ani- males , la matière productrice paroit fous la forme d'une végétation, par des fiîamens qui croiifent & s'étendent , & par des bourfouf- flemens aux extrémités de ces filamens, qui venant à fe crever , donnent paifage à une in- finité de corps en mouvement j tel cft le Fi£tus qui dans les premiers tems , ne fait que végéter. ïpa CONSIDERATIONS ' \ CXVII. La ?mîritmi , le développement , ïê \ reprodu&ion, [ ! Ainsi cette matière organique animée, uni- i verfellement répandue , fert à la nutrition^ au ^j dévelcppe^nent , & à la reproditclion de toutes les I j'ubitances végétales & animales j i^. à la mi" 1 irkioiî 5 par une pénétration, intime de cette siiatiere dans toutes les parties du corps de ' ranimai ou du végétal ; Ù,"^. au développement , en ce que cette pénétration trouve des parties , encore aiTez dudiles pour fe gonfler Se s'éten- \ dre 5 ce qui n'eft qu'une cfpece de nutrition ; , 3^. à la reprodii&ion , par Ja furabondance de cette même matière , qui eit renvoyée par cha- ^ que partie du corps de l'animal ou du végé- | tal , & qui étant dellinée à nourrir cette même ; partie , lui eft , par cor^féquenc , parfaitement analogue. La nutritio7i , le développement , & la for-, 'mation d'un nouvel Etre organife font le pro- ; duit d'une force inconnue, qui comme celle \ de la pefanteiir , pénétre toute la malTe , mais ' qui n'a rien de commun avec les forces mé- , thaniques: ! j La loi fondamentale de cette force eft , 1 que SUR LES CORPS ORGANISÉS. 193 que les molécules organiques , qui ont le plus de rapport entr'elles s'unillent plus étroitement. Ainsi dans le commerce de deux individus, la liqueur que fournit le mâle , fe mêle avec celle que fjurnit la femelle 5 & ces deux li- queurs n'en forment plus qu'une feule. Les mo- lécules analogues ou correfpondantes de cette liqueur, tendent à fe rapprocher & à s'unir, en verfu de leurs rapports. Et comme ces mo- lécules ont été renvoyées des diiîérentes par- ties de chaque individu, où elles fe font pour aiiifi dire moulées, elles con fervent dans la liqueur féminale , une difpofition à repréfenter ces mêmes parties. Elles forment donc dans la matrice d^s touts particuliers , d'où réfulte le tout généi'al , ou Vembrion. Les Corps organifés dont toutes les parties font formées de particules organiques, qui ont en petit la même forme extérieure & intérieure que celle du grand corps , font ceux dont la reprodudion eft la plus facile & la plus abon- dante. Ce font auiFi ic-s corps les plus limples. Le Polype eft formé de la répétition de plu- fieurs particules organiques , qui ibnt, en petit, de véiitabîes Foly^es. C'elt ainii à peu pies Tome V. N 19^ CONSID F RATION S qu'une mafle de fel marin cil formée de la re- pétition de cubes de différentes grandeurs. Les corps les plus compofcs , & par cela même les plus parfaits , ont beaucoup de par- ties dijjimilaires ^ & n'en ont que tres-peu de fimilaires : de là vient qu'ils reproduifent moins facilement & moins abondamment. Le Corps organifé reqoit par la nutrition , des molécules organiques, ou propres à s'unir à lui , & des molécules brutes , ou qui ne font pas propres à s'unir à lui. Il fépare celles-ci ou les rejette. Il s'incorpore ou retient celles- là. Mais il en retient d'autant moins, qu'il a moins befoin d'en retenir , ou qu'il eft plus avancé dans fon accroilTement. Alors le fuperflu de ces molécules eft renvoyé aux organes de îa génération, comme à un dépôt commun, pour fervir à la propagation de rcfpece. CXVIIL Les principaux phénomènes de la gé- nération. Vorigine du fœtus. Le nombre, le mouvement, & les pro- portions relatives des molécules organiques font la principale fource des différentes va- SUR LES CORPS ORGANISÉS, 19? itietes , ou des divers phénomènes qu'oifre la génération. Dans l'union des fexes , iî les molécules que nous !^'Urnit le mâle furpalTent en nom- bre & en adivité celles que fournit la femelle, Fembryon qui en provient eft un mâle , & ré- ciproquement. De là, la refTembîance plus ou moins mar- quée des enfluis au père ou à la mère. De là, les rapports plus ou moins prochains* des Mulets aux individus qui ont concouru à leur formation. S'il naît un feizieme de plus en mâles qu'en femelles 5 c'eft que les femelles étant communément plus petites , plus foibles , & mangeant moins que les mâles , les molécules organiques qu'elles fourniiTent font en plus petit nombre. CXIX. Foiirqtioi les petits animaux font plus féconds que les grands, '^c. Les grands animaux font moins féconds que les petits ; la Baleine , l'Eléphant &c. font moins féconds que le Hareng, le Rat, &c. N 2 195 C 0 N S I D FR A T 1 0 M S La raifon en eft apparemment , qu'il fiait plus de nourriture pour entretenir un grand corps , que pour en nourru* un petit -, & que pro- portion gardée, il y a dans les grands ani- maux beaucoup moins de nourriture fuperfliie qui puilFe devenir femence, qu'il n'y en a dans les petits animaux. Ceux-ci font doués d'organes plus fins -, ils extraient ainfi moins de particules brutes , & plus de particules orga- niques. V Abeille qui ne fe nourrit que du fuc le plus délicat des fleurs , extrait plus de par- ticules organiques que le Cheval^ qui fe nourrit d'herbes les plus groiîieres. Les Poiffons couverts d'écaillés multiplient incomparablement plus que les Qiiadrupede^ couverts de jmils. Cela vient peut-être de ce que les écailles diminuent plus que les poils, l'évacuation qui fe fait des fucs nourriciers par ja tranfpiration ; & que la furabondance des molécules organiques qui en eft une fuite , favorile la multiplication. CXX. Remarques fur ce précis dti nouveau fyjieme. Tels font les principaux traits par lefquels J'ai taché de caradérifer le nouveau fyftème SUR LES CORPS ORGANISÉS. 197 fur la génération. Je fens que ce point de vue ne lui elt pas favorable. Ces ditrérens traits ne forment pas un tout aiTez lié , aiTez harmoni- que , ni affez facile à faifir. Je prie donc ceux de mes Ledcurs qui voudront s'en faire une idée plus jufte , de confulter Fouvrage même. Ils feront bien dédommagés de la longueur de cette ieclure par les agrémens du ftyle, & par le grand nombre de chofes intérefTantes qui s'y trouvent répandues. CXXI. Coyiféqiiences- ^énéraks de ce fyfiême. On voit par Texpofé de ce fyftème, que les Corps organifés n'exitl;oient point originaire- ment en petit dans des germes : mais qu'ils font formés de la réunion d'un nombre déterminé de f articules organiques , vivantes^ avives , in- deflru&ibles. Ces particules ]ie font en elles- mêmes , ni végétaux ni animaux- y mais elles font propres à compofer des végétaux & des animaux. Ce font des matériaux deftinés à la conftruclion de ces diiférens édifices. La maiii invifible qui met ces matériaux en œuvre , cû une force fecrette , qui , comme celle de la gravité , pénètre les maifes , mais qui n'ugic point par impulfion , comme les forces méch?.- niques. Suivant les Ueux oi: les circonftanc^s N :5 198 CONSIDFRATIONS dans lefquels cette force exerce fou acftion , eile produit des Etres diiférens : d;ins la matrice^ c'cll un Embryon : dans les intejibis , c'eil un TcZiiia: dans la peau d'un Polype ^ c'elt un Po- lype : dans Vécorce d'un ^yri^Ê' , c'eft une brayi^ che , ou un arbre en petit. Les mêmes parti- cules organiques qui forment l'Etre organifé fourniiient à fa niitritmi Se à fon accroijfement. Portées à toutes fes parties, elles s'y arrangent & s'y moulent d'une manière relative à la forme de ces mêmes parties. Devenues furabondan- tes , & renvoyées aux organes de la généra- tion , comme à un réfervoir général , ces par- ticules y confervent une aptitude à repréfenter en petit les parties dont elles proviennent. Mais cette reprélentation ne fauroiç fe faire que lorfque les particules organiques fe trou- vent placées dans un lieu convenable, & ce lieu eîT; la matrice. Là , les particules deftinées à former les organes propres à l'un, des fexes font les premières k fe réunir : ces organes font , pour ainfii dire , le centre ou la bafe de tout l'édîÈcc. Les autres particules deftinées à repréienter les parties communes aux deux fexes, yiennent enluite fe ranger conféquemment à leurs rapports , & a la force qui agit en elles. Telle eft en général , Torignie de tous les Corps fM'g.ani'és. Leur décçnipofi.tioii nous laiife apper-. SUR LES CORPS ORGANISÉS, 195 cevoir les élémens organiques qui les compo- foient. Ils fe montreut dans les infujtons fous la Forme de globules yjioïivmis , dont la groireur diminue à mefure que la décompolition aug- mente. CHAPITRE VIII. ■ '■) Examen du nouveau fyftème. Comparaifon de ce Jyfième avec celui des germes. CXXIÎ. Principales fourees des ohje&ious qu'on peut former contre le fyftéme des raolécides organiques. I L y auroit bien des réflexions à faire ilir ce fyftème. Des particules organiques , vivantes , adives , communes aux végétaux & aux ani- maux , & qui ne font cependant ni végétal , ni animal ; une force qui n'a rien de femblable à Vimptdjion , un moule extérieur & intérieur ^ ou les particules organiques vont fe mouler , & d'où elles font renvoyées à un dépôt commun , pour repréfenter enfuite ce moule en petit i des rapports en vertu defquels ces particules fes réumifeiit pour former un Tout organique ; ce Ibnt là des fuppofitions .ivcc lefquellcs il n'eli X4. 200 CONSIDERATIONS pas facile de fe familiarifer. Je n'inrillerai cc- pcniiant pas là-ilcfîiis. Ce ne font peut-être que des difficultés, plutôt que de véritables objec- tions. Je me contenterai de rappeller à fefprit de mes Ledeurs fétonnant appareil de fibres , de membranes , de vciiJTeaux , de ligamens , de tendons , de mufcles , de nerfs , de veines , dVr- /fré-j, &ç. qui entrent dans la çompofition du corps d'un animal. Je les prierai de confidérer ïitteutivement la ftrudure , les rapports & le jeu de toutes ces parties.. Je leur demanderai enfuite , s'ils conçoivent qu'un Tout auffi com- pofé , auffi lié , auffi harmonique , puiife être formé par le fimple concours de moléeules mues ou dirigées fui vaut certaines loix à nous inconnues. Je les prierai de me dire s'ils ne ientent point ia neceffité où nous fommes d'ad- mettre 5 que cette admirable machine a été d'a- bord deffinée en petit par la même main qui a tracé le plan de l'Univers. Pour moi j'avoue ingénument , que je n'ai jamais conc/a que la chofe puiife être autrement. Lorfque j'ai voulu eiîayer de former un Corps organifé fans le fecours d'un germe primitif, j'ai toujours été il mécontent des eiiorts de mon imagination , que j'ai très-bien compris que i'entrçprife étoit abfolum.ent au-delTus de h portée, SUR LES CORPS ORGANISÉS. 201 CXXÎII. Comparaifon du nouveau fyftéme avec iç fyfieme des anciens & celui des naUires . plajîiques. Les anciens , qui ne pouvoient pas être d'auiîi bons Philofophes que nous , croyoient que les Inledes nailToient de la corruption. Ils fuppofoient que les molécules de la chair pourrie d'un Taureau ou d'un Ane , venant à fe réunir , produifoient une Abeille , un Scara- bée , &c. Nous nous fommes fort moqués de cette Phyfique : que lui manqUoit-il cependant pour paroitre moins grofîîere? Une forme plus fy lié ma tique. Il Rilloit organifer ces molécules, les rendre vivantes & adives : il falloir les fiire marcher avec règle , & fuivant certaines loix. Des Philofophes plus éclairés Se plus pro- fonds que les anciens , ont joint à la matière une ame ou une verfu plajiique , chargée de Torganifer. Ils ont peufé que les Vers du corps humain , & ceux qu'on trouve dans l'intérieur des plantes , étoient dûs à cette vertu. Ces Philofophes étoient bien près de la force ^ror* diiclrice du nouveau fyftènie. 202 COM S IDE' RATION S CXXÏV. Ohje&ions contre le fyfléîne des moIé- culcs organiques. Mais (î Fou vouloit approfondir davantage le îiouveau fy(lème,oii deniaiideroit : i^. Com- ment les particules organiques ruppolees hiailé- rabks , peuvent être moulées ? 2^. Comment ces particules étant renvoyées de toutes les parties qui ont pris leur partait accroiiTement , & n'y ayant point été admifcs , y ont pourtant pris des formes propres a repréfenter. en petit ces mêmes parties? 3^. Comment les individus qui proviennent de raccouplcment de deux in- dividus d'efpeces ou de formes clîentiellemcnt ■diiiérentes , ont des organes qu'on ne trouv-e ni dans le père ni dans la mère ? Tel eft , par exemple , le cas des mulets chez les Abeilles. 4^. Comment un mâle ou une femelle , ou tous les deux enfemble, mutilés dans quelque partie elTentielle & unique , engendrent des animaux à qui il ne manque rien (i) ? (i) tf On \'erra dans \x note que j'ai ajoutée à la fia de ce Clîîtjjitre, les preuves les plus direcles & les plus demonf- tratives de la Fabifiet.- des nioUcuiei oygi'.uîques. Et comme le fyiîême dont il s'at;it , repofe prii)cipale»r!ent fur l'exillence de ces molk-ules ^ les preuves qui démontrent leur non-exif- teiice , déinortrent par cela mime la faufieté du iyftême auquel elles fervent de bafc. Une pure méprife , facile à recoiiiioîrre , avoit donné n.nfTaute :i i'in!*eiiiei!X Roman. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 2oa CXX V. Réfutation des confequences que les par^ tifans de /'épigéneie tirent des objervations de Malpighi fur le Poulet , & de celles d'HARYEY fur les Biches, On m'ohjedlera fans doute les obfervations fur l'accroUrement du Poulet dans Vœuf, Se celles fur la génération des Biches , par îefqu elles il paroît que les parties d'un Corps organifé , font formées les unes après les autres. Dans le Poulet , par exemple , obfervé pendant les pre- miers jours de Vincubatioyi , le cmir paroit ex- térieur au corps de l'animal , & d'une forme très^diiférente de celle qu'il aura par la luite. Mais la foibleife de ccttç Qbjedion fe fait aifément fentir. On veut juger du temps où les parties d'un Corps organifé ont commencé d'exifter , par celui où çlles ont commencé de devenir fenfibles. On ne confidere point , que le repos , la petitelfe & la tranfparence de quel- ques - unes de ces parties , peuvent nous les rendre invifibles , quoi qu'elles exiftent réel- lement. CXXVI. Le rmrjeau fyflème ynoins probable que- celui des germes. Au refte , je confens qu'on ne regarde point? 204 CONSÎDFRATIO N S le nouveau {yftème fur la génération comme abfurde. Les voies de la Nature me font trop peu connues , pour ofer prononcer fur les moyens qu'elle a jugé à propos de choiGr. Je trouve ce fy (lème ingénieux. Il me paroit feu- lement , que celui qui établit que les Corps organifés ont eNÏfté originairement en petit dans les germes , & que la génération n'eft qae le commencement du développement de ces germes , eft un iyildme plus probable , plus facile à fainr , & fujet à moins de difficultés ou d'inconvéniens. CXXVII. Remarques fur reinhoïtement : ynaniere de juger de fa pnjJJhilité. Je m'en luis déjà expliqué : je ne prendrai point parti entre l'hypothcfe qui répand les germes par -tout, & celle qui les emboîte les uns dans les autres. Ces deux hypothefes ont chacune leur probabilité : mais il ne faut pas fuppofer un emboîtement à l'infini , ce qui feroit abfurde. La diviiibilité de la matière à l'innni , par laquelle on prétendroit foutenir cet emboî- tement 5 eft une vérité géométrique , & une erreur phyfique. Tout corps eft néceilairement fini y toutes lés parties fjnt néceliairement dé- terminées : mais, cette dçtermniatioa nous eft SUR LES CORPS ORGANISfi^, 20? inconnue. Nous ignorons abfolument quels font îes derniers termes de la divifion de la ma- tiere ; & c'eft cette ignorance même qui doit nous empêcher de regarder comme impoiîible i'envcloppement des germes les uns dans les autres. Nous n'avons qu'à ouvrir les yeux , & à promener nos regards autour de nous , pour voir que la matière a été prodigieufement divi- fée. L'échelle des Etres corporels ell; l'échelle de cette divifion. Combien la MoiJijTitre eft-clle contenue de fois dans le Cèdre , la Mitte dans l'Eléphant , la Puce d'eau dans la Baleine , un grain de fable dans le globe de la terre , u;i globule de lumière dans le foleil ? On nous prouve qu'une once d'or peut être affez fous- divifée par l'art humain pour former un fil de quatre -vingt à cent Heues de longueur (0 : on nous montre au microfcope des animaux dont plufieurs milliers n'égalent pas enfemble la groifeur du plus petit grain de poufîiere : on fait cent- obfervations de même genre, 6c nous traiterions d'abfurde la théorie des enve- ioppemens. Il y a plus , on obferve , pour ainii (0 tt Je ne difois pas afTez : M. de Reaumur a voit prouvé, que l'cnce d'or pouvoit fournir un fil, qui confuiiré fous toutes fes dimenfions , égriloit en lon^ijueur quatre cent quarante -quatre lieues. Voy lUém, de i'Acad. iji^y Leçom de rhyjîqne , Tome I , page 40. CLQ6 COKSIDF RATIONS dire à Tœil , cet enveloppement. On découvre dans un oignon à'hyacinte jufques à la qua- trième génération. Et ce qu'il y a de très- remarquable 5 eft que les parties de la fleur font celles qu'on diftingue le mieux dans la troi- fieme & quatrième génération : le volume de ces parties paroît incomparablement plus grand que celui de toutes les autres parties prifes enfemble (i). Ne jugeons pas de la matière uniquement par ΀S rapports plus ou moins prochains qu'elle a avec notre corps. Evitons de nous fervir de cette mefure. Des hommes dont la taille n'ex- céderoit pas celle de ces animaux qui nagent dans les infuGons , concevroient peut-être plus facilement que nous , l'emboîtement dont il eft ici queftion. Ils feroient en quelque forte ^ plus près de cette région d'infiniment petits. CXXVIIL Touts ormtïfés confidérés dans l'hy- pothefe de l'emboîtement. Pour moi, j'aime à reculer le plus qu'il m'eft poffible, les bornes de la création. Je me plais (0 tt J^ tenoîs cette obTervation de feu mon ilhiftre Compatriote , M. Caland&in[, qui l'avoit faite lui-même, & mil ne m'en avoit ^^s fourni les tl^tails. SUR LES CORTS ORGANISÉS. 107 ot conQdérer cette magnifique fuite d'Êtres or- ganifés , renfermés comme autant de petits mondes les uns dans les autres. Je les vois s'éloigner de moi par degrés, diminuer luivant certaines proportions , & le perdre enfin dans- une nuit impénétrable. Je goûte une fecrctte fatisiadion à contempler dans un gland le germe d'où naîtra dans quelques lleclcs , le Chêne ma- jeftueux à. l'ombre duquel les oifeaux de l'air & les bètes des champs iront fe réjouir. J'ai encore plus de plaifir à découvrir dans le feiii d'ÉMiLiE le germe du Héros qui fondera dans quelques milliers d'années , un grand empire , ou plutôt celui d'un Philofophe qui découvrira alors au monde , la caufe de la pefanteiir , le myftere de la génération , & la méchanique de notre Etre. CXXIX. Toiits organifés conftdérés dans l'hypo- thefe de la diiiemination. L'HYPOTHESE des germes répandus dans toutes les parties de la Nature , ne ra'oifre pas m\ fpedlacle moins intcreiTant , quoique dans un tout autre goût. Chaque Corps organifé fe préfente à moi ibus l'image d'une petite terre, où j'appercois en raccourci toutes les efpeces de plantes & d'animaux , qui s'oifrent en grand 208 C ONS IB FUJ TI 0 N s fur la fur face de notre globe. Un Chêne me. paroît compofé de plantes , j^Infe&es , de coquiU lages 5 de reptiles , de poîjfoiîs , êî'oifeaux , de quadrupèdes , à^ Hommes même. Je vois monter dans les racines de ce Chêne , avec les fucs deftinés à fa nourriture , des légions innom- brables de germes. Je les vois circuler dans les dilfércns vailTeaux , & fe loger enfuite dans répaiiTeur de leurs membranes pour les aug- menter en tout fens. Je les obferve s'arranger les uns à côté des autres , ou s'entrelacer les uns dans les autres , & former ainfi de petits édifices qui rappellent à mon efprit ces étran- ges monumens que la fuperdition Américaine éleva autrefois en l'honneur de fes Dieux , & qui n'étoient conftruits que des tètes des ani- maux qu'elle leur avoit facrifiés. Les vents , les pluies , la chaleur, le froid , &c. venant fondre tour à tour fur le Chêne , triomphent enfin de fa force & de fa vigueur : je vois le bâtiment crouler , & fe réduire en un tus de pouiîlerc. Les petits Etres organifés qui entroient dans fa compofition , fupérieurs à toutes ces attein- tes , font mis alors en liberté , & fe répaiulcnt de toutes parts. Je continue à les fuivre , cv je les vois rentrer bientôt dans d'autres compofés organiques , & devenir iuccelîivement Aïoitche , ■Limaçon:, Serpent ^ Carpe y Rojj'ignol:, Cheval :, (Sec, Que SUR LES CORPS ORGANISÉS, 209 Que dirai -je? L'air, l'eau , la terre ne me paroiiTent qu'un amas de germes , qu'un vafte Tout orgaiiique. Saisi d'ctonnement à la vue de cette circu- lation perpétuelle de germes , & de ces immen- fes richelTes qui ont été mifes en réferve dans tous les corps , je contemple avec délices cette économie nierveilleuic. Je vois les fiecles s'en- taiTer les uns fur les autres , les générations s'accumuler comme les flots de la mer , fans que le nombre des germes employés à les four- nir , diminue d'une manière fenlible la maife organique qu'ils compofent. Le dernier point de vue fous lequel je viens de préfenter le fyftème des germes , paroîtroit le rapprocher beaucoup du fyftème des molé- cules organiques. Cl je n'avois pas défini ce que j'entends par les germes , & fi je n'avois pas indiqué la manière dont on peut concevoir qu'ils entrent dans la compofition des corps. ^^ Tome V. © 2IO CONSID F RATIONS CXXX. Recherches fur la nature des globules mou vans. Illîifions ^ erreurs a craindre dans les obfer- vaiions fur de femhlahles corps. Viciffitude des opinions humaines : efforts de lœ raifon & fes écarts. Mais que doit -ou penfer de ces globules motivans qu'on découvre dans les liqueurs Té- minales , & dans les infufions de végétaux & d'animaux de toute efpece ? La décifion de cette queftion n'eft pas facile. Elle dépend d'une canaoiifaace exacle de la nature de ces globules -, & cette connoiirance , nous ne fommes pas près de l'acquérir. PFacés à une fi grande diliance de ces petits corps , pourvus d'inftrumens auiîî imparfaits que le font encore nos microfcopes> comment atteindrions- nous à quelque chofe de précis fur ce fujet (i)? (i) ft Ce qui me paroifloit fi difficile quand j'écrivoîs ceci , étoit pourtant afTez ficile ; mais je n'avois ganle de le foupqonner , piiree que je ire pouvois me perfuader , que toutes les expériences que j'ai rapportées dans le Cliap. Vif , euflent été mal faites , & que tous leurs rél'uîtats ne repo- falient que fur des apparences trompeufes. Cependant on entrevoit aflez par ce que je dis dans le reile de l'Article , que je preffeatois ici quelque illufion. SUR LES CORFS ORGANISÉS. 21 1 L'erreur peut fe glifTer ici par bien des en- droits : les fentiers de la vérité ne font pas nombreux. Des mouvemens plus ou moins forts , plus ou moins variés , plus ou moins foutenus du fluide où ces globules nagent ; une évaporation plus ou moins abondante , plus ou moins accélérée de ce fluide 5 une dé- compofition plus ou moins prompte , plus ou moins graduelle des particules i un air plus ou moins pur, plus ou moins adif; une illufion d'optique plus ou moins difficile à reconnoitre ou à prévenir 5 que fais -je encore ? un fluide très-actif qui pénétreroit la matière féminale , ou celle de finfufion , & dont les mouvemens feroi^it repréfentés par ceux des globules 5 tout cela pourroit nous féduire , & nous faire pren- dre l'apparence pour la réalité. Ceux qui obferverent les premiers les am- maux fpermatiqties , fe perfuaderent bientôt la vérité de leur exiftence , & n'eurent pes de peine à la perfuader aux curieux. On nous a décrit les mouv«iiens de ces aniniaux , comme très -variés & trés-fpontanés. On nous les a dépeints nageans dans la goutte de liqueur , comme les poiifons dans fOcéaii. On nous les a fait voir s'évitant avec adrcile les uns les autres dans leur courfe ra'pide > ^2 détournant 0 z 212 CONSIDERATIONS à propos , & avec précaution ; s'élevaiit à la furface de la liqueur , & fe plongeant enfuite •avec impétuofité dans fon fein. On nous a re- préfenté leur figure comme relTemblante à celle des Têtards j on leur a donné une grofle tète & une longue queue. Enfin , on a été jufqu'à entrevoir refpece de mctamorphofe que ces Vers dévoient fubir pour devenir des individus tels que celui dans la liqueur duquel on les obfervoit. , Aujourd'hui tous ces faits font fufpeds ou équivoques ; & l'édifice qu'on avoit élevé fur ces faits , n'eft qu'un palais enchanté. Les aîii- mmx fpermatiques font devenus de fimples, glo- bules , fans aucune partie diftinde. La longue queue qu'on donnoit à ces animaux , n'eft que le refte d'une enveloppe dont le globule cher- che à fe dégager, ou c'eft un fillon qu'il trace dans la liqueur par rimpétuofité de fon mou- vement. Enfin 5 ces globules ne doivent fubir aucune métamorphofe j mais peuvent fe réunir fous certains rapports , & former ainli diffé- rentes eipeces de Corps organifés. Telle eft la viciflitude des opinions des hommes. Telles font les révolutions des con- jedures & des fyftèmes. Spectacle curieux & SUR LES CORPS ORGANISÉS, ùi inftrudif ! Mémoires intéreflans pour l'hiftoire de refprit himiaiii î Avide de connoître , la raifon s'efForce de pénétrer à la fource des chofes : elle voit des faits 5 elle les étudie , elle fait en faire naître de nouveaux : mais la caufe de ces faits lui eft encore inconnue , & cette caufe eft ce qui pique le plus fa curiofité. Inquiette , ardente , adlive , la raifon ne peut s'arrêter aux effets. Elle veut voir au-delà. Elle fe tourne de tous côtés i elle s'agite -, elle s'émeut ; elle palTe & repalfe plufieurs fois devant le même objet. ]J aiguille aimantée ne s'arrête point qu'elle n'ait rencontré le pôle ; mais l'aiguille aimantée décline fouvent 5 & combien la raifon décline- 1- elle dans la recher- che du vrai ? Craignons cependant de la gêner trop dans fes mouvemens. Son adivité pourroit en rece- voir de fâcheufes atteintes. Il vaut mieux que la raifon s'écarte quelquefois en cherchant le vrai , que (î elle étoit moins ardente à le chercher» Ne nous refufons donc point a fefprit de fydême. Cultivons même cet efprit jufqu'à ua O 3 214 CONSIDE'RATiONS certain point. C'eft: fouvent une très - bonne lunette , qui nous aide à découvrir ^es objets fort éloignés. Mais il eft de ces lunettes dont les verres font défedueux ou mal difpofés. Les unes augmentent prodigieufement la grandeur des objets 5 d'autres la diminuent exceflivcmént. Les unes changent les formes ; d'autres altéreiît les couleurs j d'autres changent la fituation. Enfin , il en eft qui multiplient le nombre des objets. Opticiens î vous vous connoiiTez en verres : Philofophes î ne corrigeriez-vous point l'illufion ? Les globules dont il s'agit , pourroient bien n'être pas des animaux. On fait qu'il eft plu- fieurs matières dont les particules con/lituantes affedent une figure fphérique. On connoit les globules des examines : on connoit auffi les glo- bules du fiing , & ceux de la graijje. Les glo- bules des liqueurs féminales , & ceux des infu- îions font peut-ctre du même genre ou d^un genre analogue. Les mouvemeos intelHns de la îiqueur , joints aux autres caufes que j'ai indi- quées dans l'Article précédent , peuvent donner à ces globules un air de vie. Et fi ces globules diminuent de jour en jour de grolfeur , en augmentant en nombre , c'eft que la décompo^ fitiou de la niaûere augmente à chaque inltant. SUR LES CORPS ORGANISÉS, aif S'il exiftoit dans la Nature un fluide orga- nique , un fluide deftiné à opérer la nutrition & le développement des Corps organifés j fi l'action des vaiiTeaux fe bornoit principalement * à extraire ce fluide des matières alimentaires, à-peu-près comme le frottement extrait la ma- tière de VElsBricité des Corps éle&riques i on pourroit fuppofer que les globules dont nous parlons , font les parties conftituantes de ce fluide , dont la portion la plus fubtile «Se la plus agilfante compofe les liqueurs féminales. On pourroit encore conjecturer , qu'il eft une forte attradion entre ce fluide & les différentes ef- peces de Corps organifés. Une femblable attradion pourroit être admife entre les germes , & entre ceux-ci & les Corps organifés. Dans cette fuppofition , les globules donc nous recherchons la nature , ne feroient qu'un aifemblage de germes liés les uns aux autres , & qu'un fluide très-adif tendrait con- tinuellement à défunir. De là , la diminution graduelle des petites maifes qu'ils compofent. CXXXÏ. Vue au monde phyfiqm dans la fuppo- fition que les globules aiouvans font de ^eW- tahles animaux. Mais fi ces globules foiit de véritables ani- O 4 ^16 COK.^ IDE' RATIONS maux , comme on peut raifonnablement le con^ jedurer (l) , quelle magnificence dans le plan de la Création terreftre î C^iieile grandeur ! (^îelle profuiion ! Quelle complaifance à orga- nifer la matière , & à multiplier les Etres fen- tans î Nous voyons les animaux répandus fur toute la furface de la terre , dans toute l'éten- due des eaux , & juiques dans les vaftes con- tours de ratmofphere. Notre mémoire eft acca- blée des noms de toutes les efpeces connues : notre imagination eft effrayée à la vue du nombre innombrable d'individus que fourniflent certaines efpeces d'Infedes ou de poilîons. Cependant , comment foutiendrons - nous ceci ? Ce n'eft là réellement qu'une très -petite parties que dis-je ! qu'un infiniment petit du règne animal. La Mitte comme VElépbmit , le Puceron comme V Autruche , V Anguille du vînai^ gre comme la Baleine , ne font qu'un compofé d'animaux y toutes leurs liqueurs en fourmil- lent > tous leurs vailfeaux en font femés. Ce n'eO: pas tout encore j les végétaux eux- (i) tt î'^ conjediire qve je formois ici, a été pleinement rérifîce bien des années après , par un habile Qbfcrvattur ^ui ne s'en înifle {■•as impofcr par tics apparences. Voyez la ■^^îs. 0,111 eft à ia fin de ce Chapitre* SUR LES CORPS ORGANISÉS. 217 mêmes , & jufqu'à leurs moindres parties ne font qu'un tilîu d'animaux. Depuis le Champi- gnon jufqu'à V Orme y depuis la Moujje jufqu'au Sirpïji y depuis le Lychen jufqu'au Chêne , tout n'eft qu'animalcule & qu'être fentant. C'est ainfi que le Suprême Architecte a porté fon Ouvrage au plus grand degré de perfedion qu'il pouvoit recevoir. Sa. Sagesse a revêtu la matière d'un nombre prefque in- fini de modifiâations , dont le monde phyfiqiie eft la fomme. Entre les modifications que nous obfervons ici-bas , la principale , la plus com- pofée , la plus parfaite , & celle à laquelle tou- tes les autres fe rapportent 5 eft Vorganifation. Mais entre les différentes efpeces d'organifa- tions , eelle d'où réfulte Vanimal tient le pre- mier rang. Elle eft donc le genre de modifica- tions qui a été le plus multiplié , ou le plus diverfîfié : l'animal eft le lien , le centre , & la fin de toutes les parties de la Nature. CXXXII. Conje& lires ^ réflexions fur la nature de ces animalcules^ Remarques fur nos idées d'économie animale» ^ Mais (î les globules des liqueurs féminales^ 2i8 CONSIDFRATIOKS & ceux des infufions , font de véritables ani- maux , quelle elt leur nature ? Quelle efl: leur manière de naître , de fe nourrir , de croître , de multiplier ^ Je ferai fur toutes ces queftions une remar- que générale. Nos idées d'économie animale ont été d'abord très-reiferrées. Elles ne fe font étendues que lentement & par degrés , comme toutes nos autres connoiffances. Avant qu'on eût obfervé la^ multiplication des Infedes de bouture , & celle fans accouplement , on difoit que ranimai fe propageoic par des œufs ou par des p&tits vivans , & que cela étoit tou- jours précédé du concours de deux individus de difîerens fexes. Cette divifion des animaux feroit aujourd'hui très - defedueufe. Elle laiife- roit en arrière un très-grand nombre d'efpeces qui appartiennent inconteftablement à cette claife d'Êtres organifés. Apprenons donc par-là à ne pas limiter la Nature , & à concevoir de plus hautes idées de fou immenfe variété. Lç Tolype eit peut - être moins éloigné du Singe , qu'il ne l'ell des animaux que nous cherchons à connoître. £n un mot , nous ne favons point où commence r.-.nimal: nous favons feulement où il finit , & que l'Homme eft le terme le plus élevé de cette magnifique gradation. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 219 Qui pourroit prouver qu'il n'y a pas des animaux qui fe naurriiTent par toute l'habitude de leur corps , à-peu-près comme on imagine que fe fait la nutrition du cryfiallin ? Qiû pourroit afTurer qu'il n'exifte point des ani- maux d'une petiteife prefque infinie , de figure fphérique ou ellyptique ; fans aucun membre , fans aucune partie extérieure , dont les fens tous intérieurs le bornent uniquement à dé- couvrir ce qui fe paiTe au-dedans de l'animal , & non point ce qui eft au-dehors ? Qui pour- roit prouver que ces animaux ne goûtent pas un auiîî grand plaifir à fentir ce qui fe palfe dans leur intérieur , que l'eft celui que les autres animaux goûtent à voir ce qui fe paiTe autour d'eux ? Qui fait Ç\ le fimple mouvement des liqueurs auquel ia vie de ces animalcules a été attachée , ne leur procure pas des fenfa- tions aufîl vives que le font celles que l'im- prelnon des objets extérieurs procure aux autres animaux ? CXXXIIÎ. Les anhuLiiciiles des liqustirs , '^c» cof/ipiirés aux Foiyfes. Préférons cependant des conjectures qui aient quelque fondement dans l'obfervation ou rcxpériencç. Coioiparons les animalcules eu 220 CONSIDFRATIONS qucftion aux Polypes , Se aux autres Infeclcs qui fe multiplient de houUtre. Difons qu'ils fc grejfent naturellement les uns aux autres , & qu'ils forment ainfi des globules plus ou moins fenfibles , peut-être même des filamens plus ou moins confidérables. Suppofons encore qu'ils fe propagent, foit par une diviGon natu- relle , fcmbhble ou analogue à celle des Foly- pes à bouquet (ï) (2) , foit en fe rompant ou en fe partageant avec une extrême flicilité , comme les petites Anguilles de Peau douce (3). Nous expliquerons par -là aifez heureufement les principaux phénomènes que nous offrent les globules , en particulier celui de leur dimi- nution de grolTeur , & de leur augmentation de nombre. (i) Mhnehe fur les Folyps à bouquet^ par M.. Teembley, Î747. (2) ff Cette conjcfture que je dédiiifois ainiî de l'analo- gie , a été confirmée depuis par les belles obfervations de MM. de Saussure, Spallanzanî , MullePv , Corti. Ils ont vu différentes erpeces de ces animaîcuies fe divifer îiaturelknent les unes en deux , les autres en quatre, & donner ainfi naiiTance à autant d'individus difFérens , qui ne tardoient pas à fe proî)ager eux - mêmes par de femblables divifioni. Voyez en particulier la note qui eil à la fin du Tome 1 de la Fali/igé'néjk , pag. 426 & fuiv. de la première Edition. (5) Traité à'I'nfcilologîe , féconde Partie. Oeuvres ■ Tom. L ' SUR LES CORPS ORGANISÉS. 2'2i Nous pouvons encore conjedurer , que ces j^nimaux maigrix^ent ou fe reilerrent, lorfqu'ils font expofés quelque temps au grand air , ou que la liqueur dans laquelle ils nagent corn.- menco à s'altérer. Enfin , ces animaux fe meuvent , 8c leurs mouvemei-is font variés & très - rapides. Com- ment exécutent-ils tous ces mouvemens? Nous voyons déjà que les mouvemens par lefquels ils s'élèvent ou fe plongent dans la liqueur, peuvent dépendre principalement de Faugmentatioii ou de la diminution du volume de leur corps, à -peu -près comme dans les poilTons. A l'égard des autres mouvemens , ils tien- nent fans doute à une méchanique intérieure, qui nous eft inconnue. Peut-être même qu'ils s'opèrent par des organes extérieurs , que leur extrême petitelfe ne nous permet pas d'apper- cevoir. CXXXIV. Ce que Von feiit imaginer que de^ viennent les animalcules du fperme après quil a été repompé. La liqueur féminale , après avoir féjourné ^Z CONSID F RATIONS plus ou moins dans les vaifTeaux qui la can« tenoient, eft repompée par d'autres vaifTeaux qui la portent à différentes parties , avec lef- quelles elle s'incorpore. Qiie deviennent alors les animalcules dont cette liqueur eft peuplée? Je réponds , qu'il n'eft point abfurde d'ad- mettre que ces anmiaux continuent d'exifter dans ce nouvel état. Ils reffembleront à la GaL Imfe&e , qui après avoir couru quelque temps de tous côtés , fe fixe fur une tige ou fur une branche , où elle palfe le relie de fa vie dans la plus parfaite immobilité , & Ci bien con- fondue avec la plante , qu'on la prendroit pour une G(^Me ou une excroiffaruce de cette plante (i). Pourquoi nous refuferions-nons au plaifir de prolonger l'exiftence des Etres fen- tans '{ Les animalcules dont nous parlons , col- lés aux parois d'un vaiifeau féreux ou fan- guin , y jouiront de toutes les douceurs atta- chées à cette exiftence. Ils y repréfenteront les Orties de mer fixées aux rochers dVn détroit. (l) 3Iém. pour ferzir à VHifi. des Infectes , Tome IV , JVlém. I. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 2%i CXXXV. De ce que Von doit f enfer de Pap^ parition des animalcules dans des matière i qui ont bouilli. Note importante ou extraits de Lettres de M. de Reaumur , qui prouvent que les globules jnouvans font de vrais animaux, A l'égard de Papparition de ces animaîcules dans les matières qui ont bouilli , ou qui ont été expofées à un degré de chaleur auquel nous ne concevons pas qu'aucun animal puilTe vivre , la difficulté qu'elle forme ne doit pas nous intriguer beaucoup , puifqu'elle n'a pour fondement que Pignorance où nous fommes du degré de chaleur que certains animaux ont été rendus capables de fupporter (i)» D'ailleurs , il n'eft pas fiir que ces animalcules fuffent dans la matière de l'infuGon. Ils habitoient peut-être Pair renfermé dans le bocal : ils avoient paifé de cet air dans la matière dé Pinfufion. Il y a peut-être une circulation perpétuelle de (i)ttJ'^n'^Jq"srni ailleurs île belles expériences qui démoii' trent que certains animalcules peuvent ibutenir , lans pe'rir, la chaleur tie l'eau bouillante. J'avois donc bien raifon de dire ici,, que la difficulté dont il s'agit, ne lUvoït fas nqn? intriguer beaucoup. ^24 C 0 N s I D E'RA T I 0 KS ces animalcules de l'air dans les Corps orga- iiifés, & des Corps organifés dans Pair. (i). ■(t) Depuis que j'ai écrit ceci, M. TrEiMBLEY m'a com- «nuniqué une Lettre qu'il avoit reque de M. de Reaumur , qui ne permet gueres de douter, que les globules mouvans j ne foient de véritables animaux. Voici l'extrait de cette Lettre. 5, Mon objet étoit de vérifier les obfervations qui ont été j>, le fondement d'idées fi étranges fur la génération des ani- 55 maux. J'ai beaucoup étudié les différentes inFufions , & 3, j'ai reconnu non-feulement , que ces prétendues particules 3, organiques font de véritables animaux j mais que ces petits 3, animaux font des ordres de générations femblables , qui fe 35 fuccedcnt i qu'il eîl très -faux que les générations foient 55 d'animaux de plus en plus petits, comme l'ont avancé les 55 Auteurs du nouveau fyftême , que tout va ici fi l'ordi- 5, naire [*] ; que les petits deviennent grands à leur tour ". Dans une de fes Lettres , M. de Rilaumur m'apprenoit aufii : ,5 qu'il avoit répété fes obfervations fur les Inl'edes 55 des infufions, qu'il les avoit examinés avec le plus grand 5, foin pendant des heures entières , & qu'il avoit reconnu 55 te qui en avoit impofé à ceux qui les ont pris pour de 3, fimples globules mouvans ", Il feroit il délirer, que riliuftre Auteur de VHi/îoire natu- relle , générale ^ particuliers , entreprît de remanier fes pro- pres obfervations , & d'approfondir davantage ce fujet inté- rciTant. Il a tant de fagacité , qu'il feroit bien étrange que le vr:u lui échappât. Mais finement il ne lui échappera point, n'il veut bien oublier , au moins pour un temps , fes molécules n tt Ces exprefiîons de M. de Reaumur montrent afTez , qu'il n'avoit pas découvert la finguliere multiplication de nos animalcules par àivifwn naturelle. Je fuis bien allure, ique s'il l'avuit découverte , il fe feroit emprelTé à nous en faire part , à M. Tremblky & à moi ; & il ne le feroit pas Iwmé à dire , que- tcut va ici à l'cnHîuiire, cxxxvi. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 22f CXXXVI. Explication du Mulet dans rhypo-. thefe de r Auteur , en fuppojlmt que le gernw ejl fourni par le inâle. Si Ton compare le lyfteme des germes avec celui des molécules organiques , je crois qu'on fe fentira plus poité à embrafler le premiec que le fécond. Mais je crois auiîî qu'on trou- vera que celui-là eft fujet à de grandes diffi- cultés , & que je n'ai pas réfolues d'une ma- nière bien fatisfaifante. Je veux parler princi- palement de celles qui le tirent de la géné- ration du Mulet , ou de cet animal qui provient de l'union d'un Ane avec une Jiwient. DâNS l'explication que j'ai harardée(i) de ce fait , j'ai fuppofé que le germe étoit con- tenu dans la femelle; & que la liqueur femi^ iiale du mâle contenoit les élémens relatifs aux diflérentes parties de ce germe , & propres à en opérer la nutrition & le déVeloppement- J'ai imaginé que le Cheval defiiné en minia- ture dans les ovaires de la Jument , étoit mé- tamorphofé en Pvlulet par Fimprcilion plus ou er^nniques ^ fes moules, & tout l'attirail d'un fyftême, que fojî géoie ifecond s'eft plù à inventer , & que fa raifon d^ve* luiJ féceïe^bandonnera peut-être quelque jour. (i) Voyez le Chap. III , Art. XL. Tome V. P ^26 CONSIDE' RATIONS moins forte de la liqueur de VAne , fur quel- ques-unes de fes parties. J'ai conjeduré que les molécules élémentaires deftinées k procurer la nutrition 8c le développement des oreilles , étoicnt plus abondantes & plus adives dans la f jmence de VAne , qu'elles ne le font dans celle du cheval y & que les molécules deftinées à procurer la nutrition & le développement de la queue, étoient au contraire, plus abondantes & plus adives dans la femence du Cheval^ que dans celle de VAne. Par-là j'ai tenté de rendre raifon des longues oreilles du Mulet, & cle fa queue peu fournie de crins. Je me fuis borné à ces deux caraderes , qui m'ont fervi d'exemples. Mais fi Ton confidere le Mulet avec atten- tion , il paroltra , qu'il eft plutôt un Ane en grand , qu'un Cheval vicié. Sa tète , fon col , fon corfage, fa croupe, fes jambes fembleront le rapprocher beaucoup plus de VAne que du "Cheval. Il ne paroitra gueres tenir de celui-ci, que par fa grandeur , fa couleur , & fon poil. Or , on ne conçoit pas trop comment d'auflî grands changemens que ceux dont il s'agit , ont pu être produits par la fimple adion du fluide féminal. Il faut convenir de la dilBculté, WR LES CGRFS ORGANISÉS. 227 elle rccevroit, fans doute, un nouveau degré de force , iî on en venoit à un examen plus approfondi des parties, & h on poulfoic cec examen jufques à l'intérieur (i). Sans décider cependant , fur la queftion , fi les changemens dont nous parlons peuvent être exécutés par la liqueur féminaîe -, prenons l'inverfe de la première fuppoiition. Au lieu dé faire fournir le germe par la femelle , fii- fons-le fournir par le mâle (2). Tout devien- dra alors plus facile. Les caractères par lefque's le Mulet fe rapproche plus du Cheval que de VAiie^ ne tenant pomt à la ix)rme des parti'?s elfentielles , fuppoferont des changemens moins confidérables , moins difficiles que ceux qu2 fuppoferoient les caraderes parlefquels \q Muieâ (0 tt C'eft ce que Us cnrieufes oVfervitions de M* Hérissant ^mVOrs:ane delà voix ; préccdens , de ces Etres microrcopif|ne<; qui ont reqn le Sfiom d'Animalcules ou de Fcrsfyerniatiques. On connoît l'hii- toire de cette famenfe découverte » les controverfes qu'elle a cccafioiiées , 8z les hypothefes auxquelles elle a donné naif- fance Hartsocker îsvnit dirputéefà Leuwenhoeck ; mais elle eft demeurée à celui-^ci. Tous, deux admettoient Vaniwu- îité de ces petits Etres , qui a été rejettt'e par plufieurs j'hiteurs célèbres. Ljnneus regardoit les Etres dont il s'agit, €o:-nme des particules inerte^? i\\\ fperme , que le inouverrent inteftin de la liqueur paroiiîcit animer. M. Needham a yenle qu'ils font des. Etres Jmipleuient vitaux , produits par une certaine force 'végétahicc qu'il attribue à la matière. M. de BUFFON les a transformés en inoléculrs or^nniques ou en particules vivantes , aélives , indeR-rKiftihies ^ & qui ^ fans être ni végétales, ni anh-talcs ^ font deRinées'' à produire les vév;étaux & les animaux, Oa a vu dans le Chap. VII de ce volume , u-R tableau en raccourci k\Q:?i obfervations de l'illuf- ïe Naturnlifte, & un piécjs de fon fyftôme. Il n'y avoit qu'une leùle bonne voie de décider toutes cqs controverfes : c'ét-oit d^obferver ces Etres microfcopiques avec \m nouveavf foin , & de porter dans cette recherche difficile, nue logifjue féver§ & \m efprit libre, de préjugés. Heureufe- snent il s'eft trouvé dans ces derniers temps, un Obfervateur tel qu'il le falioifc pour interroger la Nature , & en obtenir des réponles auffî claires que déciiîvcs. Cet Obfervateur , à qui no\:s devions déjà de Ji belles découvertes , èfl: M. TAbbé SpALtANZANi , dont Ics talcus & la fagelfQ brillent dans ronvrnge intercfTanf qu'il' vient de publier» fous le titre mo- îlefLe à'Opufculcs dr Phyjîque aninude ç^ végétale. Les bornes iXv'AS- fuiiplç note ue ïîjc^ pcrciettcnt pas d'en donnep lin cxtï'?it' firlvi i vr)^h \\n détacherai les T?nrtiquhr.ités les pli^s ^eG.tielIcs. dft l'hirsoiie. die. aos animalcules., L'Auteur u'a pas SUR LES CORPS ORGANISÉS. 233 CHAPITRE IX. Nouvelles découvertes fur la formation dtù Poulet dans l'œuf Confcquences de ces découvertes. Coî77parafon J des expériences de Harvey fur la généra- tion des Biches , avec celles fur la for-- vmtion du Poulet. CXLL hitroctu&ion. Découvertes de M. de Haller fur le Poulet. T, Elles étoient , îl y a environ douze ans (i), mes méditations fui" la formation des voulu que le public ignorât que q'a été à ma prière , qu'il a tâche' d'apiuofoiulir cette hiftoire , & J€ me félicite d'avoir contribué sirifi à fon perFecHonnement. Les animalailes f^ermatiques abondent dans la liqueur fémi,« nale île tous les animaux qui ont fait le fujet de ces recher- ches. On les y découvre avec plus ou moins de facilité, & on apperqoit des différences plus ou moins frappantes , dans leur forme, dans leur grandeur & dans leurs mouvemens. Il en efl: encore dans la durée de leur courte vie, après que le (i) J'écrivois ceci au commencement de Septembre 1759? immédiatement après avoir achevé mon Effiù analytique fur 234 CONSIDERATIONS Corps organifcs. Je n'ai rien changé à Texpo- fîtion que j'en fis alors : on va juger de leur fperme a été tiré du corps de l'animal. En général , leur forme approche afTez de celle des Têtards , ou li Ton veut , de celle des larmes hataviqim. Leur tête eft groffe , ob lon- gue, arrondie & fe termine par un filet lonijuct & délié, en îDaniere irappendice ou de queue. Dans les ?ivimalcuies du fperme humain , la queue eft environ fix fois plus loi «ue que la tête 5 mais elle n'a guere> que le tiers de la grofleur de celle-ci vers fon origine. Ou jugera de la petitefTe de ces animalcules , fi j'ajoute , que leur tête n*égale pas la grofleur d*un globule rouge du fang. Ccr. Etres finguliers ont deux mouvemens ; l'un eft pro- greifif, l'autre ofcillatoirc. Ils vont en avant à l'aide des orciilations de leur queue. Les mouvemens de quelques efpe- cos font très-rapides, & imitent ceux des pcilTons. Ils conti- nuent pendant un ten^ps plus ou moins long , fuivant que l'air ambiant eft plus on moins chaud. Ordinairement ils ceiTent en mojns de deux heures. Le mouvement progreflif cefTe avant rufcilîatoire. Ap^iês leur mort , les animalcules demeurent étendus en ligne droite , & leur queue ne fe fepare jamais de la tête. . Si on fait tomber fur les animalcules du fperme humain une goutte d'eau de pluie ou même d'eau diftiiléc, ils per- dent à î'mftant le mouve Tient j mais ils le confervent dans la faîive chaude ou froide. Un air un peu froid les engour- dit; & ils ne fe meuvent plus à une température de deux degrés au defius de la congélation. Om les a vus fe mouvoir pendant près de huit heures, à une chaleur de vingt-deux degrés. Tous les animalcules fpermatiques d'une même efpece ne font pas éi;aux en grandeur ou plutôt en petiteffe. Il en eft qui font fcnfibîement plus petits que les autres. La taille offre des variétés plus fenfibles encore dans les animal;: ulcs de différentes efpeces. Par exemple ; ceux du fp'-rme du Taureau &. du Bélier ont une taille bien plus SUR LES CORPS ORGANISES. 23 ^ cccord avec de nouvelles découvertes doiu je n'avois entrevu que la poffibilité. avantageufe que ceux du fperme de l'Homme. Les animalcules du Cheval & du Chien reQemblent parfaitement à ces der- ïiiers. Mais ceux du Lapin font beaucoup plus petits. On obfet\?e encore des différences relativement à la popci- lation des différentes efpeces de fperme. Celle du fperme du Taureau eft beaucoup plus grande que celle du fperme humain. Il en eft de même de celle du fperme dn Chien. Le fperme du Cheval eft , au contraire , moins peuplé que celui de l'Homme. Ce n'eft pas feulement le fperme des animaux à fcuig chaud^ qui abonde en animalcules ; on en découvre aufîi dans le fperme des animaux à fang froid. Les PoifTons Se divers Am- phibies ont leurs animalcules fpermatiques , qui différent beaucoup de ceux des animaux à fang chaud , foit par leur forme, foit par leur gramlcur. Les animalcules de la Carpe, ceux de h Salamandre aquatiqite & de la Grenouille nous en fûurniffent des exemples. Les premiers font de petites fpheres fans queue , qui refferablent aflcz à certains animalcules des jnfufions. Les féconds, a« contraire, ont une queue déméfu- rément longue , & qui offre des particularités qu'on ne dé- couvre point dans celle des autie-? animalcules. La queue des Vers fpermatiques de la Salam.^ndre eft toute garnie de poils ou de petites barbes , oui font de véritables nageoires. Il leur arrive fouvent de s'entortiller les uns autour des autres, & de former ainfi de petits groiippes. (Quelquefois encore on les voit fe contourner , & circuler autaur d*un centre com- mun , à la manière d'mi dévidoir. Les animalcules de la Grenouille, beaucoup plus petits que ceux des grands Q.ua-' drupedes , reffemblent à des boules alongées , & fgnt dé- pourvus de queues comme ceux ile la Carpe. Tandis qu'ils vont en avant, ils fe donnent de légères contorfions , ou tremblent de tout leur corps. Au reftc , tous les animalcules fpermatiques paroiflent fàvés dç iaivue: à quoi kur fcrviroit- elle dans le fcjouji- 23^ CONSIDERATIONS Je dilbis au commencement du Chapitre III (0, qu'un jour on arraeheroit à la Nature ténébreux qu'ils habitent ? On les voit heurter centre tous ks obilacles qu'ils rencontrent dans leur marche. Je dois ajouter que leur mouvement eft perpétuel [*]. MM. Bl'ffon &. Needham avoient admis que les cor- pufcules fpermatiques naiffbient de la p-irtie Hbreule ou folide tlu fperme. Notre habile Obfervateur de Reggio , a prouvé par les expériences les mieux fa'tes & les plus démonllratives , que 11 partie folide du fperme ne produit rien , que les corpufcules fpcrniatiques n'y réfident point , & qu'ils ne fe trouvent que dans la pjirtie fluide ou lymphatique de la liqueur. Quand à force de foi.'is , il eft parvenu à enlever toute la- partie lymphatique qui adhéroit à la partie folide j il n'a jamais vu de corpufcules vivans dans celle-ci. M. Needham s'imaginoit que les corpufcules vivans fe formoient par la force vés:étatyîce , dès que la partie folide du fperme fe décompoToit dans l'air. Rien de plus faux que cette idée, puifque M. SpallANZAni eft parvenu à obferver uet^tinent les animalcules en plein mouvement , à travers les parois tranfpai entes des vaiffeaux àéfére;is de la Sala- mandre aquatique [**]. M, de BuFFON n'a vu les Vers fpermatiques que comme de fimples globules mouvans •-, (voy. ci-detTus , Chap. VII, exp- i', 2 ,. ? , &c. ) & il a fortement combattu Lf.uwen- HOEK qui foutenoit l'animalité de ces petits Etres. Suivant rAcadémicien Franqois ,, l'appendice en forme de queue eft une chofe tout- à- fait étrangère au corpufcule ou un pur accident. Cette prétendue queue n'eft au fond qu'une portioncule de la matière filamcnteufe du fperme , que le corpufcule entraîne [*] Opi'fctilcs de Phy/iqv.e anîmnle ^ &c. Introd. Chap. I du Tome II , Trad. Françoifc , Genève 1777^ [**] Ibid. Chnp. IIL . (1) Vo^. i'..\rt. XVII., SUR LES CORPS ORGANISÉS. Ili fon fecret. Un de fes plus chers flivoris , M, le Baron de Haller , Ta interrogée depuis peu avec lui, & dont il parvient tôt ou tard à fe débarraflcr; & cctie aiTc-rtion li exprelfe , l'Auteur la déduit de fes propres obfervations. Cependsnt^M. Spallanzani démonire par les faits les mieux (.bfervés , que cette aficrtion fi pofitive eiè entièrement faulTe , & il indique en même temps ce qni peut en avoir impofé à M. de Buffon. L'appendice dont il s'agit, eft fi bien une véritable queue , que l'animalcule s'en il-rt pour nager , précifément de la même manière que quantité À'Apodes aquatiques fe f.rvei;t de leur queue. On voit i'ani- malcule contourner cette queue en différens fens , la courber, la redretl'ér & lui faire exécuter des ofcillations plus ou moins promptes. De plus, cette queue a fi peu de difpofition à fe féparer du corps , qu'elle y demeure conftamment atta- chée , même allez long-temps après la mort de l'animalcule. Mais, ce qui eft plus déciiif encore, la macération dans l'eau bouillante ne fuffit pas même pour la détacher ou h détruire. Le vinaigre & l'urine qui détruifent aflez promptement la ftrurture de la plupart des animalcules des infutîons n'alté. rent qu'à la 4ongue celle des Vers fpermatiquv?s [*]. Notre illuftre Académicien François avoit encore affirmé que les corpufcules fpermatiques , ou félon lui , les globules imiivans acquéroicnt avec le temps une plus grande vîteCTe , qu'ils changeoient peu à peu de forme , qu'ils s'arrondillbiént & qu'ils diminuaient grad'.icllement de giandeur, pendant un intervalle de fept à liuit jours. L'0(>fcrv::.teur s'étoit encore trompé fur tous ces faits. Le N.ituralilie de Keggio , plus attentif & plus circonfpccl , eft parvenu à démontrer rigou- rcui'ement l'origine de toutes ces méprifes , & on s'étonne qu'il Kit fi aifé d'y parvenir. Le fpcrme fe corrompt à l'air comme toutes les autres matières animales ; & dans cet état de corruption qiii lui furvient au bout de fept à huit jours, il fe peuple d'une multitude d'animalcules fphériquû», d'une ['] Onufç. Chap. IV. t^38 COMSÎDE' RATIONS comme elle demandoit à Petite , & il en a obtenu des répoiifes qui reculent les bornes extrême petiteîTe , & entrérement dépourvus de queue. Leurs mouvemens font très-rapides, très«.variés, & précifément Tem-. blables à ceux qu'on ohferve chez les animalcules des inFu- fions. Voilà donc tout le myftere: il en eft du fperme comme de toute autre matière infufée : il fe peuple au bout d'un certain temps, de très -petits animalcules, & lorfquc les Vers fpermatiques ont celTé de vivre , on voit ainfi d^ultre$ animalcules leur fuccéder ; & ce font ces animalcules que M. de RUFFON a transformés en globules monvans y puis en fes fameufes molécules organiques. En continuant de fuivre les animalcules de l'efpece de ceux des infufions, & qui avoient commencé à paroître dans le fperme corrompu, M. Spallanzani a rec(ninu , qu'il y a plufieurs gé^ératicms fucctffives de ces animalcules , (& qu'elles font d'animakules toujours plus petits, de manière que la dernière génération eft d'animalcules fi petits , que les meilleurs verres fuffifent à peine pour les faire découvrir. Il s'eft encore alTuré, que le fperme corrompu fe peuple iVaninwlcules cylindriques plus grands que les Vers fper- matiques , & qui fe nourriiToicnt des cadavres de ceux-ci de- meurés entiers. Enfin , il a vu dans la même matière d'au- tres animalcules auffi petits que les Vers fpermatiques, qui fe propagcoient par dix'iiîon naturelle & qui multiplioient aiitfi avec excès. Je prie qu'on ne foupqonne pas qu'il puiiïe y avoir de l'équivoque dans ces cbfervations de M. Spallanzani: il me fuffira de dire, pour diffijier ce foupqon , qu'en même tenis qu'il obferv(ut dnns le fperme corrompu les animalcules dont je viens de parler, il y oblervoit très-nettement les cadavres des Vers fpermatiques parfaitement bien coufervés. Les Vers fpermatiques ne s'étuient donc p.^s changés en au!- malcules fphériqiicsj mais «les animalcules fphcriques avoicnï fuccédé aux Vers fpc-matiqucs. Notre infatigable Obfervatcur a fait les nnîmes reôherchta SUR LES CORPS ORGANISÉS. 239 de nos connoiflances. C'ed de Fiiitérieur d'un œuf de Poule qu'elle lui a rendu les oracles. fiirlefperme du Cheval, du Taureau , du Bélier, du Chien , du Lapin, de la Salamandre, de la Grenouille, & par-tout il a vu les mêmes particularités eflTentielles. Toujours après la mort des Vers fpermatiques , ou dès que les fpermes ont commencé à fe corrompre, il a vu apparoître dans la ligueur une multitude d'animalcules difFérens qui lui offroient des phénomènes variés. Il a remarqué entr'autres , que les Vers fpermatiques du Cheval, fe confervent très-entiers dans le fperme corrompu un mois après leur mort , & que ce fpcrme fe peuple d'animalcules de hien des efpeces différentes , parmi lefquelles il y en a qui changent continueilemout de forme ou d'apparence. Tous ces petits peuples qui naiiTent dans les fpermes eorrompus , n'ont rien au fond de plus lingulier que ceux qui nailTent dans les femences végétales ou dnns les infufions de différentes efpeces. On fait depuis long-temps que les fe- mences végétales infufées pendant quelques jours, fourmiî- loieut bientôt d'animalcules: ce font pourtant de pareils a^ninialcules que M. de IjUFFon avoit pris pour de fimples globules mouvam , & qu'il avoit enfuite défignés par le terme nouveau de molécules organiques. La plupart des animalcules des infufions font véficulaires & d'un tiffu très-délicat. Leur forme s'altère facilement j ils fe rident & fe defféchent après leur mort, & furnagentdans la liqueur. Il en va tout autrement des Vers fpermatiques. Ils ne font point véficulaires. Ils font d*une fuhftance ho- mogène & folide, auffi tombent-ils au fond de la liqueur après leur mort , & ne fe détruifent-ils pas comme les autres animalcules. M. de Buffon n'auroit donc eu , comme le remarque M. Spaluanzane , qu'à regarder au fond de la liqueur, pour y retrouvrer les cadavres bien entiers des Vers fpermatiques , & fe convaincre par fes propres yeux qu'ils ne s'étoient pas changés en globules mouvans ou en molécules orgunjques. 240 CONSIDERATIONS Il les a tranfmis à la poftcrité dans un favaa^ écrit qui a pour titre , Mémoires fur la forma- Les Vers fpermatiqnes craic^neiit le contad immédiat rfe Tair. Ils vivent plus long- temps tians une quantité p'us con- fiilémble de fperme fain. J'ai dit ci-deffiis , que leur plus longue vie à un air chaud , étoit d'environ huit heures. ]V\ais on prolonge ce terme jufqu'à trois jours , en renfer- mant le fperme dans un tube capillaire , fccllé hermétique- ment. Dans cette étroite prifon, les monvemens des petits vers dififerent beaucoup de ceux qu'ils fe donnent dans le fperme laiiïe à découvert. Ils ne heurtent plus îi l'aveugle contre les obftncles qu'ils rencontrent h mais ils favent les éviter en fe détournant à propos ou en reculant. Tantôt ils précipitent leur courfe rapide , tantôt ils la rallentiflent î d'autrefois ils s'arrêtent pour reprendre leur courfe avec la même célérité qu'auparavant. A la vue de tous ces mouve- mcns fi fpontanés ^ fi variés , comment refuforoit-on de re- connoître Vcmhnalité de ces petits Et,r-es? Mais combien eft- il d'autres preuves de catte animalité ! Notre Ai)teur en rapporte de bien des genres. Si l'on tient le tube à une chaleur égale à celle du corps hu- main , les Vers fpermatiqucs y périfient au bout d'environ douze heures. Ce n'cil pas ce degré de chaleur qui les tue : ils font appelles par la nature à y vivre. Maiy ce degré de cha- leur hâte la corruption du fperme, & on a vu qu'elle eft toujours fatale à ces Vers. C'eft aufii la raifon pourquoi ils vivent plus loug-tems dans^'de pareils tubes , au Printemps & en Automne qu'en Eté. Un froid artificiel qui fiit defceusîre en Eté le thermo- mcti'^ de Reaumur au terme delà congélation, Bit periire tout mouven>ent aux Vers ipermatiques. Ils paroiflent morts : mais fi ou les expofe à une chaleur de vingt-deux degrés, ils reprennent le mouvement ,;& fe mcntrent aufii vifs que les Vers qu'on vient de tirei des ■ vilicules féminr.lcs. t'es animalcules offrent les mêmes phénomènes^ en Hiver , lors twn SUR LES CORPS ORGANISÉS, 241 tîon du cœur dans le Poulet , /z/r Pœil , fur la JirnBure du jaune , ^ fur le develo^peinent (î), qu'on approche du feu ceux qui ont été engourdis par le froid de la congélation. M. de BuFFONT avoit donc commis un^ autre erreur , lorf- qu'il avoit dit ; que le froid ne rallentifToit pas le mouve- ment de ces petits Etres. Il avoit encore attribué , fans le favoir , aux Vers fp^rmatiques ce qui ne convient qu'aux animalcules dos infufions , ou à ces animalcules qui fe propa- gent dans le fperme corrompu , & qui , en effet , foutien- ïî'ent beaucoup mieux le froid que les Vers fpfermatiqueç. Ceux-ci , au contraire , foutiennent mieux la chulcur que les animalcules des infufions. Ces derniers péritTent au trente- trois ou au trente - quatrième degré : les autri^s ne ceiTent de vivre qu'aux environs du quarantième. Je parle des Vers fpermatiques de THomme. Ceux du Taureau ne meurent qu'au quarante-cinquième. Ceci n'a rien qui doive étonner, puifque ces Vers ont été appelles k vivre conftammeHt dans des lieux dont la chaleur furpaîle celle de nos Eté.> les plu-? chaiids. M. de Bl'ffon avoit pourtant dit; ^«'.7?^ pm de chaleur détruifcit leur mouvrmeut-^ & ici encore cet iHailre • Naturalise s'étoit trompé ["^j. Il eft bien remarquable , que la ciîaleur direde du foleil , lors même qu'elle n'efl: que médiocre , foit conftammcnt fa- tale aux Vers fpermatiques. Ils y périffent r.lfcz prompte- «lent, fi le fperme eft laififé à découvert: mais ils y vivent plus long-tems , fi le fperme eH renfermé dans un cube ca- pillaire Icellé hermétiqiement. M. Spallanzant n'a pu parvenir a fe fatisfaire fur la caufe fecrette de ce phéno- mène fingulier. Ce n'eft lïirement point le degré de h cha- leur folaire qui accélère la mort de ces petits Etres : ils £■'] Opuf. de Phy{. Chap. V. A Laufanne , chez M. I, II. Tome F. Q. (i) A Laufanne, chez M. Michel Boufquet , în-12. \7S%, Mém. I , II. â42 C 0 N S I D FR A T I 0 K S L'iiliiftre Auteur a mis à la fuite de fes ob- ier varions des Corollaires mêlés (i) , qui en vivent bien plus long-tems dans un air dont la chaleur eft l'ius forte. L'Auteur conjefture, que l'adion des rayons folaires produit dans la liqueur une altération fecrette , qui jparoît indiquée par répaillifiement qui lui furvient. Nous avons vu ci-delTus , que les Vers fpermatiques craignent le contait immédiat de l'air, & qu'on prolonge beaucoup leur vie en renfermant le fperme dans un tube capillaire fcellé hermétiquement : mais je dois ajouter ici , qu'alin que cet effet ait lieu , il fnuî que le tube foit tenu dans un Jieu chaud. A un degré de froid qui n'égale pas celui de la congélation , les Vers périffent aufii prumptement dans un pareil tube qu'à l'air libre. On engourdit & on ranime à volonté ces animalcules en les faifant paffer alternativement d'un lieu chaud dans un lieu froid , & réciproquement. Mais plus le nombre d-es paf- fages augmente, & plus le mouvement des animalcules fe rallentit. Toutes les odeurs & toutes les exhalaifons qui nuifent aux Infectes, nuifent pareillement aux Vers fpermatiques. L'étincelle éleiftrique les tue, comme elle tue les animal- cules des jnfulions. Nous avons donc ici de nouvelles preu- ves directes de Vanimnlité des Vers fpermatiques. Dans une Lettre que j'avois adreflee à notre célèbre Ob- fervatenr , le 20 Avril 1771 , & qu'il a publiée [*] j je lui propofois bien des queftions fur ces Etres microfcopiques , & en particulier fur leur origine, J'inclinois un peu à pen- dfer qu'ils venoient du dehors. J'infinnois même un foupeon qui ne me fcmbloit pas improbable. On connoit des animal- cules des infiijiom qui reffemblent beaucoup par leur exté- rieur aux Vers fpermatiques de l'Homme & de plufieurs [^^j Opifc. de Phyf. Tom. II , pag. 218 & fuiv. de la Tradudion Françoife. (i) Mém. Il, pag. 173 & fuiv. Sedion XIIL SUR LIS CORPS ORGANISÉS, 24'^ Cont comme les réfultats. Je détacherai de ces Corollaires les vérités les plus importantes , Se grands Quadrupèdes. On n'a pour s'en convaincre , qu'à comparer les animalcules des infnfious , repréfentés Fig, V, Vf. de la Planche 1 du Tome I de l'Ouvrage de notre Au- teur, avec les Vers fpermatiques des Fig. I, II de la Plan- che I du Tom. IL Je dcmandois donc , fi les Vers fper- matiques ne proviendrcient point originairement de certains anim;î'cules des infuiioiîs , introduits fecrettement dans le €(irps de l'Homme, & dar.s celui de divers Quadrupèdes, & plus ou moins déguilés par le changement de climat, de lieu , de nourriture , &c. ? J'indiquois à ce fujet à mon fa- Vant ami , quelques expériences qui me paroitToîent propres à re'pandre quelque lueur dans ces épaifles te'nébres. Il les a tentées , & le fuccès ne lui a point piru favorable à ma ccnjefture. Les Vers fpermatiques qu'il a fait pafier dans une infiifion , y ont péri fur le champ , & les animalcules de h même infiifîon , qu'il a fait pafier dans le fperme fain , y ont péri suffi, mais quelques minutes plus tard [*], On pourvoit néanmoins lui objecli.r avec quelque fondenienc, cju'il n'en feroit peut-être pas des œufs ou des femences des animrvîcules des infufions, comme de ces animalcules eux- mêmes déjà développés. Notre Naturalise m'objeéle encore 5 que chaque efpcce d'InTefte a fon lieu & fa nourriture appropriés , & que fi l'un ou l'autre eft changé , l'Infecle périt. xMais n'a-t-on pas vu des Cloportes & des Salamandres aquatiques vivre & propager beaucoup dans le corps humain [**] ? Je ne m'é- tendrai pas davantage fur les objcélions de l'eftimable Auteur ; je no fuis point du tout attaché à ma petite conjeciure, & je ne l'ai donnée que pour ce qu'elle vaioit. Le nom de Fers fpennaiiques , qui a été impofé au>; habi«» V^ Ibid. Chap. VL r*] Confultez la note tk l'Art. LXXIL 0.^ 544 CONSIDERATIONS les plus propres à diminuer les ombres de tnon Ibjet. tans des liqueurs fcminalcs, pourrort faire penfcr qii'ils n ha- biterit que ces feuics ligueurs. Cette opinion feroit cepen- «lant très f^iilTe. M. Spallanzani a découvert de"; ani- Bialcules fpermatifiues dans les vaifleaux fanguins du mé- fenteie il'uRe Grenouille & d'une Salamandre aquatique. Toutes deux étoient femelles. Il eft même parvenu à trouver ces animalcules dans les vaiffeaux artériels du Têtard. Par.- tout ils étoient «ombreux , & la vivacité de leurs mouve- mens étoit remarquable. Il les a trouvés encore dans les vaiffeaux fanguins d'un Veau qui allaitoit, & dans ceux d'un Mouton. Et à cette occafion , j'indiquerai une expérience très- curieufe qu'il a imae^iné de tenter. Il a fait paffer des Vers fpermatiques de leur élément le plus ordinaire, ou de la ligueur féminale dans le fang ; & ces Fers y ont vécu comme auparavmii : ce font fes ternies. Nous avons vu qu'ils peu- vent vivre auffi dans la falive 5 & fans doute qu'ils peuvent vivre encore dans d'autres humeurs du corps animal. Entre les diverfes queftions que j'avois protjolees dans ma Lettre à notre habile Naturalifte, touchant les Vers fperma- tJques, il y en avoit une qui rcgarcioit leur manière de fe propager. Mais les recherches affidnes de l'Auteur ne nous éclairent pas plus fur cette queftion que fur celle de l'ori- gine de ces animalcules. Malgré le nombre prodigieux de fes observations , il n'eft jamais parvenu à découvrir la ma- nière fecrette dont s'opère la multiplication de ces Etres- ijngnliers. Jamais il n'a obfeivé parmi eux de ces divifions nmi'-ellcs , fi communes chez les animalcules des infufions , ^ qu'il elt fi facile d'y obferver. Jamais encore il n'y a riea jii'perqu qui refiemhîât à la multiplication des Polypes 'p^fXei étions. Ces animalcules ne fe propageroient-ils donc fiiie par des œufs ou par des petits vivans , que leur énorme petiteile met hors de la portée i\es meilleurs verres? ou s'ils multiplient par divifion naturelle , cette forte de miîlti- p!î:.ation ne pourroit-elle s'opérer que dans leur lieu natal ? SUR LES CORPS ORGANISÉS: 24^ ex LU. Freniier fait : qui démontre que le gerins appartient uniquement à la femelle. Conféquenct, Premier fait. La membrane qui revêt mtérieurement le jaune de Pœuf , eft une con- tinuation de celle qui tapifle l'inteftin grêle du Powlet. Elle eft continue avec Teftomac , le pharinx , la bouche > la peau > l'épiderme. La membrane externe du. jaune eft un épa-. nouilTement de la membrane externe de l'in- teftin j elle fe lie au méfentere & au péritoine. Le jaune a des artères & des veines , qui nailTent des artères & des veines méfentéri- ques du fœtus. Le fang qui circule dans ie jaune > reçoit du cœur le principe de fon mou- vement. Le jaune eft donc une partie eiïentielle du Poulet : mais le jaune exifte dans i'œuF qui Combien fommes - nous encore éloignés de poflTécler l'hif- toire de ce petit Peuple . fi propre à exciter la curiofite de rObfervateur Philofophe, & dont l'exiftence nous fait cinsevoir les plus hairtes idées de rimmenrc population de VUnivers î^ 0,5. rS4^ CONSIDERATIONS îi'a point été fécondé ; le Poulet exifte donc dans l'œuf avant la fécondation. L'aî^alogie qu^oii obferve entre les végé- taux & les animaux , & dont je traiterai un jour , ne permet gueres de douter qu'il n'en foit de la graine comme de l'œuf; qu'elle ne contienne originairement toutes les' parties efTentielles à la plante (i), CXLIII. Second fait t Etat de fluidité de Pejnhrion* Treuve de Pexijlence des efprits animaux. Comment les parties acquièrent de la confijîancea Conformité avec le végétal. Second fait. Les parties folides du Poulet font d'abord fluides. Ce fluide s'épaifîit peu à peu , & devient une gelée. Les os eux-mêmes paffent fucceilivement par cet état de fluidité & de gelée. Au feptieme jour de l'incubation, h cartilage eft encore gélatineux (^). CO tt Js donnerai ailleurs des preuves direftes de cette "i^érité , qui m'étoient inconnues lorfque j'écrivois ceci. (2) Obfervatîons de M. de Halleb fur les os^k Laufanne, 3fi-ï3. Ï7S8> pag. 177 & I78> Sim LES CORPS ORGANISÉ y. 247 Le cerveau ii'eft le huitième jour qu une eau tranrparente , & fans doute organifée. Ce- pendant le fœtus gouverne déjà fes membres : preuve nouvelle & \yLQn fenGble de Texiftence des cfprits animaux i car comment ruppofer des cc"des élaftiques dans une eau tranfparente ? C'est principalement par i'évaporation in- feniible des parties aqueufes , que les élémens le rapprochent pour former les folides. Les vaiiTeaux devenus plus larges , admettent des molécules gommeufes , aibumineufes , vifqueu- fes , qui s'attirent davantage. Plus la proximité des élémens augmente , plus l'attraction ac- quiert de force. Le fluide organifé ell ainfî conduit par degrés à la mucoiité. Il devient membrane , cartilage , os , par nuances imper- ceptibles 5 fans mélange d'aucune nouvelle partie. M. de Reaumur a prouvé , que fi l'on prévient par des enduits I'évaporation du fu- pc^'Hj, on conferve- le fœtus dans l'œuf, & l'on prolonge à volonté la vie des Infectes. Je l'ai déjà remarqué , Art. LXXII. On obferve la même chofe dans les plantes. Leurs parties ligneufes n'offrent d'abord qii'une forte de mucofité : elles deviennent enfuite a4 »48 CONSIDERATIONS herbacées ; enfin , elles acquicreiit: peu à peu la conli (lance du bois. CXLIV. Troi/Ienie jait : pur quelles^ caufes ^ dans quel ordre imites les parties de. fembrion d&viemient vifihles.. Ohfervaîion fiir Pceuf de la Brebis, Troisième fait. L'approximation graduelle- des clémeiis diminue de p;'js en plus la tranfl parence des partie:, j & c'eil là une des caufes qui nous les rLiidenc viiibies , d'inviilbks qu'elles étoient auparavant. A la fin du fécond }our de Tin eubation , l'on diftingue très-bien les battemens. du cœur. Les. accroificmens du petit animal ne font jamais plus rapides que dans ces premiers jours. Le cccur avoit donc poulie le fang avant qu'on eût pu s'en appercsvoir. La tranfparenee du ■vifcere le déroboit à la vue ^ 8c il étoit tl'op foible pour foulever l'amnios. Ce n'eCt qu'au Oxieme jour que le poumon tÈ vifible. Alors il a dix centienics de pouce de ÎG^ngueur. Avec quatre de ces centièmes, il ayroit, été viiiblQ 3, s'il u'eut. point été, tranfparçnt,. SUR LES CORPS ORGANISÉS, 249 Le. foie eft plus grand' encore lorfqu'il com- mence à paroître. Si donc il n'elt pas vifible plutôt 5 c'eft uniquement à caufe de fa tran& parence. De la tranfparence muqueufe à la blancheur, il n'y a qu'un degré , & la fimple évaporatioii fuffit pour le produire. Dans l'animal vivant la graiife eft diaphane ^ le contact de l'air l'é- paiilît & la rend blanche. Le blanc eft donc la première couleur ûq l'animal ', Se la tranfparence muqueufe paroit conftituer fon premier état. Les expériences nombreufes de l'Auteur fur les Quadrupèdes 3c fur les oifeaux , conftatent cette vérité. Pendant les premiers jours qui fuivent la fécondation , l'œuf d'une Brebis paroit ne ren- fermer qu'une efpece de lymphe. Il eft encore gélatineux le dix-feptieme jour. Après ce terme, l'on diftingue fort bien le fœtus enveloppé de fcs membranes. Sa longueur eft d'environ trois lignes. Il avoit donc pris un accroiifement con- fidérable fous la forme de fluide, & cnfuite fous celle de gelée j mais fa tranfparence ne permettoit pas de le reconnoître (i). CO M. ai Halîer , Hift. de l'/Vcad. Roy. des Sciences ^ An. 1755_, gajj. 13^4, 135, iji-^^ 2SO CONSIDT RATIONS CXLV. Qjiatrieriie fait : naijfance des couleurs ^ des faveurs. Remarque fur un paffage de M. de Ha LIER , fur la caufe des couleurs dans les végétaux. Quatrième fait. Les vaifleaux dilatés de plus eu plus par Pimpulfion du cœur , admet- tent des particules plus grofîieres , plus hété- rogènes , & par-là même plus colorantes que les particules diaphanes. De là les différentes couleurs qui parent fucceffivement l'animal. La chaleur naturelle & celle du climat paroiiTent y contribuer aufîî. Notre Auteur dit à cette occafion , que dans les végétaux , c^eft la chaleur feule qui colore (i). Mais il me fembie que mes expériences fur V étiolenient prouvent que cette coloration dépend moins de la chaleur que de la lumière. Je renvoie là-delfus aux Articles LXXLX &^CXIII de mon Livre fur VVfage des feuilles dans les Fiantes. Les couleurs précédent les faveurs. La bile eft verte avant que d'être amere. Les fibres de la vue ont plus de fenfibilité que celles du goût : ou les particules qui alfeclcnt le goût , (0 ibiiî. p^gc igi. SUR LI^S CORPS ORGANISES. 2<;i diffère fit de celles qui atïectent îa vue , & le xieveloppeiit plus tard. CXLVL Cinquième fait : Les parties de rem- hrion revêtent fnccejjïvenient de îion-iselles for^ mes ^ de nouvelles ^options. Ordre de ces changeraens ^ leurs caufes. Le Poulet origiriairement un animal à deux corps. Cinquième fait. A mefure que renibriou fe développe , fes parties revêtent de nouvelles formes & de nouvelles fituations , & ces chaii- gemens concourent avec l'opacité à faire re- connoitre chaque partie. Le premier jour , le fœtus ne relfemble pas mal à un Têtard. Sa tè^s dï groife , & l'épine dorfale qui eft fort grêle , paroit lui compofer une petite queue ou un court appendice. Des membres & des vifceres fortent enfin de cette petite queue , de ce fiict prefquïnvifîble , & la tète eu devient à fon tour un appendice. Pendant les premiers jours de l'incubation , les iiiteftins d'u Poulet font invifibles -, mais alors ils font pourvus d'un appendice énorme , 2> 2 CONSIDFRATIONS qui tient au petit animal par un canal de communication. Le jaune cft cet appendice , placé ainii hors du corps du Poulet. A la fin de Tincubation , & fur-tout après la naifTancc, tout fe montre ici fbus une nouvelle face. Les intelHiis font devenus grands , le canal de communication s'eft oblittéré , le jaune a difparu , & il n'eiil: plus rien hors dn corps du: Poulet qui lui appartienne. Ainsi le jaune & les inteftins demeurent à Fextérieur du Poulet , prefque jufqu'à la fin de Fincubation. Dans ces premiers temps , le Poulet paroit donc un animal à deux corps. La tête , je tronc , & les extrémités compofent fun de CCS corps -, le jaune & les dépendandes .compo- fent fautre. Mais à la fin de l'incubation , la membrane ombilicale ie flétrit ; le jaune & les intelHiis font repoulTés dans le corps du Poulet par rirritabilité qu'acquièrent les mufclcs du bas-ventre j & le petit animai n'a plus qu'un fcul corps. C'est par une méchanique analogue que le cœur change de place , & fe montre fous fa véritable forme. Il ne paroît d'abord que fous celle d'un demi anneau éloigné des vertèbres , !k placé en quelque forte , hors, de la poitrine. SUR LES CORPS ORGANISÉS, 2f3 En prenant de jour en jour plus de confif- tance , la tunique cellulaire retire toutes les parties du cœur les unes vers les autres, & les rapproche des vertèbres. Enfin , ce font encore des caufes analogues , qui en repliant peu à peu le foetus fur lui- même , changent fa fituation droite en une iituation oppofée. ex L VIL Sixième fait : Que les vifceres encore jliiides 5 s'acquittent déjà de leurs fonciions. Àfaniere dont les fécrétions s'opèrent. Sixième fait. L'état de fluidité où font d'abord tous les organes , ne les empêche point de s'acquitter de leurs fondions effentiellcs. lis digèrent , préparent & filtrent les humeurs , comme ils le feront pendant toute la vie du Poulet. Les reins encore invifibles , féparent déjà l'urine. Pour rendre raifon des fécrétions (i) , j'ai joint à la dégradation des vaiifeaux l'hypothefe fort fui vie de l'imbibition originelle des glan- CO Ch3p. VI, Art. LXXXV. !:54 CONSIDE' RATIONS dis. Les obrcrvatioîîs fur ie Poulet prouvent ! la faulTcté de cette hypothcfe. Elles nous ap- | prennent que les mêmes vaillciiux filtrent en diiiercns temps , des humeurs qui paroiilent ' dixHérentes. Dans le Poulet de neuf jours , la ; Ibile cft fluide , tranfparente & fans amertume. ! C'eft une pure lymphe, très- différente de la ■ bile de l'animal adulte. Il en e(l de même de | la liqueur fémuiale , qui n'eil d'abord dans l'en- \ fant qu'une férofitc. ex L VIII. Conféqtience importante de ces faits \ fur la première origine du germe. \ i Voila des faits que nous devons aux foins i &■ à la lagacité d'un excellent Phydcien , & ; tqui fourniiient une bafo folide a nos raifon-, | nemens. i ÎL ne s'agît pius à préfent de difcuter la : queftion qui a il long-temps partagé les Ana- j tomiftes fur la première origine du germe, i Kous avons dans i'expoiition du premier fait ^ j des preuves ineonteltables qu'il appartient à la i femelle. Il réfulte de cette expofition , que le ! 3aunc cfl- une partie ciîentielle du Poulet : or |e jaiiiic cxiltc dans les œuis qui n'ont point i SUR LES CORPS ORGANISÉS. 2ÇÇ été fécondés : le Poulet exifte donc dans l'œuf avant la fécondation. Nous fomniss donc fondés à tirer de ce fait cette conféquence importante , que les ovaires de toutes les femelles contiennent originaire- ment des embrions préformés , qui n'attendent pour commencer à fe développer , que le con- cours de certaines caufes. CXLIX. Qfie les ovaires des vivipares contiens 7ient de véritables œufs. Preuve tirée du Puceron. L'anatomie nous produit des ovaires dans îes femelles vivipares. On peut regarder les véficules qui les compofent , comme de vérita- bles œufs. Un grand Anatomifte avoit prouvé il y a long-temps, l'exillence de ces œufs (i): il étoit parvenu à diftinguer le fœtus dans une véficule qui tenoit encore à l'ovaire. Le Puceron met ceci dans un nouveau jour : j'ai démontré (2) que cet Lifeclle fip. gulier eft (0 LiTTRE , Mém. de l'Acad. des Sciences* An. 1701 , pag. 109 , in-4«>. (2) Traité d'infeâologie , première Partie, ObuHV. VIII, IX , XIX. z le bouton ^ la véficule renferment originairement un embrion, Fqjjage de M. de Haller qui achevé de h. démontrer. La graine & Tœuf , le bouton & la véficule arenFerment donc un germe que fa pedteiTe Se- fa tranfparence rendent inviiible.'-S'il' eft- dé-; montré que le janne eft une continuation des, inteftins du Poulet , il l'eft que le Poulet a exifté dans l'œuf avant la fécondation. (Prem. FAIT. ) Les œufs qui n'ont point été fécondés , ont un jaune qui ne diffère point de celui qu'on trouve dans les œufs fécondés. M. de Haller fait fentir l'abfurdité qu'il y auroit à fuppofer que le jaune fourni par la Poule, fe feroit greffé avec le germe fourni par le Coq. Le jaune , dit -il (i) , a des vaiffeaux , des 35 artères & des veines. Sans les artères , fa 53 liqueur ne feroit pas née , fans les veines , 53 elle n'auroit point eu de circulation , & oii 53 ne fiuroit fuppofer d'artères fans veines. 55 Mais ces artères du jaune & ces veines naif- 55 fent uniquement des artères & des veines méfentériques du fœtus. La caufe du mou- ù^ 55 (0 Ohf.fuY le Psulet^ &c. pag. r88 , &c. Mém. II. Tome F. ^ R ÎÎS8 CO NS IDE'RJ T I 0 NS 55 vejnent du fang du jaune vient donc dit 35 fœtus : le terme de la rélbrbtion du jaune efl 33 encore dans le fœtus ; le jaune en eft donc 35 une partie^, & n'a pu exifter fans lui (i) ". (j) ft L'énorme difnroportion qui s'obferve entre Tem- brion & le jaune fait aflez fcntir l'improbnbilité de Thy- pothefe qui fupporeroit que le germe fourni par le Coq fe greffe dans l'œuf avec le jaune fourni par la Poule. 11 faut confulter/ce que j'ai dit fur ce fujet , d'après M. de Haller. dans le chap. X de la part. VU. de h Co;iteni-. fhifion de la Nciture. Un Philofophe très-célebre avoit beau- coup infiUé auprès de moi fur la poffibilité d'une pareille greffe. J'avois fait part de fes objections à M. de Haller , qui en étoit fans contredit le meilleur juge, & voici l'extrait de fa réponfe datée du 25 d'Août 176^- La grcfe A' un fyj\ i^me nerveux fur un fyftèine ^ctfculeiix ejl l'excès du délire fkyJîtfUB. Jmiiginez-'vous qu'il \n'y a aucun 'vaijfcau fur des tnilliers , qui ne foit accompagné à quelque dijlance £5' irrégulie" veinent d'un nerf. Mais fi l'on vouloit s'étayer de la confi- dérstion des greffes végétales & de celle IV FAIT.) On fe . tromperoit £ l^ôn penfoit que îê' germe eft originairement un véritable fluide. Les fluides ne font pas arganifés 5 le germe Teft , & l'a été dès le commencement. Lor£. qu'il s'offre à nous fous l'apparence trompeufo d'un fluide, il a dès vaifleaux, & ces vaiiîeaux s'acquittent de leurs fondions eflentielles. ( VI FAIT.) Ils font donc folides 5 mais leur ài\u catefle extrême paroît les rapprocher de la. fluidité.. L'impulsion des liquides dilatant dfe plus en plus les vaiffeaux , ils admettent des parti- cules de plus en plus hétérogènes. La tranfpa- rence s'altère j la blimcheur lui fùccede , & à celle-ci les couleurs. (IV fait.) Tandis que les vifoeres demeurent imnio^ biles & tranfparens , ils font invifibles , quoi- qu'ils aient déjà acquis une grandeur bien fupérieure à celle qui pourroit les rendre per^ ceptibles. ( III fapt. ) La forme & la fituation concourent avec le repos & k transparence a tron^per l'Obferv'a^ & a a6% CONSÎD F RATIONS teiir préoccupé ou peu attentif. On a peine u reconnoître le Poulet fous la forme d'un petit filet blanchâtre , immobile , étendu en ligne droite , & terminé par une excroilTance. On jnéconnoît le cœur fous celle d'un anneau demi-circulaire , placé en, apparence hors de la poitrine. ( V fait. ) CLV. Réflexions fur Pefprit de fyflême. Comment M. de Haller efl revenu de /'épigé- néfe à /'évolution. Je viens de réfumer les faits. Notre illuftre Auteur en déduit une conféquence générale en faveur de Yévohuion ou du développement. Ce qu'il dit (i) fur ce fujet ^ revient précifé- jnent à ce que je difois dans le Chapitre VIII :, Art. CXXV. J'y renvoie mon Ledeur. Il jugera que je n'ai pas dû être furpris des obferva- tions de M. de Haller , & de la conféquence judicieufe qu'il en tire. L'esFrïT' de fyftême enfanté quelquefois des théories qu'il s'eiïbrce enfuite de confirmer par des expériences. Notre (iecle nous fournit des (ï) Obf. fm U Foukt , &c. pag. 178 , I8 qui commence à me paroître la plus (i) Le 14 de Janvier 1755. (5) Mèmairs^ Sur. L? poulet,, ^c. pag. 172. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 26^ 53 probable. Le Poulet m'a fourni des raifons 33 en faveur du développement , que je crois 53 devoir offrir au jugement du Lecteur ". Notre Auteur s'explique plus clairement encore dans le paragraphe fuivant (i) , qui forme fa conclufion. „ Je crois en avoir aflez dit pour faire „ fentir les raifons , qui me rapprochent de 53 révolution. Il me paroît très-probable, que 33 les parties elTentielles du fœtus fe trouvent 33 faites de tout temps , non pas à la vérité 53 telles qu'elles paroifTent dans l'animal adulte : 53 elles font difpofées de façon , que des caufes 33 certaines & préparées , preifant les accroiife- 55 mens de quelques-unes de ces parties , em- ,3 péchant celui des autres , changeant les fitua- ,3 tions , rendant vifibles des organes autrefois 53 diaphanes , donnant de la confiftance à des 33 fluides & à de la mucofité , forment à la fin 53 un 'animal bien différent de l'embrion , & 53 dans lequel il n'y a pourtant aucune partie, 53 qui n'ait exiflé elfentiellement dans l'em- 53 brion. C'efl: ainfi que j'explique le dévelop- 53 pcment ", (0 Page i%6. \ 76^ CONSIDERATIONS; CLVI. Réfidtats généraux fur le Poulet. Toutes les obfervatioiis de M. de Haller concourent donc à établir : I. Que le germe préexifte à la fécondation. IL Que toutes Tes parties eiTentielles ont co-exifté dans le même temps. III. Que le développement des unes paroîfc précéder celui des autres. ly. Qiie leur confiftance , leurs proportions relatives , leur forme , leur fituation fubilfent peu à peu de très-grands changemens. CL VII. Parallèle de ces ohfervations avec celles de HARVET,ywr la génération des Biches^ expofées par l'Auteur de la Vénus phyfique. Les partifans de la produdHon méchanique & fucceiîive du fœtus , produifent en leur faveur les belles expériences de Harvey , fur la génération des Biches , & les oppofent avec confiance au fyftème du développement. Per- fonne ne les a expofées avec plus d'art que l'Auteur de la Vénus phyfique , cet ouvrage SUR LES CORPS ORGANISÉS. 267 ingénieux , mais dont la manière peu philofo- phique eft fouvent plus propre à exciter des fenfations que des perceptions. Je tranfcrirai ici le précis que cet Auteur nous donne des découvertes de Harvey , & je le comparerai au précis que j'ai donné de celles de M. de Haller. On ne foupqonnera pas l'Auteur de }a Vénus phyfiqiie d'avoir affoibli les expériences du Phyficien Anglois j il étoit trop intérelfé à y trouver des preuves diredes de Vépigénefe. „ Des (i) filets déliés , étendus d'une corne à l'autre de la matrice , formoient une efpece de réfeau femblable aux toiles d'Araignée j & s'inGnuant entre les rides de la mem- brane interne de la matrice , ils s'entrelaqoient autour des caroncules , à-peu-près comme on voit la pie-mere fuivre & embraiîer les con- tours du cerveau. 5? „ Ce réfeau forma bientôt une poche , dont les dehors étoient enduits d'une matière „ fétide -y le dedans liiTe & poli , contenoit une „ liqueur femblable au blanc d'œuf, dans la- 35 quelle nageoit une autre enveloppe fphéri- „ que remplie d'une liqueur plus claire & crif- (0 Vénus fhyifique y Q\ïzi^. VII, édition de 1745» e" <^e"X parties. 26S C 0 N S I DFRA T I 0 N S 33 talliiie. Ce fut dans cette liqueur qu'on ap- j3 perçut un nouveau prodige. Ce ne fut point 55 un animal tout organifé , comme on le de^ 35 vroit attendre des fyftemes précédens : ce ,3 fut le principe d'un animal , un point: vi- 53 vaut (i) avant qu'aucune des autres parties 55 fulTent formées. On le voit dans la liqueur 55 cryftalline fauter & battre , tirant fon accroif- 53 fement d'une veine qui fe perd dans la 55 liqueur où il nage , il battoit encore , lorC. 33 qu'expofé aux rayons du foleil , Harvey le 33 fit voir au Roi. 35 Les parties du corps viennent bientôt s'y 55 joindre , mais en différent ordre & en dif- 23 férens temps. Ce n'eft d'abord qu'un muci- 35 lage divifé en deux petites malfes , dont 35 Tune forme la tète , l'autre le tronc. Vers la 55 fin de Novembre , le fœtus eft formé ; & 35 tout cet admirable ouvrage , lorfqu'il paroit 35 une ^fois commencé , s'achève fort prompte^ 53 ment. Huit jours après la première apparence 35 du point vivant , l'animal eit tellement ,5 avancé , qu'on peut diftinguer fon fexe. Mais 35 encore un coup , cet ouvrage ne fe fait que 35 par parties > celles du dedans font formées (i) JPunâim fiiUmu SUR LES CORPS ORGANISÉS. 26^ ^ avant celies du dehors y les vifceres & les „ intéftins font formés avant que d'être cou- 53 verts du thorax Se de [^abdomen ^ & ces der- 55 nieres parties deftinées à mettre les autres à 55 couvert , ne paroiiîent ajoutées que comm» 35 un toit à rédifice ". L'auteur termine le récit de ces expérien- ces par quelques réflexions qu'il préfente comme des réfultats , & qu'il fait oppofer fans affec- tation aux diiférens fyftèmes dont il médita la ruine. „ Voila, dit -il (1)5 quelles furent les „ obfervations de Harvey. Elles paroilfent H 59 peu compatibles avec le fyftème des œufs & „ celui des animaux fpermatiques , que fi je 33 les avois rapportées avant que d'expofer ces 55 fyftèmes , j'aurois craint qu'elles ne prévinf- 55 fent trop contr'eux , & n'empèchalfent de 33 les écouter avec alTez d'attention. „ Au lieu de voir croître l'animal par Vhu ,5 tiijfufception d'une nouvelle matière , comme 55 il dcvroit arriver s'il étoit formé dans l'œuf 55 de la femelle , ou fi c'étoit le petit Ver qui (i) Chap. YU.fiih f.ne. 270 CONSIDÈ' RATIONS nage dans la femence du mâle ; ici c'eft un animal qui fe forme par la jitxta-pofitmi de nouvelles parties. Harvey voie d'abord fe former le fac , qui le doit contenir : & ce fac , au lieu d'être la membrane d'un œuf qui fe dilateroit , fe fait fous fes yeux , comme une toile dont il obferve les progrès. Ce ne font d'abord que des filets tendus d'un bout à l'autre de la matrice , ^es filets fe multiplient , fe ferrent , & forment entiii une véritable membrane. La formation de ce fac eft une merveille qui doit accoutumer aux autres. 53 Harvey ne parle point de la formation du fac intérieur dont , fans doute , il n'a pas été témoin : mais il a vu l'animal qui y nage , fe former. Ce n'eft d'abord qu'un point ; mais un point qui a la vie , & autour duquel toutes les autres parties venant s'ar- ranger, forment bientôt un animal (i). Après avoir combattu le fyftême des œufs & celui des animalcules , l'Auteur de la Véyin^^ ^hyfiqiie palfe à l'expofition de fon propre fyl- (i) GuiLLELM. Harvey. De Cervarum ç^ Dnmarum coitiu Ëxercit. LXVL SUR LES CORPS ORGANISÉS. 27Î terne, & conclut (l) qu'il eji le feul qui piiijfs fuhfifier avec les ohfervations de Harvey. Cette conclufiou n'eft pas auflî favorable à notre Auteur qu'il l'avoit préfumé , & il le re- connoîtroit peut-être aujourd'hui fi la mort ne Tavoit enlevé à la république des Lettres dont il étoit un grand ornement. Loin que les ex- périences de HàrVEY favorifent l'étrange fyf-^ tème de la Vénus phyfique , il eft' aifé d'apper- cevoir qu'elles ont une grande conformité avec celles de M. de Haller , fur la formation du Poulet. Harvey avoit beaucoup vu , mais h travers un nuage : les nouvelles découvertes nous aident à percer ce nuage , & à démêler le vrai des expériences de ce grand Homme. CLVIIL Ohfervation de P Auteur fur le point vivant. Suite du parallèle. Ce point vivant , pmi&um falieyis , dont l'Au- teur de la Vénus phyfiqiie parle comme d'un prodige , & qu'il fait envifager comme le pre- mier principe d'un animal qui fe forme par jiixta-pofitioyi 5 c& point, dis-je , M. de Haller i'a beaucoup obfervé dans le Poulet. Je l'y ai rO Chap. VII , à la Ho, te7^ CO'NSÏDE'RATIONS f)bfervé moi-même une infinité de fois , il y ^ bien des années. Je m'arrètois avec plaifir k en contempler les mouvemens , toujours (1 prompts , Cl réglés , Ci conllans. Je Tai vu aufïî diftindement dans le germe de la Caille , que dans celui du Poulet. Les fours que M. de Reaumur a inventés (i) , mettent à portée de jouir en tout temps d'un fpeclaGle Ci propre à intérefler la curiofite d'un Phyficien , & lui permettent de fuivre, à fon gré le dévelop- pement du germe dans des oifeaux de toute efpece (2). Il ne faut pas même une grande habileté dans l'art d'obferver pour découvrir (1) Jrt de faire êclorre ç^ à' élever en toute fctifon des otfeaux domejliques de tonte efpece, ^c. Paris, 175 1 , vol. 2. (2) tt Ça été à l'aide d'un de ces fours chaiifFé par une lampe , que M. Beguelin , de l'Acadéinie de Prufle , a tenté de fuivre les progrès du Poulet dans l'œuf. Il s'y eft pris d'une manière auffi neuve qu'ingénieufe. Il a imaginé de faire une ouverture à îa coquille, & de fe ménager amfi «ne fenêtre au travers de laquelle il conteniploit ce qui fe palToit dans l'intérreur de l'œuf. Il a plus fais encore j il a enlevé impunément le blanc de l'œuf, pour mettre l'embrion plus à découvert j &. après qu'il l'avoit obrervé très à fou aife i il faifoit rentrer le blanc dans l'œuf. Il a fuivi ainf» le développement jufqu'au quinzième jour de l'incubation , & il l'auroit fuivi plus loin fans un accident imprévu. Nous avons fort à regretter que ce petit procédé ait été inconnu à rilluftre Reaumur : de combien de vérités nouvelles li'auroit-il point enrichi fon Livre! Mèvi. de l'Acad. de Frufe , 1749. Colleâ, Acad, Tom. VI.II, pag. i(*3. cei SUR LES CORPS ORGANISÉS, ay^ ce point vivant; il ne faut que des yeux, & un jour tant foit peu favorable. Aristote revoit apperçu le premier : Harvey lui-même l'a voit aulfi obfervé , & après lui bien d'autres Auteurs (i). Le point vivant ^ dit l'Auteur de la Vénus fhyjique , tiroit fon accroijfement d'une veine qui fe perdait dans la liqueur ou il nageoit : ou ne peut niéconnoitre ici les rapports qui lient cette veine aux vaiifeaux par lefquels le germe du Poulet reçoit fa nourriture. Les parties du corps > c'eft toujours notre Auteur qui parle , venaient bientôt fe joindre au, point vivant ^ îuais en différent ordre ^ en différens temps. Ce n'étoit d'abord qu'un inuci- îage divifé en deux petites inajfes , dont l'une forntoit la tête , l'autre le tronc. C'eft encore ainfi que le Poulet fe montre d'abord : il eft niucilagineux ^ & divifé de même en deux petites malfes , dont l'une forme la tète , & l'autre le tronc (V fa.it.)- Mais ces parties ne vont pas fe joindre au point vivant , il eft aifé de reconnoitre qu'elles co-exiftent dès le commencement avec lui. (i; Mémoires de M. de Ukll^R fur le Fouîet : expo/ê des faits j pag. 4 & fuiv. Tome V. S tS^^4 C 0 N S I D E'RA T I 0 N S ■ Tout cet admirable ouvrage , continue l'Au^ tevLt ^ lorfqiCil paroit une fois commencé^ s'achève fort prompteynent. Huit jours après la première apparence du point vivant , l'animal ejî très- avancé. Mais encore un coup , cet ouvrage ne fe fait que par parties : celles du dedans font for- mées avant celles du dehors y les vifceres & les intefiins font formés avant que d'être couverts du thorax ^ de l'ahdo?nen , &c. Les accroiflemens du Poulet ne font jamais plus rapides que pendant les premiers jours. Ses vifceres paroif- fcnt de même fe former fuccelîîvement , Se avant les parties deftinées à les recouvrir. Le cœur fe montre le premier fous la forme d'un point vivant : il eft très-vifible fur la fin du fécond jour. (III fait.) Autour de ce point, on voit naître fucceffivement tous les vifceres. Le foie eft celui dont la formation paroît s'a- chever le plutôt : on le découvre le quatrième jour. L'eftomac , le poumon , les reins s'oifrent cnfuite le cinquième & le fixieme jour. Enfin, les inteftins apparoilfent le feptieme jour j la véficule du fiel , le huitième (ï). Les tégumens-- ne femblent pas exifter encore. ^ Si l'Auteur de la féntis phyfique , toujours (0 Mémoires fur le Poulet., Sca. Vliï, IX, X. Corollaires jnêlés y page 17^., ^177» 'SUR LES CORPS ORGANISÉS, ayf prévenu de Vépigénefe , avoit eu à expofer ces phénomènes , il en auioit fans doute tracé un tableau parfaitement feniblable à celui qu'il nous a tracé des expériences de Harvey. Il eft pourtant des preuves inconteftables que ce ne font là que de (impies phafes , de pures appa- rences , & que toutes les parties du Poulet co-exiftent à la fois. Dès qu'un vilcere devieut vifîble , on Fapperqoit en entier. On ne le voit point fe former par un aggrégat de molécules , croître par juxta - pofiîion. Le poumon n'ed vilî ble que lorfqu'il a atteint dix centièmes de longueur : il eft démontré qu'il auroit pu l'être avec quatre de ces centièmes feulement. (III F.^IT ) S'il ne rétoit pas, c'étoit donc uniquement à caufe de fa tranfparence 5 car il n'a pu acquérir tout d'un coup dix centièmes de longueur. Les reins ne font vifibles que le fixieme jour , & cependant ils fourniffoient déjà l'urine à une allantoïde confidérable dès la tin du troifieme jour (i). Des membranes d'une fineife & d'une tranlparence parfiites , s'épaifîiffant peu à peu , forment enfin les tégii^nens (2) qui , pour me fervir des termes (i) Mémoires fur le Poulet, Se 6t. X , CoYolliires tnèiéi ^ page 192. (2) Corol. mêl. page 17J. s a 2^^ C 0 N s Ili) FRATI ON s de l'Auteur de la Vénus phyfique , 7îe paroijfent iijoîités que commue un toH à Pédijîce, Je ne poufTerai pas plus loin ce parallèle entre les obfervations de Harvey & celles de M. de Haller : les traits de reflenablance ^ue je viens de recueillir font les plus faillans , & fuffifent à mon but (l). (i) If. De tous les Auteurs qui fè font déclarés dans ces derniers temps pour Vèpigé7iefe , M. Wolf Profenfeur d'Anatomie à Pétersbourg, eft celui qui l'a le mieux défendue. Il s'eft élevé eontre moi avec chaleur dans un écrit Alle- mand que je n'ai pu lire , parce qu'il n'a pas été traduit, îî a fur-tout combattu les conféquences que j'avois tirées des obfervations Hallériennes fur le Poulet , & même con- tredit plufieurs de ces obfervations par d'autres faits de même genre , que fes propres obfervations fur les progrès dti Poulec dans l'œuf, lui avoient fournis. En un mot; il n'a rien né- gligé pour établir l'épigénefe fur des fondemens plus folides que ceux fur Icfquels elle repofoit auparavant. Cette forte infurreftioa de notre habile Epigénéfifte n'a pas été inutile au perfectionnement de la fcience. En combattant les découvertes fur le Poulet, il a donné lieu à M. de H,\LLER de vérifier fes premières obfervations & de les pouffer plus loin, Je tranfcrirai ici ce qu'il m'en avoit lui- même écrit , afin qu'on puiffe juger fi les objeftions de M. Wolf infirment les conféquences que j'avois déduites des premières obfervations de mon illuftrc ami. Le i8 de Février I7<5f. 55 J'entrevois que M. Wolf pré- „ tend que la membrane du jaune, continue avec l'inteltin du 55 Poulet , n'eft pas celle qui étoit dans la Poule , qu'elle 5, eft nouvelle & née dans l'œuf". Le 10 de Mars 1765. „ M. Wolf va me faire reprendre ,5 les expériences des œufs. Il s'agit de reconnoitre, fi les SUR LES CORPS ORGANISÉS. !2t77 CHAPITRE X. 'Remarqîies fur les métamorphofes , ftfr /'évolution ^ fur /'accroiflement. CLIX. Vnîfoymité dans la manière dont les quadrupèdes ^ les oifeaux fe développent, Changemens du Poulet comparés aux métamor^ phofes. JLjEs quadrupèdes comme les oiféaux ^ par-, viennent donc à l'état de perfeélion par une j, ti'aces font des vaifieaux, ou fi ce font des globules fans yy parois. Ne feroit-il pas étonnant que ces globules fe for- 55 maiTent d'une veine circulaire, & puis revinffen tau cœur ? 5, Des globules répandus dans le méfentere d'une Grenouille 35 n'ont certainement pas entrepris un pareil ouvrage ". Le 4 d^Avril i7<îir. 5? Je n'ai qu'une obfervation qui fe 3^, rapporte à M. Wolf : c'eft de bien revoir que les traits j, & les points ne font que des vaiffeaux plies » & qui ne 55 paroifient rouges que dans les endroits les mieux remplis. 55 Tout le refte ne m'importe plus ,• mais ce feul phéno- 5, mené établit le fyfteme de M. Wolf ou bien le détruit ". Le 2j d'Avril 1755. „ Je ferai des expériences fur les 53 œufi; , & ne doute pas que M. Wolf n'ait tort. Il paroît 55 dans la figure veineufe des traits & des points , avant qu'il 55 y ait des vaifieaux complets & fuivis. Je prends ces trait» 55 pour de véritables vaiffeaux, dont «ne partie eft tranfpa- 55 rente. M. Wolf les prend pour des chemins par lefquek j, les grains de b fubllàntc vcincufc, rnis en folution , f^ s 3 «78 CONSIDERATIONS évolution , dont les degrés font plus ou moins fenfibles. Des organes qui n'exiftoi'ent point à 55 portent au fœtus. Notez que cette fubftance eft !a mcm- y^ brane du jaune pliée, qui perfide & s'étend ''. Lç 2 s: d'Août 176^. 55 Voici un mois que je pafle dans 33 les expériences fur les œufs. Elies fe font affez réunies j5 avec les précédentes ". 5, Sur la queftion i les parties de l'oeuf exiftent elles dans 53 la mère? y font-elles réunies avec l'embrion ? „ La membrane du jaune vient certainement de la mère , 55 elle fe trouve également dans Tœuf non fécondé , & n'elt 53 donc pas une production du fperme. „ Comme elle forme très-fûrement le conduit du jaune , 33 Si que ce conduit tient à la peau & à l'épiderme du fœtus, 33 l'embrion invifible eft continu avec le j.iune. 5, Il me femble que tout efi; dit. ,3 Les vaiflTeaux de l'aire ombilicale ( nom qu'il faut cor- 33 ïi^-^er ) ou k fissure veineufc font-ih des vaiffeaux ou des .3 paCTiiges que le fuc nourricier fe forme dans une matière 53 pulpeufc? 5, J'ai eîiayé deux expériences pour décider cette queftion. 5a J'ai planté la pointe d'une lancette très- fine dans ces 33 chemins encore jaunes ou pfiies & fans rougeur: je l'y ,, ai planté quand ils avaient du rouge , & paroifibient des 53 traits & des tnches. Les chemins ne fe font point déran- 33 gés par le fcalpel î le faug ne s'eft pas répandu , le ciîe- 3, min a fuivi la pointe du fcnlpel à droite ou à gauche , & 3, s'eft rétabli q'jand on l'a lemi»; en liberté. J'ai expliqué 3,3 favorablement ce phéflomene. La pointe trop obtufe pour 3, percer la memuraue d'un vaiiTeau très fin n'a fait que 33 l'eiitrainer (ans l'ouvrir. Si c'étoit un chemin fans m.em- 331 brane, le fang fe feKoit répandu, le chemin élargi, Se 33 feroit devenu irrégulier &c. 33 L'autre expérience s'eft faite avec le vinaigre , qui noîr- a3 c\\. le fang. Vevfé fur les chemins, il n'a pas altéré la çp couleur du fang q^ue long-temps après, & l'acide pé- SUR LES CORPS ORGAmSÉS. 279 notre égard, exiftoient par rapport à l'embrion , & s'acquittoient de leurs fondions eiTentielles : 55 nétre les vaiOeaux fùremeut perfectionnés , il brunit le 5, fang peu à peu dans les veines , mais il ne le fait pas 3, teut d'un coup , comme il le fait quand il touche im- 55 înédiatement le fang. „ Voilà ce qui fera le fond d'un nouveau fnpplément 5^ aux œufs : je crois que M. Wolf fe tranquillifera ". Ceux de mes Ledleurs qui defireront plus de détails , les trouveront dans le fupplément dont parle ici M. de Haller,( & qu'il a inféré dans le Tom. II de fes Opéra minora, 11 réfulte donc des dernières expériences de ce grand Phy- fiologifte , que ce que M. Wolf prenoit pour de fimples traces , pour de fimples traits ou pour r?es chemins , étoit de véritables va i fléaux , déjà tout formés, & qui s'étoient offerts aux yeux de l'Epigénéfifte fous des apparences qui lui en avoient impofé. Nous pouvons donc compter plus que jamais fur la préexiftence de l'embrion dans î'œuf, & par analogie , fur celle de l'embrion dans la véficule des Quadrupèdes vivipares. Mais nous ne fommes plus bornés aujourd'hui aux feules expériences fur les œufs des oifeaux: il en eft d'autres qui ont été faites depuis fur divers Amphibies, & qui concou- rent toutes ît établir la grande vérité de la préexiftence des germes à la fécondation. Je parle des obfervations de M. l'Abbé Spallanzani fur les prétendus œufs de la Gre- nouille, qu'il me communiqua le 6 de Juillet 1757 , & que j'ai rapportées dans la partie XI de la Palhigéncjk phibfophique. ïl a prouvé de la manière la plus rigoureufe , que ce qu'on îinmnie le frai ou les œufs de là Grenouille , n'çft que le Têtard lui-même préexiftant en entier à la féçond.ition. 11 ji repris l'année dernière 1777, fes premières recherches & les, a pouflees plus loin. Il m'en a fait part dans une lettre datée du' 18 de Septembre, qui m'apprend qu'il a étendu ces belles recherches à différentes efpeces de Grenouilles & de Crapauds, ainfi qu'aux Sahmundres aquatiques, & qu:l aîo CÔNSID F RATIONS le terme de leur apparition eft ce qu'on a prii par erreur , pour le commencement de leur exiftence. s'efl; GonvaînciT par fes propres yeux, que dans toutes ces efpeces , l'embrion préexifte en entier à la fécondation. Nou- velle préfomption bien fctrte en faveur de la préexiftence des germes dans les ovaires des grands vivipares. M. WoLF n'eft pas le feul Ecrivain qui ait attaqué le livre des Corps organîfés. Il a été critiqué encore , mais avec !a plus grande honnêteté, par un Auteur très-eftimable , qui m'a paru n'être infpiré dans fa critique que par l'amour du vrai. Je parle de M. Paul , qui nous a donné un excellent abrégé des ÏVlémoires de l'Académie de Pruffe, & c'eft-là qu'il combat quelques-uns de mes principes fur la génération. J'ai réponda à fes principales objedions dans une longue Lettre que j'ai adrefiee à M. Spallanzani le z^ de Novembre 1777 , & qu'on trouvera dans le Tome V de mes Oeuvres, Je ne toucherai ici qu'à une feule des objedions de M. Paul. It itnfifte fortement fur la poiïîbilité d'une grefe entre le germe fourni par le Coq & le jaune fourni par la Poule. 11 ob- jefte, que puifque le cœur de Tembrion eft capable défaire circuler le fang du jaune , l'énorme difproportion des cali- î)res n'eft point un obftacle à la greffe dont il s'agit. Comme cette objeftion portoit diredement cwntre M. de Haller, j-e le priai de m'en dire fa penfée. Sa réponfe fut auffi fim- ple que claire. „ M. Paul non plus que le Philofophe [*J 35 dont vous me parliez, m'écrivoit-il , C'^'^] n'a point vu 3, un Poulet» L'objeftion qu'il fait porte à faux. Les vaif- 35 féaux du JAune] tiennent d'un côté à la mère , de l'autre ^ au fœtus. Dans la matrice c'eft la mcre qui les anime. 53 Ces vaifleaux naiflent manifcilement des artères de la ma- 5j trice. Détachés de la mère , ces vaiflfeaux n'ont plus que [*] Confultez la note de PArt. CLL [**] Le zi de Janvier 177®. SUR LES CORPS ORGANISÉS, 28 î Les changemens que le Poulet fubit dans Pœuf , peuvent être comparés aux ynétaynor- phofes des Infectes. Sous fa première forme , le Poulet paroît ne différer pas moins du Poulet parfait , que la Chenille diffère du Papillon, Mais le Papillon comme le Poulet, parvient à l'état de perfedion par une évolution dont les Malpighi (i) , les Swammerdam (2) , les Reaumur (3)5 nous ont dévoilé les degrés, CLX. Apparences trompeiifes dans les niétamor- phofes des Infe&es. Il ne faut à la Chenille que quelques inf- tans pour paroître à nos yeux fous la forme de Chryfalide , & l'on fait que la Chryfalide n'eft que le Papillon lui - même emmaillotté. L'Infede paroît donc paifer fubitement de Fétat de Chenille à celui de Papillon. Avant qu'on 55 rimpulfioii du coeiw du fœtus : elle cft dormante , & le 55 jaune ne prend aucun accroiflcment , tant que l'œuF n'elfc 55 pas fécondé. Dès qu'il Teft, fon cœur mis en vigueur 55 fait jouer les vaiïïeaux du jaune, les dilate, &c. Voilù 5, la marche de la Nature ". CO Difert. Epifi. de Bomh. (2) Hiji. hifeB. Gen. Bib. Nut. (3) 3Iém. pour fervir à l'ffjjl, des Infcciei ^ Tome I, Mém. VHI, & XIV. 28^ CONSIDERATIONS fe fut avifé de foupqonner que tous les fecrets de la Nature n'étoient pas renfermés dans les anciens , on regardoit le changement fubit de la Chenille en Papillon comme une véritable métamorphofe , dont on fe mettoit peu en peine d'expliquer le comment. Des hommes qui recevoient fans fcrupule les générations équivoques ^ pouvoient-ils ne pas admettre les métamorphofes ? Mais enfin , le temps ett venu où les Naturalises fe font apperciis qu'ils avoient des yeux pour obferver , & des doigts pour diiTéquer : on a donc obfervé & dilTéqué , & les métamorphofes ont difparu. On eft allé chercher le Papillon dans la Chenille elle-même 3 & l'on eft parvenu à l'y découvrir. Sa trompe» fes antennes , fes ailes étoient roulées, con- tournées 5 & pliées avec un tel art qu'elles n'occupoient qu'une très-petite plase fous les deux premiers anneaux de la Chenille. Dans les fix premières jambes de celle - ci , étoient emboîtées, les fix jambes du Papillon. Ce n'eft pas tout encore , l'on eft parvenu à découvrir îes œufs du Papillon dans la Chenille , aiiez iong-tcmps avant la transformation (i). (1) Mêm. four fcrvir à VHiJl. des Infeiles , Tome î , SUR LES CORPS ORGANISÉS. 283 CLXI. Conféqtience de la préexijience du Fapllon. Toutes les parties extérieures & intérieu-^ les du Papillon qu'on a découvertes dans la Chenille , y ayoient déjà acquis une grandeur confidérable : elles exiftoient donc auparavant , & on les découvriroit fans doute dans la Che- nille nailTante , fi l'art humain pouvoit aller jufques là. Ce que Pœuf eft au Poulet, la Chenille Peft donc au Papillon. Elle rairemble , digère & faqonne les fucs deftinés à procurer le déve- loppement de celui-ci. Les vifceres de la Che- nille font les efpeces de laboratoires où cesi préparations s'opèrent (i),. ÇLXIL Qîie les végétaux ftùvent s comme les animaux , la loi de révolution. La même évolution qui conduit les animaux à la perfedion qui eft propre à leur efpece , y conduit tous les végétaux. On les retrouve CO tt J? me fuis fort étendu fur le<5 métamorphofes des Infeftes dans la Contemjdation, de h Nature, Je renvoie donc le Lefteur aux Chap. V , VI , &j fuivans dt h F.irtie IX (3e cet ouvrage. 284 CONSIDERATIONS defîînés en miniature dans les graines & dans les boutons. Les fleurs du Poirier que nous voyons s'épanouir au Printemps , étoient déjà vifibles dès Tannée précédente. La fagacité de quelques Obfervateurs a percé cette nuit , & furpris la Nature occupée à préparer de loin les pépins (i). On. remonte plus haut encore dans la formation des plantes à Oignon. Le noyau de V Amande renferme originairement une fubftance glaireufe analogue au jaune de Fœuf, furmontée d'une véficule pleine d'une liqueur tranfparente analogue au blanc, & qui ibnt l'une & l'autre deftinées à nourrir Tem- brion caché dans le fruit (2). Il tire cette nourriture par de petits vaiiTeaux qu'on voit enfuice fe ramifier dans l'intérieur des lohes , & qui peuvent être comparés aux vaiffeaux ombilicaux du Poulet. Je fuis parvenu à les rendre très - fenfibles par des injedions colo- rées (3). L'embrion offre deux parties tres- diftindes , la pliimule & la radicule. La pre- (i) la Phyjque des arbres, par M. Duhamel , Liv. III, Art. I, page 205, premiers Partie, in-4*. Paris, deux Par- ties , 1758. (2) Fhyf. des arb. Liv. lîl , art. VIII , première Partie , Liv. ÎV , ^Chap. I , page 5 , fecoude Partie. (5) Recherches fur ïufage des fetàlles dans Us Fiantes , ^c. Art. XC. SUR LES CORPS ORGANISÉS, 28 f fniere contient les élémens de la tige & des branches j la féconde ceux de la racme & de fes ramifications. La radicule perce bientôt la terre pour y puifer des nourritures plus fortes, & les injedions m'ont encore appris que c'eft à fon extrémité , terminée en pointe , que fe trouvent les organes qui pompent ces nourri- tures 5 & les font paifer dans le corps de la plante (i). Ces organes font à la plante , ce que la bouche eft à ranimai. Les parties de Fembrion logé dans la graine ou dans le bou- ton, y ont des formes & un arrangement qui" différent beaucoup de ceux qu'elles auront après s'être développées ; mais elles n'en ren- ferment pas moins dès le commencement, tout ce qui eft elfentiel à fefpece. CLXIIL Le cmir principale ptiijjlmce dans ranimai. Changemens de couleur du fang '^ rojjification. Les Corps organifés croilfent donc par le développement de leurs parties en tout fens , & à mefure qu'elles fe développent , leurs formes & leur fituation primitives fubilfent des changemens plus ou moins confidérables , & (i) Recherches fur l'ufage dsi fcuillis^ &c. Art. XC. î^8^ CON S IDE' RATIONS plus ou moins rapides. ( V fait. ) La princi- pale puifFance qui paroît opérer ce dévcloppe- 3ment dans les animaux , eft l'impulfion du cœur. Animé dans la conception par l'influence de la liqueur féminale , il fe dilate , & en fe contradlant fubitement , il chalfe le fluide dans les vaiiîeaux. Ge fluide , qui fera dans la fuite du véritable fang , n'eft encore qu'une liqueur tranfparente , & prefquc fans couleur. Bientôt il perd fa tranfparence & devient jaune , & au bout de trois jours, d'un rouge très -vif (i). L'impulfion du fang contre les membranes les étend de plus en plus. De cette extenfion ré- fultent le prolongement & l'élargiflement des principaux troncs , & le développement fuc- ceflîf de toutes les branches. Les fucs nourri- ciers en pénétrant en même temps dans les mailles des tiffus , augmentent les malfes. (Chap. il) Les élémens fe rapprochent , & leur attradion mutuelle croît en raifon de leur approximation & du contadl. (II fait.) L'of- fiftcation ne commence que lorique les vaif- ieaux devenus plus larges admettent des glo- bules rouges. Le battement continuel des artè- res qui rampent entre les lames oiTeufes , tend à endurcir ces lames. La terre que les globules (i) MA de Haller, Mém. IJ fur le Foula, Sed;. IV, gage 35 & fui>',^ SUR LES CORPS ORGANISÉS. 287 rotiges charient avec eux , & donc la propor- tion augmente de jour en jour , contribue aullî à la dureté & à la fragilité des parties ofTeufes (i). La pulfation des artères qui ram- pent entre les parties molles , peut concourir de même à augmenter la confîftance de ces parties. Tous ces effets dépendent en dernier relTort de la force du cœur -, celle-ci dépend elle-même de la chaleur. Dans les fœtus foibles ou mal couvés , le fang demeure plus long-temps jaune ; l'ollification commence plus tard , & le déve- loppement eif plus lent (2). CLXIV. Evolution dans h membrane ombilicale- du Poulet, La membrane ombilicale fournit un exemple de l'accroilTement , qui peut s'appliquer à toutes les parties du corps. Cette membrane n'eft d'abord qu'une efpece de parenchyme , une pulpe molle. La force du cœur y fait iiaitre (0 Mémoires fui' la formation des os, par M. de HalleR, page 25:2 & fuivantes : à Laufaiine, chez Boufi^uet , in-is. 1758. (2) Mém. II f fur la faymaHoii du Poulet^ paS* 3î & fuiv. ^.S8 CONSIDERATIONS par degrés des traces rcticulaires. Ces traces tié lont au commencement que des points. Bientôt elles deviennent des lignes. Ces lignes Je colorent peu à peu , & ce font enfin des artères & des veines divifées à de fort petits angles. Ces angles grandirent 5 des aires blan- ches fe forment entre les vaifleaux ; elles fe dilatent infenfiblement , à-peu-près comme fe dilatent les efpaces compris entre les nervures d'une plante (i). ,5 Qu'on rétrograde, dit M. 35 de Haller. , dans la confidération des chan- 5, gemens fucceffifs de cette membrane ombi- 55 licale , on fe convaincra aifément qu'elle a 53 toujours exifté avec fes vaiifeaux , qu'elle a 33 été repliée fur elle - même , que l'impullloii j3 du fang a prolongé les artères , ou dévidé 5, ces plis 5 qu'elle a éloigné les vaiifeaux les 55 uns des autres , 8c a donné à la membrane 35 fa largeur , {à longueur , fes aires blanches , 35 fa folidité même ". CLXV. Solides de Pemhrion repliés fur enX" mêmes. Jambes & ailes du Fapilloju Il femble donc que les folides de i'embriou ibient repliés originairement fur eux-mêmes , (i) CoYoîlciîrci mHés i pag, 173 & fuiv. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 289 8c que rimpulfîon du fang tende continuelle- ment à les déployer. On découvre à l'o^il ce repliement dans les jambes du Papillon, pendant: qu'elles font encore emboîtées & comme con- centrées dans celles de la Chenille incompara- blement plus courtes. On croit voir un reiibrt à boudin chargé d'un poids. Bientôt rimpuKîon des humeurs déploie ces ji.mbes & en efface les pHs (f). Il en eft à-peu-pres de même des ailes. Avant la naifîance du Papillon , elles ont beaucoup d'épailTeur & fort peu d'étendue. Elles femblent être repliées fur elles-mêmes en în;iniere de zig-zag. Immédiatement après la iiaiirance , j'impulfion des liquides , aidée de certains mouvemens , les déploie , & elles perdent en épaiifeur ce qu'elles gagnent en étendue (2). CLXVI. Augmentation de rnaffe des folides, Inje&ions colorées. Mais , Ci le méchanifme organique fe réduis foit à cette fimple évolution , les Corps orga- nifés n'acquerroient pas plus de maife eu fe (1) Mémoires four fervir à L'Hîftoire des Infcâes , Tom. I, page 365 & ^66, (2) Ibitl. page 614 & fuiv. To7ne V. T U90 CONSIDE' RAT IONS \ développant. Il en feroit de tous les folides j IDomme des aîles du Papillon. L'augmentation > de maiiTe qu'ils acquièrent en croiifant , leur j vient du dehors. Elle eft le produit de l'affo- | dation d'un nombre infini de molécules diifé- rentes , que la nutrition leur alîimile. Nous i ignorons , & nous ignorerons long -temps le ■ fecret de cette alîmilation. Nous voyons en \ général, qu'elle peut dépendre de l'appropriation i du calibre des vaiffeaux à la grolTeur , & peut- i être encore à la figure des molécules qu'ils \ doivent admettre ou féparer pour une certaine ! fin (i). 11 paroît clairement que la Nature i fait palTer la matière alimentaire par une fuite i de vaiiTeaux dont les diamètres fe dégradent j de plus en plus , & qui Pintroduifent enfin i dans les mailles ou le tifTu cellulaire des foli- | des. L'incorporation de la Garance dans le i tiifu cellulaire des os (2) , & celle des ma- | tieres colorantes dans le tilTu des plantes qu'on j injede (3) , donnent une légère idée de l'airo- | (i) tt A la dégradation des calibres , il faut joindre | encore rinclinaifon plus ou moins grande , des branches & ' des plus petits rameaux. | J (2) Mémoires fur la formation des os , par M. de HAllER, 1 page 2^7. (5) Recherches fur Vufage des feuilles dans les Plantes , Art» j XC. Fhyjnjis dss arbres, Liv. V, Chap. II, Art. VU. ! Sur les corps organisés. 291 iiatioii des matières alimentaires. Les artères ne fe nourriflent pas de ce même lang qu'elles diftribuent par-tout : elles ont de petits vaif- feaux qui apportent à leurs tuniques la nour- riture qu'ils ont féparée du fang. J'ai déjà touché à l'accroiiremene dans le Chap. II. J'ai traité dans le Chapo VI de la nutrition con(î- dérée relativement à la génération : je renvoie mon Lecteur à ces deux Chapitres. CLXVIL Traiîfpration mfenfible de Penibrion2 Moyens d'abréger ou de froknger fa vie, principe vital dans PanimaL Tandis que le foetus fe développe dans Fœuf , 'il tranfpire j car la coque dure & cruf. lacée fous laquelle il eft renfermé, a des pores préparés pour laiffer paffer la matière de la tranfpiration infenfible. L'enveloppe cruftacée des Chryfalides a aulTi fes pores , & pour la même fin. Des expériences curieufes que je n'ai fait encore qu'indiquer , nous ont appris qu'en accélérant ou en retardant la tranfpira^ tion infenfible , l'on abrège ou l'on prolonge' prefque à volonté , la durée de la vie des Papil- lons , & de plufieurs autres efpeces d'Infectes, T 2r S^9^ CONSIDERATIONS On voit aflez que je veux parler des expé- riences dont M. de Reaumur a donné le dé- tail, dans le premier Mémoire du fécond volume de fa belle hiftoire des Infedes. Pour devenir Papillons , quelques efpeces de Chrylalides doivent perdre par la tranfpiration infenfible , environ la dix-huitiemc partie de leur poids. Cette quantité varie en difïérens fujets. La matière de la tranfpiration eft une liqueur très - limpide. Pendant que cette matière de- meure renfermée dans l'intérieur de l'animal , elle fèpajce en quelque forte les élémens , elle s'oppofe à leur union , & retarde ainfi l'ac- croiifement & PendurcilTement. On accélérera donc l'un 8c l'autre , ou ce qui revient au même , l'on abrégera la durée de la vie de rinfedle , iî on le tient dans un lieu chaud , par exemple , dans une étuve ou dans un four ^ Poulet. Là , un jour fera pour l'Infede , cç qu'auroient été pour lui , dans l'ordre naturel , une femaine 5 ou même un mois. Le contraire arrivera il l'on renferme la Chryfalide dans un lieu froid , tel qu'une cave ou une glacière , ou fi on l'enduit d'un vernis impénétrable à Veau. Auciin de ces procédés ne nuira à l'In- fede. Dans les œufs enduits de même de graiffe ou de vernis , le germe fe conferve très4ong- temps 5 & ces œufs font des mois & des SUR LES CORPS ORGANISÉS. 293 ïinnées dans l'état d'œufs frais. La ]ongii;e vie des PoilTons & de quelques Peuples du Nord-, a probablement pour caufe principale la dimi- nution de la tranfpiration infenfible , toujours cxceflive dans les habitans des climats chauds. Ainsi la vie dans les machines animales^ ii'ert proprement que la fuite des mouvemens du cœur Se des vaiffeaux. Le principe vita paroit être dans V irritabilité , cette propriété de la fibre mufculaire , dont nous devons encore- la connoiilànce aux profondes recherches de M. de Haller (i). Le cœur eft le mufcle qui poflede cette propriété dans le degré le plus éminent. Ceft par un effet de fa nature irritable qu'il fe contrade au feul attouche- ment du fang , foit qu'il tienne encore à l'ani- mal , foit qu'il s'en trouve féparé. En fe con- trac1:ant, il exprime le fang hors de fe cavité, & le chaife dans les vaiffeaux encore repliés fiir eux - mêmes. L'impulfion du liquide les" déploie , & la durée de cette évolution eft la durée de l'accroiflement. Il diminue à propor- tion que la réfift#»nce augmente. Il ceife lorf- qu'elle s'eft accrue au point d'anéantir l'effet de la force expanfive. Les folides endurcis De ■ (1) Dijfertation fur riryhjjilité. Mémoire fur le wouvoftent:, du cceur , à liaufnnne , iiMS. T a Ô94 CONSIDE' RATION SI font plus dudliles. Cela fe voit clairement dans les os , & mieux encore dans les Vers que î'ai multipliés de boutures (i). Le tronçon ne s'étend point , mais de nouveaux anneaux fe développent aux extrémités. L'accroifTement fe înefure donc par refpace parcouru , & par le temps employé à le parcourir. L'Infede à qui il n'a fallu que peu de jours pour parvenir à fon parfait accroiflement , a autant vécu que l'Infede de même efpece , qui n'a atteint ce terme qu'au bout de plufieurs mois ou de plufieurs années (2). Quelque compofées que foient les machines organiques , leur dévelop- pement eft fufceptiblef d'une certaine latitude , dont les circonftances ou l'art peuvent relTerrer ou étendre les limites. Les roues qui mefurent la vie organique précipitent ou retardent leurs févolutions ; mais la fomme des effets demeure toujours la même. CLXVIII. JRecherches fur la puijfance qui opère le développement dans le végétal. Expérience de f Auteur fur le moMve?nent de la fe,ve. Nous ne voyons rien dans les végétaux qui (i) Traité X JnfeBoîogîe , feeonde Partie, Obf. VIL Cs) Mémoires pour fervir à rHiJioire ées\ Infectes ^ Tom II, SUR LES CORPS ORGANISÉS, 29? leur tienne lieu de cœur & d'artères. Les mou- vemens fi remarquables de leurs tiges , de leurs feuilles, de leurs fleurs, de leurs graines, de leurs trachées (i) paroiirent dépendre de toute autre caufe que de l'irritabilité , & ce caractère j)lus approfondi, ferviroit peut-être à diftinguer ranimai du végétal (2). Cependant la fève , qui eft le fang des plantes , s'y meut avec une force capable d'élever le mercure à plufieurs pouces, & qui équivaut quelquefois à tout le poids de l'atmofphere , & le furpalTe même. J'ai pu juger à l'œil de la rapidité de la fève dans ies plantes que j'ai abreuvées de liqueurs colo- rées. J'ai vu la liqueur parcourir fous mes yeux une étendue d'un pouce & demi en demi- Ci) Recherches Jur tufage des feuf lies dans les Fiantes,- yiéïïh n & V. Fhyjque des arbres , Liv. IV , Chap. VI. (2 ) If Le favant Gmelin , dans fa Bifcrtatïo^i fur rirrî- tabilité des Plantes^ produit divers faits qui femblent prouver qu'elles ne font pas privées de ce principe vitil. C'eft fur- tout dans les parties fexuelles ^ quil a cru reconnoître des fignes non- équivoques d'irritabilité. Il a vu les étHmincs de. quelques efpeces herbacées , fe contrarier & fe relâcher alternativement , Joffqu'on les irritoit dans un lieu chaud. Je parlerai ailleurs plus ?.u long de ces obfervations fur l'irri- tabilité des Plantes : mais il feroit fort à defirer qu'on les répétât & qu'on les pouffât b^eaucoup plus loin. 11 eft bien facile de.fe méprendre dans ce genre d'expériences, & d'at- tribuer à une vraie irritabilité , ce qui dépend de toute aatre caufe. T 4 !2s>^ CON S IDF RATIONS heure ("i). M. Hales , dans fou admirable Statique des végétaux , a très-bien prouvé que les feuilles font les. principaux organes de la tranfpiration. Il les a regardées comme les puif- fances qui élèvent la fève. Mais la forée pro- digieufe des pleurs de la Vigne nous apprend que les feuilles ne font pas les feules puiifan- ces que la Nature met ici en œuvre (2). Les iniedions m'ont coîi&Lmé la même vérité : la matière colorante s'eif élevée affez haut dans des braiiches dépourvues de feuilles y & dans une faifon aifez froide. Mais d'un autre côté, je ne l'ai point vu s'élever dans des plantes deiféchées & à larges pores. La fève ne s'intro- duit doue pas dans les plantes, comme l'eau dans une éponge : fon mouvement dépend «i'une méchanique qui nous eif encore incon- nue , «& que de nouv^elles expériences pourront nous découvrir. Le reifort des trachées qu'ex- cite celui de l'air , influe fans doute fur ce Tnouvement , mais l'on a peine à concevoir leur adion dans l'épaineur d'un bois très-dur (3). (i) Rsch, fur rti/af^e des feuilles y ^n. XCi. (2) Fhyjïquc dfs arhrss ^ Liv. V , Art. IV» E?J tt ^'s^ ""S ignarance biea profonde que celle on sroiTS fommes de In nat-.ire intime ou de VeJeK:e des diverfes fbrcei re'pandtics daiis rimivers , & en particulier de celles ^ui coBftitueiit h vie dans Iq végéul & ihu% raiîimaL Kous SUR LES CORFS ORGANISÉS. 297 CLXIX. Effets généraux de la puijjanoc vitale dans les plantes. Manière dont les arbres croijjent, Piwallele de cet accroijjement avec celui des or. Quelle que foit la puifTance qui préfide au mouvement de la fève , il eft certain qu'elle exifte , & qu'elle produit dans le végétal les mêmes effets eflentiels que la force du cœur produit dans l'animal. C'eft cette puiffance qui chalfe la fève dans les tuyaux repliés ou con- centrés , qui les déploie , & étend en tout fens les lames infiniment déliées qu'ils compofent par leur aifemblage. Ces lames font autant de petits cônes nifcrits les uns dans les autres , & r.e connoifTous un peu les forces qtie par leurs effets. Toute'î nos obfervations fur la ftrudlure des corps, ne nous en décou- vrent que l'extérieur ou la première écorce : le fond de '.cette flrurtnre nr>us demeure voilé. Nous entrevoyons bien l'ar- rangement & les rapports des parties les plus groffieres j mais tîous He faurions pénétrer jufqu'aux élémens dont ces rapports dérivent. Ainfi nous n'appercevons que les derniers effets des machines naturelles, & le fecret d£ leur conftiuction nous demeure toujours inconnu j car des membranes , des val ffeaux, ^es fibres ne font pas les premiers & les vrais rcffoi-ts. Il y a plus j les vrais refforts ne le font pas par eux-mêmes ; leutr aftion dépend du concours d'une force fecrette \\\i ne peut tomber fous nos feus-» 298 CONSIDERATIONS \ dont le nombre eft indéfini. Les plus extérieurs | contiennent les rudimens de récorce : les plus ! intérieurs , ceux du bois. Tous ne font dans : Je germe qu'une efpece dégelée: c'eft Pétat ' fous lequel l'animal fe montre les premiers jours. [II & III FAIT.] Ils deviennent herba- | ces par degrés i & cet état répond à celui que revêt le cartilage quand il celTe d'être mem- \ braneux ou plutôt muqueux. Enfin , les cônes ] intérieurs s'endurcilfent peu à peu 5 ils acquié- j rent fuccefîivement la confiftance de Pécorce ! & celle du bois: c'eft le cartilage qui acquiert enfm la confiftance de Pos. Le cône le plus j intérieur s'endurcit le premier , & celfe de I croître. L'accroiifement continue dans celui j qui Penveloppe immédiatement. Les lames qui | font les rudimens de la véritable écorce , ne fe \ convertilfent pas en bois ; celui-ci a une orga- ' nifation qui lui eft propre 3 fes tuyaux font ; plus fins , plus ferrés , & il a des trachées qui ; manquent à celle-là. Mais les lames qui con- ; tiennent les élémens du bois paifent par Pétat \ de fubftance corticale : des couches ligneufes '■ femblent fe détacher de Pécorce pour s'appli- quer au bois. De Pépaifliifement des lames ; réfulte Paccroiifement en groifeur , de leur pro- \ longement réfulte Paccroiifement en hauteur, \ Celui-ci ceffe avant celui-là. L'endurcilfement 1 SUR LES CORPS ORGANISÉS. 299 commence toujours à la bafe des cônes ^ les fommets font encore ductiles : c'eft le corps de l'os qui s'oiTifie le premier y en fuite les extré- mités & les épiphyfes. La racine ne croit que dans fon extrémité. Je ne parle ici que des arbres (1). A l'extrémité de la jeune tige qu'a fourni la phimule , paroit en Automne un bou- ton. Ce bouton contient le germe d'une nou- velle tige. Il s'ouvre au Printemps. La petite tige en fort encore herbacée j elle s'étend en tout fens , & s'endurcit à fon tour comme la première. Un bouton paroît aufTi à fon extré- mité qui donne naiffance à une autre tige. L'arbre fe forme ainfî annuellement d'une fuite de tiges ou de petits arbres implantés les uns fur les autres. Dans les herbes ammelles , une feule tige fe développe , qui prend peu à peu l'accroiifement & la confillance propres à fon efpece. Dans les herbes vivaces , des boutons fortent de la bafe ou des racines de fan^ cienne tige. L'accroissement des végétaux peut être accéléré ou retardé comme celui des animaux. Les végétaux tranfpirent , & ils s'en du rciifent d'autant plutôt que leur tranfpiration eil plus (0 i'hyficiue des a/hres , Liv. IV , Chap. IIL 30O CONSIDERATIONS accélérée ou plus, abondante. Par la raifon des contraires, plus une plajite tire de nourriture , & plus fon endurciirement eft lent y elle croit donc plus long - temps. A l'aide de certaines précautions ou de certaines circonftances , le germe vit pendant un temps Fort long dans la graine , comme Tembrion dans l'œuf. Il faat lire dans Pexcellent ouvrage de M. Duhamel, les détails intérelTans & Il Tagement expofés , dont je viens de crayonner refquilïe. Tout y concourt à établir l'évolution, CLXX. Flémens de la théorie de rAutmr fur la méchanique de faccroijfenient. Toutes les parties d'un Corps organifé ont à croître , & tandis qu'elles croilfent elles con- tinuent à s'acquitter des fonctions qui leur font propres. L'aptitude à s'en acquitter dé- pend de leur ftrudure. La ftruclure des parties ne change donc point pour l'eifentiel pendant toute la durée de l'accroilTement. Cependant elles augmentent de malle , & cette augmenta- tion provient de l'incorporation des molécules que la nutrition afîimile. La méchanique de chaque partie eft donc telle qu'elle arrange ou difpofe les molécules alimentaires , dans un rap- Sur les corps organisés, 301 port dired à fa ftrudure. Cette ftrudure eft eirentiellement la même dans le germe que dans Fanimal développé. Le Poulet le démontre. Les molécules alimentaires ne forment donc rien j mais elles aident au développement de ce qui eft préformé , & en augmentant la maife. Le développement & l'intuflufception fuivent ain(î la loi de la conftitution primordiale des parties. Cette conftitution dérive en dernier relfort de la nature , de l'arrangement , & en général de toutes les déterminations des élémens propres à chaque efpece d'organes s & ce que je dis des organes , je puis le dire des fibres dont ils font compofés. Ce font donc les élémens des parties du germe qui déterminent , dès le com- mencement , l'union & l'arrangement des nou- veaux élémens que la nutrition leur affocie. Ce font encore ces élémens qui déterminent le degré d'accroilfement , de conliftance ou d'endurcilTement que chaque partie peut ac- quérir. ( Chap. II & VI. ) Au-delà de ces prin- cipes généraux , je ne vois que ténèbres plus ou moins épailfes. Au refte , en développant ailleurs cette ef- pece de théorie , j'elfayerai de montrer com- ment un Tout organifé , parvenu à fon parfaic accroiffement , eft un compoie de fes parties 50Z CONSIBrRATIONS originelles ou élémentaires , Se des matières que la nutrition leur a aflbciées : en forte que {î l'on pouvoit extraire ces matières du tout , on le concentreroit , pour ainfi dire , en un point , & on le rameneroit ainfi à fou état primitif de germe. C'eft de la même manière, à-peu-près , qu'en extrayant d'un os la fubf- tance crétacée^ qui eft le principe de la dureté, on le ramené à fon état primitif de cartilage ou de membrane (i). ['] tt Ceft à M. Hérissant que 'nous devons les con- ïioilTances les plus certairits uir la mcchanique de ï ojjïfication îi a dtmontré par une luite d'expériences très - ingénieiifes , que les os (ont compofes de deux fubftnnces principales , l'une farenchymateufe ou membraneufe , i'aucre crétacée. Il a fait voir que celle ci pénètre dans les mailles de celle-là par la nutrition ; & que le tiflTu parenchymateux s'incrufte ainii peu à peu de la matière terreufe , à laquelle l'os doit fa dureté. Il eft parvenu à dépoi^iller entièrement le parenchyme de la matière dont il étoit incrufté , & a converti ainfi les os les plus durs en fimples membranes. Il a plus fait encore : il a rendu au parenchyme ou à la membrane fa première dureté , ou pour parler plus exaélement, il l'a ramenée à fon état primitif d'oi^. On voit combien ces curieufes expériences s'accordent avec mes premières méiiitations fur la méchanique fecrette de raccroiilement. Le parenchyme des os nous repréfente ce fond primordial que je fuppofois toujours dans le Tout orga- •nifé : la fubltance terreufe qui incrulre le parenchyme de l'os, nous repréfente les molécules alimentaires qui s'incorporent par la nutrition au Tout organique. L'offification eft ainfi luie repréfentation groffiere de ce qui fe paUe dans l'accroif- iement de toutes les parties du corps aaimal , & même des j)lus délicates, J^e tiffu primordial de toutes s'incrufte far SUR LES CORPS ORGANISÉS, 303 CHAPITRE XL Oue les obfervations fur la formation du Poulet achèvent de détruire le fyliême des molécules organiques. Faits qui Concernent les graines 6? les boutons , ainfi que les greffes ^ les bou- tures 5 foit végétales , foit animales , ^ la multiplication par rejettons , & celle par divifion naturelle. j CLXXI. L'évolution :, loi de k Nature, E viens de mettre fous les yeux de mes Ledeurs bien des faits intéreffans , qui fem- blent fe réunir pour faire de l'évolution une loi générale du fyftème organique. Cette loi i degrés des matières étrangères que la nutrition y fjit pé- nétrer, Mr. Hérissant a étendu , depuis fes expériences à l'accroiffement de quantité de corps marins , comme les Coraux, les jMadrépores , &c; & il a reconnu que h Nature emploie par-tout la même méchanique eflentielie. Il en a con- clu que j'avois bien raifonné fur la manière dont s'opère raccroiflfement. J'ai expofé tout cela aflez en dccail en trai- tant plus à fond de cette rrande matière dans la. Partie. XI cic la J^alingiiiéjie, 304 CONSID F RATIONS fuppofe manifeftement la préexiftence des ger- mes j rien ne peut fe développer qui n'ait été préFormé. L'animal végète comme la plante. Mais révolution n'exclut point par elle-même Vépigénefe. L'anmial formé par juxta-pofition du concours des deux femences , fubiroit enfuite la loi du développement. Il falloit donc dé- montrer que l'animal exifte dans l'œuf indépen- damment du concours des fexes , & c'eft ce jque les obfervations de M. de Haller ont mis dans une pleine évidence. CLXXII. QtCil n'ejl point de véritable généra^ tion dans la Nature. Je fuis donc ramené plus fortement que Jamais au grand principe dont je fuis parti en commençant cet ouvrage , e'eft qu'il n'eft point dans la Nature de véritable génération ; mais 5 nous nommons improprement ^(?>/ern;//o;/, le commencement d'un développement qui nous rend vtfible ce que nous ne pouvions auparavant appercevoir. Les reins nous paroif- fent engendrés au moment qu'ils tombent fous nos fens 5 ils féparoient pourtant l'urine lorfque nous ne nous doutions pas le moins du monde de leur exiftence. ( VI FAIT. ) Ce qui eft vrai d'un organe . Telt de l'animal qui réfulte Wr les corps organisés. 305^ réfuite de raflemblage de tous les organes. Nô Jugeons donc pas du temps où les Êtres orga- nifés ont commencé à exiftex , par celui où ils ont commencé à nous devenir vifibles , & ne renfermons pas la Nature dans les imiites étroites de nos fens & de nos inltrumens. CLXXIII. Oppofitîon des découvertes fur le Poulet avec les fyjiêmes qui les avoient pré^ cédées. Les Phyficiens qui ont cru qu'il n'y a point de germe dans les œufs inféconds , ont pris une idée favorite pour la règle des chofes. Ils voyoient des animalcules dans la femence des mâles , & ils en concluoient que ces animal- cules étoient deftinés à s'introduire dans les œufs 5 & à y devenir le principe de la géné- ration. Ceux qui ont rejette les œufs & retenu Jes animalcules , ont voulu qu'il y eût dans la matrice un lieu afïîgné où ils fe fixoient & fe développoient. L'examen d'un œuf de Poule a fufR pour renverfer ces hypothefes fameufes , foutenues avec tant de chaleur ^par d^habiles gens. Tome V. ^ V So6 CONSIDERATIONS CLXXIV. Réflexions fur les anciens. De queU qties opinions modernes fur l'origine des Etres -' organifés. Les anciens penfoient que le fœtus réfultoit du mélange des deux femences , & cette idée vient (î naturellement à refprit , que ce n'étoit pas la peine de leur en faire un mérite. L'Au- teur de la Vénus phyftque , qui s'eil: plu à ré- chauffer cette opinion , loue pourtant à ce fujet les anciens. „ Lors, dit-il (0, que nous 33 croyons que les anciens ne font demeurés 35 dans telle ou telle opinion , que parce qu'ils 35 n'avoient pas été auffi loin que nous , nous 33 devrions peut-être plutôt penfer que c'elt 35 parce qu'ils avoient été plus loin j & que ,3 des expériences que nous n'avons pas en- ,3 core faites , leur avoient fait fentir l'infuf- ,5 fifance des fyftèmes dont nous nous con- J'admettrai , fi l'on veut , que les anciens ont vu tout ce qu'ils pouvoient voir : la Na- ture leur avoit fait d'aulli bons yeux qu'à nous , mais elle ne les avoit pas armés d'un verre. Ils appercevoient le point fatitillant (2)^ ' (ï) Chap. XVÎ, page 97. (a) Arto CLVIII. ISUR LES CORPS ORGANISÉS. 307 Se ils ne pouvoient en démêler les phafes. Ils ont voulu faire à force de génie ce que les modernes ont exécuté à force de méthode & d'inftrumens. Les anciens ont été loin 3 ib au- roient été plus loin encore G , ians avoir nos înftrumens , ils avoieiit eu feulemenc nos mé- thodes , & ce font ces méthodes qui diftin- guent le plus notre fiecle. Les erreurs de l'cin- tiquité n'ont pas de quoi nous furprendre ; elles étoient Pappanage de la primogéniture. Mais , ce qui doit nous étonner , c'eft de voir des Phyficiens qui 5 dans un fiecle aulfi éclairé que le nôtre , fe refaifiifent de ces erreurs , & déploient toute la force de leur génie , pour nous perfuader qu'un animal fe forme comme un cryftql , & qu'un amas de farine fe con- vertit en Anguilks. On a rappelle les quahtés occultes que la bonne Philofophie avoit ban- nies de la Phyfique. On a eu recours à des injlin&s , à des forces de rapports , à des affinités chymiques (i) , à des molécules organiques , qui ne font ni végétal ni animal , & qui forment par leur réunion , le végétal & l'animal (3). (i) Fénus phyjîque , Chap. XVlI, XVIII, XIX. (2) Hi/ieir.e Naturelle , générale ç^ particulière , cf*-^' T. II. V z $08 C 0 N S I DFRÀT I 0 N S CLXXV. Remarques fiir Pexpofition que f Auteur a donnée du fyftème de M. de Buffon , Z^ fur un pajfage de la V-énus phyfique. Bien des Ledeurs nie reprocheront fans doute de m' être trop étendu fur le fyftème de M. de Buffon. Ils prétendront que des fonges, qui ne font pas même philofophiques , ne mé- ritoicnt pas qu'on s'y arrêtât. Je ne chercherai point à me jùftifier de ce reproche ; mais j'a- vouerai que j'ai cru devoir quelque chofe à la célébrité du Songeur , & à la finguîarité de fes fonges (i). Je les ai donc expofés avec toute la clarté dont ils étoierit fufceptibles , & je n'en ai pas fait un examen en forme. Je me fuis borné à indiquer quelques faits qui :ifn'ont paru évidemment contraires à i'hypo- thefe de l'illuftre Auteur. Tel eft celui que nous offre le rmilet chez les Abeilles. Si le fœtus réfulte du concours des molécules organiques que renferment les deux femences j fi ces mo- lécules font moulées dans les différentes par- ties qui compofent le corps du mâle & celui de la femelle > Ç\ enfin elles acquièrent par-là la capacité de reprélenter en petit le fœtus , pour- quoi l'Abeille ouvrière a-t-elle des organes qu'on (i) ff Voyez la note que j'ai mife à la fin de i'Art. CIX» & celle qui eft à la fin du Chap,. VIII. SUR LES CORPS ORGANISÉS, ^oi lie trouve ni à îa Reine-aheille , ni aux Bom--. dons. ? Pourquoi encore la Reine-abeille & les Bourdons ont-ils des organes qu'on ne trouva point à r Abeille ouvrière (i) ? L'Auteur de la Vénus phyfique fait une réflexion judicieufe , qui reqoit ici ime application très- naturelle. „ Je dicmande pardon, dit -il (2) , aux Phyd, 35 ciens modernes , Ci je ne puis admettre les yy fyftèmes qu'ils ont û ingénieufement imagi- 33 nés. Car je ne fuis pas de ceux qui croient 33 qu'on avance la Phyfîque en s'attachant à un 33 fyftème , malgré quelque phénomène qui lui 3^ eft évidemment incompatible 5 & qui , ayant; 33 remarq.ué quelqu'endroit d'où fuit néceffaire-. 33 ment la ruine de l'édifice , achèvent cepen-, 33. dant de le bâtir , & l'habitent avec autant 33 de fécurité , que s'il étoic le plus folide ". Je demande pardon à mon tour aux partifans (0 tt Si le& expéricHces qqi oiit été faites, il y a qiiel^ qnes années , fur les Abeilles , par ua Amateur de Lufacc font vraies, il n'y a chez ces înfeâes que deux fortes d'in- dividus > des mâles & des femelles. Les Mulets ou les Neiitrts font originairement de véritables femelles, dont le de'velippe- ment a été moditié par des circonftanccs é^ran2;eres , mais qui entroient dans le plan de la Nature. J'ai rendu compte en détail des expériences de Luface , dans deux Mémoires qu'cii trouvera dgns le Journal de Phyjique de l'Abbé Rozier . Avril & Mai de 1775. ' *" (^j Çhap. XVI , p:îge $6. Si. 97. ; y 5, ^îo C 0 N s ï D r R A T I 0 N s des injîincis Se des molécules organiques , fi j^ ne puis admettre leur fyftènie , & fi je n'ofe me loger dans un édifice ruiiieux , qu'Us habi^ tent cependant avec autant de fécurité que s'il était le plus folide. CLXXVI. Qtie les obfervations de M. de Reau- MUR fur les globules mouvans , prouvent leur véritable origine & la faujjeté des opinions contraires. Ces globules mouvans (i) qu^ou découvre dans les iiifufions végétales ou animales , & en particulier dans la femence de diverfes ef- peces d'animaux h. ces globules que M. de BuFFON aime à nous: repréi'enter comme de nouveaux ordres. d'Etres organifés , qui n'ap- partiennent proprement m à la clafFe des végé- taux , ni à celle des animaux , & qui forment pourtant les végétaux & les animaux , ces glo- î)ules, dis -je, doiit j'ai recherché la nature dans le Chap. VIÎI , un grand Obfervateur les a étudiés depuis , avec toute l'attention qu'ils exigeoient. Il a reconnu ce qui en avoit im-. |>afé à MM. NÉÉDHA.M &: de Buffon. Il s'efe affuré que ce font de vérit:akks animaux. ^ qui il} Ycyes-, k Cha^. ViL. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 3ît ont des ordres de générations femhlables qui fe fuccédent y qu'il eft très-faux que ces générations foient d'animaux de plus en plus petits , comme tont avancé les Auteurs du nouveau fyftémei que tout va ici à l'ordinaire , que les petits deviemtent grands à leur tour. G'eft ce qu'on a pu voir dans la note que j'ai mife à la fin de l'Article CXXXV. L'autorité de M. de Re au- MUR eft ici d'un trop grand poids pour qu'on puifle l'infirmer. Les petits animaux étoient fon domaine , & perfonne n'a polTéde à uii plus haut degré que cet illuftre Académicien , l'art de fe conduire daus la recherche des vérités phydques (i). A l'égard de la manière dont ces animal- cules font produits dans les infufions , un Phi- lofophe pourroit-il fe réfoudre à admettre qu'ils proviennent de la transformation de la matière même de Pinfufion en animalcules ? Uue telle Phyfique choqueroit également le raifonnement & l'expérience. Ce lèroit renouveller les gêné-. rations équivoques , dont la faufîeté eft fi bien prouvée. En vérité , il n'y a qu'un amout: (0 tt Je tlois renvoyer ici à la note que j'ai ajoutée à celle de l'Art. CXXXV , & an pre'cis des obfervntions de M. Sfallanzani , fur les Vers fperniatiques , que j'ai donné dans la grande note placée à la tin du Chap. VUl. V4 ?T^ C ONSTD FRA TI ON S étrange du paradoxe , qui puilTe porter à de-» "buer férieurement de telles fables, & j'ai regret que la poftérité ait à les reprocher à notre fiecle. N'elt-il pas. plus raifonnable de penfer que les œufs de ces animalcules , ou les ani- malcules eux-mêmes , exiftoient dans la matière de rnifufion ^ ou qu'ils ont pâlie de Pair dans cette matière? Tout ce que nous connoifTons. éù plus certain fur la génération des Infedes, mous follicite k embralfer ce fentiment , & p.oui: s'y refufer 3 il ne flaudroit pas moins qu'une dénionftnuion rigoureufe de la vérité, du rentiment contraire (i). CLXXVIL Qiie les découvertes de AL de H ALLER, fur le J^oideé détruifmt tédifijce de M- de Bu FF ON» Mais quand les molécules organiques au-, toient toute Pexiftence qu'il a plu à M. de- BuïTON de leur accorder , il n'en feroit pas; plus avancé, I^es obfervations ilir le Foiikit (i) ft La grande note qiû cil à la fin du Chapitre VIff , prouve que j'avois bien railbnné lorfque j'avois efifayé dô combattre le fyftêwe des n.Qlécules orgmiiqua. Je tracerai ailleurs un précis des découvertes de M. Spallanzani flir- ts animalcules des infujîous , qui achèvera de démontrer la i^iHeté des o^injoiis. «ies ij^iix. plus célèbres Epigénéfiftes de- SUR LES COKFS ORGANISÉS. 313' acTievent de ruiner de fond en comble tout fon édifice. Dès qu'il eft démontré que le Poulet exifte dans l'œuf avant la fécondation ^ ( I FAIT. ) il l'eft qu'il ne tire point fou origine des molécules organiques que renferme la femence du Coq. Il ne fauroit non plus la tirer des molécules organiques de la Poule ; car dans le fyftème de notre Auteur , comment pourroit;-elle lui fournir les parties propres au jrnâle ? Au refte, tout ce que j'ai dit des molécules organiques , ne m'a point été infpiré par le defir de critiquer M. de Buffon. Les critiques n'ont jamais été de mon goût. Je refpede ce grand Écrivain j mais je refpede encore plus la vérité. CLXXVIII. Réfutation du fentîment de M. NÉÉDHAM 5 jur {origine du germe dans h graine. Nous devons à la fagacité de M. Neédham des découvertes intéreflantcs fur la fécondation des végétaux (i) , & dont cet Obfervateur a tiré une conféquence qui me par 01 1 lia fardée, (0 tt ^'^oyez un précis dç ces découvertes dans le C]iap. X ^.ç- h Partie X de la Contem^latien ds U Nature. 314. CONSIDERATIONS Il convient que je tranfcrive ici fes propret termes (i). „ La femence ne contient point, 35 avant que d'être fécondée , la plante en 59 miniature , comme quelques Auteurs l'ont ,5 cru : mais c'eft la poufîiere de la fleur qui yy renferme le premier germe ou bouton de la 33 nouvelle plante ; ce germe pour fe dévelop- 33 per & pour croître , n'a befoin que du fuc 33 qu'il trouve tout préparé dans l'ovaire. Car 33 Cl l'on réfléchit fur les conféquences d'une 35 obfervation qui a déjà été faite par divers 33 Naturaliftes , c'eft qu'avec les meilleurs mi- 33 crofcopes , on ne découvre rien dans la 33 graine d'une plante, jufqu'à ce que les fom- 33 mets des étamines fe foient déchargés de 33 leur poufîiere > que jufqu'à ce temps-là cette 33 graine eft tout-à-fait vuide , & qu'on n'y 33 voit rien que, fa peau, ou fon enveloppe ex- 33 térieure ; mais que dès qu'elle a été imprégnée 33 de la pouffiere , on y apperqoit un véritable 33 germe , ou une petite tache verdâtre qui 33 nage dans une liqueur limpide , &c. ". M. NÉÉDHAM admet, commeTon voit , q#il n'y a point de germe dans la graine qui n'a^ pas été fécondée. Il veut que ce foit la pouf- CO Nouvelles découvertes faites _ avec le microfco^e , pag. 85, 20. SUR LES CORPS OR&ANLSÉS. 31? fiere des étamines qui Pintroduife dans la graine. Cette hypothefe n'a rien d'abfurde , & elle re- vient précifément à celle qu'ANDRY Se d'autres Auteurs ont adoptée pour expliquer la généra-^ tion par les animalcules. Mais fur quoi repofe TafTertion de M. NéÉdham ? Uniquement fuc ce qu'avec les meilleurs microfcopes , on ne dé-* couvre rien dans la graine d'une fiante , jufqu'â ce que les fommets des étamines fe foient déchar-^ gés de leur poujjiere. Qui ne voit que cette manière de raifonner n'eft pas exade , & qu& c'eft argumenter de Tinvifibilité à la non-exif- tence ? A l'aide des meilleurs microfcopes 5 dé- couvre-t- on le germe dans l'œuf qui n'a pas été fécondé ? Cependant n'avons-nous pas des preuves directes qu'il y exifte ? (I tait.) (1} Je l'ai déjà remarqué v la grande analogie qu'on obferve entre les plantes & les animaux , & qui fe manifefte chaque jour par de nouveaux traits , ne laiife pas lieu de douteîf qu'il n'en foit ici de la graine comme de l'œuf, & il doit nous être permis de le penfer, jufqu'à ce qu'on nous produife des preuves diredes du contraire. La petiteffe & la traufparence des parties du germe peuvent les mettre hors de la, portée des plus excellens verres. L'adiou de (0 Ch^j?. IX, Art. CXLIJE. 31^ CONSIV F RATIONS h poufîîere les développe & diminue leur tn^nC- parcMce. Elles commencent ainfl à devenir vifi- blés s & de - là , cette petite tache verdatre qii/. nage dans une liqueur limpide , & qu'on n'ap- perçoit qu'après rimprégnatioii (i). (0 tt Une obfervatfon que j'ai rapportée fur la fin tîe la part. XI de la Pulincénéjie , confirme bien ceci. La graine & l'embrion qui y eft logé, ne forment cnfemble qu'un même Tout organique. Les vaiiTeanx qui fe ramifient dans l'inté- rieur de la graine, partent du germe & lui apportent la pre- mière nourriture. Or, on découvre nettement la î;raine avant la fécondation : combien efl-il donc raifonnable d'inférer de la préfence de îa graine celle de Pembrion ! Je renvoyé le Lefteur au Mémoire que j'ai publié fur la fécomhtion des Tlantes , Journ. de rhyf. O^obre 1774. Mais nous ne femmes pli-s réduits ici à de fimples in- clusions: M. Spallanzani vient d'inftituer des expérien- ces qui prouvent de la manière la plus diredle , que le germe préexifte dans la graine à la fécondation. Des graines fur lefquellcs la pouffiere fécondante n'avoit pu agir, n'ont pas lailTé de produire. La pouiTiere fécondante n'avoit donc pas porté le germe dans ces graines : le germe fourni par la pouffiere, ne s'étoit donc pas grette avec la graine fournie par la Plante? JcÀgnez cette obfervation importante à celles qui démon- trent la préexiftence du germe dans les œufs de divers Am- phibies ; ( voyez la note qui eft à la fin du Chap. iX ) ré- fléchiflez en même temps fur les faits qu'offre le Poulet > ^ ftir ce nombre prodigieux d'animaux qui multiplient fans, aucune copulation, comme quantité d'animalcules des infu- fions , les Polypes d'eau douce & de mer , les Pucerons ^ «livers coquillages,- & vous vous persuaderez de plus eti plus que la fécondation ne produit rien , & qu'elle ne fait que développer & modifier plus ou. moins , ce qui étoit aa- yaravant préformé,. Wr les corps organisés, iif CLXXIX. .Qiie la découverte fur l'origine du Poulet conduit a celle de tous les Etres or^ ganifés. Quand on s'efl: alTuré que le Poulet exifte très-en petit dans l'œuf avant la fécondation ^ quand on a obfervé la manière dont fes par- ties fe développent après la fécondation , & les diiFérentes phafes fous lefquelles elles fe mon- trent fuccelfivement , on peut légitimement en. inférer qu'il en eft de même fie toutes les produdions organiques , qu'elles font toutes renfermées originairement en petit dans cer- taines enveloppes. C'eft à cet état primitif qu'on a donné le nom de germe. Ainsi lorfque nous voyons une branche fe former fur l'écorce d'un arbre , un Polype fur la peau d'un autre Polype 5 nous pouvons en conclure que la branche étoit renfermée en petit fous récorce de l'arbre , le petit Polype fous la peau du Polype-mere, CLXXX. Les boutons des arbres. Une branche nailîante eft un arbre en mi- niature. Ce très -petit arbre eft d'abord logé diins un bouton. Il eft recouvert extérieuremeut 3i8 C Ù }î S ï D £" R^A T I 0 N S de plufieurs rangs d'écaillés pofées en reçou^ yreraent , fous lefquelles on découvre différen- tes membranes plus ou moins épaiiTes* Toutes ks parties de l'arbre font repliées avec beau- coup d'art , & ne paroilfent que comme des rudimens ou des ébauches. CLXXXI. La plantuie. La graine, Comparaifon de la graine avec l^œuf. Différence de la graine ^ du bouton. La bouture. Il n'y a pas moins d'art dans la manière dont la plantuie eft logée au cœur de la graine : mais celle-ci a des parties que n'a pas le bou- ton. La graine eft un œuf dans lequel un em- brion doit prendre fes premiers accroifîemens. Cet œuf eft couvé dans la terre» L'embrioii qu'il renferme ne peut tirer aucune nourriture de la plante qui l'a produit , & dont il eft ac- tuellement féparé : mais la Nature a mis en léferve dans la graine , les nourritures deftinées à fes premiers accroiffemens. Des vailfeaux (i) analogues aux vailfeaux ombilicaux du Poulet , puifent ces nourritures & les portent dans i'embrion. C'eft une efpece de lait dont il eft d'abord abreuvé. Devenu plus fort , il va puifer 1 (0 Voyez le Chapitre précédent, Art. CLXII. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 319 ^ans la terre un aliment plus groiîier ou plu« fubftantiel. Le bouton au contraire, ne contient aucun aliment : la petite plante qu'il cache , peut s'en pafler. Elle demeure attachée à l'ar- bre , & trouve fous i'ecorce des nourritures préparées. On peut cependant la fevrer de ces nourritures dès qu'elle a pris un certain ac- croifTement. On la détache du fujet , & c'eft une bouture , qui mife en terre , y poufle des racines & devient un arbre. CLXXXII. Expérience fur les lobes de la graine. On peut de même fevrer la plantule du lait qu'elle puife dans la graine. On y parvient en coupant adroitement les deux troncs de vaif- feaux qui la tiennent attachée aux lobes. J'ima- ginai cette expérience délicate pour m'aflurer de l'ufage des lobes , & elle m'a réuflî bien des fois. Mais les plantes que j'avois ainlî privées de leur lait , font reftées toute leur vie des plantes en miniature , d'une petiteffe finguliere, & dont un Botanifte auroit méconnu l'efpece. Ces miniatures ont pourtant poufle des feuilles & des fleurs , & cette curieufe expérience m'a appris combien les lobes font S20 t!JONSIDFRATIONS utiles aux premiers accroiiTemens -de Pem^ J)rion (i). ÇLXXXIII. La greffe. Manière dont elle s'unit avec le fujet. Expérience contraire à P opinion dhm filtré. Si au lieu de planter en terre la bouture , on Pinfere dans le tronc d'un arbre j ce fera une greff'e , qui s'unira à cet arbre comme une branche naturelle. Cette union ne fera point Teifet d'une production nouvelle : mais , des vaiiTeaux de la grelFe «Se des vaiffeaux au fujet ^ qui ne fe feroient point développés fans le fecours de l'opération , fe développeront , & s'abouchant les uns avec les autres par diffé- rens points , formeront une infinité d'entrelaf- femens. Ils fe montreront d'abord fous la forme d'une fubftance gélatineufe , puis herba- cée , & enfin corticale & ligneufe (2). Un hourlet naîtra à l'infertion , & recouvrira la plaie. On a cru que ce bourlet étoit une glande végétale deftinée a féparer du fujet les fucs propres à la grelFe. Cette idée ingénieufe me (1) Recherches fuv l'ufage des feuilles d^-ts les Fiantes, Art. EXXXIX. i2)MyJiqî{e des ayhm i Liv. IV, ArU VI. paroît SUR LES CORFS ORGANISÉS, izi paroît peu d'accord avec l'expérience. J'ai fait tirer de l'encre à un fep de Vigne qui portoit des raidns violets, & fur lequel on avoit enté un rameau qui avoit appartenu à un fep qui portoit des raifins blancs. J'ai vu la matière colorante paiTer iàns altération fenfible , du fuje^ dans la greffe ^ & s'élever par les fbres ligneu^ [es jufqu'au fommet de celle-ci (l). CLXXXIV. Greffes naturelles , fources de monf» tmofités. Différentes parties des plantes fe greiFent naturellement les unes aux autres far appro^ che , tandis qu'elles font encore renfermées dans ie bouton , & cette forte de greffe donne nailfance â des monflriwjités très-variées. Tantôt ce font deux droits qui ie collent l'un à l'autre, & ne forment plus qu'un feul Tout organique. Tantôt ce font deux feuilles , ou plulleurs folioles de la même fsuille , qui fe réunilTenc pour n'en compofer qu'une feule. On peuç voir quantité d'exemples de ces monftres dans le quatrième Mémoire de mon Livre fur fufage des feuilles. (0 Premier Supplément au Livre fur Vufnge des feiitlkt dans les Fiantes: Art. V. Oeuvres ^ Tom. IV, de Tin-S*. m , Tome V. X ' CLXXXV. Polypes muîtipîiant par rejetions. Un très -petit bouton paroît fur le corps d'un Polype A bras. Ce bouton groiîit & s'é- tend. Il lie renferme pas un Polype 5 mais il ètt lui-même un Polype en petit. Il eft uni à fà mère comme im rejetton l'eft à fon fujet. La comparaifon eft exade. La nourriture que prend le Polype nailTant , palFe à fa mère , & fi. cette nourriture eft colorée , elle la teint. La nourriture que prend la mère paife de même à fon petit , & le colore. Le corps des Polypes éft affez firtiple : il eft façonné en manière de tuyau. A l'extrémité du tuyau dont eft formé k Polype naiflant , eft un trou , qui s'ouvre dans Teftomac de la mère. C'eft par ce trou êe communication que les alimens paflent ré- ciproquement de l'un à l'autre. Le jeune Polype croît 5 & lorfqu'il a pris un certain accroilTe- nient , le trou de communication fe ferme peu à peu. Le Polype fe détache enfin de fa mère, & voilà l'étrange manière dont les Polypes à bras en forme de cornes , multiplient naturelle- ment par rejettons (1). (i) Mémoires pour Jervîr à VHiJloire d'un genre de Polypes d'eau douce , à bras en forme de cornes , par M. TrembleY» Troifieme Mémoire , Edition in-40. Leide , chez les frères Verbeeck; 1744. Edition in.8«. Paris , chez Durand , 17441 a Vol Tom. II, page 7j % A 9' SUR LES CORPS ORGANISÉS. ^2^ CLXXXVI. Multiplication de k Lentille aqua^ tique par rejetions» Un grand nombre de plantes pouflenc deé rejetions y mais ils ne fe féparent pas d'eux- mêmes de leur fujet j feulement ils peuvent en être réparés par art, & multiplier ainfî l'efpece. Il eft pourtant une plante très - commune ^ dont les rejettons fe détachent naturellement: pour propager l'efpece. Telle eft la Lentille aquatique qui couvre les eaux croupiifantes , d'un tapis verd. Une feuille de cette plante flotte fur l'eau. Il part de fa furface inférieure un filet terminé par un petit rendement qu'on peut regarder comme la racine. D'autres feuilles fe développent autour de la première, & s'en détachent enfuite avec leurs filets (i). CLXXXVII. Polypes chargés à la fois de plur* fleurs générations de Polypes, Plusieurs boutons paroiiTent à la fois fur ie Polype , & il n'eft prefque aucun point de fon corps dont il n'en puiife fortir. Ce font autant de Polypes nailfans qui eroiifcnt fur un tronc commun. Tandis qu ils fe développent^ (0 IbiA, EiUt. ia-S^ Tom. H, pag« ii<î & fuiv. 524 C Ù NS I D FRATl O'M s ils pouflent eux-mêmes des boutons , c^eft-'i- dire , de petits Polypes , qui en ^pouflent d'au- tres à leur tour. Ce font des branches qui produifent d'autres branches, & celles-ci des rameaux. Plufieurs générations demeurent ainfi attachées les unes aux autres , & toutes à la merc Polype. Cela ne reflemble pas mal à un petit arbre fort touffu. La nourriture que prend un des Polypes , fe communique bientôt à tous les autres. Enfin , le petit arbre fe décompofe en fes branches & en fes rameaux: les jeunes Polypes fe détachent de leur mère & vont donner naiifance à de nouvelles fuites de géné- rations , ou ^ de nouveaux arbres généakgi-' qiies (l). CLXXXVIIL Polypes à fmirreaux. Froâtt&iom marmes qtii ont été p'ifes pour des -plaiites. Diverses efpeces de Polypes de mer font logées à leur naiifance dans des fourreaux de matière cruftacée. Ces Polypes multiplient comme ceux âi^eau douce , par 7'ejettons. Les fourreaux demeurent implantés les uns fur les autres , & imitent la forme & le port d'une plante, Cv^ ibnt des Folypiers qui ont été pris pour de (0 ihid. Tom. II, édiU in-gfi. page ^6 & 57. SUR LES CORES ORGANISÉS. ^2<; très-beHes plantes marines , par d'habiles Bota- niftes qui aimoient à retrouver par -tout des végétaux. La célèbre découverte des fleurs du Corail ii!étoit que celle d'uue efpece de Polype dont le Corail eft le fourreau (i) (2). GLXXXIX. Polypes multipliant de bouture, A la propriété de multiplier par rejettons, les Polypes, joignent encore celle de. pouvoir Ci) Voyez la belle Préface que M. de Reaumup. n miie à la tête du fixieme Volume de fes Jléitioires pour fcrvir à VHiJloire des Infectes. (2] tf . L'expreffion de Polypier que f ai employée ici d'a- près M. de Rb'AUMUR, n'eft point du tout exafte. Cet il- luftre Natiiralifte avoit dit un Polypier , comme Ton t>it un Gutpîer : mais le prétendu Polypier n'eft point du tout un nid de Foîypes , comme un Guêpier eft un nid de Guêpes : il eft un enfemble de Polypes , qiii demeurent attachés toute leur vie les uî?s aux autres , & qui en croilTant font croître cette mafTe branchue qui a reçu le nom de Corail. Il en eft de même des autres produétions marines de ce genre, qui avoient été prifcs- pour 41 »; Plantes, Elles font toutes des am's orc^aniques de petits Polypes. La fnbftance pareiichymateiife des Polypes s'in^rufte peu à peu d'une fiibftoiîcc terreufe ou crétacée , qui donne à la maiT? organique- la conîiftance qui lui eft propre. li en eft donc de la formation du Corail, des Corallines, dQs Po>f>, des Mad^'épnrcs , &c. comme de celle des os. M. Herissan'T l'.i démontré. H faut voir dans la Partie XI de \?i P nlingé-.Tjie le précis des curieufes recherches de ceJt Académicien fur Vaeaoiffcmcn-t de ihvers ccrps marins. X 3 32^ CONSIDERATIONS être multipliés comme les plantes , de boutures. Un Polype coupé tranfverfalement ou longitu- dinalement en deux ou plufieurs parties , ne meurt point , mais chaque partie devient en peu de temps un Polype complet. Cette forte de fécondité eft fi grande dans ces Infedes , qu'un très -petit morceau de la peau d'un Polype peut devenir un animal parfait. Cette reproducT;ion fi remarquable a lieu également dans les jeunes Polypes qu'on partage tandis qu'ils font encore attachés à leur mère , & {i l'on mutile la mère elle-même pendant qu'elle produit des petits , elle recouvrera en aflez peu de temps les parties qu'on lui aura enlevées. Un fimple tronçon met au jour des petits , & reprend eniuite une tète , des bras & une queue. Quelquefois il produit des petits fans fe compléter lui-même. D'autres fois la tète d'un jeune Polype prend la place de celle qui auroit dû pouiier à la partie antérieure du tronqon (l). CXC. Hydres produites par la fe&iôn. Si Ton fend un Polype en commençant par (0 Hiftoire des Polypes, pat M. Teemeley , Mém. ÎII & IV. Ejfii fur fUijloire naturelle du Folyi>e-Jnfecle , par M. BACKERi SUR LES CORPS ORGANISÉS. 327 la tète , & qu'on ne poxifTe la fecilion que juf- ques vers le milieu du corps , on aura un Polype à deuîC tètes , qui mangera à la fois par deux bouches. Si l'on répète l'opération fur chaque tète , l'on fera Une Hydre à quatre tètes , & en répétant encore , une Hydre à huit tètes. Enfin , (î l'on abat ces tètes , TFIydre en repouiTera de nouvelles , & ce que la Fable même n'avoit ofé inventer , chaque tète abattue produira un Polype dont on pourra faire une nouvelle Hydre (i). Si au lieu de fendre ainfî un Polype ^ on l'ouvre limplement d'un bout à l'autre , & qu'après en avoir étendu la peau , on la déchi- quette à l'extrémité antérieure, l'on aura de même une Hydre 5 & ce qu'il importe beau- coup de remarquer , les nouvelles tètes fe déta- cheront quelquefois d'elles-mêmes de leur tronc. Se deviendront autant de Polypes (z). CXCI. Polypes hachés , & comment fe forme le nouvel efiomac. En'FIN , un Polype haché donne autant dç (i) Mémoires fur les Polypes, par M. Trembley, Mém, IV, édit. in-89. Tom. II , ^ygQ 15^4, i^j. (3) IhiA, page i^, . • . X4 3^8 C UNS I DFRA T I 0 N S Polypes qu'on a fait de fragmens. J'ai dit qut de la queue vers la tète (l). Un Etre en qui l'on découvroit un cœur , un eftomac , des inteftins ; un Etre en qui circu- loit une liqueur analogue au fling , ne pouvoit être pris un inftant pour une plante *, & (î cet Etre fe muitiplioit de bouture , il étoit dé- montré que cette propriété étoit commune au végétal & à l'animal. JVjofcrvai donc les vil- ceres fe prolonger dans chaque partie du Ver coupé y je vis de nouveaux organes fe former peu à peu , une tête , des anneaux , une queue j autci7:t cVarJwaux complets. Seconde Partie , Introcluâion , Paris, 1745:, 2 vol. (2) Jbid. Obf. L 330 CONSIDERATIONS Se en afTez peu de temps , j'eus deux Vers très-complets (i). Je partageai de ces Vers en vingt-fîx por- tions qui n'étoient prefque que des atomes , & ces atomes devinrent fous mes yeux des ani- maux parfaits (2). La circulation du fang étoit aulTî régulière dans ces atomes avant la repro- duction , qu'elle Pétoit dans le Tout dont ils faifoient auparavant pargi^ (3). Je drelTai des échelles de PaccroiiTement graduel de différentes portions de ces Vers., & ces échelles m'apprirent ce que l'on n'auroie pas foupqonné , que des huitièmes & des dixiè- mes 5 faifoient en temps égal autant de progrès que des moitiés & des quarts (4). Je vis le même individu laiiTé dans l'eau pure , poulTer fucceffivement douze tètes , après avoir été mutilé onze fois dans fa partie an- térieure (5). Je découvris enfuite piufieurs autres efpeces [1] Jhid. Obf. îi. [2] Ikhi. 01)f. III. [?] Jbid. Obf. XV. [4j Ibid. Obf. iV, IX. [5] Jbid, Obf. X. r,UR LES CORPS ORGANISES. 33 1 de Vers d^au douce , du même génie que les précédens , & que je multipliai de même par la fedion. Mais parmi ces eipeces , il y en eût une qui m'offrit une grande fmgularité dont j'ai fait mention dans le Chapitie IV, Article LIV (0 (2). CXCIII. Fer/ de terre oui ntultiplient: Je bouture. Les Vers de terre font des Eléplians , com- parés à ceux dont je viens de parler ; & ces Eicphans peuvent être auiFi multipliés par bou- tures , mais beaucoup plus lentement. Je m 'en fuis affuré en faifant fur eux les mêmes ex- (i) Ihid, obf. XXI & fuiv. [e] tt M. MuLLER, excellent Obfervateur Danois , a pu- blié cH 1771 un bel ouvrage in 4to , qui contient les ex- périences qu'il a tentées l'iir des Vers aquatiques l'ai même génie que les miens, &par lefquclles il a confirmé ires prc\res expériences. Son ouvrage ajoute beaucoup au mien 9 reais comme il eft écrit en Allemand , je n'ai pu en iuger reflùuues recherchïs. 532 COKSIDE'RATIONS | périences que j'avois faites fur les Vers d'eau H douce (i) (2). I CXCÎV. Qîie la même propriété a été découverte | depuis dans d'autres animaux. ' Je n'ai eu que l'avantage d'avoir confirmé | le premier une découverte qui fera à jamais ' célèbre en Hiftoire naturelle , & dont on eft ! redevable à la grande fagacité de M. Tremble Y , \ mon ami & mon Compatriote ; elle l'a été : depuis par d'excellens Obfervateurs qui ont 1 étendu leurs recherches à des Infeéles de dif- I férens genres. Les Etoiles & les Oî'ties de mer, j qui ont tant de rapport par leur ftrudure avec ; les Polypes , n'en ont pas moins par la ma- ! niere dont elles fe reproduilent après avoir | été partagées. Une Etoile pouife de nouveaux ] rayons à la place de ceux qui lui out été en- \ levés. Coupée ou déchirée elle donne autant | d'Etoiies qu'on a fait de fragmens. L'Ortie , j (i) Ikid. Expîicntion de; Figures , page scg & fuivantes i Couvres, Tom. I, Infccf. Part.^ II , Obf. XXXV. ] (2) tt ^'^' Spallanzani a bien plus approfondi qiie i moi, la rcprodnftion du Ver de terre. Je t'onnerai ailleurs- i les réuiltatS de fes expériences. Voy. le Pyop'ainme de cet î A'utcur , pî;biic en Italien en ij^g, & publié la même année j en FranL;o2s,à Genève , chez B. Chiral, SUR LES CORPS ORGANISÉS, 333 dont la forme eft conique , coupée en difFérens fens -5 donne de même plufieurs cônes ou Orties à qui rien ne manque (i). Une efpece' de millepié , malgré le grand nombre de fes anneaux & de fes jambes , peut aufîi être multipliée de bouture , & cette pro- priété appartient encore à une efpece de Sang- fue (ZJ (3). (i) tt Voyez fur ks Orties & ïes Etoiles de mer la Qontewflation de la Nature y Part. XII,Chap. XVII, XVIIL (2} Voyez la PréFace du fixieme Volume des Mémoires four Servir à VHiJîoire des Infeéies. [?] tt Les belles découvertes de M. Spallanzani fur la régénération de la tête du Limaqon terreftre & fur celle des membres de la Salamandre aquatique ont foit enrichi depuis , l'Hiftoire des reproduftioiis animales & accru beau- coup les connoiflances que bous avions acquifes fur ce grand fujet. Grâces aux expériences de ce célèbre Naturalifte, nous favons aujourd'hui , que la tête du Limaçon , qui eft un Tout organique fi compofé, & fi admirablement compofé , fe légénere en entier j que tous les membres de la Salamandre dont la ftruélure imite celle des membres des grands Qiia- drupedes fe régénèrent de même , & que les membres re- produits ne font pas moins parfaits que ceux qu'on avoit retranchés. Je ne m'étendrai point ici fur ces admirables re- produdions : j'en ai tracé le tableau dans la Part. IX de la JPulingméJie : mais je dirai, qiie j'ai eu la Tatisfaftion de con- templer de mes propres yeux ce^ prodiges du monde orga- nique, &, de confirmer par mon témoignage la réalité de ces faits qui étoient fi conteftés par divers Naturalises , qui n'a- l'oient pas eu le bonheur de rsuflir dans.^ce ^^genre d'expé- 354 CONSIDE' RATIONS CXCV. Qiie cette propriété n^efl pas molu^ étendue dans le végétal que dans PanimaL TreiiveSé Lorsqu'on voit un Polype ou un Ver haché en pièces, fe reproduire dans des por- tions d'une petitelTe extrême , on feroit tenté de croire que l'animal poiFede cette propriété dans un degré plus éminent que le végétal. Mais une feuille efl; bien à-peu-près à tout le Corps d'une plante , ce qu'eft une de ces por- tions à tout le corps de l'Infedle. Or , une feuille peut devenir une plante y elle peut comme une plante entière , ou comme une bouture j poufîer des racines , & végéter ainfi par elle- même. C'eft ce que yA eu le plaifir de voir plufieurs fois (i) , & qui levé les doutes rai- fonnables qu'on pou voit former fur les curieu- fes expériences d'AoRiCOLA (2). On fait encore que certaines racines , cou- îiences. J'ai rendu compte au public de mes effais dans deux écrits qui ont été imprimés. Journal de Ph}f, Septembre &, Novembre 1777. (1) Reclierclics fur l'ufage des feuilles dans les Plantes» Art. LXXVIII. (3) LAgricultuve farfaite^ &c SUR LES CORPS ORGANISÉS. 3^^ pées par rouelles très-minces , peuvent devenir autant de plantes parfaites. CXCVI. Caufe finale de cette propriété dam les Infe&es, Les divers accidens auxquels plufîeurs efpe- ces d'Infedes font naturellement expofées , exigeoient apparemment qu'elles pufTent réparer les pertes que ces accidens leur occafionent. J'ai péché dans les ruifleaux , de ces Vers que j'ai multipliés de bouture , dont les uns avoient perdu la tète , les autres la queue , d'autres la tète & la queue à la fois. Parmi ces Vers, il y en avoit qui commenqoient à fe compléter, & qui ont achevé de fe compléter fous mes yeux (i). On pêche de même des Etoiles de mer qui n'ont qu'un feul rayon , accompagné d'un ou de plufieurs rayons naiifans (2). CXCVII. Polypes È? Anguilles qui multiplient naturellement de bouture, La multiplication par bouture de' quelques (0 Traité à'InfeBolozie, Obf. VI. (2) Préface du fixieme Vûlume À^s Mémoires .peur' fer vir à rHiJîoire rffî Infiiifi, ^6 CONSIDE' RATIONS efpeces d'Infedes , ne dépend pas toujours de l'art ou des circonftmices extérieures. Il paroit qu'il leur a été accordé de fe multiplier natu- rellement par cette voie. Les Polypes à bras fe partagent qlielquefois d'eux - mêmes. Il fe forme quelque part fur leur corps un léger étranglement. Cet étranglement augmente peu à peu , & devient enfin fi profond , que les deux parties ne tenant plus Tune à l'autre que par un fil délié , le plus petit mouvement de l'animal fuffic pour les féparer. Elles repren- nent enfuite ce qui leur manquoit pour être des Polypes parfaits (i). Mes obfervations fur une très-petite efpece d'Anguilles d'eau douce, conduifent à penfer qu'il lui a été auiîi donné de fe multiplier na- turellement de bouture. J'ai montré jurqu'où cette étrange multiplication peut aller (2) (3). (t) Mémoires fur les Polypes , tffc. Mém. III , in-8?. Tom. II , pag. 9+ & 9Î- (3) Tiaitè d'Infeaologh' , Obf. XXI. (5) tt J'avois cru d'abord que la multiplication de ces petites Anguilles étoit accidentelle. Mais M. Muller , qui l'a beaucoup mieux obfervée que je n'avois fait, a prouvé qu'elle eft naturelle , & en a décrit la manicie & les progrès avec fon exactitude ordinaire. Voyez fou grand Ouvrage i^ilemand fur les Fers lupmtiques , publié à Goppeuhague en cxc\m. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 337 CXCVIII. Millepié qui 7nultiplie aujjî de luU même par bouture. Une petite efpece de Milîepiés aquatiques ,' remarquable par un dard charnu dont fa tète €(t armée, fe multiplie auffi de bouture 5 mais d'une façon très - finguliere. Il naît une tète , environ aux deux tiers du corps de Plnfede , à compter du bout antérieur. On voit le dard de cette nouvelle tète s'élever perpendiculaire- nient fur le corps du Millepié. La partie pofté- rieure , garnie de cette nouvelle tète , fe fépare -du refte du corps i & dd\ ainfl que d'un feui Millepié il^'en forme deux (i). Cet Infede peuç aiilli être multiplié par la fedion (3). CXCIX. Mïiltiplicatimi des Folypes à bouquet pdr divifion naturelle. Les ruiiTeaux font peuplés d'une très-petite efpece de Polypes , qui s'attache à diiférens corps 9 & qu'on prendroit pour une moifilfure. Si Forme imite celle d'une cloche renverfée. L'ouverture de cette cloche eft la bouche du (i) Mérn. fur les Polypes yMém, III, in-g. Toni. II, p. ij2. (2) Jbid. Préface du fixiemç Volume des Mémoires foiir Servir à CHifloire des Infectes y page $9' Tome V. Y ^38 CONSIDERATIONS petit animal , les bords en font les kvres. Ou y découvre un mouvement très - rapide , qui fixe agréablement l'attention , & que Ton corn- pareroit volontiers à celui d'un petit moulin. Ce mouvement excite dans l'eau lui courant 'iqui entraîne dans la bouche les petits corps tiont l'Infede fe nourrit. La cloche eft portée par un court pédicule , qui s'alonge peu à peu\, & dont l'extrémité fe fixe à quelque ■appui. La génération de ces très-petits Polypes diffère beaucoup de celle des Polypes à hras: Lorfqu'un de ces Polypes eft fur le point de multiplier , il perd peu à peu la forme de cloche : fd. partie antérieure fe ferme & s'ar- rondit. Les lèvres rentrent en dedans , & leur mouvement difparoit. L'animal s'accourcit en- fuite de plus en plus ^ & enfin il fe partage infenfiblement par le milieu , fuivant fa longueur. Après cette divifion , on voit deux corps fépa- rés & arrondis par leur partie antérieure , & attachés au pédicule commun par un pédicule propre. Ce font deux nouveaux Polypes , plus petits que celui dont ils ont été formés. Leur partie antérieure s'évafe peu à peu ; les lèvres fe montrent davantage. On y apperqoit un mouvement d'abord très-lent, & qui s'accélère à mefure que la cloche s'ouvre. Vingt -quatre heures apiès> chaque Polype fe partage encore tm. LES CORPS ORGANISÉS. 33^^ fuivant fa longueur, & l'on voit quatre Poly-i pes attachés à la même tige. Cette divifioii finguliere croît ainfî de jour en jt^ur : elle va de quatre à huit , de huit à feize , de feize à trente-deux, &c. Tout cet aiTemblage forme un joli bouquet , qui a fait donner à ces Polypes i-e nom de Polypes à botiquet. Ils fe détachent: enfuite, & l'on ne trouve plus à la place du bouquet, que la tige accompagnée de fes bran- ches. Les Polypes qui fe font détachés , vont en nageant fe fixer fur quelque corps où ils donnent nailTance à de nouveaux bouquets (i). ce. Multiplication des Polypes en entonnoir fay^ divifion naturelle. D'autres Polypes encore plus petits , dont la forme approche de celle d'un entonnoir, multiplient de même en fe partageant en deuxj mais tout autrement que les Polypes à bouquet. Les Polypes en entonnoir le partagent de biais ou en écharpe. Ainfi des deux Polypes qui proviennent de cette divifion, l'un a l'ancienne tète & une nouvelle queue , l'autre une nou- velle tète & l'ancienne queue. On comprend (ï) Mémoire fur les Folypes à hcuquet , par M. TfembleY, lire des Tranfaâîions J>hilofo^fjiqu£i , à Ldde , chez Elie LLi7.ao le fils, 1747. Y Ci Uo €.0 N S I D FR A T IV N S que la tête eft ici Pembouchure de rentonnoir , la queue le fond. Ce que l'on apperc^oit d'a- bord dans le Polype qui commence à fe par- tager , ce font lôs nouvelles lèvres du Polype inférieur , ou de celui qui a l'ancienne queue. Elles ont un mouvement aifez lent , qui aide à les fair€ reconnoître. Elles ne font pas difpofées en ligne droite fur la longueur du Polype , mais de biais. La portion du corps qui eft bordée par ces lèvres , fe ramafle peu à peu ; les lèvres fe rapprochent infenfibleraent , Se il fe forme fur un côté du Polype un renfle- ment , qui devient enfin une nouvelle tête. Avant que <:e renflement ait fait des progrès , on diftingue déjà les deux Polypes qui fe for- ment ; & lorfqu'il eft fort avancé , le Polype liipérieur ne tient plus au Polype inférieur que par. fon extrémité poftérieure. Le Polype fupérieur fe donne alors des mouvemens qui tendent à le détacher de l'autre. Il fe détache enfin , & va en nageant fe fixer ailleurs. Le Polype inférieur refte attaché à l'endroit où ctoit le Polype dont il eft une moitié. Ainfl cette efpece de Polypes ne forme point d^ bouquet (i). CO Ithl fub. fine. SUR LES CORPS ORGAmSÉS. 341 CCI. Multiplication par divifwn naturelle , de certains Polypes à bouquet^ [iirnommés Polypes à bulbes. On trouve dans les riiiiTeau-x une efpece de Polypes à bouquet , beaucoup plus remarquable que celle dont j'ai parlé , & qui multiplie en fe partageant aufîî en deux. Ces Polypes ont> comme les autres, la forme d'une cloche; mais le bouquet qu'ils compofent eft différent. Les branches qui partent de la tige comm.une ne font pas fimplcs ; elles portent elles-mêmes des branches plus petites , dont Tarrangement imite celui des nervures d'une feuille. A l'ex- trémité de toutes les branches eft une clocha ou un Polype : & qà & là fur ces branches OU' découvre de petits boutons qui , par leur forme, par leur pofition & par leur immobi- lité , ne refTemblent pas mal aux galles qui s'év lèvent fur les nervures des feuilles du Chêne. Si l'on juge de ces Polypes uniquement par analogie , l'on ne doutera point qu'ils, ne {q- multiplient comme les autres Polypes à bouquet y. par la divifion fucccilive de leurs cloches :. mais l'analogie nous trompe fouvent, & il faut que la Nature nous redreffc. D\ibord ce ne- foiit point les cloches qui fc diviient ; mais ce font les petits boutons dont je viens, de parler. X 3 54^ CONSîDFRATIOKS îls croifTent aflez vite , & lorfqu'ils ont pris tout leur accroiflemeiit, ils font beaucoup plus- gros que les cloches. Ils fe détachent alors du bouquet , Se vont en nageant fe fixer fur quelque corps. Ils s'y attachent par un très- tourt pédicule , qui s'alonge beaucoup en peu de temps. Ils quittent bientôt leur forme fphé- ïique , pour prendre celle d'un ovale. Chaque bouton fe partage cnfuite par le milieu fuivant fa longueur j & après la divifion , l'on voit deux boutons ellyptiques, plus petits que le- premier , mais plus gros encore qu'un Polype en cloche , qui tiennent à la même tige. Ils 31 e tardent pas eux-mêmes à fe partager , & à former ainfi une forte d'aigrette terminée par quatre boutons, plus petits que les deux pre- miers, mais plus gros encore qu'un Polype en cloche. Les fubdivifîons continuent de la même snaniere, 8c bientôt le bouquet fe trouve com- ' pofé de feize boutons. Ils ne font pas tous égaux. Les plus petits commencent à fe mon- trer fous la forme d'une cloche , les autres continuent à fe partager. Cette divifion ne ceife que lorfque tous les boutons font par- irenus à la forme & à la grandeur propres aux Polypes de cette efpece. Cela va Ci vite , qu'en moins de vingt -quatre heures , l'on voit un 'fcouqu€t compofé de cent dix Polypes, pro- SUR LES CORPS ORGANISÉS. 34Î venus de la divifion d'un feul bouton (i). Mais lorfque les Polypes ont pris la forme de cloche , PaccroiiTement du bouquet fe fait par leur fubdivilîon y précifément comme dans Tef- pece dont ou a parlé ci-delîus & dans tanc d'autres (2). (i) Mémoire de M. TremblEY, qui contient fes der- nières découvertes fur différentes efpeces de Polypes à bou- quet. Ce Mémoire a e'té imprimé dans les Tranfaâions p/j;- lofdphiques, (2) ft La multiplication par divîjîon naturelle eft com- mune à beaucoup d*efpeces d'animalcules aquatiques. J*ai raconté dans la Part. XV de la Falingénéjïe ^ l'hiftoire d'une cfpece de ces animalcules, à qui j'ai donné le nom de Tu^ biformes , qui propage en fe divifant en deux , fuivant fa lon- gueur ; &à la fin delà Part. XI du même ouvrage, j'ai rapporté dans une note les obfervations intéreflantes de M. de Saussure fur diverfes efpeces d'animalcules des infufions , qui multiplient en fe partageant naturellement les uns en deux, les autres en quatre. Mrs. Spallanzani & Corti ont obfervé les mêmes chofes fur d'autres animalcules de la même clafTe. Opufcules de Phyjique animale çff végétale Tom. I, Chap. X. Ojfervationi microfcopiche fulla Tremella &c. Les infufions de différentes fortes ont aufïi leurs Polypes , & ces Polypes multiplient par divifion naturelle , comme les Poly- pes à bouquet. Si les Tremelles dont on connoît plufieurs efpeces , font de véritables Plantes, il aura été accordé à la Plante démul- tiplier par divijîon naturelle ^ comme les Polypes à bouquet & divers animalcules des infufions. M. l'Abbé Cqrti , Pro- fclTeur de Phyfique à Rcggio de Modene , & fige Obferva- teur, m'a communiqué par lettres en 1774» les curieiifes re- cherches qu'il venoit de faire fur la Tremelle , & dont il Y 4 344 CONSID F RATIONS CCII. Polypes greffes. Des Infecfles qui multiplient coriitne les^ plantes , par rejettons & de bouture , ont a fait part an public dans fes obfervations inierofcopiques> imprimées la même année. La Tremelle fe préfente à l'œil nud comme un amas de fils très-déliés, de couleur verte , entrclaffés les uns dans' îes- Autres , & qui tapilTent le fond des marres & des étangs. Obfcrvés à la loupe, ces fils paroifiFent cylindriques & ar- ticulés dans toute leur longueur. Il en eft de plus- ou moins' longs. On les voit fe partager d'eux-mêmes tranfverfalement en petites portions , & chaque portion eft le principe d'une ïiouveîle Tremelle. Cette multiplication accroît prodigieufe- înent en peu de temps , & voilà comment il arrive que la Tremelle parvient à couvrir un affez grand terrein. Après cela on ne fera pas fwrpris fi j'a}0ute , que la Tremelle coupée par petits fragmens, fe reproduit dans chaque fragment. M. CORTI a découvert dans cette fmguliere produdion , ^es mouvement très-remarquables & qui- pourroient faire' douter à bon droit de fa nature végétale. Il a vu des filets" plus ou moins courts fe donner des vibrations aiïez promp- tes , fe Gontraéïer , s'alonger , fe contourner en divers fens ', &. ce qui eft moins équivoque, il les a vu aller en avant, s'ar- rêter , reprendre leur conrfe , & traverfer d'un mouvement en apparence fpontané , le champ âd^ lïiicrofcopc. Il a obfervé encore ces filets s'entortiller les uns autour «les autres, fe dégager enfuite , & fe mouvoir en liberté. EnSn , il les a? *ru chercher la lumicré du fcleil comme M. TkemeleY l'a raconté des Polypes à bras.- Lorfque l'eau on nagent les petits filets de la Tremelle ,. tient à s'évaporer, les filets fe defîechent, & paroidtnt en- tièrement privés de vie. M. GoRTl les a gardés dans cet état pendant environ quinze mois : humcclés enfuite, ils »*î't regris k- vie & ont offert l«s mêpaos mouvemens qu'an- SUR LES CORPS ORGANISÉ! 54? ct-icore avec elies une autpe conformité qut ifcil pas moins frappante. Ils peuvent être p'eijes. Ln même main qui d'un fcul Polype à hras en a fait pludeurs , a pu encore de plu- fieurs Polypes n'en foire qu'un fcul. Si après avoir partagé tranfverfalemcnt ditFérens Poly- pes en deux ou plufieurs portions , on rap- proche ces portions les unes des autres, & qu'en les mettant bout à bout , on les force à fe toucher , elles fe réuniront , & Te greifïeront ainfi par approche. L'union ne fe fera d'abord que par un fil très -court & très -délié. Le$ portions paroltront féparées par de profonds ctranglemens , qui diminueront peu à peu , & paravant. il en eit donc t!cs iîleh de la Tremelle comme tles fameufes AnsruiUes du Bled rachitiqne Sl des animalcules nommés Rotifcrts. Je parlerai ailleurs des Rotiferts & des An'^uilles da Bled rachitîque. Voyez fur celle-ci le Jeiivnal de Fh^jîque ^ Janvier I77 nommé en Latin Txnia , cT* en^ François Solitaire , où uprh avoir pcrrlé du nouveau fccrc-t four ïex^vlfer des intcjlins dans le/quels il ejl logé, qui a en d'bmmix fiiçc^s > /'^/^ dsp^e mcltiuei Objur valions, fur , cit WR LES CORPS ORGANISÉS. Bft iiiens. Je me contenterai de rappeller ici : ï®. Que les membres de quantité d'Infedes confervent après avoir été féparés de PanimaU îes mêmes mouvemens qu'ils avoient avant que d'en être féparés. 2°. Que ces prétendus crochets ne font que des appendices charnus, incapables des fondions que l'Auteur leur aiîî- gne. 3^. Que Ton a injedé les vaiHeaux du Taenia , & que Pinjeclion a paifé fans inter- ruption d'un anneau à un autre. Mais ce qui achevé de diiîiper les doutes fur Vunité du Txnia , c'eft la découverte que j'ai fiite de fi tèce. L'on fait combien Pexiftence de cette tète a excité de difputes parmi les Naturalises. J'ai prouvé qu'elle eft garnie de quatre mame- lons ou fucoirs , dont j'ai décrit la forme , & qui font placés à Pextrémité de ce fil délié qui compofe la partie antérieure de PInfede [i]. Ce fil eil formé d'une fuite de petits anneaux,^ qui augmentent de grandeur par degrés , à mefure qu'ils s'éloignent du bout antérieur. Or , fi le premier anneau du Tsenia a des par- ties qu'on ne trouve point aux autres anneaux; Infeâe. (^uefl:. IV , Mém. de Math. & de Phyf. préfentés h l'Académie Royale de»; Sciences par divers Savaiif. , (S;c. ^v^. 515 & fuiv. Tome I , in-4. J750. Ocuv/a , Ton:. lïl , d.' i'iiMJ. i] IbU. Addition , pag. 495 & 45'^'- 352 CONSIDE' RATIONS fi ces parties font propres par leur ftrudure a faire l'office de bouche , comment fe refufer h la conféquence naturelle qui en réfulte , que le Taenia eft , comme tous les Vers que nous connoiifons , un feul & unique animal ? Le jugement de M. de Reaumur eft d'un (î grand poids dans cette matière , que je ne puis me difpenfer de le tranfcrire ici. Je le tire d'une Lettre qu'il me fit l'honneur de m'écrire le 17 Août 1747, dont voici l'extrait. Vobfer^ Vcïtion qtie vous nhroiez pus encore faite lorf- qne vous écriviez fur la quatrième qiiejhon , ^ que vous avez ajoutée à votre Lettre , décide cette quefiion mieux que tous les bous raifoiine- nmis par lefquels vous réfutez le fentimevt de Vallisnieri. Dés que le dernier anneau d'un des bouts a des parties qui ne fe trouvent pas aux autres anneaux , ^ que ces- parties font faites comme celles qui font defiimes à fucer , il efi bien démontré que cette lonpie chaîne ncft pas faite d'une fuite d^ anneaux femhlables j J5 dès que le dernier de la chaîne a feul les parties propres à fucer , il n'eji pas moins démontré que £e dernier anneau efi charge de nourrir tous les autres , & qiiil efi la tète. Mais quand je dis que le Txnia n'eft point formé à\\\\Q fuite de Vers , je ne prétends point que fes anneaux: féparéij les uns des autres 3 & rapprochés fur " " le SUR LES CORPS ORGANISÉS. 3f3 îe -champ , ne puiflent fe réunir , comme il arrive aux portions d'un Polype. J'ai montré dans ma Diflertation , Queftion V , qu'il eft très-probable que le Taenia repoulTe après avoic été rompu : il pourroit donc relîèmbler encores au Polype par une autre propriété , par celle da pouvoir être greffe, M. de Reaumur paroîc porté à le foupqonner : c^eft au moins ce qu^il ni'eft permis d'inférer d'un autre endroit de fa Lettre. // 7ne femble , dit - il , qu'on ne peuS gueres nie}' que les Vers cuciirbitains ne s'^atîa-* chent: quelquefois les uns aux autres ,* je crois avoir lu fur cela des Obfervations que je Ji'ofe- rois croire fciuffes j tuais pour les croire vraies , je voudrais les tenir de vous. Vous ne vous feriez pas contenté de coîijîater le fait ^ vous auriez examiné comment ces Vers shiniffent ^ ^ fi c'eji avec tme régularité , qui puijfe donner les , apparences dhin Ver compofé de plufieurs anneaux, s^il ;/'jv a pas des irrégularités qui décèlent la jon&ion faite pour ainfi dire , par art. J'ajouterai cependant , qu'il me paroit très-difficile que la grelFe dont il s'agit , puiiTe s'opérer dans un lieu tel que les inceitins , où les mouvemens font preique continuels , & les obltacîes à îa réunion (î multipliés. M. Trembley a remar- qué , que Ç\ les portions du Polype qu'on veut réunir , ne fe touchent pas exacl:ement , & n^ Tome V. Z 3H CONSIDERATIONS font pas dans un repos parfait , leur réunion ne fe fait point [i]. CCV. Polypes retournés ^ déretournes. Phé- nomenes qui fuivent les déretournemens in- complets. Je fuis las de raconter des prodiges. Les Polypes Àbnis en ont un autre à nous offrir, dont nous n'avions encore aucun exemple, ni dans le règne végétal, ni dans le règne animal. Ils peuvent être retournés comme un gant 5 & ce qui eft vrai fans être vraifemblable , les Polypes ainfi retournés , mangent , croiifent & multiplient comme s'ils n'avoient point été retournés. Cette opération qui ne pouvoit être imaginée & exécutée que par M. Trembley, fait donc de l'extérieur du Polype fon inté- [i] If La tête à quatre fuqoirs, dont je parle dans eeS article , appartenoit à un de ces Tania que j'ai nommés fi anneaux longs. La tête du Taenia à anneaux courts , eft tout autrement façonnée: elle reffemble afTez à celle d'un Lézanl ou d'un Serpent. Oia croit lui voir une grande bouche gar- nie de lèvres. On en lira une defcription détaillée dans les Nouvelles Recherches fur la JlruEîure du Tania , que j'ai pu- bliées, Jûiirît. de Phyf. Avril 1777, & qui fervent de Sup- plément à ma première Differtation fur le Tsenia. On trou- vera encore dans ces Nouvelles Recherches diverfes particu- larités remarquables de l'organifation du Ver, qui avoienfc été inconnues aux Naturaliftes. SVR LES CORPS ORGANISÉS. 5îf îleur 5 & de l'intérieur fou extérieur. Les parois de reftvomac deviennent ainfî i'épiderme, & ce qui étoit auparavant I'épiderme devient les parois d'un nouvel eftoraac. On n'a pas oublie que tout le corps du Polype n'eft qu'une efpece de boyau ou de fac : l'opération con- iifte donc à retourner ce fac , & à le mainte- nir dans cet état (i). Un Polype qu'on re- tourne , a fouvent des petits naiiîàns attachés à fes côtés. Après l'opération , ces petits feJ trouvent renfermés dans l'intérieur du fac- Ceux qui ont déjà pris un certain accroilTe- ment , s'étendent dans l'eftomac de la mère , Se vont fortir par fa bouche , pour s'en féparer enfuite (2). Ceux au contraire qui n'ont pris que peu d'accroiifement , fe retournent d*eux- mènies , & fe placent' ainfi à l'extérieur de la mère , fur les côtés de laquelle ils continuent à pouiîer (3). Un Polype retourné plufieurs fois ne ceiV& point de s'acquitter de toutes fes fondions. Il y a plus; le même Polype peut être fucceffi-» vement coupé , retourné , recoupé , & retourné (i) Mém.Jiir les Polypes^ Mém. IV, édit. in-g. pag. 20^ & fuiv.' Tome II. (2) nu. page 2Ç?., 0} Ibid. page 22(i. % 2 35^ C 0 N S 1 D FRA T I 0 N S encore , fans que l'économie animale en fouiFie le moins du monde (i). Le Polype n'ai-me pas à demeurer retourné , il tâche à. fe remettre dans fon premier état : il -fe déntonrne en tout ou €n partie. On l'empêche d'y parvenir en le tranfper-qant prés de la bouche avec une foie de Sanglier , & cette efpece de bride ne nuit à aucune des fondions de l'animal. Les Polypes qui fe font déretournés en partie, ne font ^as moins Singuliers que ceux qui demeurent retournés en entier. Quelquefois les efforts que fait \e Polype tranfpercé pour fe déretourner , déchirent un peu fes lèvres , & cette petite plaie donne lieu à la produdliou de deux tètes , qui d'abord n'ont point de col » & qui en acquièrent un dans la fuite (2). Mais ce font les Polypes retournés , htffés à eux-mêmes , & qui font parvenus à fe dére- tourner en partie , qui oifrent le plus de phé- nomènes intérelfans. Ils revêtent fucceflîvement des formes très-bizarres î ils font des produc- tions de tout genre , & dont }e ne faurois donner une idée nette fans recourir à des figures. Je me bornerai à quelques traits. (0 Jbld. page 252. (2) Ibid. page 234, 325, SUR LES CORPS ORGANISÉS. 3>7 QiJAND un Polype entreprend de fe dére- tourner , il renverfe fa ï>artie antérieure fur la portion de fon corps qui demeure retournée.' Celle-là s'applique & fe greffe fur celle-ci. La peau du Polype ell comme doublée à cet en- droit. Les lèvres répondent ainfi au milieu dit corps , qu'elles embralfent comme une ceinture garjiie de franges : ces franges font les bras du Polype, dirigés alors vers fon bout poftérieur. Le Polype n^a donc plus que la moitié de fa longueur. On s'attend apparemment qu'il va poulfer une nouvelle tète au bout antérieur , à ce bout où la peau a le double de l'épaiifeur qu^elle a ordinairement, à ce bout , en un mot , qui eft demeuré ouvert ; car le bout oppofé ell: toujours fermé : il arrive toute autre chofe. Ici l'on rtfque fou vent de fe tromper en voulant deviner la Nature ; les Polypes font d'excellens maîtres de Logique , qu'il faut con- fulter. Ne cherchons donc point à deviner, & obfervons. Le bout antérieur fe ferme ; il devient une queue furnuméraire , qui s'alonge de jour en jour. Que fera donc ce P'^'ype à deux queues 8c finis tète ? Comiiient [q nourrira-t-il '^ Ne- nous défions pas des reifources que la Nature s'etl ménagées dans récoiioinie merveillciî-fe de Z 3 3 5S C 0 N S I D FR ATI 0 N S FInfcde. Sur le milieu du corps , prts des anciennes lèvres, il fe forme non une feule bouche , mais plufîeurs ; oc ce Polype dont nous demandions , il n'y a qu'un moment , com« nient il fe nourriroit , a maintenant plus d'or- ganes qu'il n'en faut pour cela (i). On fait que la bouche des Polypes de ce genre eft garnie d'un affez grand nombre de bras , qui ne font que des fils déliés , capables de mou- vemens très -variés, & qui s'alongent & fe' raccourciifent au gré de l'animal. C'eft avec ces fils qu'ils faifilFent les Infedes dont ils fe nourriflent. Les nouvelles bouches qui fe for- ment près des anciennes lèvres , ont quelque- fois un de leurs côtés garni des anciens braSj- tandis que de l'autre elles en pouiTent de nouveaux, d'abord très -courts, & qui attei- gnent peu à peu la longueur des anciens. Si on laifTe tomber fur une de ces bouches un petit Infeéle vivant , les bras s'en faifiiTent aufîî-tôtjla bouche Pavai e , & la nourriture fe répand' danè tout le corps. Immédiatement après que le Polype eft parvenu à fe dére-. tourner en partie , il eft étendu en ligne droite. Bientôt il fe coude : la portion déretournée commence à faire un angle avec celle qui de- (ï) Ibidi- page sjg ^ &év SUR LES CORPS ORGANISÉS. 3^9^ nieure retournée. Cet angle devient peu. à peu aigu. La principale bouche eft au fon^met. Les deux queues du Polype font les jambes de Fangîe. Elles prennent de jour en jour plus d'accroiiîement , & de petits rejettons fortenc de toutes deux. Dans un Polype qui s'étoit déretourné en partie & coudé enfuite , un petit parut au bout antérieur de la portion qui étoit demeurée retournée > il s'y greffa & ne compofa plus avec elle qu'un feul Polype , d'autant plus fingulier qu'il étoit formé d un petit & d'une portion de fa mère , fur laquellq il étoit enté (i). CCVL Promptitude des reprodu^ions dans les Polypes. Au relie, tout s'opère très-promptement dans les Polypes. Soit qu'on les coupe tranfverliile- ment , ou fuivant leur longueur ,* foit qu'on les ente ou qu'on les retourne , il ne leur faut en Eté qu'un jour ou deux pour qu'ils puiifent s'acquitter de leurs fondions. l!s multiplient d'autant plus qu'ils prennent plus do nourri- ture , & ils prennent d'autant plus de nourri- ture qu'il fait plus chaud. Les Polypes ./ bon-. (O AJéinoires fur les Folypcs à bras, tffc. Mim. iV, in-8^. Tom. II , p3g. 256, Z4 3^o COKSIDE'RATIONS \ qiiet & ceux en mtomioir y fe partagent en ; nioins d'une heure (i)-. j CCVII. Réflexion fur la heîle Hifloire des Folyper \ de M. Trembley , & fur un fcrjfage de ; l'HiJioire de l'Académie de Friijfe^ \ L'esquisse que je viens de crayonner des- \ découvertes de M. Trembley , répond Ç\ in?- , parfaitement au tableau qu'il nous en a lui- i jnème tracé dans fes beaux Mémoires , que je \ île puis que renvoyer mon Ledeur à l'Ou- i vrage même. Je ne fais ce que je dois y ad- jnirer le plus , des merveille» qu'il renferme , \ ou 'de la fagelfe avec laquelle il eft écrit. Je le , propoferat avec confiance aux Naturalises , ; Gomme le meilleur modèle qu'ils puiiîbnt fuivre , i & comme une Logique où ils doivent étudier > Fart trop peu connu encore , de fe conduire \ dans^ la recherche des vérités de la Nature. ; Je ne faurois finir ce Chapitre , fans relever îin paiïlige de l'Hiftoire de l'Académie Royale | des Sciences de PrulTe , pour Tannée 1745. I Dans ce palfage , le célèbre Hiftoriographe de ■ cette fa vante Compagnie , M. For me Y , entre- Cî) IhH^ Mém^ l\l & Î-V. Mém^iyes fur ks Foly^es » ,J SUR LES CORPS ORGANISÉS. Z6î prend de prouver que l'a découverte des In- iecles qu'on multiplie de bouture , ii'eft pus aulfi nouvelle qu'elle l'avoit paru. „ Je reniar- „ querai , dit-il (i) , que , quelque étonnante „ que ibit la découverte des Poiypes , elle n'eft 53 pourtant pas aulîi nouvelle qu'elle l'a p-aru. 35 II y a là-dellus quelque cbofe de bien fin- 33 gulier & de bien marqué dans le petit traité 33 de la connoijfauce des hèîes (2) , que le Père 33 Pardies publia vers la fin du fiecle pafTé. 33 Je vais en tranfcrire un paiîage auquel je 33 fuis furpris qu'on n'ait pas fait plus d'atten- 53 tion. Qonfi devons un de ces petits animaicx à 33 flufieurs pieds , femhlable à celui dont parle 33 S. Augustin au Livre de la Qiiantité de 33 l'Ame. Qe Saint Do&sur raconte qu'un de Jes 33 amis prit un de ces animaux , qu'il le mit Jhr 33 une table , ^ qiûil le coupa en deux , Ç3? qu'en 33 mène temps ces deux parties ainfi coupées , 33 fe mirent à marcher ^ à fuir fort vite , 53 hn.e d'un coté , Ç5? l'autre de l'autre 33 J'ai fait fouvent une femhlable expérience avec 33 bier. du plaiftr ^ ^ Aristote dit que cela 3.3 arr.ve à la plupart des Infe&es lonps à plu- 33 fietrs pieds y & înéme il dit dans un atitre (i) Hifl. de VAcad. de Frufe , 1745 , page 84. l (2} Page 48 de, l'édidon de la Haye» 3^2 CONSIDE' RATIONS „ endroit, qu'il arrive à-peu-près h de certains „ animaux ce que nous voyons dans les arbres : ,3 car comme en prenant un rejetton ^ le tranf- 53 plantant , îîous le voyons vivre , ^ de partie 33 d'arbre qiCil étoit auparavant , devenir lui- 33 mém-e un arbre particulier , aujji , dit ce Phi-. ,3 lofophe, en coupant un de ces animaux, les 33 pièces qui auparavant ne faifoient enfemble 35 qu'un animal , deviennent en fuite autant 33 d'animaux féparés. S. Augustin dit que cette 35 expérience le ravit en admiration , ^ qiCil 33 demeura quelque temps , fans [avoir que f enfer yy de la nature de l'Ame, 33 C'est ainfi qu'on a tous les jours oc:afion „ de fe convaincre de la maxime du Sage , 33 qu'il n'y a rien de nouveau fous le fdeil ". Je ferai remarquer à mon tour à M. FoiMEY, que la découverte dont il eft queilioi , ne coniiftoit pas à prouver que des portiais de Vers de terre , de Millepiés , Sec. confe'voient la vie & le mouvement après avoir été fépa- rées de l'animal. Les enfans ont fu œla de tout temps. Mais il s'agilfoit de démonter par dus expériencee bien faites , que chaque por- tion acqiiéroit ce qui lui manquoit pour être un Infede parfait , qu'elle pouiioit une tète. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 3^î des bras , une queue , (Sec. qu'il s'y développoit de nouveaux vifceres , un nouveau cœur , uit nouvel eUomac, &c. & voilà ce qu'ARisTOTE, S. i\uGUSTlN & le Père Pardies n'ont pas vu , & n'ont pas même cherché à voir. Ils n'ont parlé que d'un petit fait , très-remarqua- ble à la vérité , & qui étoit fous les yeux de tout le monde ; & quand Aristote conclut de ce fait , que certains Infedes multiphent de bouture , à la manière des plantes , {'à con- clufion eft hafardée , puifqu'elle ne repofe fur aucune preuve : car quelle conféquence tirer de la confervation de la vie & du mouve- ment dans les portions de l'Infede divifé , à la reproduction , d'une tète, d'un cerveau, d'un cœur , Sac? Une Guêpe partagée par le miUeu du corps , continue à marcher, & fon ventre darde l'aiguillon comme le feroit la Guêpe elle- même* Seroit-on bien fondé à en conclure que la Guêpe multiplie de bouture ? La conclulion feroit très-faulfe. La maxime du Sage ne trouve donc pas ici fon apphcation. Le retinirner.ieiit & la grejfe des Polypes n'ont-iis pas été quelque chofe de votiveau fous le Jbleil t* Et combien de mer- veilles inconnues au Sage & aux Anciens , que nos inftrumens & nos méthodes nous ont 3(^4 C 0 N S I D FR A TI G N S ] dévoilées î' En rendant juftice aux Anciens y â \ faut éviter de faire tort aux Modernes (i). ' ^ ==. ^S^:si^^ ;■ , ^^. ! c H A F I T R E X r 1. ' Reflexions fur la découverte des Polypes,/Kr ' /'échelle des Etres naturels , & fur les règles prétendues générales.. ; -i Expofitîon abrégée de divers faits concernant les végétaux , Ç«f à cette occafion de /'Ana^ logie des arbres & des os, j Ejjai d'explication de ces faits. : ) CCVIIL Réflexions fur les cavfes qui ont retar- i dé la découverte des Polypes. i A Présent que nous fommes un peu rêve- , nus de l'excès d'admiration dans lequel les Po-. ; i [i] ft Les Aiiémomi tîe mer paroifTent appartenir à la ; lîonibrcufc famille îles Foîypts , Hon-feulement par divers traits & qui, fe 35 trouvent cachés dans les er.triiîlcs de la 35 terre & dans l'abîme des eaux. Nous n'ob- 35 fervons que depuis hier , comment ferons- 35 nous fondés à nier à la raifon ce que nous 3j> n'avons pas encore eu occafion de voir ? " Rarement la Métaphyfique eft auffi heu- Tome F. A a 570 CONSIDE'RATIOK^ reufe à deviner la Nature. L'efpece de prédic- tion qu'elle avoit infpiree à LeibkiTZ , s^eft. accomplie. Le Polype a été découvert dans les eaux 5 & les deux règnes organiques le font unis. Frappé de cet enchaînement, je hafardai en 1744 5 de drefîer une échelle des Etres, naturels , qu'on a pu voir à la fin de la Préface de mon Traité d'hifeBologie. Je ne la donnai alors que pour ce qu'elle étoit en eifet, je veux dire pour une foible ébauche, & je n'en penfe pas plus favorablement aujourd'hui. Il y a certainement une gradation dans la Nature, bien des faits concourent à l'établir. Mais nous ne faifons qu'entrevoir cette gradation -, nous n'en connoiffons qu'un petit nombre de termes. Pour la faiiîr dans toute fon étendue , il fau- droit avoir épuifé la Nature , & nous n'avons fait encore que l'effleurer , ou comme le dit Leibnitz 5 nous n^ohfervons que depuis hier. Si le Polype nous montre le pafllige du végétal à l'animal , d'un autre côté , nous ne découvrons pas celui du minéral au végétal. Ici la Nature nous femble faire un faut j la gradation eil pour nous interrompue , car l'organifation ap- parente de quelques pierres & des cryftallifa- tions , ne répond que très - imparfaitement à celle des plantes (l). ■ CO tt Confultçz fur l'Jchelle ii«s Etres le Chap. XYII'a tURLES CORPS ORGANISÉS. 37^ CcX. Ohfervatmis fur le fentiment de M. BourJ GUET , '^c. touchant la prétendue organifa-^ tion des fels , des cryflaiix , des pierres. Qtie nous ignorons le pajfage du foiîile aiù végétal. Un Savant eftimable dont rimagination s'ed plue à tout organifer , a voulu nous faire en- vifager les fels & les cryflaux comme des Touts organiques , qui lient le minéral au végétal (l), îl avoit fait de curieufes recherches fur leur formation , qui favoient conduit à y recon- noitre une merveilleufe régularité. 11 avoit dé- couvert que le cryftal eft formé de la répéti- tion d'un nombre prefqu'intini de triangles qui repréfentent pour ainli dire , le Tout très- en petit. Mais le cryftal , comme tous les de la Partie VIII de la Conteinplation de la Nature^ où j'ai ipliis développé mes rsftexions fur ce fujet. Les réfiexioiîs philofophiques font l'arne de l'Hiitoire naturelle , comine elles le font de THirtoire. A quoi ferviroit un corps d'Obferva- tions , fi ce corps étoit fans ame ? (i) Lettres Philofophiques fur la formation des fels & ties cryftaux, & fur la ge'nération & _le méchanifir.e organi- que des' plantes & des animaux, &c. par iM. BouRGUET, à Air.fterdam , chez François THonoié , 1729, in-8°. pag. 57; & S%. Rey , Libraire d'Amfterdam , a reimprimt- ce bon f uvragc eu 17^2, Aa % §72 CONSIDERATIONS corps hruts , fe forme par appofitmi , & uil Corps organifé ne fe forme point à propre- ment parler; ii eft préformé ^ & ne fait que fe développer. Les molécules triangulaires qui font les cléniens fenfibles du cryikl , s'arrangent & s'uniifent par les feules loix du mouvement & du contacl. Les atomes nourriciers s'arrangent & s'uniifent dans le Tout organique confor- mément aux loix d'une organifation primitive. Ainfi les atomes nourriciers ne forment point le Tout organique , mais ils aident à fon déve- loppement. Je renvoie là-delfus à ce que j'ai expofé dans le Chapitre VI , & en particulier dans le dernier paragraphe du Chapitre X. Ce feroit donc abufer de la fignifioation du mot à' organifation , que de l'appliquer au cryftal , aux fels , & aux autres corps bruts dans lefquels on découvre une régularité conftante. Compa- rer un fel ou un cryftal à une plante , c'eft comparer une pyramide à une machine hydrau- lique. Il y a bien loin encore du corps brut le plus parfait à la plante la moins élevée dans l'échelle. De nouvelles obfervations viendront peut-être un jour remplir ce vuide. Si les prétendues plantes marines qu'on avoit nommées pierreifes , étoient en eifet des plan- tes 5 la chaîne pai'oitroit prefqu'aulfi continue SUR LES CORPS ORGANISÉS, 373 du minéral au végétal , qu'elle Peft du végétal à ranimai : mais , on a vu ci - deiilis , Article CLXXXVIIl , ce qu'on doit penfer d- ces produdlions marines. Cependant quand il y auroit des plantes vraiment pierreufes^ fi ces plantes ne diiîeroient des, autres que par la nature de leurs fucs , cette différence feroic bien légère en comparaifon de celle que Torga- nifation met entre le végétal & le minéral. Celui-ci eft-il contenu originairement dans, un germe ? Regardera- 1- on les petites pyramides des fels & des cryftaux comme autant de ger- mes ? Ce feroit s'écarter beaucoup de l'idée qu'on attache au mot de germe , & que j'ai tâché à bien définir dans cet ouvrage. On. feroit prefqu'auffi fondé à dire, qu€ la Nature palTe du minéral à l'as^-imal ; parce qu'on a découvert un coquillage dont tout le corps eft compoié extérieurement 8c intérieurement de petits cryftaux (i). (i) SwAMMERDAM a décrit ce coquillage fiîTgulier dans fa magnifique Bib, de la Nature. Cojtcha^ vjf'iparn ^ niirahilis. tl Lc<î Auteurs de la Colleci'wn acadèiinq;ie ont traduit en. François la Bibb de lu N'atuve^ & l'oût inférée dans le Tom. V de la Partis étrangère de cette Cclle5îio:i. L'hiftoire du CûquHluze cyyftcillin fe trouve à la page io5. Je remarquerai îi cette occalion , que ce petit coquillage ii célébré par- SwAMMERDAM, nVfl; peut-être pas auffi ungulier qu'il hit\ avoit paru Tctre. Je moxplique. M. Hérissant a démontré^ fju'il en eft des coquilUs conîms des as : elles s'incrufto^ Au i 374 CONSIDERATIONS Rien ne prouve mieux ce que peut la pré- vention en faveur d\ni fyftême , que la per- iuaiion où étoit TouRNEFORT ,que les pierres végétotent. On fait ce qui en avoit impofé à cet habile Homme , & avant lui à Théo- PHRASTE , à Peiresc , & depuis à d'autres (i^.. i\ujourd'hui les pierres ne végètent plus , & Fart les imite : que dis-je î il égale en ce point la Nature. Un Phyficien eit parvenu par une- voie très-fimple à faire des cailloux artificiels: feiiiblables en tout aux cailloux naturels (2). Concluons que nous ignorons encore par quels degrés la Nature s'élève du minéral au «l'une matière terreufe on crétacée que la nutrition introduit jieu à peu chas les mailles de leur parenchyme. J ai déve- loppé cela d'après l'Anatomifle Franqois^, dans la Part. X£ de la Pi^lingénéjîe : je eonjefture done , que ce que le coquil- lage cyyllullîn de Swammerdam offre de plus fjngulier^ fe réii'jit à une incruftation prefqce générale de toutes fes par-, ties , tant intérieures qu'extérieures : au lieu que dans les autres coquillages , il n'y a que le parenchyme extérieur qui s'incrufte de la matière terreufe. L'Ohfervateur KoUandois. Sgnoroit le fecret d^ Vincrvfii-.îion des coquilles. Il remarque- lui-même > que- Tes fetîts cryftaux de fon coquillage craquent feus les- dents csmme des grains de fable , cSf qu'ils produifent- u:i3 grande cjjervefcence avec rcfyrit de l'itriûl , page 108. CO Voyave au Levante Hijl. de VAcad. 170,8. Ohf. curicufn Jur la Fhyf. Tome î, pag. 419 & Cuiv. 1750.. (2} M. B-^ziN ^, Bïfi.. de. CAcM. i?^^, l?a§. i & on. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 37 > végétal, & quel eft le lien qui unit raccroiire- ment par appofition à celui par intujTufceptio",!. Le minéral ne travaille pas les fucs dont il ei"h formé : le végétal s'affimile ceux dont il eft nourri. Mais ne prononçons, pas qu'il y a ici un faut , une lacune : la lacune n'eil que dans nos connoiirances aduelles. CCXI. Obfervatioyi fur l'opinion de M. de Mau- PERTUIS , touchant l'échelle des Etres naturels, i Kéjîexions fur les progrès de Vefprit humain dans les recherches phyjiques. Feu m. de Maupertuis a penfé diiférem- înent. Il a imaginé que rapproche d'une comète avoit détruit une partie des efpeces , & que de là réiultoient les interruptions que nous remarquons dans l'échelle (i) : mais avant que de chercher une caufe à ces interruptions , il falloit s'être affuré de leur réalité. Tandis que le Polype étoit encore ignoré , un chaînon fembloit manquer à la chame, Leibnitz ofa prédire qu'on découvriroit ce chamon , & il n'imagina point qu'une comète l'avoit détruit, Qiiej)Gnferoit-on d'un Phyfîcien qui ne faifanti (0 EJfni de Cofwoîogie; Ldile , chez Elie Liizac , 175.1 ^ A a 4 ^j6 CONSIDFRATIONS que d'entrer dans un riche cabinet d'Hiftoire naturelle , le preiferoit de prononcer que les fuites n'en font pas compiettes'/ Combien d'ef- peces ou de chaînons dont nous ne foupqon- iions point rexiftence , & que d'heureux ha- Jàrds , ou de nouvelles recherches pourront 210US découvrir î Voyez les progrès de la Phy- fique & de l'Hillioire naturelle depuis la renaif- fanee des Leirres : combien de vérités incon- 3iU'»8 aux Anciens , & de conféquences fùres à déduire de ces vérités ! On ne fauroit dire quelles font les bornes de l'intelligence hu- maine en matière d'expérience 8c d'obfervation ; parce qu'on ne fauroit dire ce que Tefprit d'invention peut ou ne peut pas. L'antiquité pouv^oit-elle deviner Panneau de Saturne , les merveilles de i'éledricité , celles de la lumière , les animalcules des infufîons , &c. ? L'inven- tion de quelques intlrumens nous a valu toutes ces vérités : & ne pourra~t-on pas. un jour les pcrfecTsionner ,. ces inftrumens , & en inventer de nouveaux , qui porteront nos. connolifances fort au - delà du terme où nous les voyons aujourd'hui ? L'Flittoire naturelle efl. encore dans renfance : quand elle aura atteint Page de perfedion , je veux dire , quand on aura la nomeneiature exade de toutes les efpeces que :potrç globe renferrriÇ ^ alors,, & feulement alpis^ SUR LES CORPS ORGANISÉS. 37? ©11 pourra dire fi l'échelle des Etres naturels eft réellement interrompue. En attendant , au lieu de fuppofer qu'une comète a frappé la chaîne de notre monde , l'on préférera fans doute de p enfer que 11 elle a frappé quelque; chofe , c'cft au plus le cerveau trop mobile de l'Auteur. Ce globe où il ne voit qu'un amas àe ruhies , eft pour les vrais Architedes un édifice très-régulier , & dont toutes les parties font étroitement liées par des rapports qu'on apperqoit , dès qu'on n'a aucun intérêt à ne les pas voir. La 'plupart des Etres ne paroijjent à M. de Maupertuis o^iie connue des monftres (i) ; il ne trouve ajC ohfcuiité dans nos connoijfances : la terre hii paroH un édifice frappé de la foudre. Je ne fuis point furpris qu'un Homme qui voyoit tant de monftruoiités dans les détails , ait combattu les fins , & leur ait fubftitué la loi de la nnnmiité (2). Je fuis très-éloigné de chercher à infirmer la preuve que cet ce loi fi chère à l'Auteur , lui fournit en faveur de i'exiftence de Die 17 ; mais je crois que le fens commun avouera toujours que Vœil a été fut pour voir 3 & je ne penfe pas que cette preuve (0 IhlX. page 57. (2) ibiiy Avant- Frof os , pag. 12, 15 & fiUYi.. 378 CONSIDERATIONS le cède en évidence à celle qu'on peut tirer de la confidération d'une loi de la Nature. CCXII. Limiieres que les Polypes peuvent répan^ dre fur divers points de Phyfwiogie. Non-seulement la découverte des Polypes conduit à admettre une gradation dans les produdlions naturelles ; elle peut encore con- tribuer à réclairciirenient de plufieurs points intéreiTans de Phyfiologie. De grands Anato- miftes qui ont médité les Polypes , un âlbinus , un Haller fa vent tout ce que peut fournir cette branche féconde de PAnatomie comparée. Il fe palîe mille chofes dans le corps humain y fur lefquelles la reproducl:ion des Polypes répand du jour. Les fibres élémentaires , femblables en quelque forte à ces Infedes , fe reproduifent auiîi dans les plaies de tout genre , & leur reproduction devient plus facile à faifir , lorf- qu'on la compare à celle des Polypes , & des autres ïnfedes qui peuvent être greifés & mul- tipliés de bouture. Les expériences qu'on tente fur ces animaux , peuvent encore fervir à éclaircir les grandes queftions que nous oifrent la fenfihilité & Virritahilité (l). Enfin , je mon- ^i) Voyez l'Onvrnge de M. de Haller, qui a pour titre : Mémoires fur les parties fcnf.hles c^ imicihles du cor^s SUR LES CORPS ORGANISÉS, 379 trerai ailleurs , que la découverte dont je parle , concourt à diminuer les ténèbres qui couvrent la première origine des Etres organifes. CCXIII. Qiie les Polypes nous enfeignent à itotis défier des règles générales, Réfiexions fur hifage ^ Pabns de /'analogie. Mais cette découverte nous donne fur-tout l'importante leçon de nous défier des règles générales , & d'ui'er fobrement de l'analogie. La Nature a certainement des loix confiantes : la confervation du fyftème les fuppofe. De puilTans génies nous ont découvert quelques- unes de ces loix : & combien en eft-il que nous ignorons encore î Combien de forces , de propriétés , de modifications de la matière , qui fe dérobent à nos fens & à notre entendement! On a voulu juger de la totalité des Etres par un petit nombre d'individus. On a tiré des conciufions générales , de cas particuliers. On s'ell: prcile de faire des règles avant que d'avoir étudié tous les Etres que Ton fuppofoit gra- tuitement leur être fournis. C'étoit avoir beau- coup fait que d'avoir démontré la fauifeté des anintal. Tom. IV. Réponfe à M. Whytt. Laufamie , chez 38o CONSIDE' RATIONS générations équivoques : mais on étoit allé trop 3oin quand on en a voit inféré que toute géné- ration exigeoit le concours des fexes. Le Pu- cero7i eft venu démentir cette règle prétendue générale. On avoit regardé comme un caradere diftindlif du végétal , la propriété de pouvoir être multiplié de bouture : le Polype nous a appris que cette propriété eft commune a un graîid nombre d'efpeces dlnfecl:es. On a divifé les animaux en deux claiîes générales , en vivi^ fares & en ovipares : aujourd'hui nous con- noiiTons des animaux qui font vivipares dans un temps , & ovipares dans un autre. Nous en connoillons encore qui ne font ni vivipares, ni ovipares ; mais qui multiplient en fe divi- fant 8c en fe fubdivifant naturellement. EnEn , parce qu'on voyoit le fang circuler dans les grands animaux , on en a conclu qu'il circuloifc dans tous , <^ on a étendu cette conclufion juiqu'aux plantes. Cependant la Moule & le Polype ne nous offrent rien qui ait rapport au iylteme de la circulation , & j'ai montré dans le cinquième Mémoire de mes Recherches fur rufage des feuilles dans les plantes , combien il eft probable qu'on a trop donné à l'analogie , quand on a foutenu la circulation de la fcve. il nous manque une Logique QVÀ feroic infini- ment utile, non -feulement dans les fcicnccs SUR lt:s CORFS ORGAmSÉS. agr pliyfiques , mais encore dans les fciences mo- rales -y je veux parler d'un Traité de Ihifage ^ de l'ahits de l'analogie. J'y joindrois les prin- cipes de Wivt d'obferver , cet art li univerfel , 8c dont je puiferois les préceptes & les exem- ples dans les grands maîtres qui nous ont dé- couvert tant de vérités. Je voudrois que cet Ouvrage fût l'Hiftoire de la marche de leui* efprit dans la découverte de ces vérités. Si l'analogie nous égare quelquefois , elle peut aulîi nous conduire au but. Le fecret de la méthode analogique confifte principalement à raifembler fur chaque genre le plus de faits qu'il eft pofîible , à les comparer , à les com- biner , & à fe rendre attentif aux conféquen- ces qui en découlent le plus immédiatement. Ceft de la coUedion de ces coniéquences que doit naître l'hypothefe qui éclairera le côté obfcur du phénomène. CCXIV. Introdu&ion à V explication des repro-^ durions organiques. Je vais elTayer , fuivant ces principes , d'ex- pliquer d'une manière fatisfaifante , ce qui con- cerne les greffes & les boutures foit végétales, foit animales , & en général tous les faits que j'ai expofés dans le Chapitre précédent. Je m'en '582 C 0 KS iD^nATî 0]S[S fuis déjà occupé dans le Chapitre IV 5 niais ]ê dois traiter à préfent plus en détail , ce que je n'ai encore confidéré que d'afîez loin , & approfondir autant que j'en fuis capable un fujét H digne des recherches du Phyficien. Je commencerai par les végétaux , parce qu'ils font plus généralement connus , & plus faciles à obferver. J'expoierai quelques nouveaux faits j ^ je développerai uii peu ceux que je n'ai fait qu'indiquer. jCCXV. Bes plaies des arbres & de leur con^ fondation» Si Pon fait une flaie à un arbre en enle* vaut un fragment d'écorce , & qu'on mette ainfi le bois à découvert , il fortira des couches îes plus intérieures de l'écorce , ou ù. l'on veut d'entre l'écorce & le bois , un bourlet verdâtre. Ce bourlet fe montrera d'abord à la partie fu^ périeure de la plaie ; puis fur les côtés , Se enfin à la partie inférieure où il demeurera toujours plus petit qu'à la partie fupérieure. Ce fera une nouvelle écorce qui s'étendra in- fenfiblement fur le bois , qui le recouvrira peu à peu ; mais ians s'unir jamais avec lui. Celui- ci fervira feulement d'appui à la nouvelle écorce i & Çi cet appui venoit à lui manquer. SVR LES CORPS ORGANISÉS, nt la plaie ne fe cicatriferoit point. Voilà ce qui fe pafTe dans les plaies qu'on laifle à décou- vert : le bois n'y fait aucune production parce qu'il fe defleche. Si l'on prévient ce defleclie- îiient en renfermant la plaie dans un tuyau de cryftal , qui mette le bois à l'abri du contadi de l'air , il concourra à former la cicatrice. Oa %'erra alors fortir du haut de la plaie un bour- let calleux , qui fe montrera enfuite fur les côtés & à la partie inférieure. Peu après oa obfervera qà & là fur la furface du bois , de petits mamelons gélatineux & ifoîés , qui pa- roîtront naître des interftices des fibres de Vauhier , qui étoient demeurées attachées au bois. On remarquera encore en divers endroits de la furface du bois , de petites taches rouifes qu'on reconnoîtra bientôt pour des membranes ou des couches nailTantes. On les verra s'épaiffir par degrés. Des productions grenues , blan- châtres , demi-tranfparentes , gélatineufes paroî- tront foulever les feuillets membraneux. Cette matière gélatineufe deviendra grifâtre , puis verte ; & toutes ces productions en fe prolon- geant de haut en bas , recouvriront la plaie , & formeront la cicatrice. Cette cicatrice ne fera pas liife 5 mais comme elle réfultera de la réu- nion de plufieurs parties qui étoient d'abord ifol^es 5 on y découvrira bien des inégalités. Si %U C 0 N s I D F K AT I 0 N S au lieu d'enlever fimplement un fragment d'é- corcej l'on fait au tronc une incilion annu- jaire qui pénètre jufqu'au bois , la plaie fe cicatrifera un peu diiFéremment. Il naîtra comme à l'ordinaire un bourlet cortical , qui tendra à recouvrir le bois , mais ce bourlet ne fortira que de la partie fupérieure de la plaie (i). CCXVI. Loix de la confolidation des plaies végétales, Réftiltats généraux, La. réunion des plaies des arbres fuit donc des loix conftantes. Cefi: toujours le bord fupérieur de la plaie qui fournit le plus à la réparation ; & dans certaines circonftances , il l'opère feul. Les fibres qui en fe développant recouvrent peu à peu le bois , tendent à fe prolonger de haut en bas. Elles relTemblent d'abord à une fubftance mucilagineufe : elles deviennent enfuite herbacées , 8c enfin corti- cales ou ligneufes , comme je l'ai dit ailleurs. (Article CLXIX. ) On a vu ci-delTus (2), CO Pf':^que des arbres, par M. DuHAMEL , Liv. IV, ^1iap. III , Art. III & V. C2) Article CXLVIL SUR LïïS CORPS ORGANISÉS, 5g< (VI FAIT.) qu'au commencement de l'incuba* tion , les vifccres du Poulet font prefque fluides, & que cette forte de fluidité qui n'e(t qu'ap- parente, cache une véritable organifation. Une expérience démontre qu'il en eft de même de l'état de mucilage que les fibres des arbres paroiiTent d'abord revêtir. Si l'on remplit d'eau le tuyau de cryftal dans lequel on renferme la plaie, le mucilage ne s'y diiloudra point, & la plaie fe cicatrifera. Ce mucilage n'eft donc qu'apparent , & il eft eiientiellement orga-- nifé (i). CCXVIL Expérience qui conjlate la produ&iofi d'un nouveau bois. Nous venons de voir que le bois peut dans certaines circonftances , produire une nouvelle écorce > l'écorce peut auiîî dans certaines cir- confiances produire un nouveau bois. Si l'o.'is applique fur le bois mis à découvert, une feuille de papier ou d'étain , & qu'on remette fur le champ en place le morceau d'écorce qu'on avoit détaché , il ie greifera aux parties voifines par le prolongement réciproque des fibres latérales ^ & au bout de quelques temps , Ton trouvera CO nyf. des arbr. U\. IV, Chap. III, Art, II, §. VX^ Tome V. B t ' ' ^8^ CONSIDFRATIONS la feuille de papier recouverte d'une nouvelle couche ligneufe (i). CCXVIII. Bois parfait , incapable de faire des produ&ions. Ordre ^ progrès de PendurciJfemeHf, Mais quand on dit que le bois peut faire des produdions , cela ne doit s'entendre que du bois encore imparfait , ou qui n'a pas achevé de s'endurcir. Car comme la fibre ani- male devenue ojfeiife ne s'étend plus , de même auiîî la fibre végétale devenue ligneufe n'eft plus fufceptible d'accroilTement. J^ai inlifté là- defTus dans le Chapitre X. J'y ai fait remar- quer qu'un arbre eft un compofé d'un nombre prefque infini de petits cônes infcrits les hus dans les autres. En elFet , on voit à l'œil que le tronc & les branches font des cônes très- aîongés. Les cônes les plus intérieurs s'endur- ciiTent les premiers , &c. Ainfi il y a à la. bafe & au centre d'un arbre de cent ans , un cône ligneux de cent ans , tandis qu'à l'extrémité de la tige & des branches , il n'y a que des cônes d'uix aii» Il faut donc fe repréfenter il) Ibiâ^ SUR LES CORPS ORGANISÉS, 387 cliaqlie cône ligneux ou deftîné à devenir ligneux , comme formé lui-même d'un grand nombre de lames infiniment minces , dont les unes font déjà endurcie-s , & dont les autres font encore capables de faire des productions^ QuAiSfD on dit que Pécorce peut produire du tiouveau bois , cela ne doit non plus s'enten^ dre que de la partie de fécorce qui eft la plus intérieure , ou la plus voiiinc du bois. Si l'on enlevé une lame d'écorce qui ii'ait que peu d'épaiifeur , ce qui fe reproduira à la place ne fera que de Vccoi^ce, CCXIX. L'aubier , Ja nature çf? [es fondions. Vaubier, cette fubftance blanche placée entre? !a vraie écorce & le vrai bois , eft un bois imparfait , ou qui n'a pas encore acquis le degré de confiftance propre au bois parfait. On pourroit comparer l'aubier au cartilage qui doit devenir os : c'eil un état mitoyen par lequel pafic le bois en fortant de celui d'écorce pour arriver à fon état de pe-rfedion. La durée de cet état mitoyen dl proportionnelle à la vi- gueur .du fujet : elle ell d'autant plus courte qu'il ett plus vigoureux. L'épailicur & le nom- bre des couches de l'aubier obfervent la même Bb a 588 CONSIDERATIONS proportion : elles font d'autant plus épaifles J743 t 174^, &e. B.b 4 392 CONSIDERATIONS cette difcuirion à mon Parallèle des plantes ^ /ics animaux', mais j'indiquerai les faits qui ont k plus de rapport avec mon fbjct , & qui peu- vent fervir à réclaircir. Nous avons vu que toute Pécorce n'eft pas propre à produne le bois ; tout le période îi'ed: pas nroprc non plus à produire l'os. Il peut arriver cependant que tout le période s'ofTîEe , comme il arrive, qu'une artère s'ollifie. Ce font les !ames les plus intérieures de l'é- corce qui contiennent les é'émens du bois : ce font auip! les lames les plus intérieures du période qui contiennent les é'émens de l'os. Comme i'écorce ne fe convertit pas propre- ment en bois , de même encore le période ne fc convertit pas proprement en os : mais les lames intérieures de cette membrane ont une organifation 8c des qualités d'où réfultent l'of. iification & fes eriets divers. L'écorce & le période ne s'endurciilent que par degrés. Le bois qui a acquis toute fa dureté , ne s'étefid plus : Tos parfait n'ed plus fufceptible d'ac- crohiemcnt. Dans les arbres bleifés ou rompus, les i^^bres vi iment ligneufes ne concourent p-is à la réparation ; mais des fibres herbacées gai nai0ént de l'écorce ^ prennent peu à peu la coriilltaaçe du bois , & la plaie ed marquéç par SUR LES CORPS ORGANISÉS. 393 un bourlct que produit le développement de ces fibres. Dans les os perces ou rompus , les £bres vraiment olFeufes ne concourent pas à la réparation 5 mais des _fibres membraneufes qui émanent du périofte , prennent peu à peu la confiftance de l'os , rempliiient le trou , ou recouvrent la fradlure , qui fe trouve marquée par une groifeur qu'on nomme le cal, & qui doit fon origine au développement de ces fibres. CCXXTI. Expojition du fentiment de M. de Haller , fur la formixtion des os , en oppo- fition avec celui de M. DuHAMEL. \ , M. de Haller , qui a vu de fi près la for^ mation du Poulet , a combattu cette analogie dans fes Mémoires fur les os (i). Je vais donner le précis de fes preuves. Des extrémités d'un os rompu fuinte un fuc gélatineux , qui s'épaiifit par degrés , &; devient une gelée tremblante. Cette gelée ac- quiert peu à peu la confiftance du cartilage , & eiifiii celle de fos. Le cal s'achève , & les deux extrémités fe réuniifent. On voit bien que cette géÀQ animale eft organifée dès le (1) Memoi'/es fur la fc-nr.aticn des os. A Lanfanne , chez Mnrc-Michel Boufquet, 1758, pag. 39 Sf i'uiv. pag. 34? & fuiv. 394 CONSIDERATIONS commencement , comme l'efl; la gelée végétale» Mais ce qu'il n'importe pas moins de remar- quer, c'eft qu'elle fe répand quelquefois fur la furface extérieure du période , & que celui-ci n'ell point adhérent au cal. Loin de précéder la formation de l'os , le période ne renaît que lorfque le cal eft déjà bien avancé. La ftrucfture du période diffère effentielle- nient de celle de l'os. Ce dernier ed formé de fibres parallèles à fon axe. Le tidu du premier ed au contraire cellulaire : fes fibrilles n'ont aucune direction coudante , & c'ed à ce défaut de diredion qu'on reconnoît les oiTificatians contre nature. Dans les premiers temps le période ed d'une fineffe extrême , & il n'clf point lié à l'os. Lorfqu'il commence à s'y unir , c'ed pré- cifément dans les endroits où rollification ne fe fait point encore. Si les lames minces fe détachoient du pé- riode pour fournir à l'aceroiifcment de l'os , li femble que cette membrane devroit être plus épailfe dans le fœtus que dans l'adulte. Elle devroit encore être toujours fortement unie à fos , & fur-tout aux endroits où roili- SUR LES CORPS ORGANISÉS, 39? fication commence. Elle eft conUamment blan- che : la Gartmce ne la colore jamais , & elle Dolore les os. Les vaiifeaux du périofte n'ad- înettent donc pas des particules colorantes j il ne ncFurrit donc pas les os 5 il ne contribue tionc pas à leur accroiiiement , car l'expérience démontre que le caitilage ne devient os que lorfque les vaiiTcaux fe font aflez élargis pour admettre les globules rouges du lling (i). Or les vaifTeaux du périofte demeurent toujours très-petits & prefque invifibles. Enpin , il eft des os que le périofte ne revêt ponit , & qui croiiTent fans fon fccours : tels font en particulier les noyaux oiTeux & les dents. CCXXIII. Réponfe de M. Fouqeroux mioa objeBions de M. de Haller , eyi é clair ciffe^ ment des analogies de M. DuHAMEL. M. FouGEROUX , de FAcadémie Royale des Sciences , & neveu de M. Duhamel , vient de répondre à M. de Haller. Il règne de part & d'autre dans cette difpute une modef- tie , une poiitelTc & une modération qui ne peuvent partir que d'un amour fincere pour le x'rai i & fi toutes les difputes littéraires reC. (0 Voyez îe Chapitre X , Art. CLXUI. 39<5 C 0 N s: I D E'RA T I 0 N S fembloient à celle-ci, nous n'aurions pas h nous plaindre de l'indécence & de l'inutilicé de plufieurs. En abrégeant les réponfes de M. FouGEROUX , je tâcherai de ne les point affoiblir (i). Je les expoierai dans Tordre où j'ai préfenté les objedions de M. de Haller. En bonne Phyfique un fuc épanché ne peut former que de fimples concrétions , & le cal lî'eft point une fimple concrétion , il eft très- organifé : mais par-tout où il y a rupture de vaiiTeaux , il y a épanchement de fucs , & c'ed le cas de toutes les plaies , foit des parties molles , foit des parties dures. Si donc le cal fe montre d'abord fous l'apparence trompeulë d'une gelée tremblante , il ne faut pas s'imagi-. lier qu'il ne foit en effjt que cela , & que cette prétendue gelée provienne de l'épaiffifrc- ment du fuc épanché. Cette efpece de muci- lage n'eft autre chofe que les lames les plus internes du période tuméfié , qui commencent à fe développer pour opérer la réunion. Il en eft de ces lames comme de tous les Corps or- (i) Mémoires fur les os ^ pour fervir de rcpovfe aux oh- cr- iions propofées cmtre le fe7!iimçnt df M. DuHANfF.L Du MON- CEAUX , rapporté dans les P^ohtmes de rjJcadétnic Royale des Si:c:rces ; avec les Mémoires de MM. de H ALLER ^ RoRDE- "NAVE, qui ont domiè lieu à ce travail. Paris , 1760, in-8«*. SUR LES Corps organisés, 397 ganifés , qui commencent par être mois , ou prefque fluides , avant que d'acquérir le degré de confiftance propre à leur efpece. Le Poulet en fournit un exemple remarquable. ( VI fait. Chap. IX. ) ' Le périofte fe tuméfie toujours fur les frac- tures ', & les tumeurs du périofte font des oilî- fications naiffantes : or les lames dont je viens de parler, appartiennent fî bien à cette mem-. bi.ine , que Ci on l'enlevé , l'on enlèvera avec elle la tumeur , & avec la tumeur le mucilage , & la fracture demeurera à découvert (i). Ce font ces mêmes lames d'abord muciîagi-' neufes , enfuite cartilagineufes , qui forment enfin un tampon offeux dans les os qu'on a percés. On enlevé ce tampon en enlevant le périofte : il n'en eft donc qu'une expan- (lon (2) (3). (i) Ibid. Second Mémoire, pag. 119, 120. (2) Ibiil. pag. lOj, (?) tt Une autre preuve bien démonflrative de Vq/Jt/tca- tion Par le périojle , tft fournie par un fil de métal qu'on infère entre les lames encore molles du périofte , après avoic frafturé l'os , & qui fe trouve enfuite renfermé entre des lames vraiment ofieufes. Q,ui ne voit donc que ces lames vraiment oj/y'iées n'étoient originairement (jue des lames enco» ifjsmlrafieufes du périofte? ^9S C 0 N S î D Ë'KA T I 0 K5 On objede donc en vain , que le périolAC ne renaît qu'après le cal , puifqu'il elt démon- tré que c'eft le période lui-mènie qui produis le cal. Si Torganifation du périofte difïere de celle de l'os , l'organifation du cartilage deftiné à s'ofîifier , ne diffère pas moin^ de celle de l'os : la difficulté fc réduit donc ici à expliquer com- ment l'un & Tautre s'offifient. La (Irudure du périofte n'eft pas encore bien connue , & elle varie en difïérens^ os. A l'aide de la macéra- tion 5 on apperqoit que les fibres des lames intérieures ont plus de régularité que celles des lames extérieures (i). Ccft donc aller trop loin que d'affirmer , que les fibres du périofte n'ont aucune dirccflion conftante. Il fe déchire plus facilement fuivant fa longueur , que fui- vant fil largeur ; les fibres qui le compofent , ont donc une direction parallèle à l'axe de l'os : on les rompt quand on déchire le périofte fuivant fa largeur; on ne fait que les féparer , quand on le déchire fuivant fa longueur (2). On ne peut décider (î toutes les lames du périofte font originairement propres à s'offifier, (0 ^^^d' premier Mém. pag. 31, (a) Ibid» page 53. SUR LES CORFS ORGJKISÉS. 399 mais il eft prouvé que les lames les plus inté- rieures s'ofîifient , & que c'eft par la fur-addi* tion de ces lames à Tos , qu'il croît en tout feus j en grolTeur par l'appofition , en longueur par le prolongement des lames. On peut donc regarder la partie interne du périofte comme Torgane deftiné à la formation & à la répara- tion de Pos , de la même manière que la partie interne de Pécorce eft Torgane deftiné à la for- Kiation & à la réparation du corps ligneux. Si dans les premiers temps le périofte ne paroit pas uni à l'os j Ci lorfqu'il commence à s'y unir , c'eft précifément dans les endroits où i'ofîification ne fe fait point encore , cela ne prouve pas que le périofte ne foit point l'or- gane de Toffification. Un mucilage ne peut être bien adhérent ; & nous avons vu que les lames du périofte qui doivent s'offifier, font d'abord muciîagineufes. L'écorce n'eft jamais moins adhérente au bois , que lorfqu'elie le produit : fes fibres font alors fi abreuvées de fucs , qu'elles fembîcnt n'être qu'une gelée épaiiTe. Il en eft de même de celles du périofte avant qu'elles aient pris la confiftance du cartilage. Mais quand elles fe font endurcies jufqu'à un certain point , elles adhérent à l'os , & elles y adhérent d'autant plus fortement) qu'elles fe 400 CONSIDERATION f font plus oflîfiées. Et comme rofFiEcation cor!> mence toujours à la partie moyenne de l'os , il arrive qu'on trouve des lames du période qui ne font qu'à demi-oirifiées. Ces lames font très-adhérentes* à la partie moyenne , & fort peu aux extrémités , où elles ne font encore que cartilagineufes ou membraneufes (i). Dans l'embrion tout l'os eft fi mol qu'on ne peut le diftinguer du période j il eft prefque tout périofte. On ne doit donc pas affirmer que la naiifance de Fos précède celle du pé- riofte. Il eft encore plus difficile de diftinguer ces deux chofes dans un embrion auffi petit que celui du Poulet. En fourniffant des couches à l'os , le périofte ne doit point s'appauvrir ou diminuer d'épaif- feur , parce qu'à meftire que des lames s'en détachent pour s'unir à l'os, il s'en développe de nouvelles , foit cartilagineufes , foit mem- braneufes. C'eft ainfi que l'écorce ne s'appauvrit point par les couches concentriques qu'elle fournit annuellement au bois : chaque année il s'en développe de nouvelles > foit ligneufes , foit corticales (2). CO ibi ^tii Public par les qualités de fou cœur , que par celles de fon efprit , fi la lecture du Dif^ cours préliminaire de M. F o u G E R o u x ne m'apprenoic qu'elle a été imprimée dans le Journal de Médecine , mois de Septembre 1757 (0 (2). CCXXV. Réfiiltats généraux des faits , indépen^ diins de la quejHon agitée,, Quelque parti qu'on prenne fur la forma- tion des os , & fur leur analogie avec les ar- bres , il demeurera toujours vrai 3 que les uns [i] Ihid. page 22. [:] tt Je dois mettre ici fous les yeux du public, ce que M. de Haller lui-même m'écrivoit fur b queftioii dont il s'agit, le 2Ç de Septembre I7<5'4, c'eft-à-dire, deux ans après la publication de mon ouvrage. ,j Vous pouvez annoncer une nouvelle qui fera pîaifir à 5, votre ami M. Duhamel. J'ai vu dans mes derniers Pou- 53 lets , & fur-tout le iç & le i7me jour de l'incubation , ^ l'os Hu front à moitié membraneux, les fibres ofTeufes, 3) flexibles enccre , ferrées dans la partie offeufe, & s'épar- j, pillant à d'afiez grands angles, le içme,fur la membrane 5, qui fait leur b.ife. Elles laifTent de l'intervalle entr'elles. 5, En ferrant des lioigts l'os en queilion , on peuc détacher. 3, la partie memliraneufc des fibres ofTeufes , qui alors laif- 5, fent entr'elles des intervalles vuicies. Le ipme jour tout ,, eft déjà trop ferré. „ Cela elt pour les os plats. Les os longs fur lefquels j'ai 5, toujours travaillé , ne m'offrent jamais qu'un cartilage qui j, devient cOreux eu fc char^^^ant de terre ". C c ^ 4o6 CONSIDERATIONS & les autres ne parviennent à leur état de perfedion que par un développement fuccefîif. Leurs parties eiicntielles fe montrent d'abord fous l'apparence tromneufe d'une gelée ou d'un mucilage qui paroit s'épaiiFir par degrés. Il devient peu à peu membrane , cartilage , os •, il cft par fucGelTion herbe , écorce , bois. Les vaiiieaux fe déploient , s'élargident ; ils admettent des molécules crétacées ou tcrreufes, fources de la dureté : ces molécules s'incor- porent au tiiÎLi ; le cartilage devient os ; l'é- corcc, bois. La divifion de l'os & du bois en lames minces , prouve qu'ils croiffent par l'ad- dition de couches concentriques qui , avec le temps. s'épaiffiiTcnt , s'alongent & s'endurciifent L'extraction du tartre ofTeux par l'acide , & la permanence du cartilage , démontrent que celui- ci eft le fond qui reçoit les molécules de ce taitre & qui les retient. J'eilayerai ailleurs d'ap- pliquer ceci à la théorie générale de Tac- croiiicraent (î). Je reviens aux divers faits qui concernent les véiiétatiK, [i] Je prie qu'on rcUfe l'Article CLXX , & en particulier le ùcraicr paragrnphe 5 Ton en comprencUa mieux ce qr.c je veux inriniic-r ici. ■\\ Au reftc , j'ai fait Tipplication (!ont il .s'agit , dans I:i P;;r'ae Xî de la ralingémjîe , où j'ai traité plus à fund de k iTîCL;iiani'{ue de Vaccyoîjfc/^ent. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 407 CCXXVI. Bourlets des plaies végétales , leur nature , leur formation , leurs ejjets. Manière de faire reprendre de bouture toutes fortes d'arbres. Nous avons vu les plaies des arbres fe cica- trifer. J'ai indKjué les principales particularités qu'on obferve dans la formation de ces cica- trices. J'ai fait remarquer que fi Ton fait à une branche , une inciiion annullaire qui pénètre jufqu'au bois j il fe formera un bourlet au-def- fus de l'incilion , & que ce bourlet , en s'éten- dant , recouvrira peu à peu la plaie (i). Ou remarquera la même chofe , il l'on fait une forte ligature à la branche. Ce bourlet mérife uwQ grande attention. Il eft un ouvrage de h Nature , qui fert de préparation à des produc- tions plus importantes. J'ai dit (2) que les in- jedions colorées prouvent CWiuq manière di- reclc, que la luve s cieve par les hbres du bois : CCS mêmes inj.;caor:s démontrent, qu'eî'e àd'^^ ccnd par les fibres de l'écorce , pour fournit au développement & à la nourriture des racines. Cela e(c très-naturel ; car il ne le feroit point du tout que les racines fc nourriffent du fuc [1] Voy. Art. CQ^Y. [2] Voy. Art. CCXX, Ce 4 4o8 CONSID F RATIONS crud qu'elles tirent immédiatement de la terre; le cœur ne fe nourrit pas du même iling qui paiie dans fes cavités i il eft nourri d'un autre fang qui lui cft apporté par des artères qui lui font propres. Le honrlet dont il eft qucliion , eft une autre preuve de la fève defcendante : il ne fe montre qu'à la partie fupérieure de rincilion ou de la ligature : il eft donc produit par une fève qui defcend des extrémités de la tige & des branches. Si la ligature n'avoit point intercepté le cours de cette fève , elle feroit parvenue aux racines, & n'auroit formé ^ucun bouiiet. On peut donc en conclure , qiie ce bourlet tient de la nature des racines j il eft une efpece de bulbe ou d'oignon ; & cette çoncluiion cft d'autant plus légitime , que fi on l'enveloppe de mouife humide , l'on en verra fortir des radicules qui fe prolongeront dans la mouife. £n travaillant fur les couches intérieures de l'aubier , la fève defcendante y occafione le développement d'un grand nombre de hbrilies ou de petites lames , & de ce dé- veloppement accidentel naît la tumeur ou la bulbe. Quand on dilféque cette bulbe après J*'^voir fait bouiiîir, on découvre dans fon in- 'té' leur de petits mamelons ligneux, qu'on peut regarder comme les boutons des radicules. Si J'qu fçie la bulbe fuivant fa longyeur , on o^)-. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 409 fervcra que les anciennes fibres ligneules , celles qui cxiibient avant qu'on fit la ligature , auront coi-fervé leur direction naturelle 5 je veux dire, qu'on les trouvera para'ieles à Taxe de la tige ou de la branche ; tandis que les nouvelles £b:cs , celles que !a fève defcendante aura fliit c-éveloppcr , n'auront , au contraire , aucune diredion conftante. On remarquera cà & là dans la bulbe, des nœu^s qui tendront ou à un m.imeîon , ou à une radicule. Chaque mame- lon fera formé d'un très -petit cône ligneux, recouvert d'une écorce , qui , en ù prolon- geant , auroit produit une radicule (i). Si l'on coupe la branche au-deifous du bour- let , & qu'on la plante en terre après que le bourlet aura commencé à produire des radi- cules , elle y deviendra un arbre , & c'eft là une manière tres-Gmple & très-fare de faire reprendre de bouture toutes fortes d'arbres. De plufieurs branches d'Orme , égnles nicnter ou diminuer Ton mouvement : mais nous favons très-bien , que cette puiiT^mce n'eft pas celle qui élevé l'eau dans une éponge (2). Si Ton prétendôit connoitre mieux la caufe qui fait defcendre la fève , fi l'on y.ffirmoit que cette caufe eft la pefanteur , on fe tromperoit. Nous avons vu naître un bourlet au-delfus d'une ligature i & nous avons été en droit d'en conclure , qu'il étoit produit par la fève defcendante. Si cette fève defcendoit unique- ment par fon propre poids, il ne devroit point (i) JhH. page 444. (2) Voy. les. Art. CLXVIII: &iiCLXI>v. SUR LES CORPS ORGANISÉS. 413 fe former de bourlet dans une branche tenue renverfée , & fur laquelle on auroit pratiqué une incifion ou une ligature. Or il arrive pré- cifément le contraire , il fe forme un bourlet , placé comme à l'ordinaire du côté de l'extré- mité de la branche , & qui ne dilfere point du tout de ceux qui naiifent fur les branches qu'on laiife dans leur fituation naturelle. La defcente de la fève , comme fon afcenfion , eft donc i'ellet d'une force exprelTe (i). CCXXX. Effet des deux bourîets qui nciijjent au~dejfus ^ au-dejfous de la plaie.;, Tout concourt à établir que la fève defcen- dante eft deftinée au développement & à la nourriture des racines , & que (î cette fève eft interceptée par une incifion ou par une liga- ture , elle produit un bourlet qui peut donner naiifance à des racines. Quand un arbre a plu- iieurs plans de racines placés les uns au-deifus des autres , les racines du plan fupérieur font toujours les plus grolfes. Et comme les bran- ches font nourries au contraire par la fcve afcendante , celles du plan inférieur font tou- jours lés plus confidérables. Si donc il naiifoit (i) Phyp. des arb. Liv. IV , Chap. V, Art. I, pjge log, ds la fecoiuL' Partie. 414 CONSIDERATIONS un bourlet au-defTous de Pincifioii ou de la ligature , ce bourlet tendroit à produire des bourgeons, comme le bourlet fupérieur tend a produire des racines. Il nait en effet un bour- let au-delTous de rincifion ; mais il cft conf- tamment plus petit que l'autre. Si l'on entre- tient autour de lui une humidité convenable , il en fortira bientôt de petits bourgeons (i). CCXXXI. Qtie ces deux hourlets font de même nature. Arbres plantés , les racines en enhaut , P ^ 4 424 CONSID F RATIONS Cette plaie a intéreifé tous les cônes com- pris depuis la furfacc extérieure de Pécorce jufqu'au bois : tous ont foufFert à cet endroit une folution de continuité. Les lèvres de la plaie font donc formées d'un affemblage de feuillets d'inégale épailfeur & d'inégale confif- tance. Parmi ces feuillets il en eft qui f^nc encore gélatineux ou herbacés -, tandis que d'autres ont achevé de s'endurcir. Il eft prouvé que ceux-ci ne peuvent contribuer à la réu- nion de la plaie , parce qu'ils font incapables d'extenfion. Ce fera donc fur les autres que la fève travaillera. Nous avons vu que c'eft conftamment celle qui defcend des partie? fupé- rieures de l'arbre pour la nourriture & le dc^ veloppement des racines , qui contribue le plus A la régénération des plaies. Si cette fève éprou- voit par-tout la même réfiftance , elle travaille- roit uniformément fur tous les feuillets qui n'ont pas achevé de fe développer ou de s'en- durcir ; & tel cil; le cas à\m arbre qui n'a point été bîelTé. Mais la réllihnce diminue au- tour des bords d'une plaie : les parties qui réagilfoicnt ont été fupprimées : la fevc def- cendante devra donc fe porter avec plus de facilité aux extrémités des feuillets placés au- tour du bord fupérieur de la plaie : elle devra tendre à les prolonger de haut en bas , & fur SUR LES CORPS ORGANISÉS. 42 f- les côtés. On verra donc fortir entre l'écoree & le bois , de petits feuillets herbacés , que l'on reconnoitra facilement à leur couleur verte , & à la délicatefle de leur tilTu. Le retranche- ment des canaux interceptant le cours de la fève , elle féjournera autour des bords de la plaie ; elle y développera un grand nombre de fibres & de fibrilles qui fe prolongeront en divers fens , & qui formeront le bourlet que j'ai décrit , Art. CCXV. Mille accidens divers menacoient les Etres organifés : l'AuTEUR de la Nature qui les avoit prévus , a préparé de loin des fuurces de répa- ration. Il a conftruit fon Ouvrage fur des rap- ports plus ou moins direds à certains cas pof- fibles. li l'a organifé dans le rapport à la fanté & à la maladie. Un arbre fain contient origi- nairement une multitude de fibres, qui ne font appellées à fe développer que dans certaines circonftances purement accidentelles. Telles font la plupart de celles qui fourniifent à la réumon des plaies de tout genre. CCXXXVII. Comment toutes les fibres s'enâiir^ çijjeht peu à peu , ^ paroijfent revéâr mie autre nature. Ces fibres Ce montrent d'abord fous la forme 42^ C 0 N s î D FRAT I 0 K s d'une gelée : mais rexpérience prouve que ce n'eft là qu'une fimple apparence qui cache une véritable organifation (i). Dans ce premier état les canaux font d'une finelTe extrême : ils n'admettent que les fucs les plus déliés. Une impulfion fecrette les développe (2) : leur ca- libre augmente, & fe proportionne à des partie cules hétérogènes & grofîieres. Il augmente de plus en plus , & admet enfin la terre , fourcc de la plus grande dureté. AinG la prétendue gelée devient herbe , écorce , aubier , bois. Mais l'aliment que l'Etre organifé s'affiniile , ne change point la ftrudure des organes : le Chêne logé dans l'étroite capacité d'un gland , eft efTentiellement ce qu'il fera lorsqu'il portera dans les airs fa tète majeftueufe. L'aliment n'organife rien j mais ce qui étoit auparavant organifé , le reçoit , le prépare , l'arrange , fe Fii-îcurpore (3). Ne dites donc pas, l'écorce fe chau^^e en bois : vous ne feriez pas exaét : vous le ferez (ï vous dites , des couches ligneufes qui n'avolent que la confiftance de l'écorce 5 acquièrent celle du bois (4). [î] Voyez Art. CCXVI. [î] Voyez Art. CLXVÎÎ , & CLXVÎÎL [5] Voyez Art. CLXX. [4] Voyez Art» CCXX. SUR LES CORPS ORGANISÉS 4^7 CCXXXVIII. Germes répandus dans tout le corps de la plante. Preuves de cette dijjemination. Il eft dans les Etres organifés d'autres four- ces de réparation : je veux parler des gerynes deftinés à la production des Touts organiques. Plus on approfondit la nature de Vorganifation^ & plus on fe perfuade que celle de la moindre fibre ne peut être le réfultat du firnple épaifliife- ment des fucs. A plus forte raifon un organe & un fyllème d'organes ne peuvent-ils avoir une pareille origine. Le Poulet met cette vérité dans le jour le plus lumineux : il eft prouvé que toutes fes parties co-exiftent à la fois , & que leur invifibilité ne tient qu'à leur tranfpa- rence & à leur petite (le (i). Une radicule , un bourgeon naiiTans , exiftoient donc très-en petit dans le fujet qui paroît les produire. Ils ne proviennent pas du prolongement des fibres de l'aubier dans lequel ils ont pns leurs pre- miers accroiliemens. Il eft aifé de s'afTurer qu'un bouton renferme une branche en miniature. Ses parties ont des formes , des proportions , des rapports , un arrangement que n'ont point les [i] Voyez les Art. CXLII , III , IV , V, &c. 428 CONSIDFRATIÛNS fibres qui compofent les coiiqhes de l'aubier , & qu'elles ne pourroient acquérir par aucune înéchanique à nous connue. Si la Nature a concentré, pourainfi dire, dans un point, tous les organes du Poulet, pourquoi n'auroit-elle pas de même concentré dans un point, tous les organes d'une plante ? Nous fonimes fondés à l'admettre , puiique nous le voyons à l'œil dans la dllFedion d'un bouton , ou dans celle d'une graine. Nous découvrons les pépins long- temps avant que le bouton s'ouvre (i). Je me borne à rappeller ces faits très>connus , Se j'évite de recourir aux prodiges que les microfcopcs de Leuwenhoeck ont enfanté en ce genre : il eft trop difficile de percer après lui dans cette région de l'infini : on aura plus de confiance aux obfervations moins merveilîeufes des Mal- giGHi 5 des Grew, des Duhamel. On obferve une grande conformité entre la produdion des racines & celle des branches. Les racines doivent leur naiifance à des vnwie^ Ions très -analogues aux houtoiis d'où fortent ks branches (2). Si les racines & les branches étoient ren- Cl] Voyez Art. CLXir. L f2J Voyez Art. CCXXVL ÏEJK LES CORPS ORGANISÉS. 4^9 fermées originairement dans des germes , il faut reconnoître que ces germes font répandus uni- verfellement dans tout le corps de l'arbre. Cette conféquence eft très-légitime , puifqu'il ne s'y trouve aucun point dont il ne puilfe fortir > ou dont on ne puilfe faire fortir des radicules & des bourgeons. Les boutures de feuilles en fourniifent une preuve bien remarquable (i) (2). [i] Voyez Art. CXCV. [2] ft On Ht tldinsV Hi/ioire de V Académie des Sciences de Paris 1754, une obfervation qui prouve bien, que les ger- mes font répandus dans tout le corps de la Plante. Ou fait que les oignons de Scille font recouverts d'ecailles. Un de ces oignons qui fe gâtoit, ayant été dépecé, on en jetta les écailles dans une armoire placée derrière ua four de Boulanger, elles s'y conferverent tout l'Hiver, & au Prin- temps fuivant, elles donnèrent fur leur furface intérieure, quantité de bulbes & oignons, qui ayant été mis en terre pouffèrent & produifirent leur Plante. Voilà donc des écaille? qu'on ne regarde que comme la fimple enveloppe d'un oi- gnon , qui contienneiit de véritables germes deftinés à h mul- tiplication de la Plante. C'eft donc avec raifon que l'Hifto- ricn de T Académie ajoute j // s'en faut bien qu'on connoijf: encore en ce point j toutes les richejfes de h JSfuture. 450 CONSIDERATIONS CCXXXIX. Comment certaines cir-conftances fa^ vorifent Nruption des germes. Tous ces germes ne parviennent pas natti- rellement à fe développer. Il en efl: un grand nombre qui ne fe déveioppent qu'à l'aide de circonftances purement accidentelles , pour lef- quelles ils paroiifent avoir été mis en réferve. Si les germes éclofent plus ordinairement dans les bourlets naturels ou artijtci-els , c'eft que la fève y éprouve des retards qui don- nent lieu à un travail & à des préparations favorables à l'éruption des germes. Les plis & les replis que les vailfeaux foulîrent dans ces tumeurs , produifent fur la fève les mêmes effets eifentiels qu'y produilént les contourne- mens des vaiifeaux déférens des fruits. Les in- cifions & les ligatures interceptent le cours de la fève , & le détournent au profit des germes & des vaifleaux qui leur correfpon- dent. Les canaux devenus plus ou moins tor- tueux , rallentiifent plus ou moins le mouve- ment de la fève , & l'on a mille preuves que ce ralentilfement eft très-avantageux à la fruc-- tijîcation. SVR LES CORPS ORGAÎTISÉS. 451 CCXL. Comment une bouture , une fimph feuille i Êf ^- peuvent faire par elles - nmnes des produ&ions. Les organes elTentiels à la vie font répan- dus dans tout le corps de la plante , & juf- ques dans fes moindres parties. On retrouve dans une limple feuille , tous les vaiileaux & tous les vifceres propres au végétal , des fhres ligneufes , des trachées , des vafes propres , des utricîdes. La feuille a donc en elle-même tout ce qui eft nécelîliire à la vie végétale. Elle peut donc continuer à végéter féparée de fon fujet , pouffer des racines & devenir une bouture. C'eft ainfi que les boutures ordinaires , les greffes , les écujfons , peuvent faire par eux- mêmes de nouvelles produclions. Ils font pour- vus d'organes qui recoivert, préparent, digè- rent les fucs qu'ils pompent au-dehors [i], [i] If A Toccafion des expériences de M. Spallanzan£ fur la régénération de la tête du Limaç^m & des membres de la Salamandre, j'ai tâché d'approfondir davanta^^e la doc- trine des germes 5 & j'ai expole mes nouvelles méditations fur ce fujet , dans la Partie X de la Falingénéjie. 43^ CONSID F RATIONS CCXLI. Explication dss greffes. Une greffe efl: une forte de bouture plantée dans un tronc vivant. Elle n'y pouife pas de véritables racines j mais elle poufle des vaif- féaux qui en exercent les fondions les plus effentielles. Ils s'armjiomofent ou s'unilfent à ceux qui partent du fin et: : ils ne s'abouchent pas bout à bout : la dineclion des greffes mon- tre que les uns & les autres changent de direc- tion j qu'ils fe replient en divers fens : ils s'u- iiiffent donc par différens points [i]. Cette union eft d'autant plus durable qu'elle efl: plus parfaite j & elle efl: d'autant plus par- faite , qu'il y a plus d\malogie entre le fujet & la greffe. Cette analogie conrifl:e principale- ment dans le rapport de Porganifation & des liqueurs. La greffe doit devenir une branche naturelle du fujet 5 ainfi plus elle aura de rap- ports avec les branches naturelles , & plus elle aura de difpoiition à s'unir avec lui. Les rap- ports qui fe rencontrent dans l'organifîtion & dans les liqueurs , déterminent le temps où le fujet & la greffe entrent en fcve , & la quan- [î] Fhyifique des arbres, Liv. IV, Chap. IV, Art. VIII, féconde Partie , pag. 9j , <î5. tité SUR LES CORPS ORGANISÉS. 433 tité de liquide que l'un & l'autre doivent tirer pour leur entretien & pour leur accroiliement. Je ne citerai ici qu'un exemple. Si l'on greffe VAmaudm- fur le Prunier, la greffe ne fLibfir- tera que j>eu d'années. D'abord elle grcinra beaucoup : il fe formera à fon bout inférieur \n\ bourlet conlidérable. Le fujet diminuera au contraire de groileur , & cette diminution s'accroîtra à mefure que la greffe pouffera davantage. Elle l'affamera enfin , & ils périront tous deux. L'Amandier plus vigoureux & plus hâtif que le Prunier , lui demande trop & trop tôt. On obfervera le contraire dans la greffe du Prunier fur l'Amandier, & cette ob- fervation achevé de démontrer l'importance de V analogie [i]. Il faut partir de ces principes pour juger âx s grefîes extraordinaires ou monft;*u£ufes , il vantées par des Auteurs peu Phyfijiens. Les iraes meurent fans avoir fait aucune produc- tion : les autres femblent d'abord iéuffir & périffent enilute. Une diffeClion délicite de celles-ci indique qu'elles avoient dû leurs foi- blcs progrès à quelques fibres, qiii s'étoienc [i] IhiL Art. VII. Tome V. E c 434 CONSIDERATIONS développées , & qui avoient tiré aflez de fève poui: fournir à de petites productions [i]. Ce que îe terrein eft à la bouture , le fujet Teft à la greffe. Et comme le terrein ne change point Vefpece des boutures j le fujet ne change point non plus ïefpece des grefles. Ainii que différentes plantes croiilent fur le même ter- rein , différentes greffes croiffent fur le même fujet. Cela réfulte de la propriété qu'ont les Corps organifés de s'ajjimiler les matières ali- mentaires. Nous ignorons encore la raéchani- que de cette ajjimilation : mais nous fa von s qu'elle ne dépend pas d'une imprégnation ori- ginelle [2]. Elle dépendroit bien plutôt de la 7îatnre des élémens des fibres & des vaiffeaux , & du diamètre de leur calibre. De la première de ces chofes réfulteroit l'^,^;/zVe & une forte d'attradion entre les élémens analogues [3]. De la féconde réfulteroit radmiifion des molé- cules proportionnelles , &c. QuoiQJJ^L en foit , il eft très -certain que les organes appropriés aux fécrétions , font ré- [1] Ihiil. p:ig. 88 > 89- [2] Voj^cz ci-dcfTus , Art. CXLVÎL [?] Confiiltez le C1r,p. Vf. EUR LES CORPS ORGANISÉS. 43$ pandus dans tout le corps de l'arbre , & juf- ques'dans le pédicule des fruits. Un citron gros comme un pois , greffé par fon pédicule fur un Oranger , y prend tout fon accroiiiement , & y conlerve tous les caracT;eres propres au citron [i]. Mais il eft des fubftances fi étroitement iiées aux matières que l'Etre organilé s'aili- mile , qu'elles n'en peuvent être féparées. De là le goût de terroir. J'ai parfumé des fe ut lies & des fleurs en plongeant le bout inférieur des tiges dans des liqueurs odoriférantes [2]. On parfume d'une manière analogue les vo- lailles [ 3 J. On colore les os ; & les végé- taux admettent pareillement les injections co- lorées. J'ÉVITE d'entrer ici dans un plus grand détail fur les fécrétions végétales^ qui ne nous font pas mieux connues que les fécrétions ani^ maies. Je renvoie fur ce fujet ténébreux à l'excellent Ouvrage de M. Duhamel , où j'ai [i] Phyjqne des arbres, féconde Partie, pag. 97, 208. [2] Recherches fur lufcige des fcuilhs , Art. XIV, LXXXV, LXXXVi. [5] A)t de faire éclorre les Ponlets ^ V. Ee a 416 CONSIDERATIONS puifé tant de faits également certains & inté- relîans. On peut confulter en particulier FAr- ticle qui a pour titre : Si toutes les plantes de différentes efpeces fe noiirrijfent d'un niéme fuc tiré de la terre [l]. [i] Phyf. des arbres, Uv. V , Chap. I, Art. IV, féconde Partie, pag. 207 & fuiv. F IN du cinquième Volume, 437 DES CHAPITRES ET ARTICLES Contenus en ce cinquième Volume, Second Supplément kirx Recherches fur Tufage des feuilles , &c. SvR I, U^ U R Irt 7'cfée. Précis des expériences de M. du F/ Y , ^ de la théorie de M. le Roi, Page- I II. Ohfervations de r Auteur fur la flru&ure dès feuilles. Idée de celles de M. de SAUSSURE. Divers rapports de ces ohfervations avec Pu~ fage des feuilles. 7 lîl. Nouvelles expériences pour prouver , que la furfîce inférieure des feuilles des arbres ne fauroit réffier à l'action continuée du foleil , comme la furface oppofée. Altération fin^jiUeye que ^ le coton imbibé d'eau produit dans Us branches ^ dans les feuilles. 24 TV. Sur la chaleur dire^e du foleil en Eté ^ comparée à celle qu''on éprouve à l'ombre. Ex- E c 3 438 TABLE. fériences de M. Bon , & celles de PAuteitr, 34 V. Feuille de Chicorée qui ojfroit une mon{^ truofité remarquable. 43 Vï. Continuation des expériences fur l'étiole- nient. Branches de Vigne & de Cerifier qui avoient cru dans des tubes de fer blanc. Haricots qui végét oient fous Peau fans y don^ ner aucun figne d" étiolent ent. Expériences de M. MÉÉSE /z/r le même fujet, 4.6 Explication des Figures, . 6^ TABLE. 439 Considérations Sur les Corps organifés. RÈFACiE, ^ Page 69 Chapitre Premier. Des germes , principes des Corps orgcmifés. I. Fondement de l^exijïence des germes. 83 II. Deux hypothefes fur les germes. ibid. m. Première hypothefe , r emboîtement. 84 IV". Seconde hypothefe^ la dijjemination. 8 S Chapitre II. De l'accroiffement des Corps organifés en général. V. Difficulté du fujet. ^6 VI. Principes fur faccroiffement, La Nature ne va point par fauts. 8? VIL Gradations univerfelles, 8 8 E e 4 44© T A B L E. VIII. Développ^piens, ' , g g IX. La nutrition , caiife du développement. 89 X. Alimens, ibid. XI. Leur préparation, ibid. XII. Trois opérations des vaijfeaiix. ibid. XIIL Compojition des vaijjeaux. 90 XI V^. Idées fur la dijh'ihution ^ fur Paffiînila- tion des fîtes nourriciers. ibid. XV. Limites de Paccroijfement. ^Z Chapitre III. De la gé'neratmi des Corps organifés. Des Monftres cff dei Mulets en général Trincipes & conjedltires fur leur formation, XVI. Introdu&iojt. 92 XVII. La génération efl un myftere qu'ion dé- couvrira peut-être un jour. 93 XA'IIL Deux hypothefes fur le heu de Pembrion. i*"^ Qiii admet des œufs ou des graijies pro^ ïifques. 94 XIX. a'^^. Qjà place Pembrion dans la liqueur féminale, ibid. XX. Animaux fpermatiques. ibid. XXL Syftérdcs auxquels ces animaux ont donné nailfancc. 9 S TABLE. 441 XXII. Application qu'on a faite d'un de ces fyflémes à la génération des plantes. ^6 XXIII. Doutes & difficultés fur le fyjlé^ne des animaux fpennatiques. 97 XXIV". Réflexions fur les nou-jelles conjectures qu'on peut iuui^ijier pour expliquer la géné- ration, .98 XXV. Principe fondamental fur la génération, 99 XXVI. Qiie la génération "n'efi qu'un fimple dé- veloppemejit de ce qui exifioit auparavant en petit. 100 XXVIÏ. Qtte ce développement s'opère par la nutrition, ibid. XXVIÏI. Qiiejiioîi fur ce fuje^ : la liqueur fémi- nale ne feroit-eJls point le fuc nourricier def- tiné h ^procurer les premiers développew.en^ du germe ? lOt XXIX. Application de cette idtée aux principaux phénomènes de la génération. ibid. XXZ^. Des Aïoyîfres. loz XXXL Qitatre genres de Monftres. ibid. XXXII. Des Mulets. J03 XXXIII. Qjieftions qu'ojfrent les principaux phé- nomènes de la génération , dans Phypothefe de l'AuJeiir, ibid. XXXIV. Tentatives pour réfoudre quelque s -uns s de ces queftions, J04 ^XXV. (hielle eft la véritable idée qu'on doit 44^ TABLE.. fe faire an germe. 106* XXXVI. Conséquence de cette idée. 107 XXXVII. Autre conféquence qui fe tire de la variété des parties du corps animal , relative- ment h leurs proportions & à leur degré de conffiance. ibid. XXXVI ÏI. Rapports de la liqueur féminale à ces variétés. 108 XXXIX. Suppofîtions de V Auteur touchant la liqueur féminale , pour effayer d'expliquer la génération. ibid. XL. Effai d'explication du Mulet , conformément aux principes de f Auteur , ^ expofition abrégée de fon hypothefe. 109 XLÎ. Obje&ions & réponfes. no XLÏI. Importance des expériences fur les Mulets pour éclaircir le myjiere de la génération. Réflexions fur ce fuj et. Iir XLIII. Principe de la circulatioii dans le germe , fuivant Phypothefe de f Auteur. 1 1 3 XLIV. Manière dont l'Auteur envifage fon hy- pothefe y qu'il ne la regarde que comme un Roman. 114 XLV. Réflexions favorables à cette hypothefe. , ibid. TABLE. 445 Chapitre IV. De la multiplication de bouture Ê? de celle par rejettons. XLVI. Faits principaux qui s'ojfrent ici à Pexci" men du Phyficien. 1 1 f XLVII. Premier- fait : la confervation de la vie dmis chaque portion. Explication. ibid. XLVIII. Second fait î la confoli dation de la plaie & les premiers accroiffemens. Explication.. I17 XLÎX. Troîfieme fait : la produ^lion d'une nouvelle tête '^ d'unj nouvelle queue. Explication, ibid, L. Dificulté qui réfulte de Pe-plication précé- dente, 119 Ll. Képonfe à la dificidté. I20 LU. Conje&ures fur la manière dont les germes font dijiribués dans les Vers qu'on -multiplie de bouture , ^ fur celle dont ils parviennent à j'jy développer. 121 Lin. Exemple tiré des plantes ^ de leurs hou^ tures. 12Z lAV. Qr.iatrieme fait extraordinaire : Vers qui pouffent une queue au lieu d'une tète. Diffi- culté d'expliquer ce fait. 123^ L^^. Dijférence entre la multiplication de bou- ture des Vers & celle des plantes. 124 LVI. Multiplication du Polype par rejettons, Ex^ 444 TABLE. plication. Quefiion'fur ce fujet. Réponfe. 125' LVII. Obje&ion contre le fyjiéme des germes , tirée de leur prodigieufe petitejje ^ de la rapidité de leur accroiJJenie?it. Réponfe. 126 LVIîL De la confervation des germes ^ manière de la concevoir. 128 Chapitre V. Nouvelles réflexions fur les germes ê? fur léconomie organique. LIX. Introdu&ion. But de l'Auteur. I29 LX. Première quejlion ; pourquoi certains gerraes ont-ils befoin de la liqueur que fournit le 7n^ue pour fe développer f* Réponfe. 130 LXI. Seconde quefiion : comment le germe conti- mte-t'il à croître après que la liqueur féminals a cejfé d'agir ? Réponfe. ibid. LXII. Troifeme quejlion : pourquoi les germes qui s'introduifent dans les mâles., ne s'y dévelop- pent-ils point > Réponfe. . 131 LXIII. Qiiatrieme quejiion : pourquoi parmi tant de germes qui s'introduifent dans les femelles , n'y en a-t-il que deux ou trois qui parviens nent à fe développer ? Réponfe. i^Z ■LXIV. De ce qui peuJ arriver dans des germes dont les premiers dévshppe:nsns ont été arrêr T A B L E. 44Ç tés : il efl pqjjîble qu'ils reviennent à leur premier état. 133 LXV. Cinquième qiieftion : les germes dhine méim efpece font-ils tous identiques , ou ejî-il entre eux des dijférences individuelles f" Réponfe. 134 LX\^I. Réflexions fur la reffemhlance des enfans Cl lexirs par eus. 135" LXVII. Sixième queftion : pourquoi les Mulets 7i^engendrentMs point ? Réponfe. 13 e' LXVIII. Septième qu.efiion : les germes qui dans- les plantes , donnent naiffance aux branches 5 produifent-ils encore la plantule logée dans h graine ? Réponfe, 137 LXIX. Huitième queftion : comment fe forme une nouvelle écorce , une nouvelle peau r' Ré- ponfe. 13g LXX. Neuvième queftion : fi les mues ^ les 7nétamorpbofes des Infeclss , la produ&ion des dents , la reprodu&ion des pattes de l'Ecre- "oijfe 5 prouvent qiCil eft des germes appropriés à dijf ér ente s parties f' Réponfe. 139 LXXI. Dixième queftion : un germe d'une efpece donnée peut-il fe développer dans un Tout orga- nifé ^ d'une efpece différente t Réponfe. 141 LXXIL Réflexions pir l'origine des Vers du corps humain. 14Z LXXI IL Onzième queftion : comment fe fait la multiplication fans accouplement ? Réponfe. ît[6 44<^ TABLE. LXXîV. Réflexion fur Pacconpiement. 147 LXXV. ConjeBîires fur la raifort rnétaphyfique de r accouplement, ibid. Chapitre VL De la nutrition , confidcrêc relativement à la génération, ConjeBure fur la formation de la liqueur fhninale. LXXVI. Deffein de ce Chapitre. 149 LXXVIL De la nutrition en particulier , ^ des matières alimentaires. ibid. LXXVIIl. Différence entre les matières alimen- taires des plantes & celle des animaux , ^ dans la manière dont les unes ^ les autres reçoivent la nourriture. 151 LXXIX. Idée de la méchanique de la nutrition. Principes fur ce fujet. 153 LXXX. Des élémens ^ de leurs comhinaifons. i\^ LXXXI. Deux genres dJéie^nens. I5<^ LXXXÏI. De la tendance des élémens a s'unir. Réflexions fur rattraaion Neivtonienne. i 57 LXXXIII. îdéss fur la manière dont les élémens entrent dans la compofition des Touts organi- qiies, ... 1^0 TABLE. . 447 LXXXIV. Trmcipes fur la méchanlqtie de Pajji' milation. l6l LXXXV. Des fécrétions en généra!, lùZ LXXXVL Conje&iire fur la manière dont les atomes nourriciers s^unijfent au Tout orga-» nique. 1 6*4 LXXXVII. Deux réfultats principaux de la nutrition ^ r entretien des parties @* leur ac- croijfeîuent en tout fens. 1 66 LXXXVIII. De la difpofition originelle des fibres à s"" étendre en tout fens. Raifon de cette dif- pofition. ibid. LXXXIX. Raifons de la folidité qiCacquiéreytû les parties après qu'elles ont pris tout leur accroijfement , ^ des caufes naturelles de la mort. 1 6j XC. Ejfai d'' application des principes précédens au développement du germe. 1^9 'XCI. Soupçon de P Auteur fur la flruBure des organes de la génération & fur la formation de la liqueur féminale, Conféquences naturelles de ce foupçon, 170 XCII. Réflexions fur Popinion qui. admet , que la liqueur féminale eft un extrait du Tout orga^ nifé. Manière de le concevoir. IJZ JXCIII. Pourquoi les enfans nengendreyit pas ? ibid, XCIV. Remarque fur la dijfémination. Ï73 448 TABLE, Chapitre VIL Ohfervations microfcopiqiies fur les liqneuri fémmales & fur les infujions de différeides efpeces. Nouveau fyfième fur la génération. XCV. Occafion e? d?fein de ce Chapitre. 174 XCVL Frécis des ohfervatmis de M. de BuFFONo Première expérience fur le fperme hianain. 1 7 5" XCVIL Seconde expérience fur le fperme hu- main. ' 177 XCVIIL Troifieme expérience : fur le fperme du Chien. '178 XCIX. Qtiatrieme expérience : fur le fperme du chien. ibid. C, Cinquième expérience : fur le fperme du Lapin. 179 Cî. Sixième expérience : fur le fperme du Lapin. 180 CIL Septième expérience : fur le fperme du Bé- lier. 181 CIIL Huitième expérience : fur le fperme d^s femelles. ibid. CIV. Neuvième expérience : fur le méhuige des deux fpermes. 1 82 CV. Dixième expérience : fur les tefnctdes de la Vache. ibid; CVL TABLE. 44.9 CVF. Onzième expérience -.fur le même ftijet. l83 CVIL Douzième expérience : fur Peau d'Huître ^ fur la gelée de Veau, ibid, CVIII. Treizième expérience : fur les inftifiom des graines de l'OeiRet cf? du Poivre. 184 CIX. Qiiatorzieme expérience : fur une diffolution d'une poudre pierreufe par Peau forte. ig^ ex. Qiiin?Jeme expérience : fur les laites des Foijjons , Ê? en particulier , fur celles du Cal- mar, ibid. CXL Réflexions fur la beauté de ces fortes uo!?^ fervations microfcopiqties. 187 CXII. Précis du nouveau fyftème. Molécules or- ganiques communes au végétal çff a Panim^L 188 CXIII. Qiie le furplus des molécules organiques efl: renvoyé à un dépôt coînmun. Oiiel efl ce dépôt. 189 CXIV. Liqueur féminale. Moule intérieur. Glo- bides mouvans. i^O CXV. Origine des Vers du corps humain , dans le nouveau fyfième. i (j i CXV'I. Végétations filamenteufes. ibid. CXVII. De la nutrition , du développeynent ^ de la reprodu&ion^ dans le nouveau jyjieme. I^z CXVIIL' Source deç principaux phénomènes de la génération , dans le nouveau Jyjiéme. Origine du fœtus. 1^4 Tome V. " F f 4TO TABLE. CXIX. Tour quoi les petits animaux font fhis féconds que les grands , les Poiffons à écailles , flus que les animaux couverts de poils, 19^ CXX. Remarques fur ce précis du fyjîè'me de AI. de BUFFON. I96 CXXI. Conféquences générales de ce fyjléme. I97 Chapitre VIII. Examen du nouveau fyfième ; comparaifon de ce fyjîème avec celui des germes. CXX IL Principales four ces des ohje&ions qu'on peut former contre le fyjiême des moléctdes organiques. J 99 CXXIII. Comparaifon abrégée du nouveau fyf- téme avec celui des Anciens & celui des Na^ tures plafticjues. 20I CXXIV. Obje&ions contre le fyjiême des mole- cules organiques. 20Z CXXV. Réfutation des cOfféquences que les par- tifans de /'Epigéncfe tirent des ohfervations de Malpighi fur le Poulet ^ ^de celles de Harvey fur les Biches. 203 CXXVI. Que le nouveau fyftéme efi ingénieux y mais moins probable que celui des germes, ibid. CXXVII. Remarques fur Pe^nboitement : manière de juger de fa pojjlbilité, 304 TABLE, 4SI CXXVIII. Tonts organifés confidérés dans Phy^ pothefe de /'emboîtement. 206 CXXIX. Tonts organifes confidérés dans Phypo- thefe de la diiieminatioii. 207 CXXX. Reehercbes jnr la natilre des globules niouvans. lîlufions '^ erreurs à craindre dans les ohfervations fur de ferahlahles corps. Vicif- fitudes des opinions humaines ^ ejforts de la raifon ^ [es écarts. 2lo CXXXI. Vue du monde phyfique ^ dans la fup^ pofition que les globules mouvans font de vé- ritables aniusaux. 2 1 Ç CXXXII. Conje&ures çf? réfiexions fur la nature de ces aiiimalcules. Remarques fur nos idées d'économie aiiimale. 217 CXXXIII. Les animalcules des liqueurs , ^c, comparés aux Polypes. 219 CXXXI V^- Ce que Pon peut hnagiîier que de- viennent les animalcules du fpei'Me , après qiCil a été repompé. 22 1 CXXXV. T)e ce que Pon doit perifer de PapPa-^ rition des animalcules dans des matières qui ont bouilli. Note importante , ou extraits de Lettres de Àf. de ReaUxMUR , qui prouvent que les globules mouvans font de vrais ani- maux. 223 C XXXVI. Explication du Mulet dans Phy po- thefe de P Auteur , en fuppofant que le germe Ff 2 4^2 TABLÉ. efi fourni par le mule. 22 5^ CXXXVII. Invitation à faire de nouvelles expé^ rknces fur les Mulets pour éclaircir la rna^ tiere de la génération. 228 CXXXVIII. Remarque fur les effets de Pac^ coupkment entre des ijidividus d'efpeces fort éloignées. 229 CXXXIX. Qjie le nombre des efpeces peut s'être accru par des conjonclions fortuites. 230 CXL. Réflexions fur la grandeur des objets que nous offre la matière de la génération, %^l Chapitre IX. Nouvelles découvertes fur la formation du Poulet dans l'œuf. Conféquences de ces découvertes. Coniparaifon des expériences de Harvey fur la généra- tion des Biches , avec celles fur la forma- tion du Poulet. CXLI. JntroduBion. Découvertes de M. de Haller ///r le Poulet. 233 CXLII. Premier fait fur le Poulet , qui dé- montre que le germe appartient uniquement à la femelle. Conféquence qu'on peut en tirer à regard des graines, 24^ TABLE. 4^5 ex LUI. Second fait: état de fluidité des par- ties de Vembrion lorfqu'il commence à fe déve- Iop.per. Nouvelle preuve de Pexiflence des ef- prits animaux. Comment toutes les parties ac^ quiérent peu à peu de la conjiflance. Confor- mité avec le végétal, 247 CXLIV. Troifieme fait : par quelles caufes ^ dans quel ordre toutes les parties de l'embrion deviennent vifibles , d'invifihles qu'elles étoiené auparavant. Obfervation fur fceiif de la Ere-, bis. 248 CXLV. Qiiatrieme fait : imifance des couleurs '^ des faveurs. Remarque fur un paffage de M. de Haller, fur la caufe des couleurs dans les végétaux, 2^0 CXLVL Cinquième fait : que les parties de Pem~ brion revêtent fuccefflvement de nouvelles for- mes gff de nouvelles pofitions , qui aident avec l'opacité à les faire recomioitre. Ordre de ces changemens Ç^ leurs caufes mechaniques. Qiie le Poulet eft originairement uyi animal à deux corps , ^ comment. 2^1 CXLVIL Sixième fait : que les vif c ère s encore fluides s'acquittent déjà de leurs fon&ions. Ob- fervation fur la manière dont les fécrétions s'opèrent. 253 CXLVIIL Conféquence importante de ces faits fur la première origine du germe, 2^4 F f 3 454 TABLE. CXLIX. Qiis les ovaires des vivipares contieji- 7îent de véritables œufs, Notroelle preuve tirée du Puceron -vivipare dans un teîups , ^ ovi- pare dans 7m autre. 25 5* CL. Kejfemhlances ^ dijfemblances des vivipa- res ^ des ovipares. Analogies dît végétal & de P animal, 2 S ^ CLL Que la graine & fieuf ^ le bouton £=? la véfiaile renferment originairement un emhrion que fa petitejfe Çf? fa tranfparence rendent invifible. Pajfage de M. de Haller qui achevé de le démontrer. 2^7 CLIL Faujfeté de P opinion qui veut que le germe réfide originaireînent dans la liqueur que fonr^ nït le maie. 259 CLIÎL Combien la découverte de M. de Halle R peut contribuer à répandre de jour fur le inyjlere de la génération. Sagacité qu'elle prouve dans fou Auteur. Art de voir. 260 CLÎV. Récapitulation des faits fur le Poulet , Cff remarques fur ces faits. Qiie Pétat de flui- dité }i'efi qiCime apparence. ibid. ÇLV. Réfiexioîis fur Pefprit de fyflême. Comment M. de Haller eft revenu de /'épigonefe à févoliîtion. 262 CLVL Réfiiltats généraux des obfervations de Aï. de Haller fiir le Poulet, 266 ÇLVIL Parallèle as ces ohfervations avec celles TABLE. 45^ de HarvEY fur la génération des Biches^ ex- pofées par /'Auteur de la Vénus phyfique. ibid. CLVIII. Ohfervation de P Auteur fur le point vivant. Suite du parallèle, 271 Chapitre X. Remarques fur les métamorphofes , fur té- volution êff fur /'accroiliement. CLIX. Uniformité dans la manière dont les qua- drupèdes ^ les oifeaux Je développent. Chan-- gemens du Poulet cmnparés aux métamorphofes des Inje&es. 277 CLX. Appiirences trompeufes dans les métamor- phofes des Infe^ïes. Réjexions fur ce fujet. Le Papillon exijioit déjà dans la Chenille , ^ comment. 28 1 CLXÏ. Conféqiience fur la préexijlence originelle du Papillon. La Chenille comparée a un œuf. 283 CL A II. Faits qui prouvent que les végétaux fuivent , comme les animaux , la loi de Nvo- lution. ibid. CLXIIL Qîie l'impulfion du ■ cœur eji la princi^ pale puijjance qui opère le développement dans l'animal. Remarques fur les changemens de couleur du fang '^ fur Pofification. 285" CLXIV. Exemple remarquable de révolution dans Fi' 4 4S6 TABLE. la membrane ombilicaic dti Fottîet. 2§7 CLXV, Solides de tembrion repliés originaire- ment fur etix " mêmes : eoçemple pis des jaîn- hes êf? des ailes du Papillon. 288 CLXVI. De raugmentation de jnajfe des folides par rincorporation des matières alimentaires. Injections colorées propres k répandre du jour fur cette incorporation. 289 CLXVII. De la tranjpiration infenfihle qui fe fait tandis que fembrion je développe. Idée des moyens d^ihréger ou de prolonger à volonté la vie de Pembrioîi. Du principe vital dans P ani- mal. Çonféquences, 2^i CLXVIII. Recherches fur la puifflnice qui opère le développement dans le végétal. Expériences de P Auteur fur la vitejfe du rnouvement de la jeve ^ jtir les inje&ions colorées. 294 CLXIX. Efets généraux de la puiffance vitale dans les plantes. Expofition abrégée de la ma^ niere dont les arbres croiffent. Farallele de cet accroiffement avec celui des os. 297 CLXX, Elémens de la théorie de P Auteur fur la Vjéchanique de P accroiffement. 300 TABLE. 4T7 Chapitre XL Qite les obfervations ftir la formation du Foîdet achèvent de détruire le fyjième des molécules organiques. Faits qui concernent les graines ^ les bou- tons , ainfi que les greffes 6f les boutures , foit végétales , foit animales , & la midti- plication par rejetions , & celle par dm- fion naturelle. CLXXÏ. Qtie tous les faits expofés dans les Chapitres présédens , étahlijfent /'évolution comme tnie loi de la Nature, 303 CLXXIL-Xi^i'?/ n'ejl donc point de véritable gé- nération dans la Nature. 3^4 CLXXIIL Oppojltion des découvertes fur le Poulet avec les fyjtémes qui les avaient précédés. 3 G 5' CLXXIV. Réfexioiis fur les Anciens à P-occafon de leur opinion fur le mélange des deux fem en- ces. De quelques opinions modernes peu philo- fophiques fur P origine des Etres organifés. 305 CLXXV. Remarques fur Pexpojîtion que P Auteur a donnée du fyftéme de M. de BuFFON , ^ fur un pajfage de la Vénus phyfique. 308 CLXXVI. Que les obfervations de Aï. de Reau- i\ÏUîi fur les globules mouvans trouvent leur 4f8 TABLE. véritable origine ^ la fatijjeté des opinions contrtvres. 3 1 o CLXXVII. Qiie les découvertes de M. de Hal- LER fur le Poulet détruifent de fond en com- ble Ndifice élevé par M. de BuFFON , £^ comment. 312 CLXXVIII. Réfutation dufentiment de M. NÉÉD- HAM , fur r origine du germe dans la graine , ^ fur la manière dont celle-ci efl fécondée. 313 CLXXIX. (^ue la découverte fur l'origine du Poulet conduit par analogie à celle de tous les Etres organifés. 317 CLXXX. Grime des branches dans les arbres. Les boutons. ibid. CLXXXÏ. Origine de la Plantule. La graine. Com^ paraifon de la graine avec Vœuf Différence de la graine ^ du bouton. La bouture. 318 CLXXXIL Expériejice curieufe pour découvrir hfage des lobes dans la graine. 3 ^ 9 CLXXXÏII. La greli'e. Idée de la rnanîere dont elle s'émut avec le fujet. Expérience contraire à l'opinion qui admet ici une efpece de filtre pour féparer les fucs. 320 CLXXXIV. Greffes naturelles , fources de di- verfes monftruoftés. 321 CLXXXV. Poiypes multipliant par rejettons , & comment. 3^2 CLXXX VI. Rejettons des végétaux. Multiplie a- TABLE. 459 tioH de Ici Lentille aquatique par rejettons qui imite celle des Polypes, 323 CLXXXVIL Polypes chargés à la fois de pln- fieiirs générations de Polypes. ibid, CLXXXVIIL Polypes à fourreaux. Origine de Linéiques proâii&ions marines qui ont été prifes pour des plantes. 3^4 CLXXXLK. Polypes multipliant de bouture par la Je&ion , ^ comment, 3^5 CXC. Hydres produites par la fe&ion. 326" CXCL Polypes hachés , & ce qui en réfulte. Comment fe forme le nouvel eftomac dans les plus petits fragmens. 3^7 CXCIL Expériences de r Auteur fur des Vers aquatiques qui multiplient com.me les Polypes , de bouture. Idée de Porganifation de ces Vers. Régularité de la circulation du fang jufques dans les moindres portions. Echelles des accroif- femens des parties coupées. Ver qui repouffe fucceflvement douze tètes. 5^8 CXCIIL ^le les Vers de terre multiplient aujjl de bouture. 3 3 î CXCIV. Qiie la même propriété a été décoircerte depuis , dayis d'autres efpeces d'animaux. "^^Z CXCV. Qiie cette prop'iété n'efi pas moins éten- due dans le végétal que dans l'animal. Prev.ves ; les boutures de feuilles ., &c. 334 CXCVL Qnife fmak de cette propriété dans les hfe3es. 33 > 4^o TABLE. CXCVIL Polypes ^ Anguilles qui multiplient naturellement de bouture. 33 f CXCVIII. Millepié qui multiplie aujjl de lui- même par bouture^ ^ comment. 337 CXCÏX. Multiplication des Polypes a bouquet par divifion naturelle. ibid. ce. Multiplication des Polypes en entonnoir par divifion natUi-ellei 339 CCI. Afidtiplication par divifion naturelle de cer- tains Polypes à bouquet , furfiommés Polypes à bulbes. 341 CCII. Polypes greffés. 344 CCIIÎ. Autre exemple de greffes animales. La greffe de l'ergot du Coq fur la crête. 348 CCIV. Réfutation de f opinion finguUere de Val- LiSNiERî , fur la formation du Taenia ou Solitaire, 349 CCV. Polypes retournés ^ déretournés. Phéno- mènes remarquables qui fuivent les déretour- nemens incomplets. 3^4 CCVI. Promptitude des reproduciions dans les Polypes. 3 59 CCV IL Réflexion fur la belle hifioire des Polypes de M. Trembley , ^ fur un paffage de Phif- toire de P Académie de Pruffe. 360 t A B L E. 461 Chapitre XII. Réflexions fur la découverte des Polypes j/z/r /'échelle des Etres îiatttrels & fur les règles prétendues générales, Expojitlon abré^ gée de divers faits conceritant les végé- taux , ^ à cette occajïon , de /'analogie des arbres & des os, Effai d'explication de ces faits. ce VIII. Qîie nous fommes mieux placés pour ex-* pliqiier Iss merveilles des Polypes , qji'on ne l'étoit au temps de leur découverte. Réflexion fur les caufçs qui ont retardé cette découverte. 3^4 CCIX. Qtie le Polype met en évidence la grada- tion qui efl entre toutes les parties de la Na- ture. Extrait d'une Lettre de Leibnitz , qui prouve qu'il avoit foupçonné Pexiflence de cet Infe&e. Réflexions fur /'échelle des Etres na-, tuxds publiée ^ par l'Auteur. 367 CCX. Ohfervations fur le fentiment de M. BoUR-- GUET ^ de quelques autres Auteurs , tou- chant la prétendue organifation des fels , des çryflaux , des pierres. Qite nous ignorons le pciffage du foffile au végétal.. 371 CCXI. Ohfervations fur l'opinion de M. de MaU- ?ERTUI$ ; touchant la prétendue réalité des 46z TABLE, interruptions dans Ncheîle des Etres natitreîs. Réflexions fur les progrès de Pefprlt hwnain dans les recherches phyfiques. 37^ CCXII. Lumières que les Polypes peuvent répan- dre fur divers points de Fhyfiùlogie. 37g CCXîIL Qîte les Polypes nous enfeignent à nous défier des règles générales. Réflexions fur fufage ^ fur Pabus de /'analogie. 379 CCXIV. Introdu&ion à tejTai d'explication des reprodu&ions végétales & animales. 381 CCXV. Des plaies des arbres , ^ de ce qui fe paffe dans leur confoli dation. 38Z CCXVI. Loix de la confolidation des plaies vé^ gétales. Réfultats généraux. 384 CCXVII. Expérience qui conftate la produ&ion d'un nouveau bois. 38V CCXVIII. Que le bois parfait eft incapable de faire de nouvelles produ&ions. Ordre & progrès de Pendurciffement dans les différentes couches. 38<^ CCXIX. L'aubier 5 /à nature 'iS fe s fonctions. 387 CCXX. Différences cara&érijtiques entre la ftruc- ture du bois ^ celle de Pécorce. QiCil n'ejl point de véritable converfioii de -Pécorce en bois. Raiforts de cette ajjertion. Solution d'une difficulté de M. DuHAMEL. 388 CCXXl. Analogie entre la formation dtu bois ^^ celle des os , dcnis les idées de M. DuHAMEL. 391 CCXXII. Expofîtion du fentiment de M. de TABLE. 4^3 Ha LIER , fiir la formation des os , en oppo- ^fition avec celui de M. Duhamel. 393 CCXXIÏI. Frécis de la réponfe de M. FoUGE-- ROUX aux obje&ions de M. de Haller , pour fervir d' éclair cijfement aux analogies de M, Duhamel. 39c CCXXiV. Raifons qui portent P Auteur à fuf. pendre [on jugement fur la quejHon contro- ver fée entre les deux célèbres Phyfkiens, 403 CCXXV. Réfultats généraux des faits , indépen- dans de la queftion agitée. 40Ç CCXXVI. Bourlets des plaies véfùales , leur nature , lev.r formation , leio'S effets. Manière de faire reprendre de bouture toutes fortes d'arbres. 4 07 CCXXVII. Confirmation de hifage ^ de Pim^ portance des bourlets dans les boutures. 410 CCXXVIII. Expériences de P Auteur fur la vé- gétation des boutures. ibid. CCXXÏX. Remarques fur la fève defcendante, cau.fe de la produaion des bourlets. Qite cette fève defcend p>r une force qui lui ef propre. 412 C ex XXI. l^t^'cr des deux bourlets qui naiffenû au-dnju.^ iy au-deffous de la plaie. 413 CCXX.vI hxpériences qui prouvent que ces deux bo'AYi't'. font de même nature. Arbres plantés ^ les y fanes en enhaut ^ çf? qui reprennent. 414 CCXXXII. Conféquence des expériences précé- dantes contre les valvules , que quelques An^ 4<î4 TABLE. teurs ont aâmîfes dans les vaijfeaux. Expérieiice de P Auteur à ce fnjetr 416" CCXXXill. Pourquoi le hourlet fupérîeur efi plus gros que l'inférieur. A&ion des feuilles établies par l'Auteur. 417 CCXXXIV. Qiie les hourlets favorifent Pérup^ tion des germes ,• rdciis quils yje lui font pas néceffaires. FreUves tirées de quelques hontures finguljeres de PAtîteur. 418 CCXXXV. De Punion de A? greffe a-jec fan fui et 3 confidérée dans les dijfér entes fortes de greffes. 420 CCXXXVI. Eff-îi d'explication de la régénéra- tion des plaies végétales. Reffources ménagées de loin par la Nature. 423 CCXXXVII. Comment toutes les fibres s^endur-^ ciffent peu à peu , ^ paroiffent revêtir une autre nature. 4^f CCXXXVIII. Germes répandus dans tout le corps de la plante , fource féconde de repro- dîi&ions. Preuves de cette diffémination. 427 CCXXXIX. Comment certaines circonftances fa- vorifent P éruption des germes. 43 O CCXL. Comnmit une frmple bouture , tme fimple feuille , '^c. peuvent faire par elles - mêmes de nouvelles productions. 43 i CCXLI. Explication des greffes. 43 Z F I N de la Table. INDICATION INDICATION DES NOTES PRINCIPALES Qiii ont été ajoutées par l'Auteur, au Tome V de cette nouvelle Edition. /ARTICLE LXXII. Sur différens animanx ter- rejlres on aquatiques , qui avoient vécu & multiplié dans le corps humain. Page 143 Art. CXXXÏII. Animalcules des infufions qui multiplient comme les Polypes k bouquet, ^^yr divifions naturelles. 220 Art. CXL. Précis des recherches de M. Spal- Lki^ZAni , fur les Vers fpermatiqueg. 232 Art. CXLIX. EclairciJJement fur les Pucerons vivipares dans un te?nps , & ovipares dans un autre. 2^6 Art. CLI. Sur la prétendus greffe du germe fourni par le Coq , avec le jaune fourni par la Poule. 'Extrait d'une Lettre de M. de H AL- LER fur le développement du Poulet. 258 Art. CLVIiî. Procédés au moyen defqueîs M^ BÉGUELIN a fuivi les progrès du Poulet dans fccuf 272 Tome V. G g .^6G INDICATION Art. CLVIÎT. E:Urait de diverfes Lettres de M. de H'^l-LF-R 5 en réfutation des argiimens de M. \*^^OLF, en javeiir de /'épigénefe. Ohfervations de M. Spallanzani , qui prouvent la préexijîence du germe chez les femelles de ■ divers amphibies. Eéponfe de M. de H ALLER à une obje&ion de M. Paul , tirée du Poulet. 2^6 Art. CLXV^III. Indication des ohfervations de M. GmeliN , qui paroiffent prouver ^ que les plantes ne font pas dépourvues ^'irritabilité. 29^ Ibid. Réflexions fur l'ignorance ok nous fommes de la nature des forces. 29^ Art. CLXX. Idée des expériences de M. HÉRIS- SANT fur rojjlfication. 302 Art. CLXXV. Indication des expériences de Lus ACE fur la formation des Reine s -abeille s , &c. 309 Art. CLXXV IÎL Sur la préexijîence du germe dans la graine. Réflexion à ce fujet. ^16 Art. CLXXXVIÎI. Eclaircijfement fur les pré- tendus Polypiers marins. 32^ Art. CXCIV. Indication des ohfervations de M. MuLLER , fur la reproduction de différentes efpeces i^'Apodes aquatiques. 33 I » - - Ibid. Indication dés expériences de M, Spallanzani '^ de celles de P Auteur ^ fur la reproduSion de fa tète du Liuiaçoji , e DES NOTES PRINCIPALES. 4^7 des, înemhres de h Salamandre aquatique, 333 Art. CXCVII. Indication des ohfervations de M. MuLLER , fur la multiplication' de cer* t aines Anguilles d'eau douce par une forte de divifion naturelle, 33^ Art. CCI. Multiplication par divifion natui-elJe , de divers animakules ^ de la Tremelle. Frécis des découvertes de l'Abbé CoFvTl fur cette finmliere produ&ion. 343 Art. CCIV. Indication des obfervations de PAu-. tetir fur la tête du Tscnia. 354 Art. CCV'ÏL Multiplication des Anémones de vier 5 de bouture , ^ par une forte de divi^ fou. 3^4 Art. CCX. Sur le coquillage vivipare , crj^ftaU lin, admirable de Swammerdam. 373 Art. CCXX. Preuve que Pecorce ne fe conver^ tit pas en bois. 39O Art. CCXXIII. Preuve de /'offification par le périofie. 397 - - - Ibid. Sur la coloration des lames offeufes par la Garance. 40 1 Art. CCXXIV. Extrait d'une Lettre de M. de H ALLER , fur la qiiefiion agitée entre lui ^ M. Duhamel , touchant la formation des QS. 40 î 4t^8 ï N D rC A T I O N, Sec. Â^T, CCXXXVIIl. Expérience fui- les écaillef de t oignon de S cille , qui prouve la difTénii' nation des germes dans tout le corps de la Jjlante. 429 FIN de riiidicatioii des Notes. AVIS AU RELIEUR. Le Relieur placera la Planche XXXII , à la j fin du fécond Supplément* ^ '\ ■ i^.9h"''ScuLp. 4^8 ï N D rC A T I O N, &c. uf ^s- K ^.-^ > fe<