EL Ÿ eh DIVISION OF FISHESe7 7 | US, HATIONAI, MUSEDML. Le ND: OEUVRES DE LACÉPÈDE. POISSONS. LE. OEUVRES DU COMTE DE LACÉPÉÈDE. COMPRENANT L'HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES, DES SERPENTS, DES POISSONS ET DES CÉTACÉS:; ACCOMPAGNÉES DU PORTRAIT DE L'AUTEUR ET D'ENVIRON 4QO FIGURES, EXÉCUTÉS SUR ACIER POUR CETTE ÉDITION PAR LES MEILLEURS ARTISTES. QE eu Ne, À PARIS, CHEZ F.. D. PILLOT, ÉDITEUR, RUE DE SEINE-SAILNT-GERMAIN, N° 49. bopoge 1831. POISSONS. II. FACÉPÈDE, Vi, 1 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. LE SQUALE BARBILLON! Squalus cirrhatus, Lacer., GMEL. es e——— M. Broussonner a le premier fait connoître cette espèce de cartilagineux qui se trouve dans la mer Pa- cifique , et que l’on voit quelquefois auprès de plu- sieurs rivages d'Amérique. Ce squale parvient au moins à la longueur de cinq pieds; il est d’une couleur rousse, comme la roussette; et, quand il est Jeune, il présente des taches noires : il a aussi, comme la rous- sette, les narines garnies d'un appendice allongé et vermiforme ; mais ce qui empêche de le confondre avec cet animal, c'est qu'il a sur son corps des écailles grandes, plates et luisantes. Nous n'avons encore examiné que des poissons couverts d'écailles pres- 1. Chien de mer barbillon, Broussonnei, Mémoires de l'Académie des Sciences pour 1780. Chien de mer barbillon, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. ô HISTOIRE NATURELLE que insensibles, ou de tubercules plus ou moins gros, ou d’aiguillons plus ou moins forts; et c'est la pre- mière fois que nous voyons la matière qui forme ces écailles presque invisibles, ces aiguillons et ces tu- bercules, s'étendre en lames larges et plates, et pro- duire de véritables écailles!. Le museau est court et un peu arrondi. Les dents sont nombreuses, allongées, aiguës, et élargies à leur base. Les deux dernières ouvertures branchiales de chaque côté sont assez rapprochées pour qu'on ait pu croire que l'animal n'en avoit que huit au lieu de dix. On voit la première nageoire dorsale au des- sus des ventrales , et la seconde plus près de la tête que celle de l’anus. La queue est courte , et la nageoïre qui la termine se divise en deux lobes. ces» LE SQUALE BAR BU: Squalus barbatus, Guer., Lacer. — 2e —— La description de ce squale de la mer Pacifique, dans les eaux de laquelle il a été vu par le capitaine 1. Voyez, dans le Discours sur la nature des poissons, ce qui con- cerne la formation des écailles. 2. Chien de mer barbu , Broussonnet , Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Chien de mer moucheté, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. DÉS POISSONS. 9 Cook, a été publiée pour la première fois par M. Brous- sonnet. Il est très aisé de distinguer ce cartilagineux des autres animaux de son genre, à cause des appen- dices vermiformes qui garnissent sa lèvre supérieure. Les plus grands de ces appendices ou barbillons ont communément de longueur le quatre-vinglième de la longueur totale. Ces prolongations membraneuses sont d’ailleurs divisées le plus souvent en trois petits raméaux ; et on les voit ordinairement au nombre de huit. La tête est large, courte et déprimée ; les dents, en forme de fer de lance, et sans dentelures, sont dispo- sées sur plusieurs rangs ; les évents sont grands, et la première nagecire dorsale est placée plus loin de la tête que les nageoires ventrales. Le corps recouvert de tubercules, ou, pour mieux dire, d’écailles très petites, dures, lisses et brillantes, présente, dans sa partie supérieure, des taches noires, rondes ou anguleuses , et renfermées dans un cercle blanc. C’est à cette espèce qu'il faut rapporter le squale décrit et figuré dans le Voyage du capitaine Philipp à Botany-Bay, chapitre xxir, et qui avoit été pris dans la crique de Sidney du port Jackson de la Nouvelle- Hollande, par le lieutenant Watts. En réunissant la description donnée par M. Brous- sonnet, avec celle que l’on trouve dans le Voyage du capitaine Philipp, on voit que la bouche du squale barbu esi située à lextrémité du museau, au lieu de l'être au dessous , comme dans le plus grand nombre des animaux de sa famille. L’entre-deux des yeux est large et concave. La nageoire de lanus touche 10 HISTOIRE NATURELLE celle de la queue; et cette dernière , composée de deux lobes, dont l’antérieur est arrondi dans son con- tour, et plus étroit, ainsi que beaucoup plus long que le postérieur, ne garnit que le dessous de la queue, dont le bout est comme émoussé. LE SQUALE TIGRÉ!. Squalus longicaudus ettigrinus, GMEL. — Squalus fasciatus, Brocx. C’Esr dans l'océan Indien qu’habite ce squale re- marquable par sa grandeur et par la disposition des couleurs qu'il présente. On a vu, en effet, des indivi- 1. Barbu. Chien de mer barbu. Wannan-polica, par les Chingulais. Squalus tigrinus , Zoologia indica selecta, auctore Joanne Reïnoldo Forster, fol. 24 , tab. 15, fig. 2. Bloch, Histoire naturelle des poissons étrangers, en allemand, part. 1, p. 19, n. 4. Chien de mer tigré, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des Sciences, 1780. Chien de mer barbu, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. ? Gronov. mus. 1, n. 196, Zooph., n. 147. Seba, mus. 3, p. 105, tab. 54, fig. 1. Hermann, Tab. aflin. anim., p. 502. DES POISSONS. 11 dus de cette espèce parvenus à une longueur de cinq mètres , ou de quinze pieds : de plus, le dessus de son corps et ses nageoires sont noirs, avec quelques taches blanches , et avec des bandes transversales de cette dernière couleur, placées comme celles que l'on voit sur le dos du tigre ; et de là vient le nom que nous lui avons conservé. D'ailleurs ce squale est épais; la tête est large et arrondie par devant; Pouverture de la bouche , pla- cée au dessous du museau et garnie de deux barbil- lons; et la lèvre supérieure proéminente. Les dents sont très petites, et les ouvertures des branchies au nombre de cinq : mais les deux dernières de chaque côlé sont si rapprochées qu’elles se confondent l’une dans l’autre , et que d’habiles naturalistes ont cru que le tigré n’en avoit que huit. L'on voit la première na- geoire du dos au dessus des ventrales, la seconde au dessus de celle de l’anus, et la caudale divisée en deux lobes, qui ne règnent communément que le long de la partie inférieure de la queue. On a éerit que le tigré yivoit le plus souvent de cancres et de coquillages. La petitesse de ses dents rend cette assertion vraisemblable; et ce fait curieux dans l’histoire de très grands squales pourroit con- firmer, sil étoit bien constaté, une des habitudes que l’on a attribuées à cette espèce, celle de vivre plusieurs individus ensemble sans chercher à se dévorer les uns les autres. Mais ne nous pressons pas d'admettre l'existence de mœurs si opposées à celles d'animaux carnivores , tourmentés par un appétit vorace, et ne pouvant J'apaiser que par une proie abondante. 12 HISTOIRE NATURELLE LE SQUALE GALONNÉ:. Squalus Africanus, Guxr., Lace», LEs mers qui baignent les côtes d'Afrique, et par- ticulièrement celle qui avoisine le cap de Bonne-Es- pérance, sont l'habitation ordinaire de ce squale, dont M. Broussonnet est le premier qui ait publié la de- scription. Son caractère distinctif consiste dans sept grandes bandes noirâtres, parallèles entre elles, et qui s'étendent longitudinalement sur son dos. Il est d’ailleurs revêtu de petits tubercules ou d’é- cailles presque carrées. Sa tête est déprimée , et un peu plus large que le corps; ses yeux sont trois fois plus grands que les évents; et au travers de l’ouver- ture de sa bouche, qui est demi-circulaire, on voit des tubercules mous sur la langue et le palais, et plu- sieurs rangées, transversales dans la mâchoire supé- rieure et obliques dans l'inférieure, de dents longues, aiguës, et comprimées de dehors en dedans. Deux lobes inégaux servent à fermer les narines. Les ouvertures des branchies sont au nombre de 1. Chien de mer galonné, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, 1780. Chien de mer galonné, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. DES POISSONS. 13 11 A LA cinq de chaque côté, comme dans tous les squales dont nous écrivons l’histoire, excepté le perlon et le griset. La première nageoire dorsale est au delà du milieu de la longueur du corps ; la seconde est placée au dessus de la partie postérieure de la nageoire de l’a- nus; et celle de la queue est arrondie. sHOrCHELSPOPOOHOTEBHOBOSBOMNSOHEHOROTODORETETEE OS EE ELOLET ET EBOZEE LE SQUALE OŒiLLE! Squalus ocellatus, Guer., LAcer. DE chaque côté du cou de ce cartilagineux, on voit une grande tache ronde, noire , et entourée d’un cer- cle blanc , et qui, ressemblant à une prunelle noire placée au milieu d’un iris de couleur très claire, a été considérée comme l’image d’un œil, et a fait donner le nom d’OEillé au poisson que nous décrivons. C’est encore à l'ouvrage de M. Broussonnet que nous de- vons la connoiïssance de ce squale, que l’on a trouvé dans la mer Pacifique, auprès de la Nouvelle-Hol- lande. L'œillé est, dans sa partie supérieure , d’une cou- leur grise et tachetée, et, dans sa partie inférieure, 1. Chien de mer œillé, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Chien de mer œillé, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. 1/4 HISTOIRE NATURELLE d’un cendré verdâtre, qui, dans l’animal vivant, doit être plus clair que les nuances du dessus du corps. La tête est courte et sans taches. Les dents sont aiguës, comprimées de dehors en dedans, larges à leur base, mais petites. Les narines avoisinent le bout du museau; et, de chaque côté, les deux dernières: ouvertures des branchies sont très rapprochées. La place qu'occupentles nageoires ventrales estplus près de la tête que le milieu de la longueur du corps. Elles sont arrondies, noirâtres, et bordées de gris, comme Îles pectorales. On voit deux taches noires sur le bord antérieur de la première nageoire dorsale, qui est échancrée par derrière , et située plus loin de la tête que celle de l’anus. La seconde, un peu plus petite que la pre- mière , ressemble d’ailleurs à cette première dorsale ;° et la nageoire de l'anus touche presque celle de la queue, qui est échancrée. LE SQUALE ISABELLE. Squalus isabella, Guzr., Lacer. CE poisson vit auprès des côtes de la Nouvelle-Zé- lande. C’est un de ces squales que l’on n'a rencontrés 1. Chien de mer isabelle, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Id. Bonnaterre, planches de l'Ecyclopédie méthodique. DES POISSONS. 15 jusqu’à présent que dans la mer Pacifique, et qui pa- roissent en préférer le séjour à celui de toutes les au- tres mers. Quel contraste cependant présentent les idées de ravage et de destruction que réveille ce grand nombre d'êtres voraces et féroces, et les images dou- ces et riantes que font naître dans l'imagination le nom de cette mer fameuse , et tout ce que l’on raconte des îles qu’elle arrose, et où la nature semble avoir pro- digué ses plus chères faveurs! Le nom du squale dont nous traitons, vient de la couleur du dessus de son corps, qui est, en effet, isabelle , avec des taches noires; le dessous est blan- châtre. Ces taches, ces nuances, le rapprochent de la rous- sette , avec laquelle les principaux détails de sa con- formation lui donnent d’autres grands rapperts : mais il en diffère en ce que sa tête est plus déprimée, et surtout parce que la première nageoïre dorsale est placée au dessus des ventrales, au lieu d’être plus éloignée de la tête que ces dernières, comme sur la roussette. Le museau est arrondie; les dents sont comprimées de devant en arrière, courtes triangulaires, aiguës, garnies , aux deux bouts de leur base, d’un appendice ou grande pointe , et disposées ordinairement sur six rangées ; la langue est courte et épaisse , les évents sont assez grands ; les nageoires pectorales très éten- dues, et attachées au corps auprès de la troisième ouverture des branchies ; les ventrales séparées l’une de l’autre; et les lignes latérales suivent le contour du dos, dont elles sont voisines. « 16 HISTOIRE NATURELLE LE SQUALE MARTEAU. Squalus Zygæna, Lacxr., GMEL. — Zygœna Malleus, VALENCIENNES. Iz est peu de poissons aussi connus des marins, et de tous ceux qui, sans oser se livrer aux hasards des 1. « Poisson juif, pesce jouziou , » à Marseille (à cause de sa res- semblance avec l’ornement de tête que les juifs portoient autrefois en Provence). Pesce martello, dans plusieurs départements méridionaux. « Peis limo, limada, toilandolo, » en Espagne. Ciambetta, à Rome. Balista , dans plusieurs endroits d'Italie. Balance-fish, en Angleterre. Chien de mer marteau, Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Id. Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Squalus corpore malleiformi , Bloch , Histoire des poissons étrangers, première partie, pl. 117. Cestracion fronte artus forma, Klein, miss. pisc. 5, p. 15, n. 1. Libella ciambetla, Salv. Aquat., p. 128, 129. Libella, balista, cagnolu, Belon , Aquat., p. 61. « Sq. capite latissimo transverso malleïformi, » Mus. ad. fri. 1, p. 52. « Squalus capite latissimo transverso malleï instar, » Art. gen. 67, syn. 96. Gronov. mus. 1, n. 199. Zooph., n. 146. Sphyræna Gillii, Mus. besler, p. 55, tab. 25. DES POISSONS. 17 tempêtes, ou sans pouvoir s'abandonner à un courage qui les porteroit à les affronter, aiment à suivre par la pensée les hardis navigateurs dans lewrs courses loin- taines. Toutes les mers sont habitées par le marteau : sa conformation est frappante; elle le fait aisément distinguer de presque tous les autres poissons ; et son souvenir est d'autant plus durable, que sa voracité l’entraîne souvent autour des bâtiments, au milieu des rades, auprès des côtes, qu'il s’y montre fréquem- ment à.la surface de l’eau, et que sa vue est toujours accompagnée du danger d’être la victime de sa féro- cité. Aussi n'est-il presque aucune relation de voyage sur mer qui ne fasse mention de l'apparition de quel- que marteau, qui n'indique quelqu’une de ses habitu- des redoutables, n’expose, au moins imparfaitement, sa forme, ne soit ornée d'une figure plus ou moins exacte de cet animal; et depuis long-temps on ne voit presque aucune collection d'objets d'histoire natu- Arist. anim., Hb. 2, cap. 16. Ælian. an., lib. 9, cap. 49. Gesner, Aquat., p. 1050, Icon. an., p. 150. Aldrov. pisc., p. 408. Jonslon , pise., p. 29, tab. 7, fig. 8 et 9. « Marteau, poisson juif, zygæna, libella , » Rondelet, première partie, liv. 15, chap. 10. Zigène, Du Tertre, Ant. 2, p. 207. Requin, Fermin, Surin. 2, p. 248. Pantouflier, Labat. Amer. 4, p. 601. Willughby, Ichthyol., p. 55, tab. B, 1. Balance-fish, Ray., pisc., p. 20, n. 7. Marteau, Valmont-Bomare, Dict. d'histoire naturelle. Carleton, p. 128. 4 Oppian., lib. 1, p. 14. Marteau, Duhamel, Traité des pêches, seconde partie, sect. g. p- 30%, pl. 21, fig. 3, 8. 10 HISTOIRE NATURELLE relle, ni même de substances pharmaceutiques, qui ne présente quelque individu de cette espèce. Cette conformation singulière du marteau consiste principalement dans la très grande largeur de sa tête, qui s'étend de chaque côté, de manière à représenter un marteau, dont le corps seroit le manche ; et de là vient le nom que nous avons cru devoir lui conserver. Cette figure, considérée dans un autre sens, et vue dans les moments où le squale a la tête en bas, et l'extrémité de la queue en baut, ressemble: aussi à celle d’une balance où à celle d’un niveau; et voilà pourquoi les noms de niveau et de balance ont été donnés au poisson que nous décrivons. Le devant de cette tête, très étendue à droite et à gauche, est un peu festonné , mais assez légèrement et par portions assez grandes pour que cette partie, observée d’ün peu loin, paroisse terminée par une ligne presque droite; et le milieu de ce long marteau est un peu convexe par dessus et par dessous. Les yeux sont placés au bout de ce même marteau. Ils sont gros, saillants, et présentent dans leur iris une couleur d’or, que les appétits violents de l’animal changent souvent en rouge de sang. Pour peu que l’animal s'irrite, il tourne et anime d’une manière ef- frayante ces yeux qui s’enflamment. Au dessous de la tête, et près de l’endroit où le tronc commence, l’on voit une ouverture demi-cir- culaire : c’est celle de la bouche, qui est garnie, dans chaque mâchoire , de trois ou quatre rangs de dents larges, aiguës, et dentelées de deux côtés, et dans la cavité de laquelle on aperçoit une langue large, épaisse, et assez semblable à la langue humaine. DES POISSONS. 19 Au devant de cette ouverture, et très près du bord antérieur de la tête, sont placées les narines, quiont une forme allongée, et qu’une membrane recouvre. Le corps est un peu étroit, ce qui rend la largeur de la tète plus sensible. Les nageoires sont grises, noires à leur base, et un peu en croissant dans leur bord postérieur. La première dorsale est grande et très près de la tête ; les ventralés sont séparées l’une de l’autre ; la nageoire de la queue est longue; et les tubercules qui revêtent la peau sont moins gros que sur plusieurs autres squales. Ce cartilagineux, dont la femelle donne ordinaire- ment le jour à dix ou douze petits à la fois, parvient communément à la longueur de sept où huit pieds (plus de deux mètres et demi), et au poids de cinq cents livres (plus de vingt-cinq myriagrammes); mais il peut attéindre à une dimension et à un poids plus considérables. Sa hardiesse, sa voracité, son ardeur pour le sang, sont cependant bien au dessus de sa taille; et si, malgré la faim dévorante qui l’excite, et l'énergie qui l’anime , il cède en puissance aux grands requins, il les égale, et peut-être Îles surpasse quel- quelois en fureur. 20 HISTOIRE NATURELLE LeBo$o be 8 LE SQUALE PANTOUFLIER*. Squalus Tiburo, Guer., Lac. — Zygœna tudes, VALENCIENNES. CE squale a de si grands rapports avec le marteau, qu'on les a très souvent confondus ensemble, et que la plupart des auteurs qui ont voulu distinguer l’un de l’autre, n’ont pas indiqué les véritables différences qui les séparent. Comme la collection conservée dans le Muséum d'histoire naturelle renferme plusieurs individus de cette espèce, nous avons pu saisir les caractères qui lui sont propres. Nous allons les indi- quer particulièrement d’après un pantouflier envoyé très récemment de Cayenne par M. Le Blond, et 3. Demoiselle, dans la Guyane françoise. Chien de mer pantouflier, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Id. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Cestracion capite cordis figura vel triangulari, » Klein, miss. pisc. 5, p. 15, n. 2, tab. 2, fig. 3 et 4. « Zygænæ affinis capite triangulo. » Willughby, Ichth., p. 55, tab. B, 0, fig. 4. Papana, Guill. Pison, Histoire naturelle et médicale des Indes oc- cidentales, liv. 3, sect. 1. « Tiburonis species minor. » Marcg., Brasil., p. 181. PL 64. Poissons nf! | ( ae, ae AR _ ll (ll ll TL ! il 0) all \) AE es, d | l | | | \ il) ! LÀ f nn fs D n SS | ji lai A LES pi | | | WZ Rousset de. PSQOUALE PANTOUFTIER . 2 TÊTE DU MEME VUE EN DESSOUS.5. SQUALE MARTEAU DES POISSONS. 21 dont nous avons fait graver la figure; et pour donner une bonne description de l'espèce qui nous occupe, nous avons d’ailleurs fait usage de notes très détail- lées que nous avons trouvées, au sujet de ce squale, dans les manuscrits de Commerson. Le trait principal qui empêche de regarder le pan- touflier comme un marteau, est la forme de sa tête. Cette partie est beaucoup moins courte à proportion de sa largeur, que la tête du marteau. Au lieu de re- présenter une sorte de traverse très allongée, placée au bout du tronc de l'animal, on peut comparer sa figure à celle d’un segment de cercle dont la corde seroit le derrière de la tête, et dont l’arc seroit dé- coupé en six larges festons. Il résulte de cette con- formation que le milieu du bout du museau répond à la sinuosité rentrante qui sépare les trois festons d’un côté, des trois festons de l’autre, et par consé- quent que ce milieu n'est pas la partie la plus avancée de la tête, comme dans le marteau. Ces six festons re sont pas tous égaux : les deux du milieu sont plus grands que ceux qui les avoisinent, mais plus petits que les deux extérieurs, qui par conséquent sont les plus larges des six. Et lorsque toute cette circonfé- rence est bien développée et que léchancrure du milieu est un peu profonde, ce qu’on voit dans quel- ques individus, l’ensemble de la tête, considéré sur- tout avec le devant du tronc, a dans sa forme quelque ressemblance avec un cœur, ainsi que l'ont écrit plu- sieurs naturalistes. On n’aperçoit aucune tache sur ce squale, dont la partie supérieure est grise, et l’inférieure blanchâtre. Sa peau est garnie de tubercules très petits, et qui LACÉPÈDE. VI, 2 22 HISTOIRE NATURELLE sont placés de manière qu'on n’en sent bien la rudesse que lorsque la main qui les touche va de la queue vers la tête. Le dessus et le dessous du museau sont percés d’une quantité innoimnbrable de pores que leur peti- esse empêche de distinguer, mais qui, lorsqu'on les comprime, laissent échapper une humeur gélatimeuse et visqueuse. Les narines sont placées en partie sur la circonfé- rence du segment formé par la tête; et c’est aux deux bouts de la corde de ce segment que sont situés les yeux, plus propres par leur position à regarder les objets qui sont sur les côtés de l’animal, que ceux qu'il a en face. Suivant Commerson, l'iris est blanchâtre et en- touré d’un cercle blanc, et la prunelle d’un vert de mer. ; L'ouverture de la bouche est placée sous la tête, et à une assez grande distance du bout du museau. Les dents, un peu courbées en arrière, et non dentelées dans les jeunes pantoufliers, sont placées sur plusieurs rangs. La langue est cartilagineuse, rude, large, épaisse, courte, arrondie par devant, attachée par dessous, mais libre dans son contour. La ligne dorsale suit la courbure du dos, dont elle est un peu plus voisine que du dessous du ventre. La forme, la proportion et la position des nageoires sont à peu près les mêmes que dans le marteau !. 1. Commerson a compté de vingt-cinq à trente rayons cartilagineux dans chaque nageoïre pectorale, et de quinze à dix-huit dans la pre- mière nageoïre du dos. DES POISSONS. 23 L’extrémité du dos présente une fossette ou cavité, comme sur le requin et le squale glauque. Le cœur est très rouge, triangulaire, et assez grand ainsi que son oreiliette; l'estomac a une forme coni- que ; le canal intestinal est replié deux fois; le rectum assez long ; et le foie blanc, et divisé en deux lobes allongés, dont le gauche est le mnoins étendu { 1. Principales dimensions d’un pantouflier mesuré , presque dés sa sortie de lu mer, par Commerson. pieds. poue. lign. Longueur depuis le bout du museau jusqu'à Fangle antérieur de la bouche. . . . aux narines. , . AUX YEUX. NME ER INR RENNES aux angles postérieurs de Ja tête. . . à la première ouverture des branchies. . . à la seconde ouverture des branchies. à la troisième ouverture des branchies. . à la quatrième ouverture des branchies. . . . à la cinquième ouverture des branchies. . . . . à l'extrémité antérieure de la base des nageoires or erore © €e-0::=0 HR FH Ô1 O1 OI © 121 D AN # pectorales. 1.100 Re tele KO A 9 à l'extrémité antérieure ïe V be de la pr ee nageoire dorsale. !.4.1.111.1.0t © 6 5 à la base des nageoiïres ventrales. . . 50 9 o AARAR US EMA NERMEUnte . 0 9 6 à l’origine de la nageoïre de l'anus. 0 11 9 à la base de la seconde nageoire dorsale. . 4. 1 ro) o à l'extrémité antérieure de la base dela nageoïre detliqueuers open Éd DT A 2 6 au/boutide tla/queue Ne PR. PR 1 8 0 Distance d’une narine à l’autre. . . . . . . . . . . o 5 6 d'anoœilallautre mem 5 8 Plus grande largeur du corps. . . . . . . . . . . . o 2 0 RER l'extrémité dun museau. . . . . . . .. o o 1 au sommet de la mâchoire inférieure. . . . . o 0 8 auprès des nageoires pectorales. . . . . . , . o 1 6 24 HISTOIRE NATURELLE Les habitudes du pantouflier ressemblent beaucoup à celles du marteau : maïs il est beaucoup moins fé- roce que ce dernier squale; et d’ailleurs il pourroit moins satisfaire sa voracité, ne parvenant pas à une grandeur aussi considérable. M. Le Blond écrit de la Guiane françoise, qu'on ne voit pas d'individus de celte espèce qui aient plus d'un mètre, ou de trois pieds, de longueur. La proie de ce squale, ne devant pas être si copieuse que celle du marteau, peut être mieux choisie, et d'autant plus que l'animal est moins goulu. Aussi sa chair est-elle moins désagréable au goût que celle du marteau; elle a même quelquefois une saveur qui ne déplaît pas, et les nègres en man- gent sans peine. Les rivages de la Guiane et ceux du Brésil sont ceux que fréquente le pantouflier. On ne l’a point encore observé dans les mers des Indes orientales : mais non seulement Commerson la vu dans celles qui baignent l'Amérique méridionale, il l’a encore rencontré dès le mois de février ou de pluvivose, au- près des côtes de la Méditerranée. pieds. pouc. lign. Épaisseur auprès de la première nageoiïre dorsale. . o 2 6 auprèside l'anus. FOR ec "Alien 0 2 3 auprès de la seconde nageoïre dorsale, . . . . o if d 10 auprès de la nageoïre de la queue. . . . . . . © 1 0 Poids de l'animal, une livre un quart (six hectogrammes). DES POISSONS. 25 goporosoveBo$oropo oo TomHoPOOoToDaporoHodoo LE SQUALE RENARD: Squalus Vulpes, Guez., Lacer., Cuv. — Carcharias V'ulpes, Risso. Tous les squales ont recu le nom de chien de mer : mais cette dénomination a été particulièrement con- sacrée par plusieurs auteurs à ceux de ces poissons cartilagineux qui parviennent à la grandeur la plus considérable ; les petites espèces de squales ont été appelées chats marins, ou belettes de mer. Voici un animal de la même famille qui, présentant une queue très longue et très roide, a été nommé Renard marin. On le trouve non seulement dans la Méditerranée, mais encore dans l'Océan, et particulièrement dans la partie de cette mer qui baigne les côtes d'Écosse 1. Peis spaso, dans plusieurs départements méridionaux, où l’on a comparé sa queue à une longue épée. Chien de mer, renard, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. | Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Squalus cauda longiore quam ipsum corpus, » Arted. syn, 06. Salv. Aquat. p. 130. V'ulpecula, Willughby, Ichth. p. 54, tab. B, 5, fig. 2. Renard, Rondelet, première partie, liv. 15, chap. 09. Sea-fox, Pennant, Zool. Brit. 5, p. 86, n. 6, tab. 4. Renard marin, Valmont-Bomare, Dictionn. d’hist. naturelle. V'ulpes marinus, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 45. 26 HISTOIRE NATURELLE et celles d'Angleterre. Il est ordinairement long de sept à huit pieds (deux mètres et demi); sa peau, revêtue de très petits tubercules ou écailles, est d’un gris bleuâtre sur la partie supérieure de l’animal , et blanchâtre sur la partie inférieure. Il a le museau pointu, la tête courte et conique, les yeux grands, les mâchoires garnies de trois ou quatre rangs de dents triangulaires, comprimées de devant en arrière, aiguës, et non dentelées. La ligne latérale est droite. La première nageoire dorsale est placée au milieu de la longueur du dos, à peu près comune sur le marteau; Îles nageoires ven- trales sont très rapprochées ; et l’on voit une fossette triangulaire vers l’origine de la queue. Cette dernière partie est très longue; et, ce qui fait le caractère distinctif du squale renard , elle est garnie par dessous d’une fageoire divisée en deux lobes, dont l’inférieur est très court, et dont le su- périeur est en forme de faux, et plus long que le corps de l'animal. Cette nageoire , très étendue, est comme une rame puissante qui donne au squale renarû une nouvelle force pour atteindre ou éviter ses ennemis : et comme, indépendamment de sa grande vitesse, il paroît avoir lodorat des plus sensibles, il n’est pas surprenant qu’il soit très vorace, el que ses manœuvres au milieu des eaux aient quelque ressemblance avec les ruses du véritable renard sur terre !; ce qui a contribué à lui faire donner le nom que nous lui conservons ici. 1. Pline a écrit que lorsque ce squale avoit mordu à l’hamecçon . il nl savoit l’avaler de manière à parvenir jusqu'à la ligne, qu'il coupoit avec ses dents. DES POISSONS. 27 SUPPLÉMENT A L'ARTICLE DU $SQUALE RENARD. Il nous paroît utile, pour faire bien connoître cette espèce très remarquable de squale, de donner ici l'extrait d’une notice que nous avons reçue de M. Noël de Rouen. Cet observateur, dont les naturalistes esti- ment depuis long-temps le zèle éclairé et la sévère exactitude , a pu décrire, tant à l’intérieuf qu’à l’ex- térieur, un très grand individu œâle de cette espèce, qüi avoit échoué à Dieppe sur le sable, le premier frimaire de l’an 8 de l’ère françoise. La longueur to- tale de cet énorme poisson étoit de 48/4 centimètres, ou quinze pieds; et sa circonférence dans l'endroit le plus gros du corps, de 162 centimètres, ou cinq pieds. Un gris nuancé de bleuâtre distinguoit la partie supérieure de l’animal , de l'inférieure qui étoit blan- châtre. La tête étoit noirâtre ; la langue arrondie, grasse. ferme ; l'œil très mobile dans son orbite, et dénué non seulement de membrane clignotante, mais encore de voile formé par une continuation de la peau. Deux lobes composoient la nageoire caudale : le supérieur avoit 23/ centimètres de longueur, et 32 centimètres de hauteur, ainsi que 8 centimètres d'épaisseur à l'endroit où il se séparoit du lobe de dessous. Le cœur, composé d’une oreillette et d’un ventri- cule, présentoit la forme d’un triangle allongé ; les cinq branchies de chaque côté étoient longues, atta- chées à sept cartilages très forts, et d’un rouge foncé après la mort de l'animal. 28 HISTOIRE NATURELLE Un œsophage très extensible précédoit l'estomac, sur la tunique intérieure duquel on voyoit de petits globules blanchâtres. La figure du foie qui offroit deux lobes, ressem- bloit un peu à celle d’une fourche, ou d’un Y grec. Le diaphragme étoit triangulaire, et chacun des deux reins noirâtre. Les vaisseaux spermatiques régnoient le long de la région de l’épine du dos ; on apercevoit les testicules dans le fond de l'abdomen; et des deux lobes qui formoient la läite ,-le droit avoit 13 décimètres de longueur sur 3 décimètres de largeur, et pesoit 13 ki- logrammes; et le gauche, qui pesoit 9 kilogrammes , étoit long de 108 centimètres. Dimensions de plusieurs parties du squale renard, décrit par M. Noël. centimèt. Depuis Le bout du museau jusqu’à l’ouverture de la bouche. ï1 jusqu'à Éœill AR enr MTS AS NO PAU La € DU 12 jusqu'à la partie antérieure de la nageoiïre dorsale. . . 118 jusqu’à l’une des deux pectorales. . . . . . . . . . . . 64 De la partie postérieure de l’une des pectorales, à la ventrale correspondante:.5: .MIRIAGEMENIE NEO PARIS 67 De la partie postérieure de l’une des ventrales, à origine du lobe inférieur de la première nageoire caudale. . . . 53 Largeur de l’ouverture de la bouche.. . . . . . . . . OO Diamètre del œil: PES EN E EARe 5 Longueur de l'ouverture des narines. . . . . . : . . . . . 1 à Hauteur de la première nageoïre dorsale. . . . . . . . . . 32 Longueur de chacune des deux nageoires pectorales. . . . . 72 Longueur de la nageoire de l'anus. . . . . . . . . . . . . 7 Longueur du lobe inférieur de la nageoïre caudale. . . : . 21 Longueuriducœæur:ti. {21 .. ASC CNRC DIRECT. TOR 18 Larseur du cœur... . 27 PIRE SR ubte. tou CHE RRO DES POISSONS. ; 29 centimèt. Longueur de l'œsôphage. . . .". . . . . . . MEME t" ES 27 Pangueuxrde l'estomac, PAIN CRSPAANAMENENE OA CAPE 75 Parseuridellestomac est PIRE ne eee 18 Longueur du grand lobe du foie RP ER D MD ES NT DE 82 Longueur du petitlobe du foig . .:. .;.1.,. . . OS AE a Of Pongueur de la vésicule du fiel. . . . . . . . . . . Mar iaile 16 Bargeur de laivésicule"durfielté0 PAU EDEN EU 8 Longueur de la rate. . . . . . .. AM QU TENUE hd A a RTE EG D Laspeursdelairates ee DO PEU HN D PIE ä Éonpueur dupreciUme ee eue colle Ces lee 200) eneueur de lun des réinss 4. ./ele cie ele 20e «1e 100 Largeur du chacun des testicules, mesuré à sa base. . . . . . 31 E SQUALE GRISET”. Squalus sriseus, GueL., Lacer. Ce cartilagineux, dont le nom indique la couleur, a de chaque côté six ouvertures branchiales, et ce nombre d'ouvertures suflit pour le distinguer de tous les autres squales compris dans le sous-genre dont il fait partie. Le museau est arrondi; l’ouverture de la bouche, grande et demi-circulaire. Les dents, dont la mâ- choire inférieure est hérissée, sont très grandes, très 1. Chien de mer griset, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Chien de mer griset, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 30 HISTOIRE NATURELLE minces, presque carrées, et dentelées; et celles qui garnissent la mâchoire supérieure sont allongées, aiguës, non dentelées, plus étroites, plus courtes, et plus pointues sur le devant de la gueule que sur les côtés. On voit les narines situées très près de l’ex- trémité du museau, dont cependant elles sont moins voisines que les yeux. Ces derniers sont grands, ovales, et assez éloignés des évents, qui sont très petits. Les six ouvertures branchiales de chaque côté sont très grandes et très rapprochées. Îl n’y a qu'une nageoire dorsale ; elle est placée plus près de la tête que celle de l’anus, à laquelle elle ressemble, mais qu’elle sur- passe en grandeur. LE SQUALE AIGUTLEAT:. Squalus Acanthias, Guxr., Lacer., BLainv. — Acanñthias vulgaris, Risso. Nous allons maintenant nous occuper du troisième sous-senre compris dans le genre des squales. Cette 1. Chien de mer. Aguillat, dans plusieurs départements méridionaux. Aziot, auprès de Venise. Aguzeo, auprès de Gênes. Scazone, à Rome. Picked dog, en Angleterre. Hound-fish, ibid. DES POISSONS. « branche particulière de cette famille remarquable et nombreuse renferme les squales qui ont des évents auprès des yeux, et qui d’ailleurs sont dénués de na- veoire de l’anus; ce qui leur donne une nouvelle conformité avec les raies. Chien de mer aiguillat, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Broussonnel, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. Bloch , Histoire naturelle des poissons , troisième partie, pl. 85. Chien de mer aiguillat, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. Aiguillat, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'Histoire naturelle. Fauna suecica, 205. Mus. ad. fr., p. 53. lt. Wgoth. 174. « Squalus pinna ani nulla, corpore rotundo, » Art. gen. 66, syn. 94, spec. 102. Muller, prodrom. Zool. dan., p. 57, n. 511. Gronov. mus. 1, n. 154, Zooph., n. 149. Browne, Jamaiï., p. 458, n. 5. (Browne a considéré les deux na- geoires ventrales comme deux nageoires de l’anus. ) Salvian. Aquat. p. 155, 6, f, p. 156. Mustelus spinax, Belon, Aquat. p. 65. Acanthias, etc., Arist., Hist. anim., lib. 6, cap. 10. Aiguillat, galeus acanthias, Rondelet, première partie, liv. 5, chap. 1. Klein, miss. pisc. 5, p. 8. n. 1, tab. 1, fig. 5 et6. Gesner, Aquat. Go7. Dorhundt, id. (Germ.) f, 77, a. Willughby, Ichthy. p. 56. tab. B, 4, fig. 1. Galeus acanthias , sive spinaæ , Ray. pisc. p. 21. Picked dog-fish, Pennant, Zool. brit. 5. p. 77, n. 2. Charleton, p. 128. Galeus acanthias, Jonston, lib. 1, tit. 1, cap. 3, a 2, punct. 5, tab. 8, fig. 5. Galeus acanthias, sive spinax , Aldrov., lib.3, cap. 40, p. 399. Canis acanthias , spinax, Schonev., p. 29. Musielus spinus, Scaliger. 22 HISTOIRE NATURELLE Un des squales le plus Aheietneniont connus de ce sous-venre , est l’aiguillat, qui habite dans toutes les mers, et particulièrement dans la Méditerranée, où il a été observé par un très grand nombre de natura- listes depuis le temps d’Aristote jusqu’à nos jours. La tête de ce poisson est aplatie, façonnée en forme de coin, mince par devant, arrondie vers l'extrémité du museau, et plus transparente que celle de plusieurs autres squales. Chaque narine a deux ouvertures pe- tiles, presque rondes, et également éloignées du bout du museau et de l’ouverture de la bouche. On voit auprès des yeux huit rangs de pores destinés à laisser échapper une humeur wuqueuse. Les dents, qui forment ordinairement trois rangées, sont allongees, aiguës, et garnies, de chaque côté de leur base, d’une pointe assez grande ; elles ressemblent beau- coup à celles du squale roussette : mais il est aisé de les en distinguer, parce que celles de la roussette sont dentelées, et que si celles de l’aiguillat le sont, ce n’est que légèrement , et lorsque l'animal est déjà très développé. La ligne latérale est droite. La première nageoïre dorsale est presque aussi avancée vers la tête que les pectorales; la seconde l'est plus vers le bout de la queue que les ventrales : l’une et l’autre sont armées, dans la partie antérieure de leur base, d’un aiguillon ou premier rayon épineux très dur, très fort, blanc, et presque triangulaire. Cet aiguillon , dont chaque na- geoire dorsale est garnie, est formé dans le fœtus, de manière à être très sensible, quoique un peu mou. On a prétendu que ce dard étoit venimeux. Nous Per Pr DES POISSONS. 39 avons vu que l’on avoit attribué la même qualité vé- néneuse aux piquants des raies aigle et pastenaque. L'aiguillat, non plus que ces raies, ne contient cepen- dant aucun poison ; mais ce sont des effets semblables à ceux qu'on éprouve lorsqu'on a été blessé par l’arme de la raie aigle ou de la pastenaque, qui ont fait pen- ser que celle de l’aiguillat étoit empoisonnée. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que des piquants semblables à ceux de ce dernier poisson sont placés auprès des nageoires dorsales du squale philipp. L'extrémité de la queue de l’aiguillat est comme engagée dans une nageoire divisée en deux lobes, dont le supérieur est le plus long. Au reste, toutes les nageoires sont noirâtres. Le dessus du corps est d’un noirâtre tirant sur le bleu, et relevé par des taches blanches plus nombreuses dans les jeunes individus : le dessous est blanc, et ies côtés sont blanchâtres avec quelques nuances de vio- let ; et des rides ou sillons dirigés obliquement vers la ligne latérale, les uns de haut en bas, et les autres de bas en haut, s’y réunissent de manière à y former des angles saillants tournés vers la tête. La chair de l’aiguillat est filamenteuse, dure, et peu agréable au goût; mais il est des pays du nord de l’Europe où ie jaune de ses œufs est très recher- ché. Sa peau est aussi employée dans les aris, et y sert aux mêmes usages que celles du requin et de la roussette, C'est évidemment à cette espèce qu'il faut rappor- ter le squale décrit sous le nom de T'ollo et de Squa- lus Fernandinus, dans l'Essai sur l'histoire naturelle 3/ HISTOIRE NATURELLE du Chili, par Molina, et qui ne diffère de l’aiguillat par aucun caractère constant. Ce sont les piquants de ce squale que les habitants du Chili regardent comme un spécifique contre le mal de dents, pourvu qu’on en appuie la pointe contre la dent malade : il seroit superflu de faire observer combien leur confiance esi peu fondée. LE SQUALE SAGRE° Squalus Spinax, Guer., Lacer., BLAINv. — Acan- thias Spinax, Risso. CE poisson ressemble beaucoup à l’aiguillat, et a été souvent confondu avec ce dernier. Mais voici les 1. « Squalus pinna anali nulla, dorsalibus spinosis, corpore tereti » acellato , » Mollina, etc., p. 208. Squale dit Tollo, au Chili. Note communiquée par le célèbre voya- geur Dombey, qui a péri victime de son zèle pour les progrès des sciences naturelles. 2. Sagree, sur la côte de Gênes. Chien de mer sagre, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Chien de mer sagre, Bonuaterre, planches de l’Encyelopédie mé- thodique. Id. Broussonnet, Mémoires de l’Académie de: Sciences, 1780. « Squalus pinna ani carens, naribus in extremo rostro. » Arted. gen. 67, syn. 95. Mus. ad. fr. 2, p. 49. Kauna suecica, 296. DES POISSONS. 95 caractères qui font de ce cartilagineux une espèce distincte. Les narines sont placées presque à l’extré- mité du museau , au lieu d’être situées à une distance à peu près égale de cette extrémité et de l'ouverture de la bouche. Le dos est plus aplati que celui de l’ai- guillat. La couleur générale de lanimal est très brune ; et, ce qui paroîtra surtout remarquable à ceux qui se rappelleront ce que nous avons exposé sur les cou- leurs et les téguments des poissons dans notre pre- mier discours, la partie inférieure du corps présente des tubercules plus gros et une couleur plus foncée et plus noirâtre que la partie supérieure. Nous trou- verons, dans la classe entière des poissons, bien peu d'exemples de cette disposition extraordinaire et in- verse de couleur et de tubercules, qui, ainsi que nous l’avons dit, indique une distribution particu- lière dans les différents vaisseaux qui avoisinent la partie inférieure de l’animal, et suffit pour séparer une espèce de toutes celles qui ne montrent pas ce caractère. Le sagre vit dans la Méditerranée; il habite aussi l'Océan, même à des latitudes très septentrionales. Squalus niger, Gunner, Act. nidros. 2, p. 215, tab. 7 et 8. « Galeus acanthias, seu spinax fuscus, » Willughby, Ichthyol., p+ 97. Ray., pisc., p. 21. Mustelus seu spinax. Edw. Glan., tab. 289. 36 HISTOIRE NATURELLE LE SQUALE HUMANTIN Squalus Centrina, Gumer., Lacer., BLarnv. Le humantin, qui habite l'Océan et la Méditerra- née, a, comme l’aiguillat et le sagre, un piquant très 1. Bernadet, dans plusieurs départements méridionaux. Renard , ibid. Humanthin , ibid. Porc , ibid. Pesce porco, à Rome. Chien de mer humantin, Daubenton , Encyclopédie méthodique. Chien de mer humantin , Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Id. Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Seiences pour 1780. Humantin, Dessins sur vélin de la Bibliothèque du Muséum d’his- toire naturelle. Artedi, gen. 67, 5, syn, 95. Muller, prodr. Zool. dan., p. 67, n. 515. Bloch, Histoire naturelle des poissons, pl. 115. Klein, miss. pisc. 5, p. 16, n. 7. V'ulpecula, Bel. Aquat., p. 62, 64. Elian., Animal., lib. 1, cap. 55 ; lib. 2, cap. 8. Gesn. Aquat. p. 609, ic. anim., p. 146; Thierb., p. 78, b. Salvian., Aquat., p. 156, b. Porc, et Centrina, Rondelet, première partie , liv. 15, chap. 8. Aldroy. pisc., p. 4o1. Jonston , pisc., p. 28, tab. 8, fig. 4 et 5. Centrica, Willughby, Ichth., p. 58, tab. B. et 2. Id. Ray. PiSC.p-210 Porc marin, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. PL GG HE SQUATE HUMANTIN ER SSQUALEURO CIRE DES POISSONS. 37 dur et très fort à chacune de ses deux nageoires dor- sales. Ce piquant est néanmoins incliné vers la tête dans la première nageoire du dos, au lieu de l'être dans les deux vers la queue, ainsi que sur le sagre et l’aiguillat. Mais, indépendamment de cette disposi- üion des dards du hümantin, il est très aisé de le distinguer de tous les autres squales par la forme géné- rale de son corps, qui représente un prisme trian- culaire, dont le ventre forme une des faces. Le dos esl, par conséquent, élevé en carène; et comme cette dernière partie, exhaussée dans le milieu de sa longueur, s’abaisse vers la queue, et vers la tête qui est petite et aplatie, l'animal montre encore une sorte de pyramide triangulaire, très basse et irréguiière, à ceux qui le regardent par le côté. Le humantin est brun par dessus, et blanchâtre par dessous. Sa peau, qui recouvre une tunique épaisse et adipeuse, est revêtue de tuhercules gros, durs et saillants. Sa chair est si dure et si filamenteuse, qu'elle est constamment dédaignée : aussi pêche-t-on très peu le humantin, et va-t-on d'autant moins à sa poursuite qu'il ne fréquente guère les rivages, et qu'il aime à vivre dans la vase et dans la fange du fond des mers ; ce qui lui a fait donner le nom de cochon ma- rin, Sa peau sert néanmoins à polir les corps durs. Les individus de cette espèce ont un mètre et demi (un peu plus de quatre pieds) de longueur, lors- qu'ils paroissent avoir atteint la plus grande nartie de leur développement. La mâchoire supérieure est ar- mée de trois rangs, et l’inférieure d’un seul rang de dents aiguës. Les nageoires dorsales sont très rappro- chées de la tête ; la seconde est au dessus des ven- LACEPÉDE. VI. de) 20 HISTOIRE NATURELLE trales ; la queue , et la nageoiïre qüi en garnit l’extré- mité, sont assez courtes à proportion de la longueur du corps. LE SQUALE LICHE" Squalus americanus, Guer., Lacer. — Scymnus nycæensis, Risso. C’EST auprès du cap Breton, dans l’Amérique sep- tentrionale, qu'a été vu ce poisson. Sa tête est grande ; son museau court et arrondi. Ses dents sont aplaties de devant en arrière, allongées , pointues et disposées sur plusieurs rangs : les plus grandes sont dentelées ; peut-être le sont-elles toutes dans les in- dividus plus âgés que ceux que l’on a observés , et qui n’avoient qu’un mètre, ou environ trois pieds, de longueur. L'on voit, sur les bords du bout du mu- seau , les ouvertures des narines, qui sont assez lar- es. Les deux dernières ouvertures branchiales de chaque côté sont tres rapprochées, et les évents éloi- gnés des yeux. Les nageoires dorsales ne présentent aucun aiguillon : la première, qui est moins grande 1. Chien de mer liche, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris pour 1756. Chien de mer liche, Bounaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. PLGZ. Poissons _ —— EE ——, ——— —= ——_—_—_—_—_Z—Z—= = US ——_—= = Lounveau Se LIBENS OUATEEIQUE 2 RL US QUALE CATGULTEEA DES POISSONS. 39 que la seconde , est plus près de la tête que le milieu de la longueur du corps; la seconde en est un peu plus éloignée que celle de l’anus. Les nageoires ven- trales sont grandes et rapprochées de la queue, qui se termine par une nageoire dont la forme imite celle d’un fer de lance; et tout le corps est revêtu d’écailles ou tubercules petits et anguleux. V9 F00F EH 0 PS Ho LES POSTES 0 ETES H-MEGAPO D HbON-0 CH PE TO É < ” OO LPS PQ LE SQUALE GRONOVIEN". Squalus indicus, Guxr., Lacer. ( Espèce incertaine. ) Nous nommons ainsi un cartilagineux dont les na- turalistes doivent la connoissance à Gronovius. C’est dans ies mers de l'Inde qu’il a été pêché. Le carac- tère distinctif par lequel il est séparé des autres squa- les compris dans le même sous-genre, consiste dans la position de ses deux nageoires dorsales , dont la première est plus près du bout de la queue que les ventrales , et dont la seconde est très éloignée de la première vers cette même extrémité. Ces deux na- geoires sont d’ailleurs petites. Le museau est arrondi; chaque mâchoire présente sept rangs de dents ai- guës : les nageoires ventrales sont prochées l’une de l’autre ; celle de la queue n’a qu’un lobe; et des 1. Squalus dorso vario inermi, dentibus acutis. » Gronov. mus, 1, n. 199, Zoophy. 150. 10 HISTOIRE NATURELLE taches noires relèvent la couleur grise de la tête ct du dos. 3 MEPEPETER-STODETESEPES CHERE ESELEHETOTEPAGET PET OEETeBPEFELSOBELETETOTETESETEHref Gérer Er 0% Eu LE SQUALE DENTELÉ. Squalus denticulatus, Lace. Nous donnons ce nom à un squale dont la descrip- tion n’a pas encore été publiée, et dont le dos, qui est très relevé, paroît en effet dentelé à cause d’une rangée de petits tubercules, qui s'étend presque de- puis l’entre-deux des yeux jusqu’à la première na- geoire dorsale. L’individu de cette espèce que nous avons observé fait partie de la collection cédée par la Hollande à la France, et déposée maintenant dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle. Tout le dessus du corps et de la queue présente des taches rousses, assez grandes, et irrégulières ; et une couleur foncée règne sur la partie postérieure de toutes les nageoires, excepté de la caudale. Les dents sont triangulaires. Une membrane qui se termine en une sorte de barbilion, ferme l’ouver- ture de chaque narine; la lèvre supérieure est un peu échancrée dans A milieu ; les évents sont très près des yeux; on compte cinq ouvertures branchiales de chaque côté du corps. La première nageoire dorsale est plus éloignée de la tête que de l'anus; la seconde 1OISSONS pes PI 68 ANG . AIT 2. LI DENTELE I'M SQUALE SOI DES POISSONS. 43 est voisine de la première ; la nageoire caudale est di- visée en deux lobes, qui sont séparés l’un de l’autre à l'extrémité de la queue, et dont l’inférieur, plus grand que le supérieur, est découpé de manière à être sous- divisé en trois petits lobes. Nous ignorons dans quelles mers habite ce poisson. LE SQUALE BOUCLE". Squalus spinosus, GMEL., LaAcEr. — Scymnus spinosus, Risso. Le caractère distinctif de cette espèce consiste dans des tubercules inégaux en grandeur, larges et ronds à leur base, garnis à leur sommet d’une ou deux pointes recourbées, à peu près conformés comme ceux que l’on voit sur la raie bouclée , et ré- pandus sur toute la surface du squale. M. Brousson- net a publié, le premier, et dès 1780, la description de ce poisson, qu'il avoit faite sur un individu de quatre pieds, conservé dans le Muséum d'histoire naturelle. Le museau du bouclé est avancé et conique ; l’ou- 1. Chien de mer bouclé, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des Sciences pour 1780. Chien de mer bouclé, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie mé- thodique. He HISTOIRE NATURELLE verture de la bouche n’est pas très grande; les dents sont comprimées, presque carrées, découpées sur leurs bords, et disposées sur plusieurs rangs. La pré- mière nageoire du dos est aussi éloignée de la tète que les ventrales, qui cependant sont plus rappro- chées du bout de la queue que dans plusieurs autres espèces du même genre. Ces dernières sont d’ailleurs presque aussi grandes que les pectorales. L DE res HeSTEMeHAMEMMPOE SIT ENE BEBE ONE CA onoreBErTETETEHODOROHA-E ES LE SQUALE ÉCAILLEUX". Squalus squamosus, Guer., Lacrr. Nocs avons vu les tubercules qui revêtent le corps du requin et d’autres cartilagineux de la même fa- mille, se changer en écailles plus ou moins distinc- tes, et plus ou moins polies et luisantes, sur le barbu, sur le barbillon, et sur quelques autres squales : mais c'est surtout le poisson dont nous traitons dans cet article, qui présente, dans les parties dures dont sa peau est garnie , la forme véritablement écailleuse; et de là vient le nom que nous croyons devoir lui conserver. Les écailles qu’il montre sont assez gran- 1. Chien de mer écailleux, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences pour 1780. Chien de mer écailleux, Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. : PL 65 Poissons. {FX 1) 3 AR { DLRSUEN = jy Ÿ A fl |A) VA ‘4 SSI LINE 2 MURS À rl] LU J h \ Da AU 1 FAT /l f Co IE \ 1 4 M, ï {l £ LU Pons AN © MU NET ! l I DATA. -E ar ul (| 0 { alt phil | i k { He: 14 À Û 14) fl | QE jl ii If, | 1) fil | ga {| L À fs | 4 fl ADI 1} | ie /) ÿ A | fil k < HE se M1 pe + TL . LIL | dl | ü I. LE SQUATE SCIE 2.1/2, SQUARD: ROUSSETMNE" DÉS POISSONS. 5 —_* des, mais inégales en étendue, ovales et relevées par une arête longitudinale. Le museau est allongé et aplati de haut en bas; l'ouverture de la bouche, un peu petite et arquée; les dents sont presque carrées, découpées dans leurs bords à peu près comme celles du squale bouclé, et plus grandes dans la mâchoire inférieure que dans la supérieure. Les nageoires dorsales sont allongées, occupent une partie du dos assez étendue, et sont arméesc hacune d’un aiguillon, comme celles de Pai- guillat, du sagre et du humantin; et la seconde de ces nageoires est moins près de la tête que les ventra- les , qui cependant en sont assez éloignées. M. Brous- sonnet a parlé le premier, et dès 1760, de cette es- pèce, dont il a vu un individu d’un mètre, où environ trois pieds, de longueur, dans le Muséum d'histoire naturelle. cH94Popor <épo04p9 LE SQUALE SCIE. Squalus pristis, Guer., Lacer. — Squalus rastrifer, Coumers, — Pristis antiquorum, Laru., BLainv. — Pristis pectinata. D — LE nom que les anciens et les modernes ont donné à cet anima! , indique l’arme terrible dont sa tête est 1, Espadon. Epee de mer. 4 HISTOIRE NATURÉÈLLE pourvue , et qui seule le sépareroit de toutes les es- pèces de poissons connues jusqu’à présent. Cette arme forte et redoutable consiste dans une prolonga- Sag-fisk, en Suède. Saw-fish, en Angleterre. Chien de mer scie, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Fauna suecica, 297. Mus. ad., fr. 1, p. 52. O. Fabric. Faun. groenl., p. 130, n. 91. Muller, prodrom. Zoo. dan., p. 58, n. 319. « Squalus rostro longo cuspidato osseo plano utrinque dentato, » Artedi, gen. 66, syn. 95. Gronov. mus. 1, n. 152, Zooph., n. 148. Browne, Jamaiïc., p. 458, n. 1. Bloch, pl. 120. Klein, miss. pise. 5, p.12, n. 11, tab. 8, fig. 1 ct 2. Squalus rastrifer, Commerson, manuscrits déjà cités. Araguagua, Marcgr. Brasil., p. 158. Id. Pis. Ind., p. 54. Serra, Plin. Hist. mundi, lib. 52, cap. 11. Clus. Exot., p. 155. Aldrov. Cet. p. 692. Olear. Kunstk., p. 41. tab. 26, fig. 1. Gesner, Aquat. p. 759, ic. anim., p. 171; Thierb., p. 101. Willughby, Ichth., p. 61, tab. B, 9, fig. 5. Ray. pisc., p. 25. Vivelle, Rondelet , première partie, liv. 16, chap. 11. Xiphias, vel Gladius, Jonstor, pise., p. 15, tab. 4, fig. v. Blas. Anat., p. 507, tab. 49, fig. 15. Spadon. Du Tertre, Antil., p. 207. « Serra marina, langue de serpent, » Belon, Aquat., p. 66. Chien de mer scie, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Scieaces pour 1780. Scie, Espadon, Épée de mer, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'his- toire naturelle, article des Baleines. Arist., Hist. animal., lib. 6, cap. 22. Athen., lib. 8, p. 553. DES POISSONS. HE tion du museau, qui, au lieu d’être arrondi, ou de finir en pointe, se termine par une extension très ferme , très longue, très aplatie de haut en bas, et très étroite. Cette extension est composée d’une ma- tière osseuse, ou, pour mieux dire , cartilagineuse et très dure. On peut la comparer à la lame d’une épée ; et elle est recouverte d’une peau dont la consistance est semblable à celle du cuir. Sa longueur est com- munément égale au tiers de la longueur totale de l’a- nimal ; sa largeur augmente en allant vers la tête, auprès de laquelle elle égale ordinairement le septième de la longueur de cette mème arme, pendant qu'elle n’en est qu’un douzième à l’autre extrémité. Le bout de cette prolongation du museau ne présente cepen- dant pas de pointe aiguë, mais un contour arrondi ; et les deux côtés de cette sorte de lame montrent un nombre plus ou moins considérable de dents, ou appendices dentiformes très forts, très durs, très grands et très allongés. Ils font partie du cartilage très endurci qui compose cette même prolongation; ils sont de mème nature que ce cartilage , dans lequel ils ne sont pas enchâssés comme de véritables dents, mais dont ils dérivent comme des branches sortent d’un tronc; et, perçant le cuir qui enveloppe cette lame , ils paroissent nus à l'extérieur. La longueur de ces sortes de dents, qui sont assez séparées Îles unes des autres , égale souvent la moitié de la largeur de la lame , à laquelle elle donne la forme d’un long peigne garni de pointes des deux côtés, ou, pour mieux dire , du râteau dont les jardiniers et tes agriculteurs se servent : aussi plusieurs naturalistes ont-ils nommé 6 HISTOIRE NATURELLE le squale scie, Räteuu où Porte-râteau. Pendant que V’animal est encore renfermé dans son œuf, ou lors- qu'il n'en est sorti que depuis peu de temps, la lame cartilagineuse qui doit former son arme est molle, ainsi que les dents que produisent les découpures de cette lame , et qui sont, à cette époque de la vie du squale, cachées presque en entier sous le cuir. Au reste, le nembre des dents de cette scie varie dans les différents individus , et le plus souvent il y en a de vingt-cinq à trente de chaque côté. Nous allons voir l'usage que le poisson scie fait de cette longue épée ; mais achevons auparavant de faire connoître les particularités de la conformation de ce squale. La couleur de la partie supérieure de ce cartilagi- neux est grise et presque noire; celle des côtés est plus claire , et la partie inférieure est blanchâtre. On voit sur la peau de très petits tubercules, dont l’ex- trémité est tournée vers la queue, et qui par consé- quent ne rendent cette mème peau rude an toucher que pour la main qui en parcourt la surface en allant de la queue vers le museau. La tête et la partie antérieure du corps sont apla- ties. L'ouverture de la bouche est demi-circulaire, et placée dans ja partie inférieure de la tête, à une plus srande distance du bout du museau que les yeux. Les mâchoires sont garnies de dents aplaties de haut en bas , ou, pour mieux dire , un peu convexes, serrées les unes contre les autres, et formant une sorte de pavé. Les nageoires pectoriles présentent une grande DES POISSONS. 45 étendue ; la première dorsale est située au dessus des ventrales , et celle de la queue est très courte Î. Les anciens naturalistes et quelques auteurs mo- dernes ont placé la scie parmi les cétacés, que l’on a st souvent confondus avec les poissons, parce qu'ils habitent les uns et les autres au inilieu des eaux. Cette première erreur a fait supposer par ces.mêmes auteurs, ainsi que par Pline, que la scie parvenoit à la très grande longueur attribuée aux baleines , et l’on a écrit et répété que, dans des mers éloignées, elle avoit quelquefois jusqu’à deux cents coudées de long. 1. Principales dimensions d’un squale scie mesuré par Commerson, au moment où cet animal venoit de mourir. pieds. pouc. lign. Longueur depuis le bout du museau jusqu'aux pointes de la prolongation de cette partie, les plus voisines de la tête proprement dites Rép to 7 6 au bord antérieur des narines. :. . . .4 . . . o NO aumilieu desyeux. Ale t li.) Li 0 8 6 aux évents. . SR LUN RRMEANE o 9 9 à la première ouverture branchiale. : . . . : . 0 6 à la cinquième ouverture branchiale. . . . . . à 1 8 au bout antérieur de la base des nageoires. pec- TOra les UN NE SEUL AE A ARS AS DL RE 0 6 à l'origine des nageoires ventrales. . . . . . . 1 PR TO AA NS ne 2 LT EN REC ER ON RSA RS ENS CR Er à l’origine de la première nageoiïre dorsale. 1 8 à l’origine de la seconde nageoire dorsale. 2 3 0 à l'origine de la nageoïre de la queue.. . . . . » 6 8 au bout de la nageoire de la queue, le plus éloi- Dnéadeta tête. 4. CET INR EL AIMER 11 6 Largeur de la tête, auprès de l'ouverture de la bou- (OT eR A MSN NPA ANR ON IRC Re ER 2 $ du corps, auprès des nageoires pectorales, à l'endroit où elle est la plas grande. . . .. . o l 6 du corps, auprès de la seconde nageoire du dos. © 1 a Â8 HISTOIRE NATURELLE Quelle distance entre cette dimension et celles que l'observation a montrées dans les squales scies les plus developpés ! On n’en a guère vu au delà de cinq mètres, ou de quinze pieds, de longueur; mais comme tous les squales ont des muscles très forts, et que d’ailleurs une scie de quinze pieds a une arme longue de près de deux mètres, nous ne devons pas être surpris de voir les grands individus de l’espèce que nous examinons, attaquer sans crainte et com- battre avec avantage des habitants de la mer des plus dangereux par leur puissance. La scie ose même se mesurer avec la baleine mysticète, ou baleine frar- che, ou grande baleine; et, ce qui prouve quel pou- voir lui donne sa longue et dure épée, son audace va jusqu’à une sorte de haine implacable. Tous les pè- cheurs qui fréquentent les mers du Nord assurent que toutes les fois que ce squale rencontre une ba- leine, il lui livre un combat opiniâtre. La baleine tâche en vain de frapper son ennemi de sa queue, dont un seul coup sufhroit pour le mettre à mort : le squale, réunissant l’agilité à la force, bondit, s’é- lance au dessus de l’eau, échappe au coup, et retom- bant sur le cétacé, lui enfonce dans le des sa lame dentelée. La baleine, irritée de sa blessure, redouble ses efforts : mais souvent, les dents de la lame du squale pénétrant très avant dans son corps, elle perd la vie avec son sang, avant d’avoir pu parvenir à frap- per morteilement un ennemi qui se dérobe trop ra- pidement à sa redoutable queue. Martens a été témoin d’un combat de cette nature derrière la Hitlande, entre une autre espèce de ba- leine nommée Nord caper et une grande scie. Il n’osa DES POISSONS. 4g pas s'approcher du champ de bataille; mais il les voyoit de loin s'agiter, s’élancer, s'éviler, se pour- suivre , et se heurter avec tant de force, que l’eau jaillissoit autour d'eux, et retomboit en forme de pluie. Le mauvais temps l’empêcha de savoir de quel côté demeura la victoire. Les matelots qui étoient avec ce voyageur, lui dirent qu'ils avoient souvent sous les yeux de ces spectacles imposants ; qu'ils se tenoient à l’écart jusqu’au moment où la baleine étoit vaincue par ia scie, qui se contentoit de lui dévorer la langue, et qui abandonnoit en quelque sorte aux marins le reste du cadavre de l’immense cétacé. Mais ce n’est pas seulement dans l'Océan septen- trional que la scie donne, pour ainsi dire, la chasse aux baleines ; elle habite en effet dans les deux hé- wisphères, et on Fly trouve dans presque toutes les mers. On la rencontre particulièrement auprès des côtes d'Afrique, où la forme, la grandeur et la force de ses armes ont frappé l'imagination de plusieurs nations nègres, qui l'ont, pour ainsi dire, divinisée, et conservent les plus petits fragments de son museau dentelé, comme un fétiche précieux. Quelquefois ce squale, jeté avec violence par la tempête contre la carène d’un vaisseau, ou précipité par sa rage contre le corps d'une baleine , y enfonce sa scie qui se brise; et une portion de celte grande lame dentelée reste attachée au doublage du bâtiment ou au corps du cétacé ; pendant que l’animal s'éloigne avec son museau tronqué et son arme raccourcie. On conserve , dans les galeries du Muséum d'histoire na- turelle, un fragment considérable d’une très grande lame de squale scie, qui y a été envoyé dans le temps 50 HISTOIRE NATURELLE par M. de Capellis, capitaine de vaisseau, et qui a été trouvé implanté dans le côté d’une baleine. LE SQUALE ANISODON‘ Pristis cirrhatus, LATH. M. Jean Latham a décrit, dans les Actes de la So- cièté Linnéenne de Londres? , quatre squales auxquels il donne les noms de Pristis antiquorum , Pristis pec- tinatus, Pristis cuspidatus, et Pristis microdon, et que nous croyons devoir considérer comme des va- riétés produites par l’âge, ie sexe ou le pays, dans l’espèce de notre squale scie. Mais ce savant natura- liste a fait connoître , dans le même ouvrage, un cin- quième squale que nous regardons comme une es- pèce distincte de la scie et de tous les autres"squales, et que nous nous empressons d'inscrire dans notre catalogue des poissons cartilagineux. Ce squale que nous nommons Anisodon, a été pè- ché auprès des rivages de la Nouvelie-Hoilande. De chaque côté de son rauseau très long et très étroit, on voit une viugtaine de dents aiguës et un peu recour- 1. Squalus anisodon. (Anisodon vient de deux mots grecs, odon, dent, et antsos, inégal.) Pristis cirrhatus, John Latham, Act. de la Soc. Linn. de Lond., vol. Il, p. 276. 2. Vol. et pag. déjà cités. DES POISSONS. 51 bées ; et auprès de chacune de ces grandes dents, on en compte depuis trois jusqu’à six qui sont beaucoup plus courtes. Les filaments flexibles qui pendent au dessous du museau, 6nt de longueur le quart ou en- viron de la longueur totale du poisson. Au reste , l’in- dividu décrit par M. Latham étoit mâle, et devoit ètre très Jeune. LE SQUALE ANGE*. Squalus Squatina, Guar., LacEr. — Squatina lœvis, Cuv. — Sauatine Angelus, Braïnv., Risso. —_——— © > — ——— DE tous les squales connus, l'ange est celui qui a le plus de rapports avec Îles raies et particulièrement avec la rhinobate. Non seulement il est, comme ces 1. Créac de buse, auprès de Bordeaux. Squaqua, dans plusieurs pays d'Italie. Squala, ibid. Pesce angelo , à Gênes. The monk, or angel-fish, en Angleterre. Chien de mer ange, Daubenton, He clopélte méthodique, Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. ad. fr. 2, p. 40. « Squalus pinna ani carcns, ore in apice capitis, » Artcdi, gen. 67, n.6,syn. 95. Gronov. mus. 1, 197; Zooph. 151. Bloch, Histoire des poissons étrangers, ete., pl, 116. « Rhina sive squatina auctorum , » Klein, miss, pise. 5, p. 14, n. 1, tab, 2, fig. 5 et6. 52 HISTOIRE NATURELLE dernières, dénué de nageoire de l’anus et pourvu d’évents, mais encore il s'en rapproche par la forme de sa queue, par l’aplatissement de son corps, et par la grande étendue des nageoires pectorales. Il s’en éloigne cependant par un autre caractère très sen- sible qui le lie au contraire avec le squale barbu, par la position de l'ouverture de la bouche, qui, au lieu d’être placée au dessous du museau, en occupe l'extrémité. Cette ouverture, qui est d’ailleurs assez grande , forme une partie de Îa circonférence de la iète, qui est arrondie, aplatie , et plus large que le corps. Les mâchoires sont garnies de dents pointues et recourbées , disposées sur des rangs dont le nombre angmente avec l’âge de lanimai, et est toujours plus Aristot., Hist. anim., lib. 2 , cap. 25; lib. 5, cap. 5, 10, 11; lib. 9, cap. 97. Squadro, Salvian. Aquat., p. 151. Squatina , Plin. Hist. mundi, lib. 9, Cap. 12, 24, 42, 51. L'ange, Rondelet, première partie, liv. 12, chap. 20. Gesn. Aquat. p. 899 , 902; icon. anim. p.69, 40; Thierb., p. 165, b, 166. Aldrovand. pisc. p. 472. Jonston, pise. p. 59, tab. 11, fig. 7. Belon, Aquat. p. 78. Squatina, Willughby, Ichth., p. 97, tab. D, 5. Ray., pisc., p. 26. Chien de mer ange, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des Sciences pour 1760. Angel-fish, Pennant, Brit. Zool. 5, p. 74, n. 1. Oppian, lib. 1, cap. 15. Charleton, p. 151. Athen. lib. 7, pag. 519. Squatine, el Ange, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. DES POISSONS. 535 grand dans la mâchoire inférieure que dans la supé- rieure. Les narines sont situées, comme la bouche, sur le bord antérieur de la tête, et la membrane qui les recouvre se termine par deux barbillons. C’est sur la queue que l’on voit les deux nageoires dorsales; les ventrales sont grandes; la caudale est un peu en demi-cercle;.et les pectorales sont très étendues et assez profondément échancrées par de- vant. Àu reste, ce sont les dimensions ainsi que la forme de ces dernières qui les ont fait comparer à des ailes comme les pectorales des raies. et qui ont fait donner le nom d’Ange au squale que nous dé- crivons. Ce cartilagineux ressemble d’ailleurs à plusieurs raies par les aiguillons recourbés en arrière qu'il a auprès des yeux et des narines, sur les nageoires pec- torales et ventrales , et sur le dos et la queue. Il est gris par dessus , et blanc par dessous ; et les nageaires pectorales sont souvent bordées de brun par dessous, et blanches par dessus ; ce qui leur donne de l'éclat, les fait contraster avec la nuance cendrée du dos, et n'a pas peu contribué à les faire considérer comme des ailes. L'ange donne le jour à treize petits à la fois. Les grands individus de cette espèce ont communément sept ou huit pieds (près de trois mètres) de longueur; mais les appétits de ce squale ne doivent pas être très violents, puisqu'il va quelquefois par troupes, et qu'il ne se nourrit guère que de petits poissons. Il les prend souvent en se tenant en embuscade dans le fond de la mer, en s’y couvrant de vase, et en agitant ses bar- LACÉPEDE. VI, k 54 HISTOIRE NATURELLE billons qui, passant au travers du limon , paroissent comme autant de vers aux petits poissons, et les attirent, pour ainsi dire , jusque dans la gueule de l'ange. Il habite dans l'Océan septentrional, aussi bien que dans la Méditerranée, sur plusieurs rivages de laquelle on emploie sa peau à polir des corps durs, à garnir des étuis, et à couvrir des fourreaux de sabre ou de cimeterre. DES POISSONS. 55 Eobp pee pSNEHIPEDSHEH SEE" EE 6HEboirotEbe pee Es ; QUATRIÈME GENRE. LES AODONS. Les mâchoires sans dents; cinq ouvertures branchiales de chaque côté du corps. ESPÈCES. CARACTÈRES. 1. AODON MAssASA. | Les nageoires pectorales très longues. { Les nageoires pectorales courtes; quatre bar- | billons auprès de l’ouverture de la bou- che. {ee long appendice au dessous de chaque œil. 2. AODON KUMAL, 3. AODON CORNU. 56 HISTOIRE NATURELLE poepetodededebt=tr a LL L'AODON MASSASA*. Aodon Massasa, Lacrr. — Squalus Massasa, Forsk., GMEL. ET L'AODON KUMAL?. Aodon Kumal, Lace. — Squalus Kumal, Forsx., Lacrr. ——$e—— Ces deux espèces de cartilagineux ont été com- prises jusqu’à présent dans le genre des squales ; mais nous avons cru devoir séparer de cette famille des animaux qui en diffèrent par un caractère aussi re- marquable que le défaut total de dents, mis en op- position avec la présence de dents très grandes, très fortes et très nombreuses, telles que celles des squa- les. Nous en avons composé un genre particulier, que nous distinguons par le nom d’Æodon, qui veut dire sans dents, et qui exprime leur dissemblance avec les cartilagineux parmi lesquels on les a comptés. Au 1. Squalus massasa, Forskael , Faun. arab., p. 10, n. 17. Chien de mer massasa, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 2. Squalus kumal, Forskael, Faun. arab., p. 10, n. 19, Chien de mer kumal, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. DES POISSONS. 57 reste, le massasa et le kumal, qui habitent tous les deux dans la mer Rouge, ne sont encore connus que d'après de très courtes descriptions données par Fors- kael; et noùs n’avons en conséquence rien à ajouter à ce que nous venons d'en dire, dans le tableau mé- thodique du genre qu’ils forment. L’'AODON CORNU-. Aodon cornutus, Lacer. — Squalus edentulus, Guet. C’EsT aussi dans le genre de l’aodon que nous avons cru devoir placer l’animal sans dents, dont la tête a été décrite par Brunnich dans son Histoire natu- relle des poissons de Marseille, et qui a été compris parmi les squales par cet observateur, ainsi que par M. Bonnaterre. On ne connoît encore ce poisson que par Brunnich, qui n’en a vu qu'une tête desséchée dans la collection de l’académie de Pise : mais les ca- tactères que présente cette tête suffisent pour distin- guer l'animal non seulement des autres aodons, mais encore de tous les poissons dont on a publié jusqu’à présent la description ou la figure. Elle est plate, 1. Squalus edentulus, Brunnich , Ichthyol. massiliens,, p. 6. Chien de mer sornu, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- ‘hodique. 58 HISTOIRE NATURELLE large de trois palmes, dit Brunnich, et comme tron- quée vers le museau. Les deux mâchoires sont garnies d’une bande osseuse et large d’un pouce. Cette bande est lisse dans la mâchoire inférieure, et raboteuse dans la supérieure , qui est plus avancée que l’autre. Les yeux sont grands; et un peu au dessous de cha- cun de ces organes on voit s'élever un appendice cu- tané , long d’un palme et demi, et en forme de corne un peu contournée. DES POISSONS. 59 STBemoPDeEIPOBEDOD BOB SH O D: BEBE BD D 6 SD AIX PE EE OP Op BD D Btp ED SECONDE DIVISION. Poissons cartilagineux qui ont une membrane des branchies sans opercule. —— 2 9— SIXIÈME ORDRE DÉ LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS SECOND ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES CARTILAGINEUX À. Poissons jugulaires, où qui ont des nageoires situces sous la gorge. SIXIÈME GENRE. LES LOPHIES,. Un tres grand nombre de dents aiguës; une seule ou- verture branchiale de chaque côté du corps; les na- geoires pectorales attachées à des prolongations en forme de bras. 1. On ne connoît encore aucune espèce de poisson dont on puisse former un premier ordre , ou un ordre d’apodes , dans la seconde di- vision des cartilagineux. 60 HISTOIRE NATURELLE PREMIER SOUS-GENRE. Le corps aplati de haut en bas. ESPÈCES. CARACTÈRES. La tête très grosse et arrondie. Le corps tuberculeux ; le museau pointu. Le corps très déprimé, aïguillonné et en { forme de disque. 1. LOPHIE RAUDROIE. 2. LOPHIE VESPERTILION. 3. LOPHIE FAUJAS. SEGOND SOUS-GENRE. * Le corps comprimé latéralement. ESPÈCES. CARACTÈRES. Un long filament placé au dessus de la lèvre supérieure, et terminé par deux appen- dices charnus. : long filament placé au dessus de la lèvre 4. LopnIE HISTRION. supérieure, et terminé par une très petite masse charnue; le corps rougeître, ei pré- sentaut quelques taches noires. C4 long filament placé au dessus de la lèvre 5, LOPHIE CHIRONECTE, supérieure, et terminé par une très petite masse charnue ; le corps varié de noir et de gris. ; Un iong filament placé au dessus de la lèvre supérieure, et terminé par une très petile masse charnue; le corps noir; un point blanc de chaque côté. 6. LoPniE DOUBLE-BOSSE. 7. LOPHIE COMMERSON. TROISIÈME SOUS-GENRE. Le corps de forme conique. ESPÈCE. CARACTÈRES. Deux filaments situés àu dessus de la lèvre 8. LoPxiE rERGUSON. ‘ supérieure; des protubérances anguleuses sur la partie supérieure de la tête. DES POISSONS. Gi LA LOPHIE BAUDROIE. Lophius piscatorius, Guez., Lacgr., Cuv., Rrsso. Les poissons que nous avons décrits jusqu'à pré- sent sont dénués d’opercule et de membrane parti- 1. Rana piscatrix. Marino piscatore, en Italie. Martino piscatore, ibid. Diavolo di mare, ibid. Baudroie, dans plusieurs départements méridionaux. Pescheteau , ibid. Galanga, ibid. Toad-fish, en Angleterre. Frog-fish, ibid. Sea-devil , ibid. Baudroie (la grande), Daubenton, Encyclopédie méthodique. Lophius piscatorius, Fauna suecica , 298. Müller, predrom. Zoolog. danic., p. 38, n. 321. It. scan. 527. Mus. ad. fr. 55. Lophius ore cirroso, Artedi, gen. 36, syn. 87. Gronov. mus. 1, p. 57, Zooph. p. 58. Bloch, Histoire naturelle des poissons, pl. 87. Lophius, Strom. sondm. 271. .« Batrachus capite rictuque ranæ, » Klein, miss. pise. 3, p. 15. « Batrachus altero pinnarum pare ad exortum caudæ carens, » ibid. Charleton, Onom. 199. Olear. mus. 57, tab. 25, fig. 4. 62 HISTOIRE NATURELLE culière destinés à fermer, à leur volonté, les ouvertu- res de l'organe de la respiration. Ceux qui composent la seconde division des cartilagineux, et dont nous allons exposer les habitudes et les formes, présentent dans cet organe une conformation différente : ils n'ontpas, à la vérité, d’opercule ; mais ils ontreçuune membrane propre à fermer l'ouverture des branchies. Le pre- mier genre que nous rencontrons sur le tableau mé- thodique des quatre ordres qui forment cette division pourvue d’une membrane branchiale sans opercule, est celui des lophies. Le nom de Lophie, en latin lo- phius, vient du mot grec lophia, qui signifie nageoire Baudroie (la grande), Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. Cicer., de Natura Deorum, lib. 2. Belon, Aquat., p. 85. Rana marina, Jonston, pisc., p. 56, tab. 1, fig. 8. Rana, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 24. Fishing frog, Brit. Zool. 8, p. 95, 95, n. 1, 2, tab. 94. « Toad-fish, frog-fish, sea-devil, » Willughby, Ichth., p. 85, tab. E, 1. Baudroie, Camper, Mém. des savants étrangers, 6, p. 177. Galanga, Rondelet, première partie, liv. 12, chap. 19. Id. Valmont-Bomare, Dict. d'histoire naturelle. Arist., lib. 9, cap. 37; lib. 2, cap. 15; lib. 5, cap. 5. De partibus animalium , lib. 4, cap. 14. Ælian., lib. 9, cap. 24; et lib. 15, cap. 1 et 2. Athen., lib. 7, p. 286. Oppian., lib. 2, p. 55. Salv., fol. 139, b, 140, 141. Gesner, p. 815, 816. Ray., p. 29. Schonev., p. 59. Rana piscatrix vulgaris, Aldrovand., lib. 3, cap. 64. Baudroie, Dessins sur vélin déposés dans la bibliothèque du Mu- séum d'histoire naturelle, LES POISSONS. 63 et élévation, et qui désigne la grande quantité d’émi- nences, de prolongements et de nageoires, que l’on voit en effet sur. ie dos de toutes les espèces compri- ses dans le genre que nous allons chercher à faire connoître. Nous examinerons ce caractère avec d’au- tant plus d'attention, que nous le voyons pour la pre- mière fois : mais les lophies en montrent d’autres que nous devons considérer auparavant. Et d’abord, jetons les yeux sur celui qui les a fait inserire dans le second ordre de la seconde division!, sur la manière dont sont placées les nageoires inférieures, celles que dans tous les poissons on a comparées à des pieds. Au lieu d’être très voisines de l’anus, comme dans les différentes espèces de raies et de squales , ces na- geoires sont situées très près de l’ouverture de la bouche, et, pour ainsi dire, sous la gorge : elles sont par là bien plus antérieures que les nageoires pectora- les, qui d’ailleurs sont plus reculées que dans plusieurs autres poissons; et voilà ce quia causé la méprise de plusieurs naturalistes, qui ont regardé les nageoires jugulaires comme des nageoires pectorales, et les na- geoires de la poitrine comme des nageoires ventrales. Cependant, pour mieux faire connoître ce qui ca- ractérise les lophies, décrivons-en l'espèce la plus re- marquable , en indiquant ce qui est particulier à ce cartilagineux, auquel nous conservons le nom de Baudroie, et ce qui est commun à tous les animaux qui composent sa famille. Les nageoires inférieures, placées sous la gorge, ainsi que nous venons de le dire, et de même que dans les autres lophies, sont z. Article intitulé : Nomenclature des Poissons. 64 HISTOIRE NATURELLE courtes, fortes, et composées de rayons assez mobiles pour servir à la baudroie à s’attacher, et, pour ainsi dire, à s’accrocher au fond des mers. Ces rayons sont d’ailleurs au nombre de cinq, et réunispar une mem- brane assez lâche : aussi a-t-on cru voir dans cha- cune de ces deux nageoires ventrales, ou plutôt ju- gulaires, une sorte de main à cinq doigts et palmée. D'un autre côté, les nageoïres pectorales, au lieu de tenir immédiatement au corps de l'animal, sont si- tuées , ainsi que celles des autres lophies, à l’extré- mité d’une prolongation charnue et un peu coudée, que l’on a voulu comparer à un bras et un avant- bras, ou à une jambe et un pied. On a regardé en conséquence les rayons des nageoires pectorales comme autant de doigts d’une main ou d’un pied; et la baudroïie n’a plus paru qu'une sorte d’ani- mal marin à deux mains et à deux pieds, ou plutôt à quatre mains. On en a fait ün quadrumane ; on a dit qu'elle étoit, au milieu des eaux de la mer, le repré- sentant des singes, des mongous, et des autres ani- maux terrestres auxquels le nom de quadrumare a été aussi donné : et comme lorsque l'imagination ase- coué le joug d’uné saine analogie; et qu'elle a pris son essor, elle cède avec facilité au plaisir d’enfanter de faux rapports el de vaines ressemblances, on est allé jusqu’à supposer dans la baudroïie des traits de l’es- pèce humaine. On a surtout métamorphosé en maïs d'homme marin ses nageoires jugulairés; et, il faut en convenir, la forme de ces nageoires, ainsi que les attaches de celles de la poitrine, pouvoient non pas présenter à un naturaliste exact, mais rappeler à un observateur superficiel quelque partie de l’image de DES POISSONS. 65 l'homme. Quel contraste néanmoins que celui de cette image auguste avec toutes celles que réveille en même temps la vue de la baudroie ! Cette forte anti- pathie qu’inspire la réunion monstrueuse de l’être le plus parfait que la nature ait créé, avec le plus hideux de ceux que sa main puissante a, pour ainsi dire, laissé échapper, ne doit-on pas l'éprouver en retrouvant dans la baudroie une espèce de copie, bien informe sans doute, mais cependant un peu reconnoissable, du plus noble des modèles, auprès d’une tête excessi- vement grosse, et d’une gueule énorme, presque en- tièrement semblable à celle d’une grenouille, ou plutôt d’un crapaud horrible et démesuré ? On croi- roit que cette tête disproportionnée qui a fait don- ner à la baudroie le nom de Grenouille de mer, placée au devant d’un corps terminé par une queue et doué en apparence de mains ou de pieds d'homme, sur- montée par de longs filaments qui imitent des cornes, et tout entourée d’appendices vermiculaires, a fait de la grande lophie qui nous occupe, le type de ces ima- ses ridicules de démons et de lutins par lesquels une pieuse crédulité ou une coupable fourberie a effrayé pendant tant de siècles l'ignorance superstitieuse et craintive, et de ces représeniations comiques avec lesquelles la riante poésie a su égayer même l’austère philosophie: Aussi la baudroie a-t-elle souvent fait naître une sorte de curiosité inquiète dans l’âme des observateurs peu instruits qui l’ont vue pour la pre- mière fois, surtout lorsqu'elle est parvenue à son en- tier développement, et qu’elle a atteint une longueur de plus de deux mètres, ou de près de sept pieds. Elle a été appelée Diable de mer ; et sa dépouille, préparée 66 HISTOIRE NATURELLE de manière à être très transparente, et rendue lumi- neuse par une lampe allumée renfermée dans son in- térieur, a servi plusieurs fois à faire croire des esprits foibles à de fantastiques apparitions. L'intérieur de la bouche est garni d’un grand nom- bre de dents longues, crochues et aiguës, comme dans toutes les lophies. Maïs on en voit non seule- ment à la mâchoire supérieure, où elles forment trois rangées , et à la mâchoire inférieure, où elles sont disposées sur deux rangs, et où celles de der- rière peuvent se baisser en arrière, mais encore au palais, et sur deux cartilages très durs et allongés pla- cés auprès du gosier. La langue, qui est large, courte et épaisse, est hérissée de dents semblables ; et l’on aperçoit d’autant plus aisément cette multitude de dents plus où moins recourbées, cette distribution de ces crochets sur la langue , au gosier, sur le palais et aux mâchoires, et tout cet arrangement qui est soumis pour Ja première fois à notre examen, que l'ouverture de la bouche s'étend d'un côté de la tête à l’autre, presque dans l'endroit où cette dernière partie a le plus de largeur, et que cette même tête est très grande relativement au volume du corps qu'elle déborde des deux côtés. C’est cet excès de grandeur du diamètre transver- sal de la tête sur celui du corps, qui, réuni avec le contour arrondi du devant du museau , forme le’ca- ractère spécifique de la baudroie. L'ouverture de la bouche est d’ailleurs placée dans la partie supérieure du museau ; et, par conséquent, la mâchoire inférieure est la plus avancée. Derrière la lèvre supérieure, on voit les narines, DES POISSONS. 67 Elles présentent dans la baudroie une conformation particulière. Les membranes qui composent l'organe de l’odorat , ou l’intérieur de ces narines , sont renfer- mées dans une espèce de calice à ouverture étroite, que soutient une sorte de pédoncule ; le nerf olfactif parcourt la partie interne de ces pédoncules pour al- ler se déployer sur la surface des membranes conte- nues dans le creux du calice; et cette coupe, un peu mobile sur sa tige, peut se tourner, à la volonté de l'animal, contre les courants odorants, et rendre plus forte l'impression des odeurs sur l'organe de ja bau- droie. L'organe de l’ouie de cette grande lophie a beau- coup plus de rapports avec celui des poissons osseux qu'avec celui dés raies et des squalest; la cavité qui le contient n'est pas séparée de celle du cerveau par une cloison cartilagineuse comme les squales et les raies, mais par une simple membrane. De plus, les trois canaux nommés demi-circulaires , qui compo- sent une des principales portions de cet organe, com- muniquent ensemble ; et, dans l'endroit où leur réu- nion s'opère, on voit un osselet particulier, que l’on retrouve dans le brochet, que Scarpa à découvert dans l’anguille, dans la morue, dans la truite , et qu’il soupçonne dans tous les poissons osseux ?. L'ouverture branchiale est unique de chaque côté ; el ce caractère, qui est Commun à toutes les lophies, est un de ceux qui servent à distinguer le genre de ces animaux de ceux des autres poissons, ainsi qu’on a pu le voir dans le tableau méthodique de cette fa- 1. Discours sur la nature des poissons, 2. Ouvrage de Scarpa, déjà cité. GS HISTOIRE NATURELLE mille, On a pu voir aussi, sur ce même tableau, que les lophies n’avoient pas d’opercule pour fermer leurs ouvertures branchiales, mais qu’elles étoient pour- vues d’une membrane des branchies. Dans la bau- droie, cette membrane est soutenue par six rayons qui servent à la plier ou à la déployer pour ouvrirou fermer l’orifice par lequel l’eau de la mer peut pénétrer jusqu’à l'organe respiratoire. Cet organe ne consiste de chaque côté que dans trois branchies engagées dans une membrane qui les fixe plus ou moins au corps de l'animal; et l’orifice en est situé très près de la nageoire pectorale, qui, dans certaines posi- tions , empêche de le distinguer avec facilité. Les yeux sont placés sur la partie supérieure de la tête, etitrès rapprochés lun de l’autre ; ce qui donne à l’animal la faculté de reconnoître très distinctement les objets qui passent au dessus de lui. -On aperçoit entre les seux une rangée longitudi- nale composée de trois longs filaments , dont ordinai- rement le plus antérieur a plus de longueur que les autres, s'élève à une hauteur égale au moins à la moï- tié de la plus grande largeur de la tête, et se termine par une membrane assez large et assez longue. Cette membrane se divise en deux lobes , et l’on voit une seconde membrane beaucoup plus petite, et un peu triangulaire , implantée vers sa base et sur sa partie postérieure. Les autres deux filaments offrent quel- ques fils le long de leur tige. Au delà de ces trois filaments très déliés, sont deux nageoires dorsales, dont la première a une membrane beaucoup plus courte que les rayons qui y sont atta- chés. La nageoire de la queue est très arrondie, ainsi DES POISSONS. 69 que les pectorales !. Celle de l'anus est au dessous de la seconde dorsale. Des barbillons vermiformes garnissent les côtés du corps, de la queue et de la tête, au dessus de laquelle paroissent quelques tubercules ou aiguillons, parti- culièrement entre les yeux et la première nageoire du dos. Au reste , la bauaroïe est brune par dessus, et blanche par dessous , et la nageoire de la queue est noire, ainsi que le bord des nageoires pectorales. Nous avons déjà dit qu’elle parvenoit à la longueur de sept pieds ; Pontoppidan assure même qu’on en a pris qui avoient plus de douze pieds de long?. Cepen- dant la peau de la baudroïe est molle et flasque dans beaucoup d’endroits ; ses muscles paraissent foibles; sa queue, qui n’est ni très souple ni déliée, ne peut pas être agitée avec assez de vitesse pour imprimer une grande rapidité à ses mouvements. N'ayant donc ni armes très défensives dans ses téguments, ni force dans ses membres, ni célérité dans sa natation, la baudroie, malgré sa grandeur, est obligée d’em- ployer la ressource de ceux qui n’ont reçu qu’une puissance très limitée : elle est contrainte, pour ainsi dire, d’avoir recours à la ruse, et de réduire sa chasse à des embuscades, auxquelles d’ailleurs sa conforma- tion la rend très propre. Elle s'enfonce dans la vase, 1. Communémenit la première nageoire dorsale a. . 3 rayons. Jaisecondess 00e en NON chaque pectorale. . .. . . . .. 24 celle dellanus il Rens A 9 celle dela queue..." 5 0RE us 2. Histoire naturelle de Norwége, etc., par Ponloppidan. LAGÉPEDE. VI 5 70 HISTOIRE NATURELLE | elle se couvre de plantes marines, elle se cache sous les pierres et les saillies des rochers. Se tenant avec patience dans son réduit, elle ne laisse apercevoir que ses filaments, qu’elle agite en différents sens, aux- quels elle donne toutes les fluctuations qui peuvent les faire ressembler davantage à des vers ou à d’autres appâts, et par le moyen desquels elle attire les pois- sons qui nagent au dessus d'elle, et que la position de ses yeux lui permet de. distinguer facilement. Lorsque sa proie est descendue assez près de son énorme gueule, qu’elle laisse presque toujours ou- verte, elle se jette sur ces animaux qu’elle veut dé- vorer, et les engloutit dans cette grande bouche, où une multitude de dents fortes et crochues les déchi- rent, et les empêchent de s'échapper. Cette manière adroite el constante de se procurer les aliments dont elle a besoin, et de pêcher en quel- que sorte les poissons à la ligne, lui a fait donner l’épithète de Pécheuse; et voilà pourquoi on l’a nom- née Grenouille pêcheuse et Martin pêcheur, en réu- nissant les idées que ses habitudes ont. fait naître, avec celles que réveille sa conformation. Cette espèce est peu féconde, et se trouve dans presque toutes les mers de l’Europe. el PR URLS $ DUR ia PI 60. Poissons. Lonssreas fils Sup! 1.LOPHIE VESPERMIMON, 2LOP -HISTRION, 5 1O0P/-CHIRONECIE DES POISSONS. "1 EopapemepebeheBoeMDo PAPE BMPPITOPOFEABHIHPEHSHOHDEDeS OBS eee :rtrofrOdEÿ Er BOL LA LOPHIE VESPERTILION". Lophius Vespertilio, Gm., Lac. — Malthe Vespertilio, Cuv. Cerredophie diffère de la baudroie, en ce que sa tête, au lieu d’être arrondie par devant , s’y termine par un museau très avancé, pointu, en forme de cône, et que l’on a comparé au soc d’une charrue. D'ail- leurs l’ouverture de la bouche est étroite à propor- tion de la grandeur de l'animal; et bien loin d’être pla- cée dans la partie supérieure de la tête, elle est située 1. Baudroie chauve-souris, Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, Histoire naturelle des poissons, pl. 110. Mus. ad. fr. 1, p. 55. Lophius fronte unicornt, Artedi, syn. 88. Gronov., mus. 1, n. 129, Zocph., n. 209. « Batrachus capite vomerisinstar, cornuto,—batrachus capile scuto » osseo: » Klein, miss. pisc. 5, p. 16 et 17, n. 8 et 9. Rana piscatrix americara , Seba, mus. 1, p. 118, tab. 74, fig. ». Guacucuja , Marcgrav. Brasil., p. 145. Ray., pisc., p. 80, n. 5,f, 1, 6. Jonston, pisc. p. 207, lab. 29, fig. 2. American toad-fish, Willughby,. Ichth., p. 218, tab. E, 2, fig. 5. Sea-bat, Edw. Glanur., tab. 285, fig. 1. Guacucuja, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. Browne , Jamaic. p. 457, tab. 48, fig. 5. 2 HISTOIRE NATURELLE sous l'inférieure , et même très reculée au dessous du museau , Ce qui rapproche la vespertilion des raies et des squales. Au devant de cette ouverture sont les narines ; et auprès de cés organes on voit s'élever un appendice ou filament de substance dure et comme cornée, et qui est terminé par un tubercule. Cette extension, ainsi que la pointe que le museau pré- sente, a fait donner à la vespertilion le nom de petite licorne, de licorne marine. La tête et le corps vont en s’élargissant jusque vers l'insertion des nageoires pectorales, où Îa largeur du corps diminue tout d'un coup, à peu près de moitié ; et ensuite la diminution de cette même largeur s’o- père jusqu’au bout de la queue par des degrés insen- sibles, de telle sorte que l'ensemble de la vesperti- lion offre l’image d’un triangle isocèle, à côtés un peu curvilignes , et au milieu de la bäse duquel est atta- ché un long cône formé par la queue et le derrière du corps de l’animal. Les prolongations charnues auxquelles tiennent les nageoires pectoralés sont assez longues et assez coudées pourimiter , moins imparfaitement que dans plusieurs autres lophies, un bras et un avant-bras, ou une jambe et un pied! Cette dernière conformation, : considérée en même temps que le museau pointu, que la bouche placée sous la tète, que la grande lar- eur des côtés étendus comme des ailes, et que la 1. La nagooïire du dos a communément. . . . . . . 9 rayons. Les pectorales en ont. : !. . 4 : . . . . es ro tro Les-ventrales. 247210042200 PO 0 rnb Re 6 Celle de l'anus en a. : : . . SH OUGIEAX 4 6 Et celle de la queue, qui ést arrondie, en a. : . . 11 DÉS POISSONS. 73 queue conique, a réveillé, pour plusieurs observa- teurs, l’idée d’une chauve-souris, et de là vient le nom de XZespertilion, que nous lui avons conservé. Les dents qui garnissent les mâchoires sont peli- tes, crochues, et disposées ordinairement surunrang. L'ouverture des branchies est un peu demi-circu- laire , et placée, de chaque côté , auprès de la pro- longation charnue qui soutient la nageoire pectorale. Tout le dessus de la lophie vespertilion présente un grand nombre de tubercules faits en forme de patelles, ou ‘de petites coupes renversées , rayonnés sur leur surface supérieure, et terminés par un som- met aigu ; le dessous de l'animal est hérissé de petits aiguillons , et, excepté les nageoires de la queue et de la poitrine, qui sont blanchâtres, et celles du dos et du ventre, qui sont brunes, la couleur de la ves- pertilion est rougeâtre sur presque toutes les parties du corps. C’est dans la mer qui baigne l'Amérique méri- dionale , que l’on pêche le plus souvent cette lophie, qui est peu mangeable, qui parvient à la longueur d'un pied et demi, ou de près d’un demi-mètre, et dont les habitudes sont analogues à celles de la bau- droie. HISTOIRE NATURELLE 1 CES LA LOPHIE FAUJAS. Lophius Faujas, Lacer. — Lephius stellatus.. Waur — Malthe stellatus, Cuv. Nous avons dit, en traitant de la raie thouin, pour- quoi nous avons désiré que les services rendus par notre collègue, M. Faujas, aux sciences naturelles, fussent rappelés par le nom de la lophie que nous allons décrire, qui faisoit partie de la belle collection de La Haye, et qui est encore inconnue aux natu- ralistes. La conformation de cette lophie est très remar- quable. Son corps est très aplati de haut en bas: il l'est plus que celui de la baudroiïe, et que celui de la vespertilion ; et si l’on retranchoiït la queue et les nageoires pectorales, il offriroit l’image d'un disque parfait. L'ouverture de la bouche est un peu au dessous de la partie antérieure de la tête. Au dessus du mu- seau, et presque à son extrémité, paroît une petite cavité, au milieu de laquelle s'élève une protubé- rance arrondie. Les narines sont très près de cette cavité ; et chacun de ces organes a deux ouvertures, dont la plus antérieure est la plus étroite, et placée au bout d’un petit tube. DES POISSONS. 79 Les yeux, très peu gros et assez rapprochés l’un de l'autre , forment presque un carré avec les deux na- rines. Les ouvertures des branchies sont placées sur le disque, et plus près de l’origine de la queue que sur presque toutes les autres lophies, quoique, sur ces poissons , elles soient, en général, très éloignées du museau. Le canal qui va de chacune de ces ouver- tures à la cavité de la bouche, doit donc être assez long; mais nous n'avons pas pu connoître exactement ses dimensions, parce que nous n'avons pas voulu sa- crifier à des recherches anatomiques l'individu ap- porté de Hollande, et qui étoit unique et très entier. La membrane branchiale présente cinq rayons. Les nageoires inférieures ou jugulaires sont atta- chées à des prolongements charnus, composées de cinq rayons divisés à leurs extrémités , assez sembla- bles à des mains, ou au moins à des pattes, mais plus reculées que sous la baudroie et la vespertilion ; elies sont situées vers le milieu de la partie inférieure du disque, et à une distance à peu près égale de l’ou- verture de la bouche, et des nageoires pectorales. Ces dernières sont, en effet, très voisines de l’a- nus, et par là elles sont rapprochées des ouvertures des branchies, presque autant que dans la plupart des autres lophies. On voit au dessous de l'animal les prolongations charnues auxquelles elles tiennent, L'anus est situé à l'endroit où la queue touche le disque, c'est-à-dire le corps proprement dit. Cette ème queue représente un cône aplali par dessous, el dont la longueur égale à peine la moitié da diarnè- ire du disque. Elle se termine par une nageoire är- 76 HISTOIRE NATURELLE rondie, et montre au dessus de son origine une petite nageoire dorsale, et une nageoire de l'anus vers le milieu de sa surface inférieure 1. Tout le dessus du corps et de la queue de la lophie faujas est semé de très petits tubercules , et de piquants dont la racine se divise en plusieurs branches : mais, indépendamment de ces tubercules et de ces aiguil- lons, on voit, dans la circonférence de la partie infé- rieure du disque, deux ou trois rangs d'espèces de mamelons garnis de filaments plus sensibles dans la rangée la plus extérieure; et on retrouve des éléva- tions de même nature le long de la lèvre de dessous. Nous avons cru devoir faire connoître un peu en détail cette curieuse espèce de lophie, que nous avons d’ailleurs fait représenter vue par dessus et par dessous, et dont l'individu que nous avons décrit avoit quatre pouces, ou plus d’un décimètre, de longueur. 1. On trouve dans chaque nageoïre pectorale. . . 12 rayons. à la nageoïre dorsale. . . . . . .. 5 . à celle de l'anus. , 7.1... ARR RENNES et a celle dé Jarquede.i 11010, RM DES POISSONS. Cie] LA LOPHIE HISTRION. Lophius Histrio, Gmez., LacEr. — Antennarius Histrio, Cuv. CE poisson, comme tous ceux que renferme le sous-genre à la tête duquel nous le trouvons, pré- sente un corps très comprimé par les côtés, au lieu d’être aplati de haut en bas, ainsi que ceux de la baudroie, de la vespertilion, et de la lophie faujas. Sa tête est petite; sa mâchoire inférieure est plus avan- 1. Baudroie tachée, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Lophius compressus, Van Braeïin Houckgrest, Act. Haarl. 15. Bloch, Hist. naturelle des poissons, pl. 111. Lophius pinnis dorsalibus tribus, Lagerstr. Chin. 21. Lophius tumidus, Osb. It. 305. Gronov. Zoopk. 210. Patrachus, etc., Kleïn, miss. pisc. 5, p. 16, n. 5, 7, tab. 5, fig. 4. Rana piscatrix minima, Plumier, dessins sur vélin déposés dans la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle. Mus. ad. fr. 1, p. 56. It. Wgoth. 157. tab. 5, fig. 5. Guaperva, Marcgrav. Brasil. 150. Willughby, Ichth., p. 50, tab. E. 2, fig, 2. Rana piscatrix americana, Seba , mus. 1, p. 318, n. 5, 7, tab. 54. fig 02 07e Piscis brasiliensts cornutus, Petiv. Gazoph., tab. 0, fig. 6. American toad-fish, Ray. pise., p. 29, n. 2. 7ô HISTOIRE NATURELLE cée que la supérieure , et garnie , ainsi que celte der- nière, de dents très déliées. Des barbillons bordent les lèvres; et, immédiatement derrière l’ouverture de la bouche, on voit une prolongation, ou un filament cartilagineux et élastique, qui soutient deux appen- dices allongés et charnus. Derrière ce filament, parois- sent deux autres éminences charnues , élevées, un peu coniques, parsemées de barbillons, et dont la posté- rieure est la plus grosse et la plus exhaussée. Vient enfin une nageoire dorsale. Les nageoires de la poi- trine et les jugulaires sont conformées à peu près comme dans les autres lophies ; mais les jugulaires ont une ressemblance moins imparfaite avec une main humaine, ou plutôt avec un pied de quadrupède. On compte quatre branchies dans chacun des deux orga- nes de la respiration. Le corps est hrissé, en beau- coup d’endroits, de petits aiguillons crochus et de courts filaments ; il est d’ailleurs brun par dessous, et couleur d’or par dessus, avec des bandes, des raies et des taches irrégulières et brunes. Les habitudes de la lophie histrion sont semblables à celles de la baudroie. On lui a donné le nom qu'elle porte, à cause des mouvements prompts et variés qu’elle imprime à ses nageoires et à ses filaments, et desquels on a dit qu’ils avoient beaucoup de rapport avec des gestes comiques. Elle à d’ailleurs paru méri- ter ce nom par l’usage fréquent qu'elle fait, lors- 1. 1l y a ordinairement à la nagcoiïre dorsale. . . . 12 rayons. à chaque nageoiïre pectorale. . . . . tes ARÉNTAT à chaque nageoiïre jugulaire. DAT NES LS TE 5 à là nagevire de l'anus. #15" 4 metinine eme 7 à celle de la queue, qui est arrondie. . . , 10: DES POISSONS. 79 qu'elle nage, de la faculté qu’elle a d'étendre et de gonfler une portion considérable de la partie infé- rieure de son corps, d’arrondir ainsi son volume avec vitesse, et de changer rapidement sa figure. Nous nous sommes déjà occupés, dans notre Discours sur la nature des poissons, de cette faculté , que nous retrouverons dans plusieurs espèces de ces animaux à un degré plus ou moins élevé, sur laquelle nous reporterons plusieurs fois notre attention, et que nous examinerons particulièrement de nouveau en traitant du genre des tétrodons. La lophie histrion habite non seulement dans la mer du Brésil, mais encore dans celle qui baigne les côtes de la Chine, et elle y parvient à la longueur de neuf ou dix pouces. Nous avons trouvé, dans les manuscrits de Com- merson, la description d’une lophiet, dont nous avons fait graver la figure d’après un des dessins de ce célèbre voyageur. Ce cartilagineux a de trop grands rapports avec l’histrion, pour que nous n’ayons pas dû les rapporter l’un et l’autre à la même espèce. Voici, en effet, la seule différence qui les distingue, et qui, sielle est constante, ne peut constituer qu’une variété d'âge , où de sexe, ou de pays. Le (ilament élastique qui s'élève derrière l'ouverture de la bou- che, au lieu de porter un appendice chacun, divisé uniquement ea deux parties , en soutient un partagé en trois lobes, dont les deux extérieurs sont les plus épais 2. C’est dans la mer voisine des côtes orientales 1. Antennarius antenna tricorni, Gommerson, manuscrits déposés dans le Muséum d'histoire naturelle. ‘ 2. On ne distingue pas, dans la figure qui a du être scrupuleusement 50 HISTOIRE NATURELLE de l'Afrique que Commerson a trouvé l'individu qu'il a décrit, el qui avoit près de cinq pouces de lang sur deux pouces, ou environ, de large. eporererserereporerepeeperenerepeprenepeperepeg eebainse LA LOPHIE CHIRONECTE". Lophius Chironcctes, Lacer. — Antennarius Chiro- nectes, CU. ET LA LOPHIE DOUBLE-BOSSE?. Lophius bigibbus, Lacxr. Se ——— Nous réunissons dans cet article ce que nous avons à dire de deux espèces de lophies dont la description n’a point encore été publiée , et dont nous devons la connoissance à Commerson, qui en a traité dans ses manuscrits. La première de ces deux espèces, à laquelle le voya- geur que nous venons de citer a donné le nom grec de Chironecte, qui signifie nageant avec des mains, copiée sur le dessin de Commerson. les petits barbillons et les aiguil- lons courts et crochus que l’on voit sur la tête et le corps de l’histrion; mais ces aiguillons et ces barbillons sont décrits dans la partie du texte de Commerson qui concerne son Antennarius antenna tricorni. 1. « Antennarius chironectes, obscure rubens, maculis nigris raris » inspersus. » Commerson, manuscrits déja cités. . 2. « Antennarius bigibbus, nigro et griseo varicgalus. » Commer- san , manuscrits déjà cités. DES POISSONS. S1 ou ayant des nagcaires faites en forme de mains, a le corps comprimé par les côtés comme l’histrion : mais le flament qui s'élève derrière l'ouverture de la bouche est beaucoup plus délié et plus long que sur cetle dernière lophie ; et, au lieu de soutenir un appendice chernu et divisé en deux ou trois lobes, il est surmonté d'un petit bouton ou d’une petite masse entièrement semblable à celle que l’on voit au bout des antennes de plusieurs genres d'insectes. Les deux prolengations charnues et filamenteuses qui sont pla- cées sur l’histrion derrière le filament élastique , sont remplacées, sur la chironecte , par deux bosses dé- nuées de barbillons, et dont la postérieure est la plus grande et la plus haute. La couleur générale de l’ani- mal est d’un rouge 6bscur avec des taches noires très clairsemées ! Au reste, on le trouvera représenté d’après un dessin de Commerson , sur la même plan- che que l’histrion. La lophie double-bosse est variée de noir et de gris. Voilà la seule dissemblance avec la lophie chironecte, que nous avons trauvée indiquée dans les manuscrits de Commerson , qui n'en a laissé d’ailleurs aucune figure. Mais Commerson étoit un trop habile natura- liste, et il a dit trop expressément que la double- bosse étoit d’une espèce différente de la chironecte et des autres lophies , pour que nous n’ayons pas dû la séparer de ces derniers cartilagineux. 1. À la nageoire dorsale. ... . .:. . ie y +04 14 rayons. Achaque nageoire pectorale. . . .,..: . . . . 8 À chaque nageoiïre jugulaire. . . . . . . . . . 5 ou 6 Acelle/desliannes tt. "01: Mol. tant: 7 A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . jo ou vu 82 IISTOIRE NATURELLE LA LOPHIE COMMERSON-. Lophius Commersonii, Lacer. — Antennarius Commersonii, Guy. LE poisson a été vu dans les mêmes mers que les deux lophies précédentes, par le voyageur Commer- son, qui l’a décrit avec beaucoup de soin, et dont nous avons cru devoir lui donner le nom. Sa couleur est d’un noir sans mélange. On remarque seulement, sur chacun de ses côtés, une petite tache ronde et très blanche ; on en voit une moins sensible sur le bord supérieur de la nageoire de la queue; et les ex- trémités des rayons des nageoires jugulaires et des nageoires pectorales sont d’une nuance un peu pâle , et coloriées de manière qu'elles imitent des ongles au bout des mains ou des pieds représentés par ces nageoires de la poitrine et par les jugulaires. La com- merson ressemble d’ailleurs beaucoup, par sa confor- mation , à la chironecte et à la double-bosse, queique plus petite que la chironecte; elle présente cependant queiquestraits particuliers que nous ferons remarquer. Le corps très comprimé par les côtés, est, comme celui de presque toutes les lophies, et particulière- 1 « Antennarius bivertex, totins ater, puncto mediorum laterum » albo. » Commerson, manuscrils déjà cités. DES POISSONS. 59 ment des deux dernières dont nous venons de parler, revêtu d’une peau épaisse, grenue, et rude au toucher. L'ouverture de la bouche est située à l’extrémité , et un peu dans la partie supérieure du museau ; la mû- choire d'en haut, dont la lèvre peut s’allonger et se raccourcir à la volonté de l’animal, représente un orifice demi-circulaire, que Commerson trouve sem- blable à la bouche d’un petit four, et que la mâchoire inférieure vient fermer en se relevant. Ces deux mâ- choires sont hérissées de dents menues et serrées ; et l’on trouve des dents semblables sur la langue, sur le palais, et sur deux petits corps situés auprès du gosier. Deux bossés paroïssent derrière l'ouverture de la sueule. La postérieure est plus grande que l’anté- rieure, comme sur la chironecte : mais la seconde esl plus grosse à proportion, et plus arrondie que sur cette dernière lophie; et, quoiqu'elie soit penchée vers la queue , elle ne forme pas une sorte de cour- bure ou de crochet, comme la seconde bosse de la chironecte. Le filament:très long et très délié qui s'élève au devant de ces deux bosses, a été appelé antenne par Commerson, qui l’a trouvé conformé comme Îles antennes d’un grand nombre de papillons diurnes : il est en effet, comme ces dernières, et comme le filament de la chironecte , terminé par une petite masse. Les branchies sont très petites, maintenues par une membrane , au nombre de trois de chaque côté ; et c'est derrière chaque nageoire pectorale qu'il faut chercher une des deux ouvertures rondes, et à peine visibles , par lesquelles l’eau de la mer peut parvenir à ces organes. En examinant attentivement ia mem- S4 HISTOIRE NATURELLE brane destinée à fermer de chaque côté l'ouverture branchiale, où s'aperçoit qu'elle est soutenue par cinq rayons. Commerson a écrit que les nageoires jugulaires , qu'il nomme ventrales, rappellent assez bien l’image des pattes de devant d'une taupe. Les derniers rayons de la nageoire dorsale sont plus courts que ceux qui ies avoisinent, au lieu d’être plus longs, comme sur la chironecte Cette lophie a été disséquée par Gommerson, qui a trouvé que l'estomac étoit très grand , le péritoine noirâtre , et la vessie à air très blanche, en forme d'œuf, et adhérente au dos. LA LOPHIE FERGUSON Lophius Fergusson , Lacrr. — Lophius cornubicus, SHAw. (Espèce factice.) M. James Ferguson* a fait connoître cette grande espèce de lophie, dont un individu de quatre pieds ï. Ilyaà la nageoïre dorsale. . . ... . . .. ... . 13 rayons. à chaque nageoire pectorale . . . . . . .. 10 ä'chaque jugubaire. CT 501 0 HER A à 6 à la mageoïireïde l'anus: js . aise 14 7 ascelleide la queue. "2-5 9 ou 10 2. Baudrote a cinq doigts, nee planches de l'Encyclopédie méthodique. 5. Transact. philosoph., vol. 55, p. 15 DES POISSONS. 85 neuf pouces, ou de plus d’un mètre et demi ,.de lon- gueur, fut-pris dans la rade de Bristol en 1765. Le corps de ce cartilagineux. n’est point très aplati de haut en bas, ou comprimé par les côtés, mais en quel- que sorte cylindrique et terminé par une forme un peu conique. L'ouverture de la bouche, placée au bout du museau, au lieu d’être située dans la partie supérieure de la tête comme sur la baudroie, fait voir trois rangées de dents pointues. Le dessus de la tête présente des protubérances noirâtres et aiguës; et, derrière la lèvre supérieure , sont implantés, l’un à la suite de l’autre, deux filaments durs, élastiques, et très longs, mais dénués de membrane à leur extré- mité. On a représenté Tles rayons des nageoires jugu- laires comme finissant par un ongle ; nous n'avons pas besoin d’avertir que c’est une inexactitude. La cou- leur générale de la lophie ferguson est d’un brun foncé avec des teintes noirâtres ?. 1. Planche des Transactions philosophiques, déjà citée. 2. Les nageoires jugulaires ont chacune. . . . . . 5 rayons. Ghaque pectoraleien a: 0 8 La dorsale , qui est unique, en présente. . . . . 10 Gelletde anus 2e re aile A ESA Etrcolerde queue ti his 2 AQU ven 10 LAGÉPÉDE, VI, 6 66 HISTOIRE NATURELLE TOO DEPOSEZ EE SPF SDEHa Bobo eee ETEREBEPERDEL SEPTIEME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OU jé # TROISIÈME ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES CARTILAGINEUX. Poissons thoracins , ou qui ont une ou deux nageoires situées sous le corps, au dessous ou presque au dessous des nageoires pectorales. SEPTIÈME GENRE. LES BALISTES. La tête et le corps comprimes latéralement ; huit dents au moins à chaque mâchoire; l'ouverture des bran- chies très étroite; les écailles ou tubercules qui revé- tent la peau, réunis par une forte membrane. PREMIER SOUS-GENRE. Plus d’un rayon à l& nageotre inférieure ou thorachique, et à la premiére le] nageotre dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. : Douze rayons, ou plus, à la nageoiïre dite ventrale; point d’aiguillons sur les côtés 1. BALISTE VIEILLE. l de la queue. DES POISSONS. 07 ESPÈCES. CARACTÈRES. De très petiles taches semées sur la partie supérieure du corps; huit ou dix rayons 2. BALISTE ÉTOILE. coutcnus par une membrane épaisse à la nageoire dite ventrale; point d’aiguillons sur les côtés de la queuc. Une large bande noiïre, étendue oblique- ment depuis les yeux jusqu'à la nageoïre de l’anus; huit ou dix rayons contenus par une membrane épaisse à la nageoire “ dite ventraie; qualre rangs d’aiguillons sur les côtés de la queue. . Trois rayons aïguillonnés à la première na- \ geoire du dos; septrayons à chaque ven- . BALISTE ÉCHARPE. O1 LA : r £ 2 1ÉSRRLS FAR Ee l trale; la caudale rectiligne ct sans échan- crure. 5. BaLisTE DOU8LE- Quatre rayons à la première nageoire dor- AIGUILLON. { sale, deux grands rayons à la thorachique. SECOND SOUS-GENRE. Plus d'un rayon à la nageotre thorachique ou inférieure; un seul à la premiére nageotre dorsale. ESPÈCE. GARACTÈRES. ER En (Per rayons, ou plus, à la nageoïire dite ventrale. TROISIÈME SOUS.-GENRE. Un seul rayon à la nageotre thorachique ou inférieure ; plus d’un rayon à la premiére nagevire dorsale. ESPÈCES. CARACTÈRES. (penx rayons à la première negeoire dorsale; trente rayons à la seconde; la queue hé- { rissée de piquanls. { Deux rayons à la première nagcoiïre du dos; Voile corps garni de papilles. : Deux rayons à la première nageoire dn dos; 9. Basisre TACHETÉ. l un grand nombre de taches sur toul le corps. 7. BALISTE VELU. 8. BALISTE MAMELONNÉ. 10. 11. 12. 13. 16. ISTOÏIRE NATURELLE ESPÈCES. BALISTE PRALIN. BATISTE KLEINIEN. ALISTE CURASSAVIEN. B TE CURASSAVIEN BALISTE ÉPINEUX. DALISTE SILLONNÉ. BALISTE CAPRISQUE. BALISTE QUEUE- FOURCHRUE. DBALISTE BOURSE. BALISTE AMÉRICAIN. BALISTE VERPATRE. DaLISTE GHANLE- CARACTÈRES. (Deux rayons à la première nagecire du dos; vingt-cinqàla seconde; la tête très grande: trois ou quatre rangs d’aiguillons sur cha- que côté de la queue; plusieurs raies sur le devant du corps; une grande tache uoire de chaque côlé. Deux rayons à la première nageoïre du dos; le museau avancé ; l'ouverture de la bou- che, très petite, et garnie de barbillons: quaranle- cinq rayons au moins à la se- sd nageoire du dos et à celle de l’anus. Deux rayons à la première nageoire du dos; | le museau arrondi; Ja nageaire de la queue, terminée par une ligne droite. {Trois rayons à la première nageoire du dos; | depuis deux jusqu'à six rangs d’aiguillons ) de chaque côté de la queue; le rayon de Î la nageoire ventrale fort, dentelé, et placé au devant d’une rangée d'aiguillons. ( Trois rayons à la première nageoïre dorsale; la queue sillonnée; la nageoire caudale ‘ en croissant. Trois rayons à la première an dorsale; poiutde grands aiguillons auprès durayon de la nageoïre ventrale; la nageoïre de la queue, at les Cons du corps \ brillantes et variées. ( Trois rayons à la première nageoïre du dos; des taches sur la seconde ; la nageoïre de { la queue. fourchue. fe rayons à la première nageoiïre du des; ! \ EE me re celle de la queue, terminée par une ligne droite ; une tache noïre en ferme de crois- sant, entre les yeux et les nageoires pec- orales, - Trois rayons à la première nageoïre dorsale; celle de la queue, arrondie; de grandes ; taches blanches sur la partie inférieure “du corps. : Trois rayons à [a première nageoire dorsale: qualre rangs d'aiguiilons de chaque côté Ÿ dela queue , dont la uageoire esl légère- ment arrondie; de très pelites laches noï- res sur le corps. Trois rayons à la première nagcoire dorsale; six rangs de verrues de chaque côlé de la { tètce; la queue sans aïguillons: la nageoire (ee caudale en forme de croissant; une grande ache blanche de chaque cêté du corrs DES POISSONS. 89 ESPÈCES. CARACTÈRES. /Trois rayons à la première nageoire du dos; \ op plus de trente rayons à la seconde, et à celle de l'anus; la nageoire caudale en 21. BALISTE NOIR. Re L t d’aeuill orme de croïssant; point d’aiguillons sur | la queue ; tout le corps d’une couleur \ noire. Trois rayons à la première nagcoire dorsale celle de la queue en forme de croissant; \ point d’aiguillons sur la queue; un anneau de couleur très claire autour du museau ; | un demi-anneau de la même teinte au des- \ sous de l'ouverture de la bouche, et une raie longitudinale de chaque côté. “Trois rayons à lapr emière nagcoire du dos; celle de la queue un peu en for me de crois- sant, et bordée de blanc; six rangées d’ai- guillons de chaque côté de la queue. Où rayons à la première nageoiïre du des ; trois bandes bleues, Étoiles etcour- bes, sur la queue. (rt rayons à Ja première dorsale; vingt- \ ( ( BALISTE BRIDE. Le CA 29. BALISTE ARMÉE. 24. BALISTE CENDRÉ. sept à la seconde; sept rangées d’aiguil- lons petits et recourbés de chaque côté de la queue ; le corps garni de papilles: caudale à peine échancrée; couleur noire. Trois rayons à la première dorsale; vingt- six à la seconde ; des piquauts très forts de. chaque côté de la queue; des tubercules au devant de ces piquants; caudale à peine échancrée ; couleur générale noire, onze ou douze raies longitudinales ondées et rouges. Plusieurs rangs de verrues sur le corps, et trois rangs de verrues sur la queue. 25. BALISTE MUNGO-PARK. 26. BALISTE ONDULE. 27. BALISTE ASsASI. QUATRIÈME SOUS-GENRE. Un seul rayon a la nageoire inférieure ou thorachique , et à l& première dorsaie. ESPÈCES. CARACTÈRES. Cinquante rayons, ou à peu près, à la na- geoire de l'anus. - Une trentaine de rayons, au plus, à la na- 29. BALISTE uénissé. geoire de l’anus; cent petits aiguilllons ( de chaque côté de la queue, 28. BALISTE MONOCÉROS. { 90 HISTOIRE NATURELLE LE BALISTE VIEILLE. Balistes Vetula, Guxr., Lacer., Cuv. La nombreuse famille des squales et celle des raies nous ont présenté la grandeur, la force, des armes 1. Bourse, à la Martinique. Old wife, en anglois. Baliste vieille, Dauberton, Encylopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encylopédie méthodique. « Balistes acaleis dorsi tribus, cauda bifurea, » Art. gen. 55, syn. 82. Balistes vetula, Osb. It. 294. Bloch, pl. 150. Gronov.. Zooph., n. 195. Browne, Jamaic., p. 456, n. 1. Turdus oculo radiato. Gatesb. Carol. 2, p. 22, tab. 22. Seb: mus. 5, p. 62, n. 144 tab. 24, fig. 14. « Capriscus, extrema eauda et pinna dorsali in tenuissima et lon- » gissima fila productis, etc., et capriscus rubro iride, ele. » Klein, miss. pisc. 8, p. 25, n. 4 ct 11. Guaperva peisce-porco, Maregr. Rras., p. 161. Pis. Ind., p. 57. Jonston, pise., p. 188, tab. 54, fig. 2. Guaperva maæime caudata, Willughby. Ichth. app.. p. 21, tab. Evo: Ray. pise., p.49, n: 4. Sultan ternate, Valent. Ind. 3, p. 410, n. 202, f, 202. File-fish, Grew. mus. p. 115. « Capriscus variegalus, cauda faseinulata. » Plumier, dessins sur vélin déjà cité. Pl.-o Poissons RS Here frire F 1 BATLISTE VIENLE. 2 BAL. BUNIVA -5 BAT: ECHARPE 4 BAT. ÉTOI F. N Ni) 2 LAS DES POISSONS. O1 terribles, des mouvements rapides, tous les attributs de la puissance. Le genre des lephies nous a montré ensuite les ressources de la ruse qui supplée au pou- voir. Toutes ces finesses d’un instinct assez étendu, et ces armes redoutables d'énormes espèces , nous les avous vues également employées pour altaquer de nombreux ennemis, pour saisir une proie abondante, pour vaincre des résistances violentes. Le genre des ba- listes va maintenant déployer devant nous des moyens multipliés de défense : mais nous chercherons en vain dans cette famille tranquille cette conformation in- térieure qui donne le besoin d’assaillir des adversaires dangereux, et ces formes extérieures qui assurent le succès. En répandant dans le sein des mers les lophies el les squales, la nature y a semé et des périls cachés, et des dangers évidents, souvent inévitables : on di- roit que, suspendant son souffle créateur, et réagis- sant en quelque sorte contre elle-même , elle a eu la destruction pour but, lorsqu'elle à produit les squales et les lophies. En plaçant au contraire les balistes au milieu de ces mêmes mers, elle paroît avoir repris plus que jamais l'exercice de sa puissance viviliante, et ne l'avoir dirigée que vers la conservation. Ce ne sont pas des animaux impétueux qu'elle a arinés pour les combats, mais des êtres paisibles qu'elle a munis pour leur sûreté. Aussi, lorsque nous retirens nos regards de dessus les genres que nous venons d’exa- miner, lorsque nous cessons d'observer et leurs di- verses embuscades et leurs attaques à force ouverte, lorsque surtout, nous dégageant du milieu des re- quins et des autres squales très grands et très voraces, nous ne voyons plus les flots de la mer rougis par le 02 HISTOIRE NATURELLE sang de nombreuses victimes , ou des gouffres animés et insatiable engloutissant à chaque instant une nou- velle proie, et que nous arrêtons notre vue sur cette famille des balistes, que la nature a si favorablement traitée, puisqu'elle a été destinée à ne faire ni rece- voir aucune offense , à n’inspirer ni éprouver aucune crainte, nous resseutons une affection un peu voisine du sentiment auquel se livrent avec tant d’attraits ceux qui. parcourant l’histoire des actes de l'espèce humaine, soulagent par la douce contemplation des époques de vertu et de bonheur leur cœur tourmenté par le spec- tacle des temps d’infortunes et de crimes. Le contraste offert par les genres que nous venons d'examiner, et par celui qui se présente à nous, est d'autant plus marqué , et la sensation qu'il fait naître est d'autant plus vive, que rien ne répugne ni à l'œil ni à l'esprit dans la considération de cette intéressante famille des balistes. Si elle ne recherche pas les com- bats, elle ne fuit pas lâchement , inême devant des ennemis très supérieurs en force; elle se défend avec courage; elle use de toutes ses ressources avec adresse: et elle a reçu la plus brillante des parures. Nous fe- rons voir, en décrivant les différentes espèces qui la composent, qu'elle présente les couleurs les plus vi- ves, les plus agréables, et les mieux opposées. En observant même les balistes les mieux traités à cet égard , ou diroit que la distribution, la nuance et l’op- position de leurs couleurs ont souvent servi de mo- dèle au goût délicat, préparant pour la beauté les ornements les plus propres à augmenter le don de plaire. Et que l’on ne soit pas étonné de celle empreinte DES POISSONS. 03 de la magnificence de la nature, que l’on voit sur les différentes espèces de balistes : c’est dans les climats les plus chauds qu'elles habitent. Excepté une seule de ces espèces, que l’on trouve dans le bassin de la Médi- terranée, elles n’ont élé encore vues que dans ces contrées équatoriales, où des flots de lumière et toutes les influences d’une chaleur productive, pénètrent, pour ainsi dire , et l'air, et la terre, el les eaux; où volent dans l’atmosphère les oiseaux-mouclies, ceux de paradis, les colibris, les perroquets et tant d’autres oiseaux richement décorés ; où bourdonnent au mi- lieu des plus belles fleurs tant d'insectes resplendis- sants d’or, de vert et d'azur: où les teintes de l’arc-en- ciel se déploient avec tant d'éclat sur les écailles Jui- santes des serpents et des quadrupèdes ovipares, et où , jusqu'au sein de la terre, se forment ces diamants et ces pierres précieuses, que l’art sait faire briller de tant de feux diversement colorés. Les balistes ont aussi reçu une part distinguée des dons de la chaleur et de la lumière répandues dans les mers équatoriales, aussi bien que sur les continents dont ces mers arrosent les bords. Ils ajoutent d'autant plus, sur ces plages échauffées par un soleil toujours voisin, à la pompe du spectacie qu'y présentent Îles eaux et tout ce qu’elles recèlent, qu’ils forment des troupes très nombreuses. Chaque espèce.de baliste renferme en effet beaucoup d'individus ; et le genre entier de ces beaux poissons contient tant d'espèces, qu’un des naturalistes les plus habiles eties plusexercés à ordonner avec convenance et à observer avec fruit des légions d'animaux, le cé- lèbre Commerson, s’écrie dans son ouvrage!, en trai- 1. Manuscrits déjà cités. (or HISTOIRE NATURELLE taut des balistes : Quelle vie pourroit suffire pour dé- crire, pour comparer, pour bien connoître tous ceux que l’on u déj vus? Mais sachons quelles sont les formes sur lesquelles la nature a disposé les couleurs diversifiées dont nous venons de parler. Examinons en quoi consistent les moyens de défense dont les balistes sont pourwms. Leur corps est très comprimé par les côtés, et se termine le plus souvent, le long du dos et sous le ventre, par un bord aigu que l’on a comparé à une carène. Il est tout couvert de petits tubercules, ou d'écailles très dures, réunis par groupes, distribués par compartiments plus ou moins réguliers, et forte- ment attachés à un cuir épais. Ce tégument particu- lier revêt non seulement le corps proprement dit des balistes, mais encore leur tête, qui paroît le plus souvent peu distincle Gu corps ; et il cache ainsi tout l’animal sous une sorte de cuirasse et de casque, que des dents très acérées ont beaucoup de peine à per- cer. Mais, indépendamment de cette espèce d'armure défensive-et complète, ils ont encore, pour protéger leur vie, des moyens puissants de faire lâcher prise aux ennemis qui les attaquent. Des aiguillons, à la vérité Lrès petits, mais très durs , hérissent souvent une partie de leur queue; et comme ils sont recourbés vers fa tête, ils auroient bientôt ensanglanté la gueule des gros poissons"qu voudroient saisir et retenir un baliste par la queue. Les cartilagineux du geure dont nous traitons ont d’ailleurs deux nageoires dorsales; et la première de ces nageoires présente loujours un rayon très fort, \ très gros , très long, et souvent garni de pointes, qui DES POISSONS. 99 couché dans une fossette placée sur le dos, et se re- levant avec vitesse à la volonté de l’animal, pénètre très avant dans le palais de ceux de leurs ennemis qui les attaquent par la partie supérieure de leur corps, et les contraint bientôt à s’enfuir, ou leur donne quel- quefois la mort par une suite de blessures multipliées, qu’il peutfaire en s’abaissant etse redressant plusieurs foisi. Les nageoires inférieures, ou, pour mieux dire, la nageoire thorachique, et improprement appelée ven- trale, présente dans les balistes une conformation que l’on n’a encore observée dans aucun genre de poissons. Non seulement les nageoires dites ventrales sont ici rapprochées de très près, comme sur le mâle du squale roussette ; non seulement eiles sont réunies, comme nous le verrons, sur les Cycloptères parmi les cartila- vineux, et sur les Gobies parmi les poissons osseux ; mais encore elles sont confondues l’une dans l’aatre. réduites à une seule, et même quelquefois composées d’un seul rayon. Ce rayon, soit isolé, soitaccompagné d’autres rayons plus ou moins nombreux, est presque toujours caché en grande parlie sous la peau ; et cependant il est as- sez gros, assez fort, et souvent assez hérissé de pe- ttes aiguilles, pour faire de la nageoire thorachique une arme presque aussi redoutable que la prémière 1. La manière rapide dont les balistes redressent le rayon long et épineux de lenr première nageoïire dorsale, a été comparée à celle avec laquelle se débandoient autrefois certaines parties d'instruments de guerre propres à lancer des dards; et voilà d'où vient Le non de ces animaux. 90 HISTOIRE NATURELLE nageoire dorsale , et mettre le dessous du corps de l'animal à couvert d’une dent ennemie. Cet isolement, dans certains balistes , du rayon très allongé que l’on voit à la première nageoïire dorsale et à l’inférieure, et sa réunion avec d’autres rayons moins puissants, dans d’autres animaux de la même fanulle , sont les caractères dont nous nous sommes servis pour répandre quelque clarté dans la descrip- tion des diverses espèces de ce genre, et pour en faire retenir les attributs avec plus de facilité. C’est par le moyen de ces caractères que nous avons établi quatre sous-genres, dans lesquels nous avons distribué Îles balistes connus. Nous avons placé dans le premier ceux de ces pois- sons qui ont plus d’un rayon à la première nageoire du dos et à la nageoire dite ventrale; nous avons mis dans le second les balistes qui, n'ayant qu’un rayon à la première nageoire du dos, en ont cependant plu- sieurs à la thorachique ; nous avons compris dans Île troisième ceux qui au contraire, n'ayant qu'un rayon à la nageoire inférieure, en ont plus d’un à la pre- mière du dos; et enfin nous avons composé le qua- trième sous-genre des balistes qui ne présentent qu'un seul-rayon tant à la nageoire inférieure qu’à la pre- mière dorsale. L'ouverture des branchies est étroite, située au des- sus et très près des nageoires pectorales , ét garnie d’une membrane qui est ordinairement soutenue par deux rayons. L'ouverture de la bouche est aussi très peu large ; et l’on compte à chaque mâchoire au moins huit dents, DÉS POISSONS. 95 dont ies deux antérieures sont les plus longues, qui, étant larges et aplaties de devant en arrière, et ne se terminant pas en pointe, ressemblent beaucoup à cel- les que l’on a nommées incisives dans l’homme.et dans les quadrupèdes vivipares. Elles sont, pour ainsi dire, fortifiées, au moins le plus souvent, par des dents à peu près semblables, placées à l’intérieur, ct appli- quées contre les intervalles des dents extérieures. Ces dents auxiliaires sont quelquefois au nombre de six de chaque côté; et comme les extérieures et les in- itrieures sont toutes d’ailleurs assezgrantes et assez fortes par elles-mêmes, il n’est pas surprenant que les belistes s'en servent avec avantage pour briser des corps très durs, et pour écraser non seulement les coraux dont ils recherchent les polypes ; et l’enve- leppe solide qui revèt les crustacées, dont ils sont plus où moins avides, mais encore les coquilles épais- ses qui recèlent les antmaux marins dont ils aiment à se nourrir. Des crabes, de petits mollusques, des polypes bien plus petits encore, tels sont en effet les aliments qui conviennent aux balistes; et s’il leur arrive d'employer à attaquer une proie d’une autre nature, des armes dont ils se servent pour se défendre avec courage et avec succès , ce n'est que lorsqu'une faim cruelle les presse, et que la nécessité les y contraint. Au reste, nous avons ici un exemple de ce que nous avons faitremiarquer dans notre Discours sur la nature des poissons. Nous avons dit que ceux qui se nour- rissent de coquillages présentent ordinairement les plus belles couleurs : les balistes, qui préfèrent les animaux des coquilles presque à tout autre aliment, 99 HISTOIRE NATURELLE n'offrent-ils pas en effet des couleurs aussi vives qu'a- oréables ? Il est des saisons.et des rivages où ceux qui sé sont nourris de balistes, en ont été si gravement incom- modés, que l’on a regardé ces poissons comme ren- fermant un poison plus ou moins actif. Que l’on se rap- pelle ce que nous avons dit, au sujet des animaux venimeunx, dans le discours que nons venons de citer. Il n’est pas surprenant que, dans certaines circon- stances de temps ou de lieu, des balistes nourris de mollusques et de polypes dont les sucs peuvent être mortels pour lhomie et pour quelques animaux, aient eu dans leurs intestins quelques restes de ces vers malfaisants qu'on n'aura pas eu le soin d’en ôter, et, par le moyen de ce poison étranger, aient causé des accidents plus ou moins funestes à l'homme ou aux animaux qui en auront mangé. Il peut même se faire qu’une longue habitude de ces aliments nuisibles ait détérioré les sucs et altéré les chairs de quelques balistes, au paint de leur donner des qualités pres- que aussi délétères que celles que possèdent ces vers warins : mais les balistes n'en sont pas moins par eux- mêmes dénués de tout venin proprement dit; et les cfets qu'éprouvent ceux qui s’en nourrissent, ne peu- vent ressembler aux suites d'un poison réel que lors- que ces cartilagineux ont perdu Ï4 véritable nature de leur chair et de leurs sucs, ou qu'ils contiennent une substance étrangère et dangereuse. On ne doit donc manger de balisles qu'après les plus grandes précautions; mais il ne faut pas moîs retrancher Île terrible pouvoir d'emipoisonner, des qualités propres à ces animaüx. DÉS POISSONS. 00 Les balistes s'aident, en nageant, d’une vessie à air qu'ils ont auprès du dos; ils ont cependant reçu un autre moyen d'augmenter la facilité avec laquelle ils peuvent s'élever ou s’abaisser au milieu des eaux de la mer. Les téguments qui recouvrent leur ventre sont susceptibles d'une grande extension ; et l’animal peut, quand il le veut, introduire dans cette cavité une quantité de gaz assez considérable pour y pro- duire un gonflement trèsinarqué. En accroissant ainsi son volume par l'admission d’un fluide plus léger que l’eau, il diminue sa pesanteur spécifique, et s'élève au sein des mers. I! s'enfonce dans leurs profondeurs, en faisant sortir de l’intérieur de son corps le gaz qu'il y avoit fait pénétrer; et lorsque la crainte produite par quelque attouchement soudain, ou quelque au- ire circonstance, font naître dans le baliste une com- pression subite , le gaz, qui s'échappe avec vitesse , passe avec assez de rapidité et deforce au travers des intestins , du gosier, de l'ouverture de la bouche, et de celle des branchies, pour faire entendre une sorte de sifflement. Nous avons déjà vu des eflets très ana- loguesdans les tortues : et nous en irouverons de pres- que semblables dans plusieurs genres de poissons os- seux, tels que les zées, les trigles et les cobites. Maleré le double secours d’une vessie aérienne, et de la dilatation du ventre, ies balistes paroïsseut nager avec difiiculté : c'est que la peau épaisse, dure et tu- berculeuse, qui enveloppe la queue , ôte à cette partie la liberté de se mouvair avee assez de rapidité pour donuer à l’animal une grande force progressive; et ceci confirme ce que nous avons déjà dit sur la véri- table cause de la vitesse de la natation des poissons. 100 HISTOIRE NATURELLE Tels sont les caractères généraux qui appartiennent à tous les balistes. Chaque espèce en présente d’ail- leurs de particuliers que nous allons indiquer, en commençant par celle à laquelle nous avons conservé le nom de F’ieille, et que nous devons faire connoître la première. à Cette dénomination de Ÿ’ieille vient de la nature du sifflement qu’elle produit, et dans lequel on a voulu trouver des rapports avec les sons d’une voix affoiblie par l’âge, et de la forme de ses dents de devant, que l’on à considérées comme un peu semblables à des dents décharnées. Le baliste vieille parvient quelquefois jusqu’à la longueur de trois pieds, ou de près d’un mètre. L’ou- verture des branchies est plus grande que sur la plu- part des autres balistes; trois rangs d’aiguillons sont ordinairement‘placés au devant de la nageoire thora- chique ou inférieure , qui est très longue , et ne con- tribue pas peu à défendre le dessous du corps. La nageoire de la queue est en forme de croissant! jes deux rayons qui en composent les pointes se prolon- sent en très longs filaments. De semblables prelon- gations terminent les rayons antérieurs de la seconde nageoire du dos; et le premier rayon de la première dorsale est très fort et dentelé par devant. Voyons maintenant la nuance et la distribution des 1. Î! y a communément à la membrane des branchies. 2 rayons. à la première nageoiïre dorsale. . . . . . OA AUS älaiseconde eur RE RE eo aux nageGires pectorales. . . :. 4... 18 à la thorachique, improprement dite ventrale. 19 acelle de ANUS Ne MONO 28 alcelledeila gene; MOROENeR 1 PRONCENER DES POISSONS. 191 vouleurs dont est peinte le plus souvent cette belle espèce de baliste. Le dessus du corps est d’un jaune foncé et rayé de bleu; ce jaune s'éclaircit sur les côtés, et se change en gris dans là partie inférieure du corps. L'iris est rouge ; et de chaque œil partent, comme d’un cen- tre , sept ou huit petites raies d’un beau bleu. Cette même couleur bleue borde les lèvres, les nageoires pectorales qui sont jaunes, celle de l'anus qui est crise, et la caudale qui est jaune, et elle s'étend sur la queue en bandes transversales, dont la teinte de- vient plus claire à mesure qu'elles sont plus éloignées de la tête. La vieille se nourrit des animaux des coquilles, Elle est quelquefois la proie des gros poissons, mal- gré sa grandeur, sa conformation et ses piquants : mais alors elle est presque toujours saisie par la queue, qui, dénuée d’aiguillons, est moins bien défendue que le devant du corps, et d’ailleurs est douée d’une force à proportion beaucoup moins con- sidérable ; ce qui s'accorde avec ce que nous venons de dire sur la lenteur des mouvements des balistes, On trouve la vieille non seulement dans les mers de l'Inde, mais encore dans celles d'Amérique, où cette espèce, en subissant quelque changement! dans 1. On compte dans une de ces variétés : à la première nageoire du dos. . . . . . .. 5 rayans. a Jdiseconde hit." nan sn le Wnre7 auxppectorales NAME NE.) SUR EAN NAS 14 à la thorachique. . . .. .. DRE PL 1/ ancelle! del’anus: states Mme à 25 atcellederla queue rime, nier. dieu ele LACÉPEDE. VI, 7 102 HISTOIRE NATURELLE le nombre des rayons de ses nageoires et dans les teintes de ses couleurs, a produit plus d’une variété. EL60S0H6 6 ES He P0H08 08050 F0EHOHNESPOHEHELPOESEO LE BALISTE ÉTOILE" Balistes stellatus, Lacer., Cuv. CE cartilagineux, décrit par Commerson, et vu - par lui dans la mer qui entoure l'Île de France, ne présente pas des couleurs aussi variées ni aussi vives que celles de la plupart des autres balistes ; mais celles qu'il montre sont agréables à l'œil, distribuées avec ordre, et d’une manière qui nous a indiqué le nom que nous lui donnons. Îl est gris par dessus, et blanchâtre par dessous : des raies longitudinales et d’un blanc mêlé de gris s'étendent sur la seconde nageoire du dos et sur celle de l’anus; et des taches presque blanches , très petites, et semées sur la par- tie supérieure du corps, la font paroître étoilée. Cette parure simple , mais élégante, fait ressortir les formes qui suivent. Un sillon assez profond est creusé sur le devant de la tête; l'ouverture de chaque narine est double; celle des branchies est très étroite, placée presque 1. « Balistés griseus, dorso maculis lenticularibus et exalbidis con- » sperso , ventrali unica spuria. » Commerson, manuscrits déjà cités. DES POISSONS. 103 perpendiculairement au dessus de l’origine des na- geoires pectorales, et située au devant d’un petit assemblage d’écailles osseuses plus grandes que les autres. Où compte à la première nageoiïre dorsale trois rayons, dont le premier est très long, très fort, et dentelé par devant !. La nageoire dite ventrale consiste dans un rayon très court et très dur, ainsi que dans huit ou dix autres beaucoup plus courts , mais très forts , et ren- dus comme immobiles par la peau épaisse dans la- quelle ils sont engagés. Celle de la queue est un peu échancrée en croissant. La seconde dorsale et celle de l’anus renferment presque un égal nombre de rayons, et par conséquent paroïssent presque égales. Peut-être faudroit-il rapporter à l’étoilé un baliste que le professeur Gmelin a nommé le Ponctwé?, qu'il ne paroît avoir connu que par ce qu'en a écrit le voya- seur Nieuhof, et duquel il dit seulement qu’il habite dans les mers de l'Inde, et qu’il a le corps ponctué, ou semé de petites taches. 1. L'individu observé par Commerson avoit seize pouces, ou près d'un demi-mètre, de longueur. Il y avoit à la seconde nageoïre dorsale. . . . . . . . 26 rayons. mMcelledellhanuste is li ee URI ME 24 auxypectoraless M 2e) ele ele slaie ST et à la nageoïre de la queue. . . . . . . . 12 Tous ces rayons étoïent mous, excepté le premier de la seconde dorsale , le premier de la nageoïre de l'anus et le premier et le dernier de celle de la queue. > Balistes punctatus, Linnée, édition de Gmelin. Stipoisch, Nieuhof, Ind. 2, p. #75. 10/ HISTOIRE NATURELLE LE BALISTE ÉCHARPE’ Balistes rectangulus, Scun., Cuv. LA forme de ce poisson ressemble beaucoup à celle de presque tous les autres balistes ; mais ses couleurs très belles , très vives, et distribuées d’une manière remarquable, le font distinguer parmi les différentes espèces de sa nombreuse famille. L’extrémité du museau de l'écharpe est peinte d’un très beau bleu de ciel, qui y représente comme une sorte de demi-anneau. La tête est d’ailleurs d’un jaune vif qui devient plus clair sur les côtés, et qui se change, dans l'entre -deux des yeux, en un fond d’aigue-marine , sur lequel s'étendent trois raies noi- res et transversales. Une autre ligne bleuâtre descend depuis le devant de l'œil jusque vers la base de la nageoire pectorale; et, au delà de cette ligne, une bande d’un noir très foncé part de l'œil, et, allant obliquement et en s’élargissant jusqu’à l’anus et à la nageoire anale, forme sur le corps du baliste une sorte d’écharpe noire, que les nuances voisines font res- 1. « Balistes, rostri semi-annulo cæruleo; genis Jutcis; interstitio » oculorum smaragdino cum lineïs tribus nigris transversis; fascia ni- » gra latissima ab oculis ad unum obliquata ; aculeïs caudæ triangulo » nigro interclusis. » Commerson, manuscrits déjà cités. DES POISSONS. 105 sortir avec beaucoup d'éclat, et qui nous a indiqué le nom que nous avons cru devoir donner au cartila- gineux que nous décrivons. Cette écharpe est d’autant plus facile à distinguer, que son bord postérieur présente un liséré bleuâtre, qui, vers le milieu du corps, donne naissance à une raie de la même couleur; et celte dernière raie par- vient jusqu'aux rayons postérieurs de la seconde na- geoire du dos, en formant sur le côté de l'animal le sommet d’un angle aigu. Entre les deux branches de cet angle, on voit sur le côté de la queue un triangle noir et bordé d’un bleu verdâtre; et un anneau d’un noir très foncé en- toure la base de la nageoire caudale. Tout le reste du corps est d’un rouge brun, ex- cepté la partie inférieure comprise entre le museau et le bout de l’écharpe : cette partie inférieure est blanche. La seconde nageoire du dos et celle de l'anus sont transparentes, ainsi que les pectorales, dont la base est noire, et dont le bout est marqué d’une belle tache rouge. Voilà donc toutes les couleurs de l’arc-en-ciel dis- tribuées avec agrément et régularité sur ce baliste , et leurs teintes relevées par cette espèce d’écharpe noire qui traverse obliquement le corps de l’animal. À l'égard des formes particulières à ce poisson , il suffira de faire remarquer que sa tête est allongée ; que l’on compte dans la première nageoire du dos trois rayons, dont le premier est dentelé , et le troi- sième très court et éloigné des deux autres; que celle dite du ventre est composée d'un rayon gros, osseux, 106 HISTOIRE NATURELLE hérissé de pointes, et de huit ou dix petits rayons contenus par une membrane épaisse !; et que sur chaque côté de la queue il y a quatre rangées d’ai- guillons recourbés vers la tête. Nous avons tiré ce que nous venons de dire des manuscrits de Commerson, qui a trouvé et décrit le Baliste écharpe dans la mer voisine de l'Ile de France. e#OB0 Ho boLoteotoporohosesosspode reparer soBHOLOD SO E0H0B0H0 Ho roWe-HoH0 5080 Eobo Sep LE BALISTE BUNIVA. Balistes Buniva, Lacer., Risso. La description et le dessin de ce baliste encore in- connu nous ont été envoyés par M. Giorna, de la- cadémie de Turin. M. Buniva, savant collègue de M. Giorna, a bien voulu se charger de nous le re- mettre. La physique animale, et particulièrement celle des poissons , vont être enrichies par les gran- des recherches, les observations précieuses, les belles expériences de ce naturaliste, qui vient de publier 1. Il y a à la seconde nageoïre du dos. . . . . . . . 25 rayons. aux nageoires pectorales. . . . . . . . . . ne à la thorachique. 2 + cerner 9 Ou 11 ïtcelle de l'anus ENS era pan 20 et à celle de la queue. . . . . - . + . . . 12 La nagcoire de la queue est en arc de cercle, suivant le texte de Commerson, et terminée par une ligne droïte, suivant le dessin du inéme auteur. DES POISSONS. 107 les premiers résultats de ses travaux importants. Nous lui dédions ce baliste, que l’on a pêché dans la mer de Nice, dans celle qui est la plus voisine de la patrie qu'il honore. Ce baliste a les deux mâchoires également avan- cées, vingt-sept rayons à la seconde nageoire du dos, quatorze à chaque pectorale, quatorze à l’anale , et douze à la nageoire de la queue. Il est nécessaire de faire observer avec soin que voilà la seconde espèce de baliste pêchée dans la Mé- diterranée. Le caprisque est la première de ces deux espèces, dont les congénères n’ont été encore vues que dans Îes mers de l’ancien ou du nouveau conti- nent voisines des tropiques. Mais une chose plus digne de l'attention des ichthyologistes, c'est que M. Giorna a vu dans le Muséum de Turin, dont l’in- spection lui a été confiée avec tant de raison , une chi- mère arctique femelle prise auprès de Nice, dans la Méditerranée. Goo9o oro-F0ES 30080500 HO HS 56H00 500 LEE BeBetotopoperorcso propos) LE BALISTE DOUBLE-AIGUILLON. Balistes biaculeatus, Guer., Lacer. Les mers de l'Inde , si fécondes en poissons et par- ticulièrement en balistes, nourrissent le cartilagineux 2. Bloch, pi. 148, fig. 9. Gronov., mus. 1, p. 92, n. 115; Zooph. n. 194. 106 HISTOIRE NATURELLE auquel nous avons conservé le nom de Double-aiguil- lon, d’après le savant professeur Bloch de Berlin, qui le premier l’a fait connoître avec exactitude aux natu- ralistes. Cet animal présente plusieurs caractères for- tement prononcés : son museau est très long et ter- miné par une sorte de groin ; quatre rayons compo- sent la première nageoïre dorsale ; une ligne latérale très sensible part de l'œil, suit à peu près la courbure du dos, et’ s'étend jusqu'à la nageoiïre caudale, qui est fourchue ; la queue est plus étroite à proportion que dans plusieurs autres hbalistes; et, pour repré- senter la nageoire dite ventrale, on voit, derrière une tache noire, deux rayons très longs, très forts, très dentelés, et qui, placés à côté l’un de l’autre, peu- vent être couchés vers la queue, et renfermés, pour ainsi dire, chacun dans une fossette particulière. Le baliste double-aiguillon est d’ailleurs gris par dessus, et blanchâtre par dessous 1, Piscis cornutus, Willughby, Ichth. app., p. 5, tab. 10, fig. 2. Ray., pisc., p. 191, n. 12. Baliste à deux piquants, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Hoorn-visch, Nieuhof, Ind. 2, p. 212, tab. 298, fig. 5. 1. À la première nageoïre du dos. . . . ... . . . . 4 rayons. Aa seconde:2: 1e eat nee te EN re 220 AUXAPECLOTALES. FREE ee ee ee Neil 19 Acelle de:l'anns ere ARE nn RE RREIOS 17 DES POISSONS. 109 pb pefetot LE BALISTE CHINOIS”. Balistes sinensis, Gmez., Lacer. — Balistes chinensis, Brocu. C’est dans la mer qui arrose les rivages de la Chine, que l’on trouve ce baliste, que l’on voit aussi dans celle du Brésil. La première nageoire dorsale de ce poisson ne consiste que dans un rayon très long, très fort, garni par derrière de deux rangs de petites dents, et que l'animal peut coucher et renfermer à volouté dans une fossette creusée entre les deux na- geoires du dos. La ligne latérale commence derrière les yeux, se courbe ensuite vers le bas, et devient à peine sensible , au milieu de quatre rangées d’aiguil- lons qui hérissent chaque côté de la queue. La na- geoire qui termine cette dernière partie est arrondie : celle du ventre présente treize rayons renfermés, pour 1. Baliste chinois, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. { Bioch, pl. 152, fig. 1. Balistes chinensis; Osb. 1t., p. 145. Gronov., mus. 2, n. 196; Zooph., n. 189. Pira aca, Marcgr., Brasil., p. 154. Willaghby, Ichth., p. 250, tab. [, 4, üg. 1. Ray., pisc,, p. 47. « Monoceros, piscis Clusi, pira aca Maregr. » — Plumier, dessins sur vélin, déjà cités. (La figure est peu exacte. ) 110 HISTOIRE NATURELLE ainsi dire, dans une peau épaisse, excepté le premier, Le baliste chinois est gris par dessus , blanchâtre par dessous, et communément tout parsemé de petites taches couleur d’or. Sa chair est à peine mangeable. e6<-0 05-00 0 #0 89:7060 0806060 #0 #0 06H00 H-0%H0 EH0 0 HO LEO EI LHOUpS HO oo: ChHOE0 Ho ÉO oO aAES LE BALISTE VE DIUR Balistes tomentosus, Lacrr. ET LE BALISTE MAMELONNÉ:. Balistes papillosus, Guex., Lacer. 0 —— Nous plaçons dans le même article ce qui concerne ces deux balistes, parce qu'ils ont de très grands rap- 1. À la seconde nageoïire du dos. ... . . . . + + + 90 rayons. Aux nageoires pectorales. . M Mar FEES À la nageoire dite! ventrale. 111025, MIE HS AYcelle de) Fanus.st 402 a EN rate 1.180 A'celle della queue. prie D A AR 12 2. Baliste velu, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Balistes aculeis dorsi duobus, lateribus versus caudam hirsutis. » Gronov., mus. 1, n. 114, tab. 6, fig. 5; Zooph., n. 191. Bloch, pl. 148, fig. 1. ( Nota. Bloch n’a compté qu'un rayou à la première nageoïire du dos : mais Gronovius et d’autres naturalistes en ont compté deux; et il paroît que l'individu observé par Bloch étoit défectueux. ) Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 18. Ewuuve hoorn-fish, Renard, poiss. 1, p. 27, tab. 25, fig. 164. Ikan kipas, wajer-visch, Valent. Ind. 5. p. 356, n. 28, fig. 28. 5. Balisie mamelonné, Daubenton, Encyclopédie méthodique. DES POISSONS. 11i ports l’un avec l’autre, et parce qu'ils sont séparés par un petit nombre de différences d'avec les pois- sons de leur genre. Le baliste velu, qui se trouve dans les mers de l'Inde, a le corps assez mince : sa première nageoire dorsale ne présente que deux rayons, dont l’anté- rieur est court, mais fort, et garni par derrière de deux rangées de pointes; de petits aiguillons recour- bés sont placés sur les côtés de la queue. La couleur de l'animal est d’un brun qui se change, sur les côtés, en jaune, ensuite en gris, et enfin en jaune plus ou moins clair, et qui est souvent varié par des taches noires et aliongées !. Le mamelonné n’a que deux rayons à la première nageoire du dos, comme le velu; mais son corps est parsemé de petites papilles ou de petits mamelons ?. Il a été pêché auprès des rivages de la Nouvelle- Gailes méridionale. Suivant le texte de la relation citée dans la note de la page précédente , ce poisson est d’un gris blanchâtre ; et, suivant la figure coloriée Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Balistes granulatus, pinna dorsali anteriore biradiata, cerpore » granoso, » — Décrit par Hunter, dans l’appendix de la relation an- gloise du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale, par Jean White, premier chirurgien de l’expédilion commandée par le capitaine BR lipp.— pl. 39, fig. 2. 1. À la seconde nageoire dorsale, , . : . . . > + . 81 rayons. Aux pectoralesi) 1 rent à Art Sat) ou:10 À celle de l’anus. AMD Ann PE te 27 À celle de la queue. . . . . . . PSM VAE AN US 9 2. À la seconde nageoïire du dos. . .. . . . . . . . 29 Aux nageoires pectorales. . . . . . . . . CS Arcelleÿdebanustare votes daiaisl te auesie tt 21 Asccller de laiqueues di A Une td pa 112 HISTOIRE NATURELLE qui accompagne ce texte, il est d’un jaune noirâtre avec la tête lilas. LE BALISTE TACHETÉ! Balistes maculatus, Guez., LAcer. CE poisson habite dans les mers chaudes du nou- veau et de l’ancien continent. [Il ressemble un peu au mamelonné par les petites papilles ou verrues qui, dans plusieurs endroits de son corps, rendent sa peau rude au toucher ; mais il en diffère par le nom- bre des rayons de ses nageoires, et par d’autres ca- ractères dont nous allons exposer quelques uns. Ii est violet dans sa partie supérieure, et d’un blanc jaunâtre dans l’inférieure; ses nageoires pectorales sont jaunes, et presque tout l’animal est couvert de 1. Baliste tacheté, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho- dique, Bloch, pl. 151. « Capriscus murium dentibus minutis, etc. » Klein, miss. pise. 3, p. 25. n. 6, tab. 5, fig. 0. Guaperva longa, Willughby, Ichth. append., p. 21, iab. I, 20. Ray., pisc., p. 48, n. 2. Little old wife, Browne, Jam., p. 456, n. 2. , « Prickle, or long file fish. » Grew. mus., p. 119, tab. 7. « Maan visch, poisson de lune, turin saratfe. » Renard, poiss. 2, iab, 58, fig. 158. DES POISSONS. 113 taches bleues. Get agréable assortiment de couleurs s'étend sur un corps assez grand. L’orilice de chaque uarine est double, et les quatre ouvertures de ces organés sont placées dans une petite fossette située au devant des yeux. On aperçoit quelques aiguillons au delà du rayon fort et hérissé de la nageoire dite ventrale ; celle de l’anus, qui vient ensuite, est très large; on ne voit pas de piquants sur les côtés de la queue, dont la nageoire est arrondie !. 2ÉOTEHEP FEB IFOBOROSSBOBETSPEBPEBETES0DEL-EE EME 900608 DE Gr PE EE LE BALISTE PRALIN” Balistes Pralin, Lacer. DE très belles couleurs parent ce baliste. Celle de la partie supérieure de son corps est d’un vert foncé ; et sa partie inférieure est d’un beau blanc. Une tache très grande et très noire relève chaque côté de l’ani- 1. À la première nageoire du dos. . . . . . . . . . 2 rayons. À la-setonde. ssh: à SAUT ANA EE EN US Auxipectorales. NS ANNEES Ra Si 14 INcellederl'anuss pement ei) nat Mie 21 AKeclledelaiquene: (4eme nn A0) 2. « Balistes pinna dorsi prima radiata; triplici aculeorum ordine » ad basim caudæ; linea purpurea 4 supremo rostro ad basim pinna- » rum pectoralium ducta : macula latissima nigra medium utrinque » latus occupante. » Commerson, manuscrits déjà cités, quatrième cahier de zoologie. 114 HISTOIRE NATURELLE mal; l’on voit également sur chacun des côtés une raie pourpre qui s'étend depuis le bout du museau jusqu’à la base de la nageoïre pectorale; et cinq autres raïes, dont les deux extérieures et celle du milieu sont bleuâtres, et dont les deux autres sont rougeñtres et un peu plus larges, s'élèvent de cette même base jus- qu’à l'œil. Le baliste pralin est d’ailleurs remarquable par le rouge de ses nageoires pectorales, et par le jaune que l’on voit sur les bords supérieur et infé- rieur de la nageoire de la queue. Ce poisson, que Commerson a décrit, et dont il a dit que la longueur étoit à peu près égale à celle de la perche, a la tête assez grande pour qu’elle compose seule près du tiers de la longueur totale de ce cartilagineux. Malgré l'épaisseur de la peau qui recouvre la lète aussi bien que le corps, les lèvres peuvent être, comme dans les autres balistes, un peu allongées et retirées en arrière, à la volonté de l'animal. On voit, auprès de louverture des branchies, un petit groupe d’écailles assez grandes et très distinctes des autres, que l’on seroit tenté de prendre pour des rudiments d'un cpercule placé trop en arrière. Le rayon qui forme la nageoire dite ventrale est articulé, hérissé de pointes comme une lime, pré- cédé d’une double rangée de tubercules très durs, et suivi d’un rang d’aiguillons très courts, et qui va jusqu'à l'anus À, 1. À la membrane des branchies. . . . . . . -+1.1N2irayons: À la première nageoire dorsale, . . . . . . . . . 2 A la seconde nagcoïire du dos . . . .. .. MOT 0e Aux nageoires pectorales.}. "0eme JEAO DES POISSONS. 115 Chaque côté de la queue est d’ailleurs armé de trois ou quatre rangs de petits piquants recourbés vers la tête, et dont chacun est renfermé en partie dans une sorte de gaîne noire à sa base. Ce baliste, dit Commerson, doit être compté parmi les poissons saxatiles : il se tient en effet au milieu des rochers voisins des rivages de l’île Pralin; et c’est le nom de cette île, auprès de laqueile se trouve son habitation la plus ordinaire, que nous avons cru de- voir lui faire porter. Ïl mord avec force, lorsqu'on Îe prend sans pré- caution. Sa chair est agréable et saine. ecpeperererorEpeseHererepepepereres fenetres dereroferersteporeTeEEHeHs EC SPETHES Cf SR SAME LE BALISTE KLEINIEN- Balistes Kleinit, Guet., Lacer. LA longueur de la seconde nageoire du dos et de celle de l'anus, qui renferment caacune plus de qua- rante-cinq rayons, est un des caractères qui servent À la nageoïre thorachique. . . . . . . + (ste MAN TAYONS. Atcelleideilanas tan nn tement EAN MUNRo rs Atcellerde Taiqueue 010 er Ur Aus 12 Cette dernière est terminée par une ligne presque droite. 1. Gronov., Zooph., n. 195. « Gapriscus capite triangulato gutturoso , ore admodum parvo bar- » bato, etc. » Klein, miss. pise. 5, p: 25, n. 8, tab. 5, fig. 12. Tkar auwawa , Valent. Ind. 5, p- 977; n. 92, fig. 92. 116 HISTOIRE NATURELLE à distinguer ce baliste, dont on doit particulièrement la connoissance à Klein. Le museau de ce poisson est d’ailleurs avancé; l’ouverture de sa bouche, petite : et garnie de barbillons; le rayon antérieur de Ja pre- miere nageoire, dentelé de deux côtés; et la nageoire de la queue, arrondie. Ce poisson habite dans les mers de l'Inde. LE BALISTE CÜRASSAVIEN. Balistes curassavicus, Guer., Lacer. (Espèce incertaine.) Aurrès de Curaçao habite ce poisson, dont la na- geoire de la queue est terminée par une ligne droite, et dont les côtés brillent d’une couleur d’or très Lola tante. Cette dorure est relevée par un point noir placé au milieu de chacune des écailles sur lesquelles elle s'étend. Le dos est brun, et le museau arrondi ? 1. Gronov., Zooph. 196 2. À la première nageoire du dos. : . . . . . . . 2 rayons. AMlatseconde MER. cle CORRE 27 Aux pectorales. Me Le SES ES Afcelle deilanus ete AS EU PMR EEE 26 Poi : O1SSONS* ) _ PL : Zonsreat fils Je up F w 1 BALISTE FPINEUX. 2 BAL. BOURSE.3 BAL.MONOCEROS.4 BAL. HERISSES 4 pee ver et jai DES POISSONS. 117 sESTeB#080 206020 LE BALISTE ÉPINEUX" Balistes aculeatus, Guer., Lacer., BLrocu. Les balistes compris dans le second sous-genre, et que nous venons de faire connoître , n’ont que deux rayons à la première nageoire du dos. Nous allons maintenant voir un plus grand nombre de rayons à cette première nageoire dorsale. Le bdliste épineux en présente trois dans cette partie de son corps. Plu- sieurs piquants sont placés sur son ventre à la suite du 1. Baliste épineux, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. It. Wgoth. 138. Gronov., Zooph. 188. Bloch, pl. 149. Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 15. « Gapriscus cornutus supra oculum, etc. » Klein, miss. pisc. 5, p. 25, n. 5, 7, tab. 5, fig. 10. Guaperva hystriæ, Willughby, Ichth. app., p. 21, tab. I, 21. « Sounck hoornvisch, man visch, gros poupou. » Renard, poiss. 1, pl. 28, fig. 154, et 2, pl. 28, fig. 156, et pl. 54, fig. 157. « Balistes fuscus ex rubro et aureo oblique virgatus, pinna dorsi » prima triacantha, ossiculo xyphoïde scaberrimo ; pinnarum ventra- » lium loco, aculeis antrorsum versis duplici ordine utrinque ad cau- » dam. » Commerson, manuscrits déjà cités, quatrième cahier de zoologie. LACGÉPÈDE. VI, $ 110 HISTOIRE NATURELLE rayon garni de pointes qui compose la nageoire tho- rachique ; et de plus on voit de chaque côté de la queue , des aiguillons recourbés en avant, et dont le nombre ces rangées varie depuis deux jusqu’à cinq, suivant l’âge, le sexe ou le climat. Les couleurs de ce poisson sont très belles. Les voici telles que les décrit Commerson, qui a observé plusieurs fois ce baliste en vie et nageant au milieu des eaux qu'il pré- fère. L'animal est d’un brun foncé ; mais, sur ce fond obscur, des raies transversales, rouges sur le devant du corps, et dorées sur le derrière, s'étendent obli- quement, et répandent un éclat très vif. Les yeux, les lèvres, et la base des nageoires pectorales, sont d’ailleurs d’un rouge de vermillon, dont on aperçoit des traces plus ou moins fortes, et mêlées avec un peu de jaune sur les autres nageoires , et particulie- rement sur celle de la queue, où les intervalles qui séparent les rayons sont bleuâtres 4, Ce baliste habite la mer Rouge et la mer de l'Inde, au iwilieu de laquelle Commerson l’a pêché parmi les rochers, les coraux et les ressifs qui avoisinent l’île Pralin. Ce voyageur dit que ce poisson est très bon à manger. Nous croyons devoir rapporter à cette espèce Île baliste décrit par le professeur Gmelin sous le nom 1. À la membrane des-branchies. . . . . . . . . . . 2 rayons. A la première dorsale EN MER SEUR 5 A darsecondes tte oveire à à UNE MEN 25 Auxcpectorales 2402 lee) let None 13 A:celle: de Lanus: 1: SA PART AIS SUN DS LA 2 NT DO A'\celle::de :lariqueue:li. it) 22702000 een 10 Celle dernière est terminée par une ligne presque droite. DES POISSONS. 119 de F’erruqueux !, et que Linnée avoit déjà fait con- noître dans l’exposition des objets qui composoient la collection du prince Adolphe-Frédéric de Suède. Ce baliste verruqueux ne diffère en effet de l’épineux qu'en ce que le rayon qui représente la nageoire dite ventrale est garni de verrues, au lieu de l’être de pointes plus aiguës. Mais si ce caractère doit être regardé comme constant, il ne peut servir à établir qu’une simple variété. 0 06 HoBo Be 49 SCO Ho HABO Po OS SE PePOPELr EEE (Le 2] LE BALISTE SILLONNÉ? Balistes ringens, GuEz., LacEr. LorsQuE ce baliste est en vie, il présente une cou- teur d'un beau noir sur toutes les parties de son corps, 1. Balistes verrucosüs, Linnée, édition de Gmelin. Mus. ad. fr. 1, p. 57, tab. 27, fig. 4. 2. Baliste sillonné, Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaierre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. ad. fr. 1, p. 48. [t. Wgoth. 1309. Balistes nigra, Osbeck, It. 295. Gronov., Zooph. 195. Bloch, pl. 192, fig. 2. Artedi, gen., p. 54, n. 4. « Guaperva lata ad caudam striata, Listeri. » Willughby, Ichth. App-, p: 21, n. 5, tab. I, 24. Ray., pisc., 49, n. 5. 120 HISTOIRE NATURELLE excepté sur la base de sa seconde nageoire dorsale et de celle de l'anus. Une raie longitudinale blanche, et quelquefois bleue, s'étend sur ses bases. Une ran- gée de tubercules garnit l'intervalle compris entre l’anus et le rayon qui tient lieu de nageoiïre thora- chique. Les côtés de la queue sont comme sillonnés ; chacune des écailles qui les revêtent présente dans son centre un tubercule ou petit aiguillon obtus tourné vers la tête; et, par une suite de cette con- formation , ces côtés sont plus rudes au toucher que la partie antérieure du corps! On trouve le Sillonné dans la mer de la Chine et dans celle qui borde les côtes orientales de l'Afrique. « Balistes niger, linea alba dorsi. » Commerson, manuscrits déjà cités, , Ikan kandawara, Valent. Ind. 5, p. 650, fig. 42. « Baliste noir, kolkenboati, et kandawar. » Renard, poiss. 1, p. 26, tab. 17, fig. 96; et p. 27, tab. 18, fig. 98. 1. À la première nageoire dorsale. . . . . . . ... rayons. Aa seconde: ane uen 100 Auripecitorales 1e eee nets Lee 15 Aceller de lantus, 22e METRE NN EANEPAReAeTE 31 Acelle dela queue. 07 NOR 10 Cette dernière est en forme de croissant. DES POISSONS. 121 LE BALISTE CAPRISQUE. Balistes Capriscus, Guxz., Lacer., Cuv. ON ne trouve pas seulement ce poisson dans les mers chaudes de l'Inde et de l’Amérique , on le ren- contre aussi dans la Méditerranée ; et c’est à ce carti- 1. Porc, dans plusieurs départements méridionaux. Porco, en Sicile et dans d’autres contrées de l'Italie. Caper, par plusieurs auteurs anciens. Aper, id. Porcus, id. Sus, id. Mus marinus , id. Gronov., Zooph., n. 187, mus. 1, p. 53, n. 117. Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 16. Klein, miss. pisc. 5, p. 24, n. 1. Gesn. ic., p. 57. Aldrov. pisc., p. 516. Jonston, pisc., tab, 25, fig. 7. Ray., pisc., p. 47. Caper, Plin., Hist. mundi, lib. 11, cap. 51. Id. Salvian., Aquat., p. 207, 208, tab. 206, b. Poupou noble, Renard, poiss., tab. 1, fig. 7. Capriscus Rondeletii, Plumier, dessins sur vélin, déjà cités. Porc, Rondelet, première partie, liv. 5, chap. 26. Aristot., Hist. anim., lib. 2, cap. 15, el lib. 4, cap. 9. Athen., hb. 7, fol. 152, 4o, ei 165, 5. Æfan., lib. 12, cap. 26. 122 HISTOIRE NATURELLE lagineux que Pline a, d’après Aristote, appliqué le nom de Caper, et qu’il a attribué la faculté de faire entendre une sorte de bruit ou de petit sifflement , lequel appartient en effet à tous les balistes, ainsi que nous l'avons vu. Les couleurs du caprisque sont belles et chatoyantes : il présente en Amérique, et d’après les dessins enluminés de Plumier, une teinte géné- rale d’un violet clair et chatoyant, qui donne à tout son corps les nuances variées que l’on admire sur la gorge des pigeons; et l'iris de ses yeux, assez grand, d’un bleu très vif, et bordé d’un jaune éclatant, pa- roît, au milieu du fond violet dont nous venons de parler, comme un beau saphir entouré d'un cercle d’or. À des latitudes plus élevées , et particulièrement dans la Méditerranée , le caprisque est quelquefois semé de taches bleues sur le corps, et bleues ainsi que rouges sur les nageoires ; et des nuances vertes se font remarquer sur plusieurs parties de l’animal. Il ne diffère d’ailleurs des poissons de sa famille que par les caractères distinctifs que l’on a déjà pu voir sur le tableau de son genre, et par le nombre des rayons qui composent ses nageoires. D DES POISSONS. 129 LE 1roDeoBs eee peoples reset tre efmneteredpeinstp S LE BALISTE QUEUE-FOURCHUE”. Balistes forcipatus, Wirrucusy, Guer., Lacer. LA première nageoire du dos de ce poisson est composée de trois rayons , dont l’antérieur, très long et très fort, représente une sorte de corne, et.est hérissé , de tous les côtés, de tubercules et de petites dents. La seconde nageoire dorsale est d’ailleurs re- marquable par les taches qu’elle présente; et celle de la queue est fourchue. | DeépareenereredetefeHeethebe ob reHehonemensHebetepe ire LE BALISTE BOURSE”, Balistes Bursa, Lacrr., Scan. ET LE BALISTE AMÉRICAINS. Balistes americanus, GmeL., Lacer. ( Espèce incertaine. ) —— 0 —— IL faut prendre garde de confondre le premier de ces poissons avec le baliste vieille , qui, selon Plumier 1. « Balistes cauda bifurca, pinna dorsi maculosa. » Artedi, gen. 54, syn. 82. Willughby, Ichth. app., p. 21, tab. F, 22. 2. Baliste Bourse, Sonnerat, Journal de physique, an. 1774. Id. Bonnaterre. planches de l'Encyclopédie méthodique. 5. Gronov., Zooph.. n. 192. « Balistes nigricans; rostro, maculis, pinnis. pectoris, dorsi, ani, 124 HISTOIRE NATURELLE et d’autres voyageurs, a reçu, dans quelques colonies occidentales, et particulièrement à la Martinique , le nom de Bourse. Celui dont il est question dans cet article , non seulement n’est pas de la même espèce que la vieille, mais encore appartient à un sous-genre différent. Ce cartilagineux présente une couleur d’un gris plus ou moins foncé sur toutes ses parties, ex- cepté sur la portion antérieure et inférieure du corps, qui est blanche ; et ce blanc du dessous du corps est séparé du gris d’une manière si tranchée, que la li- mite qui divise les deux nuances forme une ligne très droite , placée obliquement depuis l’ouverture de la bouche jusqu’à la nageoire de l’anus. On voit d’ailleurs de chaque côté de l’animal une bandelette noire en forme de croissant, située entre l’æil et la nageoire pectorale, et qui renferme dans sa concavité une tache également noire et faite en forme d’unesorte d’y grec!. Ce poisson habite auprès de l’Ile de France; et c'est M. Sonnerat, l’un des plus anciens correspondants du Muséum d'histoire naturelle, qui l’a fait connoître. Malgré les rapports qui lient le baliste bourse avec le baliste américain, il est aisé de les distinguer lun de l’autre, même au premier coup d'œil, en regar- dant la nagecire de la queue : elle est terminée par » dimidiaque cauda, exalbidis; triplici aculeorum serie ad caudam. » Commerson, manuscrits déjà cités. Baliste tacheté, Sonnerat, Journal de physique, tom. IT, p. 445. Baliste noir, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 1. À la première nageoire dorsale. % .1. MES. EM MStrayons: Ablatsecon des MaiMUEQNUEnE ee: RSR MERE 29 ee » / A chaque nageoire pectorale, . . . . . . . . . . 14 AUcelle de l'anus: 2000 ORAN TERME 26 À celle de la queue. . . 41.100007 4 4 0 ma DES POISSONS. 129 une ligne droite sur la bourse, et on la voit arrondie sur le baliste américain. Ce dernier a de plus sur chaque côté de la queue trois rangées de petits ai- guillons recourbés, que l’on ne trouve pas sur le ba- liste bourse, et les nuances ainsi que la distribution des couleurs sont très différentes sur l’un et l’autre de ces poissons. L’américain ne présente que du blanc et du noir, mais disposés d’une manière qui Jui est particulière. Tout son corps est noir; et sur ce fond , un blanc très éclatant environne l’ouverture de la bouche comme un double cercle, s'étend en petite bandelette au devant des yeux, occupe la gorge, paroît en grandes taches irrégulières de cha- que côté du baliste, et se montre sur les nageoires pectorales, sur la seconde du dos, sur celle de l’a- nus, et sur la base de celle de la queue. Telle est la parure de goût que montre l'américain non seule- ment dans les mers voisines de l'Amérique équato- riale, dans lesquelles il a été observé par plusieurs voyageurs, mais encore dans celle qui sépare l’Afrique de l'Asie, et dans laquelle il a été examiné par Com- merson, qui l’a décrit avec beaucoup de soin 1. 1. À la première nageoire du dos. . . . . . . . . . 5 rayons. AMlaSecondete AS MMM LA MIRE ERRR + 28 Auxipectorales it AMEN rt SA Ve 15 ou 16 Afcelle dellannsmian ut pm HU EE 28 126 HISTOIRE NATURELLE « OBS OT TE PEDELES PETER EE CHE Sr SÉEÉDEMS LOS CHE EE here serre rer etre tree eebeE LE BALISTE VERDATRE,, PBalistes viridescens, Lacxr., Scux. LE BALISTE GRANDE-TACHE?. Balistes fuscus, Scun. LE BALISTE NOIRS, LE BALISTE BRIDÉ, Balistes niger, Lacep. — Balistes capistratus nob. ET LE BALISTE ARMÉE“. Balistes armatus, Lace». — 9 — Nous placons dans le même article ce que nous avons à exposer relativement à cinq espèces de ba- listes que les naturalistes n’ont pas encore connues, et dont nous avons trouvé des dessins ou des descrip- tions plus ou moins étendues dans îes manuscrits de Commerson. 1. « Balistes e fusco viridescens. genis aureis, gala subterius pal- » lide cærulescente; pinuis dorsi, ani, et caudæ, basi obsolete flaves- » centibus , extimo limbo nigris. » Comimnerson, manuscrits déjà cités. 2. « Balistes fuscus, macula pectorali maxima , postremisque pin- » narum marginibus albis, cauda inermi longe bifurca , genis sextuplici » verrucarum serie notatis. » Commerson. 3. « Balistes totus niger. » Commerson. 4. « Balistes sextuplici aculeorum ordine ad caudam utrinque. » cauda margine extremo et lateribus alba. » Gommerson. DES POISSONS. 127 Le verdâtre est un des plus grands de son genre. Nous avons tiré le nom que nous lui avons donné, de la couleur qui domine le plus sur ce cartilagineux. La plus grande partie de son corps est, en effet, d’un vert mêlé de teintes de brun et de jaune : mais on voit un point noir au centre de presque toutes les écailles, où, pour mieux dire, de tous les groupes que les écailles forment. Les deux côtés de la tête sont d’ailleurs d’une couleur d’or foncée; le sommet en est d’un bleu noirâtre avec de petites taches pres- que jaunes; et un bleu plus clair règne sur la partie inférieure du museau , ainsi que sur la poitrine. Une bande noire et un peu indéterminée descend des yeux jusqu'aux bases des nageoires pectorales. Ces nageoires, la seconde du dos, celle de l'anus, et celle de la queue, sont blanchâtres, et bordées de noir ; et enfin on voit une belle couleur jaune à l’extrémité des nageoires pectorales, et sur les côtés de la queue, à l'endroit où ils sont garnis de quatre rangs d’aiguil- lons recourbés. La membrane des branchies est soutenue par six rayons cachés sous une peau épaisse. On compte plu- sieurs aiguillons à la suite de la nageoire thorachique. Celle de la queue est légèrement arrondie; et on n'aperçoit aucune ligne latérale f. La vessie aérienne est argentée. L’individu observé 12 #A\latmembrane destbranchies: L, : 4, 4: LU 6 rayons. A la première nageoïre du dos. . . . . . . . TUE Atiatseconde!: 20) sr NRA EPS da Afchaeune des pectorales: 2,140 010 M0 RS Mecelledelanus ui SR CRT TES PA BE CA celle fderlarquene À. Net En ent 9 120 HISTOIRE NATURELLE par Commerson , et qui étoit femelle, contenoit des milliers d'œufs; et cette femelle étoit ainsi pleine au mois de janvier, dans la mer qui baigne l'Ile de France, mer dont les eaux servent aussi d'habitation aux quatre autres espèces dont nous allons parler dans cet article. Le baliste Grande tache, la première de ces quatre espèces, est, comme le verdâtre, un des plus grands balistes. Sa couleur est d’un brun tirant sur le livide, et plus clair sur le ventre que sur le dos; et ce fond est relevé par une tache blanche très étendue que l'on voit de chaque côté du corps, et par une ligne blanche qui borde l'extrémité de presque toutes les nageoires. Il n’y a aucune pointe sur les côtés de la queue; mais ceux de la tête présentent un caractère que nous n'avons encore fait remarquer sur aucun baliste : ces deux laces latérales montrent six rangs de verrues disposées longitudinalement, et séparées par une peau unie. La nageoire de la queue est en forme de croissant ; les deux pointes en sont très prolongées !. Occupons-nous maintenant du baliste noir. Son nom indique la couleur que ce cartilagineux présente, et qui est en effet d’un noir plus ou moins foncé sur toutes les parties du corps, excepté le milieu du crois- sant formé par la nageoire caudale , qui est bordé de blanc. Indépendamiment de cette teinte sombre et 1. À première nageoire du dos. . . . . . +... 2. 6 rayons. Atlaïseconde. 440% NT REA ARLES ANNEE Aux)pécLorales-l We MMA NME IEEE 19 Abcelletde l'anus: 40e PA 0RIRONRRE SORA AE RAR eo Aicelleïde latqueuesu 0 PREMIER ASE LE DES POISSONS. 129 presque unique, ce baliste est séparé de celui que nous appelons la grande tache, par l'absence de ver- rues disposées sur des rangs longitudinaux de chaque côté de la tête; mais il s’en rapproche en ce que sa queue est dénuée d’aiguillons comme celle la grande tache, el terminée par une nageoire qui représente un croissant à pointes très longues!. On voit plu- sieurs petits piquants au delà de la nageoire dite ven- trale. Il nous reste à parler du bride et de l’armé. Nous avons trouvé parmi les dessins de Commerson la figure d’un baliste dont les caractères ne peuvent convenir à aucune des espèces du même genre déjà connues des naturalistes, ni à aucune de celles dont nous traitons dans cette histoire. Les manuscrits de ce savant voyageur, qui nous ont été remis, ne nous ayant présenté aucun détail relatif à cette figure, nous ne pouvons faire connoître le baliste auquel elle ap- partient, que par les traits que son portrait a pu nous montrer. Le premier rayon de la nageoire du dos, qui en renferme trois, est long, très fort, et dentelé par devant : celui qui remplace ou représente la na- geoire dite ventrale, est articulé, c’est-à-dire com- posé de plus d’une pièce; et de plus il est suivi de plusieurs piquants. Îl n’y a point d’aiguillons sur la queue , et la nageoire qui termine cette dernière par- tie, est un peu en forme de croissant. On voit auprès 1. À la première nageoïre dorsale. . . . . . . . .. 5 rayons. Anlaiseconde.:s. 1.04 0 Nes %. 94 Aichaquepectorales +. 410.8." AVR UHR 16 Mcelléide anus mena ner LS Fe ue 00 190 HISTOIRE NATURELLE de l'ouverture des branehies, et comme sur l'étoile, un groupe d’écailles assez grandes, qui rappelle en quelque sorte l’opercule que la nature a donné à presque tous les poissons. La couleur de l’animal est uniforme et foncée, excepté sur la tête, où, de cha- que côté. une bandelette d’une couleur très claire part d’auprès des nageoires pectorales, s'étend jus- qu’au museau, qu'elle entoure, et au dessous duquel elle se lie avec un demi-anneau d’une nuance égale- ment très claire. Ce demi-anneau , l’anneau qui envi- ronne l'ouverture de la bouche, et les deux raies qui s’'avancent vers les nageoires pectorales, forment un assemblage qui ressemble à une sorte de bride; et de là vient le nom de Bride que nous avons donné au baliste que nous examinors. Nous appelons Baliste armé une autre espèce de la mème famille, dont nous avons vu, parmi les ma- auscrits de Commerson , un dessin et une courte description. Lorsque ce voyageur voulut examiner un individu de cette espèce qu'on avoit pêché quel- ques heures anparavant, €e poisson avoit perdu pres- que toutes ses couleurs; il ne lui restoit qu'une ban- delette blanche à l'extrémité et de chaque côté de la nageoire de la queue, qui étoit un peu conformée en croissant. On voyoit sur chaque face latérale de cette même queue six rangs d’aiguillons recourbés; et c’est à cause du grand nombre de ces petits dards, que nous avons donné à l'animal le nom d’Armé. La première nageoire du dos étoil soutenue par trois rayons, et celui de la nageoire thorachique étoit suivi de plusieurs piquants. On s'apercevra aisément que l’armé a beaucoup de rapports avec l’épineux; mais, LA DES POISSONS. 191 indépendamment de la distribution de ses couleurs, et d’autres différences que l'on trouvera sans peine, il a sur la queue un plus grand nombre de rangs de pointes recourbées, et les aiguillons qui accompa- gnent son rayon thorachique sont plus petits et plus courts. PPEPOPOTEPEHBIFEHOIDEH ET ODOPOTOBEPAPEROHOPRTEHEPOTAOPEPELSOPATOBOMEHETET EE ME EHE BOB LE BALISTE CENDRÉ" Balistes cinereus, Lace». Les mers voisines de l'Île de France sont encore l'habitation de ce poisson, dontla tête est très grande, la couleur générale d’un gris cendré , et qu'il est aisé de distinguer de tous les balistes qui le précèdent sur le tableau du troisième sous-genre de ces cartila- gineux, par les quatre rayons qui composent sa pre- mière nageoire dorsale. On le sépare facilement de tous les animaux déjà connus de sa famille, en réunis- sant à ce caractère la présence de trois bandelettes bleues et courbes, qui sont placées sur chaque côté de la queue, et celle d’une bande noïre qui va de chaque œii à la nageoire pectorale la plus voisine. In- dépendamment des trois raies bleues, on voit des piquants sur les deux faces latérales de la queue de 1. Baliste cendré, Sonnerat, Journal de physique, tome IV, p- 78. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 132 HISTOIRE NATURELLE ce baliste. dont M. Sonnerat a publié le premier la description, et dont Commerson a dessiné la figure 1. DoporosEs topo soro bobo Topo HPRBOIO LE BALISTE MUNGO-PARK”, Balistes Mungo-Park, Lacer. ET LE BALISTE ONDULÉ3. Balistes undulatus, Lace». Cxrs deux balistes ont été vus dans les eaux de Su- matra, et au milieu de coraux ou madrépores. On en doit la connoissance au célèbre voyageur Mungo- Park. Le premier, auquel nous avons donné le nom de cet observateur, a la dorsale antérieure noire, la caudale jaunâtre avec l'extrémité blanche, et les au- tres nageoires jaunes. Le second a également la pre- mière dorsale noire, et les autres nageoires jaunes; 1. À la première nageoire dorsale. . . . . . . . . . 4 rayons. Alaeconde.ns- REED SE lesp: Lo. nr es 2 CR 24 AUX IPECIOTALES- M eee eee CNE 14 Aficelle de l'anus: PAIE PRE SRE E 21 À celle de la queue , qui est un peu arrondie. . . 12 2. Balisies niger, Mungo-Park, Actes de la société Linnéenne de Londres, vol. IE, p. 55. 5. Id. Mungo-Park, Actes de la société Linnéenne de Londres, vol. IE, p. 53. DES POISSONS. 133 mais indépendamment des raies longitudinales qui serpentent sur son corps, on voit trois bandelettes rouges régner depuis ses lèvres jusqu'à la base de sa pectorale 1. PE ÏE Be opera es LE BALISTE ASSAST*. Balisies Assasi, Linn., Guez., Lacer. ForskAEL a observé sur les rivages de l'Arabie ce poisson de la mer Rouge, qui montre sur son corps un grand nombre de verrues brunes, et, sur chaque face latérale de sa queue, trois rangées de verrues noires. Cet animal, dont on mange la chair, quoi- qu'elle ne soit pas très succulente, présente d’ailleurs une disposition de couleurs assez régulière, assez va- riée, et très agréable. La partie supérieure de ce ba- liste est brune, l’inférieure est blanche; et sur ce double fond on voit du jaune autour des lèvres, quatre raies bleues et trois raies noires placées en travers et 1. 14 rayons à chaque pectorale du baliste Mungo-Park, 24 rayons à l’anule, 10 rayons à la caudale, 2 rayons à la membrane branchiale du baliste ondulé , 15 rayons à chaque pectorale, 24 rayons à l’anule, 12 rayons à la nageoire de la queue. 3. Forskael, Faun. arab., p. 75, n. 112. LACÉPEDE. VI, 9 19/ HISTOIRE NATURELLE alternativement au devant des yeux, une raie d’une teinte foncée et tirée de la bouche à chaque nageoire pectorale, chacune de ces deux raies obscures sur- mortce d’une bandelette jaune, lancéolée, et bordée de bleu, et d’une seconde bandelette noire également lancéolée, une tache allongée et blanche sur la queue, une autre tache noire et entourée de fauve à l'endroit de l’anus, et enfin du roussâtre sur presque toutes les nageoires. g LE BALISTE MONOCÉROS"! Balistes monoceros, Linn., Guer., LacEr. Nous voici parvenus au quatrième sous-genre de balistes. Nous ne trouverons maintenant qu’un seul rayon à la première nageoire dorsale et à la thorachi- que. À la tête de ce sous-genre , nous avons inscrit le Monocéros. Ce nom de Monocéros , qui désigne la sorte de corne unique que lon voit sur le dos du poisson , a été donné à plusieurs balistes. Nous avons 1. Baliste monocéros, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 147. Balistes monoceros, Osb. It. 110. Capriscus longus, ete., Klein, miss. pisc. 3, p. 25, n. 10. Acaramucu, Marcgr. Brasil., p. 163. Willughby, Ichth. p. 556, tab. E,12, fg.,2: DES POISSONS. 159 déjà vu que Plamier lavoit appliqué au chinois; mais, à l'exemple de Linnée et d’un grand nombre d’antres naturalistes, nous l’employons uniquement pour l'espèce que nous décrivons dans cet article. Le baliste monocéros, que l’on trouve dans les mers chaudes de l’Asie et du nouveau continent, par- vient ordinairement à la longueur d’un pied. Il est varié de brun et de cendré; et la couleur brune est distribuée sur la nageoire de la queue en trois bandes transversales, qui ressortent d'autant plus que le fond de cette nageoire est d’un jaune couleur d’or, comme toutes les autres nageoires de ce cartilagineax, et comme l'iris de ses veux. L’entre-deux de ces organes de la vue est plus élevé au dessus de l’ouverture de la bouche que sur plu- sieurs autres balistes. Le rayon qui représente la pre- mière nageoire dorsale est très long, recourbé vers la queue, retenu par une petite membrane qui atta- che au dos la partie postérieure de sa base, et garni, des deux côtés, de piquants tournés vers cette même base. La nageoire de l'anus et la seconde du dos renfer- ment un très grand nombre de rayons. Le monocéros vit de polypes et de jeunes crabes. I paroît que l’or doit rapporter à cette espèce un baliste qui a une grande ressemblance avec le mono- céros, mais qui parvient Jusqu'à la longueur d’un 1. À la seconde nageoire du dos. . . 48 rayons. ANXIDECLOTAIES Se 2h eee ee NA 19 RENE 19 AUcelletde l'anus PAT INIRRrE 2e AUUNENen ET A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . 19 150 HISTOIRE NATURELLE mètre, ou d'environ trois pieds, qui présente des taches noires, rouges et bleues, figurées de manière à ressembler à des lettres, et qui, par une suite de cette disposition de couleurs, a été nommé le Baliste écrit. On ne sera pas étonné d'apprendre que ce baliste, paré de nuances plus variées que le mono- céros ordinaire, se nourrit fréquemment d'animaux à coquille, et de ceux qui construisent les coraux. Sa chair passe pour malfaisante et même vénéneuse, vraisemblablement par une suite des effets funestes de quelques uns des aliments qu'il préfère. LE BALISTE HÉRISSÉ* Balistes hispidus, Linw., Guer., Lacer. CE poisson est d'un brun presque noir sur toute sa surface, excepté sur ses nageoires pectorales, la 1. Balistes monoceros scriptus, Linnée, édition de Gmelin. Osb., Chin. p. 144. Unicornu piscis bahamensis, Gatesb. Carol., tab. 19. 2. Baliste hérissé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Seb., mus. 3, tab. 54, fig. 2. Porte-vergette : « Balistes e fusco nigrescens; capitis radio singulari, » undequaque spinuloso; lateribus caudæ setis acicularibus centum DES POISSONS. 197 seconde du dos et celle de l’anus, qui sont ordinai- rement d’un jaune très pâle. On le trouve dans les mers de l'Inde, et particulièrement auprès de l'Ile de ‘France, où il a été très bien observé par Com- merson. On le voit aussi auprès des rivages de la Ca- roline; et il y présente souvent sur la queue une tache noire entourée d’un cercle d’une nuance plus claire. Sa hauteur est à peu près égale à la moitié de sa longueur totale. L'iris paroît d’un brun très clair, et la prunelle bleuâtre. Le rayon de la première nageoire dorsale est énormément long , épais, et garni de pointes plus nombreuses et plus courtes que sur le monocéros!; celui qui compose la nageoire thora- chique est armé de piquants plus longs et plus forts. De chaque côté de la queue, et un peu avant la nageoire caudale, on voit une centaine de petites pointes inclinées vers la tête, et disposées de maaière que Commerson en compare l’ensemble à une ver- gette, et a donné le nom de Porte-vergette au baliste que nous décrivons. Le même voyageur rapporte que le hérissé peut se servir de ces deux cents petites pointes comme d'autant de crochets, pour se tenir attaché dans les fentes des rochers au milieu desquels il cherche un asile. Aussi est-il très difficile de le prendre; et Commerson ne dut l'individu qu’il a exa- » circiter, scoparum more compactis. » Comimerson , manuscrits déjà. cités. 1. À la seconde nageoïre du dos. . . . . . .. + + 27 rayons. Aux pectonales:)\ 0.1 f. NRA A un 13 Afcelerdeilanuss 220 ent at dt Neo A Arcellerdelaiqueue. tot mens re 190 HISTOIRE NATURELLE miné, qu'au violent ouragan qui rayagea lle de France en 1972, et qui jeta ce poisson sur la côte. Ce baliste a d’ailleurs, sur la nagecire même de la queue, plusieurs. épines plus petites encore que celles dont nous venons de parler, et qui sont sensibles plutôt au tact qu'à la vue. On n'aperçoit pas de ligne latérale; la nageoire cau- dale est un peu arrondie. DES POISSONS. 199 PO bHe ces Eo Ho LedpI ES LC Ba Do EbDo.popohobpotorspo 5a/Ho oo pepe HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, & OÙ QUATRIÈME ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES CARTILAGINEUX. Poissons abdominaux, ou qui ont des nageoires situées sous le ventre. HUITIÈME GENRE. LES CHIMÈRES. ne seule ouverture branchiale de chaque côté du cou; la queue longue et terminée par un long filament. ESPÈCES. CARACTIÈRES. 1. La Cuiuère arcrique. | Des plis poreux sur le museau. 2. La CHIMÈRE ANTARCTI- ou ÎLe museau garni d'un long appendice. 140 HISTOIRE NATURBLLE BL LA CHIMÈRE ARCTIQUE: Chimæra monstrosa, Linn., Guez., Lacer., Cuv. C’est un objet très digne d'attention que ce grand poisson cartilagineux, dont la conformation remar- quable lui à fait donner le nom de Chimère, et même 1. Roi des harengs du Nord , Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Fauna suecica, 294. Gunner, Act. nidros. 2, p. 270. tab. 5, 6. Mull. prodrom. Zool. danic., p. 58. n. 320. Olaff. Island. 1, p. 192. Bloch, pl. 124. Mus. ad. fr. 1, p. 53, tab. 25. Chimæra argentea, Linnée (mas), Ascan. icon. rerum natural., tab. 15. Galeus acanthias Clusii exoticus, Willughby, Ichth., p. 56, tab. B, 9, fig. 9. Raj:, P- 20:01 15. Gesner, Aquat., p. 877. icon. an., p. 155. Simia marina, Jonst. pisc., p. 29, tab. 1, fig. 6. « Centrina prima, centrina vera, simia marina dicta. » Aldrov. pise., p. 402, 405, 405. Vulpecula, Siræm. sændin., p. 289. Nota. C’est à tort qu'on a cru devoir rapporter à la chimère arcti- que le poisson décrit par Artedi, sous le nom de Squale à queue plus longue que le corps (gen. 68). Il est évident que cet auteur a parlé du squale auquel nous avons conservé le nom de Renard. DES POISSONS. 141 celui de Chimère monstrueuse par Linuée et par d’au- tres naturalistes, et dont les habitudes l’ont fait nom- mer aussi le singe de la mer. L’agilité et en même temps l'espèce de bizarrerie de ses mouvements, la mobilité de sa queue très longue et très déliée, la manière dont il montre fré- quemment ses dents, et celle dont il remue inégale- ment les différentes parties de son museau souples et flexibles, ont, en effet, retracé aux yeux de ceux qui l’ont observé, l'allure, les gestes et les contor- sions des singes les plus connus. D'un autre côté, tout le monde sait que l'imagination poétique des anciens avoit donné à l'animal redoutable qu'ils appe- loient Chimeére, une tête de lion et une queue de serpent. La longue queue du cartilagineux que nous examinons, rappelle celle d’un reptile; et la place ainsi que la longueur des premiers rayons de la na- geoire du dos représentent, quoique très imparfaite- ment, une sorte de crinière, située derrière la tête qui est très grosse, ainsi que celle du Hion, et sur la- quelle s'élève dans le mâle, à l'extrémité d’un petit appendice, une petite touffe de filaments déliés. D'ailleurs les différentes parties du corps de cet ani- mal ont des proportions que lon ne rencontre pas fréquemment dans la classe cependant très nom- breuse des poissons, et qui lui donnent, au premier coup d'œil, l'apparence d’un être monstrueux. Enfin la conformation particulière des parties sexuelles, tant dans le mâie que dans la femelle, et surtout l’appareil extérieur de ces parties, ajoutent à l'espèce de ten- dance que l’on a, dans ies prémiers moments où l’on voit la chimere arctique, à ne ia considérer que comme ‘ge HISTOIRE NATURELLE un monstre, et doivent la faire observer avec un in- térêt encore plus soutenu. | On a assimilé en quelque sorte sa tête à celle du lion. On a voulu, en conséquence, la couronner comme celle de ce dernier et terrible quadrupède. Le lion a été nommé le roi des animaux. On a donné aussi un empire à la chimère; et si on n’a pu suppo- ser sa puissance établie que sur une seule espèce, on l’a fait régner sur une des plus nombreuses, et plu- sieurs auteurs l'ont appelée le rai des harengs, dont elle agite et poursuit les immenses colonnes. On ne connoît encore dans le genre de la chimère que deux espèces3 l’arctique dont nous nous occu- pous, et celle à laquelle nous avons donné le nom d’antarctique. Leurs dénominations indiquent les contrées du globe qu’elles habitent ; et c’est encore un fait digne d’être observé, que ces deux espèces, qui ont de très grands rapports dans leurs formes et dans feurs habitudes, soient séparées sur le globe par les plus grands intervalles; que l’une ne se trouve qu'au milieu des mers qui environnent le pôle sep- tentrional, et qu'on ne rencontre l’autre que dans les eaux situées auprès du pôle antarctique, et parti- culièrement dans la partie de la mer du Sud qui avoisine ce dernier pôle. On diroit qu’elles se sont partagé les zones glaciales. Aucune de ces deux es- pèces ne s'approche que rarement des contrées tem- pérées; elles ne se plaisent, pour ainsi dire, qu'au milieu des montagnes de glace, et des tempêtes qui bouleversent si souvent les plages polaires; et si l’an- iarctique s’avance, au milieu des flots de la mer du Sud, beaucoup plus près des tropiques, que ia chi- DES POISSONS. 143 inère arctique au milieu des ondes agitées de l'Océan boréal , c’est que l'hémisphère austral, plus froid que celui que nous habitons, offre une température moins chaude à une égale distance de la ligne équatoriale ; et que la chimère antarctique peut trouver dans cet hémisphère, quoique à une plus grande proximité de la zone torride, le même degré de froid, la même nature ou la même abondance d'aliments, et les mêines facilités pour la fécondation de ses œufs, que dans lhémisphère septentrional. Mais , avant de parler plus au long de cette espèce antarctique, continuons de faire connoître Ja chimère qui habite dans notre hémisphère, qui, de loin, res- semble beaucoup à un squale, et qui parvient au moins à trois pieds de longueur. Le corps de la chimère arctique est un peu com- primé par les côtés, très allongé, et va en diminuant très sensiblement de grosseur depuis les nageoires pectorales jusqu’à l'extrémité de la queue. La peau qui la revêt est souple, lisse, et présente des écailles” si petites, qu'elles échappent, pour ainsi dire, au toucher, et cependant si argentées, que tout le corps de la chimère brille d’un éclat assez vif. Quelquefois des taches brunes, répandues sur ce fond, en relè- vent la blancheur. La tête est grande, et représente une sorte de pyra- mide, dont le bout du museau forme la pointe, et dont le sommet est presque à la même hauteur que les yeux. Le tégument mou et flexible qui la couvre est plissé dans une très grande étendue du côté in- férieur, et percé dans cette même partie, ainsi que sur les faces latérales, d’un nombre assez considé- 144 HISTOIRE NATURBLLE rable de pores arrondis, grands, et destinés à répan- dre une mucosité plus ou moins gluante. Les yeux sont très gros. À une petite distance de ces organes, on voit, de chaque côté du corps, une ligne latérale blanche, et quelquefois bordée de brue, qui s'étend jusque vers le milieu de la queue, y des- cend sous la partie inférieure de Fanimal, et va s’y réunir à la ligne latérale du côté opposé. Vers la tête, la ligne latérale se divise en plusieurs branches plus ou moins sinueuses, dont une s'élève sur le dos, et va joindre un rameau analogue de Îa ligne latérale _vpposée. Deux autres branches entourent l'œil, et se rencontrent à l'extrémité du museau; une quatrième va à la commissure de la bouche; et une cinquième, placée au dessus de cette dernière, serpente sur la portion inférieure du museau, où elle se confond avec une branche semblable, partie du côté corres- pondant à celui qu’elle a parcouru. Tous ces rameaux forment des sillons plus ou moins profonds et plus ou moins interrompus par des pores arrondis. Les nageoires pectorales sont très grandes, un peu en forme de faux, et attachées à une prolonga- tion charnue. Celle du dos commence par un rayon triangulaire, très allongé, très dur, et dentelé par derrière : sa hauteur diminue ensuite tout d'un coup; mais bientôt après elle se relève, et s'étend jusque assez loin au delà de l’anus, en montrant toujours à peu près la même élévation. Là un intervalle tres peu sensible la sépare quelquefois d’une espèce de seconde nageaire dorsale, dont les rayons ont d’a- bord la même longueur que les derniers de la pre- mière, et qui s'abaisse ensuite insensiblement Jusque DES POISSONS. 149 vers l'extrémité de la queue, où elle disparoît, D’au- trés fois cet intervalle n'existe point; et bien loin de pouvoir compter trois nageoires sur le dos de la chi- mère arctique, ainsi que plusieurs naturalistes l’ont écrit, on n'y en voit qu'une seule. Le bout de la queue est lerminé par un filament très long et très délié. 11 y a deux nageoires de l'anus : la première, qui est très courte et un peu en forme de faux , ne commence qu’au delà de l'endroit où les lignes latérales aboutissent l’une à l’autre; la seconde est très étroite et se prolonge peu. Les nageoires ven- trales environuent l'anus, et tiennent, comme les pectorales, à un appendice charnu. La bouche est petite; l’on voit à chaque mâchoire deux lames osseuses, à bords tranchants, et sillon- nées assez profondément pour ressembler à une ran- gée de dents incisives, et très distinctes l’une de l’autre; il y a de plus au palais deux dents commu- nément aplaties et triangulaires. Indépendamment de la petite houppe qui orne le bout du museau du mâle, et dont nous avons parlé, il a, au devant des nageoires ventrales, deux espèces de petits pieds , ou plutôt d’appendices, garnis d’on- gles destinés à retenir la femelle dans l’accouplement. La chimère s’accouple donc comme les raies et les squales ; les œufs sont fécondés dans le ventre de la mère, el l’on doit penser que le plus souvent ils éclo- sent dans ce même ventre, comme ceux des squales et des raies: mais ce qui est plus digne de remarque, ce qui lie la classe des poissons avec celle des ser- pents, et ce qui rend les chimères des êtres plus ex- 146 HISTOIRE NATUR£LLE traordinaires el plus singuliers, c’est que, seules parmi tous les poissons connus jusqu’à présent, elles paroissent féconder leurs œufs non seulement pen- dant un accouplement réel, mais encore pendant une réunion intime, et par une véritable intromis- sion. Plusieurs auteurs ont écrit en effet que les chi- mères mâles avoient une sorte de verge double ; et j'ai vu sur une femelle assez grande, un peu au delà de l'anus, deux parties très rapprochées, saillantes, arrondies, assez grandes, membraneuses, plissées, extensibles, et qui présentoient chacune l’origine d’une cavité que j'ai suivie jusque dans l'ovaire cor- respondant. Ces deux appendices doivent être consi- dérés comme une double vulve destinée à recevoir le double membre génital du mâle, et nous devions d'autant plus les faire connoître, que cette confor- mation, très rare dans plusieurs classes d'animaux, est très éloignée de celle que présentent le plus souvent les parties sexuelles des femelles des poissons. La chimère arctique, cet animal extraordinaire par sa forme , vit, ainsi que nous l'avons dit au commen- cement de cet article, au milieu de l'Océan septen- trional. Ce n’est que rarement qu'il s'approche des rivages ; le temps de son accouplement est presque le seul pendant lequel il quitte la haute mer : il se tient presque toujours dans les profondeurs de l’O- céan, où il se nourrit le plus souvent de crabes, de mollusques , et des animaux à coquille ; et s'il vient à la surface de l’eau, ce n’est guère que pendant la nuit, ses yeux grands et sensibles ne pouvant sup- porter qu'avec peine l'éclat de la lumière du jour, DES POISSONS. 147 augmenté par la réflexion des glaces boréales. On l’a vu cependant attaquer ces légions innombrables de harengs dont la mer du Nord est couverte à certai- nes époques de l’année, les poursuivre, et faire sa proie de plusieurs de ces foibles animaux. Au reste, les Norwégiens , et d’autres habitants des côtes septentrionales, vers lesquelles il s’avance quel- quefois, se nourrissent de ses œufs et de sou foie, qu'ils préparent avec plus ou moins de soin. LA CHIMÈRE ANTARCTIQUE". Callorkynchus antarcticus, Ouv. — Chimeæra callcrhynchus, Lixn., Guer., Lacer. CETTE chimère, qui se trouve dans les mers de l'hémisphère méridional, et particulièrement dans celles qui baignent les rivages de Chili et les côtes de la Nouvelle - Hollande, ressemble beaucoup, non 1. Chalgua, achagual, en langue arauque. Ro des harengs du Sud, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Callorhinchus, Gronov. mus. 59, n. 150, tab. 4. Pejegallo, Frez. It. 1, p. 211, tab. 17, fig. 4. Elephant-fish, Ellis, premier Voyage de Cook. Poisson coq, Essai sur l'histoire naturelle du Chili, par M. l'abbé Biolina, p. 207. 149 HISTOIRE NATURELLE seulement par ses habitudes, mais encore par sa con- formation , à la chimère arctique. Elle en est cepen- dant séparée par plusieurs différences, que nous allons indiquer en la décrivant d’après un individu apporté de l’Amérique méridionale par le célèbre voya- veur Dombey. La peau qui la recouvre est, comme celle de la chimère arctique, blanche, lisse et argen- tée ; le corps est également très allongé, et plus gros vers les nageoires pectorales que dans tout autre en- droit. Mais la ligne latérale, au lieu de se réunir à celle du côté opposé, se termine à la nageoire de l'anus ; le filament pläcé au bout de la queue est plus court que sur l’arctique; on voit sur le dos trois na- geoires très distinctes , très séparées l’une de l’autre, dont la dernière est très basse, la seconde en forme de faux, ainsi que la première , et la première soute- nue vers la tête par un rayon long, très fort et très dur. Les nageoires pectorales et ventrales sont atta- chées à des espèces de prolongations charnues. La tête est arrondie; elle présente plusieurs branches des deux lignes latérales, qui serpentent sur ses côtés, entourent les yeux, aboutissent aux lèvres ou au mu- seau, ou se réunissent les unes aux autres : mais ces rameaux ne sont pas creusés en sillons, ni disposés de la même manière que sur l’arctique ; et ce qui forme véritablement le caractère distinctif de la chi- nère antarctique, c'est que le bout de son museau, et en quelque sorte sa lèvre supérieure, se termine par un appendice cartilagineux, qui s'étend en avant, et se recourbe ensuite vers la bouche. Cette ex- tension, assimilée à une crête par certains auteurs, a DES POISSONS. 149 fait nommer la chimère antarctique le poisson coq, et, comparée à une trompe par d’autres écrivains , à fait appeler la même chimère poisson éléphant. La chair de ce cartilagineux est insipide, mais on en mange cependant quelquefois. Il parvient ordinaire- ment à la longueur de trois pieds. LAGÉVPÈDE, VI, 10 150 HISTOIRE NATURELLE TROISIÈME DIVISION. Poissons cartilagineux qui ont un opercule des branchies sans membrane branchiale. DOUZIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OÙ QUATRIÈME ORDRE DE LA TROISIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX. Poissons abdominaux , ou qui ont deux nageoires situées sur le ventre. =— + NEUVIÈME GENRE. LES POLYODONS. Des dents aux mâchoires et au palais. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le museau presque aussi long que le corps. et garni, de chaque côté, d’une bande LE PoLxoDON FEUILLE. membraneuse, dont la contexture res- semble un peu à celle des feuilles des arbres. DES POISSONS. 151 LE POLYODON FEUILLE. Dolyodon Spatula, Lacer., Cuv. — Spatularia, Scux. — Squalus Spatula, BONNATERRE. L'on conserve depuis long-temps, dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle, plusieurs individus de cette espèce, qui ont été apportés sous le nom de chien de mer feuille, et qui ont même été indiqués sous ce nom dans l'Encyclopédie méthodique, par M. Bonnaterre, qui ne les a vus que de loin, au travers de verres épais, et sans pouvoir en donner aucune description. Ayant examiné de près ces poissons, je me suis aperçu sans peine qu'ils étoient de la sous- classe des cartilagineux, et qu'ils avaient de très grands rapports de conformation avec les squales où chiens de mer, mais qu'ils devoient être placés dans un genre très différent de celui de ces derniers ani- maux. En effet, les squales ont, de chaque côté du corps, au moins quatre ouvertures branchiaies; et ces poissons nommés feutlles n’en ont qu’une de cha- que côté. D'ailleurs les branchies des squales et celles des poissons feuilles ne sont pas organisées de même, alusi qu'on va le voir; et de plus les cartilagineux dont 1l est question dans cet article ont un très grand opercule sur les ouvertures de leurs branchies, et 152 HISTOIRE NATURELLE les squales n'en présentent aucun. J’ai donc séparé les polyodons des squales ; et comme leurs ouvertu- res branchiales sont garnies d’un opercule et que ce- pendant elles n'ont pas de membrane, j'ai dû les placer dans la seconde division des cartilagineux. Les nageoires véritablement ventrales, piacées sur l’ab- domen de ces animaux, déterminent d’ailleurs leur position dans l’ordre des abdominaux de cette se- conde division ; et cet ordre n'ayant encore renfermé que le genre des acipensères, ces derniers poissons sont les seuls avec lesquels ou pourroît être tenté de confondre les polyodons. Mais les acipensères n’ont pas de dents proprement dites; et les polyodons en ont un très grand nombre. J'ai donc été obligé de rapporter à un genre particulier les poissons feuilles ; et c’est à ce genre, que l’on n’avoit pas encore re- connu, que je donne le nom de polyodons, qui dési- gne le grand nombre de ses dents, et le caractère qui le distingue le plus de tous les animaux placés dans l’ordre auquel il appartient. La feuille est la seule espèce de poisson déjà con- nue, qui doive faire partie de ce genre. Elle est très aisée à distinguer par l’excessive prolongation de son museau, dont la longueur égale presque celle de la tête, du corps et de la queue. Ce museau, très al- longé, seroit aussi très étroit, et ressembleroit beau- coup à celui du xiphias espadon , dont nous parlerons dans un des articles suivants, s’il n’étoit pas élargi de chaque côté par une sorte de bande membraneuse. Ces deux bandes sont légèrement arrondies, de ma- nière à donner un peu à l’ensemble du museau la forme d'une spatule : elles laissent voir, à leurs surfaces, 3 DES POISSONS. 193 une très grande quantité de petits vaisseaux ramifiés, dont l’assemblage peut être comparé au réseau des feuilles ; et voilà d’où vient le nom de feuille, que nous avons cru devoir laisser à ce polyodon. L'ouverture de la bouche est arrondie par devant, et située dans la partie inférieure de la tête. La mâ- choire supérieure est garnie de deux rangs de dents fortes, serrées et crochues ; la mâchoire inférieure n’en présente qu’une rangée : mais on en voit sur deux petits cartilages arrondis, qui font partie du pa- lais; et il y en a d’autres très petites sur la partie antérieure des deux premières branchies de chaque côté. Les narines sont doubles, et placées au devant et très près des yeux. Chacun des deux opercules est très grand; il recouvre le côté de la tête, s’avance vers le bout du museau jusqu'au delà des yeux qu’il entoure, et se termine, du côté de la queue, par une portion triangulaire et beaucoup plus molle que le reste de cet opercule. Lorsqu'on le soulève, on aperçoit une large ouverture , et l’on voit au delà cinq branchies cartilagineuses demi-ovales, et garnies de franges sur leurs deux bords. La frange extérieure de la quatrième est à demi engagée , et celle de la cinquième est entièrement renfermée dans une mem- brane qui s'attache à la partie de la tête, la plus voi- sine; mais celles des trois premières sont libres, ce qu’on ne voit pas dans les squales. Les deux ouvertures branchiales se réunissent dans la partie inférieure de la tête, et s’y terminent à une peau molle qui joint ensemble les deux opercules. Les nageoires pectorales sont petites. Il n’y en a 154 HISTOIRE NATURELLE qu’une sur le dos ; elle est un peu en forme de faux, et le commencement de sa base est à peu près au des- sus des nageoires ventrales. La nageoire de l’anus est assez grande, et celle de la queue se divise en deux lobes. Le supérieur garnit les deux côtés de ja queue proprement dite qui se dirige vers le haut; et l'inférieur se prolonge de manière à former, avec le premier, une sorte de grand croissant. On voit une ligne latérale très marquée qui s’é- tend depuis l’opercule jusqu'à la nageoire caudale ; mais la peau ne présente ni tubercules ni écailles vi- sibles. Les individus que j'ai examinés ayant été conservés dans de l’alcool, je n’ai pu juger qu'imparfaitement de la couleur du polyodon feuille. Le corps ne pa- roissoit avoir été varié par aucune raie, tache, ni bande ; mais les opercules étoient encore parsemés de petites taches rondes et assez régulières. L'intérieur du polyodon feuille que j'ai disséqué ne m'a montré aucun trait de conformation remar- quable, excepté la présence d’une vessie aérienne assez grande, qui rapproche le genre dont nous nous occupons de celui des acipensères, et l’éloigne de celui des squales. Le plus grand des poiyodons feuilles que j'ai vus n’avoit guère que dix ou onze pouces (un peu plus de trois décimètres) de longueur ; inaiïs il avoit tous les caractères qui appartiennent, dans les poissons, aux individus très jeunes. On peut donc présumer que l’espèce que nous décrivons parvient à une gran- deur plus considérable que celle de ces individus. Nous ne pouvons cependant rien conjecturer avec DES POISSONS. 155 beaucoup de certitude relativement à ses habitudes, sur lesquelles nous n’avons reçu aucun renseigne- ment , non plus que sur les mers qu'elle habite: tout ce que nous pouvons dire, c’est que, par suite de la conformation de ce polyodon, elles doivent, pour ainsi dire, tenir le milieu entre celles des squales et celles des acipensères. On seroit tenté, au premier coup d'œil, de compa- rer le parti que le polyodon feuille peut tirer de la forme allongée de son museau, à l'usage que le squale scie fait de la prolongation du sien. Mais, dans le squale scie, cette extension est comme osseuse et très dure dans tous ses points, et elle est de plus armée, de chaque côté, de dents longues et fortes, au lieu que, dans le polyodon feuille, ia partie correspon- dante n’est dure et solide que dans son milieu, et n'est composée dans ses côtés que de membranes plus ou moins souples. On pourroit plutôt juger des effets de cette prolongation par ceux de l’arme du xiphias espadon, avec laquelle elle auroit une très grande ressemblance sans les bandes molles et mem- braneuses dont elle est bordée d’un bout à l’autre. Au reste, pour peu qu'on se rappelle ce que nous avons dit, dans le Discours sur la nature des poissons, au su- jet de la natation de ces animaux , on verra aisément que cet allongement excessif de la tête du polyodon feuille doit être un obstacle assez grand à la rapidité de ses mouvements. 156 HISTOIRE NATURELLE DIXIÈME GENRE. LES ACIPENSÈRES. L'ouverture de la bouche située dans la partie inférieure de la tête, rétractile et sans dents ; des barbillons au devant de la bouche; le corps allongé, et garni de plusieurs rangs de plaques dures. | PREMIER SOUS-GENRE. Les lèvres fendues. ESPÈCE. CARACTÈRES. : f { Quatre barbillons plus près où aussi près 1. L'ACIPENSÈRE ESTUR- à TEE , : rat à de l’extrémité du museau que de l’ouver: NS ture de la bouche. SECOND SOUS-GENRE. Les lèvres non fendues. ESPÈCES. CARACTÈRES. Le museau à peu près de la longueur du 3. L'AcIPENSÈRE HUSO. grand diamètre de l'ouverture de la bou- che. Le museau trois ou quatre fois plus long 3. L'ACIPENSÈRE STRELET. que le grand diamètre de l’ouverture de la bouche. Le museau un peu recourbé, élargi vers son extrémité, et cinq ou six fois plus long que le grand diamètre de l'ouverture de. la bouche. 4. L’AcxPENSÈRE ÉTOILE. DES POISSONS. 157 259 040 50 po Bo POP 0 0 H9F0H0HOPO 40H Boo FouUro Bobo PO Ho og L'ACIPENSÈRE ESTURGEON!’ Acipenser Sturio, Laxn., Guez., Lacer., Cuv. L'on doit compter les acipensères parmi les plus grands poissons. Quelques uns de ces animaux par- 1. Estourgeon, dans plusieurs départements méridionaux, Sturium, dans d’autres. Créac, dans d’autres. Porcelleto, en Italie, Adello , ibid. Adano, ibid. Adeno , ibid, Attilus, ibid. Sturione, ibid. The sturgeon , en Angleterre. Stent, en flamand. Store, en Danemarck. Stor, en Suède. Guldenst. nov. Com. petropol. 16, p. 552. Bloch, pl. 88. Acipe estourgeon, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. ad. fr. 1, p. 54, tab. 18, fig. ». l'auna suecica, 299. li. scan. 187. Muller, Prodrom. Zool. dan., p. 51, n. 522. « Acipeuser corpore tuberculis spinosis exasperalo. » Arledi, gen. 65, syn. 91. Gronov. mus, 1, p. 60, n. 151; Zooph., p. 59, n. 140. 198 HISTOIRE NATURELLE viennent, en eflet, à une longueur de plus de vingt- cinq pieds (près de neuf mètres). Mais s'ils atteignent aux dimensions du plus grand nombre de squales, avec lesquels leur conformation extérieure leur donne d’ailleurs beaucoup de rapports; s'ils voguent, au milieu des ondes, leurs égaux en grandeur, ils sont bien éloignés de partager leur puissance. Ayant recu une chair plus délicate et des muscles moins fermes, ils ont été réduits à une force bien moindre; el leur bouche plus petite ne présente que des cartilages plus ou moins endurcis, au lieu d’être armée de plu- sieurs rangs de dents aiguës, longues et menacçantes. Aussi ne sont-ils le plus souvent dangereux que pour les poissons mal défendus par leur taille ou par leur Klein, miss. pisc. 4, p. 12, n. 1; p.16, n. 2. Acipenser, Gesner, Aquat. 2. Estourgeon, Rondelet, première partie, liv. XIV, chap. 8. Adello du pau, id., seconde partie, des poissons de rivière, chap. 4. Cops, id., ibid., chap. 5. « Sturio sive silurus. » Salvian. Aquat. p. 115. Athen. 8, p. 515. Seb. mus. 5, tab. 29, fig. 19. Esturgeon, Belon, Aquat., p. 89. Brit. Zool. 5, p. 96, n. 1. Willughby, Ichth. 239, tab., p. 7, fig. 5. Ray., pisc., p. 112. Schirk, Kram. El. 385. Stoer, Sander naturf. 15, p. 165. Plin. Hist. mundi, lib. IX, cap. 15. Schonev., p. 9. Blas. nat., p. 259, tab. 40, fig. 2, 5, 12. Aldrov., lib. IV, cap. 9, p. 517, 526. Jonston , Ub. II, tit. , cap. 7. tab. 25, fig. 8 > 9 Charleton, p. 152. Bloch, Ichthyol., pl 88. DES POISSONS. 199 conformation; et, comme ils se nourrissent assez souvent de vers, ils ont même des appétits peu vio- lents, des habitudes douces, et des inclinations pai- sibles. Extrêmement féconds, ils sont répandus dans Loutes les mers et dans presque tous les grands fleu- ves qui arrosent la surface du globe, comme autant d'agents pacifiques d’une nature créatrice et conser- vatrice , au lieu d’être , comine les squales, les redou- tables ministres de la destruction. Et comment l’ab- sence seule des dents meurtrières dont la gueule des squales est hérissée, ne détermineroit-elle pas cette grande différence? Que l’on arrache ses armes à l’es- pèce la plus féroce, et bientôt la nécessité aura amorti cette ardeur terrible qui la dévoroit ; obligée de renoncer à une proie qu’elle ne pourra plus vain- cre, forcée d’avoir recours à de nouvelles allures, condamnée à des précautions qu’elle n’avoit pas con- nues, contrainte de chercher des asiles qui lui étoient inutiles, imprégnée de nouveaux sucs, nourrie de nouvelles substances, elle sera, au bout d’un petit nombre de générations, assez profondément modifiée dans toute son organisation , pour n’offrir plus que de la foiblesse dans ses appétits, de la réserve dans ses habitudes, et même de ja timidité dans son carac- tère, Parmi les différentes espèces de ces acipensères, qui attirent l'attention du philosophe, non seule- ment par leurs forines, leurs dimensions, leurs affec- tions et leurs manières de vivre, mais encore par la nourriture saine, agréable, variée et abondante qu’elles fournissent à l’homme, ainsi que par les ma- iières uliles dont elles enrichissent les arts, la mieux _160 HISTOIRE NATUR£LLLE connue et la plus anciennement observée, est celle de l’esturgeon, qui se trouve dans presque toutes les contrées de l’ancien continent. Elle ressemble aux squales, comme Îles autres poissons de sa famille, par l'allongement de son corps, la forme de la na- geoire caudale, qui est divisée en deux lobes iné- gaux, et celle du museau, dont l'extrémité plus ou moins prolongée en avant est aussi plus ou moins ar- rondie. L'ouverture de la bouche est placée, comme dans le plus grand nombre de squales, au dessous de ce museau avancé. Des cartilages assez durs garnissent les deux mâchoires et tiennent lieu de dents : la lèvre supérieure est, ainsi que l’inférieure, divisée au moins en deux lobes; et l'animal peut les avancer l’une et l’autre , ou les retirer à volonte. Entre cette ouverture de la bouche et le bout du museau, on voit quatre filaments déliés rangés sur une ligne transversale, aussi éloignés de cette ouver- ture que de l'extrémité de la tête, et même quel- quefois plus rapprochés de -cette dernière partie que de la première. Ces barbillons, très menus, très mo- biles, et un peu semblables à de petits vers, attirent souvent de petits poissons imprudents jusqu’auprès de la gueule de l’esturgeon, qui avoit caché presque toute sa tête au milieu des plantes marines ou fluvia- tiles. Au devant des yeux sont les narines, dont l’inté- rieur présente une organisation un peu différente de celle que nous avons vue dans le siége de l’odorat des raies et des squales, mais qui offre une assez grande étendue de surface pour donner à l’animal un grand DES POISSONS. 161 nombre de sensations plus ou moins vives. Dix-neuf membranes doubles s’y élèvent en forme de petits feuillets, et aboutissent à un centre commun, comme autant de rayons. L'ouverture des branchies est fermée de chaque côté par un opercule, dont la surface supérieure montre un grand nombre de stries plus ou moins droites, et réunies presque toutes dans un point commun et à peu près central. Des stries disposées de même et plus ou moins saillantes paroïissent le plus souvent sur les plaques dures que l’on voit former plusieurs rangées sur le corps de l’esturgeon. Ces plaques rayonnées et os- seuses, que l’on a nommées de petits boucliers, sont convexes par dessus, concaves par dessous, un peu arrondies dans leur contour, relevées dans leur cen- tre, et terminées, dans cette partie exhaussée, par une pointe recourbée et tournée vers la queue. Elles forment cinq rangs longitudinaux qui partent de la tête, et qui s'étendent jusqu’auprès de la nageoire de la queue, excepté celui du milieu, qui se termine à la nageoïre dorsale. Cette rangée du milieu est pla- cée sur la partie la plus élevée du dos, et composée des plus grandes pièces; les deux rangées les plus voi- sines sont situées un peu sur les côtés de l’esturgeon, et les deux les plus extérieures bordent d’un bout à l'autre le dessous du corps de ce cartilagineux. Ces cinq séries de petits boucliers sont assez élevées pour faire paroître l’ensemble de l’animal comme une sorte de prisme à cinq faces, et par conséquent à cinq arêtes. a) 102 HISTOIRE NATURELLE Le nombre de ces plaques varie dans chaque rang » ilest quelquefois de onze ou douze dans la rangée du dos, et il n’est pas rare de voir la plus grande de ces pièces avec un diamètre de quatre ou cinq pouces. sur des esturgeons déjà parvenus à la longueur de dix ou onze pieds. L’épaisseur des boucliers répondant à leur voinme, et leur dureté étant très grande, les cinq rangées qu'ils composent seroïent donc une ex- cellente défense pour l’esturgeon, et le rendroient un des mieux cuirassés des poissons, si ces rangées n’étoient pas séparées l’une de l’autre par de grands intervalles. La nageoire dorsale commence par un rayon très gros et très fort, et est située plus loin de la tête que les nageoires ventrales; celle de l’anus est plus éloi- gnée encore du museau ; et le lobe inférieur de la na- geoire caudale est en forme de faux, plus long et surtout plus large que le supérieur. L’esturgeon a une conformité de plus avec les raies, par deux trous garnis chacun d’une valvule mobile à volenté, et qui, placés dans le rectum, très près de l'anus, l’un à droite, et l’autre à gauche, font com- wuniquer cet intestin avec la cavité de l'abdomen. L'eau de la mer, ou celle des rivières, pénètre dans celte cavilé par ces deux ouvertures ; elle s’y mêle avec celle que les vaisseaux sanguins y déposent, ou que d’autres parties du corps peuvent y laisser filtrer, et parvient ensuite Jusque dans la vessie. La couleur de l’esturgeon est bleuâtre, avec de pe- ttes taches brunes sur le dos, et noires sur là partie inférieure du corps. Sa grandeur est très considéra- DES POISSONS. 165 ble, ainsi que nous l'avons déjà annoncé; et lorsqu'il a atteint son développement, il a plus de dix-huit pieds, ou de six mètres de longueur. Cet énorme cartilagineux habite non seulement dans l'Océan, mais encore dans la Méditerranée, dans la mer Rouge, dans le Pont-Euxin, dans la mer Caspienne. Mais, au lieu de passer toute sa vie au milieu des eaux salées, comme les raies, les squales, les lophies, les balistes et les chimères, il recherche les eaux douces commele pétromyzon lamproie, lors- que le printemps arrive, qu'une chaleur nouvelle se fait sentir jusqu'au milieu des ondes, y ranime le sen- timent le plus actif, et que le besoin de pondre ou de féconder ses œufs le presse et l’aiguillonne. Il s'engage alors dans presque tous les grands fleuves. Il remonte particulièrement dans le Volga, le Tanais, le Danube, le PÔ, la Garonne, la Loire, le Rhin, l'Elbe , l'Oder. On ne le voit même le plus souvent que dans les fleuves larges et profonds, soit qu'il y trouve avec plus de facilité l'aliment qu’il préfère, soit qu'il obéisse dans ce choix à d’autres causes pres- que aussi énergiques , et que, par exemple, ayant une assez grande force dans ses diverses parties, dans ses nageoires, et particulièrement dans sa queue, quoique cette puissance musculaire soit inférieure, ainsi que nous l'avons dit, à celle des squales, il se plaise à vaincre, en nageant , des courants rapides, des flots nombreux, des masses d’eau volumineuses, et ressente, comme tous les êtres, le besoin d’exer- cer de temps en temps, dans toute sa plénitude, le pouvoir qui lui a été départi. D'ailleurs, l’esturgeon présente un grand volume : il lui faut donc une 164 HISTOIRE NATURELLE srande place pour se mouvoir sans obstacle et sans peine ; et cette place étendue et favorable, il ne la trouve que dans les fleuves qu’il préfère. Il grandit et engraisse dans ces rivières fortes et rapides, suivant qu'il y rencontre la tranquillité, la température et les aliments qui lui conviennent le mieux ; et il est de ces fleuves dans lesquels il est parvenu à un poids énorme, et jusqu’à celui de mille livres, ainsi que le rapporte Pline de quelques uns de ceux que l’on voyoit de son temps dans le P6. Lorsqu'il est encore dans la mer, ou près de l’em- bouchure des grandes rivières, il se nourrit de ha- rengs, ou de maquereaux et de gades; et, lorsqu'il est engagé dans les fleuves, il attaque les saumons, qui les remontent à peu près dans le même temps que lui, et quine peuvent lui opposer qu’une foible résis- tance. Comme il arrive quelquefois dans les parties élevées des rivières considérables avant ces poissons, ou qu'il se mêle à leurs bandes, dont il cherche à faire sa proie, et qu'il paroît semblable à un géant au mi- lieu de ces légions nombreuses, on l'a comparé à un chef, et on l’a nommé le Conducteur des Saumons. Lorsque le fond des mers au des rivières qu'il fré- quente est très limoneux, il préfère souvent les vers qui peuvent se trouver dans la vase dont le fond des eaux est recouvert, et qu'il trouve avec d'autant plus de facilité au milieu de la terre grasse et ramollie, que le bout de son museau est dur et un peu pointu, et qu'il sait fort bien s’en servir pour fouiller dans le limon et dans les sables mous. Il dépose dans les fleuves une immense quantité d'œufs ; et sa chair y présente un degré de délicatesse DES POISSONS. 105 très rare, surtout dans les poissons cartilagineux. Ce soût fin et exquis est réuni dans l’esturgeon avec une sorte de compacité que l’on remarque dans ses muscles, et qui les rapproche un peu des parties mus- culaires des autres cartilagineux : aussi sa chair a- t-elle été prise très souvent pour celle d’un jeune veau, et a-t-il été de tous les temps très recherché. Non seulement on le mange frais ; mais dans tous les pays où l’on en prend en grand nombre, on emploie plusieurs sortes de préparations pour le conserver et pouvoir l'envoyer au loin. On le fait sécher, ou on le marine, ou on le sale. La laite du mâle est la portion de cet animal que l’on préfère à toutes les autres. Mais quelque prix qu’on attache aux diverses parties de l’esturgeon , et même à sa laite, les nations modernes, qui en font la plus grande consomwation et le paient le plus cher, n’ont pas pour les poissons en général un goût aussi vif que plusieurs peuples anciens de l’Eu- rope el de l'Asie, etparticulièrement que les Romains enrichis des dépouilles du globe. N'étant pas d’ail- leurs tombées encore dans ces inconcevables recher- ches du luxe, qui ont marqué les derniers degrés de l’asservissement des habitants de Rome, elles sont bien éloignées d’avoir de la bonté et de la valeur de l’esturgeon une idée aussi extraordinaire que celle qu'on en avoit dans la capitale du monde, au milieu des temps de corruption qui ont précipité sa ruine. On n’a pas encore vu, dans nos temps modernes, des esturgeons portés en triomphe, sur des tables fastueu- sement décorées, par des ministres coutonnés de fleurs, et au son des instruments, comme on l’a vu dans Rome avilie , esclave de ses empereurs, et expi- LACÉPÈDE. VI. 11 160 HISTOIRE NATURELLE rant sous le poids des richesses excessives des uns, de l’affreuse misère des autres, des vices ou des crimes de tous. L'esturgeon peut être gardé hors de l'eau pendant plusieurs jours, sans cependant périr; et l’une des causes de cette faculté qu'il a de se passer, pendant un temps assez long , d’un fluide aussi nécessaire que l'eau à la respiration des poissons, est la conformation de lopercule qui ferme de chaque côté l'ouverture des branchies, et qui, étant bordé dans presque tout son contour d'une peau assez molie, peut s'appliquer plus facilement à la circenférence de l’ouverture, et la clore plus exactement, Nous pensons que l’acipensère décrit sous le nom de Schypa par Guldenstaedt?, et qui se trouve ron seulement dans la mer Caspienne, mais encore dans le lac Oka en Sibérie, doit être rapporté à l’esturgeon, comme une simple variété, ainsi que l’a soupconné le professeur Gmelia ?. 1! à en effet les plus grands rapports avec ce dernier poisson, il en présente les principaux caractères, et il ne paroît en différer que par les attributs des jeunes animaux, une taille moins. allongée, et une chüir plus agréable au goût. 1. Voyez le Discours sur la nature des poissons. 2. « Acipenser schypa, rostro obtuco, oris diametro tertiam partem » longiore, cirris rostri apici propioribus, labiis bifidis. » Guldenst. nov. Comun. petropol. 16, p. 552. Acipenser schypa, Linnée, édition € de Gmelin. S. g. Gmelin, it. p. 268. ni ‘penser hkostera, Lepech., It. 1, p. 54. Acipe schype, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. 3. Voyez l'endroit déjà-cité. DES POISSONS. 107 \ L'ACIPENSÈRE HUSO" Acipenser Huso, Lixx., Guxr., Lacge., Cuv. Le huso n’est pas aussi répandu dans les différentes mers lempérées de l’Europe et de l'Asie que l’estur- seoa. On ne le trouve guère que dans la Caspienne et 1. Copse, dans quelques parties de l'Italie. Colpesce, dans d’autres parties de Italie. Huser , dans quelques contrées d'Allemagne. Collano. Barbota. Morona, par quelques Grecs modernes. Belluge, dans plusieurs pays du Nord. Bellouga, ibid. Belluga , ibid. Exos, par plusieurs auteurs latins. Acipe ichthyocolle, Daubenton , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Guldenst. nov:-Com. petrop. 16, p. 552. Kælreuter, ib. 17, p. 531, £. 12, 17. « Acipenser tuberculis carens. » Art, gen. 65, syn. 92. Kram. El. 585. Mario, Plin., Hist, mundi, }, 9, c. 15. Aldrov. pisc., p. 554. Jonston, pisc., tab. 25, fig. 1, 6. Gesner, Aquat., p. 59. Huso Germanorum, Willughby, Ichth., p. 243. Raj., pisc., 115. Copso, on colpesce, Rondelet, seconde partie des poissons de rivière, 168 HISTOIRE NATURELLE dans la mer Noire; et on ne le voit communément re- monter que dans le Volga, le Danube , et les autres grands fleuves qui portent leurs eaux dans ces deux mers. Mais les légions que cette espèce y forme sont bien plus nombreuses que celles de l’esturgeon, et elle est bien plus féconde que ce dernier acipensère. Elle parvient d’ailleurs à des dimensions plus consi- dérables : il y a des husos de plus de vingt-quatre pieds (huit mètres) de longueur; et l’on en pêche qui pèsent jusqu'à deux mille huit cents livres ( plus de cent quarante myriagrammes ). Îl a cependant dans sa conformation de très grands rapports avec l’estur- geon ; il n’en diffère d’une manière remarquable que dans les proportions de son museau et dans la forme de ses lèvres. Le museau de cet animal est, en effet, plus court que le grand diamètre de l'ouverture de sa bouche, et ses lèvres ne sont pas divisées de ma- nière à présenter chacune deux lobes. Le nombre de pièces que lon voit dans les cinq rangées de grandes plaques disposées longitudinale- ment sur son corps, est très sujet à varier; à mesure que l’animal vieillit, plusieurs de ces boucliers tom- bent sans êlre remplacés par d’autres : lors même que le huso est arrivé à un âge très avancé , il est quelqnefois entièrement dénué de ces plaques très dures; et voilà pourquoi Artedi et d’autres natura- listes ont cru devoir distinguer cette espèce par le défaut de boucliers. chap. 6. (La figure ne se rapporte point à un acipensèré, mais à un silure. } Antacée de Neper, id. ibid. e. 9. (La figure est défectueuse.) Bloch, ichthyol., pl. 129. DES POISSONS. 109 il est le plus souvent d’un bleu presque noir sur le dos , et d’un jaune clair sur le ventre. C’est avec les œufs que les femelles de cette es- pèce pondent en très grande quantité, au commen- cement du retour des chaleurs, que les habitants des rives des mers Noire et Caspienne, et des grandes rivières qui s’y jettent, composent ces préparations connues sous le nom de Caviar, et plus ou moins es- timées, suivant que les œufs, qui en font la base, ont été plus ou moins bien choisis, nettoyés, maniés, pressés, mêlés avec du sel ou d’autres ingrédients. Au reste, l’on se représentera aisément le grand nombre de ces œufs, lorsqu'on saura que le poids des deux ovaires égale presque le tiers du poids total de l’ani- mal, et que ces ovaires ont pesé Jusqu'à huit cents livres dans un huso femelle qui en pesoit deux mille huit cents. Ce n’est cependant pas uniquement avec les œufs du huso que l’on fait le caviar : ceux des autres aci- pensères servent à composer cette préparation. Ou- tre les œufs noirs de ces cartilagineux, on pourroit même employer dans la fabrication du caviar, selon M. Guldenstaedt, les œufs jaunes d’autres grands poissons, comme du brochet, du sandat, de la carpe, de la brême, et d’autres cyprins appelés en russe Yaze, Beresna, ou Jeregh, et Virezou, dont la pèche est très abondante dans le bas des fleuves de la Rus- sie méridionale, lOural, le Volga, le Terek, le Don et le Dniéper !. Mais ce n’est pas seulement pour ses œufs que le 1. Guldensiaedt, Discours sur les productions de Russie: Peters- bourg, 1776, page 11. 170 IISTOIRE NATURELLE huso est recherché; sa chair est très nourrissante, très saine et très agréable au goût. Aussi est-il peu de poissons qui aient autant exercé l’industrie et animé le commerce des habitants des côtes maritimes ou des bords des grands fleuves que l’acipensère dont nous nous occupons. On emploie , pour le prendre, divers procédés qu’il est bon d'indiquer, et qui ont été décrits très en détail par d’habiles observateurs. Le célèbre naturaliste de Russie, le professeur Pallas, nous a particulièrement fait connoître la manière dont on pêche le huso dans le Volga et dans le Jaick, qui ont leurs embouchures dans la mer Caspienne. Lors- que le temps pendant lequel les acipensères remon- tent de la mer dansles rivières est arrivé, on construit, dans certains endroits du Volga ou du Jaick, une digue composée de pieux, et qui ne laisse aucun in- tervaile assez grand pour laisser passer le huso. Cette digue forme vers son milieu un angle opposé au cou- rant. et par conséquent elle présente un angle ren- trant au poisson qui remonte le fleuve , et qui, cher- chant une issue au travers de l'obstacle qui l’arrête, est déterminé à s’avancer vers le sommet de cet angle. À ce sommet est une ouverture qui conduit dans une espèce de chambre ou d'enceinte formée avec des filets sur la fin de l'hiver, et avec des claies d’osier pendant l'été. Au dessus de ouverture est une sorte d’échafaud sur lequel des pècheurs s’établissent. Le fond de la chambre est, comme l'enceinte, d’osier ou de filet, suivant les saisons, et peut être levé faci- lement à la hauteur de la surface de l’eau. Le huso s'engage dans la chambre par l'ouverture que lui offre la digue ; mais à peine yest-il entré, que les pêcheurs, DES POISSONS. 191 placés sur l’échafaud , laissent tomber une porte qui lui interdit le retour vers la mer. On Îève alors le fond mobile de la chambre, et l’on se saisit facilement du poisson. Pendant le jour, les acipensères qui pé- nètrent dans la grande enceinte avertissent les pè- cheurs de leur présence par le mouvement qu'ils sont forcés de communiquer à des corûes suspendues à de petits corps flottants ; et pendant la nuit ils agitent nécessairement d’autres cordes disposées dansla cham- bre , et les tirent assez pour faire tomber derrière eux la fermeture dont nous venons de parler. Non seule- ment ils sont pris par la chute de cette porte, mais encore cette fermeture, en s’enfonçant, fait sonner une cloche qui avertit et peut éveiller le pêcheur resté en sentinelle sur l’échafaud. Le voyageur Gmelin, qui a parcouru différentes contrées de la Russie, a décrit d’une manière très ani- mée l'espèce de pêche solennelle qui a lieu de temps en temps, et au commencement de l'hiver, pour pren- dre les husos retirés vers cette saison dans les cavernes et les creux des rivages voisins d’Astracan. On réunit un grand nombre de pêcheurs; on rassemble plusieurs petits bâtiments; on se prépare comme pour une opé- ration militaire importante et bien ordonnée; on s’ap- proche avec concert, et par des manœuvres régulières, des asiles dans lesquels les husos sont cachés; on in- terdit avec sévérité le bruit le plus foible , non seu- lement aux pècheurs, mais encore à tous ceux qui peuvent näviguer auprès de la flotte ; on observe le plus profond silence; et tout d’un coup poussant de grands cris, que les échos grossissent et multiplient, on agite, 6n trouble , on effraie si vivement les husos, Ve HISTOIRE NATURELLE qu'ils se précipitent en tumalte hors de leurs cavernes, et vont tomber dans les filets de toute espèce tendus ou préparés pour les recevoir. Le museau des husos, comme celui de plusieurs cartilagineux, et particulièrement d’un grand nombre de squales, est très sensible à toute espèce d'attou- chement. Le dessous de leur corps, qui n’est revêtu que d’une peau assez molle, et qui ne présente pas de boucliers, comme leur partie supérieure , jouit aussi d’une assez grande sensibilité; et Marsigli nous apprend, dans son Histoire du Danube!, que les pè- cheurs de ce fleuve se sont servis de cette sensibilité du ventre et du museau des husos pour les prendre avec plus de facilité. En opposant à leur museau dé- licat des filets ou tout autre corps capable de le bles- ser. ils ont souvent forcé ces animaux à s’élancer sur le rivage; et lorsque ces acipensères ont été à sec et étendus sur la grève, ils ont pu les contraindre, par les divers attouchements qu'ils ont fait éprouver à leur ventre, à retourner leur longue masse, et à se prêter, malgré leur excessive grandeur, à toutes les opéra- tions nécessaires pour les saisir et pour les attacher. Lorsque ies husos sont très grands, on est, en effet, obligé de prendre des précautions contre les coups qu'ils peuvent donner avec leur queue : il faut avoir recours à ces précautions, lors même qu'ils sont hors de l’eau et gisants sur le sable; et on doit alors cher- cher d’autant plus à arrêter les mouvements de cette queue très longue par les liens dont on l'entoure, que leur puissance musculaire , quoique inférieure à celle 1. Marsigli, Histoire du Danube , tome IV. DES POISSONS. 179 des squales , ne peut qu'être dangereuse dans des in- dividus de plus de vingt pieds de long, et que Îles plaques dures et relevées qui revêtent l'extrémité pos- térieure da corps sont irop séparées les unes des au- tres pour en diminuer la mobilité, et ne pas ajouter, par leur nature et par leur forme, à la force du coup. D'ailleurs la rapidité des mouvements n'est point ralentie dans le huso, non plus que dans les autres ponte parles vertèbres cartilagineuses qui com- posent l’épine dorsale, et dont la suite s'étend jnsqu'à l'extrémité de la queue. Ces vertèbres se prêtent, par leur peu de dureté et par leur conformation, aux di- verses inflexions que l’animaiveut imprimer à sa queue, et à la vitesse avec laquelle il tend à les exécuter. Cette chaîne de vertèbres cartilagineuses, qui rè- gne depuis la tête jusqu'au bout de la queue, pré- sente,comme dans les autres poissons du même genre, trois petits canaux, trois cavités longitudinales ! La supérieure renferme la moelle épinière, el la seconde contient une matière tenace, susceptible de se durcir par la cuisson, qui commence à la base du crâne , et que l’on retrouve encore auprès de la nageoiïre cau- dale. C'est au dessous de cette épine dorsale qu'est si- tuée la vésicule aérienne, qui est simple et conique, qui a sa pointe tournée vers la queue, et qui sert à faire , sur les bords de la mer Caspienne et des fleuves qui y versent leurs eaux, cette colle de poisson si recherchée , que l’on distribue dans toute l'Europe , etque l’on y vend à un prix considérable. Les diverses 1. Marsigli, ouvrage déjà cité. 154 HISTOIRE NATURELLE opérations que l'on emploie dans cette partie de la Russie, pour la préparation de cette colle si estimée, se réduisent à plonger les vésicules aériennes dans l'eau, à les y séparer avec soin de leur peau extérieure et du sang dont elles peuvent être salies, à les couper en long, à les renfermer dans une toile, à les ramollir entire les mains, à les faconner en tablettes et en es- pèces de petits cylindres recourbés, à les percer pour les suspendre, et à les exposer, pour les faire sécher, à une chaleur modérée et plus douce que celle du soleil. Cette colle, connue depuis long-temps sous ie nom d'Ichthyocolle ou de Colle de poisson , et qui a fait don- ner au huso le nom d’/chthyocolle, a été souvent em- ployée dans la médecine contre la dyssenterie, les ulcères de la gorge, ceux des poumons, et d’autres maladies. On s’en sert aussi beaucoup dans les arts, et particulièrement pour éclaircir les liqueurs et pour lustrer les étoffes. Mèlée avec une colle plus forte, elle peut réunir les morceaux séparés de la porcelaine el d’un verre cassé; elle porte alors le nom de Colle à verre et à porcelaine; et on la nomme Colle à bouche, lorsqu'on l’a préparée avec une substance agréable au goût et à l’'odorat, laquelle permet d'en ramollir les fragments dans la bouche, sans aucune espèce de dégoût. Mais ce n'est pas seulement avec les vésicules aé- riennes du huso que l’on compose, près de la mer Caspienne , cette colle si utile, que l’on connoît, dans plusieurs contrées russes, sous le nom d'Usblat : on y emploie celles de tous les acipensères que l'on y pèche. On peut très bien imiter en Europe les pro- e DES POISSONS. 179 cédés des Russes pour la fabrication d’une matière qui forme une branche de commerce plus importante qu'on ne le croit ; et je puis assurer que particulière- ment en France l’on peut parvenir aisément à s’affran- chir du paiement de sommes considérables auquel nous nous sommes soumis envers l’industrie étran- gère pour en recevoir cetle colle si recherchée. Il n'est ni dans nos étangs, ni dans nos rivières, ni dans nos mers, presque aucune espèce de poisson dont la vésicule aérienne , et toutes les parties minces et membraneuses, ne puissent fournir, après avoir été nettoyées, séparées de toute matière étrangère, lavées, divisées, ramollies et séchées avec soin, une colle aussi bonne, ou du moins presque aussi bonne, que ceile qu'on nous apporte de la Russie méridio- nale. On l’a essayé avec succès; et je n’ai pas besoin de faire remarquer à quel bas prix et dans quelle quantité on auroit une préparation que l'on feroit avec des matières rejetées maintenant de toutes les poissonneries et de toutes les cuisines, et dont l’em- ploi ne diminueroit en rien la consommation des au- tres parties des poissons. On auroit donc le triple avantage d’avoir en plus grande abondance une ma- tière nécessaire à plusieurs arts, de la payer moins cher, et de la fabriquer en France ; et on devroit sur- tout se presser de se ja procurer, dans un moment où mon savant confrère, M. Rochon, membre de l’In- stilut , a trouvé, et fait adopter pour la marine, le moyen ingénieux de remplacer le verre, dans un grand nombre de circonstances, par des toiles très claires de fil de métal, enduites de colle de poisson. La graisse du huso est presque autant employée 170 HISTOIRE NATURELLE que sa vessie aérienne, par les habitants des contrées méridiorales de ia Russie. Elle est de très bon goût lorsqu'elle est fraîche; et on s’en sert alors à la place du beurre ou de l'huile. Elle peut d'autant plus rem- placer cette dernière substance , que la graisse des poissons est toujours plus où moins huileuse. On découpe la peau des grands husos, de manière à pouvoir la substituer au cuir de plusieurs animaux; et celle des jeunes, bien sèche, et bien débarrassée de toutes les matières qui pourroient en augmenter l'épaisseur et en altérer la transparence, tient lieu de vitre dans une partie de la Russie et de la Tartarie. La chair, les œufs, la vessie à air, la graisse, la peau , tout est donc utile à l’homme dans celte fé- conde et grande espèce d’acipensère !. Il n’est donc pas surprenant que , dans Îles contrées où elle est le plus répandue, elle porte différents noms. Pariout où les animaux ont été très observés et très recher- chés, ils ont reçu différentes appellations ; chaque ob- servateur, chaque arliste, chaque ouvrier, les ont vus sous une face particulière , et tant de rapports diffé- rents ont dû nécessairement introduire une grande variété dans les signes de ces rapports, et par consé- quent dans les désignations du sujet de ces diverses relations. Comme les husos vivent à des latitudes éloignées de la ligne, et qu’ils habitent des pays exposés à des froids rigoureux, ils cherchent à se soustraire pen- dant l’hiver à une température trop peu convenable 1. On mange jusqu'à l’épine cartilagineuse et dorsale du haso et de l’esturgeon ; et on la prépare de diverses manières dans les pays du Nord. DES POISSONS. 77 à leur nature, en se renfermant plusieurs ensemble dans de grandes cavités des rivages. Ils remontent même quelquefois dans les fleuves, quoique la saison de la ponte soit encore éloignée, afin d’y trouver, sur les bords, des asiles plus commodes. Leur grande taille les contraint à être très rapprochés les uns des autres dans ces cavernes, quelque spacieuses qu’elles soient. Ils conservent plus facilement, par ce voisi- nage, le peu de chaleur qu'ils peuvent posséder; ils ne s’y engourdissent pas; ils n'y sont pas soumis du moins à une torpeur complète : ils y prennent un peu de nourriture ; mais le plus souvent ils ne font que mettre à profit les humeurs qui s’échappent de leurs corps, et ils sucent la liqueur visqueuse qi enduit la peau des poissons de leur espèce, auprès desquels ils se trouvent. Ils sont cependant assez avides d'aliments dans des saisons plus chaudes, et lorsqu'ils jouissent de toute leur activité; et, en effet, ils ont une masse bien éten- due à entretenir. Leur estomac est , à la vérité, beau- coup moins musculeux que celui des autres acipen- sères ; mais il est d’un assez grand volume, et, suivant Pallas, il peut contenir, même dans les individus éloi- onés encore du dernier terme de leur accroissement, plusieurs animaux tout entiers et d’un volume consi- dérable. Leurs sucs digestifs paroïissent d’ailleurs jouir d’une grande force : aussi avalent-ils quelquefois, et indépendamment des poissons dont ils se nourrissent, de jeunes phoques, et des canards sauvages qu’ils sur- prennent sur la surface des eaux qu'ils fréquentent, et qu'ils ont l’adresse de saisir par les pattes avec leur gueule . et d'entraîner au fond des flots. Lorsqu'ils ne 170 HISTOIRE NATURELLE trouvent pas à leur portée l'aliment qui leur convient, ils sont mème obligés, dans certaines circonstances, pour remplir la vaste.capacité de leur estomac, le les- ter, pour ainsi dire, et employer en quelque sorte ses sucs digestifs surabondants, d'y introduire les pre- miers corps qu'ils rencontrent, du jonc, des racines, ou des morceaux de ces bois que l’on voit flotter sur la mer ou sur les rivières. L'ACIPENSÈRE STRELET!: 00 Acipenser Ruthenus, Lixn., Guer., Lacer., Cuv. ss e——— CET acipensère présente des couleurs agréables. La partie inférieure de son corps est blanche, tachetée 1. Acipe stretet, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Guldenstaedt, nov. Comm. petropol. 16, p. 555. Bloch, pl. 89. 6 Mus. ad. fr. 1, p. 54, tab. 27, fig. 2; et tab. 98, fig. 1. fauna suecicä, 000. Wulff. Ichthyol. borussens., p. 17, n. 25. S. G..Gmelin, It. a15.p. 142: 5, p. 254. Kœælreuter, nov. Comm. petropol. 16 ,p. 511, tab. 14 etr17,p. 521. « Acipenser ordinibus 5 squamarum ossearum ; intermedio ossicu- » lis 15. » Fauna suec. 272. « Acipenser ex cinereo, fÎlavo et rosaceo varius. » Klein, miss. pisc. 4, p. 15, n. 4, tab: 1e Sterlet, Bruyn, It. 95, tab. 55. Bloch, Ichthyol., pl. 8a. DES POISSONS. 179 de rose; son dos est noirâtre ; et les boucliers qui y forment des rangées longitudinales sont d’un beau jaune. Les nageoires de la poitrine, du dos et de la queue sont grises; celles du ventre et de l’anus sont rouges. Mais le strelet est particulièrement distingué des acipensères du second sous-genre, dans lequel il est compris, par la forme de son museau, qui est lrois où quatre fois plus long que le grand diamètre de l’ouverture de sa bouche. Il l’est d’ailleurs de l’es- turgeon et du huso par la petitesse de sa taille : il ne parvient guère à la longueur de trois pieds; et ce n’est que très rarement qu'on le voit atteindre à celle de quatre pieds et quelques pouces. Ii a sur le dos cinq rangs de boucliers, comme l'esturgeon et le huso. La rangée du milieu est com- posée ordinairement de quinze pièces assez grandes; les deux qui viennent ensuite en comprennent cha- cune cinquante-neuf ou soixante, qui, par consé- quent, ont un diamètre très peu étendu; et les deux rangs qui bordent le ventre sont formés de plaques plus petites encore, et qui, au lieu d’être relevées dans leur centre comme celles des trois rangées inté- rieures, sout presque entièrement plates. On trouve cet acipensère dans la mer Caspienne, ainsi que dans le Volga et dans l’Oural, qui y ont leur embouchure ; on le voit aussi, mais rarement, dans la Baltique; et telles sont les habitations qu’il a reçues de la nature. Mais l’art de l’homme, qui sait si bien détourner, combiner, accroître, modifier, dompter même les forces de la nature, l’a transporté dans des lacs où l’on est parvenu, avec très peu de précau- tions, à le faire prospérer et multiplier : Frédéric pre- 100 HISTOIRE NATURELLE - mier, roi de Suède, l’a introduit avec succès dans le lac de Mæier et dans d’autres lacs de la Suède ; et ce roi de Prusse, qui, philosophe et homme de lettres sur le trône, a su créer par son génie, et les états qu’il devoit régir, et l’art de la guerre qui devoit les défendre, et l’art d’administrer, plus rare encore, qui devoit leur donner l'abondance et le bonheur. a répandu le strelet dans un très grand nombre d’en= droits de la Poméranie et de la marche de Brande- bourg. Voilà deux preuves remarquables de la facilité avec laquelle on peut donner à une contrée les espèces de poissons les plus utiles. Ces deux faits importants se- ront réunis à un grand nombre d’autres, dans le dis- cours que l’on trouvera dans cette histoire, sur les usages économiques des poissons, et sur les divers moyens d’en acclimater, d'en perfectionner, d'en inultiplier les espèces et les individus. Et que l’on ne soit pas étonné d'apprendre les soins que se sont donnés les chefs de deux grandes nations pour procurer à leur pays l’acipensère strelet. Cette espèce est très féconde : elle ne montre jamais. à la vérité, une très grande taille; mais sa chair est plus tendre et plus délicate que celle des autres cartilagi- neux de sa famille. Elle est d’ailleurs facile à nourrir: elle se contente de très petits individus, et même d'œufs de poissons dont les espèces sont très com- munes; et elle peut n'avoir d'autre aliment que les vers qu’elle trouve dans le limon des iners, des fleuves ou des lacs qu’elle fréquente. C'est vers la fin du printemps que le strelet re- monte dans les grandes rivières ; et comme le temps DES POISSONS. 191 de la ponte et de la fécondation de ses œufs n’est pas très long, on voit cet acipensère descendre ces mêmes rivières avant la fin de l'été, et tendre, même avant l'automne, vers les asiles d’hiver que la mer lui pré- sente. »s Boo PoOPIPTHarIEeOBamePE Ho 200 É-0 He bpadpaweHoHo oo Habe Eos oser L'ACIPENSÈRE ETOILÉ" A cipenser stellatus, Linx., Gus, Lacer. Vers le commencement du printemps, on voit cet acipensère remonter le Danube et les autres fleuves qui se jettent dans la mer Noire ou dans la mer Cas- pienne. Îl parvient à quatre ou cinq pieds de lon- gueur; et par conséquent il est pour le moins aussi long que le strelet, mais il est plus mince. Son mu- seau, un peu recourbé et élargi vers son extrémité, est cinq ou six fois plus long que le grand diamètre de l’ouverture de la bouche; et cette conformation du museau sufhroit seule pour séparer l’étoilé des autres acipensères : au reste , le dessus de cette partie est hérissé de petites raies dentelées. Les lèvres peuvent être étendues en avant beau- coup plus que dans les autres poissons du même 1. Acipe étoilé, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Guldenst. nov. comm. petropol. 16, p. 533. Pailas, It. 1, p. 151, 460, n. 20. LACÉPEPFE. Vi. 182 HISTOIRE NATURELLE genre. La tête, aplatie par dessus et par les côtés, est garnie de tubercules pointus, et de petits corps durs, dentelés et en forme d'étoiles. Le devant de la bou- che présente quatre barbillons, comme dans tous les acipensères. On remarque, sur différentes parties du corps de l’étoilé, des rudiments crénelés d’écailles; et l’on voit particulièrement, sur son dos, de petites callosités blanches, rudes, étoilées et disposées sans ordre. Il a d’ailleurs cinq rangs de boucliers relevés et pointus, dont la rangée du milieu contient communément treize pièces, et dont les deux suivantes renferment chacune trente-cinq plaques plus petites. Trois autres pièces sont placées au delà de Panus. La couleur de cet animal est noirâtre sur le dos, tachetée et variée de blanc sur les côtés, et d’un blanc de neige sur le ventre. Cette espèce est très féconde; l’on compte plus de trois cent mille œufs dans une seule femelle. DES POISSONS. 189 QUATRIÈME DIVISION. Poissons cartilagineux qui ont un opercule et une membrane des branchies. TREIZIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX. Poissons apodes , ou qui n’ont point de nageoires dites ventrales. — cr eS —— ONZIÈME GENRE. LES OSTRACIONS. Le corps dans une enveloppe osseuse, des dents incisives à chaque mâchoire. PREMIER SOUS-GENRE. Point d'aiguillons auprés des yeux. ni au dessous de la queue. 8 1 ESPÈCE. CARACTÈRES. 2. L'Osrracion rrianGu- (Le corps triangulaire, et garni de tuber- LAIRE. ( _cules saïllants sur des plaques bombées. 104 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. Le corps triangulaire, et garni de tuber- 2. L'OSsTRACION MAILLE. \ cules peu sensibles, mais dont la dispo- ( sition imite un ouvrage à mailles. Le corps quadrangulaire; de petits points 5. L'OsTRAGIGN poin- raÿonnants, et point de figures polygones TILLÉ. sur l'enveloppe osseuse; de pelites taches blanches sur tout leorps. - ç Le corps quadrangulaire ; quatre grands tu- { bercules disposés en carré sur le dos. Le corps quadrangulaire; le museau al- { longé. Le corps quadrangulaire ; deux tubercules, s l’un au dessus et l’autre au dessous de | Fouverture de la bouche. Le corps quadrangulaire; un grand nombre de taches noires, chargées chacune d'un point blanc ou blenâtre. Le corps quadrangulaire: le dos relevé en bosse. 4. L'OSTRACION QUATRE TUBERCULES. 5. L'OsTRAGION MUSEAU ALLONGÉ. 6. L'OSTRACICN DEUx- TUBERCULES. CHETÉ. 7. L'OsTracioN mou- 8. L'OsTRAcION 8ossu. { SECOND SOUS-GENRE. Des aiguillons aupres des yeux, et non au dessous de la queue. ESPÈCE. CARACTÈRES. 9. L'OsTRAGION TRoIS- de corps triangulaire; un aiguillon sur le AIGUILLONS. dos et auprès de chaque œil. TROISIÈME SOUS-GENRE. Des aiguillons au dessous de la queue, et non auprés des yeux. ESPÈCES. CÂRACTÈRES. Le corps triangulaire; deux aïguillons can- nelés au dessous de la queue; des tuber- cules saillants sur des plaques bombées; quatorze rayons à la nageoire du dos. Le corps triangulaire : deux aiguülons sil- 11. L'Osrnacron pousze-| lonnés au dessous de la queue; des tuber- AIGUILLON. cules peu élevés; dix rayons à la nageoïre du dos. 10. L'OSTRACION TRIGONE. DES POISSONS. 189 QUATRIÈME SOUS-GENRE. Des «iguillons auprés des yeux et au dessous de la queue. ESPÈCES. CARACTÈRES. Le corps triangulaire; deux aiguillons au- près des yeux, et deux autres sous la queue. 12, L'OsTRACION sit dr corps triangulaire; un grand aiguillon AIGUILLONS, 13. L'OSTRACION LISTER. sur la partie de la queue qui est hors du têt. Le corps quadrangulaire ; deux aiguillons 14. L'Osrracron qui- L È auprès des yeux, et deux autres sous la DRANGULAIRE. queue. a, : ; 15. L’Osrrocron proma- (Le corps quadrangulaire ; une bosse garnie DAIRE, d'un aiguillon sur le dos. EE ——— — — 196 HISTOIRE NATURELLE L'OSTRACION TRIANGULAIRE". Ostracion triqueter, Linx., Guez., Lacer., Cuv. Ox diroit que la nature, en répandant la plus grande variété parmi les êtres vivants et sensibles doni elle a peuplé le globe, n’a cependant jamais cessé d'imprimer à ses productions des traits de quelques formes remarquables, dont on retrouve des images plus ou moins imparfaites dans presque toutes les classes d'animaux. Ces formes générales, vers les- quelles les lois qui régissent l’organisation des êtres 1. Mus. ad. fr. 1, p. 60. « Ostracion triangulus, tuberculis exiguis innumeris, aculeis ca- » rens. » Arted., gen. 57, syn. 85. « Piscis triangularis ex toto cornibus carens. » Lister. Appen. Wil- lughby, Ichth. p. 20, tab. j, n. 18. Raj., p. 4; 5. Seb., mus. 3, tab. 24, fig. G, 12. Coffre triangulaire sans épines, Daubenton , Encyclopédie métho- dique. # Coffre triangulaire, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thoaique. Piscis triangularis Clusu, couchon, cochon, ou coffre à la Martini- que. Plumier, dessins sur vélin déjà cités. L'un des poissons coffres, Valmont-Bomare, Dictionn. d'histoire naturelle. Ostracion triqueter, coffre lisse, Bloch, pl. 150. DES POISSONS. 107 animés, paroissent les mener sans cesse, sont comme des modèles dont la puissance créatrice semble avoir voulu s’écarter d'autant moins, que les résultats de ces conformations principales tendent presque tous à une plus sûre conservation des espèces et des indi- vidus. Le genre dont nous allons nous occuper va nous présenter un exemple frappant de cette multi- plication de copies plus ou moins ressemblantes d’un Lype préservateur, et de leur dissémination dans pres- que toutes les classes des êtres organisés et sensibles. Cette arme défensive, cette enveloppe solide, cette cuirasse tutélaire, sous laquelle la nature a mis à l'abri plusieurs animaux dont Buffon, ou nous, avons déjà donné l’histoire, nous allons la retrouver autour du corps des ostracions; et si nous poursuivons nos recherches jusqu’au milieu de ces légions innom- brables d'êtres connus sous le nom d'animaux à sang blanc, nous la reverrons, avec des dissemblances plus ou moins grandes, sur des familles entières et sur des ordres nombreux en familles. L’épaisse cuirasse et les bandes osseuses qui revêtent les tatous, la ca- rapace et le plastron qui défendent les tortues, les oros tubercules et les lames très dures qui protègent les crocodiles, la eroûle crétacée qui environne les oursins , le Lêt solide qui revêt les crustacés, et en- lin les coquilles pierreuses qui cachent un si grand nombre de mollusques, sont autant d'empreintes d’une première forme conservatrice, sur laquelle a été aussi modelée la couverture la plus extérieure des ostracions; el voilà pourquoi. ces derniers animaux ont reçu le nom qu'ils portent, et qui rappelle sans cesse le rapport, si digne d'attention, qui les lie avec 158 HISTOIRE NATURELLE les habitants des coquilles. Ils ont cependant de plus grandes ressemblances superficielles avec les oursins : leur enveloppe est, en effet, garnie d’une grande quantité de petites élévations qui la font paroître comme ciselée; et ces petits tubercules qui la rehaus- sent sont disposés avec assez d'ordre et de régularité, pour que leur arrangement puisse être comparé à la distribution si régulière et si bien ordonnée que l’on voit dans les petites inégalités de la croûte des our- sins, lorsque ces derniers ont été privés de leurs pi- quants. La nature de la cuirasse des ostracions n’est pas néanmoins crétacée ni pierreuse : elle est vérita- blement osseuse; et les diverses portions qui la com- posent sont si bien jointes les unes aux autres, que l’ensemble de cette enveloppe qui recouvre le dessus et le dessous du corps ne paroît formé que d’un seul os, et représente une espèce de boîte ou de coffre allongé à trois ou quatre faces, dans lequel on auroit piacé le corps du poisson pour le garantir contre les attaques de ses ennemis, et qui, en quelque sorte, ne laisseroit à découvert que les organes extérieurs du mouvement, c’est-à-dire les nageoires, et une partie plus où moins grande de la queue. Aussi plu- sieurs voyageurs, plusieurs naturalistes et les habi- tants de plusieurs contrées équatoriales, ont-ils donné le nom de Poisson Coffre aux différentes espèces d’os- tracions dont ils se sont occupés. On croiroit que cette matière dure et osseuse, que nous avons vue ramassée en boucliers relevés et pointus, et distri- buée en plusieurs rangs très séparés les uns des autres sur le corps des acipensères, rapprochée autour de celui des ostracions, y a élé disposée en plaques plus LES POISSONS. 109 minces et étroitement attachées les unes aux autres, et que par là une armure défensive complète a été substituée à des moyens de défense très isolés, et par conséquent bien moins utiles. Nous venons de voir que l’espèce de cotfre dans lequel le corps des ostracions est renfermé, est en forme tantôt de solide triangulaire , el tantôt de s0- lide quadrangulaire , c'est-à-dire que les deux faces qui revêtent les côtés se réunissent quelquefois sur le dos et y produisent une arête longitudinale plus ou moins aiguë, et que d’autres fois elies vont s’atta- cher à une quatrième face placée horizontalement et au dessus du corps. Mais indépendamment de cette différence, il en est d’autres qui nous ont servi à distinguer plus facilement les espèces de cette fa- mille, en les distribuant dans quatre sous-genres. Il est de ces poissons sur lesquels la matière osseuse qui compose la cuirasse s'étend en pointes ou aiguil- lons assez longs, le plus souvent sillonnés ou canne- lés, et auxquels le nom de cornes à été donné par plusieurs auteurs. D’autres osiracions n’ont, au con- traire, aucune de ces proéminences. Parmi les pre- miers, parmi les ostracions cornus ou aiguillonnés, ies uns ont de longues pointes auprès des yeux ; d’autres vers le bord inférieur de l'enveloppe, qui touche la queue; et d’autres enfin présentent de ces pointes non seulement dans cette extrémité, mais encore auprès des yeux. Nous avons, en conséquence, mis dans le premier sous-genre ceux de ces poissons qui m'ont point d’aiguillons; nous avons placé dans le second ceux qui en ont auprès des yeux; le troi- sième comprend ceux qui en présentent dans la partie 190 HISTOIRE NATURELLE de leur couverture osseuse la plus voisine du dessous de la queue; et le quatrième renferme les ostracions qui sont armés d'’aiguillons dans cette dernière partie de l’enveloppe et auprès des yeux. Le triangulaire est le premier des cartilagineux de cette famille que nous ayons à examiner. Comme tous les poissons de son genre , le solide allongé que re- présente sa couverture peut être considéré comme composé de deux sortes de pyramides irrégulières, tronquées, et réunies par leurs bases. Au devant de la pyramide antérieure, on voit, dans presque tous les ostracions, l’ouverture de la bou- che. Les mâchoires peuvent s’écarter d'autant plus l’une de l’autre, qu’elles sont plus indépendantes de la croûte osseuse, dont une interruption plus ou moins grande laisse passer et déborder les deux, ou seulement une des deux mâchoires. La partie qui dé- borde est revêtue d’une matière queiquefois assez dure, et presque toujours de nature écailleuse. Chaque mâchoire est ordinairement garnie de dix ou douze dents serrées, allongées, étroites, mousses et assez semblables aux dents incisives de plusieurs quadrupèdes vivipares. Dans le triangulaire , les yeux sont situés à une distance à peu près égale du milieu du dos et du bout du museau, et la place qu'ils occupent est sail- jante. L'ouverture des branchies est située de chaque côté au devant de la nageoiïre pectorale. Elle est très allongée, très étroite, et placée presque perpendicu- jairement à la longueur du corps. On a été pendant long-temps dans l'incertitude sur la manière dont DES POISSONS. 191 cette ouverture peut être fermée à la volonté de l'ani- mal: mais diverses observations faites sur des ostra- cions vivants par le savant Commerson et par d’autres voyageurs, réunies avec celles que j'ai pu faire moi- même sur un grand nombre d'individus de cette famille conservés dans différentes collections, ne per- mettent pas de douter qu’il n’y ait sur l'ouverture des branchies des ostracions un opercule et une mem- brane. L’opercule est couvert de petits tubercules disposés comme sur le reste du corps, mais moins vé- gulièrement; et la membrane est mince, flottante, et attachée du même côté que l’opercule. On ne trouve les ostracions que dans les mers chau- des des deux continents, dans la mer Rouge, dans celle des Indes, dans celle qui baigne l'Amérique équinoxiale. Ils se nourrissent de crustacés et des animaux qui vivent dans les coquilles, et dont ils peuvent briser facilement avec leurs dents l’enve- loppe , lorsqu'elle n’est ni très épaisse ni très volumi- neuse. Ces poissons ont, en général, peu de chair ; mais elle est de bon goût dans plusieurs espèces. Le triangulaire habite dans les deux Indes. Sur cet animal , ainsi que sur presque tous les ostracions, les tubercules qui recouvrent l’enveloppe osseuse sont placés de manière à la faire paroître divisée en pièces hexagones et plus ou moins régulières, mais presque toutes de la même grandeur. Sur le triangulaire, ces hexagones sont relevés dans leur centre, et les tubercules qui les composent sont très sensibles. Cette conformation suffit pour distin - guer le triangulaire des autres cartilagineux compris 192 HISTOIRE NATURELLE dans le premier sous-genre des ostracions, et qui n’ont que trois faces longitudinales. Le milieu du dos de l’ostracion que nous décrivons est d’ailleurs très relevé, de telle sorte que chacune des faces latérales de l’enveloppe de ce poisson est presque triangulaire. De plus, la forme bombée des hexagones, et les petits tubercules dont ils sont hé- rissés, font paroître la ligne dorsale, lorsqu'on la re- garde par côté, non seulement festonnée, mais encore finement dentelée. Au reste, sur tous les ostracions, et par conséquent sur le triangulaire , l’ensemble de l'enveloppe osseuse est recouvert d’un tégument très peu épais, d'une sorte de peau ou d’épiderme très mince, qui s’appli- que très exactement à toutes les inégalités, et n’em- pèche de distinguer aucune forme. Après un com- mencement d’altération ou de décomposition, on peut facilement séparer les unes des autres, et cette peau, etles diverses pièces qui composent la ereûte osseuse. Les nageoires du triangulaire sont toutes à peu près de la même grandeur, et presque également arron- dies. Celle du dos et celle de l’anus sont aussi éloi- onées l’une que l’autre du bout du museau. La queue sort de lintérieur de la croûte osseuse par une ouverture échancrée de chaque côté, et lon en voit au moins les deux tiers hors de lenveloppe solide. Une plus grande partie de la queue n'est libre 1. Il y a communément à chaque nageoire pectorale.. 12 rayons. a celle du dos PER LE 0 A RTO celle de l'anus eee een ele ue ee 10 à celle de la queue. 21419 0 OR DES POISSONS. 199 dans presque aucune espèce d’ostracions; et il est, au contraire, des poissons du même genre dans les- quels la queue est encore plus engagée sous la cou- verture osseuse. Les ostracions sont donc bien éloignés d’avoir, dans la totalité de leur queue et dans la partie postérieure de leur corps, cette liberté de mouve- ments nécessaire pour frapper l’eau avec vitesse, re- jaillir avec force, et s’avancer avec facilité. On doit donc supposer que, tout éga! d’ailleurs, les ostracions nagent avec beaucoup moins de rapidité que plusieurs autres cartilagineux; et il paroît qu’en tout ils sont, coinme les balistes, formés pour la défense bien plus que pour l'attaque. Le triangulaire parvient à la longueur d’un pied et dewni ou d’un demi-mètre. Sa chair est plus recher- chée que celle de presque tous les poissons des mers d'Amérique, dans lesquelles on le trouve. Quoiqu'il ne paroisse se plaire que dans les contrées équato- riales, on pourroit chercher à l’acclimater dans des pays bien plus éloignés de la ligne, les différences de température que les eaux peuvent présenter à diffé- rents degrés de latitude, étant moins grandes que celles que l’on observe dans l'atmosphère. D'un autre côté, on sait avec quelle facilité on peut habituer à vivre, au milieu de l’eau douce, les poissons que l’on n’avoit cependant jamais trouvés que dans les eaux salées. Le goût exquis et la nature très salubre de la chair du triangulaire devroient engager à faire avec constance des tentatives bien dirigées à ce sujet : on pourroit tendre à cette acclimatation , qui seroitutile à plus d’un égard, par des degrés bien ordonnés : on 1U4 HISTOIRE NATURELLE n’exposeroit que successivement l’espèce à une tem- pérature moins chaude; on attendroit peut-être plu- sieurs générations de cet animal pour l’abandonner entièrement, sans secours étranger, au climat dans lequel on voudroit le naturaliser. On pourroit faire pour le triangulaire ce que l’on fait pour plusieurs vé- gétaux : on apporteroit des individus de cette espèce, et on les soigneroit pendant quelque temps dans de l’eau que l’on conserveroit à une température pres- que semblable à celle des mers équatoriales auprès de leur surface; on diminueroit la chaleur artificielle des petits bassins dans lesquels seroient les triangulaires, par degrés presque insensibles, et par des variations extrèmement lentes. Dans les endroits de l’Europe, ou d’autres parties du globe, éloignés des tropiques et où coulent des eaux thermales, on pourroit du moins profiter de ces eaux naturellement échauffées, pour donner aux triangulaires la quantité de chaleur qui leur seroit absolument nécessaire , ou les amener insensiblement à supporter la température ordinaire des eaux douces ou des eaux salées de ces divers pays. Le corps et la queue du triangulaire sont bruns, avee de petites laches blanches; les nageoires sont jaunes. DES POISSONS. 109 sefeiememedted 6 boteoterepetct eee ot een chereresyessmepeteDesededep L'OSTRACION MAILLÉ! Ostracion concatenatus, Broca, Lacer., Cuv. C’esr d’après un dessin trouvé dans des manuscrits de Plumier que le professeur Bloch a publié la de- scription de ce poisson. Son enveloppe est triangu- laire, comme celle de l’ostracion que nous venons d'examiner. À l’aide d’une loupe , ou avec des yeux très bons et très exercés, on distingue des rangées de tubercules, placées sur des lignes blanches, for- mant des triangles de différentes grandeurs et de di- verses formes, et se réunissant de manière à repré- senter un réseau ou un ouvrage à mailles. La mâchoire supérieure est plus avancée que linférieure. La tête est d’un gris cendré avec des raies violettes; les fa- cettes latérales sont d’un violet grisâtre ; le dessous du corps est blanc; les nageoires sont un peu rouges ?, 1. Ostracion concatenatus, coffre maillé, Bloch, pl. 151. Coffre maillé, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 2. Il y a aux nageoïres pectorales. . . . . . . . .. 12 rayons. aicelle du dos eee ARE eut fees 10 a celle de lanns 20 0e DRE NT AE EU 9 à celle de la queue, qui est arrondie... . . , 8 196 HISTOIRE NATURELLE BHErOPOGeS OH EEHODOT EDIT OMETSTEHEOTOPIFAEOLCLEMEBSSHeHESSEESHeDeSHESTET EPL Her OS-2HeLSHEMPO L'OSTRACION POINTILLÉ" Ostracion punctatus et O. lentiginosus, Scan. LE voyageur Commerson a trouvé ce cartilagineux dans les mers voisines de l’Ile de France. El n’a vu de cette espèce que des individus d’un demi-pied de longueur. Ce poisson à une enveloppe osseuse, qua- drangulaire, c’est-à-dire composée de quatre grandes faces, dont une est placée sur le dos, Cette couverture solide présente un grand nombre de petits points un peu rayonnants, qui la font paroître comme ciselée ; mais elle n’est pas garnie de tubercules qui en divisent la surface en compartiments polygones et plus ou moins réguliers. J'ai tiré le nom que j'ai donné à cet ostracion , de cette sorte de pointillage que présente sa croûte osseuse, ainsi que de la disposition de ses couleurs. On voit, en effet, sur tout l'animal, tant sur l'espèce de cuirasse qui le recouvre, que sur les parties de son corps que ce têt ne cache pas, une quantité innombrable de très petites taches lenticu- laires et blanches, un peu moins petites sur le dos, 1. « Ostracion tetragonus oblongus muticus , scutis tesiæ indistinc- » lis, toto corpore maculis lenticularibus, sub ventre majoribus , gut- » tato. » Commerson, manuscrits déjà cités. (J'ai fait graver le dessin que ce naturaliste a laissé de ce cartilagineux.) DES POISSONS. 197 un peu moins petite encore et réunies quelquefois plu- sieurs ensemble sur le ventre, et paroissant d'autant mieux, qu'elles sont disséminées sur un fond brun. Les deux mâchoires sont également avancées; les dents sont souvent d’une couleur foncée , et ordinai- remeunt au nombre de dix à la mâchoire d’en haut et à celle d’en bas. Au dessous de chaque œil, on voit une place assez large, aplatie, déprimée même, et ciselée d’une manière particulière. La nageoire de la queue est arrondie !. é280808082#02e 2080 Hans 10470 5040 50000 De Pa HOPO H0H0 PoR0 De 0 POHOHE HUE LI L'OSTRACIO N QUATRE - TUBERCULES. Ostracion tuberculatus, Linx., Guer., Lacer., Cuv. Cer ostracion est quadrangulaire comme le poin- tillé; mais il est distingué de tous les cartilagineux 1. On compte aux nageoïres pectorales Just EE OA 10 rayons. à la nageoïre dorsale ONE NO à celle de l’anus, qui est un peu plus étendue que celle du dos a celle dellaiqueue.. 1.6.4 10 2. « Ostracion quadrangulus, tuberculis quatuor majoribus in dorso.» Arledi, gen. 55, syn. 85. LAGÉPÈDE. VI, 19 100 HISTOIRE NATURELLE compris dans le premier sous-genre, par quatre gros tubercules placés sur le dos, disposés en carré, et assez éloignés de la tête. On le trouve dans l'Inde. L'OSTRACIO N” MUSEAU - ALLONGÉ. Otrascion nasus, Brocu., Lacer., Cuv. CET ostracion est remarquable par la forme de son museau avancé, pointu et prolongé de manière que l'ouverture de la bouche est placée au dessous de cette extension. On trouve quatorze dents à la mâ- choire supérieure, et douze à l’inférieure. L'iris est d'un jaune verdâtre, et la prunelle noire. La croûte osseuse présente quatre faces; elle est toute couverte de pièces figurées en losange , et réunies de six en six, de manière à offrir l'image d'une sorte de fleur épanouie en roue eb à six feuilles ou pétales. Au mi- Coffre quadrangulaire à quatre tubercules, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Id. Daubenton , Encyclopédie méthodique. » Piscis maximus quadrangutaris. quatuor tuberculis in dorso, » longe à capite, insignitus. » Wiliughby. Ichth., append., p. 20. 1. Arledi, gen. 56, n.5. Ostracion nasus, coffre à bec, Blech , pl. 158. Coffre a bec, Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. PI F9 Poissons ea cesse, mr Lousrexx 24 se: POSTRACIOX MUSEALAILONGE 2 TETRODON MOUCHETE 35 SYNGNATHE AIGUILLE POING: ATPPOCANMPE DES POISSONS. 109 lieu de chacune de ces espèces de fleurs paroissent quelques tubercules rouges. On voit d’ailleurs des taches rouges sur la tête et le corps, qui sont gris; d’autres taches brunes sont répandues sur la tête et la queue , et les nageoires sont rougeâtres 1, 28680990 10898950 8080$05%060 #0 be bI%0 HO HAE L’'OSTRACIO N° DEUX - TUBERCULES. Ostracion bituberculatus, Lacxr. L'ExvELOPPE dure et solide qui revêt ce cartilagi- neux est à quatre faces. Elle est toute couverte de petites plaques hexagones, marquées de points dis- posées en rayons , moins régulières sur la tête, moins distinguées l’une de l’autre sur le dos, et cependant aussi faciles à séparer que celles que l’on voit sur les autres ostracions. Celles de ces plaques qui garnissent le dos sont noires dans leur centre. D'ailleurs la cou- 1. AUS DaBCOIMESIPeCLOrAlEB. + eue eye 2: AM + g rayons. Acelle an dos en PO PME ERUN EU QT bi 9 Alcelletdelanuses: Men nette tn tant 9 À celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 9 2. « Ostracion oblongus, quadrangularis (muticus), tuberculo » cartilaginec supra et infra os; scutis corporis hexagonis punctato- » radiatis: dorsalibus centro nigricantibus ; caudæ basi crocea. » Com- merson, manuscrits déjà cités, 200 HISTOIRE NATURELLE leur générale de la croûte osseuse est d’un rouge obscur. Toutes les nageoires sont brunes; l’extré- mité de la queue, l'iris, et les intervalles des pièces situées auprès des opercules des branchies , sont d’un beau jaune, et le dessous du corps est d’un jaune sale et blanchâtre. Le museau est comme tronqué, l'ouverture de la bouche petite; les dents sont brunes, et au nombre de dix à chaque mâchoire : mais ce qui distingue principalement l’ostracion que nous cherchons à faire connoître , c’est qu'il a deux tubercules cartilagineux et blanchâtres, l’un au devant de fouverture de la bouche , et l’autre au dessous. Ce dernier est le plus grand. La langue est une sorte de cartilage informe , un peu arrondi et blanchâtre. L'ouverture des narines est étroite, et située au devant et très près des yeux. Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave des demi-cercles qui les souliennent est finement dentelée !. Nous devons la connoiïssance de celte espèce à Commerson, qui l’a observée dans la mer voisine de l'île Pralin, où elle parvient au moins à la longueur d'un pied. 1. Aux nageoires pectorales D EE A A EE An 16 rayons. Acelle du dos ere A Ten ne PRE Aicelle de l'anus tete men Le MA el MEN IEO A celle de la queue, quirest arrondies.) 2\ OreNcRIR DES POISSONS. 201 L'OSTRACION MOUCHETÉ" Ostracion cubicus, Linn., GMEL., BLocx, Cuv. Cer ostracion est peint de couleurs plus belles que celles qui ornent le deux-tubercules, avec lequel il a cependant de très grands rapports. Chacune des pièces hexagones que l’on voit sur la croûte osseuse, présente une tache blanche ou d’un bleu très clair, entourée d’un cercle noir qui la rend plus éclatante, et lui donne l'apparence d’un iris avec sa prunelle. Les nageoires pectorales du dos et de l’anus sont jau- 1. Mus. ad. fr. 1. p. 59. It. Wgoth., p. 168. « Ostracion quadrangulus, maculis variis plurimis. » Artedi, gen. 56, syn. 85, n. 8. Coffre quadrangulaire, sans épines, Daubenton , Encyclopédie mé- thodique. Coffre tigré, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. « Piscis mediocris quadrangularis, maculosus. » Lister, ap. Wil- Jughby, p. 20. Raj., p. 45. Pet. Gaz. 1, tab. 1, fig. 2. Seb. mus. 3, tab. 24, fig. 4 et 5. « Ostracion tetragonus oblongus, muticus, scutis, testæ hexagonis punctalo scabris, ocello nigro cæruleo in singulis. » Commerson , ma- nuscrits déja cités. Ostracior cubicus, coffre tigré , Bloch, pl. 157. 202 HISTOIRE NATURELLE nâtres!. Le dessous du corps offre des taches blan- ches sur les petits boucliers de l’enveloppe solide, et jaunes ou blanchâtres sur les intervalles; et enfin, la portion de la queue qui déborde la couverture os- seuse est brune et parsemée de points noirs. Mais ce qui différencie le plus le moucheté d’avec l'espèce précédente, c’est qu’il n’a pas de tubercule cartilagi- neux au dessus ni au dessous de la bouche. D'ailleurs il n’y a ordinairement, suivant Commerson , que huit dents à la mâchoire supérieure, et six à l'inférieure. Au reste, la sorte de coffre dans lequel la plus grande partie de l'animal est renfermée , est à quatre faces longitudinales, ou quadrangulaire. Le moucheté vit dans les mers chaudées des Indes orientales , et particulièrement dans celles qui avoi- sinent l'Ile de France. Sa chair est exquise. On le nourrit avec soin en plusieurs endroits; on l'y con- serve dans des bassins ou dans des étangs; et il y de- vieul, selon Renard, si familier, qu'il accourt à la voix de ceux qui l’appellent, vient à la surface de l’eau, et prend sans crainte sa nourriture Jusque dans Ja main qui la lui présente. 1, Aux nageoires pectorales. . . . . . . .: - . . . ./ 10 rayons: Acelle duidos En ne Mn NU que 9 A'rcelle deil'anus eds ri NARUTO 9 A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 10 DES POISSONS. 20) L'OSTRACION BOSS Ur. Ostracion gibbosus, Linn., Guec., Lacer. a a) — — GE cartilagineux quadrangulaire, ou dont la cou- verture solide présente quatre faces longitudinales, a pour caractère distinctif une élévation en forme de bosse, qu'offre sur le dos la croûte osseuse. Cette élévation et la conformation de son enveloppe suf- lisent, étant réunies, pour empècher de confondre cet animal avec les autres poissons inscrits dans le premier sous-genre des ostracions. On pêche le bossu dans les mers africaines. On trouve dans Knorr ? la figure et la description d’un cartilagineux que l’on à pris pour un ostracion , auquel on à donné le nom d’Ostracion porte-crêteÿ , et qu, n'ayant point de cornes ou grands piquanis, 1. Coffre bossu, Daubenton , Encyclosédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Ostracion oblongus, quadrangulus gibbosus, Artedi, gen. 55, syn. 85. Ostracion alter, Aldrov., 1. 4, c. 19, p. 562. Jonston, t. 25, n. 7. Ostracion alter gibbosus, Aldrov. Lister, ap. Willughby, p. 156. Piscis quadrangularis gibbosus, ibid. p. 20. Ray. p. 44. 2. Kaorr, Del. nat. selectæ, p. 56, tab. H, 4, Gg. 5. 3. Planches de l'Encyclopédie méthodique. 20/4 HISTOIRE NATURELLE devroit être compris dans le premier sous-genre de cette famille, comme le bossu, et les autres véri- tables ostracions dont nous venons de nous occuper. Mais si l’on examine avec attention cette description et cette figure, on verra que l’animal auquel elles se rapportent, n’a aucun des véritables traits distinctifs des ostracions, mais qu'il a ceux des lophies, et par- ticulièrement des lophies comprimées par les côtés. Au reste, il est figuré d’une manière trop inexacte, et décrit d’une manière trop peu étendue, pour que l'on puisse facilement déterminer son espèce , qui est d’ailleurs d'autant plus difficile à reconnoître, que le dessin et la description paroissent avoir été faits sur un individu altéré. DES POISSONS. 205 epemnspenes topo repepedperemporememetretomedbeinetretetredpe L'OSTRACION” TROIS -AIGUILLONS, Ostracion tricornis, LiNN., Get. L'OSTRACION TRIGONE?, Ostracion trigonus, Lann., Gmer., Cuv. ET L'OSTRACION DEUX-AIGUILLONS, Ostracion bicaudalis. Nous plaçcons dans le même article ce que nous avons à dire sur ces trois espèces, parce qu'elles ne ! Ps qe . présentent que peu de différences à indiquer. 1. Ostracion tricornis. (Les passages de divers auteurs rapportés au trois-aiguillons par Gmelin, ont trait à d’autres ostracions; el ce qu'ont dit Daubenton et Bonnaterre, dans l'Encyclopédie méthodi- que , du coffre triangulaire à trois épines, doit être appliqué à l'ostra- cion Läster. ) . 2, It. scan. 160. « Ostracion triangulus, limbis figurarum hexagonarum eminenti- bus, aculeis duobus in imo ventre. » Arledi, gen. 56, syn. 85. Ibid. n. 12. Ostracion trigonus, Coffre a perles. Bloch, pl. 155. « Piscis triangularis Clusii, cornibus carens. » Willughby, p. 156 Ray. p. 44. Coffre triangulaire tuberculé à deux épines. Daubenton, Encyclo- pédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Ecyclopédie méthodique. 3. « Ostracion triäangulatas, taberculis hexagonis radiatis, aculeis - duobus in imo ventre. » Artedi, gen. 57, syn. 85. 206 HISTOIRE NATURELLE Le trois-aiguillons, inscrit dans le second sous- genre, montre auprès des yeux deux longues prolon- gations de sa croûte osseuse, façconnées en pointes et dirigées en avant. Il a d’ailleurs un troisième ai- guillon sur la partie supérieure du corps. Il vit dans les mers de l'Inde, ainsi que le trigone et le deux- aiguillons. Ces deux derniers ostracions ont beaucoup de traits de ressemblance l’un avec l’autre. Placés tous les deux dans le troisième sous-genre, ils n’ont point de piquants sur la tête; mais leur enveloppe solide, triangulaire où composée de trois faces longitudi- nales comme celle du trois-aiguillons, se termine, du côté de‘la queue, et à chacun des deux angles qu'y présente la face inférieure, par ur long aiguillon dirigé en arrière. Au premier coup d'œil, on est embarrassé pour distinguer le trigone du deux-aiguillons ; voici cepen- dant les différences principales qui les séparent. Les boucliers ou pièces hexagones du premier de ces deux poissons sont plus bombés que ceux du second; d’ailleurs ils sont relevés par des tubercules plus sail- lants, que l'on a comparés à des perles; de plus, les deux piquants qui s'étendent sous la queue sont can- nelés longitudinalement dans le trigone, au lieu qu'ils Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 5. « Piscis triangularis parvus, non nisi imo ventre cornutus.» Lister, app. Willughby, p. vo. Ray. p. 45. Coffre triangulaire chagriné à deux épines. Daubenton, Encyelo- pédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Ostracion bicaudalis, coffre deux-piquants. Bloch, pl. 132. DES POISSONS. 207 sont presque lisses dans le deux-aiguillons ; et enfin la nageoire dorsale comprend ordinairement quatorze rayons sur le trigone !, tandis que sur le deux-aiguil- lons elle n’en renferme que dix ?. Lorsqu'on veut saisir le trigone, il fait entendre, comme le baliste vieille, et vraisemblablement comme d’autres ostracions , une sorte de petit bruit produit par l'air, ou par les gaz aériformes qui s’'échappent avec vitesse de l’intérieur de son corps qu'il com- prime. On a donné le nom de grognement à ce bruis- sement qu'il fait naître ; et voilà pourquoi ce cartila- vineux a été nommé Cochon de mer, de mème que plusieurs autres poissons. Au reste , sa chair est dure, et peu agréable au goût. 1. Aux nageoires pectorales. , À RUES RQUS nee 12 rayons. AMcellesdurdos sr pu NES SARA Re PE 14 Acelledelanusstsntesnte nn states 12 A celle de la queue, qui est arrondie. , . . . , 7 2. Aux nageoires pectorales. . LR TN MO MA 12 rayons, Acellesduidossae "las St nca lntes e 10 A celle de l’anus.. . (ES EAN AA ANA RS 10 À celle de la queue, qui est arrondie.. . . . .. 10 205 HISTOIRE NATURELLE L'OSTRACIO N' QUATRE -AIGUILLONS , Ostracion quadricornis, Linx., Guez., Cuv. L'OSTRACION LISTER 2. Ostracion Lister, Lacer. Ces deux cartilagineux sont compris dans le qua- trième sous-genre de leur fanille. Ils ont tous les deux 1. « Ostracion triangulatus, aculeis duobus in fronte, et totidem in » imo ventre.» Artedi, gen. 56, syn. 55. Coffre triangulaire à quatre épines. Daubenton , Encyclopédie mé- thodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Piscis triangularis Clusïi cornutus. » Ray., pisc., p. 44. Ostracion quadricornis, coffre quatre-piquants. Bloch, pl. 154. 2. Lister, ap. Willughby, Ichthyol, p. 19. « Ostracion triangulatus, aculeis duobus in capite, et unico lon- » giore superne ad caudam. » Artedi, gen. 56, syn. 85. Coffre triangulaire à trois épines. Daubenton, Encyclopédie mé- thodique. Coffre triangulaire à trois épines. Bonnaterre, planches de l'Ency- clopédie méthodique. (Artedi, Daubenton et Bonnaterre, n'ont pas vu les deux aiguil- DES POISSONS. 209 l'enveloppe triangulaire; tous les deux ont quatre pi- quants, deux auprès des yeux, et deux au dessous de la queue , aux deux angles qui y terminent la face inférieure de la croûte osseuse : mais ils diffèrent l’un de l’autre par la conformation de la queue, qui, dans le Lister, présente un piquant dur, pointu, et aussi long que la nageoire de l’anus, tandis que cette partie du corps n’en montre aucun dans le quatre- aiguillonsi. Cette pointe longue et dure est placée sur la portion de la queue du Lister qui est hors de l'enveloppe, et elle y est plus rapprochée de la na- seoire caudale que de l'extrémité de la croûte solide. La nageoire dorsale du Lister est plus près de la tête que celle de l’anus. On ne voit pas sur la queue de ce cartilagineux d’écailles sensibles pendant la vie de l'animal; le dos et les côtés de sa tête présentent de grandes taches ondées ; et nous avons donné à ce poisson Île nom sous lequel il est inscrit dans cet ou- vrage, parce que c'est au savant Lister que l’on en doit la connoissance. L'on ne sait dans quelles mers vit cet ostracion; le quatre-aiguillons se trouve dans celles des Indes, et près des côtes de Guinée. lons situés à l'extrémité de la face inférieure du têt, et au dessous de la queue ; et voilà pourquoi les deux derniers de ces trois naturalistes, et le professeur Gmelin , ont confondu l'ostracion que nous nommons Lister, avec le trois-aiguillons. ) 1. Il y à aux nagcoires pectorales du troïs-aiguillons. 11 rayons. a la napeoire dorsale. 2 2.4. 2 1e 10 à celle de l'anus: 22002 D RAA ra alcelle de la:queue: 20 (2 ru 10 210 HISTOIRE NATURELLE LR BLÈS F9 109 50 5-26 HO »9 DO EG FO ECÉD 390 HS TO 102080 0050 800 79 L'OSTRACIO N° QUADRANGULAIRE , ‘Ostracion cornutus, Linx., GueL., Cuv. ET L'OSTRACION DROMADAIRE?. Ostracion turritus, Lixn., Gmer., Cuv. CEs deux ostracions ont le corps recouvert d’une enveloppe à quatre faces longitudinales : mais ces 1. Mus. ad. fr. 1, p. 80. Gronov., mus. 1. n. 118. Willughby, Ichthyol. tab. 1, 15, fig. 1. Piscis cornutus. Bont. Jay. 79. Edw. Glan. pl. 284, fig. 1. Seb., mus. 5, tab. 24, fig. 8 et :5. Coffre triangulaire à quatre épines, Daubenton , Encyclopédie mé- thodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Ostracion cornutus, coffre taureau de mer. Bloch, pl. 153. Holosteus cornutus, Plumier, dessins sur vélin déjà cités. 2. Forsk. Faun. arabic., p. 75, n. 115. Ostracion turritus, coffre chameau marin. Bloch, pl. 156. Lkan toe tombo ekor tiga. Valentyn , Ind. 5, p. 596, n. 159. Co ffre cliameau marin. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thod ique. Knorr, Délices de la nature, pl. H, 1. fig. 3 et 2. DES POISSONS. 211 quatre côtés sont bien plus réguliers dans le premier de ces poissons que dans le second. Le quadrangu- laire a d’ailleurs, comme le quatre-aiguillons et comme le Lister, quatre pointes ou espèces de cornes fortes et longues : deux situées au dessous de la queue, dirigées en arrière, et attachées aux deux angles de la croûte osseuse ; et les deux autres placées auprès des yeux, tournées en avant, et assez semblables en petit aux armes menaçantes d'un taureau, pour avoir fait donner au quadrangulaire le nom de Taureau marin. Il habite les mers de l’Inde, et sa chair est dure 1. Le dromadaire se trouve également dans les mers des Indes orientales ; mais il a été aussi observé dans la mer Rouge. Au milieu de la face supérieure de sa couverture solide, s'élève une bosse très grosse, quel- quefois en forme de cône, d’autres fois un peu sem- blable à une pyramide triangulaire, le plus souvent très large dans sa base , et toujours terminée par un gros aiguillon recourbé, cannelé, et un peu dirigé vers l'arrière. Un aiguillon plus petit, mais figuré de même, est placé verticalement au dessus de chaque œil, et d'autres piquants cannelés, aussi irès forts et recourbés, garnissent les deux côtés de la face infé- rieure du coffre. Ces pointes inférieures et latérales varient en nombre suivant l'âge de l'animal, et depuis trois jusqu’à cinq de chaque côté. Les tubercules se- més sur la croûte osseuse y forment des figures trian- 1. Aux nageoires pectorales du quadrangulaire.. . . 10 rayons. Aicelle duidos 2. NN URL snDUs 9 Afcelle de lanus., he AA Le Re e 9 À celle de la queue, qui est arrondie. . 1 LO 212 HISTOIRE NATURELLE culaires, lesquelles, réunies, donnent naissance à des hexagones, comme sur presque tous les ostracions, et ces hexagones sont séparés par des intervalles un peu transparents À, Le coffre est d’un cendré jaunâtre, les autres par- tes de l’animal sont brunes, et l’on voit, sur plusieurs endroits du corps et de la queue, des taches brunes et rondes. Cette espèce a été nommée Chameau marin; mais nous avons préféré à ce nom celui de Dromadaire, l'animal n’ayant qu'une bosse sur le dos. Au reste, elle parvient à la longueur d’un pied et demi, et sa chair est coriace et désagréable au goût. Voilà donc la chair du dromadaire, du quadran- gulaire, du quatre-aiguillons, du ’trigone, qui est dure et dénuée de saveur agréable, Il paroît que tous ou du moins presque tous les ostracions armés de pointes, l’ont coriace, tandis qu'elle est tendre et savoureuse dans tous les poissons de cette famille qui ne présentent aucun piquant. La différence dans la bonté de la chair est souvent un signe de la diver- sité de sexe. La présence de piquants, ou d’autres armes plus où moins puissantes, peut aussi être la marque de cette même diversité. L’on n’a poiat en- core d'observations exactes sur les variétés de forme qui peuvent être attachées à l’un ou à l’autre des deux sexes dans le genre dont nous nous occupons : peut- être, lorsque les ostracions seront mieux connus, 1. Aux nageoires peclorales du dremadaire. . . . . 10 rayons. Aicellerdurdos ts eee SI 9 Atcellerde l'anus. 5e 1204.20 CESR 9 À celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 10 e | | | | DES POISSONS, 213 trouvera-t-on que ceux de ces cartilaginenx qui pré- sentent des piquants, sont-les mâles de ceux qui n’en présentent pas; peut-être, par exemple, regar- dera-t-on le dromadaire comme le mâle du bossu, le quadrangulaire comme celui du moucheté, le quatre-aiguillons, dont la croûte n’a que trois faces longitudinales, comme le mâle du triangulaire : mais, dans l’état actuel de nos connoissances , nous ne pou- vons que décrire comme des espèces diverses, des ostracions aussi différents les uns des autres par leur conformation, que ceux que nous venons de consi- dérer comme appartenant, en effet, à des espèces distinctes. LAGÉPEDF. VI 14 214 HISTOIRE NATURELLE ape grematainet sn ep aa He eHéaeeeB sn ÉRHBRETPERSTOPAT TETE DOUZIÈME GENRE. LES TÉTRODONS. Les mâchoires osseuses, avancées, et divisées chacune en deux dents. PREMIER SOUS-GENRE. Les deux mâchotres inégalement avancées; le corps non comprimé. ESPÈCES. CARACTÈRES. La mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; de très petits piquanis sur le ventre. La mâchoire supérienre plus avancée que l'inférieure; de petits piquants sur tout le corps; la base des piquants répandus sur les côtés et sur le ventre, étoilée à cinq ou six rayons. La mâchoire supérieure plus avancée que / | l'inférieure; de petits piquants sur tout le / 1. TÉTRODON PERROQUET. . TÉTRODON ÉTOILE. D corps; la base des piquants répandus sur les côtés et sur le ventre, étoilée à cinq ou six rayons; des taches noires sur le ventre; la nageoïre dorsale presque li- néaire , et sans rayons distincts. La mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; de petits piquanis sur tout le corps, dont toutes les parlies sont sans taches ; les yeux petits et très rapprochés du bout du museau. TÉTRODON POINTILLÉ. O1 4. TÉTRODON sANS-TACHE. 4 { La mâchoire inférieure plus avancée que la 5. TÉTRODON HÉRISSÉ, | supérieure ; tout le corps hérissé de très petits piquants. | DES POISSONS. 215 ESPÈCES. CARACTÈRES. La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; tout le corps hérissé de très 6. TÉ£TRODON MOUCHETÉ. petits piquants; des taches noires sur le | dos, sur la queue et sur la nageoire cau- dale : les nageoires pectorales arrondies. \ La mâchoire inférieure plus avancée que la 7. TÉTRODON nonexiarex. | supérieure ; des aiguillons sur le ventre ; la ligne latérale très marquée. SECOND SOUS-GENRE, Les deux mâchoires également avancées; le corps non comprimé. ESPÈCES. CARACTÈRES. 8. TéÉTRODON LAGOCE- Le ventre garni d’aiguillons à trois racines. PHALE, ï Des raies longitudinales : un tubercule sur- monté de deux filaments, au devant de chaque œil. 9. TÉTRODON RAYÉ. 10, TÉTRODON CROIS- | Une bande en-croissant sur le dos. SANT. 11. TÉTRODON MAL-ARMÉ. sur la partie antérieure du ventre: deux lignes latérales de chaque côté. 12. TÉTRODON SPENGLÉ- Des barbillons et des piquants sur le corps. RIEN. Le corps très allongé ; deux lignes latérales 13. TÉTRODON ALLONGE. très marquées de chaque côté; une pointe à l’opercule des branchies. 14. TÉTRODON MUS£AU- ALLONGÉ. ( ( { Des piquants répandus presque uniquement Les mâchoires très avancées. 15. TÉTRODON PLUMIER. jaune, et recourbée en arrière, à la place d’une première nageoire dorsale. La tête, toutes les parties du corps, la queue et les nageoires brunes , et parsemées de _petiles taches lenticulaires et blanches. 16. TÉTRODON MÉELAGRIS, N élévation pyramidale , à quatre faces, 210 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. b Un grand nombre de taches rouges. vertes, ÿ 17. TÉTRODON ÉLECTRI- Het t bueluteloie (ER ge anches, et quelquefois d’autres cou- Ar leurs. 18. Térronon GROSSE- }La 1éte tr oese) TÈTE. TROISIÈME SCUS-GENRE. Le corps très comprimé par Les côtés. ESPÈCE. CARACTÈRES. 7 d’aiguillons; les nageoïres du dos, de 19. TETRODON LUXE. , Sie la queue et de l'anus, réunies. DES POISSONS. 217 BA POS Do 400 Po BD 1 #00 190 SO LPO LG OE-04 0-00 LOI WI HELPOSHIPO IP TO LPO HO AO LOE LE TÉTRODON PERROQUET" T'etrodon testudineus, Linx., Guer., Cuv. Les poissons cartilagineux que nous allons exami.- ner ont reçu le nom de T'étrodon, qui signifie quatre dents, à cause de la conformation singulière de leurs mâchoires. Elles sont, en effet, larges, dures, osseu- ses, saillantes, quelquefois arrondies sur le devant, et séparées chacune, dans cette partie antérieure, par une fente verticale, en deux portions auxquelles le nom de dents a été donné. Ces quatre dents, ou ces quatre portions de mâchoires osseuses, qui dé- bordent les ièvres, sont ordinairement dentelées, et ont beaucoup de rapports avec les mâchoires dures et dentelées des tortues. Dans les espèces où leur par- tie antérieure se prolonge un peu en pointe, ces por- 1. Tetrodon testudineus. Linnée, édition de Gmelin. Amenit. academ., 1, p. 509, tab. 14, fig. 6. « Ostracion oblongus glaber, capite longo, corpore figuris variis » ornato. » Artedi, gen. 60, syn. 86, n. 23. l'etrodon testudineus, tête de tortue. Bloch, pl. 159. « Orbis vblongas testudinis capite.» Clusii exot. 1. 6, c. 26. Willughby, p. 147. Ray., p. 45. Quatre-dents perroquet. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 210 HISTOIRE NATURELLE tions de mâchoires ressemblent un peu aux mandibu- les du bec d’un perroquet; et de là vient le nom que nous avons conservé au tétrodon que nous allons dé- crire dans cet article. Ces mâchoires, placées hors des lèvres, fortes et crénelées, sont très propres à écraser les crustacés et les coquillages, dont les tétrodons se nourrissent souvent. Ces poissons ont, par la nature de cet appé- tit pour les animaux revêtus d’un tèt ou d’une co- quille, un rapport d'habitude avec les ostracions, auxquels ils ressemblent aussi par des traits de leur conformation. Comme les ostracions, ils ont une membrane branchiale et un opercule : la membrane est communément dénuée de rayons; et l’opercule, plus où moins difficile à distinguer, surtout dans les individus desséchés ou altérés d’ane autre manière, consiste ordinairement dans une petite plaque carti- lagineuse. Ils n’ont pas reçu de la puissance créatrice cette enveloppe solide dans laquelle ta plus grande partie du corps. des ostracions est garantie de la dent de plusieurs poissons assez forts et assez bien armés; Ja nature ne leur à pas donné les boucliers larges et épais qu'elle a disposés sur le dos des acipensères ; elle ne les a pas revêtus de la peau épaisse des balis- tes : mais une partie plus ou moins grande de leur surface est hérissée, dans presque toutes les espèces de cette famille , de petits piquants dont le nombre compense la brièveté. Ces pointes blessent assez la main qui veut retenir le poisson, ou l'animal qui veut le saisir, pour contraindre souvent à lâcher prise et à cesser de poursuivre le tétrodon ; et il est à remar- quer que la seule espèce de ce genre que l’on ait vue DES POISSONS. 219 absolument sans aiguillons, a été douée pour se dé- fendre, de la force et de la grandeur. Mais indépendamment de ces armes, au moins très multipliées, si elles sont peu visibles, les tétro- dons jouissent d’une faculté qui leur est utile dans beaucoup de circonstances , et qu'ils possèdent à un plus haut degré que presque tous les poissous connus. Nous avons vu les balistes, et d’autres cartilagi- neux, gonfler une partie de leur corps à volonté et d’une manière plus ou moins sensibles. Les tétro- dons enflent ainsi leur partie inférieure; mais ils peuvent donner à cette partie une extension si con- sidérable , qu’elle devient comme une grosse boule soufilée, dans la portion supérieure de laquelle dis- paroît, pour ainsi dire, quelquefois, le corps propre- ment dit, quelque cylindrique ou quelque conique que soit sa forme. Ils usent de cette faculté, et s’ar- rondissent plus ou moins suivant les différents be- soins qu'ils veulent satisfaire ; et de ces gonflements plus ou moins considérables, sont venues des erreurs de plusieurs observateurs qui ont rapporté à diffé- rentes espèces, des individus de la même, enflés et étendus à des degrés inégaux. Mais quelle est précisément la partie de leur corps dont les tétrodons peuvent augmenter le volume, en y introduisant ou de l’air atmosphérique, ou un gaz, ou un fluide quelconque? C’est une sorte de sac formé par une membrane située entre les intestins et le péritoine qui les couvre; et cette pellicule très sou- ple est la membrane interne de ce même péritoine. Au reste, un habile ichthyologiste 1 s’est assuré de la 1. Le docteur Bloch, de Berlin, 220 HISTOIRE NATURELLE communication de l’intérieur de ce sac avec la cavité qui contient les branchies : il l'a, en effet, gonflé , en soufflant par l'ouverture branchiale : et ce fait ne pourroit-il pas être regardé comme une espèce de confirmation des idées que nous avons exposées! sur l'usage et les effets des branchies des poissons? mais quoi qu'il en soit , les parties voisines de cette poche partagent sa souplesse , Se prêtent à son gonflement, s'étendent elles-même. La peau de l’animal, ordinai- rement assez mince et plissée, pouvant recevoir aussi un grand développement, toute la portion inférieure du corps du tétrodon, et même ses côtés, s’enflent et se dilatent au point de représenter un globe plus ou moins parfait , et si grand à proportion du volume du poisson, que l’on croiroit, en le voyant nager dans cet état, n'avoir sous les yeux qu’un ballon flottant entre deux eaux, ou sur la surface des mers. C’est principalement lorsque les tétrodons veulent s'élever, qu'ils gonflent ainsi leur corps, le remplissent d’un fluide moins pesant que l’eau, et augmentent leur légèreté spécifique. Ils compriment, au con- traire, le sac de leur péritoine, lorsqu'ils veulent des- cendre avec plus de facilité dans les profondeurs de l'Océan; et la partie inférieure de leur corps est pour ces cartilagineux une seconde vessie natatoire, plus puissante même peut-être que leur véritable vessie aérienne, quoique cette dernière soit assez étendue, relativement à la grandeur de lPanimal. Les tétrodons s'enflent aussi et s’arrondissent, lors- qu'ils veulent résister à une attaque; et ils se bour- souflent ainsi non seulement pour opposer à leurs 1. Voyez ie Discours sur la nature des poissons. DES POISSONS. 291 ennemis un volume plus grand et plus embarrassant, mais encore parce que dans cet état de tension des téguments, les petits aiguilions qui garnissent la peau sont aussi saillants et aussi dressés qu'ils peüvent l'être. Le perroquet, le premier de ces tétrodons que nous ayons à examiner, a été nommé ainsi, à cause de la forme de ses mâchoires, dont la supérieure est plus avancée que l'inférieure , et qui ont avec le bec des oïseaux appelés perroquets, plus de ressemblance encore que celles des autres cartilagineux de la même famille. Lorsque ce poisson n’est pas gonflé, il a le corps allongé comme presque tous les tétrodons vus dans ce même état de moindre extension. Les veux sont gros; et au devant de chacun de ces organes, est une narine fermée par une membrane, aux deux bouts de iaquelle on voit une ouverture que le perroquet peut ciore à volonté, en étendant cette même membrane ou pellicule. L’orifice des branchies est étroit, un peu en crois- sant, placé verticalement, et situé, de chaque côté, au devant de la nageoire pectorale, qui est arrondie, et souvent aussi éloignée de l'extrémité du museau que de la nageoire de l'anus. Cette dernière et celle du dos sont presque au dessus l’une de l'autre , et pré- sentent à peu près la même surface et ia même fi- gure. La nageoire de la queue est arrondie ; et comme aucune couverture épaisse ou solide ne gêne daus le perroquet, ni dans les autres tétrodons, le mouve- ment de la queue et de sa nageoire, et que d’ailleurs ils peuvent s'élever avec facilité au milieu de leau , 229 HISTOIRE NATURELLE on peut croire que ces animaux, n'ayant besoin , en quelque sorte, d'employer leur force que pour s’a- vancer, jouissent de la faculté de nager avec vitesse. C’est dans l'Inde qu'habite ce cartilagineux, dont la partie supérieure est communément brune avec des taches blanches et de diverses figures, et dont les côtés sont blancs avec des bandes irrégulières, longitudinales, et de couleurs foncées. Des aiguillons revêtent la peau du ventre, et sont renfermés presque en entier dans des espèces de pe- tits enfoncements, qui disparoissent lorsque l'animal se gonîle et que la peau est tendue. LE TÉTRODON ÉTOILE? T'etraodon cinereus, CoMmers., LaAcer. Nous avons trouvé la description de ce cartilagi= neux dans les écrits de Commerson, qui l’avoit vu parmi d’autres poissons apportés au marché de l'île Maurice, auprès de File de France. Ce voyageur ;. On compte aux nageoires pectorales. . . . . . . 14 rayons. à celle/dudosit: 12105000 ect Rae 6 a celle del anus. . 4. 2027 6 a.celle deaïqueue. 4} 07 MERE 2. « Telraodon cinereus, nigro guttatus, hispidus setis e basi stel- + lata exortis. » Commerson , manuscrits déjà cités. DES POISSONS. 223 compare la grandeur que présente le tétrodon étoilé, lorsqu'il est aussi gonflé qu'il puisse l'être , à celle d’un ballon à jouer, dont ce cartilagineux montreroit assez exactement la figure, sans sa queue, qui est plus ou moins pr olongée. Cet animal est grisâtre, mais d’une couleur plus sombre sur le dos, lequel est semé, ainsi que la queue, de taches petites, presque rondes et très rapprochées. La partie inférieure du corps est d’une couleur plus claire et sans taches, ex- cepté auprès de l'anus, où l’on voit une espèce d’an- neau coloré, et d’un noir trés foncé. L'ensemble du poisson est hérissé de piquants roi- des, et d’une ou deux lignes de longueur. Ceux qui sont sur le dos sont les plus courts et tournés en ar- rière ; les autres sont droits, au moins lorsque le ven- tre est enflé, et attachés par une base étoilée à cinq ou six rayons. Nous verrons une base analogue re- tenir les piquants de plusieurs autres poissons, et particulièrement de la plupart de ceux auxquels le nom de Diodon a été donné. Au reste, ces piquants tiennent lieu , sur l’étoilé, ainsi que sur le plus grand nombre d’autres tétrodons, d'écailles proprement dites. La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que linférieure. Les deux dents qui garnissent cha- cune de ces mâchoires , sont blanches, iarges, à bords incisifs , et attachées de très près l’une à l’autre, sur le devant du museau. Les yeux, séparés par un intervalle un peu dé- primé, sont situés de manière à regarder avec plus de facilité en haut que par côté. On n’aperçoit pas de ligne latérale. 224 HISTOIRE NATURELLE La nageoire du dos , arrondie par le bout , et plus haute que large, est attachée à un appendice qui la fait paroître comme pédonculéef!, La candale est ar- rondie ; et la partie de la queue, qui l’avoisine , est dénuee de piquants. L'individu observé par Commerson avoit treize pouces de longueur. [l pesoit à peu près deux livres. 492 5920 F00ESE950 09000 FUESHO 500 HET PATAHO.FOPI BOB EOECHAHSHIHSS-OHOLOHOHOLO LE TÉTRODON POINTILLE? T'etraodon punctulatus, Lacer. C’est encore d'après les manuscrits de l’infatigable Commerson, que nous donnons la description de ce cartilagineux , dont un individu avoit été remis à ce naturaliste par son ami Deschamps. Ce tétrodon est conformé comme l'étoilé dans presque toutes ses parties; il a particulièrement sa mâchoire supérieure plus avancée que celle de des- sous, et la base de ses piquants étoilée, comme le cartilagineux décrit dans l’article précédent. Mais ses 1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . .. : + « + 17 EAYONS. A'cellerdutdos MM EN RE 1 150 Ascelle della ts MP af ER EG A celle deflañquenes fn. L'euURArE Dr Le) 2. « Tetraodon hispidus, puactis in dorso, guttis in ventre de- » fluentibus alris, pinrà dorsi lineari spurià. » Commerson, manu- scrils déjà cités. DÉS POISSONS. 225 couleurs ne sont pas les mêmes que celles de l’étoilé. Il a , en effet, non seulement de petits points noirs semés sur la parlie supérieure de son corps, qui est brune, mais encore des taches plus grandes, irrégu- lières, et d’un noir plus foncé, sur la partie inférieure, qui est blanchâtre. Ses nageoires pectorales présen- tent , à leur base, une raie large et noire, et sont livides el sans taches sur tout le reste de leur surface. D'’ail- leurs, la nageoire dorsale est très étroite, presque linéaire, ne montre aucun rayon distinct ; et ce der- nier caraclère sufhit , ainsi que l’a pensé Commersor, pour le séparer de l’étoilé 1, eFsSebt-Hepst se Æ% sp tsbpepeme pes HobsHe Deere Ir eBREMPe pee MpoMe Bees Hor sb QE 0H Hi LE TÉTRODON SANS-TACHE. T'eiraodon immaculatus, Cuv. CE poisson a la mâchoire supérieure plus avancée que l’inférieure ; et il diffère des tétrodons, qui ont également la mâchoire d'en-bas moins avancée que celle d’eu-haut, par la place et les dimensions de ses yeux, qui sont petits et très rapprochés du bout du museau, et par sa couleur, qui est plus claire sur le venire , et à l'extrémité des nageoires pectorales, que sur le reste du corps, maïs qui ne présente absolument aucune tache. Presque toute la surface de l’animal 1. Aux nageoires pectorales. . . . . .. . . + + + 20 rayons. À celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . 9 226 HISTOIRE NATURELLE est d’ailleurs hérissée de petits piquants. C’est dans les dessins de Commerson que nous avons trouvé la figure de ce cartilagineux. LE TÉTRODON HÉRISSÉ’ Tetraodon hispidus, Linn., GueL., Lacer., Cuy. CE n’est pas seulement dans les mers de l'Inde qu'habite ce tétrodon; il vit aussi dans la Méditer- 1. Pesce colombo, dans plusieurs endroits d'Italie. Flascopsaro, dans plusieurs contrées du Levant. Lagerstr. Chin. 25. « Ostracion tetraodon sphæricus. aculeis undique exiguis.» Ar- tedi, gen. 58, syn. 835. ; « Ostracion maculosus, aculeïis undique densis exiguis.» Idem, gen. 58, syn. S5iniuro. Quatre-dents hérissé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Flascopsaro, Rondelet, Histoire des poissons, première partie, Liv. 15, chap. 1. Orbis, Plin., Hist. mundi, lib. 52, cap. 2. Orbis primus Rondeletii, Willughby, p. 143. Flascopsarti, orbis, orchis, Belon , voy. liv. 2, chap. 32. Isidor. Hisp., lib. 12, cap. 6. Salv., fol. 208 , b, ad iconem. et 209. Jonston , lib. 2 , tab. 3, cap. 5; tab. 24, n. o. Orbis vulgaris, Charleton , Onomast., p. 154. Orbis, vel orchis, Gesner, p. 631, 744. Orbis species ex Gesnero, Aldrov., lib. 4, cap. 15, p. 554. l'etrodon hispidus, flascopsaro, Bloch , pl. 142. DES POISSONS. 227 ranée, où on le trouve particulièrement auprès des côtes septentrionales de l’Afrique, et où il se tient quelquefois dans l'embouchure du Nil, et des autres rivières dont les eaux descendent des montagnes plus ou moins voisines de ces rivages africains. Aussi les anciens l’ont-ils connu ; et Pline en a parlé en lui donnant Île nom d’Orbis. Il mérite, en eflet, cette dé- nomination, qui lui a été conservée par plussieurs auteurs ; il la justifie du moins par sa forme, plus que la plupart des autres tétrodons, lorsqu’en se gonflant il s’est donné toute l'extension dont il est susceptible. Dans cet état d’enflure, il ressemble d'autant plus à un globe, que la dilatation s'étend au dessous de la queue, presque jusqu’à l'extrémité de cette partie, et que l’on n’auroit besoin de retran- cher de l’animal qu’une très petite portion de son museau. et sa nageoire caudale, pour en faire une véritable boule. Aussi Pline a-t-il dit que ce poisson étoit, en quelque sorte, composé d’une tête sans corps ; mais, comme l'ont observé Rondelet et d’au- tres auteurs, on devroit piutôt le croire formé d’un ventre sans tête, puisque c’est sa partie inférieure qui, en se remplissant d'un fluide quelconque, lui donne son grand volume et son arrondissement. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la su- périeure, et la surface de tout son corps est parsemée de très petits piquants. Sa couleur est foncée sur le dos, et très claire sur les côtés, ainsi que sous le ventre. Mais ces deux nuances sont séparées l’une de l’autre par une ligne très sinueuse, de manière que la teinte brune des- cend de chaque côté au milieu de la teinte blanchà- 220 HISTOIRE NATURELLE tre, par quatre bandes transversales plus ou moins larges, longues et irrégulières. Nous avous trouvé, dans les dessins de Commer- son , une figure du hérissé, qui a été faite d’après na- ture , et que nous avons fait graver. Le dessus du corps y paroît parseiné de taches très petites, rondes, blanches et disposées en quinconce. Nous ignorons si ces taches blanches sont le signe d’une variété d’âge, de pays , ou de sexe, ou si, dans les divers dessins etles descriptions que l’on a donnés du hérissé, on a ou- blié ces taches, uniquement par une suite de l’alté- ration des individus qui ont été décrits ou figurés. Les nageoires pectorales se terminent en croissant; celles de l’anus et du dos sont très petites ; celle de la queue est arrondie f. Le tétrodon hérissé n'est pas bon à manger; il ren- ferme trop de parties susceptibles d'extension, et trop peu de portions charnues. Dans plusieurs con- trées voisines des bords de la Méditerranée , ou des rivages des autres mers dans lesquelles habite ce car- tilagineux , on l’a souvent fait sécher avec soin dans son état de gonflement ; on l’a rempli de matières lé- gères, pour conserver sa rondeur ; on l’a suspendu autour des temples et d’autres édifices, à la place de sirouettes : et, en eflet, la queue d’un hérissé ainsi préparé et rendu très mobile a dû toujours se tourner vers le point de l’horizon, opposé à la direction du vent. 1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . . Lee. FAT Ayons: AWrelle duidos it tee EU On Q AVcelle de l'anus 00 Nr AP) MR EE: QE 10 Aderle deflatqueue fh-1RR IEEE N- AIT) DES POISSONS. 220 Le térodon hérissé vivant au inilieu des eaux salées de la Méditerranée , on ne sera pas étonné qu'on ait reconnu des individus de cette espèce parmi les pois- sons pétrifiés que l'en trouve en si grand nombre dans le mont Bolca près de Véronne , et dont on a commencé de publier la description dans un très bel ouvrage, déjà cité dans cette histoire, et entrepris par le comte Gazola, ainsi que par d’autres savants physiciens de cette ville italienne. LE TETRODON MOUCHETÉ’ T'etraodon Commersont, Scun., RusseL., Cuv. Daxs les divers enfoncements que présentent les côtes des îles Pralin , ce poisson a été observé par le voyageur Commerson, qui l’a décrit avec beaucoup de soin. Ce naturaliste à comparé la grosseur de cet animal dans son état de gonflement, à la tête d’un en- fant qui vient de naître. Comme le hérissé, ce tétro- don a sa surface garnie , dans toutes ses parties, de petites pointes longues d’une ligne ou deux, et sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. 1. Ichthyolithologia veronensis, pars secunda, tab. 8, fig. 5. 2..« Tetraodon hispidus superne fuscus . deorsum exalbidus, guitis » nigris toto corpori temere inspersis, ore et oculis squalide Hiven- » tibus. » Commerson , manuscrits déjà cités. LACÉPÈDE. VI, 15 230 HISTOIRE NATURELLE Mais il diffère du hérissé par la disposition etlesnuan- ces de ses couleurs. Il est d’un brun sale par dessus, et blanchâtre par dessous. De petites taches noires sont répandues sans ordre et avec profusion sur le dos, sur les côtés, et sur la nageoire de la queue. Les nageoires pectorales sont d’un jaune rougeâtre ; celle de l’anus, et l'extrémité de celle du dos, sont jau- nâtres; et l’on voit une teinte livide autour des yeux, et de l’ouverture de la bouche. La langue est comme une masse informe , cartila- gineuse, blanchâtre, et un peu arrondie. L'iris présente les couleurs de l'or et de l'argent. Les branchies ne sont de chaque côté qu’au nom- bre de trois; et chacune est composée de deux rangs de filaments. Ce nombre de branchies, que l’on re- trouve dans les autres tétrodons, sufhiroit pour sépa- rer le genre de ces poissons d'avec celui des ostra- cions, qui en ont quatre de chaque côté. Les nageoïres pectorales sont arrondies, ainsi que celles de la queue, au lieu d’être en demi-cercle comme celles du hérissé 1. j Le moucheté fait entendre, lorsqu'on veut ie sai- sir, un petit bruit semblable à celui que produisent les balistes et les ostracions : plus on le manie, et plus il se gonfle; plus il cherche, en accroiïssant ainsi son volume, à se défendre contre la main qui le tou- che et qui l’inquiète. 1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . . . . . . . x7 rayons. Agcele dasdos EAN NAS 10 AN Celle tdenlAanuS ae MONDE NA Las PS 10 Atcelleide aiqueue. UML AE CU TO DES POISSONS. 291 ° LE TÉTRODON HONCKÉNIEN! Tetraodon Honckenit, B1., Linn., Guer., Cuv. CE tétrodon a la mâchoire de dessus moins avancée que celle de dessous, comme le hérissé et le mou- cheté ; mais au lieu d’avoir de petits piquants sur tout son Corps, il n’en montre que sur son ventre el sur ses côtés. Il a d’ailleurs une ligne latérale très mar- quée , l'ouverture de la bouche très grande, le front large , et les yeux petits. On voit sur son dos des taches jaunes et d’autres bleues ; les nageoires sont brunâtres, mais celles de la poitrine sont bordées de bleu?. Ce poisson se trouve dans la mer du Japon. M. Honckeny a envoyé dans le temps un individu de cette espèce au docteur Bloch; et de là vient le nom qu'a donné à ce cartilagineux le naturaliste de Berlin , qui l’a décrit et fait graver. Nous avons vu que l’on avoit trouvé, parmi les 1. « Tetraodon Honckenï , hérisson tigré. » Bloch, pl. 145. « Quatre-dents tigré. » Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 2. Aux nageoires pectorales: : 1: : .:. Goes 14 rayons. A’latnageoire dorsale. : 7:19... 384 Va 8 Aïcelleide l'anus 420: Dai ose Prato = 212 HISTOIRE NATURELLE poissons pétrifiés du mont Bolca près de Vérone , Le tétrodon hérissé , qui vit dans la Méditerranée; il est bien plus utile pour les progrès de la géologie, de savoir qu'on a découvert aussi, parmi ces monuments des catastrophes du globe, et des bouleversements produits par le feu et par l’eau dans la partie de l'Tta- lie voisine des Alpes, des restes pétrifiés du tétrodon honckénien, que l’on n’a pèché jusqu’à présent que près des rivages du Japon, vers l'extrémité orientale de l'Asie , et non loin des mers véritablement équato- riales1. erEsenerererensrers EREROTEE CE LE TÉTRODON LAGOCÉPHALE?. Tetraodon lagocephalus, Lacer., Cuv. Parvenus au second sous-genre des tétrodons, nous n'avons maintenant à examiner parmi ces carti- lagineux que ceux dont les deux mâchoires sont égale- ment avancées. 1. Tetraodon Honckenit, Ichihyolithologia veronensis, pars secunda, tab. 8, fig. 2. 2. Quatre-dents blanc, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , pianches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. ad. fr. 1, p. 59. Amcœænit. acad. 1, p. 510, fig. 4. « Gstracion cathetoplateo-oblongus , ventre tantum aculeato et sub- » rotundo. » Axrtedi, gen. 58, syn. 86. DES POISSONS. 239 Le lagocéphale a les côtés et le dessous du corps garnis de piquants, dont la base se divise en trois racines ou en trois rayons. Ce caractère , qui le sépare de tous les poissons renfermés dans le sous-genre dont il fait partie, le rapproche de l'étoilé, dont il diffère cependant par un très grand nombre de traits et particulièrement par l’égal avancement de ses deux mâchoires, l’absence de toute espèce de pointes sur son dos, le nombre des rayons de ses nageaires, la distribution de ses couleurs, et même parles racines ou rayons de ses piquants inférieurs ou latéraux, qui - n’ont que trois de ses rayons ou racines, tandis qu'il y en a cinq ou six à la base des pointes de l’étoilé. Au reste, cette division en trois, de la base des pe- tits dards du tagocéphale, lui a fait donner, par quelques naturalistes, le nom d'Étoilé, qui m'a paru convenir bien mieux au tétrodon que nous avons, en effet, décrit sous cette dénomination, puisque, dans ce dernier, la base des aiguillons est partagée en cinq ou six prolongations, et, par conséquent, bien plus rayonnante, bien plus stellaire. Le lagocéphale à ses piquants étoilés disposés en rangées longitudinales, un peu courbées vers le bas, et ordirrairement au nombre de vingt. Le dessus du corps est jaune avec des bandes bru- Gronov., mus. 1, n. 120, Zouph., 185. Seba, mus. 5, tab. 25, fig. 5. - Willughby, Ichth., p. 144, tab. 5, üg. 2. Ray., pisc., p. 45. Kan, kascasre, Valent. pise. Amb., fig. 19, p. 555, n. 19. « Tetrodon lagocephalus, orbe étoilé. » Bloch, p. 140. 294 HISTOIRE NATURELLE nes et transversales ; le ventre est blanc avec des ta- ches rondes et brunes. On trouve le lagocéphale non seulement dans l'Inde et auprès des côtes de la Jamaïque, mais en- core dans le Nil; cesqui doit faire présumer qu’on pourroit le pêcher dans la Méditerranée , auprès des rivages de l'Afrique. \ 1. Aux nagecires pectorales. . . . . . . . + 0) 20 TAYORES Arceletduidos et 2e nee ee nee eee 12 Acelletde Fanus. MAUR RTS ÉCART Arcelle’deBlarqueues.154ttt 220 tStaits An 1e DES POISSONS. 235 Dhdeiref Spedpadroip be Le LE TÉTRODON RAYÉ! Tetracdon lineatus, Linx., GMEL., Cuv. LE TÉTRODON CROISSANT? Tetraodon ocellatus, Lann., GMer., Cuv. LE TÉTRODON MAL-ARMÉ:, Tetraodon lœvigatus, Linx., Gmer., Cuv. ET LE TÉTRODON SPENGLÉRIEN. Tetraodon Spenglert, Lanx., Guez., Guv. CEs quatre tétrodons se ressemblent par un trop grand nombre de traits, pour que nous n’ayons pas 1. Mus. ad. fr. 2, p. 58. Quatre-dents rayé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l’Encylopédie méthodique. Tetraodon fahaca, Hasselquist, Iter, ele. 400. Tetraodon lineatus, Forskael, Faun. arab., p. 76, n. 114. « Tetraodon lineatus, tétrodon rayé. » Bloch, pl. 141. 2. « Tetraodon fascia humerali ocellata. » Mus. ad. fr. 2, p. 55. It. scan. 260. « Diodon ocellatus, kaï-po-y. » Osbeck, iter, etc., 226. « Tetraodon ocellatus, tétrodon croissant. » Bloch, pl. 145. Fu-rube, Kæmpfer, Jap. 1, p. 152. Seb, mus. 35, tab. 25, fig. 7 et 8. Rumph., Amb, 40. 259 HISTOIRE NATURELLE dù présenter ensemble leurs quatre images, afin qu'on puisse les mieux comparer, et les distinguer plus facilement l'une de lautre. Le rayé 5e trouve dans le Nil. Depuis la tête jusqu’au milieu du corps, il est hé- rissé de piquants extrêmement courts, tournés vers la queue, et qui occasionent des démangeaisons et d'autres accidents assez analogues à ceux que l’on éprouve lorsqu'on a touché des orties, pour qu'on ait regardé cet animal comme venimeux. Depuis le milieu da corps jusqu’à l'extrémité de la queue, la partie inférieure du rayé ne présente que de petits creux qui le font paroître pointillé. Au devant de cha- que œil est un tubercule terminé à son sommet par deux filaments très courts ; les deux tubercules se tou- chent 5. La ligne latérale passe au dessous de l'œil, descend ensuite, se relève, et s'étend enfin presque directement jusqu’à la nageoire caudale. Le rayé est, par dessus, d’un vert bleuâtre ; par dessous, d’un jaune roux; sur les côtés, d’un bleuâtre foncé; et, sur ce fond, on voit régner longitudina- Quatre-dents petit monde, Daubenton, Encylopédie méthodique. Id. Bonnaierre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Orbis asper maculosus, Willughby, p. 157. Ray., p. 45. 3. Quatre-dents lisse, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 4. Quatre- dents penton, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Tetraodon Spengleri, penton de mer. » Bloch, pl. 144. 5. Le rayé a aux nageoires pectorales. . . .. .. . 19 rayons. À celle du dos.. ::..7 RAA Let.. Le RE CINE Acelle de l'anus: 1.270081 tue GR AS ET A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 12 DES POISSONS. 257 lement et de chaque côté quatre raies brunes et bian- châtres, dont les deux supérieures sont courbes, et dont la troisième se partage en deux. Le croissant vit en Ég pte comme le rayé; mais il habite aussi en Asie, et particulièrement dans les eaux de la Chine et dans celles du Japon. Il est regardé, dans toutes les contrées où on le pêche, comme une nourriture très dangereuse, lorsqu'il n’a pas été vidé avec un très grand soin. La qualité funeste qu'on lui attribue vient peut-être le plus souvent de la aature des aliments qu’il préfère, et qui, salutaires pour ce poisson, sont très malfaisants pour d’autres animaux, et surtout pour l’homine ; mais il se pourroit qu’une longue habitude de convertir en sa propre substance des aliments nuisibles fit contracter à la chair même du croissant, ou aux sucs renfermés dans l’intérieur de son corps, des propriétés vénénenses. Cette qualité délétère du croissant est reconnue depuis plusieurs siècles au Japon et en Égypte , Où la superstition a fait croire pendant long-temps que l'espèce entière de ce tétrodou avoit été condamnée à renfermer ainsi un poison actif, parce que desindividus de cette même espèce avoient autrefois dévoré le corps d’un Pharaon tombé dans le Nil. Au reste, le venin que renferme le croissant, à quelque cause qu'il faille le rapporter, est très puissant, au moins dans le Japon, puisque, sui- vant Osbeck , cet animal peut y donner la mort, dans deux heures, à ceux qui s’en nourrissent!. Aussi les 1. Suivant Rumphius, l'antidote du poison contenu dans le té- trodon croissant est la plante à laquelle il a donné le nom de rex amoris. 238 HISTOIRE NATURELLE soldats de cette contrée orientale , et tous ceux de ses habitants sur lesquels on peut exercer une surveil- lance exacte, ont-ils recu une défense rigoureuse de manger du tétrodon croissant. Mais si l’on doit redouter de se nourrir de ce car- tilagineux, on doit aimer à le voir, à cause de la beauté de ses couleurs. Le dessous de son corps est blanc; ses nageoires sont jaunâtres; sa partie supérieure est d’un vert foncé; et sur son dos on voit une tache, et au devant de la tache une bande transversale, large, et en croissant, toutes les deux noires et bordées de jaune. Il n'y à de piquants que sur la partie inférieure du corps. La ligne latérale commence au devant de l'œil, passe au dessous de cet organe, se relève ensuite, et s'étend jusqu'à la nageGire caudale, en suivant, à peu près, la courbure du dos t. Le mal-armé a été observé dans la Caroline, où il parvient à une grandeur assez considérable. Il n’a d’aiguillons que depuis le museau jusque vers les na- geoires pectorales : il est ordinairement bleuâtre par dessus, et blanc par dessous; et ce qui sert à le dis- tinguer des autres tétrodons, c'est principalement ka double ligne latérale qu'il a de chaque côté?. 1. Le croissant a aux nageoires pectorales. : +; + -RIOITAVONS: Acelle AUTOS 2e er en Ur cat QE IT O Ancelle detl'an user LC ROUE Er A celle de la queue, qui est arrondie. .. . . . . 8 >. Le mal-armé a aux nageoires pectorales.. . . . . 18 rayons. Aclanageoire: dorsale: 2h: Loti teens Acelle dell'anus. 4: Re MES V0 SERRE ER NL À celle de la queue, qui est un peu festonnée.. . 11 DES POISSONS. 259 Quant au speaglérien, qui vit dans les Indes , et auquel le docteur Bloch a donné le nom de M. Speng- ler de Copenhague, qui lui avoit envoyé un individu de cette espèce, il se fait remarquer par deux ou trois rangées longitudinales de filaments ou barbillons, que l’on voit de chaque côté de son corps, indépendam- ment des aiguillons dont sou ventre est hérissé. Sa partie supérieure est d’ailleurs rougeâtre, avec plu- sieurs taches d’un brun foncé ; et sa partie inférieure, d’une blancheur qui n’est communément variée par aucune autre nuance !. 1. Aux nageoires pectorales du tétrodon spenglérien. 15 rayons. Ataellerdu dos ii es Na PNA CE PE NNLARES Acelle defl'anus LS LEE ERNST SAS ECG A celle de la queue, qui est arrondie... . . . . . 8 2/0 HISTOIRE NATURELLE CHOBPOPIPOBOBOBIPEHEBDOBEPEP IDE PIPAPIBEPEHEE DS EE! opoperoperomenpeteoss LE TETRODON ALLONGÉ: Orihagoriscus oblongus, Cuv. — Tetraodon ablongus, Linn., GMEL., Lacer. ET LE TÉTRODON MUSEAU-ALLONGÉ2. T'etraodon rostratus, Lann., Guez., Cuv. 5 0— Ces deux tétrodons habitent dans les Indes, Le pre- mier a tiré son nom de la forme de son corps, qui est beaucoup plus allongé que haut, et d’ailleurs cy- lindrique. Ce poisson présente de plus deux lignes latérales de chaque côté. La supérieure part au des- sus de l'œil, se baisse, se contourne, se relève , et suit à peu près la courbure du dos jusqu’à la nageoire caudale. La seconde commence auprès de la mâchoire d’en bas, et suit assez régulièrement le contour de la partie inférieure du corps jusqu’à la nageoire de la queue, excepté auprès de la nageoire pectorale, où elle se relève et forme un petit angle. L'ouverture des narines est double ; une pointe très 1. « Tetraodon oblongus, maxillis æqualibus; hérisson obleng. » Bloch, pl. 146, fig. 1. Quatre-dents hérisson oblong, Bonnaterre, planches de l'Encyclo- pédie méthodique. ; 2. « Tetracdon rostratus, tétrodon à bec. » Bloch, pl. 146, fig. 2. Quatre-dents hérisson à bec, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. DES POISSONS. 2/4i sensible et triangulaire est attachée à l’opercule des branchies, et tournée vers la queue; le dessus du corps offre des bandes transversales, brunes, variables dans leur nombre ; les côlés sont argentés, les na- geoires jaunâtres; et de petits piquants hérissent pres- que toute la surface du poisson 1. Le museau-allongé n’a de petits aiguilions que sur le dos, et sur le devant du ventre. [est gris par des- sus, et blanc par dessous ; les nageoires sont jaunâtres, surtout les pectorales, qui sont courtes et larges ; on voit autour des yeux des taches brunes disposées en rayons. Îl n’y a qu'une ouverture à chaque narine ; on n’aperçoit pas de ligne latérale; et les mâchoires sont en forme de petit cylindre et très allongées ?. HEPOÈDSE PETITES ET EROTOLIPEHESEBETERODLEOTOÉEPETELPEHOBEE - LE TETRODON PLUMIER:. Tetraodon P lumieri, Cuv: CE tétrodon, dont la description n’a pas encore été publiée, est représenté dans les dessins sur vélin que 1. Ïl y a aux nageoires pectorales de l'allongé. . . . 16 rayons. A la nageoïre dorsale.. . . . . . . . . . RAD 0) Acelle de lan re a nel de a Us 11 A celle de la queue, qui est arrondie... . . . . 19 2. Le museau-allongé à aux nageoires pectorales. . . 16 rayons. Acelle:du:dos:s 2 Lee ANT ÉO Afcellé de lanus/ Ne" PE le 8 A celle de la queue, qui estiarrondie. 1: 110 3. « Orbis minimus non aculeatus. » Plumier, dessins sur vélin déja cités. 2/2 HISTOIRE NATURELLE renferme la collection du Muséum d'histoire natu- relie, et qui ont été faits d’après ceux du naturaliste Plumier; et comme ce n'est qu'à ce voyageur que nous devons la connoiïssance de cet animal, j'ai donné à ce poisson le nom de lhabile observateur qui en a transmis la figure. Lorsque le tétrodon plumier n’est pas gonfié, son corps est assez allongé relativement à sa hauteur. Au delà de sa tête, on voit une sorte d’élévation pyra- midale à quatre faces, jaune, et recourbée en arrière, qui tient lieu, pour ainsi dire, d’une première na- geoire du dos. Au dessus de la nageoire de l’anus, qui est de la mème couleur, on voit d’ailleurs une nageoire dorsale qui est.également jaune, aussi bien que celle de la queue. Gette dernière est arrondie , et présente deux bandes transversales brunes. L'iris est bleu ; le dessus du corps, brun et lisse ; le dessous blanchâtre , très extensible , et garni de très petits piquants. Deux rangées longitudinales de taches d’un brun verdâtre règnent de chaque côté de l'animal, et ajoutent à sa beauté. DES POISSONS. 243 SeopepemeopedemerupeBHepeapobpeperemersdr prererereBpetreHopomEpOreHmoMmeBHeneLpeEphtoSr EME Er 9 LE TÉTRODON MÉLÉAGRIS! T'etraodon Meleagris, LAcEr. CE GE EN Commerson a laissé dans ses manuscrits une descrip- tion très étendue de ce poisson, qu'il a vu dans les mers de l’Âsie , et auquel il a donné le nom de Me- léagris, à cause de la ressemblance des nuances et de la distribution des couleurs de ce cartilagineux avec celles de la pintade que l’on a désignée par la même dénomination. Ce tétrodon est en effet brun, avec des taches innombrables, lenticulaires, blan- ches, et distribuées sur la tête , le dos, les côtés, le ventre , la queue, et même les nageoires. La peau est d’ailleurs hérissée de très petites pointes ur peu plus sensibles sur la tête. Chaque narine n’a qu'un orifice. Les branchies sont au nombre de trois de chaque côté; leur ouver- ture est en forme de croissant, leur membrane mince et flottante est attachée au bord antérieur de cette ouverture ; et les demi-cereles solides qui les soutien- nent sont dentelés dans leur partie concave. Ce poisson fait entendre le bruissement que l’on à remarqué dans la plupart des cartilagineux de son 1. « Tetraodon brunneus, hispidulus, maculis lenticularibus alhis » undequaque conspersus. » Commerson, manuscrits déjà cités. 244 HISTOIRE NATURELLE genre, d'une manière peut-être plus sensible que ces derniers, au moins à proportion de son volume î. ? s ——— CE poisson est très petil; il ne parvient ordinaire- ment qu’à la longueur de cinq ou six centimètres : sa 1. Centriscus sumpit. LRU MA Sel : Pallas, Spicil. zoolog. 8, p. 56, tab. 4, fig. 8. Centrisque sumpit, Daubenion, Encyclopédie méthodique. id. Bonnaterre , pianches de l'Encyclopédie méthodique DES POISSONS. 345 parure est élégante ; l'éclat de l'argent brille sur les côtés de son corps, et se change sur sa partie supé- rieure en une sorte de couleur d’or un peu pâle, que relèvent quelques raies de différentes couleurs et pla- cées obliquement. On ne voit sur son dos qu’une cuirasse assez courte, en comparaison de celle qui garantit l'espèce de centrisque que nous avons déjà décrite ; et c’est parce que celle arme défensive ne s'étend pas jusqu'à l’éxtrémité de la queue, que Pal- las , auquel nous devons fa connoissance de cet ani- mal, l’a désigné par lépithète d’Armé à la légère. Cette armure moins étendue lui donne d’ailleurs des mouvements plus libres, qui s’allient fort bien avec l’agrément des couleurs dont il est peint. Au reste, cette couverture se termine en pointe, et se réunit, pour ainsi dire, à une sorte de piquant couché en ar- rière , un peu mobile, très aigu, denteié , creusé par dessous, et placé au dessus d’un second aiguillon que le poisson cache à volonté dans une fossette lon- gitudinale. À la suite de ces pointes, que l’on peut considérer comme une première nageoire dorsale, d'autant plus qu’elles sont réunies par une mem- brane , on voit la seconde nageoire du dos, dans la- queile on compte douze rayons!. Une petite raie sail- lante s'étend de chaque côté, depuis le bout du museau jusqu'à l'œil; et un petit aiguillon recourbé 1. A la membrane des branchies il y a. . . . .. 5 rayons. À chaque nageoiïre pectorale. . . . + . . . . .. 19 A chaqueinageoire\ventrale:", : 22101 eme 4 Ascellesdetlanus MEME URI QUE PARENT Ve) 346 HISTOIRE NATURELLE vers l’anus est placé au devant de cette dernière ou- verture. ABS ID SDS ED DFE DEHED 2 CHOSES TEE PEOPLE SPSMSDEEPEMETE EEE PEROPETOD CHEPEL EE LE CENTRISQUE BÉCASSE" Centriscus scolopaz, Linx., Guer., Lacer., Cuv. CET animal, que l’on voit quelquefois dans le mar- ché de Rome, et dans ceux des pays voisins, n’est 1. Centriscus scolopax. Trombetta, sur la côte de Gênes. Soffietta, aux environs de Rome. Elephas. Centrisque bécasse, Daubenton, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bécasse, scolopax, ascalopax, Rondelet, Histoire des poissons, liv. 15, chap. 4. Centriscus squamosus , Bloch, pl. 125, fig. 1. Gronov., Zooph., p. 128, n. 595. Meerschnepf, Jonston , lib. 1, tit. 1, cap. 1. a, tab. 1, n. 9. « Solenostomus rostro trientem totius piscis æquante. » Klein, miss. pisc. 4, p. 24, n. 1. Gesner, Aquat., p. 858, icon. änim., p. 11, thierb., p- 4. Scolopax , Aldrov., pisc., p. 298. Willughby, ichthyol., p. 160, tab. I, 25, fig. 2. Trumpet, or bellows fish, Ray., pisc., p. 50. Charleton, Onom., p. 125. « Balistes aculeis duobus, loco pinnarum ventralium , solitario intra » anum. » Artedi, gen. 54, syn. 82. DES POISSONS. 347 pas tout-à-fail aussi petit que le sumpit : il présente ordinairement une longueur de plus d’un décimètre, et se distingue facilement de plusieurs autres poissons avec lesquels on l’apporte, par sa couleur qui est d’un rouge tendre et agréable. Les pièces qui com- posent la couverture supérieure du cuirassé et du sumpit, sont remplacées sur le centrisque bécasse par des écailles dures, pointues, et placées les unes au dessus des autres; inais on voit un piquant à l’ex- trémité du dos de ce cartilagineux, comme sur celui des poissons de son genre qui sont déjà connus. Cet aiguillon très fort, dentelé des deux côtés, et mobile de manière à pouvoir être couché dans une fossette, est le premier rayon de la nageoire dorsale anté- rieure, dans laquelle on compte quatre rayons en tout ; la seconde nageoire dorsale est composée de dix-sept rayons!, L'extrémité du long museau du poisson que nous décrivons, est un peu relevée, et présente l’ouverture de la bouche, que l’animal peut fermer à volonté par le moyen d’un cpercule attaché au bout de la mâchoire inférieure. C’est la grande prolongation de ce museau, et la forme assez ténue de cette sorte de tuyau, qui ont fait comparer le cartilagineux dont nous nous Gecupons, tantôt à une bécasse, et tantôt à l’un des quadrupèdes les plus éloignés de ce poisson par les divers traits de leur conformation, ainsi que par lénormitlé de leur taille, 1. À La membrane des brauchies.. . , . . sus ei ,18 rayons. À chaque nageoire pectorale. . . . . . . Alt Achaque nageoireinférieure.).}2 1.1. 14124740 5 Avcelle de lianus Peer EE ARR SRE ENT S À celle de fa queue, qui est arrondie. . f . . .. 9 48 HISTOIRE NATURELLE O1 à l'éléphant, dont le nez s'étend cependant en une trompe bien difiérente, dans son organisation, du museau d’un centrisque. La figure de ce même mu- seau a fait aussi donner le nom de Soufflet à la bé- casse, dont on s'est beaucoup occupé, parce que ce poisson à une chair délicate. Le premier rayon des nageoires pectorales de ce centrisque est très long; les nageoires inférieures sont très petites, et l'animal peut les cacher aisément dans un sillon osseux. DES POISSONS. 549 4980303 7H05040-15-0453040 20301p0 10:50 .5-0.5-0.5810:10 5080 5047016040 10.600400 HO Lo S.B- 0 0-0 9 LoH0 OA POISSONS OSSEU X. Lorsque nous avons, par la pensée, réuni autour de nous les diverses espèces de poissons qui peuplent lies mers ou les eaux douces du globe, lorsque nous les avons contraintes, pour ainsi dire, à se distribuer en différents groupes, suivant l’ordre des rapports qui les distinguent, nous les avons vues se séparer en deux immenses tribus. D'un côté ont paru les pais- sons cartilagineux; de l’autre, les asseux. Nous nous sommes occupés des premiers ; examinons avec soin les seconds. Nous avons assez indiqué les différences qui les séparent ; exposons donc, au moins rapide- ent, les ressemblances qui les rapprochent. Elles sont grandes, en effet, ces ressemblances qui les lient. Les formes extérieures, les organes intérieurs, les armes pour attaquer, les boucliers pour se défes- dre, la puissance pour nager, lappareil pour le vol, et jusqu'à cette faculté invisible et terrible de faire éprouver à de grandes distances des commotions vio- lentes et soudaines, tous ces attributs que nous avous remarqués dans les cartilagineux, nous allons les re- trouver dans les osseux. Nous pouvons, par exemple, opposer aux pétromyzons et aux gastrobranches , Les cécilies, les murenes, les ophis; aux raie, les pleu- 290 HISTOIRE NATURELLE ronectes; aux squales, les ésoces ; aux acipensères, les loricaires; aux syngnathes, les fistulaires; aux pégases , les trigles et les exocets; aux torpilles et au tétrodon électrique, le gymnote et le silure, égale- ment électriques ou engourdissants. À la vérité, les diverses conformations des cartilagineux ne se ren- conlrent dans les osseux qu'altérées, accrues, dimi- nuées, ou du moins différemment combinées; mais elles reparoissent avec un assez grand nombre de leurs premiers traits, pour qu'on les reconnoisse sans peine. Elles annoncent toujours l'identité de leur origine ; elles attestent l'unité du modèle d’après le- quel la nature a façonné toutes les espèces de pois- sons qu’elle a répandues au milieu des eaux. Et que ce type de la vitalité et de l’animalité de ces innom- brables animaux est digne de l'attention des philoso- phes ! Il n'appartient pas, en effet, exclusivement à la grande classe dont nous cherchons à dévoiler les propriétés : son influence irrésistible embrasse tous les êtres qui ont reçu la sensibilité. Bien plus, son image est empreinte sur tous les produits de la ma- tière organisée. La nature n’a, pour ainsi dire, créé sur notre globe qu’un seul être vivant, dont elle a ensuite multiplié des copies plus ou moins modifiées. Sur la planète que nous habitons, avec la matière brute que nous foulons aux pieds, au milieu de l’at- mosphère qui nous environne, à la distance où nous sommes placés des différents corps célestes qui cir- culent dans l’espace, et sous l'empire de cette loi qui commande à tous les corps et les fait sans cesse oraviter les uns vers les autres, il n’y avoit peut-être qu'un moyen unique de départir aux agrégations de DES POISSONS. 55h la matière la force organique, c’est-à-dire, le mou- vement de la vie et la chaleur du sentiment. Mais comme cette cause première présente une quantité infinie de degrés de force et de développement, et que, par-conséquent, elle a donné naissance à un nombre incalculable de résultats produits par les dif- férentes combinaisons de cette série immense de de- grés, la nature a pu être aussi admirable par la variété des détails qu’elle a créés, que par la sublime simpli- cité du plan unique auquel elle s’est asservie. C'est ainsi qu’en parcourant le vaste ensemble des êtres qui s'élèvent au dessus de la matière brute, nous voyons une diversité, pour ainsi dire, sans bornes, de gran- deur, de formes et d'organes, devenir, par une suite de toutes les combinaisons qui ont pu être réalisées, le principe et le résultat d’une intussusception de substances très divisées, de l'élaboration de ces sub- stances dans des vaisseaux particuliers, de leur réu- nion dans des canaux plus ou moins étendus, de leur mélange pour former un liquide nutritif, C’est ainsi qu’elle est la cause et l'effet de l’action de ce liquide, qui, présenté dans un état de division plus ou moins crand aux divers flaides que renferment l'air de lat- mosphère , ou l’eau des rivières et des mers, se com- bine avec celui de ces fluides vers lequel son essence lui donne la tendance la plus forte, en reçoit des qualités nouvelles, parcourt toutes les parties suscep- tibles d’accroissement ou de conservation, maintient dans les fibres l’irritabilité à laquelle il doit son mou- yement, devient souvent, en leriminant sa course plus ou moins longue et plus ou moins sinueuse, une nouvelle substance plus active encore, donne par 992 HISTOIRE NATURELLE cette métamorphose à l'être organisé le peuvoir de sentir, ajoute à la faculté d’être mû celle de se mou- voir, convertit une sujélion passive en une volonté efficace, et complète ainsi la vie et l’animalité. Nous venons de voir que les mêmes formes exté- rieures et intérieures se présentent dans les poissons cartilagineux et dans les poissons osseux : les résultats de la conformation prise dans touie son étendue doi- vent donc être à peu près les mêmes dans ces deux sous-classes remarquables. Et voilà pourquoi les os- seux nous offriront des habitudes analogues à celles que nous avons déjà considérées en traitant des carti- lagineux, non seulement dans Ja manière de venir à la lumière , mais dans celle de combattre, de fuir, de se cacher, de se mettre en embuscade, de se nourrir, de rechercher les eaux les plus salutaires, la tempéra- ture la plus convenable, les abris les plus sûrs. Voilà pourquoi encore nous verrons dans les osseux, comme dans les cartilagineux, l’instinct se dégrader à mesure que des formes très déliées et un corps très allongé seront remplacés par des proportions moins propres à une grande variété de mouvements, et surtout par un aplatissement très marqué. Nous verrons même ce décroissement de lintelligence conservatrice dont nous avons déjà parlé, se montrer avec bien plus de régularité dans les poissons osseux que dans les carti- lagineux, parce qu'il n'y est pas contre-balancé, comme dans plusieurs de ces derniers, par des organes parti- culiers propres à rendre à l'instinct plus de vivacité que ne peuvent lui en ôter les autres portions de Por ganisalion. :. Discours sur la nature des poissons. A DES POISSONS. 1900 En continuant de considérer dans tout leur ensem- ble les osseux et les cartilagineux, nous remarque- rons que les premiers comprennent un bien plus orand nombre d'espèces rapprochées de nos demeu- res par leurs habitations, de nos besoins par leur uti- lité, de nos plaisirs par leurs habitudes. C’est prin- cipalement leur histoire qui, entraînant facilement la pensée hors des limites et des lieux et des temps, . rappelle à notre esprit, ou, pour mieux dire , à notre cœur altendri, et les ruisseaux, et les lacs, et les fleuves, et les jeux innocents de l'enfance, et Îles joyeux amusements d'une jeunesse aimante sur les bords verdoyants de ces eaux romantiques. On ébranle vivement l'imagination en peigaant l'immense Océan qui soulève majestueusement ses ondes, et les flots tumultüeux mugissant sous la violence des tempêtes, et les énormes habitants des mers resplendissants au milieu de l’éclatante lumière de la zone torride, ou luttant avec force contre les énormes montagnes de glace des contrées polaires : mais on émeut profon- dément l'âme en lui retraçant la surface tranquille d’un lac qui réfléchit la clarté mélancolique de la lune, ou le murmure léger d’une rivière paisible qui serpente au milieu de bocages sombres, ou les mou- vementis agiles, les courses rapides, et, pour ainsi dire, tes évolutions variées de poissons argentés, qui, en se jouaut au milieu d’un ruisseau limpide, troublent seuls Le silence et la paix d’une rive ombra- sée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour le génie ; les seconds appartiennent à Fa touchante sen- CORRE sipiiite. 394 HISTOIRE NATURELLE AAA AN AAA AARAUR AA VAI VA MMM AA AAA AAA AA AAA AAA AA MA AA AAA AAA ARS FABLEAU DES GENRES DES POISSONS OSSEUX. GO CLASSE DES POISSONS. LE SANG ROUGE; DES VERTÈBRES;: DES BRANCHIES AU LIEU DE POUMONS. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, OÙ CINQUIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule branchial, et une membrane branchiule. ———————— Q1 SA ot DES POISSONS. DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES PGISSONS, PREMIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre le museau et l'anus. GENRES. CARACTÈRES. Point de nagcoires, l'ouverture des bran- 29. GÉCILIE. £ DENT chies sous le cou. Point d’autre nageoire que celle de la queue; les ouvertures des narines placées entre les yeux. Point de nageoires peccorales ni caudales ; l'ouverture des branchies située en par- tie au dessous de Ja tête. 25. MoOPTÈRE. 24. LEPTOCÉPHALE. Des nageoires pectorales et de l'anus ; point de nageoires du dos ni de la queue. Point de nageoire caudale ; le corps et la queue très allongés, très comprimés, et en forme de lame; les opercules des bran- chies placés très près des veux. 26. TRrICHIURE. Des nageoires pectorales, de l'anus et du dos; point de nageoïre caudale ; le corps très court. 25. Gyuxore. ( | 27. NoToPTÈRE. /Point de nageoïire caudale; le corps et la queue cylindriques et très allongés rela- 28. OPuIsuRre. tivement à leur diamètre; la tête petite; les { narines tubulées ; la nagecire dorsale et celle de l’anus très longues et très basses, GENRES. 29. TRIURE. 01. REGALEC. 59. ODONTOGNATHE. 595. MurENE. 54. AMMODYTE. 55. OPnrnie. 36. MaAcROGNATHE. O1 “1 k À 5 [=] vd > “2 Makaira. 50, APTÉRONOTE. nd + A, PS M —, La, HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. La uageoire de la queue très courte; celle du dos et celle de l’anus étendues jus- qu'au dessus et au dessous de la quene; le museau avancé en forme de tube ; une seule dent à chaque mâchoire. Une nagcoire de la queue; point de nageoire du dos; les mâchoires non extengibles. Des nageoires pectorales, du dos, et de la queue; point de nageoire de l’anus, ni de série d'aiguillons à la place de cette dernière nageoïre ; le corps et la queue très allongés. Une lame longue, large, recourbée ; den- telée, placée de chaque côté de la mâ- choire supérieure , et entraînée par tous les mouvements de la mâchoire de des- SOS. Des nageoires pectorales, dorsale, caudale et de l'anus: les nageoires tubulées: les yeux voilés par une pe le (OubE serpentiforme ct visqueux. Une nageoire de l'anus ; celle de la queue séparée de la nageoïre de l'anus et de celle du des; la tête comprimée et plus étroite que le corps: la lèvre supérieure double: la mâchoire inférieure étroite et pointue: le corps très allongé. La tête couverte de grandes pièces écailleu- ses; le corps ce la queue comprimés en forme de lame, et garnis de petites écailles ; la membrane des branchies très large ; les nageoïres du dos. de la queue et de l'anus, réunies. {La mâchoire supérieure très avancée et en \ forme de trompe; le corps et la queue comprimés comme une lame ; les nageoi- res du dos et de l'anus distinctes de celle de la queue. - La mâchoire supérieure prolongée en forme \ de lame ou d'épée, et d'une longueur au moins égale au tiers de la longueur totale de l'animal. - La mâchoire supérieure prolongée en forme \ de lame d'épée, et d'une longueur égale au cinquième ou tout au plus au quart de DES POISSONS. GE OX I GENRES. CARACTÈRES. / la longuéur totale de l'animal; deux bou- # PES cliers osseux et lancéolés de chaque côté 58. Maxarma. de l'extrémité de la queue; deux nageoïres dorsales. Le museau arrondi; plus de cinq dents co- 9g. ANARHIQUE. Liques ; des dents molaires en haut et en bas; une longue nageoire dorsale. /Le corps allongé et comprimé ; la tête et l'ouverture de la bouche très grandes ; le museau large et déprimé ; les deuts très petites; deux nageoires dorsales; plusieurs rayons de la seconde, garnis de longs fila- ments. A1. STROMATÉE. [Le corps très comprimé et ovale. /Le corps très comprimé et assez court; cha- que côlé de l’animalreprésentantunesorte Ao. Comépaore. 42. Rome. de rhombe ; des aiguillons où rayons non articulés aux nageoires du dos ou de l'anus. —"S$——— DIX-HUITIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou SECOND ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS JUGULAIRES. Des nageoires situées sous la gorge. GENRE. CARACTÈRES. Un seul rayon à chacune des nageoires ju- AS NI ENST D \ gulaires; trois rayons à la membrane des | branchies ; le corps allongé, comprimé , et en forme de lame. LACÉPEDE. VI. 23 ©1 [SA (2 GENRES. 44. CALLIONYME. 45. 46. 48. 5o. 59. CALLIOMORE. Uranoscope. TRACHINE. GADE. BarrAcHOÏDE. BLzENNE. OzIGOPODE. KuurTe. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES,. /La tête plus grosse que le corps ; les ouver- | tures branchiales sur la nuque; les na- ÉR RE es jugulaires très éloignées l'une de | l'autre ; Le corps et la queue garnis d'é- , caïlles à peine visibles. La tête plus grosse que le corps ; les ouver- tures branchiales placées sur les côtés de l'animal; les nageoires jugulaires üès éloi- gnées l’une de l’autre; le corps et la queue garnis d'écailles à peine visibles. /La tête déprimée, ct plus grosse que Île corps; les yeux sur la partie supérieure de la tête, et très rapprochés; la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que la | supérieure; l'ensemble formé par le corps et la queue, presque conique, et revêtu d'écailles très faciles à distinguer; chaque “ opercule branchial composé °d une seule pièce, et garni d’une membrane ciliée. La tête comprimée, et garnie de tubercules ou d’aiguillons ; une ou plusieurs pièces de chaque opercule, dentelées : le corps et la queue allongés, comprimés, et cou- verts de petites écailles ; l'anus situé très près des nageoires pectorales. La tête comprimée; les yeux peu rapprochés l'an de l’autre. et placés sur les câûtés de la tête; le corps allongé , peu com- primé, et revêtu de petiles écailles ; les opercules composés de plusieurs pièces, et bordés d’une membrane nou ciliée. La tête très déprimée et très large; l’ouver- ture de la bouche très grande; un ou plu- sieurs barbillons attachés autour ou au dessous de la mâchoire inférieure. Le corps et la queue allongés et comprimés; deux rayons au moins, et quatre rayons au plus à chacune des nageoires jugulaires. Une seule nageoiïre dorsale; cette nageoïre du dos commençant au dessus de la tête, ets’étendant jusqu'à la nagcoire caudale, ou à peu près: un seul rayon à chaque nageoire jugulaire. { Le corps très comprimé et caréné par dessus { ainsi que par dessous ; le corps élevé. DES POISSONS. QI 99 GENRE. CARACTÈRES, Le corps et la queue très hauls, très com- ( primés, et aplatis latéralement de ma- nière à représenter un ovale; uné seule D9. CHRYSOSTROME. (l nageoire dorsaie. DIX- NEUVIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES TOISSONS, OU TROISIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX, 2 POISSONS THORACINS. Des nageoires inférieures placées sous la poitrine et au dessous des pectorales. GENRES. CARACTÈRES. Le corps très allongé et comprimé en forme 54. Léprore. de lame; un seul rayon aux nageoires thoracines et à celle de Fanus. 55. HraTuLe. | Point de nageoïre de l'anus. Une nageoire de l'anus ; plus d'un rayon à chaque nageoire thoracine ; le corps et PEU Gone à queue très allongés et comprimés en orme de lame; le ventre à peu près de la longueur de la tête; les écailles très \ petites. / Une nageoire de l’anus ; les nageoïres pec- torales en forme de disque, et composées d'un grand nombre de rayons; le corps et la queue très allongés et comprimés en 57. Tzænroine. Gn [SA] 64. 65. 66. HISTOIRE NATURELLE GENRES. TANIOÏDE. GOBIE. GOBIOÏDE. GOBIOMORE. GoBIOMOROÏLE. GoBILSOCE. SCOMBRE. ScOMBÉROÏDE. CARANX: FRACHINOTL. CARACTÈRES. forme de lame ; le ventre à peu près de la longueur de la tête; les écailles très pe- | tites; les yeux à peine visibles ; point de nageoire Caudale. ( Les deux nageoires thoracines réunies l’une À à l’autre ; deux nageoires dorsales. , Les deux nageoires thoracines réunies l’une à l’autre: une seule nagecire dorsale; la tête petite; les opereules attachés dans une grande partie de leur contour. | deux nageoires thoracines non réunies me. l'une à l'autre; une seule nageoiïre dor- sale ; la tête petite ; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. , Les deux nageoires thoracines non réunies l'une à l’autre; une seule nageoire dor- sale ; la tête petite ; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de feur contour. /Les deux nageoires thoracines non réunies | l'une à Fautre; une seule nageoire dor- | sale; cette nageoire courte et placée au ) dessus de l’extrémité de la queue, très / près de la nagecire caudale ; la têle très \ grosse et plus large que le corps. /Deux nageoires dorsales ; une ou plusicurs | petites nageoires au dessus et au dessous | de la queue ; les côtés de la queue caré- \ nés, ou une petite pageoire composée de | deux aiguillons réunis par une membrane \ au devant de la nageoire de l'anus. , Be petites nageoires au dessus et au dessous de la queue ; une seule nageoire dorsale ; plusieurs aiguillons au devant de la na- geoire du dos. / Deux nageoires dorsales ; point de petites | nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés lon- gitudinalement en carène , ou une petite nageoire composée de deux aïiguillons et d'une membrane au devant de la nageoire \ de l'anus. - Deux nageoires dorsales; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de l« \ queue: les côtés de la queue relevés lon- 66. 67. 68. 69- 70: 71. GENRES. TracuINoTE. CABANXOMORE. Czæsio. CÆSIOMORE. Conis. Gomprosx. DES POISSONS. 561 CARACTÈRES. gitudinalement en carène , Ou une pelile hageoire composée de deux aiguillons et d'une membrane au devant de fa nageoire de l’anus: des aiguillons cachés sous la peau au devant des nageoires dorsales. nageoires au dessus ni au dessous de la queue; les côtés de la queue relevés lon- gitudinalement en carène, ou une petite nageoïire composée de deux aïguillons et d’une membrane au devant de la na- geoire de l'anus, ou la nageoïire dorsale Frés prolongée vers celle de la quete; la lèvre supérieure très peu extensible ou É seule nageoire dorsale; point de petites \ \ non extensible ; point d'aiguillons isolés au devant de la nageoïre du dos. /Une seule nageoïre dorsale; point de pelites P< nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côlés de la queue relevés lon- gitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aïiguillons et d'une membrane au devant de la na- geoire de l'anus, ou la nagcoïire dorsale très prolongée vers celle de la queue ; la lèvre supérieure très extensible ; point d’aiguillons isolés au devant de la na- geoire du dos. {Une seule nageoire dorsale ; point de pelites | nageoires au dessus ni au dessous de la queue; point de carène latérale à la queue, ni de petite nageoire au devant de celle de l’anus ; des aïiguillons isolés au devant de la nageoïre du dos. La tête grosse et plus élevée que le corps ; le corps comprimé et très allongé ; le pre- mier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines une ou deux fois plus allongé que les autres; point d’écail- les semblables à celles du dos sur les eper- eules ni sur la tête, dont la couverture lamelleuse et d'une seule pièce représente une sorte de casque. Le museau allongé en forme de clou ou de masse; la tête et les opercules dénués d’é- cailles semblables à celles du dos. GENRES. 72. Nason. 79. Kipnose. 74. OspunoNÈME. 75. Tricnopopr. 36. MOoNODACTYLE. 37. PLECTORRINQUE. 78. Poconras. 79. Bos-nycus. 80. Bosrrycuoïps. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. Une protubérance en forme de corne, ou de grosse loupe, sur le nez; deux plaques ou boucliers de chaque côté de l’extré- mité de la queue; le corps et la queue recouverts d’une peau rude et comme chagrinée. Le dos irès élevé au dessus d’une ligne tirée \ | ( { ( depuis le bout du museau jusqu’au milieu de la nageoïre caudale; une bosse sur la nuque; des écailles semblables à celles du dos sur la totalité ou une grande par- tie des opercules, qui ne sont pas den- telés. Cinq ou six rayons à chaque nageoire tho- racine; le premier de ces rayons aiguil- lonné , et le second terminé par un fila- ment très long. Un seul rayon beaucoup plus long que le corps à chacune des nageoires thoraci- cines; une seule nageoire dorsale. / Un seul rayon très court et à peine visible ( | | à chaque nageoïre thoracine ; une seule nageoire dorsale. lons isolés au devant de la nageoire du dos, de carène laterale ni de petite na- geoire au devant de celle de l'anus; les lèvres plissées et contournées; une ou plusieurs lames de l’opercule branchial , dentelées. seule nageoire dorsale ; point d’aiguil- Une seule nageoïire dorsale; point d’aiguil- | Le corps allongé ct serpentiforme; deux na- lons isolés au devant de la nageoire du dos, de carène latérale ni de petite na- geoire au devant de celle de l'anus; un très grand nombre de petits barbillons à la mâchoire inférieure. geoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue; deux barbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile. Le corps allongé et serpentiforme: une seule nageoïre dorsale ; celle de Ia queue sépa- rée de celle du dos, deux barbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile. DÉS POISSONS. 3063 GENRES. CARACTÈRES. Un plaque très grande, ovale, composée de lames transversales, el placée sur la têle, qui est déprimée. { Deux nageoires sur le dos; la queue deux 82. Macroons. {fois plus longue que le corps. 81. ÉCHÉNÉIS. Le sommet de la tête très comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé antérieure- 83. CoRYPnÈNE. ment par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos ; une seule nageoire dorsale , et cette nageoire du dos presque aussi longue que le corps \ et la queue. /Le sommet de la tête très comprimé , et comme tranchant par le haut, ou très élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical , ou lerniiné antérieure- ment par un quart de cercle, ou garni 84. Hémepréronote. < d'écailles semblables à celles du dos; une seule nageoiïre dorsale, et la longueur de | celte nageoire du dos ne surpassant pas ou surpassant à peine la moité de la lon- gueur du corps et de la queue pris en- \ semble. /Le sommet de la tête très comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très élevé et finissant sur le devant par un pian presque vertical, ou terminé antérieure- 85. ConYPHÉNOÏDE. ment par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos ; une | seule nageoire dorsale; l'ouverture des branchies ne consistant que dans une fente transversale. Le corps et la queue couverts d’une sorte FN CA A de cuirasse écailleuse ; deux nageoires sur le dos; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. Le corps et la queuc couverts d’une sorte de cuirassc écailleuse ; une seule nageoire sur le dos; moins de quatre rayons aux nageoires thoracines. La tête plus large que le corps, la forme | générale un peu conique: deux nageoires sur le dos: des aïguilions ou des tuber- | cules sur la tête ou sur les opercules des branchies ; plus de trois rayons aux na- \ geoires thoracines, 37. ASPIDOPHOROÏDE. 88. Core. 564 90. 92. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. La tête garnie d’aiguillons, ou de protu- GENRES. SCORPÈNE. ScOMBÉROMORE. GASTÉROSTÉE. | CENTROPGDE. | \ CENTROGASTÈRE. { CENTRONOTE. | \ LÉPISACANTRE. Le, CÉPHALACANTHE. \ DacTyLoPrTÈRE. bérances, ou de barbillons. et dépour- vue de petites écailles; une seule nageoire dorsale. Une seule nageoiïre dorsale; de petites na- geoires au dessus et au dessous de laqueue: point d’aiguillons isolés, au devani de la nageoire de dos. ‘Une a nageoire dorsale ; des aiguillons isolés , on presque isolés, au des ae de la nageoiïre du dos ; une carène longitu- dinale de chäque côté de la queue ; un ou deux rayons au plus à chaque nageoïre thoracine; ces rayons aïguillonnés. Deux nageoires dorsales; un aïguiilon et cinq ou six rayons articulés très petits à chaque nageoire thoracine ; point de pi- quarts isolés au devant des nageoires du dos, mais les rayons de la première dor- sale à peine réunis par une membrane ; point de carène latérale à la queue. Quatre aiguillons et six rayons articulés à chaque nageaire thoracine. Une seule nageoire dorsale ; quatre rayons au moins à chaque thoracine ; des pi- quants isolés au devant de la nageoiïre du dos : une saillie longitudinale sur chaque côté de la queue, ou deux aïguillons au devant de la nageoiïre de l'anus. Les écailles du dos grandes, ciliées et ter- ninées par un aiguillon ; Îles opereules dentelés dans leur partie postérieure, et dénués de petiles écailles ; des aïguiïllons isolés au devant de la nagcoïre dorsale. Le derrière de la lête garni, de chaque côté, de deux piquants dentelés et très longs ; point d’aiguillons isolés au devant de la pageoire du dos. Une petite nageoïre composée de rayons soutenus par une membrane, auprès de la base de chaque nageoire peetocrale. Des aïguillons dentelés entre les deux na- \ PRIONOTE. | ( TRIGLE. ( geoires dorsales ; des rayons articulés et non réunis par une mem brane auprès de chacune des nageoires pectorales. Point d'aiguillons dentelés entre les deux nageoires dorsales; des rayons arliculés et non réunis par une membrane, auprès de chacune des nageoires pectorales. 100. 101. 102. 105. 10/4. 105. 106. 107. GENRES. PÉRISTÉDION. ISTIOPHORE. GYMNÈMRE. Muzze. APOGON. LONCAURE, Macropops. LABRE. DÉS POISSONS. 563 CARACTÈRES. Des rayons articulés et non réunis par une membrane auprès des nageoires pecto- rales; une seule nageoire dorsale; point d’aiguillons dentelés sur le dos; une ou plusieurs plaques osseuses au dessous du + COr ps. /Point de rayons articulés el libres auprès | des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au dessous du corps; la pre- mière nageoire du dos arrondie, très lon- | gue, et d’une hauteur supérieure à celle | du corps: deux rayons à chaque thora- \ , cine. Point de nageoiïre de l'anus ; une seule na- geoire dorsale: les rayons des nageoires thoracines très allongés. le] \ ( e corps couvert de grandes écailles qui se détachent aisément: deux nageoires dor- sales ; plus d’uu barbillon à la mâchoire inférieure. -Les écaîlies grandes et faciles à détacher ; le { sommet de la tête élevé ; deux nageoires l dorsales; point de barbillons au dessous de la mâchoire inférieure. La nagcoire de la queue lanctolée ; cette | nageoire et les pectorales aussi longues. au. moins, que le quart de la longueur totale de l'animal: la nagcoire dorsale | longue et profondément échancrée; deux barbillons à la mâchoire inférieure. Les thoracines au moins de la longueur du corps proprement dit; la nageoire cau- dale très fourchue, et à peu près aussi ) longue que le tiers de la longueur totale de l'animal; la tête proprement dite et | les opercules revêtus d’écailles sembla- bles à celles da dos ; l'ouverture de la \ bouche très petite. /Ea lèvre supérieure extensible: point de dents incisives ou molaires : Les opercules des branchies dénués de piquants et de dentelure ; une seule nageoire dorsale ; ] cettenagcoire du dos très séparée de celle | de la queue, ou très éloignée de la nu- que, ou composée de rayons terminés, \ par un filament. 566 105. 106. 110. 111. L12. 11/4. GENRES. CHEILINE. IISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. / Ba lèvre supérieure extensible; les opercules CREILODIPTÈRE. | OPHICÉPHALE. HoLocymnose. ScaARE. OSTORHINQUE. SPARE. des branchies dénués de piquanis et de dentelure ; une seule nageoïre dorsale ; cetle nageoïire du dos très séparée de celle de la queue, ou très éloignée de la nu- que, ou composée de rayons terminés par un filament ; de grandes écailles ou des appendices placés sur la base de la nageoire caudale, ou sur les côtés de la queue. La lèvre supérieure extensible; point de dentisincisives ni molaires; les opercules des branchies dénués de piquauts et de dentelure ; deux nageoires dorsales. /Poïnt de dents incisives ni molaires; les | | | | | | [ | | opercules des branchies dénués de pi- quants et de dentelure; uneseule nageoiïre dorsale ; ia tête aplatie, arrondie par de- vant, semblable à celle d’un serpent, et couverte d'écailles polygones, plus gran- des que celles du dos, et disposées à peu près comme celles que l’on voit sur la tête de ja plupart des couleuvres:; tous les. rayons des nageoires articulés. Toute la surface de l'animal dénuée d’écail- les facilement visibles ; la queue repré- sentant deux cônes tronqués , appliqués le sommet de l’un contre le sommet de l'autre; et inégaux en longueur ; la cau- dale très courte: chaque thoracine com- posée d'un ou plusieurs rayons mous et réunis ou enveloppés de manière à imi- ter un barbilloa charnu. Les mâchoires osseuses très avancées, et te- nant lieu de véritables dents ; une seule nageoire dorsale. Les mâchoires osseuses très avancées, et te- nant lieu de véritables dents: deux na- geoires dorsales. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou non extensibles ; ou des dents incisives, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs ; point de piquants ni de dentelure aux opercules; une seule nageoire dorsale; cette nageoïre éloignée de celle de la queue, ou la plus grande GENRES. 14. SPARE. 219. Drpriropox. 116. LUTIAN. 117. CENTROPOME. 118. Bopran. 119. TÆNIANOTE. 120. SCIÈNE. 221. MicROPTERE. DES POISSONS. 367 | | | | | | | CARACTÈRES. hauteur du corps proprement dit, supé- rieure, ou égale, ou presque égale à la longueur de ce même corps. Les lèvres supérieures peu extensibles, ou non extensibles ; ou des dents incisives, ou des dents molaires disposées sur un ou plusieurs rangs ; point de piquants ni de dentelure aux opercules; deux nageoi- res dorsales ; la seconde nageoiïre du dos éloignée de celle de la queue ; ou la pius grande hauteur du corps proprement dit, supérieure, ou égale ; ou presque égale à la longueur de ce même corps. Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de chaque opercule; point de piquants à ces pièces; une snule nageoire dorsale ; un si barbillon ou point de barbillons aux mâchoires. Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de chaque opercule; point d’ aiguillons à à ces pièces; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; deux na- geaoires dorsales, Un ou plusieurs aiguiïllons et point de den- telure aux opercules ; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; une seule nageoiïre dorsale. Un ou plusieurs aiguillons, et point de den- telure aux opercules; un scul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; une nageoire dorsale étendue depuis l’en- ire- Jets des yeux jusqu’à la nageoire de la queue, ou très longue et composée de plus de quarante rayons, Un ou plusieurs aiguillons, et point de den- telure aux opercules : ; un seul barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; deux nageoires dorsales. Un ou plusieurs aiguiilons et point de den- telure aux opereules ; ; un barbillon ou point de barbillons aux mâchoires ; deux nageoires dorsales ; la seconde très basse, très courte, et comprenant au plus cinq rayons. 122. 125. 194. 125. 1206. 127. GENRES. HozocenTre. PERrSEQUE. Harpi. PIMÉLEPTERE. CuEILION. PoMATONME. HISTODREILNATUREELE CARACTÈRES. Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure aux epereules; un barbiilon ou point de barbillons aux mâchoires ; une seule na- geoire dorsale. Un ou plusieurs aigniilons et une dentelure { aux opercules; un barbillon ou point de | barbillons aux mâchoires; deux nageoires \ dorsales. | Plusieurs dents très longues, fortes et re- | courbéestau sommet et auprès de l’articu- lation de cheque mâchoire; des dents pe- tites, comprimées et triangulaires , de chaque côté de la macho supérieure , entre les grantles dents voisines de Y'arti- culation et celles du sommet; ur bar- bitlon comprimé et triangulaire de cha- { que côté et auprès de fa commissure des lèvres: les thoracines, la dorsale et l’a- nale , très grandes, et en forme de faux ; la IE convexe dans son milieu, et étendue en forme deçfaux très allongée dans le haut et dans fe bas: l’anale ätta- chée autour d'une prolongation charnue, écailleuse, très grande, comprimée et | triangulaire. ‘La lolalité ou une grande partie de la dox- sale, de l’anale ‘et de la nageoire de la queue, adipeuse, ou presque adipeuse; les | nageoires inférieures situées plus in de la gorge que les pectorales. Le corps et la queue très allongés; le bout du museau aplati ; ; la tête et 1e opercules dénués de petites écailles ; les opercules sans dentelure et sans aiguillons , mais ciselés : les lèvres, et surtout CUUÉ de la mâchoire inférieure, très pendantes ; les dents très petiles ; la dorsale basse et très longue ; les rayons aiguillonnés ou non Sn Les de chaque nageoïre, aussi mous ou presque aussi mous que les articulés ; une seule dorsale ; les thoracines très pe- tites. p? opercule entaillé dans le haut de son bord postérieur, et couvert d'écailles sembla- bles à celles du dos; le corps et la qüeue Ç allongés; deux nageoires dorsales : la na- geoire de l'anus es adipeuse. 128. 129. 190. 191. 182. GENRES. LÉIOsTOoME. CENTROLOPHE. CHEVALIER. LÉIOGNATHE, CuÉTopoN. DES POISSONS. 509 CARACTÈRES. /Les mâchoires dénuées de dents, et entiè- rement cachées sous les lèvres; ces mêmes | lèvres extensibles; la bouche placée au dessous du museau ; point de dentelure ni de piquant aux opercules ; deux na- geaires dorsales. a / Une crête longitudinale - et un rang longi- tudinal de piquants très séparés les uns | des autres, et cachés en partie sousla peau au dessus de la nuque; une seule nageoïre _ du dos; cette dorsale très basse et très | longue ; les mâchoires garnies de dents | très petites, très fines, égales et un peu | écarlées les urnes des autres, moins de \ cinq rayons à la membrane branchiale. deux nageoires dorsales; la première pres- que aussi haute que le corps, triangulaire, et garnie de irès longs filaments à l’extré- mité de chacun de ses rayons ; la seconde basse et très longue ; Fanale très courte, et moins grande que chacune des thora- cines; cette anale, les deux nageoires du dos, et celle de la queue, couvertes pres- que en entier de petites ccailles ; loper- cule sans piquants ni dentelure ; les écail- les grandes et dentelées. /Les mâchoires dénuées de dents proprement dites; une seule nageoïre du dos; un ai- guilion recourbé et très fort, des deux côtés de chacun des rayons articulés de la dorsale ; un appendice écailleux, long et aplati auprès de chaque thoraciue; l'o- percule dénué de petites écailles, et un peu ciselé; la hauteur du corps égale ou presque égale à la moïtié de la longueur totale du poisson. Plusicurs rangs de dents à chaque mâchoire: L Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés : de pe- tes écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoires, Où la hauteur du corps supé- rieure où du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche petite; le mu- seau plus ou moins avancé; une seule na- geoire dorsale; point de dentelure ni de piquants aux opercules. Re. nd. IR DAS. PA. DTO 198. ACGANTHINION. GENRES. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. ‘Les dents petites, flexibles et mobiles; Je 194. CnÉTODIPTÈRE. | 1992 F POMACENTRE. 196. Pomapasys. 1 PoMACANTHE. | | \ \ \ corps et la queue très comprimés; de pe- lites écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoires, ou la bauteur du corps supé- rieure ou du moins égale à sa longueur: l'ouverture de la bouche petite; le mu- seau plus ou moins avancé; une seule na- geoire dorsale; plus de deux aiguillons dénués ou presque dénués de membrane au devant de la nageoïre du dos. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de pe- lites écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoires, ou la hauteur du corps supé- rieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche petite; le mu- seau plus ou moins avancé; point de den- telure ni de piquants aux opercules ; deux nageoires dorsales. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de pe- tites écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoires , ou la hauteur du corps supé- rieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche petite, le mu- seau plus ou moins avancé ; une dente- lure, et point de longs piquants aux oper- cules ; unc seule nageoire dorsale. /Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de pe- tites écailles sur la dorsale cu sur d’autres nageoires, ou la hauteur du corps supé- rieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche petite; le mu- seau plus ou moins avancé; une dente- lure, et point de longs piquants aux oper- cules ; deux nageoires dorsales. Les dents petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de pe- tites écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoiïres, ou la hauteur du corps supé- rieure ou du moins égale à sa longueur ; l'ouverture de la bouche petite ; le mu- seau plus ou moins avancé; un ou plu- sieurs longs piquants , et point de dente- lure aux opercules; une seule nageoire dorsale. GENRES. DES POISSONS. 371 CARACTÈRES. /Les dents petites. flexibles et mobiles ; le corps et la queue très comprimés; de pe- Gtes écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoires, ou la hauteur du corps supé- rieure ou du moins égale à sa longueur ; seau plus ou moins avancé; une dente- lure et un ou plusieurs longs piquants à chaque opercule; une seule nageoire dor- sale. 158. Horacanrur. | l'euverture de la bouche petite; le mu- \ ; 159. ÉNoPLose. 140. Gzypisonon. 1 mi ds ACANTHURE. ASPISUR:. Les dents petiles, flexibles et mobiles; le corps et la queue très comprimés; de très petites écailles sur la dorsale ou sur d’au- tres nageoires, ou la hauteur du corps su- périeure ou du moinségale à sa longueur: l'ouverture de la bouche petite ; le mu- seau plus ou moins avancé; une dente- lure et un ou plusieurs piquants à chaque opercule ; deux nageoires dorsales. / Les dents crénelées ou découpées; le corps et la queue très comprimés; de très pe- | tites écailles sur la dorsale ou sur d’au- | tres nageoires, ou la hauteur du corps | supérieure ou du moins égale à sa lon- \ gueur ; l'ouverture de la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé: une nageoire dorsale. /Le corps et la queue très comprimés; de très petites écailles sur la dorsale ou sur L] . | d’autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa lon- gueur; l'ouverture de la bouche petite : le museau plus ou moins avancé: une na- geoire dorsale; un ou plusieurs piquants de chaque côté de la queue. /Le corps et la queue très comprimés; de Lrès petites écailles sur la dorsale ou sur À k d autres nageoires, ou Ja hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa lon- gueur ; l'ouverture de la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé: une na- geoire dorsale; une plaque dure en forme de petit bouclier, de chaque côté de la queue. 242 927 2 GENRES. 143. AcaNTHOPOLE. 144. SELENE. 145. ARGYRÉIOSE. 146. PE. 347. Gar HTSLOTMRT MAMURELPE CARACTÈRES. Le corps et la queue très comprimés; de \ très petites écailles sur la dorsale ou sur d’autres nageoires, ou la hauteur du corps supérieure ou du moins égale à sa lon- gueur : l'ouverture de la bouche petite; le museau plus ou moins avancé ; une na- geoire dorsale; un ou deux piquants à La place de chaque thoracine. /L'ensemble du poisson très comprimé, et | | \ \ | =, stats présentant de chaque côté la forme d'un pentagone ou d'un tétragone ; la ligne du front presque verticale; la distance du plus haut de la nuque au dessus du museau, égale au moins à celle de la gorge à la nageoire de l’anus; deux nageoires dor- sales; un ou piusieurs piquants entre les deux dorsales ; les premiers rayons de la seconde nageoire du dos s'étendant au moins au delà de l'extrémité de la queue. /Le corps et la aueue très comprimés ; une seule nageoiïre dorsale ; plusieurs rayons de cette nageoire terminés par des fila- ments très longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoire du dos; une membrane verticale placée trans- versalement au dessous ce la lèvre supé- rieure ; les écailles très petites, les tho- racines très allongées ; des aiguillons au devant de la nageoiïre du dos et de celle de Fanus. Le corps et la queue très comprimés; des dents aux mâchoires ; une seule nageoiïre dorsale; plusieurs rayons de cette nageoïre terminés par des filaments très longs, ou plusieurs piquants le long de chaque côté de la nageoïre du dos; une membrane ver- ticale placée transversalement au dessous de la lèvre supérieure; les écailles très petites ; point d'aiguillons au devant de la nageoïre du dos, ni de celle de l'anus. Le corps et la queue très comprimés; des dents aux mâchoires; deux nageoires dor- sales ; plusieurs rayons de l’ane de ces nageoires terminés par des filaments très longs, ou plusieurs piquants le long de GENRES. 147. Gaz. 148. CnrysoTose. 149. Capros. 150. PLEURONECTE. 251. ACHIRE. LAGÉPEUFE, VÉ DES POISSONS. 9 | | | | CARACTÈRES. chaque côté des nageoïres du dos; une membrane verticale placée transversale- ment au dessous de la lèvre supérieure ; les écailles très petites; point d’aiguillons au devant de la première nageoiïre ni de la seconde dorsale, ni de la nageoire de l'anus. Le corps et la queue très comprimés; la plus grande hauteur de l'animal, égale ou pres- que égale à la longueur du corps et de la queue pris ensemble; point de dents aux mâchoires ; une seule nageoire dorsale ; les écailles très petites ; point d’aiguillons au devant de la nageoiïre du dos, ni de celle de l’anus; plus de huit rayons à cha- que thoracine. Le corps et la queue très comprimés et très hauts; point de dents aux mâchoires; deux nageoires dorsales; les écailles très petites; è ie point d’aiguillons au devant de la pre- mière ni de la seconde dorsale, ni de la nageoire de l'anus. | Les deux yeux du même côté de la tête. . tête, le corps et la queue très comprimés; les deux yeux du même côté de la tête ; point de nageoïres pectorales. 374 HISTOIRE NATURELLE VINGTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OÙ QUATRIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS ABDOMINAUX. Des nageoires inférieures placées sur l'abdomen au dela . des pectorales, et en decà de la nagéoire de l'anus. GENRES. CARACTÈRES. (t rayons à la membrane des branchies : le dernier très éloigné des autres; des bar- billons réunis par une membrane, et pla- cés auprès de la pectorale de manière à représenterune nageoire semblable à cette dernière. /Le corps etla queue très comprimés; la lè- vre supérieure double et extensible; la partie antérieure et supérieure de la tête terminée par une ligne presque droite et qui ne s'éloigne de la verticale que de 40 à 5o degrés ; les derniers rayons de cha- que pectorale très allongés au delà de la membrane qui les réunit; une seule na- geoire dorsale. /La tête, le corps et la queue cylindriques : | les yeux très rapprochés du sommet de la 152. CIRRHITE. 153. CHEILODACTYLE. | tête; point de dents et des barbillons aux mâchoires; une seule nageoïre du dos; la peau gluante et revêtue d’écailles très dif- ficiles à voir. Le corps et la queue cylindriques; la peau gluante et dénuée d'écailles facilement visibles : Les yeux très rapprochés du som- met de la tête; des dents et des barbil- lons aux mâchoires; une seule dorsale ; cetle nageoire très courte. 154. CoBrte. 155. MiIscurne. \ 158. 160. 161. 162. 165: 16/4. GENRES. ANABLEPS. Funpuzs. COLUBRINE. ARMÉE. Buryein. TRIPTÉRONOTE. Omrox. SILURE. MAcROPTÉRONOTE. D 4 | | | | | | | | | ES POISSONS. 359 CARAGTÈRES. Le ecrps et la queue presque cylindriques: des barbillons et des dents aux mâchoires: une seule nageoire du dos ; cette nageoïire très courte; deux prunciles à chaque œil. Le corps et la queue presque cylindriques; des dents et point de barbillons aux mà- choires ; une seule nageoire du dos. La tête très allongée; sa partie supérieure revêtue d'écailles conformées ct disposées comme celles qui recouvrent le dessus de la tête des couleuvres ; le corps très al- longé; point de nageoiïre dorsale. La tête dénuée de petites écailles, rude, re- couverte de grandes lames qui réunissent des sutures ire marquées; des dents aux mâchoires et au palais ; des barbillons à la mâchoire supérieure; la dorsale longue, basse et rapprochée de la caudale; l’anale très courte; plus de dix rayons à la mem- brane des branchies. La tête dénuée de petites écailles, et ayant de longueur à peu près le quart de la lon- gueur toile de l’animal ; une seule na- geoire sur le dos. Tro ois nageoires dorsales; une seule nageoire de l'anus. Des barbillons et des dents aux mâchoires : point de nageoires dorsales; une longue nageoire de 5 anus. La tête large, déprimée et couverte de la- mes srindes et dures, ou d'une peau vis- queuse ; la bouche à Tone du mu- seau; des barbillons aux mâchoires: le COTPS gros ; la peau enduite d'ane muco- sité HARAS: une seule nageoire dor- sale ; cette nageoire très te La tête large, déprimée et couverte de la- mes grandes el dures, où d'une peau vis- queuse ; la bouche à l'extrémité du mu- seau; des barbillons aux mâchoires ; le COTPS gros ; la peau enduite d’une mu- cosité abondante ; une seule nageoire dorsale: cette nagcoire très longue. 350 HISTOIRE NATURELLE GENR CARACTÈRES. La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros; la peau du corps et de Îa queue enduite d'une mucosité abondante; une seule na- geoïire dorsale ; cette nageoïre adipeuse, et placée assez près de la caudale. 165. MALAPTÉRURE. La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau ; des 166. Pimérone. barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduite d'une mucosité abondante; deuxnageoires dorsales ; la seconde adipeuse. /La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau: des barbillons aux mâchoires ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abondante ; deux nageoï- res dorsales; la seconde adipeuse; des lames larges et dures, rangées longitu- \ dinalement de chaqne côté du poisson. 167. Donras. RS /La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures , ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; la peau du corps ct de la queue enduite d'une mucosité abondante; deux nageoiï- res dorsales, soutenues l’une et l’autre par des rayons; des lames larges et dures, ran- gées longitudinalement de chaque côté du poisson. 168. PoconaTus. | /La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à lénteénite du museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gros; ge la peau du corps et de la queue enduite 169. CATAPHRACTE. \ d’une mucosité abondante; deux nageoi- res dorsales; la seconde soulenue par un seul rayon; des lames larges et dures ran- gées longitudinalement de chaque côté dn poisson. DES POISSONS. GENRES. 170. PLOTOsE. | \ 172, MacRORHAMPHOSE, | 171. AGÉNÉIOSE. 179, CENTRANODON. | 174. LORIGCAIRE. QI SI SI CARACTÈRES. Lä tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse : la bouche à l’extrémité du museau: des barbilions aux mâchoires: le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abondante; deux nageoïi- res dorsales ; la seconde et celle de l'anus réunies avec la nageoïire de la queue qui est pointue. La tête déprimée et couverte de lames gran- [e] des et dures, cu d’une peau visqueuse : la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mu- cosité abondante; deux nageoires dor- sales; la seconde adipeuse. La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons aux mâchoires; le corps gros; la peau du corps et de la queue en- duite d'une mucosité abondante; deux nageoires dorsales ; l’une et l’autre sou- tenues par des rayons ; le premier rayon de la première nageoire dorsaie, fort, très long et dentelé; le museau très al- longé. La tête déprimée et couverte de lames gran- des et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons ni de dents aux mâchoires: le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abondante; deux nageoires dorsales ; l’une et l’autre soutenues par des rayons; un ou plusieurs piquants à chaque opercule. Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de cuirasse à lames: la bouche au dessous du museau; les ièvres extensibles: une seule nageoire dorsale. - Le corps etla queue couverts en entier d’une 179. Hyposroue. sorte de ceuirasse à lames: la bouche au dessous du museau; les lèvres extensibles: deux nageoires dorsales. Ge) HISTOIRE NATURELLE GENRES. CARACTÈRES. Deux grandeslames de chaque côté du corps et de ia queue; la tête couverte de pièces larges et dures; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons; deux nagcoires dorsales ;: plus d’un rayon à chaque nageoïre du dos. #La bouche à l'extrémité da museau; des | © barbillons aux mâchoires ; le corps et la | queue très ailongés et revêtus d’une peau HE } visqueuse: le premier rayon de la pre- 17e) DActtRe | mière nageoire du dos et de chaque pec- Da 76. CORYDORAS. < torale, très fort; deux nageoires dorsales, | l'une et l’autre soutenues par plus d'un \ rayon. [La bouche à l'extrémité du museau ; la iête comprimée; des écailles facilement visi- bles sur le corps et sur la queue: point de grandes lames sur les côtés; de eui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales ; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; la première plus près où aussi près de la tête que les ven- trales; plus de quatre rayons à la mem- brane des branchies; des dents fortes aux deux mâchoires. 178. SALMONE. La bouche à l’extrémiié du museau ; la Lête comprimée; des écailles facilement visi- bles sur le corps et sur la queue ; point de grandes lames sur les côtés, de cui- rasse, de piauants aux opercules, de / rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; la première plus éloïgnée de a tête que les ventrales: plus de quatreravons à la membrane des bran- chies:; des dents fortes aux deux mûi- \ choires. 179. OsMERs. / /La bouche à l'extrémité du museau ; la tête compriméc ; : des écailles Helene visi- À bles sur le corps et sur la queue ; point MA RS / de grandes James sur les côtés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons uentelés, ni de barbillous: deux nagcoires dorsile; la seconde adipeuse et dénuée de rayons; plus de quatre rayons 180. 181. 102. 186. GENRES. CORÉGONE. CHARACGIN. SERRASALME. ÉLOPE. MécaLopes. NOTAGANTHE. Esoce. DES POISSONS. 379 CARACTÈRES. , à la membrane des branchies; les mächoi- res sans dents, ou garnies de dents très petites et difficiles à voir. /La bouche à l'extrémité du museau; la tête ‘ comprimée; des écailles facilement visi- bles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côtés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons ; deux | nageoires dorsales ; le seconde adipeuse et dénuée de rayons; quatre rayons au \ plus à la membrane des branchies. /La bouche à l’extrémilé du museau ; la tête, le corps et la queue comprimés; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales; la se- | conde adipeuse et dénuée de rayons; la partie inférieure du ventré carénée et dentelée comme une seie. Trente rayons ou plus à la membrane des | branchies ; les yeux gros, rapprochés l'un de l’autre et presque verticaux : une seule nageoire dorsale; un appendice écailleux auprès de chaque nageoire du ventre. { Les yeux très grands; vingt-quatre rayons Ü ou plus à la membrane des branchies. , Le corps et la queue très allongés; la nu- que élevée et arrondie : la tête grosse, la nageoire de l'anus très longue , et réunie avec celle de la queue; point de nageoire dorsale ; des aiguillons courts, gros, 1orts et dénués de membrane a la place de cette dernière nageoire. TR — 2 L'ouverture de la bouche grande; le gosier large; Les mâchoires garnies de dents nom- breuses, fortes et pointues; le museau aplati; point de barbillons: l'opercule et les branchies très grands; le corps et la queue très allongés et comprimés latéra- tement ; les écailles dures; point de na- geoire adipeusc; les nageoires du dos et de l'anus courtes; une seule dorsale: cette SR 186. 158. 189. 190. 191. GENRES. Ésoce. SYNODS. SPHYRÈNE. LÉPISOSTÉE, POLYPTERE. SCOMBRESOCE. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. dernière nageoire placée au dessus de l’a- nale ou à peu près , et beaucoup plus éloi- gnée de la tête que les ventrales. L'ouverture de la bouche grande ; le gosier large;les mâchoiïres garnies de dentsnom- breuses, fortes et pointues; point de bar- billons ; l’opercule et l’orifice des bran- chies très grands: le corps et la queue très allongés et comprimés latéralement ; les écailles dures ; point de nageoïre adi- peuse ; les nageoïres du dos et de l'anus courtes; une seule dorsale; cette dernière nageoire placée au dessus ou un peu au dessus des ventrales, ou plus près de a tête que ces dernières. /L ouverture de la bouche grande ; le gosier | | large; les mâchoiïres garnies de denisnom- breuses, fortes et pointues ; point de bar- billons ; l’opercule et l’orifice des bran- chies très grands; le corps ct la queue très aïlongés et comprimés latéralement ; point de nageoire adipeuse; les nageoires du dos et de l’anus courtes ; deux nageoi- res dorsales. /L'ouverture de la bouche grande; les mà- l \ \ choires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues; point de barbillons ni de nageoire adipeuse; le corps ct la queue très allongés; une seule nageoire du dos; cette nageoïre plus éloignée de la tête que les ventrales; le corps et la queue revêtus d'écailles très grandes, pla- cées les unes au dessus des autres, très épaisses , très dures et de nature osseuse. Un seul rayon à la membrane des branchies; deux évents; un grand nombre de na- geoires du dos. Le corps et la queue très allongés ; les deux mâchoires très longues, très minces , très étroites et en forme d’aiguille; la nageoire dorsale située au dessus de celle del’anus; un grand nombre de petites nageoires au dessus et au dessous de la queue , entre la caudale et les nageoires de l'anus et du dos, GENRES. 193. FisTUTAIRE. 199. 194. 192. 296. 197- AULOSTOME. SOLÉNOSTOME. ARGENTINE. A'THÉRINE. y DR ARGIRE. DES POISSONS. 381 CARACTÈRES. Les mâchoires très étroites, très allongées et en forme de tube ; l'ouverture de la bou- che à l’extrémité du museau; le corps et la queue très allongés et très déliés ; les nageoires pelites; une seule dorsale; cette nageoire située au delà de l'anus et au dessus de l’anale. forme de tube; l'ouverture de la bouche à l'extrémité du museau; le corps et La queue très allongé és; Les nageoires petites: une nageoire Horsale située auydelà de l'anus et au dessus de J’anale ; une rangée longitudinale d’aiguiilons, réunis chacun à une petite membrane placée sur le dos, et tenant lieu d’une première nageoire dorsale. Les mâchoires étroites, très allongées et en | < È mâchoires étroites , très allongées et en forme de tube; l’ouverture de la bouche à l'extrémité du museau ; deux nageoires dorsales. {Moins de trente rayons à la membrane des branchies, ou moins de rayons 3 la mem- brane br ble d'un côté qu’à celle de l’autre ; des dents aux mâchoires, sur la langue et au palais; plus de neuf rayons à chaque ventrale; point d’appendice au- près des nageoires du ventre ; le corps et la queue allongés ; une seule nageoiïre du dos ; la couleur générale argentée et très brillante. Moins de huit rayons à chaque ventrale et à la membrane des branchies ; point de dents au palais; le corps et la queue al- longés et plus ou moins transparents ; ie nageoires du dos; une raie longi- tudinale et argentée de chaque côté du poisson. à la membrane des branchies ; point de dents au palais ; le corps et E queue al- longés et plus ou moins tr ansparents; une nagcoire du dos; une raie longitudinale plus ou moins large, plus ou moins dis- üncte et argentée, de chaque côté du poisson. \ /Moiïns de huit rayons à chaque ventrale et O1 (o21 D GENRES. 198. STOLÉPHORE. 199. Muce. 200. MuaiLoOÏDE. 201. CHaAxos. 202. MuGILOMORE. 203. Exocrr. 204. POLYNEME. 205. POLYDACTYLE. 206. Buro. ‘HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. {Moins de neuf rayons à chaque ventrale et Am \ | | | | x la membrane des branchies; point de dents; le corps et la queue allongés et plus ou moins tr ansparents; une nageoire sur le dos ; une raie longitudinale et ar- gentée de chaque côté du jroisson. La mâchoire inférieure carénée en dedaas; la tête revêtue de petites écailles; les écatl les striées:; deux nageoires du dos. La mâchoire inférieure carénée en dedans: la tête revêtue de petites écailles; les écail- les striées; une nageoire du dos. La mâchoire inférieure carénée en dedans: point de dents aux mâchoires; les écailles striées; une seule nageoiïre du dos; la cau- dale garnie vers le milieu de chacun de ses côtés d’une sorte d’aile membraneuse. a mâchoire inférieure carénée en dedans; les mâchoires dénuées de dents et garnies de petites protubérances : plus de trente rayons à la membrane des branchies ; une seule nageoïre du dos; un appendice à chacun des rayons de cette dorsale. / La tête entièrement ou presque enlièrement Tr \ ( couverte de petites écailles; les nageoires pectorales larges et assez fongues pour atteindre jusqu'à la caudale; dix rayons à la membrane des Dee une seule dorsale; cette nageoire située au dessus de celle de l'anus. / Des rayons libres auprès de chaque pecto- rale ; la tête revêtue de petites écailles ; deux nageoires dorsales. - Des rayons libres auprès de chaque pecto- raie ; la tête dénuée de petites écailles ; deux nagecires dorsales. /Un double piquant entre les nageoires ven- QT m trales; une seule nageoire du dos: cette na- geoire du dos très longue; les écailles irès petites et très dales à voir; cinq rayons a Ja membrane branchiale. GENRES. 207. CLUPÉE. 208. MysTe. 209. CLUPANODON. 210. SERPE. “11. MÉNé. 212. Donrsuaire. 219. XYSTÈRE. DES POISSONS. 383 CARACTÈRES. Des dents aux mâchoires; plus de trois | rayons à la membrane des branchies ; une seule nagcoire du dos; le ventre ca- réné:; la carène du ventre dentelée ou très aiguë. Plus de trois rayons à la membrane des branchies; le ventre caréné:; la carène | du ventre dentelée ou très aiguë : la na- geoire de l'anus très longue et réunie à | celle de la queue ; une seule nageoïre sur le dos. Plus de trois rayons à la membrane des branchies ; le ventre caréné:; la carène du ventre dentelée ou très aiguë; la na- l gcoire de l’anus séparée de celle de la \ queue ; une seule nageoïre du dos ; point de dents aux mâchoires. La tête, le corps et la queue très comprimés; la partie inférieure de l’animal terminée en dessous par une carène très aiguë et courbée en demi-cercle ; deux nageoires dorsales ; les ventrales extrêmement pe- \ tites. La tête, le corps et la queue très comprimés; la partie inférieure de l'animal terminée par une carène aiguë courbée en demi- cercle ; le dos relevé de manière que cha- que face latérale du poisson représente un disque; une seule nageoiïre du dos ; cette dorsale, et surtout l’anale, très bas- ses eE très longues; les ventrales étroites \ et très allongées. , La partie antérieure du dos relevée en une bosse très comprimée et terminée dans Îe haut par une earène très aiguë; une seule dorsale. La tête, le corps el la queue très comprimés: le dos terminé comme le ventre par une carène aiguë et courbée en portion de cercle ; sept rayons à la membrane bran- chiale ; la tête et Les opercules garnis de petiles écailles : les dents échancrées de manière qu'à l'extérieur elles ont la forme d'incisives, et qu'à l’intérieur elles sont basses et un peu renflées : une fossette au dessous de chaque ventrale. a | 904 HISTOIRE NATURELLE GENRES. CARACTÈRES. La tête, le corps et la queue ayant un peu } la forme d’un ovoïde; trois rayons à la 214. GYPRINODON. membrane des branchies: des dents aux -deux mâchoires. (ose rayons au plus à la membrane des branchies; point de dents aux mâchoires; 215. CxPRIN. À une seule nageoïre du dos. DES POISSONS. 389 SECONDE DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASST, ou SIXIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Un opercule; point de membrane branchiale. VINGT-UNIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, PREMIER ORDRE DE LA SECONDE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre l'anus et le museau. GENRE. CARACTÈRES. , Le corps et la queue comprimés; le dessous 216. STERNOPTYX. { du corps caréné et transparent; une seule nageoire dorsale. HISTOIRE NATURELLE TROISIÈME DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE , OÙ SEPTIÈME DIVISION DE LA GLARSE DES POISSONS. Point d’opercule; une membrane branchiale. VINGT-CINQUIÈME ORDRE! DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS. OU PREMIER ORDRE DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre l'anus et le museau. 217. 1. GENRE. CARACTÈRES. / Le museau avancé, relevé et susceptible d’é- { tre courbé en arrière par le moyen d'une | membrane , au point d'aller toucher la partie antérieure de la tête proprement } dite; l'ouverture de la bouche au bout du F museau ; point de dents; le corps et la | queue très allongés et comprimés: la \ queue terminée par un filament très long. STYLÉPHORE. On ne connoïît point encore de poissons qui appartiennent au vingt-deuxième, au vingt-troisième, ni au vingt-quatrième ordre. VINGT-HUITIÈME ORDRE! DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou QUATRIÈME ORDRE DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. POISSONS ABDOMINAUX. Des nageoires inférieures placées sur l'abdomen, au dela des pectorales et en decà de la nageoire de l'anus. GENRE. CARACTÈRES. Le museau allongé; l’ouverture de la bou- che à l’extrémité du museau: des dents 218. Moruyre. AAA : aux mâchoires ; une seule nageoire dor- sale. 1. On ne connoît point encore de poissons qui appartiennent au 7ingt-sixième ni au vingt-septième ordre. 588 HISTOIRE NATURELLE QUATRIÈME DIVISION DE LA SECONDE SOUS- CLASSE, OÙ HUITIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS. Point d’opercule ni de membrane branchiale. VINGT-NEUVIÈME ORDRE! DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OU PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES OSSEUX. POISSONS APODES. Point de nageoires inférieures entre l’anus et le museau. GENRE. CARACTÈRES: Point de nageoïres pectorales ; une ouver- \ ture branchiale sur chaque côté du pois- 219. Murénoruis. son ; le corps et la queue presque cylin- driques ; la dorsale et l’anale réunies à la nageoire de la queue. 1. On ne connoît pas encore de poissons qui appartiennent au trenlième , au trente-unième ni au trenle-deuxième ordre; c’est-à-dire au second , au lroisième ni au quatrième ordre de la huitième etder- nière division des animaux dont nous écrivons l'histoire. 220. 291. MURÉNOBLENNE. 229, 223. GENRES. GYMNOMURENE. SPHAGEBRANCHE. UnNIBRANCHAPER- TURE. LACÉPEDE. VI. DES POISSONS. 209 CARACTÈRES. {Point de nagsoires pectorales ; une ouver- ture branchiale sur chaque côté du pois- \ son; le corps et la queue presque cylin- driques; point de nageoires du dos, ni | de nageoire de l’anus; ou ces deux na- | geoires si basses et si enveloppées dans une peau épaisse, qu'on ne peut recon- uoître leur présence que parla dissection. parence d'autres nageoires ; Le corps el la queue presque cylindriques ; la surface de l'animal répandant en très grande abon- \ k- de nageoires pectorales ; point d’ap- dance une humeur laiteuse et gluante. Point de nageoires pectorales, ni d’autres { nageoires ; les deux ouvertures branchia- ( les sous la gorge; le corps et la queue presque cylindriques. Point de nageoires pectorales; le corns et la queue serpentiformes; une seule ou- verture branchiale , et cet orifice situé sous la gorge ; la dersale et l’anale basses et réunies à la nageoire de la queue. a > _ D 300 HISTOIRE NATURELLE SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS CSSEUX. Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une memhrane des branchies. DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, OÙ PREMIER ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons apodes, ou qui n’ont pas de nageoires infe- rieures entre le museau et l'anus. VINGT-DEUXIÈME GENRE. LES CÉCILIES. Point de nageoires, l'ouverture des branchies sous le cou. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le corps anguilliforme; le museau très pointu; les dents aigües; huit petits trous La CÉCILIE BRANDÉRIENNE. sur le devant de la tête, sept sur le som- met de cette même partie, sept sur l’oc- ciput. ee DES POISSONS. 391 SSH 04opoWoe oo Poe ioHoHoL Booba Dore oo Boe TO Hoaur Le T Cor do Lee ou LA CÉCILIE BRANDÉRIENNE"‘ Caæcilia branderiana, Lacxr. — Muræna cæca, Linx. , Guer. — Suhagebranchus cœcus, Bz., Cuv. Nous avons dû nous déterminer d’autant plus aisé- ment à placer les cécilies dans un genre différent de toutes les autres familles de poissons osseux, et par- ticulièrement des murènes, parmi lesquelles elles ont été inscrites, qu'elles présentent un caractère distinctif des plus remarquables : elles n’ont absolu- ment aucune sorte de nageoire ; et ce défaut constant est d'autant plus digne d'attention, que, pendant long-temps, on a regardé la présence de plusieurs na- geoires, ou au moins d'une de ces parties, comme une marque caractéristique de la classe des poissons. Cette absence totale de ces organes extérieurs de mouvement sufliroit même pour séparer les cécilies de tous les poissons cartilagineux, puisqu'elle n’a encore été observée sur aucun de ces derniers ani- maux, ainsi qu'on a pu s'en convaincre en lisant leur histoire. D'ailleurs, on n’a pas encore découvert un organe de la vue dans les cécilies : elles en paroissent entièrement privées ; et, par cette cécité, elles s'é- 1. Muréne aveugle, Bonnaterre. planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 392 HISTOIRE NATURELLE loignent non seulement de presque tous les poissons, mais même de presque tous les animaux vertébrés et à sang rouge, parmilesquels on ne connoît encore qu’un mammifère nommé Typhle, et le genre des cartilagi- neux nommés (rastrobranches, qui aient paru complète- ment aveugles. C’est donc avec les gastrobranches qu'il faut particulièrement comparer les cécilies. D’autres rapports que celui de la privation de ia vue, les lient d'assez près. Les ouvertures des branchies sont pla- cées sous le corps, dans ces deux genres; mais dans les gastrobranches, elles sont situées sous le veritre, pendant que, dans les cécilies, on les voit sur la par- tie inférieure du cou. Ces deux familles ont le corps très allongé, cylindrique, serpentiforme, souple comme celui des murènes, enduit d’une humeur abondante ; et on distingue aisément sur la tête des cécilies les principales ouvertures par lesquelles se répand cette viscosité. Dans la seule espèce de ce genre décrite jusqu'à présent, on remarque aisément huit pores ou petits trous sur le devant de la tête, sept au sommet de cette même partie , et sept autres sur l’occiput : ces vingt-deux orifices sont certaine- ment les extrémités des vaisseaux destinés à porter à ja surface du corps la liqueur onctueuse propre à la ramollir et à la lubrifier. Cette même espèce dont Linnée a dû la première connoissance à Brander, et que nous avons cru devoir, en conséquente, nom- mer {a Brandérienne, a les mâchoires très avancées, et garnies de dents très aiguës; C’est au dessous de son museau, qui est très pointu, que l’on voit de chaque côté, au bout d’un très petit tube, l’ouver- ture des narines ; et de plus, l’anus est plus près de la DES POISSONS. 593 tête que de l'extrémité de la queue. Gette cécilie vit dans les eaux de la Méditerranée , auprès des côtes de la Barbarie, où elle a été observée par Brander. Nous n'avons pas vu cette espèce. Nous soupçon- nons qu'elle n’a ni opercule ni membrane des bran- chies. Si notre conjecture à cet égard étoit fondée, rl faudroit ôter les cécilies de la place que nous leur avons donnée dans le tableau général , et les trans- porter de la tête du premier ordre de la première di- vision des osseux, au premier rang du premier ordre de la quatrième division de ces mêmes osseux. FIN DU SIXIÈME VOLUME, TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE SIXIÈME VOLUME. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. Le Squale barbillon. . . . . . . Be TU LS A OL Page 7 ersquale barbu... NS MSN Rae 8 LeiSqualetigré/;:..., 10... ae a EN NS 10 Ée Squalersalonneé.:e. #2). nel. ee RSR SES 12 De Squale œulé. 7.270200 Pr A RES 19 HeiSquale isabelle. : 7 0600. RARE. 14 Me Squale/marteau.s "4.9... ALIAS 16 be Squale pantouflier. "Aa. 2 0 Hi an 20 Le Squale/renard. 1.) 20021020... URI Al 25 Supplément à l’article du Squale renard. . . . . . . . 27 Hénsquale eriset. ae | EU 0 CAIN Er 29 HeSquale aigallat.. +: 2 LIU. NS NU 30 Fe Squale sage. 7/44 le en. Ne TE 54 He Squale humantin. :\.4 040... 4048 et One 56 Felsauale liche6t. 4, 08 00 CAEN CR 58 MehSquale 2ronovien. ,,..4. 09.100. Aie ap ne 39 Be Squalé/dentelés. 0. RE ee a EN EIURE 4o HeSquale bouclé." 00m ET A nt M LEE 4 LS qualesécailleunxc,,: 2 UN ns elle PMR 42 .Le Squale SCIE An Le AVE EVE RARE RS tn 45 MetSquale anisodon,,. 140... 22 000 CAR 50 etSqualefange. see Men TT SE ER 51 Les Aopons. ( Tableau méthodique des espèces). . . . . . . 55 306 TAB LE. L'Aodon Massasa et l’'Aodon Kumal. . . . . . . . . .. Page 56 lFAodonicornu: 4 2 2 6e PURE PRO EPL LA EE 57 Les Lopiss. (Tableau méthodique des espèces. }, . . . . . 59 Pa Lophie:Bandroiete tt SN RON 61 Hadbophie Vespertilion 245 22 eV Pre En 71 Laffophie Fanjas Ps EN Re Lee LE 2 74 La Lophie Histrion. . .. . . Te RSR RAS ANS. 797 EaLophie Chironecient "2 MAR NR 80 Fa Bophiedoublebosse te FE ARRETE ibid. Ba Pophie Commerson“. ea 0 PSN 82 LaDophre Ferpüsont +.) il Ve Cr. 64 Les Banisres. ( Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . 86 Hesbahiste Vieilles A ace ARR CON PAR RE 90 LérBalisteWétoilés. 2 4) URL Len Me SCT SR Re 102 Le Baliste Écharpe den eee t ee M PRE ee EE MARÉES 104 BerBaliste Buvinas 41400 alien rec PUR 106 BeBaliste double-aiguillon.... #7... tem 107 Le-Paliste chinois::7:.2.1... 4000 ARR 109 LeyBahstesveluers 0. A MR RENE Te 110 LexBalistegmamelonne.:2 212 0e RS ibid. LetBalistertacheté:.:,7". 28.000 RUN UNE RRE 112 Le Babste Pralin.i4 9 al: An SU ERNRRNTESE 119 e,Biliste kléïnien. 2... 8:41... unit 115 Le Baliste curassavienste NOEL MAT te 116 le Baliste/épineux. 1. -.4.1Me. MR ARR 117 Le Baliste sillonneé: 242168 00e UN ASE EORTRONMNR t19 Le Baliste Caprisque... . . . . . DE 20e b te TR RME 191 Le Baliste queue-fourchue. . . . . . ARE BE 125 LeBaliste -Bourseniu.u. entre et CNP ibid. LePaliste.américain. Lee 20e 20 20 EVER ibid. Ie Balstetverdalre..s20t 8 Je 22 RAP 126 Le Baliste grande tache. "n. ... 0. 2... 2 HN TORNADE: Hesbaliste noir. 2 LUE RES ere ASTON ibid. He tBalistetbrulé He EL NÉS NÉ - ibid. LetBaliste arme EAN NME 0 ac ibid. le Baliste cendres 0 20 CNE SU ARE 151 Le Paliste Mungo-Park 11-210 CRETE 132 LexPaliste ondule 48 OEM RP NE ibid. TABLE. 597 esbaliste As as ane NE TelEr OT AURNnNAn RER e Ne Page 133 Eerbaliste Monocérosi "0 000 ee mn MU: 134 LerBaliste hérisses een AE TARN an 156 Les Curmëres. ( Tableau méthodique des espèces. }). . .. . 139 ParGhimere arctique tete 0 CENTER ANe 140 LaChimère antarciiques 21215. APM) RUE 147 Les Porvonoxs. ( Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 150 He#Polyodon Feuille "0 Sn RUE 151 Les Actrexsènes. ( Tableau méthodique des espèces. }, . . , 156 L'Acipensère Esturgeon: 1: . 40. PE le. Ne 197 LAcipensere)Huso: 2700 He ONE Tente 167 pAcipensère Streets mi Nine RAS ete 178 LtA'erpensère étoilé ee en Rene DRE 181 Les Osrracrons. ( Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 185 L’Ostracion triangulaire #7 ARE NE ER ER 186 HOstracronmaillés rs CR ere ne 195 LiOsiracion pomllé. 2500100 Sen RnEn 196 L’Ostracion quatre:tubercules. . . . . . , . LME es 197 L'Ostracion museau-allongé. . . . . . . +. . . .”. : 198 Ostracion. deux-tubereules. 2.1. htm 199 BOStracionsmoucheté he). Re aie 201 BOSiracions boss ee SL PSC NIn es Aer 208 M L'Ostracion trois aiguillons 2022041 er 200 EOstwacion trisonesh 2010 EN Rens ibid. L'Ostracion deux-aiguillons. . . , . . . . . .. SE et bic, L'Ostracion quatre-aiguillons. . . . . . . . . , . . . . 208 ROsiracionetister.t er SE MANN ENIMERR EOMMiDId: L’Ostracion quadrengulaire.\:1\.1.-. 12 Heure 210 J'Ostracion-Dromadaire: 1020: Sr EE Dr d: Les Térropons. ( Tableau méthodique des espèces. }, . , . . 214 Le Fétrodon!Perroquet:.5 1.1. CHE VAS ROUE Er 217 Le Tétrodon étoilé. . . . . . . . SOA NME 222 Le Tétrodon pointillé "#12 0)e ANSE 224 He Tétrodon sans-tache.!. 44412, 225 Le, Létrodont/hérissé ANUS SIREMENREE Rte 226 LACÈPEDE, VI. 26 9200 TABLE. Le Télrodon moucheté. . . Le Tétrodon honckénien. rune Tétrodon lagocéphale. Le Télrodon rayé. . . . CMONMIORSOMNIOPAODENE TOM IOMOPEE TT OMADNC IMC eee ele rte Le lee lMerretetie fee Le Létrodon Croissant le 0) RIRES Re Le Tétrodon mal-armé. . Le Tétrodon spenglérien . . LerTétrodon alldngé:17101.Hen 0er nt ete elle tl'ettiellie etre MoN Ee Le Tétrodon masean-allongé. 1. 400 TUEUR Lc-Détrodon Pluraiers 210 MEN UN ES ENT ER AER Le Tétrodon Méléagris. . . . + . . . . Le) Tétrodon électrique. |. (04h40 RENTE VAR Le Tétrodon grosse-tête. . . . . . . PAS RER SAR LeTLetrodon\ lunes an enmcIRIEANNEnnTNUNnREUNRE eee Les Ovoives. (Tableau méthodique des espèces. }.. . . . . L'Ovoide fascé. . . . .. OPROALCEMOU NME ONE MENTON EAN 0. 5 Les Dronows. | Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . Le Diodon Atinga. . . . Te) ne N'etie Fe Left tft ratios Petbiodon/iPiumiers) TC RUE ANERERETESANNE ES RrR a ereltelfter le let telrerre) Mere tele ORPOLOMROMPOUMONE CCE TIR CANON ES OT Or Les Srnéroiïnes. (Tableau méthodique des espèces.). . . . . Le Sphéroïde tuberculé. Les Synexares. ( Tableau méthodique des espèces. . Le Syngnathe Trompette. Le Syngnathe Aiguille. . ONOORMORSOE ONCE QC ORAON TI ICIT L0 10 PefSynenathe /ADuyau tea a EE ER 8 À Le Syngnathe Pipe. . . . Supplément à l'article d Le Syngnathe Hippocampe u Syngnathe tuyau. . . . . . Le Syngnathe deuxpiquants:. . . . . JR) MER Le Syngnathe Ophidion.. . . DEC T ON EC NE MR AD E © à Page 929 281 282 295 ibid. ibid. ibid. 240 ibid. 241 243 244 245 246. 256 257 260 261 267 268 270 TABLE. Les Cycerorreres. (Tableau méthodique des espèces. ). Le Cycloptère Lompe.. . . Le Cycloptère épineux. . Le Cycloptère menu. . . . .. À Le Cycloptère double-épine. . . Le Cycloptère gélatineux. . . . . . . . . Le Cycloptère denté. . . ... . Le Cycloptère ventru. . . Le Cycloptère bimaculé.. Le Cycloptère Spatule.. . Le Cycloptère Liparis.. . Le Cycloptère rayé. . setlelie} Lee DNO ND DA TOILE Les LépanocasrÈres. ( Tableau méthodique des espèces. ). . lie Lépadogastère Gouan.: . . . . . .. «. Û Les MacroruINques. (Tableau méthodique des espèces. ). . Le Macrorhinque argenté. . . . .. Les Pécases. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . Le Pégase Dragon.. . . Le Pégase volant. Le Pégase Spatule. . Les Cexrrisques. (Tableau méthodique des espèces. ). . . Le Centrisque cuirassé. . . . Le Centrisque Sumpit. . OO EMrORIO Le Centrisque Bécasse. Poissons OssEux. . . . Tableau des genres des poissons osseux. . Les Cécirtes. (Tableau méthodique des espèces.). . La Cécilie brandérienne. . . . . . . FIN DE LA TABLE. ._ nisiellettere . O1 O1 QI O1 O1 OX à © Xi O1 O1 I Qi 21 es 1 Q © O1 PS ES 2 as PES 7 « Ne RE: ” SMITHSONIAN INSTITUTION LIB Un NU à 7. À