ÿ Et ee AIN Aura te. nr DIVISION OF FISHES US. NATIONAI, MUSEUM ŒUVRES COMTE DE LACÉPEDE. Loto pogo POISSONS. VIT. Ses PARIS. —- IMPRIMERIE D'AD. MOFSSARD, RUE DE FURSTEMBFRG, N° 8 BIS. OEUVRES DU COMTE DE LACÉPÉÈDE. COMPRENANT L'HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES, DES SERPENTS, DES POISSONS ET DES CÉTACES ; ACCOMPAGNÉES DU PORTRAIT DE L'AUTEUR ET D'ENVIRON AOO FIGURES, EXÉCUTÉS SUR ACIER POUR CETTE ÉDITION PAR LES MEILLEURS ARTISTES, À PARIS, CHEZ FE. D. PILLOT, ÉDITEUR, RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, N° 49, 0$o$te 1932. LE Le dou TE POISSONS. VIL. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. 80 8050506620 &0#0P0606050 #08 20 50080 H0BO BALE BE #6 0-6 GO EL E0E0 PO E-0H0 EGO BHO EC YTPID CENT QUARANTE-HUITIÈME GENRE. LES CHRYSOTOSES. Le corps et la queue très comprimés; la plus grande hauteur de l'animal, égale ou presque égale à la lon- gueur du corps et de la queue pris ensemble; point de dents aux mâchoires ; une seule nageoire dorsale ; les écailles très petites ; point d’aiguillons au devant de la nageoire du dos, ni de celle de l'anus; plus de huit rayons à chaque thoracine. ESPÈCE. CARACTÈRES, Ur ou deux rayons aiguillonnés ei quarante- six rayons articulés à la dorsale ; un rayon Le CHRYSOTOSE LUNE. aiguillonné et trente-cinq rayons articulés à la nagcoire de l'anus : la caudale four- chue ; la couleur générale dorée. Ô HISTOIRE NATURELLE PHPIBOIPS: LE CHRYSOTOSE" LUNE*:. Lampris guttatus, Rerzivs, Cuv.—Chrysotosus Luna, Lacer.— Zeus Luna, Lin, GEL. — Zeus regius , BonxaT. C’est un grand et magnifique poisson que ce chry- sotose, que Duhamel et Pennant ont décrit, et que le professeur Gmelin , ainsi que le professeur Bonna- terre, ont inscrit dans le genre des zées, mais qui n'appartient pas à ce genre, et qui n'est encore qu'im- parfaitement connu. Un individu de cette superbe espèce , très bien conservé dans le Muséum d'histoire naturelle, et qui pourroiït bien être celui sur lequel Duhamel a fait sa description , nous a présenté tous les traits distinctifs de ce beau chrysotose. Ce poisson osseux a beaucoup de rapports avec le cartilagineux auquel nous avons conservé le nom de Diodon Lune; mais, indépendamment d’autres grandes différences qui l’en séparent, il ne réfléchit pas les mêmes nuan- ces. Lorsqu'il resplendit auprès de la surface de la 1. Le nom générique de Chrysotose vient du mot grec chrusotos , qui signifie doré. 2. Poisson lune, Duhamel, Traité des pêches, 3, pl. 15. Poisson royal, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. HE Pennant , Zoolog. Brit. vol. 5 , n. 101. DES POISSONS. 9 mer, il ne renvoie pas une lumière argentine comme celle de la lune ; il brille de l'éclat de l'or; et c’est au disque solaire plutôt qu'à celui de l’astre des nuits, qu'il auroit fallu comparer la surface richement déco- rée qu'offre chacun deses côtés. Plusieursreflets d’azur, d’un vert clair et d'argent, se jouent sur ce fond doré, au milieu d’un grand nombre de taches couleur de perle ou de saphir; les nageoires sont du rouge le plus vif, et c’est ce qui a fait dire à un observateur, que l’on devroit regarder ce chrysotose comme un seigneur de la cour de Neptune, en habit de gala”. Lorsque ce poisson lune parvient à des dimensions très étendues, et par exemple lorsqu'il a soixante-six centimètres de hauteur (sans y comprendre les na- geoires du dos et de l’anus) sur dix ou onze décimètres de longueur totale, ainsi que lindividu du Muséum d'histoire naturelle , il pèse près de vingt kilogram- mes. On ne distingue pas, sur cet individu du Mu- séum, de ligne latérale ; la lèvre supérieure étoit ex- tensible; la mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure; la dorsale est en forme de faux; l’ex- trémité de la queue, très basse et cylindrique , s’a- vance au milieu de la base de la caudale ; les écailles sont unies; on n'en voit pas sur les opercules; les yeux sont ronds, gros et saillants?. On ne rencontre que très rarement les chrysotôses lunes. Lorsqu'on en montra un à Dieppe, il y a plu- 1. Note manuscrite envoyée à Guénaud de Montbelliard, et que Buffon , à qui il l'avoit remise, m'a donnée dans le temps. 2. 20 rayons à chaque pectorale du chrysotose lune. 1 rayon aiguillonné et 8 ou grayonsarticulés à chaquethoracine. Le premier et le dernier rayons de la caudale , aiguillonnés. 10 HISTOIRE NATURELLE sieurs années, les plus anciens pêcheurs voyoient cette espèce pour la pemière fois. Les individus que les naturalistes ont observés avoient été pris sur les -côtes françoises ou angloises de l'Océan atlantique. Il paroît cependant que le chrysotose que nous décri- vons habite aussi dans les mers de la Chine; nous avons cru en eflet reconnoître une variété de cette Lune, dans une des peintures chinoises qui font par- tie de la collection du Muséum d'histoire naturelle. DES POISSONS. 11 46e CENT QUARANTE-NEUVIÈME GENRE. LES CGAPROS. Le corps et la queue très comprimés et très hauts ; point de dents aux mâchoires; deux nageoires dorsales ; les écailles très petites; point d’aiguillons au devant de la première ni de la seconde dorsale, nide la nageoire de l'anus. ESPÈCE. GARACTÈRES. Neuf rayons à la première nageoire du dos: vingl-trois à la seconde, trois rayons ai- Le Capros SANGLIER. guillonués et dix-sept rayons articulés à la nageoïire de l'anus; la caudale sans échancrure. 12 HISTOIRE NATURELLE eÙù -Pat PoBo he EGEA HO LO E985710$%e 166089 Beb0 AD 60 LE CAPROS SANGLIER". Capros A per, Lacxr., Cuv. — Zeus Aper, Linn., BL. La mer qui baigne les rivages de la Ligurie et ceux de la campagne de Rome, nourrit ce poisson, que l’on n’y pèchoit cependant que très rarement du temps de Rondelet. Ce thoracin a le museau avancé, un peu cylindrique, terminé par une ouverture assez petite et par une lèvre supérieure facile à étendre, ce qui donne à cette partie de la tête quelque res- semblance avec le groin d’un cochon ou d’un san- glier ; et cette analogie l’a fait désigner par le nom 1. Riondo , à Rome. Strivale , aux environs de Gènes. Lucerna , ibid. Pesce pavotto , ibid. Doré sanglier, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Zeus totus rubens , cauda æquali, rostro sursum reflexo. » Artedi , gen. 50, syn. 78. Sanglier, Rondelet, première partie, liv. 5, chap. 27. Charlet , p. 125. Gesner, p. 61, 70; et (germ.) fol. 30, b. Aldrovand. lib. 5, chap. 12, p. 297. Jonston , Gb. 1, tit. 1, cap. 1. 4, 4. Willughby, p. 296. Rai , p. 99: DES POISSONS. 13 spécifique que nous lui avons conservé, ainsi que par celui de Capros, qui, en grec, signifie sanglier ou verrat , et dont nous avons fait son nom générique. D'ailleurs les écailles dont ce poisson est revêtu sont frangées sur leurs bords; et l’on n'a pas manqué de trouver un assez grand rapport entre les brins écail- leux de ces franges et les soies du cochon. La ligne latérale de ce capros est très courbée et même ondulée; sa couleur générale paroît rougeâtre; l'extrémité de sa caudale est peinte d’un rouge de minium. Au reste, on le recherche d'autant moins, que sa chair est dure, et répand quelquefois une mauvaise odeur. 1. 7 rayons à la membrane branchiale du capros sanglier. 14 rayons à chaque peciorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. / 12} HISTOIRE NATURELLE BBD AB MPESDEMEL O D PPE SP CENT CINQUANTIÈME GENRE. LES PLEURONECTFES. Les deux ÿeux du même côté de la tête. —— 0 —— PREMIER SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite: la caudale fourchue , ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. Cent sept rayons à la nageoire du dos ; 1. LE PLEURONECTE quatre-vingt-deux à celle de l'anus: la FLÉTAN. caudale en croissant; la couleur du côté droit, grise ou noirâtre. / Soixante-six rayons à la dorsale ; soixante- un rayons à la nageoire de l'anus: la caudale un peu échancrée en croissant ; les écailles dures et dentelées; la ligne latérale partant de l’origine de la dorsale, entourant la pectorale en demi-cercle, et allant ensuite directement jusqu'à la cau- dale, 2. Le PLEURONECTE LIMANDE. ne. NS SECOND SOUS-GENRE. Les deux yeux a droite; la caudale rectiligne ou arrondie, et non échancrée. 4 A ESPÈCE. CARACTERES. Quatre-vingt-un rayons à la nageoire du dos ; soixante-un à l’anale : la caudale ar- rondie ; la dorsale étendue jusqu’au bout du museau; la mâchoire supérieure plus avancée que linférieure:; le corps et la \ queue allongés. 3. LE PLEURONECTE SOLE. ESPÈCES. 4. Le PLEURONECTE PLIE. 5. Le PLEURONECTE FLEZ. 6. BE PLEuURONECTE FLYNDRE. 7. Le PLEURONECTE PÔLE. 8. Le PLEurRoNECTE LANGUETTE. 9. Le PLEURONECTE GLACIAL, 10, LE PLEURONECTE LIMANDELLE. DES POISSONS. 19 3 | | | | | | | \ CARACTÈRES. oixante-huit rayons à la nageoire du dos ; cinquante-quatre à celle de l'anus; la caudale arrondie; cinq ou six éminences sur la partie antérieure de fa ligne laté- rale:; les écailles minces et Hole le côté droit marbré de brun et de gris, avec des taches oraugées. Cinquante-neuf rayons à la nageoire du dos ; quarante-quatre à l’anale ; la cau- dale arrondie ; un très grand nombre de petits piquants sur presque toute la sur- face du poisson. Quatre-vingt-neuf rayons à la dorsale; soixante-onze à l’anale: la caudale arron- die ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure: la ligne latérale droite; les écailles grandes et os le côté droit d’un gris cendré, avec des taches brunes ou rougeâtres. Cent douze rayons à la nagcoire du dos ; deux rayons à la nageoire de l’anus: Ja caudale arrondie; les écailles ovales, molles et lisses: les dents obtuses; le côté droit d’un rouge brun. Soixante- huitrayons : à la dorsale; cinquante- cinq à la nageoïire de l'anus; la caudale arrondie ; les dents aiguës ; l'anus situé sur le côté gauche ; les écailles rudes ; la nageoire du dos étendu presque jusqu'à Peine du museau. Ginquante-six rayons à la nageoïre du dos ; trente-neuf à l’anale; la caidale arrondie; les deux côtés du corps et de la queue doux au toucher; les rayons du milieu de la dorsale et de la nageoire de l'anus, hérissés de très petits piquants: une pr oé- minence csseuse et rude auprès des veux; le côté droit brunître. Quatre-vingt rayons à la nageoire du dos : les dents obtuses: les écailles arrondies et lisses ; Les lèvres grosses ; l'ouverture de la bouche petite ; ia caudale presque rec- tiligne; le côté droit d’un brun clair. avec des taches blanches, et des tache: d’un brun foncé. 16 ESPÈCES. 121. LE PLEURONECTE CHINOIS. 12. LE PLEURONECTE LIMANDOÏDE. 15. LE PreuroNëEcTE FÉGOUZE. 14. Lx PLEURONECTE OEPLLÉ, 15. LE PLEURONECTE TRICHODACTYLE. | È) HISTOIRE NATURELLE CGARACTERES. /La nageoïre du dos ne commençant qu'au delà de la nuque: cette nageoïre très basse jusque vers le milieu de la longueur totale du poisson ; viugt-trois ou vingt- quatre aiguillons gros ct courts, placés le long du côté gauche de la partie anté- rieure de cette nageoire ; d'autres aiguil- lons semblables situés le long du côté gauche de la partie antérieure de l’anale; la caudale très grande, très distincte de l'anale et de la dorsale. arrondie. et pres- que en forme de fer de lance; le côté droit de l'animal, d’une couleur brune, avec des points noirs arrangés en quin- conce. oixante-dix-neuf rayons à la nageoire du dos; soixante-trois à celle de l'anus; la caudale arrondie en forme de fer de lance, el très séparée de l'anale et de la dorsale ; le corps et Ja queue très allon- gés : la ligne latérale large et droite dans tout son cours; les écailles grandes et dentelées; le côté droit d'un brun jau- nôtre, et sans taches, ni bandes, ni raies. Le corps et la queuc allongés; les peclora- les rectilignes ; la dorsale et l'anale plus hautes vers la caudale que vers la tête ; les écailles très difficiles à voir, et très adhérentes à la peau ; de sept à neuf ta- ches grandes, rondes et noirâtres , sur le côté droit, Soïixante-six rayons à la dorsale; cinquante- cinq à la nageoïre de l'anus ; trois rayons à chaque pectorale: quatre taches ron- des , noires et bordées de blanc, sur le côté droit; une bandelette noire sur la queue. Cinquante-trois rayons à la nageoire du dos; quaranle-lrois à l’anale : quatre rayons à la pectorale droïte ; celie de gauche très petite; les écailles rudes, le côté droit brun , avec des taches noirâtres. DES POISSONS. 17 TROISIÈME SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite; la caudale pointue, et réunie avec la nageotre du dos et celle de l’anus. ESPÈCES. CARACTÈRES. AQualLeE -vingt-un rayons à ia dorsale ; qua- rante- hat à la nagooire de l'anus; quatre rayons à chaque pectorale ; le corps et 16. Le PLreuronecTE / la queue très allongés ; la ligne latérale ZÈBRE. \) droite: le côté roi blanchâtre, avec des bandes transversales brunes, très ! longues, réunies ou rapprochcées deux à \ deux. LE corps et la queue allongés; les écailles 17. LE PLEURONECTE un peu rudes; le côté droit grisätre. PLAGIEUSE, 18. Le PLeuroNecTe ARGENTÉ. supérieure plus avancée que linférieure; la lone latérale droite ; le côté droit ar- ie corps et la queue allongés ; : la mâchoire { genté. QUATRIÈME SOUS-GENRE. Les deux yeux à gauche; la caudale rectiligne , ow arrondie et sans échancrure. ESPÈCES. CARACTÈRES. /Soïxante- sept rayons à la nageoire du dos; quarante-six à la nagcoiïre de l'anus; la caudale arrondie ; 1e côté gauche par- semé de tubercules osseux , un peu larges à leur base, et pointus. 19. LE PLEURONECTE ŒURBOT. /Soïxante-onz# rayons à la dorsale: cin- / quante-sept à la nagcoire de l'anus; la caudale arrondie ; l'ouverture de la bon- che assez grande, et arquée de chaque Le PLEURONECTE côté; la hauteur totale du corps presque CARRELET, \ égale à la longueur totale de l'animal ; les écailles ovales et nnics ; la ligne latérale d’abord très courbée , et ensuite droite : | le côté gauche marbré de brun et de jau- nâtre, ou de rougeûtre. 18 22. 23, 24. 25. 26. r 27: ESPÈCES. LE PLEURONECTE TARGEUR. LE PLEURONECTE DENTÉ, LE PLEURONECTE MOINEAU, LE PLEURONECTE PAPILLEUX. LE PIEURONECTE ARGUS. Le PLEURONECTE JAPONAIS. Le PLEURONECTE CALIMANDE. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. : Quatre- -vingt- neuf rayons à la nageoire du dos: soixante-huit à celle de lance la | caudale arrondie; la hauteur du corps très grande; les écailles dentelées; le côté gauche parsemé de points rouges, et de taches noires, rondes, ou irrégu- \ lières. Quatre-vingt-six rayons à la dorsale ; soixante-six à la nagcoire de l’anus: la caudale arrondie: les rayons de cette dernière nageoïre garnis d'écailles; le corps et la queue allongés et lisses ; les dents aiguës et très apparentes. rante-trois à l’anale: la caudale arrondie; le corps et la queue un peu allongés; une série de petits lubercules osseux et pi- quants le long de la nageoïre du dos, de celle de l’anus, et de chaque côté de la partie antérieure de la ligne latérale ; le côté gauche marbré de gris, et d’un jaune brunâtre. É rayons à la dorsale ; qua- { Cinquante- -huitrayonsà la nageoïre du dos; quarante-deux à l’anale ; la ligne latérale courbe; le cerps garni de papilles. soixante-neuf à l’anale; la caudale arron- die; les yeux inégaux en grandeur, et iné- galement éloïgnés du bout du museau ; les pectorales inégales en surface; les écailles petites et molles; le côté gauche d’un jaune clair, avec des points brun, de petites taches bleues, ct d’autres taches plus grandes, jaunes, pointillées de brun, et entourées de bleu , en tout ou en par- tie. pe rayons à Ja dorsale; \ (Un très grand nombre de rayons aux na- { _geoires du dos et de l’anus ; cinq rayons ( à chaque thoracine ; la ligue rude. rentes couleurs : la mâchoire inférieure Le côté gauche chagriné, et jaspé de diffé- très relevée. ESPÈCES. 28, LE PLEURONECTE GRANDES-ÉCAILLES. 29. Le PLEURONECTE COMMERSONNIEN. DES POISSONS. 19 CARACTÈRES. ns rayons à la dorsale; qua- rante-cinq à la nageoire de l'anus; la cau- dale arrondie; les écailles grandes ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; la langue lisse, pointue, et un peu libre dans ses mouvements; la ligne latérale un peu courbée vers le bas; le côté gauche d’un jaune brun ou blan- châtre; nne tache foncée sur chaque \ écaille. { Quatre-vingt-dix rayons à la nageoire du [ dos; soixante-dix à celle de l'anus; la | caudale arrondie; la pectorale droite plus petite que la gauche; la mâchoire superieure plus avancée que l'inférieure; la dorsale étendue depuis le bout du mu- seau jusqu'à la quene: l'œil supérieur plus avancé que l'autre; la ligne latérale un peu courbée vers le haut et ensuite vers le bas ; le corps et la queuc ailongés ; les écailles très petites ; le côté gauche blan- châtre avec des taches d’une couleur pâle, ou rougeâtre et d'une nuance foible. ANRT PS D E—— 20 HISTOIRE NATURELLE LE PLEURONECTE FLÉTAN!. Pleuronectes Hippoglossus, Linx., Lacer.,BLocn, Cuv. Quezs droits le flétan n'’a-t-il pas à l'attention du physicien ! Il tient, par sa grandeur, une place distin- : 1. Faitan , dans quelques départements de la France. Heilbot , en Hollande. Heilbut , à Hambourg. Hilibut , ibid. Helleflynder, en Danemarck. Haelgflundra, en Suède. Queite, en Norvége. Sandskiebbe , ibid. Skrobbe flynder, ibid. Baldes , en Laponie. Flydra, en Islande. Heclop fisk, ibid. Queite-barn (lorsqu'il est petit \ dans le Groenland. Styving (lorsqu'il est d'uue longueur moyenne), ibid. Netarnak (lorsqu'il est grand ), ibid. Holibut , en Angleterre. Turbut et turbot , ibid. Pleuronecte flétan, Bloch. pl. 47. Pleuronecte flet , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 529. Muller, Zoolog. Danic. Prodrom., p- 44, n. 571. O. Fabr. Faun. Groenland., p. 161, n. 115. DES POISSONS. | 21 ouée auprès des cétacés; il rivalise, par le volume, avec plusieurs de ces énormes habitants des mers; il nage l’égal de presque tous les poissons les plus remarquables par leur longueur et par leur masse; sa conformation est extraordinaire ; ses habitudes sont particulières ; ses actes et les organes qui les produi- sent frappent d'autant plus l'observateur, que, par une suite de sa taille démesurée , aucun de ses traits ne se dérobe à l'œil, aucun de ses mouvements ne lui échappe : et comment l’imagination ne seroit-elle pas émue par la réunion de dimensions, de formes et de mouvements très élevés au dessus des mouve- ments, des formes et des dimensions que la nature a le plus multipliés? Le flétan, comme tous les autres pleuronectes, a le corps et la queue très comprimés. Il forme parmi les osseux, et avec les poissons de son genre, les ana- logues de ces cartilagineux auxquels nous avons con- servé le nom de Rates. L'épaisseur des pleuronectes est même plus petite à proportion de leur longueur, « Pleuronectes oculis a dextra totus glaber. » Artedi, gen. 17 syn. 51. Flétan , Rondelet, première partie, liv. 11, chap. 15. Rai, p. 95. Hippoglossus, id est, buglossus maximus. Gesner, P- 669, 787; ct (germ. ), fol. 54, 6. « Hippoglossus ab Aldrovando observatus, » Aldrovand., lib, 2, cap. 45, p. 258. ; Passer britannicus, Charlet., p. 146. Passerum genus majus, Schon., p. 62. 9 Gronov. mus. 2, n. 158. « Passer quatuor cubitos longus. Klein, miss. pisc. 4, p. 55, n. 2. Brit. Zoclog. 3, p.184, n. 1. Flétan, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. LACÉPÈDE. XL, 2 22 HISTOIRE NATURELLE que celle des raies les plus déprimées. Il y a néan- moins cette différence essentielle entre la confor- mation générale des raies et celle des pleuronectes, que ceux-ci sont aplatis latéralement , c’est-à-dire de droite à gauche, ou de gauche à droite, pendant que les raies le sont de haut en bas. Cette compression exercée sur les côtés des pleu- ronectes n’est cependant pas la seule altération qu’ait éprouvée la totalité du poisson. Le corps et la queue ont été soumis uniquement à cette manière d’être que nous avons déjà vue, quoique à une degré inférieur, dans plusieurs poissons, et particulièrement dans les chétodons, les acanthures , les sélènes, les zées, les chrysotoses, etc. ; mais la tête a subi une seconde, mo- dification. On diroit qu'après avoir été aplatie, comme celle des zées et des chétodons, par une force agis- sant sur ses côtés, elle a été défigurée par une puis- sance qui a joui d'un mouvement composé; cette seconde cause, à laquelle il faudroiït rapporter une grande partie de la figure qu'elle présente, l’auroit tordue, pour ainsi dire. Elle auroit commencé par peser de haut en bas ; et avant de pénétrer très avant dans les portions osseuses et solides, elle auroit tourné en quelque sorte à droite ou à gauche, de manière à entraîner avec elle les organes de la vue, et souvent ceux de l’odorat. On sent aisément que, d’après cette supposition , les deux yeux et les deux narines auroient dû, à la fin de l’action de la force comprimante, se trouver situés ou à droite ou à gauche, suivant le côté vers lequel la puissance auroit fléchi sa direction, et c’est en effet ce qu’on observe dans les pleuronectes, et ce DES POISSONS. 29 qui forme le caractère distinctif du genre qu'ils com- posent. Tout le monde sait que les animaux tant vertébrés que dénués de vertèbres, animés par un sang rouge ou nourris par un sang blanc, ont des yeux plus ou moins gros, plus ou moins rapprochés, plus ou moins élevés, plus ou moins nombreux; mais aucun animal, excepté le pleuronecte, ne présente dans ses yeux une see telle, jue ces organes soient situés unique- ment à droite ou à itète de l’axe qui va de la tête à l'extrémité opposée. Nous ne connoïssons du moins dans ce moment qué les pleuronectes qui n'aient pas leurs yeux disposés avec symétrie de chaque côté de cet axe longitudinal; et cet exemple unique auroit dû seul attacher un grand intérêt à l’observation des poissons que nous allons décrire. De la conformation que nous venons d’exposer, il est résulté nécessairement que les deux nerfs olfac- tifs aboutissent non pas à l'extrémité supérieure du museau, mais à un des côtés de la tête. C’est aussi à un seul côté de cette même partie de l’animal que se rendent les deux nerfs optiques, quoique croisés l’un par l’autre, ainsi que dans tous les autres poissons, et dans tous les animaux vertébrés et à sang rouge. Nous avons déjà vu! que le cerveau , cet organe dont les nerfs tirent leur origine, étoit plus petit dans les pleuronectes que dans presque tous les poissons cartilagineux , et même que dans tous les osseux. La cavité qui contient cette source du système nerveux n'a-t-elle pas dû, en effet, être plus petite dans une 1. Discours sur la nalure des poissons. 24 HISTOIRE NATURELLE tête qui a subi une doubie et plus grande compres- sion ? L'os intermaxillaire est moins développé dans le côté qui a porté l’eflort de la seconde aussi bien que de la première force comprimante et altératrice. Les côtes qui servent à consolider les parois de l'abdomen, et à donner un peu plus de largeur au corps, sont cependant st courtes, que plusieurs au- teurs ont nié leur existence. La cavité du ventre est fermée du côté de la queue, par lapophyse inférieure de la première vertèbre cau- dale; et cette apophyse est très longue , assez grosse, arrondie en avant, et terminée en bas par un piquant ordinairement très fort. L'’estomac contenu dans cette cavité paroît comme un renflement du canai alimentaire. Le pylore est souvent dénué d’appendices ou de petits cœcums; quelquefois néanmoins on le voit garni de deux ou trois de ces poches ou tuyaux membraneux; le foie est sans division et peu étendu; l’abdomen se pro- longe des deux côtés des apophyses inférieures des vertèbres de la queue ; une partie des intestins est placée dans ces extensions abdominales, ainsi que la laite ou les ovaires. Sans ces deux prolongations , la cavité générale de l'abdomen auroit eu des dimensions trop resserrées pour le nombre et la grandeur des organes intérieurs qu'elle doit renfermer. Nous venons de dire que les deux yeux sont situés du même côté de la tête; mais indépendamment de ce défaut remarquable de symétrie, relativement à l’axe longitudinal du poisson, ils en présentent fré- DES POISSONS. 25 quemment un second par une inégalité frappante dans leur volume. Ces deux organes ne sont pas toujours aussi gros l’un que l’autre; et lorsqu'ils offrent cette inégalité si extraordinaire, c'est quelquefois l'œil su- périeur qui l'emporte sur l’œil inférieur, et d’autres fois l’œil inférieur qui surpasse le premier en gran- deur. Ces yeux, au reste, peuvent être placés de trois manières différentes : dans plusieurs pleuronectes, ils sont situés sur la même ligne verticale; mais, dans quelques uns de ces poissons , l'œil d’en haut est plus rapproché du museau que celui d'en bas, et, dans quelques autres, l'œil d'en bas est au contraire plus avancé que celui d’en haut. Il est aussi des espèces de pleuronectes dans les- quelles la nageoire pectorale, attachée au côté sur lequel on voit les yeux, est plus étendue que celle de l'autre côté ; et l’on seroit tenté de croire que la pe- titesse de la pectorale opposée provient de ce que cette sorte de bras ou de main appartenant à la sur- face de l’animal, qui repose très souvent sur la vase ou sur le sable, a été arrêtée, dans son développe- ment, par les frottements qu'elle a dû éprouver contre le fond des mers, et par la compression que lui a fait subir le poids du corps, qu'elle a dû supporter en très grande partie. La position des pleuronectes qui se reposent ou qui nagent, est en effet bien différente de celle des au- tres poissons osseux ou cartilagineux, cylindriques ou aplatis, qui parcourent, dans le sein des eaux, un espace plus ou moins étendu, ou appuient sur les rochers ou sur le limon leur corps plus où moins fa- 26 HISTOIRE NATURELLE tigué. Dans l’inaction, de même que dans le mouve- ment, les pleuronectes sont toujours renversés sur le côté; et nous n’avons pas besoin de faire remar- quer que le côté tourné vers le fond, de la mer est, dans tous les moments de leur existence, celui qui est dénué d’yeux : lorsque leurs yeux sont à droite, le côté gauche est l’inférieur ; et ils voguent ou s’arrè- tent, le côté gauche tourné vers la surface de l’eau, lorsque leurs yeux sont à gauche. C'est de cette manière très particulière de nager que leur est venu le nom de Pleuronectes! : elle est une dépendance du déplacement de leurs yeux, soit que l’on veuille croire, que cette réunion des deux yeux sur une seule face de la tête les ait forcés à ne se mouvoir qu'en tournant vers le bas le côté opposé à cette face, afin de tenir les organes de la vue dans la position la plus favorable à la vision ; soit que l’on préfère de penser qu'un très grand aplatissement la- téral ne leur a pas permis de tenir leur corps et leur queue dans un sens vertical, comme les autres pois- sons ; que les efforts de leurs pectorales, très petiteset très foibles, n’ont pas pu maintenir en équilibre une lame très étroite, très haute, et très exposée, par conséquent , à l'agitation tumultueuse des flots ; que, renversés bientôt sur un de leurs côtés, forcés de con- server cette position, et obligés de nager dans cette posture, ils ont commencé une suite de tentatives perpétuellement renouvelées, pour ne pas perdre tout-à-fait l'usage de l’œil attaché au côté inférieur ; qu'après un très long temps, et même après une très i. Pleuronecte vient de plevron, qui, en grec, veut dire ‘côté, et de nyctes, qui signilie nageur. DES POISSONS. lg) orande série de générations, des altérations successives dans l’organisation extérieure et intérieure de la tête auront amené l’œil inférieur, de proche en proche, jusque sur le côté supérieur, et par ce transport au- ront produit, sans doute, une position des organes de la vue bien extraordinaire, mais néanmoins auront fait naître , dans la structure de la tête, des change- ments bien moins grands et bien moins profonds que les modifications apportées par le temps et par une contrainte permanente dans les parties molles ou so- lides de plusieurs autres animaux. En considérant la manière de nager qui appartient aux pleuronectes, il est facile de voir que leurs pec- torales très peu étendues, et situées l’une au dessus et l’autre au dessous du corps, ne peuvent pas servir d’une manière sensible à diriger ou accroître les mou- vements de ces poissons. Leurs thoracines étant aussi extrêmement petites, sont de même inutiles à leur patalion. Mais l’anale de la dorsale peuvent servir beaucoup à accélérer la vitesse de ces animaux, et à leur im- primer les véritables directions qui leur sont néces- saires ; elles sont très longues et assez hautes; elles s'étendent le plus souvent depuis la tête jusqu’à la queue; elles présentent donc une grande surface : d’ailleurs, dans la position habituelle des pleuronec- tes, elles sont situées horizontalement , puisque l’a- nimal est, pour ainsi dire, couché sur un côté. Dès lors on peut les considérer comme deux pectorales très étendues , et par conséquent comme deux rames qui seroient très puissantes, si elles étoient mues li- brement et par des muscles_très vigoureux. 28 HISTOIRE NATURELLE Et c’est précisément parce qu’elles influent beau- coup sur la natation des pleuronectes, que la diffé- rence ou l'égalité de grandeur entre cette dorsale et cette anale se font sentir dans la situation de ces os- seux; ils ne présentent un plan véritablement horizon- tal que lorsque ces deux rames ont une force égale; et on les voit un peu inclinés vers la nageoire de l’anus, lorsque cette dernière est moins puissante que la nageoire du dos. Cependant l'instrument le plus énergique de la na- tation des pleuronectes est leur nageoire caudale, et par là ils se rapprochent de tous les habitants des eaux ; mais ils se distinguent des autres poissons par la manière dont ils emploient cet organe. Les pleuronectes étant renversés sur un côté, leur caudale n’est point verticale, mais horizontale : elle frappe donc l’eau de la mer de haut en bas et de bas en haut; ce qui donne aux pleuronectes des rapports de plus avec les cétacés. Il est facile néanmoins de comprendre que le mouvement rapide et alternatif duquel dépend la progression en avant de l’animal, peut offrir le même degré de force et de fréquence dans une rame horizontale que dans une rame verti- cale. Les pleuronectes peuvent donc, tout égal d’ail- leurs, s’avancer aussi vite que les autres poissons. Ils ne tournent pas à droite ou à gauche avec la même facilité, parce que, n'ayant dans leur situation ordi- naire aucune grande surface verticale dont ils puis- sent se servir pour frapper l’eau à gauche ou à droite, ils sont contraints d'augmenter le nombre des opéra- tions motrices, et d’incliner leur corps avant de le dévier d’un côté ou de l’autre; mais ils compensent DES POISSONS. 29 cet avantage par celui de monter ou de descendre avec plus de promptitude. Et cette faculté de s'élever ou de s’abaisser facile- ment et rapidement dans le sein de l'Océan leur est d'autant plus utile, qu'ils passent une grande partie de leur vie dans les profondeurs des mers les plus hautes. Cet éloignement de la surface des eaux, et par conséquent de l'atmosphère, les met à l'abri des ri- gueurs d’un froid excessif; et c’est parce qu'ils trou- vent facilement un asile contre les effets des climats les plus âpres, en se précipitant dans les abîmes de l'Océan, qu'ils habitent auprès du pôle, de mème que dans la Méditerranée , et dans les environs de l’équa- teur et des tropiques. Ils séjournent d’autant plus long-temps dans ces retraites écartées, que, dénués de vessie natatoire, et privés par conséquent d’un grand moyen de s'élever, ils sont tentés moins fré- quemment de se rapprocher de l'air atmosphérique. Ils se traînent sur la vase plus souvent qu'ils ne nagent véritablement ; ils y tracent, pour ainsi dire, des sil- lons, et s'y cachent presque en entier sous le sable, pour dérober plus facilement leur présence ou à la proie qu'ils recherchent, ou à l’ennemi qu'ils re- doutent. Aristote, qui connoissoit bien presque tous ceux que l’on pêche dans la Méditerranée, dit que lors- qu’ils se sont mis en embuscade ou renfermés sous le limon à une petite distance du rivage, on les dé- couvre par le moyen de l'élévation que leur corps donne au sable ou à la vase, et qu’alors on les har- 90 | HISTOIRE NATURELLE ponne et les enlève !, Du temps de ce grand philoso- phe, on pensoit que les pleuronectes, que l’on nom- moit Bothes, Peignes, Rhombes, Lyres, Soles, etc., engraissoient beaucoup plus dans le même lieu et pen- dant la même saison, lorsque le vent du midi souf- floit, quoique les poissons allongés ou cylindriques acquissent, au contraire, plus de graisse lorsque le vent de nord régnoit sur la mer. Columelle? nous apprend que les étangs marins, que l’on formoit aux environs de Rome pour y élever des poissons, convenoient très bien aux pleuronectes, lorsqu'ils étoient limoneux et vaseux ; qu'il suflisoit de creuser pour ces animaux très plats, des piscines de soixante ‘ou soixante-dix centimètres de profon- deur (dix-huit pouces à deux pieds}, pourvu que, situées très près de la côte, elles fussent toujours remplies d’une certaine quantité d’eau ; que l’on devoit leur donner une nourriture plus molle qu’à plusieurs autres habitants des eaux, parce qu'ils ne pouvoient mâcher que très peu, et qu'un aliment salé et odo- rant leur convenoïit mieux que tout autre, paree que, couchés sur un côté, et ayant leurs deux yeux tournés vers le haut, ils cherchoient plus souvent leur nour- riture par le moyen de leur odorat qu'avec le secours de leur vue. Il faut observer que le côté supérieur de ces pois- sons, celui, par conséquent, qui, tourné vers lat- mosphère , reçoit, pendant les mouvements ainsi que pendant le repos de l’animal, l'influence de toute la 1. Hist anim. IV, 8. 5. VIN, 17. DES POISSONS. 51 lumière qui peut pénétrer jusqu'à ces osseux, pré- sente souvent des couleurs vives , des taches brillantes et régulières, des raies ou des bandes variées dans leurs nuances, pendant que le côté inférieur, auquel il ne parvient que des rayons réfléchis, n'offre qu’une teinte pâle et uniforme. Cette diversité est même moins superficielle qu'on ne le croiroit au premier coup d'œil ; et les écailles d’un côté sont quelquefois très différentes de celles de l’autre, non seulement par leur grandeur, mais encore par leur forme et par la nature de la matière qui les compose. Ces faits ne sont-ils pas des preuves remarquables des principes que nous avons cherché à établir, en traitant de la coloration des poissons, dans notre premier Discours sur ces animaux ? Pour mieux ordonner nos idées au sujet des pleu- ronectes , et pour les distribuer dans l’ordre qui nous a paru le plus convenable, nous en avons d’abord sé- paré les espèces qui sont entièrement dénuées de nageoires pectorales, et par conséquent privées des organes que l’on a comparés à des bras. Nous avons formé de ces espèces un genre particulier, et nous leur avons conservé le nom collectif d’Achire, qui signifie sans main. Nous avons ensuite placé dans deux groupes diflé- rents les pleuronectes qui ont leurs deux yeux à droite, et ceux qui les ont à gauche; et nous avons suivi, en adoptant cette division, non seulement les idées des naturalistes modernes, mais encore celles des anciens, et particulièrement de Pline!, qui ont très bien dis- 1. Plin, Hist. mundi, lib, 9, cap. 10 32 HISTOIRE NATURELLE Lingué les pleuronectes dont les yeux sont à gauche, d’avec ceux dont les yeux sont à droite. Passant ensuite à la considération particulière de chacun de ces groupes, nous avons réparti en diffé- rentes sections les espèces à caudale fourchue ou échancrée en croissant, celles dont la nageoïire de la queue est rectiligne ou arrondie sans échancrures , et enfin celles dont la caudale , plus ou moins pointue, touche à la dorsale et à la nageoiïre de l’anus. Nous aurions pu, par conséquent, former six sous- genres ou sections dans le genre que nous décrivons; mais, parmi les pleuronectes qui ont les yeux à gau- che, nous n’avons vu ni caudale pointue et confondue avec celles de l’anus et du dos, ni caudale fourchue ou découpée en croissant. Nous ne proposons donc, quant à présent, que qua- tre sous-genres, dont on a pu voir les caractères dis- tinctifs sur le tableau du genre qui nous occupe. A latête du premier de ces quatre sous-genres est le Flétan ou Hippoglosse, que ses grandes dimen- sions rendent encore plus comparable aux cétacés que tous les autres pleuronectes. On a pêché en An- gleterre des individus de cette espèce qui pesoient trois cents livres; on en a pris en Islande qui pesoient quarante livres; Olafsen en a vu de près de dix-huit pieds de longueur, et l’on en trouve en Norwége qui sont assez grands pour couvrir toute une nacelle. On trouve les flétans dans tout l'Océan atlantique septentrional. Les peuples du Nord les recherchent beaucoup. Les Anglois en tirent une assez grande quantité des environs de Newfoundland ; et les Fran-. cois en ont pêché auprès de Terre-Neuve. DES POISSONS. 33 On se sert communément, pour les prendre, d’un grand instrument que les pècheurs nomment Gang- vaden où Gaungwad. Cet instrument est composé d’une grosse corde de quinze à dix-huit cents pieds de lon- sueur, à laquelle on attache trente cordes moins grosses , et garnies chacune à son extrémité d’un cro- chet très fort. On emploie pour appât des cottes ou des gades. Des planches qui flottent à la surface de la mer, mais qui tiennent à la grosse corde par des liens très longs, indiquent la place de cet instrument lorsqu'on l’a jeté dans l’eau. En le construisant, les Groenlandois remplacent ordinairement les cordes de chanvre par des lanières ou portions de fanon de ba- leine, et par des bandes étroites de peau de squale. On retire les cordes au bout de vingt-quatre heures; et il n’est pas rare de trouver quatre ou cinq flétans pris aux crochets. On tue aussi les hippoglosses à coups de javelot, lorsqu'on les surprend couchés, pendant la chaleur, sur des bancs de sable, ou sur des fonds de la mer très rapprochés de la surface : mais lorsque les pê- cheurs les ont ainsi percés de leurs dards, ils se gar- dent bien de les tirer à eux, pendant que ces pleu- ronectes jouiroient encore d'assez de force pour ren- verser leur barque; ils attendent que ces poissons très affoiblis aient cessé de se débattre : ils les élèvent alors et les assomment à coups de massue. Vers les rivages de la Norwége , on ne poursuit les flétans que lorsque le printemps est déjà assez avancé pour que les nuits soient claires, et que l’on puisse les découvrir facilement sur les bas-fonds. Pendant l'été on interrompt la pêche de ces animaux, parce —_ 3! HISTOIRE NATURELLE que, extrêmement gras lorsque cette saison règne , ils ne pourroient pas être séchés convenablement, et que les préparations que l’on donneroit à leur chair ne l’empêcheroient pas de se corrompre même très promptement. On donne le nom de raff aux nageoires du flétan, et à la peau grasse à laquelle elles sont attachées ; on appelle ræckel, des morceaux de la chair grasse de ce pleuronecte, coupée en long; et on distingue par la dénomination de skare flog, ou de square queite, des lanières de la chair maigre de ce thoracin. Ces différents morceaux sont salés, exposés à l'air sur des bâtons, séchés et emballés pour être envoyés au loin. On les sale aussi par un procédé semblable à celui que nous décrirons en parlant des Clupées ha- rengs. On a écrit que le meilleur ra/ff et le meilleur ræckel venoient de Samosé, près de Berghen en Nor- wége. Mais ces sortes d'aliments ne conviennent guère, dit-on, qu'aux gens de mer et aux habitants des cam- pagnes , qui ont un estomac fort et un tempérament robuste. Auprès de Hambourg et en Hollande, la tête fraiche du flétan a été regardée comme un mets un peu délicat. Les Groenlandois ne se contentent pas de manger la chair de ce poisson, soit fraiche , soit séchée ; ils mettent aussi au nombre de leurs comes- tibles le foie et même la peau de ce pleuronecte. Ils préparent la membrane de son estomac, de manière qu'elle est assez transparente pour remplacer le verre des fenêtres. Quelque grand que soit le flétan, il a dans les dau- phins des ennemis dangereux, qui l’attaquent avec d'autant plus de hardiesse, qu'il ne peut leur oppoxer, DES POISSONS. 35 avec beaucoup d'avantage, que son volume, sa masse et ses mouvements, et qui employant contre lui leurs dents grosses , solides et crochues, le déchirent, em- portent des morcéaux de sa chair, lorsqu'ils sont con- traints de renoncer à une victoire complète , et le laissent, ainsi mutilé, traîner en quelque sorte. une misérable existence. Quand il est très jeune, il est aussi la proie des squales, des raies , et des autres ha- bitants de la mer, remarquables ve leurs armes ou par leur force. Les oiseaux de proie qui vivent sur les rivages de la mer et se nourrissent de poissons, le poursuivent avec acharnement, lorsqu'ils le découvrent auprès de la surface de l'Océan. Mais lorsque le flétan est gros et fort, l'oiseau de proie périt souvent victime de son audace. Le poisson plonge avec rapidité à l'instant où il sent la serre cruelle qui le saisit; et l'oiseau, dont les ongles crochus sont embarrassés sous la peau et les écailles du pleuronecte , fait en vain des efforts violents pour se dégager ; le flétan l’entraîne ; ses cris sont bientôt étouffés par l'onde, et il est précipité jus- que dans les abîmes de l'Océan, asile ordinaire de l’hippoglosse, 11 paroît que, dans les différentes circonstances où le flétan se montre couvert. d'insectes ou de vers marins attachés à sa peau, il éprouve une maladie qui influe sur le goût de sa chair, ainsi que sur la quantité de sa graissé. Il fraie au printemps ; et c’est M entre les pierres qu'il dépose, près du rivage, des œufs dont la couleur est d’un rouge pâle. Tous les individus de cette espèce sont très vora- #7 36 HISTOIRE NATURELLE ces; ils dévorent non seulement les crabes, et même des gades, mais encore des raies. Ils paroïssent très friands des cycloptères lompes qu’ils trouvent atta- chés aux rochers. Ils se tiennent plusieurs ensemble dans le fond des mers qu'ils fréquentent; ils y forment quelquefois plusieurs rangées; ils y attendent, la gueule ouverte, les poissons qui ne peuvent leur ré- sister, et qu'ils engloutissent avec vitesse; et lorsqu'ils sont très affamés, ils s'attaquent les uns les autres, et se mangent les nageoires ou la queue. Leur canal intestinal présente deux sinuosités ; un long appendice est situé auprès de leur estomac ; leur ovaire est double ; et soixante-cinq vertèbres compo- sent leur épine du dos. Les écailles qui les recouvrent sont arrondies à leur extrémité, molles, fortement attachées, enduites d’une liqueur visqueuse, et très difliciles à voir avant que le poisson ne soit mort et même dessé- ché. Le corps et la queue sont allongés. La tête n'est pas grande à proportion de l'énorme étendue des au- tres portions de ces pleuronectes : mais l'ouverture de la bouche est large; et les deux mâchoires sont gar- nies de plusieurs dents longues, pointues, courbées , et un peu séparées les unes des autres. La lèvre su- périeure peut être étendue en avant. Les yeux sont gros, et aussi rapprochés du museau l’un que l’autre. Trois lames composent l’opercule, qui cependant ne cache pas en entier la membrane branchiale. Un pi- quant tourné vers la gorge est placé au devant de l’anale. L'anus est aussi éloigné de la tête que de la pectorale. La ligne latérale se courbe d’abord vers le DES POISSONS. | 57 haut , et s'étend ensuite directement jusqu’à la na- geoire de la queue. Le côté gauche du flétan , celui sur lequel il nage ou se repose, est blanc ou blanchâtre : le côté droit paroît d'autant plus foncé, que l'animal est plus mai- gre. L'iris est blanc; la dorsale et l’anale sont jaunâ- tres; chaque pectorale est jaunâtre ou jaune, avec une bordure foncée; les thoracines et la caudale sont brunes 1. 1. 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flétan. :4 rayons à chaque pectorale, 7 rayons à chaque thoracine. 18 rayons à la nageoire de la queue. LACÉPEÈDE, Xf ) 58 HISTOIRE NATURELLE LE PLEURONECTE LIMANDE. Pleuronectes Limanda, Linn., Lacer. Brocu.— Pleu- ronectes (Platessa\ Limanda , Cuv. CE poisson, très commun sur nos tables, se trouve non seulement dans l'Océan atlantique, mais encore 1. Lima, en Sardaigne. Glahrke, en Poméranie. Kleische, à Hambourg. Kliesche , ibid. Skrubbe , en Danemarck. Grette, en Hollande. Dab, en Angleterre. Brut , ibid. Pleuronecte limande, Daubentor et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Pleuronecte limande , Bloch, pl. 46. Mus. Ad. Frid. 2, p. 68. Mall. Prodrom. Zoclog. Danic., p. 45, n. 575. Artedi, gen. 17, syn. 55, spec. 58. Limande , Rondelet , première partie , liv. 11, chap. 8. Schonev., p. 61. Aldrovand., hib. 2, cap. 46, p. 242. Willughby, Ichthyolog., p. 97. Raï, Pisc., p. 52. Limanda , etc.. Gesner, p. 665 et 781, et (germ. }, fol. 52, & Citharus , Charlet., p. 145. Belon, Aquat., p. 145. DES POISSONS, | 59 dans la Baltique et dans la Méditerranée. Le temps de l’année où il est le plus agréable au goût, au moins dans les contrées du nord de l’Europe, est la fin de l'hiver ou le commencement du printemps. Il fraie ensuite ; et alors sa chair est moins savoureuse et plus molle. Elle est cependant, dans les autres saisons, plus ferme que celle de plusieurs pleuronectes ; mais comme elle est aussi moins succulente et moins dé- licate, on la fait sécher sur plusieurs côtes d’Angle- terre et de la Hollande. La limande vit de vers ou d'insectes marins, et très souvent de petits crabes. Son épine dorsale ne comprend que cinquante- une vertèbres. L'ouverture de sa bouche est étroite. Les deux mà- choires sont d’égale longueur ; mais on compte plus de dents à la supérieure qu’à l’inférieure. L'œil supé- rieur est placé au sommet de la tête. On aperçoit au devant de la nageoire de l’anus un piquant tourné vers la gorge. Le côté droit est jaune ; le gauche est blanc; l'iris couleur d’or; et la caudale brune. Le rhomboïde de Rondelet me paroît être une va- riété de la limande?. Limanda , Jonston , Pise., p. go. Brit. Zoolog. 5, p. 188, n. 5. Limande , Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte limande. 11 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 15 rayons à ja nageoire de la queue. 2. Rondelet, première partie, liv. 11, chap. 3. - 40 INISTOIRE NATURELLE 40862640 #0 pa 3 0-6 41A HO LPO 0 L0 0 HO SO HEB-O HA SCO LEE PE HE HAS EE HE DOC PE 15 BE PO HuEE 59 LE PLEURONECTE SOLE”. Pleuronectes Solea, LiNn., GueLz., Brocu., Lac., Cuv. CE poisson est recherché, même pour les tables les plus somptueuses. Sa chair est si tendre, si délicate 1. Boyglotton , boglosson, boglossa , voglotta , boglossos , et boglot- tos, par les anciens auleurs grecs. Perdrix de mer, dans plusieurs départements de la France. Linguato , en Espagne. Sagliola, en Sardaigne. Linguata, en Italie. Sfoia, dans les environs de Venise. Dil baluck, en Turquie. Samamkust, en Arabie. Zange , en Allemagne. Sec rephuhn, ibid. Tunge, en Danemarck. Hunde tunge, ibid. Tunge pledder, ibid. Hav ager, ibid. Hone , ibid. Tunga sola , en Suède. Tonge, en Norwége. Id. en Hollande. Sol, en Angleterre. Soul , ibid. Zeetong , par les Hollandais de Surinam. Bot, id. Pl.105. Poissons. RE Pllot Del 1 Pavuze ceugp IA EURONECDESOLE 2 PP PILEUR "TURBOT - SMERA LEURS CARRELET . DES POISSONS. a et si agréable au goût, qu'on l’a surnommé la P'erdrix de mer. On le trouve non seulement dans la Baltique et dans l'Océan atlantique boréal, mais encore dans les environs de Surinam et dans la mer Méditerranée, : où l’on en fait particulièrement une pêche abondante auprès d’Orytana et de Saint-Antioche de Sardaigne. Il paroît que sa grandeur varie suivant les côtes qu’il fré- quente, et vraisemblablement suivant la nourriture Pleuronectes Solea , Faun. Suecic. 326. Mull. Prodrom. Zoolog Danic., p. 45, n. 576. Pleuronectes tunga, I. Wgoth. 178. « Pleuronectes maxilla superiore longiore, corpore oblongo, » squamnis utrinque asperis, » Artedi, gen. 18, syn. 52, spec. 60. Pleuronecie sole, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch , pl. 45. Boglossos , Athen., lib. 7, p. 288. Solea, Ovid. Halicut., v. 124. Id, Phn., lb. 9, cap. 16, 20. Id. Cuba, lib. 5, cap. 84, fol. 90, a. Id. Jov., cap. 26, p. 98. Id. et buglossus, Gesner, p. 666, 667, 671. 985, et(germ.), fol. 55, b, 55. Jonston , lib. 1, Lit. 3, cap. 3, a. 2, punct. 1, p. 82. Soleu , Charlet, p. 145. Buglossus, Wotton, lib. 8, cap. 167, fol. 150. Sole, Rondelet, part. 1, liv. 11, chap. 10. Buglossus, sive solea, Willughby, p. 100, tab. F, 7. Buglossa , vel solea, Aldrovand., lib. 1. cap. 45, p. 255, 255. Solea, vel buglossus , Schonev., p. 65. Pleuronectes solea , Brünn. Ichthyol. Massil., p. 54, u. 437. Gronov. mus. 1, p.14, n. 87; Zooph., p. 74, n. 251. « Solea squaris minnutis. » Klein, miss. pisc. 4 ,p. 51, n. 1. Belon, Aquat., p. 147. Solea , Ruysch , Theatr. anun., p. 57, tab. 20, fig. 15. Brit, Zoolog. 3, p. 190, n. 7. Sole, Valmont de Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. 42 HISTOIRE NATURELLE qu'il peut avoir à sa portée. On en prend quelquefois auprès de l'embouchure de la Seine, qui ont un pied et demiou deux pieds de longueur. Il se nourrit d’œufs ou de très petits individus de quelques espèces de poissons ; mais lorsqu'il est encore très jeune, il est la proie des grands crabes, qui le déchirent, le dé- pècent et le dévorent. On le voit quelquefois entrer dans les rivières. M. Noël de Rouen nous a écrit qu’on a pêché ce pleuronecte dans les guideaux de la Seine, auprès de Tancarville ; et il ajoute que, pendant l'été, le flot peut l’apporter jusque dans le lac de Tôt; mais pendant l'hiver il se tient dans les profondeurs de l'Océan. Il quitte le fond de la mer lorsque la belle saison arrive ; il va chercher alors les endroits voisins des rivages ou des embouchures des fleuves, où les rayons du soleil peuvent parvenir assez facilement pour faciliter l'accroissement de ses œufs et la sortie des fœtus. On le prend ce plusieurs manières. On emploie, pour y parvenir, des hamecçons dormants auxquels on attache pour appât des fragments de petits poissons. On peut aussi, lorsqu'une lumière très vive est ré- pandue dans l’atmosphère , chercher auprès des côtes et des bancs de sable, des fonds unis sur lesquels rien ne dérobe les soles à la vue du pêcheur; à peine ce dernier en a-t-il découvert une, qu'il lance contre ce pleuronecte un plomb attaché à l’extrémité d’une petite corde, et garni de plusieurs crochets qui, pé- nétrant assez avant dans le dos de l’animal, servent à le retenir et à l'enlever, malgré les efforts qu'il fait pour s'échapper à la mort qui le menace. S'il n’y a même que deux ou trois brasses d’eau au dessus du p 7 DES POISSONS. 49 poisson, on le harponne, pour ainsi dire, par le moyen d’une perche dent le bout est armé de pointes recour- bées. Il est aisé de voir que, pour avoir recours avec avantage à ces deux dernières sortes de pèche, il ne suflit pas que le soleil brille sans nuages; il faut en- core que la mer ne soit agitée par aucune vague au- tour du bateau pêcheur. L'illustre Franklin nous a fait connoître le procédé employé avec succès, pour main- tenir pendant long-temps un calme presque parfait à une certaine distance autour de la barque. Une petite quantité d'huile que l’on répand sur la surface de la mer, et qui surnage autour du bâtiment, rend cette surface unie, presque immobile, et très propre à lais- ser parvenir les rayons de la lumière jusqu’au pleu- ronecte que l’on désire de distinguer. On a d’autant plus de motifs de pècher la sole, qu'une saveur exquise n’est pas la seule qualité pré- cieuse de la chair de ce poisson. Cette même chair présente aussi la propriété de pouvoir être gardée pendant plusieurs jours, non seulement sans se cor- rompre, mais encore sans cesser d'acquérir un goût plus fin. Voilà pourquoi, tout égal d’ailleurs, les soles de l’Océan sont meilleures à Paris qu’auprès du Havre, et celles de la Méditerranée à Lyon, par exemple, qu’à Toulon ou à Montpellier. Les écailles de la sole sont dures, raboteuses, den- telées, et fortement attachées à la peau, sur le côté gauche, comme sur le côté droit. L'ouverture de la bouche représente un croissant. On voit plusieurs rangs de dents petites et pointues à la mâchoire in- férieure, et des barbillons blancs et très courts au côté gauche des deux mâchoires. Deux os arrondis 4l HISTOIRE NATURELLE et deux os allongés, tous les quatre hérissés de petites dents, sont placés autour du gosier. La ligne latérale est droite. Un piquant assez fort paroît auprès de l’a- nus , qui est très près de la gorge. De petites écailles garnissent la base des longues nageoires de l'anus et du dos. Le côté droit est olivâtre; et le gauche, plus ou moins blanc. Le canal intestinal offre plusieurs sinuosités ; il n’y a point de cœcums auprès du pylore ; la colonne ver- tébrale est composée de quarante-huit vertèbres. D'après une note que M. Noël a bien voulu nous faire parvenir, on doit regarder comme une variété de la sole, un pleuronecte que l’on pêche auprès de l’em- bouchure de l'Orne, et que l’on nomme Cardine. La tête de cette cardine est beaucoup plus grande et plus allongée que celle de la sole ; le côté droit de ce tho- racin est d’un fauve roux assez clairs et sa chair est moins recherchée que celle du poisson que nous ve- nons de décrire. 1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte sole. 10 rayons à chaque pectorale. 7 rayons à chaque thoracine. 17 rayons à la nageoiïre de la queue. de SA DES POISSONS. oO POE0.H9 0 He 1e 430609 pe 10 HSE 0 ob HO LP Le de ee do pod BAS HG LOUE 40 LS Lo ÉPC Ep OL Q SE LE PLEURONECTE PLIE”. Pleuronectes Piatessa, Linn., Guer., BLrocu, Lacer., Cuv. LA plie est bonne à manger; mais, moins agréable au goût , moins tendre et moins délicate que la sole, 1. Platesia , plada , plays , pleis, plaethiz. Plye, dans quelques départements de la France. Flotant, à Bordeaux, suivani M. Duthrouil, officier de santé. Plaise, en Angleterre. Karkole , en Islande. Hellebutt , en Norwége. Sondmeer kong, ibid. Vaar-guld , ibid. Floender slueter, ibid. Skalla , en Suède. Rœdspætte , en Danemarck. Schickpleder, ibid. Schuller, ibid, Schulle , auprès de Hambourg, Plutteis, en Allemagne. Pladise, ibid. Scholle, ibid. Id. en Hollande. Come , au Japon, Jei, ibid. Bot , aux Moluques. Pleuronectes platessa , Linnée , édition de Gmelin, A6 HISTOIRE NATURELLE elle est moins recherchée. Elle habite dans la Balti- que, dans l'Océan atlantique boréal, et dans plusieurs autres mers. Le côté gauche de ce thoracin et d'un blanc bleuâtre pendant la jeunesse du poisson, et rou- geâtre lorsqu'il est plus âgé ; l'ouverture de la bouche petite; la mâchoire inférieure plus avancée que la su- périeure, et garnie, comme cette dernière, d’une rangée de dents petites et mousses; le gosier défendu, pour ainsi dire, par deux os très rudes; la langue lisse ; le palais dénué de dents; la ligne latérale pres- que droite; la base des nageoires du dos, de l’anus Pleuronecte plie, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pi. 42. a Pleuronectes tuberculis sex.» Faun. Suecic. 328. Mall. Prodrom. Zoolog. Danic., p. 44, n. 575. It. Wgoth. 179. Pleuronectes slaelvar, It. scan. 526. « Pleuronectes..….. tuberculis sex in dextra capitis...…, » Artedi, gen. 17, Syn. 00. Plie, Rondelet, part. 1, liv. 11, chap. 6. Passer, vel platessa, Gesner, p. 664 et 670 ; et (germ.), fol. 59, a. 1d. Schonev., p. 61. œ Id. Willughby, p. 96, t. 5. Id. Rai, p. 31, n. 8. Passer lœvis, Aldrovand., lib. 2, cap. 47, p. 245. Id. Jonston, lib. 1, tit. 5, cap. 5, a. 2, punct. 1, tab. 20, fig. 7, et 9. Id. Charlet. 149. Gronov. mus. 1, p. 14, n. 66; Zooph., p. 52, 0. 246. Act. Helvet. 4, p. 262, n. 142. Klein, miss. pisc. 4, p. 55, n. 5; et p. 54, n. 6. Beion, Aquat., p. 141. Ruysch, Theatr. anim., p. 59, 66, tab. 22, fig. =elo. Brit. Zoolog. 3, p. 186, n. 5. Plie, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. DES POISSONS. 47 et de la queue, couverte de petites écailles ; l'anale précédée d’un aiguillon assez fort ; la hauteur de l’ani- mal plus grande que celle de la sole, à proportion de la longueur totale; l'estomac allongé ; le canal intes- tinal très sinueux ; le pylore voisin de deux ou quatre cœæcums ou appendices; et l’épine dorsale composée de quarante-trois vertèbres. La plie pèse quelquefois quinze ou seize livres. Plusieurs de ses habitudes, et les différentes maniè- res de la pêcher, ressemblent beaucoup à celles que nous avons décrites en parlant de la sole. Souvent on la sale ou on la sèche à l'air. On a cru pendant long-temps, sur quelques côtes de France ou d'Angleterre , que la plie étoit engen- drée par un petit crustacée nommé Chevrette. Le physicien Deslandes chercha, il y a déjà un très crand nombre d'années, à découvrir l’origine de cette opinion qui maintenant seroit absurde. Il fit plusieurs observations à ce sujet. Il mit des chevrettes dans un vase de trois mètres de circonférence, et rempli d’eau de mer. Au bout de douze ou treize jours, il aperçut huit où neuf petites plies, qui grandirent insensible- ment; et cette expérience lui réussit toutes les fois qu'il la tenta. Dans le printemps suivant, il plaça dans un vase des plies,. et dans un second des plies et des chevrettes. Îl paroît que, parmi les plies des deux vases, il y avoit des femelles qui pondirent leurs œufs, et cependant aucun jeune pleuronecte ne parut que dans celui des vaisseaux qui contenoient des chevret- tes. Deslandes examina alors ces crustacées, et il vit de véritables œufs de plie attachés sous le ventre de ces crabes. Il les ouvrit, et s’aperçut non seulement 45 HISTOIRE NATURELLE qu'ils avoient été fécondés, mais encore qu'ils ren- fermoient des embryons déjà un peu développés. Il conclut de tout ce qu'il avoit vu, que les œufs des plies ne pouvoient se développer que couvés, pour ainsi dire, sous le ventre des chevrettes. Au lieu d’admettre celte opinion que rien ne peut soutenir, ce physicien auroit dû penser que les plies écloses dans ces vases provenoient d'œufs pondus et fécondés près d’un ri- vage fréquenté par des chevrettes , qui aiment beau- coup à se nourrir du frai des poissons , et particuliè- rement de celui des pleuronectes. Ces œufs enduits d’une humeur très visqueuse, au moment de leur fé- condation, comme ceux de presque tous les habi- tants des eaux douces ou salées, s’étoient collés faci- lement contre le ventre des chevrettes qu'il avoit prises pour en faire les sujets de ses expériences. Avant de terminer cet article, nous devons faire remarquer que plusieurs auteurs, et notamment Be- lon, Rondelet, Gesner et Aldrovande, ont fait re- présenter la plie avec les deux yeux placés au côté gauche. Cette faute est venue vraisemblablement de ce qu'ils n’ont pas eu le soin de diriger leurs artistes, qui auroient dû dessiner le poisson à rebours. Mais quoi qu'il en soit il paroît qu'une faute semblable a eu lieu pour plusieurs espèces du genre de la plie; et nous pensons avec Bloch, que ce défaut d'attention a dû contribuer à faire compter par les naturalistes récents, plus d'espèces de pleuronectes qu'ils n’au- roient dû en admettre dans leurs catalogues. 1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte plie. 12 rayons à chaque pectorale. DES POISSONS. 49 M. Noël, de Rouen, nous a mandé, dans le temps, que l’on connoiïssoit à Caen, sous le nom de Fran- quise, une variété de la plie ou Plie franche, qu’on appelle Carrelet à Dieppe ainsi qu'à Fécamp, et qu'il ne faut pas confondre avec notre pleuronecte carre- let. Les individus de cette variété remontent jusque dans les guideaux du Tôt, lorsqu'ils sont portés avec violence dans la Seine par les eaux de la barre située à l'embouchure de cette rivière. 6 rayons à chaque thoracine. 19 rayons à la nageoïre de la queue. 5o HISTOIRE NATURELLE Late 080809 DeboBLbeE 90e ARE do EE BE CEE PO He EOOEE SO DES EOLEG CPE Her Éo:0 Ho doETE 0 LE PLEURONECTE FLEZ”. Pleuronectes Flessus, Linx., Guer., BLrocu. — Pla- tessa Flessus, Cuv.—Pleuronectes Passer, Brocu. Le Preuronecre Frynpre?, Pleuronectes platessoides, Linn., Gmei., Lacep.—PLeurONEGTE Pour?, Platessa Pola, Cuv. ; Pleuronectes Cy- noglossus, Linn., Gmel., Lacep.— Preuronecte LANGuETTE k, Pleu- ronecles Linguatula, Linn., Gmel.,Lacep.—PLEURONEGTE GLACIAL *, Pleuronectes glacialis, Linn., Gmel., Lacep. — PreuronecrTe Liman- DELLE ©, Pleuronectes Limandula, Lacep.— PLEURONECTE cmiNois, Pleu- ronectes sinensis, Lacep.—Preuronecte Limanpoïne?, Pleuronectes li- mandoides, Linn.. Gmel., Lacep.; Hippoglossus limandoides, Cuv.— Preuroncre Pécouze *, Pleuronectes Pegusa , Lacep.; Solea oculata, Cuv. ; Pleuronectes oculatus, Schn.; Pleuronectes Rondeletit, Shaw. Le flez se rend au printemps vers les rivages de la mer et des embouchures des fleuves. Il pénètre même 1. Flinder, en Prusse. Flonder, ibid. Flunder, dans la Livonie. Buite , ibid. Buttes, chez les Lettes. Lestes, ibid. Plehkstes, ibid. Læst, en Estonie. Kamlias, ibid. Flundra, en Suède. Slaetiskaeda , ibid. DES POISSONS. 53 dans les rivières : on le voit remonter très avant dans celles d'Angleterre ; et M. Noël nous a écrit qu'on le pèchoit souvent dans la Seine , jusqu’auprès de Tour- nedos, quelques myriamètres au dessus du Pont- del Arche, où on le nomme Fiondre et Flondre d’eau douce ou de rivière. Les individus de cette es- pèce que l’on prend dans l’eau douce , ont la couleur plus claire et la chair plus molle que ceux que l'on Skey, en Norwége. Sandskraa, ibid. Kola , en Islande. Lura , ibid. Butte, en Danemarck. Sandskreble , ibid. Flounder et But, en Angleterre. Fluke , ibid. Bot, en Hollande, Amsterdamse-bot , ibid. Fey hot, ibid. Het-tey, ibid. Pleuronecte fléton, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suec. 527. Mus. Ad. Frid, 2, p. 67. Muller Prodrom. Zoolog.Dan., p. 45, n. 574. It. Scan. 526. Bloch, pl 44. Gronov. mus. 2, p. 15, n. {o; Zooph., p. 75, n. 248. « Pleuronectes linea laterali aspera. » Artedi, gen. 17, syn. 31, spec. 50. « Passer fluviatilis, vulgo flesus. » Belon, Aquat., p. 144. Id. Willaghby, p. 98. Flez, Rondelet, première partie, liv. 11, chap, 9, édition de Lyon, 1558. « Passeris tertia species. » Gesner, 666. a Passer niger. » Charlet., p. 145. Klein , miss. pisc. 4, p. 35, n. à et 4, tab. 2, fig. 4. 52 HISTOIRE NATURELLE trouve dans la mer. On pêche le flez pendant la belle saison , parce qu'alors il est plus charnu et plus gros. La bonté de sa chair varie d’ailleurs suivant la nour- riture qui est à sa portée, et par conséquent suivant le pays qu'il habite. On prétend qu'aux environs de Me- mel, sa saveur est plus agréable que dans les autres parties de la Baltique. On peut le transporter facile- ment dans des vases et à une distance assez grande de son séjour ordinaire, sans lui faire perdre la vie; et on a profité de cette facilité, ainsi que de celle avec Flounder, Brit. Zoolog. 8, p. 187, n. 4. Flet, fletelet et flez, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 2. Picot , sur quelques côtes françoises de l'Océan atlantique. O. Fabric. Faun. Groenland., p. 164 , n. 119. Pleuronecte flyndre, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mélho- dique. 3. Grouov. mus. 1, p.14, n. 59; Zooph., p. 15. n. 247. O. Fabric. Faun. Groenland, p.162, n. 118. Pleuronecte pole, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho- dique. 4. « Pleuronectes..…. ano ad Jatus sinistrum, dentibus acutis. » Artedi, gen. 17, syn. Ô1. Pleuronecte languette, Daubenton et Hauy. Encyclop. méthodiqu e. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 5. Pallas, It. 3, p. 7c6 , n. 48. Pleuronecte glacial, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 6. Pleuronecte limandelle, Bounaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Duhamel, Traité des pêches, 2, section 9, p. 269. 7. Raukhe-scholle, par les Allemands. Plie rude, Bloch, pl. 186. Pleuronecte plie rude, Bonnaterre . planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 8. Pleuronecte pégouse, Rondeïct, première partie, liv. 13, chap. 11, édition de Lyon, 1558. DES POISSONS. D hiquelle il s’accoutume à toute sorte d’eau, pour l’ac- climater et le multiplier dans plusieurs étangs de la Frise Î. [1 ne pèse pas ordinairement plus de six livres. Deux petits cœcums sont placés auprès de son pylore. Sa colonne dorsale comprend trente-cinq vertèbres. Les piquants dont sa surface est hérissée sont très pe- tits, mais paroissent crochus, excepté ceux qui gar- nissent, du côté droit, la ligne latérale ou la base de la nageoire de l’anus et celle du dos. Ces derniers sont droits et forment de petits groupes; on en voit de semblables sur la ligne latérale du côté gauche, et sur le bord gauche de la base des nageoires du dos et de l’anus. Ce côté gauche ou inférieur, et par con- séquent presque toujours dérobé à l'influence de la lumière , est blanc avec quelques nuages bruns et des taches noirâtres, vagues, très peu foncées, très peu nombreuses et petites, tandis que le côté droit est d’un brun foncé , relevé par des taches olivâtres, ou d’un vert jaune et noir. Au reste, indépendamment des piquants dont nous venons de parler, les deux côtés du flez sont couverts d’écailles minces, allon- gées , fortement attachées à la peau, et très difficiles à voir. La mâchoire inférieure dépasse celle d’en haut; la langue est courte et étroite; deux os ronds et ru- des sont situés auprès du gosier. La ligne latérale se courbe vers le bas, après s'être avancée vers la na- seoire de la queue, jusqu'au delà de la pectorale. Un aiguillon assez fort paroît au devant de la nageoire de l'anus. La Baltique n’est pas la seule mer où se plaise le 1. Voyez le Discours intitulé Des effets de l’art de l’homme sur la nature des poissons. LACÉPÈGE. XL RUE HISTOIRE NATURELLE flez : il est aussi très répandu dans l'Océan atlantique boréal, ainsi que le flyndre, qui fréquente particuliè- rement les embouchures des rivières du Groenland. Ce dernier poisson est un des pleuronectes les moins grands et les moins agréables au goût. Il ne parvient ordinairement qu'à la longueur d’un pied; et on ne le mange le plus souvent que séché. Il se plaît sur les fonds sablonneux, où il se nourrit de vers marins et de petits poissons, et où il dépose ses œufs vers le commencement de l'été. Sa forme générale est un peu semblable à celle d’une navette. Le côté gauche est blanc et doux au toucher, ainsi que la tête et la lan- gue. Six tubercules garnis de petites dents entourent le gosier. Les pectorales sont courtes. Le flyndre est fréquemment tourmenté par des Gordius, ou par d’autres vers intestinaux. Le pole habite dans la partie de l'Océan atlantique qui baigne la Belgique , et dans celle qui avoisine le Groenland. On le trouve pendant l'hiver dans les en- foncements littoraux dont les eaux sont profondes. Sa ligne latérale est droite; sa dorsale s'étend depuis les yeux jusqu'à la nageoïire de la queue. Son côté gau- che est blanc. Il a beaucoup de rapport avec le flétan , mais sa chair est plus délicate ; et il n’a communément que deux pieds ou deux pieds et demi de lon- oueur !. 1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flez. 12 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la nageoire de la queue. S rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flyndre. 12 rayons à chaque pectorale. DES POISSONS. 55 Les mers de l'Europe sont la patrie du pleuronecte languette; et l’Océan glacial arctique est celle du pleuronecte glacial, dont le nom indique le séjour, et qui en fréquente les côtes sablonneuses. Les yeux de la limandelle sont ovales et très rap- prochés ; sa ligne latérale est d’abord courbée et en- suite droite; son côté gauche est blanc; ses pecto- rales et ses thoracines sont jaunes. Elle est quelque- fois longue d’un pied et demi. Le pleuronecte chinois est encore inconnu des na- turalistes. Nous en avons trouvé une image très bien faite parmi les peintures chinoises que la Hollande a cédées à la France, avec plusieurs belles collections d'histoire naturelles et nous lui avons donné un nom spécifique qui indique le pays où il à été observé et peint avec beaucoup de soin. Trois ou quatre pièces composent chaque opercule. La hauteur de l’animal surpasse la moitié de sa longueur totale. Des taches 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte pole. 14 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 17 rayons à la nageoïire de la queue. 9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte languette. 7 rayons à chaque thoracine. 19 rayons à la caudale. 9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte limandelle. 6 rayons à chaque thoracine. 17 rayons à la nagcoire de la queue. i1 rayons à chaque pectorale du pleuronecte limandoïde. 6 rayons à chaque thoracine. 25 rayons à la caudale. 6 HISTOIRE NATURELLE brunes, irrégulières, assez grandes et nuageuses, sont répandues sur le côté droit, et varient le fond qui fait ressortir des points noirs arrangés en quin- conce. Le côté gauche est d’un blanc rose; et Piris est un peu doré. On pèche dans l'Océan atlantique septrentrional, et particulièrement aux environs de Heiïligeland , le pleuronecte auquel nous conservons le nom de Li- mandoide, Ce thoracin habite sur les sables du fond de la mer; il vit de jeunes crabes ; il se prend à l’ha- mecon ; sa chair est blanche et d'un bon goût; il a deux laites ou deux ovaires; son foie n’est pas divisé en lobes; deux ou trois ou quatre cœæcums sont pla- cés auprès du pylore; plusieurs rangées de dents poin- tues arment chaque mâchoire ; deux os rudes sont voi- sins du gosier; la langue et le palais sont lisses ; les deux ouvertures des narines paroïssent dans une sorte de petite fossette ; des écailles semblables à celles du dos revêtent la tête et les opercules ; le côté gauche est blanc. La pégouze vit dans la Méditerranée, où on lui a donné, suivant Rondelet , le nom qu’elle porte, parce que ses écailles sont adhérentes à la peau comme de la poix, et ne peuvent être détachées facilement qu’a- près avoir été trempées dans l’eau chaude. On l’a prise aussi dans les environs de Caen, selon M. Noëlt; mais elle y est très rare. Les belles taches de son côté droit sont placées sur un fond d’un roux sale, et souvent entourées d’une bordure très foncée. 1, Note manuscrite communiquée par M. Noël de Rouen. DES POISSONS. 57 Csresebetedetretrodrepes pe her ber ho TrereTeHes es teHedrer COMMENT ED def eû CU EE EN OÙ CAE EE LE PLEURONECTE OEILLE! Pleuronectes ocellatus, Linn., Guer., Lacer. ET LE PLEURONECTE TRICHODACTYLE?. Pleuronectes trichodactylus, Linn., Gmer., Lace». Ces deux espèces ont beaucoup de ressemblance avec les achires. Elles s’en rapprochent par le petit nombre de rayons que l’on trouve dans leurs pectora- les, et par la petitesse de ces nageoires. La première a la dorsale comme plissée, et vit à Surinam. La se- conde a le côté gauche blanchâtre; de très grands rapports avec la sole; la ligne latérale droite; les dents si menues, qu'on a de la peine à les distinguer; la pectorale gauche si réduite dans ses dimensions, qu’elle ne montre ordinairement qu’un rayon; et une lon- 1. Mus. Ad. Frid. 2, p. 68. Pleuronecte argus, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 2, Pleuronecte manchot, Daubenton et Haüy, Encyclopédie métho- dique. Id, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. « Pleuronectes pinnis lateralibus vix conspicuis, » Artedi, gen. 18, spec. 61, syn. 65. 5S IISTOIRE NATURELLE sueur totale presque toujours au dessous de quatre pouces. On pêche le trichodactylef dans les eaux d'Amboine?. 1. Le mot grec et composé trichodactyle désigne l’exiguité et la forme des doigts ou des rayons de chaque pectorale , qui sont déliés comme des filaments. 2. 6 rayons à chaque thoracine du pleuronecte œillé. 14 rayons à la nageoïre de la queue. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte trichodac- tyle. 5 reyons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. DES POISSONS. 20 88 27 Bee A DE DED HDET CODE LI-FO DATI AOT D BSDE BAG OT EAP ST EP SA ÉNE EA ED SAN AT OA Cd HE Ex CP BA LE PLEURONECTE ZÈBRE", Pleuronectes Zebra, Linn., Guer., LAcEr.— Solea Zebra , Ouv. LE PLEURONECTE PLAGIEUSE*, Pleuronectes Plagiusa , Linx., Guer., Lacep. — Solea Plagusia, Guv. ET LE PLEURONECTE ARGENTÉS.. Pleuronectes argenteus, Lacrr. LA forme pointue de la caudale , et la réunion de cette nageoïire avec celles du dos et de l'anus, donnent une conformation générale assez remarquable aux trois poissons qui composent le troisième sous-genre des pleuronectes. Le premier de ces trois, celui qui 1. Die bandirie zunge , par les Allemands. Zèbre de mer, Bloch, pl. 187. Pleuronecte zébre de mer, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie iéthodique. 2. Pleuronecte plagieuse, Daubenton et Hay, Encyclopédie mé- thodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 3. Pleuronecte argenté, Bonnaterre, planches de l'£cyciopédie mé thodique. Peliv. Gazophyl., n. 10, tab. 26. 6o HISTOIRE NATURELLE a recu le nom de Zèbre, et qui est originaire des In- des orientales, présente d’ailleurs une mâchoire in- férieure moins avancée que celle d’en haut; des dents menues et pointues, placées le long de chaque mä- choire; des yeux très petits est inégaux ; un seul ori- fice à chaque narine; des écailles dentelées et très rudes au toucher ; un anus situé au dessous des pec- torales. Le pleuronecte plagieuse a été observé dans les eaux de la Caroline, par le docteur Garden. L'argenté a le côté gauche d'une couleur brune et terne , pendant que son côté droit resplendit de l'éclat de l’argent. On le trouve dans la mer des Indes. 1. 4 rayons à chaque pectorale du pleuronecte zèbre. 6 rayons à chaque thoracine. 10 rayons à la caudale. DES POISSONS. ; 61 298004204005 080600406060 186 00 Ba BR TÉ BOIRE BOT OBE PO HORS Of Q Boo HOEC SOC HULOS HOT LE PLEURONECTE TURBOT. Pleuronectes maximus, Linx., Guer., BLocn, Lacer. — Rhombus maximus, Cuv. —""09e— CE poisson est très recherché, et doit l'être. Il réunit, en effet, la grandeur à un goût exquis, ainsi 1. Faisan d’eau. Bertonneau , sur quelques côtes du nord-ouest de la France. Breet, en Angleterre. Tarboth, en Hollande. Oigvar, en Danemarek. Tonne , ibid. Steenbut, ibid. Vrang flonder, en Norwège. Skrabe flynder, ibid. Butia , en Suède. Botte, en Prusse. Stein botte, ibid. Stein hutt , dans plusieurs contrées de l'Allemagne. Rhombo , en lalie. Rombi aspri, en Sardaigne. Rhomb, dans plusieurs départements méridiouaux de la France. « Pleuronectes corpore aspero. » Faun. Suecic., 298 et 525. Id. Mus. Ad. Frid. 2, p. 69. Id. Artedi, gen. 18, syn. 92. « Rhombus maximus asper, non squamosus. » Willughby, p. 99 , tab. F. 8, fig. 3; et p. 94, tab. F. 2. Rai, p.51, n.1;et p. 92, n. 6. Pleuronecte turbot , Bloch, pl. 49. 62 HISTOIRE NATURELLE qu'à une chair ferme ; et voilà pourquoi on l’a nommé Faisan d’eau ou Faisan de mer, pendant qu'on a donné à la sole le nom de Perdrix marine. Le turbot habite non seulement dans la mer du Nord et dans la Baltique, mais encore dans la Méditerranée. Ron- delet dit avoir vu dans cette dernière mer un individu de cette espèce qui avoit cinq coudées de long, quatre coudées de large, et un pied d'épaisseur. Des turbots de cette taille sont très rares : mais on en prend quel- quefois sur les côtes de France ou d'Angleterre qui pèsent de vingt à trente livres; et M. Noël a bien voulu nous écrire que, dans le mois d'avril 1801, on avoit vendu dans le marché de Rouen un turbot du poids de plus de vingt-six livres. Le pleuronecte que nous décrivons est très goulu ; Id, Daubenton et Haüy , Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Muller Prodrom. Zoolog. Danic., p. 45, n. 379. Brünn. Pise. Massil., p. 35, n. 49. it. Gotl. 178. Gronov. mus. 2, p. 10, n. 159 ; Zooph.. p.74. n. 254. Klein, miss. pise. 4, p. 34, D. 1, etp. 55, n. 2, tab. 8, fig. 1, 2; et tab, 9, fig. 1. Turbot piquant , Rondelet, première partie. liv. 11, chap. 1. Gesner, Aquat., p. 661, 670; Icon. anim. p. 05; Thierb.. p. 50,6. Aldrovand. Pisc. p. 248. Rhombus aculeatus , Jonston , Pise., p. 89, tab. 20, fig. 15 ; ctp. 99, tab. 22, fig, 12. Rhombus, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 15, 20, 4. Id. Belon , Aquat., p. 159. Turbot, Brit. Zoolog. 3 , p. 192, n. 9. T'arbot rhombe, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire na- iurelle. Rhombus, P. Ariedi, Synonymia piscium, auctore TJ. G. Schnei- der, etc., p. 51. DES POISSONS. | 65 sa voracité le porte souvent à se tenir auprès de l’em- bouchure des fleuves , ou de l'entrée des étangs qui communiquent avec la mer, pour trouver un plus grand nombre des jeunes poissons dont il se nourrit, et pour les saisir avec plus de facilité lorsqu'ils pé- nètrent dans ces étangs et dans ces fleuves, ou lors- qu’ils en sortent pour revenir dans la mer. Quoique très grand , il ne se contente pas d'employer sa force contre sa proie; il a recours à la ruse. Il se précipite au fond de l'Océan ou des Méditerranées , applique son large corps contre le sable, se couvre en partie de limon , trouble l’eau autour de lui, et, se tenant en embuscade au milieu de cette eau agitée, vaseuse et peu transparente, trompe ses victimes et les dévore. Au reste, les turbots sont très difficiles dans le choix de leur nourriture ; ils ne touchent guère qu'à des poissons vivants ou très frais. Aussi, au lieu de garnir uniquement de morceaux de gade ou de clupée , et particulièrement de hareng, les hameçons avec les- quels on veut prendre ces pleuronectes, les Anglois ont-ils imaginé d'employer pour appât de petits pois- sons encore en vie, et surtout de jeunes pétromyzons pricka, qu'ils ont achetés de pêcheurs hollandois. On prétend même que les turbots ne sont point attirés par des amorces auxquelles d’autres poissons ont mordu. Quoi qu'il en soit, ils sont très abondants sur les côtes de Suède, d'Angleterre et de France. On en trouve notamment un très grand nombre entre Hon- fleur et l'embouchure de l'Orne, où on pêche ceux que l’on vend dans les marchés du Hâvre, de Rouen et de Paris. Les pêcheurs d'Angleterre, suivant le naturaliste 6 HISTOIRE NATURELLE Bloch, vont à la recherche des turbots dans des ca- nots qui portent trois hommes. Chacun d’eux a trois cordes ou lignes de trois milles anglois de longueur ; on attache à chaque corde, de six pieds en six pieds, un crochet retenu par une ficelle de crin ; des plombs maintiennent les lignes dans le fond de la mer; des morceaux de liége en indiquent la place, et l’on se règle sur les marées pour'jeter ou relever les cordes. La forme générale du turbot est un losange ; et c’est de cette figure qu’est venu le nom de Rhombe, que tant d’auteurs anciens et modernes Jui ont donné. La mâchoire infériéure , plus avancée que la supérieure, est garnie, comme cette dernière, de plusieurs ran- sées de petites dents. La ligne latérale descend pour se courber autour de la pectorale , et tend ensuite di- rectement vers la nageoire de la queue, sans présenter aucun tubercule. Les nageoires sont jaunâtres, avec des taches et des points bruns; le côté gauche est mar- bré de brun et de jaune ; le côté droit, qui est infé- rieur, est blanc avec des taches brunes; les tubercules osseux de la femelle sont moins nombreux que ceux du mâle. 1. 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte turbot. 19 rayons à chaque pectcrale. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. 65 Sas EO RAD AND EE HIDE PEN E LD POD EG SENTE SHOP EE PEPOTMDEE IE TELLE LAT DIE ONE PE © LE PLEURONECTE CARRELET"”. Pleuronectes Rhombus, Linn., Guer., BLrocu., Lacer., Cuv. —"e—— LE carrelet est très commun. On le trouve dans l'Océan atlantique boréal, ainsi que dans la Médi- 1. Barbue, dans plusieurs départements de France. Rhomboide , ibid. Rhombo , en Italie. Scatto, auprès de Venise. Soagia , ibid. Glattbutt, en Allemagne. W'inckelbutt, ibid. Elb butt, à Hambourg. Slaetwar, en Danemarck. Pigghuers, en Suède. Sand-flynder, en Norwége. Pearl, à Londres. Lug-aleaf, dans le comté de Cornouailles. Griet, en Hollande. « Pleuronectes corpore glabro. » Mus. Ad. Frid. 2, p. 69. Id. Artedi, gen. 18, syn. 31. Pleuronecte carrelet, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 43. Willughby. p. 96. Rai, p. 52, n. 7. Muller, Prodrom. Zoolog. Danic., p. 45, n. 378. Brunnich, Pise. Massil., p. 55, n. 48. 66 HISTOIRE NATURELLE ierranée. Ïl se plaît particulièrement dans cette der- nière mer, auprès des côtes de la Sardaigne ; il pénètre quelquefois dans les fleuves; il entre notamment dans l'Elbe; et M. Noël a appris d’un pècheur qu’on avoit pris un individu de cette espèce dans la Seine, auprès de Quevilly, à une petite distance de Rouen. On ne doit donc pas être étonné qu'on ait vu des empreintes ou des dépouilles de cet osseux dans la carrière d’OE- ningen, auprès du Rhin et du lac de Constance 1. Ce thoracin et le turbot sont les pleuronectes qui présentent le plus de largeur ou plutôt de hauteur. Ils l'emportent même sur le flez par la grandeur rela- tive de cette dimension; mais ils sont bién éloignés d'atteindre à la longueur de ce flez. On ne doit donc donner aucune confiance à ce qu’on a écrit d’un carre- let pris sous Domitien, et qui auroit été d’une longueur démesurée , qu’elle auroit égalé soixante-six ou soixante-neuf pieds. Le pleuronecte dont nous nous occupons a l’æso- phage large, la membrane de l'estomac épaisse, et deux cœcums ou appendices auprès du pylore. On doit remarquer d’ailleurs sa mâchoire inférieure un Pleuronectes piggvarf, It. Wgoth. 178. Pleuronectes arenartius, Strom. Sondm. Gronov. Mus. 1, p. 25, n. 45; Zooph., p.74, n. 255. T'urbot sans piquanis , Rondelet, première partie, liv. 1 11, chap. :. Gesner, Aquat.. p. 863. Aldrovand. Pise., p. 249. Jonston . Pisc., p. 99, t. 22, fig. 16 « Rhombus alter gallicus. » Belon, Aquat., p. 141. Brit. Zoolog. 6, p. 196 , n. 10. Petri Artedi Syn. piscium, auctoreJ. G. Schneïder, etc., p. 31, n. 5. 1, Voyez notre Discours sur la durée des espèces, et le Voyage dans les Alpes, d’Horace-Bénédict de Saussure. DES POISSONS. 67 peu plus avancée que la supérieure, les différentes rangées de dents petites, inégales et pointues, qui arment les deux mâchoires, la saillie arrondie de la partie postérieure de chaque opercule, et la couieur blanche du côté droit de l’animal 1. 1. 6 rayons à la merabrane branchiale du pleuronecte carrelet. 12 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 68 INISTOIRE NATURELLE LE PLEURONECTE TARGEUR*. Pleuronectes punctatus, Linn., Guer., BLocn. — Rhombus punctatus, Cuv. Le PseuroxecrTe penxtTé?, Pleuronectes dentatus, Linn., Gmel., Lacep.— PLeuroxecTe Moineau À, Pleuronectes passer, Linn., Gmel., Artedi, Lacep. — Preuronecre PaPrLLEux , Pleuronectes papillesus, Linn. ; Gmel., Lacep. — PLeuronecre Arçeus, Pleuronectes Argus, Linn., Gmel., Lacep.; Pleuronectes lunatus, Linn., Gmel., Lacep.:; Rhom- bus Argas, Cuv.; et Pleuronectes Mancus, Brouss. Linn., Gmel.. — PreuroNecte Japonois 6. Pleuronectes japonicus, Linn., Gmel., Lacep.— PLEuRONECTE Cazimanre?, Pleuronectes Calimanda, Lacep.; Pleuronectes Cardina, Cuv.—-PLEURONEUTE GRANLES-ÉCAILLES 5, Pleu- ronectes macrolepidotus, Bloch, Lacep.; Hippoglossus macrolepidotus, Cuv.— PreuronecTe Commensonnien*, Pleuronectes Commersonnit , Lacep., Cuv. — © $2—— Lorsqu'on aura jeté les yeux sur le tableau géné- rique des pleuronectes, on complétera facilement 1. Rothbutt, en Allemagne. Rætt butt, en Danemarck. W hiff, en Angleterre. Pleuronecte targeur, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. Bloch , pl. 189. « Passer alter, cute dura et aspera, etc.» Klein, miss. pisc. 4, p. 34, nn. 9. Brit. Zoolog. 5, p. 186, n.2. Rai, Pisc., p. 165, n.2, tab. 1. fig. ». DES POISSONS. 69 L l’idée générale des neuf espèces dont nous faisons men- tion dans cet article, en réunissant dans sa pensée les détails suivants. Le targeur montre de petites écailles sur sa tête et 2. Pleuronecte plaise, Daubenton et Haüy, Encyclopédie métho- dique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 3. Passere, en Sardaigne. Struff butt, à Hambourg. Verkehrther elbutt. Theerbott, à Dantzig. Stachelbutt, en Livonie. Akhte, chez les Leltes. Grabbe, ibid. Pleuronecte moineau, Daubentonet Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 50. Gronov. Zooph. p. 75, n. 248. Klein, miss. pisc. 4, p. 55, n. 3. 4. Pleuronecte aramaque, Daubenton et Haüy, Encyclopédie mé- thodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 5. Sichelchwartz, en Allemagne. Tunge, en Hollande. Linguada , en Portugal. Cubricunha , ibid. Aramaca , au Brésil. Badé, dans l'ile de Rotterdam , ou Anamoka. Pathi-maure, dans l’île d'Utahite. Pleuronecte lunulé, Dauhenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonuaterre, planche ; de l'Encyciopédie méthodique. Pleuronecte badé , id. Argus, Bloch, pl. 48. Broussonnet, Ichthyol. dec. 1, n. 5, tab. 5, 4. Catesby, Carol. 2, p. 27, tab. 27. 6. Houttuyn, Act. Haari. XX, 2, p. 517. 7. Pleuronectes regius, calimande royale. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 8, Gross schuppigte scholle, par les Allemands. LACÉDPÈDE, XI. gt 70 HISTOIRE NATURELLE sur les rayons de ses nageoires; un grand nombre de dents recourbées et très serrées à chaque mâchoire ; une lèvre supérieure extensible ; une ligne latérale courbe au-dessus de la pectorale, et ensuite droite; un blanc rougeâtre répandu sur son côté droit, et des nuances grises distribuées sur les nageoires du dos et de l’anus. Il habite dans la mer qui baigne les côtes d'Angleterre et celles du Danemarck; il parvient à la longueur d’un pied et demi. Les eaux de la Caroline sont la patrie du denté. Le moineau se trouve dans la Baltique , ainsi que dans l’Océan atlantique septentrional, Il pèse quelque- fois plus de huit livres. Sa chair est agréable au goût. La mâchoire inférieure dépasse celle de dessus. La ligne latérale est presque droite. Le côté droit est blanc ; les nageoires sont jaunâtres avec des taches brunes. On voit un piquant auprès de l’anus. L'Amérique nourrit le papilleux, dont le côté droit est blanc, et le côté gauche grisâtre. L'argus, dont le badé ou le manchot de Brousset n’est qu’une variété, est souvent long d’un pied et demi à deux pieds. On l’a pêché dans la mer des An- Tonge, par les Hollandois. Lingoada , par les Portugais. Cubricunha , id. Aramaca, au Brésil. Sole a grandes écailles, Bloch, pl. 190. Id. Bosïnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Klein, miss. pisc. 4, 52, n. 8. 9. Sole de l’ile de France. « Pleuronectes oculis a sinistra, corpore pellueido, sordide exal- » bido, guitis pallidioribus subtestaceisque maculosus. » Gommerson , manuscrits déjà cités. s DES POISSONS. Ed tilles, dans celle de la Caroline, et dans les eaux des îles du grand Océan équinoxial, improprement appe- lées fles de la mer du Sud. Pendant l'hiver, il se tient au fond de la mer; mais, lorsque l'été approche, il remonte dans les fleuves, où sa chair devient tendre et d’un goût exquis. Sa parure est très belle. Les taches dont il est peint ont paru avoir assez de rapports avec une prunellé entourée de son iris pour que le nom d’Argus lui ait été donné. La membrane des nageoires est jaunâtre ; les rayons qui la soutiennent sont bruns, et elles sont d’ailleurs ornées de petites taches bleues. Le côté droit de l'animal est d’un gris cendré. L’œil supérieur est plus grand et plus reculé que l’autre. La ligne latérale fait le tour de la pectorale avant de s’avancer directement vers l’extrémité de la queue. Plusieurs rayons de la pectorale gauche sont irès prolongés au delà de la membrane. Le japonois est long de huit pouces, et blanchâtre sur son côté droit. Le pleuronecte calimande n’a que huit à douze pouces de longueur; les couleurs dont il est jaspé sont ordinairement le rougeâtre , le marron, le gris de perle foncé. Plusieurs individus de cette espèce ont sur la queue une tache dorée entourée d’un cercle très brun ; les pêcheurs disent que les mâles ont une seconde tache au-dessus de la première, et une troi- sième auprès de l’opercule. Nous devons à Duhamel la description de ce thoracin, qui se plaît dans l'Océan. Le pleuronecte grandes-écailles a le corps et la queue très allongés ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos; les dents co- niques et très longues; les nageoires brunes ; une chair 72 HISTOIRE NATURELLE de bon goût; une longueur de plus de deux pieds, et la mer du Brésil pour patrie 1. Le commersonnien est à peine de la longueur de la main. Ses thoracines sont placées l’une devant l’autre; c'est la gauche qui est la plus avancée. Il vit dans les eaux salées qui baignent l'Ile-de-France ; il est encore plus délicat que la sole. Nous en donnons la descrip- tion d’après les manuscrits de Commerson, qui l’a fait dessiner. 1. 11 rayons à chaque peclorale du pleuronecte targeur. 6 rayons à chaque thoracine. 14 rayons à la nageoïre de la queue. 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte denté. 12 rayons à chaque pectorale. 17 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du pleurcnecte moineau. 12 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la nageoïire de la queue. 12 rayons à chaque pectorale du pleuronectie papilleux. 6 rayons à chaque thoracine. 16 rayons à la caudale. 10 rayons à chaque pectorale du pleuronecte argus. : 8 rayons à chaque thoracine. 17 rayons à la nagevire de la queue. 9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte japonois. 16 rayons à la caudale. 14 rayons à chaque pectorale du pleuronecte grandes-écailles. 6 rayons à chaque thoracine. 17 rayons à la nagooire de la queue. 9 rayons à chaque pectorale du pleuronecle cominersonnien. 6 rayons à chaque thoracine. 15 rayons à la caudale. DES POISSONS. 73 be DOPEDODOPED EP TOPOOTE DOS DOG PER crebss porobetes DE OTOE To D ENS Peso 5< 0% CENT CINQUANTE-UNIÈME GENRE. LES ACHIRES. La tête, le corps et la queue très comprimés ; les deux yeux du même côté de la tête; point de nageoires pectorales. ne PREMIER SOUS-GENRE. Les deux yeux à droite; la nageoire de la queue fourchue, ou échancrée en croissant, ou arrondie sans échancrure. ESPÈCES. CARACTÈRES. Des barbillons aux mâchoires ; le corps et la queue a!longés; la mâchoire supéricure plus avancée que l'inférieure ; un grand , nombre de taches blanches et circulaires. É rayons à la nageoiïre du dos ; 1. L’AcuIRE BARBu. cinquante-cinq à celle de l'anus; la cau- daie arrondie; la ligne latérale très droite; la mâchoire supérieure plus avancée que celle de dessous ; Le côté droit brun, avec des taches et des raïes tortueuses d’un blanc de lait. 2. L’ACHIRE MARSRÉ la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la ligne latérale droite; la base des nageoires de l'anus et du dos garnie de petites écailles ; des taches ir- régulières , blanchâtres, el chargées cha- cune d’une tache brune. /Cinquante-trois rayons à la nageoire dor- sale; quarante-cinq à celle de l'anus ; la PR ru rot caudale arrondie: des barbillons au côté ù Fe gauche de la mâchoire supérieure; les écailies ciliées; sept qu huït bandes trans- versales et noires. Cinquante-sept rayons à la nageoire du dos ; cinquante à l’anale ; la caudale arrondie: 3. L’ACHIRE PAVONIEN. TU HISTOIRE NATURELLE SECOND SOUS-GENRE. Les deux yeux à gauche; la caudale pointue et réunie avec les nageoires de l’anus et du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. Cent soixante-quatorze rayons aux nageoi- res du dos, de la queue et de l’anus, con- sidérées comme ne formant qu’une seule nageoire ; le corps ct la queue allongés ; deux lignes latérales sur chaque côté du poisson; le côté gauche d’ur brun jau- | nâtre; le côté opposé d’un blanc rou- \ geûtre. 5, L'ACHIRE DEUX-LIGNES. / Quatre-vingt-quinze rayons depuis le com- mencement de la dorsale jusqu'à l’extré- mité de la nageoire de la queue; quatre- vingt-deux rayons depuis le commence- 6. L'AcuiRE onNé. ment de lanale jusqu’au bout de la cau- dale; une seule ligne latérale sur chaque côté; Les écailles petites, arrondies et den- telées ; huit ou neuf bandes transversales \ et foncées. DES POISSONS. 3 (BE Li DPÉDOPED SH De DID SEP TETE EEE ED SPEED TOGO NDS 6 PErE-F ONE ad HE 0 Or SE He TOM L'ACHIRE BARBU”, Achirus barbatus, Lacer., Cuv. L'ACHIRE MARBRÉ?2. Achirus marmoratus , Lacer., Cuv. ET L’ACHIRE PAVONIEN. Achirus pavoninus, Lacer. — = =———— Les achires® ne diffèrent des pleuronectes que parce qu'ils sont entièrement privés de bras et de mains, ou, ce qui est la même chose, de nageoires pectorales. Leurs habitudes sont cependant sembla- bles à celles des pleuronectes, dont les pectorales sont trop petites, et placées trop désavantageusement pour influer d’une manière sensible sur leurs mouve- ments et leurs évolutions. On ignore dans quelle mer habite le barbu. 1. Gronov. Zooph., n. 255. Pleuronecte barbue , Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- dique. 2. « Pleuronectes cculis a dextra; corpore brunneo, guilis lacteis, » aliis circumscriptis, aliis diffluentibus , variegato ; pinnis omnibus.. » exalbidis nigro punctatis. » Commerson, manuscrits déjà cités. 3. Achcires, en grec, signifie manchot, qui manque de mains. 51) HISTOIRE NATURELLE Le marbré est beau à voir. On le pèche dans la partie de l'Océan qui arrose l'Ile-de-France. Le goût de sa chair y est excellent, et il y a été observé en 1769 par Commerson. Les naturalistes ne connoissent pas encore ce poisson. Ses nageoires, d’un blanc mêlé de gris et de bleu, sont parsemées de points noirs. Ou ne voit que difficilement ses écailles. La dorsale s'étend depuis le bout du museau jusqu’à la nageoire de la queue. Commerson a fait une remarque curieuse sur cet achire. Il a vu le long de la base des nageoires du dos et de l’anus , autant de pores que de rayons; et lors- qu'on pressoit les environs de ces petits orifices, il en sortoit une mucosité laiteuse. Nous avons trouvé un individu de cette espèce dans la collection de Hollande, cédée à la France. Nous avons vu, dans la même collection, un indi- vidu d’une autre espèce d’achire encore inconnue des naturalistes, et à laquelle nous avons donné le nom de Pavonien, à cause des taches un peu semblables à des yeux de paon, dont elle est couverte. La dorsale de cet achire pavonien règne depuis le dessus du museau jusqu'à la caudale , dont cependant elle est très distincte, ainsi que la nageoïre de l’anusf. 1. 5 ou 6 rayons à là membrane branchiale de l’achire marbré. 5 rayons à chaque thoracine. 18 rayons à la nageoire de Ja queue. 6 rayons à chaque thoracine de l'achire pavonien. 17 rayons à la caudale. DES POI5SONS. 77 L'ACHIRE FASCÉ: Achirus fasciatus, Lacxr., Cuv. — Pleuronectes fas- ctatus , LINN., GMEL. D 6(0en—— Cr achire a été pèché dans les eaux de l’Amérique septentrionale. Son côté droit est brun; son côté gau- che blanchître?. 1. Pleuronectes achirus , Linnée, Syst. naturæ X, 1, p. 268, n. 1, 3. Pleuronecte achire, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Gronov. Mus. 1, n. 42. « Pleuronectes fuscus.…. lineis septem nigris, etc.» Browne.Jam. 445. Sloane , Jam. 2, p. 77, t. 246, fig. 2. « Passer lineis transversis. » Raï, pisc. 157. 4 ou 5 rayons à chaque thoracine de l’achire fascé. 2. 16 rayons à la nageoire de la queue. 78 HISTOIRE NATURELLE 02-0.50:$060 04050400 oo BepooodeHoHoo po dee Ho do He boeposere Hesse se gooei ES L’ACHIRE DEUX-LIGNES”, Achirus bilineatus, Lacer., Cuv. — Pleuronectes bilineatus, Linx., GEL. ET L'ACHIRE ORNÉ.. Achirus crnatus , Lacer., Cuv. —— Se ———— LE premier de ces deux achires habite dans les eaux de la Chine et dans celles des Indes orientales. Il se nourrit de petits crabes et d'animaux à coquille. Son foie n’a qu'un seul lobe; la membrane de son esto- mac est mince; le canal intestinal se recourbe plu- sieurs fois; les deux mâchoires sont garnies de dents courtes et obtuses; chaque narine a deux orifices, dont l’un est en forme de tube; une seule plaque compose chaque opercule; les écailles qui recouvrent la tête, le corps et la queue, sont petites, presque rondes et dentelées; les deux lignes latérales, que l’on voit sur chaque côté de l’animal, sont droites et pres- que parallèles; une couleur brune, mêlée de gris ou de verdâtre, distingue les nageoires. 1. Bloch, pl. 188. Pleuronecte , sole à deux lignes, Bonnaterre, planches de l'Encyelo- pédie méthodique. DES POISSONS. 79 Personne n’a encore publié la description de l’orné. Nous avons vu un individu de cette dernière espèce dans la collection hollandoise donnée à la France. La ligne latérale se relève au delà de l’opercule, pour Are A \ . . 1 suivre à peu près la direction du dos. 1. 4 rayons à la membrane branchiale de l'achire deux-lignes. 4 rayons à chaque thoracine. 80 HISTOIRE NATURELLE CHEHOPOB DEEP TEE DIT PEHENEPEEET EG ESS cretetedes Loose se SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEUX. Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. P BE ——— PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule et une membrane des branchies. VINGTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS , OÙ QUATRIÈME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons abdominaux, ou qui ont des nageoires infe- rieures placées sur l'abdomen, au delà des pectorales, et en decà de la nageoire de l'anus. DES POISSONS. , 81 æ 00208900 595080 CENT CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. LES CIRRHITES. Sept rayons à la membrane des branchies; le dernier très éloigné des autres; des barbillons réunis par une membrane, et placés auprès de la pectorale, de manière à représenter une nageotre semblable à cette dernière. ESPÈCE. CARACTÈRES. Dix rayons aiguillonnés et onze rayons ar- ticulés à la nageoïire du dos; troïs rayons aiguillonnéset six rayons articulés à la na- LE CIRRHITE TACHETÉ. geoirc de l'anus ; la caudale arrondie; la couleur générale brune; un grand nom- bre de larges taches blanches, et de pe- tites taches noires. (@»] ND HISTOIRE NATURELEE DE PIE HDI EE ST 0 Do De rer EBEMEHEMESSHETETEPEHES EEE EEE ETES DE-SS CEE HS ETES CE LE CIRRHITE TACHETÉ". Cirrhitus maculatus, Cuv., LAcer. CE poisson, dont on devra la connoissance à Com- merson, est véritablement de l’ordre des abdomi- naux ; mais il doit être placé à la tête de cet ordre, comme se rapprochant beaucoup de celui des thora- cins, avec lesquels il a de grands rapports. Il ressem- ble surtout aux holocentres ou aux persèques. Il a, comme ces osseux , la première lame de son opercule dentelée , et la seconde armée d’un aiguillon. Sa partie supérieure se relève en arc de cercle, si- tué dans le sens de sa longueur totale. On ne voit pas de petites écailles sur sa tète; mais son corps, sa queue , et une partie de ses opercules, en sont re- vêtus. Il peut étendre ou retirer sa mâchoire supé- rieure 2. On divise facilement les dents de ses deux mâ- 1. Cirronius. Concirrus. Cincirous. « Aspro fuscus maculis utroque latere sparsis majoribus albis, mi- » noribus nigris plurimis. » Commerson, manuscrits déjà cités. 2. 7 rayons à chaque pectorale du cirrhite tacheté. 2 6 rayons à chaque ventrale. 15 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. 85 choires en extérieures et en intérieures. Les premières sont écartées les unes des autres ; les secondes sont très petites, et serrées comme celles d’une lime. La partie supérieure de l’orbite est relevée, et les yeux sont placés assez haut. Sept barbillons très allongés et réunis par une membrane commune forment cette soite de fausse nageoire que nous venons de faire remarquer dans le tableau générique, qui paroît, au premier coup d'œil, une seconde pectorale, et qui, donnant à l’animal un organe singulier, le rapproche des lépadogastères, des dactyloptères, des prionotes, des trigles et des polynèmes, sans cependant les con- fondre avec aucun de ces derniers. La ligne latérale suit la courbure du dos. Les nageoires sont brunes; des taches noires sont répandues sur la dorsale; une tache plus grande, mais de la même couleur, paroît sous la mâchoire inférieure. S4 HISTOIRE NATURELLE CENT CINQUANTE-TROISIÈME GENRE. LES CHEILODACTYLES. Le corps et la queue très comprimés; la lèvre supérieure double et extensible; la partie antérieure et supé- rieure de la tête terminée par une lignepresque droite, et qui ne s'éloigne de la verticale que de {0 à 50 de- grès; les derniers rayons de chaque pectorale, très allonges au delà de la membrane qui les réunit; une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. Dix-neuf rayons aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés à la nageoire du dos: deux rayons aiguillonnés et douze rayons articulés à la nagcoire de l'anus; la cau- dale fourchue; le onzième rayon de cha- que pectorale d'une longueur double de la hauteur de la membrane; des bandes transversales et foncées. LE CHEILODACTYLE FASCÉ. DES POISSONS. 83 BASE 32 3DAD D POP M D SD 4 AP VD MD PET SE EEE PO Dr M D D He) DA D SD DS D PE DELA LA DO LE CHEILODACTYLE FASCÉ! Cheilodactylus fasciatus ; Lacer., Cuv. D ——————— Nous avons vu, dans la belle collection hollandoise cédée à la France , un individu très bien conservé de cette espèce d’abdominal encore inconnue des natu- ralistes, et que nous avons dà inscrire dans un genre particulier, dont le nom indique et la forme de ses lèvres, et celle de ses doigts, ou des rayons de ses pectorales. La nageoire dorsale de ce cheilodactyle s'étend depuis une partie du dos très voisine de la nuque, jusqu'à une très pelite distance de la nageoire de la queue. La portion de cette nageoïire, que sou- tiennent des rayons aiguillonnés, est plus basse que l’äutre portion. Le quatorzième ou dernier rayon de chaque pectorale , quoique très allongé au delà de la membrane, est moins long que le treizième, le trei- zième que le douzième, et le douzième que le on- zième. L'anale présente un peu la forme d’une faux. On voit des taches foncées sur la nageoire du dos et sur celle de la queue?. 1. san kakatoea itam, dans les Indes orientales. 2. 14 rayons à chaque pectorale du cheïlodactyle fascé. 1 rayon aiguiilonné et à rayons articulés à chaque ventrale 17 rayons à la nagroïire de la queue. LAGÉPÉDE XL, 6 86 HISTOIRE NATURELLE 00 59-50-59 0 H0$0 PO #08 50 #0 H0%0-B0 Do PI PO HOBTÈLC E0 60H TIPE HO HI BE PC TOGO DODeSSGOTLOEOSS CENT CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. LES COBITES. La tête, le corps et la queue, cylindriques; les yeux très rapprochés du sommet de la tête; point de dents, et des barbillons aux mâchoires ; une seule nageoire du dos; la peau gluante, et revêtue d’écailles très difficiles à voir. ESPÈCES. CARACTÈRES. Neuf rayons à chaque ventrale ; six barbil- lons à la mâchoire supérieure; point de piquant auprès de l'œil. 1. LE COBITE LOCHE. { Dix rayons à chaque ventrale; deux bar- billons à la mâchoire supérieure ; quatre à l'inférieure ; un aïguillon fourchu au dessous de chaque œil. 2. LE COBITE TÆNIA. Trois barbillons aux mâchoires; la partie supérieure de l'animal d'un roux brun, et parsemée de taches arrondies. 3. Le CoriTe Trois-Bar- | BILLONS: | DES POISSONS. 87 $022099 #0 #0 50 5< 5950 0 Ro 50H09 40.06 59.0 D9.P060%9-H9 59 50040 &0 H0470 60 9,86 {080 4009 #I40.H08Q LQ LE COBITE LOCHE”, Cobitis Barbatula, Ernxx., Guez., Lacer., Cuv. LE COBITE TÆNIA*, Cobitis Tænia, Laxx., Guer., Lacep., Cuy. ET LE COBITE TROIS-BARBILLONS. Cobitis tricirrhatu , Lacer, — 6 0—— Le cobite loche est très petit ; il ne parvient guère qu’à la longueur de quatre ou cinq pouces : mais le 1. Petit barboi, en France. Loche franche, ibid. Schmerl, dans plusieurs contrées d'Allemagne. Schmerling, en Prusse. Schmerlein , ibid. Gründel, en Silésie. Gyändling, ibid. Bartgrundel , ibid. Smerle , en Saxe. Smirlin, ibid, Piskosop , en Russie. Gronling , en Suède. Smerling, en Danemarck. Hoogkyher, en Hollande. Groundlin, en Angleterre. 88 HISTOIRE NATURELLE goût de sa chair est très agréable ; et, dans plusieurs contrées de l’Europe , on a donné beaucoup d’atten- Cobite franche barbotte, Daubenton et Hauy, Encyclopédie métho- dique. mn. [= Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 51, fig. 8. Mus. Ad. Frid. 2, p. 9. Faun. Suecic. 341. Muller, Prodrom. Zoolog. Dan., p. 47, n. 4o1. Waulff, Ichthyclog., p.61, n. 58. « Cobitis Lota glabra, etc. » Artedi, gen. 2 , syn. 2. « Cobitis barbatula. » Gesner, p. 401; ct (germ.) fol. 163 , 6. Id. Aldrovand., lib. 5, cap. 51, p. 618. Id Jonston, lib. 5, tit. 1, cap. 12, art. 5, tab. 26, fig. 22. Id. Charlet., p. 157. « Cobitis fluviatilis. » Schon., p. 51. Id. Willughby, p. 265, tab. Q. 8, fig. 1. Id. Raï, p. 124, n. 5. Fundulus, seu grundulus. Figul., f. 1, b. Gronov. Mus. 1,p.2,n.6; Zooph., p. 56, n. 202. « Enchelyopus uobilis cinercus, etc. » Kleïin , miss. pise. 4, p. 59, 3, Lab. 15, fig. 4. Loche, Rondelet , seconde partie, chap. 28. Fundulus, Marsil. Danub. 4, p. 74, tab. 25, fig. 1 Loche , Brit. Zoolog. 5 , p. 257. n. 1 2. Loche de rivière, en France. Steinbeisel, en Autriche. Steinpit:ger, en Allemagne. Steibenisser, ibid. Steingrundel, ibid. Steinschmert, ibid. Schineerpätte, dans le Schlesswig. Steinbicker, ibid. Schmerbutte, en Danemarck. Steinbiker, ibid. Tanglake, en Suède. Dorngrundel, en Livonie. Akminagrausis, ibid. Cobite loche, Daubenton ct Hauv, Encyclopédie méthodiaue. DES POISSONS. 89 tion et des soins très multipliés à ce poisson. On le trouve le plus souvent dans les ruisseaux et dans les petites rivières qui coulent sur un fond de pierres ou de cailloux, et particulièrement dans ceux qui arrosent les pays montagneux. Îl vit de vers et d'insectes aqua- tiques. Il se plaît dans l’eau courante, et paroît éviter celle qui est tranquille : mais des courants trop ra- pides ne lui conviennent pas; et c’est ce que nous a appris, dans des notes manuscrites très bien faites, M. Pénières, membre du Tribunat. Nous avons vu dans ces notes, qu'il a bien voulu rédiger pour nous, que, dans les rivières des départements du Cantal et de la Corrèze, la loche préfère les eaux profondes, et même quelquefois les eaux dormantes, à celles qui sont très agitées et très battues. Elle change rarement Fd. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 942. Walff, Ichth., p. 31, n. 39. Loche de riviére, Bloch, pl. 51, fig. 2. « Cobitis aculeo bifurco , etc. » Artedi, gen. 2, syn. 5, spec, 4. Cobitis aculeata, seconde espèce de loche. Rondelet , seconde par- tie, chap. 24. Id. Aldrovand., lib. 5, cap. 50, p. 617. Id. Gesner, p. 404. « Cobitis barbatula aculeata,» Willughby, Ichth., p. 265, Lab. Q.8, fig. 3. « Tænia cornuta. » Id, p. 266, tab. Q.8, fig. 6. Id. et « Cobitis barbatula, aculeata. » Raï. p. 124. Id. Jonston , p. 142, tab. 46, fig. 21, 28. Gronov. Mus. 1, n. 5. Klein, miss. pisc. 4, p. 59, n. 4. « Cobitis aculeata. » Marsil. Dan. 4, p. 5, tab. 1, fig. 2. « Lampetra, et cobitis pungens. » Frisch, Misc. Berol. 6, p. 120, t, 4, n, 5. 90 HISTOIRE NATURELLE de place dans ces portions de rivière dont le courant est moins fort ; elle s’y tient comme collée contre le sable ou le gravier, et semble s’y nourrir de ce que l'eau y dépose. Elle est la victime d’un très grand nombre de pois- sons contre lesquels sa petitesse ne lui permet pas de se défendre; et malgré cette même petitesse, qui de- vroit lui faire trouver si facilement des asiles impéné- trables, elle est la proie des pêcheurs, qui la prennent avec le carrelet, avec la louve et avec la nasse!. On la recherche surtout vers la fin de l’automne, et pen- dant le printemps, qui est la saison de sa ponte. À ces deux époques, sa chair est si délicate, qu’on la pré- fère à celle de presque tous les autres habitants des eaux, surtout, disent dans certains pays les hommes occupés des recherches les plus minutieuses relatives à la bonne chère, lorsqu'elle a expiré dans du vin ou dans du lait. Elle meurt très vite dès qu'elle est sortie de l’eau , et même dès qu'on l’a placée dans quelque vase dont l’eau est dans un repos absolu. On la con- serve, au contraire , pendant long-temps en vie, en la renfermant dans une sorte de huche trouée, que l’on met au milieu du courant d’une rivière. Lorsqu'on veut la transporter un peu loin, on a le 1. Voyez, à l’article du Pétromyzon lamprote, ce qne nous avons dit de la nasse et de la louve. Quant au carrelet, c’est un filet en forme de nappe carrée, et attachée par les quatre coins aux extrémités de deux arcs qui se croisent. Ces ares sont fixés au bout d'une perche, à l’en- droit de leur réunion. On tend ce filet sur le fond des rivières ; et dès qu’on aperçoit des poissons au dessus , on le relève avec rapidité. On donne aussi au carrelet les noms de calen , de venturon, d'échiquier, et de hunter. DES POISSONS. | o1 soin d’agiter continuellement l’eau du vaisseau dans lequel on la fait entrer, et l’on choisit un temps frais, comme, par exemple, la fin de l'automne. C'est avec cette double précaution que Frédéric I, roi de Suède, fit venir d'Allemagne des loches qu'il parvint à natu- raliser dans son pays 1. Quand on veut faire réussir ces cobites dans une rivière où dans un ruisseau, on pratique une fosse dans un endroit qui ait un fond de cailloux, ou qui recoive l’eau d’une source. On donne à cette fosse deux pieds ou deux pieds et demi de profondeur, huit pieds de longueur et quatre de largeur. On la revêt de claies ou planches percées, qu'on établit cepen- dant à une petite distance des côtés de la fosse, L'in- tervalle compris entre ces côtés et les planches ou les claies est rempli de fumier, et, quand on le peut, de fumier de brebis. On ménage deux ouvertures, l’une pour l’entrée de l’eau, et l’autre pour la sortie du eou- rant. On garnit ces deux ouvertures d’une plaque de métal percée de plusieurs trous, qui laisse passer l’eau courante , mais ferme l'entrée de la fosse à tout corps étranger nuisible et à tout animal destructeur, On place dans le fond de la fosse des cailloux ou des pierres jusqu’à la hauteur de six ou huit pouces, afin de faci- liter la ponte et la fécondation des œufs. Les loches qu'on introduit dans la fosse s’y nourrissent des sucs du fumier et des vers qui s'y engendrent. On leur donne néanmoins du pain de chènevis ou de la graine de pavot. Elles multiplient quelquefois à un si haut 1. Voyez le Discours intitulé Des effets de l’art de l'homme sur la na- fure des poissons. 92 HISTOIRE NATURELLE degré dans leur demeure artificielle, qu’on est obligé de construire trois fosses, une pour le frai, une se- conde pour l’alevin ou les jeunes loches, et une troi- sième pour les loches parvenues à leur développement ordinaire. Au reste, on peut conserver long-temps ces cobites, et les envoyer au loin, après leur mort, en les faisant mariner. La loche a la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; l’ouverture de la bouche petite ; la ligne latérale droite; la nageoire du dos très courte et pla- cée , à peu près , au dessus des ventrales ; le corps et la queue marbrés de gris et de blanc; les nageoires grises; la dorsale et la caudale pointillées et rayées ou fascées de brun; le foie grand, ainsi que la vési- cule du fiel; le canal intestinal assez court; l’épine dorsale composée de quarante vertèbres, et fortifiée par quarante côtes. Parmi les poissons d’eau douce ou de mer dont on a reconnu des empreintes dans la carrière d'OEningen, près du lac de Constance, on doit compter le cobite loche. On doit comprendre aussi au nombre de ces poissons le cobite tænia. Ce dernier cobite se trouve dans les rivières comme la loche ; il s’y tient entre les pierres. Il se nourrit de vers, d'insectes aquatiques, d'œufs, et même quelque- fois de très jeunes individus de quelques petites es- pèces de poissons. Il perd la vie plus difficilement que la loche; et, quand on le prend, il fait entendre une 1. Voyage dans les Alpes, par Saussure, $ 1553. DES POISSONS. 99 espèce de bruissement semblable à celui des balistes, des trigles, des cottes, des zées, etc. Bloch, ayant mis deux tænias dans un vase plein d’eau de rivière, et dans le fond duquel il avoit étendu du sable , les vit s’agiter sans cesse et remuer perpétuellement leurs lèvres. La chair des tænias est maigre et coriace; et d’ail- leurs ils sont d’autant moins recherchés, que l’on ne peut guère les saisir sans être piqué par les petits aï- euillons situés auprès de leurs yeux. Mais s'ils ont moins à craindre des pêcheurs que les loches, ils sont la proie des persèques, des brochets et des oiseaux d’eau. Leur ligne latérale est à peine sensible ; ils n’attei- gnent qu'à la longueur de quatre à huit pouces. Leur dos est brun ; leurs côtés sont jaunâtres, avec quatre rangées de taches brunes, inégales et irrégulières ; les” pectorales et l’anale sont grises ; une nuance jaune distingue les ventrales; la dorsale est jaune et ornée de cinq rangs de points bruns; la caudale montre, sur un fond gris, quatre ou cinq rangées transversales de points; le foie est long; la vésicule du fiel petite ; le canal intestinal sans sinuosités; l’épine du dos formée de quarante vertèbres, et le nombre total des côtes de cinquante-six. Nous devons à M. Noël la description du cobite trois-barbillons, qui se plaît dans les ruisseaux d’eau courante et vive des environs de Rouen, et que l’on trouve , vers l’équinoxe du printemps, gras et plein d'œufs ou de laite. Sa partie supérieure est d’un roux brun et parsemée de taches arrondies; l’inférieure est d'un fauve clair, ainsi que les nageoires. La dorsale et 91 HISTOIRE NATURELLE la nageoire de la queue sont pointillées de noïrûtre, le long de leurs rayons". 1. Ô rayons à la membrane branchiale du cobite loche. 10 rayons à chaque pectorale. 9 rayons à la nageoire du dos. 8 rayons à celle de l'anus. 17 rayons à la nageoïire de la queue. 5 rayons à la membrane branchiale du cobite tænia. 11 rayons à chaque pectorale. 10 rayons à la nageoire du dos. 9 rayons à celle de l'anus. 17 rayons à la nageoïire de la queue. DES POISSONS. O9 Dodpo ee Ho Lo CENT CINQUANTE-CINQUIÈME GENRE. LES MISGURNES. Le corps et la queue cylindriques ; la peau gluante et dénuée d’écailles facilement visibles; les yeux tres rapprochés du sommet de la tête; des dents et des barbillons aux mâchoires ; une seule dorsale; cette nageoire très courte. ESPÈCE. CARACTÈRES. Six barbillons à la mâchoire supérieure ; quatre barbillons à linféricure; huit rayons à chaque ventrale. Le Miscorxe rossise. 96 HISTOIRE NATURELLE Loic EeEs1062ep 54 Be +7 de POP 20 PRES PO LE MISGURNE FOSSILE”. Cobitis fossilis, Linx., GuEL., Cuv. — Misgurnus fossilis, Lacer. CE poisson habite dans les étangs ; on ne le voit du moins dans les lacs et dans les rivières que lors- 1. Loche d’étang , en France. Fisgurn, en Allemagne. Schlammpitzger, ibid. Schlammbeisser, ibid. Pritzker, ou pitzker, ou peissker, ibid. Meertrusche, ibid. Pfulfisch, ibid. Schachtfeger, ibid. Murdal , en Bohême. Prizker, en Livonie. Pihkste, ibid. Grundel, en Pologne. WVijun , en Russie, Piskum , ibid. ; Misgurn, en Angleterre. Dootvjoo, au Japon. Cobite misgurn, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 343. Mus. Ad. Frid. 1, p. 76. « Cobitis aculeo bifurco, etc.» Gron. Act. Upsal. 1742, p. 79, t, 5. Bloch, pl. 51, fig. 1. « Cobitis cærulescens, etc,» Artedi, gen. 2, syn. 5. DES POISSONS. ; 97 4 que le fond en est vaseux. Il perd difficilement la vie. Il ne périt pas sous la glace, pour peu qu'il reste de l’eau fluide au dessous de celle qui est gelée. Il ne meurt pas non plus lorsqu'il se trouve dans un marais que l’art ou la nature dessèchent, pourvu qu'il y reste quelque portion d’eau, quelque bourbeuse qu’elle puisse être : il se cache alors dans les trous qu'il creuse au milieu de la fange. On le rencontre souvent dans les cavités de la terre humide qui fai- soit le fond d’un marais ou d’un étang dont on vient de faire écouler l’eau. C’est ce qui a fait croire à quelques auteurs qu'il s’engendroit dans la terre , et qu'il n’alloit dans les rivières ou les lacs, que lorsque les inondations l’atteignoient dans son asile et l’en- traînoient ensuite. Mais au lieu de cette fable qui a été un peu accréditée et qui lui a fait donner le nom de Fossile, il auroit fallu dire que, d’après tous ces faits, il paroissoit que le misgurne dont nous parlons est beaucoup moins sensible que presque tous les au- tres poissons, aux effets funestes des gaz qui se for- ment au dessous de la glace, ou que produisent les Misgurn , seu fisgurn , ct mustela fossilis. Willughby, pag. 118, et p- 124. Id. Raï, p. 69, n. 6; etp. 70, n. g. Gronov. Zooph., p. 56, n. 201; Mus. 1, p. 2, n. 7. Klein, Miss. Pisc. 4, p. 59, t. 15, fig. 3. Mustela fossilis, Aldrovand. Pisc., p. 579. Jonston , Pisc., p.154, tab. 28, fig. 8. Maïsil. Danub. 4, p. 57, tab. 15, fig. 1. Thermometrum vivum, Clauder, Ephem. nat. curios. dec. 2, an. 6. p. 954, obs. 175, f. 71. Beyszker, Gesn. Thierb., p. 160. Pæcilia, Schonev., p, 56. en) HISTOIRE NATURELLE marais qui, au lieu d’eau courante ou tranquille , ne présentent qu'une sorte de boue délayée et d’humi- dité féditet,. Cependant cet abdominal semble ressentir très vi- vement les impressions que peuvent faire éprouver aux habitants des eaux les vicissitudes de l’atmo- sphère, et particulièrement les grandes variations que montre dans certains temps l'électricité de l’air et de la terre. On a remarqué que lorsque l'orage menace, ce misgurne quitte le fond des étangs pour venir à leur surface , et s’y agite, comme tourmenté par une gène fatigante , ou par une sorte de vive inquiétude. Cette habitude l’a fait garder avec soin dans des vases par plusieurs observateurs. On l’a placé dans un vais- seau rempli d'eau de pluie ou de rivière, et garni, dans le bas, d’une couche de terre grasse. On a eu le soin de changer la terre et l’eau tous les trois ou quatre jours pendant l'été, et tous les sept jours pendant l'hiver. On l’a mis pendant les froids dans une cham- bre chaude , auprès de la fenêtre. On l’a gardé ainsi pendant plus d’un an. On l’a vu rester tranquille pen- dant le calme, sur la terre humectée, mais se remuer fortement pendant la tempête, mème vingt-quatre heures avant que l'orage n'éclatât, monter, descen- dre, remonter, parcourir l’intérieur du vase en diffé- rents sens , et en troubler le fluide. C’est d’après cette observation qu'il a été comparé à un baromètre, et qu'il a été nommé baromètre vivant. Il parvient à la longueur d’un pied ou un pied et 1. Consultez le Discours que nous avons intitulé Des effets de l’art de l’homme sur La nature des poissons. DES POISSONS. 09 demi, et quelquefois il a montré celle de trois ou quatre pieds. Ayant beaucoup de rapports par sa con- formation extérieure avec la murène anguille, il n’est pas surprenant qu'il puisse facilement , comme cette dernière, s’insinuer dans la terre molle, et y prati- quer des cavités proportionnées à son volume; et c’est ce qui fait qu'il se retire dans la fange ou dans la vase, non seulement lorsque le desséchement des étangs ne lui permet pas de demeurer au dessus de leur fond privé d’eau presque en entier, mais encore lorsqu'il veut éviter une action trop vive du froid qui paroît l’incommoder. Cette précaution qu'il prend de se renfermer sous terre lorsque la température est moins chaude, l’a fait appeler Thermomètre vivant, comme les mouvements qu'il se donne lorsque le temps est orageux, l'ont fait désigner par le nom de Baromiire vivant ou anime. Le misgurne fossile sort de son habitation souter- raine lorsque le. printemps est de retour. Ïl va alors déposer ses œufs ou sa laite sur les herbages de son marais. Il se nourrit de vers, d'insectes, de très petits pois- sons, et de résidus et substances organisées qu'il trouve dans la vase. Il multiplie beaucoup , et néanmoins il a bien des ennemis à craindre. Les grenouilles l’atta- quent avec succès, lorsqu'il est encore jeune; les écrevisses le saisissent avec leurs pattes, et le pressent assez fortement pour lui donner la mort; les persè- ques, les brochets, le dévorent ; les pêcheurs le pour- suivent. Îls le prennent rarement à l’hamecon, au- quelil ne se détermine pas facilement à mordre ; mais 100 HISTOIRE NATURELLE ils le pèêchent avec des nasses garnies d'herbes, avec des filets et particulièrement avec la truble 1. Il n'est cependant pas très recherché, parce que sa chair est molle , imprégnée d’un goût de marécage, et enduite d’un suc visqueux. On lui ôte cette sub- stance gluante, en le plongeant dans un vase dont l’eau contient du sel marin , ou des cendres. L'animal s'y remue , s’y contourne, s’y tourmente , s’y purifie, pour ainsi dire, et on le lave ensuite dans de l’eau douce. Cette matière gluante dont le misgurne fossile est couvert, aussi bien que pénétré, influe sur ses cou- leurs ; elle en détermine plusieurs nuances; suivant 1. La érable ou Le truble est un filet en forme de poche, dont Les bords sont attachés à la circonférence d'un cercle de bois et de fer, auquel on ajuste un manche. Un pêcheur qui aperçoït des poissons à une pe: tite profondeur dans l'eau, passe le truble par dessous ces animaux, et Le relève à l'instant, de manière qu'ils se trouvent pris dans la poche. On se sert aussi du truble pour s'emparer des poissons pris dans les bourdigues , où pour enlever ceux qui ont mordu à l’hameçon , maïs qui par leur poids pourroïent rompre les lignes. Les bourdigues sont composées de deux cloisons faites avec des pieux ou des filets ; ces cloisons convergent vers le courant. On les élève dans les canaux qui communiquent des étangs dans [a mer, pour prendre les poissons qui veulent regagner l'eau salée. Il y a des trubles carrés qui sont plus commodes pour prendre les poissons renfermés dans des réservoirs particuliers. Ceux que l’on nomme dans quelques endroits étiquettes , ou péches, sont de petits filets dont la figure est semblable à celle d’un grand ca- puchon. L'ouverture de cette sorte de capuchon est attachée à un cer- ceau. ou à quatre bâtons suspendus au bout d'une perche. On amorce cet instrument avec des vers de terre, qu'en enfile par le inilieu du corps, et qu'on attache de manière que lorsque le filet est dans l’eau, ils pendent à un ou deux décimètres du fond. On s'en sert pour pê- cher des écrevisses , aussi bien que différentes espèces de poisson. Le trubleau est un petit ou une petite truble. DES POISSONS. 101 qu'elle est plus où moins abondante , elle en fait va- rier quelques tons ; et comme les différentes eaux peuvent, suivant leur pureté ou leur mélange avec des substances étrangères, agir diversement sur cette liqueur visqueuse, en dissoudre ou en emporter plus ou moins, en diminuer plus ou moins la quantité et l'influence, les couleurs du fossile varient suivant la nature des eaux qu'il habite. Ce qui le prouve d’ail- leurs, c’est que lorsqu'on nettoie avec de l'alcool, ou de toute autre manière, le ventre de ce misgurne, la belle couleur jaune de cette partie disparoît entie- rement. Voici cependant quelles sont les couleurs les plus ordinaires de cet abdominal. Son dos est noirâtre; il est orné de raies longitudinales jaunes et brunes sur lesquelles on aperçoit quelques taches. Son ventre brille d’une teinte orangée que relèvent des points noirs. Les joues et les membranes branchiales sont jaunes et parsemées de taches brunes. La dorsale, les pectorales et la caudale montrent des taches noires sur un fond jaune ; les ventrales et l’anale sont jaunes ou jaunâtres. Le museau du misgurne fossile est un peu pointu ; l’orifice de sa bouche allongé ; chacune de ses mà- choires garnie de douze petites dents ; sa langue me- nue et pointue ; l’orifice de ses narines placé auprès d’un piquant ; sa nuque large; sa caudale arrondie ; sa dorsale courte, et plus près de la nageoiïre de la queue que de la tête. Ses écailles minces, légèrement rayées, demi-trans- parentes, paroissent transmettre uniquement les nuan- LACÉPEDE,. XI. 7 102 HISTOIRE NATURELLE ces de la peau produites ou modifiées par la substance visqueuse qui l’arrose 1. L’estomac est petit ; le canal intestinal court et sans sinuosités ; le foie long ; la vésicule du fiel grande; l'ovaire double ainsi que la laite. Les œufs sont bru- nâtres , et de la grosseur d’une graine de pavot. Bloch a écrit que le fossile ne rejetoit pas de bul- les d’air ou de gaz par la bouche ; qu’il en rendoit par l’anus, et que cette différence venoit de ce que ce poisson manquoit de vessie aérienne ou natatoire. Il a pensé aussi que cet abdominal avoit auprès de la nuque deux vésicules remplies d’une substance lai- teuse. Mais le professeur Schneider ayant disséqué plusieurs individus de l'espèce de misgurne que nous décrivons, a montré que ce poisson n’avoit auprès de la nuque qu'une seule vésicule ; que cette vésicule étoit osseuse , déprimée dans le milieu et arrondie dans les deux bouts, de manière à paroître double ; qu'elle étoit attachée à la troisième et à la quatrième vertèbre ; que ses apophyses ou ses appendices laté- raux servoient de point d'attache aux muscles des na- geoires péctorales ; que cette sorte de boîte osseuse contenoit une véritable vessie aérienne ; que cette vessie aérienne ou natatoire étoit peu volumineuse , simple , membraneuse, blanche; et qu’elle commu- niquoit avec l’æsophage par un conduit très petit et très court ?. Ce savant professeur ajoute dans son excellent ou- vrage , qu'il n’a jamais vu le misgurne fossile rendre 1. Voyez notre Discours sur la nature des poissons. 2. « Petri Artedi Synonymia piscium, etc. » ParJ. G. Schneider, etc., pages 5 el 557. DES POISSONS. 103 des bulles d'air par l'anus, mais que cet abdominal en rejette très souvent par la bouche, en faisant en- tendre un bruissement très sensible ?, 1. Consultez notre Discours sur la nature des poissons. 2, 4 rayons à la membrane branchiale du misgurne fossile. 7 rayons à la dorsale. 11 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à la nageoïre de l'anus. 14 rayous à celle de la queue. 48 vertèbres à l’épine du dos. 30 côtes de chaque côté de l'épine dorsale. 104 HISTOIRE NATURELLE € tp SD 3 BD ID ED IHPAD DIE OS SBEP DOTPES SE EE POP EG DEL ED EL OS eDeS 6% er tr EP De SA CENT CINQUANTE-SIXIÈME GENRE. LES ANABLEPS. Le corps et la queue presque cylindriques ; des barbil- lons et des dents aux mâchoires ; une seule nageoire du dos; cette nageoire très courte; deux prunelles à chaque œil. ESPÈCE. CARACTÈRES. Un barhillon à chacun des deux coins de L'ANABLEPS SURINAM. | l'ouverture de la bouche; sept rayons à chaque ventrale. DES POISSONS. 105 4-9 573.69 F9 PeR0.Pobo EC Po.Hobe se pISe wo #00 60: G0-De E9 POP PoO GI TLODaaBEr sn L'ANABLEPS SURINAM”. Anableps tetrophthalmus , Biocu. — Anableps surinu- mensis, LaAcEp. — Cobitis Anableps, Linx. , Guer. ON trouve à Surinam , dans les rivières, et près des rivages de la mer, ce poisson très digne de l'attention des physiciens par les singularités de sa conformation. On peut voir dans le second volume des Mémoires de la classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut national, une notice que nous avons lue devant nos confrères en juillet 1797, sur ce poisson remarquable, et particulièrement sur la structure , extraordinaire de son organe de la vue. Nous allons réunir ici à ce que nous avions découvert dans la conformation de cet animal, lors de cette époque, 1. Gros-yeux, par plusieurs François. Vier-auge, par les Allemands. Four-eye, par les Anglois. Hoogkiker, par les Hollandois de Surinam. Coutui, par les nègres de la même contrée. Cobite gros-yeux, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 2, p. 95. Anableps, Artedi, gen. 25, syn, LS. Id. Séba, mus. 3, p. 108, tab. 54, fig. 7. Anableps tetrophthalmus , Bloch , pl. 561, fig. 1,2, 5 et 4. Anableps , Gronov. Mus. 1, n. 52, tab, 1, fig. 1-5. 106 HISTOIRE NATURELLE ce que nous avons appris depuis sur le même sujet. La tête de l’anableps surinam est couverte de pe- tites écailles, plus large que haute, et comme tron- quée et mème échancrée par devant. La mâchoire supérieure, plus avancée que l’inférieure, s’allonge et se replie vers le bas. Ces deux mâchoires, la langue et le palais sont hérissés de petites dents. On ne compte qu’un orifice à chaque narine. Mais l'œil de cet anableps est l’organe de ce pois- son qui mérite le plus l'examen de l'observateur. Voici ce que nous en avons publié dans l'ouvrage que nous venons de citer : « L’œil de l’anableps est placé dans une orbite dont » le bord supérieur est très relevé ; mais il est très » gros et très saillant. » Si l’on regarde la cornée avec attention, on voit » qu’elle est divisée en deux portions très distinctes, » à peu près égales en surface , faisant partie chacune » d’une sphère particulière, placées l’une en haut et » l’autre en bas, et réunies par une petite bande » étroite, membraneuse , peu transparente, et qui est » à peu près dans un plan horizontal, lorsque le pois- » son est dans sa position naturelle. » Si l’on considère ensuite la cornée inférieure, » on apercevra aisément au travers de cette cornée » un iris et une prunelle assez grande au delà de la- » quelle on voit très facilement le cristallin. Cet iris » est incliné de dedans en dehors, et il va s'attacher + à la bande courbe et horizontale qui réunit les deux » cornées. at » Il a été vu par Artédi, ainsi que les deux cornées; » mais là cesse la justesse des observations de cet ha- DES POISSONS. | 107 » bile naturaliste, qui n’a eu apparemment à sa dispo- » sition que des individus mal conservés. S'1l avoit » examiné des anableps moins altérés, il auroit aperçu » un second iris percé d’une seconde prunelle , placé » derrière la cornée supérieure, comme le premier » iris est situé derrière la cornée d’en bas, et abou- » tissant également à la bandelette courbe et horizon- » tale qui lie les deux cornées1, » Les deux iris se touchent dans plusieurs points » derrière cette bandelette, Ils sont les deux plans » qui soutiennent les deux petites calottes formées » par les deux cornées, et sont inclinés l’un sur l’autre, » de manière à produire un angle très ouvert, » Dans tous les individus que j'ai examinés, la pru- » nelle de l'iris supérieur m'a paru plus grande que » celle de l’inférieur ; et, d’après la différence de leurs » diamètres, il n’est pas surprenant que l’on voie le » cristallin encore mieux au travers de cette ouverture » qu'au travers de la seconde, Il semble même quel- » quefois qu’on aperçoive deux cristallins ; et c’est ce » qui justifie, jusqu’à un certain point, l’opinion de » ceux qui ont pensé que chaque œil étoit double. Mais » ce n’est qu'une illusion d'optique, dont je me suis » assuré en disséquant plusieurs yeux d’anableps, et » qu'il est aisé d'expliquer. » En effet, la réfraction produite par la différence » de densité qui se trouve entre les humeurs inté- » rieures de l'œil et le fluide extérieur qui le baigne, 1. Depais la lecture de ce Mémoire à la classe des sciences physiques ct mathématiques de l’Enstitut, nous avons reçu en France la partie de l'Ichthyologie de Bloch dans laquelle ce savant à donné une de- scription très détaillée de l'œil de l'anableps surinam. > = = S > > Ÿ > = S © = > > = = ÿ [4 C4 A 108 HISTOIRE NATURELLE doit faire que ceux qui examinent l'œil de l’anableps sous un certain angle voient le cristallin plus élevé qu'il ne l’est réellement , s'ils le considèrent par l'ouverture de l'iris supérieur, et plus abaissé, au contraire , s'ils le regardent par l’ouverture de l'iris inférieur. Lorsqu'ils Pobservent en même temps par les deux ouvertures , ils laperçoivent à la fois plus haut et plus bas qu'il ne l’est dans la réalité ; et ils le voient en haut et en bas à une assez grande dis- tance de sa véritable place, pour que les deux images se séparent , et que le cristallin paroisse double. Il n’y a donc qu'un seul organe de la vue de chaque côté ; car chaque œil n'a qu'un cristallin, qu’une humeur vitrée et qu'une rétine : mais chaque œil a plusieurs parties principales doubles, une double cornée, une double cavité pour l'humeur aqueuse, un double iris, une double prunelle ; et c’est ce que personne n’avoit encore vérifié ni même indiqué, et qu'on ne retrouve dans aucune classe d'animaux ver- tébrés et à sang rouge. » Chaque cornée appartenant à une sphère parti- culière, le centre de leurs courbures n’est pas le mème; et, comme le cristallin est sensiblement sphé- rique, ainsi que dans presque tous les poissons, il n’y a pas, dans ce dernier corps, deux réfractions différentes , l’une pour les rayons qui ont traversé la première cornée, et l’autre pour ceux qui ont passé au travers de la seconde. Il doit donc y avoir sur la rétine deux foyers principaux , à l’un desquels ar- rivent les rayons qui viennent de la cornée supé- » rieure , et dont l’autre reçoit ceux qu'a laissé passer » la cornée inférieure. Voilà donc encore un foyer ») DES POISSONS. 109 double à ajouter à la double cornée, à la double cavité, au double iris, à la double prunelle ; mais ce foyer et ces autres parties doubles appartiennent au même organe, et il faut toujours dire que l'animal n’a qu'un œil de chaque côté. » Les iris de plusieurs espèces de poissons parois- sent ne pouvoir pas se dilater, ni diminuer par leur extension l'ouverture à laquelle le nom de prunelle a été donné : mais je me suis convaincu que ceux de plusieurs autres espèces de ces animaux s’éten- dent et raccourcissent les dimensions de la pru- nelle. Le plus souvent même ces derniers iris sont organisés de manière que la prunelle, comme celle de plusieurs quadrupèdes ovipares, de plusieurs ser- pents, de plusieurs oiseaux et de quelques quadru- pèdes à mamelles, diminue au point de ne laisser passer qu'un très petit nombre de rayons de lumière, en se changeant en une fente très peu visible, ver- ticale ou horizontale ; et cette organisation peut, dans certains poissons, compenser jusqu'à un cer- tain degré le défaut de véritables paupières et de vraies membranes clignotantes, que de savants na- turalistes ont cru voir sur plusieurs de ces animaux, mais qui ne se trouvent cependant peut-être sur au- cune de leurs espèces. » Je ne puis pas dire positivement que les iris de l’anableps soient doués de cette extensibilité. Néan- moins une comparaison attentive, et l'habitude que m'ont donnée plusieurs années d'observations ich- thyologiques, de distinguer, dans les parties des poissons, des traits assez déliés, me font croire que 110 HISTOIRE NATURELLE » les dimensions des prunelles de l’anableps peuvent C4 » aisément être diminuées. » Il faut remarquer que cet abdominal passe une partie de sa vie caché presque en entier dans la vase, comme les poissons de sa famille, et que, dans cette position , il ne peut apercevoir que des objets situés au dessus de sa tête; mais qu’assez souvent cepen- dant il nage près de la surface des eaux, et doit alors chercher à voir, au dessous du plan qu'il occupe, les petits vers dont il se nourrit, et les grands pois- sons dont il craint de devenir la proie. » Si l’on étoit assuré de la dilatabilité de ses iris, on pourroit donc croire que, lorsqu'il est très voi- sin de la surface des eaux, l'iris supérieur, exposé à une lumière plus vive, se dilate au point de ré- duire la prunelle supérieure à une petite fente, et que le poisson voit nettement alors , par la prunelle inférieure beaucoup moins resserrée , les corps pla- cés au dessous du plan dans lequel il se meut, les images de ces corps ne se confondant plus avec des impressions de rayons lumineux que ne laisse plus passer la prunelle supérieure. » On pourroit penser de même que, lorsqu’au con- traire l’anableps est caché en partie dans le limon du fond des eaux, son iris supérieure, très peu éclairé, se contracte, sa prunelle supérieure s’agran- dit en s’arrondissant , et le poisson discerne les ob- jets flottants au dessus de lui, sans que sa vision soit troublée par les effets de la prunelle inférieure , pla- cée alors , pour ainsi dire, contre la vase , et privée, par sa position, de presque toute clarté. DES POISSONS. 111 » Au reste, on doit être d'autant plus porté à attri- » buer aux iris de l’anableps la propriété de se dilater, » que, sans cette faculté , les deux foyers du fond de » l'œil de cet animal seroient souvent simultanément » ébranlés par des rayons lumineux très nombreux. » Mais comment alors la vision ne seroit-elle pas très » troublée, et comment pourroit-il distinguer les objets » qu'il redoute , ou ceux qu'il recherche? » D'ailleurs , sans cette même extensibilité des iris, » la prunelle supérieure seroit, pendant la vie de l’ani- » mal, presque aussi grande que dans les individus » conservés, après leur mort, dans de l’alcool affoibli : » dès lors, non seulement il y auroit souvent deux » foyers simultanément en grande activité , et par con- » séquent une source de confusion dans la vision ; mais » encore il est aisé de se convaincre , par l’observa- » tion de quelques uns de ces individus conservés » dans de l’alcool, qu'une assez grande quantité de » lumière, passant par la prunelle supérieure, arrive- » roit souvent jusqu'au fond de l'œil et jusqu’à la ré- » tine sans traverser le cristallin , pendant que ce cris- » tallin seroït traversé par d’autres rayons lumineux » transmis par cette même prunelle supérieure ; et la » vision de l’anableps ne seroit-elle pas soumise à une » cause perturbatrice de plus ? » Mais la plupart de ces dernières idées ne sont que » des conjectures ; et je regarde uniquement comme » prouvé, que si l’anableps n’a pas deux yeux de chaque » côté , il a dans chaque œil deux cornées, deux ca- » vités pour l'humeur aqueuse, deux iris, deux pru- » nelles, et deux foyers de rayons lumineux. » 112 HISTOIRE NATURELLE Bloch a examiné des fœtus d’anableps ; et il a vu que, dans ces embryons, les deux prolongations de la choroïde ne se réunissant pas, et la bande trans- versale n'étant pas encore sensible , on ne distinguoit pas les deux prunelles comme dans l'animal plus ; À avancé en âge. Le corps du surinam est un peu aplati par dessus: mais sa queue est presque entièrement cylindrique. On aperçoit à peine la ligne latérale ; l'anus est plus près de la caudale que de la tête; la dorsale est en- core plus voisine de cette caudale qui est arrondie : ces deux nageoires, ainsi que celle de Panus et les pectorales, sont revêtues en partie de petites écailles. Les petits de cet anableps sortent de l’œuf dans le ventre de la mère, comme ceux desraies, des squales, de quelques blennies, etc. ; l’ovaire consiste dans deux sacs inégaux, assez grands et membraneux, dans les- quels on a trouvé de jeunes individus non encore éclos, renfermés dans une membrane très fine et trans- parente qui forme l'enveloppe de leur œuf, et placés au dessus d’un globule jaunâtre. La nageoire de l’anus du mâle offre une conforma- tion que nous ne devons pas passer sous silence. Elle est composée de neuf rayons : mais on n'en voit bien distinctement que les trois ou quatre derniers; les autres sont réunis au moins à demi avec un appen- dice conique couvert de petites écailles, et placé au- devant de la nageoire. Cet appendice est creux, percé par le bout, et communique avec les conduits de la laite et de la vessie urinaire. C’est par l’orifice que l'on voit à l'extrémité de ce tuyau, dont la longueur DES POISSONS. ; 113 égale la hauteur de l’anale , que lanableps surinam rend son urine, et laisse échapper sa liqueur sémi- nale, au lieu de faire sortir l’une et l’autre par l’anus, comme un si grand nombre de poissons. Les jeunes anableps éclosant dans le ventre de la mère , il est évident que les œufs sont fécondés dans l'ovaire, et par conséquent qu'il y a un véritable ac- couplement du mâle et de la femelle. Cette union doit être même plus intime que celle des raies, des squales, de quelques blennies, de quelques silures, parce que le mâle de l’anableps surinam a un organe génital extérieur dont il paroît que l'extrémité, mal- oré la position de cet appendice contre l’anale, peut être un peu introduite dans l'anus de la femelle. La laite est double, mais petite à proportion de la grandeur du mâle. En général, les poissons qui s’ac- couplent, et qui ne fécondent que les œufs renfermés dans les ovaires de la femelle, paroïssent avoir une laite moins volumineuse que ceux qui ne s’accouplent pas, et qui parcourent les rivages pour répandre leur liqueur prolifique sur des tas d'œufs pondus depuis un temps plus ou moins long. L'’estomac est composé d’une membrane mince; le canal intestinal montre quelques sinuosités , et le foie a deux lobes. De chaque côté de l’animal, on compte cinq raies longitudinales noirâtres qui se réunissent souvent vers la nageoïre de la queue. L’anableps surinam multiplie beaucoup; et les habi- tants du pays où on le trouve aiment à s’en nourrir. Il vit dans la mer ; il s’y tient souvent à la surface, et la tête hors de l’eau. Il se plaît aussi à s’élancer sur 11/4 HISTOIRE NATURELLE la grève, d’où il revient en sautillant, lorsqu'il est effrayé par quelque objet 1. 1. D rayons à la membrane branchiale de l’anableps surinam. 7 rayons à la dorsale. 22 rayons à chaque pectorale. 9 rayons à la nageoïre de l'anus. 19 rayons à celle de la queue. D QE —— DES POISSONS. 115 290 5 12 22-20 50 4 695059 3 04019240 059 P0 0.500 YO L0H0 10404069 oo Woo Ho dodo Po 00 LEO CENT CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE. LES FUNDULES. Le corps et la queue presque cylindriques; des dents et point de barbillons aux mâchoires ; une seule na- geoire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. Six ravons à chaque ventrale; les écailles 1. Le Fonoure Muprisu. grandes et lisses ; des points blancs sur la nageoire du dos et sur celle de l'anus. 2. Le Funouce saponois. | Huit rayons à chaque ventrale. 116 HISTOIRE NATURELLE Dovrsheperepstepapare Beat Des MST es FAITES OSeTrESSeDeSEpEETEES LE FUNDULE MUDFISH!, Fundulus Mudfish, Lacer. — Fundulus cœniculus, Vaz.,Cuv.—Cobiüis heteroclita, Linn., Guer. ET LE FUNDULE JAPONOIS”*. Fundulus japonicus , Lacer. — Cobitis japonica, Lin. , GMez. La Caroline est la patrie du mudfish. Sa tête, garnie de petites écailles, est un peu aplatie. La nageoire dor- sale est à peu près aussi reculée que celle de l'anus. Les taches rondes et blanchâtres que l’on voit sur ces deux nageoires sont transparentes. La caudale est aussi très diaphane sur ses bords; elle est d’ailleurs arron- die, et présente non seulement des taches blanches, mais encore des bandes transversales noires. Le des- sous de l’animal montre une nuance jaunâtre. Le japonois, qui a été décrit par le savant Houttuyn. 1. Cobite limoneux, Daubenton et Haüy, Encyciopédie méthodique. 2. Houttuyn. Act. Haarl. XX , 2, p. 557, n. 26. DES POISSONS. 117 n’a pas deux décimètres (huit pouces) de longueur. Sa grosseur est très peu considérable, ainsi que celle du mudfish 1. tr. 5 rayons à la membrane branchiale du fundule mudfish. 12 rayons à la nagcoire du dos. 16 rayons à chaque pectorale. 10 rayons à la nageoire de l'anus. 25 rayons à la nageoïre de la queue. 12 rayons à la dorsale du fundule japonois, 11 rayons à chaque pectorale. 9 rayons à la nagcoire de l'anus. 20 rayons à celle de la queue. LACFPEDE. XL, (o») 115 HISTOIRE NATURELLE RS 1 | rep EBEBES TABLES CENT CINQUANTE-HUITIÈME GENRE. LES COLUBRINES. La tête irès allongée; sa partie supérieure revêiue d’écuilles conformées et disposées comme celles qui recouvrent le dessus de la tête des couleuvres ; le corps trés allongé ; point de nageoire dorsale. CARACTÈRES. AE aan La rene fe caudale fourchue; la couleur générale ++ i d'un argenté bleuâtre et sans Laches. ESPÈCE. DES POISSONS. 119 0608226844 5000498953 289804-00 04 O9 HOILOT OMG ED HO 4 LITE SL CH HO O LEO 08 OS NINQ LS EQ LA COLUBRINE CHINOISE. Colubrina chinensis, Lacer. LA collection des belles peintures exécutées à la Chine, et cédées à la France par la Hollande, ren- ferme une image très bien faite de cette espèce, pour laquelle nous avons dû former un genre particulier. Ses caractères génériques et ses principaux traits spé- cifiques sont indiqués sur le tableau de son genre. II montre, ce tableau, combien la colubrine chinoise a de rapports avec les couleuvres. Le défaut de la na- geoire du dos, la couverture de la tète, l'allongement de la tête et du corps, lui donnent surtout beaucoup de ressemblance avec les serpents ; et par conséquent ses habitudes doivent se rapprocher beaucoup de celles des cobites, des cépoles, des murènes, des muréno- phis, et des autres poissons que l’on désigne par l’épi- thète de Serpentiformes. Les nageoires ventrales de la chinoise sont très près de l'anus; cet orifice est trois fois plus éloigné de la tête que de la caudale; elle a une nageoiïre au delà de cette ouverture, et les séparations de ses petits muscles obliques sont très sensibles sur la partie sn- périeure de son corps et de sa queue. 120 HISTOIRE NATURELLE ef Woo 36089 FISOS TER. HePOrTOS POELE REROE HAT TDOR ETAT EE PER RER ÉD ES CENT CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE. LES AMIES. La tête dénuée de petites écailles, rude, recouverte de grandes lames que réunissent des sutures très mar- quées ; des dents aux mâchoires et au palais ; des bar- billons à la mâchoire supérieure; la dorsale longue, basse et rapprochée de la caudale; l’anale très courte; plus de dix rayons à la membrane des branchies. ESPÈCE. CARACTÈRES. L'AMIE CHAUVE. La ligne latérale droite: la caudale arrondie. le) DES POISSONS. 121 4-0 {pape dre L'AMIE CHAUVE" Amia calva, Lann., Guec., Lacer., Cuv. 00e ES G Ho 8 CETTE amie vit dans les eaux douces de la Caroline. Elle doit y préférer les fonds limoneux, puisqu'on l'y a nommée poisson de vase (Mudfish). De petites écailles recouvrent son corps et sa queue : mais sa tête paroît comme écorchée, et montre à découvert les os qui la composent. Les opercules sont arrondis dans leur contour, et presque osseux. On peut voir, A] e auprès de la gorge, deux petites plaques osseuses et striées du centre à la circonférence. Les pectorales et l’anale ne sont Suere plus grandes que les ven- trales. Ces dernières nageoires sont à une distance presque égale de la tête et de la nagcoire de la queue. La mâchoire inférieure est un peu plus avancée que la supérieure , au dessus de laquelle on compte deux barbillons. L'amie chauve parvient à une longueur un peu con- sidérable, Mais il paroît que le goût de sa chair n’est pas assez agréable pour qu'elle soit très recherchée?. 1. Mudfish, dans la Caroline. Amie téle-nue, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 2. 12 rayons à la membrane branchiale de l'amie. 42 rayons à la aageoïire du dos. 15 rayons à chaque pectorale. 7 rayons à chaque veutrale. 10 rayons à la nagcoire de anus. 20 rayons à celle de la queuc. 122 HISTOIRE NATURELLE ere», BE SD FERA LOT SEAL NT COR EGC TOR ET EPST EE SUB ER OÙ CP OLAR ET SBOR BAS 09 CENT SOIXANTIÈME GENRE. LES BUTYRINS. La tête dénuée de petites écailles, et ayant de longueur à peu près le quart de la longueur totale de l'animal ; une seule nageaire sur le dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. La caudale fourchue ; quatre raies longitu- Le BuTyriN BANANE, dinales et ondulées de chaque côté du dos. DES POISSONS. 129 bo tu Be go de ge Boabc si ee Dos Doope dc Hepadpo he opera pepotod)o nor Wa sp eva es Pa LE BUTYRIN BANANE! Butyrinus Bananus, Coum., Lacer., Ouv. — Esox Vulpes, Linx. — Clupea brasiliensis, Albula go- norynchus et Amia immaculata, Biocn, Scan. — Clupea macrocephala, Lacer. Nous avons trouvé dans les manuscrits de Com- merson une description courte, mais précise, de ce poisson, que les naturalistes ne connoissent pas en- core. Nous avons dù inscrire ce butyrin dans un genre particulier, que nous avons placé à la suite des amies, parce que ce banané a beaucoup de rapports avec ces abdominaux par la nudité de sa tête, pendant que la longueur de cette même partie l’en sépare d’une ma- nière très distincte. Nous ne pouvons ajouter qu’un trait à ceux que nous avons indiqués sur le tableau générique , c'est que le butyrin banané a une ligne latérale presque droite. 1. Butyrinus , poisson banané. Cominerson , manuscrits déjà cités. 12/4 HISTOIRE NATUREELE Ce8%5065082#9 28e 500 k 4 69 De 80.02 000 D< D CENT SOIXANTE-UNIÈME GENRE. LES TRIPTÉRONOTES. Trois nageoires dorsales ; une seule nagoeoire de l'anus. ESPÈCE. CARACTÈRES. La tête dénuée de petites écailles ; la mâ- Le TRirTÉRONOTE ( choire supérieure beaucoup plus avancée HAUTIN, | que l'inférieure , et terminée par une pro- longation pointue. DES POISSONS. 125 CE 6 D 58 98 OP 04 LE TRIPTÉRONOTE HAUTIN!. Tripteronotus Hautin, Lacer. TS D ——— RonpELËT a donné un dessin de cette espèce de poisson, dont il avoit vu un individu à Anvers. Nous avons mis cet abdominal dans un genre particulier, et nous avons désigné ce genre par le nom de Trip- téronote, pour indiquer le caractère.remarquable que lui donne le nombre de ses nageoires du dos. On ne connoît en effet que très peu de poissons qui aient trois nageoires dorsales : le hautin est le seul des ab- dominaux qui en ait montré trois aux naturalistes ; et malgré la présence de ce triple instrument de nata- tion , il n'a qu'une nageoire de l’anus, pendant qu’on compte ordinairement deux anales, lorsqu'il y a trois nageoires du dos. Toutes les dorsales et l’anale du hautin sont trian- gulaires , et à peu près de la même grandeur. Sa cau- dale est grande et fourchue. Les ventrakes sont plus rapprochées de cette nageoire de la queue que de la tête. Le corps est recouvert, ainsi que la queue, d’écailles assez petites. L’opercule est arrondi; l'œil gros; le museau très long, menu, pointu, noir et mou; l’ouverture de la bouche assez étroite. 1, Haulin, Rondelet, seconde partie, chap. 17. 126 HISTOIRE NATURELLE epe® 99 Me 9 11514 Bo 10844280 60504020 .1D0 10 LOL 2-0 EE DE ECOLE SELF 2, 9 ADS CENT SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. LES OMPOKS. Des barbillons et des dents aux mäâchoires; point de nageoires dorsales ; une longue nageoire de l’anus. ESPÈCE. CARACTÈRES. La mâchoire inférieure plus avancée que la L'Ompor siruROÏDE. , supérieure ; deux barbillons à la mâ- choire d’en haut. DES POISSONS. 127 L'OMPOK SILUROIÏDE. Ompok siluroides , Lacer. Nous avons trouvé un individu de cette espèce parmi les poissons desséchés de la collection donnée à la France par la Hollande. Une inscription attachée à cet individu indiquoit que le nom donné à cette es- pèce dans le pays qu'elle habite, étoit Ompok ; nous avons fait son nom générique, et nous avons tiré son nom propre de ses rapports avec les silures. Sa de- sciption n’a encore été publiée par aucun naturaliste. Plusieurs rangs de dents grandes, acérées, maïs iné- gales, garnissent ses deux mâchoires!. Les deux bar- billons que l’on voit auprès des narines ont une lon- gueur à peu près égale à celle de la tête. L’anale est assez longue pour s'étendre jusqu’à la nageoïre de la queue; mais elle ne se confond pas avec cette der- 7 nière. 1. 9 rayons à la membrane branchiale de l'ompok siluroide. 1 rayon aiguillonné et 11 rayons articulés à chaque pectorale. 96 rayons à [a nageoire de l'anus. 17 rayons à celle de la queue. 125 HISTOIRE NATURELLE popo os He Bo oo Hooo NOMENCLATURE Des Silures, des Macroptéronotes , des Malaptérures , des Pimélodes, des Doras, des Pogonathes, des Gataphractes, des Plotoses, des Agénéioses, des Macroramphoses et des Gentranodons. Ox a décrit jusqu’à présent, sous le nom de Silures, un très grand nombre de poissons de l’ancien ou du nouveau continent, très propres à exciter la curiosité des physiciens par leurs formes et par leurs habitu- des : mais plusieurs de ces animaux diffèrent trop de ceux avec lesquels on les a réunis, pour que nous ayons dû laisser subsister une association qui auroit jeté de l'obscurité dans la partie de l’histoire naturelle dont nous nous occupons, et donné des idées fausses sur les rapports qui lient les objets de notre étude. Bloch avoit déjà senti qu'il falloit diviser le genre si- lures établi par les naturalistes qui l’avoient précédé, et il avoit séparé des vrais silures les abdominaux qu'il a nommés Platystes, et ceux qu'il a appelés Cataphractes. Cependant, pour peu qu’on lise avec attention l'ouvrage de Bloch, et qu’on réfléchisse aux principes qui nous ont dirigés dans nos distributions méthodiques, on verra aisément que nous n’avons pu nous contenter de ces deux sections formées par Bloch, ni même les adopter sans quelques modifi- cations. D'un autre côté, rous avions à classer des DES POISSONS. | 129 espèces que l’on n’avoit pas encore décrites, et qui sont plus ou moins voisines des véritables silures. D’après ces considérations , nous avons cru devoir dis- tribuer ces différents animaux dans onze genres diffé- rents. Tous ces poissons ont la tête couverte de lames grandes et dures, ou revêtue d'une peau visqueuse. Leur bouche est située à l’extrémité de leur museau. Des barbillons garnissent leurs mâchoires, ou le pre- mier rayon de leurs pectorales et celui de la nageoire de leur dos sont durs, forts, et souvent dentelés, ou du moins le premier rayon de l’une de ces nageoires présente cette dureté, cette force, et quelquefois une dentelure. Leur corps est gros; une mucosité abondante enduit et pénètre presque tous leurs té- guments. Mais nous ne regardons comme de vérita- bles silures que ceux dont la dorsale est très courte et unique, et qui par ce trait de conformation, ainsi que par plusieurs autres caractères, ont de très grands rapports avec le Glanis, que tant d'auteurs n’ont dé- signé pendant long-temps que par le nom de Silure. Nous placons dans un second genre ceux qui, de même que la Charmuth du Nil, ont une dorsale uni- que , mais très longue. Nous réservons pour un troi- sième , l'espèce que les naturalistes appellent encore Silure électrique, qui ne montre qu’une nageoire du dos , mais sur laquelle cette dorsale n’est qu’une sorte d’excroissance adipeuse , et s'élève très près de la cau- dale. Un quatrième genre renfermera le Bagre et les autres espèces voisines de ce dernier, qui ont, comme ce poisson, une nageoire du dos soutenue par des rayons, et une seconde dorsale uniquement adipeuse. Nous formons le cinquième de ceux qui, indépen- 130 HISTOIRE NATURELLE damment d’une dorsale rayonnée et d’une seconde dorsale simplement adipeuse, ont une portion plus ou moins considérable de leurs côtés garnie d’une sorte de cuirasse que forment des lames larges, dures et souvent hérissées de petits dards. Nous avons ins- crit dans le sixième genre les espèces dont on devra la connoissance à Commerson, et qui, présentant deux nageoires dorsales soutenues par des rayons, ont de plus leurs côtés relevés longitudinalement par des lames ou des écailles particulières. On verra, dans le septième, le callichte et tous ceux des poissons dont nous nous occupons, qui ont de grandes lames sur leurs côtés, deux nageoires sur le dos, des rayons à chacune de ces nageoires, et qui n’offrent qu’un seul rayon dans leur seconde dorsale. Le huitième renfer- mera ceux dont la queue très longue est bordée d’une seconde dorsale et d’une anale confondues l’une et l’autre avec la caudale. Ils ont un instrument de nata- tion d’une grande énergie, et une rame puissante leur imprime des mouvements plus rapides que ceux de leurs analogues qui ont reçu la même force et le même volume. Dans le neuvième seront rangés ceux qui ont deux nageoires dorsales dont la seconde est adipeuse, et qui sont dénuées de barbillons. Au dixième appar- tiendront les espèces qui ont deux nageoires dorsales fortifiées l’une et l’autre par des rayons, le premier rayon de la première de ces dorsales, très long , très fort et dentelé, le museau très allongé relativement à leurs dimensions générales, et les mâchoires sans bar- billons. On trouvera enfin, dans le onzième , les es- pèces qui, n'ayant pas recu de barbillons, élèvent sur leur dos deux nageoires maintenues par des DES POISSONS. 131 rayons plus ou moins nombreux , n’ont pas de dents à leurs mâchoires, et closent les cavités de leurs branchies avec des opercules armés d’un ou de plu- sieurs piquants. Nous conservons ou nous donnons à ces genres les noms suivants. Nous nommons le premier, Silure ; le second, Macroptéronote ? ; le troisième, Malaptérure 5; le quatrième, Pimélode #; le cinquième, Doras 5; le sixième Pogonathe 5; le septième, Cataphracte; le huitième, Plotose 7 ; le neuvième, ÆAgenéiose $; le dixième, Macroramphose ?, et le onzième, Centra- nodon 1. Voyons de près ces onze groupes. En suivant les limites que nous venons de tracer autour d'eux, nous recevrons et nous conserverons sans peine des idées distinctes de leurs attributs; et nous reconnoîtrons clairement, dans les différentes espèces de ces genres, les formes, les organes, les dimensions, les facultés, les habitudes, qui leur ont été départis par la nature. 5. Le mot grec siluuros indique la rapidité avec laquelle les silures peuvent agiter leur queue. 2. Le mot macroptéronote exprime la longueur de la nagcoïfe da dos. 5. Nous avons tiré le nom de mataptérure de malacas , mou , pterun, nageoire, el ura , queue, 4. Pimelodes, en grec, signifie adipeux. 5. Doras veut dire cuirasse. 6. Pogonathe vient ae pogon, barbe, et de gnathos, mâchoire. 7. Plotos veut dire qui nage avec facilité. 8. Agencios signifie sans barbe. 9. Macrcramphose vient de macros , long. et de ramphos, museau. 10. Centron signifie aiguillon, cl'anodon, qui n'a pas de dents. 122 HISTOIRE NATURELLE 29 80 0 6H020 500 D F0 DP0 BAPE OP HE P0 LEO Bose HSLER 68080 PO BOSc DS CENT SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. LES SILURES. La tête large, déprimée, et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l’ex- trémité du museau; des barbillons aux mächoires ; le corps gros; la peau enduite d’une mucosité abon- dante; une seule nageotre dorsale; cette nageoire très courte. — "ee PREMIER SOUS-GENRE,. La nageotre de la queue rectiligne , ou arrondie, et sans échancrure. ESPÈCES. CARACTÈRES. Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; quatre barbillons à la mâchoire infé- 1. LE SILURE GLANIS. rieure ; cinqrayons à la nageoire du dos; quatre-vingt-dix rayons à celle de l'anus : la caudale arrondie. Un large barbillon à chaque angle de la bouche ; quatre barbillons à l'extrémité de la mâchoire inférieure ; cinq rayons à la dorsale ; six rayons à l'anale; plusieurs rangées longitudinales de verrues sur la queue ; la caudale arrondie. {Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; deux à l'inférieure, cinq rayons à la na- geoire du dos, quatre-vingt-deux à celle de l'anus. Le] LE SILURE VERRUQUEUX. 3. LE SILURE ASOTE. uatre barbi s à ci D ire : RTS M LE A (Q rbillons à chaque mâchoire ; la | caudale arrondie. DES POISSONS. 1959 SECOND SOUS-GENRE. La nageotre de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES, 6. LE SILURE SCHILDE, 5. LE SILURE DEUX-TACHES. | 7. LE SILURE UNOÉCIMAL. . LE SILURE ASPRÈDE. | [62] 9. Le SILURE No \ 20. LE SILURE CHINOIS. CARACTÈRES. Un barbillon à chaque angle de la bouche ; deux barbillons à l'extrémité de la mä- choire inférieure; cinq rayons à la na- geoire du dos; soixante-sept à celle de l'anus ; la caudale en croissant. Huit barbillons aux mâchoires; septrayons à la nageoire du doss soïxante-deux à celle de l’anus: la caudale fourchue. Huit barbillons aux mâchoires; onze rayons à la nageoïre du dos; onze rayons à l’anale; la nageoïre de la queue four- chue. Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; deux barbillons à chaque angle de la bou- che; quatre barbillons à la mâchoire in- férieure ; cinq rayons à la nageoire dor- sale; cinquante-six rayons à la nageoïre de l'anus ; la caudele fourchue. ‘Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; quatre barbillons à l’inférieure; des ran- gées longitudinales de tubercules, sur la partie supérieure de l’animal; des cupu- les, dont plusieurs sont soutenues par une petite tige flexible, sur la partie in- férieure du ventre ; cinq rayons à la na- geoire du dos; cinquante-six rayons à l’a- nale ; la nageoïire de la queue fourchue. (ose barbillons très longs à la mâchoire < supérieure ; l'anale plus longue que la moitié de la longueur totale de l’animal ; la nageoire de la queue fourchue. Deux barbillons à la mâchoire supérieure ; 11.LE SILURE HEXADACTYLE. LACÉPÈDE, XI, quatre barbillons à la mâchoire infé- rieure ; des arêtes tuberculées sur la tête et sur le dos; cinq rayons à ia nageoire du dos; cinquante-cinq à celle de l'anus: six à chaque pectorale. 154 HISTOIRE NATURELLE SC | rereLepasEsTfr0s ee LE SILURE GLANIS*. Silurus Glanis, Linx., GmeL., Lacer., Cuv. Le glanis est un des plus grands habitants des fleuves et des lacs. On l’a comparé à d'énormes cé- 1. Lotte de Hongrie, aux environs de Strasbourg. Harcha , en Italie. Hardscha , en Hongrie. Glano , dans les environs de Constantinople. Schaden , en Autriche. W'éls, en Allemagne. W' aller, ibid. Scheid, ibid. Schoiden , ibid. Szum , en Pologne. Sumus , en langue esclavone. Ckams-wels, en Livonie. Som , en Russic. Dschium , en Tartarie. Zolbarte , chez les Calmouques. 4 Mâl , en Suède. Mall et malle, en Danemarck. Méerval , en Hollande. The seat fish, en Angleterre. Bloch, pl. 54. Silure mal, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 344. DES POISSONS. 155 tacés ; on l’a nommé la baleine des eaux douces. On s’est plu à dire qu'il régnoit sur ces lacs et sur ces fleuves, comme la baleine sur Océan. Ce privilége de la grandeur auroït seul attiré les regards vers ce silure. Ge qui est grand fait toujours naître l’étonne- ment, la curiosité, l'admiration, les sentiments éle- vés, les idées sublimes. À sa vue, le vulgaire , surpris et d’abord accablé comme sous le poids d’une supé- riorité qui lui est étrangère, se familiarise cependant bientôt avec des sensations fortes, dont il jouit d’au- tant plus vivement qu'elles lui étoient inconnues ; l’homme éclairé en recherche , en mesure, en com- pare les rapports, les causes, les effets ; le philosophe, découvrant dans cette sorte d’exemplaire , dont toutes les parties ont été, pour ainsi dire, grossies, le nom- bre , les qualités, les dispositions des ressorts ou des éléments qui échappent par leur ténuité dans des copies plus circonscrites, en contemple l’enchaîne- ment dans une sorte de recueillement religieux ; le poëte, dont l’imagination obéit si facilement aux im- pressions inattendues ou extraordinaires, éprouve ces affections vives, ces mouvements soudains, ces trans- ports irrésistibles dont se compose un noble enthou- siasme ; et le génie , pour qui toute limite est impor- tune , et qui veut commander à l’espace comme au temps, se plaît à reconnoître son empreinte dans le sujet de son examen, à trouver une masse très éten- Meïding. Ie. pisc. Austr. t. 9. Mal, It. Scan. G1. Silurus, Act. Stcokh. 1756, p. 54, t 5. « Silurus cirris quatuor in mento.» Artedi, gen. 82, syn. 110, Gronov. mus. 1, n, 25, t. 6, fig. 1. 150 HISTOIRE NATURELLE due soumise à des lois, et à pouvoir considérer l’objet qui l’occupe , sans cesser de tenir ses idées à sa propre hauteur. Le caractère de la grandeur est d’inspirer tous ces sentiments , soit qu'elle appartienne aux ouvrages de l'art, soit qu’elle distingue les productions de la na- ture ; qu'elle ait été départie à la matière brute , ou accordée aux substances organisées, et qu’on la compte parmi les attributs des êtres vivants et sensibles. On a dû également les éprouver et devant les jardins sus- pendus de Babylone, les antiques pagodes de l'Inde, les temples de Thèbes, les pyramides de Memphis, et devant ces énormes masses de rochers amoncelés ‘qui composent les sommets des Andes, et devant l’im- mense baleine qui sillonne la surface des mers po- laires, l'éléphant, le rhinocéros et l’hippopotame, qui fréquentent les rivages des contrées torrides, les ser- penis démesurés qui infestent les sables brûlants de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, les poissons gigantesques qui voguent dans l'Océan ou dominent dans les fleuves. Et quoique tous les êtres qui présentent des di- mensions supérieures à celles de leurs analogues ar- rêtent nos regards et nos pensées, notre imagination est surtout émue par la vue des objets qui, l’empor- tant en étendue sur ceux auxquels ils ressemblent le plus, surpassent de beaucoup la mesure que la nature a donnée à l’homme pour juger du volume de ce qui l'entoure , cette mesure dont il ne cesse de se servir, quoiqu'il ignore souvent l'usage qu'il en fait, et qui consiste dans sa propre hauteur. Ün ciron de deux ou trois décimètres de longueur seroit bien plus ex- DES POISSONS. | 137 traordinaire qu’un éléphant long de dix mètres, un squale de vingt, un serpent de cinquante et une ba- leine de plus de cent ; et cependant il nous frapperoit beaucoup moins ; il surprendroit davantage notre rai- son, mais il agiroit moins vivement sur nos sens; il s'empareroit moins de notre imagination ; il imprime- roit bien moins à notre âme ces sensations profondes, et à notre esprit ces conceptions sublimes que font naître les dimensions incomparablement plus grandes que notre propre stature. Ces dimensions, très rares dans les êtres vivants et sensibles, sont celles du glanis. Un individu de cette espèce , vu près de Limritz, dans la Poméranie, avoit la gueule assez grande pour qu’on püt y faire entrer facilement un enfant de six ou sept ans. On trouve dans le Volga des glanis de douze ou quinze pieds de longueur. On prit, il y a quelques années, dans les environs de Spandaw, un de ces silures qui étoit du poids de cent vingt livres ; et un autre de ces poissons, pêché à Writzen sur l’Oder, en pesoit huit cents. Le glanis a la tête grosse et très aplatie de haut en bas ; le museau très arrondi par devant ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que celle d’en haut, ces deux mâchoires garnies d’un très grand nombre de dents petites et recourbées; quatre os ovales, hé- rissés de dents aiguës, et situés au fond de la gueule ; l'ouverture de la bouche très large; une fossette de chaque côté de la lèvre inférieure ; les yeux ronds, saillants , très écartés l’un de l’autre, et d’une peti- tesse d'autant plus remarquable que les plus grands des animaux, les baleines, les cachalots, les éléphants, er 190 TJ HISTOIRE NATURELLE les crocodiles, les serpents démesurés , ont les yeux très petits à proportion des énormes dimensions de leurs autres organes. Le dos du glanis est épais; son ventre très gros; son anale très longue ; sa ligne latérale droite; sa peau enduite d’une humeur gluante, à laquelle s’at- tache une assez grande quantité de la vase limoneuse sur laquelle il aime à se reposer. Le premier rayon de chaque pectorale est osseux, très fort et dentelé sur son bord intérieur 1. Les ventrales sont plus éloignées de la tête que la nageoire du dos. La couleur générale de lanimal est d’un vert mêlé de noir, qui s’éclaircit sur les côtés et encore plus sur la partie inférieure du poisson, et sur lequel sont dis- tribuées des taches noirâtres irrégulières. Les pecto- rales sont jaunes, ainsi que la dorsale et les ventrales ; ces dernières ont leur extrémité bleuâtre ; et l’extré- mité, de même que la base des pectorales, présentent la même nuance de bleu foncé. Le savant professeur de Strasbourg , feu mon confrère M. Hermann, rap- porte, dans des notes manuscrites qu'il eut la bonté de me faire parvenir peu de moments avant sa mort, et auxquelles son digne frère M. Frédéric Hermann, 1. Plusieurs poissons compris dans le genre silure, établi par [an- née . et qui ont à chaque pectorale un rayon dur et dentelé, peuvent, lorsqu'ils étendent cette nageoire , donner à ce rayon une fixité que l'on ne peut vaincre qu'en le détournant. La base de ce rayon est ter- minée par deux apophyses. Lorsque la pectorale est étendue, l'apo- physe antérieure entre dans un trou de la clavicule ; le rayon tourne un peu sur son axe ; l'apophyse , qui est recourbée , s'accroche au bord du trou ; et le rayon ne peut plus être fléchi, à moins qu'il ne fasse sur son axe un mouvement en sens contraire du premier. DES POISSONS. | 139 ex-législateur et maire de Strasbourg , a bien voulu ajouter quelques observations, que les silures glanis un peu avancés en âge qu'il avoit examinés dans les viviers de M. Hirschel, avoient le bord des pectorales peint d’une nuance rouge, que l'on ne voyoit pas sur celles des individus plus jeunes. L’anale et la nageoire de la queue du glanis sont communément d’un gris mêlé de jaune, et bordées d’une bande violette, Le silure que nous venons de décrire habite non seulement dans les eaux douces de l'Europe, mais encore dans celles de l’Asie et de l'Afrique. On ne l’a trouvé que très rarement dans la mer; et il paroît qu'on ne l’y a vu qu'auprès des rivages voisins de l'embouchure des grands fleuves, hors desquels des accidents particuliers ou des circonstances extraordi- naires peuvent l’avoir quelquefois entraîné. Le pro- fesseur Kolpin, de Stettin, écrivoit à Bloch, en 1766, qu’on avoit pêché un silure de l'espèce que nous exa- minons, auprès de l’île de Rügen, dans la Baltique. Comme les baleines, les éléphants, les crocodiles, les serpents de quarante ou soixante pieds, et tous les grands animaux , le glanis ne parvient qu'après une longue suite d’années à son entier développement. On pourroit croire cependant, d’après les notes manus- crites de M. Hermann, que, pendant la première jeu- nesse de ce silure, ce poisson croît avec vitesse, et que ce n'est qu'après avoir atteint à une longueur considérable qu'il grandit avec beaucoup de lenteur, et que son développement s'opère par des degrés très peu sensibles. On a écrit qu'il en étoit des mouvements du glanis 140 HISTOIRE NATURELLE comme de son accroissement; qu'il ne nageoit qu'avec peine, et qu'il ne paroissoit remuer sa grande masse qu'avec difficulté. La queue de ce silure, et l’anale qui en augmente la surface, sont trop longues et con- formées d’une manière trop favorable à une natation rapide pour qu'on puisse le croire réduit à une ma- nière de s’avancer très embarrassée et très lente. il faudroit , pour admettre cette sorte de nonchalance et de paresse forcées , supposer que les muscles de cet animal sont extrêmement foibles, et que sil a reçu une rame très étendue, il est privé de la force nécessaire pour la remuer avec vitesse et pour l’agiter dans le sens le plus propre à faciliter ses évolutions. La dissection des muscles du glanis n'indique aucune raison d'admettre cette organisation vicieuse. C'est dans son instinct qu'il faut chercher la cause du peu de mouvement qu'il se donne. S'il ne change pas fré- quemment et promptement de place, il n’en a pas moins reçu les organes nécessaires pour se transporter avec célérité d’un endroit à un autre ; mais il n’a ni le besoin ni par conséquent la volonté de faire usage de sa vigueur et de ses instruments de natation. Il vit de proie; mais il ne poursuit pas ses victimes. Il pré- {ère la ruse à la violence ; il se place en embuscade ; il se retire dans des creux, au dessous des planches, des poteaux et des autres bois pourris qui peuvent border les rivages des fleuves qu'il fréquente ; il se couvre de limon ; il épie avec patience les poissons dont il veut se nourrir. La couleur obscure de sa peau empêche qu'on ne le distingue aisément au milieu de la vase dans laquelle il se couche. Ses longs barbil- lons, auxquels il donne des mouvements semblables DES POISSONS. 141 à ceux des vers, attirent les animaux imprudents qu’il cherche à dévorer, et qu'il engloutit d'autant plus ai- sément qu'il tient presque toujours sa bouche béante, et que l’ouverture de sa gueule est tournée vers le haut. Il ne quitte que pendant un mois ou deux le fond des rivières où il a établi sa pêche : c’est ordinaire- ment vers le printemps qu'il se montre de temps en temps à la surface de l’eau; et c’est dans cette même saison qu'il dépose près des rives, ou ses œufs ou le suc prolifique qui doit les féconder. On a remarqué qu'il n’alloit pondre ou arroser ses œufs que vers le milieu de la nuit, soit que cette habitude dépende du soin d'éviter les embüches qu'on lui tend, ou de la délicatesse de ses yeux, que la lumière du soleil blesseroïit, pour peu qu'elle fût trop abondante. Cette seconde cause pourroit être d'autant plus la véritable, que presque tous les animaux qui passent la plus grande partie de leur vie dans des asiles écartés et dans des cavités obscures, ont l'organe de la vue très sensible à l’action de la lumière. Les membres du glanis étant arrosés , imbus et pro- fondément pénétrés d’une humeur gluante , peuvent résister plus facilement que ceux de plusieurs autres habitants des eaux, aux coups qui brisent, aux acci- dents qui écrasent, aux causes qui dessèchent; et dès lors on doit voir pourquoi il est plus difficile de lui faire perdre la vie qu’à beaucoup d’autres pois- sons !, On a pensé que sa sensibilité étoit extrèmement 2. Discours sur la nature des poissons. 1/42 HISTOIRE NATURELLE émoussée ; on l’a conclu du peu d’agitation qu'il éprou- voit lorsqu'il étoit pris, et de l'espèce d’immobilité qu'il montroit souvent dans toutes ses parties, excepté dans ses barbillons. On auroit dû cependant se sou- venir que, malgré le besoin qu’il a de se nourrir de substances animales, il paroît avoir l'instinct social. On voit presque toujours deux glanis ensemble ; et c'est ordinairement un mâle et une femelle qui vivent ainsi l’un auprès de l’autre. Malgré sa grandeur, le glanis femelle ne contient qu'un très petit nombre d'œufs, suivant plusieurs na- turalistes ; et si ce fait est bien constaté , il méritera d'autant plus l'attention des physiciens, qu'il sera une exception à la proportion que la nature semble avoir établie entre la grosseur des poissons et le nombre de leurs œufs!. Bloch rapporte qu’une femelle, qui pesoit déjà une livre et demie , n’avoit dans ses deux ovaires que dix-sept mille trois cents œufs. Lorsque les tempêtes sont assez violentes pour boule- verser toute la masse des eaux dans lesquelles vit le glanis, il quitte sa retraite limoneuse, et se montre à la surface des fleuves ; néanmoins, comme ces orages sont rares, et que d’ailleurs le temps pendant lequel il est attiré vers les rivages est d’une durée assez courte, il est exposé bien peu souvent à se défendre contre des poissons voraces assez forts pour oser l’attaquer. Mais les anguilles , les lotes , et d’autres poissons beau- coup plus petits, se nourrissent de ses œufs; et quand il est encore très jeune , il est quelquefois la proie des grandes grenouilles. 1. Discours sur la nature des poissons. DES POISSONS. 145 Son œæsophage et son estomac présentent, dans leur intérieur, des plis assez profonds ; et feu Hartmann #, ainsi que le professeur Schneider ?, ont remarqué que cet estomac jouissoit d’une irritabilité assez grande, même après la dissection de l’animal, pour offrir pen- dant long-temps des contractions et des dilatations alternatives. Le canal intestinal est court et replié une seule fois ; le foie gros; la vésicule du fiel longue et remplie d’une liqueur jaune ; la vessie natatoire courte , large, et divisée longitudinalement en deux. Vingt côtes sont placées de chaque côté de l’épine du dos, qui est composée de cent dix vertèbres. La chair du glanis est blanche, grasse, douce, agréa- ble au goût, mais mollasse, visqueuse et difficile à di- gérer. Dans les environs du Volga, dont les eaux nour- rissent un très graud nombre d'individus de cette espèce, on fait avec leur vessie natatoire une colle assez bonne, mais à laquelle on préfère cependant celle que donne la vessie natatoire de l’acipensère huso. Sur les bords du Danube, la peau du glanis, séchée au soleil, a servi, pendant long-temps, de lard aux habitants peu fortunés ; et du temps de Belon, cette même peau avoit été employée à couvrir des instruments de musique. Les notes manuscrites du professeur Hermann et de son frère le maire de Strasbourg, nous ont appris que MM. Durr, l'oncle et le neveu, marchands pois- sonniers de cette ville, avoient tâché de natuüraliser le 1. Mélanges de l'académie des curieux de Ja nature, décade 2, an 7 p. 89. 2. Synonymie des poissons d'Artedi, etc., p. 170. 144 HISTOIRE NATURELLE glanis dans l’ancienne Alsace. Ils avoient d’abord fait à grands frais plusieurs voyages en Hongrie, pour y chercher dans le Danube plusieurs silures de cette espèce ; ils avoient appris ensuite que des glanis ha- bitent un lac de deux lieues de tour, situé dans la Souabe, à quelques milles de Doneschingen, à trente ou trente-cinq lieues de Strasbourg, et par consé- quent beaucoup plus près des bords du Rhin que les rives hongroises du Danube. Ce lac se nomme en alle- mand, Feder-see; en latin, Lacus plumarius; en fran- çois, lac aux Plumes. Ils en avoient apporté plusieurs de ces silures, qu’on avoit déjà multipliés dans les étangs de feu le respectable et malheureux Dietrich, au point qu'on y en comptoit plus de cinq cents; mais il y a une douzaine d'années que, lors d’un événe- ment extraordinaire, ces poissons furent enlevés, et il n’en reste plus dans les étangs du département du Bas-Rhin. M. Durr le neveu, et son beau-frère M. Hir- schel, font toujours venir du Feder-see des glanis, qu'ils vendent à Strasbourg , ou qu'ils envoient plus loin, et dont les plus petits pèsent ordinairement douze livres 1. 1. 16 rayons à la membrane branchiale du silure glanis. 18 rayons à chaque pectorale. 15 rayons à chaque ventrale. 17 rayons à la nagcoire de la queue. DES POISSONS. 1/5 BHEPEDERSHANOBPIPATEHOMEMEHEDOHNEDIBPIMPOMIBEHOBEHOHPODI HOMME DE LE HHOMAAEErEPEHE RER LE SILURE VERRUQUEUX, Aspredo verrucosus, Ouv. — Platystæus verrucosus, BLrocu. — Stilurus verrucosus, Lacer. LE SILURE ASOTE*. Silurus Asotus, Parras, Linn., Lacer., Guv. La tête du verruqueux présente, dans sa partie supérieure , un sillon longitudinal, à la suite duquel on voit sur le dos une saillie également longitudinale. Il n’y a qu'un orifice à chaque narine. Le premier rayon de chaque pectorale est très dur, très fort et dentelé. On trouve dans l’Asie l’asote, qui, de même que le verruqueux , à dans le premier rayon de chaque pec- torale une sorte de dard dentelé, et dangereux, par sa dureté et sa grosseur, pour les animaux que ce si- lure attaque, ou qu'il tâche de repousser. Les dents 1. Platyste verrue, platystœus verrucosus, Bloch, pl. 575, fig. 5. 2. Silure asote, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 146 HISTOIRE NATURELLE de ce poisson sont très nombreuses ; et sa nageoire de l’anus s'étend jusqu’à celle de la queue {. 1. 5 rayons à la membrane branchiale du silure verruqueux. 8 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 10 rayons à la nageoïre de la queue. 16 rayons à la membrane branchiale du silure asote. 14 rayons à chaque pectorale. 14 rayons à chaque ventrale. 16 rayons à la caudale. DES POISSONS. 147 ere EDOÉSE METEO EE SU ES D ESA 03H IPO BAT ED ODEDES- LE SILURE FOSSILE”. Silurus fossilis, Linn., Guec., BLocu, Lacer., Cuv. Brocu avoit reçu de Tranquebar un individu de cette espèce. Le dessus de la tête de ce poisson mon- troit une fossette longitudinale. La couverture osseuse, qui revêtoit cette même partie, étoit terminée par trois pointes. On voyoit de petites dents à la partie antérieure du palais, ainsi qu'aux deux mâchoires, qui étoient aussi avancées l’une que l’autre. La langue étoit courte, épaisse et lisse. La ligne latérale descen- doit jusque vers les ventrales, et s’'étendoit ensuite directement jusqu'à la nageoire de la queue, dont l'anus étoit une fois plus éloigné que de la tête. Le premier rayon de chaque pectorale paroïssoit très fort. On pouvoit distinguer les muscles de l’animal au tra- vers de sa peau. Sa couleur générale étoit celle du chocolat ; les nageoires offroient une teinte d’un brun un peu clair, excepté l’anale , qui étoit grise. 1. Schlammuwels , en allemand. Muddy silure, en anglois. Silure d’étang , Bloch, pl. 370, fig. 2. 1 48 HISTOIRE NATURELLE GIH0L0H089P TOC EHSHOSIHE0EC ECBOHFIES BoBEIOBo ose Eat eeHa BIEL 20 LE SILURE DEUX-TACHES”, Silurus bimaculatus, Brocu, Lacgr., Cuv. LE SILURE SCHILDE*, Schilbe mystus , Guv. — Silurus mystus, Linx., Guer., Lacer. ET LE SILURE UNDÉCIMAL3, Silurus undecimalis, Linn., GmeL., Lacer. — 9 — Le violet, le jaune et l’argenté concourent à la parure du silure deux-taches. Sa partie supérieure est d’un violet clair; ses côtes brillent de l'éclat de l'argent; sa caudale est jaune, avec les deux extrémités du crois- sant qu’elle forme d’un violet foncé ; les autres nageoi- res sont communément variées de jaune et de violet. Ce beau poisson vit dans les lacs et dans les rivières de la côte de Malabar; il fraie pendant l'été; sa chair est d’un goût agréable. 1. Sewalet, chez les Tamules. Silure à deux taches, Bloch, pl. 564. 2. Schildé ou schilbé , sur les boraäs du Nil. Silure schilde, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 2, p. 96. « Silurus schilde niloticus. » Hasselquist, It. 576. 5. Silure ondéctmal, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 2, p. 97. DES POISSONS. 149 Sa tête a moins de largeur que celle de la plupart des autres silures. Ses dents sont très fortes ; on en voit un grand nombre de petites sur le palais : mais la langue est lisse. Il y a deux orifices à chaque narine. Les barbillons supérieurs sont longs, les inférieurs très courts et d’une couleur blanchâtre. Le premier rayon de chaque pectorale est dur, gros, et dentelé du côté opposé à la tête. La ligne latérale ne montre que de très légères courbures. Le schilde se plaît dans les eaux du Nil. Quatre de ses barbillons tiennent à la mâchoire supérieure ; les autres quatre sont attachés à celle de dessous. Le pre- mier rayon de chaque pectorale est distingué par sa grosseur, par Sa force et par sa dentelure. Le silure undécimal, qui habite dans les rivières de Surinam, a onze rayons à sa dorsale, à sa nageoire de l’anus et à chacune de ses pectorales; et ces trois nombres semblables ont indiqué le nom qu'on lui a donné. Üne dentelure garnit chacun des côtés du premier rayon de l’une et de l’autre de ses pecto- rales ; ses barbillons extérieurs ont une longueur égale à celle de son corps. 1. 12 rayons à la membrane branchiale du silure deux-taches. 14 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 16 rayons à la nageoïre de la queue. 10 rayons à la membrane des branchies du silure schilde. 12 rayous à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 20 rayons à la caudale. 11 rayons à chaque pectorale du silure undécimal!. 6 rayons à chaque ventrale. 17 rayons à la nageoire de la queue. LACÈPÈDE. XI. 15 150 HISTOIRE NATURELLE oraÿe 89% 80 8< BOB 50 50 5026240 BH P0 00/0 EL Be 21286 L0HE A TOO 98 O0 10 BO HOO BI EEH 5-0-8 09 LE SILURE ASPRÉDE", Aspredo lœvis, Cuv.— Silurus Aspredo, Linx., Guer., Lacer. — Platystacus lævis, Brocu. ET LE SILURE COTYLÉPHORE®. Aspredo cotylephorus, Cuv.— Platystœus cotylephorus , Brocn.— Silu- rus cotylephorus , Lacer. Ox pêche dans les fleuves de l’Amérique, et peut- être dans ceux des grandes Tades, le silure asprède, dent la tête plate, osseuse et couverte d’une mem- brane , s’élargit beaucoup auprès des pectorales, et 1. Glattleib, par les Allemands. Simpla eggen. par les Suédois. Silure asprède, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Platyste lisse. Bloch. Aspredo , Amœænit. acad. 1, p. 811, lab. 14, fig. 5. Séba , mus. 5 , tab. 29, fig. 10. Aspredo cirris 8. Gronov. Zooph. 2. Silurus cotylephorus. Teller trager, par les Allemands. Raukher wels , idem. Runwe metrval, par les Hollandoïs. Platyste cotylénhore, Bloch, pl. 372. Pl104. Poissons Na: LE SES me 7 EE HP Pilot. Det { 4. Davesne out TELE STEURE ASPRÈDE.. D'LE PIMELODE BAGRIE :3.LE PIMEL. ASCITE. 4 LE PIMEL.COUS . tac EME DES POISSONS. 151 présente, dans sa partie supérieure , une cavité lon- gitudinale et triangulaire, qui se termine par une sorte de tube solide, prolongé jusqu’à la dorsale. On aper- çcoit quelques verrues ou petits tubercules sur la tête et sur la poitrine. La mâchoire supérieure est plus avancée que celle de dessous ; la langue et le palais sont lisses; chaque narine a deux orifices ; l’ouver- ture branchiale est courte et étroite. Les branchies sont petites ; elles sont d’ailleurs garnies de filaments très peu allongés et distribués par toufles très séparées les unes des autres. Une dentelure hérisse chacun des côtés du premier rayon de chaque pectorale, qui, de plus, réunit beaucoup de force à une grosseur consi- dérable. Le corps proprement dit étant court et l’anale très longue, l’anus est beaucoup plus près de la tête que de la caudale. Au delà de cet orifice, on voit une ouverture placée à l'extrémité d’une sorte de pe- üt cylindre. La queue, très allongée et très mobile, est comprimée par les côtés, de manière à présenter une sorte de tranchant ou de carène longitudinale dans sa partie supérieure. La couleur générale est d’un brun mêlé de violet. Le cotyléphore diffère de l’asprède par les traits suivants, dont le dernier est très remarquable , et consiste dans une conformation que l’on n’a encore observée sur aucune autre espèce. Premièrement, il n’a que six barbillons, au lieu de huit. Deuxièmement, ses dents sont moins fortes que celles de l’asprède. Troisièmement , toute sa partie supérieure est gar- 152 HISTOIRE NATURELLE nie de petits tubercules qui forment sur la queue huit rangées longitudinales. Quatrièmement, l'os qui de chaque côté repré- sente une clavicule est divisé en deux par un intervalle que des muscles remplissent. Cinquièmement, le dessous de la gorge, du ventre et d’une portion des nageoires ventrales est garni de petits corps d’un diamètre à peu près égal à celui des tubercules du dos, arrondis dans leur contour, con- vexes du côté par lequel ils tiennent au poisson, con- caves de l’autre , et assez semblables à une sorte d’en- tonnoir ou de petite coupe. Presque tous ces petits corps sont suspendus à une tige déliée, flexible, et d’autant plus courte que l’entonnoir est moins déve- loppé : les autres sont attachés, sans aucun pédon- cule , au ventre, ou à la gorge, ou aux ventrales de l'animal !. Il est bon d'observer que ces appendices ne sont ainsi conformés que dans les cotyléphores adultes ou presque adultes : dans des individus moins âgés , ils sont appliqués immédiatement à la peau, de manière à ressembler à des taches, ou tout au plus à de légères élévations; et dans des silures de la même espèce plus jeunes encore, on n’en aperçoit aucun rudiment. On pourroit croire ces entonnoirs suscep- 1. 4 rayons à la membrane brancüiale du silure asprède. 8 rayous à chaque peclorale. 6 rayons à chaque ventrale. 11 rayons à la nageoire de la queue. 8 rayons à chaque pectorale du silure cotyléphore. 6 rayons à chaque vevtrale. 9 rayons à la caudale, DES POISSONS. 153 übles de se coller, pour ainsi dire, contre différentes substances, et propres, par conséquent, à donner à l'animal un moyen de s'attacher au fond des fleuves, ou dans diverses positions nécessaires à ses besoins. Le silure cotyléphore habite dans les eaux des Indes orientales. 194 HISTOIRE NATURELLE PRE RÉR-E DEEE D SD EBISDI M DPF MÉTIER DOM BSD DEN SPA PAR EE RM EN AIT OR EDEN ÉLer MIE SES ESS LE SILURE CHINOIS, Silurus sinensis, Lacer., Cuv. LE SILURE HEXADACTYLE. Aspredo hexadactylus, Cuv. — Silurus hexadactytus , Lacer. Les naturalistes n’ont pas encore publié de descrip- tion de ces deux silures. Nous avons vu une peinture très fidèle et très bien faite du premier, dans la collection de peintures chi- noises que nous avons souvent citée dans cet ouvrage. La couleur de sa partie supérieure est d’un verdâtre marbré de vert ; les côtés et la partie inférieure sont d’un argenté mêlé de nuances vertes. Chaque oper- cule est composé de deux ou trois pièces presque ovales. Les deux barbillons ont une longueur à peu près égale à celle de la tête. La mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure. Aucune nageoire ne présente de rayon fort et dentelé. La collection hollandoise déposée dans le Muséum d'histoire naturelle renferme un individu très bien conservé de l'espèce du silure hexadactyle. Nous avons tiré le nom spécifique de ce poisson du nombre de DES POISSONS. 199 rayons ou doigls de ses mains, Où nageoires pecto- rales , lesquels sont au nombre de six, ainsi que ceux de ses nageoires ventrales , ou de ses pieds. Les quatre barbillons de la mâchoire d'en bas sont plus courts que les deux de la mâchoire d'en haut. L'ouverture de chaque narine est double. Les yeux sont petits et rapprochés l’un de l’autre. Indépendam- ment de plusieurs arêtes ou saillies tuberculées que l'on voit sur la tête et sur le corps, une saillie sem- blable part de chaque œil ; et ces deux arêtes se réu- nissent au dessus de la partie supérieure du dos. La tête et le corps sont très aplatis ; la longueur de ces deux parties n’est que le tiers, ou environ, de celle de la queue, qui réunit à cette dimension une con- formation analogue à celle d’une pyramide à dix faces. Le premier rayon de chaque pectorale est large, aplati et dentelé sur ses deux bords, de telle sorte que les pointes du bord externe sont tournées vers la queue, et celles du bord intérieur dirigées vers la tête. Le dessus de la tête et du corps est blanc avec des taches noires ; presque tout le reste de la surface de l'animal est noir avec des taches blanches, excepté la partie inférieure de la tête, de la queue et du corps, qui est blanchâtre. 19 BeMs-remsseret eo bopessR Here TeTSTEDEHEB Of TE BE SF ETAPE 6 HISTOIRE NATURELLE eeBot oser ea CENT SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. LES MACROPTÉRONOTES. La tête large, déprimée, et couverte de lames grandes . 6 MaAcROPTÉRONOTE . LE MACROPTÉRONOTE . L6 MAcROPTÉRONOTE et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l’ex- trémité du museau; des barbillons aux mâchoires : le corps gros; la peau enduite d’une mucosité abon- dante; une seule nageoire dorsale ; cette nageoire très longue. ESPECES. CARACTERES. Huit barbillons; dix rayons à la membrane des branchies ; soixante-douze rayons à CHARMUTH. la nageoïre du dos; soixante-neuf à l’a- \ nalc; la caudale arrondie. f. Huit barbillons; sept rayons à la mem- brane des branchies; moins de soixante- dix rayons à la nageoïre du dos; moins de cinquante à celle de l'anus; la caudale arrondie. LE MaACROPTÉRONOTE GRENOUILLEK. et la caudale arrondies; la couleur brune BRUN. et sans taches. Six barbillons ; la nageoire du dos triangu- laire et très basse, surtout vers la cau- dale ; l'anale courte; la caudale arron- | die; la couleur brune et sans taches. (4 barbillons: la nageoire dorsale, l'anale HEXACICINNE. DES POISSONS. 1 SI 1 STopspUBE ra bateteperopemnerporperererepDes Here reDes ER EETLepeS 060 eZeE EEE LE MACROPTÉRONOTE CHARMUTH!, Heterobranchus Scharmuth, Gxorr., Cuv.— Macrop- teronotus Charmuth, Lacer. — Silurus anguillaris , Linn., GMEL. LE MACROPTÉRONOTE GRENOUILLER 2. eterobranchus Batrachus , Georr., Cuv. — Macropteronotus Batra- Hete » , P chus , Lacrp. — Silurus Batrachus, Lann., Guer. — 8 — Dans le genre dont nous nous occupons, la na- geoire du dos s'étendant jusqu'auprès de la caudale, augmente la surface de la queue, et donne par consé- quent plus de force à l'instrument principal de la na- 1. Silure charmuth, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaicrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 2, p. 96. « Silurus charmuth niloticus. » Hasselquist, It. 371. Clarias , Gronov. Zooph. 522, tab. 8, fig. 3 et 4. Blackfish , Russe, Alep. 73, tab. 12, fig. 1. « Lampetra indica erythrophthalmos. » Raï, Pisc. 150. Karmouth , dessins faits en Égypte par M. Cloquet, qui a bien voulu me les communiquer. Aluby, par plusieurs anciens auteurs qui ont écrit sur les animaux du Nil. (Lettre que mor collègue, M. Geoffroy, professeur au Mu- séum d'histoire naturelle , a eu la bonté de m'écrire du Caire.) 2, Froschwels, par les Allemands. 190 HISTOIRE NATURELLE tation de l’animal : il n’est donc pas surprenant qu'on ait remarqué beaucoup de rapidité dans les mouve- ments du charmuth. Le dessus de la tête de ce ma- croptéronote présente une multitude de petits mame- lons. De huit barbillons dont il est pourvu , les deux plus longs sont placés chacun à un des angles de ïa bouche , les deux plus courts auprès des narines, et les autres quatre sur les bords de la lèvre inférieure. La partie supérieure du poisson est d’un brun obscur, et la partie inférieure d’un blanc mêlé de gris. M. Geof- froy écrivoit d'Égypte, le 16 août 1799, à mon savant confrère M. Cuvier, qu'il avoit disséqué le charmuth ; qu’il avoit vu au delà des branchies une cavité qui communiquoit avec celle des organes ; que l’animal pouvoit fermer cette cavité; qu'elle contenoit un cartilage plat et divisé en plusieurs branches ; que la surface de ce cartilage étoit couverte de nombreuses ramifications de vaisseaux sanguins visibles pendant la vie du poisson ; que cet appareil devoit être con- sidéré comme une branchie supplémentaire; que, par une conformation un peu analogue à celle des sépies, le système général des vaisseaux sanguins comprenoit trois ventricules séparés les uns des autres; que l’on pouvoit regarder ces ventricules comme autant de cœurs , etc. : mais tous ces détails vont être éclaircis par la publication des utiles travaux de M. Geoffroy, rendu , après quatre ans d’absence , à sa patrie, à ses amis, à sa famille et à ses collègues. Toeli, par les Tamules. Silure grenouiller, Bloch, pl. 370, fig. à. Id. Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de FEncyclopédie méthodique. DES POISSONS. 199 Le charmuth habite dans le Nil; on trouve le gre- nouiller dans l'Asie et dans l’Afrique. La calotte osseuse qui revêt le dessus de la tête du grenouiller, se termine en pointe par derrière, et montre deux enfoncements. L’antérieur est allongé, et l’autre presque rond. Autour de chaque angle de la bouche sont distribués quatre barbillons longs et inégaux. Le palais est rude, la ligne latérale presque droite, le premier rayon de chaque pectorale fort et dentelé; la couleur générale d’un brun mêlé de jaunef. 1. 10 rayons à chaque pectorale du macroptéronote charmuth. 6 ou 7 rayons à chaque ventrale. 21 rayons à la nageoire de la queue. 8 rayons à chaque pectorale du macroptéronote grenouiller. 67 rayons à la nageoïre du dos. 6 rayons à chaque ventrale. 45 rayons à la nageoire de l'anus. 16 rayons à la caudale. 160 HISTOIRE NATURELLE #60 Do50H080 80008000 EOBIHOSCHOPLEOPOLL HOBOHATOE SET HOBCLIBRBOTOBBIBROP Ex TO LE MACROPTÉRONOTE BRUN. ITetcrobranchus Batrachus, Cuv. — M acropteronotus fuscus, Lacær. ET LE MACROPTÉRONOTE HEXACICINNE. Teterobranchus hexacicinnus , Cuv. Macropteronotus hexacicin- nus, Lacep. Nous publions les premiers la description de ces deux espèces, dont les peintures chinoises déposées dans la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle présentent nne image aussi exacte pour les formes que pour les couleurs. Ces deux macroptéronotes vivent dans les eaux de la Chine. Le dessus de la tête du brun est couvert d’une enveloppe dure qui montre par derrière deux échancrures, et se termine en pointe. Le premier rayon de chaque pectorale est long, dur, un peu oros, mais sans dentelure. On distingue une partie des muscles du corps et de la queue, au travers de la peau. Les ventrales sont petites et arrondies. Un grand barbillon est attaché à chaque angle de la bou- che ; les autres six sont moins longs, et situés deux auprès des narines, et quatre sur la mâchoire infé- rieure. L'iris est couleur d’or. DES POISSONS. 161 Le nom de l’hexacicinne désigne les six barbillons du second de ces macroptéronotes chinois. Ce poisson ne diffère du premier que par les traits indiqués sur le tableau générique, et vraisemblablement par ses dimensions que nous croyons inférieures à celles du brun. 162 HISTOIRE NATURELLE DS 59898080 m9 0200 DIE DID PENTIPOBAE POS POP E PER BEOPOBRE EE CHE EME LOL EE CENT SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE. LA MALAPTÉRURES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, 9, 0 1 3 ’ e ’ ou d’une peau viqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une muco- sité abondante; une seule nageoire dorsale; cette nageoire adipeuse, et placée assez pres de la caudale. \ A ESPÈCE. CARACTERES. (Dee barbillons à la mâchoire supérieure ; Le MALAPTÉRURE ÉLEC- quatre barbillons inégaux à la mâchoire TRIQUE. ) inférieure; douze rayons à la nageoire Ü de l'anus; la caudale arrondie. DES POISSONS. 163 8% DL SPA x SAXE DEPOT » Of “HLre M MN 5h PE BEMED HN OA FETE ÉD SE EP 067 CA 66% 6 etre 4 LE MALAPTÉRURE ÉLECTRIQUE". Malapterurus electricus, Laerr., Cuv. — Silurus elec- tricus , LiNN., Gex. CE nom d'Électrique rappelle la propriété remar- quable que nous avons déjà reconnue dans les quatre espèces de poissons, dans la raie torpille et dans Île tétrodon, le gymnote et le trichiure, désignés par la même dénomination spécifique que le malaptérure de cet article. Cette propriété observée avec soin dans ces différents animaux, pourra servir beaucoup aux progrès de la théorie des phénomènes galvani- ques, auxquels elle appartient de très près ; nous ne saurions assez inviter les voyageurs instruits à s’occu- per de l’examen de cette force départie aux cinq pois- sons électriques, et qui paroît si différente de la plu- part de celles que possèdent les êtres organisés et 1. Typhinos des anciens auteurs, suivant M. Geoffrey, lettre adres- sée du Caire à M. Lacépède. Forskael, Faun. Arab., p. 15, n. 1. Broussonnet , Académie des sciences, 1782, p. 692 ; et Journal de physique , vol. 27, p. 145. Verhandeling over den beefvisck, cene weinig bekende soort van electr. visch. — Algem. Geneesk jaarbock, vol. 4, p- 24. Silure trembleur, Eonnaterre. planches de J’Encyclopédie métho- dique. 16/4 HISTOIRE NATURELLE vivants; et nous attendons avec beaucoup d'impatience la publication des recherches faites en Égypte par M. Geoffroy, sur le malaptérure que nous décrivons. Nous savons déjà par ce professeur ! que ce malapté- rure est recouvert d'une couche épaisse de graisse. Ce fait doit être rapproché de ce que nous avons in- diqué au sujet des poissons qui ont la faculté d’en- sourdir, dans le premier Discours de cette Histoire, dans l’article de la torpille, et dans celui du gymnote électrique. Le malaptérure dont nous traitons ne se trouve pas seulement dans le Nil : il vit aussi dans d’autres fleu- ves d'Afrique. Il y représente le tétrodon et le tri- chiure engourdissant de l'Asie, le gymnote torpori- fique de l'Amérique, et la torpille de l’Europe. Il y parvient à une longueur de plus d’un pied et demi. son corps est aplati comme sa tête. Ses yeux, très peu oros , sont recouverts par la membrane la plus exté- rieure de son tégument général, laquelle s'étend comme un voile transparent au dessus de ces organes. Chaque narine a deux orifices. Sa couleur grisâtre est relevée par quelques taches noires ou foncées que l 1 2 on voit sur sa queue *. 1. Lettre écrite du Caire, le 29 thermidor de l'an 7 (16 août 1799), par M. Geoffroy à M. Cuvier. 2. 6 rayons à la membrane branchiale dn malaptérure électrique. 9 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 18 rayons à la nageoïre de la queue. —"“v ÿ3——— DES POISSONS. 165 0 -& 5002-20 DD AD re BAD HO SDIPELO PE HET DES SL E-Dertr SE e-@ 67 Er Eds EE EL EE EE PE 9 = re CENT SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. LES PIMÉLODES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gras; la peau du corps et de la queue enduite d’une muco- sité abondante ; deux nageoires dorsales ; la seconde adipeuse. PREMIER SOUS-GENRE. La nageoure de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. Quatre barbillons aux mâchoires; le pre- mier rayon de chaque pectorale et celui de la première nageoïre du dos, garnis d'un très long filament ; huit rayons à la première dorsale; vingt-quatre à la na- geoire de l’anus. 5, LE PIMÉLODE BAGRE. Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons à la première nageoïre du dos; vingt-trois à celle de l’anus. 9. LE PIMÉLONDE chAT. billons des angles de la bouche d’une longueur égale, ou à peu près, à la lon- gueur totale de l'animal; huit rayons à la première dorsale ; onze rayons à la na- geoire de l'anus. 3, Le Pimécovr ScElLAN. ( barbillons aux mâchoires ; les deux bar- LACÉPÈPE, XE. ir 166 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 4. Le PIMÉLODE BARRÉ. 5. Le PIméLopne ASCITE. 6. Le PImÉLODE ARGENTÉ, 7. Le PIuéLOoDE NœŒuo. 8. LE PiIMÉLODE @UATRE- TACHES. 9. Le PIMÉLODE BARBU. 10. LE PIMÉLODE TACHETÉ. a... 2. a | | | j barbillons aux mâchoires: sept rayons à CARACTÈRES. Six barbillons aux mâchoires ; la longueur \ /Six barbillons aux mâchoires : cinq ou six 11. LE PiMÉLODE BLEUATRE. de la tête égale, ou presque égale, au tiers de la longueur totale du poisson ; sept rayons à la première nageoiïre du dos ; quatorze à l’anale ; des bandestrans- versales, Six barbillons très longs aux mâchoires ; neuf rayons à la première nageoire du dos ; dix-huit rayons à l’anale. Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons à la première dorsale ; treize rayons à la nageoire de l'anus; la couleur générale argentée. Six barbillons aux mâchoires; cinq rayons à la première nageoïre du dos, vingt rayons à celle de l'anus; un nœud ou une tubérosité à la racine du premier rayon de la dorsale. la première nagcoire du dos; l’adipeuse très longue; neuf rayons à l’anale; quatre taches grandes, rondes, et rangées lon- gitudinalement de chaque côté du pois- son. : Six barbillons aux mâchoires:; huit rayons à la première dorsale ; dix-sept rayons à la nageoire de l'anus; le lobe supérieur de la caudale plus long que l'inférieur. Six barbillons aux mâchoires; sept rayons à la première dorsale ; onze rayons à l'a- nale ; le lobe supérieur de la queue plus long que Finférieur ; la couleur générale d'un bleu doré ; deux rangées longitudi- nales de taches noires de chaque côlé de l'animal. rayons à la première nageoire du dos; huit rayons à chaque ventrale; vingt rayons à la nageoïre de l'anus ; les deux premiers rayons de celte nageoire plus longs que les autres; et réunis à un ap- pendice membraneux, filiforme, et plus allongé que ces rayons ; la couleur géné- rale bleuâtre. DES POISSONS. 167 ESPÈCES. CARACTÈRES. Six barbillons aux mâchoïres; huit rayons à la première nageoïre du dos; le pre- mier de ces rayons fort et court; le se- 12. PIMÉLODE DOIGT-DE- cond, long et dentelé; six rayons à la NÈGRE. nageoire de l'anus; le premier rayon de chaque pectorale dentelé des deux côtés ; la caudale en croissant; presque loutes les nageoires d’une couleur foncée. | \ Six barbillons aux mâchoires ; sept rayons à la première nagcoire du dos; le pre- mier de ces rayons dentelé des deux cô- | tés; point de rayon dentelé aux pecto- rales ; la ligne latérale droïte, 15. LE PIMÉLODE cOMMER- SONNIEN. Six barbillons aux mâchoires; un rayon aiguillonné et six rayons articulés à la première dorsale ; vingt-deux rayons à la nageoire de l'anus; une tache noîïre sur la nageoire adipeuse. 14. Le Piuérovs Tuux- BERG. | | | Huit barbillons aux mâchoires; six rayons no EE PL MCOnEnesOte à la première dorsale ; vingt à l'anale. / Huit barbillons aux mâchoires; cinq rayons | à la première nageoire du dos: huit rayons à celle de l'anus ; la seconde na- geoire du dos ovale. 16. LE PIMÉLODE cous. / Huit barbillons aux mâchoires; dix rayons 17. LE VIMÉLODE nOc- | à la première dorsale; dix rayons à l’a- MAC. nale; deux rayons à la membrane des branchies. Huit barbillons aux mâchoires: dix rayons | à la première nageoire du dos; douze 18. Lx PiMÉLODE BAJAD. rayons à l’anale ; la nageoïre adipeuse , | longue; cinq rayons à la membrane des branchies. Huit barbillons aux mâchoires; huit rayons à la première nagcoïre du dos: ueuf rayons à celle de l'anus ; la nageoire adi- peuse, longue ; les deux lobes de la cau- dale très allongés ; les nageoires rouges. 19. LE PIMÉLODE ÉRY- THROPTÈRE. l à la première dorsale; six rayons à cha- que pectorale:; trente-six rayons à celle de l'anus: une raie longitudinale et ar- gentée de chaque côté du poisson. 20. LE PIMÉLODE RAIE D'ARGENT. É barbillons aux mâchoires; cinq rayons 168 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES, CARACTÈRES. Huit barbillons aux mâchoires; neufrayons à la première nageoïre du dos; six rayons Le PiMÉLOLE RAYÉ. à chaque pectorale, huit à l'anale; une raie longitudinale jaune et bordée de bleu. Huit barbillons aux mâchoires ; dix rayons à la première dorsale ; l’anale très courte et arrondie ; l’adipeuse longue et arron- die ; les principaux muscles latéraux visi- 29. Le Piméons moucucré.{ bles au travers de la peau ; point d’aiguil- lon dentelé à la première nageoïre du dos ; de petites taches noirâtres, semées irréguñèrement sur presque toutes les \ parties de l'animal. SECOND SOUS-GENRE. La nagecire de la queue terminée par une ligne droite, ou arrondie ei sans échancrure. ESPÈCES. CARACTÈRES. Six barbillons aux mâchoires ; six rayons à | la première dorsale ; vingt-quatre rayons 23. LE PIMÉLODE casqui. à la nageoire de Pants la caudale ar- rondie ; la tête couverte d'une plaque osseuse, ciselée et découpée. [Quatr ebarbillonsaux mâchoires es;septrayons à lä pr emièr enageoir e du dos: onzer ayons 24. FÆ Pimisosx curzr. à celle de l'anus; la caudale lancéolée, DES POISSONS. 169 D r ED ebé be S4pe Pat PPSpobsB-podpebe mobs Por eBHEHo He HobDe er Eee PETER MBOAE 6 D LE PIMÉLODE BAGRE". Pimelodus Bagre , Lacer., Cuv. — Silurus Bagre, Linn., Guer., BLocu. LE PIMÉLODE CHAT? Pimelodes Felis, Lacer. -— Silurus Felis, Linn., Gue, LE PIMÉLODE SCHEILAN3#, Synodontis Clarias , Guv. — Pimelodus Clarias, Lace. — Silurus Clarias, Lann., Guer., BLocn. ET LE PIMÉLODE BARRE“. Pimelodus fasciatus , Lacep.. Cuv. — Silurus fasc'atus , Lanx., GueL., Brocn. Les grandes rivières du Brésil et celles de lAmé- rique septentrionale nourrissent le bagre, qui parvient 1. Meerwels , par les Allemands. Saltwater-katfish, par les Anglois de l'Amérique septentrionale. Coco, à Cayenne. Guiraguacu , par les Brasiliens. Silure bagre, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Block, pl. 365. Gronov. Zooph., 382. Willughby, Ichthyol. tab. J1, 7, fig. b: Bagra tertia, Raï, Pisc., p. 82, n. 5. 170 HISTOIRE NATURÈLLE à une longueur considérable, mais dont la chair esi ordinairement peu agréable au goût. On voit sur sa tête une cavité allongée ; chaque narine a deux ori- fices ; la mâchoire inférieure dépasse celle d’en haut ; le devant du palais est rude, mais la langue est lisse. Les barbillons situés au coin de la bouche sont plats et très longs. La ligne latérale est droite ; une dente- lure garnit le bord extérieur du premier rayon de la première nageoire du dos, et les deux côtés de chaque pectorale. La partie supérieure de l'animal est bleue; l'inférieure argentée; et la base des nageoires, rou- geâtre. Les couleurs et la patrie du pimélode chat sent presque les mêmes que celles du bagre. On pêche le scheilan dans les eaux douces du Brésil et dans celles de Surinam ; mais on le trouve aussi 2. Machotran blanc, à Cayenne. Passani , ibid. Petite gueule , ibid Silure chat, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de F'Encyclopédie méthodique. 3. Eangbard, en Allemague. Lœngstrimad taudjægy, en Suède. Silure scheilur, Daubentou et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Mus. Ad. Frid. 1, p. 79: et 2, p. 98. It. Scan. 82. Gronov. mus. 1, n. 85, p. 04; Zooph. n. 08/4, p. 125. Hasselquist, It. 569. Barbarin , Bloch , pl. 55, fig. 1. 4. Silure barré, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 566. Seba , mus. 5, p. 84, tab. 19, fig. 6. Gronov. Zooph. 586. DES POISSONS. Li dans le Ni. Il a la mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; ces deux mâchoires hérissées, ainsi que le palais, de dents petites et pointues; les yeux grands et ovales; la prunelle allongée dans le sens vertical; deux petits sillons entre les yeux; la nuque et le devant du dos, couverts de plaques très dures et osseuses ; la ligne latérale courbée vers le bas; l’os qui représente la clavicule, soutenu par une pièce osseuse et triangulaire; le premier rayon de cha- que pectorale, de la première nageoire du dos, et quelquefois de chaque ventrale, osseux, très fort, den- telé d’un ou de deux côtés, et propre à faire des bles- sures dangereuses à cause des déchirements qu'il peut produire dans les muscles et jusque dans le périoste; l'anale et la nageoire adipeuse, échancrées du côté de la caudale, dont la pointe supérieure est plus lon- gue que l’inférieure; la couleur générale d’un gris noir; le ventre d’un gris blanc. Le barré vit à Surinam , comme le scheilan. Le haut de la tête sillonné ; la mâchoire supérieure plus allon- gée que celle d'en bas ; la langue lisse et courte; le palais rude; l’orifice unique de chaque narine ; les bandes transversales grises, jaunes et brunes ; la blan- cheur du ventre, le rougeâtre des pectorales, le bleuâtre et les taches brunes des autres nageoires : tels sont les 1. 6 rayons à la membrane des branchies du pimélode bagre. 12 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à chaque ventrale. 18 rayons à la nageoire de la queue. 5 rayons à la membrane des branchies du pimélode chat. 11 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 31 rayons à la eaudale. 172 IMISTOIRE NATURELLE traits du pimélode barré, qu'il ne faut pas négliger de connoître 1. 6 rayons à la membrane des branchies du pimtiode scheilan. 7 rayons à chaque pectorale. 7 rayons à chaque ventrale. 18 rayons à la nageoïre de la queue. 12 rayons à la membrane des branchies du pimélode barré. 12 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 14 rayons à la caudale. LA DES POISSONS. 179 > Ex Po Po@s 0-00 001980 1P0H-6 00 MH04P0 00H00 DO BOF EC LOG 7% LS La HO 50140 4240H04%0 © LE PIMÉLODE ASCITE"’ Silurus Ascita, LiNn., GMEL. — Pimelodus Ascita, LAcEr. Le Piuérone ancenté?, Pimelodus argenteus, Lacep.; Silurus Hertzber- gi, Bloch; Pimelodus Hertzhergiui, Cuv. — P. xœun ?, Pimelodus nodosus, Lacep.; Silurus nodosus, Bloch. — P. quarre-racnes #. Pimelodus quadri-maculatus , Lacep., Cuv.; Silurus quadri-maculatus, Bloch. — P. sarsu°, Pimelodus Barbus, Lacep. — P. racueréf, Pimelodus maculatus, Lacep.. Cuv. — P. nLeuaTRE, Pimelodus cœru- lescens, Lacep. — P. noreT-pe-nècrE, Pimelodus nigrodicitatus , Lacep., Guv.—P. Commersonnten, Pimelodus Commersonnit, Lacep. Nous avons déjà observé très souvent que plusieurs poissons cartilagineux ou osseux, tels que les raies, 1. Mus. Adolph. Fr. 1, p. 79, tab. 50, fig. 2. Bloch, pl. 55, fig. 5, 7. Silure ascite , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. ». Silurus Hertzbergit, Bloch, pl. 563. 3. Silurus nodosus , Bloch, pl. 368, fig. 1. 4. Silurus quadri-maculatus, Bloch, pl. 568. fig. 2. 5. Barbue , par les matelots françois. « Silurus pinna dorsi prima ossiculorum octo, cirris labialibus sex, » caudæ lobo superiori elongato, etc. » Commersou, manuscrits déjà cités. 6. « Silurus corpore maculoso, cirris quatuor in mandibula infe- » riore ; duobus in superiore , ultra pinnam dorsi secundam produc- » tis» Commerson , manuscrits déjà cités. 154 HISTOIRE NATURELLE les squales, les blennies, etc., étoient ovovivipares, c’est-à-dire provenoient d’un œuf éclos dans le ventre de la mère. Nous avons remarqué aussi que les syn- onathes se développoient d’une manière intermédiaire entre celle des ovovivipures et celle des ovipares. Leurs œufs, en effet, n’éclosent pas dans le ventre de la femelle; mais, lorsque les petits syngnathes en sor- tent, ces œufs sont encore dans une sorte de rainure longitudinale qui se forme au dessous de la queue de la mère, et où ils sont retenus par une membrane que les fœtus déchirent pour venir à la lumière. Une génération différente , à plusieurs égards, de celle des syngnathes, mais qui s’en rapproche néanmoins, et qui tient également le milieu entre celle des ovovivi- pares et celle des ovipares, a été observée dans les ascites. Leurs œufs n’éclosent, pour ainsi dire, ni tout-à-fait dans le corps ni tout-à-fait hors du corps de la femelle ; et nous allons voir comment se passe ce phénomène remarquable qui confirme plusieurs des idées exposées dans nos différents Discours sur les poissons. Les œufs de l’ascite deviennent très gros à propor- tion de la grandeur de l’animal adulte. À mesure qu'ils se développent, le ventre se gonfle ; la peau qui re- couvre cet organe s'étend, s’amincit, et enfin se dé- chire longitudinalement. Les œufs détachés de l'ovaire parviennent jusqu'à l'ouverture du ventre; le plus avancé de ces œufs se fend à l'endroit qui répond à la tête de l’embryon; la membrane qui en forme l'enveloppe se retire ; et l’on aperçoit le jeune animal recourbé et attaché sur le jaune par une sorte de cor- don ombilical, composé de plusieurs vaisseaux. Dans DES POISSONS. 179 cette position, l'embryon peut mouvoir quelques unes de ses parties : mais il ne peut se séparer du corps de la mère que lorsque le jaune, dont il tire sa nourri- ture , est assez diminué pour passer au travers de la déchirure longitudinale du ventre ; le jeune poisson s'éloigne alors, entraînant avec lui ce qui reste de jaune, et s’en nourrissant encore pendant un temps plus ou moins long. Un nouvel œuf prend la place de celui qui vient de sortir; et lorsque tous les œufs se sont ainsi succédé, et que tous les petits sont éclos, le ventre se referme, les deux côtés de la fente se réu- nissent, et cette sorte de blessure disparoit jusqu à la ponte suivante. Des six barbillons que présente l’ascite, deux sont placés à la mâchoire supérieure , et quatre à l’infe- rieure. Le premier rayon de la première nageoire du dos et celui de chaque pectoraie sont durs et pointus. Il paroît que l’ascite a été pêché dans les deux Indes. A l’égard de l’Argenté, on l’a reçu de Surinam. Ce pimélode a l'ouverture de la bouche petite ; les mà- choires aussi longues l’une que l’autre, et hérissées de très petites dents, comme le palais ; la langue lisse el courte; un seul orifice à chaque narine; quatre barbillons à l'extrémité de la mâchoire inférieure ; un barbillon à chaque coin de la gueule ; la ligne latérale presque droite, et garnie, sur chacun de ses côtés , de plusieurs petites lignes tortueuses ; le premier rayon de la première dorsale dentelé à son bord extérieur : le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur ses deux bords ; le dos brunâtre, et les nageoires variées de jaune. 176 WISTOIRE NATURELLE Les eaux de Tranquebar nourrissent le pimélode Nœud. Nous devons indiquer les petits sillons qui divisent en lames la couverture osseuse de sa tête, le double orifice de chacune de ses narines , l’appendice triangulaire qui termine chaque clavicule, la dente- lure que montre le bord intérieur du premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos, la direction de la ligne latérale qui est ondée, le bleu du dos et de la nageoire de l’anus, la couleur brune des autres nageoires, l’argenté des côtés et du ventre. Que l’on remarque dans le pimélode Quatre-Taches, qui vit en Amérique, l’égal avancement des deux mä- choires ; le nombre et la petitesse des dents qui les hérissent et qui garnissent le palais ; la langue lisse ; l'orifice unique de chaque narine ; la longueur des barbillons placés au coin de la bouche ; la dentelure du premier rayon de chaque pectorale ; le brun nuancé de violet qui règne sur le dos; le gris du ventre; le jaunâtre des nageoires; les taches de la première dor- sale, dont la base est jaune , et l'extrémité bleuâtre. Les cinq pimélodes dont nous allons parler dans cet article n’ont encore été décrits dans aucun ouvrage d'histoire naturelle, Nous avons trouvé dans les ma- nuscrits de Commerson une notice très étendue sur les deux premiers de ces quatre poissons, et un dessin du cinquième. La couleur générale du Barbu est d’un bleu plus ou moins foncé, ou plus ou moins semblable à la cou- leur du plomb; la partie inférieure de l'animal est d’un blanc argenté ; les côtés réfléchissent quelquefois l'é- clat de l'or ; quelques nageoires présentent des teintes DES POISSONS. hn7 d'incarnat. La couverture osseuse de la tête est comme ciselée, et relevée par des raies distribuées en rayons; la mâchoire supérieure dépasse et embrasse l’infé- rieure ; de petites dents hérissent l’une et l’autre, ainsi que deux croissants osseux situés dans la partie anté- rieure du palais, et deux tubercules placés auprès du vosier ; la langue est très large, unie, cartilagineuse , dure , et attachée dans tout son contour ; chaque na- rine a deux orifices, et l’orifice postérieur, qui est le plus grand, est fermé par une petite valvule que le barbu peut relever à volonté ; une carène osseuse et aiguë s'étend depuis l’occiput jusqu’à la première dor- sale ; la ligne latérale est à peine visible ; le ventre est gros, et devient très gonflé et comme pendant lorsque l’animal a pris une quantité de nourriture un peu considérable. Le premier rayon de chaque pecto- rale et de la première nageoire du dos est dentelé de deux côtés, très fort, et assez piquant pour faire des blessures très douloureuses , graves et si profondes, qu'elles présentent des phénomènes semblables à ceux des plaies empoisonnées. La nageoire adipeuse est plus ferme que son nom ne l'indique, et sa nature est à demi cartilagineuse. On aperçoit au delà de l’ouver- ture de l’anus un second orifice destiné vraisemblable- ment à la sortie de la laite ou des œufs. Le foie est rougeâtre, très grand, et divisé en plusieurs lobes; l'estomac dénué de cœcums ou d’appendices; le ca- nal intestinal replié plusieurs fois ; la vessie natatoire attachée au dessous du dos, entourée de graisse, et séparée en quatre loges. Le goût de la chair du barbu est exquis ; on le prend a la ligne , ainsi qu'au filet. Lorsqu'on le tourmente 170 HISTOIRE NATURELLE ou l’effraie, il fait entendre une sorte de murmure, ou plutôt de bruissement. Il habite dans les eaux de l'Amérique méridionale. Le pimélode tacheté a été vu dans les mêmes con- trées. Il vit particulièrement dans le grand fleuve de la Plata, et il a été observé à Buénos-Ayres, ainsi qu’à la Encénada. Le tégument osseux de sa tête est relevé par des points et des ciselures, montre un petit sillon entre les yeux, et s'étend par un appendice jusqu'à la première nageoire du dos. La mâchoire supérieure est plus longue que celle de dessous. Les deux bar- billons attachés à cette même mâchoire d’en haut sont beaucoup plus longs que les autres. Derrière chacun des opercules , qui sont rayonnés , deux pro- longations osseuses s'étendent vers la queue. Le pre- mier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos, et la nageoire adipeuse, ressemblent beaucoup à ceux du barbu. La ligne latérale suit la courbure du dos. Le bleuâtre, dont M. Leblond nous a envoyé un individu de Cayenne, a beaucoup de rapports avec le pimélode chat. De ses six barbillons , deux appar- tiennent à la mâchoire d’en haut, et deux à celle d’en bas. Le premier rayon de la première dorsale, et celui de chacune des pectorales, sont dentelés. Le Doigt-de-nègre tire son nom de la couleur des rayons de ses pectorales et de ses ventrales, rayons que l’on a pu comparer à des doigts. Le premier rayon de chaque pectorale a ses deux dentelures dirigées en sens contraire l’une de l’autre. Plusieurs plaques os- seuses garantissent le dessus de la tête. Celle qui couvre l’occiput est carénée , pointue par derrière, et se réu- DES POISSONS. 79 nit avec la pointe d’une autre plaque triangulaire, com- posée de plusieurs pièces, et dont la base embrasse l’aiguillon dentelé du dos. Il paroît que le Doigt-de- nègre parvient à une grandeur considérable. La col- lection du Muséum d'histoire naturelle en renferme un individu 1. Le commersonnien a deux orifices à chaque narine, et les deux dorsales triangulaires. Le dessus de sa tête 1. 15 rayons à chaque pectorale du pimélode ascite. 6 rayons à chaque ventrale. 18 rayons à la nageoire de la queue. 6 rayons à la membrane branchiale du pimélode argenté. 10 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à chaque ventrale. \ 16 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane des branchies du pimélode nœud. 7 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à chaque ventrale. 20 rayons à la nageoire de la queue. 5 rayons à la membranedes branchies du pimélode quatre-taches, 7 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 19 rayons à la caudale. 5 rayons à la membrane branchiale du pimélode barbu. 12 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 15 rayons à la nageoire de la queue. 6 rayons à la membrane branchiale du pimélode tacheié. 9 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 16 rayons à la caudale. 7 rayons à chaque pectorale du pimélode bienâtre. 17 rayons à la nagcoire de la queue. 180 HISTOIRE NATURELLE est dénué de grandes plaques osseuses. Il ne montre ni taches, ni bandes, ni raies. 10 rayons à chaque pectorale du pimélode doigt-de-nègre. 6 rayons à chaque ventrale. 20 rayons à la caudale. DES POISSONS. | 181 LE PIMÉLODE THUNBERG". Pimelodus Thunberg, Lacer. LA mâchoire supérieure de ce pimélode est plus avancée que l’inférieure ; elle montre deux barbillons, et l'inférieure quatre : l’une et l’autre sont garnies de dents nombreuses, mais plus petites que celles qui hérissent le palais. Chaque opercule présente un ai- guillon. Le premier rayon de la première dorsale , et celui de chaque pectorale, sont forts et dentelés. Thunberg a vu ce pimélode dans les mers des Indes orientales ?. 1. Silurus maculatus, Thunberg. 2. 1 rayon aiguillonné et 10 rayons articulés à chaque pectorale du pimélode thunberg. 6 rayons à chaque ventrale. 24 rayons à la nagcoire de la queue. LACÉPEDE, XI. ie 102 HISTOIRE NATURELLE LE PIMÉLODE MATOU:. Pimelodus Catus, Lacer., Cuv.—Silurus Catus, Lin. Le Prmérove Cous?, Pimelodus Cous , Lacep.; Silurus Cous, Linn. — P. Docuac*, Pimelodus Docmac, Lacep., Guv.:; Silurus Doemac, Linn. — P. Baran*, Pimelodus Bajad, Lacep., Cuv.; Silurus Bajad, Linn., Gmel. — P. ÉryrarorrÈre ©, Pimelodus erythropterus , Lacep., Cuv.; Silurus erythropterus , Bloch. — P. Raïs n’aRGENT 6, Pimelodus athe- rinoides , Lacep.; Silurus atherinoides , Bloch. — P. nayé?, Pimelo- dus vittatus, Lacep.; Silurus vittatus, Bloch. — P. moucueté , Pime- lodus guttatus , Lacep. L’Au£RIQUE et l’Asie nourrissent le matou, dont le dos est d’une couleur obscure et noirâtre, et qui par- 1. Silure matou , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Bagre species secunda. » Marcg. Brasil., p. 175. Catesby, Carol. 2, p. 25, tab. 23. 2. Silure cous, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Gronov. Zooph., 587, tab. 8, fig. 7. Mystus , Russel ; Alep. 76, tab. 15, fig. 2. 3. Forskael, Faun. Arab., p. 65, n. 94. Silure dogmak, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. A. Bayatte , ea Égypte, suivant M. Cloquet. Silure bajad , Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthocique. Forskael, Faun. Arab., p. 66, n. 95. 5. Bloch, pl. 569, fig. 2. 6. Bloch, pl. 571, fig. 1. 7. Bloch, pi. 371, fig. 2. DES POISSONS. 109 vient souvent à la longueur de trois pieds ou trois pieds et demi. La Syrie est la patrie du cous, qui y vit dans l’eau douce, qui a la mâchoire inférieure plus courte que celle d’en haut, des dents très petites, un orifice double à chaque narine , et dont le dos est d’un blanc argentin marbré de taches cendrées. On trouve dans le Nil, et particulièrement auprès du Delta, le docmac et le baïad. Le premier est grisâtre par dessus, blanchâtre par dessous, et quelquefois long de plus de quatre pieds. Ses barbiHons sont iné- gaux et très allongés ; sa ligne latérale est droite ; le premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos est osseux et dentelé par derrière. Le bajad est bleuâtre ou d’un vert de mer. Il a une fossette au devant de chaque œil ; la mâchoire supé- rieure plus longue que l’inférieure, et armée d’un arc double de dents très serrées ; les barbillons extérieurs de la lèvre d’en haut très allongés ; la ligne latérale courbée vers le bas, auprès de son origine, et ensuite très droite; un aiguillon très fort caché sous la peau, et placé auprès de chaque pectorale, qui présente une nuance rousse, ainsi que toutes les autres na- geoires , excepté l’adipeuse. Observez dans l’érythroptère d'Amérique l’égale prolongation des deux mâchoires; la grande longueur des barbillons des coins de la bouche ; la rudesse du palais ; la brièveté de la langue, qui est cartilagineuse et lisse ; la direction de la ligne latérale, qui est ordi- nairement droite ; la dentelure du bord intérieur du premier rayon äe chaque pectorale et de la première dorsale ; le brunâtre du dos, ainsi que des eôtés, et la couleur grise du ventre ; 104 HISTOIRE NATURELLE Dans le pimélode raie d’argent, que l’on a décou- vert dans les eaux douces de Malabar, l’égale longueur des deux mâchoires ; la petitesse de leurs dents ; les dimensions de celles du palais; le double orifice de chaque narine; la position de l’anus plus rapproché de la tête que de la caudale ; le rayon dentelé dans son côté intérieur, que l’on voit à la première dor- sale et à chaque pectorale ; la couleur générale qui est d’un brun clair; l'éclat argentin du dessous du corps de l'animal ; Dans le rayé de Tranquebar, le chêtain de sa cou- leur générale ; le cendré du ventre; les six pointes qui terminent la couverture osseuse de la tête ; la lon- gueur égale des deux mâchoires ; les dents arquées du palais ; la surface unie de la langue ; les deux ori- fices de chaque narine ; la dentelure intérieure du premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire du dos ; la direction très droite de la ligne latérale 1. À l'égard du moucheté , dont on peut voir une 1. 5 rayons à la membrane branchiale du pimélode matou. 11 rayons à chaque peclorale. $ rayons à chaque ventrale. 17 rayons à la nageoiïre de la queue. 9 rayons à chaque pectorale du pimélode cous. 6 rayons à chaque ventrale. 2 rayons à la membrane branchiale du pimélode docmac. 11 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. à 18 rayons à la caudale. 11 rayons à chaque peciorale du pimélode bajad. 6 rayons à chaque ventrale. 20 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. 109 figure très exacte dans la collection de peintures chi- noises dont nous avons parlé très souvent, ajoutons à ce qu'indique de ce pimélode le tableau générique, que sa mâchoire d’en haut est plus avancée que celle d’en bas, et que chaque peetorale a son premier rayon dentelé du côté intérieur. 5 rayons à la membrane des branchies du pimélode érythroptère. 9 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 19 rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du pimélode raie d'argent, 6 rayons à chaque ventrale. 20 rayons à la nageoire de la queue. 5 rayons à la membrane branchiale du pimélode rayé. 6 rayons à chaque ventrale. 20 rayons à la caudale. 186 HISTOIRE NATURELLE BE PeppID BSD PO Ho b0.50 86 50.505000 66-5049 Be EE He HO PE 7 H-CHpE POLE POLE DE HO 14 DO LPOULG Q LE PIMELODE CASQUE’, Pimelodus galeatus, LAcEr.— Silurus galeatus, Linx. ET LE PIMÉLODE CHILI? Pimelodus chilensis, Lacer. — Silurus chilensis, Lrun. DE petites dents semblables à celles d’une lime arment les deux mâchoires du casqué, dont la patrie est l'Amérique méridionale. La mâchoire inférieure avance un peu plus que celle d'en haut. Le palais est rude ; la langue lisse ; l’orifice de chaque narine dou- ble ; le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur ses deux bords; la ligne latérale ondulée ; le dos bleuâtre ; le ventre gris, et la couleur des nageoires d’un brun foncé. Le chili vit, comme le casqué, dans l'Amérique méridionale, et particulièrement dans les eaux douces 1. Bloch, pl. 569, fig. 1. Seba, mus. 5, p. 85, tab. 19. fig. 7. Silure casqué, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 2. Molina, Hist, nat. Chil., p. 199, n. 9. Silure ramoneur, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. DES POISSONS. 107 du pays dont il porte le nom. Il y parvient à la lon- gueur d’un pied ou quinze pouces. Sa tête est grande ; sa partie supérieure brune ou noire ; sa partie infé- rieure blanche, et sa chair très agréable au goût 1. 2 rayons à la membrane branchiale du pimélode casqué. 7 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 21 rayons à la nageoire de la queue. 4 rayons à la membrane branchiale du pimélode chili. 8 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à chaque ventrale. 18 rayons à la caudale. 188 HISTOIRE NATURELLE #80 Fos PES Pate. 2289806050 0 50-#9-D9-10 0940 00 56 PCF F0. 80 CENT SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. LES DORAS. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, & . LE Donas côrTt. ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau ; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduite d’une muco- sité abondante ; deux nageoires dorsales ; la seconde adipeuse ; des lames larges et dures, rangées longi- tudinaiement de chaque côté du poisson. ESPÈCES. CARACTÈRES. Six barbillons aux mâchoires ; six rayons à la première nageoiïre du dos; douze . Le Doras caRÉNé. | rayons à celle de l'anus ; les lames de la ligne latérale garnies de piquants: la na- geoire de la queue fourchue. Six barbillons aux mâchoires ; sept rayons à la première nageoïre du dos; douze rayons à la nageoire de l'anus; des pla- ques dures, larges, courtes et garnies d’un crochet de chaque côté de la queue et du corps; de grandes lames au dessus et au dessous de l'extrémité de la queue ; la caudale fourchue. DES POISSONS. 109 LE DORAS CARENÉ!, Doras carinatus, Lacer., Cuv.—-Silurus carinatus, Linn., Guer. ET LE DORAS CÔTE? Doras costatus, Lacep., Cuv. — Silurus costatus, LINN., GMEL. —_ 6 —— Les deux barbillons situés au coin de la bouche du caréné sont comme élargis par une membrane dans leur côté inférieur, et les quatre de la mâchoire d’en bas paroïssent garnis de petites papilles. Le premier rayon de la première dorsale est dentelé vers le haut ; celui des pectorales l’est des deux côtés. Ce doras habite à Surinam. L’espèce suivante se trouve égale- ment dans l'Amérique méridionale ; mais elle vit aussi dans les Indes orientales. 1. Sulure caréné, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 2. Urutu, au Brésil. Geribde meirval, par les Hollandoïs de l'Amérique méridionale. Silure côte, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Cataphractus costatus , Bloch, pl. 376. Gronov. mus. 2, n. 277, tab, 5, fig. 1 et 0. 190 HISTOIRE NATURELLE La tête de ce second doras est revêtue d’une enve- loppe osseuse qui s'étend jusque vers le milieu de la première nageoire du dos, et sur laquelle on voit plusieurs petites éminences roudes et semblables à des perles. La mâchoire supérieure dépasse l’inférieure. Le palais est rude , et la langue lisse. Chaque narine n’a qu'un orifice. On voit au dessus de chaque pec- torale un os long, étroit, pointu et perlé, que l’on a comparé à une omoplate. Les plaques à crochet, qui hérissent les côtés du corps et de la queue, sont or- dinairement au nombre de trente-quatre. Le premier rayon de la première dorsale et celui des pectorales sont dentelés des deux côtés; mais dans la dorsale toutes les dentelures sont tournées vers la pointe du ravon , pendant que dans les pectorales celles d’un côté sont dirigées vers la pointe , et celles de l’autre vers la base du rayon auquel elles appartiennent. La partie supérieure de l'animal est d’un brun mèlé de violet. Marcgrave dit que sa chair est de mauvais goût: aussi ce poisson est-il peu recherché. Le doras côte a «ailleurs des armes offensives et défensives à opposer à ses ennemis : presque toutes Îles parties de son corps sont cachées sous un casque ou sous une forte cui- rasse ; un dard dentelé arme son dos et chacun de ses bras. Pison rapporte même que les pêcheurs de lAmé- rique méridionale le redoutoient d'autant plus, et cher- choient à en débarrasser leurs filets avec d'autant plus de soin, qu'ils étoient persuadés que les aiguillons dentelés de cet osseux renfermoient un venin qui don- noit la mort au bout de vingt-quatre heures, et dont ils ne pouvoient arrêter les effets funestes qu'en ver- DES POISSONS. 101 sant sur la plaie une grande quantité de l’huile de son foie, qu'ils portoient toujours avec eux. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que cette erreur des pêcheurs brasiliens venoit des blessures dangereuses que peuvent produire, en effet, les dards de ce doras, non pas par les suites d’un poison qu'ils ne distillent pas, mais par celles des déchirures profondes que font souvent les dentelures de ces armes violemment agitées 1. 1. 8 rayons à chaque pectorale du doras caréné. 8 rayons à chaque ventrale. 24 rayons à la nageoiïre de la queue. 5 rayons à la membrane branchiale du doras côte. 8 rayons à chaque pectorale. 9 rayons à chaque ventrale. 21 rayons à la caudale. 192 WISTOIRE NATURELLE 9 HP PO 50H BOHISOPOSO 545620 DOB0 BIS PO Ho 0 De PO DE BE Bo De 50 L-0E0 0e Bobg CENT SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. LES POGONATHES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuses la bouche à l’extrémité du museau; des barbillons aux mäâchoires ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abondante ; deux nageoires dorsales, sou- tenues l’une et l’autre par des rayons; des lames larges et dures, rangées longitudinalement de chaque côté du poisson. ESPÈCES. CARACTÈRES. Vingt-quatre barbillons à la mâchoire infé- . - . “ fr) rieure; point de barbillons à celle d’en haut; neuf rayons à la première dorsale; huit rayons à la nageoire de l'anus; la caudale un peu fourchue. 1. Le PoconaATHE coun- BINE. Un seul barbillon à la mâchoire inférieure: { point de barbillons à la mâchoire d’en haut. 23. LE POGONATHE Doré. DES POISSONS. 199 20595080 50 40 80.200 50 B0 5060 909 HIDE .0 50 HO Hop ECHO EU Le rec o BE oO BCH ECHO DO LE POGONATHE COURBINE”, Pogonias fasciatus, Lacgr., Cuv. — Pogonathus Courbina, Lacer. ET LE POGONATHE DORE?. Umbrina........... ., Cuv. — Pogonaihus auratus, Lace». CEs deux poissons sont encore inconnus des natu- ralistes. Nous en avons trouvé la description dans les manuscrits de notre Commerson. Le pogonathe courbine présente ordinairement une longueur de deux pieds ou deux pieds trois pouces, sur une hauteur de quatre ou six pouces. Il pèse alors six livres ou environ. La couleur de son dos et de ses côtés est d’un bleu mêlé de brun et relevé par des reflets dorés; l'éclat de l'argent brille sur sa partie 1. Courbin. Courbedos. « Pogonathus..…. silurus cirris menti viginti quatuor, pinnis dorsi » daabus radiatis. » Commerson , manuscrits déjà cités. 9. « Pogonathus cirro menti unico brevi, poralis quatuor circum- » dato. » Commerson, manuscrils déjà cités. 194 HISTOIRE NATURELLE inférieure. Les écailles dont il est revêtu sont assez grandes. La mâchoire supérieure, que l’animal peut avancer et retirer à volonté, est un peu plus longue que l’inférieure : l’une et l’autre sont garnies de dents petites, nombreuses, et serrées comme celles d’une lime. La langue, le palais et les environs du gosier n’ont pas d’aspérités. Les vingt-quatre barbillons at- tachés à la mâchoire d’en bas sont blancs, courts, très mous, et disposés sur trois rangs transversaux. Le dos forme une carène aiguë jusqu’à la première des deux nageoires qu'il soutient, se courbe ensuite vers le bas jusqu’à la seconde, et se relève au delà de cette seconde nageoire en se courbant de nou- veau. Chaque rayon de la première dorsale est un aiguillon sans articulation, et part d’une sorte de tu- bercule placé sous la peau ; mais ni cette nageoire ni les pectorales ne présentent de rayon dentelé. Les lames écailieuses dont on voit une rangée longitudi- nale de chaque côté du poisson sont striées et argen- tées. Le canal intestinal est plusieurs fois replié; le foie petit et rouge ; chaque ovaire long et jaune 1. Ce pogonathe est grand et beau ; mais sa chair est mollasse , et son goût fade. Commerson l’a vu pêcher dans le fleuve de la Plata, au mois d'avril 1767. Le doré ressemble beaucoup par ses couleurs à la courbine : mais ses écailles resplendissent davantage de l'éclat de l'or. Ses ventrales et son anale sont d’un 1, rayons à la membrane branchiale du pogonathe courbine. 18 rayons à chaque pectorale. 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque ventrale. 22 rayons à la seconde dorsale. 16 ragous à la nageoire de la queue. DES POISSONS. 199 jaune blanchâtre; ses autres nageoires offrent des nuances brunâtres.Il devient moins grand que la cour- bine. Quatre pores sort placés autour du seul barbillon que montrent les mâchoires de ce pogonathe. 196 HISTOIRE NATURELLE CENT SOIXANTE-NEUVIÈME GENRE. LES CATAPHRACTES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une muco- sité abondante; deux nageoires dorsales ; la seconde soutenue par un seulrayon; des lames larges et dures, rangées longitudinalement de chaque côte du poisson. ges PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue arrondie où terminée par une ligne droite et sans échancrure. ESPÈCES. CARACTÈRES. Quatre barbillons aux mâchoires; huit L k rayons à la première nageoire du dos: 1. Le GATAPHRAGTE GAL- six rayons à celle de l'anus; deux rangs FICHE: de lames dures et dentelées de chaque côté du poisson; la caudale arrondie. Six barbillons aux mâchoires; cinq rayons à la première dorsale; neuf rayons à l’a- AA DEIGAEA EPS CRE ME nale ; un seul rang de lames grandes et LECENS dures de chaque côté de lanimal; la caudale rectiligne. DES POISSONS. 197 SECOND SOUS-GENRE. La nagecire de la queue fourchue ou échancrée en croissant. ESPÈCE. CARACTÈRES. Quatre barbillons aux mâchoires; neuf ( rayons à la première nageoire du dos; sept rayons à l’anale; deux rangs de gran- des lames le chaque côté du poisson ; la caudale en croissant. 5. LE CATAPHRACTE PONCTUÉ, LACÉPÈDE X{ 19 108 HISTOIRE NATURELLE LE CATAPHRACTE CALLICHTE”, Callichtys, Cuv. — Cataphractus Callichtys, Lacer. — Silurus Callichtys, Lixn., GMEL. LE CATAPHRACTE AMÉRICAIN? Dorus costatus, Lacer., Guv. — Cataphractus americanus, Lacep, — Silurus cataphractus , Laxn. ET LE CATAPHRACTE PONCTUÉ3. Cataphractus punctatus, Lacer. LE callichte se trouve dans les deux Indes ; il aime les eaux courantes et limpides. On a écrit qu'il pou- voit, comme l’anguille et quelques autres poissons, s'éloigner en rampant ou en sautillant, jusqu'à une distance assez grande des fleuves qu'il habite, et se 1. Soldat , par les Allemands. Krip-ring-ming , par les Suédois. Tomoate , par les Anglois. Soldido , par les Portugais du Brésil. Tamoata , par les Brasiliens. Quiqui , à Surinam. Dreg-dolfin , par les Hollandoïis des Indes orientales. Silure callichte, Daubenton et Haüy, Eneyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. DES POISSONS. 199 creuser, dans la vase ou dans la terre humide, des trous assez profonds : mais voilà à quoi il faut réduire les habitudes et les facultés extraordinaires qu’on a voulu attribuer à cet animal. Il ne parvient que rare- ment à la longueur d’un pied ou quinze pouces. Sa chair est très agréable au goût. Sa couleur générale paroît brune : on voit des taches brunâtres et des nuances jaunes sur la nageoire de la queue. La tête est revètue d’une couverture osseuse, dure, et ter- minée de chaque côté par une portion allongée et triangulaire. La mâchoire supérieure avance plus que celle d’en bas ; la langue est lisse ; le fond de la gueule rude ; l’orifice de chaque narine double; l'œil petit; le premier rayon de chaque nageoire fort et aiguil- lonné. Presque tous les rayons sont garnis de très petits piquants. Les lames dentelées qui revêtent cha- cun des côtés du callichte sont ordinairement au nomn- bre de vingt-six dans chaque rangée ; et elles ont assez de largeur pour que les quatre rangs qu’elles forment soient continus de manière à produire un sillon longi- tudinal sur le dos et sur chaque côté du poisson. Le nom de l’Américain indique sa patrie. Il a été observé particulièrement dans la Caroline. On pèche le ponctué dans les rivières poissonneuses Cataphracte callichte, Bloch, pl. 577, fig. 1. Amœænil. acad. 1, p. 517, tab. 14, ile Gronov. mus, 1, p. 70. Seba, mus. 5, tab, 29. fig. 13. 2. Id. Catesby, Carol. 5 , p. 19, tab. 19. Silure cuirassé, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnalcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Gronov. mus., n. 71, tab. 5, fig. 4 et 5. 5. Bloch, pi. 577, fig. 22. 200 HISTOIRE NATURELLE de Surinam. Îl a ja tête comprimée ; un casque os- seux ; la mâchoire d’en haut plus avancée que celle d’en bas; deux orifices à chaque narine ; l'œil voilé par une membrane ; l’opercule composé de deux pièces ; la clavicule large ; les grandes lames de chaque côté dentelées , placées les unes au dessus des autres, et formant des rangées de vingt-quatre ; le premier rayon de l’anale, des pectorales, de la première na- geoire du dos, et le rayon unique de la seconde, roides et aiguillonnés ; la couleur générale jaune; une tache noire et irrégulière sur la première dor- sale ; des points sur la tête, sur le dos et sur plusieurs nageoires À. 1. 3 rayons à la membrane branchiale du cataphracte callichte. 7 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à chaque ventrale. 14 rayons à la nageoïire de la queue. 6 rayons à la membrane des branchies du cataphracte américain. 6 rayons à chaque ventrale. 19 rayons à la caudale. 3 rayons à la membrane branchiale du cataphracte ponctué, 6 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 17 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. 201 a 3049 50 B0P0$0#05H9%0 #0 %0 #02 #90 F0 #9-H09 6019 5-00 #0 H0%0 (9 50 #00 #0 La He 0 10H W7H9%04%9 Le CENT SOIXANTE-DIXIÈME GENRE. LES PLOTOSES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau ; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; la peau du corps et de la queue enduite d’une muco- sité abondante; deux nageoires dorsales ; la seconde et celle de l’anus réunies avec la nageoire de la queue, qui est pointue. ESPÈCES. CARACTÈRES. Huit barbillons aux mâchoires: six rayons 1. LE PLOTOSE ANGuILLE. { se à = à la première nageoire du dos. Huit barbillons aux mâchoires; un rayon aiguillonné et trois rayons articulés à la première dorsale ; cent douze rayons à la seconde dorsale ; la caudale et l’anale réunies. 2. Le PLorose TuHunger- GIEN. 202 HISTOIRE NATURELLE LE PLOTOSE ANGUILLÉ“ Plotosus anguillaris, Lacer., Cuv. — Platystacus angutliaris, Brocx. Pour peu que l'on jette les yeux sur ce poisson, on verra que sa queue longue et déliée, la viscosité de sa peau, la position et la figure de ses nageoires, ainsi que la conformation de presque toutes les autres parties de son corps, doivent donner à ses habitudes une grande ressemblance avec celles de la murène an- guille. 11 vit dans les grandes Indes ; et Commerson en avoit rencontré une variété dans un des parages qu'il a parcourus lors de son fameux voyage avec notre célèbre Bougainville. Il a plusieurs rangs de dents coniques aux deux mâchoires ; des dents globuleuses au palais; d’autres dents pointues auprès du gosier; la langue lisse ; la mâchoire supérieure plus avancée que linférieure ; un seul orifice à chaque narine ; le premier rayon de la première dorsale court, gros et dur; le second [08 et fort, et de plus osseux , aiguillonné et dénué 1. [lan sumbillang , dans les grandes Indes. Flat-eel, en angloïs. Aul formigen Blatt leib, en allemard. Platystacus angutillaris, Bloch, p'. 573, fig. 1. DES POISSONS. 203 de dentelure , comme le premier ; le premier rayon de chaque pectorale également osseux, fort et al- longé , et d’ailleurs dentelé des deux côtés; la ligne latérale garnie de petits tubercules ; la couleur géné- rale d’un violet mêlé de brun; le dessous du corps blanchâtre ; et cinq raies blanches et longitudinales, J'ai vu, sur un individu de cette espèce, un orifice situé au delà de l’anus ; par cet orifice sortoit comme un organe sexuel, qui se divisoit en deux coupes ou entonnoirs membraneux. Au devant de cet organe étoit un pédoncule ou appendice conique. L'état de l'individu ne me permit pas de savoir s’il étoit mâle ou femelle. Bloch a fait une observation analogue sur l'individu qu'il a décrit. 1. 11 rayons à la membrane branchiale du plotose anguillé. 10 rayons à chaque pectorale. 12 rayons à chaque ventrale, 368 rayons dans l’ensemble formé par la réunion de la seconde. dorsale, de la nageoire de l'anus, et de celle de la queue. 204 HISTOIRE NATURELLE LE PLOTOSE THUNBERGIEN. Plotosus thunbergianus, Lacer. La couleur générale de ce poisson est d’un blanc jaunâtre. Deux raies longitudinales et blanches pa- roissent de chaque côté de la tête, du corps et de la queue. Quatre barbillons garnissent chaque mâchoire. La ligne latérale est droite. On voit une dentelure au premier rayon des pectorales et de la première na- geoire du dos. Ce plotose, dont on doit la connoiïssance au savant voyageur Thunberg, habite la partie orientale de la mer des grandes Indes ?. 1. Silurus lineatus, Thunberg. 2. 1 rayon aïiguillonné et 12 rayons articulés à chaque pectorale du plotose thunbergien. 12 rayons à chaque ventrale. DES POISSONS. 209 64169 VP3:DOD 4 ED SD D MOD 5 AD 5 IE SM DEEE GIE D SET ADD pas EE OP 20 OO CENT SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. LES AGÉNÉIOSES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abon- dante; deux nageoires dorsales ; la seconde adipeuse. ESPÈCES. CARACTÈRES. Sept rayons à la première nageoire du dos; la caudale en croissant; une sorte de 1. L’AGÉNÉIOSE ARMÉ, corne presque droite, hérissée de pointes, et placée entre les deux orifices de cha- que narine. , u r ri ’ e . 2. L’AGÉNÉIOSE DÉSARMÉ, dale en croissant : point de corne entre pee rayons à la première dorsale; la cau- les deux orifices de chaque narine. 206 HISTOIRE NATURELLE eBOpOBSDEHSS OSEO D L’AGÉNÉIOSE ARMÉ!, Ageneiosus militaris, Cuv. — Ageneiosus armatus , Lacer. —Silurus militaris, Linx., Guec., BLocu. ET L’'AGÉNÉIOSE DÉSARMÉ?. Ageneiosus inermis, Lacer., Cuv. — Silurus inermis, Linn., GMEL. — "29 e——— CEs deux poissons vivent dans les eaux de Surinam, et peut-être dans celles des grandes Indes. Quels traits devons-nous ajouter à ceux que présente le tableau sénérique pour terminer le portrait de ces deux agé- néioses ? Pour le premier, la largeur et le grand aplatisse- ment de la tête ; les dents petites et nombreuses des deux mâchoires; la brièveté et la surface unie de la 1. Steifbart, en allemand. Geñornter wels , id. Horned silure, en angloïs. Silure armé, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 36». 2. Silure désarmé, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. [d. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch , pl. 565, DES POISSONS. 207 langue ; l’arc hérissé de dents, placé sur le palais ; la distance qui sépare les yeux; le rouge de la prunelle ; la peau qui revêt tout l’animal ; la formes et la du- reté du premier rayon de la première de lequel est d’ailleurs garni d’un double rang de crochets poin- tus , vers le milieu et à son extrémité; la grosseur du ventre ; les sinuosités et les ramifications de la ligne latérale ; le vert foncé de la couleur générale ; les di- mensions étendues du poisson; le mauvais goût de sa chair. Pour le second, tous ceux que nous venons d’énon- cer, excepté la couleur de la prunelle, qui est noire ; la nature de la peau, qui est moins épaisse; la lon- sueur et les crochets du premier rayon de la première dorsale, lequel est dur et aiguilionné, mais sans dente- lure ; et peut-être la grandeur des dimensions, ainsi que le goût peu agréable de la chair. Le désarmé a de plus une prolongation triangulaire et très pointue à l'extrémité postérieure de la couver- ture osseuse de sa tête ; des taches brunes et irrégu- lières ; la première dorsale, les pectorales, les ventrales brunes , et les autres nageoires d’un gris quelquefois mêlé de violet 1, 1. 9 rayons à la membrane des branchies de l’agénéiose armé. 16 rayons à chaque pectorale. 8 rayons à chaque ventrale. 55 rayons à la nageoïre de l'anus. 24 rayons à celle de la queue. 10 rayons à la membrane branchiale de l’agénéiose désarmé, 14 rayons à chaque pectorale, 7 rayons à chaque ventrale. 40 rayons à la nageoïre de l'anus, 26 rayons à la caudale. 208 HISTOIRE NATURELLE CENT SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. LES MACRORAMPHOSES. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons aux mächoires : le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abondante; deux nageoires dorsales ; l’une et l’autre soutenues par des rayons ; le premier raÿon de la première nageoire dorsale fort, très long et dentelé ; le museau très allonge. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le MacRoRAMPHOSE { Six rayons à la seconde nageoire du dos ; CORNU. Lt point de rayon dentelé aux pectorales. DES POISSONS. 200 frere R EDS Bert ere Sfr ere tre etre COL LEO 26H05 HO PS perepemotEephapapeDee tr LE MACRORAMPHOSE CORNU*. Macroramphosus cornutus, Lacer. — Silurus cornu£us , LINN. La longueur du museau égale la moitié de la lon- oueur du corps. Son extrémité est un peu recourbée. Le premier rayon de la première nageoire du dos à deux rangs de petites dents sur la moitié de son bord inférieur, et peut s'étendre jusqu’au dessus de la na- seoire de la queue. On compte neuf rayons à cette dernière nageoire. 1. Forskael , Faun. Arabic., p. 66, n. 96. Silure chardonneret , Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- thodique. 210 Ÿ HISTOIRE NATURELLE CENT SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES CENTRANODONS. La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures, ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du museau; point de barbillons ni de dents aux mä- choires ; le corps gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une mucosité abondante; deux na- e : » geoires dorsales; l’une et l’autre soutenues par des rayons ; un ou plusieurs piquants à chaque opercule. ESPÈCE. CARACTÈRES. LE CENTRANODON J4PO- ( Onze rayons à la seconde nageoiïre du dos; NOIS. | la caudale arrondie. DES POISSONS. 22) 3 A ( MPESO ESA OPEPEREPEBE HITS DE PATES EE EG GEMER EE here ER EP E ET EDIT ES EE EE LE CENTRANODON JAPONOIS". Centrancdon japonicus, Lacer. — Silurus imberbis, Linn., GMEL. —$"——— CE poisson a les yeux gros et rapprochés l’un de l’autre. On compte deux piquants vers le bord posté- rieur de chaque opercule. Le corps et la queue sont très alloncés ; ils sont couverts d’écailles très faciles 5CS 9 à voir. Ce centranodon parvient à la longueur de huit pouces. Sa couleur générale est rougeûtre. Ses na- geoires sont variées de blanc et de noir. Le Japon est sa patrie ?. 1. Houttuyn, Act. Haarl. XX , 2, p. 558, n. 27. 2. 6 rayons à la membrane branchiale du centranodon japonois. 20 rayons à chaque pectorale. 6 rayons à chaque ventrale. 10 rayons à la nageoire de l’anus. 19 rayons à celle de la queue. TD GE 27102 HISTOIRE NATURELLE EbeE DA SD SD SPEED MD PA DED MED DSEDEDEE EE DS REBE® EE : 2H DE Lee De OH Pt CENT SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. LES LORICAIRES. Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de cuirasse à lames; la bouche au dessous du museau ; les lèvres extensibles : une seule nageoire dorsale. / Un rayon aïguillonné et sept rayons arli- culés à la nageoire du dos; un rayon ai- guillonné et cinq rayons articulés à celle 1. La LORICAIRE de l’anus; la caudale fourchue; le pre- | mier rayon du lobe supérieur de la \ SÉTIFÈRE, nageoire de la queue très allongé; une grande quantité de petits barbillons au- tour de l'ouverture de la bouche. Point de dents à la mâchoire supérieure, 2. La LORICAIRE ni de petits barbillons autour de l’ouver- TACHETÉE. ture de la bouche; un grand nombre de taches brunes. DES POISSONS. 213 Devererssenmeraberarebpse PTS EMI 68 FEB MES RS 0 MODS HEMET SET EH ME MERE EPS E DS LA LORICAIRE SÉTIFÈRE", Loricaria cataphracta, Linn., GueL., Cuv. — Lorica- ria cirrhosa, Brocn, Scan. — Loricaria setifera, Lacer. ET LA LORICAIRE TACHETÉEZ. Loricaria maculata, Brocn, Lace». Les loricaires sont, parmi les osseux, les représen- tants des acipensères que nous avons décrits en trai- tant des cartilagineux. Elles ont avec ces poissons des rapports très marqués par leur conformation générale, 1. Plécoste. Panzerfisch, en Allemagne. Gewapende harnasman , en Holiande. Benfiaelling, en Suède. Cataphract, par les Anglois. Mus. Ad. Frid. 1, p. 79, Lab. 29, fig. 1. Gronov. mus. 1, n. 69. Scba, mus. 5, tab. 20, fig. 14. Loricaire plécoste, Daubenton ct Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Cutrassier plécoste, Bloch, pl. 375, fig. 5. 2. Id. Bloch, pl. 575, fig. à et 2. LACÉPEDE. XI. 214 HISTOIRE NATURELLE par la position de la bouche au dessous du museau, par leurs barbillons, par les plaques dures qui les re- vêtent ; et si elles n’offrent pas des dimensions aussi grandes, une force aussi remarquable , des moyens d'attaque aussi redoutables pour leurs ennemis, elles ont des armes défensives à proportion plus sûres, parce que Îles pièces de leur cuirasse, placées sans intervalle les unes auprès des autres, ne laissent, pour ainsi dire, aucune de leurs parties sans abri. La sétifère a les mâchoires garnies de dents petites, flexibles, et semblables à des s2tes; l'ouverture des branchies très étroite ; le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur deux bords; celui des ventrales dentelé ; celui de l’anale et de la nageoïre du dos dur, sros et rude; le corps couvert de lames fortes, presque toutes losangées, et dont plusieurs sont garnies d’un aiguillon ; la queue renfermée dans un étui composé d'anneaux situés les uns au dessus des autres; ces an- neaux découpés, comprimés, et formant souvent en haut et en bas une arête ou carène dentelée: le pre- mier rayon du lobe supérieur de la queue quelquefois plus long que tout le corps; la couleur générale d’un jaune brunâtre 1. Elle habite dans l'Amérique méridionale , ainsi que la tachetée, que nous regardons comme une espèce différente de la sétifère, mais qui cependant pourroit n’en être qu'une variété distinguée par l’arrondisse- 1. 4 rayons à la membrane branchiaie de la loricaire sétifère et de la loricaire tachetée. 7 rayons à chaque pectorale. G rayons à chaque ventrale. 12 ravons à la caadale. DES POISSONS. 219 ment de la partie antérieure et inférieure de sa tête ; le nombre de ses barbillons, qui n'excède pas deux; le défaut de dents sétacées ; la présence de deux . A OO TA EN Q Q \ A A pointes, à la vérité très difficiles à reconnoître , à Ja mâchoire inférieure ; de grandes lames placées sur le ventre , les unes à côté des autres; la moindre lon- sueur du premier rayon de la caudale ; des taches ° 4 °\ , » / . . ! irrégulières, d’un brun foncé, distribuées sur presque toute la surface du poisson ; et une tache noire que l’on voit au bout du lobe inférieur de la nageoire de la queue. 216 HISTOIRE NATURELLE 22805123 R0S0 3035 ESI0C 220 0208001000 1cHoBercACD0B0E260H08% 1 GO POSE CENT SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. LES HYPOSTOMES. Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de cuirasse à lames ; la bouche au dessous du museau : les lèvres extensibles ; deux nageoires dorsales. “ A ESPECE. CARACTERES. : Huit rayons à la première nageoire du dos; L'HyPosTouE GUuACARr. un seul à la seconde; la caudale en crots- sant. DES POISSONS. 21"; 1.508080 DO 9e a 10 Loe Bu Hd D4006 GO d/0-0% 0 WELEDA Ie LE don DOS do HORS Pa SAUCE L'AILE 3. 0P L'HYPOSTOME GUACAR[”. Loricaria (Hypostoma) plecostomus, Guv.— Loricaria plecostomus, Linn., BLocu.— Hypastomus Guacari, Lace. — mm @ge-———— LE nom générique de ce poisson indique la position de sa bouche. Il montre une couverture osseuse et découpée par derrière sur sa tête ; une ouverture étroite et transversale à sa bouche; des dents très petites et comme séfacées, à ses mâchoires; des ver- rues et deux barbillons à la lèvre inférieure ; une membrane lisse sur la langue et le palais; un seul ori- fice à chaque narine ; quatre rangées longitudinales de lames de chaque côté de l’étui solide qui renferme son Corps et Sa queue ; une arête terminée par une 1. Goré, auprès de Cayenne. Steveragtige plooy beck, en Hollande. Indianisk-stor, en Suède. Runzelmaul, en Allemagne. Loricaire guacari, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de F'Encyclopédie méthodique. Loricaire plécositome, Bloch , pl. 574. Mus. Ad. Frid. 1, p.55, tab. 28, fig. 4. « Plecostomus dorso dipterygio, etc. » Gronov. Mus. 1. n. 67, tab 3. fig. 1et 2: Seba, mus. 5, tab. 29, fig. 11. Guacart, Marcg. Brasil., 166. 219 HISTOIRE NATURELLE pointe à chacune de ces lames; un premier rayon très dur à chaque ventrale; un premier rayon dentelé et très fort aux pectorales, ainsi qu'à la première na- veoire du das; des taches inégales, arrondies , brunes ou noires; et différentes nuances d'orangé dans sa couleur générale. À Le canal intestinal est six fois plus long que le poisson. La chair est de bon goût. Les rivières de l'Amérique méridionale sont le séjour ordinaire du guacari 1. 4 rayons à la membrane brancnñiale de l'hypostome guacari. 7 vayons à chaque peciorale. 6 rayons à chaque ventrale. 5 rayons à la nagcoire de Fanus. 16 raçons à celle de ia queue. 7 — RE DES POISSONS. 21Ÿ © D ED D Sp DE D MP D PP STE EAP MD OL D SPL I OT DES POP Ep EAr EEE T EE np UT © HO SA CAT ML Bts CA ere MG LÉO CENT SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. LES CORYDORAS. De grandes lames de chaque côté du corps et de la queue; la tête couverte de pièces larges et dures ; la bouche à l'extrémité du museau ; deux barbillons ; deux na- geoires dorsales ; plus d’un rayon à chäque nageoire du dos. ESPÈCE. CARACTÈRES. - Deux rayons aiguillonnés et neuf rayons ar- Le Conyporas (GEOFFROY. ticulés à la première nageoire du dos; la caudale fourchue. 229 HISTOIRE NATURELLE LS 89 Sete STE SP SE EDS TE EDS CEE OT EE vu CB USE SPIFÉLPOETOEITOBETON COL ETES à EI LE CORYDORAS GEOFFROY. Corydoras Geoffroy, Lacer. Nous avons trouvé, dans la collection donnée par la Hollande à la France, un individu de cette espèce encore inconnue des naturalistes. Le nom générique par lequel nous avons cru devoir la distinguer indique la cuirasse et le casque qu'elle a reçus de la nature; et nous l'avons dédiée à notre collègue Geoffroy, qui a si bien mérité la reconnoissance de tous ceux qui cultivent l’histoire naturelle, par des observations qu'il a faites en É gypte sur les divers animaux de cette con- trée, et particulièrement sur les poissons du Nil. Les lames qui garantissent chaque côté de cet os- seux sont disposées sur deux rangs ; elles sont de plus très larges et hexagones. Une membrane assez longue separe les deux rayons qui soutiennent la seconde na- seoire du dos. Le premier rayon de chaque pectorale est hérissé de très petites pointes. Le second rayon de la première nageoïire du dos est dentelé d’un seul côté. Le premier de cette même nageoire n'offre pas 1, Corys , en grec, signifie casque ; et doras, cuirasse. DES POISSONS. 221 de dentelure ; il est mème très court : mais on peut remarquer sa force. Chaque narine a deux orifices. On voit une grande lame au dessus de chaque pecto- rale 1. 1. 11 rayons à chaque pectorale du corydoras geoffroy. 2 rayons à la seconde dorsale. 6 rayons à chaque ventrale. 7 rayons à la nageoire de l'anus. 14 rayons à celle de la queue. 222 HISTOIRE NATURELLE 284 "HS 895#0%09P80H08E BROSSE IL DM EM EMILE SMS EE ED SE ME ET EP DEMO SFrO Ar Erin en ee CENT SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES TACHYSURES. La bouche à l'extrémité du museuu ; des barbillons aux mâchoires ; le corps et la queue très allongés et revé- tus d’une peau visqueuse ; le premier rayon de la pre- mière nageoire du dos et de chaque pectorale très fort; deux nageoires dorsales, l’une et l’autre soutenues par plus d’un rayon. ESPÈCE. GARACTÈRES. _ (Six barbilions aux mâchoires; ia caudale Le TacuysurE cuiNois. | fourchue. DES POISSONS. 2929 ET 20 #9 oo 1bot0 116 50 490 1191pS 40 LC B00-0 10H02 BHO PE EPL PI EH ADO 0 00 EG Bi BED EG ma LOL LE TACHYSURE CHINOIS. T'achysurus sinensis, Lacer. “ss e— Parmi les peintures chinoises déposées au Muséum d'histoire naturelle, on voit une figure de cette belle espèce , dont les formes et par conséquent les habi- tudes ont beaucoup de rapports avec celles des silures, des pimélodes, des pogonathes , etc. Ce poisson vit dans l’eau douce. Son nom générique exprime l’agilité de sa queue longue et déliée T, et son nom spécifique indique son pays. La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l’inférieure ; elle présente deux barbillons : on en compte quatre à la mâchoire d’en bas. Chaque narine n’a qu'un orifice. Le dessus de la tête est aplati; le museau arrondi; le dos très relevé et anguleux; la ligne latérale droite ; l’opercule composé de trois pièces ; la seconde nageoïire du dos un peu ovale , et semblable pour la forme, ainsi que pour les dimen- sions , à celle de l’anus, au dessus de laquelle elle est située ; la couleur générale verte , avec des taches d’un vert plus foncé. Des teintes rouges paroissent sur les ventrales, et sur les nageoires de l’anus et de la queue. 1. T'achys, en grec, signitie rapide, 924 HISTOIRE NATURELLE der noo Hs be oHie e Lee HAE Se Le ELEC PET IPOTHLOE CHASSE CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. LES SALMONES. La bouche à l'extrémité du museau; la tête comprimee; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côtés, de cui- rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, nt de barbillons; deux nageoires dorsales; la se- conde adipeuse et dénuée de rayons; la première plus près ou aussi près de la tête que les ventrales ; plus de quatre rayons à la membrane des branchies; des dents fortes aux mâchoires. ESPÈCES. CARACTÈRES. Quatorze rayons à la première nageoire du | dos : treize à celle de l'anus ; dix à cha- { que ventrale; le bout du museau plus | avancé que la mâchoire inférieure; la | caudale fourchue. 1. LE SALMONE SAUMON, Douze rayons à la première dorsale et à la nageoire de l'anus; onze rayons à cha- que ventrale; la tête grande ; la mâchoire inférieure terminée par une sorte de cro- chet émoussé; des taches noires, allon- 2. LE SALMONE ILLANKEN. | gées, inégales, et peu faciles à distinguer. du dos: treïze à celle de l'anus: dix à chaque ventrale ; la mâchoire inférieure plus allongée que la supérieure ; la cau- dale fourchue ; des taches noires. . LE SALMONE SCHIEFER- MULLER. O1 j'a rayons à la première nageoire \ ( Quatorze rayons à la première nageoiïre du dos ; douze à celle de l'anus: dix à cha- que ventrale:; la cauéale à peine échan- crée ; des taches grises. 4. LE SaLMONE ERIOX. ESPÈCES. 5, LE SALMOXE TRUITE. [er] LE SALMONE BERG- FORELLE, 7. LE SALMONE TRUITE- SAUMONÉE. co LE SALMONE ROUGE. 9. LE SALMONE GÆDEN. 10, Lr SALMONE nucr, DES POISSONS. 225 CARACTÈRES. /{ Quatorze rayons à la première nageoiïre du | \ dos : onze à celle de l'anus; treize à cha- que ventrale : la caudale peu échancrée ; des taches rondes, rouges, et renfermées dans un cercle d'une nuance plus claire sur les côtés du poisson. Treize rayons à la première nageoire du “ dos; douze à celle de l'anus; huit à cha- que ventrale ; la caudalc à peine échan- crée ; des taches et des points noirs, rou- ges et argenlins, sans bordure. Quatorze rayons à la première nageoire du dos; onze à celle de l'anus; dix à chaque ventrale; la caudale en croissant ; des ta- ches noires sur la tête, le dos et les côtés. / Douze rayons à la première dorsale ; onze à PS | | } la nagcoire de l'anus ; dix à chaque ven- trale; les deux mâchoïres également avan- cées; la caudale fourchuc; des taches rouges ou rougeâtres , et entourées d'un cercle d’une autre nuance ; du rouge sur les nageoires de la queue, de l’anus et du ventre, et sur la partie inférieure de l’a- nimal. Douze rayons à la première nageoire du dos ; onze à la nageoiïre de l'anus; dix à chaque ventrale ; la caudale fourchue; la tête très petite ; le corps et fa queue très allongés et très minces; des taches rou- ges renfermées dans un cercle blanc. Treize rayons à La première dorsale; douze à la nageoïire de l'anus; dix à chaque ven- traie; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure; des taches bru- nes, petites et rondes, sur le corps, la queue, et toutes les nagcoires, excepté les pectorales. / Quatorze rayons à la BHCRRÈRE dorsale ; 11, LE SALMONE its) \ douze à l’anale; dix à chaque nageoire ventrale; la caudale en croissant ; là mà- choire d'en bas un peu plus avancée que celle d’en haut ; les côtés argentés et se- nés de taches petites et blanches: du noir ct du rouge sur les nageoires inférieures. (ep) 22 ESPÈCES. HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. {Treize rayons à la première nageoire du 135, LE SALMONE OMBLE CHEVALIER. 19. LE SALMONE SAZVELINE,. | 14. ÊE SALMONE TAIMEN. \ dos; douze à l’anale; neuf à chaque ven- trale; la caudale fourchue ; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'in- férieure ; les ventrales rouges; le premier rayon de ces nageoires et de celle de l’a- nus fort et blanc. Onze rayons à la première nageoire du dos et à celle de l'anus; neuf à chaque ven- trale; la caudale fourchue ; la tête petite; la mâchoire supérieure plns avancée que l'inférieure: le corps et la queue sans taches. Treize rayons à la première dorsale ; dix à la nageoïre de l'anus et à chaque ven- trale ; la caudale fourchue; la tête allon- gée ; le museau un peu déprimé ; la mà- choire inférieure un peu plus avancée que celle d’en haut ; la couleur générale bru- nâtre ; un grand nombre de taches ron- des et brunes. /Treïze rayons à la première nageoire du 15. LE SALMONE NELMA. < \ dos; quatorze à celle de l'anus; la cau- dale fourchue; la tête très allongée; la mâchoire inférieure beaucoup plus avan- cée que Ja supérieure; le museau un peu déprimé,; les écailles grandes ; la couleur générale argentée, / Treïze rayons à la première dorsale ; douze 16. Ï:E SALMONE LENOK. à la nageoire de l'anus ; dix à chaque ven- trale ; La caudale fourchue ; le corps et la queue hauts et épais; la prunelle angu- leuse par devant; un grand nombre de points brans sur la partic supérieure du poisson ; les dorsales tachetées. / Douze rayons à la première dorsale; dix à 17. LE soma \ \ 18. LE SALMONE ARCTIQUE, | \ la nageoire de l'anus ; neuf à chaque ven- trale ; la caudale fourechue ; la nagcoire adipeuse, pelite et dentelée; la couleur générale argentée; des taches rondes et blanches. Dix-huit rayons à la première magcoire du dos ; dix à l’anale : la caudale tourchue ; trois rides longitudinales sur la tête; quatre rangées de points et de petites raies brunes de chaque côté du poisson. DES POISSONS. ; 227 ESPÈGES. CARACTÈRES. / Quatorze rayons à la première dorsale : dix à Ja nagcoiïre de l'anus et à chaque ven- trale ; la caudale un peu fourchue : l’a- dipeuse en forme de faux; la mâchoire supérieure plus longue que l'inférieure ; la couleur générale brunâtre ; point de taches. 19. LÆ SAIMONE REIDUR. EL Le corps et la queue allongés; les écailles très pelites et lisses ; Ja peau très enduilte d'une humeur visqueuse ; la partie su pé- rieure du poisson brune, l’inférieure rouge ou rougeâtre; des points noirs. 20, LE SALMONE ICIME, Neuf rayons à la première nagcoire du dos; douze à l’anale : neuf à chaque ventrale; les écailles très petites: la mâchoire d'en haut un peu plus avancée que celle d’en bas; le dos brun ; le ventre rouge; des taches noires, petites, renfermées dans un cercle rouge, et placées sur les côtés de l’aniraal. 21 Li SALMONE LEPECNIN, Re En PR Douze rayons à la première dorsale;quatorze à la nagcoïire de l'anus ; treize à chèque ventrale; les écailles grandes et brillantes: l'anus très rapproché de la caudale; la couleur générale brune; les nageoires \ jaunâtres. 39, LE SALMONE SIL Quaiorze rayons à la première nageoire du dos ; vingt-huit à celle de l'anus; huit à chaque ventrale ; la caudale fourchue : Ja queue très haute au dessus de !’anale ; les Gs de ja tête minces et transparents; le dos d'un noir mêlé de vert: les côtés et le ventre argentins. 43, Li SALNOXE LODDE. / Onze rayons à la première nageoïre du dos ; {__ neufà celle de l'anus: neuf à chaque ven- \ trale ; la mâchoire supérieure plus allon- &__ gée que l’inférieure ; fa caudale fourchue et noire; la ligne latérale droite: une bande longitudinale argentée de chaque côté du poisson. 24. LÆ SALMOKE BLANC. la nageoiïre de l'anus et à chaque ventrale: la candale fourchue : le corps et la queue très allongés . la tête et les opercules cou- \ verts d’écailles semblables à celles du dos; \ \ jo rayons à la première dorsale: huit à 25. Î1,& SALMONE VARIE, \ 2928 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 25. Le SALMOXE VARIE. 26. LE SALMONE RENÉ. 27. Li SALMONE RILLE, 28. LE SALMONE GADGÏDE. 20. LE SALMONE CUurEr- LAND, / \ | | | | CARACTÈRES. une raie longitudinale rouge, chargée de taches noires, et placée de chaque côté de l’animal , au dessus d'une série d'espaces alternalivement jaunes et noirs; les nageoires variées de noir el derouge. Dix rayons à la première nagcoire du dos; - neuf à l’anale et à chaque ventrale; la caudale fourchue; les deux mâchoires presque aussi avancées l’une que l’autre; deux orifices à chaque narine; neuf ou dix taches grandes et bleuâtres le long de la ligne latérale. Quatorze rayons à la première dorsale ; neuf à la nageoire de l'anus et à chaque ven- trale ; les mâchoires également avancées; des taches petites et rouges, et des taches noires et plus petites sur les côtés ; deux taches noires sur chaque opercule. / Oreze rayons à la première nageoire du dos; \ huit à celle de l’anus: neuf à chaque ven- trale; l'ouverture de la bouche très grande; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la couleur généraie d'un gris marbré; des taches rouges et brunes eur le des; des taches sur la nageoïre adi- peuse. [e) / Dix rayons à la première nagcoire du dos: [ huit à la nagcoire de l'anus ; neuf à cha- que ventrale ; la caudale écharcrée; les deux mâchoires également avancées; deux rangées de dents fines et pointues à chaque mâchoire; une rangée longitu- dinale de dents aiguës au milieu du pa- lais; des points rouges le long de la ligne latérale. Poissons. A = >< ay SE = = ZS = = Ééeeree ASS 7e GET NS Ÿ it D = SK —_Z Pl100: M-TRUIS ADaverne Jeups { 3 . HE » x SALVIELINE : = . LE SAIMONE SAUMON 9, Lo « & NS ‘eÙe: © SE Ne EX RE Se SEE: RE Le ss => = S KR e =: LS = SAUMONÉE 4.LF. SALM. 1.LHYPOSTOME GUACARI ME Pot Del! TE DES POISSONS. 229 éoro 913050 20 #9» F0 “5 HO%BOB MM 9 BO HE LG DO POLDES TED0 DD DO 40 DC EPST DEEE LOTO EC PES LE SALMONE SAUMON-. Salmo Satar, Lixx., BLocu, Lace». Tour le monde croiroit le saumon bien connu; et cependant combien peu de personnes, même très 1. Saumoneau , avant deux ans d’âge. Tacon , avant trois ans d'âge. Salm, dans quelques contrées d'Allemagne. Lachs, ibid. Sælmling , ibid., lorsqu'il n’a qu’un an. W'eisslach, ibid., lorsqu'il est gras. Graulach, ibid., lorsqu'il est maïgre. Kupferlachs, ibid., dans le temps du fraï. W racklachs , ibid., après le temps du frai. Rothlachs, ibid , lorsqu'il a été pris dans la mer. Kalbfleischlachs , ibid., id. Lassis, en Livonie. Rencki, ibid., lorsqu'il est gros. Lœhse, en Estonie. Kolla, ibid. Rgut balik, en Tartarie. Jarga, chez les Calmouques. Lohs , en Finlande. Seelax , en Suède, Haflax , ibid. Blanklax , ibid. Grœnnacke , ibid. Haplax , en Banemarck. Hakelar, en Norwége. LACÉPÈDE, XL, 15 230 HISTOIRE NATURELLE instruites , savent que , parmi les différentes espèces d'animaux , il en est peu qui méritent plus que ce poisson l'observation du naturaliste, l'examen du phy- sicien , les soins de l’économe ! La nature des climats qu'il préfère, la diversité des eaux dans lesquelles il se plaît, la vitesse de ses mouve- Laking , en Norwége, quand il est encore jeune. Kapisalirksoak , dans le Groenland. Reblericksorsoak , ibid. Salmon , en Angleterre. Schmelt, en Écosse, lorsqu'il a un an. Smont , ibid., id. Mort, ibid., à trois ans. Forktail, ibid., à quatre ans. Halffisch, à cinq ans. Kipper, ibid., après le temps du frai. Faun Suecic. 345. Salmone saumon, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 20 et 98. Artedi, gen. 11, syn. 22, spec. 48. Salmo , Plin., lib. 9, cap. 18. Id. Auson. Mosella, v. 97. Id. Salvian. fol. 100, a. b. Id. Gesner, p. 824, 825, et (germ.) 181 b, 182 a. Id. Jonston, lib. 2, tit. 1, cap. 1, p. 106, tab. 23, fig. 1: Thaumat., p. 427. Id. Charlet, p. 150. Id. Willughby, p. 189, etc., tab. 11, fig. 2. Id. Rai, p. 65. Salmo nobilis, Schonev., p. 64. Salmo vulgaris, Aldrov. lib 4, cap. 1, p. 483. Muller, Prodrom. Zoolog. Danic., p. 48, n. 405. Gronov. mus. 2, p. 12, n. 163; Zooph., n. 569. Klein , miss. pisc. 5, p. 17, n. 12; tab. 5, fig. 2. Brit. Zool. 3, p. 259, n. 1. Saumon , Valmont de Bomare. Dictionnaire d'histoire naturelle. Saumon et tacon, Rondelet, partie 2, Poisson de rivière, chap. 1. DES POISSONS. 251 ments , la rapidité de sa natation, la facilité avec la- quelle il franchit les obstacles, la longueur immense des espaces qu'il parcourt, la régularité de ses grands voyages, la manière dont il fraie, les précautions qu'il paroît prendre pour la sûreté des êtres qui lui devront le jour, les travaux qu'il exécute, les combats que le force à livrer une sorte de tendresse maternelle, son instinct pour échapper au danger, les ruses par les- quelles il déconcerte souvent les pêcheurs les plus habiles, les dimensions qu'il présente , le bon goût de sa chair, l'usage que l’on peut faire de sa dépouille, tout, dans les habitudes et les propriétés du saumon, doit ètre l’objet d’une attention particulière. Ce poisson se plaît dans presque toutes les mers; dans celles qui se rapprochent le plus du pôle, et dans celles qui sont le plus voisines de l'équateur. Où le trouve sur les côtes occidentales de l’Europe ; dans la Grande-Bretagne ; auprès de tous les rivages de la Baltique, particulièrement dans le golfe de Riga; au Spitzberg ; au Groenland ; dans le nord de l’Amé- rique ; dans Amérique méridionale ; dans la Nouvelle- Hollande ; au fond de la Manche de Tartarie; au Kamtschatka, etc. Il préfère partout le voisinage des grands fleuves et des rivières, dont les eaux douces et rapides lui servent d'habitation pendant une très grande partie de l’année. Il n’est point étranger aux lacs immenses ou aux mers intérieures qui ne parois- sent avoir aucune communication avec l'Océan. On le compte parmi les poissons de la Caspienne; et cependant on assure qu'on ne l’a jamais vu dans la Méditerranée, Aristote ne l’a pas connu. Pline ne parle que des individus de cette espèce que l’on avoit pris 292 HISTOIRE NATURELLE dans les Gaules ; et le savant professeur Pictet conjec- ture qu'on ne l’a point observé dans le lac de Genève, parce qu'il n'entre pas dans la Méditerranée, ou du moins parce qu'il y est très rare !, Il tient le milieu entre les poissons marins et ceux des rivières. S'il croît dans la mer, il naît dans l’eau douce ; si pendant l’hiver il se réfugie dans l'Océan, il passe la belle saison dans les fleuves. Il en recherche les eaux les plus pures ; il ne supporte qu'avec peine ce qui peut en troubler la limpidité ; et c’est presque toujours dans ces eaux claires qui coulent sur un fond de gravier que l’on rencontre les troupes les plus nom- breuses des saumons les plus beaux. Il parcourt avec facilité toute la longueur des plus grands fleuves. Il parvient jusqu’en Bohème par l'Elbe, en Suisse par le Rhin, et auprès des hautes Corai- lières de l'Amérique méridionale par l'immense Ma- ragnon, dont le cours est de mille lieues. On a même écrit qu'il n’étoit ni effrayé ni rebuté par une grande étendue de trajet souterrain ; et on a prétendu qu’on avoit retrouvé, dans la mer Caspienne, des saumons du golfe Persique , qu'on avoit reconnus aux anneaux d’or ou d'argent que de riches habitants des rives de ce golfe s'étoient plu à leur faire attacher. Dans les contrées tempérées, les saumons quittent la mer vers le commencement du printemps; et dans les régions moins éloignées du cercle polaire ils en- trent dans les fleuves lorsque les glaces commencent à fondre sur les côtes de l'Océan. Ils partent avec le 1. Lettre du professeur Pictet, Jaurnal de Genève , premier mars 1788. 2 DES POISSONS. 233 flax , surtout lorsque les flots de la mer sont poussés contre le courant des rivières par un vent assez fort, que l’on nomme, dans plusieurs pays, vent du sau- mon. Is préfèrent se jeter dans celles qu'ils trouvent le plus débarrassées de glaçons, ou dans lesquelles ils sont entraînés par la marée la plus haute et la plus favorisée par le vent. Si les chaleurs de l'été devien- nent trop fortes, ils se réfugient dans les endroits les plus profonds, où ils peuvent jouir, à une grande distance de la surface de la rivière, de la fraîcheur qu'ils recherchent ; et c’est par une suite de ce besoin de la fraicheur, qu'ils aiment les eaux douces dont les bords sont ombragés par des arbres touflus. Ils redescendent dans la mer vers la fin de lau- tomne, pour remonter de nouveau dans les fleuves à l’approche du printemps. Plusieurs de ces poissons restent cependant, pendant l'hiver, dans les rivières qu’ils ont parcourues. Plusieurs circonstances peuvent les y déterminer ; et ils y sont forcés quelquefois par les glaces qui se forment à l'embouchure avant qu'ils ne soient arrivés pour la franchir. Ils s’éloignent de la mer en troupes nombreuses, et présentent souvent, dans l’arrangement de celles qu'ils forment, autant de régularité que les époques de leurs grands voyages. Le plus gros de ces poissons, qui est ordinairement une femelle, s’avance le pre- mier; à sa suite viennent les autres femelles deux à deux, et chacune à la distance de trois à six pieds de celle qui la précède ; les mâles les plus grands pa- roissent ensuite, observent le même ordre que les femelles, et sont suivis des plus jeunes. On peut croire que cette disposition est réglée par l'inégalité 254 HISTOIRE NATURELLE de la hardiesse de ces différents individus, où de Îa force qu'ils peuvent opposer à l’action de l’eau. S'ils donnent contre un filet, ils le déchirent, ou cherchent à s'échapper par dessous ou par les côtés de cet obstacle ; et dès qu'un de ces poissons a trouvé une issue, les autres poissons le suivent , et leur pre- mier ordre se rétablit. Lorsqu'ils nagent , ils se tiennent au milieu du fleuve et près de la surface de l’eau; et comme ils sont souvent très nombreux, qu'ils agitent l’eau vio- lemment, et qu'ils font beaucoup de bruit, on les entend de loin, comme le murmure sourd d’un orage lointain. Lorsque la tempête menace, que le soleil lance des rayons très ardents, et que l’atmosphère est très échauffée, ils remontent les fleuves sans s’éloi- gner du fond de la rivière. Des tonneaux, des bois, et principalement des planches luisantes, flottant sur l’eau , les corps rouges, les couleurs très vives, des bruits inconnus , peuvent les effrayer au point de les détourner de leur direction, de les arrêter même dans leur voyage , et quelquefois de les obliger à retourner vers la mer. Si la température de la rivière, la nature de la lu- mière du soleil, la vitesse et les qualités de l’eau leur conviennent , ils voyagent lentement ; ils jouent à la surface du fleuve; ils s’écartent de leur route; ils re- viennent plusieurs fois sur l’espace qu'ils ont déjà par- couru. Mais s'ils veulent se dérober à quelque sensa- tion incommode, éviter un danger, échapper à un piége, ils s'élancent avec tant de rapidité, que l'œil a de la peine à les suivre. On peut d’ailleurs démontrer que ceux de ces poissons qui n'emploient que trois DES POISSONS. 239 mois à remonter jusque vers les sources d’un fleuve tel que le Maragnon, dont le cours est de mille lieues, et dont le courant est remarquable par sa vitesse, sont obligés de déployer, pendant près de la moitié de chaque jour, une force de natation telle qu'elle leur feroit parcourir, dans un lac tranquille, dix ou douze lieues par heure, et l’on a éprouvé de plus que, lors- qu'ils ne sont pas contraints à exécuter des mouve- ments aussi prolongés, ils franchissent par seconde une étendue de vingt-quatre pieds ou environ 1. On ne sera pas surpris de cette célérité, si l’on rappelle ce que nous avons dit de la natation des poissons dans notre premier Discours sur ces ani- maux. Les saumons ont dans leur queue une rame très puissante. Les muscles de cette partie de leur corps jouissent même d’une si grande énergie, que des cataractes élevées ne sont pas pour ces poissons un obstacle insurmontable. Ils s'appuient contre de grosses pierres, rapprochent de leur bouche l’extré- mité de leur queue, en serrent le bout avec les dents, en font par là une sorte de ressort fortement tendu, lui donnent avec promptitude sa première position, débandent avec vivacité l’arc qu’elle forme , frappent avec violence contre l’eau, s’élancent à une hauteur de plus de douze ou quinze pieds, et franchissent la cataracte ?. Ils retombent quelquefois sans avoir pu s’élancer au delà des roches, ou lemporter sur la chute de l’eau : mais ils recommencent bientôt leurs manœuvres, ne cessent de redoubler d’efforts qu’après 1. Voyez le Discours sur la nature des poissons. 2. Consultez parliculièrement le Voyage de Twiss en Irlande. 236 HISTOIRE NATURELLE des tentatives très multipliées ; et c’est surtout lorsque le plus gros de leur troupe, celui que l’on a nommé leur conducteur, a sauté avec succès qu'ils s’élancent avec une nouvelle ardeur. Après toutes ces fatigues, ils ont souvent besoin de se reposer. Ils se placent alors sur quelque corps solide. Ils cherchent la position la plus favorable au délassement de leur queue, celui de leurs organes qui a le plus agi; et pour être toujours prêts à conti- nuer leur route, ou pour recevoir plus facilement les émanations odorantes qui peuvent les avertir du voi- sinage des objets qu'ils désirent où qu'ils craignent, ils tiennent la tête dirigée contre le courant. Indépendamment de leur queue longue, agile et vigoureuse , ils ont, pour attaquer ou pour se défen- dre , des dents nombreuses et très pointues qui gar- nissent les deux mâchoires , et le palais, sur chacun des côtés duquel elles forment une ou deux rangées. On trouve aussi, des deux côtés du gosier, un os hérissé de dents aiguës et recourbées. Six ou huit dents semblables à ces dernières sont placées sur la langue ; et, parmi celles que montrent les mâchoires, il y en a de petites qui sont mobiles. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue sont d’une grandeur moyenne : la tête ni les opercules n’en présentent pas de semblables. Âu côté extérieur de chaque ventrale paroît un appendice triangulaire, aplati, allongé, pointu, garni de petites écailles , couché le long du corps , et dirigé en arrière. Au reste, cet appendice : n’est pas particulier au saumon : nous n'avons guère vu de salmone qui n’en eût un semblable ou ana- logue. DES POISSONS. | 257 La ligne latérale est droite; le foie rouge, gros et huileux ; l’estomac allongé ; le canal intestinal garni, auprès du pylore, de soixante-dix appendices ou cœ- cums réunis par une membrane; la vessie natatoire simple, et située très près de l’épine du dos; cette épine composée de trente-six vertèbres, et fortifiée de chaque côté par trente-trois côtes 1. Le front, la nuque, les joues et le dos sont noirs; les côtés bleuâtres ou verdâtres dans leur partie su- périeure , et argentés dans l’inférieure ; la gorge et le ventre d’un rouge jaune ; les membranes branchiales jaunâtres ; les pectorales jaunes à leur base, et bleuä- tres à leur extrémité ; les ventrales et l’anale d’un jaune doré. La première nageoïire du dos est grise et tachetée ; ladipeuse noire , et la caudale bleue. Quelquefois on voit sur la tête, les côtés et le dos des taches noires et irrégulières, plus grandes et plus clair-semées sur la femelle, Les mâles , que l’on dit beaucoup moins nombreux que les femelles, offrent d’ailleurs, dans quelques ri- vières , et particulièrement dans celle de Spal, en Écosse, plus de nuances rouges, moins d'épaisseur dans le corps, et plus de grosseur dans la tête. Dans toutes les eaux, leur mâchoire supérieure non seulement est plus avancée que celle d'en bas, mais encore, lorsqu'ils sont parvenus à leur troisième an- née, elle devient plus longue et se recourbe vers l’in- férieure ; son allongement et sa courbure augmentent à mesure qu'ils grandissent ; elle a bientôt la forme 1. On trouve souvent dans ce canal intestinal, un iæmia dont la longueur est de près de trois pieds, et dont la iête est dans un des ap- pendices, 238 HISTOIRE NATURELLE d’un crochet émoussé qui entre dans un enfoncement de la mâchoire d’en bas ; et cette conformation, qui leur a fait donner le nom de Bécurd ou Becquet, les avoit fait regarder, par quelques naturalistes, comme d’une espèce différente de celle que nous décrivors. Leur laite est entièrement formée, et le temps du frai commence à une époque plus ou moins avancée de chaque printemps ou de chaque été, suivant qu’ils habitent dans les eaux plus ou moins éloignées de la zone glaciale. Les femelles cherchent alors un endroit commode pour leur ponte, Quelquefois elles aiment mieux déposer leurs œufs dans de petits ruisseaux que dans les grandes rivières auxquelles ils se réunissent; et elles paroiïssent chercher le plus souvent à déposer leurs œufs dans un courant peu rapide, et sur du sable ou du gravier. On a écrit que, dans plusieurs rivières de la Grande- Bretagne, la femelle ne se contentoit pas de choisir le lieu le plus favorable à la ponte; qu’elle travailloit à la rendre plus commode encore ; qu’elle creusoit dans l'endroit préféré un trou allongé, et de quinze ou dix- huit pouces de profondeur; qu’elle s’y déchargeoit de ses œufs, et qu'avec sa queue elle les recouvroit ensuite de sable. Peut-être peut-on douter de cette dernière précaution ; mais les autres opérations ont lieu dans presque tous les endroits où les saumons ont été bien observés. Le docteur Grant nous ap- prend, dans les Mémoires de Stockholm, que, lorsque les femelles travaillent à donner les dimensions néces- saires à la fosse qu’elles préparent, elles s’agitent à 1. Notes manuscrites et très intéressantes communiquées par M. lé- nières. DES POISSONS. 299 droite et à gauche, au point d’user leurs nageoires inférieures , et en laissant ordinairement leur tête im- mobile. On en a vu se frotter si vivement contre le terrain, qu’elles en détachoiïent avec vioience la terre et les petites pierres, et qu’en répétant les mêmes mouvements de cinq en cinq minutes, ou à peu près, elles parvenoient, au bout de deux heures, à creuser un énfoncement de trois pieds de long , de deux pieds de profondeur, et de six à huit pouces de rebord. Lorsque la femelle a terminé ce travail, dont la principale cause est sans doute le besoin qu’elle a de frotter son ventre contre des corps durs, pour se débarrasser d’un poids qui la fatigue et la fait souffrir, et lorsque les œufs sont tombés dans le fond de la cavité qu'elle a creusée, et que l’on nomme frayère dans quelques uns de nos départements, le mâle vient les féconder en les arrosant de sa liqueur vivi- fiante. Il peut se faire qu’alors il frotte le dessous de son corps contre le fond de la fosse, pour faire sortir plus facilement la substance liquide que sa laite con- tient : mais on lui a attribué une opération qui sup- poseroit une sensibilité d’un ordre bien supérieur, et un instinct bien plus relevé ; on a prétendu qu’il aï- doit la femelle à faire la fosse destinée à recevoir les œufs. Au reste , si nous ne devons pas admettre cette der- nière assertion, nous devons croire que le mâle est entraîné à la fécondation des œufs par une affection plus vive, ou d’une nature différente, que celle qui y porte la plupart des autres poissons. Lorsqu'il trouve un autre mâle aupres des œufs déjà déposés dans la frayère , ou auprès de la femelle pondant encore, il 2/0 HISTOIRE NATURELLE l'attaque avec courage , et le poursuit avec acharne- ment, ou ne lui cède la place qu'après l’avoir disputée avec obstination 1. Les saumons ne fréquentent ordinairement la frayère que pendant la nuit. Néanmoins, lorsque des brouil- lards épais sont répandus dans l’atmosphère, ils pro- fitent de l'obscurité que donnent ces brouillards pour se rendre dans leur fosse, et ils y accourent aussi comme pressés par de nouveaux besoins, lorsqu'ils sont exposés à l'influence d’un vent très chaud ?. Il arrive quelquefois cependant que les œufs pon- dus par les femelles , et la liqueur séminale des mâles, se mêlent uniquement par l'effet des courants. Après le frai, les saumons, devenus mous, maigres et foibles, se laissent entraîner par les eaux, ou vont d'eux-mêmes reprendre dans l’eau salée une force nouvelle. Des taches brunes et de petites excrois- sances répandues sur leurs écailles sont quelquefois alors la marque de leur épuisement et du malaise qu'ils éprouvent. Les œufs qu’ils ent pondus ou fécondés se déve- loppent plus ou moins vite, suivant la température du climat, la chaleur de la saison, les qualités de l’eau dans laquelle ils ont été déposés. Le jeune sau- mon ne conserve ordinairement que pendant un mois, ou environ , la bourse qui pend au dessous de son estomac, et qui renferme la substance nécessaire à sa nourriture pendant les premiers jours de son existence. Il grandit ensuite assez rapidement, et parvient bien- tôt à la taille de quatre ou cinq pouces. Lorsqu'il a 1. Notes manuscrites de M. Pénières. o, Notes manuscrites de M. Pénières, DES POISSONS. 241 acquis une lon, “ur de huit à dix pouces, il jouit d'assez de force pe 1r quitter le haut des rivières, et pour en suivre le courant qui le conduit vers la mer; mais souvent, avant cette époque, une inondation l’entraîne vers l'embouchure du fleuve. Les jeunes saumons qui ont atteint une longueur de quinze ou dix-huit pouces quittent la mer pour remonter dans les rivières : mais ils partent le plus souvent beaucoup plus tard que les gros saumons ; ils attendent communément le commencement de l'été. On les suppose âgés de deux ans lorsqu'ils pèsent de six à huit livres. M. Pénières assure que, même dans les contrées tempérées, ils ne fraient que vers leur quatrième ou cinquième année 1. Agcs de cinq ou six ans, ils pèsent dix ou douze livres, et parviennent bientôt à un développement très considérable. Ce développement peut être d’au- tant plus grand, qu’on pêche fréquemment, en Écosse et en Suède, des saumons du poids de quatre-vingts livres, et que les très grands individus de l'espèce que nous décrivons présentent une longueur de six pieds. Les saumons vivent d'insectes , de vers et de jeunes poissons. Îls saisissent leur proie avec beaucoup d’agi- lité ; et, par exemple, on les voit s’élancer, avec la rapidité de l'éclair, sur les moucherons, les papillons, les sauterelles, et les autres insectes que les courants charrient, ou qui voltigent à quelques pouces au des- sus de la surface des eaux. Mais s'ils sont à craindre pour un grand nombre 1. Notes manuscrites déjà citées. 2/2 HISTOIRE NATURELLE de pelits animaux, ils ont à redouter des ennemis bien puissants et bien nombreux. Ils sont poursuivis par les grands habitants des mers et de leurs rivages, par les squales , par les phoques, par les marsouins. Les gros oiseaux d’eau les attaquent aussi, et les pè- cheurs leur font surtout une guerre cruelle. Et comment ne seroient-ils pas , en effet, très re- cherchés par les pêcheurs ? Ils sont en très grand nombre ; leurs dimensions sont très grandes ; et leur chair, surtout celle des mâles , est, à la vérité, un peu difficile à digérer, mais grasse, nourrissante et très agréable au goût. Elle plaît d’ailleurs à l'œil par sa belle couleur rougeâtre. Ses nuances et sa délicatesse ne sont cependant pas les mêmes dans toutes les eaux. En Écosse, par exemple, le saumon de la Dée est, dit-on , plus gras que celui des rivières moins septen- trionales du même pays; et en Allemagne, or pré- {ère les saumons du Rhin et du Wéser à ceux de l'Elbe, et ceux que l’on prend dans la Warta , la Netze et le Kuddow, à ceux que l’on trouve dans l’Oder. Mais dans presque toutes les rivières qu'ils fré- quentent, et dans toutes les mers où on les trouve, les saumons dédommagent amplement des soins et du temps que l’on emploie pour les prendre. Aussi a-t-on eu recours, dans la recherche de ces poissons, à presque toutes les manières de pêcher. On les prend avec des filets, des pares, des caisses, de fausses cascades , des nasses, des hameçons, des tridents , des feux, etc. Les filets sont des trubles, des trémails ?, sembla- 1. Voyez à l'article du Gade colir, l'explication du mot trémail ; et à celui du Misgurn fossile, celle du mot truble. DES POISSONS. 245 bles à ceux dont on se sert en Norwége, que l’on tend le long du rivage de la mer, qui forment des ares ou des triangies, et dans lesquels on attire les saumons en couvrant les rochers de manière à leur donner la couleur blanche de l'embouchure d’un fleuve qui se précipite dans l'Océan. La ficelle dont on fait ces filets doit être aussi grosse qu'une plume à écrire. Ils présentent jusqu’à cent brasses de longueur, sur quatre de hauteur ; et leurs mailles ont communément de quatre à cinq pouces de large. On place les parcs auprès des bouches des rivières, ainsi qu'au dessus des chutes d’eau. On leur donne une figure , telle que l'entrée de ces enclos est très large , et que le fond en est assez étroit pour qu’un saumon puisse à peine y passer, et qu'on l'y saisisse facilement avec un harpon i. On se sert de ces parcs pour augmenter la rapidité des rivières en resserrant leur cours, pour en rendre le séjour plus agréable aux saumons, qui ne s’en- gagent que rarement dans les eaux trop lentes; et ce moyen a été particulièrement mis en usage auprès de Dessau, dans la Milde , qui se jette dans l’Elbe. Derrière ces parcs, auprès des moulins, et dans d’autres endroits où le lit des rivières est rétréci par l'art ou par la nature, on forme des caisses à jour, qui ont une gorge comme une louve ?, et dans lesquelles 1 Ces enceintes portent le nom de weir, auprès de Ballyshannon, dans la partie occidentale du nord de l'Irlande. (Voyage de Twiss, déjà cité.) 2. On trouvera, dans l'article du Pétromyzon lamproie , V'explica- tion du mot louve. 24 HISTOIRE NATURELLE se prennent les saumons qui descendent, ou ceux qui montent, suivant la direction que l’on donne à ces caisses. Dans certaines contrées, et particulièrement à Châteaulin , lieu voisin de Brest, et fameux depuis long-temps par la pêche du saumon, on élève des digues qui déterminent le courant à se jeter dans une caisse composée de grilles, et dont chaque face a quinze ou dix-huit pieds de largeur. Au milieu de cette caisse, on voit, à fleur d’eau, un trou dont le diamètre est d’un pied et demi à deux pieds. Autour de ce trou sont attachées par leur base des lames de fer-blanc, allongées, pointues, un peu recourbées, qui forment dans l’intérieur de la caisse un cône lorsque leur élasticité les rapproche, et un cylindre lorsqu'elles s'écartent les unes des autres. Les sau- mons, conduits par le courant, éloignent les unes des autres les extrémités de ces lames , entrent facilement dans la caisse , ne peuvent pas sortir par un passage que ferment les lames rapprochées , et s'engagent dans un réservoir d’où on les retire par le moyen d’un filet attaché au bout d’une perche. On tend cependant d’autres filets le long des digues , pour ar- rêter les saumons qui pourroient se dérober au cou- rant, et échapper au piége. Dans quelques rivières, comme dans la Stolpe et le Wipper, on construit des écluses dont les pieux sont placés très près les uns des autres. Les saumons s'élancent par dessus cet obstacle, mais ils trouvent au delà une rangée de pieux plus élevés que les pre- miers , et ils ne peuvent ni avancer ni reculer. On prend aussi les saumons dans des nasses de neuf à douze pieds de longueur, et faites de branches de DES POISSONS. 245 sapin, que l’on réunit avec des ficelles, et que l’on tient assez écartées les unes des autres, pour qu’elles ne donnent pas une ombre qui effraieroit ces poissons. On ne néglige pas non plus de les pècher à la ligne, dont on garnit les hameçons de poissons très petits, de vers, d'insectes, et particulièrement de demoiselles. Pour mieux réussir, on a recours à une gaule très longue et très souple , qui se prête à tous les mouve- ments du saumon. Le pêcheur qui la tient suit tous les efforts de l’animal qui cherche à s'échapper ; et, si la nature du rivage s’y oppose, il lui abandonne la ligne. Le saumon se débat avec violence et long-temps; il s'élance au dessus de la surface de l’eau; et, après avoir épuisé presque toutes ses forces pour se débar- rasser du crochet qu'il a avalé , il vient se reposer prè: de la rive. Le pêcheur se ressaisit alors de sa ligne, et le tourmente de nouveau pour achever de le lasser, et le tirer facilement à lui î. Lorsqu'on préfère de harponner les saumons, on lance ordinairement le trident à la distance de trente- six à quarante-cinq pieds. Les saumons que ke harpon a blessés sans les retenir quittent l’espèce de bassin ou de canal dans lequel ils ont été attaqués, pour se réfugier dans le canal ou bassin supérieur. Si on les Y poursuit, et qu'on les y entoure de filets, ils s’enfon- cent sous les roches , eu se collent contre le sable , et immobiles laissent glisser sur eux les plombs du bas des filets que traînent les pècheurs. On les a vus aussi se précipiter dans un courant rapide, et, cachés sous l’écume et les bouillons des eaux, souffrir avec con- 1, Notes manuscrites de M. Pénières. LACÉPÉDE, XI, 16 246 HISTOIRE NATURELLE stance , et sans changer de place , la douleur que leur causoit une gaule qui frottoit avec force, et compri- moit leur dos 1. La pèche du saumon forme, dans plusieurs con- trées, une branche d'industrie et de commerce dont les produits peuvent servir à la nourriture d’un grand nombre de personnes. À Berghen , par exemple, il n’est pas rare de voir les pêcheurs apporter deux mille saumons dans un jour. Nous lisons dans le Voyage de l’infortuné La Pérouse ?, qu’auprès de la baie de Castries, sur la côte orientale de Tartarie, au fond de la manche du même nom, on prit, dans un seul jour du mois de juillet, plus de deux mille saumons. Il est des pays où l’on en pêche plus de deux cent mille par an. En Norwége, on a pris quelquefois plus de trois cents de ces animaux d’un seul coup de filet 5. La pèche que l’on fait de ces poissons dans la Tweed, rivière de la Grande-Bretagne , est quelquefois si con- sidérable , qu’on a vu un seul coup de filet en amener sept cents. Et, en 1750, on prit d’un seul coup, äans la Ribble #, trois mille cinq cents saumons déjà par- venus à d’assez grandes dimensions. Mais quelque nombreux que soient les individus de l'espèce que nous décrivons , plusieurs gouverne- ments ont été forcés d’en régler la pêche, pour qu'une avidité imprévoyante ne détruisit pas dans une seule saison l’espérance des années suivantes. 1. Notes manuscrites de M. Pénières. 2. Voyage de La Pérouse, rédigé par le général Milet-Mureau, L. HE, p. 61. 5. Pennant, Zool. britann.. vol. If, p. 289. 4. Richter, Ichthyol., p. 417. DES POISSONS. 247 Au reste, les saumons meurent bientôt, non seule- ment lorsqu'on les tient hors de l’eau , mais encore lorsqu'on les met dans une huche qui n’est pas placée au milieu d’une rivière. Des pêcheurs prétendent que, pour empêcher ces poissons de perdre leur goût, il faut se presser de les tuer dès le moment où on les tire de l’eau ; et qu'après cette précaution, leur chair, quoique très grasse, peut se conserver pendant plu- sieurs semaines. Mais, lorsqu'après la mort de ces animaux, on veut les transporter à de grandes di- stances, et par conséquent les garder très long-temps, on les vide, on les coupe en morceaux, on les sau- poudre de sel, on les renferme dans des tonnes, on les couvre de saumure; ou on les fend depuis la tête, que l’on sépare du corps, jusqu’à la nageoïre de la queue , on ieur Ôte l'épine du dos, on les laisse dans le sel pendant trois ou quatre jours, et on les expose à la fumée pendant quinze jours ou trois semaines. Auprès de la baie de Castries, dont nous venons de parler, les Tatares tannent la peau des grands sau- mons, et en forment un habillement très souple 1. Les grands avantages que procure la pêche du sau- mon doivent faire désirer d’acclimater cette espèce dans les pays où elle manque. Nous pensons, avec Bloch, qu'il seroit possible de la transporter et de la faire multiplier dans les lacs dont le fond est de sable, et dont l’eau très pure est sans cesse renou- velée par des rivières ou des ruisseaux. On y trans- porteroit en même temps un grand nombre de gou- jons, qui aiment les eaux limpides et courantes, et 1. Voyage de La Pérouse, rédigé par le général Milet-Mureau, t. IT, p-#10; 61, 248 HISTOIRE NATURELLE qui y pulluleroient de manière à fournir aux saumons une nourriture abondante. Les saumons sont sujets à une maladie particulière dont on ignore la cause, et qui leur fait donner le nom de Ladres dans quelques départements méri- dionaux de France. Leur chair est alors mollasse, sans consistance ; et si on les garde , après leur mort, pendant quelques jours, elle se détache de l’épine dorsale , et glisse sous la peau, comme dans un sac. Il paroît que l’on doit compter dans l'espèce du saumon quelques variétés plus ou moins constantes, et qui doivent dépendre, au moins en très grande partie, de la nature des eaux dans lesquelles elles séjournent. Par exemple, on a observé en Écosse. que les saumons de la Cluden ont la tête et le corps plus gros et plus courts que ceux de la rivière de Nith. On assure aussi qu’à l'embouchure de l'Orne ?, on voit des saumons sans tache, et un peu plus allon- és que les saumons ordinaires ?. 1. Notes manuscrites de M. Noël de Rouen. 2, Notes manuscrites de M. Noël de Rouen. 3. 12 rayons à la membrane branchiale du salmone saumon. 14 rayons à chaque pectorale. 10 rayons à chaque ventrale. 21 rayons à la nagcoire de la queue. DES POISSONS. 2/19 HpodbOP4PI BELL LCA IS LE SALMONE ILLANKEN. Salmo Ilianken, Lacgr.— Salmo Salar, var. Tllanken, Linn., GMEL. Ox connoît, sous le nom d’Z{lanken, des salmones que l’on pêche dans le lac de Constance, et au sujet desquels M. Wartmann, médecin de Saint-Gall , a fait de très bonnes observations. D’habiles naturalistes ont regardé ces poissons comme une variété du saumon ; mais nous pensons, avec Bloch, qu'ils forment une espèce particulière. Ces salmones passent l'hiver dans le lac de Con- stance, comme les saumons dans la mer. Ils ne quit- tent jamais l’eau douce. Ils sont une preuve de ce que nous avons dit sur la facilité avec laquelle on pourroit multiplier les saumons dans les lacs entretenus par des courants limpides. Il ne faut pas croire cependant qu'ils vivent pendant l'hiver dans le lac de Constance par une préférence particulière pour ce séjour, ou par une convenance extraordinaire de leur nature avec les eaux qui y coulent. Ils y restent, lorsque la mauvaise saison arrive, parce qu'un obstacle insur- 1. Inlanken. Rheinanken. Illanken, Bloch. 250 HISTOIRE NATURELLE montable les y retient. Ils ne peuvent franchir la grande cascade de Schaffhouse, qui barre le Rhin inférieur, et par conséquent la seule route par la- quelle ils pourroient aller du lac dans la mer. Ce lac est l'Océan pour eux. Mais s’ils présentent des signes de leur habitation constante au milieu de l’eau douce, ils offrent toujours les traits principaux de leur fa- mille. Ils annoncent par ces caractères leur origine marine ; et ils ne la rappellent pas moins par leurs habitudes , puisque, n'éprouvant pas, comme les sau- mons , le besoin de quitter l’eau salée pendant la belle saison , ils désertent cependant le lac de Constance lorsque le printemps arrive, et n'y reviennent que vers la fin de l’automne. Ils remontent dans les ri- vières qui se jettent dans le lac. Ils entrent dans le Rhin supérieur. Ils s'arrêtent pendant quelque temps auprès de son embouchure , parce que, dans cet endroit, il coule avec rapidité sur un fond de cailloux. Es vont jusqu’à Feldkirch , où ils pénètrent dans la rivière d’Z/{, qui leur a donné son nom; c’est même dans cette rivière qu'ils aiment à frayer. Les mâles, néanmoins , ne re- montent dans son lit que lorsque le temps est serein, et que la lune éclaire ; de sorte que si le ciel est cou- vert pendant plusieurs jours, an grand nombre d'œufs ne sont pas fécondés. Ils parviennent quelquefois jus- qu'à Coire et à Rheinwald ; mais ils voyagent lente- ment, parce que si le Rhin est trouble, ils s'appuient contre des pierres , et attendent , presque immobiles, que l’eau ait repris sa transparence. Si, au contraire, te Rhin est limpide, et qu'il fasse un beau soleil, ils aiment à se jouer sur la surface du fleuve. DES POISSONS. 291 Ils pèsent souvent plus de quarante livres , et pon- dent ou fécondent une très grande quantité d'œufs. Leur multiplication n’est pas cependant très considé- rable : un grand nombre d'œufs servent d’aliment à l’anguille , à la lotte, au brochet, aux oiseaux d’eau; et une très petite partie des illankens qui éclosent échappe aux poissons voraces. Après le frai, leur poids est ordinairement diminué d’un tiers ou de la moitié, lorsqu'ils sont remontés très haut vers les sources du Rhin. Leur chair, au lieu d’être rouge , de bon goût et facile à digérer, devient blanche et de mauvais goût : aussi ne sont-ils plus, à cette époque, les poissons les plus recherchés du lac de Constance et du Rhin supérieur. Ils se hâtent alors de retourner dans le lac, et se laissent aller au courant, la tête fréquemment tournée contre ce même courant, qui les entraîne, et les délivre de la fatigue de la natation dans le temps où ils n’ont pas encore réparé leurs forces. Ils vivent non seulement de vers et d'insectes , mais encore de poissons. Îls sont sur- tout fort avides de salmones très estimés dans les marchés ; et les pêcheurs du lac assurent que, dans certaines années , ils leur causent plus de pertes qu'ils ne leur procurent d'avantages. Malgré leur grandeur et leurs armes, ils sont pour- suivis par le brochet, qui, confiant dans ses dents et dans sa légèreté , lors même qu'il leur est très infé- rieur en grosseur , les attaque avec audace , les har- cèle avec constance , et, à force de hardiesse, d’évo- lutions et de manœuvres, parvient sous leur ventre, qu’il déchire. Cependant ils trouvent bien plus souvent une perte 252 HISTOIRE NATURELLE assurée dans les filets qu'on tend sur leur passage, particulièrement dans le Rhin supérieur. Pour qu'ils ne puissent pas échapper au piége, on construit de chaque côté du fleuve une cloison composée de bois entrelacés. On l’assujettit avec des pieux, et on l’étend depuis le rivage jusque vers le milieu du courant le plus rapide. Les deux cloisons transversales ne lais- sent ainsi qu'un intervalle assez étroit. On adapte à cette ouverture un verveuxz!, dans lequel les illan- kens vont s’enfermer, mais qu'ils déchirent cependant si ce verveux n’est pas très fort, ou au dessus duquel ils parviennent souvent à s’élancer. Is ont la tête moins petite que les saumons. Dès la seconde année de leur âge, leur mâchoire inférieure se termine par une sorte de crochet émoussé. On ne distingue pas aisément les taches noires, allongées et inégales qui sont distribuées irrégulièrement sur leur corps et sur leur queue. Les pectorales, les ventrales et la nageoiïire de l’anus sont grisâtres ; la nageoire adipeuse est variée de noir et de gris ; la caudale ordinairement bordée de noir. On trouve auprès du pylore soixante-huit appendices placés sur quatre rangs ?. 1. Voyez la description du Werveux , à l’article du Gade colin. 2. 10 rayons à la membrane branchüale du salmon illanken. :4 rayons à chaque pectorale. 11 rayons à chaque ventrale. 21 rayons à la nageoïire de la queue. DES POISSONS. 259 LE SALMONE SCHIEFFERMULLER", Salmo Schieffermulleri, Linx., Brocn, Lacer., Cuv. ET LE SALMONE ÉRIOX?. Salmo Eriox, Linn., Guer., Lacer. LE premier de ces salmones se trouve dans la Bal- tique. On le pèche aussi dans plusieurs lacs de l’Au- triche , où on le prend dans les environs de mai; ce qui lui a fait donner, dans les contrées voisines de ces lacs, le nom de May forelle. Bloch l’a dédié à M. Schiefflermuller, de Lintz, qui lui avoit envoyé des individus de cette espèce. 1. May ferche, en Bavière. May forelle, en Autriche. Silberlachs, en Poméranie, Saumon argenté, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méhodique, Bloch , pl. 105. 2. Salmone ériox , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 346. Artedi, gen. 12, syn. 25, spec. 50. Willughby, Ichth. p. 195. Rai, pisc., 65, 3. 12 rayons à la membrane des branchies du salmone schielfer- muller, 25/ HISTOIRE NATURELLE 11 pèse de six à huit livres. Sa partie supérieure est brune ; ses joues, sa gorge, ses opercules, ses côtés et sor ventre sont argentés ; la ligne latérale est noire ; les nageoires sont bleuâtres ; les taches ont la forme de très petits croissants, On voit un appendice trian- gulaire à côté de chaque ventrale; les écailles tombent facilement , et argentent la main à laquelle elles s’at- tachent. Le foie est petit, jaunâtre , et divisé en deux lobes ; l’estomac assez long, et la membrane de la vessie natatoire ordinairement très mince. L’ériox habite dans l'Océan d'Europe, et remonte, pendant la belle saison, dans les fleuves qui s’y jettent. 18 rayons à chaque pectorale. 19 rayons à la nageoïre de la queue. 12 rayons à la membrane branchiale du salmone ériox. 14 rayons à chaque pectoraie. ND ot [PA DES POISSONS. LE SALMONE TRUITE”. Salmo trutta, Lacer. — Salmo Fario, Lin\., BLrocn, Cuv. La truite n'est pas seulement un des poissons les plus agréables au goût ; elle est encore un des plus 1. Trotia, en Italie. Torrentina , ibid. Fore, en Allema Bachfore , ibid. Fore!l, ibid. Teichforelle, ibid. Goldforelle , ibid. Lashens , en Livonie. Norjar, ibid. Dawatschan , en Tartaric. gne. Kraspaja r3 ba , en Russie. Forell, en Suède. Stenbit , ibid. Backra, ibid. Rofisk, ibid. Forel-kra, en Norwège. Elv-kra , ibid. Muld-kra , ibid. Or-rivie, ibid. Trout , en Angleterre. Salmone truite, Daubenton ei Hauy, Encyelopédic méthodique, Hd. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Salmone fario , Daubenton et Haüy. Encyclopédie méthodique 14. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 256 HISTOIRE NATURELLE beaux. Ses écailles brillent de l'éclat de l'argent et de l'or; un jaune doré mêlé de vert resplendit sur les côtés de la tête et du corps. Les pectorales sont d’un brun mêlé de violet ; les ventrales et la caudale dorées ; la nageoiïire adipeuse est couleur d’or avec une bordure brune ; l’anale variée de pourpre, d’or et de gris de perle; la dorsale parsemée de petites gouttes purpurines; le dos relevé par des taches noires, et d’autres taches rouges, entourées d’un bleu clair, réfléchissent sur les côtés de l’animal les nuances vives et agréables des rubis et des saphirs. On la trouve dans presque toutes les contrées du globe, et particulièrement dans presque tous les lacs élevés, tels que ceux du Léman, de Joux, de Neuf- Fario , truite, Bloch, pl. 22. Artedi, gen. 12, syn. 25, spec. 51. Tructa, Cub., lib. 5 , cap. 94, fig. 91, b. Trutta, Ambrosii , episcopi Mediolani, Hexæmero 5, cap. 5. Id. et salar et varius, Salvian., fol. 96 b et 97 a et b. Trutta fluviatilis, Belon. Id. Rondelet, partie 2, p. 169 (édit. de Lyon, de Bonhomme). Id. et trutta fario, Gesner, pages 1002, 1006, 1007, et (germ.), fol. 175, a. Trutta fluviatilis, Aldrovand., lb. 5, cap. 12, p. 580. Jonston , lib. 5, tit. 1, cap. 1, tab. 26, fig. : Willughby, p. 199, tab. 19, fig. 4. Rai, p. 65. « Trulta fluviatilis valgaris. » Charlet.. p. 155. Trutta, vel trutta vulgo, forina et forio , Schonev., p. 77. Kram. Elench., p. 589, n. 5. Scopoli, ann. 2, p. 40. Müller, prodrom. Zoolog. danic. p. 48, n. 408. Faun. Suecic. 548. Trutta dentata, Klein, miss. pisc. 5, p. 19, tab. 5, fig. 5. Trout , Brit. Zool. 5, p. 250, n. 4. Truite, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. DES POISSONS. 207 châtel ; et cependant il paroît que le poëte Ausone est le premier auteur qui en ait parlé. Sa tête est assez grosse ; sa mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure, et garnie, comme cette dernière , de dents pointues et recourbées. On compte six ou huit dents sur la langue ; on en voit trois rangées de chaque côté du palais. La ligne laté- rale est droite ; les écailles sont très petites ; la peau de l’estomac est très forte ; et il y a soixante vertè- bres à l’épine du dos, de chaque côté de laquelle sont disposées trente côtes. Le savant anatomiste Scarpa a vu, dans l’organe de l’ouie de la truite, un osselet semblable à celui que Camper avoit découvert dans l'oreille du brochet. Cet osselet est le troisième ; il est pyramidal, garni à sa base d’un grand nombre de petits aiguillons , et placé dans la cavité qui sert de communication aux trois canaux demi-circulaires. La truite a ordinairement un pied ou quinze pouces de longueur, et pèse alors six à dix onces. On en pêche cependant, dans quelques rivières, du poids de quatre ou six livres 1. Bloch a parlé d’une truite qui pesoit huit livres, et qu'on avoit prise en Saxe; et je trouve dans des notes manuscrites qui m'ont été envoyées, il y a plus de douze ans, par l’évêque d’Uzès, qui les avoit rédigées avec beaucoup de soin, que l’on avoit pêché, dans le Gardon, des truites de dix-huit livres. Le salmone truite aime une eau claire, froide, qui descende de montagnes élevées, qui s'échappe avec 2. Notes manuscrites de M. Pénières. 258 HISTOIRE NATURELLE rapidité, et qui coule sur un fond pierreux. Voilà pourquoi les truites sont très rares dans la Seine, parce que les eaux de ce fleuve sont trop douces pour elles, et trop lentes dans leur cours !; et voilà pourquoi, au contraire, mon célèbre confrère, M. Ramond, membre de l’Institut, a rencontré des truites dans des amas d’eau situés à près de six mille pieds au dessus du niveau de la mer, dans ces Pyrénées qu'il connoît si bien, et dont il a fait comme son domaine ?. 1! nous écrivoit de Bagnères, et 1797, que le fond de ces amas d’eau est rarement calcaire ou schisteux, mais le plus souvent de granit ou de porphyre. On n’y voit en général aucun autre végétal que la plante nom- mée sparganium natans , et plus fréquemment des ulves solides, croissantes sur des blocs submergés : mais le fond est presque toujours enduit d’une couche mince de la partie insoluble de l’humus que les eaux pluviales y entraînent des pentes environnantes. Les grandes chaleurs peuvent incommoder la truite au point de la faire périr. Aussi la voit-on vers le sol- stice d'été, lorsque les nuits sont très courtes, et qu’un soleil ardent rend les eaux presque tièdes, quitter les bassins pour aller habiter au milieu d’un courant, ou chercher près du rivage l’eau fraîche d’un ruisseau ou celle d’une fontaine. Elle peut d'autant plus aisément choisir entre ces divers asiles, qu’elle nage contre la direction des eaux les plus rapides avec une vitesse qui étonne l’obser- vateur, et qu'elle s’élance au dessus de digues ou de cascades de plus de six pieds de haut. 1. Notes manuscrites de M. Noël de Rouen. 2. Voyez, à ce sujet, le Discours sur la nature des poissons. DES POISSONS. 259 Elle ne doit cependant changer de demeure qu'avec précaution. M. Pénières assure que si pendant l'été les eaux sont très chaudes , et qu'après y avoir pêché une truite, on la porte dans un réservoir très frais, elle meurt bientôt, saisie par le froid soudain qu’elle éprouve {. Au reste, une habitation plus extraordinaire que celles que nous venons d'indiquer paroît pouvoir con- venir aux truites, même pendant plusieurs mois, aussi bien et peut-être mieux qu'à d’autres espèces de pois- sons. M. Duchesne , professeur d'histoire naturelle à Versailles , et dont on connoît le zèle louable et les bons ouvrages , m'a communiqué le fait suivant, qu'il tenoit du célèbre médecin Lemonnier, mon ancien collègue au Muséum d'histoire naturelle. Environ à dix-huit cents pieds au-dessous du pic du Canigou, dans les Pyrénées, on voit un petit som- met dont la forme est semblable à celle d’un ancien cratère de volcan. Ce cratère se remplit de neige pen- dant l’hiver. Après la fonte de la neïge, le fond de cette sorte d’entonnoir devient un petit lac, qui se vide par l’'évaporation, au point qu'il est à sec à l’équi- noxe d’automne.On y pêche d'excellentes truites pen- dant tout l'été. Celles qui restent dans la vase, à me- sure que le lac se dessèche, périssent bientôt, ou sont dévorées par des chouettes. Cependant, l’année sui- vante , on retrouve dans les nouvelles eaux du cratère un grand nombre de truites trop grandes pour être âgées de moins d’un an, quoique aucun ruisseau ni au- cune source d’eau vive ne communiquent avec le lac. 1. Notes manuscrikes déjà cilées. 260 HISTOIRE NATURELLE Ce fuit, dont M. Duchesne a bien voulu me faire part, prouve que le cratère est placé auprès de cavi- tés souterraines pleines d’eau, dans lesquellesles truites peuvent se retirer lorsque le lac se dessèche, et qui, par des conduits plus où moins nombreux, exhalent dans l’atmosphère les gaz dangereux pour la santé et même pour la vie des poissons ; et dès lors il se trouve presque entièrement conforme à d’autres faits déjà connus depuis long-temps. La truite se nourrit de petits poissons très jeunes, de petits animaux à coquille, de vers, d'insectes, et particulièrement d’éphémères et de friganes, qu’elle saisit avec adresse lorsqu'elles voltigent auprès de la surface de l’eau. Il paroît que le temps du frai de la truite varie sui- vant les pays et peut-être suivant d’autres circonstances. Un habile naturaliste, M. Decandolle, de Genève, nous a écrit que les truites du lac Léman et celles du lac de Neufchâtelremontoient dans le printemps, pour frayer dans les rivières et même dans les ruisseaux !. Dans les contrées sur lesquelles Bloch a eu des observations, ces poissons fraient dans l'automne ; et dans le dé- partement de la Corrèze, selon M. Pénières ?, les truites quittent également, au commencement ou vers le milieu de l’automne , les grandes rivières, pour aller frayer dans les petits ruisseaux. Elles montent quelque- fois jusque dan: des rigoles qui ne sont entretenues que par les eaux pluviales. Elles cherchent un gravier couvert par un léger courant, s’agitent, se frottent, pressent leur ventre contre le gravier ou le sable, et 1. Notes manuscriles données par M. Decandolle, z. Noles manuscrites déjà citées. DES POISSONS. 261 y déposent des œufs que le mâle arrose plusieurs fois dans le jour de sa liqueur fécondante. Bloch a trouvé, dans les ovaires d’une truite, des rangées d'œufs gros comme des pois, et dont la cou- leur orange s’est conservée pendant long-temps mème dans de l'alcool. D’après cette grosseur des œufs des truites, il n’est pas surprenant qu'elles contiennent moins d'œufs que plusieurs autres poissons d’eau douce; et cependant elles multiplient beaucoup , parce que la plupart des poissons voraces vivent loin des eaux froides, qu’elles préfèrent. Mais si elles craignent peu la dent meurtrière de ces poissons dévastateurs , elles ne trouvent pas d’abri contre la poursuite des pêcheurs. On les prend ordinairement avec la truble, à la ligne, à la louve ou à la nasse ?. Si l’on emploie la truble ou le truble, il faut le lever très vite lorsque la truite y est entrée, pour ne pas lui donner le temps de s'élancer et de s'échapper. La ligne doit être forte, afin que le poisson ne puisse pas la casser par ses mouvements variés, mul- tipliés et rapides. La manière de garnir l’hamecon n’est pas la même dans différents pays. On y attache de la chair tirée de la queue ou des pattes d’une écrevisse; de petites boules , composées d’une partie de camphre, de deux parties de graisse de héron, de quatre parties de bois de saule pourri, et d’un peu de miel; des vers de 1. Voyez la description de la truble à l'article du Misgurne fossile. 2. La description de la louve et celle de la nasse sont dans l’articie du Pétromyzon lamprüte. LACÉPÈDE. XI. 17 262 HISTOIRE NATURELLE terre ; des sangsues coupées par morceaux; des in- sectes artificiels faits avec des étoffes très fines de différentes couleurs; des membranes, de la cire, des poils, de la laine, du crin, de la soie, du fil, des plumes de coq ou de coucou. On change la couleur de ces fils, de ces plumes, de ces soies, de ces poils, non seulement suivant la saison et pour imiter les in- sectes qu’elle amène, mais encore suivant les heures du jour! ; et on les agite de manière à leur imprimer des mouvements semblables à ceux des insectes les plus recherchés par les truites. Dans l’Arnon, auprès de Genève, on pique ces pois- sons avec un trident , lorsqu'ils remontent contre une chute d’eau produite par une digue ?. Mais on en fait une pêche bien plus considérable à l'endroit où le Rhône sort du lac Léman, dans le- quel se jette cette rivière d’Arnon. Nous lisons dans une lettre que le savant professeur Pictet, membre associé de l'Institut, adressa, en 1588, aux auteurs du Journal de Genève, qu'à cette époque le Rhône étoit barré , à sa sortie du lac, par un clayonnage en bois disposé en zigzag. Les angles de ce grillage , al- ternativement saillants du côté du lac et du côté du Rhône, présentoient de part et d’autre des espèces d’avenues triangulaires, dont chacune se terminoit par une nasse ou cage construite en fil de laiton , et arrangée de manière que les poissons qui y entroient ne pouvoient pas en sortir. Celles de ces nasses qui répondoient aux angles saillants du côté du lac, se nommoient nasses de remonte; et les autres, nasses de 1. Notes mauuscrites de M. Pénières. 2. Notes manuscriles de M. Decandolle, DÉS POISSONS. 265 descente. On laissoit ordinairement tous les passages libres dès la fin de juin, afin de donner aux truites la liberté d'aller frayer dans ce fleuve ; on les refer- moit vers le milieu d'octobre : ce qui divisoit le temps de la pêehe en deux saisons; celle du printemps, qui duroit depuis la fin de janvier jusqu’en juin ; et celle de l'automne, qui commencçoit en octobre, et qui finis- soit avec le mois de janvier. Dans l’une et dans l’autre de ces saisons, on prenoit des truites à la remonte et à la descente , mais dans des proportions bien diffé- rentes. Sur quatre cent quatre-vingt-neuf truites, on en pèchoit trente-six à la descente du printemps, trente-quatre à la descente de l’automne, seize à la remonte du printemps, quatre cent trois à la remonte de l’automne. Il est aisé de voir que cette différence provenoit de la liberté qu’avoient les truites de descen- dre dans le Rhône, depuis la fin de juin jusqu’au mois d'octobre. Pour attirer un plus grand nombre de truites dans les nasses ou dans les louves, on y place un linge imbibé d'huile de lin, dans laquelle on a mêlé du castoreum et du camphre fondus. On marine la truite comme le saumon, et on la sale comme le hareng. Mais c’est surtout lorsqu'elle est fraîche que son goût est très agréable. Sa chair est tendre , particulièrement pendant l'hiver ; les per- sonnes mêmes dont l'estomac est foible la digèrent facilement. Pendant long-temps ce salmone a été nommé, dans plusieurs pays, le roi des poissons d’eau douce ; et dans quelques parties de l'Allemagne les princes s’en étoient réservé la pêche. Comme on ne voit guère la truite séjourner natu- 26/4 HISTOIRE NATURELLE rellement que dans les lacs élevés ét dans les rivières ou ruisseaux des montagnes, elle est très chère dans un grand nombre d’endroits : elle mérite par consé- quent, à beaucoup d’égards, l’attention de l’économe, et voici les principaux des soins qu'elle exige. Pour former un bon étang à truites, il faut une val- lée ombragée , une eau claire et froide , un fond de sable ou de cailloux placé sur de la glaise ou sur une autre terre qui retienne les eaux ; une source abon- dante , où un ruisseau qui, coulant sous des arbres touffus , et n'étant pas très éloigné de son origine , amène, même en été, une eau limpide et froide; des bords assez élevés, pour que les truites ne puissent pas s’élancer par dessus; de grands végétaux plantés assez près de ces bords, pour que leur ombre entre- tienne la fraîcheur de l’eau ; des racines d’arbres, ou de grosses pierres, entre lesquelles les œufs puissent être déposés ; des fossés ou des digues, pour prévenir les inondations des ravins ou des rivières bourbeuses ; une profondeur de neuf pieds ou environ, sans la- quelle les truites ne trouveroient pas un abri contre les effets de l’orage , monteroient à la surface de l’eau lorsqu'il menaceroit , y présenteroient souvent un grand nombre de points blanchâtres ou livides , et pé- riroient bientôt; une quantité très considérable de loches ou de goujons, et d’autres petits cyprins dont les truites aiment à se nourrir, ou une très grande abondance de morceaux de foie hachés, d’entrailles d'animaux , de gâteaux secs, faits de sang de bœuf et d'orge monde ; des bandes garnies d’une grille assez fine pour arrêter l’alevin ; une attention soutenue pour éloigner les poissons voraces , les grenouilles , les oi- DES POISSONS. 209 seaux pècheurs , les loutres, et pour casser, pendant l'hiver, la glace qui peut se former sur la surface de l’eau !. Lorsque , pour peupler cet étang , on est obligé d’y transporter des truites d’un endroit un peu éloigné, il faut ne placer dans chaque vase qu'un petit nombre de ces salmones, renouveler l’eau dans laquelle on les a mis, et l’agiter souvent. Différentes eaux peuventcependant être assez claires, assez froides et assez rapides pour que les truites y vivent, et avoir néanmoins des propriétés particulières qui influent sur ces salmones, au point de modifier leurs qualités, leurs couleurs, leurs formes et leurs habitudes, et de produire des variétés très distinctes et plus ou moins constantes. M. Decandolle assure que les truites prises dans le Rhône différent de celles que l’on pèche dans le lac de Genève, par la grandeur de deux taches noirâtres placées sur les joues ?. Suivant le même naturaliste, celles de l’Arve sont plus minces et plus allongées. On en voit, dit M. Pénières , d’efhilées , et d’autres très courtes. Le ruisseau appelé le Queyrou , près de Pénières, dans le département du Cantal , en nourrit d’arrondies , avec le dos voûté ; dans celui de Narbois, les truites sont courtes, arrondies, et d’une nuance presque jaune ; dans un autre ruisseau, nommé Enlan, elles sont allongées , grises et légèrement tachetées. M. Noël, de Rouen, nous a écrit : « Les truites de » Palluel ont une grande réputation dans le départe- 1. Voyez le Discours intitulé : Des effets de l’art de Ühomme sur ta nature des poussons. 2. Nôles manuscrites déja citées. 206 HISTOIRE NATURELLE » ment de la Seine-fnférieure : ce sont les plus déli- » cates que nous possédions dans nos eaux douces. » On m'a assuré à Cany qu’elles ne remontoient pas » au dessus du pont de ce gros bourg, qui n’est éloi- » gné de la mer que d’une lieue. Après les truites de » Palluel viennent celles de ja rivière de Robec, qui » se perd dans la Seine à Rouen.... On connoît dans » nos différentes rivières sept ou huit variétés de » truites, qui diffèrent entre elles par la couleur, les » taches , etc. » Dans les eaux de Lethnot, comté de Forfar, en Écosse , les pêcheurs distinguent deux variétés de la truite : la première est Jaune, et beaucoup plus large ou haute que la truite ordinaire; la seconde a la tête beaucoup plus petite, et les côtés tachetés d’une ma- nière aussi élégante que brillante. On pèche aussi, dans quelques lacs , ruisseaux où rivières d'Écosse , d’autres variétés de la truite, aux- quelles on a donné les noms de Truite de mousse, Truite de petite rivière, Truite noire, Truite blanche et Truite rouge. Bloch en a fait connoître une, qu'il a désignée par fa dénomination de Truite brune 1. Cette variété a la tête et le ventre plus gros que la truite commune; le dos arrondi ; la partie supérieure des côtés et la tête d’un brun noir, avec des taches violettes ; la partie in- férieure de ces mêmes côtés jaunâtre , avec des taches rouges entourées de blanc et renfermées dans un se- cond cercle brunâtre ; les nageoires du ventre, de l'anus et de la queue mélangées de jaune ; la chair 1. Bloch, pl. 29. Salmo fario , sylvaticus, B. Linnée, édition de Gmelin. 3 DES POISSONS. 267 très délicate , et rouge lorsqu'elle est cuite , de même que celle du saumon et du salmone truite-saumenée. Cette variété habite plusieurs des rivières qui se jet- tent dans la Baltique , ou dans la mer qui baigne les côtes de Norwége 1. 1. 10 rayons à la membrane branchiale du salmone truite, 10 rayons à chaque pectorale. 18 rayons à la nageoïre de la queue. 268 HISTOIRE NATURELLE LE SALMONE BERGFORELLE”. Salmo punctatus, Cuv. — Salmo alpinus, Linn., Guer., Brocu., Lacer. CE salmone a de petites écailles sur le tronc, un appendice étroit à côté de chaque ventrale, la ligne latérale droite, la première dorsale jaune avec des taches noires, les autres nageoires rougeâtres, le dos verdâtre, le ventre blanc, la chair rouge , de bon soût et facile à digérer. On le trouve dans les eaux de très hautes monta- ones, particulièrement de celles de Laponie , du pays de Galles et du voisinage de Saint-Gall ?. 1. Faun. suecic. 349. Ræding. It. Wgoth., 257. Salmone bergforelle, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch , pl. 104. « Sa!mo vir pedalis, pinnis ventris rubris, etc. » Artedi, gen. 15, syn. 25, spec. 52. Willughby, pisc. p. 196, tab. N, 1, fig. 4. Red charre, Raï, pisc., p. 65. Charr, Brit. Zoolog. 5, p. 265, n. 6, t. 15. 2. 10 rayons à la membrane branchiale du salmone bergforelle. 14 rayons à chaque pectorale. 25 rayons à la nageoire de la queue. DES POISSONS. 269 etreipes Here go 2 A fs-pe Den ipereBoreG ose TAHOE HOME DE EP). LE SALMONE TRUITE-SAUMONÉE!. Salmo Trutta, Linn., Guec., BLocn, Cuv. — Salmo Trutta salar, LacExr. — Salmo lacustris, Linn., GEL. Ox a prétendu que la truite-saumonée provenoit d'un œuf de saumon fécondé par une truite, ou d’un 1. Lachs forelle, en Allemagne. Rheinanke, sur le Rhin. Rheinlanke , ibid. Lachskindchea , en Saxe. Lachsfuhren, en Prusse. Tuimen , en Livonie. Tuimint, ibid. Soborting, en Laponie. Orlar, en Suède. Tuanspol, ibid. Borting , ibid. Sickmat , ibid. Lodjor, ibid. Soe-borting , en Norwège. Aurride, ibid. Lar-ort, en Danemarck. Maskrog-ort, ibid. Salm-forel, en Hollande. Sea trout, en Angleterre. Salmon-trout , ibid. Salmo lacustris, Linn., Gmel, 270 HISTOIRE NATURELLE œuf de truite fécondé par un saumon; qu’elle ne pouvoit pas se reproduire ; qu’elle ne formoit pas une espèce particulière. Cette opinion est contraire aux résultats des observations les plus nombreuses et les plus exactes. Mais la truite-saumonée n’en mérite pas moins le nom qu'on lui a donné : sa forme, ses cou- leurs et ses habitudes la rapprochent beaucoup du saumon et de la truite ; elle montre même quelques uns des traits qui caractérisent l’un ou l’autre de ces deux salmones ; et c’est depuis bien du temps qu'on a reconnu ces caractères pour ainsi dire mi-partis. Non seulement, en effet, Schwenckfeld, Schoneveld, Charleton et Johnson l'ont distinguée et décrite ; mais encore le consul Ausone l’a chantée, dès le cinquième siècle , dans son poëme de {a Moselle, où il l’a nom- mée Fario, et où il l’a représentée comme tenant le milieu entre la truite et le saumon. La truite-saumonée habite dans un très grand nom- bre de contrées; mais on la trouve principalement Salinone truite-saumonée, Daubenton et Hauy, Encyclopédie métho- dique. Id. Bonnaterre planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch , pl. 21. Faun. suecic. 547. Mull. Prodrom. Zoolog. Danic., p. 48, n. 407. Kramer, EL., p. 389, n. 2. « Salmo latus, maculis rubris nigrisque, etc. » Artedi, gen. 12, syn. 14. Gronov. mus. 2. n. 164. Trutta salmonata, Willughby, Ichthyolog., p. 195, 198. Id. Rai, Pisc., p. 63. Bull-irout, Pennant, Brit. Zoolog. 5, p. 249, n. 5. Truite-saumonée, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire na- turelle. DES POISSONS. DFA dans les lacs des hautes montagnes, et dans les ri- vières froides qui en sortent ou qui s’y jettent. Elle se nourrit de vers, d'insectes aquatiques et de très petits poissons. Les eaux vives et courantes sont celles qui lui plaisent : elle aime les fonds de sable ou de cailloux. Ge n’est ordinairement que vers le milieu du printemps qu’elle quitte la mer, pour aller dans les fleuves, les rivières. les lacs et les ruisseaux, choi- sir l’endrait commode et abrité où elle répand sa laite ou dépose ses œufs. Elle parvient à une grandeur considérable. Quelques individus de cette espèce pèsent huit ou dix livres ; et ceux mêmes qui n'en pèsent encore que six ont déjà plus de deux pieds de longueur. On la confond souvent avec le salmone huch , au- quel elle ressemble, en effet, beaucoup , et qu'on a nommé, dans plusieurs pays, T'ruite-saumonée. Ajou- tons donc aux traits indiqués dans le tableau générique pour l'espèce dont nous traitons les autres principaux caractères qui lui appartiennent, afin qu'on puisse la distinguer plus facilement de ce salmone huch, qui, au reste, peut parvenir à un poids sept ou huit fois plus considérable que celui de la véritable truite-sau- monée. Sa tête est petite, et en forme de coin; ses mâ- choires sont presque également avancées; les dents qui les garnissent sont pointues etrecourbées, et celles d'une mâchoire s’emboîtent entre celles de la mâ- choire opposée. On voit d’ailleurs trois rangées de dents sur le palais, et deux rangées sur la langue. Les yeux sont petits, ainsi que les écailles. La ligne latérale est presque droite. 262 HISTOIRE NATURELLE Le nez et le front sont noirs ; les joues d’un Jaune mêlé de violet; le dos et les côtés d’un noir plus ou moins mêlé de nuances violettes; la gorge et le ventre blancs ; la caudale et l’adipeuse noires; les autres na- geoires grises ; les taches noires répandues sur le pois- son ; quelquefois angulaires, mais le plus souvent rondes. Au reste, la forme et les nuances de ces taches va- rient un peu, suivant la nature des eaux dans les- quelles l’individu séjourne. La bonté de sa chair dé- pend aussi très souvent de la qualité de ces eaux; mais en général, et surtout un peu avant le frai, cette chair est toujours tendre, exquise et facile à di- sérer. Elle perd beaucoup de son bon goût lorsque la rivière où la truite-saumonée se trouve, reçoit une grande quantité de saletés ; il suffit même que des usines y introduisent un grand volume de sciures de bois, pour que ce salmone contracte une maladie à laquelle on a donné le nom de consomption, et dans laquelle sa tête grossit, son corps devient maigre , et la surface de ses intestins se couvre de petites pus- tules. On pêche les truites-saumonées avec des filets, des nasses et des lignes de fond, auxquelles on attache ordinairement des vers. Dans les endroits on l’on en prend un grand nombre, on les sale, on les fume, on les marine. Pour les fumer, on élève sur des pierres un tonneau sans fond et percé dans plusieurs endroits; on y sus- pend ces salmones, et on les y expose, perdant trois jours, à la fumée de branches de chêne et de grains de genièvre. DES POISSONS. 270 Pour les mariner, on les vide, on les met dans du sel, on les en retire au bout de quelques heures , on les fait sécher, on les arrose de beurre ou d’huile d’o- live, on les grille; on étend dans un tonneau une couche de ces poissons sur des feuilles de laurier et de romarin, des tranches de citron, du poivre, des clous de girofle; on place alternativement plu- sieurs couches semblables de truites saumonées, et de portions de végétaux que nous venons d'indiquer ; on verse par dessus du vinaigre très fort que l’on a fait bouillir, et l’on ferme le tonneau. Bloch a observé, sur une truite-saumonée, un phé- nomène qui s'accorde avec ce que nous avons dit de la phosphorescence des poissons, dans le Discours re- latif à la nature de ces animaux. Entrant un soir dans sa chambre, il y aperçut une lumière blanchâtre et brillante, qui le surprit d’abord, mais dont il décou- vrit bientôt la cause : cette lumière provenoit d’une tête de truite-saumonée. Les yeux, la langue, Îe pa- lais et les branchies, répandoient surtout une grande clarté. Quand il touchoit ces parties, il en augmentoit l'éclat; et lorsque, avec le doigt qui les avoit touchées s il frottoit une autre partie de 1 tête , il lui communi- quoit la même phosphorescence. Celles qui étoient le moins enduites de mucilage ou de matières gluantes, étoient le moins lumineuses ; et ces effets s’affoibli- rent à mesure que la substance visqueuse se des- sécha. 1. 12 rayons à la membrane branchiale du salmoneiruite-saumoncée. 14 rayons à chaque pectorale. 20 rayons à la nageoïire de Ïa queuc. 274 HISTOIRE NATURELLE RERO REMES Eee Etre 68 EE EAP ETETODOBEDHEOHEBOTS EEBRE LE SALMONE ROUGE”. Salmo erythrinus, Linn., GMEL., Lacær. Le SALMONE GæpEen?, Salmo Gæœdentu, Linn., Gmel., Lacep. — Le Sazmone Hlucu?, Salmo Hucho, Linn., Gmel , Lacep., Cuv. — Le S. Garvion #, Salimo Carpio, Linn., Gmel., Lace. — ie S. Sazvr- LINE *, Salmo Salvelinus, Linn., Gmel., Lacep., Cuv.— Le S. Omsie Cnevauter ©, Salmo Umbla , Linn., Gmel., Bloch, Lacep., Cuv. ———’û5 6 oe—— — LE rouge habite des lacs et des fleuves de la Sibé- rie. Il parvient à deux pieds de longueur. Sa chair est 1. Georg. Lt. 1, p. 156, tab. 1, fig. 1. 2. Silberforelle, sur quelques rivages de la Baltique. Blocb, pl. 102. Truite de mer, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 3. Heuch ainsi que huch en Bavière, Hauchforetle, dans plusieurs autres contrées de l'Allemagne. Salmone huch, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Bloch , p. 100. Meidenger, 45. «Salmo oblongus, dentium lincis duabus palati, maculis tantum- modo nigris.» Artedi, gen. 12, syn. 25. « Salmo dorso brunnev, maculis nigris, elc.» Kram. Austr. 588. Gesn. Aq., p. 1015. Thierb., p. 174, Icon. animal., p. 515. Aldrovand., pisc., p. 592. Willughby, Ichthyolog., p. 199, tab. n. 1, fig. 6. Raï, pisc., p. 69. n. 9. Marsigli, Danub. 4, p. 81, Lab. 28, fig. 1. 4. Chare, dans quelques contrées d'Angleterre. Gilt charre, ibid. DES POISSONS. 275 rouge, grasse, tendre. Ses œufs sont Jaunes; son dos est brun; sa première dorsale grise, avec des taches Roding, en Norwége. Roïe, ibid. « Salmo pede minor, dentium ordinibus quinque palati. » Artedi, gen. 19, syn. 2/4. Oth. Fabric. Faun. Groenlandica, p. 171. Salmone carpion, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Ascagne, quatrième cahier, p. 2, planche 52. 5. Schwartzreuterl, quand il cest encore jeune. Schwartzreucherl , id. Salvelin , en Allemagne. Salmarin , ibid. Salbing, en Bavière. Lambacher salbling, en Autriche. Salmurino , auprès de Trente. Salamandrino , ibid. Salmo salmarinus , id. Omble, Bloch, pl. 99. Salmone salveline , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Salmone salinarine, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Salmo pedalis maxilla superiore longiore.» Artedi, gen. 13, syn.26, « Salmo dorso fulvo, maculis luteis, cauda bifurcata. » Id. syn. 24. « Trulta dentata, etc. » Klein, miss. pisc. 5 , p. 18, n. 5. Umbla prima , selbling, Marsig. Danub. 4, p. 82, tab. 2, fig. 2. Umbla tertia, lambacher salbling, id. 4, p. 83, tab. 20, fig. 0. Schwartzreuterl, Schrank, Schr. der Berlin. Naturf, fr. 1, p.580. Salmarinus, Salvian. Aquat., p. 101, 102. Id. Jonst. pisc., p. 155, tab. 28. 6. Salmone humble chevalier, Daubenton et Hauy. Encyclopédie mé- thodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch , pi. 101. « Salmo lineis latcralibus sursum recurvis, cauda bifurca. » Arteui, gen. 19, syn. 25. Klein , miss. pisc. 5, p. 18, n. 9. 250 HISTOIRE NATURELLE rouges bordées d’une autre couleur; la nageoire adi- peuse brune et allongée; le-front et les opercules sont gris. On voit des dents aux mâchoires, sur la langue qui est large, et sur le palais, où elles forment deux rangées disposées en arc. Le gæden, que Bloch dédia dans le temps à l’un de ses amis, le conseillier Gæden, de la basse Pomé- ranie , vit dans la Baltique et dans l'Océan atlantique boréal. Il pèse ordinairement deux livres ou environ : sa longueur n'excède guère dix-huit pouces. Sa chair est maigre, mais blanche et agréable au goût. Ses deux mâchoires et le palais sont garnis de dents pointues; l'ouverture de la bouche et les orifices des branchies ont une largeur considérable ; les yeux sont gros; et les ventrales fortifiées chacune par un appendice ; la ligne latérale est droite. Les joues, les opercules, les côtés et le ventre sont argentés; le dos, le front et les nageoires sont brunâtres ; des taches brunes dis- tinguent d’ailleurs la première nageoire du dos. On trouve deux rangées de dents sur le palais, ainsi que sur la langue du huch, et un appendice auprès de chacune de ses ventrales. Sa ligne latérale est droite et déliée ; son anus très près de la caudale; le dessus de sa tête brun; sa gorge argentée , ainsi que ses joues ; la couleur de ses côtés, d’un rouge mêlé de teintes argentines ; chacune de ses nageoires rouge pendant sa jeunesse, et jaunâtre ensuite. Umble, Rondelet, seconde partie, chap. 12, p. 115, édition de Lyon, 1958. Umbla aliera , Aldrovand pisc., p. 607. Willughby, Ichthyol,, p. 195, tab. np. 1, fig. 1. Rai, pisc., p. 64. « Salmo alter Lemani lacus. » Gesner, Aquat., p. 1004. DES POISSONS. 26f Son corps et sa queue sont très allongés et très charnus. Il parvient à une longueur de près de six pieds, et à un poids de plus de soixante livres. Sa chair est quelquefois molle, et n’a pas un goût aussi agréable que celle de la truite ou de la truite-saumo- née : on l’a cependant confondu, dans beaucoup d’en- droits , avec cette dernière, dont on lui a même donné le nom. On le prend à l’hamecçon, ainsi qu’au grand filet. On le pêche particulièrement dans le Danube, dans les grands lacs de la Bavière et de l’Autriche , dans plusieurs fleuves de la Russie et de la Sibérie : il paroît qu'il habite aussi dans le lac de Genève; et, d’après une note manuscrite adressée: dans le temps à Buflon , on pourroit croire que, dans la partie orien- tale de ce lac, il pèse quelquefois plus de cent livres. Peut-être faut-il aussi rapporter à cette espèce un sal- mone dont M. Decandolle parle dans ses observations manuscrites, et qui, suivant cet habile naturaliste, vit dans le lac de Morat, y porte le nom de Salut, s'en échappe souvent par la Thiole, pour aller dans le lac de Neufchâtel, et pèse de quatre-vingts à cent livres. Le carpion a beaucoup de rapports avec le salmone bergforelle. Son palais est garni de cinq rangées de denis; sa chair est rouge. On le trouve dans les ri- vières d'Angleterre et dans celles du Valais. On le conserve assez facilement dans les étangs. La salveline ressemble aussi beaucoup à la berefo- relle. Elle ne fait qu'un avec la salmarine , que Lin- née et plusieurs autres auteurs n’auroient pas pu con- sidérer comme une espèce particulière. Elle a la tête comprimée ; l'ouverture de la bouche large; les deux mâchoires armées de petites dents pointues ; la langue LACÉPÈDE, XI 18 256 UISTOIRE NATURELLE carlilagineuse, un peu libre dans ses mouvements, et garnie , comme le palais, de deux rangées de dents; lorifice de chaque narine , double; la ligne latérale presque droite ; un appendice auprès de chaque ven- trale ; cinquante vertèbres à l’épine du dos; trente- huit côtes de chaque côté de l’épine. La tête et le dos sent bruns; les joues et les oper- cules argentins; les côtés blanchâtres ; les nuances du ventre orangées; les pectorales rouges ; les dorsales et la caudale brunes; le corps et la queue parsemés de taches petites, rondes, orangées et bordées de blanc. Plus l’eau dans laquelle elle séjourne est pure et froide, plus sa chair est ferme, et plus ses couleurs sont vives. Elle pèse jusqu'à dix livres. Elle fraie vers la fin de l'automne , et quelquelois au commence- ment de l'hiver. On la pêche particulièrement en Ba- vière, et dans tous les iacs qui s'étendent entre les montagnes depuis Saltzhbourg jusque vers la Hongrie. On la prend à l’hanieçon , aussi bien qu’au colleret1. On la fume en l’exposant au feu d’écorce d'arbre, dont on augmente la fumée en l’arrosant sans cesse. L'omble chevalier doit son nom à la grandeur de ses dimensions. 11 pèse quelquefois vingt livres ; et, suivant M. Decandolle, son poids peut s'élever jusqu’à soixante ou quatre-vingls?. On a souvent confondu ce salmone avec le huch ou avec le Salut, qui par- vient à un très grand volume; et dans quelques en- droits, on l’a pris pour une truite-saumonée : il con- stitue cependant une espèce bien distincte. Îl habite 1. Voyez, pour la description du filel nommé colleret, Taiticle du Centropore sandat. 2. Notes manuscriles déjà citées. DES POISSONS. 270 dans le lac de Genève et dans celui de Neufchâtel; il s’y nourrit communément d’escargots, de petits ani- maux à coquille, et de très jeunes poissons. On le pêche près du rivage au filet et à l’hameçon. Il devient très gras : sa chair est très délicate, et il est très re- cherché. Il a une rangée de dents pointues à la mâchoire d’en haut ; deux rangs de dents semblables à la mà- choire d’en bas ; chaque opercule composé de deux pièces; l'ouverture branchiale assez grande ; les écail- les tendres et si petites, qu’on a peine à les distinguer au travers de la substance visqueuse dont elles sont enduites ; le dos verdâtre; les joues d’un verdâtre mêlé de blanc; l'iris orangé et bordé d’argentin; les opercules et le ventre blanchâtres, toutes les nageoires d’un vert mêlé de jaune : ces organes de mouvement ont d’ailleurs peu de longueur. 1, 12 rayons à la membrane branchiale du salmone rouge. 19 rayons à chaque pectorale, 19 rayons à la nageoïire de la queue. 10 rayons à la membrane branchialc du salmone gæden. 15 rayons à chaque pectorale. 1$ rayons à la caudale. 12 rayons à la membrane branchiale du salmone huch. 17 rayons à chaque pectorale. 16 rayons à la nageoïre de la queue. 12 rayons à la membrane branchiale du saimone carpion. 14 rayons à chaque pectorale. 30 rayons à la nageoire de la queue. 30 rayons à la membrane des branchies du salmone salveline. 14 rayons à chaque pectorale. 24 rayons à la caudale. 15 rayons à chaque pectorale du salmonc omble chevalier. 1 8 rayons à la nageoire de la queue. 200 HISTOIRE NATURELLE eFCHE4SMEpA RE OC LE SALMONE TAIMEN”. Salmo Taimen, Linn., Guez., LAcer. Le Sarmone Nerma?, Salmo Nelma, Linn., Gmel., Lacep. — Le &. LÉnok®, Salmo Lenok, Linn., Gmel., Lacep.— Le S. Kunpscua , Salmo Kundscha, Linn., Gmel., Lacep.— Le S. arcriQue, Salmo arcti- eus. Linn.. Gmel., Lacep. $.—Le S. Rerour $, Salmo Reidur, Lacep. ; Salmo stagnatis, Linn., Gmel.—Le S. Icime 7, Salnio Icimus, Lacep.; Salmo uivalis, Linn., Gmel. — Le S. Lepecmin®, Salmo Lepechint, Linn., Gmel.. Lacep. —Le S. Sir °, Salmo Silus, Ascag., Lacep.; Coregonus Silus, Cuv.— Le S. Love 10, Mallotus (salmo) groenlan- dicus, Guv.; Salmo Groenlandicus, Bloch: Clupea villosa, Linn., Gmel, — Le S. BLanc !?, Salmo albus, Lacep. Es onze salmones vivent dans les mers ou les ri- vières de l'Europe ou de l’Amérique septentrionale. 1. Pallas, It, 2, p. 716, n. 54. Salmone teimen, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 2. Pallas , It. 2, p. 716, n. 55. Lepechin, It 2, p. 192, tab. 0, fig. 1, 2, 5. Salmonenelma, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 8. Pallas. IE 5,p.716,n. 55. Salimone lénok, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 4, Pallas, IL. 3, p. 706, n. 46. Salmon kundscha, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho- dique. 5. Pallas, It. 5, p, 706, n. 47. Salmone arctique, Bonnaterre, planches de FEncyclopédie mé- thodique. 6. Oth. Fabric. Faun. Groenland., p. 175, n. 126. Salmone reulur,Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. DES POISSONS. 261 Nous devons à l'illustre Pallas la connoissance des cinq premiers. Le taimen , des torrents et des fleuves de la Sibérie qui versent leurs eaux dans l'Océan glacial, a la chair blanche et grasse ; des dents au palais, à la langue et aux mâchoires ; un appendice auprès de chaque ven- trale ; les côtés argentés ; le ventre blanc; la caudale rougeâtre; l’anale très rouge ; une longueur de plus d’un mètre. Le nelma, des mêmes eaux, est long de plus de six pieds; et de larges lames sont placées auprès de l’ouverture de sa bouche. Le lénok, qui préfère les torrents rocailleux, les courants les plus rapides et les cataractes écumeuses de la Sibérie orientale , a plus de trois pieds de lon- 7. Oth. Fabr. Faun. Groenland., p. 176, n. 127. Salmone icume, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 8. Lepechin, It. 3, p. 229, tab. 14, fig. 2. g. Ascagne, pl. 24. Salmone sil, Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique, 10, Capelan d'Amérique. Capelan de Terre-Neuve. Gronlander, par les Allemands. Angmaksak , en Groenland. Keplings , ibid. Jern lodde (le mâle }, ibid. Quetter lodde (idem), ibid. Sild lodde (1a feinelle), ibid. Rong lodde (idem ), ibid. Laaüen-sild, eu Islande. Lodna , ibid. Sulmone lodde, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch , pl, 581, fig. 1. 11. Sulmone blanc, Bonnaterre, planches de l'Encyclepédie métho - dique. Pennant , Zoolog. Britann., vol. 3, p: 402. 282 HISTOIRE NATURELLE gueur; la forme générale d’une tanche ; des appen- dices aux ventrales , qui sont rougeâtres, ainsi que la caudale ; le dessus du corps et de la queue, brunâtre ; le dessous jaunâtre ; l’anale très rouge, et la chair blanche. Le kundscha, qui n'entre guère dans les fleuves, et que l’on trouve pendant l'été dans les golfes et les dé- troits de l'Océan glacial arctique, est long de plus d’un pied et demi, bletâtre au dessus et au dessous de la ligne latérale; et ses ventrales ont chacune un appendice écailleux. L’arctique, qui habite dans les petits ruisseaux à fond de cailloux des monts les plus septentrionaux de l’Europe, ne parvient ordinairement qu’à la lon- sueur de quatre pouces. Le reidur des montagnes de Groenland a près d’un pied et demi de long; la tête grande et ovale; le mu- seau pointu ; la langue longue; le palais garni de trois rangs de dents serrées ; les mâchoires armées de dents fortes, recourbées, et très pointues ; les opercules crands, lisses, composés de deux pièces ; les pecto- rales très allongées; deux rayons à la première dor- sale très longs; la chair blanche , et le ventre de la même couleur. L'icime, dont le museau est arrondi, et la lon- gueur de quatre à huit pouces, vit dans les petits ruis- seaux et les étangs vaseux du Groenland, y dépose ses œufs sur le limon du rivage, passe l’hiver enfoncé dans ce même limon, qui le préserve des eïfets fu- nestes du froid le plus rigoureux, et, lorsqu'il est poursuivi, se cache avec précipitation sous cette même rive, qu'il n’abandonne, pour ainsi dire, jamais. DES POISSONS. 209 Le lépechin, des fleuves de Russie et de Sibérie dont le fond est pierreux, a la chair rougeâtre, ferme et agréable au goût; plusieurs dents fortes , aiguës et recourbées à la mâchoire supérieure; soixante dents semblables à la mâchoire d'en bas; la tête grande ; les yeux gros ; les joues argentées ; des taches noires et carrées sur la première nageoire du dos; les autres na- geoires couleur de feu. Le sil, des mers du Nord, présente une tête large et aplatie; deux mâchoires presque égales; un dos convexe ; un venire plat; une anale placée au dessous de la nageoire adipeuse ; une longueur de deux pieds et demi. Le lodde habite les mers de Norwége, d'Islande, de Groenland et de Terre-Neuve. Les individus de cette espèce sont si multipliés en Islande, qu’on en sèche une très grande quantité pour nourrir les bes- tiaux pendant l'hiver; et il paroît que le voisinage de cette île leur convient depuis bien des siècles, puis- qu'on y trouve dans des couches de glaise des sque- lettes de ces poissons. Le lodde n’a ordinairement que six ou sept pouces de iongueur. On le pèche pendant tout l'été près des rivages du Groenland. Les femelles arrivent vers la fin du printemps, viennent par milliers dans les baies, y déposent leurs œufs sur les plantes marines, et en laissent tomber un si grand nombre, que l’eau de la mer, quoique assez profonde au dessus de ces plantes, paroît d’une couleur jaunâtre. Lorsque les loddes accourent vers les bords de la mer pour y pondre ou pour y féconder les œufs, ils ne sont arrèlés ni par les vagues ni par les courants ; 28/4 HISTOIRE NATURELLE ils franchissent avec audace les obstacles ; ils sautent par dessus les barrières. S'ils sont poursuivis par quel- que ennemi, ils s'élancent sur la rive, ou sur des pièces de glace; et, s'ils sont blessés mortellement, ils tournoient à la surface de l'eau, périssent et tom- bent au fond. Ils se nourrissent d'œufs de crabe, d'œufs de pois- son, et quelquefois de plantes aquatiques. Leur chair est blanche, grasse , de bon goût. On les mange frais ou séchés ; et ils sont un des aliments les plus ordi- naires des Groenlandois. Leur tête est comprimée, et cependant un peu large; les mâchoires, dont l’inférieure excède la supérieure, sont hérissées de petites dents, ainsi que la langue et le palais. Il n’y a qu'un orifice à chaque narine. La ligne latérale est droite; l’anus très près de la cau- dale. De petites écailles revêtent les opercules; celles qui couvrent le corps et la queue sont aussi très pe- ütes. Les nageoires présentent un bord bleuâtre. Les mâles ont le dos plus large que les femelles : presque tous ont d’ailleurs, depuis la poitrine jusqu'aux ventrales, au moins pendant le temps du frai, plusieurs filaments déliés et très courts. Le péritoine des loddes est noir; la membrane de l'estomac très mince; la laite simple , ainsi que l'ovaire; l’épine dorsale com- posée de soixante-cinq vertèbres; chaque côté de cette épine fortifié par quarante-quatre côtes, et les os, auxquels sont attachés les rayons de la nageoire de l'anus, sont très longs; ce qui donne à la portion antérieure de la queue la hauteur indiquée dans le tableau générique. Le blanc, qui, pendant l'été, remonte de la mer DES POISSONS. 289 dans les rivières de la Grande-Bretagne , a deux ran- oées de dents à la mâchoire d’en haut, une seuie ran- sée à celle d’en bas;'six dents sur la langue; le dos varié de brun et de blanc; et la première dorsale rougeâtre 4, (dj 1. 18 rayons à chaque pectorale du salmone taimen. 10 rayons à la membrane branchiale du salmone nelma. 16 rayons à chaque pectorale du salmone lénok. 11 rayons à la membrane branchiale du salmone kundscha, 14 rayons à chaque pectorale. 9 rayons à la membrane branchiale du salmone arctique. 16 rayons à chaque pectorale. 12 rayons à la membrane des branchies du salmone reidur. 14 rayons à chaque pectorale. 21 rayons à la nageoïre de la queue. 11 rayons à la membrane branchiale du salmone lépechiu. 14 rayons à chaque pectorale. 20 rayons à la nageoïire de la queue. 6 rayons à la membrane des branchies du salmone sil. 17 rayons à chaque pectorale. 4o rayons à la caudale. 6 rayons à la membrane branchiale du salmone lodde 19 rayons à chaque pectorale. 28 rayons à la nageoire de la queue. 13 rayons à chaque pectorale du salmone blanc. 286 HISTOIRE NATURELLE Se 798940 00-70 454049 00% D-2 5-00. 0046 BBD DEEE DCE SE RE BIG LOI LES Lo OBS EEE SD Ex LE SALMONE VARIE’. Salme varius, LAcer. Le Sazmong RENÉ , Salmo renatus , Lacep.— Ex S. Rice , Salmo Rillus, Lacep.—Ls S. canoïve , Salmo gadoides , Lacep. LEs quatre salmones dont nous parlons dans cet article sont encore inconnus des naturalistes. Le varié a été chservé, par Commerson , près des rivages de l’Île de France. On ne l’y trouve que très rarement. Sa longueur est de huit pouces ou environ. Les couleurs de ce poisson sont très variées, et ma- riées avec élégance. Les nuances un peu brunes du dos sont relevées par des taches rouges, et s’accor- dent très bien avec le rouge, le jaune et le noir que deux raies longitudinales présentent symétriquement de chaque côté du salmone , ainsi qu'avec ie noir et le rouge dont les nageoires sont peintes. Le dessous de l’animal est bianchâtre 3 et les iris, couleur de feu, brillent comme des escarboucles au milieu des teintes sombres de la tête. La forme générale de cette dernière partie lui donne beaucoup de ressemblance avec la tête d’un anguis. 1. « Salmo variegatus, corpore e tereti conico , tænia laterum lon- » gitudinali vicibus alternis rubris, nigris, » Commerson , manuscrits déjà cités. DES POISSONS. | 207 L'ouverture de la bouche est très prolongée en ar- rière. Les dents de la mâchoire supérieure sont acé- rées , mais éloignées les unes des autres; celles de la mâchoire inférieure sont, au contraire, très serrées. Au reste, cette dernière mâchoire est un peu plus avancée que la supérieure, qui n’est ni extensible ni rétractle. Des dents semblables à des aiguillons recourbés hé- rissent la langue, qui d’ailleurs est très courte et très dure ; d’autres dents plus petites et moins nombreuses garnissent la surface du palais. Le bord supérieur de l'orbite est très près du som- met de la tête. Deux lames composent chaque oper- cule. L’anus est très près de la caudale, et la ligne latérale presque droite. On pêche dans la Moselle , et particulièrement vers les sources de cette rivière, une espèce de salmone à laquelle on a donné, dans la ci-devant Lorraine, le nom de René, et dont un individu m'a été envoyé, il y a plus de douze ans , par dom Fleurant, bénédictia de Flavigny, près de Nancy. Ce poisson a deux rangées de dents sur la langue, et trois sur le palais ; le dessus de la tête et du corps, ainsi que les nageoires du des et de la queue, d’une couleur foncée ; le dessous du corps et les autres na- geoires blanches ou blanchütres. Le rille parvient rarement à une grandeur plus con- sidérable que celle d’un hareng. Il habite dans plu- sieurs rivières, et particulièrement dans celle de la Rille, dont il porte le nom, et qui se jette dans la Seine auprès de l'embouchure de ce fleuve. On l’a souvent confondu avec de jeunes saumons: 285 HISTOIRE NATURELLE ce qui n’a pas peu contribué aux fausses idées répan- dues parmi quelques observateurs au sujet de sa con- formation et de ses habitudes. Mais on est allé plus loin : on a prétendu que ce salmone rille ne montroit jamais ni œufs ni laite ; qu'il étoit infécond ; qu'il pro- venoit de la ponte des saumons, qui, ayant en même temps et des œufs et de la laite, réunissent les deux sexes ; et cette opinion a eu d'autant plus de parti- sans, qu’on aime à rapprocher les extrêmes, et qu'on a trouvé piquant de faire naître d’un saumon herma- phrodite un poisson entièrement privé de sexe. Îl ÿ a dans cette assertion une double erreur. Première- ment , il n’y a pas de poisson qui présente les deux sexes, Ou, Ce qui est la même chose, qui ait ensemble et une laite et des ovaires : nous avons déjà vu que des œufs très peu développés avoient été pris, par des observateurs peu éclairés ou peu attentifs, pour une laite placée à côté d’un véritable ovaire. Secondement, il est faux que le salmone dont nous traitons ne ren- ferme ni œufs ni organe propre à leur fécondation : nous indiquerons, au contraire, dans cet article la nature de la laite de ce salmone de la Rille. Ce poisson constitue une espèce particulière, dont la description n’a pas encore été publiée. Nous allons le faire con- noître d’après un dessin très exact, que M. Noël, de Rouen, nous a fait parvenir, et d’après une note très étendue que ce savant naturaliste a bien voulu y joindre. Le salmone rille a la tête petite; l'œil assez gros; les deux mâchoires et la langue garnies de petites dents ; l’opercule composé de trois pièces ; le bord inférieur de la pièce supérieure un peu crénelé ; la ligne laté- DES POISSONS. 289 rale droite ; les écailles ovales, très petites et serrées ; le dos d’un gris olivâtre ; les côtés blanchâtres et comme marbrés de gris ; le ventre très blanc; la première dor- sale ornée de quelques points rougeûtres; la laite grande , double , ferme au toucher et très blanche ; la chair également très blanche , agréable au goût, et imbibée d’une huile ou plutôt d’une graisse douce et légère ; la colonne vertébrale composée de soixante vertèbres, ce qui sufliroit pour séparer cette espèce de celle du saumon. Au reste, il aime les eaux froides, comme la truite, avec laquelle il a beaucoup de rapports. On trouve dans l'étang de Trouville , auprès de Rouen, un autre salmone, dont M. Noël nous a com- muniqué une description, et à laquelle nous avons cru devoir conserver le nom spécifique de Gadoide, qu'il lui a donné. Ce poisson parvient à la longueur d’un pied et demi ou environ. Sa tête ressemble beaucoup, par sa con- formation , à celle des gades, et particulièrement à celle du gade merlan. L'ouverture de la bouche peut être très agrandie par l'extension des lèvres. On voit deux rangées de dents à la mâchoire d’en haut, une rangée à celle d'en bas, plusieurs autres dents sur la langue, qui est grosse et rougeâtre, et des dents très petites auprès du gosier À. 1. 12 rayons à la membrane branchiale d& salmone varié. 14 rayons à chaque pectorale. 19 rayons à la nagcoire de la qneue. 12 rayons à la membrane des branchies du silmone rené. 15 rayons à chaque pectorale. 25 rayons à la caudale. 298 HISTOIRE NATURELLE BE 8 re Des SE Ter sara ME 0 To Cr EEsr ET a Es @ An PAPE ER BD ET 647 Mdr Er SA EEE Er Ed 60. PE DO LE SALMONE CUMBERLAND. Salmo Cumberland, Lacep. EE ——— Les lacs du Cumberland et ceux de l'Écosse nour- rissent ce salmone, dontlesnaturalistes ignorent encore l'existence, et dont M. Noël nous a envoyé une descrip- tion, après son retour d'Angleterre. Ce salmone, auquel nous donnons le nom de sa patrie, a la ligne latérale droite ; la tête petite; l’œil grand et rapproché du bout du museau; l’ouverture de la bouche grande; la langue un peu libre dans ses mouvements, et garnie de deux rangées de dents; les écailles petites; la nageoiïre adipeuse longue ; la cou- leur générale blanche; le dos gris; la chair blanche, mais peu agréable au goût 1. 135 rayons à la membrane branchiale du salmone rille, 14 rayons à chaque pectorale, 55 rayons à la nageoire de la queue. 11 rayons à la membrane des branchies du salmone gadoïde. 15 rayons à chaque pectorale. 20 rayons à la caudale. 1. 10 rayons à la membrane brauchiale du salmone cumberland. 8 rayons à chaque pectorale. 28 rayons à la nagcoire de la queue. — EE ——— DES POISSONS. 201 PSP +229 508% 1 >? Oo DO #9 Papa D OPA MNODAP PO SPEED 5 CE THERE R LEE EF CT ER EN EDo ES LE CENT SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE LES OSMÈRES. La boucle à l'extrémité du museau; la tête compri- mée; des écailles facilement visibles sur le corps et sur la queue; point de grandes lames sur les côtes, de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales : la seconde adiveuse et dénuée de rayons ; la première plus éloignée de la tête que les veñtrales; plus de quatre rayons à la membrane des branchies ; des dents fortes aux mâchoires. ESPÈCES. CARACTÈRES. ‘Onze rayons à la première nageoïre du dos: dix-sept rayons à celle de l’anus; huit à chaque ventrale; la caudale fourehue ; la mâchoire inférieure recourbée et plus avancée que ja supérieure ; la tête et le 1. L’OSMÈRE ÉPERLAN. | \ corps demi-transparents. rayons à la nageoïire de l'anus; huit à cha- que ventrale ; Ja caudale fourchue : l’ou- verture de la bouche très longue; un en- foncement au dessus des yeux. (ar rayons à la première dorsale ; onze 2. L'OSMÈRE SAURE. À Douze rayons à la première nageoire du dos ; seize à l’anale ; huit à chaque ven- trale ; la caudale fourchue ; la mâchoire inférieure plas avancée que la supérieure; le dessus du museau demi-sphérique : les yeux très rapprochés de son extrémité ; la partie supérieure de l'orbite dentelée. . L'OSMÈRE RLANGIET. O1 nt EN LD © Q) ESPÈCES. 4. L'OSMÈRE FAUCILLE, 5. L'OSMERE TUMBIL. 6. L'OsmMÈèrE caLoné. ES HISTOIRE NATURELLE CARACTÈRES. Onze rayons à la première dorsale ; vingt- six rayons à la nageoire de l’anus; huit à chaque ventrale; la caudale fourchue ; l'anale en forme de faux; deux taches noires de chaque côté, l’une auprès de la tête, et l’autre auprès de la caudale. Douze rayons à la première nageoire du dos ; onze à celle de l’anus; huit à cha- que ventrale : la caudale fourchue ; plu- sieurs rangées de dents égales et serrées à chaque mâchoire; la têie et les oper- cules couverts d’écailles semblables à celles du dos ; la mâchoire d'en bas plus avancée que celle d'en haut, Quatorze rayons à la première dorsale; onze à la nageoïre de l’anus; dix à chaque ven- trale: la caudale fourchue ; la tête com- primée et déprimée; les yeux rapprochés et saillants ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; la couleur générale jaune ; cinq ou six raies longi- tudinales bleues de chaque côté du pois- son. ! 1 re Chain PT106. We Pilot. Del À 5 & Rx 7) K) D Poissons. ALT @: ETAT SA RQ LL (px fl ALAN ii S A = ù HS Ar) ll À Pavesrne Jeutpl 1.1/0 SMERDBEPERLANIDE GRANDEUR NATORMIME. 2 -LTICOREGONDER ÉAVATRIET SAR OCE BROCHET. Mess DES POISSONS. 209 erepapegers pps hs press D Sd (| ed 2 L'OSMÈRE ÉPERLAN". Osmerus (salmo) Eperlanus, Cuv.— Salmo eperlanus, Linn., Guec., Brocu. — Osmerus eperlanus, Lacer. ——"2"%09e————— L'ÉPERLAN n’a guère que six pouces ou environ de longueur ; mais il brille de couleurs très agréables. 1. Stint, en Allemagne. Kleiner stint, en Livonie. Loffel stint, ibid. Kurizer stint , ibid. Stintites , ibid. Jern lodier, en Laponie. Sind lodder, ibid. Nars , en Suède. Lodde, en Norwége. Rogn-sild-lodde, ibid. Rotke , ibid. Krockle, ibid. Spiering , en Hollande. Smelt , en Angleterre. Sjiro iwo , au Japon. Salmone éperlan, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonvaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. Faun. Suecic. 550. « Osmerus, radiis pinnæ ani septemdecim. » Artedi, gen. 10, syn. 21, spec. 45. Gronov. mus. 1,p.18,n. 49- Bloch, pl. 28, fig. 2. Klein, miss. pise. 5, p. 20, tab. 4, fig. 5, 4. LACÉDÈDE, XL. 19 291 HISTOIRE NATURELLE Son dos et ses nageoires présentent un beau gris ; ses côtes et sa partie inférieure sont argentés; et ces deux nuances, dont l’une très douce et l’autre très écla- tante , se marient avec grâce, sont d'ailleurs relevées par des reflets verts, bleus et rouges, qui, se mêlant ou se succédant avec vitesse, produisent une suite très variée de teintes chatoyantes. Ses écailles et ses autres téguments sont d’ailleurs si diäphanes, qu’on peut distinguer dans la tête le cerveau, et dans le corps les vertèbres et les côtes. Cette transparence, ces reflets fugitifs, ces nuances irisées, ces teintes ar- ventines, ont fait comparer l’éclat de sa parure à celui des perles les plus fines ; et de cette ressemblance est venu , suivant Rondelet, le nom qui lui a été donné. Cet osmère répand une odeur assez forte. Des ob- servateurs que ses couleurs avoient séduits, voulant trouver une perfection de plus dans leur poisson fa- vori, ont dit que cette odeur ressembloit beaucoup à celle de la violette : il s'en faut cependant de beau- coup qu'elle en ait l'agrément, et l’on peut même, dans beaucoup de circonstances, la regarder presque comme fétide. L'ensemble de l’éperlan présente un peu la forme d’un fuseau. La tête est petite ; les veux sont grands et ronds. Des dents menues et recourbées garnissent Esperlan, Rondelet, seconde partie, chap. 18. Eperlanus fluviatilis, Gesner, Aquat., p. 562; Thierb., p. r$o. Eperlanus , Aldrovand. Pisc., p. 556. Id. Willaghby, ichthyolog., p. 202. Mais oise 1p:160 , n./44 Smnalt, Brit. Zoolog. 5, p. :60. n.8. Eperlan , Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. Id, Duhamet, Traité des pêches. DES POISSONS. 209 les deux mâchoires et le palais ; on en voit quatre ou cinq sur la langue. Les écailles tombent aisément. Cet osmère se tient dans les profondeurs des lacs dont le fond est sablonneux. Vers le printemps, il quitte sa retraite, et remonte dans les rivières en troupes très nombreuses, pour déposer où féconder ses œufs. Il multiplie avec tant de facilité, qu'on élève dans plusieurs marchés de l'Allemagne, de la Suède et de l’Angleterre, des tas énormes d'individus de cette espèce. Il vit de vers et de petits animaux à coquille. Son estomac est très petit ; quatre ou cinq appendices sont placés auprès du pylore ; la vessie natatoire est sim- ple et pointue par les deux bouts; l'ovaire est simple comme la vessie natatoire ; les œufs sont jaunes et très difficiles à compter; des points noirs sont répan- dus sur le péritoine, qui est argentin. On trouve cin- quante-neuf vertèbres à l’épine du dos, et trente-cinq côtes de chaque côté ?. Une variété de Pespèce que nous décrivons habite les profondeurs de la Baltique , de l'Océan atlantique boréal, et des environs du détroit de Magellan?. Elle 1. Il est difficile de présenter l’histoire de l’éperlan avec plus d'é- tendue et d’une manière plus utile, que M. Noël, dans l'ouvrage qu'il a publié à ce sujet il y a quelques années, 2. Éperlan de mer, auprès de Rouen. Stint, en Allemagne. Seestint, ibil, Grosser stint , ibid. Stinter, en Livonie. Sallakas , ibid. Stinchfisch , bid. Tint , ibid. 206 HISTOIRE NATURELLE diffère de l’éperlan des lacs par son odeur, qui n’est pas aussi forte , et par ses dimensions, qui sont bien plus grandes. Ëlle parvient communément à la lon- gueur d’un pied ou quinze pouces, et, dans l’hémi- sphère antarctique, on l’a vue longue de dix-huit pouces. Vers la fin de l’automne , elle s'approche des côtes ; lorsque le printemps commence, elle remonte dans les fleuves ; et l’on prend un si grand nombre d'individus de cette variété en Prusse , auprès de l’em- bouchure de l’Elbe, et en Angleterre, qu’on les y fait sécher à l’air pour les conserver long-temps et les en- voyer à de grandes distances Î. Slom, en Suède. Quatte, en Norwége. Jern-lodde , ibid. Smelt, en Angleterre. Salmo eperlanus, var. B. Linnée, édition de Gmelin. Sulmone éperlan de mer, variété de l’éperlan, Daubenton et Hauy. Encyclopédie méthodique. Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 28, fig. 1. Willughby, Ichthyol. tab. n. 6, fig. 4. Eperlanus, Gesner, Thierb., p. 180, b. Spirinchus , Jonston , Pise., tab. 47, fig. 6. 1. 7 rayons à la membrane branchiale de l’osmère éperlan. 11 rayons à chaque pectorale. 19 rayons à la nageoïire de la queue. DES POISSONS. 207

—— 946 HISTOIRE NATURELLE Ba 298 AE BC GIE xBEBG LED EPEÉPER DE Dr, Eee EE RL 08 6E OPEN SH SOLE D CENT QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. LES ÉLOPES. Trente rayons, ou plus, à la membrane des branchies ; les yeux gros, rapprochés l’un de l’autre, et presque verticaux; une seule nageoire dorsale ; un appendice écailleux auprès de chaque nageoire du ventre. ESPÈCE. CARACTÈRES. /Visgt-deux rayons à la nageoïre du dos; seize à celle de l’anus; la caudale four- chue ; la mâchoire d’en bas plus avancée que celle d'en haut; la langue , les deux mâchoires et le palais, garnis d’un grand nombre de petites dents. L'ELoPs sAURE. DES POISSONS. Q ES SI D 6 42 40 10 #05 6 96 7 SD 000 NF TOP SET ED EP OAI OT EE OE Er EL Fr Ar SCA Sr AE BE EC BA SAT prit DO L'ÉLOPE SAURE". Saurus...., Guv. — Elops Saurus , Lacer., Lin. GMEL. — Sulmo Saurus, Brocu. Les élopesse rapprochent des salmones par plusieurs traits. Le saure a la tête longue, dénuée de petites écail- les, comprimée et un peu aplatie dans sa surface supé- rieure ; les os de ses lèvres sont longs, et leur bord est un peu dentelé ; chacune de ses narines a deux orifices ; son opercule est composé de deux pièces, mais ne couvre pas en entier la membrane branchiale; sa ligne latérale est droite ; son anus est une fois plus loin de la tête que de la nageoiïire de la queue. Des nuances bleues et argentines composent ordinaire- ment sa couleur générale ; sa tête est souvent comme dorée; et des teintes rouges brillent sur ses nageoires ?. 1. Élope saure, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Saurus maximus, Sloan. Jamaic. 2, p. 284, tab. 251, fig. 1. Bloch, pl. 505, fig. 1 et 1. 2. 64 rayons à la membrane des branchies de l’élope saure. 18 rayons à chaque pectorale. 15 rayons à chaque ventrale. 50 rayons à la nageoïre de la queue. 948 HISTOIRE NATURELLE EpF repoposepoeset eDotnet os CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES MÉGALOPES. Les yeux très grands; vingt-quatre rayons ou plus à la membrane des branchies. ESPÈCE. CARACTÈRES. Le dernier rayon de la nageoïre dorsale ter- Le MÉGALOPE FILAMENT. miné par un filament très long et très délié. DES POISSONS. 5/49 LE MÉGALOPE FILAMENT". Megalops filamentosus , Lacer., Cuv. ET Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer- son une description très courte et très précise de ce poisson. Cet osseux se rapproche des élopes par plu- sieurs traits; mais il ne peut pas appartenir au genre de ces derniers. Nous avons dû d’ailleurs l’inscrire dans un genre différent de tous ceux que l’on connoît. Il vit dans les environs du fort Dauphin de l’île de Ma- dagascar. 1. Oculeus seu megalops. — « Postremo pinnæ dorsalis radio, in se- » tam longissimam retroducto: vel, pinua dorsali in setam longissimam » abeunte ; radiis membranæ branchiostegæ vigenti quatuor. » Com- merson , manuscrits déjà cités. 350 HISTOIRE NATURELLE FHIP EE BEDIS OHEL SSL IDF SE ED. TOR OTEPER EPOPELENELTOR EE SE O8 ETET ECO EL CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES NOTACANTHES. Le corps et la queue très allongés; la nuque élevée et arrondie ; la tête grosse; la nageotre de l'anus très longue et réunie avec celle de la queue; point de na- geoire dorsale; des aiguillons courts, gros, forts, et dénués de membrane à la place de cette dernière na- geoire. ESPÈCE. CARACTÈRES. La mâchoire supérieure plus avancée que celle d’en bas’; l'ouverture de la bouche située au dessous du museau, qui est prolongé en avant, et un peu arrondi : l la tête et les opercules garnis de petites \ écailles; dix gros aiguilions sur ie dos. Le NOTACANTHE NEZ. | DES POISSONS. 351 20.20 50.508000 5020000 05-08-0400 119.504%950%0 49 20 D9 40.50-6< 3-0H06CE0 HO ROHO-LNBIÉ SEE 34008 5a LE NOTACANTHE NEZ”. Notacanthus nasus, Biocu., Lacer., Cuv. BLocu a fait graver la figure de cet animal, beau dans ses couleurs, délié dans ses formes, agile dans ses mouvements, rapide dans sa natation, vorace, hardi, dangereux pour les jeunes poissons, dont il aime à faire sa proie, et qui seroit lié par les plus grands rap- ports avec les trichiures, si ces derniers, au lieu d’être entièrement privés de ces nageoires inférieures qu’on a comparées à des pieds, avoient des nageoires ven- trales, comme le notacanthe. Cet osseux parvient à une longueur considérable. Sa couleur générale est argentine, variée par des teintes dorées; les reflets d’or et d’argent brillent d’autant plus sur sa surface, qu'en un clin d'œil il offre un grand nombre d’ondulations diverses, présente à la lu- mière mille faces différentes, réfléchit les rayons du soleil dans toutes les directions; et d’ailleurs ces nuan- ces éclatantes sont relevées par quinze ou seize bandes transversales et brunes, que l’on voit sur son corps et sur Sa queue, ainsi que par les tons brunâtres qui dis- tinguent ses nageoires. 1. Der slachelrucken , Bloch, pl. 451. 352 HISTOIRE NATURELLE Son iris est argenté; ses yeux sont gros; chaque narine n’a qu'un orifice; les dents des deux mâchoires sont égales, fortes et serrées; on compte deux pièces arrondies à l’opercule; le commencement de la na- geoire de l'anus montre une douzaine d’aiguillons F4 L4 ? ? ! écartés l’un de l’autre, recourbés, et soutenus par une membrane que revêtent de petites écailles ; la caudale est lancéolée; les pectorales sont grandes. 1. 15 ou 16 rayons à chaque pectorale du notacanthe nez. 2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à chaque ventrale. Plus de 80 rayons articulés à la nageoïre de l'anus et à celle de la queue réunies. DES POISSONS. 559 CENT QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. LES ÉSOCES. L'ouverture de la bouche grande; le gosier large; les mächoires garnies de dents nombreuses, fortes et pointues; le museau aplati; point de barbillons ; l’o- pereule et l’orifice des branchies très grands ; le corps el la queue très allongés et comprimés latéralement ; les écailles dures; point de nageoire adipeuse; les nageoires du dos et de l’anus courtes ; une seule dor- sale; cette dernière nageoire placée au dessus de l’a- nale, ou à peu près, et beaucoup plus éloignée de lu tèle que les venirales. — "so e—— PREMIER SOUS-GENRE. La nageotre de la queue fourchue, ou échancrée en croissant. SES . SES ESPECES. CARACTERES, Vingt rayons à la nageoire du dos; dix-sept à celle de l'anus ; quinze à la membrane des branchies ; la tête comprimnée ; 1e mu- 1. L'Ésocr BROGHET. seau très aplati ; l'entre-deux des yeux et la nuque élevés et arrondis ; la dorsale s , l’anale et la caudale brunes, avec des \ taches noires. /Seïze rayons à la nageoïre du dos; douze à | la membrane des branchies; huit à cha- que ventrale ; la tête comyrimée ; le mu- |] seau très aplati ; l’entre-deux des yeux et | la nuque élevés et arrondis: la mâchoire \ d'en haut plus courte que celle d'en bas. 2. L'Ésocr AMÉRICAIN, 354 WISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 5. L'ÉsocE BÉLONE. . L'Ésoce ARGENT. LS 5. L'EsOcE GAMBARUR. 6. L'Esoce ESPADON. 7. L'EsocE TÈTE-NUE. S. L'Esoce CHIROCENTKE. LS, CARACTÈRES. Vingt rayons à la nageoire du dos; vingit- trois à l’anale, quatorze à la membrane branchiale; la dorsale et la nageoiïre de l'anus, un peu en forme de faux; la tête petite ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que celle d'en haut; ces deux mâchoires très étroites, et deux fois plus longues quela tête proprement dite: le corps et la queue très déliés et serpen- \ tiformes. générale brune; des taches jaunes en te corps et la queue très déliés ; la couleur forme de lettres. / Ün rayon aiguillonné et quatorze rayons ar- ticulés à la nageoïre du dos; un rayon \ aiguillonné être quatorze rayons articulés Ja, a La nageoire de l'anus; quatorze rayons ) à la membrane des branchies:; la mi- | choire inférieure six fois plus longue que la supérieure ; une raie longitudinale et \ argentée de chaque côté de l'animal. Quatorze rayons à la dorsale; douze à l’a- | nale; quatorze à la membrane branchiale; la mâchoire inférieure terminée par une prolongation très étroite, conique , et sept ou huit fois plus longue que la mà- choire d’en haut; la Hpne: latérale située très près du dessous du corps et de la _ queue, dont elle suit la courbure infé- \ rieure: des bandes iransversales. Treize rayons à la nageoïre du dos; vingt- \ six à celle de anus. ; sept à chaque ven- ) trale; les deux mâchoireségalement avan- l cées ; la tête dénuée de petites écailles. /La mâchoire inférieure plus avancée que celle d'en haut ; les dents longues et cro- chues ; la nageoire du dos plus courte que celle de EN ; ces deux nageoires falci- { formes; les ventraies très petites; point de petites écailles sur la tête, ni sur les opercules; un piquant très fort, long, et dégagé, au dessus de la base de cha- * que pectorale. DES POISSONS. 399 SECOND SOUS-GENRE. Lu nageotre de la queve arrondie ou rectiligne, el sans échancrure. ESPÈCE. CARACTÈRES, Onze rayons à la nageoire du dos: dix-sept à l'anale; la caudale arrondie; ]a m5- 0. l’Esoce ver. choire inférieure plus avancée que la su- périeure; les écailles minces : la couleur | générale verte ou verdâtre, ré 550 HISTOIRE NATURELLE 1x9 #04 %0 ECS 29 1e 500089 50 DO P0HOLOGLOHSLOGO LED 60H HO LEGOTOGSSOHO. L’ÉSOCE BROCHET", Esox Lucius, Linn., Brocu, Lacer., Cuv. L’ÉSOCE AMÉRICAIN? Esox Lucis, var. B, Linn., Gmez. — Esox Americanus , Lacer. Le brochet est le requin des eaux douces; il y règne en tyran dévastateur, comme le requin au milieu des 1. Lançon, quand il est très jeune. Lanceron , id. Poignard, quand il est d'une grosseur moyenne. Carreau , quand il est plus gros. Béquet, dans quelques départements de France. Bechet , ibid. Lucs , ibid. Lupule , ibid. Luccio, en Italie. Luzzo , ibid. Trigle, à Malte. Grashecht (quand il n’a qu'un an), en Allemagne. Hecht , ibid. Stukha, en Hongrie. Csuka , ibid. Szuk, en Pologne. Szuka, ibid. DES POISSONS. 397 mers. S'il a moins de puissance , il ne recontre pas de rivaux aussi redoutables ; si son empire est moins éten- Zurcha, chez les Calmouques. Tschortan, en Tatarie. Aug, en Livonie. Tschuk , en Russie, Tschuw, ibid. Schurtan , ibid. Scheschuk , ibid. Giadde, en Suède. Gidde, en Danemarck. Snock, en Hollande. Geep-visch, ibid. Pike, en Angleterre. Pikerelle, ibid, Kamas, au Japon. Ésoce brochet, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. Bloch, pl. 52. Faun. Suecic. 355. Meiding , Ic. pisc. Austr.,t. 10. «Esox rostro plagioplateo.» Artedi, gen. 10, spec. 53, syn. 26. Lucius, Auson. Mos. v. 122. Id, Wotton, lib 8, cap. 190, fol. 169. Brochet , Rondelet, des poissons de rivière, chap. 11. Lucius , Salvian., fol. 64, b. 95. Id. Gesner, p. 500, 501. et (germ.) 175 b. Id. Schonev., p. 44. Id. Aldrovand., lib. 5, cap. 39, p. 630, 635. Id. Jonston , lib. 5, tit. 8, cab. 5, cap. 29, fig. 1, Taum, P- 417. Id. Charlet., p. 162. Id. Willughby, p. 256. Id. Raï, p. 112. Gronov. Mus. 1, n. 28. Belon , Aquat., p. 292, It., p. 104. Brochet, Camper, Mémoires des savants étrangers, 6, p. 177. Pike, Brit. Zoology, 5, p. 270, n. 1. Brochet, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle, 2. Schæpf. Naturf. 20, p. 26. LACÉPEDE. XI. CE] [el 538 ISTOIRE NATURELLE du, il a moins d'espace à parcourir pour assouvir sa voracité ; si sa proie est moins variée, elle est souvent plus abondante, et il n’est point obligé, comme le re- quin, de traverser d'immenses profondeurs pour l’ar- racher à ses asiles. Insatiable dans ses appétits, il ra- vage avec une promptitude effrayante les viviers et les étangs. Féroce sans discernement, il n'épargne pas son espèce, il dévore ses propres petits. Goulu sans choix, il déchire et avale, avec une sorte de fureur, les restes mêmes des cadavres putréfiés. Cet animal de sang est d’ailleurs un de ceux auxquels la nature a accordé le plus d’années : c'est pendant des siècles qu’il effraie, agite, poursuit, détruit et consomme les foibles habi- tans des eaux douces qu'il infeste ; et comme si, mal- gré son insatiable cruauté, il devoit avoir reçu tous les dons, il a été doué non seulement d’une grande force, d’un grand volume, d'armes nombreuses, mais encore de formes déliées, de proportions agréables, de cou- leurs variées et riches. L'ouverture de sa bouche s'étend jusqu’à ses yeux. Les dents qui garnissent ses mâchoires sont fortes, acé- rées et inégales : les unes sont immobiles, fixes et plan- tées dans les alvéoles ; les autres, mobiles, et seulement attachées à la peau, donnent au brochetun nouveau rap- port de conformation avec le requin. On a compté sur le palais sept cents dents de différentes grandeurs, et disposées sur plusieurs rangs longitudinaux , indépen- damment de celles qui entourent le gosier. Le corps et la queue, très allongés, très souples et très vigoureux , ont, depuis la nuque jusqu’à la dorsale, la forme d'un prisme à quatre faces dont les arêtes seroient effacées. Pendant sa première année, sa couleur générale est DES POISSONS. 559 verte; elle devient, dans la seconde année, grise et diversifiée par des taches pâles, qui, l’année suivante, présentent une nuance d’un beau jaune. Ces taches sont irrégulières, distribuées presque sans ordre, et quelquefois si nombreuses , qu’elles se touchent et forment des bandes ou des raies. Elles acquièrent sou- vent l'éclat de l'or pendant le temps du frai, et alors le gris de la couleur générale se change en un beau vert1. Lorsque le brochet séjourne dans des eaux d’une na- ture particulière, qu'il éprouve la disette, ou qu'il peut se procurer une nourriture trop abondante, ses nuances varient. On le voit, dans certaines circon- stances, jaune avec des taches noires. Au reste, par- venu à une certaine grosseur, il a presque toujours le dos noirâtre et ie ventre blanc avec des points noirs. L'æsophage et l'estomac montrent de grands plis pâles ou rouges, par le moyen desquels l’animal peut rejeter à volonté les substances qu'il avale dans les accès de sa voracité, et qu'il ne peut pas digérer. Cette faculté lui est commune avec la morue, ainsi qu'avec les squales, et particulièrement avec le requin, dont elle le rapproche encore. L’estomac est d’ailleurs très long; et, comme de ses grandes dimensions résulte une très grande abondance de sucs digestifs, dont l’ac- tion très vive se manifeste par les appétits violents qu’elle produit, il n’est pas surprenant que le canal intestinal proprement dit soit très court, et n'offre qu'une sinuosité, comme dans un très grand nombre d'animaux féroces et carnassiers. Le foie est long et sans division ; la vésicule du fiel . Voyez ce que nous avons dit des couleurs des poissons, daus !e nt s sur la nature de ces animaux. 360 HISTOIRE NATURELLE erosse ; le fiel jaune; la laite double, ainsi que l'ovaire ; le péritoine blanc et brillant; l’épine dorsale compo- sée de soixante-une vertébres; le nombre des côtes est de soixante. L’organe de l’ouie renferme un troisième osselet py- ramidal, garni à sa base d’un grand nombre de petits aiguillons, et placé dans la cavité qui sert de commu- nicalion aux trois canaux demi-circulaires. Cet organe contient aussi une sorte de rudiment d’un quatrième canal demi- circulaire, qui communique avec le sinus par lequel se réunissent les trois canaux auxquels le nom de demi-cireulaire a été donné. Voilà donc le sens de l’ouie du brochet plus parfait que celui de presque tous les autres poissons osseux. Cet avantage lui donne un nouveau trait de ressemblance avec le requin et les squales; il lui donne de plus la facilité d'éviter de plus loin un ennemi dangereux, ou de s'assurer de l’ap- proche d’une proie dilicile à surprendre ; et, d’après l’organisation particulière de son oreille, on doit être moins étonné que l’on ait remarqué, du temps même de Pline, la finesse de son ouie, et que, sous Char- les IX, roi de France, des individus de l’espèce que nous décrivons, réunis dans un bassin du Louvre, vinssent, lorsqu'on les appeloit, recevoir la nourriture qu'on leur avoit préparée. La vessie natatoire du brochet est simple, mais grande ; et sans cet instrument, ce poisson ne parcour- roit pas avec la rapidité qu'il développe, les espaces qu'il franchit, contre les courants des fleuves impé- tueux, et au milieu des eaux les plus pures, et par conséquent les moins pesantes et les moins propres à le soutenir. DES POISSONS. 61 C'est en effet dans les rivières, les fleuves, les lacs et ies étangs, qu'il se plaît à séjourner. On ne le voit dans la mer que lorsqu'il est entrainé par des acci- dents passagers, et retenu par des causes extraordi- naires, qui ne l’empêchent pas d'y dépérir; mais on l’a observé dans presque toutes les eaux douces de l'Europe. Belon a écrit qu'il l’avoit vu dans le Nil, où il croyoit que les anciens lui avoient donné le nom d'Oxyrhyn- chus! (museau pointu). Mon collègue, M. Geoffroy, professeur du Muséum d'histoire naturelle, va publier une dissertation très savante sur les animaux de l’É- gypte, dans laquelle on trouvera à quel poisson, diflé- rent de celui que nous examinons, les anciens avoient réellement appliqué cette dénomination d'Oxyrhynque. Le brochet parvient jusqu’à la longueur de six à neuf pieds, et jusqu’au poids de quatre-vingts ou cent livres. Il croît très promptement. Dès sa première an- née, il est très souvent long d’un pied ; dès la seconde, de quinze pouces; dès la troisième, de deux pieds; dès la sixième, de près de six pieds; dès la douzième, de huits pieds ou environ : et cependant cet animal destructeur arrive jusqu’à un âge très avancé. Rzac- zynsky parle d’un brochet de quatre-vingt-dix ans. En 1497 on prit à Kaiserslautern, près de Manheim, un autre brochet qui avoit plus de dix-huit pieds de longueur, qui pesoit trois cent soixante livres, et dont le squelette a été conservé pendant long-temps à Man- heim. Il portoit un anneau de cuivre doré, attaché, par ordre de l’empereur Frédéric-Barberousse, deux cent soixante-sept ans auparavant. Ce monstrueux pois- 1. Belon, liv. >, chap. 52. 562 HISTOIRE NATURELLE son avoit donc vécu près de trois siècles. Quelle ef- frayante quantité d'animaux plus foibles que luïil avoit dû dévorer pour alimenter son énorme masse pendant une si longue suite d'années | Le brochet cependant n’est pas seulement dange- reux par la grandeur de ses dimensions, la force de ses muscles, le nombre de ses armes: il l’est encore par les finesses de la ruse et les ressources de l'instinct. Lorsqu'il s'est élancé sur de gros poissons, sur des serpents, des grenouilles, des oiseaux d’eau, des rats, de jeunes chats, ou même de petits chiens tombés ou jetés dans l’eau, et que l'animal qu'il veut dévorer lui oppose un trop grand volume, il le saisit par la tête, le retient avec ses dents nombreuses et recourbées, jusqu’à ce que la portion antérieure de sa proie soit ramollie dans son large gosier, en aspire ensuite le reste, et l’engloutit. S'il prend une perche ou quelque autre poisson hérissé de piquants mobiles, il le serre dans sa gueule, le tient dans une position qui lui in- terdit tout mouvement, et l’écrase, ou attend qu'il meure de ses blessures. Tous les brochets ne fraient pas à la même époque : les uns pondent ou fécondent les œufs dès le milieu de février, d’autres en mars, et d’autres en avril. S'ils sont très redoutables pour les habitans des eaux qu’ils fréquentent , ils sont très souvent livrés sans défense à des ennemis intérieurs qui les tourmentent vivement. Bloch a vu dans leur canal alimentaire différents vers intestinaux, et il a compté dans un de ces poissons, qui ne pesoit qu'une livre et demie, jusqu’à cent vers, du genre des vers solitaires. Mais ils ont encore plus à craindre des pêcheurs DES POISSONS. | 365 qui les poursuivent. On les prend de diverses manières: en hiver, sous les glaces; en été, pendant les orages, qui, en éloignant d'eux leurs victimes ordinaires, les portent davantage vers les appâts; dans toutes les sai- sons, au clair de la lune; dans les nuïts sombres, au feu des bois résineux. On emploie, pour les pêcher, le trident, la ligne, le colleret, la truble, l’épervier, la Jouve, la nasse!. Leur chair est agréable au goût. On les sale dans beaucoup d’endroits, après les avoir vidés, nétoyés, ei coupés par morceaux. Sur les bords du Jaik et du Volga, on les sèche ou fe 1. On trouve la description du colleret dans l’article du centropome sandat ; de la truble, dans celui du misgurne fossile; de la louve et de la nasse, dans celui du pétromyzon lamproie. L'épervier est an filet en forme d’entonnoir ou de cioche, dont l'ouverture à quelquefois soixante pieds de circonférence. Gette circonférence est garnie de bal- les de plomb, et le long de ce contour le filet est retroussé en dedans. et attaché de distance en distance, pour former des bourses. On se sert de l'épervier de deux manières : en le trainant et er le jetant, Lors- qu'on le traîne, deux hommes placés sur les bords du courant d’eau maintiennent l'ouverture du filet dans une position à peu près ver- ticale, par Île moyen de deux cordes altachées à deux points de cette ouverture. Un troisième pêcheur tient une corde qui répond à la pointe du filet. Si l'on s'aperçoit qu'il y ait du poisson de pris, et qu'on veuille relever l’épervier, les deux premiers pêcheurs lâchent leurs cordes , de manière que toute la circonférence de l'ouverture du filet porte sur le fond ; Le troisième tire à lui la corde qui lient au som- met de la cloche , se balance pour que les balles de plomb se rappro- chent les unes des autres, et quand il les voit réunies, tire l’épervier de loutes ses forces , et Le met sur la rive. Lorsqu’en jette ce filet, on a besoin de beaucoup d'adresse , de force et de précautions. On dé- ploie l’épervier par un élan qui fait faire la roue au filet, et qui peut entraîner le pêcheur dans le courant, si une maille s'accroche à ses habits. La corde plombée se précipite au fond de l’eau, et enferme Les poissons compris dans l'intérieur de la cioche. 364 HISTOIRE NATURELLE on les fume après les avoir laissés pendant trois Jours entourés de saumure. Dans d’autres contrées, et particulièrement en Al- lemagne, on fait du caviar avec leurs œufs. Dans la marche électorale de Brandebourg, on mêle cesmêmes œufs avec des sardines , on en compose un mets que l’on nomme netzin, et que l’on regarde comme excel- lent. Cependant ces œufs de brochet passent, dans beaucoup de pays, au moins lorsqu'ils n’ont pas subi certaines préparations, pour difficiles à digérer, pur- gatifs et malfaisants. C’est sur des brochets qu'on a essayé particulière- ment cette opération de la castration dont nous ayons déjà parlé, et par le moyen de laquelle on est parvenu facilement à engraisser les individus auxquels on l’a fait subir. Si l'on veut se procurer une grande abondance de sros brochets, il faut choisir, pour leur multiplication, des étangs qui ne soient pas propres aux carpes, à cause d'ombrages trop épais, de sources trop froides, ou de fonds trop marécageux : les brochets y réus- siront, parce que toutes les eaux douces leur convien- nent. On y placera, pour leur nourriture , des cyprins ou d’autres poissons de peu de valeur, comme des Rotengles et des Rougeâtres, si le fond de l'étang est sablonneux; et des bordelières ou des hamburges, si ce même fond est couvert de vase. Au reste, on peut les porter facilement d'un séjour dans un autre, sans leur faire perdre la vice; et on assure qu'ils n’ont été connus en Angleterre que sous le règne de Hen- ri VIIT, où on en transporta de vivants dans les eaux douces de cette ile. DES POISSONS. 265 Le professeur Gmelin regarde comme une variété du brochet, un ésoce d'Amérique dans lequel la mä- choire supérieure est plus courte à proportion de celle d’en bas que dans le brochet d'Europe : mais le nombre des rayons de la membrane branchiale de ce poisson américain, de sa dorsale et de ses ventrales, nous oblige à le considérer comme appartenant à une espèce différente de celle du brochetf. 1. 14 rayons à chaque pectorale de l’ésoce brochet. Lo rayons à chaque ventrale. 17 rayons à la nageoire de l’anus. 20 rayons à la nageoire de la queue. 15 rayons à chaque pectorale de l’ésoce américain. 2606 HISTOIRE NATURELLE Be sisrompenpots ar A ET Gp vipenfr EAP DEA NOEL CI TDOAT Sara Saber ob erit Er ALL ETE Ar ES PL OA EN) EfrO CA ren Ed L'ÉSOCE BÉLONE" Belone......., Cuv. — Esox Belone, Lan, Guer., BLocu, LAGEP. LE museau de cet ésoce ressemble au bec d’un harle, ou à une très longue aiguille; son corps et sa 1. Orplhie. Arplhye. Aiguille de mer. Éguillette , auprès de Brest. Hagojo, auprès de Marseille. Aguillo, ibid. Aguio, dans le département du Var. (Noteenvoyée par M. Fauchet, préfet de ce département. ) Acuchia, en italie. Angusicula, ibid. Charman, en Arabie. Choram, ibid. Hornhecht, en Allemagne. Nadelhecht, ibid. Schnefel, aaprès de Dantsig. Nabbgiadda, en Suède. Horn-give, en Norwége. Nekhhesild, ibid. Horn-igel , ibid. Gierne-fur, en Islande. Horn-fisk, en Danemarck. Geep-wisch, en Hollande. DES POISSONS. 907 queue sont d’ailleurs si déliés, que la longeur totale de l'animal est souvent quinze fois plus grande que Nacdl-fish, en Angleterre. Garfisch, ibid. Horn-fish, ibid. Sea-reedel , ibid. Garpike, ibid. Timucu, au Brésil. Peisce agutha, ibid. Tkan tsjakalang hidjoe , danses Indes rientales. Grone tsjakalang of geep, ibid. Ablennes , par plusieurs auteurs. Ésoce bélone, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnalerre, planches de l'Encyclopédie inéthodique. Orphie, Bloch, pl. 55. Esox belone, Ascagne, 5, pl. 6. Brünn. pisc. Massil., p. 79, n. 95. Muller, Prodrom. Zoolog. Dan., p. 49, n. 40. l'aun. Suecic. 856. « Esox rostro cuspidato, gracili, subterett et spithamati. » Artedi, gen. 10, Syn. 27. Rhaphis, Oppian., bb. 1, 172, et 3, 605. Id, Athen.. lib. 8, p. 355. Ahaniger, Albert., Bb. 24, p. 241, a, edit. Venetæ , 1495. Acus piscis, Salvian., fol. 68. Belone et raphis , id est acus. Petri Arledi Syaonymia pisciuim., cic., auctore J. G. Schneider, etc. Gronov. Mus. 1, n. 39; Zooph., p. 117, n. 66. « Mastaccembelus mandibulis longissinis, ete.» Klein, miss pise. 4, poeme titab"5 fes: Aiguille, Rondelet, première partie, liv. 8, chap. 5. « Acus prima species. » Gesner, Aquat., p. 9, 10, Thierb., p. 48,B. « Acus vulgaris, acus Oppiani. » Aldrovand, pise., p. 106, 107. Acus vulgaris, Willughby, Ichthyolog. p. 251, tab. p. 2, fig. 4, Append., tab. 3, fig. 2. Raï, pisc., p. 109. Seapike , Brit. Zoology, p. 274, n. 2, Timucu, Marcgrav. Brasil., 168. Orphie, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire aturelle. 368 HISTOIRE NATURELLE sa hauteur : il n’est donc pas surprenant qu’on lui ait donné le nom d’Aiguille. On l’a nommé aussi Anguille de mer, parce qu'il vit dans l’eau salée, et que ses formes générales ont beaucoup d’analogie avec celles de la murène anguille. La ressemblance dans la con- formation amène nécessairement de grands rapports dans les mouvements et dans les habitudes; et en effet la manière de vivre de l’ésoce bélone est semblable, à plusieurs égards, à celle de l’anguille. Les dents du bélone sont petites, mais fortes, égales, et placées de manière que celles d’une mâchoire oc- cupent , lorsque la bouche est fermée , les intervalles de celles de l’autre. Les yeux sont gros. La ligne la- térale est située d’une manière remarquable ; elle part de la portion inférieure de l’opercule , reste toujours très près du dessous du corps ou de la queue, et se perd presque à l'extrémité inférieure de la base de la caudale. La queue s'élargit, ou, pour mieux dire, grossit à l’endroit où elle pénètre en quelque sorte dans la nageoire de la queue ; les autres nageoires sont courtes. La partie supérieure du poisson est la seule sur laquelle on voie des écailles un peu grandes, tendres ét arrondies. Lorsque le bélone serpente, pour ainsi dire, dans l’eau , ses évolutions, ses contours, ses replis tortueux, ses élans rapides, sont d'autant plus agréables, que ses couleurs sont belles, brillantes et gracieuses; le front , la nuque et le dos, offrent un noir mêlé d’azur; les opercules réfléchissent des teintes vertes, bleues et argentines : la moitié supérieure des côtés est d’un vert diversifié par quelques reflets bleuâtres; l’autre DES POISSONS, | 969 moitié répand, ainsi que le ventre, l'éclat de l'argent le plus pur : du gris ou du bleu sont distribués sur les nageoires. Ce poisson si bien paré et si svelle a été observé dans presque toutes les mers; il en quitte les profon- deurs pour aller frayer près des rivages, où il annonce, par sa présence, la prochaine apparition des maque- reaux. Il n’a communément qu'un pied et demi de longueur, et ne pèse que deux à quatre livres; il de- vient alors très souvent la proie des squales, des gran- des espèces de gades, ou d’autres habitants de la mer voraces et bien armés : mais il parvient quelquefois à de plus grandes dimensions. Le chevalier Hamilton a vu pêcher, à Naples, un individu de cette espèce, qui pesoit quatorze livres ; et Renard assure qu’on trouve, dans les Indes orientales, des bélones de six à neuf pieds de longueur, dont la morsure est, dit-on, très dangereuse, et même mortelle, apparemment à cause de la nature de la blessure que font leurs dents nom- breuses et acérées. On prend les bélones pendant les nuits calmes et obscures, à laide d’une torche allumée, qui les attire en contrastant avec des ténèbres épaisses, et par le moyen d'un instrument garni d’une vingtaine de lon- gues pointes de fer, qui les percent et les retiennent; on en pêche jusqu’à quinze cents dans une seule nuit. En Europe, où le bélone a la chair sèche et mai- gre, on ne le recherche guère que pour en faire des appâts. Son canal intestinal proprement dit n'offre pas de sinuosité, et n’est pas distinct, d’une manière sensible, de ia fin de l’estomac. « 0) HISTOIRE NATURELLE L'épine dorsale est composée de quatre-vingt-huit vertèbres; elle soutient de chaque côté cinquante-une côtes ; lorsque ces côtes et ces vertèbres sont expo- sées à une chaleur très forte, elles deviennent vertes. Un effet semblable a été observé dans quelques autres poissons, et particulièrement dans des espèces de blennies; et ces phénomènes paroiïssent confirmer ce que nous avons dit de la Vature des Poissons (voyez notre Discours sur ce sujet), surtout lorsqu'on rap- proche cette coloration rapide de la lueur phospha- rique que répandent dans l'obscurité ces os verdis par la chaleur i. | 1. 15 rayons à chaque pectorale de l’ésoce bélone. 7 rayons à chaque ventrale. 25 rayons à la nageoire de la queue. DES PO!ISSONS. 971 S PE TP MMA MMNID SN PIMOPMIMETPEPIME D PER E A FNO TPE ÉPOMDED PAP PEINE PMP MEPA EAN SET SP APE PET ED L'ÉSOSE ARGENTÉ!, Butirinus indicus, Cuv. — EÉsox argenteus, FoRrsk., Lacer., Linn., Guez. — Argentina Glossodonta , Forsk. — Argentina Bonuk, Lacer. L'ÉSOCE GAMBARUR?, Hemtramphus marginatus , Cuv. — Esox Gambarur, Lacer. — Esox marginalus, Linn., Gmer. ET L'ÉSOCE ESPADON3. Hemiramphus brasiliensis, Cuv. — Esox brasiliensis. Linn., BLrocu, pi. 591. — EÉsox Gladius. Lace. GEORGE Forster a découvert l’argenté dans les eaux douces de ja Nouvelle-Zélande, et d’autres îles du 1. Esox fusus, ete. G. Forster, It. circa orb. 1, p. 199. 2. Esox hepsetus, Linn., Gwel. Forskael, Kaun. Arabic., p. 67, n. 08. « Argentina, pinna dorsali pinnæ ani opposita. » Amænit. acad. 1, p: 921. Piquitinga, Margrav. Brasil. 150. Ésoce piquitingue, D aubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. 11. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. EÉsoce gambarur. I. 372 HISTOIRE NATURELLE grand Océan équinoxial. Nous n’avons pas vu d’indi- vidu de cette espèce : si sa caudale n’est pas échan- crée ,:il faudra la placer dans le second sous-genre des s | ésoces. Le gambarur nous a paru, ainsi qu'à Commerson, appartenir à la même espèce que le piquitingue ou l’hepsète, qu'on n’a séparé du premier poisson, sui- vant ce célèbre voyageur, que parce qu’on a eu sous les yeux des piquitingues altérés, et privés particuliè- rement de la plus grande partie de leur longue mâ- choire inférieure. Orphie de Rio Janeiro, «esox dorso monopterygio, rostro apice » coccineo, linea laterali lata, argentea, etc. » Commerson, manu- scrits déjà cités. « Menidia corpore subpellucido, linea laterali latieri argentea. » Brown , Jamaic. 441, tab. 45, fig. 5. 5. Demi-museau. Bécassine de mer. Petit espadon. Elephantennase, par les Allemands. Kleiner schwerdtfisch , id. Halt-bec, par les Hollandoiïs. Brasilianischen snnek , °d. Under-sword fish, par les Anglois. Piper , ibid. Balaon, aux Aatilles. Ikan moeloet betang , dans les Indes orientales. Mus. Ad. Frid. 2, p. 102. « Esox maxilla inferiore tereti, cuspidata, longissima, ete. » Gronov. Zooph. 565. Browne, Jamaic. 445, tab. 45, fig. 2. Under-swon fish, Grew. mus. 87, tab. 7. Ésoce petit espadon, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. « Acus minor inferne xostrata , vulgo balou, etc.» Plumier, manu- scrits de la Bibliothèque royale. Petit espadon, Bloch, pl. 591. DÉS POISSONS. j D Il habite dans les eaux de la mer d'Arabie, ainsi que dans celles qui arrosent les rivages du Brésil. Son corps est un peu transparent, très allongé, ainsi que‘la queue, et couvert, comme cette dernière par- tie, d'écailles assez grandes ; la mâchoire supérieure dure et très courte ; l’inférieure prolongée en aiguille, six fois plus longue que la mâchoire d'en haut, et un peu mollasse àson extrémité ; l'ouverture de la bouche garnie sur ses deux bords de petites dents; l'œil grand et rond ; le dessus du crâne 'aplati; le lobe inférieur de la caudale près de deux fois plus long que le su- périeur; la couleur générale un peu claire; le haut de la tête brun; le dos olivâtre à son sommet, et orné de raies longitudinales séparées par des taches brunes et carrées; la partie inférieure de l’animal marquée de quatre autres raies; chaque côté paré, ainsi que l'indique le tableau générique, d’une raie longitudi- nale, large, argentée et éclatante ; la dorsale ordinai- rement très noire, et le bout de la mâchoire infé- rieure d’un beau rouge. Commerson a observé, en juin 1767, auprès de Rio-Janeiro, un gambarur qui n’avoit guère plus de huit pouces de longueur. L'’espadon a beaucoup de rapports avee le gamba- rur; il en a aussi avec le xiphias espadon, et sa tête ressemble, au premier coup d'œil, à une tête de xi- phias renversée. La prolongation de la mâchoire in- férieure est encore pius longue que dans le gambarur, aplatie et sillonnée auprès de l'ouverture de la bouche, dont les deux bords sont hérissés de plusieurs ran- gées de petites dents pointues : d’autres dents sont situées autour du gosier; mais le palais et la langue LACÉPEDE. XI 2h 374 HISTOIRE NATURELLE sont unis. Le dessus de la tête est déprimé; les oper- cules sont rayonnés; le lobe inférieur de la caudale dépasse celui d’en haut. La couleur générale est argen- tée; la tête, la mâchoire inférieure, le dos et la ligne latérale sont communément d’un beau vert, et les na- geoires bleuâtres. On trouve l’espadon dans les mers des deux Indes. Nieuhofet Valentyn l'ont vu dans les Indes orientales ; Plumier, Du Tertre, Browne et Sloane l’ont observé en Amérique. Sa chair est délicate et grasse. On l’at- tire aisément dans les filets, par le moyen d’un feu allumé au milieu d’une nuit sombre. Il paroît qu'il multiplie beaucoup. 1, 10 Ou 12 rayons à chaque pectorale de l’ésoce gambarur. 6 rayons à chaque ventrale. 14 rayons à la nageoïre de la queue. 10 rayons à chaque pectorale de l’ésoce espadon. 6 rayons à chaque ventrale. 18 rayons à la caudale. DES POISSONS. os0060:P0 Poe SoHo pose porno {paf-0dPn 0 1049 WIPO .H-0POÉ»E:H64P0 E>0-0-0 20204 0-26 D.0 H9D6-H-04-010-0S 1e LS L'ÉSOCE TÊTE-NUE", Erythrinus........, Cuv. — Esor gymnocephalus, Linn., GMEL., LACEP. ET L'ÉSOCE CHIROCENTRE. Clhirocentrus...…..…. , Guv.— Esox Chirocentrus , Lacer. — Clupea den- tex , Seunern. — Clupea Dorab, Guer. LE premier de ces deux ésoces habite dans les Indes ; le second a été observé par Commerson, qui en a laissé un dessin dans ses manuscrits. Nous lui avons donné le nom de Chirocentre, pour indiquer le piquant ou aiguillon placé auprès de chacune de ses nageoires pectorales que l’on a comparées à des mains. Une sorte de loupe arrondie paroît au dessus de ces mêmes pectorales. La ligne latérale règne près du dos, dont elle suit la courbure. Les écailles sont pe- tites et serrées. Les deux lobes de la caudale sont très grands ; l’inférieur est plus long que l’autre?. 1. Ésoce téte-nue. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique. Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodiqre. 2. 10 rayons à chaque pectcrale de l’ésoce tête-nue. ' 19 rayons à Ja nagcoiïre de la queuc. 3-6 HISTOIRE NATURELLE DES POISSOKS. 25-86-4640 AO Ten PE HO 4 Se PS 2p9 F0 10e 6 LOC HLO 0 PQ PO ire En po Le dax abs Dir SEC Etes Gr A A CS à Er L'ESOCE VERT”. Esozx viridis, Linn., GMEL., LACEP. CE poisson habite dans les eaux douces de la Caro- line, où il a été observé par Catesby et par le docteur Garden ?. 1. Ésoce verdet, Daubenton et Hay, Encyclopédie méthodique. soce aiguille écailleuse, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 2. 11 rayons à chaque pectorale de l’ésoce vert. 6 rayons à chaqne ventrale. 16 rayons à la nageoire de la queue. FIN DU ONZIÈME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE ONZIÈME VOLUME. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. Les Canysoroses. (Tableau méthodique des espèces. ). . . Pag. Le Chrysotose Lune. . . . . . . noue cube Les Garros (Tableau méthodique des espèces. }. . . . . . Le Capros Sanglier. . . . Re een ee Les Preurowectes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . Le-Pleuronecte Flétans #00 ee ne em alt vi Me tionie Le Pleuronecte Flyndre stone to Meteo Ale Ne tenten elle fete aitte Lesbleuronectes Dole er NAN En en RX LerPleuronecté Lanetnette NEA EE Le Plenronecte:placial men er Eten PePleuronecte Éimandelle he RE FerPlenronccte DIN OISE NIMES ESENR CERN ÉePleuronectethimandoides #0. MP INR PRENENNOETrER Lesbleuronecte Pépouze GE RNA A Le Pleuronecte œillé et le Pleuronecte trichodactyle. . . Le Pleuronecie Zèbre, le Pleuronecte Plagieuse et Le Pleu- 558 TABLE. rouéciejarsenté. DC EN Re CCNCN NC NIET CICR Pag. 59 Ye’Pleuronccte ur DOM PS Ce LC CT CNE CSC 61 Le Plearonecte Carrelet.. . . . . . . AN re SUR 65 Ec'Pleuronecte/Larreur. EME CICR 68 Fe Pléuronecte denté ta SEVEN PA ibid. Le Pleuronecte Moineau... 2? CAM 1. ibid. Le Pleuroneèctepapillenx. 1207 2-21: OC CREER ibid. Le Pleuroneele Arcus-. 1-44 Cou c RICREE ibid. Le Pleuronecte jAponois.: 1e CNE USE TC NE TE NERRE ibid. Le Pleuronecte Callimandre:.2. 00e NUE ibid. Le Pleuronecte Grandes-écaïlles. . . . . . .« . . . . . . . ibid Le Pleuronecte Commersonnien.. . . . . A 6 CE ibid Les Acumes. (T'ablcau méthodique des espèces. }. . . . . . . 79 L'Achire barbu. l'Achire marbré et l'Achire pavonien. . . 75 AGE tAsCe De eEE NCN RES RON Oo Rare vi L’Achire Deux-lignes et l'Achire orné.. . . . . . . . . . 78 Seconde sous-classe, première division, vingtième ordre de la classe entière des Poissons ou quatrième de la division des osseux. Polssons ABDOMINAUx. . . . . . . . . . . . . . Les Cirraires (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . Le Girrhite tachelé, . . .. =. SDS SE ET NAT Les Cueironacryzes. {Tableau méthodique des espèces. ). . . Le Cheïlodactyle faseé... 4 . 00. . eReSSRCE Les Cosrres ( Tabieau méthodique des espèces. ). . . : . . à Le Cobite Loche , le Cobite Tænia, et le Cobite Trois-bar- bullons : RENE ra ONCE MS 07 OV Gi ee Les Miseurwes. (Tableau méthodique des espèces. ).. . . , . fre Misrarne fossile, Le NO RUE PTT Les Axascers. (Tableau ra des espèces.). .:...1. : B'Anmableps Surinam... UNE PER EE Les Funouzes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . Le Fundule Mudfish et le Fundule japonois. , . . . , . 8 83 82 84 85 86 87 95 96 104 105 115 116 TABLE. 559 Les Cocurrines. (Tableau méthodique des espèces.) HNMPAR. 118 La Colubrine chinoïse.. . . 4 : . . . .. Oo ON OO 119 Les Aures, (Tableau méthodique des espèces. ).. . . . . . . 120 PAmie chauve he EMA Ne Lio F21 Exs Burvnins. (Tableau méthodique des espèces.). . . . . . 122 Le Butyrin Banané. . . . .. Sete relie tale ie eee 129 Les Tripréronotes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . 124 Le Triptéronote Hauline. . 1.07 nee enerenn DA 125 Les Owupoxs. (Tableau méthodique des espèces). . . . . .. 126 MAOMbok sluroide. F0 IR OMR NN EME On ul 127 Nomenczarure des Silures, des Macroptéronotes, des Malap- térures, des Pimélodes, des Doras, des Pogonathes, des Cataphractes, des Plotoses, des Agénéioses, des Macro- ramphoses et des Gentranodons. . . . . . . . .. RAS EL SES 128 Les Sizuaes. (Tableau méthodique des espèces.) . . . . . 132 Le-Silure Glantst "#8 388 ent ose a 154 Le Silure verruqueux et le Silure Asote. . . . . . . . .. 145 Le Stlure Lossiles ne) Een EN anse mt ere 147 Le Silure Deux-taches, le Silure Schilde et le Silure undé:- cimal.: 21 02e OT MPEMON AT GARE El AA ES 148 Le Silure Asprède et le Silure Éotrléphores SR A NET 150 Le Silure chinois et le Silure hexadactyle. . . . . 154 Les Macropréronores. (Tableau méthodique des espèces. ). . 196 Le Macroptéronote Charmuth et le Macroptéronote gre- mouiller. 1840088 ur ST Mie Pan pin ae men 157 Le Macroptéronote brun et le Macroptéronote hexaci- CID MES eu Le eee Ne ee TS A le Atos pe 160 Les Mararrérunes. ( Tableau méthodique des espèces.). . . . 162 Ec Malaptérure électrique en a tRAe 165 Les Pruéropes. (Tableau méthodique des espèces). . . . . . 165 Le Pimélode Bagre , le Pimélode Chat, le Pimélode Scheï- 280 TABLE. lanfetle Pimélode barré: 6 0 SC TE Pag. 169 RetPimélode MSCHHe Ne T7 SR PPS RE ns: 179 Le Pimélode argenté. eee Ce ie : ibid. Le Pimélode nœud. . ET ie EP oo nue ibid. Le Pimélode Quatre-taches. . . : . . . . . . . . 8 ibid. PoiBimelode barDU ee NE RENE RE : ibid. LePimélodeitacheté..2. 00 TIR TT ibid. Le Pimélodeibleuâtre. : 2 2005 0, ANSE ibid Le Pimélode Doiïgt-de-Nègre.. . . . . . . .. AE ibid. LePimtlode.Gommersonnient,.(he, LT CRE ibid. bePimélodeThunbers.s. Mi.4.1. 21. PET NOR 1St LedPimelcdemMatou cie DO RER 182 Le Pinelode Cous:2. 44e ha Rue. Lo Creer LE ibid. LePimélode Docmace et aie CAE ibid, l'ePimélode/bajad. Ave certe Se CRIE ibid. Le Pimélodererythroplèsessiausosté il deuil ons ibid, die Pimélode;Raie,d'argent. : siatfsoh -uclobottonl. ibid. Le Piméloderayé. icones A -b - 2000630820) ASE ibid. Le Pimélode moucheté. . . . . RE RE ee à ibid. Le Pimélode casqué et le Piméloëe Chili. . . . . . . . . 186 Les Doras. (Tableau méthodique des espèces. ).. url gue 158 Le Doras caréné et le Doras côte. . . . . . . . . . 189 Les Pocoxarues. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 192 Le Pogonathe Courbine et le Pogonathe doré. . . . . .. 199 Les Carapuracres. (Tableau méthodique des espèces. ).. . . 196 Le Calaphracte Callichte , le Cataphracte américain et le Cataphracte/ponetué#06tus. mr LRO RAS 198 Les PLoroses. (Tableau méthodique des espèces. ). ... : . 201 Le Plotosesanpuillemteenn ht, 4i. 4... grotte ons 202 LePlotose;Thunbersien..e.,:,., 4.128,10 204 Les Acénéroses. ( Tableau méthodique des espèces. ). . : . . 205 L'Agénéiose armé et l'Agénéiose désarmé. . . . . . . : . 206 Les Macnorampnoses. (Tableau Le Macroramphose cornu.. méthodique des espèces.). el Ve Melo Ne Ne CotromiiMente TABLE. | 581 Les Gexrnañonows. (Tableau méthodique des espèces.). . . Pag.»10 Le Centranodon japonoïs. . . . . .. D NE 20 2 or oi 211 Les Loricarres. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 212 La Loricaire sétifère et la Loricaire tachetée. . . . . . .., 219 Les Hyrosromes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 216 RÉYposiome Guacarii Ne EN Ne NEEES ve: 217 Les Coryroras. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 210 Le Corydoras Geoffroy. . . . . , . OR CO ARNO 220 Les Tacuysures. (Tableau méthodique des espèces. ).. . . . 299 Le Tachysure chinois LS CU A ee tt 229 Les Sazmoxes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . 224 ÉerSalmone Saumon. 2210 RaNb EMA ERA 229 ÉeSaumon Illanken. 0, ..1. Me 249 Le Salmone Schieffermuller et le Salmone Ériox.. 253 PetSalmoneslruite Ve PAR NNNN AE LT NAS De CRE 255 Le Salmone Bergforelle.. . . . . . AN RP AR eue PL LU 268 Persalmonenlruite-saumone A ET AUS Re 269 LerSalmone rouge: 41 ."251.0: De oO CAEN d'O OPEVe 274 LerSalmonertædenti-t ete RER ETS RS EU DA: Les SAlmOneHUCh a EL AREA NE Re nt re CU LefSalmone Carpioneef} penis PU, Re ibid. PeiSalmonerSalveline:t 1500 Emo A TR ER ON À ENV Le Le Salmone Omble Chevalier. . . . . . . . . . . . A ME be D PersalmonerRaumene sport UE es 280 LerSalmone Nelma mener RER eee VOA AE ibid. PeiSalmonerbenoka near SN Un ER ner ts ON EEE cuUenT P TE PersalmonetRundscha: 22:10 One RME AS UT aire D Le Salmone arctique. . . . .. SE a AN EAP A ER UT PerSalmonelheïdur.e: 01.70 RENE REA I ANS De D le Salmonerlciune:: MR Ne RE AE TE DT dI. Be’Salmone Lepechin..,.. 1%)... AUS OST ST TRES ibid. fPersalmone Sie) 0e EEE PR SEPT EC N ee PAT Ets éiSalmone Boode ace CM DEA MN Naibide ÉciSalmoneDlanc tee DDASS SA ÉSAÎMONEvArtESS. LA NEA SR MR TS PERS 286 LACÉPÈDE. XL 25 [ee 9 € < Le Sailmone René. . . . . . TABL Le Salmone!Ralle AMEN) UE 3 Le Salmone gadoïde.. . . . . .. Le Salmone Cumbeerland. . . . . Lrs Osmëres. (Tableau méthodique des espèces. ). L'Osmère Éperlan. ae L'Osmère Saure.. . . L'Osmère Blanchet. . L'Osmère Fauciile.. . L'Osmère Tumbil.. . L'Osmère galonné.. . E. e + Les Corécowss. ( Tableau méthodique des espèces. ). DelCorégone LavareliaNter sale EMEA MEN Le Corégone Pidschian. . Le Corégone Schokur. . . Le Corégone Nez. . . Le Corégone large. ... . . Le Corégone Thymaile. . Le Corégone Vimbe. , Le Corégone voyageur. . Le Corégone Muller. . CR Le Corégone autumnal. . Le Corégone Able.. Le Corégone Peled. . Le Corégone Marène. Le Corégone marénulé. . Le Corégone Wartmann. . Le Corégone oxyrhinque.. Le J Le Corégone Leucichthe.. Le Corégone Ombre... Le Corégone rouge. . Û . Le Corégone Clupéoide. Les Ciraracins. (Tableau méthodique Le Characia Piabuque.. Le Characin denté. . Le Characin bossu. Le Characin Mouche. etoile Û . . Pag. 286 ibid. ibid. 200 291 208 2017 ibid. ibid. ibid. ibid. 901 5c6 919 ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. 320 ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. ibid. 928 990 395 ibid. ibid. ibid. TABLE. Le Characin Double-mouche. . . Le Characin sans-tache. . . . . . . Le Characin Carpeau. . . . . . . Le Characin nilotique.. . . . . . Le Characin Néfasch. . . . . .. Le Characin pulvérulent. . . .. LelCharacin Anostome. : .1. LL." Le Characin Frédéric. . . . . .. Le Characin à bandes. . . . . . . Le Characin Mélanure.. . . . . . . Le Characin Curimate.. . . . .. Le Characin Odoé. : 0m cle enlette etes rente ie Moitiellet loto eite(utep ets lente Mise) elle) te lee) lei eilerletetlelteeh}els Dentiste OMONNO TOO OMC OMC AC DCOMOMIOTION DO MOEE AMO LED CCM MD AMOR OO NRCPOUTIONNIEO Lee Uierretetel ue aie) lee Les SerrasaLues. ( Tableau méthodique des espèces. ). Le Serrasalme Rhomboiïde. . . .. Les ÉLopes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . . Plope Saurer ip. silo della te tester Les Mécaropes. (Tableau méthodique des espèces.).. . . . . Le Mégalope filament. . . . . . .. elle Ne lerreltettesMerl'eir:e Les Noracanrues. (Tableau méthodique des espèces.) . . . . HeNotacanthenez Verne ONOMOMONTOMO MENU EOMIONLC Les Ésoces. (Tableau méthodique des espèces.). . . . . . . L’Esoce Brochet et l'Esoce américain. . . . . . . . . .. Habsoce Bélome en: 0e SN D MOID OO CMIO NOM L'Ésoce argenté, l'Ésoce Gambarur et l’Ésoce Espadon. . . L'Ésoce Téte-nue et l’Ésoce Chirocentre. . . . . . . . . SOC erti ent RÉ RIESEONRaTAnEs FIN DE LA DMONEOMOTT COM TABLE. pibad Lisa Véotdé EE À 1R40 TO RS UN CAE À let à fasidf uge ii Lab 29h 54 et te raide ET) amie FRE nu Ut MU «Nr sEe ie sert CAES CU D Ce et BTE »-pab pb seu finie Ne Ù HUE todos D PAT Lane ae MER a 08 RGO TR IR 600 a £ a € EX CT) à 2. MN Los L Me d Of} BAS ! Ke SCO ” 2 A à Sc rot LA QaAu as: LAON) EN ER, res IN KO h \ { ) TA t\ > “ PE pe A V4 r TONER N LEA x - É 4 PE Lee: Qt F < { 4 er ; MyAT vef + AQU PA NDE F 4 2 A 7 : * ”Æs j ù ÿ SMITHSONIAN INSTITUTIO U l Il qi ee 00713 5064