see tirs HARVARDB UUNIVERSIT Y. LTBRAE M OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. A0 D 0 © Cu OPUSCULES | ENTOMOLOGIQUES . E. MULSANT,. Sous - Bibliothécaire de la ville de Lyon, Professeur d'Histoire naturelle au Lycée , Correspondant du ministère de lInstruction publique, Président de Ja Société Linnéenne de Lyon, Membre de l’Académie des Sciences , des Sociétés d'Agriculture et Littéraire de la même ville, ete. LIBRERY: Le US GO{ En cha CE ONZIÈME CAHIER. MAGNIN ET BLANCHARD , LIBRAIRES , rue Honoré Chevalier, 5. ” PARIS. Li | me Le 1859. — 1860. OPUSCULES ENTOMOLOGIQUES. OPUSCULES ENTOMOLOGIQUE 1 PAR E. MULSANT, Sous - Bibliothécaire de la ville de Lyon, Professeur d'Histoire naturelle au Lycée , Correspondant du ministère de l'instruction publique, Président de Ja Société Linnéenne de Lyon, Membre de l’Académie des Sciences , des Sociétés d'Agriculture et Littéraire de la même ville, ete. ONZIÈME CAHIER. PARIS. MAGNIN ET BLANCHARD ; LIBRAIRES, rue Honoré Chevalier, 3. — > 1859. — 1860. 1 { à: \:! k AVE 18 Ta n le etait nat spi a) \ BEAnE CARTE MT ES V1 PAL pl 4 f héai {5 94 RE PA f ENT “ Tel = ï | 4 De 4 à \ gr 0 ou ca 4 K / f ” N Ê É L “e j = 4 1e : 1 t é AT 1 à à & ce 6 tn ‘ ru PE AR AOUARIEE »: CRE: 0 ON He EU k CARE AO < ai ante) Sade ll À M. LE DOCTEUR H. SCHAUK, VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE BLALIN, MEMBRE DE DIVEPSES ACADÉMIES OU SOCIÉTÉS SAVANTES. Monsieur, Je ne veux pas rappeler ici les travaux remarquables et si divers, 6 . û # r qui vous ont donné parmi les entomologistes un rang si élevé; mon désir, en vous offrant ces pages, était de vous redire quel souvenir agréable je conserve des jours passés avec vous soit en Angleterre soit en France, des relations entretenues depuis avec vous, et de vous renouveler l’assurance des sentiments affectueux avec lesquels J’ai l'honneur d’être, , votre tout dévoué , E. MULSANT. Lyon, 10 mai 1860. TABLE DES MATIÈRES. he D Pages Notice sur Marc-Antoine Timeroy. . . . . . . . . . . À Règles de la nomenclature entomologique. 7 Notice sur Antoine-Casimir-Marguerite-Eugène Foudras, . . . 21 Notice sur Jean-Juste-Noël-Antoine Aunier. . . . . . . . 43 Notes pour servir à l’histoire de quelques Coléoptères. . . . . 63 Notice sur Jean-Nicolas-Barthélemy-Gustave Levrat. . . , . 69 Notes pour servir à l’histoire des Asiliques. . . . . . . . Si Notes pour servir aux premiers états de divers Coléoptères. . . 86 Notice sur Douis, Hasse.ù 12000 UE LR EN 20 99 Description d’un Longicorne nouveau. . . . . . . . . . 110 Observations sur les Lampyrides. . . ,. . . . . . . . 113 Description d’une nouvelle espèce de Sécuripaipe . . . . . 134 Dissertation sur le Cossus des anciens. . . . . . . . . . 137 Description de quelques Coléoptères nouveaux de la tribu des PORAICORNESS ANNEE RIRE ESS RER 26 Notes relatives aux Longicornes. + . … + + + . … : 4161 Tableau synoptique des Lyeides. . . . . . . . . . . . 163 Description d’une nouvelle espèce du genre Scymnus. . . . . 169 Description de deux nouvelles espèces de la tribu des Lamel- LICOBMES SN ANS SN Re Mt SU SRE ENS AN TE Sr Description de plusieurs espèces nouvelles de Coléoptères de la iribu des Hydrocanthares, par MM. Mulsant et Godart. . . 177. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. Ka ant ju s 2 dant ro oi ds tos 1 A enable 4 1 80e st sb bre fe FÉE Daraté 0 ; Fri solo taie ï 1 RE “oi UE ie pen: Je qu is - | ï ! GE En A NES PO COR ME D ire : rl À GA 4 | ANADUEN anal af à UE | JUNE De irre 110 ylès 13 mega 40 NS SPAS rt Rae aobripe tail à Le (ra ER MORT LUE Rae at EC PTE A San % pe piour AN ù DT ANT dl ob Aide) #0 ia hto) } à FE AN EMA AE PTE EE ‘ Ne dd on A FT na ME TNA ere ÿ re un Re T us ia LOU Na lécueg ii LATE pre om sil «sh dia sl sh sd gue “la ro #08 LE A ARTE ADN arte à D A ANNE SE 5 ps MC ae 4 Lu tro sf allo MU TES PTIT M Ne the) 1 rate D ra $ i SN » ns je À 5 4 [ 7 Nr at si) à ep RE FA 1 BOTANISTE Novembre, 1856 px NOTICE SUR MARC-ANTOINE TIMEROY, ie He. MULSANT. Uno See Linenne de Eyon RS _ La Société linnéenne de Lyon (4) perdait naguère un de ses membres les plus dignes et les plus dévoués ; notre ville, ün de ses citoyens estimables; la Botanique , un des hommes qui la cultivaient avec le plus de zèle et de succes. Marc-Antoine Fimeroy dont je veux vous entrétenir quel- ques instants, naquit à Lafrette (Isère) le 22 août 1793, au sein d'une honnête famille, Quand l’âge de s'occuper de son instruction fut airivé, il fut confié d’abord à un prêtre du voisinage; plus tard, il fut placé au collége de la Côte-Saint- André, pour y ichever ses études. À peine sortaitil de cette maison d die tion que la cons- cription, à laquelle il était alors si difficile d'échapper, le forca d’endosser, en 1819, l'habit de soldat. Le capitaine chargé du détachement des recrues dont il faisait partie, frappé de ses manières distinguées, eut recours à ses lumières pour la tenue de sa comptabilité, genre de travail avec lequel il était sans doute peu familiarisé. Cette circonstance , jointe aux talents calligraphiques de Timeroy, le firent admettre dans les bureaux militaires ; il était secrétaire d'état-major au siége d’Ancône: Les événements de 1814, en rendant la paix à la France ; (4) Il avait été admis le 40 août 1846. — De 1849 à 1855, il avait aussi fait partie de la Société d'Agriculture de Lyon. # 4 2 NOTICE , lui permirent de rentrer dans ses foyers. Quelque temps après, il quitta le Dauphiné pour venir s'établir à Lyon: II chercha d’abord une occupation dans l’industrie de la soie : mais, plus tard, il se créa, comme teneur de livres, une position qui lui assurait une aisance honnête et une certaine indépendance. On lui avait proposé l'emploi d’arbitre près Le tribunal de commerce, emploi qui pouvait le mener à la for- tune ; il avait refusé cette offre: Le 7 Janvier 1825, il épousa Mile Etiennette Nifenecker, d'une famille originaire d'Alsace. Jusqu’alors, Timeroy était resté étranger aux études scien- tifiques. Son âme, si belle et si facile à impressionner , aspirait cependant à goûter, dans les moments de loisir qui lui restaient, quelques-unes de ces Jouissances intellectuelles qui prêtent tant de charmes à lexistence. R En 1829, il suivit le cours de botanique professé par M. Thevenin, pharmacien de notre ville. Ces lecons ne tar- dèrent pas à développer en lui cette passion heureuse, qu'il devait nourrir si vivace jusqu'à ses derniers instants. Il s’adonna dès lors à cette science, avec un ardeur et un talent qui le firent bientôt classer au nombre des botanistes les plus habiles de notre cité. Ses excursions dans nos environs lui permirent de signaler une foule de plantes regardées jusqu à ce jour comme étrangeres à nos campagnes. Une partie de ses conquêtes se trouve indiquée dans le Supplément (1) à la Flore lyonnaise, donné en 1855, sous le voile de l'anonyme, par notre zélé botaniste M. Roffavier. Mais depuis cette époque, de combien de découvertes intéressantes n'aurait-on pas eu à lui faire honneur? Doué de cette sûreté de coup-d’æœil que (4) Supplément à la Flore lyonnaise, publiée par le docteur J.-B. Balbis en 1827 et 1829, ou Description des plantes phanérogames et cryplogames , découvertes depuis la publication de cet ouvrage. — Lyon, typ-. Louis Perrin, 4935, in-89 (de 91 pages, plus une planche). SUR MARC-ANTOINE TIMEROY. “ l'exercice rend plus remarquable, mais que la nature seule sait donner à un degré élevé, il était instantanément frappé, dans ses excursions, de l'aspect particulier des végétaux que son regard était peu habitué à rencontrer ; et, dans le ca- binet, il élucidait les questions les plus litisieuses sur la dé- termination des espèces, avec une rectitude qui avait rendu proverbiales ses connaissances en ce genre. Il suffisait de dire que la plante avait eté étiquetée par Timeroy, pour la faire admettre sans autre examen sous le nom qu'elle portait. Ne soyons donc pas étonnés si tant de naturalistes distin- pués avaient cherché à nouer avec lui et à entretenir des relations plus ou moins suivies (1). Sa mémoire locale était prodigieuse. Quand il revoyait des lieux dans lesquels il n’avait pas passé, parfois depuis plus de dix ans : ici, disait-il, nous avons renconiré telle plante rare, et de suite son œil perspi- cace retrouvait la place où elle végétait. Avec cet esprit d'observation qui lui était particulier, com- bien de notes utiles, combien de remarques critiques pré- cieuses n'aurait-1l pas fourni pour notre flore locale, si moins insouciant de la renommée, il avait demandé à la botanique autre chose que ces jouissances qui rendaient si délicieux les moments qu'il lui consacrait ! Pressé souvent par ses amis de confier au papier ses souvenirs si riches, il promettait (1) On peut citer enire autres MM. Aghard, de Suède, le plus célèbre des algologues : Fhuret (Gustave), l'un des micrographes les plus distingués : Léveillé, de Paris, à qui il avait communiqué plusieurs espèces nouvelles, publiées par ce savant dans les Annales des sciences naturelles; Montaigne , de l’Institut; Duby et Reuter, de Genève: le premier, auteur du Botanico: gallicum : le second, collaborateur de Boissier et directeur du jardin botani- que ; Visiani, de Padouë, célèbre professeur, auteur de la Flora dalmatica, et d’autres ouvrages de bolanique; Monnier, de la Lorraine, auquel on doit un travail monographique sur le genre Hieracium ; Guepin, des Vosges, Prost, de la Lozère; Demerson, du Jura; Godron et Grenier, auteurs dé la Flore française, etc., etc. | h | NOTICE chaque année d'utiliser les longues soirées de l'hiver pour réaliser leur espérance, et chaque année l'abondance des matériaux nouveaux à classer et à étudier, absorbaïent les woinents consacrés à ses études chéries et faisaient ajourner ses promesses. Îl a. sans aucun doute, emporté dans la tombe des secrets qu'il est regrettable de voir perdus. Fimeroy n'aura donc laissé dans ie champ de la science que l'indice des découvertes faites par lui, et des traces plus où moins remarquables qu'il aurait pu y imprimer. Mais ses verius privees contribueront lorigtémps encore à perpétuer sa mémoire dans le souvenir de ses amis. Il nous semble en- core le voir assistant à nos séances, auxquelles il était si régu- lièrement assidu. Sa taille était moyenne ; son tempérament sanguin ; sa figure ouverte et colorée ; son caractère franc et loyal ; son cœur droitet généreux. [ était d'une molestie pleine de candeur ét d’une probité poussée jusqu'à la délicatesse Ja plus scrupuleuse (1). = = (1} En voici un exemple entre beaucoup d'autres. L'auteur du Supplé- ment à la Flore lyonnaise avait attribué à Timeroy la découverte d’une plante dont le mérite revenait à un autre, îl erut devoir lui adresser la lettre suivante : Monsieur, « Le Supplément à la Flore lyonnaise renferme une erreur de nom propre, « contre laquelle il est de mon devoir de réclamer. On m'attribue la décou- « verte de l’{renaria fasciculata, c'est à tort: elle est due à un de nos « amateurs les plus zélés, M. Rollet, qui m'avait recommandé de la faire « figurer sur ma liste. J'avais eu soin de placer son nom surl'éliquettede l’exem- « plaire que j'ai eu l'honneur de vous remettre ; ilest fâcheux qu'on ne l'ait « pas remarqué. « Ayez la bonté, monsieur, dans l'intérêt de la vérité, de prendre acte de « ma réclamalion, pour y faire droit en temps et lieu ». 4 mars 1835. « P.-$, M. Rollet aurait à revendiquer sa part dans les découvertes de « «juelques autres espèces, attendu qu’il m'accompagnait lorsqu'elles on! été « trou\ées, » SUR MARC-ANTOINE TIMEROY. 5 Cette vertu que tous ses actes semblaient rendre transpa- rente, lui fit donner, par une maison 4e commerce de notre cité, une mission de haute confiance pour aller aux Etats-Unis régler des intérêts importants. Il s'embarqua le 6 janvier 1853. Le plaisir d'exécuter ce voyage qui avait pendant longtemps été l’objet de ses rêves, de pouvoir bientôt visiter ces terres lointaines, d'admirer leur flore dont il n'avait qu'une impar- faite idée, adoucirent pour luiles ennuis de la traversée. L’un de nos anciens concitoyens, fixé depuis longtemps à New-York, M. Guex (1), entomologiste plein de zèle, le mit en relation avec M. le célèbre professeur Torrey (2), et lui servit de guide, dans les excursions que lui permirent de faire, dans les environs, les moments laissés libres par le mandat dont il était chargé. Ils parcoururent ensemble les collines boisées qui bordent la rive droite de Hudson, et trouvèrent dans ces promenades, que des gouts sympathiques contribuaient à ren dre plus agréables, ces plaisirs si purs et parfois si vifs, dont les naturalistes seuls peuvent comprendre touie la douceur. Dans cette partie du nouveau monde, comme dans notre cité, l'affabilité de ses manières lui gagnèrent les cœurs des personnes en relation avec lui. Après quelques mois de séjour aux Etats-Unis, il quitta New-York, avec la certitude d'y lais- ser des amis. Sa cordialité était si franchement exprimée sur sa figure, qu'on se sentait sans peine attiré à lui. Sa bonté et sa sensi- bilité étaient telles, qu'il ne pouvait voir souffrir aucun être animé ; et l'idée d'être obligé de transpercer des insectes pour les conserver, l'avait éloigné de lentomoiogie, pour laquelle il s'était autrefois senti quelque attrait. [l est inutile de dire combien sa compassion était grande pour les misères (4) Mort à Philadelphie vers la fin de mars 1857. (2) Auteur de la Flore de l'état de New-York, 2 vol. petit in-°. 6 NOTICE SUR MARC-ANTOINE TIMEROY. humaines. Les malheureux qui s’offraient à lui n'avaient pas besoin de faire un appel à sa charité, pour voir sa bourse venir à leur aide ; il prévenait leurs désirs, et le faisait sou- vent avec une générosité au dessus de la médiocrité de sa position. Que de larmes n’aurait:il bi séchées, si la fortune l'avait comblé de ses dons! Quelque temps après son retour du nouveau monde, sa santé commenca à donner quelques inquiétudes à ses amis ; eile se soutint cependant, chancelante encore, pendant envi- ron deux ans. Malgré son état souffrant, ses pensées se por- taient avec amour vers les Alpes qu'il avait autrefois par- courues avec tant de plaisir ; elles s’arrétaient surtout sur ces riches prairies qui couvrent d’une mosaïque de fleurs les montagnes du Lautaret. [voulut les revoir dans l'été de 1856, et respirer l'air vif et embaumé de ces hautes régions. Il partit de Lyon le 10 août ; mais ses forces ne purent répon- dre à ses désirs. Après un séjour à regret raccourci, il nous revint plus fatigué le 21. | tn} À dater de cette époque, les craintes devinrent plus sérieuses et les souffrances plus vives. Son mal fut considéré d’abord comme un rhumatisme goutteux. L’extrait de colchique dont l'emploi lui fut ordonné, lui fit perdre les sens du goût et de l'odorat ; toutefois la perte du premier ne fut que passagère. Un autre médecin auquel on eut recours, constata une hydro- pisie du péricarde , contre laquelle échouèrent toutes les ressources de l’art. La religion, dans les bras de laquelle al s'était jeté avec confiance, lui donna cette résignation chrétienne et cette douce tranquillité d'âme, avec laquelle il parut s’en- dormir en passant du temps à l'éternité. Sa mort arriva le 13 novembre 1856. | RÈGLES NOMENCLATURE ENTOMOLOGIQUE ‘? (TRADUCTION DE L’ALLEMAND.) Denominatio alierum Entomologiæ fundamentum. Fasriaius , Philos. entom. VII. 2 1. Dans les pages suivantes, je ne chercherai pas naturelle- ment à découvrir ni à établir des règles nouvelles; je nai d’autre but que celui de formuler avec le plus de précision possible celles qui président à la nomenclature entomologique, telles que Linné, ce grand fondateur de la méthode en his- toire naturelle, les a déjà établies, et de suivre en cela les indications rationnelles fournies par la nature des choses, règles sanctionnées par les auteurs qui font autorité en Ento- mologie. Il importe, en effet, de remédier à ce manque d'accord qui se fait remarquer dans les ouvrages sur cette science, et qui s’y fait sentir plus que partout ailleurs. DE KIESENWETTER. \ (1) En reproduisant en francais les préceptes si sages exposés dans les pages qui suivent, nous avons cru être utile aux entomologistes peu familiarisés avec la langue allemande. Les notes en petit nombre que nous avons ajoutées au travail original, soni rèenfermées entre parenthèses. E. M. 8 RÊGLES DE LA NOMENCLATURE 1: La dénomination des insectes a pour but de désigner, d'une manière précise et invariable, les espèces, les genres ou autres groupes plus élevés de ces animaux, et de poser ainsi une base solide, aux connaissances ee qui viendront s'ajouter à celles qi on possède 4 sur cet ch S 7, La nomenclature entomologique consiste à fixer les lois d’après lesquelles on doit créer les noms scientifiques, et les imposer soit aux diverses espèces d'insectes , soit aux coupes génériques , en justifiant la valeur de « ces noms et réglant . La dénomination des insectes se compose de deux noms : leur application. l'une générique; l’autre specifique (*). Le premier, est un substantif: le second est un adjectif ou en remplit le rôle. \. : Ç 4. Le nom de genre doit donc être un substantif (2). (1) Fagricius, Philos. entom. p. 102. 2 3. Insectum nomine generico et spe- cifico instructum perfecte nominatum est. Les noms des groupes plus élevés Que ceux des genres, tels que tribus, familles, ordres, classes, ne servent pas à la désignation de l’espèce, mais à indiquer la place qu’elle occupe dans la DISnoS Ron méthodique Dans les EE qi vont suivre, on s'occupera donc pèces. Les mêmes principes doivent en général être pu aux déniontas tions des groupes plus élevés. Ainsi, ces dénominations doivent suivre les lois de la grammaire, et les principes de la nomenclature doivent l'emporter même sur celui de priorité. Les noms des familles doivent être tirés d'un genre de cette famille,du prin- cipal si l'euphonie le permet, et on doit les former en ajoutant au nom géné- rique la terminaison ide (en latin id ). (3} Exemples : Scarabaeus, Carabus, Linne. ENTOMOLOGIQUE. 9 6 5. Le nom spécifique est soit un adjectif pur (*), soit un substantif apposé au nom de genre (?), ou employé au géni- tif (°). $ 6: Les noms doivent être latins ou latinisés. Qu'ils soient hrés d'une autre langue ou sans signification , il faut, quant à leur désinence, les adapter au caractère de la ous la- tine Co On doit, dans ce cas, suivre les règles de cette langue et rectifier les noms qui pêchent contre elles (*). (1) Exemples: Carabus auratus, LiNNÉ; Melolontha vulgaris, Fasricius. (2?) Exemples : Péinus fur, LiNNé; Scarabœus (Polyphylla) fullo, Linné; Papilio machaon, Linxé. | _ (8) Dytiscus (Cybister) Roœselii, Fasricrus; Dorcadion Spinolæ, ScHoNERR ; Carabus Chamissonis, ESCHSCHOLTZ. (+) Le Scarabé noir à cornes dentelées de Frisch, le Scarabé l'Écailleux riolet de Geoffroy, et tout récemment le Calodera mech de M. Truqui, et l Amphionycha knownothing de M. Thompson, etc , ne répondent pas à cette loi fondamentale de la nomenclature linnéenne, et ne peuvent, par consé- quent, avoir aucune valeur scientifique. _ (5) Il est irrationnel el peu scientifique de se servir d’une langue sans se croire obligé d’en suivre les règles. Il faut avoir des scrupules exagérés pour conserver religieusement et considérer comme immutables des noms désignées par des fautes d'orthographe ou de typographie; il est encore bien plus repré- hensible de ne pas corriger ces mêmes noms rendus fautifs par l'ignorance dans laquelle l'auteur se trouvait de l’alphabet grec ou des premières règles de la grammaire latine. Il n’est pas besoin de beaucoup d'intelligence pour changer Carabus pulcherissima en C. pulcherrimus,el laisser ainsi la langue reprendre ses droits. Jusques à quand sera-t-il donc permis de pécher contre les règles, puisqu'on ne peut pas complètement abandonner la grammaire ? ” Cette sorte de dévergondage scientifique offre dans la pratique divers in- convénients. Ainsi, M. V. de Motschoulsky, dans ses diverses publications, écrit le mot Hypocoprus dérivé, selon lui, de üx et de ximpos, tantôt Uprocoprus tantôt Upocoprus, tout en disant qu'il se tient à cette orthographe, et enfin dernièrement Hypocoprus, qui est la véritable manière de l'éerire. 10 RÈGLES DE LA NOMENCLATURE Il ne faut cependänt pas pousser trop loin les scrupules sous ce rapport: un nom susceptible d’être justifié de quel- ue manière, doit être conservé. ; nl ; Ç 7. Les noms génériques doivent être d'un seul mot. quoique 3 | > uoiq celui-ci puisse parfois être composé de plusieurs (A) Fabrieius, dans sa Philosophie entomologique, et M. Burmeister, dans son Manuel d'Entomologie, t. I, ont établi, pour la formation des noms grecs et latins, un certain nombre de règles qu'il serait inutile de répéter ici, et qui sont d’ailleurs en dehors des bornes de ce travail; il suffira de dire qu'elles sont celles des grammaires grecque et latine. Toutefois, il est bon d'observer ici que Fabricius (Phil. ent. VII nomëna 3 31) a rendu l’w grec par y au lieu de lu latin. Il est également inexact de soutenir, à l'exemple de M. Burmeister (Handb. t. I. p. 689. sub, 3) que dans les noms génériques formés de plu- sieurs mots grecs, on doit mettre le dernier celui qui exprime l’idée princi- pale. L'ancienne langue grecque a, par exemple, des mots comme gnoyévmne et vuvaxsoactas, dont le sens est le même, et la nomenclature entomologique mo- derne a de même admis les noms génériques Onéhophilus et Philonthus. M.Burmeister corrige d’une manière tout-à-fait inutile les noms très-bien formés de Myrmeleon, Linwé,et de Melasoma, LarreiLre, en leur substituant ceux de Mymecoleon et de Melanosoma. M. Agassiz a le même tort, en changeant le mot très-euphonique de Bembidium, en celui de Bembicidium; de telles cor- rections indiquent, dans les auteurs, une connaissance insuffisante de la lan- gue et de ses règles. : Avant d'opérer une rectification, il faut se livrer à l'examen le plus réfléchi, afin de ne pas faire des fautes, au lieu d'opérer des corrections, ou de ne pas blesser inutilement le principe le plus important de la nomenclature, celui de la stabilité des noms. (4) Ceux, par exemple, de Musca triphilis, de Leo aphis, etc., composés de deux ou de plusieurs mots séparés doivent donc être changés.(Voy.FABRICIUS Philos. entom. VII. nomina, ? 15 et 46). Des noms composés, comme celui de Necrophorus, Fagricrus, (formé de vexoès et de gepès, qui porte) sont réguliers. On doit ici recommander l'emploi dela langue grecque : la latine n'offrant pas les mêmes avantages (FaBnicus, Philos. entom. VII, Z 17). Les autres langues anciennes telles que l'hébreu, le chinois, le sanscrit, ete., doivent être rejetées. ENTOMOLOGIQUE. 11 Ç 8. Les noms spécifiques doivent être d'un seul mot (!) ou, au plus, de deux mots réunis ou séparés par un trait d’u- nion (?). (1) Exemple : Carabus auratus, LiNné. (?) FVanessa c-album, Linxé. Toutefois ces mots composés ne doivent pas offrir des idées d'un ordre très- différent. Ainsi les épithètes comme celles de punctato-auratus devraient étre inadmissibles, tandis qu'on dit très-bien punctato-striatus servant à ex- primer un caractère particulier. Les noms spécifiques formés de deux mots doivent être complets et séparés ; ceux d'un plus grand nombre de mots doivent être exelus et changés. Il serait même bon d'éviter l'emploi de deux mots unis où liés pour la déno- mination des espèces. Dans la réunion entomologique tenue à Dresde le 23 mai 1858, on a sanc- tionné l'adoption de ce principe, qu’à l’avenir tout nouveau nom spécifique non tiré de la langue laline ou non latinisé devra être abandonné. Par conséquent les noms propres à terminaison latine et les noms grecs régulièrement latinisés ne sont pas sujets à cette exclusion ; mais les noms spécifiques sans significa- tion seront regardés comme inadmissibles, quoiqu'ils aient une désinence latine. I] serait certainement à désirer que les Entomologistes voulussent se borner aux principales langues usitées dans le monde savant, savoir : le latin, le francais, l'allemand, l'anglais et même l'italien ; cependant malgré les in- convénients qu'offrent, pour les neuf dixièmes des lecteurs, les publications faites en d’autres langues, telles que le suédois ou le danois, il faut en pren- dre son parli, car il a paru dans ces langues des travaux du plus haut intérêt et l'usage fait force de loi en leur faveur. Des publications faites en toute autre langue n'ayant pas une origine ro- mane ou germanique, ne doivent pas être prises en considération. Des ou- \rages tels que celui de M. Friwaldsky, écrit en magyare, susceptible d’être compris seulement par l’auteur et par deux ou trois autres entomologistes, ne sont pas à proprement parler une publication. On doit dans ce cas savoir beau- coup de gré aux Entomologistes russes de ne pas offrir aux savants de l'Eu- rope occidentale des travaux dans leur idiôme national, et de se servir, dans l'intérêt de la science et de leurs propres travaux, des langues connues de tout le monde leltré. Une figure très-reconnaissable, accompagnée d’une diagnose latine. peut toujours servir à justifier la description qui l'accompagne, quoique celle-ci soit écrite dans une des langues que nous venons d’exclure. 12 RÈGLES DE LA NOMENCLATURE $ 9. La nomenclature entamologique a pour objet la dénomi- nation des espèces et des genres d'insectes, d’après l’ordre que la science cherche à établir, en suivant la nature, ç 10. En imposant un nom à une espèce ou à un genre, el en l'introduisant ainsi dans la science, on ne doit pas simplement avoir pour but de le publier, pour en pouvoir revendiquer la propriété, mais surtout de faire reconnaître l’objet auquel il se rapporte. 6 11. La publication doit avoir lieu : 1° Dans une langue d’origine romane ou germanique (*). 2° Dans un ouvrage scientifique en circulation dans le commerce, ou dans un recueil scientifique paraissant pério- diquement (?). (4) La réunion des Entomologistes rassemblés à Dresde, le 23 mai 4858, exige en outre l'emploi d’une diagnose latine. (Observation. Il serait sans doute à désirer que chaque description d’espèce tût précédée d'une diagnose latine ; mais alors il faudrait aussi établir en latin les caractères de la famille et du genre, sans quoi le travail serait in- complet. Feu le Dr Schmidt n'a pas moins fait une excellente révision des Aphodies qui se trouvent en Allemagne, quoique les diagnoses ne soient pas en latin, et son travail étant destiné à des Allemands doit être d'autant plus utile, qu’il peut être compris de ceux qui ignorent le latin ). (?} On ne doit donc pas regarder comme publication : 4° Les noms traditionnels, manuscrits ou de collection. 20 La lecture d’une description faite dans une société savante, quelle qu’elle soil, car ce travail, {ant qu'il n’est pas imprimé, n’est pas dans le domaine pu- blie, mais seulement présenté à un corps savant. 3° Les descriptions ou figures distribuées à quelques entomologistes, et qui ne peuvent être considérées que comme manuscrites. 49 Enfin les travaux imprimés dans des ouvrages ou des journaux complé- ENTOMOLOGIQUE: 13 K 12: L'obiet doit être rendu reconnaissable à l'aide d'une dia- } gnose, d’une description ou d'une figure Capable de 4 faire reconnaitre (*). tement étrangers à la science, telles que feuilles politiques, littérairés où facé- tieuses, dans lesquelles on ne peut être tenu de les chercher. Quant à l’acception du mot publication scientifique, on doit en étendre aussi loin que possible l'interprétation. (:) De là l’usage adopté aujourd'hui par tout le monde, et d’ailleurs complè- tement justifié, d'ajouter à la dénomination du genre ou à celle de l'espèce, au lieu du nom de celui qui le premier a nommé l’objet, sans le faire recon- naître, celui du savant qui le premier en a donné la description, et et l’a intro- duit par là dans le domaine de la science: Il est illogi jue, inconséquent et peu pratique, d’attacher une grande impor: tance à des noms publiés avee des données fausses, incomplètes, superficielles et sans valeur, tels que des simples noms de calalogüés ou de collections C’est illogique, car le but principal d’une description scienlifique est de rendre reconnaissable aux autres éntomologistes l’objet en question. De sim- ples indications ou figures d'après lesquelles il est impossible d’avoir l'idée de l’objet (1) ne sont, par la nature même des choses, ni des descriptions, ni des diagnoses, ni des figures, quoique l’auteur les donne pour telles. C’est inconséquent, car le partisan le plus prononcé du principe absolu de priorité, doit arriver à un point où il lui est impossible de faire valoir les droits d’une descriplion qui n’en est réellement pas une, quand celle-ci, par exem- ple, est en contradiction directe avec la nature de l'objet qu'on a voulu faire connaître ; lorsqu'elle est à contre sens, ou qu’elle choque d’une manière trop grossière les caractères de l’ordre ou du genre. Quelqu'un oserait-il chercher à justifier la description de l’Haltica de Grimmer, dont les sauts faibles ont une direction latérale, parce que l’insecte n’a qu’une patte propreau saut ? prendra t-il la défense de la Campisura xanthorhina, de Hope « lutea , ely- tris lineis lateralibus tribus » (| l'auteur parle des côtés et de la suture }? du genre de Lépidoptères Narcyus, établi par Stephens, et placé par cet entomologiste parmi les Névroptères ? de la Coccinella virescens de Hope « supra viridi-brunnea, subtus rubro-testacea. » (qui est une Chrysomèle) ? C'est enfin peu pratique, car les essais tentés pour interpréter de semblables descriptions conduisent nécessairement à des erreurs, à des incertitudes, à (4) Voyez, Gazette entom de Stettin, 1858, p. 171. 12, et la remarque qui s’y trouve sur la des- sription et la figure données par Pressler du Claviger testaceus, ou sur la Lagria nigricullia de Hope, 14 RÈGLES DE LA NOMENCLATURE 13. Un nom formé suivant les règles et convenablement intrô- des oscillations dans la nomenclature, attendu qu’on est forcé de remplir la méthode et les catalogues d’un déluge de noms que personne ne peut signaler, pas même celui qui les a imposés. On semblerait encourager de cetle ma- ñière, des écrivains peu consciencieux à faire des publications inacceptables par leur légèreté ou leur nullité. Fabricius dit, dans sa Philosophie entomolo- gique, chap. VII, 2 2. Nomina vera insectis imponere Entomologis genui nis tantum in potestate est. Ce qui signifie dans l’acception du sens: celui- là seul est autorisé à donner des noms aux insectes , qui est en élat de les décrire d’une manière reconnaissable. Toute diagnose, descriplion ou figure, a pour elle, en cas de doute, la pré- somption qu'elle rend l’objet reconnaissable. De telles descriptions doivent également garder leur droit de priorité, quoique celui qui a coutoume d'en réclamer le secours dans ses études ento: mologiques, y trouve plus de désavantage que d'avantage pour la science. La nature même des choses ne justifie pas complètement les exceptions proposées par la Gaz. entom. de Stettin (1858, p. 172-13), contre le droit de priorité que peuvent avoir de semblables desctiptions : ces exceptions ne pourraient conduire qu'à l'arbitraire et à des complications. Avant tout, il faudra partir de ce prinéipe, qu'il faut juger les descriptions des anciens entomologistes, particulièrement celles de Linné, ce législateur de l'Histoire Naturelle, et celles de Fabricius, ce savant qui a tenu pendant longtemps le sceptre de l'Enlomologie dans le siècle dernier, il faut les juger suivant l’état dans lequel la sciénce se trouvait à celte époque, et s’efforcer de conserver les dénominations linnéennes, toutes les fois qu'avec le secours des collections ou par tout autre moyen on peut arriver à reconnaître les espèces, en petit nombre, décrites dans les ouvrages de ce père de la science, et qui nous sont encore inconnues. (Obser. L'immortel suédois seul, doit jouir du privilége précité; Fabricius a lrop souvent changé sciemment les noms imposés avant lui par d’autres en- tomologistes pour qu’on puisse admettre la même exception en sa faveur) Contrairement à l’opinion de beaucoup d’entomologistes de nos jours, on ne peut admettre aucun droit de priorité pour une description qui ne peut être interprétée qu'à l’aide d'exemplaires, à tort où à raison, prétendus typiques. {Voyez Schiner : Sur la valeur des exemplaires prétendus typiques, dans le Monatsschrift entom. de Vienne, 4858, p. 5). Pour les anciens entomologi- ques , on doit laisser de côté les noms des espèces sur lesquels on n’a pas des données cerlaines. Il est impossible, comme M. Lacordaire l’a très-bien prouvé, dans la Révüo ENTOMOLOGIQUE. 15 duit dans la science doit rester à l’objet auquel il à été im- posé (*). SL Quand plusieurs noms également convenables ont été introduits dans la science pour désigner le même objet, le plus ancien doit avoir plus d'autorité et être préféré (%), entomologique de M. Silbermann (t. 4, p. 229) d'obtenir dans la nomen- clature entomologique une exactitude mathématique. Les opinions judicieuses de quelques entomologistes particuliers ne doivent pas être complètement exclues, non plus que la possibilité d'opinions contradictoires dans certain cas; il faut ici rappeler le principe que l'opinion de l’auteur d’un ouvrage monographique où important, doit être adoptée (le monographe fait loi). li est inutile de faire observer que le devoir de tout écrivain entomologique est de se servir, autant que possible, des noms de genres et d'espèces dont il trouve les descriptions ; car il s'agit moins de faire adopter la nouvelle déno- mination qu’il vient de créer, que d'éviter l'introduction de nouveaux roms et l'augmentation des synonymes. Lorsque, par exemple, M. Boisduval, dans le Voyage de l’Astrolabe, indique l'Hister australis avec cetle diagnose lout à-fait insuffisante : niger, cyaneus, nilidus, subtus atëer, c'est à peu près comme s’il n’en donnait aucune description. M. de Marseul, qui a vrai- semblablement pu avoir sous les yeux le type de cet insecte, aurait pu le considérer comme décrit et le reproduire sous le nom de Saprinus australis, mais il ne l’a pas fait, et l'on doit toutefois préférer le nom de Saprénus 1as- maricus, qu'il lui a imposé, non qu'il soit en réalité le plus ancien, mais parce qu'il est le premier ayant une valeur réelle. L'Hister australis de M. Bois- duval n'a, par rapport à lui, d'autre droit qu’un nom de collection. (1) Il n’est permis d'éliminer de tels noms que dans les cas mentionnés dans les paragraphes suivants. Ainsi, on ne les doit pas changer par le motif qu'ils semblent moins justes ou moins euphoniques, ou par d’autres plus secondaires (par exemple dans le but d’honorer certaines personnes). Ainsi Schranck substitue à tort l’épithète de fu/minans à celle donnée par Panzer au Buprestis candens, parce qu’il trouve la première préférable. (Voy. fauna boica t. 1. 2. p. 604. no 796). (Obs. Seraient aussi peu admissibles les changements qu'on voudrait intro- duire dans les finales des noms, devenues en usage dans la Lépidoptèrologie). (2) L'on ne fait avec raison dater le droit de prioriié qu'à partir de Linné, car il a fondé toute la nomenclature actuelle, et avant lui il n’y avait pas de nom scientifique à proprement parler, du moins dans le sens que nous y at- tachons aujourd'hui, 16 RÈGLES DE LA NOMENCLATURE à moins que ce nom spécifique n'ait déjà été Côonsacré dans ® = A à x 0 A = Re NSP QUE Are ù la science à une autre espèce (*) du même genre, ou Les noms linnéens doivent donc être maintenus ou rétablis partout. Mais il serait arbitraire d'établir la même loi pour la nomenclature de Fabricius. Malgré jou le cas que méritent les ouvrages de ce dernier, on he saurail Sus- pendre ou abroger en leur faveur le droit de priorité. Le célèbre entomolo- giste de Kiel a longtemps joui d'une semblable autorité, et dernièrement dans la Gazelie entomologique de Stettin, 1858, p. 169, 10. on recommände l’adoÿi- tion de ce principe. Cependant Fabricius n'étant pas très-serupuleux sur les noms qu’il donnait, et souvent, même dan son ouvrage sur les coléoptères, qui cependant est classique, il à appliqué des noms à diverses espèces, quoi: qu'il sût très-bien que d’autres entomologistes leur avaient régulièrement im- posé d’autres dénominations. : (!) Ainsi, par exemple l'Elater castaneus de ScopoLr (Entom carniol. 93. 286, se lrouvant en collision avec l’Élater castaneus de Linné, qui 1 plus ancien, ne saurait être conservé, et doit céder sa place à l'Elater auli- cus de PANzER, quoique ce dernier soit plus récent, parce qu'il n'offre pas le même embarras. M. Reiche nous semble ainsi avoir changé à tort le nom d'Hybosorus (Scarabaeus) arator, d'Illiger, en celui d'Hybosorus Illigeri. Le Scarab. arator, Fagricius, et le Scarab. arator, iLriGer,sont deux espèces différentes, comme l’a démontré M. Burmeister. Tant qu’elles firent partie toutes deux du genre Scarabaeus, elies étaient en collision, et le nom d’Illi- ger aurait dû être changé ; mais l'établissement du genre Heteronychus ayant pour type l'insecte décrit par Fabricius, à fait cesser toute équivoque, et dès iors il n’y avait plus de motif pour changer le nom d'arator, donné par Illiger, et admis par tous les entomologistes, à l'insecte qui compose seul au- jourd’hui le genre Hybosorus. M. Fairmaire a décrit, dans les Annales de la société entomologique de France, un Tachinus pictus, qui ne pouvait être admis, attendu que Erichson avait donné le même adjectif pictus à une espèce du même genre. Aussi, le T. pictus de l’entomologiste parisien a-t-il élé transformé avec raison par M. Lespés, en Tachinus Fairmairei, et un peu plus tard, par M. Truqui, en Tachinus luctüosus. De ces trois derniers noms spécifiques, celui de Fairmai- rei eslle plus ancien et aurait dû rester, si plus récemment on n'avait pas re- connu que cet insecte rentre dans le genre Leucoparyplus qui mérite d'être distrait du genre Tachinus. (Observation. Peut-être serait-il plus convenable de n'avoir pas, dans des genres voisins ou rentrant dans le même groupe, des noms spécifiques sem- blables.) S’ilest impossible,entre dès noms identiques,donnés à deux espèces différen- tes, de découvrir celui qui a été imposé le premier, il faut èn appliquer de ENTOMOLOGIQUE. 17 à une autre coupe générique, dans le domaine de la 700- logie (1). Ç 45. S'il est tout-à-fait impossible d'établir, entre plusieurs noms celui qui est le plus ancien, on a la liberté de choisir celui qui est le mieux approprié à l'objet (?). 16. Un nom, une fois choisi et introduit dans la science, se trouve justifié par là même, et ne peut plus être changé. (17: Si une espèce est démembrée, si un genre est divisé en plusieurs autres, le nom qui leur était commun jusqu'alors doit demeurer à la partie intégrante de l’espèce ou du genre contenant les formes typiques. nouveaux à ces espèces. Ce cas est très-rare ; cependant M. Forster, dans ses matériaux pour la monographie des Piteromalines, Beitraegen zur Mono- graphie der Pleromaline#), a décrit en même temps deux espèces diffé- rentes sous le nom de Péeromalus bicolor (p. 17 n° 77 et p. 24 no 474). Ces deux noms s’annulent réciproquement. | (1) La tendance actuelle à spécialiser, ne permet pas de craindre que des noms semblables appliqués à des branches diverses des sciences naturelles, viennent à empiéter dans leur domaine réciproque. Il est difficile ou délicat à cet égard de pousser trop :oin les conséquences, et d’admettre les règles éta- blies par Fabricius, dans sa Philosophie entomologique chap. VII. 3 31, (No- mina generica Insectorum cum Botanicorum, Zoologicorum, Lithologorum aut Medicorumnomenclaturis communia,siab Entomologispostea assumta, ad ipsos remittenda), règles qui n’ont jamais obtenu beaucoup de valeur. (2) La plus ou moins grande importance de l'ouvrage dans lequel ce nom a été publié doit être prise en considération. Cette circonstance se reproduit assez souvent, lorsqu'on trouve dans le même ouvrage des espèces dont les variétés, ou dont les deux sexes sont considérés comme étant des espèces particulières et décrites comme telles. Dans ce cas, un nom publié vers le commencement d’un ouvrage doit-il avoir la priorité sur celui qui ne le serait que vers la fin du même travail, ainsi que le veut M. Wesmael (Ichneum. plat. Europ. descr. et adnot. nov. 8. note). Une telle règle semble peu admissible, attendu que ce qui fait loi, c'est la date de la publication ; or, ici, elle est la même pour tout l'ouvrage. n 2 18 RÈGLES DE LA NOMENCLATURE $ 18. On doit regarder comme formes typiques : D'abord, celles qui ont été désignées comme telles par le fondateur ; puis, celles qui offrent de la manière la plus marquée les caractères indiqués par l’auteur. Ensuite celles les plus remarquables, celles qui se rencon- trent le plus ordinairement. Et enfin, lorsqu'il ne se présente aucun cas précédent, celles qui se rapportent à l'espèce ou au genre décrit le pre- mier. : So. Si plusieurs espèces ou genres prétendus, après avoir été démembrés, se trouvent réunis de nouveau en une seule es- pèce ou en un seul genre, il faudra conserver le nom de l'espèce ou du genre typique. RÈGLES CONVENABLES À SUIVRE POUR L'IMPOSITION DES NOUVEAUX NOMS. Si l’on doit procéder avec la plus grande circonspection lorsqu'il s’agit de juger de la valeur des noms déjà donnés, et, dans le doute, conserver celui qui existe, l'écrivain qui est dans le cas de nommer des objets nouveaux doit se faire un devoir d'éviter scrupuleusement tout ce qui pourrait servir de prétexte à la mutation du nom qu'il aurait imposé , ou causer divers inconvénients ou embarras. 6 1. Un nom déjà appliqué à un genre ou à une espèce , sans avoir été introduit dans la science d’une manière très-conve- nable, doit néanmoins être conservé à moins que des motifs puissants ne s'y opposent (!). —_—————_——— (*) Dans ce cas, les noms accompagnés d'une description incomplète ou ENTOMOLOGIQUE. 19 2. Les nouveaux noms à imposer n’exprimeront pas une idée contraire à la nature de l’objet qu’on a en vue de faire con- naître (1): ç: 5. Les noms doivent, autant que possible, être caractéristiques, c'est-à-dire exprimer une qualité saillante de l'objet dési- gné (?). ç à. I faut éviter les noms trop longs, trop difficiles à prononcer, ou mal sonnants (*). Les noms génériques ou spécifiques ne doivent donc pas avoir plus de quatre ou cinq syllabes,ni être composés de plus de deux mots (*). d’une figure peu reconnaissable, et les noms de catalogues seront choisis de préférence aux simples noms manuscrits ou de collections. (*) Ainsi, il serait inconvenant d'appliquer l’épithète de gigas à un animal remarquable par sa pelitesse. (2) On ne peut être de l'avis de Fabricius, quand il dit dans la préface de son Systema Eleutheratorum p. VIIT. Optima sunt nomina,quæ omnino nihil significant. Des noms comparatifs tels que Lucanus tenebrioides, LINNÉ, en même temps qu'ils sont caractéristiques, sont constants et réguliers, ne sauraient paraître désagréables et mériter d’être rejetés suivant l'opinion de Fabricius (Philos. entom. chap. VII, 2 36 ). Il ne faut pas non plus exelure, comme le veut le même savant (Philos. entom. VIF, 2 37), les noms spécifiques que lui-même a conservés, tels que ceux de major, minima, vulgatissima, ete. parce qu’ils expriment des qualités saillantes, et qu’ils ont généralement le sens de assez grand, très-petit, très-fréquent, etc. Les noms carastéristiques servent à fairereconnaître l'objet qu’on veut désigner et se gravent facilement dans la mémoire. La nomenclature de Linné, àtrès-peu d’exceptions près, est toujours extrêmement heureuse, souvent ingénieuse. Les noms sans signification que M. Walker a l'habitude de donner aux es- pèces, sont non-seulement une calamité pour la science, mais une preuve de la pauvreté d'esprit de leur inventeur. Fabricius a dit (Philos. entom. VII. 32); Nomina absurdis insectis plurimis ab idiotis imposita sunt. (3) Exemple, ce nom de Voet.: parimariobus-maculosus. (*) Exemple : pentaplatarthrus, formé de mevra, raurue, aolocc, est trop long, composé de trop de mots etmalsonnant. Il faut éviter de pareilles dénominations. = 20 RÈGLES DE LA NOMENCLATURE ENTOMOLOGIQUE. \15. Tous les noms doivent non-seulement être formés d’une manière correcte, mais encore suivre les règles du latin et du grec (1). On doit éviter les noms composés tirés de diverses langues. : ( 6. Les noms destinés à honorer les personnes, ne sauraient être prodigués, et n'être donnés qu'aux personnes ayant rendu des services signalés à la science (?). N# Il faut éviter les noms ayant quelque ressemblance avec d’autres noms déjà donnés, malgré les différences plus ou moins faibles qui peuvent exister entre eux. Var Il ne faut pas employer des noms spécifiques donnés dans les genres voisins, ou des noms génériques qui déjà se trou- vent introduits dans le domaine de la science. (t) Lorsqu'on emploie des noms propres, l’usage généralement adopté est de laisser intacte la racine du nom; mais il faut du moins en latinisant ce dernier par une finale latine, suivre pour la formation du génitif les règles de la langue latine. Ainsi Schœnherr a écrit avec raison Dorcadion Spinolæ et Ceutorrhynchus Companyonis, en voulant rendre en latin les noms de Spinola et de Companyon. C) Fabricius a dit, à propos de ces noms (Philos. entom. VII. ? 41.): Hoc unicum et summum laboris præœmium caste dispensandum ad imitamen- tum et ornamentum Entomologiæ. Les Entomologistes Russes et Français ont souvent péché contre ce préceple et malheureusement ils ont encombré la méthode, d’une foule de noms étran- gers ou à peu près à la science. CSS L UK ) puar: STE NATURALI NOTICE SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS, PAR E. MULSANT. (Lue à la Société Linnéenne de Lyon, le 8 août 1859.) D 0 OQ) — — Messieurs, Il y a quelques mois, j'essayais de vous redire la vie si sim- ple, si modeste et pourtant si pleine de mérites, de lun de nos botanistes les plus distingués (*); j'ai à vous entretenir aujour- d'hui d’un naturaliste qui, dans un temps déjà éloigné, fut un des membres les plus actifs de cette compagnie, et dont le nom ne cessera de rappeler l’une des plus belles renommées scien- üfiques de cette cité, ; Antoine-Casimir-Marguerite-Eugène Foupras, naquit à Lyon le 19 novembre 1783. Il était le dernier de trois enfants issus du mariage de Sébastien Foudras, originaire de Bessans en Savoie, et de Marguerite Madinier, d’une maison honorable de nos environs. : Après le siége soutenu par notre ville en 1795, le chef de cette famille, pour échapper à la prison ou à l'échafaud, fut obligé de se retirer, avec les siens, à Orliénas, dans une pro- priété d’assez faible valeur, seul débris de sa fortune. Par droit (1) Marc-Antoine Timeroy. 22 NOTICE de jeunesse, Casimir fut établi le gardien du petit troupeau attaché à l’immeuble. Oblige, en qualité de berger, de passer dans les champs une grande partie de la journée, les beautés que la nature déploie au printemps, les fleurs dont elle émaille les prés, les papillons qui viennent en folatrant butiner dans leurs corolles, ne tardèrent pas à impressionner son ima- gination et à l’attacher aux merveilles qu’il avait sous les yeux. Il ne fallait qu'une circonstance pour transformer cet amour naissant en véritable passion : cette circonstance s'offrit bientôt. La femme du maïtre-valet conduisit un jour le jeune Casi- mir au château d'Orliénas ; et comme il était joli enfant, elle le présenta à la Dame du manoir, qui le combla de caresses et le fit entrer dans sa chambre, où se trouvaient exposés divers cadres remplis de papillons préparés et disposés avec goût, Il ne se serait jamais figuré que ces êtres aériens qu'il poursuivait dans les champs, pouvaient, avec le secours d’une main habile, offrir un coup-d’œil si ravissant. Cette vue produisit sur son esprit un effet électrique: elle venait de faire naître en lui un de ces gouts ardents sur lequel le temps devait être sans pouvoir. De retour à la maison, il ne voyait plus que papil- lons, et ne se livrait à d’autres rêves qu'au désir de leur faire la chasse. Ses parents furent bientôt agités, à son sujet, d’une cruelle préoccupaton; ils fallirent le perdre des atteintes de la petite vérole. Des soins empressés et l’heureuse action de la nature le sauvèrent. L'enfant grandissait, et le besoin se faisait sentir de songer à son instruction. Les circonstances toutefois étaient encore telles , qu'il était difficile à son père de rentrer à Lyon avec sécurité. On confia le jeune Casimir à sa sœur ainée, mariée, quelque temps avant la révolution, à M. Paillasson, qui a laissé un nom honoré, dans le commerce de cette ville. Dès-lors, 1l SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS (25 suivit les cours de l’école centrale, où 1l fit de très-bonnes étu- des, à en juger par les couronnes qu’il ÿ obtenait chaque année. Aussitôt que le calme fut rétabli, Sébastien Foudras préoc- cupé de l'avenir de ses enfants, prit à Lyon, en dehors des portes Saint-Clair, un logement modeste, dans lequel le jeune Casimir eut une petite pièce adossée à la colline. C’est Rà qu'était placée sa collection naissante, dans des boïtes confectionnées par lui-même. Malheureusement lhumidité du lieu couvrait souvent de moisissure des objets auxquels il attachait beau- coup de prix, et l’obligeait à des courses et à des recherches nouvelles, pour remplacer ses trésors détériorés. Mais ni ces peines sans cesse renaissantes, ni l'ennui manifesté par son père de lui voir perdre du temps à des occupations qu'il con- sidérait comme futiles, ne furent capables de le faire renoncer à ses gouts. Un jour, dans son modeste cabinet, il eut l'honneur de re- cevoir la visite de Charles de Villers, qui s'était fait un certain nom, en reproduisant la partie entomologique des œuvres de Linné, et en y ajoutant, d’une manière moins indigeste que Gmelin, les découvertes nouvelles dont la science s'était enri- chie. Il était venu sans doute, par pure complaisance, visiter le débutant ; il ne s'attendait pas au plaisir qui lui était réservé: il trouva dans les cartons de celui-ci deux insectes d'espèce rare, qu'il n'avait pu se procurer ; le jeune Casimir fut heureux et fier de les lui céder. Depuis cette époque il s'établit entre eux des relations qui ne pouvaïent manquer d'être utiles à l’en- tomologiste novice : toutefois de Villers mettait une certaine réserve dans ses conseils et dans ses indications. Le moment était venu de choisir une carrière au jeune Fou- dras ; son père le placa chez un homme d’affaires, d’où il passa successivement dans l'étude de M° Aiïlloud, puis dans celle de M° Verdun, avoué d’appel , comme le précédent. En entrant dans celle-ci, il y occupa d’abord le dernier rang; 21 NOTICE mais il franchit rapidement tous les degrés intermédiaires, et fut bientôt installé premier clerc. Quand il quitta ce poste, il était licencié en droit, et inscrit au tableau des avocats. Il débuta au Barreau dans une cause que lui avait confiée son patron. Cet essai le mit à même de comparer, entre les professions d’avoué et d'avocat, celle qui convenait le mieux à ses talents et à ses goûts ; il donna la préférence à la procé- dure. Le difficile était, avec son défaut de fortune, de devenir possesseur d’une étude; le hasard le servit; 1l s’en présenta bientôt une à vendre; elle était réduite à un simple titre, n'ayant qu'une seule affaire attachée au cabinet; il l'obtint à bas prix. Il comptait sur son zèle, sa probité et son savoir, pour l’élever à un rang honorable ; il ne se trompait pas. Il fut nommé avoué de première instance , au moment où il atteignait ses vingt-cinq ans, âge exigé pour remplir de sem- blables fonctions. Ni les devoirs et les chaînes que lui imposait sa nouvelle position sociale , ni le désir ou le besoin de se créer une fortune dont les malheurs des temps avaient dépouillé sa fa- mille , ne purent le rendre ingrat envers l’histoire naturelle, à laquelle il devait déjà tant de jouissances. Sans cesser de donner son activité et ses soins à son étude et aux intérêts de ses clients, il savait trouver du temps pour ses occupa- tions favorites. Les dimanches, au moins en grande partie, était consacrés aux chasses, et les heures matinales des autres jours de la semaine étaient employées à étudier , à classer, les objets re- cueillis, à faire la toilette aux insectes, c’est-à-dire à étendre les pattes ou les ailes, suivant les ordres auxquels ils appar- tenaient. Les vacances lui offraient ensuite des loisirs plus nombreux pour se livrer à ses goûts passionnés. Les soins minutieux qu’il apportait à conserver , aux êtres SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 25 quil collectait, toutes les apparences de la vie, lui firent bientôt imaginer divers procédés ingénieux. C’est lui qui, le premier, eut l'idée, pour piquer les petites espèces, d’em- ployer des fils de fer très-fins, obliquement coupés à l’une des extrémités. Ces sortes de coupilles étaient d'abord assez courtes , et fixées sur de petits morceaux de liége revêtus de papier blanc; plus tard, il perfectionna ce mode, en donnant aux fils métalliques plus de longueur, et en em- ployant la moelle de sureau au lieu de liége. IL eut fallu voir quel coup-d'œil agréable présentait une brochée d'insectes Hlliputiens, alignés à une même hauteur , sur chaque tron- con de moelle coupé quadrangulairement , à l'instar d’un fragment de règle carrée. Chacune de ces portions médul- laires était fixée au liége de ses cadres, à l’aide d’une ou de deux épingles. Cette méthode présente les avantages, en en- levant à la fois toute la brochée, d’avoir sous les yeux un certain nombre d'objets à examiner et à comparer ; de _ laisser toutes les parties de linsecte visibles et faciles à étudier , avantages que n'offre pas l'emploi de la colle , qui englue les pattes, les antennes ou diverses autres parties du COrps. Vs C’est à Foudras qu'on doit encore l'art de conserver aux Libellules toute la fraicheur et la beauté de leur robe, en enlevant les parties fluides ou muqueuses de l’intérieur. Pour cela, on sépare du thorax la partie postérieure du corps, qu'on recolle ensuite avec soin, quand l’opération du nettoiement est terminée. Celle-ci s'exécute, pour l'abdomen, à l’aide d’un morceau de papier enroulé et promené délicate- ment dans l'intérieur, et, pour la cavité thoracique, à l’aide d'un instrument analogue à un cure-oreille. Pour rendre aux teintes de l'abdomen leur vivacité, pour soutenir cette par- tie et lui empêcher de se détacher facilement, on introduit dans son sein, avant de la recoller, un rouleau de papier en- 26 _ NOTICE gagé dans la poitrine, et de la couleur principale du fond du corps. Foudras, qui se bornait à chercher dans l'étude des pro- ductions de la Nature les jouissances si agréables dont elle est la source, cultivait en même temps la Botanique et l'Ento- mologie, et recueillait avec le même empressement les in- sectes de tous les ordres et les plantes de-toutes les familles. En étendant aimsi le cercle de ses recherches, il avait trouvé le secret de rendre ses promenades et ses excursions plus fructueuses, et de multiplier ses joies et ses émotions. L'histoire naturelle toutefois, malgré le plaisir qu’elle savait lui offrir, ne put empêcher son cœur d’être captivé par d’autres attraits. Le 17 janvier 1816, il épousait Mile Jenny Peyot, fille d'un négociant de Lyon, qui joignait aux grâces les plus séduisantes toutes les qualités faites pour plaire et pour atta- cher. Sa jeune épouse devint bientôt la compagne de toutes ses promenades et l’auxiliaire de ses chasses. Au mois de sep- tembre 1821, il fit avec elle le voyage de Chamouni, et butina copieusement dans cette partie des Alpes, où le Mont- Blanc, le géant de ces régions, élève au-dessus des sommets voisins son front couronné de neiges éternelles. En 1825, 1l réalisa avec elle un de ses rêves les plus favoris, celui de visiter nos provinces méridionales. À Avignon, il fit la connaissance de Requien ("); à Marseille son cœur sut bien- tot comprendre celui de Solier; ensemble ils parcoururent les vallons alors si sauvages de Montredon, les côteaux dénudés des bords de la mer, et diverses autres localilés des entours de la ville.L’amitié, dans ces courses, ne tarda pas à lesunir lun à l’autre par des liens qui ne devaient plus se relicher. A Tou- (") Botaniste distingué, né à Avignon, ville à laquelle ce savant a légué ses livres et ses collections, mort à Bonifacio (Corse) dans l'été de 4851. SUR -ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS 27 lon il entra en relation avec Banon; il poussa jusqu'à Hyères, et visita, au retour, Nimes et Montpellier, où le professeur Delile lui fit l’accueil le plus aimable. Gràces à son œil si perspicace, et aux moyens que la tradition où son génie in- ventüf lui avaient enseignés pour rendre les chasses plus fruc- tueuses, grâces aux soins minutieux qu'il mettait dans ses recherches, que de trésors ne rapporta-t1l pas de ces contrées privilégiées ! que de découvertes n’avait-1l pas faites dans ces provinces jusqu'alors incomplètement explorées ! Sans aucun doute, durant les huit premières années de la Restauration, où l'Entomologie, si délaissée pendant les grandes guerres de l'Empire et les agitations de l'Europe, comptait en- core un si petit nombre d'hommes lui consacrant leur plume, son savoir, son expérience et les matériaux nombreux qu'il avait amassés et disposés avec ordre depuis plus de vingt ans, lui auraient permis de s'élever aux premiers rangs des écrivains entomologiques de l’époque, si, moins insensible à la gloire, moins insouciant de la renommée, il avait voulu mettre en œuvre les richesses qu'il avait entre Îles mains. Mais l'étude de la Nature était, à ses yeux, un des moyens que lui avait donnés la Providence pour couler une partie de ses jours avec plus de douceur; ses désirs n’allaient pas au-delà. Ce n'était cependant pas les moyens de publication qui lui manquaient. En 1821 ,la Société d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon l'avait attiré dans son sein ; en 18922, il avait été l’un des amis des sciences naturelles qui, sous la présidence de Balbis, avaient fondé la Société linnéenne de notre ville. Ces compagnies se seraient empressées de mettre au jour les mémoires qu'il aurait pu leur communiquer ; mais ilse tint toujours à cet égard dans une grande réserve. Les lec- tures dont il anima les séances de ces corps savants, se bor- nèrent, en général, à des rapports qui lui étaient demandés. L'un de ceux-ci, destiné à signaler les insectes recueillis le 24 28 NOTICE mai 1824, jour de la fête champêtre de la Société linnéenne (!), montra combien il était familiarisé avec les mœurs, les habitudes et la nomenclature des insectes (*). Personne, en effet, autant que lui, ne connaissait toutes les ressources que pouvaient offrir à celui qui aurait voulu les faire connaître, les productions naturelles de nos environs. Il avait exploré, dans tous les sens, ce territoire si varié, offrant dans un périmètre de peu détendue des terrains de cristallisation et des terrains de sédiment. Il avait visité les terres argileuses et les étangs de la Bresse, les plaines sablonneuses du Dauphiné, les roches si chaudes et en partie arides dont le Rhône baigne les pieds, etles champs fertiles qui nous entourent; ilavait gravi les diversesélé- vations quiservent à faire varier la physionomie de notre pays, depuis les humbles côteaux que couvre la vigne, jusqu’à ces. montagnes sous-alpines dont le pin garnitles flancs et dontle sa- pin couronneles sommets. Aussi, disait-il dans une des séances. (1) Le 24 mai de chaque année est consacré par les diverses Sociétés Linnéennes de France, à faire à la campagne une excursion suivie d’un diner, pour célébrer le jour de naissance de leur immortel patron. (2) L’insecte, dit-il, le plus remarquable recueilli dans ce jour, est le Chrysis stoudera. M. Jurine n’a pas connu la femelle de cette espèce, il a seulement donné une bonne figure du mâle (pl. 12. n° 9) ; mais comme son ouvrage n’est qu’une sorte de catalogue, le Chr. stoudera n’y est pas décrit. M. Spinola a décrit un mâle (2° fasc. p. 169); mais la femelle paraît lui être encore inconnue. Voici la diagnose des deux sexes : d. Capile, thorace abdominisque segmento primo viridibus, cœruleo variegatis ; segmento secundo aureo, macula semidiscoidali violacea; tertia cupreo; ano quadridentat o. Q. Abdominis segmento tertio violaceo , margine virescente ; cœteris ut in mare. | Le Chrysis stoudera vit aux dépens du Grabro cribrarius, Lin. Celui-ci place son nid dans les trous que les Coléoptères laissent aux arbres ; il le remplit d’autres insectes qui doivent servir d'aliments à sa progéniture. Le Chr. stoudera vient y ajouter un œuf, d'où sort plus tard un ver, qui attaque la larve du Crabro cribrarius. SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 29 de notre Société d'agriculture : « La partie entomologique dela « Faunelyonnaise pourrait être l’objet d'un travail important, & qui comprendrait beaucoup d'espèces qu’on a cru jusqu'ici « particulières à l'Allemagne et à l'Italie. » Et le savant secré- taire de cette compagnie, M. Grognier, ajoutait : Qui mieux que M. Foudras, est capable de mener à fin cette entreprise (*}2 Mais le temps qu'il devait donner à son étude d’avoué, ne lui aurait peut-être pas permis d'entreprendre alors une œuvre de si longue haleine. Quand le baron Dejean se proposa de publier son Spéciès des Coléoptères, il sentit le besoin de se mettre en relation avec lui. Foudras s’'empressa de lui envoyer ce qu’il possédait en Carabiques, en lui laissant la liberté de garder tout ce qui lui plairait. Le savant Entomologiste parisien puisa dans cet envoi des trésors imattendus. Ils’y enrichit de beaucoup d'espèces qui n'avaient pas été trouvées en France, et même de plusieurs tout-à-fait inconnues (?). Sa collection, dans toutes les tribus ou familles de Coléoptères, et même dans la plupart des ordres de la classe des insectes, aurait offert des richesses pareilles (*). Un Entomologiste de notre ville, qui aurait pu produire de très-beaux travaux, mais qui délaissa l’entomologie pour la culture des fleurs, M. Bourgeois (*), avait trouvé, à quelques (1) Compte-Rendu des travaux de la Société d'agriculture, hist. nat. et arts utiles de Lyon, depuis le 4° avril 4822, jusqu’au 4° avril 1823, par F. L. Grognier. Lyon 1823, page 100. (2) DEAN, Spéciès des Coléoptères t. 4. p. xxir. () Elle renferme encore probablement, surtout dans les ordres des Hyméno- ptères, Diptères et Aptères, des insectes inédits. En l’examinant, à son passage à Lyon, M. V. de Motschulsky y décrivit, ou esquissa deux coléoptères nouveaux (Voyez Études Entomologiques, 2e cahier de 1853, p. 56). (£) M. Bourgeois s’est occupé pendant plusieurs années avec beaucoup de zèle et de succès de l'étude des insectes ; il était en relation avec Olivier, Bonelli, Spinola, etc. Il avait surtout formé, en Hyménoptères, une collection très-remarquable, et aujourd’hui complètement perdue. M. Bourgeois n'était 50 NOTICE pas de la ville, dans les terrains sablonneux de la rive gauche du Rhône, un petit Orthoptère, plus particulier à nos pro- vinces méridionales. Foudras, à qui il fit part de sa découverte, emprisonna, dans une cage vitrée et garnie de sable, un certain nombre de ces insectes, étudia leurs mœurs et leurs habitudes, et donna leur histoire complète, dans ses Observations sur le Tridactyle panaché (°). Ce mémoire plein d'intérêt semblait devoir promettre d’autres travaux ; mais après cel essai, qu’un Caprice ou qu'une idée avait fait naïtre, Foudras reprit ses allures naturelles, c'est-à-dire, se borna à faire de l’entomologie pour son agré- ment seul. Indépendant par caractère, impatient de toutes les chaînes, - à l'exception de celles qui l’attachaient à ses devoirs, après avoir été l’ornement et l'un des membres les plus acufs de nos Sociétés d'agriculture et linnéenne ; après avoir pendant les deux années 1826 et 1827, occupé le fauteuil de la wice- présidence de cette dernière compagnie, il commenca à être moins assidu à leurs réunions, et finit par se séparer de l’une et de Pautre. pas seulement ami des sciences naturelles ; il l'était aussi de la littérature ; il savait son Horace par cœur, et il a laissé en manuscrit une traduction fran- caise de ce poète. Cet excellent homme de bien qui m'honorait de son amitié, est mort à Lyon le 4° octobre 1845, âgé de 75 ans. On a de lui: 49 Examen de la première livraison de l'Histoire des insectes nuisibles à Fa vigne et particulièrement de la Pyrale, de M. Victor Audouin, Lyon 184, in-8°. 20 Etude spéciale et raisonnée de la Pyrale de la vigne du Beaujolais. Zyon 1841 in-8°. 30 Tournée en avril, mai et juin 4842, dans les vignobles du Beaujolais et du Mâconnais, pour observer la Pyrale. Zyon 1842 in-8°. 49 Examen d’un rapport sur la Pyrale, lu à la Société d'agriculture de Lyon. Lyon 1843 in-8°. (*) Observations sur le Tridactyle panaché. Zyon, Barret, in-8°, de 22 pages et une planche. SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 91 Il aspirait à une liberté plus complète, c’est-à-dire, à se débarrasser de son étude, qu'il avait à peu près créée et qui était devenue, entre ses mains, l'un des bons offices de la ville; il désirait, après y avoir trouvé fortune et considération, se re- poser de ses travaux de procédure, pour se livrer entièrement à ses délassements favoris. Il vendit sa charge en novembre 1855, assista encore pendant deux ans son successeur, et fut complètement libre en janvier 1837. Rendu à lui-meème, il distribua son temps avec cette régula- rité qu'il mettait dans toutes ses œuvres. Ses matinées, jusqu’à neuf heures, étaient consacrées à ses études entomologiques ou à recevoir les amis de la Nature qui lui venaient rendre visite. Nos relations dataient déjà de loin. J'avais rapporté du col- lége Le goût d'étudier les insectes, et leur chasse m'offrait, à la campagne que J'habitais alors, un délassement qui savait en- core me plaire. Dans un voyage fait à Lyon en 1824, je me hasardai, collecteur obscur, à me présenter à Fou- dras, jouissant déjà, comme naturaliste, d’une réputation justement méritée. La bienveillance avec laquelle il m'ac- cueillit, les richesses admirables qu'il étala sous mes yeux, ranimèrent en moi, du moins pour quelque temps, une ardeur entomologique à laquelle l'isolement est toujours funeste. Quelque vif, en effet, que soit de prime abord ce feu sacré, il a besoin pour s’alimenter, du contact des personnes animées de la même passion. Il nous faut cette sorte de frot- tement, d’où jaillit l’étincelle électrique, capable de soutenir ou de surexciter notre zèle. Quand je vins me fixer à Lyon, au commencement de 1835, je n'y apportai que les faibles débris d’une collec- tion abandonnée depuis quelque temps, par l’incurie , aux outrages des Anthrènes. Foudras , que je revis alors, ral- luma en moi, pour l'Entomologie, un amour presque éteint ; 32 NICE il me servit de guide dans mes promenades , et souvent en- richissait mes boîtes d’une partie des insectes que son habi- leté ou sa bonne fortune faisait tomber entre ses mains. J'allais souvent à ses réceptions du matin. Il nous montrait le produit de ses chasses des jours précédents; nous indi- quait les localités précises où il avait pris les imsectes qui paraissaient éveiller nos désirs ; s’offrait volontiers à nous conduire sur les lieux mêmes, pour nous fournir l’occasion d’en saisir de nos mains de pareils, et doubler ainsi le prix de leur possession. L’Entomologie lui doit un bon nombre de ceux qui, dans notre ville, sont aujourd’hui attachés à son culte. Il y avait en général chez lui une si naturelle expansion; et ses chasses lui avaient donné une connaissance si appro- fondie des mœurs des insectes et des moyens de se les procurer, qu'on éprouvait un plaisir attrayant à l'entendre. Rarement on le quittait sans avoir appris quelque chose de nouveau. Lorsqu'en juin 1838, le professeur Audouin fut envoyé par le Gouvernement dans les vignobles du Mâconnais, pour y chercher les moyens de s'opposer aux ravages effrayants de la pyrale de la vigne, il sempressa de mettre à contribu- tion les lumières de Foudras , qui, dans le temps, s'était occupé avec beaucoup de soin de suivre la vie et d'étudier les habitudes de cet insecte destructeur. Frappé des connais- sances si profondes de notre compatriote , il lui demanda la faveur de'nouvelles audiences. Notre ami, dont la mémoire était si riche d'observations, lui révéla une foule de ces se- crets, que la Nature, prise sur le fait, abandonne dans les (1) Audouin (Jean Victor) professeur, administrateur au jardin des plantes de Paris, né le 27 avril 4797, dans la dite ville, où il est mort le 9 novem- bre 48/1. SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 93 champs à l'explorateur, et qu'elle cache volontiers au savant enfermé dans son cabinet. Audouin se retira émerveillé de tant dé connaissances et de tant de modestie. Depuis la conquête de son indépendance, Foudras consa- crait à l'Entomolosie la plupart des heures qu'il donnait au- paravant aux affairés ; il profitait surtout de sa liberté pour répéler ou varier ses promenades et ses excursions. Il avait revu souvent nos montagnes d'Izeron et de Pilat, fait con- naissance avec celles plus pittoresqués et plus riches de la Grande-Chartreuse ; en août 1839, il voulut avec sa famille visiter de nouveau nos provinces du Midi. IH fit à Marseille diverses courses avec son ami Solier, visita les environs de Toulon et d'Hyères et devait au retour parcourir ceux de Nimes et de Montpellier ; mais un événement qui faillit com- promettre sa vie empécha la réalisation de ce projet. La düli- gencé de Toulon, qui le ramenait à Marseille, arrivait au erand irot, vers une heure du matin, et par une nuit assez obscure, dans les gorges d'Olliouies; on avait eu l'impru- dence de saigner la veille, sur les bords de la route, un bœuf incapable d'aller plus loin. L'odeur du sang dent le sol était imprégné, effraya les chevaux ; ils se jetèrent brusque- ment dans un autre chémin qui bifurquait dans ce point avec la route principale. Le postillon, en voulant les remettre sur la voie, fit verser sa voiture. La chute fut rude; Foudras, logé dans le coupé, fut contusionné au-dessus de l'œil ; sa fille eut à la tête une blessure grave; la plupart des autres voyageurs furent plus cruellement maltraités : sa femme et son fils furent presque les seuls à n’avoir pas trop à se plain- dre. Arrivé à Marseille, les soins et les assurances conso- lantes d'un médecin le remirent un peu de son émoi ; mais dès le lendemain il reprit avec les siens le chemin de Lyon. Les chasses auxquelles Foudras s'était livré depuis si long- temps, lui avaient procuré dans tous les ordres la coliection ë à 54 NOTICE sans contredit la plus remarquable en insectes de France ; ül aurait pu facilement se créer, par des échanges, un des plus beaux cabinets d'insectes d'Europe ; mais il avait peu de goût | pour ce mode d'accroître ses richesses. Les insectes qui lui arrivaient par une main étrangère lui faisaient un médiocre plaisir ; il tenait surtout à les prendre lui-même (!). En 1842, il forma le dessein de s'occuper d’une manière : particulière des Altises , dont il possédait déjà un catalogue nombreux. Dès que son projet fut ébruité, il recut de di- vers Entomologistes les offres les plus généreuses; mais il re- fusa la plupart de ces gracieuses propositions, et se borna à accueillir quelques communications partielles. Il pensait qu’en parcourant diverses contrées de la France, il pourrait recueillir par lui-même toutes les espèces de ce groupe qui peuvent se trouver dans notre pays. (#) Il fut cependant en relation, au moins passagère, avec un grand nombre d'amis des sciences naturelles. À l'étranger, avec MM. Bassi: Pecchioli, Peiroleri, d'Italie ; Chevrier et Lasserre, de Genève ; Curtis, de Londres ; comte Mannerheim et V. Motschoulsky, de Russie: Félix, de Kicsenwetter et Schaum, d'Allemagne; Selys de Longchamps, de Belgique. À Paris, avec MM. Aubé, Chevrolat, le comte Dejean, Duponchel, Fairmaire, Latreille, Lefebvre, de Marseul, Rambur, Reiche. Dans les départements, MM. Banon, de Toulon ; Bompart, de Villefranche ; Companyo et Farines, de Perpignan; Daube, de Montpellier ; Ecoffet, de Nîmes ; Famin, de Marseille ; de Fonscolombe, d’Aix ; le capitaine Gaubil ; le major Gueneau d’Aumont, aujourd'hui sous-intendant à Mâcon; de Jenisson; le marquis de la Ferté, de Tours; Maille, de Rouen ; Michel, de Toulon; le capitaine Morineau ; Myard, de Châlons ; Perris de Mont-de-Marsan ; Pradier; Requien, d'Avignon ; Solier et Wachanru, de Marseille. À Lyon, avec les Entomologistes MM. Armand, Bonnamour, Bour- geois, Brun, Chardiny, Donzel, de Fontenay, Gabillot, Gacogne, l'abbé Giro- don, Godart, Guillebeau, Levrat, Mayet, Merck, Millière, Perret, Perroud, Rey (CL), Rey, professeur à l'Ecole Vétérinaire, de Villers; avec MM. Jourdan, conservateur du Muséum; Grognier, professeur à l'Ecole Vétérinaire; Tabareau, doyen de la faculté des sciences; V. Thiollière, géologue ; Michaud et Terver, conchyologistes; Aunier, Balbis, Gap, Champagneux, Deriard, Hénon, A. Jor- dan; Madiot, Martinel, Roffavier, Timeroy, et Mme Lortet, botanistes, ne dns SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 35 Îl se mit dès-lors à les rechercher avec une ardeur nouvelle. En juillet de la même année, il parcourut avec de Fontenay (') et Bompart (*) les montagnes alpestres de la Chartreuse ; puis il descendit avec eux à Uriage, où nos voyageurs prirent le Carabus nodulosus, qu'on croyait jusqu'alors étranger à la France. L'année suivante, son fils, étudiant en médecine à Lyon, avait à subir des examens devant les professeurs de l’école de Montpellier, Il saisit avec empressement cette occasion d’ex- plorer avec lui et M. Rey une partie des départements du Gard et de l'Hérault. Ils partirent le 23 mai, et durant un mois à peu près, ils visitèrent successivement les campagnes de Beaucaire et les roches dénudées qui les dominent, les bords du Lez, les environs de Montpellier, de Cette, de Cas- telnau, les salines du port Juvénal, les bords de la Mosson, Aiguemñortes, avec ses plaines sablonneuses, ses marécages et ses bois de pins, les garrigues ou côteaux arides des entours de Nimes. Dans l’une de ces promenades, Crespon (*) voulut leur servir de guide et de compagnon. Vers la fin d'août de la même année, 1l s’'achemina vers ce désert de la Grande-Chartreuse, que l’homme le plus insen- sible aux beautés de la Nature ne saurait parcourir sans émo- (t) Mort le 2 octobre 1845. Voy. Mulsant, Opuscules, deuxième cahier, p. 161. (2) Ancien négociant, qui avait fait de l’Entomologie les délassements de sa vie, après s'être retiré des affaires ; mort, il y a quelques années, à Ville- franche (Rhône) où il était né. (3) Crespon avait fondé près de la fontaine de Nîmes un cabinet d'histoire naturelle, qui est une des curiosités de la ville. Il s'était un peu occupé d'insectes, et on lui doit un mémoire sur l’Oscine de l’olive: mais il est plus connu par son Ornithologie du Gard et surtout par sa Faune méridionale, Nimes,1844, 2 vol. in-8, fig. : Crespon est mort le 4°" août 1857. 56 NOTICE tion, mais qui offre surtout à l'Entomologiste des trésors si variés. En visitant, à une époque plus favorable de l’année, les bords pittoresques et accidentés du Guiers, en fau- chant ces prairies couvertes d'une flore si différente de la nôtre, en parcourant ces bois séculaires servant d’aliment ou de re- traite à des insectes si divers, en s’élevant jusqu’à ce grand Som où semblent s'être réfugiés ceux des contrées hyperbo- rées, 1l avait trouvé de nombreuses moissons à cueillir. Ses récoltes, dans ces jours un peu tardifs, furent sans doute moins nombreuses, mais non moins remarquables. Préoccupé de son travail sur les Altisides, 1l sentait que pour connaître par lui-même les habitudes de ces petits Coléoptères, les plantes sur lesquelles ils vivent, les lieux dans lesquels on les trouve, il devait renouveler et multiplier ses voyages. Le 20 mai 1844, il se dirigea vers la Provence avec M. Roffavier, botaniste distingué de cette ville. Ils débutèrent par Dragui- gnan, où Doublier, de regrettable mémoire , leur servit de guide. De là, les deux amis se rendirent à Grasse, cité bâtie en amphithéätre aux pieds des monts élevés, à qui elle doit un abri contre les vents du nord, et des sources abondantes et limpides ; contrée privilégiée, où dans les douces soirées du printemps et de l’été les Lucioles parcourent les airs, en pro- duisant une trainée de lumière alternativement interrompue; où semblent naturalisées une partie des productions végé- tales de l'Afrique septentrionale. Ils rayonnèrent ensuite dans les environs d'Antibes et de Cannes ; s'aventurèrent dans les bois de la chaine de FEsterel ; virent Fréjus, et sillonnèrent les plages sablonneuses de Saint-Raphaël, dans lesquelles se plaisent le Calicnemis, l’Anoxia scutellaris et l'Anomala de- vota ; visitèrent les collines de Saint-Mandrier, de l’autre côté de la rade de Toulon; stationnèrent quelques jours à Hyères, où les salines, les bords de la mer et les côteaux couverts d’arbousiers, de lentisques, de chênes-liége, de chênes verts et SUR _ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 37 d'une foule d’autres végétaux, nourrissent ou abritent des in- sectes ou des plantes inconnus à nos contrées; ils revirent Solier à Marseille, fouiilèrent avec lui les gorges solitaires et les rochers brülants de Montredon, et revinrent au bout d'un mois à Lyon, chargés de trésors, et l’âme remplie des sou- venirs les plus agréables et les plus riants. Le 15 juillet suivant, il s'élevait sur le Colombier d’où le regard plonge sur la ville d'Aix et le lac du Bourget et peut s'étendre jusqu'à ceux. d'Annecy et de Genève, puis il re- venait sur les derniers degrés de cette montagne, se reposer quelques moments auprès de sa fille, dans sa campagne de Falissieu. Il y retournait encore en septembre, après avoir ex- ploré pendant plusieurs jours les monts d’Ain, aux pieds des- quels se cachent et Nantua et le lac aux eaux bleues qui en baigne les murs. il serait inutile de suivre Foudras dans les promenades si souvent répétées, faites en rayonnant autour de la ville. Mais il n’est peut-être pas sans intérêt de rappeler ses excursions lointaines, car la plupart servent de date pour quelques-unes de ses découvertes ou de ses caplures remarquables. Ainsi, dans un voyage à Montpellier et à Cette, entrepris avec son. fils vers la fin de mai 1846, il prit dans les guarriques de Nimes un assez bon nombre de la Procasta galii, cimicide méridionale assez rare, et il y découvrit le joli longicorne nommé par lui M.-nigrum, qu'il me donna à décrire, et dont j'ai fait le type du genre Ælbana. Au commencement de juillet il revoyait les bois et les prairies de Pilat, et vers le milieu du même mois, il partait pour l'Auvergne avec M. Brun, l’un de nos Lépidoptéristes les plus zélés. Ensem- ble ils gravirent le pic du Capuein et celui de Sancy, par- coururent la vallée que la cascade du Creil anime du bruit de ses eaux, visitèrent la grotte de Royat, s'élevèrent sur le Puy de Dôme et revinrent à Lyon par Montbrison et Saint- 35 NOTICE 5 Etienne. En septembre suivant, il parcourait avec M. Guille- beau les roches calcaires de Villebois, les solitudes de l’an- cienne Chartreuse de Portes et les marais de Serrière, où se cache l'Odacantha melanura , mconnue à nos environs. Enfin le 22 octobre, il escaladait de nouveau le Colombier, où il s'enrichit du Microrhagus Sahlbergi et d’un assez bon nombre d’Altica hippophaes. L'année 1847 vit la fin de ses grands voyages. Il se rendit en mai dans le Gard et l'Hérault, et en juillet à la Grande- Chartreuse. À dater de cette époque, Izeron, Pilat ou le Co- lombier devinrent le but des excursions les plus éloignées. Suffisamment enrichi des Coléoptères objets plus spé- ciaux de ses poursuites, il s’occupait à les étudier avec ce coup-d’œil observateur qui lui était particulier et à les dé- crire avec ces soins attentifs dont il était capable. Son fils disséquait ces insectes avec une habileté admirable , pour assurer, par les caractères tirés des organes internes, la validité des espèces. Mais le travail auquel se livrait Foudras ne lui empêchait pas de se tenir au courant de la science, de reclasser les diverses familles de sa collection sur lesquelles il paraissait des monographies nouvelles. En vain ses amis l’engageaient-ils souvent à hâter la publi- cation de son œuvre ; elle semblait n'être pour lui qu’une occupation qu’il avait cherché à se créer principalement pour les jours d'hiver , où les promenades deviennent impossibles ou sans agrément, et les chasses presque infructueuses ; c'était une jouissance qu'il avait voulu se donner ; mais ce travail serait devenu pour lui un esclavage insupportable, s'il lui avait fallu renoncer à la liberté de le délaisser passagè- rement, quand une autre préoccupation lui venait offrir plus d'attrait. Notre ami s’avançait ainsi vers la vieillesse , sans en con- naître les infirmités ou les peines , sans même paraitre sentir SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 939 le poids des années. Ïl n'avait vu s’affaiblir ni l'excellence de sa vue légèrement myope, mi la vigueur et l’élasticité de ses muscles, ni sa mémoire toujours prête à le servir. Il n'avait rien perdu ni de sa gaïté, n1 de son goût pour les jeux de mots qui étaient un de ses amusements favoris. Sa vie s’écoulait heureuse et paisible, au sein de toutes les douceurs que peuvent procu- rer la santé, la fortune, le bonheur de famille, et des délasse- ments qui avaient conservé le privilége de lenchanter. Mais le bonheur de la terre ne saurait être exempt d'orages. Celui de Foudras allait être profondément troublé. Son fils, si remar- quable par son intelligence et son savoir, à la suite d’une course trop longue et surtout trop rapide, avait senti son corps bai- gné de sueur éprouver un refroidissement glacial ; les pou- mons, ces viscères iinportanis, se trouvèrent bientôt atteints, et nous eùmes la douleur de voir ce pauvre Fabien () que nous aimions tant, s’éteindre graduellement dans les lan- gueurs et les souffrances d’une phthisie pulmonaire , et ren- dre le dernier soupir le 18 juillet 1855. Quel déchirement Foudras ne dut-il pas éprouver à ce coup affreux, que tous les soins et toutes les ressources de l'art avaient été impuissants à détourner! Il voyait s'éteindre, non seulement un fils , objet de tant d’espérances et chargé de perpétuer son nom; mais il perdait en lui l'auxiliaire de ses travaux, l'héritier de ses gouts, le continuateur d'une collection qu'il avait mis tant de peines et tant d'années à former et à classer ! Il chercha à s’étourdir sur cette perte cruelle. Il s’efforca de montrer sur son visage la même sérénité, et son air en- Joué habituel; mais il était facile , sous cette gaîté factice, de deviner la blessure profonde qu'il cachait. Malheureux du vide qui s'était fait autour de lui, il se mit, comme une âme (1) François-Fabien Foupras, né à Lyon le 48 avril 1822. 40 NOTICE désolée qui ne sait plus où trouver le bien-être, à faire chaque jour des visites plus fréquentes à quelques-uns des amis des sciences avec lesquels il avait des relaüons. Il allait y chercher des distractions; mais il n’avait plus le même goût à causer d'histoire naturelle. Il semblait avoir oublié les Al- üses, pour s'occuper d’une manière plus spéciale des Aptères parasites, qui depuis quelque temps étaient l’objet de ses re- cherches. Bientôt on s ‘apercut que sa mémoire commencait à être infidèle, que son intelligence n'avait plus le même éclat. Sa forle constitution cependant et sa santé jusqu'alors inaltérée semblaient lui promettre encore d’assez longues années d'existence. | Le dimanche, 3 avril 1859, il fit à pied et par un soleil assez chaud une excursion de trois ou quatre lieues. Le vendredi suivant, dans la matinée, son cerveau se trouva embarrassé, il voulut sortir comme d’habitude , espérant que le grand air lui serait favorable ; mais peut-être une demi-heure après, il fut frappé, dans la rue, d'une conges- tion cérébrale et tomba sans connaissance. Reconnu par un passant, il fut recueilli avec empressement et transporté dans son domicile; mais, hélas, les soins les plus zélés et Les plus affectueux de tous les siens, les secours les mieux entendus de la science médicale, ne purent détourner le coup fatal dont il était menacé : le mercredi, 15 avril , 1l cessait d’exis- ter pour sa famille et pour ses amis! On a de lui : 4°, Notice sur les insectes utiles et les insectes nuisibles du départe- ment. (Publiée en extrait dans le Compte-Rendu des travaux de la Société d'agriculture, hist. nat. et arts utiles de Lyon, depuis le 1% avril 4822, jusqu’au 1° mars 1823, p. 99 à 110). SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRAS. 4 2° Rapport sur un concours ouvert sur la destruction de la Pyrale de la vigne. Commissaires: MM. de Martinel, Balbis, et Foudras rappor- teur. (Mémoires de la Société roy. d’agricult. hist. nat. et arts utiles de Lyon, 1825-1827, p. 33 à 48 ). 3° Observations sur le Tridactyle panaché, Lyon, Barret, 1829 in-89 (22 pages et 1 pl.) Obs. Les chiffres des dernières figures ont été appl'qués à celles-ci d'une manière erronée. Ainsi, au lieu de no 9, lisez, 12 ; au lieu de 40, lisez, 11 ; au lieu de 11, lisez, 10 ; au lieu de 12, lisez, 9. IL a laissé en manuscrit : 49 Rapport sur un mémoire de M. le Dr Imbert, sur le Mécanisme de la respiralion du Limacçon. (Lu à la Soc. Linn. de Lyon le 13 janvier 1823). 5° Rapport de la commission composée de MM. Tissier ainé, Dupasquier et Foudreas, sur une proposition faite dans la séance de la Société Linnéenne du 2 juin 1823, de provoquer, par une récompense publi- que, dont la Société Linnéenne ferait les frais, la découverte des moyens de favoriser la multiplication des sangsues. ( Lu à la Société Linnéenne le 7 juillet 1823 ). 6° Note critique sur des chenilles remarquées dans des matières vomies ( Lue à la Société Linnéenne le 6 novembre 1823 ). 7°. Notes sur les Sangsues qui se trouvent aux environs de Lyon (avec M. le Dr Dupasquier ). (Lues à la Société Linn. de Lyon le 1° mars 1824 ). 8° Notes sur quelques insectes recueillis le 24 mai 1824 ( dans la pro- menade annuelle faite par la Société Linnéenne, pour célébrer la naissance de Linné ). (Lues à la Soc. Linn. le 7 juin 1824 ). 99 Mémoire sur les amours des insectes. 409 Monographie des Altisides. 2 NOTICE SUR ANTOINE-CASIMIR-MARGUERITE-EUGÈNE FOUDRa». La famille de l’homme remarquable dont nous venons d’esquisser la vie , a désiré que ce dernier et important tra- vail, attendu depuis si longtemps par les Entomologistes, ne fût pas perdu pour la science. Prête à faire tous les sacrifices pour sa publication, elle à chargé l’auteur de ces pages du soin de le faire paraïtre. Il est inutile d’ajouter que l'ami à qui elle a bien voulu confier ce mandat pieux, se fera un devoir de n’altérer en rien le manuscrit original, afin de laisser à Foudras tout le mérite de son œuvre. Par un sentiment de délicatesse et de générosité admira- ble , la même famille à fait plus encore. Elle n’a pas voulu que les collections précieuses qui lui étaient laissées, fussent vendues ou dispersées. Elle a offert comme souvenir à M. le D’ Perroud, fils de notre savant Entomologiste, lun des amis les plus parüculiers du défunt, l'herbier renfermant à peu près toutes les plantes phanérogames de nos environs. Elle a donné son riche cabinet d'insectes au Lycée de Lyon (*), dans lequel achève en ce moment ses études le petit-fils du défunt, et dans lequel a lui-même été élevé le père de ce jeune homme, M. Clerc, président du tribunal civil de Belley, époux de Mie Jenny Foudras, devenue depuis la mort de son frère, l'unique héritière de notre savant ami. er (1) Foudras avait déjà donné dans le temps à la Société Linnéenne de Lyon, soixante et douze échantillons de minéralogie et divers autres objets d'Histoire naturelle ; plus, les ouvrages suivants : Fucnsir de stirpium commentarii. — Jardin de Henri IV. — Jacquin, Enumeratio plantarum. — Necker, Eléments de Botanique. — Puine, Historia mundi ( Voy. Annales de la Société Linn. 4836, p. 48). TT LL Q Q © ne F. Lépagnez Lith Lyon, Jith. Th. Lépagnez JEAN - JUSTE - NOEL - ANTOINE AUNIER. BOTANISTE. Né à Lyon le 25 décembre 1/8]. | Mort dans la mème ville le 9 août 1859 i L £ NOTICE SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER, PAR E: MULSANT. MEssIEURSs, De toutes les pertes éprouvées depuis quelque temps par notre Compagnie, l’une des plus douloureuses et des plus sensibles, est sans contredit celle de ce confrère si bienveil- lant et si dévoué dont je veux essayer aujourd'hui de vous esquisser la vie. Cet ami de tous nous était d'autant plus cher, qu'il fut pendant deux années le président de cette So- ciété, et qu'il restait parmi nous le dernier représentant de ceux qui, après l'avoir fondée en 1822, n’ont cessé de conser- ver ou de resserrer les liens qui les attachaient à elle. AuNIER (Jean-Juste-Noël-Antoine), naquit à Lyon, le 25 décembre 1784. L’avant-dernier de ses prénoms, comme il est facile de le deviner, lui fut donné pour rappeler le jour mémorable qui lavait vu arriver à la vie. Il était le second enfant et le premier des fils issus du mariage de Claude Aunier, négociant, et de Marie Burdel (*). (1) De ce mariage sont nés six enfants, dont trois seulement ont survécu, sa- voir : Mlle Pierrette Aunier, née en janvier 1781 : Jean-Juste-Noël-Antoine, 4 NOTICE Son père, grâces à la considération qu'il s'était acquise par sa probité et ses qualités personnelles, s'était créé, pour ses affaires, dans les maisons les plus honorables, des relations avantageuses et solides; il occupait le premier rang parmi les marchands de vin en gros de la cité. Sans doute, en embras- sant ce fils qui lui était donné, il dut sourire à l'espérance de lui laisser un jour son commerce florissant ; mais les des- seins de Dieu en avaient disposé autrement : cet honorable négociant fut enlevé à sa famille le 10 avril 1790. Comme compensation à cet irréparable malheur, la Pro- vidence semblait, aux enfants qui venaient de faire une perte si cruelle, avoir ménage dans leur excellente mère, une de ces femmes qui joignent à la tendresse et au dévouement si naturels à ce sexe, l’intelligence élevée et la fermeté de ca- ractère plus particulières au nôtre. Elle s’appliqua à donner à son fils cette éducation solide, qui a pour base les princi- pes religieux et moraux, principes qui, une fois enracinés dans le cœur, ont une si grande influence sur les destinées de la vie. Aunier leur dut sans doute d'échapper dans sa jeunesse. aux entrainements dangereux auxquels il est si facile de céder à cet âge. Ses études contrariées ou troublées par les malheurs des temps, eurent lieu en partie chez des maitres particuliers, en partie au collége de Lyon. Quand elles furent achevées, il fut placé, en qualité de commis, dans un magasin de soieries ; mais des circonstances qui semblaient lui promettre un avan- cement plus rapide, lui firent quitter cette riche branche de notre industrie, pour entrer dans le commerce de la drape- rie. En 1806, c’est-à-dire à vingt-cinq ans, il était l’un des objet de cette notice : et Mme Etiennette Aunier, sœur Saint-Fulgence, née en 4788, aujourd'hui supérieure des Dames Saint-Chaïrles, à Caluire, près Lyon. SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 45 chefs d’une maison de ce genre. Avec l'intelligence et l'esprit d'ordre dont il était doué, l'amour du travail dont il était animé, le zèle et la ponctualité qu'il apportait à laccomplis- sement de tous ses devoirs, et cette probité inflexible si ca- pable d'inspirer la confiance, ses affaires ne pouvaient manquer de prospérer. Aussi vit-il bientôt sa fortune s’accroître, et son nom entouré d'estime et de considération. Il se serait sans doute trouvé un ] our à la tête de l’une de nos maisons de commerce les plus importantes, s’il avait continué à suivre la même carrière. Mais son associé s’étant retiré en 1816, il8e décida à prendre le même parti. IL n'avait plus d'intérêt à rester dans les affaires ; sa sœur la plus jeune venait de pren- dre le voile; l’ainée avait refusé de courir les chances de l’hy- ménée; ét quant à lui, heureux du bonheur qu'il trouvait auprès de sa mère et de celle de ses sœurs qui restait dans le monde, il avait pour la première une sorte de culte, et pour la seconde une affection qui ne laissait place dans son cœur à aucun autre amour. Il jouissait d’une aisance capable de suffire et au-delà à son ambition ou à ses besoins ; à quoi lui aurait servi de se fatiguer plus longtemps sur le chemin de la fortune ? Mais en abandonnant le commerce, il n’avait pas eu l’'in- tention de consacrer à l’oisiveté les restes d'une vie jus- qu'alors si utilement occupée; il se proposait de chercher dans quelques travaux de l'intelligence, des plaisirs et des délassements capables de remplir agréablement ses heures. Il n'avait toutefois encore point de projet arrêté. Sa sœur ainée, liée avec celle de Foudras (*), lui parla de l'attrait que ce dernier trouvait dans la botanique. Elle l’engagea à chercher aussi dans l'étude si douce et si attrayante des fleurs un aliment à l'activité de son esprit. Cédant à ce con- = {4} Entomologsiste et botaniste, mort à Lyon le 43 avril 4859. 46 NOTICE seil, il commença à assister aux lecons publiques probe par M. l'abbé Dejean, peer da jardin des plantes de la ville. Il y fit la connaissance de M"° Lortet, de MM. Rof- favier, Mouton-Fontenille et de divers es amis des pro- ductions de Flore ; il n'en fallait pas davantage pour décider de ses goûts. IL se mit, avec l’ardeur d’un néophyte, étudier les éléments de cette science, qui devait jusqu’à la fin de sa vie, contribuer si puissamment à faire le charme de ses jours. Il entreprit, sous la conduite de ses nouveaux amis,quelques herborisations dans les alentours de la ville ; mais bientôt il voulut étendre le cercle de ses excursions. En juillet 1818, il s'achemina vers Pierre-sur-Haute , montagne des environs de Montbrison, et à partir de cette époque, soit avec M. Rof- favier, soit avec divers autres botanistes, il fit, chaque année au moins, un voyage scientifique. Quelles richesses et quels plaisirs ne lui procura pas déjà l'ascension de la montagne sous-alpine de la Loire! Mais l’année suivante lui réservait des trésors plus précieux et des jouissances autrement vives, dans une visite faite à la Grande-Chartreuse, durant la se- conde moitié de juillet. Je me suis souvent demandé de quelles pensées serait agité un habitant des plaines tristes et monotones de la Cham- pagne, s'il était tout-à-coup transporté sur le chemin si pit- toresque et si accidenté qui se prolonge en serpentant de Fourvoirie au couvent ; sans aucun doute il se croirait dans un autre monde ! Il est impossible, en effet, de franchir le seuil du désert, sans éprouver un sentiment continuel d'éton- nement et d’admiration. Cette route tracée sur le bord d’un torrent profondément encaissé entre des montagnes presque perpendiculaires; ces rochers parfois comme suspendus sur la tête et qui semblent menacer l'existence du voyageur; ces sa- pins échelonnés sur ces flancs escarpés ; ces eaux qui des- cendent en mugissant, ou qui jaillissent en poussière hu- SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 17 mide, en se heurtant contre les roches disséminées sur leur passage ; ce panorama sauvage dont chaque pas fait varier la physionomie ; cet air rafraichi et parfois embaumé qu’on respire, tout contribue à frapper et àenivrer les sens, à exal- ter l'imagination, à élever nos pensées jusqu’au-delà des sphères visibles, vers le Dieu qui créa tant de merveilles ! Aunier et ses compagnons de voyage parcoururent dans tous les sens ces prairies couvertes d’un flore luxuriante ; ils s’'élevèrent jusqu’à ce grand Som, dont le front dénudé do- mine tous les pics environnants; ils visitèrent, près de Bovi- nant, les rochers couronnés de rhododendrons, et les flancs irès-inclinés situés au-dessous, dans lesquels fleurit le beau lys de St-Bruno ; ils jouirent sur le col, d’où l'on descend aux Echelles, par le chemin du Frou, du tableau magnifique qui se déploie, et d’où l’œil découvre le lac du Bourget et peut suivre le cours sinueux du Rhône jusqu'à Lyon; puis, franchissant, un autre jour, la vallée du Guiers mort, ils gravirent jusqu'aux solitudes de Charmantsom. L'année 1822 vit naitre à Paris une Compagnie savante destinée à donner un nouvel essor aux sciences naturelles. A l'instar de celle déjà fondée à Londres, elle avait pris le titre de Société Linnéenne, pour honorer la mémoire du plus grand des naturalistes modernes. Lyon et quelques autres villes de France voulurent suivre l'exemple de la capitale. Les principaux amis de la Nature de notre cité se réunirent dans ce but chez M. Balbis, botaniste italien, depuis quel- que temps le successeur de M. l'abbé Dejean, dans la direc- tion de notre jardin des plantes, et le 28 décembre, jour anniversaire de la mort de Tournefort, ils fondèrent, sous le titre modeste de Colonie, échangé un peu plus tard, contre celui de Société, la Compagnie à laquelle nous nous faisons tous honneur d’appartenir (?). | (*) Ces fondateurs furent : Mme Lortet, MM. Aunier, Balbis, Cap, CGham- 48 NOTICE Aunier, honoré du ütre de correspondant de la So- ciété Linnéenne de Paris (*), fut un des plus zélés à organi- ser cellé de Lyon ; et depuis la fondation de cette dernière, nul n’a montré plus d'intérêt pour sa prospérité. Les liéns qui le rattachaient à la Société-mère le porterent;, au printemps de 1825. à se rendre dans la capitale. Ce voyage et ceux qu'il y répéta à diverses époques (?), lui four- nirent l’occasion d'entrer en rapport avec les botanistes les plus célèbres ou les plus distingués (*) de cette reine du monde, et d'y voir divers autres naturalistes de la province ou de l'étranger (*). Il profita de ces différents déplacements pour herboriser dans les forêts de Fontainebleau, de Saint- Germain, de Meudon et dans diverses autres localités ; pour visiter Versailles et les autres environs de Paris; Orléans, Rouen et le Havre; voir l'Océan, avec ses mouvements pé- riodiques de flux et de reflux, et jouir du spectacle plus émouvant de ses flots agités par la tempête. Quelque temps après son premier voyage de Paris, il se pagneux, Chancey, Deriard, docteur Dupasquier, Fauché, Filleux, Foudras, Grognier, Lacène, Madiot, de Martinel, l'abbé Pagès, Roffavier, Tabareau, Tissier, Vatel. — Les membres du bureau furent : Balbis, président ; Pagès, vice-président ; Grognier, secrétaire; Cap, secrétaire adjoint; Roffavier, tré- sorier. $ (‘) Sa nomination porte la date du 27 juin 4822. (:) En 1835, 1839, 1844, 1847, 1851, 1855. (8) Nous nous bornerons à citer MM. Brongniart, Decaisne, B. Delessert, Desfontaines, Gandichaud, de Jussieu, Montagne et Thouin, de l’Institut; Loiseleur Deslongchamps et Mérat, de l'académie de médeciné ; Cambesè- de, auteur de l'Enumeratio plantarum etc….; Corda, à qui l'on doit divers mémoires sur la cryptogamie ; Gay (Jacq.) auteur de diverses monographies ; Gay (CL.) le célèbre explorateur du Chili; Germain et Cosson, auteurs de la Flore des environs de Paris; Guillemin, le directeur de l’herbier de Bota- nique ; Leveillé, auteur de divers mémoires sur des plantes de la famille des champignons; Maire, Mouroi, Petit, Solairol, etc. etc. (4) Tschniaëff, botaniste russe : Welwitsch, de Vienne, en Autriche, ete. ete. _ SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 19 rendit à Genève ; y recut un accueil empressé de M. de Can- dolle , qui lui donna son fils pour l'accompagner sur le Salève; et après un jour passé avec l'illustre savant, il explora les montagnes échelonnées entre le lac Léman et la ville de Saint-Claude. Dans les deux années suivantes, il visita d'abord les mon- tagnes de l'Auvergne, puis celles des Hautes et Basses-Al- pes (°). ; Depuis longtemps,comme il l’a publié lui-même (Ÿ), il dé- sirait faire une excursion aux Pyrénées; mais il jugea convenable de diviser ce voyage, c’est-à-dire de parcourir d’abord le Languedoc et le Roussillon, afin d’être moins ar- rêté , lorsqu'il traverserait de nouveau ces provinces, pour gravir les majestueuses cimes placées comme une barrière entre la France et l'Espagne. Il quitta Lyon vers la fin de mars 1827, descendit à Avignon, où il vit M. Requien (*) et rencontra M. le professeur Delile à Montpellier, partant pour Toulon, et le même jour il allait coucher à Lille, pour visi- ter le lendemain la fontaine de Vaucluse, lieu moins célèbre par la beauté de sa source, que par les souvenirs qu'il rappelle; il y chercha sur ces rochers, dont les échos semblent redire encore les noms de Pétrarque et de Laure, l'espèce de fougère dédiée au poète (*). De là, il se rendit à Montpellier, y fit la connaissance de M. le professeur Dunal ; herborisa dans les (*) Dans ce dernier voyage il fit à Guillestre la connaissance de M. Mathonnet, et à Meyronnes celle de M. Cogordan, resté l’un de ses amis les plus dévoués. (?) Notice sur un voyage botanique dans le Languedoc (Annales de la Soc. Linnéenne de Lyon, 1836). (5) Botaniste célèbre, mort à Bonifacio dans l'été de 1851, Requien, outre ses travaux botaniques, a publié sur les coquilles fluviatiles de la Corse un ca- talogue devenu une rareté bibliographique. (3) Asplenium Petrarche. E7 . 90 NOTICE environs avec l'un de ses correspondants, M. Mocquin-T'an- don (*) etdiverses autres personnes ; visita successivement Nar- bonne, Perpignan, Collioure et Cette ; explora dans ces courses la montagne du pech de l'Agnel, la chaïne de la Clape, les bords de la Test, les champs de l'ile Ste-Lucie, les bois de l'abbaye de Fondfroide, et après quelques jours consacrés de nouveau à Montpellier et à ses environs, revenait à Vau- cluse y cueillir l4splenium Petrarchæ, qu'il n'avait pu y trouver la première fois ; puis terminait ce voyage par une visite au bel établissement de MM. Audibert à Tonelle. Les pérégrinations d’un naturaliste sont à peu près écrites tout entières dans ses collections. En visitant celle d'Aunier, en feuilletant ses cartons, dans lesquels chaque plante porte l'indication de la date et du heu de sa récolte, on pourrait le suivre pas à pas dans ses herborisations. Il serait même pos- sible de soupconner ie plaisir qu'il dut éprouver à la ren- contre de telle ou telle espèce rare. Toutefois, ce livre énigma- tique ou imcomplet ne saurait nous redire toutes les pensées, toute les émotions de bonheur éprouvées par le voyageur ; lui seul sait trouver dans les divers échantillons de ses végé- taux, comme un écho ou un reflet de ses joies passées, que le souvenir vient faire revivre ou rajeunir. Après avoir exploré le Languedoc, les désirs de notre bo- taniste le dirigèrent, l'année suivante, vers le Mont-Cenis. La Nature le dédommagea amplement de ses peines; 1l revint chargé de trésors ; dans cette excursion, il avait poussé une pointe jusqu’à Turin pour y voir M. Moris (°). Les Alpes sont comme un ami qui nous a comblé de bon- (1) Aujourd'hui membre de l'Institut et professeur de botanique à la Facul- té de médecine de Paris, auteur des Æléments de Tératalogie végétale ; de la Monographie des Chénopodiées, etc. (?) Auteur de la Flora Sardoa. SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 51 tés et dont le souvenir nous revient sans cesse. Quand on les a visitées une fois, on veul les revoir encore. Aunier ne tarda pas à éprouver ce besoin. Dès les premiers jours de juillet 1850, il prenait le chemin de la vallée du Bourg- d'Oisans , et pendant un mois explorait successivement avec MM. Mathonnet et Cogordan, les prairies du Lautaret et les montagnes voisines, les environs de Briançon, le Mont-Ge- nèvre et le Mont-Dauphin. Les événements politiques de cette époque l’engagèrent à renvoyer à l’année suivante le com- plément de cette excursion, qui comprit la région dans la- quelle s'élèvent le mont de Lans et le Piemeyan. La révolution de juillet exerca son influence sur les des- tinées du jardin botanique de Lyon. Sori directeur, M. Balbis, fut porté à se retirer dans sa patrie. M. Seringe, recommandé par M. De Candolle, dut en partie aux démarches d'Aunier auprès de M. Prunelle, alors maire de Lyon, d'être admis à lui succéder. Toutefois, celui dont je retrace la vie, ne put voir sans un profond regret le départ de M. Balbis, le fondateur de notre Compagnie, devenu depuis longtemps son guide et son ami. Jusqu'à la mort de ce naturaliste italien, il resta en correspondance suivie avec lui, et s'occupa même avec un zèle qui ne s’est pas démenti, du placement de la Flore lyonnaise, éditée avec un trop grand luxe de papier, et par suite à un prix trop élevé, pour en rendre l'écoulement facile. Aunier collectait des plantes depuis près de vingt ans, il avait fait quinze ascensions sur le Pilat, renouvelé plusieurs fois ses voyages à la Grande-Chartreuse, et entrepris dans divers autres lieux des courses multipliées, sans avoir encore visité la Provence, cette contrée privilégiée, où sous l’in- fluence féconde d’un ciel plus chaud, la terre se pare d'une flore particulière. Il se dirigea vers ce pays le 1* mars 1854, s'arrêta une huitaine de jours à Avignon pour y consulter 32 NOTICE l’'herbier de M.Requien,surtout dans sa partie cryptogamique, se rendit à Marseille, Toulon et Hyères, et rapporta de ses diverses herborisations des richesses précieuses et des souve- nirs pleins de charmes (!). Depuis cette époque, la plupart des printemps furent con- sacrés à cette contrée favorisée, qu'il regrettait d’avoir connue trop tard. D’autres motifs l’attiraient d'ailleurs sous ce ciel méridional; dans les premiers temps, il y retrouvait trois amis, qui chaque année venaient chercher à Hyères l'air at- tiédi qu’on y respire : M. Champagneux, qui a laissé sur son passage des souvenirs si doux et qui nous a légué son her- bier : M. Donzel, dont notre collection et notre bibliothèque rediront toujours les bienfaits : et ce bon M. Michel, cet ami du cœur, qui devait le précéder de si peu de temps dans la tombe ! Plus tard, il y rencontra dans M. Henri du Luc, l’un de nos botanistes les plus éclairés et les plus infatigables, un ami non moins dévoué et un guide précieux pour s'engager dans les forêts des Maures et de l’Esterel, et parcourir les diverses parties du département du Var, comprises entre Draguignan, Le Luc et Fréjus, jusqu’à Saint-Tropez , Cannes et Antibes, (‘) Dans ce premier voyage, il vit, à Marseille M. Solier, qui culuvait avec le même fruit la botanique et l'entomologie; et, à Toulon, M. Robert, alors directeur du jardin de botanique de cette ville, Dans les autres voyages, il fit connaissance, à Marseille, de MM. Derbès, le savant collaborateur de Solier, dans le travail sur les algues, couronné par l'Institut, et aujourd’hui professeur à la Faculté des sciences de Marseille ; Giraudy et Varsy, amis de M. Solier; à Aix, de M. Castagne, auteur du Catalogue des plantes des en- virons de Marseille, né dans cette ville le 411 novembre 4785, mort à Mizamas le 46 mars 1858 ; à Toulon, de Mme Ventre, qui marche si noblement sur les traces de feue Mme Lortet; de MM. le Dr Ventre , Chambeyron , Cavalier, Perremond, pharmaciens et le capitaine Michel ; Lange, conservateur de la bi- bliothèque bolanique de Copenhague, de passage à Toulon, pour se rendre en Espagne;à Hyères, M. Lozet ; à Draguignan , M. Doublier, si obligeant et si regretté. SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 9 Le nom d’Aunier était depuis longtemps répandu parmi les botanistes de l’Europe.En juillet 1854, ilrecut la visite de M. Gustave Kunze de Leipzig, entomologiste et botaniste re- nommé, avec lequel il entretint depuis cette époque, une cor- respondance régulière,dans laquelle la science etl’amitié trou- vèrent toujours à gagner. Divers autres naturalistes étrangers() etnationaux (?), cherchèrent à établir avec lui des relations. Celles qu'il entretenait avec ses correspondants devaient leur être précieuses : il était d'une générosité sans bornes ; ses plantes étaient préparées avec soin, généralement bien nom- mées, et quand leur détermination lui paraissait douteuse, il aimait à en discuter la valeur avec ceux auxquels illes adres- sait. Aussi les observations critiques échangées avec divers (1) Nous nous bornerons à citer Mgr Billiet, l’éminent prélat, archevêque de Chambéry ; Augerd, fils du célèbre algologue suédois ; Bocik , médecin norvé- gien, dont il recut la visite en 4841 ; Bonafous de Turin, qui s’est acquis à la reconnaissance des naturalistes, des sériciculteurs et de lous les hommes en général, des titres si nombreux; Duby, de Genève, l’auteur du Botanicon gal- licum ; 3. W, Hornemann, conseiller d’état et professeur de botanique à Co- penhague; F. M. Liebmann, le dernier éditeur et continuateur de la Flora danica ; De Notaris, professeur de botanique à Gênes ; Pritzel, l’auteur du Thesaurus litteraturæ botanicæ, etc. ; Reichenbach, fils du célèbre directeur du Jardin de botanique de Dresde, et lui-même botaniste distingué, connu par une Monographie des Orchidées, ete. ;S. C. Sommerfelt, de Ringboë, en Norvège, à qui l’on doit un supplément à la Flore de Laponie; Wilkomm, de Leipzig, voyageur en Espagne, auteur de la Monographie des Globula- riées. (?) Bornons-nous à mentionner, outre les personnes déjà nommées dans cette notice, MM. Delise, de Vire, auteur de l'Histoire des Lichens ; Farines, pharmacien à Perpignan; Féc, professeur à la Faculté des sciences de Stras- bourg ; Gaillon, receveur principal des douanes à Boulogne-sur-mer, mort le 4 janvier 4839; de Girard, de Montpellier ; Joly, professeur à la Faculté des sciences de Toulouse; Lecoq aujourd’hui professeur à la Faculté des sciences de Clermont ; Lenormand,de Vire ; de Pouzzol, auteur de la Flore du Gard,ete. Ami de tous nos botanistes lyonnais, il était plus particulièrement lié avec MM. Cariot, Foudras, Gacogne, Hénon et A. Jordan. D NOTICE botanistes plus ou moins célèbres, et les espèces typiques re- eues d’un assez grand nombre d'auteurs modernes, rendent- elles son herbier très-utile à consulter et lui donnent-elles un prix particulier. Diverses circonstances lui avaient empêché de faire dans les Pyrénees l’excursion projetée depuis 1827. Il lentreprit en 1840, avec MM. Roffavier et Bompart.Nos trois voyageurs vi- sitérent successivement Bagnère de Luchon, Barrèges, Caute- rets, Saint-Sauveur et Gavarnie, escaladèrent le pic du Midi et divers autres situés sur leur route ; et après un mois et demi de courses dont les beautés de la nature et des récoltes abondantes faisaient en partie oublier la fatigue, ils revenaient chargés de plantes et l’âme remplie de tout le bonheur qu'ils avaient goûté. | Aunier devait aux Pyrénées trop de reconnaissance pour leur avoir dit un dernier adieu. Aussi, pendant les étés de 1841 et 1845. retourna-tl leur demander de nouvelles ri- chesses végétales et de nouveaux plaisirs. Cette chaine Pyré- néenne offre, comme les Alpes, de ces tableaux grandioses qui laissent dans la mémoire de tout voyageur de vivaces souvenirs ; mais pour le naturaliste elle présente des attraits parüculiers; il y touve des jouissances ignorées du vul- gaire, et des trésors qu'il chercherait vainement dans les plaines les plus fécondes. | L'exposition de 1851 attirait à Londres une multitude d'étrangers. Aunier profita de cette occasion pour aller visi- ter lherbier de Linné et son Spéciès enrichi de ses notes, trésors confiés aux soins de M. Kippist, toujours empressé de les montrer aux hommes capables de les apprécier. IL voulut parcourir de nouveau le Languedoc en 1852, et, l’année sui- vante , le Bugey, avec M. l'abbé Cariot. Enfin, l'exposition universelle de 1855 lui fournit l’occasion de serrer encore une fois la main à ses amis de Paris. Ce voyage devait être le SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 55. dernier; à partir de cette époque, ses forces affaiblies ne lui permirent plus que des promenades autour de la ville. Peut-être ai-je rappelé avec trop d’étendue les diverses ex- cursions faites par Aunier; mais ces détails semblaient né- cessaires, pour donner à comprendre toute Pactivité de ce bo- taniste. Ces herborisations entreprises dans les parties de la France les plus intéressantes sous le rapport de l'histoire naturelle, servent à expliquer le prix que ses correspondants attachaient à ses relations, et les ressources qu'il possedait pour ses échanges nombreux, dans lesquels il envoyaït toujours plus qu'il ne recevait. D'une générosité instinctive, on le trouvait sans cesse dis- posé à donner, quand ses largesses pouvaient être utiles à la science ou à ceux qui contribuaient à ses progrès (!). Sans doute, il aurait pu laisser dans les fastes de la botanique une place plus distinguée, s'il avait voulu se donner le mérite de ses découvertes ; car personne n'avait peut-être exploré avec plus de fruit le midi de la France et surtout les plantes printanières de la Provence. Mais il trouvait plus d'attrait à s'occuper de l'étude des végétaux pour les jouissances qu'il y puisait, que dans le but de s’en servir à élever un piédestal pour sa gloire. . La science toutefois se plaira à conserver le nom d’Aunier, pour les services qu’elle en a recus. Sa bibliothèque etson her- bier étaient à la disposition de tous les botanistes intéressés à y recourir. Un assez grand nombre d'auteurs, entre les- quels nous pouvons citer MM. Cariot, Delise, Duby, Germain et Cosson, Alexis Jordan, Mérat, Montagne et Moris, lui ont (1) Ainsiila fait divers envois au Muséum de Paris et au magnifique établis_ sement dont M.Delessert fait faire si généreusement les honneurs, par le conser- vateur de sa bibliothèque et de ses collections, M. Lasèoue. Ainsi encore, en 1836, iladressait à M. Tournal, pour le jardin botanique de Narbonne, soixante- dix plantes vivantes, et deux cents paquets de graines. 26 NOTICE dù des matériaux utiles ou précieux pour leurs travaux (1). Tous les membres de cette Compagnie savent la part de collaboration qu'il a apportée à Balbis pour la publication de la Flore Lyonnaise (?). Si Aunier se recommande aux amis de la science par ces titres divers, le souvenir de ses vertus privées rendra long- temps encore sa mémoire chère à ceux qui l'ont connu. C'était une de ces natures excellentes, comme on est si heu- reux d’en rencontrer quelquefois dans le monde. Il possédait cette égalité de caractère, cette douceur et cette bonté, qui répandent tant de charmes sur l’existence de ceux qui nous entourent. D'un esprit solide et sérieux, il manquait de ce brillant qui parfois n’est qu'un vernis recouvrant un fond sans profondeur ; mais en revanche, il était doué de cette sûreté de jugement qui ne laisse point de place aux écarts de l’ima- gination. D'une droiture ennemie du moindre détour, il fallait pour gagner son affection, ou même pour parvenir à entretenir avec lui des relations, mériter d’abord son estime ; mais une fois que l'amitié l'avait porté à former des nœuds, le temps ne faisait que les resserrer. Avec de ielles qualités, peut-on s'étonner s'il a eu des amis véritables ? IT poussait pour eux la condescendance jusqu'à l'abnégation, et le dévouement jusqu'au sacrifice. Il avait surtout cet apanage d’une belle âme, cette mémoire du cœur qui ne sait pas oublier le moindre bienfait. Un seul trait suffira pour le peindre sous ce rapport. Un jour, nous causions de ce bon M. Seringe, dont la perte était récente ; il m'ex- primait le regret de n’avoir pas été averti de sa mort et de n'avoir pas pu, par là même, assister à ses funérailles : com- ment, me disait-il, aurais-je pu me dispenser de l’accompa- (1) M. de Notaris lui a dédié son Syllabus muscorum Italie. (2) Il avait été nommé le 12 septembre 4835, correspondant de la Société d'Agriculture et des Arts de Boulogne-sur-Mer. SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 57 gner jusqu’à sa dernière demeure? il avait rempli ce devoir pieux envers la mère que j'aimais tant ! À notre tour, nous nous souviendrons longtemps de cet excellent confrère, qui fut en 1836 et 1837 le président de cette Compagnie. Sa taille était avantageuse, sa constitution forte et robuste. Sa physionomie, naturellement grave, s’ani- mait sans peine aupres de ses amis, et prenait alors une in- définissable expression de bonté. Vous vous rappelez avec quelle régularité il assista à nos séances tant que sa santé le lui permit ; avec quel plaisir sur- tout il prenait part à cette fête de famille, à ce banquet annuel, destiné à entretenir l'esprit de confraternité, et à resserrer, s’il est possible, les liens si doux qui nous unissent, Il était toujours le plus empressé à y rappeler la mémoire de ceux que nous pleurons. Depuis la fondation de la Compagnie, notre dernière réunion a étéla seule attristée par son absence : il était près des portes du tombeau. Des soins empressés et la vigueur de sa constitution parvinrent cependant à lui ren- dre une santé précaire ; il profita de cette sorte de bien-être pour disposer de ses richesses scientifiques. Elles étaient des- tinées à accroître celles de notre Société ; mais l’incertitude dans laquelle nous nous trouvions encore relativement au local qu'occuperait la Compagnie, le porta à modifier ses dis- positions : il donnait son herbier au Lycée et ses livres à la Bibliothèque publique. Il voulait cependant avoir la douce espérance de rester au milieu de nous , même après les jours où il ne serait plus, et dans celte pensée, il nous laissait son image, en souvenir de l'affection qu’il nous portait. Telle fut la vie d’Aunier. Jamais existence humaine ne coula peut-être plus paisible que la sienne. Les seuls mo- ments de tristesse ou de deuil qui en altérèrent la tranquil- lité, furent ceux où il perdit des amis, ceux surtout qui D8 NOTICE le séparèrent de sa mère chérie (1). Heureux pendant long- temps du bonheur de la posséder ; comblé de Paffection, de ses sœurs; objetcontinuel des soins de celle qui était restée sa compagne ; entouré d'amis dévoués, sans avoir jamais connu d’ennemis ; trop modeste pour avoir suscité des jaloux ; honoré de tous ; béni d’une foule de malheureux dont sa main dis- crète soulageait les miseres, ses jours se sont écoulés dans la paix et la douceur. Mais la félicité éternelle n’est pas de ce monde. Incomplètement remis de sa dernière maladie , il voulut aller passer quelques jours dans l’une de ses campagnes ; au retour, le cahotement de la voiture occasionna une hémor- rhagie dans la vessie, contre laquelle furent impuissantes tou- tes les ressources de l’art, La religion, dont les préceptes lui avaient servi de guide, lui offrit alors ses consolations et ses espérances; elle lui mspira, au milieu de ses souffrances, cette résignation admirable que le chrétien sait puiser dans sa foi. Son regret le plus vif n’était pas de quitter la vie; mais de se séparer de celle dont le cœur était depuis si longtemps lié au sien par un amour fraternel. Quelques moments avant de rendre le dernier soupir, il voulut tendre encore sa main défaillante à la sœur aimée qu'il laissait dans l'isolement, en la Conviant à cette éternité de bonheur, dans laquelle il s’était préparé une place par ses vertus. Il s’éteignait le 9 août 1859. (1) Morte en 1838 - SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 29 On a de lui : 4° Notice sur un Voyage botanique dans le Languedoc, fait en avril et en mai 1827 ; lue à la Société linnéenne le 26 novembre 1827. (Annales de la Soc. Linn. de Eyon, 1836.) 2% Notice sur M. Vaivolet. (Annales de la Soc. Linn. de Lyon, 1836.) 3° Notice sur l'abbé Pagès: (Lue à la Soc. Linn. dans la séance du 28 décembre 1841.) (Ann. de la Soc. Linn. de Lyon, 1841, p. #1 et suiv.) Il a laissé en manuscrit : Note sur la Peziza amplissima. ( Lue à la Société Linnéenne, le 3 mai 1824.) Promenade à la Grande-Chartreuse. (Lue à la Société Linn. de Lyon, le 27 août 1826.) Rapport sur un Mémoire envoyé par MM. Chereau et Dechaleris, ayant pour titre : Essai sur les Cryptogames utiles. (Lu à la Soc. Linn. de Lyon. le 9 juillet 1827). Aunier a laissé Le journal de ses grandes herborisations, à part de quelques-unes de celles de Pilat. En voici le ré- sumé : 1818 (du 9 au 15 juillet) Pierre-sur-Haute (Loirê). 4819 (du 15 au 29 juillet) Grande-Chartreuse. 1820 (du 27 juillet au 13 août) les environs de Grenoble, Chamrousse, le Lautaret, le Galibier, le Mont-de-Lans, etc. 60 NOTICE 1820 (du 9 et 10 juin) Pilat. — (du 41 au 16 juillet) Pilat. 1821 (du 25 juillet au 1 août) le Bugey, le Grand-Colombier. 4822 (du 16 au 22 juin) les montagnes de Nantua. 4823 (du 10 mars au 14 avril) Paris, Fontainebleau, Versailles. — (du ÿ au 15 août) Genève, les montagnes du Jura. 182% (du 20 juillet au 8 août) les montagnes de l'Auvergne. 1825 (du 18 juillet au 20 août) les Hautes et Basses-Alpes. 1826 (du 17 au 20 juin) Pilat. — (du 1 au 11 août) Grande-Chartreuse. — (du 25 au 31 août) Pilat. 1827 (du 28 mars au 24 mai) Vaucluse, le Languedoc, Nismes, Montpel- lier, Toulouse, Narbonne, Perpignan, Port-Vendres, etc. — (du 12 au 17 juillet) Pilat, 1828 (du 18 juillet au 14 août) le Mont-Cenis. 1829 (du 28 au 31 juillet) Pilat. _ 4830 (du 5 au 9 juin) Pilat. — (du 7 juillet au 8 août) les Alpes, le Lautaret, le Mont Genèvre, le Mont-Dauphin, etc. 1831 (du 25 juillet au 5 août) le Dauphiné, le Mont de Lans, le Piemeyan, le Lautaret. 1832 (du 3 au 8 juillet) Pilat. 1833 (du 17 au 21 juillet) Pilat. 185% (du 1 au 25 mars) Avignon, Aix, Marseille, Toulon, Hyères. — (du 27 juillet au 1 août) Pilat (16° herborisation). 1835 (du 29 janvier au 44 mars) Paris, Rouen, Bolbee, le Havre. 1836 (du 1 au 7 juillet) le Bugey, le Grand-Colombier. — (du 26 juillet au 5 août) Grande-Chartreuse. SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER. 61 1837 (du 46 juillet au 3 août) le Mont-Dore, le pic du Capucin, etc. 4838 (du 2 au 16 juillet) Grande-Chartreuse. — (du 5 au 23 aout) Allevard, le Lautaret, etc. 4839 (du 6 mai au 14 juin) Paris, Meudon, Vincennes, Versailles, etc. — (du 12 au 17 juillet) Pilat. — (du 30 juillet au 24 août) Mont-Cenis, Turin, 1840 (du 26 au 29 juin) le Bugey. — (du 10 juillet au 25 août) les Pyrénées. Bagnères de Luchon, la vallée du Lys et Bagnères de Bigorre, Barrèges, Cauterets, Saint- Sauveur, Gavarnic, etc, 4841 (du 12 avril au 7 mai) la Provence, Avignon, Marseille, Hyères. — (du 21 juin au 10 août) les Pyrénées, le Canigou, Prades, etc. 4842 (du 20 janvier au 5 mars) la Provence, Hyères. — (du 4 au 12 août) la Grande-Chartreuse. 41843 (du 1 juillet au 18 août) les Pyrénées, Bigorre, St-Sauveur, etc. 184% (du 9 mars au 4 avril) Provence, Hyères. — (du 21 juin au 25 juillet) Paris, Orléans, Versailles, Bois-de-Bou- logne, Meudon, Fontainebleau, Malsherbes, Dijon. 1845 (du 12 mai au 19 juin) Provence, le Luc , St-Tropez, Bois- des-Maures, St - Raphael, l’Esterel, Cannes, Antibes, Dragui- gnan. 1826 (du 26 juin au 22 juillet) Provence, Avignon, Marseille, les Bois- des-Maures, Fréjus, l’Esterel, Draguignan. 1837 (du 1 février au 3 mars) Paris, Versailles. — (du 28 juillet au 18 août) Dauphiné. La Motte, Lautaret, Galibier, Premols, Uriage. 1849 (du 1 au 11 mai) Provence. Arles. 1850 (du 25 avril au 23 mai) Provence. Marseille, le Luc, Grasse, golfe Juan, St-Raphael, Aix. 62 NOTICE SUR JEAN-JUSTE-NOEL-ANTOINE AUNIER.. 1851 (du 23 avril au 17 mai) Provence. Marseille, Toulon, Hyères. — (du 24 juillet au 19 août) Paris, Londres. 1852 (du 14 au 31 mai) Languedoc, Montpellier, Narbonne, Béziers, etc. 1853 (du 22 26 30 juillet) Bugey. Nantua, la Voulte, etc. — (les 12 et 13 août) Bugey. Meximieux. 4855 (du 24 octobre au 5 novembre) Paris. NOTES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE QUELQUES COLÉOPTÈRES ; PAR E. MULSANT et Euc. REVELIERE. (Lues à la Société Linnéenne de Lyon, le 34 juillet 4859.) ——— PREMIERS ÉTATS DE L'Iphthimus italicus. Les premiers états des Coléoptères désignés sous le nom générique d'Iphthimus n’ont pas encore été décrits. Les dé- tails que nous allons donner sur ceux de VI. italicus, servi- ront à jeter quelque jour sur le genre de vie de ces insectes, et à montrer les relations qui les unissent aux Ténébrions. Larve hexapode ; semi-cylindrique ; allongée ; revétue d’une peau parcheminée ou coriace. Tête penchée ; peu convexe ; d'un fauve testacé,avec l’épistome livide ; hérissée sur les côtés et surtout près de la base des antennes de quelques poils très- clairsemés, d’un blond roussâtre; marquée d’une ligne nais- sant du bord postérieur, avancée longitudinalement jusqu’au tiers ou aux deux cinquièmes postérieurs, où elle se divise en deux branches arquées en dehors, dirigées chacune vers la base des antennes, où chacune d’elles paraît encore se bifur- quer ; ponctuée plus densement sur son disque que sur des côtés. Postépistome et épistome confondus, si ce n’est par la couleur ; formant une figure transverse, rétrécie d’arrière en avant, une fois plus large à la base que longue sur son milieu. Labre à peu près de la largeur de l'épistome; subarrondi et garni de poils, en devant. Wandibules presque droites, sub- GA PREMIERS ÉTATS cornées et d’un fauve testacé à la base, arquées, noires et cornées à l'extrémité; de forme un peu différente à celle-ci : l'une armée de trois dents, dont l'intermédiaire assez poin- tue, plus avancée, et d’une molaire à la base : l’autre, égale- ment munie à l'extrémité de trois denis, dont l'intermédiaire tronquée; pourvue aussi, à la base, d’une molaire un peu avancée en forme de pointe à sa partie antérieure. Mâchoires à un seul lobe; subparallele , tronqué à l'extrémité coriace, avec le bord interne et l’angle antéro-interne noirâtres, cornés, munis de poils spinosules fauves. Palpes maxillaires coniques ; dépassant un peu les mandibules à l’état de repos ; de trois articles : le dernier, muni d’une soie. Menton plus long que large ; hexagonal. Languette conique, frangée. Palpes labiaux coniques: de deux articles. Antennes à peine aussi avancées que les mandibules, à l’état de repos ; de quaire articles : le basilaire, presque membraneux, subglobuleux ou presque annuliforme ; fauve ou roussatre à la base, livide à l’extré- mité : le deuxième cylindrique, une fois plus long que large, fauve testacé avec l'extrémité antérieure livide : le troisième, cylindrique, un peu moins gros et à peine plus long que le précédent, roussâtre : le quatrième brusquement plus étroit, court, terminé par un poil. Yeux à peine représentés par deux petits points noirâtres. Corps de douze segments : d’un blanc sale, avec l'anneau prothoracique d’un testacé fauve ; marqué d’une ligne longitudinale médiane blanchâtre ; garni sur les côtés de quelques poils très-clairsemés ; garni de légères rides : les onze premiers segments offrant une bordure postérieure lisse : le prothoracique, un peu plus grand que les autres, mais moins grand que les deux suivants réunis, presque de la cou- leur de la tête : les deuxième et troisième anneaux un peu plus courts que chacun des suivants: les quatrième à dixième presque égaux : le onzième un peu rétréci d’avant en arrière : le douzième, plus court, terminé par deux sortes de cornes DE L'IPIITIIMUS ITALICUS. 63 relevées et divergentes , munies chacune en dessous de deux ou trois petites pointes : ce douzième anneau armé aussi en dessus et un peu sur les côtés de quaire petites pointes noiratres, de chaque côté de la figne médiane; à fente anale représentée par une ligne en demi-cercle aboutis- sant à chacune des extrémités du bord postérieur ou inférieur du dit anneau. Dessous du corps lisse. Pieds médiocres; dis- posés par paire sous chacun des Lrois premiers arceaux; munis au côté interne de très-courtes pointes; garnis de poils ; com- posés chacun de cinq pièces : une hanche : un trochanter uni. à la cuisse: un tibia et un ongle robuste et incourbé , re- présentant le tarse : les pieds antérieurs plus robustes. Stig- mates au nombre de neuf paires de chaque côté : la première plus grosse et située plus en dessous, près du bord anté- rieur du deuxième anneau : les autres sur chacun des qua- trième à onzieme segments. Cette larve vit dans les parties mortes et surtout pourries des troncs de chènes verts, des arbrisseaux du genre Phyli- que, et peut-être de quelques autres arbres ; elle s'enfonce souvent profondément dans le bois. Vers la fin de sa vie vermiforme, cette larve se rapproche plus ou moins de l'écorce pour avoir le moyen de se créer une sortie plus facile. Dans l'endroit où elle s'arrête, eile élargit un peu sa galerie pour s’y transformer en nymphe. Voici la description de celle-ci. Nymphe allongée ; incourbée ; glabre ; d'un blanc sale ou jaunâtre. Tête inclinée ; offrant très-distinctes les diverses parties de la bouche de Pinsecte futur. Yeux représentés par trois points tuberculeux, noirâtres, transversalement situés derrière la base de chaque antenne. Celles-ci, grossissant graduellement ; dirigées en dehors, couchées sur la partie antérieure de l’antépectus en se dirigeant vers le mésotho- rax, dont elles ne dépassent pas les côtés, au devant des = # o 66 LARVE DU RHIZOTROGUS FOSSULATUS. pattes antérieures. Prothorax semblable à celui de l'insecte parfait. Âféso et métathorax courts; portant les élytres ét les ailes infléchies en dessous. Æ4bdomen composé de neuf segments : les six premiers à peu près d'égale largeur, ayant les côtés tranchants et un peu relevés , armés chacun de qua- tre dents : les antérieures et postérieures plus fortes : les pre- mières recourbées en devant : les postérieures recourbées en arrière : les trois derniers segments graduellement rétréceis : le septième armé sur les côtés de deux ou trois dents : le hui- tième de deux ou irois dentelures très-courtes : le dernier, muni de deux pointes recourbées et de deux sortes de ma- melons sur le bord antérieur de la partie postérieure servant de limite à la fente anale. Pieds offrant les cuisses dirigées en dehors et en arrière, les tibias repliés contre les cuisses et les tarses dirigés paralièlement à la ligne médiane du corps: Stigmates à peu près comme chez la larve. Ordinairement au bout de 8 à 10 jours passés dans cet état, l’insecte subit sa dernière transformation. Cet insecte se trouve en Corse presque pendant toute la belle saison, principalement dans les mois de juin, juillet et août. Durant le jour, il se tient caché sous les écorces ou au pied des arbres, et n’a que pendant la nuit une vié active. Lanve pu Kthizotrogus Fossulatus. Larve hexapode ; courbée. Tête convexe ; d’un flave rous- 2 3 sâtre ; lisse ; marquée en devant de quelques points parais- sant symétriquement disposés ; notée d’une ligne longitudi- nale médiane bianchäâtre, naissant du milieu du bord posté- rieur, prolongée jusqu'au tiers postérieur où elle se bifurque et se divise en deux lignes, aboutissant chacune à la base des nn nt, LARVE DU RINZOTROGUS FOSSULATES,. 67 antennes. Épistome et postépistome unis, constituant une pièce transverse, rétrécie d’arrière en avant: le postépistomé, d’un flave roussitre: l’épistome, livide, Labre une fcis plus large que long, arrondi et garni de poils à son bord antérieur. Mandibules médiocrement arquées ; d'un flave roussâtre à la base, noires et d’une consistance plus cornéé à l'extrémité ; terminées en pointe, tranchantes à leur bord interne sur le cinquième antérieur de leur longueur, et munies postérieu- rement d’une petite dent sur cétte partie tranchante, échan- crées ensuite ou irquées en dehors jusque vers la base de leur bord interne, et munies en dessus d’une tranche ou soric de carène. Mächoires formées d’une pièce basilaire courie, d'une pièce prébasilaire aussi longue que large, comprimée, et d’un lobe terminal garni de poils raides ou spinosules et terminé par une dent subcornée. Palpes maxillaires filifor- mes ; de trois articles : le dernier le plus long, rétréci vers son extrémité. Menton court; transverse. Languette arquéc en devant. Palpes labiaux filiformes; de deux articles: le dernier rétréci vers son extrémité. Antennes à peine aussi longuement prolongées que les niandibules &ans l'état de repos : de cinq articles : le basilaire globuleux : les deuxième et troisième, subfliformes : le deuxième trois fois, le troi- sième quatre fois aussi long que large : le quatrième un peu moins long que le troisième, mais prolongé à son côté interne: le cinquième presque en ligne droite à son côté externe, arqué à l’interne, appendicé. Ocelles nuls ou peu distincts. Corps courbé en arc; garni en dessüs de poils rous- sâtres, longs, flexibles, assez clairsemés ; composé de treize arceaux : les onze premiers, d'un blanc sale : les deux derniers ardoisés au moins sur les côtés : les neuf premiers ridés, presque égaux : le prothoracique un peu moins court que les suivants : les quatrième à neuvième munis en dessus de poils . roussÂtrés assez courts subspinosules, servant à favoriser les 68 LARVE DU RHIZOTROGUS FOSSULATUS. mouvements de progression de l’insecte : les dixième à trei- zème graduellement un peu plus longs : le dixième encore garni à sa base de poils spinosules, lisse ct presque glabre postérieurement ainsi que les deux suivants : le dernier garni de poils plus nombreux, surtout vers son extrémité. Ligne anale en forme de V très-ouvert. Dessous du corps. analogue à la partie supérieure; garni de longs poils rous- sâtres très-clairsemes. Pieds assez allongés ; d’un blanc sale ; garnis de poils roussâtres, plus longs et plus flexibles sur les parties antérieures, plus courts et plus raides près de l'extré- mité, surtout dans les troisième et quatrième pièces des pieds antérieurs ; composés de cinq pièces: la basilaire, courte, annuliforme : la deuxième subcylindrique, la plus longue : la troisième renflée en dessous vers l'extrémité : la quatrième conique : la cinquième constituant un ôngle assez court et aigu. Stigmates petits; au nombre de douze paires ; situés sur les côtés du corps, près du bourrelet latéral : la première paire sur lé premier anneau : les autres sur chacun des qua- trième à onzième. | Cette larve ronge les racines de l’Asphodelus ramosus, qui se trouve environ à huit cents mètres de hauteur, dans les montagnes de la Corse. Elle se transforme en nymphe dans les mois d'août, et paraît, en septembre, sous sa forme parfaite. JEAN — NICOLAS-— BARTHELEMI — CUSTAVE LEVRAT ENTOMOLOGISTE Ne à Lyon Le 16 Janvier 1823, Mort dans la même ville le 28 août 1859 NOTICE SUR JEAN-NICOLAS-BARTHÉLEMI- GUSTANE LEVRAT, PAR E, RULSAN'Y. Cette année 1859, qui va bientôt appartenir au passé, aura été une des plus douloureuses pour notre compa- gnie, par les pertes nombreuses qu’elle a faites. Mais entre tous les deuils dont nos cœurs ont été atteinis, le plus inattendu est sans contredit celui du regrettable ami dont je veux essayer de vous esquisser la vie. Jean-Nicolas-Barthelemy-Gustave LEvRAT naquit à Lyon, le 16 janvier 1823. Il était l'ainé des deux enfants issus du mariage du Docteur Jean-Francois Levrat (1) et de Héloïse Perrotton. À quatre ans 1l faillit ètre emporté par une mala- die grave et dut peut-être.une seconde fois la vie à son père, par les soins intelligents avec lesquels l'habile praticien (1) Le docteur Jean-François LEvVRAT-PrrRorron, né à Leymont (Ain), le 4 juillet 1790, est mort à Lyon le 24 février 4855, Auteur de divers travaux estimés sur la médecine, il avait conquis des titres plus méritoires encore dans cct amoursi constant el si désintéressé qu’il n’a cessé de montrer pour les pauvres dans cet empressement à leur donner des soins à toutes les heures où ils venaient réclamer ses services. (Voyez, sur cet homme de bien, la notice pleine d'intérêt publiée pax M. Roux, dans le Répertoire des travaux de ta société de statistique de Marseille, & 20, p. 456 et sui.) | 710 NOTICE sut éloigner la mort déjà penchée sur Îe chevet de son fils. Enfant, il offrait dans son caractère, son intelligence et son aptitude, les espérances qu'il devait réaliser plus tard. Ses parents ne négligèrent rien pour favoriser le developpe ment de ses heureuses dispositions. De bonne heure , il fut confié aux soins d’un maitre habite, chargé de lui donner des lecons dans la maison paternelle. IE compléta ses études par un an de philosophie au collége de Lyon, sous M. l'abbé Noirot : et le 19 juin 1811, il sortait avec succès et distinction ces épreuves du baccalauréat ès-lettres. À cette époque, son père faisait bâtir une maison de cam- pagne, dans la commune de Lenuüily, à trois ou quatre lieues de notre ville. M. Pascal, l'un de nos bons architectes , chargé de diriger cette construction, aimait alors, dans ses moments de loisir, à demander à l'entomologie des sujets ce distractions à des travaux plus sérieux (?). Il conduisit un jour le jeune Gustave à une chasse aux insectes dans les bois voisins. I] trouva le secret de lui faire partager, dans l’exer- cice auquel üis se livrèrent, les jouissances qu'il éprouvait fui-même ; il lui parla des charmes de l'étude des Coléo- ptères: en fallait-il davantage pour lui inspirer du gout pour cette science ? Levrat élait à cet âge où l'imagination vive et ardente recoit avec facilité les impressions dont elle est frappée, où le cœur, quand il est pur, est heureux de sat- tacher à quelque étude attrayante, pour échapper avec plus de facilité à des entrainements plus dangereux. Aussi, dès ce moment, commenca-t-1l à collecter des insectes. Mais cette occupation, qui prit bientôt le caractère d'une petite passion, _…. (1) On doit à M. Pascal, la découverte, dans nos environs, de l'4phodius conjugatus ci de quelques autres Coléoptères, qui jusqu'alors n'avaient pas élé lrouvés dans nos caripagnes. SUR JEAN-NICOLAS-BARTHÉLEMI-GUSTAVE LEVRAT. 71 ne devait être aux yeux de sa raison, qu'un passe-temps chargé d'amuser ses loisirs. Avant tout, il désirait se créer une posi- üon dans le monde, en y embrassant une carrière. Les suc- cès de son père dans la pratique médicale, semblaient lui indiquer la voie à suivre. Mais une répulsion instinctive pour les études préparatoires à l'exercice de la médecine, lui fit tourner ses regards vers notre riche industrie, qui offre sou- vent le chemin le plus sûr et le plus rapide pour arriver à Ia fortune. Il entra successivement dans deux maisons de soic- ries de notre ville. Graces à l’intelligence dont il était doué, et à ce noble désir de réussir qui conduit aux succès, il acquit bientôt les connaissances nécessaires pour conduire lui-même les affaires, et, à vingt-sept ans, il forma une association, et devint l’un des chefs de l’une de nos fabriques de velours. Dans les diverses positions qu'il avait occupées jusqu'alors. les devoirs auxquels il était enchaîné n'avaient pu affaiblir en lui son amour pour l'étude des insectes. Il consacrait à leur chasse ou à leur détermination tous les moments de liberté qu'il ne donnait pas aux relations de famille. Quelques années se passèrent ainsi, pendant lesquelles les distractions fournies par la science à laquelle il était resté fidèle, les satisfactrons procurées par l’état florissant de son commerce, les douceurs trouvées auprès de parents excel- lents et dont il était tendrement aimé, parurent suflire à ses désirs. Mais il soupira bientôt après un complément à ce bonheur. Il le trouva dans une union capable de satisfaire son cœur, d'enchanter tous les siens, de réaliser tous ses rêves. Le 6 juin 1853, il s’alliait à l’une de nos familles les plus honorables, il épousait Melle Sara Mouterde (!). (#) M. Emmanuel Mouterde, père de Mme Sara Levrat, a été membre de la chambre de commerce, juge au tribunal de commerce et président de la caisse d'épargne de notre ville. Il est encore membre de la chambre consul- talive d'agriculture, etc. 72 NOTICE Sa jeune compagne ne tarda pas à s'identifier à ses goûts, à prendre une part aclive aux soins de sa collection, à lui aider à en augmenter les trésors. C’est elle qui dénicha, sous des écorces de pins, dans les environs du Donjon (Allier). ce Joli longicorne formant le type du genre Wotorhina, qui n'avait pas encore été signalé comme habitant notre pays. Les jours de félicité dont jouissait Levrat devaientaussiavoir leurs orages. Son père, épuisé par les fatigues d'une pratique trop laborieuse, succombait le 24 février 1855, entouré de l'estime et de l'affection de tous ceux qui le connaissaient, et pleuré des malheureux auxquels il avait pendant toute sa vie prodigué des soins, des consolations et des secours. La Providence sembla, peu de mois après, vouloir offrir à notre ami quelque adoucissement à une perte si cruelle : après des espérances jusqu'alors incomplètement réalisées, il lui naquit un fils le 16 mars 1856. Comblé, dès ce moment, des joies et des douceurs de la famille, il pouvait borner ses désirs à demander au Ciel la continuation des biens dont il était favorisé. Il était dans cette position de fortune si bien nommée par les poètes aurea mediocritas (?), c’est-à-dire dans cette aisance qui, sans ètre l'opulence, nous permet de nous donner toutes les jouissances raisonnables. Il voyait, chaque année, son commerce le récompenser de son travail; aug- menier ses sources de bien-être et embelhir les espérances de son avenir. Il mettait à profil cet état prospère pour se créer des richesses plus durables en soulageant les misères qui l’entouraient. Là, ne s'étaient pas bornées ses bienfaisantes sollicitudes. Une petite commune du département de l'Ain, dans laquelle il avait eu plusieurs fois l’occasion de se % rendre, l'Abergement-de-Varey. avait à reconstruire son (ÿ Honacr, Odes, liv. 2. 10.8. LA SUR JEAN-NICOLAS-BARTHELEMI-GUSTAVE LEVRAT . FE église. Le bon curé du lieu (*) lui avait fait connaître et l'im- périeuse nécessité de rebatir cet édifice, et la pauvreté .de sa paroisse. Levrat se met à l’œuvre, organise une loterie et en obtient des produits suffisants pour permettre de com- mencer prochainement les travaux Les témoignages de reconnaissance (?) recus à cette occasion, lui furent sans doute moins agréables que la satisfaction intérieure d'avoir fait le bien; mais ils seront un titre honorable pour sa famille, et , pour son fils , un stimulant capable de le porter à marcher toujours sur de si belles traces. En dehors du temps réclamé par les affaires, Levrat, avons- nous dit, consacrait à l'entomologie la majeure partie de ses heures disponibles. Dans un voyage fait à Marseille, en mai 1844. il avait eu l'occasion de se lier avec M. Wachanru, ce naturaliste excellent, ce collecteur zélé et infauigable, à qui les cabinets d'histoire naturelle du nord doivent en grande partie les insectes de notre faune méridionale. Grâces aux envois fréquents recus de cet ami, Levrat s'était créé de nom- breuses relations, profitables à tous les deux, et qui chaque jour remplissaient dans ses cartons des vides plus où moins nombreux. Ses rapports, dans les premières années ne dépas- saient pas les limites de la France ; mais peu à peu, la possibi- lité de se créer une riche collection de Coléoptères, à l'aide des trésors incessamment mis à sa disposition, lui fit étendre considérablement le cercle de ses correspondances. (*) Dans (1) M. l'abbé Curial, en ce moment auinünier du vaisseau la Foudre, cn sli- Lion devant Tanger. () Voyez la note à la fin de cette notice. (3) II nous suffira de citer : en Autriche, M. le docteur Hampe ; en Bavière, MA. les docteurs Kriechbaumer et Rath, et M. Stark ; en Espagne MM. Amor, Perez, et le ducteur Guitao ; en Grèce, M. Eleldreich; en Hongrie MM. Kin- dermann et le chevalier de Zacker: en Prusse, MM. Krautz, Pfeil, Pitsch, 74 NOTICE les derniers temps, il existait peu de parties de l'Europe dans lesquelles il n’eût adressé ses propositions d'échange, aux entomologistes dont il espérait obtenir des richesses nouvelles, Le désir de faire la connaissance personnelle de quelques-uns de ses correspondants, de cimenter avec eux des liaisons plus durables, de se créer de nouvelles relations, l'avait porté à prendre part aux divers congrès entomologiques tenus depuis. quelques années. Ainsi en 1857, il se rendit à Montpellier, et dans les explorations faites autaur de cette ville, il eut le plaisir d'y prendre de sa main quelques-uns des insectes in- connus à nos contrées. En 1858. il se trouvait aussi à Grenoble, et faisait partie de l’excursion à [a Grande-Chartreuse, si malheureusement contrariée par le mauvais temps. Cette année, il assistait au congrès tenu en Auvergne. Ces réunions scientifiques dont nous devons l'initiative à . l'Allemagne, ne se bornent pas à servir les intérêts de la science, soit en permettant aux découvertes nouvelles de se produire au jour, soit en provoquant l'apparition de divers mémoires, ou des discussions capables de faire jaillir des lu- mières nouvelles sur des points encore peu éclaircis, elles entretiennent et ravivent, parmi les membres qui s’y rendent, le feu sacré de l'amour de Ia Nature; elles fournissent aux entomologistes l'occasion de se connaître et d'établir entre eux des rapports plus intimes. Cet assemblées annuelles et surtout les relations nom- breuses qu'entretenait Levrat, avaient contribué à répandre son nom en France et à l'Étranger parmi les personnes atta- Zebe ; en Russie, MM. le baron de Chaudoir et MM. les docteurs Rairard, Schulten, Sodoffok y ; en Saxe, M. de Kiesenweter, en/Sicile, MM les che- valiers Benoit et Tines; en Suisse, M. le doctcar Stieriin ; en Turquie, M. le docteur Paoli. SUR JEAN-NICOLAS-BARTHÉLEMI-GUSTAVE LEVRAT. 75 chées à l’entomologie. Diverses sociétés savantes (!) s'étaient empressées de l’admettre dans leur sein : l'une d'elles, celle de Statistique de Marseille, lui avait, lan dernier (?), décerné une mention honorable, pour diverses communica- tions. Il appartenait à notre compagnie depuis le 11 mai 18146, et vous savez avec quel plaisir et quelle exactitude il assistait à nos séances et prenait part à nos travaux. À diverses reprises, 1l avait contribué à les animer par des lectures ou des communications. Les envois nombreux qui lui étaient adressés, lavaient porté à faire connaitre les espèces de Coléoptères qui lui semblaient inédites. Ses diverses produc- tions, réunies dans un premier cahier, sous le titre d'Etudes entomologiques n'étaient sans doute qu'un prélude à des tra- vaux plus sérieux ; mais ces études devaient s’arréter là ! En vous rappelant ses excursions au Mont-Pilat, il vous disaitnaguères : « quand, joyeux, je parcours ces montagnes, « jetant aux échos une bruyante ritournelle, il est un lieu « sauvage où ému je m'arréte; alors ma chanson devient « prière. Là, Pèdre Ormancey et moi, nous faisions autrefois « une halte au bord du torrent... Aujourd’hui la tombe nous « sépare! » Qui nous aurait dit qu’à son tour il s'arréterait, si jeune encore, dans le chemin de la vie? Son absence laissera dans nos rangs un vide douloureux et difficilement rempli. Sa muse, facile et enjouée, ajoutail pres- — ——— ——— — — _—— — — ——— —" "— ————— EEE ——"— "2 {') IL avait été nommé correspondant : de la société de statistique de Marseille le 6 mai 1847 ; de la sociélé Entomologique de Sietlin, le 16 juitet 1855: membre de la société Entomologiqe de France, le 40 octobre 1855 ; cor- respondant de la sociélé d'Agriculture, des Sciences, Arts el Belles-Lettres du département de l'Aube, le 15 octobre 1858. (2) Le 25 août 1858. () Veyez la notice sur ce Naturaliste. (Annales de la Soc. linn. de Eyon, nouv. série, &. 1. (1852-53) p. 77 el suiv. — Muisaxr , Opuscules entom. 2e cahier, p. 101 etsuiv. 76 NOTICE que toujours un charme particulier aux plaisirs de nos fêtes annuelles. Dans la dernière , fixée à Saint - Rambert en Bugey, après une journée pleine d'émotions et de plaisirs, passée à explorer soit les bords riants de l'Albarine, soit les montagnes couvertes de bois ou de prairies, qui donnent à ce pays accidenté un aspect si pittoresque, cette muse, vous vous le rappelez encore, cette muse, dont le luth est aujour- d'hui brisé, fut un des ornements du banquet joyeux, cou- ronnement obligé de nos courses et de nos iravaux. Levrat, peu de temps après, s'était rendu au congrès ento- mologique Lenu à Clermont. À son retour, il se plaignit d'un malaise général accompagné de fièvre; son état paraissait n'offrir à son médecin aucune. crainte sérieuse. Toutefois, malgré cetie apparence trompeuse, une voix intérieure semblait lui annoncer la fin prochaine de son existence. Quel- ques jours après, il demanda à embrasser son jeune fils, le. serra affectueusement dans ses bras affaiblis, et tournant sur lui ses yeux humides, pria de l'emmener à la campagne, pour lui épargner, vers ses derniers moments, le déchire- ment d’une séparation si cruelle. Ces tristes pressentiments ne devaient que trap seréaliser : le 25, son état devenu plus grave, le forca à s'aliter ; la mala- die avait pris le caractère d’une fièvre typhoide. Le vendredi, 26, dans l'après midi, il fut pris d’un accès pernicieux avec délire. Revenu à lui, il appela à son aide les secours de la religion, à la voix de laquelle il avait toujours été si docile. Le simedi, 27, à onze heures du soir, il éprouva un second accès qu'il n'eut plus la force de supporter ; à deux heures du matin il expirait au milieu des parents éplorés qui l'entouraient de leurs soins! Il y à cinq ans, dans ses souvenirs du Mont-Pilat, il ex- primait le vœu de mourir ignoré comme la violette qui par- fume les hauteurs de cette montagne célèbre, et de pouvoir, I SUR JEAN-NICOLAS-BARTHÉLEMI-GUSTAVE LEVRAT. Gas Rod aussi pur, exhaler un jour son dernier soupir au sein de Dieu. Mais le premier de ses désirs ne sera pas réalisé : il n'aura pas passé complètement ignoré sur la terre; ïl aura laissé quelques traces dans les annales de la science, et des souvenirs vivaces dans Le cœur de ses amis. On a de lui : 4 De lutilité de la science entomologique. (Mémoire lu à la Société linnéenne de Lyon, en juin 1856. — Annales de la Soc. linn. de Lyon, (1845-1846) p. 16. —Levrar, Etudes entom. ler cah. p. 1-8). 2e Causes de la détérioration chez les Coléoptères. (Mémoire lu à la Soc. linn. de Lyon, le 9 novembre 1846. — Annales de la Soc. linn. de Lyon (1847-1849), p. 218-220. — _ Levrar, Etudes entom. 4er cah, p. 57-60.). 3° Description d’une nouvelle espèce de Pimelia, (lue à la Soc. linn. de Lyon, le 5 avril 1853. (Ann. de la Soc. linn. de Lyon, nouv. série, t. 4, p. 1, pl. 1. — Levrar, Etudes entom. 1er cah. p. 19-20). j 4° Strophes chantées au banquet de la Société linnéenne de Lyon, le 28 décembre 1852. ; (LEvRAT, Etudes entom. 1er cah. p. 21-24). 5° Emploi de l’éther comme moyen de dissolution de l'oléine transsu- dante, chez les insectes. (Mémoire lu à la Soc. linn. de Lyon le 2 avril 1854.— LEVRAT, Etudes entom. ler cah. p. 61-64). 8 NOTICE NE 6° Souvenirs du Mont-Pilat. (Mémoire lu à la Soc. linn. de Lyon. le 10 juillet 1851.—Levrar, Etudes entom. 1er cah. p. 9-18. 7° Note pour servir à l’histoire du Dryops femorala. (Mémoire lu à la Soc. linn. de Lyon, le 10 novembre 1856, — Voy. Ann. de la Soc. entom. de Fr. Bulletin du i4 novembre 1856, —Lrvrar, Eludes entom. fer cah. p. 47-55.) 8” Description de tro's Coléoptères nouveaux. (Argutor siculus, Telephorus puncticollis, Gibbium Boieldiew. Lue à la Soc, linn. de FE yon, le 12 avril 1857,— Ann. de la Soc. linn. de Lyon, uouv. série t. 4. (1857,) p. 417 et suiv. — Lrvnar, Etudes entom, {er cab. p 23-28). 9° Enumération des Insectes coléoptères du Mont-Pilat, Lyon, 1858, in-8°. (Levrar, Etudes entom. ler cah. p: 65-100). 40° Description d’une espèce nouvelle du genre Pœcilus, (Pæcilus vicinus (Lue à la Soc. linn. de Lyon, le 41 janvier, 1858.—Ann: de la Soc. linn. de Lyon, nouvelie série, t: 5, 11858,) p. 1-2.— LEvaar, Etu- des entom: 1e’ cah. p. 29-30 41° Description de deux Coléoptères nouveaux, (Purpuricenus Wachanrt); et Acmaeodera Chevroluti). (Lue à la Soc. linn. de Lyon, le 14 février 1859. — Ann. de la Soc. linn. de Lyon, nouv. série, t. 5 (1858), p. 261-263. — LEvRAT, Etudes entom. 1er cah. p. 37-40). 42° Description d’un Carabique nouveau, (Trechus Chaudoiru) (Présentée à la Soc. linn. de Lyon, le 14 avril 1859— LevraT; Etude entom. 1er cah, p. 45-46). . SUR JEAN-NICOLAS-BARTIIÉLEMI-GUSTAVE LEVRAT. 79 430 Description de trois Coléoptères nouveaux, des environs de Tunis, (Telephorus Massurae, Philax tuniseus, Phylæcia linealicollis). (Levnar, Etudes entom. 4er cah. p. 33-36). 43° Description d'une nouvelle espèce du genre Pimelia; (Pinelia rugosicollis.) (Levaar, Etudes entom. 1€ éah. p. 41-42). Lù lettro écrite paf M. lé maire de l'Albergément:de-Varey (Ain), à Levrat, au sujet de la loterie organisée par ses soins, est trop honorable et trop tou- chante pour he pas être reproduite ; la voici: Monsieur, Au nom du conseil municipal de l'Albergement-de-Varey et de {ous mes ad- ministrés, j'ose vous adresser mes très-humbles remerciments, pour le zèle ardent et désintéressé que vous avez bien voulu déployer en faveur de notre pauvre église, Touché de notre indigence, et sans autré motif que la gloire de‘Dieu et votre ardent amour pour le bien, vous n’avéz pas craint, pendant près d’une année , de consacrer vos loisirs et mème de faire trève à vos nombreux tra- vaux, pour organiser , à vous seul, une loterie, dont les résultats ont été si éconds et si encourageants pour nous. Grâces vous soient à jamais rendues, digne monsieur Levrat, pour les peines que vous vous êtes données et les nombreux sacrifices que vous vous êtes imposés si généreusement, 80 NOTICE SUR JEAN-NICOLAS-BiRTHSLEMI-GUSTAVE LEVPAT. Notre reconnaissance el notre espoir s’accroissent encore, s'il est possibte, par l'assurance que nous donne notre Pasteur, que votre libéralilé envers nous n’est point encore épuisée. S'il est vrai, Monsieur, que vous considériez cette œuvre de régénération comme la vôlre, el que votre charité soit en quelque sorte inépuisable , qu'avons-nous à craindre ? C’est donc à vous, en grande partie, que nous devons de pouvoir réaliser le vœu que nous formons depuis longtemps d'élever à la Divinité un temple digne d'elle, et assez spacieux pour permettre à tous d'entourer ses autels. Volre nom, digne Monsieur, se mêlera à nos prières; et, dans notre im- puissance de vous témoigner dignement notre reconnaissance, nous deman- derons au Tout-Puissant de vous donner les biens que désire toute âme chré- tienne, biens que vous ambitionnez par dessus tout. Veuillez, Monsieur, agréer c2 faible hommage de la reconnaissance du conseil municipal el de mes administrés, et recevoir l'hommage de la gratitude loute particulière de Votre bien humble et respectueux serviteur Le Maire de l'Albergement-de-Farey , JOEY. 6 janvier 4858. NOTES POCR SERVIR À L'HISTOIRE DES ASILIQUES ET PARTICULIÈREMENT DES LAPHRIES (INSECTES DIPTÈRES }, PAR E,. MULSANT et Luce. REVELIERE. Présentée à la Société Linnéenne de Lyon, le 41 juillet 4859. > <> O SR üonné dans ses principalés villes, pour ädrmirer ses monu- ménts et les richesses artistiques de ses musées; 1l avait sur- tout donné une attention plus particulière à Rome, cette ville. éternelle, où il avait eu l’honneur d’une audience particulière dü Souvéram-Pontife. Enfin, en 1857, il avait poussé ane pointe jusqu'à Madrid et jusqu’à l'Escurial. Il se proposait, en dernier lieu, de traverser l'Océan, pour connaitre les. Etats-Unis; sa santé déjà altérée et ses occupations Parrètè. rent dans sés desseins. Hasse, dans toutes ses courses, recueillait des notes qu'ik espérait un jour mettre en ordre, pour rendre moins fasitif, dans sa mémoire, le souvenir des lieux qu'il avait parcourus, des beautés qu'il avait admirées ; le temps lui a manqué pour: réaliser ce projet. Dans ses voyages en Angleterre, il avait étudié les procédés. employés dans ce pays pour faire rendre au sol des produits. plus abondants; il se proposait, en sé rélrant uün jour des. affaires, de faire profiter son pays des améliorations uüles à ÿ introduire. Il s'était beaucoup occüpé de la question du drainage, et, dans les comices agricoles du département de l'Aïn, dont il faisait partie, il avait été l’un des plus ardents. propagateurs de son emploi ; 1l s'était empressé de l'appliquer. luimême, sur une grände échelle, dans l’une dé ses proprié- tés de la Bresse, pour entrainer ses voisins à suivre son: exemple. En Allemagne, il avait admiré, dans les fermes-modèles, les soins employés pour améliorer l’état sanitaire et la laine des. moutons ; il avait concu le projet d'élever une école sémbla- ble, dirigée par un berger saxon; mais entraîné par les affai- res, dont il n’a jamais voulu déposer le fardeau, tous ses dés- seins sont restés à l'état de rêve, SUR LOUIS HASSE. 107 Son commerce, par lequel il croyait pouvoir se survivre, et avec lequel il s’était si complètement identifié, absorbait ses pensées et son temps. Le désir d’accroitre ses richesses n’était pourtant pas son mobile; privé d'enfants, quel stimulant pouvait l'exciter à augmenter une fortune magnifique, dont il ne pouvait pas dépenser les revenus? mais le travail et l’activité semblaient nécessaires à sa vie. Souvent ses parents et ses amis lui avaient conseillé de res- serrer le cercle de ses relations, de restreindre son commerce étendu dans les deux mondes; on ne put jamais obtenir de lui voir modifier un genre de vie qui semblait devenu pour lui une seconde nature. Et pourtant, cette activité trop dévo- ranté devait hâter la fin de son existence! et quand déjà se développaient dans son séin les germes d’un mal mortel, on lui commandait le répos, on ne put jamais le résoudre à ce sacrifice. « Laroue, disait:1l, à laquelle je suis attaché, a un «mouvement trop rapide ; en voulant l'arrêter, on s’exposerait «à périr. » Et, pour endormir ses douleurs naissantes, il se li- vrait avec une ardeur nouvelle à ses occupations captivantes, comme s’il eùt prévu que le temps lui manquerait pour orga- niser le projet qu'il s'était plu à nourrir. Le mal, dont le repos aurait pu raleñtir la marche, fit, sous l'influence de cétte ardeur fiévreuse, des progrès effrayants. Vaincu par la douleur, il se rendit aux eaux d'Evian, pour trouver du soula- gement à ses souffrances gastriques. [l était malheureusement trop tard; il avait, au pylore, unsquire déjà très-développé. À peine étaital depuis quatre jours dans ce lieu de bains, si favorable à la santé de tant d’autres, qu'il lui fallut revenir à Lyon. Le dimanche, 7 août, après une journée assez calme passée en famille, et pendant laquelle il avait eu la force de se livrer à une petite promenade, il ressentit, vers le soir, de plus violentes douleurs ; la nuit fut horriblement pénible, et, | maloré les soins les plus dévoués de son médecin et de ses 108 NOTICE proches, le lundi, vers les six heures du matin, il exhalait son dernier soupir ! La mort si douce de sa sœur ("), celle si éminemment chrétienne de son beau-frère (?), enlevés à ses affections de- puis quelques années, l'avaient fait méditer sérieusement sur les vérités éternelles, qui seules peuvent rendre moinseffrayant ce terrible passage ; il s'était préparé à ce moment suprême, en ravivant sa foi, et en appelant à son aide les secours etles consolations d’une religion qui nous montre, au-delà du temps, la félicité éternelle promise à ceux qui auront vécu chrétiennement sur la terre. Dans toute sa connaissance, jus- qu'au dénoument fatai, il vit venir sa fin avec le calme et 13 résignation du sage; il fit généreusement à Dieu le sacrifice de son existence, et celui, plus douloureux sans doute, des objets de ses affections, et surtout de l’amie qui, depuis vingt ans, était la douce compagne de sa vie. 5 Par un testament olographe, en date du: 11 janvier 1855, il avait réglé les droits à sa succession. Le désir si naturel de se survivre au-delà du tombeau, ce désir qui semble une des preuves les plus saisissantes de limmortalité de notre âme, avait inspiré ses dispositions. Privé d’héritier direct, il avait partagé sa fortune entre son épouse chérie et son com- merce, espèce d'enfant d'adoption, ce fils en quelque sorte de ses œuvres, qui devait porter son nom et perpétuer son souvenir. Des lacunes ou des ambiguités dans la rédaction empèche- ront peut-être l’accomplissement de ses vœux, la réalisauon de ses espérances ; mais qu'importe ? Le temps, dont la faux impitoyable se plaît sans cesse à détruire les monuments des |‘) Décédée le 25 novembre 1854. (?} Mort le 4 mai 1855. SUR LOUIS JIASSE. 109 hommes, le temps, un peu plus tôt, un peu plus tard, aurait fait crouler l’édifice que lui-même avait sans doute contribué à élever; 1l aurait jeté, avec tant d’autres, le nom du fonda- teur dans le gouffre de l'oubli. Hasse a laissé des souvenirs plus touchants dans la mémoire des pauvres; des regrets plus précieux dans le cœur de ceux qui Pont connu; il s’est pré- paré surtout, dans les demeures éternelles, des récompenses plus magnifiques et plus durables, par les vertus dont il a donné lexemple, et par le bien qu'il à fait. DESCRIPTION COLÉOPTÈRE NOUVEAU DE LA TRIBU DES LONGICORNES, PAR E. MULSANT. (Lue à l’Académie des Sciences, Belle-Lettres et Arts de Lyon. le 44 août 1849.) D QE —— Clytus lama. - Corps subcylindrique. Prothorax subglobuleux , nor , paré d'une bor- dure d’un duvet jaune au bord antérieur et à la dase : la première enhère: la basilaire interrompue dans sa moitié médiaire. Elytres revétues d'un duvet noir, velouté ; ornées chacune d’une ligne subhumérale, obliquement subtransversale , courte, et de trois bandes, d’un duvet jaune : la pre- smière, courbée des deux cinquièmes externes vers le cinquième de la suture : la deuxième, vers les deux tiers, un peu arquée, recourbée en devant, près du bord externe : la troisième, terminale. Aucune tache jaune pres A] des hanches de devant. Long. 0,04101 à 0,135 (4 1/2 à 6 L.) Largeur 0,0033 à 0,0039 (1 4/2 à 4 3/4 1.) Corps subcylindrique. Tête noire, rugueusement ponctuée ; rayée sur le milieu du front d'nne ligne longitudinale ; hé- rissée, de chaque côté de celui-ci, de poils peu épais, d'un blanc cendré. Antennes à peine plus longuement prolongées que la moitié du corps; graduellement et faiblement renflées. à partir du troisième article ; entièrement ferrugineuses ou d’un roux testacé, plus ou moins foncé. Palpes de mème cou- leur. Prothorax subglobuleux ; légèrement en are à son bord - DESCRIPTION D'UN COLÉOPTÈRE NOUVEAU. 111 antérieur, tronqué à la base; très-étroitement rebordé en devant et en arrière ; arqué sur les côtés, mais un peu plus étroit près de la base que du bord antérieur; convexe ; ponc- tué d’une manière sensiblement chagrinée ; parcimonieuse- ment hérissé de poils cendrés, peu apparents et parfois en partie usés; noir, paré de deux bandes d'un duvet jaune : l'antérieure, entière, servant de bordure à la partie anté- ricure : l'autre, située à la base, interrompue dans sa moitié mediaire , environ. Eecusson en demi-cercle ; noi, velouté de jaune, dans sa moitié postérieure ou un peu plus. Elytres d’un tiers plus larges que le prothorax à sa base; plus larges que celui-ci dans son milieu ; deux fois et demie à trois fais aussi longues que lui; subparallèles, légèrement rétrécies en dessous des épaules, graduellement et plus sensiblement dans leur dernier tiers ; obliquement coupées de l'angle pos- téro-externe à l'angle sutural; médiocrement convexes sur le dos , convexement déclives sur les côtés, creusées d’une fos- sette humérale ; revêtues d’un duvet noir et velouté; ornées chacune d’une ligne jaune, courte , naissant derrière le calus huméral, transversalement et obliquement dirigée de dehors en dedans, et d'avant en arrière, jusqu’au tiers ou presque au quart interne de la longueur; parée de trois bandes éga- lement jaunes : la première , naissant près du bord externe, vers les deux cinquièmes de la longueur, dirigée en se recour- bant vers la suture, sur laquelle elle se termine vers le cin- quième de la longueur : la deuxième, située vers les deux tiers ou un peu plus, formant avec sa pareille une bande un peu _arquée, plus développée en longueur vers la suture, plus grêle et recourbée en devant près du bord externe qu'elle n’atteint pas ; la troisième, servant de bordure à la tronca- ture apicale. Dessous du corps noir ; ponctué ; peu densement hérissé de poils d'un gris jaunâtre ; orné d’une tache oblique sur les épimères du medipectus, d'une bande sur les côtés du 112 DESCRIPTION D'UN COLÉOPTÈRE NOUVEAU. postpectus , liée à angle droit avec une ligne ou bande plus grêle, située au devant des hanches postérieures : tous ces signes formés d’un duvet jaune; marqué sur le ventre, au bord postérieur de chaque arceau, d'une bande de même nature, rétrécie dans son milieu. Pieds gréles, allongés : cuisses en massue gradueliement moins forte des antérieures aux postérieures; noiratres : les intermédiaires et postérieures rousses ou d’un roux brunätre à la base : jambes et tarses roux où d'un roux lestacé : premier article des tarses posté- rieurs, plus long que tous les suivants réunis. Gene espèce a été prise sur le mont Pilat, par M. F oudras, et par M. Gacogne, dans les environs de Chamount. . Obs. Les bandes et taches, d’un duvet jaune, tirent quel- quefois plus ou moins sur le blanc. Cette espèce est intermédiaire entre les C. antilope et arietis. Elle se distingue du premier dé ces insectes, par son pro- thorax beaucoup moins rugueux; paré en devant d’une bor- dure jaune non interrompue dans son milieu ; par ses élytres un peu moins rétrécies en arrière, ornées d’une bande anté- vieure moins avancée. Elle diffère du €. arietis par ses an- tennes plus graduellement renflées vers l'extrémité ; par son prothorax paré d’une bordure basilaire jaune interrompue ; par son écusson revêtu seulement, sur sa moitié postérieure, d’un duvet jaune; par ses élytres moins parallèles, ornées d’une ligne subhumérale oblique, d’une bande antérieure moins avancée, d’une deuxième bande recourbée en devant près du bord externe au lieu de l'être en arrière; par ses cuisses noirätres. Elle s'éloigne enfin des deux espèces voi- sines, par l'absence d’une tache de duvet jaune, près des hanches de devant, OBSERVATIONS SUR LES LAMPYRIDES, PAR E. MULSANT. SUIVIES DE LA DESCRIPTION D'UNE ESPÈCE NOUVELLE DE CES INSECTES. (Prèsentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 9 janvier 1860.) Le genre Lampyris, fondé par Geoffroy, admis par Linné, dans la douzième édition de son Systema naturæ, et restreint dans des limites plus étroites par Fabricius, devait nécessai- rement être morcelé, comme toutes les coupes génériques établies par les premiers naturalistes, par suite des décou- vertes nombreuses dont la science s’est enrichie. À part un très-petit nombre de genres, renfermant uni- quement des espèces exotiques, et formés par divers ento- mologistes aux dépens du Lampyris de l’entomologiste danois, M. de Laporte, dans son Essai d'une révision du genre Law- PyRE (!), s’est occupé, le premier, d’un travail spécial sur ces insectes. | (t) Annales de la Soc, entom. de France, t. 2 (1833), p. 122 et suiv. à 8 114 LAMPYRIDES. | Sans entrer dans le détail de cette Révision, nous nous contenterons d'indiquer la manière dont ont été divisées les espèces propres à l’Europe. À. Espèces à ® aptères ou n'ayant que des moignons d'élytres. Sous-genre Lampyris, Linné. AA. Espèces à ® ayant des. élytres semblables à celles des 4. B. Elytres beaucoup plus courtes que l'abdomen. Tête couverte. Sous-genre Phosphaenus, LarorTe. BB. Elytres à peu près de la longueur de l'abdomen. Tête entièrement découverte; corselet tronqué carrément en devant. Sous-genre Zuciola, Laporte. Depuis cette époque, M. de Motschulsky a publié, dans ses Etudes entomologiques (1855 et 1854) une division nou- velle de ces insectes (!). Nous nous bornerons à reproduire la partie de cet Aperçu servant à fractionner les espèces européennes, connues de nous,-rentrant dans le groupe des Lampyrides vrais, ou de ceux dont la tête est complètement voilée par le prothorax. Ces espèces appartiennent au paragraphe 2 de la première division formée par l’auteur russe, ayant pour caractères : © avec des élytres raccourcies, rudimentaires ou hulles et sans ailes. Yeux très-grands. Corselet déprimé. Elles ont été divisées de la manière suivante : À. Elytres plus longues que l'abdomen, chez le 1. () M. John Leconte à aussi donné, dans le tome 5 des procès-verbaux de l'académie de Philadelphie, t, V (1854), p. 331 et suiv., un Synopsis sur les Lampyurides des parties (empérées de l'Amérique du Nord. LAMPYRIDES. 115 B. Deuxième article des antennes au moins deux fois plus court que le troisième. C. Les deux derniers segments de l’abdomen jaunes ou phospho- rescenis. Ici se trouvent placés les genres Diaphanes ét Lichnebius, composés d'insectes exotiques. CC. Majeure partie de l'abdomen claire et notamment le dernier seg- ment. Genre Lampronetes, Morses. Forme allongée, atténuée postérieurement, dépriméé. Corselet allongé, semi-lunaire, avec une carène longitudinale plus où moins marquée sur le milieu; sans taches transparentes ; angles postérieurs aigus. Antennes pas plus longues que le corselet, filiformes, un peu déprimées et s’amincissant vers l'extrémité : premier article plus court que les deuxième et troisième réunis : le quatrième de la longueur du troisième : le cinquième et les suivants rétrécis successivement jusqu'aü onzième, qui à la longueur du troisième, mais deux fois plus étroit. Troisième article des palpes maxillaires plus court que le quatrième. Ecusson en triangle allongé, tonqué. Trois nervures distinctes sur les élytres. Premier article des tarses postérieurs, de la longueur des deuxième et troisième réunis : le quatrième, moitié plus court, bilobé à l’exirémité. Dernier segment du dessus de l'abdomen arrondi et sinué plus ou moins profondément de chaque côté du bord postérieur. Zobes saillants , aigus, MAIS peu avancés. Genre Lamprotomus. Morscu. Forme plus parallèle, plus ramassée, plus raccourcie que chez les Lampronetes. Premier article des antennes plus court que les deuxième et troisième réunis. Dernier segment du dessus de l'abdomen transversal ; 116 LAMPYRIDES. arrondi et un peu émarginé au milieu du bord postérieur. Lobes obtus, raccourcis. Le reste comme chez les Zampronetes. Ce genre, jusqu’à ce jour, composé d'espèces habitant le Caucase, paraît n'avoir pas de représentant en Europe. Genre Lampyris, Lisé. Forme allongée, parallèle comme chez les Telephorus. Corselet semi-lunaire ; taches transpa- rentes, petites et peu visibles, en avant; angles postérieurs aigus, saillants. 4ntennes pas plus longues que le corselet, comprimées, s'amimcissant vers les deux extrémités : premier arücle plus long que les deuxième et troisième réunis :: deuxième très-court mais aussi large que le premier. Troisième article des palpes maxillaires plus court que le quatrième: Ecusson arrondi à l'extrémité. Dernier segment du dessus de. l'abdomen triangulaire et plus ou moins aigu, sinuosités laté- rales peu marquées. Lobes saillants, aigus, très distincts. BB. Second article des antennes presque aussi long que le troisième. Genre Lamprohiza, Morscu. forme ovalaire allongée, dé- primée. Corselet semi-lunaire, un peu dilaté vers les angles postérieurs qui sont saillants ; taches transparentes, bien vi- sibles, quelquefois umes en forme de croissant. Antennes plus courtes que le corselet, filiformes, poilues : premier ar- ticle plus long que les deuxième et troisième réunis : celui-ci, presque pas plus long que le deuxième : le quatrième et les suivants à peu près égaux : le onzième plus long. Troisième article des palpes maxillaires plus court que le quatrième, Ecusson triangulaire et assez aigu. ÆElytres ovalaires, à ner- vures visibles. Premier article des tarses postérieurs plus long que les deuxième et troisième réunis : le quatrième presque pas plus long que le troisième et largement bilobé. Dernier segment du dessus de l'abdomen fortement échancré et découpé LAMPYRIDES. 117 sur le milieu de son bord postérieur : celui du dessous plus avancé, en lamelle obtuse au milieu. Zobes saillants. Les deux avant-derniers segments phosphorescents. AA. Elytres plus courtes que l'abdomen, chez le 7. Genre Phosphaenus, Laporte. Forme allongée, déprimée. Corselet semi-lunaire, un peu triangulaire en avant. 4n- tennes deux fois plus longues que le corselet, déprimées : pre- mier article pas plus grand que le iroisième : le deuxieme au moins deux fois plus court : les quatrième et suivants pres- que égaux et un peu plus petits que le troisième : le onzième le double plus long. Ecusson tronqué à l'extrémité. Les ailes manquent. Premier article des tarses postérieurs plus court que les deuxième et troisième réunis : le quatrième de la longueur du premier et bilobé. Dernier segment du dessus de l'abdomen échancré et entaillé au milieu. Zobes assez saillants. Les deux derniers segments phosphorescents. Les genres Lampronetes, Eamprotomus et Eampyris, tels qu'ils sont formulés, diffèrent peu sensiblement entre eux. Ils ont pour caractères communs : corselet semi-lunaire ; antennes pas plus longues que le corselet; troisième article des palpes plus court que le quatrième; dernier segment du dessus de l'abdomen arrondi. Quant aux proportions des articles des an- tennes et des articles des tarses, elles sont parfois équivo- ques, en raison de la brièveté de ces pièces, et des variations plus ou moins sensibles qu’elles subissent dans les mêmes espèces. La forme de l'extrémité de l'écusson est plus variable encore, et cette partie se montre tronquée ou arrondie chez des individus appartenant évidemment à un même type spé- cifique. | M. Lacordaire, dans son savant Genera des Coléoptères, 118 LAMPYRIDES. t. 4 (1857), p. 228 et suiv., a restreint les Lampyrides vrais,. aux deux genres ci-dessous : À. Ailes et élytres entières, chez le 4. Genre Lampyris. AA. Ailes nulles et élytres incomplètes, chez les 7. Genre Phosphaenus. M. Jacquelin du Val, dans son Synopsis du genre Lampyris, consigné dans ses Glanures entomologiques (25 octobre 1859), a réuni les genres Lampronetes et Lampyris de M. Moits- chulski, conservé le genre Lamprohiza et donné de ces diverses coupes les caractères suivants : G. Lampyris, Grorrroy. Mandibules petites, point sail- lantes, médiocrement étroites, droites, subparallèles ; termi- nées au sommet en dedans par une toute petite pointe aiguë, ciliées en outre à leur partie dorsale. Pronotum offrant fré- quemment en avant deux petites taches translucides, mais en général peu tranchées, nulles ou indistinctes chez les fe- melles. { Abdomen offrant inférieurement au sommet un petit arceau supplémentaire plus ou moins distinct. ; ® Taille généralement plus grande. Corps larviforme. £ty- tres tout à fait nulles, ou représentées simplement par de petits moignons en forme d’écailles sinuées postérieurement et plus ou moins aiguës. Abdomen de huit segments bien dis- Uuncts. Genre Lamprohiza, Morscuursky. Mandibules grèles, sail- jantes, fortement courbées, très-étroites, en pointe simple, munies intérieurement à leur base d’une fine membrane ci- lice. Pronotum offrant en avant deux grandes taches translu- LAMPYRIDES. 119 cides, très-tranchées chez les males, plus petites et moins tranchées chez les femelles. Abdomen n'offrant point de petit arceau supplémentaire visible au sommet. % Taille simplement.égale en général à celle des Z. Corps _moins allongé que chez les Lampyris. Elytres représentées par de petits moignons en forme d’écailles bien marquées et point sinuées postérieurement. Æbdomen de huit segments dilatés, amincis et subtranslucides sur les côtés. En étudiant les Lampyrides de notre collection et diverses espèces communiquées par MM. Arias, Godart, Lucas, Per- roud et Revelière , il nous a semblé que le genre Lampyris, tel qu'il a été limité par le dernier des entomologistes pré- cités, méritait d'être divisé. Quelques-uns des caractères em- ployés à séparer les coupes ci-après indiquées , et jusqu’à ce jour non utilisés pour diviser ces insectes, pourront peut- ètre servir à ouvrir une voie nouvelle pour fractionner avec bonheur les Lampyrides exotiques. | Nous partagerons les Lampyrides vrais d’Europe de la ma- nière suivante : A. Lame verticale du repli du prothorax un peu élargie d'avant en arrière (et souvent d’une manière sinuée) depuis les hanches antérieures, jusqu’au bord postérieur du segment prothoracique. Pygidium rétréci d'avant en arrière , tronque ou subarrondi à son extrémité. Antennes à peine aussi lon- guement ou à peine plus longuement prolongées que le bord postérieur du prothorax (o ©).Ce dernier à sillons avancés en ligne droite vers le rebord antéro-latéral (S{® ); à taches translucides nulles ou peu marquées. Mandibules courtes, peu arquées, non destinées à se croiser, peu saillantes au- delà du labre. c' Yeux globuleux, très-étroitement séparés sur Ja partie 120 LAMPYRIDES. inférieure de la tête ; séparés en dessus par un espace à peine aussi grand, ou moins grand que le diamètre de l’un d'eux. Elytres à peu près aussi longuement ou un peu plus longue- ment prolongées que l'abdomen ; rétrécies depuis les épaules. Repli des élytres canaliculé en devant, réduit à une tranche obtuse depuis les hanches postérieures ou plus avant; offrant au moins depuis celles-ci son bord interne caché en dessous. Ailes développées. Ventre de sept arceaux, offrant après le dernier une gaine étroite et apparente. Corps médiocrement convexe. ® Yeux séparés en dessous et en dessus par .un espace à peu près égal au double du diamètre de l’un d’eux. Elvtres et ailes nulles. Ventre de huit arceaux distincts : le premier, visible seulement sur les cotés. Corps larviforme. Genre Pelania, Mursanr (1). Obs. Les insectes de ce genre par leurs élytres rétrécies à partir de la base, et par leur corps sensiblement convexe chez le /, par leur prothorax en ogive et par la forme de leur py- gidium (4 ®), offrent un faciès différent de celui des espèces appartenant au genre suivant. Le Lampyris maurilanica de LiNNé, ayant souvent été con- fondu avec d'autres especes, nous allons en donner ici la des- cription , (t) Ce genre correspond sans doute en partie au genre Lampronetes de M. de Motschulsky. Nous n'avons pu adopter cette dénomination, parce que cet entomologiste a réuni sour la même désignation des insectes différents, s’il a pris pour type le véritable L. mauritanica de Linné; mais peut-être, selon l'observation de M. Jacquelin du Val, at-il décrit, sous le nom de L. mauri- tanica, le L. Reichi de ce dernier, et, dans ce cas, les caractères que nous donnons à notre genre Pelania ne s’appliqueraient pasfà son genre Lampronetes. LAMPYRIDES. 121 Pelania mauritanica, Linné. Allongé:; d’un flave testacé (7) ou d'un testacé roussâtre (9); garni de poils fins et peu apparents. Prothorax en ogive, plus large à la base que long sur son milieu; fortement relevé en rebord, en devant ef sur les côtés; plus faiblement rebordé à la bases à sillons prothoraciques situés vers chaque sixième externe, avancés en ligne droite vers le rebord antéro-latéral; à peine pointillé. Pygidium rétréci d'avant en arrière, obtusément tronqué à l'extrémité. 1 Dessous du corps, parties de la bouche et prothorax d’un flave testacé ou d'un testacé flave ou flavescent. Elytres rétré- cies d'avant en arrière ; tantôt de la couleur du prothorax, tantôt brunes ou brunätres avec la gouitière marginale tes- tacée ou d'un flave testacé, plus rarement brunes, avec la goutüère marginale et la suture ou seulement avec les rebords sutural et externe, d’un flave testacé. Septième arceau ven- tral en ligne à peu près droite à son bord postérieur, avec la partie médiane un peu déclive et plus sensiblement ciliée. Angles postérieurs des premier à septième arceaux, ou du moins du troisième ou du quatrième au septième , prolongés en lanières. o Entèrement d’un testacé roussâtre; dos du mésotho- rax court; en angle ouvert et dirigé en arrière à son bord postérieur. Dos du métathorax transversal avec les angles postérieurs subarrondis. Elytres et ailes nulles. Angles posté- rieurs des arceaux du dos de l'abdomen légèrement relevés en pointe obtuse. Angles postérieurs des arceaux du ventre, émoussés ; le huitième arceau le plus long, ou à peu près, rétréci d'avant en arrière, entaillé en forme de V aigu dans le milieu de son bord postérieur. Lampyris maurilanica, Linné, Syst. Nat,, 12c édit. & 1. 2 p. 645. 7, ele. 122 LAMPYRIDES. Obs. Il serait assez difficile de dire à quel msecte doit se rapporter la Lampronetes mauritanica de M. V. de Mors- cHuLsKky. — Voici la description ébauchée par cet entomo- logiste : Plus grande que la Z. noctiluca; corselet plus allongé ; élytres plus atténuées postérieurement; de couleur testace- roussâtre , brunâtre sur les élytres et les tarses. Yeux noirs (long. 61., darg. 2 4/51, Cadix). (Mors. Etud. entom., 1854, p. 46., n° 97.) L'espèce décrite par M. de Motschulsky, après le Zamp. mauritanica, la Lampronetes membranacea (Etud. eniom. p.16, n° 98) appartient à notre genre Lampyris. L'auteur russe la dit voisine de la précédente ; sa L. mauritanica doit-elle être rapportée au même genre ? ! Long. 0,0195 à 0,0157 (6 à 71.). Larg. 0,0028 à 0,0033 (2 4/4 à 2 1/2. 1.) Corps allongé; peu convexe; garni de poils courts, peu ap- * parents et d’un livide testacé. Front testacé ou d’un testacé nébuleux. Parties de da bouche testacées ou d’un testacé fla- vescent. Yeux noirs. Antennes à peu près aussi longuement prolongées que les angles postérieurs du prothorax ; testacées ou d’un testacé flavescent ; pubescentes ; comprimées ; gra- duellement amincies à partir de l’extrémité du troisième : le premier plus épais, faiblement élargi de la base à l'extrémité ; un peu moins long que les deuxième et troisième réunis : le deuxième court, égal environ aux deux cinquièmes du suivant: le troisième plus long que le quatrième, plus long que large : les quatrième à dixième graduellement plus courts : le onzième peu ou point sensiblement appendicé, presque aussi long que le troisième, deux fois au moins aussi long qu'il est large. Pro- thorax en ogive parfois subarrondie en devant; élargi d'avant À LAMPYRIDES. 125 en arrière en ligne d’abord courbe jusque vers la moitié de la longueur de ses côtés, puis en ligne à peu près droite jus- qu'aux angles postérieurs ; coupé en arc plus ou moins faible, dirigé en devant et très-légèrement trisinué à la base ; à angles postérieurs un peu émoussés plus ou moins sensiblement di- rigés en arrière ; d'un cinquième ou d’un sixième plus large à la base qu'il est long sur son milieu ; fortement relevé,en devant et sur les côtés , en rebord recourbé suivi d’une gout- tière; offrant à sa base un rebord étroit, plus affaibli dans son milieu, plus faible même sur les côtés que l’antérieur ; médiocrement convexe ; à sillons prothoraciques naissant au devant de chaque sixième externe du rebord basilaire, avan- cés en ligne droite jusqu’au rebord antéro-latéral ; marqué d’une fossette ponctiforme, un peu après la moitié de sa lon- sueur, un peu en dedans de chaque sillon prothoracique ; d’un flave testacé, parfois rosé sur son disque; luisant; garni de poils flavescents , peu apparents ; superficiellement pointillé. Ecusson en triangle tronqué ou obtus à l'extrémité; d'un testacé flavescent. Elytres plus larges aux épaules que le pro- thorax à ses angles postérieurs , un peu moins larges que lui, prises au côté externe du calus huméral; subgraduellement rétrécies jusqu'aux quatre cimquièmes de leur longueur, puis plus sensiblement en ligne courbe jusqu'à l'angle sutural subsinuées vers le milieu de ses bords latéraux ; assèz convexes sur le dos ; creusées en dehors de la troisième nervure d’une gouttière naissant de la base, presque aussi large que le calus huméral vers la moitié de la longueur de celui-ci, prolongée en s’affaiblissant jusque vers le milieu de leur longueur ; ponctuées, d'une manière forte, ruguleuse, ou presque réti- culeuse près de la base, graduellement affaiblie vers l'extré- mité; ordimairement d’un flave testacé, parfois d'un testacé brunâtre avec la gouttière juxta-marginale plus pale; quel- quefois même d’un brun plus ou moins testacé avec la gout- 191 LAMPYRIDES. üère ainsi que le reste du bord marginal, et une bordure sulurale étroite, testacées ; plus rarement entièrement brunes, avec les rebords sutural et marginal d’un flave testacé ; garnies de poils testacés ou d’un testace livide , fins, peu épais et mé- diocrement apparents ; déprimées à la base entre le calus hu- méral et l’écusson , mais sans fossette humérale bien marquée, nies d'un rebord externe, d'un rebord sutural, et chacune de trois nervures un peu obliquement longitudinales : la troi- sième ou plus extérieure, naissant plus ou moins près de l’ex- trémité postéro-externe du calus huméral, prolongée, en s’af- faiblissant, environ jusqu'aux quatre cinquièmes de la longueur des étuis : la deuxième, naissant de l'extrémité du bord interne du calus, un peu moins longuement prolongée, parfois unie ou presque unie à son extrémite avec la précédente : la première ou interne, naissant au niveau de l'extrémité de l’écusson, si- tuée entre la seconde et le rebord sutural, prolongée, en s'af- fublissant environ jusqu'aux deux tiers des étuis; les élytres paraissant ordinairement offrir dans leur gouttière juxta-mar- ginale une sorte de nervure plus large et moins marquée. Repli, quand on l'examine un peu de côté, ne paraissant ca- naliculé que jusque vers le milieu du postpectus, réduit ensuite à une tranche arrondie. iles brunätres. Dessous du corps d’un testacé flave, luisant, paraissant presque glabre. Bord antérieur de l'antépectus en arc dirigé en afrière ; linéaire, avec la partie suturale brièvement épaissie en forme de triangle étroit, dirigé en arrière et peu engagé entre les hanches. Hé- sosternum offrant une carène linéaire, peu ou parfois non apparente. Postépisternums deux fois et demie aussi longs qu'ils sont larges dans leur partie transversale la plus déve- loppée ; au moins aussi larges dans ce point que les épimères à leur extrémité. Ventre longitudinalement convexe sur les quatre sepuèmes médiaires de sa largeur , subhorizontal sur les côtés ; offrant les angles postérieurs des premiers ar- LAMPYRIDES. 125 ceaux presque confondus avec ceux du dos : les cinquième et sixième, ou quatrième à sixième, détachés des supérieurs, dé- bordés graduellement d’une manière plus sensible par ceux- ci, en dents de scie : le septième areeau, en ligne à peu près droite à son bord postérieur (quand il est examiné perpendi- culairement en dessous) avec sa partie médiane un peu déclive, tronquée et plus sensiblement ciliée. Pygidium ou dernier segment du dos de l'abdomen, rétréci assez faiblement d’avant en arrière, ordinairement obtusément tronqué ou subarrondi à sa partie postérieure; longitudinalement en toit émoussé sur les quatre septièmes de sa largeur, avec les bords rele- vés et séparés chacun parune gouttière de la partie tectiforme ; les arceaux précédents allongés en espèce de lanière, et gra- duellement plus longs du premier à Pavant- dernier. Pieds comprimés ; d'un testacé flave, garnis de poils concolores peu apparents. Cuisses antérieures ovalairement renflées dans leur milieu. Tibias brièvement ciliés en dessous. Premier article des tarses postérieurs un peu moins long que les deux suivants réunis : le quatrième bilobé, plus court que le premier. © Long. 0,0180 à €,0220 {d à 10). Larg. 0,0042 à 0,00£8 (1 7/8 à 2 4/8). 2 Corps entièrement d’un testacé roussâtre ; garni de poils courts, peu épais, peu où médiocrément apparents. Protho- rax en ligne presque droite, et à peine trissubsinué, à son bord postérieur. Dos du mésothorax à côtés très-courts; à an- gles postérieurs aigus et dirigés un peu en dehors; à bord postérieur en angle ouvert et dirigé en arrière; trois fois aussi large à la base qu'il'est long sur son milieu. Dos du mé- tathorax transversal, avec les angles postérieurs subarrondis. Elytres nulles. Dos de l'abdomen offrant les angles postérieurs de chacun des sept premiers arceaux rectangulairement ou- verts, et un peu relevés : les emquième à septième graduel- 126 LAMPYRIDES. lement un peu prolongés en arrière et noirâtres à l'extrénuté : le huitième ou pygidium, comme chez le 1. Fentre offrant les arceaux tous un peu débordés par le supérieur ; à angle postéro-externe des sept premiers, non prolongé en arrière : le huitième ou dernier, rétréci d’avant en arrière, le pluslong de tous ou à peu près, entaillé à son extrémité en forme de V aigu. | Cette espèce, plus particuhère à l'Algérie et aux contrées les plus méridionales de l'Europe, à. été prise dans les envi- rons de Narbonne, par M. Godart. Obs. Elle offre des variations plus ou moins sensibles. Les articles des antennes n'ont quelquefois pas toujours la mème longueur chez les divers individus. Le prothorax est tantôt franchement en ogive, tantôt plus arrondi; ses angles pos- térieurs parfois presque droits, sont ordmairement sensible- ment prolongés en arrière ; pendant la vie, il est coloré de rose légèrement vmeux sur le disque. Les élytres s'éloignent par- fois du flave testacé ou testacé flave, pour se rapprocher da- vantage du brun: dans ce dernier cas, elles offrent ordinai- rement une bordure suturale étroite et une bordure margi- nale assez large, d'un testacé flavescent. La matière colorante brunâtre, au lieu de se répartir également partout, en se concentrant sur la partie médiane, a acquis plus d'intensité. Le pygidium, souvent presque tronqué, se rapproche d’au- tres fois de la forme arrondie. Les angles postérieurs des arceaux deuxième à quatrième du dos de l'abdomen, parfois anguleusement prolongés en forme de lanières, manquent d’autres fois de ces sortes d’appendices, etc. La forme de la lame verticale du repli prothoracique, forme qui se trouve chez la @ aussi bien que chez le 7, sufñlit pour distinguer cette espèce de toutes celles avec lesquelles elle a. été confondue. Larve notre. Prothorax subarrondi en devant, plus élargi LAMPYRIDES. 497 d'avant en arrière ; tronqué à la base; plus long que large ; sillonné sur la moitié postérieure de la ligne médiane. Abdo- men de neuf arceaux : les deux ou trois derniers du dos of- frant leurs angles postérieurs prolongés en arrière. AA. Lame verticale du repli du prothorax anguleuse vers les hanches; rétrécie (et souvent d’une manière sinuée) de- puis lesdites hanches de devant jusqu'au bord postérieur du segment prothoracique. Corps planiuscule (4? ). B. Pygidium arrondi ou en ogive à l'extrémité et souvent sinué de chaque côté de celle-ci. Antennes à peine aussi lon- guement ou. à peine plus longuement prolongées que le bord postérieur du prothorax (19). Ce dernier, à taches translu- cides ordinairement petites et peu. tranchées, mais parfois transparentes chez les à, nulles chez les 9. Mandibules droi- tes ou peu arquées; nom destinées à se croiser; courtes, à peine saïllantes au-delà du labre ou cachées par celui-ci. Z Yeux globuleux, presque contigus à la partie inférieure, séparés entre eux, en dessus, par un espace sensiblement moins large que le diamètre de l’un d’eux. Elytres à peu près aussi longuement prolongées où un peu plus longuement prolongées que l'abdomen; subparallèles. Reph des élytres canaliculé en devant, réduit à une: tranche obtuse depuis les hanches postérieures ou un peu plus avant; offrant, au moins depuis celles-ci, son bord interne caché en dessous. Ailes dé- veloppées. Ventre de sept arceaux; offrant après le dernier une gaine étroite et ordinairement apparente, quelquefois cachée. 9 Yeux séparés l’un de l’autre, en dessous et en dessus, par un espace au moins deux fois aussi grand que le diamètre transversal de l’un d'eux. Aïles et parfois élytres nulles : celles- ci, quand elles existent, réduites à des moignons, ordinaire- 128 LAMPYRIDES. ment moins longuement où à peine aussi longuement pro- longés que le bord postérieur du métathorax; le plus souvent aussi larges que longues. Ventre de huit arceaux : le pre- mier, visible seulement sur les cotés. Corps larviforme. Genre Lampyris, Grorrrox (!). BB. Pygidium échancré à l'extrémité, quelquefois simple- ment tronqué, surtout chez les 9. Mandibules très-arquées ; destinées à se croiser dans leur moitié antérieure : générale- ment sailiantes au-delà du labre. C. Antennes assez grèles, à peine aussi longuement ou à peine plus longuement prolongées que le bord postérieur du prothorax (1 ©). Ge dernier à deux taches translucides tran- chées, très-grandes et parfois contiguës chez les à, plus pe- tites et moins nettement limitées chez les ç ; à sillons pro- thoraciques bien marqués ; quatrième article des tarses plus court que le premier. Postépisternums rétrécis à leur côté ex- terne, depuis les deux septièmes ou le Hers de leur longueur jusqu'au bord antérieur. Yeux globuleux, presque contigus entre eux à leur par- tie inférieure, séparés en dessus par un espace moins grand que le diamètre de l’un d'eux. Elytres à peu près aussi lon- guement ou un peu plus longuement prolongées que l'abdo- men; souvent un peu ovalaires. Repli des élytres canaliculé d’une manière graduellement affaiblie sur la moitié antérieure au moins de leur longueur, offrant ensuite ses deux bords également élevés, visibles et constituant une bande plane, presque uniformément étroite, jusqu’à l'angle sutural. Aiïles développées. Ventre de sept arceaux ; offrant apres le der- (*) Grorrrox, Trailé abrégé des insectes, 1.1, p. 165. LAMPYRIDES. 129 nier une gaine étroite, souvent cachée par le septième arceau ou peu saillante après celui-ci. e Yeux séparés l'un de l’autre, en dessous et en dessus, par un espace au moins deux fois aussi grand que le diamètre transversal de l’un d'eux. Elytres réduites à des moignons presque obtriangulaires , prolongés sur une partie du pre- mier arceau du dos de l'abdomen: plus longs que larges. Ventre de huit arceaux : le premier visible seulement sur les cotés. Corps larviforme. Genre Lamprohiza, Morscauzsky (1). CC. Antennes épaisses; prolongées presque jusqu'à la inoitié de la longueur du corps (2), ou à peine jusqu’à l’ex- trémité du prothorax (9). Ce dernier sans taches transluci- des (7 9); à sillons prothoraciques nuls ou peu marqués. Ailes rudimentaires ou nulles. Quatrième article des tarses plus long ou au moins aussi long que le premier. Yeux mé- diocres ou assez petits ; peu visibles en dessus après les an- tennes; séparés en dessous par un espace à peu près une fois plus grand que le diamètre transversal de l’un d’eux (9 Pi). Pattes robustes. Postépisternums rétrécis à leur côté externe seulement depuis le sixième ou le cinquième de leur longueur jusqu’à leur bord antérieur. o Elytres presque obtriangulaires ; rétrécies et déhiscen- tes, à partir de l'extrémité de l’écusson ; un peu plus longues qu’elles sont larges à la base; prolongées jusqu’à l'extrémité du premier arceau du dos de l’abdomen. Repli des élytres canaliculé en devant, jusque vers le milieu de la longueur du postpectus, offrant ensuite ses deux bords également éle- () V. ne Morenuisux, Efudes dnologtanes troisième fascicule (1853), p. 47. : # - 9 150 LAMPYRIDES. vés, visibles et constituant une bande plane presque unifor- mément étroite jusqu’à l'angle sutural. Aïles incomplète- ment développées, rudimentaires, ou parfois nulles. Ventre de sept arceaux, offrant, après le septième, une gaine étroite, très-apparente. $ Elytres et ailes nulles. Ventre de huit arceaux : le pre- mier, visible seulement sur les côtés. Corps larviforme. Genre Phosphaenus, de Casreznau (!). DESCRIPTION DUNE ESPÈCE NOUVELLE DU GENRE LAMPYRIS , Par &. MUELSANN et HEUG. REVELIÈRE. Lampyris bicarinmata. o Parallèle; planiuscule ; peu pubescent. Antennes et bouche d’un fiave testacé. Prothorax plus pâle; arrondi en devant, subparallele ensuile ; muni sur la mcifié mèdiaire de sa base. d'un rebord plus saillant dans son milieu, presque nul sur les côtés. Élytres brunâtres à la base, graduellement d’un testacé flavescent postérieurement et sur la goutliére: celle-ci nulle à la base. Prosternum entaillé. Ventre ca- réné de chaque côté de la moitié médiane : seplième arceau trilobé postérieurement. Pygidium oblusément arrondi à l'extrémité, avec les côlés inégalement arqués : les trois arceaux précédents anguleusement prolongés. | ° Inconnne. S Long. 0,01435 à 0,046 (6 à 6 4/2 1.) — Larg. 0,0045 (21.) Corps allongé; parallèle ; planiuscule ; garni de poils courts ct peu apparents, d’un livide testacé. Front brun. Parties de la bouche d’un testacé flavescent._ Yeux noirs. Antennes à peu près aussi longuement prolongées que les angles postérieurs (1) ne Laronte de CasrEecnau , Essai d'une révision du genre Zampyre (Ann dela Soc.entom. de France, t, °, 4830, p. 125 ci 438). Lampyris bicarinata. 151 du prothorax ; d’un testacé flavescent; garnies de poils fins et concolores; comprimées ; graduellement amincies à partir de l'extrémité du quatrième ‘article : le premier plus épais, un peu plus long que Île troisième : le deuxième court, un peu plus grand que la moitié du suivant; celui-ci, de moitié plus long que large, un peu moins long que Île quatrième : les cinquième à dixième plus longs que larges : le onzième près de moitié plus long que le précédent, à peine appendicé. Prothorax arrondi en devant jusqu’à la moitié de sa longueur, parallèle ou à peine rétréci ensuite en ligne droite ; très fai: blement coupé en un arc dirigé en devant, à la base ; à an- gles postérieurs presque rectangulairement ouverts; à peu près aussi large à la base qu'il est long sur son milieu ; relevé en devant et jusqu'au tiers ou aux deux cinquièmes de ses côtés, en un rebord un peu recourbé, suivi d’une gouttière et plus étroit au bord antérieur qu'après celui-ci ; sensible- ment relevé en dehors des sillons : ceux-ci, naissant au-de- vant de chaque cinquième externe du rebord basilaire, avan- cés en ligne longitudinale presque droite ou un peu dirigée en dehors jusqu'aux trois septièmes postérieurs de la lon- gueur du segment thoracique, puis plus obliquement dirigés vers le rebord marginal, vers le tiers antérieur de la longueur; muni sur les trois cinquièmes médiaires de sa base d’un re- bord graduellement plus élevé dans son milieu, presque sans rebord sur chaque cinquième externe; planruscule, subcon- véxe au-dessüs de chaque œil, et postérieurement sur l'espace compris entre les sillons; marqué, au-dessus des yeux, de points apparents mais peu profonds; moins distinctement ponciué en dehors des sillons, presque imponctué entre ceux-ci ; sensiblement déprimé ou sillonné entre les yeux, et chargé dans ce sillon d’une ligne médiane peu élevée, sillon- . née sur la seconde moitié de la ligne médiane; d’un testacé flavescent ou livide, avec la partie postérieure du dessus des 152 LAMPYRIDES. yeux noiratre par transparence ; paraissant marqué dans cette partie d’une ligne obliquement transversale, naissant de cha- que sillon thoracique et dirigée obliquement en avant vers là ligne médiane; offrant, au devant de chaque œil, une tache transparente assez développée. ÆEcusson flave ou d’un flave iestacé. Elytres à peine plus larges au côté externe du calus huméral que le prothorax à ses angles postérieurs ; trois fois ou trois fois et quart aussi longues que lui : subparallèles, jusqu'aux quatre cinquièmes de leur longueur; puis rétrécies en ligne courbe jusqu'à l'angle sutural; planiuscule sur le dos; creusées, en dehors de la troisième neryure, d’une gout- tière nulle à la base, graduellement élargie à son coté externe, depuis le niveau de la moitié de la longueur du calus humé- ral jusqu'aux deux septièmes de la longueur des étuis, de lar- geur presque égale ensuite, et prolongée, en s’affaiblissant, presque jusqu'aux quatre cinquièmes de la longueur des étuis; ponctuées d’une manière ruguleuse, plus fortement près de la base, d'une manière plus affaiblie vers l'extrémité; d’un testacé brun ou brunatre à la base, graduellement tes- tacées à l'extrémité, avec la gouttiere un peu plus pâle; dé- primées à la base entre le calus huméral et l’écusson ; sans fos- sette humérale ; munies d’un rebord sutural faible et aplami, à peu près sans rebord sur les côtés, avec l'extrémité un peu relevée, ainsi que la suture et les côtés ; à trois nervures naissant du sixième ou du cinquième de la longueur, gra- duellement affaiblies postérieurement : les deuxième et troi- sième, prolongées jusqu'aux quatre cinquièmes ou un peu plus : la première ou juxta-suturale plus faible et plus courte. Repli, quand on l’examine un peu de côté, paraissant canali- _culé presque jusqu’à l'extrémité des épimères postérieures, réduit postérieurement à une tranche un peu obtuse; d'un {lave testacé. Ailes brunes ou brunâtres. Dessous du corps d'un testacé roussitre. Lame verticale du repli du prothorax Lampyris bicarinata. 1355 obtusément anguleuse au côté externe des hanches. Bord an- térieur de l'antépectus un peu en angle dirigé en arrière, avec le milieu assez profondément entaillé en forme de V aigu, et obtriangulairement un peu prolongé en arrière. Hanches intermédiaires contiguës. Postépisternums près de trois fois aussi longs qu'ils sont larges dans leur diamètre transversal le plus grand ; d'un cinquième plus larges dans ce. point que les hanches à l'extrémité. entre longitudinalement en toit sur la parlie médiane des cinq où six premiers ar- ceaux ; chargé d’une carène longitudinale sur les quatre pre- miers arceaux et le commencement du cinquième, vers cha- que quart ou cinquième externe de sa largeur, déclive en dehors de cette carène; à séptième arceau presque -aussi longuement prolongé que le pygidium ; convexe et trifes- tonné à son bord postérieur : le feston médiaire parfois un peu obtus; arceaux du ventre à peu près rectangulairement ouverts à leur angle postérieur ; le premier un peu anguleu- sement dilaté de côté : les sixième et septième un peu dé- bordés par les supérieurs. Pygidiun obtusément arrondi et à peine bissinué à l'extrémité; irrégulièrement arqué sur les côtés, c’est-à-dire élargi jusqu'aux deux tiers, rétréci en- suite ; subconvexe longitudinalement sur son milieu, avec les côtés un peu relevés. Angles postérieurs des trois arceaux pré- cédents, anguleusement prolongés en arrière. Pieds d'un tes- iacé ou flave-testacé roussâtre ; comprimés. Manches, même les antérieures, subparallèles. Premier article des tarses pos- térieurs visiblement moins long que les deux suivants réunis : le quatrième assez faiblement bilobé en ans et un peu moins longs que le premier. Parrie : la Corse. DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPÈCE DE COLÉOPTÈRE SÉCURIPALPE, Par E. MULSANT. | Lue à la Société Linnéenne de Lyon, le 44 juin 4847./ © © Scymnus secutellaris. Ovale ; pubescent. Prothorax noir, élargi presque en droite ligne sur les côtés. Elytres convexes, assez fortement ponctuées, d'un rouge fauve,parées d’une tache noire commune aux deux étuis, en triangle dirigé en arrière jusqu'aux trois cinquièmes de la longueur, et couvrant la moitié interne de la base. Plaques abdominales subanguleuses , prolongées jusqu'aux trois quarts de Varceau. # Cinquième arceau du ventre faiblement échancré dans son milieu. S Cinquième arceau du ventre sans échancrure. ÉTAT NORMAL. —— Ëlytres d’un rouge fauve; ornées d’une tache scutellaire noire, commune aux deux étuis, couvrant la moitié interne de la base, et prolongée en se rétrécissant graduellement jusqu'aux trois cinquièmes de la suture , for- mant ainsi une tache en triangle allongé et dirigé en ar- rière. Varialions des Élytres (par défaut ). Obs. Quelquefois la tache a un peu moins d’étendue ; sou- vent sa couleur moins obscure la rend moins tranchée ou moins distincte. Le prothorax, dans ces derniers cas, pré- sente quelquefois, surtout chez les 4, ses côtés rougeñtres, d'un fauve livide ou d'un fauve rouge. On trouve des individus n'ayant pas acquis leur coloration normale, dont le corps, sous ce rapport, plus ou moins dif- Seymnus scutellaris. 159 férent du type, est quelquefois entièrement d'un fauve jaune. | Long. 0,0016 (23 1.) Larg. 0,0009 (25 L.) Corps ovale, assez convexe ou médiocrement convexe et peu densement garni en dessus de poils livides ou cendrés. Tête penchée ; pointillée; noire, avec le labre d’un fauve li- vide, parfois d'une manière un peu obscure. Antennes et palpes maxillaires d'un fauve livide : les seconds souvent en partie obscurs. Prothorax subcurvilinéairement d’abord jus- qu'au tiers, puis subrectilinéairement élargi d'avant en arrière sur les côtés ; étroitement rebordé à ceux-c1; en angle très- ouvert et postérieurement dirigé, à la base ; rayé au-devant de celle-ci d'une ligne moins rapprochée d'elle au-devant de Pécus- son; un peu plus de deux fois aussi large au bord postérieur que long dans son milieu; d’un quart environ moins court à celui-ci que sur les côtés; convexe; pointillé; noir. Ecusson triangulaire ; à côtés un peu ou point incourbés à la base : noir. Elytres trois fois à trois fois et demie aussi longues que le prothorax dans son milieu; curvilinéairement d’abord jus- qu'au sixième, puis subcurvilinéairement et assez sensible- ment élargies ensuite jusqu'aux deux cimquièmes de la lon- gueur; un peu moins larges vers les quatre cinquièmes qu'à l'angle huméral, obtusément arrondies à l'extrémité, et lais- sant à découvert une partie du pygidium; peu ou point in- courbées chacune à l'angle sutural qui est un peu aigument ouvert; étroitement rebordées latéralement ; assez arquées longitudimalement en dessus; convexes ou assez médiocre- ment convexes; marquées de points très-apparents, et beau- coup plus gros que ceux du prothorax; chargées d’un calus huméral assez saillant; colorées. et peintes comme il a été dit. Dessous du corps noir, avec le dernier anneau du ventre d'un fauve livide; parcimonieusement pubescent ; poinullé sur le venire; à peine aussi fortement ponelué sur les côtés 156 COLÉOPTÉRE SÉCURIPALPE. de la poitrine que sur le mésosternum : celui-ci tronqué pres- que en ligne droite ou très-légèrement en arc rentrant, en devant. Plaques pectorales arquées , à peine prolongées au- delà du tiers de la longueur comprise entre les hanches in- termédiaires et postérieures. Plaques abdominales presque en demi-cercle un peu ogival, prolongées au moïns jusqu'aux trois quarts de l’arceau. Pieds d’un fauve livide, avec les cuisses postérieures et parfois , moins sensiblement, les inter- médiaires nébuleuses ou obscures. Cette espèce a été trouvée dans les environs de Lyon, par MM. C. Rey et Guillebeau ; je lui ai conservé le nom donné par ie premier de ces naturalistes. Obs. Elle a de l’analogie avec le Sc. discoideus; elle s'en distingue par son corps plus convexe, plus court, moins ré- gulièrement ovale , c’est-à-dire plus sensiblement élargi après les épaules, jusqu'au: deux cinquièmes de ja longueur; par son prothorax moins infléchi aux angles de devant; à côtés plus droits ou peu courbes près des angles précités, plus long sur les côtés et dans son milieu; par ses élytres mar- quées de points plus gros, garnies de poils moins épais et un peu moins longs; par ses plaques pectorales plus arquées, arrivant au moins sur les côtés au quart antérieur de la lon- gueur existante entre les hanches intermédiaires et posté- rieures, tandis que dans le discoideus elles se rapprochent davantage des hanches intermédiaires; enfin par les plaques abdominales prolongées jusqu'aux trois quarts, et moins ar- rondies ou subanguleuses dans leur milieu. Le corps paraît luisant en dessus, parce que les poils sont plus rares, et le peu de densité de ceux-ci est dû aux points qui sont plus gros. DISSERTATION SUR LE COSSUS DES ANCIENS, PAR E. MULSANT. (Luz à la Société d'Agriculture de Lyon.) "200 Plusieurs naturalistes modernes ont cherché à détermner à quelle espèce d’insecte pouvait se rapporter le Cossus, re- gardé par les Romains comme un mets délicat et somptueux. Les conjectures faites à cet égard sont très diverses. Linné (*} a cru retrouver cet être vermiforme dans la chenille d’un Lé- pidoptère nocturne (Cossus ligniperda, Gonarn) ; Geoffroy (2) dans la larve d’un Porte-bec (Calandra palmarur, FArricrus) ; Olivier (°) dans celle d'un Longicorne (Cerambyx heros, Fa- BRICIUS); le plus grand nombre dans celle de certains Lamel- licornes : ainsi Swammerdam (*) et Frisch (5) ont désigne celle d’un Oryctès (Oryctes nasicornis, Izricer) ; Rœsel ($) et d’autres (7), celle du cerf-volant (Lucanus cervus, Linxé); et (1) Bombyx cossus; Faun. suec. Stocholmiæ, 1761 , p. 295. (?) Histoire abrégée des insectes. Paris, 1800, t. II, p. 104, 4?) Ouvier, Entomologie. Paris, 1789, in-4°, t. I, p. G. — LaTREILLE, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle. Paris, 1817, t. VIII, p.153, ete. {*) Biblia natureæ. 1737, in-fol., t. 1, p. 318, () Beschreibung von Allerley Insekten in Deutschland. Berlin, in-4°, 3° partie, p. 7. : (9) RorseL, Insecten Belustiqung.Nürinberg, 1749, 29 partie, 4’ classe, p.31. (7) Saw, General Zoology. London, 1804, t. VI, p. 28. — LaTreiLee, Histoire naturelle des crustacés et des insectes. Paris, an XL, t. X, p. 245.— LATREILLE, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, 1. VIII, p. 459, etc. 158 DISSERTATION Latreille, modifiant, dans son dernier ouvrage ('), ses idées précédemment émises, a pensé que le Cossus était la larve du hanneten (Helolontha vulgaris, Fasrrerus). Avant d'examiner ces différentes opinions, voyons ce qu'ont écrit les anciens sur Panimal dont il est ici question : Arbores, dit Pline, vermiculantur magis minusve quædam , omnes tamen ferè : idque aves cavi corticis sono experiuntur. Jam quidem et hoc in luxurià esse cœpit, prægrandesque ro- borum delicatiore sunt in cibo : Gossos vocant ; atque etium fa- rinû saginati, hi quoque altiles fiunt (?). Écoutons encore ce que dit autre part le même écrivain : Non enim cossi tantum in eo (ligno), sed etiam tabani ex eo nascuntur (?). | : Enfin, il ajoute ailleurs : Cossi qui in ligno nascuntur, su- nant ulcera omnia (*)._ Saint Jérôme, dans son traité contre Jovinien, parle aussi du Cossus, et d’une manière un peu plus détaillée que le naturaliste romain. Voici ses paroles ; In Ponte, in Phrygié@ vermes albos et obesos, qui nigello capite sunt et nascuntur in lignorum carie, pro magnis redi- tibus paterfamilias exiqit : et quomodd apud nos attagen et fice- dula, mullus et scarus in deliciis computantur, ita apud illos Evhopéyov comedisse luxuria est. Coge Syrum, Afrum et Ara- - (‘} Cours d’entomologie, p.60. (2) Les vers ne s'attachent pas également à tous les arbres, mais presque tous y sont sujets. Les oiseaux reconnaissent leur présence au son creux que rend l'écorce béquetée; et voici que les gros vers du chêne figurent sous le nom de Cossus parmi les mets Les plus délicats; on les engraisse en les nour- rissant de farine. — Puine, Hüstoire naturelle, liv. XVII, 37. (5) Non-seulement: le cossus y prend naissance , mais le tabanus provient du bois même. — Puine, Histoire naturelle, liv. XI, 38. (*) Les cossus qui s'engendrent dans le bois guérissent les ulcères.— Prnr, liv, XXX,, 39. SUR LE COSSUS DES ANCIENS. 159 bem ut vermes ponticos alutiat, ita eos despicit ut muscas, mil- lepedias et lacertos (*). Ainsi, en résumant les citations de ces deux auteurs, le Cossus vit dans le chène ; il a la tête noiratre, le corps blanc et replet. Il était d’un grand revenu pour ceux qui possé- daient des arbres dans lesquels on le trouvait ; on le mangeait après lavoir nourri de farine ; et cette sorte de ver qui fai- sait les délices des habitants du Pont et de la Phrygie, était dédaignée par les peuples de la Syrie, de l'Arabie et de l'Afrique. ; Le Cossus ne peut donc être la chenille à laquelle Linné a appliqué ce nom, car cette chenille est rougeatre. Elle dé- gorge d’ailleurs, quand on la saisit, une humeur visqueuse, fétide et si désagréable, qu'il serait difficile de concevoir qu'on pût la manger avec plaisir. Plusieurs raisons sembleraient militer en faveur de lopi- nion de Geoffroy. La larve de la €. palmarum, généralement connue sous le nom de ver palmiste, était regardée, dans certaines contrées de l'Asie méridionale, comme un morceau succulent. « Au dessert, dit Élien, le roi des Indiens ne se régale pas comme les Grecs du fruit des palmiers nains, mais il se fait servir un ver qui naït dans l’intérieur de lar- bre. Ce petit animal rôüi, est, dit-on, un mets délicieux (?). » Telle est encore la manière dont on mange ces sortes de vers en Afrique et dans diverses parties de l'Amérique, où ils sont (t) Dans le Pont et dans la Phrygie, les pères de familles regardent comme un de leurs grands revenus, cerlains vers à tête noirâtre, au corps replet, prenant naissance dans le bois. Manger ces xylophages, est chez ces peuples une aussi grande preuve de luxe, que chez nous de servir le ganga, le bec-figue, le rouget ou le scare, dont nous faisons nos délices....; mais engagez un Syrien, un Arabe, un Africain à se régaler de ces sortes de vers, 11les dédai- gnera comme si on lui présentait des mouches, des mille-pieds ou des lézards. (2) Æutex, De natur& animalium. Liv. XIV, chap. 13. 140 DISSERTATION très-recherchés, au dire de Loyer ee Sibille Mérian (©), Labat (*), Fermin, Leblond (?) et autres voyageurs. Un autre motif non moins spécieux semblerait devoir por- ter à admettre l'opinion de Geoffroy. Le nom sous lequel sont connues, dans le Nouveau-Monde, les larves en ques- tion, dérive, comme l'a fort bien remarqué Joseph Scali- ger (°) du latin cossus, transformé plus tard en cusus dont les Espagnols ont fait gusano, qui correspond à notre mot ver pris dans un sens assez étendu. Mais ces larves au lieu d'habiter le chêne, vivent exclusivement dans les palmiers : et ce genre d'arbres n’est pas propre à l'Italie. Ceux que le luxe y avait introduits et qui, d’ailleurs, ne portaient point de fruits, étaient indigènes de FAfrique; or, ce ne pouvait être de là qu'était venu l'exemple de manger le Cossus, puis- qu 1l était dédaigné par les peuples de ces contrées. Swammerdam, après avoir, eu la pensée que la larve de l'Oryctès nasicorne pouvait être le Cossus des anciens, a été le premier à élever des doutes sur la validité de ses soup- cons : « Peut-être, ditil, fautil rapporter le Cossus à une autre espèce de Scarabé; car, pour être susceptibles de flat- ter notre goût, les vers que j'mdique devraient préalable- ment être soumis à un jeune assez long pour leur permettre de se délivrer de matières sordides contenues dans leur corps (°). » Les Oryctès, d’ailleurs, ajouterons-nous, se ca- (1) Histoire générale des voyages. Paris, 4747, t. II, p. 432, (2?) MéÉriax. De generatione et metamorphosibus insectorum surina- mensium. Agere comitum, 1726, p. 48 et pl. 48. (5) Lauar, Nouveau voyage aux îles de l'Amérique. La Haye, 4724, t. AA p. 440 (*) Ces larves, dit Leblond, sont assez dégoûtantes et soulèvent d’abord le cœur: mais on s'y accoutume, et l’on finit par trouver ces gusanos excellents. Journal des voyages, t. XXX, p. 276. (5; Cossos poste cusos invenio vocatos: unde Hispani vocant Gusanos. Voyez Fesrus, annoté par J. ScALIGER. (5) Swamwernaw, Biblia naturæ, 1737, in-fol, L. 1, p. 318. SUR LE COSSUS DES ANCIENS. 141 chent dans leur enfance,soit dans le terreau, soit au pied des racines, au lieu d'habiter l'intérieur des arbres. La larve du hanneton nous paraïtra-t-elle, à plus juste titre, devoir être considérée comme l'être vermiforme recherché des gastronomes romains ? Avant de combattre cette opinion, émise par un homme dont le nom, dans la science, est d’un aussi grand poids que celui de Latreille, rapportons les pa- roles de cet entomologiste célèbre : « ....les larves de quel- ques grands Capricornes toujours cachées dans les troncs des arbres, et pas assez abondantes, m’auraient pu suflire à la consommation. Festus, en parlant des Cossus, dit qu'ils sont ventrus et paresseux. L’étymologie de ce mot indique un corps ridé, plié, et quelques personnages consulaires étaient, pour cette raison, nommés Cossi. Peut-être aussi l'emploi du même nom dérive de la même source, en désignant l’obésité et, au figuré, l'opulence. Ceux de ces insectes qui vivaient dans les chênes ou plutôt dans les chênaies et qui étaient les plus grands, étaient préférés. D'après toutes ces données, Je crois, avec Mouffet et quelques autres naturalistes, que le Cossus des anciens était la larve du'hanneton ordinaire (1). » Tous ces raisonnements en apparence si bien motivés, re- posent malheureusement sur des données hypothétiques ou inexactes. Latreille, en tracant ces lignes, a été abusé par l'infidélité de ses souvenirs, ou il s'est borné à lire Festus dans Mouffet, dans Jonston ou tout autre paraphraseur de ce genre, car 1l lui a fait avancer ce qu'on chercherait vainement dans le texte de cet auteur ; il est facile d’en juger : Cossi, dit l'écrivain latin, ab antiquis dicebantur naturä rugosi cor- poris homines, à similitudine vermium in ligno editorum. qui cossi appellantur. Le Cossus, comme on voit, n’est point qua- (1) Larrerere, Cours d’entomologie, p. 60. { p 112 DISSERTATION lifié de ventru ni de paresseux; on ne lui donne pont ün corps plié, caractères dont la réunion signalerait assez bien une larve de Lamellicorne. Ce n’est pas non plus dans les chénaies, mais dans le bois ou le tronc des chênes, in ligno, comme l'indiquent formellement les trois auteurs ci-dessus nommés, que cet être vermiforme prenait naissance. Îl'est donc impossible de rapporter ce dernier à la larve du hanne- ton, dont le séjour est souterrain ét la nourriture bornée aux racmes des végétaux. Enfin, si certains personnages consu- laires, grâces aux douceurs de la vie dont ils jouissaient, acquéraient un embonpoint suflisant pour être appelés Cossi, ce surnom n'était pas réservé aux citoyens élevés à la même dignité, 1l était donné à tous les hommes naturd corporis rugosi, c'est-à-dire non couverts de rides, car celles-ci sont une flétrissure du temps ou les tristes signes d’une vieillesse prématurée, mais chargés de ces plis qu'un sybarite étale avec complaisance, quand, brillant d’un teint frais et ver- meil comme celui du prélat chanté par Boileau, Son menton sur son sein descend à triple étage. C’est, en effet, à la plénitude de son corps que dut le sur- noin de Cossus un des aïeux de cet À. Cornélius qui tua de sa propre main le roi Tolumnius (1). C'est de là que parais- sent aussi être venus les noms de cossutius, cossinus, cossu- vius, cossuvianus. Divers auteurs prétendent même que ceite dénomination de cossus aurait été donnée en prénom, opi- nion combattue avec succès par Gaëtan Marini (?) et quel- ques autres écrivains. La comparaison dont se servaient les anciens, revenait donc à celle que nous employons fréquemment dans le style (4) Trre-Live, IV, 19. () Attie monumenti de’ fratelli Anvarr. Roma, 4795, p. 86. SUR LE COSSUS DES ANCIENS. Lis familier, quand, cherchant à donner une idée de l'embon- point d’une personne, nous le comparons à celui d’un moine. Ce passage de Festus a fait également commettre quel- ques inexactitudes à un autre savant d’un grand mérite et d’un vaste savoir : « Selon Pline, dit M. Duméril (1), c’est du nom de cet insecte que les hommes trapus étaient appe- lés Cossi, étymologie d’où, suivant Suétone, Cossuna, femme de César, avait tiré son nom. » Le naturaliste fran- çais attribue ainsi à Pline les paroles de Festus; 1l donne à une parte de cette phrase un sens qui ne semblè pas le véri- table; 1l travestit, par un lapsus calami, Cossutia en Cossuna ; il prête enfin à Suétone une étymologie que celui-ci n'indi- que pas. | , Revenons au Cossus. Si nous devions le retrouver dans la larve d'un Lamellicorne , il serait plus rationnel de le cher- cher avec Rœsel, dans celle du cerf-volant où de certames Cétoines, la fastuosa, par exemple, espèces qui habitent l’intérieur des arbres; mais ces créatures offrent dans le vo- lume et la couleur de leur abdomen, quelque chose de re- poussant. D'ailleurs , les écrivains dont nous avons invoqué le témoignage , auraient probablement fait mention des pieds de ces petits animaux; ils leur auraient Suriout appliqué l'épithète de ventrus qui leur convient à si bon droit : leur silence à cet égard doit nous porter à penser que le Cossus, selon l'opinion d'Olivier et de plusieurs autres, est la larve du Cerambyx heros ou de quelque espèce voisine. Celle-ci en effet présente tous les caractères indiqués par les seules sources auxquelles nous puissions recourir : elle vit dans le chêne ; elle a la tête, au moins en partie, noirâtre; le corps blanc est d’une obésité remarquable ; enfin, on peut l’élever assez facilement en la nourrissant de farine. (1) Dictionnaire des sciences naturelles, t. W, p. 9. 114 DISSERTATION Saint Jérome (*), dans un autre passage que Cœlius Rho- diginus (?) cherche gratuitement à dénaturer, nous apprend que les adorateurs de Cybèle et d’Isis s’imposaient, entre au- tres privations, celle de manger le Cossus. Moins dévois envers la mère des dieux, les philosophes ne poussaient peut-être pas le scrupule aussi loin; et, sans doute, Athénée nous aurait donné sur ce sujet des particularités inconnues, si le Banquet des Savants (*) nous fut parvenu dans son entier. Que ne nous aurait pas appris Varron , le plus docte des Ro- mains, si, moins malheureuse que la plupart de ses ouvra- ces, sa satire sur les repas (*) eùt résisté aux ravages du temps ! Comment ce mets recherché a-t-il pu être oublié dans le diner somptueux donné le jour de l'inauguration de Lentulus en qualité de flamine de Mars (°)? Pourquoi n’est- il pas mentionné dans le repas non moins célèbre de l’opu- lent Trimalchion (*)? Par quelle cause, enfin, ni Martial (7), ni Stace (°), ni les deux ou trois gourmands qui ont popula- risé par leurs excès le nom d’Apicius (°), ni aucun des autres écrivains auxquels nous devons des détails sur l’art culinaire des anciens, n’ont-ils jamais cité le Cossus? Ceci nous con- —— (t) Nos adversaires se complaisent dans leur abstinence de certaines nour- ritures, comme si la superstition des Gentils n'épargnait pas le Cossus, par respect pour la mère des dieux et pour Isis. Traifé contre Jovinien , liv. Il ; p. 78, traduction de M. CocromBer, (2) Ludovici Cælii Rhodigyini lectionum antiquarum, liv. XXX, p. 257. () Deipnosophia, (#) Varron avait composé une satire sur les repas, dans laquelle ‘il éitait les meilleurs mets. Auzu-GÉLLE, Noct. anticæ, liv. VIT, 6. (5) MacroBe, Saturn., cap. IX. (6) PETRONE. (7) Marraz, Epigr. IX, 48-XI, 53. (8) Srace, Silvæ IV, 6. (°) On doit à Cœlius Apicius un traité De re culinarid, ouvrage perda pendant longtemps, et retrouvé en 1529 dans l'ile de Maguelone, sous l'épiscopat de Guillaume Pelissier, dernier évêque de ce lieu. SUR LE COSSUS DES ANCIENS. 145 duira à répondre à une objection soulevée par Latreille, rela- tivement à la difficulté de trouver une assez grande quantité de larves de Cerambyx pour satisfaire les goûts des gastro- nomes romains ; certes, cette difliculté n’eût pas été grande, si la larve du hanneton avait été l'espèce de ver recherché par eux; car, dans certaines années elle est malheureusement si multipliée dans quelques localités, qu’on pourrait en recueillir près d’un cent par mètre carré. Or, quand Pline et saint Jé- rôme disent que c'était un luxe de manger des Cossus, ceux-ci devaient être rares sur des tables où un plat de foie de lotes n'était pas une preuve de somptuosité. Les pères de famille pouvaient les considérer comme un de leurs grands revenus, dans un pays où l’art d'engraisser des paons procura soixante mille sesterces de rentes à Aufidius Lurcon. Leur valeur devait être considérable, chez un peuple où un Asinus Celer à pu payer un rouget huit mille sesterces ; où un cuisinier coûtait autant qu'un triomphe ; où enfin, nul mortel ne paraissait d’un plus haut prix, que l’esclave doué des plus grands talents culinaires, c’est-à-dire, le plus habile dans l’art de ruiner son maitre. 10 DESCRIPTION DE QUELQUES COLÉOPTÈRES NOUVEAUX OÙ PEU CONNUS DE LA TRIBU DES LONGICORRES , ‘SULVIES D'OBSERVATIONS SUR DIVERSES ESPÈCES DE CETTE TRIBU : Par E. MULSANT. ( Présentées à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, le 7 janvier 1851. FAMILLE DES PRIONKIENS, Ergates opifex. Dessus du corps d'un brun de poix. Prothorax sensiblement relevé en rebord en devant , et plus sensiblement à la base ; rugueux en dessus, mais lisse ou comme marqué d'une cicatrice sur son milieu. Elytres d'un brun rouge, chargées de deux ou trois nervures longitudinales peu élevées. Long. 0,045 (20 1.) Larg. 0,0160 (8 1.) 9 Tête d'un brun de poix; rugueuse; creusée entre les antennes d’un sillon assez profond, prolongé en forme de ligne jusqu’au vertex. Yeux bruns ; peu échancrés. Antennes orêles ; à premier article renflé; ponctuées ; dépassant à peine la moitié de la longueur des élytres. Prothorax sensiblement Clytus angusticollis. 147 relévé en rebord en devant, et d'une manière plus marquée à la base; crénelé, sans rebord et armé après le milieu d'une petite épine, de chaque côté; à angles non émoussés; brun ; fortement rügueux en-dessus, mais lisse ou comme marqué d'une cicatrice sur le milieu de la ligne médiane ; creusé sur celle-ci d'un sillon longitudinal. Elytres d'un brun rouge ; subraguleusement ponctuées; chargées de deux ou trois nervures ou lignes longitudinales peu élevées, n’at- teignant pas l'extrémité. Pieds bruns ou d'un brun rougeatre. Pareie : l'Algérie. | Cetie espèce a beaucoup d’analogie avec l'E. Faber; mais l’exemplaire unique dont je dois la communication à la com- plaisance de M. le capitaine Godart, diffère du Prionien prc- cité, par une taille plus allongée; par son prothorax moins régulièrement crenelé sur les côtés, sillonné longitudinale- ment sur sa partie médiaire, rebordé en devant, comme mar- qué d’une cicatrice sur son milieu; par ses élytres propor- tionnellement plus longues, plus finement ruguleuses, et chargées de nervures plus apparentes. Je:n’ai vu que la ?. FAMILLE DES CÉRAMBYCOINS. Clytus angusticollis. Corps d'un noir brun, pubescent. Prothorax renflé dans son milieu , d’un quart plus long quedarge.Elytres épineuses à l'angle postéro-externe ; ornées chacune d’unirail, d’une ligne arquée, d'un point et de deux bandes, d’un duvet blanc : le trait, naissant de la fossette kumérale : la ligne ar- quée , naïssant après l'écusson , prolongée en se courbant en dehors : le point, iuxla-marginal, vers le quart de la longueur : la bande antérieure, vers les trois cinquièmes : la postérieure, apicale. Long. 0,009 (4 1.) Larg. 0,0032 (4 1.) Corps allongé; subconvexe. Tête noire; assez finement ponctuée; plane sur sa partie antérieure et revêtue sur celle-ci 148 LONGICORNES. d’un duvet cendré; marquée d’une suture épistomale ; rayée sur le front d’une ligne parfois peu apparente, non prolon- gée jusqu’à la partie postérieure ; chargée d’une petite saillie corniculiforme au côté interne de la base de chaque antenne. Yeux bruns; tiès-échancrés. Antennes un peu moins longues due le corps (2), ou un peu plus longues que lui (7); de ne articles : lé premier, renflé; le deuxième court, subglo- buleux ; les suivants, grêles, filiformes; le troisième, un peu plus long qué le quâtrième ; noires où d’un brun noir, à la base, graduellement brunes ou rougeatres à l'extrémité; re- vêtues d’un duvet cendré ou cendré obseur; ciliées en des- sous de leurs premiers articlés. Prothorax tronqué et muni d’un rebord étroit, en devant et à la base; oblong, renflé dans son milieu; d’un quart plus long que large; convexe: ponctué ou très-finement chagriné; noir ou d’un noir brun ; garni d’un duvet cendré obscur ; orné, à la base, d’une bor- dure d'un duvet blanc très-largement interrompue, ou seule- ment marqué de blanc aux angles postéricurs. Ecusson revêtu d’un duvet blanc. Elytres d’un tiers plus larges en devant que le prothorax à sa base; un peu plus larges que lui dans son diamètre transversal le plus grand; deux fois et demie aussi longues que celui-là ; subarrondies aux épaules; presque pa- rallèles jusqu'aux quatre cinquièmes de leur longueur, ré- irécies ensuite; obliquement coupées chacune à l’extrémité, en formant un angle rentrant vers la suture; épineuses à l’angle postéro-externe ; convexes; pointillées ; d’un noir brun; garnies d’un duvet soyeux de même couleur; ornées chacune d'un trait ou ligne courte, d’une ligne arquée, d’un point et de deux bandes d'un duvet blanc : le trait, naissant de la fos- sette humérale, parfois réduit à un état ponctiforme, ordi- nairement prolongé en forme de ligne courte jusqu’au sixième de Ja longueur : la ligne arquée, naissant à la suture, après l'écusson, dont elle est séparée par un espace ordinairement Dorcadior hispanicum. 149 égal au diamètre de celui-ci, commencant généralement par un renflement ponctiforme, obliquement prolongée, en se courbant en dehors et en se renflant vers son extrémité, jus- qu'aux deux septièmes de la longueur et les deux septièmes de la largeur : le point, situé près du bord externe, vers le quart de la longueur, paraissant la continuation de ja figne arquée qui serait interrompue : la bande antérieure, un peu obliquement transversale, située vers les trois cinquièmes de la longueur, graduellement élargie et avancée en devant, sur la suture, courbée en arrière vers le côté externe qu’elle at- teint à peine ; la bande postérieure, apicale. Dessous du corps noir: garni d'un duvet cendré : épanères du médipectus, postépisternum et mésosternum revêtus d'un duvet blanc : trois premiers arceaux du ventre ornés postérieurement d’une bordure d’un duvet de même couleur, large latéralement, presque interrompue dans son milieu. Pieds grèles ; allon- gés ; pubescents : cuisses noires : jambes et tarses bruns ou d'un brun rougeûtre. PATRiE : la Gallicie. Cette espèce m'a été communiquée par M. le capitaine Gaubil. Obs. Elle diffère du Clytus plebejus par la ligne arquée des élytres isolée de lécusson, Elle se distingue des €. massi- liensis et Pelierü, par l'existence du trait naissant de la fos- sette. Elle s'éloigne de ces trois espèces, par son prothorax plus allongé et plus étroit. FAMILLE DES LAMIENS. Dorcadion hispanicum. Corps nou. Téte ornée, au moins à partir du milieu du front, de deux Eandes d'un duvet blanc, prolongées sur le prothorax de chaque côté de la hgne médiane : celle-ci, lisse, luisante, rayée longitudinalement. Elytres ornées chacune de deux bandes longitudinales d'un duvet blanc, couvrant N] 150 LONGICORNES. la moihié interne de la largeur, à peine séparées entre elles et de la suture : l’externe, postérieurement rétréaie et raccourcie, et d’une bande sem- blable, courte, ne couvrant que le quart postérieur de la longueur. Long. Om,0123 (5 4/2 1.) Larg. Om,0036 (1 2/3). Corps allongé ; subfusiforme. Tête ponctuée; rayée longi- tudinalement, sur sa région médiaire d’une ligne naissant de la partie antérieure de l’épistome, élargie postérieurement après la base des antennes, lisse et luisante sur ses’ bords ; noire; parée de deux bandes d’un duvet blanc, un peu ar- quées en dehors et ordinairement moins’ apparentes su la moitié antérieure: du front, plus denses et plus apparentes à partir de la base des antennes. Yeux d’un brun noir; profon- dément échancrés. Antennes épaisses à la base, décroïssanit très-sensiblement de srosseur jusqu'à l’extrémité; à peine plus longuement prolongées que les deux tiers ou trois quarts du corps; de onze articles : le premier, renflé, aussi long que les deux suivants réunis; le second, court, cupiforme ; le troï- sième, à peine plus long que le quatrième; le dernier, ré- tréci dans sa seconde moitié et comme formé de deux (9); noires, garnies d’un duvet à peu près de même couleur. Prothorax tronqué ou faiblement arqué en devant, et moins insensiblement arqué en sens opposé à la base; à peine ou tres-étroitement rebordé à ses bords antérieur et postérieur; muni de chaque côté d’un tubercule très-ohtus ; noir; lisse et luisant sur son milieu, ou paré sur celui-ci d'une bande . longitudinale, noire. lisse et luisante, couvrani le cinquième médiaire environ de sa largeur et longitudina}ement rayée d'une ligne dans son milieu; ornée «le chaque côté de cette partie lisse, d’une bande d’un duvet blanc formant chacune la continuation de-celle de la tête: chacune de ces bandes blanches presque aussi large que la partie médiaire; assez finement ponctué sous ces bandes ; rugueusement ponclué Dorcadion hispanicum. 151 Del c et chargé d'une sorte d’empatement près de chaque bande, un peu après le milieu. Ecusson noir ; glabre; luisant. Elytres d’un cinquième plus larges en devant que le. prothorax à ses angles postérieurs ; à peine plus larges à la base que le segment prothoracique dans son milieu ; deux fois et demie à peine aussi longues que lui; près de trois fois aussi longues que larges chacune dans son milieu, c’est-à-dire faiblement élargies jusqu'aux deux cinquièmes de leur lon- gueur, et rélrécies ensuite; obtusément arrondies chacune à l'extrémité ; faiblement convexes sur le dos, assez brusque-. ment rabattues sur les côtés aux épaules, et d'une manière graduellement moins prononcée postérieurement; d’un noir luisant; ruguleusement ponctuées dans leur moitié externe ; ornées, sur leur moitié interne, de deux bandes longitudi- nales d'un duvet blanc: l’interne, de largeur uniforme, pres- que égale au cinquième de la largeur, joignant à peu près le rebord sutural (qui forme avec son pareil une ligne suturale glabre), prolongée de la base à l'extrémité : l’autre, un peu plus large, liée, à la base, à la précédente, prolongée, en se ré- trécissant vers son extrémité, jusqu'aux six septièmes de leur longueur; parées en ouire vers l'extrémité, en dehors de la bande externe, d’un lambeau de bande semblable, presque lié au bord postérieur, avancé, en se rétrécissant, jusqu'aux trois quarts postérieurs de la longueur; offrant une bordure pos- téro-externe étroite et peu apparente. Dessous du corps et pieds, noirs; assez finement ponctués; subruguleux; garnis d’un duvet presque de même couleur. Jambes intermédiaires échancrées sur l’arête supérieure : garnies d’un duvet fauve sur cette échancrure. Sole des tarses revêtue d’un duvet de méme couleur. Paris : l'Espagne. Cette espèce m'a été envoyée par M. Perris, comme étantle Dorcadium hispanicum du catalogue Dejean. Je n'ai vu quele 4. 192 LONGICORNES. Phyiæcia Wachanrui.- Téle et prothorax en majeure partie d’un rouge orangé : la première, ornée d'une ligne longitudinale médiaire et de cinq points noir: (trois, à la partie postérieure : un, sur le milieu du front : un, sur l’épistome) : le second, orné sur le disque de trois points de méme couleur, obtriangu- lairement disposés, et, de chaque côté, de deux autres, liés et presque confondus avec la bordure noire. Elytres d'un noir brun, garnies d’un duvet cendré peu épais. Ecusson blanc. Pieds intermédiaires et posté- rieurs , noirs, avec un anneau crural voisin du genou et ia moitié basi- laire des jambes, d'un jaune rouge. Long. Om,6142 (5 1.) Larg. Om,0033 ( 1 4/2 I.) Tête densement ponctuée; hérissée d’un duvet grisatre peu épais; d’un rouge orangé, avec une partie du labre, le bord antérieur de Pépistome, la majeure partie des tempes, une tache au côté interne de la base des antennes, une ligne lon- gitudinale étroite, prolongée du milieu de locciput au bord antérieur du labre, et cinq points, noirs : trois, liés au bord postérieur; un, sur le milieu du front; un, moins apparent sur l'épistome. Palpes et mandibules noirs. Yeux noirs ; très- échancrés. Antennes à peine aussi longues que le corps (7); filiformes ; de onze articles ; noires, avec les deux cinquièmes postérieurs de la partie inférieure du premier article, d’un jaune rouge : troisieme et quatrième articles, en partie obs- curément rougeûtres ; revêtues d’un duvet court, gris ou cen- dré grisatre. Prothorax d'un quart mo'ns long que large ; tronqué presque en ligne droite ct très-élroitement rebordé en devant et à la base; sensiblement arqué sur les côtés, subparallèle près du bord postérieur ; convexe; densement ponctué; hérissé de poils cendrés clairsemés; d’un rouge jaune ou orangé, avec les côtés, les bords antérieur et posté- rieur ct sept points, noirs : trois, sur le disque, obtriangu- Phytæcia Hachanrui. 155 lairement disposés : le postérieur , situé au devant de lécus- son, lié à la bordure basilaire : les deux antérieurs, tubercu- leux, situés de chaque côté de la ligne médiane : les quatre autres, situés, deux de chaque côté : l'un, lié à la base, près de l'angle postérieur : l'autre, plus antérieur, uni au besi- laire précité, et presque confondu avec la bordure noire latérale. Ecusson en demi-cercle ou obtriangulaire; revêtu d’un duvet blanc. Elytres d’un tiers plus larges en devant que le prothorax à’ses angles postérieurs ; quatre à cinq fois aussi longues que lui ; à fossette humérale médiocrement marquée; subsinueusement rétrécies d'avant en arrière ; arrondies à la parüe externe de leur extrémité; coupées obliquement ou en angle rentrant dans la moitié interne de celle-ci; presque planes ou subsillonnées longitudinalement, en dessus, brus- quement imclinées sur les côtés; d’un noir brun; garnies d'un duvet cendré, en partie hérissé, en partie presque cou- ché : peu distinctement pointillées, mais marquées de points très-apparents presque carrés ou en losange, graduellement affaiblis d'avant en arrière. Dessous du corps d’un noir ar- doisé; hérissé d’un duvet cendré peu épais : moitié antérieure du dernier anneau d'un jaune orangé. Pieds en partie d’un noir ardoisé; hérissés de poils cendrés, principalement sur les jambes : seconde moitié des cuisses de devant et jambes des antérieures, extrémité des cuisses intermédiaires à leur partie supérieure ou un anneau à la partie inférieure, un an- neau voisin du genou aux cuisses postérieures et moitié basi- lire des jambes intermédiaires et postérieures, d’un jaune rouge. PATRiE : la Turquie. Je l'ai dédiée à mon ami M. Wachanru, de Marseille, dont la modestie égale le zèle et les talents. Obs. Je n'ai vu que le ©. 45! LONGICORNES. Celle espèce à quelque analogie avec la Ph. Jourdani ; elle s’en distingue facilement par le point noir latéral antérieur: du prothorax non situé sur la même ligne transversale que les deux tuberculeux, lié au point basilaire extérieur et à la couleur noire des côtés; par son écusson blanc; par ses, élytres garnies d'un duvet moins dense , et différemment colorées; par le dernier arceau ventral seulement offrant du jaune rouge sur sa moitié antérieure ; par la couleur de ses pieds. | Phytæœeia Gaubilii. Corps noir, revétu en dessus d'un duvet ardoise. Téle garnie en devant d'un duvet cendré jaunâtre. Prothorax chargé longitudinalement, sur la ligne médiaire, d'une carène obluse, d’un rouge jaune à sa partic anté- rieure , revélue ensuite d'un duvet d'un blanc sale ; orné de chaque côté d’une bande de duvet semblable. Pieds ardoisés : moilié antérieure des, cuisses de devant et jambes de la méme paire, d’un rouge jaune. 4. Dernier arceau du ventre creusé d’une fossctte. Long. Om,01000 (4 1/2 1.) Larg. Om,0032 ( 4 1/2 L.}. Tête d'un noir ardoisé; densement ponctuée; bombée en. devant; couverte depuis le labre jusqu'à la base des antennes d’un duvet cendré jaunûtre graduellement plus cendré d'avant en arrière, ornée d'un duvet grisâtre au bord interne de la se- conde moitié des yeux, presque nue sur la partie postérieure de la tête; hérissée de poils obscurs ou grisatres, peu épais; rayée d’une ligne longitudinale médiaire, prolongée depuis. l'occiput jusqu'au milieu du front. Mandibules noires, revêtues à leur côté externe d’un duvet cendré jaunätre. Yeux noirs ; très-profondément échancrés ou divisés. 4ntenres à peine aussi longuément prolongées que le corps (,2); de onze articles ; fi- liformes ; d’un gris brunâtre, avec les côtés du premier article et la base des suivants, cendrés ; hérissées en dessous de cils Phytæcia Gaubili. 155 peu nombreux. Prothorax d'un quart environ moins long que large ; tronqué presque en ligne droite, et assez étroitement reborde en devant et à la base ; assez faiblement arrondi sur les côtés; convexe ; pointillé; chargé longitudinalement sur son milieu d'une carène obtuse ne paraissant commencer qu'au cinquième de la longueur; noir, garni d’un duvet ar- doisé; d'un rouge jaune à la partie antérieure de la carène, : c'est-à-dire du quart à la moitié de la longueur, revêtu en- suite sur celle-ci d’un duvet assez long, d’un blanc sale ou. Jjaunatre ; orné de chaque côté d’une bande longitudinale d’un duvet semblable; hérissé de poils obscurs peu épais. Ecusson en demi-cercle ; revêtu d’un duvet blanc cendré. Ely- tres d'un tiers plus larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; d’un quart plus larges que lui dans son diamètre transversal le plus grand; quatre fois environ aussi longues que ce dernier; subsinueusement rétrécies d'avant en arrière ; obliquement tranquées chacune à leur extrémité, én formant un angle rentrant à la suture ; émoussées à l’angl: sutural ; planes on subcanaliculées longitudinalement sur leur disque, brusquement inclinées sur les côtés et d’une manière moins prononcée postérieurement; à fossette humérale peu profonde ; marquées de points très-apparents, presque carrés ou en losange, graduellement affaiblis d'avant en arrière : noiratres, mais revêtues d'un duvet gris ardoisé. Dessous du corps noir ardoisé; garni d'un duvet cendré jaunâtre. Pieds noirätres, garnis d'un duvet gris ardoisé : seconde moitié des cuisses de devant et jambes des mêmes pieds, d’un rouge jaune. Paris : l'Algérie (cercle de la Calle). Elle m'a été obligeamment communiquée par M. Gaubil, auteur d’un catalogue synonymique des Coléoptères d'Eu- rope et d'Algérie. Je la lui ai dédiée. 196 LONGICORNES. Phytæcia vulnerata. Dessus du corps d’un noir brun, revélu d'un duvet cendré ardoise. Prothorax paré d'une tache d’un rouge pâle, suborbiculaire, couvrant ordinairement les deux tiers médiaires de sa largeur. Deux derniers hers des cuisses, el trois cinquièmes basilaires des jambes, d’un rouge jaune. 9. Dernier arceau ventral rayé d’une ligne longituainale. Long. Om,0135 (6 L.) Larg. Om,0036 (1 2/3 E) ° Tête bombée en devant; marquée de points contigus et généralement ombiliqués ; garnie d’un duvet cendré, et héris- sée de poils longs et clairsemés, sur le front, presque nue sur sa partie postérieure, mais visiblement pubescente près du bord interne postérieur des yeux. Palpes noirs. Yeux noirs, profondémentéchancrés. Antennes prolongées jusqu'aux qua- tre cinquièmes de la longueur du corps (?), probablement aussi longues que Jui (4); subfiliformes ; de onze articles : le premier, renflé : le second, court, subelobuleux : le troi- sième, presque égal au prerhier et au quatrième, ou à peine plus long que chacun de ceux-ci; revêtues d'un duvet cendré ardoisé. Prothorax un peu moins long que large ; tronqué et rebordé en devant et à la base ; sensiblement renflé latérale- ment dans son milieu; ponctué; noirâtre, mais revêtu d’un duvet cendré ardoisé; orné sur son disque d’une tache d’un rouge pale, peu nettement limitée, couvrant ordinairement du sixième aux quatre cinquièmes de la longueur et les deux tiers médiaires de la largeur. Ecusson revêtu d’un duvet cen- dré. Elytres d’un üers plus larges en devant que le protho- rax; quatre fois environ aussi longues que lui; subsinueuse- ment rétrécies et plus sensiblement dans le dernier quart ; obliquement tronquées et un peu échancrées chacune à l'ex- trémité, en formant un angle rentrant à la suture ; planes ou faiblement canaliculées longitudinalement sur leur disque, brusquement inclinées sur les côtés, et d’une manière moms Phytæcia Ledereri. 157 prononcée postérieurement; à fosseite humérale peu pro- fonde ; marquées de points très-apparents, presque carrés ou en losange, sériément disposés, graduellement affaiblis d’a- vant en arrière ; noiratres, mais revêtues d’un duvet cendré ardoisé. Dessous du corps noirâtre et revêtu d’un duvet cendré ardoisé : cinquième arceau du ventre d’un rouge pâle; rayé sur son milieu d’une ligne longitudinale (2). Pieds, garnis d’un duvet cendré ; d’an rouge pâle ou jaunâtre : quart ou tiers basilaire des cuisses, genoux et deux cinquièmes posté- rieurs des jambes intermédiaires et postérieures et tous les tarses, noirs, ou d’un noir cendré par l'effet du duvet. Jam- bes intermédiaires obliquement échancrées sur l’ärête supé- rieure. Crochets des tarses bifides, ou munis chacun d’une forte dent basilaire plus courte que l’externe. Cette belle espèce dont je dois la communication à M. le capitaine Gaubil, se trouve dans les environs de Rome; elle a été prise aussi près d'Hyères par M. Foudras. Jé n'ai vu que ia 9. Phytæcia Ledereri. Corps noir, mais revétu d'un duvet gris cendré ou cendré ardoisé. Prothorax paré d’une raie longitudinalement médiaire flavescente. Cin- quième arceau du ventre d'un rouge jaune. Cuisses, inoins lu base, el de plus l'extrémité des postérieures, et jambes de devant’, d'un rouge jaune. Tête bombée et marquée en devant de points ombiliqués contigus, plus gros vers le front, plus petits en se rappro- chant de l’épistome ; plus finement et plus densement ponc- tuée postéricurement ; rayée d’une ligne longitudinale légère, à peme prolongée ou non prolongée jusqu’à l’épistome; or- née de chaque côté de cette ligne, près du côté interne de la seconde moitié des yeux, d’une bande courte d'un duvet flavescent ou cendré flavescent. Palpes noirs. Yeux noirs, très-profondément échancrés, presque divisés. 4ntennes noi- res, mais revêtues d'un duvet gris; parcimonieusement ci- 198 | LONGICORNES. liées en dessous; au moins aussi longuement prolongées que le corps (,7); de onze articles : le preniier renflé : les troi- sième et quatrième présque égaux, les plus longs. Prothorax tronqué en devant et d'une manière très-légèrement bissi- nueuse à la base ; très-étroitement rebordé à ses parties anté- mieure et postérieure; subcylindrique ou légerement arqué sur les côtés; à peine aussi long qu'il est large dams son mi- lieu ; convexe; marqué de points contigus et ombiliqués sur les côtés, plus petits et plus serrés sur le dos; noir, mais re- vêtu d’un duvet gris cendré : ce duvet relevé sur la ligne mé- diane en une sorte de faible carène flave ou d'un flave tes- tacé. Ecusson en demi-cercle ; revêtu d'un duvet gris cendré. Elytres d'un tiers plus larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; près de quatre fois aussi longues que lui; faiblement et subsinueusement rétrécies jusqu'aux deux tiers ou un peu moins et plus sensiblement de là à l'extré- mité; obliquement tronquées, ou en angle rentrant, à celle- ci; presque plares en dessus, mais très-légèrement déprimées longitudinalement sur leur majeure partie médiaire, ct pa- raissant chargées d’une ligne longitudinale élevée et très-ob- tuse naissant après la fossette humérale, convexement dé- clives sur les côtés; marquées de points presque carrés, subsériément disposés, plus gros près de la base, graduelle- ment plus petits vers l'extrémité ; noires ou d’un noir brun, mais revêtues d'un duvet gris cendré ou cendré ardoisé. Des- sous du corps de même couleur que le dessus et revêtu d’un duvet gris cendré : cinquième ou dernier arceau du ventre d'un rouge jaune. Pieds : cuisses d’un rouge jaune, avec la base noire; genoux des postérieures également noirs : Jami- bes antérieures d’un rouge jaune; les autres et tous les tar- ses, noirs, revêtus d’un duvet gris cendré : jambes intermé- diaires échancrées sur l’arête supérieure. Ongles bifides, ou armés d'une forte dent vers le milieu de la longueur. Phyiæcia tigrina. 159 Pari : l'Espagne. Obs. Cette espèce m'a élé envoyée par M. Jules Lederer, naturaliste de Vienne (Autriche), à qui je l'ai dédiée. Je n'ai vu que le à. Phytæcia tigrina. Dessus du corps d’un noir gris , garni de mouchetures d'un blanc lége- rement ardoisé : partie postérieure de la tête el prothorax ornés d’une bande longitudinale médiaire formée d’un duvet semblable. Dessous du corps revêtu d'un duvet pareil ; ponctué de brun. . Segment anal creusé d’une fosselte. . Long. Om,0090 (4 1.) Larg. 0m,0028 (1 1/41.) Tête bombée en devant ; ponctuée; revêtue à sa partie an- térieure d’un duvet cendré flavescent ; ornée sur le milieu de sa partie postérieure d’une ligne longitudinale, formée d’un duvet blanc légèrement ardoisé; parée autour des yeux d’une bordure d’un duvet semblable; hérissée de poils obscurs longs et clairsemés. Yeux bruns noirs; très-profondément échancrés. Antennes prolongées jusqu'aux trois quarts environ de la longueur du corps; de onze articles : le premier, renflé : le deuxième, petit, subglobuleux : les suivants, subfiliformes : le troisième au moins aussi long que le premier et un peu plus que le quatrième; revêtues d’un duvet blanc légèrement ardoisé ; annelées de brun, en dessus, dans la seconde moitié de presque tous les articles et dans la moitié médiaire du dernier. Prothorax d'un quart ou d’un cinquième moins long que large ; tronqué en ligne droite ou à peine arquée, en de- vant ; très-subsinueusement tronqué à la base; médiocrement arrondi sur les côtés; grossièrement ponclué; noir ou d'un noir gris, parsemé de mouchetures d’un blanc légèrement ardoisé ; chargé longitudinalement sur son milieu d’une bande étroite ou sublinéaire formée par un duvet serré, de même couleur ; hérissé de poils obscurs longs et clairsemés. EÉcus- son revêtu d’un duvet blanc cendré sur sa moitié antérieure, 160 LONGICORNES. d’un noir gris et presque glabre sur sa moitié postérieure. Elytres d’un üers plus larges en devant que le prothorax à sa base; d’un quart ou d’un cinquième plus larges que ce der- rier dans son diamètre transversal le plus grand ; quatre à cinq fois aussi longues que lui; rétrécies presque uniformé- ment jusqu'aux quatre cinquièmes et plus sensiblement à partir de ce point; obliquement tronquées chacune à l'ex- trémité, en formant à la suture un angle rentrant; presque planes en dessus; assez brusquement rabattues sur les côtés vers l'angle huméral et d’une manière graduellement affai- blie postérieurement ; aspèrement ponctuées et, par là, pa- -raissant presque granuleuses ; noires ou d’un noir gris; mou- chetées d’un duvet d’un blanc légerement ardoisé; presque elabres, ou garnies sur les intervalles existants entre ces mou- chetures de poils noirs ou obscurs, grossiers et couchés. Dessous du corps et pieds revêtus d’un duvet blanc légèrement bleuâtre ou ardoisé; ponctués de brun noir. Jambes inter- wuédiaires obliquement échancrées sur l'arête externe. Cro- chets des tarses ferrugineux; munis chacun d’une dent in- terne à la base de leurs branches. PATRIE : les environs de Grasse (Var). Je n’ai vu que le 7. Notes recueillies à Londres dans l'examen de la collection de Linné, pour servir à la synonymie de divers Longicornes. Cerambyx cerdo. L'espèce typique décrite sous ce nom est bien le C. heros de Scopoli, comme l'indique l'ouvrage syno- nymique de Schônherr. Sous la même dénomination se trou- vent deux exemplaires du €. cerdo, considérés par Linné comme une variété plus petite, ou dubitativement comme le ” de l'espèce. Cerambyx tristis. Le type paraît être un Morimus funestus, à côté duquel se trouve un individu du Horimus tristis, FABR. Prinobius. 161 Cerambyx cardui, est, ainsi que l'avait signalé Schônherr, l’Argapanthia suturalis, rABr. | Cerambyx liciatus, est un Clytus different de l'hafniensis, FABR. Cerambyx ebulinus, n'est autre chose que le Cartallum ru- ficolle. Olivier l’avait déjà considéré comme une variété de ce dernier, et Illiger avait rappelé cette observation (Magaz. t. 4. p. 116). Leptura rustica. C’est le Clytus hafniensis, rABR. Leptura verbasci. Sous ce nom sont des Clytus ornatus qui : sont évidemment typiques, mêlés à des individus du Clytus l-punctatus, FABR., qui, peut-être, ont été placés postérieu- rement. Notes diverses relatives aux Longicornes. q GENRE PRINOBIUS. Les insectes de cette coupe se rapprochent de ceux du genre Macrotoma, SERVILLE : ils en diffèrent par les jambes intermédiaires et postérieures inermes ; par Îles antennes moins longues que le corps, à deuxième article plus court que les trois suivants pris ensemble; par le premier article des tarses moins long que les deux suivants réunis, etc, Ils ont aussi de l’analogie avec ceux du genre Ergates, SERVILL: : ils s’en éloignent par la forme de leurs mandibules ; par leurs antennes moins longues que le corps (4); par leur pro- thorax armé d’épines vers ses angles; par leurs jambes anté- rieures subépineuses sur l’arète inférieure, au moins chez le ; par les jambes antérieures munies d’un seul véritable éperon, par le mésosternum peu ou point échancré postérieu- rement. Stenopterus præustus; FaBnicius. Obs. La variété que j'ai désignée sous le nom de ater. dans mon Histoire naturelle des Coléoptères de France, p. 114, " 11 162 LONGICORNES. est exclusivement propre à la ?. Celle-c1 est souvent entère- : ment noire, excepté les antennes qui sont moins obscures, à partir du cinquième article. Elle se distingue d’ailleurs faci- lement du «7, par la forme de l'extrémité de son ventre. Chez la ?, le ventre, plus sensiblement rétréci, à parür de l'extrémité du premier arceau, offre le cinquième à peu près aussi long que large à la base, rétréci d'avant en arrière, presque en forme de cône obtus, tronqué ou légèrement échancre à son bord postérieur, et le sixième arceau, rétréei plus fortement, souvent peu apparent ou caché, est sans di- vision. Chez le &, le cinquième arceau ventral, de plus de moitié moins long que large, est tronqué à son extrémité, et le sixième, plus ou moins apparent, est divisé en deux lobes. Phyéæcia flavesecens. M. Brulle ayant déjà donné le nom de flavescens à une Sa- perda, je désignerai sous celui de flavicans la Piytæcia que j'avais appelée flavescens. Leptuva rufipennis. Obs. Lorsque j'ai décrit cette espèce, je ne connaissais que le #. La ©? que je dois à l’obligeance de M. Wachanru, qui l'a prise dans le midi de la France, se distingue de l’autre sexe, par ses antennes plus épaisses, ne dépassant pas les trois quarts de la longueur du corps; à dernier article plus court et assez brusquement rétréci vers son extrémité. Elle à la partie rouge des pieds d’une teinte plus foncée et moins jaune, et offre Les cuisses antérieures noires sur leur tiers ba- siaire : les cuisses intermédiaires et postérieures noires : les jambes ct les tarses postérieurs presque entièrement noirs. TABLEAU SYNOPTIQUE DES LYCIDES, OU DES ESPÈCES DU GENRE LYEUS QUI SE RENCONTRENT DANS LES ENVIRONS DE LYON. { Inséré dans les Annales de la Société d'Agriculture de Lyon, t. # { mai 4838), p. 77 et suiv. } Linné avait réuni avec les Lampyres des uisectes très-rap- prochés d'eux par les formes, mais privés, dans les deux sexes, de la faculté de répandre cette lueur phosphorescente qui a fait nommer vers luisants ceux qui la possèdent. Fabricius les en détacha sous le nom de Lycus, et admit, en même temps, le genre Omalisus formé par Geoffroy sur une espèce analogue, qui était restée inconnue au Pline du Nord. Illiger, en adoptant le genre de l’entomologiste de Kiel, en sépara, pour les placer avec les Omalises, tous ceux dont la bouche n’est pas prolongée en museau. M. Schæœnherr, trouvant ce caractère insuffisant comme générique, réunit ces deux coupes sous le nom de Lycus. _ Latreille, dans la dernière édition du Règne animal de Cuvier, divisa ces insectes d'une manière nouvelle : Le nom de Lycus fut réservé à des espèces, toutes exoti- ques, ayant la bouche prolongée en un museau aussi long ou plus long que la partie de la bouche qui le précède. Sous la dénomination de Dictyopterus, il rangea celles qui ont le museau nul ou très-court; les antennes comprimées, à troisième article plus long que le précédent; les articles in- termédiaires des tarses en forme de cœur renversé. 161 _ TABLEAU SYNOPTIQUE Le seure Omalisus eut pour caracteres : point de museau sensible : antennes presque cylindriques, à deuxième et troi- sième articles beaucoup plus courts que les suivants; articles intermédiaires des tarses allongés et cylindriques. Depuis cette époque, M. le comte Dejean, dans le cata- logue des insectes de sa collection, a formé aux dépens des Dictyoptères, le genre Lygistopterus, dont il n’a pas encore publié les caractères, mais qui se rapproche de celui de Zy- cus tel que Latreille l'avait établi dans l'ouvrage précité. À ces coupes, déjà trop nombreuses peut-être, je propo- serai l'addition d’une nouvelle, dont l'établissement est de- venu nécessaire pour donner place à une espèce intermé- diaire entre les Diétyoptères et les Omalises. Mais, il faut l'avouer, ces divisions génériques dont la réu- nion forme le groupe des Lycides, sont plutôt des jalons des- tinés à conduire avec-plus de facilité à la connaissance des espèces, que des genres véritables, tels que Latreille dans son Cours d’entomologie, tels que MM. Audouin et Brullé ont cherché à les établir, c'est-à-dire fondés sur l'observation des métamorphoses et des habitudes des insectes. Tous ceux, en effet, qui rentrent dans notre cadre ont les mêmes mœurs. et, sous le rapport des formes extérieures, sont séparés par des nuances qui s’affaiblissent et s'effacent d'une manière si eraduelle, qu'on passe d’une coupe à l’autre par des transi- tions presque insensibles. Les antennes et le corselet de ces petits animaux, les ély- tres surtout, par leurs différents modes de réticulation, pré- sentent des caractères spécifiques auxquels on ne s’est peut- être pas assez attaché; j'ai donc cru devoir les signaler dans les tableaux suivants, comprenant toutes les espèces rencontrées jusqu'à ce jour dans un rayon de vingt lieues autour de Lyon, et parmi lesquelles il en est une inédite. DES LYCIDES. 165 TABLEAU DES GENRES. prolongée en un petit museau. (Elytres non rélieu- [2 ACCS PRET CURE 3 3 article des antennes plus grand que la moitié du suivant, souvent aussi long que lui. (Elytres en réseau). . , . DICTYOPTERUS. LYGISTOPTERUS. = sans V2 et S'arti-JArticles intermédiaires des lar- SNS cles égaux; ses triangulaires ou en forme ENS le 3° plus) de cœur renversé. (Élytres ‘fpetitquela{. en réseau. . . . + . PYROPTERUS. moilié dufArticles intermédiaires des tar- suivant. ses cylindriques. (Elytres | presque en réseau). . . . OMALISUS. Lygistopterus *, DEAN, inédit. L. sanquineus, Lanné. Corps noir; corselet inégal, re- bordé, sillonné et marqué dans son milieu d’une tache noire plus large postérieurement; élytres presque lisses ou char- gées de petites côtes peu apparentes sous le duvet rouge dont elles sont couvertes. Scnoen., t. LEE, p. 74, n. 52. Commun dans les chantiers et dans les bois. Dictyopterus ?, LATREILLE. (Elytres chargées de quatre côtes longitudinales et d’autres lignes moins élevées qui se croisent en forme de: réseau.) séparé par des|\, {ennes uni- mailles régu- À . À colores ayant< ,. : Espace com-| lièrement dis-} |. y 4° article moins long pris entre/ posées sur que les 2*et 3° réunis. Aurora. chaque cô-| deuxrangées.[Dernier article des antennes d’un 4° article plus long que les 2° et 3° réunis. +. RUBENS. te jaune orangé. à ee " . MINUTUS. séparé par des mailles irrégulières, tantôt aus tantôt doubles. ; . . Mercoxr. 1 Auyito. je plie; zrepov, aile. — Elytres flexibles. 2 Dictyopterus et non Dycéyopterus, comme on l’a imprimé par erreur dans le catalogue de M. le comte Dejean : dxruev, réseau ; rreoèv, aile, — Ely- {res en réseau. 166 TABLEAU SYNOPTIQUE D. rubens, Scussx. Corps noir; corselet d'un rouge soyeux plus obscur sur son disque, rebordé, chargé d’une petite carène, croisée par une ligne onduleuse moins élevée. Elytres rouges, soyeuses. ScHoën., t. [lT, p. 76, n. 47, et 4ppend., p. 54, n. 50. Il a été trouvé du côté d’Annonay; je l'ai recu de M. Boyer de Fonscolombe. D. aurora, Fa. Coïps noir; corselet à bords relevés rou- ges, chargé de côtes qui divisent sa surface en cinq aires plus obscures, dont celle du milieu en losange. Elytres rouges, soyeuses. Scnoën., t. LIL, p. 76, n. 56. Il se trouve à Pilat et dans les montagnes du Lyonnais. D. minutus, Fas. Corps noir; corselet de même couleur, rebordé, chargé de côtes qui divisent la moitié antérieure de sa surface en quatre aires et la postérieure en trois. Elytre$ rouges, soyeuses. SCHOEN:, t. 3, p. 75, n. 55. On le trouve à Pilat et moins rarement dans les Alpes. D. Mercki, Nos. Corps noir; corselet à bords antérieur et latéraux rouges et relevés, chargés de côtes qni divisent la moitie antérieure de sa surface en quatre as et la posté- rieure en trois. Elytres rouges. Je l'ai trouvé à Pilat et à Saint-Laurent-d'Agny, dans les montagnes du Lyonnais. ; Tête noire, infléchie, à frent sillonné et prolongé en pointe au-delà de la base des antennes. Bouche sans museau; man- dibules rouges. Antennes plus longues que la moitié du corps, noires, soyeuses, de onze articles : le deuxième, petit, globu- leux ; le troisième égal au suivant ou plus grand que lui; le dernier faiblement rougeñtre à son extrémité. Corselet à peine plus large que la tête dont il laisse la majeure partie à dé- DES LYCIDES. 167 couvert, presque en parallélogramme, un peu plus long que large, faiblement arqué en devant; rouge et relevé sur ses bords antérieur et latéraux, noir dans son disque jusqu’à sa base; chargé de côtes qui divisent la moitié antérieure de sa surface en quatre aires, dont les deux intermédiaires plus étroites, et la postérieure en trois, dont la médiaire beaucoup plus petite. Ecusson allongé, noir, bifide à son extrémité. Elytres d’un quart plus larges que le corselet à sa base; quatre à cinq fois plus longues que lui; parallèles, planes ; rouges ; chargées de quatre côtes longitudinales, séparées entre elles par des mailles irrégulières, ordinairement uniques, quelque- fois doubles transversalement. Dessous du corps et pieds d’un noir brillant; cuisses comprimées, marquées d’une fossette longitudinale ; dessous des tarses bruns. J'ai dédié cette espèce à M. Merck, entomologiste lyonnais. Pyropterus ‘, Nos. (Elytres en réseau ou chargées de quatre côtes longitudi- nales séparées entre elles par une seule rangée de mailles). P. affinis, Payk. Corps noir; corselet de même couleur, rebordé, chargé de côtes qui divisent sa surface en cinq at- res, dont celle du milieu en fer de lance renversé. Elytres rouges. ScHoEN., t. IE, p. 76, n. 58. Gn le trouve à Pilat. 2 Omalisus *, Grorr.' (Elytres presque en réseau ou chargées de neuf côtes, sé- parées chacune par une rangée de points profondément en- foncés). 1 Hÿo. feu ; rrepèv, aile. — Elytres couleur de feu. 2? Ounito, j'aplanis. On devrait écrire Homalisus, ainsi que l’a fait Iiliger. 168 TABLEAU SYNOPTIQUE DES LYCIDES. O. suturalis, Fas. Corps noir; corselet noirâtre à surface onduleuse, à angles postérieurs prolongés en pointe. Elytres d’un rouge safrané, marquées le long de la suture d’une bande noirâtre s’élargissant graduellement en se rapprochant du corselet. ScHoœN., t. IL, p. 75, n. 54. On le trouve, mais assez rarement, dans les montagnes du Lyonnais. DESCRIPTION D'UNE ESPÈCE NOUVELLE DU GENRE SCYMNUS ( COLÉOPTÈRES SÉCURIPALPES. ) PAR E. MULSANT et CI. REY. (Présentée à la Société impériale d'agriculture , d'histoire naturelle et des arts utiles . de Lyon, dans sa séance du 11 février 1859.) Scymnus nanus. Ovale ; assez convexe; pubescent ; très-finement et obsolètement pointillé ; d'un noir de poix brillant ; avee une grande tache oblongue, longitudinale, d'un rougc fauve, sur les élytres. Antennes, palpes et pieds d'un testacé fauve. Plaques abdominales en forme de V, atteignant les deux tiers de l’arceau. Etat normal. Elytres d'un rouge fauve dans leur partie discale; parées, chacune dans leur périphérie, d’une bordure noire plus large à l'angle scutellaire ainsi qu'à l'angle apical. Variations du prothorax. Le prothorax est, dans l’état normal, d’un brun de poix, avec les côtés ordinairement un peu moins obseurs, et le bord antérieur tou- _jours paré d’une étroite bordure plus pâle. Mais, dans les variations des élytres par défaut, il devient souvent d’un rouge fauve avec une teinte obscure en son milieu, ou bien entièrement d’un rouge tes- tacé. Variations des élytres (par défaut). Var. A. Elytres d’un rouge fauve plus ou moins teslacé, sans traces de bordure noire. 170 COLÉOPTÈRES SÉCURIPALPES, Var. B. Elytres d’un rouge fauve plus ou moins testacé, parées à la région scutellaire d’une grande tache triangulaire plus ou moins obs- cure, et commune aux deux étuis. Var. C. Elytres d’un rouge fauve plus ou moins testacé, parées cha- cuae, vers l’écusson et à la base de la suture, d’une bordure noire gra- duellement rétrécie d'avant en arrière et n’atteignant pas l’extrémité; el, sur les côtés, d’une étroite bordure de même couleur, n’atteignant ni la base ni l’extrémité : de sorte que les élytres paraissent parées, chacune dans sa périphérie, d’une bordure noire, incomplète et interrompue aux épaules et à la partie postérieure de la suture. Long. 0,0004 à 6,0013 — Larg. 0,0007 à 0,0608. Corps ovalaire ; assez convexe ; garni en dessus d'un duvet cendré, peu serré; court et couché. Tête transversale ; presque plane; médiocrement penchée; irès-finement pointillée ; d’un brun de poix, quelquefois plus ou moins roussâtre. Chaperon légèrement sinué en son milieu, cilié de poils cendrés. Labre transversal; largement arrondi à son bord antérieur; d’un brun de poix, quelquefois plus ou moins rousstre. Palpes d'un testacé plus ou moins clair, Yeux grands, peu convexes, toujours d'un noir profond. Antennnes courtes, finement pubescentes, testacées. Prothorax tansversal; une fois plus court que large; plus étroit que les élytres; un peu peu plus étroit en avant qu’en arrière ; très-lègèrement arrondi sur les côtés ; largement et faiblement échancré au sommet, subbissinué à la base, avec le lobe médian assez fortement prolongé en arrière en angle très-ouvert et arrondi au sommet ; très-finement rebordé à la base et à ses côtés; avec les angles antérieurs déclives, assez saillants et émoussés , et les postérieurs légèrement ob- tus; faiblement convexe en dessus ; pubescent; très-finement et obsolètement pointillé; d’un brun de poix assez brillant, un peu moins obscur sur les côtés, passant souvent au rouge fauve ou testacé. Scymnus nanus. 171 . Ecusson petit, wiangulaire; d’un noir de poix brillant; obsolètement pointillé, Elytres près de quatre fois aussi longues que le prothorax dans son milieu; ovalaire; s’élargissant en ligne courbe à partir des épaules jusque près du milieu; se rétrécissant un peu de ce point jusque vers l'extrémité où elles sont large- ment et simultanément arrondies ; à peine incourbées chacune à l'angle sutural qui est presque droit et tres-peu émoussé ; étroitement rebordées latéralement; assez convexes en des- sus; pubescentes ; aussi finement et aussi obsolètement pone- tuées que le prothorax ; d’un brun de poix assez brillant ; avec le disque de chaque étui paré d’une grande tache oblongue, longitudinale, d’un rouge fauve, et qui envahit quelquefois toute la surface aux dépens de la matière obscure. Calus hu- méral assez saillant.… : Dessous du corps d’un brun de poix assez brillant, plus ou moins obscur, avec la partie postérieure ordinairement plus pile. Ventre légèrement pubescent, finement pomtllé. Mé- tasternum assez fortement ponctué sur les côtés, lisse et glabre en son milieu. Plaques pectorales incomplètes, arquées, pro- longées jusqu’au tiers de la longueur comprise entre les han- ches intermédiaires et postérieures ; offrant leur bord externe oblitéré et n’atteignant point l'épisternum du meétathorax. Plaques abdominales en forme de V ou d’angle peu émoussé au sommet , complètes , prolongées à peine jusqu'aux deux tiers de l’arceau ; moins densement et plus fortement ponc- tuées que le reste du ventre. Pieds courts ; finement pubescents ; d'un fauve testacé, avec les tibias et les tarses ordinairement un peu plus clairs. Patrie. Cette petite espèce habite les païües méridionales de la France , et même les environs de Lyon où elle est très- rare. Obs. Elle a beaucoup d’analogie avec le Scymnus discoideus, 172 COLÉOPTÈRES SÉCURIPALPES. Senna, dont elle diffère par une taille de moitié moindre ; par ses élytres un peu moins convexes , beaucoup plus fine- ment et superficiellement pointillées ; par ses plaques pecto- rales moins courtes , à côté externe oblitéré avant d'arriver à l'épisternum ; par ses plaques abdominales plus étroites, plus aiguës et moins arrondies postérieurement; par son ventre moins fortement ponctué à la base; et enfin par ses pieds toujours d’une couleur plus claire. DESCRIPTION DEUX NOUVELLES ESPÈCES DE COLÉOPTÈRES DE LA TRIBU DES LAMELLICORNES , dont l’un sert à forfier un nouveau genre DANS LA FAMILLE DES WROGIDIENS. Par E. MULSANT. ( Présentée à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, le 48 février 4851, ) FAMILLE DES APHODIENS. Aphodius luridipennis. Allongé , médiotrement convexe et luisant , en dessus. Suture frontale sans tubercules. Prothorax brun ou d'un brun noir. Elytres d’un flave fauve livide; à stries étroites, peu profondes, poncluées el non erénelées. Long. 0,0036 (1 9/31.) Larg. 0,0014 (23 1.) €haperon en demi-hexagone; concavement abaissé et for- tement échancré en devant: médiocrement auriculé ; sensi- blement relevé en rebord sur les cotés ; à angles antérieurs presque en forme de dent et subcarénés. Tête penchée; sub- déprimée; marquée de points médiocrement rapprochés ; chargée sur la suture frontale d’une légère ligne élevée ; sans tubercules ; brune ou d’un brun noir luisant. Prothorax à peine échancré, etsans rebord en devant; à angles antérieurs à peine avancés; faiblement arqué sur les côtés; en arc di- rigé en arrière, à la base; très-étroitement rebordé à celle-ci 174 LAMELLICOUNES. et latéralement; médiocrement convexe en dessus; marqué de points un peu plus gros que ceux de la tête; brun ou d’un brun noir luisant, sensiblement moins obscur sur les côtés. : Elytres égales en largeur, en devant, au prothorax à ses an- gles postérieurs; deux fois et quart aussi longues que lui ; subsinueusement parallèles des épaules aux trois cinquièmes, arrondies postérieurement; médiocrement convexes; d’un flave fauve livide, luisant, avec la suture et le bord externe brunâtres ; à stries étroites, peu profondes, ponctuées, peu ou point crénelées; intervalles plans ou à peine convexes; pointillés. Dessous du corps et pieds fauves ou d’un fauve bru- nâtre. PaTRIE : l'Algérie. . Cette espèce m'a été communiquée par M. le capitaine Go- dard. Elle doit être placée près de l4. nitidulus. FAMILLE DES TROGHDIENS. GENRE EREMAZUS ; Eneuaze. (Épnuäto , je fréquenteldes lieux solitaires). CaRACTÈRES. Pieds intermédiaires aussi rapprochés que les autres à leur naissance. Ecusson visible. Elytres embrassant labdomen dans son pourtour et cachant le pygidium. Epi- stome tronqué en devant. Labre transverse ; débordant faible- ment l’épistome et laissant à découvert la majeure partie des mandibules, qui sont cornées. Antennes insérées au devant des yeux, sous un faible rebord de la tête; à premier article hérissé de cils. Yeux très-rétrécis en dessus par les joues et par le front, faiblement visibles près des angles de devant du prothorax : celui-ci non sillonné. Palpes maxillaires à dernier article le plus long de tous, rétréci de la base à l'extrémité. Ventre moins long que les deux derniers segments pecto- Eremazus unistriatus. 175 raux. Cuisses renflées, Jambes de devant fortement tridentees au côté externe. Tarses rétrécis à partir de l'extrémité du pre- mier article: celui-ci, en triangle allongé. Ongle unique. Corps suballongé. Obs. Les antennes étaient mcomplètes sur lexemplaire unique Soumis à mon examen. Les insectes de cette coupe, par la forme de leur corps, se rapprochent des premiers Pleurophorates, dont ils s’éloignent par la grosseur de leurs cuisses. Ils ont plus d’analogie avec les Psammodiaires et semblent servir à unir ceux-ci aux Tro- gidiens. ÉEremazus unistriatus. Suballongé et subparalièle; d’un fauve obscur sur la téle et sur le prothorax, plus pâle et plus roussätre sur les élytres : celles-ci rayées d’une strie naissant du calus et offrant postérieurement les traces de deux autres stries. Long. 0,0036 (1 2/31.) Larg. 0,0014 (2/3 1.)- Corps suballongé. EÉpistome tronqué en devant; à peine rebordé dans sa périphérie; laissant une partie notable des mandibules à découvert. Tête convexement déclive; d’un fauve obscur ; ruguleuse ou papilleuse. Prothorax médiocre- ment échancré à sa partie antérieure ; sans rebord, mais paré d’une bordure d’un flave fauve; à angles antérieurs avancés en forme de dent; presque droit et cilié en dessous, sur les côtés; en arc dirigé en arrière et sans rebord, à la base; con- vexe; d'un fauve obscur; pointillé. Ecusson très-apparent ; arrondi à sa partie postérieure. ÆElytres un peu moins larges en devant que le prothorax à ses angles postérieurs; deux fois et quart aussi longues que lui; subparallèles ou faible- ment élargies jusqu'aux deux tiers; arrondies postérieure- ment; peu fortement convexes en dessus; fauves ou d’un 176 | LAMELLICORNES. fauve roux pâle ; ymarquées de points moins petits que ceux du prothorax ; rayées chacune d’une strie sulciforme naissant du calus et prolongée jusqu’à l’extrémité ; offrant postérieu- rement chacune deux autres stries : l’une, juxta-suturale : l'autre, entre celle-ci et la strie complète. Dessous du corps d’un roux fauve; hérissé de poils blonds assez longs. Pieds d'un fauve obscur. | PaTRiE : l'Algérie. Cette espèce m'a été communiquée par M. le capitaine Godard. Pi DESCRIPTION DE PLUSIEURS ESPÈCES NOUVELLES DE COLÉOPTÈRES DE LA TRIBU DES HYDROCANTHARES. Par HE. MULSANT et GODART, (Présentée à la Société Linnéenne de Lyon, le 12 décembre 1859.) TS DO <> CE — Agabus fovcolatus. Oblongo-ovalis, vix convexus , poslice depressiuseulus , subtilissinte punctulalo-substrigosus, sublus nitidus, supra subopacus, niger ; thoracis disco leviter bifoveolato ; elytris fuscis, extrorsum gradalim fusco-ferrugr- neis, margine inferiori ferrugineo ; antennis pedibusque ferrugineis, femo- ribus nigris. Long. 0,0072 (34/4 1.) — Larg. 0,0061 (2 2/3 L.). Trois premiers articles des tarses antérieurs et intermé- diaires un peu dilatés, garnis de poils, en dessous. Trois premiers articles des tarses antérieurs et intermé diaires glabres ou à peu près, en dessous. Corps en ovale allongé, très légèrement convexe et légère- ment déprimé en arrière; en ogive ou subarrondi à Pextré- mité. Tête superficiellement pointillée ou rugulosule ; rayée, au côté interne des yeux, d'un sillon ponctué; notée sur la suture frontale des deux fossetles ordinaires ; noire, avec le labre ferrugineux ou d'un ferrugineux obscur, avec les exiré” # { s) F4 178 HYDROCANTHARES NOUVEAUX. mités souvent noirâtres, au moins après la mort. Palpes el antennes testacés ou d’un testacé ferrugineux, avec le dernier article des palpes parfois obscur à son extrémité. Prothorax légerement arqué en avant, sur la majeure partie de son bord antérieur, avec les angles de devant avancés , embrassant la moitié postérieure du côté externe des yeux ; élargi en ligne un peu courbe d'avant en arrière, sur les côtés; sensiblement arqué en arrière et à peine subsinué, à la base ; à angles pos- térieurs un peu plus ouverts que l'angle droit ; trois fois en- viron aussi large à son bord postérieur qu'il est long sur son milieu ; très-médiocrement convexe ; très-élroitement rebordé sur les côtés, sans rebord en devant et à la base; très-super- ficiellement pointllé; marqué d'une rangée de points, après son bord antérieur; noté, au devant de la base, d'une ran- gée semblable, mais interrompue dans son tiers médiaire ; rayé sur les trois cinquièmes postérieurs de la ligne mé- diane, d'une raie très-légère ou en partie peu distincte; noté, vers les deux cinquièmes de sa longueur, de chaque côté de la ligne médiane, d’ane fossette transverse; d’un noir peu ou point luisant, avec le rebord marginal ferrngineux. Ecus- son en triangle plus large que long ; noir; superficiellement pointillé. Elytres faiblement élargies jusqu’à la moitié, puis faiblement rétrécies jusqu'aux trois cinquièmes, plus sensi- blement rétrécies ensuite Jusqu'à l'angle sutural, én ogive à lextrémilé; quatre fois aussi longues que le prothorax sur son milieu ; peu convexes, surtout postérieurement ; brunes ou d'un noir brun près de la suture, graduellement d'un brun roussâtre ou ferrugineux près des bords latéraux ; peu luisantes, peu distinctement ou très-superficiellement pointil- lées; marquées de trois lignes peu régulières de points enfon- cés assez petits, et parsemées de points semblables. Repli d'un roux ferrugineux ; graduellement et faiblement rétréci depuis sa partie antérieure jusquà la moitié du premier areeau Hydroporus atropos. 179: ventral, presque réduit à une tranche à partir de ce point. Dessous du corps noir; luisant; ruguleux. Cuisses noires, pointillées ou rugulosules : les antérieures et intermédiaires ponctuées. Tibias et tarses d'un rouge testacé légèrement bru- natre ou ferrugineux : les tibias antérieurs et intermédiaires spinosules à leurs deux bords et sur leur surface : les posté- ricurs, garnis de petites épines à leur bord interne, presque inermes à l’externe et marqués près de celui-ci d’une rangée de points. Premier article des tarses postérieurs aussi long que les deux suivants réunis. Cette espèce a été découverte par M. Raymond, dans les montagnes du département des Basses-Alpes, à plus de deux milles mètres au-dessus du niveau de la mer. Obs. Elle se rapproche des 4. uliginosus et congener. Elle diffère de l'un et de l'autre par Pabsence de taches rouges sur le vertex; elle s'éloigne du premier, par son prothorax noir, excepté le rebord marginal, par ses cuisses noires : du second, par toutes ses cuisses noires; de tousles deux, par les deux petites fossettes du disque de son prothorax. EHydroporus atropos. Oblongo-ovalis, parum convexus, vix nilidulus, niger, antennis et pal- pis basi leslaceis; thorace elytrisque punctulalis, parce pubescentibus. Tho- race lransversim vix foveolato, poslice in medio produclo scutelhform. Long. 0,0036 à 0,005 (1 2/3 à 21. — Larg. C,0018 à 0,0022 (4/5 à 1 1.) Jorps ovale-allongé; peu convexe; à peine luisant. Tête noire; peu luisante ; superticiellement ou peu distinctement pointillée; glabre; marquée sur le front de points visibles. assez pelits et peu serrés; notée de deux fossettes, près de la suture frontale qui estindistincte. Labre noir. Palpes lestacés 180 HYDROCANTIIARES NOUVEAUX. ou d'un testacé livide et souvent un peu obscur à la base, avec l'extrémité noire ou obscure: Antennes d'un testacé li- vide sur les quatre premiers articles, noires sur les autres; à troisième el quatrième articles un peu plus petits chacun que les autres. Yeux bruns; presque à angle droit, à leur angle postéro-nterne. Prothorax presque en ligne droite ou à peine arqué en devant sur la majeure partie de son bord antérieur, avec les angles de devant avancés jusqu’à la par- tie postérieure où jusqu'au cinquième postérieur des yeux ; élargi en ligne peu courbe d’avant en arrière; en ligne un peu obliquement dirigée en arrière sur les deux üers externes de son bord postérieur, puis sinué et prolongé en arrière en forme de triangle plus large que long et scutelliforme, dans le milieu de sa base; trois fois aussi large à celle-ci qu'l est long vers chaque sinuosité basilaire; muni de chaque côté d'un rebord très-étroit et peu saillant; sans rebordà la base; très-médiocrement convexe; ordinairement marqué, vers les trois cinquièmes de sa longueur, de diverses dépressions fai- bles au peu apparentes, constituant parfois une dépression transversale souvent interrompue ; noir ; peu luisant ; marqué de petits points, donnant chacun naissance à un poil noir et couché. £lytres aussi larges en devant que le prothorax à sa base ; cinq fois environ aussi longues que celui-ci vers cha- cune de ses sinuosités; oblongues, à peine élargies jusque vers la moitié de leur longueur, rétrécies ensuite en ligne graduellement plus courbe, en ogive à l'extrémité; offrant à la partie antérieure de leur suture un angle rentrant, corres- pondant au prolongement scutelliforme du prothorax; mu- nies d'un rebord latéral étroit, peu ou point apparent en des- sus ; peu convexes; d'un noir peu luisant; marquées de pe- üts points peu épais, donnant, comme ceux du prothorax, naissance à un poil noir, fin et couché. Repli subgraduelle- ment rélréci jusqu'à l'extrémité des hanches postérieures, | Stenelophus humeratus. 181 presque réduit à une tranche à partir dé ce point; étroite- ment rebordé à son côté interne; noir; garni de quelques poils. Dessous du corps noïr, peu luisant, densement et pres- que imperceptiblement pointillé ; marqué de points très appa- rents et médiocrement épais, donnant chacun naissance à un poil noir, très-fin, couché, peu distinct. Pieds noirs : les antérieurs moins obscurs, ou parfois d’un brun reussâtre aux extrémités de la cuisse et d’une partie des tibias et des tavses. Cuisses presque impointillées. Tibias postérieurs lisses, marqués d’une rangée de points près de leur bord externe. Eperons et ongles d’un fauve testacé. Tarses postérieurs garnis de poils raides ou subspinosules de même couleur, à l'extré- _mité de leurs articles. Cette espèce a été prise par M. Raymond, dans les mon- tägnes des Basses-Alpes, à plus de deux mille mètres de hau- teur. | Obs. Elle se rapproche, par sa forme, de l'A. memnonius. Stenelophus humeratus. Oblongus, parum convexus, niger ; thorace subquadrato, posticè utrin- que foveolato, foveis punctatis, angulis posticis. subrolundalis; elylris striatis, suturd et margine exleriori poslice testaceis, maculé humerali fusco-rubrà ; interstilüs planis , humerali subsulcato, posticè seriatim punclato; thoracis margine tenu, antennarum basi pedibusque pallide testaceis. (Long. 0,0067 (31) — Larg. 0,0022 (11.) Corps suballongé ; peu convexe; luisant. Téte ovaläire ; ré- trécie après les yeux; noire, lisse, luisante ; légèrement re- bordée au côté interne des yeux ; marquée d’une fossette près de chaque bord interne des antennes. Labre noir ou d’un noir brun ; garni de quelqués poils. Mandibules d’un noir brun, avec l'extrémité un peu moins obscure. Palpes maxillaires d'un 182 HYDROCANTIIARES NOUVEAUX. Have testacé, avec la moitié antérieure du dernier article où une tache sur cette première moitié, noirâtre. Antennes à peine prolongées jusqu'au quart des élytres; subfiliformes : les quatrième et cinquième articles un peu plus gros : les deux premiers luisants et peu garnis de poils : les autres imats et hérissés de poils : le premier, d’un flave testacé ou d'un flave testacé livide : les deuxième et troisième noirs, avec l'extrémité d'un flave testacé : les autres noirs. Yeux saillants; séparés du bord antérieur du prothorax par un es- pace égal au tiers environ de leur diamètre longitudinal. Prothorax à peine plus large en devant que la tête dans son diamètre transversal le plus gran ; en ligne à peu près droite à son bord antérieur, avec les angles de devant émoussés ; obtusément et irrégulièrement arqué sur les côtés, c'est-à-dire élargi en ligne un peu courbe jusqu'aux deux cinquièmes, puis rétréci en ligne presque droite jusqu'aux angles posté- rieurs, sensiblement plus étroit à ses angles qui sont subar- rondis, qu'aux antérieurs; plus large que long; muni d'un rebord latéral assez étroit; sans rebord à la base ; noir, lui- sant, avec le rebord marginal d’un testacé ferrugineux ; im- ponctué; marqué après le bord antérieur d’une impression ou d’un relief très-léger en arc dirigé en arrière ; noté, près de la base, de deux impressions densement ponctuées, pres- que arrondies, occupant chacune la majeure partie de l'espace compris entre les angles postérieurs et la ligne médiane ; rayé sur celle-ci d’une ligne légère. Ecusson en triangle, à côtés curvilignes ; noir; imponctué. Elytres d'un sixième environ plus larges en devant que le prothorax à ses angles posté- rieurs ; trois fois environ aussi longues que lui ; arrondies aux épaules, puis subparallèles jusqu'aux quatre cinquièmes, ré- trécies ensuite en ligne courbe et subsinuée jusqu'à l'angle sutural; ne couvrant pas les deux derniers arceaux de labdo- men: peu convexes ; munies d'un rebord latéral étroit, visible Stenelophus humeratus, 183 en dessus ; luisantes ; d’un brun noir, avec Le quart ou le tiers postérieur du rebord ou le bord marginal et de la suture d’un testacé ou ferrugineux livide; ornées chacune d’une tache humérale d’un brun ferrugineux ou d’un brun rouge à limites indécises, prolongée ordinairement jusqu’au quart de la lon- gueur et étendue environ jusqu'à la moitié de la largeur; rayées chacune de neuf stries et d’une strie juxta-suturale rudimentaire : les troisième et cinquième stries un peu rac- courcies postérieurement : les autres terminales ou subter- minales. Intervalles plans ou à peu près; lisses ; imponctués : le juxta-marginal creusé en sillon médiocrement profond de- puis l'épaule jusqu’au sixième de la longueur, marqué, sur sa seconde moitié, d’une rangée de six à huit points attenant à la huitième strie : cette rangée interrompue dans son mi- lieu. Repli légerement rebordé à son côté interne; subgra- duellement rétréci jusqu'à l'extrémité du premier arceau ventral, puis très-étroit et postérieurement réduit à une tranche; noir, avec la partie antérieure de la couleur de la tache humérale. Dessous du corps noir; luisant; imponctué. Pieds d’un flave testacé plus pale ou plus livide sur les cuisses que sur les tibias et les tarses. Cette espèce à été prise à ne par M. Raymond. TABLE DES ESPÈCES DÉCRITES. Coléoptères. AGABUS foveolatus. APHODIUS luridipennis. . CLYTUS dé ÿ —— }ama. , « ; DICTYOPTERUS aurora . Merckii minutus : rubens. DORCADION thispanicum . : EREMAZUS n. g. . ; unistrigtus. » ERGATES opifex. HYDROPORUS atropos. LAMPYRIS bicarinata . œ—s — 477 173 447 110 166 166 466 166 449 174 175 446. 479 130 LYGISTOPTERUS sanguineus. 165 OMALISUS suturalis. . ,. PELANIA n. g . . mauritanica. . PHYTOECIA Gaubilii. . Ledereri. . ligrina , = 168 120 121 454 157 159 PHYTOECIA vulnerata. Wachanrui. . PYROPTERUS n. g. affinis . SCYMNUS nanus. scutellaris. . STENELOPHUS humeratus . Larves. CRATOMERUS eyanicornis. . DIRCAEA Revelierii. + JPATHIMUS italicus. LAMPRA mirifica. . . , LATIPALPIS pisana. NIPHONA picticornis. . RHIZOTROGUS fossulalus. Diptères. LAPHRIA meridionalis . 210 salarve ein — sanymphe. + : - FIN DE LA TABLE. ét _ 3 2044 107 286 114 eh 00 om À M GP mnt a ami pet mn bé 2 ÿ mer te > . ms