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O'REÉECFNE DÉCOUVERTES

AUX MODERNES.

AROUM EF PR EMILE

Oudiis ap Hubv itavôs est auvfnraobxs 16 œua [A ‘“ L , > À TEAUGQITAI TV TÉXYNY , GAN @ya7nTèv 6s …. 7 4 rs » , TONNDIS ETUI T@ TaV Eurporder oi jeTé TE Ta / 3 / TaparauBavovTes UT œUYTEAÉTLIMÉV MOTE

aurir. GALEN. in Aphorif. 1, L. x.

OR LCI NE

DES

DÉCOUVERTES

AUTUTIRIE B'UNÉNE:S AUX MODERNES,

lon démontre que nos plus célébres Philofophes ont puifé la plupart de leurs connoiffances dans les Ouvrages des Anciens : & que pluñeurs vérités importantes fur la Religion ont été connues des Sages du Paganifme.

P4r M. DUTENS, de la Société Royale de Londres, & de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lertres de Paris.

SNE? COL NOR EMTEC DUIPTE T'OLNS

confidérablement augmentée.

TOM EXP RE MI ER

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ALP SORTIES.

Chez la Veuve DUucHESNE, rue S. Jacques, au-deflous

de la Fontaine S. Benoît, au Temple du Goût.

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1,7 PAR D IH CE © PACS Feb 08 Ge ds D

AVEC APPROBATION, ZT FPRIVILEGE DU ROZ,

Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa

http://www.archive.org/details/originedesdcou01dute

SON EXCPELENCE

Monsieur S. DE M.

&cc.. &c. Ce

J E voulois publier hautement tous ce que je dois à votre Proteclion gé- néreufe ; mais le refpect que j'ai pour votre volonté, m’impofe Le filence. Tel eft votre caractere, MONSIEUR: auffi ardent à faire le bien que f[or- gneux à le cacher, vous ne voulez a uif

ÉaP I TURSE, recuerllir d'autre fruit de vos bienfaits que le plaifir fecret d’avoir fait des heureux. C’efl pour obéir à vos ordres que j’omets 1CI votre nom ; Mais après ce que je viens de dire, pourroit-1Ë étre zonoré de ceux qui ont le bon- hkeur de vous connoîrre ?

Je fuis avec Le plus profond ref-

pet, @ la plus vive reconnorffance ,

MONSIEUR,

DE vOTRE EXCELLENCE

Le très humble, très obéiffant & crès obligé ferviteur , L. Durens.

A Londres , ce 15 Janvier 1766.

Se TT à PRET A GE.

J E n'ai pas befoin de faire une lon- gue Préface pour inftruire le Lecteur de l’ordre & de la difpofition que jai obfervés dans cet Ouvrage , & de ce qu'il eft néceffaire de favoir pour en retirer quelque utilité. La Table géné- rale des Chapitres & des Setions, fera voir d’un coup-d’œil la difpofition que j'ai fuivie; & l'introduction mettra le Lecteur au fait du but que je me fuis propofé.

Je préviendrai feulement en deux mots que je nai rien voulu avancer dont je ne pufle apporter des preuves qui me paruflent fufhfantes pour ap- puyer ce que j'avançois ; ce qui ma fait prendre le parti de citer exacte- ment dans les langues originales les paffages des Anciens, fur lefquels j'ai

a LV

viij PRÉFACE.

fondé mes affertions ; & j'ai toujours eu foin de rendre dans la fuite du dif- cours le fens exact de lAuteur que je cite , lorfque je n’ai pas donné la traduction littérale des pañlages cités. Ceux qui feront curieux d'examiner certaines chofes plus fcrupuleufement, feront bien aifes de trouver fous leurs yeux les propres termes des différents Auteurs raflemblés fous un même point de vue, & de pouvoir juger par eux- mêmes de la folidité de ce que l’on avance, fans être obligés de faire pour cela de grandes recherches. Faurois pu rapporter un plus grand nombre d’autorités fur plufieurs points particu- culiers; mais je me fuis contenté de choilir les principales, & d'indiquer les autres. J'ai cité avec la plus grande exactitude. On trouvera après la Pré- face un Catalogue des éditions parti-

PRÉFAGE ix culieres des principaux Auteurs dont j'ai fait ufage.

J'ofe croire que cette entreprife aura du moins le mérite d'être nou- velle dans fon genre, & dans la ma- niere dont elle eft exécutée ; car quoiqu'il y ait des ouvrages qui peu- vent avoir quelque chofe de commun avec le titre de celui-ci, il ny en a cependant aucun qui lui refflemble dans le deffein , l'ordre & la maniere avec laquelle il eft traité. Le Parallele des Anciens & des Modernes de M. Perrault; L'Effai du [avoir des An- ciens & des Modernes, par M. le Chevalier Temple; & la Digreffion fur les Anciens & les Modernes , par M. de Fontenelle , font plutôt de belles déclamations fans preuves de ce que l'on y foutient , que des ouvrages pro- pres à porter la conviétion avec eux,

x PRÉFACE. Quant à Polydore Viroile, De rerum

znventoribus , V Auteur s’eft arrêté fur tant de fubtilités, a omis tant de cho- fes importantes, & a été d’ailleurs fi peu exact dans fes recherches & fes citations, que, quoique je l’aie confulté quelquefois , je puis affurer qu'il ne m'a pas été de la moindre utilité ; de forte que je n'ai vu que l’ouvrage d’A/- meloveenr , intitulé, {nvenra Nov-An- tiqua, qui ait rempli fur la Médecine l'objet que je me fuis propofé fur tou- tes les autres connoiflances; mais on voit que cela ne fait qu'une petite par- tie de cette entreprife. Il y a aufli un autre livre de George Pafchius, De novis enventis , dont le titre feul fait voir que fon but étoit différent du mien, & la letture de fon ouvrage fufñit pour achever de le perfuader. Je ne dois pas pañler fous filence

PV ÉEAICIE. sj

un ouvrage Anglois de M. Wotton, publié en 1674, 1697, & en 1705, avec des additions , intitulé Refle- xrons upon ancient & modern lear- zing ; l'Auteur fe propofe pour but d'y faire l’office de médiateur entre le Chevalier Temple & M. Perrault, & penche cependant toujours en faveur des Modernes. Je dois dire aufli quel- que chofe d’un autre livre dont on pourroit m'accufer d’avoir ignoré l’e- xiftence, fi je n’en parlois pas ici; c’eft V'Origine ancienne de la Phyfique nou- velle du P. Regnault, ouvrage fans plan, fans méthode, fans liaifon ; l'Auteur cite fouvent d’une maniere peu exacte ou infidelle ; il avance plu- fieurs chofes fans les prouver ; il en omet plus qu'il n’en rapporte ; 1l fe trompe jufques dans l’expofition mé- me des principes des Auteurs dont il

xi) PÉRAÉSE JAACÉE

parle , & tronque fouvent leurs paf- fages pour les ramener à fon fens. Enfin fon livre n’eft qu'un amas in- forme , indigefte & très imparfait, de paflages mal coufus, 8 mal cités : tous ceux qui le connoïflent s'accordent unanimement à porter le même juge- ment.

Enfin je crois devoir informer ici le Leteur de mon véritable fentiment fur la queftion fi long-temps agitée, à l'égard de la préférence que l’on doit donner aux Modernes ou aux Anciens. Il me paroït qu'il feroit autant injufte de ne rien louer & ne rien admirer qui ne fente l’antiquité , que de mé- prifer tout ce qui vient d'elle, & de n’adopter que ce que l’on tient des Mo- dernes. Je ne dis pas que nous devions accorder une foumiflion tellement aveugle aux premiers Philofophes,

DORÉ FACE xii) qu’elle nous les fafle juger exempts d'erreurs , recevoir leurs fentiments avec une entiere docilité, confidérer leurs obfcurités comme des oracles dignes que l'on prenne tout le foin poñlble .pour les interprêter, & nous fafle ainfi négliger des recherches plus utiles. Non, perfonne ne doute qu'é- tant hommes, ils fe feront fouvenc, - 8 même grofliérement trompés, & qu'ils ont du payer ce tribut indif- penfable à l'humanité ; mais aufli ne doit-on pas fe laifler tellement empor- cer par l'amour de la nouveauté que, méprifant ce qui vient des Anciens, on dédaigne de s'attacher à tout ce qui n’eft pas de la produttion des Mo- dernes, & l’on refufe d'accorder fon fuffrage à des fentiments fur lefquels plufeurs fiecles fe feront écoulés. Si l'on pefe route chofe dans une

XIV PRÉFACE.

jufte balance, on conviendra que, fi les Anciens ont été quelquefois dans de grandes erreurs, ils ont aufli fou- vent enfeigné de grandes vérités ; mais il faut penfer comme Horace, qui recommande de ze pornt être blefjé de quelques défauts légers dans des ou- vrages qui brilient d ailleurs par de grandes beautés :

Verum ubi plura nitent in carmine, non ego paucis

Offendar maculis...... (a).

Les Modernes ont certainement mé- rité beaucoup , & n'ont pas peu tra- vaillé à l'avancement des fciences par un grand nombre de découvertes in- génieufes; mais on ne peut nier aufli que les Anciens ne leur aient frayé le chemin dans lequel ils avancent à pré- fent plus facilement à grands pas. Les

(a) Horat, ars Poet, vers 350 & 351.

PRÉFACE. XV

premiers ont fait plufeurs découver- tes auxquelles 1l a été aifé d'ajouter enfuite quelque chofe; & l’on peut dire encore à cet égard ce que Quin- tilien difoit 1l ya 1700 ans : L’anui- quiié nous a tellement inftruits par [es exemples G [es grands maîtres, que nous ne pouvions naître dans un fiecle plus heureux que celur que nos an- cêtres ont pris tant de foin d’éclai- rer (a). Ce feroit donc une ingrati- tude de refufer à nos maîtres les élo- ges qui leur font dus ; comme ce fe- roit une marque d'envie de ne pas ac- corder aux Modernes toutes les louan- ges qu'ils méritent à fi jufte vitre ; il

(a) Tot nos præceptoribus , tot exemplis inftruxit antiquitas, ut poflit videri nulla forte nafcendi ætas felicior, quam noitra, cui docendæ priores elabo- raverunt. Quint. Infhturiones oratorte , libro 12, caput 11.

xv) P'R'PF'A CIE

faut rendre juftice des deux côtés, & ne pas donner tout à un âge, & rien à l’autre.

Dans la comparaifon que lon fait ordinairement du mérite des Anciens &c des Modernes, on doit fur-tout diftinguer les arts & les fciences, qui exigent principalement une longue expérience & un long ufage pour être perfeétionnés , d'avec ceux qui dépen- dent uniquement du talent & du gé- nie. Il n’eft pas douteux que les con- noiflances du preimier genre, par la fuite des fiecles , ont été de plus en plus augmentées & portées prefque au dernier degré de perfeétion par les Modernes qui, à cet égard, peu- vent être jugés l'emporter fur les An- ciens ; à quoi l’art de l'imprimerie, & plufieurs autres découvertes n’ont ce- pendant pas peu contribué : on fait

que

PARA ETALC E. XVi)

que les Aftronomes de nos jours en- tendent beaucoup mieux la nature des aftres, & tout le {yftême planétaire, qu'Hipparque, Prolomée , ou qui que ce foit des Anciens ; mais on doute qu'ils euflent été plus loin fans le fe- cours des télefcopes. Les Modernes ont perfettionné à la vérité l’art de la navigation; ils ont été jufqu’à décou- vrir de nouveaux mondes ; mais, fans laide de la bouflole , l'Amérique nous feroit encore probablement inconnue. Ainfi de longues obfervations , des ex- périences fouvent répétées, ont ame- les Arts, la Botanique, l'Anato- mie, la Chirurgie , au degré de per- feétion nous les voyons aujourd’hui: plufieurs fecrets de la Nature, qu'un âge feul n’avoit pas fufñi pour péné- trer , ont été dévoilés par une fuccef-

B

avi DPR ÉVPIA CI El

fion de plufeurs fiecles. La morale même a été perfeétionnée par la reli- gion chrétienne; la philofophie, peu à peu, a pris une nouvelle face; & les frivolités , les queftions puériles & futiles de l’école en ont enfin été ban- nies par les efforts réitérés des la Ramée , des Bacon, des Gañlendi , des Defcartes , des Newton , des s'Gravefande, des Leibnitz & des Wolf.

Je confens donc volontiers à accor- der aux Modernes tous les avantages que je viens de déauire 1ci; mais il ne faut pas non plus enlever aux An- ciens la part qu'ils ont à l'avancement de ces mêmes connoïiflances , par Îa peine qu'ils ont prife à nous en frayer le chemin. Bien plus , il ne faut pas coujours prendre pour des découvertes

. : cts ol A

PRÉFACE. xix

des Modernes plufñeurs chofes qui ont

- été réellement connues aux Anciens,

ou inventées par eux, ou fur elquelles ils ont du moins répandu un très grand jour ; & 1l faut encore faire attention que la plupart des découvertes fi ad- murables & fi utiles dont notre age fe gloriñie, comme l'imprimerie, la poudre à canon, la bouflole , les té- lefcopes, &c, n’ont pas été la produc- tion de génies -philofophiques , mais l'effet d’un pur hafard, ou de l’expé- rience de quelques artifans ignorants. C'eft principalement afin de mettre dans tout fon jour cette premiere vé- rité de la part qu’ont les Anciens à nos connotffances , & meme a ce que les Modernes appellent découvertes , que jai entrepris cet Ouvrage, pour lequel j'ofe efpérer du Public toute bij

RUN PAROE NE PACE: l'indulgence que peuvent mériter des efforts plus animés par l’amour de la vérité que par tout autre motif.

Xxÿ.

AVERTISSEMENT fur cette feconde Édition.

L ES additions, faites dans cette nou. velle édition, confiftent principale- ment en un Chapitre entier fur la CAy- mie des Anciens ; un autre fur la Mu- fique , la Pernture & la Sculpture ; des Recherches fur les T'élefcopes & les Microfcopes ; fur la Perfpective ; les Miroirs ardents d’Archimede ; & plu. fieurs autres trop longues à détailler. J'ai ajouté aufli une Table des ma- uieres , que le nombre & la variété des fujets rendoient néceflaire ; & j'ai profité des confeils de mes amis, & des indications qui m'ont été commu niquées , pour rendre cet Ouvrage plus digne de l'accueil favorable dont le Public avoit honoré. * bi

XxX1V

L'HLeS RE

Des principaux Auteurs cités dans cet Ouvrage , & des éditions dont

s’eft ferv.

Les chiffres romains indiquent les volumes , & les chiffres arabes les pages.

Abulpharace. Hiftor. Dynaîi. Il, 192.

Achiles Tatius. 1, 250.

Aa eruditor, 1, 45,1, çr.

Ælianus. Var. hiftor. #rgentorati, 1713 ; 8% Lino G R2s2c 02120256

Agathias. De imperio & rebus Juftiniani, Parif. 1660, fol. II, 54.

Agrippa { Cornelius) Il, 82.

Albertus mag. 1, 292.

Alcinous. De Doctrina Platonis, ’ener. TS2LS 0

Âlexander Aphrodis. Quæft. natural. 1, 153, 292.

Alhazen. Opera, 1572, fol. IL. 142.

Almeloveen:

DES AUTEURS. XXV

ÂAlmeloveen. Inventa novantiq. Amflelod, 664 ftnass IL 6) re

Ammian. Marcell. Parif. 1681, fol.1,136, 248; 270

Ammon, In Boethium , II, 255,

Anthemius Trallianus. ep mapad'oËoy ueyæ- snuæru. Cod. mf. in Bibliothecâ regia Pa- riféenfi , N°. 2861.11, 71, 170-176.

Antoniana Margarit. à Gomez Pereyra. Ma- criti ,1749 , fol. Il, 284.

Apollonius Rhodius. 4rgonaut. N , 187.

Apuleius. Edit. Aldi, J’ener. 1521, 8°. HE, Re OS TS 7e

Archimeaïis. Opera græc. lat. Bafileæ, 1544; fal2 1,210, ;72$% 31102!

Ariftophanes.], 276,11, 157,182,183.

Ariftoteles. Edit. Duval, Parif. 1629.2 vol. HAL hs oies us ro 46, 54, 60,72,119,128,13$; 139» 140,143, 144, 145, 150, 191, 156, 1608168; 197: A91, 101,206, 217, 212 232, 239 , 250, 260, 262,267, 276 3 178,280 , 293 , 304. IH, 12, 57, 64, 65 ; 67, 95, 98,99, 103, 195 3

XXV} CATALOGUE 100% LIO NLIO II T. T0 SL EG ;S.T 201 127.5 12944129 020.171, ENSSES7e 257, 249 249 f25411270,2008 208 290 , 293 » 295 : 296,302, 312 336%

Arnobius. Ï, 297.

Aftruc. De Morbis vener. Venet. 1748 , 2 vol. 4°. IT , 90.

Athenæus. Lugdun , 1657, 2 vol. fol. I, 250: 1L;49,63%2385243.

Averroës. In Ariftot. Vener, 1552, fol. I, 195 19È3 19:

Auguftæ hiftor. Scriptores. IT, 54.

Auguftinus ( San@us ). Edit. monach. bene- di&in. Parif. 1679, fol. 1,18,24,8$, 216. 11,113% 214,205 ,287 12808

Aulus Gell. Lipfiæ, 1762,2 vol. 8°. I, 188, 1 /2:06223 2933326

Aulus Hirtius. De bello Alexandrino. If,200..

Aurelius Cafliodorus. IT , 249.

Aufonius. Epigram. II, 320. :

B.

Bacon ( Roger ). Opus majus, edit. Doétoris Jebb. Lond. 1733, fol. I], 140,145.

DES AUTEURS. XxvÏ}

Barra ( Pierre ). Hippocrate, de la circulation du fang, &c. Lyon, 1682,1in12, 1,6.

Barrow. IL , 192.

Bartholin ( Thomas ). Epift. med. IT, 42.

Bécearta. LL) 277.

Berkeley. Treatife concerning the principles of human Knowledge. Lond. 1634, 8°. F 60:

Bernard. Mémoire fur la Chirurgie des an- ciens. Il, 20.

Biblia. I ,98, 304.11, 43 ,44,46,48,58, 68, 845:1035 197 > 1515289:312.

Bibliotheca Patr. Lugd. 1677. 27 vol. fol. Il, 372,

Bochart. Phaleg. & Chanaan. IT, 43.

Boerhaave. Eléments de Chymie , par Ala- HA, 97. Ils 46, 47, 702

Boethius, Il, 79.

Bontekoe. De vitæ humanæ fanitate. IT, ç.

Borrichius. De fapient. Egyprior. IL, 46 » 76.

Brucker. Hift. crit.philofoph. Auguft. Vindel. 1743, 5 vol. 4°. & Hiftor. de Ideis , 1bid.

XxV11) CATALOGUE

1723,8°.1,23,24,55, 86, 97, 98, 134, 135. |

Buddæus. Compend. hiftor. philof. Hale; 1732 3.8 12806:

Buffon. Ï , 117,118, 120.

Burmann. Düiffertatio de Jove defcenfore , Trajecti ad Rhen. 1700 , 4°. 1, 300.

e

Cæfalpinus. Quæftion. peripatetic. & medic Veneto, 4" 25,24, 105.

Czæfaris Commentar. I , 283.

Camerarius. De fexu plantar. IT, 121.

Cartefius. Edit. Blaeu, Amflel. 1692. 1,123 0.106, 201,278. 1:77 265.

Caflint.’1, 282:

Celfus. IT, 68.

Cenforinus. De die natal, 1763, 89. F, 169:, 272.11; 188:

Chalcidius. 1,172, 250.

Châtelet (Mad. du }. Inftitutions de Phy- fique, E, 84.

DES AUTEURS. XXIX

Cicero. Edit. Elzev. 1, 24, 38,241, 47, 60, 67: 895 100513651130", 24035232 , 216, 250h-2$k 270012034298, 27952005 310

Ghudianus. Lou. 11,66, 123,246.

Clemens Alexandr. Parif. 1641, fol.I, 47; 113,206 ,162.11,48,184,301.

Clericus (Daniel). Hift. medic. IT, 96.

Clericus ( Joannes). Oper. philof. I, 36.

Colonne. Principes de la nature. [, 194.

Columella. IT, 81.

: Commentarii S. R. Gottingenfis , T. I. ann. 1751.Gotting. 1752, 4 Vol. 4°.

Corringius. De fapientià Egyptior. IL, sr.

Copernic. I, 175 , 205.

Cudworth. Syftéma intelleét. II, 302.

D.

Dickinfon. Phyfica vetus & vera. Lond. 1722-4218. 1127

Dictionnaire de Bayle. Amflerd. 1740, 4 vol. fol. 1, 8ç5 ,191. IL, 286.

Dio Caflius. Hift. Rom. Hannovie , 1606, fol. X, 295 3300. Il, 75,83,231.

XXX CATALOGUE

Diodorus .Siculus. Hannovie , 1604. Edir, Wechel. 2 vol. fol. 1,135, 236. I, 45, 481, SG DL ST SN SBSTSLANART 2 T4

Diogenes Laertius. Amflelod. 1692 , 2 vol.

4%. Ji8, rt Des HAN 24 SALAC 13,53 8995189, 290,196; 203 207, 2E$,207,:232,0246 526 IIS 261%,5272 274,276. 1k80!,:18% 1189 190210,

Diophantes. Quæft. arifthmet. IT, 192.

Diofcorides. Apud Hæred. Wechel. 1598, 6 9,.60./62: 68,

E;

Edward (Bernard). Epift. ad Hutington, Lond. 1704, 8°. I, 137.

Encyclopédie. I, 238, 276. !1, 76.

Epicharmus. 1, 47.

Eifchenbac. De Poefi Orphica.. Noribers. 1702, 4%

Eufebius. Præparat. Evangel. Parif. fol.I, 6020712135: 231:202,.278: 1laitor, 306.

DES AUTEURS. XXX}

Euftathius. Comment. in Homer. Rome, 1542, 4 vol. fol. I, 300. IL, 81, 179.

F2

Fabricius. Biblioth. græc. 14 vol. 1705-28, ARS 36 202288 cr

Falconet. Traité des Fievres, 1723. IL, 6.

Fénelon. Vie des Philofophes. I, 141.

Flavius Vopifcus. In hiftor. Auguft. fcripr. Lupd. Bat. 1671, 2 vol. 8°. IL, 54,55, S7-

Formey, Recherches fur les éléments de La matiere , in 12. |, 49.

Freind. Hiftor. medic. II , 26.

Frerer. I, 105, 556.

IS

LG.

Galeni opera. Edit. Junt. Vener. 1576, 7 voléfol. 141245 179 3133! ,.230%1246 262,104. 192. 12, 24,28, 583 59, 61, 62,66 ,68 , 88,96, 177; 3 5 6e

XXxi) CATALOGUE

Galilée. Difcorfi è dimoftrazioni mathemas tiche. Leyde. Elzev. 1638, 49°. 1, 146 , 172:

Gaflendi. Lugdun. 1658 ,6 vol. fol. 1, 24, 49, 194,292.

Gefner (Jo. Mathias). “Yuxa} Yrmoupdris. Gotting. 1737, 4°. N,108 , 110.

Grævius. De Philofoph. veterum. F, 128.

Gtruter. Fax artium liberali. II, 82.

Greaves , Profeffor Oxonienfis. De defcrip- tione pyramid.Egypt.mifcellaneous works. on a737.)2Nol SIL 75:

Gregori. Elementa aftron. phyfic. & geo- metr. Î; 106. 172.

EE

Haller. Method. ftud. med. IT, 21. Harvey. De generat. animal. I, 24. Il, 97, Havercamp. De numifmat. contorniat, I, 146. Heïfter (Laurent). An circulus:fanguinis veteribus

k

Des AUTEURS. XXX11)

veteribus incoonitus fuit. He/mflaiii 1 2 0 D | TR

Heliodorus. Ethiopica. Il, 53.

Hermias. Irifio Gentilium. I, 6o, 87.

Herodotus. Edit. H. Steph. 1591, fol, II, 8 6OSLIZ.

Herwartus.Ethnicæ theolooiæ myfteria.16 2 3. L, 294.

Hefodus. Patayii ,1747 , 8°. 11, 301.

Hefychius. Lexicon græc. I, 191.

]

Hieroclcs. In carm. aur. Pythag. Canrabris. 170004, ZGT,

Idem. De providentia , &c.

Hippocrates Cous. Edit. Linden. Leyde. 260%, 2v0l. 8%: 1, 118-119 20, LE, 1785 9%10,19, 6r,69 67 Ras 97: 104% 107. MIO SATL , 1194 327

Hiftoire de l’Académie , IL, 213.

Hiftoire de l’Académie des Infcriptions , I, 216.

Homerus. Il, 58.

Horatiusnt, 135-113 238 ;250.

Hotringer.Bibliographia Phyfco-facra. If, 5.

Huetiana. IL, 250.

XXXIV CATALOGVE Hyginus. Fabulæ. I, 81.

J.

Jamblicus. De Myft. Esypt. & de vit Pytha- vor. 473 107$ 172 0224 11 190 22202374 2005 208 3e

Joannes Antiochenus. II, 83.

Joannes Saresburienfis. II, 75.

Ifdori Hifpalenfis. 1685.1, 295.11, 75.

Introduzione allo ftudio della Religione del PGerdil. Tarn, "276541, 89504,

Julius Africanus. II, 85.

Julius Maternus Firmicus. De Mathefi. IT.

4

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EE D Cm T'A'BIL'E

DES, DEVIS O0 NS

PREMIERE .PAR ELLE,

Contenant l’Introduëtion & les fentiments de Defcartes , Mallebranche, Locke, &c. fur les Idées, l'Art de penfer ; les Qualires fenfibles.

Ivrronucrion.

CHAPITRE I. Méthode de Defcartes, & fa Logique. Principes de Locke.

CHAP. II. Idées innées de Defcartes, de Leibnitz, tirées de Platon, Héraclite, Pythagore, & des Chaldéens. Syftème de Mallebranche,puifé dans la même fource, & dans Sr. Auguftin.

CHAP. IL, Des qualités fenfbles. SECONDE

DES DIVISIONS. xlix

SECONDE PARTIE;

Contenant les Syflémes de Leibnitz , de Buffon, Néedham , & les Vérités concer= nant la Phyfique générale & l Aflronomie.

CHAP. I. Syftème de Leibniz.

CHAP. IT. Nature animée. Comparaifon du Syftème de M. de Buffon avec celui d’A- naxagore , d'Empedocle , & de quelques autres Anciens.

CHAP.IIL. Nature active & animée. Syftèrne de Néedham.

CHAP. IV. Philofophie corpufculaire , & divifibilité de la matiere à l'infini.

CHAP. V. Du mouvement; de l'accéléras tion du mouvement; de la pefanteur ou de la chüte des corps graves.

CHAP. VI. Pefanteur univerfelle , force centrifuge & centripete. Loix des mou- vements des Planetes, fuivant leur dif- tance du centre commun.

CHAP. VIL Voie lactée ; fyftèmes folaires ; ou pluralité des Mondes ; Satellites , Tour:

billons. d

1 TABLE CHAP. VII. De la Lumiere & des Couù-

leurs,

CHAP. IX. Syftème de Copernic ; mouve- ment de la terre autour du Soleil; Anti-, podes.

CHAP. X. Des Télefcopes.

CHAP. XI. Révolution des Planctes fur elles-mèmes.

CHAP. XII. Des Cometes.

CHAP. XII. De la Lune.

CHAP. XIV. De l'Ether; de l'Air, de fa pefanteur & de fon élafticité. CHAP. XV. Du Tonnere & des tremble- ments de terre ; de la vertu magnétique ; du flux & reflux ; de léleétricité ; de la

fource des Fleuves.

TROISIEME PARTIE,

Concernant la Médecine, l’Anatomie, La Chirurgie , la Chymie, la Génération , le fexe des Plantes , les Vibrations du Pen- dule , la Réfraëlion de la Lumiere , la Perf-

‘‘vecive, la Quadrature du Cercle, les Mi-

DES DIVISIONS. ft

roirs ardents , les Découvertes particulieres de outlques Anciens, la Méchanique, la

Scuipture , la Peinture, la Mufique.

CHAP. I. Delacirculation du Sang.& des Trompes de Fallope.

CHAP. Il. De la Chirurgie des Anciens.

CHAP. I. De la Chymie des Anciens.

CHAP. IV. De la Génération par les Œufs, & des Animalcules.

CHAP. V. Syftème fexuel des Plantes.

CHAP. VI. Ifochronifme des vibrations du Pendule ; de la Réfraction de lalumiere, & de la Réfraction aftronomique. Gran- deut des Aftres. Perfpective.

CHAP. VIT. Quadrature du Cercle.

CHAP. VIII. Miroirs ardents d’Archimede.,

CHAP. IX. De plufeurs découvertes des. Anciens dans les Mathématiques , l’Af- tronomie , &cc.

CHAP. X. D'’Archimede ; de la Méchani- que des Anciens , & de leur Architecture 3, des Microfccpes,, &c.

CHAP. XI. De quelques particularités fu

di

lij F'ABEr.

la Sculpture & la Peinture ; & l'origine

de la Muñque.

QUATRIEME PARTIE,

De Dieu; de l’Ame ; du Temps ; de l’Ef- pace ; de la formation du Monde ,& de la création de la Matiere. Optimifme ; ori- gine du Mal ; Péché originel. Conclufion.

CHAP. I. De Dieu.

CHAP. II De l’Ame.

CHAP. II. Du Temps & de l'Efpace.

CHAP. IV. De Îa création du Monde & de la Matiere.

CHAP. V. Syfême de Eeibnitz fur lOp. timifme & l'origine du Mal.

CHAP. VI. Péché originel connu des An- ciens,

Conclufion & récapitulation de tout FOu- vrages |

Fin de la Table.

CORRECTIONS ET ADDITIONS ESSENTIELLES,

Tome I.

P AGE 33, li. 18 , rooms , Lifez, mayraus, Page 35, lg. 8,zavroius, Lif. mavroiu. Ibid à lg. 13, 7700 æI A lif, rumsSes,

Hhid, lig. 14,74, if. zip

Ibid, lig. 13 , amas, lf. m4.

Page 36, lig. 19 , ra dla, ajoutez, ravre.

Page 113, lig. 13, koQmanue , lof. tk0Q ane,

Page 144, à la fin du chapitre des Cometes, ajoutez: Er pour appuyer cette aflertion du témoignage d'un des plus habiles Aftronomes de ce fiecle, M. de la Lande dit-fui-même qu'on ne peut rien ajouter à ce que Séneque à dit fur la nature de ces pla netes (1).

Note.

(1) Obfervation de M. de la Lande fur Pline, à a fin de la traduction de cet Auteur, en François, Paris, 1771, 1 vol. pag. 382, fol. 2.

Page 249, Uig. pénule, nüu, lif. oe.

Tome II.

Page 16, lig. 22, Ronburghe, lif. Roxburghe. Page 18, lig. 10, cos, Lif. os.

Page 19, lig. 6, continenfa quæ, Lif. continens aquæ, Page 10, lig. 1$,tatnm, if. tantum.

dbid, Lig,17,fit, dif. fit

Hv CrhOR RE CTI OAN:S

Page 26, lig. 12, Rurella, if: Kurella.

Page 17, à la fin de la note, ajoutez , qui cite ces

paflages de différents Auteurs : ahmSS œuuvés TE À) ryvaurVes | Tès ps ThhoTipO TES à mnoisrépo TE dud'ois. Hippocr. Th pirpey Ty d'ixoxmo. Praxagoras & Philotimus, spray sepaias. Dioclès Caryftius. dr mexrére, Eudemus. armoGuris , exQious Ts érps. Pollux, Oribafius, rhs Üstuas Tus duzpous. Ariftot. Sans parler d’Aëcius & d’Avicenne , qui ont même énoncé les fonctions de ces trompes.

Page $1, lig. s , flreort, lif, reflort.

Page 99, à la fin de la note (1), ajoutez: Du refte voyez dans Manger, Théatr. anatom. L. I, part. 2, chap. 3, pag. 124 & fuiv. les idées qu’on a eues de toute antiquité fur Ha génération par les œufs. Ce qu'il rapporte eft digne d’étre tu.

Page 153, à la fin de la Perfpe@tive , ajoutez : Arif-

tote a été le premier qui ait propofé le problème touchant fa rondeur de l’image du foleil , formée par les rayons qui paflent par un trou quarré triangulaire. Vers le milieu du 15° fiecle, Marolles avoir dir à ce fujet que le trou quarré efl le fommes de deux cônes de lumiere , dont l'un a le foleil pour bafè, & l'autre l'image réfléchie. Là-deflus M. de Montucla attribue à Marolles tout l'honneur de la fotution de ce problême , autrefois, dit-il, pro- polé, à la vérité, par Ariftote, mais dont cet an=

É TVA D DITION & h

cien Philofophe avoit mal rendu compte, f:lon Ton ordinaire. C'eft avec regret que je me trouve obligé de relever quelques méprifes aflez confidé- tables dans lefquelles eft tombé M. de Montucla, dont je refpecte d’ailleurs les connoïflances & le jugement. Premiérement, par fa maniere de fap- porter Le problème d’Ariftote, il paroït que M. de Montucla, non-feulement n’avoit pas confulté le texte grec, mais n’avoit pas même fait attention à la traduction latine qui l'accompagne , en forte que j'ai peine à concevoir d'ou il a tiré ce pro- bléme d’Ariftote, tel qu’il le produit, & encore moins il a trouvé la folution obfcure qu'il at- tribue à ce Philofophe. La queftion que fe fair. Ariftote eft celle-ci : Pourquoi les rayons du foleil, en paflant par un trou quarré, ne forment pas une figure rectiligne ? Er M, de Montucla, au lieu de ceci, lui fait fubftituer une queftion tout-à-fait différente, relativement à une éclipfe partieile du foleil: Pourquot fes rayons , en paflant par un trou guarré , donnent la figure exaile de la partie de fon difque, qui n’eff pas encore obfcurcie ? Or iln’ya pas un mot de tout cela dans Ariftote. M. de Mon- tucla avance enfuite que les Philofophes, ayant défefpéré de pouvoir donner la folution de ce pro- blême, s’étoient reftreints à dire avec Ariftote, que da lumiere [e réfléchiffoit naturellement en rond , ou prenoit la forme de l'affre de la lumiere ,auffitôt qu'elle avoit furmonté les obflacles qui s'eppofoient à fon

1j CORRECTIONS ET ADDITIONS.

palage. Et c’eft encore ce dont Ariftote ne dit pas un mot. Ce grand Philofophe donne au contraire deux folutions de fon problème , dont la premiere eft le fondement de celle que l’on appelle mal-à- propos la découverte de Marolles. Afin de mettre le Lecteur en état de décider fi j'ai relevé à tort M. de Montucla, voici une traduétion littérale du paflage d’Ariftote, qui contient la premiere folu- tion du Problème. Pourquoi le foleil, paffant par un trou quarré , ne prend point une forme reéliligne mais orbiculaire , comme lorfqu’il luit à travers une grille ? Seroit.ce parceque la réflexion de l'image fe fait par un cône dont la bafe eff dans une forme ronde (1)? Ceci peut fervir à confirmer ce que j'ai toujours avancé, que l’on rend rarement juf- tice aux Anciens, foit parcequ'on ñéglige de les connoître, ou faute de les entendre. Dans ce paf- fage, par exemple , la verfion latine eft incorrecte & ambigue. Le mot xäws s’y trouvant rendu par turbo , ce qui répand de la confufion fur Le fens de l’Auteur, & eftropie tout-a-fait fon idée.

(1) Ariftot. Problem. 15. Seét. $. p. 173. Aix ri & gaues din Tov rerperhepey dxor , x evbirypeuue mois Th qhuare, dE xxAoS, ojos Ey Tals prVtrn 3 à 67 4 ras éVeor tunlaris xvos st 3 T8 OE «dv xüxAoS ÿ Buris, Page 173, lig. 16, yorncomer , lif. voir Page 22s He ne Eee ICS à Ibid, lig. 22, rubefcunt, Zif. hebefcunt,

Ibid, lie, 23, fardus, /f. furdus. RECHERCHÈS

RECHERCHES

1 SUR L'ORIGINE DES DÉCOUVERTES ATÉTRETIBIUMELENS AUX MODERNES. PREMIERE PARTIE, GCrOPNTRENNEAENIFTE

L'INTRODUCTION ET LES SENTIMENTS DE Descartes, MaALLEBRANCHE , Locke, &c. fur les Idées, l'Art de penfer, les Qualités fenfibles.

Tome I. À

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I. L E s hommes font fouvent extrèmes dans leurs pañlions, & encore plus dans leurs opi nions ; ils paflent fubirement de l'amour à la haine , de la louange au blâme à Pégard des mèmes objets, & le plus fouvent fans pou- voir fe rendre compte à eux-mêmes des mo- tifs qui les déterminent à ces grands change- ments.

2. Le fujet, que j'entreprends de traiter, fournit une preuve frappante de cette vérité. Pendant deux mille ans , les philofophes an- ciens ont été en poffeflion de l’eftime géné- rale & quelquefois aveugle des hommes ; c’étoient des oracles que l’on écoutoit avec la plus grande vénération, & dont on refpec- toit Les obfcurités mêmes, que l’on regardoit comme des fanctuaires facrés, il n’étoit pas donné à tous les efprits de pouvoir péné- trer : un épfe dixir de Pythagore, d’Ariftote, ou de quelque autre grand philofophe fufti- foit pour trancher les plus fortes difficultés ; le vulgaire des favants baifloit la tère & s’en contentoit. On s’en tenoit là, & ces difpo-

NET 4

Inconftance des hommes dans leursju- gements.

Révolu- tion dans les fciences.

4 IN TR:ODUCEIO:N.

fitions fi foumifes n’étoient guere propres à avancer les progrèsdenosconnoiffances. Aufli les beaux génies, qui ont été fi bien récom- penfes de leurs travaux, par le titre à jamais glorieux de reftaurateurs des fciences, fenti- rent-ils bien la dureté d’un tel efclavage. Le peuple philofophe tenta de fecouer le joug d'Ariftote , à peu près dans le temps que le peuple chrétien commençoit à fe lafler de celui de Rome : l'effort de Pefprit humain vers fa liberté, devint ainfi général ; & il arriva alors ce qui doit arriver dans toutes les entreprifes des hommes , on ne marqua pas affez juftement les limites 1l étoit à propos de s'arrêter , on les franchit des deux côtés. Le prétexte de fe délivrer de la fervi- tude d’Ariftore, & des autres grands maîtres, à qui on devoit tant, dégénéra en ingratitu- de & en injuftice à leur égard ; de mème que le prétexte de fe retirer des entraves de Ro- me dégénéra peu à peu, parmi les beaux ef- prits du fiecle , en efprit de libertinage & d’impièté : le fuccès des philofophes moder- nes fut enfin femblable à celui des grands conquérants ; fe voyant vainqueurs, ils s’en-

INTRODUCTION. s

richirent des dépouilles des vaincus; & au lieu de fuivre l'exemple de ces grands hom- mes, dont les longues études , le travail afli- du, & les méditations profondes , avoient tellement enrichi les fciences , ils fe conten- terent le plus fouvent de prendre chez eux le fonds fur lequei ils éleverent enfuite leurs édifices : & cette viétoire , qui devoit être utile à la perfection de lefprit humain, fi lon avoit apporté plus de candeur dans la réforme , peut lui devenir pernicieufe , en continuant fur les principes que l’on femble être difpofé à fuivre.

3. On convient de toute l’importance du fervice que les orands hommes , qui fe font élevés depuis deux fecles, ont rendu à la république des lettres ; & leur fuccès juftifie aflez leur conduite. Aufli n’eft-ce pas des Cardan , des Bacon, des Galilée, des Def. cartes ; des Newton & des Leibnitz dont je veux parler ici; non: ces héros de la républi- que des lettres avoient trop de mérite pour ne pas connoître celui des anciens; ils leur rendoient juftice, & fe regardoient comme leurs difcipies : je parle ici de ces demi-fa-

A iij

Grandshom- mes parmi les modernes , admirateurs des anciens.

Raïfons d’a- voit recours aux anciens.

6 INTRODUCTION.

vants qui, ne pouvant tirer de leur propre fonds de quoi fe faire un nom , vont em- prunter de ceux qu'ils affectent de dénigrer, les richeffes dont ils fe parent, & taifent avec ingratitude ce qu'ils doivent à leurs bienfai- teurs.

4. On fent tout le prix de la méthode in- troduite par les modernes dans la philofo- phie de nos jours ; 1l n’eft pas douteux que l'efprit analytique & géométrique, qui regne dans leur maniere de procéder , n'ait beau- coup contribué à perfectionner les fciences , & il feroit à fouhaiter que l’on ne s’en écartât jamais : mais on a befoiïn pour cela de guides fûrs, & quels meilleurs guides peut-on fui- vie que ceux que nous voyons être arrivés long-temps avant nous au but nous nous propofons d'aller ? Nous pouvons nous con vaincre que les grandes vérités de fyftèmes, reçues avec tant d’applaudifiement depuis deux fiecles , avoient déja été connues, & enfeignées par Pythagore , Platon , Ariftote & Plutarque ; & nous devons penfer qu'ils favoient démontrer ces mêmes vérités, quoi- que les raifonnements fur lefquels une partie

INTRODUCTION. 7

de leurs démonftrations étoit fondée, ne foient pas parvenus jufqu’à nous; car, fi dans les écrits qui font échappés aux injures du temps, on trouve une foule d'exemples qui mettent hors de doute la profondeur de leurs méditations, & la jufteffe de leur dialectique pour expofer leurs découvertes, il eft trop jufte de croire qu’ils ont employé les mêmes foins , & la même force de raifonnement pour appuyer les autres vérités que nous trouvons fimplement énoncées dans ceux de leurs écrits que nous connoiflons. Certe conjecture eft d'autant plus naturelle , que parmi les titres qui nous ont été confervés de ces ouvrages qui ont péri, on en trouve plu- fieurs qui traitoient de ces mêmes fujers qui ne font qu'énoncés dans leurs autres écrits; d’où il eft naturel de penfer que l’on y eût trouvé les démonftrations qui nous man- quent de ces vérités. Ils jugeoient fans doute inutile de les répéter , après en avoir parlé en plufieurs autres livres, auxquels ils ren- voient fort fouvent, & dont Diogène Laërce, Suidas & d’autres anciens nous ont confervé lestitres, quifuffifent feuls pour nous donner

A iv

Leur faga- cité.

8 INTRODUCTION. une idée de la grandeur de notre perte (1). s. Il eft à remarquer aufli que ces grands hommes, par l'effort feul de leur raifon , avoient acquis des connoiflances que toutes nos expériences , faites avec le fecours des inftruments que le hafard nous a procurés, n’ont fervi qu’à confirmer. Sans l’aide du té- lefcope (2) Démocrite avoit connu & enfei- gné que la voie latée étoit un affemblage d'étoiles innombrables qui échappoient à notre vue, & dont la clarté réunie produi- foit dans le ciel cette biancheur que nous de- fignons par ce nom ; & 1l attribuoit la caufe des taches obfervées dans la lune à la hauteur exceffive de fes montagnes, & à la profondeur de fes vallées: il eft vrai que les modernes ont été plus loin, & qu'ils ont trouvé les moyens

(1) Entre mille preuves que je pourrois alléguer , je ne ferai attention qu'aux titres des deux ouvrages de Démocrite , par lefquels feuls il paroît avoir été l'inventeur de la do&rine élémentaire für Les contaits des cercles & des fpheres , & fur les lignes irration- nelles & Les folides. Diogenes Laërtius in Democrit. Led. 47.

(2) Vid. not. ad fe&, 131, p. 205.

INTRODUCTION. 9

de mefurer la hauteur de ces mèmies monta- gnes ; mais encore une fois , il femble que le raifonnement de Démocrite à ces égards étoit celui d’un grand génie , au lieu que les opé- rations des modernes ne font que laborieufes & méchaniques : d’ailleurs, comme dit Sé- nèque, ad inquifitionem tantorum , ætas una non fufficic ; nous avons de plus fur les an- ciens l'avantage d’avoir pu travailler fur le cannevas qu'ils nous ont fourni.

G. Si l'exemple que je viens de rapporter eft propre à donner du poids à mon fenti- ment, que fera-ce donc, fi je puis faire voir, comme je l’efpere , qu’i/ n’eft prefque pas une des découvertes attribuées aux modernes ; qui n'ait été , non feulement connue des anciens , mais même appuyée par de folides raifonne- ments ?

7. Je ne veux pas parler des vérités difhici1- les à appercevoir dans leurs ouvrages, & que lon n’y trouve que parceque l’on eft détermi- nc à les y trouver : je laiffe ce foin aux zéles commentateurs ; il convient à leur fuperfti- tieufe admiration pour leurs auteurs. Mais je veux parler de ces vérités qui doivent frap-

Entreprife de l’Auteur.

Son impat- tialité.

But qu’il fe propofe,

10 INTRODUCTION.

per tout efprit attentif : de celles que New- ton, Defcartes & Leibnitz y ont vues, & que tout génie impartial & appliqué y trouvera aufli bien qu'eux.

8. Si je réuflis dans l’exécution de cette entreprife , j'efpere parvenir à mon but, qui eft de recommander moins de prévention contre les anciens qui ont formé ces mo- dernes que nous admirons aveuglément, comme s'ils ne brilloient pas de la lumiere empruntée de ces illuftres maîtres. Mais quand même je ne pourrois pas m’affurer entiérement du fuccès de mon entreprife, la candeur & l'exactitude avec laquelle je me propofe de la fuivre , me répondent du moins de l'approbation des favants , dans la tenta- tive que je fais de reftituer à ces premiers phi- lofophes une partie de la gloire qui leur eft difputée ; & la maniere dont j’expoferai leurs opinions , en rapportant fcrupuleufement leurs propres termes , rendra la queftion fas cile à décider.

+

RECHERCHES

SUR L'ORIGINE DES DÉCOUVERTES ATTRIBUÉES AUX MODERNES.

PREMIERE PARTIE

CHAPITRE PREMIER.

Méthode de DESCARTES , & fa Logique : Art de penfer de LOCKE.

E À . Syflêmes de 9. Duvrs plus d’un fécle , quelques pme, Pen mes célebres ont propofé, fur la logique &la Mallebran- ; 2. SET £ che, Leibnitz métaphyfique , des idées qui ont paru nou- 8 Locke,puie es çuez cs

velles, Defcartes, Leibnitz, Mallebranche& anciens.

Logique de Defcartes.

Premiere

Regle.

12 L'AOYCMITO AU E.

Locke ont été regardés comme des innova- teurs en ces fciences, quoiqu'ils n’aient rien avancé qui ne fe trouve aufli clairement ex- pliqué dans les ouvrages des anciens que dans leurs propres écrits, comme il eft aifé d’en juger après un long examen de leurs principes rapprochés & comparés enfemble.

10. Avant que d'admettre aucune métho- de, Defcartes pofe (1) pour premier princi- pe, qu'une fois dans la vie, celui qui cherche la vérité, doit , autant qu’il eft poffible , dou- ter de tout ; & enfuite 1l propofe quatre régles principales, dans lefquelles confifte toute fa logique (2).

11. : La premiere eft de ne recevoir ja- » mais aucune chofe pour vraie, qu'on ne la » connoifle évidemment être telle, c’eft-à- » dire, d'éviter foigneufement la précipita- » tion, & de ne comprendre rien de plus en

(x) Cartefii principiorum Philof[orhiæe pars E. Je sT

(2) Cartefit Differtatio de Methodo , feët, 2, p. 7; Ed. Amflerd. 1692, in-4. apu& Blaeu.

DE DESCARTES, 13

» fes jugements, que ce qui fe préfente fi » clairement à l’efprit, qu'on n'ait aucune » occafion de la mettre en doute.

12. » La feconde, de divifer chacune des » difficultés qu'on examine, en autant de » parties qu'il fe peut, & qu'il eft requis de » les réfoudre.

13. » La troifieme, de conduire par ordre » fes penfées, en commencant par les objets » les plus fimples & les plus aifés à connoi- ”» [re, pour monter, peu à peu , comme par » degrés , jufqu'à la connoiffance des plus » compofés , & fuppofant même de l’ordre » entre ceux qui ne fe précedent point na- » turellement les uns les autres.

14. » La quatrieme, de faire par-tout des

Ÿ

dénombrements fi entiers (1), & des re- » vues fi générales, qu'on fe puiffe affurer » de ne rien omettre «.

(1) Arf. Analyt. Pofler. lib, 2, c. 14, p. 174. Oùro pes RadiQrre ési else re oùd es repair las. Ac fingula quidem ita perfequendo , facilè eric videre nùm prætermittatur quidpiam. Vid. ad finem hujufdem Sapitis , p, 176. A, lin. 9 feq.

Seconde

Regle,

Troilieme Regie.

Quartrieme Regle.

indiquées dans Arif- totc.

14 Étror er o0E

15 Sans avoir recours aux fceptiques pour y trouver ce doute, & cette circonfpection fi vantée en Defcartes, on voit dans Ariftote ce premier principe clairement énoncé, & fortement recommande, par les mêmes rai- fons qu’allegue Defcartes. » Celui, dit Arif- » tote (1), qui cherche à s’inftruire, doit pre- » miérement favoir douter ; Ze doute de l’ef-

(1) ANATKH œps Th imiénrouuém émise ms 9iiv e = \ KE » # = \ + ApRes , ape Toy » Trépl @y Top AT I d'a TR: TOY, Tavla dE ÊS1y dca mejl dury dAAUS mA iQori TUES | MY EL TI UpIS Tor a

LA ! \ D » A nl Tux avor ZpaTOy ZT'OPEMIPUELEVOY, E çt de TOIS LUF OPAT 0 Govnout- vis mpoïpyoo To d'amopüru anüs. H' ap Üsepo tumopie, Aüris Ta mpôrepoy émopouivar Eçi* Aüey oùx Esiy dyrconræ ro d'erusr, ADN 4 Tüs davias dmopiu d'ynoi roro épi Ted mpaypales.

Ad illam, quæ quæritur, fcientiam necefle eft, imprimis nos percurrere , de quibus primo dubitan- dum eff. Hæc autem funt, & quæcunque de eis aliter exiftimarunt , & fi quid ultrà hæc prætermiflum fit. Eft autem opere pretium aliquid facultatis habere vo- lentibus , benè dubitare. Nam pofterior facultas , folu- tio eorum eff , qua antè dubitata fuerunt. Solvere au- tem non eff, cùm nodus ignoretur : [ed intelleétäs haft- tatio , manifefium hoc de te facir. Metaphyfic. lib, 2 , cap. 1, pag. 858. E.

DE DESCARTES. 1$ » prit conduit à manifefler la vérité «. Et un peu plus loin : » Quiconque cherche la vérités » fans commencer à douter de tout , eft f[em-

A dti Vus d'ucyepeias releogpetroy mrérus mpôriper , Toëran TE XAen , # die To Toùs Cyroèvras PAT] To darrogirat

2 L { Ts 12 1 Ce 1 , 27 \ \ FOOTOY | OHLOIGUS Ei@i TOis A0 du Bad iQ dryvooïrt | Kj Æp°S

# ss 7 \ \ 1 4 D] \ / . TOUTUS , oùd GOTE TO Qnlopesvor EVONXE) f Fn » YUOTKEAN ro yue TÉAes Toru piy êv d'inoy, TS CE xaNDS TrpONTUp=

1 4 À / a 7 LL \ à: / \ xort, E ri d'e Lenrioy avwryxn EXEN ZpoS TO XpIVEI , TOY WIR » / \ = 2 / / » / LA ayTid 20v #y Ty auQurenTouvrey ÀcyQY GxYXOOTE TANT ON.

Quare omnes primo difficultates fpeculari par ef, ê& horum gratià , & proptereà quôd illi, qui quærunt, nifi primo dubitent , fimiles illis funt , qui quonam ire oporteat , ignorant : & ad hæc neque utrum invene- rint quod quæritur , an non , cognofcere poffunt. Finis etenim his quidem non eft manifeftus : i//i au- tem, qui anteà dubitaverit , patefcir. Item, melius fe habere necefle eft illum ad judicandum , qui tan- quam adverfarios | omnes utrinque rationes oppofi- tas audiat, id. p. 859. À.

Tlegi vyœp roëray émévr@v | jiôvo) XAMEMOY To EÜMopAT EL TS dnleias , GAN où0t ro dianopirus Aôyw badioy xu- Aüs.

De his enim omnibus non mod invenire veritatem dificile , verum neque bené ratione dubitare facile eft. id. P- 860. À,

Méthode de Defcartes.

16 MIE TEL b‘E

» biable à quelqu'un qui marche [ans favoir » il va ; & qui, ne connoiflant point le but 1l fe propofe d'aller, ne peut favoir s’il » y arrivera non; au lieu que celui quia »# fu douter, trouve enfin le but il doit

C2

» S'ANTÊTEL «4

16. Le mème auteur, parlant de la mé- thode que l’on doitobferver dans le raifon- nement, enfeigne à commencer toujours par les chofes les plus évidentes, & les plus con- nues, & à répandre du jour jufque dans les élé- ments , & dans les principes des chofes les plus obfcures, en les divifant, & les définiffant avec foin (1) : en quoi il femble que Defcartes ait

/ \ 2/ , el el \ 72 (1) (Tore yop oiouede ywconev Exasoy , CTay Ta œirix L] / \ u NAN er SPA \ = . 3 More TE TpÈTE , N) TOUS CPAS TOUS MPÔTOS , 1 MEXCA = / 2 et « = \ / > / 1 TOY goiEiey ) à OV 67 y T#S REC Quotuws EmISHUYS CH ! / 0 \ LU / ! Ni > Trio more g doi ru me Tus dpyus. IliQuxe de tx Je ! CT SUR OTES x , > À \ Toy yragsuortsor suis y cs 4jj cupestpar | mi Ta cupi= Ÿ id ! / \ sex TA Qios | 1] YNOgAHUTEg. . à « + à AIGTEP GYAYXY TOY / es LA 2 nu > r: \ ne à TROMOY TUTO MOOWYEW EL TOY MraQEEpar uv TA Qoots. +... ini Ta Es 7 QÜrtu 1 YIOLAMATEe ; V'5ee v ÉmE Tu capes TA Quoi 4 YINGAUWTEG . «à: À 5609 \ » Z. LA / \ Lod L : \ dE éx ToUTEy YIETAI VOCAUE TU Sy , 1 &i dpyal, à n \ » ! Jar \ > lupodrt Tavra, Aio fx ray auloñcu , Emi T& Hu Exaçæ ed exp di Ze give, LA adopté

DIEU DE SICIARUT ES. 17 adopté jufqu’à fa maniere de s’exprimer.

17. Defcartes étoit perfuadé qu'il avoit découvert le premier larme la plus propre à battre en ruine le’grand boulevard du fcep- ticifme, en déduifant du doute mème une vé- rité fondamentale ; & il croyoit avoir formé le premier ce fyllogifme ; Je doute [ou je penjt, ] donc je fuis. En effet, on lui a long- temps attribué l'honneur de cet argument, qui fe trouve cependant dans S. Aucuftin. Je ne vois pas, difoit ce grand homme, ce

Tunc enim putamus unumquodque cognofcere , cum caufas primas noverimus , & principia prima , & ufque ad elementa ; perfpicuur eft, hic quoque tentandum , ut primüm definiantur ea, quæ ad prin- cipia naturalis fcientiæ pertinent. Naturaliter autem

conftituta eft via ab ïis, quæ funt nobis notiora, &

clariora , ad ca, quæ funt clariora, & notiora na- turâ......Quare necefle eft hoc modo progredi, nimirüm ex iis, quæ naturà quidem funt obfcurio- ra...... Deinde ïis, qui hæc dividunt , ex ipfis elementa & principia innotefcunt. Idcirco ab univerfa- libus ad fingularia progredi oporter. Ariflor. Phyfic. Aufcultat. lib. 1. de methodo hujus libri, tom. 1, 2-31. AG B, Tome I. B

Argument de Defcartes : Je penft donc Je fuis ; pris de faint Au- guftin.

18 D RL INNGIL BLUES qu'il y a de ft redoutable dans le doute des Aca-

démiciens ; car ils ont beau dire que je puis me éromper ; fi je me trompe, j en conclus que je Jfuis : car celui qui n'efl pas, ne peut pas fe tromper ; & par cela même que je me trompes

je fens queje fuis (x).

Principes de Locke , les mêmes que ceux d’Arif- tore.

18. Tout ce qu’a dit Locke, dans fon Ef° fai far l’entendement humain , a été le fruit d’une obfervation exacte des principes des anciens , entre autres, d'Âriftote , lequel te- noit que toutes nos idées venoient originai- tement des fens, & difoit qu'un aveugle ne pouvoit avoir l’idée des couleurs (2), ni un fourd la notion du bruit : il établifoit les fens pour juge de la vérité, quant aux opé-

(1) Mihi effe, idque noffe, & amare, certiffimum eft. Nulla in his veris Academicorum arsumenta for- mido , dicentium : Quid fi falleris ? Si enim fallor, Jfum : nam qui non eff, utique nec falli poteff, ac per hoc [um , fi fallor. Quo argumento ufus quoque eft aliis locis. Augufl. de Lib. arbit. lib, 2 , c. 3, & idem de Civir, Dei, lib. 11, c. 26.

(2) Arifloteles Phyfic, Aufeulr, lib. 2 ,c, 1 ,tom,1,; pe 328.8,

ù E 1 OC & 19

rations de l'imagination ; & l’entendement, par rapport aux chofes qui regardent la regle de notre vie , & la morale : & il a jerié les premiers fondements de cet axiome céle- bre des Péripatéticiens , qu’{/ n’y a rien dans l'efprit qui n’y foit entré par les [ens ; lequel eft une conféquence de plufieurs endroits dif- férents de fes ouvrages (1). Mais fur-tout

(1) Ex fenfu memoria ; ex memorià experientia ; ex multis experimentis in unum collectis exfurgic univerfale , quod apprehendit intelle@us, ex quo aliquid concludit diévow, Arifloteles Analyuic.-Pofte- rior, lib, 2, Traéfatus 4 , cap. 19, vel ultim.p. 199, C. D. E. & feq. Edit, Duval. 1619. Vide & Averroëm in hunc locum.. .. Et Diogeres Laertius in Ariflotelem, lib. 5 ; Jeë&, 29.

» Jl eft bon de remarquer ici, que cet axiome de » l’école péripatéticienne, nihïl elf in inrelleclu quod » non prids fuerit in fenfu , n’eft point d’Ariftote, » comme on le croit ordinairement, ni même de fes » plus anciens commentateurs : c’eft un des axiomes » introduits par les fcholaftiques , & appuyé princi- » palement fur le paflage précédent , & fur dernier » chapitre du fecond Livre d'Ariftote de änimä. A la » fuite du paflage rapporté dans cette note, fe trouve

B i

Locke com- paré avec les Stoïciens.

20 FR TI NNCIT PNE S

Locke a puife chez les Stoïciens ce qui fait le fond de fon fyftème : une courte expoli- tion des deux fentiments fufhira pour en con- vaincre le lecteur.

19. Le philofophe Anglois fait, des fen- fations , les matériaux dont la réflexion fe fert pour compofer les notions de lame : les fenfations chez lui font des idées fimples, dont la réflexion forme les idées complexes ; c’eft le fondement de fon livre, dans le- quel , il eft vrai, qu'il a répandu un grand jour fur la maniere dont nous acquérons nos idées, & fur leur affociation ; maisil eft clair aufli, pat tout ce que Sextus Empiricus, Plu- tarque & DiogeneLaërce nous ontconfervé de la doctrine des Stoïciens , qu'ils raifonnoient de la mème maniere que Locke à fait de nos jours; & on peut juger, par ce qu’en dit Plu- tarque, que fi tout ce qu'ils’ont écrit fur ce

» feulement cette expreflion : itaque nec infunt def » niti habitus ; nec fiunt ex aliis hatitibus notioribus , » fed ex fenfu ». Wid. Philopon.ir hunclocum, p. 149, col, 1. Themiflium in eund. loc, cap. 35 6 37.

DE LOCK: ES 21

fujet (dans les ouvrages dont il ne nous refte que les titres) étoit parvenu jufqu’à nous, nous n’aurions pas eu befoin de l'ouvrage de Locke. » Le fond de la doëtrine de Zénon » & de fon école fur la logique, étoit que, » toutes nos notions nous viennent des » fens (1). L’efprit de l’homme, à fa naif-

tn)

(1) Oi Eroinai Quri , O'rey yes © @yIpomos | Eyes TD yuounoy pégos vhs Vuxns , üorep xéprus èpys cils dmoypaQur. tis Toro piuy ixasm Toy baby ivaroypéqilat, Tipôres de 0 Très dyeypagns vpomos , à du rüv diyrtan. AioTavapzevar mas Tios , oo Atuxo) , dmerdorlos due , prune » . 4 \ hi 7 x = / / \ ÉVOUTIY" O7CY d'e opoElC £15 TO AMI HAIHHGI EVOVT GE , TOTE QuTiy Bus Euler fume ap êst To Toy ououd av Ado, Tôv éwañv ai pr Quoinas yholei «aa Toùs éivypeevous rpomous | 94 umlecmres" ai de dy di jnilipus Mid'urnæ-

! \rs / . 2 \ ca C4 Col / Mas, Ag ETIMEREIGS" AUTEAI PLV QÙV | EVIL x 0) |&i 2050), sxtuar dE x mpoarÿes. © de Aoyos, nef” D mporæyopeuo- pda Doyinoi , Ex Toy mpohrYeor œupen Ampiues Aéyéles , ne rm porn odouddu, Es dE véque Qularpa dix

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Yelus Aor/1xo” Lao.

Stoïci dicunt : Quum natus fuerit homo , is prin- cipem anime partem veluti chartam habet , -in quà

uis aliquid exarare conetur ; adedque in illà animæ q D parte unamquamque notionem à fe compararaëm in exibit, Primus verd ejufmodi fcripuionis, vel feri«

B li]

22 PiR'INOCEIUR Ets

» fance, eft femblable, difoient les Stot- » ciens , au papier blanc difpofé à recevoir » tout ce que l’on veut y écrire ; les premieres » impreflions qu'il reçoit, lui viennent des » fens; les objets font-ils éloignés, la mc- » moire fert à retenir ces impreffions ; la ré-

» pétition de ces mèmes impreflions fait l’ex-

——

bendi modus eft i/le , qui per fenfus efficitur. Qui enim objeétum aliquod fentiunt, ut album , illo fublato , vel recedente , ejus adhuc memoriam ha- bent : quüm ve-0 plures ejufmodi memorie formé inter Jele fimiles efformate fuerint , tunc Stoëci nos experi- mentum habere dicunt ; experimentum enim ef? mulii-

tudo no‘ionum plurium form& fimilium. Notionum:

verd phyficæ quidem juxta prædiétos modos fiunt ,

folo fenfuum naturæque præfidio, fine arte; aliæ ver doétrinà , ftudioque , vel induftrià noftrà com-

parantur. Jtaque he quidem notiones folum vocantur ; alla vero anticipationes etiam , vel prenotiones dicun- tur, Ratio vero , propter quam rationales vocamur, ex anticipationibus perfici, five compleri dicirur in primo feptenario, primis nempè feptem ætatis annis,

Notio vero , mentifque conceptus eft imago cogiratio-

nis, quæ ab animali rationis compote producatur. Plutarcus de Placitis Philofoph. lib. 4, c. 11. Vide & Diog. Laerr, lib, 7, fe& 51, 52,53, 54.

r

me /LioyciK\E 23

» périence. Les notions font de deux genres, » naturelles & artificielles ; les naturelles » font les vérités qui ont leur fource dans les fenfations , ou font acquifes par les fens;

Ë

è

c’eft pourquoi ils les appelloient auffi anti: » cipations : les notions artificielles fonc pro: duites par la réflexion de lefprit, dans des » êtres doués de raifon «.

Ce pañfage , & plufeurs autres que je rap- porte ci-deffous, tirés d'Origene (1), de Sex: tus Empiricus (2), de Diogene, de Laërce (3)

ÿ

(1)....Stoicorum, qui fublatis à medio naturis intelligentibus , contendunt : quidquid intelligitar, fenfu intelligi , & nihil efle in int Ueëlu quod à jenfu non pendeat Aiduoe nalanautarour ra nalanaubaenee , x) mare ndlr Gplader rüv idyesur, Origen. contra Celfum , (16. 7, feët. 37. Stanley, Hifl. Philo/oph, Edic. latin. tom, 2 , p.157, col, 1.

(2) Omnis enim intelligentia oritur à fenfu , &c. Sextus Empir. adverfus Marhemat. lib. 8, fe, 6, P. 467, 468. feq. lib: 3, Jié. ao, p. 3173 dib.9 3 feët. 393 eg. p. 625, & adverf. Ethic, lib. 1x, feët, 250, P. 734:

(3) Diogen. Laërt. in Zenone , lib.7, fil. 52:93. Brucher, 10m. , p.916.

B iv

14 PERNTONOCAL M Es

& de Saint Auguftin (1), peuvent fervir à tracer la véritable origine du principe : Qw’1/ n'y a rien duns l’entendement qui n’y [oit entre par les fens ; & je ne fais comment il eft ar- rivé qu'on l’a de tout temps attribué entiére- ment à Ariftore & à fon Ecole, plurôt qu'aux Stoïciens & aux Epicuriens (2), chez qui il fe trouve beaucoup plus clairement indiqué. Cette erreur eft fi généralement reçue que plufieurs Savants n’ont fait aucune difficulté de citer l’axiome mème, comme fe trouvant en propres termes dans Ariftote (3); en quoi

(1) Stoïci dialeétam à corporis fenfibus ducendam putaverunt. S. Auguff. de Civ. Dei, lib, 8, c. 7... Nemefius de natur& hominis , c. 6.

(2) Namque omnis ratio à fenfibus pendet : z&s yep Aoyos dm duourta Yplarei. Diogenes Laërtius, Ub. 10, feét. 32, 6 ultrà : namque & mentis atten- tiones omnes à fenfibus manant , &c. Gaffendi in hunc locum , tom. $ , Oper. p.8, col. 1, & p.48, col. 2. Vid. & Cic. de finibus , lib. 2,c. 19 , p. 1004. Quid- quid porrû animo cernimus , id omne oritur à fenfi- bus. Brucher , tom. 1, p. 1257.

(3) Gafendi Oper. tom. $ , p.49, col. 2. Har- vaius in Prafatione ad lib, de Gencratione animalium.

Dis LiOoiCciRE, 2$ j'ai reconnu , après les recherches les plus exactes , qu'ils s’étoient trompés pour avoir négligé de confulter l'original.

Idées innées

de Piaton ,

adop: ées par

Deicarres Leibnitz,

&

26 LD'ÉES 1 N N'ÉE'S

CPIT OA PO STORAN EU PEL

Idées innées de DESCARTES de LEIB- NITZ , tirées de: PLATON, HÉRACLITE, Pyrmacore, & des Chaldéens. Syfléme de MALLEBRANCHE , puifé dans la même Jource, & dans S. Avcusrtin.

208 L ES idés innées des premieres vérités, défendues par Defcartes & Leibnitz, & qui ont élevé des difputes fi vives & fi fubrile- ment difcutées FER les métap hyfciens de puifé leur origine dans Platon,

nl ÿ + } | s

! 1 fource féconde des

ce fiecle, ont

vérités 1e plus fublimes pour un efprit attentif, Ce a philofophe, qui a mérité Le furnom de divin, parcequ’il a le mieux parlé de la Divinité, avoit cepen- dant un fentiment erroné & particulier fur Porigine de l'ame, » qu'il difoit être émanée » de l’eflence divine elle s’étoit imbue de » la connoiffance des idées; mais qu'ayant » péché elle étoit déchue de fon premier état,

» & avoit été condamnée à demeurer unie au

Le Satin

TT TT gl OP SE SET EE ET

RS Te rte CLS Enr D

DE) "PE A1 TIOUN. 27

» corps , dans lequel elle étoit retenue com- » me dans une prifon (1); & que l'oubli de » fes premieres idées éroit la fuite néceffaire » de cette peine : ilajoutoit que l'avantage de » la philofophie étoit de réparer cetre perte, » en ramenant l’efprit peu à peu à fes pre- » mieres connoiflances ; & que cela ne pou- » voit s’accomplir qu'en l’'accoutumant com- » me par degrés à connoitre fes propres idées, » & , par un reflouvenir complet , à com- » prendre fa propre eflence , & la vraie ef- » fence des chofes «, De ce premier principe de lémanation divine de l'ame dans la philo- fophie de Platon, il s’enfuivoit donc natu- rellement que l’ame (2) avoit eu autrefois en

(1) Animus gravi farcinä preffus , explicari cupit, & reverti ad alia , quorum fuit ; nam corpus hoc animi pondus, ac pœna eft; premente illo urgetur, in vinculis eft, nifi acceffit philofophia , & illum refpirare rerum naturæ fpeétaculo juflit , & à terrenis dimifit ad divina. Hæc libertas ejus eft , hæc evaga- tio. Subducit interim fe cuftodiæ , in quà tenetur, & cœlo reficitur. Senece Epif. 65, p.494. B.

(2) Are à oh dSérales rt cou, À AUS Ye

28 LDÉES: INNÉES

elle-mème les connoiffances de toutes cho= fes; & qu’elle avoit encore confervé la fa- culté de fe rappeller fon origine immortelle , & fes premieres connoiffances. Defcartes & Leibnitz ont raifonné de la même maniere, en admettant des vérités éternelles & pre- mieres , imprimées en nos ames; ... ils ont

————

yonie , % topguiie , 0 Ta ifade, #) ra à &dov, x) male Aphuële , oÙx is ©, Ti èu peuadmney. . . .. Are ap Täs Qirios amérys ovyleis oùrns | 494 peuaSyavies Tres Vuyis ämaile , éd one, À por évauwnnla (0 dt mdr xahoÿow adpomo ) Tanne male alor Gvvpély | téy Tis ddpties 4 , 1 ph émoxaun Crlèv ro yap Cle deg To pda | @végevmris ono ts. Plato in Menone, tom, 2, p. 81. Quuüm igitur animus immortalis fit, & fepenumerd redivivus exiflerit, eaque , quæ hic fant , & apud inferos viderit, nihil unquam rerum eft, quas non didicerit.... Quum enim univerfa natura uno quodam, cognatoque gencre continca- tur, & omnia animus didicerit, nihil impedit ho- minem uno quodam in memoriam revocara ( quod difciplinam vocant ) omnia cætera invenire , fi quis virili animo fuerit, nec inveftigando defatifcat. Nam invefligare , & difcere omninô eff reminifceniia. Confer, p. 35, n Epimonide , tvm. 2, p. 974, & in Phad, 10m. 3, P. 249 à UbE: Toro ésir évépeyeis Extiror , &

DAET (PPLUANE ON: 28

fubftitué la préexiftence & la création des ames à leur émanation de la Divinité , en- feignée par Platon ; & ils ont défendu ce fyf- tème avec les mèmes raifons , dont s'étoit fervi Platon, & qui paroiffent être puifées dans cet auteur mème.

mor ide) pur n Vox courpuItüire ra a. Hoc eff recordatio illarum rerum , quas olim vidit animus nofier cum DEo profeitus.

Et à l’occafion du mot cu in Cratylo, tom.1, pag. 400. Kai Zfuæ Tuts Qurn dulo (sue) tive ris duvis, ds riJagmtins à r@ vo mraporrt. Nam fepulcrum animæ corpus effe aiunt quidam , tanquam ad hoc quidem tempus anima fit in corpore fepulta. Et peu après : Aoxobos pilou por pére bide oi Gui Orge rüro ro ovoue , os dixm Odoions ris Vuyñs, &v d'h evene O'id'uri roro dE zrspiGo nor een = 07 ruÿrres, à ET ua zuplou cinove ele Ts Vuyis Troèro adro , Grmtp évouu= Gerai, Eos dy ixrion Tu iQurousve, To rèuæ Videntur tamen mihi Orphæi ftudiofi , iftius vocabuli origi- nem optimè notafle , videlicet, ut fignificetur anima pœnas pendere , & quidem explicari, quà de caufà pœnas pendat. Animam igitur, quafi vallum, clauf- trumque, carceris fcilicet imaginem , hoc corpus circumferre , ut ip{a fervetur, ac proinde illud ipfum animæ efle corpus, quod præ fe fert voçgabulum , doncec quæ debet anima plené in corpore perfolverit,

Syflême de Mallebran- che fur les idées , puifé chez les Chal- déens , dans Plaron, &c.

Expofition du {yftême de Mallebran- cne.

30 IDÉES 1NNÉES

21. Mallebranche parut enfuite fur les rangs pour défendre les principes de Defcar- tes, & s’engagea lui-même à foutenir une opinion fur la nature des idées, qui étonna tous les efprits par une fingularité apparente, que l’on traita ptefque d’extravagance, quoi- que ce philofophe n’eût cependant rien avan- qui ne puifle s'appuyer fur l'autorité des plus beaux génies de l'antiquité , tels que Py- thagore , Parménides, Héraclite, Démocrite, Platon & Saint Auguftin ; fans faire mention de l’école Chaldéenne , d’où l'opinion du P. Mallebranche femble être premiérement dérivée. |

22. Dans feconde partie de la Recher- che de la vérité, cer auteur célebre , après avoir défini l’idée , l’objet immédiat ou le plus proche de l'efprit , quand il appercoit quelque objet , démontre la réalité de l’exiftence des idées, en faifant voir qu’elles ont des proprié- tés ; ce qui ne peut jamais arriver au ncant, qui n’a point de propriété: 1l diftingue enfuite les fentiments d'avec les idées ; il examine les cinq différentes manieres dont l’efprit peut

PER NOTES D PORN NS DUT UE

DE MALLEBRANCHE. 3t

voir les objets de dehors ; 1l réfute les quatre premieres, pour établir la cinquieme, qui eft celle qu’il foutient être la feule conforme à la raifon, & qu'il expofe, en difant quil eft abfolument néceffaire que Dieu ait en lui- mème les idées de tous les êtres qu’il a créés, puifqu'autrement il n’auroit pas pu les pro- duire : il ajoute qu’il faut de plus favoir que Dieu eft étroitement uni à nos ames par fa préfence ; de forte qu’on peut dire qu’il ef le lieu des efprits , de même que les efpaces font dans un fens le lieu des corps; & il en conclut, que l’efprit peut connoïtre ce qu'il y a dans Dieu qui repréfente les êtres créés, fuppofé que Dieu veuille bien fe communi- quer à nous de cette maniere; ce qu’il prouve enfuite par des raifons qui ne font plus de ce fujet. Et, dans fes Entretiens métaphyft- ques (1), il fait remarquer que Dieu , ou la raifon univerfelle , renferme les idées qui nous éclairent , & que les ouvrages de Dieu ayant été formés fur ces idées, on ne peut

(1) Troifieme Entretien, Seét, IL,

Mallebran- che autorifé des anciens.

Doétrine des Chaldéens fur les idées.

82 IDÉES INNÉES

mieux faire que de les contempler pour dé- couvrir la nature & les propriétés des êtres créés.

23. On a commencé par traiter Mallebran- che de vifionnaire, pour avoir avancé ces fen- timents, quoiqu'il les eût accompagnés des preuves les plus judicieufes & les plus foli- des que puifle fournir la métaphyfque , & on n’a point fongé à l’accufer de plagiat, quoique fon fyftème, & fa maniere de le prouver , fe trouvaffent à la lettre dans les auteurs anciens que je viens de nommer.

24. Pour mieux juftifier la vérité de ce que j'avance ici, je commencerai par rapporter la doctrine des Chaldéens (1), laquelle paroit

peut-être expofer moins clairement ce fyftè-

(1) l'dtus de vopaiGours voy per ras rod males éwoius , vüv roùs maSéhou Doyous Qurixoès gg duxinois xgf voñlois , vo ras témpquivas ray olay ünapésis, Ideas cenfent ( Chaldæi) modo Patris cogitationes , modo univerfi tationes naturales , animales & intelleétuales, modo etiam abftractas à rebus fubftantias. Pjellus in breyr dogmatum Chaldaicorum expofitione. Extat apud Lambeccium in Prodrom, Hiffor, liter. p, 115, in. 9.

me ;

CHEZ LES ANCIENS. 33

me; mais cela doit être plutôt attribué à l’é- loignement du temps & au peu de fragments qui nous reftent de leurs écrits, qu’à toute autre raïfon ; & afin de les rapprocher nous en partie, voyons ce qu’en dit Proclus, qui éroit plus à portée que nous de les en- tendre. Voici les (1) vers que cet auteur rap-

(1) Noès Tlapos épici@noe vonras éxuñri Boni

TlapeuopQous idtus | muyus à mo pus éncrlèca

E’Éog gr mralpoder yap Env ovnn TE, Téos re.

Mens Patris ftriduit, intelligens indefeflo confilio

Omniformes ideas ; fonte 1erd ab uno evolantes

Exilierunt ; à Patre enim erac & confilium, & finis.

Oracula Chaldæzorum , v. 100.

ADDX mine , Vopo mupi munies ,

Eis d)das votpus | xoTUA ap dvaË monvuspQe

Degidyner vorpor réroy GQDilor , tale xiopr,

Lys Emirates popQhs, va de nos iQarIn

Toloicus 1d'eœus EL CLATIEVOS , à puis Zyyn. EC,

Sed divifæ funt , intelle@tualem ignem forte naûæ,

Jn alias intelleétuales , mundo enim Rex multiformi

Propofuit rntellelualem typum , incorruptibilem , non ordine ,

Veftigium properans formæ , prout mundus adparuit

Omnigenis ideis donatus, quarum unus fons. &c. V. 10f+

Tome I, G

54 PDÉES. ENINEÉUENS

porte ; & après avoir cité ces fragments, qu'il regarde comme des oracles des dieux, 1l dir: » Les dieux déclarent ici fe trouve l’exif- » rence des idées ; quel eft ce Dieu qui en eft » la fource unique ; comment le monde a été » formé d’après leur modele ; 6 comment elles » font la fource de toutes chofes : d’autres » pourront découvrir de profondes vérités » dans leurs recherches fur ces notions divi- » nes; pour nous, il nous fuffit d’y voir que » les dieux eux-mêmes ratifient les contem- » plations de Platon , en donnant le nom d’i- » dées à ces caufes intelleüluelles ; & en afhr- » mant qu’elles [ont l’archétype du monde, & #” la penfée du Pere ; qu’elles réfident en effer » dans l'intelligence du Pere , & procedent de

Nosuever Luyfes *X rapedey votouri x) aûrai , Bovais aQYtyxloirt xivoëpeeve | @sE verras. Intelletæ ideæ à Patre intelligunt & ipfæ,

Confiliis ineffabilibus motæ, ut intelligentes. Ve 117

* Sur le mot l'vylec, voyez Petri Lambeccii Prodrom. Hifle liter. p, 108 à la marge, Lib. 1. ç, 7,

CHEZ LES ANCIENS. 3$

» lui pour concourir à la formation du MOr=

» de (1).

J = 27 e (1) At robrur eEiQnas oi becs # mou Tor id't5v n urosa- \ , * is, ng4 ris Ve ésiv © rhv y aolay rs puias miesty er. Kaï dr US in TAS MYYAS TUUTYE Zrpotirs ro mhnos. Kai mas 0 x6r= pos dd'ypuoipyiler ad dures , 494 071 xplixei malüy trs TOY XOTUX OV UF MAÉ TOY » Ÿ GTI acul VoEegi HOT TAY UTILE, Kaï orr muloias nul ras idiclyres ti, Ko mod y ris de me Ta tényuriy Toy Beilay rouler veyuarüy EuTivas x Y e bewpareer. ADX& y To yep rordbrey , v Tao ærapoil | Aym Toy, NL aie = / ou Ori 494 ect ais T0 mAwraus Emibonais , éuapripnrur, » ! \ \ / Ù \ » T'deas rt xaherules vus votpus ravlas airias Kai xur das rumoddoi roy morgso turovrts, E'i roi rùy 44 Aoyos ma our AUS MIS TH EPA TOTU MOYEN , 2 oi copoi mes avlay ES mharay | zUŸwr/c Gp QE > ci Oeoy Toù CUVMET UT ON ; ; VoCas , op@Evs , 4; ci Bec TouTois e > \ # re érapyüs Ecaflopice | cum Qegilistey ro roQisi# dv Aérya, . EPL SE = » » / È] e » las sav] EyhEy Evo , évo ÉMIS HpLOVILOY , av) évyles _. \ e : < , Acyolar. ZaxQus yap oi becs Epixarw L os EWOlXS ToU Tales SAN / + Te CS / / A je / tri. Mévours jap Ev Taus vañcert rod mulegs , 1) ds me gEproilas h \ 02 V4 à) 4 7 \ # / ARS Thy Toù moruou O'ypoupyias. P'obyris yap ss 4 æpood'os or , 194 às magepeopQos tri, Ales un mévroy TÈv preas ay / \ » 1 \ CE ne / > miepeoura ras dirias, Kai @s do Toy myyaiey ide» GRAS FRA dur I ui nale pr xyp@T dpusvet Th TOd Y » 2 A] norpou d'ypuouyyies. À meograropiuoiles ousnverw torciiett , 54 « \ C2 / 7 Se = os yenilus ray dieser es. Proclus , tertio in Parme nidem libro, MS. inbibliorhecä Harlaiana , n°, 5671» C 1j

Nombres de Pythagore , les mêmes que les idées q de Platon.

36 IDÉES 1NNÉES

25. Quant au fentiment de la fecte [rali- que , il eft affez généralement reconnu de tous Les favants que Pythagore & tous fes dif- ciples ont prefque entendu la même chofe par les nombres , que ce que Platon a enfer- gné fur les idées. M. Bruker a mis cette queftion hors de doute dans la favante hif- toire qu’il a écrite des idées, & dans plufieurs endroits de fon excellent ouvrage fur lhif- coire de la philofophie. Il fait voir que les Pythagoriciens s’exprimoient, à l'égard des nombres , dans les termes mêmes employés par Platon ; il les appelloient 74 üyrws üvra, reyerà exiflentia (1); c’étoient les feuls êtres

fol. p. 126. Vid. Fabric. bibl. gr. tom. 8 , p. s30. Fragmentum ex illo Commentario produxit Clericus Not. in Oracul. Chaldaor. v. 100 , tom. 2 , Oper. Philofoph. p. 361 ; federrorem commifit in citatione.

(1) Ta ous we, ra nala, 30 orales ds: diurenoïyle éy xooua , 9) oùdrole rod eiveu Elise | oO im Gex. rar” dy y Tu AE | 4g4 Gy raw perouriay ExrTey XoiTey : F ouonwubs lo anouévar , To dE ri Aéyélei, 494 èsh Reverà exiftentia, quæque fecundum idem , ac eo- dem femper modo funt perfecta , & nunquam, ne

CHEZ LES, ANCIENS. 37

‘qui exiffaffent.... véritablement , éternelle. ment immobiles ; ils les regardoient comme des êtres incorporels , & par qui les autres êtres participoient à l’exiftence.

26. Héraclite adopta les premiers princi- pes des Pythagoriciens, & les expofa d’une ma- niere plus claire & plus fyftémarique ; 1l di- foit (1), que tout dans la nature étant dans

minimo quidem temporis momento , immutantur. Hæc vero efle expertia materiæ , ac quorum per par- ticipationem cætera , quæ æquivoce dicuntur efle , funt ac dicuntur : ut ex Pythagorà habet Nicomachus in Theologumenis Arithmeticts.

(1) ZEuéen n ep À UdVoy d'oba rois timodet , dix Ta mue mepi annSies | rois H'egrAcileios Acyois | @s may rar À cuQyley des parler | üe Hmip imishun Tios sai, nf Qovaris , éréegs dei Tuas Qous es , map ras did yles 7 gsvolres" yap tive peoïlas imiolnem. ADN 0 pi Toxeg- zys Ta xaŸodov poensa mois, oùOt Tous ogarpous. Oi dk Exôpires , 1 Ta rule , oflav idtus megrwyopeurer" bis cuééeues dulois eo ra avla Aoyo , male idtus ea À xu%onou neyouwar. Contigit vero opinio de ideis , illis, qui proptereà quod de veritate perfuafi eflent , adhæ- ferant Heracliti placitis, quôd finfibilia omnia femper fluane. Quôd fi igitur fcientia alicujus rei vel pru dentia fit , oportere alias quoque exiflere naturas pers

C ui

Opinion d'Héraclire,

Démocrite a précédé Mal- lebranche en fon fyltême , fuivant Bay- le.

38 IDÉES INNÉES

un changement perpétuel , il devoit y avoir des êtres permanents, [ur la connoiffance def- quels toute la fcience fût fondée, & qui devoient Jervir à régler notre jugement fur Les chofes [en- Jibles & changeantes.

27. Démocrite enfeigna aufli l’exiffence des idées univerfelles des chofes ; qu’il croyoit être participantes de la Divinité ; d’où elles étoient émanées (1). M. Bayle (art. DEmo- CRITE , 2016 p.), en comparant le fentiment

manentes prater fenfibiles. Non enim fluentium dari fcientiam. Verüm Socrates quidem univerfalia non feparata pofuit, neque etiam definitiones. IIli verd fepararunt , ac ejufmodi ( univerfalia ) ideas entium appellarunt. Quarè ferè accidit eis eâdem ratione , ut omnium , quæ univerfaliter dicuntur , idea fint. Ariflo- teles metaphyf. L. XI. c. 4, p. 957.

(1) Democritus tüm cenfet , imagines divinitate præditas inefle univerfitati rerum ; tum principia , mentes que, quæ funt in eodem univerfo , Deos effe dicit; tum animantes imagines, quæ vel prodeffe folent , vel nocere ; tüum ingentes quafdam imagi-

es, tantas que , ut or mundum complec- tantur , extrinfecus. Crc. de natur& Deor, lib, E, fe, 165 , p. 200.

CHEZ LES ANCIENS. 339

de Démocrite avec le fyftème de Mallebran- che, s'exprime en ces rermes: » Prenez bien » garde que Démocrite enfeignoit que les » images des objets font des émanations de » Dieu , & font elles-mêmes un dieu ; & que » l’idée actuelle de notre ame eft un dieu ; y » a-t-1l bien loin de cette penfée à dire que » nos idées fontren Dieu , comme le P. Mal- » lebranche l’a dit, & qu’elles ne peuvent » être une modification d’un efprit créé ? ne » s’enfuit-il pas de que nos idées font Dieu » Jui-mème? « Non, pourroit répondre un Mallebranchifte à M. Bayle ; la conféquence que vous tirez ici contre le P. Mallebranche n’eft ni jufte, ni néceffaire. Dire que Dieu nous communique les idées qui font en lui, n’eft pas dire que nos idées font Dieu lui- même ; ce font toujours les idées éternelles de Dieu, que nous appercevons ; & quand nous les appellons nos idées , nous parlons ainfi abufivement, pour dire la maniere dont nous contemplons ou concevons les idées que Dieu nous communique. Mais ce n’eft point ici le lieu de défendre Mallebranche, il fufhir à C iv

Doctrine de Plaron fur les idées.

40 IDÉES INNÉES

mon fujet de repréfenter l’analogie de fes principes avec ceux des anciens.

23. Paffons à Platon , celui de tous les philofophes qui, pour avoir le mieux expli- qué & détaillé ce fyflème, a mérité d’en être regardé comme Île premicr auteur. » Platon » donnoit l'appellation d'idées à des fubftan- » ces éternelles, intelligentes, qui éroient, » à l'égard des dicux, les formes exemplaires » de tout ce qui avoit été créé, & à l'égard » des homines l’objet de toute la fcience, & » de leur contemplation pour apprendre à » connoîïtre les chofes fenfibles. Le mon- » de /1) avoit toujours ex1fté, fuivant Pla-

(1) To de intoxemléor mepi vod ( xormov) | ærpos mrorip 9 P margderyuéray 0 reilaveusves duroy àmtipy@Qero" OT og mpos To aol Taurt , 19 druirus yo, n pos To yéyoves* & péey d'u vues Est 0Ùe D xorpes , 0TE d'mpuovpyos dryabos , d'énor, ds mpos ro did'ior tonemer. Eid'e (0 und eimeiv ren Begue ) epos ro yeyos. Tail cugés | ori pos ro ider,

Illud confiderandum eft de univerfo, ad quod exemplar opifex illud fit architectatus, effeceritque, an ad illud, quod earum eft rerum , quæ eodem modo femper habent , quod femper unum, & idem eft fui fimile, an ad id, quod generatum , ortumque

CHEZ LES ANCIENS. 41

» ton, dans les idées de Dieu , lequel ayant » enfin déterminé de le faire exifter tel que » nous le voyons , le créa fur ces exemplai- » res éternels, & forma le monde fenfible » fur l’image du monde intellectuel «. Cicé- ron , parlant de ce fentiment de Platon, dic(1): » qu'il appelle les formes des cho- » fes idées ; qu'il n’accorde point qu’elles

diximus. Atqui fi pulcher eft hic mundus, fi bonus eft ejus opifex, perfpicuum eft , ipfum ad fempiter- num illud exemplar refpexiffe , fin minus, (quod diétu quidem nefas eft ) generatum exemplar fibi propo- fuit. At quilibet fanè perfpexerit , fempiternum exem- plar fibi propofuifle. Plato in Timao, tom. 3 , p.18.

Et in eodem Dialogo : opuonoynleor sbar ro nale ravle bo ados | dyewrlor, 2 due gr, oùo* €is tælo tird eg opee- vor Do AANoTEy | oùre duo is &GAAo molor , doggilor dE, #) das évæicOnlor roro, © d'u vonris inner émirxemiw. Necefle eft, efle fpeciem , quæ femper eadem fit, fine ortu, atque interitu , quæ nec in fe accipiat quidpiam aliud aliundè , nec ipfa procedat ad aliud quidpiam, fenfuque corporis nullo percipiatur ; atque hoc eft, quod ad folam intelligentiam pertinet.

(1) Has rerum formas appellat ideas Plato , eafque gigni negat , & ait femper efle, ac ratione, & intelli- gentia contineri, Cic, de Orat. N°. 10.

Occafon de cette opinion chez Platon,

S. Anguftin a fuivi Pla- ton, & Mal- lebranche les a copiés LOus deux.

42 IDÉES INNÉES

» aient été produites , mais qu’il leur donne » une exiftence éternelle, & les fait réfider » dans la raifon & l’intelligence de Dieu «.

29. Nous venons de voir, en expofant le fentiment d'Héraclite , ce qui pouvoit avoir porté Platon à adopter cette doétrine. Admettant comme lui la fluétuation perpé- tuelle des chofes fenfibles, il fentoit que les fondements de la fcience ne pouvoient fub- fifter , s'ils n’étoient établis fur des êtres réels & permanents, qui puflent être l’objet cer- rain de nos connoiffances, & que l’efprit devoit confulter , pour connoître les chofes fenfibles. On voir bien, par les paffages cités de Platon , que c’étoit clairement fa pen- fée , & il fufhit de les mettre fous les yeux pour faire voir que Mallebranche à puifé dans cet auteur tout ce qu’il a dir fur ce fujer dans fa Recherche de la vérité, & fes Entre- tiens métaphyfiques.

30. Je ne rapporterai plus qu’un paffage de faint Auguftin, qui donnera la plus grande évidence à cette affertion, & fera voir que c'eft à grand tort que les Théologiens fe font

CHEZ LES ANCIENS. 43

récriés contre Mallebranche, pour avoir fou- tenu un fentiment qu’ils accufoient d’impiété en lui, fans jamais penfer à faire la même imputation aux auteurs originaux qu’il avoit copiés. On verra par ce paffage que, felon faint Auguftin , /es idées fon éternelles & im- muables ; qu’elles font les exemplaires ou les archétypes des créatures ; enfin qu’elles font en Dieu: en quoi il différoit de Platon qui les féparoit de l’effence divine ; & on jugera aifément du rapport parfait qui fe trouve entre ce faint Pere & le philofophe mo-

derne (1).

(1) Ideas Plato primus appellaffe perhibetur : non tamen , fi hoc nomen antequam ipfe inftitueret, non erant quas ideas vocavit, vel à nullo erant intelle&tæ. Nam non eft verifimile , fapientes aut nullos fuifle ante Platonem ; aut iftas , quas Plato ideas vocat, quæcunque res fint, non intellexifle. Siquidem in eis tanta vis conftituitur , ut nifi his intellcétis fapiens efle nemo poffit. . . . Sed rem videamus, quæ maximè confideranda eft , atque nofcenda. . .. Sunt idea prin- cipales formæ quædam , vel rationes rerum fhabiles , atque incommutabiles , quæ ipfæ formatæ non funt, ac per hoc æterne , ac femper eodem modo fefc ha-

Leibnitz eft de Pavis du P.Mällebran- che,

44 IDÉES INNÉES

31. Leibnitz étoit un peu de l'avis du P. Mallebranche (1), & il étroit affez naturel qu’il le füt , ayant adopté les mêmes prin- cipes de Pythagore , de Parmenide & de Pla- ton , comme nous Le ferons voir en paflant de

bentes, quæ in diviné intelligentiä continentur. Et cüm ipfæ neque oriantur, neque intereant , fécundèm eas tamen formari dicitur omne , quod oriri, vel interire poteff. ... Quod fi re@é dici , vel credi non poteft, Deum irrationabiliter omnia condidiffe , reftat, ut omnia ratione fint condita. Nec eâdem ratione homo, quà equus : hoc enim abfurdum eft exiftimare. Sin- gula igitur propriis funt creata rationibus. Has au- tem rationes ubi arbitrandum eft efle , nifi ex ipf& mente creatoris ? Non enim extra fe quidquam pofi- tum intuebatur, ut fecundum id conftituerit , quod conftitucbat: nam hoc opinari facrilegum eft. Quod fi rerum omnium creandarum , creatarumve rationes in divind mente continentur , neque in divinä mente quidquam , nifi æternum, atque incommutabile, poteft efle, atque has rationes principales appellat Plato : non folim funt idee , fed ipfa vera funt , quia atérne funt , & ciufmodi, atque 2ncommutabiles ma- nent; quarwm participatione fit , ut fit quidquid ef, quomodD eff. S. Auguf. lib. 83, quafi. 46.

(1) Non tamen difplicuit in totum Mallebranchii

CHEZ LES ÂNCIENS. 45 la métaphyfique à la phyfique ; il fuffira de dire ici qu'il entendoit par fes monades(1)/es êtres véritablement exiftants ; des fubftances

Jimples ; images éternelles des chofes univer- félles.

opinio magno philofopho G. G. Leïbnitio, qui in meditationibus de veris, & falfis ideis, A&is Erudir. 1634, menf. Nov. p. $41, infertis, eam, ait, ft fano fenfu intelligatur , non omnind fpernendam elfe, ita zamen , ut præter illud , quod in Deo videmus , neceffe fit, nos quoque habere ideas proprias , id eff, non quafi icunculas quafdam , [ed affeitiones , five modificationes mentis noffre refpondentes ad id ipfum , quod in Dea perciperemus. Brucke , p. 1166.

(1) In Epift, ad Hanfchii Traëtatum de Enthufiaf- mo Platonico. Et fimulacra univerfitatis. Ta olus tÿla, fubftantias fimplices , Deum , animas, mentes.

Les qualités fenfbles re- connues des anciens, pour avoir toute leur exiftence dans l'ame.

46 DEs QUALITÉS

CHA P'ITIReE DEL Des Qualités [:nfibles. 32.[ n'y a point de partie de la philofophie

qui ait fait moins de progrès chez le vul- gaire que celle qui, traitant des qualités fen- fibles , les bannit entiérement des corps pour les faire réfider dans l’efprit. Les plus cé- lebres philofophes de l'antiquité ont reconnu cette vérité qui naïfloit naturellement des principes de leur philofophie, & dont ils dé- duifoient les mèmes conféquences. Démo- crite, Socrate , Ariftippe , chef de la fecte cy- rénaïque , Platon , Epicure & Lucrece ont dit clairement que le froid , la chaleur , les odeurs & les couleurs n’étoient que des fen- fations excitées dans notre ame, par la diffé- rente opération des corps qui nous environ- nent , fur chacun de nos fens ; & 1l eft aifé de faire voir qu'Ariftore même étoit de l’opi- nion (1), que les qualités fenfibles exiflent

(1) Arifl. Problem, 33, fe, 11; p.741, tom. 2.

SH NU SLL/B IL ETS 47

dans l’ame , quoique, pat fa maniere obfcure de s'expliquer là-deffus , & fes qualités oc- cultes , il ait donné fujet de croire qu’il pen- foit autrement; 1l n’y a que les fcholaftiques, que je fache , qui aient pofitivement cru & enfeigné que les qualités fenfibles exiftoient dans les corps comme dans les efprits, & qu'il y avoit dans les corps lumineux , par exemple , la même chofe que ce qui eft en nous quand nous voyons la lumiere. Et comme la philofophie fcholaftique s’étoit emparée pendant quelques fiecles de tous les efprits , lorfque Defcartes, & Malle- branche après lui, fe font élevés contre un préjugé aufli répandu , & qu'ils fe font donné

Senfus ab intelligentià fejunétus laborem velut infen- fibilem habet , unde diétum : mens vidit, mens audit. Noïs opé | x) voùs dxouet, Et de fenfu & fenfili, c.1, p.665. Non anima ipfa in oculi extremo, fed in parte interna exiftit. Wid. lib, 2 de animé, cap. 12, p. 647, tom. 2. Et Epicharmum in Clem. Alex, Strom, lib. 2, P- 369, vide & Jamblichum de vitä Pythagore , c. 32, P. 192: Ciceron. Edit. Elzevir, p. 1057, col.1, lin, 14 6 feg. Porphyr. de vité Pythagore , p. 45.

48 Ds 1Quraira s beaucoup de foins pour tirer le vulgaire des philofophes de l'erreur grofliere 1l fe trou voit plongé à cet égard, on ne s’eft point apperçu qu'ils ne faifoient que renouveller les même vérités qu’avoient enfeignées Dé- mocrite , Platon, Ariftippe & Sextus Empi- ricus , & appuyées des mêmes arguments qu'avoient employés ces philofophes, quoi- que quelquefois étendus davantage; onen a fait vout l'honneur à ces modernes , parce- qu'ils ont beaucoup crié contre l'erreur ; comme fi elle eùt été univerfelle; & on n’a pas daigné approfondir fi en effet 1l en étoit ainfi. Car pour peu qu’on eût fait attention à ce qu'ont dit les anciens fur cette matiere, & qu’on eût confulté leurs écrits, on auroit trouvé que quelques-uns , comme les Ciré- naïques, les Pyrrhoniftes, & d’autres, non feulement n’admetroient dans les corps au- cune faculté d’exciter en nous des fenfations, mais même qu'ils mettoient quelquefois en doute l’exiftence des corps ; doute qui a paru fi extravagant à notre fiecle , lorfque le P. Mallebranche l’a avancé, & quieftcependanr aflez

SE INT SE D ILES S. 49

affez fondé felon les regles de la bonne lo- gique. Cette négligence à vérifier l’origine de nos connoiflances , n’éroit cependant pas générale : Gaffendi (1) avoit publié un traité fur les qualités fenfibles, & il avoir donné aufli un abrégé de la philofophie des Pyrrho- niftes fur ce fujet, avant que Defcartes eût encote entrepris de la traiter comme il la fait depuis ; de forte que parmi les modernes mêmes , Defcartes n’eft pas le premier qui ait clairement diftingué les propriétés de l’ef- prit d'avec celles du corps, comme plufieurs favants paroiflent encore le croire (2), & quant aux anciens, une courte expofition de ce qu'ont dit Defcartes & Mallebranche fur cette diftinétion fi effentielle, comparée avec ce que les anciens en ont enfeigné , mettra bientôt le leéteur en état de décider à qui cette découverte doit être attribuée,

(1) Gaffendi de fine logic, p. 71 & 372 & feg. Oper. tom. 1. Lugdun, 1658. fol.

(2) Formey , Recherches fur Les éléments de La ma- tiere , in-12, p. 8, © quelques autres,

Tome I, D

Opinion de Defcartes fur ce fujet.

Sol: D'Eis 1Q:UPANLIT T É s

33. Defcartes commence par remarquer qu'il n’y a perfonne qui ne foit accoutumé dès fon enfance à envifager les chofes fen- fibles comme exiftantes hors de fon efprit, & ayant une reffemblance avec les fenfations ou les perceptions qu’il en a; de façon que voyant la couleur , par exemple, d’un objer, nous penfons voir quelque chofe hors de nous, & femblable à l’idée que nous éprou- vons alors de la couleur ; & par cetre habi- tude à en juger ain, nous n'avons jamais le moindre doute à cet égard. Il en eft ainfi de toutes nos fenfations (1); car quoique nous ne penfions pas qu’elles foient hors de nous, nous ne les regardons pas ordinairement comte exiftantes feulement dans notre ef- prit, mais bien dans notre main , notre pied, ou dans toute autre partie de notre corps ; il n'eft pas plus certain cependant que la dou- leur que nous reflentons , comme étant par exemple dans le pied , n’eft pas quelque chofe

(1) Defcartes Principiorum Philofophiæ pars 1, Jet. 66; Blaeu, Amfi, 1692, ine4,

DUR NISSIVB /L CES S. si

hors de notre efprit exiftant dans le pied, qu’il ne l’eft que la lumiere que nous apper- cevons (comme dans le foleil ) exifte en cet aftre, & non dans notre efprit : mais tous les deux font des préjugés de notre enfance: ainfi nous difons que nousappercevons les couleurs ou que nous fentons les odeurs dans les objets, lorfque nous devrions dire qu’il y a quelque chofe dans les objets qui produit en nous ces fenfations. Les principales caufes de nos er- reurs viennent donc des préjugés de notre enfance, dont nous ne pouvons pas aifément nous délivrer dans un âge plus avancé.

34. Mallebranche faifit cette idée de Def- cartes, & l’étendit même davantage. Dans fon ouvrage célebre de a Recherche de la vé- rité , il commence (1) par chercher la fource de nos erreurs dans l’abus que nous faifons de notre liberté, & dans la précipitation de nos jugements ; de façon que nos fens, dit-il, ne nous jetteroient point dans l’erreur, fi nous

(1) Mallebranche , Recherche de la vérité, Liv. 1, chap. 5. Di

Mallebran-

The traite cet-

te matiere avec beau- coup de clars tés

2 20 DES IOUALUTÉS

ne nous fervions point de leur rapport pour juger des chofes avec trop de précipitation. Par exemple , quand on voit de la lunuere, il eft très certain qu’on voit de la lumiere ; quand on fent de la chaleur, on ne fe trompe point de croire qu’on fent de la cha- leur ; mais on fe trompe quand on juge que la chaleur & les odeurs que l’on fent font hors de lame qui les fent, Il combat enfuite les erreurs qui viennent de nos juge- ments : 1l dépouille les corps des qualités fenfibles , & enfeigne comment l'ame & le corps contribuent à la produétion ce nos fen- fations , & comment nous les accompa- gnons toujours de faux jugements. Il blîme ceux qui jugent toujours des objets par les fenfations qu'ils excitent en eux, & par rap- port à leurs propres fens ; au lieu que les fens étant différents dans tous les hommes , ils devroient juger différemment de ce qui les affecte, & ne pas définir ces objets par les fenfations qu’ils en ont ; autrement ils parle- ront toujours fans s'entendre, & mettront de la confufion par-tout.

S'EUN STABLE Es. 53

35. Si nous examinons à préfent tout ce que les anciens ont enfeigné fur ce fujet , nous ferons furpris de la clarté avec laquelle ils fe font expliqués, & nous ne pourrons pas comprendre que l’on aitregardé comme nou- velles, des opinions expofées dans leurs écrits avec tant de force & de précifion. On ne peut pas même dire que les modernes aient donné un tour nouveau à ces opinions, car 1ls n'ont fait que raifonner fur les mêmes principes, & employer les mêmes comparaifons qu'ont apportées les anciens pour les foutenir.

36. Démocrite eft le premier qui ait dé- pouille les corps des qualités fenfibles , quoi- qu'il ne foit pas le premier auteur (1) de la philofophie des corpufcules , fur laquelle cette diftinction eft fondée. Ce grand homme, n'admettant pas pour tous principes les atomes & le vuide, différoit de tous ceux qui l’a- voient précédé dans cette opinion, en ce

(1) » Leucippe l’avoit précédé en cela, & (fuivant » Poflidonius & Strabon )} Mofchus , Phénicien, qui » vivoit avant la guerre de Troyes, avoit jeté les * premiers fondements de cette philofophie »,

D iij

Les modet- nesn’ontrien dit de nou- veau à ce fu- jet

Opinion de Démocrire fur les quali- tés fenfibles,

SALOPES: Qu AL ÉTÉ S

qu'il difoit que les atômes éroient deftitués de toutes qualités ; en quoi il a été fuivi par Epicure. Il dérivoir ces qualités du différent ordre & de la différente difpofition des atomes entre eux, ainfi que de leur différente figure, qu'il difoit être la caufe de tous les change- ments qui arrivent dans la nature ; les uns étoient ronds, les autres angulaires , d’autres droits, pointus , crochus, &c. » Ainfi ces » premiers éléments des chofes n’ayant en » eux n1 blancheur , ni noirceur naturelle, » nidouceur, ni amertume, ni chaleur, ni » ni froid, ni aucune autre qualité , il s’en- » fuivoit que la couleur, par exemple, étroit » dans l'opinion (1), ou dans la perception

(1) Vide mentem Democriti in Arifiotele , Metaphyf. Z 1, c. 4, 1m Laertio, L. 9, feit. , in Seflo Empi- rico , l. 1, feéf. 114. Amuoxpilos us mowlilus ixGundy* De Quri voue durs, vope bspueor, &ilin dE éroux x) xevar, Democritus qualitates ejecit ; dicitenim: d//poficione calidum , & frigidum ; verè, & realiter verd, atomi, & vacuum ; »#» , opinione , ex atomorum difpof- tione, ortä, dulceeft, & amarum; opinione frigi- dum , & calidum ; opinione calor ; irsÿ verè autert

GIE UNIS RE R7LCE, S. $5

» que nousenavons, ainfi que l’amertume » & la douceur , lefquelles exiftent dans » notre opinion , fuivant la maniere difté- » rente dont nous fommes affeétés (1) par » les corps qui nous environnent , rien » n'étant de fa nature ou jaune, ou blanc, ou » rouge ; doux ou amer ». Il alloit plus loin,

El

il indiquoit quelle efpece d’atômes devoit produire telles ou telles fenfations ; les atomes ronds, par exemple, donnoient le goût de la douceur ; les atomes pointus & crochus un goût piquant ; les corps qui

aroux | & inane. Quæ autem exiftimantur ( v0e4/Céle ) & reputantur fenfilia, ea non funt reveràa xa &nn- Sete, Sola autem funt atoma, & inane. Nour autem eleganter dicit , non tantum, quod reales effe quali- tates plerique putent , & opinione fibi entia vera fin- gant , fed quod atomi quoque ita difponantur ( x- mew), ut indè hujufmodi opinio exfurgat, Clariff. Brucker , Hifi. Crivic. Philof. tom. 1, p. 1191 & feg.

(1) E‘vye pers peer Quoun ever alu, æagx Vo mas Eco cop , xaGamep 0 Auraiapyos. Siquidém nonnulli putant eam (animam) nihil efle aliud , quam ali- quo modo affeétum corpus, ficut Dicæarchus, Sexvus Empiricus ad Mathem, lib. 7, Jet. 349.

Div

Sextus Em- piricus fur Démocrite.

56 .: Des QUALITÉ Ss

étoient compofés de parties angulaires & plus groflieres , s'introduifant difficilement dans les pores, produifoient la fenfation défa- gréable de amertume & de l’aigreur , &c. en quoi les Newtoniens l’ont imité, en voulant donner l’explicatiôn de la nature différente des corps (1).

37. Sextus Empiricus, expofant la doétrine de Démocrite, dit » que les qualités fenfi- » bles(2),felon ce philofophe,n’avoient de réa-

œ 4 (1) Voyez ci-après feit. 43. / De (2) Amuoreslos | ore puir voip Ta Qaoueæ Tais s / / cuQirirt, 30 roro Aéyeu pnde Quina xala dAdEY , / x m7 e SAr& por rule d'obus" daydts d'e ty rois oùriy ÜTépyuv , TS drouous eivei 1j xevér. Nôpeo vyup, Qnri, Yon, ) veus à) / PAT ki Ÿ \ / Je 2% a TTIxpOY , yat ÉPkO » You UZCpOY Vo 22 2 91 £TEN £ 3/ N nie , 1 7 Û / x drop , 19 neo mtp vapiQiles pév cites, xt O'obadere ra \ : f À \ oi \ \ mine, oùx Est de nola ahiQuay rare. AG Ta roux , ALP N \ à " , / « prôoy , mai To xexov, E'y rois xogluÿlypiois | xæintp Ürtyn- 7 à Lg > / / À / LA , 5 géves Tais aiyrert ro xpéros This misews vais , cdd tr ee / / \ n ne To) ivpirxtræi roëro xala nadGay, Quoi Vap, pis dE \ 5/ A \ gr toi , oO œrpexts ouviques | péleminle de xolæ Te / / \ / g@poilos Agir , Au imuoio lo , rat dÿlisneagoy la. J .\ \ rs « IL Kaj mæu , Quoi, éTen pv vèy o74 ojoy Exusoy &s , #

#50, cuituey, moe d'idinalar.

SEINS NRL ES s7

» lité que dans l’opinion de ceux qui en étoient » différemment affeités ; que c’étoit dans cette » affection que confifloit le doux & l’amer , le » chaud & le froid ; & qu’ainfi nous ne nous » crompions pas en difant que nous [entions » telles impreffions ; mais que nous ne pou- » vions en rien conclure [ur la difpofition des » objets extérieurs ».

Democritus autem ea quidem tollit , qua apparent fenfibus , & ex is dicit nthil verè apparere , fed folèm ex opinione : verum autem efle in iis, quæ funt, &ffe atomos , & inane. Lege enim ef}, inquit, dulce, & lege amarum : lege calidum , & lege frigidum : lege color : veré autem atoma , & inane. Que itaque effe exiflimantur , & reputantur fenfilia , ea non funt re- verà, Sola autem funt atoma & inane. In confirma- toriis itidem , quamvis fit pollicitus , fe fenfibus vin , fidemque attributurum , nihilominus invenitur cos condemnate. MVos autem, inquit, re ipfà quidem rihil vert intelligimus , fed quod nobis fe objicit ex affectione corporis , & eorum, quæ ingrediuntur , & ex adverfo obfiftunt. Et rursus: quod verè quidem nos quale fit, vel non fit unumquodque , neutiquam

intelligimus , multis modis eft declaratum. Sexrus Empiricus , p. 399.

58 Des QuALITÉSs Protagorssa 38. Protagoras , difciple de Démocrite ; nn difoit que l’homme (1) étoit la feule regle de

l'opinion de = . se vs lon er <outes les chofes qui font ; que toute leur exiften

pen des ce étoit dans l’impreffion feule qu’elles faifoiene Jur les hommes , de façon que ce qui n’étoit point appercu n'avoir aucune exiflence (2). Ain il porta encore plus loin que Démocrite les conféquences de fon fyftème ; car ad- mettant ,avec fon maitre , dans les corps, les changements perpétuels qui faifoient queles

chofes n’étoient pas long-temps les mêmes,

(1) Kai o Ipalaryésgs de Roëniles male xpnéler sivet , \ T4 . M \ «1 # e AS , C1 pérog roy érJpemor pes oilar | às ts 7 oùx clan, ds oùx Esi° éregr ue Atyar ro xeilneav. Protagoras quo- que vult omnium ypmuére rerum menfuram efle ho- minem: entium , ut funt : non entium ut non funt: menfuram quidem appellans criterium. dem Pyr- rhon. Hypotypos, lib. 1, feéf. 216. (2) Toëles roi, xaT &vler, F ovlar relire © Spa . / \ 1 1 > à / \Y 4 mes mule yap Ta Qanouert Trois GYDpURUIS | Hg EI. À perde À parer Qarouese , 00 tsn. EÎt erco, fe- eundüm ipfum , homo criterium rerum , quæ funt. Omnia enim , que apparent hominibus , etiam funt : qua autem nulli hominum apparent , ne [unt quidem. Idem ibid. feët, 119,

SENSIBLES.

il en conclut que rout ce que nous voyons , que nous entendons , ou que nous touchons , n'é- toit ainft que dans notre maniere de l’apperce- voir, & que la feule regle véritable [crirerium] des chofes éroit dans la perception que l’hom- me en avoit. Je laiffe à juger au lecteur fi certe maniere de s'expliquer de Protagoras ne peut pas avoir donné à Berkley l’idée du fyftème qu'il a fubtilement défendu de nos jours, & dans lequel il foutient qu’il n’exiffe, des objets extérieurs , que les qualités fenfibles appercues par notre efprit, & que conféquemment tout exifte dans notre efprit ; qu'il ne fauroit y avoir d'autre fubfiratum , ou foutien de ces qualités , que les efprits dans lefquels elles exiftent, non par maniere de mode ou de proprieté, mais comme une chofe appercue dans celui qui l’apperçoit. Cette opinion , qui a paru fi étrange & fi inouie à tout le monde , eft cependant clairement contenue dans les paffages que je viens de citer, & dans ceux que j'indiquerai ci-deflous (1).

——

(1) Plato in Theatheto, p. 152 & eg. Confer.

Ariftippe a parlé fur les jones fen- ibles , com- me Defcertes & Maïileoran- che ont fait après lui.

éé PES Quart rés

39. Je reviens à Defcartes & à Mallebran- che, & je rapporterai ici les fentiments d’A- riftippe , difciple de Socrate fur le fujet en queftion, Il femble entendre parler ces deux philofophes modernes, lorfqu’on voit Arif- tippe recommander à l’homme »d’être en » garde fur le rapport de fes fens , lui » difant qu'ils ne l’informent pas touiours » de la vérité ; que nous n’appercevons pas » les objets extérieurs tels qu'ils font, mais » feulement la maniere différente dont ils » nous affectent ; que nous ne favons pas de » quelle couleur ou de quelle odeur font tels

Cratyl.... Ariflotel. Metaphyfic. lib. 3 , c. 6. lib. 10, cap. 6..., Cicéron, Academicarum Quaffionum, L. 4, Jfeët. 256, p. 36.... Eufebii Prapar. lib. 14, c. 210... Hermias , trrifio Gentil, fe&t. 9. Voici un paffage de Berkley qui préfente une conformité parfaire avec la maniere de s'exprimer de Protagoras : The feveral bodies then that compofe the frame of the world have not any fubfiflence without a mind: their rss is to be perceived or k1own; and as long as they are not perceived by me, or any other thinking BEING , they have no shadow of exiflence at all. Berkley , Prin ciples of human knowledge.

BUE ML SL BH )E ES. 61

» cofps, mais feulement de quelle maniere » nous en fommes affectés ; que nous ne pou- » vons pas comprendre les objets en eux-mê- » mes, mais que nous jugeons feulement des » impreffions qu’ils font en nous: ainfi c’eft le » jugement que nous prononçons fur la na- » ture des objets extérieurs , qui eft la caufe » de nos erreurs ; c’eft pourquoi, fi nous ap- » percevons une tour (1) qui paroifle ronde,

(1) Ei yap d'une megrmimloilos fuir megaQigoès | trip ou H9Ÿ KEXNATHLENO , Ty pv air dhnI Ds TuroQui Déryovres , megraroQainoes de ox Eüvris ort sRoylU os & mrüpyes ist, n de xémy téxhaçes, ru man airby Quilérmale Bebaodetr. Ta d éxles crus yen | ouonoytin ox Sthouri &AN © ixlvus irroes , 4g4 To ropouQes nexleo | immer , oùde roger, las dpt ro seyylon ai , 494 To rxæmicTai T#y SV, 05 cnanmar, seyy[cro dvaryxn Toy FUpyoY HÉVEWe To yo dduor 1Q 65 mérode 4 is, xeA@TUEIOY ES, À amy de, d@ #s To d'une, oùx rl XELRAT EM,

Quippè, imagine nobis oblatà rotundà , aut frac- à, dicunt Epicurii fenfum verè informari , non fi- nunt tamen dicerenos, turrim efle rotundam , aut remum infraétum reverà : equidem affectiones eorum vifa confirmant ; externa ita habere , ut vifa nobis funt , non fatentur. Sed ut Cyrenaici equari fe, &

é2 DES Q'uArtTTÉs

» une rame qui paroiffe brifée dans l'eau , » nous pouvons bien dire que nos fens nous # font ce rapport; mais nous ne devons pas

parietari dicunt , de equo, & pariete nihil affirmant: fic etiam dicendum eft rotundari , aut obliquari vifum Epicureis , non interim neceffe turrim elfe rotundam , autremuin fraëtum ip[um dicere. Quippè fimulacrum, quod vifum adficit, fraétum eft ; remus à quo id fertur, nequaquam. Plutarc. ady, Colotem , tom, 2, pe 1121. 4, BC.

Aéyourt ro éxles ere Bepu, AA To ty œdr4 médis yéyoe rowodro. Gp rænlér to Tr Aéryouers épi râs yivoius , Dri To enros Quriy tive yAUxd | rudes Ti, 1 niv areph dulyr yeyorties roro: à Aéyar dJp or: Qailu- ctey Aeubanuv , & de drdpares ich ph aidée , mode Egs ras dpopues 3 zrape À Aeyorlar raumrunud % Qaile- iay Aube | ti dE raumino ol, pin mogramQairee: Fm Cu, no or cle gyforor, ANG riQailarue mes dus, 0 rinaua olegylurouides yep; w Alu, Qére ris. G2N éyo müpye mort} Var , 10 Ts nômys dames, àropu- voguer , Thv pv ebdtiæn tivas , To de mrondyavor. Entives men vyyès pret, To dons, x ro Gaia, mhtor dE ts Opodo HT Et.

Cirenaïci id, quod extra eft, non dicunt effe cali- dum, fed in ipfo fenfu aiunt calidam extitifle affec- tionem : nonne idem eft cum co , quod de guftatu

N SI LES. 6;

» dire que la tour que nous voyons dans l’é- » loignement, foit ronde ; ou que la rame » que nous voyons dans l’eau, foit brifée ; » mais avec Ariftippe & la feéte Cyrénaïque, » il faut dire que nous éprouvons la modifi- » cation caufée dans notre ame par la ron- » deur de la tour, & par le brifement de la » rame ; mais il n’eft ni néceffaire ni poflible pour cela que la tour foit ronde, ou la rame » brifée, puifqu’en effet une tour quarrée » nous paroïît fouvent ronde , à quelque dif-

dicitur , quandÔ rem externam non affirmant effe dul- cem, guftatum autem dulcedine affeétum fuifle fa- tentur ? Et qui dicit imaginem fe hominis percepifle, an autem externum illud homo fit fe non fentire : unde anfam naétus eft ? nonne hi præbuerunt , qui dicunt curvum , aut teres fibi vifum efle oblatum ; fenfum autem non hoc etiam pronunciare , rem, confpeéta quæ fit, efle curvam , aut teretem , fed cfigiem quandam ejus talem extitifle > Atqui, dixerit meherculè aliquis. Aggreflus ego ad turrim , aut remum tangens , pronunciabo hunc rectum, illam multangulam efle : ille etiam, fi proximè adftet, videri fibi ita , & apparere duntaxat, nihil amplius fatcbitur. Idem ibid,

Suite du fen- timent d’A- riftippe.

Cu DES COURANTES » tance , & un bâton droit nous paroït tou- » jours brifé dans l’eau ».

40. Ariftippe difoit encore » qu’il n'y avoit » rien dans les hommes qui püt juger de la » vérité des chofes ; mais qu'ils impofoient » des noms communs à leur jugement: car » tous parlent de la blancheur & de la dou- » ceur; mais ils n’ont rien de commun à quoi

Ÿ

ils puiffent rapporter avec certitude les im- » preflions de douceur & de blancheur. Cha- » cun juge de fes propres affections; & per- » fonne ne peut dire que la fenfation (1) qu'il

V4 5 N / # me / A À (1) EvQer 00 xearnenoy Qurir cire xouoy Spa ray | ôvo- « \ / 4 L \ \ 1 para xowx ride rois mpluari, Acuxoy puis jap TE, #04 \ : \ \ \ L/4 / , JAUXU HOAOUTE MOIS TIAYTES" XOIVOY de ri Aeuxoy > À YAUXU oux 14 \ / LA LA \ A éxourn. E’xaclos yap rod idiw madous élinaucanlar, ro 0? 02 \ \ CRE / > vu / si roro ro mados dm) Meuxod tyyiverey duo, x rd mias, \ / Nitro / \ \ n / \ en &vad ELoHEVOS TO ExEiyoU, pe eos de mood médous mE2À éd n / T: : 7 \ à el Vs \ n queues mywoutrou , meogmilés 6e To EVE , OTI TO poli Toioy ) jo 5 To mapolèri Qaiveres, Téye up iyè Dasouevoy, Toi x) To maperlart @ . Taxe yap ty NEA) / Ë LOT AE D 0 HF OUT &@ QUYXEXEAUO! ; (214 AEUXOIVEOT EI UTO TOY EGONTEY AR9IT- + \ 1) / L \ mimlores | Éripgs oTU xaTETHEULOMEH) EE TA CAT, e 04 / 2 PUS \ ! dos eripus Auridie" méilus oùy ronéy icle ro Quiout- : à K \ «1 ! \ ! n 3 QYA gene qu, Ka ors Ta ovri megé ras Afupopqus ris éiQy- / Ê] / / / #7, rias xalarxivns | oÙx GuiTes LOUER à RO ho) im TE

» éprouve,

SENS LS L ENS; 65

s éprouve , quand il voit un objet blanc, eft » la même que celle qu’éprouve fon voifin , » en regardant le mème objet; & puifqu'il

\

ileeréler | 35 QYaneicrlar , À À rule Qiow diaxcutras De yap mo To evo , oi pen éyesvripes , oi dt Qox- rids, de neuxailixds magouri , orTus tinos io ) rois talu Quow dasauevos | mage rar diipeggr À aiShreor zu TATAEUM | h drairos mo Tu dulèr xwaco AN éTipas pen To DEUxoy , éTEpas dE ro LA 970 ; uh ocuuTus d'E roy pohaQTuhuo. &ole roue pes utis boule rides vois mocry- part, man de ye Eye 10e,

Undè nec cricerium dar: omnibus hominibus commune affirmant Cyrenaici, poni autem nomina communia judiciis, Nam album quidem, & dulce vocant omnes communiter : commune autem aliquid album , aut dulce non habent. Unufquifque enim apprehendit pro- priam affeétionem. An autem eodem modo ipfe & pro. ximus ex albo afficiatur , neque ipfe poteft dicere , ut qui proximi non percipiat affeétionem : neque pro- ximus, ut qui affectionem illius non percipit. Cum autem pulla fit nobis communis affetio , temerarium eff dicere id, quod mihi tale videtur, tale etiam videri vicino, Nam fortafsé quidem ego ita fum compofitus, ut album mihi videatur hoc, quod extrinfecüs mihi fe offert. Alter autem fic conftitutum habet fenfum, ut aliter afficiatur. Non eft ergo omnino commune

Tome LI. LR E

66 D:Es QuaAziTÉés

» n’y a point d'affections qui nous foienr » communes à tous , c'eft une témérité » de dire que ce qui me paroit de telle ma- » niere , paroit de mème à celui qui eft près » de moi; car je puis être conftitué de façon » que tels objets qui s'offrent à mes yeux, me paroiflent blancs, pendant qu’ils paroî-

w v

» tront jaunes à un homme qui fera conftitué » d’une autre maniere; ce qui eft manifefte » dans ceux qui ont la jaunifle, ou une oph-

id , quod nobis apparet. Quod autem reverà propter diverfas fenf£s conflitutiones , non fimiliter, & codem modo afficimur, movemutrque , per/picuum eff in ts, qui regio morbo , vel ophthalmia laborant , & iniis, qui affecte funt fecundèm naturam. Quomodo enim ex eâdem te alii quidem ita afficiuntur, ac fi luridum , alii rubrum , alii ac fi album intuerentur , ita etiam credibile eft eos, qui fecundum naturam funt affedi, propter diverfam fenfuum conflitutionem ab ïifdem rebus non moveri fimiliter : fed aliter quidem eum, qui glaucis, aliter, qui cæruleis, aliter denique eum, , qui nigris eft oculis. Quo fit, ut rebus quidem com- munia nomina imponamus , proprias autem habea- mus affectiones. Sextus Empiricus , adv. Math, L, 7,

Jet. 195$; p. 410.

SRE UN? SIN L LE 6 67

» thalmie, ou qui étantconftitués par leur na. » ture de quelque autre maniere, ne peuvent » pas recevoir les mèmes imprefhions, par la » raifon de la différente conftitution de leurs » fens. Ainfi celui qui a les yeux plus gros, ver- » ra les objets d’une grandeur différente de ce- » Jui qui les a plus petits; celui qui a les yeux » bleusies verra d’uneautre couleur que celui » qui les a gris : d’où vient que nous donnons » des noms communs aux chofes, parceque » nous en jugeons par nos propres affections.

41. Platon aufi a clairement diftingué, d’après Protagoras , entre les qualités fen- fibles & les objets extérieurs qui les occa- fionnent ; il obferve que le même vent (1)

», , 34 À , rs mm 2 ns « \ ©

(1) A oùx éviore mysoïlos dyeuou rod durer | © peiy pv

CA e à 1 \ ce A ci} e Q 1 ! plyo1 3 0 de > Hg4 0 HE) YpEua , 0 dE cDod pu ; TTOTEE 9) ay vôre duo ÉQ teurs ro mue, Quyp, à juge Pérou 3 à musee rh Tlporarycpe , or ri puey pryaèvrt , duypor, ra dt pen , cu.

Nonne eodem aliquandÔ vento flante noftrûm qui- dem aus friget , alius non; ille quidem lenicer, ille vehementer ? Utrüm igitur ftatuerimus ventum in fe ipfo tunc frigidum , an non frigidum ? an potius

E ij

Platon a auf. fi diftingué entre les qua- lités fenfibles & les objets qui les cau- {ent,

Straton a- voir aufli la même penfée,

68 DES OUALITÉS

paroït froid à lun & chaud à un autre, petit à celui ci & violent à celui-là ; & qu'il rez faut pas conclure que le vent en lui-même foit froid ou chaud en même temps , mais dire avec Protagoras que c’efl pour celui qui fent le chaud qu’il eft chaud, &c.

42. Straton, célebre Péripatéticien, regar- doit les fenfations comme des modifica- tions de l'ame, er laquelle elles avoient toute leur exiflence ; & dans les parties affeëtées (1) : ou bien, felon quelques auteurs, 1l faifoit

Protagoræ credemus , ei quidem | qui frigeat ; frigi- dum , qui non, nec idem ? Flato in Theatheto ,tom.1, PTS As 15318 1645 16 645: ES 7e

(1) Erparay 30 ra may rés Vuyis | 499 ras aiOuous b TD gycuouxd , ok à rois memodori roms cuis, iv yep Tabry aude Ti drouon | comp mi Owdv , 494 éDyuèv | 20 bormrtp tmi @vdpélor , 1 d'env.

Strato tum pañliones animæ , tum fenfus etiant, in principe {olüm parte , non in affeétis locis , confifiere ait. Siquidem in ipfà, tolerantia reperitur : ut in gravibus , ac dolorificis rebus , ut in fortibus etiam ac timidis viris obfervatur. Plutarch, de Placitis Philofoph. lib. 4, c. 23. Cic, Edit. Elzey. p. 1057, col. 1, lin. 14 @ feg.

SPL NS .SÈ IS A ILE Si 6

les fens , les miniftres de l’ame (1), par le moyen defquels elle exerçoit fes facultés. 43. Je pañle à Epicure , dont Lucrece nous a tranfmis la philofophie en fi beaux vers , & dont Plutarque , & fur-tout Diogene de Laërce, ont expofé la doctrine avec tant d’e- xactitude. Ce philofophe , admettant les principes de Démocrite , en tiroit aufli les conféquences toutes naturelles (2), »que les » atomes font tous de la mème nature, &

(1) Ko pois Mingépes dun À aire, ds à mAciss , dE dulw ee ras duTurtis , UTP did Two 72 a aidrlnpior mpoxümlourar. is sais spé Erpérar re à Quri- 205 , k94 Abyrid'ypros.

Et alii quidem eam differre à fenfibus, ut plures: alii autem eam efle fenfus, & per fenfuum inftru- menta tanquam per quædam foramina profpicere, & fe exercere. Cujus feétæ auctor fuit Strato Phyficus , & Ænefidemus. Sextus ÆEmpiricus adv., Mathem. lib. 7, Jet. 350,

(2) Verüum, opinor, ita eft : funs quadam corpora ; quorum

Concurfus, motus , ordo , pofitura , figure

Efficiunt ignes ; mutatoque ordine mutant

Naturam ; neque funt igni fimulata , neque ulle

E iij

Expofition de l'opinion d’Epicure.

70 DEs QUuALITÉS

5

»

23

»

2

2

»

3

Lo

3

qu'ils ne different qu’en figure, en gran- deur , en pefanteur, & dans toutes Îles chofes qui ont du rapport avec ces pre- mieres propriétés , comme la rondeur , la grofleur , &c. car la coûleur, dir-il, le froid , la chaleur , & les autres qualités fenfibles ne font pas inhérentes dans les atomes : mais le réfultat de leur affemblage & de leur différence vient de la différence de leur grandeur , de leur figure & de leur arrangement ; de façon que tel nombre

Prætereà rei, quæ corpora mittere poflit Senfibus , & noftros adje@tu tangere taus.

Tit. Lucretit Cari Lib, 1, verf. 685 Præterea, quoniam nequeunt fine luce colores Effe , neque in lucem exiftunt primordia rerum , Scire licet, quam fint nullo velata colore, Qualis enim cæcis poterit color effe tenebris, Lumine qui mutatur in ipfo, propterea quod Re&à, aut obliquà percuflus luce refuloet ? Pluma columbarum quo paéo in fole videtur.

Lib. 2, v. 794.

Sed ne fortè putes folo fpoliata colore Corpora prima manere : etiam fecreta teporis Sunt, ac frigoris omnin , calidique vaporis ÿ Et fonitu fterila.. ...., v. 841:

S EN SAR LÉE 6: 71

» d’atomes dans tel ordre donne une fenfa- » tion, & dans tel autre nombre & telle » combinaifon différente , ils donnent une » autre fenfation ; mais leur nature premiere » refte toujours la même , à caufe qu’étant » folides & fimples il n’émane rien d’eux (1): » autrement la nature n’auroit point de fon- » dements ftables & certains ; & c’eft de cette » permanence conftante des propriétés effen- » tielles aux atômes ou à la matiere, que » naïffent les différentes fenfations , que les » mêmes objets produifent dans les animaux » de différentes efpeces, & dans les hommes » d’une conftitution différente : car chacun » a dans les organes de fa vue, de fon ouie » & de fes autres fens, une multitude innom- » brable de pores de différente grandeur, & » dans une différente fituation , lefquels ont » une proportion & une aptitude particuliere » recevoir les petitscorpufcules (1), lefquels

(1) Nec jaciunt ullum proprio de corpore odorem. Idem lib. 1 , v. 844

(2) Ergo ubi quod fuave ef aliis , aliis fit amarum, Ilis, queis fuave eft, Iæviflima corpora debent

E iv

Conformité du raifonnc- ment de Def cartes & de Mallebran- che avec ce- Jui des Fpicu-

tiens,

72 DEs QUALITÉS

» s'introduifent aifément dans quelques-uns, » difficilement dans les autres , fuivant leur » analogie avec ces pores, & cette différente

Le

> contexture des parties dans lefquelles ils

s

» doivent produire par conféquent diffé

CI

» rentes impreffions ».

44. Ainfiles fens ne nous trompent point, parcequ’ils ne jugent point de la nature des chofes , mais 1ls nous font donnés pour nous inftruire des rapports qu'ont les corps qui nous environnent avec le nôtre propre, & pour le bien-être de notre vie ; d’où l’on voit que les fenfations font toujours vraies (1),

arme

Contrectabiliter caulas intrare palati :.

At contra, quibus eft eadem res intus acerba,

Afpera nimirum penetrant , hamataque fauces.

Ta. HAE yes

Vid. Se, 36. « Démocrite réduifoit toutes les » fenfations à un feul fens ; il difoit que toutes les » qualités fenfibles font rangibles , appartiennent » au toucher». Ariflotel. de fenfu & fenfili, c. 4, p. 669. E. & Stanley Hifl, Philof, p. 528, col. 2.

(1) Doore macer ai Qarlariar Games, © ae: Aeyou,

ER ergd omnis phantaña vera , nec ratione deftitui-

SUEFNUSR EN BIENS. 73

mais que ce font les jugements que nous por- tons fur Les objets , qui font quelquefois faux ; & cela fuivant que nous ajoutons ou retran- chons des objets, caufes extérieures de nos fenfations. » Que fi quelques-uns fe croient

3

12

trompés (1) par la différence des phéno- » menes qui ont leur origine dans le même » objet ; comme par exemple , parcequ'un » corps, vu de près , leur paroîtra d’une telle » couleur ; & que, vu de loin, il leur re- » préfentera une autre couleur ; ils fe jettent » eux-mêmes dans l'erreur , en ce qu'ils » jugent que de ces deux phénomenes l’un » cit vrai, & l’autre eft illufoire : car alors

ur hæc fententia. Sextus Empiric. adv. Mathem. lib. 7, Jet. 203, 104 & feq. p. 412, 413, 414.

(1) E’éerara de inos 4 À taQopor À mo rod rod ai y= rad, olo opgloù | d'oxuriy megrminluy Quilariüv, 24 %y à É?AAOe guy : p GRR 0 EpL0Y > 4 dddas mus &enarypéro Qu -

dde ! DRUL . vera To vmoxeiusro, Nonnullos autem decipit diverfitas viforum , five phantafarum , quæ videntur offerri ab eodem fenfili, verbi gratià ab afpeétabili ; ita ut videatur fubjeétum alterius coloris , aut alterius f- guræ , aut aliquo alio modo mutatum, Îdem ibid,

74 Des QUALITES

» 1ls forment un faux jugement , ne confidé- » rant pas aflez la nature des chofes ; & ils » devroientau contraire conclure que la cou- » leur qu'ils apperçoivent dans l’objet vu de » près, eftune ; & celle qu'ils apperçoivent » dans le mème objet vu de loin, eft une » autre couleur ; toutes deux changées par la » diftance différente , à laquelle elles fonc » vues, & produifant deux fenfations qui » ne font pas la mème, mais qui n’en pré- » fentent pas moins ce qu’elles font vérita- » blement ; d’où vient aufli que ce n’eft pas » le fon même (x) qui eft dans l’airain frappé,

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(1) Ov yap OAo opéras To sepepeor | ve Emi Ggcilav

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SEINS) BI LUES. 75

» ou la voix mème de celui qui chante, » que l’on entend , mais feulement le » fon de l’un ou de l’autre agiffant fur l’o- » retlle ; car la mème chofe ne peut pas être » en deux lieux différents à la fois ; & comme

° / 2 , 1 æ > / > / Gmoshuaros puxpas @movoile Qavis | Vendus dx , Emtirip 40 be À / / / Le duveyryos EAJay ds pelbos Tavrys Ginaubarrer" orus oùx 72 \ ! el » Fa \ À dy droga ed ee rhv OÙ, or Ex pan) pity ditsiue- \ L / / PE A / \ Tes pexpoy op Toy müpyo, © spoyyUAo" Ex dE TS üryyès ,

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/ pige # TÉTP&" Vo.

Non enim totum perfpicitur folidum , ut exempli caufà verba faciamus de afpeétabilibus , fed color folidi. Color autem alius eft in ipfo folido, atque adeo in iis, quæ ex propinquo cernuntur , & ex me- diocri intervallo. Alius extra folidum , & in locis ulterioribus fe offerens , ficut in iis, quæ ex longo cernuntur intervallo ; hic nempè intercedente diftan- tià mutatus, & propriam fufcipiens figuram , tale reddit vifum , quale ipfum quoque reverà oculis fub- jicitur,. QuomodÔ ero0 neque vox exauditur, qua ef in ære, quod pulfatur : neque qua in ore ejus , qui eff vociferatus , fed quæ in noffrum fenfnm incurrit : & quomodd nemo dicit eum , qui parvam ex intervallo audit vocem , falsà audire , quoniam quùm prope vene-

FO NNVRPES MONUTAËLNTT ES

» un homme ne dit pas qu'il entend faux, » parcequ'un fon qui ne le frappera que foi- » blement à une grande diftance, le frappera » plus fortement s’il s'approche de l’endroir » d'où partira ce fon ; de même nous ne pou- » VOnS pas dire que notre vue nous faffe illu- » fion, parceque de loin nous aurons vu une » tour petite & ronde, laquelle, en nous » en approchant , nous paroïîtra enfuite » grande & quarrée ; car la repréfentation » plus ou moins srande de l’objet naît de la » différence plus ou moins grande de l’angle » formé dans notre œil, lequel eftoccafionné » par la différence de la diftance dans la- » quelle nous voyons l’objet. En un mot, le » propre des fens eft de repréfenter les objets tels qu'ils nous frappent , & non pas de

1

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» juger de ce qu'ils font ; c’eft pourquoi nos

rit, eam percipit tanquam majorem: ta nec vifum fall:

dixerim , quod ex longo intervallo parvam videat

currim , @ rotundam ; ex propinquo autermt majorerm & quadratam, Idem ibid,

?

SUET NP SCI B: LES. m7

» fenfations font toujours vraies, & l'erreur » eft feulement dans nos jugements (1).

45. Je me fuis étendu davantage fur ce fujet , parcequ'il eft plus propre que tout autre à prouver la vérité de ma propofition ; Que les modernes [e font fouvent enrichis des dépouilles des Anciens , fans leur en faire honneur comme ils le devoient. On a beau- coup loué avec raifon Defcartes & Malle- branche d’avoir traité cette matiere avec tant de pénétration & de fagacité. Mais 1l me femble qu'ils n’ont guere dit rien de

(1) Airis dE id dmipye rod mrmpovros prose | 194 pores duluy GlrauGanda , oo popmoles, oùyi de ro unpirus , ort nn pie ist ro eSude, dnno de ro iySad'e dmoxtiueo) duomp ai per Qailarier dix Tadre mére éiri dnydis, CAN ai d'obas eiyor rue duiQopar, ToûTay rep oi pie fou dns , di de deud's,

Proprium autem fenfus eft, id folum apprehen- dere, quod eft præfens , & quod ipfum movet, verbi caufà colorem : non autem difcernere qudd aliud eft quod hîc , aliud vero , quod hîc oculis fub- jicitur. Qamobrem phantafia quidem propterea funt omnes vera ; fed opiniones habent aliquam differentiam, Idem ibid,

Conféquen- ce tirée de ce qui a été dit jufqu’ici.

Li

78 Des QUALITÉS SENSIBLES.

plus que ce qui en avoit été dit avant eux par les anciens philofophes dont je viens de rapporter les propres termes.

Fin de la premiere Partie.

SH CO N°'D'ET PA'RMNRUNE CONTENANT

LES Syflêmes de LEIBNITZ , de BUFFON, NEEDHAM ; 6 les Vérités concernant la Phyfique générale & l'Aftronomie.

SECONDE

DER SECONDE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER. Syfléme de LEIBNITZ.

46. À Près avoir examiné les connoiflances que les anciens avoient dans la logique & la métaphyfique , nous paflerons à confidérer avec la même impartialité les vérités qu'ils ont connues dans la phyfque générale & particuliere, dans l’aftronomie , les mathé- matiques , la méchanique , & les autres fciences.

47. Quoiqu'il paroiïfle y avoir un trajet confidérable à faire pour pañler de la méta- phyfique à la phyfique , on apperçoit ce- pendant dans le fyftème de M. de Leibnitz une idée bien propre à former la tranfition la plus naturelle de cette fcience à l’autre,

& à donner en même temps une preuve Tome I. F

Tranfirion.

Phyfique de Leibnig.

Son fyfième examiné ail- leurs plus amplement,

Raïfon de l'étendue dans les êtres fimples.

82 SES É NC

bien frappante du fentiment que je cherche à établir ici.

48. L'occafion que j'ai eue d’examiner avec attention ce fyftème , me mettra dans la nécefhité de répéter ce que jen ai dit ailleurs (1)3 mais la chofe eft inévitable : il eft diff- cile de préfenter la mème vérité fous deux faces différentes ; & il eft tout à fait inutile, quelquefois mème dangereux de le faire. Ainfi, tranquille à cet égard , j’entre en ma- tiere , en expofant briévement le fentiment de M. de Leibnitz.

49. Fondés fur le principe (2) de la raifon fufifante , employé long-temps auparavant par Archimede , les Leibnitiens cherchent la raifon pourquoi les corps font étendus en longueur , largeur & profondeur, & fou-

(1) Dans la Préface du fecond volume des Œuvres de Leibnitz , que j'ai fait imprimer en 6 vol. 1n-4°, à Geneve chez les freres de Tournes.

(2) Hippocrate le Médecin avoit aufli connu ce principe dans toute fon étendue. Voyez M. Lefebvre, Introduét, au Traité de l'Expérience de M, Zimmer- manne

DELETBNTTZ. 8;

tiennent que pour trouver l’origine de cette étendue , il en faut venir à quelque chofe de non étendu , & qui n’ait point de parties, à des êtres fimples enfin ; de fotte que les êtres étendus n’exifteront que parcequ’il y aura des êtres fimples. Et après avoir établi la néceflité de ces êtres fimples, ils cherchent à faire comprendre de cette maniere comment l’idée de l'étendue peut en réfulrer.

so. Si nous penfons , difent-ils , à deux êtres fimples , comme exiftants enfémble , quoique diftinés l’un de l’autre, nous les plaçons dans notre efprit, l’un hors de l’autre, & les concevons aïnfi comme quelque chofe d’étendu & de compofé ; car l'étendue n’eft autre chofe qu’une multiplication continuée que nous concevons comme étendue: ou bien on peut concevoir les êtres fimples comme ayant des rapports éntre eux, quant à leur état interne ; rapports qui conftituent un certain ordre dans lequel ils exiftent; & cet ordre de chofes coexiftantes & liées en- femble , fans que noûs puiflions favoir dif- tinétement comment elles font liées, nous

Fij

Comment: les êtres {im- ples peuvent donner l’idée de l'étendue.

84 SYSTÈME

occafionne l’idée confufe d’où naît le phéno- mene de l'étendue (1). Cela paroït allez con- féquent, & n’en eft cependant pas plus com- préhenfible ; mais en convenant de cette vé- rité, on eft forcé d'admirer la beauté du gé- nie de celui qui a femblé pafler les limites de l’entendement humain ; & qui, le flambeau à la main, a marché à pas hardis & sûrs dans les fentiers obfcurs de la métaphyfique. Mais il neit pas mal à propos de remarquer 1c1 qu'une des principales caufes de la gloire de Leibnitz a été fon attachement pour les an- ciens, qu'il a toujours pris pour fes guides, & reconnus pour fes maîtres.

(1) » Ainfi, dit Madame du Chätelet, ( Inffiturions phyfiques ; p. 149) » fi nous pouvions voir tout ce æ qui compofe l’étenduz, cette apparence d’étendue » qui tombe fous nos fens, difparoïitroit , & notre # ame n’appercevroit que des êtres fimples, exiftants » les uns hors des autres, de même que fi nous dif-

y

> tinguions toutes les petites portions de matiere » différemment mues , qui compofent un portrait , ce > portrait, qui n’eft qu'un phénomene , difparoi-

v

4

> tXOÏt pour nous »,

DE LEIBNITZ. 85

51. Les fondements de fon fyftème avoient été en effec pofés depuis long-temps par Py- thagore (1) & fes difciples; & on en trouve aufli des traces dans Straton de Lampfaque , qui fuccéda à Théophrafte dans le Lycée (2), dans les opinions de Démocrite (3), dans Platon & fon école , & dans Sextus Empiri- cus (4). Ce dernier a même fourni des argu- ments entiers à Leibnitz pour établir /a ne- ceffité de chercher la raifon des compofts dans les êtres qui ne le fuffent pas (s) , comme on le fera voir un peu plus bas; Stobée cite un

(1) Voyez Edmund. Dickhinfon Phylica ver, & vera. Lond. 1702, c. 4, feël. 9, p. 32.

(2) Voyez Ciceron. de Nat. Deor. lib. x, c. 13.

(3) Bayle, Di&, Hifi. art. Démocrire, note P. & arr. ÉPicuRE, note F. Voyez auffi faint Auguflir , Epifi. 56.

(4) Sextus Empiricus, Pyrrhon. Hypotypos, L 3, c. 18, p.164: & adversis Phyficos, lib. 10, c.4, P.674& 675, &c. Ed. 7 Leipfick, 1718.

(s) » Le révérend pere Gerdil, précepteur de Son » Alteffe Royale le Prince de Piémont , à écrit en » italien un livre rempli de jugement & d’érudirion, »- intitulé : Introduzione allo fludio della relisione ;

F iij

Ce fyfiême a éré fondé par les an- ciens,

S6 S'yYASLT ÉVM'E

paffage de Moderatus Gaditanus , Pythago- ricien , lequel, parlant des nombres de Py- thagore , dit: Les nombres font , pour ainfi dire , un affemblage de monades , une progref- Sion de la multitude, qui part de la monade, & y trouve fa derniere raifon ; en remontant à fa fource (1).

s2. Et plus loin le même auteur ajoute : (2) Pythagore s’eft appliqué avec foin à la

» Turin, 175$, in 4. dans lequel il traite favam- » ment, p. 272 6 fuiv. de l'accord qui fe trouve » entre le fyftème de Leibnitz & celui de Pythagore ».

Voyez aufli Buddeï Compendium Hiftoria Philofo- phiæ cum notis Walchii. Hala, 1731 , in 8. pages 168, 199,284, 285$, 496, 497.

Bruckeri Hifior. critica Philof. tom. 1 ; p.1049, 10$0, 1086 , &c.

(1) Est dt denQuos , de rûmu umtiv, cusmua poadey, 3 megroNruos AM , éme pores dpyapeires | 1 vero douos sis poadu nalanninar. Eft autem numerus , ut ita dicam, monadum congeries, vel progreffus mul- titudinis à monade incipiens, & regrefho in eamdem definens. Scobaus Eclog. Phyfic. lib. x , c. 2, p. 3.

(1) Tuwy0egs HE SY garaud æepi Toùs GRATOS iLeh=

\

cale, ras ve Ton Géer yairus &iye dis denQuais , 9 T

DE LEIBNITZ. 85

fcience des nombres , auxquels il rapportoit la génération des animaux ; & Hernuas, ex- pofant la doëtrine des Pythagoriciens, dit(1) que felon eux , /a monade , ou l’être fimple ; étoir l'origine & le principe de toutes chofes. s3+ Mais la conformité du fyftème de Pythagore & de celui de notre auteur , ne paroïît nulle part fi clairement , que dans le pañlage fuivant de Sextus Empiricus (2) :

sigey Tus méplodos, Pythagoras magno ftudio circa numeros verfatus eft, ad quos & animalium ortus, & fiderum circuitus retulit. Siobaus Eclog. Phyfic. IAE PRE IE PE

(1) Apun Ÿ males n prorns | in de onnérar éulas, À ix FT depui , Tu sortie yiere. Monas initium om- nium , à cujus figuris, & numeris elementa fiunt. Hermias Irris. P hilof. Gentil, Set, 16.

(2) Oùros dE dis arigi mo Zapuor TluSwyopar, toxévey rap Aéryourt Toùs Draoroporlas HT IUS A rois Ztpé 26yo F0— vouuevos, @s yép croi mpüro rus Mfus téeraGourw" îx EAP) 1% o Acyos | 44 Em x uAAaGGY ai MËus, mpu- To œuémlovrar us cvnnaGas" ix yap ounnzGer Tu soie Ts Éyyegpuaro Quris évevoutrer | ep éxtiver parer d'iE= para" oùre dei Quris ci ærépi Tloderyéogy , Tobs ovrws Que nos | T& mp voù males murales, & mpérros tétlaQn,

F iv

Argument des Pythago- riciens dans Sextus Empi- ricus,

s8 SLYUS ÉTÉ É .M

» Les Pythagoriciens, dit-il, enfeignent que » ceux qui s’adonnent à l'étude de la philo- » fophie , imitent ceux qui compofent un

cs The ro my naubavt Ty évéhur, To per oùr QolropEo y Ebær Xérye ray Cho dpyn , dQériner mrés si. II yap To Qanomercy, tE éQardy oQiau cuusada" ro 0 éx Tivey cuvssüs | oùx Est Gp , GAA& To éxéo AUTO) cusarIxô. Ge 494 Ta Qouvaptve , fyréoy dpyuus Eivas © OX, dn2&

\ \ / cl > ! EX / / Ta ovsalina Ÿ Povopeivey œarep oùxeTi nv Qauvousre, Tosvuv

2 &d'ynous | 494 dQuréis vaidulo ras Ÿ char dpyés. Kai 0 xonës, yap érouons Uuaroïles | À opolopepeias | 4 0"/xaus , >\ = \ / LA oo 3! ,”/ Un \ el n xoy@s voyre roule méilay 7 bilay éppev, mi pu xalap- lucas, mÿ dr d'émico. n pièy yap Gd'inous vouiCourw sive JC - Yap fe d | ras dpyus , deoiles draspiqoiler 7 d* cupalines role ras ravras | diaminlournw. © yap F aile cœuxle arpoy=

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/ 02 Ê » , \ L Ths Mbcos Sole oÙx cici Abus 5 o9T& Agÿ4 TE TU COHUTEY goiyéie oùx 51 copale. H'ra conala QuAs Tuyyaæver, n droualx, Ab méilus tsw école.

Dicunt enim eos , qui verè, & fincerè philofo- phantur, effe fimiles iis, qui laborant in contexendà oratione. Quomodo enim hi primum diétiones exa- minant ; ex dictionibus enim conftat oratio : & quo- niam ex fyllabis diétiones, primum confiderant fyl-

labas : cumque fyllabæ refolvantur ex literis , five

DE LL E DDBÈNA T 7. 89

» difcours : ceux ci confiderent premiere- » ment les phrafes qui compofent ce difcours, » enfuite les mots qui compofentces phrafes;

elementis vocis literatæ , de illis primum fcrutantur : ita dicunt Pythagorei, oportere veros phyficos de univerfitate fcrutantes, in primis examinare in quæ- nam refolvatur univerfitas. Atqui quod apparet qui- dem , dicere effe principium univerforum , eft quo- dammodo non phyficum. Quidquid enim apparet, conffare debet ex iis, qua non apparent. Quod autem ex aliquibus conftar , non eft principium, fed id, quod illud ipfum conftituit. Undè etiam ea, quæ apparent, non funt dicenda rerum univerfarum principia, fed ca, quæ funt conftituentia apparentium , neutiquam ipfa apparentia. Obfcura ergd , & non apparentia po- fuerunt eorum , quæ funt, principia. Neque hoc communi omnes ratione. Qui enim dixerunt atomos, vel fimilares partes, aut moleculas, aut communiter corpora , quæ cadunt fub intelligentiam , efle rerum omnium principia , aliquà quidem ex parte fe rectè gefferunt , aliquà verd lapf funt. Nam quatenüs qui- dem obfcura, & non apparentia dixerunt efle princi- pia, reété in eo verfantur: quatenus autem ea fuppo- nunt corporea, labuntur. Quomodo enim à corpori- bus, quæ percipiuntur intelligentià, & non funt evi- dentia » præceduntur corpora fenflia ; ia oportet ab

90 S'rHsS HT EME

» & comme les mots font compofés de fyl- » Jabes, ils examinent aufli les fyllabes, juf- » qu'à ce qu'ils arrivent enfin à l’examen des » lettres dont ces fyllabes font compofées, » & qui font comme les premiers éléments » du difcouts; de mème les Pythagoriciens » difent que les vrais phyficiens doivent s’ap- » pliquer à la recherche des premiers élé- » ments qui compofent cet univers. Or il » feroit indigne d’un fage phyficien de dire » que ce qui tombe fous les fens , puilfe » être le principe de toutes chofes; car ce » qui tombe fous les fens doit trouver fon » origine dans quelque chofe qui ne tombe » pas fous les fens; ce qui a fa confiftance » de quelque chofe , ne pouvant pas être lui- » même un principe , mais bien ce qu: confti- » tue la chofe, Ceux qui ont avancé que les

zncorporeis pracedi etiam corpora, qua percipiuntur intel= ligentiâ, & merito. Quomodo enim elementa diétionis non funt diétiones; zta etiam elementa corporum non funt corpora, Aut verd oportet ea effe corpora , aut incorporea. Quamobrem funt omnind incorporea. Sextus Empiricus , loeo citato , p. 674, 675.

DE LEIBNITZ. o1

» atômes , les parties fimilaires , les molé- » cules , ou ces corps qui ne font que du ref- » fort de l’incelligence, éroient les premiers » éléments de toutes chofes, oncdit vrai dans » un fens, & fe font trompés dans un autre ; » 1ls ont dit vrai, en ce qu’ils ont reconnu » pour principe quelque chofe qui ne tombe » pas fous les fens , mais ils fe font trompés » en ce qu’ils ont cru ces principes corporels; » car comme les corps, qui ne tombent point » fousles fens, précedent les corps fenfibles, » ils font aufli précédés de quelque chofe qui » n'eft pas de leur nature ; & de même que » les éléments d’un difcours ne font pas un » difcours, ainfi les éléments des corps ne » font pas des corps. Et s’il eft néceffaire » qu'ils doivent être corporels , ou incorpo- » rels , 1l s’enfuivra donc qu'ils font incor- » porels ».

$4. Et continuant le même argument, il conclut ainf: » ou les principes (1) qui en Qt, Ne do L

(1) H°roe copalé 51 ausalinx dur, 5 deà-

male. x) capale piy ox n Uimotes , irtt d'oicu xéxiras

Suite du même afgu- ment.

92 S'Y ST Ê ME

» conftituent toutes chofes, font corporels ; » ou bien ils font incorporels ; mais on ne » peut pas dire qu’ils foient corporels , parce- » qu'autrement il faudroit remonter à d’au- » tres corps, d'où ils tiraffent leur origine, & » continuant ainfi à l'infini , refter toujours » fans principe. Il n’y a donc point d’autre » moyen de réfoudre la queftion, qu’en di- » fant que Îles corps font compofés de prin- » cipes qui ne font pas des corps, & qui ne » peuvent être compris que par l’efprit; ce qu'Epicure a reconnu , lorfqu'il a dit que > par les idées de la figure, de la grandeur,

vw vw

2

copoale Xéyuy sat cusalixt, 4g obrus éis Gregor Fpoeat- voirys Ts émiolas, Gvapyoy Vie To mé. Aumera pe Déryen , ?E doœudrer tive Th cosari Ÿ vonlor couérar «! x > LA La , / \ E] { / G7Ep 494 E Tixoup gs œuonoyyrt, Qaras xaTo dde gur0y = / \ ! \ 500 / \ / \ = pures Te, 210 peyédous | 2 @lilumius , x) Faggus , To cèue og. AAN 071 drouwrous sives ei ras àpas À hoye Goplav couarer, in Hpyeiver cuuQas.

Aut ergd funt corpora , quæ ea conftituunt , aut incorporea. Et corpora quidem non dixerimus , quo- niam oportebit dicere, etiam illa confiftere à corpo- ribus: & ita in infinitum procedente cogitatione ;

DE LEIBNITZ. 93

» de la réfiftance & de la pefanteur , nous » acquérions l’idée du corps (1).

$5- Scipio Aquilianus, traitant de l’opi- nion d’Alcmæon , Pythagoricien , fur les principes des chofes, la réduit à ce fyllogif me (2) : » ce qui précede les corps dans l’ordre » de la nature, eft le principe des corps; les » nombres font dans ce cas : donc les nom- » bres font les principes des corps : on dé- » montre ainfi la feconde propofition de ce > fyftème. De deux chofes, la premiere eft celle qui peut fe concevoir fans l’autre,

2

ë

» quand l’autre au contraire ne peut être con-

————

effe univerfitatem principii expertem. Reftat ergd, ut dicatur, ex éncorporeis conflitui corpora , quæ per- cipiuntur intelligentiä : quod etiam confeflus eft Epi- curus dicens per congeriem figure , 6 magnitudinis, 6 refiflentia , & gravitatis , intelligentiä percipi corpus. Atque quod incorporea quidem oporteat efle princi- pia corporum intelligibilium, ex his eft perfpicuum. Idem , ibid.

(1) Voyez la note (1) de la fection 76 fur le fyf- sème de M. Necdham.

(2) Scipio Aquilianus de Placitis Philofophorum

Syllogifme d’£lcmæon fut la nature des corps.

94 D'UUS T'E ME

» çue fans elle : or les nombres peuvent être » conçus indépendamment des corps; mais » les corps ne peuvent être conçus fans les » nombres; donclesnombres fontantérieuts » aux corps dans l’ordre de la nature». Ce qui exprime aflez clairément le fentiment de Pythagore , qui étoit, qu’antérieument à l’e- xiftence des corps on devoit concevoir des êtres qui n’étoient pas des corps, qu’il difoit être les nombres , auxquels il accordoit à peu près les mêmes propriétés que (1) Leibnitz donne aux êtres fimples monades. Marfile

ante Ariflctelem, cap. 20, page 118. Editio clariffimi Bruckeri , Lipfie , 1756. » Ce livre étoit très rare # avant que M. Brucker eût travaillé à en donner » une nouvelle édition qui commence à être difficile æ à trouver, ayant été enlevée prefque fur lechamp.

2:

L

Scipio Aquilianus en avoit fait un ouvrage fort » Curieux ; mais il s'étoit trompé fouvent, & pa- » roifloit n'avoir pas affez entendu quelques-uns des anciens. M. Brucker , par fes judicieufes & fa-

2

LA

» vantes notes , l’a rendu un livre fort utile pour » l'intelligence des anciens philofophes.

(1) Voyez le Livre du P. Gerdil à l'endroit cité cr- devant , © aux pages fuivantes.

DE LEIBNITZ. 95

Ficin attribue à Plaron la mème idée, & donne ainfi la fubftance de l'opinion de ce Philofophe.

56. » Les genres de tous les compofés fe ré- » duifent à quelque chofe qui (1), dans fon » genre, n’eft pas compofé , comme les di- » menfions au ffyne , lequel n’eft pas com- » pofé de dimenfions ; les nombres fe ré- » duifent à l’unité qui n’eft pas compofée de » nombres, & les éléments enfin trouvent » leur derniere raifon dans quelque chofe » qui n’admet point de mélange des élé- » ments». Le paffage de Platon, fur lequel Ficin fonde fon argument, me paroït être celui que je vais rapporter en note (2), &

(1) Genera compofitarum rerum omnium reducurñtur ad aliquid , quod in eo genere non ef compofitum ; ut dimenfiones ad fignum , quod ex dimenfionibus non componitur ; numeri ad unitatem , quæ non fit ex numeris ; & elementa ad id , quod ex elementis non mifcetur. Marfilius Ficinus in Platonis Timaum P. 397, tom. 2. Éd. Parif. 1641 , 2 vol in-fol.

(2) Tv oilas à voir par Klaus mrpornnes ; AexTéoy Jus sen. Tovra de mopalor ep de, x) up, 494 dp3 © YF;

Sentiment de Platon fur le même fu- jet.

96 SY SMÉÈME

qui en effet a beaucoup d’analogie avec la maniere de raifonner de M. de Leibnitz. Expliquépar 57 Mais Platon lui-même n’a pas expli-

Marfile Fi-

én que plus clairement & plus briévement fon

fyftème, que Marfile Ficin (1) le faiten ce peu de mots: /es compofés fe réduifen: en êtres fimples ; & la multitude des êtres fimples Je réduit dans les plus fimples des êtres : on voit ici les compofés de Leibnitz réduits en êtres fimples, qui trouvent la raifon ou la fource de icur exiftence, en Dieu. +

capole male cale yeyor Tor Emishpuns teur érdyns Tus rs fuPegrs Qirius durias mparas merad onu. Rerum omnium, quæ exiftunt , cui intellisendi vim ineffe ftatuendum fit, animus dicendus eft ; at inconfpica- bilis ille eft ; ignis autem , & aqua , & aër, & terra, corpora ommia funt confpicabilia. Verum neceffe ef? , atis, qui fcientie , intelligentisque fludiofus eft , fa- pientis , fagacifque naturæ caufas primas perfequatur, &c. Platonis Timæus in oper. Platon. Edit. Henr, Steph. 3 vol. fol, pag. 46. D.E. ver. Serrant. Vid, thid, p. 47. B. C. D. |

(1) Compofita in fimplicia refolvuntur , fimplicia mulia in unum fimplicifimum. Marflius Ficinus in Plotinum , Énn.s , L$,c.19,p.718 ,tom, 2.

55.

DE LErBNrT7Z. 97

58. Plotin lui-même a pofé, en plufieurs endroits (1) de fes Ennéades , les principes de cette opinion ; & fon habile commenta- teur, en fuivant fes traces, ne manque ja- mais de revenir à ce fens dans toutes les oc- cafions que lui donne le texte de fon auteur, qui s’'énonce dans un endroit en ces termes (2) : » I doit y avoir pour principe ou /x- » -flratum des corps , quelque chofe qui ne » foit pas corps » Ajoutez , à tous ces paf- fages , Plutarque parlant d'Héraclite (3), deux paffages de Stobée citant Épicure (4),

(1) Ennead, 2, lib. 4 , cap. 1 6. Brucker. t, 2. Hifi. Cric. Philof. p. 419 , 410,

(2) Ors pur dei rois céporiy Émonelurver etes GAAa o zup dile, &c. Oportet corporibus aliquid efle fub- jeum , quod aliud quiddam fit præter corpora. Plo- tinus Ennead. 2 ,1.4,c. 5 & 6, &c. p. 162. C. Edit, Bafil. 15380. :

(3) H'ecraures Vuyuarié Tux avis, À duepn Uurdryéls Heraclitus etiam ramenta quædam minima, par- tiumque expertia introducit, Plutarch. de Placiris Philof. l.1,c. 13. ddeml,1,1,16, de Thalete, & Pythagoreis,

(4) Emixouges émepiayuile eve ra céuale , 1) pale 0

Tome I. G

Opinion de Plotin.& paf {ages d’Héra- chite , d’Epi- cure , &Cs

Tentative d’un favant d'Allemagne pour rappro- cher l'eibnirz de Parméni- des.

98 S'YSTÉME

Xénocrate (1) & Diodore, qui font très bien à notre fujer, & les pañlages de l'Ecriture cités ci-deffous (2).

$9. Avant de quitter ce fujet, je remar- querai encore qu’un favant d'Allemagne (3) a effayé de démontrer que la do&rine des monades prenoit fa fource dans la philofo. phie de Parménides : fur quoi M. Brucker (4) remarque qu'il n’a pas réufli dans fon entreprife, & que la doétrine, qu’il donne comme les fentiments de cet ancien philo-

aüna, ra de 8 Eneivav ouyraiuala, Lagos te. Epicurus comprehendi corpora negabat, ac prima quidem affe- rebat eff fimp'icia, de his autem compofita gravitatem habere. Stobaus Eclog. P hyf p. 33.

(1). Etoxsalys , x Aud'upes Gutpn Tu Déyise pi ofla. Xenocrates & Diodorus minima partibus carere dixé- runt. Srober Eclog. lhyf.p. 33. Geneve, 1609. fol.

(2) Manus tua, quæ creavit orbem terrarum ex materiâ invijé , lib Sapent. c. 11, v. 18 Et faine Paul aux Hébr, c. 11, v. 3. Et Machub, lib. 2 ,c, 7, Y. 18.

(+) Godofr. Walterus in fepulchris Éleaticis , c.3, Jeët. 6, p. 17 6 Jeq.

(4) Hifforia Critica P hilofophie , tom. x, p, 1166.

DE LEIBN1iTZ. 99

fophe , lui appartient moins qu'à Platon. Cette derniere remarque eft très jufte ; mais que ce foient les fentiments de Parménides ou de Platon que le favant Allemand ait ex- pofés , 1l fufhit à mon fujet qu'ils foient de l'un ou de l’autre pour ne pas les paffer fous filence, & faire voir l’analogie que leurs idées avoient avec notre célebre moderne, lequel déclaroit luimême dans toutes les occafions , qu'il avoit puifé plufeurs de fes idées dans Platon (1), & définiffoit fes mo- nades , de même que Platon fes idées,

(1) » Un de mes amis m'a affuré qu'il tenoit de La # bouche même d'un favant d'Italie, qu'étant allé 5 à Hanovre pour fatisfaire au defir qu'il avoit de » connoître M. Leibniez , il fut pendant trois fe- 5 maines avec lui, & qu’en fe féparant, ce grand » homme lui dit: Monfieur, vous m'avez fait la » grace de me dire fouvent que je fais quelque chofe ; bien ! Je veux vous füire voir les 'ources j'ai » puifé tout ce que j'ai appris: & la-deflus pfenant » l'étranger par da main , ül le fit pafler dans fon » cabinet, il lui montra pour touslivres, Platon, » Ariftote , Plurarque , Sexcus Empiricus , Euclides , » Archimedes , Pline , Séneque & Cicéron.

G ij

100 SR A UE CAE QE

ovros ôvra , les êtres véritablement (1) exif- tants. Voici la maniere dont l’auteur en quef- tion préfente les opinions de Parménides , dans lefquelles il trouve tant d’analogie avec le fyftème des monades.

I. L’exiftence differe de l'effence des chofes (2).

II. L’effence des chofes qui exiftent ef hors de ces chofes mêmes.

HI. 11 y a dans la nature des êtres fembla- bles, & d’autres diffemblables.

IV. Ceux qui font femblables font con- çus exifter tous dans le même état d’ef- fence.

(1) Suas enim monadas efle ovras ovre , fubftan- tias fimplices, Deum , animas, & mentes, fimu- lacra univerfitatis , ait ër Epifi. Hanfchir de Enthus. Platonico.

Un autre principe de Leibnitz étoit qu'il n’y avoit pas deux chofes femblables dans la nature, Ce qu’il devoit à Cicéron, Quæft. Acad. lib, 4, c. 17.

(2) I. Exiftentia differt ab effentià rerum.

II. Eflentia rerum exiftentium extra illas eft.

XII. Sunt quædam res fimiles , quedam diflimiles,

DE LEIBNITZ. IOH

V. Toutes les chofes exiftantes fe ré- duifent à certaines clafles & idées détermi- nces.

VI. Toutes les idées ont leur exiftence dans l’Ur , qui eft Dieu ; d’où vient que tout eft un.

VII. La fcience confifte dans la connoif- fance des efpeces, & non pas des indivi- dus.

VIII. Elle differe des chofes exiftantes.

IX. Les idées étant en Dieu , échappent à la connoiffance des hommes.

X. De vient que l’homme ne conçoit rien parfaitement.

IV. Quæ fimiles funt, eodem effentiæ conceptu comprehenduntur.

V. Omnes res referuntur ad certas clafles, & ideas,

VI. Omnes ideæ in uno exiftunt , in Deo ; hine omnia unum funt.

VII. Scientia non eft notitia fingularium , fed fpe= cierum.

VIN. Differt illa à rebus exiftentibus.

IX. Cüm ideæ in Deo fint , ided latent homi- nm

G iij

102 SYSTÈME DE LEIBNITZ.

XI. Les notions de lefprit font comme les ombres ou les images des idées.

X. Hinc homini incomprehenfbilia funt omnia, XI. Notiones mentis idearum umbræ funt, & ima+ gines,

GA PE RE ic E

NATURE ANIMÉE.

Comparaifon du Syfléme de M. DE BUFFON avec celui D'ANAXAGORE , D'EMPÉ-

DOCLE , & de quelques autres Anciens.

60. in fens toute la délicateffe du fujet que j'entreprends de traiter : mon deffein eft de faire voir que le fond de la théorie du fyftème de M. de Buffon fur la matiere univerfelle , la génération & la nutrition , a tant de ref. femblance avec tout ce qu’en ont enfeigné Anaxagore , Empédocle , & quelques autres Anciens, qu'il eft difficile , après avoir.com- paré les opinions de ces illuftres philofophes avec celles du célebre Moderne, de ne pas penfer que fes idées ont tiré leur origine de cette premiere école ; d’autant plus qu'il pa- roit que M. de Buffon les a lus avec atren- tion , & qu'il fait apprécier leur mérite. Ce- pendant comme il ne fait pas fouvent ufage G iv

Syftème de M. de Buf- fon , compa- avec les fentiments d’Anaxago- re, Empédo- cle, &c.

fo4 N AR TU RE

de leur autorité pour appuyer fes fentiments, on pourroit être porté à croire que ma con- jeture n’eft pas fondée, ou que M. de Buffon lui mème ne s’eft pas apperçu de l’analogie qui regne par-tout entre fon fyftème & celui des Anciens : je nai autre chofe à répondre à cela, finon que le lecteur lui-même pourra décider deflus, lorfqu’il aura examiné la maniere dont je vais expofer la queftion; mais en attendant , il eft bon d’obferver qu'on ne peut pas conclure, de ce que M. de Buffon ne s'appuie pas toujours de l'autorité des Anciens, qu’il n’a pas toujours connu ce qu'ils ont penfé, & encore moins que, sil les a étudiés , 1l n’a pas entrevu la confor- mité de leurs fentiments avec les fiens. Je fais cette obfervation avec d'autant moins de répugnance, que je ne penfe pas que ce que j'avance ici doive ou puiffe diminuer en aucune maniere la gloire de cet habile écri- vain , qui aura toujours le mérite d’avoir faifi avec la plus grande fagacité les prin- cipes des philofophes Grecs , & d’avoir fait

ANIMÉE. 10$

revivre leurs raifonnements , dont les in- jures du temps avoient détruit la plus grande partie.

61. Il me femble, en fuivant l’idée d’un habile homme de nos jours (1}, que le ref- taurateur du fyftème de quelque grand homme , dont le fond ne s’entrevoit que par quelques fragments qui nous auront été con- fervés de fes écrits, peut être juftement com- paré à un habile fculpreur qui, trouvant un bufte rompu de Phidias , ou de tout autre fameux artifte de l’antiquité , pourroit, avec le fecours de fon génie & des con- noiffances qu’il a dans fon art, juger exacte- ment , par ce feul morceau, de tous les rap- ports que doivent avoir entre eux les mem- bres qui appartenoient à ce bufte ; détermi- ner les juftes proportions au bufte rompu, les travailler , les joindre , & en former une ftatue auffi parfaite , qu'il y a apparence que l'auroit été celle dont ce buüfte faifoit la prin-

(1) M. de Freret , Mémoires de l'Académie des infcriptions & Belles-Lettres, tome 18, p. 1134

Comparai- fon fur le mé- rite des Mo- dernes & ce- lui des An- ciens,

Expofition du {yième d’Anaxagore.

106 NATURE

cipale partie : le mérite d’un tel artifte mo- derne mériteroir fans doute de grandséloges; mais la gloire de l’ancien artifte feroit tou- jours au-deffus de la fienne , parceque l’on doit fentir que les idées des proportions de ces membres ajoutés feroient puifées dans celles que lui auroit fournies le bufte rompu. 11 cft aifé d'appliquer cette comparaifon aux philofophes modernes, dont quelques uns des plus célebres, bien loin de chercher à fe défendre d’avoir emprunté leurs opinions des Anciens, ont été fouvent les premiers à le déclarer; ce dont Defcartes (1) & les princi- paux Newioniens (2) nous fourniflent des exemples frappants & dignes d’être imités. 62. Diogene de Laërce , Plurarque & Ariftote nous apprennent qu'Anaxagore

(1) Nec me primum u!larum opinionum invento+ rem effle jaéto ; fed tanrüum me illas pro meis adop- tafle , qudd mihi eas ratio perfuafiffet. Defcartes, de Me:hodo , p. 47. Edie, Amfler. 1692. Typis Blaeu, tom, .

(2) Greçorit Prefat, Aftron. Phyf. & Geomer. Elemene.

ANIMÉE. 107

croyoit que les corps étoient compofés de petites particules femblables ou homogenes; que ces corps admettoient cependant un mé- lange de petites particules hétérogenes , ou d'autre efpece ; mais qu'il fuffifoit pour conftituer un corps d’une efpece particuliere, qu'il füt compofé d’un plus grand nombre de petites particules femblables & conftituanres de cette efpece. Les différents corps étoient différents amas de particules femblables entre elles, quoique diffemblables relativement aux particules d’un autre corps, ou amas de petites particules d’une efpece différente ; 1l croyoit, par exemple (1), que le fang étoit

(:) Nunc & Anaxagoræ fcrutemur Homæomeriam , uam Græci memorant, nec noftrà dicere linguä

Concedit nobis patrii fermonis egeftas. Sed tamen ipfam rem facile eft exponere verbis. Principium rerum quam dicit Homæomeriam ; Offa videlicet è pauxillis, atque minutis Vifceribus vifcus gigni ; fanguemque creari, Sanguinis inter fe multis coëuntibu” gurtis: Ex aurique putat micis confiftere pofle Ayrum, & de terris terram concrefcere parvis;

108 N ALT À & #

formé de plufeurs gouttes ou particules, dont chacune étoit du fang ; qu’un os étoit formé de plufieurs petits os qui, par leur extrème petitefle , fe déroboient à notre vue ; & c'étoit cette fimilitude de parties qu’il appel- loit éucmuepésas , fimilaritates. Ainfi, felon ce philofophe , 1l n’y avoit point de généra- tion ni de corruption , point de naiflance ni de mort, proprement dites ; la génération de chaque efpece n’étant que l’affemblage de plufeurs petites particules conftituantes de certe efpece; & la deftrudtion d'un corps n'étant que la défunion de plufeurs petits corps de la même efpece, lefquels, confervant toujours une tendance naturelle à fe rejoin- dre , reproduifent enfuite , par leur réunion avec d’autres particules fimilaires , d’autres corps de la même efpece. La végétation & la nutrition étoient les principaux moyens em- ployés par la Nature pour la reproduction

Ignibus ex ignem ; humorem ex humoribus effc. Cætera confimili fingit ratione , puratque. Lucretius, L, x, v, 8304

AN NT M El 109

des tres : ainfi Les différents fucs de la terre étant compofcs d’un mélange de petites par- ticules innombrables , conftituant les difé- rentes parties d’un arbre, ou d’une fleur, par exemple, prenoient , fuivant les loix de la Nature , différents arrangements ; &, par le mouvement qui leur étoit imprimé, fui- voient leur cours jufqu’à ce qu’étant arrivés aux endroits qui leur étoient propres & defti- nés , ils s’y arrétoient pour contribuer , pat leur affemblage , à la formation de toutes les différentes parties de cet arbre , ou de cette fleur ; de façon que plufieurs petites feuilles imperceptibles formoient les feuilles que nous appercevons ; plufieurs petit fruits for- moient les fruits que nous mangeons (1), &

(1) TpoQur yo mporQipoutde dm , Hay pond , oloy \ U E4 \ / ° \,3 / 02 Toy Ayurlptioy pro | ro Ud' ap mhoïles" Ko4 x TabTys The 7 1 # » re > V2 TpoQhs TpéPeras Jué , QAEU , éplnpie , ex , 05% , 44 \ [4 / s / / 2 «! 2 Aura popie, Toirar oùy yuwomévay , ouonoy#leoy toi, o7e ë 2 La 22 , \ , re Th ThQn Th moorQeoquem male est ra le, 1 x Ty U LA Sr, 15 JE PES 2 3/ Day mule abkeros | © ty Exeivn Est ri TRoQA mocau , aiwailes \ : PT, Fra d 7 1 Jolies | 494 vépar , Kg 850 , x} dhAGY FT & ny À0ya

fcopra pige, Ov ya méile ii rh aiQyri évéye ,

ii IN À Œ Um æ

ainfi du refte. Il en étoit de mème, fuivant ce philofophe, de la nutrition des animaux : le pain que nousmangeons, & les autres ali- mens que nous prenons, fe convertiffent, dans fon fyftème, en cheveux, en veines, en arteres, en nerfs, & en toutes les autres parties de notre corps, parcequ'il y a dans ces aliments les parties conftituantes du fang,

or aplos , ny To Vd'wp radre xlurnivuot , GAN ty roërois Ë5i Ayo Deopnra mopsm. Am rod cbr oproie To puépy civas TD TRIQÙ Tus yenauérois | opolusins aùras ixdert | © dpvas À Glory azriQiralo 1 Tus pri ouooutpties , ban To dE mou éfrioy , Toy vo roy ra mule d'ilakauer. Apxé- ras dE orus.

Os mile ppiuale 5, v8s de adra d'ipe, © Dexôpnre.

Itraque , dicebat ille | fimplicem , atque uniformem cibum fumimus , ut triticeum panem , bibentes aquam ; atque ex loc cibo capillus , vena , arteria , nervt, offa , cateraque corporis partes nutriuntur. Quimque bæc fiant , neque tamen ex sihilo produci poflint, fatendum eff, qudd in [umpto cibo res omnes reperiun- tur, atque ex is, quæ infunt, omnia augentur ; atque proindè /# eJufmodi cibo funt partes ; fanguinis procreatrices ; five gignendo fanguini accommodate , nervorumque fimiliter, & offium, aliorumque partes ,

À NIM É E. Tii

des nerfs, des os, des cheveux, &c. lef- quelles, fe réuniffant les unesaux autres, fe fonr appercevoir enfuite par leur affemblage, au lieu qu’elles fe dérobent auparavant à nos fens par leur infinie petireffe.

63. Empédocle à aufli reconnu les mêmes principes fur la nutrition des animaux, qu'il difoit (1) fe faire de La fubftance des aliments

_—__—_—————

quæ menti confpicuæ fin. Neque enim omnia ad fenfum revocare oportet , quod nimirum panis , & aqua ifta efformet ; fed in iftis potius partes funt, quæ mente percipi, comprehendique poffint, Ex eo quod igitur in cibo fint partes fimiles illis, quæ in copore gencrantur , partes illas fimilares vocavit, rerumque principia efle dixit. Ac fimilares quidem partes , materiam ; mentem vero , quæ omnia dif- pofuit , efficientem caufam efle putavit. Sic enim exorditur.

Simul res omnes erant; mens verd ipfas diremit, atque difpofuir, Plutarch. de Placitis Philofoph. Lib. 1, c. 3. (1) E'umidonnnes rpigeau pes ra Qoe diù Thy Ümosuri Todd oxsiou , ælkeoQe de di ray mupouriu rod Cepreod. Empedocles ait animalia nutriri quidem ex accom- modatr , fibique convenientis cibi fubflanuié ; ex caloris

Sentiment d'Empédocle fur la nutri- tion.

Autre fenti- ment du mèê- me philofo- pue fur Îles éléments de la matiere,

112 IN LA GTR UER

propres & accommodés à la maniere de l'ami mal.

64. Le même Empédocle enfeignoit que la matiere avoit pour principe une force inhé- rente & vivante, un feu fubril & actif, qui mettoit tout en mouvement (1); ce que M. de Buffon appelle autrement matiere orga- nique toujours alive, matiere organique animée ; & » cette matiere, chez Empédocle, » étoit divifée en quatre éléments, entre » lefquels il y avoit une liaifon qui les unif- » foit, & une difcorde qui les divifoir, & » dont les petites parties s’attiroient mutuel- :

autem acceflu , fivè præfentià augeri Plur. de Placit. Philo/. lib. $ , c. 27. Hippocrate regardoit le feu élé- mentaire comme le principe de la végétation M. Le- febvre rapporte les expériences de Jallabert & Nollet pour prouver la vérité de cette opinion. /ntrod. & L'Expéri On voit par cette Introduétion combien Hippocrate connoifloit diftinétement tous les prin- cipes de la phyfique moderne, & même delachymie; & que tout ce que l’on a dit de vrai depuis lui fur les caufes de la compofition & de la décompot- sion des corps, fe trouve dans fes écrits.

(1) Origines Philofoph, c. 4. » lement

A NIMÉE, 113

> lement , ou fe repoufloient les unes les » autres (1); ce qui faifoit que rien ne pé- » rifloit , mais que tout étoit dans une per- » pétuelle viciflitude dans la Nature » : d’où il s'enfuit que dans le fyftème d'Empédocle, comme dans celui d’Anaxagore , il n’y avoit point de vie de mort proprement dites, mais que les gflences des chofes confiftoient dans ce principe actif d’où elles étoient éma- nées (2), & dans lequel elles fe réduifoiene ou fe décompofoient en dernier reflort.

(1) A0 de ras ipéo. Queis cdd tr bou éméÿlar Oynlav | add ris cuhouiyen Cayéraio rEeury. An povor palis Te, itnnakis Te puryé lo Es, Queris de polos oouailer évIparurir, Jam quod naturam mortales nomine dicunt, Hoc nihil eft ; neque enim mortem Natura, vel ortum Humano præbet generi ; nam mixtio tantüm, Mixtorumque fubeft quædam fecretio rebus ; Idque homines vulgo Naturam dicere fuerunt. Plutarch. de Placit. Philof, L 1, c. 30. (2) mapemiumouar x) roy E’umidonnia , ds Qurixäs drus vhs muilay dvanrVeus péular, d5 Erouims TArÉ ds Ta To mupis abri PL

Tome I. H

Autte fenti- ment du mèê- me fur la gé- nÉrAtIONs

Opinion de Plotin fur Pafinilation des parties dans la nutri- tion,

114 IN SAT QU PR 4

65. Empédocle avoit encore fur la géné- ration un fentiment que M. de Buffon a {ui- vi, & qu'il a prefque exprimé dans les mêmes termes, lorfqu'il dit que les liqueurs fémi- nales des deux f[exes contiennent toutes les mo- lécules analogues au corps de l’animal ; & né- ceffaires à fa reproduition (1).

66. Plotin, fuivant l’idéeyd'Empédocle, a recherché quelle pouvoit être la raifon de cette fympathie & de cette attraction dans la Nature , &1l la trouve dans une harmonie & une affimilation de parties (2) , qui les porte à

Admitto etiam Empedoclem , qui admodum natu- raliter univerforum meminit inftaurationis , quod fcilicet aliquando futura fit mutatio in ignis eflen- tiam. Clement. Alexandr. ffromatum, 1. $ ,p. $9s.

(1) Empedocles guidem divul{a effe fobolis membra aïebat , ut in femane alia , alia in maris femine con- tinerentur : Galen. de femine, lib. 2, c. 3.

Vid. etiam Galen. hiftor. Philof. cap. de femine ; & Plutarch. de Placit. lib. 1, cap, à.

(2) Tas dt yorleius müs ; h cuuruduia , 5) miQu- xhes cuxQaviay eve Quoiav , 454 ballurw évuolav 1) 75 À dupe À mod momie Es à Goo œulenoler 1 yep

endes pygeaméne GA | AmoMhE ÉAxeTEI | 20 onlebiler

ANIMÉ E. t1$

fe lier enfemble lorfqw’elles [e rencontrent , ou à fe repouffer lorfqu’elles font diffemblables ;

1l dit que c’eft la varieté de ces affimilations

qui concourt à la formation de l’animal ; & il

appelle cette liaifon & cette défunion la

force magique de l'univers: & fon habile interprete , Marfile Ficin, expliquant le fens de ce pañlage , dit que Les différentes parties

de chaque animal (1) ont une vertu attraétive “en elles , au moyen de quoi elles s’approprient

ao) à Ouh payde , 4 à 7 mari QUe | 1) ro viros ab,

Magicos verd attra@us quânam ratione fieri dices mus ? Profeéto ex confenfione quâdam rerum in pa- tiendo ; ac lege quâdam naturæ faciente , ut snter fimilia quidem concordia fit, inter diffimilia vero dif- cordia : item virium multarum varietate in unum animal conferentium. Etenim nullo alio machinante multa ritu quodam magico attrahuntur ; veraque vis magica , eft amicitia in univetfo , rursufque difcor- dia. Plotini Ennead. 4. l. 4, p. 434.

(1) Animalis quodlibet membrum habet vim ad attrahendam portionem propriam alimenti ; venæ ad fanguinem , arteriæ ad fpiritum , tefticuli ad femen, Marfil, Ficini in Plotini Enn. 4, l. 4. capitulo 40.

H ij

Expoftion du fyftème de M. de Buf- fon,

t16 N A7 UUR 4

des portions d'aliments qui leur conviennent davantage.

67. Venons à préfent au fyftème de M. de Buffon, qui fera d’autant plus aifé à expofer , que je me fervirai de fes propres termes. Cet illuftre écrivain penfe , avec Anaxagore, qu'il y a dans Îa nature une matiere com- mune aux animaux & aux végétaux , qui fert à la nutrition & au développement de tout ce qui vit & végere; & avec Plotin, que cette matiere peut opérer la nutrition & le développement, en s’aflimilant à chaque partie du corps de l'animal ou du végétal, & en pénétrant intimement la forme de ces parties , qu'il appelle le moule intérieur. Cette matiere nutritive & produétive eft uni- verfellement répandue par-tout, & compo- fée de particules organiques toujours actives, tendantes fans celle à l’organifation, & pre- nant d’elles-mèmes des formes différentes, fuivant les circonftances ; de forte que, comme Anaxagore , 1l n’y a point de germes préexiftants , point de germes contenus à l'infini les uns dans les autres, mais une ma-

ANIMÉE. Va 7

tiere ofganique toujours aétive , toujours prête à fe mouler , à s’affimiler, & à pro- duire des êtres femblables à ceux qui la re- goivent : les efpeces d'animaux ou de végé- taux ne peuvent donc jamais s’épuifer d’eux- mêmes ; tant qu'il fubfftera des individus, lefpece fera toujours toute neuve: elle l’eft autant aujourd’hui qu’elle l’étoit au commen- cement, & toutes fubfifteront d’elles-mèmes, tant qu'elles ne feront pas anéanties par la volonté du Créateur. Il s'enfuit de ces prin- cipes , que la génération & la corruption ne font que la différente affociation ou défunion des parties femblables , lefquelles , après la décompofition d’un corps animal ou végétal, peuvent fervir à reproduire un autre corps de la mème efpece , pourvu , felon M. de Buf- fon , que ces petites parties conftituantes rencontrent un lieu convenable au dévelop- pement de ce qui doit en réfulter pour la gé- ration de l'animal , ou qu’elles paffent par le moule intérieur de l’animal ou du végétal, & s’affimilent aux différentes parties, en pé- nétrant intimement l'intérieur ; & c’eft en

H iij

Autre prin- cipe de M.de Bufon dans Hippocrate , Pythagore & Ariftore.

118 NATURE

cette derniere condition feulement que con- fifte la différence entre les opinions des An- ciens que je viens de rapporter , & la théorie de M. de Buffon. Celui ci croit que les par- ues fimilaires & organiques ne deviennent fpécifiques qu'après s'être aflimilées aux diffé- rentes parties du corps qu’elles doivent com- pofer ; au lieu qu’Anaxagore les croyoit tou- jours fpécifiques, & ne penfoit pas qu’elles euflent befoin de pénétrer la forme des par- tes pour s’y affimiler (1).

68. Un autre princine de M. de Buffon ef que lorfque cette ratiere nutritive eft plus abondante qu’il ne faut pour nourrir & déve- lopper le corps animal ou végétal, ele ef renvoyée de toutes les parties du corps dans

(1) Il paroît même qu’'Hippocrate penfoit comme

Anaxagore. E‘cégre de is &yOpamoy prépea entr , Chu Ghœv o f P (REPECE? > 2

9’ , \ + « . . Exale oüypurw æupos 10 Los. Jrrepunt in homirem partes partium , totæ totarum, &c. L. 1 de Diætà. C'étoit , fuivant lui, en vertu de leur affinité que ces parties totales & fimilaires ouéregm» s'attiroient pour fe rendre à leur place convenable. Ibid. feët. 4, p. 9. Edir, Foëf, & fe&. 3, p. 33, lin. 38. id, p. 19, lin. 294

ANIMÉ E. 119 ar ou plufteurs réfervoirs , fous la forme d’une liqueur ; qui eft la liqueur [eéminale des deux Jexes ; lefquelles , mèlées enfemble, contri- buent à la formation du fœtus qui devient male ou femelle, fuivant que la femence du mâle ou de la femelle abonde le plus en molécules organiques ; & reflemble au pere ou à la mere, fuivant la différente combinai- fon de ces deux femences. On trouve encore l'origine de cette idée dans les paffages de Pye thagore & d’Ariftote ,rapportés ci-deflous (1);

(1) Dao, o7i Très aipalirës dy dy mipirloua TpoQis, To cmipuu , rés mi ma quipy Om idoutms TEAcUTuIas.

Conftat femen ele fuperfluitatem fanguinei aliment, qua pofimodim in membra digeritur. Ariftotel. de ge- neratione animal. lb. 1 , c. 19, p. 1063. E.

Amporeiles àQ char À cola 5 À rvewlara ppav, oo) T cpu, 650 , K) ay. :

Democritus ab omnibus precipuis corporis pariibus femen derivari credit , ut ofibus , carne, venis. Gal.

Hiftoria philofophica de femine, Bafil. 1538. pars quarta, p.435 ; lin. 48, 49. Vid. Hippocrat. de ge- nituré.

» Dans le même chapitre il rapporte un fentiment » de Pythagore qui eft précifément exprimé comme

H iv

Sentiment fur les deux fyftêèmes.

120 NATURE

& dans Hippocrate cité par M. de Buffon même (1).

69. Ce feroit m’écarter de mon but que de prétendre apprécier ici le mérite de l’un ou de l’autre fyftème ; il eft fuffifamment rempli fi j'en ai fait voir l’analogie. Il femble que tous deux ont leur mérite, & que tous deux font les productions de très beaux gé- nies ; celui d’Anaxagore a plus d'inconvé- ments, & n’étoit pas appuyé fur les expe- riences exactes & laborieufes qui foutiennent celui de M. de Buffon ; mais 1l faut avouer auf que le philofophe Grec avoit beaucoup fait d’avoir imaginé les principes qu'a fuivi le

» celui de M. de Buffon, qui fait provenir /a femence 5 d'une matiere nutritive furabondante ; femen nutri- menti partem quamdam fuperabundantem efle.

Et Plutarchus de Placitis Philof. lib. $ , c. 3. Py- thagoras femen efle dixit alimenti fuperfluitatem , mepirloue ris Tpopas.

Voyez aufli un peu plus haut , p. 110, & Hippo- crate , de geniturä , Gc. 1. 1 de Diera.

(1) Page 141 du 3°. tome de l'Hiftoire Naturelle , édit. in-12.

AUNC ET MIE E 121

philofophe moderne ; & que l'avantage que l'un 2 eu d’avoir pu faire ufage du microf. cope, ne doit pas, dans un parallele, tour- ner au défavantage de l’autre; on verra ce- pendant ciaprès (1) que les Anciens n’ont pas toujours été dépourvus de fecours de cette efpece.

Je paffe à l’examen d’un autre fyftème qui n’eft pas moins délicat que celui que je quitte ici, & dont on trouve également des traces chez les Anciens.

(1) A l'avant dernier chapitre de la 3°. partie.

Expofcion du fyftème de M. Nced- ham.

122 LUN'AUTIO RE) ACTIVE

COLA PR APRRE CEE LE

Nature ailive & animée. Syfléme de M. NEEDHAM.

70. A PRÈS une longue fuite d'expériences microfcopiques , M. Needham (1) aremarqué qu’elles conduifoient toutes à faire voir (2) que les fubftances animales & végétales font originairement les mêmes ; qu’elles fe con- vertiffent l’une en l’autre réciproquement par un changement fort aifé ; qu’elles fe dé- compofent en un nombre infini de zoo-

(1) » M'étant trouvé un jour avec M. Needham , & > parlant de fon fyftême , il a faifi cette occafion de

v

» s'expliquer fur quelques expreflions de fon livre, » auxquelles il fe plaint que l’on n’a pas donné l’in- » terprétation la plus jufte & ‘la plus naturelle ; & » il a defiré que je lui donnafle le moyen de le faire, » en inférant ici les deux ou trois notes fuivantes.

(2) Obfervations Microfcopiques. Paris , 17ç0. in-12. pages 271, 241,242 319, 320,267, 2693 270 5 320 » 335» 3775 379 > 382

nn

EUT OA N IIM É LÉ, Hg

phytes (1) qui, fe réfolvant, donnent toutes les différentes efpeces d’animaux microfco- piques communs, lefquels, après un certain temps , deviennent immobiles , fe réfolvent encore , & donnent des zoophytes ou des animaux d’une efpece inférieure ; que les animalcules fpermatiques ont la même pro- pricté de fe réfoudre , &, dans leur décom- pofition , de donner des animaux plus petits jufqu’à ce qu’enfinils échappent entiérement à la force des meilleures lentilles. L'auteur des obfervations croit qu'il eft probable de

(1) » Nommés ainfi , parcequ'ils doivent leur ori- » gine à des plantes microfcopiques dont ils font vi- » fiblement le produit. On les partage en deux » clafles ; ceux qui ont un principe de fpontanéité; » & les autres qui font fimplement vitaux. Cette » vitalité eft précifément la même chofe que l’irrita- » bilité de Haller, & dépend du même principe , à » l'exclufion de tout fentiment & de toute fponta- » néité, Ce même principe vient d'être découvert » tout récemment , & obfervé par un Naturalifte de Florence dans quelques fleurs, qui font les parties génératrices , & les plus exaltées des plantes.

n Note de M, Needham.

2 Ü

u L9

Suite de la même opi- nion.

Suite du même fyfté- Mme,

TA UMNETURE ACTIVE

que toute fubftance animale ou végétale avance autant qu’elle peut dans fa réfolu- tion, pour retourner pat degrés à des prin= cipes communs à tous les corps, & qui font une efpece univerfelle.

71. L'auteur infinue enfuite que dans la décompofition les corps fe fubtilifent relle- ment, que la réfiftance diminue toujours, & que ladivité motrice augmente propor- tionnément ; qu'après avoir paf]e la ligne de fpontanéité , le mouvement fe fimplifie jufqu'& devenir purement ofcillatoire , avec différents degrés de viteffe , & que parconfequent la ma- tiere doit être confidérée comme paffant con- cinuellement d’un état à un autre , & confli- tuant des éléments de plus en plus aëlifs.

72. Un peu après 1l n’héfite plus à croire qu’à mefure que la matiere fe décompofe, elle fe fubrilife , & que la vitefle des corps de- vient plus grande à proportion que les corps font plus petits ; 1l avoit dit que toute com- binaifon phyfique (ou matérielle) pouvoit fe réduire en derniere raifon à des agents fim- ples , tels que la réfiftance & le mouve-

EUAUQAUN EME 42 ment {1); que l’idée de l'étendue n’eft que leffer des actions fimultanées ; que la réff- tance & l’activité motrice (2) font un réful- tat d'actions fimples ; & enfin qu'un nombre d'agents fimples & inétendus peuvent con- courir à nous donner l’idée d’une combinai- fon étendue , divifible & fubftantielle : 1! dit enfuite que les principes de la matiere font des fubftances dans lefquelles l’effence , l’e- xiftence & l’action fe terminent en dernieres raifons , qu’i/ y a des principes actifs dans l'univers qui produifent de leur propre nature le mouvement (3): enfin il conclut par dire que la matiere, portée jufqu’à fes premiers

a

(1) »C'eft-à-dire , doués par la Divinité des prin- » cipes de la réfiftance & du mouvement. Note de » M, Necdham.

(2) » En concret , telles que nous les voyons dans » les effers qu'elles produifent. Du même.

(3) » Mais toujours indépendamment de la Divi- » nité qui les a créés ainfi, comme il a donné à » l'ame des bêtes le principe du fentiment, & à » l'ame de l’homme la puiffance de la raifon. Mais # çe principe de pur mouvement ne renferme auçun

Comparai- fon de ce fy- flème avec les opinions de Pythagore & de Flacon;

156 NATURE ACTIVE principes , n'eft plus une mafñle inactive; mais qu'elle devient aühvité réfiflante , mouvante ou vitale ; dont chaque portion eft fenfble (1) : & dans un autre endroit il dit que la vitalité eft fenfible dans chaque particule, & qu’enfin il y a une aëlivité pofitive dans la matiere.

73. Si lon compare à préfent ce fyftème avec la doctrine de quelques Anciens, on y découvrira aifément une conformité frap- pante. Pythagore & Platon (2) enfeignoient que tout étoit animé dans la Nature , & que la matiere avoit en elle-même un principe de mouvement & de repos qui la tenoit fans ceffe en action; ce qui n’eft autre chofe , dans le fyftème de M. Needham, que la force active

» fentiment , aucune fpontanéité , aucune volonté, » Il agit quand il eft dégagé de la réfiftance qui eft » comme fon antagonifte ; & comme un reflort, il » fe déploie fans cefle , & de plus en plus démontre 2 fa force au dehors , à mefure que la réfiftance di- » minue, toujours actif & toujours agiffant, Vote » de M. Necdham.

(x) » Dont chaque portion participe felon fa na« » ture. Du même.

(2) Diogenes Laert. lib, 8, feif, 25, Plutarch. de Placitis Pilof, Lib. 2, c. 3.

POPAAPNIUMÉE %}r

combinée avec la force de réfiftance.

74. Les Pythagoriciens (1) croyoient que le Monde étoit animé, qu'il y avoit un prin- cipe de vitalité infus dans toute la Nature , qui s’étendoit non feulement au regne ani- mal (2), mais aufli pafloit dans le regne vé-

(1) À œoeuuike do duvapeus | dpyas xwariar. Cui (Natura fcil. ) duas potentias immifcuit, motuum principia. Timaus Locrenf. tom. 3... Platonis Edir. Sreph. p. 94. D. & 95. E. 96. À.

(2) » Epicure enfeignoit aufli la même doctrine » fur la génération, & ( comme M. Necdham, ) » difoit avec Anaxagore & Euripide, que rien ne # meurt dans la Nature,

Of mipi E miroupgr tx piluGongs ris dANiney yet Qu Ta Goa ds 194 Avakeryoogs | xg4 Edearid ns" birxu undt, pélanciboutve de dnn0 ps dnno, poppus td'uës. Epicurei animalia ex mutuä in fefe mutatione nata putarunt: quod Anaxagoras etiam , & Euripides exiftimavit, inquiens : Nihil moritur , fed aliud in aliud conver- fum formas varias oftendit. Plutarch. de Placitis Philof. lib. $ , cap. 19. Aucun Ancien n’a mieux dé- veloppé cette idée qu'Hippocrate. De Diatä. 1.1, fe&. 4, p. 8. edit. Foëf. Voyez l’ordre que M. Le- fevre a donné aux idées d'Hippocr. Introd. au Traité de l'Expéri, de M, Zimmermann , p. 31, 34:

&c des autres Pythagori- ciens.

Principes de la Nature ebez Platon.

i28 NATURE ACTIVE

gétal par une génération conftanre & fuccef- five ; ils connoifloient une force produétive ; principe aülif dans la matiere ; qui pénétroit tout & mettoit tout en mouvement , & qui étoit l'ame du monde , ou la force imprimée par Dieu dans la Nature (1).

75. Et c’eft ce que M. Necdham appelle

les principes atlifs dans l’univers qui produi

(1) Qiois apyn muvirtos , 494 sértos : Natura principium mots , ac quictis. $zobaus Eclog. Phyf. db. 1, p.29.

» Ariftote en donne la même définition, /ib. 24 5 Phyfic. cap. 1, feit. 3 & 4.

O' dt 50 Gos 2) votre 20 dpéln medio, x) mpercilieus dus ropoles , &s d'érmorry # dpéoure dp£ouéve ruyeshrale, Deus autem & ortu , & virtute priorem antiquiorem- que genuit animum und! , eumque ut Dominum, atque imperantem obedienti præfecit corpori. Pla« conis Timaus, p: 34. C.

Quemadmodum Deus fuà virtute creaflet Natu- ram , ita & ipfa Natura, velut Dea quædam , crea- tum illum ordinem , atque poteftati fuæ relitum, efficax gubernaret. Grævius de philofoph. veter. pag. $69.

Plato in Theeteto, p.152, D. 153. 4, som. 1.

fent

PPT AAN IMIÉ E. 453

fent de leur propre nature le mouvement (1); ou la vitalité fenfible dans chaque particule; aéhivité mouvante ou réfiftante, que Platon afli- gnoit aufli à la matiere, comme un principe (2) aékif, qui étoit au commencement dans un

(1) » Defcartes prétend que Dieu a mis tout en mou » vement dans l'univers, en imprimant dans le com- »°mencement une certaine quantité déterminée de » mouvement qui fe communique de corps en corps fans foufrir de diminution : Mallebranche dit que » Dieu, toujours agiflant, produit à chaque inftant » la quantité de mouvement qui eft néceflaire : pour » moi, je ne vois rien de contraire à la religion, en » admettant des agents fimples , doués des deux » principes de réfiftance & de mouvement en eux- » mêmes ; comme on dit que l’ame des bêtes eft un » agent fimple , doué de Ja faculté de fentir ; & celle 5 de l'homme un étré fimple, doué de la puiffance de » taifonner. Note de M. Necdham.

(2) Ana nouer mAeumehns, x94 dréxles , sis Tébw adTa hyayey éx Ths dTabius fryyréieros Enéivo Torod méÿls por,

Sed quod immoderatè, & inordinatè fluduaret , id ex inordinato in ordinem adduxit; ratus ordinem perturbatione omnino efle meliorem, Platon, Timeus, p. 30, A.1tom. 3,

Tome I, I

Suite du fen- timent de Platon , & belle expref- fion d'Epicu- Ie,

130 : IN'ATUREnACTIWVE

mouvement indéterminé & défordonné, & qui, à la formation du Monde , fut ré- glé par Dieu, & dirigé fuivant des loix conf- tantes; & ce grand philofophe difoit poli- tivement que Dieu n’avoit point rendu la matiere oifive & inactive , mais qu'il avoit feulement empèché qu’elle ne für agitée aveuglément.

76. Si M. Needham dit que toute combi- naifon phyfique peut fe réduire en dernier reflort à des agents fimples , doués de réff- tance & de mouvement ; que l’idée de l’é- tendue n’eft que l'effet des actions fimulta- nées; & qu'un nombre d'agents fimples & indivifibles peuvent concourir à nous donner l’idée d’une combinaifon étendue , divifble & fubftantielle ; Platon , long-temps aupa- ravant , avoit clairement diftingué avec les philofophes de fon temps la matiere dont les corps font compofés, d'avec cescorps mêmes ; il remarquoit une différence eflentielle entre la matiere produétive de tous les corps , & les corps qui en étoient produits. Srobée , expliquant le fentiment de Platon, convient

HE TT OM NTM EN. ‘#ii bien que la matiere eft corporelle (1), mais il avertit en mème cemps de prendre garde de la confondre avec les corps, parcequ’elle eft deftituée , dit-il, des qualités effentielles aux corps, comme la figure , la pefanteur, la légéreté, &c. quoiqu'elle en ait l'eflence,

(1) Erudn d 5 pue Queis, xer” tmialxy ITAëlanes , aÿneh Tis se xoioias 2 sartus, oÙre d'u x) xioïpevoy # VAN \ \ La 1 1 \ \ cu e \ ; , La “ur Toy b0uoy Aôryoy , oùrEe xarTw To £i0 os" # Hey Yup œvei= \ er > \ CR >, \ \ dtos, ro de tidos dt, 494 n put chum, cuuarixn d+, To nadamak droualer couale dE Ty am Qarw, » el ? ! n A* n \ / à) / ouy, o7t {roy dsteo a 0XE FT treps Fupio IUSUTENY > GNN or © moAGy GAY dmoAImETE K@T& Te LOloy Aoyor, & Ts capmeris UTERYE anpolirgod , xpameles , Bapérules ; #ovQo]yros , us murss molëriles # mororhlos.

Cüm fit autem Natura, ex mente Platonis, prin. cipium motüs, ac quietis, neque fuà profeéto naturà, neque fecundüm formam movetur materia. Nam ut illa formä caret , ita hæc: & ut illa non corpuseft, fed corporea , ia hac prorsès incorporea. Negatur autem corpus effe materia , non tam quôd intervallis corporeis careat, quam quod aliis quoque multis ad corpus pertinentibus per fe deflituatur, ut figurä , colore, gravitate , levitate , 6 omni denique qualitate, & quantitate, Stobæus , Eclog, Phyfic. lib. 1, c.14, P. 29.

Lij

Opinion de quelques An ciens fur la génération.

132 NATURE ACTIVE

c’elt-à-dire , l'aptitude au mouvement, à la divifbilité, & à recevoir différentes formes; & un autre grand philofophe Grec a aufli dit prefque dans les mêmes termes dont fe fert M. Necdham, que /es idees de force, de réfiftance & de pefanteur concourent à nous donner l’idée des corps (r).

77. Pythagore , Platon & Ariftote ont eu fur la génération un fentiment auquel fe rapporte bien évidemment ce que M. Need- ham a paru avoir écrit de nouveau li-deffus. Celui-ci dit que la premiere bafe de la végé- tation , ou le germe primitif , eft formé tout- à-coup & déterminé fpécifiquement, & que c’eft un premier point d’aétion qui commence

Q , \ , 2 re (1) O5 # éme or Aéy1 6 E’riroupos ; To COAC VOEI .

aur Emobvderw perde | #4) œuuares , 1 dlilmias #

Bépous | tx un Olay coparuy Pidberai To 0 cèum voi, Unde etiam cum dicit Epicurus intelligendum effe cor- pus ex compofitione magnitudinis , & figure , refiflen- tia ; © ponderis, urget ut is , que non funt corpora éntelligamus id quod eff corpus. Sextus Empiricus,

adverf. phyfic. lib. 10, feë. 240 ; p. 673. Voyez

la fin de la fe, 5 4 de cet ouvrage,

ÉNPUAIN FMIÉUE 43

\

à végérer, dès que la chaleur concourt à ajouter à la force expanfive. Or , n'eft-ce pas ce que ces anciens philofophes vouloient faire comprendre , lorfqu'ils difoient que la force de la femence étoit incorporelle , & agifloit (1) fur les corps aufli bien que l’ef- prit ? Démocrite & Straton s’expliquotent là- deffus avec encore plus d'énergie, lorfqu'ils difoient que la force étoit /piritueufe & fe convertiffoit en corps (2).

783. Je ne finirois point fi j’entreprenois d'examiner tous les fyftèmes des Modernes

(1) HuSaæyopas , Tara, A'easéleans éramoler pv éivey ru dvauus To cmipuales, üomtp voïy roy aware" ramell- ny de Ty Um TH 7 POLE OUEN. Erparay , # Ayuoôresros ê TH À dyepasy cou Tia TIxh. yap.

Pythagoras, Plato, Ariftoteles feminis quidem vim incorpoream effe arbitrantur | ficuti mentem , quæ corpus movet ; materiem vero , quæ profundatur , corporcam. Strato , & Democritus zp/am quoque vim corpus efle, cüm fpiritualis illa fit. Plutarch. de Pla- citis Philof, b. $ , c. 4, p. 126.

(2) Democritus & Strato vim quoque corpus efle contendunt , fpiritus cum fit, Galeni Hifloria Philo- fophica, cap, de femine,

l ii

Spinofa , Hobbes & quelques au, tres ont re- nouvellé les opinions des Anciens,

134 NATURE ACTIVE

qui ont pris leur origine dans les écrits des Anciens ; il me fuffit d’avoir démontré cette aflertion par l'exemple des deux fyftèmes qui fe montrent le plus avec quelque apparence de nouveauté. [1 me feroit également aife de faire voir que le fpinofifme a eu fa fource dans l’école Eléatique ; que Xénophane & Zénon d’Elée en ont femé les premiers ger- mes, & que les anciens Perfans, partie des Indiens, & une fete de Chinois avoient enfeigné depuis plufieurs fiecles cette doc- trine impie & contradictoire. Je pourrois auffi faire voir aifément que dans la Morale & la Politique , les plus célebres Modernes n'ont rien dit de nouveau ; que celui dont les fentiments ont furpris davantage, Hobbes mème , n'a rien avancé qu'il n'ait trouvé chez les anciens philofophes Grecs ou Latins, fur-

tout dans la philofophie d’'Epicure (2); que

(1) Wide Brucker. Hif. Cris. Phil. tom. $ , p. 180. (2) Spartani primam honefti partem ponentes in patriæ fuæ utilitate , jus aliud nec noverant, nec dicebant, quam unde Spartam putabant augeri pofle;

HAT AN IDIMÉ UE... 3

Montefquieu a puifé chez les anciens les principes de fon fyftème de l'influence des climats [ur les mœurs & les gouvernements (1) ; & que Machiavel a tiré d'Ariftote cette Poli- tique dont on à fait tout l'honneur à la force de fon génie (2). Mais ces difcuflions me mé-

unde honefta iis videri, quæ fuavia funt ; jufta, quæ utilia. Plurarch. in Age/ilao ad finem, Tom. 1, p. 617. D. Voyez aufli fur ce fujet Lucrece , Liv. $, v. 800. Horace, liv. 1, fatyre 3, v. 99. Diodoæ Sicile, l1y- 1, c. 8. Cicér, Pro. P.Sextio, et. 42, p. 504. Kai To d'xaioy éiver #94 To uigpoy Pots, dnnx vw. Juftumque & turpe non naturà conftare , fed lege. Sic philofophatus eft Archelaüs, tefte Laërtio. Vid, & Brucker, tom. t,p. $21, feét. 12, &im- primis Cornelii Nepotis Imperator. Vitas , totà præ- fatione.

(1) Polybe , lib. 4, p.290. E. dit » que le climat » forme les mœurs des nations aufli bien que leur » couleur »; & Cicéron , de Naturâ Deorum, lib. 2, n°. 16, que » plus l'air eft pur & fubtil , & plus les » têtes font fpirituelles.

(2) Ariftot. Politic. lib. $ , ubi quomodo confer- vari poflit tyrannis , iniquus dominatus docetur. Etlib.7, c. 2, declarat eundem fcopum , quo utile honefto præfertur , jam fuo tempore quafdam fibi

Ji

? 136 NATURE ACTIVE ET ANIMÉE. neroient trop loin, & je me hâte d'entrer dans un autre champ qui ne me fournira pas moins que celui que je laiffe un grand nom- bre de témoignages pour appuyer le fenti- ment que je défends.

præfixifle refpublicas. Ammian. Marcellin. de Bello Romanor. cum Valentin. Saxon. & Saluft. in Jugurthà , de deditione Capfx oppid. Numidiæ,

» Les différences les moins fenfibles entre les ver- » tus & les vices , font judicieufement expofées dans

o

> la morale d’Ariftote , & les pafions admirable-

2

ÿ

ment décrites dans fa rhétorique. Le Cyrus de XE-

2

Ôo

nophon eft la meilleure école d’un grand Prince ;

2

ÿ

les caracteres de Théophraîte font peints avec la

>

©

plus grande vérité ; Tacite a mieux jugé qu'aucun » autre écrivain les actions des grands hommes ; &

» les devoirs de l'homme, dans la vie civile, ne peu-

y

» vent pas être mieux détaillés qu'ils le font dans le # livre de Cicéron de Officiis.

ES TEE

CAE A PTMR EL. TIV.

Philofophie corpufculaire , & divifibilité de

la matiere à l'infini.

79. On n'ignore pas que la philofophie corpufculaire , par le moyen de laquelle les phyfciens de nos jours expliquent tout ce qui fe pafle dans la nature , a été renouvellée, d’après Epicure , par le célebre Gaflendi; & d'après Leucippe , Démocrite & Epicure, par Newton & fes difciples. Ces deux il- luftres modernes ont , à l’imitation de ces anciens philofophes, cherché les raifons du changement continuel qui arrive aux corps, dans la différente figure & la différente gran- deur des petits corpufcules , qu’ils difent être les uns petits & ronds , d'autres angulaires, crochus, plats ; les uns polis, & les autres grofliers &#aboteux ; & que par leur diffé- rente jonction ou féparation , & par leurs arrangements variés, 1ls conftituent toutes les différences que nous obfervons dans les corps. Il a déja été remarqué que l’on peut

Leucippe , Démocrite & Epicure , au- teurs de la philofophie corpulculai- re.

138 PHiLosoPrHIE

placer plus haut que Démocrite l’origine de la philofophie corpufculaire | en semontant jufqu’à Mofchus (1) le Phénicien , qui a le premier établi la philofophie des atomes ou des corpufcules ; car quoi qu’en dife un au- teur moderne,il n’y a point de différence entre ces deux principes, & on en tire les mêmes conféquences ; avec cette différence feule, qu'il ne paroït pas que l'Ecole Phénicienne admit l’indivifibilité de ces atomes , au lieu que Leucippe, Démocrite & Epicure , au contraire , foutenoinet que les atomes ne pouvoient être divifés ; parceque, quoiqu'ils puffent être conçus avoir des parties, il ne falloit pas entendre qu'elles pullent jamais être défunies : autrement, difoient-ils, 1l n'y auroit point de principes fermes dans la nature ; mais les atomes peuvent être conçus divifbles par l’entendement, l'extrème CO= héfion de leurs parties les rendantindivifibles par l'effort d’une puiffance naturelle quelle qu'elle foit.

(1) Sextus Empiricus , lib. 9 , adver. Mathem, fe&t. 363. Strabo , li. 16, p. 757.

CoRPUSCULAIRE, &C. 139

So. Les Cartéfiens, les Newtoniens, & nombre de philofophes dans tous les fiecles, (1) ont admis la divifibilité de la matiere à l'infini, & Ariftote a traité ce fujet en auf grand métaphyficien (2) qu’en habile mathé-

(1) «mo Ocrew , 2 UuSayepou madyrx copare , #94 Tpoile ds Grupo à ras Guepf Isa | 1 jun tie dru- eg iv rw row. Thaletis, atque Pythagoræ fecta. tores corpora perpeflioni obnoxia , & in infinitum quoque divifbilia dixerunt , vel atomos, five par- tium expertia corpora confiftere , neque divifionem in illis in infinitum abire pofñle, Plutarch. de Placir. Philof. lib, x, c. 16.

(1) Ev cuxye msi per ntiog pion , SX dx Beeyax , anna duëuu, In continuo autem infunt quidem infinita dimidia , non tamen actu, fed po- teftate. Ariflotel. opera, tom. 1 , p. 414, E. 425. À, Natural. aufcutt. lib, 8, c. 12. Vid. imprimis Arifto- telem de lineis infecabilibus.

A'exçolenns duées pehv ds amupor coule ruyre eve, alerte de d'au.

Ariftoteles autem exiftimavit corporea potentià quidem in infinitum dividi pofle, aëtu vero nequa- quam. Plutarch. de Placit. Philof. Ub. 1, c. 16.

Édque etiam interire ( corpora) non in nihilum, fed in fuas partes, quæ infinitè fecari ac dividi poflint,

Divifbiliré de la matiere à l'infini,

Maniere de s’exprimer d’Anaxago- re ;

140 Divis:rBgiLiré

maticien ; aufli je ne veux pas parler de cecte queftion comme étant nouvelle, mais feu lement préfenter ici une propofñtion, avan- cée là-deflus par les Newtoniens, quiaparu nouvelle, & qu'Anaxagore avoit cependant exprimée prefque dans les mèmes termes. 81. Les Newtoniens difent » qu’une par- » celle de matiere étant donnée auffi petite » que l’on voudra, & un efpace quelconque » borné , quelque grand qu'il foit , étant » aufli donné , 1l eft poflible que cette parti- » cule divifée s’étende fur tout cet efpace , » & le couvre , en forte qu’il n’y ait aucun

w

» pore dont le diametre furpaffe la plus petite » ligne donnée », & Anaxagore avoit dit (2) que chaque corps , quel qu'il für, étoit divi- fible à l'infini : en forte qu’un agent qui fe-

cum fit nihil omnino in rerum naturà minimum ; quod dividi nequeat. Quæ autem moveantur, om- nia intervallis moveri : quæ intervalla item infinité dividi poflint. Cicero Academic. lib. primus , fe&. 7, p'o74% 0002,

(1) Ariflorel, Phyf. aufcule, lib. 3 , c, 4, P. 3433

tom. I, :

DE LA MATIERE. 141

roit affez fubtil pour divifer fufñfamment le pied d’un ciron, pourroit en tirer des parties pour couvrir entiérement cent mille millions de cieux (1), fans qu'il pût jamais épuifer les parties qui refteroient à divifer, vu qu'il en refteroit toujours une infinité : & Démo- crite en deux mots a exprimé la même pro- pofition , en difant qu'il étoit pofjible de faire un monde avec un atôme (2). | 82. Chryfippe donnoit aufli une idée aflez bien exprimée de ce fentiment (3), lorfqu'il foutenoit qu’une goutte de vin pouvoit être

(1) Fénélon , Wie des philofophes dans Anaxagore. Lucret. lib. 1 , v. 844. Origenis philofoph. c. 8. Quin & carum minutioribus attribuit infinitatem.

(2) Auoxeñles Quoi à vveToy cive x0TLLIGIUS Dep EL) ärouer. Democritus exiftimat fieri pofle, ur mundum perficiar atomus. Stobæus Eclog. Phyf. lib, 1, p. 33, lin. 9, vid. s’Gravefande , tom. 1 , p. 9.

(3) Nihil impedire quominus una vini flilla cum 20t0 permifceatur mari....& un peu plus haut: Sz gutta unica in mare inciderit , per totum mifcebitur oceanum , ac Atlanticum mare: non fummam attin- gens fuperficiem , fed ufquequaque per profundum, in longum , larèque diffufa .., Chryfippus vero dicic

Et de Chry- fippe.

142 Divis. DE LA MATIERE.

divifée en une affez orande quantité de pat- ties, pour que chacune put être mêlée avec toutes les petites particules d’eau qui font dans l'océan ; & 1l difoit aufli qu’i/ »°y avoit point de quantité, de quelque grandeur qu’elle fét; qui ne pât être égalée par la plus petite

quantité donnée.

elfe quippiam majus , quod tamen non excedat minorem quantitatem, Plutarch. ady, Stoicos , tom. 2 , p. 1078. Æ, 1080. C. D,

CAHLIAPHE TR E :°Y.

Du mouvement ; de l’accélération du mou- yement ; de la pefanteur ou de la chüte des corps graves.

83. Lzs anciens définiffoient le mouve- ment comme les modernes , un changement de lieu (1), ou le paffage d’un lieu à un autre (2); ils connoifloient l'accélération de la defcente des corps dans leur chüte (3): mais ils n’avoient pas fu, à la vérité , en

(1) Koyzw d°éives Ques Xpérirmos pélatonn xarx Témo. Chryfippus motum dicit loci mutationem. Sto8. Eclog. Phyf. lib. 1 , p. 41.

(2) Es ol ( ximais) ar roùs d'oynalinois , au hy Témo Ex Tom mrippépeilei To xoumsror , rot 225 cArle , n xarû piess. Et isitur hic, fecundum dog- maticos , per quem de loco in locum tranfit id , quod movetur , aut totum , aut ejus pars. Sextus Empi- ricus in Pyrrhon. Hypotypos. lib. 3, c. 8, fit. 64.

(3) Déon de mimipgoutm uélaGonn , oo To vriuQousver te Vorou is byluar | #4g4 To duEuvoueror tx puxpornles tis HéyEdos , 2 To Qepopevor og #) yap Todro rJitre mode ra. Omnis autem mutatio finita eft fané ; Id enixa

Définition du mouve- ment; & fon accélération.

144 Du MouvEMENT, &c.

déterminer les loix, quoiqu'ils ne fuffent cependant pas loin d’en connoitre la caufe. C’étoit un axiome d’Ariftote & des Périparc- ticiens, qu'un corps acquéroit d'autant plus de mouvement , qu’il s’éloignoit davantage du

\

lieu d’où il avoit commence de tomber (1);

quod fanatur , ex morbo it ad fanitatem: 6 id, quod accrefcit , è guantitate parvä ad magnum accedit : & id ergo quod fertur legem ecandem fubit : Etenim hoc ex loco in locum eundo fit. Ariflotel, de cælo. lib: x © 0c, 8, p; 443 (1) Au ro mu mp Carlo Giles , x 4 yA sis Toy eûrns romoy | où0e Oäroy &y mpes TD Tu ÉQioero, ci 7j Liu, 9 79 ee SAiVa" male yap ro Bureau mropia- Tépo yrpoue Brad'üreeo Qipera. Jonis major & terra etiam major & celerius femper proprium locum petit, neque porro celerius prope finem pergerct, fi vi, exclufioneque moveretur. Omnia namque quæ ita moventur , quüm longius ab co, quod vim attélit, diftant ; tardius moventur. Lib, de Cœlo 1, c. 8, P.444. A.tom.1, © p. 443 ad finem. Celeris quid movetur quo magis ab eo loco recedir, à quo movert cœpit. Ariflor. Phyfic. aufcule, lib! 7, P: 405, 407. lib. 8, p. 426. lib: 4, c. 6. Voyéz fur- tout la derniere note de ce chapitre. Le paflage du huitieme livre de la Phyfique d’Ariftote, ch. 14, mais

Du MouvEMENT, &c. 145

raais ils ignoroient que cette augmentation de la viteffe des corps dans leur chüte für uniforme , & que l’accroiffément des efpaces parcourus fe fit fuivant la progreflion des nombres impairs, 1,3, $, 7, &c.

84 Deux erreurs, dans lefquelles étoit Âriftote à ce fujet, s'oppofoient à ce qu'il püt parvenir à découvrir la vérité : l’une étoit qu'il fuppofoit deux appétrits différents dans les corps ; un dans les corps pefants, qui les faifoit tendre au centre de la terre, & un appétit dans les corps légers , qui les éloignoit de ce centre (1) : l’autre erreur

eft ainfi: Quoniam omnia , quo longids diflant ab eo guod quiefcit , ed celerius feruntur , p. 427 ad finem. Vid. Pererii de rerum naturalium principiis , Edit: Paris, in-4. 1679 ,p. 738 & f2q. Simplicius, p.469, 470. Idem Simplic. text. 61$, Phyfic. com. 47, rcfert obfervationes duas Stratonis Lampfaceni ad confirmandam hanc propoftionem, \ " US ral! ci CAT Cr,

(1) To ra y# pu ore ox ty[vlipo n roù pécou , Für Pépedeu. ro de müp, com dy re wo, ti à dmtios #v, Gr pes dv Hu n Tegurus , 494 To Êpos , 44 n xowPorys. ds op naralepa Tayuräri érépoy , Repas &v TAN ,

Tome I, k$

Erreurs d'A- riftote à ce fujet.

146 Du MouvEemEenNT,&c.

étroit de penfer que les différents corps torn- boient dans le même milieu avec une vitefle proportionnelle à leurs maffes (1) ; au lieu que la réfiftance des milieux eft la feule raifon de cette différence (2); de forte que, fuppo-

oÙrus ei Umeipos #v M Tobrou tmidois | 44 n Ths Taxulares émis dmEpes & 4,

Terra namque, & ignis quo propinquiora funt locis fuis, illa quidem medio , ignis vero fupero loco , ed celerius porro feruntur. Quod fi infinitus effet fuperus locus, infinita nimirum & celeritas effet : & fi celeritas infinita eflet, & gravitas etiam, & levitas infinita effet. Nam ut id, quod inferius pergeret, celeritate differens, gravitate celere eft: fic fi infinita effet hujus accretio , & incrementum fanè celeritatis infinitum etiam effet, Ariffotel. de cœlo, Lib. C8 ps 443 tes aNVid bia ssde clore sp. 48 DE:

(1) To yap raxos t&u mo moi tnërlovos | ps To rod gsidovos | às To puéidor cum mpos ro taarlo, Celeritas enim minoris ad celeritatem majorisita fefe habebic, ut majus corpus fe habet ad minus. Ariflor, de cœlo, Hbra) este, P476.

(2) Tolta la refiftenza del mezzo, tutti i mobili fi moverebbero con i medefimi gradi di velocirà, Galileus Dialog, 1 ,p. 74.

Du MouvEMENT, &c. 147

fant qu'ils rombaflent dans un milieu qui n'oppoferoit point de réfiftance , dans le vuide , par exemple, les corps les plus lé- gers tomberoient alors avec la même vitefle que les plus pefants , comme on l’a obfervé depuis le fiecle dernier avec le fecours de la machine pneumatique , dans laquelle le papier, la plume & l’or tombent avec une viteffe égale.

85. Mais fi Ariftote ignoroit que la ré- fiftance des milieux , dans lefquels les corps tombent , étoit la caufe de la différence qui fe trouve dans le temps de leur chüte; sil ignoroit que , dans le vuide, les corps les plus inéocaux en pefanteur , comme le duvet & l'or, devoient tomber avec une égale vitefle ; rous les anciens ne l’ont pas ignoré. Lucrece , inftruit dans les principes de Dé- mocrite & d’Epicure , avoit connu cette vérité, & l’avoit foutenue par des argu- ments qui feroient honneur au phyficien le plus expérimenté de nos jours. » Il

» CIOyOIt que n’y ayant rien dans le vui- K ij

Raiïfon de la différence de la chüûte des corps , connue des anciens.

148 Du MouvEeMmMEnNT, &c.

» de (1) qui püt retarder le mouvement des » corps, il étoit néceffaire que les plus Ié- » gers tombaflent dans une vitefle égale avec » Les plus pefants ; que 1l n’y a point » de réfiftance , Les corps doivent fe mouvoir

(1) Quod fi forté aliquis credit graviora potefle Corpora ; quo citius reétum per inane feruntur, Incidere & fupero levioribus , atque ita plagas Gignere , quæ poflint genitales reddere motus; Avius à vera longè ratione recedit.

Nam per aquas quacumque cadunt ; atque aëra deorsüm ,

Haec pro ponderibus cafus celerare neceffe eff ;

Proptereà quia corpus aqua , naturaque tenuis

Aëêris haud poffunt aquè rem quamque morari ,

Sed citiès cedunt gravioribus exuperata.

At contra nulli de nullà parte, neque ullo Tempore inane poteft vacuum fubfiftere rei, Quin , fua quod natura petit , concedere pergar, Omnia quapropter debent per inane quietum ,

Atque ponderibus non aquis concita ferri. Haud igitur poterunt levioribus incidere un- quam É Ex fupero graviora ; neque idtus gignere per fe, Qui varient motus , per quos natura gerat res. Lucretius, Lib, 2, v. 225 © feg.

Du MouTEMENT,&C. 149

» toujours en temps égaux ; que la chofe » feroit différente dans des milieux qui op- » poferoient une différente réfiftance aux » corps dans leur chüte ; il allegue lä-deffus » les raifons mêmes tirées des expériences » qui ont porté Galilée à fonder fa théorie ; »1l dit que la différence des vitelfes doit » être plus grande dans les milieux qui op- » pofent une plus grande réfiftance; & que » l'air & l’eau , réfiftant différemment aux » corps , font la caufe qu’ils tombent dans » ces milieux avec une vitefle différente ». 86. On voit que les anciens connoifloient donc l'accélération du mouvement dans les corps, & la raifon de la différence de leur chüte ; on voit encore qu’ils connoifloient la caufe du mouvement accéléré , & que parmi les différentes opinions agitées fur cette queftion , celle d’Atiftote n’eft peut- être pas la moins probable. Ce philofophe croyoit en effet que le premier effort de mou- vement , imprimé à un corps, agifloit à chaque inftant fur lui, & augmentoit à cha- que inftant fa vitefle ; de forte que les diffc- K ii

Caufe du mouvement accéléré, dans Atiftote ;

15o Du MouvEemEenT,&c.

rents degrés de vitefle que ce corps acqué- roit dans chaque moment de fa chüte , étoient la caufe de l'accélération continuelle de fon mouvement (1). 47 difoir qu'il y avoit une force qui agiffoit fur les corps pefants , & les déterminoit à defcendre (2) ; & cette force,

(1) Al yès ua nn xo4 xexbmme. Semiper enim fimul movec & movit. Arif. Phyf. lib. 7, cap.6, p. 406. C.

(2) E'rei ro Te Bapos tu Tux loc, y Qépi- TL LÈTO , 1 TE outyh mpes To ph darrädai , Tara d'u mpos AAA euuEAAEN. yap irepGaxXy 4 dois Rapous Ts tv TO cueyéi , mpes Ti Ciara , 3) Ty d'uperty, Biécerar xéra Oärlar.

Cum autem & pondus aliquas habeat vires , quibus deorsäm fertur, & continua fimili modo , ut non difrumpantur , hæc inter fefe conferre oportet. Si vires enim ponderis, eas vires, quæ in continuo funt ad difruptionem , divifionemque, exfuperent, vim inferet ipfum grave , celeritfque deorsüm feretur. Ariftot. de cœlo , lib. 4, ad finem, p. 493. Et de cœlo, lib. 3, c. 2, p. 476, ad finem capit. » Cette » idée d’Ariftote eft clairement expliquée dans la » Section vingrieme de fes Quafliones Mechanica, » P. 1 92, 1193, en ces termes »: {p/um grave ipfa Ju motione vim acquirit | & qu plis movetur, ed

Du MouvEMENT,&C. 151

felon lui, étoit la gravité naturelle qui les porte vers le centre de la terre ; & il fuppo- foir qu’à cette premiere caufe fe joignoient pendant la chüûte d’un corps de nouveaux efforts de la même caufe, qui lui imprimoient de nouvelles forces à chaque inflant différent , & accéléroient ainfi fa defcente.

87. C'étoit fans doute le fentiment d’Ariftote , qui a été interpreté de la maniere que je viens de l’expofer par le plus habile de fes commentateurs (1), & par tous ceux

plis gravitatis affumit. To Rap Th Toù Eapous xivyri Aapouves panno momo 4 npeoïy , BC. comme à dit un poëte , de la renommée :

Mobilitate viget | virefque acquirit eundo. Virg. Æneid. lib. 4, vers. 175.

(1) Velocitas propria unicuique motui fequitur exceflum motoris fuper potentiam moti. ÆAverroës Comment. in Phyficos ; lib. , text. 35 , p.152. Ve- locitas motüs eft ex potenti& motoris , & ex augmento Juper potentiam mot. Idem in cœlum, /, 3 ,text.217, p.91. Vid. Averrois opera Edit. Venet. apud Junras , Ann, 1552. Vide imprimis Ariflotel, Phyf. L. 7, 0.6, p.406. C. Cum autem id quod movet , aliquid fem per moveat, & inaliquo , ut ufque ad aliquid : dico

K iv

Expliquée par Averroës, & dans Scor.

152 Du MouvemEenT,&c.

qui ont examiné avec attention les principes de ce philofophe (1) ; entre autres Jean Duns, dit Scot, qui vivoit au treizieme fiecle, &c fon interprete le P. Ferrari (2).

auteminaliquo, quia in tempore movet ; ufque ad aliud vero, quia per quantam aliquam longitudi- nem : femper enim fimul movet & movit : quapropter eric quantum quiddam , quod motum eft & in quanto, & Jeg. Voyez auf les notes a & b , Set, 8$ de cet Ouvrage.

(1) Joannts Dunfii Scoti , opera in 12 tom. in-fol. Lugduni 1639.

(2) Communis demum Peripateticorum opinio , quam nos amplectimur , accelerationis illius caufam in impetu acquifito conftituit : quia per motum efñ- citur in gravi major femper , ac major impetus ufque ad terminum accelerationis: qui impetus gravitatem auget, ac motum proindè magis accelerat. Veteris , & recentioris Philofophie dogmata Joannis Dunfi: Scoti doitrinis accommodata , fludio Anton: Ferrari, Veneriis 1757, 3 vol. in-12.

» Il y a plufeurs paffages dans Simplicius , qui » donnent clairement ce fens que l’on attribue aux » Péripatéticiens, entre autres font les fuivants.

Er de Quoi ( AXend'egs ), 2 à TA Rapiril xura Qériy ésuy site HUTE à à à à CVAOYO MRAVUL TUE HAT

Du MouvEMENT,&C. 153

Laggs daube. ....Si gravitati fecundum naturam eft effe deorsüm ... rationabile eft , ea ( fc. corpora} appofitionem aliquam , & additionem fecundim gravi- tatem accipere. Simplicius de cœlo , /:b. 1 , comm. 86, col. 2, Idem, p.61. Edit. Aldi.

Tapôregg Qhéles êni ro nur... d'ynoy or die mpoy- y Faggus rayireeo Guru, Idem p. 62.

Et Paulo poft , p. 92, col. 1. Citius feruntur cor- pora deorsum..... propter appofitionem gravitatis. Vide quoque Alexandrum Aphrodifæum in Quæft. Natural,

Gravitation univerfelle,

154 P\E.S AN 4TIEIÙ R

H APE RE: VE

Pefanteur univerfelle ; force centri-

pete Ë centrifuge.

Loix des mouvements des Planctes ; fuivane

leur diflance du centre commun.

ge (a Hcrouiles Modernes fe flattent d'avoir un avantage marqué , s’imaginant avoir les premiers découvert le principe de la gravitation univerfelle, qu'ils regardent comme une vérité qui avoit été inconnue aux Anciens. Il eft cependant aifé de faire voir qu'ils n’ont fait que fuivre les traces de ces anciens philofophes , en partant du même principe , & guidés par les mêmes raifonne- ments. Il eft vrai que les modernes ont dé- montré clairement les loix de cette gravita- tion univerfelle , & qu'ils les ont expliquées avec cette clarté & cette précifion qui carac- térife le génie de ce fiecle & du fiecle pañlé ;

UNIVERSELLE,&CC. fs

mais aufli c’eft tout ce qu'ils ont fait à cet égard , fans y avoir rien ajouté.

89. En faifant la moindre attention aux connoïffances des Anciens, on trouve qu'ils n'ignoroient pas la gravitation univerfelle , & qu'ils favoient de plus que le mouvement curviligne , fuivant lequel les aftres dé- crivent leur cours , eft le réfultat de la com- binaifon des deux forces des mouvements auxquels ils font aflujettis: du mouvement reétiligne , & de celui de la ligne perpendi- culaire , dont l'effet combiné doit les obliger à parcourir une ligne courbe.

90. Ils ont connu les raifons de ces deux mouvements , ou de ces deux forces contrai- res, qui tiennent les planeres dans leurs orbes ; & ils s’'étoient expliqués li-deffus comme ont fait après eux les Modernes , à lexception feulement des termes de cenrri- pete & de centrifuge , dont ils avoient cepen- dant donné tout l'équivalent.

91. Ils connoifloient aufi l'inégalité du cours des planetes , ils l'attribuoient à la varicté de leur pefanteur réciproque, & à

Pefanteur & mouvement de proje&ion combinés dans le cours des aftres.

Ces deux forces ont été connues des Anciens;

ainfi que la loi du quarré des diftances.

Syftème d'Empédo-

cles.

LS 6 PE NS ARN IT ME IUTR

leurs diftances proportionnelles entre elles ; ou, ce qui eft la même chofe , & añn de l'exprimer dans les termes confacrés par les philofophes modernes , ils connoifloient la loi de la raifon inverfe du quarré de la diftance au centre de révolution.

92. Je n'infifterai pas beaucoup fur le fyftème d'Empédocles , dans lequel on a cru entrevoir le fond du fyftème Newtonien ; on prétend (1) que fous le nom d’amour il a voulu défigner une loi , une force qui portoit les parties de la matiere à s’unir entre elles, & à laquelle 1l ne manque que le nom d’at- iraction; on veut aufli que par le nom de difcorde il ait prétendu défigner une autre force qui contraignoit ces mêmes parties à s'éloigner les unes des autres, & que M. New- ton appelle une force d'écartement. Je veux bien croire que l’on puiffe réduire le fyftème de Newton à ces deux principes ; mais comme

(1) M. Fréret de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres , Mèm. de l'Acad. vol. 18, p. 1014 Ariflot, de Cœlo, lib.-3,c,2,p, 475 in fine.

UINMEVÉER SE LLE NE. 157

ils paroiffent expofés d’une maniere trop vague & trop générale , & que nous ne man- quons pas de témoignages plus précis & plus authentiques pour appuyer le fujer en quef- tion , je laifle Empédocles, pour m'arrèter fur les paflages qui mériteront davantage notre attention.

93. Les Pythagoriciens & les Platoniciens, traitant de la création du monde, ont fenti la néceflité d'admettre l’effet des deux forces de projection & de pefanteur , afin de pou- voir rendre raifon des révolutions des pla- netes. Timée de Locres (1), parlant de l’ame

(1) À mortpuée do duausis , dpyus awarios , Täs re Téva | 494 Tüs Th Ertpo. hoyar ot muvris Évri xeT deAduus dpuoxes cuyxExpguuEv às oYOS HAT prof d'aupre mûr imisèpes, @s jun dyvorir 16 dv à dure 497 à éy TUVES HE.

Cui ( Natura fcilicet) duas potentias immifcuit , motuum principia , ejufdem videlicet , & alterius, autem omnes rationes funt contemperatæ ad numeros harmonicos : quas & ipfe rationes opifex congruenter diftinxit, certis fcientiæ aufpiciis : ut quidem mini- inçcogniturm efle poflit , çx quibus hæç mundi

Les Pytha- goriciens &c les Platoni- ciens ont connu les deux forces de projetion & de pefan- teur,

Platon a en- feigné clai- rement cette doftrine,

LSOUDEPENS AN DE 'U'R

du monde, qui met toute la nature en mou- vement , dit que Dieu lavoir douée de deux forces , lefquelles étoient combinées fuivane certaines proportions numériques.

94. Platon, qui à fuivi Timée dans fa philofophie naturelle , dit clairement que Dieu avoit imprimé aux aftres (1) /e mouve- ment qui leur étoit le plus propre ; ce qui ne peut être que le mouvement rectiligne qui les fait tendre vers le centre de l’univers , ou la pefanteur ; & qu’enfuite, par une impul- fion latérale , ce mouvement avoit été changé en circulaire : & Diogene de Laërce, faifant

anima fit conftituta. Timæus Locrenfis, Plato, Edir. Steph. p. 9$ , 96.

(1) Kémen À érévudp évrd, ri 78 comes üimsiur…. (& pauld poft). Ad dy xarx ravre ty ro duro, co b durd mecrayayéy duro raie xün)Am nwéiæs spePo- PATTA

Motum enim dedit cœlo , eum qui corport fit aptiffi- mus (i.e. direétum.)....]Itaque unà converfione, atque eâdem , ipfe circum fe torquetur, & vertitur. Platonis Timius , p. 34. À,

Cœloque folivago, & volubili, & in orbem in- citato complexus cit, p. 34. Voyez aufli page 36.

UNIVERSELLE, @C. }$9 vraifemblablement allufion à ce paflage de Platon, dit qu'au commencement les corps de cet univers étoient agités tumultueufe- ment , & d’un mouvement défordonné, mais que Dieu régla leur cours enfuite par des loix naturelles & proportionnelles (1).

95: Anaxagore , cité par Diogene de Laërce (2), étant interrogé fur la raifon qui retenoit les corps céleftes dans leur orbite maloré leur pefanteur , répondit que /a ra- pidité de leur cours les confervoit en cer état ; & que fi ce mouvement violent venoit à fe relä- cher , l'équilibre étant rompu, toute la ma- chine du monde viendroit à fe bouleverfer.

(1) Porro ifta quidem primo tumultuario, & inordinato motu agitari : at poftquam mundum conf- tituere cœperunt ex rationibus inficis , debitum ordi- nem & mundum à Deo accepiffe. Diog. Laërt. /ib. 3, Jet. 76, 77.

(2) Ti cpodhe dt mtendire cuesévat | 5) dveIerre alex Sie, Silenus in primo hiftoriarum auéor eft , Anaxagoram dixifle , cœlum omne vehementi circuitu conflare , alias remifione lapfurum Diog. Laërt, in Anaxag. Lib, 2, feét, 12.

Expreffion remarquable d’Anaxago- Les

Gravitation wniverfelle , forces cen- tripete & sentrifuge connues de Plutarque,

\,

\ Go NAME IS) AUN,T EUR

96. Plutarque , qui a connu prefque toutes les vérités brillantes de l’aftronomie , a aufli entrevu la force réciproque qui fait graviter les planetes les unes fur les autres; » & après » avoir entrepris d'expliquer la raifon de la » tendance des corps terreftres vers laterre, » il en cherche l’origine dans une attraëlion » réciproque entre tous les corps , qui eft caufe » que la terre fait graviter vers elle les corps » cerrejtres , de même que le [oleil & la lune

» font graviter vers leurs corps toutes les par- wties qui leur appartiennent ; & , par une » force attraîlive , les retiennent dans leur

» fphere particuliere (1) » : ilapplique enfuite

(1) Kai vor ye à ma due Eubends dis ro dure cunéuet, # mpos To œbrod puéroy dyrepides mars Tois peoplois, oÙy © pére ocre rod mavris 4 yh MAS, à @s oo , cixtlureral mépn adras ol Ecpn° #% TÉLUEAO içi À pemoÿTe : TA TH perorylos pos TOY HOTEL , &dn& pos Th y XOW@NAS RS À) œupiQuias rois MOTTOUEVIS WTA ,. Eire man nalaQipoméris, ds yap 6 HAS Es Eaurey imispéQu ra pépn 6 dv cuEsyxt, À 9 YA Toy AMQoy DT me gryrale O'e- Mere...) Qépe pes éxcivar. At enim , fi omne corpus grave eddem fertur, & ad centrum fuum omuibus partibus vergit ; terra non CES

UNIVERSELLE, @&€ 161

ces phénomenes particuliers à d’autres plus

ut centrum univerfi potius , guäm totum , fibi omnia gravia ; ut fuas partes , vindicabit. Argumentum .... erit vergentium , quibus non medium mundi eft caufa fuorum momertorur , fed cognatio cum terrä , à quà vi repulfa , rurfum ad eam fe conferunt. Sicui enim fol omnes partes , ex quibus conflat, ad con: vertit : & lapidem terra , ut fibt convenientem accipit..s 6 fert ad eum. Plutarch. de facie in orbe luna , p. 924. D. E. » On attribue un principe femblable aux » Mages Perfans & aux Chaldéens ; cuura$ cvs rois » xéro». Pfell, Declarario Dogmatic. Chaldaic. Ergo potius ea ratio nobis conftabit quod fervor , quem: admodum omnes res evocat , & ad fe ducit...eadem ratione folis impetus vehemens , radiis trigoni for- porrectis ; infequentes flellas ad fe perducir, & antecurrentes veluti refrenando retinendoque non pati- bur progredr, fed ad Je cogit regrédi. Vitruv, lib. 9, C. 4, p. 187:

Sed curfus , diverfitates , alritudinifque caufas, confiftendi , retrogradiendique atque incedendi om- nibus fupradictis importat radius folis affulgens, qui cas percutiens , aut in fublime tollit, aut in profun- dum deprimit , aut in latitudinem declinare, aut retrogradare facit. Martiani Capelle fatyricon. Edit: Grotii ,; Lugd. Bat, 1599. 89. lib. 8, ad änem;, P- 300.

Tome I, L

LG 2 MPINE /s DAUIN TE IU MR

généraux ; & , de ce qui arrive fur notre globe , il déduit, en pofant le même principe , route qui doit arriver dans les autres corps célefes refpeclivement à chacun en particulier , & les confidere enfuite dans le rapport qu'ils doivent avoir , fuivant ce principe, les uns relativement aux autres (1). Il éclaircir ce rapport général par l'exemple de ce aui arrive à notre lune dans fa révolution autour de la terre; & il la compare à une pierre dans une fronde , laquelle éprouve deux forces à la fois ; la force du mouvement de projection qui la porteroit à s'éloigner , fi elle n’étoit retenue par le bras qui agite la fronde , & qui eft la force centrale , laquelle , combinée avec la force de projection , lui fait parcourir un

(1) 7e pes rh yh À Wa cuvaieris | À obsais DOyyEiTe TbO7OY ; a HE Ta Éxé cuuriroyre 7rpos Ze , Uxos tew. Eorum , qua hic funt , comparatio, & confliturio , refpeëtu terra , ducit nos ad intelligen- tiam modi, quo ea, qua ad lunam iffhic accidunt, permanere fit probabile, Plutarch. de facie in orbe lune , p. 924. F, » Voy. Pemberton , Introduéf, à La Philos #& fophie de Newton, p. 20 & 21.

UNIVERSELLE, &C. 463

cercle (x) : il parle encore , dans un autre endroit , de cette force inhérente dans les corps , c’eft-à-dire ; dans la terre , & dans les autres planetes ; pour attirer vers elles tous les corps qui leur font fubordonnés (21) ; de

*

(1) Kai roi Th pe Eenins LS ue mes To ph mot à xMTIS &uTh , Hg To fbuOes Ths miéhuyar/is à Gomtp orav ras o@ed'orms érideiler ras 2ure@opis UT lg 4 n6- 220 mendmris. Aiqui luna auxilio ëft, ne cadat motus ,

id : Frs 4 & ejus impetus : quomodo que fundis impofita in orbem rotata delabi non finuntur. Plutarch. de facie in orbe dune , p.913, C. » A £ N « MEL \ 1. a NL

(2) Er yap omorovoily | 29 © Ti y Emros wma roi »ér= Te Ts yAs , die tous cdd és Tod néepen xäTE pipes” > UT LEE Diesel V5 > ] Fe e ne CA OO y n YN 3 y TA EMI VAS, HA TOY ANAUS TR To RÉVTPO TEEN | À Depixéiuere , GO INT, x4TO peoror ov Ey , To drépélor cypexior txiivo , à pos mére dili- méQer Th To roruo Qirn Gveryraior, trye dn To xTw

1 À [74 \ / > # 4 » 1 À mpos To co are or dvrixure. Ko rodro por 72 rome | GAAG #) Th dirie Éménaurt ra Raph, My d'élgo ralaÿiém 22 Qplas cop pr yep o0'ey ist xar0,

4 e La AS . - pos © mére To de drame , oÙle tes , üÿle (Bolnoy-

/ 1 v e! } AC \ Tai Torabtm Et À vegas ose mule xalaleiver iQ Eavro À pi GUTo cut.

Si enim quidquid quocumque modo extra centrum

terræ cft , dici oportet fupra efle, nulla pars mundi

L ij

Et de Lu- crece.

164 APE SA AUN. TUE EDR

forte qu'il eft impofhible de ne pas reconi- noître dans tous les paffages que nous venons de citer fur ce fujet, une force centripete qui fait cendre les planetes vers leur centre commun, & une force centrifuge qui les en éloigne & Les retient dans leur orbite.

97. Nous venons donc de voir que les Anciens ont attribué aux corps céleftes une pefanteur vers un centre commun de leur mouvement, & une gravité réciproque entre

infra eric: fed fuprà fuerit & terra , & omnia, qux ei incumbunt , & fimpliciter quodvis corpus centro circumpofitum : infra autem unicum illud corporis puntum , atque hoc necefle erit omni mundi naturæ opponi : quandd fuperüm naturæ ratione invicem opponuntur. Neque hoc dumtaxar eft in hac re ab- furdum : fed caufam quoque gravia perdunt, ob quam deorsüm vergant , atque ferantur, cüm nullum fit infra corpus , ad quod moveantut. Nam guod corporeum non eff , id neque probabile eff, neque ipfs volunt , tanté effe vi praditum , ut omnta ad fe trahat , 6 circa fe contineat. Plutarch. de facie in orbe lune, P-926. A. Vid. & Plutarch. de oraculorum defe&tu , p- 424. Eta la page 425 , depuis la ligne 27 & quivis, &c. jufqu’à la ligne 41, & cohibere,

UNIVERSELLE, &C. 165$

eux. Lucrece avoit bien compris cette véri- té, quoiqu'il en tirat la conféquence hardie, qu'il n’y avoit point de centre commun dans univers, mais que l’efpace infini étoitrem- pli d’une infinité de mondes femblables au nôtre; car, difoit-il, fi les corps céleftes étoient portés vers un centre commun, & n'étoient pas retenus vers une autre puif- fance agifflante extérieurement fur eux en vertu de la mème force attraétive , 1l y au- roit Jong-temps qu'ils fe feroient rappro- chés & fe feroient réunis à leur centre de gra- vité commun , comme tombant vers le lieu le plus bas, & n’auroient alors formé qu’une mafle infinie & inactive (1). 98. Il paroït encore que les Anciens fa-

(1) Præterea fpatium fummaï totius omne Undique fi inclufum certis confifteret oris , Finitumque foret, jam copia materiaï Undique ponderibus folidis confluxit ad imum, Nec foret omnind cœlum, neque lumina folis; Quippe ubi materies omnis cumulata jaceret Ex infinito jam tempore fubfidendo.

Lucr, lib. 1, v. 983 L üj

Attra&tion proportion- née à la ma{ fe des corps

Eoi de la faifon invet- fe du quarté des difances, connue des Anciens.

DOGUNIE SUROIN TT EVU À

voient auff bien que les Modernes, que cette gravitation n'avoit point fa caufe dans une force qu'ils s'imaginaflent réfider dans le centre de la terre, vers laquelle tendoient tous les corps ; leurs idées li-deffus étoient plus philofophiques ; & l’on voit aifément par les paflages que je viens de rapporter aux trois premieres notes de la feétion 96e. , que cette force étoit diffufe dans toute la matiere du globe terreftre , & compofée des forces de toutes les différentes parties de la matiere de notre globe.

99. Il refte à examiner fi les Anciens ont connu quelles étoient les loix fuivant lef- quelles la force de gravitation agifloit fur les corps céleftes, & s'ils croyoient qu’elles fuffent en raifon de leurs mafles , & fuivant la proportion de leurs diftances. Il eft cer- tain que les Anciens n’ignoroient pas que le cours des aftres fe faifoit fuivant des pro- portions conftantes & inaltérables, & qu'ils

» Démocrite penfoit la même chofe , felon Arif- “tote, de Generat, lib, 2, c. 8.

UNIVERSELLE, &C. 167

avoient différentes opinions fur la nature de ces proportions (1). Les uns les cherchoient dans la différente mafle de la matiere dont ils étoient compofés , & d’autres dans leurs différents intervalles. Lucrece, après Démo- crite & Âriftote , penfoit que /a gravité des corps étoit proportionnelle à la quantité de matiere dont ces corps étoient compofës (2) ;

(1) Ke ro ris pit à Taxes Toy mhavauétioy cQute pay, Ts no à Tois émoshuariw , or OÙ, ëy rois peyéren Ÿ dsipv, à dt dryay éxezeoiy d'oxdèvres | ty rais À émtaixdoy À LprETpois Cloïes ras dhonpeéres dyahoyias.

Et vero nonnulli in celeritatibus errantium globo- rum , alitin intervallis potiis , quidam in magnitu- dinibus flellarum , aliique fubtiliffimam fibi rationem fecuti qui videntur , in epicyclorum diametris pro- portiones iftas quærunt. Plutarch. de anima procrea= tione , p. 1028. À. B. Jamblich. de vite Pythag. p. 52, MAC. a T7:

Voyez Montucla, Hifi. de Mathem, t. 1, p. 270.

(2) Montucla, Hiff. des Mathém. tom. 3 , p. 143, dit: Nous favons que Démocrite difoit que les atômes pefoient plus les uns que les autres à proportion de leur mafle , & il cite Ariftote de Gener. anim. L, 1, c, 8 : il doit y avoir une erreur dans cette citation.

» M, Montucla aura voulu parler de l'ouvrage

L 1v

Expliquée dans Plutar- que, Pline, Macrobe & £enforinus.

VOS OPNE Ss'AINCTIE UK

& de très habiles Newtoniens, qui devotens ètre le plus intéreflés à conferver à leur maitre la gloire d’avoir découvert le premier les vérités qui font le principal ornement de fon fyftème , ont été les premiers à indiquer ja fource elles paroïffoient avoir été pui- fées. Il eft vrai qu'il à fallu coute la pénétra- tion & la fagacité de favants tels que New- ton, Grégori & Maclaurin , pour apperce- voir & découvrir la loi inverfe du quarré des diftances (que Pythagore avoit enfeignée) dans le peu de fragments qui nous ont été £ranfmis de fa doctrine ; mais 1l n’en eft pas moins vrai qu'elle s’y trouve , puifque les Newtoniens mêmes en conviennent, & font les premiers à s'appuyer de l'autorité de Py- thagore pour donner du poids à leur fyftème.

100. Plutarque eft, de tous les philofc- phes qui ont parlé de Pythagore, celui qui

———

» d’Ariftote de generatione , & corruptione | dans

2 » lequel fe trouve ce paffage. Kai roi Baplrepoy ye xaræ en ÙmQgun Quoi sat Amuoreilos Exasoy édauprar, Democritus atomorum quodque per exceffionem gra-

vius effe afferir, Lib, 2, c. 8, p. s10, tom. 1. R.

UNIVERSELLE, &C. 169 groit le plus en état de faifr les idées de ce grand homme ; aufli les a-t-1l expliquées (1) mieux que perfonne. Pline , Macrobe & Cenforinus (2), ont aufli parlé de l’harmo- nie que Pythagore avoit obfervé regner dans le cours des planetes ; Plutarque lui a fait dire qu’il eft vraifembable que Zes corps des afîres , les diflances , les intervalles des fphe- res , les viteffes de leur cours & de leurs révo- lutions font proportionnelles entre elles ; & par

(1) »Les paffages de Plutarque , de Pline , Ma-

+ crobe & Cenforinus , dans lefquels cette vérité fe

ÿ

v

trouve enveloppée , font trop longs, trop diffus » & embarraflés pour pouvoir être rapportés en note; » c’eft pourquoi je me fuis contenté de les citer » exactement un peu plus bas , & de rapporter la

3

La

maniere dont les Newtoniens eux-mêmes les ont

» entendus.

Ÿ

(2) Macrob, in fomnium Scipionis , lib.2,c. 1; & lib.1, c. 19.

Cenforinus de die natal, cap. 10 , 11 & 13.

Plin. lib. 2, c. 22. Voyez tome 2 de cet Ouvr. Ja troilieme part. ch, 10, Jet, 244.

#70 | UE S: AN: TUE U'R

rapport au total de l'univers (1). Et Grégori « été porté à convenir qu'il étoit évident , à un efprit attentif, que ce grand homme avoit entendu que la gravitation des planetes vers le foleil étoit en raifon réciproque de leurs diftances de cet aftre ; & cer illuftre Mo-

Cr) 'omtp 6 Tous émirpirous | 2 mpuolious , 39 Oran is Adyous CET & To Loya Ts Aipas 2. 7 ALLIE xai rois xonAGus , myenoies és ( di pie ap dune na TOUTE TUpÉT pas yEyovevær pos PAPE pHxeot : Lai Tu es, mhr OX Gpponar txcivgy mt may QOcylar Cempeir) urws cos quiy oi ui Ta copole Toy dstpor, nai Tu dns pare Ta ixnoy , Lai TU Ty TA mteAPopÈ , Gomtp dpye à Térarypévos ge Epérpos mpos GANG HA MS ro on. Sicutigitur, qui proportiones fefquitertias , fefquiplas, atque duplas quærat in jugo lyræ, teftu- dine , & clavis, ridiculus fit: (nam quin & hæc debeant inter fe longitudinem , & craflitiem habere proportione aptam, dubium non eft : cüm interim harmonia in fidium fit confideranda fonis) 114 pro= babile eff etiam corpora ffellarum , intervalla circulo- rum , converfonum celeritates , tanquam inffrumenta re&o ordine difpofita , fuam habere cüm inter fe, tim ad totam compagem univerfs proportionem. Plutarchus de animæ procreatione , p. 1030. C.

on

MNCNMERSELEE IEC FO

derne , fuivi de Maclaurin , fait parler ainf Pancien philofophe.

101. » Une corde de mufique , dit Py- » thagore , donne les mêmes fons qu’une » autre corde dont la longueur eft double , » lorfque la tenfion ou la force avec laquelle » la derniere eft tendue, eft quadruple; & » la gravité d’une planete eft quadruple de la gravité d’une autre ; qui eff à une diflance » double. En général, pour qu'une corde de » mufique puifle devenir à l’uniffon d’une » corde plus courte de même efpece, fa ten- » fion doit être augmentée dans la mème » proportion que le quarré de fa longueur eft » plus grand ; & afin que la gravite d’une » planete devienne égale à celle d’une autre pla- » nete plus proche du foleil , elle doit étre aup- » mentée à proportion que le quarré de fa dif- » tance au foleil eft plus grand. Si donc nous » fuppofons des cordes de mufique cendues du » foleil à chaque planete ; pour que ces cordes » devinffent à l’uniflon , i/faudroir auomenter » ou diminuer leur tenfion dans les mêmes pro- » portions qui feroient neceffaires pour rendre

Sentiment de Pythago- re , fuivanc Grégori & Maclaurin,

Juftice ren- due à Platon par Galilée.

9 2URRPE VS ANNE EVUUTR

» les gravités des planetes égales. C’eft de la » fimilitude de ces rapports que Pythagore » à tiré fa doctrine de l'harmonie des fphe- » Tes (1) LE

102. Je ne dois pas oublier , avant de finir ce chapitre , de rapporter un paflage de Galilée, par lequel il reconnoïît devoir à

(1) Gregorit , Afironomiz Elementa ; & Maclau- rin, Syflêmes des philofophes , dans un difcours préli- minaire à la philofophie de Newton, p. 32. Wallis, tom. 3, p.138 & 150. Plutarch. de anima procrea tione, t. 2 , p. 1017 6 feq. Vide & Macrobium 1 fomnium Scipionis , L.2, c. 1 Plin. Hif. Nat. l2,c. 22... Plutarch. de facie in orbe luna , p. 9214. D. E. 6 923. lin. 32 de vi centrifugä… Corfin. in Plutarch. de Placiris Philofoph. Differt. 2 ,p. 47, so & 1. Et tandem Plutarch. tom. 2, p. 1028. 4. B. 129 B. C. De anima procreatione, Er verà, 6:c, toute la page , & fur-tout pag. 1030. B. Prifci porro Theo logi , &c. jufqu’à la fin du Livre... Cenforinum de die natali, cap. 10 & 13. Jamblich. de vita Pythagor. c.11,p.5$52, $3. Nicomach. Harmonic, lib. 1, p. 6. Platon. lib, 7. Republ. p. s30. Chalcidius in Timeum, p.307, 313. Edit. Fabric. Kepler Harmonices Munde , Bb: SR cs

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DNINERSEMLE, RC: :

Platon fa premiere idée fur la maniere de déterminer comment les différents degrès de virefle ont produire les mouvements uni1- formes dans la revolution des corps céleftes : il fuppofe » que Platon, ayant imaginé (1) » qu'aucun mobile n’avoit pu pafler du repos

(x) Platone avendo per avventura avuto concetto non potere alcun mobile paffare dalla quiete ad alcun determinato grado di velocitàa , nel quale ei debba poi equabilmente perpetuarfi, fe non col pañfare per tutti gli altri gradi di velocità minori, o vogliam dire di tardita maggiori , che tra l’aflegnato grado ;, e l’altiffimo di tardita , cioè della quiete, incercedo- no; difle, che Iddio dopo avere creati i corpi mo- bili celefti, par affegnar loro quelle velocità , colle quali poi doveffero con moto circolare equabile per- petuamente muoverfi , gli fece, partendofi loro dalla quiete , muovere per determinati fpazit di quel moto naturale , e per linea retta fecondo’ 1 quale noi fenfa- tamente veggiamo i noftri mobili muoverfi dallo ftato di quiete accelerandofi fucceflivamente. Æ fog- giunfe , che avendogli fatto guadagnar quel grado, nel quale gli piacque che poi doveflero mantenerfi perpetuamente, converte il moto loro retto in circolare; 11 quale folo & atto a confervarfi equabile, rigiran- dofi fempre fenza allontanarfi o avvicinarfi a qual-

DŒUNPENE :S LANNMEUNE AU !K

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à aucun degré déterminé de vitefle , dans lequel il a enfuite fe perpétuer dans une égalité conftante , à moins que d’avoir paité auparavant par tous les autres degrés de moindre vitefle, ou de plus grand retar- dement ; 1} en conclut que Dieu, après avoir créé les corps céleftes , voulant leur aligner enfuite ce degré de viîtefle, dans lequel 1l vouloit qu’ils duffent fe mouvoir continuellement , 1l leur imprima, en les tirant du repos , une force qui leur fit par- courir des efpaces déterminés, fuivant le mouvement naturel & reciligne , felon lequel nous voyons nos mobiles partir du repos & continuer à fe mouvoir dans un mouvement fucceflivement accéléré ; &1l ajoute que les ayant fait arriver à ce degré de mouvement , dans lequel il vouloit qu'ils fe maintinffent perpétuellement , 1l conveïtit alors leur premier mouvement

che prefiflo termine da eff defiderato. Galilei Dif- corfi ; 6 dimofirazioni matematiche , edit. Leida, 1638. Elzev. in-4. p. 254.

UNIVERSELLE,&C. 17%

»<en un mouvement circulaire , lequel eft » le feul qui puiffe fe conferver uniforme, » & faire que ces corps tournent fans cefle, » fans s'éloigner ou s'approcher du terme fixe De

103. Cet aveu de Galilée eft d'autant plus remarquable , qu'il part d’un génie inventeur, & qui a le moins fa célé- brité aux fecours des Anciens; car tel eft le propre des grands hommes , de s’arroger le moins qu’il eft pofible un mérite auquel ils croient n'avoir pas tout le droit de pré- tendre : les deux plus grands philofophes modernes , Galilée & Newton , viennent de nous en fournir des exemples qui ne feront jamais fuivis que par les génies de

leur claffe (1).

(1) » L'aveu de Copernic, dans fa Préface adreffée » au Pape Paul III, peut fervir detroifieme exemple, » & confirmer en même temps la vérité du fenti- » ment de ceux qui foutiennent l'utilité de l'étude » des Anciens». Voici les paroles de ce grand homme : Reperi apud Ciceronem Nicetam fenfiffe

Défintéreffe. ment naturel aux grands hommes.

176 PESANT. UNIVERSELLE, &C.

terram moveri,.....indè igitur occaffonem naëlus j cœpi 6 ego de terræ mobilitate cogitare. Voyez La premiere note de la conclufion de cet ouvrage, & les notes la féction 62.

CHAPITRE

CR PETRE WI TL

Voie laitée ; fyflêmes folaires ; ou pluralité des Mondes ; Satellites | Tourbillons.

104. Carre zone lumineufe & blanchitre, qu'on voit au firmament parmi les étoiles fixes , a fixer de bonne heure l'attention des Anciens, & leur faire avancer beaucoup de conjectures fur ce qui pouvoit l’occafion- ner ; &1l n'eft pas douteux qu'ayant propofé différentes opinions là-deflus , plufieurs doi- vent nous paroître faulles , puifqu’il n’y en a qu'une feule qui puiffe étre vraie ; mais tel doit être le fort des génies les plus éclairés de tous les âges, & fur-routdes âges les plusrecu- lés. Une fuite de fiecles écoulés après la décou- verte de quelque grande vérité, fait qu’on s’y familiarife ; qu’elle eft regardée comme fi fimple & fi facile , qu'on eft tout étonné que de grands hommes aient héfité fur des chofes connues à nos enfants; & nous ne faifons pas réflexion qu’un jour viendra peut- être les idées de Locke & de Leibnitz, Tome I, M

Réflexions fur la fitua- tion des An- ciens par rap- port aux Mo- dernes.

158250 TE PILMANCUTNÈNE.

celles des Newtoniens fur l’attraétion, & & des autres phyficiens fur d’autres fujets, feront regardées par notre poftérité comme des chofes tout aifées , fur lefquelles on s'étonnera que d’aufli grands hommes que ceux qu'a produit notre fiecle , aient pu s’arrèter long-remps. Si un feul de nous leur paroît avoir entrevu la vérité fur les points difcutés à préfent, combien leur paroïtront avoir avancé des rèveries ! Heureux encore fi, parmi tant de différentes opinions, quelques- unes fe trouvent être vraies; car ce n’eft pas peu pour les hommes qu’il y en ait de temps en temps un qui marche d’un pas sür dans les fentiers tous les autres s’égarent. Cela arrive quelquefois aux Modernes , on en convient; mais cela arrivoit de même aux Anciens : la vérité brilloit fouvent à travers l'obfcurité dont leurs connoiffances étoient enveloppées ; plufeurs fe trompoient dans leurs conjectures ; un ou deux leur mon- troient la route qu’ils devoient tenir, & c’eft tout ce à quoi nous nous attendons des lu mieres de notre fiecle éclairé.

MIONE ADAGTÉE 699

105. La voie ladtée & les étoiles fixes avoient été un fujet de recherches pour plu fieurs philofophes : les Pythagoriciens di- foient , fur la caufe de la premiere , que le foleil avoit fuivi une fois ce fentier, & y avoit laiffé cette trace de blancheur que nous y obfervons ; les Péripatéticiens ont dit après Ariftote que la voie la@ée étoit formée par une exhalaifon fufpendue en l'air : ils fe font trompés fans doute, j'en conviens ; mais tous ne fe font pas trompés. Démocrite, fans télefcope {1), avoit dit , avant Galilée, que cette partie du ciel, que nous nommons la voie lailée ; contenoit une quantité innombrable d'étoiles fixes ; dont le mélange confus de lu- miere occafionnoit cette blancheur que nous dé- Jignons ainft : ou bien, pour le dire dans les mêmes termes que rapporte Plutarque (2), que c’étoit /a clarté réunie d’un grand nombre d'étoiles.

(1) Vid, Not. (a) ad feët. 131.

(2) Ammorgilos mord | #94 puxpüv | Hg ou ùy dstpav ryuQaliCopeve MDARROIS uYaUr/ er peoy did ‘Th 7UxywT y, Democritus exiftimavit viam la@team efle plurium ,

M ij

Sentiments des Anciens fur la voie laûée.

Sut les étoi- les fixes & la pluralité des Mondes.

196 AWG DEN ALI AUCITÉE FE

106. Les Anciens n’étoient pas moins éclairés que nous fur la nature des étoiles fixes ; il n’y a que fort peu de temps, que les Modernes ont enfin adopté les idées de ces grands maitres à ce fujet , après les avoir re- jetées pendant plufeurs fiecles. Ce feroit à piéfent une erreur en bonne philofophie de douter que les étoiles ne foient autant de fo- leils comme le nôtre , qui ont probablement leurs planetes, lefquelles accompliffent des révolutions autour d’eux , & forment des fyftèmes folaires plus ou moins femblables au nôtre. Tous les philofophes admettent à préfent ce fyftème, fondé fur les raifonne- ments les plus folides de l’aftronomie , fur l'idée la plus fublime de la Divinité , & qui

& exiguarum , fibique cohærentium fteflarum fplen- dorem, quæ fefe invicem ob denfitatem fibi vicinam illuminent. Plutarch. de Placir. Gb. 3, cap. 1.

An major denfà ftellarum turba coronà

Contexit flammas , & craflo lumine candet,

Et fulgore nitet collato clarior orbis.

Manilius affronom. lib. 1 , c. 9, v. 753. Ptolo- maus , lib, 8, c. 2.

WOrBILAGTEE ar

tend le plus à manifefter fa gloire : les efprits les moins philofophes commencent même à fe familiarifer avec cette idée ; graces à l’é- légant ouvrage de M. de Fontenelle fur ce fujet.

107. Cette opinion de la pluralité des Mondes fut donc enfeignée généralement parles anciens philofophes Grecs. Plutarque, après lavoir expofée , difoit » qu’il étoit » bien éloigné de la condamner , & qu'il » trouvoit très probable qu'il y eüt une quan- » tité innombrable , quoique déterminée, » de Mondes comme le nôtre (1), chacun

(1) Eye dE mp psy dpi repas oëx y mêle Miqu- piraiuemy o7t roro Tyy de moe paty Eves ÿ pen émépous | AN oesruérous mANTU , Tidepémv d'obay , cùd'e- rieur Exeor dnoyaleegr ryduæ, Ego autem de numero mundorum , quod fint tot, numquam fanè conten- derim ; eam vero fententiam , quæ plures uno mun- dos, non tamen infinitos, fed numero determina- tos facit, neutram iftarum abfurdiorem cenfeo. P/u- tarch. opera , p. 430 in libro de Oraculorum defeitu.

Vide quoque Plutarchum , tom. 2 , oper. p. 938, D. de facie in orbe luna.

M iij

Opinion de Plutarque fur ce point.

Celle d’A- ñhaximene.

Opinion de la Sete Ita- lique.

15: MOôrE Al CTÉE. » d'eux ayant une terre , une mer & un s ciel fi},

103. Anaximene eft un des premiers qui ait enfeisné cette doctrine ; 1l croyoit que les #10. les étoient des males immenfes de feu autour d:fquelles certains corps terreftres que nous ne pouvions appercevoir , accompliffoient des revolurions périodiques (21); on voit qu’il enten.loit par ces corps terreftres , qui tour- noient autour de ces maïes de feu, des pla- netes comme les nôtres, fubordonnées à un foleil, & formant avec lui un fyftème folaire.

109. Anaximene tenoit ceci de Thalès; & cette opinion pañla de la Sete Ionique à

\

(1) yap à éxdso y © lunaosa 1) ovegnes xurtlay zur Quow &s megrnxu. Plutarch. de oracul. defeëlu , P: 415.

(2) Avekubns opus pts rh Quoi Ÿ spa , mrapeysiy de run 20 yen coule couripiPepoueve Toûros | docailæ, Anaximenes igneam judicavit effe ftellarum naturam, fed permifta quædam ipfs terrena corpora ( circum iMas verfantia ) non afpectabilia. Srobaus | Eclog.

Phyf. Lx, p, 53.

Morr LAGCTÉE 93 la fecte Iralique , qui croyoit (1) que chaque étoile étoit un Monde qui avoit un foleil & fes planetes , & étoit placée dans un efpace immenfe qu'ils appelloient lécher.

110. Héraclide & tous les Pythagoriciens enfeignoient de mème que chaque étoile étoit un Monde , ou un [yflême folaire , qui étoit compofé ; comme le nôtre, d’un foleil & de planetes , auxquelles ils paroifloient même accorder un air , une atmofphere ; qui les environnoient , G& un fluide appellé éther, dans lequel elles étoient foutenues (2). Cette

(1) E’xasor % dctpay nome dmapye , yhy mipéyoïla , dseg Te, 494 ex , ty To émis tes. Credebat, flellam quamvis mundum elfe , terramque & aftra & aëéra continere , & infinito in æthere collocari. Plu- tarch. de Placitis , L2, 0.13 & 30.

(2) H'egxnudys , 2 IluSaryoptior , txaçor À àstpév xp Üraper , YA Zipiepole , dipa TE, À diVéey, à TD drug aidtes. Taïra de ra d'éyale ty rois O'pQixois Qt- pere xorpomebr rap tease) Toy dstpar. E'mixoupes évo émoyiéoxa Torey , iyoueves rod id'efouéa, Heraclides , & Pythagorici quodliber fidus mundum effe dixerunt , qui in infinito æthere terram , aëra, & æthera conti- ncat, Eadem vero dogmata in orphicis, vel Orphei

M iv

Opinion d'Héraclide & des autres Pythagori- ciens.

184 4 VOTE LAGRÉE

méme opinion paroit avoir mème encore une origine plus ancienne ; on en trouve des traces Jufques dans les vers d’Orphée , qui vivoit du temps de la guerre de Troye, & qui avoit enfeigné la pluralité des Mondes, qu'Épicure regardoit aufli comme probable.

Sentiment lil. Origenes, dans fes Philo/ophume- de Démocrite fur le même fujer.

na ; traite amplement (1) de l'opinion de

carminibus efferuntur : Orphici enim quamlibet flel'am in mundum efformanr. Epicurus nihil iftorum repro- bat, illi, quod fieri poteft, infiftens. Plurarch. de Placitis. Phil. L, 2, c. 13 ad finem. Eufeb., Prapar. Evang. lib. 15, c. 30.

(1) Ampous de ever zéruovs | og peryiQu d'aQénoilas" 21 & / cn see NA RTE S y TITI de psiQo + C7 CLS x €) TITI mAIQ' EVA GE en LA 74 \ à / \ 27 \ / 7 D F uompay ance Ta diesquale, x 7} pee mheous | Th dE

roùs de ner. QSeioeey

én@rlous , 10 mods peir vécut, d% aüroës tm dinar mpormimlorlas, elver de tyious xocuous tomuovs Cour , 2 Qurév , 2 mavres vypèv. Toù de 7rüp gp roopov mpoTipoy Thv y Tv cpoy ya ever dE 7 pi TEE) xÈTO : émeile Toy Hauoy, træ Tods dmaaveis AT. . A / ON ST NI ,’ FA Ê CAR Tous males (42 CUTOUS EXCEEV 4Toy LATE ax. paQus À ôomor Los dy pyntre d'Unler ad Ti mporhagee Gaves.

Infinitos effe , & magnitudine inæquales mundos,

A « . .

nonnullos ut fole , fic lunà deftitutos : in quibufdam

MOLESMAGTÉE Us Démocrite , & dit qu'il enfeignoit qu’il » y avoit une quantité innombrable de « Mondes, inégaux en grandeur , & dif- » férents dans le nombre de leurs planetes ; » plus ou moins grands que le nôtre, à des » diftances inégales les uns des autres ; il » difoit que quelques-uns étoient habités » pat des animaux, dont il ne définifloit » point la nature; que quelques-uns n’a- » voient ni animaux ni planetes, ni rien de

». ce que nous obfervons fur notre globe »;

utrumque majorem noftris, & in aliis plures : inæ- qualia inter fe mundorum effe intervalla, & plures alicubi , alibi pauciores. Hos augefcere , illos in vigore efle , vergere quofdam ad interitum ; & hîc quidem nafci, illic vero deficere. Interitum alteri ab altero afferri impingendo. Efle inter cæteros, qui careant animantibus, & plantis, & omni hu- more. In hoc autem noftro mundo terram aftris priorem emerfifle ; lunam fede infimam , folem ultra hanc proximum , flellas fixas remotiflimas. Neque parem planetis inter fe altitudinem. Florere mundum, ufque dum foris incrementi nihil adipifci poflit am- plius. Origenes in Philofophumenis , c, 13. Lucrer, lib, 2, v, 1069 , 1080.

Trait d’Ale- xandre à cet égard.

Autres Phi- lofoplies qui ont cru Îa méme chofe,

186. NN x = NINALCTEÉ À:

car ce génie vraiment philofophique conce- voit que la différente nature des globes entrainoit néceflairement d’autres efpeces d'êtres pour les habiter.

112. Cette opinion de Démocrite donna lieu à Alexandre de découvrir de bonne heure fon ambition démefurée. Elien rap- porte ( ) que ce jeune prince ayant entendu dire ce que Démocrite enfeignoit de la plu- ralité des Mondes, il fe mit à pleurer, s'afligeant de ce qu'il n’en avoit pas encore conquis un feul.

t13. Il paroit qu'Ariftote a cru aufli la mème chofe, ainfi qu'Alcinoüs le Platoni- cien, & Louis Cœlius de Rovigo attribue à Plotin d’avoir aufli admis cette opinion,

(1) yo d'u draps mien Euavro | pen YeAEr ir Anéosd po To immo, Eye dmipous dxolay eat Tous zorpous Aéryoïlos Angoxpirou à rois cuyfpéumarn , 00e malo, und k rod tes, 4} xo1v0) pol av. æoroy dE im CAP? Anpé- xeñlos yat à aûres , Ti 1 Xéye 3 & épryov TobTo he

Non poffum mihi ipfi imperare , quominus rideam Alexandrum Philippi filium. Siquidem quum audirér Democritum in quibufdam libris infinitos mundos

ViohÆ }LACTÉE #87

fur ce qu'il dit que la terre , comparée (r) à tout le refte de l’univers , eft comme le moindre des aftres.

114. C’etoit fans doute en conféquence d’une telle idée que Phavorinus fondoit fa conjecture bien remarquable fur la poffibilité qu'il y eùt d’autres planetes que celles que nous connoiffons. » Il s’étonnoit que l’on # admit comme une chofe certaine qu'il n’y » avoit pas d’autres étoiles errantes, ou pla- » netes , que celles que les Chaldéens avoient obfervées. Il penfoit , pour lui,

ÿ

conftituere , indoluit , quod ipfe nondum unius dominium teneret, Quantüm verd eum deriferit De- mocritus , quid opus eft referre? quum hoc fuerit ei confuetum, & proprium. Æ/ian. Var. Hifi.

(r) Hic enim, ficuti accepimus , & meminit in libris de Cœlo & Mundo Ariftoreles , terram è ftellis unam efle prædicabat : quod in commentatione de Platonis do@rinä comprobat Alcinoüs , & forrè fig- nificavit Plotinus, ubi ait , terram , fi univer{o comparetur , cfle veluti punétum , vel quafi ftellam quamdam , minimam reliquarum. Lud. Cœlius Rhodiginus, L.1,c.4,p. 13, 14. Vid. Arifl, de Cœlo , l2,6c,14, ad finem.

Phavorinus femble indi. quer les Sa tellites des netes.

18300 x E DA C'TE E.

» que leur nombre étoit plus confidérable » que le vulgaire ne le croyoit, & qu’elles fe » déroboient jufqu’alors à notre vue»; en quoi il a eu probablement en vue les fatel- lites que l’ufage du télefcope nous a enfuite fait connoître , & qu’il étoit beau à Phavo- rinus d’avoir fuppofés, & d’en avoir , pour ainfi dire , annoncé la découverte (1). Sé- neque raportte encore une opinion femblable de Démocrite, qui, dans un Traité fur les planetes, dont il ne nous refte que le titre, fuppofoit qu'il y avoit un plus grand nombre de planetes que celles qui s'offrent à notre vue, quoiqu'il n’en indiquat ni les noms ni le nombre (2).

(1) Prætereà mirabatur (Phavorinus) id cuiquam pro percepto liquere , ftellas iftas, quas à Chaldæis, & Babyloniis, five Ægyptiis obfervatas ferunt ( quas multi erraticas, Nigidius errones vocat) non efle plures , quàm vulod dicerentur. Pofle enim fieri exiftimabat, ur @& alii quidam planete effent. .. neque eos tamen homines cernere poffint. Aulus Gellius, Z. 14, CAS 2 (2) Democritus quoque, fubtiliffimus antiquorum

MO NE HAÎIGTÉ E: 9

115. Quoique l’on ne regarde pas les tourbillons de Defcartes comme un fyftème fondé fur des principes folides, cependant comme il a quelque chofe d’ingénieux & de brillant, & qu'il a été reçu d’abord avec beaucoup d’applaudiffements , 1l mérite d’être mis au rang des opinions qui font hon- neur aux Modernes , ou plutôt qui font hon- neur aux Anciens, chez lefquels, malgré toute l'apparence de nouveauté que porte avec foi ce fyftème, il paroït avoir été puifé. En effet, Leucippe, & après lui Démocrite, avoient enfeigné » que (2) le mouvement &

omnium , fufpicari ait fe, plures effe ftellas quæ currant : fed nec numerum illarum pofuit, nec no- mina , nondum comprehenfis quinque fiderum curfi- bus. Senec. Quaff. lib. 7, c. 3. Diog. Laërt. lib. 9, fect. 46.

(1) Dear de rois noruous oula" Qipeoi rar” ëmore- pr ie Thés améipo mod copale , maloiu rois JU 3 sis péya eo, Grp adpaoevle d'in émepyabedat puiar , 24 y mporxpolole 7 mailod'ards xuxroluse , Aaxpi- ET Lapis Te uote pes Tu puit, iroppoman dE dix ro

07 / 22 aides pri dueuéior mas mipQige a , Tu pr Ana

Tourbillons de Defcartes, connus des Anciens

4 TOO MNMO TE LA CTE E

» la formation des corps céleftes avoient été » produits par une quantité infinie d’atômes » de toutes fortes de figures, qui, s'étant » rencontrés & accrochés enfemble, for- » mercnt des tourbillons, lefquels, venant » à s’agiter & à tournoyer en tous fens , les » corps fubrils , qui en faifoient partie, s'é- » chapperent vers les bornes de la circonfé- » rence de ces tourbiilons ; & les autres,

NN dE aber / SIN \ dope cie To go nevoy aomip diilropeve" Ta de Aura cup f \ 4 / D x 22 HRENEN | Hy TELATAEXO MEN cuyxalarpéyev ŒAAYAE | KIA TOI 22 / ! 02 NS e / : ! TE mporoy césqua aPougoud' és. roro de oioy Uéra dQisæ ai , / Due ni cs / s DS / \ ae / ateniçoile ty caurd) maÿlox copola à@y nur Th TS rs \ ! \ ! e ! Amor yiear roy méeié duie,

/ / évripurw megad wougva ,

s | 5 \ 2 = 4 nn 4 « UPPEOVT Y CR CUVE &V ZOT émiVæuriy TS d'ivys. ê cv1a Vos Th D , cumuler À iwxSélay Emi To péro. SE LEAR / \ / ce ei 5 4 \ dUTOY TE AAA To MEptEoile | oo) pére , veu ar \ ON À CRI G- LA di / LEA 1e TAY ÉMEXPUTIV T ECOTEY FOOT OV e un 76 Pepoprevoy OUTOY y ëv émfaion, raÿre imxräQuur.

Sic auter fieri mundos : ex infinito per abfciffionem , multa corpora, figuris omnigena , in magnum vacuum ferri, eaque in unum coaëla unam vertiginem efficere ,

\ . . . fecundum quam offendere , ac circumvolvi modis omnibus , atque ita difcerni, ut feorsum fimilia,

quæ funt fui fimilia , petant. Cæterüum æquilibria

MOLEÉ LAGCTÉE #9i

» moins fubtils , (parties d’un élément plus » groflier) refterent vers le centre , & for- » merent des concrétions fphériques , qui » font les planetes , la terre & Le foleil : ils » difoient que ces tourbillons étoient tous » emportés par la rapidité d’une matiere » fluide, dont la terre étroit le centre; & » que chaque aftre fe mouvoit avec d'autant

cüm ob mulritudinem minimè tam circumferri poflint, exilia quidem ad exterius vacuum contendere velut dif- fültantia : catera confiflere, & innexa , atque in fe implicata invicem concurrere , atque primam quandant concretionem efficere rotundam. Hanc autem veluti membranam abfiftere | continentem in fe omnigena corpora , quæ dum fecundum medii reluétationem circumvolvuntur , tenuem per gyrum membranulam fieri , juxta vertiginis tra@tum contiguis corporibus femper confluentibus : Atque ita fieri terram , dùm Junéla manent , quæ ad medium ferebantur. Ypfumque rursus continentem , membranæ inftar, augeri juxtà externorum influentiam corporum , & cm vertigine fertur quacunque artigerit , ea acquirere, Diog. Laërt. Lo ,fe&. 31 © feg. & feét. 44.

Vide & Hefychium in Leucippo. Voyez Bayle, aïticle LEUCIPPE.

192, IWNOLE, LA CT É

. . »* / . À » moins de violence, qu’il étoit plus près » du centre : 1ls difoient encore que la vi- » teffle avec laquelle ces tourbillons tour-

21

» noient , faifoit que le plus rapide & le

Ë

plus fort entraïînoit avec lui les autres

» COrps planetes qui fe trouvoient enga- # gées dans fon voifinage , & fe les appro- prioit TA

aumeprin- 116. Le premier de ces deux philofophes É A . ; “pe

cipe de Def- paroît aufli avoir connu le grand principe de

cartes ,; CON- 22

nu de Leu- Defcartes, que es corps qui tournent tendent

CIPPEe PE ;

à s'éloigner du centre , & à s’en échapper par la tangente.

CHAPITRE

GAHUX PE STRE SV LI L

De la Lumiere & des Couleurs,

Pr7. Le {vftème fi merveilleux de lana- lyfe des différentes couleurs qui compofent la lumiere, fufhroit pour établir à jamais la gloire du chevalier Newton, & faire feul loge de la fagacité extraordinaire de ce grand homme. Cette découverte fembloit par fon importance être réfervée à un age la phi- lofophie füt dans toute fa maturité ; cepen- dant 1l s’eft trouvé des hommes célebres parmi les premiers philofophes , dont le g6 nie n’a pas eu befoin de l’expérience de plu fieurs fiecles pour fe former, & qui en ont donné des preuves frappantes dès la naïffance des fciences. Pythagore & Platon font de ce nombre. Il paroït que le premier, & fes dif- ciples après lui, ont eu connoïflance de la caufe des couleurs ; 1ls ont enfeigné gw’elles n'étoient autre chofe qu'une réflexion de la lumiere, modifiée de différentes manieres (1) ;

E’ 1 , / 1 \ \ \ (1) E repos xara vioy Gxrivay tirngari , per Thy wpos

Tome LI, N

Sentimetit des Pythago- riciens fur les couleurs,

1941 JE LA ÉUVMIERE

ce qu’un auteur moderne (en expliquant ce fentiment des Pythagoriciens) interprete : une lumiere qui [2 réfléchit avec plus ou moins de vivacité , & forme par-la les fenfations des diverfes couleurs (1). Ces mêmes philofophes de l’école de Pythagore, rendoient raifon de la différence des couleurs , en les faifant naître d’un mélange des éléments de la lumiere (2) > & dépouillant les atômes , ou Les petites par- ticules de la lumiere , de toute couleur natu-

To DmOXEUEO SAT TAN ÜmospéPoury pes Ty CU. Alii (i. e. Pythagorici ) videre nos arbitrantur prop- ter quorundam radiorum incurfum , qui poftquam objeûæ rei infixi funt , rursus ad vifum convertan- tur. Plutach. de Placit. philofoph. L 4, c. 13. Sto- baus Ecl. Phyf. p. 35. Ariftarchus colores efle lucere än fubjeétas res incidentem.

(1) Colonne, Principes de la nature , tome x

» P: 210.

(2) Tas D dupoegs Ta MPOUÉTOY Tape TÜs mix pibus À sosie. Colorumque difcrimina ex variis ele- mentorum mixturis oriti, Plutarch. ibid. lib.x, c. fe Gaflendi, Epic. Philo. Syntag. c. 15, p. 21, col, 2. Ariftotel. de Gen. & Corrup. lib. c. 2, p. 496. E, Eucretius , de nat, rer, Uib, 2, V, 754 3 794

ET DES COULEURS. 195

relle , ils enfeignoient que les fenfations de toutes les couleurs étoient produites en nous par les différents mouvements excités dans les or- ganes de notre vue (1). |

118. L'école de Platon ne contribua pas peu à l’avancement de l'optique par la dé- couverte importante qu'elle fit: Que /a lu- miere fe propage en lignes droites ; & que les

Proindè colore cave contingas femina rerum.

..... at variis funt prædita formis

E quibus omnigenos gignunt , variantque colores. Vid: & Diogen. de Laërt. /18. 10, feët. 44 totâ. Ex- ponit locum citatum Ariftorelis Thomas in Comm. fuis in lib. de Gener. & Corrupt. Éb.1,p.4,col.7, & Averroës in eund, loc, p. 156, col. 1,

(1) dE ra roue mére und y Expos | 1E émoios noyer Goporüy rus didyrus ÜmoDasours ylyw a moi rilas. Alii cunctas atomos colore carere, de quibuf- dam autem qualitatis expertibus ratione contemplan- dis qualitates fenfus moventes exiftere, Srobæus Eclog. Phyf. lib. 1, p. 35.

Claudian. in Panegyride de Confulatu Mallii Theo=

doreti , v. 105.

Sitne color proprius rerum , lucifne repulf& ÆEludant aciem, |

Ni;

Platon pa- foît avoir connu la thé- orie Newtro- nienne des couleurs,

196 DE LA LUMIERE

angles d'incidence font égaux aux angles de réflexion (1). Platon mème femble avoir en- revu le fyftème du chevalier Newton fur les couleurs , lorfqu’il dit qu’elles font l'effet de la lumiere renvoyée par les corps , laquelle a de petites particules proportionnées à lor- gane de la vue (2). Le pañlage précédent &

(1) Qui (colores ) quoniam quodam gignuntur luminis i@u. Lucret, lib. 2, v. 807.

(2) Iaëroy Qhoya àmo À couérav, cousreg ôcre éxgoiruy mp rw oJw. Plato colores efle fulgorem à corporibus exeuntem partes vifui commenfuratas ha- bentem , dixit. Plutarch. de Placitis Philof. lib, x, CDS LS S De 3 2

À! Liuroila per pas inndéraue | Qhoya À coparay ExASUY GToppeouray | compETog poert Exouray mpes æiOyrw. Eft autem color nihil alind , quam fulgor à fingulis corporibus defluens , partes habens vifui ad fentiendum accommodatas. Platonis Timæus , £. 3, p. 67. C. Vid. & Plaronem in Menone , t.2, p.76, C. D. Efle quafdam defluxiones rerum & meatus in quos & per quos illæ defluxiones manent.... e deflu- xionibus autem alias quidem meatuum nonnullis convenire , alias vero majores , five minores efle. Vid. imprimis eundem Philofophum in Thæetet, t. 1, P-156, © notam in Margine,

ET DES COULEURS. 197

celui-cicontiennent ces principes de M. New- ton (1): » Que les différentes fenfations de » chaque couleur particuliere font excitées » en nous par la différence de la groffeur » des petites particules de lumiere, dont » chaque rayon eft formé; lefquelles petites » particules donnent l'idée des diverfes cou- » leurs, fuivant la vibration plus ou moins » vive avec laquelle nos organes en font » affectés »? Le mème plulofophe a été plus Join ; il eft entré dans le détail de la com- pofition des couleurs (2) ; 1l a été jufqu’à re- chercher quelles étoient celles qui devoient

(1) Oprices , lib, 3 , quaft. 13 , 6 pag. 46. Edit. Patav. in Definitione , lib. 1, part. 1.

(2) Thv ééuréegs Qopur | 494 yévaus mupes Éripau mrpor=

r 7 \ 2) 1 \ 1 on » 4 2 \ IF IGUT OV K, © IEKPIYOUTEN TH) CNW MEXEA T OMHUTAY, AUTOS Te À QYaruby rus dubsdos Rile dde 1 Thraurey…, D TO pe txrnd res murs , olov dm dseyms.... mruÿlo- d'andy ty Th xUxATE TAUTN YMYYÉYOY LPOUATOY | parprropu

\ \ \ / 1 \ d\ C9 » / vus pe To médos mportimoue, ro roro dmtpyaCoptr, Dam TE 4gf cTiACoY imavoudræuer,

Motionem vero acutiorem , generifque alterius ignis , incidentem , difcernentemque vifum ad ocue

N ii

198 DE LA LUMIERE

provenir du mélange des différents rayons dont la lumiere eff compofee (1) ; & il ajoute enfuite ce qui peut être regardé comme le plus grand éloge qui ait jamais été fait du chevalier Newton: » Oui , s’écrioit ce beau génie de l'Antiquité ; ff quelqu'un entreprenoit jamais de rendre raifon ; par de curieufes recherches, de ce méchanifme admirable , il feroit bien voir par-là qu’il ignore entiérement la diffé- rence qu'il y a entre le pouvoir de l'homme & le pouvoir de Dieu: car Dieu peut ; il ejt

los ufque, ipforumque oculorum quaf divortia, atque meatus vi compellentem. ....£t quüm unus quidem ignis velut à corufcatione quädam exilit... mulriplices in hâc agitatione colores exiftunt, illara- que affetionem cotufcationem , fi emicationem vo- camus : illud vero , quod cam efficit , fplendidum , _atque corufcum. Îdem ibid. & pag. 68. À. B.

(1) Epodps dy pére Dsuxd 7e 209% | Ghonsyon opDuver dE, oruy Torais paepymévis xavéit Te, pénAoy ovyxea 9 péna up de, Éaÿld re 2 Quad xpartt yiy- vera Qui dE, Aeuxod TE 2) peénonos" To dE Gyüm , Aeuxo LOS peprypérow Daprpw de, Durs Eve, 44 és pénoy malaxops Euro, sua ppoue dmoleriran xumvoù dE AcuxD xepgEo , Vheuxor" Zuppod dE Era ; mpéTiore

Plat, Tim, tom, 3, p.68. BC,

ET DES COULEURS. 199

vrai , faire un mélange de plufieurs chofes en une , & il peut enfuite les [éparer comme il lui plait , parcequ'il fait tout , & peut tout en même temps ; mais il n'y a point d'homme au- jourd’hui, & il n'y en aura peut-être jamais qui puif]e venir à bout d'accomplir deux chofes, auffi difficiles (1). Quel éloge que ces paroles dans la bouche d’un philofophe tel que Pla- ton, & quelle gloire pour celui qui a entre- pris avec fuccès de démontrer des chofes qui paroifloient impraticables à ce prince des

(1) Ei de ris roëray tpy» cxonoiueres Rauyor nuubérot, To Ths Gyporiys 44 Ueias Quetos myvencus ay ty diapos" or Éeos pair Tu monnt is à Éuryucçaniet | 9j mad ÀE és tis more Can ixayos | @s ÉMISAUENS ue Ka] duurcs pére dE codes odtriex ToiTuy ixæyss cùrt se dy, oùr éirulQis mor sui.

Quod fi quis hæc ita ratione confideraverit, ut re ip{à experimentum capere velit, ille nimirum hu- manæ , & divinx naturæ difcrimen ignoraverit. Deum videlicet multa in unum commifcere , & rursis ex uno in multa poffe diffolvere ; quippe qui id ipfum fciat, & poffit : mortalium autem hominum nemo neque hoc tempore, neque in pofterum , alterutrum queat. Plar, Timaus, p. 68. D,

N iv

Syftème de Defcarres fur la p'opaga- tion de la lu- micre.

200 De LA LUMIERE

philofophes ! mais aufli quelle grandeur de génie , quelle pénétration dans les fecrets les plus intimes de la Nature, que celle qui a fait dire à Platon tout ce que nous venons de rapporter fur la nature de la théorie des couleurs , dans un temps la philofophic étoit encore à peine fortie de fon enfance! 19. Quoique le fyftème de Defcartes fur la propagation de la lumiere en un inftant ne foit gueres reçu à préfent de la plupart des philofophes , depuis que MM. Caflini & Romer ont découvert que fon mouvement. étoit progreflif ; cependant , comme ce fyf- tème a prévalu pendant long temps , & que l’on en fit alors tout l'honneur à Defcartes, 1] n’eft pas mal-à-propos de faire voir en peu de mots qu'il avoit puifé cette idée dans Ariftore & fes commentateurs. Le fentiment du philofophe moderne eft, que la lumiere n’eft autre chofe que lation d'une matiere fubtile fur les organes de la vue ; cette ma- tiere fubuile étant fuppofée remplir tous les efpaces, depuis le foleil jufqu'à nous , la premiere de ces petites parties de la macicre

ET DES COULEURS. 2ot

érant preflée par le foleil, & ne pouvant céder fans que toutes les autres ne cedent an même inftant , tous ces globules, qui font contigus depuis nos yeux jufqu’au fo- lil, ils font agités & frappés, ne peu- vent que nous communiquer fon mouve- ment en un inftant. Pour rendre la chofe plus fenfible , Defcartes fe fert de la com- paraïfon d’un baton (1), lequel ne peut être preffé & pouflé d’une ligne de diftance , fans que l’autre bout, qui eft continu, ne foit preflé également. Quiconque voudra fe don- ner la peine de lire avec attention ce qu'A- riftore a dit fur la lumiere, & ne pas s’en rapporter aux interprétations ridicules que quelques-uns ont faites de fes paroles, verra clairement qu'il n’étoit pas fi éloigné qu’on le penfe de la vérité ; il la définit l'aéfior l'une matiere Jubtile ; pure & homogene (2) ;

(x) Defcartes, Dioptrique, ch. 1 , feët. 3. (2) Ariftotel. de Animà, L6. 2, cap. 7, p. 638. ts de isuw y énpyue ro dimQanis. & Stobæus Eclog,

lhyfc. Lib, 1, p. 35. Ariftotel, dicit lumen efle,

\

202 DE LA LUMIERE

& Philoponus , voulant expliquer la ma- niere dont fe fait cette action , fe fert de l'exemple d’une corde extrémement longue, laquelle , fi quelqu'un la tire par une de fes extrémités, fera mue dans le même inftant à l’extrémité oppofce à caufe de la continuité de fes parties (1). Il compare dans le même endroit le foleil à l’homme qui remue la corde , la matiere à la corde , & l’action momentanée au mouvement de cette corde, Simplicius , dans fon Commentaire fur le même paffage d’Ariftote , emploie précifé- ment l’idée du mouvement d’un bâton pour exprimer comment la lumiere , prefice par le foleil, doit agir dans le même inftant fur

ere

ap es dique a Taper 10 œuryñ. Et Origenes , c. 2, Philofophum. p. 881, lin, 8. re d* Qurés pépn noïgor TUD.

(1) Philoponus de Animä , lb. 2, text. 69, p.123, col. à. Quemadmodüm fi quis funis longi & extenfi fummum moverit, totus funis fine ten- pore movetur , éxpows , propter païrtium continci=

tiam.

ET DES COULEURS, 3203

les organes de la vue (1). Cette comparaifon du bâton , pour donner l’idée de la viteffe avec laquelle fe communique la Iumiere, paroît avoir été employée premiérement par

Chryfppe (2).

(1) KaSémp 0 popNrs Toy Dior dre Ts Jupes xivo- pos. Simplicius de Animà, Lib. 2,text. 74 ,p. 37. Edit. Ali.

(2) Ds dix Baxrpizs oùy rod ru Ylos dépes To Pere pay évwyyewe. Diogenes Laërt. Lib. 7 , feét, 15. Vid. 6 Plutarch, de Placiris Philof. lib. 4 , cap. 15.

Conduite des Moder- nes à l'égard des Anciens,

304 Suvis ir ÊMrE

CS TEST APL REP LT PRO RIRE LE RE me em de TNT

nes. à DEEE]

GEL ATP EMSRAES EX,

Syfléme de COPERNIC; mouvement de la terre autour du foleil; Antipodes,

120. V6: c1 encore quelques autres vérités jadis enfeignées par les Anciens, & enfin adoptées par les Modernes , après avoir éprouvé le fort de beaucoup d’autres, & avoir été hautement rejerées & condamnées, Le mouvement de la terre autour du foleil, & les antipodes ont été connus de bonne heure, & prefque toujours reçus avec mé- pris, ou tournés en ridicule, & ces opinions ont été quelquefois mème dangereufes à ceux qui les ont foutenues. Toutes deux ce- pendant font à préfent confirmées & généra- lement approuvées ; & nous rétabhffons ainfi peu à peu depuis deux fiecles les opinions les plus célebres , fans cependant diminuer le motns du monde de cette affectation de méconnoitre des vérités ou des opinions que nous devons à ceux qui les ont enfeignées les premiers,

DETGCGOrPERNIC. 206$

121. Le fyftème du monde le plus raifon- nable , & le plus conforme à routes les ob- fervations , eft fans doute celui de Co- pernic , qui place le foleil au centre du monde , les étoiles fixes aux extrémités , & fait mouvoir la terre & les autres pla- netes dans cet efpace qui eft entre les étoiles fixes & ces planetes; & qui attribue à la terre non feulement un mouvement diurne autour de fon propre axe , mais en- core un mouvement annuel. Ce fyftème eft le plus fimple, & explique le mieux tous les phénomenes des planetes , & fur-tout les ftations , les rétrogradations & les direc- tions de Mars , Jupiter & Saturne; & cna lieu d’être fupris qu’un fyftème fi clairement enfeigné par les Anciens, ait pris fon nom d’un philofophe moderne. Pythagore, Phi- lolaus, Nicétas de Syracufe , Platon, Arif- tarque, & plufieurs autres parmi les Anciens, ont, en mille endroits, parlé de cette opi- mon: Diogene de Laërce , Plutarque & Stobée nous ont tranfmis avec précifion leurs idées l-deflus ; & fi on ne l'a pas

Le Syftème de Copernic appartient aux Ancicn£s

Pythagore paroit être le premier qui l'ait enfeigné.

106 SV $S MIE É

admis plutôt, cela ne doit s’attribuer qu'à la force du préjugé qui, nous faifant toujours décider de la nature des chofes fur les appa- rences, nous a toujours éloignés d’un fyf- tème qui eft plus du reffort de la raifon que de celui de nos fens, au témoignage def- quels il fe refufe.

122. Pythagore croyoit que la terre étoit mobile, & n'occupoit point le centre du monde , mais qu'elle avoit un mouvement circulaire autour de la révion du feu (1),

(1) HoSaryopixoi ray 5 hr, are dxivile , oÙre y mtru Ts ZripiQopès oûray , dAAX nn} épi To Hp diwpouuéy, QÛTE rpualéres , 0e mporey ro Lomme propiay vrépyew. Py- thagorei terram non putant immobilem , neque me= diam tenere regionem globi , fed effe in gyrum circum ignem fufpenfam , neque numerari inter Elementa Mundi præcipua , & prima. Plutarchi opera tom. 1 , D. 67. D. in Numä, Vid, eundem de Placitis Philofo- phorum lib. 3, cap. 13. Clem. Alex. Strom. lib. s, P-5565; & Ariflotel, de cælo. lib. 2 , c. 13 6 14. Theon Smyrnæus ait tradi ab Eudemo in hiftoriä aftrologicà Anaximandrum invenifle ; ors ëse y% peeréopos © xweirae mrigh To rod nomma pére, Quod Terra fit in fublimi pendens & moveatur circa mundi medium,

Die OOIPERNIIC. 2èf

par laquelle il entendoit le foleil , & formoit ainfi les jours & les nuits. On dit que Py- thagore avoit appris cette doctrine chez les Egyptiens , qui repréfentoient le foleil fous l'emblème d’un efcarbot, parcequ'il pafle fix mois fous la terre , & les fix autres mois au- deffus ; ou bien parcequ'ils avoient obfervé que cet infecte forme une boule de fes excré- ments, & fe couchant enfuite fur le dos, fait mouvoir avec fes pattes cette boule en cercle autour de lui.

123. Quelques-uns, entre autres Dio- gene de Laërce, attribuent cette opinion à Philolaüs (1) , difciple de Pythagore: mais il paroïît qu’il n’a eu que le mérite de lavoir divulguée le premier , ainfi que plufieurs

(1) Donc y mixe mepQped er men ro mp, rar æinhou AoËo | opoilperus io, #3 oem. Philolaüs opi- natur Terram in orbem circa mundanum ignem per obli- quum circulum ( i. e. Zodiacum ) circumferri infiar Jolis & lune. Stobæus, p. sr, Ecl. Phyf. lib. 1. Plutarch. de Placitis , lib. 3, c. 11 © 13. Vid. & Diogenem Laërtium | lib, 8 , feë, 85. Eufcb. Prepar, ÆEvangelic, p. $19,

Philolaïüs l’a

fait tre .

connoi-

Sentiment de Timée de Locres, d’A- riftarque & de Séleucus.

208 S y SRÉNN E

autres opinions de fon école ; car Eufebe affirme expreffément que Philolaüs avoit le premier expofé par écrit le fyftème de Py- thagore. Philolaüs ajoutoit que la terre par- couroit un cercle oblique, par lequel il en- tendoit le zodiaque (1).

124. Plutarque femble infinuer que Ti- mée de Locres , auf difciple de Pythagore ; avoit eu la mème opinion ; & que lorfqu'il difoit que les planetes éroient animées , & qu'il les appelloit les différentes mefures du temps , il ne vouloit rien dire de plus, finon (2) » que le foleil , la lune & les autres

(1) Dep Ty Aobwow roù Coduwxod nuxnon du” ou Qépéle Dokolepois o #uos È are d\ opoPogiar © Tporix dv muxney, P lu« tarch. de Placitis Philofoph. Kb ac. "23:

(2) Dos eye ras dugis à 6 Téuouss ts Te ya © TEAM ; # ha ora opyavæ pou capital 5 TOTEQ IV CÙTUS Enie Th VA Gomip MO, 1 EM , À) TOS ÉTÉ mh&* VÉTUS ÿ OÙs Gpyave xporeu | it TUS TOJMUS ; FR OTNYOPEUE 3 # Eds Ty ya Aouevv épi To Me muray mono Teréry pévor , ph puma œuveçomérn , 494 Hévourey | GAÂX 5pe- Porto | 3 dveAoupérgy votiv 3 @s Use gr Apisæpyos , #) Zé= Deuxos | amd tirer.

Quomodo ait Timæus animas in terram, Lunam,

planetes

DEC 6 P'ERIN'I €. ‘469

» planetes fervoient à mefurér le temps par » leurs révolutions , & que laterre ne devoit » pas être imaginée toujours ftable dans le » même lieu, mais mobilé & dans un mou- » vement circulaire, comme Ariftarque de » Samos & Séleucus l'ont enfeigné depuis. 125. Cet Ariftarque de Samos vivoit en- viron trois cents ans avant Jefus-Chrift, & fut un des principaux défenfeurs de l'opinion du mouvement de la terre. Archimede, dans fon livre de Arenario ; nous apprend » qu'Ariftarque , écrivant fur ce fujer contre » quelques philofophes de fon temps, avoit » placé le foleil immobile dans le centre » d’un orbite qu'il faifoit parcourir à la terrre

& quæ alia funt inftrumenta temporis, difperfas efle 2 An hoc modo moveri ftatuebat terram, quo folem, lunam , & quinque planetas, quos converfionum caufà appellat inftrumenta temporis ? & oportuit terram devin@tam circa axem univerfi, non ira fabri- catam intelligi , ut uno consenta loco maneret , fed que converteretur , & circumageretur ? ut poftmodo Ariftar- chus, & Seleucus oftenderunt. Plurarch. tom, 2, P. 1006. . à Tome I, O

Expoñition du fentiment d’Ariltarque.

Pañlage de Plutarque fur Ariftarque , qui doit être corrigé.

210 SYY:S;:T ËÊ M E

» pat un mouvement circulaire (1) » 3 & Sextus Empiricus cite aufli Ariftarque comme un de ceux qui ont foutenu principalement cette opinion (2).

126. Jl y a aufli un autre paflage dans Plutarque, par lequel il paroît que Cléan- the accufoit Ariftarque d’impiété & d’irréli- gion, de ce qu'il troubloit Le repos de Vefta

(1) Taëra yap à ras yezQontrus magxs M Aspgnce yor Aunpoiras Aersapees à Zauios , ümodériéy Tuer Eten yexQus | ty ais | tx TD Ümontuevay cuueaiet T xômpoy monaTrärio hpÿp To vor cipuevou. Y'rolEley D pis dspay , À Toy ao pre xp" ray dE yo mter= Pipe eg mipi Toy av | rare nindou mepaQéqeier , 6 si ë pére To d'ou xauves. Id eft, Friderico Comman- dino interprete: Hæcigitur in iis, quæ ab Aftrolo- gis fcripta funt, red2rguens Ariftarchus Samius , pofitiones quafdam edidit ; ex quibus fequitur mun- dum proximé diéti mundi multiplicem efle. Ponit enim ftellas inerrantes atque folem immobiles per- manere: terram 1plam circumferri ctrca folem , fecun< dim circumferentiam circuli, qui efl in medio eurfu conflitutus. Meminit Archimedes in Pfamnite, p. 120.

(2) ye pen Tu To normou ximon GwéAorts , Th à

ya away d'bdrmles | ds oi mp Apisapço Ta) Mady«

D'ELÉ O PERINU C. “VE

& des Dieux Lares de l'univers, parcequ'il vouloit rendre raifon des phénomenes qui arrivent dans le cours des planetes, en en- feignant que le ciel ou le firmament font placées les étoiles fixes, étoir immobile, & que la terre parcouroit un orbite circulaire fur une ligne oblique , & accomplifloit en même temps un mouvement de rotation fur fon axe 3 fur quoi il faut obferver qu'il y a une faute dans le texte de Plutarque que tous les commentateurs conviennent qu’il faut corri- ger en lifant C/éanthe , au lieu l’on lit

Ariflarque (1).

pailinor mwndaïlag vosir poor, Tour Érepor eives Aenréor À xpovor, #} TAUTOY TO xoTuou xivATEE,

li quidem certè , qui mundi motum fuftulerunt, terram autem moveri funt opinati, ut Ariftarchus Ma- thematicus , nihil hoc obftat, quominuüs tempus mente concipiant. Aliud ergo dicendum eft efle rem- pus; & non idem, quod motus mundi. Sextus Em- piricus , p. 663, fe&. 174.

(1) Mo, dre, ©” rüy pu xpirin per dotétias iray- yuinne" Gp Apirapyes il d'éi KA To Eduoy àre- Guias meoxantiar vos EAAmes , @s xpalu To) u6po 7h Ésiur , O7 Qanolue code drap irapèro , men T ces

O i

Platon dans {a visillefle adopte l’opi- nion du mou- vement de Ja terre,

212 SiYéstT Ê ME

127. Théophrafte, cité par Plutarque ; a écrit dans une hiftoire de l’aftronomie qui n'eft point parvenue jufqu’à nous, que Pla- ton , qui avoit toujours enfeigné que le fo- leil tournoit autour de la terre , revint de cette erreur dans un âge plus avancé , & fe repentit de n'avoir pas placé le foleil dans le centre du monde, comme le lieu qui con- venoit le plus à cer aftre ; & d'y avoir placé la terre (1) contre l'ordre le plus naturel :

voy droliepuos | téenirle dou de zur AoËod ôxAG0 Tv Var, ue ygf are Tor aùris box O'wouutiy, Heus tu , ins quit, noli nos impietatis reos facere , eo patto, quo Ariftarchus putavit Cisanthem Samium violatæ Religionis à Græcis dcbuifle poftulari , tanquam fi univerfi Lares , Veftamque Îoco moviflet : quod is homo conatus ea, quæ in cœlo apparent tutari certis ratiocinationibus, pofuiffet cœlum quiefcere, serram per obliquum evolvi circulum , & circa fuum verfar: interim axem. Plutarchus de facie in orbe lunæ , p. 92: 9250

(1) Oxopeusos dE 5

! el LA e 3 / » DA 2 n \ YEVORLEY D plope Ace aS oO FT Q QTAHKOUGEY Cr] ovl4 Th 71 TAY

ZRQTISOPE TA Hérou mperQulspss

gérmw 3002 To murs. Theophraftus porro etiam id narrat , Platonem jam natu grandem pœnitentié fuiffe

DE COPERNIC. 213

& il n’eft pas étonnant que Platon foit revenu à cette opinion , en ayant été imbu de bonne heure dans les écoles de deux célebres Pytha- goriciens , Archytas de Tarente, & Timée de Locres , comme on le voit dans l'apologie des chrétiens par faint Jérome contre Rufin. Et l’on voit dans Cicéron , qu'Héraclide de Pont, autre Pythagoricien , avoit aufli main- tenu cette opinion (1). Je ne dois pas pañler

duëlum | qudd terram in medio univerfi non f[uo loce collocavifet, Plutarch. oper. tom. 2, p. 1006. C.

= Tadre de 494 Daëdrane Quart mpirevrm yevpluor das - voGQou mepi Th yès , Os ty tips LOpe xudESDoNS | Th à péT ê AVEAGT ATH) ÉTÉ pa Tu pr Ton FR OTALAUTE. Eadem Platonem volunt jam fenem fenfifle de terra , alio eam loco reponentem , medium vero domicilium alter cuipiam attribuifle præcellentiori. dem in vit Nu- me,

Vide & Eufebium , Prep. Evang. lib. 15 , cap. 8... Plotin, Ennead. 2. lib. 2, c. 1. Corfin. in Plutarch. de Placitis Philof. Differt. 2 , p. 31.

(1) Cur Plato Ægyptum peragravit ut à facer- dotibus barbaris numeros & cæleftia acciperet ? Cur poft Tarentum ad Architam ? Cur ad cæreros Pytha- gorcos , Echecratem, Timæum , Acrionem Locros,

O ii

Antipodes

connus

de

blufieurs an-

ciens fophes.

philo-

214 S'y STÊME

fous filence , que le fyftème aftronomique de Tycho Brahé avoit été connu de Vi- tuve (1), ainfi que le cours de Vénus & de Mercure autour du foleil.

128. L'opinion que la terre étoit ronde , habitée en tous fens , & que par conféquent il y avoit des Antipodes dont les pieds éroient oppofés aux nôtres, eft encore une des plus anciennes vérités enfeignées en phi- lofophie. Diogene de Laërce dit, dans un endroit de fon hiftoire, que Platon ctoit le premier qui eùt nommé Antipodes les habi- rants de la terre qui nous font oppoñfés. I ne

ut cum Socratem exprefliflet, adjungeret Pythago- reorum difciplinam , eaque, quæ Socrates repudia- bat addifceret. Cicero de finibus bonorum & malorum , lib. $, p. 1049 , col. 2.

H'egxrsid Ys pit Ôo Zola TabTyy éero zh d'eau sivoy xvxno rw ya. Proclus in Timaum, pa2or, lin. 48.

(1) Witruvius, lib. 9, c. 4, p. 184, lin. 15, & 186, lin. 7. Macrobius in fomnium Scipionem, lib. 1, €. 19, p.93, circulus , &c. Martianus Capella de nuptiis ; lib, 8, cap. 288, 289,

DE COPERNIC. 215

veut pas dire que Platon ait enfeigné le pre- mier cette opinion , mais feulement qu'il a le premier employé le mot d’Anripodes ; car dans un autre endroit , le mème Diogene de Laërce cite Pythagore comme auteur de cette opinion (1). Plutarque a aufi un paffage la- deffus (2) , par lequel il paroït que c’étoit un point difcuté de fon temps. Lucrece &

(1) Kai mpôros iy Quorcpie dilirodus dvépare (TIaé- za). Plato primus in Philofophià nominavit Anti- podas. Diog. Laërt. lib. 3, ©. 24.

ToVaydeus Qios eve ANimodus ; #gf ip x470@ , éxavus do. Pythagoras dixit effe autem Antipodas , nobifque obverfa veftigia premere. Diog. Laërt, TENTE

(2) EX yep ion Alimodes mpiy (éomtp tiot Déyaurt) TS VIS HÉTO mtenuxoiTts , ouai pot ixtavs Grpnoovs eva @euisoxhtos. Si funt, quod nonnulli aiurit , An- tipodes inferiorem terræ partem verfis adverfas noftra veftigiis incolentes , ne illis quidem puro inauditum efle Themiftoclem. Plutarch, de Herodoti maligni late , tom, 2 , p. 869. C.

S. Auguft. de Civitate Dei , lib. 16, c. 9.

Lucretius, lib. 1, v. 1061 & Jeg.

Plin, lib, 2,0, 65.

O iv

Erreur au fu- jet de l’évé- que Virgile.

Sphéricité de la terre prouvée par les Anciens.

216 Sas LE ÎMIE

Pline, qui combattent ce fentiment, ainfi que faint Auouftin , fervent aufli à faire voir que de leur temps il devoit avoir pré- valu,

129. Je ne parle point ici de la condam- nation de l’évêque Virgile par le Pape Za- charie pour avoir enfeigné qu'il y eût des Anupodes, parceque l’on s’eft trompé fur ce fair; & que le Pape Zacharie ne parloit, dans la lettre qu’il écrivoit à faint Boniface fur ce fujet, que de ceux qui foutenoient qu'il y avoit un autre monde que le nôtre, un autre foleil , une autre lune, &c.

130. Quant aux preuves que les Anciens apportoient de la fphéricité de la terre , elles étoient les mèmes dont les Modernes font encore ufage. Pline obfervoit à ce fujet que la terre ; que l’on avoit perdue de vue fur le pont d’un vaiffeau , s’appercevoit encore du haut du mât de ce vaifleau ; & de il con- cluoit que la terre étoit ronde. Ariftote avoit tiré La mème conféquence de ce que dans une éclipfe de lune, l’ombre de la terre [fe mon- troir circulaire fur le difaue de cette planete ;

DECACORPIERINUTIC. 257

& de ce qu’en voyageant vers le Midi, on découvroit de nouvelles étoiles ; & qu’alors celles qui paroiffoient êtge au zénith chan- geoient de fituation par rapport au voya-

geur (1).

(1). Plin. Hift Natur. lib.1,c. 64, 65, p. 106, lin. 6. ÆAriflotel, de Cæœlo, lib. 2, c. 14 ad fin. lib. p. 471. E. Orivenis Philofoph. in Anaxemand. c. 6, p. 885, lin. 51 & 12. Diog. Laërt. lib 2 , c. 1. Plutarch. de Placuis Philofoph. lib. 3, c. 10 & 12. » Leucippe donnoit à la terre la figure d’une fphere » applatic. Laërc. lib. 9 , fe, 21 de Parmenide.

Des Télef- copes des An- ciense

218 Des TÉLErsCOrPESs.

Co A DoEBr EX. Des Télefcopes.

13%, Dixs ta premiere édition de cet ou- vrage j'avois omis de traiter le fujet des té- lefcopes, Je craignois de me trop avancer en difant qu'ils étoient connus avant le com- mencement du dix-feptieme fiecle (1). Mais il me femble que, fans mériter l'imputation d'une trop grande partialité , 1l eft permis d'examiner jufqu'à quel point les Anciens ont porté leurs connoiffances à cet égard. En n’envifageant cette queftion que felon

(1) Metius d'Alcmaër en Hollande, obfervant des écoliers qui fe fervoient du deffus de leurs écri- toires comme de tubes, & qui ayant mis des mor- ceaux de glace au bout de ces efpeces de tubes, étoient fort étonnés de voir les objets rapprochés d'eux , il profita de cette obfervation , & inventa les lunettes d'approche, dont il préfenta la premiere en 1609 aux Etars Généraux. Galilée , quelques an- nées après, perfectionna cette découverte.

Des TÉLESCOPES., 219

la fignification propre du mottélefcope, elle feroit bientôt décidée , parcequ'il eit certain qu’on trouve chez les Anciens des pañlages ils traitent des moyens de voir de loin ; mais 4l faut examiner la nature de ces moyens , & l’ufage & les applications qu'ils en faifoient,

Quand nous n'’aurions d'autre lumiere pour nous guider dans cette recherche que celle des connoïflances de Démocrite , elle ferviroit déja à nous faire voir qu'il devoit avoir eu des moyens d'aider la vue pour lui découvrir des vérités aftronomiques qu’il en- feignoit de fon temps. Ce grand obfervateur de la nature , attribuoit les taches de la lune aux ombres formées par la hauteur exceflive de fes montagnes ; & quoiqu'il fe trompât fur l'effet, & qu’il foit plus naturel de cher- cher la raifon de ces taches, ou dans la pro- fondeur & létendye des cavernes qui ab- forbent les rayons du foleil , ou bien dans de vaftes mers qui ne peuvent pas véfléchir une lumiere aufli vive que les autres parties plus opaques de cette planete , cependant il

Démocrite.

220. DES TÉLESCOPES.

enfeignoit l’exiftence des montagnes de la lune (1, & il difoit de plus que la voie laétée contenoit une quantité innombrable d'étoiles fixes, dont le mélange confus de lumiere occafionnoit cette blancheur que nous défignons ainfi ; enfin que c’étoit la clarté réunie d’un grand nombre d’étoiles (2). Avant que j’euffe connu les paflages des Anciens , qui me donnent lieu de croire qu'ils avoient des fecours pour la vue, j’a- vois attribué à la fagacité d’efprit de Démo- crite des conjectures aufli heureufes ; mais puifqu'il paroît , par ce que je vais dire, que de fon temps on pouvoit avoir des lunettes d'approche, il eft plus naturel de penfer qu'il en avoit fait ufage, que d’attribuer ces dé- couvertes à une pénétration d’efprit qui

fembleroit trop étonnante.

(r) Srobæus Eclog. Phyf. lib. 1, p. 60, lin. 46. Amuoreiles émoniaque ti drA5r à dur utpor dvéyun yap duTuy uv Hg VETas.

(2) Plutarch. de Placir, Philof. Gb, 3, c 2. Ampoxeilos meAnay 499 puxpar , 1 Ego dstphv cupQu lu Goo axas cuavyarmoy dix Th mÜMOTU

Des TÉLESCOPES. 21

Âriftote eft le premier écrivain chez qui j'aie trouvé des traces de la connoiffance qu'ont eu les Anciens des moyens d’aflifter la vue. Il donne mème les principes de ces connoiflances , qu'il tire de la différente formation des yeux. Il avoit obfervé que ceux qui avoit les yeux à fleur de tête ne voyent pas de loin, & qu’au contraire ceux qui avoient les yeux enfoncés appercevoient les objets à une plus grande diftance, parce- que , difoit-il , les rayons vifuels dans ceux- ci font moins difperfés, & fe continuent en droite ligne jufqu’à l'objet. Je traduis ici xnnru par rayon vifuel, quoique proprement il fignifie mouvement (1. e. de la ligne vi- fuelle). En effet, on voit qu'Ariftote em- ploie ce même mot un peu plus loin dans le fens que je lui donne, lorfqu'il dit qu’er fe Servant d’un tube ; il y a moins de difperfion du xwpns , (c’eft-à-dire des rayons vifuels), qui partent de l’objet pour venir à l'œil , Th à7rd ro épouérer xwhses. Entaifonnant donc d’après fon principe , Ariftote jugeoit qu’en ifolant l'objet que l’on vouloit obferver , &

Ariftote.

222 Des TÉLESCOPES.

en interceptant la trop grande lumiere qui éblouifloit la vue, on pouvoit découvrir les objets à une plus grande diftance ; il en allegue pour exemple l'obfervation déja con- nue de fon temps, que du fonds d’un puits (que l’on peur confidérer comme la lunerte primitive) on voyoit les étoiles en plein midi ; ce que l’on fait bien n'avoir lieu que dans cette circonftance , ou avec laide d’un télefcope, comme il lobferve lui-même; ou bien, dit-il, en regardant à travers un tube, Ce tube dont il parle eft l'enfance du télef- cope. Il jugeo’t même que plus on prolon- geroit ce tube, & plus on rapprocheroit l’ob- jet, & il en répete la raïifon qu'il trouve ètre dans la moindre difperfion des rayons vifuels venant de objet (x).

(1) Ariftoteles de Generat. Animal. lib. $, c. 14 Ailes yèp 080 opèr | dv per, ro moppaer d'u ovæy" àÿ , ro rés diiQopis 071 pause opouéror d'u avcdas, radre O'e ua cuueæive rois évréis. 6 "Jp vres tard - prés Th xtion, 4 dv uxoy Bitrar , Tüs pis duos pôs ddr Hier Ge para xphé xpomarar , oVerat dE

He e 2 ° Li » mopjade, yo tx épryuéray 5 Quartier ilole astexs

2

Des TÉLESCOPES. 213

Je n'entre point dans la queftion de favoir s'il y avoit des verres à ces tubes; ce qu'il eft néceflaire cependant d'admettre, fi l’on croit qu'ils rapprochaflent l’objet, comme le dit clairement Ariftote. Je veux bien encore ne pas infifter fur deux paffages de Plurarque & de Jamblique , qui indiquent à la vérité des fecours pour la vue, mais non pas avec aflez de précifion pour en pouvoir inférer la pro- pofition en queftion. Le premier dit qu’Ar-

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te ELL ets 1 \ EU cs s PRET, 3 THE (Er T opera dinDopas E5 T0) MUTAI GNT In

Plutarque & Jamblique.

Strabon.

224 Des l'ÉLESCOPES.

chimede fut rencontré portant à Marcellus des inftruments de mathématique dont il fe fervoit pour accommoder à la vue la grandeur du foleil (1). Jamblique dit que Pythagore avoir effayé de trouver des fecours pour aug- menter l’ouie , comme on avoit pour la vue le compas , la regle , & mème le diorrpas (2). Les traducteurs ont rendu ce mot par equerre ou guadrant ; mais il me femble qu’un tube, à travers lequel on regarde, eft la fignifica- : tion la plus propre au fens de la phrafe , & à l'étymologie du mot, & qu'il doit fe rendre ainfi, quoiqu’on n’en puifle pas encore tirer aucune induction bien claire de l’ufage du télefcope tel que nous l'avons aujourd’hui. Mais je ne puis m'empêcher de m'’arrèrer

min

(1) Plutarch. Vità Marcelli , edit. Steph, 8°. P. 562. KoiQoïle pes MapxéA or dvrd ro paiualirdy épyéver | cuioSyex | #) cQuieys , Kg YONES , ais tvag= porle To Toù mio peiyedos Gps TA CY , SOGTIOTRI . » à arexlever,

(2) Jamblichus de Vità Pythasor. Edit. Amftel. 4% 1707 » P. 97. Oiev n per is dia roù d'ubareu, x) dix Ted xuvons , à vn Aie dix Liomlexs Eye

fur

Des TÉLESCOPES, 922$

fur une expreflion de Strabon , qui eft fi clairement l'explication de la caufe des effets du télefcope , que je ne fais comment on peut entendre autrement, que par-la, ce qu'a voulu dire cer écrivain {1 exact d’ailleurs. En parlant de l’obfervation , qu'il dit fe frire en mer de la grandeur apparente du dia- metre du foleil à l’horifon , qui furpaffe celle qu'il a lorfqu'il eft plus élevé, il en rend raifon , parcequ'il eft apperçu, dit-1l, à travers le milieu épais des vapeurs qui s’é- levent de Océan, comme lorfqu'il eft vu à travers les nuages , ou bien, ajoute t-il, comme lorfque nous regardons à travers un tube ; les rayons étant brifes nous font ap- percevoir les objets plus grands (1). Or il eft certain que les rayons brifés fuppofent ici une réfraction des rayons pat le moyen d’un verre ; car en regardant à travers un tube

(r) Strabo , edit. Amft. lib. 3 , c. 138. Aie roëray &s 4’ durer xnouem Th CV mherurious de ALL T Tüs Quilarixs.

Tome I. P

216 ‘Des TÉLESCOPES.

fans verre , il ne peut y avoir de réfraction des rayons de la lumiere, & par conféquent l'objet , quoique vu d’une maniere plus dif- tincte, ne fera pas vu plus grand. C’eft ce- pendant ce que Strabon dit pofitivement être le cas, lorfqu’il veut éclaircir le phéno- mene en queftion , en difant que c’eft le même effet que l’on remarque en regardant à travers les tubes qui , au moyen des rayons brifés , font que l’œil recoit les images des objets plus larges. En comparant ce paffage de Strabon avec les connoiffances aftrono- miques que Démocrite fembloit avoir ac- _quifes, & qui paroïffent tellement dépendre du télefcope, il eft difficile de s’empècher de ctoire que les Anciens n’euflent quelque idée de l’ufage du télefcope, quoiqu'il ne füt pas connu généralement ; en forte qu’a- vec tant d’autres connoiflances , dont l’exif- tence , parmi les Anciens , eft à préfent dé- montrée , telle que celle du miroir d’Archi- mede & autres, cet ufage, par les malheurs des temps, a été négligé , & enfeveli enfuite dans l'oubli.

Des TÉLESCOPES. 227

Je ne dois pas omettre ici que Mabillon, dans fon voyage d'Italie, dit avoir vu à la tère d'un manufcrit du treizieme fiecle une figure qu'il rapporte , repréfentant Prolomée qui contemple les étoiles avec un tube com- pofé de plufeurs différentes pieces ; mais il n'eft pas poflible de juger fi cette lunette avoit des verres. On voit cependant qu’elle eft compofée de plufieurs pieces. Ceux dont parle Strabon au plurier , pouvoient bien être de même.

Pij

Mabillon,

Conjeûutes des Anciens fur la rota- tion des af- tres, confir- mées par les obfervations des Moder- Nes.

228 RÉVOLUTION

G'H A. PT EN UX I.

Révolution des Planetes fur elles-mêmes.

132; L'urivrré dont l'invention des té- lefcopes a été dans les obfervations aftrono- miques des Modernes , s’eft mamifeftce fur- tout dans la découverte de la rotation des aftres fur eux-mèmes , fondée fur la révolu- tion périodique des taches remarquées fur leur difque ; de forte que chaque planete a deux révolutions , fuivant l’une defquelles elle tourne autour d’un centre commun avec les autres planetes , & tournant de plus fur fon axe, accomplit encore une autre révo- lution fur fon centre. Mais tout ce que les Modernes ont dit là-deflus , n’a fervi qu'à confirmer aux Anciens la gloire d’avoir décou- vert cette vérité avec le fecours feul du rai- fonnement. Les Modernes font en cela, à l'égard des Anciens , ce que les philofophes François ont été à l'égard de Newton; tous les travaux qu'ils ont éprouvés dans les voya-

D ESs PLANETES. 229

ges qu’ils ont entrepris aux poles & fous l’é- quateur , pour déterminer la figure de la terre , n'ont fervi qu'à confirmer les idées que Newton avoit avancées fur ce fujet, fans fortir de fon cabinet ; & nous avons éprouvé de mème que la plupart de nos ex- periences ont fervi, & fervent encore quel- quefois , à appuyer les conjeétures fi raifon- nables des Anciens , quoiqu'il foit arrivé fouvent que quelques-unes mêmes de celles qui fe trouvent à préfent généralement re- connues , aient été auparavant décriées : nous venons d’en voir des exemples dans les chapitres précédents, & celui-ci nous en fournit encore un qui n’eft pas moins digne de rematque.

133. Quels que fuffent les arguments fur lefquels les Anciens fondoient leur théorie, il eft certain qu’ils ont connu clairement la révolution des planetes fur leur axe. Deux cé. lebres Pythagoriciens , Héraclides de Pont & Ecphantus, ont enfeigné de très bonne heure, cette vérité, & fe fervoient d’une comparai-

fon des plus analogues pour faire comprendre P ii

Expofition des fenti- ments d'Hé- raclides , Ec-

phantus &

Platon,

236 | AMEN OLA TI ON

leur idée deffüs , en difant que la terre tournoit d’occident en orient, ex forme d’une roue (1) qui tourne fur fon axe ; ou fon centre ; & Platon, étendant cette vérité plus loin qu’à la terre , accordoit aufli ce mouvement particulier au foleil & aux autres planetes ; & fuivant Atticus le Platonicien, qui expofe fa penfée là-deffus: » à ce mouvement com- » mun, qui porte tous les aftres tant fixes » qu'errants à faire leur révolution autour de

PI

» leur orbite , 1l en ajoutoit un autre accom- » modé à leur figure fphérique, qui les fai-

«

(1) H'egnauidys à Tlolxis 39 ExQulos o TloVæyopelos or pr Th av à uv ye milaGalixds | Tegcoù dix mConruémw àmo dura tx évalorus épi To io adrñs «51e 9v.

Heraclides Ponticus, & Ecphantus Pythagoreus movent quidem & ipfi quoque tellurem , non ita tamen , ut ipfa de loco in locum transferatur , fed ut inflar rote revinétla ab occafu in ortum circa centrum fuum torqueatur. Plutarch. de Placitis, lib, 3 ,c. 13... Galen. Hift. Philof. p. 8. Tu d? fr pico roouou #1 sde mp ro dulas xélegr os pes éuxleam, Orisenis phi-

lofophum , ©. 15.

DES PEAINMENTES. 234

» foit mouvoir chacun fur leur centre parti- » culier , pendant qu'ils accomplifloient leur » révolution générale autour de leur or- bite (1).

134. Plotin confirme aufli ce fentiment de Platon (2); & parlant de lui, 1l dit qu'outre la grande révolution générale des aftres,

e \ \ en / en > (1). Etre o pet mpos Ths xon xwnoet Ÿ spy x #9 » , ; 4 à / PA / rs 7 €! & rais cQaiogus Evded euros xwdvrey males dstpes | 04 TE ; Ne / Oo EA >" / 3 CTAONES Hg4 GO AAMVAMEVOI, #j ÉTEOZY ŒÜTOIS XIVYTIY ÉTO— AN Nd'wrty

LA 3 n / 1 / \ NA céxouray ar Th Quoet rod copalos. cOaiparoi 7) ES »

À d'n # dos tas cire cuuS-Grxe ; 20 7po- tixoTus oQaiearny dy TH KIT) EXUSOS XIOÏTO MECAO OU pevos.

Prætereà ad communem illum motum , quo fuis in orbibus illigata fidera moveantur , tam fixa, quam errantia, fuum quibufque Plato , ac proprium alterum adjungit : qui etiam uti & præftantiflimus idem fit, & cum illorum corporum naturâ conjunc- tiffimus. Globofa enim illa quum fint , jure vo/ubili quodam , 6 in orbem incitato motu fingula moveantur, Eufebius , Præpar. Evang. lib. 15, c. 8, ex Attico Platonico ita Platonis fententiam expreflit,

(2) Kai Inérar de rois Gspgis poroy Th pui Taù CAO cPaieaxny wii, GAAG 13 Extsw dIdurt T# épi To #19 ar, Plato verd fideribus non folum fphæri-

P iv

Témoignage de Plotin.

Sentiment de !icétas de Syracufe.

232 RÉVOLUTION Platon penfoit qu’ils en accompl'ffloient une autre particuliere autour de leur centre.

135. Cicéron attribue la même opinion à Nicétas de Syracufe , & cite Théophrafte pour garant de ce qu'il avance (r): c’eft le

cum motum unà cum univerfo tribuit , fed unicuique etiam motum circa proprium centrum concedit. Ploti- nus... lib: 2. Ennead. 2,1 C2.

(1) Nicetas Syracufius, ut ait Theophraftus, cœlum , folem , lunam, ftellas , fupera denique omnia ftare cenfet , neque præter terram rem ullam in mundo moveri: que cèm circum axem fe fummä celeritate convertat | & torqueat , eadem effici omnia, guafi flante terrä cœlum moveretur. Atque hoc etiam Platonem in Timæo dicere quidam arbitrantur , fed pauld obfcurius. Cicero, Acad. Quaff Lib. 4, p.993. Ty dt... tiouuerm de mp mo dia mrayros arch reraryptt- yoy , Qiharæ + À Heavy 0v JUXTOS TE x jusegs ELLAATATS. Terram altricem noftram quæ trajeéto axe fuftine- tur , diei noctifque effectricem. Platonis Timaus , p. 40. Cicero in Plaionis Timaum five de univerfitate, in fragmentis, p. 1327, col. 6. Proclus in Timaeum, p.280, 281,282, 283. Arifloteles de Cælo, lib.1, G. 13; pe 465. E. 466. D. & c. 14, in principio. Diog. Laërr, lib, 8, fe@. 85. Voyez la note à la feét. 103.

DES PLANETES. 233

mème que Diogene de Laërce appelle autre- ment Hycétas, lequel croyoit que la terre [e mouvoit avec une extrême viteffe fur fon axe propre ; & rendoit raifon des phénomenes qui arrivent dans les cieux par ce mouvement de la terre,

Les Moder- nesn’ontrien dit fur lesco- metes,que les anciensn’euf- fent enfeigné âvant eux.

234 Des CoMETEs. a ÉCEE

CRE A CP LORS EX LT

Des Cometes.

136. LE n'y a point de penfée affez bizarre qui n'ait été hazardée dans les différents âges, pour rendre raifon de la nature’des cometes & de l'irrégularité de leur couts; même encore au fiecle dernier, Képler & Hévélius avoient avancé des conjectures tout- à-fait extravagantes fur la caufe de ces phé- nomenes. M. Caflini & le chevalier Newton après lui, ont enfin fixé les fentiments des philofophes par les obfervations & les calculs les plus exa@s , ou, pour mieux dire, ils ont ramené les efprits à s'arrêter fur ce qu'en avoient déja dit les Chaldéens , les Egyp- tiens, Anaxagore, Démocrire , Pythagore, Hippocrate de Chio, Séneque , Apollonius- Myndius, & Artémidore ; ils ont donné la même définition de la nature de ces aftres, avancé les mêmes raifons de la rareté de leur apparition , & fe font excufés de n’en

Des COMETES. 235

avoir pas donné une théorie plus exaéte dans les mêmes termes que l’avoit déja fait Sé- neque. Ce philofophe avoit déja dit qu'il ne fufhifoit pas, pour fixer cette théorie, de pouvoir rafflembler toutes les obfervations faites fur le retour des anciennes cometes, parceque la rareté de leur apparition n’en avoit pas encore fourni une quantité néceffaire pour déterminer ft elles avoient un cours régu- lier ou non , mais que les Grecs ; qui avoient depuis peu fait cette remarque ; s’appliquoient à faire des recherches fur cet objet (1).

(1) Neceffarium eft autem, veteres orius cometa- rum habere colleflos. Deprehendi enim propter rarira- tem eorum curfus adhuc non potefl , nec explorari an vices fervent, & illos ad fuum diem certus ordo pro- ducat : nova hæc cœleftium obfervatio eft, & nuper in græciam inveda. Seneca, Natur. Quaft, lib. 7, feët. 2. Et un peu plus loin :

Ad tantorum inquifitioncm ætas una non fuffcit.

» Leibnitz difoit de même au commencement de » ce fiecle dans une lettre au Pere Des Boffes : La » doctrine des cometes eft encore affez obfcure ; la » poftérité en jugera mieux que nous après un grand > nombre d’obfervations.

u

Connoiffan- ces des Chal- déens & des Egypriens fur les cometes.

236 DEs CoMETES.

137. Séneque, dans le même endroit (1), rapporte que les Chaldéens mertoient les co- metes au rang des planetes ; & Diodore de Sicile, écrivant l’hiftoire des connoiffances des Esyptiens, les loue fur leur application à l'étude des aftres & de leur cours, fur lef- quels il dit » qu’ils avoient recueilli des ob- » fervations très anciennes & très exactes, » par le moyen defquelles ils étoient en état » de connoître leurs mouvements divers, » leurs orbites, leurs flations, &c. & 1l » ajoute qu'ils pouvoient aufli annoncer les » tremblements de terre, les inondations » (2), & Les retours mêmes des cometes.

(1) Cometas in numero ftellarum errantium poni à Chaldæiïs , tenerique curfus eorum. Senec. fecunda Natur. c. 3. » Et un peu plus haut , dans la même » feion» : Democritus . ... fufpicari ait fe, plures ftellas effe quæ currant ; fed nec numerum iilarum pofuit, nec nomina , nondum comprehenfis quinque fiderum curfibus. \ ; ; a! / / t en (2) Kes map Aryurlios ærapalnpacées Tueur ci T 74 / \ \ \ \ \S7 ; \ eL5 p@y rues TE , x HWATEIS # TOs CHU EXO QY avoryCKQuS

Ê * " Ê 7 LA #5 2rby anisuy Ta mu Quaërlouriy | Ex Tai XpoYON

Des COMETES. 237

138. Ariftote , expofant les opinions d'A- naxagore & de Démocrite, dit que le pre-

IC opLEvys rap aùrois Ths ipi radre omoud's, TÜSs TE ZhAYAT AY GS Epay 2DHTEUS , #) mreenod'ous | Ko4 sUeAY pos , oùx nryaxis apr QYopus ; roëvelloy morvraprias | tri Ye yorous xobùs GYJpémos | Y Éorxiuariy éropivas aporyprui youri” elrpuous TE, # xalaxAurpeous » #94 LOT OY as puy émilous , # male rx rois monnois dd'veros Eye d'oxiile Ty ÉMPOTW , Ex MONA Hpoyou magglnpareus VEVSALES 5 AR9YVÉ TROT.

Nam Ægyptii accuratiffimè fiderum conflitutio- nem, & motum obfervant , & defcriptiones fingu- lorum per incredibilem annorum numerum cufto- diunt; cüm ab antiquiflimis indè temporibus hoc apud cos ftudium certatim fit agitatum. Planerarum etiam motus , & circuitus, & ftationes, nec rard frugum calamitatem , aut exuberantiam, morbofque promifcuè vel hominibus , vel pecoribus incurfuros præfignificant. Terræ quoque tremores , & diluvia , ortufque cometarum , & quorumcunque cognitio hu- manam excedere faculratem vulgo putatur, ex longi temporis obfervatione prænofcunt. Diodor. Sicul. Bibliotheca Hiflorica , tom. 1, pag. 73 , 6 pag. 116. » parlant des Chaldéens , il dit que»: Cometarum quoque exortus ab his denunciari ; &10om.2,p. 365: ingens enim fax per multas noctes ardere in cœla

Sentiment d'Anaxagore & de Démo- crite.

Opinions ti- dicules de Ké- pler & d'Hé- vélius, moins éclairés à cet érard que Py-

f que F y thagore,

238 Des CoMETESs.

mier croyoit que les cometes étoient un af- femblage de plufieurs aftres errants qui, par leur approximation & la réunion de leur lu- miete , fe rendoient vifibles à nous.

139. Cette idée n’étoit pas encore bien philofophique , mais elle l’étoit cependant plus que celle de quelques grands philofo- phes modernes , comme Képler & Hévélius, qui vouloient qu’elles fe formaffent dans l'air comme les poiffons dans l’eau. Pycha- gore (1), à peu près dans le même temps

vifa eft.... nonnulli inter Phyficos facis hujus or- tum naturalibus caufis tribuunt , & id genus oftenta definito tempore neceflitate quâdam fieri affeverant, & de his celebres in Babilonià Chaldæos , & aftrolo- gos ceteros cffata tam certa edere ut nihil omnino aberrent , quos non mirari aiunt fi quid horum fiat , fed potius fi non eveniat. Propterea quod fuos qua- que habeant circuitus , & perpetuis motibus , curfi- bufque definitis, omnia peragantur. » Séneque, au liv. 7, c. 3 des Quefl. Natur. confirme cette con- noiffance chez les Chaldéens ».

(1) Voyez Encyclopédie, article Comete. Képler, iv. 3, de Cometis. Epitom. Aftron. Kepleri, Hv.1, 1, p. ss & $s7, lin. 36.

Des CoMETESs. 239

qu’Anaxagore, avoit, fuivant le rapport d’A- riftote , enfeigné une opinion digne du fiecle le plus éclairé, car il regardoir les comeres comme des afîres qui avoient un cours réglé autour du foleil, & qui ne paroiffoient que dans certaines parties de leurs orbites, & après un temps confidérable ; & l'erreur dans laquelle tombe Ariftote en voulant expli- quer le fentiment de Pythagore par une comparaifon faite avec la planete de Mer- cure, ne doit point être imputée à l'Ecole Pythagoricienne (1). Ariftote rapporte aufli

(1) Avakaryoegs psy , ng4 Anuoresles Quriy cire rods LA / 4 re CN} el \ \ /

xopATas cuuDary À mhay pla CSEPAY ; OTUY , die ro mure 9er, d'obort bryléww drama, T Irauxdy ins , À xadouuivey Tluaryoniar , ve Derouri aôroy eivet À mhailav dstpoy | Grau dix monAod TE sypoveu Ty Quilariuy &ôrod 7 \ A CE ON SN / «| a 4 \ \ SE, 4j TH Umpeoñmy Emi puxpoy | Cmtp uni x) 7spi Toy To) Epuoi dstog. dit D To puxpoy rau ea, TONAUS éxheime Qartis | üst dix xporo Qaivsoas mon, apg my» cias de rorois 5) oi mp Toy Ixwroxpéry ro XKv, #4 To catyru dl Aiyiro émiQuræilo.

Anaxagoras igitur , atque Democritus, cometas cfle aflerunt ftellarum errantium coapparitionem , quia quum proprius accefferint , fefe tangere mutud

Stobéé ex- pofe le fenti- ment de Py- thagore.

240 DEs CoMETEs.

les témoignages d’Hippocrate de Chio & d'Æfchylus , pour appuyer cette opinion. 140. Stobée (1) expofe le fentiment de

videntur. At eorum nonnulli, qui Italiam habitant, Pythagoreïque vocitantur , comcten è ftellis errantibus unam effe dicunt : verm , non nifi longo interpofita tempore comparere in cœlo , & parüm ab fole digredi : id , quod etiam Mercurii ftellæ obvenit. Nam quia non admodum ab fole recedit, fæpè cum fe vifendam præftare deberet, occultatur. Proindè non n'f} longo cempore interjeëto cernt folet. Hippocrates autem ille Chius , & ejus difcipulus Æfchylus, non fecus quam hi dixêre. Ariflotelis opera , tom. 1, p.534, lib. 1, meteorol, c, 6.

(1) Tôv HuSæyoptiar rite psy dsteg Quoi eve To #0 pra , © ox ai Qauouéray | dix dE ruos ogaomévo apéro mtenoNmäs dvélexnoiler, P'ythagorei partim ftellas faciunt cometas, quæ non femper , éd certo temporis ambitu , appareant, Stobæus , p. 62. Eclog Phyf. lib, 1. & p. 63, de opinione Chaldæorum: Chaldæi fic de cometis fentiunt : alias præterea, ultra plane- tas , effe ftellas , quæ aliquandiu quidem lateant, quoniam longè fint à nobis remotæ , nonnunquam autem inferius delara appareant , ita re exigente ; cafque cometas ab iis vocari, qui nefciunt ipfas quoque ftellas efle , evanefcere autem videri, cum

Pythagore

Des CoMEtes. 241

Pythagore dans les mêmes termes qu’Arif- tore , quoiqu'un peu plus clairement, & 1l dit que les Pyrhagoriciens croyoient que les cometes étoient des aftres errants , qui ne paroif- Joient que dans un certain temps de leur cours. 141. Séneque fur-tout, plus que tout autre , a parlé en vrai Philofophe fur ce fu- jet. Il expofe dans le feptieme Livre de fes Queflions Naturelles routes les différentes opinions fur les cometes, & 1l paroït adop- ter celle d’Artémidore, qui croyoit » qu'il » y avoit une quantité innombrable de co- » metes, lefquelles, à caufe de la poftion » de leurs orbites , pouvoient pas tou-

in fuam regionem , in ætheris profundum, velut in maris fundum pifces, referantur. Vid. Pln. Hifi, Natur. lib. 2, c. 24, p. 89, lin. 20; c.2$ , p.90, lin. 20, & annot. Vid. & Plutarch. de Placuis, lib @e2.

Stellas effe quafdam cæteris fimiles, quarum ortus, obitufque, quibus fint temporibus præftituti, huma- nis mentibus ignorari. Ammian, Marcellin, lib, 25, P. 441. 1ome LI, ‘Q

Beau paflage de Séneque.

242 DEs CoMETESs.

» jours être obfervées , & ne fe laifloient » voit que lorfqu’elles arrivoient à une des » extrémités de ces orbites (1) ». Il raifonne enfuire là-deffus avec autant d'élégance que de folidité : » pourquoi s'étonner , dit il, » que les cometes , qui s'offrent fi rarement

(1) Znnumerabiles ferri per occultum , aut propter obfcuritatem luminis nobis ignotas , aut propter cir= culorum pofitionem talem , ut tm demüm , cm ad extremam eorum venêre , vifantur.. .. Quid ergd mi- ramur, cometas, tam rarum mundi fpeëlaculum , non- dùm teneri legibus certis ; nec initia illorum , finefque notefcere , quorum ex ingentibus intervallis recurfus eff? ... Veniet tempus, quo ifta, quæ nunc latent, in lucem dies extrahat, & longioris ævi diligentia ; ad inquifitionem tantorum ætas una non fuflicit, ut tota cœlo vacet. Quid, quod tam paucos annos, inter ftudia, ac vitia, non æquà portione dividi- mus ? Itaque per fuccefhones iftas longas explicabun- tur. Veniet tempus, quo pofteri noftri tam aperta nos nefcifle mirentur. Sereca, Natural. Queft. 1. 7, Cr TRIILSe

Ego non exiftimo cometen fubitaneum ignem, fed inter aterna opera nature. Id, lib. c, 122.

-

L2]

Des CoMETESs. 243

en fpeétacle au monde, ne foient pas en- core foumifes à des regles certaines, & que nous n’ayons pas encore pu connoître & déterminer commence & finit la marche de ces affres , auf] anciens que l'univers ; & dont les retours font dans d’auffi grands intervalles ? Il viendra un temps , s’écrie-t-1l avec une efpece d’en- choufiafme , la poftérité s’étonnera que nous ayons ignoré des chofes fi évidentes, & ce qui nous eft obfcur à préfent, pa- roitra dans un grand jour par la fuite des fiecles & l’induftrie de nos defcendants ; mais peu d'années , partagées entre l’é- tude & les paflions , ne fufhfent pas pour des recherches fi importantes , & pour apprendre à connoitre la nature des cieux.

142. En jetant le yeux fur les divers paf-

fages qu’on vient de rapporter , on eft obligé

de convenir que les Modernes ont trouvé

dans les écrits des Anciens ce que l’on a dit de folide depuis quelque temps concernant

Qi

Les Moder- Nes n’ont rien dir fur les cometes que d’après les Anciens,

244 DEs COMETES.

les cometes : ils y ont feulement ajouté les connoiflances que leur a fourni l’obferva- tion, que Séneque avoit déja jugée néceffaire, & qu'une longue fuite de fiecles feulement pouvoit leur procurer.

CHAPITRE" KXTITL De la Lune.

143: Lx lune nous offre encore un champ les Anciens ont eu occafion de donner des preuves de leur fagacité ; ils ont connu de bonne heure qu’elle n’avoit point une lu- miere propre ; mais qu'elle ne brilloit que par Za lumiere du foleil qu’elle réfléchiffoit. C’étoit le fentiment d’Anaxagore , après Thalès, & celui d'Empédocles (1) , qui concluoit de

(1) Aronsimiler row ro ro E’pmed'exXcous | dvaxnaret TU To #Aiou pos Th Emmy vie y roy ei Taie Qariresoy dm" aùrhs. oJe où0e Cepeey, cdd Aaumper dQinréirey pos Gus , domtp hy tinos , téarVius 499 pires Quroy yeusme pvns.

Relinquitur ergo Empedoclis fententiam efle ve- ram: nempè reflexione luminis folaris ad lunam, hic ab illà res illuminari. Undè fit, ut neque calidum, neque fplendidum ad nos lumen perveniat : quod futu- rum videbatur , fi inflammatio , & permixtio lumi- nis fieret, Plutarch, de facie in orbe lune, tom, 2, P- 929. E.

Ta re ccm Veud'oDun no dm» To mAloy Qurite ai, Anaximandrum putaffe lunam falfo Iumine fucere,

Q üj

Lune illumi- née par le fo- leil ; vérité connue des Anciens,

Raifons de croire la lune habitée,

246 DE LA Lune.

cette réflexion de la lumiere , qu’elle nous en arrivoit moins vive, & que c’étoit la rai- fon pour laquelle la chaleur de cette lumiere n'éroit point fenfible; ce que les expériences faites fur la réunion des rayons de dumiere de la lune , à l’aide du miroir ardent , ont confirmé depuis peu : car il n’a jamais été pof- fible, malgré toute la force des miroirs , de produire la moindre chaleur fenfible par la réunion de ces rayons.

144. Toutes les obfervations des Mo- dernes tendent à nous perfuader que la lune a une atmofphere , quoiqu’extrèmement rate, Dans une éclipfe totale de foleil on remarque autour du difque de la lune une lueur claire & large , parallele à la circonfé- rence , & devenant plus rare à proportion qu’elle en eft plus éloignée ; ce qui ne peut ètre que l'effet d’un fluide comme l'air qui

& à fole illuftrari. Diog. Laërt. in Anaximand. L, 2. Voyez aufli Laërt. in Zenon. lib. 7 , fe. 145. Vitruv. lib. 9 , c. 4. Plin. lib. 2, c. 9. Galen. de diebus decretoriis , lib. 3. Cicero in fomnio Scipionis.

DE LA Lune. 247

nous environne , & qui, à caufe de fa pe- fanteur & de fon élafticité , eft plus denfe en bas & plus raréfñié en haut. D'ailleurs on ob- ferve aifément, avec le télefcope, des parties plus élevées & plus éclairées les unes que les autres dans la lune, que l’on juge être des montagnes que l’on a mème trouvé le moyen de mefurer. On remarque aufli d’autres par- ties plus baffes & moins éclairées, formées par l'élévation de ces montagnes ; enfin on obferve d’autres parties qui , réfléchiffant moins de lumiere , & préfentant une furface toujours également unie , font jugées être de grands amas d’eaux : & de ce qu'il y a dans la lune de l’eau , une atmofphere , des montagnes, des vallées, on conclut qu’il doit y avoir de la pluie, de la neige , & tous les autres météores qui font la fuite naturelle de ces fuppofitions ; on en conclut aufli que les idées que nous avons de la fagefle de Dieu, veulent qu’il yait placé des êtres, quels qu’ils foient, qui puiflent habiter cette planete, afin que toutes ces chofes n’y foient pas en pure perte.

Q iv

Sagacité des Anciens dans Jeurs conjec- tures.

Ils croyoient la pluralité des Mondes.

Sentiment d’'Orphée fur la lune.

248 DE La Luxe,

145. Les Anciens, qui, dit-on, n’avoient. pas de télefcopes, fuppléoient au défaut de cet inftrument par une pénétration d’efpritextra- ordinaire ; ils avoient tiré toutes ces confc- quences avant les Modernes, fans avoir eu pour les aider tous les movens que nous avons de nous affermir dans nos conjeétures, & avoient découvert, avec les yeux de l’ef- prit, ce que les télefcopes nous ont fait voir depuis avec les yeux du corps.

146. Nous voyons par quelques fragments de leurs écrits, qui nous ontété confervés, qu'ils faifñ{foient d'une maniere bien fublime & bien digne de la grandeur de Dieu, les vues de cet être fuprème fur la deftination des planetes , & de cette multitude d'étoiles placées dans les firmament ; nous avons déja vu qu'ils les regardoient comme autant de foleils , autour defquels des planetes, comme celles de notre fyftème folaire , faifoient leurs révolutions : ils alloient plus loin; ils foutenoient que ces planetes étoient habi- tées par des êtres dont ils ne défnifioient point la nature , mais qu'ils difoient ne le

DE LA LUNE. 249

céder ni en beauté ni en grandeur aux nôtres. Orphée eft l’auteur le plus ancien dont on nous ait confervé l'opinion fur ce fujet : Proclus , dans fon Commentaire fur Timée, rapporte (1) trois vers de cet ancien philo- fophe , dans lefquels il dit pofitivement que la lune étoir une rerre comme la nôtre qui avoit Jes montagnes , [es vallées , &cc.

147. Pythagore , qui a fuivi Orphée dans plufieurs de fes opinions, a aufli enfeigné (2)

(x) Micaro d Gnnm yaiay émaoglor, 4 Te Adardlor xn4Qovi émipSavrr de re pen, zo0AN op ya, monN dseæ , mont pEAa eg. Struxit autem aliam terram immenfam , quam felenem Immortales vocant : Homines autem, lunam,

Quæ multos montes habet, multas urbes, mulras domos.

Proclus de Orpheo , lib. 4, in Timaum, p.154, lin, 6; 283, lin, 11 ; @ lib. $ , p. 292, lin. 14. : / / , A / ni \ (2) Of HuSuyopeior yen d'y Quint ray eau, dit Te DéepuxEi Te rar , KUTUMEp Th map Mu YA, piQort déois, 1 Quiois nano, sivet D mrelexaid examrariont Ta &a airs ha 7ÿ dau, Pythagorici lunam ideo ter- Feam apparere exiftimant , quod ipfa , ficuti tellus

Opinion de Pythagore ,

2$0 DE LA Luxe.

que la lune étoit une terre femblable à lanôtre, habitée par des animaux , dont il ne détermi- noit point la nature , quoiqu'il crüt qu'ils étoient plus grands & plus beaux que ceux qui habitent notre globe, & qu'il ne les ima- ginat pas fujets aux mêmes infirmités. C’eft aufli le fentiment que Cicéron a attribué à Démocrite , dont, voulant expliquer Popi- nion , 1l dit que fuivant fon fyflème , Quin-

à nobis incolitur , ab animalibus majoribus , plan- tifque pulchrioribus circumhabitetur. Quindecim nempè vicibus animalia, quæ in illà funt, vi noftris præftare, nihilque fuperflui, vel excrementi emit- tere. Plutarch. de Placit. Philof. Lib. 2 ,; c. 230. Cicer. Acad. Quæft. lib. 4, p. 984, col. 1.

Vid. & Platonis Timaum , p. 42, lin, 39 ,t. 3... Chalcidium in Timaum, feët. 198 , p. 350... Macro- bium in fomnium Scipion, lib. 1, c. 11. Platon. in Phedro , p.146 , 247... Ariflor. de cœlo , lib. 2, c. 13,6 ibi Simplicium….. Procli in Timaum , p.11, 260, 324 & 348. Lucian, p. 377, 381, de ver. hift. pars. 1. Laëtant. inffitut, divin. lib. 3, c. 22. De Xe- nophane & Stoïcis. -- Athenaus , lib. 2 , p. 57. F. Achil, Tatius in Aratum. -- Ariflotel, de motu animal, C. 43 Pe 703 ; Lin. 4, tOM, I.

DE LA Lune. 251

tus Luctatius Catulus, par exemple, pouvoit être multiplié à l'infini dans l'infinité des Mondes.

148. Il me feroit facile de multiplier ici les citations par une foule de paflages , qui feroient voir que cette opinion étoit fort com- mune parmi les anciens philofophes ; mais je me contenterai de renvoyer aux fources indiquées ci-deflous (1) : je ne veux cepen- dant pas omettre de rapporter un paflage de Stobée (2) bien remarquable, dans lequel il

(1) Avabarsopus Eneye rh de reAmmy oixnres bye, dAAX &) DoQus , 1 Qéeyyyas. Anaxagoras diccbat Iunam habitacula in fe habere , & colles, & valles. Sro- bœus Eclog. Phyf. lib. 1, p. 59. Edit. Genev. 1609. fol. Suidas in voce époroephe, ... Diog, Laërt. lib. 2, Jea. 8.

Vid. Platonem in apolosiä Socratis, Edit. Henrici Stephani 1578, 3 vol. fol. p.26 , tom. 1.

Habitari ait Xenophanes in lunà , eamque efle terram multarum Urbium & Montium. Cicero, Aca- demic. Quaflion, lib. 2, p. 31. Edit. Rob. Steph. Panif. 1573.

(1) Aumereslos émooxiarpa 71% dUmnav tv durÿ pepa,

dreryun À éorn Guen xd vémus. Democritus umbram fu-

& de plu- fieurs autres philofophes de l'antiqui- té,

252 DE LA Lune,

expofe l'opinion de Démocrite fur la nature de la lune & la caufe des taches que nous voyons fur le difque de cette planete.

149. Ce grand philofophe imaginoit que ces taches n'étoient autre chofe que des ombres

danslalune. formées par la hauteur exceflive des montagnes

qu’il croyoit être dans la lune , & qui, inter- ceprant le paffage de la lumiere dans les par- ties moins élevées de cette planete, ou les vallées , formoient ces ombres ou ces taches que nous obfervons. Plutarque alla encore plus loin , & conjeétura que la lune devoit avoir en fon fein des mers & des cavernes profondes (1) ; il appuyoit fes conjectures fur les mêmes fondements qui foutiennent

blimiorum ejus partium , quandoquidem valles, & montes habeat. Stobæus , Eclos. Phyf. lib. 1, p. 60, lin. 46.

Vid. Origen. Philof. c. 13.... Ælian. Var. Hift. lib. 4, c. 29. Menagium ad Laërt. lib, 9 , feit. 44. Et Plutarch. de facie in orbe lunæ , p. 930, lin. 32. dicit [unam multas habere inæqualirates, afperitates multas.

(1) Dicit enim eam quæ vocatur facies, fimulacra

DE LA Luxe. 253

celles des Modernes, & il difoit que les grandes ombres que lon appercoit fur le difque de cette planete, étoient caufées par de vafles mers qui ne pouvoient pas réfléchir une lumiere aufli vive que les autres parties plus opaques de cette planete ; ox par des cavernes extrémement étendues & profondes , dans lefquelles les rayons du foleil étoient ab- Jorbés ; ce qui devoit occafionner ces ombres ou obfcurités que nous appellons les taches de la lune (1); & Xenophanes difoit que ces cavernes immenfes étoient habitées par un autre genre d'hommes qui y vivoient de la

effe & imagines magni maris in lunà apparentes, Plutarch. de facie in orbe luna , p. 920.F.

(1) Quôd ad faciem attinet in lunà apparentem, ficut noftra terra finus habet quofdam magnos , ita cenfemus lunam quoque profunditatibus & rupturis magnis efle apertam , aquam aut aërem caliginofum continentibus. dem 1bid. p. 935$. C. Dixit Xenopha- nes intra concavum lunæ finum , efle aliam terram ; & ibi aliud genus hominum. Simili modo vivere, quo nos in hâc cerrà vivimus. Laétanr. lib. 3 infltur, divin, ©, 22.

Queftion fur la lune, agitée par Plutarque.

254 DE LA LUNE.

même maniere que nous vivons fur cette terre.

150. Il paroït par un endroit de Plu- tarque (1) que l’on agitoit déja de fon temps Ja queftion de favoir sil y avoit dans la lune des exhalaifons ou des vapeurs qui s’élevaffent au-deflus de fa furface, & y occafionnaflent de la pluie & d’autres mé- téores ; 1] penchoït lui même pour ceux qui foutenoient la négative, & croyoit que la lune devoit être tellement échauffée par la conftante demeure des rayons du foleil fur fa

\ r 22 / f . (1) Mn Bpexoméms ris ces & cadem pag. lin. 6. ] n » re ; > LA r G f H'7ov TOS il TS cEAMYS cix0s d'od ire Éeperus UTOUE= LA CES. \ 2 "es? ! / 3 JEU) TOUS EXGSOU HAT HVE | TO) HAIOU ZPOS XOATETOY ŒU- CRE) / 4 (Le sf 5 Lx À V4 TOIS ÉQUFLEVOU | Ho4 FAPIGOYTOS | OTAY N ZTONTÉANNOS 3 ZE \ \ \ + # C e \ 2 / paré Ye puy Ko4 En , 2% CHepous | @v upis OÛTE EVE“ CE ; ml gis Quruv £g 4 » CUTE CoTpia VEvopEvOIs

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An credibile eft, eos, qui in lunä funt, quet-

DE LA LuNE. 255

furface , qu’il n’étoit pas poflible que toute l'humidité n’en für féchée, & qu'il püt y avoir encore de quoi fournir matiere à de nouvelles vapeurs : il en concluoit qu'il n'y avoit ni nuages, ni pluies, ni vents, par conféquent point de plantes ou d'animaux , & cette raifon eft encore la mème qui eft al- léguée par ceux des Modernes qui veulent s’oppofer à lopinion que la lune foit habi- tée : au lieu que la feule conféquence né- ceflaire que l’on devroit tirer de ces difhicul- tés, feroit que les êtres qui habiteroient cette planete devroient être différents de

annis duodecim perferre poffe folftitia fingulis men- fibus , fole in plenilunio fupra capita eorum infiften- te? Jam flatus , nubes , imbrefque ( fine quibus neque nafci, neque natæ durare poflunt plantæ) ibi coïre , ne cogitari quidem poteft , in tanto calore, tant tenuitate ambientis, quando ne apud nos qui- dem altorum montium vertices feris iftis adverfifque tanguntur tempeftatibus : fed aër ibi jam tenuis, motuque ob levitatem fuo præditus , coitionem iftam, & denfationem effugit. Plutarch, tom. 2, P. 938. C.

256 DE LA Luxe.

ceux qui habitent la nôtre, & accommodés, pat leur conftirution , à la différence du cli- mat, & de la nature des planetes qu’ils ha- biteroient. Quoi qu’il en foit, il paroït par ce paffage que cette opinion avoit déja, du temps de Plutarque , fes partifans qui n’e- toient pas moins féconds que nous en con- jeétures pour la foutenir ; mais il eft indiffé- rent qu’elle füt défendue ou combattue par ce philofophe , pourvu qu'il foit évident qu’elle ait été connue alors.

CHAPITRE

CHA PTT RE XI V.

De l’Ether ; de l'Air ; de [a pefanteur & de fon élaflicité,

Te L:s Modernes entendent par l’éther un fluide très rare, ou un fluide au-deffus de l’atmofphere, & qui le pénetre ; infini- ment plus fubtil que l'air que nous refpi- rons ; d’une étendue immenfe , dans la- quelle les corps céleftes font portés ; qui rem- plit tous les efpaces ils font leur cours, & fe laifle traverfer fans aucune réfiftance fen- fible. L’exiftence d’un tel fluide eft générale- ment reconnue, quoique plufieurs auteurs, parmi les modernes mêmes , different fur fa nature. Les uns le fuppofent être une forte d’air plus pur que celui qui environne notre globe: d’autres foutiennent , avec M. Hom- berg , que c’eft une fubftance d’une nature approchante de celle du feu, qui émane du foleil & de toutes les autres étoiles fixes :

d’autres enfin en font un fluide d’une na- Tome L. R

Sentiment des Modernes fur l’éther,

Les Anciens en ont eu la même idée.

Opinion des Stoïciense

28 TOME, L'ÉT HER S

ture particuliere , fui generis , dont toutes les parties font d’une petitefle qui excede même celle de la lumiere ; & ils difent que cette exceflive petitelle de fes parties peut contribuer à la grandeur de la force par la- quelle ces parties peuvent tendre à s'éloigner les unes des autres, & contribuer à produire cette force de preflion & d’écartement, qui eft, felon eux, la caufe de la plupart des phénomenes qui arrivent dans la Nature, & qui, par la fubtilité extrème de fes parties, pénetre intimement tous les corps : ce der- nier fentiment eft celui de M. Newton, de Locke, & de leurs fectateurs.

152. Quel que foit celui de ces fen- timents que l’on adopte fur l’exiftence & la nature de l’éther , on en trouvera l’ori- gine dans ce que les Anciens ont dit fur ce fujet.

153. Les Stoïciens, premiérement, en- feignoient qu'il y avoit ur feu fubril & a@if , répandu par - tout lunivers , dont toutes les parties étoient produites , foure-

DE ME PAITR cc ‘652

nues , confervées enfemble par la force de cette fubftance éthérée (1), qui embrafloit

(1) Reftat ultimus, & à domiciliis noftris altifi- mus , omnia cingens , & coërcens cœli complexus, qui idem æther vocatur , extrema ora , & determi- natio Mundi : in quo cum admirabilitate maximä igneæ formæ curfus ordinatos definiunt. Cicero de Natur& Deorum , lib. 1 , fe. 146 , p. 215.

Et pag. 1214, feët. 132. Hunc ( aërem) rursus ample@itur immenfus æther , qui conftat ex altiffi- mis ignibus.

Et pag. 118 , fe. 175. Quem complexa fumma pars cœli, quæ æthra dicitur, & fuum retinet ardoe rem tenuem , & nullà admixtione concretum , & cum aëris extremitate conjungitur. In æthere autem aftra volvuntur , quæ fe, & nixu fuo globata conti- nent, & formà ipfa figuräque fua momenta fuften- tant. Sunt enim rotunda, quibus formis, ut antè dixifle videor , minimè noceri poteft : funt autem ftellæ naturà flammezx : quocirca terræ, maris, aqua- rum vaporibus aluntur his , qui à fole ex agris tepe- faûis , & ex aquis excitantur , quibus altæ , reno- vatæque ftellæ , atque omnis æther refundunt eadem, & rurfum trahunt indidem , nihil ut ferè intereat , aut admodum paulum , quod Aftrorum ignis, & ætherjs flamma confumat,

R ij

De Pytha- gore & d’A- naxagore.

266 ., NE, IL'IEXT EtKS

tous les cieux, dans laquelle les corps cé- leftes accomplifoient leurs révolutions, & à laquelle ils donnoient le nom d’éther.

154. Ariftote , expliquant le fentiment de Pythagore fur lécher , l'attribue aufli à ÂAnaxagore (1), & dit qu'il croyoit que les cfpaces les plus reculés du Monde étoient

(1) © À Acyepluos aidyp, manu AnQE Th me gr1- yopiar , Wv AvaËay00xs puiv rd zupi TaToy yhra ar pro d'oxti crues. Nam quem vocamus æthera, antiquam fibi adoptavit appellationem , quam Anaxagoras idem , quod ignis vocabulum fignificare putafle mihi videtur. Ariflor. tom. 1. Meteor. lib. 1 , c. 3, p. s30. En effet, c’eft un mot chaldéen d’origine, qui fignifie /e feu.

Vide etiam Ariflot. de Mundo.

Lucretium , lib, $ , v. 499 , co, sort.

Tére D do mAmgy æupes tas, xémehos Thy txEt Ov en, Tex nadeiy tvopure" Toro piev épdds VOITAS. Quippè qui & fuperas Mundi partes igne plenasefle, & vim, quæ inibi effet , æthera vocare cenfuit : quod quidem adprobè fecit : (& paulo poff ; ) quod enim fupero in loco confiftit, & ad lunæ globum ufque porrigitur corpus effe diverfum ab igne, & aëre dicimus. Arifl Meteor., lib, 1 , €. 3.

DEanmA ar. ec 261

remplis d’une fubftance échérée, que les phi- lofophes de fon temps appelloient éther, & laquelle Anaxagore paroifloit avoir conçu être un feu fubuil & actif ; & le mème Arif- tote, dans un autre endroit, entend par éther un cinquieme élément pur & inaltérable, principe aélif & vivifiant dans la Nature, différent de l'air & du feu.

155. Pythagore , fuivant Diogene de Laërce (1) & Hiérocles, difoit que l’air qui environne notre terre étoit impur , hétéro- gene, mais que l'air qui étoit au-deffus étoit pur , fain & homogene ; &il l'appelloit léñer libre , dégagé de toute matiere [enfible ou ma- tiere célefle, aui pénetre librement les pores de tous les corps ; comme celle dont les Newtoniens rempliffent les efpaces parcou- rus par les aftres qui les traverfent fans réfiftance fenfible. Et Empédocles , l’un des plus célebres difciples de Pythagore, eit cité

(1) Diogen. Laëre. lib. 8, fe. 26 , 27. Hierocles in aurea carmina, p. 229. Edit, Cantabr.

1709 , in-8,

"

R iij

Sentiment de Pythagore expofé par Hiérocles,

Sentiment de Platon.

262 DE. L'ETKHER;

par Plutarque & faint Clément d'Alexandrie comme admettant une fubftance éthérée , qui rempliffoit tous les efpaces, & conte- noit en foi tous les corps de l'univers, & qu’il appelloit aufli du nom de Titan & de Jupiter (1).

156. Platon , parlant de lair dans fon Timée , le diftingue en deux efpeces ; l’un groflier & rempli de vapeurs (2), qui eft celui que nous refpirons ; & l’autre plus [ub-

(x) Tèié 7e, % mores monvxiuar, HO drypes dp, Tiré , 10° dump, cprylor mp xixno araile. Tellus, atque mare exundans , atque humidus aens Titan , atque æther, qui cunéta adftringit in orbem.

De athere omnia continente 6 confiringente Em- pedoclis, Clem. Alex. lib. $. spou : pag. $7o.

Plutarch, de Placitis Philof. lib. 2, c. 13.

Galen. Hifi. Philof. c. 13..,.. Stobaus , Eclog. Phyfic. lb. , p.53, 4

Eujeb. Præparat, Evang. cap. 30.

(2) Es ro éveyésulor imixam ap nadoluers. AËris limpidiffima fan@iffimaque pars æther nuncupatur. Plato, in Timao , p. 58.

DA EUET PAUTUR LC, Vos

til , appellé l’éther ; dans lequel les corps cé- lefles font plongés (1) , & ils accompliffent leurs révolutions.

157. La nature de l'air n’étoit pas moins connue des Anciens que celle de l’éther ; ils le regardoient comme un men/fruum général, contenant toutes les parties volatiles de tous les êtres de la Nature , lefquelles étant agitées & différemment combinées dans fon fein , produifoient cette variété de fermen- tations , de météores , de tempêtes, & tous les autres effets que nous obfervons. Ils con- noifloient fa pefanteur , quoiqu'ils nous aient tranfmis peu d'expériences là-deflus. Ariftote (2) paroït n'avoir pas ignoré cette

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(1) Adrm 7 ya naSupay ty xuSapn «a Ta

» æ NT AE Var à di >Q/ > / \ degra , iv Dai ist Tu dsex , vw Qu uidteg ovquaCe rois

monnois À me Tu rule tiuYorey Aéyuv, EC. Ipfam

Nature de l'air, fa pe- fanteur , {on reflort & [on élafticité ; fu- fils à vent; nature & pro= priétés du feu.

vero terram puram in puro fitam efle cœlo , in quo

quidem funt aftra , & quod eorum quamplurimi, qui his de rebus verba facere folent , ætherem nun- cupant. Plato in Phadone ejus , p. 109.

(2). Er à dure D xépe male Laggs Eu, ma AUS | 494 0 Mg œmpéior DE Cri EAuG mAcior à miépurnpiées

R iv

262- . De Et ENT H ER

qualité de l'air ; il parle d’une veflie remplie d’air , qui pefoit davantage qu’une veffie vuide d’air : Plutarque & Stobée le cirent, comme ayant enfeigné que l'air cenoit un milieu entre la terre & le feu , quant à [a pefanteur ; & ce mème Philofophe, traitant de la refpi- ration, rapporte l'opinion d’'Empédocles qui en attribuoit la caufe au poids de l'air , le- quel , par fa preffion , s’infinuoit avec force dans les poumons. Plutarque parle aufli dans les mêmes termes du fentiment d'Afclépiades

éruis , To xe03. In fuà enim regione omnia gravita- tem habent , præter ignem , & aër ipfe : fignum au- tem eft , utrem inflatum plus ponderis, quam va- cuum habere, Ariflot. de cœlo , lib. 4 ,c.1,p.490, tom. 1. Vid. & Stobaum Eclog. Phyf. p. 31, lin. 28. Plutarch. de Placit. lib. 1, c. 12.-- Ana@ péy apyet Eggs 070 ouh miour tri Tphuala mu. Sed ipfam aëris ingrefli per denfa foramina moles arcet, &c. Empedocles citat. ab Ariffotel. in lib. de refpiratione, C. 7. Ipes roro Z@Y To Urw UMOLEVOY Bapirile rod euros (Gps) élertirQéperer. Plutarch. de Placie. lib, 4, c. 22.-- Galen. Hiflor. Philof. de Refpir. aëris ingre- dientis Ponderi cedens. -- » Pour les fufils à vent, » voyez Philon de Byzance ir Veter, Mathemat, p. 77.

DPPENME PE TRS OC. Es

touchant la refpiration , & lui fait dire entre autres chofes, que l'air extérieur eft porté avec force dans la poitrine par fa pefanteur. X] nous refte un Traité d'Héron d'Alexandrie, intitulé Spiritalia ; dans lequel il applique fans cefle l'élafticité de Pair à produire les effets les plus propres à nous convaincre qu'il la connoifloit parfaitement; &, ce qui paroitra encore plus furprenant, c’eft que Créfibius avoit, fur ce principe de l’élaflicité de l'air ; imaginé les fufils à vent que nous regardons comme une invention moderne. Philon de Byzance nous donne la defcrip- tion la plus exacte & la plus détaillée de cette curieufe machine , qui étoit fondée fur la propriété que l'air a de fe condenfer , & dont la conftruétion étoit telle , que la force : de cet élément étoit ménagée & appliquée de maniere à pouvoir lancer des pierres à une grande diftance, Il paroït aufli que Séneque avoit eu connoiffance de la pefanteur de cet élément , de fon reffort & de fon élafticité ; car il décrit Les efforts que l'air fait conftam- ment pour s'étendre lorfqu’il eft refferré ; &il

Nature du feu.

266 DE ,L'ETHE RS

dit qu’il a la propriété de fe condenfer & de fe faire jour à travers les obflacles qui s’oppofent à fon paffage (1).

Les fentiments le plus généralement reçus fur la nature du feu & fur fes propriétés, fe trouvent encore clairement expofés dans Pla- ton, Stobée , Ariftore & Lucrece. Le pre- mier dit que le feu naït du mouvement, & qu'il eft l'effet de l'agitation & de la friion des petites parties des corps (2), Ariftote

(1) Ex his gravitatem aëris fieri, deindè folvi impetu , cum quæ denfa fteterant, ut eft neceffe , extenuata nituntur in ampliorem locum. ... Habet ergo aliquam vim talem aër , & ideo modo fpiffatfe, mod expandit, & purgat : alias contrahit , alias diducit , ac differt, Senec. Quaflion. Natural, lib. s, ds 06:

(2) To Ceppror re 409 mp o d'n 4gÿ TERRE VENË #4 imiregmiue , éuro yenäre êx Qopäs 2 rpiViws. roïro dt 2VYTiS, 4 vx, Gurer yeious æuges 3 Motum nimirum efh- cere ut illud quod efle & fieri videatur , fit & fiat; quicrem verd , ut res minimé exiflant , id eft, inte- reant. Calidum enim & ignis qui alia quidem & ge- nerat & fummo imperio adminiftrat, ipfe generatur ex latione & attritione: illud autem nihil aliud eit quam

D'E VELUX TR éc. ! 267 parle de quelques philofophes de fon temps

qui enfeignoient que la flamme n’étoit autre chofe que ces corpufcules dans un mouve- ment très rapide , qui fe fuccédoient conti- nuellement ïes uns aux autres ; que le feu éroit compofé de petits corps de figure pyra- midale , dont les angles étant tranchants, nous piquoient en entrant dans nos pores, & fondoient les métaux en s’infinuant en eux. Ce que Defcartes a répété après lui (1).

motus ; nonne hoc eft generandi ignis principium ? Platon. tom. 1 ,p. 153. A. in Thæeter. Vid. & Sto- baum , Eclog. Phyf. p. 43.

Quelques Chymiftes modernes prétendent rendre raifon de la continuité de la flamme , en difant que c'eft à l’eau même , ou à l'humidité qui s'échappe des corps en combuftion , qu'’eft ce phénomene: mais fi c’eft une humidité qui eft le véhicule des par- ticules ignées, elle peut aufli bien, & peut-être plutôt, venir de l’air. Ainfi ce fentiment n’eft encore qu’une opinion qui d’ailleurs ne dit rien de plus que le fen- timent que préfente Ariftote,

(1) Ariflor. tom. 1 , de cœlo, lib. 3, c. 8, p. 480, lin. 10, 483. D. 484. A

263 DELETHER; DE L'AIR, &c.

Démonax a dir que le feu pefoit (1) ; Lucrece lui attribue cette propriété, & dir que fi le feu paroït tendre toujours à s'élever , c'eft qu'il y eft contraint par une caufe étrangere, & que la preflion de l'air, qui réfifte au poids de la flamme, eft ce qui le fait mon- ter (2).

(1) Luciant Demonax , p. $53. C. D. (2) Sic igitur debent fammæ quoque pofie per auras Aëris expreflæ furfüum fuccedere, quanquam Pondera, quantum in fe eft, deorfum deducere

pugnent.

Lucretius , lib. 2, v, 183 ufque ad 103.

SR

Ch PARSE -R-E,:.X.V.

Du Tonnerre & des tremblements de terre ; de la vertu magnétique ; du fiux & reflux ; de la Jource des Fleuves.

158. JE palfe à quelques articles de phyfique particuliere, fur lefquels je tâcherai de faire voir en peu de mots la conformité des idées des Anciens avec celles de quelques-uns de nos plus célebres Philofophes. II femble que les caufes du tonnerre , des tremblements de terre , de la force attractive dans la pierre d’aimant, du flux & reflux des eaux de la mer, & du retour des fleuves à leur fource, n'aient pas été cachées aux premiers ; & ce p'a pas été leur faute fi on n’a pas adopté les fentiments qu'ils ont enfeignés de bonne heure fur ces matieres, & fi l’on n’y eft re- venu que long-remps après. On ne doit pas leur objeéter la-deffus qu'il y avoit tant de différentes opinions parmi eux fur chacun de ces points, qu'il eût été difficile de favoir à laquelle fe tenir, à moins que l’on ne con- vienne aufli que la même objection peut fe

La diverfité des opinions parmi les An- ciens n’eft pas un fujet de rœæ proche.

Différentes opinions des Modernes fur la caufe du tonnerre.

270 Du TonNNERRE.,

faire avec autant de raifon fur la diverfité d'opinions qui regne également parmi nous dans plufieurs queftions. I1 n’y a pas long- temps qu'il y avoit deux ou trois fentiments oppofés à celui de M. Newton fur les cou- leurs ; mais cela n’a pas empèché que fon fyftème n'ait triomphé , & qu’il n’ait la gloire d’avoir propofé ce que nous connoiffons de plus folide là-deffus. Nous devons juger avec la même impartialité des vérités que nous trouvons répandues dans les écrits des An- ciens ; & un petit nombre d’erreurs avancées par quelques - uns , ne doit pas nuire à l'établiffement des vérités enfeignées par les autres.

159. On eft partagé entre deux opinions parmi les Modernes fur la caufe du tonnerre: l’une , qu'il eft produit par une exhalaifon enflammée, qui fait des efforts pour fortir de la nuée elle eft enfermée ; & l’autre, que le tonnerre eft occafionné par le choc de deux nuées , dont l’une venant à fe condenfer & fe précipiter fur une autre nuée inférieure , fait une preflion confidérable fur l'air qui eft

Du ToNNERRE. 271

entre les deux, lequel , trouvant alors de l’obftacle à fon paffage, fe dilate avec force, *& produit un bruit éclatant par le choc de l'air extérieur. Cette derniere explication eft de Defcartes, & a trouvé moins de parti- fans. La premiere & la plus fuivie eft celle des Newtoniens. Je ne m’arrête point ici fur une troifieme de M. Franklin, par laquelle on fait voir que la matiere qui produit le ton- nerre pourroit bien être la même que celle qui eft la caufe de Péleétricité , parcequ’elle eft encore conteftée , quoiqu’elle foit la plus vraifemblable , & qu’elle ait l'avantage fur les autres d’être appuyée fur des expériences très ingénicufes ; & fi d’ailleurs elle eft, comme je le penfe, la mieux fondée, elle fera confidérée à la fin de ce chapitre.

160. Ainfi de ces deux fentiments des Anciens , que les deux célebres Modernes ont adoptés , l'explication de Defcartes ap- partient entiérement à Ariftote , lequel , cité par Plutarque (1), dit que /e tonnerre eff

(1) Aearortays , 16 drtumudoras x) Ta roule yiveey

Sentiment d’Ariftote & d’Anaxagore, le même que celui de Def- cartes.

272 Du ToNNERRE.

caufe par une exhalaifon feèche , qui, ve- nant à fe précipiter fur une nuée humide , cherche avec violence à s’ouvrir un paffage ; & produit par cet effet un bruit éclatant. Anaxa- gore rapporte l'effet du tonnerre à la même caufe.

Autresopi- 161. Tous les autres pañlages , qui fe ne trouvent en foule chez les Anciens , fur la ccns caufe de la formation du tonnerre, contien-

tiennent clairement les mêmes raifons allé- guces par les Newroniens , & quelquefois réuniflent les deux fentiments qui partagent les Modernes. ,

Leucippeæ 162. Leucippe & route la Sete Eléatique Démocite. difoient que le connerre étoit produit par unè

Th Enpas. cru oùr évléyn patv 79 dypà, maogéidQyres O* rh CT Tr pr maçglpie 2 Ti prés roy doper rs Por Ts yes , Th de téuÿe vas Empornlos | Th ésegrw. Ariftoteles ifta quoque ex aridà exhalatione fieri exiftimavit. Itaque quum arida exhalatio in humi- dam exhalationem inciderit , fibique violenter exi- tum quærit, attritu quidem , ac difciflione nubis, tonitru fragor efficitur. Plur. de Plac. lib. 3 , c. 3... Laëre, lib, 2, fefl. 9, origines in Anaxag.

exhalaifon

Du TONNERRE. 473

exhalaifon enflammée , qui ; renfermée dans la nuée , faifoit un effort violent pour en for- tir (1). Démocrite dit que le tonnerre étroit l'effet d’un mélange de diverfes parties vola- tiles qui précipitoient en bas la nuée qui les contenoit, & par ce mouvement violent les faifoit enflammer.

163. Séneque l’attribuoit à une exhalaifon feche & fulphureufe qui s’élevoit de la terre, & qu'il appelle l’aliment de la foudre, le- quel, venant à fe fubuilifer & à s’échauff:r en

1 \ \ 2 / 2 a (1) Aymoxerros | Regrrns pe éx uyxpesoiles you ou \ [4 \ ‘£ \ re TO GEehiAyDes aÜTO VEPos TPS TN XAT& Dopay ixbiaGopers. ayyoy dE | OTuy éx x ŸafuTEpa j Aenlaréoos , êee HEDOUVOY QE , OTOV Ex HU TUPOTEPAY , Kg ACHIATEPAY , ea / \ ù ! me 2 \ G L AGTEQOY TE, H4 HURVAHANOY | YAYYTIMOY TOU UPS n Porx

Lorie

Leucippus ignem denfiffimis nubibus interceptum violenter excidentem tonitru credit efficere. Demo- critus tonitru quidem inæqualem mixtionem , quæ nubem , quà continetur , deorfüum protrudat. . ... Fulmen autem motum violentum puriorum , atque æquabiliorum ignis efhcientium. Srobaus , p. 64, 65.

Tome I. S

Opinion de Séneque.

Sentiment des Stoïciens.

274 Du TONNERRE.

l'air, produifoit enfuite une éruption vio- lente (1).

164. Les Stoïciens diftinguoient deux chofes dans le tonnerre, l’effet du tonnerre même , ou la foudre, & le bruit qu'ils appel- loient proprement le tonnerre (2) ; Ze ron- nerre étoit ; felon eux , occafionné par le choc

(1) E terrà pars ficca, & fumida efflatur, ful- minibus alimentum in aëre; fi attenuatur , fimul ficcatur , & calet, & modd univerfam eruptionem facit. Seneca , Quaft. Natural. lib. 2 , c. 54.

(2) Xpérimmos dcparu | the Div ixlesGouerar | à prunes àmo mupalos | Poor de eives roy roûray ÿoper. Œua ps yiynQe , jus dt oùx aqua aidawar dix Ta Tûs duos élvrtegy eve ru cexeis. oruy y ro mueupales Pope cpodpariex yevire 1 mupéd ys , KEÇyuVOY GMT Ta,

Chryfippus fulgur quidem nubium extritarum , vel fpiritu raptarum inflammationem ponebat , to- nitru autem fonitum : quæ quamvis fimul fiant, non tamen fimul à nobis fentir:, quod auditu fit vifus acutior , cüm porro fpiritus violentior atque igneus extiterit , fulmen gigni. Stobæus , Eclog. Phyf. Ub.1, p. 66.

Voy. auffi Diog, Laërt, liv, 7, feéf, 154, Zeno.

Du TONNERRE. 275 des nues ; & la foudre étoit l’inflammation des parties volariles contenues dans les nues, & laquelle étoit occafionnée par le choc : & Chryfppe enfeignoit que l'éclair étoit pro- duit par l’inflammation des nuées qui, em- portées par les vents , venoient à fe choquer; & que le tonnerre étoit le bruit qu’elles fai- foient en fe rencontrant : il ajoutoit que, quoique ces deux effets fuffent fimultanées, nous appercevions l'éclair avant d'entendre le bruit, parceque la vue eft plus prompte que l’ouie (1).

165. Enfin Ariftophane, dans fa coméaie des nuées , introduit Socrate fatisfaifanc la curiofité d’un de fes difciples fur Le caufe du tonnerre ; & lui difant qu’elle confiftoit dans l'air renfermé dans une nuée , lequel, venant à fe dilater , la rompoit avec effort , & , cho-

(1) Zroixor Eporrhv Fe GU'/HpaUT 420) Pay , dSCSTUY à cha ix mapyrpiVens, Stoïci tonitru quidem opi- nantut efle collifionem nubium , fulgur verd accen- fionem ex attritu genitam. Plurarch. de Placir. Philof, lib. 3 , c. 3. Diogen. lib, 7 , p.154.

Si

Opinion de Socrate, cité par Arifto- phane.

Aurote bo- ttale.

276 Du TONNERRE.

quant avec violence l'air extérieur ; s’enflams moit & produifoit un grand bruit en fortant (1).

L’aurore boréale a été aufli obfervée par les Anciens, qui en ont expliqué différemment la caufe; & je ne fais fi celle qu'ils allé-

ur ue

guoient n'étoit pas aufli probable que celles qu'ont derniérement produite quelques ha- biles phyficiens de nos jours (2).

(1) Orer us adras dreuos Enprs pileondeus xalaxnucd7 , Edo , airus Gp xç1y Qure xamu0" 0m ava[xys Préas aùrus kw Qeéra cobugoy , dix Tu muxrorrle, Y'70 rod porto w , # TAs pus à ares Eavroy xulurnier. Quando ventus ficcus in ipfas fubve@us , ibique Inclufus fuerit 3 tunc ipfas, ceu veficam, inflat: & actus

Vi nubem perrumpit : & extra violento cum impete fertur ,

Propter craflitiem , atque à ftridore, & vi fefe- met adurit.

Ariflophan. in nubibus , aët. 1, fc. 4, p 755.

(2) Encyclopédie , tom. 1, p. 884. Mairan, Traité de l'aurore boréale, fuite des Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1731, p. 137 & feq. -- Arifiotel, -- Meteor. lib. 1, c. 4 & 5. -- Plin. Hifi. Natur, lib. 2, c. 26. Senec, Queft. Natur, lib. x, Cire

DEs TREMBLEMENTS 277

166. Il n’y a qu’une opinion fur la caufe des tremblements de terre , laquelle mérite d’être confidérée ; c’eft celle qui eftalléguée par les Cartéfiens, les Newtoniens, & tous les habiles phyfciens (1). Ils l'attribuent à ce que la terre renferme en fon fein des caver- nes d’une étendue confidérable , qui font quelquefois remplies d’épaiffes exhalaïfons , femblables à la fumée d’une chandelle qu’on vient d’éteindre, laquelle eft facile à s’en- flammer ; & qui venant en effet à s’agiter & à prendre feu, échauffent l’air concentré & con- denfé dans cette caverne , & le dilatent à un degré fi confidérable , que ne trouvant point d'iflue pour fortir , il faut néceffairement qu’il rompe les barrieres qui le retiennent ; ce qui ne peut fe faire fans agiter auparavant la terre des environs par des fecoufles ter-

(1) » M. Lémery a propofé une autre opinion fur » les tremblements de terre, & en a produit fur fes » principes un artificiel ». Voyez Mémoires de l’ A. démie , 1700 , p. st, 52. D'autres foutiennent que l'életricité en eft la vraie caufe , entre autres Je P. Becçaria.

S üij

Caufe des tremblemens de terre, don- née par les Modernes ;

. Par Atiftote ;

278 Des TREMBLEMENTS

ribles, & produire tous les autres effets qui en font une fuite naturelle.

167. Cette mème raifon avoit déja été donnée par Ariftote & par Séneque, pour rendre compte de la caufe de ces funeftes événements. Le premier , après avoir réfuré ceux qui foutenoient que la terre l’eau produifoient les tremblements de terre, pro- pofe fon opinion: qu'ils étoienr occafionnés par l'air (1} renfermé dans les entrailles de la terre, lequel faifoit [es efforts pour en fortir; & 1l obferve qu’à l'approche d'un tremble-

LA

(1) Oùx av 0d ep | oùDt ÿ% crie 4, 2) mue, TP AIWotOS , 6T@y tra TIY1 éviy ro fée Grau en, As dipoiles vmeie d mheso, #) méyiro Ÿ ctucmar. ausÿie D re 1 dvadueiaos , GxGauQU GS iTi To TO op rs Goya. &se Nico blue, h to oui mère.

Igitur neque aqua , neque terra caufa tremoris efle poteft, fed fpiritus , ubi fcilicet quod extra exhalat, intro fuit. Undè fit, ut plurimi, maxi- mique terræ motus cœlo tranquillo fiant. Nam exha- latio , quæ continens , ac perpetua exiflit, ut pluri- muüm initii motum feétari folet. Quarè tota fimul , aut intro, aut extra contendit. Ari/lot, opera , tom. 1, lib, 2. Meteorol. c. 8 ,p. 567. A.

DE TERRE. 279

ment de terre , Le temps ef? ordinairement très calme, parcequ'une plus grande quantité d'air qui devoit agirer l'air extérieur ; fe trouve alors retenue dans les entrailles de la cerre.

168. Séneque eft encore plus précis ; on croiroit entendre parler un phyficien de ce fiecle ; il fuppofe que /a terre cache en plu- Jieurs parties de fon féin des feux fouterrains , qui , venant à s’allumer , doivent néceffaire- ment agicer les vapeurs confidérables enfermées dans ces cavernes ; lefquelles , ne trouvant point d’iffue pour fortir, font des efforts ex- traordinaires , & rompent enfin ce qui fait ob= flacle à leur paflage ; & il dit encore que fi ces efforts ne font pas affez puiflants pour brifer les barrieres qui retiennent ces vapeurs agitées & dilatées, elles ne produifent alors que de foibles tremblements & des mugifle- ments fans aucune fuite ficheufe (1).

(1) Quidam ignibus quidem affignant hunc tre- morem (terræ ) ; nam cüm pluribus locis ferveant , nccefle cft ingentem vaporem fine exitu volvant ,

S iv

Et par Sé- neque,

Du flux & reflux de la mer.

Opinion de Defcaries.

280 Divx: EL vi x

169. De toutes les explications que l’on a entrepris de donner fur ce qui occafionne le flux & reflux de la mer, la plus fimple & la plus ingénieufe , quoique contredite en- fuite par l’obfervation , eft celle de Defcartes qui fuppofe un tourbillon de matiere fubrile & d’une figure elliptique , lequel environne notre globe , & le preffe de tous côtés. La lune, felon ce philofophe, nage dans ce tourbillon elliptique, & lorfqu’elle fe trouve dans la partie la plusalongée , elle faitmoins d'impreffion fur la matiere éthérée qui envi- ronne la terre; mais lofqu’elle eft dans la partie la plus étroite de ce tourbillon (1),

qui vi fua fpiritum intendit: & fi acrius inflitit, oppofita diffundit : fi vero remiflior fuit, nihil am- plius , quâm mover. Senec. lib. 6, c. 11 & 12. Plin. Hift. Natur, Hib. 1, c. 79, 80,-81, 82, 83. Ariflor. lib. 2. Mereor. c. 8, p.68.-- Ammian, Marcellin. lib. 22. Eufeb. de Prapar. Evans. lib. 10, c. 3. Eicero de Divin. lib. 2, p. 1168, col. 1, fe@. 13. Maximus Tyrius , ferm. 19, p. 2216.

(1) Cartefii Principia Philofoph. Part, 4, p.158, 159. Voy, la fig.

EU NRAE TT 5. 0 x. 285

elle caufe une impreflion fur l’armofphere dont les eaux doivent fur-tout fe reflentir ; & 1l appuie cette explication par la remarque que le flux de la mer fuit ordinairement lir- régularité du cours de la lune.

170. L'autre opinion fur la caufe du flux & reflux eft plus exactement conforme aux obfervations , & donnée par Képler & le Chevalier Newton. Elle eft fondée fur l’hy- pothefe , que la lune attire les eaux de la mer , de façon que leur pefanteur fur la rerre doit diminuer lorfque cette planete fe trouve être directement au-deflus des eaux; & la pefanteur des eaux collatérales doit augmen- ter leur preflion fur la terre, & faire élever par conféquent les eaux dans Le point corref- pondant de l’hémifphere oppofé à la lune. L'action du foleil , dans ce fyftème , concourt aufli avec celle de la lune dans la caufe des marées ; elles y font plus ou moins fortes, fuivant la différente fituation refpective de ces deux aftres qui, lorfqu’ils font en con- jonction , agiffent de concert pour élever davantage les eaux du mème côté ; & quand

Opinion de Képler & du Chevalier Newton.

Opinions de Pychéas & de Séleucus,

282 DU, Lu

ils font en oppolition , produifent à peu près également le même effet en conflant davan- tage les eaux de la mer dans les deux hémif- pheres oppofés ; de forte que quand la lune eft en quadrature avec le foleil, Le flux étant caufé par la différence de ces deux forces, dont l’une abaiffe pendant que l’autre éleve, il doit être moindre que lorfqu’elles agiffent enfemble ; & le flux varie ainf fuivant les différentes pofitions de ces deux aftres.

171. L’explication des Cartéfiens a été

indiquée par Pytheas de Marfeille {1) , qui

(1) Hudtæs o Maorandrns Tÿ mhnpoatt TÂs CES Tas mhquuiegs vivo, rh À pudou Tus éuréridus. Pytheas Maflilienfis ait incremento quidem lunæ acceflus fieri, decremento receflus. Pur. de Placitis, Bb) 32 CT. Ce Pytheas étoït le même que celui dont Srrabon, lib.2,c.23, rapporte une obfervation célebre tou- chant la proportion de l'ombre du foleil à la lon- gueur d’un ftyle au temps du folftice. Voyez Caffini, Origine du progrès de l'Affronomie , p. 11 des Mé- moires de l’Académie des Sciences, tom, 8. Montu- cla ,tom. 1,p. 209, & plus loin, feét. 257, note (a). Eadem node accidit ut effet luna plena , quæ ma-

EE MEN EE Ut x: | 1208

avoit obfervé que les marées fuivoient les inégalités du cours de la lune dans leur ac- croiffement & leur décroiffement ; & Séleucus d'Erythrée , le Mathématicien (1), ( qui ac- tribuoir à la terre un mouvement de rotation) xpliquoit aufli la caufe des marées par /a force du tourbillon de la terre ; combinée avec le mouvement de la lune. 172. L’explication de Pline (2) a plus de

ritimos æftus maximos in Oceano efficere confuevit. Cafaris Comment. lib. 4. Cicero de Natur. Deor. lib. 2, p. 1127, fe. 20. Senec. de Provid. c. 1.

(1) Zéros o muSyuuliés auèy 3 ares rh yD, dire ones aûras 77 din Qhéi , 2 TA xWTE , TA Esp TH Tis rEhVYS.

Seleucus Mathematicus (movens & ipfe Tellurem) ait ipfius vertigini, & motut , luna converfionem ad- verfari. Spiritu vero aut vento , inter utrumque. Corpus , in contrarias partes reflexo , atque in Ât- Janticum Pelagus incidente , mare ipfum facili ratio- ne ab illo agitari.. dem ibid.

(2) Pluribus quidem modis, verdm caufa in fole, lunâque. Bis’inter duos exortus lun& affiuunt, bifque remeant , vicenis quatérnifque fempér horis. Et pri- mum attollente fe cum muündo ihtuméfcentes,

Pline avoit allégué la n'é- me çaule que le chevalier Newton.

=

284 DU ELA +

rapport avec celle du Chevalier Newton, M. de la Lande , l’un des plus habiles aftro- nomes de notre fiecle , eft de l'opinion , » que Pline, dans le paffage que je vais rap- » porter , fait une defcription très exacte des » phénomenes des marées ; la caufe même, » dit-il, y eft énoncée d’une maniere très » conforme à ce que les phyficiens adoptent

mox à meridiano cœli faftigio vergente in occafum, refidentes : rurfufque ab occafu fubter cœli ima , & metidiano contraria accedente , inundantes : hinc donec iterum exoriatur , fe forbentes. Nec unquam codem tempore , quo pridiè, reflui , ut ancillante fidere , trahenteque f:cum avido hauflu maria, & afli- dué aliundè, quam pridiè, exoriente: paribus tamen intervallis reciproci , fenifque femper horis , non cujufque diei , aut noûtis , aut loci, fed æquinoctia- libus : ideôque inæquales vulgarium horarum fpatio ; utcumque plares in cas aut diei, aut noctis, illarum menfuræ cadunt , & æquinoëtio tantüum pares ubi- que. Quippè modici novà ad dividuam æftus, pleniore ab exundant , plenâque maximè fervent : indè mirefcunt. Pares ad feptimam primis. Iterumque alio latere dividuà augentur. Z coitu folis pares, Plané

EAN RAENE f UUX. | 728%

» aujourd'hui : on y voit l'attraction lunaire, » 8: mème la différence de l'apogée au péri- » gée, qui eft une fuite de l’attraétion (1). » Ce grand Naturalifte prétendoit donc que » le foleil & la lune avoient réciproque- # ment part à la caufe des marées, & après » une fuite d’obfervations de plufieurs an-

câdem Aquilonià , & à terris longius recedente mi- tiores, quäm cum in auftros digrefla , propiore nifu vim fuam exercer. Per oétonos quoque annos ad prin= cipia motus, & paria incrementa centefimo lunz revocantur ambitu , augente ea cuncta folis annuis caufis , duobus æquinoétiis maximè tumentes , & autumnali amplius quàm verno. Inanes vero brumà, & magis folftitio. Nec tamen in ipfis, quos dixi, temporum articulis, fed paucis poft diebus, ficuti neque in plenä , aut noviflimà, fed poftea : nec fta- tim ut lunam mundus oftendat, occultetque , aut mediä plagà declinet, verdm duabus ferè horis aqui- noëlialibus ferits ; tardiore femper ad terras omnium que geruntur in cœlo, effeélu cadente , quam vifu. Plni:, Hift. Natural. lib. 2, c. 97 , p.27, 28.

(1) Obfervations fur Pline par M. de la Lande, « la fin du premier volume de la traduction, p. 383, col. 1.

Moyen de calmer les flots de la mer avec de lnuile,

1286 Dour: É EL ù &

» nées , il avoit remarqué que la lune » agifloit plus fortement fur les eaux lorf- » qu’elle étoit plus voifine de la terre, & » que l'effet de fon aétion n’étoit fenfbie » pour nous que quelque temps après que » la lune avoit agi, vu l'intervalle qu'il doit y avoir entre la caufe qui fe paffe dans les » cieux , & les effets qui en réfultent fur la » terre ». Aufli remarque-t-on que les eaux, qui ont la force d'inertie, ne perdent pas tout d’un coup le mouvement qu’elles ont recu dans la conjonction de la lune avec le foleil , & que cette force qu’elles ont com- mencé à acquérir peu-à-peu avant laconjonc- tion , & qui les a oblivées de s'élever , les conferve encore dans cette élévation, mème après la conjonction.

IL n’eft pas hors de propos de remarquer ici que Pline, Ariftote & Plutarque avoient fait mention de l’ufage de calmer la mer agitée avec de Phuile, renouvellé par M. Franklin. Pline va plus loin ; il dit que les plongeurs s’en fervoient pour calmer la mer , & donner plus de tranfparence aux

s 2

EUR MEME LyUCR. | 289

eaux (1). Plutarque en parle aufli (2) d’après Ariftote (3), & trous deux en donnent la même faifon , répétée par M. Franklin, que l'huile , en fe répandant fur un efpace fort étendu de la mer, formoit une furface unie qui donnoit moins de prife aux vents, & prévenoit la trop grande agitation des flots.

173. Il eft peu de chofes qui aient plus

(1) Omne ( mare) oleo tranquillari ; ob id urinan- tes ore fpargere , quoniam mitiget naturam afperam , lucemque deportet, Plin. lib. 1 , ch. 103 & 48.

(2) Plutarchus , Quæft. Natur. $. fe. 12. Aie re ras banarins énain nalappavontns yierou xalaQavux 454 van ; moriggr (os A'exsorians Quoi) To mue Ths eo iles éroudane , à zut many dde éno ;

(3) Ariftote , dans fes Problèmes, parle plufieurs fois de la maniere de rendre l’eau de la mer plus tranfparente par le moyen de l'huile, & même de l'ufage qu’en faifoient les plongeurs ; mais je n'ai point trouvé dans aucun de fes ouvrages le paf- fage auquel Plutarque fait allufon. Il eft très pro- bable qu'il aura exifté dans quelqu'un des ouvrages qui nous manquent de lui, & qui exiftoient du temps de Plutarque.

Vertus de laimant , ex- pliquées par

les ngs ;

Moder-

-

288 Déui ET 6 À

fixé l'attention des phyficiens, & avec moins de fuccès, que les propriétés admirables de l'aimant ; on a hafardé de tout temps diffé- rentes penfées pour rendre raifon des effets curieux de cette pierre métallique. Prefque toutes s'accordent à fuppofer pour caufe principale , des corpufcules particuliers qui circulent fans cefle autour & à travers de l'aimant, & un tourbillon de la même ma- tiere que celle qui circule autour, & à travers de la terre. Sur ces fuppolitions , les philo- fophes modernes, & fur tout Defcartes & fes difciples, ont dit que l’aimant a deux poles comme la terre ; & que cette matiere mag- nétique , qui circule autour & fort d’un des poles de cette pierre pour rentrer par l’autre, caufe cette impulfon qui unit le fer avec Paimant, dont les petits corpufcules ont une analogie avec les pores du fer qui leur donne fur ce corps la prife que leur peu d’affinité avec les pores des autres corps ne leur permet pas d’avoir. C’eft jufqu'ici tout ce qu'on a dit de plus raifonnable fur la vertu magnétique , & c'eft ce qu’en avoient déja dit les Anciens. 174.

DE L'AIMANT. 289

174. Cette force d'impulfion qui unit le fer à l’aimant, & les autres corps à l’ambre, a été connue par Platon, qui la diftingue même par la force attractive qu’il nie êtie la caufe véritable (1). Ce philofophe appelloit l'aimant pierre Herculienne , parcequ’eile s’affujertit le fer qui dompte toutes chofes.

175. Lucrece avoit aufli connu la caufe de la propriété de cette pierre , & a fans doute fourni à Defcartes l’idée de fon expli- cation ; 1l admettoit en effet » un tourbillon

(1) Ta davuadoute mexlpes mtex vhs tb | 5 H'egracior Aiay , mélur Toiloy GAxY péiy oùx Es oùdert murt. To de noey tive und | mtex@ Sun Te wbrà roïræ tis GRANGE, TOTE OWMEANOUEVE | À) CUYXCMOMEE PIS TH évray , &C.

Quæ de fuccino admirabilia commemorantur , nimirum de illà vi attrahendi, quam in ipfo inefle dicunt, & de Herculeis lapidibus, reverà omnium illorum nullus fit attraétus unquam. Quèm nullum autem fit vacuum , & hac ipfa fefe mutud ultro , cirrd- que impellant , & düm res fingulæ vel difcernuntur , vel excernuntur , in fuas quafque fedes variè com- meent , &c. Plato in Timæo ,p. 80. C, Tom. 3. Hippo- crate avoit méme connu la vertu de l’aimant avant Platon. De his qua uterum non gerunt ; circà finem.

Tome I.

Connuei de Platon.

Explication de Lucrece & de Flurarque, la même que celle des Mo- dernes,

290 DE LA VERTU

» de corpufcules ou de matiere magnétique , » circulant fans ceffe autour de l’aimant , & » qui chafloit l'air qui fe trouvoit entre le » fer & cette pierre: l'air , chaffé de l’efpace » qui fépare ces deux corps, forme un vuide, » dit ce philofophe , lequel, n’oppofant plus » aucune réfiftance à l’approche du fer, ce dernier eft porté par une force impulfive, » ou l'air, qui le pouffe par derriere , & eft » obligé par-là de rendre avec impétuofité » vers l’aimant , & de s'unir à lui (1) ». Plu- tarque eft aufli du même fenriment ; il di- foit » que l’ambre n’attiroit rien de ce qu’on

ë

» lui préfentoit , non plus que laimant : » cette pierre, felon lui, jette hors de foi » une matiere, laquelle chaffe l'air voifin,

(1) Principio fluere lapide hoc permulta neceffe eft Semina ; fivè æftum qui difcutit aëra plagis, Inter qui lapidem , ferrumque eft cüumque lo-

catus. Continuo fit, uti qui poft eft cumque locatus AëËr , à tergo quañ provehat, atque propellat : Trudit , & impellit , quafi navim , velaque ventus, ( Lucretius , lib, 6 , v. 1000.

MAGNÉTIQUE. 291

».&c forme par-là un vuide ; cet air chaffé » poule l'air qui eft devant lui, lequel, en » circulant, revient fur le lieu vuide, &, » par une force impulfive , oblige le fer » qu'il rencontre à fe porter vers l’aimant. » ]l fe propofe enfuite une difficulté; favoir » pourquoi le tourbillon qui circule autour » de laimant ne poufle pas le bois la » pierre , mais feulement le fer; & il y ré- » pond , comme Defcartes, que /es pores » du fer ayant plus d’analogie aux particules » du tourbillon qui circule autour de l’ai- » mant , cette affinité leur donne fur le fer » une prife qu'elles n’ont pas [ur les autres » corps ,; dans les pores defquels elles ne ren- » contrent pas la même analogie (a).

(1) Eleétrum nihil attrahit eorum quæ ei appofita funt , neque Heracleus lapis. Sed lapis hic halitus emittit graves, quibus continens aër impulfus , eum qui ante fe eft trudit , ifque in orbem agitatus, ac ad vacuum revertens locum , vi unà trahit ferrum.… Cur vero neque lapidem aër , neque lignum , fed ferrum modo ad Heracleum promovet lapidem ? quia ferrum habet meatus quofdam , & tranfitus, atque

Tij

Quelques auteurs pré- tendent que les Anciens ont connu la bouflole & la déclinaifon de l'aiguille aimantéc.

292 DE LA VERTU

176. Comme je n’entreprends point de faire ici une déclaration inutile en faveur des Anciens , je pañle fous filence tout ce que plufeuts auteurs ont rapporté de leur connoiffance des autres propriétés de l’ai- mant, & fur-tout de celle de la direction vers le pole feptentrional (1), par le fecours

afperitates , quæ ob inæqualitatem aëri proportione refpondent , quibus efficitur ut non elabatur aër , fed fedibus quibufdam receptus, cüm in id ad lapi- dem revertens incidat , unà fecum rapiat , atque per- ferat. Plutarch. Platonic. Quaff. tom. 2 , p. 1005. C. D.

Alexander Aphrodifæus , Quæftion. Natural, lib. 2,C. 23, citat opinionem Empedoclis exiftimantie defluxus quofdam corpufculorum tm ex magnete , tùm ex ferro fieri, 6 effe in utroque poros fibi mutud com- menfuratos. Subjungit etiam opinionem Democriti, idem referentis ad effluxiones atomorum. Vid. & Gaf- fendi opera, tom. 2, p. 108, col. 2. Galen. de Natural. faculr. lib. 1, c, 14.

(1) Albert. Magn. opera, tom. 2, in lib. de Mie neralibus, Traétat. 3,c. 6, p. 243, col. 2. Adhuüc autem Ariftoteles in lib. de Lapidibus dicit : angulus magnetis cujufdam eft , cujus virtus apprehendendi

MAGNÉTIQUE. 293

de laquelle on prétend qu'ils avoient entre- pris de longues navigations : l’on veut que les Egyptiens , les Phéniciens & les Cartha- ginoïs n'aient pas ignoré cette direction de laimant, & qu'ils aient employé la bouflole pour fe guider dans leurs longs voyages de mer ; mais qu’enfuite l’ufage s’en foit perdu , de même que la maniere de teindre en pour- pre , connue des Anciens (1), leur art de broder , leur maniere de faire la brique & le

ferrum eft ad zoron, hoc eft feptentrionalem : & hoc utuntur naute : angulus verd alius magnetis illi oppofitus trahit ad aphron, id eft polum meridio- nalem: & fi approximes ferrum verfüs angulum zoron , convertit fe ferrum ad zoron: & fi ad oppo- fitum angulum approximes , convertit fe direéte ad aphron. Vid. & Albertum Mag. de metallis, Lib. 1, tra. 3, cap. 6, & Ariflotel, de Lapidibus.

(1) On peut déterminer exaétement la vraie cau- leur de pourpre des Anciens , en faifant attention à deux paflages de Pline, dans lefquels il dit que tous les efforts des Tyriens & des Phéniciens tendoient à ce que leur couleur de pourpre approchät de celle de l’améthifte orientale. Plin, Hiff, Narur. lib. 9 ,c, 38 & 415 & lib. 37, cap. 9.

T iij

Matiere éle&rique connue de Anciens,

294 DE LA VERTU ciment qui réfiftoient à toutes les injures de l'air & du temps. Le Jéfuite Pinéda , Efpa- gnol, & Kircher même, ont prétendu que Salomon avoit aïfli connu la bouflole, & que fes fujets s’en étoient fervis pour aller à la terre d’'Ophir. On allegue mème un paf- fage de Plaute 1), dans lequel on veut qu'il ait eu deffein de parler de la bouffole ; mais je renonce à feconder les vues de ces auteurs fur cette particularité, ne trouvant aucun paflage précis chez les Anciens qui puifle appuyer leurs prétentions (2).

177. On aura peine à croire que la véri- table caufe de l'électricité ait été connue des

(1) Hüc fecundus ventus nunc eft ; cape modo Vor- foriam , Stafime ; cape Vorforiam , recipe te ad Herum.

In Mercatore , A&, $ , Scen. 2, & in Trinummo.

Kircher de opere magnetico , part. 1.

Herwartus , admiranda Ethnice Theolog. Myferia. Ann. 1623. Fabric. Bibl, antiq. p. 975.

(2) »On peut confulter Pancirole de Rebus deper= » ditis fur les connoiffances des Anciens que nous » ignorons encore à préfent ; entre autres au Livre

MAGNÉTIQUE. 295$

Anciens ; cependant on la trouve indiquée dans l'ouvrage fur l’ame du Monde de Ti- mée de Locres , qui eft un des premiers mo- numents de la philofophie ancienne. Les fentiments des phyficiens modernes font par- tagés , 1l eft vrai, fur ce point ; mais c’eft plutôt dans la maniere différente d'expliquer les caufes & les directions des mouvements différents de la matiere électrique , que fur la caufe de l'électricité; ils ne difent point en quoi confifte l’effence de cette matiere; ils ne la définiflent que par fes propriétés, & n'en expliquent que les effets, mais tous cependant conviennent qu'il exifte une r1a- tiere électrique très fluide & très fubrile, raflemblée autour des corps électrifés, & qui , par fes mouvements, eft la caufe des effets de l'électricité que nous appercevons,

» premier, chap. 1, 35, 36, 39, fur la couleur » pourpre , la du&tilité du verre, & les effets de la » mufique ancienne». Voy. fur-tout Dion. Caffium, Hiflor. in Tiber. lib. 57 , p. 617. E. Plinium. lib, 36, 6.216, &c. lfidorum , de Originib. lib, 16 , c. 15, pour la ductilité du verre,

T iv

Ele&ricité telative au tonnerre , connue des AncKns.

296 DE L'ÉLecrriciré. lorfqu’apres avoir été chaffée par le frotte- ment (ou toute autre caufe) des corps élec- trifés , elle y rentre avec force , & entraine avec elle les petits corps qui fe trouvent dans fon tourbillon ; or , c’eft précifément ce qu'en dit Timée, lorfque, voulant rendre raifon de la propriété de l’ambre d’attirer les corps , 1l dit que c’eft parcequ’il fort de Pambre une matiere fubtile ( ou un efprit, myedua) par le moyen de laquelle il attire à& foi d’autres corps (1).

178. Quant à la matiere électrique, ana- logue au tonnerre , il me paroït que les Anciens en ont eu connoiffance. Numa, qui étoit inftruit dans toute la fcience des Pytha- goriciens, & qui étroit bon naturalifte & phyficien, connoitloit aufli la maniere d’atti- rer la foudre du ciel, fans doute par le moyen d’une barre de fer électrique. Ce

(1) To d YAexTpor txxpAQEyTos Tod mrebprulas avenaueu= ses To polo rue : Succinum vero , excreto fpiritu, fufcipit fimile corpus. Timée de Locres , Edit. Sera rani, p. 102. À. Plin. lib, 37, ç. 3, de fuccino,

DE DÉPECERICITÉ. 297

Prince profitoit de la fupériorité de fes lu- mieres pour conduire plus facilement un peuple ignorant , en rapportant fes con- noiflances des forces de la nature à des rits religieux qui fembloient lui donner une cor- refpondance avec le ciel. Plufeurs auteurs ont rapporté le fait relatif à Numa , comme faifant partie d’une cérémonie religieufe, parcequ’ils la fuppofoient telle (1) ; mais on fait que la plupart des myfteres parmi les Prètres Esyptiens, (d’où Numa dérivoir fes connoïffances par le moyen de Pythagore ) n’étoient que le voile dont ils couvroient les fciences, & qu'être initié dans leurs myfteres étoit être inftruit dans ces fciences qu'ils cultivoient. De on donnoit à Jupi- ter le furnom d’Flicius , ou Jupiter Elec- zrique , le confidérant comme la foudre per- fonnifiée , & qui fe laifloit attirer fur la

(1) Varron , lib. $ , de linguä latin. -- Arnob, lib. 5. Tit-Liv. lib. 1 , c. 10. Ovid. lib. 3 , Faft, vw. 328. Plutarch. in Numä, Edit. Henr, Steph. p. 1218. Valerius Antias, cité par Arnobe,

208 Dé, L'ÉLECQTRrCITÉ

terre par la vertu de certaines formules & pratiques myftérieufes. Car Jupiter Elicius ne fignifie autre chofe que Jupiter fufcep- tible d’actraétion , Elicius venant d’Elicere , fuivant Ovide & Varron (1) Plutarque s’eft écarté de cette interprétation ; mais l’auto- tité d'un auteur Grec n’eft d'aucun poids contre celle de plufieurs auteurs Latins, en fait d'étymologie de la langue latine. Pline rapporte aufli qu’au moyen de certains facri- fices & de certaines formules o7 pouvoir for= cer la foudre à defendre ; 1 dit qu'une an- cienne tradition portoit que cela étoit pra- tiqué en Hétrurie chez les Volfiniens. Il cite Lucius Pifon , écrivain d’un grand poids, comme rapportant le fait de Numa , & comme ajoutant que Tullus Hoffilius ; pour s'être écarté du rit prefcrit dans l’imitation de

(x),Ovid. lib.”3.5'v. 428. Eliciunt cœlo te, Jupiter; unde minores Nunc quoque te celebrant , Eliciumque vocant.

Et Varron, lib. $, dit que Jupiter Elicius eft nommé ainf , ab eliciendo five extrahendo.

DE L'ÉLECTRICITÉ. 299 cette pratique myflérieufe , avoit été lui-même foudroyé (1) ; fait attefté non feulement par Lucius Pifon , mais encore par Tite-Live qui en donne ce détail curieux : Le Roi Tuilus Hoftilius ayant trouvé dans les com- mentaires du Numa , qu’il y étoit fait mention de certains facrifices folemnels , mais occultes ; faits par Numa à JurITER ÉLICIEN , on ra- conte qu’il fe renferma fecretement pour pra- tiquer cette opération religieufe ; mais que le rit prefcrit n'ayant pas été obfervé, foit à lentrée ; foit durant le cours de certe céré- monie , lui-même © toute [a maifon furent confumés par la foudre (1). Voici l'expérience

(1) Plin. lib. 1, c. 53, de fulminis evocandis, Vel cogi fulmina , vel impetrari . . .. evocatum & à Porfenna ; & ante eum à Numa fæpius hoc fa@ita- tum ; quod imitatum parum ritè Tullum Hoftilium ictum fulmine.

(2) ie Liv. Nbr; 20. EI2ev. Edit p.'4s. Ipfum Regem ( Tullum ) tradunt volventem com- mentarios Numhæ , cum ibi quædam occulta folem- nia facrificia Jovi Elicio faéta inveniflet , operatum his facris fe abdidiffe : fed non ritè initum aut cura- tum hoc facrum efle,,...& fulmine ipfum cum

oo: D'EÉMÉLECFRICITÉ

de faire defcendre la foudre du ciel , connue fans doute par Numa & autres, mais dont Tullus fut la vidtime ; comme de nos jours un Phyficien (pour avoir voulu la tenter avec trop peu de précaution ) fut foudroyé en éleérifant une nuée. Enfin on peut conjectu- rer de tout ceci, que les Anciens connoif- foient un procédé pour faire defcendre le feu du ciel en terre; ce qui ne fauroit être qu'un procédé électrique. On connoît plu- fieurs médailles frappées fous Antonin ,

domo conflagrafle. Ce qui s'accorde avec le récit qu'en fait Plutarque in Numä. Valer. Maxim.lib. 3, C. 2.4Ex..r , 46. Dion.dib.3%"6cc.:& Plin.-répere encore le même fait au lib. 28, cap. 4. L. Pifo pri- mo annalium autor eft, Tullum Hoftilium Regem ex Numæ libris eodem , quo illum, facrificio Jovem Cœlo devocare conatum , quoniam parum ritè quæ- dam fecifler, fulmine iétum,

(1) Voyez une favante Differtation de Burman fur Jupiter xelaarss. Utrecht, 1700, 4°. Vid. Paufa- nias in El'acis , lib. $ ,c. 14. ubi Rom. Amafæus in- terpres: non alieno nomine Efic:um dicere poflemus. Etymologic. magn. voce xaleiarnys ; & Euftath, in Odyff. N. v. 110.

Dr pÉÉECERICITÉ., 308

Marc Aurele , Comode, & les Philippes, par la ville de Cyrrhus , Jupiter eft repré” fenté avec la foudre , 8& nommé xara/Garne, defcenfor ; qui répond au Jupiter Elicius des Latins. Une perfonne digne de foi n'a afluré qu'il s’'étoit trouvé derniérement une mé- daille latine avec la légende Jupiter Elicius , repréfentant Jupiter en haut, la foudre à la main, & au bas un homme dirigeant un cerf- volant ; ce qui eft un procédé au moyen duquel on peut élé@rifer une nuce, & en üurer du feu.

179. Les fentiments font encore partagés parmi les Modernes fur la raifon pourquoi

Si les Fleu- ves retout- nent à leurs

les fleuves , fe rendant conftamment à la fources:

mer , ne grofliffent pas tellement le volume de fes eaux, qu'ils aient déja rempli fon lit : une des principales folutions de cette diffi- culte , eft que ces fleuves retournent à leur fource par des paflages fouterrains, ou des canaux que la Nature a pratiqués pour cet effet; & qu'il y a entre la mer & les fources des rivieres, des fleuves & des fontaines, une circulation analogue à celle qui fe

Cette quef- tion agitée parmi les An- ciens.

302 DE LA Source

fait du fang dans le corps humain (1j. " 180. Cette explication de l'origine des fleuves & la comparaifon même de leur cir- culation eft prife de Séneque , qui rend compte non feulement de la raifon pourquoi ils ne rempliffent pas le lit de la mer, parce- qu'ils retournent à leurs fources par des routes fecrettes , pratiquées par la Nature ; mais ajoute encore que la raifon pour la-

quelle l’eau des fontaines & des rivieres ne

(1) On peut faire mention ici de la connoiffance qu'avoient les Anciens des moyens de faire des jets d’eau , fi bien décrits par Manilius, lib. 4, v. 259.

Ille quoque inflexà fontem qui projicit urnà, Cognatas cribuit juvenilis aquarius artes ; Cernere fub terris undas , inducere terris, Ipfaque converfis afpergere fluétibus aftra.

Le verfeau, ce figne qui, penché fur fon urne, en fait fortir des torrents impétueux , influe fur les avantages que nous procure la conduite des eaux : c’eft à lui que nous devons l’art de connoître les fources cachées dans le fein de laterre, & c’eft lui qui nous apprend à les élever à fa furface , & à les élancer vers les cieux, ou elles femblent fe mêler avec les aftres,

De Sol AbEU VHS: 301

conferve point l’'amertume qu’elle devroit tirer de fon origine, vient de ce qu’elle eft filtrée dans le grand circuit qu’elle parcourt fous terre , par des fentiers fi détournés & fi variés, & à travers tant d’efpeces de ter- roirs différents, qu'il n’eft pas poflible qu’elle ne s’y dépouille de amertume de fon goût, & ne fe tranfmette à fa fource dans le mème degré de pureté qu’elle en étoit partie (1). 181. L’Eccléfiafte à aufli un pallage au- tant élégant que philofophique fur le même

(1) Terra quidquid aquarum emifit , rurfus acci- pit: & ob hoc, maria non crefcere : occulto enim itinere fubit terras , & palam venit, fecreto rever- titur , colaturque in tranfitu mare : quod per multi- plices anfraétus terrarum verberatum, amaritudinem ponit , & pravitatem faporis in tantà foli varietate exuit , & in finceram aquam tranfit. Senec. Quefl. Natural, lib. 3 ,c.$ & rs.

Partim quod fubter per terras diditur omnes.

Percolatur enim virus , retroque remanat

Materies humoris , & ad caput amnibus omnis

Convenit ; indè fuper terras fluit agmine dulct,

Qui via feta femel liquido pede detulit undas.

Lucr, lib, $, v. 169.

Sentiment de l'Eccléfiaf- te.

304 DE LA SOURCE DES FLEUVES. fujet, & dit à peu près la même chofe en: peu de mots. » Les fleuves entrent dans la » mer, & la mer ne regorge pas; ils re- » viennent à la fource d’où 1ls étoient » partis pour recommencer de nouveau leur » cours (1).

a © Dh pm Los (a) Donne op Sn: ND HN D .n5S D'ov DS:

Omnia flumina intrant in mare , & mare non redundat : ad locum unde exeunt flumina , rever tuntur , ut iterum fluant, Ecclefiaff. c. 1 , v. 7. Origen. Philofophum , c. 8. De Anaxagorä , p. 887. D. Arifior. de meteor. lib, 1, c. 13, p. 545 » 546.

Fin du premier Volume.

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