+ 0-0 © 0 20 mn eee mr — es Joie Le ii Li i ut qi ROUE SU ‘! jeia Le 41414 “ls tetaut L ST iatetet + its + ,vitiee 14.4 2 LEE EL es Meet Hi ni H * u fi tt 1 s tre, e—- ORNITHOLOGIE « F- , DU + CANADA. D'APRÈS LA NOMENCLATURE DE BAIKRD. Losteceseta > PAR ee 3. M. LeMoime. 1ÈèRE PARTIE: SECONDE EDITION: QUÉBEC, ÆTETITP TYPOGRAPHIQUE DE J. T. BROUSSEAU, 7, RUE BUADE. 1861. EP EEE ET EE ET NN TS ET Enregistré conformément à l’ Acte de la Legisla- ture Provinciale, en l’année mil huit cent soixante, par l’auteur, J. M. LEMoinE, dans le Bureau du Régistrateur de la Province. one ne esse ner re DAROLÉRSD DDR D SDL 0e D 0 0 en D on nn TD A SIR ETIENNE PASCHAL TACHÉ. Encouragé par des voix amies, l’auteur s’était hasardé à esquisser rapidement, dans les colonnes du Canadien, quelques groupes de l’histoire natu- relle du Canada. Séduit sans doute par la nou- veauté de la chose et plus encore par l’éclat des tableaux d’Audubon, de Buffon et autres, le public à bien voulu accueillir ce travail avec bienveillance, et la Presse l’a mentionné en termes flatteurs. L’on exprima même le désir de voir le tout réuni sous la forme de brochure, et l’auteur, tout en reconnaissant la responsabilité nouvelle qui allait peser sur lui, n’a pas cru devoir se soustraire au vœu de ses lecteurs. Telle est origine de cet ouvrage. Ce n’est pas un traité complet d’ornithologie ; mais un simple narré populaire, où quelques fleurs littéraires ont été à dessein semées sous les pas du lecteur, afin de lui rendre cette nouvelle voie, selon lexpression de Montaigne ‘“ une route Fons et doux fleurante. ” L'idée qui guidait a plume de Wilson et d’Audubon, celle d'écrire Phistoire naturelle d’un pays au point de vue national, cette même idée a constamment inspiré Vauteur, jaloux avant tout de la gloire de sa patrie. A 2 Lorsqu'une nation éminemment utilitaire et pratique comme l’est la république voisine (*) vote, par la voie de son Congrès, un million de piastres pour la publication, aux dépens de l'Etat, d’un ouvrage qui à trait en grande partie à Phistoire naturelle du pays, il est permis de chercher en cette science, une étude où lutile Pemporte même sur l’agréable : il est également loisible de croire que si un peuple de calculateurs comme le peuple américain, consent à placer ainsi ses espèces pour l'avancement de la science, la connaissance et le développement des res- sources de son territoire, c’est qu'après mûre réflexion, ce peuple intelligent en était venu à conclure que ce placement, tout vaste qu’il était, fructifierait au centuple. Fort de cette double considération, l’auteur n’a pas craint de préconiser hautement une étude qui est en faveur dans toutes les grandes villes du nouveau monde et qui est de bon goût parmi les élus de la fortune et de l'intelligence. Cet essai national par sa portée et son inspira- tion, sous quels auspices plus favorables pourrait- il paraître, que sous les vôtres, Sir Etienne Paschal Taché, vous un des aînés du peuple Canadien ; vous, qui naguère présidiez aux des- tinées de cette grande Province; vous, enfin dont les succès, et les services rendus au pays, et sur le champ d'honneur et à la tribune, ont mé- rité de la Souveraine de ces contrées, une solen- nelle et royale consécration. Vous me permettréz d'ajouter que, pour l'auteur, c’est plus qu’un hommage au mérite; c’est aussi un devoir qu’il remplit, mais un devoir d'amitié ; car votre nom, Sir Etienne, s’associe (*) Le professeur Baird, de Washington, nous écrivait récemment que le Congrès avait voté $1,000,000 pour la publication d’un rapport sur les productions naturelles, le climat et l’histoire naturelle de l'Amérique du Sud. chez lui aux souvenirs les plus doux, aux souve- nirs vivaces des jeuries années, de ce temps for- tuné dont la plage s'éloigne chaque jour pour nous tous ; ces souvenirs, ne sont-ce pas pour nous “les brises du soir,” ce vent parfumé de la patrie ? Agréez donc la dédicace de ce petit travail et acceptez en bonne part ce faible tribut de L'AUTEUR. Spencer Grange, près Québec, ler avril 1860. PRÉFACE À LA SECONDE ÉDITION. La première édition de l’Ornithologie du Ca- nada est épuisée: on en demande une seconde. Malgré les sacrifices qu’une semblable entre- prise entraîne, l’auteur est bien aise d’avoir cette occasion d'améliorer une œuvre qui s’affer- mit de jour en jour, et que lintérêt croissant pour les sciences naturelles à fait accueillir favo- rablement. Plus heureux que bien d’autres qui ont donné au public leur veilles et leurs labeurs, il a pu compter avec succès sur les hommes éclairés, la haute éducation du pays. On s’a- percevra sans peine des importants changements et des nouvelles espèces introduites dans cette seconde édition, it = Plut au ciel'qu’un encouragement suffisant lui permit d’ilustrer cette édition de dessins colo- riés! Le poëte anglais Rogers se vantait de pouvoir tirer aussi largement sur la banque que sur Îles muses: voilà une doctrine qui irait à merveille aux climats où l’Upas de Pindifré- rence étoufle sous son ombrage les talents naissants dans toutes les carrières littéraires ; malheureusement peu d'écrivains sont en mo- yens de Pappliquer. Sans vouloir trop promettre pour l'avenir, il terminera par ces mots que Wilson em- prunte à son fils : ‘“ Si ma terre natale reçoit avec une gracieuse indulgence les échantillons que je lui présente liümblement, si elle exprime le désir que je lui en porte encore plus, ma plus haute ambition sera satisfaite; car nos bois en sont pleins: j'en puis cueillir bien d’autres et plus belles encore.” L'AUTEUR. ler mai 1861. ORNITHOLOGIE DU CANADA. Si le spectacle de l’inépuisable variété de la nature dans le règne animal ; si l’agréable mêlé à l’utile dans ses combinaisons les plus enchante- resses; si la contemplation de ce qui à la fois flatte la vue, charme l’ouïe, captive les sens, a été l’objet des études constantes de plusieurs des grands écrivains de l’ancien monde : le nouveau, à également vu s'élever au sein de ces vastes forêts, près de ses cataractes retentissantes, des voix éloquentes qui ont célébré d’une manière non moins digne les merveilles des bois et des champs. Au front de la vieille Europe se grou- pent comme une auréole les noms des Lacépède, des Buffon, des Linnée, des Cuvier ; phares res- plendissants de la pensée, destinés à guider dans les sciences naturelles les pas des générations à venir. L’Amérique à aussi, dans cette même car- rière, ses privilégiés de l'intelligence, ses Wilson, ses Bonaparte (*), ses Agassiz, ses Audubon. Avant d'entrer en matière, signalons, une cir- constance propre à augmenter pour nous, arrière- neveux de la France, nos sympathies pour l’étude de l’histoire naturelle; c’est que, bien que la famille anglo-saxonne répandue sur les deux rives de l'Atlantique aîit donné naissance aux Pennant, aux White, aux Wilson, aux Baird, aux Cassin, aux Lawrence et aux Brewer, hommes fort distin- gués d’ailleurs, néanmoins dans cette matière, les {*} Fils de Lucien Bonaparte et Prince de Musignano. PL: HE intelligences mères, tels que Cuvier, Buffon, Bonaparte, Agassiz, et même Audubon, appar- tiennent à cette antique race gauloise. Nommer ces flambeaux de Pesprit humain, c’est, ce sem- ble, assez démontrer limportance et la portée de l’histoire naturelle comme étude. Cette science est d’ailleurs si vaste, que chaque bran- che mériterait d’être traitée séparément. Pour le quart d'heure, nous nous en tiendrons au département qui a le plus dattrait pour la généralité des lecteurs, Pornithologie ; ce dépar- tement, nous le restreindrons encore à Pornitho- logie de cette partie de l Amérique qui nous est la plus chère, le Canada; champ entièrement vierge où de nombreux épis r’attendent que le moissonneur. “ T’ornithologie des Etats-Unis, a dit avec “ raison Wilson, dévoile à nos regards les cou- “ leurs les plus séduisantes dans la chaîne des êtres, depuis l’oiseau-mouche aux ailes de trois pouces de long, où l'or, l’azur et la pourpre se ‘ disputent l'empire, jusqu’au condor au sombre “ plumage, avec une envergure de seize pieds, “ qui séjourne dans nos régions boréales ; elle ‘ nous fait connaître des milliers de chantres ailés “ qui, pour la variété, la mélodie et la douceur du ramage, n’ont de rivaux dans aucune autre “ partie du globe ; elle nous dévoile leur migra- “tion incessante, de la zone torride à la zone : & tempérée, du nord au sud, et vice versä, à la “ recherche de climats, d'aliments et de saisons “ convenables ; elle nous mortre une si éton- “ nante diversité d’allures, de formes, de facultés si uniformément héréditaires dans chaque es- pèce et si bien adaptées à ses besoins, que “ nous sommes saisis d’étonnement et d’adnn- ration à la vue de la puissance, de la sagesse “ et de la bienfaisance du Créateur. Une étude si propre à redoubler nos jouissance à si peu de frais et à nous conduire, par un sentier émaillé Ah “ de fleurs, à la contemplation et à l’adoration ‘“ du grand principe, du Père et du Conserva- ‘teur de tous les êtres, ne peut donc être ni ‘ oiseuse, ni inutile: au contraire elle est digne ‘ de l’homme et agréable à la Divinité. ” Ces nobles paroles font autant d'honneur à sa tête qu’à son cœur. Voilà la science sur laquelle nous désirerions voir se porter l’attention de tant de samset vigoureux esprits qui, chaque jour, acquièrent un nouveau développemeni: c’est dans ce but que nous examinerons ce qui se passe sur les autres points de notre continent. Parmi les villes de Union où l’histoire natu- relle a pris un essor rapide, citons surtout Bos- ton, l’Athènes de l’Amérique, Charleston, Phila- delphie, la Corinthe du Nouveau Monde, (*) et la capitale fédérale, Washington, avec ses musées, son Capitole et son Smithsonian Institu- tion, fondé en 1846 par la libéralité d’un particu- lier. Cette fondation à singulièrement prospéré ; le talent et le capital qu’on y emploie chaque année à reculer les bornes de Pesprit humain, dans les sciences naturelles, placeront cette association sous peu, si elle n’y est déjà, au premier rang des sociétés scientifiques de l'Amérique. L'Histoire Naturelie paraît y être une des études de prédilection. Le Smithsonian Institution envoie chaque été d’infatigables missionnaires aux cimes des montagnes rocheuses, aux prairies de l'Ouest, aux savanes du Sud, au Canada et jusqu'aux régions glaciales du pôle, à la recherche d’ani- maux et d'oiseaux inconnus ; ces nobles enthou- siastes de la science (inspirés par l’ardeur qui poussa l’infatigable Pierre Chasseur (f) à passer deux étés dans les montagnes du Canada, pour 7 (*) L’académie des sciences naturelles de cette ville contient la plus riche collection d'Histoire Naturelle de l Amérique. (F) Mort en 1842. Er ÿ attraper le grand papillon de nuit), le fusil à la main, traversent fleuves et rivières, tantôt sur un frêle canot, tantôt à la nage, comme Wilson et Audubon l’ont souvent fait, et reviennent chargés de dépouilles opimes,. Nulle expédition militaire n’est organisée, nulle exploration scientifique n’est mise sur pied par le gouvernement fédéral, sans recevoir des vrdres formels de conserver et de faire transport ter au Smithsonian Institution, aux frais de l'Etat, oiseaux, animaux, minéraux et autres objets, pour y être examinés et classifiés par les savants professeurs Henry, Baird et autres. Les procédés de ce corps se publient annuellement aux dépens du gouvernement, Malgré les découvertes de Wilson, de Bona- parte, son continuateur, et du regretté Audubon, dont la noble figure est eneore fraîche dans le souvenir de bon nombre d’entre nous, pendant son séjour, à Québec, malgré, disons-nous, les travaux extraordinaires de cet homme de génie qui semblait avoir dit le dernier mot sur cette science, le Smithsonian Institution a su ajouter 200 nouvelles espèces à celles mentionnées par Audubon, comme suit : Oiseaux de l'Amér. du N. classifiés par Wilson en 1814, 283 « « J Bonaparte en 1838. 4TL «ce PE (AS « Audubon en 1844. 506 « ue ( ue Sraith.Enst. en 1858, 716 N’est-il pas étrange que des villes européennes telles que Londres et Edimbourg, (*) aient des (*) Un jeune compatriote M. J. Maxham, de Québec, élève de médecine de l’Université d'Edimbourg, nous écrit qu’il passe une partie de ses loisirs au musée de l'Univer- sité, lequel contient une superbe cokection d'Oiseaux du Canada, qu’il n'avait pas remarqués à Québec. Ainsi si vous désirez acquérir des connaissances sur le Faune du Canada, allez à Edimbourg!!! — 11 — cabinets complets de l’ornithologie d'Amérique, et que la métropole des Canadas-Unis n’aït pas même les commencements d’un musée d'histoire natu- relle? Non-seulement nous n’avons pas où placer ces hôtes des forêts, décrits par Wilson, Bonaparte et Audubon, mais l’ornithologie de notre propre pays nous est entièrement inconnue—et dire qu'il est si facile de se procurer en Canada les oiseaux les plus rares et les plus recherchées aux Etats-Unis. Parmi Jes Oiseaux de Proiïe, n’avons- nous pas l’Aigle majestueux de Washington, aussi bien que PAïgle royal, le Duc de Virginie, le superbe hibou blanc du Nord, surnommé à bon droit le roi des hibous. N’avons-nous pas encore le Jaseur de Bohême, le Jaseur du Cèdre, le Roi des Oiseaux (le Tangara Vermillon,) le Fangara écarlate, le magnifique canard branchu, le Cygne au blanc plumage, le fier Dindon sauvage et mille autres. Quoi de plus facile, avec les taxi- dermistes fixés parmi nous, que de comnrencer, sous la direction d’une personne entendue, une collection de l’histoire naturelle du pays dans toutes ses branches. Nous ne saurions conclure sans témoigner notre reconnaissance au Parlement Canadien d'avoir ajouté à la bibliothèque législative, le bel ouvrage de Gould, sur les oiseaux d'Australie et ie superbe ouvrage illustré d’Audubon. “ Les oiseaux de l'Amérique,” au prix de $2000 pour deux exemplaires ; nous devons également faire une mention honorable de l’'Honble G. W. Allan, de Moss Park (Toronto), et de M. Mc- Elraith, de Hamilton, pour avoir chacun doté leur ville natale d’une excellente collection com- prenant au-delà de 600 espèces ; ceci démontre que létude qui fit les délices de Linnée, de Buffon, de Cuvier, d’'Audubon et de mille autres, possède au Canada, comme ailleurs, quelques sectateurs zélés. En terminant, s’il nous est permis de formuler a M un vœu, osons espérer qu'avant peu les amis de la science en cette ville sauront élever un sanc- tuaire où le Canada ira présenter ses hommages -à cette partie de la création qui manifeste d’une manière si sensible les merveilles du Tout-Puis- sant, et qu'à l'instar de la capitale de l'Union- Américaine, la métropole de l'Amérique Britan- nique aura, elle aussi, son musée d’histoire natu- relle, # Q SE cer MU NOTIONS PRÉLIMINAIRES. Avant d'entrer en matière, nous avons à faire connaître quelques termes techniques, quelques dé- finitions et quelques notions préliminaires, qui, bien qu’utiles et mêmes indispensables, n’en seront pas moins sèches à lire. On entend par auricu- laires, les plumes molles qui recouvrent les oreilles de l’oiseau ; par Pennes, les grandes plumes des ailes et de la queue ; par Æemiges ou rames, les grandes plumes des ailes; par remiges primaires ou primaires les dix plumes qui partent du carpe de l'aile: il y a aussi les remiges Lâtardes qui forment dans le pli de l’aile une sorte d’appendice supplémentaire : en arrière des remiges primaires sont les remiges secondaires ; les plumes attachées à l’humerus sont moins fortes et portent le nom de pennes scapulaires ou scupulaires ; le speculum est cette petite tache que certains oiseaux ont sur l’aile, d’une couleur plus éclatante que le reste de l’aile. __ Longueur totale se dit de l’espace qu’il y a du bout du bec à l'extrémité des plumes ou pennes de la queue. Envergure est l’espace entre le bout d’une aile et l'extrémité de l’autre aile; ces deux choses s’éx- priment ainsi dans les auteurs—viz: 18 x 28-—ce qui indique que l'oiseau a 18 pouces de long, depuis le bout du bec à l'extrémité de la queue, et 28 pouces de l'extrémité d’une aile à l’extrémité de l’autre. Toutes ces particularités seront sensibles au pre- mier coup-d’œil pour celui qui ne pouvant se pro- curer le grand ouvrage d’Audubon se contentera d'examiner ou d’identifier un oiseau vivant ou mort avecle petit Tableau Synoptique de cet auteur (*)—-les personnes au loin, qui voudront, par lettre ou (*) Audubon’s Synopsis of birds of America. — Publié à Edimbourg. 2 re autrement, identifier ou faire identifier une espèce, trouveront la connaissance de cés termes techniques d’un grand secours. Chez les oiseaux de proie, la femelle est toujours beaucoup plus grande que le mâle ; chez ces derniers, ainsi que chez les hiron- delles et autres oiseaux qui passent la plus grande portion du jour à voler dans les airs, les primaires sont toujours fort longues. Venons en maintenant aux divers systèmes ou classifications des oiseaux. Notre cadre est par trop étroit, pour entrer dans des détails ; nous nous contenterons d'indiquer les principales divisions. Malgré les progrès du siècle, Linnée, dont le système a été perfectionné par Cuvier, est comme la base de l’édifice de la classification et continuera de l’être. Son systema naturœæ est écrit avec une conci- sion et une exactitude telles, que, malgré les perfec- tionnements de la science, il sert encore d’épitomé aux naturalistes de toutes les nations. Linnée divise les Oiseaux en six ordres : Willoughby et Ray les avaient partagés en deux classes : les Oiseaux de terre et les Oiseaux de mer : Blumenback, en fait neuf ordres : Cuvier, six: Vieillot, cinq: M. Vigors en reconnait cinq : Temminck, dans son manuel d’ornithologie, publié en 1815, établit seize ordres : Agassiz les limite à quatre. Le système de Cuvier paraît clair, il se compose : 1° des Oiseaux de proie; 2° des Grimpeurs, tels que Pics- bois, etc. ; 5° des Palmipèdes, tels que les Cygues, Oies, ete. ; 4° des Passereaux ; 5° des Gallinacées ; 6° des Echassiers, tels que Hérons, Gibiers de grève, etc. Cette classification, avec quelques mo- difications, a été adoptée par les savants professeurs du Smithsonian Institution, dans leur rapport rai- sonné de l’oruithologie de l’Amérique, publié en 1858, sous les auspices du professeur Baird. Comme il est peu probable que le Canada puisse d’iei à long- temps surpasser les travaux de l’Enstitution de Washington, nous l’emploierons dans l’Ornithologie du Canada ; nou; donnerons à sa nomenclature et à CS sa classification, et à celle d’Audubon, la préférence sur les systèmes européens, comme mieux adaptées au Canada. Ce que les naturalistes des Etats-Unis s’ef- forcent le plus d'établir en ce moment d’une ma- nière exacte, c’est le parcours géographique (geo- graphical range} de chaque espèce, sur le continent américain. On prend, par exemple, comme ligne _ de démarcation, une latitude donnée ; on classifie, comme appartenant au nord de l’Amérique, tous les oiseaux que l’on trouve entre cette ligne de démarcation et le pôle, et si les tempêtes ou d’autres causes jettent en deça de cette ligne quelques rares individus que l’on sait appartenir aux latitudes tropi- cales, ils sont désignés sous la dénomination ‘ d’accidentels. ” D’après des lettres reçues récem- ment des professeurs Baird de Washiogton, et Brewer de Boston, il paraîtrait qu’il existe encore plusieurs lacunes à remplir, relativement aux mœurs et aux habitudes des oiscaux de nos régions boréales. Richardson, Swainson, Lewis et Clarke, Pennant, Edwards, Vieillot, Wilson, Bonaparte, Audubon, Law- rence Baird et Cassin, sont ceux qui ont le mieux fait connaître le règne animal de l’Amérique. Les sugges- tionsfournies par le Smithsoniamæ Institution à ses correspondants, ont beaucoup d’àpropos parmi nos compatriotes qui aiment les sciences naturelles, savoir : de noter et de faire connaître la présence, les allures, les migrations, le plumage des oiseaux de chaque localité du Canada aux différentes saisons de l’année : de cette manière, le Canada aura bien- tôt, sur ce qui le regarde, des notions aussi exactes et aussi complètes que les autres pays. Quant à nous personnellement, nous aurions un plaisir par- ticulier à recevoir par écrit des vieux chasseurs, voyageurs etautres, leurs observations et leur expé- rience sur ce sujet. Terminons, maintenant, par les belles paroles du professeur français LeMaoût : ‘6 La bonté divine, dit-il, se manifeste clairement à l'esprit le plus vulgaire dans la grande classe des oiseaux. On serait même tenté, au premier coup-d’œil, d'admettre que ces êtres ont été l’objet d’une prédilection toute spéciale à laquelle ils doivent l’avantage de leur organisation. J’ap- pareil locomoteur qui leur donne pour domaine la terre, le ciel et les eaux ; leur repos même, dont le mécanisme n’est pas moins admirable que celui de leurs mouvements; leur respiration, source abondante de chaleur et d'énergie, et puissant auxiliaire du vol et de la natation ; la perspicacité de leur vue qui s’accommode merveilleusement à la distance et à la petitesse des objets ; la fabri- cation industrieuse de leurs nids ; les minutieuses précautions, la vigilance ïinfatigable, l’héroïque dévouement de la femelle, avant et après l’éclo- sion (génie de l’amour maternel qui veille à la conservation de l’espèce dans l’insecte comme dans le vertébré, et qui a fait dire si heureuse- ment que le cœur d’une mère est le chef-d'œuvre de la nature;) les allures vives et légères, le plumage varié à l'infini, les cris d’appel et les chants d'amour de ces hôtes aériens, qui vivifient par leur présence nos jardins et nos campagnes, et sans lesquels les près, les forêts, les rivages n'auraient à nos yeux que des beautés incom- plètes; enfin leurs migrations périodiques, dont l’objet principal est l'alimentation qu'ils vont chercher dans des régions lointaines, à travers les solitudes des continents et des mers, sans autre guide que leurs instincts; tout, chez les Oiseaux, est propre à charmer les méditations du philosophe et les rêveries du poète, aussi bien que la curiosité du naturaliste. ?” at 21 LES AIGLES DU CANADA Les aigles sont les plus puissants des Rapaces ; la plupart ne vivent que de chair palpitante, et ce n’est que dans des cas de disette extrême qu’ils touchent aux animaux morts. Les recherches les plus récentes donnent à l’Amérique du Nord cinq espèces d’aigles (*) l’Aïgle royal, l’Aïgle du Nord, l’Aïigle de Washington, l’Aïgle gris, que l’on prétend être la femelle de l’Aïgle du Nord, et l'Aïgle à tête blanche. Des cinq espèces, si réellement il en existe cinq, car les naturalistes sont fort divisés sur ce point, le Canada peut en réclamer trois, et peut être plus. Nous nous en tiendrons à ces trois espèces, qui sont fort belles ; remarquons, en passant, que tous les aigles tués cette automne autour de Québec (f) appartiennent à l'espèce agurla canadensis, aigle royal ou doré. Cet oiseau est commun dans le nord et l’est de l’Europe, en Afrique et dans l’Asie Mineure. Le plumage est plus ou moins brun roux; les plumes de la tête et du cou sont d’un roux doré, avec la tige noire, les remiges sont de couleur brune foncée ; les plumes des tarses sont d’un bruu-ferrugineux. Cette espèce a été longtemps connue sous trois noms différents, à cause des variations de couleur que le temps donne à sa livrée. (*) Aquila Canadensis. Haliaetus pelagicus. Haliaetns Washingtonii. Haliaetus albicella. Haliaetus leucocephalus. (7) Un fort bel aigle doré a été pris en novembre der- nier, presque mort, sur une banquise de glace flottante, sur le lac St.-Pierre, près de Trois-Rivières. Aflaissé par la pluie et le froid, il était fixé à la glace, les ailes pen- dantes. Le propriétaire de l'hôtel McPherson l’exhibe maintenant avec orgueil aux Trifluviens et aux étrengers : il est fort gros. nd |: Ets AIGLE DORÉ. * (Golden Eagle.) L’aigle brun qui, plus vieux, s'appelle l'aigle noir, se nomme l'aigle doré, quand son plumage est parfait; sa queue, qui, dans le jeune âge, était blanche à sa moitié supérieure, est plus tard noirâ- tre et marquée de bandes irrégulières cendrées. Le bec est de couleur bleuâtre ; les narrines sont ova- les, les yeux sont grands et paraissent enfoncés dans une cavité profonde que domine le bord saillant de l’orbite. C’est surtout chez cet oiseau que l’on peut remarquer cette membrane à coulisse qui per- met à l’animal de regarder fixement le soleil. ‘ On rencontre cet oiseau quelques fois en France ; il n’est sédentaire que dans les Alpes et les Pyrénées. Il se nourrit de gros oiseaux, de lièvres, de jeunes cerfs. Mais si ces animaux viennent à manquer, il se jette sur des natures plus faibles, et, si la proie vivante lui fait défaut, il ne dédaigne pas les chairs corrom- pues. l’aigle doré est très farouche, il vit avec sa compagne au milieu des rochers, (f) et chasse de son voisinage tout Rapace qui voudrait s’y établir. Il fond sur sa proie avec la rapidité d’un trait, et, après s'être abreuvé de son sang, l’emporte dans ses serres jusque dans sa retraite, où il la dépèce en lambeaux, qu’il présente palpitants à ses aiglons. Son aire est ordinairement construite sur la plate- forme d’un rocher escarpé ; elle est formée de gros bâtons entre-croisés, et ses parois s'élèvent conti- nuellement par l’accumulation des ossements que l'oiseau y abandonne. La femelle pond ordinaire- ment deux œufs, d’un gris cendré, quelquefois tachetés de brun: elle les couve pendant trente jours; alors le mâle chasse seul pour fournir aux besoins de la famille ; quand les petits sont éclos, * No. 39.—Aquila Canadensis.—Baïrp. Aquila Chrysaetos.—AuDpuBox. (F) On a remarqué beaucoup d’aigles sur les hautes chaînes de rochers qui entourent le lac Memphramagog, dans les Townships de l'Est. 4 LENS en leurs parents se mettent en campagne pour leur chercher de la pâture ; et, si l’on en croit les témoi- gnages unanimes des habitants des montagnes, tandis que l’un bat les buissons, l’autre se tient sur un roc élevé ou sur la cime d’un arbre pour saisir le gibier au passage. Sa physionomie sévère et impo- sante, sa voix grave, son œil étincelant, ombragé par un sourcil saillant, son vol rapide, surtout sa force et son courage, le faisaient regarder par les anciens comme le symbole de la puissance et de la domination. On l'avait dédié au maître des dieux ; les souverains ainsi que les peuples belliqueux l'avaient adopté pour leur enseigne de guerre ; puis, pour flatter les dominateurs, on fit à l’aigle une réputation de noblesse (*) et de magnanimité qui ne s'accorde guère avec l’observation exacte des faits.” Ecoutons à ce sujet l’illustre Buffon, qui parle de l'aigle en poète, plutôt qu’en naturaliste : ‘ [’aigle a plusieurs convenances physiques et “ morales avec le lion: la force et par conséquent ‘ l'empire sur les autres petits animaux, comme le ‘6 Jion sur les petits quadrupèdes; la magnanimité, ‘ j] dédaigne également les petits animaux et ‘ méprise leurs insultes : ce n’est qu'après avoir été ‘ longtemps provoqué par les cris de la corneille et (*) “ Près da Havre, dit Michelet, j'observai ce qu’on peut croire en vérité de la royale noblesse de l’Aigle, surtout de sa sobriété. Un Aigle qu’on a pris en mer, mais qui est tombé en trop bonnes mains, dans la maison d’un boucher, s’est fait si bien à l'abondance d'une viande obtenue sans combat, qu'il paraît ne rien regretter. Aigle Falstaff, il engraisse et ne se soucie plus guère de la chasse, des plaines du ciel. S'il ne fixe plus le soleil, il regarde la cuisine, et se laisse, pour un bon morceau, tirer la queue par les enfants. & Si c’est à la force à donner les rangs, le premier n’est pas à l’Aigle, mais à celui qui figure dans les Aille et une nuits sous le nom de l’Oiseau Roc, le condor, geant des monts géants, des Cordeillères C’est le plus grand des Vautours, le plus rare heureusement, le plus nuisible, n’aimant guère que la proie vivante. Quand il trouve un gros animal, il s’'ingurgite tant de viande qu'il ne peut plus remuer; on le tue à coups de bâtons. ” ZE 90 = ‘ de la pie que l’aigle se détermine à les punir de ‘mort; d’ailleurs, il ne veut de bien que celui ‘qu’il conquiert, d'autre proie que celle qu’il ‘ prend lui-même; la tempérance, il ne mange ‘ presque jamais son gibier en entier et il laisse, ‘ comme le lion, les débris et les restes aux autres ‘animaux. Quel qu’affamé qu’il soit, il ne se jette ‘jamais sur les cadavres.” Sans manquer au respect dû au génie de Buffon, on peut se demander si cette apologie de l’Aiïgle est bien le langage d’un historien de Ia nature. On peut même en douter. M. Degland, naturaliste français, rapporte un trait remarquable, qui atteste la force musculaire de Vaigle et qni s’est reproduit assez souvent au Cana- da: deux petites filles du canton de Vaud, l’une âgée de cinq ans, et l’autre de trois, jouaient en- semble, lorsqu'un aigle de taille médiocre se préci- pita sur la première, et, malgré les cris de sa com- pagne, malgré l’arrivée de quelques paysans, l’enleva dans les airs. Après d’actives recherches sur les rochers des environs, recherches qui n’eurent d’autre résultat que la découverte d’un soulier et d’un bas de l'enfant et de l’aire de l’aigle, au milieu de laquelle étaient deux aiglons, entourés d’un amas énorme d’ossements de chèvres et d’agneaux ; un berger rencontra enfin, près de deux mois après l'événement, gisant sur un rocher, le cadavre de la petite fille, à moitié nu, déchiré, meurtri et dessé- ché! Ce rocher était à une demi-lieue de l’endroit où l’oiseau avait enlevé l’enfant. T/on se rappellera un fait assez analogue, qui eut lieu à Charlesbourg, près de Québec (*), il y a une quinzaine d’années, moins les résultats désastreux. L’aigle doré exhibé cet automne chez M. Couper, en cette ville, était accusé d’un semblable attentat, qui lui valut le coup de grâce (Ÿ) Dimensions du mâle, 32 x 70; de la femelle, 38 x 84. (*) Cet oiseau fut acheté par M. Prendergast de Québec. (+) Cet aigle forme partie du musée de l’auteur. LR L’'AIGLE DE WASHINGTON. * (Bird of Washington.) ‘ Audubon décrit, sous le nom d’aigle de Was- hington, une espèce d’aigle pêcheur que Chs. Ls. Bonaparte réunit à l’Aïgle à tête blanche. T/orni- thologiste américain l’observa pour la première fois en 1814, et fut, dit-il, plus heureux en découvrant cette nouvelle espèce, qu'Herchel en découvrant sa planète. (C'était au mois de février: Audubon remontait le Mississipi ; une bise glaciale l’envelop- pa, il était en ce moment mort à l’enthousiasme, et voyait avec indifférence défiler devant lui des myriades d'oiseaux aquatiques qui descendaient le fleuve, Tout-à-coup un Aigle passa au-dessus de sa tête, il se leva, et reconnut au premier coup-d’œil que l’espèce était nouvelle pour lui. Aussitôt il débarqua et vit l’Aigle se diriger vers de hauts rochers. Le lendemain il alla se poster vis-à-vis de cet endroit, et attendit patiemment la page d’Eis- toire que devaient lui fournir ces oiseaux jusqu'alors inconnus. Après quelques heures d'attente, il en- tendit un sifflement, et vit au bord de la saillie la plus élevée du rocher, deux oïssaux qui s’agitaient avec les signes de l’impatience et de la joie : c’é- taient les aiglons qui saluaient le retour de leurs parents ; le père parut le premier, tenant dans son bec un poisson qu’il apporta à ses petits ; la mère vint ensuite, tenant aussi un poisson ; mais, plus prudente que son compagnon, elle jeta autour d’elle un regard défiant, et aperçut l’homme qui se tenait immobile en face du rocher : aussitôt elle lâcha sa proie, et se mit à tourner au-dessus de lui en pous- sant de grands cris pour l’éloigner. Les petits s’éfant cachés, Audubon ramassa le poisson ; c’était une grosse Perche. Il revint le lendemain sans rien voir, puis le surlendemain et attendit toute la * No. 41.—Haliaetus Washingtonii.—Baïrp. Haliaetus Washingtonii.—AUDUBON. EL. journée ; mais l'invasion avait été prévue et la fa- mille avait changé de quartier. Deux ans après, il vit un aigle de la même espèce se lever audessus- d’un enclos, où, quelques jours auparavant on avait tué des Porcs : il arma son fusil, et s’approcha dou- cement ; l’aigle l’attendit sans paraître effrayé, et mourut sur le champ ; il le dessina, le décrivit et lui donna le nom de Washington. L'hiver suivant il put observer à loisir les mœurs d’un couple de ces animaux. Leur vol est différent de celui de l'aigle à tête blanche: l’Aigle de Washington circouscrit un plus grand espace, et plane plus près de la terre et de l’eau; quand il fond sur sa proie, il décrit autour d’elle une spirale, qui se rétrécit peu à peu, dans l'intention évidente d’empêcher tout mouvement de retraite, de sa victime; il ne tombe sur elle qu’à quelques toises de distance, mais il s’élève peu, et son vol forme un angle très. aigu avec la surface de l'eau. ?” L’aigle de Washington, tel que peint par Audu- bon, a fait le désespoir des naturalistes : il paraît qu’il n’existe qu'un seul individu de cette espèce daus les Musées de la Grande République, savoir dans le Musée de Philadelphie. Le professeur Baird nous écrit que tous les individus qu’on lui a envoyés comme étant des aigles de Washington, sur examen ont été reconnus comme des aigles à tête blanche : Les scutelles sur les tarses, que leur assigne Audu- bon, ne se trouvent sur aucun aigle tué sur ce con- tinent et c’est là ce qui embarasse. Deux beaux aigles (*) ont été tués au Saguenay l’année dernière : sont-ce des aigles de Washing- ton ? On l’a prétendu. Dimensions 43 x 122. (*) Le Colonel Rhodes en possède un: l’autre appar- tiennent à M C. Pentlanä, de Québec. — 23 — J'AIGLE À TETE BLANCHE. * (Bald Eagle.) Cette espèce habite principalement l’Amérique Septentrionale ; elle est un peu moins commune en Canuda, que laigle doré (). Elle niche sur les rochers "escarpés et les arbres à cime large et élevée dans les savanes impénétrables. Les œufs sont d'un blanc jaunâtre, tacheté de gris roussâtre, l’intérieur de la coquille est d’un beau vert. Les aigles commen- cent la ponte dans les régions tempérées des Etats- Unis, telles que la Virginie et la Pennsylvanie, en février et mars, L’aigle à tête blanche est l’emblême national de l’Union Américaine; nul oïseau ne possède un vol plus puissant, le condor excepté; nul p’a plus de force, d'adresse et de courage ; mais son caractère est féroce et tyrannique : Franklin n’approuvait point le choix que ses compatriotes avaient fait de l'aigle à tête blanche pour blason national. Un brigand ailé, disait-il, qui profite de ses avantages pour ravir aux oiseaux plus faibles que lui le butin qu’ils ont conquis, n’est pas digne de représenter l'indépendance loyale et généreuse du peuple américain. (C’est un spectacle superbe, dit Wilson, de voir tournoyer au-dessus de la cata- racte de Niagara, ce féroce ravisseur, en quête des carcasses de chevreuils, d’ours ou autres animaux * No. 43.—Haliaetus leucocephalus.—Baird. Haliaetus leucocephalus.—Audubon. M. D. C. Thomson, négociant de Québec, se trouvant en mai dernier sur les rives de la Rivière Ste. Clair, sur les confins ouest de la Province, vit au moins dix Aigles, dit-il, perchés sur le cadavre d’un cheval mort et se gor- geant de sa chair. (Ï) L’honorable G. W. Allan prétend l'avoir tué assez fréquemment dans le voisinage de Toronto. Serait-ce cette espèce qui, au dire de nos chasseurs fréquente La batture aux loups-marins, vis-à-vis St Jean. Port Joli. Ilse ren- contre, ainsi que le Grand Aigle du Nord sur les grands lacs du Haut Canada, a | ; — 24 — entraînés dans l’abîme. On nous saura gré d’em- prunter au père de l’ornithologie américaine une de ses pages les plus éloquentes. ‘ Voulez-vous, dit l’illustre Audubon, connaître la rapine de l’aigle à tête blanche ? Permettez-moi de/vous transporter sur le Mississippi, vers la fin de l’automne, au moment où des milliers d’oiseaux fuient le Nord, et se rapprochent du Soleil. Lais- sez votre barque effleurer les eaux du grand fleuve. Quand vous verrez deux arbres dont la cime dépasse toutes les autres cimes, s'élever en face l’un de l'autre, sur les bords du fleuve, levez les yeux ; l'aigle est là, perché sur le faîte de l’un des arbres ; son œil étincelle, et roule dans son orbite, comme un globe de feu. Il contemple attentivement la vaste étendue des eaux; souvent son regard se détourne et s’abaisse vers le sol; il observe, il attend ; tous les bruits sont écoutés, recueillis par son oreille vigilante ; le Daim qui effleure à peine les feuillages ne lui échappe pas. Sur l’arbre op- posé sa compagne est en sentinelle ; de moment en moment son cri semble exhorter le mâle à la pa- tience. Il y répond par un battement d’ailes, par une inclination de tout son corps, et par un glapis- sement aigre et strident, qui ressemble au rire d’un maniaque ; puis il se redresse, immobile et silencieux comme une statue. Les Canards, les Poules d’eau, les Outardes, passent audessous de Jui, en bataillons serrés que le cours du fleuve em- porte vers le sud ; proies que l’aigle dédaigne et que ce mépris sauve de la mort. Enfin, un son lointain, que le vent fait voler sur le courant, arrive à l’ouïe des deux époux : ce bruit a le retentissement et la raucité d’un instrument de cuivre ; c’est la voix du cygne. La femelle avertit le mâle par par un appel composé de deux notes : tout le corps de l’aigle frémit ; deux ou trois coups de bec, dont il frappe rapidement son plumage, le préparent à son expédition. Il va partir. Le Cygne vient, comme un vaisseau flottant dans l’air, son cou de . — 25 — neige étendu en avant, l’œil étincelant d'inquiétude. Le battement précipité de ses aîles suffit à peine à contenir la masse de son corps, et ses pattes, qui se ploient sous sa queue, disparaissent à l’œil. Il ap- proche lentement, victime dévouée. Un cri de guerre se fait entendre. L’aigle part avec la rapi- dité de l'étoile qui file. Le Cygne a vu son bour- reau ; il abaisse son cou, décrit un demi cercle, il manœuvre, dans l’agonie de sa terreur, pour échap- per à la mort. ‘ Une seule chance de salut lui reste, c’est de plonger dans le courant; mais l'aigle a prévu ce stratagème ; il force sa proie à rester dans l'air, en se tenant sans relâche au-dessous d’elle, et en me- naçant de la frapper au ventre ou sous les ailes. Le cygne s’affaiblit, se lasse, et perd tout espoir de fuite; mais alors son ennemi craint encore qu’il n’aille tomber dans l’eau du fleuve : un coup des serres de l’aigle frappe la victime sous l’aile et la précipite.obliquement sur le rivage. Tant de pru- dence, d'activité, d'adresse, ont achevé la conquête. Vous ne verrez pas sans effroi le triomphe de l'aigle ; il danse sur le cadavre, il enfonce profondément ses armes d’airain dans le cœur du cygne mourant, il bat des ailes, il hurle de joie ; les dernières con- vulsions de l’oiseau semblent l’enivrer, il lève sa tête chenue vers le ciel et ses yeux se colorent d’un pourpre emflammé. Sa femelle vient le rejoindre ; tous deux ils retournent le cygne, percent sa poi- trine de leur bec, et se gorgent du sang chaud qui en jaillit.” “ N'est-ce pas là, s’écrie un naturaliste français, ‘“ un drame toût entier, avec son exposition atta- ‘“ chante, son trouble croissant et ses péripéties ‘imprévues ? N’y trouve-t-on pas terreur et pitié ‘comme dans la véritable tragédie ? Que l’on rap- ‘“ proche de cette magnifique peinture de mœurs les “ plus belles pages de Buffon et l’on verra la distance “ qui sépare le naturaliste sédentaire du naturaliste ‘voyageur... Loin de nous l’ingrate et témé- LR pes e ‘ raire pensée d’affaiblir l'admiration due à l’im- ‘ mortel écrivain que la France comptera toujours ‘avec orgueil parmi ses gloires scientifiques et (€ littéraires. En invitant nos lecteurs à étudier ‘“ comparativement le style de deux hommes si ‘ éminents, nous voulons seulement leur faire sentir i‘ combien un esprit souple et exact, qui à étudié de ‘ près la nature, a l'avantage sur le génie ie plus ‘ brillant qui n’a pu l’observer que dans une ména- ‘ serie ou dans un jardin. L’amour passionné de ‘ l’histoire naturelle, voilà tout le secret du talent “ descriptif d’Audubon, et l’observation attentive ‘ des faits a suffi pour donner à ses tableaux une ‘ chaleur et un coloris que l'écrivain ie plus habile “ ne saurait trouver daus la poudre du cabinet. ”? Avions-nous raison de dire que l’ Amérique avait, elle aussi, ses privilégiés de l’intelligence ? LES HIBOUS DU CANADA. Le hibou a de tout temps, par ses mœurs étranges, ses habitudes solitaires, ses lugubres accents noc- turnes, inspiré aux peuples une terreur vague mêlée de mystère. Les Grecs l’appellent Athéné (Mi- nerve) parce qu’ils lui attribuent la connaissance de l’avenir et Surnion (*) oiseau de mauvais augure, étant, disent-ils, un prophète de malheur aux indi- vidus et aux nations. Il joue son rôle obligé dans les peintures des poëtes qui le font intervenir à point nommé, au fort de la tempête,—dans la solitude de la forèt—pendant les ténèbres de la nuit, —dans la tour vermoulue d'un château gothique. Shakespeare fait dire à Casca, un des conspiräteurs, que parmi les phénomènes effroyables dont Rome vient d’être le théâtre et qui présagent la mort de (*) Texte Grec. De César, on a remarqué, en plein midi, sur le forum, l'apparition de ‘ l'oiseau de la nuit (*). Sous le consujat de L. Cassius et de C. Marius, un grand hibou, planant au-dessus du cavitol, vint ajouter à l’épouvante générale. On a,;:ême prétendu que V’Incendiaria Avis de Pline (f) n'était autre chose que le hibou. Aldrovande, qui s’est donné la peine de recueillir les opinions sur cette matière, est d’un avis contraire. Parmi les aborigènes de l'Amérique, le grand hibou est l’objet d’un culte spécial ; leurs prêtres l’ont adopté comme le sym- bole de leur puissance et de leur dignité. ‘ Les Creeks, dit Bartram, se distinguent par le respect dont ils entourent cet oïseau—le plus jeune des prêtres ou devins revêt une tunique blanche et fait porter devant lui un énorme hibou empaillé avec beaucoup d'art: 1l imite par son maintien la gravité et la taciturnité du hibou et traverse le village en chantant à demi voix une douce psalmodie.”? Ces oiseaux se divisent en deux classes distinctes (lesquelles comprennent elles-mêmes plusieurs sub- divisions) savoir, les Diurnes et les Nocturnes. Nous donnerons le pas à ces derniers. Les rapaces nocturnes ne voient bien que pen- dant le crépuscule et au ciair de la lune ; leurs yeux sont gros, leur tête fort grosse. Chez eux, le sens de l’ouïe est d’une finesse extrême Leur nourri- ture consiste en rats, souris, oiseaux et insectes que le rapace nocturne saisit à l’improviste, favorisé par les ténèbres et par son vol merveilleusement silencieux. Il avale sa proie sans la plumer ou lécorcher : plus tard la peau ou les os sont revo- mis en boulettes. Le jour, il dort dans son trou : (*) And yesterday, the bird of night did sit Even at noon day, upon the market place Hooting and shrieking.…...................... (Mort de Jules César.— Acte I, Scène IIT ). Virgile fait également prédire la mort de Didon par un hibeu. ‘“ Solaque culminibus ferali carmine bubo Sæpe queri, et longas in fletum ducere voces. ” {T) Pline, livre X, c. 15. RAT" : MUR si, par accident, il en sort, son apparition est une fête pour les corneilles, pies, jays, hirondelles et autres voisins qui viennent à l’envie l’insulter par leurs clameurs et leurs coups de bec. Le nocturne ne cherche pas à s' défendre ; il se blottit, prend les attitudes les plus” bizarres et attend patiemment que le retour du crépuscule lui permette de prendre sa revanche. Il suffit de placer une chouette, ou même d’en contrefaire le cri, pour attirer toute la tribu ailée du voisinage. Les choses n’ont pas changé depuis Aristote, qui note le fait. Ces rapaces vivent isolément ou par couples ; quelque- fois, ils voyagent par troupe ; leur plumage est en général remarquable par le grand nombre de taches, de lignes, de bandes dont il est irrégulièrement par- semé. La plupart des Chouettes et des Hibous des Etats-Unis voyagent au printemps, du sud au nord, et en automne du nord au sud. Vieillot a remarqué que ces Oiseaux voyageurs sont presque tous demi-diurnes. Plus l’hiver est rigoureux, plus ils pénètrent dans les contrées méridionales, alors on rencontre à la Louisiane des Oiseaux qui ne font leur ponte qu’à la Baie d'Hudson. En tête des rapaces nocturnes, plaçons le Duc de Virginie surnommé ordinairement le Chat-Huant Canadien. LE CHAT-HUANT. * (Virginian Owl.) Ce brigand de nuit est de la taille d’une dinde; son corps est, en dessus, d’un brun varié de lignes fines, rousses et grises; le milieu du ventre est blanc; les côtés de la poitrine et les flancs sont fauves, puis blancs, rayés en travers de brun, sans aucune flammèche longitudinale : la queue est arrondie et barrée de brun clair : le col- lier est blanc, le tour des yeux blanc, puis fauve. * No. 48.—Bubo Virginianus.—Bairp. Bubo Virginianus.—AUDUBON. #" é no — Deux aigrettes de plumes l'ont fait surnommer le Grand Hibou à cornes. “* Dans les forêts denses de PIndiana, dit Wilson, j'ai plus d’une fois entendu pendant la nuit cette sentinelle solitaire, pousser des cris à faire trembler une garnison entière, Waugh O ! Waugh O ! Ses autres solos nocturnes étaient non moins mélodieux et ressemblaient tantôt au hurle- ment d’un chien qui a perdu son maître, tantôt au râle étouffé d’un assassiné qui crie en vain au secours.” Ce sont les accents lugubres du duc de Virginie qui éveillent la nuit nos campagnards occupés en mars et avril à la confection du sucre d’érable, sur le versant des collines. Le duc fréquente sur- tout les bois voisins des rivières. Le jour, on le voit seul, souvent sur les grosses branches les plus _touffues ; si on le surprend, il se réveille, siffle, fait rouler ses gros yeux en se balançcant d’un pied sur l’autre. Cependant, si l’importun s'approche, il s'envole ; mais ébloui par la lumière du jour, il se dirige mal, et cherche à se cacher dans le fourré le plus voisin. Le Duc de Virginie a le vol élevé, rapide et gracieux; il plane avec aisance et en grand cercle par la simple inclinaison de ses ailes et de sa queue. De temps en temps, il effleure silen- cieusement la terre avec vélocité, et saisit sa proie à l’improviste ; quelquefois il s'arrête subitement sur quelque palissade, secoue ses plumes et pousse un cri horrible. Quelquefois, quand on est éloigné de lui que de cinquante pas, il dit son Lou-hou de ma- nière à faire croire qu’on entend un cri lointain à plus d’un mille de distance. Dans l'intervalle de chaque cri, il fait claquer son bec comme par passe- temps, ou bien il aiguise le bout de ses mandibules, de même qu’un sanglier aiguise ses défenses. Dindes, poules, perdrix, canards, poissons morts, lapins et souris, voilà ses entremets et sa pièce de résistance. Il les avale tout entiers avec la plume, — 30 — le poil et les os (*) C’est dans les nuits sereines qu’on peut le voir voler, silencieux et rapide, à la recherche de sa proie. ‘ Le marinier descendant le Grand Fleuve, (le ‘€ Mississipi) remarque le nocturne chasseur qui ‘€ passe au-dessus de sa barque ; les ailes étendues, 11 franchit les collines, ou bien descend et s’élève ‘ dans l’air comme une ombre, ou bien disparaît “ dans les bois. Le bateau qui suit le cours sinueux de la rivière, arrive bientôt dans une anse que ‘ borde un champ nouvellement défriché ; la lune ‘“ brille sur l’humble chaumière du colon; dans le ‘€ petit champ qui l’entoure, un arbre que la hache ‘ à épargné, sert de juchoir aux oiseaux domesti- “ ques, qui doivent bientôt peupler la basse-cour. ‘ Parmi eux se trouve une Dinde oui couve. Le “ wrand Hibou, dont les yeux perçants ont décou- “yert sa proie, plane circulairement autour de #€ l'arbre et médite son attaque. Mais la Dinde est ‘aussi vigilante que lui; elle se dresse sur ses ‘€ pieds, agite ses ailes et glousse si bruyamment, “ qu’elle réveille tous ses voisins les Coqs et les ‘ Poules; le caquettement devient général, et le -“ colon se réveille à son tour. Ilest bientôt sur “ pied, prépare son fusil, ouvre la porte et regarde ‘ dehors ; il voit le maraudeur emplumé qui s’est ‘ perché sur une branche morte et d’un seul coup, (6 il rétablit la tranquillité dans son poulailler sus- € pendu.” ‘ Les gestes ridicules et les évolutions bizarres du (*) En avril 1721, Charlevoix écrivait de Chambly, à la duchesse de LesDiguères : “ Le Chat Huant Canadien {{ n’a de différence du Français qu’une petite fraise blan- “ che autour du cou, et un cri particulier. Sa chaire est ‘ bonne à manger, et bien des gens la préfèrent à celle “ de la Poule. Sa provision pour l'hyver sont des Mulots, # auxquels il casse les pattes et qu’il engraïsse et nourrit avec “€ soin, jusqu'& ce qu’il en ait besoin ! ! ! TI est permis d’en douter (Note de l'auteur.) SR Grand Hibou, qui veut plaire à sa compagne, ne se peuvent décrire : ce sont des courbettes, des demi- tours, des contorsions, des claquements de bec, dont le spectacle dissiperait la plus sombre mélancholie : elle y répond en imitant les allures et la pantomine de son compagnon. Puis tous deux vont construire, en mai, au plus épais des bois, leur nid, qu’ils fixent sur une maîtresse branche, voisine du tronc princi- pal : il se compose de petits bâtons tortueux et est tapissé à l’intérieur de plumes et d’herbes fines. Le duc de Virginie pris au nid, s’apprivoise—il n’émigre pas et passe l’année chez nous ; ? ainsi s’exprime Audubon.—Le Grand Hibou à cornes, lorsque son plumage est en saison cst un des plus nobles oiseaux de la Faune Canadienne--sa force, son courage indomptable, sa férocité, (*) l'ont fait sur- (*) Voici un tableau sombre du naturel du Grand Duc Européen, le cousin-germain de notre Chat-Huant : ‘& Un procureur du rai de l'Aveyron nourissait un Grand-Due, il y a @ouze ans de cela. Des gens de la campagne lui apportent deux jeunes oisillons de l’espèce, couverts encore de leur premier duvet. Le magistrat confie } tout hasard l'éducation de cette jeunesse à son pensionnaire, qui était un mâle et qui s’aquitta des de- voirs de sa charge avec un zèle tout maternel et digne d’un meilleur sort, car le premier essai que firent de le”rs forces les deux jeunes élèves parvenus à l'adolescence, fut d’occire pendant son sommeil leur père nourricier, de lui trancher la tête et de le dévorer. Après quoi le plus fort des deux, la femelle, tua son frère et le mangea comme elle avait fait de son père. Alors le magistrat effrayé de tant de perversité dans un âge aussi tendre, et ne pouvant plus désormais supporter la vue de la créature scélérate, s’en défit en faveur d’un savant de ses amis qui habitait Toulouse et qui était précisément en quête d’une épouse pour un jeune ocisseau qu’il avait élevé. Le mariage eut lieu sous les plus favorables auspices; mais l’habi- tude du cannibalisme est une seconde nature et il n’y avait guère à espérer que celle qui avait débuté dans la vie par le parricide et la fratricide, reculât devant le con- jugicide. En effet, l’infime assassine saisit avec ardeur la première occasion qui s’offrit de se charger la conscienc® — 92 — nommer l’aigle-hibou—il y a, en Amérique, cinq variétés de cette espèce, savoir; pacificus, atlanti- cus, arcticus, magellanicus, virginianus ; c’est cette dernière qui visite le Canada. LE CHAT HUANT DE LAPONTE. * (Great Cinereous Owl.) Cette espèce surpasse en grosseur le Duc de Virginie—elle en diffère dans Ja couleur et en ce qu'elle n’a pas d’aigrettes ou cornes : elle habite l’extrême Nord, et se rencontre dans le voisi- nage de la Baie d'Hudson; ce n’est qu’un ‘ acci- dentel”” en nos latitudes, quoiqu’en dise J. Cassin, (peut-être la plus haute autorité contemporaine en Amérique) lequel sur le témoignage du Dr. Hali, de Montréal, prétend que ce hibou est assez com- mun dans les environs de Montréal où % couve, dit-il. Nous avouons que nous tenons beaucoup, à constater le fait. C’est le plus gros de nos Hibous. Dimensions : 303 x 485. On nous apprend qu’il y a beaucoup de hibous, en octobre, mars, avril et mai, dans toute la chaîne des Laurentides, aux environs de cette ville. Une personne résidente sur les bords du lac Laurent, ou Larron (Comté de Québec), affirme qu’elle en a vu jusqu’à six perchés en même temps sur le toit de sa demeure. Plusieurs Chat-Huants ont été tués dans les bois dans le voisinage du St. Maurice, District de Trois-Rivières. d’un rouveau crime et d’un nouveau cadavre. L'histoire ajoute qu’elle ne jouit pas longtemps du fruit de ses for- faits, et qu’elle mourut peu de jours après son dernier attentat, non de remords, mais d’un boyau de veau trop long qu’elle ne put avaler. Ælle aimait trop le veau, c’est ce qui l’a tué.—(Toussenel.) *# No. 53. Syrnium cinereum.—Pairp. Syrnium einereum,—AUDURONX, 30 -. 33 — LA CHOUETTE GRISE.DU CANADA. * (Barred Owl.) (f) L’ois eau de nuit, quittant sa pose taciturne, S’envole en tournoyant et sa clameur nocturne Se perd dans la forêt avec le bruit du vent; La brise rit encore au feuillage du tremble, Le ciel sourit à l’onde et chaque étoile tremble, Dans chaque vague au pli mouvant. (L'Iroquoise du Lac St. Pierre.) Autre espèce, assez commune en nos climats en automne : elle niche dans les trous des arbres où elle pond deux œufs. La Baie d'Hudson est le pays natal de cette grande Chouette. Son plumage est brun, tacheté de blanc ; le ventre ct les plumes inférieures de la queue sont d’un blanc sale, rayé de brun ; la queue est courte, — barrée de brun et de blanchâtre. Le bec est jaune, —taille, dix-huit pouces. Le caractère distinctif de cette espèce consiste dans les raies qui sont trans- versales sur la poitrine et longitudinales sur le ventre. Grand mangeur de poulets, souris, lapins et grenouilles, on la &it à la Louisiane, piscivore. ‘“ Son cri est un waah, waahha, qu'on est tenté, dit Audubon, de comparer au rire affecté d’un fashionable. Combien de fois, dans mes excursions lointaines, étant campé sous les arbres, et me dispo- sant à faire rôtir une tranche de venaison ou un écureuil, au moyen d’une branche, n’ai-je pas été salué du rire de ce perturbateur nocturne. 11 s’arré- tait à quelques pas de moi, exposant tout son corps à la lueur de mon feu et me regardait d’une si bizarre manière, que, si je n’avais pas craint de passer pour fou à mes propres yeux, je l'aurais (*) No. 54. Syrnium Nebulosam.—BaiRp. Syrnium Nebulosum.—AupuBon. (F) Délicieuse romance Canadienne inédite qu’un jeune poête national plein d'avenir, L. H. Mréchette, vient de dédier à l’'Honble. Jos. Cauchon. Ro invité poliment à venir partager mon souper. Ou le rencontre dans tous les bois isolés, même en plein jour et aux approches de la nuit. S'il y a apparence de pluie, il se met à rire plus fort que jamais; son waah, waahu pénètre dans les retraites les plus recu- lées, et ses camarades lui répondent avec des tons tranges et discordants ; on serait tenté de croire que la nation es Hibous célèbre une fête extraor- dinaire. Lorsque l’on s’approche d’un de ces oiseaux, ses gestes deviennent d’une bizarrerie inexprimable, son attitude droite change, il baisse la tête et incline son corps; les plumes de sa tête se hérissent et l’enveloppent comme d’une fraise; il roule ses yeux comme un aveugle et exécute avec son cou des mouvements anguleux comme s’il était disloqué. Il suit pendant tout ce manége les moindres mouve- ments de l'étranger et, s’il soupçonne de mauvaises intentions, il s'envole, puis s'arrête le dos tourné, fait subitement volte-face, comme un conscrit qui apprend l’exercice et recommence à examiner l’in- connu qui s'approche de lui. Si l’on tire sur lui et qu’on le manque, il fuit au loin et, quand il a gagné le large, il fait entendre son éclat de rire avec pompe. Pendant le jour, il se laïsse assaillir par les petits oiseaux, et semble saisi de frayeur ; si un écureuil s’approche de lui, il prend la fuite devant ce timide animal, qu’il va manger tout à l'heure, aussitôt que le soleil sera couché.?”? Dimensions, 18 x 40. LE HIBOU À AIGRETTES COURTES. * (Short eared Owl.) Le Hibou à aigrettes courtes habite ordinai- rement les cavernes, les bâtiments en ruines, les creux des vieux arbres et les forêts montueuses ; il , * No. 52. Brachyotus cassinii.—BatrD. Otus brachyotus.—Atptu8on. fait entendre, pendant la nuit, un cri plaintif ou gémissement grave et prolongé : Cowl! Clowd! Il pond d’ordinaire dans les nids abandonnés d’éeu- reuils, pies et corneilles, tandis que le Hibou à aigrettes longues au contraire pond à terre. Dimensions, 15 x 40. LE HIBOU A AIGRETTES LONGUES. * (Long eared Ow1.) Le Hibou à aigrettes longues ou moyen duc, et le Hibou à aigrettes courtes, ou grande chevêche : voilà deux espèces qui se distinguent par leur sociabilité —elles séjournent beaucoup à terre pour y attraper les souris, les mulots et les petits oiseaux. Dimensions, 143 x 38. LA CHOUETTE-EPERVIER. + (Hawk Owl.) ‘ T1 dénomination de cet oiseau vient de ce qu’il participe de la nature de la Chouette et de l’Eper- vier. Il indique en effet la nuance intermédiaire de ces deux genres d’oiseaux. Il a de la Chouette la tête et les pieds, et de l’Epervier, le port, la taille svelte, les ailes et la queue. Cette espèce qui couve à la Baie d'Hudson ne vole et ne chasse guère que le jour. Elle se nourrit de perdrix et de petits oiseaux. D’un naturel hardi, elle ne s’épouvante point du bruit du fusil ; au contraire, elle en suit la direction et s'attache au pas du chasseur, soit en volant audessus de sa tête, soit en se perchant sur un arbre voisin : mais toujours hors de la portée de l'arme à feu. Ni celui-ci tue un gibier quelconque, elle Jui vole souvent au moment où il va le ramas- ser. Quoiqu’elle soit d’un naturel défiant, il suffit * No. 51. Otus Wilsonianus.—Barrp. Otus vulgaris.—AupuBox. + No. 62. Surnia ulula.—Barmo. Surnia fanerea.—AtDuron. souvent de lui jeter un oïseau mort, pour l’attirer à une distance convenable, et rarement elle refuse de mordre à l’appât. Le mâle a le bec orangé et presque totalement couvert par les soïes qui naissent à sa bâse ; l’œil de la même couleur et ombragé de petites plumes, mouchetées de brun; la face, blan- che, tachetée de noirâtre et entourée d’un cercle noir, tout le reste du plumage agréablement varié de noir et de blanc : ces deux couleurs forment des taches sur les parties supérieures et des raies trans- versales sur les inférieures ; la femelle diffère par plus de grosseur, et un vêtement moins éclatant. ?”? Ce Hibou, à certaine époque, se montre en grand nombre autour de Québec : en 1859, il en fut tiré au-delh de 400 dans les environs de cette ville, tandis qu’en 1860, il n’en fut pas tué au-delà d’une douzaine. L'hiver de 1859 fut fort long et assez rigoureux, tandis que cette saison en 1860 a été en grands froids plus d’un mois plus courte. Le District de Québec paraît être un vrai poste d’arrêt, uue étape pour les Chouettes-Eperviers dans leur migration d'automne de la Baie d'Hudson vers les climats tempérés de la république voisine. Dimensions, 154 x 313%. NYCTALES. * (Night Owls.) Nous avons aussi trois espèces de nyctales, che- vêchettes ou petits hibous nocturnes—le plus petit n’est pas aussi gros qu'un merle : savoir la chevê- * No. 55. Nyctale richardsoni.—Barrn. —AUDUBON. * No. 56. Nyctale albifrons.—Barrp. —AUDUBON * No. 57. Nyctale acadica.—Baïrp. Ulula acad ica.—AupuroN. che de Richardson, la chevêche de Kirtland, (*) - dont Cassin à donné une excellente description, et la chevêche passerine, la plus petite et la plus rare des troïs—la chevêche de Richardson porte une livrée variée de blanc et de noir: les pieds sont blanes, le bec, brun, jaunâtre, —l’iris, jaune. Outre sou cri poupou, poupou, qu’elle pousse en volant, elle en produit un autre, quand elle est posée, que l’on prendrait pour la voix d’un jeune homme appe- lant quelqu'un du nom de aime, hême, edme. Buffon raconte que dans son château de Montbard, il fut réveillé un matin, un peu avant le jour, par cet appel que faisait une chouette posée sur sa fenêtre : bientôt un de ses domestiques occupant la chambre au-dessus de la sienne, ouvrit sa fenêtre et dit à celui qu’il prenait pour un être humain : & Qui es-tu là bas? Je ne m'appelle pas Edme, je m'appelle Pierre. ?”? La chevêche établit son nid dans les trous des vieilles murailles, dans les crevasses des rochers ou des vieux arbres; elle s’aprivoise facilement. M. Gérard, naturaliste français, fait mention d’une chevèche de mœurs fort douces, laquelle vivait sur le pied de la plus parfaite amitié avec le chat du logis, bien que hargneuse et boudeuse contre un chien et contre un corbeau apprivoisé avec lequel elle partageait le jardin de son maître. Baird donne à nos latitudes un autre hibou, le scops asio de Linnée (Mottled Owl). Wilson et le prince de Musignano en parlent comme d’un nocturne, d’une petite taille et qui fréquente les jardins et les habi- tations des hommes. Il se rencontre au Haut-Ca- nada ; nous ne l'avons pas encore remarqué dans nos environs. Audubon fait beaucoup d’éloges de sa douceur et de sa sociabilité : il en emporta un de Philadelphie à New-York, dans sa poche ; durant (*) Serait-ce à ce nocturne, que Longfellow fait allusion, dans son poëme d’Hyperion ? ‘“ Car le hibou est un oiseau grave: c’est un anachorète, qui, à minuit, entonne 58 itanie dans le Temple de la nature,” RTE le voyage, il resta tranquille, mangea dans la main de son maître et n’essaya pas de s'échapper. Cassin remarque sur l'autorité de M. W. Kite, de la Pen- sylvanie, une particularité de ces Hibous, qui n’a, dit-il, jamais été mentionnée par aucun naturaliste : c’est qu’au temps de la ponte, leurs ébats sont pour le moins aussi bruyants que ceux des chats, avec lesquels ils ont d’autres traits de ressemblance. L'EFFRAVYE. * (Barn Owl.) L’Effraye, commun aux deux mondes, se ren- contre à de rares intervalles dans la partie méridio- nale de la Province ; mais sa véritable patrie est le Texas et la Caroline du Nord; c’est là qu’a lieu la ponte. ‘ I] tire son nom, dit Buffon, des cris lugubres ‘ qu’il fait entendre pendant lanuit. L'horreur qu’il ‘inspire aux femmes, aux enfants et même aux ‘ hommes qui croient aux revenants, ont fait considé- ‘rer l’Effraye comme l’oiseau funèbre, comme le ‘ messager de la mort : ils s’imaginent que, quand il ‘“ se fixe sur une maison et qu’il y fait retentir une ‘voix différente de ses accents ordinaires, c’est ‘ pour appeler quelqu'un au cimetière. (C’est le ‘ même oiseau que les campagnards du midi de la ‘ France désignent sous le nom de Chouette de “ clochers et de Bueou l'holi, parce qu'ils croient ‘“ que cette chouette vient pendant la nuit boire ‘ l'huile qui brûle dans les lampes des églises.” Cette mauvaise réputation, dit LeMaoût, faite à l’'Effraye par la superstition populaire, devrait être remplacée, par un sentiment de gratitude et de bienveillance, car cet oiseau est de tous les rapaces nocturnes, le plus utile à l’homme, par suite de la # No. 47. Strix pratincola.—Barrp. Strix Americana.—AUDUBON. # De 5 None chasse destructive qu’il fait aux mulots, rats et autres rongeurs nuisibles à l’agriculture. L’Effraye niche dans les vieilles tours ou dans les creux des rochers. Dimensions du mâle, 17 x 42 ; de la femelle, 18 x 46. LE HIBOU BLANC ou HARFANG. * (Snowy Owl.) Ce blanc chasseur polaire, n’a pas d’aigrettes ou cornes; avec le grand Aïgle des mers du nord, le compagnon de ses rapines, il choisit les solitudes glacées du cercle arctique pour ses quartiers géné- raux et se montre en Canada pendant les grands froids. Plus d’une fois nous nous rappelons l’avoir vu en février et mars, planer majestueusement au- dessus des immenses battures couvertes de glace, qui bordent le St. Laurent, à St. Thomas, comté de Montmagny. Quand il descend du pôle vers le sud, il s’arrête quelquefois sur les vergues des navires et on peut alors le prendre sans peine, à cause de son extrême fatigue. Il chasse en plein jour et niche sur les rochers escarpés ou sur les vieux pins des régions glaciales. (f) (*) No. 61. Nyctea nivea.—Barrp. Surnia nyCctea.—AUDUBON. (f) Voici un trait récent de férocité inouie de la part d'un Hibou blanc, attesté par un témoin oculaire le Révd. Père Babel, missionnaire oblat, chargé. en 1861, de la desserte du poste Les Escoumains, sur la rive nord du golfe du St. Laurent : ‘“ Un couple de ces oiseaux, dit-il, rodaient depuis plusieurs semaines dans le voisinage de notre camp, les seuls étrangers que nous eussions vus dans notre soli- tude glacée, depuis que l'hiver eut commencé; leur audace augmenta à mesure que les aliments devenaient plus rares ; à défaut de lièvre et de perdrix, nos chas- seurs ailés se mirent à guêtter et même à attaqner les NET, TRS Il se nourrit de perdrix, canards, perdrix blanches, lièvres et rats. Sa voracité est telle, qu’il enlève quelquefois sous le nez du chasseur, le gibier que celui-ci vient d’akattre et qu’il n’a pas eu le temps de ramasser. Les Aborigènes mettent à profit cette habitude du rapace : ils jettent en Pair un oiseau mort : le Harfang s’élance dessus et il devient facile de le tuer. Son plumage, surtout dans les vieux mâles, est éclatant de blancheur, parsemé de petites demi-lunes grises--les yeux fauves d’un éclat extraordinaire, les pieds sont tellement couverts de plumes que l’on ne voit que les griffes —longueur 21 pouces—envergure 53 pouces dans le mâle—dans la femelle 26 x 65— db + —131— joie ils faisaient éclater ! Je croyais voir, dans leur expression la plus naîve, les angoises d’une pauvre mère qui craint de perdre son fils atteint d’une ma- ladie dangereuse, et le bonheur de cette mêre quand le médecin vient annoncer que la crise est passée et ue l’enfant est sauvé. Le nid du Rubis est de la texture la plus délicate, la partie extérieure est formée d’un lichen gris, et semble faire partie inté- grante de la branche, comme une exeroissance dé- veloppée par accident. La partie attenante consiste en substances cotonneuses, et le fond en fibres soyeuses, obtenues de différentes plantes. Contre l’axiome qui dit que le nombre d’œufs est en rapport avec la petitesse de l'espèce, la femelle ne dépose dañs son berceau confortable que deux œufs d’un blanc pur. Dix jours sont nécessaires pour les faire éclore, et l'oiseau élève deux couvées dans la mème saison. Au bout d’une semaine, les petits peuvent voler, mais ils sont encore nourris par leurs parents. pendant près d’une autre semaine : iis reçoivent leur nourriture directement du bec des vieux, qui la leur dégorgent comme des Pigeons ; puis quand ils sont en état de se pourvoir eux-mêmes, les petits s'associent à d’autres nouvelles couvées, et font leur migration à part des vieux oiseaux. Ils n’ont qu’au printemps suivant leur coloris complet, quoique déjà la gorge du mâle soit fortément imprégnée de rubis, avant la migration d’automne. “ Ces oiseaux affectionnent surtout les fleurs dont la coroile est tubuleuse, telles que le Datura sira- monium, le Bignonia radicans et le Chevre-feuille, non pas seulement pour étancher leur soif en pom- pant le nectar qu’elles renferment, mais sourtout pour se nourrir des petits Coléoptères et des Mou- ches que ce nectar attire. Ils sont peu farouches, ne fuient pas l’homme, et entrent mème dans les appartements où se trouvent des fleurs fraîches ; ils abondent surtout dans la Louisianne. On les prend en les tirant avec un fusil chargé d’eau, pour mé- nager leur plumes, on mieux encore en employant un filet à Papillons.” Eine —132— L'Oiseau-Mouche * Géant, du Brésil, est de la grosseur d’une hirondelle : d’autres groupes nou- vellement découverts lui sont un peu inférieurs en volume, tandis qne les pigmées de l’espèce, sont presque aussi petits que l'abeille sauvage. La nature s’est plu à diversifier les formes et l’orgañi- sation de ces êtres : les uns sont débiles dans leur structure, d’autres forts et vigoureux ; cette variété aura un bec long, fin et délié tandis que cet autre sera munie d’une trompe courte, recourbée et vigou- reuse : les uns portent de longues queues, leurs tarses sont ornées de mitasses d’un duvet soyeux ; chez d’autres, absence totale de ces particularités. Il est bien constaté aujourd’hui, que la nourriture principale de l’Oiseau-Mouche, se compose d'insectes, et que le nectar des fleurs lui sert de breuvage seu- lement. Leur longue langue fourchue leur sert -à une multiplicité d’usages. (Certains groupes habi- tent presque en entier la zone tempérée de lAmé- rique, tandis que d’autres n’ont un parcours géogra- phique que très limité. Les uns séjournent sous le tropique, d’autres fréquenteront un frais bocage, dans un vallon, à plusieurs mille mètres au-dessus du niveau de la mer. Un des princes de l'espèce, le Polytmus fort gros, ayant une livrée d’un vert ravis- sant, avec un diadème noir comme lébène et une longue queue, ne se rencontre qu'à la Jamaïque. Il est plus que probable que chaque île produit une variété qui ne se trouve pas dans l’île voisine : dans ces contrées, il n’est pas rare de voir cent individus dans le cours d’une matinée, becqueter aux mêmes fleurs. & Partout, dit un naturaliste américain, où une vigne grimpante ouvre sa tige odoriférante; partout où une fleur épanouit sa corolle, peut-on voir ces petits oiseaux. Ils voltigent gaiement, dans un jardin, dans la forêt, au-dessus du cours de l’onde, les uns fort gros, d’autres plus petits que l’Abeïlle qui oc- cupe simultanément la pétale voisine. Un moment, a — #* Casan. nuit rie —133— décrivant milie contours avec une rapidité qui fatigue l'œil, puis ils s’élançent dans les airs pour aller se reposer un instant sur un rameau d’arbre où ils lisseront l’azur de leur plumage avec un orgueil manifeste. Ils s’élançent comme un trait pour baiser coquettement une petite fleur à demi épa- nouie. Souvent, deux oiseaux se rencontreront au haut des airs, dans un combat à outrance, les plumes hérissées, personnifications vivantes de la rage et de la jalousie. Souvent nous les ayons vu attaquer courageusement de grands Taons noirs, attirés par le miel des fleurs. Nos petits guerriers * se ruaient sur leurs dangereux ennemis avec la vitesse de l'éclair, se servant pour parer les coups de leur cotte de maille brillante. Le combat continuait jusqu’à ce que le Taon se lassât ou bien jusqu’à ce que la fureur lui rendant le sentiment de ses forces, il s’élançät comme un lion et chassôt du lieu l’in- commode animal.” Pendant l’incubation, leur férocité contre les per- turbateurs de leur repos domestique est quelque chose d’extraordinaire. A lPapproche de leur rival, la jalousie les transforme en furies ; leur gorge s’enfle, leur queue, leurs ailes, leur plumage entier se hérisse : ils se rencontrent dans les airs et le combat ne cesse que lorsqu'un des deux se laisse tomber à terre par épuisement. “J'ai vu un cou- ple, dit M. W. Bullock, engagé dans un combat meurtrier pendant un orage de pluie dont chaque goutte aurait dü suflire pour abattre ces féroces com- battants. Pendant leur sommeil, ils se suspendent par les pieds la tète en bas, comme certains perro- quets.” Ces oïseaux étaient en honneur parmi les anciens h£bitants du Mexique: c'était avec leurs brillantes dépouilles qu’on garnissait les cadres des tableaux qui firent l'admiration de Cortez; leur nom en langueindienne signifie rayons de la lumière. Les femmes indiennes portent encore leurs plumes en guise de pendants d'oreilles, Une des plus belles espèces est le Anna, appelé ainsi —194— par un naturaliste français en honneur d'Anna, du: chesse de Rivoli, dont l'époux, le général Massena, duc de Rivoli, a fondé le musée d’ornithologie, qui: est maintenant la propriété de l’académie des scien- ces naturelles à Philadelphie. L'étude de ce groupe a récemment donné lieu à d'importantes et fort frue- tueuses recherches. Plusieurs magnifiques collec: tions d'Oiseaux-Mouches ont été expédiées de l’A- mérique en Europe. (Celles de MM. Jules et Ed. Verreaux font l'admiration de tout Paris: tandis. que celles de MM. Ed. Wilson et John Gould, à: Londres, ont valu au monde civilisé des dessins d’une beauté extraordinaire et d’un éclat tel que: plusieurs les considèrent supérieurs même à ceux d’Audubon : l’Assemblée Législative a récemment acquis ces splendides chefs-d'œuvre. L'HIRON DELLE. Hirondelle # Si fidèle, Dis-moi l'hiver, où vas-tu ? ‘“ Daus Athènes # Chez Antoine, Pourquoi t'en iuformes-tu ? Le Canada peut reclamer six sur les huit espèces d'Hirondelles qui se rencontrent en Amérique. “ Le vol rapide et infatigable de ces oiseaux, leurs cris joyeux, leur régime insectivore, utile à l’homme ; leur sociabilité, leurs émigrations périodiques, leur attachement au pays natal, leur retour, annonçant celui de la belle saison, la structure merveilleuse de. leur nid, et mille autres détails de mœurs, ont attiré sur ces oiseaux la curiosité, l'intérêt, la bienveillance * Uncordonnier de Bâle ayant pris à sa fenêtre une Hirondelle avant son départ, lui attacha un collier portant cette inscription et le printemps suivant, il reçut, par Île même courrier la réponse que voici, à sa demande. —185— des peuples anciens ét modernes, et fourni à plus d’un poëte d’heureuses inspirations. Voici la bril- Jante description du vol de lPHirondelle, par Mon- beillard, digne collaborateur et souvent rival heu- reux de Buñon ! “Le vol ést son état naturel, je’ & dirais presque, son état nécessaire ; elle mange en # volant, elle boit en volant, sebaigne en volant, et, “ quelquefois, donne à manger à ses petits en “volant. Sa marche est peut-être moins rapide que’ ‘ celle du Faucon, mais elle est plus facile et plus & libre ; l’un sé précipite avec effort ; l’autre coule: & dans l'air avec aisance : elle sent que l'air est son “ domaine ; elle en parcourt toutes les dimensions, “ et dans tous les sens, comme pour en jouir dans “ tous les détails, et le plaisir de cette jouissance seï “ marque par de pétits cris de gaîté. : Tantôt elle “ donne la chasse aux insectes voltigeants, et suit # avec une agilité souple leur trace oblique et tor- “ tueuse, ou bien quitté l’un pour courir à l’autre; “et happe en passant un troisième ; tantôt elle rase ‘légèrement la surface de la terre et des eaux, pour “ saisir ceux que la pluie ou la fraîcheur y ras- “ semble ; tantôt elle échappe elle-même à l’im- # pétuosité de l’Oiseau' de Proïie par la flexibilité “ preste de ses mouvements : toujours maîtresse de “ son vol, dans sa plus grande vitessé,elle en change “ à tout instant la direction ; elle semble décrire, aw “ milieu des airs, un dédale mobile et fugitif, dont “ les routes se croïissent, s’entrelacent, se fuient, sé. “rapprochent, se heurtent, se roulent, montent, “ descendent, se perdent et reparaissent pour se “ croiser, sé rebrouiller encore en mille manières, “ et dont le plan, trop compliqué pour être repré- ‘ senté aux yeux par l’art du dessin, peut à peine: “ être indiqué à l’imagination par le pinceau de la _ “ parole.” | “ Les Hirondelles vivent d'insectes aïlés, qu’elles happent en volant; mais, comme ces insectes ont le vol plus ou moïns élevé, selon qu’il fait plus ou moins chaud, il arrive que le froid ou la pluie les rabat près de terre, et les empêche même de faire KE —135— usage de leurs ailes. Ces oiseaux rasent la terre, et cherchent ces insectes sur les tiges des plantes, sur l’herbe des prairies, et jusque sur le pavé de nos. rues ; ils rasent aussi les eaux, et s’y plongent quel- quefois à demi, en poursuivant les insectes aqua- tiques, et, dans les grandes disettes, ils vont disputer aux araignées lenr proie jusqu’au milieu de leurs. toiles, et finissent par les dévorer elles-mêmes. On trouve dans leur estomac des débris de mouches, de Cigales, de Scarabées, de Papillons et même de petites pierres ;. ce qui prouve qu'ils ne prennent. pâs toujours les insectes en volant, et qu’ils les saississent quelquefois étant posés.” On pense, dans tous les pays, que les Hirondelles sont amies de l'Homme, ou du moins qu’elles re- cherchent les lieux habités par lui, et paraissent se complaire dans sa société. Il serait plus juste de voir en elles des commensalesintéressées, poursuivant les insectes qui abondent partout où beaucoup d'animaux sont rassemblées, et fréquentant le littoral de nos fleuves parcequ’elles y trouvent vn rafraîchis- sement et une pâture. Quoiqu'il en soit, leur utilité n’est pas douteuse : elles purgent l’air de myriades d’insectes nuisibles ou importuns, ét leur vigilance à signaler l’approche des oiseaux rapaces est une sauvegarde pour les Gallinacés domestiques. Aussi sont-elles respectées et même protégées dans beaucoup de contrées de l’Europe ; et, dans le Nouveau-Monde, l’homme les invite à venir habiter près de lui, en perçant exprès pour elles, autour de sa maison, des trous qui leur offrent un asile assuré. La sociabilité de ces oiseaux donne lieu à des observations du plus haut intérêt. Dès qu’un ennemi menace l’un d’eux ou ses petits, l’Hirondelle ousse des cris aigus, et aussitôt arrivent toutes les Fouine du voisinage, qui harcèlent de concert Panimal dont on redoute onu. _ On a vu des Hirondelles se réunir en bandes nombreuses devant un de leurs nids, dont venait de s'emparer un Moi- . neau, en müûrer l’ouverture avec du mortier, et con- damnsr ainsi l’usurpateur au supplica d’Ugolin, 187 Bes exemples de ce fait ont été constatés en France, en Allemagne” (et en Canada). Monbeillard les a revoqués en doute ; mais, tout récemment, il s’est renouvelé sous les yeux d’un observateur véridique. “ Portant mes regards, dit M. de Tarragon, sur un oupe de nids d’Æirondeiles de Fenêtres, placés dans l’angle d’une corniche, j’aperçus un Moïneau Friquet, qui, quelques jours auparavant s'était ins- tallé, à force ouverte, dans un de ces nids, et revenait paisiblement à son gîte pour y couver ses œufs; à peine l’imprudent usurpateur est-il rentré dans sa demeure qu’une Hirondelle qui avait son nid près de là, pousse le cri d’alarme : à ce cri, une mul- titude innombrable de ses pareilles s’assemblent, et, comme d’habitudes pässe et repasse en volant près de l’ouverture du nid, comme pour s'assurer qu’il était réellement envahi. De son côté, le Moineau, tranquille possesseur, sinon légitime propriétaire du nid, y avait pondu et ne se doutait guère que ses anciens rivaux dussent venger une vieille injure. La femelle (car le mâle était allé chercher sa sub- sistance) la femelle, dis-je, dont l’incubation était déjà fort avancée, couvait paisiblement ses œufs. Les Hirondelles, assurées de la présence de leur ennemi, poussèrent simultanément leur cri de guerre, et disparurent en un instant. Je les vis s’abattre près d’un bourbier, situé à cent pas plus Join, où J'avais l’habitnde de les observer, lorsqu'elles amas- saient de la terra humide, pour la dégorger ensuite et l’appliquer, enduite de leur salive visqueuse, contre les paroïs d’un mur ou dans l’angle d’une fenêtre ; mais, cette fois, une seule becquetée suffit, et se précipitant toutes à la fois, et comme d’un commun accord, vers le repaire du bandit, elles en eurent, en deux secondes, bouchée l’ouverture d’une masss de terre. Après cet exploit, elles volèrent, qussant des cris aigus et continuels, comme pour célébrer letfr victôe, et, quelques minutes après, il n’en paraissait plu® aucune autour du tombeau dans lequel elles venañent d’enfermer vivant le té- giérairé Moineau. J’attendis quatre ou cinq jours —138— pour que la terre eût le temps de sècher et qu'il me fût possible d'enlever le nid sans le briser. : J’y trouvai l’oiseau mort sur ses œufs; l’orifice. du nid était obstrué par une masse de terre ayant à peu près le volume et la forme d’un œuf de Poule.” Le même fait s’est reproduit dans laville de Trois- Rivières : nous le tenons d’une personne dont la yéracité est hors de toute atteinte. Des naturalistes ont prêté à l’Hirondelle des ha- bitades qui certes ne furent jamais les siennes. : Gil- bert White * a consacré plusieurs chapitres de ses äntéressantes lettres à. prouver que les Hirondelles pendant l’hiver se réfugient dans des arbres ereux ou dans de vieilles tours en ruines ‘pour y séjourner jusqu’au retour de la belle saison, dans une somno- dente léthargie. D’autres ont. prétendu qu’elles s’enfoncent sous l’eau des lacs, pendant les rigueurs de l'hiver: il n’a fallu qu’un peu de sens commun pour faire évanouir.ce conte ridicule. L'HIRONDELLE NOIRE DE CHEMINÉE.{ | (Chimney swallow.) Cette Hirondelle, que Vieillot appelle acutipenne: et Wilson, Chimney, Swallow, parce qu’elle fait son nid dans les cheminées, préfère les campagnes aux gone villes. “ Elle niche dans les cheminées des habitations rurales et construit son nid avec une in- dustrie particulière. Elle établit d’abord une es- pèce de plateforme composée de petites branches sèches et de broussailles, liées ensemble avec une gomme ougluedistillée de deux glandes qui se trouvent chaque côté de la tête de l'oiseau. Ces matériaux sont quelquefois en si grande abondance qu’ils obstruent le passage de la cheminée, et loi- seau se soutient dans ce travail en appliquant les _* Natural History of Selborne, t No. 109, Chaetura Pelasgia.—BatsD. ] Chaetura Pelasgia.—AuwDu8os. —139— pennes de sa queue contre le mur. C'est sur cet échafaudage qu’il place le berceau de ses petits, lequel n’est composé que de buchettes collées avec Ja même gomme et disposées à peu près comme les osiers du panier qu’on donne aux Pigeons pour couver. La ponteest de cinq œufs allongés, très -gros à proportion de l'oiseau, blancs, tachetés et rayés de noir et de gris brun vers le gros bout. Les Hirondelles de PAmérique Septentrionale, qui se sont empressées de chercher protection pour leur -couvée dans les premiers établissements que les Européens ont formés dans cette partie du Nouveau- -Monde, nichaiïent, avant l’arrivée des colons, dans les-rochers et dans les arbres creux, parce que les mauvaises cabanes des Indiens n’avaient pas de murailles ni de cheminées qui convinssent à ces oiseaux. Cette habitude est encore générale pour les Hirondelles qui fréquentent les contrées où il n'y a que très peu ou point de maison européenne.” Cette espèce a le bec noir ; la tête, le dessous du eou.et du corps d’un brun noirâtre, plus foncé sur les pennes alaires et caudales ; les pieds et la gorge dun gris brun, plus sombre sur les parties pos- térieures ; les ailes en repos, plus longues d’un ‘pouce et demi que la queue, dont les pennes ont le tuyau gros, roide, et terminé par une pointe très aigue : le doigtlet postérieur est très élevé sur le pied. - Dimensions 7 x 13. Des individus ont la gorge et le devant du cou d’un blanc sale, tacheté de brun ; d’autres ont ces parties blanchâtres et sans tache. Elles ont les pieds fort musculeux. Ces oiseaux passent une grande partie du jour à voler dans les airs, faisant en- tendre un cri réitéré de {sip tsip tsip,isu tsu. A Japproche de la nuit, réunies en bandes, elles volent en cercle, rasant les toits et les cheminées et à chaque gyration une ou plus plongera dans l’ou- verture de la cheminée, jusqu'à ce que la bande entière disparaisse. L’Hirondelle noire a pour habitude de nourrir ses jeunes plusieurs fois pendant la nuit. a: K2 —140— :# C’est sur un arbre, dit Monbeïllard, mais sur un très grand arbre, que les Hirondelles ‘de cheminée ont-coutume de s’assembler pour le départ. Ces assemblées ne sont pas aussi nombreuses que celles des Hirondelles de fenêtres : elles nous quittent en août et partent ordinairement la nuit, comme pour dérober leur marche aux Oiseaux de Proie, qui ne manquent guère de les harceler dans leur route. L’Hirondelle d'Europe hiverne au Sénégal sans y nicher”; l’Hirondelle du Canada hiverne dans le sud des Etats-Unis. Plusieurs des Hirondelles d'Europe n'émigrent pas : quelques-unes vivent sédentaires dans leur pays natal ; tel que cela arrive sur les côtes de Gênes, où les Hirondelles passent la nuit | sur des Orangers en pleine terre, que leur station endommage considérablement. Il en est qui, après avoir passé la saison chaude dans des elimats plus septentrionaux, où toute nourriture doit leur man- quer pendant la saison rigoureuse, y passent l’hiver dans un état d’engourdissement léthargique ; Aris- tote avait mentionné cette curieuse particularité qui a été reconnue depuis un siècle, par plusieurs observateurs. Ces espèces Européennes qui n’émi- grent pas se cachent dans des troncs d'arbre, quel que fois dans de vieux batiments abandonnés. Cela a lieu aussi dans quelques-uns des Etats de l’Union américaine. “ Cette * hibernation des Hirondelles et notam- ment de l’Hirondelle de rivage, a donné leu dans le XVI siècle à une erreur singulière : on a pré- tendu qu’elles passaient l’hiver engourdies au fond de l’eau. Olaüs Magnus, évêque d’Upsal, affirme que, dans les pays du Nord, les pêcheurs tirent souvent dans leurs filets avec le poisson, des groupes d’Hiron- delles peletonnées, se tenant accrochées ‘les unes aux autres, bec contre bec, pieds contre pieds, ailes contre ailes, et que ces oiseaux, transportés dans des lieux chauds, se raniment assez vite, mais pour * Le Maoët. 14] — mourir bientôt après.” Ce fait, qui malgré son in- vraisemblance n’est pas revoqué en doute par, Cuvier, a trouvé dans Alexandre Wilson un élo- quent contradicteur. Le retour des Hirondelles, a lieu, en Canada, vers les premiers jours de mai, le jour même, dit-on, où les Bécassines arrivent. EMes arrivent, non pas en bandes comme elles partent, mais isolement et par couple, et chaque jour on voit léur nombre augmenter. De nombreuses observations ont cons- taté que ces oiseaux reviennent constamment chaque année à leur nid, et que le mariage qu’ils y ont contracté est indissoluble. Frish, le premier, ayant imaginé d’attacher aux pieds de quelques-uns de ces oiseaux un filteint en détrempe, revit, l’année suivante, ces mêmes oiseaux avec leur fil, qui n’était point décoloré, preuve assez bonne, remarque Mon- beillard, que du moins ces individus n’avaient point passés l’hiver sous l’eau, ni même dans un endroit humide, et présomption très forte qu’il en est ainsi de toute l’espèce. Spallanzani aussi a re- nouvelé l’expérience de Frisch, et il a vu pendant dix-huit années consécutives, six ou sept couples d’Hirondelles de fenêtres revenir à leur ancien nid, et y faire deux couvées annuëiles sans presque s’oc- cuper de le réparer. Il en est de même de l’Hiron- delle de cheminée, seulement celle-ci bâtit chaque année uu nouveau nid au-dessus de celui de Pannée précédente. Econtons sur leur constance conjugale, l’honnète philanthrope Dupont de Nemours : . “Les amours des Hirondelles sont des mariages indissolubles, non des fantaisies du moment, comme ceux de quelques oiseaux, ni même des liaisons d’un printemps comme celles de la plupart des autres. Et, quand un des deux époux meurt, il est rare que l’autre ne le $uive pas en peu de jours. Le doux caquetage a cessé ; plus de chasse, plus de travail : un sombre repos, un morne silence sont les signes de la douleur à laquelle le survivant suc- combe. J’en avertis les jeunes gens qui s'amusent quelquefois à leur tirer des coups de: fusil, parce K3 —142— qu’elles sont difficiles à toucher. : Mes amis tirez des noix en l'air, cela est plus difficile encore, et respectez ces aimables oiseaux. Songez que chaque coup qui porte tue deux Hirondelles, la dernière par un supplice affreux.” L'HIRONDELLE ROUSSE, * (Barn swallow.) Cet oiseau suspend son nid aux poutres où au toit d’une maison : la coquille en est composée de boue détrempée ; la terre glaise ou argilaceuse est préférée : l'intérieur est doublé de foin Saupoudré de plumes molles : les œufs sont au nombre de cinq, blancs, tachetés d’un blancroussâtre ; l'écaille en est transparente et couleur de chair. Ils élèvent deux couvées dans la saïson, la première quitte le nid vers Ja fin de juin, la seconde vers le 10 août. Souvent on compte au-delà de cent nids sur un seul pan de muraille : quoique les nids se touchent, tout se règle avec ordre et sans querelle. Dès que les petits sont en état de voler, les parents les encou- ragent à quitter le nid, en volant ça et là et faisant entendre de petits cris : après quelques jours de tentatives de vol, les petits se hasardent à quitter la grange, et leurs parents les conduisent à des arbres ou sur le bord d’un étang où la nourriture leur est abondante. Des fois, ils s'élèvent dans les airs et reçoivent de leurs parents l’insecte qui doit Jes nourrir. Vers le milieu du mois d’août les pré- paratifs du départ ont lieu : réunies en bande nom- breuse sur le toit, elles becquettent et lissent leur plumage et gazouillent une douce mélodie. Elles continuent à émigrer chaque jour vers le coucher du soleil, se dirigeant vers le Sud : Wilson pense qu’elles hivernent dans les pays au sud du Golfe du Mexique. L’Hirondelle rousse a sept pouces de * No. 225. Hirundo horreorum.—BatrD. Hirundo rustica, —AUDUBON. ET f - —145— long et treize pouces d'envergure. Bec noir, le dessus de la tête, du cou, du dos, du croupion, blane couleur d'acier ; le front et le menton, châtain foncé ; le ventre, le dessous des ailes, châtain clair ; les ailes et la queue, d’un noir brun avec des teintes verdâtres, la queue très fourchue et les deux pennes extérieures de la queue un pouce et demi plus longues que les autres. La femelle diffère du mâle par sa taille plus petite, par son front blanchâtre et par un roux moins vif. Les jeunes ont des couleurs plus ternes, mais ce qui les caractérise particulière- ment, c’est d’avoir les deux pennes les plus exté- rieures de la queue presque aussi courtes que celles qui les suivent immédiatement. On remarque la même différence chez les Hirondelles de cheminées. Cette espèce s’apprivoise facilement, BLANC. * | (White bellied swallow.) ‘ Sœurs Hirondelles, ne pourriez-vous vous taire ?'? (SAINT FRANÇOIS D'AsSI8k.) Il faut bien se garder de confondre cette espèce avec le Martinet d'Europe, Hirundo urbica, comme Pont fait un grand nombre de Naturalistes. Elle bâtit quelquefois sous l’entablature des corniches d’un édifice, quelquefois, un arbre creux recevra sa jeune famille. “ Ces Hirondelles, dit Vieïllot, n’i- gnorent pas qu’elles ne peuvent braver lOiseau de Proie qu’en se tenant en masse dans le vague de l’air et qu’elles ont tout à craindre, si elles sont isolées, et surtout si elles sont posées à découvert sur une branche ou sur un toit Quand Jes vieux veulent instruire leurs jeunes familles de la manière dont elles doivent agir pour se soustraire au danger, ils les rassemblent sur un arbre dépouillé de sa L'HIRONDELLE BICOLORE, OU À VENTRE # No. 227. Hirundo Bicolor—Bairp. Hirundo BicolorAupuson. E4 verdure, où à la me d’un édifice : tandis qu’elles se reposent, ceux-ci ne cessent de voler dans les environs, et dès qu’un objet quelconque leur porte ombrage, ils jettent le cri d’effroi en passant avec a plus grande rapidité au-dessus de l'endroit où sont leurs petits. Aussitôt les jeunes doivent quitter leur station, se réunir en bande serrée et se mettre à la poursuite de leur ennemi, si c’est un oiseau de rapine, ou s'enfuir au loin si.c’est un chat ou autre animal suspect. Ilarrive souvent que le danger n’est pas réel, et que ce n’est de la part des pères et mères qu’une ruse, afin de tenir leurs petits sur leurs gardes. Dans quelques cas que ce soit, ils doivent toujours obéir au signal ; car s'il y en a. qui restent tranquilles par paresse ou par insou- ciance, les vieux les forcent de partir en leur tirant les plumes de la tête, au point même de les arracher quand ils s’obstinent-à rester. Cet exercice qui a lieu deux ou trois fois par jour, à la fin des couvées, semble avoir un double motif ; car à cette époque tous les individus du même canton se réunissent dans les mêmes endroits pour se préparer au départ, en s’élevant tous ensemble presque jusqu’au nues.” Les Œufs, au nombre de quatre ou cinq, et blancs. Elles couvent deux fois dans la saison. : Leurs habitudes sont plus. bruyantes et moins pacifiques que celles del’espèce précédente. L’Hiron- delle à ventre blanc est longue de cinq pouces et un quart : elle a dix pouces d’envergure. Le mâle est, sur toutes ‘les parties supérieures, d’un beau noir.lustré, à reflets d’un bleu brillant sous un aspect, et à reflets verts sous un autre ; toutes les parties inférieures sont d’un blanc de neige ; la queue est d’un noir mat, ainsi que les ailes qui, dans l’état de repos, la dépassent de six lignes environ ; le bec et l'iris sont noirs ; les pieds bruns. La femelle ne diffère du mâle que par un noir moins éclatant ; les jeunes sont noirâtres en dessus, et ont les pennes des ailes, de la queue, et les plumes du croupion terminées de blanc sale. Re 71; 0 L'HIRONDELLE DE RIVAGE. * (Bank swallow.) S : Ces Hirondelles vivent entre elles dans la plus grande intimité possible, mais elles n’aiment pas le voisinage de l’homme. Qui n’a remarqué leurs nids dans les rivages sablonneux de nos rivières ? Quel voyageur, faisant, au printemps, le trajet de Québec à Montréal, dans nos Vapeurs, qui ne les ait vues voltigeant autour des trous qu’elles ont creusés dans la rive du grand fleuve ? ces trous sont à une profondeur de deux ou trois pieds; elles y déposent du foin, de la plume et le tout est prêt pour recevoir cinq œufs blancs. Ceslégions d'Hirondelles sillonnant les airs aux endroits où leurs nids sont disposés, ressemblent au loin à des essaims d’abeilles. Elles arrivent avant les autres espèces le printemps : les vents de nord ou de nord- est les obligent de se réfugier par milliers dans leurs trous où elles gisent engourdies par le froid : ce qui a originé les fabuleuses histoires que nous avons déjà mentionnées. Elles émigrent en sep- tembre. | L’Hirondelle de rivage a cinq pouces de long et onze pouces d'envergure ; les couvertures supérieures, sont couleur de souris, les inférieures, blanches ; la queue fourchue, les pennes extérieures de la queue frangées de blanc ; le bec noir : les griffes pointues : une ligne blanche surmonte les yeux : les ailes et la queue sont d’une couleur plus foncée que le corps. La femelle diffère peu du mâle. * No. 229. Cotyle riparia.—Bairp. Hirundo riparia.—AupuBux. —146— * L’'HIRONDELLE BLEUE. * (Purple Martin.) L’'Hirondelle bléue habite l'Amérique depuis le Mexique jusqu'à là Baie d'Hudson. Cet oiseau aime l'habitation dé l’homme : il n’est pas rare de voir des loges préparées pour recevoir lé favori et l'ami des cultivateurs, avec les mêmes frais que nous construisons en d’autres lieux des colombiers pour les pigeons domestiques. Parmi les navigateurs des airs, l'Hirondelle bleue, prend un rang distingué. Ses grandes ailes l’adaptent spécialement à de longs voyages : ses pieds sont courts : la tête et le corps sont aplatis afin de présenter moins de résistance, Cet oiseau est aussi commun à Québec maintenant qu’il l'était au temps où Alexandre Wilson ly ob- serva. Le Martinet bleu fait entendre son bruyané ramage dès l'aube ; sa fidélité conjugale est bien constatée : il se perche sur le bord du nid et charme sa compagne pendant les longues heures de l’incubation. Cet oiseau à l’instar du Titiri, fait une guerre acharnée aux Corneilles et aux Oiseaux de Proie : sentinelles vigilantes de la basse cour, elles se ruent par milliers dès qu'ils se montrent ; les volailles entendant leur note d'alarme s’enfuient en toutehâte,et l’agresseur cherche son salut dans la fuite, Elles différent des autres Hirondelles, par leur nour- riture qui se compose de guêpes, de taons, de gros insectes volants, ainsi que par la grace de leurs mouvements dans les airs. Elles planeront dans la nue, ou bien, rapides comme Ja pensée, elles raseront le sol, et feront mille évolutions dans les rues de nos villes, sans aucun effort d’aile. Quand cette espèce ne trouve point un asile pré- paré pour y construire son nid, elle l’attache sous une corniche de brique ou de pierre et lui donne la forme de celui de l’Hirondelle de fenêtres. A la Baie d'Hudson, où elle ne peutse procurer les mêmes commodités qu'ici, elle niche près des rivières DO TE cm #* No. 231 Progne purpurea.—Baïrrp. Progne purpurea.—AUDUBOR. etàT— dans des fentes de rocher. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blancs et tachetés de ‘brun. L’Hirondelle bleue fait entendre, surtout quand elle vole, un ramage sonore et mélodieux, Ellé se pose quelquefois à terre et elle marche avec plus d’aisance que les autres, sans doute parce qu’elle a les pieds plus longs à proportion ; elle se perche sou- vent sur les clôtures de bois et sur les branches sèches qui sont à la cime des arbres. Le plumage du mâle est généralement d’un beau noir qui Jette, selon l'incidence de la lumière, des reflets bleus, pourpres et violets; ces reflets ont plus d'éclat sur les parties supérieures et sur la gorge que partout ailleurs ; les ailes, la queue, le bec et les pieds sont d’un noir mat. Dimensions 74 x 16. La femelle mesure presqu’autant : elle a le front, la gorge, le cou et la poitrine gris et variés d’une nuance plus foncée ; le reste de la tête, le dos, le croupion et les petites couvertures des ailes noirâtres, avec des re- flets d’un bleu terne; le ventre d’un gris blanc, faiblement tacheté de gris sombre. Les jeunes lui ressemblent, mais les couleurs sont plus sales. À L’ENGOULEVENT CRIARD. * [Whiv-poor-will.] Six espèces d’Engoulevents { ont été observées en Amérique. Les deux espèces qui visitent le Canada sont l’Engoulevent criard et l'Engoulevent Popetué, ‘Les Engoulevents se rapprochent des Chouettes et des Hiboux en ce qu’ils ne peuvent soutenir la clarté du jour, en ce qu’ils ne sortent de leur retraite qu'au coucher du soleil et qu’ils y rentrent à son lever. Ils ont de l’analogie avec les Hirondelles par la conformation du bec, par leurs aliments et par la manière de se les procurer ; ils vivent d’in- sectes ailés, mais ils ne pourchassent que ceux qui * No. 112. Antrosthomus Vociferus.—Baïrp. Caprimulgus Vociferus —AuDuBon: + Il vols le bec ouvert; il engoule le vents —148— ne volent et ne courent à terre qu'au moment où fa elarté du jour est affaiblie. Plusieurs de ces oi- seaux des crépuscules ont encore des traits de res- semblances avec le Moucherolle ; aussi agiles, aussi patients que ces. entomophages, ïls se mettent en embuscade sur une branche sèche, s’élancent après l’insecte fugitif, le suivent dans l’irrégularité de son vol, et le happent en l’aspirant ; ensuite ils re- viennent à leur poste attendre le passage d’une nouvelle proie, C’est ainsi qu'agit l’Engoulevent criard. Les oiseaux auxquels la nature n’accorde tout au plus que le temps nécessaire pour se pro- curer leur subsistance, n’ont pas celui de construiré leur nid ; en effet un petit trou à fleur de terre, un sentier battu, sont les endroits où les femelles font leur ponte ; chaque couvée n’est ordinairement composée que de deux œufs. L’Engoulevent criard, s’appelle encore, Wihaip-poor-will, du eri qu'il fait entendre : d’autres le nomment Musquito. Hawk, Faucon des Moucherons. . Ils fréquentent le soir les lieux habités, où ils font un vacarme qui dure une partie de la nuit... Ce. bruit est occasionné par une répétition continuelle de leur er Wip-poor- will. Îls prononcent ce mot en appuyant fortement sur la premiére et la dernière syllable. Après avoir crié quelque temps dans un erdroïit, ils se trans- portent dans-un autre, où ils répètent les mêmes sons quatre on cinq fois de suite. Ils se taisent quand la nuit est très obscure, recommençent au point du jour et continuent de se faire entendre jusqu’au lever du soleil. Ces Engoulevents ne se posent jamais à la cîme des arbres ; ils se tiennent dans les buissons, sur les clôtures de bois, sur les barrières et souvent à proximité des rûches à miel, dont ils détruisent les utiles habitants lorsque ceux- ci en sortent trop matin ou s’y rendent trop tard. Cette espèce est répandue dans l'Amérique septen- trionale jusqu’à la Baie d'Hudson et n’y passe que la belle saison. La femelle dépose deux œufs . d’un brun verdâtre, parsemés de raie et de zig- zags noirs. Elle fait ordinairement deux pontes 1 AA — par an La taille, les couleurs et leur distri- bution varient dans les individus. L’Engoulevent criard. a le bec noirâtre et garni à sa bâse de soies noires et très longues ; le front et les joues d’un fauve grisâtre ; cette teinte qui est mélangée de noir et de blane sur le reste de la tête, règne aussi sur les parties supérieures du corps et des ailes, mais elle est plus foncée sur le dos et sur le cou, et variée de grandes taches noires ; les cinq premières pennes alaires ont des taches pareïlles, ainsi que la queue dont les plumes les plus extérieures sont blanches dans plus d’un tiers de leur longueur ; la gorge est variée de roux, de blanc-et de noir ; cette dernière couleur domine sur le devant du cou et sur le haut de la poitrine ; chaque plume est bordée de roux ; un mélange de blanc sale, de noirâtre et de gris règne sur les parties postérieures ; les pieds sont en partie couverts de très petites plumes brunes et rousses ; la queue est arrondie à son extrémité. * Longueur totale, 9 poucés et demi ; Envergure, 19 pouces. | . Il ressemble à son congenere Européen, Capri- mulgus ;-on voit l’origine de ce nom qui veut dire -Tette-chèvre et représente une habitude que cet oiseau n’eût jamais. É L’Engoulevent criard se rencontre en abondance dans l’ouest du Canada : il est commun autour de Hamilton. Ila été vu à Nicolet, et ailleurs dans -eette section-ci de la Province. ë . K'ENGOULEVENT POPETUÉ. + ENighi Hawk.] * Le nom imposé à cet Engoulevent est tiré du eri .qu’iljette quand il se perche : ce cri parait ex- primer le mot Popetué. Les Américains l’appel- * VIEILLOT. 4 + No. 114. Chordeiles popetué.—Baïrp. Chordeiles Virginianus—AupuBon. —150— lent Wight Hawk : il sillonne l’airen tout sens, vers le coucher du soleil, quelquesfois dans le voi- sinage des villes. Ces oïseaux s'élèvent dans les airs à une très grande hauteur et vo'ent avec autant de vivacité et do facilité que l’Hirondelle noire de cheminées. Ils se montrent ordinairement une heure avant le crépuscule du soir, et plus tôt lorsque le ciel est brumeux et orageux. Si la tempête doit durer toute la journée, ils la dévancent quelque temps avant qu’elle obscursisse le’ soleil. Ils ar- rivent le primtemps et émigrent vers la fin d’août. Le Popetué ou H#angeur de Maringouins, comme on l’appelle dans nos campagnes, a le bec noir ; le dessus de la tête et le manteau d’un brun noirâtre, tacheté de blanc et de roussâtre ; ces teintes domi- nent encore sur les couvertures supérieures, sur les pennes secondaires des ailes, et sur les intermé- diaires de la queue ; maïs elles y sont plus claires, etles taches plus grandes ; les pennes primaires sont totalement noires, à l’exception des troisièmes, quatrièmes et cinquièmes qui ont vers le milieu une grande bande blanche ; cette bande semble être ‘transparente, quand l'oiseau plane à une certaino élévation ; ces couleurs présentent des raies trans- versales sur la poitrine et sur les parties posté- rieures ; les pennes latérales de la queue sont noires et rayées de blanc roussâtre : celle-ci est fourchue : les pieds sont bruns ; les griffes sont armées d’une espèce de frange quisert de peigne à l'oiseau pour se débarrasser de la vermine qui lui infecte la tête : la bouche est grande, couleur de chair à l'intérieur : -et il n’y a pas. de soies autour du bec. Longueur totale, 94 pouces; Envergure 2384 pouces. Pendant la période de Pincubation, le mâle se fâit remarquer par sa sollicitude et le soin qu’il prend de sa compagne en voltigeant pendant le jour autour du nid. Ces Engoulevents sont fort ré- “pandus dans tout le Canada. RE —151— LE MARTIN-PÉCHEUR. * [Belted Kingfisher ] Cet oiseau que la mithologie antique à immor- talisé sous le nom d’Alcyone, fille d’Eole est ré- pandu dans l’Amérique, depuis le Mexique jusqu’à Ja Baie d'Hudson. A l'instar des bergers amoureux chantés par les poëtes, il recherche le ruisseau au doux murmure, le cours d’eau limpide, moins cepen- dant par goûts romanesques que pour des objets utilitaires. Il part d’un vol rapide, file le long des contours des ruisseaux en rasant la surface de l’eau, puis il va se poser sur une pierre ou une branche sèche qui s’avance au-dessus du courant ; de cette station, son œil pénétrant ira chercher le poisson qui se Joue sous la vague ; puis rapide comme la pensée, il fond sur sa proie et revient à sa branche sèche, pour l’y déguster à loisir. Son cri accentué et désagréable ressemble au grincement du Trictrac, que les gendarmes portent dans certaines villes. Son vol est parfaitement onduleux. Où trouver en Canada un petit lac, une rivière, une écluse de moulin, où ne séjourne au moins un couple de Martin-Pêcheurs ? Les œufs sont au nombre de cinq, d’un blanc très pure : rien moins que des affronts réitérés ne sauraient leur faire déserter le nid. Wilson nous apprend qu'une personne de sa connaissance ayant enlevé les œufs d’un Martin-Pêcheur, à l’exception d’un seul, le couple continua à pondre ; que finale- ment dix-huit œufs furent enlevés de cette manière du même nid. Le Martin-Pêcheur se-creuse un trou (qu’il occupe pendant plusieurs années successives) dans la rive d’un ruisseau à une profondeur de quatre à cinq pieds; c’est là qu’il place sa couche nuptiale. Il ne la suspeñd plus sur les flots tel que les poëtes, grands menteurs, ont tenté de nous le persuader, pendant ces jours de calme tant vantés par l’an- * No. 121 Ceryle Alcyon.—BairD. Alcedo Alcyon.—Aupuvsox. £ 152 tiquité. * Le nom anglais Belted Kingfisher est assez impropre, attendu que la femelle seule porte la ceinture Belt, dont lui vient le nom Le mâle a le dos et toutes les parties supérieures ardoisés clair : il porte une aigrette noire ; le ventre, est blanc, le dessus des ailes est varié. de bleu : le bec est brun noirâtre, et vert clair à sa bâse : l’iris noisette ; les pieds gris bleus; les griffes noires ; une tache blanche devant les yeux et une barre blanche sous la paupière ; les pennes des ailes brunâtres tirant sur le noir ; la bâse des primaires barrée de blanc, les secondaires bleues à leur frange extérieure : deux des plumes du milieu de la queue bleues, ainsi que la frange extérieure des autres, excepté celles de chaque bord ; une lage bande blanche qui traverse le cou, plus large au-devant : cette banile couvre aussi le menton et la gorge ; une bande bleue sur.le devant de la poitrine, le reste, des parties inférieures bianches, excepté les côtés, qui sont variés de blanc. | * Voici comment Toussenel dans son langage pittoresque, fronde cette vieille erreur, en parodiant la charmante tra- dition que le pinceau d’Ovide a immortalisée. “ Il paraît donc qu'autrefois le Martin - Pêcheur, qui s’appelait alors l’Alcyon, jouissait du curieux. privi- lége de poser son nid sur la mer, à la surface même des, flots. Or, comme il fallait que la mer fût très douce pour que l’embarcation ne chavirât pas, et comme l’oiseau avait. besoin de trois semaines au moins pour parfaire toutes ses: opérations de ponte, d’incubation et d'éducation des jéu-, es, les Dieux avaient décidé dans leur sagesse de lui ac- corder chaque année cet intervalle de calme plat. Ils lui avaient de plus attribué le don de prévoir à heure fixe la venue de ces jours pacifiques que les marins appelaient les jours Alcyoniens. Naturellement il s'était trouvé beau- coup de gens de bonne volonté pour être témoins de la construction et de la mise à l’eau du nid de l’Alcyon. Plu- târque fat un de ceux qui virent l'Alcyon travailler. L’Al cyon commençait, cémme nos ingénieurs de marine, par construire la charçente de son embarcation à terre. Cette charpente était composée des arêtes d’un certain poisson qui étaient reliées entre elles par un mastic doué d’une imperméabilité supérieure à celle du caoutchouc, mais” dont le secret est perdu, ‘La constrüction avait l'xppa- rence d’une chambrette ronde assise dans un canot, et les F —153— Longueur totale, 124 ; Envergure, 20, Le bleu de la femelle est plus pâle : la bande sur le haut de la poitrine est d’un gris bleu sale mêlé äe roux clair : en dessous est une étroite bande blanche et sur le milieu de la poitrine un large cein= turon de jaune roussâtre ; les cûtés sont de même! couleur : le reste des parties inférieures sont blanches, nuancées de rouge. | constructeurs, avant de Îe lancer pour tout de bon, avaient soin de la mettre à l’eau une ou deux fois pour l'essayer et voir si elle n’embarquait pas la lame ; puis, quand elle’ était en état, et que le moment favorable était venu, ils la Kvraient sans crainte à la merci des flois et à la protection de Neptune. Une seule chose intrigue lhistorien dans toute cette affaire, c’est de w’avoir jamais pu surprendre. la manière dont la couveuse s’introduisait dans son domi- cile. C’est bien le cas de répéter avec le sage que l’hom- me n’est jamais content. Je n’aurais vu que la moitié des phénomènes dont Plutarque eut la chance d'être témoin oculaire, que je m'estimerais suffisamment heu- reux. Il est difficile aujourd’hui de vérifier si Plutarque et les autres ont dit toute la vérité et rien que la véri- té en tout ceci, puisque, depuis un temps immémorial, les Martins-pêcheurs ont renoncé à l'habitude de ni- cher sur les flots de la mer pour adopter le sys-. tème de la mdification à huis-clos dans le sein de la terre ; mais j'avoue néanmoins que cette histoire des faits et ges- tes de l’Alcyon racontée si naïvement par Plutarque n’a ee peu coutribué à invalider pour moi le temoignage de. illustre écrivain relativement à la continence de Scipion. Du reste, il nous faut reconnaître, à la justification de Plu- tarque, que beaucoup de waturalistes modernes et des plus éminents même ne paraissent guère mieux renseignés que Jui sur la nidification du Martin-pècheur. C’est ainsi que François de Neufchâteau, persounage consulaire mort en 1828, en plein dix-neuvième siècle, affirme encore à. son heure derniére que cet!e espèce fait son nid sur les saules, version qui n’est pas plus vraie que l’autre, et qui est moins amusante. | | ‘* Ceux qui sont forts en mythologie savent pourquoi les Dieux avaient concédé à l’Alcyon le privilége de bâtir sur l'eau ctle don de prévoir le beau temps. C'était pour le récompenser de sa vertu et d’avoir été parmi les hom- mes un modèle parfait de tendresse et de fidélité conju-. gale avant de subir sa métamorphose en oiseau.” | =. - MOUCHEROLLES. Les Moucherolles ou Gobe-Mouches, sont: des oiseaux de petite taille dont le plumage est orné des plus vives couleurs ; quelques-uns portent de belles huppes sur la tête, et, souvent leur queue est terminée ar de longues plumes. | “Les Moucherolles se nourrissent principalement d'insectes ailés, et sont forcés de chercher leur. pâture dans les airs ; en effet, ils descendent “rare- ment à terre : ils se tiennent en embuscade sur les branches et souvent au sommet des arbres, d’où ils fondent sur leur proie au moment qu’elle se montre à leur portée. Cette manière de vivre contribue beaucoup à leur donner Pair triste et inquiet qui les earactérise, et les fait aisément distinguer des Fau- vettes, avec lesquelles plusieurs ont de l’analogie dans le chant, la taille et le plumage. Ils se rap- prochent des Tyrans par la forme de leur bec et par leur nourriture ; mais ils n’en ont ni l'audace, ni le courage ni les habitudes sociales. Naturellement taciturne, sauvage et solitaire, le Moucherolle vit isolé de ses pareïls ; on le voit toujours seul, si ce n’est dans la saison des amours, où l’on rencontre quelquefois le mâle et la femelle ensemble. La plupart-se plaisent dans les forêts ou les bosquets, et très peu fréquentent les campagnes découvertes, Les uns couvent dans des trous de rocher ou de muraille ; d’autres préfèrent un arbre creux, et quelques-uns construisent leur nid avec assez d’art à la bifurcation des grosses branches. Leur ponte est ordinairement de quatre ou cinq œufs : ils en font deux par an dans les pays tempérés.” Jusqu'à présent on a pu observer à peu près dix espèces de Moucherolles qui fréquentent nos climats pendant la belle saison : nul doute, que des obser- vations subséquentes vont ajouter à ce nombre. —155— LE TITIRI OU TRI-TRL * [Tyrant Flycateher—King Bird.) Au prémier rang, parmi Îles Moucherolies du Canada, on doit placer le Titiri, espèce des plus connues en Ce pays. | Le nom de cet oiseau est tiré de son eri le plus familier : en éffet, il prononce souvent ces syllabes, surteut quand il vole, et les repète, dans la saison des amours, plusieurs fois de suite, avec une telle précipitation que l’on saisit difficilement l'intervalle qui les sépare. Les Tyrans ou Titiris sont à cetie époque d’un naturel gai et se réunissent pour se jouer dans Îles airs, s’agacer réciproquement, se battre quelquefois avec une sorte de fureur et disputer d'adresse et dagilité, aux yeux de leurs compagnes qui, tran- quilles spectatrices de leurs jeux, les encouragent + par leurs clameurs. Le Titiri est fort matinal; äl se fait entendre longtemps avant le lever du soleil : c’est aussi le dernier endermi, car il erie encere après que la nuit est presque close. La cime des arbres, tels que les ormes, les-bouleaux, est l'endroit qu’il parait préférer ; c’est de là qu'en le voit s'élancer après l’insecte ailé, le saisir adroitement, retourner aussitôt à sa branche favorite et la quitter de nouveau, pour fondre sur le premier qui se montre dans les environs. Il chasse ordinairement depuis le lever du soleil, jusqu’à dix heures, se repose ensuite, et recemmencé deux heures avant la nuit. Sa hardiesse fait qu’on l'approche aisément, et le poste à découvert, qu’une proie ailée comme lui et toujours fugitive le force d'occuper une partie du jour, lexpose aux coups meurtriers du chasseur : mais on le ménage, et on a raison, car c’est pour les habitations, où il se plait plus qu'ailleurs, un gardien vigilant qui veille sans cesse à la sûreté de la velaille. an # No. 124 Tyrannus carelinensis.—BaïrD. Muscicapa Tyrannus.—Aupusox.: —155— Les Eperviers, les Corneïlles * craignent de se montrer où est le Titiri. Doué du courage des plus grands oiseaux de rapine, c’est surtout lorsqu'on cherch® à lui enlever sa jeune famille, qu'il en donne les preuves les plus frappantes ; son audace devient fureur ; il se précipite sur le ravisseur, le poursuit avec intrépidité, et si, malgré ses efforts, il ne peut sauver ses petits, il en prendsoin dans la prison où ils sont retenus. Les Titiris couvent enjuin et juillet. , Ils placent leur nid à la bifurcation des branches d'un arbre élevé et le composent de petits rameaux secs et d'herbes fines. Leur ponte est de trois ow quatre œufs blancs avec des taches longitudinales brunes et rousses vers le gras bout : l’incubation dure treize D ou quatorze jours et les petits éclosent couverts de duvet ; ensuite ils se revêtent d’une robe dont les teintes sont plus ternes que celles des vieux, et ils m'ont alors sur ka tète aucun vestige de la couleur jaune ou orangée qui caractérise le plumage des adultes. *: Le Titiri est un oiseau trapu, un peu moins gros qu'un Merle ; son manteau est gris noir ; le ventre ris blanc ; ila la tète noirâtre, avec une tache rouge vif entourée de jaune, et porte une espèce de huppe. Dimensions du mâle, 84 x 144 Les couleurs de la femelle sont moins vives. Ces oiseaux sont sédentaires en petit nombre dans la Floride du Sud. # & La Corneille qui est si fanfaronne quand elle s'en prend au pauvre Hibeu, qui n'y voit goutte le jour, n'a d’autre défense qu une honteuse fuite à opposer aux at taques d’un tout petit oiseau que nos habitants appellent “Tri-tri.”” Jl fait son nid au haut des grands arbres et lorsque la Corneille veut s'y reposer dans ses courses journalières, de Ja montagne à la rivière Saïnt-Charles, le Lyi tri, alarmé pour la sûreté de sa ponte ou de ses petits, fond de suite sur la Corneille, se cramponne sur son das et lui fait de douloureuses blessures avec son bec : la Cor- meîlle s’enfuit à tire d’ailes en jetant les hauts cris, pour- suivie par son ennemi qui ne cesse de la persécuter; que lorsqu'il l’a-eonduite assez loin pour n’en avoir plus riea à craindre. —(Æ£d. Glackemeyer, de Québec } + —157— LE-MOUCHEROLLE NOIRÂTRE LE PE-WIT. * [Peæwee Flycatcher.] 4 C’est le premier des Moucherolles qui se montre au printemps. Précurseur des beaux jours, il an- nonce au jardinier qu” l peut, sans craindre des gelées nuisibles, confier à la terre les semences prin- tannières. Soû naturel ne diffère en rien de celui de ses congeneres ; il promène son inquiétude dans les champs, les vergers et à la lisière des bois, où il cherche les insectes ailés qui, comme lui, dévancent la belle saison.” Il se perchera sur une branche d'arbre, au-dessus d’un cours d’eau, et passera la matinée à gazouiller sa douce psalmodie pe-wee, pe-wittitee, pe-wee, et happant au vol les insectes, puis regagnant sa branche. Les œufs sont au nombre de cinq, d’un blanc mat, avec des taches rouges au gros bout. Dans les pays tempérés, ils élèvent jusqu’à trois couvées dans une saison, Le chant du Pe-wit, plait moins par sa mélodie, que par l’idée qu'il fait naître du retour du printemps et de la verdure renaissante. Il est fort commun dans nos campagnes : le sommet des hauts érables est un des postes qu'il préfère d'avantage. Il fait partie de la petite bande d'amis, qui pendant la belle saison, commencent leurs concerts autour de notre demeure avec les premiers feux de l’aurore : en échange de la protection qu’ils y reçoivent, ces hôtes mélodieux reviennent chaque année occuper le berceau de leurs amours que les années précé- dentes ont vu bâtir, et verser au dessus de nos têtes des flots d'harmonie. Üette théorie que les oiseaux ont l'affection et la mémoire des lieux, appuyée da témoignage de tous les naturalistes, nous avons nous même eu occasion plus d’une fois dela voir se vérifier à la lettre. Le mâle a le bec et le dessus de 1e “pe noirâtre - “ No 135. Sayornis fuscus.—Barrp. Muscicapa fasca=-Aupusox. L2 —158— le dos, le croupion, les ailes et la queue d'un olive foncé ; on aperçoit encore cette teinte sur les côtés de la poitfine dont le milieu est du même blanc qui couvre les parties antérieures et postérieures ; les pennes secondaires ont en dehors une lisière de même teinte ; les plumes des jambes sont. pareilles au dos, et les pieds sont noirs. Longueur totale, 7 ; Envergure, 94. La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle a le sommet de la tête d’un brun sombre. LE MOUCHEROLLE D’ACADIE, * (Small green crested Flycatcher.) Ce Moucherolle est tout à fait abondant dans les forêts de l’ouest de la province : nous croyons qu’il se rencontre aussi en cette section ci. Il fréquente les bois touffus, ombragés et humides; se perche sur les branches inférieures et lâche à chaque demi- minute son petit cri aigre, qui résonne au loïn dans la forêt : ses accents, lorsqu'il vole d’arbre en arbre ressemblent aux cris des poussins lorsqu'ils se ca- chent sous l’aile de la Poule. Il avale au vol les insectes, les taons ; il se nourrit aussi de fruits. Le mâle a la tête, le cou etle dos d’un cendré verdâtre clair; une petite huppe sur l’occiput; la poitrine et le ventre blanchâtres et nuancés de jaune ; les couvertures supérieures des ailes termi- nées de blanc; les pennes secondaires bordées de la même couleur; les primaires et la queue noirà- tres et arrondies ; les pieds cendrés ; les yeux sont entourés d’un jaune blanc et sont couleur de noi- sette. La femelle diffère peu du mâle. Longueur totale 54, envergure 84. # No. 143 Empidonax acadicus.—BaiRp. Muscicapa acadica. —Aupugon. —159— LE MOUCHEROLLE A HUPPE. * (Great crested Flycatcher.}) Cette espèce est fort répandue dans les bois au- tour de Hamilton, Haut-Canada, au rapport de M. McElraith. Son cri est aigre. Elle visite les vergers, saisit les mouches à miel, quant elle le peut.. Elle arrive en mai et construit son nid dans un tronc d’ar- bre abandonné des Pics ou des Fauvettes bleues et ‘rousses. “ Le nid que j’ai maintenant par devers moi, dit Wil- son, est assez singulièrement bâti. Il se compose de foin, de plumes de pintade, de soies de porc, de morceaux de peau de couleuvre, et de poil de chien. La peau de couleuvre peut être un des matériaux les moins indispensables, car cela formait partie intégrante de tous les nids que j’ai decouverts jus- qu'à présent: soit qu'elle emploie cette dépouille pour inspirer de l’effroi aux autres oiseaux, soit qu’elle considère la flexibilité et la mollesse de cette peau, . comme propice à ses jeunes! La femelle pond quatre œufs couleur de crème, abondamment striés de lignes pourpres comme si elles eussent été faites avec une plume”. Le mâle a les couvertures supérieures d’un oli- vatre tirant sur le verd ; les plumes sur la tête sont pointues ; le centre en est d’un brun foncé, et forme une espèce de huppe; la gorge d’un cendré délicat ; le reste des parties inférieures d’un jaune soufre ; les couvertures alaires d’un brun pâle, traversées de deux bandes d'un blanc sale; les primaires sont couleur de rouille de fer; la queue est longuement fourchue ; les barbes intérieures en sont de la même couleur de rouille de fer plus vives que les primai- res ; le bec est noirâtre, assez semblable à celui du Titiri, et armé de soiïes ou poils; l'œil est couleur de noisette; les jambes et les pieds d’un bleu noiï- râtre. La femelle ressemble entièrement au mâle. Cet oiseau se nourrit aussi de fruits. Longueur to- tale 8k, envergure 13. * 130 Myiarchus crinitus.—BarrD. Muscicapa criuita.—AtDUuBOoN. L3 —160— LE MOUCHEROLLE OLIVE. * (Red eyed Flycatcher.) Ce Moucherolle est assez commun en cette partie de la province. Il arrive en mai et fait résonner sa voix bruyante pendant des heures entières au sein des fourrés où il cherche les insectes. Ce chant consiste en trois ou quatre parties et se fait distin- guer facilement de celui des autres chantres des bo- cages. En juin, ce Moucherolle se construit un joli nid suspendu, à quatre ou cinq pieds de terre, entre les petites branches d’un arbrisseau. Ce nid se compose de filasse, de feuilles sèches, de morceaux de papiers retenus ‘ensemble par la salive de l'oiseau ; du crin, des herbes fines, voilà pour l’intérieur. Ces nids sont des merveilles de solidité. Les œufs sont au nombre de quatre, blancs, excepté au gros bout où l’on distingue des points bruns ou roussâtres. Ils couvent d’ordinaire deux fois l’année dans les pays tempérés. Ce Moucherolle a le bec couleur de plomb; l'iris rouge ; le dessus de la tête gris; les parties supé- rieures du cou et du corps d’un beau vert olivâtre ; toutes les inférieures d’un blanc verdâtre ; une. li- gne transversale brunâtre à travers les yeux; une blanchâtre au dessus ; les pennes des aïles et de la queue d’un olivâtre foncé, et bordées de blanc; les pieds bruns. Longueur totale, 54, envergure 9. La femelle est marquée presque comme le mâle, ses couleurs sont plus foncées. LE MOUCHEROLLE DORÉ. (Redstart ) Voilà encore un des habitués de nos bocages, un * 940 Vireo Ulivaceus.—-BAIRD. Vireo Olivaceus--AunuBox. t 217 Setophaga ruticilla.—Bairp. Musicapa ruticilla.—-Aupuson. —1601— e . ami dont la voix pendant l’été nous est presqu'aussi familière que celle du merle. Ce bel oïseau se plait sur les arbrisseaux plus que sur les grands ar- bres. Il se rapproche des Fauvettes par sa pétu- lance et son agilité ; comme elles, il aime les buis- sons et s'élève rarement à la cime des grands ar- bres, excepté que ce soit à la poursuite des essaims d'insectes et de mouches qui y séjournent. Quand ce Moucherolle se perche sur une branche, il la par- courra dans toute sa longueur, la queue tendue, et s’élancera tout à coup dans une direction toute op- posée à la poursuite d’insectes qu’il discerne de fort loin. Son gazouillement, bien que gai, n’est pas’ un chant régulier : quelque fois il se compose des sons weesé, weesé, weesé, répétés à tous les quarts de minute, pendant que ce Moucherolle. sautille de branche en branche; à d’autres temps, ce chant varie. On le rencontre d’ordinaire dans le cœur des grands bois, sur la lisière des savannes, dans les endroits recouverts d'arbres touffus, partout enfin où abon- dent les insectes. Ilcouve dans tous les grands bois autour de Québec; nous ayons vu son nid à Spencer. Wood et ailleurs. Il choisit un arbrisseau bien ombragé, bien ca- ché, ou bien encore les branches pendantes d’un orme, et placera le berceau de ses jeunes à quel- ques pieds de terre: l’alcove nuptiale est composée de-filasse, de mousse, et autre substance moelleuse liées ensemble avec la salive glutineuse de l’oiseau. La femelle pond cinq œufs blancs, maculés de gris et de noir. Le mâle montre un grand courage et une grande sollicitude pour protéger la jeune fa- mille ; lorsqu'on approche du nid, il voltigera à deux pas de vous, avec tous les symptômes d’une douleur Vives 1 , Le mâle a la tête, le cou, le dos, la gorge, les ailes et la queue d’un beau noir tirant sur le bleu; une tache d’un jaune doré sur les pennes primaires, sur celles de la queue, à l'exception des quatre in- termédiaires, et sur chaque côté de la poitrine; -e ventre et les parties postérieures sont d’un: blanc Dé 4-1 —162— jé pur; les pieds sont noirs—Longueur totale 5, en- vergure 64. La femelle a des couleurs bien plus ternes: la tète grise ; les joues d’une nuanee plus claire; Îles parties supérieures d’un brun verdâtre ; les infé- rieures d’un blanc sale ; les pennes des ailes brunes et celles de la queue noirâtres. LE MOUCHEROLLE VERDÂTRE. * (Wood Pewee Flycatcher.) Ce Moucherolle ressemble fort au Moucherolle Pe-wit : il est néanmoins plus gros et en diffère en- tièrement par son mode de migration, son chant et sa manière de construire son nid. C’est un de nos derniers arrivés, parmi les oiseaux du printemps, tandis que l’autre espèce arrive de fort bonne heure. Cet oiseau fréquente les grandes forêts où il y a beaucoup d’ombrage et de branches mortes, surtout dans les fonds : c’est Jà qu'il établit son nid, composé de mousse et de matériaux pliants. La ponte consiste en cinq œufs blancs : les petits quit- tent le nid vers la fin de juin. Grand destructeur de Mouches, ce Moucherolle aime à se percher sur les hautes branches mortes, faisant entendre d’une manière plaintive son cri pefo-way, pelo-way, pee- way, de temps à autre plongeant dans l’espace, en quête d'insectes, en gobant un nombre infini dans chaque évolution, puis revenant se percher sur le même rameau qu'il avait quitté. En août, c’est presque le seul chant qu’on entende dans les forêts ; vers ce temps aussi, il s'approche des villes et pour- suit industrieusement ses occupations dans les jar- dins. Il part au moins un mois avant le Pe-wit. Le mâle à le dos olive foncé tirant sur le vert; la tète surmontée d’une huppe et d’un brun noirâtre; la queue fourchue et s’élargissant vers l'extrémité ; “ 139 Cantopus virens.—BATRD. Musicapa virens--AuDu8on. —163— les parties inférieures d’un blanc jaunâtre. Les di- mensions seules le distinguent du Pe-wit, ainsi que la couleur de la mandibule inférieure, laquelle dans le Moucherolle verdâtre est jaune, et noire dans le Pe-wit. Il est difficile de distinguer la femelle du mâle. Longueur totale 64—envergure 11. Cette espèce, signalée par M. McElraith, dans le voisinage de Hamilton, se rencontre aussi, croyons- nous, dans cette section ci de la province. LE MOUCHEROLLE DU CANADA. * (Canada Flycatcher.) Ce Moucherolle est fort répandu, dit M. McElraith, dans l’ouest du Canada, le printemps et l’automne. Ses habitudes sont à peu près les mêmes que celles deses congeneres. Il aime fort la solitude et ne pos- sède aucun chant. Le mâle a le front noir: le sommet de la tête marquée de lignes grises et de taches noires, une ligne de la narine autour de l'œil, jaune ; au dessus de l’œil, une tache de noir descend le long de la gorge, laquelle est d’un jaune brillant, aussi bien que la poitrine et le ventre ; la poitrine est marquée d’une large bande noire, composée de grandes lignes irrégulières ; le dos, les ailes et la queue, d’un brun cendré ; le dessous de la queue blanc ; la mandi- bule supérieure foncée, l’inférieure couleur de chair ; les jambes et les pieds de même que l'œil, couleur de noisette. Longueur totale 54, envergure 9. * 214 Myiodioctes Canadersis.—-Barrp. Myiodioctes Canadensis.—AuDpuBon. ni GRIVES. Gueneau de Monbeïllard a suivi l’usage reçu, en nommant (rives ceux de ces oiseaux qui ont le plumage grivelé surla poitrine et en appelant Merles, ceux dont le vêtement est uniforme ou varié seu- lement par de grandes parties. Vieillot a adopté cette classification malgré les inconvénients qu’elle offre, puisque entr'autres le Merle du Canada, a la poitrine grivelée, pendant sa première année ; nous comprendrons sous le nom général de Grive tous les individus de cette famille qui visitent nos latitudes, tel que la Grive Erratique, la Grive de Swainson, la Grive Solitaire, la Grive des Ruisseaux, la Grive Catbird, la Grive Rousse et la Grive des bois, LE MERLE OÙ ROUGE-GORGE DU CANADA. * [Robin.] Parmi les six ou sept espèces de Grives que le — * Il faut bien se garder de le confondre avec le Rouge- Gorge de France, ‘ cet oiseau du bon Dieu, ce consolateur du pauvre, la plus noble et la plus héroïque des créatures ailées la plus amie de l’homme :” La légende catholique a illustré le Rouge-Gorge ; les poëtes l'ont oublié, excepté George Sand. Uue Jégende Bretonne rapporte que le Rouge Gorge ac- compagna le Christ sur le (Calvaire et détacha une épine de la couronne du Divin Rédempteur, et que Dieu en récompense de cette manifestation courageuse l'anima de l'Esprit Saint. A partir de ce jour, l'oiseau pieux avait eu mission de conjarer les sortiléges et de dé- jouer les entreprises du malin esprit. Et comme dans la contrée naive où régna le roi Arthus, la croyance à l’inter- vention des enchanteurs et des févs, des bons ou des mau- vais génies dans les affaires des hommes, se mêla de tout temps à la foi et aux miracles de notre religion, il arriva bientôt que le Rouge-Gorge, qui se rencontre toujours dans la voie du travailleur, passa dans l'opinion du monde des campagnes pour l’agent mystérieux des puissances surna- turelles et le porteur des messages des génies bienfaisants. (Toussenel.) 485 printemps invite en mos climats, la plus connue est sans contredit la Grive erratique (Turdus migras torius) à ‘laquelle les premiers colons anglais donnèrent le nom de Robin, à cause d’une préten: due ressemblante avec le Robin red breast de la Grande-Bretagne, lequel appartient à une toute autre famille. Buffon a décrit cette Grive, sous le nom de Litorne du Canada, et les premiers Français -qui se fixèrent en la Nouvelle-France lui oc- troyèrent le nom de Merle (qu’elle perte encore), par l’analogie de son cri bref et entrecoupé avec le Merle français, quoique sous la plupart des autres rapports elle en diffère entièrement. Sonparcours s'étend de la Louisiane à la terre du _ Labrador ; elle se montre en bandes en avril et em septembre, période de ses migrations annuelles, Jusque sur la lisière des villes. Plusieurs couples s’éta- blissent dans nos campagnes: mais le plus orand nom- bre gagne le Nord. Ils possèdent à.un degré éminent la mémoire et l'affection des lieux ; si en ne les mo- leste, ils reviennent chaque printemps au nid qu’ils se sont une fois construit. Un couple de ces aïi- mables oiseaux niche depuis nombre d'années dans un buisson sous nos fenêtres. Ilest rare de voir, dans nos campagnes, un groupe de sapins, un verger, un vieux manoir dont les grands ormes ou les peu- pliers de Lombardie ne contiennent le berceau et la famille d’un couple ou plus de ces oiseaux. “ A la Baie d'Hudson, dit Sir John Kichardson, les bois sont silencieux pendant la grande clarté du jour ; mais vers minuit, lersque le soleil est près de Phorizon et que l’ombre des arbres s’allonge, le concert des Merles commence et ne finit que vers six ou sept heures du matin. Ce chant se compose d’une variété de notes fort accentuées et: fort mélodieuses.” Le cri d'appel du Merle lorsqu'il cherche sa nourriture à terre ou qu’il se pose en hochant la queue sur les clôtures, consiste en divers exclama- tions qu’il répète avec emphase pwce-sht, pinee-sht, pemp, pemp, qu'il accompagne d’un claquement de » —456— bec, d'un mouvement de queue de haut en bas, 64 d’un léger trémoussement dailes. Le Merle se bâtit un grand nid, dont la eoque est composée de boue humide et de ragines.: l’intérieur est garni de foin ou d'herbes fines. La fourche d’un pommier, l'angle du réduit champètre où grimpe la vigne sauvage ow le houblon, la maîtresse branche d’un grand chène, tels sont les lieux où ik placera sans défiance son nid où cinq œufs d’un. beau vert sont couvés avec une rare assiduité, par la femelle et en son absence, pendant le repas, par le mâle : l’incubation dure quatorze à quinze jours.et les petits naissent couverts d’un duvet blancet roux. Il est si attaché à ses petits, qu'il les nourrit en captivité et qu'il vient les soigner jusque dans les appartements. Le mâle à beaucoup d’affeetion pour la femelle et la quitte rarement. Il se tient, quand elle couve, sur l'arbre le plus voisin et la réjouit par ses chansonnettes. Le chant du Merle, sans égaler la mélodie de ia Grive rousse, n’en est pas moins un agréable pré- Jude au concert général, que les autres chantres des bois nous préparent, à l'approche du ‘printemps. Perché sur la plus haute branche de l’arbre qui ombrage la commune, il y fait résonner son bruyant clairon dès l'aurore, soit qu'il désire dissiper, les soucis de sa compagne pendant le temps de lincu- bation, soit qu'obsédé du Dieu de l’harmonie, il donne libre cours à ses transports. Loin d’être défiant comme le Merle de France, il recherche lé voisinage de l’homme ; iss allées du jardin, le sillon fraîchement creusé, le parterre aux fleurs, la rive du limpide ruisseau où il prend son bain matinal, voilà où d'ordinaire on le trouve après le lever du soleil. Il y recueille industrieusement en sautillant graines, insectes, vermisseaux. En état de domesticité on le nourrit au pain et au lait : il chante et siffle en cage d’une manière admirable. L’écolier pervers ne le déniche qu’en tremblant, comme si malheur lui en adviendrait. Quelques misérables pourtant, lui tirent des coups de fusils et exposent ensuite sa LA —167— dépouille sur nos marchés. Enfin c’est un bien grand favori én Canada que le Merle. * Le mâle a le bec jaune : les côtes etle dessus de la tête noire. Les tectrices d’un gris foncé, avec une teinte olivâtre ; les pennes des ailes noirâtres, frangées d’un gris clair : la queue, noire brun : les deux pennes extérieures tachetées de blanc à lex- trémité : trois taches blanches autour de lœil, le menton blanc, avec des taches noires, la gorge, le ventre et le dessous des ailes roux orangé, l’abdo- men blanc : le dessous de la queue semé de taches blanches. La femelle a des couleurs moins vives. Chez les jeunes, les taches foncées sur la falle prédo- minent : le dos est plus noirâtre que chez les adultes. Le bec foncé d’abord, devient plustard d’un jaune pur. Dimensions du mâle, 10 x 14—de la femelle, 9 x 18. LE-MERLE CATBIRD-—LE CHAT. f ji [Catbird.] “ La dénomination anglo-américaine, que j'ai con- servé à cet oiseau, dit Vieillot, est tirée de son cri le plus familier ; en effet, il imite le miaulement d’un Jeune chat avec tant de précision qu’on s'y méprend toutes les fois qu’on l’entend.” Le Catbird possède le talent d’imiter les autres oiseaux ; mais à un degré plus faible que le Moqueur de Virginie : il fait précéder sa chansonnette de trois ou quatre miaulements. Les jeunes mâles se font entendre à la fin de l'été, mais alors leur ramage n’est qu’un gazouillement. Le printemps est la seule saison où _ * Quelques individus se laissent attarder et hivernent en Canada. Le 1 Janvier 1858, nous vimes un Merle perché sur une branche d’srbre, à Woodfield, la propriété de feu Jas. Gibb, près de Québec. M. Nairné, le seigneur de la Malbaïe, nous écrit que, cet hivermême, deux deces oiseaux ont hiverné dans son jardin en compagnie d'une petite bande de Corueilles. Get endroit est fort abrité contre le vent.—NoTE DE L AUTEUR. t No. 254 Mimus Carolinensis.—Bairp. Orpheus Carolinensis.—Avpuson. —168— ils déploïent toute l’étendue de leur voix. Ils se tiennent dans les haieset les buissons, et ils préfèrent surtout les taillis les plus fourrés. Le Merle Catbird vit de gros insectes, de cerises, de baïes, et il saisit les vers de terre de la mème manière. Il porte au bout du bec la nourriture qu’il destine à ses petits, il est solitaire et il chante caché dans l'épaisseur d'un bosquet. Il place son nid dans les mêmes éñidroits que le Merle, lui donne la même forme et le compose des mêmes matériaux. Il a le même mouvement de queue et le mème trépignement d’ailes. Il cherche sa nourriture au pied des haies, dans les herbes, sous les feuilles tombées ; il vole à raz-de-terre, de buissons en buissons, et ne s’élève au sommet des arbres que lorsqu'il porte les fruits ou les baies dont il nourrit ses petits. Le Catbird passe ordinairement une grande partie du jour dans les endroits tellement fourrés et garnis de broussailles, qu’on ne l’y soupconnerait guère, s’il n'y décelait sa présence, au printemps par son chant et en toute autre saison par son cri familier : on l’approche alors de tres-près, parce qu’il s’y croit à l'abri de tout danger. Il est fort matinal et com- mence à chanter même avant le lever du soleil. Ce Merle construit son nid dans les haies d’aubépines, dans les vignes et dans les branches basses des arbres, pourvu qu’elles soient très feuillées. Il en compose l'extérieur d'herbes grossières, de jones, et le garnit en dedans de mousse et de petites racines chevelues. Il pond quatre œufs bleus et montre une rare sollicitude et un courage extraordinaire dans la protection de ses jeunes. Malgré la douceur de ses mœurs, malgré son chant agréable et sa sociabilité, le Catbird est peu aimé de l'habitant des campa- gnes. Il est trop friand des plus belles, fraises du jardin, pour vivre en paix avec le propriétaire, qui lui fait une guerre à mort, pendant la saison des fruits. Ce Merle est fort commun dans l’ouest du Canada ; il se rencontre fréquemment dans les ‘ environs de Montréal et couve mème dans les épais ta li —169— taillis du Mont-Royal qui domine la grande cité. Ilest plus rare dans le District de Québec. Il émigre l'automne, vers les Etats du sud,'sa véritable patrie. -#.IL a le bec, l'iris, le front et le sinciput noirâtres, le reste de la tête, le cou et le corps d’un gris cendré ; cette teinte se rembrunit sur les ailes et sur la poitrine, elle s’éclaircit sur la gorge et sur Je ventre. Les couvertures inférieures de la queue sont rougâtres et les pennes noires : celle-ci est un peu étagée ; les pieds sont bruns. Dimensions du mâle 9 x 12. La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle a le sommet de la tête d’une nuance moins foncée : les jeunes lui ressemblent. ” LA GRIVE SOLITAIRE, * CHermit Thrush.] Cette Grive n’a aucun ramage : elle jette de temps à autre le printemps un petit cri aigu. Nous ne l’avons pas remarqué dans le Bas-Canada : elle est fort commune à l’ouest de la Province, à Hamil- ton, par exemple. Comme bien d’autres habitants de nos forêts, ses habitudes nous sont inconnues : espérons que le désir qui se manifeste de jour en jour de connaître la Faune de notre pays, la tirera de l'obscurité. Elle se nourrit de baies et de fruits ; _on devrait la rencontrer dans les savanes et dans les endroits marécageux. Le nid se compose d’herbes fortes, à l’exté- rieur, et decrin et d’herbes fines à l’intérieur: point de boue pour la coque du nid telle que les autres Grives en usent. Les œufs sont au nombre, de quatre, d’un bleu pâle et verdâtre, tachetés d'olive, surtout au gros bout. Au premier abord, on la prendrait pour la Grive des bois ; maïs sa taille est plus petite : elle ne chante pas et vit solitaire comme “# Turdus Pallasi.—Bairn. Turdus solitarius.—Aupusox. —170— un hermite, d’où lui vient son nom. Elle a le bec, la tète, toutes les parties supérieures et les flancs bruns olive clair: cette couleur, mais moins foncée, borde en dehors les pennes primaires des ailes et forme des taches encore plus claires à l’extrémité des grandes couvertures ; la gorge, le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre sont mouchetés de noirâtre sur un fond blanc : les pieds sont bruns : la queue légèrement fourchue : le bec noir en dessus et à la pointe, blane en dessous : liris noire. La femelle diffère peu du mâle : sa livrée est plus foncée, Mèle, 7 x 104. LA GRIVE DE SWAINSON. [Olive Backed Thru-h.] Cet oïseau a été mentionné par Buffon sous le nom de Grivette : Vieillot l’a prise par erreur pour la Grive Solitaire, telle que décrite par Baird : autre preuve de’la confusion qui a longtemps régné en Amérique, relativement aux Grives. Sa taille est moins forte que celle des autres : ce qui probable- ment engagea Linnée à lanommer Turdus Minor. Nous en avons vu une tuée dansles environs de Québec, maïs cet oiseau est fort rare ici. “ Elle porte un manteau olivätre avec une teinte verdâtre: la poitrine, le cou et le menton d’un jaune brun pâle ; le dessous du corps blanc : les côtés nuancés d'olive brunâtre. Les côtés du cou, et le devant de Ja poitrine sont ornés de taches d’un brun prononcé plus foncé que le dos ; le reste de la poitrine porte des taches olivâtres moins dis- tinctes. Le tibia est d’un brun jaunâtre : un grand cercle entoure l'œil. Les lores et les côtés de la tête sont nuancés d’un rouge jaunâtre. Longueur totale 7 ; longueur de laile 4,15 ; de la queue 3.10 ; des tarses 1.10.—{(Baird.) Ce qui surtout distingue cette Grive des autres . » —171— espèces, c’est l'olivatre uniforme de son manteau, surtout sur le croupion et la queue : la gorge et la poitrine sont d’une teinte plus roussâtre que dans les autres espèces : les taches sur la poitrine sont plus nombreuses que chez la Grive Solitaire. LA GRIVE ROUSSE [Brown Thrush. Vieillot dit que les habitants de la Virginie + vou lant faire une mauvaise épigramme, donnèrent à cette Grive le nom de French Mocking Bird, parce que, disaient-ils, elle ne possède qu’à demi lbs mer veilleux talents d'imitation du Moqueur de Virginie, l'Orphée du Nouveau-Monde, Mais ceci est entière- ment erroné : la Grive Rousse ne possède aucune faculté de contrefaire les oiseaux ou les animaux. Son parcours géographique s'étend à cette partie de la Province ; elle est assez commune dans le voisinage de Toronto et d'Hamilton. : Il serait à désirer que cette Grive, remarquable par la douceur, la mélodie et la variété de ses accents, se fit entendre pendant toute la belle saison ; mais ce n’est qu'au printemps qu’elle anime les bosquets, son domicile habituel. Ce n’est aussi qu'à cette époque et seulement quand elle tire de son gosier les sons les plus étendus, qu’elle se perche à la cime des arbres moyens. En tout autres temps, elle se cache au centre des buissons les plus fourrés d'où on la fait sortir difficilement ; sans doute parce qu elle s’y croit à l’abri de tout ‘danger, car elle s'enfuit au moindre bruit et se réfugie dans son réduit obscur, lorsqu'elle est à découvert. Cet oiseau se nourrit au printemps d'insectes et de vers de terre qu'il cherche dans les broussailles, en “ No. 261, Harporhynchus rafus.—Bairp. Orpheus rufus —AvpuBôk. M _172— écartant avec son bec les herbes et les feuilles sèches. ou en grattant la terre avec ses pieds. On l’accuse, mais à tort, dit Wilson, d’endommäger les plan- tations de maïs. En été et en automne, il vit de baies et particulièrement du fruit du cerisier à grappes. Les jeunes peuvent à peine se suflire à eux-mêmes, qu'ils se dispersent et s’iselent les uns des autres ; tant la solitude à d’attrait pour cette: espèce, Elle arrive dans l’ouest de la Province, à la fin d’avril et em mai, y reste pendant l’été et se retire à l’automne dans les pays méridionaux où quelques individus demeurent toute l’année. Cette Grive ayant les ailes courtés, ne doit pas voler à une grande distance ; en effet elle ne fait que voltiger de buissons en buissons, de haies en haies, avec sa longue queue étendue en éventail. Elle ace son nid à une moyenne hauteur dans l’endroit e plus fourré, et elle le compose de feuilles, de: racines et de tiges d'herbes. Sa ponte est de einq» œufs blanes, avec des taches couleur de rouille, plus nombreuses vers le gros bout. Les jeunes naïssent couverts d’un duvet roussätre, auquel succèdent des plumes brunes, mouchetées de jaunâtre sur les parties supérieures du eorps, d’un blanc sale et tachetées de brun sur les inférieures : ces taches sont petités et un peu arrondies, tandis qu’elles sont longitudinales sur le plumage des vieux. \ “ L’oiséau parfait a le bec long, brun en dessus, jaunâtre en dessous ; quelques soies à la bâse de sa partie supérieure, un plus grand nombre sur les côtés de linférieure et sur les bords du menton. L'iris est jaune ; la tête, le dessus du cou, le des, le _ hs —189— LA FAUVEITE RAYÉE. * (Black Poll Warbler.) Cette Fauvette arrive en mai, Espèce peu nom breuse, elle se tient au haut des plus grands. arbres, attrapant au vol les insectes, sa nourriture : son thant est bien faible : elle couve et repart en août. “ Trois couleurs règnent sur le plumage du mâle, le noir, le blanc et le gris ; la première couvre la tête et.est. indiquée par des raies longitudinales sur le cou, le manteau et sur les côtés du corps ; elle domine aussi sur une partie des couvertures ‘alaires et tend au brun sur l’autre, sur les pennes et sur celles de la queue : la deuxième occupe les joues, le dessus du cou, le milieu de la gorge, de la poi- trine et du ventre : elle termine les petites et les moyennes couvertures alaires, les pennes secondaires, de même que plusieurs pennes caudales, mais seu- lement en dedans ; la troisième Ébhute les. plumes scapulaires, celles du haut delaile; elle est aussi répan- due sur le-manteau et le croupion ; le bec estnoïr en dessus et jaunâtre en dessous : les pieds sont d'un brun clair.” Longueur totale 54 pouces ; Envergure 84. ! La femelle est fort ressemblante au mâle. La Fauvette Rayée se rencontre shrtout sur les confins Est de la Province. LA FAUVETTE MITRÉE. 5 (Hooded Warbler.) Cette espèce se rencontre de temps. à autre e en Canada ; sa véritable patrie parait être les Carolines et 44 Louisiane. “ Elle adore les terrains bas, couverts d’impéné: * No. 202. Dendroica striata.—Barrp. Sylvicola striata.—AuDuBon. t No.211. Myiodioctes mitratus.—Barrp. Myiodioctes mitratus.—AupuBon. N sf érables buissons où pour elle, Ia vie s'écoule ex voltigeant à la recherche d'insectes et en faisant entendre trois notes fort gaies, éwee, twee, twit-chee, Elle se construit dans la fourche d’un buisson un fort joli nid, de mousse, de filasse, de crins et de plumes ; puis elle pond cinq œufs d’un blanc gris, tachetés de roux au gros bout. La couleur noire, qui couvre Pocciput et la nuque du mâle, remonte en devant jusque sous le bec, descend en plastron arrondi sur le haut de la poi- trine, et sert de bordure au jaune brillant qui pare le sinsiput et les côtés de la tête. Cette dernière teinte domine aussi sur la poitrine, le ventre et les parties postérieures, à l’exception des flancs qui sont d’un vert-olive foncé, ainsi que tout le dessus du corps ; ce mème vert, mais plus clair, borde en dehors les couvertures supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la queue ; le bec et lé pieds sont noirs.” Longueur totale 5k pouces ; Envergure 8 pouces. La femelle a le dos et les épaules olivâätres ; les nee des ailes frangées de cendré; la gorge et es parties inférieures, d’un jaune pâle : du reste elle ressemble entièrement au mâle, Elle est plus commune dans l’ouest de la Province. LA FAUVEITE COURONNÉE. * (Yellow Rumped Warbler.) “ L'âge et le sexe introduisent d'importantes dif- férences dans le plumage des oiseaux de cette espèce. Les femelles ont des couleurs moins vives que les mâles, et les jeunes les ont ternes et rembrunies. L’adulte diffère du vieux par un vêtement moins brillant. Les couleurs des mâles deviennent au printemps plus belles et plus pures et perdent à # No. 194. Dendroïca coronata.—BaAIRD. Sylvicola coronata.—AupuBor. —191— Tautomne une grande partie de leur éclat : ceux-ci, vieux ou adultes ne diffèrent guère alors de leurs compagnes. Ils passent l’hiver sous la zone torride et se répandent en Canada le printemps et l’au- tomne ; ils couventdans les environs d’'Hamilton et de Toronto. “ Le mâle à le front gris et marqué de noir; ces deux couleurs servent de bordures à l'espèce de couronne jaune qui est sur le sommet de sa tête; les sourcils sont blancs, ainsi qu’un petit trait situé au dessous de l’œil; la bande noire qui couvre les oreilles, s'étend sur les joues et se prolonge jusqu’au bec; le croupion est jaune, de même que deux ta- ches placées sur chaque côté de la poitrine; le gris qui règne sur le dessus du cou, est varié de noir sur le dos et sur la partie antérieure de l'aile; les couvertures supérieures sont noires, bordées et ter- minées en blanc; la couleur noïre domine encore sur le devant du cou et sur les pennes alaires et caudales dent les barbes extérieures sont grises; quelques pennes secondaires sent en dehors d’un gris blane ; les trois premières pennes latérales de la queue ont une grande tache blanche à l’intérieur et en dessous vers, leur extrémité ; l’origine de la gorge et le dessous du corps sont d’un blanc pur, Parsemés de grandes taches noires sur la poitrine et les flancs ; on voit encore ces mêmes taches sur le fond gris des couvertures supérieures de la queue; le bec et lespieds sont noirs. Dimensions 54 x 84. “ La femelle a une bande noire étroite sur les côtés de la tête ; du gris brun varié de noirâtre sur les parties supérieures; les taches des flancs moins grandes et moins pronencées que celles du mâle: enfin, un jaune moins étendu et moins brillant sur la tête, les côtés de la poitrine et le croupion. L'oiseau dans son premier âge est d’un gris brun sur toutes les parties supérieures ; d’un blanc sale varié de brun sombre sur les inférieures, et il n’a pas de taches jaunes sur les côtés de la poitrine. et sur la tête” Cet oiseau se rencontre autour de Québec. ". —192— LA FAUVETTE BLEUÂTRE. * © .. (Caerulean Warblet } cëtté jolie pétite Fauvette se plait au bord des ruisseaux où dans les endroits marécageux. Pen: dant certaines saisons, dit M. McElraith, elle ‘est assez nombreuse autour de Hamilton ; elle estencore à se faire connaître dans le Canada Est. K Elle a le tour du bec ét des yeux, les joues, la gorge et les côtés de la poitrine d’un beau noir; le des- sus de la tête et du cou, le dos, le croupion, le bord des couvertures alaires d’un gris bleu un peu mélangé de brun ; la queue du même gris en dessus, noirâtre en dessous, blanche à la base et à l'extrémité irité- rieure de ses six premières pennes latérales. ‘Le reste du dessous du corps est de cette dernière cou- léur, ainsi qu'une partie des pennes primaires qui sont bordées de vert en dehors et noirâtres en de- dans ; le bec est noir ; les pieds sont brunâtres.” ‘Longueur totale 43, envergure 8. Le vêtement qu’elles portent à l’arrièré-saison dif fère en ce que les couleurs ont moins d'éclat et sont moins pures. Cette Fauvette ne chante pas. LA FAUVETTE DES PINS. } (Pive Creeping Warbler.) Cet oiseau, assez commun en Canada pendant l'été, se suspend à l’extrémité des branches et se cramponne sur le tronc des arbres pour donner la chasse aux petits insectes : en hiver il se retire dans la Caroline où les bois de cèdres et de pins conti- nuent d’avoir une grande attraction pour lui. “ Le mâle a la tête, la gorge et tout le dessous du * 901. Dendroica caerulea.—BaïIRD» Sylvicola coerulea.—Aunuson. t No. 198. Dendroica Pinus.—BatrDn. Sylyicola Pinus.—Aunurex. LR corps d’un jaune éclatant, et très foncé sur la première partie ; un trait noir sur chaque côté de la tête ; le dessus du cou et du corps d’un jaune tirant sur l’olive ; les ailes et la queue d’un gris bleuâtre ; l'extrémité: des couvertures alaires blanches, ce qui donne lieu à deux bandes trans- versales sur chaque aile: cette couleur domine aussi sur lés barbes internes des huit pennes les plus extérieures de la queue et sur les couvertures inférieures ; le bec est noir, et les pieds sont bruns.” Ils se nourrissent des bourgeons de pin et d'insectes. Ils lient leur nid à une branche horizontale ; ce nid est construit d’écorce, de bois carié, de ceps de vigne : l’intérieur est quelquefois doublé avec la dépouille d’un nid de guèpes et de feuilles de pin. Les œufs sont au nombre de quatre, blancs, tachetés de brun vers le gros bout. Ces oiseaux voyagent par bandes de vingt à trente : on les reconnait facilement à leur manière de s'élever de terre et de se poser sur la cime des arbres.” Longueur totale 5 pouces ; Envergure 8 pouces. LA FAUVETTE TRICHAS: * (Maryland Yellow Throat.) “ De toutes les Fauvettes, celle-ci est la plus commune et la plus répandue dans lAmérique Septentrionale ; on.la trouve à la Louisiane, au Canada et à la Nouvelle-Ecosse. : Au mois de mai, elle fréquente les jardins et les vergers ; mais elle y reste peu de jours : elle se hâte de.se rendre dans les taillis arrosés par des ruisseaux, sa demeure favorite pendant l'été. Cet oiseau, aussi vif, . aussi gai que la Fauvette Grise, a la voix plus agréable et ses accents sont plus variés. Comme celle-ci, elle s'élève droit en chantant au-dessus d’un buis- * No. 170. Geothlypis trichas.—Buirp. Trichas Marilandica.--Auvusos. - N2 —194— son, pirouette en l'air et descendant la tète en bas, elle términe sa chansonnette sous la feuillée. C’est la plus volage, la plus pétulante des Fauvettes dé l'Amérique : toujours en mouvement, elle parcourt sans cesse son petit canton, fuerète dans tous les halliers, en sort, y rentre à chaque instant, et sem- blerme pas connaître de repos. Cette: espèce construit son nid dans les broussailles ou sur un petit arbrisseau, l’arrondit avec des herbes fines et un peu de mousse. Elle y dépose quatre à cinq œufs blancs, pointillés et tachetés de noir. Deux couvées par an sont le résultat de ses ämours : la première a lieu peu de temps après son arrivée et la seconde en juillet. Dès que les petits sont en état de suffire à leurs besoins, tous, vieux et jeunes s’acheminent. vers le sud, où ils passent Phiver. Le bandeau noir que le mâle porte sur le front enveloppe Pœil, couvre les joues et descend sur les côtés de la gorge ; ee bandeau est bordé en dessus d’un gris bleuâtre qui s'étend sur le sommet de la tète et les côtés du cou, (des individus ont cette bordure de couleur blanche ou d’un gris blanc) l'occiput et le manteau sont d’un vert-olive, plus foncé sur les pennes des ailes et de la queue, et plus clair sur leurs barbes extérieures ; le dessous des pennes caudales est gris-jaunatre ; le beau jaune qui couvre la gorge et la poitrine, se dégrade sur le ventre, et reparait, maïs plus clair, sur les couver- tures inférieures de la queue et vers le pli de l'aile ; le bec est noir, et la queue arrondie à son extré- mité ; les pieds sont jaunâtres. Tel est le mâle sous son plumage parfait ; mais à l'automne il est privé de son demi-masque et du liseré-gris, ou plutôt ce masque et ses bords sont cachés sous la teinte verdàtre qui est à l'extrémité des plumes ; en outré, sa gorge et sa poitrine sont d’un jaune moins éclatant. Ce vêtement est aussi celui des jeunes mâles après leur première mue. Avant cette époque, leur robe a de analogie avec celle de leur mère ; ils en diffèrent seulement en ce qu’ils ont le bas de la poitrine et les parties LL —195 — postérieures jusqu'aux couvertures du dessous de la queue roussâtres, et les pennes primaires bordées de gris clair. Dimensions du mâle 43 x 64. La femelle à la tête et le dessus du corps d’un brun-verdâtre, foncé sur les inciput, les couvertures des ailes, les pennes et celles de la queue, et clair à l'extérieur de ces dernières ; la gorge, le haut de la poitrine et les couvertures inférieures de la queue d’un jaune pâle ; le ventre et le bas ventre d’un blanc-jaunâtre ; le bec brun, un peu plus sombre en dessus qu’en dessous; les pieds d’un brun- jaunâtre, et la taille du mâle.” LA FAUVETTE À TÊTE ROUGE. * (Red headed Warbier.) “ Le mâle se distingue de la femelle par le beau rouge qui décore sa tête ; le dessus du cou et du corps est vert olive, et le dessous d’un jaune écla- tant, parsemé de taches rouges sur le bas de I4 gorge, sur la poitrine et le ventre ; ces taches s'étendent le long de la tige des plumes ; les grandes pennes des ailes sont noirâtres, les moyen- nes brunes, ainsi que Îles couvertur& supérieures : toutes ont leur extérieur jaune : les pennes de la queue sont brunes Sur le milieu et jaunes sur les bords ; mais cette dernière teinte s’étend beaucoup plus du côté interne ; le bec est noir, et les pieds sont couleur de chair foneé.” Dimensions 44 x 84. Cet espèce est assez nombreuse dans l’ouest de la Province l’automne et rare le printemps. * No. 208. Dendroica palmarum.—Bair». Sylvicola petechia.—AupuBon. —196— LA FAUVETTE À CRAVATE NOIRE. * (Black throated Green Warbler.) | Cette espèce se montre le printemps, dans la partie méridionale du Canada et passe l’été dans des contrées plus septentrionales. Elle fréquente le sommet, des grands-arbres forestiers, à la recherche de-larves.et d'insectes parasites. Elle fait entendre quelques accents gais et possède un caräetère alègre et peu ami du repos. . On la ‘voit, rarement l'automne ; soit qu’elle se cache sous le feuillage, soit qu’elle n’y trouve plus sa nourriture accou- tumée. “Le mâle a le sommet de Ja tète d’un olive-verdâtre ; les côtés et ceux du cou d’un jaune brillant, un peu plus foncé sur les plumes qui re- couvrent les oreilles ; le dessus du cou, le dos, le croupion demême vert que la tète, ainsi que les plus petites couvertures des ailes ; les autres d’un cendré foncé, bordées et terminées de blanc ; les pennes. d’un -cendré. obscur, et les secondaires frangées de blanchâtre ; celles de la queue de la même.teinte,en dessus, et les six latérales les, plus éloignées. des intermédiaires, blanches en dedans vers les deux tiers de leur longueur : la plaque noire qui couvre la gorge, se divise pour s'étendre sur les côtés de l'estomac et du ventre ; la poitrine est d’un jaune clair ; cette teinte se dégrade ensuite, et passe insensiblement au blanc sur les parties pos- térieures ; le bec est noir ; les. ‘pieds: sont , bruns.” Longueur totale 4% pouces; Envergure 7 pouces. “ La femelle a des, couleurs plus claires et. n’a point de plaque noire sur la gorge.” Encore un espèce de l’ouest: du. Canada. * No. 189. Dendreica vireris.—Bairp. Sylvicola virens --AuDuBox. ; hé robe homos —197— LA FAUVETTE À TÊTE CENDRÉE, * (Black and Yellow Warbler.) “ Cette Fauvette qui traverse en hâte les contrées du centre des Etats-Unis, pour aller nicher à la Baie- d’Hudson,où elle arrive à la fin de mai, voyage au prin- temps avec les Fauvettes couronnéeés et à tète jaune. Aïnsi que chez les autres espèces, le mâle se tait alors ; mais dès qu’il est arrivé dans son pays natal, il fait entendre une voix perçante, surtout lorsqu'il pleut et que la pluie dure. Il place son nid dans les fossès, lé compose à l'extérieur d’herbes sèches et de plumes en dedans. Sa ponte est de quatre œufs d’un blanc sale, tachetés de gris-brun. _ Cette Fauvette a été vue dans les environs de Québec, “La tête de cette oiseau est en dessus d’un gris cendré, bordé par unie bande noire, qui du front s'étend sur les côtés et se perd à Pocciput ; une tache blanche est à l’angle extérieure dé l'œil : Piris est noirâtre ; les paupières sont blanches ; le dessus du cou, le dos et les couvertures supérieures de la queue d’un brun vert, tacheté de noïr ; le croupion est jaune ; la partie antérieure de l’aïle, grise et variée de noir ; les moyennes et les grandes couvertures sont des mêmes teintes à lorigine, et blanches dans le reste de leur longueur ; les pennes noirâtres et bordées de gris ; 4 queue a ses plumes intermédiaires totalement noires ; les autres sont blanches dans le milieu. Le beau jaune, qui brille sur la gorge et sur toutes les parties inférieures jusqu’au bas-véntre, est tacheté de noir sur le devant du cou, sur la poitriné ét sur lés flancs ; les plumes dessous la queue sont blanches ; le bec et les pieds noirâtres.” Longueur totale, 4k; Envergure 9. La tête de la femelle est cendrée partout où le mâle a du noir et du blanc ; du reste elle lui res- semble, * No. 204. Dendroica maculosa.—Batirp. Sylvicola maculosa. —Aupusox. | N4 —198— LA FAUVETTE JAUNE—L'OISEAU JAUNE. * (Yellow Warbler.) De toutes les espèces de Fauvettes, celle-ci est, la plus répandue :en Amérique. Elle niche dans divers Fe sous la ligne, sous les tropiques, au Labrador, dans la Pennsylvanie, en Canada ; partout enfin on rencontre l'oiseau jaune, comme l’aprellent les enfants. , Cette Fauvette arrive au Canada en mai et s’en va avec ses petits dès que la belle saison est finie. Son ramage ne manque pas d’agréments, quoique:sa chansonnette soit courte et peu variée, Toujours en : mouvement, on la reconnait à sa étulance et à son agilité ; elle vole sans cesse de Fe en branche, d'arbre en arbre, se joue souvent à leur sommet, et voltige rarement de buissons en buissons, à moins qu’ils ne soient d’une certaine hauteur. Elle construit son nid dans ‘un gadellier touffu ou dans une de ces épaisses haïes de lilas si communes dans nos jardins : elle le place à quatre ou cinq pieds de terre et le compose d'herbes. sèches, de filamens, de petites racines : la ponte est de quatre ou. cinq œufs blancs et tachetés de brun verdâtre. Une seule couvée est le fruit de leurs amoursdans nos climats; elles en font davantage dans le sud. . | “_ Le beau jaune qui couvre la tête, la gorge et toutes les parties supérieures, est tacheté de rou- gâtre sur le devant du cou, sur la poitrine et sur le ventre ; il prend une naunce verte sur l’occiput et le dessus du cou, .se change en vert-olive clair. sur le dos, sur le croupion et sur la partie antérieure. des ailes, reparait avec le même éclat à l'extérieur des moyennes et des grandes couvertures des pennes alaires, qui sont brunes à l’extérieur : les couver- tures inférieures de la queue sont jaunes, de même * No. %3. Dendroica aestiva.—Bairp. Sylvicola aestiva.—AunuBon. Fauvette tachetée de VIrEILLOT. — 199— ue le côté interneet le dessous de toutes les pennes latérales ; le bec et l'iris sont noirâtres ; les pieds, couleur de corne. : Longueur totale 4% ; Envergure 8. | Les couleurs de la femelle sont moins vives. L’adulte mâle diffère du vieux, en ce qu'il a le dessus de la tête d’un vert-olive ; du blanc-jaunâtre sur les côtés et sur la gorge ; du jaune pâle sur la poitrine et le ventre; du brun à l’intérieur, des couvertures et des pennes alaires ; de l’olivätre à l'extérieur ; du jaune terne au-dessous. des pennes caudales ; enfin, le bec et les pieds rembrunis. Le jeune a dans son premier âge, la gorge blanche ; les parties supérieures vertes et mélan- ées de gris.” La femelle emploi plusieurs subterfuges. pour éloigner l'ennemi de son nid : elle traine laile, s’abat à terre, hérisse ses plumes et semble blessé à mort. LA FAUVETTE BLACKBURNIAN. *, | (Blackburnian Warbler.) Cette Fauvette, assez rare aux Etats-Unis, se montre régulièrement tous les printemps à l’ouest de la provinee, et a été remarquée dans les envi- rons de Hamilton, par M. McElraith, naturaliste de cette ville. C’est un oïseau solitaire. “ Les petits buissons, les broussailles qui croissent dans les maraïs et sur leurs bords, sont les endroits où elle se cache alors, et où elle trouve les insectes dont elle se nourrit ; elle les cherche aussi, mais moins sou- vent, à terre et dans les herbes. On ne connait pas son pays natal, ni les contrées qu’elle parcourt à l'automne avant de retourner dans le sud; car elle ne fréquente point alors celles où elle se trouve au —. ne * No. 196. Dendroica Blackburnea.—Batrp. Sylvicola Blackburnea —Aupuson. —__900— printemps. Elle tire son nom d’un amateur anglais du nom de Blackburn, qui résidait à New-York, et qui parait l’avoir le premier signalé aux naturalistes des Etats-Unis. “Ce bel oïseau a trois bandes longitudinales sur lé sommet de la tête, celle du milieu est jaune, et les autres qui lui servent de bordure sont d’un beau noir. Cette dernière couleur couvre l’occiput, la nuque, le dos, le croupion, les plumes scapulaires, les petites couvertures des ailes; les pennes et Îles six intermédiaires de la ‘queue; elle forme aussi sur chaque côté de la tête une petite bande qui part du bec, passe à travers l'œil, et qui est sur- montée d’un trait jaune; les six pennes les plus extérieures de la queue sont blanches et frangées de gris en dehors ; la paire qui leur succède n’est blanche qu’en dessous ; cette couleur domine aussi sur les couvertures des ailes, sur les barbes exté- rieures des pennes secondaires, sur le bas-ventre et les plumes du dessous de la queue; le jaune orangé qui brille sur la gorge, ainsi que sur le devant et sur les côtés du cou, est interrompu par une raie noire, laquelle descend des joues à linsertion de l'aile; ce bel orangé se dégrade insensiblement sur la poitrine, sur le ventre et est parsemé de taches noires sur les côtés ; le bec et les pieds sont de cette dernière couleur.” | Longueur totale 45, envergure 73. LA FAUVETEE CHRYSOPTÈRE. * (Golden winged swamp Warbler.) Voilà encore un dés individus de la grande tribue ailée, qui chaque printemps quitte les bocages odori- ferants du sud, pour aller déposer ses œufs dans le nord du continent. M. McElraith n’a vu qu’une * No 181. Helminthophaga chrysoptera.—Batrn. Helinaia chrysoptera.—Aupurox. —901— seule de ces Fauvettes, dans les environs d'Hamii- ton, et nous ne croyons pas qu’elle se montre dans le Bas-Canada. “ Elle a le bec, la gorge et le devant du cou noirs; une raie de mème couleur et bordée de blanc s'é- tend sur les côtés de la tête, passe à travers l’œil et se perd sur les tempes; le front et le sinciput sont d’un jaune brillant; la poitrine, le ventre, les couvertures inférieures de la queue et des ailes d’un beau blanc; l’occiput, le dessus du cou et du corps d’un gris bleuâtre ; les pennes des ailes d’unenuance plus foncée ; celle de la queue de la même teinte en dessus, d’un cendré elaïr en dessous, avec des taches blanches à l’intérieur de plusieurs latérales ; les petites couvertures des ailes pareïlles au dos et terminées dé jaune, les autres d’un jaune doré ; les pennes secondaires bordées de jaunâtre, et les pieds noirâtres.” | Longueur totale 54, envergure 75. LA FAUVETTE A COLLIER, * (Blue Yellow backed Wood Warbler.} Cette espèce est répandue pendant Pété de- puis la Louisiane jusqu’au Canada. Elle passe l'hiver sous les tropiques: elle est assex com- mune au Haut Canada. On la remarque voltigeant dans la cime des plus hauts arbres de la forêt, en quête d’insectes et de moustiques. Elle jette de temps à autre un petit cri semblable à celui d’une sauterelle, que l’on entend à peine du pied des ar- bres. “ Les couleurs de ces oïseaux se présentent sous diverses nuances ; elles sont plus vives et plus brillantes dans l’âge avancé que dans les premières années ; leur taille varie aussi, mais de peu de * No. 168. Parula americana —Barrp. Sylvicola americana,—Aunurox, —202— chose.: Le mâle a la tête et le dessus du cou d'un gris bleuâtre; une tache noire près du bec et l'œil placé entre deux petites marques blanches; la par- tie antérieure du dos est vert-olive; la partie pos- térieure, le croupion et les plumes qui. recouvrent là queue sont pareïls à la tête; les pennes primaires des ailes sont noires en dedans et bordées de gris -bleu en dehors ; les secondaires frangées de verdâtre à l'extérieur ; les couvertures supérieures de même couleur que les pennes, et terminées de. blanc; ce qui fournit sur chaque aile deux bandes: transver- sales ; les pennes de la queue sont semblables aux primaires des ailes et les trois premières de chaque côté blanches à l'intérieur, dans moitié de leur étendue ; la gorge est jaune ; les plumes du. haut . de la poitrine sont rouges et bordées de jaune.' Le ventre et les couvertures supérieures de la queue sont blanches; les pieds bruns, ainsi que le dessus du bec, dont le dessous est jaunàtre.”? Longueur totale 44, envergure 64. La femelle a la tête, le croupion et une partie du dos cendrés; du reste, elle ressemble au mâle. Les jeunes portent avant leur première mue, un vête- ment très différent de celui des vieux et même des adultes. ‘Ils ont alors la téte et tout le dessus du corps d’un gris sombre ; les ailes et la queue brunes ; la gorge let les paupièrés blanches : toutes les par- ties postérieures d’un gris blanc; le bec brun en dessus et jaunâtre en dessous, à l’exception du bout de la mandibule inférieure.” LA FAUVETTE BLEUE ET ROUSSE. * : (Blue Bird.) Il existe en ce pays un charmant petit oi- seau, autour duquel se groupent mille souvenirs du foyer domestique, mille traditions populaires. * 158. Scialia scialis.—BAIRD. Scialia Wilsoni.—AUDUBON. —908— Il semble prendre chez nos amis de l’ouest, la place qu’occupe en France le Rouge-Gorge, “ le consola- teur du Pauvre, l'oiseau du Bon Dieu.” Wilson lui a consacré plusieurs de ses pages les plus éloquentes. C’est la Fauvette bleue et rousse ou Blue Bird. Cet oïseau a les ailes longues, le vol si facile et si rapide qu’il brave son en- nemi naturel l’Emérillon et semble se jouer de ses attaques. Il n’habite que leslieux découverts, se per- che à la cime des arbres ; préfère la branche sèche au rameau feuillé, montre une grande antipathie pour les forêts, les taillis épais, et généralement pour toute espèce de bois : il place son nid dans un trou d'arbre, se plait avec ses semblables, voyage avec eux, et même avec d’autres petits oiseaux; la société de ses pareils est pour lui un besoin, en tout autre temps que celui des amours. S'en trouve-t-il par hasard éloigné? son cri, sans cesse répété, indique le désir pressant de lés rejoindre. Ses accents ne sont pas sans agrément ; sa voix est sonore et variée; au printemps seul, il la fait entendre de la cime des grands arbres. Le Blue Bird quitte le Canada en septembre et en octobre pour les contrées méridio- nales des Etats-Unis ; il voyage de concert avec d’autres oiseaux ; arrivé aux Bermudes, en Georgie, à la Floride et à la Louisiane, le terme de sa course automnale, il se réunit en bandes. “ Pendant la saison des amours, ces oiseaux sont querelleurs et bataïlleurs jusqu’à ce que l’accouple- ment ait lieu. Le creux d’un vieux pommier ou de tout autre arbre est le réduit obscur où la femelle cache son nid. De petites racines, des herbes gros- sières, de la mousse et des plumes entassées sans ordre, forment la couche où elle dépose quatre à cinq œufs. Elle s’occupe seule de cette mauvaise construction ; le mâle l’accompagne dans toutes les courses que nécessite la recherche de ces divers ma- tériaux, et veille à sa sûreté pendant le travail et Pincubation. Denx couvées sont le fruit de leurs al- liinces. Les petits naissent couverts d’un duvét roux. Dès que la première nichée peut se passer des soins de —904— la femelle, celle-ci s'occupe aussitôt dela seconde. Les jeunes se dispersent pendant le jour, pour chercher leur nourriture, et se réunissent le soir près du lieu de leur naissance, où ils se mettent sous la sauve- garde du mâle. Quand la seconde couvée est par- venue à sa perfection, l’une et l’autre se réunissent et forment une petite troupe, à laquelle les familles des cantons voisins se joignent pour se rendre sous un'elimat où les insectes, leur principale nourriture, se ‘trouvent dans une abondance proportionnée aux besoins de tous. Les individus attardés cherchent leur pâture devant les granges, dans les champs de blé, de maïs et de millet. La Fauvette bleue et rousse a été vue dans le District de Québec ; on dit même qu’elle y couve : mais elle y est rare : tandis qu’elle est trèsabondante dans le Haut-Canada ; quelques-unes y passent l’année entière. Le vol de cette Fauvette est sinueux et très ra- pide lorsqu’elle est poursuiviepar l’Oiseau de Proie : il est lent et droit dans leurs voyages : elles se tiennent alors à quelque distance les unes des autres, et répètent sans cesse leur cri plaintif. Quand elles veulent s'arrêter, elles descendent len- tement et planent avec grâce jusqu'à ee qu’elles soient posées : elles se dispersent ensuite de tous côtés, mais elles ne manquent pas de se trouver le soir au rendez-vous, qui est ordinairement sur la lisière d’un bois : elles passent la nuit ensemble, partent au lever du soleil et ne se reposent que sur les dix à onze heures du matin. Leur naturel peu craintif permet de les approcher ; cependant elles savent très bien discerner le danger ; car dès qu’elles voient qu’on les pourchasse, elles deviennent très défiantes. Les mâles, surtout, s'inquiètent plus promptement que les femelles. Les cantons découverts sont ceux qui leur conviennent le mieux ; aussi les voit-on presque toujours sur les clôtures des champs et des vergers, et rarement sur les arbres. Ils saisissent avec adresse l’insecte ailé qui voltige à leur proximité et plongent avec une grande vélocité sur celui qui se pose sur l'herbe. Ils vivent aussi de vers et de vermisseaux, et ils —205— semblent les préférer à toute autre aliments ; car c’est presque toujours à terre qu’ils cherchent leur pâture. Le nom de Fauvette peut convenir à cette espèce comme nom générique, mais non autrement ; car il a dans son naturel aucune analogie avec les vraies Fauvettes. Un beau bleu d’outremer brille sur la tète du mâle, ainsi que sur le dessus du cou, le dos, le crou- pion et sur les pennes des ailes et de la queue, dont le côté interne est noirâtre ; la gorge, le devant du cou, le haüt de la poitrine et les flancs sont roux ; le milieu du ventre et les parties postérieures blancs ; une petite tache d’un gris bleu sépare l’œil du bec, qui est noir de même que l'iris ; les pieds sont bruns.” Longueur totale 7 ; Envergure 10. | Le bleu est mat sur le plumage des adultes, et comme lustré sur celui des vieux, maïs seulement pendant la belle saison. La femelle a des couleurs ternes, si ce n’est sur les barbes extérieures des pennes primaires, alaires et caudales qui sont d'un beau bleu ; un gris-brun, faiblement mélangé de bleu, règne sur toutes les parties supérieures ; la teinte férugineuse qui couvre la gorge et la poitrine, borde à l'extérieur les pennes secondaires et les couvertures des aïles ; celles-ci sont d’un gris-bleuâtre dans le reste de leur étendue ; le bec est brun, et les pieds sont d’une nuance sombre. LA FAUVETTE À GORGE BAIE. * (Bay breasted Warbler.) Cette Fauvette arrive régulièrement chaque prin- temps dans l’ouest de la Province. Elle est d’une activité incessante dans ses courses et ses évolutions aériennes, à la recherche d’insectes. Ses habitudes * 197. Dendroica castanea.—BatRp. Sylvicola castanea.—Avpu8on. — 206 — paraissent peu connues et l'espèce peu nombreuse. Le mâle a la gorge, la poitrine et le dessous des ailes d’un chatain pâle ; l’occiput, les joues, et.une ligne au-dessus.et à travers l’œil, noires ; les parties inférieures, d’un blanc jaune sale ; le sommet de:la tête, chatain foncé ; le derrière de la tête et le dos, striés de noir, sur un fond gris-jaunàtre ; les ailes d’un brun noir, frangées de gris ; les trois pennes extérieures marquées d’une tache de blanc, sur leurs barbes internes : derrière l’œil est une large plaque oblongue de blane jaunâtre. La femelle a bien moins de bai sur la poitrine; le noir sur l’occiput est moindre et d’une teinte brunâtre. Les tarses et les.pieds dans chaque in; dividu, sont d’un gris foncé ; les griffes fort aigues pour grimper, le: bec est noir ; liris couleur de, noi- sette. | À Longueur totale 54, envergure 11. LE FAUVETTE AUX CÔTÉS .CHATAINS. * (Chesnut sided Warbler.) | ‘Encore une espèce de l’ouest de la provinee et inconnue pour nous. Cette Fauvette niche dans les aubépines et les rosiérs.: Elle arrive, lorsque les arbres commencent à fleurir et s'occupe alois activement.à. dévorer les insectes qui cherchent à s’y attacher, pour y déposer leur larves. Le front, une ligne au dessus des yeux et les plumes des oreilles sont d’un blanc pur; le som- met de la tête d’un jaune brillant : le dos et le derrière de la tête sont marqués de gris, de foncé, de noir et de jaune pâle; les ailes sont noires ; les primaires, frangées d’un bleu pâle ; les secondaires largement frangées d’un jauue pâle; la mr I * Ne. 200. Dendroica pennsylvanica.—BaïRD. Sylvicola icterocephala. —AupuBon. —-207— queuenoire, fourchue et frangée de gris à l'extérieur; les barbes intérieures des trois plumes extérieures marquées d’une tache blanche ; là où se termine le noir, à la mandibule inférieure, de chaque côté, une barre de chatain roussâtre descend le long des côtés du couet sous les ailes à la racine de la queue. Le reste des parties inférieures sont d’un bleu pur ; les jambes et les pieds gris; le bec noir; liris, cou- leur de noisette. La femelle a le derrière de la tète d’un brun plus clair: le chatain sur ses côtes est moindre et moins foncé. Longueur totale 54; Envergure 8. LA FAUVETTE D'AUTOMNE. * (Hemlock Warbler.) Cette Fauvette passe quelques mois chaque années dans le Haut-Canada. Elle est d’une grande acti- vité et d’une rare agilité, se cramponnant aux bran- ches et y demeurant suspendue comme les Mésanges; sa chanson se compose de quelques notes faibles mais très douces : elle iaterrompt ses évolutions un instant pour chanter, puis elle repart. Elle fait la Chasse aux mouches avec une grande dextérité, commençant par les branches inférieures d’un arbre et continuant ainsi jusqu’à la cime de l'arbre, qu’elle quitte pour aller recommencer le même manége sur l’arbre voisin. L ‘ Le mâle a le bec noir en dessus, pâle en dessous ; les couvertures supérieures, noires barrées d’un jau- ne-olive : le dessus de la tête, jaune avec des points noirs ; une ligne de la narine au-dessus de l’œil, les côtés du cou, la poitrine, d’un beau jaune; le ven- tre plus pâle strié de foncé ; autour de la poitrine de petites lignes noirâtres ; les ailes noires; avec deux * Sylvicola parus.—Aupuros. () —908— bandes blanches ; les primaires frangées d'olive ; les tertiaires frangées de blanc ; les couvertures caudales, noîres terminées d'olive; la queue légère- ment fourchue, noire et frangée d'olive: les trois pennes extérieures tout à fait blanches sur leurs barbes internes; les jambes et les pieds, d’un jaune sale ; l’œil, couleur de noisette foncé : quelques soies autour du bec : le bec droit. Longueur totale 5k ; Envergure 84. LA FAUVETTE DU CAPE MAY, *. (Cape May Warbler.) Cet oïseau est très rare en Canada : M. McElraith s’en est procuré deux individus dans les bois qui avoisinent Hamilton. Il fréquente les lieux bas et marécageux : ses habitudes he sont que peu connues. Le mâle a le bec et les jambes noirs; le sommet de la tête, noir foncé; une ligne jaune de la narine au-dessus de l'œil au menton, et des côtés du cou; les auriculaires sent orange et cette couleur se reflète sur la ligne jaune au-dessus des yeux; à l’angle extérieur et postérieur de l'œil, est un petit point noir: le derrière de la tête, le dos, le crou- pion et les couvertures caudalés, jaune-olives, striés de noir: une large bande blanche sur les aïles, cette couleur existe aussi sur les couvertures alaires à leur extrémité: le reste de laile est noïrâtre frangé de jaune-olive : le cou et la poitrine d’un superbe jaune qui s'étend en dessous des ailes, entrecoupé de taches noires qui forment des chai- nons ; le ventre d’un blanc-jaune; la queue four- chue, d’un noir clair, avec dés bordures d’un jaune olivé; les trois. pénhes extérieures de chaque côté marquées sur leur barbes internes d’une tachie blan- che. Le jaune sur la gorge et le cou en fait pres- que le tour et est fort brillant. * No. 206. Dendroica tigrina:—Batrp. Sylvicolawmeritima,—AUDUBON, —2069— Longueur totale 54 ; Envergure 83. Le cadre de cet ouvrage ne nous permet pas de décrire plus au long, cette intéressante famille des fFauvettes, dont il existe dans l'Amérique Septentrio- nale, au delà de trente six espèces. Le plus grand nombre séjournent pendant la belle saison, dans l'Ouest du Canada. On ne saurait nier que le Haut-Canada n’embrasse une bien plus grand va- riété d'oiseaux que le Bas-Canada. Ce phénomène peut s’expliquer par la douceur de la température pendant l'hiver : nombre d’eiseaux sont sédentaires au Haut Canada; tel que les Blue Bird et les Cailles que l'on ne rencontre à peine dans cette partie de la province ; on dit que les Cailles n’ont jamais été wues plus bas que Kingston. Mme DE TRACY. Les oiseaux, ce sont des baïsers Que donne le ciel à la terre; Sur les lacs, par leur vol rasés, Les oiseaux, ce sont des baisers. On a publié récemment les “ Lettres et Pensées ” 4e Mme de Tracy, une parisienne qui a laissé le souvenir d’un aimable esprit dans la société fran- çaise: Ces lettres contiennent un passage admira- ble de tendresse pour la gent ailée. Tout en repo- sant l'esprit du lecteur après les nombreuses descrip- tions d’oiseaux qu’on vient de lire, ce passage four- nit également une lecon salutaire, à ces êtres inhumains qui enlèvent aux oiseaux leurs œufs ou leurs jeunes et tuent les vieux pour le plaisir de les tuer, Mme de Tracy aimait les petits oiseaux et leurs chansons, comme Dieu les aime. Elle leur donnait la pâture sur ses genoux; elle se levait la nuit pour les suivre. Un jour son rossignol tomba malade. Vous savez que J. J. Rousseau ne pouvait entendre le chant d’un rossignol sans. pleurer Un cœur aussi dans ses notes palpite, =—210— a dit M. de Lamertine en parlant du rossignol ; Dupont de Nemours a noté sa musique et traduit ses chansons. Mme de Tracy était bien près de faire comme Rousseau, de pleurer parce que son rossignol ne chantait plus. 5! “ La duchesse de Coïgny, dit elle dans une de ses lettres, vint me voir un matin. Elle me trouva courbée en deux comme si j'avais un “lumbago. ?” Qu’avez vous donc ! me dit-elle.—J’ai un oiseau sur l'estomac. — Vous en avez mangé ? — Non, Dieu merci, je suis la garde malade de mon ros- signol et j’ai essayé de le rechauffer..,.” Aïmer les oiseaux, pour Mme de Traey, c’est le commen- eement de la sagesse. Leur couper les pattes, c’est se montrer capable d’étrangler ses enfants ou d'empoisonner son mari, témoin Mme Lafarge qui mutilait les moineaux de son grand-père. Mme de Tracy se plait à nommer tous ceux de ses contemporains illustres qui ont montré de la sen- sibilité en matière d’ornithologie. Lisez ce qu’elle en dit : M. de Lamartine est un grand amateur de rossignols ; mais il n’en conserve aucun, “ parce u'il les change continuellement de place” M. Thiers est plus sage. Il sait gouverner une volière, et Mme de Tracy remarque qu’il a toujours ac- eueilli “avec beaucoup de déférence ” “les con- seils qu’elle lui a donnés à ce sujet.” Quant à M. Michelet, elle n’en dit rien, peut-être parce qu’elle a su que cet apologiste outré de “l'oiseau” était, au fond, un ornithopage déterminé. L'abbé Du- panloup (aujourd’hui évèque d’Orléans) est bien mieux son fait. Un jour qu’elle causait avec lui des Pères de l'Eglise latine, tout à coup l’abbé s'écrie: “ Ah! le joli petit oiseau!” C'était un des rossignols de la maison qui se promenait sur le tapis. “ Il a dit cela, ajoute Mme de Tracy, avec un ac- cent qui na été au cœur. dJ’avais de l’admiration pour M. Dupanloup; maintenant, c'est une vive affection que j'ai pour lui”’—Mais ne nous parlez —211— pas de ce marchand de bois à qui Mme de Tracy avait vendu une de ses coupes en 1845, et qu’elle questionnait sur les nids “sur ces pauvres oiseaux que l’on dérange quand on ne les tue pas....” Le marchand répondit : “ Les bêtes sont des machines ui ne sentent pas.—Alors pourquoi crient-ils quand on les maltraite ? Ils crient comme une porte qu’on ouvre brusquement, ou comme une roue qui frotte sur son essieu—Mme de Tracy ajoute : “Je n’ai pas cherché à convertir cet animal qui parle si mal des bêtes... .” * Non seulement Mme de Tracy parle très bien des bêtes, elle a pour les animaux toutes sortes d’at- tentions courtoises et hospitalières dont elle nous raconte les détailles d’une facon charmante, avec aussi peu d’orgueil que d’humilité et comme la chose la plus naturelle du monde. | ‘#,.., Je m'occupe de mes animaux. Mon merle ne veut s'endormir que lorsque la lampe est allumée dans la salle à manger. Sa cage est accrochée près des rideaux, et il sait très-bien en tirer un coin à travers les barreaux pour s’en faire un lit plus douillet. J’avais déjà remarqué depuis longtemps que les oiseaux étaient très recherchés dans leurs goûts. Ceux que j'apporte au salon ont soin de se percher sur des meubles dorés, ou bien c’est aux chaises à dosier de velours et de soie qu'ils donnent la préférence.—J’ai une souris qui a établie son domi- cile dans un grand cornet de verre où je place, pour les conserver, des fleurs et des branches de pin. On avait oublié d’y mettre de l’eau ; elle en a pro- fité, et j'ai bien recommandé qu’on ne vint pas la troubler par une inondation intempestive : celle de la Loire à déja fait assez de malheureux. Rien d'ailleurs n'est joli comme une souris ; c’est un petit animal propre, de forme gracieuse et plein de “bon sentiments. “ La mienne me connait maintenant ; elle vient prendre son pain presque dans ma main, et semble avoir en moi une Confiance que je tiens à justifier. —J'ai aussi un crapaud mélomane qui monte cha- 02 ; —212— k que soir le perron pour venir m'écouter quand je joue du piano. Lorsque j'ai terminé, je le prends délicatement avec les pincettes pour le mettre dehors, bien sûre de le voir revenir le lendemain.— Maintenant qu’il fait froid, mon grillon (elle a aussi un grillon) se cache dans les plis des rideaux ; mais ilen sort le soir pour venir sous la table chercher le pain et les noix que j’épluche pour lui. Les mœurs, les singularités de toutes ces bètes m'inté- ressent au dernier point. J’emploie mes heures de repos à les observer; elles me délassent de mes études sérieuses, et c’est par elles que je reviens à _ l'humanité... .” | Revenant aux oiseaux, à ses chers petits oiseaux, non pas ceux qu'elle tient en cage, mais ceux là bien plus heureux qui jouissent de la liberté, Mme de Tracy se plait à les suivre aux tendres jours de la couvée, suspendant leurs nids à des rameaux flexibles qui cèdent au moindre vent. La mère prudente, comme l’a dit gracieusement le poëte Delille, Les suspend aux rameaux noblement balancés, Et dans ce doux hamac les enfants sont bercés, ‘La dilettantisme ornithelogique de Mme de Tra- cy s'étend quelquefois aux hommes, mais aux hommes, qui parlent bien des oiseaux et qui ag'is- sent de même à leur égard. Il y a surtout un an- cien, un sage d'Orient, Sath, qu’elle estime et dis- tingue entre tous les autres. C’est peut-être parce que ce sage à dit : “ Au printemps, quand les oiseaux commencent à chanter, ils s’écrient dans leur langage molodieux : “# Ah! que les femmes sont jolies! Et voilà les femmes pardonnées.” Comment parler du printemps et de ses chantres ailés sans parler des hirondelles. Anathème à Cicéron qui médit un jour des hirondelles. Maïs saint François d'Assise les a bien vengées; “ Chan- tez, chantez, mes sœurs; leur disait-l, priez avec moi le Seigneur.” e —213— LE VIREO A FRONT JAUNE. * | (Yellow throateil Vireo.) On remarque ce Vireo principalement dans les grands bois, au sommet des arbres pendant la belle Saison d’où il fait entendre sa note plaintive qu'il varie un tant soit peu piu, preo, prea, etc. Il aecom- pagne quelquefois les Moucherolles aux yeux rouges ; il assujettit son nid aux petites branches d’un arbre ce nid est fait de cones de vignes, de mousse et autres substances ; les œufs sont au nombre de qua- tre, blancs et marqués légèrement de noir, surtout au gros bout. Il est plus répandu au Haut-Canada. Un beau vert jaune, plus foncé sur le corps que partout ailleurs, couvre les parties supérieures de cet oiseau, à l’exception du croupion qui est d’un vert cendré ; un jaune pur borde le front, entoure l'œil, règne sur la gorge, le devant du cou, la poi- trine et le haut du ventre, dont le bas est blanc; les pennes des ailes sont noirâtres, les primaires grises en dehors et les secondaires blanches ; les petites et les moyennes couvertures sont bordées et terminées de cette dernière couleur ; la queue est prie aux premières pennes alaires, et ses deux atérales ont à l'extérieur et à la pointe un liséré blanc ; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale 5%, envergure 93. LE VIREO OÙ MOUCHEROLLE GRIS. (Warbling Greenlet.) Cet agréa ble musicien arrive en Canada vers le commencement de mai. Il fréquente alors les ver- gers, les jardins et la cime touffue des peupliers de * No. 252 Vireo Flavifrons. —Barrp. Vireo Flavifrons.—AuDuBon. t No. 245. Vireo gilvus.—BairpD. Vireo gilvus..—-AUDUBON. 03 —214—. Lombardie et des saules, où l’attirent ;les insectes ailés qui à cette époque sont plus abondants dans ces lieux que partout ailleurs ; plus tard il va cou- ver dans les bois, domicile favori des oiseaux de ce genre ; sa mélodie se compose d’une série de. notes douces, tendres et coulantes, tandis que le Maestro se cache parmi les feuillages dans le voisinage des habitations. À Cette espèce a le bec et les pieds bruns; la tête, le dessus du cou et du corps gris; cette teinte. est légèrement nuancée de verdâtre sur le dos; les pennes alaires et caudales sont brunes et bordées en dehors d’une nuance plus pâle ; toutes les parties inférieures d’un blanc sale ; les flancs et les couver- tures subalaires pareilles au dos; les ailes et la queue d’un gris blanc en dessous. ; Longueur totale 54, envergure 84. ; R ROITELETS. (Wrens.) ‘ Les espèces de cette famille sont insectivores et ne touchent jamais aux fruits. Ces oiseaux, d’une extrème mobilité, voltigent sans cesse de branches en branches, les parcourent dans toutes les situations, visitent l'extrémité des rameaux les plus flexibles et s’y accrochent, pour y saisir, au printemps, les insectes qui naissent avec le bouton ; en été, celui qui se cache sous la verdure ; et en automne, les larves qui cherchent un abri contre le froid dans les paquets de feuilles mortes. Ils ont une certaine analogie avec les Mésanges dans plusieurs de leurs habitudes, et ils les accom- pagnent souvent quand elles voyagent à l'arrière saison.” —-215 — LE ROITELET RUBIS. * (Raby crowned Wren.) Le Chène un jour dit au Roseau : Vous avez bien droit d’accuser la nature, Un Boitelet pour vous est un pesant fardeau. (La FonTaixe.) Ce diminutif volatile porteun joli plumage ; une huppe couleur de rubis orne son chef. Il est très commun dans nos vergers, nos bosquets, lorsque les pommiers et les pêchiers sont en fleur ; son activité est incessante, il furètera pour des heures entières dans un épais buisson et y dévorera une quantité prodigieuse d’insectes. Vif, leste, il n’en manque aucun, Quand il aura fini d'explorer un taillis, il s’envolera à la cime d’un grand arbre et y conti- nuera son industrie. Sa belle aigrette écarlate le fait facilement reconnaître. “ Le mâle seul est vêtu de cette parure; il a la tête, le dessus du cou et le manteau d’un gris verdâtre; l'œil placé entre deux marques blanches ; les petites couvertures des ailes d’un gris foncé, les moyennes et les grandes d’un brun sombre et terminées de blanc, ce qui donne lieu aux deux bandes transver- sales qu'on rémarque sur les ailes; les pennes sont noirâtres et bordées d’un vert jaunâtre en dehors, à l’exception de quelques secondaires qui le sont de blanc ; le dessus de la queue est pareil aux pennes primaires, et le dessous est gris ; la gorge, le devant du cou et du corps sont de cette teinte, laquelle est nuancée d’un verdâtre clair, et se dégrade sur les parties les plus inférieures ; le bec et les pieds sont noirâtres.” Longueur totale 4k, envergure 6. La femelle n’a pas de huppe, ainsi que les jeunes mâles avant leur première mue. Ils ressemblent à leur mère ; les couleurs sont plus ternes ; le dessous du corps est d’un roux sale. * No. 161. Regulus calendula.—Bairp. Regulus calendula, —Aupusow. 04 146 Cette espèce donne à son nid une forme agréable ; elle le suspend à la fourche des branches les. plus faibles et les plus feuillées d’un arbre élevé, et les enlace avec le foin, la bourre et les autres maté- riaux qui entrent dans son tissu, de manière qu’elles en font partie; le tout est recouvert d'un lichen très large ; sa ponte est de cinq ou six œufs d’un blane sale, tachetés et pointillés de deux nuances brunes ; les taches et les points sont si nombreux que ces œufs paraissent grisâtres. LE ROITELET HUPPÉ. # (Golden crested Wren.) Ce petit oiseau est répandu en Amérique depuis la Louisiane jusqu’à la Baie d'Hudson. Plus rare dans le Bas-Canada que dans l’ouest de la pro- vince, il arrive dans la partie méridionale du Ca- nada à l’automne, y reste l’hiver et repart à la fin de mars, pour passer la belle saison dans le nord ou au centre des grands bois. Il niche au Labrador, à Terreneuve et au nord du Canada, quelquefos sur les pins, les sapins ; mais il préfère les chènes, pro- bablement parce qu’il trouve sur ces arbres une nourriture plus abondante que sur les autres; car on le voit presque toujours à leur cime et à l’extré- mité des branches où il se tient en diverses posi- tions. Le nid est tissé à l'extérieur avec de la laine et des toiles d’araignée ; un duvet fin. tiré des arbres et des plantes, forme la couche sur laquelle la fe- melle dépose six à huit œufs d’un brun jaunâtre et de la grosseur d’un pois ; l’entrée est au côté. Son chant est agréable et harmonieux ; mais il ne le fait entendre que le printemps. Ce Roitelet parait être le mème que le Roïtelet * No. 162. Regulus Satrapa.—Batïrp. Regulus Satrapa.—Aunuon. die : * d'Europe décrit avec exactitude par Buffon : il en a la taille, le plumage, le naturel, et les habitudes. Mais lequel des deux continents en à fait présent à l’autre ? et comment ce petit oiseau à vol court, qui ne se plait que dans les forêts, qui ne se nour- rit que de petits insectes et qui languit lorsqu'il en est privé pendant quelques heures, a-t-il passé de l’un à l’autre. Voilà an problème à résoudre. On peut faire la même question au sujet des oiseaux Sylvains communs à ces deux parties du monde, et et qui tous en habitent les parties boréales. On peut même dire qu’en Amérique le nord est leur pays natal ; car ce n’est que dans l’hiver qu'on en voit au sud du Canada. Tels sont le Grimpereau commun, le Sizerin, le Dur-bee, le Pic à pied velus. etc. La huppe du mâle est d’un orangé très-vif dans le milieu et noire sur les côtés; un trait de cette dernière couleur traverse l’œil, et l’on voit une marque blanche au-dessus ; l’occiput, toutes lés parties supérieures et les couvertures de la queue sont d’un janne olivâtre foncé; deux bandes blan- ches traversent les ailes ; les plumes qui entourent la base du bec, les joues, la gorge et toutes les par- ties postérieures sont d’un gris roux, nuancé d’olivä- tre sur les flancs ; les couvertures, les pennes alaïres et caudales sont brunes et bordées en dehors d'un jaune-olive ; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale 4; Envergure 7. La femelle diffère du mâle en ce que sa huppe est d’un jaune citron ; le dessus du corps est olivätre sans aucune nuance de jaune ; elle n’a pas de ligne noire à travers l'œil.” + _M#e LE JAÂSEUR DE BOHÊME. * (Bchemian Chatterer.) Il y a en Canada deux oiseaux de la même famille, semblables sous tous les rapports, excepté sous celui dela taille Le plus rare est le Jaseur de Bohème, espèce européenne, qui habite aussi le nord du Canada ;- elle ne se montre que lorsque l’hiver est très froid. Cetoiseau est un de ceux ui a le plus alarmé l'antiquité. Les uns préten- ee que c’est là l’effroyable volatile, l'incendiura avis dont l'apparition, au rapport, de. Pline, fut cause que Rome subit des lustrations réitérées. D’autres croient, que c’est l'oiseau de la forêt d'Hercynie, dont le plumage, dit Pline, brillait la nuit comme lefeu. Adrovandes’insurge avec raison contre cesidées, et soutient mordicus que le plumage du Jaseur de Bohème ne reluit pas la nuit ;. qu'il en a gardé un trois mois et qu'il l’a observé à toute heure, (quàävis noctis horâ contemplatus sum). Serait-ce le gnaphalos. d’Aristote? * | Aldrovandesignaleson apparition à divers époques du moyen âge, en Allemagne et en Italie, comme précurseur de tremblements de terre et autres grands événements. Cet oiseau est un “accidentel” en Franec et en Angleterre, et assez rare dans le Bas-Canada ; on le rencontre plus fréquemment dans le Haut Canada et dans la zône arctique. Le Prince de Musignano, prête à l’espèce des mœurs fort douces. Leur vol est rapide et lorsqu'ils quittent un arbre, ils émettent un cri aigu, 27, zi, z1, sans autre ramage malgré leur nom de Jaseur. Is re- cherchent avidemment le fruit du Pimbina et du Masquabina, le raisin sauvage, les grains de genièvre, les pommes, les gadelles et autres fruits. Le Jaseur de Bohême consume, une grande quantité de nourriture à chaque repas ; D EP el TES ET ED * No. 232. Ampelis Garrulus —Batmo. TT Bombycilla Garrula.—Aupuson. Histoire Ancienne, Livre IX C. 16. —219— : réduit en captivité, il devient fort docile et se baigne régulièrement chaque jour. Son plumage est sa seule recommendation. Il voyage quelque- fois de concert avec le Jaseur du Cèdre, bien plus commun au Canada. , “ Le mâle a le bec fortetnoir, excepté à la bâse, dont la couleur est blanche jaune ; les narines sont ombra- gées de petites plumes noires ; l’iris est rouge pour- pre; le menton et Îa gorge d’un noir velouté, ainsi que la bande neïre (au centre de laquelle est l'œil) qui part du bec et finit derrière le cou; le front d’un brun roux; les plumes de Ia tête sont longues, soyeuses et forment une huppe d’un roux châtain que l'oiseau peut ériger ou abaisser à volonté. Les parties supérieures sont d’un roux pourpre, ou d’un brun vinacé, tacheté de gris; le croupion moins foncé ; la poitrine et le ventre d’un gris pourpre, nuancé d’un roux pâle brunâtre; les parties infé- rieures d’un jaune brun inclinant au rouge orangé ; les plumes des ailes noires, terminées de blanc et de jaune; les primaires sont noires, avec une tache de jaune brillant à l’extrémité ; les secon- daires sont grises, terminées de blanc, et sept à huit d’elles sont ornées de petites excroïssances çgouleur de cire à cacheter. Les pieds, les tarses et le griffes sont noiïres.” Longueur totale 9%, envergure 161. LE JASEUR DU CÈDRE.-LE RÉCOLLET. * (Wax Wing.) Le Jaseurf du Cèdre, un des hôtes les plus incom modes de nos vergers en juillet et en août, a fait le dé sespoir des elassificateurs ; les uns en voulaient faire une Pie-Grièche, d’autres une Grive. Vieillot pen- * No. 233. Ampelis cedrorum.—Bairp. Bombycilla carolinensis. —Aupuson. t Ainsi appelé probablement parce qu’il ne jase pas, ne it mot: Iucus à non laicendo.—(Note de l’auteur.) —220— che à croire que le Jaseur du Cèdre n’est pas ure variété de celui d'Europe, mais le contraire est au- jourd’hui généralement admis Les américains l'ap- pellent Cedar or Cherry Bird, Oiseau du cèdre ou Mangeur de Cerises. Les Canadiens l’appellent Ré- collet, à cause de quelque similitude entre sa huppe etle capuchon d’un moine; le nom d’Oiseau du Cèdre lui convient fort bien parcequ'il habite les éédriers, où il niche ainsi qe dans les arbres à bourdennes dont il mange avidement le fruit : poires sauvages, cérises à grappes, cerise de France, voilà ses mets favoris; il consume avec avidité tous ces fruits, choisissant le plus mur. Lorsque cette nour- riture lui manque, il se contente de divers in- sectes, de mouches qu’il attrape sur les branches, C'est un vrai goinfre: il ‘avale une quantité vraiment prodigieuse de comestibles chaque jour ; son appétit pantagruélique est l’effroi des hortieul- teurs, dont les plus beaux fruits disparaissent des arbres comme par enchantement. En vain, on lui tire des coup de fusil : il revient à l’arbre, au quarré de fraise, dès que le propriétaire à tourné l'angle du jardin. “ Læ société de leurs semblables semble ètre pour ées oiseaux une nécessité. En effet, les petits sont à peine sortis du nid que toutes les familles du même canton et des environs se réunissent et se forment en petites troupes qui ne cessent de voya- ger ou plutôt d’errer de jardin en jardin, pour y trouver une nourriture abondante et facile. Dans fa Caroline du Sud, on ne les voit que l’hiver ; ils sont sédentaires dans le Sud des Etats-Unis ; à l’ap- proche de la saison des œufs, les mâles deviennent extrèmement querelleurs et turbulents ; le calme se rétablit dès que l’éducation des jeunes a commencé. Deux pontes annuelles sont les fruits de leur union ; ils en font une au mois de juin et l’autre au mois d'août. Ces oiseaux se laissent approcher de très près et ne s’épouvantent point du bruit de l’armne.a feu. Ceux que le plomb meurtrier n’a pas atteints au premier coup, se contentent de changer d’arbre, —221— se poseut sur le plus proche, et tous sur lo même, ei tous peuvent y trouver place. En liberté, comme en captivité, ils sont silencieux pendant toute l’an- née ; ils jettent seulement de temps en temps le cri commun à l'espèce zi, zi, Zi. Peu d’oiseaux se con- solent plus promptement que le Jaseur du cèdre, de la perte de leur liberté ; peu d’oiseaux pris adultes, se façonnent plus aisément à la captivité ; celui-ci ne donne aucun signe de regret et ne cherche point à s’échapper dès qu'il est emprisonné ; la tran- quillité semble être pour lui le premier des besoins ; son naturel est mélancolique, voir même stupide, en quelqu’état qu'il se trouve. A peine est-il en- tré dans une volière, qu’il se jette sur la nourriture qu’on lui présente, si elle lui est propre. Quoiqu'il soit fructivore, il mange aussi avec avidité la mie de pain trempée, mais si on le borne à cette nourri- ture, il souffre d’une sorte de diarrhée qui le fait périr. Quoiqu'il en consomme beaucoup et qu’il digère promptement, 1l dépérit peu à peu et suc- combe au bout de quelque temps.” Le mâle et la femelle diffèrent peu l’un de l'autre : celle-ci a des couleurs moins vives et une huppe plus courte. Il ne faut pas s’imaginer que les mâles seuls ont les appendices cériformes qui sont à l'extrémité de quelque pennes des ailes, puisque les femelles en ont et que bien des mâles n’en ont pas. Il est très vraisemblable, dit Vieillot, que ces appendices sont l’attribut de l’âge avancé, car les jeunes des deux sexes en sont toujours pri- vés dans leur première année. “ L'aigrette de cet oiseau est composée de plumes effilées et d’un gris nuancé de roux ; une bande noire bordée de blanc en dessus, ceint le front, passe sur l'œil et se perd sur l’occiput ; la mandi- bule supérieure a un trait de la dernière couleur sur les plumes qui la bordent ; un gris roux couvre le corps, mais il est plus foncé sur le dos et les cou- vertures des ailes, dont les plumes sont d’une cou- leur d’ardoise sombre et frangées à l'extérieur d'un gris bleuâtre ; la gorge est noire à son ori- —222— gine, et ensuite du mème gris que le devant du cou et la poitrine : cette teinte prend un ton verdâtre sur le ventre et les flancs ; elle se dégrade sur les parties supérieures, la queue est noirâtre et termi- née de jaune ; le bec et les pieds sont noirs.” » Longueur totale 6% pouces. Envergure 11 pouces. Les jeunes ont une huppe très peu appa- rente ; ils sont d’un gris sale sur les parties supé- rieures, et tachetés de brun sur les inférieures ; le milieu du ventre est d’un blanc sale ; le bec, les pieds et les ailes sont bruns, ainsi que la queue, dont la pointe est d’un jaune pâle. LA PIE-GRIÈCHE BORÉALE.—LE GRAND: ÉCORCHEUR. * (Great northern Shrike.) Cet oiseau que les anglais appellent aussi Butcher Bird, séjourne en Canada vers la fin de lhiver et dans le sud desEtats-Unis, pendant l’été. D'un naturel fier et courageux, les pie-grièches se battent avec avantage contre les Corneilles, les Cres- serelles et les Eperviers. Elles attrapent au vol les petits oiseaux qu’elles empalent ensuite sur des épines, pour les déchirer en lambeaux et les man- ger à loisir. On les voit souvent perchées à Ia cime d’un arbre ou à l’extrémité des branches les plus hautes des buissons : cette position est néces- saire à des animaux qui volent avec difficulté, afin de ne rencontrer aucun obstacle pour s'élever au- dessus de la proie qu’ils ne peuvent prendre èn Pair, et pour la forcer de cette manière à s’abattre à terre, où ils la saisissent, la déchirent et la mangent. Fes Pie-Grièches font leur nid sur les arbres ou dans les grands buissons, et préfèrent ceux qui sont très épineux. Leur ponte est de cinq à six œufs avec * No. 236. Collyrio boréalis.—Barrp. Lanius boréalis. --AunuBo. des taches roussâtres au gros bout. Les petits nais- sent sans duvet; les père et mère ont beaucoup d’attachement pour eux, les soignent longtemps après qu’ils ont quitté leur berceau, vivent et chas- sent avec eux jusqu’au printemps suivant. Les Pie-Grièches se nourrissent aussi de sauterelles et de petits insectes. En depecant un petit oiseau, la cervelle est la partie la plus convoitée. Loin d’empaler les insec- tes comme appas pour attirer les petits oiseaux, elles n'agissent de la sorte que par précaution et pour les emmagazinér pour le besoin. La Pie-Grièche a le bec couleur de corne à sa base, édenté et noïr dans le reste ; l’iris grise ; les yeux entourés d’une tache blanche, qui s’étend en arrière : les plumes des oreilles noïrâtres ; la tête, le dessous du corps d’un gris de.souris: cette teinte est plus claire, nuancée de roux, et coupée par des lignes transversales, noirâtres sur les parties infé- rieures ; les plumes scapulaires sont grises ; les cou- vertures supérieures des ailes noires dans le milieu, et bordées de roux du côté du dos ; les pennes noï- res, ainsi que la queue, laquelle est cunéiforme et se compose de douze plumes ; mais cette couleur ne couvre totalement que les deux pennes intermé- diairés de celle-c&; les autres ont plus ou moins de blancs vers leur extrémité : les pieds sont noirs, La femelle diffère du mâle en ce qu’elle à le dos couleur de rouille : elle est moindre en volume que le mâle. | Longueur 10-2712 ; Envergure 13-2712. —224— LA PIE-:GRIÈCHE DE LA LOUISIANE. * (Logger-headed Shrike ) Cet oiseau ressemble fort à la Pie-grièche que nous venons de décrire. Il est moindre d’un pou- ce et son plumage plus sombre. Sa patrie est le Sud de l'Amérique, tandis que l’autre espèce aime les climats froids. Il s’est concilié Pamitié des po- pulations par les services qu’il leur rend en débar- rassant la basse-cour et les champs de souris et de rats ; il se pose sur les clotures et les guette comme le férait un chat, pendant des heures entières. Deux individus ont été tués autour de Hamilton, en avril 1860. Personne que nous sachons ne l’a vu dans l’est de la province. Cette Pie grièche habite la Georgie, la Floride, la Louisiane. Chaque espèce vit en famille, pendant l'hiver et chaque famille n’est composée que d'individus de la même couvée qui dans leurs courses, se dispersent durant le jour et se réunissent le soir. Grand mangeurs d'insectes et de petits oïseaux, les Pie-orièches font aussi leurs nids dans les grands buissons, le composent d'herbes et de racines en dehors, de laine et de mousse en dedans. La ponte est de cinq ou six œufs blancset tachetés de bruns cet oiseau est, celui que Buffon a décrit sous le nom de Pie grièche de la Louisianne. < Cet Ecorcheur a une bande noire sur les côtés de la tète ; le reste de cette partie, le dessus du cou et du corps d’un gris ardoisé clair : la gorge et toutes les parties postérieures blanches ; les plumes scapulaires d’un gris blanc; les pennes des ailes, noires ; les pri- maires marquées de blanc vers le milieu et les secon- daires à leur -extremité ; la première paire de * No. 237. Collyrio Ludovicianus —Baïrp. Lanius Ludovicianus. —AupuBon. t Cet oiseau, demande M: McElraith,ne serait-il pas le Collyrio excubitoroides, la Pie grièche au croupion blanc, qui s’avance graduellement de l'ouest des Etat-Unis vers le Canada dans son parcours. 995 — pennés caudales est blanche, et noire sur la tige et à son origine ; la seconde, sur les bords et dessus le milieu jusqu’à la pointe; la trosième, dans un tiers de sa longeur ; la quatrième, dans un sixième; la cinquième, seulement à l'extremité ; enfin les deux intermédiaires sont totalement noires, de même que le bec et les pieds. La femelle diffère du mâle par ses couleurs plus foncées. _ Le mâle à 9 pouces de longueur et 13 pouces d'envergure. T’ALOUETTE DE VIRGINIE.—L'ORTOLAN. * (Shore Lark.) Ces oiseaux sont de ceux, qui reviennent en Canada en août et en septembre et qui hivernent dans le sud jusqu’au Texas. Ils voyagent par petite troupe l'automne et se réunissent en grande bande à la fin de l'hiver, dans les champs déecou- verts où de concert avec l’Oiseau blane, ils cherchent les grains de blé, d’avoine, de foin et autres substances de ce genre, Vers la fin d'avril ils s’a- cheminent vers l’extrème nord où ils couvent. Les paysans du Canada leur ont donné le nom d’Ortolans, ils devienent très gras en cage ; leur chant est fort doux et ils s’apprivoisent facilement. Plus d’une fois en avril, nous avons prêté l'oreille des heures entières au gazouillement des bandes d’Ortolans, éparses dans leschaumes, au coucher du soleil: cette douce mélodie portée par le vent du soir, frappait les sens comme les échos lointains de plusieurs harpes éoliennes, L’Alouettede Virginie a la faculté d’ériger sur sa tête deux petites touffes de plumes, d’où lui vient le nom d’alauda cornuta; ces touffes de plumes sont pres- qu’'imperceptibles chez l’oiseau mort, L'Ortolan en *“. No. 302. Eremophi!a cornuta:—Baïrp. Alauda alpestris. —Aupugox. P —_ G9G-- volant dans les airs fait entendre son. cri famiher, chi-chup-pi-su ; il est fort commun dans tout le Nord de l’Europe, aussi bien qu’en Canada. Le mâle a le front, la gorge, les côtés du cou et une ligne au-dessus de l’œil, d’un jaune délicat, couleur de paille. entouré par une jolie barre blanche qui part de la narine et va à l'œil, d’une largeur de trois quarts de pouce; le jaune sur le front et au-dessns de l'œil est bordé à Pintérieur de noir qui recouvre le sommet de la tête; la poi- trine est ornée d’une tache noire en forme d’éventail ; cette tache ainsi que toutes les autres taches noires sont marquées de petits points jaunes ; les épaules, un jaune clair tirant sur le roux; les couver- tures alaires, couleur de canelle ; le dos et les aïles, un jaune mêlé de roux; chaque plume des ailes ayant une baïde de noir gris au centre ; les primai- res, gris foncé frangées de blanc ; la queue fourchue et noire ; les deux plumes du centre d’un roux grisâtre, le centre noir brun; les deux pennes extérieures de chaque côté, bordées à l'extérieur de blanc; la poitrine, couleur de vin grisàtre ; le ventre blanc; les côtés du ventre, striés de baï ; le bec cou- leur d’ardoise ; les jambes et les pieds noirs; l'iris, noisette. Longueur totale 74; Envergure 14. La femelle a peu ou point. de noir sur le sommet de la tête; le jaune sur le front est plus étroit et sale. LE PLECTROPHANE DES NEIGES.-L'OISEAU BLANC. * {Snow bunting } L'Oiseau blanc ou Bruant des Neiges est répandu dans tout l'hémisphère nord du globe. Non seule- ment il habite la Sibérie, la Norvège, le Groenland, 5. — # No. 395. Plectrophanes nivalis.—BairD. Plectrophamnes nivalis.—AuDuRoN. PC ais méme les climats inhospitaliers du Spitzberg, où il ry a presque d’autre végétation que des plantes cryptogames, On s'étonne de voir un oiseau grani- vore partout ailleurs, trouvant moyen de subsister dans ces régions de glace. Au rapport de Pennaut, ils necouvent pas à la Baie d'Hudson; mais il paraît probable qu'ils se rendent jusqu’au Spitzhberg pour y faire la ponte: le Groenland, dit-il, est l'endroit où ils nichent parmi les rochers f : l'extérieur du nid est fait d'herbes ; l’intérieur de plumes et la doublure, du poil seyeux du renard artic. Les œufs sont blanc au nombre de cinq, tachetés de brun : ils chantent agréablement dans la saison des amours” Le seul chant qu’ils font entendre en nos climats est une note courte et souvent repetée preete preete lors- qu'ils volent. Iis fréquentent par tourbillons les Highilands de l’Ecosse, l'Angleterre, la France, PAllemagne. Ils se montrent en Canada en novem- bre, s’abattent dans les chaumes, sur les battures et les grèves. On ne les voit que rarement en janvier et février ; mais ils reparaissent pendant les beaux jours de mars et avril. Les fils de nos cultivateurs alors avec des lacets ou /gnettes de crin de cheval, les cap- turent en grand nombre avec de la balle (restes d’avoine,) près des granges et dans les endroits où laneige a d'abord disparu : l'Isle d'Orléans, comté de Québec, a coutume d’en fournir beaucoup à nos marchés; ils sont également nombreux au- tour de Montréal. En décembre, en janvier et en février, leur apparition, est un présage de froid, dit on. L’Oiseau blanc se nourrit surtout des graines de certaines plantes aquatiques, de petits mollusques; ce qui explique pourquoi on les rencontre sur les rivages des fleuves du nord. En mai, il reste pas un seul individu de cette espèce en nos cli- mats. L’Oiseau blanc, car nousaimons à lui conserver son nom canadien, est loin d’être blanc : quelques individus sont beaucoup plus blancs que les autres. t Audubon dit qu'il en couve au Vermont etau Massa. le ventre est d’un blanc salé où d’un ééndré pèle; les côtés sont marqués d’imé éonleur plus foncée ; le plumage ést saupoudré d’un blanc jau- nâtre et d’un cendré pâle, surtout près du croupion ; les ailes sont foncées ; la queue de même, fourehue et composée de douze plumes frangées de blanc; les primaires sont terminées de blane ; les sécon- dairés le sont davantage ; les couvertures des aïles sont aussi marquées de blane, ce qui forme le cordon sur lés ailes ; les cuisses sont cendrées ; les jambes et les pieds noirs; la grifte de dérrière, fort crochue et plus longue que les autres. Longueur totale 5, envergure 8%. | La femelle a des couleurs moins vives, sur le dos ; la poitrine plus foncée ; elle porte une calotte où le rouge tire sur le jaune ou le saffran. L’ETOURNEAU ORDINAIRE. * ‘(Cow pen bird.—Cow Bunting.}) Cette espèce semble destinée à jouer dans le nouveau monde, le rôle scandaleux que le Coucou d'Europe remplit dans l’ancien. * No. 400. Molothrus pecoris.—Baïrp. Molothrus pecoris.—Aunusox. —231— L'Etourneau parait se croire trop grand seigneur pour se construire un nidet pour se charger des. soins de la famille, Il dépose ses œufs un à un dans - lenid de l’Oiseau Gris ordinaire (Chipping Bunting), de la Fauvette bleue et rousse, de l’Oiseau Jaune, de la Grive à tète dorée, quoïque ces nids divers, chose singulière, soient tous différemment construits; l'œuf de l’Etourneau est supérieur en volume aux œufs des divers oiseaux, auxquels il confie l'avenir de sa postérité. Si l'œuf étranger a été déposé dansun nid nouvellement achevé et où il n’y a pâs encore d’autres œufs, les propriétaires du nid fort souvent le désertent. On a tout lieu de croire qu'ils ne sont pas dupes de la fraude commise par l’Etour- neau. L’Etourneau ne dépose qu'un seul œuf dans chaque nid ; pour effectuer cela, il épie le moment de l’absence des propriétaires et s’acquitte de sa tâche comme s’il connaissait toute la méchanceté de son fait. Dès que la femelle a remarqué l'œuf étranger, elle quitte son nid en murmurant, appelle le mâle qui ne se fait pas attendre; le couple désolé manifesteson mécontentement, par un caquetage bruy ant et long. L’œuf n’en demeure pas moins dans le nid et l’incubation a lieu, Cet œuf est de forme ovale régulière, d’un bleu pâle et grisâtre, recou- vert de points bruns, plus nombreux au gros bout. Après quinze jours d’incubation, le jeune Etourneau sort dela coquille avant que les œufs de loiseau nourricier soient éclos, lesquels disparaissent, car le père et la mère nourriciers voyant un jeune oiseau, se hâtent de lui procurer de la nourriture, et négli- gent leurs propres œufs dont l’embryon meurt. La nature parait avoir doué les oiseaux de la faculté de distinguer les œufs féconds de ceux qui ont cessé de l’être, car tous les œufs clairs sont jetés hors du nid sans délai. Le jeune Etourneau est l’objet d’une sollicitude. continuelle de la part de ses parents-nourriciers CA le soïgnent et le chérissent comme si c'était un leurs; même longtemps après avoir quitté lenid, r3 —232— ses gardiens continuent de Je nourrir jusqu'à cs qu'il puisse se nourrir lui-même. L’Etourneau dif- fère des autres oïseaux; chez la plupart des autres espèces, les mâles, pendant la saison des amours, sont pleins d’assiduité, de tendresse pour leurs compagnes ; il n’en est pas ainsi chez l’Etourneau. Chez lui peu ou point d’attachement pour la sienne ; le désir est court et rare ; le sentiment néces- saire pour le bien être des enfants, n’existe pas chez un individu qui confie à d’autres le sort de sa famille. Nous avons remarqué que les Etourneaux étaient beaucoup plus nombreux en certaines années. C’est en septembre qu’on les voit réunis en grandes bandes sur les clotures ou sur les arbres, le long des ruisseaux et des endroits humides ; les ha- bitants de la côte de Beaupré, comté de Montmoren- y, les immolent alors par douzaines et les exposent en vente sur les marchés. Gras et succulents en cette saison, ce sont de véritables éprouvrettes gas-: tronomiques, que le prince de la bonne chair, Briilaït- Savarin, eut sans aucun doute appréciées convena- blement. Ils nous quittent à la fin de septembre et hivernent dans le sud de l'Amérique, où leurs innom- brables cohortes se mêlent aux Goglus et aux Etour- neaux à ailes rouges, nourriture saine et ar- demment convoitée par des populations entières Leur nom anglais vient de l'attachement qu’on leur remarque pour le parc aux vaches, dans les excré- ments desquelles ils découvrent des vers et des lar- ves, dont ils se nourrissent. En Canada on ne leur. connait peu ou point de chant. Le mâle a le corps entier d’un ‘brun noirâtre, à reflets bleus sur le devant de la poitrine et à reflets verts et bleus sur le haut de la poitrine.” Le bec et les pieds sont d’un brun noirâtre ; l'iris couleur de noisette ; le cou et la tète d’un brun de suie;-les ailes sont longues, recourbées ; la seconde penne la plus longue ; la queue est courte, arrondie et com- posée de douze plumes droïtes et arrondies à: l’ex- trémité ; le cou est court, le corps robuste. Longueur du mâle 7, envergure 114. 3988 — La femelle d'une taille moindre que le mâle, Jui ressemble fort. Leo. brun foncé prédomine chez elle, ainsi que sur la tête et sur le cou du mâle ; les partiesinférieures sont plus claires, ainsi que le bout des plumes et des couvertures alaires supérieures. .L'ÉTOURNEAU AUX AILES ROUGES.-—-LE CAROUGE COMMANDEUR. * (Red Winged Starling.—Officer Bird.) Cet'oïiseau a été improprement classé parmi ‘les -Etourneaux, avec lesquels, il n’a d’autre analogie que de voyager en bandes très nombreuses et de faire société de temps à autre avec eux aïnsi qu’a- -vec les Goglus. C'est là une des espèces ‘que les cultivateurs de la Georgie et autres Etats du Sud, ont vouées aux gémonies, par suite des ravages épou- vantables que ces oiseaux font au temps des mois- sons. On devrait au moins leur tenir compte de la quantité infinie d’insectes nuisibles à. l’agriculture qu'ils détruisent dans le cours d’une saison. Wilson en suppute le nombre après un calcul soigné à plu- sieurs millions. L’Etourneau hiverne dans le sud des’ Etats-Unis (qu'on nous pardonne cet anachro- nisme) par milliers. | IL'bâtit son nid tantôt sur des aulnes ; tantôt ‘dans des endroits marécageux. Des herbes mol- ‘les, du crin, tels sont les substances employées pour tapisser l’intérieur du nid; les œufs sont au nombre de-quatre à six d’une forme ovale, bleu clair et tacheté de noirâtre. Malheur à celui ‘qui approche trop près du nid, pendant le temps des œufs; le mâle s’élance à la rencontre de lintrus, vomit des malédictions sur sa tête en notes bruy- antes et plaintives. Audubon voyageant l'automne _ * Au moment où nons écrivons, nos voisins n’ont pas en- core donné au quartier général de l’esclavage les honneurs du baptéme. p4 984 dans les Etats du sud, dit que cés oiseaux sont si nombreux, qu’il en a vu jusqu’à cinquante tués par un seul coup de fusil. Le soir ils gagnént les en- droits marécageux et se perchent pour la nuit par milliers sur les joncs au dessus de l’eau. Lorsqu'on les trouble, ils s'élèvent tout à coup et font diverses évolutions, rasant un instant le haut des jones ou s’élançant dans les hautes régions des airs pour revenir finalement au lieu où ils étaient campés d’abord, et où ils font entendre un bruit confus ; cette manœuvre exécutée, le silence se réta- blit pour le reste de la nuit. L’Epervier des Pigeons s’engraisse à leurs dépens. Cet Etourneau mis en cage, continue de faire entendre ses chants harmo- nieux. Il vit de bled et autres grains. Cet oiseau a été appelé en Canada, par les anglais, (par les demoiselles probablement?) Oficer bird, à cause de ses épaulettes rouges orangées qui contrastent si élégamment avec son plumage. noir comme la nuit ; costume qui va sans doute lui ;as- surer la faveur de cette intéressante portion de la population. Nous n’avons pas encore remarqué l’Etourneau aux ailes rouges, dans les environs de Québec; il est assez commun dans les plaïnes et-les savanes ma- récageuses autour de Sorel, ainsi qu’au Haut Canada. Le mâle est par tout le corps d’un noir lustré; le miroir de l'aile est roux orangé, les ailes sont de longueur ordinaire; la seconde et la troisième plume la plus longue ; la queue longue, arrondie et com- posée de douze plumes arrondies. Le bec et les pieds noirs; l'iris d’un brun foncé. Longueur totale 9, envergure 14. . | Les jeunes mâles ont les couleurs plus ternes; le noir moins puret le rouge plus pâle; la femelle ressemble au jeune mâle. —235— LE BALTIMORE. * ” JÉousss (Baltimore Oriole.) " _+Qe bel oiseau au plumage jaune et noir, a-em- prunté son nom, dit Wilson, de lord Baltimore, jadis” «grand propriétaire du Maryland, dont la livrée offi- cielle était le jaune et le noir. On rencontre le Bal- timore du Brésil au Canada ; il est fort commun le printemps, dit M. McElraith, dans les bois et: les vergers autour de Hamilton. #Son ramage fort intéressant par sa naîveté, sans égaler le chant do la Grive rousse, est comme la mélodie du garçon de ferme qui siffle pour s'amuser.” Sa note d’alarme est bien différente. Il construit pour sa couvée fu- ture un superbe réduit suspendu ; ce nid se compose de mousse, de coton et autres matériaux; dans les latitudes chaudes, ce nid regarde vers le nord: est, comme protection contre les grandes chaleurs ; il le plice d'ordinaire dans les vergers, c’est une vraié merveille de solidité. Les œufs sont au riom- bre de cinq, blancs avec une petite teinte couleur de chair, marqués au gros bout avec des points pourpres et sur le reste avec des longues lignes qui s'intersectent. Il se nourrit de coléoptères, d'insectes ailés, qu'il attrape dans les arbres : il se suspend par les pieds et s’allonge le corps pour aller cher- cher le scarabée sous la feuille : ses mouvements dans les arbres sont remplis de gràce et d’agilité. Le Baltimore n’aquiert ses brillantes couleurs qu'à sa troisième année: la femelle a une livrée brune moins éclatante. Avant dè quitter le nid, les jeunes, s’y cramponnent à l'extérieur, avec la, même facilité que les jeunes Pique-bois, entrent et sortent plusieurs fois, comme pour s’accoutumer.; Leur migration sé fait de jour ; leur vol est en ligne! droite à une grande hauteur au-dessus des arbres : ils s’abattent au coucher du soleil, chantent un peu: * No. 415. Icterus: Baltimore: —BatrD: Icterus Baltimore.—Aupugon., — 236 — prennent leur repas du soir, puis ils se livrent au sommeil, s Le Baltimore parait so plaire en cage et siffle très bien. On le nourrit aux œufs à la coque, aux raisins, aux figues et aussi avec des insectes, Quand. on le tire, il se cramponne à la branche : il faut quelque fois une seconde décharge pour le faire tomber. On le rencontre communément dans les régions montueuses, arrosées de petits ruisseaux. Le Baltimore, ne vient pas, que nous sachions dans le district de Québee. Le mâle à le bec d’un bleu clair : l'iris orangée : la tête, la poitrine, le derrière du cou, le derrière du dos, les pennes et les secondaires, noïrs ; ainsi que les deux plumes du milieu de la queue et la base de toutes les autres: les parties inférieures, les couvertures alaires inférieures, la partie posté- rieure du dos de rouge vif, nuancées de vermillon sur la poitrine et le cou : le bout des deux pennes du milieu de la queue, et le bout des autres orangé pâle : la queue arondie, un peu fourehue ; les plu- mes étroites, Longueur totale 7$; Envergure 12. Les jeunes et les femelles ont des teintes moins vives. LE GRIMPEREAU COMMUN. * (Brown Creeper.) . Le Grimpereau cômmun possède la même facilité que les Pics de grimper le long de l’écorcedes arbres forestiers. Il a toute l’activité de ces derniers, en com- pagnie desquels on le rencontre assez fréquemment. Il commence à grimper au bas de l’arbre et procède avec méthode à explorer iles trous dans l’écorce pour en extraire, insectes et larves. Si une per- > * N9. 975. Certhia Americana.—BaIRB. Certhia familiaris. —AuDueow. _287— sonne 86 trouve près de lui, quand il se pose, il a soin de se tenir sur le côté opposé de l’arbre comme me- sure de prudence, mais il oublie cette défiance pour peu qu’elle le laisse en repos. Le Grimpereau est fort répandu dans les grands bois où il couve; il fré- quente le voisinage de l’homme, printemps et au- tomne. Quelques individus sont plus gros les uns que les autres : ce sont généralement des mâles, Le Grimpereau place son nid dans la cavité d’un arbre ou d’une branche à l’endroit où elle a été rompue, ou bien encore dans un trou creusé par les écureuils ou par les Pics. Les œufs sont au nombre de sept, cendrés, avec des points jaune-roussâtres et des lignes d’un brun foncé. Les Jeunes se mon- trent à l’entrée du nid, longtemps avant de pouvoir voler. En certainsclimats, ils couvent deux fois l’an. Ils passent la plus grande partie de Pannée en Ua- nada. j Le plumage du mâle est varié de brun roux, de noirâtre et de blanc sale sur la tête, le manteau, le croupion et les couvertures.des aïles ; blanc en dessous ; sourcils roux; pennes des ailes d’un brun foncé en dedans, tachetées de noir et de blanc en dehors; pennes de la queue, d’uu brun clair, un peu étagées et terminées en pointe aigue. Le bec est brun en dessus, blanchâtre en dessous ; les pieds gris. Longueur totale 5; Envergure 83. LE NUTHATCH DU CANADA. * {Red bellied black-cap Nuthatch.} Cet oiseau paraît être le mème que celui déerit par Buffon sous le nom de Torchepot du Canada. Le Nuthatch est très commun dans toutes les grands bois de pins, dont il dévore les bourgeons. Ils voyagent par couples, souvent de concert avec * NO, 279. Sitta Canadensis.—BairD. Sitta Canadensis.—Aupusox. h " Los _ des mésanges ou des Pics minulles : la petite bande emblème de l’activité, du travail et de la faim non assouvie, procède méthodiquement d'arbre en arbre, faisant résonner les troncs de leurs coups de becs et de leurs petits cris. Quand ils s’abattent sur nos vergers, ils rendent au ceultivateurs un immense service, par le nombre d'insectes parasites dont ils nettoyent les pommiers et les arbres fruitiers géné- ralement. Ils ont la même facilité que les Pics de s'accrocher aux arbres. Le Nuthatch émigre en octobre, vers les contrées méridionales et revient en mai, faire sa ponte en Canada, | Le bec du mâle est noir, les narines sont recou- vertes de long poils noirs; la langue est coriace et se termine en plusieurs pointes: un bleu clair ou plombé prédomine sur le dos et la queue ; les jam- bes, les pieds et les griffes sont d’un jaune-vert bru- nâtre ; le sommet de la tête est noir entouré d’une bande blanche ; une ligne noire traverse l'œil en ga- gnant vers l'épaule : en dessous de celle-ci existe une autre ligne de blanc ; le menton est blanc ; les au- tres parties inférieures, couleur de rouille clair ; les Érintires et les ailes, couleur de plomb foncé. La poitrine et le ventre de la femelle, est d’un brun moins foncé et le sommet de la tète d’un noir moins foncé. Eongueur totale 4; Envergure 8. LE GROS BEC DU CANADA. * (Pine Grosbeak.} “ Avez-vous quelquefois entendu dans les bois l'hi- ver, cette note sifflée, tendre et mélancolique, qui réveille seule par intervalles les échos de la solitude assourdie par les neiges, et qui se marie si bien au deuil de la nature’? C’est la voix du Gros bec des “ No. 404. Pinicola Canadensis.—BairD. Corythus Enucleator.—AuDuBon. —239 — . pius, à la recherche des fruits du masquabins, du pimbina et des bourgeons de pins. Les ‘paysans le désignent sous le nom de Pionne, et les anglais l’appellent quelquefois Ground Robin. Il se plait dans les vastes forêts de l'extrême nord: les froids arctiques le chassent de ces latitudes ; il vient passer l’automne et l’hiver en Canada et se met en route en avril, pour la Baie d'Hudson, où il niche dans les arbres à quelques pieds de terre. Ce nid est cons- truit de branches et doublé de plume ; il contient quatre œufs blance. Le Gros bec des pins, habite aussi le nord de l’Europe ; il n’acquiert son beau plumage roux que la seconde année de son existence. Le Gros bec est très commun dans les environs de Québec ; nous en avons remarqué une petite bande tout le mois de janvier dernier, dans les grands arbres autour de notre demeure. Le mâle a le cou, la poitrine, le croupion d’un écarlate éclatant, plus pâle sur la poitrine: les plumes au milieu du dos sont marquées de taches noires, de la forme d’une flèche et entourées de roux ; celles sur les épaules sont ardoisées;" par- tiellement entourées de roux et de gris. Les cou- vertures supérieures des ailes sont terminées de blanc avec une petite teinte rousse ; les ailes et la queue noires, frangées de brun léger; la queue, très fourchue ; le bas du ventre gris; les jambes d'un noir foncé ; le bec brun couleur de corne, trapu, court et recourbé à la pointe; la mandibule supérieure dépassant inférieure comme celle des Perroquets ; la bâse du bec couvert de poils bruns. Le plumage entier à sa naissance est d’un bleu cendré très foncé. Longueur totale 84, envergure 14. La femelle est moindre que le mâie d’un demi pouce ; le rouge du mâle est remplacé chez la fe- melle par un jaune sale. LE GROS BEC A GORGE ROSE. * (Rose breasted Grosbeak.) Ce Gros bec est beaucoup plus rare que le précé- dent, en cette section de la province. Sa divrée est d’une grande magnificence ; sa taïile un peu moindre que celle du Gros bec des pins. Il - possède une voix forte et mélodieuse à un haut dégré. Ses habitudes sont à peu près les mêmes que celle du Gros bec des pins. Il aime davan- tage les buissons solitaires. Le mâle porte manteau noir, saupoudré de blanc; le cou, le menton et ie haut de la poitrine, noirs; le bas de Ja poitrine, le milieu du ventre et la dou- blure des ailes, un joli carmin ou roses ; la queue est noire et fourchue; les trois pennes extérieures de, chaque côté, blanches sur leurs franges internes; le bec trapu, court et blanc ; les jambes et les pieds bleu clair; les yeux couleur de noisette. Longueur totale 74, envergure 13. Le jeune mâle de la première année a le plumage du dos varié de brun, de blanc et de noir; une li- gne blanche surmonte l'œil; le rose atteint la base du bee, où il est tacheté de noir et de blanc. La femelle est d’un jaune couleur de filasse, strié d'olive et de blanc; la doublure des ailes est d’un jaune pâle ; le bec plus foncé qué chez le mâle et le blanc sur l’aile moindre. On peut dire que le Gros bec à gorge rose et,le Roi des oiseaux (le Tangara Vermillon) sont les deux oiseaux du Canada dont le plumage est le plus éclatant, le plus riche. * No. 380. Guiraca Lodoviciana.—Bairp. Cocoborus Ludovicianus.—Aupurox. —241— LE BEC CROISÉ D'AMÉRIQUE. *# (Americean Cross Bill.) Au premier coup d'œil, on serait tenté des’écrier en voyant le singulier instrument que la nature a donné à cet oiseau, en guise de bec, ‘{ Quelle monstruosité ! ”; néanmoins ce n’est qu'un exemple de plus, pour démontrer que la providence sait adapter les moyens à la fin qu’elle se propose. Au Bec Croïsé, destiné à se nourrir de bourgeons de pins et de graines fort dures, il fallait un moyen tout particulier d'effectuer cet objet ; des mandibules d’une force peu communes. Le Bec Uroisé voyage en bande dans toute l'étendue du Canada dans la migration d’automne qu’il entreprend, quand il quitte les latitudes de la Baïe d'Hudson, pour hiverner dans les régions tempérés des Etats Unis. Ils font entendre un chant, distinct, sonore et assez agréable lorsqu'ils so posent sur les-pins ét autres arbres : ce ramage se change en un gazouillement rapide quand ils pren- nent leur vol. À l’état domestique, ils ont plusieurs des allures des perroquets ; grimpent le long du bar- reaux de la cage, et saisissant les bourgeons avec leurs pieds, pour en extraire les graines. Il ne faut pas les confondre avec les Gros becs des pins, avec lesquels, malgré ce que certains auteurs ont écrit, ils ont peu d’analogie. Les Bec Croisés sont sujets a plusieurs variations dans leur plumage ; les jeunes mâles, la première année sont d’un jaune olive, melangé de cendré, auquel succède - un vert vif jau- nâtre, mêlé de teintes d’olive foncé : tout ce plu- mage, la seconde année fait place a un rouge clair ; les franges de leur queue tirent sur le jâune. En captivité, à linstar de l’Oiseau Rouge et du Gros bec des pins, ils échangent leur belle livrée’ rouge pour un manteau d’un brun jaune clair : on a vwle # No. 318. Curvirostra Americana.—Bairn. Loxia Curvirostra,—AuDuBon. —242— Bec croisé dans les plantations, jusque sur les li- mites des ville. Le mâle a le bec d’une couleur de corne brune, aigu et terminé en angle à son extremité, où les mandibules se croisent ; la eouleur générale du plumage est rouge couleur de plomb, plus éela- tant sur le croupion et melangé de teintes olivatres sur les autres parties du corps : les ailes brunes noires ; la queue de même, saupoudrée et fran- gée de jaune ; les pieds et les jambes jaunes : les griffes fortes, très recourbées et très aigues ; le dessus du eroupion blane strié de cendré ; la base du bee recouvert d’un duvet lissé d’une couleur brune pâle ; l’œil couleur de noisette. Longueur totale 7. Envergure 10. La femelle est moindre que le mâle en volume ; le bee d’une couleur de corne plus pâle ; le eroupion, les couvertures caudales et les côtés de la queue, d’un jaune d’or; les ailes et la queue d’un brun noir sale ; le reste du plumage, d’un jaune olive mélangé de cendré ; les pieds et les jambes comme celles du mâle. Les jeunes la première été, comme dans la plupart des espèces, ressemblent à la femelle; les mâles qui muent échangent le roux pour du brun jaunâtre. LE BEC CROISÉ AUX AILES BLANCHES. (White winged Cross bill.) Espèce bien plus rare que le Bec croisé d'Amé- rique, que l’on rencontre dans les mêmes lieux etaux mêmes saisons ; son costume en diffère essentiel- lement : par ses ailes et sa queue noire, la bande blanche sur ses ailes, le rouge foncé de son plumage eb par sa taille qui est plus petite. Elle a de plus le front d’un brun pâle; le bec couleur de corne brune, les mandibules se croisent comme dans l’es- pèce précédente ; la mandibule inférieure s’inclinant des fois à droite d’autres fois à gauche, ordinaire- — 245 “nent à gauche chéz le mâle, et à droite chez lx femelle dont le plumage entière est olivätre foncé. ‘Longueur totale 5 —Énvergure 4. : ‘On a constaté la présence. de,cet oiseau dans Yes environs de Québec. D 681 L'ADOUETTE DES PRÉS OÙ FARLOUSE. * 4 {Meazow Lark). al :6i8g "Cétte alouette, de la grosseur d’un merle, se ren- contre dans la plupart des, Etats de la République voisine : elle est commune dans l’ouest de la Province, depuis le printemps à la fin de l’automne, et fréquente ies prairies et les paturages humides, où elle se pro- cure graines et insectes, cokeoptères # chenilles, sa nourriture ordinaire. Cet oiseau, sans prétendre à la mélodie qui distingue l’alouette d'Europe (Sky lark), Ya surpasse par la richesse de sa parure et par la dou- ceur des accents peu nombreux. qu'il fait entendre. Vers l'automne, les bandes d’alouettes de prés s’as- semblent et volent à la manière des perdrix. Quand elles se posent sur les arbres, c’est sur les plus hautes branches, d’eù elles font entendre, une note longue, sonore et plaintive, dent la tendre mélancolie n’est excellé par aucun de nos chantres ailés ; à ce chant succède de la part des femeiles un gazouillement bas et rapide ; puis le clairon du mâle retentit de nouveau. La chasse _de. cette alouette a ses attraits ; car c’est ait vol q J ne: la Farlouse est tuée et nom lorsqu' elle est posée herbes. Une motte. de-fér: sombrage et pr otère le berceau de ses petits: .c'ést) ne sphère composée d'herbes sèches ; un passage arché conduit à l’in- térieur où l’en découvre quatre ou cinq œufs blanc. tachetés de points et de taches roussâtres princi- palement au gros bout. * No. 496. Sturnella Magna.—Daino. Sturnella Ladovicisna.—Atptrr9x. Q LA at Le mâle à la poitrine, le cou, le ventre et ure ligne de l'œil à la narine, d’un beau jaune ; l’inté- rieur de l'aile de même; un croissant d’un noir lustré vers le bas de la gorge; les ailes marquées de noir, de cendré et de brun ; une ligne de blanc jau- nâtre divise le sommet de la tête et est bornée de chaque eôté par une ligne noire mêlée de bai et une autre ligne de jaune blanchâtre passe au-dessus des yeux en arrière. Les joues sont bleu-blanc: le dos est élégamment varié de noir, de bai et d’ochre pâle : la queue est eunéiforme ; les plumes se termi- nent avec grâce, et les quatre plumes extérieures de chaque côté presqu’entièrement blanches, les côtes, les cuisses, le ventre d’un jaune pâle, striées de noir ; la mandibule supérieure brune ; l’inférieure bleu blanc; les sourcils fournis de poils noirs très forts ; les pieds et les jambes très forts et couleur de chair pâle. | Longueur totale 11.212 ; Envergure 163. La femelle ressemble au mâle, à l’exception dm croissant noir qui orne son chef, qui est moins foncé et est entouré de plus de gris. —245— LA MÉSANGE A TÊTE NOIRE. * (Chicadee—Black Cap Titmouse.) “ Je suis le compagnon Du psuvre bûcheron. Je le suis en automne Au vent des premiers froids ; Et c’est moi qui lui donne Le dernier chant des bois. ”’ l {L'O1sEau.) Voilà un oiseau bien connu de tous. # Qu’es-tu ? repète l'enfant, après son amie la Mé- sange à tête noire, dont le eri ressemble à ses mots. Active, alègre, querelleuse, presque à l’épreuve du froid, la Mésange n’est jamais plus gaie que lorsque la température est si froide que l’homme regagne à la hâte son toit hospitalier. Son par- cours s'étend jusqu’à la Baie d'Hudson. Sa chan- sonnette est plutôt un doux gazouillement, qu’un æhant proprement dit. Elle fréquente le voisi- nage des habitations l'automne et l'hiver, temps où elle quitte les bois francs, pour se nourrir de la graine des pins. Les Pics minulles, Les Grimpe- eaux, les Nuthachts, tels sont ses compagnons de voyage: l’analogie des habitudes, établit des rapports d'amitié et crée une véritable exéente cor- &iale entre ces oiseaux. En mai { elle s'approprie le trou ereusé dans un arbre par un Pic, ou un par écureuil: quelque fois même avec une rare assiduité, * No. 290 Parus atricapillus.—Barrp. Parus atricapillus.—Aupusex. t M. Nairne, seigneur de la Malbaie, signale un fait si extraordinaire sur ke compte de ces ciseaux, que nous lui en laisserons la responsabilité. C'est la découverte, à la Malbaie, le premier février 1858, d’un nid de Mésange dans un arbre que ses employés abattirent dans la forêt ; trois jeunes oiseaux tombèrent sur la neige où le froid les #it bientét mourir. Les bûcherons les emportèrent à M. Nairne, quicertifiele fait dela manière la plus positive : ceci #ous parait sans précédent en Canada.—(Note de l’auteur). Ta — elle se preparera elle mème un receptacle pour ses œufs, qui sont,aux ombre de six, marqués de petits points roux. Jeunes et vieux se tiennent ensemble en hiver et scrutent en corps Îles trous des arbres, commençant à la racine pour s’y procurer les lar- ves et les insectes qui. cherchent un abri sous l’é- eorse. Amie sincère du cultivateur, la Mésange à tête noire n’oublie pas les vergers, dent les arbres reçoivent périodiquement sa visite épuratrice. La Mésange. à tête noire. est ar des derniers amis que le bûcheron. du Canada rencontre dans Ja forêt.” La peinture du Rouge Gorge de France lui convient à bien des rapports. “ Quand, par les premières brumes d'octobre, un peu avant l’hiver, le pauvre prolétaire vient ehercher dans la forèt sa chétive provision de bois mort, un petit oiseau s’ap- proche de Fui,'attiré par le bruit de la cognée ; 1l circule à ses eôtés et s’ingenue à lui faire fête, en lui chantant tout bas ses plus douces chansonnettes. C'est le Roûge gorge qu'une fée charitable a député vers lé travailleur solitaire pour lui dire qu’il y x encore quelqu'un dans 1& nature qui s'intéresse à Jui à nes, 56 Quand le bâcheron a rapproché l’un de l’autre Jes tisons dela veille engourdis dans a cendre; quand Tecopeau et la branche sèche petillent dansla flamme, Te rouge gorge accourt en chantant, pour prendre sa part du feu et des joies du bûcheron. | “W# Quand la nature s'endort et s’'enveloppe de son manteau de neige ; quand on n'entend plus d’autres voix que celles des oiseaux du Nord, qui dessinent dans Pair leurs triangles rapides, ou celle de la bise qui mugit et s’engouftre au chaume des cabanes, un petit chant fluté, modulé à voix basse, vient pro- tester encore au nom du travail créateur contre l’a- tonie universelle, le deuil et le chomage. ” Voïlà bien les traits, croyons-nous, maïs sous ua autre nom, de l’amie du bûcheron canadien. Le mâle a le cou, le sommet de Ja tête noirs, entrecoupé d’un espace triangulaire de blane,-quise termine à la marines le bec est noir et eourt; le 7 reste des parties supérieures, couleur de plomb et cendrées, tachetées d’un peu de hyun ; les ailes sont frangées de blanc ; la poitrine, le ventre blanc jau- nâtre ; les pied d’un bleu clair ; les yeux, couleur de noisette foncé. La femelle ressemble fort au mâle. Les anglais l’appellent Chicadee a cause de la‘ressemblance de son eri Chicadee-dee-dee à ses mots, Longueur totale 54 ! Envergure 84: LA MÉSANGE DE LA BAIE D'HUDSON. * (Hudson Bay Titmouse). Fort ressemblante à la précédente : le noir est - plus marqué et la queue beaucoup plus longue, que dans l'espèce précédente—plus rare en Canada. Dimensipns 5 x 7. | LE LORIOT. DES VERGERS. * (Orchard Oriole }) Il s'opère aux différentes saisons, parmi nombre de nos oiseaux, de singulières transformations dans le plumage : le Chardonneret, le Goglu, lOiseau Rouge, le Baltimore nous en fournissent des exem- ples frappants. C’est sans doute àses étonnantes variations dans la livrée, qu'il faut attribuer les erreurs commises par les naturalistes, en confondant ce Loriot avec le-Baltimore. Buffon, Latham, Pen- nant et Catesby ont pris le mâle du Loriot des Vergers pour la femelle du Baltimore. Cette espèce diffère entièrement dans ses habitu- des du Baltimore, oiseau farouche qui ne peut. souf- frir de voisin pas même ceux de son espèce, dans # No. 296. Parus hudsônicus.—BaiRD. Parus hudsonicus.—AUDUBON. + No. 4M. Icterus spurius.—BairD. Jeterus spurius.—AuDpuBos. Q2 _948— endroit ou est placé son nid, tandis que lé Loriot de Vergers aime Ja société de ses semblables. Au- dubon à compté jusqu’à neuf nids de ces derniers dans le même enclos: une harmonie parfaite: ré- gnait dans la petite république. | Les mâles précèdent les femelles, de huit à dix jours au printemps. Dès qu’ils ont fixé la localité qui doit contenir le berceau de leurs amours, leurs mouvements deviennent d’une alégresse, d’une pres- tesse extrème: le mâle s’élance par bonds dans les airs a une centaine depieds, agitant son corps et sa queue et chantant avec énergie pendant tout ce temps, comme si quelque chose le pressait de reve- nir à l'arbre qu'il vient de quitter. Il passe la journée à faire ses évolutions et à attraper les in- sectes qui se cachent sous la verdure des arbres: ou bien il s’élancera à terre sur un vermisseau qui cherche en vain à fuir: puis, il retourne- ra inspecter avec soin chaque bouton, chaque fleur du pommier voisin. Leur chant redouble lorsqu'il s’agit de se procurer une compagne. Ils amassent des brins de foin qu’ils lient ensemble avec une rare industrie et en composent un nid d’une grande solidité, qui a la forme d’une hemisphère ; les œufs sont au nombre de six, d’un bleu-blanchâtre tachetés de brun foncé ; une seule couvée est le fruit de leur union. Les jeunes suivent les vieux pendant plusieurs semaines, mais bientôt les mâles se séparent des femelles et voyagent par eux mêmes tels qu'ils sont arrivé au printemps. Cette espèce se nourrit d'insectes, ainsi que de fruits et de baies; elle est friande ‘de fraises. A son arrivée, le Loriot des Vergers fréquente les hauteurs pendant la saison des œufs ; la famille élevée, il descend dans les prairies et les champs de foin où ils se nourrisent, de grillons, d’araignées et de sau- terelles. Les Français de la Louisianne, appellent ce Loriot Pape des Prairies tandis que le Baltimore porte le nom de Pape des Bois, d’après les lieux qu’ils fréquentent. A l’état de domesticité, il chante avec lemême entrain, que dans l’état denatureetse con- —249— tente de fruits et de riz : leur chant n’est pas aussi beau que celui des Baltimore. C’est un des hôtes les plus communs des vergers du Haut Canada : il ne visite pas le district de Québec que nous sa- chions. L Le mâle a les parties supérieures d’un jaune olive nuancé d’une teinte brunâtre sur.le dos ; les aïles sont d’un brun foncé; les couvertures alaires infé- rieures terminées d’un blanc jaunâtre ainsi que Îles couvertures supérieures et les primaires ; la queue arrondie au bout; les deux plumes externes trois quart de pouces plus courtes que celle du milieu ; les parties inférieures, jaunes; le bec ét le jambes bleu-clair ; l'iris, noisette ; le globe de l'œil noir: telle est la livrée du jeune mâle à sa première année ; à son second printemps, il s6 montre avec une large plaque noire sur le front et Ja poitrine et quelquefois sur les deux plumes me- dianes de la queue : de petites tâches roussätres se montrent sur les côtés et le ventre. Quand loiseau reçoit son plumage complet, le noïr se répand sur toute la tête, le dos, les ailes et la queue; un rouge bai, ou un chäitaiu clair, est perceptible sur le ven- tre, le croupion et les couverture caudales : le noir de la tête est lustré comme du velours ;. celui des aïles tire sur le brun ; et les couvertures supérieures des ailes sont terminées de blanc. | Dimensions, 64 x 9. | LE MAINATE COULEUR DE ROUILLE. * (Rusty Grakle.) Ce Mainate fort. repandu dans le Haut-Canada l'automne, se rend dans sa migration printan- nière jusqu'à la Baie d'Hudson: il se rencontre conséquemment dans le Bas-Canada. Des bandes *No. 417. Scolecophagus ferrugineus.—Barrp. ; Quiscalus ferrugineus.—AupuBox. Q3 250 — de, ces: Oiseaux s’abettent en septembre .dans les champs, au tour de Hamilton et de Toronto; ils: font) société lave les. Etourneaux. aux! ailes rouges, et les Etourneaux ordinaires, partout : où les sautere!les sont abondantes ; maïs le maïs est leur nourriture favorite. Cet oiseau à cette sai- son.ne chante pas: il a un. seul eri chuck. En no- vembre. ils gagnent. le sud, la Virginie, la Caroline du sud, en avril ils se dirigent vers le nord, et:arri- venten Juin à la Baie d'Hudson, pour y couver: aiors ilfait.-entendre un joliramage qui cesse dès que le nid estéonstruitet recommence, dèsque les jeunes peuvent voler. Le nid est placé dans des arbres à-huit pieds de terre. Ils sont propres à: la volière et s’ appri- voisent facilement. M. McElraith dit qu’en au- tomne dans les environs de Hamilton, ils passent le jour dans les champs labourés, à la recherche d’insectes et de vermisseaux ; la nuit venue, ils cherchent abriet protection sur lés roseaux des ma- rais où ils s’abattent en grands nombres, hr où ils restent jusqu’au point du jour. Le plumage du mâle quand on en est près, sem- ble. entiérement noir: mais sur uñ examin plus soigné, le noir a fait place a un vert foncé et lustré : l'iris est, or clair; le bec est noir; la mandibule in- férieure un peu arrondie ; la langue est mince, et commelacerée à sonextr émité: les pieds et les jambes noires et fortes ; la queue arrondie. Telles sont les couleurs du mâle, lorsque son plumage est parfait ; mais le plus grand nombre de ces oiseaux ont la gorge, la tête, le cou, le dos, imprejgnés de brun ; chaque plume ayant une frange couieur de rouille : au-dessus de l'œil, est une ligne de brun pâle, au- dessus de la ligne noire qui traverse l'œil. Cette couleur brune disparaît au printemps. Longueur totale 94; Envergure 144. La femelle est moins longue d’un pouce : son:plu- mage est plus terne ; un bandeau roussâtre au-des- sus et en dessous de l'œil : : chez les jeunes, le brun _predomine, mêlé au jaunâtre, et au brun foncé. —291— LE MAINATE POURPRE. * . (Purple Grakle—Crow Blackbird.) . Le Mainate pourpre ne justifie pas en Canada, la mauvaise réputation, qu'il a dans le sud des Etats- Unis. Là on le considère comme un insigne larron, un voleur de jeune maïs et de blé: larcins qu'il expie souvent avec sa vie ; au printemps, il rend un service inestimable à l’agriculture en dévorant les hordes innombrables de parasites destructeurs, de larves, et de chenilles, comme pour compenser les dégats qu’il causera plus tard. C’est: un fort bel oiseau, facile à apprivoiser et doué de chant. Nous les avons remarqués en grands nombre sur l'Ile Ste. Hélène, devant Montréal. Un couple de ses oiseaux s'établit il y a quelques années à Montmagny dans une plantation d’érables à l'Est du manior seigneurial : le propriétaire leur ayant assuré protection, la famille devint nombreuse et il en est résulté une colonie d’environ deux cents, quine manquent jamais chaque printemps de prendre possession du territoire qu’ils ont enséquestre. Leurs évolutions, leurs courses dans le voisinage nous ont souvent fort amusé. Plusieurs nids sont bâtis sur le même arbre : et au train où va l’œuvre de la coloni- sation, sous peu le bois sera insuffisant pour héber- ger leur noire légion. Le Maïinate pourpre a des idées larges, des idées féodales au chapitre de la propriété; armi les oiseaux, c’est une espèce de baron du moyen àge:il s’établiten maîtredans l’endroit où sontsesjeu- nes, sans respect pour les droits acquis des volatiles plus faibles que lui: malheur au Pic ou au Merle qui approche de trop près de sa demeure ; il l’atta- quera infailliblementt et sa forte taille lui assure la victoire. Les rayons du soleil ont un superbe effet sur son plumage lustré et noir comme lébéne; à certains rayons d'incidence, le bronze cuivré est * No. 421. Quiscalus versicolor.—Bairp. Quiscalus versicolor, —Aunuson. Q4 —252— remplacé par un azur brillant, auquel succédera l'éclat du -saphire lequel se fondera en vert d’émeraude. Pendant ce temps loïseau étendra sa queue, baissera les ailes, enflera sa gorge et fera sonner son cri d'appel pour attirer l’atten- tion des oiseaux qui passent au vol dans les environs. Les habitudes du Maïinate pourpre dans les lieux où il hiverne ne sont pas les mêmes qu'en Canada : ià ils voyagent en immenses bandes, se repandent sur les terres fraîchement labourées, frequentent même les alentours des residences des fermiers à Papproche de l'hiver. La chair de cet oiseau est sèche, coriace et manque de saveur, comme celle de la Corneille. On rencontré ce Mainate pendant l’été, dans des régions fort septentrionales. Le mâle a un plumage, soyeux, luissant ét noir. Dimensions du mâle 13 x 19. -1 LE NIVEROLLE DE WILSON. * à (Wilson’s Snow Bird.) Nom bien impropre pour un Oiseau que nous ne voyons jamais pendant l'hiver : en attendant mieux, nous l’adopterons. C’est une des espèces les plus nombreuses que nous ayons en Canada et dont le parcours est le plus étendu. Sa migration s’é- tende du cercle arctic jusqu'au golfe du Mexique. Ils arrivent dans le Bas-Canada, avant mème que la neige a disparu de la terre : + ils hivernent dans les régions les plus temperés du Haut-Canada et à mesure que la saison dévient plus froide, ils .Sapprochent de plus en plus des habitations. Au printemps, ils se montrent séparement et fréquen- tent les jardins, les enclos près des demeures. Ils disparaissent presque totalement pour unie couple de mois: le gros de la bande se rend alors dans les * No. 354. Junco hyemalis.—Barrp. | Niphaea hyemalis.—Aupuros. t Un ami nous envois en ce moment, deux de ces ‘oi- seaux, pris le 13 avril, __958— environs de la Baie d'Hudson où la ponte'a lieu. Plusieurs néanmoins doués d’instincts sociaux plus marqués, élèvent leur famille dans nos campagnes, dans Jde voisinage des villes Deux couples ont couvé l'été, dernier, près de notre jardin: le nid était caché dans un petit, trou à terre, abrité par des herbes St.-Jean.. L'instinct de la migration est très. fort chez cet oiseau : vers le milieu d’août, des bandes de trente à quarante, sillonnent la cam- pagne en tous sens, se posent sur les clôtures, le long des grands chemins, dans les allées des jardins, sur les piles de fagots près des habitations. IL est granivore. Cet oiseau à la tête, le cou, le haut de la poitrine le corps et les ailes couleur d’ardoise foncé ; le plu- mage des jeunes, est mélangé de brun ; les parties inférieures de la poitrine, le ventre, d’un blanc pur ; les trois pennes secondaires voisines du corps sont frangées de brun,.les primaire blanches ; la queue est couleur d’ardoise foncée, légèrement fourchue; les deux plumes externes en sont entièrement blan- ches et se voient de loin; le bec et Les pieds, cou- leur de chair clair ; l’œil bleu noir, La femelle est beaucoup plus brune que le mâlé. A la fin de Jautomne, les couleurs du mâle deviennent, plus foncées, et le brun disparaît presqu’entièrement. Longueur totale 64 ; Envergure 9. LE CHARDONNERET. * (Goldfinch.) Le Chardonneret se distingue par son coquet plu- mage jaune citron et tirant sur le blanc sur le -croupion et dessus la queue, par sa calotte et son man- * No. 313. Chrysomitris tristis.—BarrD. * Carduelis tristis—AUDUBON. N. B. Le Chardonneret de France ressemble à son con- genère d'Amérique ; celui de France a une couronne d'écarlate, que: le mêne oisean en Canada n’a pas. 964 teau de velours noir. Les ailes sont noires, frangées de blane ; la queue noire et la frange intérieure des plumes, blanche : le front est noir; le bec et les pieds roussâtres, couleur de cannelle. Tel le mâle se montre en été; en septembre, ses couleurs deviennent plus pâles et alors le mâle et la femelle se ressemblent presque. Ils se cons- truissent un nid, vrai chef d'œuvre d'élégance et de dextérité, au haut d’un: pommier, ou au cotons du chanvre, le couvrant à lextérieur de mousse liée ensemble par leur salive : le duvet le plus moëlleux en tapisse l’intérieur. La ponte est de cinq œufs, blanes, avec des taches pâles, au plus gros bout. Les mâles ne recoivent toutes leurs couleurs qu’à la seconder année de leur existence : absence alors du noïr su leur tête, que le blanc remplace : le blanc des ailes couleur de crème. En avril, ils commencent à muer et en mai ils sont d’un jaune vif: leur plumage entier à sa racine est d’un noir bleuâtre. Le ramage du Chadonneret ressemble au chant du Goldfinch d'Angleterre, mais il n’a ni son étendue, ni sa mélodie. ‘Ils arrivent en Canada au mois de mai ; alors il voyagent un à un dans nos campagnes. En août, ils se montrent en bandes: se perchent sur les arbres, lissent leurs plumes aux rayons du soleil et font entendre un agréable ga- zouillement. Certains individus hivernent à l’ouest de la province, mais ils émigrent en corps du Bas- Canada, à la fin d’août et en septembre. Il volent en ondulations de haut en bas, faisant entendre un cri à chaque fois qu’ils ouvrent et ferment leurs ailes. Ils s’'abattent en grand nombres dans les jar- dins et s’accrochent aux grappes de chanvre, de millet, aux chardons, tantôt suspendus la tête en bas pour prendre leur nourriture. Pourvu qu’on les prennent avant l’accouplement le printemps, ils vivent bien en cage ou dans une volière : ils meu- rent infailliblement s'ils ont été pris après cette époque. On les trouve sur tout le continent de J’Amérique, —255— Ïls vivent eu captivité deux ou trois années, si où leur donne une nourriture convenable, tel que le millet ou la graine de canarie. Longueur 44; Envergure 8. LE PINSON FAUVE. # (Fox coloured Finch.) ‘Ge Pinson est supérieur en täille au Pinson chan- teur (le Rossisnol du Canada). Il est peu nom- breux ; son caractère solitaire lui fait rechercher les buissons épais sur la lisière des montagnes ; quel- quefois il fait société avec le Niverolle de Wilson ; plus souvent il se réunit aux individus ae son espèce. T1 est peu méfiant, se laisse approcher ; son chant ne se manifeste que dans les endroits où il fait son nid et se compose de quelques jolies notes. Le mâle à le haut du cou et de la tête cendré, et frangé de couleur de rouille; le des élégamment marqué de brun roux et cendré; la queue et les ailes couleur de rouille vif; les primaires foncées à l’intérieur et à l'extrémité ; la poitrine et le ventre blancs; les auriculaires sont largement maculées de bai ou de brun roussâtre, et le haut du ventre porte des petites taches noires lanceolées ; les couvertures caudales et la queue d’un jaune roussâtre vif; les pieds et les jambes d’un brun blanc sale, sont très robustes ; le bec est robuste, foncé en dessus et jaune en dessous; l’iris, noïsette. | Longueur totale 74, envergure 104 * La femelle n’a pas les ailes d’un bai aussi vif et tire sur le fauve. Ce Pinson vit de graines d’her- bes, d'insectes et de petits gravois. * No.374. Passerella iliaca.—Bairp. Fringilla iliaca. —Aunuron. LE PINSON À POITRINE BLANCHE, ? (White throated Sparrow,) Ce Pinson est une des espèces les plus répandues en cette province. Les paysans l’appellent quelque- fois, nous ne savons pourquoi, Perdrix de Savanne. Il est un peu plus gros que le Pinson chantant et arrive quinze à dix-huit jours apres lui. Sa romance ou mieux son sifflement aigu, mais agréable se fait entendre depuis le mois de mai jusqu’en septembre. Les anglais l’appellent familièrement “« Sweet, Sweet, Canada, Canada Bird ?: parce que son chant rescemble à ces mots. Sa voix, que l’on entend dans tous les bois au prin- temps quoique simple, ne laisse pas de plaire. L'oiseau se perche sur la cime d’un sapin ou d’un jeune pin, et là, pendant le ‘our aussi bien que pendant les heures silencieuses de la nuit, lorsqu'il fait clair de Lune, il fait entendre à certaines! in- tervalles son sifflement sonore et étendu. Il aime aussi à devancer l’aurore par ses chants; en capti- vité, il continue de charmer l’homme par sa mélodie et ses allures enjouées ; il se nourrit de graines, de millet, de chanvre, d'avoine. Quelques-uns couvent : en Canada, mais le plus grand nombre pense-t-on couve plus au nord. Pendant l’hiver, il émigre en Pensylvanie, ou au rapport de Wilson, on les ren- contre en bandes nombreuses, sur les bords des endroits humides où croissent des aulnes; ils s’y nourrissent des graines d’herbes, que l’humidité y fait croître. Le mâle a Le dos et les couvertures des ailes, élé- gamment variés de uoir, de bai, de cendré et de brun clair; une barre blanche passe de la base de Ja mandibule supérieure au derrière de la tête ; deux autres barres de noir courrent parallèlement à cette barre blanche; au dessus, on découvre une autre * No. 349. Zonotrichia albicollis.—Bairp. Fringilla Pennsylvanica.—AuprBox. —257— barre blanche, tracée au dessus des yeux et se fon- dant en jaune orangé, près de la narine; une autre barre noire l’avoisine; la poitrine est gris-clair ; le menton et le ventre, blancs; la queue est un peu cunéiforme ; les jambes, couleur de chair; le bec, bleu couleur de corne; l’œil, noisette. - Longueur totale 64, envergure 9. Chez la femelle, les couleurs sont moins vives, et le blanc fauve rémplace partout le jaune qui se ren- contre chez le mâle, * LE PINSON À COURONNE BLANCHE. *: (White crowned Sparrow.) Cet oiseau est fort.coquet et fort élégant dans sa mise ; On le rencontre en assez grand nombre en Canada au commencement du mois de mai; plus tard il disparait entièrement. On dit qu'il place son nid au pied des arbres et qu’il pond quatre œufs couleur de chocolat. Il ressemble au Pinson à poi- trine blanche. Il s’accommode bien de la vie de volière ; son chant est un gazouillement agréable quoique faible. | Le mâle a le bec couleur de cannelle; le sommet de la tête, du front au derrière de la tête, d'un blanc pur avec une bande noïre qui part de chaque narine ; une autre bande blanche surmonte les yeux; le menton est brun, la poitrine, les côtés et le haut du cou, cendré pâle ; le dos strié de brun couleur de rouille. et de blanc pâle tirant sur. le bleu; les ailes noirâtres, marquées de ‘brun ; les couvertures inférieures et supérieures terminées de ‘blanc et formant deux jolies bandes sur les ailes ; le croupion et les couvertures caudales jaunes, mar- qués d’une teinte plus claire ; la queue longue, ar- rondie, noirâtre, avec de larges taches drab; le ventre blanc; les pieds et les jambes d’un roux * No.:345. Zonotrichia leucophrys.—BatRn. $ Fringilla leucophrys. —Aupueon. - —258— brun ; l'œil, rougeâtre ; la paupière inférieure blan- che. On distingue facilement la femelle du mâle, par le blanc sale qu’elle a sur la tête, par l’absence partielle du noir et le cendré qu’eile a sur la poitrine qui est plus foncée; elle lui est aussi inférieure par la taille. dot Longueur totale du mâle 74, envergure 104. Le Pinson chantant, le Pinson à couronne blanche, le Pinson à poitrine blanche et le Pinson fauve paraissent être tous de la même famille. LE PINSON CHANTANT. — LE ROSSIGNOL DU CANADA. * (Song Sparrow.) # Avons nous le Rossignol en Canada. ?” Telle était, la question que le Canadien nous adressait en avril dernier. De graves historiens, f des naturalistes en crédit, les neuf dixièmes de la population du Bas-Cana- : da y inclus la jeunesse entière des campagnes, très friands de Merles et de Rossignols, tous ont déjà repondu affirmativement à cette question. Ce sera donc bien à regret, que nous devrons nous inscrire en faux contre ce témoignage presqu’uni- versel. Qui doute que nous ne préférions pouvoir recla- mer comme appartenant à la Faune Canadienne, le barde ailé, qui fait la gloire de la France, de l'Italie et de l’Allemagne ? re Oh! que nous aimerions à dire à nos jeu- nes amis, grands amateurs de jeunes Merles et de Ros- signols. “ Jeunes gens, conservez vos illusions, c'est * No. 363. Melospiza melodia.—Barrp. Fringilla melodia. —Aupuson. t “ Le Rossignol du Canada est à peu près le même que celui de France pour la figure ; maïs il n’a que la moité de son chaut: le Roitelet lui a derobé l’autre moitié.’ (CHARLEVOIx.) —259— le plus bel apanage de la jeunesse ? ! Votre favori est bien un véritable Rossignol ! Mais la grande voix de la verité s’est fait entendre : et il faut faire table rase des opinions de nos pères et de celles de nos compatriotes. Oncomprendra maïintennant le le but des longs extraits qui vont suivre: on verra la raison d’être de ce luxe de citations, que l’on va lire: lesquelles en d’autres occasions quelqu’inté- ressantes qu’elles pussent être, paraîtraient prolixes et diffuses. Il s’agit de deraciner, de pulvériser, une bien vieille, une bien respectable erreur. Avant de nous enquérir si réellement nous avons parmi nous le roi du chant, voyons d’abord ce que c’est que le Rossignol d'Europe. :Taille, six pouces deux lignes ; les parties supérieures sont d’un brun roux ; la gorge et le ventre blanchâtres ; la poi- trine et les flancs cendrés ; la penne bâtarde est courte et étroite ; la première remige est égale à la quatrième, ou plus longue. Ce qui fait surtout con- naître cet oiseau, c’est la mélodieuse variété de son chant. L’Allemand Bechstein a cherché à écrire les paroles que prononce cet admirable chanteur : c’est à ceux qui ont entendu les accents de cette douce et plaintive Sapho des bois à décider du de- gré de ressemblance pui peut exister entre l’œuvre de Bechsteïin et le chant du Rossignol. Voici: “ Tioû, tioû, tioù, tioù, —Spe, tiou, squa—Tiô, tid, ti, ti0, tiô, tic, tio, tix—Coutio, coutio, coutio, hi—Tzatu, tzatu, tzatu. tzatu, tzatu, tzatu, tzatu, dzi —Dlo, dlo, dlo, dlo, dlo, dlo, dlo, dlo, dlo—Quio, tr rrrrrrrr itz—Lu, lu, lu, lu, ly, ly, ly, ly, lié, lié, lié, lié, —Quio, didl li lulylie—Hagurr, gurr, quipio ! —Coui, coui, coui, coui, qui, qui, qui, gai, gui, gui, gui—Gall goll goll goll guia hadadoi—Couigui, horr, ha diadia dill si !—-Hezezezezezezezezezezeze- zezezezeze couar ho dze hoi—Quia, quia, quia, quia, 260 — quia, quia, quia, quiati—Ki. ki, hi, 10, 10, 10, 1010- ioio ki—Lu lys le lai la leu 10, didl : 10 quia=Ki- gai gaigaigaigaigaigai guiagai gaigai éouior d#io dzio 1. t sicai Pa Le Rossignol, dit Lemaoût, est d'un agture) ti- mide ; il voyage, arrive et part seul. C’est au com- mencement d'avril qu'il parait en France ; il nat: tend pas sa famille pour chanter, mais son chant redouble d'expression pendant la saison des œufs. Il place son nid dans un buisson, à une petite hau- teur de terre, quelquefois même entre les racines ; il le construit avec des herbes, des feuilles de chène, du crin. Ce nid, très profond et peu solide, con- tient quatre ou cinq œufs arrondis, d’un brun ver- dâtre, dont le gränd axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes. Il chante la nuit comme le jour, durant l’ incubation, mais dès que les petits sont éclos, ce qui arrive à la fin de mai, sa voix s’altère. et devient une sorte de’ ‘croassemmentt, rauque comme celui d’une Grenouille. : Il nourrit ses petits de vermisseaux et de larves d'insectes, qu ‘il dégorge dans leur bec. Vers la fin de septembre, il émigre pour aller chercher dans l'Egypte, la Syrie et VAsie, la nourriture animale qu'il ne trouve plus en France. ” Ouvrons Buffon et dérobons:lui où plutôt à son collaborateur Gueneau de Mont- beillaïd, une de ses pages admirables. ‘À part quel- ques exagérations qui font du Rossignol un artiste trop civilisé, et qui d’ailleurs prennent leur.source dans un enthousiasme trop sévère, le chapitre du Rossignol est un morceau achevé. On est tenté de croire, dit Lemaoût, que l’auteur avaitune de-ces Fauvettes chantant devant la fenêtre de son cabinet et qu'il s’envirait en quelque sorte sous la dictée de loïseau, quand il énumère avec tant de bonheur le merveilleuses qualités de sa voix. - #1 #rrrrEm “ T1 n’est point, dit-il, d'homme bien ‘organisé a quice nom ne rappelle quelqu'une de ces belles nuits de printemps, ‘où, le”ciel ‘étant: sereim, l'air calme, toute la nature en silence, et, pour ainsi dire, attentive, il a écouté avec ravissementle ramage de —2681— ce chantre des forêts. On pourrait citer quelques autres oiseaux chanteurs dont la voix le dispute, à. certains égards, à celle du rossignol : les allouettes, le serin le pinson, les fauvettes, la linotte, le char- denneret, le merle commun, le merle solitaire, le mo- queur d'Amérique, se font écouter avec plaisir, lorsque le rossignol se tait: les uns ont d'aussi beaux sons, les autres ont le timbre aussi pur et plus doux; d’autres ent des tours de gosier aussi flatteurs ; mais il en est pas un seul que le rossignol n’efface par la réunion complète de. ses talents di- vers, et par la prodigieuse variété de son ramage; en sorte que la chanson de chacun de ses oiseaux, prise dans son étendue, n’est qu’un couplet de celle du rossignol, Le rossignol charme- toujeurs, et ne. se répète jamais, du moins jamais. servillement ; s’il redit quelque passage, ce passage est animé d’un accent nouveaux embelll par de nouveaux agréments: il réussit dans tous les genres, il rend toutes les expressions, il saisit tous les caractères ; et de plus, il sait en augmenter Peffet par les contrastes. Ce coryphée du printemps se prépare- t-il à chanter l’hymme de la mature, À commence par un prélude timide, par des tons faibles, pres- qu'indécis, comme s'il voulait essayer son instru- ment et intéresser ceux qui l’écoutent ; maïs ensuite prenant de l'assurance, il s’anime par degrés, il s’é- chauffe et bientôt il déploie. dans leur plénitude toutes les ressources de son incomparable organe : coups de gosier éclatants; batteries vives et légères ; fusée de chant, où la netteté est egale à la volu- bilité; murmure intérieur et sourd qui n’est point appréciable à l'oreille, mais très propre à augmen- ter l’éclat des tons appréciables; roulades précipi- tées, brillantes et rapides, articulées avec force, et même avec une dureté de bon goût ; accents plain- tifs cadencés ayec mollesse ; sons filés sans art, mais enflés avec âme; sons enchanteurs et péné- trants, qui font palpiter tous les cœurs et qui cau- sent à tout ce qui est sensible une émotion si douce, R 289 uné langueur si touchante. C’est dans ces tons pas- sionnés que l’on reconnait le langage du sentiment qu’un époux heureux adresse à une compagné ché- rie, et qu’elle peut lui inspirer; tandis que dans d’autres phrases plus étonnantes peut-être, mais moins expressives, on reconnaît le simple projet de l’amuser.et de lui plaire, ou bien de disputer devant elle le prix du chant à des rivaux jaloux de sa gloire et de son bonheur. Ces différentes phrases sont entremêlées de si- lences, de ces silences qui, dans tout genre de mélo- die, concourrent si puissamment aux grands effets. On jouit des beaux sons que l’on vient d’entendre, et qui retentissent encore dans l'oreille : on jouit mieux parce que la jouissance est plus intime, plus recueillie, et n’est point troublée par des sensations nouvelles: bientôt on attend, on désire une autre reprise; on espère que ce sera celle qui plait ; si l’on est trompé, la beauté du morceau que l’on en- tend ne permet pas de regretter celui qui n’est que différé, et l’on conserve l'intérêt de l'espérance pour les reprises qui suivront. Au reste, une des raisons pourquoi le chant du rossignol est plus re- marqué et produit plus d'effet, c’est parceque, chan- tant seul, sa voix à tout son éclat, et n’est offusquée par aucune autre voix; il efface tous les autres oiseaux par ses sons moelleux et flûtés, et par la durée non interrompue de son ramage, qu’il sou- tient quelquefois pendant vingt secondes. ” Voyons maintenant comment Toussenel fait l’a- pothéose de Poieau que Buffon vient de décrire. ‘ Le Rossignol n’a pas à se plaindre comme le Rouge-gorge et le Bec-figues que la Poésie et l’His- toire aient été ingrates à ses mérites. On l’a chanté dans toutes les langues des pays qu’il habite. On a écrit sur lui cent traités spéciaux. Toutes les lit- tératures du Midi, de l'Orient, de l'Occident et du Nord retentissent de ses apologies. Je ne sache pas de grand poëte, à commencer par Euripide et par Virgile chez les anciens, et à finir par Lamar- tine chez les modernes qui ne se soit cru obligé de —263— lui consacrer une strophe mélodieuse. Pour tous les écrivains inspirés, sacrés comme profanes, Phi- lomèle est la personnification de l’éloquence su- prème. Euripide, pour donner une idée du charme de la parole d'Ulysse, la compare au chant du Rossignol. Saint Grégoire de Nazianze retrouve dans les écrits de l’école d’Athène le style harmonieux et sonore du prince des chanteurs ailés. Les farouches sec- tateurs de Luthet reconnaissent la mission divine de PHILippe MELancktou et la supériorité de son éloquence sans seconde, à ce que les deux syllables initiales de ses noms reproduisent ls nom de Philo- mèle. Or, comme il est dans les dons de l’analogie pas- sionnelle d’inspirer heureusement les esprits, il est constamment advenu que le succès a couronné l’al- légorie et la comparaison tirées du Rossignol. Aïnsi aucune muse n’a probablement modulé dans aucune autre largue de plus mélanceliques et de plus tendres accents que la muse de Virgile com- parant la douleur d’Orphée qui regrette Eurydice, à celle de Philomèle qui pleure ses petits: Qualis populeä mærens.... L'inspiration d'amour qui par- fume le texte latin est si pénétrante et si vive qu'il en est passé quelques émanations subtiles jusque dans la traduction de Delille : Telle, sur un rameau, durant la nuit obscure, Philomèle plaintive attendrit la nature, Accuse en gémissant l’oiseleur inhumain, Qui, glissant.dans son aid une furtive main, Ravit les tendres fruits que l’amour fit éclore Et qu’un léger duvet ne couvrait pas encore. Le Chantre des Æarmonies, dont la harpe aussi élodieuse que celle de Virgile, vibre bien plus puissamment sous la touche d'amour, Lamartine se surpasse lui même dans la peinture du chant du Rossignol. KRelisez Jocelyn, une histoire touchante qui retrouve toujours le chemin de vos larmes, l’his —264— toire de deux pauvres enfants perdus dans up désert de glace et, qui s'aiment et s’ignorent sous le regard de Dieu. Ouvrez le livre à cette page orageuse de la matinée de mai, où l’haleine fiévreuse du prin- temps verse au cœur des innocents des troubles in- connus, où le besoin d'aimer fait explosion dans la poitrine de Laurence qui cherche en son extase.... Une lanque de feu—pour crier de bonheur vers le nüture et Dieu. Ecoutez, écoutez: LAURENCE. Vois dans son nid la muette femelle Du Rossignol, qui couve ses doux œufs, Comme l'amour lui fañenfiær son aile Pour que le froid ne tombe pas sur eux. Son cou, que dresse un peu l'inquiétude, Surmonte seule la conqre où dort son fruit, Et son bel œil éteint de lassitude, Clos du sommeil, se rouvre au moindre bruit. Pour ses petits, son souci la consume ; Son blond duvet à ma voix a frémi: On voit son cœur palpiter sous sa plume Et le nid tremble à son souffle eudormi. À ce dunx soin quelle force l’enchaine? Ah! c’est le chart du mâle dans les bois, Qui, suspendu sur la cime du chène, Fait ruisseler les ondes de sa voix! Oh ! l’entends-tu distiller goutte à goutte Ses lents soupirs apres ses vifs transports, Puis de son arbre étourdissant la voûte, Faire écumer ses cascades d’aceords ? Un cœur aussi dans ses notes palrite!: L'âme s’y mêle à l’ivresse des sens, 11 lance au ciel l'hymne qui bat si vite, Où d’une larme il mouille ses accents ? À ce rameau qui l’attache lui-même ? NS Ft qui le fait s’épuiser de langueur ? act dat —265— C'est que ra voix vibre dans ce qu'il aime Et que son chant y tombe dans un cœur : De ses accents sa femelle ravie Veille attentive en oubliant je jour ; Le printemps fuit, l'œuf éclos et la vie N'est que printemps. que musique et qu’amour, Dieu de bonheur ! que cette vie est belle ! Ah ! dans mon sein je me sens aujourd’hui Assez d'amour pour reposer comme elle Et de transport pour chanter comme lni. N'est-ce pas que jamais la passion n’a parlé par une bouche humaine un langage plus sublime et plus incendiaire, et que l’infortunée Didon est bien pâle auprès de Laurence, et même Roméo qui veut- trop tôt s’en aller ! N'est-ce pas que le pauvre his- torien des bêtes qui a commis limprudence d’il- - Jlustrer son récit de tels vers, est tenu de demander pardon à ses lecteurs d’oser encore leur servir sa vile prose après | Aucune gloire, aucune chance heureuse n’a donc manqué au Rossignol. Comme il a des panégy- ristes qui s'appellent Virgile, Ovide, Lamartine, il a des historiens nommés Pline, Buffon, etc., etc. Jean-Jacques déclare en ses Confessions, qu’il n’a jamais entendu le chant du Rossignol sans être vivement ému. Le naturaliste latin savait les mœurs de l’oiseau, il y a dix-sept siècles, comme nous les savons aujourd’hui; mais la mythologie grecque a erré sur son compte. La tradition mythologique s’est trompée, pour avoir fait de Philomèle le type d’une princesse athénienne célèbre par sa beauté, à qui son beau- frère aurait infligé un outrage et puis coupé la langue pour l'empêcher de divulguer son crime. Ce signalement, de princesse de sang royal, belle et muette, ne reproduit aucunement les traits du Ros- signol, qui n’est ni beau ni muet, et qui d’ailleurs serait parfaitement incapable d'égorger un neveu pour le faire manger à son père, comme le fit, dit R2 —266— l'histoire, la princesse outragée, D'où je crains fort que ceux qui ont cru d’après la fable que la romance du Rossignol était une complainte sur les malheurs de Philomèle et sur la perversité de Té- rée, n'aient été dupes de leur crédulité. La ro- mance ou plutôt le nocturne du Rossignol n’est pas une complainte, mais bien une élégie amoureuse écrite pour une voix seule par un maëstro passion- né, Et la passion brulante qui respire en ce poëme et empèche de dormir l’infortuné énamorato, est la double jalousie de l’art et de l’amour. Le Rossignol, en effet, ne chante pas seulement pour attendrir le cœur de sa maîtresse et charmer ses ennuis ; 1l chante aussi et surtout pour qu’on ladmire et pour qu'on l’applaudisse ; il chante pour faire taire ses rivaux, pour les écraser sous le poids de sa supériorité, pour les tenir à distance du canton qu'il s’est adjugé. S'il n’atteint pas ce der- nier but par la force de ses poumons, il à recours au combat ordinaire, au combat corps à corps ; car il faut d’une manière ou de l’autre qu’on lui fasse place nette. S'il est vaincu dans cette nouvelle rencontre, 1l s’expatrie comme le Pinsen et va bien loin cacher sa honte. Beaucoup meurent sur le terrain du dépit de la défaite et des blessures reçues. On ne comprend pas à première vue, qu'une épée aussi offensive qu’un bec de Rossignol ou de Rouge gorge puisse donner la mort, mais le fait se repro- duit si fréquemment qu’il n’est pas même contesta- ble. L’habitude des duels à outrance se retrouve jusque chez les Fauvettes proprement dites, qui ont l'esprit moins batailleur que les Rossignols, et chez les Roïitelets qui ont le bec encore plus mou et en- core plus inoffensif que les Fauvettes. La quainzaine qui suit l’arrivée des Rossignols parmi nous est l’époque habituelle de ces joûtes ter- ribles. Les mâles dans ces espèces précèdent les femelles d’une semaine ou deux, afin d’avoir termi- né leurs querelles pour le jour où celles-ci arrivent, et pour être en mesure d'offrir un établissement convenable aux belles voyageuses en quête de ma- ris. Ainsi procèdent les Ortolans et quelques miliers —267— d’autres. Cette précession des mâles dont la cause était demeurée jusqu'ici un mystère pour la science, n'intriguera plus personne désormais. L'avenir des Rossignols dépendant du triomphe obtenu. dans ces concours de musique vocale, on conçoit toute l'importance que les pères de famille et les enfants mâles de cette espèce attachent à l’étude du chant. Il n’y a peut-être pas un seul département de France où l’ardeur immodérée qu'apportent à cette étude les jeunes Rossignols, ne fasse chaque année des victimes. Aïnsi dans nos colléges, des centaines de malheureux enfants sa- brutissent l'intelligence en des travaux ingrats pour acquérir le titre glorieux d’élève de l'Ecole Polytech- nique, et paient quelquefois de leur santé ou de leur vie cette noble ambition. Il résulte de cette tension perpétuelle de l’esprit des Rossignols vers le progrès et la perfectibilité, que quelques-uns des mieux doués acquièrent des talents supérieurs qui leur assurent leur monopole des honneurs et des places. Heureux sont les fils de tels pères, car ceux-ci naturellement jaloux de per- pétuer l'illustration de leur nom et de faire souche @e virtuoses, se font un plaisir et un devoir de pous- ser leurs héritiers dans la voie du succès, en les ini- tiant à tous les secrets de la méthode et à toutes les rubriques du métier. De là l'illustration séculaire de telles ou telles familles de tel ou tel canton, de Ja famille des Rossignols de Romanville, par exem- ple, ou de celle des fauvettes à tête noir d'Auteuil. Mais de même qu’il est pour les Rossignols des con- trées privilégiées où semble s'être réfugié l’atticis- me du beau langage, il est des Béoties par contre où fleurit le patois et dont les malheureux indigè- nes n’émettent pas une note qui ne devienne aussi- tôt le texte de mauvais quolibets. Les Fauvettes du bel air sont peut-être plus impitoyables encore pour le purisme de la phrase que les jolies parleuses des salons de Paris. Bechsteïn, naturaliste allemand, qui a fait sur l’histoire des Fauvettes de profondes études va jns- __Râ —208— qu'à afirmer que le chant nocturnesest un privilége aristocratique, appartenant à certaines familles de Rossignols, maïs non à toutes, et se transmettant par lesang. Le chant d’un Rossignol parfait ren- ferme habituellement vingt-quatre strophes, sans compter les ornements et les fioritures dont l'artiste brode.ses finales. . On a calculé aussi que la portée de la voix du Rossignol égalait celle de la voix de l’homme et s’entendait de plus d’un kilomètre.” Malgré le témoignage de Charlevoix, de Leclerc et autres, nous pouvous affirmer sur l’autorité de Viéillot, Audubon, Wilson, Baird, que le Canada ne peut réclamer l'Orphée du vieux monde : Il y a dans Vieillot, un. passage assez curieux et que nous croyons peu connu, : “ On ne doit pas s'étonner, s'écrie-t-il,.si les Européens qui habitent l'Amérique, ont donné le nom de Rossignol à la plupart des oiseaux de cette partie du monde, remarquables par un gosier écla- tant, et particulièrement au Troglodyte aedon, puisque la plupart des personnes qui connaissent le ramage du Coryphée de nos bois, se font une idée fausse de sa taille et de son plumage. Les uns le supposent gros et grand d’après la force et l’éten- due de sa voix: d’autres croient qu’il est paré de brillantes couleurs, et beaucoup ne peuvent se per- suader que ce soit un petit oiseau revêtu d’un vête- ment très-modeste. Mais notre Rossienol se trouve- t-il réellement sur le nouveau continent ; On le croira, si l’on s'en rapporte à Lepage Dupratz * qui fait mention d’un Rossignol qu’on rencontré à la Louisiane: à Charlevoix, qui désigne sous. le mème nom un oiseau du Canada, mais qui n’a que la. moitié: du Chant du Rossignol d'Europe ;: au père Leclère, qui l’a vu das la Gaspésie ; enfin à un médecin de Québec, qui a mandé à Salerne que notre: Rossignol. se trouvait au Canada comme en France, dans la: saison. “ Ces historiens ou voyageurs r’auraient-ils pas * Histoire de la Louisiane. 269 confondu notre Rossignol avec d’autres oïseaux, d’après quelques analogies dans le chant? C’est de quoi mes recherches ne me permettent nullement de douter, ainsi que je le prouverai ci-après. Ce- pendant Gueneau de Montbeïllard dit, qu’il est pro- pable que le Rossignol habite aujourd’hui PAméri- qué Septentrionale, et que trouvant le climat peu favorable soit à cause des grands froids, soit à causé de l'humidité, où du défaut de nourriture, il chante moins bien au nord de cette partie du monde qu’en Asie et en Europe. En supposant que cette transplantation ait eu lieu de la manière qu'il indique et qui me paraît presqu'impossible, le Rossignol se montrerait dans le nouveau continent tel qu’il est sur l’ancien, puisqué les causes préten- dues de dégénération n’existant pas dans la saison où les voyageurs cités ci-dessus ont cru le recon- naître, elles n'auraient pas nui à sa voix. Elles ont lieu, il est vrai: maïs alors les oiseaux à la fin de l'Amérique Septemtrionale se trouve sous la zone torride, et certainement le Rossignol, qui est de leur classe, agirait comme eux, s’il habitaït le Canada, et ainsi qu'il le fait lui-même dans le nord de l’Europe; il irait donc passer l’hiver dans les régions Méridionales, où lappellerait la pâture dont à cètte époque il serait frusté dans son pays natal, et n’y reviendrait qu'au moment 6ù ces causes ces- sent. La nourriture ne lui manqueraït pas alors plus que dans nos contrées, car les insectes y sont au moins aussi nombreux et assez petits pour que des oiseaux entomophages dont le bec est nioins fort et moins bien orné que le sien, puissent en faire leur proié et en nourrir leur jeune famille. De plus, la température du Canada, bien loin d’être froide et humide dans la saison où il l’habiterait, y est saine et chaude. Le collaborateur de Buffon ajoute, pour appuyer sa conjecture, que l’on sait d’ailleurs que le climat de l’Amérique et surtout du Canada n’est rien moins que favorable au chant des oiseaux ; c’est ce qu'aura éprouvé, selon lui, notre Rossignol transplanté à la Nouvelle France. Cette R4 be asserlion nest nullement fondée pour le nord de l'Amérique, puisqu'il y a au moins autant d'oiseaux chanteurs qu’en Europe, et que leur ramage bien loin d’être inférieur, est aussi varié, aussi sonore et aussi mélodieux ; il faut néanmoins convenir que le Rossignol n’y a point d’émule; mais nos Grues, nos Bruants, nos Fauvettes, nos Pinsons y trouve- raient des concurrens dignes d'eux et même plu- sieurs y rencontrerait des maîtres, ” Quoique le nom du Rossignol ait été donné à à quelques oiseaux de cette partie du monde, il n’in- dique point l’espèce du Rossignol proprement dit ; en effet, celui de Dupratz est le moqueur de cet ouvrage, (le moqueur de Virginie) lequel porte aussi le nom du Coryphée de nos bois à Saint- Domingue; le Rossignol de Virginie est la Loxie huppée ou le Cardinal dont je fais la description dans le tome II; celui de l'Amérique d’Edwards, une Fauvette de la Jamaïque, laquelle diffère du Rossignol d'Europe par son plumage et dont le chant n’est pas connu. William Bartram donne aussi le nom de Philomela, à un petit oiscau jaune que je soupçonne être la Fauvette tachetée * ou celle à tète jaune, d’après la description de son cha- peron jaune ; le Rossignol de Charlevoix, de Le- clerc et du médecin de Québec n’est autre que le Troglodyte ædon, ainsi nommé au Canada, à la Nouvelle Ecosse et ailleurs par les Français et les Américains, vu que son ramage a de l'éclat et de la mélodie, quoique ses phrases soit plus courtes et moins variées que celles de notre chantre des bois. Malgré cette infériorité de chant, cet oiseau a des droits au nom de Rossignol, surtout si on compare son gosier à celui des autres petits volatiles du inème pays, et il est vraiment le seul qui puisse l’y remplacer. “ Il diffère si peu par son plumage et sa taille de notre Troglodyte, qu’on le distingue difficilement au premier aperçu ; aussi familier, il semble ne 8e nn — mr mt * L'Oiseau janne du Canada. —9ÿte- plaire que près de la demeure de l’homme ; il suflit de lui procurer lesscommodités qu'exige la position de son nid, pour être sûr de l’attirer dans un jardin, et qu'il y viendra nicher tous les ans, si l’on ne détruit pas sa couvée. Il mérite la protection que les américains lui accordent, ear il n’est aucunement uuisible, puisqu'il ne vit que de larves, de crysalides, de:petits insectes et. que c’est le seul oiseau chan- teur qui se fixe dans les villes. Son ramage est aussi fort, aussi sonore que celui de notre Pinson, Fringilla cœlebs, maïs plus moëlleux, plus étendu et plus varié. L'Américain, qui n’a pas cet oiseau. près de sa. demeure et qui désire l’y fixer lui cons: truit au printemps une petite maisonnette ; d’autres pour le mème motif attachent une callebasse con- tre leur maison ou au bout d’une perche qu’ils pla- cent au milieu de leur jardin. Ce ons reste rarement vacant; car les Jeunes couples étant for. cés de chercher, à leur retour du sud,.un. canton qui les isole de. leurs semblables, s’en emparent aussitôt. Tout ce qui est clos ou obscur leur con- vient.” Trève de textes. Que conclure de toutes ces autorités ? Que notre. Rossignol canadien, n’est ni le Rossignol d'Europe, ni mème le Troglodyte aedon que Vieillot décrit, espèce fort répandue aux Etuts-Unis et au Haut- Canada, mais rare dans le Bas-Canada. Le petit Ménestrel * qui en avril dans nos campa- gnes proclament si mélodieusement le retour du printemps et dé la verdure, celui que nous appelons le Rossignol, appartient à la tribue des Pinsons. Quel est celui parmi nous, qui après un rude hiver, peut sans émotion entendre son doux ramage, cet accent de la patrie, qui même au vieillard, rappelle les heureux jours de sa jeunesse, le temps qui n’est plus, “l’âge des long espoirs et des roses pensées, où tout fleurit et chante au dedans de nous. ” Audubon et Brewer semblent croire qu'il y à * Ce Pinson s'est montré cette année vers la ler avril. Le premier Merle, le 16 du même mois. ie deux espèces qui portent le même nom—l'une Lätit dans les buissons, l’autre à terre. L'une serait l'oi- seau connu à la campagne sous le nom de Rossignol et l’autre sous celui de Rossignol de Rèêts ou Gue- rêts ; mais ceci est un tout autre oiseau, (c’est le Bay winged Bunting de Wilson) dont nous parle- rons au chapitre suivant. Le mâle à les couvertures supérieures d’un gris jaunâtre, striées d’un brun noirâtre et roussätre ; il a sur la tête trois bandes longitudinales d’un gris blanc, les pennes d’un brun foncé, frangées d'un roux brunâtre ; les pennes de la queue d’un brun clair, frangées d’une couleur plus claire; la gorge blanche, piquée de brun grisâtre sur chaque côté : les parties inférieures blanches ; le devant du cou avec des teintes roussà:res et barré de brun grisâtre. Le bec est fort. Longueur totale 6 ; Envergure 84. Le Rossignol, l’automne venu, émigre vers les Etats du Sud, après avoir élevé trois couvées de jeunes en Canada—la migration se fait pendant la nuit. Le mâle pendant le temps de la ponte, se perche sur un arbre ou sur une clôture pour charmer pe son ramage pendant les longues heures de ’incubation, sa compagne. Il continue à chanter, jusqu’au moment du départ. LE ROSSIGNOL DES GUÉRETS. * K(Bay winged Bunting.) Ce Bruant, bien connu des populations rurales sous le nom du Rossignol des Guérets, n’est pas plus un Rossignol que celui que le peuple appelle le Rossignol du Canada. Il aime les guérets et les terres labourées, courre le long des sillons comme une alouette, auquel oiseau il ressemble par sa cou- * No. 337. Poecetes gramineus.—Barrp. Emberizä graminea.—AuDuBoN. —273— ‘leur grise et la longueur de ses ailes. Il se percherä sur un buisson près de la clôture, ou bien sur les piquets de cèdre dans nos campagnes et de là, il fera entendre pour une demie heure entière, sa douce et mélancelique ritournelle. Mille fois, par un beau soleil, pendant ces tièdes journées de mai et de juin, vers cinq heures de l'après midi nous avons recuilli de loin, ses sons flutés, modulés avec grâce, lorsque après avoir quittés Québec nous passions près de cette belle ferme de March- mont sur la Grande Allée, lieu chéri du Rossignol des Guérets. Il bâtit son nid dans l’herbe des champs, dans une petite cavité: le nid est solide- ment construit d’herbes fines et de feuilles, de crin de cheval et contient quatre à six œufs; aux Etats- Unis, il élève deux couvées. La nourriture consiste en graines de foin et au besoin, ils savent fort bien attraper les insectes : leur chair est tendre et savoureuse. Ces oiseaux se con- solent philosophiquement de la perte de leur liberté et chantent très bien en volière : ils préfèrent