9 0 “4 Û : hs on ’ tenté CA su» “6 ‘ * . 4 . £ . CE LEG800 1921 DL LIN O1NOHOL 140 ALISH3AINN » es 4 ‘ r + x \ * “er = À» An ee + D T's Er DOTIFATTS TE | rie «a 22 ARE Ce RSS #" PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE OU DESCRIPTION 3 02 DES FOSSILES DE LA FRANCE continuée PAR UNE RÉUNION DE PALÉONTOLOGISTES Sous LA DIRECTION D'UN COMITÉ SPÉCIAL 2e Série, — VÉGÉTAUX PLANTES JURASSIQUES Le marquis DE SAPORTA TOME IV TYPES PROANGIOSPERMIQUES " et SUPPLÉMENT FINAL Lo \ "/a4 PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120. Boulevard Saint-Germain, en face de l'École de Médecine 1891 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE DEUXIÈME SÉRIE. — VÉGÉTAUX TERRAIN JURASSIQUE ÉPHÉDRÉES, SPIRANGIÉES ET TYPES PROANGIOSPERMIQUES INTRODUCTION A côté des Fougères, des Équisétées, des Cycadées et des Conifères, qui constituaient la masse prédominante des végétaux terrestres, la flore jurassique comprend encore un certain nombre de types qui ne rentrent naturellement dans aucun de ces quatre groupes. Les types dont nous parlons doivent fixer notre attention, non seulement à raison de leur singularité même et des doutes qu’entraîne leur classement, mais aussi parce que leur étude permet d’entrevoir qu’à côté des éléments ordinaires, de ce qu’on peut nommer les plantes triviales de l’époque, il en existait d’autres moins répandues, subordonnées aux premières, peut-être aussi confinées dans des stations restreintes ou reculées, quel’on rencontre plus rarement, les occasions dé 1e Sr. Vécéraux. — IV, 1 9 ___ PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. passer à l’état fossile leur ayant le plus souvent fait dé- faut. De cette sorte, nous n'’aurions presque ‘toujours entre les mains que les espèces les plus communes, celles dont se composait la foule pressée des arbres, des ar- bustes et des herbes croissant à leur pied, sur les escar- pements ou les côlaux, dans les plaines situées aux abords des lacs ou dans le voisinage de la mer, là où des cours d’eau prenaient leur embouchure et entraînaient des débris, là encore où des espèces amies de la fraîcheur croissaient auprès des marécages et parsemaient de leurs résidus les lits en voie de formation. En y regardant de près, on distingue effectivement, au sein de la végétation primitive, à partir du carbonifère récent, mais surtout dans le trias et le jura, des indices multipliés de la présence de plantes d’affinité ambiguë, que rien ne rattache directement aux Cryptogames ou aux Gymnospermes et dont il s'agit de déterminer les vrais caractères. Plus l’absence des Angiospermes, c’est- à-dire des Phanérogames de l’ordre le plus élevé, ressort avec évidence de l’ensemble des faits relatifs à l'ère paléo- zoïque et à toute la portion de la série secondaire qui précède la craie, plus aussi la singulière apparence de _ quelques végétaux de ces époques était de nature à frap- per l'esprit des observateurs. C'est ainsi que Brongniart, dès 1898, créait le genre Palæoxyris pour désigner des organes d’une structure paradoxale et le genre Æho- phyllum (1) pour une plante du grès bigarré des Vosges, comparée ensuite par Schimper (2) aux Cypéracées, aux Arundinées et aux Typhacées. Dans lè même ouvrage, (1) Prodr., p. 134. . (2) Monogr: des pl. foss. du grès bigar ré des Vosges, Leipzig, 1844, p. 37-39. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 3 Schimper fondait les genres Yuccites et Echinostachys, le premier pour des feuilles rubanées et dépourvues de mé- diane, le second pour une sorte d’inflorescence d’une affi- nité des plus douteuses. — Dans son Tableau des genres de végétaux fossiles, publié en 1849 et qui marque bien l’état où en était à cette date la science paléophytique, Ad. Bron- gniart place encoreles Palæoxyris dans lesRestiacées, mais en qualifiant le rapprochement de vague et incertaine analogie. Il laisse les Z'thophyllum et ÆEchinostachys, si obscurs àses yeux, parmiles Monocotylédonessedis incertæ, et rattache les Yuccites aux Liliacées. En définitive, dans la deuxième partie de l'ouvrage, destinée à une Zæposi- tion chronologique des périodes de végétation, le savant français, appliquant aux périodes vosgienne et jurassique la dénomination de Aeégne des Gymnospermes, n'admet l'existence, pendant leur durée, que de Monocotylédones douteuses, réduites à un très petil nombre d'espèces, puis- qu’il n’en compte pas plus de quinze en totalité. Un peu plus tard, en 1852, Etiingshausen propose d’appliquer à des formes alliées aux Palæoxyris et rencontrées par lui dans le wéaldien, la dénomination de Palæobromelia qui implique la perisée d’uné assimilation du type fossile ainsi désigné avec les fleurs de certaines Broméliacées. Plus tard encore, en 1868, Williamson et Carruthers exposent leur intréprétation des empreintes du Yorkshire rapportées par eux aux Zamites gigas Lindi. et Hutt., et d’après laquelle ilsétablissent le nouveau genre William- sonia. En 1870, Schimper (1) avoue que l’époque de la première apparition des plantes monocotylédonées n’est pas encore bien fixée ; leur existence pendant l’époqué (1) Traité de Pal. vég., p. 386. 4 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. paléozoïque lui paraît douteuse, bien qu'il r’entende pas la nier d’une façon absolue; mais il n’en est pas de même à partir de l’époque triasique, et les Æthophyllum, ainsi que les Yuccites du grès bigarré affirment, selon lui, la présence de Monocotylées d’un ordre déjà très élevé, c'est-à-dire de vraies Angiospermes, dès le commencement de cette époque. Il signale d’autres fragments retirés des dépôts jurassiques moyens et révélant des fruits assi- milables à ceux des Pandanées ou à une autre famille très voisine, depuis lors éteinte. Le savant professeur fait évidemment allusion aux Podocarya de Buckland (1), puis il ajoute : « En présence de la rareté relative des plantes fossiles, qui caractérise l'immense série des formations jurassiques, si l’on excepte quelques dépôts d’eau douce aussi restreints en nombre que par l'étendue, il est diffi- cile de se former un jugement un peu sûr en ce qui con- cerne l’absence absolue des plantes dont on ne retrouve aucune trace sensible, telles que les Graminées et les Cypéracées, qui sont justement les plus inférieures de leur classe. » Ces doutes, cette incertitude, que Schim- per n'ose secouer, durent encore et liennent surtout, comme nous le verrons, à ce que les types jurassiques, malgré une certaine analogie d'aspect, ne sont en réalité assimilables que de très loin aux genres actuels de Mo- nocotylées et appartiennent vraisemblablement à des groupes depuis longtemps disparus, dont il faudrait pos- séder autre chose que des fragments épars pour réussir à en déterminer la structure intime et les affinités vérita- bles. En pénétrant un peu plus avant qu'on ne l’a fait jusqu'ici dans l'étude de quelques-uns de ces types, nous (1) Buckland; Geology and Mineralogy, M, p. 101, tab. 63: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 8 verrons qu'au lieu d’avoir à leur assigner une place auprès des Angiospermes vivantes et parmi les Mo- nocotylées actuelles les moins dissemblables, c’est plutôt parallèlement à celles-ci, mais séparés d'elles par un intervalle considérable, que l’on est amené à les ranger, aussitôt que l’on commence à les mieux connaître. Si l’on consulte le tableau général des flores fossiles qui sert de terminaison au grand ouvrage de Schim- per (1), on voit que l’époque jurassique, divisée en cinq périodes, rhétique, liasique, oolithique, corallienne et wéaldienne, ne comprend en dehors des Spirangium, genre d'affinité inconnue, qu’un très petit nombre de plantes supposées monocotylédonées, douze en tout, dont sept liasiques et les cinq autres oolithiques. Leur examen démontre que la plupart, Yuccites, Bambusium, Cyperites, ne sont que des lambeaux de feuilles d'attribution entiè- rement incertaine. Les autres sont ou paraissent être des Najadées, parmi lesquelles les curieux Vajadita du lias inférieur d'Angleterre reproduisent évidemment la ner- vation caractéristique des Rhizocaulées. Il ne reste en dehors que le seul Podocarya Bucklandi Ung., qu'une conformité apparente de structure avec les fruits agrégés des Pandanées avait engagé à rapporter à cette famille, bien que l'attribution ne reposät sur aucune preuve tout à fait directe. On voit, d’une façon générale, sur quel fondement peu solide repose l’idée jusqu'ici admise qu'il aurait existé des Monocotylées en Europe dans la période qui sépare le trias de la craie la plus inférieure. La flore jurassique (1) Traité de Pal. vég., II. 6 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de l’extrême nord, observée au cap Boheman, sur la côte occidentale du Spitzberg, n'est pas plus riche que celle d'Europe, en indices de ce genre. Le Pambusium proto- gæum Hr. (1)consiste uniquement en un lambeau de feuille dépourvue de médiane et occupée par des nervures lon- gitudinales plus fortes et plus fines entremêlées. I ne saurait fournir aucune lumière sur le süjet qui nous oc- cupe, sinon qu'il rappelle, selon Heer, le Bambusium liasinum de Chambelen. L'indigence réelle de la végéta- tion contemporaine en éléments susceptibles d’être rap- portés à des Angiospermes, ressort ainsi invinciblement de l’ensemble même des observations. Il n’y a guère plus, en effet, de notions positives à recueillir sur les Angios- permes présumées dans Je jurassique de la Sibérie d’Ir- kutsk. Heer est porté avec raison à reconnaître plutôt des chatons mâles de Gymnospermes que des inflorescences proprement dites dans les appareils figurés par lui sous les noms d’Antholithes paniculatus et Schmidtianus (2). On doit remarquer en outre l’étroite analogie d’aspect qui rattache un de ces Antholithes, À. paniculatus (ibid., fig. 2) au Swedenborgia cryptomerides de Nathorst, analogie qui porlerait à admettre l'existence d’un type de Conifères du jura sibérien, proche allié de celui du rhétien de Scanie (3). L’Antholithes Schmidtianus (ibid., fig. 3-5) pourrait bien de son côté représenter l'appareil mâle d’une Salisburiée, probablement, selon Heer, d'un Phæ- nicopsis. En laissant de côté les Antholithes, il reste (1) Heer, F1. foss. arct., IV, Beitr. z. foss. FI. Spitzbergens, p. 46, tab. X, fig. 15. (2) Mém. de l'Ac.imp. des sc. de Saint-Pétersbourg, VIT série, Nactr. z. Jura Flora Siberiens, Y. O. Heer, tab. X, fig. 1-5. | (3) Voir antea, Vég. jur.,t. IT, p. 525-528, pl. 148, fig. 1-4 et Nat- horst, Beitr. z. foss. FI. Schwed. — Ueb. ein rhät. Pflanz, v. Palsjoi in Schonen, p. 30. RAT 1 ae PIN COER Lcdonttisnse one € dat Ad ds À TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX: 7 encore les Âaidacarpum (1) qui sont visiblement des fruits aggrégés, comparables à ceux des Pandanées. Ce nom de Æaidacarpum est emprunté à Carruthers qui l'avait appliqué à un fruit pandanoïde de l’oolithe anglaise (2), et Heer propose de l’appliquer à la catégorie entière des fruits de même nature, recueillis jusqu’à présent dans les divers étages de la série jurassique, préférablement à celui de Podocarya, qui manque d’exactitude, ou de Pan- danocarpum moins convenable comme ayant désigné originairement les Vipadites. Les ÆXaidacarpum sibériens n’offrent le plus souvent, d'après Heer, que l’empreinte de leur surface extérieure : « La plupart des cônes, dit-il, nous montrent seulement l'empreinte de leur superficie. » Cela veut dire qu’ils sont fossilisés en demi-relief, ce qui est également arrivé aux Goniolina dont il est naturel de rapprocher les Xaidacar- pum de Heer, tellement la structure et l'apparence sont respectivement pareilles, La parenté visible des deux sé- ries engage à les ranger dans un seul et même groupe dont nous essayerons de définir les caractères. Assuré- ment il s’agit de Spadiciflores, c’est-à-dire de végétaux à organes reproducteurs agrégés sur un spadice au support commun et donnant lieu, dans le fruit, par accrescence et par suite de la compression mutuelle des éléments fécondés, à un ensemble de compartiments hexagonaux strictement contigus. Il ne s'ensuit pas cependant, selon nous, que nous ayons affaire à de vraies Pandanées, congénères de celles (1) FI, foss, arct., IV. — Mém,. de l'Ac, imp. de Saint-Pétersbourg, VIIe série, O. Heer, Jura-flora Ost-Siberiens, p. 84-87, tab, 15, fig. 9-20. (2) Geol. Magaz., avril 1868. 8 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de nos jours, plutôt qu'à des types depuis lors éteints et d’affinité inconnue, que l'ère jurassique aurait possédés avant l’arrivée et la diffusion des Angiospermes propres, diffusion qui n’aurait eu lieu qu’à une date très posté- rieure. Heer rapporte à son Kaidacarpum sibiricum (4) une large feuille rubanée, inerme le long des bords, offrant trois nervures principales régulièrement espacées, entremêlées de beaucoup d’autres plus fines et très rap- prochées. Cette feuille, qui présente le type ordinaire de celles des Monocotylées, est comparée par l’auteur aux feuilles des Pandanées ; mais ses caractères différentiels sont loin d’avoir assez de précision pour diriger l'analo- gie et justifier une attribution spéciale à un groupe dé- terminé. — Heer a lui-même varié à propos des Xaida- carpum, et dans son MVactr. (p. 29 et 30), après avoir rap- porté au ÆXaidacarpum sibiricum la feuille dont nous venons de parler, comme lui ayant probablement appar- tenu, et maintenu cette espèce parmi les Pandanées, il incline à adopter pour les deux autres, Æaidacarpum stellatum et parvulum, l'opinion émise par M. Nathorst que ces sortes de strobiles, recouverts à la surface de compartiments hexagonaux, devraient être assimilés à ceux des //elosis et Rhopalocnema, genres actuels de Bala- nophorées, et prendre en conséquence le nom d'Helosi- dopsis. Nous verrons par la suite, en étudiant les William- sonia, les indices peu concluants sur lesquels Nathorst appuye ses présomptions, uniquement tirées de l’appa- rence extérieure et superficielle des fossiles interprétés ; mais ces présomptions, assurément fort ingénieuses, per- dent immédiatement toute réalité, dès qu'on entre- (1) Heer, Z. c., tab. 10, fig. 1. a né oh PT prof CEE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9 prend un examen attentif des restes, si curieux par eux- mêmes, auxquels le terme de Wäilliamsonia a été ap- pliqué par Carruthers. L’affinité de ceux-ci, plus encore des Goniolina et par suite des Xaidacarpum de Heer, avec les Pandanées reste la moins invraisemblable de toutes les hypothèses mises en avant, si l’on ne consent pas à accueillir les vues que nous adopterons ici et qui consis- tent à prendre ces types pour des prédécesseurs, mieux encore, comme des précurseurs des véritables Angiosper- mes. Ils ne se rattacheraient ainsi d’une façon directe à aucune des familles actuelles ; mais, éteints depuis long- temps, ils n'auraient avec celles-ci que de lointaines et incertaines analogies. C’est pour cela que nous leur ap- pliquerons la dénomination de Proangiospermes, qui ne préjuge rien, tout en exprimant ce fait incontestable qu'il s’agit de végétaux dont le développement et l’extension ont précédé en Europe ceux des Angiospermes propre- ment dites, soit monocotylées, soit dicotylées. Celles-ci, venues plus tard, se sont alors trouvées représentées par des plantes attribuables à des groupes encore existant, ou du moins assimilables sans anomalie à ces derniers. Le plus ancien et l’un des plus remarquables de ces types proangiospermiques est certainement le Dichoneu- ron Hookeri Sap., du permien rouge de la région de l’Ou- ral (voir pl. I, fig. 1). Il montre une feuille déjà différen- ciée, comparable à celles de quelques Aroïdées, par- ticulièrement des Amorphophallus (pl. I, fig. 4). La gros- Sièreté du grain de la roche est ici un obstacle à l'étude de la petite nervation dont le réseau, examiné dans ses derniers détails, aurait pu fournir des indications pré- cieuses, La figure très exacte que nous donnons permet au moins de se faire une juste idée de cette forme, cu- 10 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rieuse par le dédoublement de la côte principale au point. _ où elle émerge du pétiole. L’échancrure du limbe, consé- quence de ce dédoublement, entraîne la division de celui-là en deux segments dentés-sinués le long de la marge et munis chacun d’un lobe latéral secondaire. Les nervures, en se ramifiant, donnent naissance à des sub- divisions plusieurs fois dichotomes, reliées entre elles par des veines obliques. Le pétiole, entièrement conservé et recourbé dans l'original, est relativement large et dilaté insensiblement à la base, qui semble avoir été plus ou moins amplexicaule. Il paraît difficile de reconnaître une Filicinée dans un type pareil, dont la comparaison avec certaines feuilles anomales de Ceratopteris avait été pro- posée, après examen, mais non sans quelque doute, par M. J. Hooker, à l'expérience de qui nous avions eu recours (1). Le rapprochement de la feuille fossile avec l’Aroides crassispatha de Kutorga, recueilli par cet auteur dans le même terrain et considéré comme représentant la spathe involucrante d’une Aroïdée primitive, constitue un indice trop incertain pour qu'ilsoit permis d’y insister beaucoup (Voy. pl. I, fig. 2 et 3). En dehors des Proangiospermes jurassiques et des types d’une définition tout à fait obscure, il reste encore à mentionner quelques restes d'Éphédrées ou présumées telles. Nous disons Éphédrées à dessein, afin d’éloigner toute pensée de rapprochement de ces restes avec les Gnetum, dont il ne saurait être question. La rencontre de plantes alliées ou identiques aux É’phedra actuels dans (1) Voy. Obs. sur la nat. des vég. réunis dans le groupe des Noc- GERATHIA, par M. G. de Saporta, p. 10; Extr. des comptes rendus des séances de l’Ac. des Sc.,t. LXXXV, séances des 25 mars, 127 et 8 avril 1878. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 11 les couches jurassiques, n'aurait, par contre, rien de sur- prenant. M. B. Renault en a signalé dernièrement des vestiges dans le carbonifère récent, et pour peu que des Ephedra eussent fréquenté les abords des plages juras- siques, les lits de cette époque nous auraient transmis des empreintes de leurs rameaux et de leurs organes re- producteurs, soit associés, soit épars et disjoints. Pour- tant l’£phedrites antiquus de Heer, qui fait partie de la flore des environs d'Irkustk (Ust-Baley), n’a été établi que sur un petit nombre de débris faiblement caracté- risés : fragments de rameaux striés et articulés, graines supposées réunies par paire, et bractées éparses échan- crées supérieurement (1). Les rameaux striés et arti- culés se trouvent en France dans le Cornbrash d’Etro- chey, et les graines ou nucelles supposées dans les chis- tes kimméridiens du lac d'Armaille, Leur attribution res- pective à un Æ£phedra assimilable, d’après Heer, à l’Z. alata Dne., nous paraît entachée. Nous ne saurions pour- tant négliger ces indices. Ainsi, dans l'étude que nous allons faire des éléments de la flore jurassique qu’il nous reste à passer en revue, nous aurons à distinguer trois groupes ou sections principales : les Éphédrées avec le genre £’phedrites Gæpp., les Spirangiées qui, à côté des Spirangium propres, comprennent encore le nouveau genre Fayolia; enfin les Proangiospermes, distri- buées en un certain nombre de genres, Yuccites, William- sonia, Weltrichia, Goniolina, etc. Le premier de ces genres ne comprend que des feuilles, mais les autres représen- tent des organes reproducteurs ou des involucres déta- chés, accompagnés ou non des tiges et des feuilles res- (1) Beitr. z. Jura-flor. Ost-Siberiens, p. 82-83, tab, 14, fig. 7 et 24-32. 12 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pectives. C’est à côté des Goniolina que viennent se placer très naturellement les Æaidacarpum de Heer. Sous le nom très vague d’Aroides, il nous faudra mentionner en dernier lieu des organes plus ou moins comparables aux spadices sexués des Aroïdées. Nous terminerons avec eux la série des végétaux jurassiques dont il nous a été donné d’avoir connaissance comme ayant laissé des ves- tiges dans les strates françaises de ce terrain. | EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 227, fig. 4, Dichoneuron Hookeri Sap., du Permien rouge de l'Oural, feuille, gran- deur naturelle, d’après un échantillon du Muséum de Paris, provenant des mines de Malamosinskoï, dans le. gouvernement de l’Oural, n° 4199 du catalogue. Fig. 2 et 3, Aroides palæospathe Kut., organe involucral ou spa- the présumée, vu de face (fig. 2), et vu de dos (fig. 3), ayant pu appartenir au même type que la feuille fig. 4, d’après un échantillon figuré par Kutorga, grandeur na- turelle. Fig. 4, feuille bipartite d'un Amorphophallus, lé- gèrement réduite pour servir de terme de comparaison avec le Dichoneuron Hookeri. | ÉPHÉDRÉES Les Éphédrées font partie de la famille ou alliance plus ou moins artificielle des Gnétacées, qui comprennent en dehors du type spécial des Z’phedra, les Welwitschia et Gnetum, ceux-là très singuliers et isolés au milieu de l'ordre actuel; les derniers, en dépit des particularités de leurs fleurs très appauvries, réduites à n'avoir au lieu d'ovaires que des téguments protecteurs d’un ovule axile et terminai, touchant aux Dicotylées, plus spécialement aux Santalacées, par leurs feuilles dont la nervation ca- ractéristique reproduit fidèlement celles des feuilles de Santalum ou encore de plusieurs Araliacées et Protéacées. Nous n’ayons ici à considérer que les Éphédrées, signa- lées à plus d’une reprise parmi les plantes fossiles, soit secondaires, soit tertiaires, sous le nom d’£phedrites, mais dont la présence, il faut le dire, n’a pas encore été établie assez sûrement pour dissiper toutes les incerti- tudes. | Les £'phedra sont des végétaux sarmenteux et articulés, actuellement dispersés à travers les deux continents, fré- quentant les sables ou les rochers, se montrant aux abords et dans le voisinage des grandes chaînes, depuis celle des Andes (Æ'. andina Popp.) et le massif mexicain (£ americana H. et B.) jusqu’au pourtour méditerranéen, et plus loin, à l’orient, sur les gradins qui dépendent de l'Atlas, du Taurus, de l’Altaï et de l'Himalaya (Z. vulgaris Rich.— £’, fragilis Desf.— £'. altissimaDesf.). L’Arabie et la Perse australe présentent l’£'phedra alte G.-A,Mey; la 14 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Sibérie du Baïkal, l'Ephedra monosperma Gmel. ; l'Europe australe et l'Afrique boréale possèdent en commun l’£. nebrodensis Tin. ; l'Europe orientale et l'Asie occidentale V£, procera Fisch. et Mey. ; enfin, les déserts sableux de l'Algérie, du Sinaï, de la Syrie et de l'Arabie ont le curieux Ephedra alata Dne., dont les involucres fructifères sont formés de bractées bipartites et amincies-membraneuses vers les bords, affectant un aspect samaroïde. Cette distribution sur de très grands espaces, par colo- nies éparses et disjointes, dénote bien la haute antiquité probable d’un groupe dont l’origine première doit se perdre dans un lointain des plus reculés. Nous verrons pourtant de quels doutes se trouvent entachées les traces attribuables à des Éphédrées, dont l'extrême rareté a certainement de quoi surprendre, si l’on songe à quel point ces sortes de débris seraient aisés à reconnaître, pour peu qu'ils eussent donné lieu à des empreintes ré- pêtées et d’une certaine dimension. _ Les Éphédrées ont les rameaux et ramules constam- ment opposés aussi bien que les feuilles, réduites presque toujours à des écailles de faible dimension et conniventés par la base. Ces phyllodes s’allongent pourtant sur les dernières ramificalions et prennent alors une forme étroi- tement linéaire. Il leur arrive aussi de constituer excep- tionnellement des verticilles de trois membres, qui alter- nent d’une articulation à l’autre; mais on n’observe cette particularité que sur les pousses gourmandes et stériles de certaines espèces. Les sexes sont séparés sur les ap- pareils reproducteurs, qui consistent en axes secon- daires, munis de plusieurs paires de bractées opposées en croix, les supérieures plus ou moins soudées entre elles et formant involucre. 1l existe pourtant des exemples TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 45 du groupement régulier des appareils mâles autour de l'appareil femelle devenu alors terminal; mais ce der- nier cas est toujours le produit d'une sorte d'anomalie ou d'accident, la séparation sur des inflorescences uni- sexuées demeurant la règle. L'organe mâle résulte de la soudure de plusieurs fila- ments réunis en un androphore qui s'élève au centre de l'involucre intérieur et le dépasse ; cet androphore sup- porte à son sommet de quatre à six jusqu’à huit loges à pollen, agglomérées et terminales. Les graines de pollen des £'phedra, marquées à la surface de stries en forme de côtes de melon, sont bi-tricellulaires comme ceux des Gymnospermes, c'est-à-dire que leur contenu endospo- rique subit un Commencement de partition cellulaire qui répond au vestige d’un prothalle inclus demeuré ru- dimentaire. La plus grande des deux cellules se développe seule en faisant hernie au dehors pour donner lieu au tube qui pénètre dans l’ovule et y déverse le protoplasme fécondateur. ; L'ovule des Éphédrées naissant d’un petit bourgeon la- téral ou de seconde venue par rapport à l’axe de l’inflo- rescence, pourvu lui-même de plusieurs paires de brac- tées successives, n'a rien d'axile ni de strictement ter- minal par structure. Normalement, il devrait exister deux ovulés collatéraux situés à la même hauteur et re- couverts d’un seul et même involucre, comme on peut l’observer plus particulièrement dansles £'phedra vulgaris Rich. et fragilis Desf. (£°. campylopoda À.-A. Mey.) (1). La disparition ou l'avortement de l’une des fleurs femelles ne laisse parvenir le plus souvent qu’un seul ovule à ma- (1) Voy. Strasburger, Die Conif, und die Gnetaë,, tab. 15, fig. 48-49, 16 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. turité et le survivant devient axile. Chaque ovule est en- touré de deux enveloppes, dont la plus intérieure, qui remplace l'ovaire et joue le rôle de ce dernier organe, s'allonge en un exostome au sommet et se change en un tégument protecteur, finalement accrescent ou même charnu. L'ovule des Z'phedra offre la même structure caracté- ristique que celui des autres Gymnospermes, — Au som- met légèrement excavé du sac embryonnaire, enchâssé dans le tissu de l’endosperme, se présentent les corpus- cules allongés, atténués en un col délié et montrant une cellule du canal très distincte. Ces corpuscules ont une évidente analogie de forme et de disposition avec ceux des Taxinées, et l’on peut dire d’une façon générale que, par la structure et l'aspect des organes reproducteurs, les Éphédrées et les Ifs se rapprochent sensiblement, comme s’il y avait entre eux des indices de quelque con- nexion d'origine. M. B. Renault, dans une note insérée en mars 1883, aux Comptes rendus de l’Académie des sciences (1), a signalé des appareils reproducteurs femelles, dénotant, selon lui, l'existence de Gnétacées comparables à nos Ephedra et recueillis vers la base de la partie récente du terrain carbonifère. Ces appareils proviennent des quartz de Grand-Croix qui séparent le système de Rive-de-Gier de celui des couches exploitées à Saint- Étienne (2). Des graines isolées, à l’état d'empreintes, appartenant à ce. même type, ont été rencontrées ensuite dans les grès fins argileux du carbonifère (1) Voy. Sur les Gnétacées du terrain houiller de Rive-de-Gier, par M. B. Renault; séance du 5 mars 1883. (2) Voy. Grand'Eury, Flore carbonif. du département de la Loire, Ile partie, p. 579-80: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 17 supérieur de Commentry. Tout ces restes ont été récem- ment publiés et décrits, sous le nom de Gnetopsis dans le quatrième volume du cours de Botanique fossile professé au Muséum par M. Renault (1). Le savant auquel est due cette précieuse découverte avait bien voulu nous communiquer des dessins encore inédits des coupes transversales et longitudinales de l’an- cien organe, fortement grossis. Ce sont eux que nous re- produisons iei (pl. 298, fig. 1-5), afin de permettre au lecteur d'apprécier le degré de vraisemblance du rapprochement ingénieux proposé par M. Renault. A notre sens, on con- staterait plutôt une certaine analogie de disposition organique qu'une similitude absolue de structure. L'ap- pareil se compose d’un involucre bivalve, formé par deux feuilles bractéales soudées sur un tiers environ de leur hauteur, distinctes supérieurement et représentant par leur réunion ce que M. Renault nomme un ovaire ouvert. Les deux feuilles carpellaires de ce « pseudo-ovaire » renfermeraient ou plutôt couvriraient chacune deux graines ou ovules, quatre en tout. Il est à remarquer avant tout que l'enveloppe ou tégument pseudo-ovarien des Éphédrées, celui qui s’allonge au sommet en un tube ou exostome, destiné à recevoir les grains de pollen, est la plus intérieure des deux tuniques dont chaque ovule est séparément revêtu: L'ovaire ouvert, signalé par M. Renault, ne représente qu'un involucre purement extérieur, et répond à celui de même nature qui, chez les £phedra, renferme effectivement et protège soit deux fleurs, soit une seule par avortement. — D'après les (1) Cours de botanique fossile, fait au Musée d’hist. nat., par M.B. Renault, 4° année, Paris, Masson, 1885, chap. xt, p. 179 et suiv.; pl. 19-22. | 11e Sén, Vécéraux, — IV; d 2 18 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, détails mis en lumière par M. Renault, l'ovaire ouvert de ses Gnetopsis, comprenant quatre fleurs femelles ou ovu- les, était garni intérieurement de poils nombreux partant de tous les points de la surface pariétale et complétant la protection des ovules. Ceux-ci, pris à part, avaientun tégu- ment unique, divisé au sommet en deuxparties ourégions, dont la plus externe recouvrait l’autre comme d’une sorte de capuchon et se prolongeait en deux bandes flexueuses couvertes de poils à l’extérieur. Ce prolongement con- duisait inférieurement à l'ouverture micropylaire et con- stituait une sorte d’entonnoir destiné à la réception des grains de pollen. Entre les deux parties du tégument se trouvait un tissu lâche et lacuneux dont le rôle, selon M. Renault, était de permettre aux graines, une fois déta- chées, de flotter sur l’eau et d’être portées au loin. Les ovules examinés par le savant observateur, et ren- fermés dans les involucres, n'étaient pas encore fécon- dés. A l’aide d’une coupe longitudinale (pl. IL, fig. 3), on distingue vers le sommet du sac embryonnaire des traces de corpuscules et, immédiatement au-dessus, l’emplace- ment de la chambre pollinique. Celle-ci surmonte le sac embryonnaire et s'étend jusqu’à l’orifice du canal micro- pylaire ; elle contient, selon l'observation de M. Renault, plusieurs grains de pollen, qui sont globuleux, divisés en un certain nombre de cellules à l’intérieur, et qui mesurent 02,07 de diamètre. M. Renault fait encore remarquer que l'involucre comparé par lui à un ovaire ouvert se termine inférieurement par un pédicule recourbé qui s’insérait sur le rameau fructifère; sa hau- teur totale excède à peine 6 millimètres. Les graines, mûres et détachées, de ce type encore énigmatique, ont été retrouvées par MM. Renault et Zeiller à l’état d’em- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 19 preintes, sur les plaques de Commentry. M. Renault les a décrites et figurées sous les noms de Gnetopsis trigona R. et Z. et hexagona R. et Z (4). « Leurs dimensions, dit-il, dépassent un peu celles des graines du Gnetopsis elliptica, sans doute plus jeunes et non sorties de l’o- vaire. » Mais le caractère le plus apparent des graines devenues adultes de Gnetopsis consiste en ce que le pro- longement tégumentaire terminal, d’abord cylindrique et tubuleux, se divise ensuite en trois branches égales, couvertes de poils déliés, fins et étalés, quiconstituent un appareil disséminateur, nettement défini. — Le genre Ste- phanospermum Brngt., représenté à l’état fossile par une espèce unique, le S.akenroides, dont les graines seules sont connues, montre celles-ci surmontées d’une gouttière cir- culaire, à bords entiers et tranchants qui doivent avoir servi de base à un appareil disséminateur analogue à celui des Gnetopsis, mais rapidement caduc ; « puisque, ajoute M. Renault, aucun Séephanospermum n'a été trouvé jusqu'ici porteur de cet appareil. » Pour ce qui est des tiges qui auraient porté les graines dont il vient d’être question, elles n'ont pas été désignées jusqu’à pré- sent. Les divers traits caractéristiques que nous venons de toucher dénotent l'existence, dès l’époque carbonifère, d’un type de plantes élevé en organisation, comparable sous certains rapports aux Éphédrées, sans qu'il soit vraisemblable ni même concevable que ce type ait réelle- ment confiné aux Gnétacées de plus près que les Cordai- tées paléozoïques, qui elles aussi ne sont pas sans rapport avec ce groupe ni même avec celui des Taxinées. (1) Cours de bot, foss., t. IV, p. 183. pl. XIX, fig. 30, 81 et 32, 20 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Si nous interrogeons maintenant les Zphedra tertiaires, en nous attachant aux moins incertains, nous verrons qu’ils consistent en un petit nombre de fragments obser- vés dans l’ambre de la région baltique. Ils ont été décrits par Gæppert et Menge (4) sous les noms d’ÆZphedra Johniania et Mengeana. Ce sont de faibles débris de ramu- les articulés, garnis de chatons ou organes femelles ver- ticillés. L'attribution, quoique fort probable, n’a rien pourtant d'absolument assuré, par suite de l'extrême dif- ficulté de saisir les détails de structure à travers la sub- stance inégalement translucide de l’ambre. — Pour ce qui est de l'£phedrites sotzkianus Ung. (2), figuré en premier lieu par Unger dans sa Flore fossile de Sotzka, nous n'hésitons pas à le réunir au Casuarina Haidin- geri Elt. (3), et à d’autres débris de même apparence, recueillis par nous dans les gypses d'Aix et les couches oligocènes de Saint-Zacharie (Var). Tous ces restes, dont nous avons fini par rencontrer le fruit quadrivalve, se rapportent non pas à un Zphedra, mais à un type de Cupressinées voisin, quoique distinct, des Callitris, intermédiaire entre ceux-ei, les Zibocedrus et les Frenela. Les rameaux articulés offrent des verti- cilles de quatre feuilles qui alternent d’un verticille à l’autre, et les strobiles ont quatre écailles, conformées comme celles des Librocedrus, mais égales et conniventes. Ce type confine évidemment aux Frenelopsis secondaires, et Schimper, qui avait eu occasion de l’examiner, était disposé à lui donner le nom de Philibertia, en l'hon- neur du savant professeur à la Faculté d’Aïx, M. Phili- (1) Die F1. des Bernsteins, 1 Band, Danzig 1883, p. 47 et 48, tab. 16, fig: 243-250. (2) Die foss. Fl. von Soltzka, v. F. Unger, tab, 5, fig. 1-11. (3) Foss. F1. v. Hæring, tab. 9, fig. 17-23; TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX, 21 bert, à qui était due la première découverte des stro- biles. Ces divers retranchements une fois opérés, il reste à passer en revue les organes signalés sous le nom d’£phedrites par Heer dans le terrain jurassique de la Sibérie orientale et retrouvés dans le bathonien d’Etro- chey et le kimméridien du lac d'Armaille. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 228, fig. 1-5, appareil reproducteur femelle d’une Gnétacée? paléozoïque, Gne- topsis elliptica R. et Z., d'après M. B. Renault. Fig. 1, coupe longitudinale d'un involucre résultant de la sou- dure, sur un tiers environ de leur hauteur, de deux feuilles carpellaires, simulant un ovaire et renfermant quatre ovules dont deux sont invisibles et revêtus chacun d'un tégument prolongé supérieurement en exostome. La cavité involucrale est remplie de poils nombreux qui partent de la surface interne de l’involucre et servent à protéger les ovules, sous un grossissement de huit fois le diamètre. Fig. 2, autre coupe longitudinale du même involucre, pratiquée en dehors des ovules et montrant les poils qui remplissent la cavité, même grossissement. Fig. 3, autre coupe longitudinale passant par le centre du même appareil et montrant deux ovules recouverts de leur tégument et surmontés de leur exostome; à l'intérieur des ovules, le sac embryonnaire présente vers le haut des traces de corpuscules et, au-dessus de ceux-ci, la chambre pollinique, sous un grossisse- ment de douze fois le diamètre. Fig. 4 et 5, coupes transversales du même appareil, pratiquées à deux niveaux différents et vues sous un grossissement de {#. Ces figures reproduisent des dessins communiqués par M. Renault. 29 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. GENRE. — EPHEDRITES. Ephedrites, Gœpp. et Ber., Org. Rest. im Bernst, 1, p. 105. — Endl,, Syn. Conif., p. 310. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 392. — Heer, Beitr. z. Jura-Fl. Ost-siber. und d. Amurl., p. 82 (Mém. de l'Ac. imp. des sc. de Suint-Péters- bourg, VIe série, t. XXII, n° 12, FL. foss. arct. LPS DIAGNOSE. — ami ramulique plerumque distracti striati articulati ; nuculæ binæ geminatim appositæ, facie commis- surali plana adpresse convenientes, basi extrema cohærentes, bracteis primum stipalæ ; nuculæ bracteæque post anthesim ab alterutra liberæ, deciduæque. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les £'phedrites de Gæppert et Bérend, recueillis dans le succin, ont été considérés plus tard comme des £phedra proprement dits. Nous venons de voir que l’£phedrites sotzkianus de Unger dénotait plutôt l'existence d’un type de Cupressinées tertiaires, aujourd'hui éteint. Le terme générique d'Æphedrites a été appliqué plus récemment par Heer à des débris de végétaux jurassiques provenant d'Ust-Baley, dans la Si- bérie de l’Irkutsk, et consistant en diverses sortes d’or- ganes disséminés, que l’auteur suppose avoir appartenu originairement à une seule et même plante, qu’il essaye de reconstituer et dans laquelle il pense reconnaître un type comparable à l'£phedra alata Dne. Mais les deux empreintes (pl. XIV, fig. 24 et 25, du mémoire précité) pourraient bien représenter plutôt des samares compa- rables à celles qui abondent dans les mêmes lits d'Ust- Baley et qui dénotent, selon le savant de Zurich, des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 23 graines ailées, soit de Conifères (Walchiées, Séquoïées ou Cupressinées), soit peut-être, d'un type voisin des Welwitschia. On voit que des obscurités non encore réso- lues s'opposent à l’exacte détermination des Ephedrites jurassiques, et que la véritable signification des organes compris sous cette dénomination générique n’est pas encore établie avec une entière certitude. N° 14. — Ephedrites antiquus. PI. 229, fig. 1-12. Ephedrites antiquus, Heer, Beitr. z. Jura Flora Ostsiber. und Amurlandes, p.82, tab. 14, fig. 7 et 24- 32. — Vide etiam antea, Vég. jur., t. IL, p. 340, pl. czxiv, fig. 72, DrAGNOSE. — Æ£. ramis ramulisque articulatis, tenuissime striatis ; nuculis duabus geminatim appositis, ut præsumit cl. Heer, semi-orbiculatis apiceque acuminaltis ; bracteis ? 12-20 centim. longis, ovato-oblongis, apice bilobis. Les fragments de rameaux (pl. 229, fig. 1-2) de diverses grandeurs, trouvés à Etrochey et généralement asso- ciés, dans cette localité, au Brachyphyllum Desnoyersii, ne semblent différer de ceux d'Ust-Baley, figurés par Heer, dans sa flore jurassique de la Sibérie orientale, par aucun détail essentiel. Les stries longitudinales, bien que visibles à la loupe, sont cependant plus fines. Au- cun de ces rameaux ne montre de subdivision, ce qui tendrait à faire croire qu'ils se désagrégeaient facilement et donnaient lieu par désarticulation à des segmentsépars. A Etrochey, les plus épais de ces segments mesurent 7 à 8 millimètres; d’autres sont plus minces et n’atteignent 24 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. au plus qu’un diamètre de 3 à 4 millimètres, Quelle que soit leur épaisseur, ils sont constamment articulés, c’est- à-dire marqués de distance en distance de lignes dia- phragmatiques, souvent fort nettes, mais toujours minces, sans aucune apparence de nœuds, circonstance qui res- sort également des figures et de la description de Heer. Çà et là on distingue, sur les entre-nœuds, quelques vestiges épars de cicatrices, comme si les tiges de l’espèce fossile eussent possédé la faculté d'émettre parfois des radicules plus tard détachées et laissant après elles la trace de leur insertion. Toutefois, il n’y a rien dans ce détail d'assez précis pour autoriser une affirmation. C’est plutôt un indice que nous n'avons pas voulu négliger. _ Heer a rapporté aux tiges dont il vient d’être question, sans preuve directe toutefois, des nucules et des bractées qu'il suppose leur avoir appartenu. — Les nucules ou fruits supposés sont géminés, c’est-à-dire réunis par paire, connexes par la base, distincts et appliqués l’un contre l’autre par leur face commissurale aplatie. Ils auraient été convexes du côté extérieur et terminés su- périeurement par un sommet atténué en une pointe aiguë. Quant aux bractées échancrées dans le haut, et supposées membraneuses vers les bords, que Heer at- tribue à la même espèce, en les comparant à celles de l'£phedra alata Dre, il est fort douteux qu’elles en aient fait réellement partie et, si nous les mentionnons ici, c'est pour ne rien passer sous silence de ce qui peut aider à la définition de l'£phedrites antiquus. | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est à l’£'phedra alata Dne, | plante répandue dans les déserts sablonneux de l’Afrique boréale, de la Sibérie, de la Perse intérieure, où elle couvre les ruines de Persépolis, que Heer assimile son TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 25 Ephedrites antiquus; mais on peut juger, par les appré- ciations qui précèdent, des difficultés qui restent à vaincre et de l’imperfection des documents à compléter, avant qu'on ait le droit de formuler une opinion définitive sur la place véritable à assigner au type jurassique que nous venons de décrire. GiseMENT. — Etrochey, près de Châtillon-sur-Seine, Cornbrash et base de l'Oxfordien; dans les mêmes couches que le Brachyphyllum Desnoyersti et associé à cette der- nière espèce. En dehors de France, Ust-Baley, dans la Sibérie de l'Irkutsk. | EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 229, fig. 1, fragment de rameau de l’£Zphedrites antiquus Hr., d’après un échan- tillon d’'Etrochey, grandeur naturelle. Fig. 2, autre fragment de rameau de la même espèce, d’après une empreinte moulée de la même localité, grandeur natu- relle. Fig. 3, autres fragments de rameau de la même espèce, provenant de la même localité, grandeur natu- relle, Fig. 4 et 5, fragments de rameau de l'£phedrites antiquus figurés par M. Heer et provenant d'Ust-Baley, dans la Sibérie de l’Irkutsk, grandeur naturelle. Fig. 6 graines géminées, surmontées d’un bec et adhérant ensemble par la base, attribuées à l’Æphedrites antiquus par Heer, d’après un échantillon d'Ust-Baley, figuré par cet auteur, grandeur naturelle. Fig. 6*, même organe grossi. Fig. 7 et 8, bractées? attribuées par le même auteur à l’£Z'phedrites antiquus et provenant de la même localité jurassique, grändeur naturelle. Fig. 9, appareil fructificateur de l'Zphedra alata Dne, espèce actuelle, pour servir de comparaison avec les organes fossiles, grandeur naturelle. Fig. 140, {1 et 12, bractées, membra- neuses sur les côtés, de la même espèce, détachées et 26 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, figurées comme terme de comparaison avec les em- preintes fossiles fig. 7 et 8, d’après M. Heer, grandeur naturelle. N° 2. —_ Ephedrites armaïllensis, PI, 299, fig. 43. DrAGNOSE. — Æ. nuculis geminatim conjuncto-appositis, oblongis, dorso convexis, apice breviter acuminatis. Ce n’est ni sans doute, ni même sans réserve formelle, que nous signalons cette double nucule? comparable par sa structure apparente et son aspect à l’organe figuré par Heer comme représentant le fruit géminé de son Ephedrites antiquus. On distingue également ici un corps double dont la ligne divisoire médiane est très nette- ment visible, bien que fort étroite. Nous avons recueilli l'empreinte et la contre-empreinte de cet organe fossile dans les schistes bitumineux du lac d'Armaille. Toute- fois, l'examen de la contre-empreinte marquée en creux dénoterait plutôt un appareil bractéiforme dédoublé, c’est-à-dire fendu longitudinalement par le milieu, que deux nucules accolées, On rencontre dans les mêmes schistes des corps nuculaires qui paraissent entiers et affectent pourtant la forme que prendraient les deux nucules réunies et soudées. Nous nous contentons de figurer ces organes énigmatiques sans trop insister sur leur attribution aux Æphedrites de Heer. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Comparée à la double nu- cule attribuée par Heer à son Æphedrites antiquus, l'em- preinte d'Armaille paraît plus petite. Elle se composerait de deux nucules? accolées étroitement, plus minces et ethdaper ets qr e") heés © Re ln TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 2"! plus allongées que celle d’Ust-Baley et terminées supé- rieurement par une pointe plus courte et moins aiguë. GISEMENT. — Schistes bitumineux du lac d’Armaille (Ain); étage kimméridien inférieur ; notre collection. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 229, fig. 13, nucules présumées, géminées et accolées par la base de l’£phe- drites armaillensis Sap., d’après un échantillon des schistes du lac d'Armaille, recueilli par M. A. Falsan, grandeur naturelle : fig. 13°, même organe grossi. SPIRANGIÉES. Voici un des types les plus énigmatiques de tout l’en- semble des plantes fossiles. Ostensiblement, il est formé de valves ou bandelettes étroites, repliées en spirale autour d’une cavité centrale et séparées par des crêtes ou carènes commissurales, plus ou moins tranchantes et relevées en saillie. La compression de ces valves et leur entre-croisement d’une face à l’autre de l’organe, dont les parois étroitement appliquées l’une sur l’autre avaient fini par se pénétrer et se confondre, commu- niquaient aux premiers exemplaires, observés dans le grès bigarré des Vosges et le Keuper de Franconie, l’ap- parence d'épis allongés, recouverts d’écailles régulière- ment imbriquées, dont les extrémités libres auraient répondu à autant de compartiments rhomboïdaux, visi- bles effectivement sur les empreintes fossiles : de là le nom de Palæoxyris proposé originairement par A. Bron- gniart, qui comparait ces prétendus épis à ceux des Xyridées et des Restiacées. L'auteur français se fiant à des détails trop vagues pour être exactement définis, croyait même apercevoir « sur l’un des deux épis réunis sur le seul échantillon de cette plante... des filaments irrégulièrement contournés qui paraissent sortir du sommet de l’épi et qui pourraient être les filets des étamines et les styles (1). » La même appréciation est (1) Voy. Essai d’une flore du grès bigarré des Vosges, par M. Adol- phe Brongniart (extr. des Ann. des sc. nat., t. XV, déc. 1828), p. 28, pl. 21, fig. 12. R TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 29 formulée dans le Prodrome d'une histoire des végétaux fossiles, publiée dans la même année 1828 (4). Selon Brongniart, les deux épis fusiformes, provenant des carrières de Soutz-les-Bains, paraissent « composés d’é- cailles très régulièrement imbriquées et si exactement appliquées les unes sur les autres qu'on distingue à peine leur bord libre ; la partie visible extérieurement de ces écailles forme des plaques rhomboïdales. » L’extrême régularité qui préside à l’ordonnance de ces écailles étonne bien quelque peu le savant français, mais il lui « paraît difficile d'attribuer l'apparence extérieure de ces épis à autre chose qu’à des écailles ainsi disposées. — C'est là, ajoute-t-il, une structure qu'aucune des plantes connues ne présente exactement, mais celles qui s’en rapprochent le plus sont quelques Restiacées du Cap et surtout plusieurs Xyris. » En 1849, dans son Zableau des genres de Vég. fossiles, Brongniart ne change rien encore à sa manière de voir, tout en insistant plus qu'auparavant sur le vague et le : doute attachés à l’analogie avec les épis de Xyris. Le Genera de Unger, en 1850 (2), admet aussi la première interprétation et considère les Palæoxyris comme des épis formés d’écailles étroitement imbriquées. Un élé- ment nouveau fut introduit dans la question par le mé- moire de M. d’Ettingshausen, Ueher Palæobromelia, qui remonte à 1852 (3). L'auteur, dans ce mémoire, signalait un type découvert par lui dans le wéaldien de l’Alle- magne du nord (schistes argileux de Deister), dont la (1) Prodr., p. 133. (2) Gen. et sp. pl. foss., Vindobonæ, 1850, p. 313. (3) Ueber Polæobromelia, ein neues fossiles Pflanzengeschlecht, v. C. von Ettingshausen (aus. d. Abhandl. der kk. geolog. Reichanstalt, Wien, 1852). 30 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. parenté avec Palæoxyris lui paraissait avec raison évi- dente, mais que l'absence de tout vestige d’écailles imbriquées, formant épi, le portait à considérer comme constituant un genre nouveau, dont il essayait de fixer les caractères. Ettingshausen observait que, d’une part, les organes wéaldiens consistaient, non pas en un axe spiciforme, garni d’écailles imbriquées, comme on l’admettait à l'égard des Palæoxyris du grès vosgien, mais en une réunion de valves, probablement au nombre de six, contournées en spirale et circonscrivant soit une cavité centrale, soit des parties intérieures à déterminer. Ces valves, toujours conniventes par les bords, se pro- longeaient en pédoncule à la base et en appendice terminal au sommet : dans l’une ou l’autre de ces di- rections, elles affectaient la même apparence que les Palæoxyris eux-mêmes, trahissant ainsi avec ces der- niers une évidente et réelle affinité dont M. d'Ettings- hausen ne parvenait cependant pas à déterminer le degré. Le savant viennois fait voir, d'autre part, que les organes wéaldiens signalés par lui étaient régulièrement groupés, depuis trois jusqu’à douze, autour d’un point d'attache central, comme s'ils eusseni dépendu d’une seule et même inflorescence disposée en ombelle au sommet d’un support commun. Aucune trace de celui- ci ne semble pourtant avoir été rencontrée jusqu'ici, et il faut en conclure que les organes agglomérés se désar- ticulaient ou se détachaient, tout en conservant leur connexion mutuelle, à moins que celle-ci n’eût existé en dehors de tout pédoncule. M. d’Ettingshausen eut soin de faire ressortir la faible épaisseur et la facile compression de ces organes aplatis et se recouvrant mutuellement dans l'argile de Deister, tout en n'ayant TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 31 laissé après eux qu’une très faible épaisseur de substance carbonisée. Enfin, le même savant mentionne les rides transverses qui sont visibles çà et là à la surface des valves et sembleraient indiquer des traces de nervures; il attribue toutefois leur présence à des froncements par retrait de la substance organique et, par conséquent, à un effet purement accidentel de dessèchement et de fossilisation. La solution adoptée par M. d’Ettingshausen tendait à considérer les organes recueillis dans le wéaldien comme représentant des fleurs groupées en cyme ou en om- belle simple, formées chacune de six pièces périgonales valvaires, étroitement conniventes et contournées en spirale. Il rapprochait ces fleurs supposées des parties | correspondantes de plusieurs Broméliacées ou Orchidées, dont les pièces calycinales offrent une structure analo- gue. Il proposait donc la dénomination de Palæobromelia, considérant le nouveau type comme constituant une sorte de lien entre les deux familles actuelles. Les diffi- cultés soulevées par une pareille solution n'étaient que trop visibles : l’évidente parenté du type wéaldien et de celui du trias ne recevait qu'une explication des plus incomplètes et des moins logiques, puisque le second demeurait une inflorescence spiciforme, tandis que le premier répondait à une réunion de fleurs groupées en ombelle. La ressemblance de la partie prise isolément avec ce qui aurait dû être l’ensemble de toutes les fleurs insérées sur un axe garni de bractées échappait à l’ana- lyse et n’était guère concevable. Il n’était pas conce- vable non plus qu'au milieu d’un si grand nombre de calyces à valves conniventes et tordus en spirales, tous se présentassent uniformément clos, au lieu de 32 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. se montrer à divers degrés de développement, ainsi que cela a toujours lieu dès qu'il s’agit des fleurs d’une même inflorescence, destinée à s'épanouir successive- me nt. | Ce fut le professeur Schenk qui vint mettre fin à cette confusion en reconnaissant la vraie nature des Palæo- æyris et leur identité avec les Palæobromelia d'Ettings- hausen, dans son travail sur la flore rhétienne de Fran- conie, qui date de 1867 (1). Il fit voir que les uns et les autres avaient une même conformation et qu’ils consis- taient également en six pièces valvaires, contournées d'abord en spirale et prolongées ensuite en un appen- dice terminal. Les différences observées jusqu'alors, en dehors de la dimension relative des parties, tenaient exclusivement à cette circonstance que les tours de spire demeurés visibles sur les deux faces du fossile à la fois, dans l’un des cas, ne l’étaient que sur une d'elles, la face libre et découverte, dans l’autre cas; particularité que l’auteur attribuait à une épaisseur plus ou moins grande des parois de l’ancien organe comprimé par la fossilisa- tion. Malgré l’affinité frappante raltachant les Palæoxyris ainsi compris aux fruits des //elicteres, Schenk s’étonnait avec raison de cette présence isolée et anormale d’une Angiosperme dicotylédone, apparaissant dès le trias et même dès l’âge précédent. L'intervention de Schimper (2) marque un nouveau progrès, cette fois décisif. Ge savant avait découvert, dès 1850, dans les schistes du terrain houiller supérieur (grès rouge inférieur) de Wettin en Saxe, le type des | (1) Die foss. Flora d. Grenzsch. der Keupers und Lias Frankeus, p. 195. (2) Traité de Pal. vég., I, p. 514; Paris, 1870-1872. ? 4 L LI il TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 33 Palæoxyris. La nouvelle espèce parfaitement caractérisée et nommée par lui Palæoxyris carbonaria fut signalée presque aussitôt par M. A.-G. Stielher à la Société géolo- gique de France (4). Dans le tome II de son Traité de Paléontologie végétale, Schimper, après avoir rangé les Palæoxyris de Brongniart parmi les genres de classe incertaine, à la suite des Monocotylédones et affirmé l'absence d'analogies d'aucune sorte entre ces plantes et les Xyridées vivantes, substitua aux termes de Palæoxyris et de Palæobromelia, devenus impropres, celui de Spiran- gium. À ses yeux, il s’agit vraisemblablement d’un fruit dont l’enveloppe extérieure, formée de six valves conni- ventes, soudées par les bords et limitées par des carènes commissurales, se prolongeait supérieurement en un rostre apical. Ces valves, repliées en spirale, auraient entouré une cavité intérieure, puis au-dessus du renfle- ment résultant de leur torsion, devenues conniventes et érigées, ellesconstitueraient l’appendice linéaire et insen- siblement atténué qui surmonte l’ancien organe. Schim- per suppose que ce fruit capsulaire aurait offert la struc- ture de ceux des Âelicteres, des Loasa et de beaucoup d’Orchidées et qu'il se serait ouvert par déhiscence à la maturité. Nous reviendrons plus loin sur cette hypothèse, en faisant remarquer dès à présent qu’on ne rencontre aucun indice révélateur ni de la conformation intérieure ni de cette déhiscence valvaire présumées. | Il existe sur les Spirangiées une étude importante et consciencieuse, due à M. À. Nathorst. Elleestaccompagnée de deux planches et insérée dans les comptes rendus de l’Académie royale des sciences de Stockholm de l’an- - (1) Voy. Bull. Soc. géol., 2° série, t. VII, p. 650. JIe Sën. VÉGÉTAUX. — IV, 3 34 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. née 1879 (1). L'auteur se basant sur l'intervalle vide que l'on observe parfois entre le noyau pierreux du remplis- sage et l'empreinte superficielle de l’ancien organe, croit pouvoir conjecturer que les valves convolutées auraient été des tubes, et, comme il pense avec raison que le Spi- rangium représente plutôt une plante aquatique que le fruit ou quelque autre portion d’un végétal terrestre, ilest entraîné à faire ressortir l’analogie de structure existant entre les Spirangium et les carpogones des Chara, en ad- mettant, il est vrai, chez les premiers, des dimensions cent ou deux cent fois supérieures. Une affinité de la nature de celle que M. Nathorst met en avant, sous toutes réserves et sans y croire beaucoup lui-même, a pour elle très peu de vraisemblance. L'espace vide qu’invoque le savant sué- dois et qui luia fait penser que les valves du Spirangium auraient été des tubes, cet espace vide résulte unique- ment de la décomposition des parois du fossile, dont il existerait ainsi, dans certains cas au moins, deux moules, l'un correspondant à la paroi intérieure, l’autre à la superficie extérieure, le vide interstitiel représentant l'épaisseur des anciennes parois, sans doute à la fois minces et résistantes. On n’a pas été assez attentif à cette double condition qui résulte clairement de l’état sous le- quel se montrent à nousles Spirangium. En effet, puisque les carènes commissurales ont pu demeurer visibles en s’entre-croisant d’une face à l’autre de l’ancien organe, à travers les parois comprimées de. celui-ci, il faut bien que ces parois aient été minces et que de plus aucune cloison, aucun axe intérieur n'aient (1) Om Spirangiim och dess fürekomst i skanes koljorande bildinn- gar, af A. G. Naichorst (O/fvers. of kongl. Vetensk. Acal. Fürïan- dling, 1819, n° 3, Stockholm), DRE T7 ba ir 0 dr à: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 35 été interposés entre ces parois, puisque eux-mêmes auraient été rendus visibles par les effets de la pression. Il est donc fort probable, sans qu'il soit possible de l’affirmer cependant d’une façon absolue, que les minces parois des Spirangium, avec leurs bandes convolutées en spirale, circonscrivaient une cavité totalement vide. Il n’est pas moins probable que les parois de cette cavité, toutes minces et compressibles qu’elles étaient, offraient une certaine résistance relative, résistance et fermeté qui leur auraient permis dans certains cas de conserver leur forme sans beaucoup céder sous le poids du sédiment sableux ou marno-sableux accumulé. L’échantillon de Couches-les-Mines, fossilisé par remplissage et moulé en plein, que nous décrivonsplus loin, le démontre suffisam- ment. La différence entre les deux diamètres, le vertical et l’horizontal, équivaut à un quart environ en faveur de celui-ci. C'est à l'effort. exercé par la pression qu’il est même naturel de rapporter la déchirure des parois de l’é- chantillon, crevées latéralement sur deux points. L'assertion de M. Nathorst que les Spirangium auraient été des végétaux d’eau douce doit être prise en considéra- tion. Non seulement leurs débris se rencontrent exclusi- vement dans des formations d'eau douce, et se trouvent associés à des mollusques et à des insectes provenant du même habitat, mais il nous semble évident que dans la plupart des cas la plante a été fossilisée, soit sur les lieux mêmes où elle a vécu, soit à peu de distance des points où elle était fixée. Cette circonstance serait de nature à expliquer comment plusieurs Spirangium se trouvent rapprochés sur la même plaque ou, mieux encore, réunis en nombre.variable et encore en connexion par leur extrémité. pédonculaire. Dans le wéaldien, on observe 36 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, depuis ÿ jusqu’à 12 Spirangium groupés en étoile autour d'un point central. On a supposé que ce groupement re- produisait la disposition d’uneinflorescence etquelesfruits des Spirangium auraient été distribués en ombelles dé- pendant d’un support commun; mais, en dépit de la ré- gularité de leurinsertion rendue visible par les figures de MM. d'Ettingshausen et Schenk qui les montrent partant tous à la fois d'un seul et même point, il convient de remarquer que jusqu'ici il n’a été signalé aucun vestige de pédoncule, ni d’un fragment de cet organe couché à quelque distance, Il devient par cela même vraisemblable que les Sprrangium ont gardé en se fossilisant leur état normal, leur port naturel, et que, sauf la compression étalant et appliquant contre le fond sous-lacustre les parties de la plante, celle-ci s'offre à nous dans son entier, telle qu’elle existait au sein des eaux, aux âges permien, triasique et jurassique. La longue vitalité et l’uniformité relative des types purement aquatiques se trouve attestée par l'étude des flores actuelles. M. Na- thorst insiste sur ce point dans sa notice et explique par là la singulière persistance des Spirangium, qui se sont maintenus sans variation appréciable durant le long espace qui va du carbonifère au wéaldien. 1l en aurait été d'eux comme des Isoétées, des Najadées, des Équisétées, qui ont traversé à la fois le temps et l’espace, et qu’on retrouve sans changement dans le passé, de même qu'on les rencontre, sans variations appréciables, au sein des eaux douces, d’un bout à l’autre de l'univers entier. | Si les Spuangium ont appartenu à une plante submer- gée, dont les parties seraient venues jusqu’à nous, tantôt entraîinées isolément, tantôt naturellement groupées, spectateur … ra" 0m 4 à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 37 quelle peut être la signification et la structure des parties ainsi fossilisées ? C’est là une question des plus difficiles à résoudre, dont la solution même, à vrai dire, ne saurait être que conjecturale et qu'ilnous faut aborder cepen- dant. Rappelons ce que nous avons avancé plus haut, et peut-être nous sera-t-il possible d’entrevoir en quelque sorte laréalité. Les Spirangium ne sont pasdes enveloppes florales, à segments valvaires et tordus dans la préflorai- son; dans ce cas, ils présenteraient vers la base quelques traces d'insertion sur un réceptacle, et certains d’entre eux auraient leurs segments entr'ouverts ou étalés. De plus, les moules intérieurs auraient offertles vestiges des parties involucrées par le périgone. Seraient-ils des fruits, comme le pensait Schimper et comme une sensible ana- logie d'aspect avec les fruits d’Æelicteres ou de beaucoup d’Orchidées engagerait à l’admettre ? Nous ne le pensons pas davantage. Les bandes valvaires qui constituent les parois des Spérangium ont dû circonscrire une cavité dénuée de cloisons, et les moules ou noyaux intérieurs dé- montrent que cette cavité n'était pas conformée autre- _ment quela superficie extérieure. Celle-ci ne différait que par la proéminence des crêtes commissurales, remplacée à l'intérieur par des sillons, ou encore par les pointes dont elle paraît avoir été parfois hérissée (1). 11 nous semble dès lors que les Spirangiées, telles que nous les connaissons, pourraient bien représenter tout simplement des feuilles ou organes appendiculaires transformés et gonflés en vessie, autrement des « ascidies », destinés à servir de flotteurs et répondant aux feuilles submergées de quelque type depuis longtemps disparu. Ce n'est là (1) L'existence de ces appendices extérieurs semble restreinte au genre Fayolia. 38 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. qu’une conjecture, il est vrai; mais nous ne saurions aller au delà, nidire, en l’absence des éléments reproducteurs, à quoi ce type pourrait être assimilé, et s’il est plus légi- time de reconnaître en lui une Angiosperme rudimen- taire, plutôt qu'une Cryptogame aquatique, analogue aux Isoétées, qui aurait vécu submergée à la façon de l’Zsoetes lacustris. | Jusqu'en 1884, le genre Spirangium (Palæoxyris de Brongniart) avait été le seul que renfermât le groupe paradoxal des Spirangiées; mais, dans une communica- tion adressée à l'Académie des sciences (séance du 2 juin 1884) MM. B. Renault et R. Zeiller ont signalé, sous le nom de #ayolia, un nouveau genre visiblement allié de fort près à celui des Spirangium et provenant du gise- ment houiller de Commentry. Ce genre a été dédié à M. Fayol, directeur des mines de Commentry, à quien était due la découverte. Ilcomprend deux espèces sous les noms de Fayolia dentata et F. grandis (4). La principale différence entre les Spirangium et les Fayolia consiste dans le nombre des valves réduites chez les seconds à deux opposées'et contournées selon un mouvement: héli- coïde très peu oblique, de manière à décrire des tours multipliés qui circonscrivent une cavilé centrale de forme ellipsoïde très allongée. Les carènes en saillie sont accompagnées d’une collerette mince et très développée ; elle est marquée de stries longitudinales très fines et de plus bordée, dans une des deux espèces, d’une file de ponctuations arrondies sur lesquelles étaient implantées autant d’épines striées en long et finement acérées. (1) Voy. Comptes rendus de l’Ac. des sc. sur un nouveau genre de fossiles végétaux, par MM. B. Renault et R. Zeiller (séance du 5'juin 1884). - Lt itiarté ah di bd TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 39 Grâce à l'extrême complaisance de M.Zeiller, il nous a été donné d'examiner à loisir et attentivement les échan- tillons originaux des deux espèces de Commentry; le _Fayolia grandis dépasse beaucoup par ses dimensions celles des plus grands Spirangium. Le Fayolia dentata est plus petit et les bords de ses collerettes sont dentés. Tous les détails observés par MM. Zeiller et Renault sont par- faitement exacts. Les parois, sans doute membraneuses, de ce type carbonifère, allié de si près aux Sprrangium, se sont prêtées à une compression en rapport avec la ténuité de leur consistance. En dehors des stries ou traits longitudinaux, qui n’ont certainement rien de commun avec des nervures, la superficie des Fayolia paraît entiè- rement lisse. Les ponctuations arrondies et délimitées par un contour nettement circulaire qui répondent à l’in- sertion d'autant de pointes épineuses, ces ponctua- tions semblent dénoter des perforations qui se seraient produites par le fait du détachement de ces pointes : des trous pratiqués comme à l’emporte-pièce perceraient ainsi la membrane des parois du #ayolia dentata; et ce quitend à le prouver, c'est que le sédiment se montre à découvert là où les perforations se trouvent directement appliquées contre lui, tandis que leur empreinte seule est visible par transparence, aussitôt qu'il s’agit de celles qui se rapportent à la face opposée de l’ancien organe. Les appendices épineux se détachaient donc par désarticula- tion, à un moment donné, en laissant après leur chute une perforation en forme de lucarne dans la substance du Fayolia dentata. Le Fayolia grändis, entièrement lisse extérieurement, doit avoir eu, malgré son étendue, des parois aussi peu épaisses et des collerettes aussi minces, et aussi aisément compressibles, ce qui fait qu’elles ne 40 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sont guère visibles que le long des bords et considérées de profil. | ( Les Fayolia confirment, plutôt que de l’ébranler, la pré- somption que les Spirangiées sont des appareils submer- gés et servant de flotteurs de quelque plante demeurée inconnue, plutôt que des fruits, ovaires ou valves, desti- nés à contenir des graines ou des compartiments de na- ture carpellaire. La découverte des Fayolia fait remonter jusque vers la base du carbonifère supérieur ou étage de Saint-Étienne le type des Spirangiées et nous le montre représenté dès cette époque par des formes plus simples dans leurs élé- ments constitutifs, mais plus complexes en revanche dans les détails de leur structure ornementale que celles qui suivirent et persistèrent ensuite jusque dans Ja craie inférieure, sans variations morphologiques bien, appré- ciables. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 230, fig. 1, Fayolia dentata Ren. et Zeill., figure schématique reconstruite d’après l'examen de plusieurs exemplaires combinés du gise- ment de Commentry, grandeur naturelle. Fig. 2, Fayolia grandis Ren. et Zeill., portion médiane de l’ancien or- gane restauré, avec l'indication des collerettes dont les carènes commissurales étaient pourvues, d'après une figure schématique empruntée à la notice de MM. B. Re- nault et R. Zeiller, grandeur assez réduite. Fig. 3, Spi- rangium appendiculatum Lqx., du carbonifère de l'Illinois, reproduction de l'échantillon typique figuré par M. L. Les- quereux, restauré et vu sous un fort grossissement. Fig. 4, Spirangium carbonarium Schimp., reproduction schématique d’un exemplaire de Saint-Étienne, fortement grossi : ces deux dernières figures permettent de com- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 41 parer entre eux les Fayolia et les Spirangium du terrain carbonifère, avéc l'aspect qui leur était respectivement propre. GENRE. — SPIRANGIUM. PI. 231, fig. 1-5. Spirangium, Schimp., Traité de Pal. vég., K1, p. 514. — Schenk, Die foss. FI. d. Nordwestdeutsch. Wealden- form., p. 45. Spirangium, Nath., Ofversigt af Kongl. Vetensk. Acad. Fôrhan- dling, 1879, n° 3, Stockholm. DIAGNOSE. — Corpora hucusque quoad naturam propriam veramque strucluræ affinilatem plane incerta et indetrrmi- nata, cæterum ab ætale carbonifera ad ævum wealdianum in stratis formationum lacuslrium hinc inde haud raro oc- currentia, tum sparsa tum fasciculatim aggregata, pluri- maque inserlionis loco centrali radiatim basi pedunculari simul affixa, singulatim e valuis sæpius 6, etiam numerosio- ribus, usque 10, carenis suturalibus plus minusve productis lateraliter fusis, spiraliter contortis, spatium cavum în- terne tenui pariete circumclaudentibus, in appendicem rec- tum superne continuis, basi aulem in pedicellum coalitis, composila. Palæoxyris, Brngt., Essai d'une flore du grès bigarré des Vosges (Ann. sc. nat., XV, p. 456; — Prodr., p. 137 ; — Tab. des gen- res de vég. [oss., p. 86. Ho! Sternb., Vers., 11, p. 189. — Schimp. et Moug., Monogr. des pl. foss. du grès big. des Vosges, p. 44. — Ung., Gen, et sp. pl. foss., p. 313 ; — { Syn. pl., foss., p. 168. ne Quenst., Handl. d. Petrefact. tab. fig, 82. 9. 42 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Palæoxyris, Stiehl., Bull. Soc. géol. de France, 2e série,t. VII, p. 650 ; — Zeitsch. de deutsch. Geol. Ges., I, 811. — (ex parte), Ettingsh.,Ueb. Palæobromelia,abhandl. d. k. k. geolog. Reichsanst., Vien, 1862. — Schenk, FI. d. Grenzsch. d. keupers und Lias frank., p. 195. — | Lesquer., Pal. of Illinois, IV, fossil. plants, p. 464. — Ren. et Zeill., Sur un nouveau genre de 'foss. vég. (Comptes rendus de l’Ac. des sc., séance du 2 juin 1884). Palæsbromelia, Ettingsh,, Ueber Palæobromelia, etc., è Lire: Sporlederia, Stiehi., D. Bromel. d. Worwelt, p. 7, 1860. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Dans nos généralités sur les Spirangiées, nous avons fait l’historique du genre Syi- rangium el expliqué comment A. Brongniart avait, en 1898, appliqué le nom de Palæoxyris à des organes re- cueillis à l’état d'empreinte dans le grès bigarré de Soultz- les-Bains, pensant reconnaître en eux des épis recouverts d’écailles étroitement imbriquées, formant involucre et comparables à ceux des Xyris. Il y avait là une illusion causée par l’entre-croisement sur les deux faces de l'or- gane comprimé, des lignes de suture des valves en- roulées en spirale dont les parois de l’ancien végétal étaient formées. Ces valves ou bandelettes partaient d’une base atténuée en pédoncule, rendue prismatique par leur réunion, puis s’inclinaient et se contournaient en spirale de manière à circonscrire une cavité intérieure ou un organe central dont la nature restait à déterminer. Les lignes commissurales par lesquelles les valves adhé- TERRAIN JURASSIQUE. — VEGÉTAUX. 53 raient entre elles et qui leur servaient de limites avaient l'apparence d'autant de carènes relevées en saillies ou même de lamelles minces hélicoïdes, accompagnant les valves dans leur mouvement giratoire. Plus haut, ces mêmes valves donnaient lieu par leur réunion etleur pro- longement à un appendice terminal érigé. Nous avons vu que cette structure, loin d’être saisie du premier coup d'œil, avait suscité des interprétations très diverses et que l'opinion d'A. Brongniart n'avait été abandonnée que graduellement, M. d'Ettingshausen ayant proposé d'appliquer le terme de Palæobromelia à ceux des Pa- læoxyris chez lesquels, l’entre-croisement des carènes spirales n’élant pas visible, il ne pouvait être question d’écailles imbriquées, ni par conséquent d'épis. M. d'Et- tingshausen considérait ces derniers comme représen- tant des périgones à segments valvaires, tordus en spi- rale. Il invoquait l'exemple de certaines Broméliacées pour accréditer l'opinion qu'il se serait agi, dans le cas présent, soit de pièces calycinales tordues dans la préflo- raison, soit de segments carpellaires d’abord connivénts, puis déhiscents à la maturité. C’est un peu plus tard que le professeur Schenk vint établir la vraie nature des compartiments rhomboïdaux, tenus jusqu’à lui pour des écailles. Schimper proposa ensuite le terme fort juste de Spirangium pour désigner l'ensemble des Palæoxyris dans lesquels il inclinait à reconnaître des fruits pourvus à l’intérieur d’une columelle axile, molle et séminifère. Ce n’était de sa part qu'une conjecture, puisque rien n’est venu attester la réalité de son hypothèse et que les Spiran- gium, visiblement pourvus de parois minces, aisément compressibles, n'ont offert jusqu'ici aucune trace, ni de compartiments, ni d’un placenta axile, ni de graines 44 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. qu'ils auraient contenues, ni même d’une déhiscence na- turelle des valves dont ils étaient formés. Il existe pourtant une circonstance dont il était juste de tenir compte : c’est celle qui résulte de la réunion de plusieurs Spirangium attachés à un point central d'insertion, dans les couches wWéaldiennes, comme s'ils eussent fait partie d’une inflo- rescence en ombelle. C’est surtout de ce mode de grou- pement que l'on a conclu la nature carpologique des Spi- rangium, comme si, à l’état vivant, ils eussent été aggré- gés au sommet d’une hampe ou support commun, au nombre de quatre à douze. — Ici vient se placer le mémoire de M. Nathorst sur les Spirangium, dans le- quel l’auteur, se basant sur la nature des gisements qui les renferment et des restes d'animaux et de plantes qui les accompagnent, considère le type comme représentant une plante d'eau douce qui aurait vécu submergée dans le fond des lacs des périodes carbonifères, permiennes, triasiques et jurassiques. Get habitat expliquerait mieux que toute autrecirconstance la longue persistance et l’uni- formité des Spirangium, puisque les types aquatiques sont ceux qui accusent le moins de changements à travers le temps, aussi bien qu’à travers l’espace. M. Nathorst, nous l'avons vu, inclinait vers un rapprochement des Spirangium avec les Characées dont les sporogones, mal- gré leur très faible dimension, n'étaient pas sans rapport apparent avec le type que nous examinons, en admettant, selon la supposition de Nathorst, que les bandes ou val- ves spirales pussent être assimilées à des tubes enroulés de la nature de ceux qui constituent les grains de Chara. Examinons maintenant de plus près les Spirangium, sans nous préoccuper des opinions très diverses, émises ‘ ST TR TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4% successivement à leur endroit, en commençant par les plus anciennes espèces, c'est-à-dire par les formes carbo- nifères observées en Europe comme en Amérique. Cet examen entraînera une juste appréciation des éléments caractéristiques du genre en fixant les points qui demeu- rent problématiques ou attendent leur définition de J'avenir. Le Spirangium carbonarium Schimp. (pl. 231, fig. 1-2) remonte avec certitude au carbonifère récent. Les deux exemplaires que nous figurons proviennent des couches de Saint-Étienne (1); ils ont été recueillis à Villebœuf par M. Grand'Eury. L'espèce y est pourtant excessivement rare. L'un des exemplaires est complet ; nous le repro- duisons sous sa grandeur naturelle (fig. 1) et grossi (fig. 4°). L'autre exemplaire (fig. 2) est mutilé inférieure- ment par une cassure de la plaque; il est sensible- ment plus épais que le premier et vu sous un grossisse- ment de deux fois le diamètre. En considérant attentivement le Sptrangium carbona- rium, On reconnaît que la consistance de l’ancien organe a dû être des plus minces, tellement il paraît noyé et co mme incorporé à la pâte noirâtre et schisteuse de la roche; la saillie qu'il présente en est très faible et l'on voit bien qu'il s’agit d’un organe presque sans épaisseur, à la suite de la compression qu'il a subie. Les valves spi- ralées sont au nombre de six, enroulées dans une direc- tion assez peu oblique et entre-croisées d’une face à l'au- tre de manière à produire des aires rhomboïdales un peu plus étendues dans le sens transverse que dans le ver- (1) Villebœuf, n° 234 de la coll. de M. Grand’Eury, n° 8442 du cata- logue de la collection du Muséum de Paris. — Flore carbonifère du département de la Loire, I, 307. 46 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tical. L’organe a dû être carbonisé étant encore intact, puisque les carènes de la face supérieure sont vivement proéminentes et que, vues de profil, le long des bords, elles dessinent une saillie anguleuse très nette et très aiguë, tandis que les carènes de la face opposée, visibles par l'effet de la compression et qui croisent les premières, tracent en creux un léger sillon. Ce double aspect est. bien celui que présentait la paroi de l’ancien organe et l'on peut en conclure qu'il en était de cet organe comme des Calamites et que chez lui la face interne des parois n'était qu’une reproduction en sens inverse des accidents dela superficie. Les carènes saillantes à l'extérieur ré- pondaient ainsi à des sillons intérieurs. Des trois espèces de Spirangium, signalées par M. L. Lesquereux dans le carbonifère de l'Illinois (1), le Spiran- gium (Palæoxyris) appendiculatum Laqx. (2) est le seul dont la structure soit assez nette pour donner lieu à des remarques. Ce Spirangium (pl. 231, fig. 3) a à peu près la taille du S. carbonarium ; il est seulement plus épais et moins rapidement atténué inférieurement. Les valves plus nombreuses décrivent, à ce qu’il semble, autour de: (1) Palæont. of Illinois, IV, foss. plants, by L. Lesquereux, p. 464- 466, pl. X. (2) Dans une lettre récente, M. L. Lesquereux ajoute, à propos du du Spiranquin appendiculum dont ce savant a eu occasion d'examiner des échantillons faisant partie de la riche collection américaine de M. Lawe, de nouveaux détails que nous nous empressons d’enregis- . trer : outre les exemplaires comprimés et à tours de spire entre-croisés des schistes houillers, il en existe d’autres rencontrés au centre de certains nodules ou concrétions ferrugineuses, et qui ont conservé leur apparence originaire, tout à fait intacte. La brisure de l’un de ces fos- siles laisse voir la coupe transversale des valves dont l’enroulement constituait les parois de l’ancien organe. Cette coupe ou tranche, presque arrondie, témoigne d’une épaisseur en diamètre de 1 1/2 à 2 mil- limètres pour chacune des valves et, dans ce cas au moins, elles re- présenteraient autant de parties cylindroïdes contiguës et soudées par par les bords. (Note ajoutée au moment de l'impression.) PP. mm € a = $ TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 47 la cavité fusiforme, des tours de spire plus multipliés et moins régulièrement enroulés. Les carènes ont visible- ment une saillie très prononcée, jusqu’à prendre l'aspect de lamelles contournées en manière de pas de vis. Le nombre des valves paraît être ici de huit et, comme ce nombre s'élève certainement à dix dans une des espèces jurassiques que nous décrirons, il en résulte que ce nombre n'avait rien de fixe chez les Spirangium et n'était pas de nature, comme l'avait présumé Schimper, à fa- voriser l'idée d’un rapprochement du type avec le groupe des Monocotylées. Les espèces triasiques, au nombre de deux, Sprrangium regulare (Brngt.) Schimp. (pl. 231, fig. 4) et Spérangium Quenstedii Schimp. (pl. 231, fig. 5,)le premier du grès bi- garré de Soultz-les-Bains, le second des marnes irisées de Waldhausen, près Tubingen (Wurtemberg), sont les plus anciennement connues. Elles sont d’une moindre dimen- sion que les suivantes et leur contour plus régulièrement atténué en fuseau comprenait sans doute une cavité plus étroite et plus allongée que celle des espèces observées jusqu'ici dans l’infralias et le wéaldien. Si l’on consulte les figures de Schimper, à qui est due la connaissance exacte de l'espèce, on voit que le Spéranguim regqulure, plus petit que celui du Keuper, affecte une forme plus régulièrement ellipsoïde, tandis que le S. Quenstediti a sa plus grande épaisseur vers le tiers inférieur de l'or- gane et se prolonge ensuite en un sommet insensible- ment atténué. La détermination spécifique des exemplaires de Spi- rangium figurés dans le mémoire de Nathorst et dont la provenance des localités scaniennes d’'Hôganas, de So- fiero et des grès de Grafvarne n’est pas également cer- 48 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. taine pour tous, n’a pas été établie sans restriction par . l'auteur. Les figures 6 à 8, pl. VIII, du mémoire suédois paraissent en effet dénoter réellement le Spirangium Ju- gleri Ett. et par conséquent se rapporter à des échantil- lons extraits du wéaldien de l'Allemagne du nord, plu- tôt que d’un gisement scandinave. Le Spirangium fig. 1°, pl. VI, de la même notice, attribué au S. Münsteri Presl par Nathorst, et celui que ce savant a recueilli lui-même à Sofiero, appartiennent sûrement à des localités infra- liasiques de Scanie; mais leur attribution au Spirangium Münsteri n’est pas aussi certaine et l’on serait presque tenté de reconnaître dans le principal échantillon (fig. 4°, pl. VI) une espèce à part caractérisée par la forme cylin- droïde de la partie renflée et entourée par les enroule- ments spiraux. Ceux-ci sont érigés dans un sens très fai- blement oblique et on entrevoit des prolongements en lame mince, provenant des carènes, engagées dans la roche et vues de profil. Si l’on combine tous les traits épars qui distinguent les Spirangium, on constate d'abord que les valves ou ban- des enroulées dont ils sont formés, et dont le nombre est variable selon les espèces, ne sont pas seulement adhé- rentes entre elles, mais entièrement soudées et continues, les lignes de suture répondant à autant de carènes sail- lantes à l'extérieur, marquées en creux sur le pourtour interne des parois. L'ensemble des parois constituait ainsi dans la partie renflée une enveloppe vésiculaire, circonscrivant une cavité intérieure dans laquelle on n'a pu saisir jusqu’à présent aucun vestige de loges, de com- partiments, ni d’axe central placentaire, mais qui semble avoir été absolument vide. Cette enveloppe à la fois mince et cependant résistante, douée même d’une cer- ture attge PuEe mé he "La me dre ht à - A ET © in PSG ns er A - JERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 49 taine fermeté, a été aplatie et comprimée fortement ou bien elle est restée plus ou moins gonflée et intacte, selon les cas. Dans le cas le plus fréquent, celui des schistes carbonifères, du grès bigarré des Vosges et des lits wéal- diens, la macération et le poids des couches réunis ont entraîné la compression des deux faces du Spirangium, étroitement appliquées l’une contre l’autre, et provoqué le plus souvent l’entre-croisement des tours de spire sur les faces opposées, confondues en une seule empreinte. Dans le second cas, l'organe ayant conservé sa forme extérieure et sa partie renflée, la matière du remplissage a pu s’y introduire, sinon immédiatement, du moins après la dissolution de la substance végétale et donner naissance à des noyaux pierreux ou moules intérieurs. Ces noyaux pierreux ont pu se former eux-mêmes de deux façons : ou bien l’ancien organe existait encore lors de l'introduction du sédiment, et alors c’est la cavité in- terne qui aura été moulée et il existe un vide, si petit qu'il soit, entre le moule intérieur et celui qui répond à la superficie; ce vide représente l'épaisseur des parois avant leur dissolution ; ou bien le remplissage n’a eu lieu qu'après cette dissolution et le noyau pierreux repro- duit alors fidèlement l'apparence extérieure du fossile. C’est dans la première de ces deux catégories qu'il faut probablement ranger les exemplaires de Spirangium Münsteri? figurés par Nathorst, pl. VI, fig, 4°, et VII, fig. 5, de son mémoire, Ces exemplaires, encore encastrés dans la roche, laissent entrevoir un faible interstice, sé- parant le noyau pierreux de l'empreinte superficielle du Spirangium, dont les carènes pénètrent assez loin dans la pâte du sédiment, 11 est fort possible qu’il en ait été de même de notre Spirangiuni ventricosum; mais il faudrait; 11e Sn, Vécéraux, = IV, 4 50 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pour s’en assurer, avoir sous les yeux la matrice du grès arkose qui lé contenait. Ce qui est certain, c’est que les deux faces des Spirangium n'étaient en gros qu’une re- production, en sens inverse l’une de l’autre, de la même structure : il s'ensuit que, conformément à ce qui s’est passé pour les calamites, les moules internes des Spiran- gium présentent un relief de l’ancienne surface, sauf une moindre saillie des carènes qui, dans la plupart des espèces, étaient relevées en lamelles tranchantes. Quel- quefois on distingue aisément les uns des autres les moules ou noyaux internes des Spirangium carbonisés des -empreintes de la surface extérieure. C'est ce:que laisse voir clairement notre figure du S. Jugleri (pl. 233, fig. 2). Sur cette figure on observe, en a, le moule de la cavité intérieure qui diffère, par ses dimensions moindres et l'absence de saillie des carènes commissurales, de l'organe vu en b et reproduisant l'aspect de l’ancien fossile avec ses carènes développées en forme de collerettes. Les Spirangium, ainsi construits, étaient agrégés plusieurs ensemble, c'est ce qui résulte au moins de l'examen du S. Jugleri. Cette disposition n'indique pas nécessairement, selon nous, qu'ils aient dépendu autre- fois d’une inflorescence en ombelle, puisque aucune preuve d’une semblable disposition n’a encore été rap- portée ; mais en l'absence de hampe ou support commun dont on aurait sans doute reconnu des vestiges, les Spi- rangium se montrent, au moins dans une de leurs espè- ces, en connexion avec un point d'attache central par leur extrémité pédonculaire. Les exemples d'un pareil groupement ne pouvant soulever d'incertitude à raison de leur précision, il est permis de formuler la présomp- tion que ce pourrait être là, au moins en ce qui concerne ne pd hong ne 5 ont, » F & a ve TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 51 le Sprangium Jugleri, une situation naturelle, celle que ces plantes auraient occupée au fond des eaux douces de l'époque; en sorte que, dans un certain nombre de cas, elles auraient été fossilisées sur place ou encore amenées de près, des endroits où elles croissaient réunies en touffe et groupées sur un même point. Les Spirangium, dans cette hypothèse, pourraient bien avoir été des feuilles renflées et transformées en ascidies où organes vésicu- leux et flottants. IL existe à l'égard des plantes submer- gées deux tendances morphologiques agissant en vue de l'adaptation des feuilles de ces plantes à leur habitat au sein de l’eau. Chez les unes, telles que les Ceratopteris, plusieurs Renonculacées, les Cabombées, etc., les feuilles flottantes submergées se subdivisent en lobes capillaires; chez d’autres, le pétiole se renfle, se creuse et devient vésiculaire; c’est ce que montrent les Pontederia. Les Uiricularia offrent la combinaison ou l'association des deux tendances organiques. Il en aurait été ainsi des Spirangium qui représenteraient, si notre présomption se vérifiait, un type: aquatique depuis longtemps éteint. — Telles sont les conjectures que nous a suggérées l'étude de ce genre, problématique malgré tout, puis- que quand même l'hypothèse que nous mentionnons se trouverait exacte, il faudrait encore rechercher et déter- miner la nature de ses organes reproducteurs. Actuelle- ment, il serait impossible de dire si nous avons plutôt affaire à une Cryptogame qu’à une Phanérogame et, ‘parmi celles-ci, à une Proangiosperme alliée de plus ou moins près aux Monocotylées, plutôt qu’à uh type entière- ment isolé qui né serait comparable à aucuné des plantes dont nous avons connaissance. HMEANTA -ExPLICATION DES FIGURES, — Pl. 2314, fig. 1, Spiranginm 52 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. carbonarium Schimp., d'après un exemplaire recueilli par M. Grand'Eury, dans le carbonifère récent de Saint- Étienne et communiqué par lui, grandeur naturelle ; fig. 4, le même grossi pour montrer l'entre-croisement par compression des carènes commissurales. Fig. 2, por- tions moyenne et supérieure d’un autre échantillon de la même espèce provenant du même gisement et grossi deux fois. Fig. 3, Spirangium appendiculatum Lax., du carbonifère de l'Illinois, reproduit d'après une figure de M. Lesquereux, grandeur naturelle. On distingue bien sur cet exemplaire qui se rapporte à l'extérieur de l’an- cien organe la saillie en forme de crête ou collerette des carènes commissurales. Fig. 4, Spirangium regulare (Palæoxyris regularis Brongt.) Schimp., restauration d’a- près une figure empruntée au Traité de Paléontologie végétale de Schimper, grandeur naturelle. Fig. 5, Spi- rangium Quenstedti Schimp., grandeur naturelle ; d’après une figure du même auteur. N° 1. — Spirangium Münstéri. PI. 232, fig. 3-5. Spirangium Münsteri, Schimp., Traité de Pal. vég., IL, p. 548, | pl. Lxxx, fig. 2. _ — Nath., Of spirangium t skane, p. 91, tab. VE, fig. 1 et var, fig. 5. , DIAGNOSE. — S. parle tumida utrinque, basi autem lon-: gius in pedunculum, sursum in appendicem sensim attenua- tum producta, valvis primum verticaliter erectis peduncu- lum prismatico-sexangularem formantibus, dein leniter oblique inflexis spiraliterque revolutis, spatium intus con cavum pariete tenui carinis commissuralibus delineata am- TERRAIN JURASSIQUE, —= VÉGÉTAUX. 53 bitu elliptico-oblonga fusiformive circumelaudentibus, tan- dem in rostrum terminale coalitis. Palæoxyris Münsteri, Presl., in Sternb. F1. d. Vorw. ;11, p. 189, tab. 59, fig. 10-11. — — Brngt. Tab. des genres de vég, foss., p. 303. — — Ung. Gen. et sp. pl. foss., p. 303. Schenk, F1, d, Grenzsch.,p. 195, tab. xLv, fig. 7-8, C'est à propos de cette espèce, signalée en premier lieu par Presl, dans la seconde partie du grand ouvrage de Sternberg, que M. Schenk à établi la structure véri- table des Palæoxyris, et l'erreur commise par ceux qui prenaient pour des rangs d’écailles les aires provenant de l’entre-croisement des lignes spirales sur les deux faces de l’ancien organe, appliquées et confondues; enfin l'i- dentité des Palæoxyris justement interprétés avec les Palæobromelia de M. d’Ettingshausen, Les figures don- nées par Schenk dans sa Flore des couches rhétiennes de Franconie, et que nous reproduisons ici, montrent clai- rement les caractères de l’espèce. On voit que les bandes valvaires, au nombre de six, forment par leur réunion un support ou base pédonculaire dont l'étendue dépasse celle de l’appendice terminal. Les valves s’inclinent au- dessus et se détournent en suivant une direction oblique et elles s’enroulent en spirale, de manière à circonscrire un renflement dont le contour est tantôt ellipsoïde, tantôt allongé et sub-cylindrique. Réunies de nouveau, ces mêmes valves s'élèvent verticalement pour constituer un appendice terminal atténué en pointe linéaire. Les carènes ne paraissent pas avoir présenté une saillie très prononcée, | 54 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Spirangium Münsteri, caractéristique du rhétien de Franconie, est plus grand que les Spirangium du trias, notamment que le S. re- gulare du grès des Vosges. Ses dimensions sont à peu près doubles de celles de ce dernier, dont les tours de spire sont aussi plus obliques. Le Spirangium Quenstedti du Keuper, si l’on consulte les figures de Schimper, est moins épais et sa partie renflée a sa plus grande largeur vers le tiers inférieur de l'organe, qui s’allonge en s’atté- nuant au-dessus de ce point. Au contraire, le Spirangium Münsteri est atténué également dans les deux directions, _ et ses carènes suivent dans l’enroulement une direction moins oblique. Rapproché de l'espèce suivante, qui a été rencontrée sur le même horizon, le Spirangium Münsteri s’en distingue aisément par sa taille beaucoup plus petite et un moindre renflement de la partie vésicu laire. | | h GiseMENT. — Le Sprrangium Münsteri n’a pas été encore signalé en France ; il caractérise le rhétien de Franconie et se rencontre dans les schistes argileux de cette for- mation, à Strullendorf, près de Bamberg, à Veitlahm près de Kulmbach, dans les grès jaunâtres de Waldhausen, non loin de Tübingen, d’après Quenstedt. M. Nathorst l'a signalé dans le rhétien de Scanie, à Hüganas et Sofero, mais non sans quelques doutes fondés au sujet de l’attri- bution. | ) EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 232, fig. 3, Sp'angium Münsteri Schimp., d'après l'échantillon du rhétien de Franconie figuré par Schenk dans sa Flore des couches liaso-keupériennes, grandeur naturelle, Fig. 4, autre échantillon de la même espèce, d'après une figure du même auteur, avec un renflement plus prononcé, gran- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, #5 deur naturelle. Fig. ÿ, autre échantillon de la même es- pèce, d'après une figure du Traité de Paléontologie vé- gétale de Schimper, grandeur naturelle. N° 2, — Spirangium ventricosum. PI, 232, fig. 1-2. Spirangium ventricosum, Sap. in Schimp. Traité de Pal. vég. 11, p. 518, pl. Lxxx, fig. 4. = Diacnose. — S. parte tumida ovato-ellipsoidea utrinque sensim regulariler attenuata, 3 centim. diametro, ? centim., longitudine metiente ; valvis 10 nervulis transversim obscure notatis carinisque commissuralibus tenuiter promainulis de- lineatis in parietem continuam hinc inde fractam spiraliter circumfusis, sursum autem in appendicem erectum transeun- tibus. - Cette espèce, recueillie par M. Pellat dans le grès arkose de Couches-les-Mines et dont il n'existe, jusqu’à présent, qu'un seul exemplaire connu, dépasse de beau- coup en dimension toutes les formes antérieures, car- bonifères ou triasiques. Sa largeur diamétrale est qua- druple de celle du Spirangium carbonarivm et presque triple de celle du Spirangium regulare. L'échantillon n’a été ni aplati ni même déformé par la macération; il est intact et représente le moule interne ou noyau pierreux d'un Spirangium enseveli dans une vase sableuse micacée très fine et dont la cavité a été comblée par le sédiment. La compression à cependant agi et l’ancien organe à cédé quelque peu sous le poids de l’assise su- perposée, en sorte que son diamètre horizontal excède 56 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, d’un quart le diamètre vertical et qu’une section trans- verse donnerait lieu à un contour sensiblement elliptique et non pas circulaire, comme a dû être la circonférence primitive. L'échantillon, par suite d’une double cassure, est malheureusement tronqué à ses deux extrémités, en sorte que ni son pédoncule ni sa terminaison supérieure n'ont été conservés. Il est en même temps difficile de déterminer si le moule plein actuel provient du remplis- sage de l’ancienne cavité et reproduit par conséquent en relief les parois internes du Spirangium infraliasique, ou bien si celui-ci, préalablement dissous, aurait laissé après lui dans la gangue sédimentaire un moule creux comblé postérieurement par la matière du remplissage. Dans ce dernier cas, le noyau pierreux offrait une repro- duction directe de l'organe fossilisé. Quoi qu'il en soit de cette circonstance, il est facile de constater que les valves ou bandelettes du Spirangium ventricosum sont au nombre de dix, limitées par des lignes de suture ou carènes commissurales fines, nettes et légèrement sail- lantes. Ces valves devenues obliques et inclinées déecri- vent un seul tour de spire en cernant la cavité centrale dont elles constituent la paroi. Cette paroi, peut-être par l'effet de la compression exercée sur elle, se trouve visiblement lacérée sur deux points collatéraux : les déchirures sont irrégulières et, loin de s’opérer dans le sens et le long des sutures carénales, elles laissent voir des lambeaux de tissus relevés et poussés au dehors; de pareilles déchirures ont pu se prêter à l'introduction de la matière sédimentaire à l’intérieur de la cavité. On distingue en outre de faibles traces de veinules sinueuses et transversales qui auraient occupé les valves. L’'exis- tence de ces traits en forme de plis avait été remarquée TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 57 par M. d'Ettingshausen comme caractérisant le Spiran- gium Jugleri; mais -cet auteur les avait attribués à un retrait de la substance organique, naturellement ridée, de préférence à des nervures vraies. Nous pencherions pourtant vers la seconde alternative, tout en nous abste- nant de prononcer sur des détails aussi confus. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — On ne saurait confondre le Spérangium ventricosum avec aucune des espèces signalées jusqu'ici, Bien plus grand et plus renflé que les formes triasiques, il dépasse par le gonflement de sa partie moyenne le Spirangium Münsteri qui d’ailleurs ne présente que six valves spirales au lieu de dix. Comparée au Spirangium Jugleri wéaldien, l'espèce infraliasique de Couches-les-Mines comprend des valves plus nombreuses (10 au lieu de-6), plus étroites et dessinant un contour plus ellipsoïde de la partie renflée. Il suffit d’un coup d'œil pour ne pas être tenté de les confondre. Ç GISEMENT. — Grès arkose de Couches-les-Mines, étage rhétien; collection. Pellat, d’après l'échantillon unique communiqué par ce savant et recueilli par lui. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 2392, fig. 4, Spirangium ventricosum Sap., d’après un échantillon reproduisant le moule intérieur de l’ancien organe, tronqué aux deux extrémités et vu par la face supérieure légèrement com- primée, grandeur naturelle. Fig. 2, même échantillon vu par la face latérale dont l'épaisseur est moindre d’un quart, par suite de la compression, grandeur naturelle, 58 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Ne"3. LA Spirangium Jugleri, PI. 233, fig. 1-2, Spürangium Jugleri (Ettingeh .),. Schimp., Traité de Pal. vég. Il, p. 519, p. Lxxx, fig. 7. — — Schenk, Die foss. FI. d. Nordwest deutsch. : Wealdenform., p. 4, tab. x1x, fig. 42-13; et.xx. _— — Nath.,0m Spirangium A dess für HAT MARNE kolfor Bildningar, p. 92, pl. vir, fig. 6-9. DiAGnose. — S. capsulis pluribus 4-12 gregatim puncto centrali basi pedunculorum simul affixis, majusculis, 12-16 centim. et ultra longis 3-4 latis, singulis e valvis 6 nunc.dex: trorsum, nunc sinistrorsum semel contortis, suturis carinali- bus acute prominentibus instructis spatium intus concavum ambilu globoso-ellipticum circumfoventibus, basi in pedun- culum sat brevem, sursum autem in rostrum elongatum apicem versus attenuutum coalitis constantibus. Palæobromelia Jugleri, Eltingsh., Ueber Palæobromelia Abhandi. d. k. k, geol. Reichanst, I, P. 3, tab, 1 Ever La description de cette espèce m'a paru de nature à compléter les notions relatives aux Spirangium. juras- siques, bien qu’elle n’ait été observée jusqu'ici que dans le wéaldien du nord de l'Allemagne, sur un horizon strictement intermédiaire aux deux séries, à l'extrême base de la craie. Le Spirangium Jugleri, nommé Palæo- bromelia par M. d’Ettingshausen au moment de sa dé- couverte, restitué plus tard aux Palæoxyris par Schenk, englobé finalement dans le Spirangium par Schimper, EC EP PE Éric à TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 59 lorsque celui-ci proposa ce nouveau terme générique, comme préférable à celui de Palæoxyris devenu im- propre, est une des formes les mieux caractérisées du groupe, la plus récente de toutes celles qui ont été si- gnalées jusqu'ici, et enfin elle offre cette particularité de se montrer fréquemment dans un état de connexion mutuelle et de groupement des organes fossilisés, adhé- rant à un point commun par leur base pédonculaire, circonstance de nature à nous éclairer au sujet des caractères réels d’un type, jusqu’à ce jour demeuré, pour ainsi dire, paradoxal. Le Spirangium Jugleri, ainsi fossilisé, a laissé ses em- preintes dans les schistes argileux de Deister, c’est-à-dire dans des sédiments d’origine tourbeuse, déposés au fond d'eaux tranquilles et peuplées d'herbes palustres. De là une véritable présomption en faveur de l'opinion émise par M. Nathorst et que nous adoptons après lui, qu'il s'agirait d’une plante aquatique. Une pression moindre, une sédimentation calme, due au dépôt d'un limon fin, additionné d’une forte proportion de substances végé- tales décomposées, paraissent avoir présidé à l’enfouis- sement du Spérangium Jugleri et à la formation des em- preintes auxquelles il a donné lieu. Les valves aplaties, puis carbonisées, de l’ancien organe laissent voir moins fréquemment que chez les Palæoxyris triasiques l’entre- croisement par pénétration des tours de spire carénales. Ces valves, au nombre de six, forment par leur réunion un pédoncule prismatique, atténué inférieurement et assez court ; elles se déploient et s’enroulentune fois seu- lement, au-dessusde ce pédoncule; leur largeur augmente et elles sont séparées l’une de l’autre par des carènes commissurales dont la saillie donne lieu à une lamelle 60 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tranchante, La cavité circonscrite est ovoïde-globuleuse, plus courte que dans le Spirangium ventricosum, auquel l'espèce wéaldienne ressemble pourtant, si l'on fait abstraction du nombre plus restreint des bandelettes valvaires. Celles-ci se réunissent et se prolongent supé- rieurement en un appendice ou rostre plus ‘long que le pédoncule, insensiblement atténué en pointe et dont la longueur n’est pas moindre de 8, peut-être mêmé de 10 centimètres. Les figures de M. d’Ettingshausen laïs- sent entrevoir des traces de veinules ou rides oblique- ment transversales et sinueuses, que l’on remarque également sur les valves du Spirangium ventricosum. La réunion sur un même point d'attache de plusieurs Spi- rangium Jugleri étalés et rayonnant, comme s'ils eussent été fossilisés en place, est à nos yeux une preuve qu'il s’agit bien ici d’une plante submergée aquatique, que certains exemplaires nous montreraient tout entière, formée d'une rosette de feuilles utriculaires, groupées en touffe. Les figures de la planche 233, que nous repro- duisons d’après les ouvrages des professeurs Schenk et d’Ettingshausen, sont particulièrement instructivés : la figure 1 présente la réunion de cinq Spirangium encore adhérents à un point central par leur extrémité pédon- culaire etrayonnant de ce point dans toutes les directions avec une sorte de régularité, comme si le poids des sédi- ments n’eût fait que les incliner et les appliquer contre le sol sous-lacustre, Les valves montrent ici leur face dorsale relevée en saillie, et cettesaillie est surtout visible sur les côtés, tandis que sur les faces les crêtes des carènes ont été comprimées de manière à se recouvrir mutuellement. La plaque reproduite par la figure 2, pl. 233, et sur idea re nt Lo Sd dé nd). if das di à ms à pl . class né re bqu L Pre En # ; D Lu Le TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 61 laquelle on distingue les traces d'au moins six Spirangium réunis et rayonnant d’un point d'attache central, laisse voir deux dé ces organes assez entiers pour permeltre de juger de leurs caractères. Comparés entre eux, ils dif- fèrent sensiblement d'aspect, et tandis que l’un, en 4, plus petit, plus court et dépouvu de prolongement supérieur, se trouve limité régulièrement sur les bords et pourvu de erêtes carénales presque dépourvues de saillie; l’autre, en à, entier et surmonté d’un rostre fort long, affecte un aspect très différent. Nous croyons, à l'exemple de M. Zeiller, que les différences ainsi accusées proviennent de ce que, dans le premier cas, il s’agit d’un moule ou noyau reproduisant l'aspect de la cavité inté- rieure, et que, dans le second cas, le Spirangium est vu par dehors, avec son véritable aspect; il est alors nécessai- rement plus grand, pourvu de saillies carénales en forme de collerettes, et d’un rostre terminal érigé et insensible- ment atténué.en pointe au sommet : effectivement dans ce second cas, les collerettes contournées, considérées de profil, dessinent fort nettement leur saillie et accompa- gnent en se repliant la direction des valves. Il ne saurait ÿ avoir de doute à cet égard et, en comparant le moule de la cavité intérieure, en à, avec la saillie des carènes visible en 6, on constate que cette saillie mince et tran- chante n'était pas moindre de 5 à 6 millimètres ; nous ajouterons qu’elle rappelle à l'esprit par sa disposition ce que l’on nomme en mécanique une « vis d’Archi- mède. » RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — C’est au seul Spirangium ventricosum que le Spirangium Jugleri peut être com- paré; mais il suffit d'observer que le nombre des valves est de dix dans le premier et se trouve réduit à six dans 62 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. le second pour établir une distinction essentielle entre les deux espèces, l’une rhétienne et l’autre wéaldienne. GisEMENT. — Schistes marneux noirâtres de Deister en Westphalie, étage wéaldien ; non encore trouvé en France jusqu’à présent. Lés échantillons de Suède si- gnalés par M. A. Nathorst comme pouvant provenir de Hô: ganas? ont été depuis reconnus par cet auteur comme appartenant au wéaldien de l'Allemagne du nord. EXPLICATION DES FIGURES. — P1. 233, fig. 1, Sperangium Jugleri (Ett.) Schimp., réunion de cinq Spirangium atta- chés sur un point commun par leur extrémité pédoncu- laire, d’après une figure empruntée à l'ouvrage du pro- fesseur Schenk sur la flore wéaldienne, grandeur natu- relle. Fig. 2, plaque présentant à sa surface les traces d'au moins six Spirangium agglomérés et rayonnant du: même point d'attache central, d’après une figure em- pruntée au mémoire de M. d’Ettingshausen. On dis- tingue, en u, le moule d’une cavité intérieure et, en à, un Spirangium Jugleri vu par dehors, avec la saillie des crêtes carénales, et presque complet; grandeur: naturelle. ans PROANGIOSPERMES _ Les types auxquels nous appliquons cette formule sont loin d'être nombreux; ils sont en même temps entachés d’obscurité et leur vraie nature échappe à une exacte dé- finition. Leur importance est cependant considérable, et dans tout l'ensemble des plantes jurassiques nous n’en connaissons pas de plus curieuses, de mieux faites pour éveiller l'attention et provoquer les recherches du paléo- phytologue. Ces.types sont appelés par nous des Proan- giospermes, parce qu'ayant en réalité précédé dans l’ordre des tempsles Angiospermes véritables et ne pouvant être classés méthodiquement parmi ces dernières, ils se dis- tinguent pourtant très nettement de tous les végétaux passés en revue jusqu'ici et qu'ils s’écartent à la fois et des Cryptogames et des Gymnospermes, n'ayant d'’ail- leurs de points de contact appréciables ni avec les Cyca- dées, ni avec les Salisburiées, encore moins avec les Coni- fères. La difficulté qui se présente dès l’abord consiste dans l'ignorance où nous sommes de la nature précise des végétaux en question. L'analogie qui nous a guidé, lorsqu'il s’est agi des Equisétacées, des Fougères, des Cy- cadées et Aciculariées jurassiques, plus ou moins écartées des types encore existants ,mais toujours susceptibles de leur être assimilées, cette analogie nous fait ici presque entièrement défaut ou du moins elle ne nous est plus que d’un très faible secours. Il est vrai que l'analogie nous a déjà abandonné, lorsqu'il s’est agi des Spirangium et 64 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nous avons dû reconnaître qu'ils ne répondaient à au- cun des éléments phytiques compris dans l’ordre actuel. Il n’en est pas tout à fait ainsi des Proangiospermes : leurs feuilles ressemblent à celles des Monocotylées et leur appareil fructificateur n’est pas sans rapport avec celui des Spadiciflores, qui sont aussi des Monocotylées. Mais ce rapprochement ne va pas, à ce qu’il semble, au delà d'une ressemblance extérieure et superficielle. C'est aux Vucca, aux Graminées, aux Bambusa, aux Typha, aux Pan- danées et Aroïdées, que les feuilles, les inflorescences, les parties fructifiées de certaines plantes jurassiques ont été successivement assimilées, sans que l’ont ait jamais réussi, remarquons-le, à justifier ni à établir comme dé- finitif, un seul de ces rapprochements, basés sur l’ap- parence, mais ne possédant au fond aucun des carac- tères de la réalité. La présence de Monocotylées juras- siques a été admise, il est vrai, en principe par lesauteurs les plus sérieux, et, malgré quelques réserves, ni Bron gniart, ni Unger, ni Schimper ne paraissent l'avoir formel- lement révoquée en doute. Ad. Brongniart, le plus pers- picace, insiste pourtant dans son Prodrome:(1828) « sur la rareté et l’on pourrait presque dire l’absence des Mo: nocotylédones et des Dicotylédones, comme encore plus frappante dans la période jurassique que dans la précé- dente, celle du Trias, à raison du nombre relatif plus con: sidérable des espèces recueillies. » Dans son 7'äbleau des genres de Végétaux fossiles, le même auteur conteste jus- tement le degré d’affinité présumée du Podocarya de Bu- ckland avec lesfruits des Pandanées, affinitéassez étroite, selon R. Brown, pour ne laisser supposer entre les deux catégories qu'unesimple différence générique. Brongniart: soupçonne, au contraire, l'existence dans cetté plante et TERRAIN JURASSIQUE =— VÉGÉTAUX. 65 dans les fruits ou inflorescences très analogues trouvées à Scarborough d’ « une organisation plus compliquée que celle des Pandanées et peut-être fort différente ». — Pour Adolphe Brongniart, en un mot, les rares Angiospermes du trias et du jura sont toujours restées des Monocotylédones douteuses. Unger, dans le tableau méthodique qui pré- cède, son C'hloris protogæa, admet des Restiacées, Liliacées, Smilacées, Typhacées, Pandanées, même des Palmiers, dans le trias, le lias et l’oolithe. — Schimper (1) accepte, sans exprimer de doutes, la présence de Monocotylées « d'un ordre déjà très élevé » dès le commencement du trias, et leur extrême rareté, presque leur absence dans les étages subséquents, lui paraît être uniquement le résultat des circonstances, particulièrement du nombre restreint des dépôts d’eau douce dans toute la période. — Unger (2), se conformant à F. Braun, dont le mé- moire sur les Weltrichia remonte à 1847, range les sin: gulières empreintes décrites sous ce nom et provenant de l'infralias de Veitlahm en Bavière, parmi les Rhizanthées dans l’ordre des Rafflésiacées; c’est-à-dire que ces auteurs reportent les Weltrichia dans un groupe parasitaire qui, à l’époque actuelle, vit aux dépens de végétaux dicotylés, tels que les Cistinées et les Ampélidées, et dont tout engage pourtant à affirmer l'absence d’un bout à l’autre de la période jurassique. Ce serait en un mot faire naître le parasite bien avant l'organisme sur lequel il est im- _ planté. Tout récemment, Alfred Nathorst a suivi la même voie en insistant sur l'attribution probable, selon lui, des Williamsonia aux Balanophorées, autres parasites (1) Pal, vég.; t. I, p. 386. (2) Gen. et sp. pl. foss., p. 310. 11e Sn. VÉéGéTaux: — 1V, 8 66 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. qui vivent sur les racines d'arbres très divers (Acer, Quer- cus, Hibiscus, Eucalyptus, Arabia) et auxquelles, par con- séquent, la même remarque préalable est applicable. Pour peu qu'on serre de près la question, il est aisé de se convaincre que ce sont là des assimilations appuyées sur des rapprochements morphologiques purement ac- cidentels etsuperficiels, mais qui s’effacent dès qu’on s’ef- force de déterminer les détails réels de structure, propres aux végétaux fossiles qu'il s’agit de déterminer. Il existe pourtant, dans l'opinion émise par M. Nathorst, un côté acceptable et de nature à justifier, dans une certaine mesure les vues de ce savant; nous voulons parler de la structure anatomique des tiges ou rhizomes des Balano- phora dont les faisceaux fibro-vasculaires, distribués au sein d’un tissu cellulaire conjonctif, se trouvent irrégu- lièrement disséminés, de manière à simuler l'apparence d’une tige de Monocotylée; ou encore ordonnés en une zone circulaire avec des anastomoses partielles, de façon à reproduire le plan général caulinaire, très simplifié, des Dicotylées (1). Il existerait ainsi, chez les Balanophorées, des indices d’une sorte d'ambiguité de structure, facilitant le passage d’une classe à l’autre, ambiguité qui se retrouve également dans les feuilles de ce même type parasitaire, réduites à l’état de simples bractées et s’allongeant sur plu- sieurs rangs imbriqués l’un sur l’autre, pour constituer l’in- volucre floral de la plante. Claude Richard, dans un mé- moire posthume sur les Balanophorées (2), les avait pla- cées parmi les Monocotylées, tandis que, depuis, Decaisne et Le Maoût n'ont pas hésité à les ranger, avec les Raf- (1) Baillon, Hist. des pl., t. VI, p. 508. (2) Mémoires sur une nouvelle famille de plantes, lès Balanophorées, par M. Louis-Claude Richard, p. 31, nt Pr PR ET LU Lee TT ci TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 67 flésiacées, à la suite des Santalacées, entre les Aristolo- chiées et les Népenthées. Dans l'Histoire des plantes de M. Baillon, les Balanophorées viennent après les Onagra- riées et terminent le tome VI de ce grand ouvrage. Mais l’auteur insiste sur les nombreuses analogies qui re- joignent ce groupe à celui des Loranthacées et même aux Conifères par une sorte de Gymnospermie. Que ce soit donc l'effet d'une tendance originaire ou celui d’une récurrence, les Balanophorées, tout en demeurant dis- tinctes et séparées à d’autres égards des types jurassiques qu’on a voulu leur assimiler, offriraient pourtant l’exemple de végétaux intermédiaires aux deux classes entre lesquelles se partage maintenant et depuis longtemps l'ensemble des Angiospermes. De là peut-être, et par une sorte de retour atavique, l’affinité morphologique qui a tenu en éveil l'esprit sagace de M. Nathorst, affi- nité qui ne va pas, comme nous le ferons ressortir plus loin, au delà d’une certaine relation d’aspect et de port extérieur des principaux organes respectivement com- parés. Il résulte de ces divers traits réunis, que les plantes dans la description va suivre, tout en se rattachant par un lien génétique quelconque à celles qui composent la catégorie des Angiospermes, paraissent pourtant ne pou- voir être directement rattachées à aucun des groupes compris actuellement dans cette classe ; elles s’en écar- tent au moins par un intervalle plus large que celui qui tiendrait à une simple différence générique. — Ainsi, les Yuccites ont bien été comparés aux feuilles des Yucea et Dracæna, à celles aussi des Z’ypha et Sparganium ; mais ce n’est là qu’un rapprochement trop peu précis pour faire croire à l'existence de vraies Liliacées ou dé 68 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Typhacées jurassiques. IL suffit, pour être autorisé à en douter, qu’il s’agisse d'un type foliaire des plus élémen- taires, des moins différenciés, ou mieux encore antérieur à toute différenciation de lorgane appendiculaire ; et l’on conçoit dès lors qu’un pareil type ait pu caractériser jadis des végétaux très éloignés, en réalité, de ceux aux- quels nous les assimilons par analogie, mais dont l’exis- tence, à une époque aussi reculée, demeure plus que pro- blématique, et n’est du reste justifiée par aucun indice probant. — Il en est de même des Williamsonia, Gônio- lina, Weltrichia, qui constituent les appareils fructifica- * teurs de plantes jurassiques, dont les feuilles sont ou ignorées ou bien imparfaitement connues. Comme nous l’avons avancé plus haut, leur affinité présuméesoit avec les Pandanées, soit avec les Balanophorées, ne repose que sur des analogies d'aspect et des affinités toutes su- perficielles dont il nous paraît difficile de. mesurer le de- gré, ou de définir le véritable sens. Trop de distance nous sépare de l'époque au sein, de laquelle vivaient ces plantes, époque très antérieure à l’âge qui vit se répandre en Europe les Monocotylées et les Dicotylées proprement dites. Nous en dirons autant des Changarniera, récem- ment découverts dans le corallien de la Côte-d’Or,.et des autres débris moins importants dont la description termi- nera cette revue des végétaux jurassiques. Il nous suf- fira d'affirmer que tous ces types précédèrent sur le sol | de notre pays l’arrivée ou la diffusion des Angiospermes véritables, et, de quelque façon qu'on veuille les envisa= ger, quel que soit le degré de précision qu’atteigne plus tard leur étude, le nom de Proangiospermes. leur de: meure acquis et leur sera toujours légitimement ap- pliqué.. TERRAIN JURASSIQUE, -— VÉGÉTAUX. 69 PREMIER GENRE. — YUCCITES. /1 PI: 234, fig. 4. Yuccites, Schimp. et Moug., Monogr. des foss. du grès bigarré des Vosges, p. 42 et 43, Lab. xxr. — _ Brngt, Tabl. des genres de vég. foss., p. 91. _ Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 215. — Sehimp., Traité de Pal., vég., , p. 426. DraGnose. — folia elongata plus minusve lato-linearia, eliam tæniata, marginibusque parallelis integerrima, e basi parum concava amplexicauli sursum plana apiceque longe sensim lanceolata aut ensiformia, striis vel nervulis creber- rimis longitudinalibus, venulis interstitialibus transversim obliquis inter se conjunetis, absque costa media, percursis. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les Yuccites sont connus sous ce nom significatif, qui les assimile aux Yucca, de- puis l'ouvrage de Schimper et Mougeot sur la flore du grès bigarré des Vosges. Ils n’ont cependant rien de com- mun avec le genre actuel, sinon de consister en des feuilles non différenciées, réduites par conséquent, à l'exemple de celles Yucca, mais aussi de plusieurs Dra- cæna, des Zypha et d’autres Monocotylées, à la seule partie vaginale, avec des bords entiers et des nervures longitudinales, sans vestige d’une côte médiane. C’est donc à cause de leur structure très simple que les Yuc- cites ont paru aux premiers observateurs rappeler les feuilles des Yucca; mais cette ressemblance entraînait dans leur pensée une sorte d’assimilation générique, dont ils ne cherchèrent pas pourtant à fixer la nature. Adolphe 70 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Brongniart, dans son Z'ableau des genres de végétaux fos- siles, après avoir retranché du groupe des Liliacées la plupart des tiges ou feuilles qui leur avaient été indû- ment attribuées, y rapporte cependant en premièreligne, les Yuccites de Schimper et Mougeot, « impression, » dit- il, « de grandes feuilles allongées, légèrement concaves, entières, à nervures fines et parallèles, ressemblant, en effet, à celles des Yucca, des Dracæna ou des Agave. » — « Le Muséum de Paris », ajoute le même savant, « en possède un échantillon provenant également du grès bigarré des Vosges, plus complet que ceux figurés jus- qu'ici et qui me parait confirmer, à plusieurs égards, le rapprochement indiqué. » Cependant la tige reproduite pl. xxix, fig. 4, de l'ouvrage de Schimper et Mougeot, comme étant celle de l’Fucciles vogesiacus est d’une attri- bution générique plus que douteuse. Nous en possédons un autre exemplaire, recueilli par nous dans une car- rière de grès bigarré, non loin d'Épinal, et conforme par tous ses caractères visibles à l'échantillon typique. Il est visible, en examinant celui que nous possédons, qu'il se rapporte au moule interne d'une tige préalablement évidée et revêtue exlérieurement de son enveloppe cor- ticale, Le vide très appréciable qui sépare l'empreinte du tégument ou étui cortical du moule cylindre de la cavité intérieure, représente certainement l'épaisseur de la ré- gion ligneuse de l’ancien végétal, et le cylindre marqué sur son pourtour de costules et de traits fusiformes lon- gitudinaux résulte du remplissage de l’étui médullaire. Il est donc probable qu’au lieu d’une tige d’Yuccites nous aurions sous les yeux quelque Cycadeomyelon (1). Le sé- (1) Voy. ci-dessus, tome Il, p. 331, pl. x1x, fig. 3. TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 1 diment moulé contre les parois de l’étui en a reproduit en relief les accidents, et par conséquent les inégalités pro- venant de l'empreinte des faisceaux ligneux et de la saillie des rayons médullaires aux endroits où ils pénétraient dans le bois, Nous croyons à la vraisemblance de cette explication, en nous réservant de signaler des restes, au- thentiques selon nous, des parties caulinaires des Fuccites. Les feuilles de l’Yuccites vogesiacus Schimp, et Moug. (1) ont une largeur de 2 1/2 à 3 centimètres ; elles sont entières sur les bords, dépourvues de médiane et parcou- rues par des nervures longitudinales, fines, multipliées et parallèles, mais dont la netteté laisse à désirer, puis- que les auteurs n’ont pas essayé d’en reproduire les dé- tails grossis. 10: De notre côté, nous avons extrait, il y a des années, de la carrière des environs d'Épinal signalée plus haut, dans un grès plus fin que celui de Soultz-les-Bains, la feuille d’un Yuccites qui semble dénoter une espèce distincte de l Y. vogesiacus. Cette feuille que nous figurons ici pour la première fois, pl. 234, fig. 4, sous le nom d’Yuccites angustior, est bien plus étroite, puisqu'elle mesure auplus un diamètre de 12 millimètres ; les bords sont entiers et parallèles; on ne distingue aucune trace de médiane, mais des nervures longitudinales fines et pressées, au nombre d’une quinzaine environ. En moulant l’échantil- lon, on obtient une empreinte qui restitue à la feuille fossile sa vraie physionomie. On parvient alors à distin- guer, dans l'intervalle qui sépare les nervures principa- les, les traces de trois nervilles intercalées ou nervures interstitiales, sur lesquelles s'étendent çà et là des traits (1) Monogr. des pl. foss. du grès bigarré des Vosges, pl. xxt. 79 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, de jonction, disposés transversalement et servant à relier entre elles les nervures principales. C’est cette ordon- nance curieuse et caractéristique que notre figure 4", pl. 234, est destiné à reproduire. A partir du grès bigarré, les Yuccites ne cessent de se montrer à diverses hauteurs, à mesure qu’on remonte la série. — L'infralias de Hettange en renferme, selon nous, deux espèces. Le bel échantillon dont nous publions une reproduction, d'après un dessin demeuré inédit entre les mains d'A. Brongniart et que nous tenons de ce savant, représente un tronçon de tige ou une tranche vue par dessous d’une tige de l’Yuccites hettangensis, garnie de ses feuilles encore en place. Ces feuilles, insérées par une base sessile et plusou moins amplexicaule, sont pressées lés unes contre les autres et se recouvrent mutuellement. On constate que leur insertion donnait lieu à des sillons transverses et sinueux dont la superficie de la tige était recouverte. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — On a cru reconnaître, dans les Yuccites soit des Liliacées frutescentes, soit des Bam- busées : en réalité, ce sont des végétaux primitifs, prédé- cesseurs des Angiospermes vraies, et dont les feuilles se trouvent comparables à celles des Monocotylées, parce que c’est justement chez ces dernières que l’on rencontre des feuilles réduites à la seule partie élémentaire et réel- lement primitive; nous voulons parler de la gaine ou « appendice vaginal ». Tout le reste provient de différen- ciations postérieurement réalisées, d’où le pétiole et le limbe sont finalement sortis; ces deux organes cons- tituént, en dernière analyse, la transformation la plus complète et la plus éloignée du point de départoriginaire. Le pétiole et le limbe, substitués à l'appendice vaginal padrie. 178 TERRAIN JURASSIQUE.! —— VÉGÉTAUX. 73 primitif, composent preSquétoujours à eux seuls la feuille normale des Dicotylées; ils marquent ainsi le terme ou point d'arrivée d’une évolution organique, dont la feuille simplement rubanée et multinerviée des Fuccites repré- sente le terme initial, le plus reculé qu’il soit donné de constater. Ce quenous ignorons, c'est la nature véritable et les affinités dé ces plantes au point de vue des appareils reproducteurs. Il ne serait pas invraisemblable que ces appareils eussent été conformes à ceux que nous décri- rons plus loin sous le nom de Williamsonia. Il existe effec- tivement un Williamsonia.à Hettange, dans les mêmes grès infraliasiques qui renferment les Yuccites hettangen- sis et vittæformis. L'oolithe de Scarborough, si riche en documents relatifs aux Williamsonia, renferme aussi un Vuccites (voy. pl. 247, fig. 1), et les vestiges d'un autre, à larges feuilles, se montrent dans les calcaires, presque contemporains, du cornbrash d’Etrochey. Les deux genres se côtoient, pour ainsi dire, d'étage en étage, et se trouvent associés, comme s'ils eussent été le complément l’un de l’autre. Ge n’est là pourtant qu'une présomption basée uniquement sur cette circonstance que nous ne Convaissons guère des Yuccites que les feuilles, et des Williamsonia que des spadices involucrés. Il est juste d'observer encore que les feuilles dont les hampes florales des Williamsonia sont hérissées diffèrent notablement, par leur dimension plus courte et la termi- naison plus dilatée de leur base, des feuilles normales des Yuccites. Mais ce sont là peut-être des sortes de brac- tées, et les feuilles involucrales dont les spadices fructifiés des. Williamsonia sont recouverts affectent une forme ru- banée qui.-témoigne d'une assez étroite analogie avec les feuilles normales des Yuccites. Tout considéré, la ques- 74 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, tion qui vient d'être posée demeure sans solution, et les deux catégories d'empreintes et d'échantillons doivent être classées et décrites séparément. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 234, fig. 4, Yuccites angustior Sap., fragment de feuille sur une plaque de grès bigarré de la région des Vosges, extraite d’une carrière des environs d’Épinal, grandeur naturelle; 4°, détails de la nervation grossis. N° 1. — Vueeites hettangensis. PI. 235, fig. 1-3 et 253, fig. 1. Yuccites hettangensis (Sap.) Schimp., Trailé de pal. vég., I, p. 427. DrAGNOSE. — Ÿ. stipite arboreo, crasse cylindraceo, folio- rum lapsorum insertionibus multipliciter transversim deli- neato; folus dense congestis, lato-linearibus, marginibus parallelis integerrimis, basi sessili amplexicaulibus, nervis longitudinalibus plurimis tenuibus obscure notatis, quando- que obsoletis, costa media destitutis. Il existe plusieurs échantillons de cette espèce, que Schimper a signaïée d’après nos indications, mais qui n’a été encore ni décrite ni figurée. L'un d’eux, pl. 235, fig.2 et 3, consiste en un fragment de feuille detachée, mon- trant la base de l'organe et l’un de ses bords intact, l'au- tre, ainsi que le prolongement supérieur, étant mutilés. Un second échantillon que je reçois à l'instant en com- munication, de M. Eugène Pougnet, géologue actif et plein de zèle pour la science, montre un lambeau de ë TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 76 feuille (voy. pl. 253, fig. 1), large de 5 centimètres, avec les bords entiers, conservé sur une étendue longitudinale de 15 centimètres, y compris la base parfaitement entière. Enfin, nous publions, comme ayant appartenu vraisem- blablement à la même espèce, le très beau dessin (exé- cuté par Delahaye en 1854) d'un échantillon qu’Adolphe Brongniart avait reçu en communication de M. Terquem. C’est le tronçon d’une tige, encore revêtue de feuilles sur la plus grande partie de son pourtour. La feuille signalée la première est ici reproduite, non seulement à l’état d'’empreinte (pl. 235, fig. 1), mais aussi d’après un moule (pl. 235, fig. 2) qui lui restitue, autant que faire se peut, son apparence véritable. L’em- preinte se trouve placée à la surface de la même plaque qu'un rameau de Pachyphyllum peregrinum, et cette plaque est celle justement dont la figure 2, pl. 175 du tome précédent (1), représente une faible partie. On voit par le moule, fig. 2, qu'il s’agit de la base d'une feuille, vue par sa face dorsale, presque plane ou à peine convexe vers la partie moyenne de la base. L’une des marges est intacte; elle fait voir que les bords de l’ancienne feuille étaient strictement parallèles et que limbe ne s’élargissait pas dans le voisinage de la base d'insertion, constituée elle- même par un onglet étroit, un peu relevé en saillie coupé carrément. Les nervures sont fines, multipliées et peu visibles; elles sont comme noyées dans l'épaisseur d’un parenchyme très ferme, et se laissent entrevoir plu- tôt que distinguer. L'exemplaire de M. Pougnet offre les mêmes caractères d'aspect et de nervation, | La figure 4, pl. 235, fidèle reproduction du dessin ori- (1) Voyez Plantes iurassiques, t. III, Conifères ou Aciculariées, pl. xLvH, fig, 2. 76 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ginal de Brongniart, représente un remarquable échan- | tillon, recueilli à Hettange, en 1854, par M. Terquem, dont nous ignorons, il est vrai, le sort ultérieur, mais dont l’authencité ne saurait être douteuse, Nous avons évidemment sous les yeux l'empreinte d’une tranche ou tronçon de tige, détaché et moulé par le haut, c'est-à- dire parle côté supérieur, en même temps que les feuilles à l’état de résidus, dont le pourtour de ce tronçon était encore garni. Comme l'intérieur est occupé par un noyau pierreux, il fait supposer que le tronçon fossilisé consis- tait en un anneau de substance corticale, évidé par suite d’une dissolution de la région ligneuse, mais conservant les feuilles en place, encore adhérentes par la base. La tige en question était puissante, puisque son diamètre mesure près d'un centimètre. La superficie périphé- rique, sur les points dépouillés, est sillonnée de crêtes ou bourrelets transverses, qui répondent aux cicatrices d’in- sertion des anciennes feuilles. Celles-ci, qui s’étalent au- dessus, en se repliant comme pour suivre une direction verticale, sont tellement pressées qu’elles constituent une zone circulaire, entourant d’une bordure continue les trois quarts au moins de la circonférence caulinaire. On voit que les feuilles ainsi disposées sont placées sur plu- sieurs rangs, et l’on pourrait même se demander si elles n'auraient pas formé une sorte d’involucre clos, compa- rable, sous des dimensions beaucoup plus grandes, à celui des Williamsonia. Nous ne saurions, en l'absence de l'échantillon lui- même, aborder, encore moins résoudre une pareille ques- tion. Les feuilles sont d’ailleurs tellement serrées qu'il est difficile de les distinguer les unes des autres, et par con- séquent de saisir leur véritable dimension. Leur aspect NL 4 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 77 pourtant et ce qu'il est possible de présumer de l'étendue en largeur de quelques-unes d’entre elles, autorisent leur réunion aux feuilles isolées, décrites ci-dessus, en une seule et même espèce de Yuccites.. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’Yuccites heltangensis, seule espèce du genre dont la tige ait été signalée, res- semble par les feuilles à son prédecesseur, le Yuccites vogesiacus Schimp. et Moug. L’analogie se manifeste par la largeur proportionnelle du .limbe, par la finesse et la multiplicité des nervures longitudinales. On peut dire de l Yuccites hettangensis qu'il représente. dans l’infralias le type de l’'Y: vogesiacus, de même que l'espèce dont la des- cription suit, semble reproduire les traits de l’'Y:angustior. GisEMENT. — Grès infralisique de Hettange ; notre col- lection et celle de M. Pougnet. EXPLICATION DES FIGURES. Pl. 235, fig. 4, ucciles hettangensis Sap., tronçon detige,encoremuni sur lepour- tour extérieur de toutes les feuillés occupant leur place naturelle, d’après un dessin communiqué par Ad. Bron- gniart et demeuré: dans notre possession, grandeur na- turelle. Fig. 2,-empreinte d’une base de feuille de la même espèce, détachée et mutilée sur l’un des bords, grandeur naturelle ; d’après un échantillon de Hettange, provenant de la collection. de M. Terquem; fig. 3, la même empreinte moulée en relief, grandeur naturelle. — P1:.253, fig. 1; empreinte de la:partie inférieure d’une autre feuille de la même espèce, avec la base et les côlés parfaitement intacts, montrant en outre vers le milieu une fissure transversale, et les vertiges d’une multitude _de nervures longitudinales très fines ; d’après un échan- tillon de Hettange, recueilli par M. E. Pougnet et appar- tenant à la collection, grandeur naturelle. | ns 78 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 2, — wuceites vittæformis. PI. 234, fig. 2. DIAGNOSE. — Y. foliis firmis erectis linearibus elongatis, maginibus stricte parallelis, nervosis, nervis longitudinalibus dense confertis, hinc inde prominulis, flexuosisque et inter se connexis, nervo medio plane destitutis. Cette seconde espèce, découverte par M. Eugène Pou- gnet, qui a bien voulu nous la faire connaître, diffère de la précédente par plusieurs caractères. L’empreinte, pl. 234, fig. 2, est remarquable par sa belle conserva- tion ; elle se détache, à la surface d’un bloc de grès des plus durs et représente un segment de feuille d’une longueur totale de 16 centimètres, dont une cassure empêche, dans l’une et l’autre direction, de suivre le prolongement et de saisir la terminaison. La plus grande largeur du segment est de 17 à 18 millimètres au plus. Vers le haut de l'empreinte, cette dimension, quelque peu réduite, ne mesure plus que 15 millimètres environ. Il est donc pro- bable que l’ancien organe, dans son intégrité, atteignait une longueur considérable et diminuait insensiblement delargeur,en approchant dusommet. L’empreinte est celle d'une feuille ferme ou même coriace, nerveuse, entière sur les bords et tournée du côté de sa face inférieure, Les nervures longitudinales sont fines, égales, multiples, très rapprochées et anastomosées, à ce qu'il semble, à l’aide de traits obliquement transverses. Considérée à la loupe, a nervation se compose d'environ trente-cinq nervures disposées de telle façon que dix à douze, plus marquées 90 Dés anti SE plié GE EEE he > soit s mire ann té Ml. Diam dé en TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 79 et plus saillantes, se trouveraient séparées les unes des autres par deux à trois nervuresintercalées, plus fines, oc- cupant l’espace intermédiaire. Pourtant cette ordonnance n’a rien de parfaitement régulier ; elle est sujette à des variations d’un bout à l’autre de l'organe. La substance de la feuille fossile pourrait bien avoir été ramollie et soumise à une sorte de macération au fond de l’eau. Le limbe est fendu sur trois points où il fait voir des déchi- rures étroites et obliquement transversales. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’ Vuccites vittæformis est comparable à l’Yuccites angustior (pl. 234, fig. 1) du grès bigarré des Vosges, dont il diffère très peu. Il s’écarte pourtant de celui-ci par une plus grande largeur du limbe foliaire et des nervures moins égales. Les figures que nous donnons aideront à saisir la nature et l'étendue de cette divergence, qui n'empêche pas les deux formes de se toucher de fort près. GisemMENT. — Grès infraliasique de Hettange, près de Metz; collection de M. Eugène Pougnet, EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 234, fig. 2, Fuccites vittæformis Sap., tronçon de feuille, grandeur naturelle ; fig. 2*, détails de la nervation grossis. N° 3. — Yuecites burgundiacus. PI. 236, fig. 4. Yuccites burgundiacus (Sap.), Schimp, Traité de Pul. vég., Il, p. 428. DiAGnose. — Ÿ, foliis lato-linearibus, firmis, nervis lon- gitudinalibus multiplicibus, approximatim parallelis, ple- rumque immersis. 80 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Nous connaissons cette curieuse espèce par un remar- quable échantillon reçu en communication de M. Jules Beaudoin et reproduit par notre figure 4, pl 236. 11 consiste en quatre segments de feuilles, plus ou moins en- tières ou lacérées, couchées côte à côte à la surface de la même plaque. Deux de ces feuilles s’allongent dans le sens vertical; les deux autres sont obliquement dirigées par rapport aux premières. Les feuilles ont dû appartenir à une seule espèce et peut-être à une même plante. Elles offrent toutes le même aspect et des caractères sembla- bles. Seulement elles paraissent mutilées, soit en long, soit en travers. La première, à gauche, est la seule qui ait conservé toute sa largeur, qui mesure d’un bord à l’autre 2 centimètres et demi. La margeest parfaitemententière, etles nervures longitudinales sont fines, égales et multi pliées, sans trace de médiane. Il est impossible de rien ajouter à ces courtes notions sur: une espèce: qui, d'ail- leurs, se rapproche sensiblement de l'Y. hettangensis 2 la dimension et la nervation de ses feuilles. A GisEMENT. — Éirochey; près de chili; étage bathonien supérieur ou cornbrash. Collection de M. Jules Beaudoin. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 236, fig. 1, Ÿuccites burgundiacus Sap., plusieurs feuilles réunies et couchées l’une près de l’autre, en divers sens ; grandeur naturelle. DEUXIÈME GENRE, — CAULOMORPHA, Culmites (ex parte), Brngt. Prodrome, p. 136. — Tabl. des gen- res de vég. foss., p. 92. — Ung. Gen. et sp. pl. foss., p. 310: + “ste TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 81 Diagnose. — Caules aut stipites olim cylindrici, fossili- satione autemcompressi, plus minusve crassi aut elongati fo- liisque spoliati, foliorum lapsorum basi amplexicaulium in- sertiontbus annulali, necnon radiculorum impressionibus suborbiculatis, sparsim distributis, hinc inde obsessi. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Adolphe Brongniart, dès l’o- rigine des études paléophytiques, avait créé le genre C'ul- mites pour y comprendre des « rhizomes ou tiges rampan- tes de Monocotylédones, indéterminables génériquement, mais analogues à ceux des 7ypha, des Jris, des Amomées et Cannées, et souvent importants à signaler. » Cet au- teur maintenait son point de vue dans son Z'ableau des genres, qui date de 1849, et il rapportait nommément aux Culmites les Culmites anomalus Brngt, et Gæpperti Münst., placés à tort, selon lui, parmiles Graminées. La définition des Culmites par Unger, qui, dans son Genera plant. foss., les englobait effectivement dans les Graminées, aurait pu s'appliquer fort exactement aux formes jurassiques dont la description va suivre; mais les espèces de C'ulmates les mieux caractérisées étant tertiaires et ayant élé même re- connues postérieurement soit pour des Najadées assimila- bles à nos Caulinia (Culmites nodosus Brngt.), soitpour des Arundinées (Culmites Gœpperti Münst., — Culmites ano- malus Brngt.), il se trouve que le genre lui-même a disparu de la nomenclature et qu’il ne figure plus qu’à titre de syno- nyme dans le Traité de paléontologie végétale de Schim- per. Il nous a donc semblé qu’une dénomination nouvelle et toute spéciale n’impliquant aucune affinité générique avec les anciens Culmites, de la part des formes juras- siques qu’elle désignerait, devait! obtenir la préférence. C'est ce qui nous engage à proposer le genre Caulomor- IT: Sén. VÉGÉTAUX. — IV, 6 82 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pha, qui ne constitue d'ailleurs qu’un cadre provisoire destiné à comprendre des espèces qui mieux connues un jour et réunies à leurs feuilles respectives, deviendront sans doute susceptibles d’être déterminées avec plus de précision. L’Yuccites hettangensis nous a fait voir des feuilles en- core en place, insérées sur le pourtour d’une tige remar- quablement épaisse. Les Caulomorpha nous montrent d’autres tiges dépouillées et n’offrant plus que des traces d’insertions foliaires, associées à des cicatrices radiculai- res. Non seulement ces tigess’écartent sensiblement, par l’âge où elles ont vécu et l'apparence extérieure, de celle du gisement de la Moselle; mais elles diffèrent beaucoup entre elles, en sorte que nous ignorons si elles étaient congénères, de même que la nature de leurs feuilles nous reste inconnue. À en juger par les anneaux d'insertion laissés par elles, ces feuilles ne pourraient pas être bien éloignées de celles des Yuccites, etl’on peut conjecturer à coup sûr qu’elles étaient sessiles, amplexicaules et natu- rellement caduques. Seulement dans une des deux espè- ces, les anneaux plus rapprochés se touchent et’ se rejoi- gnent, commesiles feuilles eussent été très denses, tandis que l’autre espèce présente de longs entre-nœuds, accom- pagnés de cicatrices radiculaires multipliées, à peu près comme on le remarque vers la base et sur les parties rampantes des tiges actuelles de Bambous et autres Mo- nocotylées. | 4 Les matériaux dont nous disposons ne nous permettent pas, à raison de leur état fragmentaire, d’en dire davan-. tage sur la structure et les affinités présumées des Caulo- morpha; mais des recherches ultérieures agrandiront sans doute le cercle bien restreint jusqu'ici de nos connaissan- TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 83 ces à leur égard, soit que l’on reconnaisse en eux des tiges de végétaux terrestres ou des rhizomes comparables à ceux des Aroïdées, des Najadées et de tant d’autres plantes de la catégorie des Monocotylées (4). N° 1. —_ Caulomorpha Locardi. PI. 236, fig. 2. DiAGNOSE. — C. stipile aut rhizomate cylindraceo, fossi- Lisatione autem compresso, foliorum lapsorum vestigiis mul- ioties annulatim striato, præterea radicularum cicatricibus sparsim notato. L'échantillon que nous décrivons sous le nom de Cau- lomorpha Locard, en le dédiant à un savant lyonnais des plus estimables, consiste en une empreinte fort nette, située sur le revers d’une plaque d’Orbagnoux, ‘dont. l’autre face est occupée par la fronde d’une Algue de grande taille, l’/fieria Brongniartii Sap. Cette coïnci- dence favorise la supposition qu'il s'agirait du rhizome de quelque Najadée marine, comparable aux Posidonia. Quoi qu’il en soit, nous reconnaissons dans l'empreinte figurée sur notre planche 9236, fig, 2, un tronçon de tige ou de rhizome, sans doute charnu et compressible, dont le moule entièrement aplati laisse voir à sa surface es linéaments ou sillons transverses, rapprochés les uns des autres ou même reliés entre eux. Ces linéaments re- présentent les vestiges ou anneaux d'insertion d'anciennes e L'ER (1) Voyez : Végétaux jurassiques, t. 1, p. 122, pl. 1Ÿ. 84 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. feuilles amplexicaules, étroitement emboîtées lorsqu'elles étaient en place. Entre les anneaux, on distingue encore des cicatrices arrondies et irrégulièrement disséminées, qui se rapportent certainement à des radicules, que l’an- cienne tige aurait émises, à la façon des Pandanées et. Aroïdées actuelles. Il estvrai, comme nous l’avons énoncé plus haut, que l'échantillon pourrait encore dénoter un rhizome submergé, assimilable à ceux des Posidonia (Cau- linia D.C.) et se rapporter ainsi à quelque Najadée ooli- thique. Dansl’impossibilité de résoudre la question, nous avons tenu à figurer, d’une part, la plaque d'Orbagnoux telle qu'elle se présente, fig. 2, et, à côté d'elle fig. 2, une reproduction du fossile, d’après un moule qui lui restitue son véritable aspect. Lorsque l'empreinte est venue entre nos mains, parla communication que nous en fit M. Jules. Itier, elle portait des traces visibles de résidus charbon- neux. Sa conformation cylindrique originaire et som aplatissement à la suite de la fossilisation ne sauraient être contestés. Par une conséquence de cette compres- sion, l’épaisseur actuelle est presque nulle, circonstance qui marquerait une consistance primitivement charnue. GISEMENT. — Orbagnoux (Ain), étage kimméridien in- férieur; collection de M. Jules Itier. L'espèce est dédiée: à M. Arnould Locard, dont les recherches dans le juras- sique des environs de Lyon nous ont été d’un puissant secours. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 236, fig. 2, Caulo- morpha Locardi Sap., tronçon de tige ou partie de rhizome à l’état d'empreinte, à la surface d’une plaque de schiste bitumineux, grandeur naturelle ; fig. 2*, même .. échantillon reproduit d'après un moule en relief, gran- _deur naturelle. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 85 N° 2. — Caulomorpha bambusina. PI. 236, fig. 3. DIAGNOSE. — C°. caule aut stipite elato cylindraceo, fossi- lisatione plane compresso, vestiqiis foliorum lapsorum hinc inde annulato, internodiis radicularum impressionibus ple- rumque orbiculatis, seriatim distributis, multipliciter signatis. La plaque à cassure irrégulière, extraite par M. A. Fal- san des calcaires lithographiques de Cirin, et dont notre figure 3, pl. 236, reproduit fidèlement l'aspect, pré- sente à sa surface une empreinte des plus curieuses. On reconnaît en elle, au premier abord, le profit d'une tige noduleuse, superficiellement lisse et peut-être même fistuleuse, comme le sont celles des Bambous. Cependant cette tige conservée sur une longueur d’un décimètre seulement et dont la plus grande largeur en diamètre excède tout au plus 2 centimètres, est tellement com- primée par la fossilisation qu’elle n'offre aucune épais- seur, et n’est visible qu’à la coloration grise, cernée de rouge vif le long des bords, qui lui permet de ressortir sur le fond, teinté en jaune, de la roche. On dirait réelle- ment une empreinte qui n'aurait gardé, de l’ancienne tige, qu'une sorte de silhouette, avec les linéaments du contour et les accidents superficiels de l’une des faces. La tige semble pliée et fissurée sur plusieurs points vers le bas. Examinée à la loupe, elle laisse voir de minces anneaux diaphragmatiques, qui répondent à une faible saillie anguleuse de la marge et semblent dénoter l’em- placement des feuilles tombées. Ces anneaux sont cepen- 86 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, dant distribués à des distances assez peu régulières et, dans l'intervalle qui les sépare ou entre-nœud, on distin- gne non seulement de légères stries longitudinales, mais encore des impressions multiples, ordonnées en séries, les unes arrondies, les autres presque carrées, de dimen- sion très inégale; elles se rapportent pour la plupart à des cicatrices, plus ou moins nettes, de radicules déta- chées; tandis que d’autres pourraient bien être la trace de lenticelles ou points rugueux, dont la tige fossile au- rait été parsemée. Cette tige rappelle beaucoup par sa physionomie les parties traçantes des Bambusées, qui offrent aussi des anneaux d'insertion foliaires et des cicatrices radiculaires, les unes développées, les autres simplement rudimen- taires et réduites à un point saillant. Seulement, chez les bambous, les radicules se trouvent exclusivement grou- pées le long des anneaux, et on n’en observe pas dans l'espace des entre-nœuds. — Chez les Anthurium à tige érigée et sarmenteuse, les radicules adventives qui des- cendent pour gagner le sol, sont tantôt insérées en wer- ticilles sur les anneaux d'insertion des feuilles après la. chute de celles-ci, et tantôt aussi elles sont distribuées sur un point déterminé des entre-nœuds. Ces différences, variables selon les genres que l’on examine, nous enga- gent à ne pas insister sur un rapprochement spécial entre le Caulomorpha de Cirin, et les Bambusées ou Aroïdées, du monde actuel. Toute conjecture semble prématurée à l'égard d’un fossile aussi imparfaitement conservé et. dont les feuilles demeurent jusqu'ici inconnues. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — On ne saurait confondre le Caulomorpha bambusina Sap., avec le précédent, C. Locardi, d'Orbagnoux. Il est même probable qu'ils PT TT A , = TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 87 ont dû faire partie chacun d’un genre séparé. L'éloigne- ment relatif des entre-nœuds, opposé au rapprochement des anneaux d'insertion foliaire, caractéristique de l'es- pèce d'Orbagnoux, empêche de les confondre. GISEMENT. — Calcaires lithographiques de Cirin ; étage kimméridien inférieur ; collection de M. A. Falsan; très rare. A EEL | EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 236, fig. 3, Caulomor- pha bambusina Sap., empreinte d’un segment de tige, à la surface d'une plaque de calcaire Enr oEn grandeur naturelle. TROISIÈME GENRE. — WILLIAMSONIA. PI. 252, fig. 1-3. * Wäilliamsonia, Carruth., Contrib. towards the hist., of Zamia gigas, L. et H., by W. C. Williamson, com- munic. by Will. Carruthers (quoad partes fructificationis, exclusis stipite et foliis ad Zamitem spectantibus). _ Sap. Antea, Plantes jurass., t. Il, Cycadées, p. 53-55. | . — Nathorst, Nagra anmärkn. om Williamsonia Carruth.; ofvers. af Kongl Vetenscap.-Acad. - Fôrhandl., 1889, n° 9, Stockholm. _ Sap. et Mar.,. Sur des genres Williamsonia, Carruth. et Goniolina d'Orb. — Comptes ren- dus de l'Ac. des sc., t. CXII, séance du 23 mai 1881. DiAGNOSE. — Plantæ caulescentes, quoad naturam pro- priam affinitatemque adhuc incertæ, caulibus erectis rigi- disque, foliatis, folis valde coriaceis bracteiformibus dorso carinatis longitudinaliter nervosis, basi amplexicaulibus, 88 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. intus canaliculatis, ad apicem breviter attenuatum lanceo- lato-acuminatis undique vestitis, involucris polyphyllis e bracteis plurimis; conniventibus sursum incurvis, partes fruc- tificationis includentibus superatis ; — inflorescentia, ut videtur, in spadices unisexuales discreta; elementa seu mascula sive feminea separatim aggregata, in zonam corti- calem intus fibrosam, areolis tetra-hexagonulis superficiali- ter exaratam, spadicibus conoideis pyriformibus vel ovoideis impositam constituta; — spadices masculi duarum hucusque specierum cogniti, cortice fibroso pro maxima parte post anthe- sin spoliati, etiam in appendicem infundibuliformem margine inciso-lobatum sursum expansi ; — spadices autem feminei plus minusve globosi clavatoque-ovoidei, cortice fibroso radiatim aut verticaliter inserto cireuminvoluti, ad matu- ritatem ex involucro scissione basali solubiles, tum nudi, tum foliis involucralibus interioribus adhuc cincti, naturali- ter caduci. — Carpella innumera, receptaculi intus fibrosi superficiem tlegentia contiqua, uniovulata? gregatim dis- tributa, pro maxzima parte abortiva, post fecundationem crescentiæ effectu coalita, in areolas tetra-penta-hexagonulas pressione mulua conversa; semina matura zonæ fibrosæ imposila, pariete superficiali tecta, loculis in regionis in- termediæ substantia (e carpellis omnibus invicem coatitis proventente) excavatis solitarie inclusa, erecta, basifixa, ud apicem plus minusve attenuata. Podocarya, Buckland, Geol. and mineralogy, 1, p. 504, I, p. 101, tab. LXIIT, — Geo]. and mineral., vers. v. Dr L. Agassiz, I, p. 566, Il, pl. Lx. — Brngt., Tab. des genres de vég. foss., p. 87. _ Ung., Gen. etsp. pl. foss., p. 327. — Ettingsh., Foss. Pandan., p. 4. — Schimp., Traité de Pal. vég., IL, p. 477. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 89 HISTOIRE ET DÉFINITION. — Avec les Williamsonia nous abordons un des problèmes les plus difficiles, un des sujets les plus controversés, mais aussi les plus curieux, peut-être même le plus remarquable de tous ceux que nous offre l’ensemble des plantes jurassiques. En effet, par suite d’une série de découvertes, nous avons ici sous les yeux, non seulement des fragments isolés, mais des mor- ceaux considérables et des organes variés, découvrant, en partie au moins, la structure très complexe et très inso- lite d'un type végétal dont le rôle a été sans doute con- sidérable lors de l'époque secondaire, puisqu'on en a recueilli des traces en Angleterre et en France, plus loin encore en Suède et jusques dans les Indes, toujours dans des couches jurassiques et plus particulièrement, mais non exclusivement, sur l'horizon de l’oolithe infé- rieure (bathonien et oxfordien). Non seulement les opinions émises sur la nature pré- sumée des Wäilliamsonia ont varié du tout au tout, jus- qu'à devenir entièrement contradictoires, mais nous avons acquis dernièrement la conviction qu'entre les Podocarya de Buckland et les Williamsonia de Caru- thers, les premiers observés dans l’oolithe de Charmouth, les seconds provenant de celle du Yorkshire, il existait des liens d'identité générique qu'aucun savant ne s'était encore avisé de signaler. Cette méconnaissance d’une parenté facile à constater tient, selon nous, à cette cir- constance que le fossile de Buckland, figuré par ce au- teur et assez sommairement décrit dans un livre datant de 1836, traduit, il est vrai en allemand par Agassiz en 1839, n’a été depuis l’objet d'aucune étude spéciale et qu'il n’a même été figuré de nouveau dans aucun des recueils subséquents consacrés à la « Paléontologie vé- 20 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. gétale. » Ad. Brongniart, Unger, Gœppert et Schimper, sans parler des autres, se sont contentés de mentionner le Podocarya et d'exposer les idées de Buckland à l'égard de ce type, allié présumé des Pandanées actuelles, sans les garantir ni les infirmer. La connaissance des plantes fossiles était cependant encore trop rudimentaire en 1836, trop rapprochée du point de départ primitif, pour que l'attribution proposée par Buckland, aidé, il est vrai, des conseils de Robert Brown, püût être considerée comme définitive, Ad. Brongniart, guidé par son instinct de botaniste clairvoyant et inspiré par la science approfondie des plantes fossiles et vivantescomparées, qu'il possédait à un haut degré, est le seul qui, dans son 7'ableau des genres de végétaux fossiles (p. 88), ait formulé des réserves formelles au sujet de l'attribution des Podocarya aux Pandanées, en même temps qu'il constatait chez eux l'existence d’une organisation très analogue à celle des « fruits ou inflorescences trouvés à Scarborough » et qui ne sont autres que les Williamsonia proprement dits. C’est cette voie que nous allons reprendre, après un examen attentif des échantillons compris dans l’an- cienne collection de M. Yates, déposée au Muséum, et en utilisant, à l’appui de notre manière de voir, non seulement une série, demeurée inédite, de dessins exécutés par Brongniart (1) ou sous ses yeux, mais encore des documents parvenus entre nos mains de di- vers côtés et postérieurs à ceux dont ce savant avait eu (1) Nous sommes redevable de la communication de ces précieux dessins que Brongniart avait réunis en vue d’une publication future et qu'il nous avait montrés de son vivant, à son petit-fils M. Charles Brongniart, déjà connu par ses trayaux sur les insectes fossiles, et qui a bien voulu nous autoriser à reproduire ceux d’entre eux qui sont de nature à aider à la définition des Williamsonia. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. ot connaissance. Mais avant de proposer une solution qui nous semble répondre à la réalité des faits, nous tenons à remonter en arrière et à soumettre au lecteur les pièces du procès, afin qu'il soit à même de contrôler le jugement que nous porterons. En 1836, Buckland signala, sous le nom. de Podocaryä, un fruit fossile de l’oolithe inférieure, considéré par lui comme dénotant l'existence d’une Pandanée, alliée de près, sinon génériquement identique aux Pandanus vi- vants. Voici comment l’auteur anglais s’exprime à propos de l’unique exemplaire de Podocarya découvert, dit-il, par M. Page, à l’est de Charmouth (Dorsetshiré) et déposé dans le muséum d'Oxford : :« La dimension dé ce fruit est celle d’une grosse orange; sa surface est occu- pée par une enveloppe étoilée ou « épicarpe » composé de points tuberculeux hexagonaux qui correspondent au sommet des cellules qui recouvrent la surperficie entière du fruit. » (Voy. pl. 238 et 239, fig. 1, la re- production des figures de Buckland). « A l’intérieur de chaque cellule est enfermée une seule graine, qui res- semble à un grain de riz comprimé et qui est le plus souvent hexagonale. Là où l’épicarpe a été enlevé, on voit le sommet des graines saillir en foule à la surface du fruit. La base des cellules ou loges est séparée du réceptacle, par une zone de filaments, réunis en une masse fibreuse très dense, analogue aux filaments qui existent à la base des graines des Pandanus vivants. Cette situation particulière des graines sur lé réceptacle ne s’observe, parmi les plantes actuelles, que chez les seules Pandanées, circons- tance qui nous autorise à considérer notre fruit fossile: comme un nouveau genre, sous le nom de Podocarya, en le rapportant au groupe remarquable des Pandanées. » 92 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. « Je suis en partie redevable de la connaissance plus approfondie de cette plante fossile à mon ami Robert Brown, qui lui a donné son nom... » Et il conclut par ces mots : « Par sa structure, ce fruit fossile se rapproche des Pandanus, plus que de nulle autre plante vivante, et si nous comparons les particularités qui distinguent les fruits des Pandanées, ainsi que le rôle dévolu à cette famille de plantes littorales dans l’économie de la nature {c'est-à-dire dans le but de prendre possession des terres nouvellement émergées), nous trouvons l'ordonnance des filaments, occupant l’intérieur de ce fruit et l’aidant à sur- nager, admirablement appropriée au but d’une semblable colonisation végétale. L’habitation des Pandanées le long des plages de la mer fait que leurs fruits tombent le plus souvent dans l’eau, et sont transportés par le flot et les vents jusqu’à ce qu'ils rencontrent quelque part un litto- ral écarté. Une drupe isolée ou une capsule de Pandanus, avec ses graines, apporte fréquemment le germe d’une vé- gétation ultérieure sur des îlots volcaniques ou coralliens de l’océan Pacifique. La graine échouée se change, sur la terre nouvellement formée, en une plante qui, en vertu de sa tendance spéciale, surtout au moyen des longues et fortes racines étalées sur le sol et qui tirent leur nourri- ture de l’air humide, peut même prospérer sur un point dépourvu de terre végétale. Les racines d'un Pandanus représentent autant de piliers qui soutiennent la plante et se multiplient autour de la tige à mesure qu'elle grandit, de telle sorte qu’elle peut se maintenir érigée et réussir partout, même sur le sable infertile et les écueils récem- ment émergés, dès qu'il y existe tant soit peu de terre (1). » (1) Tome I, p. 566 à 568 de la traduction allemande. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 93 Les figures de Podocarya données par Buckland et reproduites ici pour plus de commodité (pl. 9238, fig. 1-3, et 239, fig. 1), montrent un organe récep- taculaire, visiblement détaché de son support : il a la forme d’une coupole très obtusement ogivale au som- met, à base rentrante, ou encore d’une large toupie renversée. Sa superficie est entièrement recouverte d'un réseau de très petits compartiments, les uns trigones, les autres tetra-pentagones, distribués en phalanges au- tour de points tuberculeux qui leur servent de centre de groupement, de manière à constituer autant d’aires hexa- gonales qu’il existe de groupements de ces comparti- ments. Les phalanges ou rosettes hexagonales sont ordonnées de façon à se pénétrer mutuellement, de telle sorte que chaque point central emprunte généralement à l'hexagone contigu une partie de ses éléments pour compléter les siens; il s'ensuit que, dans la plupart des cas, les compartiments qui entrent dans la composition de chaque rosette se trouvent communs à deux d’entre elles, tandis que les points qui servent de centre de grou- pement se trouvent fréquemment situés à la circonfé- rence de l’un des hexagones. Un coup d'œil jeté sur les figures 1° et 4°, pl. 238, fera saisir sans peine cette curieuse disposition, si nettement caractéristique et qui n’est qu’une reproduction amplifiée d’une figure de. Buckland : Or, c'est justement cette même dispo- sition dont nous constaterons la présence sur les parties correspondantes ou réceptacles fructifiés des William- sonia. M. Williamson semble même faire allusion à cetar- rangement dans son mémoire (1), lorsqu'il parle des « cel- (1) On the History of Zamia giqgas, p. 669. 94 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lules qui paraissent avoir formé une couche corticale..…. recouvrant la surface entière de l'axe pyramidal, chacune d'elles devenant à son tour le centre d’un groupe de six autres; » et nos propres observations, appuyées des dessins grossis des aréoles superficielles que laisse voir . an des échantillons du Muséum de Paris (voy. pl. 239, fig. 2) confirment pleinement la réalité de l'assimilation, tellement nos figures concordent avec celles du mémoire anglais de Buckland. Au-dessous de cette enveloppe extérieure, le Podocarya de Charmouth, grâce à une brisure qui découvre l’inté- rieur de l'organe (pl. 239, fig. 4) laisse voir trois zones ou régions distinctes : au centre un axe ou noyau réceptaculaire ; autour de ce noyau, une couche fibreuse rayonnante qui le recouvre totalement et présente une épaisseur d'au moins 2 centimètres; enfin, à la partie supérieure de cette couche fibreuse, une série d’ovules nichés dans des alvéoles, immédiatement recouverts par les rosettes de la surface, auxquelles chacun d'eux paraît correspondre, érigés et séparés entre eux par les parois commissurales des cavités qui les renferment. Les im- pressions, correspondant à l'insertion de la zone fibreuse sur l'axe ou noyau intérieur, sont visibles à la surface de celui-ci et se traduisent par une série de ponctuations ou même (en regardant à gauche de la figure) par de très petits compartiments hexagonaux, comme! s'ils coïncidaient avec autant de faisceaux fibreux, contigus et s’élevant de cette base d’insertion pour se prolonger jusqu'aux cavités carpellaires qu'ils auraient été destinés à soutenir, Ce qui est certain, en ce qui touche le Podo- carya, c'est que l’enveloppe extérieure étant continue et les carpelles étant soudés entre eux par les parois, tandis TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 95. que les cicatrices imprimées sur le noyau intérieur sont l'indice d’une désarticulation de la masse fibreuse, cette masse devait forcément se détacher tout entière à un moment donné et entraîner dans sa chute les graines _emprisonnées, qui étaient mises en liberté à la suite de la désorganisation générale des fibres. C’est bien ainsi que paraît l'avoir compris autrefois Buckland, aidé des conseils de Robert Brown. La dénomination de Podo- carya, proposée par celui-ci, ne vise pas de vrais pédi- celles, servant de support aux carpelles et plus ou moins cohérents dans le fruit. Il a cherché uniquement et avec raison à comparer la couche fibreuse, vers le haut de laquelle les graines de Podocarya se trouvent implan- tées, à la base filamenteuse des drupes de Pandanus, base qu’il aurait suffi de prolonger, en admettant la soudure mutuelle et générale des carpelles entre eux, pour obtenir l'organisation des Podocarya. Or, chez les Pandunus actuels, les uns ont les carpelles simples et demeurés distincts dans le fruit, mais plusieurs autres ont des gynécées syncarpés, c'est-à-dire constitués par une réunion de carpelles groupés régulièrement et sou- dés en « syncarpe ». Le syncarpe forme alors un fruit partiel qui comprend à l’intérieur autant de loges à une séule semence dressée et autant de compartiments su- perficiels marqués au centre d’un bouton stigmatique, qu’il existe de carpelles originairement fécondés. En supposant, au lieu de syncarpes, une coalescence géné- rale des carpelles, jointe au prolongement et à la con- nexion des bases filamenteuses de ceux-ci, on arriverait à reconstruire un type pandanoïde, réellement assimi- lable à celui des Podocarya. Il y aurait d'autant plus de raison dans cette tendance, que l'axe ou cephalium des 96 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Pandanées actuelles, une fois dépouillé de ses syncarpes, présente une surface recouverte de compartiments irré- gulièrement hexagonaux, provenant de l'insertion des parties détachées ; sauf leur dimension beaucoup plus grande, ces compartiments offrent un rapport évident, par leur aspect et leur disposition, avec ceux qui figurent sur le noyau réceptaculaire ou cephalium du Podocarya. Il est donc certain qu'il existe, au moins à première vue, une analogie de structure dont il est difficile de ne pas tenir compte, mais dont il resterait à définir le degré, entre les Podocarya et les Pandanus actuels. Cette analo- gie peut être d’ailleurs bien plus éloignée au fond qu'elle ne le semble d’abord, en ce sens que son existence n'’en- traîne pas nécessairement l’idée d’une parenté immédiate, d’un liendefiliationréciproquedel’un des groupes vis-à-vis de l’autre. — Ce qui nousimporte, quoi qu’ilen soit, main- tenant, c’est de poursuivre notre examen et de recher- cher si une liaison non plus apparente, mais tout à fait intime, justifiée d’ailleurs par l’époque à laquelle les deux types se montrent vivant côte à côte, au sein d’une même contrée, n’a pas uni le Podocarya et le Williamsonia, ap- partenant tous deux à l'horizon de l'oolithe anglaise infé- rieure, recueillis le premier dans le Dorsetshire, le second dans le Yorkshire, mais provenant l'un et l’autre d’un seul et même niveau géognostique. Dans l'appareil reproducteur des Williamsonia, soït observé à part et détaché, soit encore en place, c’est-à- dire assis au centre d’un involucre dont les folioles se re- courbent pour l’envelopper, nous retrouvons sûrement les diverses régions que vient de nous offrir le Podocarya : et tout d’abord, le réseau superficiel avec les rosettes hexago- nales enchevêtrées. Celui-ci est bien visible sur un échan- tillon dumuséum de Paris (coll. Yates), qui nous présente, à l’état d'empreinte, un appareil réceptaculaire, pl: 239, fig. 2, et pl. 240, fig. 4, largement arrondi-globuleux ayant à peu près les dimensions et la forme du Podocarya TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 97 de Buckland. L’empreinte a un aspect ridé et raccorni à la surface, comme s’il s'agissait d’un organe desséché, prêt à se détacher, mais occupant encore sa situation normale au sommet d’une tige; il est en outre entouré sur les côtés, de plusieurs résidus de bractées involucra- les, dont l’une est entièrement terminée supérieurement et figurée à.part, 4°, pl. 240, sous un faible grossis: sement. Les figures 2, 2?, 2° et 24, pl. 239, reprodui- sent,. fortement. grossis, les: compartiments du réseau superficiel, restitués à l’aide d’un moulage, et dont la conformité avec ce qui existe dans le Podocarya ne sau- rait échapper à l'observateur. Cette même conformité ressort, et plus évidemment encore; de l'examen du Williamsonia Morieri (pl 248, fig 3) qui aurait mérité le nom de Podocarya, tellement l’ancien organe, fos- silisé par le même procédé que celui de Buckland offre des caractères identiques à ceux de ce dernier, bien qu’il s'agisse d’une forme spécifiquement distincte. Au-dessous des compartiments superficiels, groupés en rosettes hexagonales, l'espèce oxfordienne laisse apercevoir, grâce à une fracture des parois, la région fibreuse, dis- posée pourtant bien plus obliquement et dans une direc- tion ascendante par rapport au noyau central, qui lui- même devait être plus épais et plus court que dans le Podocarya: Mais ce qui démontre l'affinité générique des deux espèces, c’est la situation des graines bien visibles dans leurs alvéoles et nichées, comme celles du Podocarya, vers le haut de la masse fibreuse, immédiatement sous 11° Sén, VÉGÉTAUX. — IV, 7 98 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. l'épicarpe ou enveloppe extérieure à compartiments. Cette même région fibreuse est encore visible, à l’état de résidus constituant une sorte de bande annulaire, en forme de collerette (c’est l'anneau strié de Williamson), à la base des spadices ou réceptacles coniques (axe pyri- forme deWilliamson)del’espèce principale de Williamsonia (W. gigas Carr.). Ces sortes de spadices, dont il existe des exemplaires répétés, à l’état d’empreinte, dans la collection Yates, au muséum de Paris, et que nous consi- dérons comme répondant aux appareils mâles de l’espèce, ces spadices sont presque entièrement dépouillés de la couche fibreuse dont ils étaient d’abord recouverts. Comme cet axe ou noyau intérieur, ainsi que l'anneau strié de sa base, ont laissé leur moule en ereux dans les grès du Yorkshire, leur apparence est aisée à resti- tuer par l'application d’une substance plastique (voy. pl. 245, fig. 2, une de ces restitutions); on reconnaît alors la nature fibreuse de l'anneau ou collerette, et sa tendance à se détacher de l'axe qu'il entoure, et dont il est parfois séparé par un interstice des plus étroits et ce- pendant sensible. On doit admettre par cela même que les fibres plus cohérents dans le bas et probablement soudées ensemble ont résisté davantage à la désagrégation qui aura plus rapidement entraîné celles du haut. Le revêtement fibreux des appareils mâles présumés, à en juger par l'impression de son pourtour extérieur, présentait à sa superficie un réseau de petits compartiments penta-hexa- gonaux, figurés dans la mémoire de M. Williamson (tab. 53, fig. 10 (1), mais qui nous ont paru offrir en réa- lité une ordonnance beaucoup moins régulière et se dis- (1) La légende porte : section transversale des cellules servant de revétement à l'axe pyriforme. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. | 99 tinguer surtout du réseau superficiel des appareils fruc- tifiés par l'absence de points stigmatiques. M. Williamson a reconnu lui-même la vérité de cette disposition, lors- qu’il parle « d’une/couche corticale de cellules disposées verticalement et s'étendant sur la surface entière de l’axe pyramidal, ayant probablement une épaisseur d’un pouce à la base et à la partie centrale, et s’amincissant aux ap- proches de la partie contractée de l’axe, pour disparaître très vraisemblablement avant d'atteindre la base du dis- que lenticulaire (1). » M. Williamson ajoute encore avec raison : « Cette structure se voit toujours invariablement à la base (2) de chaque involucre. J'en conclus que ces cellules corticales formaient une couche aisément cadu- que, facilement détachée de la surface unie du support, et que l’anneau, si invariablement conservé autour de la base de l'involucre, représente seulementle bord inférieur de la couche demeurée en place, retenue qu'elle était dans cette position, d’une.part, à l'extérieur par les brac- -tées de l'involucre et, intérieurement, par la substance de l’axe pyriforme. » Seulement, comme M. Williamson juge la nature du tissu qui constituait le revêtement de l’axe d’après l'empreinte de la superficie occupée par un réseau de compartiments, et qu'à ses yeux ces comparti- ments représentent la coupe transversale d'autant de cel- lules, il considère à tort, selon nous, le revêtement comme formé d’une couche de cellules minces et allongées dans -le sens vertical, par rapport à l’axe réceptaculaire que cette couche aurait recouvert. L'examen de l'échantillon (1) L'auteur veut parler de l'expansion apicale de l'organe. — Voy. On the Hist, of Zamia gigas, pr 669. (2) C'est-à-dire, en restituant le relief, à l’intérieur et au centre de chaque involucre. 100 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. découvert par M. J. Morière (pl. 248, fig. 3) démontre au contraire la présence d’une zone ou tranche de tissu fibro-vasculaire très complexe, comprenant des éléments . d’une grande finesse, et résultant peut être, comme l’a- vait originairement avancé Buckland, de la soudure géné- rale d’une multitude de supports des organes de l’un ou de l’autre sexe, Si les sexes étaient séparés chez les Wäil- liamsonia, comme nous l’admettons au moins en ce qui concerne l'espèce principale du genre, il faut supposer que la région fibreuse des appareils mâles n'avait ni la consistance, ni la densité de celle qui revêtait les spadi- ces femelles, La première, moins cohérente, se serait promptement détachée des réceptacles ; l’autre, plus ré- sistante et plus ligneuse aurait persisté jusqu’à la matu- rité des ovules; elle se serait alors désagrégée en opérant Ja mise en liberté des semences, soit en se déroulant, soit en quittant les involucres par la désarticulation de l’axe ou noyau réceptaculaire. Les suppositions que l’on | peut faire à cet égard sont au moins basées sur un com- mencement de preuves et notamment sur cette particu- larité qu'il existe, chez certains Williamsonia, des appa- reils reproducteurs de deux sortes, dont il nous reste à faire ressortir les caractères distinctifs. La découverte d'une série d'échantillons dénotant les parties fructifiées et les fragments de tige d’une plante inconnue à déterminer, dans les grès oolithiques du Yoskshire, remonte à plus de quarante ans. Elle est prin- cipalement due à M. le professeur W. CG. Williamson et à son père, qui s’attachèrent dès 1832 à rechercher et à re- cueillir ces sortes de fossiles ; le premier de ces savants n'a pas cessé depuis de s’en préoccuper. Dansun mémoire présenté en mai 1834, à la Société géologique de Lon- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. . 01 dres (1), il mentionna ces restes comme serapportant aux organes reproducteurs d'une Cycadée et il a depuis dé- veloppé ces mêmes conclusions dans son travail sur l'Histoire du zAMIA G1GAS, inséré dans les 7ransactions de la société linnéenne de Londres, et accompagné de deux plan- ches (2). Dans ce dernier ouvrage, M. Williamson fait l'historique de la découverte et expose les raisons qui l'ont porté à attribuer au Zamites gigas, dont les feuilles abondent dans l’assise de grès ferrugineux des falaises de Hawsker et Runswick, les organes problématiques en question. L'auteur anglais regardait comme invraisem- blable que ces organes pussent se rattacher à une plante dont on n’observerait aucune autre trace, soit de feuilles, soit de tiges, au sein des mêmes couches. Partant de cette idée, il en avait conclu que ces organes, n'étant ceux ni d’une Filicinée ni d’une Conifère, encore moins d'une Équisétacée, avaient dû nécessairement appartenir au Zamiles gigas, puisque ces plantes étaient les seules, en définitive, qui leur fussent associées dans les grès du Yorkshire. On voit que l'argumentation de M. Williamson procédait par voie d'exclusion et qu'elle n’invoquait que des présomptions dénuées de preuves directes en faveur de l'attribution préférée. Ad. Brongniart, à cette même époque, inclinait vers la même opinion, etce fut celle aussi qu’adopta M. Carruthers, en proposant pour ces restes et ceux du Zamites gigas, définitivement réunis, le terme gé- nérique de Williamsonia, en l'honneur de celui envers qui la science était redevable de la première découverte. C'é- (1) On the distrib. of foss. Remains on the Yorkshire Coast, etc. p. 240. | (2) Contrib. tow the History of Zamia gigas L. et H,;, by W. C. Williamson ; communic. by William Corruthers ; Trans. of the Linn. Soc, of London, vol. XXVI, 109 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. taient là pourtant des conclusions à coup sûr prématu- rées, puisque nous allons voir que, non seulement il n'existe entreles Williamsonia et les Zamites aucune con- nexion immédiate ; mais que les portions de tiges encore pourvues de leurs feuilles n'étaient pas absentes en réa- lité, comme le’ supposait M: Williamson, de l’assise du Yoskshire d’où les organes à définir avaient été retirés : seulement, ces questions étaient restées inaperçues et les échantillons qui s’y rapportent inconnus à M. Wil- liamson, par suite de leur transport en France et de leur acquisition par le muséum de Paris, qui les possède ac- tuellement. Plusieurs d’entre eux se trouvent reproduits ici pour là première fois. Effectivement, M, Williamson ne fut pas le seul à recueillir les échantillons de l’oolithe du Yorkshire qui l'avaient frappé par leur singularité: M. James Yates poursuivit les mêmes recherches (1), et réunit une série considérable d'échantillons analogues; aussi remarquables par le nombre que par la beauté de plusieurs d’entre eux, et sur lesquels il publia une courte notice en 1847 (2). Cette série, acquise vers cette époque par le muséum de Paris, comprend une centaine environ de pièces ou échantillons: se rapportant soit au Wäi/liam: sonia, soit au Zamites. Ce sont eux que nous avons passés en revue avec un soin tout spécial, moulant les. parties creuses ou à l'état de moules, complétant les fragments les uns par les autres, reconstituant ainsi par le rappro- chement des fragments épars chaque organe et dessinant tous.les documents qui nous ont paru susceptibles de (1) Les noms de W. Smith (York, 1847), Edw. Charles Worth (York), John Lee esq. (Hartwelt, 1847), Ripley (Withby, 1847), sont encore signalés par Brongniart comme possesseurs d'échantillons dessinés par lui et à lui communiqués par eux. | (2) Proced. of the philosoph. soc. of Yorkshire. pe te 1 AbrE EP Te ee TES LE 00 Vo MR MAUR di: 708 » Dore TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 103 fournir quelque enseignement. A celte étude préliminaire est venue se joindre celle des précieux dessins d’Adolphe Brongniart : c’estainsi que notre conviction s’est formée telle que nous allons essayer de la faire passer dans l’es- prit du lecteur, en la justifiant. Les réceptacles globulenx ou en forme de pelotte ovoïde dont nous avons parlé comme représentant à la fois le fruit agrégé du Podocarya et celui des Williamsonia ont été inconnus de M. Williamson qui les passe sous silence dans son mémoire; il ne signale pas davantage les seg- ments ou sommités de tiges feuillées, fréquemment ter- minés, soit par un involucre, soit par un bourgeon floral dont la série Yates présente plusieurs exemples et qui per- mettent de juger de l’aspectdes Williamsonia. Les figures que nous donnons de ces portions de tiges (pl. 241, fig. 1, et 242, fig. 4), sur lesqüelles nous reviendrons plus loin, découvrent assurément un point de vue essentiel et entièrement nouveau. Un des dessins de Brongniart nous montre même une de ces tiges, subdivisée en trois ra- meaux, terminés chacun par des débris d’involucres. Mais il existe encore d’autres organes associés aux pré- cédents el plus nombreux que ceux-ci dans la série Yates. Ces organes dominent exclusivement aux autres dans la série dont le mémoire de M. Williamson a ré- sumé les éléments. Leur reconstitution présente des dif- ficultés particulières, non seulement à raison de leur extrème complexité, nous dirons même de leur singula- rité, ensuite de leur état d'empreintes presque toujours incomplètes, mais aussi parce que leurs principales par- ties, loin d’être en connexion, se trouvent ordinairement éparses et demandent à être rapprochées. Mais:il se 104 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. trouve que ce rapprochement ne saurait avoir lieu qu'à l’aide d’un moulage préalable des parties creuses et de celles actuellement en relief. En effet, les reliefs répon- dent aux noyaux ou moules intérieurs des anciennes Ca- vités, tandis que les dépressions et les vides représentent des parties anciennement pleines et solides, auxquelles le moulage seul peut rendre leur véritable aspect. Les organes que nous allons tâcher de définir n’ont pas au fond une autre structure que ceux dont il a été parlé plus haut comme étant des fruits agrégés. Ils diffèrent pourtant de ces derniers par une particularité déjà signa lée et consistant en ce que la couche corticale ou enve- loppe fibreuse dont ils étaient recouverts se détachait de bonne heure de l’axe réceptaculaire, laissant celui-ci dépouillé, sauf à l'extrême base. De plus, vers le haut, ce même réceptacle ou spadice, devenu fibreux dans le sens de la longueur, se dilatait en un appendice où « disque infundibuliforme », ayant l’apparence d’une cloche re: dressée ou mieux d’une soucoupe évasée, dont nous aurons à déterminer la nature et à constater la caducité. En effet, cet appareil, souvent en place, c’est-à-dire en connexion avec l’axe qu’il surmontait, se trouve souvent aussi détaché, de manière à avoir laissé, dans la roche et dans des situations très diverses, l'empreinte de l’une on l'autre de ses faces. — Enfin, on rencontre quelquefois aussi des empreintes d’involucres, séparés des tiges qui les supportaient, montrant au centre soit à l'intérieur, soit par-dessous, des traces visibles de désarticulation. T1 faut donc que tantôt l'appareil involucré ait quitté l’invo- lucre à un moment donné, et que d’autres fois l’invo- lucre tout entier se soit détaché de la tige qu'il terminait, et cela normalement ou encore accidentellement," les TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 105 deux Cas ayant dû se présenter également et n'ayant rien de contradictoire. Sur l’ensemble de l'organe, et la signification de ses principales parties, il ne saurait y avoir de doutes, telle- lement les exemplaires à l’état d'empreintes sont nets et faciles à reconstituer par le moulage, même partiel, de leurs diverses régions. A cet égard, nos figures (voy. sur- tout les planches 243, fig. 1, et245, fig. 1), quireproduisent _ des échantillons de la série Yates ou sont empruntées aux dessins d’Ad. Brongniart, ne diffèrent en rien de celles du mémoire de M. Williamson (1). Ce sont des des empreintes de l'intérieur des involucres, mais les folioles ou bractées qni les composent et qui se recour- bent en s’atténuant graduellement dans le haut, étant planes, rubannées et sans médiane, offraient en dedans le même aspect qu’au dehors, en sorte que la forme glo- buleuse de ces involucres aux folioles étroitement con- niventes et recourbées en voûte au sommet se trouve ici parfaitement saisissable, bien qu’il s’agisse simplement d'un moule du côté intérieur. Au centre et à la base, on aperçoit une cavité conoïde, plus ou moins allongée et cernée, à l'entrée, d'une bande annulaire striée, de na- ture visiblement fibreuse et sur laquelle nous nous som- mes précédemment expliqué. L'entrée de la cavité co- noïde qui correspond au spadice préalablement dépouillé de son revêtement, se trouve un peu plus étroite que là partie immédiatement au-dessus, de telle sorte qu'il est à peu près impossible de retirer de cette cavité une ma- tière plastique introduite dans le but de la mouler. Ce- pendant, notre figure 2, pl. 245, reproduit le résultat (1) Mémoire précité, pl. 52, fig. 8 et 6. 106 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. le mieux réussi de l’un de ces essais de moulage. Mais ce qui doit être surtout remarqué, au fond de la cavité (pl. 245, fig. 3), répondant au spadice, c’est l’ouver- ture qui se fait jour à la surface du bloc et qui indique un prolongement de l’ancien organe dont la terminaison fait ici défaut. En moulant cette partie, on voit que le spadice, d’abord atténué, se dilatait ensuite de nouveau. En combinant cette sommité dilatée et fibreuse avec d'autres empreintes qui montrent l'expansion en forme de coupe lobulée ou frangée sur les bords, on peut se convaincre que cette expansion terminait supérieure- ment le spadice et lui servait de couronnement, jusqu’au moment où elle se détachait par désarticulation. Plu- sieurs de nos figures, dont deux, très belles, provenant des dessins de Brongniart (pl. 247, fig. 4 et 2) repré- sentent celte expansion terminale, marquée de stries rayonnant du fond et de la base de l'organe vers sa cir- conférence, celle-ci crénelée, lobée ou déchiquetée selon les cas, moulée finalement tantôt par dehors (fig. 2) et tantôt par dedans (tig. 1). Cet appareil infundibuliforme est évidemment identique au disque carpellaire (carpel- lary disk) de M. Williamson (1), surtout à sa figure 2 qui présente le même aspect fibreux que nos exemplaires. Cette figure, de même que notre figure 2, pl. 247, sont celles de l'empreinte de la face extérieure ; au con- traire la figure-1 de Williamson se rapporte, selon le té- moignage de l'auteur, au moule de la face intérieure, et sur les lobes de cette face on aurait observé des points calleux, accouplés et considérés comme autant d’ovules, d'où le nom de « disque carpellaire ». Mais ces ovules pré- (1) On the Hist. of zaAMrA G16As, tab. 52, fig. 1-2. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 107 tendus, dont la saillie, d’après M. Williamson lui-même, dont l'unique but a toujours été la recherche de la vérité, a été exagérée par le dessinateur, n'ont jamais été depuis retrouvés sur aucun autre exemplaire. Les empreintes de la collection Yates qui se rapportent à l’intérieur de l’ap- pareil en question (voy. surtout la figure 4, pl. 247, qui reproduit un échantillon dessiné par Brongniart) n’en offrent aucun vestige, et l'hypothèse adoptée en premier lieu, qui tendait à faire reconnaître dans cet organe assu- rément fort singulier, l'appareil femelle des Williamsonia, doit être par cela même abandonnée. Nous sommes portés à le considérer comme un appen- dice terminal, qui servait de couronnement au spadice mâle. Il aurait résulté du rapprochement et de la sou- dure des feuilles supérieures du rameau sexué transformé en spadice. Il y auraït là, en un mot, une répétition de l'involucre inférieur, résultant d’une modification du sommet de l'axe réceptaculaire. Peut-être cette structure était-elle en relation avec la fécondation des organes car- pellaires et contribuait-elle par le détachement de l'expansion, à un moment donné, à la transmission du pollen. À une pareille distance, il nous semble impossible d'en juger autrement que. par conjecture. Nous pouvons dire seulement que le spadice fructifié des Z'ypha qui réu- nit les deux sexes, groupés séparément, sur le même axe, présenté quelque chose d’analogue : le spadice des 7ypha n’est autre-que la tige même de ces plantes, convertie en une hampe florale. Les éléments sexués couvrent d’une couche dense, destinée à se désagréger à la fin, chacun des intervalles qui séparent les feuilles supérieures de la hampe;et celles-ci, converties en bractées, font l'office de spathe. Le plus inférieur de ces intervalles est exclusi- 108 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. vement occupé par des éléments femelles; ceux qui viennent au-dessus, au nombre de quatre à six, le sont par des éléments mâles ; mais les plus élevés se réduisent graduellement en approchant du sommet, et les feuilles involucrantes qui les accompagnent perdent graduelle- ment aussi leur étendue et leur caractère : il résulte de cette disposition que les dernières ne sont que desécailles scarieuses, bientôt desséchées aussi bien que l'axe sur lequel elles sont implantées et les éléments mâles proté- gés par elles. L'ensemble avorte et prend l'aspect d’une pointe scarieuse qui persiste plus ou moins longtemps. En opérant Ja séparation des sexes sur des pieds diffé- rents et remplaçant les feuilles isolées, converties en _ bractées, par des involucres polyphylles, on obtiendrait une organisation qui, sans être identique à celle des Wi- liamsonia, serait loin pourtant d’être dénuée d’analogie avec elle. | Noussupposonsdonc quechezles Williamsonia,au moins dans certaines espèces (en effet le groupe a pu compren- dre plus d’une section), les sexes auraient été séparés et la couche fibreuse dés spadices mâles, plus aisément, ca- duque et prompte à se désagréger que la couche fibreuse des appareils femelles ; celle-ci, plus tenace et contenant les ovules persistait naturellement sur l’axe jusqu’à la mâturité, La différence entre l’une et l’autre de ces cou- ches fibreuses résiderait surtout, sinotre explication était admise, dans la présence ou le défaut de points saillants stigmatiques. Effectivement, dans l’examen, auquel nous nous sommes livré, des appareils mâles présumés du Williamsonia gigas (pl. 244, fig. 2 et 3, et 246, fig. 2), les compartiments superficiels de la couche fibreuse ne nous ont paru présenter aucun vestige de ces boutons stigma: “fs le ee DT TL SE ne SL LU LT LT TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 109 tiques, si apparents à la surface des parties correspon.. dantes du Walliamsonia Morieri et même du W.Leckenbyi de Nathorst (voy. pl. 248, fig. 1-2 et 249, fig. 3). C'est là, selon nous, une distinction essentielle, de nature à guider le jugement, si, d'autre part, la rapide caducité de l'enveloppe fibreuse mâle ne s’opposait à . facile constatation d’un pareil caractère. Les pièces de l’involucre des Williamsonia, surtout de ceux des spadices mâles présumés du W. gigas, consi- dérées à part, rappellent à l'esprit les feuilles d’Yuccites par leur forme linéaire en bandelettes allongées, leurs bords strictement parallèles et la disposition même de leurs nervures, Ce n’est là peut-être aussi qu’un rapport superficiel, dont il est juste pourtant de tenir compte. Les empreintes de la collection Yates, attentivement con- sidérées, témoignent, chez ces plantes, d’une consistance dure et solide et de la nature ferme etcoriace des feuilles. Celles-ci, lancéolées-linéaires, plutôt que rubannées, re- pliées en gouttière, atténuées-obtuses au son met qui devait être terminé par une pointe calleuse, amplexi- caules à la base, nous ont laissé voir à la loupe une ner- vation des plus caractéristiques, reproduite, sous un fort grossissement par notre figure 1, pl. 241, On aperçoit, dans l'intervalle qui sépare les nervures longitudinales, un réseau de veinules obliques et, dispersés cà et là, des points calleux répondant peut être aux stomates, ‘La caducité, par désarticulation, non seulement des spadices fructifiés des Williamsonia, mais des involucres eux-mêmes ne saurait être révoqué en doute, tellement les exemples de cette particularité sont frappants et dé- _cisifs, Non seulement la masse réceptaculaire tout en- tière du Williamsonia Morierei (pl. 248, fig. 3) présente 110 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. à la base une large cicatrice en forme de bourrelet cir- culaire, mais cette masse s’est détachée, encore revêtue en partie des bractées involucrales qui recouvrent et pressent étroitement une moitié du pourtour de sa ca- lotte. Dans d’autres cas, ce sont des involucres vides et montrant au centre la cicatrice d'insertion des récepta- cles détachés, que l’on a sous les yeux. Ces involucres, à l’état d'empreinte, peuvent donner lieu, pour certains d’entre eux, au moule de leurs côtés extérieur et inté- rieur. Ils sont alors vus à la fois, par dehors et par de- dans et, si l’intérieur présente dans le fond la cicatrice d'insertion du spadice fructificateur, l’extérieur fait voir (voy. pl. 240, fig. 3 et pl. 243, fig. 2), le point par où l’ancien organe adhérait à la tige et s’en est jadis dé- taché, soit par une scission naturelle, soit par l’effet d'une cassure accidentelle. Enfin, avant de terminer cette revue des éléments d'appréciation des Wi/liamsonia, il convient d'ajouter que ces cicatrices d’insertion lais- sent parfois apercevoir des traces de l'ordonnance des faisceaux flbro-vasculaires (voÿy. pl. 250, fig. 4) et qu’il semble que l’on distingue une zone ligneuse circulaire entourant une région centrale médullaire. Mais ce sont là des indices trop peu précis pour servir de guide à l’analogie. Il ne resterait qu'à formuler des conclusions et nous insisterions sur cette idée que les Williamsonia, tout en offrant des traits communs, et une certaine ana- logie d’aspect avec les Pandanées, diffèrent au total de toutes les plantes actuelles et qu’ils constituent en déf- nitive le plus ancien type assimilable aux Angiospermes, dont on ait encore connaissance ; si une solution diffé- rente n'avait été dernièrement proposée par M. A. Na- thorst, dans une notice accompagnée de deux planches, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. sit insérée en 1880 aux Comptes rendus de l’Académie royale des sciences de Stokholm. D’après cette notice, qui reçut un accueil favorable de plusieurs paléophyto- logues, entre autres de Heer, les Wailliamsonia ne seraient autres que des Balanophorées, comparables aux 7'hon- ningia, Helosis, Langsdorfia, plantes tropicales ou sub- tropicales, parasites sur divers types frutescents, tels que les Araliacées, Ampélidées, etc., attachées aux racines d'arbres très variés (Acer, Quercus, Hibiscus, Eucalyptus, Thibaudia, etc.) (4). Le rapprochement proposé par M. Nathorst, assuré- ment ingénieux, est basé sur des rapports morphologi- ques difficiles à méconnaître. Ce sont là pourtant des ap- parences seulement, et, en allant au fond des choses, on voit bientôt ces apparences faire place à une simple ressemblance extérieure, beaucoup moins étroite réelle- ment que celle dont les Pandanées peuvent offrir l'exemple (comp. les figures de la planche 254 avec celle des planches 263 el 264, qui représentent diverses Pandanées ou Aroïdées). On observe effectivement chez les Balanophorées des hampes feuillées ou plutôt garnies d'écailles phyllodées ou bractées (voy. pl. 254, fig. 4-3), tantôt lâchement imbriquées, tantôt soudées entre elles. Dans les Zangsdorfia, fig. 3, et les Thonningia, dont la ressemblance extérieure avec les Williamsonia est plus frappante que celle des autres Balanophorées, ces écailles s’allongent, se pressent sur plusieurs rangs et forment un involucre polyphylle qui protège et renferme complète- ment les capitules floraux, avant l’anthèse. Les capitules ovoïdes, sphéroïdes ou cylindrico-ovoïdes, sont sessiles (1) Voy. Baïllon, Hist. des plantes, t. VI, p. 501. 112 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dans les Langsdorfia, mais supportés par des pédoncules nus, quelquefois très longs, chez les Zalanophora, Helo- sis, Corynæa, èhopalocnemis. Leur faciès les éloigne alors beaucoup plus des Williamsonia, en les rapprochant, il est vrai, des (Goniolina que nous décrirons plus loin. La ressemblance aveciles Williamsonia provient sur- tout de cette particularité, que les capitules des trois. der- niers genres cités plus haut se trouvent recouverts à l’état jeune d’écailles peltées, ayant la forme de têtes de clous hexagonaleset étroitement conniventes. Ces.écailles proviennent, ‘chez les Balanophorées, d'autant de brac- tées modifiées, servant à protéger les fleurs et tombant d’elles-mêmes au moment de l’anthèse. On voit tout de suite qu’une enveloppe écailleuse ainsi constituée n’a rien de commun avec les compartiments superficiels:des Williamsonia ou des Goniolina, qui persistaient jusqu’à Ja maturité et qui représentent, au lieu de bractées pel- toïdes, le sommet d'autant de carpelles agrégés, assimi- lables à ceux des Pandanées. | 29h Dans les Zalanophora propres, les hampes florales ou tigelles que surmontent les capitules ont. un aspect va- riable selon les espèces ; les écailles phyllodées qui tien- nent lieu des feuilles et qui offrent sensiblement l'aspect et la nervation de celles des Monocotylées, sont lâche- ment imbriquées, alternes et amplexicaules, dans les Balanophora polyanda Griff.. (pl. 254, fig. 4), dioica Wall., fungosa Forst (pl. 254, fig. 2). Celui-ci, qui est Australien, a présenté, à l'analyse de M. J. D. Hooker, des particularités de structure anatomique fort curieuses, dé- notant la présence d’une organisation conforme à. celle des tiges exogènes, seulement rudimentaire. Pour ne rien négliger de ce qui peut faire. ressortir les affinités - TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 113 supposéesentre les Williamsonia et les Balanophora, nous figurons ici (pl. 252, fig. 4, 3), non seulement une tige avec capitule fructifère du Balanophora polyandra, mais encore un spécimen douteux, rapporté de Taïti par Du- mont-Durville et attribué au Balanophora fungosa ; ce spécimen reproduit effectivement l’aspect extérieur des tiges feuillées du Williamsonia gigas, y compris l’invo- lucre terminal. Quelle que soit réellement la plante ainsi figurée, elle fera voir jusqu’où peut être poussée l’affinité morphologique qui ne s'appuie pourtant d'aucun indice sérieux d'une véritable parenté. D’autres Balanophora, tel que le 2. involucrata, ont leurs bractées soudées entre elles par verticilles de quatre à six, les plus élevées con- stituant, au-dessous du capitule, une sorte d’involucre auquel M. Nathorst n’a pas manqué de comparer l’involu- cre présumé deson Williamsonia Leckenbyi, que nous exa- minerons plus loin en décrivant l’espèce (voy. pl. 248, fig. 4). Il est certain que chez les Balanophorées, proba- blement par l'effet d’une adaptation parasitaire, les feuilles réduites à la seule partie vaginale primitive, n'ont rien de différencié et s’écartent entièrement de celles des Dicotylées, parmi lesquelles les Balanophorées sont cependant rangées, pour affecter au contraire de la ressemblance avec les Williamsonia. C'est là sans doute, nous le répétons, l'effet naturel du régime parasitaire, entraînant l’atrophie et la répression atavique des parties devenues inutiles, comme le sont les feuilles d’une plante privée de chlorophylle. En dehors des feuilles converties en écailles phyllodées et de leur ordonnance en involucres renfermant les ca- pitules floraux à l’état jeune et s’ouvrant pour leur donner passage ; en dehors enfin des organes reproducteurs im- Île Sén. Vécéraux, — IV, 8 115 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. plantés en grand nombre sur un axe globuleux ou cylin- drico-conique, tout le reste, chez les Balanophorées, paraît être sans rapport aucun avec ce qui existe chez les Williamsonia. Loin d’être pourvues d'une organisation « simple et conforme à ce que durent être les Angiospermes primitives, les Balanophorées offrent plutôt les indices d'un état de transformation des plus avancés. Rien de plus complexe que la structure et la disposition de leurs organes reproducteurs. Non seulement les fleurs mâles et femelles de ces plantes sont tantôt réunies sur le même capitule et tantôt séparées sur des capitules unisexués, mais elles sont constamment accompagnées de bractées, de filaments, d'appendices; enfin, les fleurs femelles au moins se trouvent le plus souvent disposées en petits épis (1), nommés « spadicelles » (Balanophora), ou sur de petits rameaux secondaires (Cynomorium), qui réunis- sent parfois les deux sexes. Sur le réceptacle monoïque des Balanophora, les fleurs mâles sont inférieures, pédi- cellées et très apparentes; elles ont un périanthe à 3-6 ou à 4 divisions. Les fleurs mâles des Zangsdorfia sont pédicellées et parfois entremêlées (2) de gynécées rudi- mentaires. Nous avons fait observer la singulière ordon- nance des bractées axillantes, transformées dans beau- coup de cas en écailles peltoïdes conniventes, couvrant les fleurs à l’état jeune et se détachant lors de leur déve- loppement. Dans les Sarcophyte, l'inflorescence est ra- meuse et les fleurs mâles, sont distribuées solitairement sur les rameaux supérieurs, tandis que les fleurs femelles se trouvent réunies en grand nombre sur des capitules sphériques, qui occupent la partie inférieure de l’inflo- (1) Voy. Baillon, Hist. des plantes, t. VI, p. 506 et suiv. (2) Baillon, 2bid., p. 505. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 115 rescence. Il y a là évidemment trop de variété dans les combinaisons, trop de complexité dans les détails et des indices de transformation d'anciens organes réduits, dont les vestiges restent visibles, trop multipliés pour que l’on admette, en dehors de preuves tout à fait directes, l'existence de vraies Balanophorées dans une période aussi reculée que celle de l’oolithe, et dans un âge où la présence d'Angiospermes proprement dites n’a été en- core révélée par aucun indice sérieux. Il serait pourtant concevable que certains traits de ressemblance qui nous sont offerts par les Balanophorées mises en regard des Williamsonia, eussent pour cause et raison d’être quelque régression atavique de ces plantes, due à leur vie parasitaire. Il en serait ainsi de leurs feuilles et de leur aspect extérieur, comme aussi de ce que l’on sait au sujet de la structure anatomique de leurs rhizomes. Ceux-ci, examinés par Hooker et Weddel, présentent une certaine ambiguïté par suite du mode de distribution des faisceaux fibro-vasculaires, tantôt irré- gulièrement disséminés au sein de la masse cellulaire, à la façon de ceux des Monocotylées, tantôt ordonnés en une zone cireulaire d’ilots ligneux autour de la moelle. Une semblable structure offre effectivement des passages vers l'une ou l’autre des deux classes angiospermiques, tout en demeurant elle-même rudimentaire. Cette ambi- guité était sans doute inhérente également aux William- sonia, mais chez eux, elle n’était pas la conséquence d’un phénomène de régression. À l’époque de l'oolithe, les caractères respectifs des deux grandes catégories vé- gétales n’étaient pas assis ou commençaient à peine à se prononcer. L'existence d’une double série, constituées à part et destinées à diverger de plus, l’une vis-à-vis de 116 7 PALÉONTOLOGIE FHANCAISE. l'autre, n’était pas encore réalisée. C’est donc en vertu seulement de leur tendance régressive que les Balano- phorées possédent des traits communs avec les William- sonia, qu’elles témoignent d’une certaine conformité d'aspect et même de structure, qui les rapproche de ces derniers, sans impliquer de la part des premières aucun lien de parenté immédiate ni de filiation directe relative- ment aux seconds. ss RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Wr/liamsonia, tel que nous venons de le définir et de l'interpréter, en y joignant le Podocarya de Buckland, n’a rien de commun avec le Zamia gigas Lindl. et Hutt., comme l’ont admis MM. Williamson et Carruthers et comme, avant eux, James Yates et même Ad. Brongniart étaient disposés à lé croire; mais ce genre nous paraît avoir des rapports incontestables avec celui des Goniolina, décrit plus loin et dont nous ne connaissons d’ailleurs que les fruits. Ces fruits agrégés et ovoïdes, revêtus d’un réseau superficiel de compartiments hexagonaux et connivents, différent de ceux des Wailliamsonia, surtout parce qu'ils sont sup- portés par un pédoncule nu et cylindrique, à l'exemple des fruits agrégés des Freycinetia, tandis que les récep- tacles ou spadices des Williamsonia étaient implantés au centre de l’involucre par une base sessile. Malgré cette différence, les deux types devaient être reliés par une uffinité dont il sera sans doute possible de déterminer un jour le degré. Dans la nature actuelle, si l'on écarte les Balanophorées dont l’analogie avec les Williaimsonia, comme nous l'avons dit, ne repose que sur une certaine similitude d'aspect extérieur, c'est surtout avec les Pandanées que l’on est en droit de comparer le type ju- rassique. Des deux parts, en effet, ce sont des carpelles TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 117 en nombre indéfini et à une seule graine quise trouvent insérés sur un axe ou noyau réceptaculaire et plus ou moins soudés entre eux, de manière à constituer, par leur réunion, uné masse ou couche fibreuse contenant les graines et se détachant, à la maturité, de l'axe ou cephalium sur lequel elle est située. Des deux parts éga- lement, les sommets des carpelles affectent un groupe- ment symétrique des éléments féconds et des parties avortées, combinés et entremêlés ; mais ce sont là, par le fait même de l’accrescence, qui succède à la fécondation, des résultats qui se produisent toutes les fois que des éléments carpellaires se rencontrent réunis en nombre indéterminé et mutuellement pressés à la surface d'un appareil réceptaculaire. Le groupement symétrique, ia forme prismatique et généralement hexagone des faces latérales sont une conséquence, pour, ainsi dire forcée, du mouvement qui se réalise, et ce que nous connais- sons des tiges, des feuilles, des involucres et des appareils mâles présumés des Williamsonia, ne nous porte pas à reconnaître dans ce genre une Pandanée, au sens actuel de cette dénomination, appliquée à un groupe déterminé de végétaux. Pourtant, on peut croire sans anomalie et d’après certains indices que les Pandanées appartiennent réellement à un passé fort reculé, qu'elles remontent même à l'époque des plus anciennes Monocotylées déter- minables, signalées jusqu'ici; nous voulons dire à la craie supérieure de Gosau et à celle des lignites de Fu- veau en Provence. Il ne serait donc pas impossible que les Williamsonia, sans être précisément des Pandanées, congénères ni même très voisines des nôtres, eussent avec les plantes de ce groupe curieux et exclusivement tropical quelque connexion génétique, quelque parenté 118 :PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, dont l’exacte définition ne pourrait avoir lieu que si nous possédions la série des termes intermédiaires qui nous font défaut. ( En l’état actuel des connaissances, les Wäilliamsonia se montrent avec l'infralias. Il n’est pas impossible qu'une partie au moins des feuilles rubanées qui forment notre genre Yuccites leur aient appartenu. Au-dessus de l’in- fralias, c’est à la base de l’oolithe, dans le bathonien que nous retrouvons les Wil/liamsonia, caractérisés par leurs formes principales les plus caractéristiques. Ils reparais- sent ensuite dans l'oxfordien et remontent jusqu'au niveau du portlandien; mais, en dehors de France, le genre, dont l'extension a dû être grande et, pour ainsi dire, universelle, dans la seconde moitié des temps jurassiques, se montre encore, non seulement en An- gleterre, mais à Bornholm (Williamsonia Forckhammeri Nath.) et dans les Indes. Cette extension, en rapport avec l'importance du rôle assigné à un type aussi curieux au sein de la flore jurassique, justifie pleinement les déve - loppements auxquels son examen nous a entraîné. Nous serions incomplet si avant de terminer l'exposé de ce qui concerne les Williamsonia, nous passions sous silence une forme crétacée arctique, signalée par Heer sous le nom de Wzlliamsonia cretacea (1), et attribuée par ce savant au même type quelles Williamsonia jurassiques. A la faveur de cette espèce, le genre reparaîtrait sur l'horizon de la craie supérieure, auquel appartient incon- testablement le système des couches d’Atané, dans la presqu'ile d'Atanckerdluk (Groënland septentr.), vers le 70° degré de Lat. N. Le W. cretacea aurait vécu sur ce (1) Voy. FL. foss. arctica, VI, 2 partie, Foss. FI. Grünlands, FL d, taneschicht.; p. 59, tab, XII, fig. 1, et XII, fig. 9. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 119 point associé à des Fougères (Pf{eris frigida Hr.), à un Lycopode (Selaginella arctica Hr.), à des Cycadées. (Po- dozamites latipennis Hr., Cycas Dichksont Hr.), à des Thuytes et à des Sequoia (Sequoia subulata Hr.), enfin à des chênes (Quercus Westphalica Hos.), à des lierres (Æedera primor- dialis Sap., à des Magnolia (Magnolia obtusata Hr.). Mais l'attribution adoptée par Heer perd beaucoup de sa vrai- semblance quand on considère l'échantillon qu'il a figuré et qui ne rappelle les véritables Williamsonia que de très loin. Il s’agit effectivement d’un appareil en forme de support, atténué inférieurement en une sorte de pédon- cule recourbé, couvert des cicatrices d'insertion de petites bractées écailleuses et dilaté dans le haut, mais n'attei- gnant en tout qu’une étendue endiamètrede2centimètres et demi au sommet qui semble avoir constitué une sorte de plateau ou de coupe réceptaculaire, sur les bords du quel se trouvent implantées de nombreuses bractées étroites et allongées, serrées et conniventes, érigées, avec une terminaison obtuse, distribuées en une rangée cir- culaire. On compte treize de ces bractées sur la face vi- sible, et ainsi elles devaient être au nombre de vingt-six pour former ce que Heer regarde comme un involucre. Leur largeur n'excède pas 2 millimètres. Sur une lon- gueur de 3 centimètres et demi. Ce serait donc là tout au plus une miniatiure de Wälliamsontia, en supposant que nous eussions sous les yeux un appareil involucral, con- génère de ceux du Yorkshire, du Poitou ou du Boulonnais et destiné, à l’exemple de ces derniers, à renfermer un spadice floral. L'existence supposée de ce spadice ne nous est d’ailleurs révélé par aucun indice sensible sur l'empreinte, ni sur la contre-empreinte figurées par Heer, et le support ou pédoncule n'offre dans sa physio- 120 PALÉONTOLOGIE .FRANCÇAISE. nomie, ni dans la disposition des appendices écailleux qui le recouvrent, rien qui rappelle les Williamsonia pro: prement dits, autrement que d’une façon des plus indi- rectes. Heer a été sans doute porté vers l’attribution qu'il propose par l'opinion qu'il s'était faite des Williamsonia eux-mêmes, en professant à leur égard la manière de voir de Nathorst et les prenant pour des Balanophorées, c'est-à-dire pour des végétaux parasites, sans tiges véri- tables on n’en ayant que de très courtes faisant l'office de hampes, et dépourvues de feuilles proprement dites, réduites par cela même au seul appareil reproducteur, en forme de spadice involucré. — Heer repousse, il est vrai, le rapprochement proposé par Williamson qui a combiné les organes recueillis par lui dans les couches du Yorkshire avec les feuilles du Zamites gigas etpar conséquentavec un type cycadéen ; ilremarque pourtant la ressemblance de l'appareil du Groënland crétacé avec la figure idéale du Welliamsonia gigas, telle que la donne l’auteur anglais (1) ; mais il distrait de celui-ci.et détache du type des Williamsonia le disque carpellaire (car pellary- disk de Williamson) pour le rejoindre aux Weltrichia de Fr. Braun qu’il compare, à l'exemple de ce dernier au- auteur, au Prugmansia et qu’il range par conséquent parmi les Rafflésiacées, autre groupe M La va. plus loin, il enlève encore aux Wi{liamsonia comme appartenant à ces mêmes Weltrichia « l'axe pyriforme » de Williamson, celui qui « porte à sa base un anneau de papilles », quise rapportent peut être, ajoute-t-il, à des résidus d'étamines. Mais ici, encore plus que sur le pre- mier point, Heer se trompe certainement, puisque. cet (1), Trans. of linn. Soc., XAVI, pl. 53, fig. 12. TERRAIN. JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 121 «axe-pyriforme », quelle que soit d’ailleurs l’interpréta- lion que l’on adopte à son endroit, fait visiblement partie intégrante d’une partie au moins des involucres de Wil- liamsonia, dont iloccupe le centre. | Heer qui n’a pu consulter, il est vrai, la série d’ Feu tillons mis à notre disposition, admet donc contrairement à l'évidence que les spadices floraux du Wi/lamsonia gigas, aussi bien que celui de son prétendu Williamsonia cretacea n’ont pas été encore observés et sont par cela même inconnus. Leur présence n’aurait été constatée que. dans le Williamsonia Forckhammeri Nath., de Born- holm, et dans l'espèce indienne de Falapour. Ces deux formes sont justement celles dont la conservation laisse le plus à désirer et dans les deux cas, ce qui est effecti- vement exact, les spadices se montreraient, à l’intérieur des involucres, sous un aspect ovoïde et recouverts de petites papilles qui se rapporteraient à des fleurs. Nous n’ayons pas à reprendre une à une, dans les ap- préciations de Heer, celles qui manquent de base et dont nos figures et nos descriptions démontrent suffisam- ment le peu de solidité. La seule question qui nous in- téresse consiste à se demander si l'échantillon crétacé du { nland a réellement quelque affinité de structure avec les Williamsonia jurassiques ou. s’il témoigne uni- quement d’une certaine conformité apparente, extérieure et fortuite,. .n’impliquant de sa part aucune parenté réelle et immédiate. IL nous semble que cette dernière opinion.est la plus sûre. Le fossile arctique en question, par son aspect, ses dimensions réduites, par la situation même de l'involucre. supposé, diffère notablement des Williamsonia. Meer, en décrivant l'échantillon d’Atane- kerdluk, ne s'explique pas sur la nature de l'empreinte ; 122 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. il ne dit pas si elle consiste en un moule creux de l'an- cien organe, ni même si la figure 9, planche 43, est une contre-empreinte de la face représentée par la figure 4 de sa planche 12. Il semble pourtant que s’il eut existé, en dessous des écailles involucrantes, un axe central d’une certaine épais- seur, il eût été possible de le découvrir ou du moins d'en reconnaître la saillie. Mais peut-être l'organe, que les écailles bractéiformes enveloppaient, était-il déjà tombé lors de la fossilisation, circonstance qui expliquerait la compression subie par l'appareil. — En tenant compte de tous les caractères visibles, il semble que l’on aurait sous les yeux la cupule hérissée d’écailles linéaires, érigées et conniventes, de quelque chêne primordial, et cette cupule présumée, par la forme atténuée de sa base formant pédoncule, par ses écailles terminales plus allongées que les moyennes et les inférieures ne serait pas sans rapport, toutes proportions gardées, avec les parties correspondantes des Quercus suber et occidentalis. Mais nous mentionnons une impression toute person- nelle sans avoir la pensée d’y trouver les éléments d’une définition que nous ne saurions avoir l’idée de formuler, en l’absence de l'échantillon original. ; Tout récemment, nous avons reçu de notre ami Léo Lesquereux un autre organe fossile ou plutôt le moule creux de cet organe, provenant des grès ferrugineux du Dakota-group, par conséquent du cénomanien. On re- connaît ici, après un moulage en relief de la cavité, un réceptacle épais et court, en forme de pelotte ovoïdéo- conique, en grande partie dépouillée et marquée à sa surface des cicatrices d'insertion, régulièrement distri- buées en spirales, d'une multitude d’écailles étroitement TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 123 contiguës, insérées à angle droit sur le réceptacle et sur- montées d’une apophyse épineuse et subulée dans le bas, plus courte et moins saillante vers le haut de l'ap- pareil, Ces écailles qui répondent sans doute à des élé- ments sexués et qui étaient sujettes à se désagréger à la maturité, ne sont pas sans analogie, soit par elles-mêmes, soit par la structure du réceptacle sur lequel elles étaient implantées avec les parties correspondantes des spadices floraux des Williamsonia. Dans le cas où cette analogie ne serait pas sans fondement nous posséderions un réceptacle sessile et naturellement caduc, détaché après l’anthèse de l'involucre dont il aurait occupé le centre. Mais là encore il est difficile, faute d'indices et de documents, d’aller au delà d’une simple conjecture. EXPLICATION DES FIGURES. — P1. 254, fig. 1, Balanophora polyandra Griff., du Sikkim-Himalaya, plante entière, terminée par une inflorescence femelle en forme de récep- tacle ou de spadice cylindrique, couvert de fleurs femelles accumulées, entremêlées de filaments et de paillettes, grandeur naturelle; d’après un exemplaire de l’herbier du Muséum de Paris. Fig. 2, Balanophora ? fungosa Forst. (Prodr., XNII, 145), de Taïti, d’après un échantillon de l’herbier du Muséum de Paris, rapporté par Dumont- d’Urville, tige ou hampe feuillée, surmontée par un in- volucre polyphylle, grandeur naturelle. Il n’est pas bien sûr que cette plante soit réellement une Balanophorée ; mais son analogie avec les Williamsonia nous engage à la reproduire. La nervation reproduite, fig. 2, est celle d’une Monocotylée, Fig. 3., Langsdorfia sp., du Brésil, pro- vince de Minas-Geraës, montrant la plante entière, ré- duite à une petite masse parasitaire, surmontée presque immédiatement par un involucre polyphylle qui s'ouvre 124 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pour donner passage à un réceptacle mâle globuleux, grandeur naturelle, — Les figures précédentes sont des- tinées à permettre d'apprécier la mesure de morphologie extérieure, reliant les Williamsonia aux Balanophorées actuelles et la nature de l’analogie sur laquelle s’est appuyé M. Nathorst pour les rapporter à celles-ci. N° 1. wWwilliamsonia Pougneti. Pl: 832 Williamsonia Pougneti, Sap. et Mar., L'Évolution du règne vég. — Les Phanérogames, 1, p. 234. DiAGNOSE. — W., stipite crasse cylindraceo erecto dense folis onusto, foliis vel bracteis squamosis curvato-ascen- dentibus ; involucro terminal late globoso, intus concavo, e foliis involucralibus elongatis leniter curvatis imbricatis conniventibus in apicem obtusatum desinentibus constante. M. Eugène Pougnet, de Landroff, a extrait cette re- marquable espèce des grès de Hettange, près de Metz. Sa découverte autorise à faire remonter l'existence des Williamsonia jusqu’à l'extrême base du lias, tandis quelle genre n'avait pas été encore signalé dans les étages an- térieurs à l’oolithe. L’échantillon que M. Pougnet a bien voulu nous communiquer et que reproduit notre planche 237 occupe la surface d'une épaisse plaque de grès infraliasique, dont le grain relativement grossier a nui à la conservation précise de certains détails demeu- rés confus. Des résidus charbonneux tapissent les parois de l'empreinte et témoignent par leur abondance de l'épaisseur relalive des parties fossilisées. On distingue, EE mt ne TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 125 après examen, un tronçon de tige, en partie dépouillé des écailles bractéiformes dont il était recouvert, et même désagrégé comme si une macération prolongée n'eût laissé subsister en lui qu'une masse décortiquée. L’invo- lucre qui surmonte la tige n’est pas complet ; le bord supérieur de la plaque en dérobe la terminaison. L’é- paisseur de la tige ou hampe est considérable ; elle me- sure en diamètre 2 1/2 centimètres. Les feuilles ou bractées qui la recouvraient ne sont visibles que de profil et à droite : elles sont courtes, épaisses, insérées par toute leur base et promptement recourbées-ascen- dantes; leur sommet paraît légèrement atténué. Elles rappellent assez bien l'aspect des bractées des hampes florales d’Fucca et diffèrent peu au total des parties cor respondantes du Williamsonia gigas. En approchant du sommet de la tige fossile, ces bractées se pressent et s’allongent ; elles garnissent les côtés de la tige et celle- ci, loin de s’atlénuer, se termine brusquement en laissant voir les cicatrices d'insertion ou coussinets en saillie de deux bractées détachées. Au-dessus, se développe l’em- preinte légèrement concave de l’involucre. L'organe était entier lorsqu'il est venu entre nos mains; il présentait ses deux faces comprimées, séparées par un vide inté- rieur ou cavité comblée par le sédiment. C'est en dé- croutant l'échantillon, en le dégageant des parties su- perficielles, en enlevant les résidus charbonnés, dont il était obstrué, que l'empreinte a été mise à nu, telle que l'a montré la figure de la planche 237. Celle-ci reproduit le moule de la face extérieure de l’involucre. On distingue un peu confusément, sur ce moule, les feuilles linéaires, arrondies ou tronquées au sommet, imbriquées sur plu- sieurs rangs, qui constituaient cet involucre. Les bractées 126 PALÉONTOLOGIE FRANGAISE. formant le dernier rang et le plus intérieur élaient aussi les plus allongées, sans que la terminaison de l'organe soit visible, à raison de la cassure qui interrompt la plaque de grès. À la base, le tronçon de tige, auquel un groupe de bractées adhère sur la droite, se trouve mutilé par- tout ailleurs et se termine enfin par un lambeau de fibres à demi désagrégés. | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le. Wlliamsonia Pougneti a dû constiluer une robuste plante, comparable par l'aspect et les dimensions du seul échantillon venu jus- qu'à nous au W. gigas. Pour s’en assurer, on n'a qu'à rapprocher la figure de la planche 237 de ceile de la planche 2M, qui représente un échantillon à peu près semblable, c’est-à-dire se rapportant aux mêmes parties du Williamsonia gigas Carruth. — On constate pourtant entre les deux espèces, séparées l’une de l’autre par un espace vertical considérable, plusieurs traits différentiels. Les bractées du W. Pougneti sont plus courtes, plus mul- tipliées, plus étalées à la base et plus recourbées au sommet. Elles étaient probablement plus rigides et plus coriaces que celles de l’espèce oolithique. L'involucre de celle de l’infralias est formé de plusieurs rangs de feuilles étroitement pressées et imbriquées, les exté- rieures plus courtes, les intérieures plus allongées, tan- dis que, dans le Williamsonia gigas, les involucres résul- tent, à ce qu'il semble, d’une seule rangée de bractées inyolucrales, égales et recourbées en voûte vers le som- met de l'appareil. Par leur forme, leur disposition et la terminaison tronquée du sommet, les bractées involu- crales du Wälliamsonia. Pougneti rappellent visiblement les parties correspondantes du Williamsonia pictaviensis pl: 250, fig. 1). L'absence de nettelé dans les détails TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 197 empêche de préciser davantage les caractères propres au Williamsonia Pougneti. Il faut souhaiter que le célèbre gisement de Hetlange fournisse d’autres débris plus ins- tructifs de la même espèce. GiseMENT. — Grès infraliasique de Hettange, aux envi- rons de Metz; collection de M. Eugène Pougnet, à Lan- droff (Alsace-Lorraine). | EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 237, Wailliamsonia Pou- gneti Sap. empreinte de la sommité d'une tige, en partie dépouillée de ses feuilles, encore en place sur la droite, et surmontée d’un involucre polyphylle dont les bractées linéaires et imbriquées sur plusieurs rangs, sont recourbées en dedans et obtusément tronquées au sommet, grandeur naturelle, — La grossièreté du grain de la roche s’est opposée au moulage en relief de l’em- preinte qui donne lieu à une légère dépression, en sorte qu'en restituant l’ancien relief, on reconnaît que les bractées involuerales les plus courtes, qui semblent ici, c’est-à-dire sur l'échantillon, occuper l’intérieur de l’or- gane, étaient en réalité situées à l'extérieur de celui- ci, les plus allongées se trouvant par contre les plus intérieures. N° 2. _ williamsonia Bucklandi. PI. 238, fig. 1-3, et 239, fig. 1. DrAGNOSE. :—: W., fructu subgloboso, transversim late pomiformi, in apicem obtusissime conoideum abeunte, su- per ficialiter stellatim areolato, areolis phalanges cirea punc- tum centralem hexagonas formantibus, intus axi crasso res 128 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. gioneque fibrosa axi imposila illoque radiatim cireumfusa constante ; seminibus elliptico-fusiformibus, lateribus com- pressis hexagonulis, erectis, singulis loculo zona regionis fibrosæ superiori immerso occlusis, loculorum dissepimentis regtione fibrosa mediante inter se coalitis tandem ab'axi cum ista solutis, universalique fibrorum dissociationis effectu liberis. Podocarya Bucklandi, Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 327. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit de cette espèce en définissant le genre Williamsonia dont elle fait partie, selon nous, au même titre que les échan- üllons du Yorkshire et surtout que le W. Morierei des Vaches-Noires. Nous ferons seulement ressortir les carac- tères qui la distinguent plus particulièrement. Nous ne connaissons de l’ancien Podocarya où Williamsonia Bucklandi, que son appareil fructificateur, consistant en un réceptacle globuleux, qui contient les graines, et se trouve détaché de la hampe qui le portait, ainsi que de l'involucre destiné à le protéger. Nous ignorons par cela même la nature et la forme de ces dernières parties: nous ne pouvons juger d'elles que par analogie, en nous rapportant aux organes correspondants de l'espèce du Yorkshire: Si, au contraire, nous. considérons celle-ci, nous constatons un seul exemple bien authentique de l’ap- pareil femelle fructifié (pl. 240, fig. 1), tandis que nous possédons une longue série d’autres appareils, définis par nous à tort ou à raison comme des appareils mâles. Le Williamsonia Bucklandi, quelles que soient d’ailleurs ses véritables affinités, se compose d'une masse large- ment ovoide, en forme d'orange ou de pomme, terminée TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 129 par un sommet en voussure obtusément conoïde. Toute la surface est occupée par un réseau de très petits compartiments ou aréoles, réunis par six autour d’un bouton ou point saillant qui correspond, selon nous, au stigmate du carpelle principal ou carpelle fécondé. Ces rosettes hexagonales, nous l’avons vu, se pénètrent mutuellement, au lieu d’être simplement accolées et contiguës (pl. 238, fig. 1* et 1°). A l’intérieur de l’ap- pareil, dont la fossilisation a préservé toute la structure, on distingue, en correspondance avec la base d'insertion de l'organe, un axe intérieur épais et court ou noyau réceptaculaire, marqué de petits points cicatriciels, cylindrique et arrondi au sommet, sur lequel s'appuie et qu'enveloppe une couche épaisse ou région.fibreuse. Vers le haut de cette région, sont immergées des loges uniovulées, occupées chacune par une graine érigée, étroitement elliptique, presque fusiforme, légèrement comprimée à facettes, de la grosseur d’un grain de riz, et dont le sommet atténué-obtus aboutit, selon Buckland, à l’un des points saillants « stigmatiques », qui occupent à la superficie le centre de chaque rosette. — Ainsi chaque loge, pourvue d’une seule graine, représenterait un carpelle fécond, accompagné de plusieurs autres avortés, dont les vestiges se trouveraient associés au pre- mier. On conçoit qu’à la suite du détachement de la région fibreuse et de la désagrégation de celle-ci, les loges d’abord cohérentes aient été finalement ouvertes et les semences mises en liberté, tandis que l'enveloppe superficielle, résultant de la soudure des carpelles ac- crescents après la fécondation, résistait plus longtemps à la décomposition en demeurant continue. Peut-être la région fibreuse, après son détachement, Ile Sén, VéGéTaux, — IV, 9 4 130 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, une fois convertie en une sorte de filasse, contribuait- elle, comme le pensait Buckland, à la dissémination, en favorisant la flottaison et le transport des graines. On voit que le savant anglais n’invoquait pas sans raison l'exemple des Pandanées à l’appui de son hypothèse relativement au rôle anciennement dévolu à ses Podo- carya sur les plages récemment émergées de l’Europe oolithique. 11 ne s’ensuit pas que les Williamsonia aient été de vraies Pandanées ; mais ils ont pu, sans avoir appartenu à ce groupe, affecter des allures et posséder des traits d'organisation, comparables à ceux des types pandanoïdes, si répandus actuellement au sein des pays chauds, et dans les deux hémisphères. “RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est surtout de notre Williamsonia Morierei que l'espèce de Buckland doit être rapprochée, puisqu'il s’agit des mêmes parties organi- ques, fossilisées respectivement par le même procédé ; mais il est facile de constater entre les deux espèces des divergences sensibles de forme et de dimension, dont les” principales résultent d'un moindre développement de l'axe intérieur et du mode d'implantation, ascendante plutôt que rayonnante, de la couche fibreuse sur cet axe, dans l’espèce oxfordienne des Vaches-Noires. — Comparé à l'appareil femelle du Wz2/iamsonia gigas, le” W, Bucklandi témoigne du plus étroit rapport (comp. la figure 4, pl. 238, à la figure 2, pl. 239) entre les deux espèces contemporaines. La forme et la dimension ‘des et appareils sont à peu près pareilles des deux parts. Tout: porte à croire seulement que la région fibreuse du W.' Bucklandi avait une: épaisseur plus considérable que celle du W. gigas, et nous ajouterons du W. Léchen byi. Celle-ci (pl. 248, fig. 2) se montre déroulée et TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 134 : aplatie, tandis que, dans le Williamsonia gigas, la même région présente des rides et des replis, comme si, étant encore en place, elle se trouvait au moment de quitter l’axe où qu'elle vint de s’en détacher. Pour mieux juger des différences qui ont dû séparer le Williamsonia Bucklandi des deux formes congénères extraites par Wil- liamson et James Yates des grès du Yorkshire, il faudrait avoir recueilli du premier d’autres fragments que Île seul appareil fructificateur. GisEmENT. — Oolithe inférieur de Charmouth (Dorset- shire) ; coll: du Muséum d'Oxford. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 238, fig. 1. — Wil- liamsonia Bucklandi Sap., ancien Podocarya de Buckland ou Podocarya Bucklandi de Unger et de Schimper, organe fructificateur entier, recouvert d’un réseau su- perficiel où épicarpe, formé de compartiments groupés en rosettes hexagonales enchevêtrées, vu de face, gran- deur naturelle, d’après une figure empruntée à l'ouvrage: de Buckland (planche 1xiu); fig. 4+ et 1}, réseau super- ficiel grossi pour montrer la forme, le mode de grou- pement et l'agencement des aréoles. Fig. 2, portion grossie de la figure 4, pl. 239, pour montrer la situation des graines à l'intérieur de la région fibreuse, et leur relation avec les compartiments de la superficie, ainsi qu'avec les points stigmatiques autour desquels sont groupés les compartiments qui composent chaque ro- sette hexagonale, d’après la figure 8, pl. zx, de l’ou- vrage.de Buckland. Fig. 3, portion grossie de la super- ficie de l’épicarpe, pour montrer la saillie des compar- timents à facettes hexagonales qui recouvrent les graines placées à l’intérieur et correspondent à autant de car- pelles fécondés et soudés entre eux ; d’après la figure 9, 132 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pl. zxin, de l'ouvrage de Buckland. Fig. 4, graine déta- chée et isolée de Wäilliamsonia Bucklandi, convertie en carbonate de chaux, grandeur naturelle; fig. 4+, la même grossie; — figures empruntées à Buckland et dessinées par lui sur l'original. — PI. 239, fig. 4, même espèce, échantillon vu par la face opposée à celle représentée par la figure 1, pl. 238. Cette face, à l’aide d’une brisure, laisse voir l’intérieur de l'appareil fossile, et montre sous l’épicarpe ou enveloppe extérieure, une région résultant de la soudure des carpelles en une masse fibreuse, vers le haut de laquelle on observe les graines encore en place, nichées une à une dans d’é- troites avéoles. Au-dessous de cette région, le centre de l'appareil est occupé par un axe ovoïde ou en forme de massue globuleuse, à la surface duquel on distingue les traces d'insertion des fibres et carpelles superposés ; grandeur naturelle; reproduction d’une figure de Buck- land, dessinée par lui d’après l'original. N° 3. — wvilliamsonia gigas. PI. 239, fig. 2; 240, fig. 1-3; 241; 949, fig. 1-3; 243, fig. 1-4; 244, fig. 1-4; 245, fig. 1-3 ; 246, fig. 1-6 ; 247, fig. 1-2: 951, fig. 1-2. | Williamsonia gigas, Carruth. On foss. Cycad. stems from the second. rocks of Brit. (excel. foliis cauli- busque Zamitis gigantis L. et H.). —_— W.C. Williamson, Contrib. to the history of Zamia gigas L. et H., extr. fr. the Trans. of the Linn. Soc. of London, vol. XXVI, p. 663, tab. 52 et 53 (excl- Ses À ru RS TE Lt à PP EN de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 133 foliis caulibusque ad Zamitem gigantem L. et H. spectantibus. Williamsonia gigas, Nath., Nagra Anmarkn. Williamsonia Carruth. (Of fr. kongl. Vetensk. — ? Academ. Fürhandl, n° 9), p. 35-36, tab. VII. — Sap. et Mar.. Sur les genres Williamsonia et Goniolina, extr. des comptes rendus des séances de l’'Acad. des sc., t. XCII, séance du 23 mai 1881. — L'Évolut. du rêgne vég. — Les Phanérogames, t. I, p. 237-242, fig. 102 et 103. DraGNose. — W. caulibus elatis rigidis foliatis, foliis coria- ceis lineari-lanceolatisintus leviter canaliculatisobtusesensim apice calloso attenuatis, longitudinaliter nervosis, basi autem amplexicaulibus donatis, involucra terminalia polyphylla receptaculifera stipantibus ; involucris dimorphis, aliis mas- culis (?) globosis e bracteis plurimis linearibus dorso medio leviter carinatis elongatioribus lateraliter conniventibus, longe sensim desuper attenuatis curvatisque constantibus, receptacula conoideo-pyramidata intus foventibus ; aliis fe- mineis e bracteis brevioribus apice obtusatis efformatis, receptacula late globosa circumtenentibus ; — receptaculis masculis (?) pyramidatim conoideis, zona radiatim fibrosa circumfusa pro maxima parte, excepto annulo basilari, post anthesin decidua vestitis, sursum autem in apicem aperte in- fundibuliformem, radiatim e centro ad peripheriam ner- voso-striatum, marginibus dissecto-lobatum,. demum, ut videtur, deciduum expansis ; — receptaculis fructiferis late globoso-pomiformibus, corticatis, superficie corticali tenuis: sime areolatis, areolis in phalanges inter se sæpius con- nexas cirea punctum centralem gregatim ordinatis. 134 PALÉONTOLOGIE FRANGAISE, Zamites gigas, dJ. Yates, Proced. of the philos. soc. of Yorkshire, 1847 (excl. foliis Z. gigantis). — —- L. et Huit. (ex parte), Brongt, Tabl. des genres. de vég., f° IX, p. 62. — — Schimp. Traité de Pal. vég., I, p. 205. Cette espèce, particulière à l’oolithe du Yorkshire, est la mieux connue de celles que nous réunissons dans le genre Wäilliamsonia, à raison du nombre et de l’impor- tance des documents recueillis. C’est aussi la seule dont. nous possédions les différentes parties, c’est-à-dire des portions de tiges, réunies aux organes de la reproduction, ceux-ci de deux sortes, vus de divers côtés et suscepti- bles d’une reconstitution à peu près intégrale. La collec- tion Yates déposée au Muséum de Paris depuis plus de quarante ans, combinée avec le dossier des dessins exé- cutés par Brongniart d’après les documents originaux, et la suite d'échantillons due aux recherches de M. Wil- liamson ne comptent presque pas de lacunes. Les trois séries se complètent d'ailleurs l’une par l’autre et leur examen permet de décrire le Williamsonia gigas presque aussi sûrement que s’il s’agissait d'une plante vivante, entièrement nouvelle, telle que l'était le Welwitschia, lorsque Hooker le signala pour la première fois. La difficulté, en ce qui concerne le W. gigas, ne vient ni du défaut ni du mauvais état des exemplaires, mais. plutôt de la façon de les interpréter. La détermination d'appareils fossiles, complexes par eux-mêmes, formés de parties originairement connexes, mais fréquemment dé- tachées, isolées oufragmentées,soit accidentellement, soit par le fait d’une caducité naturelle; toujours à l'état d'empreintes, c’est-à-dire montrant en creux ce qui était en relief et vice versa, cette détermination ne saurait être TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 135 saisie du premier coup. Elle exige beaucoup de patience, _des dessins très fidèles et des moulages répétés, destinés à rendre aux anciens objets leur véritable apparence. Ajoutons, pour mieux faire comprendre les erreurs com- mises et les obscurités longtemps maintenues, que les échantillons de la série Yates, plus nombreux et plus pro- bants que ceux de M. Williamson, sont publiés ici pour la première fois. Brongniart en avait fait l’objet d’un com- mencement d'étude, accompagnée de dessinsrestésinédits æt dans lesquels il nous a été henreusement permis de puiser; mais ce savant obéissait lui-même, bien qu'avec répugnance, à l'idée préconçue que ces restes devaient être réunis à ceux du Zamiles gigas, dont ils auraient repré- senté les parties fructifiées et, sous l'empire decette idée, l’auteur français ne parvint jamais à formuler une conclu- sion assez raisonnable à ses yeux pour être définitivement adoptée par lui et publiée. En réalité, c’est sur la présence d'un véritable tronçon de tige de Zamailes gigas, encore -garni de ses feuilles et surmonté d'un bourgeon terminal en voie de développement, associé accidentellement aux vestiges de Williamsonia, dans la collection Yates, que se -basait l'hypothèse de la combinaison de tous ces débris -en une seule et même espèce de Cycadée, Nous avons décrit et figuré, dans un volume antérieur (1), cette tige; mais son examen démontre qu’elle n’a rien de commun avecles Williamsonia, dont les restes sont accumulés dans la même assise. Faire dépendre une parenté spécifique ou même générique d’une circonstance pareille, d’une . coïncidence aussi fortuite, entraïnerait dans une foule de (1) Voy. ci-dessus, Plantes jurassiques, t. IE, Cycadées, pe 56-57, Atlas, pl. XI, fig. 1. 136 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cas des conséquences trop singulières pour qu'il soit né- cessaire d’insister ici sur le peu de vraisemblance du rap- ” prochement basé sur des indices de cette nature. Nous avons fait voir précédemment et nous insistons de nou- veau sur ce point, que le bourgeon évolué ou fascicule de feuilles encore tendres, qui surmonte et prolonge la tige fossilisée du Zamites gigas de la collection Yates, n'a qu’un rapport tout à fait vague et purement superficiel avec les hampes et les involucres du Wäilliamsonia. Les folioles du Zamites, bien que confusément érigées, confor- mément à leur mode de vernation « érigée-imbricative », se distinguent suffisamment à la loupe et n’ont rien de commun en réalité avec les feuilles dont nous parlerons bientôt. M. Williamson, qui cependant ne semble pas avoir connu l'échantillon de Zamites dont il vient d'être question, insiste dans son mémoire sur l'abondance rela- tive des feuilles de Cydacées et l'impossibilité de ratta- cher soit aux Fougères, soit aux Conifères, les « parties complémentaires » des fossiles problématiques recueillis par lui dans le grès du Yorkshire. En conséquence, il se croit suffisamment autorisé à les attribuer au Zamites gigas, toute autre référence lui paraissant « une idée improbable ; » et tout de suite il ajoute : « De telles traces peuvent être seulement rencontrées parmi les restes végétaux existant au sein de la même roche. » Il est encore plus naturel d'admettre, selon nous, en dehors d’une connexion directe et d’une preuve absolue, qui font ici défaut, que nous ayons sous les yeux un type jurassique tout à fait spécial, distinct de ceux qui lui sont accidentellement associés dans le grès du Yorkshire, et . dont, en dépit de sa singularité, nous nous efforcerons de définir les vrais caractères. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 437 Nous ignorons si nous possédons les feuilles normales du Williamsonia gigas ou seulement les bractées de ses hampes florales. Il semble pourtant que l’échantillon reproduit par la figure 1, pl. 242, représente de vérita- bles feuilles encore en place, réunies en faisceau et occu- pant la partie inférieure d’une tige, pourvue elle-même de bractées plus ou moins lacérées et terminée par les restes d’un réceptacle vide, avec des résidus de feuilles involucrales, dont une seule, à droite, paraît intacte. La largeur diamétrale du plan réceptaculaire et l'épaisseur même du support, couronné par ce plan, se trouvant en parfait rapport avec les dimensions de l’organe femelle décrit ci-après, il est admissible que nous ayons sous les yeux l'appareil reproducteur du W. gigas, en partie, dé- sorganisé, à l’époque de la maturité du fruit, après le détachement de celui-ci et d’une partie de son involucre. Les feuilles se présentent sous divers aspects; la plupart lacérées ou comprimées et recouvertes l’une par l’autre; aucune d'elles ne paraît réellement entière. Elles diffèrent beaucoup de dimension et paraissent diminuer d’ampleur et de taille, de la base au sommet de l'échantillon. Une de ces feuilles, entièrement séparée des autres, sur la gauche, est longue de 6 centimètres, atténuée, obtuse ou même arrondie au sommet, légèrement dilatée et sans doute amplexicaule à la base, qui d’ailleurs est loin d’être intacte. Cette terminaison supérieure obtuse, de même que la convexité de la face dorsale, la face interne étant légèrement concave résulte de l’examen de plusieurs de ces feuilles dont les bords inermes se repliaient en dedans, à ce qu’il semble, de manière à se rejoindre presque dans certains cas. La plus longue de ces feuilles mesure plus d’un décimètre; d’autres, à côté d’elle, 138 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. montrent leur terminaison supérieure, sans qu’on puisse fixer la limite de leur prolongement inférieur. Les ner- vures sont toutes égales, parallèles, longitudinales et très rapprochées. Un très bel échantillon, dessiné en 1847 par Ad. Brongniart, à qui il avait été communiqué par le R. Ripley, de Whitby, doit être pris en considération. La hauteur totale n’est pas moindre de 95 centimètres, et il présente, après une étendue de 15 centimètres, une ra- mification latérale aussi épaisse que la tige mère dont elle sortet recouverte, comme celle-ci, d'épaisses feuilles bractéales, appliquées, se recouvrant mutuellement et en partie détruites. Au-dessus de la ramification dont nous venons de parler, la tige fossile continue à s'élever et se termine par les résidus d’un involucre dont les feuilles étalées et courtes ressemblent à celles qui entourent l'organe femelle. A notre grand regret et faute d'espace, nous ayons dû renoncer à donner la figure de ce magni- figne échantillon. D’autres exemplaires de la collection Yates font voir divers fragments de tiges feuillées du . Williamsonia gigas. Notre figure 3, pl. 243 (n° 10 de la coll. Yates), représente un tronçon couvert de feuilles en place, al- longées, convexes ou même carénées sur la face dorsale, atténuées-obtuses dans le bas, mais terminées dans le: haut de l'échantillon, en une pointe acuminée. Ces der- nières se recourbent les unes vers les autres comme pour constituer un commencement d’involucre. L'épaisseur de ces feuilles résulte de l'examen de la cassure de l’une d'elles qui montre sa.coupe transversale. — Un autre échantillon (n° 56 de. la coll. Yates), pl. 243, fig. 4,se rapporte également à la partie feuillée, voisine d’un in- :volucre : ici, les feuilles.inférieures aux pièces inyolu- Er TERRAIN: JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 139 crales, visibles dans le haut, sont plus larges, plus courtes que celles-ci, terminées par une pointe calleuse et dis- tinctement carénées sur le dos ; mais ce sont là peut-être des bractées comparables à celles des hampes florales d’Yuccea plutôt que des feuilles proprement dites. — La figure 4, pl. 244 (no 5855 de la collection du Muséum - de Paris), représente encore une sommité de tige du Wail- _liamsonia.: gigas, recouverte dans le bas de feuilles étroi- tement appliquées, et terminée par un bourgeon glo- _-buleux ou par un involucre floral en voie de développe- ment, qui, vu son épaisseur à la base et la disposition des bractées plus larges, plus courtes et moins nombreuses dont. ilest formé, semble. se rapporter à un appareil femelle encore clos. Les feuilles bien visibles sont ascen- dantes et serrées, nerveuses, épaisses et coriaces, striées en long et carénées sur le dos, lancéolées et acuminées au sommet, qui a dû être pourvu d’une pointe calleuse, Vers le bas, ces mêmes feuilles, généralement tronquées, font voir leur coupe. transversale qui témoigne d’une épaisseur.de 3 millimètres environ sur le milieu, à l’en- droit de la carène; cette, épaisseur allait ensuite en s’atténuant vers les. bords inermes et tranchants de la feuille. La nervation, visible à la loupe et reproduite par - la figure 4, pl. 241, sous un fort grossissement, montre -des veinules obliquement.ramifiées et anastomosées qui courent longitudinalement dans l'intervalle des nervures principales. Des ponctuations éparses se rapportent peut- être aux stomates. Au total, les feuilles que nous venons de décrire ressemblent à celles de certaines Broméliacées - et Pandanées,, mais, plus particulièrement des Liliacées .frutescentes, comme les Yuwcca, ou encore des Vellozia . d'Amérique ; mais c’est là une ressemblance tout exté- 140 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rieure, qui n'implique de la part des Wi{liamsonia, au- cune présomption d’affinité directe et immédiate vis-à- vis de ces plantes. Après les feuilles, il convient de s'attacher aux organes reproducteurs du Wäilliamsonia gigas, de les suivre dans leur développement et de définir leur structure. Ces organes étaient certainement involucrés, et les involucres - floraux situés au sommet des rameaux ou hampes feuil- lées que nous venons de décrire. La figure 1 (pl. 243) en fait foi, puisqu'elle repré- sente un de ces rameaux, encore chargé de feuilles à l'état de résidus, surmonté d’un involucre globuleux dont les bractées ou pièces, étroitement linéaires et strictement conniventes, se recourbent en s’atténuant dans le haut, de manière à former une voûte et à cir- conscrire une cavité intérieure, évidemment destinée à -renfermer l’organe reproducteur. Ilest également certain que ces mêmes involucres, bien reconnaissables, offrant le même aspect et les mêmes bractées que le précédent, mais préalablement détachés, se montrent, dans plusieurs cas, encore pourvus d’un appareil en forme d’axe, récep- taculaire que nous aurons à définir et à reconstituer. Cette caducité des involucres floraux, après l'anthère, est un fait trop souvent répété pour ne pas en tenir compte; nous y reviendrons plus loin; mais dès à présent nous devons formuler une remarque préliminaire, qui est la suivante : de même que des involucres détachés et glo- buleux, formés de bractées linéaires, conniventes et lon- guement atténuées en pointe vers le haut, présentent des appareils encore en place et enveloppés par eux; de même d'autres involucres, détachés comme les premiers par un accident naturel, se montrent vides et laissent voir à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. Aut l'intérieur, au lieu d'appareil reproducteur, une large cica- trice marquantle point où cet appareil était assis, au centre de l’organe involucral. Nos figures 2 et 3, pl. 242, qui con- cordent évidemment avec la figure 7, pl. zir, du mémoire de Williamson, offrent clairement cette disposition, vi- sible au moyen d'un moule reproduit en 3*. On saisit sans peine, d'autre part, une différence sensible entre les involucres à folioles linéaires et longuement atténuées supérieurement et d’autres involucres, pl. 240, fig. 3, qui paraissent formés de bractées plus courtes, plus épaisses, plus obtuses au sommet et imbriquées sur plusieurs rangs. La figure 1, pl. 241, représente un de ces derniers involucres encore en place surmontant une tige robuste, garnie de ses feuilles; mais peut-être est-ce là un bour- geon floral en voie de développement, et peut-être aussi faut-il faire la part de l’âge ou du sexe, à moins qu’on ne préférât admettre l'existence de deux espèces de Williamsonia, associés côte à côte dans le grès de Scar- borough. Quoi qu'il en soit, nous sommes assurés de la présence de deux sortes d'appareils reproducteurs, ayant tous deux appartenu au Williamsonia : l'un abonde dans le gisement du Yorkshire pl. 244, fig. 2, et pl. 245, fig. 4-3); c'est celui dont notre figure 2, pl. 244, re- produit l’aspect, d’après une empreinte moulée de la collection Yates; c’est aussi celui que représentent les figures 3 à 6, pl. Lu, du mémoire de Williamson, ainsi que l'échantillon dessiné par Brongniart (pl. 245, fig. 1). — L'autre appareil, beaucoup plus rare, inconnu du sa- vant anglais, mais dont la série Yates nous révèle l’exis- tence (voy. la reproduction de l'échantillon original, pl. 240, fig. 1, d'après un dessin de Brongniart), con- siste en un réceptacle globuleux, entouré de bractées in- 142 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. volucrales, étroitement appliquées contre lui. Ce dernier appareil présente une conformité de structure avec le Podocarya de Buckland, qui ne-saurait échapper à un œil tant soit peu exercé. Or nous savons par ce Podo- carya( Williamsonia Bucklandi Sap.) et aussi par l'espèce des Vaches-Noires ( Willamsonia Morierei Sap.), que cet appareil est un fruit agrégé, contenant des graines in- cluses dans les alvéoles sous-corticales. Il faut donc, dès qu'il s’agit bien réellement ici d'un appareil femelle, : rapporter nécessairement au sexe mâle l'appareil dont : il a été d’abord question, comme le plus fréquent à Scar- borough, surtout si l'examen de celui-ci ne contredit pas ou favorise même une pareille supposition. En la repous- sant, on se trouverait amené, ce qui semble très im-* probable, à présumer l’existence, à Scarborough, de deux types génériques, à la fois très distincts et cependant pourvus également d'organes reproducteurs involucrés, possédant le même aspect extérieur et des feuilles sem- blables, vivant autrefois près l’un de l’autre et dont les débris confondus seraient venus peupler l’assise de Haws- ker et Runswick. Voyons maintenant ceux des appareils du Williamsonia gigas que nous considérons comme répondant aux or- ganes mâles de cette plante curieuse (pl. 244 fig. 4! 3; 245, fig. 1-3; 246, fig. 1-2 et 5). Ils se présen- ae tent à l’état de moules, adhérant encore à la base des! involucres et recouverts par eux. Les figures, pl. 2447 et 2 pl. 245, donnent de beaux exemples de ‘ces sortes d'empreintes, reproduites dans leur état naturel. L’em- preinte est celle de l'intérieur des pièces de l’involucre” et la cavité involucréese rapporté av moule creux d’un! organe en forme d’axe ou spadice réceptaculaire (axe TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 143 pyriforme de Williamson), dont il faut reproduire en relief les parois, si l’on veut en reconstituer l’ancienne appa- parence. En ce qui concerne l’involucre même, les bractées étant minces et pareilles sur les deux faces, il se trouve que par le fait le moule de l’intérieur reproduit fidèlement l'aspect que devait avoir l'organe vu par de- hors: en sorte, qu’en figurant l'empreinte on reconstitue par cela même l’ancien aspect de l'extérieur. Le contenu des involucres oppose à une reconstitution intégrale de l'organe en forme de spadice de bien plus grandes dif- ficultés. La cavité pyriforme, conique et plus ou moins allongée, axe pyriforme de M. Williamson, toujours un peu res- serrée à l'entrée, ne saurait être aisément moulée en relief (1); on y parvient pourtant à l’aide d'opérations partielles et répétées ; voici ce que l’on constate dès lors. et ce que démontrent nos figures : La figure 4, pl. 244, représente l'empreinte à peu près complète de l’un des plus grands involucres de la série Yates (n° 2402 de la collection du Muséum de Paris). Au centre et au fond de cet involucre, on distingue la cavité qui se prolonge à l'intérieur de la roche et, autour de cette cavité, cernant sa base, un anneau ou bande périphérique, formé de stries rayonnantes, conformément à ce que montrent les figures 3 et 6, pl. 52, du mémoire de M. Williamson (2). Cette bande, aux yeux du savant anglais, répond au tissu (1) Le moulage exact de cette même cavité n’a pas offert la même difficulté dans une espèce portlandienne tout récemment décou- verte et que M. R:Zciller à bien voulu nous communiquer. C’est elle qui sera décrite plus loin sous le nom de Williamsonia. Gagnierei et figurée avec son spadice, affectant ici une forme courtement conique et pyramidale, Ci On the Hist. of Zara Gicas, pl. 52, fig. 3 ; eæpl, of the plates, p. 674. 144 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. vasculaire intérieur de « l'axe pyriforme », et ce tissu en partie désorganisé ne serait demeuré intact qu’à son extrème base, Mais le moule de l'ancien organe, resti- tuant son apparence, ne confirme pas cette interpréta- tion. On peut en juger par la figure 2, pl. 244, qui reproduit ün moule en relief de l'empreinte fig. 4, même planche; elle traduit le véritable aspect de celle-ci, avec cette restriction que la matière plastique, introduite dans la cavité centrale, n’a comblé celle-ci qu'à moitié. La terminaison supérieure de « l’axe pyriforme » fait donc ici défaut, mais sa base et la zone périphérique de stries: rayonnantes entourant cette base, sont parfailement visibles, et d’autres échantillons, également moulés (pl. 244, fig. 3; 245, fig. 2; 246, fig. 2), montrent claire- ment la même disposition. On reconnaît ainsi que la zone fibreuse ou bande périphérique ne faisait. nulle- ment corps avec le spadice dont elle- cerne la base ; distincte du spadice, on voit qu’elle tend à s’en détacher, de telle sorte qu'entre elle et l’axe conique il existe un interstice plus ou moins marqué (voy. surtout la figure 2, pl. 245); et la collerette de stries se trouve plus ou moins entière ou désagrégée, selon les empreintes que l'on interroge. Il existe même des échantillons où la bande striée presque entièrement absente n’a laissé vers le fond de l'involucre que la trace de son emplacement. C'est ce que montre assez bien l'empreinte (n° 23 de la collection Yates) reproduite par notre figure 3, pl. 244, d’après un moulage. En effet, on aperçoit ici, au centre de l’involucre, l’« axe pyriforme » réduit à l’état de fragment, recon- naissable pourtant à ses fibres dirigées dans le sens lon- gitudinal. Tout autour, on n’observe que de faiblesrésidus. né di GT ver à PT | L PE RTE TERRAIN JURASSIQUE. -—: VÉGÉTAUX. 145 de l’anneau périphérique; à gauche el dans le bas cet anneau est encore visible et en place, mais dans le reste du pourtour on distingue seulement la trace de son im- pression à la surface de l’involucre, contre lequel il était appuyé. Les fibres de cet anneau, rayonnant de toutes parts, étaient insérées sur l’axe ou spadice, en sens in- verse des fibres de celui-ci, et elles s’en détachaient aisé- ment par désarticulation à un moment donné. L’axe lui- même se montre toujours dénudé, sauf à sa base cernée par l’anneau. On n’a qu’à consulter les figures 2, pl. 245, et fig. 2, pl. 246, exécutées d’après des moulages, pour s’en assurer. Le plus vraisemblable est d'admettre, comme cela résulte naturellement de l'aspect de l’ancien organe, une fois moulé, que la bande annulaire striée n’est qu'un résidu, qu’elle est de même nature que la région fibreuse du Podocarya, que celle-ci a dû recouvrir originairement la surface entière du spadice; mais que, plus aisément désa- grégée et caduque, elle s’en détachait plus promptement à partir du haut, laissant dans le bas de l'organe une zone plus tenace d'éléments fibreux cohérents, retenue d’ailleurs par les bractées de l'involucre. La surface de cette région fibreuse a laissé les vestiges d’un réseau très fin (pl. 244, fig. le), qui l'aurait recouverte, comme si des particules très nombreuses eussent donné lieu, par compression mutuelle, à des compartiments irrégulière- ment penta-hexagonaux, très menus et très serrés. Ces compartiments correspondent, dans notre pensée, à des anthères en nombre indéfini, disposées à peu près comme chez les Typha; les éléments mâles de ces derniers, ag- glomérés dans le haut des spadices, les couvrent en effet d’un revêtement destiné à tomber en se désagrégeant, après l’anthère. Les spadices involucrés et monoïques du Ile Sén. Vécéraux. — IV, 10 146 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Williamsonia gigas ont dû de même constituer un appareil mâle quise montrerait anous dans un état de désorganisa- tion plus ou moins avancé. Mais quelle était la terminai- son de l’appareil mâle du Williamsonia gigas, ainsi inter- prété? — M. Williamson, poursuivant une idée différente de la nôtre, avait cru reconnaître, au sommet de son « axe pyriforme », une expansion discoïde, nommée par lui « disque lenticulaire » ; ce disque aurait été surmonté d’un prolongement apical qu’il appelait l’ « axe pyrami- dal », et que terminait une sorte de cicatrice. En procé- dant à l'examen minutieux des mêmes parties, il nous a paru que le plus sûr était de les scruter en moulant cha- que fois les parties demeurées visibles des échantillons, destinés ainsi à se compléter l’un par l’autre. C'est ainsi que la figure (2 pl. 245) nous montre un spadice, plus aisément moulé que les autres à raison de sa petite taille, cerné inférieurement d’une bande striée, remar- quablement intacte, uni à la surface, atténué supérieure- ment, puis légèrement renflé au sommet, quilaisse voir la cicatrice de quelque organe tombé, cicatrice autour de la- _quelle se trouvent disposées de légères stries rayonnan- tes. Il s’agit donc de déterminer la conformation qu'avait ce spadice avant la chute de la partie appendiculaire dont il était couronné. L'empreinte d’un involucre, représentée pl. 245, fig. 3, est venue nous fournir un nouveau ren- seignement. Ici, non seulement la bande striée est in- tacte à la base du spadice ou « axe pyriforme », mais ce- lui-ci traverse l'épaisseur de la plaque de grès dans une direction oblique, et cette circonstance se traduit par une ouverture visible au fond de la cavité laissée par le spa- . dice. De cette sorte et grâce à cette particularité, en mou- lant la plaque sur ses deux côtés on obtient toute la par- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 147 tie conservée de l’ancien appareil, puis en rejoignant les moules résultant de cette double opération, on parvient à reconstruire intégralement cet appareil, ainsi que le fait voir notre figure 2, pl. 246. On constate alors qu'après un rétrécissement graduel, l’ «axe pyriforme », marqué de sillons de plus en plus prononcés, se dilatait de nouveau et donnait naissance, dans le haut, à une expansion infundibuliforme, marquée à la superficie de stries fibreuses rayonnantes, mais dont le prolongement se trouve ici interrompu par la terminaison de la pla- que même. Les figures 4 et 5, pl. 52, du Mémoire précité de Williamson représentent évidemment les mêmes par- ties à l’état de coupe longitudinale (fig. 4) et d'empreinte creuse (fig. 5). M. Williamson les interprète de la ma- nière suivante : « fig. 4, section longitudinale d’un invo- lucre, avec l’axe pyriforme et la moitié inférieure du disque lenticulaire; — fig. 5, portion supérieure d’un involucre, avec l'empreinte de la face inférieure du « disque lenticulaire ». Nous reproduisons ici, pl. 246, fig. 4, pour permettre au lecteur de mieux asseoir son jugement, un dessin inédit d’Adolphe Brongniart qui re- présente évidemment l'échantillon, fig. 5 du Mémoire de de Williamson, plus exactement que ne l’a fait l’auteur anglais. On voit très distinctement, au-dessus des feuilles de l’involucre, moulées à l’intérieur et recourbées vers le haut, s'épanouir la base de l'expansion infundibuliforme. Cette base tronquée est encastée dans la roche; elle ré- pond à l'empreinte de la face extérieure. L'expansion n’est pas terminée, mais interrompue par une cassure circulaire. Ainsi, c’est à la base de l’expansion en forme d’entonnoir que M. Williamson applique la dénomination de disque lenticulaire ; il suppose ce disque entier et ter- 148 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. miné, tandis qu’à nos yeux, il s’agit d’un organe tronqué horizontalement par une cassure de la roche. Il est donc nécessaire, pour saisir la configuration et l'extension périphérique de l'organe en question, d’avoir recours à d’autres échantillons qui nous le fassent voir conservé dans ses différentes parties, en ayant soin de les mouler, comme il a été fait jusqu'ici. La figure 4, pl. 244, représente effectivement, toujours vue par dehors et d’après un moule, une expansion infundibuliforme pareille à la précédente, mais plus étendue et sillonnée également de stries rayonnantes qui vont du centre à la périphérie; l'empreinte qui a donné lieu à ce moule est reproduite par la figure 2, pl. 251. La figure 1, pl. 251, représente l'empreinte de la face interne de la même expansion également striée et encore plus étendue, bien que toujours mutilée le long des bords (n° 5886 du cat. du muséum de Paris, 85 de la série Yates). Enfin, la fig. 4, pl. 246, dessinée d’après une empreinte du Muséum (n° 2406 du catalogue) montre une autre de ces expansions, détachée et probablement déroulée, répondant à la face extérieure de l’organe. Probable- ment en partie désorganisée, marquée des mêmes stries rayonnantes, elle est pourvue, le long des bords, de lobes marginaux irrégulièrement déchiquetés et peut-être acci- dentellement lacérés. La cicatrice terminale du spadice fig. 2, pl. 245, et plusieurs exemples tirés des échan- tillons de la série Yates, démontrent que l’expansion dont nous venons d’esquisser les traits se détachaïit finalement de l’axe pyriforme auquel elle servait de cou- ronnement, et que cette scission s’opérait par une désar- ticulation naturelle, vers l'endroit où le revêtement fibreux de cet axe se terminait au point le plus atténué de l’or- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 449 gane et après son dépouillement. L'expansion terminale, considérée à part, avait la forme d'un entonnoir évasé; son tissu, épais à la base et vers le centre, allait en s’a- mincissant vers les bords, en même temps que les fibres de ce tissu s’étalaient en rayonnant au dehors. La base naturellement détachée de cette expansion infundibuli- forme, dont l'étendue variait selon les dimensions mêmes de l’axe qui lui servait de support, se laisse voir à nous au moyen d’un remarquable exemplaire de la série Yates (n° 2405 de la coll. du muséum de Paris), repro- duit pl. 246, fig. 3, et qui représente une empreinte _intérieure avec des lacinies marginales. Les stries rayon- nantes, partant du fond et moins prononcées que sur l’autre face, vont atteindre les lobes en se ramifiant ; ces lobes marginaux sont irréguliers, tantôt simples, tantôt lobulés, et séparés par des sinus plus ou moins obtus et profonds. Une empreinte en toute analogue, mais plus nette et plus complète à certains égards, a été dessinée en 1847 par Ad. Brongniart, d’après un échantillon ap- partenant à M. John See esq., d'Hartwell; elle représente, comme la précédente, le moule intérieur d’une expansion infundibuliforme, découpée le long des bords en lobes courts, repliés en divers sens et mutilés pour la plupart. Notre figure 1, pl. 247, reproduit fidèlement le dessin inédit du savant français. Le plus bel exemple existant, à notre connaissance, de l'appareil infundibuliforme, vu dans son ensemble et visiblement détaché, nous est fourni par un autre dessin du même savant, exécuté sous ses yeux d'après un échantillon de Whitby, à lui communiqué en 1849 par M. Edward Gharlesworth, d'York. Notre figure 2, pl. 247, reproduit ce dessin qui représente visiblement l'empreinte de la face exté- 150 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rieure de l'ancien organe. Il est même probable que nous avons, dans cet échantillon, une contre-empreinte du précédent, puisque les deux empreintes comparées offrent, en sens inverse l’une de l’autre, à peu près le même aspect et la même disposition. Quoi qu’il en soit, la fig. 2, pl. 247, représente l'extrémité extérieure d’un appareil en forme de soucoupe ou d’entonnoir très évasé, marqué, du centre à la circonférence, de stries rayon- nantes et mullipliées, divisé sur les bords en lobes ovales lancéolés, au nombre de quinze, séparés par des sinus obtus et peu profonds. Comme ceux de la figure associée à celle-ci, ces lobes sont rarement entiers. La plupart pa- raissent déchirés ou mutilés au sommet; ils se recourbent légèrement, et peut-être leur pointe se trouve-t-elle engagée dans la substance de la roche. Il semble que chacun de ces lobes ait été faiblement caréné sur son milieu, et que les stries, en s’y étalant, prissent l’ap- parence de nervures, en même temps que la consistance du tissu allait en s’atténuant. Vers le centre, au con- | traire, les fibres accumulées accusent plus de saillie et une plus grande épaisseur; elles vont se réunir en une cicatrice à peine ouverte, qui correspond au point d'in- sertion, par où la désarticulation de l’ancien organe a dû autrefois s’opérer. : L'expansion terminale, ainsi interprétée, doit être certainement identifiée avec le « disque carpellaire » (carpellary-disk) de M. Williamson (fig. 4 et 2, pl. 52, du Mémoire anglais), dont les lobes, selon l’aveu de M. Wil- liamson, ont été rendus par le dessinateur avec une régularité schématique qui n'existe pas dans l'original. Chacun de ces lobes, dans l'hypothèse du savant anglais, aurait porté deux ovules encastrés dans la substance de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 151 l'organe; mais les traces d'insertion de ces ovules pré- tendus tiennent sans doute à quelque accident ou à des inégalités superficielles, qui ne se rencontrent sur aucun des échantillons si variés et parfois si complets de la série Yates, ni de ceux dessinés autrefois par Brongniart (1). Ce qui ressort de l’examen qui précède, c’est la nature purement appendiculaire de l'expansion ainsi décrite et que nous retrouverons bientôt, sous un aspect un peu différent, dans le Williamsonia Leckenbyr. Lorsqu'il appliquait la dénomination de « disque car- pellaire » à l'expansion infundibuliforme, M. Williamson ignorait l'existence du véritable appareil fructificateur du W. gigas. En effet, c'est seulement dans Ja série Yates qu’existe cet appareil représenté par une empreinte re- produite fidèlement par notre figure 1, pl. 240, d’après un dessin dû à Brongniart, tandis que la figure 2, pl. 239, dessinée par nous, montre la même empreinte préalable- ment moulée, avec son apparence et son relief véritable, restitués, et les principaux détails de son réseau superf- ciel grossis. En examinant ces figures, on observe, au sommet d’une hampe en partie désorganisée ou même réduite aux seules parties fibreuses (fig. 4, pl. 240), les restes d’un involucre dont les bractées embrassent laté- ralement un appareil largement arrondi, pomiforme, qui semble racorni, comme s’il ne. consistait qu’en la seule région corticale, soulevée, ridée et repliée en divers sens sur elle-même, Il est visible surtout par la figure en relief (fig. 2, pl. 239) que cette écorce est constituée à l’inté- (1) On distingue pourtant sur l'empreinte fig. 1, pl. 247, et sur une autre empreinte dessinée par Brongniart, des traces de rugosités et des replis de la subtance végétale, qui peuvent expliquer l'erreur commise lorsqu'on a attribué ces ca//i ou points saillants à des ovules nichés sur le pourtour intérieur du « disque carpellaire » supposé, 152 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, rieur par une zone fibreuse analogue à celle du Podocarya de Buckland, mais au sein de laquelle nous n'avons pas aperçu de graines nichées. La superficie, rendue avec un soin particulier, d’après des moules exacts, est recouverte d’un assemblage d’aréoles (fig. 2%, 2, 2° et 9%, pl. 289) généralement trigones, plus rarement tétra-pentagonales, non pas simplement contiguës, mais se pénétrant mu- tuellement. C’est bien la même disposition que l’on observe dans le Podocarya de Buckland et dans le Wal- liamsonia Morierei décrit ci-après. La figure 1*, pl. 240, représente une bractée involucrale grossie de l'appareil fructificateur en question : sa terminaison obtuse, ainsi que sa nervation, la rapprochent sensiblement des par- ties correspondantes du bourgeon floral qui surmonte la grande tige, pl. 241, fig. 4, comme aussi des bractées lâchement imbriquées dont est formé un autre involuere ou bourgeon, détaché naturellement, vu par dehors et par dessous, que représente notre figure 3, pl. 240, d’a- près une empreinte moulée de la série Yates. Mais cet: involucre, dont la conservation est remarquable, n’est peut-être que la sommité encore tendre d’une tige en voie d'évolution, accidentellement tombée. Sa faible dimension empêche de reconnaître en lui un appareil fructificateur adulte; il représente plutôt un involucre jeune; maïs nous avons tenu à le figurer à cause de l’ex- trème beauté de conservation qui le distingue. . Un autre échantillon, dont il existe les deux côtés (n° 2402 de la coll. du Muséum, 66 de la série Yates), se rapporte sûrement à l’involucre détaché d’un appareil. L'empreinte intérieure (pl. 246, fig. 5) laisse voir la cavité correspondant à l'axe pyriforme, entouré à sa base des résidus de l’anneau strié; mais l'empreinte extérieure CHR 2 52 Am TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 153 (pl. 246, fig. 6), par un effet de compression, montre les feuilles de l'involucre confondues et comme soudées entre elles, de manière à rappeler par leur disposition l'apparence du disque carpellaire de M. Williamson. En restituant, par le moulage, cette empreinte, on obtient (pl. 243, fig. 2) la reproduction de l’involucre, vu par dessous et naturellement détaché. Il se montre composé de plusieurs rangs de folioles, vues par leur face dorsale, se recouvrant mutuellement, et la plupart avec une ter- minaison obtuse de leur sommité. Une cicatrice semblable à celle de la figure 3, pl. 240, correspond au point où la désarticulation a dû s’opérer. — Ces deux exemples et plusieurs autres font voir que les involucres du William- sonia gigas différaient notablement entre eux, au moins par la dimension, enfin qu'ils se détachaient naturelle- ment et tout entiers des tiges, après l’anthère et leurs fonctions reproductrices une fois accomplies. Rapports ET DIFFÉRENCES. — Il résulte de l’ensemble des considérations précédentes que le Wil/lamsonia gigas ne saurait être comparé à la plupart des autres espèces du genre que par les parties de la fructification seulement, les appareils considérés par nous comme mâles n’étant pas connus ou très imparfaitement, en dehors du Williamsonia Gagnierei et sil'on excepte l'expansion terminale du W. Leckenbyi, dont nous constaterons plus loin les divergences relativement à ce qui existe dans le W. gigas. On constate par notre figure 2, pl. 239, et les détails grossis dont elle est accompagnée, que le fruit agrégé du W. gigas ressem- blait à celui de l’ancien Podocarya, mais que son écorce, pourvue sans doute d’une région fibreuse moins épaisse, présentait des compartiments superficiels beaucoup plus petits et plus multipliés, circonstance qui devait entraîner 154 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. la présence de graines plus petites aussi; mais celles-ci n'ont pas été encore observées. Cette ténuité relative des compartiments est encore plus visible, si l’on compare le Williamsonia gigas au W. Morierei, dont l'appareil repro- ducteur affecte de plus une forme en massue ovoïde et une disposition de la région fibreuse qui éloigne beaucoup les deux espèces l’une de l’autre. Quant au W. pictaviensis, dont l’involucre seul est connu, les bractées de cet invo- lucre sont autrement configurées, plus courtes et surtout plus obtuses à leur sommet, qui est presque tronqué, que celles du Williamsonia gigas. L'espèce indienne, signalée en premier lieu par Feismantal, dans sa «Flore du groupe de Jabalpour », et figurée pl. 48, fig. 4, de la notice de M. Nathorst sur le genre Williamsonia, se rapporte à un réceptacle femelle, en toupie renversée, vu suivant une coupe longitudinale de l’organe réceptaculaire, entière- ment recouvert par une zone fibreuse, plus largement développée dans le haut que sur le pourtour, et caché dans un involucre dont les bractées étroites et conni- ventes s'élèvent beaucoup au-dessus. L'organe est bien plus petit dans toutes ses dimensions que celui du Wäil- liamsonia gigas. Celui-ci, comme nous aurons à le cons- tater plus loin, se rapproche en définitive beaucoup du Williamsonia Gagnierei, espèce portlandienne, plus ré- -cente que toutes celles qui viennent d’être passées en revue, mais qui a dû habiter la même région que la première, dont elle représente peut-être la descendance directe. GISEMENT. — Le Williamsonia gigas Carruth. a été rencontré dans les grès de la côte du Yorkshire, près de Scarborough, falaises de Hawsker et de Runswick, dans une assise de grès dur, ferrugineux, appartenant aux LATE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 153 « grès inférieurs et coquilles » de Phillips; étage batho- nien. Dans cette assise, il est associé à des feuilles du Zamites gigas Lindl. et Hutt., à des débris de Fougères et à des fragments de bois de Conifères. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 239, fig. 2, Williamsonia gigas Carruth., appareil fructificateur, accompagné de ré- sidus d'involucre, isolé de sa hampe et restitué en relief, d'après un moule de l'empreinte originale, grandeur naturelle; fig. 22, 2b, 2° et 2%, compartiments superficiels fortement grossis, pour montrer leur groupement en ro- settes hexagonales, autour d’un point stigmatique, et leur enchevêtrement mutuel. — PI. 240, fig. 1, même appareil reproduit d’après le même échantillon à l'état d'empreinte et dans son entier, d’après un dessin de l’é- chantillon original appartenant au Muséum de Paris, exécuté sur les yeux de M. Brongniart, grandeur natu- relle ; fig. 4°, une des feuilles de l’involucre encore adhé- rente à l'appareil fructificateur, légèrement grossie, pour montrer la forme de sa terminaison supérieure. Fig. 2, autre échantillon du même appareil fructificateur, mon- trant un moulage naturel de sa moitié inférieure, y com- pris la base, avec des résidus de l’involucre qui l’accom- pagnait, grandeur naturelle ; d'après un dessin dû à Ad. Brongniart ; fig. 2, compartiments superficiels, fortement grossis d’après le même. Fig. 3, involucre détaché de la même espèce, probablement femelle, vu par dessous et montrant la cicatrice du point par où l’organe adhérait à l’ancienne tige qui lui servait de support, d’après le moule d’une empreinte de la série Yates, grandeur naturelle. — PI. 2H, fig. 1, sommité d'une tige de la même espèce, garnie de ses feuilles et terminée par un invo- lucre floral en voie de développement, à bractées épaisses, 1856 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. courtes, conniventes et recourbées en dedans, d’après un échantillon de même grandeur ne 5855 de la collection du Muséum de Paris; fig. +, détails de la nervation for- tement grossis. — PI, 242, fig. 4, partie supérieure d’une tige feuillée de la même espèce, surmontée d’un plateau réceptaculaire, entourés de résidus de feuilles involu- crales, d’après un échantillon de la série Yates. appar- tenant au Muséum de Paris, grandeur naturelle. — Obs. II existe un dessin du même échantillon, conforme au nôtre, dans le dossier d’Ad. Brongniart, qui nous a été commu- niqué par son petit-fils ; il ne diffère de celui que nous donnons que par certains détails secondaires, moins clai- rement rendus. Notre figure, en faisant abstraction de la roche, exprime plus énergiquement l'aspect général et l’ensemble des caractères. Fig. 2, involucre, probable- ment mâle dela même espèce, d’après un moule intérieur de l’ancien organe, à l’état de noyau pierreux et présen- tant à sa base la cicatrice de l’axe ou spadice préalable- ment détaché, d’après un échantillon appartenant au Muséum de Paris, grandeur naturelle; fig. 3, même échantillon retourné et vu par dessous, pour faire voir l'emplacement de la cicatrice laissée par l'axe, lors de la chute, grandeur naturelle ; fig. 3*, le même avec son as- pectrestitué d’après un moulage.— Os, L’échantillon ainsi, reconstitué doit être rapproché de celui qui figure sur la planche 250 sous le nom de Williamsonia pictaviensis. Cette comparaison fera saisir les rapportset les différences des deux formes, l’une bathonienne, l’autre oxfordienne. — PI. 243, fig. 1,sommité d’une tige de Williamsonia gigas surmontée par un involucre globuleux, polyphylle, à bractées étroites, conniventes et recourbées en voute au sommet, d'apres un échantillon de la série Yates, appar- Vandaters - té À CLS Der TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 457 tenant au Muséum de Paris, grandeur naturelle. — Obs. TN existe un dessin du même échantillon parmi ceux d’Ad. Brongniart. Fig. 2, involucre mâle? de la même espèce, vu par dessous’et montrant la cicatrice de son adhérence à l’ancienne tige, restitué à l’aide d’un moulage, gran- deur naturelle. — Obs. Get échantillon représente un moule en relief de l'empreinte fig. 6, pl. 216. Fig. 3, tronçon de tige du Wälliamsonia gigas, garni de feuilles en partie mutilées et surmonté d’une sorte de bourgeon terminal ou d'’involucre en voie de développement, dont les feuilles acuminées au sommet se recourbent en divers sens, d’après un échantillon n° 10 de la série Yates, n° 5869 de la collection du Muséum de Paris; grandeur natu- relle. Fig, 4, autre fragment de tige de la même espèce, correspondant à une partie feuillée, voisine d’un invo- lucre, n° 56 de la série Yates, 2401 de la collection du Muséum de Paris; grandeur naturelle. — PI. 244, fig. 1, empreinte d'un très grand involucre de Williamsonia gigas, montrant la face intérieure de l'organe avec une cavité correspondant à l’axe ou spadice entouré à sa base d’une bande périphérique , formée des résidus de la région fibreuse, en partie désagrégée, d’après un échantillon (n° 2402 de la collection du Muséum de Paris); fig. la, dé- tails grossis du réseau superficiel de la région fibreuse. — Obs. Ce même réseau est apparent sur la figure 8, pl. 52, du Mémoire précité de M. Williamson, qui représente un spadice encore accompagné à sa base d’une partie de la région fibreuse. Fig. 2, reproduction en relief de l’em- preinte précédente, d’après un moule partiel de la cavité intérieure qui n’a pu recevoir la matière plastique dans toute son étendue. Fig. 3, autre involucre de la même espèce, reconstitué d’après un moule de sa face inté- 188 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rieure et montrant des résidus presquè entièrement désagrégés de la région fibreuse, autour d’un spadice réduit à sa base et laissant voir à nu la direction verti- cale des fibres de son tissu. Fig. 4, restitution en relief, à l’aide d’un moule, de la base de l’entonnoir ou appendice terminal infundibuliforme, vu par dehors. — PI. 245, fig. 1, même espèce, empreinte d’un appareil mâle, mon- trant au fond d'un involucre l'anneau périphérique de stries rayonnantes qui entoure la base du spadice, celui-ci représenté par une cavité centrale, d’après le dessin ori- ginal d’un échantillon de Whitby, communiqué en 1847 à Brongniart par le D' Murray, grandeur naturelle. Fig. 2, même échantillon moulé en relief, pour montrer l'aspect et la nature du spadice mâle, dépouillé de son en- veloppe fibreuse, sauf à la base où adhère encore une bande périphérique ; le sommet du spadice laisse voir la trace de l'insertion de l’appendice terminal, préalablement détaché, grandeur naturelle. Fig. 3, autre empreinte du même appareil, représentant le moule intérieur d'un in- volucre mâle, avec l’anneau radié entourant une cavité centrale, correspondant au spadice et se prolongeant su- périeurement pour aboutir à une ouverture percée au travers de la roche, d’après un échantillon de la série Yates, grandeur naturelle. 0bs.— Cette empreinte moulée en deux parties se trouve intégralement reconstituée en relief sur la planche suivante, fig. 2. — PI. 246, fig. 1, reproduction, d’après un dessin de Brongniart, d’une em- preinte pareille ou très analogue à celle de l’échantillon précédent, mais vue par le côté opposé, c’est-à-dire par le haut, et découvrant l’entonnoir évasé auquel aboutit l'extrémité supérieure du spadice mâle du Williamsonia gigas, grandeur naturelle. — Obs. L'échantillon dessiné par TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 159 Ad. Brongniart etreproduit sur la planche 246, fig. 4, doit être identifié avec celui de la planche 52, fig. 5, du mé- moire Williamson : On the history of Zamia gigas. L'au- teur anglais en donne la définition suivante : « Partie supérieure d’un involucre avec l'empreinte de la surface inférieure du disque lenticulaire. » Il est inutile d'ajouter que l’entonnoirestici tronqué circulairement par un acci- dent ou cassure de la roche ; la figure suivante le montre dans son entier. Fig. 2, restitution en relief, à l’aide d’uri assemblage de moules partiels, de l'empreinte fig. 3, pl. 245, y compris celui de l’entonnoir évasé dont l’échantil- lon fig. 4, pl. 246, montre un exemple, grandeur natu- relle. Fig. 3, appareil ou appendice terminal en forme de coupe ou d’entonnoir évasé et déchiqueté le long des bords, d’après un échantillon de la collection du Muséum de Paris (n° 2406), répondant à l'empreinte de la face in- térieure de l’ancien organe naturellement moulé, gran- deur naturelle. Fig. 4, autre échantillon montrant l'em- preinte de la face extérieure du même organe ouvert ou déchiré dans sa partie centrale et irrégulièrement lacinié le long des bords, n° 2406 de la collection du Muséum de Paris, grandeur naturelle. Fig. 5, empreinte de la partie intérieure d’un involucre de la même espèce, montrant au centre une cavité correspondante à l'emplacement de l’axe ou spadice, avec des traces de l'anneau radié autour de sa base (n° 2403 de la collection du Muséum de Paris, 66 de la série Yates), grandeur naturelle. Fig. 6, em- preinte de la face extérieure du même involucre dont les bractées étroitement pressées les unes contre les autres simulent l'apparence du disque corpellaire de William- son (pl. 52, fig. 4, de son Mémoire précité). La même em- preinte moulée en relief est représentée avec l'aspect qui 160 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lui est propre sur la planche 243, fig. 2. — PI. 247, fig. A, appareilterminal infundibuliforme du Williamsonia gigas, empreinte de la face intérieure et supérieure, d’après un dessin original d’Ad. Brongniart représentant un échan- tillon de Whitby, communiqué par John Lee à Hartwell, en 1847. Fig. 2, empreinte de la face du même appareil infandibuliforme, d'après un autre dessin du même sa- vant, représentant un échantillon de Whitby, communi- ‘qué en 1847 par M. Edward Charlesworth, d'York, gran- deur naturelle. — Obs. Il nous paraîtévident qu'ils’agit ici de l'empreinte et de la contre-empreinte d’un seul et même échantillon, donnant ainsi les faces supérieure et inférieure de l’ancien organe. Du reste les deux dessins sont placés en regard sur la même feuille et sans autre indication. Sur l'empreinte correspondant à la face su- périeure, on entrevoit les traces de quelques rides ou callosités ayant pu donner lieu à l'hypothèse des cali, ou points saillants qui auraient dénoté l'emplacement ou cicatrice d'insertion des ovules. Il ne serait pas impos- sible non plus que les figures 4 et 2, pl. 52, du Mémoire précité de Williamson, qui représentent l’extérieuret l'in- térieur du disque carpellaire de cet auteur,°$e rapportas- sent aux mêmes échantillons que ceux figurés par Bron- gniart et que nous reproduisons ici. En tous cas et où que soient actuellement déposés ces échantillons, on ne saurait douter de l'exactitude scrupuleuse avec laquelle l'artiste les a rendus et, d'autre part, il est bien évident que les figures de Williamson et les nôtres représentent un seul et même appareil, dont nous avons taché de fixer la véritable signification. — PI. 251, fig. 4 et2, empreinte et contre-empreinte d’une notable portion de l’appareil ‘infundibuliforme du Williamsonia gigas, montrant la face TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 161 extérieure (fig. 2) et intérieure (fig. 1) d’un seul et même organe auquel manquent les lacinies marginales, et par suite de la mutilation de pourtour, d'après un échantil- lon de la collection du Muséum de Paris (5886 du cata- logue, 85 de la série Yates), grandeur naturelle. N° 3, — wWilliamsonia Leckenb yi. PI. 248, fig. 1-2. Williamsonia Leckenbyi, Nath., Nagra anmärk., om William- sonia Carruth. — Vetensk.-Acad. Fürandl., 188, n° 9, p. 39, tab. VILE, fig. 5-6. — Sap. et Mar, L'évolution des Phanéro- games, I, p. 242. > DiaAGNose. — W, cortice fibroso, axi receptaculari impo- sito illumque universaliter involvente, sat tenui, post an- thesin distracto complanatoque, superficie areolis convexis in phalanges hexagonulas inter se frequenter coalitas, circa punctum centralem plerumque gregatim ordinatis undique delineata; — appendice autem terminali calyciformi, centro ad peripheriam radiatim striato; lobato-partito, lobis vel segmentis quatuordecim lanceolato-acuminatis, sursum leviter recurvis, post anthesim deciduo. Williamsonia, Sp., Leckenby, in Quart. journ. geol. Soc., of London, 1868. Leckenby a signalé le premier l'existence d’un Wal- liamsonia différent du W. gigas dans l’oolithe du York- shire. Cette seconde espèce ne provient pas des grès de Hawsker; mais elle a été découverte dans les schistes charbonneux de Clougthon-Bay, qui ont fourni déjà tant IIIe Séa. Vécéraux. — IV, it 162 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. : de belles plantes et nommée Williamsonia Leckenbyi par M. Nathorst qui voulut bien confier à notre examen la précieuse plaque rapportée par lui d'Angleterre et qu'il a figurée, pl. 8, fig. 5 de sa notice sur les Wäilliamsonia. 1] nous a paru essentiel, pour permettre de mieux juger de l'espèce et de son mode curieux de fossilisation, de repro- duire sous un grossissement double en diamètre (voy. pl. 248, fig. 1), l'échantillon original dont la figure donnée par Nathorst ne saurait rendre les détails caractéris- tiques, à raison de ses faibles dimensions. La surface de la plaque mesure en tout 8 centimètres de longueur sur une largeur moyenne de 5 à 6 centi- mètres; elle est parsemée de débris végétaux dont les uns ne sont que des fibres éparses ou des fragments à demi désorganisés, tandis que les autres sont réellement déterminables. On distingue parmi ces derniers l’Anomo- zamites Lindleyanus Schimp., Pterophyllum minus Brngt _ (Aspleniopteris Nilssoni Phill., Geol. Yorksh., tab. vi, fig. 4) et une feuille d’ Fuccites (1), étroitement linéaire, à bords parallèles, longitudinalement striée, sans médiane, qui traverse la plaque dans toute sa longueur. C’est au milieu de ces débris que se trouvent placés deux organes très différents, et cependant accolés, auxquels M. Na- thorst assigne la dénomination de Williamsonia Lec- kenbyi. Ces organes ne sont pas à l’état d'empreintes, puisqu'ils présentent l’un et l’autre leur aspect et leur relief naturels, en un mot, l’apparence extérieure qu'ils avaient au moment de leur fossilation, L'un de ces or- _ ganes, interrompu sur la droite par le bord de la plaque, _ (1) Get Yuccites, encore inédit paraît se rapprocher, sous des dimen- sions plus étroites de notre Yuccites angustior de Hettange, décrit et figuré ci-dessus, pl. 234, fig. 1. TERRAIN JURASSIQUE. -—— VÉGÉTAUX. 163 et dont le complément fait par conséquent défaut, est un lambeau détaché de la région fibreuse, avec sa tranche ou épaisseur à la périphérie et les détails très nets du ré- seau superficiel qui la recouvrait. L'autre organe est un appareil en forme de calice, vu par dessous et profondé- ment divisé en lobes ou segments lancéolés, dont nous aurons à définir la véritable signification. L'écorceou région fibreuse du W. Leckenbyi n’a pas une structure différente de celle des mêmes parties chez les Williamsonia précédents. Elle a dû former une calotte, d'abord adhérente à l’axe ou noyau réceptaculaire; puis elle s’en est détachée en se déroulant. Elle se montre à nous dans ce dernier état, avec sa tranche visible le long du pourtour et les compartiments combinés en rosettes de sa superficie. La tranche ou épaisseur n’a qu’une faible étendue de 8 millimètres environ, particularité qui ex- plique la facilité avec laquelle s’est opéré le déroulement de la région et son étalage dans le fond de l’eau. Sa su- perficie est égale, c’est-à-dire occupée tout entière par le réseau des compartiments, sauf sur deux points rap- prochés vers le milieu, où les fibres aplalies se trouvent à découvert. Au-dessus se prolonge un enfoncement en forme de fente, près duquel les compartiments ont été comprimés sans aboutir à une solution de continuité. Le réseau est des plus fins; la figure de Nathorst ne saurait le rendre; à peine si la nôtre (pl. 248, fig. 1), grossie deux fois, peut en reproduire la disposition et rendre l'aspect des aréoles réunies en rosettes hexagones autour d’un point saillant ou centré d’agrégation. La figure 4 même planche, grossie quatre fois et scrupuleusement exacte, fait encore mieux saisir l'ordonnance des com- partiments, dont la conservation est admirable. Chacun 164 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. d'eux en particulier affecte l'apparence d’un losange convexe à deux ou trois facettes, surmonté d’un bouton central plus ou moins prononcé, qui pourrait bien ré- pondre à un stigmate, si, comme nous le croyons, les compartiments représentent eux-mêmes autant de car- pelles réunis en nombre indéfini sur un axe ou récep- tacle commun. Dans l’état où ils se montrent à nous, à la superficie de la région fibreuse, ces compartiments sont combinés entre eux et groupés en rossettes autour d’un bouton qui leur sert de centre d’agrégation. Les rosettes sont formées de cinq ou six compartiments, et constituent, prises séparément, autant d'étoiles rayonnantes: mais, comme chez les autres Williamsonia, ces rosettes ou étoiles se pénètrent mutuellement, de telle sorte que la plupart d’entre elles ont des compartiments communs avec les rosettes immédiatement contiguës. C’est ce que montre clairement notre figure grossie (4*, pl. 248). 11 est probable, selon nous, que ces groupements dépendent. de l’accrescence des carpelles après l’anthèse et jusqu’à la maturité, les carpelles fécondés servant de centre d’agrégation aux carpelles avortés. Ceux-ci ont dû se grouper autour des graines pour céder l’espace néces- saire à leur développement. Les rosettes de comparti- ments correspondaient ainsi à autant de syncarpes ou agrégations de carpelles, comme dans les Pandanus. Seulement ici les syncarpes, au lieu de rester distincts et de s’isoler à la maturité, auraient été soudés entre eux et formeraient un ensemble dont la désagrégation seule des fibres du tissu entraînait la dissolution. Les graines elles-mêmes ne se montrent pas à la place qu’elles de- vaient occuper sous chaque rosette de compartiments, conformément à ce qui existe chez les Williamsonia TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 165 Bucklandi et Morierei ; mais comme les parties visibles sont exactement semblables, leur absence doit être attribuée à la différence des procédés de fossilisation, qui s'oppose ici à ce que l’on puisse les rechercher et les découvrir. A côté de l’écorce ou région fibreuse, ainsi déroulée, du Williamsonia Leckenbyi, appuyé à gauche contre centimètres, sensiblement plus étroite dans le haut. Les costules imprimées en saillie sur l’une des faces prennent sur la face opposée l'apparence de sillons et il semble, en les considérant, qu’on reconnaisse en elles de véritables nervures, toutes égales et longitudinales, mais _plus ou moins sinueuses ou subobliquement dirigées, de manière à se réunir ou à se perdre, en laissant entre elles des intervalles irréguliers ou même en contractant des anastomoses. Dans d’autres cas, les nervures ou ce que nous prenons pour telles paraissent beaucoup plus mul- tipliées ou même contiguës; c'est ce qui me semble résulter surtout de l'examen de la fig. 4, pl. 269, tandis que bien souvent (fig. 2 de la même planche) l’aspect est très différent et les plis du limbe se trouvent au con- traire séparés les uns des autres par un espace relative- ment large, sans parler des accidents verruqueux dont le limbe est parsemé et sur lesquels nous allons re- venir. La vraie solution de cette difficulté résulte, selon nous, de l'examen attentif d'un échantillon reproduit par la pl. 270, fig. 4. IL comprend une foule de fragments de feuilles du Changarniera inquirenda, de toute dimen- sion, réunis dans le plus grand désordre à la surface d’une plaque. Ces fragments laissent voir une nervation véritable. La plupart d’entre eux, que nous avons eu soin de grossir (voir les fig. 1%, 1? et 1°’, pl. 270), ne sont pas “plissés, mais unis à la surface, et l’on distingue en les considérant soit des costules toutes égales et parallèles fig. 4*), soit des nervures plus fines, plus rapprochées et 259 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, moins saillantes, mais également parallèles (fig. 1%), soit enfin des linéaments peu prononcés, flexueux, qui semblent s'arrêter et se perdre au lieu de se prolonger indéfiniment dans la même direction (fig. 4°). Ce sont là trois modes ou dispositions un peu différentes d'un système de nervation sans doute variable, c’est à-dire offrant des particularités et des irrégularités que nous ne trouvons pas ordinairement réunies dans les limites d’une seule et même espèce. Les plissements du limbe semblent s'être modelés sur ces particularités, et, d’une façon générale, sur tous les accidents de la nervation, en les traduisant au dehors, et s’accentuant toujours davan- tage sur les feuilles anciennes et déjà flétries, à mesure que celles-ci se desséchaient par l'effet de l’âge. Cette explication ne lève pourtant pas toutes les diffi- cultés relatives à la consistance et à la nervation présu- mées des feuilles du Changarniera inquirenda; loin de là, et les deux minces plaquettes que nous avons eu soin de reproduire sur la pl. 269, fig. 2 et 5, en faisant voir sur chacune de leurs faces respectives les mêmes plis et la même disposition de nervures, en sens inverse, c'est-à- dire montrant en creux sur l’une ce qui est en relief sur l’autre, et s'appliquant exactement l’une contre l’autre, ces deux plaquettes offrent un problème diffeile à résoudre, relativement à l'organe dont elles représentent ainsi quatre faces superposées, absolument pareilles. _ Une semblable coïncidence ne saurait se comprendre qu’au moyen des replis d’une feuille sur elle-même, ou encore par le fait de plusieurs feuilles étroitement appli- quées les unes sur les autres, et qui auraient contraclé les mêmes plissements en persistant dans cette situation jusqu’au moment de leur passage à l’état fossile, ES G'usé LE rie Sn cd nn nude sé tt AR st ve criant CPP EN TD CU PURE Je Ur HN RAT IR L'LRee Bat +, NE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 253 Mais la particularité la plus singulière qui distingue les feuilles ou, si l’on veut, les organes appendiculaires du Changarniera inquirenda, ce sont les élevures ou points verruqueux dont elles sont le plus souvent parsemées, parfois irrégulièrement ; mais d’autres fois avec une telle profusion que certaines empreintes s’en trouvent cou- vertes et que les nervures qui ornené£ ces sortes d’acci- dents, au lieu de rester longitudinales, donnent lieu à un réseau formé de mailles et d’anastomoses, dont plu- sieurs de nos figures montrent des exemples (voir parti- culièrement les fig. 2°, 2° et 2°”, pl. 266, 6 el 7, pl. 269, et enfin 2 et 2°, pl. 270). Quelques-unes de ces figures sont grossies pour mieux reproduire l'aspect de ces sortes de gaufrures, et la fig. 2* de la pl. 270 représente l'empreinte grossie de la face inférieure qui permet de distinguer les ramifications des nervures en relief et les enfoncements en forme de cryptes dont elles sont entremêlées. | Nous avions d'abord été porté à croire que ces sortes de lambeaux, qui sont fréquents dans le gisement d’Auxey, pouvaientcorrespondre à des portions de rhizomes, dont la superficie aurait été couverte d’inégalités verruqueuses avec cicatrices radiculaires, à la façon de ceux de certai- nes Monocotylées, telles que les Bambusées, par exemple. Mais la bordure qui accompagne latéralement quelques échantillons (pl. 266, fig. 2 en a), d’autres qui paraissent atténués en pointe vers le haut (pl. 270, fig. 2), enfin sur- tout la présence de zones verruqueuses semblables ou très analogues sur une foule de feuilles que cette seule parti- cularité distingue des feuilles ordinaires du Changarniern inquirenda (voy. pl, 267, fig. 2 ; 268, fig. 3, et 269, fig. 2) nous ont persuadé de l'identité spécifique de ces divers dé- 254 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. bris, tout ei admettant que les empreintes totalement verruqueuses correspondaient peut-être à des bractées plutôt qu’à des feuilles normales. Cette dernière supposition semblerait appuyée par l'aspect bractéiforme de l'empreinte, fig. 8 et 9 de la pl. 269, dont la fig. 8 montre la face supérieure et la fig. 9 l'envers ou le dessous, si toutefois cette empreinte a réellement appartenu à l'espèce que nous décrivons. Quoi qu'il en soit, nos figures permettent de se rendre compte de ces élevures presque toujours scrobiculées, c'est-à-dire marquées d’un ombilic central (pl. 268, fig. 3) ou boulon cerné d’une aréole plus ou moins nette. D’au- tres fois (fig. 6 et 7, pl. 269), ce sont des compartiments - en forme de mamelons, marqués au centre d’un point ombilical, ou bien encore (pl. 270, fig. 2) des séries d'am- poules disposées en files longitudinales, dont la saillie et les contours donnent lieu à une foule d'irrégularités. Ce sont là les principales particularités que nous offre le Changarniera inquirenda et qui sont de nature à nous faire regretter l'ignorance où nous restons à l'égard des tiges et des parties fructifiées de cette espèce dont les affi- nités demeurent conjecturales. Les éléments réunis par nous, grâce au zèle et aux recherches de M. Changarnier- Moissener, ne sont pas assez complets pour servir d'appui à une opinion décisive. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Bien que le Changarmiera imquirenda n'ait été observé jusqu'icique dans le gisement d’Auxey où il abonde, il semble pourtant que le type, si- non l'espèce même, soit présent sur une plaque du niveau de Solenhofen que M. Zittel nous a communiquée et que nous aurons soin de reproduire dans le supplément. L'em- preinte, portant le n° 261 du muséum paléontologique rat PL er Per 2 er (TR és E 1 e à L à ccfathiutet bc ads dun hottes tte ACNNÉ dé ho) De Se DOS di ins à Sn LE. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 23% de Munich, comprend deux lambeaux lacérés de Chan- garniera ? associés à des frondes de Zomatopteris (L. eiri- nica Sap.). Les nervures’ des deux lambeaux sont fines, rappro- chées, plus ou moins flexueuses, et, sur le principal, elles s'écartent çà et là comme pour entourer quelques ponc- tuations verruqueuses ou même, à deux endroits, de vé- ritables perforations. Il serait difficile, d’après un échan- tillon aussi fruste, de décider s'1l doit être rapporté à notre Changarniera inquirenda ou s’il pourrait dénoter l'existence d’une seconde espèce du même genre. Nous avons recherché avec soin si les végétaux vivanis ne nous offriraient pas des termes de rapprochement, et dans ce but nous avons eu recours à l'expérience de M. le professeur Bureau et aux bons offices de MM. Pois- son et Franchet, nos amis du laboratoire de botanique au Muséum de Paris. Il avait semblé, et non sans raison, à M. Bureau que les feuilles coriaces et parfois semées d’i- négalités verruqueuses (1) du Welwitschia mirabilis Hook dussent être assimilées à celles du C'hangarniera inqui- renda. Le classement même du Welwitschia parmi les Gnéta- cées, par conséquent dans un groupe intermédiaire aux Gymnospermes et aux Angiospermes, favorisait la pensée d’un rapprochement entre letype primitif et celui de nos jours, si isolé dans la nature actuelle. Effectivement, nous observons dans les feuilles du Welwitschia une apparence épaisse et rigide des tissus, l'absence de nervure médiane, des nervures serrées et très nombreuses, certaines d’en- (1) Ces élevures sont formées dans le Welwitschia, d'après M. Bu- reau, par un champignon parasite qui soulève, puis opère la rupture ét finalement la destruction de l’épiderme des régions envahies, 256 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tre elles plus prononcées et donnant lieu parfois à des rides longitudinales, d’autres fois à des linéaments paral- lèles et réguliers. Ces divers traits sont à peu près ceux que l’onretrouve dans le C'hangarniera et ils seraient denature à justifier l'opinion de M. Bureau, appuyée de celle de M. Franchet. Il faut remarquer cependant que les feuilles du Changarniera inquirenda, partagées en lambeaux épars et irréguliers, aisément déchirées, repliées et sou- vent plissées, étaient loin d’avoir la consistance rigide et tenace de celles des Welwitschia. En outre, les nervures des feuilles fossiles décrivent de véritables sinuosités ; elles se détournent de leur direction longitudinale pour entourer les zones verruqueuses. Il y a dans les élevures et les ampoules, si fréquentes dans les empreintes d’'Auxey, une disposition qui ne saurait uni- quement provenir de l’action d’un parasite attaquant et détruisant les tissus, puisque la nervation se trouve en harmonie avec ces accidents et qu’elle prend l’apparence d'un réseau dont les mailles correspondent à chacun des renflements du limbe, tandis que les veines serpentent de façon à cerner le contour de ces renflements verru- queux. Il n'y aurait cependant rien d’impossible à ce que le type des Changarniera eut présenté quelque attenance avec celui du Welwitschia, en se rattachant comme ce- Jui-ci au groupe des Gnétacées. Il peut avoir été un des ancêtres éloignés, un des antécédents collatéraux du se- cond de ces types. L'idée ingénieuse de M. Bureau, si toutefois elle n’est pas vraie, est au moins fort vraisem- blable, .. La comparaison avec les Curculigo, séduisante au pre- mier abord, est loin, après examen, de révéler des élé- ments d’affinités tant soit peu saillants avec l'espèce fos- CONTE NT ER OT able ci TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 2357 sile que nous décrivons. Les feuilles de Curculigo (C. su- matrana Roxb.) présentent dans le bas une côte médiane, qui s’atténue et disparaît supérieurement, mais dont les feuilles fossiles auraient conservé quelque trace. Il existe des glissements longitudinaux ; mais les nervures faites et fines régulièrement espacées et l'absence complète d’ac- cidents verruqueux, enfin l'aspect très différent empêche de croire à une parenté, à laquelle l’âge du gisement, trop reculé en arrière pour que l'existence de vraies Angiospermes y soit admise sans preuve décisive, enlève d’ailleurs toute vraisemblance. LOCALITÉS. — Auxev, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; notre collection, celles du musée de Beaune et du Muséum de Paris. EXPLICATION DES FIGURES. — P1. 265, fig. 1, Changarniera inquirenda Sap., lambeau de feuille, avec loute sa lar- geur, mutilé en avant et en arrière, et percé de déchirures irrégulières. On distingue sur ce lambeau des plis ou côstules longitudinaux, plus ou moins marqués et, dans deux endroits, une rangée de gaufrures semées de ponc- tuations verruqueuses; grandeur naturelle. Fig. 2-3, même espèce, lambeau montrant les deux faces d’une empreinte; la fig. 2 correspond à la face supérieure, et _ la fig. 3à la face opposée ; grandeur naturelle; fig. 2, por- tion du même lambeau légèrement grossi, montrant une fissure et l'aspect des costules ou nervures longiludi- nales, — PI. 266, fig. 4-2, Changarniera inquirenda Sap!, les deux côtés de la même empreinte, représentant les faces supérieure (fig. 4) et inférieure (fig. 2) d’une feuille déchirée et lacérée sur un grand nombre de points. On voit en a un lambeau d’une autre feuille dont la surface est occupée par une réunion de renflements verruqueux Ie Sér, Vécéraux, — IV, 17 258 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cernés par des nervilles; grandeur naturelle; fig. 2% et 2%”, le même lambeau vu par dessus et fortement grossi pour montrer la disposition des parties gonflées et verru- queuses. — PI. 267, fig. 1, même espèce, fragment d’une grande feuille de C’hangarniera inguirenda Sap. lacérée au sommet et sur l’un des côtés, entière sur l’autre côté, et repliée longitudinalement vers la base ; grandeur na- turelle. Fig. 2, même espèce, fragment d'une autre feuille marquée à la surface de ponctuations ou cicatricu- les inégalement distribuées daus l'intervalle des nervures ou replis longitudinaux, qui sont ici faiblement pronon- cés; grandeur naturelle. — P]. 268, pl. 4, même espèce, lambeau déchiré sur les bords, parsemé de plis, d’élevu- res et d'accidents, sans doute détaché d'une feuille âgée et flétrie; grandeur naturelle. Fig. 2, autre lambeau de feuille de la même espèce, lacéré de tous côtés et percé d’une déchirure. Les plis longitudinaux qui sillonnent la superficie coïncident généralement avec les nervures; grandeur naturelle. Fig. 3, autre lambeau de feuille de la même espèce, irrégulièrement lacéré et présentant des points verruqueux distribués par zones; grandeur natu relle. Fig. 4, autre lambeau de feuille de la même espèce, présentant des nervures longitudinales très nombreuses, serrées et toutes égales; grandeur naturelle. Fig. 5, frag- ment de la même espèce qui semble se rapporter à la terminaison naturelle d’une feuille; grandeur naturelle. — PI. 269, fig. 4, lambeau de feuille de la même espèce, montrant des nervures longitudinales très serrées et lé- gèrement sinueuses; grandeur naturelle. Fig. 2, autre fragment de feuille avec nervures ou plis longitudinaux espacés, accompagnés d’élevures allongées et saillantes ; grandeur naturelle. Fig. 3 et 4, même espèce, deux pla- A Ë { TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 259 quettes sillonnées des mêmes plis ou nervures longitu- dinales, coïncidant d’une plaquette à l’autre et se re- produisant en sens inverse sur l’autre face de chacune d'elles; grandeur naturelle. Fig. 5, même espèce, frag- ment de feuilles vu par dessus et montrant des nervures entremêlées de traits épars et de ponctuations ; grandeur naturelle. Fig. 6-7, même espèce, deux exemples de ma- melons ou points yerruqueux en relief, entremélés d’un réseau de nervures; grandeur naturelle. Fig. 8-9, les deux faces d’un échantillon rapporté avec quelque doute à la même espèce et ayant l'apparence d’un organe bractléi- forme ; grandeur naturelle. — PI. 270, fig. 1, lambeau de feuilles de la même espèce, réunis en désordre à la sur- face d’une plaque et montrant, en a, en b et en c, diver- ses apparences de nervation ; grandeur naturelle; fig. 1*, 1 et 1° ,ces mêmes nervations grossies pour en faire voir la disposition. Fig. 2, même espèce, fragment de feuille ou de bractée, terminé latéralement et présentant à la superficie une suite de mamelons ou gaufrures, avec points verfruqueux ou scrobicules sur le sommet de plu- sieurs d’entre eux} grandeur naturelle ; fig. 2*, portion grossie du même échantillon, vu par dessus, et mon- | trant les cavités qui correspondent aux élevures de l’autre face. SEPTIÈME GENRE. — PALÆUSPADIX. DiIAGNOSE. — Spadicum fossilium vel inflorescentiæ stir- pium exlinclarum minusque cognitarum partes residuæ, sparsæ, plerumque ramosæ aut in laminas varie sulcatas expansæ. 260 : PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous rangeons sous cette dénomination générique divers débris d'attribution plus ou moins incertaine, mais qui semblent devoir être rap- portés à des fragments plus ou moins étendus de spadices ou inflorescences, diversement conformés et subdivisés, tantôt dilatés en une expansion plus ou moins Jarge, tantôt partagés en rameaux ou en ramules, et compara- bles aux appareils reproducteurs des Spadiciflores et des Phœnicoïdées. Il ne s'agit donc pas, dans notre pensée, d'une assimilation directe avec aucun des types actuels de cette catégorie d’Angiospermes ; mais, dans l’impos- sibilité de proposer, pour ces organes fossiles, une attri- bution générique dont la nature incomplète .des frag- ments interdit la pensée, nous avons voulu cependant. au lieu de les passer sous silence, les placer dans un cadre provisoire, en attendant une détermination basée sur la découverte de documents moins imparfaits. N° 1, — Palæospadix Girardoti. PI. 270, fig. 3, et 274, fig. 9. DiAGNOSE. — P., spadice basi crasse lignosa brevi leviter arcualo, sursum plus minime compresso in laminam rachiformem, fibris e stipite divergentibus percursam abeunte. Nous croyons reconnaître un spadice analogue à ceux de certains Palmiers dans l'appareil représenté sur la pl. 270, fig. 3. La consistance en était dure, épaisse et certainement ligneuse, ainsi que le démontrent le creux laissé par l'empreinte et les résidus charbonneux dont on dr di tlendl péri énte di ou: TERRAIN JURASSIQUE. -—— VÉGÉTAUX. 261 elle est encore tapissée. On distingue une base, ou pied, ou stipe pédonculaire, dont le prolongement inférieur, tranché par le bord de la plaque, nous demeure forcément inconnu. Vers le haut, on voit le rachis graduellement comprimé donner naissance à une expansion de médiocre étendue qui paraît être divisée au sommet en deux parties. Cette expansion se trouve parcourue par les fibres sorties du rachis principal, qui s’étalent et divergent en suivant une direction des plus obliques. Il est assez naturel de réunir à l'appareil qui vient d’être décrit un autre échan- tillon du même gisement (pl. 271, fig. 9) qui présente des caractères et une physionomie presque semblables ou des plus analogues. L'appareil est ici beaucoup plus court, faiblement comprimé et indivis dans le haut. On voit que les fibres s’étalent quelque peu en parcourant la partie comprimée, qui affecte la forme d’une lan- guette. | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous ne saurions indiquer que des ressemblances éloignées entre le spadice supposé qui vient d’être décrit, et les appareils reproducteurs ou même les spathes coriaces de certaines Spadiciflores. Nous ne connaissons aucune forme fossile avec laquelle on soit tenté de le confondre. GISEMENT. — Châtelneuf, Jura; étage astartien infé- rieur; communiqué par M. Girardot, à qui est due la découverte des échantillons. | EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 270, fig. 3, Palæospadix Girardoti Sap., spadice présumé; grandeur naturelle. — PI. 271, fig. 9, autre échantillon rattaché à la même espèce et provenant des mêmes lits; grandeur naturelle. 262 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 2, — Palæospadix stenocladus. PI. 271, fig. 1-3 et 7. DraGnose. — P., spadice, ul videtur, e basi crasse lignosa sursum ramosa, tandem in ramulos graciles partila, ramulis spadice distractis alterne ramulosis, ramusculis nudis distantibus elongatis teniusculis. | Les rameaux épars, grêles et dénudés, à subdivisions alternes, que nous signalons ici, ne sont pas rares dans l’astartien de Châtelneuf. Nous ne croyons pas qu'ils représentent des rachis de Filicinées, dépouillés de leurs folioles ; ils ressemblent, au contraire, d’une manière frappante aux Lep{omeria terliaires, reconnus dernière- ment comme correspondant à des ramules détachés du spadice des Palmiers fossiles. Nos échantillons.consistent en des rameaux ténus et élancés, plusieurs. fois ramifiés c'est-à-dire émettant de distance en distance, et dans un ordre alterne, des ramuscules simples, allongés et menus. Nous rapportons à la même espèce une base de rameau (fig. 7), d'aspect rachidien, divisé dans le haut et qui correspond peul-être à la partie inférieure et pédoneu- laire ou rachis primaire de l'appareil dont les ramules, fig. 4-3, pl. 271, représenteraient les dernières subdi- visions. | | | | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Jés ramules élancées et à ramuscules alternes que nous venons de signaler res- semblent plus spécialement au Leptomeria distansEit., du gisement tertiaire de Hæring. Nous ne voulons pas dire par là qu'il y ait eu des Palmiers sur l'horizon de l’astar- TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 263 tien et avant la fin du jurassique ; mais seulement que ces rameaux ont pu appartenir à quelque appareil repro- ducteur d’un type inconnu, ayant l'apparence et la confor- mation extérieure de ceux des Phœænicoïdées. LocAuTÉ. — Châtelneuf, Jura; étage astartien infé- rieur; communiqué par M. Girardot, à qui est due la découverte des échantillons. - EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 271, fig. 1-3, Palæos- padix stenocladus Sap., plusieurs ramules épars, subdi- visés en ramuscules; grandeur naturelle. Les figures 2 et 3 reproduisent les deux côtés d’un seul et même échantillon. Fig. 7, autre échantillon rapporté à la même espèce, comme répondant à la base de l’appareil; même gisement; grandeur naturelle, N°3. — Palæospadix farcatas. PI}, 271, fig: 5 et 10. Dragnose. — P., spadice repetito dichotome ramoso, ramis cylindricis, crassiusculis, hinc inde gibboso-tumnes- centibus. | Nous représentons deux échantillons de cette forme curieuse qui semble devoir être rapportée, comme les précédentes, à quelque spadice. L'un des échantillons, fig. 5, est plus épais et plus trapu. La branche principale se partage en deux rameaux secondaires, qui devaient être cylindriques. Ces rameaux sont courts, et l’un d’eux se termine par un empâtement ou réunion de gibbosités, sur lesquelles semblent implantées des cicatricules assez peu visibles. Le second échantillon, fig. 10, affecte une 264 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, conformation plus allongée. Il se partage par bifurcation en deux rameaux d'égale force qui se recourbent légère- ment, en prenant une direction ascendante. Tous deux se terminent à la même hauteur par des parties saillantes et arrondies, qui laissent entrevoir des cicatricules d’or- ganes qui y auraient été implantés comme sur un cous- sinet et s’en seraient détachés. 11 nous est impossible de former une conjecture au sujet de l'attribution de ces deux empreintes, accompagnées de plusieurs autres, dans lesquelles nous aurions été tenté de constater une vague ressemblance avec des Algues à thalle charnu et solide, à la façon de certains Fucus. Lis RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La consistance épaisse, l'apparence cylindrique et le mode de subdivision des rameaux empêchent de confondre cette espèce avec celles que nous rangeons dans le même genre, et nous ne connaissons aucun terme de comparaison qui soit de nature à faciliter l'interprétation de ces sortes d’em- preintes. Elles constituent un type à part dont il faut bien avouer l’analogie extérieure avec l’/tieria virodu- nensis Sap., Algue figurée par nous précédemment (tome I, p. 120, pl. 3). LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune, Côte-d'Or; étage corallien ; échantillons communiqués par M. Changarnier- Moissenet à qui en est due la découverte. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 271, fig. 5, Palæos- padix furcatus Sap., fragment de spadice présumé; gran- deur naturelle. Fig. 10, même espèce, autre fragment ; grandeur naturelle. MORTE TT Pr de TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 265 N° 4. —_ palæospadix cornutus. PI. 271, fig. 8. DrAGNosE. — P., spadicis fragmento, e basi mox deor- sum breviter altenuata, sursum bipartito, in appendices geminos. divaricatim mediocriter extensos obluseque acutos desinente. Nous ne savons commentdéfinir un organe que sasingu- larité même nous a engagé à ne pas mettre de côté : on dirait un rachis triangulaire, chacun des angles étant prolongé en une pointe assez courte, l’une d'elles parais- sant tronquée. Il semble pourtant que cet organe ou fragment d’organe doit être placé dans la situation que lui donne notre figure. On voit alors sur une base courte et inférieurement atténuée, s'élever deux pointes diva- riquées, dont l’une seule est entière. Celle-ci, tournée à gauche, se termine promptement en une pointe obtuse, mais cependant aiguë et piquante. De légères stries convergent vers le sommet de cette pointe, et ces stries ou rides, plus marquées vers la base du rachis, s’y réunis- sent à celles qui partent de cette base et vont s'étendre dans la branche opposée. Celle-ci semble tranchée au sommet et avoir donné lieu peut-être, en se prolongeant, à quelque autre bifurcation, Il nous est impossible de rien ajouter à cette courte description. LocaLiTÉé. — Châtelneuf (Jura); étage astartien infé- rieur ; échantillon découvert et communiqué par M. Girardot. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 271, fig. 8, Palzæospadix 266 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cornutus Sap., fragment d’un organe spadiciforme ; gran- deur naturelle. N° 5. — palæospadix spathæformis. PI, 271, fig, 4 et 6. D'AGNOSE. — P., spadicum in laminam terminalem um- lateralemve expansorum partibus residuis. Les deux fragments que nous figurons sous ce nom sont trop incomplets pour se prêter à une description, Il n’est pas même certain qu'ils aient appartenu à une même espèce, ou du moins à une même catégorie d'appareils. L'un d'eux, fig. 6, laisse voir une tige mar- quée de stries longitudinales et surmontée d’un commen- cement d'expansion, dont le prolongement fait défaut. Nous aurions négligé une empreinte aussi fruste, si elle ne nous avait paru devoir être rapprochée d’une seconde, fig. 4. Celle-ci nous a paru fort curieuse; elle présente une bande ou bordure latérale, de nature ferme ou coriace et parfaitement unie; le long de cette bande, un rachis qui la suit et se confond avec elle s’étale en une expansion unilatérale, occupée par des faisceaux diver- gents. On dirait le fragment très mutilé de quelque appa- reil spathoïde ligneux, analogue à ceux des végétaux de la classe des Spadiciflores. Mais nous ne saurions rien avancer au delà de ce que laisse voir l’exacte reproduction du fragment lui-même; sa consistance ferme et ligneuse est cependant visible. LocaLITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 267 corallien. Empreintes recueillies et communiquées par M. Changarnier-Moissenet. ; EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 271, fig. 4, Palæospadix spathæformis Sap., reproduction d'une empreinte ori- ginale ; grandeur naturelle. Fig. 6, autre fragment attri- bué à la même espèce ; grandeur naturelle. APPENDICE Depuis l'impression de nos remarques sur les William- sonia et Gontiolina (1), nous avons reçu de notre ami M. Alfred Nathorst une réclamation basée sur ce que nous aurions inexactement interprété sa manière de voir et que, par conséquent, notre critique porterait à faux enlui attribuant à tort la pensée de considérer les Williamsonia comme des « appareils cycadéens », par suite de la réunion proposée par lui de ces appareils et de ceux connus sous le nom de Weltrichia aux Zamites et Otoza- mites, si répandus à l’état de feuilles dans tout le juras- sique, et rangés sans contradiction jusqu'ici au nombre des Cycadées. Il est vrai qu'habitué à l'assimilation établie de tout temps entre les Zamites jurassiques, type qui se prolonge jusque dans le tertiaire (2), et le groupe des Cycadées, nous n’ayons pas assez clairement exposé le point de vue auquel s'était placé M. Nathorst, et celui-ci (1) Voir ci-dessus, p. 229 et suivantes, particulièrement lés pages 233 à 235. PF (2) Voir notre notice sur Le Zamires EpiBlus, Sap., de l'oligocène de Bonnieux (Vaucluse), Bull. de la Soc. géol. de France, 2° série, t. XXI, p. 314, pl. 5. — La ressemblance avec les Zamiles secondaires se trouve ici complète, et à la même époque, il existait en Grèce un Encephartlos qui semble avoir servi de lien entre le genre actuelle- ment africain et les Zamiles des temps jurassiques. 268 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. entendait réellement distraire les Zamites et Otozamites de la catégorie végétale dont ils avaient fait partie jus- qu'à présent, aussitôt qu'il admettait la combinaison de ces types et de celui des Anomozamites avec les appareils isolément décrits sous les noms de Wiliamsonia et Weltrichia, dont ils auraient ainsi représenté les feuilles. Ainsi, toutes ces feuilles qu'une apparence trompeuse avait fait prendre pour des Cycadées auraient appartenu en réalité à des végélaux sans connexion avec ceux qui vivent encore ni avec les véritables Cycadées; et ces dernières, si elles ont jadis habité l’Europe, resteraient à définir et à déterminer. Voici du reste le texte même des observations de M. Nathorst en réponse à nos remar- ques ; nous ne pouvons mieux faire que de le repro- duire ici avec son autorisation, comme un élément essentiel de la controverse nécessairement soulevée par sa récente et curieuse découverte. Un peu plus tard, nous serons heureux d'insérer également des détails circonstanciés, dus à M. le comte de Solms, sur les Bennettites, qui pourraient bien être, comme nous l’avons dit précédemment (1), les tiges des Williamsonia dont les feuilles, dans la pensée de M. Nathorst, ne seraient autres que les Zamites (2). Mais à ce dernier égard, et sans rien préjuger sur les découvertes futures et quelles que soient les surprises auxquelles on doive s'attendre, nous mainte- nons les réserves les plus expresses, basées sur l’étroite ressemblance de ces feuilles avec celles des Cycadées, ressemblance trop intime, selon nous, pour ne reposer que sur une lointaine et trompeuse analogie. (1)°P:°229: (2) Du moins en ce qui concerne l'espèce principale Williamsonia gigas, Carrulh. dpt at Re ms D de dot ait hr tèdhähe déaper lus TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 269 Réponse pe M. NATHORST AUX REMARQUES DE M. DE Sa- PORTA. — J'ai rendu compte, dans une communication préliminaire (1), du jour inattendu jeté sur la nature des organes fructificateurs, connus sous le nom de Wäilliam- sonia, par quelques découvertes faites dans les charbon- nages de Bjuf en Scanie. Les organes en question ont été rencontrés-à plusieurs reprises encore fixés aux troncs auxquels ils ont apparteuu, et de plus il a pu être constaté que ces mêmes troncs portaient des feuilles classées jusqu’à présent parmi les Cycadées sous le nom d'Anomozamites minor. I a été prouvé par cette connexion que le Williamsonia angustifolia n'était pas une plante indépendante, vivant d’une vie prop£e, mais qu’il était l'organe fructificateur de l'Anomozamite en ques- tion. Les doutes récemment émis par M. de Saporta sur la justesse du classement du Wälliamsonia angustifolia parmi les véritables Wailliamsonia sont réfutés par les traits fondamentaux de la structure de cette espèce, traits qui concordent dans les plus petits détails avec ce qui existe chez les Williamsonia, circonstances dont il sera facile de s'assurer à l’aide du mémoire détaillé, accompagné de figures, actuellement à l'impression. On est donc parfaitement en droit de considérer comme établi que les autres Williamsonia ne doivent pas être con- sidérés non plus comme des types végétaux indépendants, mais comme représentant les organes fructificateurs de végétaux dont les feuilles, quoiqu'à tort, ont été rangées depuis longtemps parmi les Cycadées (2). (1) Nya Anmärkningar om WiLLIAMSONIA (Nouvelles remarques sur les WizuramsôNrA), dans le Bulletin (Ofverrigt) des travaux de l'Acad. des sc. de Suèle, 1888, n° 6, p. 359. (2) Il est juste de faire observer ici que les Anomozamites, de même que les Nilssonia, ont toujours passé pour les plus anomales de ces Cyca- 270 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Avant de formuler les conclusions que j'ai tirées de ce fait, je crois devoir insister tout d’abord sur le sens que leur a donné M. de Saporta, lorsqu'il a avancé que de cette connexion du Wéliamsonia angustifolia avec l'Ano- mozamiles minor et de la réunion proposée par moi des Williamsonia de Scarborough avec l'Anomozamites Lind- leyanus Schimp., d’une part, avec le Zamites gigas de l'autre, j'avais été amené à considérer lés Wiliansonia comme n'étant autres que « des appareils cycadéens » et à croire qu'à raison de leurs différents aspects ils auraient pu appartenir à des plantes génériquement dis- tinctes, « mais toujours de type cyCadéen. » — Ce n'est pas là assurément ce que j'ai prétenda soutenir: tout au contraire, après avoir montré l’affinité reliant l'Anomo- samites minor au Williamsonia angustifolia, après avoir signalé comme peu douteuse, selon moi, l'hypothèse que les Zamites et Otozamites aient eu des Wzilliamsonia comme organes reproducteurs, je me suis exprimé de la manière suivante dans le mémoire sus-mentionné : « Or, s'il en est ainsi, il ne saurait plus être question de con- sidérer ces plantes comme de vraies Cycadées. On ne connaît pas, il est vrai, les détails de la structure de leurs fleurs; mais il n’en est pas moins évident qu'elles se dis- tinguent tellement des C'ycadées normales qu'elles ne dui- vent plus leur être réunies en aucune façon. 11 y a lieu plutôt de les classer à côté d'elles en qualité d'ordre indé- »endant et non pas seulement à titre de simple section ou division des premières. Il paraît donc désormais prouvé que plusieurs des feuilles fossiles rapportées aux Cycadées ont en réalité appartenu à des plantes qui dées présumées, pour les types qui s’écartaient le plus des types cyca- déens actuels, ce qu'on ne saurait dire des Zamites. — Note de l'auteur. rot into) hé dE chtihée dt dattes gt 27 ANT TER TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. SA doivent être considérées comme en étant « distinctes », quand même elles leur seraient plus ou moins apparen- tées. » — Ainsi, en opposition de la manière de voir que M. de Saporta m'avait attribuée, et loin de reconnaître dans les Walliamsonia des « appareils cycadéens », j'ai essayé de démontrer l'absence d’affinité plus ou moins proche de ce type avec les vraies Cycadées. En résumé, l'erreur ou mieux l'infidélité d'interpré- tation que relève M. Nathorst consiste en ce que, partant de la donnée hypothétique qui lui a suggéré de réunir le principal Williamsonia de Scarborough au Zamutes gigas Lindl., nous lui avions attribué à tort la pensée, préoccupé que nous étions des feuilles de ce Zamutes, de faire du nouveau type ainsi combiné un type cycadéen. Cette erreur, très involontaire de notre part, tient sur- tout à ce que nous avions négligé de traduire les pas- sages de son mémoire qui comprennent justement les phrases citées par M. Nathorst et dans lesquelles son opinion à l'égard des Wäilliamsonia se trouve le plus explicitement formulée. On voit en effet que le savant suédois considère les Williamsonia comme devant former un ordre à part et qu'il n'hésite pas à distraire les Za- miles eux-mêmes des Cycadées pour les reporter dans ce nouvel ordre. C’est logique de sa part dès qu’il admet la présomption que les Zamites ne seraient autres que les feuilles des Wäilliamsonia ou d’une partie d’entre eux ; ceux-ci représenteraient dès lors les appareils reproduc- teurs d’un type de végétaux depuis longtemps éteint, conformément à ce que nous avons énoncé nous-même. Seulement en ce qui concerne les feuilles de ce type, on 272 PALÉONIOLOGIE FRANÇAISE, se serait mépris jusqu'à présent en attachant trop d'im- portance à leur conformation extérieure, en se fiant à tort à leur ressemblance avec celles des Cycadées ac- tuelles et les rapportant par ce motif au même groupe que celles-ci, avec lesquelles elles n'auraient pour- tant qu’une analogie toute superficielle. Telle est en définitive la manière de voir de M. Nathorst, qui-n'est encore qu’une présomption, appuyée d'indices plutôt que de véritables preuves. — Quant à nous, les feuilles com- prises sous la dénomination de Zamites nous semblent trop analogues à celles des Cycadées vivantes pour que dès à présent nous adoptions l’hypothèse du savant sué- dois, tout en convenant qu’elle mérite d'être prise en considération, SUPPLÉMENT FINAL La publication des plantes jurassiques de la région française, commencée en 1870, et dont le premier vo- lume; comprenant les Algues, Equisétacées, Characées, Fougères, fut achevé en 1873, cette publication a été poursuivie par nous pendant près de vingt ans, sans autre discontinuité que celle tenant à la nécessité de réunir les matériaux de chaque livraison successive, par conséquent de procéder à l'examen parfois difficile de ces matériaux et de tous les documents qui nous étaient communiqués de divers côtés ou dont nous avions eu connaissance. C’est ainsi qu'après les Algues et les Fili- cinées, suivies d'un supplément de quelque étendue (1), le volume consacré à l'étude des Cycadées parut en 1875, et en 4884, celui qui comprend les Conifères ou Acicu- lariées. Ges deux catégories de végétaux tiennent, comme on le sait, une place considérable dans la végétation de l’époque : les Conifères étaient exclusivement les grands arbres forestiers de cette curieuse période jurassique, si pauvre à bien des égards, si originale et si puissante par certains endroits. Les Cycadées, associées aux premières, n’atteignaient le plus souvent que des dimensions mé- diocres, mais on constate qu’elles étaient alors présentes presque partout et que le paysage leur devait le trait le plus décisif de sa physionomie. (1) Tome F, p. 469 et suivantes. Ile Sén, Vécéraux — LV. 18 2784 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Personne n'avait, avant nous, si l’on excepte Gæœppert, poussé aussi loin l'analyse des Conifères jurassiques; personne n'avait tenté de distribuer en tribus ou sections les divers groupes de cette grande classe : Salisburiées, Brachyphyllées, Araucarinées, Abiétinées, Taxodinées et Cupressinées. Les Abiétinées sont les plus rares et les plus imparfaitement caractérisées des sections entre les- quelles se partageait alors une classe de végétaux, non pas appauvyrie ensuite d’une façon générale, comme le furent les Cycadées, mais ayant perdu par l’action du temps une partie notable de ses anciens éléments, tout en s’enrichissant, d’ailleurs, en ce qui touche spéciale- ment les Abiétinées. Notre revue générale des plantes jurassiques s'est ter- minée en l’absence d’Angiospermes légitimement déter- minées, particularité qui, jusqu'ici du moins, distingue essentiellement la flore jurassique, par la description d’un certain nombre de types problématiques ou incom- plètement définis : Éphédrées, Spirangiées, types pro- angiospermiques, faits pour exciter vivement la curiosité et pour provoquer de nouvelles recherches. — D’après des remarques toutes récentes, les Spirangiées, anciens Palæoxyris de Brongniart, Spirangium de Schimper, qui se montrent dès le carbonifère, et dont MM. Renault et Zeiller avaient signalé une forme spéciale dans la houille de Commentry (1), définis par nous Corpora plane in- certa et indeterminata (2), ne seraient autres en réalité que des œufs de Plagiostomes ou poissons cartilagineux de l’ordre des Sélaciens. La question, soulevée d’abord par M. Schenk, professeur à l’université de Leipzig, a (1) Voir ci-dessus les détails relatifs aux Spirangiées, p. 28 et suiv. (2) Plus haut, p. 41. Arles ee ds d'a cod ls a nee Læ de FIN TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 275 été dernièrement l'objet d'une étude attentive de la part de MM. B. Renault et R. Zeiller, dans une note com- muniquée à l’Académie des sciences et présentée par M. Daubrée (1). Les deux savants, après avoir examiné tous les échantillons mis à leur disposition par M. L. Vaillant et avoir obtenu de précieux renseignements de M. Schenk, qui avait eu l’occasion de voir certains œufs de Squales des mers tropicales, et de reconnaître des ana- logies marquées rattachant ces œufs aux Fayolia et aux Sptrangium, n'ont pas hésité à partager la conviction du professeur de Leipzig ; ils pensent comme lui que les Spirangiées doivent être exclues du règne végétal et assi- milées plus spécialement à des œufs de Squalidés de la famille des Cestracions. Voici un extrait textuel des observations de MM. Renault et Zeiller, avec des détails significatifs de nature à confirmer l'hypothèse adoptée par eux : « Parmi les œufs de Squales que nous avons pu examiner, il en est un, celui du Cestracion Philipp, qui nous a immédiatement frappés par sa ressemblance avec nos Fayolia : il présente en effet comme eux deux carènes hélicoïdales portant chacune une collerette assez large, à bord entier, absolument semblable aux colle- rettes des Fayolia; la surface de l'œuf, dont la coque est constituée par des fibres très fines agglutinées en for- mant une lame de consistance cornée, se montre fine- ment striée parallèlement aux carènes et offre parfois entre deux tours de spire des lignes plus saillantes, comme celles que nous avons signalées sur certains échantillons de Æayolia, notamment chez le #. grandis; la surface de la collerette présente également des stries (1) Comptes rendus de l’Acad. des sciences, t. GVII, p. 1022, séance du lundi 17 décembre 1888. 276 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. extrêmement fines, parallèles à ses bords, recoupées par des stries transversales discontinues affectant l'apparence de gaufrures d’une extrême finesse, et se montre ainsi constituée identiquement comme celle des #ayolia. Nous avons essayé d’obtenir, avec les parcelles char- bonneuses détachées de la surface de ces derniers et sou- mises à l’action des réactifs oxydants, des préparations montrant en coupe transversale la structure interne de la lame; nous n'avons pu malheureusement y réussir, à cause de leur excessive minceur, mais nous avons COns- taté du moins qu’elles n’offraient pas sur une de leurs faces le réseau saillant caractéristique des cuticules végétales, et que le réseau que nous avons pris, en les examinant à plat, pour des restes de cellules, n’était dû qu’à des fentes ou à des plis accidentels ; en un mot, le résultat de notre examen a été tout en faveur de l'inter- prétation proposée par M. Schenk (1). Got Quant aux Palæoxyris (2), ils ont avec les Fayolia de telles affinités qu’il faut admettre pour eux la même interprétation. Certains œufs de Scyllium de Tasmanie offrent d'abord avec eux des analogies marquées : ré- trécis graduellement vers l’une des extrémités, ils se prolongent de l’autre suivant un contour rectangulaire brusquement tronqué et offrent sur leurs deux faces de nombreuses crêtes transversales, obliques sur l'axe lon- gitudinal, qui, suivies d’une face à l'autre, dessine- raient à la surface de l’œuf une série d’hélices plus ou moins régulières, absolument comparables à celles des (1) Cette interprétation se trouve justement appuyée par l’existence d’un poisson, le Pleuracanthus Gaudryi, Ch. Brongn., à la taille" du- quel correspondrait bien le Fayolia dentata. (2) Ce sont les Spirangium. Lt x à à a Éd et Lelt tt de à. I à; © fo is Da d'anumts.: cie 2, TERRAIN JURASSIQUE. -— VÉGÉTAUX. | 277 Palæozyris; seulement ces hélices sont interrompues sur les bords de l'œuf par la bordure longitudinale con- tinue qui en suit tout le contour dans le plan diamétral principal : si cette bordure n'existait pas et qu’en outre l'œuf, au lieu d’être aplati, offrit une section circulaire, on retrouverait exactement l'aspect des Palæoxyris. D’au- tre part, d’autres œufs de Scyllium ont leur surface munie de côtes ou de crêtes longitudinales parallèles à leurs bords ; en supposant que ces bords, au lieu d'être compris dans un plan, affectent, comme chez les GCes- tracions, une disposition en hélice, l’œuf semblerait formé d'autant de valves hélicoïdales qu’il y aurait de crêtes à la surface : on aurait en un mot un Palæoxyris. « Enfin le groupement fréquent observé chez le P. Ju- gleri s'explique facilement en supposant ces œufs atta- chés au même endroit par le prolongement de leurs crêtes hélicoïdales, comme il arrive souvent pour les œufs des roussettes de nos côtes. — Nous ajouterons que, par leur forme en fuseau, les Palæoxyris se rap- prochent, comme les #ayolia, des œufs de Chimères et de Callorhynques. Ils nous paraissent devoir être, au même titre qu'eux, reportés définitivement du règne végétal dans le règne animal. » L'exposé qui précède, et auquel nous n'avons rien voulu changer, entraîne avec lui la conviction par l’ex- trême vraisemblance des motifs qu’il invoque. On aurait pu objecter, il est vrai, aux deux savants français, que ce qu'ils disent au sujet des Fayolia et de leur attribu- tion probable à des œufs de Cestracions ne s'applique pas nécessairement ni d’une façon aussi rigoureuse aux Spirangium où Palæoxyris, dont la structure apparente est loin d’être absolument pareille et dont ia longue 278 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, persistance à travers de nombreux étages successifs, du carboônifère récent à la craie inférieure, sans aucune variation dans les caractères morphologiques, atteste la vitalité. -Il est difficile de comprendre au premier abord comment un genre de poissons, visiblement répandu dans les anciennes eaux et toujours en contact avec des plantes terrestres, aurait échappé jusqu'ici à toutes les recherches, sauf en ce qui touche ses œufs, et se trou- verait en même temps dénué d’analogie directe vis-à-vis les Plagiostomes de la nature actuelle. — L'objection est loin cependant d’avoir la portée qu’on serait tenté de lui attribuer s’il s'agissait de toute autre catégorie d'animaux que les Plagiostomes, c’est-à-dire des Pois- sons à squelettes cartilagineux, dont les vestiges dans les anciens lits ont toujours frappé par leur extrême rareté, en dehors des dents isolées ou de certains ap- pendices épineux, relativement résistants. — Non seule- ment les œufs de certains Squales, tels que les rous- settes de nos côtes (1), se rencontrent fréquemment près des embouchures, entortillés les uns aux autres et attachés aux herbes du rivage; mais les Squales remon- tent plus ou moins les fleuves. On les rencontre dans le Gange et le Tigre à des distances considérables de l'embouchure, et ils existent dans le lac de Nicaragua, en eau douce par conséquent ; enfin il y a certainement des Raies d’eau douce, et celles de l'Orénoque, de même que les Scies des lacs de l’Indo-Chine ont été souvent signalées. Tous ces indices concordent pour faire ad- mettre la possibilité, nous dirons même la vraisemblance de l'attribution des Spirangium à des œufs de Plagios- (1) D’après des renseignements dus à M. R. Zeiller, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 279 tomes. Schenk avait déjà si- gnalé la ressemblance des Spirangium avec ces sortes d'organes dans le Fossil Flora d. Grenzschichten; M. Nathorst s’y est également arrêté; —en dernier lieu, nous avons été conduit vers cette même so- lution, en l’adoptant comme définitive, par suite de l’exa- men d’une plaque provenant des schistes carbonifères de Pittston, en Pensylvanie, qui nous avait été communiquée par M. Léo Lesquereux (1). On observe sur cette plaque deux exemplaires de Spirangium intermedium Lax., forme visi- blement alliée de près au S$. carbonarium Schimp, mais plus étroite, plus élancée, surmontée d'un prolongement linéaire, plus insensiblement atténué en pointe. Ces deux Spirangium sont placés côte à côte et alignés dans une même direction; l’un d’eux se trouve en contact, sans doute acci- dentellement, avec une sorte de tige grêle, dans laquelle Spirangium inlermedium Lax. — «a et a'. Organe cartilagi- neux correspondant sans doute à une épine dorsale saillante située sur la queue d'un Sélacien, telle qu'est disposée actuellement l’é- pine caudale des Raïes du groupe des Myliobates. — La partie a était saillante.—En est l’apophyse d’articulation avec a’ qui était la partie in- terne d'attache dans les chairs. — Les Spirangium b, b, sont de même consistance cartilagineuse et indiquent des coques ovulaires ayant résisté à la décomposition, comme l'épine dorsale, qui devait être la partie la plus solide du squelette. —(Gran- deur naturelle légèrement réduite.) on serait tenté de reconnaître au premier abord (1) Voy. Coal F1. of Pennsylvania, by L. Lesquereux, vol. 11, p. 521. 280 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. un rachis nu ou dépouillé de ses folioles. Mais ce. rachis supposé, livré par nous à l'étude attentive de notre ami le professeur Marion, dont la compétence ne saurait être récusée, a été déterminé comme représen- tant un organe cartilagineux de la même nature que les épines dorsales, saillantes, implantées sur la queue des Sélaciens ; il serait assimilable à l'épine caudale des Raies du groupe des Myliobates, ou bien encore comparable et étroitement analogue aux forts rayons épineux de la nageoire dorsale, que portent non seulement certains Squales, mais aussi les Chimères ou Holocéphales. Ici, on distingue la partie saillante épineuse, prolongée en une pointe longuement acérée, et on voit cette partie s’articuler inférieurement avec la partie interne servant de point d’attache dans les chairs. Un pareil rappro- chement, ou plutôt une telle coïncidence ne saurait être absolument fortuite; elle nous semble, au contraire, devoir constituer un précieux indice de la nature réelle des Spirangium, dénotant en eux des coques ovulaires qui auraient résisté à la décomposilion, en même temps que l’épine dorsale qui était effectivement la partie la plus solide du squelette de l’ancien Plagiostome, rangé à tort jusqu'ici dans le règne végétal. Les Williamsonia et Goniolina nous on fait entrevoir l'existence, avant les vraies Angiospermes, de toute une réunion de plantes à la fois distinctes de celles-ci et sans connexion immédiate avec les Gymnospermes à nous?connues, et dont les Cycadées, les Salisburiées, les Taxinées et les Conifères se trouvent les représentants dans l’ordre actuel. Il est vrai qu’au sein de la nature vivante, ainsi que dans le passé, nous avons encore les Gnétacées, groupe ambigu, dont le singulier Welwit- y à PRET À dates |: 11 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 281 schia fait partie, et qui pourrait bien avoir compris jadis d’autres types qui auraient ensuite totalement disparu. Des recherches ultérieures pourront seules permettre à nos successeurs d'éclairer un grand nombre de points demeurés obscurs, de trancher l’un après l’autre divers problèmes posés au courant de cette étude. Depuis près de vingt ans qu’elle a été inaugurée, il est impossible que rien n'ait changé, qu'aucune controverse n'ait surgi, qu'aucune observation ne soit venue se faire jour à l'encontre des anciens points de vue auxquels nous avions dû forcément nous placer au début. Notre sup- plément final ne doit pas consister uniquement dans une énumération descriptive des espèces nouvelles ou de celles dont nous n'avions pas eu connaissance au début de notre travail; mais, pour être complet, il doit encore présenter une revue critique de nos opinions an- térieures, de nos assertions précédentes, et relever les erreurs que nous aurions commises, soit par ignorance, soit parce qu'avec le temps le domaine de la paléonto- logie aurait étendu ses limites. Ce double point de vue déterminera le plan d’après lequel notre supplément sera tracé. — Nous allons suivre d’ailleurs, en nous arrê- tant sur chaque catégorie de plantes, l'ordre même de leur classement, à partir des plus inférieures. Lors de la publication des Algues jurassiques, notre préoccupation principale fut de ne rien laisser échapper en fait d'espèces de cette catégorie, et cette préoccu- pation nous entraina, non seulement à commettre une erreur matérielle, presque aussitôt relevée (1), mais à (1) Celle du Conchyophycus marcignyanus, empreinte d’une valve d’Ostrea, que nous avions prise pour une Algue, sur des indications mal interprétées de M. Terquem. 282 PALÉONTOLOGIE FRANCA SE. adopter trop facilement, comme de vraies Algues, des formes ambiguës ou controversables, ou même de sim- ples accidents, qui du reste étaient alors accueillis avec une égale faveur par des savants autorisés, tels que Gœppert, Heer et d’autres, dans leurs publications res- pectives sur la flore jurassique de Suisse ou d’Allema- gne. Les Cylindrites Gœpp., Taonurus Fisch.-Oost. ou Cancellophycus Sap., Granularia Pom., Münsteria Sternb., Hydranculus Fisch.-Oost. et autres étaient alors acceptés comme des plantes marines au même titre que les Itieria, Phymatoderma, Chondrites et une partie au moins des Sphærococcites, Halymenites et autres Fucoïdes, dans lesquels nous persistons à reconnaître des Algues plus ou moins nettement caractérisées et déterminables. La vérité, c’est qu’à l’origine aucun observateur, assez habile interprète du vrai sens de certaines apparences pour revendiquer au nom de la zoologie la part qui lui reve- nait dans un domaine livré tout entier à la botanique, ne s'était encore présenté, et toute trace figurée, ayant l’aspect d’un corps fossile, était censée avoir appartenu à la classe des végétaux marins et décrit comme tel. C'est en 1881 que M. Alfred Nathorst, par un pre- mier mémoire sur les traces d'Invertébrés, suivi bientôt après d’un second travail de même nature, souleva une polémique utile à tous égards, faite pour confondre bien des erreurs et surtout destinée à ouvrir les yeux sur l'existence, dans les anciennes couches, de vestiges d'ani- maux en marche ou encore d'accidents physiques, méconnus auparavant et grâce à lui devenus mani- festes. La science doit de vrais remerciments à l’auteur suédois, même après avoir constaté que sur quelques points il dépassa le but en dénonçant des pistes là où se PUR WELL LA, AIT ET re natal" fs COR te POTTER VS, SR TU TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 283 rencontraient, selon ses contradicteurs, des organis- mes réels. Mais ces organismes étaient-ils des Al- gues, Comme on l'avait cru jusqu'alors, ou des êtres inférieurs encore indéterminés et dont la vraie na- ture demeure à définir? là était, là est encore la dif- ficulté. On disputera longtemps avant de savoir ce qu'il en est des Bilobites ou Cruziana, des Æophyton, des Arthrophycus, des Gyrophyllites, des Panescorsea, même des Z'aonurus: mais, comme il est très loin de notre pensée de revenir ici sur une polémique épuisée, en grande partie étrangère à notre sujet, ou, si l’on veut, sur les points de cette polémique qui concernent soit les fossiles paléozoïques, soit les types tertiaires, auxquels la qualité d’Algues ou celle de corps organisés fossiles était disputée, à tort, selon nous, nous nous contente- rons de toucher ici aux seuls types rencontrés dans le jarassique. Nous ne saurions les laisser de côté, tout en renonçant à décrire systématiquement l'ensemble des formes nouvellement observées ; il nous suffira de figurer quelques-unes d’entre elles, choisies parmi les plus remarquables. Il nous serait impossible en effet de reprendre une à une toutes les formes qui relèvent de ces types, nou seulement à raison de leur affluence et de leurs dimensions encombrantes, mais aussi parce que l'attribution de la plupart au règne végétal demeure douteuse, en admettant que l’on soit en droit de les considérer comme des organismes véritables. Il est diffi- cile par cela seul de leur accorder une place à titre régu- lier dans une flore jurassique. Les Cylindrites sont les plus informes de ces fossiles problématiques : comme leur nom l'indique, ce sont des corps cylindriques, diversement pliés, contournés ou 284 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, ramifiés, dans lesquels il est permis à coup sûr de voir, dans beaucoup de cas, des traces de diverses sortes, même des accidents physiques. Pourtant, on ne saurait non plus généraliser cette opinion, ainsi que cela résulte d’une curieuse observation de M. Gosselet sur une plaque recueillie par lui dans le kimméridgien de la côte de Boulogne et qu'il a bien voulu nous communiquer. Nous donnons ici la description et la figure de cette plaque, qui répond à la face supérieure d’une couche, avec d’au- tant plus d’empressement que le Cylindrites s'y montre en demi-relief pour une part, en plein relief pour une autre part, et qu’il présente des ramifications reprodui- sant, par les stries longitudinales qui les parcourent, l'aspect des £'ophyton; enfin, parce que la façon avec laquelle les ramifications se superposent sans se couper, mais en exerçant une pression visible de l’une sur l’autre, de celle d'en haut contre l’inférieure, prouve qu'il s’agit réellement ici d'un corps organisé, ayant une consistance à la fois solide et compressible, et non d’une piste. Nous nommerons l'espèce, quelle que soit d’ailleurs sa nature véritable, que nous ne cherchons pas à préciser : Cylindrites conspicuus. P1.:272, L'échantillon consiste en une plaque épaisse d’un grès grisâtre dont la superficie, parsemée d'accidents et sur laquelle s'étale le Cylindrites, correspond au plan supé- rieur de la couche en place. Le long du bord, à gauche, on aperçoit un tronçon principal, fossilisé en demi-relief, mais avec une saillie des plus prononcées et présentant, PRO TONET CT NUR R Sidi hés és daté à Éd, DRE OO RE PT PR EE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 285 sur le côté extérieur, cette limite en forme de mur à pic qui caractérise si souvent les Bilobites. La surface émoussée de ce tronçon principal montre plutôt des rides légères que des stries, et laisse distinguer de plus quelques cicatrices éparses. Sur le côté droit ou inté- rieur, on distingue, outre une saillie qui répond à l'ori- gine d’une ramification, un véritable rameau émis sous un angle droit par le tronçon principal. Ce rameau, en se prolongeant, rencontre presque immédiatement sur son passage un autre rameau un peu plus épais et d’une très belle conservation. Celui-ci presque contigu au tronçon principal et couché parallèlement à lui, sort d'un empä- tement situé vers le haut de la plaque et qui paraît être en connexion avec ce même tronçon principal. Cette rencontre des deux rameaux est d'autant plus curieuse à observer que, sur le point où s’opère le contact, ils ne sont pas en demi-relief, mais en plein relief, c’est-à-dire com- plètement détachés de la roche et entièrement cylindri- ques. C’est le rameau le plus mince, directement sorti du tronçon principal, qui se délourne pour passer sur l’autre ; mais en se superposant il pèse sur celui-ci et exerce une compression visible sur ce rameau. Ce der- nier, en forme de boudin et d’une remarquable conser- vation, est marqué de stries longitudinales bien visibles, comparables à celles que présentent les tiges des Équisé- tacées. Après la traversée, le rameau supérieur se replie légèrement, et va ensuite se réunir, se souder ou se con- fondre avec un autre fragment de Cylindrites adhérant au corps de la roche et encastré à la surface. Cette surface montre encore plusieurs autres tronçons épars du même Cylindrites, plus ou moins saillants et toujours fossilisés en demi-relief, Enfin, le rameau ainsi comprimé et par 286 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. conséquent inférieur se trouve lui-même tronqué à peu de distance du point où existe la superposition ; mais cette fracture est sans doute accidentelle et, vers le bas de la plaque, on peut apercevoir le point d'attache en relief de ce rameau dont la conformation cylindrique a dû se prêter facilement à une rupture..Cet échantillon, remar- quable à tous égards, prouve avec évidence qu’en dehors des erreurs et des confusions commises, il existe des Cylindrites jurassiques, analogues d'aspect aux £'ophyton siluriens ainsi qu'aux rameaux émis par les Z'aonurus, qui constituent de véritables organismes dont la nature réelle est encore à déterminer. Les Cylindrites, tels que nous les a fait voir l’'échan- tüillon du kimméridgien de Boulogne, nous amènent très naturellement aux Z'aonurus, que nous avions nommés Cancellophycus (1), en leur attribuant une structure can- cellée ou semée de perforations qui semble n'avoir ap- partenu qu'à quelques-uns d’entre eux. La polémique soulevée par l’examen des Z'aonurus est encore ouverte, puisque ces fossiles ou du moins l’ensemble des Alecto- ruridées de Schimper, dont les Spirophytum paléozoïques et les Z'aonurus jurassiques font incontestablement par- tie, avaient été assimilés par M. Nathorst à des effets physiques dus au ruissellement de l’eau sur du sable, sans qu'il ait depuis renoncé à cetle explication. Il a été cependant produit depuis lors, et à diverses reprises, des exemples en désaccord absolu avec l'hypothèse du savant suédois. Ce sont en premier lieu des moules complets, c'est-à-dire détachés entièrement et conservés sur Îles deux faces, du Z'aonurus Saportai Dew. (2), de la craie (1) Voy. t. I, p. 126. (2) À propos des Alques foss., p. 40, pl. 8, fig. 2-3. Len NAN ESP PR PTT TT NS PIVOT CRE à mi cl nan, à me Se Sd CSS Sd De du à gr à tél à PRE TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. 287 blanche d’Anzin, et du Zaonurus ullimus Sap. et Mar. (1). C'est ensuite le Z'aonurus ruellensis Sap. (2), non plus moulé en plein, mais reproduit en relief, d’après le moule de l'empreinte des anciens organes, de manière à reconstituer toute leur apparence et à faire voir leurs ramifications et la trace des appendices qui partaient du bourrelet périphérique. Il y a là une disposition singu- lière que présentent aussi les Z'aonurus d’Alcoy et qui dénote dans ces fossiles une structure spéciale dont les détails et le vrai sens nous échappent encore, faite peut- être pour rendre moins vraisemblable l'attribution au règne végétal, mais absolument incompatible avec l’hypo- thèse originairement proposée par M. Nathorst. Il est naturel en même temps de remarquer l’affinité morpho- iogique de plus en plus étroite qui se manifeste entre ces divers corps : Bulobites, Taonurus, Eophyton, Cylindrites, Spongeliomorpha; elle semble révéler l'existence d’une parenté commune dont il est encore difficile de pénétrer le degré. A ce dernier égard, il ne serait pas impossible que l'hypothèse formulée par M. Lebesconte et visant les Spongiaires ne fût destinée à donner un jour la vraie solution. Un autre type d’Algues jurassiques présumées, celui du Laminarites Lagrangei Sap. et Mar. (3), a été égale- ment considéré comme révélant une action physique, celle des flots en mouvement, se traçant des rigoles sur une plage unie, mais, selon nous, sans plus de raison. Le type Laminarites, dans le cas où nous n'aurions pas tort (1) L'évol, des Cryptog., p. 91, fig. 28 et Bull, de la Soc. géol. de France, 3° série, t. XV, p. 286, pl. 4, 5 et G. (2) Ibid., pl. 7. (3) L'évol. des Cryptogames, p. 101, fig. 34; — À propos des Algues ‘oss., p. 24, pl. 4, fig. 1. 288 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de reconnaître en lui un vrai fossile, ne pouvant guère être rapporté à une autre catégorie qu’à celle des Algues, nous nous décidons à en donner ici une description rai- sonnée, en y joignant la figure de l’espèce remarquable d’après laquelle ce type a été établi par nous et notre ami le professeur Marion. | Laiminarites Lagrangei. PI. 273. Laninarites Lagrangei, Sap. et Mar., L'Évol. des Cryptog., p. 101, fig. 34; — Sap., À propos des Algues foss., p. 24, pl. 4, fig. 1. DiaGnose. L. phyliomate giganteo e laminis laciniisve plerumque clathratim conjunctis composito ; luminis lalo- linearibus, inter se hinc inde fusis, rete foraminibus elon- gatis pertusum efficientibus. Notre figure, réduite au tiers de la grandeur naturelle, ne représente qu'une très faible partie du phyllome, puis- qu'aucune des ouvertures ou vides auxquels donnent lieu les lanières par leur connexion naturelle ne se trouve com- plètement fermée. L'origine seule ou l’anse de trois de ces ouvertures est visible sur l'échantillon, le même dont nous avions dopné l’esquisse dans le livre de l'Évolution des Cryptogames, mais dont nous nous sommes attaché à reproduire ici les détails avec une exactitude des plus scrupuleuses. La découverte du Laminarites Lagrangei est due à M. le docteur Lagrange, enlevé depuis à la science, qui le trouva à Hortes (Haute-Marne) dans une carrière de grès à pâle TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 289 tendre, infraliasique. 1l en recueillit des plaques entières et nous en communiqua plusieurs, détachées par ses soins, dont la dimension était assez considérable pour permettre l’observation d'un vaste réseau résultant de la soudure réciproque des bandelettes, dont la réunion constitue l’ensemble du phyllome. Sur presque toutes les plaques extraites jusqu'ici, deux de ces ensembles dirigés en sens inverse l’un de l’autre, c'est-à-dire croisés à angle droit, se trouvent étroitement appliqués l’un sur l’autre, soit accident, soit que cette circonstance tint à la structure de l’ancienne espèce. C’est en enlevant avec soin celui des deux ensembles qui cache l’autre en le re- couvrant, que nous avons réussi à reconstituer dans leur intégrité la disposition des lanières et celle des ouvertures auxquelles ces lanières donnaient lieu, en se soudant de distance en distance de manière à circonscrire des inter- valles vides d’une étendue variable, atteignant 25 à 30 cen- timètres en longueur pour les plus petites, un mètre et plus en ce qui touche les plus étendues de ces ouvertures, On n’en rencontre presque toujours que des fragments, et les lanières ou bandelettes paraissent alors subdivisées par dichotomie, le prolongement de chaque dichotomie, jusqu’au point où les bandelettes se rejoignent, n'étant pas visible. Il a été proposé, par les partisans de l'attribution à des causes physiques de ces apparences fossiles, une explica- tion empruntée à la façon dont les eaux de la mer ruissel- lent ense retirant sur une plaque très unie au moment du reflux et jusqu’à la marée basse. Mais les savants qui ont admis cette hypothèse et ont voulu la faire servir à l’im- terprétalion de notre Laminarites ne se sont pas arrêtés à certaines difficultés qui, selon nous, s'opposent à ce Ile Sén: Vécériux., — IV. 19 290 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. qu'on puisse l’admettre (1) : c’est, d’une part, la structure absolument uniforme des bandelettes très légèrement convexes dans le milieu, amincies vers les bords; d’autre part, leur dimension à peu près invariable ou du moins n'étant sujette à varier que dans de très faibles limites. Leur diamètre offre, en effet, une dimension sensiblement égale, En mesurant la largeur des quatre lanières prinei- pales de l'échantillon que nous figurons, à des hauteurs correspondantes, et faisant abstraction de certaines irré- gularités ou parties rongées sur lesquelles nous revien- drons, nous observons une largeur constante de 30 à 36 millimètres. La dernière bandelette à gauche pré- sente seule un peu plus de largeur, sans que celle-ci excède pourtant 40 millimètres. En dessous du point de partage, cependant, là où deux lanières se réunissent avant de s’étaler en deux branches pour circonscerire un espace vide, la largeur augmente et peut atteindre un maximum de 50 à 60 millimètres. La convexité, quoique toujours légère, est plus prononcée sur certains points, (1) En revanche, il nous a paru que les moulages obtenus par M. Stanislas Meunier sur les plages de l'Océan, et reproduisant en re- lief certains accidents du flot qui se retire après la marée haute, étaient de nature à faire comprendre les apparences siluriennes auxquelles on a appliqué le nom de Vexillum, particulièrement notre VW, Rou- villei (Saporta, Org. problém. des anc. mers, p. 43, pl. 17, fig. 1-8, et 8, fig. 8). ‘La dernière de ces figures se trouve particulièrement analogue d'’as- pect avec un des moules en relief de M. Stanislas Meunier. Il a pu en être de même des Panescorsea et, parmi les apparences siluriennes signalées par M. Lebesconte à la dernière réunion de la Société géo- logique dans le Finistère et figurées sur les planches 34 et 35 du Bul- letin (3e série, t. XIV, p. 586), les Neantia ou une partie d’entre eux, spécialement les Neantia rhedonensis Lebesc., reticulata Lebesc., verrucosa Lebesc., peuvent représenter l'effet du ridement des flots imprimé sur le sable du littoral. Des empreintes absolument pareilles, provenant du Silurien de Luchon, nous ont été communiquées par Maurice Gourdon, LA me” " L PAT di cad ste Fa L VENT tete - Es DC x è 1 Ur < D ni TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX: 291 et la marge, le plus souvent régulière, présente pour- tant, à certains endroits que notre figure a très exacte- ment rendus, des découpures festonnées, comme si la substance du corps fossile eût été rongée et enlevée par quelque accident. Les caractères ‘qui viennent d'être relevés nous parais- sent incompatibles avec la nature physique supposée de notre Laminarites : ils autorisent à le considérer, jusqu’à preuve contraire, comme représentant un végétal marin assimilable aux Laminariées actuelles par l'aspect aussi bien que par la dimension de ses phyllomes. Nous nous abstenons d’aller plus loin, et nous ne rangeons pas même le Zaminarites Lagrangei au nombre des Algues proprement dites classées dans notre supplément. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 273, Laminarites La- grangei Sap. et Mar., portion de phyllome présumé, réduit au tiers de sa grandeur naturelle, montrant plu- sieurs bandelettes avec leur connexion mutuelle, dispo- sées à des intervalles réguliers, les unes entières, les autres, en a, rongées et festonnées le long du bord; d’après une plaque recueillie à Hortes par M. Lagrange dans un gisement infraliasique. C'est à la suite de ces Algues encore controversées que, dans une revue générale, il conviendrait de placer les traces ou pistes reconnues comme telles et dont nous avons signalé nous-même plusieurs exemples choisis parmi les plus saillants. Celles que l’on à nommées Nereites, et dans lesquelles on reconnaît un axe accom- 292 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pagné latéralement d'une double rangée d’'appendices, de même que celles auxquelles Heer avait appliqué les termes d’Æelminthoidea (1) et de Palæodictyon, et qui se traduisent par des linéaments labyrinthoïdes, offrent ce trait particulier qui est justement de nature à justi- fier leur attribution à des invertébrés en marche, qu’elles se montrent presque sans changement, c'est-à-dire avec la même apparence, dans le silurien, d’une part, dans le jurassique, le crétacé ou le tertiaire, de l’autre. C'est ainsi que nous possédons des ereites du Flysch presque conformes à ceux des terrains paléozoïques, et dans lesquels la traînée de vase soulevée par la locomo- tion est encore visible. On observe le type des Æe/min- thoidea aussi bien dans le silurien que dans la craie supérieure et dans le Flysch. On conçoit que les traces dues à la marche des animaux inférieurs remontent, comme l'existence de ceux-ci, à une très haute antiquité et que ces traces aient donné lieu aux mêmes apparences et soient restées semblables, à partir du moment où ces ‘ sortes d'animaux ont commencé d'exister jusqu’à nos jours, à travers toutes les périodes successives. Pour ce qui est des doutes visant l'authenticité de certaines Algues, telles que les Chondritées, il suffit de s'attacher aux empreintes les plus nettes et aux échan- tillons les plus complets de cette catégorie, et d’avoir l'habitude d'observer le faciès de ces sortes de plantes, pour voir aussitôt disparaître toute incertitude au sujet de leur attribution. Les Équisétinées et les Fougères nous fourniront peu de remarques générales, sinon que dans les premières (1) Fi. foss. Helv., pl. 58. — Heer en avait fait des Algues. arèlés Cuies 2 | A 27 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 293 nous aurons à signaler un type nouveau pour la flore française, celui des Phyllotheca Brngt., maintenant et depuis longtemps éteint. Quant aux Fougères, les docu- ments nombreux et variés réunis entre nos mains vont nous permettre de compléter à leur égard les notions jusqu'ici très imparfaites que nous avions données en nous attachant à quelques-uns des types jurassiques les plus caractéristiques. Ces types appartiennent à des groupes encore mal définis, sous les noms de Pachypté- ridées et de Lomatoptéridées et ne sont, à ce qu'il sem- ble, directement assimilables à aucun de ceux que l’on observe parmi les Filicinées vivantes. — Lors de la publication du tome I° des Végétaux qurassiques, les Chiroptéridées, c’est-à-dire les genres ou sous-genres Chiropteris Kurr, Baiera Pr. Br., Jeanpaulia Ung., Scle- rophyllina Hr., étaient encore inscrits parmi les Filici- nées; mais leur affinité avec les Salisburiées fut bientôt après reconnue avec pleine raison par Heer, et nous avons pu reprendre ces genres dans le tome IIT, en leur reslituant la place qu’ils doivent occuper en tête des Aciculariées ou Conifères jurassiques. Au premier abord et en apparence, il semble que rien n’ait changé en ce qui touche les Cycadées jurassiques, et les feuilles détachées, les tiges silicifiées, les pétioles épars, les écailles gemmaires et les appareils reproduc- teurs, attribués en toute vraisemblance à ce groupe de plantes, actuellement amoindri et dispersé sur des points toujours restreints de notre globe, ne seraient effective- ment à considérer denouveau que pour adjoindre plusieurs documents, non dénués d'importance, à ceux que nous avons antérieurement mis au jour, si une série d’obser- vations et de découvertes n'étaient venues coup sur coup 294 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. jeter une lumière inattendue sur une portion des échan- tillons confondus jusqu'ici parmi les Cycadées, en révélant l’existence d’un type curieux que nous avons déjà mentionné à propos des Williamsonia. C’est en effet avec ceux-ci que ce type pourrait bien avoir eu des connexions encore imparfaitement définies, et il ne saurait être de toutes façons confondu avec les vraies Cycadées : nous voulons parler des Bennettites, genre établi par M. Carruthers d’après des tiges silicifiées con- servées au British Museum de Londres et pourvues de bourgeons latéraux en forme de rosettes, distribués entre les bases de pétioles, accrues et serrées, qui en- tourent les tiges d’une armature extérieure des plus denses. Ces tiges proviennent, les unes du Purbeck d'Angleterre, les autres du grès vert inférieur ou néoco- mien, et M. Carruthers, malgré la précision des détails de structure anatomique donnés par lui dans un mé- moire spécial (1), avait attribué aux appareils fructifica- teurs de ses Bennettites une situation à l'intérieur de la substance même des pétioles que nous avions consi- dérée précédemment comme difficile à admettre (2). — Schimper (3) avouait qu'il s'agissait d’un appareil « ter- miné en un corps pisiforme et charnu renfermant les graines » enveloppées d’un tissu cellulaire irrégulier, constituant un fruit charnu, inconnu à l'époque ac- tuelle, « et dont il est difficile de se faire une idée exacte d’après la description et les figures peu claires de-l’auteur ». (1) On foss. Cycadean stems, extr. fr. the Trans of the Linn. Soc. of London, XXVI, p. 694. | (2) Voy. Plantes jurassiques, I, p. 54. (3) Traité de Pal. Vég., II, p. 558. tt C4 î TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 295 L'étude des Bennettites, type des plus singuliers en effet et qui n'avait pu, à raison même de cette singu- larité, être saisi du premier coup, a été reprise depuis lors avec le plus grand succès par M. le comte de Solms- Laubach, qui est enfin parvenu à donner une définition rigoureuse des parties soumises par lui à l’analyse mi- croscopique. Ces parties se bornent jusqu'ici aux tiges et à des organes reproducteurs femelles, demeurés adhé- rents à l'extérieur de celles-ci et convertis également en silice. M. de Solms a exposé les résultats de ses pre- mières recherches sur les Bennettites dans son £'inleitung ou /ntroduction à la Paléophytologie : « Carruthers, dit- il, a décrit sous le nom de Bennettites Gibsonianus une tige des plus remarquables, pourvue de ses fructifica- tions. Elle a conservé, en se pétrifiant, sa structure intacte et provient du néocomien de l’île de Wight. Comme tous les restes dénommés Pennettites, sans être précisément comprimée, elle donne lieu à une coupe transversale, non pas circulaire, mais légèrement ova- laire. Son corps médullaire, auquel un système de fais- ceaux propres à la tige fait défaut, est entouré d’un anneau simple de bois secondaire d’une épaisseur mé- diocre, traversé par de nombreux conduits médullaires assez larges, d'inégale dimension dans l'échantillon. L'écorce assez mince se trouve recouverte d’une épaisse cuirasse de bases de pétioles foliaires, conformément à ce qui existe dans les Clathropodium et Cylindropodium. On rencontre toujours, entre ces bases, quelques par- ties assez analogues à des interstices qui sont occupées par une masse épaisse d’écailles filamenteuses, ayant (4) Einleit. in die Palæophyt. vom Botanisch. Standv., von Dr H. Graf- en zu Solms-Laubach, Leipzig, 1887. - 296 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. l'apparence d une formation poilue. Les coupes fuselées de ces écailles laissent voir une ou deux couches cellu- laires superposées. Les bases des feuilles elles-mêmes, d'après une coupe transverse de forme rhomboïdale, ren- ferment de nombreux faisceaux plus denses vers la péri- phérie, qui donnent lieu à une figure en fer à cheval, ouverte largement dans le haut, avec une courbure dor- sale assez brève. Comme le parenchyme est en partie détruit, les bases foliaires en question présentent dans le haut une cavité de forme rhomboïdale, entourée et cernée par l’épiderme converti en silice et la masse poi- lue intermédiaire. Un semblable état de conservation se rencontre dans d’autres tiges cycadéennes. Le Clathro- podium foratum Sap., entre autres, doit son nom à une particularité analogue, et il en est de même des Æaume- ria déjà mentionnés. — Mais, chez les Bennettites, cette cuirasse de bases foliaires est parsemée d'un grand nombre de fleurs ou inflorescences qui l’ont traversée et qui s’y trouvent enchâssées, fleurs entourées de feuil- les qui se dressent jusqu’à la superficie, et là, par suite du frottement de leur partie terminale, se montrent dis- tribuées, entre les bases de feuilles principales, comme appartenant à autant d’axes particuliers. On ne saurait jusqu’à présent avancer avec certitude, bien que ce soit vraisemblable, que ces sortes d'appareils aient con- sisté en bourgeons axillaires; comme aussi, malgré l'excellente et sagace étude de Carruthers, quelques points chscurs relatifs à la structure des Pennettites, restent à élucider. Un examen nouveau que j'ai été mis en état de poursuivre, grâce à l'amitié de MM. Carru- thers, Hooker et Thiselton Dyer, a maintenant jeté quel- que clarté sur quelques-uns de ces points; je dois pour co; pu ras Late TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 297 les autres renvoyer à un travail d'ensemble sur ces sortes de tige, dont je poursuis le dessein (1)... » Depuis, en effet, la question s’est agrandie : M, de : Solms a parcouru une partie de l'Allemagne et derniè- rement l'Italie, dans le but de rechercher partout les tiges de Bennetlitées existant dans les diverses collec- tions et confondues à tort jusqu'ici avec celles des Cyca- dées. Le nombre des premières ou de celles qui sem- blent devoir leur appartenir s'est trouvé plus grand qu'on ne l'aurait pensé, et, par le fait, il y aura lieu à une étude spéciale en vue de distinguer les troncs vrai- ment cycadéens de ceux qui s’en rapprochent extérieu- rement, mais qui en réalité offrent les caractères de structure propre aux Bennettitées: De plus, il a paru certain à M. de Solms que la provenance erratique de plusieurs de ces tiges et parfois des mieux conservées, dans l'impossibilité d'admettre que de pareils végétaux aient pu survivre aux temps secondaires, entraînait la croyance que dans une foule de cas ces sortes de troncs avaient dû être empruntés à des formations antérieures, de facon à entrer dans la composition de couches plus récentes, même diluviennes, loin que pour cela on dût conclure que les Bennettitées aient été contemporaines des lits qui les renferment aujourd'hui et dans lesquels on les rencontre. Comme il existe une sérieuse probabilité pour qu'il y ait eu de l’affinité entre ces Bennettitées et les Wa/- liamsonia, ceux-ci ayant pu constituer les appareils reproducteurs des premières qui représenteraient alors les tiges des seconds, nous avons demandé à M. le (1) Einleit., p. 96-91. 298 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, comte de Solms et obtenu de lui une note exposant le sens et la portée de ses découvertes et observations les plus récentes, relatives aux Bennettitées. Voici cette note, dont le haut intérêt n’échappera pas au lecteur. NOTE SUR LES BENNETTITÉES Commnniquée par M. le comte de Sozms-Lausac, en avril 1889. Les Bennettitées, bien que presque semblables aux Cycadées en ce qui concerne le port de la plante (par malheur, nous n’en connaissons les feuilles que d’une façon imparfaite) et l’anatomie intime des tissus, n’en diffèrent pas moins essentiellement par leurs organes fructificateurs et par leur plan anatomique général. Par conséquent et comme on le verra, il est impossible de songer à réunir les deux groupes ; mais il convient plu- tôt de les considérer comme les branches parallèles issues d’une même souche qui nous demeure inconnue jusqu'ici. L'une de ces branches, celle des Cycadées, existe encore dans notre végétation, l’autre, celle des Bennettitées, s’est éteinte depuis longtemps. Il est cer- tain que ces dernières plantes vivaient à l’époque des terrains jurassiques supérieurs et plus tard lors du néo- comien. Comme d’autres exemplaires convertis en silice de ces mêmes végétaux ont été rencontrés dans des terrains meubles beaucoup plus récents, leur attribu- tion au terrain qui les aurait originairement contenus reste douteuse, et on ne saurait se prononcer au sujet de l’époque qui a vu disparaître un type végétal aussi étrange. Sous la réserve d'observations ultérieures, on peut déjà noter les différences fondamentales suivantes, qui sépa- “ A TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 299 rent notre groupe de celui des Cycadées. Dans celles-ci, à la base de chaque feuille, on observe deux faisceaux fibro-vasculaires, ultérieurement ramifiés, et qui, en sens inverse et en pénétrant au sein de la région corti- cale, la parcourent d'abord, en dessinant un demi-cercle et presque horizontalement, avant de prendre la direc- tion perpendiculaire et de finir en se réunissant à des faisceaux venant d’autres feuilles plus inférieures. Par conséquent, on trouve les terminaisons inférieures des faisceaux qui vont se rendre dans une feuille, toujours du côté opposé à l'insertion de celle-ci sur la tige. Le système cambiogène forme un anneau continu de bois et de liber, les rayons médullaires étant étroits et peu saillants. Dans les Bennettitées au contraire, chaque feuille reçoit un seul faisceau vasculaire, qui, au lieu de contourner le tronc à l’intérieur de la région corticale, descend directement en ligne droite pour se souder aux faisceaux des feuilles inférieures. Le système cambio- gène, en coupe transversale, apparait découpé en morceaux de largeur inégale, séparés entre eux par de larges rayons médullaires. Sur une coupe tangentielle, ces rayons médullaires ont la forme de losanges et se trouvent situés en dessous de l'insertion de chaque feuille, dont le faisceau prend naissance dans leur angle basal. Tout le système cambiogène offre par conséquent une disposition réticulée et ressemble beaucoup à celui des Fougères, quoique les détails de l'anatomie en soient entièrement différents. Jusqu'ici, nous ne connaissons des Bennettitées que les inflorescences femelles. Elles sont portées sur des axes feuillés latéraux qui paraissent avoir été quelque- fois ramifiés. L'origine de ces axes pourrait bien avoir 300 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. été située à l’aisselle des feuilles normales, dont les bases persistantes forment la carapace qui entoure le tronc. Je suppose que ce sont des bourgeons axillaires qui, après être longtemps restés à l’état latent ou ayant pris un développement tardif opéré avec une extrême lenteur, donnaient lieu finalement à la production des organes de la propagation. Le nombre de ces bourgeons est très variable sur le pourtour du tronc; ils se relèvent à la surface sous forme de rosettes concentriques. Chaque rameau consiste en un axe de structure normale, au bois secondaire peu développé, à entre-nœuds suffisam- ment allongés, portant des feuilles ayant la forme d'é- cailles lancéolées aiguës, assez semblables à celles qui entourent l’inflorescence des Williamsonia. On voit très bien la forme de ces feuilles sur les parois des cavités en entonnoir, creusées dans la carapace qui revêt le tronc, et l’on observe alors que les rameaux se sont détachés de leur base d'insertion avant la minéralisation de l'échantillon. Le rameau florifère se termine en un coussinet charnu hémisphérique, qui à son tour porte les organes floraux, mais ceux-ci ne se trouvent conservés que lorsque le tout ne dépasse pas la surface de la carapace formée par les bases foliaires. Si, par suite d’un accroissement plus énergique, l’inflorescence est sortie de cette carapace, elle ne s’est pas conservée et l’on ne trouve alors à la superficie que la coupe transversale du rameau, entouré de quelques feuilles également coupées en travers. C’est ce qui à eu lieu assez souvent. Tous les C'ycadoidea du Dirt-Bed sont dans ce cas. L'inflorescence même n’a pu être étudiée jusqu'ici que dans le seul Zennettites Gibsonianus, si bien décrit TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 301 par M. Carruthers ; elle se trouve conservée cependant dans quelques-uns des échantillons déposés dans diffé- rents musées italiens, dont je tâcherai ultérieurement de faire l'étude. Sur le coussinet terminal de l’axe ou ra- meau florifère, s'élèvent une multitude d'organes que l'on dirait être des pédoncules. Ils sont allongés, poly- gonaux, pressés les uns contre les autres, parcourus chacun par un faisceau fibro-vasculaire central. Entre eux il en existe de semblables, mais cependant plus minces et à coupe transversale très irrégulière. Je sup- pose que ce sont des organes similaires, seulement im- parfaitement développés. L'ensemble de tous ces pédon- cules resserrés forme un cône ovoïde. Vers la superficie extérieure, tous ces pédoncules se dilatent, deviennent divergents et se soudent entièrement entre eux. Proba- blement la surface de l'appareil n’était pas lisse, mais tuberculeuse, comme celle du cône du Willamsonia Mo- rierei Sap., qui sans aucun doute représente une inflo- rescence fructifiée, détachée de quelque Bennettites (1). Chaque pédoncule porte à son extrémité une graine issue d’un ovule orthotrope. Cette graine ne fait pas saillie au dehors; elle est logée dans une petite fossette à ouverture étroite qu’elle remplit entièrement. Sous sa région chalazéenne, on voit aboutir le faisceau fibro- vasculaire qui forme une espèce de cupule (2). Ensuite vient le testa, dont la structure se compose de cellules en palissade qui constituent les tissus tégumentaires. La (1) 11 est impossible de mieux dire que M. de Solms, et de faire mieux ressortir l’affinité évidente entre l'appareil du Bennettiles Gib- sonianus et notre Williamsonia Morierei. Voir dans le texte, précé- demment, p. 168 à 117, pl. 248, fig. 3, et surtout la planche 249. — (Note de l’auteur.) (2) Voir Eïnleit, in die Palæophyt., p. 98; fig. 5: 302 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. graine se prolonge au sommet en un bec perforé rem- plissant l'orifice étroit de la cavité et terminé brusque- ment dans le plan de la surface du spadice. On doit reconnaître dans ce bec un prolongement du tégument constituant un canal micropylaire allongé et tubuleux. Le testa contient l'embryon encore entouré d’une ligne assez nette qui correspond à la membrane nucellaire décrite par M. A. Brongniart dans sa description des graines gymnospermiques de Grand’Croix. Conformé- ment à ce qui existe chez celles-ci, la membrane en question offre ici vers son point terminal un prolonge- ment conique qui fait saillie à l’intérieur du canal micro- pylaire et qui semble vide. Il est difficile de ne pas voir en lui le prolongement qui contient la chambre polli- nique. L’endosperme paraît manquer entièrement ; tout l'intérieur de la graine est rempli par l'embryon orienté normalement. La tigelle peu développée se termine en un point végétatif légèrement bombé; elle porte deux cotylédons charnus à face dorsale bombée, ventrale plane et contiguë, comme chez le haricot. Sur la coupe transversale de l'embryon, on remarque les faisceaux fibro-vasculaires qui parcourent les cotylédons. Il y en a plusieurs rangés en une seule ligne. Çà et là on observe aussi des parties plus ou moins conservées du tissu parenchymateux. La structure assurément singulière d'un cône pareil rentre cependant, d'une façon générale, dans le cadre des caractères que nous observons chez les cônes des Cycadées. Il faut pour cela comparer les pédoncules qui supportent la graine aux écailles ovulifères de celles-ci. Nous aurions alors des carpites qui seraient libres dans les Cycadées, soudés entre eux vers la partie supérieure TERRAIN JURASSIQUE. —- VÉGÉTAUX, 303 dans les Bennettitées. Mais ces carpites, dans les Bennet- titées, auraient tout autour de la graine terminale le bord relevé en bourrelet, et cette graine se trouverait nichée dans le fond de la loge ainsi formée. On voit bien que c’est le premier rudiment du processus qui tend à transformer le carpite d’abord ouvert et foliiforme en une poche réceptaculaire protégeant les graines incluses du processus, en un mot, qui à fini par séparer les Gymno et les Angiospermes. C’est sous ce rapport prin- cipalement que je crois devoir signaler dans les Bennet- titées un type proangiospermique. Les Bennettitées paraissent avoir été dioïques, mais la fleur mâle n’a pas été encore rencontrée ; tout au moins, on ne l’a pas vue adhérente encore à son tronc. Quoiqu'il soit impossible de le trouver, il est néanmoins fort pos- sible que nous possédions déjà depuis longtemps l’appa- reil mâle sous la forme de ce qu’on appelle William- sonia. Nous n'avons à menlionner ici les Aciculariées ou Conifères qu’à raison des espèces nouvelles ou peu con- nues sur lesquelles notre Supplément attirera l'attention et qui ne laissent pas que d’être assez nombreuses. D'où viennent toutes ces nouveautés? nous voulons le dire en peu de lignes avant d'aborder la partie descrip- tive du Supplément. Notre ami, M. R. Zeiller, a bien voulu nous commu- niquer un certain nombre d'espèces jurassiques, quel- ques-unes des plus remarquables par leur état de con- servation, d’autres inconnues jusqu'ici ou servant à une meilleure définition d'espèces inparfaitement décrites. 304 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Ce sont des Fougères, puis des Cycadées, et particulière- ment le spadice ou support ovulaire frangé d’un C'ycadites. La plus grande partie des espèces que nous aurons à décrire proviennent du gisement d’Auxey (Côte-d'Or) et des découvertes de M. Changarnier-Moissenet, gisement et découvertes sur lesquels nous avons donné des dé- tails (4) qui nous dispensent d'y revenir. À côté des plantes d’Auxey et à un niveau un peu plus élevé, se rangent celles, relativement nombreuses, va- riées et intéressantes, recueillies par M. Girardot et que ce savant géologue a bien voulu nous communiquer. Elles proviennent des environs de Châtelneuf (Jura) et plus particulièrement des Crozets, localité dont M. Gi- rardot a précisément donné une coupe des plus détail- lées, en fixant avec beaucoup de précision le niveau auquel ï convient de les rattacher. Ce niveau est celui du « calcaire à Astartes » ou séquanien inférieur. Les lits à végétaux du gisement principal, formés de calcaire dur à grain fin, reposent aux Crozets sur des calcaires avec Zerebratula Bauhini, Natica hemispherica, Hemicy- daris crenularis, Stramonium, intermedia, ou qui alternent avec ceux-ci. Le groupe entier s'appuie sur le niveau inférieur des marnes et calcaires à Æemicydaris Lestocquir et Anthedon Gresslyi, qui aux Crozets se trouve repré- senté par un Calcaire oolithique avec Verinea depressa, Valdhemia humeralis et de nombreux débris d'Echino- dermes. En dessous se place le rauracien ou corallien supérieur, qui sur ce point du Jura revêt un faciès va- seux, c'est-à-dire ne renferme pas de roches à faciès coralligène. M. Girardot, après M. Choffat, a démontré (1) Voy. plus haut, p. 240: À ae AT PRET dit du TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 305 effectivement que le faciès corallien, nécessairement variable dans la région du Jura et dépendant des circon- stances qui favorisaient les polypiers, alternaïent avec un faciès vaseux, vaso-grumeleux ou glypticien, entraînant la présence d’une faune particulière à chacun d’eux. De telle sorte que les roches à polypiers, souvent éparses ou peu développées, lorsque le faciès est vaseux, sur l'horizon du corallien, se présentent en îlots ou même en masses prépondérantes, à des niveaux plus élevés qui font réellement partie de l'étage séquanien. Ces roches coralligènes abondent plus particulièrement dans le séquanien inférieur ou assise à Æemicydaris stramo- nium. Elles sont l'indice d’une mer peu profonde, aux eaux pures, favorable par cela même au développement des polypiers. Effectivement, à l’époque où nous trans- portent les végétaux de Châtelneuf, un isthme ou seuil tendait à se constituer par le relèvement progressif de cette partie de la mer jurassique qui a depuis formé la Côte-d'Or et qui correspond au partage des eaux qui vont à l'Océan ou à la Méditerranée. Les végétaux ter- restres recueillis par M. Girardot viennent donc combler l'intervalle qui sépare ceux d’Auxey des plantes d'Orba- gnoux et du niveau de Cirin, placées à la hauteur du sous-étage virgulien ou kimméridgien moyen (1). Toutes ces plantes, même en les comparant à celles du lias inférieur de Hettange, dont nous devons une belle série à M. Eugène Pougnet, toutes ces plantes indiquent peu de changements d’un bout à l’autre de la période, et moins encore du corallien au kimméridgien. Dans (1) Consultez le Bulletin de la Soc. géol. de France, 3° série, t. XII; — Réunion extr. dans le Jura, Pr 1885 ; et le Mémoire de M. Girardot sur cette réunion. Ile Sén. Vécéraux, — IV, 20 306 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cet espace qui évalué en années a dû être considérable, la végétation conserve les mêmes eléments et, à peu de chose près, le même caractère. On peut dire que cette fixité relative, cette immobilité dans l'aspect et le mode de groupement des formes végétales constituent un phénomène spécial à cette période de l’histoire du globe. Dans la seconde moitié des temps oolithiques, les ZLo- matopteris, Cycadopteris, Scleropteris, Stachypteris, etc, sont toujours, parmi les Fougères, les genres que l'on rencontre inévitablement. Le type du Zamites Feneonis, avec de faibles variations spécifiques, domine parmi les Cycadées, et les Brachyphyllum et Pachyphyllum chez les Conifères. La seule remarque que suggèrent ces formes vegétales, c'est que leur association, quelque répandue qu’elle paraisse, n’était sans doute pas la seule : ce sont à pour nous des plantes terrestres, les plus ordinaires el les plus fréquentes, probablement indigènes des sta- tions sèches et accidentées de l’époque. L'absence d’au- tres types observés au contraire en Angleterre, dans les schistes charbonneux de Scarborough et qui reparais- sent plus tard dans le Wéaldien du nord de l'Allemagne : les Fougères à frondes larges ou délicatement décou- pées, les Podozamites et Pterophyllum, les Salisburiées, types amis des stations humides, cette absence dans les flores françaises du corallien et du kimméridgien prouve bien que la végétation d'alors, quelle que fût d’ailleurs son indigence relative et son uniformité, présentait au moins deux faciès différents, adaptés à des milieux spé- ciaux, selon la sécheresse ou l'humidité des stations. Il faut croire seulement que de ces deux faciès, celui qui répondait aux stations humides et aux cantons arrosés, au voisinage des eaux lacustres ou courantes, était à ce TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 307 moment bien plus rare que l’autre dont nous rencon- trons exclusivement des exemples en France. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 272, Cylindrites cons- picuus Sap., exacte reproduction d’une plaque de grès enfumé du Kimméridgien de la côte de Boulogne, à Châtillon, recueillie par M. Gosselet et montrant les ramifications d’un Cylindrites entremêlées, appuyant et pesant l’une contre l’autre, grandeur naturelle. — PI. 273, Laminarites Lagrangei Sap. et Mar., portion de phyllome présumé, constitué par des bandelettes d’égale largeur, réunies entre elles de distance en distance, de manière à former un ensemble de mailles ou intervalles vides, étroits et allongés. 1/3 de grandeur naturelle. ALGUES. Après avoir exclu ou décrit séparément, comme don- nant prise à des controverses ou seulement à des doutes non encore éclaircis au sujet de leur attribution à la classe des Algues, les Cylindrites, les Taonurus et les autres Alectoruridées, enfin même le Zaminarites La- grangei, malgré létroite analogie de celui-ci avec les Laminaires, nous retenons dans cette même catégorie d’autres types à propos desquels le doute, selon nous, ne reposerait sur aucun fondement sérieux. Les Chondrites et Halymenites,' ceux-ci comprenant aussi les Sphæro- coccites, qu'il est difficile d’en distinguer, se placent en tête; il est peu croyable, quelles que soient d’ailleurs les véritables affinités des formes fossiles ainsi désignées, qu'elles ne représentent pas de vraies Algues. Elles ont de celles-ci l'aspect, le mode de ramification jusque dans les plus petits détails. Leur existence. a été très lon- 308 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. gue ; elles ont traversé sans changements bien appré- ciables, en dehors des variations purement spécifiques, la série entière des terrains, à partir du paléozoïque. Il est vrai que le rapprochement direct des types anciens avec ceux des mers actuelles n’a pu se faire encore d'une manière satisfaisante; mais ce n’est pas une rai- son pour repousser l'attribution de ces plantes qui res- semblent trop à des Algues pour en être distraites, et l'apparition tardive des types actuels : Delesseria, — Ha- lymenia, — Gelidium, — Cystoseira, — Fucus, — Coral- lina, ete., prouve seulement, selon nous, qué les Thalas- sophytes n'ont revêtu qu’à la longue et après avoir longtemps présenté une apparence morphologique dif- férente de celle qui les distingue actuellement, les carac- tères que nous leur connaissons. Les Chondrites paléozoïques ou Palæochondrites de Schimper, dont nous figurons un très bel exemple (pl. 274, fig. 1) dû aux recherches persévérantes de M. Gourdon dans le silurien de la région des Pyrénées, ne diffèrent réellement pas de ceux des âges postérieurs. Le Palæochondrites Gourdoni Sap. s’écarte à peine du Chondrites filicinus Sap. (pl. 274, fig. 3). du bathonien de Rians, des Chondrites aragonensis Sap. (pl. 275, fig. 1) et assimilis Sap. (pl. 275, fig. 2), de la craie d'Aragon, enfin du Chondrites intricatus Fischeri Hr. (pl. 274, fig. 2), figurés comme termes de comparaison. Le premier diffère surtout de ceux-ci par l’apparence plus grêle et les ramifications plus allongées-flexueuses de ces frondes. Le même aspect reparaît dans toutes ces formes, à travers l’immensité des étages successifs et des périodes écoulées; et encore le Chondrites intri- catus a-t-il des ramuscules aussi ténus que ceux de l’es- ne ‘5% y C2 6 dites td ét D ni, à dd ss re», dm à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 309 pèce silurienne. D'autre part, entre les Chondrites bol- lensis Ziet. et flicinus Sap., qui sont jurassiques (4), et les Chondrites aragonensis et assimilis (pl. 275, fig. 1-2), ces derniers de la craie, on constate aisément combien la distance est faible. Elle se réduit, on peut le dire, à des nuances à peine sensibles, qui autorisent à consi- dérer les formes les plus récentes comme directement issues de celles qui les avaient précédées. En examinant avec attention les empreintes laissées par les Chondrites, on reste convaincu que leurs frondules avaient de la consistance et que leurs dernières subdivisions affec- taient une apparence cylindroïde ou comprimée-cylin- droïde. Le vide laissé dans le sédiment par la dissolu- tion de la substance organique a été rempli par une matière minérale amorphe, qui tranche généralement par sa teinte plus claire sur le fond des plaques. Cette matière varie : tantôt spathique ou siliceuse, tantôt ocreuse, elle est tantôt dure, tantôt friable, et se déta- che parfois en laissant un creux ; c’est ce que montre effectivement notre Chondrites assimilis (pl. 275, fig. 2), dont certains ramules sont restés en saillie, tandis que d’autres se distinguent à peine par une légère coloration de la surface de la roche. Rapprochés des formes d’Algues des mers actuelles, les Chondrites nous ont paru, d’une façon générale, manifester une affinité morphologique, au moins apparente, avec les Gelidium. Dans un sens général, l’analogie avec les Gelidium variabile J. Ag. et corneum Lam. est reconnaissable. Il n’est pas moins certain que plusieurs Chondrus, tels que le Ch. multi- partitus Grev..et mieux encore divers Gigartina offrent (1) Voy. Végétaux jurassiques, 1, pl. 14, fig. 1-2, et 18, fig. 1-2, 310 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. des points d’analogie vis-à-vis des Chondrites qu'il est difficile de ne pas remarquer. C'est ce qu’on peut dire, par exemple, du Gigartina confervoides Lamour, abstrac- tion faite de la dimension. Nous ne voulons pas dire par là que les Chondrites, dont la vie s’est tellement prolongée, aient été des Gigartines ni des Gelidium vé- ritables, mais seulement qu'ils ont sans doute consti- tué un genre assimilable par l'apparence extérieure à ces formes vivantes, dont ils remplissaient peut-être le. rôle au sein des anciennes mers. Nous désignons sous le nom d'Aalymeniles un type un peu différent de celui des Chondrites : ici, les seg- ments de frondules, au lieu d’être convexes, sont visible- ment planes, diversement contournés et déchiquetés. La comparaison fait reconnaitre une sensible analogie entre le mode de découpure des segments de ce type et celui des Æalymenia, tels que l'A. Floresia Ag., de la mer Rouge. Nous citerons encore le Callymenia papulosa Mont. de la même région. C'est de ce dernier effective- ment que se rapprochent surtout, par leur faciès, les lambeaux épars à la surface d’une plaque silurienne que nous reproduisons d’après un échantillon communiqué par M. Gourdon et provenant du schiste ardoisien de Loudenvieille (Hautes-Pyrénées). On voit que le type, sinon le genre, remonterait aussi loin dans le paléozoi- que que celui des Chondritées. Les mêmes rapports morphologiques se trouvent chez les Æhodymenia (Rh. palmetta Grev., — lacerata Dub.). Il ne saurait s’agir, pas plus que pour les Chondrites, d’une assimilation généri- que, mais d’une simple relation d'aspect, de nature à. démontrer que nous avons bien sous les yeux de véri- tables Algues. En comparant notre Æalymenites pyr'enat- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 311: cus Sap. à la figure très imparfaite, il est vrai, du Sphæ- rococcites cæspitosus Fisch-Oost. (1), on reconnaît sans peine une physionomie commune, dénotant des restes de même nature et vraisemblablement congénères. Ainsi, sans insister sur une attribution impossible à pré- ciser, nous plaçons à la suite des Chondrites un type distinct, celui des Æalymenites, impossible à confondre avec le premier. Enfin, une empreinte d’Auxey, malheu- sement incomplète et entachée de doutes, semblerait pourtant annoncer les vestiges d’une autre Algue, ayant l'apparence extérieure de l’Asperococcus cancellatus et de l’Agarum clathrus. Nous la signalons,!sous toutes réserves, avec les précédentes. Avant de terminer ces courtes généralités sur les Al- gues, nous devons encore mentionner, en fait d’Algues fossiles controversables, le type de notre Sphærococcites lichenoides figuré antérieurement (2) et que nous avons repris, dans notre mémoire à propos des Alques fos- siles (3), en développant les motifs qui nous engageaient à reconnaître dans ce type une Lithothamniée, et lui appliquant la dénomination de Zithothamnites. Le L. Croizieri Sap., décrit et figuré dans notre mémoire d’a- près le moule en relief d'une empreinte creuse, dirigée dans un sens vertical à travers l’assise qui la contient, nous a paru présenter les caractères propres aux Litho- thamniées par la nature, l'aspect et le mode de partition dessegments du thalle. Celui-ci aurait été érigé et solide, à la fois comprimé et cependant convexe, découpé le long des bords par des sinuosilés capricieuses en lobes (1) Foss. Fucoid., pl. 12, fig. 6-1. (2) Voy. t. I, p. 205, pl. 25, fig. 2. (3) Page 21. 312 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. et lobules diversement repliés, mais toujours analogues par leur aspect à ce qui existe dans une foule de cas sem- blables, chez les Alguesde cette catégorie. Nous renvoyons pour les détails à notre mémoire, sans vouloir insister sur un rapprochement probable en soi, mais non assez sûrement établi pour que nous revenions ici sur l’em- preinte sous-oxfordienne, recueillie dans la Charente, à La Rochefoucault, par M. Louis Croizier. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 274, fig. 4, Palæochon- drites Gourdoni Sap., espèce nouvelle de Chondrites silurien, découverte par M. Maurice Gourdon dans les schistes ardoisiers de Bordes-sur-Lez (Ariège), frondule ; grandeur naturelle; 4°, portion du même organe grossie. Fig. 2, Chondrites intricatus Fischeri Hr., de la craie su- périeure de Biarritz, d’après un exemplaire recueilli et communiqué par M. Matheron; grandeur naturelle; 2°, portion grossie. Fig. 3, Chondrites filicinus Sap., frondule, du bathonien de Rians, fragments épars de frondules, d’après un échantillon recueilli par M. Marion, grandeur naturelle; 3*, portion grossie. — PI. 275, fig. 4, Chondri- tes aragonensis Sap., frondule, d’après un échantillon provenant du crétacé d'Aragon, Port-de-Lamuria, re- cueilli par M. Maurice Gourdon, grandeur naturelle. Fig. 2, Chondrites assimilis Sap., frondule, d'après un échantillon du même terrain, recueilli par M. Maurice Gourdon entre Mason-de-Lher et le port de Lamuria en mai 1888, grandeur naturelle. — Ces échantillons sont figurés pour démontrer la longue persistance des mêmes formes de Chondrites à travers les périodes successives, du silurien jusqu'au milieu du tertiaire. Fig. 3, Aalyme- ailes pyrenaicus Sap., fragments épars de frondules, d'après un échantillon des schistes ardoisiers siluriens de mé “ontémnntt dés à Do TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 313 Loudanville, près de l’ardoisière de Génost (Hautes-Pyré- nées), recueilli par M. Maurice Gourdon en 1887, gran- deur naturelle; 3°, fragment grossi. Cette espèce est fi- _gurée comme terme de comparaison avec les Zalymenites jurassiques. GENRE, — AGARITES. DiAGNOSE. — Frons complanata, foraminibus seriatis, late apertis, undique discerpta. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous aurions été tenté d’a- dopter le terme de Palæodictyon, déjà appliqué par Heer à des Algues présumées du Jurassique et du Flysch ; mais les Palæodictyon du savant de Zurich consistent en d’étroites bandelettes, contournées et réunies de manière à circonscrire des vides ou mailles bien plus larges que la bordure qui les cerne. D'ailleurs, ces Palæodictyon ne sont en réalité que des pistes d'animaux inférieurs et rentrent dans la catégorie des corps problématiques. — Notre dénomination d’Agarites se rapporte à une em- preinte isolée, certainement végétale, qui laisse voir des ouvertures arrondies pratiquées dans la substance plane d’une fronde; mais il n’est pas certain que ce soit là une Algue plutôt qu’un lambeau d’épiderme ou d'écorce. Les ouvertures correspondraient alors à des points d’inser- tion de pétioles ou de radicules. 314 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 1. — Agarites fenestratus. PI. 276, fig. 1-2. DrAGnosE. — A. fronde? complanata, foraminibus ellip- tico-orbiculatis, ordine quinconciali dispositis pertusa. Nous figurons les deux côtés d'une même empreinte, qui représente un lambeau d’une assez faible étendue, constitué, à ce qu'il me semble, par une fronde plane et membraneuse, parsemée d'ouvertures réguliè- rement disposées. Ces ouvertures, découpées dans la substance de la fronde présumée, sont ovales-suborbicu- laires et voilées çà et là par des résidus pelliculaires, bien que leur contour paraisse nettement tranché. Nous trouvons à cette empreinte une étroite ressem- blance avec plusieurs Algues à phyllome criblé de perfo- rations, telles que l’Agarum clathrus et l’Asperococcus cancellatus. Il faut observer cependant qu'il s’agit d’une empreinte isolée, mal terminée et d’une détermination qui ne laisse pas que d’inspirer quelque doute. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce n’est pas sans analogie avec le Palæodictyon magnum Hr. du Flysch de Walenbutalp; mais ici les mailles résultent plutôt de la soudure mutuelle de minces bandelettes subdivisées que de véritables perforations. Du reste, ce Palæodictyon et plus encore les autres formes fossiles réunies sous cette formule ressemblent à des traces d’invertébrés bien plus qu’à des Algues, tandis que l’origine végétale de (1 PL. foss. Helo., tab. 64, fig. 9. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 315 notre espèce ne saurait être contestée, même dans le cas où l'attribution à un type de plante marine ne serait pas maintenue. LocaLiTÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien. | EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 276, fig. 1-2, Agarites fenestratus Sap., les deux côtés d’une même empreinte représentant un lambeau de phyllome semé de perfora- tions disposées en séries régulières, grandeur naturelle; d'après un échantillon recueilli et communiqué par M. Changarnier-Moissenet. GENRE. — CHONDRITES (voir ci-dessus et t. I, p. 154). N° 20. — Chondrites Squamosulus,. PI. 276, fig. 3-4. DIAGNOSE. — Ch. fronde elongala, ramosa, segmentis alterne partitis, superficie leviter papillosis, tum simplici- bus, apiceque sensim attenuatis, tum ramulos breves subcla- vatos emittentibus. La fronde est allongée, à ramifications alternes, tantôt simples et plus ou moins atténuées au sommet, tantôt subdivisées en ramules courts et obtus, un peu en mas- sue et plus ou moins agglomérés. Il semble que la super- ficie des ramifications de divers ordres soit occupée par de petits compartiments papilleux et ponctués vers le centre, dont notre fig. 3°, pl. 276, rend assez bien l’as- pect. Ce détail de structure, très difficile à saisir, déno- terait une affinité entre cette espèce et les. Phymato- 316 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. derma; mais il est ici trop peu marqué pour justifier un déplacement générique, d’autant plus que par sa phy- sionomie tout entière notre fossile se rattache très na- turellement aux Chondrites, particulièrement au CA. rigescens Sap. (1), qui provient d’un niveau un peu infé- rieur de la même région alpine. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La roche est un calcaire enfumé très dur, sur le fond de laquelle les ramules du Chondrites squamosulus se détachent en clair. Il ressemble certainement au Chondrites inæqualis Hr. (2) recueilli sur divers points du Jura suisse, à la hauteur du Callo- vien, L’affinité est même si étroite que nous serions dis- posé à réunir toutes ces formes en une seule espèce. LocALITÉS. — Notre Chondrites squamosulus provient d’une couche de Dombes, intercalée entre les schistes à Posidonomies et servant de jonction entre le callovien et le bathonien. — Échantillon communiqué par M. Matheron. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 276, fig. 3-4, Chondrites squamosulus Sap., frondules, grandeur naturelle; 3°, por- tion grossie pour montrer l’aspect et la disposition des squamules ou papilles superficielles. N° 21. — Chondrites infiexus PL. 276, fig. 7. DiAGNOSE. — Ch. fronde parvula, pluries dichotome pinnatimque elegantius ramosa, ramulis sæpe inflexis curvatimque ramulosis, ramusculis alternis, unilaterali- terve emissis, ultimis, brevibus, plerumque obtusatis. (1) T. I, p. 485, pl. 68, fig. 5. (2) Heer, PL, foss. Helv., p. 108, tab. 41, fig. 20-23. Rev TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 317 Les frondes ou portions de frondes sont menues, plu- sieurs fois subdivisées en rameaux souvent repliés sur eux-mêmes et contournés. Les derniers ramules sont courts, multipliés, tantôt alternes, tantôt unilatéralement émis. Ils ont généralement un sommet obtus ou même arrondi. Nous aurions pu multiplier les figures de ce Chondrites dont les frondules éparses couvrent certaines plaques, extraites de la montagne de Crussol. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce se rapproche, d’une part, du Chondrites filicinus Sap., du bathonien de Rians, près d’Aix, dont nons avons donné plus haut une bonne figure, mais dont les ramules sont bien plus allon- gés que ceux du Chondrites inflexus. Celui-ci se rappro- che encore du Chondrites liasinus Hr. (1) que Heer réunit sans preuves à notre Chondrites pusillus (2). La forme dont il est ici question provenant d’un autre niveau géo- gnostique et présentant des ramules plus infléchis et plus courts que ceux de l’espèce infraliasique, nous pré- férons la décrire séparément que de la confondre sans motif déterminé avec une des espèces jurassiques déjà signalées. LocaAziITÉ. — Crussol, Ardèche; zone à Posidonomies, étage callovien. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl], 276, fig. 7, Chondrites inflezus Sap., frondules éparses ; grandeur naturelle. GENRE. — HALYMENITES. Halymenites, Sternb (emend.), Vers t. Il, p. 29. Le (1) PZ, foss. Helv., p.106, tab. 40, fig. 1,9 et 10; tab. 51, fig. 1-6. (2) Vég. jurass., I, pl. 194, pl. 23, fig. 1-3. 318 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. DiAGNOSE. — frons coriacea aut firme membranacea, complanata, varie dissecta fimbriatoque lacera, segmentis lobisque irregulariter conterminatis. Sphærococcites Fisch.-Oost. aliorumque auctorum. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous ne prenons ici le terme d'Halymenites que comme fournissant un cadre com- mode pour y rapporter les formes d’Algues fossiles dont les frondules plus ou moins fermes, membraneuses ou subcoriaces, mais visiblement planes, offrent des décou- pures variées, irrégulières d’un bord à l’autre des seg- -ments qui se replient, se contournent ou s'étendent avec des incisures et des sinuosités soumises à des lois, en apparence capricieuses, mais que l’on observe également dans les Algues actuelles des types Æalymenia et Rho- dymentia. Nous figurons, pour servir de type aux Æalymenites ainsi entendus, une curieuse forme silurienne reproduite sur notre pl. 275, fig. 3, et nommée par nous /alyme- nites pyrenaicus Sap. N° 1. — Halymenites Crassoli. PI. 276, fig. 5-6. DiAGNOSE. — 71, fronde compresso-complanata, pinna- tim dichotomeque dissecta, segmentis varie expansis, mar- gine sinuatis, interdumque laciniatis. Des deux empreintes que nous reproduisons, l’une, fig. 6, n’est qu’un fragment d’une attribution douteuse: l’autre, plus entière, fig. 2, mais dont les contours sont TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 319 difficiles à préciser, laisse voir une fronde comprimée et capricieusement divisée, dont les segments découpés à leur tour s'étalent en présentant des sinuosités variées en rapport avec celles qui distinguent les ÆZalymenia. Nous n’insistons pas davantage sur une espèce dont les carac- tères, pour être mieux définis, demanderaient une série d'empreintes plus nettes que celle d’après laquelle nous l'établissons. | 5361 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il existe certainement une étroite relation entre notre Æalymenites Crussoli et le Sphærococcites Meyrati F.-0. (1). Les segments du pre- mier sont seulement plus étalés et divariqués ; mais, pour trancher la question d'identité, il faudrait pouvoir con- sulter des échantillons plus nombreux et en meilleur état. LocaALITÉ, — Crussol, Ardèche ; zone à Ammonites ma- crocephalus, étage oxfordien inférieur ou callovien; échantillon recueilli et communiqué par M. Lombard- Dumas, de Sommière. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 276, fig. 5, Halymenites Crussoli Sap., fronde, grandeur naturelle; fig. 6, frag- ment attribué avec doute à la même espèce; d’après un échantillon de Saint-André (Basses-Alpes), commu- niqué par M. Garnier et provenant d’un niveau immé- diatement supérieur à celui de l'Ammonites varians; grandeur naturelle. ÉQUISÉTACÉES. Les Équisétacées, réduites depuis longtemps aux seuls Equisetum, amoindries de taille actuellement, même (1) Foss. Fuc., p. 56, tab. 4, fig. 4. 320 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sous les tropiques, si on compare les plus grandes de notre âge à certaines formes de l’Europe tertiaire, telles que l'E. Lombardianum Sap., par exemple, les Équitacées comprenaient encore lors du jurassique, à côté des Equisetum qui ont survécu, les deux types éteints des Schizoneura et Phyllotheca.La présence du dernier de ces types dans la région française se trouve signalée ici pour la première fois. Pour ce qui est des £'quisetum, nous en avons décrit, dans le tome I°, plusieurs espèces variables d'aspect et de taille, depuis l’£. arenaceum ; la plus grosse et la plus ancienne, jusqu’à l’£quisetum Münsteri, dont les tiges sont relativement minces, et l’'Z. Duvalii Sap., jusqu'aux Æ'quisetum Pellati Sap., veronense Zign. et columnare Brngt. En dehors de la taille et malgré la monotonie qui constitue le principal caractère du type Equisetum, les traits différentiels résultent chez ceux-ci de l’étendue relative des gaines, de la configuration plus courte ou plus allongée, plus obtuse'ou plus acuminée des dents qui les terminent supérieurement. — Pour achever de faire connaître les Æ'quiselum jurassiques, nous figurons ici une des espèces les mieux carac- térisées de ce terrain, l’£quisetum lusitanicum de Heer, d’après un échantillon dont nous devons la commu- nication à M. Delgado et à M. Choffat, de la commis- sion de la carte géologique de Portugal. Cet échantillon (pl. 278, fig. 1), dont la conservation ne laisse rien à dési- rer, consiste en une empreinte peu profonde de tige, susceptible, malgré la compression qu’elle a subie, d’être moulée en relief, et c’est ce relief que reproduit notre figure. | Il est facile de constater que cette espèce est bien celle que Heer a figurée sous le nom d’Æquisetum lusitani- Get ds le ee dit 3 x TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 324 cum (4), mais d’après des exemplaires plus imparfaits, en sorte que la description de l’auteur n’est pas très exacte. On distingue, en examinant notre échantillon : une tige fortement comprimée, large de 3 centimètres, munie sur les nœuds ou cloisons diaphragmatiques de gaines assez courtes, atteignant au plus la moitié des entre-nœuds qui paraissent parfaitement lisses. Les gaines présentent par contre des stries régulièrement disposées, au nombre de 24 à 26 surla partie visible, ce qui fait45 à 50 sur le pour- tour entier. Ces stries ou cannelures sont fines, égales, et elles aboutissent supérieurement à des dents non pas al- longées, comme l'avait pensé Heer, mais plutôt courtes et finement acuminées. Inférieurement, les stries se pro- longent quelque peu, avant de se perdre, au-dessous de la ligne diaphragmatique. L'espèce paraît voisine de l’ÆZ'. ve- ronense Zign. et doit lui être comparée; elle n’en diffère que par ses gaines plus courtes, plus rapprochées et par ses dents vaginales plus petites et moins prolongées. L'appa- rence lisse des entre-nœuds paraît aussi devoir être notée. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 278, fig. 1, Æ'quisetum * lusitanicum Hr., portion de tige munie de ses gaines, grandeur naturelle. DEUXIÈME GENRE. — PHYLLOTHECA. Phyllotheca, Brngt., Prodr., p. 151 ; Tab. des genres de Vég. foss., p. 54; — Schimp., Traité de Pal. vég.,1, p. 288 ; Handb. d. Palæont., I, p.162 ; — Zigno, FL. form. oolith., 1, p. 59; — Schmalhausen, Beitr. Z. Jura.-Fl. von Sibir., p. 62. (1) Contrib. à la flore foss. de Portugal, Lisbonne, 1881, p. 8, pl. 8, fig. 1-6. Ile Sén, Vécéraux, — IV, 21 322 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. DiAGNOSE. — Plantæ habitu Equisetorum vel etiam Aste- rophyllytarum ; caulis simplex aut ramosus nodoso-articu- latus, ramis paullum supra nodos orientibus; folia ad nodos verticillata in vaginas plus minusve extensas basi coalita, cæterum libera æqualia linearia erecto-incurva. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Adolphe Brongniart a créé le genre pour une plante australienne qui lui avait été communiquée et dont il existait des exemplaires au musée d'Oxford. Il avait remarqué dès lors la liaison de ce type singulier, caractérisé par ses gaines courtes, subdivisées en lacinies dans le haut, avec les Asterophyl- lites. Les Phyllotheca tenaient, pour ainsi dire, le milieu entre ceux-ci et les Æquisetum dont les gaines ou four- reaux sont seulement dentés et non partagés en seg- ments libres et linéaires, le plus souvent divariqués. Des épis fructifiés, dont l’analogie avec ceux des Équisétacées semble visible, ont été rapportés aux Phyllotheca par M'Coy et aussi par Schmalhausen, dans son mémoire . sur la flore jurassique de Sibérie (1), mais l'attribution de ces appareils aux tiges des Phyllotheca n’est pas : dénuée d'incertitude. Du reste, le type lui-même offre de nombreuses variations d’aspect, selon les espèces que l’on examine. Les gaines dépassent parfois la moitié des entre-nœuds ou d’autres fois se trouvent réduites à leur base. Les lacinies, de leur côté, sont tantôt peu nom- breuses et plus larges, tantôt multipliées et étroitement linéaires. Enfin, la macération a pu, dans beaucoup de cas, favoriser la désagrégation des gaines, dont il devient alors difficile de saisir la véritable disposition. (1) Jura-Fl. von Siberien, p. 68, pl. 9, fig. 16-17. nd | ss @ sé Éiire Res Poe «e. Pi. » TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 323 Les Phyllotheca se montrent çà et là sur divers niveaux de la série géognostique des étages : en Australie, dans les schistes de l’oolithe inférieure; en Italie, dans le bathonien. Les dépôts sibériens ne sont pas assez bien connus pour que leur horizon puisse être exactement précisé. Le Phyllotheca sibirica de Heer a été observé dans l’oolithe de l'Amurland ou Sibérie orientale. Il s’écarte peu par son aspect des Æ£'quisetum, vers lesquels il semble opérer une sorte de transition. N° 1. — Phyllotheea asterophyllina. | PI. 277, fig. 1. DIAGNOSE. — Ph., caule stricto, ramoso, leviter striatulo; internodiis circiter 4-5 millim. longis; ramis erectis vix supra nodos orientibus ; laminis laciniisve linearibus, uni- nerviis, numerosis, dense verticillatis, extrema basi in vaginam laxam brevissimam coalitis. La ressemblance de l'échantillon que nous figurons avec un Asterophyllites conduit à reconnaïlre en lui un Phyllotheca. Il a les caractères principaux de ce type, jusqu'ici étranger à la flore jurassique française. _ On distingue, à la surface d’une plaque de calcaire lithographique d’un gris enfumé, un fragment de tige mince, pourvue sur la droite, vers le milieu de la hau- teur, d'un rameau relativement menu et subascendant. Le rameau, aussi bien que la tige, sont articulés, et à chaque nœud correspond un verticille de feuilles étroite- ment linéaires, visibles de profil et sur les côtés, mais non de face. L’empreinte est du reste assez peu nette, et notre figure 1, pl. 277, complétée par les détails grossis, fig. 1* :824 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, et 4”, représente tout ce qu’il est possible de saisir. Les lacinies linéaires et contiguës se confondent, appliquées l'une sur l’autre, et l’on distingue leur insertion en ver- ticille, sur le bourrelet légèrement saillant qui correspond à chaque cloison diaphragmatique. Il est impossible de voir la partie vaginale résultant de la soudure probable des éléments de chaque verticille. Nous ne doutons pas, malgré cette difficulté, que l'échantillon ne doive être naturellement rangé parmi les Phyllotheca. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce ne saurait être comparée aux formes de Phyllothecaà verticilles de feuilles incurves, telles que le PA. equisetiformis Zign., ni avec celles à segments foliaires étalés et divariqués, tels que les Phyllotheca deliquescens Schmalh. et equisetoides Schmalh (1); mais la dimension et l’aspect des verticilles la rapproche du Ph. Brongniartiana Zingn. (2), dont elle diffère par des lacinées verticillées plus nombreuses, plus fines et plus étalées. LocaLiTÉ. — Vaudioux, près de Châtelneuf (Jura); étage corallien inférieur ou rauracien, au voisinage des dernières couches oxfordiennes. L’échantillon recueilli par M. Fré- déric Thévenin est unique; il appartient au musée de Lons-le-Saunier. Nous l’avons reçu en communication grâce à l’obligeance de M. Zéphirin Robert, conservateur de ce musée. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 277, fig. 4, Phyllotheca asterophyllina Sap., tige ramifiée avec verticilles de la- nières foliaires, grandeur naturelle; fig. 4°, portion de la même tige, grossie ; 1°, autre grossissement. (1) Beitr. z. Jura-Fl. Siber., p. 66 et 71, tab. IX et XII, fig. 1-4. (2) PI. foss. form. oolith., IX, p. 59, tab. VII. ia Tr D 7 SUR dE + 7-7 TERRAIN JURASSIQUE == VÉGÉTAUX. 325 FOUGÈRES. De toutes les familles dont notre supplément final doit poursuivre la revision, la plus importante soit en elle- même, soit par les difficultés qu'elle soulève, est cer- tainement celle des Fougères. Le nombre et la variété des formes nouvelles ou encore imparfaitement connues, restant à définir, l’affluence même des échantillons sur certains niveaux, celui du corallien par exemple, ont ac- cru notre tâche dans une telle proportion qu’il nous est impossible de ne pas revenir sur l'examen des bases de classement que nous avions adoptées en premier lieu en présence des Fougères jurassiques. Elles ont en effet cela de particulier que, s’éloignant beaucoup des formes paléozoïques ou n'ayant avec celles-ci que de rares et d'obscures relations, elles ne diffèrent pas moins des formes actuelles, dont les tertiaires se trouvent, pour ainsi dire, inséparables. En un mot, sauf une double liai- son, en soi inévitable, avec le trias récent ou keuper, d’une part, avec les étages infracrétacés (1), de l’autre, les Fougères jurassiques présentent des traits particuliers et des caractères spéciaux, encore à déterminer pour la plupart, mais qui les distinguent à la fois de ce qui a précédé comme de ce qui suivit. A l’origine des recher- (1) Cette liaison est surtout manifeste dans la flore infracrétacée de Portugal, qu'il noüs a été donné d'examiner, et dans laquelle, à côté des Brachyphyllum et Pachyphyllum qui persistent, on reconnaît la présence d'un certain nombre de Filicinées d'affinité jurassique. Ce- pendant la tendance de l’ensemble des Fougères vers les formes ac- tuelles est déjà sensible et l'on constate le point de départ d'un mou- vement destiné à s'accentuer. 326 * PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ches et vis-à-vis la flore carbonifére, il a bien fallu, et ce fut la tâche que s’imposa Brongniart, créer des cadres empruntés à l'étude de la nervation et à l’aspect extérieur des segments foliaires "pour y comprendre, en leur assignant des limites le plus souvent artificielles, des types de Filicinées sans rapport direct avec ceux que nous avons sous les yeux. — Les Sphenopteris, Alethop- teris, Nevropteris, Dictyopteris, Odontopteris, Mariopteris, Pecopteris, etc., de la végétation des houilles sont établis sur des caractères tirés de la nervation ou du mode de découpure des frondes, et datent d’une époque où les fructifications des plantes ainsi désignées étaient à peu près inconnues. Mais lorsque, plus récemment et grâce aux recherches de Grand’Eury, de Stur, de Renault, de Zeiller et de plusieurs autres savants, il a été possible d'observer enfin ces fructifications, soit à l’état d’em- preintes, soit au moyen d'échantillons convertis en silice, on a dû constater presque aussitôt leur éloignement de ce que montrent les parties correspondantes des Fou- gères qui nous sont connues, ou du moins l’analogie plus ou moins prononcée des organes fossiles de fructifica- tion avec ceux des tribus les moins répandues, les plus exceptionnelles de l’ordre actuel. On a également cons- taté que dans l’immense majorité des cas les genres fondés sur les caractères de la nervation et l'aspect ou le mode de partition des pinnules étaient loin de correspondre à ceux beaucoup plus réels qui se trouvent basés sur l'ob- servation des parties fructifiées. Il arrive donc que les genres de cette dernière sorte comprennent souvent à la fois des Pecopteris et des Sphenopteris, tandis que des formes qui paraissent voisines et réellement congénères, eu égard à leurs frondes seulement, se sont'trouvées A PE v a oeil a né à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 327. pourvues d'organes fructificateurs n'ayant entre eux rien de commun et dénotant au contraire leur attribu- tion respective à des coupes génériques plus ou moins séparées. Enfin, d’une façon générale, on peut avancer que, sauf des indices assez peu significatifs, marquant une transition de quelques-uns des anciens types vers les Schizéacées (Senftenbergia), vers les Osmondacées par les Aenaultia (Pecopteris intermedia Ren.) et surtout par les Bothryopteris Ren., sauf encore des traces d'Hy- ménophyllées (Æymenophyllites delicatulus Zeill.) et les sporanges isolés de Gleichéniées, signalés par M. Renault vers la base du terrain houiller supérieur, toutes les Fougères de l’âge carbonifère dont on est parvenu à reconnaître lesfructifications annoncentdes Marattiacées, en donnant à cette tribu une extension suffisante pour leur permettre d’englober des types bien plus variés que ceux de nos jours, sujets à des combinaisons organiques notablement écartées de celles que nous connaissons. — Les Marattiées propres et les Kaulfussiées ne se trou- vent pas, il est vrai, directement représentées; mais dans les Astérocarpées (As/erotheca Presl), dans le genre Scolecopteris, dans les Aawlea et Oligocarpia, on rencon- tre des particularités de structure et de groupement des sporanges, dont l’analogie avec ce qui existe chez les Marattiacées du monde actuel ne saurait être contestée. Ce sont toujours des sporanges ou exannulés ou pourvus: d’un anneau ou d'une plaque de déhiscence rudimen- taire, groupés ensemble de plusieurs façons et tantôt libres, c’est-à-dire simplement contigus, comme dans les Angiopteris vivants, tantôt soudés entre eux et à divers degrés de connexion mutuelle, comme chez les Æaul- fussia et les Marattia modernes. Ce qu'on n’a pas ren- 328 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. contré jusqu'ici, ce sont des Polypodiées vraies, c'est-à- dire des types à sporanges pourvus d’un anneau circulaire complet, nettement articulé et déterminé, l'assimilation des Oligocarpia à celte tribu, proposée par Gœppert, ayant été depuis reconnue inexacte, fondée qu’elle était sur une fausse appréciation de la structure anatomique, comme l'explique le comte de Solms. Si l’on veut apprécier justement la marche suivie par les Filicinées et l’état organique dans lequel cette classe se trouvait placée à l’origine des temps jurassiques, il faut nécessairement tenir compte de la grande révolution végétale qui mit fin à l’ère paléozoïque, la plus complète effectivement de toutes celles dont la terre a été le théâtre, depuis qu’il existe des plantes à sa surface , quelle que soit la cause réelle, probablement à la fois cosmi- que et climatérique, qui aura présidé à celte révolution et sera venue en précipiter le cours. — Si l’on embrasse à ce point de vue, et en dehors de toute préoccupation d'âge ni de période, l’ensemble des phases que présente l'histoire de la végétation, et la façon dont elles se sont déroulées, il est aisé de se convaincre que cette histoire se partage en deux grandes périodes, l'une inaugurée par l'apparition des premières plantes et se terminant avec le permien, l'autre dont le trias marque le point de départ et qui dure encore, puisque la flore actuelle a sa raison d'être dans celle des âges antérieurs et qu’elle résulte d’un développement progressif d'anciens éléments graduellement introduits et élaborés. Dans aucun temps il ne s’est produit d'élimination plus générale des types jusqu'alors existants qu’à la fin de l’époque carbonifère. La plupart des végétaux qui avaient dominé jusqu'alors, en fait de Filicinées, s’éclipsèrent, et des catégories en- tord dir 0 RDA hein me PTE Re , PF. NT S 7 7 TERRAIN JURASSIQUE. —+ VÉGÉTAUX. 329 tières, telles que les Sigillariées et Lépidodendrées, les Astérophyllitées, les Calamariées, les Cordaïlées, s’élei- gnirent pour toujours. Sans doute, cette extinction ne fut pas brusque, ni absolument générale; le permien, à ce point de vue, n’est qu’un prolongement du carbonifère ; il répond à la période plus ou moins longue durant la- quelle le mouvement éliminateur s’accomplit par l’amoin- drissement, le déclin plus ou moins rapide, la disparition finale des végétaux qui avaient jusque-là prévalu. Nous avons émis l'opinion, conforme à des idées depuis long- temps formulées par M. d’Archiac, que le trias répondait à une période de crise et de renouvellement, succédant à l'élimination définitive de l’ancien ordre de choses, et marquant le point de départ d'un ordre nouveau, non encore consolidé ni caractérisé et singulièrement pauvre, puisque les types carbonifères ayant disparu, les types. destinés à leur survivre et à s’'accommoder des conditions de milieu sur le point de s'établir se trouvaient réduits à un petit nombre, survivant à la destruction générale. Ceux-ci encore isolés et clairsemés restaient soumis aux chances d’une longue élaboration, d’une évolution future encore en germe, en ce qui touchait beaucoup d’entre eux, et bien éloignés du moment où ils se multiplieraient, en se diversifiant, à force de dédoublements répétés et sous l'influence de conditions extérieures favorables, alors à peine à leur début. C’est pour cela sans doute, et à raison de ce caractère de transition qui s applique si bien au trias, que la flore de cet âge, en dépit de la puissance et de l’étendue des formations d’eau douce ou supposées telles à cause de l’ab- sence de fossiles marins, se trouve plus indigente et plus monotone qu'à aucune autre époque : quelques Fou- 330 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. gères et Equisétinées, de très rares Cycadinées, deux ou trois types de Conifères, c’est là tout pour le grès bigarré et le conchylien. Le keuper est plutôt un passage vers l'infralias, et c’est sur ce dernier horizon seulement que l’on se trouve en présence d'un ordre nouveau, dénotant un progrès réel, déjà accompli, dont la période jurassi- que nous montrera le développement continu, inter- rompu seulement par des incidents, des points d'arrêt et des phases partielles que nous entrevoyons, malgré la distance qui nous en dérobe presque toujours la vérita- ble signification. En se bornant aux Filicinées, il est heureusement facile de préciser les termes de l’évolution qui entraïinait ces plantes et le degré de développement qu’elles venaient d'atteindre vers le début des temps jurassiques. Sckenk, daus sa Flore infraliasique de Franconie (1), a donné de précieux détails sur les parties fructifiées des Fougères de cet horizon, distribuées dans des genres de physiono- mie très diverse : Laccopteris Pres], Selenocarpus Schenk, Andriana F. Br., Clathropteris Brngt., Dictyophyllum Lindi. et Hutt., 7haumatopteris (2) Gæpp., et ces détails ont été confirmés par le comte de Solms qui a passé la revue de ces mêmes genres, dans son dernier ouvrage (3), comme représentant les premières Fougères Leptosporan- giates, c'est-à-dire ayant des sporanges pourvus d’un anneau complet, vertical et périphérique, dont on ait eu encore connaissance. | L'examen spécial des affinités du genre Laccopteris, (1) Diefoss. FI. d. Grenzch. des Keupers und Lias Frankens, Wies- baden, 1867. (2) Pour ce qui concerne les Thaumatopteris, Dictyophyllum et Clathropteris, voir ci-dessus, t. I, p. 317 et suiv. -(3) Einleit, p. 151. en PPCRION RER er TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 331 dû à M. Zeiller et qui date de 1885 (1), a fait ressortir l'étroite parenté du genre infraliasique avecle Matonia actuel, type de Cyathée sud-asiatique isolé, réduit à une espèce unique, M. pectinata Kunze, puisque les Laccop- teris s'écarteraient à peine des Matonia par l'absence d’un indusium et quelques différences dans la disposition des sores par rapport à la nervation. | En résumé, ce genre et ceux qui lui sont associés dans le rhétien, par leurs sporanges munis d’un large anneau oblique et complet, se rangent sans effort dans les Cya- thées, bien que le nombre restreint de gros sporanges, limités généralement à six, dont chaque sore se trouve composé, joint à l’absence de tégument, les rapproche assez sensiblement de l'ordonnance existant chez les Gleichéniées. Les Matonia sont les seules Cyathées chez lesquelles le nombre des sporanges de chaque sore se trouve ainsi réduit et déterminé, tandis que ces organes sont disposés circulairement autour d’un axe ou point central. En tout état de cause, les Cyathées, avec certai- nes nuances qui semblent dénoter chez elles une parenté d'origine avec les Gleichéniées, se montrent dès l’infralias de façon à ne pas être méconnues, tandis que les liens qui font de ces mêmes Cyathées une dépendance étroite des Polypodiacées permettent d'affirmer que celles-ci étaient dès lors présentes, sinon encore très répandues. Malheureusement, en ce qui concerne ces dernières, les preuves directes font défaut. Le comte de Solms remar- que avec raison à quel point on donnerait prise à l'erreur en voulant se fier à la seule physionomie extérieure dans la détermination générique des anciens types, puisque (1) Sur les affinités du genre Laccoprenis, par M. R. Zeiller ; — Bull. de la Soc. bot. de France, ? série,t. VII, p. 21-25. 339 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. les Clathropteris reproduisent fidèlement l'aspect des Drynaria par le mode de découpure et de la nervation de leurs frondes, et les Zaccopteris celui des véritables Glei- chéniées, par leur analogie avec les Mertensia, tandis que l’examen de leurs sporanges est venu finalement démon- trer que l’on avait affaire en réalité avec des Cyathées primitives. La présence de cette tribu, déjà riche et dis- tribuée en plusieurs genres de physionomie variée, cer- tains d’entre eux assimilables aux Watonia et aux ZThyr- sopteris actuels, ne saurait être sérieusement mise en doute au moment où s'ouvre la période jurassique. Les Osmondacées ne se trouvent pas moins sûrement établies d’après l'Alethopteris australis Moriss., dont les sporan- ges ovalaires disposés en séries longitudinales le long des nervures secondaires des pinnules et pourvus d’une plaque de déhiscence unilatérale ont été décrits par M. Renault; l'espèce provenant des couches oolithiques de New South Wales, Australie, a été nommée Zodea aus- tralis par M. Renault. L'ancien Pecopteris Williamson Brngt., de l’oolithe de Scarborough, qui présente les mêmes caractères et dont M. Schenk a eu soin de repro- duire exactement les sporanges, a été désigné justement par ce même savant sous le nom de Z'odea Williamsoni. — Il est permis assurément de reconnaître une Gieiché- niée dans le Gleichenia elegans Zigno, de l’oolithe du Vé- ronais, etla présence multipliée decemême type, à mesure que l’on s’avance dans la craie, lui communique un degré d’évidence qui ne saurait être trompeur. Les Schizéacées, représentées surtout par des Lygodium, se montrent seulement, il est vrai, dans la flore tertiaire ou tout au plus dans celle de la craie récente; mais il est impos- sible ou du moins il serait selon nous déraisonnable de aus de hé LÉ CS Ltée Le TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 333 ne pas reconnaître, dans l'Angiopleridium Münsteri Schk., du rhétien de Bayreuth, dont nous avons un échantillon sous les yeux, une Marattiée alliée de très près et peut-être entièrement identique aux Angiopteris vivants; de même que le Danæopsis marantacea Hr. confine évidemment de très près aux Danæa actuels. Ainsi, en résumé, après avoir constaté l'existence, lors du juras- sique, de Marattiacées, d'Osmondacées, de Cyathées, plus ou moins rapprochées ou même congénères de celles de nos jours, après avoir signalé dans l’oolithe un type ayant au moins l'aspect extérieur des vrais Gleichenia et noté l’absence des Schizeacées, il resterait à définir ce qui concerne les Polypodiées propres, en recherchant si leur présence à l’époque jurassique peut être admise comme certaine ou au moins probable, et enfin à indi- quer la meilleure méthode de classement à suivre vis-à-vis des genres de Filicinées dont les affinités ne sauraient être déterminées par suite de l'ignorance où nous sommes de la structure vraie de leurs organes fructificateurs. A s’en tenir aux apparences, le problème serait résolu. Il n’y aurait qu’à mentionner les Acrostichites Gœpper- tianus Schenk et princeps Schk., les Asplenites Rœsserti Schk. et Otonis Schk. (1), le Woodwardiles microlo- bus Schk. (2), les Dicksonia clavipes Hr., concinna Hr.,l'As- pleniumwhitbiense(Brngt.)Hr., les Adiantites Schmidtianus Br., Nympharum Hr., Amurensis Hr. (3), espèces signalées soit dans le rhétien, soit dans l’oolithe, par Schenk ou par Heer, déterminées par ces auteurs d’après des appa- (1) Foss. FL, d. Grensch., tab. v, vi, vu, x et x1. (2) 1bid., tab. xim. (3) Heer, Beitr. z. Jura-Fl. Ost. siberiens und d. Amirlandes, p. 33, 86, 38, 87- 93, tab. 11, Li, XVI- XX Ct XXI- XXII. 334 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rencés de sores ou parties fructifiées, sur l'observation desquelles ils ont basé leurs attributions. Mais en regar- dant de plus près on arrive à d’autres résultats : l'erreur ou l'incertitude entache en réalité la plupart de ces déterminations dont aucune n’est basée sur l’observation directe des sporanges. Beaucoup ne sont pas même dis- cutées par le comte de Solms qui les passe sous silence : les Acrostichites n'ont de commun en réalité avec les Acrostichum que des sporanges inordinés mais construits comme ceux des autres Cyathées de l'horizon infraliasi- que. Le Woodwardites microlobus, malgré l'extrême ana- logie de la nervation avec celle des Woodivardia, présente d’après un échantillon fructifié du Tonkin, examiné par M. Zeiller (in litteris), une disposition totalement diffé- rente de celle qui caractérise les fructifications du genre actuel, et rappelant plutôt les Acrostichées à cet égard. Les Asplenium ou Asplenites sembleraient au premier abord plus sûrement déterminés, en invoquant l’ordon- nance des sores dont on reconnaît l’empreinte, surtout en ce qui concerne l’Asplenium Whitbiense Hr. Ils affec- tent pourtant une telle ressemblance extérieure avec le type du Todea australis Ren., ressemblance du reste en rapport avec la disposition même des sporanges de Z'odea, que nous inclinerions à adopter l'opinion de M. Zeiller (in litteris), qui verrait en eux des Zodea plutôt que des Asplenium, de telle sorte que toutes ces formes : Clado- phlebis Whitbiensis, Ræœsserti, denticulata, morphologi- quement affiliées à l'Alethopteris australis Moriss. (T'odea australis Ren.), auraient fait partie d’un seul et même groupe d'Osmondacées jurassiques. Après ces retranchements, justifiés au moins par l’in- certitude que soulèvent les attributions génériques men- | TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 335 tionnées plus haut, il ne reste de réellement proba- ble que celles relatives aux Dicksonia, type arborescent actuel, confinant aux Cyathées, et dont la présence à l’époque jurassique n’a rien qui doive surpendre, et celle aussi concernant les Adiantites de l’oolithe (A. Schmid- tianus, Nympharum et amurensis Heer), particulièrement le premier des trois, dont un fragment fructifié (1) jus- tifie réellement l'attribution générique proposée par Heer. Cette attribution concorde du reste avec les vesti- ges d’Adiantum observés par nous récemment dans la craie inférieure de Portugal, associés à des formes dont plusieurs se rattachent de fort près à celles du juras- sique supérieur. ; Ainsi, au total, on ne peut dire que les Polypodiées aient été absentes du jurassique ; leur présence dans la seconde partie de la période, vers l'horizon du corallien et du kimméridgien est même tout à fait probable. La dif- ficulté, très incomplètement surmontée jusqu'ici, résulte de la définition même des genres observés, dès qu'il s’agit de déterminer la nature et le degré de leur affinité avec ceux que nous possédons et auxquels nous les assi- milons sur des apparences qui, malgré tout, peuvent être trompeuses. — Tout bien considéré, le classement ou, si l’on veut, l’ordre de distribution par séries des genres à décrire nous paraît devoir rester tel que nous l’avions adopté et, dans la revision que nous allons entreprendre, nous nousécarterons peu de cetordre, purementartificiel, il est vrai, mais le seul qu’il nous soit donné de suivre. C’est ainsi que nous aborderons successivement les Sphe- nopteris, les Cladophlebis et Neuropteridium, pour toucher (1) Voy. Jura-Fl. Ost. siberiens, tab. n, fig. 12. 336 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ensuite aux Laccopteris et Hymenophyllites et arriver aux Thinnfeldia, Ctenopteris et Lomatopteris, en terminant notre revue des formes jurassiques nouvellement obser- vées par les Scleropteris et Stachypteris. Nous avons à peine besoin de faire remarquer que, en dehors des trois premiers types, basés uniquement sur la nervation et dont les affinités véritables demeurent inconnues, les autres constituent des genres réels, exclusivement juras- siques pour la plupart, et parmi lesquels, deux au moins, Scleropteris et Stachypteris, peut-être encore les Lomatop- teris, laissent voir des parties affectées par la fructifica- tion, assez nettementreconnaissables, bien que leurs spo- ranges n'aient pu être jusqu'ici l'objet d'aucun examen particulier. GENRE. — SPHENOPTERIS. (Voir ci-dessus, tome I, p. 277, pour la définition du genre.) Nous allons décrire plusieurs espèces nouvelles, au moins pour la flore française, faisant partie de ce genre basé sur la forme des lobes et l'ordonnance en ramules divergents des nervures de chaque pinnule. Nous ne rangerons cependant pas, parmi les Sphenopteris, les for- mes à pinnules incisées et contractées à la base qui se rattachent sans effort au type des Scleropteris, et cela avec d'autant plus de raison que l’on observe dans ces formes tous les passages entre les pinnules simples et entières et celles qui se trouvent partagées en segments de second ordre. Ce sont là des différences qui n’ont rien d’essenliel, puisqu'elles dépendent de la portion de l’an- cienne fronde que l’on considère et qu'il est même pos- ad TE ur TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 337 sible de les voir associées dans un seul et même échan- tillon. N° 4. — Sphenopteris lacerata. PI. 289, fig, 2. DrAGNosE. — S. fronde decomposita, pinnulis segmentisve ullimis basi in cuneum attenuatis, brevissime petiolatis, contermine ovato-triangulari sursum breviter lanceolatis, incisis ; laciniis obtuse truncatis, obscure margine crenulatis ; nervulis plurimis e medio tenui obliquissime emissis, ascen- dentibus, pluries furcato-divisis, in lobos crenulasque arcua- tim pergentibus. Par la nervation, aussi bien que par le mode d’incisure des segments, l'espèce rappelle à l'esprit le type de l’Zre- mopteris artemisiæfolia Schimp (Sphenopteris artemisiæ- folia Sternb.) (1), et plus encore celui du Sphenopteris artemisiæfolioides Crép. (2), Fougères du terrain houiller supérieur. Mais la nôtre n’est ici représentée que par une pinnule isolée, encore attenante, à ce qui paraît, au rachis d’une penne de second ordre par un court pédi- celle. — Rétrécie en coin à la base, ovale-triangulaire et lancéolée-obtuse supérieurement, cette pinnule est incisée le long de la marge à trois-cinq lobes courts, obtus et tronqués, assez profondément divisés dans le bas, pas- sant dans le haut à de simples crénelures. Les nervures, fines et nombreuses, sont émises dans une direction des (1) Brongniart, Hist. des vég. foss., I, p. 16, pl. 46 et 47. (2) R. Zeiller, F1, foss. du bass. houiller de Valenciennes, p. 132, pl. 14, fig. 2, 3 " Ile Sén, Vécéraux. — IV, 22 338. PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. plus obliques, et s’élendent jusqu'à la marge en se sub-. divisant par dichotomie; elles se recourbent légèrement : en arc pour alteindre les crénelures peu distinctes de la marge. RAProRTSs ET DIFFÉRENCES. — Le fragment qui vient d’être décrit est trop incomplet pour donner une idée de l'aspect et des affinités de l’espèce, qui se range très naturelle- ment parmi les Sphenopteris, et spécialement dans le groupe des Sphenopteris aneimioides de Schimper. C'est effectivement parmi les Aneimia actuels qu’on rencontre. des formes, telle l'A. ciliata Presl, l'A. dissecta Presl, dont les pinnules présentent une réelle analogie d'aspect avec notre Sphenopteris lacerala. Les Aneimia sont indi- gènes de l’Amérique tropicale. — Parmi les Fougères. jurassiques, le Sphenopteris lacerata doit être rapproché du Sphenopteris Michelinii Pomel, de l’astartien de Chà- teauroux (Indre) (1); mais il est beaucoup plus grand, proportionnellement que celui-ci, dont il diffère d’ailleurs par la forme des crénelures marginales et la disposition même des nervures. pins LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien; envoi de M. Changarnier-Moissenet. TT EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 282, fig. 2, Sphenopteris lacerata Sap., pinnule adhérente par sa base pédicellée à. un fragment de rachis accompagné de quelques débris; grandeur naturelle. (1) Voir ci-dessus, t. I, p. 280, pl. 31, fig: 2. cdi if die Pr Leds bla pv 4 1 he En CR ar Ga LE Sr TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 339: N° 5. — Sphenopteris Subcrenulata PI. 283, fig. 3. Diagnose. — S. fronde pluries pinnatim partita, pinnis approzimalim appensis, breviter lineari-lanceolatis, in pinnulas basiinter se adque apicem pinnarum confluentes incisis ; pinnulis segmentisve ultimis lobato-crenatis, crenis: lobulisque plerumque obtusatis, margine dorsali pinnula- rum quandoque altius disseclis. Le seul fragment de cette espèce dont nous ayons eu connaissance présente plusieurs pennes de second ou de troisième ordre attachées sur les côtés d’un rachis assez mal conservé et dans un ordre alterne. Ces 'pennes sont courtes, rapprochées, obtusément terminées ; elles se divi- sent en pinnules confluentes par leur base, relativement larges et courtes, partagées en lobes et lobules générale- ment peu profonds ou réduits même à de simples sinuo- sités, mais toujours obtus, plus ou moins divariqués et: donnant lieu parfois à de profondes découpures, dont: notre figure 3°, assez fortement grossie, reproduit fidèle- ment l'aspect. On voit que ces lobules plus prononcés se rencontrent ordinairement sur le côté dorsal ou posté- rieur des pinnules. La nervalion assez peu visible est: celle des Sphenopteris, auxquels il est impossible de ne: pas rapporter notre espèce. | .H45i8Èq RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Notre Sphenopteris subcrenu= lata se rapproche évidemment d’une espèce de Whitby, : étage bathonien, décrite par Brongniart d’après un très petit fragment et figurée sous le nom de Sphenopteris cre- 340 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nulata(1). En comparant la figure du savant français avec la nôtre, on reconnaît aisément que celle-ci se distin- gue par le contour arrondi des lobes ou çrénelures. C’est ce qui nous a porté à ne pas les confondre, malgré l’ex- trême analogie des deux formes. Il faudrait en outre posséder des portions moins restreintes des anciennes frondes pour pouvoir juger de leur affinité respective. LocALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 283, fig. 3, Sphenopteris subcrenulata Sag., fragment de fronde, grandeur natu- turelle ; 3°, plusieurs pinnules grossies. N° 6. — Sphenopteris minutula. PI. 281, fig. 5 et PI. 282, fig. 4-5. DiAGNOSE. — S. fronde bi-tripinnatim partita, pinnulis segmentisve pinnarum ultimis sessilibus oppositis subalter- nisque, lanceolatis graciliter in lobulos laciniasque tum simplices, tum apice bipartitos dissectis, incisuris eliam di- varicatis. Il existe de faibles fragments de cette espèce curieuse par l'élégance et la ténuité de ses frondes, plusieurs fois subdivisées, au rachis grêle et pourvu de pinnules pres- que sessiles ou contractées à la base en un très court pédicelle. Ces pinnules, généralement opposées ou sub- opposées, sont lancéolées et subdivisées en lobes étroits et profonds, linéaires, obtus au sommet, tantôt simples, (1) Hist. des vég. foss., T, p. 186, pl. 56, fig. 4. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 341 tantôt bidentés ou encore diversement lobulés ou même laciniés. Chaque subdivision du limbe paraît occupée par une seule nervure, et notre figure grossie 4* re- produit très exactement ce qu’on peut saisir de la ner- vation. La figure 5, pl. 282, montre, couchés en désordre, plusieurs fragments d’inégale grosseur, qui ont dû pour- tant faire partie d’une seule et même fronde, dont on observerait en a le rachis principal. Les pinnules ratta- chées au rachis secondaire qui adhère à ce rachis prin- cipal sont plus grandes, plus irrégulièrement laciniées que celles du fragment de penne situé immédiatement au-dessus. Nous croyons pourtant que ces différences tiennent uniquement à des variations accidentelles, et qu'il s’agit d'une seule et même espèce, dont les carac- tères généraux nous échappent forcément par suite de la faible étendue des parties venues jusqu’à nous. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il nous semble visible que le Sphenopteris minutula touche de près au Spheno- pteris denticulata Brngt., de Whitby (1), et au Spa. ar- guta L. et H. de l’oolithe de Scarborough. Il est fort pos- sible d’ailleurs que ces deux espèces n’en fassent qu'une en réalité. La nôtre, malgré cette analogie, est plus pe- tite dans toutes ses parties; ses frondes ont dû être plus délicates et plus grêles. La nervation marque des diver- gences, et l’on ne saurait la confondre avec les deux for- mes bathoniennes dont elle marque peut-être un pro- longement jusque dans le corallien. Parmi les Fougères actuelles, ce sont les Æumata, Microlepia, Davallia qui fourniraient les points de comparaison les moin'séloignés, saus que l’on puisse pourtant songer à une assimilation (1) Hist. des vég. foss., 1, p. 183, pl. 36, fig. 1. 342 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. directe de l’un de ces types actuels avec l'espèce _—. sique qui vient d’être signalée (1). LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien ; enyoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES, — P]. 281, fig. 5, Sphenopteris minutula Sap., portion de rachis secondaire, pourvu de pinnules, la plupart à l’état de débris ou réduites à leur base d'insertion, grandeur naturelle. — PI. 2892, fig. 4, même espèce, fragments de pennes montrant des pin- nules attachées à des rachis secondaires, grandeur na- turelle; fig. 4, deux pinnules grossies; fig. 5, même espèce, autres fragments de fronde en a, un rachis prin- cipal avec une penne ou rachis secondaire adhérent au principal et pourvu de plusieurs pinnules ; grandeur na- turelle. N° 7. — Sphenopteris macilenta, PI. 280, fig. 3. DIAGNOSE. — S. fronde pinnatim partita, gracili; seg- mentis ultimis lineari-lanceolatis, ‘apice obtuse attenuatis, pinnatipartitis; pinnulis inferioribus cujusque segmenti elliptico-ovatis, sessilibus, summis autem confluentibus ; ve- nulis plurimis e nervulo medio gracili mox evanido obli- 1 (1) Les Fougères carbonifères, il est juste de le faire observer, ne laissent pas que de présenter aussi des formes dont l’analogie d'aspect et d’incisure des lobes avec notre Sphenopteris minutula est faite pour ne pas passer inaperçue. Il en est ainsi, par exemple, du Sphenopteris Cœmansi Andræ, Souichi Zeill., quadridactyliles Gutb. (FL. foss. du bass. de Valenciennes, fig. 7, fig. 1-2, et 8, fig. 1-3), qui sont des Hymenophyllites, circonstance qui pourrait faire soupçonner comme vraie l'attribution aux Hymenophyllum de l'espèce jurassique d’Auxey. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 343 quissime prodeuntibus furcatisque, ad marginem Poe rum integrum currentibus. Le petit fragment recueilli par M. Changarnier, et que nous décrivons sous le nom de Sphenopteris macilenta, semble dénoter une forme alliée d'assez près à celle que nous avions nommée Sphenopteris Pellati et qui figure dans le tome [°* du présent ouvrage (1) comme provenant du kimméridgien de Creys(lsère). Ici pourtant, la fronde semble présenter un autre mode de subdivision, et les segments attachés sur l’un des côtés d’un mince rachis secondaire sont partagés en pinnules ovales-ellipsoïdes, à bord entier, détachées et sessiles inférieurement, bien- tôt confluentes vers le haut du segment, dont le sommet se termine en une pointe obtuse, simplement sinuée. Les veines dont chaque pinnule ou lobe se trouve muni sont nombreuses et très obliquement émises. Dans les pinnules détachées, elles sortent d’une médiane peu prononcée, et se bifurquent avant d'atteindre la marge qui est parfaitement entière; mais, vers la moitié supé- rieure des segments, par suite de la confluence des pin- nules, ces veines prennent naissance le long de la ligne médiane pour s’étaler plus ou moins dans la partie api- cale, en suivant une direction arquée. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — En dehors du Sphenopteris Pellati, que nous venons de mentionner comme analo- gue au Sphenopteris macilenta, on doit encore mention- ner une espèce du bathonien de Scarborough, figurée sans nom spécifique dans le Supplément aux /{lustrations of foss. Plants de Lindley; et Hutton, publié à Londres (1) Plantes jurass., T, p. 280, pl. 31, fig. 1. 344 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. par M. Lebour en 1877 (1), bien que le dessin des auteurs anglais manque de netteté. LOocAuTÉ, — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 280, fig. 5, Sphenopteris macilenta Sap., fragment de fronde, grandeur naturelle; fig. 6*, partie de l'échantillon grossie pour montrer la forme de segments et la disposition des nervures. N° 8. — Sphenopteris Choffatiana. PI. 277, fig. 4; 378, fig. 2; 379, fig. 6; 280, fig. 1 ; 285, fig. 2; 393, fig. 1-2 et 5. * à Sphenopteris Choffatiana, Hr., F1. foss. Helv., p. 124, tab. LI, fig. 1. DrAGNOSE. — S. fronde bi-tripinnata, rachi primaria mediocriter crassa; rachibus secundari ordinis, ut videtur, quandoque suboppositis plerumque allernis, omnibus ‘sub angulo fere recto patentim extensis; pinnulis superioribus supremisque ovatis integriusculis aut vix lobato-incisis, mediis normalibusque ovatis ovatoque oblongis, vix petiolu- latis, lobato-partitis, sursum obtusioribus, lobis rotundatis integerrimisque ; nervulis in lobo quolibet e pinnularum nervo medio exorientibus 3-5 simplicibus furcatisve, venulis ad loborum marginem plus minusve divergentibus. Après beaucoup d'hésitation et un examen attentif des échantillons nombreux de la flore d'Auxey qui reprodui- sent le type du Sphenopteris Choffatiana de Heer, nous (1) No 517, pl. 98. De - A RE ta TUE she ré ns + TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 345 les réunissons à celte espèce, signalée et décrite en pre- mier lieu par le savant de Zurich, dans sa Ælora fossihs Helvetiæe, comme ayant été recueillie à Roches, entre Loulle et Ney, près de Champagnole, dans le départe- ment du Jura. Nous devons à M. Girardot la connaissance et la communication de l'échantillon reproduit fidèle- ment par la figure 4 de notre planche 277 et provenant du gisement de Châtelneuf (Jura); or, il suffit d’un re- gard jeté sur cette figure, comparée à celle de Heer, pour . s'assurer de l'identité des échantillons respectifs. Heer avait eu communication du sien par l'intermédiaire de M. Choffat, à qui il eut soin de dédier la nouvelle espèce. L'empreinte que: nous avons sous les yeux, située à la surface d’une plaque de calcaire d'un gris enfumé à pâte fine et à grain très dur, se rapporte à la partie ter- minale d’une fronde de Fougère dont le rachis principal élancé, relativement mince, porte latéralement et à des distances plus ou moins rapprochées, des pennes ou ra- chis secondaires, alternes ou subopposés, étalés et li- néaires. Les inférieurs se trouvent brisés, sauf un seul, à droite, presque entièrement dégarni de ses pinnules; mais, vers le haut et sur la droite seulement, par suite d’une cassure, on voit se succéder cinq pennes, presque intégralement conservées et dont la longueur assez rapi- dement décroissante marque bien l’approche du sommet. Chacune de ces pennes présente des pinnules distinctes l’une de l’autre, bien que sessiles et confluentes à l’ex- trémité seulement de la penne, dont la terminaison est obtuse. Ces pinnules sont ovoïdes-obtuses, découpées sur les côtés en deux et plus rarement en trois lobes ar- rondis, soit en tout 5 à 6 lobes, y compris le terminal aussi obtus que les latéraux. 346 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Les nervures secondaires des pinnules prennent naïs- sance le long d’une médiane très peu marquée et s'en- gagent dans chaque lobe ; elles ne sont pas simples, comme l'avance Heer, mais, conformément à ce que notre figure grossie 4*, pl. 277, laisse voir, elles se subdi- visent en 3 à 5 veinules simples ou elles-mêmes bifur- quées, qui divergent plus ou moins en s’étalant vers de bord des lobes. Ce même Sphenopteris, primitivement recueilli dans l’astartien du Jura, s’est également rencontré dans le. corallien d’Auxey, où ses échantillons répétés donnent la facilité de mieux connaître l'espèce. Nous figurons les principaux échantillons, toujours à l’état de fragments, mais se rapportant à des régions différentes des anciennes frondes. — La figure 4, pl, 280, montre que les frondes du Sph. Choffaliana étaient tripinnées, au moins dans certains cas et dans certaines parties, probablement vers le bas de l’organe, puisque le rachis présente plus d'é- paisseur, tandis que les pennes secondaires se trouvent bipinnées, avec une insertion opposée, et séparées l’une de l’autre par un plus grand intervalle. Cependant la nervation toujours pareille et le contour des pinnules, ainsi que leurs lobes, sans changement appréciable, em- pêchent de reconnaître la présence d’une espèce parti- Jière. Vers le haut du même échantillon, on voit les pin- nules ses implifier et devenir ovalaires, entières ou seule- ment unilobées. gta | Il en est de même en ce qui touche les échantillons de la planche 293, fig. 1 et 2, tous deux fort beaux et remarquables par leur développement : ils ne diffèrent des précédents que par des pinnules plus larges, à lobes plus ou moins prononcés et arrondis, le terminal étant à tdi à sci 14 4 NORME ee APTE 2 $ * { Le sa TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 347 parfois occupé par des veinules divergentes plus nom- breuses. Mais le nombre des lobes et la disposition des nervures restant les mêmes, nous n’hésitons pas à rap- porter tous ces exemplaires au Sphenopteris Choffatiana, tout en séparant de celui-ci d’autres échantillons dont la liaison avec les précédents ne paraît pas moins intime au premier coup d'œil, mais qui présentent pourtant vis-à-vis des derniers des divergences appréciables, soit dans le nombre des lobes, soit dans le mode de nerva- tion. | | | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Heer a eu soin de faire res- sortir l’analogie du Sphenopteris Choffatiana avec notre Sphenopteris Pellati(1); mais les pinnules du premier sont plus courtes, avec des lobes moins nombreux, plus larges et plus obtus. La ressemblance serait plus étroite, se- lon nous, avec le Sphenopteris Michelinii Pom. (2), du corallien de Châteauroux (Indre); cependant les pin- nules de cette dernière espèce, dont il n'existe qu'un petit fragment, offrent des lobes plus étroits et des nervures plus ascendantes et plus nombreuses dans chaque pinnule. Le Sphenopteris Choffatiana est sur- tout voisin de l’espèce suivante, Sphenopteris rotundi- loba, qui s’en sépare pourtant par des lobes plus nette- ment arrondis et plus nombreux relativement. Il touche également de fort près au Sphenopteris tenuior, qui pourrait même être considéré comme une simple variété de l’espèce que nous décrivons. Heer fait ressortir avec raison l’étroite affinité morphologique qui relie son espèce au Coniopteris Murrayana de Brongniart (Pecop- teris Murrayana Brngt. (Hist. des vég. foss., pl: 226, (1) Voir ci-dessus, t. 1, p. 278, pl. 51. fig. 1. (2) Ibid., p. 280, pl. 31, fig. 2. 348 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. fig. 5) (4). — On n’a effectivement qu’à comparer la pin- nule grossie (2), figurée par Brongniart, avec notre fig. 4°, pl. 287, représentant plusieurs pinnules grossies de l'échantillon type du Sphenopteris Choffatiana, pour se convaincre de l’affinité au moins apparente des deux formes. La différence consiste uniquement dans cette par- ticularité que les pinnules du Coniopteris Murrayana pré- sentent une ou deux paires de lobes en plus que celles du Sphenopteris Choffatiana. Il est donc naturel d’appli- _ quer à ce dernier, de même qu'aux autres formes qui lui touchent de près et dont la description va suivre, le terme générique de Coniopteris, et nous n’aurions pas hésité à le faire, si quelque indice des parties fructifiées, caractéristiques, avaient été recueilli dans le gisement de Châtelneuf ou dans celui d’Auxey. En leur absence, il nous a paru plus sûr dé ne pas trancher la question dans le sens d’une attribution nécessairement conjecturale. On sait que les C'oniopteris de Brongniart et, en particu- lier, le Coniopteris Murrayana, présentent, associés aux frondes stériles, des appareils fructifiés, disposés, comme. dans le 7 hyrsopteris elegans Kunze actuel, à la partie in- férieure des frondes et reproduisant l'aspect des organes reproducteurs de ce type, réduit à ne compter dans le monde vivant, qu’une seule espèce, indigène de l'ile Juan-Fernandez et appartenant à la tribu des Dickso- niées (3); de telle sorte que les Coniopteris représente- raient des Z’hyrsopteris jurassiques. Heer, allant plus loin que Brongniart, a identifié d’une (1) Coniopteris Murrayana, Tab. des genres de vég. foss., p. 26. — Voir ci-dessus, t.'I, p. 285, 287, et Schimp., Traité de Pal. vég., IN, p. 469-471. (2) Hist. des vég. foss., pl. 126, fig. 4a. (3) Voy. Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. %6. pain 448 00 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 349 façon absolue le Coniopteris Murrayana avec le type du Thyrsopteris, et il en a décrit une seconde espèce, asso- ciée à la première dans le Jura brun ou oolithe infé- rieure de la Sibérie orientale, nommée par lui 7hyrso- pteris Maakiana; les deux espèces ont leurs frondes stériles accompagnées de fragments des parties fructi- fiées; et ces fragments, selon Heer, plus particulière- ment ceux qui se rapportent au 7%. Maakiana, se rap- procheraient par tous les caractères visibles du 7hyrso- pteris elegans actuel. Il convient pourtant-d'observer que, si vraisemblable que paraisse l’assimilation proposée par Heer, l'examen microscopique des sporanges, encore en place sur la plateforme des réceptacles claviformes qui leur servent de support, n'ayant pu aider à découvrir leur véritable structure, ni permettre de constater la présence d’un anneau vertical articulé, l'attribution aux Thyrso- pteris des Filicinées en question, soit des Coniopteris de Brongniart, demeure forcément entachée de quelque in- certitude. De plus, il ne nous paraît pas même démon- tré, en s’en tenant aux figures un peu schématiques, il est vrai, dessinées par Heer, que son espèce sibérienne, bien que visiblement congénère du Coniopteris Mur- rayana, doive être identifiée à ce dernier, pas plus que son Z’hyrsopteris Maakiana à une partie des échantillons représentés par Brongniart (1). L'examen des figures de Heer est loin, à ce qu’il semble, d’être favorable à cette combinaison, par suite des divergences sensibles qu’elles laissent voir dans la forme des pinnules et de leurs lobes respectivement comparés. | LocaLITÉS. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage (1) Hist. des vég. foss., pl, 126, fig. 5. 350 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. corallien ; envoi de M. Changarnier-Moïssenet ; environs de Châtelneuf (Jura), étage séquanien inférieur ou cal- cairé à astartes ; envoi de M. Girardot. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 277, fig. 4, Sphenopteris (Coniopteris?) Choffatiana Hr., échantillon type d'après lequel l'espèce a été décrite en premier lieu par Heer et: dédiée à M. Choffat, par l'intermédiaire de qui le savant de Zurich l'avait recu en communication de M: Girardot, auteur de la découverte, portion de fronde, grandeur na- turelle; fig. 4°, plusieurs pinnules grossies pour montrer la disposition des nervures. — PI, 278, fig. 2, même espèce, partie moyenne d’une fronde montrant un ra- chis principal, le long duquel sont attachés des pennes ou rachis secondaires, la plupart mutilés avant leur ter- minaison supérieure, et pourvus de pinnules, grandeur naturelle ; fig. 2*, plasieurs pinnules grossies. —P]. 280, fig. 1, même espèce, fragment de fronde montrant un rachis plus épais et une ordonnance tripinnée, grandeur naturelle; fig. 1°, plusieurs pinnules grossies:— Pl. 285, fig. 2, même espèce, fragment de fronde, grandeur matu- relle. — PI. 293, fig. 1, même espèce, fragment de la partie moyenne d'une fronde montrant un rachis principal assez épais, le long duquel sont attachés, dans un ordre alterne, des pennes ou segments secondaires, garnis de pinnules la plupart mutilées, grandeur naturelle; fig. 1°, plusieurs pinnules grossies. Fig. 2, même espèce, autre fragment de fronde montrant des pennes ou segments secondaires, attachés le long d’un axe ou rachis primaire, assez mince et longitudinalement strié. Les pinnules qui garnissent les segments latéraux sont ici plus profondément inci- sées, lobées et plus obtusément terminées que celles des | exemplaires précédents; on reconnaît pourtant. qu'il ON, Æ hi à (in il S DEL TS, 0 4 SO Cd US NN TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 351 s’agit de la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 5 autre fragment plus petit, rapporté non sans quelque doute à la même espèce; fig. 5°, le même grossi. —Toutes les figures précédentes, sauf la première, pl. 277, repré- sentent des échantillons du corallien d’Auxey. N° 9. —_ sphenopteris rotundiloba. PI. 280, fig. 6-7. Dragnose. — S. fronde bi-tripinnata, rachi primaria gracili, secundariis alterne emissis subpatentibus , pinnis linearibus apicem versus obtuse sensim attenuatis; pinnulis segmentisve ultimis superioribus supremisque ovalis inte- griusculis sinuatisve, tandem confluentibus, inferioribus normalibusque ovatis ovatoque lanceolatis oblusis, in lobos 3 vel A rodundatim incisos integerrimosque ex utroque latere partitis, nervulis nervo pinnularum medio in lobos exorientibus, venulas tum simplices, tum furcatas alterne emittentibus, venulis plus minusve divergentibus curvatis- que, ad marginem loborum pergentibus. - Nous possédons plusieurs exemplaires de cette seconde espèce, qui reproduit, avec des différences sensibles, le type de la précédente. Des deux échantillons que nous reproduisons, l’un, fig. 7, se rapporte visiblement à la sommité d’une fronde ou d’une portion de fronde : le ra- chis principal est très mince; les secondaires sont élan- cés; émis dans un ordre alterne, et sous un angle très ouvert, ils donnent lieu à des pennes linéaires, alternes, obtuses au sommet, presque contiguës, tellement elles sont rapprochées et pourvues de nombreuses pinnules 352 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. entièrement détachées et se touchant mutuellement. Ces pinnules sont distinctement lobées à lobes toujours ar- rondis et profonds, dans le bas de la pinnule, convertis en simples sinuosités vers le haut de ce même organe; elles sont confluentes, subentières ou faiblement incisées à l'extrémité supérieure du fragment que nous décrivons. Les pinnules les plus développées comptent jusqu’à 4 lobes latéraux sans comprendre le terminal, 8 à 9 en tout pour chaque pinnule; mais le plus ordinairement 7. Le second échantillon, fig. 6, pl. 280, est encore plus nettement caractérisé : il présente un rachis primaire beaucoup plus épais et qui semble avoir lui-même adhéré à un rachis d’un ordre plus élevé. De ce rachis, partent trois pennes émises sous un angle des. plus ouverts, deux sur un côté, une sur l’autre, et celle-ci seu- lement terminée par un sommet obtus. Les pinnules dont notre figure 6° reproduit un exemple grossi sont ovales, lancéolées-linéaires, obtuses au sommet, avec le Jobe terminal subarrondi ; les latéraux ne sont jamais moins de trois, et le plus souvent on en compte jusqu’à 4, tou- jours parfaitement arrondis, comme ceux de l'échantillon précédent. Les nervures latérales, sorties de la médiane de chaque pinnule, qui se rendent dans ces lobes, se sub- divisent, d’après une ordonnance pinnée et alterne, en plusieurs veinules ordinairement simples, plus rarement elles-mêmes bifurquées, qui s’étalent plus ou moins ou décrivent une courbe ascendante, de manière à s’éten- dre jusqu’à la marge toujours entière du lobe desservi. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il est visible que cette espèce diffère peu de la précédente, et cependant le nombre des lobes de chaque pinnule comprenait une paire en plus, 3-4, au lieu de 2-3; la forme plus nette- dés LR 118"3$ fo) ah #6 us Pr EN CONTES "+ nn. “ à jus ai RS DL + TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 353 ment arrondie de ces lobes, l'ordonnance même des ner- vures s'opposent à une confusion et justifient une sépa- ration. | Comparé aux Coniopteris ou Thyrsopteris étrangers à la France, notre Sphenopteris rotundiloba s'en écarte plus sensiblement encore. Cependant il est aisé de recon- naître que la pinnule grossie 7%, pl. 280, n'est pas sans affinité avec la pinnule également grossie du Pecopteris Murrayana de Brongniart (1). Le même rapport se mon- tre également avec la pinnule grossie du Pecopteris Schænleiniana du même auteur (2), forme visiblement affine et congénère de la précédente. Au total, la confor- mation parfaitement arrondie des lobes donne à cette espèce un aspect particulier, aisément saisissable. On doit ajouter que le Sphenopteris rotundiloba s'écarte plus qu'un autre du type dont il garde le nom (3), en sorte que la pensée de réunir ces Fougères, en leur appliquant une dénomination générique qui les placerait à part, serait parfaitement juste en elle-même; mais, en l'absence des fructifications, nous n'avons pas osé ranger parmi les C'oniopteris les deux espèces que nous venons de décrire, puisque ce terme implique la certitude d’une confor- mation des organes reproducteurs rapprochés de ce qui existe chez les 7’hyrsopteris, certitude que nous n'avons pu malheureusement acquérir. LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATON DES FIGURES. — PI. 280, fig. 6, Sphenopteris rotundiloba Sap., fragment de fronde montrant trois (1) Hist, des plantes foss., pl. 126, fig. 42. (2) Ibid,, pl. 126, fig. 6. (3) C'est-à-dire du type ordinaire des Sphenopleris. II: Sén, Vécéraux. — IV. 23 354 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pennes ou segments secondaires, attachés au rachis principal, grandeur naturelle; fig. 6°, une pinnule gros- sie. Fig. 7, même espèce, fragment de fronde se rappor- tant à une région voisine de la terminaison supérieure de l'organe, grandeur naturelle; fig. 7*, une pinnule du même fragment, grossie. N° 10. — Sphenopteris tenuior. PI. 279, fig. 8; 291, fig. 41, et 293, fig. 3. DIAGNOSE. — S. fronde pinnatim partita, rachi primaria crassiore; secundarüs gracilioribus gracillimisque, alterne emissis; pinnulis seu segmentis ultimis breviter pedicellatis, ovato-lanceolatis, apice obtusis, basi in pedicellum cuneato- attenuatum inciso-lobatis partitisque, lobis ex utroque latere pinnularum 3-4; nervulis e costa media pinnularum in lobos oblique emissis furcatoque divisis; lobis contermune rotundato-ovatis, inferis profundius incisis. Il est difficile de ne pas distinguer cette forme des deux précédentes, et cependant elle s’en rapproche beau coup. Nous n’en possédons que de très petits fragments qui présentent même, comparés entre eux, des variations dont il est difficile de se rendre exactement compte. La figure 8, pl. 279, représente un fragment très grêle dont les pennes latérales, attachées à un rachis principal des plus minces et dans un ordre alterne, sont mutilées et dégarnies de presque toutes leurs pinnules. Celles qui restent, et que notre figure 8 représente grossies, sont élancées, très courtement pédicellées, cunéiformes à la base, obtuses dans le haut, un pen obliques et dé- du L-TEL SES CETTE 2 POP ET pee . E-: SRE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 355 coupées en plusieurs lobes arrondis ou ovales, les infé- rieurs se trouvant presque délachés et les plus élevés confluents. Le nombre de ces lobes est toujours de trois de chaque côté de la pinnule, et les nervures qui s’y rendent sont très obliquement émises le long de la mé- diane, qui parcourt les pinnules et se perd en donnant naissance à des rameaux successifs, avant d'atteindre le sommet de l'organe. La figure 2, pl. 291, paraît apparte- nir à la même espèce, bien que la proportion des pin- nules dont l’échantillon est pourvu soit un peu plus con- sidérable ; mais nous croyons posséder un autre exemple de cette forme dans l'échantillon reproduit sur la planche 293, fig. 4 On reconnaît ici le fragment d’un rachis principal, relativement épais, se rapportant sans doute à la région inférieure d’une fronde. De ce rachis partent, en s'étalant sous un angle presque droit, plu- sieurs pennes mulilées, dont les pinnules plus petites, un peu plus étroites et plus allongées que celles du Sphe- nopteris Choffatiana, sont aussi plus profondément inci- sées. Les lobes, au nombre de 2 à 3 de chaque côté des pinnules, sont généralement arrondis et assez irréguliers. Les veinules qui les desservent, obliquement émises le long de la médiane, sont plusieurs fois divisées, les unes restant simples et les autres étant elles-mêmes bifur- quées. Elles divergent en s’étalant jusqu'au bord des lobes, qui sont eux-mêmes tantôt entiers, tantôt incisés ou même crénelés. : RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La forme élancée des pin- uules, leur proportion générale plus petite, leurs lobes plus irrégulièrement découpés et l’obliquité plus pro- noncée des nervilles qui les desservent, distinguent assez bien cette espèce des précédentes; mais nous en possé- 356 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dons de trop petits fragments pour être à même de la définir exactement. Elle se rapproche sensiblement de l’une des espèces décrites par Heer dans sa Flore jurassi- que de Sibérie; nous voulons parler du 7’hyrsopteris Maakiana, principalement de l'échantillon de la plan- che 2, fig. 6 (1). LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 279, fig. 8, Sphenopteris tenuior Sap., fragment de fronde, grandeur naturelle; fig. 8*, portion du même fragment avec deux pinnules, grossie. — PI. 291, fig. 11, fragment de fronde attribué à la même espèce, grandeur naturelle; fig. 41°, une pinnule grossie. — PI. 293, fig. 8, autre fragment de fronde, attribué à la même espèce, grandeur naturelle; fig. 3°, plusieurs pinnuies du même fragment, grossies. GENRE. — CLADOPHLEBIS (Voir ci-dessus, t. [, p. 298, pour la définition du genre.) C'est là certainement un cadre artificiel, basé sur une certaine conformité d'aspect, sur un mode de nervation et de partition des pinnules, donnant lieu à une sorte de transition des Pecopteris aux Neuropteris. Ces caractères avaient porté Brongniart, dans son Tableau des genres de végétaux fossiles, à proposer une coupe générique parti- culière pour les formes qui les présentent et qui, pour la plupart, ont été observées dans la flore jurassique. Une sorte de lien commun ou d'’affinité générale semble (1) Heer, Jura F1, Ost-siberiens, tab. 11, fig. 6. a dis TERRAIN JURASSIQUE. —= VÉGÉTAUX. 357 effectivement rejoindre entre eux plusieurs de ces Clado phlebis, comme s'ils eussent autrefois fait partie du même groupe naturel. Il ne faudrait pas cependant éten- dre la présomption aux espèces carbonifères : Pecopteris obliqua Brngt: — P. Defrancii Brngt. — P. ovata Brngt. — P. Miltoni Brngt., placées par M. Brongniart dans la même section des Pecopteris Nevropteroides (1), pour la- quelle il proposa plus tard le nom de Cladophlebis. Ces espèces ne paraissent avoir rien de commun avec celles du lias ou de l’oolithe dont il est ici question. Au con- traire, il semble réellement que les Cladophlebis tenuis Brngt. (Whitby), — Whitbiensis Brngt., — ligata Brngt. (Scarborough), — Haiburnensis Brngt. (Scarborough), — — lobifolia Brngt. (Scarborough) et plusieurs autres se ressemblent entre eux et témoignent d’une parenté te- nant au moins à leur physionomie commune. Il n’est pas dans notre pensée cependant d'admettre que ces espèces aient été strictement congénères, puisque, en les exami- nant de près, on remarque qu'elles offrent parfois des traces de fructification qui, loin d’être uniformes, déno- tent des diversités sur lesquelles il est difficile de se pro- noncer, mais qui suffisent pour faire voir que la formule de Cladophlebis réunit sans doute des plantes plus ou moins différentes. — Tandis que, par exemple, M. Zeiller compare avec raison le type du Cladophlebis whitbiensis à celui des T'odea, dont il offre effectivement l’apparence, Heer, de son côté, avait cru devoir reconnaître un Asple- nium dans ce même type, et nous observerons bientôt, dans une des espèces qui vont être décrites, la trace d’un rebord marginal des pinnules ayant l’aspect de celui des (1) Hist, des vég. foss., 1, p. 320. 358 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Cheilanthes. Ces réserves faites, nous rapporterons aux Cladophlebis les espèces suivantes, recueillies en France depuis la publication du tome I des Végétaux jurassiques. N° 3. — Cladophlebis wvhitbiensis var. obiusata. PI. 283, fig. 2. Claiophlebis wohitbiensis, Brngt., Tab. des genres des Vég. foss., p. 105. —- — Schimp., Traité de Pal. vég., IH, p. 305. DiaGnose. — C. fronde bi (tri?) pinnatim partila, pin- nis linearibus, apice sensim attenuatis ; pinnulis approxima- tis, expansis, ab alterutra liberis, usque ad basin sinu obtusiore fere discretis, quandoque sub-auriculatis, lato-hi- nearibus, apice obtusatis, integerrimis, summis tandem bast extrema confluentibus ; nervo pinnularum medio ante api- cem attenualo evanidoque, secundariis sub angulo acuto aut apertiore emissis, mox curvatis, dichotome furcato-di- visis. Pecopteris whitbiensis, Brngt., Hist. des Vég. foss., I, p. 32, pl. 109, fig. 2-4. —- — ? Lindl. et Hutt.. Foss. F1., I, p. 145, pl. CXXXIV. — _ Zigno, FI. foss. oolith., I. Alethopteris whitbiensis, Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 565. Pleris whitbiensis, Ett., Fil., p. 113. Asplenium (Diplazium) whitbiense, Heer, Beitr. Z. Jura-Fl., Ostsiberiens und Amurlan- des, p. 38, tab. I, fig. 4e et 3, fig. 1-6; p. 94, tab. _roRtei # Te TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 359. XVI, fig. 8; XX, fig. 16; XXI, fig. 3-4; XXII, fig. 4 et. 9 Asplenium (Diplazium) whitbiense, Schmalhausen, Beitr. Z. | Jura-Fl. Russlands, p. 17, tab. Il, fig. 1-10, p. #7; tab. VII, fig. 19-20 ; tab. XIV, fig. 4-5. Pecopteris indica, Oldh., Palæont. indica; Foss. Fl. of the Rajmaha series, p. #7, tab. XXVII. Pecopteris tenuis, Brngt., Hist. des Vég. foss., I, p. 322, pl. 110, fig. 3-4. Cladophlebis tenuis, Brngt., Tab. des genres de vég. foss., p. 105. Asplenium whitbiense tenue, Heer, L. c., p. 38. Neuropteris adnata, Gœpp., in Tchihatchef, Voy. dans l'Altaï, p. 383, fig. 5-6. La grande extension, dans l’oolithe, du type repré- senté par les anciens Pecopteris whitbiensis et tenuis de Brongniart, observés d’abord par cet auteur à Whitby, près de Scarborough, puis retrouvés dans d’autres gise- ments, particulièrement en Russie et en Sibérie, avec des variations partielles autorisant la réunion des deux espèces primitives, cette extension nous engage à rap- porter à ce même type une fort belle empreinte prove- nant des schistes du lac d’Armaille, dont nous devons la connaissance à notre ami M. Falsan. Brongniart distin- guait à peine les deux formes, Pecopteris whitbiensis et tenuis, la seconde rencontrée à la fois à Bornholm et sur la côte du Yorkshire. L’atténuation des pinnules à leur sommet les éloigne au premier abord de notre espèce dont les pinnules sont constamment obtuses ou même subarrondies supérieurement. Cette terminaison acumi- 360 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. née est encore plus prononcée dans la figure du Æossil Flora, qui reproduit une très belle empreinte de Cloug- ton, près de Scarborough; mais il se peut que ce dernier échantillon, assimilé par les auteurs anglais au Pecopteris nebbensis de Brongniart (1), se rapporte à une espèce séparée du Cladophlebis whitbiensis et qu’on aurait réunie à tort à celui-ci. Par contre, si l’on compare notre échan- tillon aux nombreuses figures données par Heer dans son Jura-Flora Ost-Siberiens etrapportées par lui au Cladophle- bis whitbiensis, on rencontre immédiatement des pinnules aussi obtuses que les nôtres, ayant de plus le même aspect et la même disposition des nervures de divers ordres. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter les figures 3 et 4, pl. 3, et 2-4, pl. 20, de l’auteur suisse, en les comparant à la figure 2 de notre planche 283; on constate alors qu'il s’agit bien d’une seule et même espèce, ayant eu sans doute une grande diffusion lors de la période oolithique et comprenant un certain nombre de formes locales ou sous-espèces. Déjà Brongniart avait remarqué l’affinité de son Pecopteris whitbiensis avec l'Osmunda cinnamomea Heer, se basant sur des traces de parties fructifiées, en- core visibles à la face inférieure des pinnules de certains échantillons, a rangé l’espèce parmi les Asplenium de la section Diplazium; maïs une comparaison attentive avec les Diplazium les moins éloignés permet de reconnaître que ce rapprochement n'est basé sur aucune affinité morphologique un peu prononcée, tandis que ces sortes d'empreintes reproduisent d’une manière frappante l'as- pect des frondes de l'Osmunda interrupta Michx.; elles touchent, d'autre part, au Todea australis B. Ren., de (1) Hist. des vég. fos:., I, p. 299, pl. 98, fig. 3. dm dut De ré dir TlE eéb a pe ES ot der — TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 361 New-South-Walles (Australie), dont M. Renault a pu dé- terminer les sporanges. Ainsi, le C/adophlebis whithiensis, avec toutes ses variétés, représenterait ce même type sur notre continent, et il y aurait d'autant plus de vraisem- blance à admettre cette hypothèse queles traces de fruc- tification, observées par M. Heer, peuvent fort bien se rapporter à l'emplacement des bandes ou traînées de capsules qui, dans le Z'odea australis, sont disposées de façon à simuler des sores d'Asplentum. Il semble peu ad- missible d’ailleurs que ce dernier genre ait été dès lors aussi répandu au sein de la végétation, tandis que la pré- sence des Osmondées, à une époque aussi reculée, n'offre par elle-même rien que de fort naturel. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Notre variété obtusata se distingue aisément du C{adophlebis whitbiensis (Asplenium whitbiense Hr.) normal, tel que Brongniart et Heer l’ont figuré, par la terminaison obtuse de ses pinnules, non re- courbées en faux, presque contiguës, adhérant au rachis par toute la base, parfois un peu contractée et sub-auri- culée. Le sinus qui les sépare est très étroit et cependant obtus. Saufles pinnules les plus inférieures qui ne se tou- chent pas, les autres et surtout les supérieures sont sou- dées entreelles à leur extrême base et conformes par tous les détails de leur nervation avec celles de l’Osmunda inter- rupta, espèce de l'Amérique boréale, comme aussi avec le Todea australis, forme fossile figurée par M. B. Renault. Ilest probable effectivement que notre échantillon dénote l'existence d’un Osmunda ou Todea propre à l'horizon du corallien, mais, comme nous l'avons dit, son extrême affinité avec certains exemplaires de la Sibérie d’Irkutsk, figurés par Heer, nous a engagé à ne voir en lui qu’une variété locale plutôt qu’une espèce proprement dite, 362 PALÉUNTOLOGIE FRANÇAISE. surtout en ayant égard à l'extrême diffusion du C/ado- phlebis whitbiensis. Comparé au T'odea australis de Re- nault (1), notre Cladophlebis whitbiensis obtusata en dif- fère par ses pinnules plus larges et plus obtuses ; mais le rapport qui relie les deux formes est évident, en s’atta- chant aux moindres détails de la nervation. La distance est beaucoup plus grande vis-à-vis du Cladophlebis Rœs- serti (Asplenites Ræsserti Schk.), dont les pinnules sont constamment atténuées en pointe et recourbées en faux. Le Cladophlebis Rœsserti a dû cependant représenter sur l'horizon de l'infralias un type analogue à celui du C/a- dophlebis whithiensis sur celui de l'oolithe. LocauTÉ. — Schistes bitumineux du lac d’Armaille(Ain), étage Kimméridgien inférieur; notre collection; envoi de M. Falsan. | EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 283, figure 2, C{/ado- phlebis whitbiensis var. obtusata Sap., penne, grandeur naturelle ; fig. 2*, portion du même échantillon grossie, pour montrer les détails de la nervation. N° 4. — Cladophlebhis gracilior. PI. 279, fig. 5. DiAGNOSE. — C. frondula, ut videtur, simpliciter linear, sat breviter pedicellata, pinnatim partita; pinnulis sessili- bus, basi lata adnatis vel etiam plus minusve basi contrac- lis subauriculatisque, breviter ovatis, apice obtusatis, mar- gine integerrino quandoque leviter sinuatis, penninerviis; nervo pinnularum medio ad apicem decrescente evanidoque, secundarüs dichotome furcatis. (1) Voy. B. Renault, Cowrs de Bot. foss., 1, pl. 11, fig. 1, 2. ser ottnilt doit GE de tr able à et otie: cs de ei he dé en à PT de, 2 À Dr TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 363 Le petit fragment représenté par notre figure 5, pl. 279, semble se rapporter, non pas à un segment de fronde, mais à une fronde entière, des plus exiguës, prolongée in- férieurement en un assez court et mince pétiole, étroite- ment linéaire, à rachis principal très menu, et pourvue de pinnules ovales, courtes et obtuses, à bords entiers ou faiblement sinués, adnées par toute leur base et quelque- fois entre elles, d’autres fois un peu contractées et sub- auriculées, ainsi que le montre notre figure grossie 5’, pl. 279. La nervation est pinnée; elle se compose d'une nervure principale qui s’affaiblit et disparaît en se rami- fiant, avant d'atteindre le sommet de la pinnule. Les nervures secondaires, assez obliquement émises, puis recourbées vers les bords, sont généralement subdivisées- dichotomes, la plupart: simplement fourchues, les infé- rieures plus généralement subdivisées de nouveau et ayant une des branches de la dichotomie bifurquée, tan- dis que l’autre reste simple. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Parmi les Fougères vi- vantes, nous ne connaissons aucune forme assimilable à celle que nous venons de décrire, en supposant que l’em- preinte reproduite par nous réponde à une fronde com- plète, à moins dela comparer au Platyzoma microphyllum R. Br., Gleichéniée d'Australie des plus curieuses, à fronde également simple et dont la physionomie est à peu près semblable à celle de notre plante fossile. Celle-ci aurait donc pu avoir appartenu au groupe des Gléichéniées dont l'existence, à l’époque jurassique, est à peu près certaine. Nous ne saurions indiquer aucune espèce lui touchant de près parmi les Fougères fossiles signalées jusqu’à présent. Sa ténuité, son apparence grêle, semblent faites pour at- tirer l'attention. Le mode de nervalion est bien celui des 364 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Cladophlebis, ce qui nous a porté à la placer dans ce genre, sans supposer pourtant qu’elle ait été reliée par un lien réel aux autres formes comprises dans le cadre artificiel des C'ladophlebis. LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), co- rallien ; reçu en communication de M. Changarnier-Mois- senel. | | EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 270, fig. 5, Cladophle- bis gracilior Sap., frondule, grandeur naturelle; fig. 5°, portion de la même, grossie, pour montrer les détails de la nervalion. N°5. — Cladophlebis exiguilohba. PI. 270, fig. 4. DIAGNOSE. — C. fronde pinnatim composita; pinnis al- terne emissis, lineari-lanceolatis, pinnatipartitis; pinnulis segmentisve ultimis breviter lineari-lanceolatis ab alterutro discretis, basi restricta, plus minusve adnata secus rachin affixis, ad basin utrinque lobulatis, cæterum margine si- nuatis, supremis tandem confluentibus; nervo pinnularum medio versus apicem sensim attenuato, tandem evanido; se- cundariis tenuissimis, oblique emissis, dichotome furcato- partitis, in lobulos sinusque pergentibus. Il n'existe qu’un seul exemplaire, représenté par notre figure 4, pl. 279, de cette curieuse forme. Le fragment que nous reproduisons montre la partie supérieure d'un rachis principal ou secondaire, assez ferme et relative- ment épais, le long duquel des segments de second ordre se trouvent disposés dans un ordre alterne et une TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 365 direction un peu oblique. Ces segments vont en décrois- sant d'étendue; ils affectent un contour lancéolé-linéaire et comprennent des segments de troisième ordre ou pin- nules étroitement linéaires-lancéolés, de consistance ferme, distincts dans le bas, confluents au sommet et réduits finalement aux proportions de simples dente- lures. L'ensemble n’est pas sans rapport avec les parties correspondantes du Pteris aquilina; mais en considérant les pinnules séparément vers la base des segments et consultant les figures grossies 1* et 4°, pl. 279, on voit que chacune d'elles, adhérente par la base et lobulée ou simplement sinuée le long des bords, présente inférieu- rement deux lobules arrondis, situés immédiatement au- dessus de la base légèrement contractée, mais adhérente et sessile. Les sinuosités marginales, au-dessus de ces lobules, sont à peine sensibles, et la pinnule s’atténue en une pointe lancéolée-obtuse. Les nervures qui la par- courent, visibles à la loupe seulement, sont très fines et consistent en une médiane insensiblement atténuée, le long de laquelle sont émises, par paires subopposées, des secondaires subdivisées-dichotomes, les inférieures bifurquées, les plus élevées simplement dichotomes ou même tout à fait indivises. La consistance a dû être coriace, et la face supérieure des pinnules plus ou moins convexe. | | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Bien qu'il nous ait paru difficile de ne pas ranger cette espèce au nombre des Cla- dophlebis, elle s’écarte sensiblement des autres formes du genre, et, si l’on fait abstraction de la dimension très faible des subdivisions de la fronde, il semble qu’elle ne soit pas sans analogie avec le Cyathea Tchihatchewi Schmalh., espèce de la flore jurassique de Kutnezk, dans 366 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. la région de l’Altaï (1). Ici seulement les pennes sont bien plus larges, plus étendues, les pinnules moins écar- _tées et plus ou moins soudées entre elles; mais l'aspect de la nervation, de part et d’autre, est exactement sem- blable. M. Schmalhausen croit avoir distingué des par- ties fructifiées, autorisant l'attribution de son espèce aux Cyathea, en la comparant au Cyathea medullaris Sw., fougère arborescente de la Nouvelle-Zélande. Il est pos- sible que notre Cladophlebis exigquiloba ait aussi repré- senté une Cyathée, mais nous ne saurions rien ajouter d’un peu certain, en l'absence de tout vestige d’organe fructificateur. LocaLITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien ; échantillon reçu en communication de M. Chan- garnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 279, fig. 1, Cladophlebis exiquiloba Sap., fragment de fronde, grandeur naturelle; fig. 1°, portion du même fragment, grossie, pour mon- trer les détails de la nervation; fig. 1°, pinnule vue sous un plus fort grossissement. N° 6. — Cladophlebis socia. PI. 277, fig. 8; 279, fig. 2-3; 284, fig. 3 et 291, fig. 7. DraGxose. — C. fronde, ut videtur, parvula, bi-tripin- nalim partila; rachi primaria gracih; secundariis latera- libusque tenuibis, alterne ordinatis, elongato-linearibus : pinnulis dense confertis, sessilibus, basi contracta plus mi- nusve adnatis sessililerve affixis ovatis, obtuse sursum atte- | (1) Voy. F. Schmalhausen, Jura-Fl. Russlands, tab. mnt, fig. 1, G.. RTL CE né ice nn MR Cniz sal à dr dit TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 367 nualis ; superioribus supremisque ovatis, integris leviterve sinuatis, inferis autem normalibusque sinuato-lobulatis, lo- bulis rotundatim incisis ; nervulis e costa media pinnularum sursum evanida orts, plerumque furcato-divisis, in margi- nem lobulosque pergentibus. Nous rangeons cette forme à la suite des précédentes, comme rentrant encore naturellement dans le cadre gé- nérique des Cladophlebis ; mais l’état fragmentaire et la délicatesse extrême des échantillons ne permettent guère une attribution rigoureuse. L'échantillon figuré sur la planche 277, fig. 8, est un fragment de penne ou segment secondaire détaché, dont la conservation est fort belle. La figure 8° reproduit plusieurs pinnules assez fortement grossies : elles adhèrent au rachis par toute la base; leur forme est ovale-obtuse, et leur bord légèrement ondulé. Le sommet est obtus et les veines émises le long de la médiane sont très fines, obliques et subdivisées-dicho- tomes. Les échantillons de la planche 279, fig. 2 et 3, semblent se rapporter à des parties terminales dont les pinnules sont les unes entières, ovales-ellipsoïdes, et les - autres lobées-sinueuses. On reconnaît dans ces échantil- lons des pennes très allongées, de contour linéaire, atta- chées dans un ordre alterne au rachis principal. La figure 3 de la planche 281 reproduit un échantillon extrait de la partie moyenne d’une fronde : les pinnules sont ici distinctement lobulées, à lobules arrondis, peu profonds. Nos figures grossies 3* et 3° permettent de juger de la forme et du mode de nervation de ces pinnules. On voit que certaines d’entre elles, contractées à la base, adhèrent à peine au rachis, bien qu’elles soient constam- ment sessiles. Les nervures secondaires, émises sous un angle plus ou moins ouvert, sont tantôt simplement bifur- 368 : PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, quées; tantôt l’une des branches de la dichotomie est elle- même dichotome. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'analogie de l’espèce est visible avec le Cladophlebis undulata Brngt., de Gristhop- Bay, près de Scarborough (Veuropteris undulata L. et H.) (1). Mais l'espèce anglaise, plus grande que la nôtre dans toutes ses proportions, présente des pinnules sim- plement ondulées, plus écartées et adhérant par une moindre partie de leur base contractée en un très court péliole sur le rachis qui les porte. Nous ne doutons pas cependant, malgré ces différences, de l’affinité de notre espèce avec celle de l’oolithe du Yorkshire. LocaLiITÉ, — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage et 6, pl. 277. Les détails en sont mal- heureusement assez peu visibles ; mais leur physionomie les range sans anomalie auprès de l'espèce d'Orbagnoux. Les échantillons d’Auxey sont faits pour attirer notre attention, les figures grossies que nous donnons (ÿ* et 6+, pl. 290: 8 et 92, pl. 291) permettent de bien saisir la forme des pinnules ou segments de dernier ordre. Prise dans son ensemble, la figure 8 montre l'extrême déli- catesse des découpures de cette espèce, dont les der- nières subdivisions de quatrième ou de cinquième ordre, en faisant abstraction de la petitesse des pinnules, diffè- rent peu de celles du Stachypteris liütophylla, sinon qu’elles sont moins allongées proportionnellemént. Leurs lobes, toujours obtus, sont plus ou moins profondément incisés et desservis chacun par une veinule, tantôt simple, tantôt bifurquée. On peut soupconner que, dans leur in- tégrité, ces frondes pouvaient avoir une certaine étendue el qu’elles se trouvaient décomposées et déchiquetées en une foule de segments, dont les derniers étaient d’une extrême ténuité. | Nous attribuons à cetle espèce une portion de fronde fertile, dont les dimensions et les subdivisions concordent avec celles des portions stériles. Notre figure 10, pl. 291, reproduit cet échantillon grossi en 10*. Les pennes et les pinnules ont ici disparu pour faire place à des segments ramifiés dont les dernières subdivisions supportent des appareils fructifiés, semblables à ceux des autres Sfa- chypteris, mais plus petits, plus courts, formés d’écailles nombreuses plus ou moins étroites et parfois allongées, soudées entre elles et constituant un sporothèque de même nature que ceux des deux espèces précédentes. 442 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les frondes d’une extrême ténuité, subdivisées en segments et en pinnules lobées d’une remarquable délicatesse, le mode de groupement des appareils fructifères ou sporothèques sur les rachis ramifiés qui leur servent de support, tout cela forme un ensemble de caractères qui empêchent de confondre le Stachypteris minuta avec ses congénères. L'espèce jus- qu'ici s'est montrée dans le corallien d’Auxey, dans le séquanien de Châtelneuf, et elle remonte jusque sur l'horizon du kimméridgien, puisque c’est à Orbagnoux qu'elle a été signalée en premier lieu. LOCcALITÉS. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet ; — environs de Châtelneuf (Jura): étage séquanien inférieur ; envoi de M. Girardot. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 277, fig. 5, Stachypteris minuta Sap., fragment de fronde, grandeur naturelle ; fig. 5°, le même, grossi. Fig. 6, même espèce, autre frag- ment, grandeur naturelle; fig. 6*,le même, grossi. — Ces deux figures représentent des échantillons de Châtel- neuf. — PI. 290, fig. 5, même espèce, fragment de fronde, grandeur naturelle; fig. 5*, portion du même, grossie. — PI. 291, fig. 8, même espèce, fragment de la partie moyenne d’une fronde, montrant les subdivisions du rachis primaire, grandeur naturelle; fig. 8*, plusieurs pinnules du même échantillon, grossies. Fig. 9, même espèce, autre fragment désagrégé, grandeur naturelle; fig. 9%, plusieurs pinnules grossies. Fig. 10, même espèce, fragment d’une fronde fertile, grandeur naturelle; fig. 10°, portion du même échantillon, grossie, pour montrer la forme et la disposition des appareils fructifères. she * a ai bla pi: “CE CS LE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 443 VUES D'ENSEMBLE SUR LES FILICINÉES JURASSIQUES. Les adjonctions que nous venons de faire ayant, non pas changé, mais plutôt complété notre première étude, il nous paraît utile de résumer ici ce qui concerne les Filicinées de la flore jurassique française. Les genres énumérés dans notre tome I® étaient au nombre de 17, dont il convient de retrancher les /eanpaulia, reportés depuis avec raison parmi les Salisburiées, ce qui réduisait à 16 le nombre total. À ces genres sont venus s'ajouter les suivants, signalés dans notre supplément pour la première fois : Veuropteridium Schimp., — Laccopteris Presl. — Æymenophyllites Gæœpp. C'est donc en tout 19 genres, que nous pouvons distribuer en trois groupes ou catégories distinctes : 1° les genres basés uniquement sur la nervation ou le mode de partition de la fronde et constituant par cela même des cadres purement arli- ficiels ; 2° les genres assimilables avec une certaine pro- babilité à des ‘coupes génériques encore existantes; 3° enfin, les genres vraisemblablement éteints ou d’affi- nité incertaine, mais répondant à des coupes génériques naturelles et comprenant des espèces réellement douées d’une physionomie commune. _ En suivant ces données, tous ces genres peuvent être rangés dans l’ordre suivant : a. Cadres génériques artificiels, basés uniquement sur les caractères de la nervation. Genres Nombre d’espèces. 4, — Sphenopteris, Brngt......... 10 (1) (1) Avec la remarque que le Sphenopteris Choffutiana offre des rap- ports avec le type du Thyrsopteris elegans Kunze actuel. 444 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 2. — Cladophlebis, Brngt.......... 9 (1) 3. — Neuropteridium, Schimp..... 2 B. Genres assimilables directement à ceux de l’ordre actuel. 4, — Coniopieris, Brngt......... KR 5. — Laccopteris, Pres].......,.... 1 (3) 6. — Hymenophyllites, Gœpp...... L: 7. — Danæopsis, Hr.............. 1 y. Genres spéciaux à la flore jurassique, d’affinité indéterminée. . (1). Nervation réticulée; frondes généralement pédalo-digitées ; DicTYOPTÉRIDÉES. 8. — Microdictyon, Sap............ 2 9. — Thaumatopteris, Gœpp........ 1 10. — Dictyophyllum L. et H........ 1 11. — Clathropteris, Brngt.......... 1 (2). Rachis primaire et secondaire souvent ailés ou appendicu- lés ; pinnules simplement découpées, de consistance coriace, souvent cernées d’un rebord marginal; nervures peu compliquées; dans plusieurs cas directement issues de la côte des segments; Lomarop- TÉRIDÉES. 12, — Thinnfeldia, Ett............ LES DR 43. — Cienopteris, Brngt...........…. 6 14. — Lomatopteris, Schimp......... 9 15. — Cycadopteris, Zign............ 2 (3). Frondes à subdivisions menues, à pinnules soit entières et … adhérant par la base, soit contractées inférieurement et plus ou moins 'incisées-lobulées, parties fertiles associées aux parties stériles des frondes ; ScLÉROPTÉRIDÉES. 16. — Scleropteris, Sap..:.......... 6 17. — Stachypteris, Pom............ RE (4). Frondes simples ou composées de segments simples et entières sur les bords, à nervures secondaires multipliées et transversales, parallèlement décurrentes; TÆNIOPTÉRIDÉES. 18. — Tæniopteris, Brngt........... b) 49. — Phyllopteris, Brngt........... 1 (1) Parmi ces espèces, le C. Whitbensis rappelle vivement le type de certaines Osmondacées. (2) Une seule espèce, assimilable au rer ysoptleris elegans Kze, de l'ordre actuel. (3) Type générique assimilable au Malonia actuel, D FUN UT alt pr 2 Fe PU TT PU e- A 7 ENT, : ci Fi er 2: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4435 C'est un total de 66 espèces et de 19 genres que nous venons de disposer dans un ordre un peu différent de celui que nous avions antérieurement adopté. Bien que nécessairement imparfait, cet ordre nous semble le moins défectueux de tous ceux qu’on pourrait choisir, eu égard aux connaissances restreintes que nous possédons sur la plupart de ces genres. On voit que les types de Filicinées spéciaux à l’époque jurassique et dont les affinités réelles restent à déterminer se trouvent de beaucoup les plus nombreux : 12 genres et 41 espèces, soit environ les deux tiers du nombre total. Parmi ces genres nous savons seulement que celui des Clathropteris, dont les organes fructificateurs sont connus, paraît tenir le milieu entre les Cyathées et les Gleichéniées. — Quant aux genres assimilables à ceux qui vivent encore, il est à remarquer qu'aucune des assimilations proposées ne concerne les Polypodiées propres, et que les moins incertains de ces rapprochements, ceux en faveur desquels milite le plus de probabilité, s'adressent à des Cyathées exceptionnelles (Thyrsopteris, Matonia), à des Hyménophyllées, à des Osmondées, enfin à des Marattiées, c’est-à-dire aux groupes les moins nombreux et les plus isolés, parmi ceux que comprennent les Filicinées de l'ordre actuel. Nous avons, il est vrai, fait ressortir quelques affinités apparentes entre plusieurs de nos genres ou formes jurassiques {Cladophlebis Moisseneti, — Scleropteris Po- meli, — Scl: Zeilleri, — Scl. tenuisecta) avec certains types actuels de Polypodiées; mais ce sont là des rappro- chements précaires, basés sur des indices superficiels et ne pouvant entraîner aucune conclusion rigoureuse. Il faut donc en conclure que, prises dans leur ensemble, les Filicinées de l’époque que nous étudions étaient 446 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. encore bien éloignées d’être ce qu’elles devinrent plus tard; qu’elles n'avaient encore avec celles de nos jours que fort peu de traits communs, et qu’enfin le mouve- ment évolutif, auquel les Angiospermes durent, après le début des temps crétacés, leur prépondérance défni- tive, porta sur les Fougères aussi bien que sur les autres plantes et les modifia profondément, tandis que s’opérait parallèlement une révolution dans l’ensemble des Pha- nérogames, révolution assez intense, assez générale pour aboutir au renouvellement du règne végétal tout entier. CYCADÉES. Nous rangeons toujours parmi les Cycadées les plantes jurassiques ou les parties de ces plantes, feuilles, organes reproducteurs ou fragments de tiges rapportés jusqu'ici à ce groupe, actuellement amoindri et subordonné. M. Nathorst a élevé dernièrement, il est vrai, des doutes sur la légitimité de l'attribution de plusieurs des types présumés cycadéens, Zamites et Otozamites, par exemple, en admettant l'hypothèse que les Williamsonia re- présenteraient les appareils floraux de ces types, qui devraient par cela même être reportés dans un ordre tout à fait à part. Mais nous avons exposé plus haut les motifs qui nous engagent à ne pas admettre comme dé- montrée, ni même comme ayant pour elle la vraisem- blance, l'hypothèse du savant Suédois. Il est juste pourtant de considérer qu'en dehors des feuilles, nous ne savons rien des affinités véritables des Zamites, Otozamites, Cyclozamites, ni de la nature des rapports les rattachant aux Cycadées du monde actuel. NES {a DT dt On bi tnt lt. à - dt tn 5 5 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 447 Il n’en est pas de même des Cycadites, genre sans doute éteint, mais sans doute aussi allié de près aux Cycas et dont les carpophylles, venus jusqu'à nous, sous le nom de Cycadospadix, proviennent presque toujours des mêmes couches où les frondes des Cycadites ont été recueillies. — Nous ajouterons quelques nouveautés à chacun des genres que nous avons antérieurement décrits, et ces documents, réunis en dernier lieu, ser- viront au moins à fixer une délimitation plus exacte des formes jurassiques, comprises dans une famille qui tenait certainement une place considérable au sein de la flore de l’époque mésophytique. GENRE. — ZAMITES. (Voir ci-dessus, t. I, p. 84, pour la définition du genre.) Le Zamites, que nous signalons plus loin sous le nom de Z. senior et qui a été recueilli dans le grès infralia- sique de Hettange, atteste que l’origine du type remonte sûrement à un âge plus éloigné que nous n'avions été d’abord porté à l’admettre. Jusqu'ici le Zamites Schmi- delii (Pres!) Andr. (1), rencontré par Andrä dans le rhétien de Steierdorf, était le plus ancien connu, mais en tenant compte des incertitudes attachées à la détermination de l'espèce et dont Schimper (2) s'était fait l'organe. No 3. — Zamites Feneonis. (Voir ci-dessus, t. II, p. 99, pour la définition de l’espèco.) P1. 295, fig. 1-9, et 296, fig. 1. Le Zamiles Feneonis Brngt. est une des formes juras- . (f) Foss. Fl. Siebenb.und d. Banatz, p. 39, tab. 9. (2) Trailé de Pal, vég., I, p. 152. 448 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. siques les plus répandues et les mieux caractérisées de la série, vers le niveau du corallien et surtont du kimmé- ridgien de Cirin, d’Armaille et d'Orbagnoux. L’affluence même des frondes et les diversités secondaires qu’elles présentent pourraient cependant donner lieu à des doutes plus ou moins fondés sur l'attribution à une seule espèce de toutes les empreintes connues sous le nom de Zamites Feneonis. Dans le corallien de la Meuse, le Z. Feneonis fait place à une forme très analogue, distincte pour- tant, que Brongniart a signalée un des premiers en la nommant Zamites Moreaui. (4) Mais le gisement égale- ment corallien d’Auxey, exploré avec tant de soins par M. Changarnier-Moissenet, a fourni récemment de nom- breux Zamites que nous avons dû, après un examen attentif, rapporter au Zamites Feneonis, sans nous arrêter à quelques nuances différentielles trop faibles pour mo- tiver une séparation. Pour ne rien négliger de ce qui peut aider à la filiation des anciennes espèces, nous avons tenu à figurer les principaux échantillons de cette forme et les mieux caractérisées (pl. 295, fig. 1-9), comme. pouvant servir de termes de comparaison avec les échan- _tillons-types du niveau du Cirin, précédemment figurés. Nos figures 1,2 et 7, pl. 295, et 1, pl. 296, surtout la première et la dernière, rapprochées des empreintes les plus complètes du Zamiles Feneonis, ñe laissent voir, en fait de différences, que des dimensions un peu plus faibles et des pinnules plus courtes, terminées par une pointe moins acérée. La figure 2, pl. 294, montre la base d'une fronde trop semblable, dans toutes les parties, avec celle que représente la figure 3, pl. 90, tome II (2), (1) Voir ci-dessus, t. 11, p. 92, pl. 84, fig. 1, 3, et 85, fig. 1, 2: (2) Zamites Feneonis var. articulatus Sap. si; : LÉ TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 449 our que nous hésitions à adopter une réunion résultant de l'étude de toutes les particularités des anciennes frondes. Notre figure 4, pl. 295, reproduit des pinnules voisines de la terminaison supérieure; elles sont étroite- ment linéaires et longuement acuminée, au sommet. La figure 1, pl. 295, se rapporte au contraire à la partie moyenne d’une fronde mutilée aux deux extrémités, mais visiblement de plus petite taille que la plupart de celles d'Orbagnoux ou d’Armaille. LocaziTÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 295, fig. 1, Zamites Fen- conis Brngt., portion de fronde, mutilée aux deux extré- mités, grandeur naturelle. Fig. 2, même espèce, autre _fronde, portion voisine de la base, grandeur naturelle. Fig. 3, même espèce, autre fragment, grandeur naturelle. Fig. 4, même espèce, pinnules ayant appartenu à l’ex- trémité supérieure d’une fronde, grandeur naturelle. Fig. 5, même espèce, autre fragment de fronde, grandeur naturelle. Fig. 6, même espèce, fragment d’une fronde plus petite, grandeur naturelle. Fig. 7, autre fragment attribué à la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 8 et 9, deux autres fragments de frondes, attribués à la même espèce, grandeur naturelle. — PI. 296, fig. 1, même es- pèce, fragment de fronde se rapportant à la partie moyenne de l’organe, grandeur naturelle. N° 5. — Zamites pumilio. (Voir ci-dessus, t. Il, p. 109, pour la définition de l'espèce.) PI. 295, fig. 11. - Voici un nouvel exemplaire, conforme au premier par Ile Sén, Vécérsux — IV. 29 450 1: PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. la taille et provenant d’un autre gisement que celui-ci et que nous rapportons à la même espèce, remarquable par l’exiguité de ses frondes. L’ergane est complet et mesure au plus 4 1/2 centimètres de longueur, y compris le pé- tiole dont l'étendue et la consistance sont exactement les mêmes que dans l'échantillon figuré pl: 92, fig. 4, de notre tome Il. Ilest facile de s’en assurer par une com- paraison des deux figures. Les pinnules, au nombre de 9 à 10 de chaque côté, sont presque contiguës, allongées, linéaires, un peu recourbées en faulx et plus obtusément terminées que celles de l'espèce peinte reproduite en premier lieu. Ces pinnules vont en décroissant. vers la base de la petite fronde. Les plus inférieures sont. .en même temps les plus courtes, et celles du sommet les plus allongées, bien que leur plus grande longueur attei- gne à peine 6 à 8 millimètres. Nous pensons qu'il s’agit réellement ici d’une espèce de très petite me Plnès que d’une simple variété. LocaziTÉé. — Environ de Châtelneuf (Jura) ste astar- tien ou séquanien inférieur ; envoi de M. Girardot. : EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 275, fig. 14, Zamites pumilio, Sap., fronde complète, grandeur naturelle: N° 8. — Zamites fallax (Voir ci-dessus, t. Il, p. 114, pour la définition de l'espèce.) | PI. 297, fig. 1. Zamites fallax, Sap., Vég. jurass., I, p. 114, pl. 93, fig. 3. DiaGnose. — Z. fronde, pinnata longe valideque petio- lata ; pinnis basi totarachi adnatis, fere contigquis, expansis, breviter lato-linearibus, lanceolatis, argute acutis ; venulis LE: TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 451 tenuibus, lateralibus una post aliam marginem secan- tibus. Nous avions figuré la base d'une fronde de cette espèce, c'est-à-dire le péliole accompagné ‘des pinnules les plus inférieures, d’après un exemplaire recueilli par notre ami M. Falsan : nous complétons maintenant notre descrip- tion en reproduisant la contré-empreinte de ce même échantillon, montrant la série entière des pinnules de l'un des côtés de la fronde, la plupart entières, quelques- unes mutilées dans le haut ou se recouvrant mutuelle- ment. Ces pinnules sont presque contiguës, adnées au rachis par toute la base, largement linéaires, assez cour- tes et terminées en une pointe lancéolée, finement acérée. Les nervures longitudinales sont fines, multipliées et dis- posées comme celles des Zamites, c'est-à-dire qu'au lieu de converger vers le sommet de l’organe, elles se termi- nent à des hauteurs successives, le long de la marge, à mesure que la pinnule commence à perdre sa largeur. Les médianes seules, en se prolongeant, sHNUARE la sommité qui a dû être piquante. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette belle espèce ne res- semble à aucune autre, sauf au Zamites distractus Sap., du même gisement d'Armaille, Vég. jurass., II, p. 115. pl. 93, fig. 4-5, dont les pinnules sont plus courtes, lan- céolées-ovales et plus écartées. LocazirÉ. — Armaille; étage kimméridgien inférigus coll. de M. Falsan. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 297, fig. 1, Zamites fallax Sap., portion latérale d’une fronde, grandeur naturelle, (1) FI, foss., I, p. 115, pl, 84, fig. 4, 5. 452 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, N° 11. — Zamites senior. PI. 296, fig. 9-40. DIAGNOSE. — 7, fronde sat longe valideque petiolata, petiolo longitudinaliter carinalo, ambitu lineari-elongata ; pinnis fere contiquis, basi adnatis, patentim emissis, brevi- ter linearibus, sursum plus minusve oblusatis obtusoque attenuatis, basi extrema leviter emarginato-cordata secus rachin ad faciem superiorem puncto calloso affixis articula- tisque ; inferis gradatim paulisper imminutis. L'espèce nouvelle à laquelle nous appliquons la dési- gnation de Zamites senior, et qui offre tous les caractères distinctifs du type, paraît être rare dansle grès infraliasi- que de Hettange, où elle a été recueillie une seule foispar M. Pougnet, de qui nous la tenons. — Nos figures 9 et 10 reproduisent les deux côtés d'une même empreinte se rapportant à une fronde presque complète, mais mutilée dans le haut et dégarnie de plusieurs de ses folioles soit absentes par désarticulation, soit brisées ou déchirées. Le pétiole paraît entier ; il est assez long, relativement épais, strié en long et cariné dans le milieu. La figure 9, pl. 295, correspond à la face inférieure de l'organe, et le rachis y montre son épaisseur entre deux rangées de pin- nules, attachées, comme dans tous les Zamites, par une base calleuse contractée dans le milieu et légèrement échancrée en cœur. Les pinnules, presque contiguës et largement linéaires, sont courtes, atténuées supérieure- ment en pointe obtuse, légèrement recourbées en faux, nullement piquantes, mais parfois subarrondies. Les in- sé TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 453 férieures sont plus courtes que les plus élevées, et celles du milieu, qui conservent toutes à peu près la même étendue, de façon à donner à l’ensemble de la fronde un contour linéaire allongé, dont la terminaison seule fait défaut. On voit par la figure 10, pl. 295, qui se rapporte à la face supérieure, que les pinnules étaient fixées sur une rainure le long de la ligne médiane du rachis, de manière à le recouvrir; elles constituaient ainsi une dou- ble rangée, en contact par leurs bases respectives. La nervation est bien celle qui caractérise les Zamites et se distingue par une divergence légère des nervures latéra- les vers la marge et leur non-convergence vers le sommet de l'organe. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce, la plus an- cienne qui ait été signalée avec certitude, ne diffère pas des Zamites plus récents de l’oolithe, corallienne ou kim- méridgienne. Elle nous paraît surtout très rapprochée de notre Zamites confusus Sap., ci-dessus, tome IT, p. 117, pl. 94, fig. 1-2, espèce de Saint-Mihiel (Meuse), qui n’en est peut-être qu’un prolongement assez peu modifié. Cependant, le Zamites confusus a des frondes plus grandes dans toutes leurs proportions que du Z. senior ; ses pin- nules sont plus larges, plus étendues et nullement falci- formes, terminées en outre par une pointe plus réguliè- rement lancéolée que dans l'espèce qui vient d’être décrite. LocauTÉ. — Grès infraliasique de Hettange, près de Metz (Moselle); zone à Ammonites angulatus; envci de M. Eugène Pougnet. (1) Ci-dessus, t. 11, p. 117, pl. 94, fig. 1, 2. 454! PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. EXPLICATION DES FIGURES, —= PL. 296, fig: 9.et 10, Zamites? senior Sap., les deux:côtés d'une même empreinte. de, frondé, grandeur naturelle. N° 19, —_ ZFaummites formosus, PI. 295, fig. 10 et 396, fig. 2-8. A) L'EU RL Zamites formosus, Hr. Urw.: d. Schweiz., p. 177, fig. 94; Fi. foss. Helv., p. 131, tab. LIL, fig. 4. — — Schimp., Traité de Pal. vég. W, p. 153. DiaGnose. — Z. fronde sat parvula, mediocrive, rachi OP PTT TETE PNR gracili donata, ambitu latiore-oblonga; pinnis approæima- Qu gs et tim : patentibus, basi subcordata cartilagineo-affixis, an- quste elliptico-linearibus, superis strictioribus, inferis bre- vioribus, omnibus in apicèm obtuse sensim attenuatum. | désinentibus. sp Heer a signalé le premier cette espècé dans son Urweit. | der Schweiz, en la distinguant avec raison du. Zamites, | KFeneonis;.mais, d'autre part, il paraît la confondre! sans. | motif bien appréciable avec le Zamites Moreaui Sap:, de: 4 Saint-Mihiel, dont les frondes ont un tout autre aspect. | Le Zamites formosus, tel que le montre la, figure de. Heer et tel que nous pensons le retrouver dans le coral=, lien d’Auxey et l’astartien de Châtelneuf (Jura) (pl. 395, fig. 4), est caractérisé par des frondes de dimension. pe tite ou du moins médiocre, plus courtes ou, si l’on veut plus larges relativement que celles du Zamiles Moreau, d'est cod di. ee ‘oo, de GES à rachis relativement mince, donnant naissance à des segments latéraux ou pennes, étalés, rapprochés l'un de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 655 l'autre, non contigus cependant. Chacun des segments pris à part, au lieu de se terminer par une pointe acu- minée et piquante, à partir de la base, comme ceux du Zamites Feneonis, sont plutôt atténués-obtus vers les deux extrémités, les segments inférieurs se .trouvant plus courts et plus ovales et ceux du sommiet de l’or- gané étroitement linéaires, mais avec une terminaison obtuse. re | C’est bien ce que nous laisse voir la figure 4, pl. 296, qui reproduit un échantillon remarquable du séquanien de Châtelneuf, recueilli par M. Girardot, et qui nous semble absolument conforme à l'échantillon type dû Val-de-Joux, figuré par Heer, sauf le contour üun peu plus allongé-linéaire des pinnules, dans le nôtre La figure 10, pl. 295, représente une empreinte du corallien d'Auxey qui ne saurait être séparée de la précédente, les pinnules se montrant toujours plus allongées et plus étroitement linéaires ; et il en est de même de la figure 3; pl: 295, dont la provenance est possible et qüe nous ne distinguerons pas non plus de l'espèce de Heer. D’au- tres’ fragments plus ou moins mutilés et recueillis à Auxey comme les précédents, fig. 5 à 8, pl. 296, ont dû, croyons-nous, faire partie dé la même espèce, et l’un d'eux, fig. 6, reproduit la terminaison supérieure d'une frondé dont les derniers segments, étroitement linéaires et très rapprochés, semblent se rapporter à une fronde dont l’évolution achèverait de s’accomplir. Enfin nous attribuons à ce même Zamiles une autre sommité de fronde, fig. 2, 2 et 2», pl. 295, qui l’écarte des autres échantillons, dont nous venons de passer la révue, par cette unique particularité que les segments qu'elle pré- sente se trouvent uniformément tronqués au sommet, à 456 .: + PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, une distance proportionnelle de leur base, parfaitement régulière, comme si cette disposition eût été normale et caractéristique. Si cette dernière disposition avait pu être admise, nous aurions obtenu une forme des plus curieuses, servant de lien entre les Zamites et les Pte- rophyllum; mais nous pensons reconnaître plutôt, dans cette empreinte fidèlement reproduite par nous, une particularité accidentelle et une disposition fortuite, qu'un, état normal de nature à justifier l'établissement d'une espèce à part. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Zamites formosus ne saurait être confondu, comme l’a proposé Heer, avec le Z. Moreaui, surtout en le comparant aux échantillons types figurés sur la planche 84 de notre tome II. La disposition de grandeur est trop marquée, entre les deux séries, pour qu’il soit possible d'admettre leur identité. Le rapport est bien plus intime, si l’on établit la comparaison de nos échantillons d’Auxey et de Chà- telneuf avec celui représenté par la figure 4, pl. 85 (1) et qui provient de Gibbomeix (corallien de la Meuse). Ici pourtant, bien qu’il s’agisse d’une fronde plus petite que les autres et ayant appartenu probablement à un jeune individu, on observe un contour général plus oblong et des pinnules notablement plus courtes et plus larges que dans les empreintes attribuées par nous au Zamites formosus. — Vis-à-vis du Zamites Feneonis, la terminai- son moins aiguë et plus atténuée-obtuse des segments de la fronde suffit pour établir une différence saisis- sable, bien qu'au total, entre toutes ces formes, il existe en réalité une affinité évidente, comme si elles rele- (1) Voir ci-dessus, t. Il, p. 97, pl. 88, fig. 1. PPT CA Re ET EU AN C0 ln. tdi bee ON . en — TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 457 vaient également d'un même type, plus ou moins poly- morphe. | LocaLITÉ. — Le Zamites formosus Hr., découvert d’a- bord par M. Rénevier dans le kimméridgien du mont Risoux, au Val-de-Joux, existe, en tenant compte de nos observations, dans le corallien d’Auxey, près de Beaune, où il se trouve associé à une forme relativement réduite du Zamites Feneonis, et à Châtelneuf (Jura), sur le niveau du séquanien inférieur. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 295, fig. 10, Zamites formosus Hr., fronde mutilée dans le bas, grandeur na- turelle. — PI. 296, portion terminale d’une fronde attri- buée à la même espèce, mais dont les pinnules sont acci- tellement tronquées supérieurement, grandeur naturelle; fig. 2*, bases de deux pinnules grossies, pour montrer leur insertion sur le rachis commun ; fig. 2, autre por- tion grossie du même échantillon, pour montrer la tron- cature du sommet de la pinnule. Fig. 3, moitié inférieure d’une fronde attribuée à la même espèce et provenant d’Auxey, grandeur naturelle. Fig, 4, même espèce, fronde presque entière, provenant des environs de Châtelneuf (Jura), d'après un échantillon reçu en communication de M. Girardot, grandeur naturelle. Fig. 5, autre fragment de fronde, attribué à la même espèce, d'après un échan- tillon d’Auxey, grandeur naturelle. Fig. 6, terminaison supérieure d’une fronde de la même espèce, d’après un échantillon d’Auxey, grandeur naturelle. Fig. 7 et 8, autres fragments attribués à la même espèce et prove- nant du même gisement, grandeur naturelle. 458 |! 'PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. GENRE. — OTOZAMITES. (Voir ci-dessus, t. II, p. 119, pour la définition du genre.) Nous gardons,ce genre curieux, tel que nous l’avons défini en premier lieu, distribué en groupes ou sec- tions, dont quelques-unes diffèrent assez du type le plus ordinaire pour former autant. de coupes génériques. ou tout au moins de sous-genres totalement distincts. Il en est-ainsi, par exemple, des formes comprises dans notre quatrième groupe, qui équivaut aux C'yclozamites de Po- mel et de Schimper, et. de celles encore du cinquième groupe, dont l’Ofozamites decorus. Sap. est le type et qui fournit une transition vers les Sphenozamites. Au con- traire, les espèces dont nous avons formé notre troisième groupe sont remarquables par le très faible développe- ment ou même l'effacement presque complet. de l’au-. ricule caractéristique, à base antérieure des segments, en sorte que ces espèces pourraient être aisément con- fondues avec les Zamites ou les Plerophyllum, si leurs empreintes n'étaient l’objet d’un examen soutenu de la part de celui qui cherche à les définir. Nous, rapportons aux Otozamites les trois espèces suivantes, dont une seule se trouye nouvelle pour la flore jurassique française. 1 GROUPE. — Type de l'Ofozamites brevifolius F. Br. _ N° 3. — otozamites Terquemi. (Voir ci-dessus, t. IT, p. 141, pour la définition de l’espèce,) PI. 297, fig. 3. Nous avons donné ce nom à un Ofozaniites de Het- te self PNEUS FORTS “ he. nt Là __—_ TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 439 tange, distinct de l'O. brevifolius de Fr. Braun; malgré leur affinité, il. nous .à& paru. difficile de confondre les deux formes, ainsi que Brongniart avait incliné à le faire. Nous avions établi notre Otozamites Terquemi d’après un seul fragment de. fronde (4), fort net, d’une faible étendue. Voici un second exemplaire plus considérable que le premier, également mutilé aux deux extrémités, affectant le, même contour linéaire, très allongé et pré- sentant une double rangée de pinnules.d’égale grandeur à peu de différences près, très serrées ou même. em- boîtées mutuellement, insérées à plat dans un ordre alterne ou subalterne et presque contiguës par leurs base, sur un rachis à peine visible par l’étroit interstice qui sépare ces pinnules les unes des autres. Un peu plus grandes que celles du premier échantillon, ces pinnules ont la même forme large et courte : ovales-oblongues, faiblement atténuées-obtuses dans le haut, légèrement inclinées en faux, elles présentent, à leur côté basilaire antérieur, une auricule à peine saillante et arrondie, qui donne lieu à une base sinuée-cordiforme, obscuré- ment émarginée au point d'attache. Comme les pin- nules diminuent fort peu de la base au sommet de la partie conservée de l’ancienne fronde, il faut en con- clure que celle-ci atteignait une longueur considérable. LOCALITÉ. — Grès infraliasique de Hettange- UNE (Lorraine) ; envoi de M: Eugène Pougnet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 296, fig. 3, Otozamites Terquemi Sap., portion de fronde vue par-dessus, gran- deur naturelle. (3) Voir ei-dessus, t, IT, p. 99, fig. 4, 460 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 4. — Otozamites Hennoquei. (Voir ci-dessus, t. II, p. 143, pour la définition de l'espèce.) | PI, 297, fig. 2. Nous figurons un nouvel exemplaire de cette espèce. Il provient de Hettange, comme les précédents. Recueïlli dans ce gisement par M. Eugène Pougnet, de qui nous le tenons, il consiste en un fragment peu étendu, dont les pinnules encore en place et étroitement conniventes par leurs bases couvrent presque entièrement le rachis, sur lequel elles sont implantées, et laissent voir la forme exacte de leur coutour, avec la terminaison atténuée- obtuse de leur sommet. L’exemplaire est surtout com- parable à celui de la planche 100, fig. 3, de notre tome II. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 296, fig, 2, Otozamites Hennoquei Pom., fragment de fronde, grandeur natu- relle. | : 4° GROUPE. — Type des Cyclozamites Pom. N° 16. — Otozamites Bunburyanus. PI. 298, fig. 1. _ Otozamites Bunburyanus, Zigno, Mem. ter. Giuras. Alp. Ven., p. 11, 1852, — Cicad. foss, Ool. Alp. Ven., p. 9, fig. 4-5; — FI. foss. Form. oolith. I, p. 102, tab. XXXVIIL, fig. 1-8. | = — Schimp., Traité de Pal. vég., II p.174. s — “Sap., Plantes jurass. de la France, Il, p. 128, pl. 95, fig. 3-4. , TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 461 DIAGNOSE. — O. fronde anguste lineari, in petiolum brevem deorsum atlenuata, pinnis sensim imminuentibus ; pinnis segmentisve alterne insertis, arcte confertlis aut im- bricatim ordinatis, suberectis, crassis, abbreviatis, fere orbiculalis, basi subcordata puncto calloso racheos faciei superiori affixis, illamque tegentibus, eliam circumcirca leviter marginatis ; Inervulis e puncto insertionis basilari un- dique radiantibus, furcatis ad marginemque flabellatim divergentibus. Otozamites Parolinianus, Zigno, Mem. ter. Giur. Alp. Ven., | p. 11; Sulle Cicad. foss. dell’ Oolit. in Riv. Period. Ac. Pad., 1853, p. 348. Otopteris tenuata, Bean, in Leckenby Oolit. Plants from Scaborough, in Quart. Journ. 'Geol. soc. of London, XX, 1864, p. 79, tab. IX, fig, 3. Nous avons figuré, d’après M. de Zigno, deux petits fragments (1) de cette jolie espèce recueillie à la fois dans le Vicentin et le Véronais, comme aussi dans l'oolithe de Scarborough ; mais jusqu'ici elle n'avait pas été découverte en France. L'échantillon que nous reproduisons (pl. 298, fig. 4) nous a été communiqué par M. Zeiller, il fait partie de la collection de l’École des mines, qui l’a reçu de M. Mouret, ingénieur des ponts et chaussées à Périgueux. D’après des renseignements que nous tenons de l'obligence de ce dernier, il aurait été trouvé à Charpon, commune de Vaussac (2), par M. Boulzaguer, conducteur des ponts et chaussées, dans des calcaires lithographiques, appar- (1) Ci-dessus, t. IE, pl. 95, fig. 3, 4. (2) Arrondissement de Nontron, canton de Thiviers. Charpon est à 5 kilomètres au sud de Thiviers, 462 PALÉONTOLOGIE. FRANÇAISE. tenant au bathonien, sans qu'il soit possible de préciser plus exactement le niveau. L’empreinte tapissée d’un enduit ochreux est profon- dément.encastrée dans la roche, d'un grain calcaire très dur et très fin. Dessinée avec soin, elle fait voir. la moitié inférieure, y. compris le pétiole qui semble avoir été fort court, d’une fronde étroitement linéaire, i insen- siblement atténüée vers.la base et tronquée au sommet, qui devait être fort longue dans son intégrité. Les folioles dont elle est composée, de consistance certainement coriace, courtes’ et arrondies-orbiculaires, étroitement cernées pour un ourlet marginal et attachées à la base, légèrement cordiforme, par un point calleux, se recou- vrent en partie mutuellement, disposées qu’elles sont dans une ordonnance imbriquée, et elles cachent entière- ment le rachis le long duquel elles sont fixées. Ce rachis ne se laisse voir que dans le haut, sur un point dégarni partiellement de folioles. Notre figure 1*, pl. 296, montre plusieurs de ces folioles grossies, dont le contour orbi- culaire, le point d'attache et la base cordiforme ne diffèrent par aucun détail essentiel des figures données par M. de Zigno, sauf que, dans certains échantillons des Alpes Vénitiennes, les folioles se trouvent plus ou moins écartées, au lieu d'être entièrement contiguës, comme dans le nôtre. Mais, à cet égard, on peut dire que la figure 7, grossie, de la planche 38 de l'ouvrage de M. de Zigno (1) est entièrement conforme à la nôtre, et que cette dernière coïncide trop exactement avec les figu- res 2, 6 et 7 du savant italien, pour ne pas rev l'attribution adoptée par nous. (1) F1. foss. Form. oolil. Rat nas Se dé r p L CE 7 sE , % NR hit TERRAIN JURASSIQUE.. — VÉGÉTAUX. 4163 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il existe toute une série d'espèces très rapprochées, qui rentrent dans le type de l’Otozamites Bunburyanus et font partie, comme Jui, des Cyclozamites de Pomel. Il en est ainsi, par exemple, des Otozamites Reglei Sap., marginatus Sap., microphyllus Brngt. (1); mais l'espèce qui nous semble toucher de plus près à celle que nous venons de décrire est certai- nement. l’Otozamites Trevisani de Zigno (2), que nous avons figuré précédemment. La différence entre les deux espèces consiste uniquement dans la forme moins orbi- culaire, un peu plus divariquée latéralement des folioles de l'Otozamites Trevisani, comparée à celles de l'O. Bun- buryanus. M. de Zigno fait encore ressortir l’affinité de ce dernier ayec notre O0. marginatus (lome. II, p. 168, pl. 409, fig. 1), dont il sé distingue pourtant par le con- tour plus régulièrement arrondi de ses folioles et aussi par l'absence d’un repli marginal aussi marqué, rem- placé dans l'O. Bunburyanus par un ourlet étroit, assez visible. LocauTÉ. — Charpon, commune de Vaussac (Dordogne); étage bathonien; collection de l'École des mines. Hors de France, l’Otozamites Bunburyanus Zign. a 616 -observé dans l’oolithe inférieure de Cloughton, près de Scarbo- rough, en Angleterre ; dans la série oolithique inférieure à Spitz et au. Val-d’Assa, près de Rotzo, dans le Vicentin; à Zuliani, près de Rovere-di-Velo et à Pernigotti, dans le Véronais, en Italie. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 298, fig. 4, Olozamites Bunburyanus Zign., partie inférieure d'une fronde y com- (1) Voir ci-dessus, t. II, p. 264 et suiv, © (2) FL. foss. Form. ool., IX, p.99, tab. 31; fig. 1, 8. Ci-dessus, t. If, p. 129, pl. 96, fig. 4. 464 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pris le pétiole, grandeur naturelle; fig. 1°, plusieurs pinnules grossies, pour montrer leur point d’attache sur le rachis et les détails de leur nervation. GENRE. — CYCADOSPADIX. (Voir ci-dessus, t. Il, p. 214, pour la définition du genre.) Les Cycadospadix représentent, selon toute vraisem- blance, des organes ou appareils ayant servi de support à des ovules et assimilables aux carpophylles des Cycas actuels, dont ils reproduisent en partie au moins la structure et le faciès. Pourtant, il semble qu'il y ait eu affinité plutôt qu’'identité générique absolue entre les Cycadospadix jurassiques et les organes correspondants des vrais Cycas. Ceux-ci ont été certainement rencontrés et signalés par Heer dans la craie des régions arctiques. De là, la supposition très vraisemblable que les Cycas tels que nous les connaissons, seraient originaires de la zone circumpolaire, d’où ils se seraient ensuite avancés jusque vers le sud de l'Asie, après avoir d'abord gagné le Japon, où le Cycas revoluta est demeuré indigèné. Les Cycadites jurassiques, dont on observe des traces répétées en Europe, à partir de l’infralias, et en remon- tant jusque dans l'infracrétacé du Portugal, auraient ainsi précédé les Cycas propres, et se seraient éteints plus tard, sans laisser de descendants directs. Nous n’aurions rien à ajouter à la définition, donnée précé- demment, du genre Cycadospadix, dont les Cycadites représentent certainement les feuilles, si nous n’avions remarqué tout récemment, dans ces organes, une struc- ture qui pourrait faire penser que l'expansion frangée, terminale, au lieu d’être un simple prolongement du do . mx Por EL { id Stains. récta dde LL 6 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 465 spadice sur lequel les ovules étaient implantés, aurait affecté une disposition plus ou moins peltoïde, offrant ainsi une sorte de passage vers les Carpophylles des autres Cycadées, transition dont les Dioon présentent, de leur côté, un autre exemple. Il est bien certain que . les Cycadospadix s'écartent eux-mêmes des organes cor- respondants des Cycas vivants par leurs ovules réduits à une seule paire. Le point d'attache de ces deux ovules sur le spadice est parfois encore visible, immédiatement au-dessous de l'expansion terminale, tandis que les supports cycadéens actuels sont presque constamment pourvus de plusieurs paires d’ovules enchâssés le long du rachis, dans sa substance, et disposés à une certaine distance les uns des autres. D'autre part, le nombre des ovules du Cycadospadix Moræanus semblerait avoir été de plusieurs paires attachées dans un ordre alterne, le long du rachis leur servant de support; mais ce support n’est pas visible dans un échantillon nouveau que nous allons décrire, et celui que nous avons antérieurement figuré ne nous était connu que par un dessin de Bron- gniart, sans qu'il nous ait été possible de retrouver l'original. N° 2. —_ Cycadospadix Moræanus. (Voir ci-dessus, t. IF, p. 223, pour la définition de l'espèce.) PI. 298, fig. 2. Nous réunissons au Cycadospadix Moræanus, observé par M. Pomel dans le corallien de la Meuse, un organe provenant du corallien d’Auxey, et découvert dans ce gisement par M. Changarnier-Moissenet qui nous l’a Ile Sén. Vécéraux. — 1V. LL 30 4166 / !? PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. transmis. Il consiste en une écaille ou expansion coriace, frangée dans le haüt où plutôt partagée en lanières étroi- tement linéaires, atténuées en pointe, ascéndantes, la plupart simples, d’autres bipartites et parcourues, à ce qu'il semble, par une fine nervure médiane, difficilement perceptible. L'empreinte laisse voir, immédiatement au- dessus dé sa base, un énfoncemént correspondant sans doute à l'insertion d’un pédoncule ou support, dont le prolongement se perd dans la roche, et sur la nature | duquél on ne saurait proposer qué des éonjectures. La réssemblance de l'organe fossile et des appendices frangés qui le surmontent avec celui qui figüre sur la planche 16, fig. 7, de notre tome 2, sous le nom de C'ycados- padix Moræanus, nous engagé à appliquer là même dénomination à celui que nous venons de décrire et qui se rattache au même niveau géognostique! Il ya cepen- dant une part de conjecture dans notre manière de voir, que nous ne proposons pas sans réserves. | :LocALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or) ; in corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet, EXPLICATION DES FIGURES. — Pl, 298, fig. 2, Cycados- padix Moræanus Sap., organe frangé et peltoïde considéré comme un carpophylle, grandeur naturelle. N° 3. — Cycadospadix Pasinianus, PL 298, fig. 3-4. Cycadospadix Pasinianus, Zigno, FI. foss. Form, oolith., I, p. 150, tab. XLIL, fig. 4-2. : DiAGNosE. — €. carpophyllo stipite ovulifero deorsum prædito, sursum in laminam late triangulari-ovatam, un- PERTE mi 2e 4 as DEN PT em TERRAIN JURASSIQUE. -—— VÉGÉTAUX. 467 dique obtusam, basi leviter peltoideam, margine superiori fimbriato-laceram: abrupte expanso, laciniis multiplicibus, fere æqualibus; linearibus, tenuiter sensim. apice :acumi- natis, mediis erectis,-lateralibus suberecto-patulis; pedun- culo plus minusve ‘elongato, 4-6 millim. lato, marginibus paralleliss Il est difficile de ne pas réunir au Cycadospadix Pasi- nianus-de M. de Zigno les. carpophylles que nous figu- rons, provenanttous deux du niveau de Cirin, l’un, fig. 3, d'Orbagnoux;-gisement qui nous a déjà fourni la fronde du Cycadites- Lorteti (4); l'autre de Cirin même, fig. 4, d'où l’a reçu, M. Depéret, professeur de géologie à la Faculté des sciences de Lyon, qui a bien voulu nous le communiquer. | - De ces deux! échantillons, le premier fait partie de. la collection de l’École des mines, et nous en devons la connaissance à M. Zeiller, qui le tenait. lui-même. de M. Jutier, inspecteur général des mines. Il correspond, selon nous; à la partie dorsale ou extérieure de l’ancien: organe. L'expansion frangée et, transversalement ovale qui le-surmonte se trouve soutenu, par un court pédon- cule, peut-être tronqué, large d'environ 6 millimètres vers le haut et le long duquel, sur l’un des côtés, on distingue un point saillant qui paraît correspondre: à l'insertion d’un ovule. Cette base pédonculée s'étale lar- gement et subitement, en donnant naissance à une expansion visiblement épaisse, transversalement étendue et latéralement arrondie, qui, le long de son bord supé- rieur, se trouve couronnée par une frange formée d’ap- (1) Voir ci-dessus, t. II, p. 75, pl. 82, fig. 1, 3. 168 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pendices nombreux ou lacinies, étroitement linéaires, atténuées en pointe au sommet, les médianes érigées, mais plus ou moins infléchies, les latérales étalées, mais repliées sur elles-mêmes, sur un des côtés. L'empreinte provenant de Cirin, fig. 4, ressemble beau- coup à la précédente; elle s’en distingue à peine par le. sommet un peu plus prolongé de l'expansion lamellaire. Celle-ci paraît faire voir sa face extérieure, et l’on dis- tingue l'insertion peltoïde du pédoncule. 1l semble aussi que la consistance de l’ancien organe eût quelque chose de laïineux à la superficie et le long du bord inférieur, largement arrondi. Les segments ou lacinies, qui consti- tuent la marge supérieure de l’ancien organe, sont étroitement linéaires et acuminés en pointe fine. Ils ne diffèrent pas de ceux de l’autre exemplaire, mais leur conservation est parfaite; ils suivent une direction verti- cale, et ceux du milieu ne s’écartent des latéraux que par leur dimension tant soit peu plus prononcée. On ne dis- tingue ni côte médiane sur l'expansion, ni pointe sail- lante tenant le milieu de la frange, et si une pareille pointe semble se montrer dans l’exemplaire d'Orba- gnoux, fig. 3, l'apparence en est due au rapprochement de deux lacinies contiguës, qui ont l'air de se confondre en une seule. | | | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cycadopadix Pasi- nianus Zign. est très distinct du C. Hennoquei Schimp. (1) de Hettange, dont l'expansion n’a rien de peltoïde et se trouve occupée par une côte moyenne dont la pointe s'élève en saillie au milieu de l’appareil frangé. L'espèce kimméridgienne peut être considérée sans invraisem- (1) Voir ci-dessus, t. IL, pl. 116, fig. 1, 5.- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 469 blance comme répondant à l'écaille fertile ou carpophylle de la plante dont le Cycadites Lorteti Sap., d'Orbagnoux, représente la fronde. | Locazrrés. = Schistes bitumineux d’'Orbagnoux (Ain} collection de l'École des mines; — calcaires lithogra- phiques de Cirin (Ain); collection de la Faculté des sciences de Lyon; étage kimméridgien inférieur ; d’après une communication de M. le professeur Depéret. EXPLICATION DES FIGURES, — PI. 298, fig. 3, Cycados- : padiæ Pasinianus Zign., carpophylle provenant d’Orba- gnoux, grandeur naturelle. Fig. 4, même espèce, carpo- phylle provenant de Cirin, grandeur naturelle. GENRE. — CYLINDROPODIUM. (Voir ci-dessus, t. I, p. 265, pour la définition du genre.) N° 4. —— Cylindropodium Rollandi, PI. 298, fig. 5. DrAGNOSE. — C. caule humili, cylindraceo, diametro vix 2 centim. metiente, elongato} petiolorum basibus incrassatis in areas transversim convexo-rhombæas spiraliter congestis, depresso-tumidis denseque confertis. in series regulariter ordinatas post frondium lapsus mutatis. Nous devons à M. Zeillerla connaissance de ce fragment d’une tige cycadéenne, trouvée par M. Rolland, ingénieur des mines, et appartenant à la collection de l'École des mines. Elle consiste dans le moule exact, par l'effet d’un procédé naturel, d’un tronçon caulinaire, remarquable par la forme cylindrique, mince et élancée de son con- 470 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tour. Sur une étendue verticale d'environ 5 14/2 centi- mètres, cette tige diminue très peu; elle est entièrement couverte d’écussons convexes, de forme rhomboïdale, transversalement élargis, fort nettement délimités et séparés les uns des autres par un étroit sillon: La régu- larité de ces écussons, ordonnés en rangées spirales, est telle qu’on serait tenté de les prendre pour des sommités d’écailles strobilaires, terminées par des apophyses,:si * quelques-uns ne laissaient entrevoir des traces de ceica- trices vasculaires, et ‘si d’ailleurs la forme strictement cylindroïde ne trahissait plutôt la présence d’une tige que celle d’un cône. Nous pensons reconnaître done dans cet échantillon une tige faible, mais relativement élevée, dont le pourtour se trouve ainsi occupé par les bases de pétioles accrescents, ainsi que les possèdent encore plusieurs Cycadées et conformément à ce qui existait jadis dans beaucoup de formes éteintes de ce même groupe. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cylindropodium Rollandi n’est qu'un moule naturel, opéré par voie de remplissage et par cela même sa structure intérieure ne saurait être déterminée ; on peut dire qu'il s’écarte notablement par l’aspect de toutes les espèces placées par nous dans le genre Cylindropodium (1). Il est plus mince que le C’. gra- cile Sap., dont il se distingue encore par la forme trans- versalement allongée de ses écussons pétiolaires. LocaLiTÉ. —- L’échantillon a été recueilli par M. Rolland dans une carrière du vallon qui débouche à Fontaine, sur la rive droite du Clain, au nord de Poitiers. Il provient des calcaires blancs, subcrayeux, du corallien, vers le (1) TN, p. 119, fig. 8. cn À , st ns us jé ts pt on té Re PR er 4 TERRAIN. JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 471 contact de cet étage avec l’oxfordien qui lui est super- posé. Le fittonia insignis, décrit par nous dans le tome II de cet ouvrage, a été trouvé sur un niveau équivalent et à une faible distance du point où a été découvert le Cylindropodium. Rollandi. | EXPLICATION DES FIGURES. — P1. 298, fig. 5, Cylindpas podium. Rollandi Sap., tronçon de tige naturellement moulée, grandeur naturelle. GENRE. — PLATYLEPIS,. Voir ci-dessus, t., Il, p. 276, pour la définition du genre.) N° 9. — platylepis Echinus. PI. 298, fig. G. DiAGNosE. — P. caule bulboideo, parvulo, undique squa- marum foliorumve basibus residuis erectis divaricatisque dense vestito ; partibus residuis linearibus, longitudinaliter striatis, dorso obscure carinatis. Nous ne savons comment définir ni à quel type rap- porter sûrement un curieux échantillon du corallien d’Auxey, dans lequel il nous semble reconnaître soit un strobile, soit une portion de tige bulboïde, moulée par un procédé naturel de fossilisation et se montrant à nous entièrement hérissée de résidus pétiolaires ou d’appen- dices écailleux encore en place. Les résidus, érigés dans le haut, sont repliés et divariqués dans le bas et affectent une ordonnance régulière, avec une forme linéaire; ils présentent des stries longitudinales très fines et l’appa- rence d'une carène dorsale, obscurément prononcée. 472 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Notre figure 6, pl. 298, grossie en 6°, montre tout ce que peut faire distinguer l'examen attentif de l'échantillon original. Quelques-uns des appendices semblent s’élargir vers le haut comme pour donner lieu à une sorte d’ex- pansion apophysiaire. Il nous a paru qu’à raison de sa structure apparente, le corps fossile qui vient d’être dé- crit pouvait, provisoirement au moins, prendre place parmi nos Platylepis, dont la seule espèce connue; P. micromyela (1), ne laisse pas que de ressembler un peu à l'échantillon d'Auxey. LocALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 298, fig. 6, Platylepis E'chinus Sap., fragment terminal d’une tige présumée, d’affinité incertaine, grandeur naturelle ; fig. 6°, le même grossi, pour montrer la forme et la disposition des appen- dices dont l’ancien organe est hérissé. GENRE. — CYCADEOSPERMUM. (Voir ci-dessus, t. IT, p. 235, pour la définition du genre.) N° 5. — Cyendeospermum Berlieri. PI. 298, fig. 3-4. DrAGNose. — C, semine late ovato, apice obtusissime attenuato, sulcis costulisque longitudinaliler undique exa- rato, costulis ad apicem conniventibus. Nous avons reçu, en communication de M. Girardot, (1) Voir ci-dessus, t. If, p. 278, pl. 120, fig. 1, 3. RÉ TERRAIN JURASSIQUE. — YÉGÉTAUX. 473 deux exemplaires de cet organe fructificateur, provenant de la collection de M. Berlier, à qui nous dédions l'espèce. Nos figures 3 et 4, pl. 298, les reproduisent très exacte- ment et, malgré les différences de dimension qui les distinguent, ils nous paraissent avoir appartenu à une même espèce et représenter les graines d’une Cycadée jurassique. La plus grande de ces graines, fig. 3, est large- ment ovoïde, terminée par un sommet obtus et marquée à la base d’une sorte de cicatrice d'insertion, d'où partent des costules entremêlées de sillons plus ou moins pro- noncés, quelquefois très profonds, semblables à des rides longitudinales qui s'étendent à la surface de l'organe et convergent vers le sommet. La seconde graine, fig. 4, ne diffère de l’autre que par des dimensions plus faibles : le sommet obtus de celle-ci, où viennent aboutir les costules superficielles, est occupé par une dépression en forme de cavité arrondie qui pourrait bien répondre à l’exos- tome. | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cycadeospermum Ber- lieri offre tous les caractères extérieurs d'une graine de Cycadée parvenue à maturité, détachée de son support et revêtue d'un tégument sillonné à la superficie de rides et de costules longitudinales. Il se rapproche évi- demment beaucoup du Cycadeospermum Schlumbergeri Sap. (1), et nous aurions été d'autant plus porté à le réunir à celui-ci, qu'ils proviennent d'un même niveau géognostique. Cependant, après un examen attentif, il nous à paru que l'espèce du Jura présentait une forme plus ovoïde, même conoïde, et des costules plus nom- breuses et plus irrégulières, Ce sont là néanmoins des (1) Voir ci-dessus, t. II, p. 244, pl. 117, fig. 11-19. 474 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. formes alliées de très près, et il n’y aurait aucune invraisemblance à supposer qu'ils eussent appartenu au même iype cycadéen, peut être aux Otozamites dont ils représenteraient les graines délachées de l'appareil fruc- tificateur. La cicatrice d'insertion, visible à la base de l’organe, est de nature à confirmer cette interprétation. LOCALITÉ. — Châtillon-sur-l’Ain (Jura); étage oxfor- dien inférieur, couches à Ammonites Renggeri; coll. de M. Berlier; communiqué par M. Girardot. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 298, fig. 3, Cycadeosper:- mum Berlieri Sap., graine complète, revêtue de son tégu- ment extérieur, vue de côté, grandeur naturelle: Fig. 4, même espèce, échantillon: de plus. pelite. dimension, grandeur naturelle. N°6, — Cyenadeospermum Choffati, PI. 298, fig. 5. DIAGNOSE, — C. Semine oblongo-ovato, sursum obtuse ad apicem altenuato, longitudinaliter octo veldecem costato, costis convexiusculis æqualibus, sulco commissurali ab,alte- rulra separalis. Nous dédions à M. Paul Chotfat, l'explorateur assidu de la région du Jura, actuellement fixé en Portugal, cette seconde espèce, provenant du même gisement que la précédente. Elle s’en écarte par les sillons réguliers, au nombre de 8 à 10, qui divisent sa surface en autant de côtes longitudinales, régulièrement disposées, égales entre elles et faiblement convexes. Nous considérons l'échantillon pyriteux, reproduit par notre figure 5, pl. 298, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 475 comme ayant appartenu à une forme curieuse, dont le mauvais état de conservation empêche de bien détermi- ner les vrais caractères. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cycadeospermum C'hofjati ressemble au C. Schlumbergeri par la disposition costulée de sa superficie; mais ici les costules sont plus larges, plus régulières et beaucoup moins nombreuses que dans l’espèce de Villers-sur-Mer (voir ci-dessus, tome II, p. 244- 245) avec laquelle il est difficile de la confondre. LocatTé. —"Châtillon-sur-l'Ain (Jura); étage oxfor- dien inférieur, couches à Ammonites Renggeri; coll. de M. Berlier; communiqué par M. A. Girardot. EXPLICATION DES FIGURES. — P1. 298, fig. 344, ; C'ycadeos- … permum Choffati Sap., graine convertie en pyrite, vue par côté, revêtue de son tégument extérieur, costulé; gran- deur naturelle. CONIFÈRES OU ACICULARIÉES, Notre tomelIll, dont l'achèvement date de 1884, entiè- rement consacré à l'étude des conifères jurassiques, est accompagné d’un court supplément, ajoutant deux formes de Brachyphyllum et une de Pachypyllum aux espèces de ces deux genres décrites dans le corps du volume. Nous complétons ici les notions précédentes par l’adjonc- tion d’un certain nombre de Conifères jurassiques, soit nouvelles, soit assimilables directement à celles que nous avions antérieurement signalées et servant à les faire mieux connaître. La plupart proviennent du gisement (1) Voir ci-dessus, t. IE, p. 244-245. : 476 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, d'’Auxey, près de Beaune, dont l'exploration récente, due à M. Changarnier-Moissenet, jette un jour si précieux sur la flore qui croissait dans l’est de la France, à l'époque où se déposait l'étage corallien. GENRE. — BRACHYPHYLLUM. . (Voir ci-dessus, t. II, p. 308, pour la définition du genre.) N° 3, — Brachyphyllum Desnoyersii. (Voir ci-dessus, t. IE, p. 331, pour la définition de l'espèce.) PI. 299, fig. 4-6. Inousa paru difficile dene pasrapporter au Brachyphyl- lum Desnoyersii, espèce du cornbrash ou bathonien supé- rieur de Mamers (Sarthe) et d'Etrochey (Côte-d'Or), qui remonte dans cette dernière localité jusque dans l’oxfor- dien, plusieurs échantillons du corallien d’Auxey, qui ne diffèrent deceux décrits en premier lieu par aucun carac- tère tant soit peu saillant. L'espèce aurait donc persisté sur les mêmes lieux, sans changement appréciable, à travers l'espace vertical qui sépare l’oxfordien inférieur du corallien, phénomène d'autant moins surprenant que l'on rencontre plus haut, dans le Kimmeridgien du niveau de Cirin, une forme de Brachyphyllum que nous avons nommée B. nepos, comme si elle n’était qu’un prolonge- ment assez faiblement modifié du 2, Desnoyersii. Malheu- reusement nous ne possédons de la forme corallienne d'Auxey que de très petits fragments à l’état d’emprein- tes, dont nos figures 4 à 6, pl. 289, reproduisent fidèle: ment les trois principaux. Les figures 4 et 5 ne font que rendre deux empreintes; mais la figure 6 représente le TL + TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 477 moule en relief d’une troisième empreinte, assez nette pour permettre de bien saisir l’aspect et le relief des feuilles, disposées en écussons ou compartiments con- vexes, à contours hexagonaux par l'effet de la compression mutuelle de ces organes, dont la partie saillante, cha- grinée à la surface, laisse voir dans le milieu une protubé- rance ou saillie terminale qui marque le sommet de la feuille. On voit donc ici, plus encore que chez les autres Brachyphyllum, la feuille réduite à l'état de simple saillie scutellée, structure qui avait porté Brongniart à appli- quer à ce type curieux la dénomination générique de Marmillaria, en le rapprochant de certaines Euphorbes arborescentes. Il est probable que la fossette ou bouton central, visible au sommet de la partie convexe, et dans laquelle Brongniart croyait reconnaître la cicatrice d’in- sertion d’une feuille ou d’aiguillons en tenant place, se rapporte à la glandule quise montre vers cet endroit dans la plupart des Cupressinées; mais dans aucune, au sein de l’ordre actuel, la feuille ne se trouve tellement réduite qu’elle consiste en une simple protubérance en forme d’écusson convexe. L'examen des échantillons d'Etrochey, qui se rapportent à des sommités de ramules, a fait voir que ces feuilles, dans leur nouveauté, affectaient une cer- taine saillie, mais qu'elles la perdaient à mesure que l'effort de la végétation amenaïit l'accroissement en dia- mètre de la jeune pousse. LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or) ; étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 299, fig. 4 et5, Brachy- phyllum Desnoyersii Sap., empreintes de rameaux, gran- deur naturelle. Fig. 6, même espèce, autre fragment de rameau d’après un moule en relief, grandeur naturelle ; 478 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. fig. 6°, même fragment grossi, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles. N° 4. — Brachyphyllum Moreauanum, he (Voir ci-dessus, t. III, p. 341, pour la définition de l'espèce.) ; PI. 299, fig. 42. Nous attribuons au PB, Moreauanum, si répandu dans le corallien de la Meuse, un fragment de rameau prove- nant d’Auxey, et qui ne diffère par aucun détail saisissable des échantillons précédemment figurés, ‘en particuliér de celui représenté par la figure 2, À 166, de notre tome III. - LocaurÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d' on: soie corallien; envoi de M: :Changarnier-Moissénets "t, 1140 EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 299, fig: 19, ré lum Moreauanum Sap., fragment de rameau, ESARIeT naturelle; fig. 12*, portion du même, grôssie, N° 5. — Brachyphyllum Jauberti. (Voir ci-dessus, t. III, p. 349, pour la définition de l'espèce.) | PI. 299, fig. 2-3 et 3 et 7. Nos figures 2 et 3 se rapportent aux deux côtés d’une même empreinte, celle d’un fragment de rameau, en:a, déjà épais et cylindrique, dont l'axe ligneux demeure vi- sible, à l’état de vestige, sous les feuilles squamiformes qui le recouvrent et se trouvent disposées en forme d'écus- sons aux compartiments étroitement contigus. Chacun d'eux correspond à l'emplacement d’une feuille dont Ja d af Fate RS TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 479 médiocre saillie donne lieu à une protubérance ou bou- ton central assez peu marqué. À côté de ce rameau principal, se trouve placé, en €, un fragment de ramule plus petit et probablement moins âgé, qui a dû apparte- nir à la même espèce, et que notre figure 3° représente sous un fort grossissement. On distingue, à l’aide de cette ampliation, des feuilles squamiformes, épaisses et cour- tes, rapprochées et cependant distinctes, dont la face convexe porte les vestiges d’une carène centrale peu pro- noncée, aboutissant À une protubérance qui devait cor- respondre au sommet de l'organe. La figure 7* reproduit un autre rameau dont les feuilles recourbées en faux et distinctement carénées, mais cependant très courtes, se rapportent au même type ét ont dû appartenir à une seule et même.éspèce, que nous identifions, tout consi- déré, à notre Prachyphyllum Jauberti décrit antérieure- ment d’après des échantillions provenant des calcaires lithographiques de Châteauroux (Indre). La présence de celte espèce dans le corallien d'Auxey, sur un niveau presque équivalent, n’a rien par elle-même que de fort vraisemblable. LocALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage collalien ; envoi de M. Chargarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl: 299, fig. 2 et 3, Brachy- phyllum Jauberti Sap., lès deux côtés d’une même em- preinte représentant un tronçon de rameau, a, accom- gné d’un fragment de ramule, b, grandeur naturelle; fig. 3”, le même fragment grossi. Fig. 7, même espèce, autre fragment de rameau, grandeur naturelle; fig. 7°, portion du même, grossie, pour montrer la forme ét l’agencement des feuilles. 480 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 10. — Brachyphyllum hettangense. PI. 298, fig. 1-2. DIAGNOSE. — B.ramis crassioribus, erecto-rigidis, nudis, apice obtusatis; foliis mamillæformibus, adpresse adnatis, areas Convexæiores, rhombæas hexagonulasque, exacte late- ribus convenienter formantibus, super ficiem ramulorum scu- tellis pyramidatim prominulis undique tegentibus. Le genre Brachyphyllum n'avait eu jusqu'ici d'autre représentant, dans l'infralias, que le seul 2. Papareli (1) Sap., mais nous avons reçu récemment en communica- tion de M. Eugène Pougnet, de Landrof, un échantillon recueilli par lui à Hettange, près de Metz, qui dénote la présence dans ce gisement d’une nouvelle espèce de ce genre, associée au Pachyphyllum peregrinum Schimp. et au Sphenolepis Terquemi Sap. L'échantillon de M. Pou- gnel, représenté par notre figure 4, pl. 298, et unique jusqu’à ce jour, consiste dans l’empreinte de l'extrémité supérieure d’un rameau simple, épais, rigide, cylindrique et terminé par un sommet obtus. Ce rameau a laissé, dans le grès à pâte fine, d’un blanc gris jaunâtre, dont la roche est formée, un moule creux, susceptible d’être reproduit en relief; et l’on obtient alors une exacte re- constitution de l’ancien végétal, dont notre figure 2, pl. 298, rend très fidèlement l'aspect. Les feuilles, ordonnées en spirale, dont le rameau est entièrement recouvert, sont adnées par toute leur base (1) Voir ci-dessus, t. III, p. 321, pl. 161, fig. 1-7. D OUEN TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 481 et strictement contiguës ; elles forment autant d’écus- sons rhomboïdaux ou subhexagonaux, généralement allongés dans le sens verlical et dont les linéaments commissuraux dessinent exactement le contour. Ces écussons, relevés en saillie ou occupés par une crête pyramidale, offrent à leur sommet la trace d’une glan- dule où bouton apical. Ces caractères sont bien ceux qui distinguent les Brachyphyllum, et nos figures 2*, 2? et 2° permettent de les apprécier. La sommité obtuse du ra- meau se trouve occupée par des feuilles plus courtes, plus petites, et, immédiatement au-dessous, on observe une agglomération de particules écailleuses et pressées étroitement, qui semblent avoir constitué un bourgeon latéral en voie de formation. Notre figure grossie, 2°, reproduit l'aspect de cette partie et, au total, il est diffi- cile de ne pas reconnaître à première vue un Brachy- phyllum dans l’espèce que nous venons de décrire. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Notre 2. hettangense Sap. ne saurait être confondu avec le Z. Papareli Sap. (4), dont les feuilles sont beaucoup plus petites, plus courtes, plus pointues au sommet et plus ou moins imbriquées ; mais il offre une analogie sensible avec le 2. Desnoyersü (Brngt.) Sap., du bathonien de Mamers (Sarthe) et d'Etro- chey (Côte-d'Or), que nous venons de signaler égale- ment à Auxey. L'aspect, la conformation des rameaux et celle des feuilles semblent à peu près pareils de part et d'autre, Cette affinité est une nouvelle preuve à l’appui de la persistance de certaines formes à travers la série jurassique presque entière. Pour se convaincre d’une parenté aussi étroite, il suffit de comparer la figure (1) Voir ci-dessus, t. HI, p. 161. 11° Sén: Vécératux., — IV, 31 482 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISF, grossie 2?, pl. 398, avec la figure 12°, pl. 164, et encore plus la figure 2°, pl. 298, avec les figures 5° et 6* de la planche 164, où se trouvent figurés de nombreux frag- ments de ramules du ZBrachyphyllum Desnoyersi Sap. Cependant, cette comparaison permet de reconnaître que les feuilles de l'espèce bathonienne sont plus élar- gies dans le sens transversal que celles du Ærachy- ohyllum de Hettange, qui peut être considéré comme l'ancêtre du premier. LocaLiITÉ. — Hettange-la-Grande, près de Metz (Mo- selle); étage infraliasique, zone à Ammonites angulatus ; envoi de M. Eugène Pougnet. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 298, fig. 4, Brachyphyl- lum hetlangense Sap., empreinte d’un rameau avec sa terminaison supérieure, grandeur naturelle; sur un grès fin à grain grisâtre, un peu différent de la roche la plus ordinaire. Fig 2, même rameau d’après un moule en relief de l'empreinte fossile, grandeur naturelle; fig. 2*, même échantillon, partie terminale grossie pour montrer l'existence présumée d’un bourgeon en voie de formation et l'apparence des feuilles voisines du sommet; fig. 2, même échantillon, plusieurs feuilles de la partie moyenne du rameau, grossies; fig. 2°, même échantil- lon, autres feuilles observées vers la base du rameau, grossies. Hé: ” Fes RS OR PO PER EN EN Éd à jee ma à cr : rs à ns À A cet AC M IE MR Ben 20 Ce CE LORT ER LS RS “À RE E PEE e sai r cr Set D i-ma: CF DE nu BAR En Des LS 8 D VE TERRAIN JURASSIQUE. —: VÉGÉTAUX. 483 GENRE. — PACHYPHYLLUM. (Voir ci-dessus, t. ILE, p. 3:3, pour la définition du genre.) N° 6. — Pachyphyllum curtifoliumn. PI. 299, fig. 8-11. DiAGNOSE. — 2. ramis ramulisque erecto-rigidis; foliis crasse coriaceis, e basi lata sursum dorso breviter pyrami- datim elevato-incurvis, obtusissime productis, mox ætatis effectu in scutellas convexiores medio tumidas contermine rhomboideas tandem mutatis. Ce n’est pas sans hésitation que nous rapportons à un Pachyphyllum et à une espèce voisine, mais distincte du P. rigidum Sap. (1), plusieurs empreintes du coral- lien d'Auxey, reproduites par nos figures 8 à 114, pl. 299. On croirait presque avoir sous les yeux un PBrachy- phyllum, tellement les feuilles épaisses et courtes ont peu de saillie. Pourtant la figure 41, qui représente un fragment de ramule, encore jeune, laisse voir des feuilles larges et courtes, trigones et légèrement incli- nées en faux, terminées par un sommet des plus obtus. Notre figure grossie, 11°, permet de reconnaître la forme et l’agencement de ces feuilles et d’entrevoir aussi les fines rayures qui les parcourent. Ces rayures, chez les Pachyphyllum, répondent à des rangées de stomates. Les figures 8 à 10 se rapportent, selon nous, à des ra- meaux plus avancés en âge, mais ayant appartenu à la même espèce. La figure 8 représente l’un d’eux à l’état (1 Voir t. HE, p. 391, pl. 177-1779. “84 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. d’empreinte et laisse voir la saillie et la courbure des feuilles latérales, vues de profil; mais l'apparence de ces feuilles est encore mieux rendue par la figure 9, qui re- produit le même échantillon, d’après un moule en relief. On voit qu'eiles s'élèvent en forme de mamelon court et pyramidal. Cette structure ressort également de l'exa- men d’une autre empreinte reproduite par la figure 10 et et dont la figure 10° montre une portion fortement grossie, avec son relief restitué. Les feuilles inscrites sur une aire rhomboïdale, allongées dans le sens de la 1on- gueur, et étroitement conniventes, donnent lieu à une saillie pyramidale des plus obtuses, terminée par une protubérance apicale arrondie et subdéprimée. Des stries et des carènes partent de ce point en rayonnant vers les angles de l’aire rhomboïdale. Ces feuilles se montrent ici élargies et transformées en écussons par les progrès de l'âge à mesure que les rameaux qui les portaient ga- gnaient en épaisseur. C’est du moins l'opinion que nous formulons comme la moins invraisemblable, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C'est au Pachyphyllum ri- gidum Sap. que ressemble le plus l'espèce que nous venons de décrire ; mais ses feuilles sont sensiblement plus courtes, et se transformaient plus rapidement en écussons convexes et pyramidaux-déprimés. Le ?. curti- folium peut: encore être comparé au P. cirinicum Sap. (1); mais les feuilles de celui-ci, plus distincte- ment recourbées en faux, sont aussi plus acuminées au sommet. Il est enfin une autre espèce à laquelle notre Pachyphyllum curtifolium doit être comparé, c’est l’Arau- caria lepidophylla Sap., d'Armaillé, dont nous avons (1) Ci-dessus, t. IIT, p. 402, planches 180-18?; NF PTUE 01 At 2 a a Re EN M OR PAPE D RO RES RE 2 Là tee % co Dem cr Ÿ PTE NT CORRE T7 En pen u sont e SE ER SE ARE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4S5 figuré un petit ramule (1) et dont l’analogie avec le Pa- chyphyllum d'Auxey est assez étroite pour être men- tionnée, bien qu'il nous semble difficile de tirer de ce rapprochement une conclusion absolue relative à l'affi- nité mutuelle des deux formes fossiles. La présence d'une empreinte de strobile, rencontré dans le même gisement que les ramules, et semblable à ceux que nous avons attribués aux Pachyphyllum, constitue un indice de plus favorable à l'attribution adoptée par nous, bien que le mauvais état de l'empreinte en question en ait empêché la reproduction. LocaLiTÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or), étage corallien; envoi de M. Changarnier-Moissenet, EXPLICATION DES, FIGURES. — PI. 299, fig. 8, Pachy- phyllum curtifolium, fragment d’un rameau à l’état d'em- preinte, grandeur naturelle. Fig. 9, le même d'après un moule en relief, grandeur naturelle. Fig. 10, même espèce, autre rameau à l'état d'empreinte, grandeur na- turelle; fig. 10*, portion du même, d’après un moule en relief, fortement grossi. Fig. 11, même espèce, fragment d'un ramule jeune, grandeur naturelle; fig. 11°, le même assez fortement grossi. GENRE. — CHLIROLEPIS. ‘(Voir ci-dessus, t. II, p. 490, pour la définition du genre.) N° 9, —_ Cheirolepis obseura, PI, 299, fig. 14. Dragnose. — Ch. foliis secus ramulos spiraliter ordi- (1) Tome IN, p. 443, pl. 187, fig. 2. 186 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. natis, dense insertis, laxe imbricatis, lanceolatis, acutis, apice leviter falcato-incurvis, dorsu autem tenuiler cari- natis. L Ce n’est pas sans beaucoup de doutes que nous attri- buons aux Cheirolepis un fragment de rameau simple, cylindrique, recouvert de feuilles squamiformes, nom- breuses, disposées en spirale, assez lâächement imbri- quées, oblongues-lancéolées, apiculées et incurves supé- rieurement, portant sur la face dorsale une carène faiblement marquée. Il nous a paru que cette ordonnance avait beaucoup d’analogie avec celle qui distingue les divers rameaux de Cheirolepis, particulièrement ceux du Ch. Escheri Hr., espèce du grès infraliasique de Mende (Lozère). RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si le rameau reproduit par notre figure 14, pl. 299, a réellement appartenu au type des Cheirolepis, on ne saurait le confondre avec ceux du Ch. Escheri Hr., dont les feuilles sont plus courtes, moins nombreuses et plus divariquées; mais nous ne proposons que sous toutes réserves, et pour ne négliger aucun indice, l'attribution d’un aussi petit fragment au genre singulier créé par Schimper et dont les écailles strobilaires, naturellement caduques à la maturité, étaient divisées sur les bords en lacinies plus ou moins pro- fondes. LocaLiTÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 299, fig. 14, Cheirolepis ? obscura Sap., fragment de rameau, grandeur naturelle ; fig. 14°, portion du même, grossie. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 487 GENRE. — ECHINOSTROBUS. (Voir ci-dessus, t. IT, p. 530, pour la définition du genre). N° 2, — Kehinostrobus? Moisseneti. PI, -299, fig. 43. Diagnose. — Æ° ? ramis cylindricis; foliis secus ramulos spiraliter ordinatis, multiplicibus, dense adpressim imbri- catis, breviter lanceolatis, obtuse acutis, convexiusculis, contermine rhomæbis, versus apicem grandula resinifera sæpius notatis. Il nous semble reconnaître, dans un petit fragment de rameau, reproduit très fidèlement par notre figure 13, pl. 299, et grossi en 13°, d'après un moule en relief, les caractères distinctifs des £chinostrobus. L'ordonnance des feuilles, leur mode d’imbrication et leur aspect se trou- vent conformes effectivement aux détails reproduits par nous sur la planche 199 de notre tomelIll, d’après l’échan- tillon original du Muséum de Munich. Il nous a paru seu- lement que, dans l'échantillon du corallien d’Auxey, les feuilles étaient plus petites, plus nombreuses, plus cour- tes et plus distinctement carénées. Ce sont là desnuances différentielles trop faibles cependant pour permettre d'affirmer, soit une distinction spécifique réelle, soit l’af- finité générique des deux formes. LocauiTÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet, à qui nous dédions l'espèce. EXPLICATION DES FIGURES, — P]. 299, fig. 13, £'chinostro- 188 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. bus ? Moisseneti Sap., fragment de rameau, grandeur naturelle; fig. 13*, portion du même, grossie, d’après un moule en relief de l'empreinte, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles. GENRE. — WIDDRINGTONITES. (Voir ci-dessus, t. Ill, p. 557, pour la définition du genre.) N° 4, — VViddringtonites megalophyllus. PI. 299, fig. 15-19. Diagxose. — W? ramis robustioribus, elongatis; foliis laxe imbricatis, allernis subospposilisque, squamæformibus, lauceolatis, plus minusve, quandoque longius acuminatrs apice incurvo-falea!is, dorso leviter carinatis. En rapportant aux Widdringtonites, type d’une déter- mination. vague et flottante, les fragments de rameaux reproduits par nos figures 15 à 19, pl. 299, nous ne sau- rions rien affirmer de certain à leur endroit, tellement nous avons hésité à voir en eux des Cupressinées, plutôt que des Brachyphyllum où même des Araucaria. Les emprein- tes ne sont ni assez étendues ni assez nettes pour per- mettre d’asseoir un jugement, et nous nous confenterons d'avancer qu'il existe une forte analogie entre.ces échan- tillons et plusieurs de ceux que nous avons antérieure- ment figurés sous la dénomination de Widdringtonites ou de Sequoivpsis (1). 11 est certain, par exemple, que les _Widdringtonites keuperianus Hr. etcreysensis Sap., présen- (4) Voir ei-dessus, t. LI, pl. 201 et 202. (2) Tome I, pl. 201, fig. 1 et 8, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 489 tent une ressemblance des plus étroites avec les échan- tillons, fig. 45 à-17, de notre planche 299, La diffé- rence réside particulièrement dans la dimension plus élevée de ces derniers. Les figures 18 et 19 montrent, il est vrai, des feuilles plus allongées, plus acuminées, avec une incurvation de sommet qui les rapproche des parties correspondantes des Araucaria. Il semble pourtant que tous ces débris aient fait partie d’une seule et même es- pèce, que nous rangeons provisoirement parmi les Wid- dringtonites, en attendant que de nouvelles découvertes éclairent au sujet de leur classement définitif. LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); étage corallien ; envoi de M. Changarnier-Moissenet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 299, fig. 15, Widdring- Lonites megalophyllus Sap., fragment de rameau, grandeur naturelle. Fig. 16, même espèce, autre fragment de ra- meau, grandeur naturelle. Fig. 17, même espèce, autre fragment de rameau, grandeur naturelle. Fig. 18 et 19, même espèce, deux fragments de rameaux garnis de feuilles plus acuminées que celles des échantillons pré- cédents, grandeur naturelle ; fig, 49%, portion du même échantillon, grossie. : PROANGIOSPERMES GENRE. — YUCCITES. (Voir ci-dessus, p. 69, pour la définition du genre.) Sous le nom de Yucciles, nous avons compris, à l’exem- ple de Schimper, des feuilles ou parties de feuilles ruba- nées ou simplement linéaires, sans autre nervure visible 590 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que des stries ou costules longitudinales, le plus souvent perdues dans l'épaisseur d’un limbe de consistance co- riace, sans vestige de médiane, mais avec des traits ou veinules transverses, réunissant entre elles les nervures longitudinales, nettement visibles dans certains échantil- lons, et dont l'existence est seulement présumée dans beaucoup d’autres. La nature des tiges et le vrai carac- tère des végétaux auxquels se rapportent ces feuilles demeurent pleinement inconnus. Il est permis de sup- poser cependant que ces végétaux ne s’écartent pas sen- siblement ou même se rapprochent de très près de ceux que le comte de Solms a contribué à faire connaître et auxquels M. Carruthers avait appliqué la dénomination de Bennetites. Ces Yuccites, c’est-à-dire les feuilles éparses ainsi nommées, qui commencent à se montrer dans le trias, tiennent une certaine place dans l’infralias de Het- tange, où nous avons signalé la présente des Yucviles hettangensis et viltæformis {!). Pour mieux faire ju- ger de la fréquence de ces sortes de vestiges, nous figu- rons une grande plaque de Hettange, pl. 299, fig. 14, que nous devons à M. Eugène Pougnet et à la surface de laquelle on distingue de nombreux tronçons et lambeaux de Yuccites, se rapportant pour la plupart au Y. vittæfor- mis Sap. Un de ces lambeaux, fig. 4, en à, représente, selon toute apparence, la base d’une feuille, y compris l'onglet par lequel avait lieu l'insertion de l'organe sur l’ancienne tige. Les nervures longitudinales sont à peine distinctes eton reconnaît à la coloration foncée de la par- tie inférieure de l'empreinte que la consistance du limbe augmentait d'épaisseur en approchant de sa base, dansle (1) Voir ci-dessus, p. 74 et 18, pl. 234, fig. 2; pl. 245, fig. 1-3, et 253, fig. 1. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 491 haut, et sur les deux côtés de cette feuille interrompue par le bord de la plaque, on observe, en a, deux autres petits lambeaux bien plus étroits et, qui nous semblent avoir appartenu à une espèce différente. N° 4. — Yuecites angustifolius. PI. 299, fig. 4 et 4°. DrAGNOSE. — Ÿ. foliis stricte linearibus, firme coriaceis, integris, marginibus parallelis ; nervis longitudinalibus ple- rumque immersis, tenuibus, multiplicibus, fere imperspicuis, costa media nulla. | Les deux fragments, d’après lesquels nous établissons l'espèce, sont étroitement linéaires, à bords parallèles, entiers, de consistance sans doute coriace. Les nervures longitudinales qui les parcourent, extrêmement fines et plus ou moins nombreuses, sont à peine visibles ; mais on constate l'absence d’une médiane et peut-être aussi l’in- tercalation de nervures plus faible dans l'intervalle qui sépare les principales, pl. 299, fig. 4° et 4?. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le limbe, beaucoup plus étroit que dans le Yuccites vittæformis, permet de distin- guer au premier coup d'œil notre Ÿ. angustifolius des deux espèces qui leur sont associées dans le gisement de Hettange. S'il s'agissait d’une forme tertiaire, on croirait voir l’empreinte d’une feuille de Sparganium ; mais la faible étendue des fragments, sur lesquels est établie l'espèce, ne permet aucune présomption à leur égard, d’au- tant plus que les nervures paraissent à peine percep- tibles. 492 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, LOCALTÉ. — Hettange, près de Metz; étage infraliasi- que; envoi de M. Eugène Pougnet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 299, fig. 4, en a a, Fuc- cites angustifolius Sap., tronçons de feuilles, grandeur naturelle; fig. 1° et 1”, porlions des mêmes, grossies. GENRE. — GONIOLINA. (Voir ci-dessus, p. 207, pour la définition du genre.) Nous avons dit précédemment tout ce que nous savions sur ce type curieux, d’après les documents venus entre nos mains ; mais au moment où s'achève l'impression de notre supplément, nous recevons, par l'entremise de notre ami M. Zeiller, communication de deux formes inédites de Goniolina, appartenant à la collection paléon- tologique de l'École supérieure des Mines, et qui nous paraissent spécifiquement distinctes du Goniolina geo- metrica, d'Orb. Nous nous empressons de les publier ici, en remerciant M. Zeiller d’avoir bien voulu nous les signaler. N° 2. __ Goniolina dJaneti. PI. 300, fig. 3. DiAGNosE. — G. spadice fructifero, strobilaceo, elliptice ovoideo, subcylindraceo, deorsum paulisper attenuato, sur- sum autem rotundato, areolis superficialibus spiraliter ordinatis, depressiusculis, contérmine hexagonulis, stricte __conniventibus undique tecto. | L'exemplaire, résultant du remplissage de la cavité, 4 mé TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 493 due à la décomposition de l'ancien organe, constituant ainsi un moule en relief, parfaitement intact, de celui-ci, sauf le pédoncule dont le point d'attache est visible, affecte une forme ovoïde allongée, dessinant un ellip- soïde plus arrondi au sommet qu’à la base, légèrement atténuée, de l'appareil dont le sommet se termine en une coupole arrondie. Les compartiments superficiels, en grande partie intacts, affectent à peu près la forme et les dimensions de ceux qui caractérisent le Goniolina geo- metrica, Notre figure grossie 3*, pl. 300, en reproduit exactement la forme et la disposition, sous un assez fort grossissement. On voit que ces compartiments, dont la régularité est parfaite, séparés les uns des autres par des sillons commissuraux, n’ont qu’une faible convexité à la surface, et certains d’entre eux laissent entrevoir la trace d’une dépression centrale, Leur disposition en rangées spirales multipliées et contiguës est parfaitement visible. RappoRTS ET DIFFÉRENCES. — Notre Goniolina Janeti, dédié à M. Janet, à qui est due la découverte, s’écarte très peu de l’espèce ordinaire, G. geometrica, d'Orb. : cependant, comparé aux échantillons de ce dernier, figurés par nous et à celui de, Rœmer, reproduit sur notre planche 259, il paraît sensiblement plus oblong, en sorte que son contour dessine un ellipsoïde plus allongé, et cette différence nous a paru suffisante pour motiver une séparation spécifique que semble confirmer, sinon la forme, du moins la disposition en rangées spirales plus obliques des compartiments onu écussons super: ficiels. 7 | Locauiré.. = Charente-Inférieure; ‘étage corallien ; coll. de l’École des Mines. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 300, fig. 3, Goniolina 194 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Janeti, Sap., fruit agrégé, moulé en plein par un procédé de fossilisation, grandeur naturelle; fig. 32, écussons superficiels reproduits sous un grossissement de 4 fois le diamètre. N°3. — Gomiolina miecromera. PI. 300, fig. 4-6. DIAGNOSE. — (x. receptaculo spadiciformi, ellipsoideo, basi apiceque oblusissime attenuato, e carpellis vel ele- mentis sexualibus innumeris, dense adpressim qglomeratis, in areolas minutissimas pressione mulua superficialiter hexagonulas undique tecto. Nous devons à M. Zeiller et à M. Douvillé la connais- sance de cette remarquable espèce, qui rentre certaine: ment dans le cadre des Goniolina ordinaires, tout en -s’écartant de ceux-ci par l'extrême minutie des éléments implantés sur le spadice réceptaculaire. Les comparti- ments superficiels qui résultent de l’agglomération et de la pression mutuelle de ces éléments sont d’une telle petitesse que, malgré leur parfait état de conservation, le dessin est impuissant à en rendre l'aspect. Il est néces- saire de recourir, pour s’en faire une idée, à notrefigure grossie 5*, pl. 300, qui permet de constater que leur di- mension en diamètre n’est que de la moitié au plus de celle des parties correspondantes de l’espèce décrite ci- dessus, Goniolina Janeti, et du quart environ si on les compare à ceux du Goniolina geometrica, dont nos figu- res, pl. 256 et 260, ont reproduit l'aspect sous plusieurs grossissements. Cette petitesse est telle, bien que la forme exacte du contour de chaque écusson soit toujours “té CET PECETEETSEEE EE EL DU DEL AR à me 40 EUX 1 LLA Mn ms Je AN PR CCE 3 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 495 un hexagone, qu'on est autorisé à se demander si nous n’aurions pas ici, au lieu d’un spadice femelle ou d’un fruit agrégé, l'appareil mâle d'un Gontolina, offrant les éléments de ce sexe, c'est-à-dire au lieu de carpelles, des sacs polliniques agglomérés, insérés en très grand nom- bre sur un réceptacle spadiciforme, destiné à leur servir de support. En admettant, chez les Goniolina, ce qui n’a rien que de naturel en soi, la séparation des sexes sur des organes ou des pieds différents, l'hypothèse est parfaitement ac- ceptable, bien qu’elle ne repose pas même sur un com- mencement de preuve. On distingue pourtant, sur l’un | des trois échantillons recueillis, autour du point d’atta- che du pédoncule dont l'insertion est restée visible, le prolongement des éléments qui recouvrent entièrement le spadice et montrent leur profil sur ce point. Ils sont distribués en rangée circulaire; ainsi que l’on peut s’en assurer en consultant notre figure 6, pl. 300, qui les re- produit sous un assez fort grossissement, et sous l’aspect d'autant de petits corps cylindriques ou minces cornets, tronqués dans le haut et aboutissant dans cette direction à l’aréole ou compartiment dont l'assemblage recouvre d’une mosaïque superficielle le pourtour entier de l’an- cien organe. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La forme ellipsoïde du contour et surtout l'extrême petitesse des compartiments distinguent fort nettement notre (Goniolina micromera de ses congénères, particulièrement de l'espèce la plus répandue, le Goniolina geometrica, qui se rapporte du reste, à l'horizon du corallien, tandis que celui que nous venons de décrire provient d’un niveau oolithique très inférieur. 496 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. LocaLirÉ. — Châtillon-sur-Seine ; étage bajocien, coll. de l’École des Mines. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 300, fig. 4, Gonmiolina micromera, Sap., spadice reproducteur, grandeur natu- relle. Fig. 5, même espèce, autre spadice, grandeur na- turelle; fig. 5°, plusieurs compartiments superficiels grossis. Fig. 6, même espèce, autre échantillon, base du spadice à. l'endroit correspondant à l’origine du pédon- cule, avec l'insertion des éléments sexués, pour fairevoir la disposition de ceux-ci, sous un assez fort grossis- sement. ÀA'PPENDICI E. ALGUES GENRE. — ZONARITES. Zonarites, Sternb. (ex parle), Vers., II, p. 24. — Brngt., Tab. des genres de vég. foss., p. 11. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 10. — Schimp., Traité de Pal. vég., UT, p. #44. DIAGNOSE. — /rons membranacea, plana, flabellifurmis, ecostata, enervia, pluries dichotome partita. Zonarides, Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 186. Fucoides, ST; Dictyotites, Brngt., Hist, des vég. foss., I, p. 67. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre Zonariles est un cadre originairement créé pour y comprendre, d’une part, deux Algues douteuses de Monte-Bolca et, d’autre ait, ÉD per eee. db, es CSS _ 7: Mn ER à Dauer a por ed Pr 2 sn. mb Fr 5% PR A A mm mm mar ame pe a ss L £ de UP: gi Le ja 2 ER LE RE ie à ro : 1 ' à d = L gi PE \ æi TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4197 part, une empreinte flabellée multifide des schistes cui- vreux de Mansfeld, Zonarites digitatus Sternb.,. dans laquelle on a, plus tard, cru reconnaître avec plus de raison un Baiera (1). La délicatesse du tissu, l'absence de nervures, le mode de partition semblent dénoter une certaine affinité entre l’espèce que nous allons décrire et les Zonaria actuels, qui appartiennent à la famille des Dictyotées et offrent extérieurement un aspect sensible- ment analogue. N° 1. — Zonarites? gracillimus. PI. 300, fig. 1. Diacxose. — Z.? fronde pluries dichotome partita, seg- mentis auguste linearibus, elongatis, enerviis. L'échantillon auquel nous appliquons la dénomination : de Zonarites gracillimus, non sans incertitude, il est vrai, nous à été transmis dernièrement par M. Changarnier- Moissenet qui l'avait recueilli aux environs de Meursault (Côte-d'Or). Il consiste en une empreinte très légère et un peu vague, reproduite par notre figure 1, pl, 300, que l’on serait tenté, au premier abord, de prendre pour celle d’un Baiera. Mais l'absence de nervures et l’impos- sibilité de distinguer une terminaison inférieure nous persuadent qu'il s’agit plutôt, soit d'une Algue, soit en- core d’une plante marine plus ou moins analogue au type des Zostères. Dans le haut, on constate une sorte de partition, par dichotomie alternative, des segments tou- (1) Voyez précédemment, t. II, p. 271. Ile Sén, Vécéraux. — IV, 32 498 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. jours égaux entre eux, élancés, étroitement linéaires, sans traces de nervures d'aucun ordre. Dans le bas, le segment d'où sortent les subdivisions de la fronde semble se rattacher à une branche plus forte, elle-même termi- née par un épatement qui n’est pas sans rapport avec les expansions terminales du type d’Algues, décrit dans notre tome I sous le nom d’/tiera. Il nous est impos- sible d’insister davantage sur notre Zonariles, sinon pour exprimer, à l'égard de son attribution présumée, les ré- serves les plus formelles. LocaLITÉ. — Environs de Meursault (Côte-d'Or), étage bathonien moÿen, d’après les indications de M. Chan- garnier-Moissenet, à qui est due la découverte de l'échantillon. EXPLICATION DÉS FIGURES. — PI]. 300, fig. 14, Zonarites? gracillimus, Sap., fronde ou phyllome présumé, grandeur naturelle. CHARACÉES GENRE. — CHARA. (Voir ci-dessus, t. I, p. 213, pour la définition du genre.) N° 3, — Chara Maillardi. PI. 298, fig. 6-7. DraNost. — Ch. fructu minuto, 0,60-80 millim. circiter longo, pyriformi; valvis spiralibus obliquissimis, a latere visis 0-7, Les fruits de ce Charu, confondus avec ceux du Ch. Jac- cardi Hr., dont nous avons donné antérieurement la PRRDETES RACE Reg EAU ln fm DA A 188 0 ELA A PL LR 6 dc ARR + Mo DE VS ee |: ME -2 Le 1 LE Dh en 4 À À A M 1 \ mn k TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 99 description, ont été rencontrés par M. Gustave Maillard, auteur d’une étude stratigraphique etla monographie des Invertébrés du Purbeckien de la montagne du Jura (1), dans la partie tout à fait supérieure des lits d’eau douce purbeckiens, et c’est à ce savant ami de M. Girardot, à qui nous sommes redevable de l'avoir connue, que nous sommes beureux de dédier la nouvelle espèce. A cette hauteur de l'échelle géognostique, et dans un mince niveau saumâtre, immédiatement superposé aux couches purement lacustres, M. Girardot a observé des grains et aussi des tiges brisées de Chara, parfois même des portions offrant des traces notables de verticilles fo: liaires. Le principal gisement est à Pont-de-la-Chaux, près de Châtelneuf (2); mais, à ce niveau, M. Girardot observe des grains de deux sortes : les plus nombreux identiques, selon M. Maillard, à des grains trouvés par lui à Feur- tilles (Jura neuchâtelois) et trop peu éloignés de ceux du Chara Jaccardi pour en être distingués, sinon à titre de simple variété; les autres sont ceux que nous allons dé- crire. — Ce sont des grains beaucoup plus gros, pyri- formes, souvent déformés, offrant à leur extrémité obtuse des traces de coronule, atténués vers l’autre extrémité et pourvus de tours de spire obliquement dirigés, presque longitudinaux, au nombre de 6 à 7 sur la face visible, Ce sont ces grains de Chara Maillardi que M. Girar- dot, dans un mémoire publié en 1885 (3), désignait provisoirement sous la mention de « grains pyriformes voisins des Chara », tandis que le Chara Jaccardi se trouvé - (1) Mém. de la Soc. paléont. suisse, 1885, (2) Fragments de Recherches géolog. dans les environs de Chdtels neuf (Jura). (3) Bull, de la Soc. géol. 3° série, t. XII, p. 744 à 168. 500 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. désigné sous la dénomination de Chara nov. sp.; mais dans le compte rendu de la réunion du Jura, le même auteur a mentionné le Chara Jaccardi sous son véritable nom et notre Chara Maillardi, sous celui de CA. nov. sp. seulement ; les indications de fréquence doivent être in- terverties, puisque l’espèce la plus répandue esttoujoursla première, tandis que le Ch. Maillardi ne se trouve que dans le Purbeckien supérieur, où il est seulement « assez fréquent ». Nous devons à M. Girardot les indications pré- cédentes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le contour pyriforme ou, si l'on veut, turbiné et Ja direction tout à fait oblique des tours de spire valvaires distinguent nettement les fruits de notre, Chara Maillardi de ceux du Ch. Jaccardi Hr., que nous avons décrit et figuré antérieurement (1), et auxquels le premier se trouve associé dans les gisements du Jura. Cette nouvelle espèce nous semble en outre s’é- carter beaucoup de la plupart de celles signalées jusqu’à ce jour, à l’état fossile. Une des moins éloignées paraît être le Chara Grepini Hr., dont les valves spirales sont cependant bien moins obliquement dirigées. LOCALITÉ. — Pont-de-la-Chaux, près de Châtelneuf (Jura) ; couches lacustres du Purbeckien supérieur et ni- veau saumâtre immédiatement superposé à ces couches. EXPLIGATION DES FIGURES. — PI. 298, fig. 6, Chara Mail- lardi Sap., fruit vu de côté avec un vestige de coronule, grandeur naturelle ; fig. 6*, le même, grossi. Fig, 7, même espèce, autre fruit, grandeur naturelle; fig. 7° et 7», le même sous deux grossissements, pour montrer la dispo- sition presque longitudinale des valves spirales. (1) Tome I, p. 216, pl. 9, fig. 12-13. TERRAIN JURASSIQUE — VÉGÉTAUX, 501 FOUGÈRES GENRE. — LONCHOPTERIS. Lonchopteris, Brngt., Hist. des vég. foss., L, p. 367. — Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 620. DIAGNOSE. — rondes pinnatim partitæ; pinnulæ seu segmenta ultimi ordinis plus minusve basi confluentes, coria- ceæ, medio sulcatæ, margine recurvæ; nervi laterales sub angulo acuto emissi, inter se in rele polygonum conjunctæ. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre a été créé pour servir de cadre à plusieurs Fougères remarquables du terrain houiller. Il est essentiellement caractérisé, selon Brongniart, par la disposition régulièrement réliculée des nervures secondaires de chaque pinnule, sur les cô- tés d’une médiane plus ou moins prononcée. La seule espèce secondaire signalée jusqu'ici est le Lonchopteris Mantelli Brngt., rencontré en France, à Beauvais, à l'extrême base de la craie, et en Angleterre dans la forêt de Tilgate. Schimper soupçonnait celte espèce d’appar- tenir au genre Pteris et de n'avoir de commun avec les formes houillères congénères que la réticulation veinu- leuse des pinnules. Il nous a paru, au dernier moment, que l’une des empreintes du corallien de Beaune présen- tait les caractères propres aux ZLonchopteris, ce qui nous engage à faire prendre place à ce lype dans notre ap- pendice. 502 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 1. — Lonchopteris? rugosula. PI. 300, fig. 2. DIAGNOSE. — ZL. fronde pinnatim partita, pinnis lineari- bus, elongatis, sensim ad apicem atlenuatis, pinnatifidis ; pinnulis seu segmentis ullimi ordinis inter se basi coalitis, pro parte liberis, obtusis; nervulo pinnularum medio vix expresso, mox, ut videtur, evanido ; nervulis lateralibus in rele superficialiter rugoso-anfractuosum solutis. Il n'existe qu’un seul petit fragment de penne de cette espèce observée par nous sur un morceau de grès dont il occupe une des faces. Il nous a paru, malgré le peu de netteté de l'empreinte, qu’elle se rapportait à un ZLon- chopteris dont les pinnules, couvertes de rugosités super- ficielles et pourvues d’une médiane très faible, présen- taient un réseau veineux conforme à celui des Lonchop- teris. Pour que l'attribution, que nous proposons sous toutes réserves, se trouvât confirmée, il faudrait découvrir des exemplaires mieux conservés. M. Changarnier-Mois- senel nous a affirmé ne pas en avoir rencontré de pareils. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les rugosités superficielles des pinnules, l’obliquité de celles-ci; enfin leur soudure réciproque distinguent notre Zonchopteris? rugosula du L. Mantelh, qui, du reste, se rapporte à un niveau géo- gnostique bien plus élevé que celui sur lequel se place le corallien d'Auxey. LOCALITÉ. — Auxey, près de Beaune (Côte-d'Or); envoi de M. Changarnier-Moissenet; étage corallien. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 300, fig. 2, Lonchopteris rugosula Sap., fragment de penne, grandeur naturelle ; fig. 2°, plusieurs pinnules grossies. [TR 70e on ee de dome ee ne ne ne ne a TL ES EIT EE ERERENeReENsEEss DETENTE ER RTE EL 1 » 014 phone + TABLEAU GÉNÉRAL — CONCLUSIONS Nous nous exposerions à trop de redites, en voulant reprendre l'analyse de la flore jurassique tout entière, telle qu’elle ressort à nos yeux d’une exploration de vingt ans. La science marche, il est vrai, d’un tel pas qu’on se trouve aisément distancé par elle, et un travail de longue haleine tend à devenir imparfait, à raison même des efforts et du temps qu'il exige, Nous préférons ren- voyer le lecteur aux différentes parties de l'œuvre que nous terminons, s’il tient à en saisir l'esprit, avec le bé- néfice de cette observation que nous sommes revenu plus d’une fois en arrière, soit pour reconnaître des erreurs, soit pour corriger ce qu'un premier jugement pouvait avoir de trop absolu, soit enfin, comme dans le cas des Spirangium, pour exposer des résultats d’une découverte jetant un jour nouveau et inattendu sur une question jusqu'alors obscure ou controversée. IL n’est pas besoin d'affirmer qu’à ces divers égards la dernière de nos opinions est toujours celle qui devra être suivie de préférence. La paléontologie et par dessus tout la paléontologie végétale, où tant d’écueils sont à éviter, tant de problèmes et de présomptions à débattre ou de conjectures à émettre, a pour devoir d’être avant tout une science de bonne foi, dans laquelle la possibilité de s’égarer momentanément, de se tromper même doit être 504 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. envisagée à titre d’éventualité, mais avec l'intention formelle d’acquiescer d'avance à ce qui se présente- rait comme étant l'expression définitive de la vérité. Tant qu'une controverse demeure ouverte, il est permis cependant de pencher vers celle des présomptions que l'on considère à tort ou à raison comme la moins invrai- semblable. Enfin, loin d’être fermée, la carrière s'étend à perle de vue, et l'œuvre la plus consciencieuse ne saurait prétendre, en paléophytologie, qu’à la valeur d’une fai- ble esquisse, que d'autres savants et des générations plus favorisées seront appelés à reprendre, en s’approchant toujours plus du but final, celui d’une exploration de plus en plus exacte des anciennes végétations du globe. En évitant donc de revenir sur notre travail et en obéis- sant aux motifs qui nous interdisent la pensée de cette révision, nous croyons pourtant qu'une simple énuméra- tion des éléments de la flore jurassique française, tels que nous les admettons à l'heure présente, garde son uti- lité et doit prendre place à la fin d’un ouvrage dont les diverses parties ne sauraient être sans elle en parfaite harmonie, dès que l’on veut tenir compte de l’espace écoulé à partir de la publication du premier volume et des changements opérés dans notre façon originaire d’ap- précier certaines formes jurassiques. — Ce sera donc un simple relevé des notions les plus essentielles, relatives à la flore jurassique prise dans son ensemble et distribuée par étages, que nous allons mettre sous les yeux du lec- teur, et par lequel nous terminerons tout l'ouvrage, au- quel ce relevé tiendra lieu de conclusions. Très simple dans sa composition et variant peu dans la nature de ses éléments constitutifs, d’un bout à l’autre de la période qu'elle embrasse, la flore jurassique, prise rx - 2 ep a En np n ct mention amp agen nn spé nm + ' È FOT nn memernaniennnnes < LAN T TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 505 dans son ensemble, comprend six catégories de plantes, qui sont, en partant des plus inférieures : les Algues, les Equisétinées, les Filicinées, les Cycadinées, les Acicula- riées ou Conifères, les Proangiospermes. Certains de ces groupes donnent lieu à des remarques préliminaires. Il convient, pour plus de sûreté, de retran- cher les types fossiles connus sous le nom d'organismes problématiques, c’est-à-dire les Cylindrites, Taonurus, Münsteria, Syphonites, Granularia, etc. qui, bien que re- présentant des fossiles vrais (1), ne sauraient être rap- portés au règne végétal avec assez de vraisemblance pour conserver parmi les Algues la place à eux assignée ori- ginairement. Les Aciculariées se divisent très naturellement en Salis- buriées, d’une part, et Conifères, de l’autre; enfin, après l'exclusion des Spirangium reconnus dernièrement pour être des œufs de Sélaciens, nous rejetons parmi les Proan- giospermes, à titre de fragments controversables, les traces auxquelles le nom d’£phedrites a été appliqué. En ce qui concerne ces Proangiospermes, les types assurément très curieux, parfois aussi très singuliers, auxquels cette for- _mule sert de cadre, feront longtemps encore l’objet des investigations de la science, avant qu’il soit donné à celle- ci de saisir ce qu'ils sont en réalité, et s’il faut recon- naître en eux des types distincts de tous ceux qui leur ont succédé ou des groupes de transition marquant une étape dans le processus du monde végétal, comme si ce dernier s'était arrêté à des combinaisons transitoires avant de franchir la distance qui sépare la gymnospermie (1) Au moins pour la plupart d’entre eux; certains, autrefois con- sidérés'comme des Algues, n'étant que des pistes ou traces de loço- motion d'animaux inférieurs. 506 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. propre de l’angiospermie déterminée. S'il en avait été ainsi, nous posséderions un ou plusieurs termes, préma- turément fixés, d’une évolution dont il a été jusqu'ici im- possible de surprendre la direction ni de découvrir le point de départ, pas plus que d'observer les progrès successifs. Qu'il nous soit permis, à ce point de vue, de revenir sur les précieuses observations de M. le comte de Solms, relatives au Bennétitées; ces troncs épars, d'une struc- ture anatomique spéciale, recouverts d’un étui serré de bases foliaires, nous n’en connaissons ni les feuilles ni les appareils sexués, dans leur intégrité; mais en réflé- chissant, d'autre part, à la fréquence, sur divers horizons de la série, des feuilles décrites sous le nom de Yuccites : et, d'autre part, aux organes fructificateurs isolés, tels que les Williamsonia et Goniolina, il est permis de se demander si tous ces organes ne seraient pas destinés à se rejoindre et à se combiner, en reconstituant un seul et même type dont rien de ce que nous connaissons ne nous offrirait l'exemple. Les Bennétitées, en admettant, à titre d’hypothèse, la connexion dont nous venons d'exprimer la pensée, étaient-elles les seules plantes de l'époque qui ne rentraient pas directement dans un des cadres de l’ordre vivant? Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir dire jusqu’à quel périmètre de l’inté- rieur des terres s'étendent nos investigations au moyen des gisements de plantes fossiles. L'excessive rareté des dépôts lacustres est elle-même, dans cette voie, un obs- tacle, puisqu'elle nous enlève la connaissance des végé- taux qui ne bordaient pas immédiatement les plages marines ou ne croissaient pas à portée des embouchures. Bien plus, on ne saurait contester que la caducité plus AA TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 507 ou moins facile des organes n'ait contribué au transport et aidé à la fossilisation des restes venus jusqu’à nous. De là, sans doute, tant de débris de Conifères et de Fili- cinées. Parmi les végétaux jurassiques, quelle part fau- drait-il faire, au contraire, à ceux qui, écartés des rivages et ne possédant que des organes tenaces et persistants, n'avaient par cela même que bien peu de chances de laisser des vestiges, sinon par l'effet de quelque circons- tance exceptionnelle? — Un jour peut-être, et grâce à quelque heureuse découverte, il nous sera donné de le savoir. Voici maintenant le tableau qui résume la marche du règne végétal en France durant le cours et d’un bout à l’autre de la période jurassique. 508 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Le TABLEA Indiquant la distribution des espèces jurassiqi ESPÈCES FRANÇAISES ; LIAS MOYEN, DE LA j INFRALIAS. ET SUPÉRIEUR. FLORE JURASSIQUE, è # ALGUES ; PHYMATODERMA BRONGN. È 1, PR; TérQUEME, SAP... he eu OÙ, AOMRUT AIO: TE .....|[Lias moyen 4 \. environs de M 2. Ph. liasicum, Schimp....:...,...,..... 1 Er PT Lias sup. de Bou d'Oisans (Isè 3. Ph. cælalum, Sap....... .... 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Ch. diniensis, Sap.........,..... AGE Environs de Digne (Basses-Alpes). | 4 2. CA puis, Bab us ete ue TS Lias des envir. Metz; zone à æ pes arquées. 21. Ch. moniliformis, AD EU die D RE de a ....:....|Toarcien des em rons de Metz. PCR. Garnier, ap ER RERO RARES PT Ra 23. Ch. pseudo-pusillus, Sapi5i11181 .......|Marcel, près Lyon. 24. Ch rigescens, Sap:..:..1:,11-45 1402858 CNRS 25. Ch. eximius, Sap...., Firotese ter smrinehetie ess VU | sors TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 509 OPTIQUE aises entre les divers étages de la série. DU PORTLANDIEN E. OXFORDIEN. CORALLIEN. KIMMÉRIDGIEN. gt < ocien MP honien. PURBECKIEN. | il If . Aix (Bouches-du- | hône). | | CRM ER 1 REA RIT ; EE) Portlandien inf, LS de Wimille (Pas- IE de-Calais). RE AU SEA à AUS AMAR ARRETE Orbagnoux(Ain). RO Pr is si la Saint-Mihiel | &. (Meuse). ‘ | FL: | | EE : b |: : l: nn. ARR Le eee de Ce Châteauroux ans {Var) (Indre). d ; D... Fa PR ENenES de oulogne. .... de nee) Ibid. D... ........|Oxfordien supér. pen Sa en- “ir. de Digne. Id. de la Clape Basses-Alpes) de la Vienne. sers | nn ns Col de Chatres (Basses-Alpes), couch.deBérias. 510 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. = * ESPÈCES FRANÇAISES g: DE LA INFRALIAS. ue MOYEN FLORE JURASSIQUE. mens 26. Ch. squamosulus, Sap....... ose sos s same 50e ec RC TES ; 27. Ch. inflexmus, Sap. se ss ces à à à) 3 016 eme sa eme lee ave PRE, An É- HALYMENITES STERNB. é 28. H. Crussoli, Sap...........4.:0,. soso iser ses dietse NT ST NET. à SPHÆROCOCCITES STERNB. L 29. Sramificans; Sapisse eo drsrroncée velo des RÉ: Var à «il 1 80, -S. fichenoides, Sap:.s.:.., dessous le ee RE ES i AGARITES SAP. ; 81: A. fenestraius, Sap.....:..::....,,..,,.. etes. musee SES CHARA VAILL. : 82: Ch, Bleicheri; Bap;, .. 125,1 14 VUS ET reste Ne SR RER rs 2 3. Ch. Sac AT, Es bus CONTES » Eu 60 APTE dub ve à 26 -Ch:: Mallandi, Sapin house sde seche DT UC DATE Rte ÉQUISÉTINÉES. Equiseruu L. 35. E. arenaceum, Brngt....:............., Couches-les-Mines; ; rhétien. | 36. E. Münsteri, Stbg......... A Ga TES Ibid. 1, -E, Pellati, Sapi.s....s sut PAS ,....l1bid. 1 38. E. Duvalii, Sap........,..e.e.sesss.rs À DR PACE TRS M'ONT sé se °3 PHYLLOTHECA BRONGN. « 39.:PR; asteronhyllina, Sap.....t.:.,.. %,cusbve bis ses RSR RS 4 FILICINÉES SPHENOPTERIS BRONGN. 20: S: Péllaft, SaD.s ses. so areb e0 as anen os Te IUT SR RES 41. S Michètout, Pom: 4 NS Le 4: S, minutifolia, Sap..,.... Less sous iaests het NE ; 25: :5S; laceratd, Sap... ie, 6h PRE PE sé bies er06r2 V NNAIEE É #5: S.-subcrentlata, Sap..........,ise le Ms a RE 46: 5: minutult, SAD:. .. 06: boss ser rss oslee Hit 0 TR SE 4 46: S'macilenta; Bap.:. 56... sean ne 6 0 DOCS RSS à #18: Choffatiana, HT... serai ibée sert TO : à 48. S. rotundiloba, Sap.......... Se EU ES OR ER | ni QUO Tenir SD. 454 « 00 0 à à > 4 De 08 000 918 A PS PPS ET Pr © RE ‘TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 511 Lys “OOLITHE Mnisunr. PORTLANDIEN ae 248 OXFORDIEN. CORALLIEN, KIMMÉRIDGIEN. ET st Bathonien. PURBECKIEN: D... .....|Dombes (Ardè- che); schistes, à Posidonomies. messes. Crussol (Ardè- [4 che); ibid. D Ibid. (14 | ESS este: TO TT SE MU EEE de ve 0 Orbagnoux (Ain). | | D. ....::: ever ose St-Mihiel (Meuse) DE: RMS a PP ne PAR, ...[Auxey (Côte- | ; d'Or). LE _ FÉRASS Cajase (Lot). Mrs. css issssssesesesselessessssesesesseleeesesereerse Villers -le-Lac ; | Purbeckien.. PR MP 7 1 2 SR REPARER RS RO ECS Pont-de-la- Chaux; Pur- beckien. quisse; — La errerie (Gard); ba honien. D. cv Vaudioux, près de Châtelneuf (Jura). M... |... 2 CE NS TION Creys (Isère). MM.............1,,, .,.,.. 0. Châteauroux hé (Indre). DTRPCPEEEEEES FEPEEE EEE 15 I PE NSP Ibid. ÉÉPPORRPENN PORCRE PPRSNI TES Auxey(Côte-d’'Or) CCPPROPRREIT LAIT, PAT" .....|1bid. fn... Ibid … LÉO RES EME Ibid. RS - 5 TS RTS .....|lbid. et Châtel- neuf (Jura). Re... cool etes RERER Auxey. __ HOROREeY A PP PV EP PTE Ibid. ; & PT Ne 512 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ; ESPÈCES FRANÇAISES LIAS MOYE! BE LA ; INFRALIAS. % ere K ET SUPÉRIEUR. FLORE JURASSIQUE. | 4 CONIOPTERIS BRONGN. 50. C, conferta; Sap. =... ces last Fe SN MN a let STENOPTERIS SAP. GE. 8: désmomera; Sapin las rte be ve vs 5 SR DO AT se «1 : CLADOPHLEBIS BRONGN. 02 Cr Rossel Bron. vs tee erodi ces Hettange. 58. Æ.-brendoba, Sap::... 0, 8e jee essor lost ie ci ET re, 54, C: whitbiensis, Brngt., var. obturata; Sap.h...i........… "21320... BC: -gracus ap... oi do ei ndsre ae ve Le 6e CS CEE Ne: ci a bG.: C.exipuudoba; Sap..:..,.. 4h02 os valet lat Nr D75: 0, 80014; SD. . : 60 0 00 2 ve 06 Les dus Lots nee Te TR CE 58. C. adjuncta, Sap............. sd ébe 5e io el AU » 1e Ve NS RP EIRE Dr Ce MOTS, BAD. aout ha ere ce sat eds bre PERTE ee | DSL, RES MAD 5 ns nds Eu sets UD so dbrsat de 5 ee Eu ROSE | NEUROPTERIDIUM SCHIMP. O1. NN. Ldcerun, SaD::..5 11 a0 tr de D 0 ss... 10 62.:NSPepertum, SapD:.,..:.,.0 400650 0e 0 NC RS des 0 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. LONCHOPTERIS BRNGT. L.? rugosula, Sap. LACCOPTERIS PRESL. LÉ PODEO, IPaD it le iii HYMENOPHYLLITES GOEPP. Æ. délicates, BAD; TS RL et de Danxopsis HR. D, marantacea, Hr.........,.. ivre Microbicryon, Sap. M, ruleniclon,. Bap.. 2. Eine di eee M, Woodwardianum, Sap................ THAUMATOPTERIS GOEPP. TGS ADS 56e ot 20 de TETE Æ Dicryopuyzium L. Er Hur, D, Nip SRE LL AS TE Tel CLATHROPTERIS BRONGN. C. platyphylla, Brongn... ............,. nn CORRE NNAL CANAL Couches-les-Mines; base du rhétien. ss, | erers Hettange. Lamarche (Vosges). Environs d'Autun; Couches-l.-Mines; envir. de Nancy; Frémontrey (vosges) CR 513 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. » LITHE : neue P'ORTLANDIEN Le 2H : OXFORDIEN. CORALLIEN. KIMMERIDGIEN. ET ajocien : N] bouton. PURBECKIEN. APR PP VE Meet 1. [Environs de Ver-- dun (Meuse). Brasserie CPE CNE ..... ....|Morestel, — Ar- maille. 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CEIRMER Li 1 PRET : TORRES ses Ni se CLIN Re CE RQ RE | 18. C. grandis, Sap............ sde éd cs 2 ve NN sr or | 19. C. Dagincourtii, AD Lex vd 4 à FAT CUT UNS St-Amand (Cher): 80. C. Changarniert, SAP; «+ se siee o10 0 e 092 010 0 ie ANT 4 NE à 81. C. Girardoti, Sap................... PO PR : LOMATOPTERIS SCHIMP. | 82. L. Moretiana, Brongn.............. sstos loc sodhet ENS NNN M | 83. L, burgundiaca, Sap.......... Soc csleso dt cc 00 sx.,s.3 1 84, L. Balduini, Sap.........., AR PRE RER PRE: 2 sorte TT TS LRU À Dos L, jurensis, SCRIMD:.::, 5 sise die ANS PORT PRE P … 56, L. cirinica; :Säp:...,: 150. SPP SE) RPM ESE PR D ee Le rte | Pis L. minima, Sap:... ss see so ed ee del etes CS ORNE … 88. L. Desnoyersii, SR sons dés ose sellers RS " ss 89. L. ambigqua, Sap............. dosoneo pe ne lores bo ose TEE 0. Li Haine © MDP. sis, ue 5 ane ves dote eus ste o 4e Sainte = Honori | (Orne); lias mc CYCADOPTERIS ZIGN. 91. C. Brauniana, Zign........ ARR PEN PE EP D PRET ” in des ko 5 92. 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Vend este nl deshanre s..... |Orbagnouxet Ci rin (Ain). PET PERL Mol does... [Orbagnoux(Aïin} s PARA EN RY Le Environs de Ver- dun ; Auxey. TU Di Te PU RCD PTT RL Creys (Isère) ; Armaille. DRE A US ER RAR Orbagnoux (Ain). DD ere ta ea die oo ea» 00 ve Creys (Isère). DARR Re papes e Pet GDS bee So oies 00 À o 2 5 s............|Boulogne-s-Mer; Portlandien inf. ver c00.0.:.,| AUXEY 516 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, ee re map ESPÈCES FRANÇAISES Lis DE LA INFR ALIAS. tn FLORE JURASSIQUE. er STACHYPTERIS Po. 99.:S. spicans, Pom........ cine Less sas ini Peter PPT PE TE DE : 100. S. Gilophylld, Pom... 4 Let Re, | 101..S: minula, Sap ..., isa lusnvsess 2 CN TR IE CE | TÆNIOPTERIS BRONGX. 102. T. augustodunensis, Sap...... .. .,.... Environs d’Autun ; Couches-les-Mines. 103. T. supérba, Saps.. ss... has se ose à Couches-les-Mines. 104. T. tenuinervis, Brauns...:..,!....,..... La Selle, entre Au- tun et Couches- | les-Mines. 105. Ti stenoneura, Schk.........1-ligent. 52% Couches-les-Mines. 106.7. \eala, Bob. 4.550 0hdesicee Environs d'Autun et Couches-les- PHYLLOPrERIS BRONGN. Mines. LOT. P.-plumuta,|Sap.,..... ee: 44D08 Hettange. È CYCADINÉES. À CYcADITES STB6G. e 108. C. rectangularis, Brauns...... FÉES Ibid ô 209: C0: Déleteri, Saps.i. ss urecsehere is opelusaue dé Tn saclosstocss ét LR Hs Ci Lortelt On. écran nets see ed DAS Er ER TOURS . : , 4 Popozamires Fr. Br. 111. C: parvulus, Sa CORRE | CR RENE) RAT | HZ: C cuspdalns ii Bdpr ol Us, ces dés al do io Ésééhsic 3 ZAMITES BRONGN. DID. 2 JONION M dcenissnit rs le cnaras vel Ibid, 114. Z. Moreaui, Brougn...... Hlhosssosssiclios ji be dote 2 CORRE RATE 4 N19. 2: dour0sus, ISA, rs 4 0 cn ue des dérstoss ec thoces Etes se 210. Z.' FRenconis, IBrongD... 5.05 Wie ii loue Ge euh ambs ent de WE." :claravallénsis, Sâpi) ss. ess ts testés ect MR 5 MBolE-c-ppéihiho;; Sapin 2# versailles et tee TN CE PiVuiAdiionus, :Sap ...:..,.:.,10. ob QI NN CE 120: 2. Rengvuieri,-Hr::..,.:2: 0 SOIR COOL TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 517 = = — l DUT. | PORTLANDIEN 6 Re OXFORDIEN. CORALLIEN. | KIMMÉRIDGIEN. Et | PURBECKIEN. 3 . , es Environs de Ver-|Orbagnoux (Ain). Lr 4 dun; Château- | roux (Indre). URSS lives sé véril Environs de Ver- 4 dun; Auxey. . . RS re ARS Auxey; Châtel-|/bid. it 4 neuf (Jura). | | || À: {| | À tà L | LA TE | ; fs wirons de Ma- ers (Sarthe). RSSENAA RTS SR Ce 500 sen [hid. Mi de Ds SAS es rc PP Mets ces es L AFRIQUE | L'FRCRE PORT EN n Ade 2 à 6e 65» on à 6 VO, ERP REA PP NOT Le Ke Environs de Ver- dun et St-Mihiel (Meuse). PPT PR ess, sr fGhâêteauroux (Indre). da LCA ER ES ...|Auxey.. ..,..... |Morestel (Isère); Cirin ; Armaille; Orbagnoux ; Seyssel (Ain); Montagne-Noire | (Aude). : CV és Borel COTE SNPPÉPPTETE Clervaux (Aube). M6... 455008 .......|Châtelneuf (Jura). |Cirin (Ain). RP Let rRn Roues 5. Cirin (Ain). PRE RIRE PEN D AN onnar (Ain).: 41. ::",, 518 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ESPÈCES FRANÇAISES DE LA INFRALIAS. | FLORE JURASSIQUE. 1 mue | LT. lan pinais INF ter mets ral CARRE ne fs AT CT E S OUS 022 Pc CONTRE, SAD ES 1 pris rats dense) ec Du LR PRPRU 0 128: 7. formosus, Hr:........:/ nl LAS ON SR PR à) Orozamires F. Br. Ÿ 126: D. dhor, api. hs RTE .. |Chirac,près de Mar- ;. véjols (Lozère). r 125. O. Terquemi, Sap........... Éretue isa re Hettange. À 126. O. Hennoquei, Pom........... sé ssise ..|1bid. à 191: 0. recutrens; BAD: she rerecsen tes dr RTE RS 4 0" 198. O0. major, Schimp.......... START ER CP Ibid * 129: 0: -diunelus, SaD.:. bons reel le 31e + RTS EURE Environs de | É lias supérie 140.0. graphics, ‘Schimp...... 2.4. ART Are ss des mia Polar A dec Ua ë 181.0: Brongniartii, Schimp::.....,,...20: 1000 2 ORNE Usa 4 132, O:pteronhylloides, Brongn..:...... 21200 0 davisie 4 133: 0. microphyllus, -Brongn..…...….:. ....20) 1 RS nn LS ed £ 134,:0 ;-margimalus, Sap..... he... sel LA RER in 185. :D0:-Reglei (Brongn.), Sap........... 4145 4 136.:0: Bunburyanus, Lign...... ss sl ORNE eh 137. O. decorus, Sap....... ÉOLIEN ENPRR ARSENAL | 198. ©, tagotusÿ; Bronghi. in... scsi ORNE L SPHENOZAMITES BRONGN. à 139, S. Drongmartii, Sap.:s....;..:..,..0.6.1400 TR RS à 4 140. S. latifolius, Sap...................... R PORN FE N | #1: Ss-Rossii, Zign............ va. RENTREE FORM ERA ARE HT QUES 5 US 1 È CYcADoRACHIS SAP. À 142. C. armata, Sap....... …. sue 010.06 TU nokia es SCT TR RE 4 143: C. abscisd,; Bapli.hlaioh sos te NES LEMARAPRRARRRENURE Er . F | CYGADOLEPIS SAP. ! 444. C. villosa: Sepi MERS serons de AS To RE APRES Mie: D hirta, Bap.. NE era us not ele de CT he LATE : ANDROSTROBUS SCHIMP. 146; AS Dalduinri; Saab; ;., : 5465 SR PE RASE Rd ue | Ë È Fe b LE. € 4 FA TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 519 _ FR | PORTLANDIEN 2 he . OXFORDIEN. CORALLIEN. KIMMÉRIDGIEN. ET ER bonion. PURBECKIEN. ÉPOPRRNR + DSP NT 2 +.........../|Armaille (Ain). Sirsveus RS Se RS /...|Envir. de Saint- Mihiel (Meuse). M SLT SE Rey: Châtél- neuf (Jura). avi ons de Va- ognes(Manche). à virons de Ma- rs et de Va- 1es . amers (Sarthe). iey - le - Franc Yonne); Etro- hey ; Bathonen, éncon (Orne). ès bathonien le l'Orne. ürons d’Alen- on (Orne). 1 rpon (Dordo- ne); Bathonien. ro ny (Côte- imers (Sarthe). | Bi bid. et Etrochey | Côte-d'Or). ; FR Torcsrdlil PER ER I PTE FTPPPPSREELE Orbagnoux(Ain). RP TTC VE PORT PC PEER EE ..|Morestel (Isère). SN SR PS Le me à retire Armaille. AÉRRRR He LRU NT TPE ST EN IRNSRRS Ibid. Orbagnoux. Armaille. L à r 520 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ESPÈCES FRANÇAISES | | L Ü DE LA INFRALIAS. pe ei: : FLÔRE JURASSIQUE. nier CYCADOSPADIX SCHIMP, 147. C. Hennoquei, Schimp......:...:....... Hettange. 148: C: Moræanus, SChimp.:.:., 58e copvle bte fes ES OS 149. C. Pasinianus, Zign..... 59 bai so at» 0 ste nl 8 cjecte TT RS CUS ZAMiosTrOBUs ENDL. 150: Zu Poncelaii.:SaDs..s. eht score Enrta Arlon (Belgique). GE: CE TRES PAPE. sue à ce cvba vue Less TIME OT CYCADEOSPERMUM SaP. 152,:C. Heilangense, Sap......,h4.. ice ue Hettange. 153:-0, Wimillense, Sap..,.,: lens secs os lie tee 198: Ce Pomme BAD autel doux cour LT Re VO COTE 155. C. Schlumbergeri, Sap.....,... ...... PS PRES TP CO 16: C. Perlieff Bab... bn nie Pc one Tr ST: Cr Ch, Sap..,l... diit ste se nas al D CRE BoLBopopirum SaPr. 154. R:pislanignse, Sap,.. +5. EME sites: RNCS 159: = micromprum, Sap... 4. etussaiseenelse lé. Re CYLINDROPODIUM SAP. 160. C. liasinum, BAD EST LITERIE Va 0sa mn Env. de Lun:ville. 10E: Cgracidéi-Sap.s sis 2 Enesoeaenes STs S S PA 102: CC: Deshayest, Sapvsee den cho des se rover MEET Be 109::C, Rollandi, Sap.:.,,,. 43445080 sue less Fe TO RS RER PLATYLEPIS Sap. 4 I66:-P: micromyele, SaD.;,,,:.hsstisr Di ES RE Tourna -sur-0d (Calvados). 165: P.:1mpressd, SAD.. sam mmetgi eve so see ce : : | HettANge) 1 106, P; Echinus, SAP. À. 08 ve devras e ce ali ou dose ES 1 à CLATHROPODIUM SAP. pi ‘# D C: Tien AB. sad sr ie e SIREN en REV TTS SATETLRES 5: 268: C. sartathènse,; Sap..:.., 46 nie monde bit etre +20 200 GC. -foratum: SAP. socs de asso LT 2 Re RS CS - FrrroniA CARR. à PRG: Thriquis, Safi... ina Pre es dites DSL de 14 REUTERS Re MR Pt Minauirt, ap... Sida cire sans FE es sé Et CRUE k 112: F5 PBrongniartit, Sap... 6 leu ces sect ET OP E x 4 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. Env. de Poitiers. CR . Dép. de l'Orne. Env. de Poitiers. ons roots. EntreVillers-sur- Mer et Auber- Tonnerre (Yonne). CORRE nn CCR RER | PORTLANDIEN OXFORDIEN. CORALLIEN. KIMMÉRIDGIEN. ET PURBECKIEN. RE pre Re St-Mihiel(Meuse): Auxey (Côte- d'Or). PE ST PR US 0 SENS RENE Orbagnoux et Ci- rin (Ain). rie ..........|Saint-Mihiel. Lane les, es... | While (Pastel HE .......lChâteauroux Calais); Port- (Indre). landien inf. . Villiers-sur-Mer : (Calvados). Châtillon-s.-l’Ain (Jura). Ibid. CORRE ns CR CCC RE Le Mans (Sarthe). Sarlat Dordogn.) Ibid. ? Châtillon, près de Boulogne- sur-Mer; Port- ville (Calvados). landien. 529 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ESPECES FRANÇAISES | 6. DE LA INFRALIAS. se | MOYE FLORE JURASSIQUE. " eus» | CYCADEOMYELON. 179: "C; hellangense; Bab... 5425 hassSE Hettange. CONIFÈRES ou ACICULARIÉES. 4. Salisburiées. TRICHOPITYS SAP. 174. T. laciniata, Sap.… sb ve dot ones dote ds LS 206. SR RE QUES BaïErA Fr. Br, 175. B. longifolia (Pom.), Sap..,:..........,[...1.4:. de ES 2. Conifères propres. BRACHYPHYLLUM BRONGN. 102 POP; SAD. 6e co roetenr tarte Environs de Mende (Lozère); Boude- vert,près de Chan- tonnay (Vendée). IT: hellnst, PAR. 25 E etre ei Hettange. 118.7B.-Démoyersit,-Sap... buses os Loisesless: Po Tee SRE Le ESA TES 179, B: Moréauanum, Bropgn...}....,....1c4 5600000 . VAN Le ER VE 180.:B. Jauberti; Sap;,...::.1, Mess ssl: sabre ON TO NE EL DS nOPOR PMR E ire usel AT ANS MR | RQ ces 12.8 ;gractiel BRODLR:: 11:15: NS NP MST TR FRE M TT rs re UE RE, CRT OPNPEU ST EPFL Te US EU, Ve sens: Es 15: 15 188. D. GSRimll, BAD. 00 av ele visossvssmblasst Vos Fe RER s'eéesre PACHYPHYLLUM Pom. 185. P. peregrinum, Schimp....,..........., Envir., de Mende ; : Hettange. 106.7 P.rigsdumh, Sap: à, 5 nés er PEN te I LES TTS SET STE RS PA PES 187. P, araucarinum (Pom.), Sap............|... PP PES EE MÉTRO j 188. P. curfifalium, Sap.......i..:..ésshet lee fenetre RS À 189. P. cirinicum, Sap....scsccecccse sers l ss Sicssctt IN re : 0, P. crasstjolium, SChK; ec séoces drole te APOA TRS -ARAUCARIA JUSS. IN AP Morenuana; Sapi;s oui be sr bti:srténs éssais sisi LTÉE ts 1170 TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. 523 PORTLANDIEN a OXFORDIEN. CORALLIEN. KIMMERIDGIEN. ET Ë ajocien 13 Balhonien. PURBECKIEN. 2 CPP ECS PR .[St-Mihiel, près de Verdun. Rés C4 NS Re Let TRS Châteauroux (Indre). mers (Sarthe); | | Stenee (Côte- Much (Gt 0r)| d'Or). Auxey (Côte- d'Or). Env. de Verdun et de St-Mihiel; Auxey. Ibid. et Château- roux (Indre). Châtelneuf (Jura); Séquanien inf. lbid. Env. de Verdun et de St-Mihiel. bid. Auxey (Côted’Or) .|Env, de Verdun (Meuse) et Gibo- meis (Meurthe- et-Moselle). Armaille, Cirin et Orbagnoux (Ain). lbid. Cirin (Ain); Mo- restel et Creys (Isère). Grenoble, ét, de la Porte de France. 524 l'ALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 6e ESPÈCES FRANÇAISES DE LA FLORE JURASSIQUE. ” INFRALIAS. ——— LIAS MOYE ET SUPÉRIEUR, 192. 193. 194. 195. 196. 197. 198. 199. 200. 201. 202. 203. 204. 205. 206. 207. 208. 20). 200. 212. 213. 214. 215. 216. 217. 218. 219. 21, + . microphylla, Sap......... RTE ARS . FASO, BAD... 50:50 MT MCE « tepidophylla, Sap.:.:,.1.......4,3. Pinus L. Me. VU: USM RTS CAS PR Tee . oblila, Sap CHEtRoLEPIS ScuiMP, Ca: Dochort, Mr: :5::105 3 due, s LANETEL CRT OUR, PaD. 5 dis NET MU: SPHENOLEPIS SCHK,. S. HOPOUEMES PAD: rl 6 0 Te EcniosrroBus Scuaimp. E. Sternbergii, Schimp................. E. (?) Moisseneti, Sap....,.....,......... SEQUOIOPSIS SAP, SH UT Ji SS) ORNENNTR ARR PER nn S. echinata, Sap WIDDRINGTONITES ENb1.. WW: Reuperianus, HF... ete W. gracilis, se W. megalophyllus, Sap.. ..... ....,,.. Vs CTOYSONIET, SRB. ur Lio ore re: . WIDDRINGTONIA EnpL, Ws:-microtarpa; Sap.…...:..L im HE ; PALÆOCYPARIS SapP. P. virodunensis, Sap P. corallina, Sap ?, robusia, Sap ns ose se se Jos; ab: À LR HRROPE; RE 5 en ep Er Pen e 0 Pe. 7 UNE PES AVR SAPÉANTRLEUS Det P PF. P P. Falsani, Sap Tauvires Scaimp, sbocardi," Sap..::.:3.3. 4 NT er at : thuyopsideus, Sap:...:.5::,..,.,.2) . pulchellus, Sap..….,.... usé a. a M er er ae CRU BAD... 426525 j CR ss nn ns ss. nn CR nus |. ss. ss .….... TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 525 PORTLANDIEN OXFORDIEN. CORALLIEN. KIMMÉRIDGIEN. ET : PURBECKIEN. Et ARR ee Le ICE PRENOM EN Armaille. EL E sDS RE RER Ad en V5 3% < bid. HAS RENE NE ANSE à 71 À he Li eurecs. . Belgique. Mu PE “a Eliane: ’ + LES dd Dion Len 2e + «per COOP ARENCRE PREMIERE EE + area em pt DA pr ren ar PE re aquive dn red ed en EE ART Li 300 4 re te DT S RER en ae he Re La a PE y opère Ps VAE © * ae Bassts ae lt: Le + Por as PE Sara CAS RS D LES TEL 4 ae + o Sn sn ere Va er. Ag Nes Pre eos ne Sad de ; PA à er SL pen cu avr Tree or D aies à Dre Er en rare page ESS ML RE eue ee eg ET be LS ns He TS TT f L”