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Dictionnaire de médecine et chirurgie vétérinaires; ouvrage utile aux vétérinaires, aux officiers de cavalerie, aux propriétaires, aux fermiers, aux cultivateurs et à toutes les personnes chargées du soin et du gou- vernement des animaux domestiques; par M. Hurtreld'Arboval, mem- bre de la Société royale et centrale d'Agriculture de Paris, etc. Paris, 1827-1828, (\ forts volumes in-8. 32 fr. Latreille. Familles naturelles du règne animal exposées succinctement dans un ordie analytique avec l'indication de leurs genres. Paris, 1826, in-8. gfr. Leblanc et Trousseau, Anatomie chirurgicale des principaux animaux domestiques, ou Recueil de 3o planches représentant, i° l'Anato- mie des régious du cheval, du bœuf, du mouton, du cochon; sur lesquelles on pratique les opérations les plus graves , 20 les divers états des dents du cheval, du bœuf , du mouton , du chien, indiquant l'âge de ses animaux , 3° les instrumens de chirurgie vétérinaire avec un texte explicatif, atlas pour servir de complément et de suite au Dictionnaire tle Médecin* et de Chirurgie vétérinaire de M. Hurtrel d' Arboval. Paris 1828 , un vol. grand in-folio avec 3o planches gravées et coloriées avec le plus grand soin sur les desseins de A. Chazal. 42 fr. Meckel , Manuel d'anatomie générale , descriptive et pathologique , tra- duit de l'allemand et augmenté des faits nouveaux dont la science s'est enrichie jusqu'à ce jour , par A. J. L. Jourdan, Ù. M. P. et G. Bres- chet , chef des travaux anatomiques de la Faculté de Paris , etc. Paris 1825, 3 vol. in-8. 25 fr. Loiseleu'r-Deslongchamps. Flora gallica , seu enumeratio plantarum in gallia sponte nascentium ; secundum linnearum systema digestarum addita familiarum naturalium tabula novae ditio aucta et emendata cum tabulis, xxxi, Parisiis, 1828, 2 vol. in-8. 16 fr, Tiedemann^FJ. Traité complet de Physiologie. Paris, 1829- i83o. 6 vol. in-8. — Sous-presse — Anatomie du Cerveau, contenant l'Histoire de son développement dans le fœtus , avec une exposition comparative de sa structure dans les ani- maux ; trad. de l'allemand , avec un Discours préliminaire sur l'étude de la Physiologie en général, et sur celle de l'action du Cerveau , par A. J. L. Jourdan, D. M. P., 1823, 1 vol. in-8. , avec i4 pi. 7 fr. TiEDEMANNetGMELiN. Recherches expérimentales, physiologiques et chi- miques, sur la Digestion , considérée dans les quatre classes d'animaux vertébrés; traduit de l'allemand par A. J. L. Jourdan, Paris, 1827 , 2 vol. in-8. i5fr. Gall. Sur les fonctions du cerveau , et sur celles de chacune de ses par- ties, avec des observations sur la possibilité de reconnaître les instincts, les penchans , les talensou les dispositions morales et intellectuelles des hommes et des animaux , par la configuration de leur cerveau et de lem tête. Paris , î8*a5 , 6 vol. in-8 , broché. 42 fr» PHILOSOPHIE ANATOMIQUE. — ^ — TOME PREMIER. DES ORGANES RESPIRATOIRES SOUS LE RAPPORT DE IA DÉTERMINATION ET DE L'IDENTITE DE LEURS PIÈCES OSSEUSES. Avec Figures de 116 nouvelles préparations d'Anatomie. Par M. le Cher. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, Membre de l'Institut (Académie Royale des Sciences) 5 Professeur- Administrateur du Muséum d'Histoire naturelle , au Jardin du Roi; Professeur de Zoologie et de Physiologie h l'École Normale. De l'Ins- titut d'Egypte. Des Académies de Madrid ; de Munich ; de Gœttingue ; de Moscou; de Harlem; de Wettéravie à Hanau; de Mayence ; de Marseille ; de Bordeaux ; de Boulogne, etc. — Et Maire de Chailly , près Coulomraiers, Cujiisvis est hominis errare. Cic. 6. Verr. PARIS, J.-B. BAILLIERE, LIBRAIRE DE l'aCADÉMIE ROYALE DE MEDECINE , ET DU COLLÈGE ROYAL DES CHIRURGIENS DE LONDRES, Rue de l'Ecole-de -Médecine , no i3 bis. LONDRES, MEME MAISON, 3 BEDFORD STREET, BEDFORDSQUAREr A BRUXELLES, AU DEPOT Hfe LA LIBRAÎLIE MEDICALE FRANÇAISE 1848 Imprimerie de Doublet, Rue Glt-lc-cceur , »0 7. > A LA MÉMOIRE 3_ DE MON PÈRE JEAN GÉRARD GEOFFROY , HABILE JURISCONSULTE, i INTÈGRE ET COURAGEUX MAGISTRAT, ET DU COLONEL DU GÉNIE MARC ANTOINE GEOFFROY MON FRÈRE , MORT AUSTERLÏTZ i*l I PRÉFACE. Plus on remarquera, en parcourant ce livre, que son objet, son plan, les vues qu'il renferme , sont tout-à-fait nouveaux, plus l'on concevra combien , au moment de le publier , moment toujours critique pour un auteur , j'éprouve d'anxiété. Etait-ce bien à moi en effet qu'il apparte- nait d'annoncer quelques points de doc- trine, quelques vues nouvelles sur l'orga- nisation? D'où me serait venue cette con- fiance? Je ne me suis pas à ce point abusé. Si j'eusse au contraire pressenti, comme au- jourd'hui, les résultats probables de mon entreprise , leur importance m'eût effrayé, et, par un j uste retour sur moi-même, m'eût détourné d'un travail qui devait excéder mes forces. Une sorte d'entraînement m'a donc fait arriver où, certes, ne m'eussent X PRÉFACE. L'époque actuelle est celle des études philosophiques. Serai-jedansle cas, par la suite, de me féliciter d'y avoir aussi ramené l'attention publique ?... Je me suis à peine arrêté sur cette pensée, que je l'écarté pour rester livré à un tout autre pres- sentiment. Ai-je assez réfléchi en effet sur le danger de dépasser le but? fournirai-je un pernicieux exemple ? ce malheur me serait-il réservé ? Je puis du moins ne pas redouter les inconvéniens inséparables de toute inno- vation. Je me rassure à cet égard, en mappliquant cette réflexion de la préface d'Emile. « Un homme qui de sa retraite jette ses feuilles dans le public , sans pre- neurs , sans parti qui les défendent , sans savoir ce qu'on en pense ou ce qu'on en dit, ne doit pas craindre que, s'il se trompe , on admette ses erreurs sans examen. » Cet examen pourra être poussé jusqu'à la rigueur. Quel homme est à l'abri de critiques injustes? Que de personnes s'ef- farouchenl de la seule annonce d'idées PREFACE. X] nouvelles? Si j'ai la conviction qu'on niait attaqué sans m' avoir compris, je me dispenserai de répondre. Car à quoi bon se tourmenter pour prouver qu'on a eu raison ? Le temps met chaque chose à sa place. Je ne traite dans cette première partie de l'ouvrage que d'une des questions dont se composera ma philosophie anatomi- que ; des pièces osseuses des appareils res- piratoires. J'espère, dans une suite, m'oc- cuper des pièces servant d'enveloppes ou de soutien aux organes des sens et du mouvement; puis des muscles, etc. Une suite, ai-je dit?... Quoique j'en aie déjà réuni tous les élemens, il pourra se faire qu'elle ne paraisse jamais. L'arrêt du public sur la première partie réglera le sort des suivantes. Cependant je donne cet ouvrage avec la confiance qu'il est relativement à moi tout ce qu'il pouvait être : il ne m'était pas donné de mieux faire. Je me suis de même occupé avec le plus grand soin de sa composition matérielle, Xlj PREFACE. Les planches ont été conçues et exécu- tées de manière à faciliter autant que pos- sible l'intelligence du texte. On y a, je crois pour la première fois , appliqué à l'anatomie une pratique des géomètres dans le tracé de leurs polygones. Cer taines parties sont représentées par des lignes ponctuées , dans l'intention de laisser à d'autres tout le relief de la taille- douce ; et si j'ai réuni autant de prépara- tions sur un même cuivre ? c'est pour que l'ouvrage fût à la portée du plus grand nombre des étudians. Ayant été puissam- ment secondé par un de nos plus habiles dessinateurs, M. Huet, et par un gra- veur très au fait des travaux d'histoire naturelle, M. Plée père, je me flatte que ces planches seront favorablement ac- cueillies. Au nombre de mes collaborateurs se place en première ligne M. le docteur Serres, chef des travaux anatomiques des hôpitaux de Paris. Ce célèbre professeur a bien voulu ni aider de ses lumières , sur- tout pour les recherches qui ont servi de PREFACE. Xlij base à ma nouvelle Théorie de la voix. Que ne dois-je pas aussi à M. Delalande fils, que le gouvernement vient d'envoyer à l'Ile de Bourbon et à Madagascar, en qua- lité de voyageur-naturaliste ! M. Delalande a consenti à me suivre dans ma retraite où sa sagacité et sa dextérité, comme pro- secteur d'anatomie, m'ont été très-utiles. A Chaillr , près Coulommiers , le 3 i juillet 1818. DISCOURS PRELIMINAIRE. L'organisation des animaux vertébrés peut-elle être ramenée à un tjpe uniforme? Telle est la question que je me propose d'approfondir dans cet ouvrage. Mais ? dira-t-on , d'où peut naître uii doute à cet égard? n'est-ce pas une pro- position généralement consentie , et qu'au- rait révélée une inspiration naturelle? Y revenir de nouveau ? ce serait donner à croire qu'elle n'aurait encore été admise qu'à titre de préjugé ; sans examen. Je ne vais pas jusque-là, et je conviens au contraire qu'un principe d'une appli- cation aussi universelle a dû se manifester fort souvent, et même à des hommes tout- à-fait étrangers aux études d'histoire natu- relle. J'en puis citer un exemple qui m'est fourni par un ouvrage que recomman- dent son importance et le nom de son auteur. XV] DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Newton, méditant un jour sur la sim- plicité et l'harmonie des lois qui régissent l'univers, frappé surtout des rapports et de l'uniformité des masses du système pla- nétaire , abandonnait son âme aux senti- mens d'une vive admiration : lorsque , ra- menant tout à coup ses pensées sur les ani- maux; sur ces êtres, dont la merveilleuse organisation n'atteste pas moins dans un autre genre la grandeur et la suprême sa- gesse de la puissance créatrice , il s'écrie : je n'en puis douter; les animaux sont sou- mis au même mode d'uniformité (i). Telle fut pour l'histoire des analogies (i) Idemque dici possit de uiiiformitate illa, quœ est in corporibus animalium. Habent videlicet animalia ple- raque orrinia bina latera , dextrum. et sinistrum , forma consimili*, et in lateribus illis , a posteriore quidem cor- poris sui parte, pedes binos 5 ab anteriori autem parte, binos arraos, vel pedes, vei alas , humeris affixos-, interque humeros collum , in spinam excurrens , cui affixum est capnt : in eoque capite binas aures , binos oculos , nastim , os et linguam; similiter posita omnia , in omnibus ferè animalibus. NEWTON opttces, questio 3i; p. 827, in edit. Samuel Clàrke. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Xvij une première époque : l'instinct a servi de guide dans les premières généralisations; et ce qui montre qu'on était alors dans la bonne voie , c'est que les naturalistes ont fait faire à la science d'autant plus de progrès , qu'ils ont été plus profondément pénétrés de la justesse de ces aperçus. En effet , c'est sur l'idée que les êtres d un même groupe s'enchaînent par les rapports les plus intimes, et sont composés par des organes tout-à-fait analogues, que repose 1 échafaudage des méthodes en his- toire naturelle ; art ingénieux qui permet d'admettre comme presque complète la ressemblance d un grand nombre d'es- pèces pour 11 avoir plus ensuite à les diffé- rencier que par de légers traits caracté- ristiques. Ainsi l'impulsion était donnée, des ca- dres étaient préparés et le but se trouvait marqué. Mais , il faut le dire , les appli- cations ne furent pas toujours heureuses ; le désordre vint d'un côté d'où on ne de- vait pas l'attendre, Les naturalistes furent xviij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. les premiers, sans s'en clouter, à rompre la chaîne dont ils auraient dû continuer de faire usage , pour ramener à l'unité de composition les diversités les plus cho- quantes. Le fil d'Ariad ne leur échappa des mains , parce qu'ils ne suivirent les ana- logies qu'autant que du premier abord elles étaient nettemeut discernées. Bientôt des transformations firent naître des dou- tes et à compter de ce moment , on cessa d'être dans la même voie. Un autre but entraîna les esprits : il ne s'agissait alors que de décrire et de classer. Cependant les choses avaient suivi une marche progressive, et sans qu'il y eût trop de la faute des naturalistes. Les for- mes sont d'abord ce qui tombe sous nos sens ; elles sont variées à linfmi ; elles s'em- parent de nos premières impressions ; elles nous occupent uniquement. Rendons cette proposition sensible par des exemples. L'Anatomiste vétérinaire considère les DISCOURS PRÉLIMINAIRE; xix membres antérieurs des ruminans. Il aper- çoit là un dessein achevé , une œuvre où toutes les parties sont dans une conve- nance admirable. Penserait-il au bras de 1 homme? Quel fruit pourrait-il retirer de cette comparaison ? Tout entier au con- traire à ses premières sensations , des formes aussi nouvelles l'occupent exclusi- vement ; il voit leurs fins. Peut-être même, saisissant les rapports de ces formes avec celles de toute autre partie organique , ou même avec la disposition des lieux dans lesquels les ruminans se plaisent et se ré- pandent , ira-t-il jusqu'à s'élever à des idées d harmonie. Mais d'ailleurs rien ne le dé- tournera de ses premières impressions. Il croit à l'existence d'organes nouveaux ; et il le faut bien, puisqu'il se crée à lui-même un nouveau langage pour peindre ce qu'il res- sent. S'il dénombre et s il décrit quelques parties de cette jambe, c'est dos du canon, d'ergots, de sabots, etc., qu'il entretient ses auditeurs, tandis que dans le langage usuel , on applique aux mêmeg parties les XX DISCOURS PRÉLIMINAIRE. noms de métacarpe, de doigts rudimen- taires, d'ongles , etc. Oui ne voit où conduisent ces consé- quences ? On a observé par soi-même : on a cru remarquer que les analogies admises sur un sentiment vague , n'avaient pas un caractère assez déterminé d'évidence. Pré- férera - 1 - on un principe même philoso- phique à une réalité donnée par F observa- tion? Du moment que la question est posée de la sorte, elle est aussitôt résolue : les anciennes traces sont abandonnées; toutes vues d'analogie écartées. Une nouvelle épo- que commence : on se dispose à fonder l'édifice de la science ; et comme on croit qu'il n'y a possibilité de bâtir sur un fonds solide qu'en s'abstenant de toute proposi- tion abstraite , on ne s'occupe plus que de travaux d'observations. Cependant si les circonstances firent un devoir de cette conduite , le résultat n'en fut pas moins qu'on en vint à méconnaître un des principes fondamentaux de la phi- losophie naturelle, et qu'on sacrifia lins- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXf traction, l'intérêt des rapports à une sorte d'engouement pour les détails. Voyez encore ce qui arriva aux premiers naturalistes monographes. En voulant se borner à ne donner que les caractères des espèces, ils se rangèrent dans cette seconde époque; ils en adoptèrent les vues, j'allais presque dire qu'ils firent les mêmes fautes. S occupèrent-ils en effet de 1 organe que nous avons donné pour exemple ? ce pied des ru- minans devint pour eux une griffe dans leur histoire du lion ; une main dans celle du singe , une aile dans la description des chauve-souris; une nageoire à l'égard de la baleine ; etc. Plus de nom commun ; l'analogie de ces parties avait cessé d'être aperçue. Mais le remède était à coté du mal La multiplicité de ces observations ïso lées porta à les rassembler, et première- ment à en rechercher les rapports. Ces travaux furent entrepris par des natura- listes occupés de classifications. Ceux-ci, §ç proposant de grouper les êtres • pour XUJ DISCOURS PRELIMINAIRE. en mesurer les degrés de ressemblance, forent conduits à faire deux parts des con- sidérations fournies pour chaque organe; employant lune aux généralités caracté- ristiques de la famille , et l'autre aux spé- cialités distinctives des êtres en particulier. Ainsi les Méthodistes prirent le contre-pied des Monographes ; ils attachèrent d'abord une idée générale à la chose, pour n'en examiner la forme qu'en second lieu; et ils se trouvèrent par-là en mesure de suivre le même organe dans toutes ses différentes modifications. Dès ce moment nous comptons une troisième époque : les naturalistes sont re- venus à la doctrine des analogies ; ils com- mencent à entrevoir ce fait dune haute importance pour la théorie , qu'un organe , variant dans sa conformation, passe sou- vent dune fonction à une autre. Car ils peuvent suivre le pied de devant aussi bien dans ses divers usages que dans ses nom- breuses métamorphoses, et le voir succes- sivement appliqué au vol, à la natation, au DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXîîj saut, à la course, etc.; être ici un outil à fouil- ler , là des crochets pour grimper , ailleurs des armes offensives ou défensives; ou même devenir, comme dans notre espèce, le prin- cipal organe du toucher, et, par suite, un des moyens les plus efficaces de nos fa- cultés intellectuelles. Mais comment ce retour à des idées plus saines s'est-il opéré? il se fit avec la plus grande lenteur , et le plus souvent à l'insça de ceux-mêmes qui le déterminèrent. Grou- per les êtres et les comprendre dans un système , pour y recourir comme à un ré- pertoire, fut long-temps le principal objet des travaux en histoire naturelle. Cependant on en vint à désirer de connaî- tre quelque chose de plus que la bordure du tableau : on donna plus d'attention aux animaux eux-mêmes ; on les compara en - tr'eux et avec l'homme. Ces efforts et des aperçus nouveaux donnèrent insensible- niënt une autre direction aux esprits : de proche en proche le champ de l'histoire naturelle fut fécondé par les études philo - XXÎV DISCOURS PRÉLIMINAIRE. sophiques , et nous entrâmes enfin dans F époque actuelle , remarquable par la pré- férence donnée partout à létude des rap- ports. Mais, comme on le. voit, on changea début, sans faire une révolution complète: attaché par habitude aux principes de l'an- cien système , on ne s'en éloigna que tout juste en ce qui convenait aux circons- tances du moment. Ne s'étant point in- quiété de l'avenir , on ne sut pas jusqu'à quel point on avait rendu sa position équi- voque. En effet , était-il bien certain que les na- turalistes eussent réussi à attacher une idée générale à un organe, sans y rien faire entrer des notions de sa forme et de ses usages. Demandez-leur de vous définir le pied, sans recourir à ces mêmes notions, Etonnés delà demande^ ils vous répondront : ce pied, nous le concevons; c est assez dire, Ils vous répondront en invoquant des au- torités, en s'appuyant, sur des exemples» ,Les anciens avalent déjà dit : pedes solidi% DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXV pedes Jlssi , pedes bisulci, quand ils imagi- nèrent les dénominations de soîipèdes, de fissipèdes et de pieds-fourchus ; ce qui fut depuis imite par Linnéus et appliqué par lui comme caractères à d'autres familles : pedes ambulatorh ', pedes gressoiri , —scan- sorii, — cursorii , etc. Ces autorités sont sans doute d'un grand poids, mais plus elles sont imposantes et plus elles m'obligent de ne point mécarter de la ligne quelles ont tracée , plus aussi elles me font désirer de connaître sur quoi reposent des déterminations aussi positivement arrê- tées. Je ne puis me contenter d'un sentiment vague et confus ; et je me persuade au con- traire qu'une pratique, justifiée par des suc- cès aussi constans, est basée sur quelque chose de ceitain, qu'il doit être possible d'ériger en proposition générale. Or il est évident que la seule généralité à appliquer dans l'espèce est donnée par la position, les relations et les dépendances des parties , c'est-à-dire , par ce que j'embrasse et ce que je désigne sous le nom de con^ XXVJ DISCOURS PRÉLIMINAIRE. ncjcions. Ainsi la portion de jambe , appelée la main dans l'homme ( ce qui est générale- ment entendu par le mot de pied ) , est la quatrième partie du rameau dont se com- pose le membre antérieur; la portion ter- minale de cette tige, la plus éloignée du centre de 1 individu et la plus suscepti- ble de variations ; la partie la plus spé- cialement affectée aux communications de l'être avec tout ce qui l'entoure ; le tron- çon enfin , qui vient à la suite de l'avant- bras. C est alors qu'appuyé sur une notion précise concernant cet organe, vous le voyez de haut et dans sa signification gé- nérale ; et que de là vous pouvez descendre, ou pour en suivre les diverses métamor- phoses, ou pour en examiner les usages variés; c'est alors, dis-je, qu'usant de tous les avantages que vous procure une pareille position, vous pouvez recourir aux phra- ses caractéristiques des familles, et vous énoncer à peu près en ces termes : « Le pied dans l'ours emploie toute sa DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXVïj plante ou la totalité de ses parties osseuses , pour former la base de la colonne servant de support au tronc : il n'y emploie que les métacarpes et les doigts dans les martes , les doigts seulement dans les chiens; deux sur trois des phalanges digitales dans les lions et dans les chats ; la dernière de ces phalanges dans les sangliers ; enfin , il ne touche le sol que par un point dam les ruminans et les solipèdes , n'y consacrant pas même une partie de cette dernière pha- lange, mais seulement F ongle qui en em- boîte l'extrémité. » C'est alors , ajouterons-nous encore ■> qu'on en vient à retrouver, reportées à la jambe ( sous d'autres formes et avec des fonctions différentes ) , celles des parties de la plante du pied , qui sont sans contact avec le sol, pendant la marche, chez un grand nombre de quadrupèdes. A ce point de notre revue , nous voici parvenus à considérer, comme à vol d oi- seau, notre sujet, à l'embrasser dans ce qu'il offre de plus général , et à nous pîa- XXvlij DISCOURS PRÉLIMINAIRE. cer clans la situation la plus avantageuse pour 1 étude comparative des détails. A quoi sommes- nous redevables de cette heureuse position? C'est e'videmment au principe que nous venons (Je signaler , à ce principe qui nous dispense de parcourir de degré en de- gré toutes les transformations des organes, et qui, lorsque ces moyens de recherches nous abandonnent, nous sert encore, et nous peut toujours servir de guide ; au principe des connexions. Des services aussi essentiels nous révè- lent l'importance de ce principe ; mais il est en outre très-facile de démontrer qu'il n v a rien d'arbitraire dans son essence , et qu'on peut y apercevoir tout autre chose qu'une proposition abstraite. Suivez lidée qu'en peut donner la sou- che même des organes. Les principaux vais^ seaux, qui sont les filières, d'où (comme dans l'exemple que nous nous sommes proposé ) , le fluide nourricier se porte à l'épaule , au bras et à lavant-bras , ne s'ar- rêtent pas où se termine ce dernier. Ces Discours préliminaire. xxix arbres qui charient des semences organi- ques 'i, étendent encore plus loin leurs ra- meaux : ils doivent donner naissance à la dernière portion du membre et fournir à son entretien. Voilà leur destination - la voilà indépendamment de tout résultat ultérieur. Car peu importe en effet que la distribu- tion des molécules du sang ait lieu dans un espace circonscrit, ou quelle se fasse sur une ligne très-prolongée ; quelle produise un dépôt dont la patte courte et ramassée de fours soit un effet, ou bien quelle favorise la conformation allongée du pied des cerfs Le point essentiel est que chaque subdivi- sion du rameau principal dépose une partie du fluide qu'elle contient et donne exac- tement ses divers produits , dans un ordre de superposition , qui est celui de leur at- tache au rameau principal. Qu'il y ait ou non entassement de tous ces matériaux , la chose , je le répète , est indifférente en soi , dès que ce qui ne pourrait trouver place à la base de la colonne peut être reporté à son fût. 1LXX DISCOURS PRELIMINAIRE. Tels sont les résultats organiques , telles sont les vues physiologiques qui peuvent nous donner une idée de la loi des con- nexions, et nous rassurer contre la crainte d'en voir les fondemens sapés par des ex- ceptions : un organe est plutôt altéré , atrophié , anéanti , que transposé. Ce fut d abord par inspiration, et de- puis, à la suite d expériences réitérées et toujours suivies de succès , que je fis usage , il y a dix ans , de ce principe ( Ami. du Mus. dhist. nat. ; t 10, p. 344)- J'ai dû aujourd'hui faire davantage, chercher, en analysant son essence, à savoir ce qu il conservait encore de mystérieux , et faire connaître comment il arriva que je ne me sois pas abusé en accordant à cette considération une aussi grande confiance. Ce qui distingue la quatrième époque , les travaux de notre âge, c'est une tendance bien marquée vers les propositions géné- rales , et en même temps une réserve , une circonspection extrême dans l'emploi des moyens. Le but qu'il fallait atteindre DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXXJ fut dès-lors aperçu, bien que dans un lointain encore reculé. Cependant on ne fut d'abord préoccupé que de la crainte d'agir avec trop de précipitation, et Ion préféra ralentir sa marche pour la ren- dre plus fructueusement progressive. Sans doute qu'on devait arriver de cette ma- nière, et on arriva en effet aux plus grandes découvertes , du moins à toutes celles qui étaient possibles par les méthodes qu'on avait suivies jusqu'alors. Une nouvelle époque, dont la publica- tion de ce livre fixe la date, commence sous d'autres auspices. Si ce n'est pas une route nouvelle qui est ouverte, du moins le champ de 1 organisation est-il éclairé par un nouveau principe, celui des connexions ; principe d'un haut intérêt philosophique , puisqu'il nous admet enfin à la jouissance pleine et entière, sans la moindre exception dans la pratique, de cet autre principe fondamental de la philosophie naturelle, que tous les animaux ayant la moelle épi- nière logée dans un étui osseux, sont faits XXxij DISCOURS PKÉLmiîsAlRE. sur le même modèle. La provision à la- quelle nous porte cette vérité, c est-à-dire le pressentiment que nous trouverons tou- jours, dans chaque famille, tous les maté- riaux organiques que nous aurons aperçus dans une autre, est ce que j'ai embrassé dans le cours de mon ouvrage sous la dé- signation de Théorie des analogues. Essayons de faire voir que, sans Pemploi exclusif du principe des connexions , il arrive un moment où tous les travaux de détermination cessent d'être possibles. La zoologie, par exemple, entrevoit les rap- ports de toutes les parties des membres antérieurs : elle ne peut davantage et s'en repose sur lanatomie comparée pour mettre cette proposition hors de doute. Mais la- natomie des animaux, à laquelle on est rede- vable des travaux les plus importans , qui a déjà rectifié tant de faux jugemens et par laquelle nous nous élevons aux considéra- tions les plus éminemment philosophiques, fournit-elle vraiment les moyens d'embras- ser ce problème dans toute sa généra- DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXxiij lité et d en donner une entière solution ? En examinant ce qui a été entrepris à cet égard, nous sommes forcés de recon- naître que les méthodes usuelles de cette science ne lui ont encore permis que de saisir et de traiter une partie de la question. Sui- vons d'abord sa marche, là où ses pro- cédés ont donné des résultats positifs. S agit-il de démontrer qu'une portion de la jambe du cheval correspond à la main de Phomrne? on se garde dune compa- raison directe. Mais s'il existe une si grande différence sous le rapport de la conforma- tion entre les deux organes à ramener à un même type, on se flatte qu'après en avoir montré tous les degrés intermédiaires 0 on ne répugnera plus à admettre la con~ cordance de ces parties ; de sorte qu'en dernière analyse , c'est recourir à des idées de ressemblance comme conformation , pour en venir à prouver l'identité de choses , qui en effet se rapportent les unes aux autres à bien des égards, mais non dans le point examiné. *• • XXXlV DISCOURS PRELIMINAIRE. En supposant qui! ny ait là rien qui im- plique contradiction, il reste, pour nous faire croire du moins à l'insuffisance d'une pareille méthode, il reste, dis-je, la crainte quon puisse être privé de quelques an- neaux intermédiaires; crainte qui n'est nullement exagérée, puisque nous en pou- vons faire une application a l'exemple même que nous avons pris à tâche de considérer exclusivement. En effet, les analogies de la main ont été poursuivies avec succès dans les ani- maux à respiration aérienne ; mais quand on en fut venu aux poissons , on s arrêta tout court. En vain dans les t.ems les plus reculés, dès le siècle d'Aristote, la zoologie avait été inspirée par le plus heureux pres- sentiment, et avait déjà rapporté les na- geoires pectorales des poissons aux mains de Ihorame. Il n'y eut cependant aucune détermination des os du bras et de l'épaule, parce qu'on ne trouva point à s appuyer sur des formes intermédiaires qui pussent conduire d'un groupe à l'autre. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. XXXV Où le principe des connexions révèle tonte son importance, c'est surtout dans la considération des appareils respiratoires. La plupart des animaux ont un larynx, une trachée-artère et des bronches ; rien de tout cela n'est dans les poissons : ainsi nous l'apprend une étude comparative des formes. Mais appliquez nos principes à cette ob- servation , et vous en prendrez une autre • idée. La théorie des analogues vous por- tera à soupçonner qu'il n'y a point de création particulière et exclusive à l'égard des organes respiratoires des poissons , puisque ceux-ci ressemblent d'ailleurs aux autres animaux vertébrés ; et le principe des connexions , venant à votre secours , fortifiera ce pressentiment , fécondera vos recherches et fixera enfin votre attention sur tous les points d une réelle identité. Ayant introduit dans les études anato- miques deux nouveaux moyens de recher- ches, je me suis trouvé entraîné dans une direction différente à quelques égards de XXXVI DISCOURS PRÉLIMINAIRE. celle que l'on avait, suivie jusqu'à ce jour. Ainsi lorsque Faiiatomie comparée fait de Fliomnie son point de départ, et lorsque,, s appuyant sur ce principe que les organes de cette espèce privilégiée sont plus par- faits , mieux connus et mieux définis , elle examine en quoi et comment ces organes se diversifient, se déforment et s'altèrent dans tous les autres animaux , mes nou- velles vues me portent à ne donner de préférence à aucune anatomie en particu- lier, mais à considérer les organes là d'abord où ils sont dans le maximum, de leur déve- loppement, pour les suivre ensuite de degré £ii degré jusqnà zéro d existence. Dans le premier cas, celui de l'homme placé au centre d'un cercle, on se. rend par un grand nombre de routes ou de rayons divergens à tous les points de la circonférence; de cette circonférence au contraire, je me porte vers le centre. : j'aborde directement les anomalies les plus choquantes, pour les embrasser dans une même pensée, et pom? faire voir que toutes ces organisations si DISCOURS PRELIMINAIRE. XXXVij diverses aboutissent à un tronc commun , et n'en sont que des rameaux plus ou moins différens. Je ne m'arrêterai point aux conséquences physiologiques de cette proposition ; c'est à l'ouvrage lui-même à les donner : mais il en est d autres d une application usuelle, sur lesquelles j'ai à cœur d insister. En effet, s il est facile de ramener h l'unité de composition les organisations si diverses des animaux vertébrés , rien n'em- pêche que les jeunes gens ne s'en tiennent, dans leurs études , à un très-petit nombre de considérations. Avec le principe des connexions , vous n'avez phis à craindre que des anneaux intermédiaires vien- nent à manquer ; vous êtes au contraire dans une position de faveur , dans une position réellement à rechercher , puisque vous ne pouvez restreindre le champ de l'observation qu'en bornant le nombre de vos exemples, et que vous ne tirerez de profit de ceux-ci qu'en les choisissant à de grands intervalles les uns des autres. XXXviij DISCOURS PRELIMINAIRE. A la rigueur, il vous suffira de consi- dérer l'homme, un ruminant, un oiseau et un poisson osseux. Osez les comparer di- rectement , et vous arriverez de plein saut à tout ce que lanatomie peut vous fournir de plus général et de plus philosophique. Autrement , si vous continuez à par- courir tous les chaînons intermédiaires, vous vous embarquez pour un voyage long et pénible. Combien de personnes, aux- quelles il eût été aussi utile qu'agréable de 1 entreprendre , ont été obligées d'y re- noncer, faute dy pouvoir consacrer le temps nécessaire? Ainsi les voyages d ou- tremer ont été à la portée d'un très-petit nombre d'hommes, tant qu'on a été privé de la boussole et forcé de suivre la côte. Le principe des connexions, comme une autre boussole , rapproche donc les dififé- rens points du théâtre de nos explorations. En simplifiant les recherches , il met les considérations de lanatomie philosophi- que à la portée du plus grand nombre. Je me flatte que ce nouveau moyen de DISCOURS PRELIMINAIRE. XXXÎx recherche aura un jour quelque influence sur les études médicales ; il délivrera pro- bablement les jeunes étudians des incerti- tudes pénibles qu ils éprouvent; car s ils dé- sirent vivement de ne s'en pas tenir à l'ana- tomie dune seule espèce , à une anatomie purement chirurgicale , ils craignent bien davantage de s'engager dans une entre- prise qu'ils croient au-dessus de leurs forces. En terminant ici mon ouvrage , qu'il me soit permis d'ajouter que je me regarderais comme bien complètement récompensé de mes travaux , si mes recherches exerçaient vin jour cette influence. Oui , que ne puis- je apprendre qu'elles ont été utiles à la jeunesse de nos écoles ! Quelle classe de notre belle France est plus digne d'intérêt ? Que de dé- vouement, que d'application , que d'ardeur pour l'étude ! Jeunesse aimable, toute oc- cupée des nobles productions de l'esprit , vous semblez absorbée dans une seule pen- sée; dans cette pensée qui a fait dire à .Virgile : Félix quipotuit rerum cognoscere causas ! .->%.* - » »<■» W». »^> * "* * <"»<^"S : «^'^"fc *.-■» ^"»»^% "»/»■»/*'»'* ^'%<5-'^^^» » »->a^»^i-k ■».».*V» •*--■- INTRODUCTION. J e me propose de démontrer ici qu'il n'est au- cune partie de la charpente osseuse des poissons, qui ne retrouve ses analogues dans les autres ani- maux vertébrés. Toute simple, toute conforme à l'ordre naturel et à la marche philosophique des sciences , que paraisse cette proposition , je ne puis me flatter qu'elle soit également et universellement accueil- lie. J'attends > au contraire, les plus grands dis- sentimens d'opinions de la disposition actuelle des esprits sur des matières de cet ordre. Les uns ne verront pas même dans cette con- sidération un véritable sujet de recherches, ne pouvant concevoir qu'après tant de travaux en anatomie et en physiologie, il soit encore pos- sible de méconnaître le principe de l'unité de type dans les animaux vertébrés : accoutumés à voir de haut le vaste ensemble de l'organisation , à en saisir rapidement les faits généraux et à pré- juger les rapports de ceux de ces faits qu'ils n'ont (2) pas encore aperçus , ces maîtres de Fart ne man- queront pas de m'opposer que je suis, un des pre- miers, entré dans ces mêmes vues, et qu'il m'ap- partient peut-être moins qu'à tout autre de réexa- miner une proposition ainsi devenue une vérité pratique, une vérité de sentiment. D'autres, au contraire , s'effaroucheront des transformations qu'il faudra admettre, et préféreront se retrancher dans les règles conservatrices des bonnes doc- trines : ceux-ci n'ont d'assentiment à donner qu'à des résultats éprouvés par le creuset du tems i dans la persuasion où ils sont qu'on ne saurait être trop en garde contre la tendance du siècle à tout généraliser , et que , dans la crainte de voir édifier sur des opinions purement hypo- thétiques, il convient d'exiger que les preuves se multiplient et soient même en quantité sur- abondante, dès qu'en histoire naturelle ce ne sont pas les théories qui font arriver , mais des obser- vations exactes et des faits incontestables. Cependant, entre ces deux extrêmes : se déter- miner seulement d'après V analogie _, ou se rendre trop difficile sur les faits , il me semble qu'il est un milieu à tenir : c'est la ligne dont je cherche- rai à ne point m'écarter dans tout ce qui va suivre. (3) Les naturalistes qui ont fait de l'unité de plan pour tous les vertébrés une sorte de loi zoolo- gique, ne me paraissent pas avoir assez réfléchi sur le parti qu'on pourrait tirer contre leur sys- tème de l'état actuel de nos connaissances sur l'organisation des poissons. En effet l'emploi de plusieurs noms nouveaux appliqués à quelques pièces du squelette de ces animaux, n'équivaut-il pas à la déclaration qu'on a sous les yeux des ob- jets nouveaux eux-mêmes? Non-seulement alors les poissons ne seraient pas simplement des ver- tébrés chez qui de certaines modifications surve- nues aux grands organes, auraient seulement fait naître les changemens de rapports et de con- nexions qui dans les mammifères, les oiseaux et les reptiles, constituent l'essence de ces trois sous- types; mais ils apparaîtraient à l'observateur comme des êtres affranchis dans certains cas, des lois qui dans ces derniers règlent les conditions de leur existence comme grand groupe ou classe-) si en effet pour être produits les poissons appelaient nécessairement l'intervention d'or- ganes nouveaux , et ne sauraient être complétés dans leur formation qu'au moyen de matériaux imaginés pour eux seuls, d'os, enfin, créés unique- ment à leur profit. Et nous devons îe faire remarquer : ce n'est pas une seule pièce qui est méconnue , mais plusieurs (4) qui sont dans ce cas. Tels sont les grands os de la membrane des ouïes , les rayons branchiostèges , les pièces de l'opercule, les arcs branchiaux, les os en ceinture; et toute cette quantité de pièces qui servent de support aux rayons des nageoires , pectorales , ventrales, anales et dorsales. Quand dans mes précédentes recherches, j'es- sayai déjà de ramener quelques-unes de ces pièces à leurs analogues, j'étais à chaque pas ar- rêté par une sorte de merveilleux y sur lequel je n'osais cependant beaucoup insister. Quelle scène, en effet, que celle où je voyais réunis, entassés et comme amoncelés les uns sur les autres ( sans confusion toutefois ) , tous les os qui servent d'étui ou de base aux organes de la sensibilité, de la circulation, de la respiration, de la dégluti- tion, des sens et du mouvement! Cependant si le groupement de tant et de si importans organes et leur entassement sous le crâne me parurent à cette époque un sujet si profond de méditation, c'est (je le reconnais aujourd'hui) qu'alors j'observais le poisson, l'es- prit préoccupé des études de l'anatomie humaine : accoutumé ailleurs à une sorte d'état naturel y je trouvais bien le même fonds dans les poissons, mais si étrangement défiguré , que j'étais parfois disposé à ne voir en une si grande complication que bizarrerie et confusion; je passais ainsi de la (5) surprise au découragement, bien que mes pre- mières recherches eussent déjà rendu ma marche plus assurée, parce qu'embrassant successivement chaque organe, je ne pouvais encore me rendre compte que de quelques fragmens de l'être. Depuis , de nouveaux efforts m'ont fait con- naître de nouveaux rapports , et me permettent devoir les poissons de plus haut, et, si je ne m'abuse, de comprendre comment une simple différence dans les attaches de quelques viscères, fait tomber le type uniforme des vertébrés dans les conditions d'un quatrième sous-type. Faisons connaître en quoi consiste cette trans- formation, et prévenons d'abord que nous ne se- rons pas pour cela obligés de perdre de vue notre principal sujet. Pour donner cette démonstra- tion , il nous suffit de comparer les squelettes des quatre sous-types ou des quatre classes ,, parce que ( ce dont nous nous réservons dans un écrit ad hoc, de donner un jour la preuve ) il est de l'essence de chaque pièce, d'appartenir à un cer- tain ensemble de parties molles, muscles, nerfs et vaisseaux; que les os soient percés en étui ou qu'ils soient disposés en une sorte de quille. Les choses étant ainsi, les résultats trouvés pour le squelette ont cette importance, qu'ils conduis sent à la connaissance des parties qui le revêtent, et mieux, qu'ils donnent à priori cette connaissance* (6) On définit les vertébrés, ou on comprend sous ce nom les animaux qui ont un long cordon mé- dullaire, ou, comme on l'appelle plus usuellement, une moeîle-épinière,, aux côtés de laquelle les nerfs viennent se rendre et dont l'extrémité antérieure se développe et s'épaissit pour former l'encéphale. La moelle-épinière est logée dans un étui osseux , dit la colonne vertébrale, et l'encéphale dans le crâne. Tout l'essentiel de l'être est là : le sur- plus se compose d'appareils qui établissent ses relations avec son inonde extérieur, ou qui l'ai- dent à emprunter aux corps ambians de quoi en- tretenir son existence. Or chacun sait que, de même que le cordon médullaire et l'encéphale ont des os propres , ces appareils ont les leurs. S'il en est ainsi, il nous suffît de considérer ces os et, de rechercher dans quelle circonstance ils trouvent un appui sur le crâne ou sur la colonne vertébrale, en quel endroit et comment ils s'y attachent, s'ils conservent toujours un point fixe d'articulation, ou si leur mode d'union est varia- ble d'une classe à l'autre. C'est en effet ce qu'il nous importe de savoir, mais comment y parvenir ? Comment..? Ya-t-il dans les sciences naturelles d'autres moyens de ml recherche que l'observation? Non. Voyons donc (7 ) ce qui est; mais attendez, n'oubliez pas de voir, l'esprit dégagé de tout préjugé, N'allez pas exa- miner les squelettes des quatre classes , en déter- minant à l'avance que tout corps animal se sub- divise en tête , tronc et extrémités, et n'exigez pas, comme si cela appartenait à l'essence de l'organisation , que ce que vous avez vu ailleurs vous soit invariablement reproduit partout. Présentement, vous pouvez recourir directe- ment à l'observation, et vous retirerez de cette disposition ce premier avantage, c'est que vous verrez disparaître le merveilleux dont j'ai parlé plus haut , lequel avait moins pour cause le fond des cboses que la manière de les envisager. Et d'abord, veuillez porter votre attention sur ce qu'on est dans l'usage de désigner sous le nom de tronc. On appelle ainsi le coffre qui contient les vis- cères de la poitrine et de l'abdomen. Or , dans les quadrupèdes, le tronc (et pour l'explication de ce qui va suivre, je suis obligé de restreindre l'acception de ce mot et de ne l'appliquer qu'au thorax et à l'abdomen, sans y comprendre l'épine du dos et les cotes vertébrales) , le tronc, dis-je , est visiblement suspendu dessous, et attaché au milieu de la colonne épinière. Un nombre quelconque de vertèbres existent au-delà, les cervicales en avant, les coccvgiennes en arrière. (8) Dans les oiseaux , le tvonc est tout reporté a l'extrémité postérieure : aussi les vertèbres du cou sont-elles chez eux en plus grand nombre, variant de 9 a, a3, quand ce nombre, sauf une ou deux exceptions , est restreint à 7 dans les mammifères. De ces observations je crois devoir conclure que le tronc n'est pas immuablement attaché aux mêmes points de la colonne épinière. Ce déplacement n'avait pas frappé, parce que, d'abord , des oiseaux aux mammifères il est peu considérable, et qu'ensuite, on n'avait pas encore éprouvé le besoin d'en tenir compte. A l'égard des poissons, j'hésite si je me ser- virai du même nom ; mais que l'on puisse , ou non , appeler tronc les cavités où sont situés les viscères delà poitrine et de l'abdomen, le point essentiel est que ces viscères existent, et que nous puissions savoir ce qui en est. Je ne puis sur cela que rappeler ce que chacun sait ; la poitrine et le cœur sont sous la tête^ et les organes de la digestion et de la génération venant après, sont sous les premières pièces delà colonne vertébrale; mais si , dans un Mémoire spécial [Annales du M. , H. N. , tome 10, page 87) , j'ai déjà démontré que les organes de la respiration n'existent pas sous la tête sans y être accompagnés et servis par leurs os propres, il faut donc admettre que les mêmes parties qui dans les premières classes compo- (9) sent le tronc, sont ici toutes situées en avant p*e la colonne vertébrale, une portion même du tronc étant parvenue à se loger sous le crâne. Ce qui revient et se réduit à ceci : le tronc existe dans les Quadrupèdes sous le milieu de la colonne vertébrale, dans les Oiseaux sous Yextré- mitè de la colonne et sons le coccyx, et dans les Poissons sous les premières vertèbres et sous la tête. Il n'y a là aucune idée de théorie j c'est un ré- sultat qu'il faut bien accorder au témoignage de ses sens , et c'est ce qu'on aurait vu dès l'ori- gine, si , moins prévenu par ce qui est enseigné dans les écoles d'anatomie , on ne se fût pas obs- tiné à vouloir trouver les poissons , sous certains rapports, tout-à-fait semblables aux mammifères et aux reptiles. Pour adopter, sans réserve, le principe de l'unité de composition organique pour tous les animaux vertébrés , vous faut-il une ressemblance plus réelle? je puis et vais vous satisfaire, en vous montrant que tous les matériaux qui composent les poissons y sont exactement et entièrement les mêmes que ceux qui entrent dans la formation de l'homme, des mammifères, des oiseaux et des reptiles. Mais vous ne trouverez pas possible, pour tous les cas, cette subdivision , tête, tronc et extré- mités ? que vous aviez admise et presque érigée en • ( 10 ) principe : vous ne trouverez pas le poisson avec les formes dégagées et gracieuses des autres séries ^ vous ne trouverez pas toujours le même groupe- ment des organes dorsaux et des organes ven- traux; vous ne trouverez pas enfin , qu'aux mêmes points de la première couche, ou de celle des os • vertébraux, correspondront constamment les os de la seconde couche ou ceux de la région ven- trale. Il y a à cet égard variation d'une classe à l'autre ; mais vous verrez que toute grande et toute importante que soit cette métastase , elle n'influe en rien sur les fonctions des pièces et leurs con- nexions , qui restent invariablement les mêmes. Quand, arrivé aux dernières pages de ce livre,, j'aurai développé toute ma pensée à cet égard, je pourrai peut-être même donner la loi et l'ex- plication de cette variation : ce n'est une énigme aujourd'hui qu'en raison de l'état actuel de nos connaissances, puisque la seule manière qu'il y ait présentement de s'en rendre compte, serait d'adopter pour elle la locution si ordinaire et si abusive, que c'est une de ces exceptions dont on rencontre, dit-on, tant d'exemples dans les ouvrages de la nature. Ainsi , si vous m'accordez que le tronc , selon les classes ( je ne dis pas glisse ou coule le long de la colonne épinière), mais qu'il se voit tantôt en avant de la colonne, tantôt en arrière* et tan- ( » ) tôt au milieu d'elle , ce qui est un point mainte*» aiant bien établi par l'observation, j'aurai déjà, sous certains rapports, ramené le poisson aux for- mes des autres animaux vertébrés. Car je ne le dissimule pas, ma direction m'est donnée par un principe à priori : or ce principe m'a tant de fois si heureusement inspiré, qu'actuellement je ne doute pas qu'il ne soit tout-à-fait possible d'ar- river à ne plus dire à l'avance et sur simples pres- sentimens, que les animaux vertébrés se ressem- blent, comme étant visiblement faits sur le même plan -y mais que nous touchons au contraire au moment d'asseoir cette proposition sur une suite d'observations, et conséquemment sur des bases inébranlables». Je vais plus loin : c'est au développement de cette haute pensée de la nature, à l'examen des détails susceptibles de la révéler, et en général à la recherche de toutes les correspondances d'or- ganes non encore ramenés les uns aux autres que je me propose de consacrer désormais mes veilles et mes travaux. Je ne donne dans cet ouvrage d'application de ces vues qu'à l'égard d'une partie de l'organisa- tion,* mais du moins c'estla partie la plus étendue et la plus féconde en résultats que j'ai choisie. En me bornant dans cette circonstance à la seule ( *« ) I considération des os de îa poitrine , j'ai évidem-* ment embrassé et toutefois à dessein, le sujet le moins propre à me conduire vers le but de ces recherches» En effet, les organes de la respiration devien- nent un tout harmonieux en vertu de deux causes, ou du moins sont modifiés par deux influences qu'on pourrait croire opposées dans leur action : car d'abord ils dépendent, comme tous les autres organes, de l'influence, fruit du concours de tou- tes les parties organiques; et de plus, sous peine d'être stériles, atrophiés, nuls enfin, c'est-à-dire x de renoncer à ce qui en forme l'essence , il faut qu'ils soient combinés et mis en harmonie avec les enveloppes gazeuzes ou liquides du globe. Or chacun sait que l'élément respirable est disséminé dans deux milieux très-différens, l'air et l'eau : ce qu'il était assez naturel de préjuger dans ce cas, c'est que cette action extérieure forme une ordonnée qui a pu placer l'appareil respiratoire hors de la condition des autres organes. Des deux modes impérieusement exigés pour îa respiration, on a dû et pu conclure à deux systèmes organw ques différens et se laisser guider par l'apparence pour arriver aux idées particulières embrassées par les dénominations de poumons et de bran- chies. (13) Dans cette situation des choses , la respiration formait la question la plus importante à traiter selon nos vues , et Ton sent, que , résolue affirma- tivement , elle fait, à fortiori, préjuger la même solution pour tous les autres cas. Je n'annonce qu'un traité sur les os de la poi- trine , parce que je dois d'abord m'occuper de la détermination et de la correspondance de toute cette charpente dans tous les animaux vertébrés; mais on se tromperait si l'on venait à croire que je ne vais donner qu'une ostéologie partielle, et écrite dans le goût et la manière de quelques ou- vrages ex professo sur cette matière : j'arrive au contraire à des résultats d'un ordre élevé et phi- losophique. PREMIER MEMOIRE. Du couvercle des branchies dans les pois- sons > employé jusqu'ici sous les noms d'opercule , dinter- opercule , de pré-oper- cule et de sub- opercule; Et des quatre os correspondans du conduit auditif, dans les animaux à respiration aérienne , nommés étrier , enclume , len- ticulaire et marteau. Il peut paraître étrange que je commence Ce Traité de la Respiration par un article sur &ô$ pièces que d'ordinaire on attribue au crâne : mais outre que j'en ai des motifs, qui tiennent au fond de la question , j^y suis conduit par Tordre pro- gressif de mes idées. Ce que je cherche aujour- d'hui et parce que je le cherche en ce moment, il me semble que le public a intérêt alors de le savoir. Quand, il y a douze ans, je m'occupai de don- ner la détermination des os du crâne, il me parut, avant d'avoir apprécié les difficultés de cette en- treprise, que je n'en éprouverais de réelles qu'à ( i6 ) l'égard des pièces de l'opercule (1). Des os qui font partie du crâne et qui n'ont de fonctions appa- rentes qu'à l'égard de la respiration, paraissaient en effet dans des conditions toutes particulières et entièrement i'cthyologiques. Ainsi je me proposai d'abord la recherche des os operculaires, et n'examinai ce qui était au-delà tt en deçà que dans la pensée d'arriver pas à pas à ce qui me paraissait en ce lieu la principale et presque la seule anomalie. Je commençai par donner un premier mémoire sur les os de la nageoire pectorale , ANN., tome 9> p. 557; un second, sur les métamorphoses et les usages multipliés d'une des pièces de cet appareil) ibid.p. 4i3, et puis un troisième, sur le sternum des poissons, /. 10, p. 87 : j'en vins, par là, à connaî- 1 (l) Quelques-unes de ces pièces ( de la tête) disais-je alors, d'une forme et d'un usage uniquement propres aux poissons , telles que les opercules, ont surtout contribué à faire croire que , si du moins dans la formation de ces êtres singuliers , la nature n'a pas abandonné le plan qu'elles a suivi à l'égard des autres animaux vertébrés , elle a dû , pour les mettre en état d'exister au sein des eaux , modi- fier tellement leurs principaux organes , qu'il n'est resté de ce plan primitif que quelques traits épais et difficile» a saisir. (Annales du Muséum d} Histoire naturelle , tome 1 o, page 342. (17) tre an assez grand nombre de pièces, toutes jus- qu'alors restées indéterminées. M'étant ainsi approché de l'opercule, mais par une marche en quelque sorte rétrograde, je cher- chai à y arriver plus directement. Persuadé que les os qui cloisonnent les organes des sens, c'est- à-dire, que les os de la bouche, du nez, des veux, etc. m'offriraient une analogie constante , j'eus le désir , dans la vue de les suivre jusqu'à l'opercule, d'en connaître la correspondance dans les diterses classes d'animaux. Mais bientôt je m'aperçus que j'ouvrais une mine d'une fécondité extrême, riche surtout en conséquences physiologiques ; je m'arrêtai, par rapport à mon premier dessein. Entré dans un monde tout nouveau, ce n'était ni divaguer, ni même manquer au but principal de mes recher- ches, que de m'occuper à recueillir tant et de si piquans aperçus. Je donnai donc un traité sur le crâne : j'en vou- lais venir aux poissons; mais je ne m'occupai d'abord que du crâ*ie des crocodiles dans un pre- mier écrit, Ann., t. io,p, séo,, et que du crâne des oiseaux dans un second, ibid. , p- 542. Dans cette circonstance je m'étais particulièrement attaché aux oiseaux, comme compris dans les degrés moyens de l'échelle des êtres. I On a besoin d'être encouragé dans ses recher- 2 < 1» ) elles, et on ne Test jamais mieux que lorsqu'on se laisse prévenir par un pressentiment qui vous entraîne. Or je voyais, dans tous les animaux ovipares , à commencer par les oiseaux, les plus considérables d'entre eux, le cerveau se désassem- bler, diminuer quant à son volume, et se trou- ver réduit dans les poissons à quelques mamme- lons écartés : je crus qu'il en était de même, ou pensai du moins qu'il en serait de même des par- ties osseuses qui coiffent le cerveau, et que j'en viendrais dans cette direction, à retrouver là les élémens des opercules : des pièces, inutiles dans le cas d'une boîte cérébrale aussi petite, pou- vaient bien, plutôt que d'être entièrement dé- truites, n'être que rejetées sur les côtés du crâne et y acquérir des fonctions relatives au méca- nisme de la respiration. Tellessont les vues théoriques dont je me servis comme d'une sorte de principe à priori pour chercher et découvrir : j'en étais pénétré dès 1807; le lecteur s'en convaincra par le passage suivant, que je plaçai en tête de mon ouvrage sur 3e crâne des oiseaux. ce La nature emploie constamment les mêmes matériaux et n'est ingénieuse qu'à en varier les formes. Comme si en effet elle était soumise à de premières données, on la voit tendre ton- ( m) tours à faire reparaître les mêmes élémens, en même nombre , dans les mêmes circonstances et avec les mêmes connexions. S'il arrive qu'un organe prenne un accroissement extraordinaire, l'influence en devient sensible sur les parties voisines, qui dès-lors ne parviennent plus à leur développement habituel ; mais toutes n'en sont pas moins conservées quoique dans un degré de petitesse, qui les laisse souvent sans utilité : elles deviennent comme autant de rudimens qui té- moignent en quelque sorte de la permanence du plan général. « Yivement frappé de ces aperçus, continuai-je, je me suis livré à l'espoir de découvrir, dans le crâne des poissons, les mêmes parties que dans celui des autres animaux vertébrés ; et je l'entre- pris avec d'autant plus de confiance que les re- cherches qu'un pareil travail exigeait, m'étaient devenues plus faciles, depuis que j'avais trouvé les os du bras et ceux de la poitrine. ce Etant ainsi parvenu à l'avance à séparer toutes les pièces du crâne des poissons , il me restait à faire la même opération à l'égard de celles qui soutiennent la langue et qui composent les arcs branchiaux ; et alors , soustraction faite de ces os, je devais m'attendre à n'avoir plus sous les yeux que des pièces qui appartinssent essen- ( ^o ) tiellement à la tête. Par ce moyen , l'objet de mes recherches devait se trouver plus circonscrit. « Toutefois je crus un moment que nonobstant ces réductions , le crâne des poissons renfermait encore plus de pièces que n'en montre celui des animaux vertébrés ; mais j'en pris une autre opi- nion , dès que j'eus songé à considérer les os du crâne de l'homme dans un âge plus rapproché de celui de leur formation : ayant imaginé de comp- ter autant d'os qu'il y a de centres d'ossification distincts, j'eus lieu d'apprécier la justesse de cet aperçu : les poissons dans leur premier âge cor- respondant P eu égard à leur développement, aux mammifères dans leur état de fœtus, il y avait pa- rité : la théorie n'offrait rien de contraire à la supposition admise. ce Comme tout le succès de ces recherches de- vait dépendre démon point de départ, je me traçai d'abord le plan que j'avais à suivre. La nature, ai-je dit plus haut, tend à faire reparaître les mêmes organes en même nombre et dans les mêmes relations , et elle en varie seulement la forme à l'infini. D'après ce principe, je n'aurai jamais à me décider, dans la détermination des os de la tête des poissons, d'après la considéra- tion de leur forme, mais d'après celle de leurs connexions \ (« ) « Si j'ai eu d'abord sujet de m'applaudir de l'heureuse application de ce principe, feri aper- çus bientôt l'insuffisance ; il n'y a pas de pièces dans le crâne des mammifères , qui ne soient entourées de plusieurs autres. Celles de l'opercule au contraire ont un de leurs bords flottant : ce sont des os en quelque sorte rejetés en dehors du crâne et surtout remarquables, en ce qu'ils ont des rapports d'usage, non pas seulement avec la tête, mais avec les bras et la poitrine. Le fil dont je m'étais servi pour marcher dans ce laby- rinthe m'était donc échappé des mains : car ces pièces de l'opercule étant sans connexion dans une grande partie de leur pourtour, j'étais prive des moyens d'en retrouver les analogues , et je sentais que, si je renonçais à en faire mention, je ne pourrais jamais être assuré d'avoir procédé ri- goureusement à l'égard des autres parties de la tête des poissons. V» Ann., t. 10 ,/?• 345 ». On voit par ce qui précède comment je m'a- cheminai vers la détermination des quatre osse- lets de l'opercule j apercevant ces os au centre d'un nombre considérable d'autres pièces et avec des fonctions qu'il fallait désespérer de trouver ailleurs, je ne pouvais user de trop de précau- tions à leur sujet : j'en avais fait le but de tous ( 22 ) mes écrits relatifs à d'antres parties de Fétre ic- thyologique , étant de plus en plus persuadé que ce serait là que je rencontrerais les plus grandes difficultés. Comme je n'en avais pas tout-à-fait cette idée en commençant, j'avançai, n'écrivant pas encore ex-professo sur les poissons_, ou du moins je don- nai comme vraisemblable que l'opercule prove- nait d'un démembrement des parties latérales du crâne. Il me parut que le frontal s'articulait di- rectement avec l'occipital , en laissant en liberté à l'extérieur les pariétaux et les temporaux; ce qui à un examen plus attentif ne s'est pas trouvé vrai au sujet des pariétaux, et ce qui demandait à être mieux établi à l'égard des temporaux eux- mêmes. Quand enfin je m'occupai spécialement des poissons , je vis combien le but était escarpé : je n'avais saisi que quelques indications; je m'en servis toutefois pour jalonner la route : mais en publiant , article Tétrodon dans le grand ou- vrage sur V Egypte % d'une manière vague ces ré- sultats, je crus devoir en rester là, et attendre qu'il y eût en Europe une opinion formée sur les dé- terminations que j'avais présentées : de nouvelles vues pouvaient m'être communiquées et je devais tout gagner à cet écbange d'idées. (25) Ce ne fut qu'en France qu'il y eut révision de mon travail. L'Académie des sciences n'a pas oublié tout le plaisir que lui fit il y a trois ans la communica- tion des nouvelles vues de M. Cuvier (1) sur la composition de la tête osseuse dans les animaux (1) Notre confrère, M. Geoffroy, disait M. Cuvier dan» une lecture qu'il fit en 1812, à l'Académie des sciences, a présenté à la classe , il y a quelques années , un travail général sur la composition de la tête osseuse des animaux vertébrés , dont il n'a encore publié que quelques parties,, et qui offre des recherches très-ingénieuses et des résultats très-heureux. Pour expliquer cette multiplicité d'ossemens que Ton trouve dans la tête des reptiles , dans celle des poissons et même dans celle des jeunes oiseaux , M. Geof- froy a imaginé de prendre pour objet de comparaison la lête des foetus de Quadrupèdes ? où l'on sait que bien des os qui doivent se réunir dans l'adulte , se montrent en- core séparés , et il est parvenu ainsi à ramener à une loi commune 5 des conformations que la première apparence pouvait faire juger extrêmement diverses. Il a prouvé entr'autres choses , aussi singulières que vraies, que toutes les parties du temporal , le rocher excepté , se détachent successivement de la tête ; que le cadre du tympan en forme ce que l'on appelle l'os carré , ou le pédicule de la mâchoire inférieure dans les oiseaux 3 les reptiles et les poissons ; que le bec des oiseaux est presqu'entièrement formé par les intermaxillaires; que les maxillaires y sont réduits à une petitesse qu'on n'aurait pas soupçonnée, etc. ( 24) vertébrés. Ces vues eurent principalement pour objet de très-neuves et de très-curieuses considé- rations que je n'avais ni aperçues ni même pres- senties, sur trois des principales pièces du crâne, le frontal, Féthmoïde et le sphénoïde. Le frontal des mammifères est plus divisé dans les trois autres classes ; la lame cribleuse de l'eth- moïd e n'y existe pas; ses lames orbitaires y sont tan- tôt membraneuses, tantôt cartilagineuses et tantôt osseuses, et enfin les ailes du sphénoïde y restent le plus souvent détachées de la partie impaire et principale, et passent à de nouveaux services. En adoptant, à mon tour, toutes ces vues, et en modifiant d'après elles mes anciennes idées, il est cependant un point de la plus haute impor- tance à mon avis, sur quoi je ne puis de même partager l'opinion 4e mon savant confrère ; ce sont les déterminations qu'il a données pour les poissons, d'abord de l'os temporal et des annexes de cet os, et secondement ses considérations sur les os Operculaires. Ce n'est, comme on leper.se bien, qu'après de En adoptant entièrement ces découvertes de M. Geof- froy, relatives aux métamorphoses du temporal, des maxil- laires et de quelques autres os, j'ai cru pouvoir conserver une partie de mes anciennes idées sur le frontal , l'etlimoïde et le sphénoïde , etc. CUVIER , ann. 3 Tome ly , page 123. (25) longues hésitations que je me suis fixé à de nou- veaux aperçus et que je me suis permis cette dis- sidence d'opinion vis-à-vis le chef illustre de no- tre nouvelle école \ mes incertitudes au sujet des os operculaires furent même autant fondées sur le haut respect que je porte à son talent que sur Tidée avantageuse que je m'étais faite de ses mo- tifs pour conserver les anciennes dénominations de ces pièces. En effet> M. Cuvier avait vu la tête des pois- sons formée des mêmes os que dans les pre- mières séries et cela sans les os de l'opercule ; de plus, les os de l'opercule ont évidemment des fonctions relatives à la respiration et à un mode de respiration dont il n'y a et ne pouvait y avoir d'exemple que dans les poissons. Adaptés à des branchies et évidemment consacrés à une œuvre toute icthyologique, était-il impossible que pour un résultat nouveau, ils eussent été créés acl-hoc ? Cela ne devenait-il pas au con- traire probable? Et dans le doute, il était au moins prudent de laisser à ces os les noms qu'ils avaient portés jusqu'alors. De là dans le travail de M. Cuvier les noms à' opercule^ 'înter-opercule, de sub-opercule et de pré-opercule , donnés aux quatre os operculaires alors connus. Nous ver- rons plus bas qu'il s'en devait trouver et qu'il en existe effectivement un cinquième, ( 26 ) Les travaux des hommes de génie, tout en fai- sant autorité, engendrent une honorable émula- tion et excitent à de nouveaux efforts. Les dé- couvertes de M. Cuvier exercèrent la sagacité de notre célèbre confrère M. de Blainville. Ce savant, également frappé des pressenti mens qui avaient dirigé mes premiers pas et des résultats de M. Cu- vier, jugea que ces vues ne s'excluaient pas et conçut la possibilité de les concilier. Les os oper- culaires, d'après mes idées d'analogie, dont M. de Blainville m'avait fait l'honneur de prendre une opinion favorable, ne pouvaient être (M. de Blainville le supposait avec moi ) de nouvelle fa- brique, des outils créés pour une seule classe et mis à la disposition des seuls poissons ; et le tra- vail de M. Cuvier apprenait ou donnait lieu d'ad- mettre qu'aucun démembrement du crâne ne pouvait les produire. Dans ces circonstances M. de Blainville imagina de reproduire et d'appliquer aux poissons les idées d'Hérissant sur les oiseaux , et aperçut la solution du problème qu'il s'était proposé dans la possibilité du démembrement d'une partie non comprise dans les déterminations de M. Cuvier, dans le démembrement de la mâchoire inférieure. Le crocodile fournissait un exemple bien favora- ble à ce système. La branche postérieure de sa mâchoire d'en bas est composée d'un nombre de ( 27 } pièces dans lesquelles pouvaient se trouver les analogues des os operculaires , et une certaine ressemblance dans la situation des pièces com- parées semblait confirmer ce rapport. Mais déjà j'avais attaqué la détermination d'Hé- rissant à l'égard des oiseaux, et j'avais montré que l'os carré, aussi nommé par Schneider, inter- maxillaire , de ce qu'il existe entre les deux mâ- choires et sert à les réunir , ne venait point de la mâchoire inférieure restée entière (i), mais était le cadre du tympan articulé avec le crâne par diarthrose. (1) Voici en quels termes je m' expliquai alors sur Vos carré. C'est une pièce qui existe près de l'oreille , en forme de massue , et qui sert à l'articulation des mâchoires. Hérissant ayant remarqué que les maxillaires inférieurs n'avaient point en arrière de portion coudée, ou, comme il l'a cru , de branches montantes , imagina que les os carrés en tenaient lieu ; mais cette supposition est inad- missible , dès que la mâchoire inférieure des oiseaux n'est pas dépourvue de ses branches postérieures. Elles existent sur le même plan que le reste de l'os : elles donnent at- tache aux mêmes muscles et sont terminées par les mêmes apophyses condyloïdes et coronoïdes -, toute fois avec cette différence que ce n'est plus l'apophyse condyloïde qui est reçue dans une cavité, mais que c'est au contraire celte apophyse qui reçoit l'os carré entre ses deux têtes , les- quelles sont écartées et disposées à cet effet. ( *8 ) Lorsque le 23 juin dernier je donnai lecture de ce mémoire à l'Académie des sciences, je me contentai d'y annoncer que les mâchoires infé- rieures des poissons ne sont pas plus que celles des oiseaux, susceptibles de démembrement et qu'elles sont également formées de doubles bran- ches. Cette observation m'avait été fournie par une préparation de la mâchoire inférieure du lépisostée spatule 3 esox osseus , que M. Cuvier conserve dans son cabinet : on y trouve toutes les pièces de la branche postérieure, elles sont en même nombre, dans les mêmes relations et dans le même degré d'écartement que chez le croco- dile. J'ajoutai que cefiU la communication de cette pièce, dont j'ai été redevable à l'amitié que me porte M. Cuvier, qui me ramena à mes anciennes recherches. Le résultat annoncé par M. de Blain- ville m'avait séduit ; j'y avais cru sur parole : et j'en étais demeuré persuadé , au point que dans le dernier concours à l'Académie pour une place de zoologiste, j'avais principalement insisté sur sa Les oiseaux sont exactement , par rapport à la compo- sition de l'os maxillaire inférieur, dans le cas de la plu- part des mammifères : leur mâchoire d'en bas est formée par l'assemblage de doubles branches ? les antérieures et les postérieures. Les deux antérieures se soudent en avant l'une à l'autre , avant ou un peu après la naissance , etc. a$n. , Tome io. page 35 j. ( 29 ) découverte des os operculaires, ayant mis du prix à lui en faire honneur. Il est dans les sciences certaines propositions qu'il suffît d'énoncer pour qu'on soit à l'instant frappé de leur justesse; m'étant cru dans cette mesure à l'égard des os operculaires, je m'étais borné à annoncer que puisque la détermination de M. de Blainville était infirmée par le témoi- gnage de Ja mâchoire inférieure de Yesox osseus j'avais été de nouveau animé de l'espoir de dé- couvrir moi-même les analogues des os opercu- laires, et que j'apportais en ce moment le fruit de mes nouveaux efforts. Ce mémoire dont les sociétés savantes s'occu- pèrent alors, rappela à M. de Blainville son tra- vail sur la même question, qu'il avait terminé dès juillet 1812 , mais qu'il s'était borné à commu- niquer à là société philomath ique. Cette fois, il le publia, page io4^ dans celui des bulletins de cette société, qui fut distribué en septembre, quand moi-même ayant cédé à quelques instances, j'a- vais déjà remis pour le même journal un extrait de mon mémoire, extrait qui parut page 126. Ainsi furent imprimés dans* le même ouvrage et presqu'en regard, deux articles roulant sur le même objet et dont les conclusions et solutions contraires ne pouvaient ne pas être remarquées : l'attention qu'on y donna, me causa dans le temps ( So ) une contrariété dont je me suis peut-être trop occupé. Dans l'intérêt des sciences, il nous con- venait en effet de ne pas fournir de prétextes à la malignité : il est tant d'esprits superficiels réduits à affecter du mépris pour ce dont ils ne peuvent sonder la profondeur. M. de Blainville, en choisissant ce moment pour imprimer l'ouvrage, que depuis cinq ans il con- servait en porte-feuille , s'est par là indirectement prononcé contre mes nouvelles vues. Taire cette circonstance, serait offenser par un témoignage d'indifférence un collègue dont personne plus que moi n'honore le talent ; ce serait aussi man- quer au public, a qui il importe en pareil cas de se tenir sur la réserve et à qui en dernière analyse il appartient de juger ce petit différend. Je vais réunir ici les pièces du procès, en commençant par donner un extrait de l'ouvrage de mon ho- norable collègue. On y trouve que « l'opercule des poissons « est formé par la moitié postérieure de la mâ- « choire inférieure du sous-type des animaux « ovipares, ce que l'auteur croit pouvoir établir « i°. par voie d'exclusion; 2°. directement, c'est- cc à-dire , par une comparaison directe des diffé- «c rentes pièces qui le forment; 5°, par l'analogie ( 3i ) « des muscles qui le meuvent; 4°. enfin, par ses *< usa ces. » « i°. par voie d'exclusion : M. de Blainville ne « pense pas que l'opercule provienne d'un dé- « membrementy du crâne d'abord, montrant aisé- « ment dans le crâne des poissons tous les os qui ce doivent s'y trouver ; de l'appareil masticateur ce supérieur, qu'il trouve dans les poissons com- « posé de ses quatre os à l'ordinaire, les incisifs, « les maxillaires , les palatins antérieurs et les pa- « latins postérieurs j de l'appareil des organes des a sens , ce dont il juge inutile de donner une dé- « monstration; d'où, ayant admis en principe que « la tête des animaux vertébrés n'est jamais com- « posée que de quatre groupes d'os, ceux qui « coiffent le cerveau , ceux qui servent à l'appa- cc reil des organes des sens, ceux dont se compose « la mâchoire supérieure , et puis enfin ceux de « la mâchoire inférieure, il conclut par voie d'ex- « clusion que c'est au quatrième groupe ou à la ce mâchoire inférieure qu'appartient l'opercule. » « 2°. Directement : les oiseaux et les reptiles « ont les doubles branches de chaque maxillaire « inférieur subdivisées en six pièces, nommées « dentaire, operculaire, jnarginaire, coronaire, an- ce gulaire et articulaire. (î) Ce qu'on aurait pris (i) Voici le propre texte de l'auteur. « La mâchoire « inférieure se compose toujours, comme M. Geoffroy l'a (02) « jusqu'à présent pour toute la mâchoire infé- cc rieure des poissons ne serait formé que des trois « premières pièces, quand l'opercule se trouve- cc rait composé des trois suivantes. « 5°. Par l'analogie des muscles. Le muscle de « l'opercule offre l'un des principaux caractères ce du digastrique , en ce qu'il s'attache aux parties « latérales et postérieures du crâne et se termine ce à la mâchoire inférieure : il y a pourtant cette « différence qu'au lieu de finir inférieurement « sur l'angulaire, c'est sur l'articulaire. ce 4°. Par les usages : dès que le principal usage « de l'opercule est de servir à la fonction de la « respiration, il est dans un rapport de plus avec « la mâchoire inférieure qui dans les grenouilles <( devient, avec l'os hyoïde, l'organe principal « de l'introduction de l'air dans la cavité pulmo- « naire et par conséquent du mécanisme de la « respiration. » « fait voir le premier , de six pièces d'abord distinctes , « qu'il a nommées dentaire , operciiîaire ; marginaire , m coronaire , angulaire et articulaire ». C'est M. Cuvier qui a ainsi appelé ces subdivisions du maxillaire inférieur, en son article de Postéologie du Crocodile. Voyez akn. , Tome 12, page 10. M. Cuvier emploie le nom de coronoï- dien au lieu de coronaire, et celui de supplémentaire à la place du mot marginaire. (55) Ma réponse se bornera aux observations sui- vantes : La voie d'exclusion ne saurait être invoquée. Je ne vois pas qu'on ait épuisé toutes les pièces dont le crâne des animaux à respiration aérienne est composé, pour leur rapporter les os ana- logues de la tête des poissons. 11 en est quatre dans les mammifères, les oiseaux et les reptiles/ que> dans toutes les tentatives de détermination, on a toujours oubliés au fond du canal auditif, les osselets dits th l'oreille : ils se montrent des matériaux d'un haut rang à raison d'une cer- taine fixité de forme, de position et d'usage. L'observation directe nous conduit aussi à un autre résultat. Il n'y a pas de raisonnement à produire ici, c'est le fait; je montre six ou sept pièces dans le maxillaire inférieur des poissons. Pour les mettre en main en quelque sorte, je les ai fait graver, avec la permission de M. Cuvier, à qui cette observation appartient :voy.pl.i,fig.i 3, et pi. 5, fig. 5o, 5i , 5s et 55. Je prie qu'on en constate l'identité avec les mêmes os dans le cro- codile, en recourant aim annales, tome 12, pi. 1 , fig, 3,4 et 7. Pour que la comparaison s'en puisse faire avec facilité, j'ai fait usage des mêmes lettres que M. Cuvier dans son histoire des crocodiles, u est le dentaire, & l'operculaire, x le coronoïdien, z le supplémentaire , v l'angulaire , y l'articu- 5 (54) laire. L'angulaire dans Yesox osseus ( l'espèce dont j'ai fait dessiner le maxillaire inférieur) est séparé en deux pièces ; le sub-angulaire/?Z. 1 7 jîg. 10, est marqué de la lettre s. Qui ne voit que tout rentre là dans l'ordre accoutumé, que tout y prend le caractère de la simplicité, et qu'il n'est plus nécessaire, comme dans le travail que j'examine, de recourir à des suppositions forcées, de transporter l'apo- physe coronoïde du coronoïdien au marginaire, et de faire de cette dernière une seconde pièce articulaire? Rien de plus paradoxal que la tête du crocodile et de l'iguane j mais convient-il de s'en autoriser pour juger sur ce fait isolé delà conformation générale de tous les crânes ? La marche inverse n'est-elle pas au contraire in- diquée dans de telles circonstances? On ramène les écarts de la nature à ses données générales: mais on n'a jamais fondé de lois sur des ex- ceptions. Au sujet du muscle de V opercule , on cherche en vain quel point de contact ce muscle a avec ie digastrique : au surplus, cela n'est avancé qu'avec restriction , puisqu'il n'est parlé du rap- port de ces muscles que pour en signaler les différences. Quant à la correspondance des usages de l'opercule et de la mâchoire inférieure des gre- 55 ) nouilles, je me crois tout-à-fait dispensé d'en parler. Je vais m'occuper de la question elle-même, et cependant avant de l'aborder entièrement , je veux prévoir une objection. « Vous parlez, pourrait-on me dire, de ra- mener le poisson aux formes des autres animaux vertébrés; mais auriez-vous songé à ces larges fentes que l'entrebâillement des ouïes développe à tout moment, à ces larges orifices qui con- duisent sous la têle, et font arriver de plein saut au centre d'appareils du rang le plus élevé? Ailleurs où ne se trouvent point de branchies, trouveriez-vous les mêmes ouvertures? » Ailleurs , je répondrai , partout ailleurs sont ces mêmes ouvertures : nous ne sommes pas davantage ici en défaut d'analogie. JN 'existe*»*: -il pas partout ailleurs des entrées qui mènent à la chambre de l'ouïe , et qui > au moyen des conduits d'Eustache, se prolongent dans la ca- vité buccale? Elles diffèrent en grandeur sans doute, mais de ce qu'elles sont très-larges dans les poissons et étroites dans les autres animaux vertébrés , qu'en conclure ? une simple varia- tion du plus au moins. Cette différence est même plus apparente que réelle , puisque vous arrivez (56) au même point en pénétrant jusques au fond de la chambre auditive, et que vous voyez cette chambre se terminer là , où au moyen de quelques pièces osseuses, elle fait partie de la boite cérébrale : ainsi la même barrière vous empêche de passer plus loin , et l'obstacle qui vous arrête est également dans tous les ani- maux fourni par Fos mastoïdien et le rocher, les seuls os essentiels de l'oreille, bien que par leurs faces internes, ils soient encore , et à la fois, os du cerveau., pièces officieuses du cerveau. Mais si nous sommes amenés à penser que le conduit auditif des mammifères , des oiseaux et des reptiles correspond à la cavité des branchies, ce qui revient presque à cette proposition , que la chambre de l'ouïe perd de sa profondeur en s'é- largissant , ne s'ensuit-il pas qu'il y a rejet , au dehors , des objets qui y auraient été comme em- magasinés? Or, dans l'espèce qui nous occupe, le conduit auditif des mammifères présente quatre pièces Os- seuses, l'enclume, le marteau, le lenticulaire et rétrier : mais pour parvenir à la détermination des os operculaires, n'était-ce pas de quatre pièces dont nous avions besoin, et serions-nous ainsi ar- rivés au but depuis si long-temps et si vivement désiré ? ( 57 ) Je n'en doute nullement : je l'articule comme un fait. L'opercule correspond à rétrier, Tinter- opercule au marteau; au-dessous de l'opercule sont deux pièces qtr'ensemble on avait appelées sub-opercule et qu'on n'avait pas distinguées, parce que l'extrême bord est un très-petit os qui se soude presque toujours à la pièce supérieure: celle-ci est le lenticulaire et l'autre l'enclume. La pièce qui sert d'axe à l'ensemble des os do l'opercule ou au couvercle operculaire n^a en- core été comprise dans aucune détermination (1) : M. Cuvier lui a donné le nom de pré-opercule. Elle n'est autre que le tympanal ou le cadre du tympan. Les connexions de cet os décèlent sa na- ture. Il s'articule vers le haut, dans les poissons, avec la caisse ; par un de ses bords du côté interne avec le temporal; plus bas avec lejugal; et en- core plus bas, il fournit, comme dans les oiseaux, une apopliyse sur laquelle s'appuie le condyle de la mâchoire inférieure. (1) J'étais autorisé à L'écrire ainsi, quand je lus ce mé- moire à l'Académie des sciences. Depuis, dans son article opercule , M. de Blainville a dit à ce sujet : « Quelques au- « teurs ont voulu aussi regarder comme dépendant de « l'opercule , un os considérable, presqu'immobile , qui « se trouve border en avant la deuxième pièce ; mais je « pense que c'est à tort, et que cet os n'est que l'os zigo- « matique (lojugal). » ( 58 ) Je ne dois ni ne puis me dissimuler que ce n*est point ainsi que M. Cuvier nomme deux de ces pièces; et plus dans ce cas j'ai à craindre l'effet des préventions qui lui seront favorables et qui lui sont acquises à tant de titres, plus je me fais un devoir de la sincérité. J'appelle temporal ce que ce grand analomiste désigne sous le nom de caisse, et sa caisse devient mon temporal. Je propose ce changement en me fondant sur un principe qui nous a été à l'un et à l'autre d'un si grand secours, celui de l'ordre des connexions. La présence du jugal, en devant , est une indica- tion, pour que le temporal soit immédiatement en arrière. En outre , celui-ci ne manque jamais de s'articuler aussi avec la caisse et le tym panai ou le cadre du tympan ; or l'os que je considère comme élar.t le temporal dans les poissons, est dans une position à conserver toutes ces con- nexions, ayant le jugal en avant, la caisse vers le liant, et le tympanal en arrière et un peu en de- hors. A ces motifs d'admettre là le temporal s'en joignent deux autres; c'est l'os qui dans cette ré- gion a le moins d'épaisseur, et c'est lui aussi qu'in- diquent les attaches du muscle crotaphite. Cette pièce est si bien l'os du crotaphite que sa conca- vité est en raison directe du volume de cette masse musculaire. D'un autre côté, cette connexion replace la C.%3 caisse , où il me paraît qu'elle est nécessairement ; c'est-à-dire, entre le temporal, le mastoïdien et, le tympanal ; d'où il résulte que cela marche au fond, comme dans les mammifères : plus d'anoma- lies; tout est fidèle à l'ordre des connexions; seu- lement l'aile temporale, au lieu d'être comme ra- massée en boule et repliée sur elle-même, est composée de pièces écartées, comprimées et éta- lées; circonstances, qui, si dans nos comparaisons nous prenons l'anatomie de l'homme pour point de départ, seront regardées comme ayant influé sur le sort des quatre osselets de l'oreille, de ma- nière à en faire dans les poissons des os aplatis et appropriés aux fonctions de l'opercule. Mais du moins cette influence ne s'est pas étendue jus- qu'à faire varier la position respective de ces quatre osselets. Ces os, sous le rapport de leurs connexions , présentent les considérations sui- vantes. Je compare directement l'opercule des pois- sons aux quatre osselets du tympan chez l'homme. Leur description et leur figure ont été si sou- vent reproduites que chacun se les rappelle : ils ne diffèrent pas en nombre, et ne varient pas- essentiellement de forme , surtout dans les mam- mifères. On peut consulter sur cela les observa- tions consignées dans la treizième leçon d'anale* (4o) mie comparée, t. 2, p. 5o3 et suivantes. La prin- cipale différence, qui tient chez l'homme à plus de grosseur proportionnelle des tubérosités de l'en- clume et du marteau, est dans la position plus latérale de ces pièces. V&y. pi. i , fig. i ^ 2, 5 e/ 4. Le marteau est isolé ou du moins un peu ren- versé de côté, tandis que l'étrier, le lenticulaire et l'enclume forment plus spécialement une chaîne de pièces, à laquelle le marteau ne se joint vers le haut que par sa grosse tubérosité. C'est un arrangement semblable que montrent les os operculaires. Le marteau chez les poissons ou Finter-opei cule m ,pL i ,fg. 8 et 12 , est rejeté de côté : logé dessous le tympanaî p , il produit en arrière une facette qui gagne la chaîne des trois autres pièces de l'opercule : il s'articule par diar- throse avec la portion coudée de Fos qui occupe le milieu de cette chaîne et qui forme la première partie du sub-operculé. L'aspect de cette pièce , sa grandeur et sa conformation, qui, à quelques égards, rappelle les jambes et les proportions de l'enclume, m'ont d'abord persuadé de la nommer ainsi : mais la loi plus impérieuse, l'inévitable loi des connexions, dans l'hypothèse que les quatre osselets du tympan correspondent aux quatre piè- cesdel'opercuie, la détermine comme lenticulaire. Au côté inférieur du couvercle operculaire est; formant la seconde partie du sub-opercule * " f 4i ) «n os grêle ( voyez cet os,e, dans le brochet, pi. i? fig. 8 ) , petit, alongé, en bordure intérieurement, s'incorporant de bonne heure avec la pièce su- périeure ; il se montre dans un état équivoque et rudimentaire. Je n'ai point assez d'observa- tions pour dire s'il existe dans tous ou seule- ment dans une partie des jeunes sujets. Telle est enfin la pièce que je crois être l'enclume. Ce n'est pas là d'abord, il est vrai, un ré- sultat fort satisfaisant , surtout quand on se rappelle le rang , la grandeur et les usages de l'enclume chez l'homme; mais c'est sans doute celui où nous devons être insensiblement ame- nés , après que nous aurons étudie les os du tympan dans les oiseaux, à qui, sous ce rapport comme sous tous les autres, les poissons sont te- nus de ressembler davantage. Enfin le couvercle operculaire , dont nous venons déjà d'examiner trois os , se compose encore d'une principale pièce , à laquelle on a laissé en particulier le nom d'opercule. J'ai déjà dit que c'était là l'étrier , et dans cette occasion , formes et connexions me mènent à la démonstration de cette proposition. Cet os est le produit de la réunion de trois bâtons osseux assemblés ensemble sous la forme d'un triangle ou d'un étrier , dont le centre serait entièrement évidé dans les mammifères, et dont ( 42 ) le milieu est rempli par une expansion osseuse excessivement mince dans les poissons: lesmêmes connexions établissent également l'identité de l'étrier et de l'opercule. Nous avons dit plus haut comment l'étrier ne manque pas à ses con- nexions à l'égard du lenticulaire ; il n'y manque pas davantage par rapport à la caisse : ce qui Foblige , dans les mammifères, à s'enfoncer pour aller chercher la caisse au fond du conduit auditif, et dans les poissops, à s'élever vers le rocher et le mastoïdien pour la rencontrer dans le voisinage de ceux-ci. u Mais , dira-t-on , comment, pour comparer ces pièces osseuses , passez-vous de plein saut des poissons aux mammifères, c'est-à-dire, de 3a quatrième à la première classe ? Ne donneriez- vous pas mieux à votre détermination ce degré de certitude qu'exigent les sciences, si vous pouviez nous montrer quelque chose de sem- blable dans des animaux plus descendus dans l'échelle des êtres, dans les reptiles, par exemple? Car enfin, des poissons on s'élève, par une progression évidente , jusqu'aux animaux plus parfaits, les mammifères. » Ce sont là à peine des objections; cet arrange- ment numérique des quatre classes est une inven- tion de nos écoles, qui ne saurait lier celui qui (45) cherche à dessiner à grands traits l'organisation. En outre on commence déjà à ne plus tant parler de cette succession progressive des êtres , et Ton se débarrassera sans doute de même de ces vieilles locutions, les êtres les plus parfaits , au fur et à mesure que l'on se convaincra davantage que ce n'est pas la meilleure et la plus sûre manière de philosopher que de s'apporter toujours soi- même pour terme de comparaison. Quant aux reptiles, je me garderai bien de les faire entrer dans mes élémens de calcul sur l'organisation , si je veux parvenir à la connais- sance de ses lois les plus générales; ils me fe- raient, je puis ajouter, ils m'ont toujours fait prendre une fausse route , parce que , selon moi , la classe des reptiles n'existe pas, en tant que c'est un type secondaire qui est bien tranché, qui a des limites bien naturelles , et qui n'admet que des modifications qui se déduisent les unes des autres. Etrangers entre eux , ils aboutissent à un point de centre; non, en quelque sorte, parce que celui-ci les attire, mais parce qu'il ne les repousse pas ; rappelant sous quelques rapports l'organisation des mammifères , et , comme ovipares , plus véritablement celle des oiseaux et des poissons, ils ne viennent se placer sous les mêmes considérations qu'à raison d'une ( 44 ) impuissance commune à tous, des organes de la sensibilité et de la respiration* On en don- nerait une idée plus juste en les mettant en appen- dice à la suite des autres sous-types, seuls vrais et seuls importans démembremens des verté- brés. Ce n'est pas toutefois que les reptiles ne piquent vivement la curiosité ; c'est cbez eux, quant aux détails, que les écarts de la nature sont les plus grands. Ce qu'on a vu d'une ma- nière nette dans un groupe, devient de nouveau le sujet d'un problème dans un autre, puis dans un troisième : mais plus ils sont susceptibles de ce degré d'intérêt, et moins il convient de s'at- tacher à eux, si l'on en est encore à la recherche des plus simples et des premières lois de l'or- ganisation. J'ai néanmoins examiné leurs osselets du tym- pan , et je dois avouer que plus renfermés ^ sous le rapport de ces pièces, dans des con- formations classiques, ils ne donnent pas trop lieu cette fois à l'application de l'opinion que j'en ai prise. Leurs osselets du tympan diffèrent peu de ceux des oiseaux; nous les décrirons avec les osselets de ces derniers. J'ai réservé pour la dernière la plus forte ob- jection, ce Comment, m'opposera-t-on, admettez* (45) vous avec la marche simple et uniforme de la nature, avec vos propres principes sur les fonc- tions et les connexions des pièces, cette métamor- phose presque miraculeuse des os de l'oreille? Ne voyez-vous pas que vous ne tendez à rien moins qu'à détruire la plus belle comme la plus certaine des lois de la physiologie, qui est qu'au- cun organe ne perd ses fonctions pour en passer le service à d'autres? et alors n^est-il pas plus prudent de se tenir sur la réserve à l'égard de votre détermination , puisque vous accorder l'identité de toutes ces pièces , serait implici- tement reconnaître que des os utiles à l'oreille passent dans d'autres circonstances au service de l'organe de la respiration ? » Mais , vous répondrai-je , auriez-vous établi cette suite de propositions sur des données éga- lement exactes? Avez-vous des documens certains sur ces osselets, le marteau, l'enclume, le len? ticulaire et l'étrier? Qui vous a dit que ce sont là des os de l'oreille? — Qui? mais....! l'école 5 les siècles... — Toute imposante que soit sans doute cette autorité, elle ne doit pas cepen- dant m'arrêter, si j'ai l'intime conviction que c'est un préjugé. Permettez que je doute et que j'examine. Quand dès l'origine, on £t attention aux osse- lets de l'oreille et qu'on leur donna des noms, il (46) n'y avait ni anatomie ni physiologie comparées. Les observateurs appartenaient tous à la classe ides médecins et des chirurgiens qui ne pouvaient donner tout leur temps à des recherches scienti- fiques, et une seule espèce > Y homme y était sous leurs yeux pour leur dévoiler toutes les mer* veilles de l'organisation. On voyait le but et on assignait d'une manière assez satisfaisante les fonc- tions du plus grand nombre des organes. On crut que toutes sortes d'organes avaient mêmes privi- lèges et étaient susceptibles d'une utilité ou cons- tatée ou à découvrir 5 et Ton célébra le principe, dont on a depuis si ridiculement abusé, que la nature ne fait jamais rien en vain. C'est dans ces circonstances qu'on découvrit les osselets de l'oreille. On cria au miracle en apercevant tant de pièces au fond du canal audi- tif, et l'on crut que par elles on allait aisément découvrir la théorie de l'acoustique. Une mem- brane du tympan qui en vibrant agite le mar- teau , rétrier qui en reçoit une commotion, et > qui dans le fond, va (que sait-on?) peut-être exci- ter la paresse de l'organe : que de choses qui ont pu paraître plausibles et qui ont été admises sur parole. Cependant, pour qu'on ait pu croire ces os éminemment utiles dans l'audition, il aurait failli les trouver d'une dimension d'autant plus consi- (47) dérable qu'ils auraient été vus chez des êtres doués d'une plus grande finesse d'oreille , mais cela ne suit nullement cette règle. D'abord, les poissons qui entendent très-bien, ( ce qui est un fait incontestable , puisque dans quelques viviers on se sert de cloches pour les rassembler aux heures des repas , et que c'est sur le silence le plus sévère que les pêcheurs font reposer toute leur confiance ) , les poissons qui entendent très-bien , sont privés de ces osselets, en tant que ce sont des pièces qui donnent, au fond des cellules acoustiques, de l'activité au sens de l'ouïe. Et en second lieu, les oiseaux qui sont évidem* ment placés au premier rang pour la perfection de l'oreille, puisqu'il en est parmi eux qui répè- tent avec autant de goût que de précision les phrases musicales qu'ils entendent, ont tout l'ap- pareil des quatre osselets , dans un état plus rii- dimentaire que les mammifères. Ce n'est pas ce que j'ai compris d'abord payant, dans mes premières recherches, été toujours bien servi, en préférant de comparer le poisson, ani- mal ovipare, avec l'oiseau qui offrait le même mode de génération, je ne me voyais en défaut qu'à l'égard des osselets de l'oreille. Je me flat- tais qu'en y regardant de plus près^ je verrais cette anomalie disparaître. ( 48 ) j Toutefois la petitesse du crâne des oiseaux ne me paraissait pas comporter tant d'osselets; et donnant attention au volume considérable et au grand nombre de têtes apopliysaires de l'os carre, je supposai un moment que toutes ces têtes pou- vaient provenir de la réunion des quatre osselets avec cette principale pièce. J'examinais grand nombre de jeunes oiseaux et même des foetus bien avant Féclosenient, et je fus de nouveau conduit à la détermination que j'avais donnée il y a douze ans, c'est-à-dire , à trouver l'os carré formé de deux seules pièces, l'os styloïde et le cadre du tympan (1). Je ramenai mes recherches sur les oiseaux adultes, et j'ai été plus heureux en y trouvant tous les osselets de l'oreille, mais dans des conditions particulières aux oiseaux, je puis ajouter, et aux autres ovipares; car les reptiles, ainsi que je l'ai dit plus haut, ne présentent aucune différence essentielle. Ni le marteau, ni l'enclume ne mon- trent ces grosses tubérosités (c'est tout au plus de très-petites têtes), et ce détail d'apophyses dans les- (i) Je viens tout récemment de remarquer deux très- petits os souciés vers les flancs du pédicule de l'os carré d'une corneille. Je nie propose de donner suite à cette observat- ion , et me borne pour le moment à rappeler qu"il n'y a point d'épiphyses sur les os des ovipares. (49) quelles l'imagination entraînée par quelques idées théoriques, avait cru retrouver l'image des deux instrumens dont ces pièces portent le nom. Ce sont chez les ovipares de longs filets ; le marteau est engagé ou appuyé sur la membrane du tym- pan, et forme là un rayon de cercle, qui à un bout repose sur le tympanal ou le cadre du tympan et à l'autre fournit au centre une tête articulaire pour l'enclume. Celle-ci est un filet osseux dont la dimension varie selon le plus ou le moins d'é- cartementdes deux méats auditifs. Dans la grande tortue de mer, ce fileta deux pouces de longueur; il est aussi très-long, d'un pouce à peu près, dans les grandes espèces de serpeus, dites boas, quand au contraire dans les animaux à membrane du tympan très-rapproché des cellules acoustiques , cet os est très-court e'c réellement dans un état rudimentaire. L'os lenticulaire qui dans l'homme et les mam- mifères est si potitqu^j quelques anatomistes l'ont révoqué en Cloute et qui n'a, dans la condition rudimentajre où il se trouve dans cette classe d'anima'ax y d'autre utilité que celle de favoriser les évitions de rétrier à l'égard de l'enclume, dev'ient aalls les ovipares une pièce qui prend rrxng sous le rapport d'un service plus vrai et plus direct. C'est une large platine qui remplace l'é- trier dans ses fonctions et qui sert de porte ou 4 (5o) de soupape à la plus extérieure des profondes 011= verttiresdela chambre de l'ouïe. Cette platine est portée par l'enclume qui lui est subordonnée et lui sert de manche : ces pièces ne sont séparées que dans de très- jeunes sujets. L'éti ier ne manque pas pour cela dans les oi- seaux et les reptiles : il existe au-delà engagé dans une des cellules acoustiques et chez les oiseaux de nuit dans une caisse réelle : mais il y existe sans pouvoir s'étendre et passer au second état des os, restant toujours cartilagineux; on pour- rait ajouter, dans un tel délaissement qu'on ne sait plus quelles fonctions lui assigner : il ressem- ble dans la chouette à l'instrument dont on fait usage pour arracher les bottes, et dans le croco- dile il y prend la courbure de la cellule qui le contient : et toutefois dans ces deux exemples, il n'est atteint qu'à l'une de ses deux branches par le lenticulaire. On remarque un arrangement analogue dans les poissons. C'est en jugeant des proportions différentes de l'enclume et du lenticulaire dans les .mammifères d'une part et dans les oiseaux et les reptiles de l'au- tre , que j'ai pu suivre avec quelque sécurité la direction que prescrivait le principe des con- nexions, et négliger quelques apparences trom- peuses. Dans les oiseaux et les reptiles, c'e5t l'enclume qui est l'os variable, et qui , au besoin, ( 5i ) tombe dans toutes les conséquences de l'état rùdi- mentaire : le lenticulaire grandit au contraire et acquiert des fonctions propres. En suivant ces deux pièces dans cette progression chez les pois- sons, l'accroissement du lenticulaire cesse d'y paraître extraordinaire. J'ai fait représenter toutes ces considérations, en les grossissant et en les portant au triple de leur grandeur réelle. Voyez quant aux oiseaux, les dessins pris de la chouette , pi. ifig. 5, 6 et 7 , et à l'égard des reptiles, ceux faits d'après le cro- codile ^fig. 9 , 10, et 11. Le marteau et l'enclume étaient les deux seuls osselets attribués jusqu'à ce jour aux oiseaux et aux reptiles (1). J'ai désiré ramener ces confor- mations à celle des mammifères, et mes planches attestent que je suis parvenu à démontrer, à cet égard, l'unité de type pour tous les animaux ver- tébrés. Si les quatre osselets de l'oreille varient de for- me, de consistance, et de dimension, sans suivre les divers degrés de perfection de l'ouïe, que con- clure à leur sujet? C'est que dans les mammifères, (l) M. Cuvier décrit ces pièces (cartilagineuses}, dans la Grenouille et le Crapaud. Elles diffèrent de ce qu'elles sont dans la Tortue et le Crocodile. Jjeçons d'Anat. comp.^ tome 2, page 5o6. , (52) les oiseaux et les reptiles, ce n'est qu'une sorte de superflu, plus considérable dans les êtres à grand cerveau et qui ont par conséquent un plus grand temporal et un conduit auditif plus large ou plus profond; un superflu resté rudim entai re et indicateur, dans ces animaux, d'une organisa- tion ailleurs rigoureusement nécessaire et ample- ment développée. Les poissons , et diverses considérations de l'histoire pathologique de l'homme (i), nous ap- prennent que l'absence totale de ces os peut avoir lieu et a lieu effectivement, sans que les fa- cultés d'audition des êtres en soient altérées. Ce qui s'explique, s'il est vrai , ( comme je le pense) , 1°. que l'organe auditif, sous le rapport de l'ap- pareil osseux \ est uniquement et essentiellement constitué par la réunion du rocher et de l'os (1) A la lecture de ce mémoire , et à ce passage , une discussion s'engagea entre plusieurs médecins qui pour la plupart étaient d'avis que l'audition continuait d'ftre pos- sible dans le cas seulement le plus ordinaire de, la conser- vation de l'étrier. Sur cela, M. Villermé observa que feu M. Giraud avait traité à l'Hôtel-Dieu un malade qui perdit successivement et des deux côtés , à la suite d'injections, tous ses os du tympan , notamment les deux étriers que M. Giraud montra à qui voulut les voir. Le malade ayant guéri ? M. Giraud ne remarqua en lui qu'une bien moindre susceptibilité dans la faculté de percevoir les sons. (53) mastoïdien, dont les nombreuses anfractuosités suffisent en effet à l'épanouissement et a la rami- fication du nerf acoustique : et 2°. que les usages des quatre osselets de l'oreille soient plutôt de fournir aux animaux les moyens de se rendre sourds à volonté, ou tout au moins, de diminuer les trop fortes impressions du son. Dans tous les cas, ces vues nous conduisent à ne point comp- ter les quatre osselets comme pièces essentielles de l'oreille : elle peut s'en passer. Mais l'oreille en tire quelques services, soit que l'étrier demeure sur la fenêtre ovale et développe une platine qui la tient fermée , soit que le mar- teau et l'étrier mis en mouvement par des mus- cles propres, ( les muscles analogues du couver- cle operculaire ) mettent l'oreille au guet; le marteau, en tendant la membrane du tympan, et l'étrier, en basculant au-devant du labyrinthe; toujours est-il que ce sont là des services très- secondaires. Ainsi donc, généralement parlant, ces pièces ap- partiennent à l'organisation comme os opercu- laires : ailleurs , où elles n'ont plus de soins à don- ner à l'organe de la respiration , elles ne sont pas tout à coup anéanties; elles existent encore, mais extrêmement petites. Devenues des os rudimen- taires et se trouvant enfermées dans la chambre de l'ouïe > il est tout simple qu'elle* prennent ( 54 ) » du service dans cette nouvelle condition. Ce sont des outils à qui il arrive d'être employés dans un usage secondaire, comme par exemple il arrive de même à la queue des mammifères, ( qui n'est chez eux que rudimentaire, tandis qu'elle s'offre dans tout son développement chez les poissons ) de rendre aussi parfois de bons offices. Cette queue n'est qu'un long appendice embar- rassant dans les guenons; mais elle devient une cinquième main dans les sapajous; une baguette, dans les chauve-souris, qui soutient une partie de leur manteau ; une verge offensive chez le lion; une béquille pour le kanguroo; un bou- clier dans le Pangolin; une rame dans la sarico- vienne; une ombrelle chez l'écureuil; une ta- blette pour le castor; un chasse-mouches dans le cheval, etc. D'où proviennent toutes ces métamorphoses et ces transpositions d'usages? De la nature même des organes rudimentaires dont le propre est de se prêter à une infinité de combinaisons et de se. conduire comme s'ils étaient des instrumens hors- d'oeuvre et qu'on fût le maître de s'en approprier l'emploi. / ttJ «.V \ ( 03 ) COROLLAIRES, De tout ce qui précède, je crois devoir conclure que les quatre osselets de l'ouïe ne sont toujours chez les mammifères, les oiseaux et les reptiles, que les quatre os operculaires des poissons ; que , vus de plus haut, ce sont quatre matériaux don- nés de l'organisation, susceptibles d'un maximum et d'un minimum de développement ; qu'ils sont portés au plus haut degré de développement et de fonctions dans les seuls poissons ; que dans les autres animaux vertébrés, ils descendent de ce rang élevé ,. pour tomber dans ce que je nomme les conditions rudimentaires; que comme tels ils sont susceptibles de se rapetisser de plus en plus, quelquefois jusqu'à disparaître entière- ment; enfin, qu'incapables , dans les animaux à respiration aérienne, des hautes fonctions de leur primitive destination, ils s'y trouvent comme des ilotes au service et à. la disposition des organes qui les entourent. as ■ ' i ||'" -'•■■■ _ — - ■- SECOND MEMOIRE. Des os formant la charpente de ï appareil extérieur 9 employé dans le mécanisme de la respiration; Ou des os du Sternum. J'ai déjà donné vers 1807, un mémoire sur le sternum des poissons; mais ce travail n'est qu'une partie et même qu'une ébauche de celui que je présente aujourd'hui. Je n'avais pu alors assurer ma marche qu'en m'aidant du concours d'une seule détermination, celle du bandeau osseux qui porte les nageoires pectorales; et dans la nécessité où. je m'étais trouvé de laisser parmi les inconnues du pro- blème, toutes les autres pièces qui exercent une influence éloignée ou prochaine sur la res- piration, comme les os du crâne, du pharynx, des branchies et de la langue, mes résultats s'étaient ressentis d'une sorte de tâtonnement et avaient laissé apercevoir un peu d'hésitation. ( 58 ) J'aurais du alors me défier davantage de la po- sition difficile dans laquelle je m'étais engagé ; j'étais entraîné, et cela ne me vint pas même à la pensée ! M'étant proposé de ramener, partie par partie, tout le poisson aux trois autres classes d'ani- maux vertébrés, bien que je n'en fusse encore qu'à mon début, il me parut que j'entrais si parfaitement dans les vues des naturalistes, et que je venais si à propos fortifier leurs théo- ries, que ( je le dis sans déguisement) je m'étais flatté du plus favorable accueil. Je n'attachais pas même à mon travail une bien grande im- portance y je l'entreprenais ou je croyais l'entre- prendre au profit de combinaisons qui notaient pas absolument les miennes ., et je pensais que le mérite de ce travail se bornait à l'approche de ! quelques matériaux. Je n'aspirais effective- ment qu'à ajouter un motif de plus aux mille et une raisons sur lesquelles on me paraissait avoir fondé la doctrine d'un type unique pour tous les animaux vertébrés, • J'avais eu ( du moins j'étais assez abusé pour le croire ) un bonheur inespéré; je venais de retrouver dans les poissons toutes les pièces qui servent de plastron à l'organe respiratoire , dans l'ordre, l'arrangement et le nombre où ces pièces ( % ) existent dans les oiseaux ; ou plutôt ( ce qui avaîÇ opéré sur moi l'effet de la séduction et achevé de me persuader ) c'est , quand j'eus reconnu les conditions d'un sternum dans les cinq pièces et les rayons, qui , au-dessous du crâne, cloi- sonnent dans les poissons les cavités des branchies, qu'averti par un tâtonnement qui ne m'avait ja~: mais trompé et par l'opinion que j'avais d'une ana- logie suivie entre des êtres rapprochés par le même mode de génération et le même grou- pement des masses cérébrales, je soupçonnais que je trouverais le sternum des oiseaux par- tagé en cinq pièces, et qu'ayant recouru à l'ob- servation , j'en vins à apercevoir ces cinq pièces dans tous les sujets ; circonstance qui avait pu être remarquée avant moi , mais dont pourtant on n'avait tenu aucun compte, parce que pour en concevoir l'importance, il fallait être parti du même point pour la constater, pu çlu moins en avoir aperçu la généralité. Cependant cette détermination si nécessaire à la théorie, qui m'aurait si heureusement con- duit à prévoir et à découvrir la formation et le nombre des os de la poitrine dans les oiseaux, et qui, je le pensai ainsi, nJaurait pu devenir un fil si bon conducteur qu'autant que cette détermination eût été fondée sur une saine analogie, n'a point reçu l'assentiment de tous les ( Go ) naturalistes. Ce n'est pas que je sache qu'on Tait attaquée de front; mais je ne dois peut-être qu'aux égards d'une amitié bienveillante d'avoir été préservé d'une critique juste et sévère. En effet, dans le plus récent et le plus important ouvrage que nous ayons sur la zoologie , le règne animal distribué d'après son organisation , mes idées sur le sternum des poissons n'ont pas été seulement omises, mais écartées et rem- placées*. Ce que j'avais indiqué sous le nom d'annexés sternales , est donné dans ce Manuel, des naturalistes sous celui d'os hyoïdes , et les rayons de la membrane de l'opercule y res- tent rayons branchiostèges , c'est-à-dire , pièces ichlhyologiques, pièces d'une création imaginée pour les seuls poissons. Que dans sa nouveauté mon travail (i) fût (1) Son utilité était démontrée par les contradictions des savans dans l'emploi dtt mot sternum, à l'égard des poissons : je l'avais remarqué , en faisant de l'exposé de îa science à ce sujet le début de mon premier mémoire. « Ce mot de sternum dans ses applications aux poissons a été employé à désigner quatre ordres diflérens de pièces osseuses. Dès 1701 , le célèbre Duverney ( Académie des sciences^ 1701, pag: 225) l'avait attribué aux arcs qui sou- tiennent les branchies ; M. Gouan , en 1770 , ( Histoire des poissons } page £4 ) à 3a pièce impaire située sous la tète (6i) devenu l'objet de controverses et de quelques réclamations, je le conçois. Borné alors à la seule considération du sternum, je laissais au- tour de cet appareil tant d'indéterminées, qu'il était assez naturel, qu'à l'égard de ces pièces, on attendît que j'eusse rempli mes promesses, et qu'on ne jugeât pas sur un seul échantillon d'un système d'idées qu'une seule exception pou- vait détruire. Mais aujourd'hui que ce système, par les ré- sultats où l'on est parvenu sur le crâne , a reçu une sanction si remarquable; aujourd'hui qu'on est bien informé que toutes les parties osseuses de la tête, quels qu'en soient le nombre, la forme et les usages, sont, dans tous les vertébrés, des déductions les unes des autres, on pourrait revenir sur ses pas, et méconnaître en plusieurs points cette unité de composition organique , dont la première pensée remonte à Aristote ! Je ne le crois pas. Dans ces circonstances , j'ai dû faire un retour sur moi-même et m'attribuer entre les clavicules et les hyoïdes ; Vicq-D'Azir, en 1774 ( Savans étrangers , tome 7 , page. 24 ) au bandeau osseux qui porte les nageoires pectorales; et enfin M. Cuvier [Le- çons oVAnat. comp., tome I, page 2i4 ) à un assemblage de pièces étendues dans quelques espèces autour des vis- cères antérieurs de l'abdomen. ( 62 ) le tort de n'avoir pas été compris. Pavais donnée dans mon mémoire sur le sternum des poissons, des observations, des déterminations et des théo- ries ; celles-ci étaient étranges et fausses : mes observations n'embrassaient pas tout l'organe de la respiration : et mes déterminations , qui ne reposaient pas sur l'existence dr autant de pièces que j'en connais aujourd'hui, durent pré- senter quelque chose d'équivoque. Ainsi prévenu, je me mis à revoir mon travail; et d'abord je le revis avec ce premier motif de sécurité, c'est que je connais aujourd'hui toutes les parties de la grande fosse qui contient l'organe respiratoire, et je le revis en outre pour l'étendre à toutes les pièces qui, généra- lement de près ou de loin , ont des relations avec cet organe. Tel est le sujet du nouveau mémoire que je présente aujourd'hui à l'académie. Du plafond de la cavité pectorale chez tes poissons. De même que je ne suis parvenu à com- prendre l'ensemble des organes de la respiration chez les poissons, qu'en écartant de mon sou- venir les idées reçues au sujet de ces organes (65) dans Fliomme , de même aussi on aura d'autant plus facilement Fintelligence de ce qui va suivre* que Ton se défendra davantage des obsessions des opinions régnantes. En effet , sans cette dis- position, on ne saurait voir, sans en être rebuté, tout ce qui, dans les poissons, compose le ster- num, les arcs branchiaux, les os hyoïdes et tant d'autres dépendances; c'est en quelque sorte une forêt de pièces amoncelées les unes sur les autres : la vue n'embrasse qu'un amalgame de choses hétérogènes, de pièces qui se partagent et paraissent se subdiviser à l'infini, de ma- tériaux enfin énigmatiques et indéchiffrables. Envain un observateur prévenu voudrait se livrer à l'esprit de détail et reconnaître là successi- vement toutes les cavités, tous les canaux, tous ces appareils partiels que la nature > dans les ani- maux à respiration aérienne, a écartés, séparés et , cependant , coordonnés dans un système ; pour un tel observateur, il n'est plus dans les poissons ni coffre pectoral, ni trachée-artère, plus d'appareil pharyngien, encore moins de larynx j il s'éloigne d'un tel spectacle en ne comprenant rien à une si grande confusion , ou s'il ne va pas jusqu'à croire à un désordre réel, en venant à réfléchir que cet arrange- ment, tout bizarre qu'il paraît, est pourtant ce qui opère la réunion des conditions indis- y (64) pensables pour constituer l'être icthyologique; il s'éloigne, dis-je> d'un tel spectacle, en res- tant du moins persuadé qu'un pareil animal est placé hors des combinaisons propres aux ver- tébrés, et ne participe plus en rien ou presqu'en rien à la nature des animaux faits à son image : mais que cependant il serait facile de ramener notre philosophe , et que ses idées changeraient si, s'occupant uniquement des fonctions, il né- gligeait les moyens pour se fixer aux résultats. Il se convaincrait bientôt que ces résultats sont produits de même, qu'ils sont tous obtenus dans les poissons, et qu'ils le sont surtout par un mécanisme admirable dans sa simplicité. Une grande cavité ouverte vers la bouche ^ à double et large ouverture à son fond , est le théâtre où, sans se nuire, s'exécutent des fonc- tions diverses et toutes importantes. Là en effet sont réunis tout ce qui est comme éparpillé chez les autres vertébrés, des pinces pour saisir, des agens de mastication, les organes du goût, un appareil de déglutition, enfin l'organe res- piratoire lui-même. Chacun de ces appareils étend son action et a pour but la consommation de plusieurs choses à emprunter aux corps environnans : mais si ces organes se trouvent assez excentriques pour être (65) à la portée de ces mêmes choses et comme appli- quées à leur surface et s'ils s'y trouvent réunis en si grand nombre, on est frappé de la simplicité et de l'harmonie d'une pareille combinaison. Quoi de plus simple effectivement et de mieux approprié à son objet , que ces longs godets aponévrotiques qui se gorgent de sang pour aller comme le déposer continuellement sur des masses oxigénées ; que ces tuyaux rangés parallèlement et suspendus avec tant de symé- trie à leur tronc commun ; que ces filets des branchies qui , en se lissant sur les molécules mobiles du liquide ambiant ; réussissent à lui dérober de précieuses semences, et à opérer par là la révivilication du fluide nourricier! L'air retenu entre les molécules de l'eau, était sans ressort pour aller gonfler les poumons d'animaux immergés dans le bassin des mers; c'est alors le poumon qui , échappé dé la cavité où dans les autres vertébrés il est profondément renfermé, va se placer tout au milieu de cet élément, dans la nécessité où il est, pour se les approprier, d'en disputer les molécules à l'eau. Mais toutefois cette influence du milieu où vi- vent les poissons, le déplacement de leur organe respiratoire, et cette altération des formes qu'on a jugée assez grande, pour avoir substitué le nom de branchies au nom de poumons que porte ail- 5 (66) leurs le même organe, ne sont pas des faits qui passent la mesure , ni des transformations dont il devient impossible de suivre la trace. Tant d'anomalies avaient donné beaucoup à penser à Duverney et lui avaient fait dire que les poissons avaient la poitrine aussi bien que les poumons dans la bouche. Cela n'est pas exact : les irrégularités que ce grand anatomiste avait cru remarquer ne vont pas jusqu'à tout confondre, je puis ajouter, pas même jusqu'à apporter le plus petit dérangement dans les connexions des parties. La bouche et la poitrine ne sont pas mêlées en- semble. Elles sont à distance, comme elles ont leurs cavités à part; celles-ci communiquent l'une dans l'autre par plusieurs issues sans que leur in- dépendance en souffre; en effet, la cavité buccale est circonscrite vers le haut par la partie de la base du crâne qui correspond à la région pala- tine, sur les flancs et en bas par la réunion des arcs branchiaux, lesquels, pour que leurs con- tacts soient plus intimes, ont leurs bords frangés ou denticulés, et par conséquent fixés par engre- nage, et vers le fond par l'ésophage et les deux paires d'os pharyngiens , dont la détermination viendra plus bas. Les arcs branchiaux dont la réunion forme un (67) plancher, pour la cavité de la bouche, hérissé de papilles cornées ou de denticules ( ce qui a lieu pareillement dans la plupart des oiseaux échas- siers et palmipèdes) , emploient leurs surfaces op- posées à servir de plafond à cette autre cavité qui est dessus , sur les flancs et un peu en arrière de la première, la cavité pectorale. Da celte dispo- sition il résulte que Tune et l'autre cavité n'ont de commun que leur contiguïté et leurs aclions successives, la supérieure versant dans l'infé- rieure (1). Et d'abord, celle-là ne manque chez les (i) Le mot de Duverney , sur les poumons des poissons occupant le centre de la cavité de la bouche , a tellement tracé chez les Icthyologistes, que je ne me suis pas borné à l'énoncé des remarques précédentes , mais que j'ai désiré les rendre sensibles à la vue. A cet effets j'ai,/?/. 7 , donné la figure de deux têtes de carpes > dont on avait amputé toute l'aile temporale t on y \o\t y flg. 78 et 79 , les deux cavités séparées par un diaphragme _, la cavité de la bouche en a, a, et celle de la poitrine b , b. Les arcs branchiaux p , p , ne font , il est vrai, fonction de diaphragme, que , lorsqu'ils s'appuient les uns sur les autres et qu'ils se touchent 5 mais c'est , du moins, dans le plus grand nombre de cas, dans les situa- tions qui ne se rapportent pas à l'acte de la respiration , et principalement, quand a lieu la déglutition des alimens. Les poissons opèrent la rupture de ce singulier diaphragme, pour satisfaire à leur mode de respiration, c'est-à-dire, X (68) poissons à aucun de ses usages dans les autres ver- tébrés. Elle s'occupe de même à dépecer l'aliment dont elle s'est saisi pour en faire une pelote en proportion de l'entrée de l'ésophage, et secondée ensuite par la langue et les os hyoïdes à conduire de même cette pelote à son fond vers le canal ésophagique; ce que facilitent les petits filets qui garnissent les côtés des arcs branchiaux, et qui, empêchant les alimens de se mal engager, font ainsi fonction d'épiglotte- La cavité buccale reste également fidèle à son autre usage, lorsque se ferme l'ésophage et s'entrouvrent les arcs bran- chiaux, en dirigeant dans la cavité delà poitrine, le fluide propre à la respiration. Nous n'avons encore indiqué que les pièces pour diriger et verser le fluide ambiant d'une cavité dans l'autre : mais alors même une dernière barrière existe en- core au-devant des arcs branchiaux , au moyen de l'en- trecroisement des franges ou petites dents 0,0, dont les arcs sont bordés. Les deux têtes représentées y^. 78 et 79, ne diffèrent entr'elles que par la présence ou l'absence de l'organe res- piratoire ; l'amputation et la suppression des branchies , n°. 78 , laissent mieux apercevoir toute l'étendue de la cavité pectorale, et l'appareil conservé en son entier 7i°.'/g, donne lieu de se rendre parfaitement compte de la manière dont se comporte l'organe respiratoire dans la cavité destinée à le loger. ( % ) dont se compose le plafond de la cavité pectorale; il nous reste à faire voir que cette cavité est éga- lement bien circonscrite par le bas. Son plancher se forme d'un plastron ou de cette collection d'os qui est connue dans les autres animaux ver- tébrés sous le nom de sternum. J'arrive ainsi à rentrer dans la question que j'ai traitée il y a dix ans. ' S IL Du sternum considéré dans les Oiseaux et dans les Poissons. Mon premier soin sera cette fois de fixer le sens du mot sternum. Nous avons reçu ce nom de l'a- natomie humaine. Là, il a une acception rigou- reuse; il s'applique à un système formé de trois pièces, suivant les uns, et suivant les autres, de six à huit, qui servent de plastron aux organes pectoraux, qui complettent en devant le coffre thorachique, et qui sont plus ou moins cartilagi- neuses. Dans ce cas la définition du nom est une description de la chose : mais cette chose ne se maintient point telle partout. Dans plusieurs mam- mifères, le sternum est entièrement osseux et contient plus de pièces. Nous voyons si manifes- tement que cette partie est analogue dans toute cette classe, que nous continuons à nous servir (7°) de ïa même dénomination, mais alors d'une dé- nomination déjà détournée de sa première accep- tion. Continuant à nous en servir pour les oi- seaux, la même raison d'analogie nous en faisant un devoir, nous l'appliquons, non plus à un système de pièces placées bout à bout, mais à un grand os central accompagné latéralement de deux paires d'annexés : enfin, d'analogie en ana- logie, nous en venons à employer dans les pois- sons le nom de sternum, pour désigner un groupe d'os qui forment la couche extérieure ou le plan- cher de la cavité branchiale. Il suit de ià que puisque nous donnons le même nom à un ensemble où interviennent de nou- velles pièces avec d'autres conditions et des formes différentes, ce n'est plus une chose iden- tique, du moins sous ce rapport. Cependant l'analogie nous a, pas à pas, en- traînés à considérer ces différens sternums sous le même point de vue : mais elle ne nous aura pas trompés, si elle nous a conduits à embrasser dans les mêmes considérations des organes de fonctions et de connexions invariables : or c'est ce qui est incontestable. Ces fonctions et ces connexions seront donc les seuls élémens que nous ferons entrer dans la définition du mot sternum, et nous serons dans le cas de dire que le sternum dans tous les animaux (70 vertébrés se compose des os de la couche infé- rieure placés au-devant de la poitrine, em- ployant au profit de celle-ci leurs surfaces inté- rieures à lui servir de cloison , de berceau et de plastron; et leurs surfaces extérieures à offrir des bases et des points d'attache à diverses portions du svstème musculaire. Le sternum ainsi défini pourra être selon les classes composé de A, B, ou de C, D, je suppose ; c'est-à-dire, d'élémens, dont les formes et les con- ditions variées pourront être appréciées privative- ment, non-seulement dans les principaux groupe?, mais même dans chaque espèce en particulier. Et pour en revenir aux poissons, je vois chez eux cet appareil formé des grands os de la mem- brane des ouïes, des rayons hrancbiosièges et de l'os central et impair, seule pièce qui avait été déterminée par M. Gouan sous le nom de ster- num. On pense bien qu'en présentant ce résultat, je -ne suppose pas être encore arrive au but que je me propose; je n'ai fait que poser des principes. J'ai préparé le terrein sur lequel tout reste encore à construire. Je dois en effet donner la détermination de chacune des pièces dont je viens de dire que se compose le sternum des poissons* ( ?0 Rappelons nos premières idées à cet égard; car nous ne pouvons oublier que ce sont elles qui nous ont donné en quelque sorte la prévi- sion du sternum composé des oiseaux. Entre les clavicules (i) et l'os lingual est une pièce médiane très-ossifiée, allongée, libre sur ses flancs et tenant en devant par deux forts ten- dons aux cornes de l'hyoïde et en arrière aux clavicules, par les deux gros muscles qui la re- couvrent. M. Gouan ayant trouvé qu'elle servait de plastron à l'organe respiratoire, l'avait déjà dé- terminée sous le nom de sternum. Tout en ren- dant justice à cette heureuse inspiration, je n'avais pu croire que cette détermination satisfît pleine- ment à toutes les conditions du problème : la pe- titesse de ce prétendu sternum, comparée à la grandeur de la cavité branchiale, me fît penser que ce n'était là qu'un des os de la poitrine et me porta à en rechercher les autres dépendances. (l) J'entends sous ce nom les os analogues aux clavi- cules de l'homme et aux deux branches de la fourchette des oiseaux. 3'adople entièrement l'idée de M. Cuvier sur ce sujet. Les os de l'épaule des poissons que j'ai décrits sous le nom de furculaires ont par conséquent leurs ana- logues dans l'apophyse, ou mieux, dans la clavicule co- racoïde. (73 ) Or il existe de chaque côté un vaste appareil que jusque-là on avait employé sous le nom de grands os de la membrane des ouïes., et quant à ses subdivisions , sous le nom de ravons brancliios- tèges. Cet ensemble m'apparut comme une ma- chine d'une haute importance dont les mouve- mens et le jeu avaient évidemment pour objet l'acte de la respiration. J'eus donc ainsi, ou je crus avoir sous les yeux, de véritables os de la poitrine, toutes ces pièces formant le berceau autour des branchies et rap- pelant tout à-fait par leurs co-incidences le demi- coffre pectoral des autres animaux vertébrés. Mais j'avais plus anciennement déterminé la ceinture osseuse qui porte les nageoires pecto- rales et ce large bandeau composé des os de l'é- paule ; je l'avais vu situé derrière la poitrine : dans ce cas, il fallait admettre que, pour se trouver en avant du bras, le sternum des poissons non-seu- lement avait renoncé à ses connexions ordi- naires, mais en outre qu'il avait trouvé place sous la tête, et par conséquent qu'une portion du tho- rax serait entrée en connexion et en relation d'u- sage avec le crâne. Le moyen de croire à une aussi étrange métamorphose! J'avoue que j'y ré- pugnai long-temps. Mais aussi devais-je me trouver arrêté tout court par cette réflexion, par cette sorte d'objec- ( 74 ) tion? Non sans doute; en ne voulant rien donner à des idées théoriques et trompeuses, et en m'en rapportant au seul témoignage de mes sens, j'étais bien obligé de reconnaître que du moins les bran- chies , qui ne sont que des poumons sous une au- tre forme, avaient place sous la tête et en avant du bras : et alors pouvais-je supposer qu'elles fus- sent arrivées là sans être escortées de leur entou- rage ordinaire? S'il en eût été autrement, sur quoi se fussent- elles reposées? A qui eussent-elles demandé la faveur d'un soutènement, chaque pièce du crâne ne pouvant renoncer à ses usages habituels? Placé entre toutes ces apparentes im- possibilités, je me déterminai d'après l'histoire de l'organisation. Or voyant qu'elle nous enseigne qu'il n'est aucun organe important sans une char- pente osseuse qui lui serve de base, et que partout les poumons ont pour pièces de leur service ha- bituel et pour plastron tous les os qui entrent dans la composition d'un sternum, je me voyais ramené par ces réflexions à ce même point de dé- part , que j'avais pris à tâche d'éviter. Je me refusai alors J.>t}" utant moins à croire que le sternum accompagnait les branchies sous le crâne, que , cette supposition admise, tout se dénouait, tout s'expliquait facilement. C'est parcequ'il n'y a rien, derrière les clavi- (75/ cuîes dans les poissons, qu'on puisse de près ou de loin rapporter au coiïre pectoral, qu'à partir de cette traverse diaphragmaiique commencent les viscères abdominaux et que les côles, qui pro- viennent des vertèbres, en descendent pour se perdre dans les chairs sans trouver où s'articuler. Mais si telle est la condition des côtes, en ar- rière du bras; telle est aussi celle, en avant, des rayons branchiostèges. Ce sont de petites côtes étendues au-devant des branchies, qui manquent d'articulation vertébrale, de même que les côtes faisant suite aux apophyses transverses des ver- tèbres, sont privées de leur articulation sternale. Ayant saisi ce point, je ne doutai plus que je n'eusse sous les yeux de véritables côtes sternales, semblables en tout à ces petites côtes du sternum des oiseaux : leur position et leurs usages l'indi- quaient suffisamment. Cependant cetie analogie ne pouvait se soute- nir en quelques points ; c'est du côté de la pièce médiane, dite sternum par M. Gouan, que les rayons branchiostèges ont leurs extrémités flot- tantes, et de l'autre côié ils sont au contraire ar- ticulés à deux longs osselets compris dans une série dont l'os de la langue forme la première pièce. Sur ces entrefaites, j'osai compter sur les oiseaux pour me donner la solution de ces diffi- cultés ? et j'ai dit comment j'allai chercher et je (76 trouvai clans leur sternum ces deux grands os de la membrane branchiostège, que j'appelai chez eux comme dans les poissons annexes sternales. Ce sont également dans les uns et dans les autres deux lames osseuses plus longues que larges, placées l'une au-dessus de l'autre et dont l'inter- section est transversale. Elles donnent ordinaire- ment chacune attache à un nombre égal de côtes sternales ou de rayons : cependant il arrive qu'on compte quelquefois plus de rayons sur la pre- mière annexe que sur la seconde, et que dans quelques espèces ils manquent entièrement sur l'une et proviennent tous de l'autre. Les mêmes dispositions générales et les mêmes écarts se re- trouvent également dans les deux classes. Ayant élevé dans ces déterminations les rayons branchiostèges au rang de pièces qui appartien- nent à toute l'organisation, et fait voir jusqu'à quel point ils se rendent nécessaires dans le mé- canisme de la respiration, je me suis attendu à les trouver partout. J'ai été le premier à les montrer dans les Tétrodons et les Mormyres., et je les an- nonce aujourd'hui, comme se trouvant aussi dans les Squales et dans les Raies. Cependant, je nel'ai pas dissimulé dans le com- mencement de ce Mémoire, mes déterminations du sternum des poissons ne furent point goûtées. -( 77 ) M. Cuvier se décidant d'après de certaines indi- cations fournies, je le suppose, par les muscles pec- toraux et les mylo-hyoïdiens, ne vit dans les an- nexes sternales que des fragmens et des dépen- dances de l'os hyoïde, et fut ainsi entraîné à don- ner, selon l'ancien usage des icthyologistes, les filets osseux de la membrane des ouïes, ou les côtes sternales de ma détermination , sons le nom de rayons branchiostèges. M. de Blainville , dans un article du Bulletin des sciences par la société philomathique (livraison de juillet pour. 1817 ), n'adopte pas non plus le renversement du Ster- num des Poissons, idées qu'il m'attribue et qu'il eût eu, en effet, raison de blâmer comme fondées sur une fausse théorie, mais que je n'ai jamais réellement articulées comme un fait (1). Ainsi mon travail fut écarté , et personne n'a rien mis à la place , si ce n'est cependant M. le (1) Voici de quels correctifs je m'étais servi à cet égard. insinuer que les choses se sont dans les temps arrangées » de la sorte ; je n'ai nullement la prétention de dire ce » que j'ignore, » Ann. du Mus, , tome 10. (78) docteur Yirey, qui dans l'article côtes du Diction- naire d'Histoire naturelle , imprimé chez Déter- ville 3 reproduisit les idées de Duverney , et celles de îa 26e. leçon du Cours c£ Anatomie comparée > tome 4, page £72, et qui crut trouver dans le mode d'assemblage des arcs branchiaux, les con- ditioïis d'un vrai sternum : nous verrons dans notre quatrième mémoire que ces pièces ont d'autres analogues. Cependant de plus graves objections auraient pu être dirigées contre ce travaih Cette pièce impaire du sternum, arrivée entre les branches de la mâchoire inférieure , appuyée sur les os hyoïdes , et manquant à ses connexions cîavicu- laires , à ses articulations avec les annexes , à sa configuration conchoïde , à son patronat à l'égard du cœur et même des branchies, n'était, au vrai> qu'une faible image du sternum central des oi- seaux, quille de la plus grande étendue, princi- pal arc-boutant d'une machine continuellement éprouvée par les plus violens efforts, plastron prolongeant des ailes tutélaires sur la plus grande partie des viscères abdominaux; vaste bassin en- fin , où. tout ce qui est soustrait à l'empire de la volonté et ce qui serait entraîné par sa propre pesanteur est recueilli et supporté sans effort. On sent bien que je fus long- temps sans me ( 79 ) rendre compte de ces difficultés : je ne m'en avisai que quand je connus l'impression produite par la publication de mes idées. S'il fallait y per- sister, les mieux établir était le seul moyen de persuader ou de faire cesser l'indifférence qu'on paraissait avoir pour elles : je désirai de nou- velles lumières , je redemandai à la nature de nouveaux documens, et ces dernières recherches donnèrent lieu aux observations suivantes. Il est des reptiles présumés si voisins des pois- sons, qu'on propose de les désigner par le nom d' le t 'hyoïdes ; et quelques-uns, entr'autres dont on a dit qu'ils commençaient même par être pois- sons, avant que de subir la métamorphose qui les fait passer à l'état parfait : telles sont les Gre- nouilles. J'interrogeai leur sternum, lequel est, comme on sait , composé d'une chaîne d'osselets , et donne appui de chaque côté à de doubles cla- vicules, la clavicule ordinaire et l'apophyse ou la clavicule coracoïde. Une circonstance de cet arrangement , bien que connue et décrite , de- vint pour moi comme un trait de lumière , et me lit voir sous un nouveau jour la marche et le but de la nature dans l'emploi de ses moyens, en créant pour chaque classe son espèce de ster- num. C'est sur la seconde pièce, de celui des ( 8o ) Grenouilles que reposent les clavicules : une pre- mière pièce est au-delà ( vqy. pi. %,fîg. 22 ); une première plus grande, entièrement ossifiée, large à sa base , accumulée à son sommet ; telle enfin qu'est l'os sternal impair des Cyprins et de la plupart des poissons. Grandeur , proportions , formes, connexions, tout se réunissait en faveur de ce rapport. Mais malheureusement il était fourni par un reptile, c'est-à-dire, selon moi , par un de ces êtres mixtes, qui procèdent en quelque sorte de plusieurs familles, et qui nous montrent toujours un point saillant d'un système d'organisation , en nous laissant désirer tout ce qui s'y rattache et en forme la correspondance. L'existence de cet os était le seul renseignement icthyologique que me donnait la Grenouille j mais c'était un avis dont il fallait profiter. J'avais emmené à ma campagne M. Delaîaftde fils , aide-naturaliste du muséum d'histoire na- turelle , pour m'y être utile comme prosecteur d'anatomie. Nous venions d'étudier ensemble quelques muscles dans la Grenouille , lorsque , frappé de ma préoccupation touchant l'os avancé du sternum de ce reptile, il conçut de lui-même l'idée de découvrir le même os chez les oi- seaux. S'armer en chasse , abattre les oiseaux (8t ) les pi as favorables à notre recherché , les pré- parer et trouver cet avant-sternum, fut l'affaire de peu de momens. Ce n'est pas la première preuve , que m'ait donnée M. Delalande , de sa grande pénétration et de sa sagacité , comme j'en ai tous les jours de nouvelles de son atta- chement et de son dévouement à ma personne. C'était en effet aux oiseaux qu'il fallait reve- nir, parce qu'il n'y a qu'eux de comparables sur tous les points avec les poissons. Or il existe, en effet, à la partie antérieure et médiane de leur sternum , une pièce faisant saillie au-delà du point où les apophyses ( les cla- vicules ) coracoïdes s'articulent. Aussi bien que les annexes latérales, elle* se soude de bonne heure avec le principal corps j mais nous l'avons vue séparée dans un jeune rouge-gorge. Elle se termine, du côté de la tête, par deux tu- bérosités, d'où se répandent, en avant, deux forts tendons; les mêmes exactement que ceux qui suspendent aux hyoïdes l'os sternal des pois- sons. Bien que dans des conditions rudimentaires chez les oiseaux , cet os s'y allonge quelquefois au point de former le quart de la longueur de tout le sternum, comme dans la drenne : il est plus petit chez d'autres j un septième dans le geai, un neuvième dans le vanneau, un point G ( 8a ) minime dans la foulque, etc. Les gallinacées ne l'ont pas sensiblement détaché du corps prin- cipal, mais on juge qu'il appartient là à un autre système osseux, en l'y voyant conserver long- temps et très-distinctement son premier état de cartilage (1). J'ajouterai, soit dit en passant comme chose étrangère à mes recherches sur les poissons, que les oiseaux ont aussi leur sternum terminé en arrière par une ou deux pièces analogues au cartilage xiphoïde de l'homme, ou, ce qui ■ (1) J'ai donné cet avant-sternum sous l'indication de la lettre l , pi. 2,fig. i5, 16 et 17. Pour le mettre entière- ment en évidence , je l'ai particulièrement fait représenter dans Pétoumeau , fi g. 16 } où on le voit dégagé d'entraves : le sternum n'y est représenté qu'à moitié. L'avant-sternum et les premières annexes m, m , s'y montrent comme au- tant d'apophyses , qui font présager l'importance et le rôle de ces pièces dans les poissons. Le point {voy. fig. i5 et lj) , où l'épaule s'articule avec le sternum., est déjà en arrière, à l'égard de Tavant-sternum : et alors , pour peu que celui-ci et les annexes , qui en suivent les révolutions , prennent de volume , et que les clavicules , au lieu de s'enlever du côté de la tête , s'écartent et acquièrent une position plus laté- rale , on arrive insensiblement k la situation de ces par- ties dans les poissons, et, sans que rien ait changé dans l'ordre des connexions , à la plus étonnante métastase , au transport des organes pectoraux en avant du bras. (83) rentre dans la même considération, aux deux os inférieurs du sternum des tortues. Ainsi , ce n'est pas le sternum tout entier qui aurait passé au devant des clavicules pour allei/ couvrir de ses ailes les branchies logées là; c'est une pièce toute icthyologique, dans ce sens que c'est seulement dans la classe des poissons qu'elle arrive à son maximum de développement, mais qui cependant n'a pas moins le caractère d'une donnée générale de l'organisation, et ne doit pas moins compter parmi les matériaux employés dans la formation de tous les vertébrés, puis- qu'elle existe partout ailleurs et s'y voit en effet dans un état plus ou moins rudimentaire. Cette nouvelle découverte est féconde en con- séquences : car premièrement le sternum des oi- seaux venant à manquer dans les poissons , y laisse sans emploi deux systèmes de pièces os- seuses , celles d'abord qui s'attachent au reste du thorax, et en second lieu, les clavicules coracoïdes qui lui donnent un point d'appui sur l'épaule. Ces os devenus libres à l'une de leurs extrémités, privés de leur articulation or- dinaire, sans services, sont, là, plongeant en quelque sorte au milieu d'organes qui leur sont étrangers ; et n'ayant plus de direction fixe , sont nécessairement à la disposition des appa- (84) reils les plus voisins , et entraînés par ceux qui reçoivent de leur importance le droit d'exercer cette influence. Les branchies auront été dans ce cas à l'égard des débris de l'appareil sternal , et j'ai déjà consacré un article sur les usages aussi variés que curieux des clavicules coracoïdes , en trai- tant dans un écrit particulier de l'os furculaire. Deuxièmement :1a connaissance de l'avant-ster- ïium, ou, comme je propose de l'appeler, de l'os èpisternal , nous montre comment , pour rester fidèle à l'ordre des connexions, nous montre , dis-je , comment et avec quelles ad- mirables ressources la nature est parvenue , en grandissant sur un point et en diminuant sur un .autre, à se procurer les élémens d'un autre demi-coffre pectoral. Un os rudimentaire chez les oiseaux ( on pourrait presque ajouter, un os tenu là en réserve pour cette circonstance ) est ce qui va fournir sur le centre la principale quille de cette nouvelle machine. Le membre thorachique n'étant plus chargé de sa portion de travail dans les mouvemens progressifs, dont l'action est presqu'entièrement dévolue à la na- geoire caudale, une des parties de ce membre inutile, la clavicule furculaire, (1) dont nous (1) C'est-à-dire la clavicule analogue à cet os de l'épaule, chez 1' homme. ( 85 ) Savions jamais bien apprécié les usages , est portée dans les poissons à son maximum de développement et de fonctions ; elle termine postérieurement la chambre des branchies , et offre de plus une base large et ferme pour les battemens de l'opercule. Usant d'autres ressources également cachées et rudimentaires, la nature tire parti des quatre petits osselets logés dans le conduit auditif, et, les élevant dans les poissons à la plus grande dimension possible , en forme ces larges oper- cules qui accroissent la tête en arrière et cloison- nent les flancs de notre nouvelle cavité pectorale. Déjà la base du crâne avait fourni une partie de sa surface pour plafond; il lui est fait un em- prunt plus direct et plus réel par l'emploi et la destination nouvelle des quatre osselets de Fouie. Dans une autre hypothèse, et pour le cas où Ton voudrait, prenant l'organisation des pois- sons pour point de départ , constater comment s'opère la séparation de ces élémens conjugués dans cette classe, on arrive aux combinaisons des trois autres d'une manière toute aussi simple; l'épisternal revient sur lui-même pour n'être plus qu'une pièce rudimentaire, alors toute petite et sans usage, et les quatre pièces de l'opercule sont également rapetissées. Elles entrent dans une sorte de boîte osseuse, et là, dans le conduit au- ( 86 ) ditif, elles prennent , selon les circonstances et l'influence des parois de ce conduit , certaines formes et des usages plus ou moins déterminés. Troisièmement. L'épisternal , intervenant avec un caractère ictliyologique sur le centre de la ca- vité des ouïes, demandait, pour qu'il n'y eût rien de changé dans l'ordre des connexions, que les pièces où il s'attache en avant participassent au même caractère : car pour ce qui est en arrière, il n'y a rien à désirer, l'épisternal étant situé sur le devant du point où coincident les clavi- cules furculaires. Or, il se trouve dans les oiseaux des parties qni sont tout-à-fait dans le cas des clavicules coracoïdes dans les poissons ; je veux dire libres à une des extrémités : telles sont les cornes styloïdiennes de l'os hyoïde. L'articulation qui leur manque dans les oiseaux, laquelle était l'effet essentiel à produire, est le résultat qu'elles se trouvent obtenir dans les poissons, où en don- nant attache à l'épisternal, elles prolongent la ligne médiane. Je me borne ici à ce peu de mots sur l'usage de ces pièces, devant traiter séparé- ment de l'hyoïde et de ses dépendances. Quatrièmement. Enfin, la découverte de l'épi- sternal devenait un élément de plus pour la dé- termination des grands os de la membrane des ouïes et pour celle des rayons branchiostèges. ■ ( 87 ) 3'ai réservé cette question pour la dernière , comme étant la plus délicate : elle se pose ainsi ; Les grands os de la membrane des ouïes dépen- dent-ils des hyoïdes , ou font-ils partie de V appa- reil sternall J'avais adopté, il y a dix ans, cette dernière hypothèse, et M.Cuvier, dans sa grande zoologie imprimée cette même année , a présenté la première. Beaucoup de vraisemblance en fa- veur de cette opinion , et la haute confiance que j'ai dans les lumières de son savant auteur, m'a- vaient ébranlé et même porté à adopter sa déter- mination. J'ai donc essayé de la co - ordonner avec ce qui précède m, mais c'est alors que j'ai vi- vement regretté qu'elle eût été donnée dans un ouvrage qui excluait tout développement. Il m'a fallu y suppléer et rechercher sur quelles bases elle avait été établie , de façon qu'il me reste tou- jours la crainte d'avoir manqué de pénétration. Quoi qu'il en soit , cette détermination se trouve en ces termes dans la Description générale des , poissons : ( Voyez règne animal, tom. 2 , p. 109. ) Ce fut en cherchant de bien bonne foi des motifs pour ma condamnation que j'en ai trouvé de plus déterminans qui m'ont ramené à mes premières idées. Je vais exposer de nouveau ces. ( 88 ) mêmes idées , non pas dans celte occasion avec la même confiance qu'autrefois. Plus le cadre de mes recherches prend d'étendue, et plus d'obs- tacles, plus de difficultés se présentent. Mon ré- sultat le plus certain, c'est de mieux apprécier et de mesurer avec plus de réserve le danger des méprises. Mais , dans cette circonstance, je dirai ce que je crois vrai, et pourquoi je le pense ainsi* Je puis encore, après ces efforts, n'avoir em- brassé qu'une erreur, mais la sagacité des sa- vans y pourvoira , et l'on voudra peut-être me dédommager de ce malheur, en me sachant gré, du moins , d'avoir fait connaître un écueil à éviter. Il est de toute certitude que les branchies exis- tent sous la tête et en avant des clavicules ; et dans, mon quatrième mémoire, où je compte présenter la détermination des arcs branchiaux et des os connus sous le nom d'os pharyngiens, je donnerai peut-être une explication satisfai- sante de cette grande métamorphose ; mais pour le moment il me suffit d'examiner ce qu'a pro- duit derrière les clavicules fui culaires l'absence de tout organe respiratoire. Une première observation, c'est que, dans le vrai, la cavité des branchies s'étend par-delà la ceinture osseuse formée des os de l'épaule, et que même elle se prolonge à son fond avec des li- ( «9 ) mites qui me paraissent réglées , et qui le sont en effet par la grandeur des clavicules coracoïdes. Plus de sternum en ce lieu, c'est ce que nous avons vu ; toutefois encore des muscles pecto- raux. A des muscles toujours considérables, s'ils ne le sont pas autant que dans les oiseaux, il faut des points osseux où ils puissent s'attacher, et ces points d'attache sont fournis par les clavicules furculaires, les humérus et les clavicules cora- eoïdes. L'absence de l'appareil respiratoire en ce lieu n'a vraiment amené que le résultat qu'elle devait produire. Mais pourrait- on dire et de- mander : (( Il n'y a plus de sternum derrière les » clavicules, et pourquoi les muscles dits pecto- » raux n'auraient -ils pas cheminé avec la poi- 9p trine qui s'est portée un pas en avant ? x> C'est, peut on répondre, que ce ne sont pas là du tout des organes pectoraux, mais bien des muscles affectés au service des humérus. Et c'est ce que M. Cuvier a fort bien reconnu en traitant des muscles pectoraux, à l'article du bras de son Anà- lomie comparée. — Suivons : En premier lieu. Le grand pectoral singulière- ment réduit dans les poissons de ce qu'il est dans les oiseaux, surtout à sa largeur, s'est , à raison delà forme générale du corps, qui n'admet plus en dessous qu'une base très- étroite, naturelle- ( 9° ) ment porté et ramené vers la ligne médiane son principal point d'attache, et s'est ainsi ramassé sur lui-même; en cessant de s'étendre comme dans les oiseaux du bréchet jusqu'au point où les côtes sternales s'articulent avec les vertébrales, il a délaissé toutes les parties latérales ; et celles- ci ne sont autres que les annexes et leurs côtes. En second lieu. Le moyen pectoral n'est posé dans les oiseaux que sur la pièce impaire du ster- num; ilne peut donc être considéré comme une force qui ait retenu près de lui les annexes. Il prolonge sa portion antérieure sur la tête du sternum, c'est-à-dire, qu'il se porte et s'attache au point où l'épisternal s'articule avec le corps du sternum. Or, c'est tout-à-fait ce qui existe dans les poissons où nous voyons que ce muscle est répandu et fixé sur le bord postérieur de cet os. Quant au petit pectoral , c'est proprement le muscle des annexes et de leurs côtes : je le vois ayant suivi le sort de ces pièces et pris un usage important dans la classe des poissons, en agissant sur les rayons et par conséquent sur la mem- brane branchiale, quand ce muscle n'a qu'un usage insignifiant dans la classe oiseaux; où il est presque dérisoire de dire qu'il joint son effort à celui du muscle grand pectoral. Ce sont soins ( 91 ) aussi superflus que ceux d'un cordeau qui serait employé dans le même tirage qu'un cable. On s'étonne peut-être que je parle aussi affir- mativement de ces muscles, sous leurs mêmes dé- nominations, quand personne encore que je sache n'a donné de myologie ex professo pour les pois- sons ; mais c'est que véritablement, tous les os étant reconnus, les muscles se retrouvent ensuite sans difficulté. Je m'étais promis de consacrer un article sé- paré à la détermination des puissances muscu- laires , ne voulant pas mêler ces autres inconnues à tous les indéterminés du problême que je cherche présentement à résoudre. Mais dans le cas présent, je n'ai pas trop de toutes mes preu- ves ; je me bornerai à indiquer les seuls muscles dont la connaissance sera indispensable pour ce qui va suivre. Et pour appliquer de suite cette vue aux muscles pectoraux ^ je remarquerai qu'ils sont tout-à-fait en situation à l'égard de la cavité qui s'étend par-delà les clavicules. Nous venons de voir que les muscles pectoraux se sont écartés des annexes : celles - ci se sont trouvées encore plus véritablement délaissées par l'absence de l'os impair du sternum des oiseaux; sans soutien et sans articulation , manquant par là à leurs services habituels, elles se seront vues, * ( 92 ) contraintes à entrer dans d'autres usages. Et pou- voit- il s'en offrir un pins convenable que de cé- der à l'influence de l'organe dont elles forment la défense extérieure et gouvernent le mécanisme? Se portant antérieurement avec les branchies, elles seront du moins restées fidèles à l'analogie de fonctions, et je ne crains point d'ajouter, à celle des connexions , si nous voyons la tête des annexes dans les oiseaux s'élancer hors de la sphère du sternum, et fournir en avant une apo- physe graduée ordinairement dans sa dimension sur la longueur de Fépisternal. Elles seront res- tées tout au moins fidèles à l'analogie de fonc- tions , avons-nous dit , si les côtes sternales dans les oiseaux et les rayons branchiostèges dans les poissons , parviennent par leur jeu , s'élevant et s'abaissant alternativement, à augmenter ou di- minuer la capacité de la poitrine, et à devenir, par ces mouvemens alternatifs , la principale action et la puissance, sans lesquelles il n'y aurait ni mécanisme, ni fonction de respiration. Mais ce ne sont là que des conjectures plus ou moins plausibles, que des semi-preuves, que des faits amenés à vraisemblance. Car de ce que les organes respiratoires ne peuvent se passer des annexes, de leurs côtes ou rayons , et des mus- cles qui meuvent ces parties, il n'y a que le be- soin de s'en faire suivre qui soit une chose dé- . ( 93 ) . montrée ; et ce serait sans doute accorder trop d'influence à des idées théoriques, que de con- clure de ce besoin reconnu , à la réalisation du fait. Si le déplacement des annexes a eu lieu, ce transport a dû être occasionné par une cause appréciable. Je vais essayer de la découvrir. Or, l'histoire de l'organisation nous apprend que les moyens de tirage sont les muscles , et que les bornes chargées de maîtriser leurs effets sont les os. L'histoire de la Pathologie nous ap- prend en outre que si un os est fracturé , le muscle qui s'y attache le déplace et l'entraîne a sa suite; ou même que si un os est redevable d'une position quelconque à l'action contreba- lancée de deux muscles antagonistes, il suffit de la paralysie de l'un, pour que l'autre se rende maître du point d'attache de celui-ci. C'est un événement de cet ordre qui a décidé du déplacement des annexes ; nous les avons lais* sées vaguantes dans l'organisation, et, pour ainsi dire, à la disposition du premier occupant : un muscle s'en rend maître et les attire vers son autre point d'attache, c'est le sterno- hyoïdien. Ce muscle a en effet son attache postérieure dans les oiseaux à la crête antérieure de la première annexe, et l'autre attache sur le corps de l'hyoïde, (94) Nous trouvons le même muscle dans les poissons allant du corps de l'hyoïde sur la première an- nexe; mais ici, il est gros, court et ramassé, quand dans les oiseaux il est grêle et si menu, que loin d'y faire événement, il réclame appui et ne s'élève du sternum jusqu'à l'hyoïde , qu'en montant tout le long de la trachée-artère , et en s'y attachant par du tissu cellulaire. Il est un autre muscle dans les oiseaux ( je l'ai observé comme le précédent dans le canard) qui est tout- à-fait dans la même condition, qui a la même forme , et qui recoure à la même protection en adhérant aussi à la trachée-artère; on lui a donné dans le cheval lenomdesterno-thyroïdien, parce qu'il s'arrête au cartilage thyroïde , quand l'autre se prolonge un peu au delà. Lorsque M. Girard fils, jeune homme d'une grande espérance pour les sciences, eût la bonté de tenir à ma disposition dans l'amphithéâtre d'Alfort des préparations myologiques du cheval que je fus étudier avec lui à l'occasion de ce tra- vail sur les poissons, j'avais déjà pressenti que c'é- taient là deux muscles icthyologiques. Il n'y avait que cette manière de comprendre le cui bono de ces deux muscles, de m'expliquer leur excessive longueur, leur maigreur et presqu'inutilité, où je les voyais : plus déliés encore, plus menus, et plus inutiles dans les oiseaux, ils ne sont chez ( 95 ) eux comme chez les mammifères que des mus- cles rudimentaires , c'est-à-dire, que des muscles qui attestent là une organisation plus riche et plus importante ailleurs. Dans les poissons où toutes les parties de la poitrine sont ramenées les unes sur les autres, et ont comme éprouvé une con- traction, ces muscles ne sont que dans une pro- portion convenable eu égard à leurs dimensions respectives , et remplissent chez ces animaux un rôle plus effectif et qui se rattache à l'appareil respiratoire. Je n'ai encore indiqué la situation que du sterno - hyoïdien : le second est proprement le muscle de l'épisternal. En effet , le sterno-thy- roïdien est placé à la face interne de cet os, et il naît du diaphragme aponévrotique répandu en arrière sur les clavicules furculaires pour se porter sur les cornes de l'hyoïde : la position et les insertions de ce muscle sont les mêmes dans les oiseaux,- ce qui sera positivement établi plus bas et quand nous viendrons à décrire chez ceux- ci une semblable toile aponévrotique. Cependant, je l'ai dit plus haut, j'ai un instant cru que les annexes des poissons n'étaient autres que les branches ou cornes de l'os hyoïde. Une certaine disposition du muscle mylo -hyoïdien m'en avait imposé et me l'avait persuadé. On ne y (96) peut se méprendre sur la détermination de ce muscle, laquelle est indiquée à la première vue par son attache à la mâchoire inférieure. Je ne doutai pas un moment qu'il n'étendît ses fais- ceaux de fibres sur les annexes, et cette circons- tance eût décelé la nature hyoïdienne de ces os 5 mais il n'en est pas ainsi. Le mylo-hyoïdien ne se répand pas au-delà des os hyoïdes. Ce qui un moment me fit illusion , c'est que pour s'en as- surer, il faut y regarder de bien près, attendu que les sterno-liyoïdiens sont appuyés dessus et paraissent en être la prolongation ■. A cette occasion, j'ai appris combien il était difficile de faire de la myologie avec des poissons," leurs muscles sont rapprochés par un tissu cel- lulaire si court et si serré qu'on hésite souvent sur leur réelle séparation , ou qu'on est exposé à faire plusieurs muscles d'un seul par un emploi peu judicieux du scalpel. Pour éviter cet incon- vénient, nous avons eu recours, mon collabo- rateur et moi, à une méthode qui nous a assez bien réussi : c'a été d'observer à-la-fois deux su- jets de la même espèce, l'un frais et l'autre bouilli. Le feu agit vivement sur le tissu cellulaire et le déchire, et les muscles laissent apercevoir, d'une manière plus prononcée, leurs limites et leur encaissement* Pour nous laisser aller à Fenlruînemeiit de tant (97) de preuves en faveur de notre détermination des annexes sternales , nous ne sommes plus arrêtés que par une considération : il faut admettre que ces pièces se sont portées en avant. A la vérité elles ne sont pas plus avancées que Fépisternal, qui n'est lui - même qu'une apophyse dans le sternum des oiseaux ; mais Penjambement est toutefois considérable 5 si nous le calculons sur la distance où sont ces parties, de la clavicule coracoîde. Celle-ci existé entre ces deux pièces dans les oiseaux , allant gagner vers le bas le corps du sternum ^ et dans les poissons > elle reste fort en arrière , afin d'y remplacer ce même corps du sternum , d'y servir à l'attache des mus- cles pectoraux , et d'y marquer la limite qui sé- pare la cavité pectorale de la cavité abdomi- nale» Ce fait est sans doute extraordinaire ; mais on peut en citer d'analogues, et, sans quitter la classe des poissons, rappeler celui que nous fournis-5 sent les attaches des nageoires ventrales. . Celles-ci , dont lés os ont leurs analogues dans ceux des jambes seulement, ne sont plus atta- chées et, par conséquent , retenues par un bas- sin (1). Abandonnées à elles-mêmes, ces nageoires ~T~ ■ I I ~JM*" ■ — -| Il M I .11. M I I ..I II II II m M ■ «1MIM — — I ~ ' T (î) C'est ce que je me propose d'établir dans un mé- moire consacré à la recherche des analogues des organes du mouvement, 7 t 9* ) sont errantes, profitant de tous les points d'appui qui peuvent se présenter. A l'égard des poissons abdominaux, elles en manquent tout- à -fait , et demeurent suspendues dans les chairs. Dans les mugils qui ont les humeras et les clavicules cora- coïdes prolongés vers la ligne médiane de l'abdo- men , elles font un pas en avant pour aller profiter de cet appui : gagnant encore une distance , elles s^attachent dans les poissons thorachiques sur les clavicules furculaires. Et comme si ce n'était as- sez , les nageoires ventrales ne s'en tiennent pas là, puisque, dans l'Ordre des jugulaires, elles arri- vent sur l'épisternal même ; s'articuiant tant avec cette pièce qu'avec les clavicules furculaires, de façon qu'à la fin, les jambes de derrière devien- nent les jambes de devant. Cette métastase est un fait irrécusable, et elle peut d'autant mieux nous porter à croire à celle des annexes qu'elle nous donne la clef de toute l'opération, et nous montre une tendance géné- rale de tous les organes de la machine icthyo- logique pour se concentrer vers la tête. Et, dans le vrai, c'est sur ce fait qu'est établie la grande donnée des poissons, qui, pour être appropriés au milieu qu'ils habitent , ont une grande par- tie de leur colonne épinière employée en or- ganes du mouvement. L'action continuelle et toujours violente de la queue, si elle ne va pas ( 99 ) jusqu'à déplacer les organes splanchnologiques> pour les pousser en avant, s'arrange très-bien du moins d'une conformation où les choses sont ainsi. Dans l'hypothèse que les grands os de la mem- brane branchiale sont les analogues des annexes sternales des oiseaux, un fait dont je ne pouvais, il y â dix ans, donner qu'une explication forcée, le libre mouvement de ces pièces, n'a plus besoin de commentaires. Admettant alors que tout le sternum des oiseaux avait , dans les poissons , passé au devant des clavicules , il fallait recourir à une sorte de théorie pour comprendre com- ment, dans les poissons, l'ossification trouve des limites et devient stationnaire^ tandis que dans les oiseaux, elle gagne toujours jusqu'au moment où toutes les pièces se réunissent et se soudent ensemble, Rien de cela n'est présentement né- cessaire : car ce n'est pas le corps du sternum des oiseaux qui s'est porté en avant ; mais seulement son apophyse épisternale , pièce qui n'est nulle part articulée avec les annexes, et qui en serait bien empêchée par la clavicule coracoïde placée entre deux. Ainsi tout était préparé dans ce plan pour que ces os, prenant de la longueur chez les poissons, ne pussent jamais s'appuyer les uns sur les autres, et pour que leur séparation de- vînt une cause efficiente des ouvertures des ouïes. ( ioo ) 1 A ces faits, qui me paraissent faire ressortir la ressemblance générale des oiseaux et des pois- sons y joignons la considération prise du dia- phragme claviculaire. Une toile aponévrotique est étendue dans les poissons au-devant des vis- cères de l'abdomen, et rappelle, du moins par sa position, le diaphragme des mammifères. Tout le bord des clavicules est employé à l'attacher : elle termine et forme le fond de la cavité bran- chiale. C'est une cloison renforcée par les tégu- mens communs, qui s'interpose entre les deux différens systèmes des viscères thora chiques. Mais si l'existence de cette aponévrose était une chose obligée et indispensable dans les poissons , où il y a disjonction du thorax , on ne peut attribuer à la même cause son intervention dans les oi- seaux , où je l'ai trouvée, ( Voyez tyt, pi. 2 y fig. i5 et 17 ), et où elle est alors sans un objet bien déterminé , et comme le vestige rudimen- taire d'une organisation plus nécessaire et plus complette chez les poissons. Ce feuillet aponé- vrotique prend , dans les oiseaux , ses attaches aux mêmes points, c'est-à-dire, à tout le pourtour de la fourchette ; il sert à contenir et à brider les muscles pectoraux qu'il coiffe à leur partie an- térieure. J'ai encore une dernière preuve, la voie d'exclu- sion, à faire valoir en faveur de la détermination ( loi ) des annexes sternales que j'avais proposée, il y a dix ans, et que j'ai été entraîné à reproduire dans cet écrit : je puis démontrer que les os hyoïdes sont au complet dans les poissons, sans y com- prendre les annexes sternales. Mais je suis obligé de renvoyer cette discussion au mémoire suivant, consacré entièrement à l'histoire des os hyoïdes; leur détermination arrive là en son lieu, et fait véritablement partie de ce Traité sur la respira- tion, si je suis réellement fondé en raisons, pour considérer ces pièces comme des os de la poi- trine. § m. Du Sternum des Reptiles* Ce qu'il y avait de plus difficile à traiter dam la question des analogues du sternum considéré d'une manière générale, c'était d'arriver du pre- mier abord à la correspondance des mêmes par- ties dans les oiseaux et les poissons, respirant et se mouvant dans des milieux qui ne pouvaient différer davantage. Entraîné à comparer les deux points extrêmes de l'échelle , plutôt qu'à profiter des apparentes facilités et desrenseignemens que m'eussent four- nis, sur la route, des êtres dans des degrés inter- médiaires, j'ai cédé , en effet, à cette impulsion par le motif que le principe des rapports natu- ( 102 ) rels m'eût circonscrit dans la comparaison des sternums des ovipares , et m'eût insensiblement conduit à aller chercher dans les reptiles de ces données d'organisation à embrasser sous le même point de vue et à comprendre dans un type unique et classique. Or, je Tai dit plus haut, et ïa preuve en va être donnée tout-à-1'heure pour le sternum, les reptiles ne sont pas susceptibles de ce résultat, l'étais ainsi ramené à reconnaître que les oiseaux et les poissons osseux, seuls parmi les ovipares, sont dans ta cas de révéler, à l'égard des sternums, ces formes générales et circons- crites y qui tendent d'elles - mêmes à un déve- loppement quelconque ; quelque soit l'effet des causes perturbatrices qui donnent lieu à la for- mation de tant de productions si variées. Mais si les reptiles ne mènent pas à l'idée d'un sternum identique pour leur compte , du moins sont - ils sous le rapport de cet appareil sus- ceptibles d'un autre genre d'intérêt. En tant qu'ils appartiennent au groupe des ovipares, 51 ne peut arriver que leur sternum n'ait carac- tère de famille, et conséquemment qu'il ne doive tomber ou dans une des conditions signalées au sujet des oiseaux et des poissons, ou bien dans des aberrations qui ne puissent se ramener à l'une de ces généralités. Au point où nous sommes ( io3 ) arrivés, une organisation nouvelle , quelque pro- blématique qu'elle paraisse , peut devenir une sorte de pierre de touche , et faire apprécier ce qu'il y a de réellement essentiel dans Tune ou l'autre des deux combinaisons déjà aperçues. Les reptiles diffèrent entr'eux par la quantité de respiration qui leur est propre ; ils diffèrent dans la même raison , quant à la plus ou moins grande composition de leur sternum. Il en est parmi eux, les Tortues, par exemple, chez qui le sternum paraît être le caractère do- minant , le grand caractère auquel il semble que tout le reste de l'organisation soit sacrifié : c'est un plateau qui supporte l'énorme maison où tout l'être trouve à se renfermer. Je ne connais pas de plus grandes singularités parmi les nom- breuses anomalies que présentent certaines con- formations des animaux. Le sternum des tortues est en effet formé avec une latitude qui frappe d'étonnement ; il ne se borne pas à couvrir et à abriter la région de la poitrine ; il sert de plastron à tout l'animal à la fois , à toute sa surface inférieure. Fait avec tout ce luxe et établi sur une aussi grande échelle, on se demande alors de combien de parties il est composé ? Il nous importe de le savoir 5 f xo4 ) car rien ne peut jeter plus de lumières sur la question des analogues des sternums , sur leur composition élémentaire et sur tout leur déve* loppement possible. Si les pièces sternales ne sont pas en nombre illimité, quelles bornes sont, à cet égard , prescrites à la nature ? et qui en- fin peut mieux en instruire que les tortues , où tout chez elles est subordonné à un développe- ment extraordinaire de l'appareil sternal ? Pour donner cette réponse, je ne puis que ré- péter ici ce que j'ai précédemment écrit, quand je publiai l'histoire des tortues molles, ou des Tryonix y Ann., t. i4,p. i. L'appareil sternal est formé, dans toutes les tortues, par neuf points d'ossification : ou il ar- rive, comme dans les émydes et les tortues pro- prement dites , que ces neuf pièces croissent et s'étendent indéfiniment jusqu'à ce qu'elles se rencontrent et ne forment plus qu'une seule plaque ; pu bien, comme dans les chélonées et les tryonix, l'ossification de chaque pièce s'arrête, de manière à laisser au milieu de tous ces os quel- que espace vide. Ainsi , règle générale ; neuf os dans toutes les tortues, et des pièces, toutes dans les plus grandes dimensions. La conclusion à en déduire, est que tout sternum, qu'aucun obstacle n'entrave dans* ( io5 ) son développement , se compose de neuf par-, lies élémentaires (1). Mais, d'un autre coté, la disposition de ces pièces répond à leur disposition dans les oiseaux. Nous allons donc pouvoir les comparer entr'elles et connaître celles qui chez les oiseaux et les poissons, conservent leur intégrité, et celles qui5 au contraire , s'y ressentent d'empêchemens. (i) Je dois ici insister sur l'observation que je pré- sentai en 1809. « La différence dans le nombre des pièces du plastron des Tortues et du sternum des oiseaux pour- rait faire croire qu'il serait entré dans le plastron des Tortues des pièces étrangères à la composition d'un ster~ nura, comme des côtes sternales ; idée d'autant plus na- turelle à admettre, que les parties latérales du plastron sont terminées par «n certain nombre de digitations; ce- pendant il r^en est rien. Les analogues des côtes sternales ne manquent point dans les Tortues, elles existent dans des pièces articulées qui se voient à la suite des côtes ver- tébrales , où elles forment le bord des carapaces. Le plas- tron ou le sternum des Tortues s'attache sur ces côtes ou pièces sternales, en sorte qu'il ne manque rien d'essentiel dans le tborax de ces animaux , et que tout ce que cet ensemble présente de singulier à un premier aperçu, dé- pend uniquement d'une ossification plus ou moins com- plète de tout le coffre pectoral et des formes particulières qui résultent de cette circonstance. » {Annales du Muséum d'Histoire naturelle , t. i4 ,/?. 6. ( io6 ) Au sternum central des oiseaux correspond chez les tortues ( vqy.pl. 2 ,fig. 20.) une pièce 0 que son état impair, plutôt que son ampleur fait reconnaître pour la même. De chaque côté sont les deux mêmes paires d'annexés m, m,n, n j de plus, nous avons remarqué, dans le pivert, n°. 17, deux pièces à la suite des annexes infé- rieures : elles sont dans les tortues , non plus ru- dinaentaires, mais grandes et robustes p9 p. Enfin tout l'appareil est couronné par deux pièces /, l , qui se reconnaissent facilement dans Pépislernah Chez les poissons, et encore mieux chez les oi- seaux , où ces pièces sont dans l'état rudimen- taire, elles existent, sur la ligne moyenne, con- fondues et soudées ensemble, mais annonçant, toutefois, qu'elles proviennent de deux points osseux distincts , par deux têtes ou tuhérosités qui restent toujours séparées. J'ai donné dans les annales ( tom. i/\, pi. 2, 3 et 4. ) le sternum de trois tortues du genre tryonix. Je figure aujour- d'hui, pi. 2 , n. 20 , celui de la tortue franche, et je l'ai fait représenter vu parle côté intérieur, pour avoir occasion de montrer les deux dé- pressions sur la pièce centrale, y <>y, qui servent à l'articulation des clavicules coracoïdes. Le sternum destortues, quoique formé, comme on vient de le voir, sur le modèle de celui des oiseaux, présente cependant, dans la combinai- ( 107 ) son de ses matériaux, un arrangement asse^ dif- férent 3 qu'il convient d'apprécier, et qu'au sur- plus on trouvera parfaitement approprié aux di- verses habitudes de ces animaux. En effet, les oiseaux, obligés de ramer dans un fluide très-rare , et d'y employer une force considérable, avaient besoin que le centre de leur sternum fût très-étendu et acquit une grande solidité j, pour offrir une large surface et un point très-résistant aux agens dontles oiseaux font usage dans le vol ; c'est, en conséquence, l'os impair qui est chez eux la pièce la plus développée et la base de toutes les autres. Les tortues ( du moins les tortues aquatiques ), qui se déplacent sans de pénibles efforts , se se- raient accommodé d'un sternum faible et formé de cartilages , comme celui de la plupart des mammifères. Mais leur sternum, dépendant de l'organisation des ovipares , et rappelant celui des oiseaux (]), participe aux caractères de so- (i) Dans le mémoire où , en 1809 _, j'ai donné les carac- tères distinclifs des tryonix , j'ai insisté sur l'opinion que j'avais : « Qu'il en est des Tortues., comme des poissons « osseux, qu'elles ont beaucoup plus de rapport avec les « oiseaux , qu'on ne l'avait crn. » J'ai présenté quelques considérations à l'appui de cette opinion. J'observerai au- jourd'hui que cette vue a été accueillie , au point qu'on a proposé d'embrasser le? Tortues sous le nom plus général d' O r n iihoï des. ( Pbodrome; par M. de Blainville ). Bulletin des Sciences pour juillet 1816. ( 108 ) lidité du type. La pièce impaire et centrale, gê* née dans ses relations avec les clavicules cora- coïdes, par le développement et par la grandeur des épisternaux, n'a plus que la dimension d'une pièce rudimentaire ; tandis que les annexes ster- nales, qui supportent tout le poids de la cara- pace , sont au contraire portées aux plus grandes dimensions : elles sont arc-boutées et parfaitement maintenues en avant par les épisternaux, et en arrière, par les os de l'appendice xiphoïde. Dans les tortues à plastron solide, toutes les pièces, formant dans le principe autant de points osseux distincts, croissent jusqu'à leur rencontre et leur entière ossification. Si, de ce sternum des tortues porté ace grand complet, nous passons à celui d'un autre rep- tile placé dans les conditions les plus contrai- res , nous aurons d'abord à considérer cet ap- pareil dans la grenouille : voyez pi. 2 , ftg. 23. Le sternum y est réduit à trois pièces placées bout à bout : l'une / fait saillie en devant ; la seconde o, qui l'est qu'un filet grêle et sans solidité , devient cependant la quille de l'édifice supportant de l'un et de l'autre côté les doubles clavicules ; et enfin vient la troisième/7: celle-ci , libre et beaucoup plus large , est terminée par l'appendice xiphoïde. ( 109 ) Pour retrouver la correspondance de ces piè- ces , nous consulterions inutilement le sternum des tortues : nous ne pouvons oublier que le développement de cet appareil ? dans ces étran- ges animaux 3 sort entièrement des règles com- munes. Un sujet dans une condition plus classi- que , et surtout dans des circonstances plus sem- blables devant être préféré , le poulet s'offre pour exemple ; voyez pi. 2 , fig. 19. Les connexions et les fonctions établissent , en effet , une assez parfaite parité des pièces qui existent en file sur la ligne moyenne. A la différence près du volume, la pièce cen- trale y est , dans la grenouille et le poulet , la principale base , sur quoi repose tout l'édifice du thorax : dans tous deux aussi , les deux paires de clavicules , et plus spécialement les coracoï- des , y sont employées comme contre-forts ; et puis enfin sont une pièce au-delà et une autre en deçà, dans les mêmes raisons et usages. C'est tout-à-fait le même plan ? sauf que le volume des pièces est dans une proportion inverse. L'os central est dans le poulet d'une taille démesurée, ceux du pourtour étant petits et rudimentaires, quand , dans les grenouilles ( ce qui paraît impli- quer contradiction^ , la plus petite est la pièce du milieu. Ainsi est sacrifié dans cette circonstance celui de ces os que sa position appelle par- ( iio ) tout ailleurs à rendre le plus de services et a rece- voir le plus d'accroissement. Ce n'est pas la seule anomalie que présente le thorax des grenouilles. Il est formé, vers le liaut^ par une portion de l'épine ; en bas, par les trois pièces que nous venons de décrire. Mais toutes les autres parties du sternum ornithologique né s'y retrouvent pins; annexes et côtes sternales ont disparu - les côtes vertébrales sont dans le même cas ; car ce n'est que dans Fanatomie phi- losophique, et pour montrer cette permanence du même plan dans tous les ouvrages de la nature > que je suis dans le cas de signaler et d'employer les points rudimentaires que j'ai découverts là, et qui sont en petit de vraies côtes vertébrales. Tout le service des côtes est alors transporté aux os de l'épaule , qui , étendus et élargis à cet effet , at- teignent les points osseux des lignes extrêmes , et forment de cette manière une autre char- pente osseuse pour le thorax des grenouilles. L'ordre de ce travail appelle la description du sternum des autres reptiles : mais nous ve- nons de voir dans ce dernier exemple l'épaulé usurper en quelque sorte les fonctions des par- ties latérales du thorax ou du moins suppléer à l'absence de ces parties par un accroissement très-considérable. Dans les reptiles que j'ai à exa- miner , ce développement extraordinaire des o$ ( ?*1 ) de l'épaule est maintenu, bien que ce ne soit plus pour suppléer au défaut de service de pièces absentes. Ce sont des combinaisons dont les trois autres classes ne donnent aucune idée , et des- quelles il résulte un mélange si intime des deux appareils , les os du sternum et ceux du bras , que je ne puis me dispenser de traiter à la fois des uns et des autres , si je veux être assuré de ne com- prendre, dans l'appareil du sternum , par exem- ple , que de véritables os sternaux. Je vais donc traiter ici d'une question un peu étrangère à l'objet de ce mémoire ; mais je prie qu'on veuille l'excuser en faveur des motifs que je viens d'ex- poser. 5 iv. Os de Vèpaule chez les ovipares. Nous nous reporterons d'abord à la considé- ration de ces pièces dans les oiseaux. Une opi- nion à cet égard avait été émise, dès i555 , par le père de l'histoire naturelle moderne , et jus- qu'à ces derniers temps les écoles avaient pris , avec Bélon, pour omoplate, la longue pièce de l'épaule des oiseaux qui couvre et croise les côtes vertébrales, et avaient adopté comme clavicule l'os fort et résistant, qui joint l'épaule au sternum. Bélon , dont le génie , à cette époque , embras- sait déjà la question des analogues , après avoir ( iia ) ramené à des os du squelette humain deux dei pièces du squelette des oiseaux , vit, de plus, dans ce dernier , une troisième partie , à la- quelle , il crut , libre de toute considération du même ordre , pouvoir appliquer, comme à une chose nouvelle, un nom nouveau: il lui donna, à cause de sa forme, le nom de fourchette (1). Ces déterminations et ces noms furent em- ployés avec une entière confiance jusqu'à cette époque , ou des considérations prises de l'inser- tion de quelques muscles, conduisirent M. Cu- vier à admettre d'autres rapports. Je tiens dé notre célèbre confrère , il à dit dans ses cours , et il a depuis imprimé dans son dernier ouvrage systématique , le régne animal, qu'il regarde la fourchette des oiseaux comme l'analogue et comme le produit des deux clavicules de l'homme. L'os que Bélon avait désigné sous le nom de clavicule se rapporte , selon cette nouvelle manière d'envi- sager ces pièces, a l'apophyse coracoïde. Cette vue , qui est partagée par M- de Blainville, et que (1) M. Cuvier , dans la quatrième leçon de son anatomie comparée, t. 1 , p. 24g, désigne cette troisième partie de l'épaule sous le nom de furculaire. M. Nitzsch emploie aussi l'expression de clavicule furculaire 7 en son Ostéologîe des oiseaux , p. 5i . ( i;5 ) ce savant a consignée dans son prodrome, Bulletin des Sciences, pour juillet 1816 , m'a également paru très-fondée : aussi ai-je, dans tout ce qui a précédé, conformé mon langage sur cette inté- ressante découverte. Ce n'est qu'un os naissant dans la plupart des mammifères onguiculés , ou, pour être plus exact, un os dans l'état rudimen- taire , qu'on s'est borné , dans ces animaux et particulièrement dans l'homme , à désigner, à cause de son peu d'importance , sous l'indica- tion d'apophyse : mais dans les ovipares , les proportions de ces parties changent ,* ce qui n'était là qu'un point minime qu'on ne trouve encore que chez quelques mammifères, devient ici une pièce d'une haute importance et d'un ser- vice indispensable : passant au rang d'une se- conde clavicule, j'en ai pris sujet de la nommer clavicule coracoïde. Il est dans les mêmes mammifères un autre os aussi petit que l'apophyse coracoïde , et qui est de même détaché de l'omoplate dans le fœtus : telle est l'apophyse acromion. La théorie des analogues m'invitait à en faire la recherche dans les oiseaux , et je l'y ai en effet découverte , je ne puis dire dans tous , mes recherches ayant eu lieu hors de la saison du jeune âge , mais du moins dans la plupart des passereaux. J'ai donc 8 ( "4 ) aperçu pour la première fois dans la grive , à là tranche supérieure et à la naissance scapulaire de la fourchette, un petit os (i), qu'à sa position et à ses connexions, il m'a été facile de recon- naître pour l'analogue de l'apophyse acromion. Tout se lie dans l'organisation : ce n'est encore dans les oiseaux qu'un os rudimentaire , et qui chez eux, sans grande influence, est d'un faible intérêt , considéré dans celte classe. Mais cette observation mène à se rendre compte du nom- bre et de la forme des os de l'épaule dans les poissons osseux : le brochet en présente quatre distincts , trois en ligne et un rangé sur le côté ; elle mène à comprendre le bizarre arrangement de ces os dans les monotrêmes et les lézards. Les monotrêmes , c'est-à-dire, l'ordre qui con- tient les deux genres paradoxaux , connus sous les noms d'ornithorinque et d'échidné, ont une (1) Des anatomistes humains pourraient, sur la peti- tesse de cet os , être disposés à ne voir là qu'une de ces parties osseuses désignées par eux sous le nom d'épiphyse. J'ai déjà pris le soin de prévenir qu'il n'y a , chez les oi- seaux., aucun os à qui ce nom , selon l'idée qu'on y attache ^ puisse convenir. Des êtres doués d'une respiration aussi énergique et d'une vitalité aussi grande arrivent rapide- ment à tout le développement dont ils sont susceptibles. (irS) vraie fourchette à la manière des oiseaux: cela a été dit , puis ensuite contesté ; et dans cette der- nière hypothèse, cette fourchette a été consi- dérée comme un os sternal. Ce qui motiva cette opinion fut une observation négligée aupara- vant, celle d'un os grêle et allongé, qui , couché sur un des bras de la fourchette, parut le même que la clavicule des mammifères. Cet os n'est visible et distinct que clans le premier âge : il se soude peu après , et se confond avec les branches qui lui servent de lit. Ma découverte de l'acromion dans les oi- seaux, avec lesquels, sous le rapport de l'épaule, les monotrêmes sont exactement comparables , n'oblige plus à renvoyer la fourchette de ces êtres anomaux parmi les matériaux de leur sternum; mais elle donne la clef, pièce à pièce, de la com- position de leur épaule. Ces os grêles, (a, a, voyez pi. 2, figure 19 , prise de Vornlthorinque) , portés par les bras de la fourchette, sont les mêmes os acromions qui ne diffèrent de ceux des oiseaux^ que par un peu plus d'étendue en longueur. Cette détermination admise, il n'est plus né- cessaire de recourir, comme on l'a fait, à l'idée que les os latéraux c. c. , qui sont situés au-dessous, pourraient bien être des côtes sternales , à qui l'appui des côtes vertébrales aurait manqué : ces os sont les clavicules coracoïdes , le- mêmes os (n6) forts et résistants qui existent dans les oiseaux entre l'omoplate et le sternum. Des monotrêmes , nous marchons sans ren- contrer de difficultés à la considération des os de l'épaule des monitors ou tupinambis : dans ces derniers, la courbure des brandies de la four- chette ( vqy.pl. 2 9ji.g. 20. ) , est inverse de ce que nous venons de la voir dans les monotrêmes et les oiseaux, et la queue qui porte les deux bran- ches est d'une longueur considérable,* mais pour ressembler sous tous les points à une ancre devais- seau, ce n'en est pas moins une vraie fourchette: comme dans les monotrêmes , on voit , sur la tranche antérieure des branches, des iilets osseux, a, a y ou les os acromions, qui conservent de ceux des oiseaux ce caractère, qu'ils ne se prolon- gent pas assez en dedans pour se rencontrer. Ces pièces sont d'ailleurs d'une maigreur qui contraste avec l'étendue et l'épaisseur des deux clavicules coracoïdes, c, c- Sans l'explication fournie par le précédent exemple , on ne saurait comprendre la compo- sition de l'épaule du grand lézard vert, lacerta ocellaîa. Daud. Il y a mieux , c'est que même avec ce secours , ce devient toujoursle sujet d'un petit problême. ( m y La fourchette ( Voy. pi. z,fig- ^ô. ) dans le lé- zard vert passe à une toute autre forme, celle d'une croix : ses branches latérales sont placées à angles droits sur une tige qui, de même que dans la croix de nos églises, a une tête plus courte et une queue plus longue. Il ne faut rien moins que notre ferme confiance dans l'ordre invariable des connexions pour nous faire prononcer sur cette analogie. Les acromionsa, a, sont détachés, con- tournés et arqués à la manière des clavicules hu- maines : appuyés d'un côté sur l'omoplate ^ ils s'ar- ticulent , à l'autre bout, l'un avec l'autre, en même tems qu'avec la branche en flèche de la fourchette. Ainsi voilà des os, formant dans l'origine un simple point rudimentaire ; qui se conservent dans un état de faiblesse chez les monitors, tout en s'y prononçant davantage; qui s'étendent dans les monotrêmes Jusqu'à s'y rencontrer; et qui fi- nissent, dans les lézards, par arriver au rang et à l'utilité de véritables clavicules. Nous les eus- sions pris pour les analogues des clavicules hu- maines, si, par une marche graduée, nous ne fus- sions venus les considérer dans le lézard vert, après les avoir reconnus pour toute autre chose dans les genres voisins. Je ne suivrai pas davantage toutes ces diversités dans les autres reptiles : je me bornerai à corn- ( n8 ) pléter cet article , en ramenant à ses vrais ana- logues les Jeux pièces de l'omoplate. On lit dans la quatrième leçon d'anatomie com- parée, (tom. %9 pag. 25 1) que ce l'omoplate de cer- tains reptiles est brisée, formée de deux pièces, dont la supérieure se reporte sur l'épine. » Ce qu'il nous importe d'établir au sujet de ces deux pièces, pour que leur nombre ne jette point d'in- certitude sur les déterminations qui précèdent , c'est que les élémens en existent dans les omo- plates des deux classes supérieures. En effet, il n'est point d'omoplate, tant cliez les mammifères que chez les oiseaux, qui n'ait le côté opposé à l'extrémité numérale, terminé par un fîbro-car- tilage. On ne saurait confondre cette partie avec îa .propre substance et la nature pleinement os- seuse du corps de l'omoplate. Ces matériaux dif- fèrent par l'arrangement des molécules, la tex- ture, le degré de consistance, et par une appa- rence laiteuse, grenue et crystallisée, caractères du fibro- cartilage. Comme il n'y a qu'un extrême bord dans ce cas chez les mammifères et les oiseaux, il n'y a point solution de continuité. Dans les reptiles, au contraire, le fibro-cartilage excède, en volume, l'étendue de l'omoplate. Telle est cette portion séparée du corps, dont ( "9 ) elle ne forme ailleurs qu'un accompagnement, qui occasionne la grandeur de l'épaule, et qui en porte l'extrémité jusques sur l'épine 3 elle prend tout ce qu^elle peut acquérir de consis- tance ; ce qui ne va qu'à lui donner celle du pain d'épice connu sous le nom de croquet. Cette pièce, supérieure , se distingue donc à tous égards de Yinférieure ou de l'omoplate proprement dite, os dans toutes les conditions d'organisation et de solidité des autres parties du squelette. § v. Sur d'autres sternums de Reptiles. Profitant des connaissances acquises dans l'ar- ticle précédent, et de l'exclusion donnée aux pièces que nous venons de comprendre parmi les os de l'épaule, nous donnerons avec plus de confiance les déterminations suivantes. La principale pièce du sternum, dans les mo- nitors ou tupinambis ( Jroy. pi. 2, Jig. 20 ), est une large plaque o, mince, quadrangulaire , d'un blanc de lait, friable et grenue presqu'autant que la pièce supérieure de leur omoplate ; elle correspond d'ailleurs à Fos central du sternum ornitbologique , ou, ce qui revient au même, à la pièce impaire du sternum des tortues. De la même manière que dam ces derniers animaux, ( 120 ) < ! cette large plaque est précédée et suivie de deux pièces. Les deux antérieures /_, / , que nous avons appelées dans les tortues du nom d'épisternaux , sont longues, à bord droit en dedans pour leur articulation mutuelle , et à bord extérieur très- découpé, d'où résultent trois saillies qui atteignent autant d'apophyses de la clavicule coracoïde. L'extrémité inférieure de chaque épisternal se prolonge en pointe, et trouve à s'interposer, vers la naissance de la large plaque, entre celle-ci et la partie de la clavicule coracoïde qui lui est op- posée. Les deux pièces postérieures p, /?, sont deux os en stylet, qu'à leur forme on prendrait pour des côtes sternales, si celles-ci n'existaient à leur suite, et si d'ailleurs la détermination de ces os n'éiait donnée par les pièces correspondantes dans le lézard vert , chez lequel la forme , la position , les connexions et les usages de ces pièces indi- quent qu'il faut les rapporter à celles qui ter- minent le sternum des tortues. La grande plaque , occupant le centre de l'appareil, est posée en angle, de manière que les deux bords supérieurs servent à l'articulation des clavicules coracoïdes* et les bords inférieurs, à celle des côtes ster- nales. Enfin , pour avoir la parfaite intelligence du sternum des tupinambis, nous aurons à nous reporter à celui des tortues, et nous trouverons (121) qu'indépendamment des différences de formes que nous venons de constater , il en* est une bien plus essentielle , l'absence totale des annexes : cinq seulement des neuf pièces sternales com- posent ce sternum. Qui ne croirait qu'au sujet de l'appareil dont nous nous occupons, il ne faille du moins s'at- tendre à une exacte répétition de formes pour toutes les espèces du genre lacer ta de Linné us : tout l'extérieur de ces lacerta a fait croire à leur affinité; leur sternum toutefois diffère : à celui du tupinambis, lacerta monitor, nous oppose- rons celui du grand lézard vert, lacerta ocellata ; et, à l'un et à l'autre , celui du crocodile , la- certa crocodilus ; dans le besoin que nous éprou- vons de nous borner dans cette énumération, et de ne point faire dégénérer les considéra- tions générales , objet de cet ouvrage, en des- criptions et détails zoologiques. Il y a, dans le lézard vert, une même plaque centrale (o , Voy.pl. 2, Jig. 20. ) que dans le tu- pinambis; elle est plus exactement quadrangu- laire et plus remontée du côté de la tête : les deux os P-> P-> de l'appendice xiplioïde sont plus courts et bifurques à l'extrémité; les flancs inférieurs de la large plaque s'articulent de même avec trois ( 122 ) cotes sternales. Jusques-là la ressemblance de ces pièces se soutient assez bien : il n'en est plus cle même en ce qui concerne les os antérieurs Z, l, les épisternaux. Par une de ces anomalies qu'il faut s'attendre à rencontrer à chaque pas dans l'examen anato- mique des organes des reptiles , les épisternaux ne se bornent plus, dans le lézard vert, à former le couronnement de la pièce centrale; ils prolon- gent une queue tout le long de ses flancs supé- rieurs, de manière à s'intercaller entre des pièces qui semblent s'appartenir essentiellement, et qui, partout ailleurs, rejetent pareille interposition. Ce désordre, ( car j'éclate presque contre celte circonstance qui, jusqu'à un certain point, con- trarie le principe des connexions ), ce désordre jette là tant d'équivoque , et mélange les choses à un tel point, que c'est ce qui m'a engagé à donner plus haut une détermination des os de l'épaule. En décrivant tout-à-Pheure ce qui , à cet égard, s'applique au tupinambis, j'ai insisté sur une queue de ses épisternaux, courte à la vé- rité, et s'étendant assez peu entre la clavicule coracoïde et la plaque moyenne. Je l'ai fait, parce que j'y voyais un commencement d'organisation propre à nous préparer à la singulière disposition que je viens de considérer. / ( i^ ) . Le crocodile offre un arrangement non moins étrange. La large pièce, sensiblement moins éten- due, est encore plus haut remontée du côté de la tête : elle n'est plus précédée de deux épister- naux, mais d'un seul, qui participe en outre des conditions de l'épisternal ornithologique par sa petitesse , et même par une apparence rudimen- t aire : c'est un os étroit, applati, en forme de spatule. Il conserve , toutefois à sa base, le carac- tère des épisternaux des tupinambis en s'y élar- gissant et en s'y prolongeant de chaque côté en une apophyse, qui s'insère et s'interpose , comme dans les tupinambis , entre le commencement de la clavicule coracoïde, et la portion de la large pièce qui lui est opposée. La large pièce a ses flancs supérieurs plus éten- dus que les inférieurs, d'où il arrive que ces der- niers donnent attache, non à trois, mais à deux côtes sternales. Ce n'est pas qu'il n'y ait, dans le crocodile, un bien plus grand nombre de ces côtes que dans aucun reptile , et cette nouvelle circonstance est rendue possible par la grandeur extraordinaire de la troisième partie du sternura, qu'on pour- rait regarder comme appartenant à l'appendice xiphoïde. C'est donc comme dans les grenouilles, trois pièces placées à la file les unes des autres, ( 124 ) à Cela près de la proportion relative de ces pièces et des côtes sternales existant dans le crocodile , et manquant dans les grenouilles. Le troisième os sternal des crocodiles surpasse en longueur les deux antérieurs réunis ensemble; il se partage en quatre nodosités qui croissent de la première à la dernière ; nodosités qui ont évi- demment pour objet de fournir de chaque côté une tête articulaire pour autant de côtes ster- nales : le dernier renflement se termine par deux longues apophyses, sur chacune desquelles trois autres côtes sternales trouvent à s'articuler. Ici toutes les pièces sont en série comme dans les mammifères; et si chaque nodosité de la troi sièmes'y développait en commençant par un point d'osssification à part ( ce dont je n'ai pas eu le moyen de m'assurer ) , il faudrait admettre que les crocodiles, qui tiennent déjà par quelques autres rapports aux mammifères s'en rapproche- raient, pour des ovipares , d'une manière très- surprenante. Enfin, une dernière considération, c'est l'en- tière ossification du fibro-cartilage qu'on trouve ailleurs à l'état mou et cartilagineux entre les côtes vertébrales et les côtes sternales : c'est au point de faire croire que l'arc qui unit l'épine aux os sternaux est formé de trois chaînons distincts, une côte vertébrale, cette seconde côte que nous ( 1^5 ) désignerons sous le nom de vertébro-sternale , et la troisième, qui est proprement la côte déri- vée du sternum. Ce petit nombre d'exemples suffît , sans doute, pour prouver qu'il est réellement impossible de ramener les sternums des reptiles à une unité classique : c'est tout ce qu'on peut obtenir ( et encore cela exige-t-il toutes les recherches d'un vrai problême ) , que d'y retrouver les éîémens du type plus général du sternum des animaux vertébrés. Multiplier davantage ces exemples se- rait entrer dans des détails purement zoologiques, et qui, prenant ce caractère, ne doivent point trouver place dans cet ouvrage. § vi. Du sternum des mammifères. Je vais d'abord décrire le sternum d'un de nos monotrêmes, celui de l'ornitborinque : à quel- ques égards, nous nous croirons encore occupés desreptiles, en retrouvant, dans les monotrêmes, une partie des considérations qui ont fait l'intérêt du précédent paragraphe. En cherchant, à l'article du bras, a apprécier tous les os de l'épaule , ce n'a été qu'en plaçant l'ornithorinque en échelon, après les oiseaux et en avant des tupinambis , que nous sommes par- ( 126 )r venus à saisir les correspondances de l'épaule de ces derniers. Les os sternaux de ceux - ci vont nous aider , k leur tour , à comprendre toutes les anomalies du sternum de rornithorinque. Il est évident que ce qui porte ( Voy. oy o , pi. 2 , fig. 19. ) le pied de la fourchette , est Fanaîogue de la large plaque quadrangulaireo du tupinam- bis. Il n'existe là, toutefois, que la moitié infé- rieure du carré, à raison de l'élargissement et de la tranche droite et nette de la base de la four- chette ; première différence. De plus, cette même moitié est partagée en deux portions , par une séparation longitudinale,* seconde, mais bien plus essentielle différence. Car la large plaque est par- tout un os impair, absolument partout, excepté dans les monotrêmes , où sa division devient ainsi un caractère étrange, exclusif, et bien pro- pre à marcher de front avec toutes les autres anomalies de ces êtres éminemment paradoxaux, La concordance des pièces o, o, trouvée, on a facilement celle des deux os supérieurs /, Z: 011 n'hésite pas à les appeler du nom d'épisternaux. Mais si le sternum des monotrêmes est dans cette première moitié en rapport avec celui des ovipares, il l'est par sa seconde avec celui des vivipares, puisqu'à la suite des pièces o, o, vien- nent des os impairs rangés bout à bout , au nombre de trois : cette organisation rappelle assez celle ( 127 ) du crocodile, et la rappellerait bien davantage^ si la troisième pièce, chez le crocodile, était vrai- ment partagée en autant de parties qu'il s'y voit de nodosités. Le sternum des mammifères paraît en effet formé par une suite de pièces impaires placées à la file les unes des autres : cependant il existe à cet égard des différences chez les mammifères. C'est dans les phoques que ce plan se montre avec le plus de simplicité, et que les os sternaux présentent le plus d'homogénéité : ( T^oyezpL 2,« fig. 18 ) :1a dernière pièce est seulement plus grêle et plus longue. Les phoques se distinguent aussi des autres mammifères par un plus long coffre pectoral; retrouverions-nous là, quoique dans une com- binaison inverse , un sternum , ainsi que celui des tortues, arrivé à tout le développement dont il est susceptible? Vérifions cette conjecture, et comptons ces os si uniformément disposés à la file les uns des autres. Il s'y en trouve neuf comme dans les tortues : et , assurément , les chances du hasard n'ont pas donné lieu à cette correspon- dance. Nous retrouvons le même nombre dans le ster- num des lions , des tigres et des autres félis ; chez la plupart des carnassiers. Si , dans quelques ( »8 ) exceptions, ce nombre est réduit à huit, il est des circonstances qui permettent d'en apprécier le motif, et qui nous apprennent en effet que l'avant-dernière pièce ne se développe pas assez, pour avoir toujours une existence indépendante; ce qui la porte à s'unir et à se confondre avec la dernière. Dans les animaux à sabots , groupe très-dif- férent de celui des mammifères à ongles; dans le cheval, par exemple, le cochon, l'éléphant, etc., qui ont la poitrine plus courte d'avant en arrière, on ne trouve plus que six à sept os sternaux, dans une combinaison qui rappelle, à quelques égards, l'arrangement de ces pièces dans les tortues : les deux dernières sont de même accouplées. Nous montrons cette disposition {pi. i.>fig. i4. )9 le sternum du tapir nous ayant servi d'exemple. Les êtres vivant en domesticité sont sujets à des variations j mais ils ne peuvent s'écarter de la règle à laquelle ils sont soumis, selon leur genre , qu'ils ne se rapprochent plus ou moins du type des autres classes ou familles. Ainsi, quoique les chiens aient généralement le sternum formé de neuf pièces en série, je con- serve celui d'un individu de ce genre , où les deux dernières sont rangées transversalement et accouplées : cette anomalie est, de cette manière, ( 129) ramenée à la règle suivie à l'égard des animaux à sabots. J'ai constaté des différences plus grandes , d'homme à homme : dans un tems ou l'on ne faisait de l'anatomie que pour éclairer les opéra- tions de la chirurgie, on donnait le sternum hu- main comme composé de trois pièces, parce qu'en effet , c'est où le sternum arrive par les progrès de l'ossification ; mais Bichat , qui l'a examiné dans de jeunes sujets > l'a vu composé dès le principe de 8 à tj os. Leur arrangement n'a pas occupé cet anatomiste, et ne devient en effet une question que dans le plan de cet ouvrage. Or, j'ai trouvé que l'association respective de ces pièces diffère , ou selon l'ampleur de la poitrine en largeur, ou selon son étendue en longueur. Dans le cas assez commun d'une poitrine plus grande d'avant en arrière, les os sternaux sont placés à la file les uns des autres, conformation, qui fait participer l'espèce humaine aux consi- dérations des autres Onguiculés. Mais, dans le cas d'une poitrine plutôt large que longue , on remarque quatre os sternaux, accouplés deux à deux ; ils sont précédés par deux pièces impaires, dont une, la première, le sternal claviculaire, paraît, à sa largeur et à une rainure médiane qui existe parfois , paraît , dis»je , formée par la réu- ( i5o ) mon de deux pièces conjuguées : un ou deux os, dans une position variée, terminent cette série de pièces. Dans cet exemple, qui présente l'exception à la règle , la conjugaison de ces pièces a lieu exac- tement comme dans les tortues , de telle manière que si Ton voulait s'étendre davantage sur ces considérations, nous- en viendrions à voir, dans le sternal claviculaire , l'analogue des épister- naux ; dans le deuxième os sternal, celui de la pièce centrale ; dans les quatre pièces suivantes , la combinaison et les relations que montrent les annexes; et, dans les os qui terminent , les pièces dépendantes de l'appendice xiphoïde. C'est ainsi qu'une combinaison, lorsqu'elle cesse d'être fidèle à son plan primitif, ne peut s'en écarter qu'en retombant dans une combinai- son déjà consacrée. Comme pour établir que l'espèce humaine est cependant sur la limite de ces deux conforma- tions, et qu'elle peut ainsi passer presqu'indiffé- remment de l'une à l'autre, les os sternaux ne sont jamais rangés avec une symétrie et un pa- rallélisme parfaits. On peut alors juger du peu d'efforts qui restent à faire, pour que les os de la gauche s'intercallent parmi ceux delà droite, et pour que les doubles séries se résolvent en une seule : nous avions besoin que cette considération ( 1* ) nous fat fournie, afin de nous expliquer l'indiffé- rence que montre cette disposition dans le même être , à deux résultats organiques différens. Il se pourrait aussi que nous eussions décrit deux états successifs ^ c'est-à-dire , des différences relatives à l'âge des individus. Quoiqu'il en soit , nous ne nous sommes pas bornés aux observations qui précèdent ; nous nous sommes occupés de les fixer par des des- sins. Mais au moment d'employer ceux-ci dans nos gravures ? nous avons craint d'encourir le reproche de trop compter sur ces moyens auxi- liaires. Ayant eu des sacrifices à faire sous ce rapport, nous les avons fait porter de préfé- rence, ou sur des figures qu'on est dans le cas de retrouver ailleurs , ou sur des choses qu'on peut se procurer et observer facilement. Ainsi nous n'avons pas employé les dessins des deux conformations de sternum humain que nous avions fait faire : il en a été de même de ceux des sternums de chien et de crocodile men- tionnés plus haut. Mais on pourra du moins les consulter à la bibliothèque du Jardin du Roi , où nous les avons déposés* COROL.IiAIB.ESi Je vais réunir les principaux traits disséminés dans ce mémoire, et, cherchant à réfléchir sur toutes les faces delà question, la lumière obtenue par la précédente discussion, essayer de montrer ce qu'est essentiellement le sternum dans tous les animaux vertébrés. 1°. Le mot de sternum est un nom collectif : il doit s'appliquer et s'applique à un ensemble de pièces , qui forment la partie inférieure du tho- rax , et qui entrent nécessairement dans la com- position de la poitrine, soit pour en gouverner le mécanisme, soit pour défendre ce précieux organe du contact dommageable des choses exté- rieures. 2°. Les pièces, dont tout sternum est composé, oiit un caractère déterminé et des fonctions pro- pres ; elles se divisent en deux ordres ou séries distinctes; les os sternaux proprement dits, au nombre de neuf, s'ils sont tous employés ^ et les cotes sternales en nombre illimité. 3°. Faisant preuve d'individualité, et, dans cer- tains écarts de la nature, quelquefois même d'in- dépendance, ces pièces s'élèvent au rang de ma- { i33 ) tériaux principes de l'organisation , et doivent recevoir des noms distincts, 4°. En série , ce sont des parties presqu'homo- gènes; et les noms de premier sternal, 2e, 5e, etc., suffisent alors, Mais toutes ces pièces , hors une seule, sont susceptibles de s'accoupler deux à deux, et, dans ce cas, elles passent à des em- plois différent Sous cette autre combinaison , je les nomme êpisternal , entosternal , hyosternal , hyposternal et xiphistemal. Le seul entosternal, est toujours un os impair , excepté dans l'or- nithorinque. 5°. A la pièce antérieure (le double êpisternal ) est toujours imposée l'obligation de porter la clavicule furculaire, là où elle existe; à la se- conde ( Pentosternal) de rendre le même service à la clavicule coracoïde, quand celle-ci devient un des principaux arcs-boutants de l'épaule. La troisième pièce , l'hyosternal , et la qua- trième, l'hyposternal, sont deux sœurs, courant les mêmes hasards , deux variables exposées aux mêmes chances , intervenant ou disparaissant en- semble, recevant volontiers la loi, et la subissant de la même manière, si ce n'est dans les tétro- dons et les ostracions, où chacune a des fonc- tions propres et importantes. Doubles dans le (i34) plus grand nombre de cas , elles abandonnent la ligne médiane, pour se porter sur les ailes et ser- vir d'annexés à Pentosternal. La cinquième pièce, le xiphisternal , ou l'os nommé, dans l'homme, cartilage xiplioïde, doit à ses connexions et à ses relations avec Içs envelop- pes et les muscles de l'abdomen d'être moins su- jette à variation : elle ferme toujours par le bas l'appareil sternal. 6°. Les os sternaux se trouvent au complet , neuf pièces , toutes les fois que la poitrine , étant étroite , est portée à son plus grand développe- ment en longueur; ou bien qu'offrant une dimen- sion opposée, elle est toute aussi large, et toute aussi ample que possible. Dans le premier cas, les pièces sternal es sont placées à la (île les unes des autres; et, dans le second, elles sont accou- plées deux à deux et en série, dans l'ordre qui suit : les deux épisternaux, l'unique entosternal, les deux hyosternaux , les deux hyposternaux , et les deux xiphisternaux. 7°. On est ainsi conduit à un type idéal de ster- num pour tous les vertébrés, lequel ensuite, consi- déré de moins haut, se résout en plusieurs formes secondaires, selon que se trouvent employés la totalité ou la plupart des matériaux constituans, ( »55 ) ou même que viennent à changer leurs dimen- sions ou proportions respectives. Ces conditions de diversité, quand celle-ci est renfermée dans de certaines limites > sont donc les élémens des sternums classiques , et le sont encore parfois de c quelques subdivisions assez bien déterminées pour les ordres et les familles. Le sternum de chaque classe donne lieu aux considérations suivantes : 8°. Le caractère auquel on reconnaît le sternum des mammifères , est une seule chaîne de pièces rangées à la suite les unes des autres. Ce type se- condaire est susceptible de deux modifications qui deviennent ainsi les caractères particuliers des deux principaux embranchement des ani- maux à mamelles. Les onguiculés ont leur ster- num plus réellement formé par une seule file de huit à neuf pièces, quand les animaux à sabots, qui admettent un moindre nombre de celles-ci, ont en outre les deux dernières pièces placées cote à côte. 9°. Le sternum des oiseaux se trouve d'abord essentiellement constitué par cinq pièces j Pen- tosternal, les deux hyosternaux, et les deux hy- posternaux. De plus, il prend quelquefois, mais comme accessoire rudimentaire , en avant un épisternal à deux têtes , et en arrière un ou deux ( *36 ) xiplîisternaux. Ainsi c'est moins le nombre de ces matériaux que leur grandeur respective qui devient ie grand caractère du sternum des oi- seaux. L'entosternal arrive chez eux au plus haut de- gré de développement. La petitesse de Pépister- nal et des xiplîisternaux pourrait être imputée à cette pièce gigantesque , comme détournant à son profit le fluide nourricier, puisqu'elle est d'autant plus grande que ceux-ci sont plus petits. Etendue del'épisternal auxiphisternal, elle prive les hyosternaux et les hyposternaux de leur po- sition sur la ligne médiane, en les renvoyant en quelque sorte sur ses ailes. Enfin son accroisse- ment extraordinaire amène cet autre résultat digne de remarque : c'est que chez les oiseaux, les pièces sternales sont rangées trois de front. io°. Quant aux reptiles , il faut nous contenter des données suivantes. Les tortues ont un ster- num qui diffère de celui des grenouilles : autre aussi est celui des crocodiles : autre de même celui destupinambis, des lézards, des salamandres, etc.. Par conséquent, point de sternum classique pour les reptiles : la seule vue générale qu'on puisse leur appliquer, c'est que la complication du ster- num varie chez eux, comme varie et augmente îa quantité de respiration qui leur est propre. ( iS7 ) ^1°. Le sternum des poissons osseux est, au contraire, tenu dans des limites très-resserrées : jl est composé de même que celui des oiseaux, moins l'entosternal et les xiphisternaux ; com- posé par conséquent , d'un épisternal à deux têtes, et puis , des annexes (les hyosternaux et les hyposternaux). Plus d'entosternal qui domine l'appareil : aucun obstacle alors au développe- ment de ces cinq pièces ; aussi croissent-elles in- définiment , jusqu'à ce qu'elles atteignent et s'ap- puient sur les hyoïdes. Une des clavicules, chez les oiseaux , prive l'hyosternal et l'épisternal de s'approcher et de se toucher. Ces pièces sont éga- lement séparées dans les poissons. Leur jeu et leurs usages varient même au point qu'on les y croirait étrangères l'une à l'autre. 12°. Mais quels que soient ces sternums, et quelque surprenantes qu'en paraissent les méta- morphoses, il n'est point difficile d'en démêler les diversités , d'apercevoir qu'elles se conver- tissent les unes dans les autres, d'en embrasser tous les points communs, et de les ramener à une seule mesure, à des fonctions identiques, et enfin à un seul et même type. «ifj •■ a * "" '»l' ' r -m^ • -- «■» »- .^j ■ ». » ■ ■ j i ■, ■ .%..■. TROISIÈME MÉMOIRE. Des os antérieurs de la poitrine ou de rjJroiDE. JLje nom d'hyoïde a été employé dans Postéo- logie des poissons , mais point avec la même acception. Les uns l'appliquent à une chaîne d'os répandue > sur la ligne médiane, de la lan- gue aux arcs branchiaux ; d'autres aux deux branches qui viennent de l'aile temporale et se réunissent à l'os lingual , et d'autres enfin à ces deux branches et encore aux arcs branchiaux eux-mêmes, qui dans cette hypothèse sont con- sidérés comme des cornes ou prolongemens hyoïdiens (1). Sur ce pied, l'os hyoïde comprendrait de ix! à 28 pièces , et ne serait plus ( porté à une aussi (1) Duméril : mémoire sur la respiration des poissons. Magasin encyclopédique ; annee 1807. ( i4o ) grande complication ), le même et simple appa- reil que dans l'homme. Cet exposé de l'état de la science sur l'hyoïde des poissons pourrait donner lieu à une ob- servation critique : nous allons la prévenir et essayer d'expliquer d'une part la confiance des anatomistes dans l'emploi du nom d'hyoïde im- porté de l'homme aux poissons , et de l'autre les motifs de leur dissentiment dans une ques- tion, où il semble qu'on aurait dû, en con~ sultant la nature , se déterminer de la même ma- nière. On a remarqué dans les poissons, entre les branches de leur mâchoire inférieure, un appa- reil osseux , dont la langue formait la partie avan- cée, qui se partageait en deux branches, et qui était suspendu sous le crâne , à peu près de la même façon que l'hyoïde des mammifères. Cet appareil étant servi par des muscles analogues, et rappelant exactement le mécanisme , le jeu et les fonctions de cet os, on est ainsi arrivé, de suite et sans difficulté, à apercevoir que les pois- sons étaient pourvus des mêmes moyens de dé- glutition que les autres animaux vertébrés. Mais si ce point de départ ( la présence de la langue en ce lieu ) n'exposait à aucune méprise, il n'en était pas ainsi de l'autre point extrême. On ne pouvait aussi facilement reconnaître où l'hyoïde ( 4t ) s'arrêtait en arrière. L'absence de la trachée-ar- tère, et la survenance des os de la poitrine en avant , qui en est un des résultats , faisant que l'hyoïde se trouve articulé et marié, dans les poissons, avec des pièces qui, jusque-là, lui avaient été étrangères, exposaient à comprendre beaucoup de celles-ci dans ses apartenances. Il est évident que c'est ce qui a toujours eu lieu , puisque l'os hyoïde des poissons n'est restreint dans aucune détermination au nombre de 8 pièces, dont cet os se compose dans les oiseaux. On n'a eu, par conséquent , qu'une idée imparfaite de cet appareil dans les poissons : il a plutôt été en- trevu que déterminé. Nous allons suivre , à son égard , la même mar- che que précédemment -y et, recherchant quelles en sont les pièces dans les trois principaux grou- pes des animaux vertébrés, les considérer une à une , et les comparer les unes aux autres. § * De l'Hyoïde des Mammifères. Le mot hyoïde, qui est traduisible par la phrase^ semblable à l'upsilon , une des lettres de l'alpha- bet grec, n'est susceptible d'application dans le sens de son étymologie, que dans l'anatomie hu- maine. Ce nom, borné à cette acception, est ( ï42 ) donc fondé sur une considération , la dernière qu'il nous importe de constater. En effet, la sta- tion verticale de l'homme, ayant décidé de la configuration de cet os, cette forme ne pouvait reparaître, dans les quadrupèdes, que sensible- ment modifiée, et y estmêmesi fortement altérée qu'elle y devient assez souvent méconnaissable. Toutefois les fonctions et les connexions de l'hyoïde, les seuls élémens admissibles dans nos déterminations, sont des données constantes. Ce sera donc d'après ces seules données , que nous emploierons, pour l'étendre à tous les animaux, le nom d'hyoïde : et c'est sous ce rapport que nous allons examiner cet os dans l'homme lui-même. L'hyoïde s'y compose, dit-on, d'un corps et de quatre branches ou cornes , symétriques deux à deux. Les cornes antérieures ( supérieures dans la sta- tion verticale) sont, dans l'homme, de petits os ru- dimentaires presque sans objet, et cependant des os dans lesquels il y aurait, dit Sabatier, quelques menues pièces, sous forme de petits grains, et dis- posées à peu près comme ceux d'un chapelet. On commence à apercevoir que ces cornes sont quel- que chose dans l'organisation, en les trouvant agrandies et parfaitement distinctes dans les mam- mifères qui ont la tête alongée : là , elles s'étendent du côté d'un os particulier, le styloïde, qui, lui- (i45) même, de simple et presqu'inutile apophyse dans l'homme, parvient, dans la plupart des mammi- fères, à une grande dimension, acquière une uti- lité manifeste, et vient si parfaitement s'ajuster et si bien se marier avec les cornes antérieures, que , dans Fanât omie vétérinaire , cette pièce compte pour une dépendance et une troisième partie de ces mêmes cornes» Quoique dans des conditions apophysaires et rudimentaires , et quoique ramenés et reportés, chacun a sa source primitive (l'os styloïde au crâne, et les cornes an- térieures au corps de l'hyoïde ), ces os ont, dans l'homme, le même usage que dans les mammifères à longue tête, celui d'accrocher en quelque sorte l'hyoïde au crâne ; ce qui a lieu dans l'homme au moyen d'un cartilage, et dans les grands ani- maux d'une manière plus efficace, par la chaîne non interrompue que ces pièces forment en- semble. Les cornes postérieures , toujours composées, chacune , par un seul os , sont dans l'espèce hu- maine , ce qu'elles se trouvent être , à peu de chose près, dans les autres espèces à mamelles, et ce qu'il fallait qu'elles devinssent, eu égard au service qu'elles avaient à rendre. Elles forment, avec le corps de l'hyoïde, un fer-à-cheval, sur le pourtour duquel le larynx se trouve attaché , ( i44 ) et, par suite , la trachée-artère avec tout l'organe pulmonaire. Enfin le corps de l'hyoïde est une hase pour l'articulation de toutes ces pièces , d'autant plus résistante , qu'elle est maintenue par des muscles antagonistes nombreux et puissans, s'attachant, les uns à la mâchoire inférieure et à la langue , et les autres au larynx , au sternum , et à Fomo- plate. Ce corps* a sa portion convexe? développée en une grosse tubérosité ou apophyse, dont on ne s'est guères occupé dans l'ostéologie humaine que pour en dire les aspérités favorables à l'insertion d'un grand nombre de muscles qui s'y atta- chent. Pour savoir qu'il y a là quelqu'autre chose de plus significatif et de plus important ( ce qui n'est que faiblement indiqué dans l'homme à cause de la contraction des parties ) , il faut passer à la considération de la plupart des mammifères , et voir cette tubérosité dans les rongeurs, les ru- ininans, mais surtout dans les solipèdes, où elle est alongée , et où elle prend le caractère d'une apophyse j qui a quelquefois plus de saillie que le corps lui-même : ce n'est pas pourtant un os distinct, encore moins deux pièces, ainsi que nous le trouverons dans les solipèdes; mais alors, c'est du moins un fragment à part qui se déve- ( i45 ) loppe en commençant , de même que le corps ? par un noyau qui lui est propre. Se pénétrant dès leur formation, par des radiations osseuses envoyées de l'un sur l'autre, et réciproquement ( résultat nécessairement amené par leur intime contiguïté, et, pour ainsi dire, par leur con- centration ), ces parties croissent simultanément^ et, continuant à multiplier leurs adhérences, ne forment , dans presque tous les mammifères, qu'un seul os , où dans certains cas quelques traces de séparation sont cependant visibles , ainsi que je l'ai observé dans l'hyoïde d'un le- vraut; de la même manière qu'un maxillaire in- férieur est toujours un os unique dans les mam- mifères, quoiqu'il soit formé des mêmes élémens que le maxillaire inférieur des crocodiles, par exemple, chez lesquels chaque fragment compte pour un os distinct. Ce qui n'est qu'indiqué dans presque tous les mammifères, est fortement prononcé dans les so- lipèdes : là il y a et apophyse et pièces séparées à l'extrémité. {Voy. -pi. 4,^. 55.) Cette apophyse et Sa queue forment un long manche, qui est op- posé aux cornes thyroïdiennes, et qui les surpasse en longueur. J'ai cru devoir insister sur cette cir- constance , en ce qu'elle nous fournit une consi- dération qui mène d'abord aux oiseaux, et plus encore aux poissons. Non-seulement les anato- 10 ( i46 ) mistes vétérinaires n'ont point parlé des pièces e et u , fig- 55 , si importantes pour la théorie et l'ordre des rapports , mais ils donnent , sans qu'on sache sur quoi ils se fondent, les branches kè- ratoïdes du cheval , ainsi qu'ils les appellent, ( c'est-à-dire, les cornes antérieures, dans les- quelles ils comprennent les os styloïdes ) , comme uniquement composées de 4 os , quand ils en comptent 6 dans celles du bœuf et de tous les ruminans. Il n'y a rien à cet égard de changé dans le cheval : les deux pièces méconnues ,c,c9 fig. 55 , sont à la vérité très-petites ; mais je ne vois pas qu'on les ait même fait figurer comme de simples épiphyses : elles sont réduites à une pe- titesse d'autant plus remarquable, que la queue de l'hyoïde est plus prolongée et plus grande. C'est ainsi que les mammifères nous montrent déjà l'hyoïde , comme composé au complet de neuf pièces, sans compter les styloïdes; ou de onze, en les y comprenant. J'ai pu attendre, dans le Mémoire précédent, que j'eusse parcouru toutes les classes d'animaux vertébrés, et que j'eusse déterminé dans toutes les os du sternum, pour donner le dernier résul- tat d'un pareil travail,* c'est-à-dire, imposer des noms à chaque pièce en particulier. Je ne puis agir de même dans cette occasion. Ayant, dans ( i47 ) ce Mémoire , à revenir souvent sur chacun des os de l'hyoïde , et devant parler de première ou de seconde pièces de cornes, dont en outre la désignation de qualité, ou de position, devenait nécessaire, j'ai dû, pour éviter de semblables périphrases , m'occuper de suite de remplacer celles-ci par des équivalens. Je les évite, et je donne à ma pensée une expression plus pré- cise, en employant, dès ce moment, la nomen- clature que j'aurais fini par proposer. Je pré- viens que c'est après m'être assuré qu'elle est ap- plicable à tous les cas, et dans tous les vertébrés, ique je me suis permis d'en faire usage. Ainsi l'hyoïde, pourvu de toutes ses pièces, se compose des élémens suivans : d'un basiliyaly ou du corps de cet appareil ; d'un urohyal, ou de sa queue ; d'un entohyal , quand il existe entre ces deux pièces un os intermédiaire ; de deux glossohyaux , ou les cornes postérieures, autre- ment les thyroïdiennes; de deux apohyawx , les premières pièces des cornes antérieures ou bran- ches styloïdiennes; de deux cèratohyaux , les se- condes pièces de ces branches -7 et enfin, si l'on y comprend les os styloïdes^ de deux stylhyaux, en tout onze pièces (1). , (i) Je prie qu'on veuille bien prendre la peine de re- connaître ces pièces, planches 3 et 4, où j'ai réuni les ( i48 ) §. II. De V Hyoïde des Oiseaux. Recherchons si tous ces élémens , définis avec cette rigueur , font partie de l'hyoïde des oi- seaux. On s'est beaucoup occupé des pièces de cet appareil , comme sujet de description,* on en a donné le dénombrement , la forme , les usages et les connexions; et, en traitant de quelques-unes* de leurs différences essentielles, on a cru les avoir suffisamment ramenées à leurs analogues dans les mammifères. La vérité est qu'on s'en est occupé d'une manière assez superficielle. Voici ce qu'on trouve sur ce sujet dans les ou- vrages les plus récens. « La langue des oiseaux est soutenue par deux os distincts ( quelquefois par un seul ) , qui sont le plus -couvent attachés à l'appareil hyoïdien. Les os de la langue non compris, l'hyoïde des lryoïdes de plusieurs mammifères, oiseaux et poissons ; je me sers du même signe riour toutes les parties correspon- dantes , et, pour en faciliter le souvenir , des lettres ini- tiales de chaque nom. Ainsi b désigne le basihyal, e Yen— thoyal , u Vurohyal , g le glossohyal , a Vapohyal ; c le ce- rathoyal et et le stylhyaL ( 1*9 ) oiseaux se trouve composé , d'abord , d'une pièce centrale, suivie d'une seconde , formant toutes deux une corne moyenne ; et , ensuite , de deux cornes latérales. Ces dernières sont, chacune, for- mées de deux pièces, cylindriques, grêles, amin^ cies , et libres vers le bout. De leur longueur, dé- pend la sortie plus ou moins grande de la langue hors du bec ; et les pics présentent un exemple mémorable de l'excès où cette longueur peut arriver. » Ce précis des connaissances actuelles , sur l'hyoïde des oiseaux , nous induirait à croire à des nouveautés en organisation, incompatibles avec nos vues sur l'unité de composition des or- ganes. Une seule paire de cornes qu'on ne sait plus à quoi attribuer chez les mammifères ; une corne unique, sur la ligne médiane, remplaçant en quelque sorte la paire qui manque ; et deux os de la langue sans analogues ailleurs : ce sont là des considérations qui méritent d'être discu- tées. Mais pour nous disposer à comprendre com- ment ces pièces pourraient reproduire le type des. mammifères que nous avons décrit plus haut, il faut donner attention aux formes générales des oi- seaux , et se pénétrer de l'influence qu'exerce sur leur économie l'excessive longueur de leur cau<* ( i5o ) En effet, chaque chose de la région cervicale participe de ces formes générales. INfon - seule- ment tout y devient plus menu et plus grêle ; mais en outre tout y est proportionnellement plus allongé : on dirait, à la disposition de ces organes, qu'ils n'ont été que tiraillés de devant en arrière ; de la même manière que cela arrive à plusieurs fils de métaux différens, qui, passés ensemble à la filière, conservent néanmoins les uns à l'égard des autres, dans leur amincissement gradué, les mêmes rapports qu'auparavant* Nous avons dit, en parlant de l'hyoïde des mam- mifères , que le principal office des branches an- térieures était de procurer à cet appareil osseux un point d'appui sur le crâne , et qu'elles l'y sus- pendaient en effet, en s'attachant à un os de la tête, en s'articulant avec le styloïde. L'hyoïde des oiseaux est privé de ce soutien par la disparu- tion du styloïde, non que ce soit un os entière- ment anéanti; il n'est que confondu avec le cadre du tympan : devenu par son adjonction au tym- panal , comme je l'ai fait voir dans mes Mémoires sur le crâne , l'os carré des oiseaux , il a passé à d'autres usages : il joue un si grand rôle dans le mouvement des mâchoires, et est à cet effet entouré de tant de muscles, qu'il a été contraint de délaisser les cornes antérieures de l'hyoïde^ (i5i ) auxquelles nous avons vu qu'il donne attache dans les mammifères. Celles-ci abandonnées, de- meurent donc sans articulation à leur extrémité; et, déplus, nous savons qu'elles sont formées dans les mammifères de deux pièces. Voilà deux circonstances qui nous décèlent la nature des lon- gues cornes de l'hyoïde des oiseaux, et qui nous autorisent à les considérer comme les analogues des cornes antérieures des mammifères. La seconde paire ( les cornes postérieures ou thyroïdiennes ) , est plus importante, et d'une uti- lité plus immédiate : soudée avec le corps ou le basihyal,elle forme, dans les jeunes sujets, trois pièces, et, dans les mammifères adultes, un seul os en fer-à-cheval, dont le principal objet est d'offrir une base sur laquelle , en avant, repose la langue, et où , en arrière > le larynx se trouve suspendu. Ce fer-à-cheval est alors dans une si- tuation transversale : on aperçoit les puissances qui l'y maintiennent; la langue d'une part, et les cartilages suspenseurs du larynx de l'autre. Toutefois, il est visible que les muscles de la langue en entraîneraient les pointes, si celles-ci n'étaient fermement retenues par un très - fort ligament , qui provient des ailes du thyroïde. Ce plan est légèrement mod ifié dans les oiseaux '. il n'est plus chez eux de lien pour le thyroïde; efcj par conséquent ? plus d'obstacle qui contre-* ( i52 ) balance Faction des muscles de la langue. Les cornes postérieures cessent alors d'être thyroï- diennes , et n'en sauraient ici conserverie nom 5 leur extrémité , entraînée en avant, s'élpignant autant du larynx. Mais il y a, de plus , un autre événement qui favorise ce résultat, et qui y contribue d'une manière encore plus efficace; c'est le dévelop- pement du basihyal, et surtout un aussi grand prolongement de sa partie apophysaire que dans le cheval. Ce sont, dans les oiseaux, deux osse- lets allongés, grêles, et néanmoins résistant, parce qu'ils sont fortement ossifiés ; ils n'inter- viennent pas dans les oiseaux sous une forme aussi déterminée, qu'ils n'y arrivent avec une fonction équivalente ; ils portent tout le larynx, et remplacent, par conséquent, à cet égard, les cornes thyroïdiennes. Alors plus de motifs pour que ces pièces soient dans une situation transver- sale. Il s'est fait là nécessairement un léger chan- gement : les cornes thyroïdiennes se sont prolon- gées du coté de la langue; et le basihyal, ainsi que la pièce qui le suit, se sont au contraire abaissées, et sont descendues du côté du larynx. La langue , à l'un des bouts, a contribué à ce résultat par le tirage de ses muscles; et le larynx, y contribue également à l'autre extrémité , par son poids et celui de tout l'appareil pulmonaire (i53) qu'il soutient ; en sorte que l'hyoïde, ce qui était dans les ordonnées des formes générales, se trouve placé dans la même direction que le cou. De cette manière , rien n'a changé dans le rapport de ces pièces, quoique, pour s'arranger sur la longueur de la région cervicale , elles aient éprouvé , à l'égard de leur base, une rotation; la quelle, d'ail- leurs, ne s'est pas étendue au-delà d'un quart de. conversion. Cette modification est vraiment peu impor- tante au fond : l'hyoïde des mammifères s'étend sur le devant et les côtés du canal pharyngien, comme ferait un homme assis, qui, avec ses quatre extrémités, embrasserait le tronc d'un arbre par devant et sur les côtés ; et l'hyoïde des oiseaux existe au-devant du pharynx , et serait assez bien représenté par l'attitude contraire * celle où se placerait un homme debout , les bras élevés droit sur sa tête; et pour suivre jusqu'au bout la même comparaison, le larynx serait porté dans les mammifères par les bras étendus en avant , et, en particulier, par les mains tenant le ligament thyroïdien , quand, au contraire , il le serait dans les oiseaux par ce qui répond , comme situation dans l'homme , au prolongement rachidien. Si présentement nous faisons la récapitulation de toutes les pièces de l'hyoïde des oiseaux, nous ( *S4 ) retrouvons en elles, sans la moindre difficulté, les analogues de celles des mammifères. Les os deJa langue, qu'on avait cru exclus de l'appareil hyoïdien , et qu'on avait pris pour des pièces d'une nouvelle création, ne sont autres que les cornes postérieures, les deux glossohyaux des mammifères. Quant aux longues cornes , d'une grandeur si remarquable dans le pic ( voyez fig. 58), nous avons déjà dit qu'elles avaient leurs analogues dans les cornes antérieures ou styloï- diennes;et, comme nous l'avons vu, chacune se compose d'un apohyal, la première pièce, et d'un cératohyal , la seconde. L'os du milieu, ou s'attachent ces deux paires de cornes, n'a été méconnu de personne; c'est le basihyal. Enfin, une huitième pièce , la queue du basihyal, existe généralement dans les oiseaux , nous l'avons dé- couverte dans ceux des mammifères qui ont le centre de leur hyoïde remarquable par une forte saillie , et nous lui avons donné le nom d'uro- hyal : elle manque dans quelques oiseaux, le pé- lican, le pic, etc. Ces rapports me paraissent constans , mais c'est où ne menait pas aisément la seule comparaison des mammifères et des oiseaux. Sans l'assistance des poissons , et la direction qu'ils ont imprimée à mes vues, je ne me serais sans doute point avisé I ( '55 ) de supposer que des os, qui paraissent faire corps avec la langue , pussent provenir d'un emprunt fait à l'hyoïde. Ces os, eux-mêmes, sont suscep- tibles d'anomalies si singulières que , si on ne les a pas vus hors de la classe des oiseaux, on ne sait à quelle forme générale les attribuer. En effet, quand les glossohyaux des oiseaux se montrent , au moyen d'une articulation , sans complication, avec l'extrémité antérieure du ba- sihyal , dans une situation à laisser apercevoir que ce sont là de véritables cornes thyroïdien- nes , ils sont , comme dans le canard ( pi. 4 > Jlg. 5q et 45 ) , soudés l'un à l'antre , et forment un long , profond et vaste cuilleron , qui dé- tourne du premier aperçu : ou bien si, au con- traire, ce sont, comme dans le geai (fig-^)i deux os distincts , longs et applatis , qui four- nissent une tubérosité condyloïde pour leur ar- ticulation avec le basihyal , il naît de ce point d'attache une apophyse grêle qui descend et s'é- carte de côté , et qui , avec celle de la pareille pièce , jette dans d'autres incertitudes , en pré- sentant là une apparence de cornes. Toutefois, ces formes rentrent les unes dans les autres , car ce n'est pas sans passer par différens degrés que les glossohyaux se réunissent et se confondent en une seule pièce. Ainsi , ils sont séparés dans la cigogne, vqy. pi. 5 , fig. 36 ,* ils s'approchent, ( i56 ) dans le geai , fig. 44 5 jusqu'à se toucher par deu# points. Sous une forme toute semblable, les glos- sohyaux de la chouette, fig. 57 , se montrent en- tièrement appuyés l'un sur l'autre ; et par les pics,^. 58, chez lesquels ces os sont tout-à-fait réunis et confondus, on arrive à l'unique et large pièce du canard,^-. 3g et 45. Ces métamorphoses amènent un résultat assez curieux ; les glossohyaux deviennent d'officieux tuteurs pour la langue dans les mammifères et en favorisent l'assiette , quand le contraire a lieu a l'égard de quelques oiseaux. C'est le cartilage de leur langue , qui , comme dans la cicogne % enchâsse ces os devenus forts petits , et les retient près du basihyal. Je viens de parler du cartilage de la langue : c'est ici le lieu d'insister sur cette particularité de l'organisation des oiseaux. La langue des mam- mifères est toute charnue; mais leurs glossohyaux n'en ont pas moins leurs pointes prolongées par de forts cartilages , infléchis et employés comme nous l'avons vu , à porter les ailes du thyroïde. Les mêmes cartilages existent dans les oiseaux , et sont également portés par les pointes des mêmes os; mais entraînés dans la révolution des glossohyaux ,. des ailes du thyroïde (lequel ne tient plus que par son centre, et que par un point à la queue de l'hyoïde ;ou à Turchyai ) ^ ( iS7 ) des ailes du thyroïde , dis-je , ils sont reportés tout en avant ; ils constituent la partie la plus extérieure de la langue, et, en nous dévoilant leur origine, ils nous mènent sur la voie d'une des plus étranges anomalies. Cette langue des oi- seaux se borne a être utile dans la déglutition des alimens ,* mais ce n'est plus un agent de dé- gustation, une des dépendances de l'organe du goût. Cette digression ne m'a pas, autant qu'on le pourrait croire, écarté de mon sujet : c'est l'hyoïde des poissons que je me propose de connaître. Et, en effet, si l'on se rappelle le succès de mes pre- mières recherches , on sait d'avance qu'il faut que je vienne lire toute l'organisation des poissons sur celle des oiseaux; mais j'aurai eu d'abord à vérifier, si celle-ci a été écrite de manière à pré- senter une expression juste et vraie de ce qui est. C'est ce que je n'ai pas trouvé, et j'ai dû com- mencer par faire moi-même > à cette glose , toutes les rectifications nécessaires. Un fait qui résulte de ce qui précède , est la distinction du caractère des diverses pièces de l'hyoïde ; elles se divisent en deux sortes, selon qu'elles appartiennent à la couche la plus exté- rieure des os , ou à la couche des os intérieurs. Les cornes antérieures , soit qu'elles se rendent ( i58 ) derrière l'occiput, comme dans les oiseaux , soit qu'elles fassent une chaîne non interrompue avec le styloïde, comme dans les mammifères, remplis- sent le vide laissé au-dessous du crâne par Pécar- tement des maxillaires inférieurs ; elles sont, par conséquent , dans une situation qui les met sur la même ligne, et qui oblige de les comprendre dans Pensemble des os formant l'enveloppé la plus extérieure du crâne. Il n'en est pas de même des autres parties de l'hyoïde ; elles sont logées plus en- dedans, et pré- sentent véritablement, comme le bec d'un organe tout intérieur, de l'organe pulmonaire : les deux glossohyaux réunis ensemble, le basihyal et Pu- rohyal, forment une autre chaîne de pièces dont le but évident est de porter le larynx, sorte d'ar- rière-bouche pour la trachée-artère et l'appareil des poumons; soit que cette chaîne ait ses bran- ches étendues en fer-à-cheval, et conserve une position transversale , ou qu'elle les ait réunies dans l'os de la langue, et se compose d'osselets en série longitudinale. $. III. De V Hyoïde des Poissons. La question ainsi posée, examinons , dans les poissons, la chaîne des os intérieurs, en com- ( 1% ) mencant à les observer dès leur naissance, c'est- à-dire, en parlant du cartilage de la langue. On y peut voir d'abord deux os presque toujours soudés l'un avec l'autre ; la séparation de ces pièces est visible dans le brochet, où elles mon- trent deux branches écartées par devant : vien- nent à la suite trois autres pièces placées bout à bout, atténuées, allongées et amincies de plus en plus jusqu'à la dernière qui finit en pointe. Telle est exactement cette chaîne dans les oiseaux, sauf que, dans les poissons, le corps de l'hyoïde, bien plus prolongé , à cause de plus importantes fonc- tions qu'il y acquiert, est partagé en deux pièces» Nous sommes donc dans le cas de donner aux osselets de cette chaîne, les mêmes noms que dans les mammifères et les oiseaux, et d'appliquer au premier le nom de glossohyal , au second celui de basihyal , au troisième celui d'entohyal , et au qua- trième le nom d'urohyal. Ce sont toutes pièces semblables; leur rang et leurs connexions n'ont pas varié ; elles ne manquent , non pins, à aucune de leurs fonctions. La première pièce delà chaîne, le glossohyal, porte de même le cartilage de la langue, et est proprement Fos lingual, comme on l'avait remarqué : la dernière pièce, i'urohyal porte également , si ce n'est le larynx , du moins des os que , dans le Mémoire suivant , nous ferons voir être les analogues des cartilages laryngiens. ( i6o ) Il n'y a que le basihyal et l'entohyal qui , con- servant néanmoins le même genre d'utilité que dans les oiseaux , et continuant à servir d'an- neaux intermédiaires aux deux pièces extrêmes, rendent dans les poissons de plus grands services, en devenant des pièces de force, et vraiment une quille , sur laquelle les arcs des branchies trouvent à s'appuyer. Quels sont ces arcs , d'où ils proviennent, comment ils interviennent ici ; ce sont questions que je discuterai dans le Mémoire suivant : mais pour le moment, il me suffît de remarquer que voilà une partie de l'hyoïde plongée au milieu des os intérieurs de la poitrine , placée à leur centre et devenue comme des os sternaux pour des côtes intérieures qui portent des vaisseaux pulmonaires. Si c'est là un second sternum , une seconde muraille en dedans delà première, cet ap- pareil n'est pas du moins formé des mêmes pièces^ et ne remplit en aucune manière l'objet du ster- num des mammifères, comme l'avaient dit le cé- lèbre Duverney, le docteur Virey, et d'autres ana- tomistes, à qui une certaine ressemblance dans la forme des parties en avait bien pu imposer. J'ai eu plus haut occasion de remarquer que l'hyoïde appartient essentiellement à l'organe pulmonaire , et de montrer qu'il en est la partie avancée, l'entrée et comme le bec : nous le voyonâ ( i6, ) dans les poissons plus confondu avec ses parties les plus essentielles, les pénétrant plus profondé- ment et y intervenant pour y jouer un principal rôle. C'est de même ( utiles soutiens des os extérieurs de la poitrine \ ou du sternum ), c'est de même la destination des autres parties de l'hyoïde dont il nous reste à parler ; les cornes antérieures ou styloïdiennes. Celles- ci ne manquent pas davan- tage dans les poissons; elles y sont même portées à ce degré de développement et de fonctions qui fait connaître leur objet le plus essentiel dans l'organisation; elles forment un noyau sur lequel se dirigent, aboutissent et s'arc-houtent les trois appareils et principaux moyens osseux de la res- piration ; savoir : l'épisternal, la chaîne qui ac- croche l'hyoïde au crâne , et l'autre chaîne com- posée des hyoïdes intérieurs ou des pièces qui portent les arcs branchiaux. Ainsi que partout ailleurs, ces cornes sont composées de deux os distincts , d'abord de l'apahyal, celui qui se loge dans la gorge latérale existante au point d'articulation des glossohyaux et du basihyal ; et ensuite du cératohyal, la der- nière des deux pièces. Mais ce n'est plus , quant à leur configuration, de longues branches fili- formes comme dans les oiseaux : ce sont, au con- traire; des os ramassés, épais, et de forme rhom- 11 ( i6a ) • boïdale, qui sont ramenés sur leur centre comme les cornes antérieures de l'homme ; non que , comme celles-ci, elles doivent ce résultat à la condition rudimentaire , mais parce que , toutes les parties de l'appareil pectoral étant logées en- tre les deux maxillaires inférieurs et rapprochées des os de la langue, une plus grande extension, non-seulement cessait d'être utile , mais pouvait compromettre la solidité de ces arcs-boutans. Malgré la contraction de ces os, on peut re- connaître et suivre leur mode d'union avec les trois appareils dont ils forment le pivot central. Leur principale attache est d'abord, et tout naturellement , avec le corps de l'hyoïde : nous avons déjà dit que la pièce intérieure, l'apohyal, prenait naissance à la dépression latérale et entre les deux premiers os de la chaîne intermédiaire. En deçà , se voit le cératohyal qui , au lieu de s'étendre sur le côté comme semble l'indiquer son point de départ, et comme cela est dans les autres /classes, rentre en dedans et vient s'appuyer sur son congénère , en se posant en outre sur le basihyal. Ainsi les cornes styloïdiennes forment, à l'égard du corps de l'hyoïde, une couche exté- rieure , et deviennent une double ceinture os- seuse, à l'aide de laquelle toutes ces pièces se prêtent un mutuel et ferme appui. L'épisternalp qui est termina en ayant par deux ( 163 ) têtes ou tubérosités, tantôt s'appuie directement sur les deux cératohyaux, comme dans le congre et les pleuronectes, et tantôt n'y est que suspendu, fixé par deux forts ligamens , comme dans le brochet et la carpe; et, chose importante à noter ici, c'est toujours au point où, dans l'homme et dans les oiseaux , est l'extrémité libre des céra- tohyaux. Ces deux tendons , comme provenant d'une pièce impaire et de tubérosités très-voi- sines, sont en partie ce qui a décidé de la conti- guïté et de la position extérieure et inférieure de ces deux pièces. N'oublions pas que la forme alongée ^u céra- tohyal est remplacé, dans les poissons , par celle d'un tétragone , et que nous venons de voir que cet os s'articule par son bord antérieur avec l'a- pohyal , et par le postérieur avec l'épisternal , en même tems qu'il s'appuie en dedans sur son congénère : il reste un bord libre , un côté qui , dans les mammifères et dans les oiseaux, est tou- jours vacant; le côté latéral externe. J'examine ce qui y est articulé , et je trouve que c'est la première pièce des annexes sternales, un des os que j'ai décrits dans le précédent mé- moire, et auquel j'ai donné le nom d'hyosternal. S'il en est ainsi, voilà donc le cératohyal qui n'est raccourci , renflé et ramené sur lui-même , que pour développer un front suffisant sur ses flancs, ( i64 ) et acquérir là une base propre à un nouvel usage imposé à cette pièce. Ainsi , jusque là , os alongé , ce n'était qu'une pièce susceptible seulement d'articulation à ses deux extrémités; os tétragonal dans les poissons , elle fait face par ses quatre côtés; et ( ce qui ne l'oblige pas à renoncer à ses usages et connexions habituels ) , elle prête , à une pièce qui survient dans son voisinage , le secours d'une facette qui , dans l'arrangement des autres vertébrés, était restée sans emploi. Ou plutôt , si l'on suit une marche plus con^ forme à* la nature, et si, renonçant à la mau- vaise habitude de toujours descendre des considé- rations et des vues acquises sur l'homme pour op- poser les imaginaires perfections de sa confor- mation aux modifications que présentent les autres objets de la création , on observe les pois- sons en eux-mêmes et pour eux-mêmes, pour promener de là ses regards sur le vaste champ de l'organisation, alors, et seulement alors, on connaît et on apprécie à sa véritable valeur cette pièce, telle que notre description vient de la signaler : alors on demeure persuadé quelle est réellement icthyologique , c'est-à-dire, qu'elle est portée dans les poissons à toute l'étendue en grandeur et en fonction dont elle est susceptible. Sans sa puissante intervention, il n'y a aucun ( X6S ) moyen de soutenir et de rattacher entr'elles les trois lignes sternales, formant dans les oiseaux autant d'apophyses qui s'élancent en avant du bras ; de reformer un sternum, rendu imparfait par l'absence de l'en toste mal et des deux xiphis- ternaux ; et de reproduire , dans des conditions nouvelles , et avec des pièces mobiles , une sorte de plastron nécessaire à un organe aussi pré- cieux que l'est celui de la respiration. Le cératohyal offre quelques particularités curieuses de poisson à poisson : s'il est toujours > sous le rapport de ses connexions , en série de la manière que nous lavons dit ci-dessus, cela n'a pas lieu aussi constamment quant à sa situation. Le plus ordinairement, il est devant et un peu en arrière, et il forme dans ce cas, réuni à son congénère , un demi-anneau qui pose sur le ba- sihyal. Mais d'autrefois, comme dans le mérou, holocentrus gigas ( voyez pi. 5 ,Jig. 25 ) , il oscille sur l'apohyal et se porte au-devant de cette pièce : il demeure alors serré le long du glossohyal , d'où il résulte que les deux paires de cornes sont, dans cet exemple, toutes deux dirigées en avant: leur rapprochement mutuel maintient en ce lieu la fixité nécessaire à ces parties. Par suite , les hyosternaux et l'épisternal sont, à leur tour, portés pi us. en avant qu'habituellement, dans l'obligation où ils sont de suivre les cératohyaux ( 166 ) dans leurs diverses métastases , et d'aller cher- cher leurs cavités articulaires partout où elles se trouvent. Mais ce serait inutilement qu'une prévoyance admirable aurait ménagé en avant un moyen de soutènement aux annexes sternales, si, privées, sans qu'il en restât le moindre vestige , de ce large plastron des oiseaux, de l'os impair ( l'entoster- nal),qui chez eux porte ces annexes avec tant de facilité, elles ne retrouvaient, en arrière à l'autre extrémité , des os non moins officieux que les cératohyaux. Il y a là un pendant de ces der- niers, des pièces tout autant nécessaires, et qui, en effet, se placent au rang de ces matériaux de l'organisation à raison d'une toute semblable influence,* ce sont les os styloïdes , les stylhyaux. En effet, les styloïdes font partie de l'aile tem- porale, lui étant quelquefois adossés en dedans, ou bien la perçant pour en montrer une portion extérieurement entre ses quatre principales par- ties ( le jugal , le temporal , la caisse , et le tym- panal). Ils forment des os épais, un peu alongés , qui accrochent d'autant plus solidement les an- nexes sternales à la tête , et par contre - coup toutes les autres parties de l'appareil sternal , qu'ils sont plus artistement engagés entre toutes les pièces de l'aile temporale. ( i67 ) $IV. Comparaison des Hyoïdes précédemment décrits. Nous sommes descendus des mammifères, et, passant par les oiseaux y nous sommes enfin arri- vés à la considération des cornes styloïdiennes dans les poissons : rebroussons chemin présente- ment, et, repassant par les mêmes voies, réexa- minons de nouveau quelles sont les fonctions de ces cornes dans les animaux à sang chaud. A l'appareil si ramassé, si compliqué et si pe- sant , dont se compose l'organe respiratoire des poissons , correspondent dans les oiseaux des parties linéaires, d'une composition plus simple et d'une légèreté toute aérienne. La langue, ré- duite chez eux à un cartilage assez mince, ne réclamait plus d'une manière nécessaire l'appui d'une base osseuse, et le larynx non moins léger, facilement entraîné par les plus faibles efforts musculaires, était dans le même cas, en sorte que l'appareil hyoïdien aurait pu, sans le moindre inconvénient , être retranché de la machine or- nithologique. Il y existe, au contraire, en sa to- talité; mais il y existe sans une utilité immédiate pour l'entretien de la vie; il y existe , parce que les hyoïdes , matériaux de premier rang et d'ab- ( 168 ) soîue nécessité dans l'organisation des poissons, tendent naturellement à reparaître, et sont né- cessairement reproduits dans tous les êtres em- brassés sous les mêmes considérations , renfer- més également dans de certaines limites, et con- formes sur le même type. Dits - lors que les hyoïdes n'interviennent , dans les oiseaux, que comme pièces rappelées, et que comme offrant les linéamens d'une organisa- tion portée ailleurs à son maximum de dévelop- pement, ils sont, quelq n'en soit le volume, frappés du caractère d'une moindre utilité, et tombent dans ce que je nomme les conditions rudimen- tairës. Les hyoïdes des oiseaux ne servent plus en effet suivant une donnée constante et émanée de leur essence : ce ne sont plus que des esclaves soumis aux modifications qui surviennent dans leur voisinage : tout prêts à passer à un service étranger, ils se laissent comprendre dans de nou- velles associations, quelquefois jusqu'à abandon- ner le tronc commun et originaire. J'ai, dans ce qui précède, fait connaître les principales considérations qui se rapportent au mode de l'hyoïde dans les oiseaux : j'aurais pu étendre ce cadre et indiquer bien d'autres va- riations. Mais ces détails, du domaine de l'Anato- mie zoologique, eussent été déplacés dans ce traité d'Anatcmie générale, ( 1%) Pour s'assurer que les cornes styloïdiennes sont clés os rudimentaires, il ne faut que s'en rappor- ter à leur aspect. Os grêles, flexibles et filiformes, ils ont encore quelque longueur, et, pour embar- rasser moins les parties voisines , ils sont retrous- sés derrière l'occiput; mais retroussés seulement, et non articulés. Des quatre faces toutes suscep- tibles d'articulation que le cératolryal nous pré- sente dans les poissons , une seule conserve dans les oiseaux cet usage , la facette qui lie cet os à la chaîne hyoïdienne. Le dénûment des autres est un résultat forcé , dès que le sternum , qui est dans le vrai et leur objet essentiel et la pièce à atteindre, se trouve chez les oiseaux à une si énorme distance des parties avancées de l'ap- pareil pulmonaire , ou , pour le dire en d'autres termes , à une si grande distance du larynx et de l'appareil osseux qui le couronne. Ainsi plus de fonctions générales pour le cératolryal dans les oiseaux , et dès-lors obligation pour lui d'être assujetti à la condition rudimentaire. Nonobstant toutes ces différences , on est ce- pendant forcé de reconnaître que l'hyoïde des oi- seaux est construit sur le même patron que celui des poissons : c'est le même fond dans tous ces ovi- pares : l'hyoïde varie en effet bien moins lui-même que les matériaux qui sont dans son voisinage ; ( 170 ) qui tantôt l'incorporent au milieu d'eux, et tantôt vont ailleurs s'assurer d'un autre appui. L'hyoïde des mammifères diffère assez de celui des autres vertébrés , pour qu'on puisse y re- connaître un caractère classique. La langue toute charnue chez les mammifères , et par consé- quent d'un poids plus considérable , ne pou- vait s'accommoder d'un simple osselet en flèche qui dans les oiseaux est à peine fixé sur son tronc. Ses os , les glossohyaux ( cornes posté- rieures ou thyroïdiennes ) , sont toujours deux pièces écartées , parallèles et d'une dimension qui varie peu : ils fournissent un appui d'autant plus solide à la langue qu'ils sont secondés dans ce résultat par l'intervention d'une forte pièce , le corps lui-même ou le basihyal. Ces trois os composent ensemble une pièce très-solide, ayant la forme d'un fer-à-cheval , et qui est toujours posée transversalement , de manière à soutenir la langue (d'un côté et à porter le larynx de l'autre. Il s'est fait là une sorte d'emprunt et un aban- don en contr'échange. En effet , nous devons nous rappeler que , par suite de la position lon- gitudinale de la chaîne intérieure des os de l'hyoïde , la langue des oiseaux est uniquement soutenue par les glossohyaux , et leur larynx seu- ( 1/1 ) lement par la queue du basihyal ; la situation de ces pièces ayant changé dans les mammifères, et de longitudinale étant devenue transversale, cha- que partie fait profiter à son appareil le secours de l'autre , et vice versa. Ainsi la langue partage avec le larynx l'assistance et l'appui que lui four- nissent les glossohyaux, et le larynx , en retour, sacrifie à la langue une partie des profits qu'il retire du basihyal. Les mammifères entr'eux diffèrent parla lon- gueur de la tête : plus leur museau est prolongé, plus grande est la cavité buccale , et plus aussi la langue, qui en remplit tout l'espace : celle-ci devient alors volumineuse et pesante, au point que son action sur l'hyoïde en pourrait compro- mettre l'existence : mais ce casse trouve prévu. Le moyen d'y réussir ? Il sera le même que dans une autre classe, s'il y en a d'usuels. Or nous avons vu dans les poissons que pour accro- cher l'hyoïde et les annexes sternales à la tête, le crâne, du milieu de l'aile temporale, produisait un os pécliculaire, dont l'analogue dans l'ostéo- logie humaine a pris le nom d'apophyse styloïde. Cet os existe dans tous les mammifères, mais n'y existe plus avec le caractère d'une apophyse; il prend rang et se montre une pièce sui generisr un os qui croît, comme croissent les maxillaires inférieurs, et qui a d'abord pour premier usage ( î?2 ) Je clore , en dedans des branches maxillaires , la cavité buccale. Sans les annexes sternales , qui en ont rendu la création nécessaire dans les poissons, ce n'est plus qu'un pédicule sans objet. Pièce vacante, cet os a pu fournir dans les combinaisons ornitholo- giques un des élémens de Fos carré : associé là avec le cadre du tympan, ce n'est plus ni l'une ni l'autre de ces pièces, c'est un produit tout nou- veau , un os dont on n'a pas assez apprécié toute l'influence et tout le merveilleux , un tiers ré - sultat enfin; de la même manière qu'un acide uni à une base terreuse donne un produit tout dif- férent de ses composans. L'os carré n'est point une pièce de l'organisa- tion des mammifères; chacun de ses constituans s'y trouve, mais dans le même état de séparation que dans les poissons : tous deux sont voisins, mais chacun reste clans sa fonction primitive. Le slyloïde des poissons n'a d'engagé qu'une de ses extrémités, dans l'aile temporale; il en est de même chez les mammifères. Cet os pédieulaire du crâne est sans articula- tion à son autre extrémité : mais qui n'aperçoit déjà que si la langue devient trop pesante pour un basihyal faiblement suspendu, ce sera cet os qui demeurera chargé de continuer la chaîne hyoïdienne ? Pour cet effet, il grandira en Ion- ( 173 ) gueur à partir du crâne , quand les cornes anté- rieures croîtront également pour aller à sa ren- contre. Ainsi lestyloïde remplit dans les mammi- fères les mêmes fonctions que dans les poissons^ il y sert de la même manière à rattacher l'hyoïde au crâne : il est enfin l'anneau qui l'y accroche. Mais y a-t-il parmi les mammifères des espèces dont la langue soit peu développée et pour les- quelles il soit indifférent que l'hyoïde reste en- gagé dans les chairs, cet effort de la nature ne leur sera pas prodigué ? Chaque chose semble retourner à sa souche primitive , le styloïde au crâne et les cornes antérieures au corps de l'hyoïde : ou plutôt ces parties osseuses ne sont plus dans ces mammifères que des points rudi- mentaires. Tel est l'hyoïde dans l'homme : cet aperçu en est toute l'histoire ; voilà l'explication de cette extrême petitesse des cornes styloïdiennes deve- nues dans l'homme la plus courte des deux pai- res : voilà comment enfin ces osselets y sont sans usages appréciables. § v. De l'Hyoïde humain. Ne nous bornons pas à ces seules réflexions $ mais pénétrons plus avant qu'on ne l'a fait dans (i?4) cette organisation , et cherchons à nous rendre compte de ce qui a pu occasionner l'espèce d'a- nomalie qui devient finalement le caractère dis- tinctif de l'hyoïde humain. Car, je dois le dire, il paraîtra peut-être bizarre , que , partis de ce fait isole, pour nous élever aux hautes considéra- lions que nous présente l'hyoïde ainsi embrassé dans toute sa généralité,, nous en venions à re- connaître que notre point de départ est une exception à la règle. Ce résultat ne peut toutefois surprendre que les personnes initiées aux seules études de l'anatomie humaine et accoutumées à faire, de leurs connais- sances acquises dans cette direction, la base de leurs théories comme médecins. Car pour le na- turaliste, qui aperçoit et embrasse sous le même point de vue l'ensemble des organisations si voi- sines des mammifères, l'homme n'est qu'une des espèces de ce grand troupeau. Le naturaliste en effet examine ce qui est commun au plus grand nombre des êtres de la même classe et s'explique cette uniformité comme étant la donnée princi- pale et le but nécessaire de la nature, de même qu'il signale tout ce qui s'en écarte sous le nom d'aberrations. C'est ainsi que pour lui, comme nous l'avons déjà établi plus haut, le type d'un hyoïde classi- que pour les mammifères consiste totalement dans { i75 ) l'existence d'une chaîne étendue d'un temporal à l'autre : tel qu'est l'hyoïde dans les carnassiers, les runiinans et les pachydermes ; tel qu'il est en- fin dans la plupart des animaux à mamelles. La tête sphéroïdale de l'homme, sa largeur oc- cipitale, la brièveté des maxillaires, mais princi- palement la station verticale du corps ont changé tous ces rapports et amené chez l'homme une dis- location de la chaîne hyoïdienne. La chaîne s'ar- rête de l'un et de l'autre côté où finissent les pe- tites cornes, c'est-à-dire, à l'apohyal, pièce qui , nonobstant sa condition rudimentaire et son ex- trême petitesse , montre les mêmes facettes ar- ticulaires et est susceptible des mêmes évolutions que l'apohyal du bœuf, par exemple, où la di- mension de cet osselet rend de tels effets néces- saires. Cet anneau appelait son suivant, c'est-à-dire, celle des pièces de l'hyoïde que j'ai désignée sous le nom de cératohyal : mais elle manque, ou du moins ne se manifeste pas à la première vue. Elle manque...? Oh! ce n'est pas ce qu'indique la théo- rie des analogues. Le cératohyal est chez tous les autres mammifères. Eh! bien, il existe aussi dans l'homme. Cette opinion que j'en prends ne re- pose pas uniquement sur un simple pressentiment; mais c'est déjà pour moi une chose aperçue, c'est ujû fait qui m'est réellement signalé par l'analogie. ( i76 ) Cette indication donnée, on est même dirigé dans la seule route praticable, puisque l'attention est toute portée sur un point rigoureusement assigné, sur la ligne étendue du corps de l'hyoïde à l'a- pophyse vaginale. Je ne pouvais négliger ce conseil de l'analogie ; et je me rendis, avec un dessein tout formé et la plus grande confiance dans ce pressentiment , à F Amphithéâtre de M. le Docteur Serres, lequel veut bien m'aider de ses lumières et me fournir toutes les préparations qui me sont nécessaires. Celte fois, ce savant anatomiste eut la complai- sance de diriger lui-même les opérations qui avaient pour but la recherche dont j'étais occupé. Sabatier , en décrivant les petites cornes de l'hyoïde, dans de jeunes sujets , les avait ditesjfor- mêes de plusieurs grains semblables disposés a- peu-près comme ceux d'un chapelet (1) : nous ne trouvâmes point de ce côté cette pluralité de piè- ces annoncées. Nous revînmes sur nos pas et sui- vîmes dans la direction qui nous était tracée par l'analogie jusqu'à ce que nous eussions rencontré l'autre bout rompu de la chaîne, connue sous le nom d'apophyse styloïde. L'anatomie comparée avait déjà mis hors de doute que ce qui n'avait d'abord été considéré en ■ i i. i., i m i i, . i i ■ ii (ï) Traité complet d'Anatomie , tome i , jwge 88. (177) ce lieu que comme un prolongement apopliy saire, formait dans les autres mammifères un os bien distinct , tant par son isolement du crâne , que par ses relations plus intimes avec les hyoïdes. L'os styloïde étant le dernier osselet de la chaîne hyoïdienne , nous commencions à déses- pérer de trouver l'anneau intermédiaire, le céra- tohyal, quand enfin je m'aperçus que le styloïde est lui-même un os composé dans l'homme, et que dans cette partie , jugée jusque-là si indifférente qu'on ne l'avait considérée que comme un frag- ment du crâne, se trouvent réellement les élé- mens de deux os distincts, le styloïde proprement dit, et la pièce cherchée, le cératohyal. Le premier objet qui me mit sur la voie fut Phyoïde d'un homme de 54 ans , qui ne tenait au crâne que par un très-court ligament. Il sa- tisfît pleinement à ma recherche , me montrant évidemment le stylhyal dans la première moitié de l'apophyse styloïde ; et le cératohyal dans la seconde. J'en ai donné la figure, /?/. 4, n°. 42« Nous apprîmes plus tard que Monro (i) avait " ■ i — o— m— «» i iii . . ,■ ■ ■ j i. i . ... (î) « L'apophyse styloïde n'est pas ordinairement tont- « à-fait ossifiée ? même dans les adultes ; mais elle est li- « gamenteuse à sa racine. Quelquefois aussi elle est com- « posée de 2 à 3 pièces. » Monro, traduction par M. Sue, page 6o. 19 connu cette Subdivision cle l'apophyse styloïde, et qu'il la portait même à trois pièces. J'ai cher- ché un exemple qui s'appliquât à cette obser- vation , et je l'ai trouvé sur le crâne d'un Guan- che nouvellement apporté de l'île de Ténériffe , par M: Delalande fils. On y aperçoit trois pièces bien distinctes , la dernière étant plus courte que les deux autres : j'ai désiré fixer cit exemple et je l'ai employé dans mes planches , sous le n°. 4o. Cependant c'était une circonstance où ne me- naient pas les données de l'analogie , et je ne pouvais m'arrêter à l'idée de rejeter ce qu'elle offre de défavorable à la doctrine des analogues, sur l'influence et l'action si souvent perturbatrices de la domesticité dans l'organisation. Nous pour- suivîmes nos recherches, M. Serres et moi : elles nous donnèrent la préparation qui est repré- sentée sous le n°. 32. Dans cette nouvelle modification observée sur le crâne d'une femme fort âgée , le styloïde pro- prement dit , ou le stylhyal , est un os fort , ro- buste, et long de 12 millimètres : le céralohyal, qui termine la longue apophyse styloïde com- posée de la réunion de ces deux pièces , for- mait un os plus court , plus mince , arrondi , lisse et d'une consistance si frêle, qu'il est vrai- semblable que son entière ossification était ré- cente. Un ligament de sept millimètres de Ion- ( 179 ) gueur séparait ces deux pièces. J'ai examiné avec la plus grande attention la structure de ce liga- ment, et je l'ai vu parsemé de granulations os- seuses en plus grande quantité du côté du cé- ratobyal. Il n'y a pas de doute que, si l'ossifi- cation eût fait plus de progrès, tout ce cartilage intermédiaire , déjà à - demi transformé , n'eût fini par être entièrement durci et n'eût ainsi donné lieu à la formation d'une troisième pièce, semblable à l'osselet du milieu, que j'ai, //g-. 4o, indiqué par la lettre o : cette troisième pièce, aperçue par Monro , et que j'ai revue dans le sujet provenant des Catacombes de Ténériffe , n'est donc qu'un produit de l'âge , dont on ne saurait arguer , pour l'opposer aux généralités ou je me crois parvenu. Dans le désir d'arriver à une explication plus précise et plus satisfaisante , j'ai donné une nou- velle attention au long sîvloïde du crâne de Té- nériffe ; ce n'est pas trois pièces , mais deux seu- lement qu'indique la théorie des analogues. Servi par ce pressentiment, je me suis aperçu que la pièce intermédiaire o n'est décidément qu'un ligament durci , ayant la consistance, mais non l'organisation des os. Les pièces des deux bouts sont opaques, et celle-là est demi-transpa- rente : c'est un tout autre tissu; ce qui porterait à croire que l'endurcissement des ligamens et des ( i8o ) cartilages dans la vieillesse, attribué jusqu'ici aux progrès de l'ossification , pourrait bien tenir à un travail différent de celui par lequel l'os s'or- ganise et croît dans la jeunesse. Quoi qu'il en soit, cette observation me donne la clef de toutes les variations de l'apophyse styloïde , qu'on a assez légèrement considérées comme tenant à de simples accidens fortuits. Tantôt un crâne est retiré de la macération sans apophyse styloïde; c'est quand celle-ci s'unit à l'apophyse vaginale par un ligament , comme dans l'exemple n°. 42 • tantôt l'apophyse styloïde ne forme qu'un os de moyenne taille , comme dans l'exemple n°. 52 , et il n'y a dans ce cas de négligé et de perdu dans les chairs que le ce- ratohyal : et tantôt enfin l'apophyse styloïde étonne par une longueur excessive, comme dans l'exemple n°. 4o . ce qui a lieu par la transfor- mation du ligament stylo -cératoïdi en en un corps dense et compacte , et par le moyen de la pièce intermédiaire o, en raison de la réunion et de la soudure des trois parties ^ dont l'apo- physe styloïde se trouve composée. Présentement , il y aurait à remarquer que ces choses uie sont pas l'effet d'un pur hasard , et, si l'on est autorisé à comprendre l'apophyse styloïde parmi les dépendances de l'hyoïde, il conviendrait de rechercher, si toutes les varié- ( 181 ) tés observées jusqu'ici ne seraient pas relatives à l'influence des différens états de la société et à l'emploi que chacun fait , selon sa situation dans le monde , de son organe vocal. Je me borne à donner cette indication > ma position ne me permettant pas d'en suivre l'application. Bien que l'on retrouve dans l'homme tous les os dont se compose l'appareil de l'hyoïde dans les mammifères , les cornes styloïdiennes y sont toutefois rendues nulles , en tant qu'elles ne for- ment pas une chaîne continue d'un temporal à l'autre (1). .Elles n'y existent véritablement que (1) Observation servant de complément à ce qui précède. M. le docteur Serres , que sa position comme profes- seur d'anatomie humaine et comme chef des travaux an ato- miques des hôpitaux, met à même de vérifier, dans les dissections nombreuses qu'il fait et qu'il dirige , les pro- positions générales que j'expose , et qui veut bien , par son empressement à seconder mes efforts, me témoigner l'estime qu'il accorde à mes nouvelles vues , m'avait , dans le temps , en prenant connaissance de mes mémoires sur le sternum , m'avait, dis-je, paru frappé d'une proposition qui y est énoncée -, j'y donne, page i3o, comme un fait gé- néral , à l'occasion des deux sortes de sternum humain , qu'il n'arrive jamais à un est partagée en deux pièces. {Voyez les pi. 4 ,Jig. 53 , sous l'indication des lettres e et u ). Ainsi se trouve reproduite dans cet exemple une conformation nécessairement comprise dans le système organique des poissons : nouvelle preuve du principe que nous avons signalé plus haut , et où nous avons vu qu'un animal ne sort des règles assignées à ses congénères; qu'afin de retomber dans une conformation consacrée, et î5 ( i94) (le demeurer soumis à d'autres règles en viU t gueur dans une autre classe. Si Ton a saisi ces effets d'actions et de réaC-» tions , on appréciera facilement les différences peu importantes que nous montre l'hyoïde du bœuf. ( Voy.jyl. ^,fig- 54.) Cet animal a la tête moins longue et le crâne plus large que le che- val ; d'où il sait , pour premier effet , que le styloïde a moins de longueur , et le pharynx moins de profondeur : secondement , les deux autres osselets des cornes styloïdiennes dirigées de côté sont plus à l'aise pour leur dévelop- pement. Dès-lors il n'est plus de pièces dans l'état rudimentaire ; et comme dans ce cas la matière osseuse, en s'y répandant Sans difficulté, se trouve avoir son écoulement naturel , il ar- rive que n'étant plus forcée de refluer sur l'apo- physe du basihyal, celle-ci est bien moins lon- gue et ne consiste qu'en une tubérosité, ou tout au plus qu'en un manche très-court. Ce qui précède s'applique à l'hyoïde du cas-» tor , pi. 4, n°. 43 , que j'ai figuré pour en mon- trer la grosse apophyse centrale : je n'ai pu don- ner que les trois principales pièces de la langue, c'est-à-dire, le basihyal et les glossohyaux : on peut remarquer combien ces os sont ramassés et épais. J'en conclus que les cornes styloïdiennes sont maigres et grêles ; du moins je le suppose, < *95 ) ne les ayant pas vues dans le sujet qui m'a servi > et n'ayant pas eu une autre occasion de les ob- server. Je n'ai point la prétention de donner une histoire détaillée et comparative de toutes les modifications dont l'hyoïde est susceptible dans les subdivisions de chaque classe : c'est à l'Ana- tomie zoologique à recueillir et à présenter ces résultats. Ces détails existent déjà pour la plu- part dans la 18e. leçon de V Anatornie comparée , vol. 5 , page 226 et suiçanhs. Je ne me suis pro- posé, dans ce paragraphe , que de donner une explication des objets cjiie j'ai pris pour exem- ples et que j'ai choisis 'clans les conditions les plus opposées. Sans qubP'je n'abandonnerais ce sujet qu'après avoir Vle-eVit les diverses confi- gurations des hyoïdes <$ïez les mammifères , en tles genres où leurs singularités mènent aux for- mes non moins irréguhères des hyoïdes des rep- tiles (i). Tels sont, pour en citer un exemple , (1) Je m'occupa d'un travail sur cette question : de quelle manière le^ • conditions trouvées pour les ovipares en général , s'appliquent aux diverses manières d'être ds l'hyoïde chez les reptiles. Il en est de l'hyoïde , pour eux , comme du sternum : l'hyoïde varie même encore da- vantage dans les diverses familles. Les sujets m'ont man- qué pour donner en ce moment un travail aussi complet sur ce point , que la matière le comporte, { 196 ) les hyoïdes du fourmilier et du kanguroo ; dans le premier , les branches antérieures , le corps et les branches postérieures forment trois rangs de pièces qui, recourbées en demi-cercle, figurent ensemble un bouclier, comme celui du thyroïde,* et dans le second, où la construction est inverse, l'hyoïde est entièrement composé de pièces ap- platies et larges : les branches forment de chaque côté deux bras qui s'appuient sur une tranche du basihyal, et qui, entr' elles, diffèrent peu par le volume et par la forme. J'ai ajouté à mes planches les dessins de l'hyoïde d'un mammifère et celui d'un oiseau , considérés dans an jeune âge et comparés avec les mêmes dans un âge plus avancé. Ces dessins montrent comment chaque os commence au centre d'une aréole pour s'étendre peu à peu et aller s'articuler avec d'autres os du même ap- pareil. On peut remarquer,^/. &,fig. 34 bis, dans l'hyoïde d'un veau , le premier noyau du basihyal , et particulièrement celui du cérato- hyal; mais c'est moins pour donner cette indi- cation , qui est une chose bien connue, que j'ai fait réprésenter cette pièce , qu'à raison de la distinction très- apparente que montrent les aréo- les cartilagineuses : les limites de ces matrices sont réglées, qu'il n'y a encore de noyau osseux qu'à leur centre. ( *97 ) Len°. 4^, représentant l'hyoïde d'un jeune ca- nard y offre le même genre d'intérêt. En com- parant ses pièces à celles du n°. 39, on en trouve la forme très-différente : mais cependant on aper- çoit comment avec les progrès de l'ossification, l'une se change en l'autre. L'urohyal qui dans le canard adulte est soudé, de façon qu'il n'y reste pas la moindre trace d'an- cienne séparation _, est chez Je jeune, dans un état particulier et mou, que 'je répugne à dé- signer par l'expression trop vague d'état car- tilagineux, m'étant aperçu quJe>lâ' portion pré- tendue cartilagineuse qui doit SÊferj changée en substance osseuse est d'un travail et d'un tissu différens de la portion du bout 'ïi fore , portion réellement cartilagineuse et qui ne perd jamais son caractère primitif. <" /; $. VIL Dernière considération. • ■ Je n'insisterai pas davantage sur ces détails , qui, je le sens, m'ont déjà entraîné beaucoup trop loin : je me bornerai à l'apporter une dernière observation qui se rattache aux pre- mières considérations présentées dans ce Mé- moire. ( 198 ) Nous avons vu comment les cornes antérieures ou styloïdiennes , qui s'articulent dans les pois- sons avec les annexes sternales, trouvent dans les mammifères à reformer la chaîne, en s'étendant jusqu'au pédicule qui la soutient à l'autre bout. Nous plaçons à côté de ce fait une considéra- tion du même ordre non moins étrange et non moins attendue. Le sternum et les côtes sternales manquent dans les ^poissons en arrière des os du bras, et y laissenijles côtes vertébrales sa#s arti- culation à l'une 4e leurs extrémités : c'est ce qu'on trouve en effe£fdb.$z la plupart. Mais dans d'au- tres exemple^ jd£ ^pareilles anomalies, un autre arrangement, ^jenl nous surprendre : les côtes vertébrales gfijes clavicules coracoïdes, ou celles- ci seulement , se prolongent jusqu'à leur mutuelle rencontre, et elles finissent par reproduire , dans. Jve zeus vomer > le centriscus scolopax , le scarus &£c?nus, elc. , par exemple, un véritable coffre.. Quand, elles ne sont appellées dans les mammifè- res et dans les, oiseaux à entrer avec les os de la colonne épinière que pour moitié dans la for- mation du coffre pectoral, elles font tous les frais de celui-ci, lequel au surplus offre seulement une ressemblance apparente du premier, et se trouve , comme usage % borné à servir d'enve* loppe aux organes abdominaux. ( *99 ) COROLLAIRES. Les considérations contenues dans ce Mémoire ! nous conduisent aux propositions suivantes : i. L'appareil hyoïdien est au fond le même dans tous les animaux vertébrés. 2. L'hyoïde, généralement parlant, est com- posé de zzé'w/'pièces (i) dans les poissons, de huit dans les oiseaux, et de sept dans les mammifères; non compris les os styloïdes» 5. Cette différence numérique porte seulement sur le corps de l'hyoïde : concentré et unique dans les mammifères y plus long et double dans- les oiseaux, considérablement accru et triple dans les poissons, il est composé dans les premiers du seul basihyalj dans les seconds , du basihyal et de Purohyal ; et dans les derniers, du basi~ hyal , de l*entohyal et de l'uroliy al. 4- Ces pièces s'élèvent au rang des matériaux indispensables de l'organisation et sont effeclive- (1) De huit seulement , en ne comptant que pour un$ pièce les branches antérieures agglomérées et soudées dans. ies poissons. ( 200 ) ment justifiées par une utilité grande et évidente dans ]es seuls poissons : en série sur le centre des arcs branchiaux, elles forment alors la quille d'un second sternum intérieur. 5. Il n'y a position transversale de l'appareil et subdivision en quatre bras, cornes ou branches, (les branches antérieures ou thyroïdiennes, et les branches postérieures ou styloïdiennes ) que dans les mammifères : car dans les ovipares, les bran- ches antérieures ramenées sur la ligne médiane , ou même soudées le plus souvent l'une à l'autre , font partie et deviennent le premier osselet de la chaîne dont nous venons de voir que se com- pose le corps de l'hyoïde. 6. Les branches antérieures ou les glossohyaux appartiennent entièrement au service de la lan- gue 'et deviennent ainsi l'un des moyens les plus efficaces des organes de la déglutition» Cette des- tination des glossohyaux décide de la place qu'ils occupent immédiatement à la suite du palais , et les met dans le cas de toujours triompher des ef- forts que font en beaucoup d'occasions, pour les en déloger, les autres dépendances de l'hyoïde. Un autre caractère distingue encore, sous le rapport des branches antérieures , les animaux ovipares de ceux qui enfantent leurs petits vivans : les glossohyaux sont dans ceux-là spécialement Ç aot ) et exclusivement consacrés à la langue , quand dans ceux-ci ou les mammifères, sans renoncer à ce même office , ils partagent leurs soins et les étendent au larynx, en soutenant aussi cet appa- reil. 7. Les branches postérieures ou cornes styloï- diennes ont d'abord pour seul attribut constant d'être , chacune, composées de deux pièces, le cèratohyal sur les ailes et Yapohyal sur le centre. En série dans tous les vertébrés, comme autant d'anneaux d'une même chaîne, ce sont dans les poissons des os forts, ramassés et concentrés sur eux-mêmes, à quatre pans dans le confluent de deux appareils , en action sur tous les bords et formant avec leurs congénères (en même temps qu'ils s'appuient sur la chaîne hyoïdienne de la ligne médiane) comme une seconde mâchoire inférieure inscrite dans l'autre. Élémens obligés d'une des plus grandes compo- sitions organiques, ils lient à l'hyoïde dont ils font partie les annexes sternales, pièces à l'au- tre bout suspendues et accrochées au crâne au moyen des styloïdes : ils emploient ainsi, au pro- fit et pour l'articulation de ces dépendances du sternum, leurs flancs extérieurs, partout ailleurs, laissés sans affectation, quand leurs flancs opposés demeurent adossés l'un à l'autre; arrangement ( 202 ) d'où il résulte que les cornes styloïdiermes y eu se prêtant ce mutuel appui , deviennent sur le centre comme une sorte de culée autour de la- quelle sans réaction, et au contraire avec toute facilité, s'exécutent tous les mouvemens de la dé- glutition. Os alongés dans les mammifères , ces pièces sont réduites à n'offrir de facettes articulaires qu'à leurs extrémités, et contribuent seulement à former une autre chaîne hyoïdienne, la grande chaîne étendue chez ces animaux d'un temporal à l'autre. Dans cette chaîne se trouvent compris le basihyal, son lien principal sur le centre , et les os styloïdes, dont se composent ses moyens de suspension et d'attache au crâne. Au contraire, sans emploi fixe et classique dans les oiseaux, les cornes styloïdiennes ne sont plus que de longs filets libres à l'une de leurs extré- mités : vaguantes en quelque sorte et sans desti- nation bien arrêtée, elles sont, sous le rapport de la forme et des fonctions, assez souvent modi- fiées de famille à famille. 8* En toutes occasions d'ailleurs, l'hyoïde forme la charpente d'une cloison utile à la fois à ] 'ar- rière-bouche et au vestibule de l'organe respira- toire. 9. C'est par conséquent un appareil porté dan* ( ao5 ) les poissons au maximum de développement et de fonctions ; et au minimum dans les oiseaux : Fhyoïde existe dans un état moyen, sous l'un comme sous l'autre de ces rapports , chez les mammifères, 10. Enfin ses services s'appliquent de préfé- rence et l'associent plus essentiellement aux or- ganes de la déglutition dans les mammifères et les oiseaux, et aux organes pectoraux dans les pois- sons. N. B. Ce Mémoire , à une lecture publique que j'en fis , a donné lieu à une observation. L'auteur de l'article ( mam- mifères , organisation) , article destiné à paraître dans une des prochaines livraisons du Dictionnaire cC Histoire naturelle , imprimé chez Déterville , a annoncé avoir fait des travaux sur l'hyoïde > ou *1 serait de son coté arrivé aux mêmes résultais que moi. Je dois supposer que c'était une manière délicate et complimenteuse de me parler de mes recherches. Ce savant n'ayant encore communiqué à personne que je sa- che cet article mammifères , où ses nouvelles idées doivent être insérées, j'ignore les rapports qu'elles ont avec les miennes; quand il a au contraire cet avantage sur moi. Il connaît mes travaux sur les hvoïdes par la communication que j'en ai faite à l'Académie des Sciences, dès le 8 septembre 1817, C'est à cause de cette réclamation, qu'ayant eu tout récem- ment à décrire l'hyoïde humain figuré n°. 87 , je l'ai fait dans une note supplémentaire , m'étant interdit de rien changer à un texte consacré par mes lectures. ( Cette feuille et les précédentes ont été déposées , imprimées ne varietur, à l'Académie des Sciences , en sa séance du 9 mars 18 18). QUATRIÈME MÉMOIRE. Des os intérieurs de la poitrine , contribuant à diriger le fluide ambiant sur les vais- seaux pulmonaires , Et comprenant , dans les animaux à res- piration aérienne , les pièces du larynx , de la trachée-artère et des bronches 7 Et, dans les poissons , celles des arcs bran- chiaux , les dents branchiales et les la- mes cartilagineuses des branchies. Vje qui n'a paru encore à personne, même sus- ceptible d'être mis en question, je suis entraîné par mes précédens travaux à le considérer comme un problême et à m'en proposer la solution. Je ne me dissimule point les dangers d'une pareille entreprise. J'ai à parcourir une route toute semée d'écueils , et je ne m'en aperçois que trop dès ce début, en rencontrant, pour premier obstacle, la difficulté d'énoncer avec simplicité et dans toute 5a généralité l'objet de ce nouveau Mémoire. 7 Y*> K ( 2G0 ) En traitant du sternum et de l'hyoïde , j'ai déjà donné la détermination d'un grand nombre de pièces qui concourent au mécanisme de la res- piration j il en est d'autres logées plus profondé- ment, qui portent le poumon et sont une sorte de charpente pour les vaisseaux de cet organe. Tels sont les os, ou les cartilages, qui, placés immédiatement après les hyoïdes , sont en outre employés à l'introduction du fluide destiné à éla- borer le sang. Sur les considérations que tes pièces ont fotir^ nies dans l'anatomie humaine sous le rapport de leurs fonctions et de leur ligure, on s'en est formé une opinion qui n'est applicable, avec des idées aussi déterminées, qu'à l'homme et aux espèces qui ont avec lui la plus grande ressemblance. En- traîné par ce premier point de départ et privé par conséquent de la faculté de puiser quelques vues générales dans la comparaison du même appareil chez tons les vertébrés, on à trop souvent donné une attention semblable à de simples accidens et à des choses d'une plus grande importance. Nos institutions sociales ont même quelquefois été consultées > plutôt que la nature intime des corps, comme, lorsque l'influence du langage dans l'or- dre moral a fait prendre le change sur le larynx et porté à méconnaître en cet appareil un dé- membrement de l'organe pulmonaire. ( 2o7 ) C'est (îans ces circonstances que j'ai à annon* ter un système de recherches, qui pourra peut- être, au premier aperçu, paraître tenir du para- doxe , mais que je crois cependant basé sur les vrais principes de la physiologie. Il n'y a ni la- rynx, ni trachée-artère, ni bronches dans 1 or- gane respiratoire des poissons, je le sais ; et tou* tefois, je ne suis pas sans le pressentiment que ce qui s'y trouve en objets dépendans du système osseux n'appartienne aux mêmes sources. Quel- ques données à cet égard nous sont fournies, si, considérant ces appareils d'un point de vue plus élevé, nous ne nous attachons qu'à leur situation et à leur principale fonction. Les os ou cartilages dont ils sont formés ne sont -ils pas, dans tous les vertébrés, répandus des hyoïdes aux vaisseaux pulmonaires, et ne fournissent-ils pas également, dans tous , les moyens de soutènement de ces vaisseaux? Ces rapports sont évidens et m'ont persuadé que je ne m'engageais pas dans un la- byrinthe inextricable. J'ai donc conçu l'espoir de ramener les arcs branchiaux des poissons aux arcs des conduits aériens des oiseaux. Long-temps je me suis mépris sur le fil à saisir: le tiendrais-je en ce moment. C'est à la réponse de cette question que je consacre ce Mémoire. ( 208 ) $. I. Cojis idérations préliminaires. La respiration oul'oxigénation du sang veineux serait un phénomène simple et partout identique, si l'immersion des vaisseaux sanguins se faisait toujours dans un milieu homogène : mais il n'en est pas ainsi ; l'élément 1 espirable est au contraire disséminé dans deux fluides de nature et de den- sité bien différentes. De là, pour les animaux, de la part de leur monde extérieur une ordonnée qui entre dans les conditions de leur organe res- piratoire; de là deux modes pour la respiration, et par conséquent deux groupes d'animaux, selon qu'ils respirent dans l'air et dans l'eau. Toutefois cette influence du monde extérieur, si elle fut jamais appelée à devenir une cause per- turbatrice de l'organisation, a dû être nécessaire- ment renfermée dans des limites assez étroites : les animaux ont dû lui opposer plusieurs données inhérentes à leur nature, l'existence des mêmes matériaux dont ils sont un assemblage et une ten- dance manifeste à se rapprocher les uns des au- tres pour reproduire invariablement le type pri- mordial. Si l'on peut voir là un engagement d'ac- tions et de réactions, on ne tarde pas à se con- 209) vaincre que cette lutte n'a pu manquer que de se terminer à l'avantage de l'organisation, qui a des droits contre lesquels rien ne peut prévaloir, et sur lesquels il ne peut être fait d'empiétemens que le principe de l'unité ne soit attaqué et que la machine en définitive ne soit totalement dé- sorganisée; Ces considérations eussent pu guider dans l'ob-° servation directe. Mais il eût fallu les rattacher à quelques idées de physiologie, et l'on fut long- temps sans en avoir les moyens. Nos théories sur i'oxigèné ne datent que de quelques jours, quand les observations sur les poissons peuvent se rap- porter aux plus anciennes époques de la civilisa- tion. Les hommes recherchèrent de bonne heure tout ce qui pouvait être compris dans leur régime diététique. C'est dans cette vue qu'à l'origine des sociétés on s'attacha aux poissons, qu'on examina leurs ouïes, qu'on prit de ces organes une idée assez vague , et dans ce cas seulement qu'on les nomma à l'aventure. Ces noms transmis d'âge en âge furent enfin consacrés par le temps et firent dans la suite supposer qu'ils avaient été imaginés pour des choses bien constatées, bien distinctes, et, comme nous sommes aujourd'hui dans le cas de l'exprimer, pour des choses qui n'ont point d'analogues. Cependant la marche philosophique des scien- i4 :" ( 210 ) ces vint donner plus de solidité à ces connaissan- ces pratiques : de ces idées de détail, on s'éleva à des vues générales. Duverney , méditant sur ce que les branchies des poissons lui offraient de merveilleux, prononce à leur aspect le nom de poumons: délaissant tout langage vulgaire, ce grand anatomiste nomme de même des appareils consacrés à de semblables fonctions ; et si, après lui y la force de l'habitude fit revenir aux dénomi- nations anciennement usitées, il en a du moins changé et fixé la signification, jusqu'à ce qu'en- fin de nouvelles observations sur la structure in- time de ces parties aient démontré, jusqu'à l'évi- dence , leur analogie avec les poumons à air, et aient donné lieu à cet article aussi clairement ex- posé que profondément pensé , qu'on lit dans la 26e.. leçon de l'Anatomie comparée, t. 4? p- 547- Un pas restait à faire et l'on touchait le but : c'était d'appliquer aux parties solides qui soutien- nent les vaisseaux pulmonaires les considérations aperçues pour ces derniers. Mais trop de dispa- rité dans les formes et trop de différence dans les dimensions respectives en imposèrent. On préféra attribuer une plus grande part à l'in- fluence du fluide ambiant. L'air doué d'élasticité pouvait se répandre au tond d'une bourse et s'in- sinuer dans ses plus petites cavités, et l'on re- garda comme une très-grande perfection que ( 211 ) l'importante fonction de la respiration put s'exé« cuter au centre de l'animal et sous l'abri des cer- ceaux ou des côtes du thorax. L'eau au contraire, pour les animaux qui respirent dans ce fluide, ne pouvait suivre la même route et se trouver éta- blie au centre des principaux organes qu'en y cau- sant du désordre. La petitesse et la délicatesse des vaisseaux pulmonaires n'eussent pu là s'accom- moder de la présence d'un fluide incompressible et d'une pesanteur si disproportionnée avec le poids des plus lourdes parties de l'animal. Cet état de choses, en ce qui concerne les poissons , ramenait l'organe pulmonaire à la gorge : nous verrons plus bas, s'il convenait de voir en cette circonstance une nécessité fâcheuse et qui dût beaucoup restreindre les facultés de l'être. Une réflexion pouvait prémunir contre l'ex- tension accordée à l'influence du fluide ambiant, et montrer que l'organisation n'abandonnait à cette action que les moindres parties de ses maté- riaux. Les poumons propres à respirer dans l'eau, ou les branchies, ne se rencontrent pas unique- ment dans une classe, chez les seuls poissons, mais se trouvent aussi dans un petit nombre de reptiles et dans les mollusques. L'existence des branchies, en quelqu'animal qu'elles se trouvent, ne gouverne donc pas l'organisation de façon à tout soumettre aux branchies, mais celles-ci ne ( 212 ) seraient qu'une manière d'être , une simple mo- dification d'un seul organe pulmonaire , toutes les autres parties de l'animal concourant entre elles et dans une indépendance parfaite à repro- duire fidèlement un des sous-types des vertébrés. Puisqu'il n'y a que l'organe pulmonaire d'affecté, de modifié et d'approprié à la nature du fluide ambiant, l'organisation seule fournit donc à cette modification des matériaux qui lui sont propres, indépendamment de toute action extérieure. Nous avons vu plus haut qu'on a trouvé la loi de différence des deux classes de vaisseaux pulmo- naires, nous en marcherons avec moins d'inquié- tude à la découverte de celle des os ou des carti- lages qui supportent ces vaisseaux. Mais il ne suffit pas d'établir cl priori que quel- que soit la nature des deux fluides à respirer, ces parties solides proviennent des mêmes matériaux, et que leurs deux manières d'être se bornent à de simples différences dans les formes; il faut montrer comment l'une des formes dérive de l'autre et faire voir que , dans tout état de choses , les relations de ces parties, leurs connexions et leurs fonctions sont invariables. On connaît ces appareils dans les poumons à air : ce sont des canaux de formes variées , dé- bouchant dans la cavité buccale, commençant ( 210 ) par un tronc commun et servant à conduire le fluide ambiant au fond d'une bourse, laquelle est plus ou moins divisée en branches et plus ou moins tapissée de vaisseaux sanguins. Les plus mi- nutieuses particularités, touchant cet organe d'une construction si parfaite, ont été remar- quées : on a surtout insisté sur les différences de ses parties extrêmes et de son centre , qu'on a appréciées au point de les avoir rapportées à trois systèmes distincts, et qu'on a conséquemment em- brassées sous trois noms, le larynx, la trachée- artère et les bronches. Je ne redirai point sur cela ce qui est si bien connu de tout le monde : il me tarde d'arriver aux appareils des animaux qui respirent dans l'eau , aux arcs branchiaux , où j'aperçois les ana- logues de ces longs conduits aériens. §. il Des Arcs branchiaux» A leur égard, je ne puis de même me contenu ter de ce qui en est dit dans les ouvrages des ic- thyologistes. On ne s'est occupé de connaître et on n'a dé- crit les arcs branchiaux qu'en raison de leur in- fluence in-globo dans la déglutition et la respi- ( 214 ) ration. Voici ce qu'on trouve à leur sujet dans les ouvrages les plus considérables sur cette ma- tière. « Les arceaux des branchies soutiennent les » séries des lames sur lesquelles s'étalent les vais- )) seaux pulmonaires ; on les trouve composés de » pièces en nombre variable ; ils s'articulent vers y> le bas à une suite d'os ou de cartilages, dont le » nombre , la forme et la disposition varient )) beaucoup dans les différens poissons, et ils sont » suspendus vers le haut , tantôt sous les pre- » mières vertèbres, et tantôt sous le crâne, en )) même temps que, dans ce dernier cas, ils sont y> unis à des os dits pharyngiens : d'autres os » terminent en bas cet appareil du côté de Péso- y> pliage, » Leçons cFanatomie comparée , tome 4 3 pageû1]!. Avant de songer au parti qu'on pouvait tirer de ces pièces pour en combiner les rapports , et de chercher à leur trouver des analogues dans les poumons à air, il fallait les connaître autre- ment que sur quelques indications de forme. Je les trouvai d'abord en nombre invariable , et je m'aperçus ensuite que ces pièces avaient chacune une destination particulière et toute aussi cons- tante. Ge qui a fait prendre le change à leur égard est une circonstance seulement propre aux branchies, dont les séries de lames sont ( elles ( 215 ) seulement ) susceptibles de quelque variation , en ce quelles ne se contentent pas toujours de l'appui de leurs propres pièces, mais qu'elles cherchent quelquefois en-deçà comme au-delà à y ajouter celui de quelques auxiliaires. En annonçant ce plan invariable , je dois m'ex- pliquer et dire qu'il est tel, seulement dans les vrais poissons, c'est-à-dire , dans les poissons os- seux : car pour les autres à branchies fixes et à squelette cartilagineux , ce sont des êtres qui me paraissent dériver d'un autre type,, et auxquels il me semble qu'on doive appliquer les considéra- tions que j'ai présentées au sujet des reptiles. Linnéus en avait déjà pris cette opinion, quand, dans de premières éditions, il les avait isolés sous la dénomination à7amphibia nantes. Or voici l'idée que je me suis faite des arcs branchiaux : ils se composent de quatre arceaux de chaque côté. Un arceau est essentiellement formé de deux pièces, composées oomme les branches d'une fourche, l'une au-dessus de l'autre, jointes à l'une de leurs extrémités et susceptibles d'une articu- lation mobile restreinte à des mouvemens de charnière : l'osselet supérieur est toujours plus court que l'inférieur. Sa courbure est aussi plus ( 2l6 ) prononcée. La convexité de tous deux est creu- sée en canal où logent les principaux troncs des vaisseaux pulmonaires, et la saillie de chaque bord est employée à porter les franges filamen- teuses qui s'en écartent comme autant de rayons^ c'est-à-dire, les deux rangs de lames, ^plus particu- lièrement désignés par le nom de branchies. La partie concave est hérissée d'épines ou de denti- cules , plus petites et en moindre quantité aux os- selets supérieurs. Ceux-ci offrent en outre une considération qui leur est propre. La saillie pos- térieure de leur convexité se prolonge en une lame apophysaire, peu prononcée à la première pièce, ayant plus de relief a la seconde, et deve- nant très-grande aux deux dernières : ainsi ac- crues, ces apophyses s'appuient l'une sur l'autre, et leurs pointes sont même articulées, mais sans gêner l'écartement des deux pièces, qu'elles fa- vorisent au contraire par un mouvement de char- nière a Tels sont les osselets qui me paraissent former les bases fondamentales du système osseux des branchies : comme pièces d'un haut rang, leur forme est assez constante; car ce que j'en ai dit m'a paru convenir, a très-peu de chose près, à tous les poissons osseux que j'ai observés. Comme dénominations et dans le nom d'arcs branchiaux, on ne les a encore employés que groupés avec ( 217) des os qui sont susceptibles de considérations différentes. Appelé à en traiter isolément, je ne puis le faire qu'en les désignant sous un nom qui leur soit réservé en particulier: je propose celui de pleurêal) de pleura, c'est-à-dire, côtes de la poitrine. ( Voy. pi. 8 ,fig. 81 , 82 , 85 , 84 et 85 ). Des pièces auxiliaires existent au bout de cha- que pleuréal, agrandissent l'arceau et sont autant de bras qui suspendent l'appareil des branchies au crâne et l'appuient sur les os hyoïdes: four- nissant à ces os le même soutien qu'elles en re- çoivent, elles entrent dans une enchevêtrure qui retient chaque chose en place , en procurant a toutes la mobilité nécessaire au mécanisme de la déglutition et de la respiration. | § m. Des Os du Pharynx. Décrivons d'abord les pièces de la voûte du crâne. A raison d'un de leurs usages, M. Cuvier les a nommées os pharyngiens. Je les emploierai sous le même nom , en me permettant toutefois un léger changement dans la terminaison de ce nom , pour me conformer en cela à un principe dont on me paraît être convenu et dont l'applica- tion est d'un grand avantage dans la pratique. (si8) Les quatre arceaux des branchies sont pro- longés sur le crâne et complettés,non par quatre pièces en ligne , mais seulement par trois qui sont les pJiaryngèaux. ( Foy.fig. 85 et 85 , ces os sous les indications x,y, z.) Ce défaut de correspon- dance en nombre , fait qu'une des pièces pharyn- giennes , la dernière x , est occupée seule à por- ter les deux pleuréaux postérieurs : comme la plus robuste , sans être la plus longue, elle forme une sorte de noyau sur lequel ses deux autres congénères s'appuient et s'articulent : ces der- nières , pour atteindre et accrocher chacune leur pleuréal , sont munies de manches dont le plus long, à raison de la distance à parcourir, est ce- lui de la pièce antérieure. Pour rendre raison de ce que deviennent les pharyngéaux , qui varient dans la même raison que tout l'ensemble de l'être, c'est-à-dire, suivant que le corps est ou comprimé ou déprimé , je les compare à trois clous , qui seraient associés par la tranche de leur tête ou de leur couronne. Ce qui de ces os demeure toujours visible dans le palais et s'y voit recouvert d'une épidémie âpre ou hérissé de denticules, répond à la couronne des clous : de la partie opposée naît le manche, comme la ti«e du clou naît de sa couronne. Ce manche est la portion apophysaire qui s'articule en entier par suture écailîeuse, ou seulement en ( 219 ) partie, avec le pleuréal qui lui correspond. Dans les poissons à tête étendue en hauteur, le manche fait un peu le coude avec sa partie coronaire et visible; mais dans les poissons à tête déprimée et toute aplatie , il est tout à fait coudé, ou plutôt il est renversé et couché dessus, au point que l'apophyse et la tubérosité terminale ne forment plus qu'une seule et même lame,* de même que, pour en revenir à notre comparaison, serait un clou dont la tête aurait été renversée et écrasée .sur le travers de sa tige. Les trois pièces pharyngiennes éprouvant à la fois et le même sort et l'action progressive de l'os- sification, sont promptement soudées et finissent par n'être plus apparentes que sous la figure d'une large plaque. {Voy. x,y, z.pl. 8,Jîg. 81). L'unique pharyngéal qui en résulte présente alors une éten- due superficielle très-considérable, et comme son ; usage pour maintenir, diriger ou écraser la proie, augmente en raison de sa superficie visible dans le palais, et que c'est de plus sur le bord posté- rieur et la tranche de cette table que la portion supérieure du canal esophagique est attaché, on a dû naturellement regarder cette large pièce comme une dépendance du pharynx et la con- sidérer comme en étant la charpente osseuse. On voit de ces plaques larges et minces dans l'anguille, le congre, le silums anguillaris , et., ( 220 ) dans divers degrés d'aplatissement , chez la plu- part des poissons. Mais les pharyngéaux, comme par exemple dans le zeusfaber , sont-ils dans l'autre condition et forment-ils des osselets à longs manches ter- minés par une tubéi osilé en manière de têtes de clous? leur arrangement paraît alors tout changé. Les manches de ces os ne donnent plus l'idée que de simples brins, ou de petites côtes ajoutées aux pleuréaux, pour agrandir Tare dont ceux-ci font la principale partie. Entraînés parles pleu- réaux, ils participent aux mêmes mouvemens, en- sorte que n'ayant jamais un repos assez durable, pour, avec le temps et l'action du système osseux, opérer leur jonction, eux et leurs tubérosités restent toujours dégagés : celles-ci sont réduites à n'être plus que trois petits points linéaires; et, sous cette autre condition , ont peu de prise sur la proie prête à s'engager dans le col de l'éso- phage. Cette considération mérite attention, comme pouvant jeter quelques doutes sur les fonctions que nous avons plus haut attribuées aux pharyngéaux, ou du moins comme pouvant nous conduire à leur trouver d'autres fonctions plus importantes. En effet il n'est point de lame osseuse qui à rai- son de ses deux surfaces ne soit susceptible d'une ( 221 ) double utilité ; nous n'avons encore considéré les pharyngéaux que dans leurs rapports avec Peso- pliage et le bol alimentaire, n'ayant décrit que leur face, plus ou moins hérissée de petites dents > et toujours visible au fond du palais. Il nous faut de plus tenir compte de ce qui intéresse la face opposée, de la manière dont les pharyngéaux sont attachés et engagés dans les chairs, de leur situa- tion à l'égard des parties environnantes, de ce qu'ils y recouvrent , et surtout de leur influence comme pièces communes à la tête et à la poitrine. Que les pharyngéaux soient rapprochés et con- vertis en une plaque unique et large, ou qu'au contraire, plus ou moins séparés, ils aient leurs manches au-delà de la partie dentaire du palais , ils se conduisent de la même manière comme face supérieure et forment une sorte de couvercle plus ou moins concave. Aux aspérités produites par la jonction des parties apophysaires s'attachent plusieurs muscles qui ayant au crâne leurs se- conds points d'insertion sont ainsi les moyens qui suspendent les pharyngéaux et les fixent à la base du crâne : ces os sont logés derrière le globe de l'œil,. sur les côtés du sphénoïde, et par consé- quent dans l'enfoncement que ferme à l'extérieur l'os de la caisse. Dans cette situation , ils couvrent, mais à distance > et protègent dans leur sortie du ( 222 ) crâne les nerfs trijumeaux, nerfs d'une dimension extraordinaire dans les poissons. Si ces connexions et ces usages dérivent de la nature des os pharyngéaux; si, placés au devant de Fésophage , ils fournissent toujours un de leurs bords pour l'assujettir; si, pièces de la voûte du crâne, ils portent toujours le voile du palais; si, plastron pour les nerfs trijumeaux, ils les en- tourent toujours d'un abri tutélaire; si enfin ils sont en relations constantes avec plusieurs dé- pendances de l'organe auditif, nous ne pou- rions pas nous refuser à les considérer comme pièces de la tête osseuse. Mais cependant les pharyngéaux ont un autre usage que nous avons déjà signalé; ils portent encore les pleuréaux, c'est-à-dire, des pièces qui ne peuvent être méconnues pour appartenir à l'organe pulmonaire. Ici nous sommes arrêtés par une considéra- tion. Ce devenait, il est vrai, un amalgame pos- sible dans les poissons, qui, selon l'expression de.Duverney, ont la poitrine dans la boucbe; mais dans les autres animaux vertébrés, où cette association est rompue, que deviendront, que sont les os pharyngéaux? Qui auront-ils suivi, de la tête ou du thorax? A qui auront-ils continué la faveur de leurs services? — Mais, dira-t-on, ( 22J ) pourquoi se permettre ces suppositions? Il pour- rait fort bien arriver que, pour une famille aussi disparate, à l'égard des vertébrés, que Test le groupe des poissons, il y ait certains attributs à la seule convenance de ces animaux? Ailleurs, où les organes de la respiration ne sont plus entés sur ceux de la déglutition, ailleurs les pkaryngéaux existeraient-ils? — Oui, sans doute, ils existent, n'hésiterai- je pas à répondre. Fondé sur mon» principe à priori y je ne doute point qu'un organe qui est ici, ne soit là; qu'il ne soit dans tous les êtres du même embranchement. Je dis mieux, il est trouvé du moment où l'analogie l'a signalé, dès qu'il a été aperçu quelque part. Je vais développer cette proposition : je ne pourais trouver une occasion plus favorable d'en appliquer les principes. Je préviens que tout en poursuivant pour le moment le développement de ma pensée, je n'oublie pas que c'est des arcs branchiaux qu'il s'agit : la route que je suis va m'y ramener 3 éclairé par de nouveaux rapports et avec plus de moyens d'en apprécier les usages. Je prie qu'on veuille bien se rappeler les con- sidérai ons que j'ai publiées en 1807 sur les os dont se compose la tête des oiseaux. J'avais dès- lors remarqué une plaque triangulaire étendue sur toute la base du crâne : je l'avais vue, recou- vrant si exactement la pièce médiane du sphé- ( **4 ) noïde , que n'imaginant pas qu'elle pouvait avoir ailleurs ses analogues, je l'avais prise pour une dépendance de cet os. Il se pouvait en effet que le vide que j'avais aperçu entre lés deux lames parallèles , lesquelles ne sont réunies que par quelques piliers osseux, provînt de l'absence de la partie réticulaire. Je m'arrêtai, faute de mieux > à cette idée ; mais n'y trouvant pas toute la jus- tesse désirable, je pris le parti de ne rien décrire concernant cette circonstance. ( Voyez planche sixième , fig. 64 , 68 , 70, et pou?' la plaque à part) /£n°.6c)).On n'a point, non plus, oublié que c'est à l'organisation des oiseaux que je compare celle des poissons. Je viens de signaler dans ceux-ci des os suspendus à la voûte du crâne :si le prin-1 cipe qui me dirige dans mes recherches n'admet point d'exceptions ? je dois retrouver les mêmes élémens dans les oiseaux. Mais s'il me les faut chercher attachés à la base du ci âne > au-devant du sphénoïde, servant de soutien au Voile du palais., précédant Tésophage et tout dévoués au service du pharynx , toutes ces circonstances mènent à les trouver dans la lame triangulaire > fiSm 69 9 que nous venons de voir coiffant dans les oiseaux tout le sphénoïde. L'unique différence, laquelle se rapporte à la forme des deux sphé- noïdes, en table chez les oiseaux et en cône dans les poissons, et qui devient ainsi le» trait caracté- ( 2£5 ) ristique des deux classes> consiste j en ce que lès deux plaques pharyngiennes des poissons ont prolongé leurs bords intérieurs et se sont ren- contrées et unies dans les oiseaux en une seule et large table (1). Mais, il ne faut pas se le dis- simuler, l'union de ces plaques entr'elleS) et en- core avec le sphénoïde, forme une circonstance qui prive tellement la table pharyngienne des oi- seaux de sa physionomie primitive, qu'on n'aper- çoit que le fil qui a dirigé dans la recherche > et qu'on pourrait souhaiter que cette détermina- tion fût acquise au moyen de preuves plus évi- dentes. Je puis et je vais y faire concourir deux considérations dont le témoignage paraîtra sans doute irrécusable. Premièrement j il n'y a encore de rigoureuse- ment appréciés que les faits de l'histoire anato- mique de l'homme. Devons-nous trouver, dans les mammifères faits sur le même modèle, les analo- gues de la table pharyngienne des oiseaux, nous (l) Quelques oiseaux pourraient bien rentrer à cet égard dans les conditions générales des autres vertébrés, et avoir la table pharyngienne partagée en deux plaques : une re- marque que j'ai faite sur la corneille adulto me le fait croire : je ne pourrai savoir qu'au printemps prochain ce qui en est, par l'observation de jeunes sujet*. i5 ( 226 ) serons dans le cas alors de faire profiter et d'é- clairer cette question de tous les documens que tant de travaux ont jusqu'à ce jour accumulés sur une même espèce? Cherchons, comme nous l'a- vons fait relativement aux oiseaux, quels os dans les mammifères sont attachés à la base du crâne, placés au devant du sphénoïde , servant de sou^ tien au voile du palais, précédant Pésophage , étant font dévoués au pharynx et ayant en même tems de constantes relations avec plusieurs dé- pendances de l'organe auditif: et, l'attention fixée sur cette question , il devient évident que les par- ties osseuses du conduit d'Eustache satisfont à toutes ces conditions. 11 y a mieux, tout rentre dans les règles ob- servées pour les poissons : il y a disjonction de la table, plaque séparée de chaque côté et engagée comme dans les poissons entre la caisse et le sphé- noïde. Mêmes situations de parties, mêmes con- nexions, mêmes fonctions; l'identité des tables ou plaques pharyngiennes et des os ou cartilages du conduit d'Eustache me paraît un fait établi. À l'égard des poissons, on retrouverait jusqu'au nombre des pièces, s'il arrive, comme quelques anatomistes, M. le docteur Serres entr'autres, Font observé, qu'en outre de la portion osseuse qui est engagée dans l'ouverture communiquant i l'oreille, la portion cartilagineuse du conduit ( 227 j d'Eusiache s'ossifie dans la vieillesse, en se déve- loppant premièrement par deux points osseux. Je prie qu'on donne attention à une considé- ration qui me paraît de quelque importance : j'ai décrit les pharyngéaux d'abord dans les poissons, puis dans les oiseaux, et enfin dans les mammifères. La marche de mon travail m'a ainsi conduit à les voir d'abord là où ils sont dans tout leur déve- loppement, bien séparés et très-distincts, là où j'ai pu prendre de leurs usages une idée d'autant plus certaine qu'elle repose sur un plus grand nombre de données. Comment se fait-il cepen- dant que, n'ayant pu rien accorder à la théorie, et que toujours appuyé sur des observations, je ne me sois point rencontré avec les anatomistes hu- mains sur les principaux usages qu'ils ont recon- nus, ou attribués au conduit d'Eustache? Serait- ce que la communication des pharyngéaux avec l'oreille et leur disposition en canal, tiendraient à une simple circonstance , pour être tombés dans les conditions rudimentaires , et n'auraient nullement révélé le rang et le but de ces os dans Fensemble de l'organisation? Quoi qu'il en soit ^ cette circonstance tient de si près à l'essence d'un organe important, qu'on doit s'attendre à la rencontrer dans les oiseaux, chez qui les os de l'oreille sont, au fond du canal auditif, encore pins rentrés et plus profondément ( 5*28 ) logés que chez les mammifères. Cette circons^ tance, si elle est également retrouvée dans les oiseaux , peut être en effet regardée comme une vraie pierre de touche, qui ne laissera plus le moindre doute sur la nature et l'identité de leur table pharyngienne. Or j'ai remarqué sur la ligne médiane au palais des oiseaux , tantôt une seule et longue fente, et tantôt deux fentes en ligne et réunies par un léger sillon. C'est l'entrée d'une ou de deux fosses, sans largeur appréciable, car leurs parois se touchent 7 mais d'une certaine profondeur , puisque ces fosses pénètrent et s'étendent dans le crâne aux deux bouts. La fosse antérieure ou la portion antérieure de la fosse unique correspond aux arrières-narines, et la postérieure se prolonge dans le vide existant entre le sphénoïde et la table pharyngienne, en pénétrant de chaque côté dans le canal auditif. Telle est dans les oiseaux la communication cherchée de leur oreille avec la bouche. Les oi- seaux ont conséquemment, quoique sous une forme assez singulière, le conduit guttural de l'oreille nommé trompe ou conduit d'Eustache. C'est tout a fait comme dans les mammifères, chez lesquels les conduits d'Eustache aboutissent aux mêmes sinus que les arrières-narines. Ces ob- servations n'avaient point échappé aux natura- listes qui nous ont précédés dans ces recherches. ( 229 ) M. Cuvier , dans ses Leçons ctanatomie comparée > les a données pour la plupart, en quoi ce savant anatomiste a été suivi par M. Nitzsch dans une Ostèologie des oiseaux que celui-ci a imprimée à Leipsick en 1811. Mais si déjà cette considération, qui nous montre les organes de l'ouïe et ceux de l'odorat en con- tact et en communication, est un fait qui appelle l'attention, nous ne croyons pas moins dignes du même intérêt physiologique la correspondance et les rapports de la glotte avec ces fentes. L'ouver- ture de la glotte s'applique exactement, bord pour bord, sur la fente qui verse dans les con- duits d'Eustache, tandis que le promontoire qui saille au-devant de la glotte , et que nous ne pou- vons en ce lieu plus amplement désigner ( sa dé- termination devant être donnée plus bas) , s'en- fonce dans la fente antérieure et fçrme complè- tement les arrières-narines (i). —* (l) J'ai consacré toute ma, sixième- planche à représenter les diverses circonstances rapportées dans ce paragraphe. On peut y voir d'abord ce qu'est le conduit d'Eustache sans les parties molles , en consultant les trois exemples figurés sous les numéros 64, 68 et 70, exemples que j'ai choisis dans les conditions les plus différentes. Un stylet a,o,, oy a été introduit dans le canal d'Eustache pour en indiquer la direction. Ce canal est vers le bas sans cloU ( 25o ) Secondement; dernière remarque sur les plia- ryngéaux. Il me reste à faire connaître dans les poissons l'existence d'une pièce osseuse dont je ne sache point qu'on se soit occupé jusqu'à ce jour, d'un intérêt tout icthyologique, dans ce sens qu'elle complète le système des^pharyn- géaux, qu'elle les lie décidément au crâne, et son sur toute sa lougueur , clans l'aigle figuré n°. 68 , parce- que la plaque pharyngienne n'y est ni assez prolongée ni assez rentrée du côté du sphénoïde ; et parce qu'au contraire les choses sont différemment dans les deux au- tres exemples nnmérotés , 64 et 70 , le conduit d'Eustache n'a que ses ouvertures indispensables , celles des extrémi- tés, consistant extérieurement dans le trou auriculaire , et intérieurement clans la fente qui s'ouvre sur le milieu du palais; cette fente est représentée, bâillante outre mesure , sous l'indication de la lettre e ,fig. 65 > 66 et 6j. L'autruche., n°. 64 , montre une disposition qui la fait sortir sous ce rapport de la condition normale des oiseaux pour la replacer dans celle des autres animaux vertébrés ; c'est la moindre étendue en longueur du conduit d'Eus- taclie : celui de droite ne se porte pas à la rencontre de l'orifice de l'autre ; un large diaphragme les sépare. Je sup- pose que chacun de ces trous du crâne verse dans la ca- vité de la bouche par une issue particulière à travers les parties molles : je me réserve d'y regarder quand l'occa- sion s'en présentera. J'ai aussi fait représenter le palais de quelques oiseaux , numéros 65 , 66 et 6j , pour montrer les relations du / ( 33 1 ) qu'elle est pour ces pièces, les plus élevées de celles qui composent les arcs branchiaux, ce qu'est le styloïde à l'égard des annexes sternales; un osselet mitoyen et alongé, dérivant du crâne et cherchant emploi à son autre extrémité. C'est de chaque côté un petit os filiforme qui naît des parties latérales et antérieures du sphénoïde. Il méat e du conduit d'Eustache avec les ouvertures des ar- rières narines , et; de plus , pour avoir sujet d'insister sur les nombreuses papilles ou petites dents cornées qui entourent ces orifices. Celles-ci , aussi bien que les franges b, d , qui , fig. 71 et 72 , bordent l'entrée de l'ésophage, rappellent les dents pharyngiennes des poissons ; et, à leurs dispositions et situations tout à fait semblables , s'en mon- trent effectivement les vestiges rudimentaires. Tantôt , comme dans le dindon et le goéland, l'orifice du conduit d'Eustache existe au fond du même sinus que les arrières ouvertures des narines , et tantôt chaque organe a son entrée distincte ; mais quoiqu'il arrive , rien n'est changé dans leurs relations et dans leurs distances respectives. Enfin je crois devoir insister de nouveau sur la remarque que j'ai faite de la coïncidence et de la jonction des ou- vertures de la glotte et du conduit d'Eustache. Il eat im- possible , je le repète , que cette communication existe , sans qu'il n'y ait versement d'un canal dans l'autre , soit de mucosités , soit de fluides élastiques. Qui sait si un. jour l'on ne découvrira pas que ces relations, qui ne nous paraissent que bizarres aujourd'hui , tiennent à quelque phose de grand et d'important dans l'économie des êtres? ( 23<2 ) descend verticalement, longe l'os palatin et va s'articuler sur le premier arc branchial, au point de jonction des deux pièces supérieures, le pha- ryngéal et son pleuréal : il est à la fois pivot et régulateur; pivot, en favorisant la rotation et le jeu de la masse pharyngienne $ et régulateur , en l'empêchant de comprimer les nerfs qu'elle re~ couvre , et de s'écarter trop de la voûte palatine : mais plus essentiellement, il forme le noyau qui arc-boute et attache les pharyngéaux au crâne. Cet os varie peu \ filiforme dans la plupart, dans les trigles et notre perche de rivière, par exem- ple ^ il est lpng , comprimé, arrondi à son extré- mité palatine et carré à l'autre bout dans l'holo- centre mérou : ou bien, plus raccourci, il est quelquefois joint aux trois pharyngéaux , et compte comme un quatrième point osseux dans la plaque que forment les trois pharyngéaux par leur réunion chez les êtres à tête déprimée. ( Voy* fi g. 85 , letlre v ). Sa situation à la base du crâne et ses connexions connues nous donnent son analogue dans les oi- seaux : il n'est besoin que du plus simple coup- d'oeil pour apercevoir que c'est l'os grêle de Petit, l'omoïde d'Hérissant, et les ossa communicantia , de Wiedemann ci de Nilzsch, que dans mon Mé- moire sur le crâne des oiseaux j'ai nommés, avec Schneider , l'os palatin postérieur , et dont Fana- ( 233 ) logue dans les mammifères est employé sous le nom d'apophyse ptérigoïde interne. La mobilité de cet os (1), articulé seulement par diarthrose, était une circonstance en ce lieu sans objet et tout à fait inexplicable : présentement nous pouvons considérer ces résultats, comme simplement con- servés dans une pièce , qui s'efface déjà chez les oiseaux et qui devient rudimentaire et plus in- signifiante encore dans les mammifères. Aurait- on déjà remarqué plus haut que si les parties de la tête des poissons sont plus essentiellement en rapport avec celles de la tête des oiseaux, elles le sont davantage, eu égard à leur forme, aux pièces du crâne des mammifères? Le palatin pos- térieur des poissons nous en offre un nouvel exemple dans sa position verticale relativement à la voûte du palais. De la discussion de cette première partie de mon travail, il résulte que nous voilà présente- ment éclairés sur la nature et le véritable emploi des os pharyngéaux, et que, connaissant une des portions des arcs branchiaux, nous avons fait ce (i) Le nom de ptéréal ( os claire ), rappelant sa racine > (^apophyse qui ressemble à une aile,') dans le mot ptérigoïde , lui convient dans les animaux dont nous venons de traiter , et mieux encore dans les reptiles , le crocodile notam- ment. ( 234 ) pas important, de comprendre comment un ap- pareil qui provient du thorax est parvenu à se combiner avec des os de la tête et à s'en appli- quer l'usage. Ce que nous venons de faire pour la portion supérieure des arcs2 nous allons l'essayer à l'égard de sa portion inférieure, c'est-à-dire, de celle qui s'appuie sur l'hyoïde. §. iv. Des pièces Laryngiennes chez les poissons. Les pièces appuyées sur l'hyoïde se composent d'un nombre invariable ; de quatre os de chaque côté rangés en ligne d'avant en arrière : elles correspondent à autant de pleuréaux, et sont, examinées d'abord sous ce premier point de vue, à l'égard de ceux-ci vers le bas , ce que sont à ces os les pharyngéaux supérieurement ; c'est-à- dire , des osselets pour la suspension des pieu- réaux, en même temps que, par leur adjonction en ligne, ces osselets contribuent à donner aux arcs plus d'ouverture et de longueur. Mais ceci , qui ne s'applique qu'au caractère de ces os comme pièces alongées et qu'à l'emploi de leurs extré- mités articulaires, ne nous les fait connaître que sous un de leurs rapports. Bien qu'avec cette ( 235 ) même et commune destination, ils diffèrent pour- tant de forme les uns à l'égard des autres ; et de plus , à la forme comme aux nouvelles relations de chacun sont attachées des fonctions diffé- rentes et assez compliquées. Il nous les faut donô connaître séparément , et nous allons en consé- quence les décrire, chacun en particulier, en les examinant dans l'ordre de leur situation respec- tive et en suppléant, jusqu'à ce que nous puis- sions mieux faire , à leur défaut de noms par des désignations numériques (1). Le premier os , faisant partie de l'arc anté- rieur, est toujours une longue pièce de même forme que les pleuréaux et paraissant en être la continuation : appartenant à l'arceau qui circons- crit les autres, et qui a par conséquent le plus d'étendue , c'est de la longueur de cette première pièce,, et non de celle des pleuréaux égaux entre eux, que dépend ce résultat. Cet os est donc tou- (1) Je ne puis me permettre d'opinion sur ces pièces qu'après en avoir donné une détermination rigoureuse : mais le lecteur, qui n'est pas tenu à la même réserve, pourrait à ce moment la supposer donnée , et s'aider, pour ce passage, des figures numérotées 81 , 82 , 84 et 85. J'y ai représenté les parties des poissons correspondantes aux pièces du larynx , savoir : le premier os par ta, le second par tp , le troisième par ar , et le quatrième par cr. ( 236 ) jours plus long que le second, et par suite le second l'est plus que le troisième. On peut le considérer relativement, d'abord à ses deux ex- trémités ; l'une , terminée par un biseau élargi pour son insertion dans une cavité articulaire, formée latéralement par la jonction du basihyal et del'entohyal, et l'autre tronquée net pour son articulation avec le pleuréal dont ce premier os est l'annexe : et en second lieu, quant à ses deux surfaces; la supérieure lisse et convexe, rendue plus ou moins chagrinée par les aspérités du der- me qui la recouvre, et l'inférieure creusée en canal pour diriger les vaisseaux pulmonaires dans leur distribution. Les branches se prolongent quelquefois sur les bords du canal , c'est quand les pleuréaux , traitant en auxiliaires les pièces de la rangée inférieure des arcs , les admettent à par- tager leur destination. La seconde pièce ressemble à la première, sauf qu'elle est plus courte et parfois un peu plus massive : elle s'articule dans la même cavité, mais en s'appuyant davantage sur Fentoliyal. La troisième est d'autant plus rapprochée de sa congénère % que l'urohyal qui les sépare est plus aminci et se termine plus subitement en pointer- Ces pièces ensemble forment un bassin élargi où se fait le partage des principaux troncs pulmo^ naires. Elles protègent en outre la distribution ( 237 ) de ces vaisseaux par un arrangement tout par- ticulier : en effet, elles sont généralement dis- posées sous la figure d'un triangle dont le som- met est dirigé en avant et en dedans. Or il ar^ rive à ces deux portions de se couder de manière à se rencontrer et à former une sorte d'arche, dans laquelle s'engagent et sont très-solidement maintenus les troncs qui se portent sur les pre- miers feuillets pulmonaires. La forme triangu- laire de cette pièce contribue à écarter sur les côtés et rejeter les arcs branchiaux, et aussi à procurer plus de largeur à sa base pour suffire à l'articulation ,- non seulement du pleuréal du troisième arc ? mais encore de celui du quatrième, qui a son insertion plus en dedans. Cet os varie; sa variation dépend de la forme des parties latérales : il est plus petit dans les pois- sons à tête comprimée ; mais même alors, il se soutient mieux que les première et seconde pièces , puisqu'il est déjà , ou qu'il se maintient constamment dans un état avancé d'ossification, quand les autres sont encore ou doivent rester cartilagineux. La quatrième pièce offre un exemple de plus grande anomalie : les arcs inscrits sont nécessai- rement plus courts que ceux qui les circonscri- vent, Pour qu'à ce titre le quatrième arc devînt le plus petit, il s'offrait divers moyens, et le ( 238 ) plus simple en apparence était une diminution proportionnelle de tous ses composans. Mais nous avons vu plus haut que tous les pleuréaux étaient d'égale longueur > comme nous venons d'observer tout à l'heure , que c'étaient les pièces auxiliaires inférieures qui étaient successivement et graduellement diminuées. Il iie restait plus de prise à cette diminution pour la quatrième pièce j les pleuréaux des quatre arcs, en se portant sur la jonction de ces os avec leurs antécédens^ se sont faits jour entre ceux-ci, les ont séparés, et , ainsi établis entre le troisième et le quatrième auxi- liaire P sont parvenus à s'appuyer l'un sur l'autre * le pleuréal de gauche sur le pleuréal de droite. Les auxiliaires du quatrième arc, rejetés par là en arrière 7 n'ont pu conserver leurs connexions qu'en se rangeant en retour et en s'adossant cha* cun sur son pleuréal : mais par suite , il est ar- rivé que n'étant plus contenus à leur centre et par des pièces osseuses > comme le sont leurs analo- gues des premiers arcs, qui sont autant d'anneaux d'une chaîne continue, ils ne sont ni assujettis à une forme constante, ni restreints dans leur dé- veloppement. Les causes que je viens de rapporter n'ont pas influé seules sur ces divers résultats. L'auxiliaire du quatrième arc par sa position entrait nécessai- rement dans d'autres relations : terminant infé- ( 239 ) rieurement le pharynx, ainsi que font les pharyn- géaux à la région supérieure, il remplit le même office et fournit son bord postérieur aux attaches de Fésophage : et comme tout dans l'organisa- tion est actions simultanées et devoirs récipro- ques, ces connexions de Fésophage auront con- tribué à mettre cet os hors de ligne et auront aidé à le ranger en retour et en arrière du pleuréal, auquel cependant il appartient et continue tou- jours d'appartenir. Ces quatrièmes auxiliaires n'avaient jusqu'à ce jour été envisagés que dans ces rapports avec Fésophage et le palais. Ils existent chez le pois- son le plus commun de nos rivières , et consé- quemment le plus souvent consulté, la carpe, dans un état de si grande anomalie et se trouvent si remarquables que c'est seulement ce qui a fixé sur eux l'attention. « Ce sont dans la carpe et tous les autres cyprins, deux os très-grands, très-forts, courbés en arc, qui se rapprochent par leur ex- trémité antérieure et qui tiennent par l'autre ex- trémité à la base du crâne au moyen de muscles très-puissans. Leur portion moyenne, beaucoup plus épaisse que le reste , forme en dedans un angle saillant qui supporte de véritables dents , cinq dents osseuses, de manière qu'elles opposent leur surface triturante à la base du crâne. » Leç. d'anat. comp.y 3, p. 292. ( 24o ) Des os couverts de dents, comme les pharyn- géaux , qui bordent Fésophage à son entrée in- férieurement j comme font les pharyngéaux à l'é- gard de la voûte du palais> et qui se portent si- multanément les uns au-devant des autres, pour agir sur la proie prête à s'engager dans le col de Fésophage, îa maintenir, la diriger et l'écraser de concert , ont dû paraître et ont paru en effet des os placés dans la même catégorie; on les a tous considérés comme autant de dépendances du pharynx , et les pièces dont nous nous occu- pons prirent delà le nom d'os pharyngiens infé- rieurs* Cependant tout me prouve qu'ils ne sont que dans une relation accidentelle avec le pharynx : leurs connexions et leurs services concernent Fé- sophage seulement, tandis qu'à d'autres égards ils se montrent pièces de l'appareil branchial. Ceci arrive, quand, par l'autre surface, ils ser- vent de couvercle au cœur, logé dans un sinus vers la jonction des deux clavicules. Enfin ils sont creusés dans le sens de leur longueur en une très- large gouttière, qui favorise la distribution des ' principaux vaisseaux. Nous avons dit plus haut que rendus plus in- dépendans par leur position excentrique à l'égard des arcs branchiaux, ils subissaient beaucoup de variations. Il n'est pas de mon sujet d'en donner ( a4i ") ici le tableau ; mais je ne dois pas cependant omettre la plus importante pour l'objet de ce Mé- moire. Quelquefois, comme par exemple dans l'espadon, l'orphie, les chétodons et les labres, au lieu des deux auxiliaires du quatrième arc, il n'en est plus qu'un seul, sur la ligne médiane, de forme triangulaire, prolongeant ses ailes sur les côtés, ayant sa surface supérieure hérissée de dents, et frottant contre une surface semblable que lui présentent et que lui opposent les deux plaques pharyngiennes de la base du crâne. Telles sont les pièces, quatre de chaque côté, huit au total, qui, combinées avec les osselets impairs de l'hyoïde, composent le sternum inté- rieur qui porte les pleuréaux et les branchies. Présentement, ces pièces sont-elles susceptibles de nous fournir de plus amples documens? Se- rions-nous dans le cas d'en retrouver quelques traces dans les autres animaux vertébrés? Y au- raient-elles en effet leurs analogues? C'est parce que j'ai compté sur une réponse affirmative que je viens de les décrire avec ce détail. §. v. Des pièces Laryngiennes chez les mammifères. Nous resterions sans renseignemens , si nous nous bornions à consulter la seule forme de ces 16 ( 242 ) os : mais nous serons sans doute plus heureux, si, saisissant le fil qui nous a jusqu'à présent dirigés dans ces recherches , nous prenons confiance dans les résultats fournis par les connexions et les fonctions. Or les connexions des pièces auxiliaires, et même à beaucoup d'égards leurs fonctions, nous ramè- nent vers les hyoïdes d'une part , et vers l'éso- phage de l'autre : le champ de notre recherche se trouve donc tout-à-fait circonscrit. Voyons dans cet esprit les animaux des classes supérieures. Existerait-il chez eux des os ou des cartilages entre l'hyoïde et l'ésophage? Il n'est personne, pour le peu qu'on soit au courant de l'anatomic, qui ne le sache. Là est le larynx for- mé d'un même nombre de pièces, utiles auxiliai- res de l'organe respiratoire. Nous pouvons donc nous croire sur la voie, et nous demanderons au larynx des oiseaux en particulier de nous y ser- vir de guide. Mais ce ne sera toutefois qu'après en avoir pris une connaissance approfondie : car si nous nous en rapportions à ce qu'on en a publié dans ces derniers temps, nous croirions que le larynx su- périeur des oiseaux ne ressemble pas au larynx des mammifères ; qu'il n'y a chez les oiseaux, ni cartilage arythénoïde , ni thyroïde-) ni épi glotte , et qu'en définitive, leur larynx se compose de quatre ; ( 243 ) pu de six os , dont un seul aurait son ana- ogue dans le cricoïde de l'homme et des mam- mifères (1). Nous aurions ainsi, pour marcher à la connaissance de pièces inconnues , à opérer sur d'autres inconnues. Cette circonstance nous oblige à remonter plus haut dans l'échelle des êtres et à aller puiser nos renseignemens à la source des connaissances anatomiques, c'est-à- dire, à revoir ce que nous enseigne à cet égard l'anatomie médicale. Le long tube membrano-cartilagineux, qui sert de manche et de canal à l'organe pulmonaire, est terminé dans les mammifères par une cavité à - pièces mobiles qui occupe la région antérieure et supérieure du col, ou par le larynx. Ces pièces sont dites les cartilages du larynx, et données pour des cartilages , de ce qu'elles conservent long-temps leur premier état cartilagineux. Elles (i) Je trouve que plus anciennement Vicq-d'Azir était entré dans l'esprit de ces recherches. Il est fâcheux qu'il n'ait point approfondi^ davantage son sujet et qu'il se soit borné aux indications suivantes : « La glotte des « oiseaux ressemble assez à celle des quadrupèdes • la pièce « triangulaire, qui est placée au-devant, répond, non au « cricoïde, comme Perrault l'a dit, mais au thyroïde, « et les ligamens latéraux aux arvthénoïdes» » Mémoire sur la voix , Acad, des Sciences 3 année 1779. ( 244 ) ne prennent en effet de consistance osseuse chez riiomme que dans sa vieillesse (]). Elles suivent un autre mode , s'ossifient plutôt et acquièrent ainsi des droits à être comprises parmi les dé- pendances du squelette dans nos grands animaux, le cheval, le cerf, le taureau et le sanglier. Cette remarque n'avait pas échappé à Bichat, qui cependant n'a emprunté ses vues que de tra- vaux anatomiques sur l'homme. La couleur gri- sâtre et non éclatante des cartilages du larynx, (i) Quelquefois beaucoup plutôt , quand c'est à la suite d'un accroissement extraordinaire de tout l'organe vocal, comme dans l'exemple que j'ai cité plus haut à l'occa- sion de l'hyoïde figuré n°. 87. Le larynx de notre mar- chand d'habits était arrivé à un développement et à une ossification en proportion aussi considérables que l'hyoïde. Ce développement était plus fort d'un côté , et c'est une objection dont on s'était élayé pour attribuer à une cir- constance de pathologie la cause de la singulière observation que j'ai rapportée. Mais alors il faudrait donc frapper de la même objection tous les développcmens extraordinaires qui tiennent à un emploi plus fréquent de quelques mem- bres, et par exemple comprendre dans cette même caté- gorie celui de la main droite , généralement mieux dis- posée et plus forte que la gauche. Les crieurs des rues, dont le même couplet revient sans cesse, prennent l'ha- bitude de le chanter du même côté ; ce qui suffit pour donner à une partie de l'organe vocal une extension plus grande qu'à l'autre. ( 245 ) leur tissu épais et très-solide, des points rou- geâtres comme on en voit dans tous les noyaux d'une ossification commencée , une substance aréolaire d'où il avait exprimé une quantité sen- sible d'huile analogue à celle des os; toutes ces considérations avaient suggéré à Bichat l'idée que c'étaient-là des os à demi-formés. On a donné à ces cartilages les noms suivans: à celui qui occupe la partie antérieure et latérale de l'appareil, le nom de thyroïde , de sa forme en bouclier; celui de cricoïde à une autre pièce plus solide et qui soutient tout ce long vestibule , de sa disposition annulaire; et le nom à? arythènoï- des, c'est-à-dire, en manière d'aiguières, à deux pièces pyramidales et triangulaires placées sur le cricoïde , qu'elles débordent en dedans. C'est de quoi seulement se compose le larynx en pièces d'une ossification plus ou moins avan- cée : on a aussi compté au nombre des matériaux qui le constitue un cartilage impair, mou, et qui est attaché sur le bord antérieur de la face interne du thyroïde, Vépiglotte, que j'ai, dans les cerfs seulement ( voy. lettré h , fig. 54 _, 55 et 56 ), trouvée parsemée de points osseux, et deux car- tilages pairs _, aussi peu consistans , les tuber- cules , ou les cartilages cunéiformes [lettres gl, mêmes numéros , et aussi numéros 5g , 6i et 65) , tubercules que Santorini, qui les a connus le ( 246 ) premier , a appelés capitula cartilaginum ary- thenoïdearum , les sommets ou les appendices des arythénoïdes : ils occupent l'intervalle exis- tant entre l'épiglotte et les arythénoïdes. Je n'insisterai pas davantage sur ces pièces, qui sont parfaitement connues par l'anatomie hu- maine : leur nombre et leurs relations respec- tives étaient seulement ce qu'il nous importait de rappeler en ce moment. §. VL Des pièces Laryngiennes chez les oiseaux. C'est encore ici le lieu de le redire 5 les mam- mifères et les oiseaux se suivent de trop près , pour que ces mêmes considérations n'appartien- nent pas aux uns comme aux autres. Ayant trou- vé; ce que j'ai développé dans le Mémoire pré- cédent, la cause qui avait fait varier leurs hyoïdes, et fait connaître ce qui avait rendu leur identité méconnaissable, c'était un premier pas de fait pour arriver à l'identité de leur larynx. L'hyoïde à l'égard du larynx occupe une po- sition , transversale dans les mammifères,et longi- tudinale dans les oiseaux. Les petites cornes, nos glossohyaux, qui suspendent le larynx des mam- mifères, en y employant des cartilages prolongés ( ^47 ) sur les ailes du thyroïde, sont dans les oiseaux reportés en avant et deviennent les os et les car- tilages de leur langue. C'est l'hyoïde tout entier qui a fait un quart de conversion, et ce mouve- ment a ramené en arrière le corps et la queue de cet appareil. La queue de l'hyoïde ou furoliyal, ainsi substitué aux petites cornes, ou plutôt les rem- plaçant pour porter le larynx, n'a pu y procéder en y employant les mêmes tendons, qui , comme nous venons de le dire , ont déjà quitté prise et sont entrés dans la contexture de la langue. Il a donc fallu que le thyroïde, atteint à son centre par l'urohyal, pourvût par lui-même à cette ab- sence de cordes cartilagineuses et y affectât les membranes qui se trouvent sur ce centre. Or ce qui dans les mammifères existe là de vacant, pour ainsi dire, qui fasse saillie à la partie antérieure 9 et qui par sa position se trouve en contact avec l'urohyal, c'est l'épiglotte. Telle est en effet la lame fibro-cartilagineuse qui dans les oiseaux attache et suspend le larynx à la queue sur la partie mé- diane de l'hyoïde. L'épiglotte ne manque donc point dans les oiseaux (i) , elle n'a fait qu'y pas- ■i i . ._ (i) J'ai figuré l'épiglotte dans mes planches de deux ma- nières ; d'abord pi. 5 _, numéros 60, 61 et 63, où. elle est dégagée de ses, liens et où elle forme une lame propre à la suspension du thyroïde ; et de plus, pi. 5, numéros 71 ( 348 ) sera un autre service ; ses usages, maïs non ses connexions,, ont changé : et elle est en effet tel» lement entrée dans son nouveau rôle, qu'on peut dire que quelquefois elle ne s'y épargne pas, puis- qu'elle devient dans certaines espèces, le héron par exemple, un très-long ruban, qui porte la trachée-artère à une très - grande distance de l'hyoïde. L'épiglotte des oiseaux n'ayant point été recon» nue sous cette métamorphose , on s'est cru au- torisé en conséquence à conclure de son absence présumée à la non conformité des deux larynx. Je ne partage point ce sentiment, et je crois que, la métamorphose de l'épiglotte appréciée, il n'est rien de plus facile que de ramener les larynx des deux classes aux mêmes considérations. De ce que les pièces du larynx des oiseaux pa- raissent souvent dans un état assez avancé d'ossi- fication , nous ne verrons point là une objection, s'il est vrai que , dans les mammifères, elles ten- dent à devenir des os achevés, et si nous avons été fondés à reconnaître, avec Bichat, que c'est à la suite d'observations qui n'avaient pas été assez réfléchies et qui n'avaient été appliquées et 72 , où elle est réunie aux légumens communs , et où , en se plissant, elle devient un épais bourrelet qui s'étend sur la glotte. ( 249 ) çu'à de premiers progrès de l'ossification } que 1 on s'est servi de la dénomination de cartilages. §. VIL Correspondance des pièces Laryngiennes des mam- mifères et des oiseaux. Toutes les parties du larynx dans ces deux clas= ses se correspondent entièrement; D abord, par leur situation : Dans l'une et l'au- tre est , en devant ou en bas du cou , selon que la situation est verticale ou horizontale, une très- large pièce en forme de bouclier, le thyroïde y et en arrière ou au-dessus, cinq pièces qui cons- tituent un autre ensemble , et qui , ayant leurs points d'appui du côté de la trachée -artère , font la bascule à l'autre extrémité et s'enfon- cent plus ou moins dans la concavité du thy- roïde , selon qu'il est nécessaire de donner moins ou plus d'ouverture à la glotte. Secondement, en nombre : Des cinq pièces, une première paire est toujours dans l'état mou et de fibi o-cartilage : ce sont les tubercules de Santo- rini qui soutiennent les lèvres de la glotte, et qui dans les oiseaux, à raison de l'éloignement de l'épi glotte et pour embrasser toute l'entrée du conduit aérien, sont des filets alongés. Au-des- sous et en arrière, sont d'abord la seconde paire, ( a5o ) les os arythénoïdes , et en second lieu, tout à fait derrière et posé sur la trachée-artère, l'os cricoïde. Ce dernier est la seule partie de ces la- rynx qui ait été embrassée sous le même poiit de vue et qu'on ait nommée de même ; bien que dans les oiseaux ce ne soit plus un os annulaire, mais de ce que cette analogie était indiquée avec certitude par la situation de l'ésophage, qui pose et s'attache sur le cricoïde. Cette analogie pré- sente un plus grand caractère de certitude , si , comme je le pense, le cricoïde des mammifères ne diffère de celui des ovipares que pour s'être adjoint vers le bas le premier anneau de la tra- chée-artère. Toute sa portion annulaire ne se- rait que ce premier cercle. Je lui ai donné un autre signe, la lettre o, pi. 5 , Jig. 55 et 56; reser- vant les lettres cr pour le corps du cricoïde, ou plutôt pour cet os lui-même. En troisième lieu> sous le rapport des cojinexions: Les arythénoïdes sont placés entre les tubercules de Santorini et le cricoïde, et atteignent égale- ment le thyroïde sur ses bords, ou pénètrent dans sa concavité , selon les mouvemens qui leur sont imprimés. Le cricoïde occupe invariable- ment la même place : il est appuyé d'une part sur le premier anneau du conduit aérien ( dans les mammifères, ce serait sur le second), et de l'autre U s'articule par le bas avec les ailes du thyroïde, et supérieurement avec les arythénoïdes , en même temps qu'il fournit tout aussi constamment une portion de sa surface extérieure aux attaches de l'ésophage. Le thyroïde, qui tient par sa hase au cricoïde , a toute sa face concave constamment occupée par les pièces du pourtour de la glotte, et toute sa surface convexe par ceux des os de l'hyoïde qui sont dirigés de son côté. Enfin les tubercules de Santorini doivent à leur forme alongée dans les oiseaux d'y être restés com- pris entre l'épiglotte et les arythénoïdes. Quatrièmement , sous le rapport des fondions * Chaque pièce les a toutes invariablement conser- vées; chacune, jusqu'à l'épiglotte elle-même, puisque, formée en partie dans les mammifères par une dnplicature de la membrane thyro-hyoï- dienne,sa continuation contribue à attacher le la- rynx au corps de l'hyoïde, et que dans les oiseaux le boursouflement de la lame épiglottique, qui a lieu quand la trachée-artère est refoulée en avant, forme un veru-montanum, et même quel- quefois un repli très-prolofcgé au-dessus de la glotte, et empêche de cette manière les alimens de s'introduire dans les voies respiratoires , quand s'opère la déglutition. L'épiglotte est ainsi fidèle à ses deux usages, mais dans une proportion différente dans chaque classe : elle porte dans les mammifères, mais très- ( 252 ) secondairement , le larynx , et agit avec plus d'ef- ficacité à l'égard de la glotte en s'abaissant dessus à la manière d'un couvercle à charnière; et dans les oiseaux, où, pour fixer le larynx, elle n'est plus soulagée par les petites cornes ou les carti- lages des ailes du thyroïde, elle se déplisse afin de soutenir, à elle seule , tout le poids du conduit aérien, en même temps que par un boursoufle- ment, ou même par un repli qui ne laisse pas de s'étendre et de se prolonger à volonté et dans le besoin, elle agit avec plus ou moins d'efficacité sur la glotte et amène dessus , quand se fait la dé- glutition, le plus souvent, au lieu d'un couvercle de toute son étendue, un simple obstacle, et dans quelques oiseaux, une lame qui se prolonge jus- que sur la moitié de la glotte. Cinquièmement , enfin eu égard à la forme , mais avec les restrictions suivantes. Ce qui diffère le plus dans les deux classes est l'épigiotte , ainsi que nous venons tout à l'heure de le remarquer, Mais cette différence n'est pas aussi grande qu'on le supposerait au premier aperçu et surtout n'a rien d'essentiel, si d'abord la saillie que forme dans les mammifères l'épigiotte vers le haut du thyroïde ne provient que d'un repli plus ample de la membrane thyro-hyoïdienne; et que dans les oiseaux, à raison de la plus grande longueur de leur cou , le repli n'est qu'effacé; et si en tter- ( 253 ) nier lieu le tissu (i) de ce fibro-cartiïage est le même dans les uns et dans les autres. Or c'est exactement ce qu'on observe ; car, dans le pre- mier cas, le repli n'est jamais si absolument effacé qu'il n'y en reste par fois quelques indices. Le bécasseau, entr'autres, m'a montré une bulbe qui est réellement un vestige permanent d'épiglotte j et dans le second cas, lepiglotte est également, dans les deux classes, recouverte de sa membrane muqueuse , et se trouve de même parsemée de glandes logées au fond de trous si petits que, faits par des piqûres d'épingle , ils ne pouraient l'être davantage. La partie du larynx qui , par sa situation et une même disposition générale , correspond chez les oiseaux au thvroïde des mammifères , en diffère par sa séparation en trois pièces : c'est qu'alors les ailes thyroïdiennes sont détachées de la pièce médiane. C'était une indication pour retrouver un ar- rangement analogue dans les mammifères. J'y ai regardé et j'ai trouvé exactement la même chose dans les lièvres (voy.Jig. 58). Le thyroïde des (1) Le tissu de l'épiglotte est généralement homogène ; il n'y a guères d'exception à cet égard que dans les ani- maux ruminans. Leur épiglotte k , fig. 54 , 55 et 56 1 est toute couverte de parcelles de matière osseuse. 254 ) mammifères, pièce unique comme cartilage, se transforme en un ou trois os solides, commen- çant à se développer par cinq points osseux , principalement au centre où cette portion de- vient une grande et large plaque, et sur les ailes qui forment deux appendices ayant pour origine quatre petits points écartés. Cette donnée étant constante , pour le surplus , le thyroïde varie beaucoup. La plaque impaire se compose de deux cœurs adossés par leurs pointes dans le bœuf: ce n'est, dans le cheval, qu'un petit os^ selet d'où sortent deux ailes longues et étroites^ et c'est un disque elliptique bien plus ossifié dans le cerf que partout ailleurs. Ainsi pour des voix différentes, sont des thyroïdes d'une structure différente. Le cricoïde varie de même, mais non au même degré que ce dernier. C'est une large platine ados- sée a l'ésophage, et à laquelle je suis persuadé qu'un premier anneau de la trachée-artère s'est joint en devant. Un cerf de trois ans {voy.jlg. 55) m'a montré l'ossification de cette pièce commen- çant aux deux points où s'attache l'ésophage : iî n'y aurait dans les oiseaux que la large platine ci-dessus, et point les deux apophyses qui se ré- pandent dans les portions annulaires. Les arvtbénoïdes sont assez semblables chez les animaux des deux classes, et j'ai déjà dit en quoi 255 ) consistaient les modifications survenues dans les oiseaux aux tubercules de Santorini. Les détails dans lesquels je viens d'entrer éta- blissent, ce me semble, que le larynx des oiseaux est, sous tous les rapports, comparable à celui des mammifères, et nous montrent ses différences bornées aux seules considérations suivantes. Le thyroïde cbez les oiseaux est constamment formé de trois pièces : le cricoïde se trouve réduit à un osselet trapu et aplati ; les arythénoïdes parais- sent en être une dépendance, comme les tuber- cules de Santorini, prolongés en filets, semblent être la continuation des arythénoïdes; enfin l'épi- glotte n'est plus qu'une lame alongée , qui est quelquefois terminée par une très-petite bulbe, au-devant de la glotte. ' Il m'a suffi pour donner le type du larynx des oiseaux, des deux exemples représentés dans mes planches, l'un n°» 65, figuré d'après l'oie, et l'autre que j'ai pris de la sarcelle d'hiver et que j'ai employée sous les numéros 60 , 61 et 62, Afin de rendre plus sensibles toutes les parties de ces larynx, j'ai fait dessiner ces appareils au double de leur grandeur naturelle. Les points osseux s'y distinguent des cartilages où ils se sont développés par plus de relief. Nonobstant cet avis, je crois encore utile, à l'égard du n°. Ci > de prévenir que la pièce mar- ( 256 ) quée ar n'est pas subdivisée, comme une cer- taine apparence le pourrait faire supposer , mais que ses deux aspects dans la gravure s'appliquent à ses deux différens états , et fournissent ainsi les moyens d'apprécier distinctement l'ossifica- tion de la partie postérieure et la nature carti- lagineuse de la partie antérieure* . VIII. De la -portion de trachêe-artère , nommée Larynx inférieur dans les oiseaux. Il nous faut présentement aborder une autre question. Qu'est-ce dans la théorie des analogues et comment y doit figurer le larynx inférieur des oiseaux? C'est à cette théorie elle-même à nous donner sa réponse. Vous apercevez là un appareil considérable, un organe autant compliqué dans sa composition? qu'il est admirable pour l'empire qu'il exerce sur les sens. Cherchez-le donc partout, et faites que s'il vous paraît peu développé et sans in- fluence, du moins bien manifestée, dans quelques animaux , vous l'y suiviez néanmoins de trace en trace sans hésitation. « Mais dans ce cas, di- « rez-vouS) il faudra donc revenir sur une pro- « position qui a l'asseniiment général , et re- (257) (( connaître que tous les animaux vertébrés , et « non les seuls oiseaux,- comme on Fa cru jus- & qu'ici , sont pourvus d'un larynx inférieur. » Sans doute; ou bien si l'observation ne mène point à ce résultat , croyez qu'il n'y a nulle part de larynx inférieur, et que si dans les oiseaux on a remarqué quelque chose dont on ait cru pouvoir s'autoriser pour en établir un , c'est-à- dire, pour placer sous ce nom sur la ligne des premiers matériaux de l'organisation un pré- tendu appareil, il est là une difficulté inaperçue et très-probablement une circonstance suscep- tible de diverses interprétations. On est si sou- vent dans le cas d'accepter de confiance une explication, sur le motif qu'on n'en avait pas imaginé de meilleure. Ainsi la doctrine des analogues nous prescrit de douter et nous donne une direction nouvelle. Nous assurerons encore mieux notre marche, en recherchant comment s'est introduit le sys- tème de nomenclature présentement en usage. L'anatomie humaine , en consacrant le nom de larynx pour désigner l'entonnoir cartilagi- neux qui est placé en tête de la trachée-artère, s'en est servi sans le définir d'une manière bien précise. Si d'abord elle l'a appliqué à la chose même , elle y a rattaché l'idée des fonctions de cet organe : et comme les choses nous intéressent *7 ( 258 ) encore plus par leur usage que par leur compo- sition y on en Tint à ne plus songer qu'à celui de ces rapports qui avait le plus préoccupé. Les anciens , Galien entr'autres , nous en don- nèrent l'exemple , et le larynx fut définitivement et généralement considéré comme le principal organe de la voix. C'est sur ces entrefaites que Perrault vint à découvrir que la voix des oiseaux se formait à la base et au point de partage de la trachée- artère. Ce célèbre anatomiste, croyant aper- cevoir en ce lieu les élémens et toutes les con- ditions d'un vrai larynx selon la définition adop- tée de son temps , ou du moins ne pouvant mé- connaître que ce qu'on prenait pour la prin- cipale fonction du larynx s'y exécutait , y trans- porta l'organe lui-même ; ce qu'il appela larynx interne. ( Voyez sa Mécanique des animaux , tome 2 } page 5g4 ). Vicq-d'Azir alla beaucoup plus loin pour faire moins bien ? ce me semble. « Il n'adopte pas les « deux larynx de Perrault ; le larynx interne et « celui cHen haut , préférant faire deux parts de « l'unique larynx des mammifères , qu'il place ce à chaque bout de la trachée-artère, la glotte a en haut , et le reste de l'organe de la voix au « bas et vers la division des bronches. » ( Mé- moire sur la Voix; Académie des Sciences pour ( 259 ) Cannée 1779; et encore, tome i , page 175 de l'édition dont nous sommes redevables aux soins de l'estimable M. Moreau , de la Sarthe). Il paraît que Perrault se repentit plus tard d'avoir fait une innovation dont on pourrait abuser par la suite : car dans ses belles mono- graphies d'anatomie comparée , ayant eu à dé- crire les mêmes choses dans un oiseau dit la de- moiselle de Numidie , il se borna à la remarque suivante : « Au bas de Paspre- artère , il y avait w un nœud osseux, ayant la forme d'un larynx, » ajoutant plus bas un essai de détermination des pièces du véritable larynx (le larynx d'en haut) , tru'il jugea composées d'un cricoïde et d'un ary- thènoïde ; comme en l'oie $ ajoulà-t-il; détermi- nation qui ne fut pas goûtée de Yicq-d'Azir, comme nous l'avons déjà rapporté en la note de la page 245. Mais quoique fît Perrault sur la fin , l'impul- sion était donnée et un nouvel appareil sous le nom de larynx inférieur fut attribué aux oi- seaux. En effet , Hérissant ( Mémoire de l'Académie des Sciences pour l'année 1753> ) s'empara des idées de Perrault , et alla même jusqu'à lui adres- • ser le reproche de ne les avoir pas constam- ment et assez complètement généralisées ; et de- puis tous les auteurs ? notamment le célèbre ( s6o ) icthyologiste Bloch , clans les mémoires de la Société des naturalistes de Berlin pour 1782, tous les auteurs qui décrivirent l'organisation gé- nérale des oiseaux se rangèrent à cette opinion ; laquelle reçut enfin une bien mémorable sanc- tion par le grand et important travail de M. Cu- vier j intitulé, du Larynx inférieur des oiseaux. Ce travail , qui parut en 1796 J est imprimé dans le Magasin encyclopédique, tome 2, page 35o m7 il fut le prélude d'un ouvrage plus considérable, ayant pour titre, des Instrumens de la Voix des oiseaux , dont la publication a eu lieu en 1801 , dans le Journal de Physique , cahier de prairial an 8. Cette direction des esprits fut cause que ce -n'est plus à un ensemble de parties posées sur da trachée-artère , suspendues à l'hyoïde, s'épa- nouissant comme les pétales d'une corolle pour l'introduction de l'élément respirable dans les bronches , ou se rabattant comme les ailes d'un pont-levis pour le passage du bol alimentaire; que ce n'est plus à des pièces présentant un ca- ractère tellement déterminé que chacune a son nom et sa fonction distincte,* que ce n'est point enfin à des pièces, dans des conditions aussi spé- ciales , qu'on donne aujourd'hui le nom de la- rynx : il est évident que ce nom , qui du temps de Perrault n'avait déjà qu'une signification très- ( a6i ) équivoque , changea d'acception depuis que, transporté aux oiseaux , il a été adopté pour un tout autre système d'organes. Depuis, en effet, dans tous les livres et par tous les professeurs d'anatomie , le larynx a été défini et donné comme l'organe de la voix pro- prement dit. Je lis cette définition dans un ou- vrage qu'on regarde comme la rédaction la plus récente des meilleures doctrines sur la science de l'organisation, dans l'excellent Précis sur la phy- siologie de M. le docteur Magendie. Bichat lui- même, qui ne suivit que les inspirations de son génie, et qui se fraya une nouvelle route à tra- vers les sentiers battus des anciennes théories , inséra son chapitre du larynx ou des appareils de la voix , dans un volume différent de celui où il traite de la poitrine et des organes respiratoires. Si c'était sans un grave inconvénient dans Pa- natomie humaine qu'on eût agi ainsi, parce que rien ne s'opposait à ce qu'en considérant le la- rynx comme un ensemble donnant lieu au phé- nomène de la voix , on ne vit aussi en cet or- gane un appareil propre à favoriser et la déglu- tition de l'air au profit de la poitrine, et celle du bol alimentaire en faveur de l'ésophage , il n'en était pas de même en anatomie comparée, ïl ne pouvait être également indifférent d'em- ployer le mot larynx dans un sens aussi détourné ( 262 ) de sa primitive acception : car alors ce nom ces» sait d'être le signe indicatif d'une chose subs- tantielle et fixe , pour devenir celui de toute réunion de parties où la voix pouvait être en- gendrée. Ainsi , bien que dans le précédent paragraphe^ j'eusse démontré que la première couronne de la trachée-artère des oiseaux se trouve formée des mêmes pariies que celle des mammifères, et qu'en outre je les eusse vues concourant au même but et composant de même une porte à plusieurs battans , qui s'ouvre pour le passage de l'air et qui se ferme aux approches de toute autre substance, ce n'était plus là un larynx, dans ce sens que la voix ne se produisait plus en ce lieu. Toutefois on lui en conserva le nom ; et si on le fît par l'emploi du mot larynx su- périeur, ce fut par extension et en dérogeant évidemment au principe qui avait présidé à l'a- doption du nom de larynx inférieur. C'est ce que reconnut si bien Yicq-d'Azir, que, sans doute pour rester conséquent à ses premières vues, il préféra partager le larynx lui-même et en trans- poser quelques pièces, plutôt que d'adopter un aussi vicieux système de nomenclature. Nous venons de voir comment le nom de la- rynx inférieur s'est introduit dans le langage des anatomistes, et comment, n'étant d'abord ( 263 ) qu'une locution commode pour exprimer le liert d'une fonction analogue à la fonction supposée du larynx , ce nom a pris peu à peu assez de consistance pour qu'on ait considéré la base de la trachée-artère comme un appareil à opposer pour son importance au larynx d'en haut. La né- cessité de désigner une chose qu'on trouvait re- marquable et l'usage, bien plus que la réflexion, ont décidé de l'adoption de ce nom. Puisque nous ne voyons pas qu'on se soit oc- cupé ex professo de comparer ce prétendu la- rynx au véritable,, nous allons essayer de le faire, en suivant avec exactitude dans cette recherche ce que nous enseigne la théorie des analogues. La question se pose ainsi : existe-t-il, à la base du tuyau introductif de l'air et à son point de partage, un organe spécial, dont la nature se rapporte à celle du larynx, qui soit du même rang et qu'on doive également comprendre par- mi les premiers matériaux de l'organisation ? C'est à regret que j'examine cette proposition , craignant par-dessus tout de m'exposer au soup- çon de donner dans les manières et d'affecter les prétentions d'un novateur. En commençant les travaux nécessaires et en faisant nombre de dissections pour parvenir à connaître et à déterminer tout l'appareil des arcs branchiaux, j'étais imbu des principes de ( 204 Técole et je ne doutais nullement qu'il n'y eût chez les oiseaux un larynx inférieur, au même titre et du même rang que le larynx supérieur* Ce fut donc pour faire cadrer ma croyance à cet égard avec la doctrine des analogues, que je me mis à chercher dans les oiseaux, d'abord, quels étaient les attributs constitutifs et essen- tiels de ce système d'organisation % et ensuite % dans les autres animaux vertébrés, quelles tra- ces en restaient chez eux visibles. N'entendant rien encore à la composition des arcs branchiaux, je les examinai dans un grand nombre de sujets, et multipliai mes anatomies^ espérant toujours que les poissons me montre- raient en grand et me feraient enfin concevoir un système que je n'apercevais ou que je croyais n'apercevoir , même chez les oiseaux _, qu'en traces fugitives. Toutes ces recherches furent vaines dans cette direction, et je ne saurais dire combien elles m'ont coûté d'efforts et fait perdre de temps. Obligé de revenir sur mes pas, je rentrai dans les limites de l'observation _, et je me mis à con- sidérer (sans préjugé cette fois) ce qui constituait l'objet qu'on avait jusqu'alors regardé comme le larynx inférieur des oiseaux. J'aperçus d'abord que l'immobilité de leurs poumons encastrés dans les cotes formait une ( 265 ) circonstance qui entrait pour quelque chose dans les élémens du problème. Les poumons des oiseaux n'arrivent ni ne peuvent arriver au* devant de la trachée-artère , et c'est à celle-ci à. prolonger ses doubles branches , selon l'empla- cement et une certaine convenance, pour gagner la poitrine. Cette plus grande extension à partir de la bifurcation de la trachée , cette extension dont on ne saurait méconnaître la cause, se rap- porte donc à une modification légère du tuyau introductif de l'air, et est effectivement une mo- dification bien légère de ce qui existe dans lès mammifères, si c'est dans cette classe qu'on doive considérer l'état normal de ce système d'orga- nisation. Mais pour n'être qu'une variation du plus au moins , et pour ne valoir en conséquence que bien peu comme caractère zoologique, cela n'em- pêche pas que celte modification u'amène un immense résultat comme fonction. En effet, pour peu que sur cette membrane, à qui M. Cuvier a accordé une certaine importance, puisqu'il l'a désignée sous un nom particulier, celui de tympa- nifurme ( Anat. comp. , t. 4 3 p. 465 ) ; pour le peu, dis-je, que sur cette membrane, d'une éten- due superficielle plus grande, soient répandus des moyens qui la tendent fortement et qui la puissent mettre en position de vibrer , on a sous ( 266 ) j les yeux un ordre de choses, qu'on sera d'autant plus porté à prendre pour un organe vocal, qu'on sera plus sensible à l'effet prodigieux qui résulte d'un pareil arrangement. Car autrement , cette membrane ., qui existe dans tous les animaux à respiration aérienne, n'y est plus que la suite et le complément néces- saire du tuyau introduciif de l'air dans les pou- mons, et seulement un appendice, dans des di- mensions variables et calculées sur la distance que le premier partage de la trachée met à par- courir pour se convertir et se subdiviser en bronches. Ainsi cette membrane n'est profitable et n'acquiert véritablement de fonction, de la même manière que si elle constituait un organe vocal, que dans un assez petit nombre d'oiseaux. C'est ce qu'on trouve dans les espèces ou la membrane tympaniforme est tapissée de fibres musculaires. Ces fibres sont exactement à son çgard ce que sont les tirans d'un tambour à la peau qui coiffent cet instrument. En effet, toute peau qui ne serait que placée sur son cy-* lindre ne pourrait ni vibrer , ni résonner : mais elle redevient sonore dès qu'elle est fortement tendue. Tel est l'objet des tirans et le motif qui porte à agir sur cette sorte de garniture avant de battre la caisse. Ces muscles qui recouvrent la membrane tyni- ( 267 ) / panifôrme correspondent donc à cette garniture s ils sont un moyen mis à la disposition des oi- seaux, pour faire qu'un appendice nécessaire du tuyau introductif de l'air dans les bronches, soit exactement tendu et puisse momentanément ser- vir à résonner. Plus ces muscles auront de vo- lume et de puissance, plus ils seront nombreux $ ou mieux, plus ils seront diversifiés relativement à la direction de leurs fibres , et plus aussi la membrane tympaniforme prendra d'aptitude pour la production du son. C'est ce qu'a par- faitement reconnu M. Cuvier,qui a décrit jus- qu'à cinq paires de muscles dans les oiseaux, dont la voix a le plus d'intensité, ou se prête le mieux aux accens les plus variés et les plus enchanteurs. Mais quand ces muscles seraient la seule chose en plus, au bas du conduit aérien des oiseaux, et çonséquemment la seule considération dont on aurait pu s'étayer pour ériger la bifurcation de leur trachée -artère en un larynx inférieur, lequel n'existerait pas dans les autres animaux, ces muscles seraient-ils, pour cela seul, de na- ture à être considérés comme un organe à part? Pour qu'il en soit ainsi , il faudrait d'abord qu'ils se fussent fait remarquer par leur cons- tance , surtout dans une familje aussi naturelle que l'est le groupe des oiseaux : or c'est ce qui (268) n'est pas. Une partie des oiseaux en est, dit-on, privée, et les autres en ont ou une paire , ou trois paires, ou cinq paires. Il faudrait aussi que dans leur manière de se simplifier, ils eussent été sou- mis à la même loi, c'est-à-dire, qu'ils eussent con- servé la même direction et les mêmes points d'at- tache ou d'insertion ; et cela n'est pas davantage. Les six muscles du perroquet diffèrent dans leur tirage et dans leur fonction des dix muscles du larynx des grives. Il faudrait enfin que si les cinq paires de muscles sont par leur nombre dans le cas de contribuer à la perfection du larynx inférieur, les êtres pourvus des mêmes moyens fussent de la famille de ces oiseaux, que nous appelons chanteurs par excellence. Mais si telle est l'organisation de ceux-ci ( les ros- signols, les fauvettes , les grives , les chardonne- rets , les pinsons, les serins, les linottes, les alouettes, etc.), c'est aussi celle des oiseaux dont le chant est uniforme , tels que les hiron- delles , les étourneaux , les gros-becs , les moi- neaux, etc., comme c'est encore celle d'oiseaux dont la voix est décidément désagréable et ne se compose que de cris aigus ou de croassemens sourds , tels que les geais , les pies et les cor- neilles. ( Anat. comp. , t. tk ,p. 4^2 )• Mais , dira-t-on , du moins ces muscles ne sur- viennent pas à la naissance des bronches, sans y (269) produire un événement important. Oui , sans doute, je ne l'ai point dissimulé, dès que j'ai re- connu qu'ils y rendent la membrane tympani- forme propre à résonner. Mais ce serait par trop étendre cette conséquence que de voir en ces muscles des organes créés ad hoc , et finalement des organes vocaux; cette conséquence pouvant conduire à la fausse supposition que les animaux qui en seraient privés, seraient nécessairement et essentiellement muets. On sait positivement que ce n'est point le cas de certains oiseaux qui diffèrent de leurs congénères par la priva- tion de ces muscles. La plupart des espèces dit genre anas n'en ont souvent qu'une voix plus criarde , qu'elles doivent à un autre mécanisme. Les cerceaux cartilagineux du bas de la trachée- artère sont plus développés et y forment une sorte de goitre. Si ces oiseaux veulent crier, ils fléchissent le cou d'une certaine manière , d'où, il résulte que le goitre est tiraillé en tout sens et que les membranes répandues entre ses parties sont fortement tendues. Si nous admettons les règles, à cet égard posi- tives, de la zoologie pour apprécier la valeur de ces considérations, et qu'à cet effet nous recou- rions à la loi dite de la subordination des ca- ractères, nous n'apercevrons là que de fort lé- gères modifications. En effet ; on n'y trouve au- C 270 ) : cime apparence de fixité. Des muscles sont, dit-on, ajoutés en cette partie du tube aérien des oi- seaux | mais ils n'y sont pas de même forme , ou ils varient par leur nombre, ou ils manquent chez la plupart; et s'il y a une circonstance qui supplée à leur absence . elle se rapporte à un dé- veloppement très-irrégulier des cerceaux bron- chiques., avant qu'ils pénètrent dans les poumons. Ainsi , lorsque les circonstances les plus fugitives de l'organisation , comme les couleurs, par exem- ple, se reproduisent encore assez constamment dans les séries naturelles > les voies respiratoires sont dans l'état le plus variable : elles varient d'espèce à espèce , dans quelque genre qu'on les considère, et ce oui est enfin d'une toute autre conséquence , elles varient de sexe à sexe dans là même espèce : tout le monde sait en effet que beaucoup d'oiseaux mâles , tout aussi bien que dans leur plumage , diffèrent en ce point de leurs femelles. C'est dans cette suite d'observations que j'ai pris l'opinion qu'il n'y a d'appréciable chez les oiseaux à la naissance des bronches , qu'une réu- nion fortuite des circonstances dépendantes de causes très-variables. Je ne puis donc voir dans cet aggrégat accidentel un larynx inférieur, tel qu'il a été admis jusqu'à ce jour, puisque des moyens organiques d'une composition aussi sim- ( 271 ) pie , quoique suffisans pour donner lieu à la for-' mation de la voix , ne peuvent , à eux seuls , constituer un organe de premier rang et ne sau- raient être placés sur la même ligne , et, encore moins, opposés au véritable appareil laryngien, vestibule de l'organe respiratoire , formé de piè- ces ayant toutes un caractère déterminé et des fonctions également distinctes et importantes ; à un organe , enfin, aussi remarquable par le mé- rite et le service de chacun de ses élémens , que par leur commun accord et l'appui qu'ils se prêtent mutuellement. Mais si l'on s'est bien pénétré de toutes les conséquences de la doctrine des analogues, on aura à objecter contre ce résultat , qu'il ne sau- rait rien intervenir chez les oiseaux , bien que dans des conditions très - variables , qu'on en doive apercevoir quelques traces dans les autres classes d'animaux vertébrés. La théorie des ana- logues voulant impérieusement qu'on retrouve de même chez ceux-ci quelques paquets de fibres musculaires à la partie postérieure de la bifur- cation de la trachée-artère , j'y ai donc regardé \ et ces recherches faites de concert avec M. le docteur Serres, nous ont présenté une considé- ration en tout point conforme à notre prévi- sion. Nous avons vu dans le taureau, dans le lapin, ( 272 ) et , puis ensuite , autant de fois que nous avons voulu en renouveler l'épreuve, sur l'homme, a Ja région indiquée ci-dessus j un réseau de fibres musculaires étendu transversalement d'un bout de chaque cerceau à l'autre. C'est un épanouis- sement de fibres disposées comme celles des mus- cles peaussiers : leur contraction rapproche les extrémités des cerceaux et diminue au total le diamètre de la trachée. Ce large muscle a été aperçu par la plupart des anatomistes anciens* Il est décrit par Wohlfahrt , dans le recueil des dissertations qu'Haîler à publiées, tome 7 , par- tie 2 3 page a3g ; par d'Heister , tome 2 , page 78, etc* Mais il aurait été méconnu par quelques moder- nes: Gavard.et M. le professeur Boy er en parlent sans paraître y croire , et comme ils le font dans les mêmes termes, l'un a copié l'autre. M. Cu- vier décrit cette structure non-seulement dans l'homme , mais dans certains mammifères où quelques différences d'insertion lui ont paru remarquables. C'est enfin à cette conformation que se rapportent, dans une autre combinaison, des petits faisceaux de fibres musculeuses que Morgagni a appelés du nom de lacerti, et qu'il a vus employés à lier et à rapprocher les car- tilages. Il ne se retrouve de cet arrangement dans les oiseaux que ce qui y était compatible avec la ( ay3 ) conformation cle leur trachée-artère. Les an- neaux entiers de celle-ci excluaient tout liga- ment membraneux à la partie postérieure , de façon, que ne se trouvant plus là d'emplacement où les fibres musculaires pussent se répandre comme dans les mammifères, ces fibres se sont réunies et comme entassées dans le seul lieu chez les oiseaux où existe un large segment mem- braneux , c'est-à-dire sur la membrane tympa- niforme. C'est ainsi qu'on peut concevoir l'ori- gine et l'objet des trois y ou des cinq paires de muscles qui doivent véritablement paraître une chose très - surprenante à quiconque les aperçoit sans en avoir suivi les transformations. Ces mêmes muscles sont d'un bien autre in- térêt dans la théorie des analogues, s'il est vrai. (ce dont je ne doute pas ) qu'ils n'interviennent dans la plupart des oiseaux que comme y offrant les vestiges rudimentaires d'un système muscu- laire ailleurs plus complet, plus essentiellement utile et parvenu à son maximum de développe- ment. Je regarde ces muscles dans les oiseaux comme les analogues dessinés en petit de mus- cles beaucoup plus grands, qui dans les poissons écartent ou ramènent les osselets dont se com- posent les arcs branchiaux. Mais je m'arrête jQi'étant déjà trop appesanti sur des réflexions 18 (274) auxquelles on peut justement reprocher d'être étrangères à l'objet de ce premier ouvrage. Toutefois il suffît de ces aperçus pour mon- trer l'identité de composition des trachées-artères des mammifères et des oiseaux. Dans les deux classes , nous avons membrane et muscles : ce qui se rapporte nécessairement au plus ou moins de longueur des cerceaux cartilagineux, puisque de cette ordonnée dépend l'étendue superficielle de la membrane et de ses muscles. La conséquence à déduire de cette observation est que, s'il fallait continuer à se servir de la dé- nomination de larynx inférieur , on devrait ce nom aussi bien à la subdivision de la trachée- artère des mammifères qu'à celle du tube aérien des oiseaux. Mais nous croyons l'avoir démontré plus haut; ce nom est entièrement à rejeter , comme s'ap- pli quant à une chose qui n'a point rang d'appa- reil, comme renfermant un mot détourné de sa véritable acception , comme embrassant sous un point de vue général des circonstances d'organi- sation étrangères les unes aux autres; et comme attribuant enfin à une organisation spéciale et rapportant faussement à une création ad hoc des résultats organiques qui font partie d'une toute autre composition. { 275 ) $. IX. Du Larynx, considéré cV abord comme formant la première couronne du tuyau introductif de l'air dans les poumons > et ensuite comme of- frant dans beaucoup d'animaux une réunion de moyens favorables à la formation de la voix. Nous avons vu dans le précédent paragraphe que tous les anatomistes se sont accordés à trai- ter des organes de la voix dans des articles sé- parés ; que sous ces titres de chapitres > ils ne se sont occupés que du larynx et de ses dépen- dances; qu'ils ont indifféremment et tour-à-tour employé comme termes synonymes les expres- sions de larynx et d'organes de la voix ; et qu'ayant trouvé que le cri des oiseaux était pro- duit , non vers le haut , mais à l'extrémité infé- rieure de la trachée-artère, ils ont eu recours, pour désigner cette modification sans rien chan- ger au système de nomenclature en usage > à la même dénomination de larynx, croyant seu- lement donner, dans ce dernier cas, plus de ra- pidité à leur langage , en substituant à la péri- phrase, organes inférieurs de la voix , le nom de larynx interne ou de larynx inférieur. Mais d'après ce qui précède aussi , nous som- mes encore informés que le larynx inférieur est ( 276 ) un être de raison dans l'acception particulière de ce mot , qu'il n'y a point à la base de la trachée- artère d'appareil spécialement constitué pour la formation de la voix, mais que les moyens orga- niques, d'où cette fonction résulte quelquefois et, dont l'existence constatée avait fourni le pré- texte de ces suppositions premières, ont un tout autre but , puisqu'il n'y a , à l'extrémité du tuyau introductif de l'air dans les poumons, d'objets essentiels et conséquemment d'objets à embrasser sous un point de vue général, que ce qu'il en faut en membranes aponévrotiques , en parties cartilagineuses et en fibres musculaires, pour for- mer les cloisons du double embranchement dont les bronches sont la prolongation. Nous avons vu pareillement que c'est pour avoir été guidé par des sentimens puisés plutôt dans l'ordre moral et dans nos rapports de so- ciété , que dans de solides et véritables consi- dérations, qu'on a présenté le larynx proprement dit , ou le larynx d'en haut _, comme destiné à la voix, comme l'organe principal de la voix. Cependant nous ne ferons pas difficulté de le redire ; en nous dépouillant de tout préjugé pour nous en rapporter au témoignage de nos sens, nous ne pouvons apercevoir dans cet organe qu'une première couronne de la trachée-artère, a la vérité , dans un ordre si régulier et dans un ( 277 ) système si bien combiné, que toutes ses parties tendent à devenir au profit de l'appareil res- piratoire le vestibule de celui-ci. Telles sont les fonctions réelles et essentielles du larynx, que je désignerais volontiers par le nom de fonctions vitales , à raison de leur im- médiate application à l'entretien de la vie. Je ne puis en effet concevoir d'organe respiratoire plongé dans l'air , et par conséquent d'économie animale , sans le larynx comme il est conformé, sans l'utile intervention de ses pièces , sans ce développement de moyens qui agissent distinc- tement et avec discernement pour admettre les fluides , qui > circulant dans les deux sens , s'en- gagent et se dégagent dans l'acte de la respiration, et pour repousser , sentinelle avancée et tou- jours prête en cas d'événement, pour repousser, dis-je, toutes choses étrangères et contraires aux intérêts de l'organe pulmonaire. Des fonctions aussi déterminées et aussi im- portantes font donc du larynx un organe de premier rang. C'est l'opinion qu'on est aussi dis« posé à en prendre , en le considérant sous un autre rapport , c'est-à-dire , en lui appliquant nos lois zoologiques connues sous le nom de la subordination des caractères. Car s'il doit nous paraître d'autant plus considérable , qu'il joue un ( s?8 ) plus grand rôle dans l'organisation et qu'il se re- produit suivant une combinaison plus constante, mous serons dans le cas de remarquer que peu d'organes devront lui être préférés , à raison de ces avantages. Non- seulement le larynx existe dans tous les animaux vertébrés, mais.il s'y mon- tre avec une constitution fixe , du moins quant à l'essentiel de ses attributs } ce qui embrasse le nombre , la distribution , les connexions et les fonctions des matériaux qui le composent. Le thyroïde forme la carène ou le ventre de l'édifice : maintenu par l'hyoïde, il sert de point d'appui (i) aux pièces de la couche supé- rieure et leur offre en dedans de sa partie con- cave les avantages d'un bassin. Ces pièces y de- meurent soutenues sans difficultés, comme elles y existent sans le besoin d'une articulation par engrenage. La couche supérieure, composée du cricoïdeet de ses suffragans , est susceptible d'un mouvement général , au moyen duquel cette (i) Le docteur Magendie Fa ainsi exprimé avant moi : « Le tîi)Troïde est fixe relativement au cricoïde , ce qui fi est contraire à ce qu'on croit généralement. » {Précis de Phys. i , p. loi. Cette circonstance est surtout bien manifeste dans les oiseaux. (279) couche s'abaisse sur le thyroïde, en même temps, qu'elle se porte un peu en avant chez les mam- mifères, et en arrière chez les oiseaux; espèce de mouvement de va et vient, dont la quantité est proportionnelle à la grandeur des mem- branes et des ligamens qui attachent les deux couches. Entre- 1- il dans les convenances de ranimai de fermer son larynx, ce mouvement par abais- sement est déjà un premier produit pour en di- minuer la capacité ? Les arythénoïdes , qui ne sont évidemment qu'une dépendance et comme les ailes du cricoïde, ajoutent à cet effet , en se portant l'un au- devant de l'autre : puis s'ajou- tent aussi efficacement les résultats fournis par les cartilages de Santorini , qui , formant vers le le haut et en dehors les lèvres d'une seconde glotte , se rapprochent , se touchent et adhèrent pour ainsi dire ensemble; et, comme si ce n'était assez de ce concours d'actions et de l'emploi de ces moyens, il reste encore l'épiglotte, qui, re- tombant à la manière d'un couvercle à char- nière, se pose sur l'orifice de l'appareil, et con- tribue ainsi à le fermer hermétiquement. Toutes ces pièces , soit pour ouvrir , soit pour fermer le larynx, sont mises en jeu par plusieurs muscles , sur divers points de leur surface exté- rieure. Il n'est pas de mon sujet d'en traiter ici ( 280 ) et je renvoie à leur égard aux ouvrages qui s'en sont occupés. Mais ce que je ne puis de même omettre de faire remarquer i c'est l'accord parfait qui règne entre tant de parties si diverses , l'enchaî- nement des circonstances qui établissent leurs relations , la propriété distincte de chacune , et la fonction générale et importante qui en ré- sulte pour l'ensemble. Dans une composition d'un si grand effet sur l'appareil respiratoire , dans un assemblage de parties si constantes, quand tout d'ailleurs est susceptible des plus étranges variations , et dans des soins donnés avec une prédilection aussi marquée, je ne puis ne pas voir une destination primitive. Le la- rynx est le lieu des vouloirs de l'organe res- piratoire, ou mieux il est la réunion de ses plus zélés serviteurs. 11 n'y a rien là d'accidentel; tout me paraît au contraire marcher parfaite- ment à son but ; de telle sorte que si j'avais à donner une définit ion du larynx , où je dusse plus particulièrement faire entrer l'expression de sa fonction , je ne me ferais pas de difficulté de le présenter comme un cornet cylindrique, formant à propos le vestibule de l'appareil pec- toral et conformé de façon à pouvoir permettre, à l'exclusion de toute autre chose, une libre en- ( 2Ô1 ) trée et eur sortie , aux gaz qui circulent dans les voies respiratoires. Mais, dira-t-on, dans ce qui précède, il n'est nullement question des ligamens de la glotte , dont Ferrein a fait ses cordes vocales dans un ouvrage justement estimé et imprimé parmi les Mémoires de l'Académie des Sciences pour l'an- née 1741 3 et on n'aurait pas mentionné davan- tage les replis laryngés et les ventricules de la glotte , sur lesquels plus anciennement dans les mêmes Mémoires, en 1700 , Dodart a principa- lement insisté , et dont il a cru que se composait l'organe vocal de l'homme. Je n'ai point oublié, mais j'ai négligé ces cir- constances , parce que , dessinant les traits géné- raux de l'appareil laryngien , je ne devais pas encore m'arrêter à ces détails minutieux , bien qu'ils soient utiles dans quelques espèces et qu'ils y deviennent les traits caractéristiques de certaines familles. Les oiseaux n'ont ni ces replis , ni ces ligamens ; ce qui provient de ce que chaque pièce de leur larynx est complètement articulée bord pour bord , qu'il n'y a rien là d'indécis , qu'aucune membrane n'excède la ligne des su- tures, et que la couche supérieure est par rap- port à l'inférieure , comparativement à ce qui se voit dans les mammifères, plus descendue et beaucoup plus reculée en arrière. ( 282 ) Rappelons -nous que le ericôïde est dans les mammifères plus élevé et plus saillant en avant ., et que ses articulations avec le thyroïde ont lieu par arthrodie et seulement sur quelques points. Quel résultat ces circonstances auront-elles ame- né ? rien de plus, ce me semble, qu'un dévelop- pement et un engorgement des membranes ré- pandues sur les deux couches, développement d'autant plus grand et replis d'autant plus abon- dans,que le cricoïde aura été entraîné plus avant y et rien de plus aussi, que de forts tendons qui se seront prolongés d'une couche sur l'autre 7 pour y devenir des ligamens propres à les atta- cher l'une à l'autre. Ainsi ces moyens sont, fina- lement dans les mammifères, des résultats obli- gés de la principale modification de leur larynx, et ils se bornent à donner à celui-ci le carac- tère d'une œuvre où tout a été prévu > tant pour faciliter le jeu de chacune de ces pièces 7 que pour en prévenir la désunion. En insistant sur cette dernière conséquence, ce n'est pas que je répugne à examiner les moyens organiques qui s'y rapportent sous les mêmes points de vue que l'ont fait les grands maîtres dont je viens de rappeler les travaux ; et bien moins encore, que je songe à nier l'influence et l'usage de ces moyens dans la formation de îa voix. Je me suis, en cela, tout simplement; I ( 283 ) proposé d'arriver à ces considérations par une marche plus méthodique, de me défendre de toute idée systématique, et, en ayant toujours à la pensée que dans tout ceci il ne doit être question que d'organisation , de ne m'en point laisser imposer dans une explication des phéno- mènes de la voix par l'autorité accablante de leur importance dans l'ordre moral. Rappelons-nous d'abord qu'il n'est rien dans la formation de la voix qu'on puisse et qu'on doive rapporter aux propriétés de la vie, si ce n'est une action générale des muscles sous le rapport d'une première impulsion et de la du- rée de la tension des parties. On sait que Ferrein a établi cette proposition par une expérience directe et positive, en remplaçant l'action mus- culaire par un procédé mécanique : il est par- Venu, en souflant dans des trachées-artères, à faire résonner le larynx. Il existerait donc dans le larynx des mam- mifères un ensemble de circonstances qui , sans préjudiciel- au but principal de l'appareil et sans contrarier le cours de ses hautes fonctions, en appliquent en outre toutes les parties à un autre usage et les rendent propres à produire du son. Dès que cette influence n'agit que dans certains animaux , lorsque tous ont l'organe respiratoire également pourvu de la même embouchure > il ( 284 ) \ suit que ces circonstances , qui rendent ainsi certaines parties du larynx aptes à devenir un excellent instrument musical , tiennent à fort peu de choses comme détails organiques, et n'y réussissent que par un accord et un concours de choses bien difficiles à rencontrer. En effet, aussi! ôt qu'une des plus petites de ces circons- tances, favorables à la formation de la voix^vient à manquer, le timbre de l'instrument perd de sa qualité, et comme ces altérations deviennent fréquentes et que dans le vrai l'instrument vo- cal varie dans la même espèce selon l'âge, le sexe et la constitution habituelle ou momenta- née des individus , il faut bien que ces modifica- tions n'affectent que les choses les plus fugitives de l'organisation. Quelles sont-elles? ou plutôt examinons sous quelles conditions particulières le larynx des mammifères, dont nous venons de décrire les pièces et d'indiquer les usages, acquiert une nou- velle fonction et devient un instrument pour la voix. $. x. Du son et des conditions nécessaires pour sa production dans les instrumens de musique. Reprenons les choses de plus haut et ne crai- gnons pas d'aller puiser nos renseignemens aux ( 285 ) sources mêmes d'où se répandent les rayons sonores. Y a-t-il, ou non, une matière propre du son? - Sachons d'abord quelle idée nous en donne la physique dans l'état présent de ses connaissan- ces. Le son , suivant que l'expose mon respec- table maître et savant collègue, M. Haùy (i),dans sa Physique y t: i , /?. ^5o, naît d'un mouvement vibratoire imprimé par la percussion aux molé- cules des corps. On conçoit comment une corde qui a été pincée, va et revient alternativement au-delà et en-deçà de sa première situation par un mouvement de vibration qui provient de son élasticité : puis Ton regarde comme certain que les molécules de l'air contiguës aux diffé- rens points de la corde prennent des mouvemens (1) La fortune, dans sa bizarrerie, a fait que je suis devenu le collègue de M. Haiïy dans ses trois emplois , à l'Académie des Sciences, au Jardin du Roi et à l'Ecole Normale ; mais c'est ce que ma respectueuse déférence pour ce savant si célèbre et si justement admiré de l'Europe n'a jamais pu admettre. Je respecte et j'honorerai toujours en lui mon premier maître , qui , de son propre mouve- ment et par suite de son inépuisable bienveillance pour tous ceux qui ont le bonheur de l'approcher , voulut bien assurer mes premiers pas par ses conseils et m'inlrodinre, en me facilitant l'étude de la minéralogie , dans la carrière des sciences naturelles. ( 286 ) semblables a ceux de ces points ; et cette der- nière hypothèse admise, on suppose que chaque molécule communique du mouvement à celle qui est derrière, celle-ci a une troisième , et ainsi de suite , jusqu'aux molécules qui sont en con- tact avec le tympan de l'oreille. Mais si c'est l'air , par un enchaînement de vibrations , qui s'en vient agir sur cette membrane et par contre- coup sur le nerf auditif, quelles sensations croit- on qu'il en résulte ? le son à l'égard de l'oreille , répondent unanimement les physiciens. Cependant je ne vois pas que c'en soit la con- séquence immédiate : je ne puis , dans l'hypo- thèse donnée , qu'avoir la sensation des vibra- tions de l'air, c'est-à-dire, celle de vibrations for- tes ou faibles, rapides ou lentes; mais rien, dans cette hypothèse , n'indique , ce me semble , de changemens dans les molécules de ce fluide, et de modifications dans sa nature , autres que celles d'un mouvement ondulatoire : or, il y a loin de ce résultat à celui réellement acquis par l'oreille , la perception nette et précise des sons propres à tous les timbres. En même temps , je suis , à l'égard de cette théorie, effrayé de tous les transports d'air qu'il faut admettre , et je cherche à m'expliquer com- ment tous ces déplacemens peuvent se croiser et résister à la direction , donnée par le vent ( a87 ) régnant , à toute la masse atmosphérique. Si les vibrations des corps sonores se propagent par suite de déplacemens d'air , comment concevoir en effet que dans un concert de plusieurs voix et de plusieurs instrumens, qui rendent à la fois des sons de divers dégrés , ces déplacemens de l'air ne se détruisent et ne se déroutent point par leur choc mutuel ? On paraît persuadé que toute production du son est l'effet de vibrations de Pair , et on croit démontrer que l'air est décidément le véhicule du son par l'expérience d'un mouvement d'hor- logerie qu'on fait résonner alternativement dans l'air et dans le vide. L'expression de véhicule du son appliquée à l'air s'est donc trouvée consa- crée du moment qu'on fut informé , par cette expérience, que la percussion des timbres était d'un effet nul pour l'oreille dans le vide: cepen- dant on en vint depuis à savoir que le son était aussi transmis par les corps solides. Qu'on frappe à l'extrémité d'une poutre avec une tête d'épingle , ce choc est entendu à l'autre bout. Des mineurs , s'ils veulent faire communi- quer deux portions de galeries se dirigent respec- tivement sur le bruit de leurs marteaux. Enfin , une seule percussion dans des carrières produit, suivant M. Hassenfratz, deux sons distincts, l'un plutôt arrivé , transmis par la pierre, et l'autre par ( 288 ) l'air: c'est cette expérience que M. Biot a répétée sur une certaine longueur de tuyaux métalliques ? et d'où il a conclu qu'avec un pareil conduc- teur , le son circulait dix fois plus vite que dans l'air. ( Précis de Physique , tome 1 , page 521 ). D'après cette indication, je suis moi-même re- venu à l'expérience du mouvement d'horloge- rie dans le vide , en variant l'expérience ainsi qu'il suit. Py ai procédé, en faisant usage d'une cloche pénétrée par une tige métallique que j'étais le maître de soulever ou de descendre sur les timbres. Le mouvement dont je me suis servi était composé de six timbres qui sont suc- cessivement frappés par six marteaux corres- ponclans. A chaque application de la tige sur un timbre , celui-ci transmettait au-dehors le son fourni par son battant : ce son y parvenait avec tout le caractère et surtout avec la même inten- sité que si l'événement se fût passé dans Pair libre, c'est-à-dire, qu'on entendait le son d'une cloche cassée , l'application de la tige sur le tim- bre ayant pour effet d'intercepter tout mouve- ment vibratoire , et par conséquent de procurer cette qualité défectueuse du son. Si je venais à sou- lever la tige , le son ne se manifestait plus , en sorte que tout se passait comme s'il se fût agi d'un fluide qu'il était en mon pouvoir ou de soutirer ou de délaisser. Il n'était pas nécessaire qiue ( 2% ) j'approchasse l'oreille de la verge métallique ^ le son amené par ce conducteur se répandant dans l'atmosphère et se manifestant à l'oreille .en suivant cet autre conducteur. Ce n'est point ici le lieu d'entrer dans plus de développement à ce sujet : je ne pourrais que répéter et redire alors d'une manière bien moins lumineuse ce que mon savant collègue M. de Lamarck me paraît avoir si victorieusement éta- bli dans son Mémoire sur le son , imprimé en Tan 10. ( Voyez son Hydrogéologie , page 235). . On est forcé de reconnaître avec ce célèbre naturaliste que les vibrations de l'air sont inad- missibles comme formant l'unique cause des per- ceptions dont on sait notre oreille susceptible , et qu'il existe, pour nous donner l'idée des sons divers qui nous affectent à chaque moment, un produit matériel à part, une sorte de fluide qui a le même mode de circulation, que tous les fluides élastiques qui se manifestent dans les phé- nomènes de l'électricité , du magnétisme et du galvanisme. Mais quelle est cette matière? je vais avoir le courage de dire ce qu'il m'en semble. Je sais que je ne suis point placé pour faire autorité dans de pareilles questions et que j'ai , dans cette entreprise, bien plus à craindre qu'à espérer: je ne m'aveugle donc point et en cédant à l'en-! 19 ( 290 ) , I traînement de mon sujet , je ne me dissimule point tous les motifs que j'ai de demander grâce pour tant de témérité. Je crois à une matière du son ; je la vois tan- tôt fournie par l'air atmosphérique uniquement et tantôt par Pair et le concours des fluides in- terposés entre les molécules des corps solides ; et de plus, dans l'un et l'autre cas, elle me pa- raît susceptible d'être ramenée à une même con- sidération, ces fluides se trouvant avoir le calo- rique pour dissolvant commun. Ayant long-tems médité sur les causes de la contraction musculaire, j'en ai trouvé une expli- cation, ainsi que de beaucoup d'autres phéno- mènes du même rang en physiologie, en admet- tant comme un fait que le calorique est un corps composé de sept élémens primitifs, différem- ment et pondérables et oxigénables, pondérables en raison directe et oxigénables en raison in- verse; que la lumière est du calorique faiblement oxigéné ; etc., etc. Je ne puis ici faire connaître les nombreuses recherches qui m'ont conduit a ces hypothèses : je reste dans mon sujet et ne parlerai que de la matière du son. Tous les corps la peuvent produire : mais il en est qui la donnent sous des conditions, d'où résulte une harmonie qui plaît à l'oreille , c'est- ( 29i ) à-dire , sous des conditions précises qu'on petit apprécier et que par conséquent il nous importe d'examiner : tels sont les instrumens de musique. L'un de ces instrumens , la flûte , a fait dire avec raison à M* Biot ( phys. 1 , p. 55g ), que l'air se conduisait à son égard , comme si ce fluide en était le corps sonore : comme c'est aussi l'air qui propage le son > il en résulte ( ce qui simplifie beaucoup le problême), que tout se passe d'air à air et qu'un instrument à vent de ce genre n'est qu'un moyen à notre disposition > pour diriger des portions d'air sur d'autres , et pour mettre par-là les unes et les autres dans des rap- ports favorables à la production du son. S'il en est ainsi > la question se réduit à re- chercher sous quelles conditions ces instrumens à vent exécutent leurs fonctions. Or l'observation nous fait connaître qu'il y a production du son, si de l'air est d'abord con- densé et trouve ensuite à se briser. Tel est effec- tivement l'objet de la flûte. Sa première portion offre une fente en lame ayant deux issues , et la seconde, un tuyau perforé et coupé en biseau à.v «on commencement, de façon que le biseau cor- responde précisément à l'issue par où l'air est chassé. La mise en jeu de l'instrument donne ceci en résultat : il est soufflé plus d'air que n'en peut ( ^ î librement contenir la fente. L'impulsion y en accumule au-delà de sa capacité , et remplit ainsi l'une des conditions cherchées : la fente contiendra une lame d'air d'autant plus conden- sée que l'impulsion pour l'y introduire aura été plus grande. Mais à l'autre issue de la fente , cette lame d'air rencontre le tranchant d'un bi- seau : dans le mouvement rapide qui l'entraîne y elle vient se briser sur cet obstacle. Les physiciens ont observé que la matière de l'instrument était indifférente : une flûte de bois, de cuivre, de verre ou de papier, donne le même son : une flûte en effet tient de sa forme son existence. Cette forme est ce qui importe dans un pareil instrument, parceque tout l'évé- nement qu'il produit se passe dans l'air , et que l'instrument n'est lui-même qu'un procédé, pour captiver plusieurs colonnes d'air et pour les gou- verner les unes à l'égard des autres. Mais après avoir raconté ce qui se passe réel- lement, quand l'air , condensé au point de dé- part, se brise plus loin sur le taillant d'un bi- seau , il reste à établir comment ce concours de circonstances donne lieu à la formation du son. Je sais qu'on croit avoir , par-là , excité , en un des points de la colonne d'air contenue dans le tuyau de la flûte , une succession rapide de condensations ou de dilatations alternatives, ( *& ) qu'on suppose se convertir en ondes sonores : mais tout cela est allégué sans preuves. Il est visible que si l'on commence par condenser de l'air , il y a tout aussitôt dilatation par son brise- ment 5 expression au surplus dont Dodart , un des premiers, s'est très-à-propos servi , puisqu'elle exprime un fait qui se manifeste à nos sens. Ce brisement de l'air entraîne une désunion des molécules : il achève de faire ce que la condensation avait déjà commencé. Mais ce trouble dans la superposition ou dans l'arrange-* ment des molécules, à quel phénomène le rap^ porter ? je n'hésite pas de répondre ; à une po- larisation , comme celle de la lumière , c'est-à- dire, et en tous points, au même phénomène, dès que la polarisation de l'air , et celle de la lumière , sont dues à l'action et à la subdivision du même élément, le calorique (i). Une masse d'air dans l'état naturel est donc, (1) Le mot de polarisation a également été consacré pour expliquer un état particulier de l'eau soumise à l'ac- tion de la pile : dans cette expérience , annonce M. Grot- tliuss 3 des particules d'eau se polarisent de manière que leurs molécules d'hydrogène deviennent positives et que leurs molécules d'oxigène deviennent négatives. 'M. Thé»- ïiard adopte cette théorie en son article Électricité , Traité de Chimie, tome 1 , page 108. ( ^ ) si je ne me trompe , un fluide formé des molé- cules 0,0,0, etc. , dissoutes par le calorique , corps lui-même , d'après ma donnée hypothé- tique, composé de sept principes , a,b, c , dy e ? f, g ; et cette masse d'air dans sa polarisation serait ce même fluide dans l'état de désunion des molécules caloriques , c'est-à-dire , serait sept fluides distincts , qui , si nous continuons à nous servir des indications nominatives ci-dessus, se- raient exprimés par les lettres Oa, 06, Oc, Or/, O e, Ojf, O g, pendant le court moment de leur séparation , c'est-à-dire, autant que dure le phénomène de leur polarisation. Chacun d'eux, s'ils sont tous renfermés dans un tube , s'y arran- gent parallèlement, selon un ordre qui est réglé par leur diverse attraction pour les parois de ce tube, ou ce qui revient au même , par leur capa- cité de pondération. La colonne d'air étant ainsi changée en co«* lonnes partielles de diverses longueurs , il en résulte qu'une de ces colonnes a plus d'apti- tude pour s'échapper par l'un des trous du tuyau : si une telle ouverture correspond au fluide O a, je suppose, ce fluide s'échappe seul et frappe notre oreille d'un son , qui se trouve être l'un de ceux de l'échelle musicale. Dans ce cas, l'oreille a un terme de compa- raison. En effet, si l'air est dans son état natu- ( 29$) rel ; c'est-à-dire , s'il est dissous par un calorique entier, l'oreille plongée dans son fluide habi- tuel reste dans l'indifférence : rien ne l'excitant, elle ne ressent rien dont elle puisse être impres- sionnée. Au contraire , les impressions lui arri- vent , quand il lui parvient une subtance frac- tionnée , un fluide modifié , une chose enfin dont par comparaison elle puisse acquérir une connaissance distincte. Cependant ce n'est point par un simple écou- lement de la matière O a , dans le cas supposé , et uniquement par un acheminement à l'oreille, favorisé par l'air général agissant comme corps conducteur, que la perception de ce fluide peut être acquise par les nerfs acoustiques : il se passe en outre, entre le départ de O a et la perception du son par l'oreille, un événement dont je ne saurais rendre compte qu'en traitant des phé- nomènes de l'électricité : je ne le puis ici , et je me borne à poser en fait , qu'une union de l'air extérieur et de l'air polarisé qui sort par un des trous d'un tuyau de flûte > forme la ma- tière du son. On m'objectera peut-être que je reproduis une ancienne opinion et que je ne fais en cela qu'adopter l'idée de Mairan, qui supposait l'air formé de particules d'une infinité de grosseurs différentes , dont chacune n'était capable que de ( 29G ) recevoir ou de transmettre les perceptions re- latives à un ton particulier. Ainsi , lorsque plu- sieurs sons concouraient dans une même har- monie ou de toute autre manière, chacun d'eux ne s'adressait qu'aux particules qui étaient à son unisson et exerçait sur elles une action indépendante de celle que subissaient les molé- cules d'un diamètre différent : Mairan , il est vrai _, expliquait de cette manière le croisement des sons dans tous les sens. Te ne nie point la ressemblance des deux sup- positions : mais la mienne a du moins sur l'autre , l'avantage de donner un aperçu plus précis et plus rigoureux des variations moléculaires de l'air. Quoiqu'il en soit, la connaissance de ce qui précède nous donne une idée des conditions (1) qu'il faut nécessairement rencontrer dans une flûte pour la rendre propre à la production du son. La flûte traversière offre le même système que la flûte à bec , sauf que dans celle - là le biseau est en dehors à l'ouverture même nom- mée embouchure , et que la première partie de » i ' .... 1 1 . — (1) Condensation , brisement et isolement d'une co- lonne d'air, telles sont, je le répète, ces conditions dé- pendantes de la fente , du biseau et du tuyau de la flûte à bec. ( *97 È la flûte à bec , destinée à opérer la condensation de l'air, est suppléée dans la flûte traversière par les lèvres du joueur. Les conditions pour la production du son dans les instrumens à cordes dépendent d'autres causes et en même temps de causes plus faci- lement appréciables. On s'est donc beaucoup plus occupé de ceux-ci que des .instrumens a yent , et l'on est aussi arrivé, à leur sujet, beau- coup plus vite à une théorie explicative des faits. Le son dans les instrumens à cordes dépend d'un mouvement vibratoire imprimé aux cordes de l'instrument. Toutes les parties du corps vi- brant éprouvent alors un léger mouvement d'os- cillation , dont l'effet est de porter à la surface du corps une grande partie du fluide inlernosé entre ses molécules. Ce fluide essentiellement consti- tué, comme dans tous les cas d'attraction molécu- laire, par des élérnens assimilés et combinés sur ceux du corps vibrant , et composé par consé- quent de calorique dans son état de subdivision, se mêle aux molécules de l'air environnant et en opère la polarisation. Une corde en vibra- tion a cette action sur de l'air polarisé, qu'elle cbange l'ordre de superposition des molécules des couches environnantes pour les disposer tout le long et autour du corps vibrant dans ( *}8 ) Fordre de leur pondération respective : dans cet état de choses , tous les segmens longitudinaux du cylindre d'air polarisé , dont le corps vibrant forme l'axe > peuvent être considérés comme autant de séries de molécules , qui , de même que si elles formaient autant de cordes à part , suivent le mouvement du corps en vibration. Mais dans les considérations de ces effets , il ne faut pas oublier qu'elles ne peuvent toutes le faire avec une égale vitesse. Le corps vibrant , entraîné par sa première impulsion a un mouvement plus accéléré que les ondes auxquelles il a commu- niqué son mouvement oscillatoire, celles-ci étant naturellement retardées par l'attraction qu'exer- cent sur elles les couches d'air situées en dehors du lieu de la scène. De là , il arrive qu'il est un moment , où des files d'air polarisé , se portant de gauche à droite, rencontrent, allant au con- traire de droite à gauche, non-seulement le corps vibrant, mais de plus, dans la même direction, d'autres files d'ondes polarisées, plus voisines de la corde en vibration et par conséquent moins retardées par l'attraction presque nulle de l'air ambiant. Différentes parties d'air polarisé , ve- nant ainsi à se croiser, donnent lieu au même phénomène , dont j'ai dit plus haut que je ne saurais rendre compte qu'en exposant de nou- velles vues sur l'objet de l'électricité. Je me ( 299 ) borne donc, comme précédemment, à énoncer un fait : ce phénomène rend l'air sonnant , parce que la matière du son est alors produite. La quantité de ce produit pour une seule corde est fort peu considérable : mais elle augmente, si cette corde est placée sur ce qu'on est dans l'usage d'appeler un corps sonore. Celui-ci est toujours un corps très- élastique et qui doit à cette propriété celle de ressentir en quelque sorte et de répéter les vibrations d'un autre corps placé dans son voisinage. Dans le violon, le corps sonore est la couche supérieure du corps même de l'instrument : c'est la table dans un forté-piano ; et dans les harpes , ce sont les lames intérieures de la grosse partie du cadre. Ces lames minces et éminemment élastiques, frémissent , comme on le dit vulgairement, sous l'influence des cordes voisines mises en vibra- tion. Il se passe sur le corps sonore le mêuie événement qu'à l'égard des cordes : le corps so- nore devient un autre foyer , d'où rayonnent des molécules d'air polarisées ; et comme deux masses de ces molécules ne peuvent être en pré- sence sans céder à l'attraction que des molécules toutes semblables et se présentant par les mêmes faces, ont essentiellement les unes pour les au- tres, elles courent chacune au-devant de sa sem- blable : elles donnent ainsi lieu au phénomène, ( 5oo ) d'où résulte la matière du son. Cela se passe alors avec d'autant plus d'efficacité pour l'inten- sité du son, que plus d'élémens concourent à la formation du phénomène. Je crois en avoir assez dit pour qu'on ne puisse se méprendre sur les conditions indispensables à observer dans la construction des instrumens à cordes. On voit qu'il ne suffît pas de se pro- curer des cordes, et de fournir à celles-ci un point d'appui pour les recevoir et des chevilles pour en opérer la tension : un corps sonore n'est pas moins nécessaire ; il est l'objet principal de l'instrument , celui dont la construction exige le plus d'art : il sert à augmenter les masses d'air amenées à l'état de polarisation , et, en multi- pliant les produits, il renforce le son. De la qualité du corps sonore dépend la qua- lité de l'instrument; il en donne le timbre. En effet chaque violon parle diversement : une oreille exercée distingue les sons propres à cha- cun. C'est que les molécules caloriques de l'in- térieur des tables polarisent l'air à leur manière et suivent une combinaison relative à la nature des corps où elles sont distribuées. L'oreille, à l'égard des instrumens à cordes, a donc deux perceptions distinctes, quoique si- multanées, à acquérir ; savoir , la connaissance des propriétés particulières de l'instrument qui C 3ot ) rend des sons, ou de son timbre, et celle de la pondération respective des molécules transmises aux nerfs acoustiques , qui répondent par leurs variétés aux divers degrés de l'échelle diato- nique, ou la connaissance du ton particulier du son. Au contraire l'oreille, au sujet des instru- mens à vent, n'a réellement à distinguer que le ton particulier, le timbre^ quelque soit la ma- tière de ces instrumens, étant le même pour tous : nous avons fait plus haut la remarque que ces instrumens n'ont pas de ressort en eux-mêmes et n'exercent d'influence que pour gouverner des colonnes d'air et les diriger d'une certaine ma- nière sur l'air ambiant. L'instrument à anche forme une troisième es- pèce , qui tient des deux que nous venons d'exa- miner, mais qui cependant rentre plus particu- lièrement dans l'instrument mis en jeu par un mouvement vibratoire. En effet une clarinette existe sous les mêmes conditions qu'un instru- ment à cordes : l'air qui remplace l'archet , fait vibrer la languette de l'anche, comme l'archet, les cordes d'un violon. Le corps de l'anche et le jcorps du violon se correspondent exactement sous les rapports de situation et de fonction. Comme il y a deux espèces de flûtes sous le rapport du porte -vent , il y a de même deux instrumens à anche relativement à leur embou- N ( 502 ) \r cîiure. En effet l'anche n'est pas toujours cons- tituée , ainsi que dans les jeux d'orgue, par une languette qui vibre au-devant de son èchalotte $ demi-tuyau plus épais et plus résistant ^ ou le premier corps sonore de l'instrument : elle est quelquefois, comme dans le cas d'une anche de basson , formée par deux languettes semblables ou deux lames rectangulaires légèrement con- caves , évasées extérieurement , plus étendues en largeur, et d'une épaisseur , pour chaque lan- guette 5 qui répond à la demi-épaisseur des deux parties réunies des anches de l'orgue* Ces deux lames, du côté par où elles sont adaptées au porte-voix , sont attachées l'une à l'autre > et de façon que leur concavité soit en rapport. Dans cet état de choses ^ l'anche du basson se ramène à un mode plus général de conforma- tion : je trouve effectivement à en rapporter les deux lames à deux tables d'harmonie $ elles- mêmes susceptibles d'être considérées sous deux aspects :carj d'une part, ces lames correspondent aux deux pièces des anches de l'orgue et se servent respectivement et alternativement de lan- guette et d'échalotte , et d'autre part , elles rap^ pellent jusqu'à un certain point une partie des matériaux dont se composent les instrumens à cordes, se présentant comme deux plans de libres longitudinales , ou comme une réunion de cor~ ( 5o3 ) des, susceptibles, d'une lame à l'autre, d'éprou- ver des vibrations analogues et de renforcer le son par cette communauté d'efforts. Ainsi , l'anche présenterait les considérations d'un instrument à cordes sous le rapport des vibrations qui naissent à la suite d'une percus- sion , et celles d'un instrument à vent sous celui de l'action de l'air, en tant que le ressort de l'air tient lieu d'archet pour exciter les vibrations (i). L'instrument à anche serait donc un être mixte, tenant de la nature de l'instrument à cordes et de l'instrument à vent proprement dit, et te- nant peut-être un peu plus du premier, quant à la production du son. (1) M. Dutrochet, dans sa thèse inaugurale , ayant pour titre : Essai d'une nouvelle théorie sur la Voix , imprimée dans le Recueil des thèses de la Faculté de médecine de Paris , en juin 1806 ; s'est d'abord occupé des instrumens de musique et l'a fait avec la sagacité et la précision qui distinguent le talent de cet habile physiologiste, a Tous nos instrumens de musique sont , suivant lui ? unique- ment composés de corps vi brans ou de tuyaux sonores : ce qui forme deux classes distinctes d'instrumens de mu- sique. » Les mêmes principes sont dans Euler : ce savant ra- mène aussi tous les instrumens de musique à ces deux considérations. ( Voyez Tentamen novcs theoriœ musicœi cap. 1 , § p ( 5o4 ) .Pai du entrer dans ces détails et chercher à ramener à des principes communs toutes ces modifications des instruméns de musique, avant de passer aux considérations qui vont faire l'ob- jet du paragraphe suivant. Je n'ai point oublié que M. Cuvier , lisant en l'an 6 à l'Institut un Mémoire sur les instru- méns de la voix des oiseaux, et ouvrant ce beau et important travail par la réflexion que les phy- siologistes étaient encore partagés sur la nature de l'instrument vocal, fut interrompu par une discussion , où les anatomistes présent déclarè- rent y voir clairement , les uns , un instrument à vent, et les autres, un instrument à cordes 2 j'ai donc présenté les explications qui précèdent dans l'espoir de prévenir de pareilles contro- verses à l'avenir. § XI. De la Voix et des moyens organiques qui là produisent. On s'est presque repenti en anatomie humaine Savoir fait du larynx le principal organe de la voix, quand, en voulant arriver à une appré- ciation encore plus exacte des causes de ce phé- nomène , on en fut venu à n'accorder d'impor- tance qu'à la glotte ou aux cordes aponévro- ( 3o5 ) ' I tiques qui la circonscrivent. Ainsi le lieu où la voix éclate fut pris d'abord' pour le siège de son organe et bientôt après pour l'organe lui- même. Mais en se laissant aller à resserrer à ce point le champ de l'observation \ il faut qu'on n'ait point réfléchi à la variété infinie des modu- lations du chant. Et comment, en effet, de l'em- ploi de moyens aussi restreints, attendre un ré- sultat aussi considérable et aussi compliqué ? les anciens me paraissent avoir eu sur cela des idées plus justes que celles qu'on en donne de nos jours : c'était au système entier des organes res- piratoires qu'ils attribuaient les phénomènes de la voix. Nous trouvons dans Galien , que tout en partageant à cet égard les opinions reçues de son temps , il avaijt une connaissance assez approfondie de l'influence particulière de la glotte sur la voix. Comme on avait placé la voix au rang des fonctions animales, et que l'on s'en était fait une idée exagérée , on supposa que cette fonction , évidemment distincte de toute autre , avait aussi son organe à part, et l'on désignale larynx comme étant cet organe. Mais pour que le larynx de- vînt effectivement l'organe distinct et particulier de cette fonction, il aurait fallu qu'il n'en cu- mulât pas d'autres et surtout qu'il n'en cumulât pas de plus relevées dans l'ordre physiologique, 20 ( 5o6 ) et qu'encore cet organe fût _, dans les séries na- turelles des êtres , toujours et semblablemenfc approprié à la même destination. Or cela n'est pas. Nous avons vu, § VIII, que le larynx est plus essentiellement un agent directeur du fluide respiratoire; et nous savons en outre que le siège des fonctions de la voix est variable , celle-ci étant également formée chez les oiseaux au bas de la trachée-artère. Mais en refusant à la voix un organe spé- cial pour sa production , et en ne voyant dans ses phénomènes que des résultats d'une fonction sur-ajoutee aux autres fonctions , bien autre- ment générales et importantes , des organes res- piratoires, nous donnons plus de largeur à nos bases, nous agrandissons le champ de l'obser- vation , et nous arrivons tout naturellement , et sans rien forcer, à faire concourir à l'explication des effets si variés et si prodigieux du chant et de la voix, des moyens organiques qui y sont proportionnés et qui y répondent effectivement aussi-bien par leur nombre que par leur com- plication et le degré de leur puissance. Que toutes les parties des organes respira- toires soient employées à produire la voix, cela est de toute évidence et se trouve reconnu par ceux mêmes qui attribuent le larynx à la voix, :• ( 5o7 ) quand ils se bornent à dire qu'il n'en est que le principal instrument. En effet le phénomène commence du moment où les muscles de l'expiration abaissent le ster- num et chassent l'air des poumons : l'air, qui abandonne les bronches, suit la trachée-artère, traverse la boîte du larynx et parvient à la bouche, d'où il se verse au dehors. Jusque -là , ce n'est que de l'air condensé, qui ne rencontre sur sa route aucun obstacle , et les choses se passent comme si le poumon était le corps d'un soufflet et que la trachée-artère en fût le bout ou le porte-vent. L'homme reste le maître de donner ce souffle sans rendre dé son, tandis que c'est l'unique voix et le seul moyen de communication de certains serpens, qui n'opè- rent pas de brisement d'air vers les dents ou sur les lèvres. Au surplus , dans tout ceci , il n'est encore question que d'une forte expiration. Mais si cet acte de l'organe respiratoire vient à. être troublé par l'intervention d'un biseau, dont le taillant, comme dans le crapaud , divise l'air en deux courans, le produit de l'expiration éclate : il y a polarisation de l'air expiré , c'est à-dire que celui-ci s'écoule, pour se répandre dans l'air vague ou l'air atmosphérique , sous les mêmes conditions et avec le même résultat que de l'air soufflé dans une flûte. L'expiration , chez ( 5o8 ) les crapauds , donne lieu, au surplus , à un ver- sement immédiat du poumon dans le larynx, ces animaux n'ayant pas de trachée-artère. Les oiseaux, qui appartiennent comme les ba- traciens au groupe des ovipares, ne sauraient cependant sous ce rapport en différer davan- tage : aucun animal n'ayant le col plus long , aucun aussi n'a la trachée-artère aussi considé- rable. Comme l'organe de la voix n'a de siège spécial nulle part en particulier et que son achè- vement et sa perfection tiennent simplement à certains attributs accidentels répandus sur la route de la colonne d'air en circulation , rien ne s'opposait à ce que les moyens, qui deviennent nécessaires pour la polarisation de l'air, existassent tantôt vers le haut et tantôt au bas du tube aérien. Or' c'est ce dont je crois être présentement as- suré, bien qu'on soit dans l'opinion que la voix des oiseaux se forme toujours vers le bas de leur trachée-artère. Des moyens de briser l'air de l'expiration me paraissent exister aussi chez quelques-uns au larynx lui-même, Je suis parvenu à faire chanter après la mort un larynx de perroquet en soufflant dans une portion de sa trachée-artère , quoique j'eusse entièrement détaché cette partie de la trachée de sa moitié inférieure : et plus anciennement, M. de Humboldt avait remarqué que la première \ . * ( 5o9 ) -* . ' couronne du tube aérien des oiseaux , ou leur larynx , avait une beaucoup plus grande influence sur la voix de ces animaux qu'on ne l'avait cru avant lui. Nous lisons en effet dans le Mémoire par le- quel notre célèbre et savant confrère ouvre son magnifique ouvrage sur la Zoologie et VAna- tomie des animaux , dans ce premier Mémoire consacré à une histoire comparative du larynx des oiseaux, des singes et des crocodiles qu'il a observés dans son voyage en Amérique , que « la glotte , chez les oiseaux ? est soutenue à sa « base par un cartilage osseux , large et aplati ; « que ce cartilage , ou ce socle (1) , (comme l'ap- « pelle M. de Humboldt) , est recouvert à sa face « supérieure par un appendice qui le divise en « deux parties, etc. C'est , ajoute cet illustre voya- « geur , une cloison qui contribue beaucoup « à modifier les sons et à les rendre plus aigus, « et qui divise effectivement en deux courans ■" " ' ■ ii ■ ■ m ii ■ i i ■ i iii. m (i) Perrault l'avait comparé au coutre d'une charrue : Mécanique chs animaux ? tome 2 , page 3o,5. Le socle fait partie du thyroïde. On ne le voit que de face et alors peu distinctement , en la figure 60 de ma cinquième planché : mais M. de Humboldt y a suppléé à l'avance, en en don- nant des figures qui ne laissent rien à désirer. Voyez son Recueil , etc. , tome 1 , pi. 1 , n°. 1 7 fig. 2 et n°. 3 ; fig. 2 } et aussi pi. 2 , n°. 5 , fig. o. ( Slo ) « Pair que le mouvement du larynx inférieur giam considerare. ( De organo vocis. Lib. 2, cap. 17 ). (516) dien latéral. Ainsi on faisait jouer à ces rubans un principal rôle dans les phénomènes de la voix, lorsqu'on n'en connaissait pas encore la na- ture. Nous avons cru, en faisant cette remarque dès le commencement de nos recherches , M. le docteur Serres et moi , que cette circonstance J fondamentale pour la théorie de la voix^ avait jusque-là été entièrement ignorée ; mais nous avons depuis vérifié qu'elle se trouvait rapportée dans l'estimable ouvrage de M. Dutrocliet (i). Nous prendrons cette considération pour notre point de départ. Nous savons présentement que ce qui remplit ici un principal rôle n'est au fond qu'un bord saillant, un ruban aponévrotique , une chose enfin qu'on pourrait regarder comme un hors d'oeuvre accidentel , dès que cet appen- dice n'influe pas essentiellement sur l'existence du larynx et ne se trouve chez aucun ovipare. ~ - - - ■ • (2) L'aponévrose du muscle thyro-arytliéuoïdien , qui, à ce qu'il me semble, dit M. Dutrocliet,, n'a été bien vue par aucun anatomiste , est fixée en bas au bord supérieur latéral du cricoïde : elle se replie à angle droit en haut, après avoir tapissé l'ouverture de la glotte , et nuit sans se fixer , un peu après avoir formé ce repli. Tel est le ligament thyro-ary lliênoïdien , carde vocale. Ce n'est -qu'un repli de l'aponévrose qui n'est pas beaucoup plus épaisse en cet endroit que dans le reste de son étendue. Dutro- ciiet. Thèse , etc. ; page 1 1 . ( 5i7 ) Mais nous sommes aussi avertis de l'influence tle cette partie sur la voix , et nous ne nous éton- nerons pas de l'attention qu'on y a donnée. Il n'est peut-être pas inutile de dire comment et à quelle époque on l'a fait. On a remarqué d'abord que ces rubans circonscrivent une ou- verture plus étroite du larynx, et les bords mo- biles de cette sorte d'arrière -bouche ont paru de véritables lèvres ; secondement, qu'ils sont répandus d'un principal cartilage a un autre comme pour les retenir l'un à l'autre , ce qui a été indiqué par l'expression de ligament • et en troisième lieu _, qu'ils entrent en vibration sous Faction des gaz de l'expiration , d'où on a pris sujet de les désigner définitivement sous les noms de rubans vocaux ou de cordes vocales. Du moment que ces filets aponévrotiques eu- rent été attribués comme lèvres à ce qu'on pour- rait nommer le détroit du larynx , l'entrée de cet organe , ou la glotte , comme on l'appelle alors , eut une situation déterminée. Ainsi il n'y eut que cette considération pour fixer le lieu de la glotte autrement que d'anciens anatomistes qui avaient trouvé plus naturel de la reporter à la naissance même du larynx et qui aujour- d'hui pourraient invoquer , à l'appui de leur opinion, les preuves que fournit la permanence du même plan pour tous les animaux vertébrés. 5i8 ) La glotte qui existe tout-à-fait à l'extérieur du larynx chez les ovipares est l'unique entrée de cet organe , et elle est chez la plupart ( spéciale- ment et plus distinctement chez les oiseaux) circonscrite par les cartilages de Santorini. A vrai dire, c'est exactement la même chose chez les mammifères : les mêmes parties forment les lèvres extérieures de leur larynx; seulement , les mammifères auroient, de plus que les autres vertébrés , une seconde glotte intérieure. Quoiqu'il en soit, et pour le moment, il nous suffit de savoir que l'intervention des rubans vo- caux, au centre du larynx et sur le passage de l'air, fournit l'accident le plus favorable à la for- mation de la voix. En effet, ce que les muscles de l'expiration ont déjà préparé, ces obstacles l'achèvent : l'air condensé des poumons, en fai- sant effort contre ces rubans et en cherchant à s'échapper dans leur intervalle > s'y polarise. Ces obstacles, en ce qu'ils opèrent la polarisation de l'air, et, par conséquent, la seule addition de deux lames aponévrotiques, sont ce qui donne, à la trachée-artère et aux cartilages qui en forment le couronnement, le caractère d'un instrument de musique. Ainsi le canal aérien devient un ins- trument vocal, du moment qu'il a acquis et parce qu'il a acquis les moyens de modilier de l'air transmis par les poumons, de gouverner ce nou- ( 5l9 ) veau produit, et de le diriger sur l'air en repos ou l'air dans l'état naturel, qui existe au-delà. C'est le tuyau de flûte encore informe qui reçoit son biseau, et qui, par ce dernier perfectionne- ment, est transformé en un instrument d'un effet enchanteur : les rubans vocaux, que nous mou- vons de la même manière considérer comme le dernier perfectionnement du larynx sous le rap- port de ses applications à la voix, procurent alors sous ce rapport à toutes les dépendances de l'or- gane pulmonaire une autre et nouvelle utilité, en les appelant à concourir au phénomène de la voix. Ainsi , ( qu'on veuille bien me permettre de revenir sur la même comparaison ), ainsi quand le pied du cheval est restreint à un seul usage et ne saurait devenir, ni un organe du tact, ni un moyen de préhension , celui du singe, sans dis- continuer ses services à l'égard de la marche, se montre propre à plusieurs autres choses. Nous venons d'avancer que les rubans vocaux polarisent l'air expulsé des poumons. Ce n'est pas que ces rubans, ainsi que nous l'avons dit plus haut, ressemblent à des cordes isolées, ou aux languettes des instrumens à anche ; l'instrument vocal n'est la répétition exacte d'aucun des ins- trumens de musique imaginés jusqu'à ce jour. Mais cependant si nous avons été fondés à éta- blir, dans le précédent paragraphe , que le son, *e ( 020 j celui du moins (1) qui y a fait l'objet de noir examen , n'est possible qu'à l'aide de deux seuls procédés, et qu'il dépend simplement, ou de la ■vibration des molécules des corps, ou d'un bri- sement de l'air dans des tuyaux, nous ne doute- rons pas que sa production dans les animaux ne soit due à la même cause. Nous y trouvons en effet l'un ou l'autre de ces systèmes, si ce n'est même les deux à la fois j de telle sorte que la merveille de l'instrument vocal se réduirait à ce que les abords de l'organe res- piratoire offrent, non pas toutes , les conditions , mais cependant des moyens exactement analo- gues à ceux des instrumens artificiels. Que les mêmes effets soient obtenus par ces ouvrages de l'art et par un tube du corps animal, il n'y a point à s'en étonner, si la production du son tient moins au mécanisme propre de l'instrument qu'à la nature même de l'air, et si cette production n'exige des insi rumens que la faculté d'agir sur - ■ ; 71 ~— — (1) Je ne puis, ni ne dois m'occuper ici t[ue des sons proportionnels dont l'oreille parvient facilement à faire la comparaison. 11 est une autre espèce de son , ou le bruit, selon la distinction qu'en a faite M. Dut rocket dans son second ouvrage imprimé en 1810 : deux autres causes peuvent l'occasionner , la percussion ou le choc des corps solides , et la détonation , dans le cas d'un retour subit fie certaines matières à leur premier état gazeux. ( 52Ï ) ce fluide pour en désunir les parties constituantes. Ces conditions, bien que ce soient autant de données absolues, pouvaient être obtenues de différentes manières ; et c'est là ce qui explique la diversité et le grand nombre des inst rumens fabriqués par la main des hommes, et ia variété bien plus grande encore de ceux arrangés dans les animaux par celles de la nature. Un fait, au sujet de la voix humaine sur lequel je trouve tous les physiologistes d'accord, est que les sons rendus par le larynx sont dus aux vibra- tions des lèvres de la glotte. Ferrein a eu le mé- rite de l'établir par des expériences positives et a pu justement revendiquer la gloire de cette dé- couverte, bien qu'avant lui, Doclart, et plus an- ciennement, Perrault, eussent déjà attribué quel- qu'influence à ia tension et aux longueurs propor- tionnelles de l'une et de l'autre membrane qui com- posent la glotte. Peiiraui/t. Mécanique des Ani- maux ; du Bruit, chap. 12. Le mémoire de Ferrein (Académie des Scien- ces, 1741), est un des plus beaux traités sur la voix qui aient paru : il se recommande par une excellente méthode, par l'intérêt des expériences et par la solidité des jugemens. On Fa peut-être trop négligé dans ces derniers temps pour s'at- tacher à un système qui, dans le fond, diffère assez peu de celui où Ferrein a été conduit. Que 21 ( 322 } ce célèbre anatomiste assimile à une viole l'or** gane vocal, ou qu'on lui oppose que celui-ci est plutôt fait sur le modèle des instrumens à anche7 ce n'est, des deux côtés, qu'une comparaison dont il faut bien se garder de tirer des conséquences trop rigoureuses ; on n'est vraiment pas aussi éloigné des idées de Ferrein qu'on affecte de le croire, puisqu'en réduisant toutes ces propositions à ce qu'elles présentent de général et d'essentiel- lement vrai, on aperçoit que, de part et d'autre, chacun a voulu dire et n'a rien dit de plus, si ce n'est que les sons rendus par le larynx doivent être attribués aux vibrations des rubans vocaux ; et si j'ai été conduit, page 3o2 , à ramener l'anche à un mode général de conformation, à en rappor* ter les lames à deux tables d'harmonie et à con- sidérer ces lames comme deux plans de fibres longitudinales et comme deux faisceaux de cor- des adhérentes les unes aux autres, il serait éta- bli que les nouvelles opinions sur la voix humaine diffèrent moins qu'on l'a cru de celles de Ferrein, S'il en est ainsi, je ne me ferai point de scru- pule de reproduire les considérations du Mé- moire de 1741? et d'insister sur des applications qui m'en paraissent la conséquence immédiate. Ferrein , dans son travail, paraît avoir cédé à une principale préoccupation. La marche de ses idées et chacune de ses expériences tendent à ( 5a3 ) prouver que les sons du larynx sont dus unique- ment aux vibrations des lèvres de la glotte, et sur- tout qu'ils sont indépendans du degré d'ouver- ture de celle-ci. C'est contre ce dernier point de la doctrine des anciens et de la théorie de Do- dart qu'il s'élève formellement; les rubans apo- névrotiques du pourtour de la glotte qu'il dési- gne presque dès son début sous les noms de ru~ bans vocaux ou de cordes vocales, s'élant prêtés à lui montrer dans ses expériences le jeu des cor- des d'une viole ou d'un clavecin, il ne doute pas qu'il n'ait, conséquemment à la direction qui lui était imprimée par son point de départ, satisfait pleinement à toutes les conditions de problême , et qu'il n'ait péremptoirement prouvé que l'or- gane vocal deThomme est du genre des inslru- mens à cordes Sur la demande de ce qu'il a découvert et delà manière dont il l'a découvert dans le vestibule de Forgane respiratoire, Ferrein répond que ce nou- vel instrument à cordes se compose; i°. de movens vibratiles et analogues aux cordes d'une viole: ce que nous ne lui contesterons pas, dès qu'on peut effectivement assimiler les deux rubans à deux faisceaux de fibres réunies; 2°. des points d'appui nécessaires à la fixation de ces cordes, appui fourni par les cartilages laryngiens; 3°. d'un sys- tème de tirage opérant la tension des rubans vo- ( 524 ) eaux et correspondant ; quant à l'usage, à l'ap- pareil des chevilles d'un violon : ce qui résulte en effet de la position et des efforts contraires des muscles intrinsèques du larynx. Tels sont les points que Ferrein cherche à établir; ajoutant, comme preuves, quelques expé- riences, dans lesquelles agissant sur les cordes et fixant une partie de leur longueur, comme une moitié ou le tiers, il fait monter l'autre por- tion à l'octave ou a la quinte , selon les règles connues des instrumens à cordes. 11 n'y a sans doute rien à opposer à ces dé- ductions; mais on ne conçoit pas qu'après les avoir présentées avec cette confiance , Ferrein en soit resté là , et qu'il n'ait pas au contraire été entraîné par son idée-mère à d'autres consé- quences qui me paraissent en découler natu- rellement. $. XII. . Du Thyroïde considéré comme corps sonore* Ne perdons pas de vue notre point de dé- part. Le son , nous apprend la théorie , nait d'un mouvement vibratoire imprimé par une cause quelconque aux molécules des corps : mais ce n'est pas nécessairement un son net_, éclatant et renforcé , comme les sons que nous font en- ( 325 ) tendre les instrumens de musique. Ces derniers donnent seuls cette qualité au son. D'un autre côté , et afin de suivre constam- ment Ferrein dans ses conséquences , rendons- nous compte de la construction d'un de ces ins- trumens ', de celle par exemple d'un violon. Il n'y a pas de doute qu'un facteur , qui prend ses mesures pour établir un instrument de ce genre, ne s'empresse de réunir les objets que îious avons spécifiés plus haut : des cordes, puis des moyens de les fixer, et enfin des chevilles, pour en opérer la tension sont en premier lieu et en effet de toute nécessité. Mais l'artiste , comme l'a fait Ferrein , serait- il reçu à s'en tenir là, et pourrait -il, s'en reposant sur cette réunion de moyens, se flatter d'avoir terminé son opération ? Non sans doute. Chacun sait au contraire qu'il faut de plus en pareil cas, pla- cer, à portée de cordes auxquelles on imprime un mouvement de vibration , un corps qui res- sente ces vibrations et qui soit susceptible de les reproduire; c'est-à-dire, qu'il faut placer à portée de ces cordes le corps sonore (voy. p. 299) j et dans le cas que nous avons supposé , le corps même de l'instrument. Il n'y a de sons écîatans et purs > tels qu'on en tire d'un violon , à es- pérer, qu'en remplissant cette condition ,* ou plu- tôt l'instrument ne commence à prendre cousis.-» ( 5a6 ) tan^e et caractère , que du moment où le fac- teur, ayant déployé toutes les ressources de son art, aura réussi, selon des règles que le tâton- nement et l'expérience lui auront révélées , à façonner le corps sonore de l'instrument, ce principal objet de ses calculs; lequel occupe à juste titre toute sa pensée , puisque c'est de la bonne exécution de cette base fondamentale que dépend le mérite de tout instrument à cordes. Le nom de tables d'harmonie donné gé- néralement aux corps sonores indique en effet le degré d'importance qu'on attache à ceux-ci. Ferrein , et tous les physiologistes après lui, auraient- ils négligé de chercher dans le larynx le corps sonore , ou la partie qui représente dans le violon le corps même de l'instrument? je n'en puis douter. Ferrein, satisfait de" quelques résultats qu'il avait obtenus, ne vit plus rien au- delà : il n'acheva pas ce qu'il avait si habile- ment commencé , et des lacunes dans son tra- vail , trop manifestes pour n'être pas remar- quées, le privèrent , dernièrement , des plus ho- norables suffrages. Ajoutons une antre considération qui mène aux mêmes résultats. Chaque individu est facilement reconnu au timbre de sa voix , de la même manière qu'un instrument du système vibratil est toujours dis- ( 5*1 ) tirict d'un autre pour une oreille exercée. Tout ce que nous pouvions savoir de positif à cet égard, c'est que le timbre dépend en générai de circonstances relatives au tissu, ou à la substance^ ou à la nature des corps (1), Cette remarque, qui avait été faite , n'avait cependant conduit à rien de satisfaisant pour l'explication des dif- férentes qualités de la voix : c'est que la diffi- culté du problême venait de plus haut et te- nait à l'ignorance où l'on a été jusqu'ici des modifications dont l'air est susceptible dans le phénomène du son. Mais, aujourd'hui quç nous avons y page 5oo , éclairé cette question d'un nouveau jour, nous pouvons facilement sup- pléer à l'omission de Ferreinj. et considérant que les sons du larynx sont dus au principe des vi- brations , nous ne pouvons douter que ces vi- brations ne soient ressenties et reproduites par un corps à la portée des rubans vocaux. Amenés à cette conséquence , nous n'avons pas eu be- soin de nous livrer à de grandes recherches pour découvrir ce complément de l'instrument vo- cal. Celui-ci est naturellement signalé aux extré- mités mêmes des cordes qui entrent en yibr^7 (1) Cuvïer. Anatomie comparée , tome 1 , page 445. — Dutrochet. Thèse j etc. , page 25. — Mage>~die y t. i r *page 21 3. ( 52g ) tion. Nul doute effectivement que les arythé- noïdes_, et plus particulièrement le thyroïde, ne composent Jes tables d'harmonie que reclament indispensabîement le système vibratil des cordes_, ou, pour me servir d'une expression consacrée ? ne soient le corps sonore de l'organe de la voix. Il n'y a en effet qu'un organe d'une confor- mation ainsi donnée et avant une semblable solidité , qui puisse aussi constamment repro- duire celte même expression du son , qu'on sait être la voix de tel animal , ou de telle per- sonne. Ce n'aurait pu être ni les lèvres de la glotte, dont les dimensions sont variables à l'in- fini et dont l'action se borne, sans rien chan- ger au caractère de la voix, a la faire passer par les dilferens degrés de l'échelle musicale; ni les muscles du larynx , dont nous réglons l'emploi à notre gré ; mais non, comme on le sait , jusqu'au point d'en obtenir le déguisement de la voix , si ce n'est dans un cas que nous déterminerons plus bas. Mais si , au contraire, c'est le thyroïde qui ré- pond aux ébranlemens des rubans vocaux , on doit attendre, de sa constitution qui est fixe, une manière habituelle d'agir. L'air est alors po- larisé , de façon que les nuances les plus imper- ceptibles sont invariablement reproduites ; d'une part, parce que l'événement est soustrait à l'em« ( 5sg ) pire de la volonté, et de l'autre, parce qu'il dépend entièrement des qualités individuelles du corps sonore. Ainsi le retour des mêmes sons dans les mêmes circonstances fait connaître le timbre particulier et les qualités de structure de chaque corps de violon , bien qu'on agisse diversement sur les cordes , qu'en effet on raccourcit et tend à vo- lonté, ou qu'on remplace même au besoin. Il faut un facteur d'instrument bien exercé pour jugera l'oeil des qualités d'un corps sonore. Ce genre d'observations , ainsi que je m'en suis assuré, n'offre pas les mêmes difficultés à l'égard du thyroïde. Ses qualités lui sont données par le plus ou le moins de matière osseuse qui se mêle à ses lames cartilagineuses : ayant réuni un assez grand nombre de thyroïdes, collection que je ne crois faite encore par personne, j'ai remar- qué (page 2Ô4) qu'ils varient entr'eux dans les différens animaux , ou même d'individu à indi- vidu dans la même espèce, comme varie le timbre de chacun. Cependant on ne conserve pas sa même voix toute la vie; mais il n'y arien à en inférer contre la détermination que je propose , si la voix ne change qu'au fur et à mesure que le thyroïde lui même vient à changer: or c'est ce qu'il de- vient facile de constater. L'anatomie nous fait ( 55o ) voir que le thyroïde participe peut-être plus quer tout le reste de l'organisation aux cliangemens que le cours de la vie introduit dans la structure des animaux : elle nous le montre même plus susceptible de l'influence d'un usage immodéré, ses cliangemens étant d'autant plus rapides et plus considérables que l'organe vocal est employé avec moins de ménagemens. Le thyroïde peu après la naissance n'a point encore de consistance; la voix alors ne se com- pose que de cris aigres qui nous paraissent déchi- rans. Elle prend successivement plus d'éclat et d'étendue, selon que le thyroïde acquiert plus de fermeté en se maintenant sans mélange dans l'état de cartilage. Mais cette situation change nécessairement à l'époque de la puberté. La voix mue, comme on le dit dans ce cas , c'est-à-dire , qu'elle perd son timbre clair et presqu'argentin , davantage dans les mâles, plus susceptibles que îes femelles de la nouvelle impulsion imprimée au système musculaire. L'énergie du système musculaire étant parvenue au plus haut degré , les lames cartilagineuses se couvrent de granu- lations osseuses , qui se groupent de préférence aux insertions des muscles, et qui y exisîent en quantité d'autant plus grande,, que les muscles y exécutent leur tirage et plus fréquemment et plus fortement. Ces noyaux osseux s'accroissent par la (rrrr > 001 ) répétition des mêmes efforts , et finissent dans la vieillesse par envahir presque toute l'étendue du cartilage ; ce qui a lieu beaucoup plutôt , à la suite d'abus des fonctions de l'organe vocal, comme cela a lieu dans certains états de la société et comme nous l'avons nous-mêmes constaté, pages i85 et 2^4, au sujet de noire marchand d'habits, qui , à 54 ans, avait le thyroïde pres- qu'entièrement ossifié. La voix suit de point en point cet ordre de phénomènes. Elle est claire dans les enfans , les femmes et les castrats, chez qui le sysième mus- culaire ne parvient qu'à un faible développe- ment ; grave chez les adultes; aigre, discor- dante et cassée chez les vieillards : eUe devient rauque,quand le corps sonore perd son élasticité première, comme un violon devient aigre et criard, s'il arrive, qu'en voulant y faire quelques réparations, il y soit pourvu par un emploi mai- entendu de planchettes trop épaisses. Ménager son instrument, suivant une expres- sion du langage des chanteurs, ce serait donc chercher à user de précautions contre les pro- grès trop rapides de l'ossification du thyroïde : et au contraire en abuser, comme le font les crieurs des rues , c'est provoquer ce dévelop- pement et l'exposer en ce point à ressentir avant le temps les atteintes de la vieillesse. ( 332 ) | Ce n'est pas cependant qu'il n'y ait que la seule ossification du thyroïde qui puisse restreindre l'élasticité de ce cartilage et en paralyser l'action; l'inflammation de la membrane muqueuse , qui en revêt l'intérieur, produit le même effet; agis- sant en cela comme , à l'égard d'un violon , fe- rait une couche trop épaisse de vernis qu'on y aurait inconsidérément appliquée. Des réflexions qui précèdent, je crois devoir conclure que le timbre de la voix dans les diffé- rens âges, et ses diversités dans chaque espèce, sont toujours réglés par les qualités et d'après les modifications des principales pièces du larynx y et que surtout la forme concave de la couche in- férieure , sa flexibilité , sa nature cartilagineuse et son élasticité, qu'augmente encore le tirage de muscles antagonistes , Sont les conditions qui procurent au thyroïde la nouvelle fonction que nous venons de lui reconnaître, et qui lui four- nissent en effet les moyens de jouer dans l'ins- trument vocal le rôle de corps sonore. M. le docteur Dutrochet a donné dans sa thèse* pages 27 et 29, quelques indications qui se rap- portent a ces vues ; et M. Magendie les a depuis reproduites dans sa Physiologie > tome I, p. ai4* ( 335 ) §. XIII. Des arylhènoïdes > considérés comme employés à la tension des rubans vocaux , et comme exer- çant une action directe sur le phénomène de la voix. Ce serait inutilement que le corps sonore au- rait été établi avec toute la perfection désirable, si une première impulsion , dont il ne fait que ressentir et propager l'effet , ne lui était d'abord imprimée : des cordes y pourvoient par leurs vibrations ? dira-t-on. Oui, sans doute ; mais ii y a de plus cette remarque à faire : point de vi- brations sans un pouvoir tendant , c'est-à-dire , sans un système de chevilles d'un maniement assez compliqué. Telle est , selon moi , la part d'utilité des arythénoïdes dans les phénomènes de la voix. Bichat les signale seulement (i) comme ayant une mobilité qui contribue à augmenter ou à diminuer l'étendue de la glotte; et M. Dutrochet, développant cette observation , fixe l'attention sur l'objet de cette mobilité ; en montrant (2) comment les arythénoïdes se renversent en ar- (1) Anatomie descriptive, tome ii page 3^6. (a) Thèse 7 etc. , page 33. ( 554 ) rière ou se redressent en avant • système qu'at- taque M. Magendie (i) , qui se refuse aussi à leur accorder , avec M. Cuvier (2) , un mouvement de bascule. La description suivante des arythé- noïdes va faire voir que si ces diverses opinions se fondent sur des observations , elles peuvent toutefois se concilier. Les arythénoïdes sont deux cartilages faisant partie de la couche supérieure du larynx ( ou dans l'homme, de la couche postérieure.) Comme il nous importe de les connaître exactement , nous les avons fait figurer, pi. ]o : ûr du n°. 109 représente l'arythénoïde gauche, vu en position et du côté extérieur ; et ar du n°. 110 , celui de droite, détaché et du côté intérieur. Articulés et formant la fourche sur le cricoïde , ils débor- dent celui-ci par les deux pointes de la bifurca- tion. Leur forme irrégulièrement pyramidale rentre dans celle d'un triangle isocèle , dont les cartilages de Santorini couronnent le sommet : leur principale irrégularité consiste dans leur courbure , au moyen de laquelle le sommet du triangle est infléchi de dedans en dehors, et les angles de sa base, au contraire, de dehors en deddns. Ces pièces demandent à être observées (i) Précis de Physiologie., tome 1 , page ao3. (2) Ànatomie comparée, tome 4 , page 49'*. I . ( 555 ) dans tous les âges de la vie : elles sont long-temps totalement cartilagineuses ; mais pour avoir une circonstance de plus à offrir , je les ai fait repré- senter dans un âge avancé , où elles sont ossifiées dans le centre. La substance osseuse est indiquée par la partie fortement ombrée. Nous sommes obligés de décrire minutieusement ces circon- stances , principalement celles qui concernent le bord cricoïdien , a cause des usages différens de ses deux moitiés x et y. La portion extérieure y forme une large apophyse triangulaire , qui donne attache aux tendons des muscles tliyro et cryco-arythénoïdiens , et qui est enveloppée du repli ou des aponévroses dont se composent les rubans vocaux ; et l'autre portion x présente une surface articulaire ? concave , ovalaire , revêtue d'une couche de synovie tres-humectée? dirigée obliquement en dehors et en bas , laquelle s'em- boîte sur une saillie correspondante du cricoïde. XJn ligament très-fort et en même temps très- lâche , répandu circulairement ? unit les deux cartilages. Ces circonstances déterminées , les mouve- mens des arythénoïdes peuvent être facilement expliqués. Ces mouvemens sont-ils provoqués par le tirage des muscles crico-arythénoïdiens postérieurs ? Il y a redressement et divergence des arythénoïdes. Le sont-ils au contraire par ( 536 ) Faction du paquet de muscles que, dans la der~ nière réforme de îa nomenclature , on a réunis et désignés par le nom seul d' arythènoïdien ? Il y a abaissement et rapprochement de ces cartilages: effet qui est toujours précédé d'un faible mouve- ment de rotation. Dans le premier cas, la large apophyse x est ramenée en devant vers la tranche du cricoïde ', et dans le second , elle est portée en arrière et est descendue dans le centre du larynx : d'où il arrive , d'une part , qu'elle se porte sur la glotte pour la rétrécir et le plus sou- vent pour la fermer entièrement -, et de l'autre , qu'elle diminue considérablement la capacité du larynx. Ainsi les arythénoïdes ne quittent leur situa- tion habituelle , qui est une position oblique à l'égard des conduits aériens , que pour s'ouvrir davantage au-delà , ou bien que pour s'enfoncer en-deçà et gagner le centre du larynx. Il se peut (Tue ces mouvemens, soit l'un, soit i'autre, s'exé- cutent isolément ; mais cela ne saurait être habi- tuellement , vu que ce serait sans objet. Us ne sont mis à profit que s'ils sont combinés avec d'autres ; et dans ce cas, c'est taniôt avec les muscles delà langue et ceux de l'épigiolte , et tantôt avec es muscles du thyroïde compris parmi les extrinsèque du larynx. Si les arythénoïdes et l'épigiolte s'écartent si- ( 357 ) muîtanément, c'est-à-dire, si , comme les pétales d'une fleur lors de l'épanouissement de sa co- rolle , ils s'ouvrent avec toute la latitude que leur permettent les puissances qui les entraînent, ils font profiter cette étendue d'ouverture à la principale fonction du larynx. Le canal aérien est alors tout aussi largement ouvert que le ré- clamait la libre circulation des fluides respira- toires; et au contraire, si les arythénoïdes et l'é- piglotte s'abaissent et se reploient sur le centre du larynx , ils en opèrent l'entière fermeture y ainsi que nous l'avons dit et suffisamment expli- qué dans le neuvième paragraphe de ce Mé- moire. Mais dans l'un et l'autre cas , ces mou- vemens ne peuvent donner lieu à la fonction secondaire du larynx, et contribuer à la forma- tion de la voix. Cela ne pourrait se supposer à la rigueur, que dans le premier cas, où le larynx a son ouverture de même diamètre à peu près que le reste du canal. Mais la glotte trop large n'est plus alors un obstacle pour l'air qui s'é- chappe des poumons, et les rubans vocaux, qui ne sont que des aponévroses repliées , disparais- sent également sous Faction des muscles latéraux. Il en est autrement des mouvemens des ary- thénoïdes , quand ils se combinent avec ceux du thyroïde , alors qu'agissent de concert les mus- cles intrinsèques et extrinsèques du larynx. 22 ( 538 ) Et d'abord , à la contraction de ces derniers et aux efforts simultanés des muscles criço-thyroï- diens, se rapportent les effets suivans. Le thy- roïde plus tendu , est rendu plus élastique : il est comprimé sur ses flancs. Devenu plus allongé d'avant en arrière par le rapprochement de ses lames et par la diminution de sa concavité , il tend les rubans vocaux, qui ont une de leurs ex- trémités attachée à sa partie profonde : enfin il réduit la glotte , de large et de circulaire qu'elle est naturellement, à n'être plus qu'une fente étroite. Le larynx , sous l'influence de ces pre- miers effets (une effluve d'air venant exciter la vibration des rubans vocaux), donne des sons graves , qui, repris, après avoir dépassé la région hyoïdienne, modifiés de nouveau par les muscles de la cavité buccale, et finalement articulés , comme on l'exprime alors, constituent le parler usuel des hommes réunis en société. Mais dans le cas où l'on ne s'en tient point à ces sons graves et homogènes , si l'on désire au contraire en précipiter le débit et surtout en faire varier les tons ; ou, ce qui revient au même , si l'on veut quitter le ton simple et uni- forme de la conversation, pour obtenir les effets qu'on désigne d'ordinaire par les mots de cri et de chant, le concours des arythénoïdes devient en outre nécessaire. Les muscles crico-aryth«- ( 359 ) îioîdiens postérieurs s'emplayant a écarter ces cartilages et à les rendre saillans en dehors , il en résulte une tension plus forte des rubans vocaux, et par conséquent une voix montée sur un ton plus haut. Les arythénoïdes, de cette ma- nière > règlent le ton fondamental pour le chant; et de plus, ils peuvent aussi le faire varier, en retranchant un tiers de la corde. Pour cela, il suffît que , toutes choses restant comme nous venons de le dire , une portion des arythé- noidiens entre également en contraction. Ces muscles font légèrement osciller les arythénoïdes sur leur axe et en les renversant un peu de côté , portent l'autre angle du bord cricoïdien , ou la pointe de l'apophyse x7 sur les rubans vo« eaux , qui par ce moyen sont atteints en dedans de leur repli. Ces rubans sont donc coupés en parties qui ne vibrent plus et en parties qui continuent à vibrer, comme les cordes d'un vio- lon sous les doigts d'un musicien, avec cette dif- férence que le point de partage ne saurait varier dans le premier cas, tandis que le musicien est obligé de tâtonner quelque temps pour séparer les cordes de son instrument en longueurs qui soient exactement proportionnelles entr'elles et d'un effet appréciable pour l'oreille. Cette influence des arythénoïdes a-t-elle pour résultat de donner la quinte, comme on pourrait (54o) îe supposer en comparant l'instrument vocal à un violon , ou l'octave , en l'assimilant à une anche ? C'est ce que je ne saurais dire. On ne peut, dans ce cas, que se livrer à des conjectures, et je ne m'en permettrai aucune. Tout ce que je puis cependant ajouter à cet égard , c'est qu'il ne me paraît pas impossible d'assigner les autres causes qui raccourcissent en outre davantage les cordes vocales. Je regarde comme certain que les parties ventrues des mus- cles crico-arythénoïdiens latéraux ? quand ces muscles se contractent , opèrent cet effet , tout renflement étant rendu impossible du côté du thyroïde par la résistance de ses parois, et le gros de la masse musculaire étant par conséquent re- jeté de l'autre côté et sur les cordes. Les per- sonnes qui sont au fait des anches y et qui en ont promené la rasette sur la lame vibrante , conce- vront plus aisément les changemens qui ont lieu dans l'instrument vocal par le renflement pro- gressif des crico-arythénoïdiens latéraux. Les ru- bans vocaux , ainsi que la languette de l'anche 7 sont successivement raccourcis , et le son pro- duit parcourt au fur et à mesure tous les degrés de l'échelle musicale. Jusqu'ici nous ne nous sommes occupés que des moyens organiques qui concourent à la for- mation de la voix , et des arythénoïdes en parti* ( 34 1 ) culier, qu'en tant qu'ils favorisent tous la polari- sation de l'air sous le régime du système vibratil j mais nous croyons de plus que la voix humaine peut être formée sous la même condition que le son, qui est produit dans des tuyaux sonores non compliqués de corps vibrans ; c'est-à-dire, qu'elle peut passer, à la volonté de l'individu, de la con- dition d'instrument à cordes à celle d'instrument à vent. Serait-ce ce fait qu'auraient saisi d'habiles chanteurs qui ont profondément étudié les secrets de leur art, quand, jugeant que la voix est sus- ceptible de deux modifications facilement per- ceptibles pour une oreille exercée, ils expriment cette idée en distinguant ces modifications sous les noms de voix anchêe et dé voix flûtèel Quoi qu'il en soit , ce sont encore les arythé- noïdes qui jouent le principal rôle dans ce nou- vel ordre de phénomènes : ils prennent à cet effet une position inverse de celle qui favorisait leur action sur les cordes vocales. Renversés par les arythénoïdiens et portés dans le centre du la- rynx, ils sont disposés comme lors de leurs mou- vemens (voyez page 537 ) pendant la déglutition des alimens, sauf que les bords z x , zx, fig. no, au lieu de s'appuyer l'un sur l'autre , laissent exister entr'eux une fente très-étroite. Tout le reste de la glotte est au contraire entièrement fermé ; ce qui , durant la déglutition , a lieu de ( 54^ ) même par la contraction des muscles crîco-ary- thénoïdiens latéraux: Ceux-ci, comme nous Ta- rons dit plus liant, ne pouvant acquérir de ventre du côté dn thyroïde, reportent leurs renflemens sur les cordes vocales qui en sont effacées et qui , couchées et pressées Tune sur l'autre, ne peuvent plus vibrer. Ce sont les mêmes phéno- mènes de contraction , qne quand le larynx s'em- ploie à défendre le canal aérien de l'approche des substances alimentaires : il n'y a de différence que dans la fente où glotte qui subsiste encore entre les arythénoïdes. La racine de Pépiglolte est refoulée du côté du larynx par la base de la langue, et montre alors une saillie; enfin les muscles thyro-arylhénoïdiens , et peut-être l'un sans l'assistance de l'autre, procurent de leur côté un bord tranchant aux li&amens. antérieurs. C'est par la réunion de ces circonstances et le concours de toutes ces causes, que l'instrument vocal se trouve monté sur le modèle et parvient à agir à l'instar de nos flûtes à bec. C'est en effet le même procédé, dès qu'on y aperçoit égale- ment une fente et un biseau. Il n'est donc point étonnant que de l'air arrivant, déjà condensé 3 des poumons, et se trouvant de nouveau modifié, quand il est engagé dans l'étroit passage fourni par l'écartement des arythénoïdes, vienne se po- lariser, en allant au-delà se briser sur la tranche C 545 ) des lames qui saillent au-devant de la glotte. L'air, dans un larynx ainsi arrangé (qu'on veuille bien ne pas perdre de vue les principes posés ci-de- vant, page 291 ) , l'air ne frappe plus que contre de l'air : il fait lui-même, et à son égard, fonc- tion de corps sonore. Rien ne vibrant dans le voisinage , ni cordes vocales , ni tbyroïde ne peuvent rendre des sons, et par conséquent tra- hir le timbre de la voix. Mais de ceci il résulte que , ce qui est impossible dans le parler usuel fondé sur les vibrations des rubans vocaux, nous le pouvons faire , quand , par l'abaissement des arythénoïdes, le larynx est changé en un instru- ment à vent, et se gouverne à la manière des tuyaux sonores. Nous parvenons facilement > de cette manière , à déguiser notre voix habituelle; pratique qui fait le charme des plaisirs que l'on goûte sous le masque > et qui n'exige que de l'at- tention pour réussir. Je viens de signaler les usages des muscles thy- ro-arythénoïdiens : sur ce point, je ne puis par- tager les opinions de M. Dutrochet. J'ai la plus haute estime pour son talent ; je le trouve dans sa thèse , le premier de ses écrits , digne de lui- même , par Fart admirable avec lequel il a ras- semblé ses matériaux , par le mérite de ses re- cherches, et par la finesse de ses aperçus; mais cependant je ne puis admettre les conséquences ( 344 } finales de ce premier ouvrage , bien que notre jeune aspirant au doctorat ait depuis réuni en'sa faveur l'autorité d'un de nos plus grands physio- logistes , celle de M. le professeur Richerand. (Voyez Physiologie, tome II, pages Sjo et 071). Je ne vois pas en effet comment les muscles thyro- arythènoïdiens , et non les membranes aponévro- tiques qui les recouvrent , seraient les parties vi- brantes du larynx. {Thèse, etc., page 26.) Ces muscles sont compris entre les deux plans du thy- roïde ; et écrasés , pour ainsi dire , sous l'effort des deux lames thyroïdiennes , dont le rappro- chement est une principale donnée du pro- blème et opère le rétrécissement de la glotte > ils ne sauraient vibrer en cet état, chacun sachant que le choc ou le poids d'un corps sur un autre en vibration a pour effet immédiat de suspendre incontinent toute oscillation. M. Dutrochet fut d'autant plus encouragé à présenter cette nouvelle Théorie de la Voix, qu'il crut y trouver un caractère qui répondait à l'i- dée que nous nous formons des propriétés de la vie. ce II échappe , dit-il , à l'inconvénient de faire de l'organe vocal un instrument passif qui ait à trouver hors de lui les causes de la variation des tons : au contraire , considérant les muscles thyro-arythénoïdiens, comme les organes dont la vibration donne naissance à la voix ? la pro- I ( 345 ) duction des sons lui paraît tomber sous X empire immédiat de la vie. Le larynx envisagé sous ce point de vue, ajoute-t-il, cesse d'être un instru- ment passif 7 pour devenir un instrument actif vivant (1). » Je me bornerai sur cela à présenter la remarque suivante. Si j'ai été fondé à établir plus haut que le son doit son existence à une polarisation de l'air, l'action vitale ne saurait rien ajouter au phénomène considéré en lui-même. Le larynx , parce qu'il forme le couronnement de la trachée* artère , et de la manière qu'il est constitué par l'arrangement de ses cartilages , est nécessaire* (1) M. Dutrocliet ne faisait en cela que développer une doctrine qui commençait à s'accréditer dans l'école mon- der ne. « Destinée à exprimer nos besoins ( avait déjà écrit l'au*- « teur de YAnatomie descriptive) , la voix devait être « placée sous l'empire immédiat du cerveau. Aussi la struc- « ture du larynx a-t-elle beaucoup d'analogie avee celle w de l'appaieil locomoteur. C'est une charpente cartila— « gineuse que font mouvoir en divers sens des muscles « de la vie animale, muscles auxquels l'habitude sociale * a donné une précision de mouvemens étrangère à l'état « naturel, comme elle en a donné une aux muscles des « doigts dans certains arts, à ceux des membres inférieurs « dans d'autres, etc. Bxchat. Anatomie descriptive, t. 2, page 366. ( 346 ) ment un instrument passif, comme le sont le violon et la flûte. Ces trois instrumens, que je puis me permettre d'embrasser sous îa même con- sidération , sont effectivement et également cons- truits, de façon à pouvoir procurer une percep- tion nette et distincte de toutes les modifications de l'air. C'est ainsi qu'ils deviennent pour l'homme la source des plus douces jouissances. Mais il faut pour cela que ces instrumeus soient mis en oeuvre; jusque-là ce ne sont que des moyens , il reste à les animer : et sans doute ce n'est pas à cette bril- lante époque de la civilisation que je puis croire utile de faire remarquer ce qu'ont su produire en~ ce -genre Les hommes rè unis en snripfp, appe- lant au secours de leurs facultés naturelles, les ressources d'un esprit inventif. Le violon et la flûte, tout comme le larynx, sont donc égale- ment placés sous Y empire immédiat de la vie. L'in- telligence en dispose , et des muscles sont les agens subalternes, qui viennent seconder les ins- pirations du génie. Ces muscles ( et c'est seule- ment ici que l'on peut apercevoir quelques dif- férences) varient, comme varient eux-mêmes les instrumens à manoeuvrer. Ainsi les puissances motrices des organes du tact et de la préhension s'appliquent à tirer du violon des sons purs et harmonieux j celles destinées à donner àlabouche l'expression du contentement, ou à l'embellir [ S47 ) par les grâces du sourire , s'exercent sur la flûte ; quand le larynx, pouvant prendre tous les tons, soit qu'il ait à produire des chants héroïques ins- pirés par la reconnaissance et l'admiration , soit qu'il doive s'en tenir aux, modestes accords d'un pipeau champêtre, tire parti de ses propres mus- cles , lesquels ont aussi une toute autre et essen- tielle destination; muscles que nous avons déjà vus employés à gouverner la déglutition des ali- mens, mais que le larynx parvient à affecter* à un nouveau service , avec d'autant plus de bon- heur et de convenance que, répandus à sa sur- face, ces muscles, se trouvant à portée, ont puis d'aptitude à en faire mouvoir les principaux res- sorts , et qu'étant aussi en beaucoup plus grand nombre, ils se suppléent les uns les autres, en cas d'exercice trop prolongé. §k XIV. Des tubercules 9 ou cartilages cunéiformes , con- sidérés comme faisant partie de l'instrument vocal. Santorini a découvert les cartilages du larynx qu'on a appelés de son nom , et en a fait ainsi des considérations du domaine de l'anatomie. Depuis, chaque auteur a parlé de ces tubercules, sans s'en inquiéter autrement que pour ramener sur la (548)' scène le nom de leur premier observateur. Si je ne voyais que M. Cuvier les a suivis dans quelques espèces de mammifères, et que M. Dutrochet les a observés sur un nègre , où il les a trouvés sin- gulièrement développés , je croirais qu'on ne s'en est occupé que par acquit de conscience. Peut- être , et il me semble juste de le remarquer, ne pouvait-on faire mieux en anatoraie humaine. Ces cartilages se trouvant réduits à n'exister qu'en rudimens chez les mammifères , il devenait assez difficile d'y soupçonner le rang et l'importance qu'ils ont dans le plan général de la nature. Nous renvoyons sur cela à ce que nous en avons dit précédemment, quand nous avons établi que les cartilages cunéiformes , ou les tubercules de Santorini, ont une consistance réelle chez les ovipares, et qu'ils y acquièrent, en y servant de chambranle h la glotte, une fonction impor- tante* Dans l'occasion présente, nous ne les con- sidérerons que sous le rapport de leur utilité, comme pièces comprises parmi les moyens orga- niques de la voix. Nous avons, M. Serres et moi, à l'imitation de Ferrein , fait rendre des sons à des larynx hu- mains détachés du cadavre : expériences dont le succès, pour le dire ici en passant, établit, sans le moindre doute , que ces appareils appar- tiennent à la catégorie des instrumens passifs, au (349) même titre que le violon et la flûte. Ne pou- vant , pour tendre les cordes vocales , employer autant de forces que Faction vitale en procure aux fibres musculaires, nous avons eu recours au second moyen qu'a le larynx de produire des sons. Nous avons abaissé les arythénoïdes et les avons rapprochés à leur base , mais de façon à ce qu'ils ne se touchassent pas entièrement et qu'ils laissassent entre leurs apophyses une fente étroite. Ces précautions prises , la manœuvre du soufflet employé à pousser de l'air sur la glotte , n'y produisait pas toujours l'effet attendu. Nous étions encore obligés de peser ou sur la racine de l'épiglotte, ou sur les replis appelés ligamens antérieurs , en sorte que servis encore mieux par le tâtonnement que guidés par la réflexion , nous finissions par créer, en combinant ainsi les masses inertes du larynx, un instrument fondé sur le principe de la composition des flûtes j c'est-à-dire, que nous parvenions , quand le larynx chantait , à mettre en rapport, et à des distances conve- nables , une fente et un biseau. L'air ayant dépassé la glotte, et s'étant brisé sur l'obstacle aigu qui existe en devant, demeure, sous sa nouvelle condition d'air polarisé , un temps quelconque dans la portion antérieure du larynx , de la même manière qu'après s'être brisé sur le biseau d'une flûte, il se répand, modifié ( 35o ) par la polarisation , pour être également con- servé un temps quelconque dans le tuyau de l'instrument : il ne devient, à l'égard de la flûte air sonnant que quand il échappe du tuyau et se met en contact avec de l'air ambiant. C'est de la même manière que nous avons cru nous apercevoir que l'air se conduisait, dans nos expériences, sur le larynx: il n'éclatait qu'à sa sortie de la cavité, où. nous avons dit qu'il est d'abord renfermé. D'un côté , il s'échappait sans bruit et en partie par un passage vers la racine de l'épiglotte, en suivant à la surface de ce car- tilage une dépression ou un léger sinus,- passage que l'on pourrait peut-être comparer à celui de la coche (1 ) des flûtes à bec : et, d'un autre côté, (i) Les deux issues de l'air dans les întrumens à vent,, celle de la coche par où une première portion s'écoule paisiblement, et celle des trous du tuyau, d'où la second© portion se répand au-dehors en rendant des sons , donne- raient lieu de eroire , que la première modification , ou la condensation des gaz de l'expiration pulmonaire, aurait pour objet de faire sortir les deux principaux élémens de ce gaz , de leur état de mélange habituel. Dans ce cas , le bi- seau sur lequel une masse d'air est lancée 3 n'en éparpillerait pas les molécules ; idée qu'en donne l'expression de bri- sement dont on se sert en pareille circonstance , mais cou- perait la lame en deux parties, qui chacune aurait sa sortie particulière. J'ai désiré savoir ce qui en est, et je vaiV rapporter quelques expériences faites en conséquence % ( 8fc ) il devenait sonnant ? après s'être frayé une autre route qui l'amenait dans l'air extérieur. Dans ce i°. J'ai fixé solidement au-dessus de' la coche d'une flûte à bec un tuyau fait avec une peau de gant. Ce tuyau , implanté droit comme une cheminée , était percé à son extrémité libre et était en général disposé de manière que le courant d'air , qui s'échappe par la coche , ne pouvait ce répandre sur les parois extérieurs du tube de l'instru- ment, mais était au contraire gouverné et dirigé au loin dans l'air atmosphérique. ^J'ai soufflé et l'instrument est resté muet. 2°. Pour essayer si j'obtiendrais le même résultat, en variant l'expérience, j'ai pris le premier corps de la flûte, qu'on sait dans cet état susceptible de rendre des sons très-aigus. J'en ai renfermé le gros bout dans un même tuyau de cuir également ouvert à l'extrémité. Ce n'est qu'à un souffle modéré que l'instrument n'a pas répondu : sous un effort plus violent, il faisait entendre un son retentissant. 3°. J'ai lié le bout du tuyau de cuir ; et ayant soufflé dans le bec de l'instrument, j'ai nécessairement rempli le tube d'air condensé, et j'ai déterminé un refoulement de ia colonne d'air vers la coche. Soit cette cause , soit une autre , l'instrument a parlé. 4°. Ayant remis la flûte dans son premier état , j'en ai couvert la partie supérieure d'un tuyan de cuir entourant la coche à l'un des bouts, et à l'autre le premier trou du tube» L'instrument mis en jeu , non-seulement s'est fait en- tendre 3 mais il a de plus rendu le son de la note qui se rapporte à ce même trou. ( 55a ) dernier cas, tout se passait, comme si, doué de ressort, ce fluide eût agi sur deux soupapes, qu'il avait en effet la force de soulever. Ces sou- papes ainsi susceptibles d'être entraînées et qui retombaient après l'événement et se replaçaient, comme auparavant , par leur propre poids, ne sont autres que les cartilages même de Santorini. Pièces rudimentaires chez les mammifères , ces cartilages ne s'y montrent pas, conservés, sans être parfois officieux : ils y tiennent lieu de ces garnitures de cuivre, nommées clefs, qui sont appliquées à une clarinette ou à un basson, Ces expériences m'ont paiu assez concluantes pour me porter à les varier à l'infini et pour m'engager à m'en occuper de nouveau. Le tranchant du biseau sépare l'air en deux fluides , l'un introduit dans le tube de la flûte, et l'autre dispersé à sa surface. Ces deux courans se portent l'un vers l'autre, et c'est au moment de leur contact et probablement à celui d'une nouvelle combinaison de leurs principes que le son éclate. Il faut croire , en effet , à une nouvelle combinaison ; car si le fluide total n'était que ramené à son premier état ; l'audition ne devrait pas plus dépendre de cette restitution qu'elle était possible sous l'influence de l'élément respirable, avant qu'il eût quitlé son état naturel. Une nouvelle combinaison des fluides atmosphériques polarisés , ou de la matière du son , sont pour nous une seule et même chose . ( 555 ) tomme à -peu -près des pédales à des jeux d'orgues ou à des harpes. L'objet de ces clefs, composées d'un axe au centre, d'une platine qui correspond à l'un des trous du tuyau , et d'un levier, dont la longueur du bras est calculée sur la portion habituelle de la main du joueur, est, comme on le sait, de tenir le trou du tuyau, existant sous la platine, ouvert ou fermé au gré de l'artiste. Les cartilages de Santorini, ensemble ou sépa- rément, imitent le jeu de cetie platine; comme elle , ils sont soulevés pour laisser sortir l'air po- larisé de sa cavité : ils offrent de plus une autre combinaison; je les ai vus quitter leur position habituelle, pour se croiser l'un sur l'autre et pour, dans certains cas, diminuer d'autant l'ou- verture, par où s'écoule le fluide. Nous remarquerons, à ce sujet, que ce méca- nisme rapproche tout-à-fait l'instrument vocal , tel qu'il est constitué dans un de ses deux modes d'action, de la flûte ou sifflet sans trous latéraux, que M. Cuvier, pensant à tirer parti de la prati- que des joueurs de cor pour l'explication du chant des oiseaux, a imaginé et fait construire. Les trous latéraux des flûtes ordinaires étaient remplacés , dans ce nouvel instrument , par une quantité donnée de rouelles de bois servant à boucher l'extrémité du tube. et que par conséquent ceux-ci se conduisaient comme des soupapes qui se refermaient d'elles-mêmes. La manœuvre des clefs des bassons est autre; leurs leviers ne sont point à la discrétion du fluide po- larisé i ils sont tenus en dehors de l'instrument, attendu que c'est au dehors qu'existe la force qui doit en disposer. L'air ne saurait recevoir d'activité; il s'écoule plus ou moins condensé, plus ou moins modifié. Au musicien seul il ap- partient de connaître et d'agir en conséquence. Mais en annonçant que les cunéiformes nous paraissaient offrir le mécanisme des soupapes, nous donnions une observation faite sur des la- ( 556 ) rynx flétris par la mort. Obligés d'agir sur une machine dont toutes les parties avaient perdu leur ressort, il nous a fallu recourir, la voulant remettre en vigueur, à un emploi exagéré des moyens laissés à notre disposition. En effet , nous ne pûmes la faire chanter qu'en redoublant les excitations : on a donc soufflé dans la trachée- artère beaucoup plus d'air qu'il n'aurait été sans cela nécessaire. Ces efforts ont porté la conden- sation de lair à un très-haut degré, et nous avons de cette manière procuré à ce fluide une force d'expansion capable de soulever les cunéiformes. Mais ce n'est point ainsi que les choses se pas- sent sous l'influence de la vie; le mouvement des cunéiformes est réglé par Faction musculaire : c'est ce qu'à l'occasion des recherches que nous avons faites ensemble, M. Serres a découvert. Les muscles épigîolti-arythénoïdiens qui ont pris ce nom, de ce qu'on a cru jusqu'à ce jour qu'ils s'é- tendaient de l'épiglotte aux arythénoïdes, se por- tent au-delà et jusques sur les cunéiformes,* leurs tendons, à la vérité, se dirigent d'abord sur les arythénoïdes; mais au lieu de s'y fixer, ils en pro- longent les flancs tout au travers du tissu cellu- laire, pour se rendre enfin et s'insérer sur les cu- néiformes. Ainsi ces cartilages , dont jusqu'ici on n'avait a-peu-près tenu aucun compte, entrent dans ( 357 ) îa composition du larynx , au même titre que toutes les autres pièces de cet appareil : ils sont également pourvus de muscles propres, et ils ont de même une fonction à remplir, laquelle, pour être subordonnée, n'en est pas moins d'une efficacité certaine. Lors de la déglutition des alimens, leur exis- tence sur un point saillant et leur grande mo- bilité, quand les arythénoïdes s'abaissent pour éloigner les alimens du canal aérien et opérer l'entière fermeture du larynx, aident à faire pé- nétrer les cunéiformes dans les moindres scis- sures et en forment d'excellens bouclions. Dans l'effet contraire, les arythénoïdes les sortent bientôt de cette condition, dès qu'en se redres- sant eux-mêmes, ils les rejettent tout en dehors. Beaucoup plus utiles dans la formation de la voix, les cartilages de Santorini tiennent lien, dans les chants doux et expressifs, de l'appo- sition des doigts sur les trous d'un tuyau de flûte. Le nouveau point de vue, sous lequel je viens d'envisager ces pièces du larynx humain , m'a fait croire qu'on serait flatté d'en avoir de bon- nes figures : je les ai fait graver y planche 1.0 , nos. îoc) et 110. Leur position est fournie par la première de ces figures ; et leur forme en cône, ainsi que leur facette articulaire, par la seconde. Je leur ai donné pour signe la lettre g? ( 558 ) comme étant la première du mot ghttéal > dé- nomination que j'ai cru devoir adopter dans la suite de cet ouvrage , pour les désigner. $• XV. Des moyens de l Instrument vocal pour monter d'une octave à Vautre. En traitant de la voix fondée sur le système vibratil , nous n'avons point omis de parler des circonstances qui amènent certains raccourcis- semens gradués des rubans vocaux ; ou bien , en nous occupant en dernier lieu de la voix qui se produit à la suite d'un brisement de l'air sur un bord aigu, d'indiquer les divers degrés d'ouverture, par où l'air polarisé à la glotte, se répand dans l'air ambiant. Nous avons in- sisté sur ces effets, comme donnant lieu à la variation des tons de la voix formée dans le larynx. Sans être entrés dans beaucoup de dé- tails à cet égard , nous avons reconnu que ces moyens sont bornés et qu'ils ne sauraient pro- duire tous les divers degrés de grave et d'aigu qu'on distingue dans la voix bumaine : en un mot , qu'ils ne peuvent donner que les divers tons harmoniques d'un ton fondamental. Les divers tons fondamentaux, ou la série des ( 559 ) tons de l'échelle musicale compris dans plusieurs octaves, proviennent par conséquent de causes que nous n'avons pas encore appréciées. Depuis Fabrice d'Àquapendenté (qui, dans le seizième siècle , les a , dès cette époque , attribuées à la longueur plus ou moins grande du tube vocal , ) jusqu'à nos jours , nous n'avons pas manqué d'observateurs , qui ont constaté que la portion thyroïdienne du larynx , nommée dans l'homme pomme d'Adam , de ce qu'elle forme sur le vi«* vant . une saillie à la partie antérieure du cou , s'enlevait, quand la voix monte , et descendait, quand elle baisse. La considération du chant des oiseaux a agrandi le cercle de nos idées et fourni matière à de nouvelles suppositions. Cependant cette même vue d'un de nos plus anciens anatomistes est encore ce qui a paru le mieux répondre aux faits observés et au mécanisme, qui , dans les instrumens artificiels , les cors entr'autres, don- nent les tons de plusieurs octaves : cette vue a donc été reproduite il y a quelques années, mais alors avec un caractère plus précis et avec des changemens, qui en ont fait une théorie nou- velle. Cela posé , il restait à déterminer en quoi con- sistait le tube vocal. Il paraît qu'on n'hésita que sur la question de savoir, si la trachée- artère en : notre terme habituel de comparaison, se présente de nouveau à notre pensée. A la première vue , y ( 568 îa parité ne paraît pas se soutenir; mais à un exa- men plus attentif, on y découvre une réelle ana- logie. Car si le violon conserve invariablement le même corps sonore, en revanche on y peut remarquer deux jeux de cordes , par la facilité qu'a la main du joueur de se porter rapidement du grand jeu à celui de démancher. Cette circon- stance est ce qui équivaut en effet, dans le vio- lon , à la double qualité du corps sonore de l'ins- trument vocal. Le fond des choses reste le même : la différence est seulement dans la disposition des moyens. Un seul jeu de cordes et deux corps so- nores , ou deux jeux de cordes et un seul corps sonore qui se compensent et qui se comportent de la même manière , ne sauraient offrir de dif- férences quant à l'objet de leurs fonctions. Cela résulte des principes que nous avons posés, $. X, page 3o2 ; principes qui nous ont fait considérer les corps sonores , et généralement toute table d'harmonie , comme un composé de molécules distribuées en série, c'est-à-dire, comme une réu- nion de fibres longitudinales, et en quelque sorte de cordes parallèles. Ceci posé, les applications seront faciles : les deux instrumens comparés jouissent également de la faculté d'octapier, et nous savons que le vio- lon emploie à cet effet la mise en jeu de ses deux systèmes vibratoires ? en les combinant successi- ( 3% ) vement sur la situation invariable d'un seul corps sonore. L'instrument vocal opère par une com- binaison toute semblable : tantôt son seul jeu de cordes a ses vibrations répétées par un corps so- nore porté à son maximum d'étendue, c'est à- dire, par le thyroïde et la membrane thyro- byoïdienne réunis ensemble, et l'appareil, ainsi gouverné, fait entendre les divers tons de la basse octave, tons qui sont produits de même par le joueur de violon, quand il s'en tient à son grand jeu; ou bien les mêmes vibrations sont ressenties et répétées par le corps sonore restreint à sa plus petite dimension, c'est-à-dire, par le thyroïde seul, et la voix qui en résulte s'élève à tous les tons de l'octave supérieure; tout comme il ar- rive au violon de les faire entendre, quand le doigter se renferme dans le jeu de démancher. Des deux côtés les moyens sont semblables, puis- que nous les ramenons à un même type ; des deux côtés, les résultats sont identiques, l'oreiile en est un bon juge. Nous ne pouvons donc douter que les deuxinstrumensne procèdent de la même manière, en parcourant selon leur portée tous les tons de l'échelle musicale : ainsi le joueur de eor emploie des parties, dites de rechange, pour allonger ou raccourcir son instrument. D'après ce qui précède, il est manifeste que la distinction des chambres de la voix et de la pa<» 9é ( 3?o ) rôle se fonde bien plus sur la nature de leurs fonctions que sur l'interposition d'un dia- phragme; ce n'est pas qu'il ne s'y en trouve. Le voile du palais, la base de la langue lors de son refoulement sur 'l'hyoïde, et l'épiglotte sont au- tant de cloisons mobiles qui donnent de la réa- lité à la séparation de ces deux chambres; ces cloisons en sont les portes qui s'ouvrent nécessai- rement, quand les deux chambres doivent agir simultanément. Ainsi, deux pièces d'un apparte- ment, sans cesser d'être affectées à un service différent, ouvrent l'une dans l'autre au moyen d'une même baie. On a pu remarquer que j'ai fait figurer active- ment les deux chambres de l'instrument vocal; mais cela n'a jamais pu être que métaphorique- ment. Sous le nom par lequel j'ai cru devoir les désigner, j'ai entendu l'universalité des élémens qui les constituent. 11 n'y a pas de mouvement chez les animaux sans contractions musculaires , et conséquemment sans le concours des muscles. Je ne terminerai point cet article, sans présen- ter une dernière réflexion. Mes considérations sur la voix et sur le son en général donnent seules une explication simple et naturelle de la remarque, qu'on a faite dès l'ori- gine des sociétés, qu'il y a sept sons primitifs; car ( 57i ) ce n'est point idéalement ei par l'effet d'un pur hasard qu'on s'est, par toute la terre ; accordé sur la distinction des sept tons cle la musique et qu'on a trouvé qu'il n'est point de langue dont on ne puisse ramener L'alphabet à 2j lettres; 7 voyelles, 7 consonnes fortes, et 1 cousonnes faibles. Les sept sons primitifs sont effectivement suggérés par la nature , comme on l'a dit en phy- sique , s'ils tiennent à l'essence du calorique et à la possibilité qu'il a de se subdiviser, suivant certaines règles, en sept parties, qui en sont lés sept prineipesconstitutifs. Le calorique est l'agent le plus universel , le plus aeiif et le plus vivifiant de la nature : il pénètre les corps ; il les excite à passer à l'état de fluide élastique, il en devient la matière dissolvante ; et, suivant les substances avec lesquelles il s'unit ou se combine, il donne aux atomes, dont il forme toujours le fond, la faculté d'agir sur nos sens distinctement et selon le caractère particulier à chacun d'eux, L'opinion, qui, chez les anciens, avait fait consacrer et honorer , pour ainsi dire , d'un culte le nombre 7 , aurait-elle eu pour base la connaissance de ce fait primordial de la physique générale? Aurait-on alors pensé que les 7 prin- cipes du calorique sont les sources génératrices des corps composés au premier degré, et qu'ils nous sont fournis d'au-delà de la sphère d'activité (370 de notre globe , pour remplacer les immenses consommations que les animaux et les végétaux font journellement de ces corpuscules élémen- taires, les corps organisés ne les restituant après leur destruction que dans un état de plus grande composition? Mais avant de songer à résoudre ces difficultés, nous aurons à revenir sur le fait en lui-même: nous ne devons pas oublier que nous ne l'avons jusqu'ici présenté que comme une hypothèse. Il nous faut lui donner le caractère d'un fait établi sur une démonstration positive. J'essaierai de le faire, mais dans une autre occasion. Quel engagement osé -je prendre ici? décidé si long-temps à garder le silence, parlerai -je enfin , et puis-je bien me permettre d'exposer lés bases d'une physique toute nouvelle? ne devrais-je pas plutôt éprouver le regret de n'avoir pas retenu ce premier trait qui vient de m'é- chapper , les considérations précédentes sur le son et sur la voix? Cardans la question du calo- rique, ou bien une idée chimérique m'a séduit ; et quelle sera mon affliction, quand je recon- naîtrai que je n'aurai aussi versé qu'un déplo- rable tribut dans le fleuve immense des erreurs humaines? ou j'aurai saisi une vérité du premier ordre ! Mais dans l'intérêt de mon repos ? Tout au moins j'aurais les aigles de la science f 373 ) pour rivaux, et je re tarderais pas à être écrasé sous le poids de leur considération personnelle. ( SUITE DU QUATRIÈME MÉMOIRE. Les considérations qui suivent se rapportent au com* mencemcnt de ce Mémoire et doivent être lues à la suite du septième paragraphe : je regrette de les en avoir sé- parées par une intcrcalation faite après coup et sana avoir été convenablement calculée. Dans le principe , et quand je donnai lecture de ce Mémoire à l'Académie, je in'élais borné à dire dans une note que ce qu'on avait nommé larynx inférieur chez les oiseaux, ne formait paa un s3rstêino d'organes régulier, et que- le larynx lui-même n'était au fond que la première couronne du tuyau intro- ductif de l'air dans les poumons et point un organe spé- cialement consacré à la voix. Eu voyant le larynx place par sa fonction générale parmi les principaux moyen* de la déglutition, je ne conservais plus, ajouîai-je , les mêmes scrupules et je m'étais enhardi à le supposer exis- tant dans la quatrième classe , où sont tous les animaux privés de la voix. Cette note, au moment de l'imprimer, me parut avoir tout-à-fait le caractère d'une allégation sans preuves : ja crus que j'y pourrais remédier par un paragraphe très- court ; et mou sujet m'entraînant bien au-deîà de ce que je l'avais prévu , j'ai fini par écrire les articles qui com- posent la précédente digression. Je ne puis me dissimuler que les objets ne se trouvent plus rangés dans un ordre convenable, et que c'est un vice très-fàcbeux de rédaction. J'ai pris le parti de dire a mon lecteur comment j'ai fait cette faute, et de réclainuc sus cela toute son indulgence. ( M ') §. XVI. Correspondance des pièces laryngiennes des 01- sêaùx et des Paissons. En se reportant à ce que nous avons dit §. ï\ , touchant quelques pièces auxiliaires qui en- trent dans la composition des ares branchiaux, on se rappelle ce qui nous a engagés dans une discussion sur les larynx. On n'a point sans doute oublié par combien d'indications nous avons été conduits a chercher les analogues des quatre paires d'osselets , principaux soutiens des pieu- réau* à la région hyoïdienne, parmi les os qui forment chez les oiseaux 3a première entrée et comme le vestibule de leurs canaux aériens. La connaissance entière qu'il nous a fallu d'abord en prendre, ajoute encore de nouvelles induc- tions à celles que nous avait précédemment four- nies le principe des connexions. Nous avons vu , §. YI, que le larynx des oiseaux fie parta-e en os de la couche inférieure, le thy- roïde et ses ailes, et en os de la couche supé- rieure , le cricoïde et ses deux suffragans, ou les arythcnoïdes : c'est de même ainsi que se parta- ient les quatre paires d'os auxiliaires chez les poissons. Les osselets des premiers et des seconds (575) arceaux viennent confondre leurs extrémités dans une cavité commune formée à l'intersection du basihyal et de l'entohyal, et ceux des troi- sièmes et quatrièmes arcs sont également conju- gués dans ce sens , que chacun s'appuie sur son congénère et qu'ils sont placés, non plus sur les côtés j mais après l'hyoïde; l'urohyal, qui forma la queue de cet appareil, occupant la fourche de la paire antérieure. L'indication, pour reconnaître dans les deux premières paires le thyroïde et ses ailes, résulte des connexions de ces pièces avec le corps de l'hyoïde ou le basihyal : c'est le même plan dans l'oiseau et le poisson , mêmes attaches de parties semblables, et, de plus, avec cette circonstance pareille, que, bien que le thyroïde soit appuyé sur le corps hyoïdien, toutefois la queue de celui- ci, ou l'urohyal, reste libre. Les fonctions sont les mêmes aussi dans les deux classes : le thyroïde et ses annexes deviennent autant d'intermédiai- res qui lient ensemble les deux appareils, hyoïde et larynx. Une seule circonstance arrête un mo- ment : les poissons montreraient quatre pièces thyroïdiennes et les oiseaux seulement trois. Mais notre remarque de quatre points osseux dans les thyroïdes à demi-ossifiés du bœuf lève cette dif- ficulté. Non-seulement nous retrouvons le même nombre de noyaux osseux dans le thyroïde du (376) . lièvre ,j%v -58, mais nous y apercevons Je pîos |iiscp7à un arrangement tout semblable. La dis- position de ces parties est aussi, à peu de cb( se près, la même dans le cheval (i). II n'y aurait que chez les oiseaux, où la comparaison ne se sou- tiendrait pas sur le même pied, eu égard à la pièce impaire et médiane de leur thyroïde : mais d'abord il est de principe que toute pièce impaire soit le produit de deux parties soudées ensemble, et l'observation dans l'espèce qui nous occupe anous laisse apercevoir quelque trace d'événe- ment de ce genre. Le thyroïde de quelques oi- seaux, de ia sarcelle d'hiver par exemple, ressem- ble à uue semelle en fer à cheval, dont les bras ont leurs bords intérieurs prolongés jusqu'à leur (i) Cola nYst rigoureusement vrai qu'à l'égard du thy- roïde : car d'ailleurs le !ar\nx du cheval m'a pai u avoir deux cartilages de plus. J'en ai donne la figure,./;/. 10, n . 1 1 1 . Ces cartilages n'ont pas autant de consistance que les au- tres , surtout à leurs deux extrémités, qui sont amincies, évasées et partagées en franges. Ils sont logés eu dedans du larynx entre le thyroïde et les arythéuoï Ses , ei pré- sentent une surface en parte rugueuse qui facilite \vs adhé- rences de la membrane muqueuse. Sontrce Us cunéiformes^ qni se seraient un peu déplacés? je n'ose l'affirmer, parce qu'il me semble qu'on en trouve un très-léger vestige dans la partie des lèvres des aiythénoïdes saillante en dehors. ' ( 3?7 ) rencontre et soudés l'un à l'autre; ce qui reste, mg. G 2 , visible par un sillon longitudinal à la sur- face convexe vers le bas et ce qui se manifeste bien mieux, supérieurement à la surface concave, Jig. 60, par une saillie à double arête, qui semble êire les replis des deux lames accouplées. C'est cette saillie (pie Perrault a comparée au coutre, et M. de Humboldt au sbc d'une charrue. p. 5oy. L'identité de la troisième paire avec les arylhç- noïdes est encore plus évidente : ces os dans les deux classes sont de même contournés, sinueux à la lace externe et penchans l'un vers l'autre en devant : ils encadrent la glotte d'un côté dans les oiseaux, et produisent un résultat analogue dans les poissons, en devenant cette arche protectrice du principal tronc pulmonaire, dont nous avons parlé page 257. Une circonstance vient confirmer cette analo- gie de la manière la plus curieuse. Nous avons vu que les arythénoïdes portent à leur extrémité apophvsaire, dans les oiseaux, les tubercules de Santorini, qui prolongés en filets deviennent les bourrelets des bords de la glotte, et que, des arythénoïdes, ces filets s'étendent sur le thyroïde: cette considération est reproduite exactement dans les poissons, où du sommet de l'arche, c'est-à-dire, de chaque extrémité apophysaire . (378) des ary thénoïdes partent deux cartilages (i) pro- longés en filets, allant se porter sur les pièces antérieures, les deux paires thyroïdiennes. Ainsi se retrouvent situés et attachés aux mêmes points Jes tubercules de Santorini : ainsi est reproduite à raison du vide existant entre ces (Ilets, aussi- bien dans les poissons que dans les oiseaux, une sorte de glotte, mais qui , au lieu de servir, comme dajns ces derniers, au trajet de l'air, se borne dans les poissons à faciliter le trajet des vaisseaux pul- monaires. Il existe toutefois une différence, et que je ne dissimulerai point, bien que ce soit la seule ob- jection à m'opposer. Les parties du larynx ne for- ment vestibule et ne commencent le canal aérien que parce qu'elles sont composées de deux moi- tiés.placées parallèlement, le thyroïde et ses ailes d'un côté, et le cricoïde et les arythénoïdes de l'autre. Pareil arrangement n'existe pas dans les r nm - | ■ _ ■ . . i ii » m -ni tt 1 — — — — "■ (i) 3e les ai f a t représenter , pi. 8, n°. «S5 , où ils sont ândiqués par les lettres gl. J'ai eu aussi , même figure, cette attention pour le cartilage / qui s'étend des pièces ar à celles ma.quées cr , cartilage bien important comme de- venant le lien etfoimant., pour ainsi dire,, la réclame de parties compr ses dans le même appareil et tenues pour ce- motif de conserver, l'une par rapport a l'autre , Tordre des, connexions. (579) poissons, où les deux moitiés sont au contraire rangées bout-à-bout et /ne composent ensemble qu'un seul et même plan. Mais si Ton y fait atten- ttion, on s'apercevra que ce léger déplacement, qui n7a produit d'autre événement que de porter davantage en avant la couche inférieure etde faire (descendre plus en arrière la couche supérieure, ( ce qui s'est d'ailleurs opéré, sans rien changer aux rapports et aux connexions des matériaux de ces couches) est dérivé nécessairement de la na- ture des choses. Car dans le fait, cela résulte de celte immutabilité des engrenages, qui nous a fait fonder le principe des connexions, principe sur lequel il ne paraîtra pas sans doute extraor- dinaire que nous revenions si souvent. La membrane thyro-hyoïdienne attache dans tous les animaux le thvi oïdeau corps de l'hyoïde; beaucoup plus en avant dans les animaux, où celui-ci s'est abaissé davantage et prolongé en ar- rière. Ainsi dans ies mammifères, le thyroïde vient api es : dans les oiseaux, qui ont le col court et chez qui alors la lame épiglottique n'est point, par une dimension exagérée, dans des cas d'ex- cepîions et d'anomalies, le thyroïde est porté plus haut et se trouve presque parallèle à l'hyoïde : et enfin , dans les poissons , chez qui le corps de l'hyoïde est formé de deux pièces, le basihyal et l'entohyal, et où il est par conséquent plus allongé / ( 5£o ) que dans les oiseaux, le thyroïde est encore plus reporté en avant. Ses annexes ( ainsi le veut la loi des connexions), suivent leur principale pièce dans ce mouvement ascendant; voilà quant à la couche inférieure. Les pièces de la couche supérieure ont des re- lations tout aussi dominantes; ce sont celles du cricoïde pour l'ésophage. Tout dans l'organisa- tion devient respectivement, ou successivement, cause et effet. Ainsi Pésophage, que la longueur de la tête des poissons et la grandeur des arcs branchiaux placent à une grande distance en ar- rière, occasionne, à son tour, la position reculée du cricoïde, qui lui même ne cède et ne peut céder, qu'en traînant après soi ses annexes, les arythénoïdes. Dans cette position des choses, de cet état d*encrrenace et de connexions, et de ces efforts pour entraîner la couche supérieure en arrière et pour porter la couche inférieure en avant, que doit-il résulter? — Tout simplement et tout naturellement, ce que l'observation nous apprend, c'est-à-dire, que, toutes pièces en re- gard conservant les mêmes contacts , une couche aura glissé sur l'autre, et que toutes deux placées, l'une au bout de l'autre, se seront confondues et étalées n un seu! et même pian. Les oiseaux qui ont l'entrée de la glotte paral- lèle au cou et qui par conséquent ont le thyroïde ( 58! ) très-élevé eu égard à la situation du cricoïde? îious montrent en cela une position intermédiaire qui mène à ce qu'on observe dans les poissons et qui en donne déjà une explication satisfaisante. Les arytliénoïdes qui forment la partie la plus avancée de la couche supérieure ne fondent pas seulement leur appui sur cette articulation par diarthrose , avec les ailes du thyroïde , que nous avons décrite en traitant des oiseaux ; ils trouvent sur la ligne médiane une base plus ferme, y ren- contrant la queue de l'hyoïde , ou l'uroliyal , qu'ils embrassent de chaque côté et avec laquelle ils s'articulent par synarthrose. Ainsi intervient, en ce lieu, un moyen d'union pour les deux couches du larynx, quand elles sont rangées bout-à-bout : ainsi se justifie sous le rapport des fonctions cet urohyal,dont je ne m'étais occupé dans mon pré- cédent mémoire, que pour en suivre les trans- formations et que pour en donner la détermina- tion : son mode d'articulation avec les arytlié- noïdes nous offre une dernière preuve aussi cu- rieuse que péremptoire, que la couche supérieure du larynx s'est abaissée sur l'inférieure, en nous montrant les arytliénoïdes posés dessus, en dessus des flancs de l'uroliyal, quand cette pièce est amenée et étendue sur les côtés : le genre trigle m'a fourni le sujet de cette observation. Enfin l'identité avec le cricoïde de la ttuairjème ( 582 ) 1 paire, ou des osselets auxiliaires employés jusqu'à ce jour sous le nom de pharyngiens inférieurs me paraît un fait tout aussi facile à établir. le ne me ferai point d'abord une difficulté ue ce que cet os est impair dans les mammifères et les oi- seainx, et de ce que, dans la plupart des poissons, il est partagé en deux pièces : il suffit que cela n'ex.iste pas dans tous, et que l'analogie se sou- tienne à cet égard dans quelques exemples, pour que ce soit même là une application satisfaisante du principe, qui fait regarder un os sur ia ligne médume comme composé de deux parties sem- blables : or nous avons vu plus haut que les deux pièces dont nous nous occupons sont soudées pour n'en faire qu'une seule dans l'espadon, l'orphie, les chétodons et quelques autres. L'analogie de ces pièces avec le cricoïde se démontre parle rang qu'elles occupent à l'égard des précédentes, mais bien davantage par leur contiguïté avec l'éso- phage : ce sont dans les deux classes, oiseaux et poissons, des pièces engagées dans le tissu de ce conduit et qui, plus prononcées dans les poissons où l'ésophage n'est plus accoté par une trachée- artère, non seulement deviennent des pièces de force pour le soutenir, mais forment en outre avec les pharyngéaux une sorte de mâchoire in- térieure. 3Nous avons plus haut, en décrivant ces pièces, -( 583 ) expliqué comment elles ne son' plus en lign^ avec les quatrièmes pleuréaux, et comment il arrive qu^elies soient éloignées des os antérieurs, les arythénoïdes. Mais toute plausible que nous pa- raît notre explication, l'intervention des dewA pleuréaux entre les arythénoïdes et les crîcoïdes dans les poissons serait une circonstance si con- traire à Tordre des connexions, qu'elle fourni- rait un préjugé contre notre détermination, si nous n'avions à faire remarquer que cette inter- vention ne va pas jusqu'à opérer la rupture de ces pièces; il reste un lien qui les rappelle Tune à l'autre; c'est un très-fort cartilage dont la lon- gueur égale l'épaisseur des pleuréaux. Ce ligament, à sa naissance , est autant attaché à l'urohyal qu'aux deux pièces voisines, les doux arythénoïdes; tellement que l'urohyal seTattr ibue et le conserve dans les oiseaux, lorsqu'arrive la dislocation de ces parties pour remettre les deux couches l'une au devant de l'autre et reproduire le larynx. Avant que j'eusse saisi cette analogique cherchais inutilement, ce qui dans les oiseaux motivait l'urohyal , et principalement le long cartilage qui le termine : en y voyant ces longs brins en avant du thvroïde et de la trachée-ar- tère, libres, ou à peine engagés dans le tissu cel- lulaire, je ne leur trouvais ià aucune utilité, Mais présentement que je les y apperçois dans la con~ (384) clition rudîmentaire, je les conçois comme ves- tiges d'une organisation nécessaire ailleurs. Celle dernière analogie vient ainsi donner à ces re- cherches tout le piquant d'une démonstration complète. Nous sommes donc assurés parce qui précède que nous avons ramené les os auxiliaires des arcs branchiaux, situés à la région hyoïdienne, à leurs analogues dans les autres animaux verté- brés, et nous nous croyons autorisés par la con- fiance que nous prenons dans ces rapports à les appeler du même nom. Nous donnerons aux deux premières paires les noms de thyréaux , dis- tinguant chaque paire d'après sa position par les mots AJ antérieure et de postérieure y à la troisième paire le nom d'arythénéaùx; à la quatrième, ce- lui, de cricêaux ; enfin aux tubercules de Santo- rini celui de glottéaux. De cette manière, nous conservons les radicaux convenus, mais non une terminaison , qui , étendue à tous les animaux, fierait errônnée ; celle que nous y substituons a l'avantage d'offrir la même consonnance pour toutes les pièces du même appareil, et de prépa- rer à l'avance des bases réelles à une nomencla- ture mieux raisonnée des muscles, des nerfs et des vaisseaux. A ce point où nous voici arrivés, considérons ( 585 ) saotre situation. Nous avons marché avec assez de bonheur vers la connaissance des pièces extrêmes des arcs branchiaux : nous en avons trouvé les analogues chez les animaux à respiration aérien- ne, parmi les pièces amoncelées à la hase du crâne, toutefois dans la condition la plus favo- rable à nos vues, dans un état de superposition, formant enfin les planchers de deux étages. Les plus grandes difficultés sont sauvées : ces pièces sont là évidemment dans un état minime , restreint et presque rudimentaire , des pierres d'attente: ou-, si l'opération est conçue à revers ., des pro- duits de dislocation. En connaissant les parties extrêmes des arcs branchiaux dans tous les ver- tébrés, en voyant comment dans les mammifères et les oiseaux, ces pièces sont mariées avec les cloisons osseuses des chambres du cerveau et des organes des sens, et en apercevant qu'elles n'y sont jamais employées qu'à regret, pour ainsi dire, -on est moins étonné de voir arriver et se poser sur tant d'os apophysaires, réellement étrangers au crâne, l'appareil le plus hétérogène pour un pareil lieu et pour les choses qui s'y trouvent, un appareil pulmonaire enfin pour respirer par l'intermède de l'eau. Ainsi, ce qu'en s'accordant le plus de latitude, on n'eût jamais espéré de rencontrer^ l'observation le donne; il est, même chez les animaux qui respirent dans 25 ( 586 l'air j il est, pour tin second mode de respiration,' des réserves sur le crâne ; si bien qu'en apercevant réunies, dans les mêmes êtres, les doubles com- binaisons auxquelles donnent lieu les deux modes de respiration, on est tenté de croire qu'il y a chez tous disposition pour que le thème soit fait de deux façons, et que, pour produire une classe d'animaux à l'exclusion de l'autre, il suffise de porter un des deux ensembles d'organes à son maximum de développement et de retenir l'autre dans des conditions rudimentaires : les germes des deux systèmes d'organes existent dans le fœtus : un des deux se développe avec l'individu, et l'autre y demeure en embryon. Cependant nous ne nous sommes encore occu- pés que des colonnes de l'édifice : il y faut asseoir un dôme qui réponde à son importance. Mais serions-nous toujours en mesure d'en rassembler les matériaux? Avant que nos observations aient porté sur l'essentiel de l'organe respiratoire des poissons, voila que de quatre pièces dont se compose chacun de ses élémens ( chaque arceau des branchies ), deux sont déjà employées, et le sont, appliquées à des os de la base du crâne. Il ne reste ainsi disponibles à chaque arceau que les deux pièces intermédiaires, ces pièces que nous avons précédemment décrites et désignées sous ( 387 ) ïe nom de plenréaux : tout l'essentiel de l'organe serait-il réduit à ces seuls matériaux? Y aurait-il là en effet, ressources suffisantes? § XVII. IDes plenréaux. Nous ne pourrons savoir ce qui en est, que si nous parvenons à connaître les plenréaux. Nous les avons décrits dès les premières pages de ce mémoire; leurs formes, leur jeu, leurs fonctions, tout ce qu'ils sont enfin dans les poissons ; nous en avons une idée précise. Mais plus nous avons eu occasion de nous convaincre qu'ils se distin- guent par les traits qui caractérisent les organes d'un haut rang , plus nous les aurons trouvés constamment semblables à eux-mêmes, et plus aussi nousd.evons croire que ce sont des matériaux; propres à toute l'organisation. Encouragés par ce pressentiment, nous allons alors les chercher dans les animaux à respiration aérienne. Ce qui reste encore, chez ces animaux, d'os ou de cartilages non employés, est très-considé- rable; telles sont les pièces de la trachée-artère, celles qu'on avait appliquées au larynx infé- rieur , les bronches elles-mêmes, ( 588 ) Mais nous arrivera-t-il, agissant en aveugles, d'aller, sans être effrayés de leur nombre, tâ- tonner tout autour de ces pièces, et d'en négli- ger la plus grande partie pour nous fixer, près- qu'au hasard, sur quelques anneaux plus ou moins appropriés à nos besoins ? Non sans doute, C'est inutilement qu'on tourmente un texte pour en détourner le sens au profit d'idées imagi- nées cl priori. Nous nous élèverons à de plus hautes considérations : car s'il est vrai, comme nous le croyons et comme nous le trouvons si bien établi dans les ouvrages de M. Cuvier, que les branchies suspendues aux pleuréaux sont elles-mêmes tout le poumon, nous n'irons pas, pensant à retrouver les arceaux qui portent im- médiatement les vaisseaux sanguins, les supposer en dehors des poumons et les chercher dans des pièces excentriques à ces organes; mais tout au contraire, plongeant au sein de la chose à cons- tater, c'est le poumon même que nous irons in- terroger. Alors quel spectacle nouveau vient s'offrir à nos regards ? Que de nouvelles considérations ! Que de choses vraiment surprenantes ! Je ne puis continuer de décrire. ... je cède à un sentiment qui m'entraîne, et ne puis assez méditer sur cette grande pensée de la nature qui est empreinte dans tous ses ouvrages, qui s'est tant de fois ré- . . (38g) vélée aux hommes, et que cependant les plus doctes parmi eux méconnaissent encore dans un bien grand nombre de cas : j'admire comment cette fois elle vient s'offrir sans réserve , toute entière , pour rester éternellement la base de toute doctrine. Présentement, que toutes excep- tions disparaissent , on peut proclamer loi de li nature, Y unité de composition organique pour tous les animaux vertébrés. Je fis du nombre des branchies et de leur sépa- ration le premier objet de mes recherches : les poumons des mammifères sont divisés en plu- sieurs lobes. Je consultai le tableau qu'en a donné M. Cuvier y dans ses leçons d'anatomie comparée. La division quaternaire est presque toujours re- produite pour le poumon droit, et si le poumon gauche présente moins de scissures, la théorie explique ce fait, de manière à ce que l'on n'ait point à s'en inquiéter : tous les organes doubles sont fondamentalement semblables , et le moindre développement de l'un dépend toujours d'une oblitération accidentelle; dans ceux-ci, plus d'entraînement et plus de pesée du cœur, vers et sur le poumon gauche , y auront produit ce résultat. Satisfait de la correspondance numérique des premières subdivisions pulmonaires , je ne l'étais ( 3ç)o ) « plus de même , sous l'autre rapport. Ces scissures n'étaient point d'amples perforations, des sépa- rations totales comme aux branchies. Mais je me rappelai que quelques-unes de ces circonstances caractérisent les oiseaux, qu'ils ont l'organe res- piratoire percé de part en part, et que l'air qui, comme au travers d'un crible, passe dans le pou- mon; que Pair, dis-je, va s'accumuler, au-delà, dans de vastes cellules abdominales. Ce n'était point là, sans doute, une analogie complète; mais il fallait accueillir ce rapport comme pou- vant conduire un peu plus loin. Sur cette ré- flexion, je désire connaître Pordre de ces perfo- rations : j'en veux prendre le nombre : je me crois déjà sûr de la même division quaternaire : et la plèvre enlevée, l'intérieur des poumons mis à iiud, quelle est ma surprise, en trouvant bien plus que je n'espérais, en voyant là les pleuréaux eux-mêmes, en y apercevant tout un arrange- ment ichtyologique? jToyezpl. 7-J(g> 7 5 et 80. Des pleuréaux y existent en effet , dès l'immer- sion de la trachée-artère, dans le poumon; en même nombre , sous la même forme, dans les mêmes rapports d'isolement et de parallélisme , présentant, en proportion, d'aussi amples perfo- rations, articulés et fourchus de même , égale- ment interposés entre le tronc des principales artères et de nombreux ramuseules sanguins ^ * . (5gO conséquemment avec les mêmes connexions , et conservant enfin, quoique sans grande efficacité, les mêmes relations et les mêmes fonctions : mais ils y existent comme doivent se trouver chez les oiseaux des organes ichtyologiques, c'est- à-dire , pour rappeler un appareil complet et important ailleurs, dans un état rudimen taire : ils y existent en même nombre que dans les poissons osseux y et sous une forme qui rappelle plutôt l'exis- tence des ouvertures et des appareils branchiaux des poissons cartilagineux. La trachée-artère introduite dans le poumon y est prolongée comme tronc unique et avec le même diamètre , l'espace d'un pouce seulement , dans nos grands oiseaux de basse- cour; de là, la subdivision s'en fait tout-à-coup, et sans qu'on puisse la suivre à l'œil nu, tout à l'opposé de ce qui se passe dans les mammifères, chez qui le principal tronc, ou, comme on l'appelle en ce moment, la principale bronche se subdivise en branches, celles-ci en rameaux, ceux-là en ra- muscules, et ainsi de suite. Le milieu de ce court trajet est le siège de nos quatre pieuréaux. La principale bronche ne forme plus un tuyau aussi parfaitement cylindrique qu'à son origine : les cer- ceaux cartilagineux s'entr'ouvrent d'autant plus. qu'ils se voyent plus avant dans le poumon : ils n'existent tels , et de manière à rappeler les an- ( %* ) ' I Sieaux de la trachée-artère , qu'à chaque estré- mite; et l'espace laissé vide au milieu est, comme nous venons de le dire, occupé par les pleuréaux, sortes de demi-anneaux également cartilagineux 7 formés chacun de deux brins droits, inclinés l'un sur l'autre, ou très-légèrement convexes, oppo- sant leurs convexités aux subdivisions des vais- seaux pulmonaires et leurs concavités aux prin- cipaux troncs artériels. Voy.pl. 7-fig> 7$ et 80. Ce sont de véritables arceaux , séparés et pa- rallèles, coudés sous un angle de 4o à 5o degrés. A cela près de leur petitesse, de l'insuffisance de leurs services, et de ce que, plus petits que les principaux troncs pulmonaires, ils n'ont plus- l'assistance de gouttière à offrir à ceux-ci; e'esl exactement comme dans les poissons. Une circonstance dans le pleuréal de l'Au- truche (pL J-fig' 74- )> indique que les deux bras de ce pleuréal proviennent de deux élémens pri- mitivement séparés : car ils ne se bornent pas dans cet exemple, comme cela se voit partout ailleurs, à confondre leur extrémité à leur angle de jonction : on en aperçoit, un peu au-delà, la petite pointe (1). (i) Occupé, à la campagne, de ces diverses recherches, et privé dans ma retraite des ressources d'une grande bi- bliothèquc, je crus, quand je découvris les ctuatre arceaux ( 595 ) Toutefois, si dans l'espèce qui nous occupe ? cette charpente est trop faible pour porter le poumon, n'oublions pas que nous ne considé- rons ici que des vestiges, et que la machine du poumon des oiseaux , sur lesquels j'ai insisté comme me paraissant offrir des traces rudimentaires d'organes ichtyologiques , que cette observation était entièrement nouvelle. Depuis , et de retour à Paris , je vins à savoir que ces arceaux étaient figurés dans les Mémoires de l'Académie des sciences, année \j53 } pi. i2,Jig. 2. In- gram } qui était attaché au service de cette Académie, et qui avait reçu d'Hérissant la commission de lui des- siner et de lui graver les organes de la voix des oiseaux , y ajouta cette deuxième figure qui ne lui avait pas été demandée. Le dessinateur embarrassa l'analomiste^ qui ne «e tira de cette difficulté qu'en s'abstenant de parler de considérations qu'il n'avait pas embrassées dans ses études. Depuis, personne ne tint compte d'une figure, qu'il sem- blait qu'Hérissant avait affecté de laisser sans explication. Il paraît qu'Ingram préparait lui-même les anatomies qu'il était chargé de dessiner , puisque dans le cas qui nous occupe , ce ne fut qu'après l'impression des Mé- moires de l'Académie pour l'année ij53 , qu'il dit à Hé- rissant, s'être servi d'une oie pour modèle : celui-ci, dans Y errata du volume , nous prévient qu'il avait cru jusques-là les dessins de son article faits d'après un canard. Je rap- porte cette circonstance , de laquelle il résulte que la figure d'Ingram et celle que j'ai donnée, n°. j5 , ont eu pour objet îa même espèce, parce qu'il m'importe , attendu leur diffé- rence, de garantir l'exactitude de la mienne. (394) ornithologique, sans besoin de cet appui, trouve d'autres ressources et des soutiens plus efficaces parmi les arcs ou les cerceaux de la cavité du thorax» §. XVIIL | De quelque ressemblance entre les Poumons et les Branchies. Je ne me rappelle de description de poumons- d'oiseaux, qu'au sujet de la face en regard avec le coeur : la plèvre > qui sur cette surface bride les- poumonSj en prolongeant ses attaches par delà , a fourni en ce point une circonstance qui a fait dire que les poumons adhèrent aux côtes. Ceci n'est pas exact : les poumons ne sont qu?encastrés. entre les lames saillantes de celles-ci : ils n'ont été qu'acculés sur les côtes, à raison sans doute de la manière de respirer des oiseaux, chez qui le plus- grand effet de respiration est produit sous l'in- fluence des muscles abdominaux, quand l'air in- troduit dans ses grands réservoirs est de là refoulé vers ses premières voies, et réagit contre le pou- mon. On conçoit alors comment, pour n'avoir rien à perdre de son ampleur, le poumon, remonté* vers le fond de la cavité thorachique, est dans la nécessité de se mouler contre et sur les parois de cette cavité; et comme il y rencontre les côtes ( 5g* ) qui s'y prononcent et interviennent dans sa subs- tance comme autant de crêtes très-aiguës, on a le motif de toutes les scissures qu'il présente de ce côté. Les côtes gardant entr' elles un parallélisme très-régulier j les scissures des poumons des oi- seaux offrent une symétrie parfaite et une dispo- sition qui commence déjà à donner une idée des divisions également parallèles et symétriques y mais bien plus nombreuses, dont le poumon des poissons se compose. Voyez pi. 7 ,/ig- fé et 77. Enfin ces scissures, motivées dans les oiseaux et plus encore dans les poissons, nous donnent l'explication de ces autres divisions plus ou moins profondes qui ont été remarquées dans les pou- mons des mammifères. Qu'y avait - il de plus extraordinaire en effet, que de pareils poumons qui paraissent déchirés d'une manière inégale et capricieuse? On ne pouvait concevoir cette sorte de négligence , surtout à l'égard d'un organe d'un si haut rang. Mais en rapportant ces scissures à celles des oiseaux et en les voyant dans les mammifères comme des traces conservées d'une organisation indispensable dans un autre groupe, on en a l'explication que nous donne à chaque pas ma théorie des organes rudimentaires. « Mais, cîira-t-on , si l'on consent à vous ac- corder votre supposition et à considérer les arcs fourchus qui sont placés dans les oiseaux à la ( 5q6 ) naissance du poumon , comme les analogues d& vos pleuréaux, il vous restera toujours à expli- quer comment ces pleuréaux , pour devenir d'aussi importans supports qu'ils le sont chez les poissons, peuvent se dégager de ce qui les en- toure dans les oiseaux; et à établir comment ef- fectivement ils quittent la cavité thorachique j venant à parcourir toute la longueur du cou des oiseaux, afin d'aller s'appuyer à la base du crâne > où vous dites que deux étages de pièces auxi- liaires sont disposées à cet effet? Quelles forces sont employées, quels ressorts mis en jeu pour produire une aussi singulière métastase? » A cela, je réponds : il n'est dans tout ceci besoin ni d'énergie , ni d'efforts extraordinaires* La température du milieu où vivent les poissons et la non existence chez eux du second cœur analogue au ventricule gauche, sont deux cir- constances qui en amenant un plus lent écoule- ment du sang dans les vaisseaux, deviennent les causes de ces changemens. Le fluide nour- ricier, lancé peu loin de son point de départ , se décompose aux extrémités de ces courtes distan- ces et s'y combine avec la propre substance des organes : de là ? il arrive, et il est arrivé que tous les organes essentiels dans les poissons sont con- centrés sur un point : et de là aussi, que leur concentration est un effet de moindre énergie,. (597) Je ne fais que laisser entrevoir cette explication , parce que ce n'est pas ici le lieu de développer cette grande question. Des deux étages de pièces auxiliaires situées à la base du crâne, partent deux membranes, l'une interne, la membrane muqueuse du pharynx, qui dans les animaux à respiration aérienne con- serve une certaine épaisseur et une apparence muqueuse dans la trachée-artère et jusque dans les premières bronches : et l'autre, la plèvre qui sert d'enveloppe à tout l'organe respiratoire. Telles sont les deux membranes que, à raison de leur disposition, on peut comparer aux deux toi- les d'une bourse à double fond. L'organe respira- toire existe entre ces membranes : s'il est éloigné de la cavité buccale , la bourse qui le contient y communique par un long tube; s'il est au con- traire rapproché de cette cavité, la bourse y verse directement et en a d'autant moins de pro- fondeur. Que ces membranes soient privées du dévelop- pement qu'elles acquièrent dans les animaux à respiration aérienne, il s'ensuivra que l'appareil tout entière , xistant à leur fond , sera reporté en avant; qu'il se trouvera ramené d'autant plus près du pharynx et du larynx , les points de dé- part de ces membranes, que la concentration de celle ci aura été plus grande et qu'enfin dans cet ( 3g8 ) entraînement les pleur eaux , pièces antérieures des poumons, interviendront à la place où Tob* servation nous les montre dans les poissons. Mais ils n'y arriveront point en fugitifs : ils ne se se- ront point dégagés de ce qui les entourait dans la cavité thorachique. Tout chemine avec eux; la cavité thorachique elle-même, comme nous l'a- vons démontré dans notre Mémoire du sternum» §. XIX. Des Dents branchiales* ce C'est, me direz-vous, tout ce qu'on pourrait admettre, si vous ne faisiez pas une omission des plus importantes. Parce que les poissons n'ont pas de trachée-artère, vous contenterez> « Si nous considérons particulièrement une classe d'ani- maux y c'est-ià surtout que son plan nous paraîtra évi- dent : nous trouverons que lesforir.es diverses, sous les- quelles elle s'est plu à faire exister chaque espèce , déri- vent toutes les unes des autres : il lui suffit de changer quelques-unes des proportions des organes pour les rendre propres à de nouvelles fonctions } et pour en étendre ou res- treindre les usages. » « La poche de Talouate } qui donne à ce singe une voix éclatante et qui est sensible au devant de son cou par une bosse d'une grosseur si extraordinaire , n'est qu'un renflement de la base de l'hyoïde ; la bourse des didelphes, un repli de leur peau qui a beaucoup de profon- deur -, la trompe de l'éléphant , un prolongement excessif de ses narines ; la corne du Rhinocéros , un amas consi- dérable de poils qui adhèrent entr'eux ; etc., etc. ». « Ainsi les formes dans chaque classe d'animaux ; quelque ( 4io j différences qui séparaient les poissons des ani- maux qui respirent dans l'air. Aujourd'hui que je suis dans le cas de re^ venir sur ces premiers essais, et, qu'après des études plus approfondies, je puis être admis à modifier mes premiers aperçus, je recon- nais, non sans un extrême plaisir, que je n'ai rien à ajouter aux vues théoriques que je pré- sentai en 1807. Et cependant que de choses restaient à savoir ! Le voile n'était soulevé qu'à l'égard des moin- dres parties de l'être ichtyologique. Sans ren- seignement sur ce qui existait au-delà du sujet de mon premier travail , je ressemblais à un aveugle , qui , voulant apprendre la géographie avec des cartes en relief, aurait déjà exploré un canton : il en connaît les rivières et les montagnes, sans savoir où. celles-ci continuent de se répandre ; mais s'il revient sur cette première exploration , après avoir fait celle variées qu'elles soient , résultent toutes, au fond, d'organes communs à tons : la nature se refuse à en employer de nouveaux. Ainsi toutes les différences , même les plus essentielles, qui distinguent chaque famille d'une même classe, viennent seulement d'un antre arrangement, d'une autre complication , d'une modification enfin de ces mêmes organes. » Voyez h Magasin encyclopédique r tome 7 , p.. 3 sa marche en devient plus assu- rée , et il ne s'effraie point d'avoir quelquefois à modifier ses premiers jugemens. J'ai été et je suis tout-à-fait dans ce cas, au sujet de ma déterminaison des os claviculaires des poissons. Privé , quand je la donnai , de renseignemens sur les parties environnantes , j'ai long-temps hésité sur la longue pièce at- tachée par un seul point aux os en ceinture : mieux informé présentement, j'ai d'autres vues, que je ne crains point et qu'il est de mon devoir de faire connaître. Je vais donc repro- duire, avec des changemens assez considérables, mon premier mémoire sur les bras des pois- sons; laissant à décider, si c'est que je reviens sur une erreur que j'aurais commise , ou si ce n'est pas plutôt un résultat nouveau que je présente , et qu'auraient amené des recherches plus approfondies. §. h Opinions des naturalistes sur le membre pectoral des poissons. Peu de personnes se sont occupées de cette matière : cependant , dès les temps les plus re- culés, on avait soupçonné l'analogie de ces (4]3 ) nageoires avec les pattes de devant des quadru* pèdes. On trouve ces rapports déjà indiqués dans Aristote» Cette opinion fut adoptée et si bien établie cbez les modernes, que Linnaeus en prit occasion d'appeler du nom & apodes ( saris pieds ), les poissons qui n'ont pas de nageoires ventrales. Mais si l'on croyait superflu d'examiner cette idée ingénieuse, il était du moins naturel de la suivre dans ses conséquen- ces; et, puisqu'on avait trouvé que les na- geoires pectorales correspondent aux mains des mammifères , il fallait rechercher si à leur- tour les os qui portent les nageoires corres- pondent aussi aux autres pièces de l'extrémité antérieure de ces animaux. L'on pouvait ainsi obtenir des preuves directes de l'ingénieux aperçu d' Aristote. Artédi fut le premier des modernes qui, en 1755 y s'occupa de cette recherche ; mais la mort qui le surprit au commencement de sa carrière, ne lui laissa pas le temps de faire connaître toute sa pensée à cet égard. (1) M. Gouan la développa depuis dans un traité (1) Ossa pectoris et ventris in piscibus reperiuntur ;.- sunt-que in piscibus spinosîs } 1°. claviculœ , 2°. sternum ^ -3°. scapulœ y seu ossa quitus pi nnœ pectorales > ad radicem^ affiguntur. art. Partes piscium , p. 3g. ( 4i5 ) •-.•;' d'ichtyologie qu'il publia en 1770 : ayant lait graver un squelette de poisson, il entreprit d'en décrire toutes les parties. A l'exemple d'Artédi, qui avait employé pour chaque pièce un nom pris dans la langue des anatomistes , et pour «e conformer au même plan que cet auteur, il appela des noms de clavicule et d'omoplate deux des os du membre pectoral. A peu près dans le même temps , Vicq- d'Azir publia , dans les Savans Etrangers pour l'année 3 774, deux mémoires sur Fanatomie , et spécialement sur le squelette des poissons, sans y faire mention de nageoires pectorales ; mais en 1786, ayant eu connaissance de l'ou- vrage de M. Gouan , il rappela , dans un de ses discours sur le cerveau, les tentatives d'un auteur moderne, et le blâma » d'avoir employé » les noms de clavicule et d'omoplate pour )) des osselets qui n'avaient pas le degré de 7) précision et de mobilité que donnent aux y> bras ces os, dont il est évident, ajouta-t il, » que la famille des poissons est dépourvue. » M. Cuvier, sans adopter ce résultat, fut cepen- dant persuadé (Anat.,tome 1, p. s55, ) qu'on ne pouvait comparer d'une manière positive le membre pectoral des poissons à celui des autres vertébrés : il crut toutefois y reconnaître la clavicule dans une longue épine., libre a ( 4i4 ) Pune de ses extrémités, à laquelle personne avant lui n'avait encore fait attention , et il dé- termina comme omoplate le bandeau osseux sur lequel bat l'opercule . et dont M. Gouan avait fait ses os claviculaires ; et au surplus , jusqu'à ce qu'il pût se livrer sur cet objet à un examen plus approfondi, il comprit tout l'appareil osseux des nageoires pectorales sous le nom à'os en ceinture. Enfin M. de Lacépède, dans les généralités du cinquième volume de l'Histoire des poissons , n'admit des déterminations de ses prédécesseurs^ que celle de la clavicule , dans le même esprit que M. Gouan. C'est dans ces circonstances que je donnai, en 1807, Ann. du Mus. d'hist. nat. , tome 9.; le travail dont ce qui suit n'est qu'une révi- sion. §• 11. Détermination des os de V épaule, La cavité pectorale est terminée en arrière par une réunion de pièces osseuses, dont plu- sieurs se trouvent placées bout-à-bout et dis- posées en demi-cercle. La principale , sur la- quelle se répand la membrane branchiostège 3 { 4i5 ) fet qui sert de chambranle à la membrane des ouïes , est la clavicule de MM. Gouan et de Lacépède , notre clavicule furculaire , page 112, l'os analogue à la clavicule des mammifères. Cette détermination se fonde sur ce qu'à Tune des extrémités , cette pièce se réunit avec sa congénère pour s'appuyer sur l'épisternal,etque, de l'autre , elle donne naissance à deux systèmes de pièces dépendant de l'arc scapulaire , ou servant d'intermédiaires aux rayons des na- geoires. Dans les oiseaux ( Voy. pL 9, fig. 97. ) , le demi-cercle osseux placé au devant du thorax, dont les deux principales clavicules réunies en un seul os ( f la fourchette ) sont les pièces du centre, a de doubles ailes formées , les unes, 0,0, par l'omoplate qui se répand en-dessus du tronc, et les autres, ce, par les clavicules coracoides; lesquelles gagnent en arrière et vers le bas l'entosternal : c'est un arrangement semblable dans les poissons. L'omoplate de ceux-ci (Voyez pi. ioyfig. io3 , lo4, 106 et 108, lettre o), forme aussi un arc de cercle avec la clavicule furculaire. Mêmes connexions, même position par rapport au dos , mêmes attaches aux grands muscles de l'épine au moyen d'aponévroses; tout démontre son analogie: sa forme même rappelle ridée d'une ( 4>e ) omoplate. Ii ne lai manque , pour être toiit* à-fait en harmonie d'usage comme de forme avec une omoplate d'oiseau, que d'être libre à son extrémité vertébrale ; mais on sent bien que c'est ce qui ne pouvait pas arriver chez des ani- maux sans région du cou, et qui ont le membre antérieur contigu avec le crâne. Tout concou- rait d'ailleurs à rendre cet état de choses né- cessaire : les organes pectoraux , ayant passé sous la tête, laissaient les os de l'épaule sans support, et il fallait bien que le demi-cercle qu'ils forment avec les clavicules furculaires retrouvât un autre soutien, en allant se réunir vers le haut à d'autres parties solides. Ces considérations toutefois ne s'appliquent pas à l'anguille : son omoplate ne se joint pas à la tête ; la grandeur excessive des ouïes de ce poisson , fait que cet os est même éloigné du crâne d5un intervalle qui en égale la longueur* Dans ce cas, il en résulte que les 0.9 en cein- ture n'ont plus la même fixité dans cette espèce que dans ses congénères : mais d'un autre côté, on ne tarde pas à s'apercevoir que cela n'est pas rigoureusement nécessaire. L'opercule ne bat point sur la clavicule furculaire : éloigné de celle-ci ) il se passe de son chambranle ha- bituel. Cette anomalie est déjà une chose cu- rieuse, comme fait ichlyologique; mais elle nous ( 4i7 ) intéresse en outre dans le cas présent , comme replaçant l'omoplate des poissons sous les consi- dérations qui lui sont propres chez les autres vertébrés : elle nous la montre effectivement li- bre à un bout et engagée seulement entre les muscles du dos. Nous avons vu plus haut que M. Cuvier avait le premier signalé, en arrière des os en ceinture, une longue épine dans les poissons : elle n'existe, autant que j'ai pu m'en assurer, que dans ceux qui ont un squelette osseux. Elle naît de l'ex- trémité scapulaire de la principale clavicule et descend parallèlement aux côtes : sa forme est celle d'un stylet , du moins sa forme la plu» générale ; car dans quelques espèces qui s*éloi- gnent beaucoup du plus grand nombre des pois- sons, elle prend un tout autre aspect, entre dans de nouvelles combinaisons, et se rend remar- quable par des usages variés et très-singuliers. Je l'avais regardée, dans mon premier travail en 1807, comme l'analogue d'un des bras de la fourchette des oiseaux, et je Ta vais nommée en conséquence ; mais aujourd'hui j'en ai pris une autre opinion, et je pense qu'elle corres- pond à ce qui a été appelé dans l'homme apo- physe coracoïde (1). (1) M. Rosentlial , dans les planches ichtyologiques ( ichtyomiscîie lajèln ) } qu'il a publiées à Berlin ? en 1 8 1 2 , 27 (4*8') J'ai déjà été dans le cas de m'élendre , page li5 , sur cet os claviculaire , et je me suis surtout attaché à faire voir que ce n'est, dans la plupart des mammifères onguiculés, qu'un os gêné dans son développement , et qu'il en est autrement chez les ovipares. Les dimensions considérables et l'accroissement d'influence qui en résulte , lui donnent , chez les oiseaux en particulier, l'importance d'une pièce du premier rang. Cette occasion de revenir sur cette clavicule, plutôt conservée chez les poissons que né- cessairement comprise parmi les matériaux qui les constituent, m'engage à insister, plus que je ne l'ai fait , sur ce qu'elle est dans l'homme et dans d'autres mammifères, et principalement — .,.'■■ ii ■ , i a dit s'éloigner des déterminations que j'avais présentées en 1807 : Ann. , tome 9. Mais je ne vois pas en quoi, trouvant au contraire qu'il m'a suivi de point en point. Si l'on se donne la peine de consulter sa première figure , ou son squelette entier du cyprinus brama , on y verra qu'il nomme comme moi les trois principales pièces de l'épaule des poissons. P est l'omoplate [p. Schulterblalt)-, a. la clavicule (q schliisselbein ; et r. l'humérus ; ce que j'avais, ajoute- t-il , appelé clavicule (r oberarm , scJiliis- selbein nach Geoffroy ). Qu'on veuille revoir mon travail et ma figure du cyprinus carpio , on y trouvera que me* signes OjC9h9 correspondent aux signes/» , q , r, employés par M. Rosenthal, et qu'ils désignent les mêmes pièces. ( 4i9 ) à en donner quelques figures, chose entière- ment négligée jusqu'à ce jour. La clavicule ( apophyse ) coracoïde forme chez l'homme, dans le principe, un os détaché de l'omoplate : c'est dans cet état que nous l'avons observée et figurée à l'âge de trois ans* Voyez notre planche 9, n°. 91 {cette figure est réduite à moitié ) et n°. 93 , où nous l'avons re- présentée isolée et de grandeur naturelle. Le n°. 92 la montre également isolée, mais dans un enfant plus âgé : elle est enfin représentée, fig. 88, dans sa plus grande dimension et dans sa condition d'apophyse, chez un homme fait, un nègre de 45 ans, dont le squelette fait partie des collections anatomiques du Jardin du Roi. La clavicule coracoïde ne conserve point au- tant le caractère apophysaire ; elle est bien moins renflée; elle a beaucoup plus de longueur, et elle présente un diamètre plus égal dans les chauves-souris, et particulièrement dans les rous- 1 settes figurées nos. 94 et g5. Ce n'est d'ailleurs | que dans le groupe des mammifères onguicu- : lés , et surtout chez ceux qui ont les doigts le plus profondément divisés, qu'on trouve les traces de cette, clavicule, appelée à jouer un si grand rôle dans certaines familles d'ovipares (1). (1) L'attention que j'ai eue de toujours employer ia lettre c pour désigner la clavieule coracoïde donne toutes ( 4so ) Dans les oiseaux, où elle arrive à tout le maximum de son développement, elle tient lieu dan fort pilier qui porte l'épaule loin et au- delà du sternum, sans la priver de l'appui que le thorax lui procure partout ailleurs. Cette plus grande dimension de la clavicule coracoïde nous donne lieu , en outre , d'apercevoir plus distinctement son mode d'union avec le tronc : sa cavité articulaire ne fait pas réellement partie de la tranche de l'entosternal, mais la déborde en dehors. En réunissant ce point de fait à la circonstance de la position non équivoque de l'omoplate sur les côtes vertébrales, et à cette autre de l'histoire ostéologique des mammifères, que leurs clavicules sont pareillement situées à l'extérieur du tronc, nous en venons à cons- tater que le cercle osseux qui porte les ex- trémités antérieures , forme une couche qui enferme celle du thorax; considération qui «ert dans les poissons à expliquer, d'une ma- nière toute naturelle, la situation antérieure de leur poitrine à l'égard du bras* En effet, ce n'est pas seulement vers le coffre pectoral qu'il existe dans cette classe d'animaux deux systèmes de pièces osseuses, dont l'un facilites pour comparer cet osselet et en apprécier les rap- ports. Voyez planches 2 et g» ( 421 ) est concentrique à l'autre; le crâne est aussi dans le même cas : et alors , clans la jonction qui se fait de toutes ces parties, ce n'est point l'ancienne relation des deux couches du coffre pectoral qui règle leur saillie en avant ; elles ne cheminent point chez les poissons dans cette même raison ; mais y agissant au contraire dans une entière indépendance , le besoin d'atteindre du côté de la tête des plans osseux qui leur cor- respondent, et d'aller s'y appuyer, chaque couche pour son compte , décide de la distance qu'elles parcourent. Les os de l'épaule rencontrent beau- coup plus tôt le plan extérieur du crâne et s'y fixent, et ceux du sternum beaucoup plus tard, puisque c'est seulement dans l'embranchement des maxillaires inférieurs qu'ils atteignent la couche profonde, ou les os hyoïdes. Ainsi chaque chose conserve ses relations, et bien qu'il y ait apparence de métastase y le bras étant situé à l'égard de la poitrine, tantôt en devant et tantôt en arrière, la loi des connexions n'est cependant pas transgressée. Ce qui arrive à la clavicule coracoïde des poissons , faute d'ar- ticulation à l'une de ses extrémités , en est une autre preuve : elle se trouve, sous ce rap- port , dans les mêmes circonstances que celle des mammifères , mais non plus pour le même sujet $ car ce n'est pas qu'elle existe dans les ( 422 ) poissons à titre de vestiges, et que, devenue trop courte, elle ne puisse gagner l'os qui lui prête ordinairement son appui ; cela se passe tout autrement. La clavicule coracoïde des pois- sons est même proportionnellement plus longue que dans les oiseaux, chez lesquels cependant elle se trouve dans sa fonction générale; mais elle reste sans articulation à Tune de ses extrémités, parce que son soutien habituel lui manque : nous n'avons pas oublié que c'est avec l'en- tosternal ( vqy. page 11 5 ) qu'elle est constam- ment en connexion, et que cet os, (p. \5j ), qui a totalement disparu de l'organisation des poissons, ne fait point partie de leur sternum. Dans cette situation , n'étant plus, comme à l'égard des oiseaux , astreinte à un service ré- gulier, elle prend une physionomie ichtyologi- que. Si elle reste encore comprise parmi les moyens du mouvement progressif, elle ne s'y rattache qu'accessoirement. Son influence sur la natation n'est pas immédiate : son mode d'action varie à l'infini, et par sa souplesse à changer de formes, elle s'accommode des mo- difications qui surviennent de poisson à poisson, ou plutôt elle y concourt , pour y venir le plus souvent jouer le principal rôle; et dans tous les cas , elle multiplie et rend plus tranchés les traits caractéristiques de chaque famille. [ ( 423 ) Nous développerons ces considérations plus tard, pour n'avoir pas actuellement à nous interrom- pre dans l'examen de chaque pièce des os en ceinture. . . Quelques genres d'oiseaux nous ont montré (page n5 ) un osselet compris entre la prin- cipale clavicule et l'omoplate ; osselet nommé dans l'homme apophyse acromion : plusieurs poissons sont dans ce cas. J'ai cité cette pièce comme faisant partie de l'épaule du brochet. Si elle parvient dans les reptiles à une très- grande dimension ( page 117 ), je suppose que c'est à titre d'exception et par anomalie 5 car je ne lui connais d'autre destination que de prendre position , à la manière d'une rotule , entre plusieurs os pour en faciliter et coor- donner les mouvemens. Allongée dans le brochet, elle y contribue en outre, sans renoncer par conséquent à sa principale fonction, à agrandir l'arc sur lequel s'exercent les battemens de l'épaule. Ayant suivi le développement de Fos acromion dans les ovipares, je kcrois utile de le considérer pareillement dans l'homme. L'acromion y est dans un état de plus grande anomalie que la clavicule coraeoïde : les cir- constances qui y favorisent son développement y ( 424 ) sont plus variables ; son influence y est moindre ; son apparition plus tardive. Je n'en ai point trouvé' de traces dans les jeunes sujets repré- sentés nos. 90 et 91 , et c'est seulement dans une fille de i5 ans ( V. n°. 8g ) que je l'ai observé présentant tous les caractères d'un os achevé, en même temps que ceux d'un os dis- tinct et tout-à-fàit séparé. Pour placer cette pièce en situation à l'égard de ses voisines, je l'ai reportée sur la figure, n°. 90, où je me suis borné à en tracer le contour avec des points : enfin , l'ayant vue dans le squelette du nègre qui fait partie des collections du Jardin du Roi, bien cernée de toutes parts , quoiqu'en- gagée dans l'omoplate , j'ai saisi l'occasion de cet exemple, qui est très- rare 9 pour montrer l'acromion porté a un aussi grand volume ; tel est l'objet de la figure nQ. 88 : a est sa lettre nominative , planches 2 et 9. Dans mon premier travail touchant les os du membre pectoral, j'ai poursuivi ces recher- ches , en les étendant sur les pièces des poissons analogues au bras, à l'avant-bras et à la main des animaux qui respirent dans l'air; et dans la circonstance présente, si je n'avais déjà es- quissé ce sujet, je ne pourrais de même me contenter des déterminations précédentes, parce que j'aurais toujours à craindre que quelques- ( 425 ) uns des objets de ces déterminations appartins- sent plutôt au rameau dont le bras se trouve formé; mais sans inquiétude aujourd'hui sous ce rapport , je remets à traiter du bras pro- prement dit , et à le faire au moment où je m'occuperai en même temps de la jambe : ce sujet est fort étendu, et j'ai de plus, pour en agir ainsi, un autre motif qui va être l'objet des considérations suivantes, §. m. Usage des Os de V épaule dans les mammifères • et les oiseaux. On n'a vu jusqu'ici dans ces pièces qu'un bandeau osseux, servant de support à l'extré- mité antérieure. Ainsi embrassés dans leur to- talité, les os de l'épaule n'auraient été consi- dérés que comme la partie la moins efficace des matériaux employés dans le mouvement progressif: l'ostéologie humaine a pu en donner cette idée , qu'on a ensuite , sans y attacher d'importance , étendue à toutes les classes d'ani- maux : mais notre nouvelle théorie, au con- traire , nous porte à supposer que chacun des points osseux de l'épaule , pour la plupart si négligés jusqu'à ce jour, forme autant d'élémens distincts ; que chacun a une fonction propre ; ( 426 ) et qu'ils sont tous , les uns à l'égard des autres 7 suivant les classes , dans des relations qui en établissent différemment la subordination. Tel est le point de vue sous lequel nous croyons utile de les considérer de nouveau. S'ils n'étaient au fond qu'un moyen d'appui pour le bras, un seul os, l'omoplate, devait suffire (i); tous les mammifères à sabots n'en ont pas d'autre appliqué à cet usage. Mais selon que les divisions de la main sont plus nom- breuses, s'étendent en profondeur et gagnent en mobilité, les os de l'épaule se compliquent dans la même raison. L'acromion et l'os co- racoïde se montrent rarement, et le premier plus rarement que le second : la clavicule furcu- laire se déforme, se rappetisse et puis disparaît, au fur et à mesure que nous descendons des premiers degrés des Onguiculés, l'homme et les singes, vers les derniers échelons, les carnassiers et les rongeurs. (1) Le fibro-cartilage de l'omoplate gagne assez habi- tuellement en superficie , quand l'omoplate est seule em- ployée à porter le bras : voyez sur ce fibro- cartilage les pages 118 et 119. Le nom d'omolite (petite épaule ) 'm'a paru propre à désigner cette seconde pièce de l'omoplate. Pour son appréciation et l'intelligence du paragraphe 4 du deuxième de ces Mémoires, j'ai fait figurer,/?/. 9, *w°. 98, les os de l'épaule d'un tupinambis» ( 4*7 ) Au contraire, l'omoplate est chez les mam- mifères tout-à-fait à l'abri de ces variations de famille à famille. A ce trait caractéristique, nous ajouterons celui que nous fournit son haut degré de composition. iXe pouvant compter dans celle classe d'animaux que sur elle-même pour atta- cher le bras au tronc , et pour opposer sa ré- sistance aux secousses et à la réaction causées par la marche , elle est heureusement protégea par un ordre proportionnel de complication, étant formée par un large plateau et par une forte arête qui naît perpendiculairement de sa partie moyenne , qui en occupe toute la longueur , et qui y à pris le nom d'épine. C'est ainsi que l'omoplate tient le premier rang chez les mammifères parmi les os de l'é- paule, et que quelquefois elle reste seule chargée des obligations de tous : elle concentre ces pièces sur elle et s'en fait un rempart de points apo- physaires. Toutefois , dans un système remar- quable par tant de variations et par une si grande tendance à se simplifier de plus en plus, nous ne pouvons saisir que les traits caracté- ristiques d'une organisation qui se dégrade, et qui est dans un minimum de composition et de fonction. C'est aux autres classes à nous dire ce qu'il y a de réel dans cette supposition. ( 428 ) Chez les oiseaux, la destination des os de l'épaule est évidemment la même que dans les mammifères : ils y doivent encore servir à porter les membres antérieurs, mais c'est en vertu d'un tout autre arrangement : plus de causes y concourent; car ce qui se montrait à peine dans l'appareil précédemment décrit, prend plus de consistance dans celui des oiseaux. Déjà ces pièces figurent une ceinture osseuse, laquelle occupe la partie inférieure du thorax et pro- longe ses ailes sur la région scapulaire. La cla- vicule acromion est nulle ou presque nulle ; mais c'est le seul os dont l'absence se fasse remarquer. L'épaule des oiseaux est en général formée de trois parties qui se balancent pour le volume - La première observation que la discussion précédente porte à faire, concerne l'omoplate. On est étonné de la voir si petite; sa forme T qui est celle d'une bandelette mince et allongée^ est toute aussi singulière; en sorte qu'on ne tarde pas à s'apercevoir qu'elle ne joue plus dans cette organisation qu'un rôle très-secon- daire. Le premier rôle n'est pas cependant départi à la clavicule furculaire , ou , pour me servir de l'expression ordinaire, aux deux branches de ce que les ornithologistes appellent h four- < 4û9 ) cîiette» Ces deux branches, qui dans l'homme occupent le travers du thorax, ont, par le rap^ prochement des membres antérieurs* une po- sition contraire à celle-là chez les oiseaux : croissant dans un espace très- resserré , elles sont unies à leurs extrémités sternales , et pré- sentent ainsi en ce point une considération toute ornithologique, et par conséquent un fait qui , comme usage, se rattache au vol. En effet, si les ailes sont renvoyées l'une sur l'autre par la réaction du fluide ambiant, elles sont bientôt ramenées à leur distance respective par un contre effort de la fourchette , dont les branches élas- tiques reprennent d'elles-mêmes leur situation naturelle. Dans cette modification du plan gé- néral, en nous élevant des mammifères aux oi- seaux, nous voyons la clavicule furculaire passer d'une forme équivoque et d'un état plus ou moins rudimentaire , à quelque chose de plus précis et de plus persistant j nous la voyons acquérir de plus en plus un caractère classique, et justifier par d'importans services ce haut de- gré de composition. Cette circonstance ne donne cependant pas l'avantage à la fourchette sur la clavicule co- racoïde : des trois pièces qui composent la char- pente osseuse de l'épaule d'un oiseau, aucune n'approche de cette dernière clavicule pour le ( 45o ) volume et la solidité ; aucune aussi n'a une in- fluence plus marquée. Sa situation , parallèle à la colonne cervicale , encore plus que sa grandeur, étend la cavité pectorale au-delà de l'origine du coffre thorachique : cette situation place en effet le centre des ailes et Taxe de leur jeu en dehors des parties de l'organisation le plus susceptibles de lésion, et préservent à propos celles-ci de tout contact fâcheux. Or il est bon de remarquer que si les gon- flemens du coeur et des poumons ne sont dans ce cas nullement gênés, ce résultat important est obtenu par une disposition qui y semblait opposée. Il fallait bien que les ailes trouvassent quelque part un point d'appui ; et plus devait être pénible pour elles la lutte dans laquelle elles sont engagées , à l'égard d'un milieu aussi difficile à saisir que l'air atmosphérique, et plus ce point d'appui exigeait de solidité. Si, à ce titre, il n'y avait que le sternum pour le fournir, on retombait dans la fâcheuse nécessité que ce- lui-ci fût exposé à refouler les viscères pectoraux. Mais, comme nous venons de le dire, ce qui fait cesser ce conflit, ce qui concilie ces deux intérêts opposés, est le mode d'intervention de la clavicule coracoïde : car tel est effective- ment Pobjet du long manche qui est étendu «ntre ses deux lubërosités articulaires. De ( 43i ) cet arrangement , il résulte que le jeu et le* résistances des ailes ont lieu à l'extrémité de deux longs leviers, à qui il suffit d'osciller sur leur axe pour s'approcher et pour trouver à s'arc-bouter l'un contre l'autre; ce qui se fait avec d'autant plus de facilité, que ces mouve- mens sont en outre secondés , tant par la ré- sistance qu'opposent les deux branches élas- tiques de la fourchette, que par celle bien plus efficace qui est aussi fournie au centre par la base du cou. Au surplus, c'est à sa tranche que le sternum, est joint par l'autre bout des -clavicules cora- coïdes; en sorte que s'il lui arrivait de céder à l'entraînement de ces pièces, il ne pourrait obéir que dans la direction du mouvement qui lui est propre pendant l'expiration : dans ce cas, les viscères de la poitrine n'en seraient point gênés ; et enfin tout danger de cette na- ture est encore prévenu par la disposition des muscles pectoraux, qui ne sauraient agir pour gouverner les mouvemens de l'aile, sans donner au sternum toute la tenue et toute la fixité qui sent alors nécessaires. Ainsi se trouve résolu , par l'accroissement considérable et la singulière conformation de la clavicule coracoïde, le problême d'une réu- nion à l'épaule de qualités en apparence in- ( 452 ) conciliantes, la mobilité et la solidité. A voir cette clavicule , on la prendrait plutôt pour un fémur que pour une pièce appartenant au bras* Jusques ici, l'épaule a toujours acquis et s'est graduellement renforcée. Elle suit la même pro- gression dans les poissons, et y arrive même à des dimensions si considérables , que ses parties constituantes y semblent méconnaissables : ce- pendant, en y regardant attentivement, on la trouve formée des mêmes pièces que l'épaule des animaux à respiration aérienne : nous avons mis ce point hors de doute dans le précédent paragraphe. Sous le rapport de leur emploi , qu'auront gagné ces pièces à un accroissement aussi consi- dérable ? Jusqu'à présent nous n'avons pu voir en elles qu'un ensemble d'arcs-boutans ménagés sur le tronc pour régler l'action du mouvement progressif, et il entrait dans les conséquences de ce système > que ces pièces grandissent , au fur et à mesure qu'elles rencontrent plus d'obstacles et que les membres antérieurs emploient à se mouvoir plus de force et d'énergie. Mais que cet accroissement continue dans la même pro- gression a l'égard d'animaux qui ont le siège des organes de la locomotion déplacé , et chez lesquels , au contraire , le bras s'efface de plus fêu plus , nous en devons être surpris. C 453 ) Aucune explication ne pouvant nous satîs* faire dans cette direction , nous sommes revenus sur nos pas, et nous avons pensé que nous avions peut-être trop légèrement regardé le bras et son support claviculaire, comme étant toujours et également nécessaires l'un à l'autre : nous nous sommes rappelés que les considérations que nous avions trouvées évidemment applicables à une classe d'animaux, transportées trop brus- quement à une autre, avaient quelquefois exercé une fâcheuse influence sur nos déterminations. Puisque , dans les poissons> l'appareil claviculaire n'est plus en proportion avec le bras, nous avons dû écarter de notre souvenir toute idée de ses fonctions > comme nous les avons jusqu'à ce moment conçues, pour nous occuper sans préjugés des nouvelles circonstances où il se trouve, son nouveau voisinage aura étendu ses relations* s- iv. De la principale fonction de la clavicule fureur* laire chez les Poissons. Un premier objet à considérer est la clavicule furculaire : n'ayant jusque-là été reconnue et ne se trouvant encore classée dans l'organisa* tion que comme une partie de l'épaule > et 3$ ( 454 ) comme un moyen intervenant au besoin pour en lier et faire valoir les diverses pièces, on est étonné du nouveau rôle qu'elle est ap- pelée à remplir dans les poissons; elle y devient d'abord une sorte de quille sur laquelle tout un nouvel édifice est construit. Ce que nous connaissions des animaux qui nagent, et ce que nous en avions principalement appris en suivant la gradation de leur com- position pour avoir puisé nos renseignemens chez ceux de ces animaux qui font partie de la classe des mammifères, c'est que la manoeu- vre , d'où dépend leur locomotion au sein des eaux, est toute et uniquement exécutée par la main *, le bras y reste étranger. Une main de mammifère est d'autant plus réellement et plus utilement transformée en un instrument pour ramer, qu'elle est plus rapprochée du tronc et s'y trouve plus solidement fixée, et que le bras , court et ramené vers les côtes , est plus complètement renfermé sous les tégumens du thorax. Dans ce cas, à l'égard des poissons, ani- maux exclusivement voués au séjour des eaux , il pouvait entrer dans le système de cette dé- croissante progression, il devenait plus simple, et il pouvait même y avoir avantage sous le rapport de la solidité, que les parties moyennes du membre antérieur fussent totalement sacri- ( 435 ) fiées; mais loin de là, les os du bras et de l'avant-bras restent dans les poissons soumis à une loi d'un effet plus général: seulement, comme obligés de s'accommoder à un nouveau genre de résistance , ils sont singulièrement rapetis- ses , au point que , groupés et rangés sur une seule ligne, ils y sont moins longs que la na- geoire elle-même. Ces os, qui conservent encore une partie de leur utilité habituelle , comme de porter la nageoire et de continuer leur appui aux mus- cles qui ont une de leurs insertions au carpe, contractent des adhérences non-seulement entre eux, mais avec la clavicule furculaire; formant vers le milieu de la face interne de celle-ci une lame qui y est soudée, ils deviennent, pour cette clavicule 5 un contre-fort et comme une sorte de muraille qui contribuent à la solidité du bandeau en ceinture. La clavicule furculaire, trouvant ainsi à se les attribuer, passe à l'état d'un os fort et robuste, qui se prête et qui suffit à tout ce que ses nouvelles relations en vont exiger. En effet , l'une et l'autre clavicules furculaires fournissent une cavité et un abri au coeur dans la fourche qu'elles forment à leur point de jonction, quand du côté externe elles pré- sentent un bord saillant qui correspond au ( 456 ) libre contour de l'opercule. Sous le rapport de ce dernier service, j'ai déjà comparé la cla- vicule furculaire à un chambranle , l'opercule s'appliquant dessus, comme une porte au-devant de son cadre; mais j'ai de plus à montrer que. sa plus grande utilité dépend de sa situation et des conditions de solidité qui en résultent. L'une et l'autre de ces pièces, pivotant sur les os du bras, accrochées au crâne au moyen des omoplates, gouvernées par les plus fortes» puissances dont un animal ait la disposition ( les] muscles pectoraux en devant et les muscles ab- dominaux en arrière ), ne pouvaient offrir une réunion de circonstances plus importantes; ces clavicules forment ensemble un plastron , par lequel finit la cavité thorachique et com- mence celle de l'abdomen. Leur développement, leur position, les moindres détails de leur con- formation semblent combinés sur la grandeur, la situation et les formes de l'opercule; car, dans le vrai, à quoi servirait que celle-ci fut; dans l'obligation de se livrer à des mouvemens continuels et alternatifs d'élévation et d'abais- sement? ce jeu serait stérile et tout effet de respiration impossible, sans ces mêmes clavicu- les , sans leur tenue ferme et inébranlable , et *ans le genre de service qu'elles rendent, et qui, je le répète, revient à celui d'un cham* ( 437 ) branle, réglant par sa résistance les battement et la manoeuvre de son couvercle. Dans ces circonstances, nous commençons a apercevoir ce qu'une différence de position et de volume apporte de changemens dans les fonctions des clavicules furculaires : elles ser- vent de plastron au cœur ; elles circonscrivent par le bas là cavité thoracbique , s'occupant même de l'entourer de cloisons, là où le cou- vercle operculairë ne saurait l'atteindre ; elles entrent enfin en relations d'usage avec les oper- cules, et contribuent, tout en se bornant à un rôle passif, à assurer les effets de la respiration , qu'elles parviennent en outre à favoriser plus activement par les insertions qu'elles fournis- sent aux muscles pectoraux. Mais en rappelant, comme je viens de le faire , tous les genres de service qui recommandent les clavicules furculaires, ne paraît-il pas que je me sois occupe d un sternum i Qu aurais- je eu de plus à ajouter pour présenter 9 sons lés traits qui lui sont propres , l'appareil qui , dans les mammiieres et les oiseaux , consti- tue la principale charpente de leur thorax? J'aurai dcmc été conduit pas à pas, si, à ce point , et toujours appuyé sur 1 observation ? je me vois obligé d'admettre que les os de Të- jpàule passent dans les poissons au service des ( 438 î OS pectoraux, et s'en attribuent les principaux usages. Ce résultat entraîne de plus une autre conséquence, c'est qu'il ne peut arriver aux os claviculaires d'entrer dans une relation aussi intime et aussi nécessaire avec l'organe respira- toire, sans que l'influence de ces clavicules ne soit p^r là singulièrement augmentée , et que cette considération ne place celles-ci sur la ligne des premiers matériaux de l'organisation. Dans ce cas , nous ne ferions que com- mencer à connaître ces pièces sous leur vé- ritable point de vue; elles ne seraient, dans la réalité , qu'un appareil icbtyologique , puisque c'est seulement dans les poissons que ces clavicules arrivent à tout leur accroisse- ment possible et à toute la plénitude de leurs fonctions; et par conséquent, jusque là où il nous avait été loisible de les étudier, elles ne nous auraient offert que des considéra- tions secondaires, subordonnées et appliquées à des pièces plus ou moins susceptibles d'at- ténuation , et , comme nous sommes dans le cas de l'exprimer d'après les principes de notre théorie, a des pièces plus ou moins passible* de l'influence rudimentaire. Il en est donc des os de l'épaule comme de ceux de l'opercule, chez les poissons : les uns et les autres y ont à concourir ensemble au ( «9 ) même mode de respiration; or, ils ne sauraient appartenir au même système, qu'ils n'éprouvent à la fois et ne subissent au même degré les changemens qui surviennent dans une organi- sation qui passe d'un mode de respiration à l'autre. En effet, prenons-nous pour point de départ les animaux à respiration aérienne , et voulons- nous savoir comment il arrive à ce type , ou plutôt au type commun des vertébrés , de s'ac- commoder des conditions d'existence qu'un mi- lieu plus dense impose aux animaux qui res- pirent dans l'eau : nous remarquerons que la tête, d'une part, et le thorax, de l'autre, contri- buent, à peu près par égale portion, à former l'enveloppe osseuse d'une toute autre cavité pec- torale, de la cavité des branchies. Car ce qui du sous-type ichtyologique est à produire en ce lieu, ne dépend pas uniquement du seul rapprochement des parties, et ne devient pas une oeuvre achevée par la seule absence ou le reculement des vertèbres cervicales, osselets supplémentaires composant ailleurs un manche plus ou moins allongé ; il faut encore que le crâne étende sur le thorax, et que le thorax envoie sur le crâne les diverses lames osseuses dont se forme le cloisonnage extérieur de l'or- gane respiratoire : le crâne y pourvoit sur sea ( 44© ) flancs par l'agrandissement et la conversion en os operculaires, comme on les appelle alors, des quatre osselets existant au fond des conduits auditifs; et le thorax, en arrière, par une ex- tension considérable de la faible couronne dont se composent, à la partie antérieure , les os sca- pulo-claviculaires. Rappelons, à ce sujet, que nous avons déjà rendu compte d'un événement du même genre, quand, pages 84 et 160, nous avons montré comment il se fait que chez les poissons le sternum et l'hyoïde, en prolongeant leurs bords en regard, parviennent à se rencontrer et à s'appuyer l'un sur l'autre; c'est au même but que tendent tous ces efforts, et nous ne pouvons assez redire que ce but est constamment atteint par l'emploi des mêmes moyens. En effet, que le sternum rende plus saillant celui de ces osselets qui , dans les animaux à respiration aérienne, forme habituellement une simple et courte apophyse à son origine, c'est-à-dire, que ce noyau ru- dimentaire passe successivement au volume d'une pièce considérable, et devienne à la fin notre os èpisternal, c'en est assez pour que ce nouveau plastron thorachique, d'une part, gagne les hyoïdes et vienne prendre place en dedans de la cavité buccale, et que de l'autre, con- curremment avec ses ailes ou annexes , il ( 44i ) acquière une assez grande étendue , et serve pa- reillement de couvercle à ce qui reste d'espace entre les opercules et les os en ceinture. Et quand ainsi tout concourt à l'extérieur pour faire cesser le vide de la région cervicale, pour opérer une jonction aussi parfaite, (je puis ajouter) , une fusion aussi intime de la tête et du thorax, et pour renfermer avec les organes des sens, dans une même boîte, en quelque sorte , les principaux agens de la circulation et de la respiration ; de semblables efforts appli- qués aux os delà couche profonde, ou mieux, à une double couche intérieure, en montrant que la nature recourt de nouveau aux mêmes procédés, nous apprennent tout ce qu'elle veut et tout ce qu'elle peut , quand il lui arrive de nous faire connaître , comme dans ce cas , la simplicité de ses moyens d'exécution. Nous ne redirons pas , pour le développement de cette pensée, comment des poumons, certaines pièces ( les pleuréaux ) grandissent dans les animaux qui respirent par l'intermède de l'eau, et s'élè vent vers le crâne et vers le larynx ; et comment à leur tour la tête et le larynx fournissent et font en même temps pénétrer jusqu'aux pou- mons divers rameaux ( les pharyngéailx et les osselets laryngiens de la chaîne intérieure), ra~ 442 ) meaux dont il n'existe que le germe dans les animaux de la respiration aérienne ; ce serait reproduire les principaux faits de notre dernier mémoire ( j'y renvoie , voyez page 585 ), et nous exposer par conséquent à perdre de vue les considérations qui font l'objet de celui-ci. Un fait de la précédente discussion mérite toute notre attention. Les os de l'épaule éprou- vent , à tous égards , les mêmes métamorphoses que les os operculaires \ en effet , là où les operculaires nous apparaissent dans la con- dition rudimentaire , et sous la forme d'une petite chaîne , dite alors les quatre osselets de l'oreille , nous voyons manifestement qu'ils se rendent utiles à l'audition par la ma- nière dont ils s'écartent ou retombent sur la fenêtre ovale : l'oreille entre ainsi en commu- nication plus directe avec les corps ambians. L'étrier , ou l'opercule proprement dit , ne manque pas davantage , dans les poissons , à ce devoir de la fonction générale , puisque , quand l'opercule est soulevé ? sa tubérosité articulaire est écartée de manière à découvrir le fond de l'organe auditif , et à y favoriser l'accès des molécules du son ; ainsi , ce service se concilie , dans les poissons , avec les diverses manières dont les quatre osselets de ( 443 ) l'oreille y peuvent être employés, quand ces osselets y interviennent et se placent parmi les principaux agens de la respiration. De la même façon , les os de l'épaule , dont les fonctions , chez les plus parfaits des ani- maux , se bornent à un seul et unique objet , restent fidèles , dans les poissons , au devoir de la fonction générale , en continuant d'être un point d'appui , une base d'insertion et une sorte de pivot pour le rameau dont se compose l'extrémité antérieure : mais , comme nous venons tout-à-1 heure de l'établir , ce résultat ne s'oppose pas à ce qu'à cette fonction pri- mitive les os de l'épaule joignent d'autres fonctions d'un ordre plus relevé et d'une influence plus décisive sur l'organisation. Nous avons vu comment , tirant parti plus encore de leur nouvelle position que d'un dévelop- pement arrivé à son maximum , ces os se ré- pandent parmi les principaux moyens de la respiration; comment ils s'en montrent d'offi- cieux agens, se portent à la rencontre de pièces envoyées du crâne, se réunissent à l'occiput, se marient avec les opercules; et comment enfin ils; s'emparent du service des véritables os du thorax (1). (1) Jî n'entre pas dans l'esprit de ces recherches, d'at- tacher de l'importance à la forme la plus habituelle des ( 444 ) Les os de l'épaule transformés en sternum, qui en auraient acquis l'état et la consistance ! nous ne pouvons nous le dissimuler, on est vivement entraîné à n'y pas croire ; mais, s'il est déjà si difficile d'accueillir un aussi singu- lier résultat , combien plus encore croîtra notre étonnement, s'il nous faut reconnaître que ce principal support de l'extrémité antérieure éprouve cette conversion et y est soumis, en présence des os mêmes du sternum! En effet, nous avons trouvé , dans les considérations qui organes ; mais , dans ce cas-ci, je ne puis me défendre de remarquer que les os de l'épaule justifient , sous le rap- port de leur configuration , l'opinion que nous en donnent leurs nouvelles relations. Qu'on Veuille bien consulter les figures de notre neuvième planche ; et l'on y verra les os furculàires couvrir de même les parties moyennes de la cavité pectorale et les cloisonner à la manière des côtes sternales : l'association des os de l'épaule dans le zeus v orner , n°. io5, et dans le centriscus scolopax , n°. 107, rappelle tout-à-fait la disposition de ces côtes et la com- position du sternum des mammifères ; quand la grandeur, la concavité et la solidité des deux furculàires chez les silures ( voyez fig. 99, 100 et 102), ont une telle ressem- blance avec l'entosternal du plastron pectoral des oiseaux > que j'ai toujours eu en pensée , afin de rappeler une con-» formation si remarquable , de comprendre les silures et. leurs congénères dans un ordre à part, sous le nom de pisées sternales. ( 445 ) font l'objet de notre deuxième Mémoire a que les os du sternum n'ont point cessé de faire partie de l'œuvre ichtyologique : tous les pois- sons ont cet appareil j nous l'avons vu, chez tous (p. i37), composé comme le sternum des oiseaux; moins l'entosternal et les xiphisternaux $ c'est-à-dire, formé d'un épisternal à deux têtes , et de ses annexes ( les hyosternaux et les hyposternaux ). Mais en même temps nous avons eu lieu de constater que la disparition de l'os central du sternum ornithologique avait désassemblé toutes les parties de l'appa- reil et en avait détruit l'unité. Faute d'un entosternal qui les retienne , et qui les porte sur ses flancs , toutes ces pièces sont demeu- rées comme abandonnées à l'aventure : em- portées dans le mouvement général qui les entraîne vers la tête , elles ont été arrêtées au passage , en quelque sorte , par les hyoïdes : mais en s'y réunissant , elles s'y sont , chacune , conduites comme des pièces sans destination , en enfans perdus ^ si je puis me permettre une pareille expression. Aussi voyons -nous que les hyoïdes en ont disposé à leur gré , et qu'ils les ont en effet si impérieusement et si absolument comprises dans leur système , que cette circonstance , autrement appréciée , a tout récemment donné à penser qu'elles ( 446 ) n'en étaient qu'une dépendance nécessaire. Une autorité , la plus imposante dans les ma- tières d'anatomie ( 1 ) , vient en effet de se prononcer pour cette opinion; d'où il y aurait à conclure que , dans mes essais de déter- mination , j'aurais erré , en attribuant l'origine de ces pièces à des débris du sternum des oiseaux. Le sternum des poissons , avons - nous vu plus baut , a dû cbeminer sous le crâne , jus- qu'à ce qu'il eût rencontré un point d'appui , et il n'a pu s'arrêter qu'en le prenant sur les pièces qui lui correspondent, en tant qu'elles appartiennent , comme lui , à la deuxième cou- cbe des os ; or ces pièces sont celles de l'hyoïde, logé en totalité au milieu des maxillaires ; de manière que c'est dans un espace aussi resserré que le sternum trouve définitivement à se fixer. S'il en est ainsi , nous serons moins surpris que , bien que le sternum fasse toujours par- tie de l'organisation des poissons , il y ait un autre appareil pour le suppléer , là où son action ne saurait s'étendre : sans grandeur pour enclorre la cavité des branchies y sans solidité pour en régler le mécanisme , un pa- y i » i . i in ni ■ i . i ,. i. ( i) Analyse des travaux de l'Académie royale des Sciences, pendant l'année 1817, partie physique, page 29. ( 447 ) reil sternum appelait nécessairement , à $on se- cours , tous les organes du voisinage : les hyoïdes , les opercules , et principalement les os de l'épaule. Puisqu'il intervient encore chez les poissons , il est évident qu'il n'y figurera plus que comme un objet du second ordre. Les matériaux qui le composent forment comme une certaine quantité de touches , qui ne cons- tituent pas l'essentiel d'une machine, mais qui viennent aider au travail commun. En dernière analyse , le principal but d'un Sternum dans les mammifères et dans les oiseaux (comme d'employer ses lames intérieures à plas- tronner les organes les plus précieux, et sa surface extérieure à servir à l'attache des muscles pectoraux ) , ce premier but est né- cessairement , dans les poissons , dévolu à un autre organe : et nous venons de reconnaître et de constater que tels étaient l'objet et la fono- tion essentielle des os de l'épaule. Ainsi ces os nous ont apparu d'abord, comme des parties restreintes et dans un état plus ou moins rudimentaire ; puis , nous les avons vus grandir successivement et devenir de plus en plus serviables : mais rien encore ne nous avait fait pressentir jusqu'où pourrait aller cette marche progressive. Aujourd'hui , que nous apercevons ces os parvenus au maxU ( 448 ) ■itium de leur développement et de leurs fonc- tions , nous ne pouvons nous lasser d'admi- rer comment ils viennent , sous le caractère des premiers matériaux de l'organisation, s'in- tercaler et prendre place dans la cavité du thorax , et comment ils s'y arrangent pour j remplir des fonctions qu'un autre appareil , qui ailleurs en est chargé, semble leur délaisser ! Sous le rapport de ces nouvelles fonctions , les os de l'épaule doivent être considérés comme une autre sorte de sternum , tandis que les véritables os sternaux se bornent dans le voi- sinage au rôle d'assistans et de coopérateurs* Ceci me ramène à un des résultats de mon dernier Mémoire, que j'ai présentés, page 586, en traitant des pleuréaux , c'est que la nature a conçu son plan de construction d'un ani- mal vertébré sous un double point de vue : il lui a fallu en embrasser la composition , de façon que cet être idéal dût et pût s'accom- moder également des deux milieux qui servent d'enveloppes à notre globe , et surtout il lui a fallu , pour rester aussi dans la simplicité de ses lois , que ces deux ordonnées du monde extérieur , lesquelles réclament impérieuse- ment deux modes bien différens de respira- tion, pussent toutefois s'appliquer à un seul et mjêiue fond d'organisation ; le moyen d'exé- ( **$ ) cution choisi pour cela , je l'ai déjà fait con- naître > et l'histoire de nos sternums en four- nit un autre exemple : de doubles moyens ont été préparés pour une seule fonction. A l'animal qui vit exclusivement dans l'air, la nature a accordé une organisation assortie à ce mode de respiration, sans cependant y avoir supprimé les autres moyens correspondans , c'est- à-dire , sans l'avoir privé d'un second système, qui n'est applicable qu'au mode de respiration par l'intermède de l'eau , et vice versa : mais ce n'est point , comme on le pense bien , à ne pas supprimer ces organes superflus que se borne l'action de la puissance créatrice ; il est en outre nécessaire qu'elle les retienne à l'état d'embryon, afin que , sous leur condition d'organes rudi* mentaires , ils ne puissent jamais apporter de trouble dans les fonctions de l'autre système; ou bien , s'il y a moyen de s'en servir comme d'u- tiles auxiliaires , elle les laisse croître tout au- tant que les circonstances l'exigent , quelque- fois jusqu'au point de les porter, par une suite de déviations du principal type , à un volume considérable. C'est dans ce sens que nous pouvons dire qu'il y a deux sortes de sternum constituées; l'un, sous ce nom > arrivant dans les plus parfaits des animaux , à son plus haut point de deve« 29 ( 45o ) leppement et à toute la plénitude de ses fonc- tions , et l'autre , qui fait partie de la couche externe des os, restreint , rudimentaire et ca- ché sous une autre apparence ; lequel n'aurait été considéré dans ces mêmes animaux , qu'eu égard à son unique emploi, chez eux, comme support du membre antérieur. Au contraire , voyez sous quel autre aspect ce dernier sternum se présente dans les poissons, et de quelle ma- nière il s'y relève de son état de subordina- tion , et de sa condition comme organe rudi- mentaire ( 1 ) , pour prendre le pas sur le pre- .^ . mu m - i. ~ i i , iiiiik (ï) En voyant si souvent revenir le nom d'organes ru- dimentaires et l'explication qui s'y rapporte , on sera peut-être tenté de s'écrier, et de rejeter nos théories à leur sujet comme émanées de suppositions imaginaires. Ce- pendant qu'on veuille bien réfléchir que la nature n'a pas d'autres ressources pour différencier toutes ses produc- tions. L'atrophie d'un organe tourne au profit d'un aulre: et, que cela ne puisse se passer autrement , la raison en est simple , c'est que chaque sorte de substance à distribuer pour un but spécial n'est pas infinie. Il en est de ces dé- veloppemens relatifs dans les diverses classes , comme des cas pathologiques dans une même espèce : l'état misérable d'une partie de l'organisation tient au trop d'embonpoint d'un autre. Que d'explications , que d'idées physiologiques dans cette proposition! et combien je regrette que quelques observations sur des os ne me donnent point encore !« di-oit de les présenter dans ce premier volume l ( 45 1 ) mier , et à son tour , imposer à celui-ci ses anciennes conditions d'existence. Cette alternative de grandeur et de petitesse pour ces deux sternums , suivant qu'ils sont employés dans l'un ou dans l'autre mode de respiration , est une considération qui ne se manifeste que dans les animaux faisant par- tie des seules classes bien déterminées du grou- pe des vertébrés. Une exception à cette règle nous est naturellement fournie par la fausse classe des reptiles ; par ces êtres si éminem- ment anomaux , qu'ils échappent à toutes les propositions générales dans lesquelles on vou- drait sérieusement les embrasser. Les os de l'é- paule acquièrent chez eux une importance extraordinaire : ils y deviennent tout-à-fait des os du sternum , pour en usurper presqu'en- tièrement les fonctions , comme dans les gre- nouilles ; ou pour s'établir en concurrence , et presque sur le même pied que ces os eux- mêmes , comme dans les lézards. Nous ne re- viendrons point sur les singularités de ce dou- ble appareil sternal : on doit se rappeler par quels motifs nous avons été dirigés, quand nou9 avons placé ( § YV. page m ), la détermination des os de £ épaule chez les i*eptiles , dans notre travail sur le sternum. 11 nous suffît de re- marquer ici que les deux appareils sternaux ( 452 ) sont rangés en ligne dans ces animaux , et qu'a* pérant un mélange intime de leurs divers ma- tériaux , il en résulte un sternum unique , ho- mogène , et d'une ampleur proportionnée à la grandeur des sacs pulmonaires. Une dernière observation qui me reste à faire sur ce sujet, c'est que la disposition en ligne et la fusion des appareils n'empêchent pas d'aper- cevoir les traces de leur superposition originelle : ils se joignent par suture écailleuse, et posent Pùri sur l'autre, de façon que le sternum clavicu- laire anticipe sur le sternum thorachique et en recouvre l'extrême bord. Ceci, d'un grand in- térêt théorique, se remarque plus particulière- ment dans le lézard vert et le tupinambis , chez lesquels ( pi. 2 , Jig. 20 et 23. ) la clavicule furculaire f place sa longue queue par-dessus l'entosternal o , et s'étend fort avant» § v. ; Des quatre degrés de développement dont tout organe est susceptible. En continuant, comme précédemment, à ne nous occuper de faits de détail qu'autant qu'ils se rattachent à des propositions générales, nous n'aurions point à revenir sur la clavicule cora- ( 4S3 ) coïde. Pièce ornithologique clans ce sens, que c'est seulement chez les oiseaux qu'elle parvient à son maximum, de développement, et à toute la capacité comme fonction dont elle est sus- ceptible, elle ne saurait nous intéresser ailleurs qu'à raison de la diversité de ses formes : et l'on sait que les observations dont celles-ci peuvent devenir l'objet, sont plutôt de la com- pétence des études zoologiques que de celle d'un Traité d'anatomie générale. Cette considération cependant ne m'arrêtera pas. Je n'ai présenté ma. théorie des analogues que sous un seul rapport, quand j'ai fait voir que les mêmes organes, selon qu'on les consi- dère dans les degrés les plus différens de l'échelle des êtres, sont susceptibles d'une double com- binaison , étant alternativement développés à l'excès , ou bien retenus à l'état d'embryon ; dans* la plénitude de leurs fonctions, ou dans l'inactivité la plus complète. Il me reste à mon- trer à quelles révolutions est exposé le même organe dans une situation intermédiaire, qui, sans être réduit au degré d'atténuation que j'ai jusqu'à ce moment qualifié par le nom de rudi- mentaire, a cependant cessé de faire partie de la classe des organes accomplis ou normaux ; car telle est aussi la dénomination sous laquelle je compte dorénavant rappeler le haut degré de ( 454 ) composition de tout organe , qui , dans les prin- cipales subdivisions des vertébrés , conserve un caractère fixe et invariable, et qu'on peut re- garder comme totalement achevé, sous ce rap- port que , sans son utile intervention , on ne saurait concevoir une organisation classique et fondamentale. En effet, si un organe ne fait plus partie des premiers matériaux de l'organisation , ce :n'est pas toujours pour ne figurer que comme vestiges et pour demeurer dans une nullité abso- lue : car de ce qu'il ne concourt plus d'une ma- nière essentielle à la formation d'un riche appa- reil , il ne suit pas que ses débris soient entière- ment et nécessairement exclus de cette compo- sition. Mais voici alors les conséquences inévita- bles d'un pareil arrangement. Ce n'est qu'à un organe sans grandeur, sans énergie et sans but déterminé , qu'on peut appliquer qu'il h existe plus par lui - même , et qu'il n'est susceptible d'aucune influence. Cette influence que dans une semblable position il ne saurait conser- ver , il la lui faut au contraire souffrir de9 organes qui l'entourent : ceux - ci agissent et pèsent sur lui ; et il devient en effet leur su- bordonné , dans ce sens qu'il est plus ou moins produit ou plus ou moins restreint , suivant que ces organes eux - mêmes ont rencontré ( 455 ) plus ou moins d'obstacles clans leur dévelop- pement. Et dans le vrai, devenu la proie de quelques voisins , grandissant au moyen de ce qui aurait servi à l'alimenter dans le cas d'une plus juste répartition du fluide nourricier, com- ment alors un organe rtidimentaire pourrait-il rendre quelques services? c'est tout au plus si, de loin et par le plus faible témoignage d'in- fluence , il peut encore se montrer fidèle au devoir de la. fonction générale. Mais s'il arrive au contraire à un organe de rester en-deçà de son développement possible, sans cependant descendre jusqu'à cet état d'a- moindrissement que nous exprimons par le nom de rudimentaire, nous passons à un autre ordre de considérations. Un organe, dans cette nou- velle situation , ne isaurait intervenir parmi d'autres, que sa présence ne soit là d'un effet quelconque. N'oublions pas qu'il n'appartient plus à ce baut degré de composition que nous avons proposé de désigner par le nom d'organes normaux, et qu'il a perdu son caractère d'in- variabilité, en cessant d'être une pièce de pre- mière utilité. Notre supposition d'un demi- développement le place dans une position à ressentir d'une part l'influence des organes qui l'avoisinent , et de l'autre à exercer à l'égard de ceux-ci une sorte de réaction. Dans quelle / ( 456 ) proportion alors, et quelles en sont les consé- quences? telles sont autant de questions à exa- miner. N'y ayant plus rien qui assujettisse cet organe* le degré de son développement dépend de ce qui se passe auprès de lui : si tout son entourage est dans une tenue habituelle, il reste petit et végète dans un état peu éloigné de celui d'un organe rudimentaire / mais si au contraire les organes de son voisinage, dominés par des in- fluences étrangères, sont eux-mêmes frappés d'amaigrissement, ces circonstances sont pour lui une bonne fortune qu'il met à profit : le fluide nourricier, qui, dans cette région, n'a guères plus que les canaux de cet organe pour issue, s'y répand presqu'exclusivement , le dé- veloppe, et le porte bientôt à un volume qui dépasse quelquefois de beaucoup les limites qui lui sont prescrites, quand il est dans une fonc- tion fixe et invariable, à l'égard d'une classe $ dans sa fonction normale. C'est arrivé à ce point, qu'il devient trés- intéressant de considérer un tel organe dans la même classe d'animaux : on peut d'avance être as- suré que c'est lui qui y donnera le caractère dis- tinctif de chaque genre, parce que du moment où il a passé les limites de son développement normal, il a changé de rôle, et que de dominé ( '457 ) qu'il était , alors qu'il reslait en-deçà de ce dé-? veloppement, il devient dominateur à son tour, et place à son égard tous les organes de son entourage dans le cas de la subordination. iVinsi les phalanges de la main chez les chauve-souris, ayant dépassé, de la manière la pins extraordi- naire, les limites de l'état normal de ces parties chez les autres Onguiculés, exercent l'influence la plus marquée, une influence proportionnée sur toute l'économie de ces mammifères ailés. C'est en s'appuyant sur les principes de cette théorie, que la zoologie donnera un jour à ses lois de la subordination des caractères , toute la précision et la rigueur qu'elles n'ont point encore obtenues jusqu'à ce jour. Telles sont les nouvelles considérations qui se rattachent à l'histoire des organes rudimen- taires ; tel est le nouveau point de vue sur le- quel j'ai cru nécessaire d'appeler l'attention des physiologistes. Cette nouvelle modification des organes _, cette troisième manière d'être, je la connaîtrai dorénavant sous le nom iïorgancs anomaux; dominés ou dominateurs, selon que , dans ce jeu d'anomalies _, ces organes se tien- dront en-deçà, ou se porteront au-delà de leur type comme développement normal. J'ai déjà effleuré cette question , quand, p. 34, j'y ai rappelé la diversité des formes de la queue ( 458 ) I chez les mammifères, et que j'y ai fait voir à combien de fonctions différentes pouvait être appliqué cet appendice du coccix , qu'à ce moment je ne pouvais encore qualifier que par l'expression d'organe rudimentaire. J'ai attendu, pour traiter cette question à fond, que j'eusse donné une idée plus étendue de ma théorie des analogues, et que j'y fusse engagé par une oc- casion favorable. Je n'en pouvais trouver une plus convenable , qu'en faisant connaître les ré- volutions sans nombre et les usages variés d@ la clavicule coraeoïde chez les poissons. §■ VI. Des divers usages de la clavicule ceracoïde chez les poissons. * Je suis porté à croire que cette clavicule est dans tous les poissons osseux : cependant je n'en ai apperçu aucune trace dans la plupart des Ju- gulaires, dans quelques Thorachiques et dans les Apodes. Les espèces que j'ai trouvées dans ce cas sont tous les Blennius, YUranoscopus sca- ber, le Cepola tœnia, VEcheneis rémora , les Gas~ terosteus, le Gobius niger, le Mullus barbatus , YAnarrichas lupus, et les Murœna.le rapporte ces observations, d'après les squelettes de la collection du Jardin du Roi , en ajoutant qu'il (45g) se pourrait que la clavicule coracoïde, réduite souvent à n'être qu'un filet grêle , eût été enlevé par mégarde lors de la préparation de ces pièces. Cette clavicule n'est le plus souvent qu'une épine à tête large et déprimée : elle s'éloigne bien peu de cette forme dans les Chétodons, les Pleuronectes, les Seorpènes, les Holocentres, quelques Labres, quelques Esoces, les Gades, les Cyprins, les Chipées, les Mormyres et les Sau- mons ; mais tantôt elle montre plus de largeur et se voit sous l'apparence d'un tranchant, comme dans le lutjanus labriformis et le labrus nlloticus: d'autrefois elle ressemble à un fer de lance, tel que dans le lutjanus polymne et le ceniriscus scolopax y ou bien elle est surmontée d'une tête extrêmement large et échancrée sur ses bords, ce qui est le cas de la plupart des Perches; ou enfin, comme dans le labrus cyanopterus , cette tête est inclinée de côté sous un angle qu'elle forme avec le corps de la pièce. Dans la plupart de ces poissons, la clavicule coracoïde est placée en avant des côtes : elle leur est parallèle, et a pour principal usage de concourir à les mettre en mouvement ; ce mécanisme s'exécute, ainsi que je me suis at- taché à le constater dans les Cyprins , au moyen des muscles pectoraux qui s'étendent de la cla- 46o ) vieille furculaire a la coracoïde ( Voyez pi. 8^ Jig. 86, lettres pp. ). Un autre muscle part de cette dernière , et va s'implanter sur tout le bord de la première côte. Si ces muscles se con- tractent, iis entraînent du côté du thorax, non- seulement la clavicule coracoïde et la première côte , mais en outre toutes les côtes à la fois, attendu qu'elles sont liées les unes aux autres par une aponévrose. L'effet général qui en résulte est de ramener dans une direction perpendiculaire à la colonne épinière, toutes les côtes naturellement un peu inclinées en arrière , d'augmenter par-là la ca^- pacité de l'abdomen , de permettre à l'air con- tenu dans la vessie natatoire de se dilater, et de procurer, en dernière analyse, aux poissons une plus grande légèreté spécifique. La restitution des muscles des os coracoïdes et la contraction des muscles dorsaux qui ramènent les côtes à leur inclinaison habituelle , sont les moyens dont se servent les poissons pour re- prendre leur première pesanteur : à quoi, s'ils veulent descendre à pic au fond des eaux, ils ajoutent la contraction des muscles de l'abdo- men 5 d'où résulte une compression de tous les viscères , une forte condensation de l'air con- tenu tant dans la vessie natatoire que dans l'es- tomac et les intestins, et en général une di- ( 46i ) minution de volume qui les rend plus lourds que le volume d'eau qu'ils déplacent. Cette manière, qui m'est propre, d'expliquer l'influence de la vessie natatoire sur le balan- cement que le corps des poissons éprouve dan* l'eau , indépendamment des organes du mouve- ment, ne pouvait être appréciée, tant que l'os coracoïde et ses muscles restaient à connaître. Il ne remplit pas toujours une fonction aussi déterminée : ainsi il est à peu près sans usage dans le Brochet , où je l'ai trouvé sous la forme d'une épine très-déliée. Les muscles abdominaux de ce poisson ne s'arrêtent point à l'os coracoïde comme dans la carpe, mais se prolongent jus- qu'à la clavicule furculaire. L'os coracoïde n'est plus alors engagé dans leur masse; il est posé sur leur couche extérieure , où du tissu cellu- laire l'attache en travers des fibres musculaires ? de façon qu'il oscille sur son axe, selon que ces fibres s'allongent ou se raccourcissent. Je n'en ai point examiné les relations dans les autres espèces dont j'ai parlé ci-dessus, et dans lesquelles j'ai remarqué qu'il s'éloignait de la forme d'une épine. Son utilité se prononce davantage dans les Muges; cet os y donne appui aux os des na- ( 462 ) geoires ventrales. On ne connaissait jusqu'ici que trois manières d'être relativement à la si- tuation de ces nageoires : ou elles sont appuyées sur la clavicule furculaire et l'épisternal, comme dans les Jugulaires; ou elles sont articulées avec cette seule clavicule, ce qui est le propre des Thorachiques ; ou bien enfin , comme dans les abdominaux , elles restent suspendues dans les chairs. Leur insertion chez les Muges forme une quatrième combinaison qui était inconnue. La clavicule coracoïde rend un semblable ser- vice dans quelques espèces de Chétodons, avec cette différence qu'au lieu d'être attachée par son extrémité à la tête des os des nageoires ven- trales , comme dans l'exemple précédent, elle s'unit à ces os très-près du point où s'y attachent les nageoires. Ses usages et sa forme varient dans le grand genre des lophies ; elle concourt dans la Bau- droie à ouvrir les ouïes, et dans les autres lo- phies , à les fermer. Si l'on réfléchit à la position obligée des clavicules coracoïdes , on sera sans doute surpris de les voir figurer au nombre des pièces de l'ouverture branchiale; car la cla- vicule furculaire, qui les sépare partout ailleurs, semble opposer un obstacle insurmontable à leur rencontre. Mais une anomalie véritable- S ( 463 ) ment très-remarquable opère cette réunion dans la Baudroie et les met dans la dépendance les unes des autres. La membrane branchiostège n'est plus seulement un rideau qui s'étend sur le bandeau en ceinture pour former la cavité pectorale; elle se prolonge beaucoup au-delà , accompagne tout le bras, qui est lui-même d'une longueur considérable, se porte avec lui du côté de la queue et longe dans sa route la région où se trouve l'os coracoïde. Je ne me fus pas plutôt rendu compte de cefc arrangement, que je ne doutai plus que l'os coracoïde, qui n'a pas de fonction constante et dont j'avais déjà reconnu la tendance à s'ac- commoder de tous les changemens qui survien- nent dans l'organisation, ne fût entré en con- nexion avec cette membrane et ne se fût lié d'u- sage avec elle. Sa forme ( Voy.pl. ^fig. io4.) est celle d'un filet long, très-grêle, un peu raboteux et du même diamètre à peu près dans toute sa longueur. Je l'examinai en situation dans une baudroie fraicbe : quelle fut ma surprise ! quand j'eus remarqué qu'il faisait partie de l'un des plus singuliers instrumens de pêche qu'il soit donné de trouver dans les poissons. Les noms vulgaires de grenouille pêcheuse, de martin pêcheur et de raie pécheresse qu'on ( 464 ) a donnés à la baudroie, me persuadent qu'on n'a pas toujours été dans l'ignorance de ses moyens de pêche. Les naturalistes ont expliqué ces dénominations, en faisant remarquer que la baudroie > qui est attentive à se cacher dans des touffes de plantes marines > a l'instinct de faire surnager en dehors les trois filets qu'elle a sur la tête et de les agiter en différens sens, de manière à faire croire à un passage con- tinuel de vers : de là on a dit qu'elle prenait les poissons au filet. Les prendrait-elle aussi à la nasse ou à l'épervier? La membrane branchiostège n'est pas seule parvenue à une dimension extraordinaire : les six rayons qui la soutiennent sont aussi dans le même cas ; et c'est ce qui ne pouvait man- quer d'arriver j puisqu'ils n'existent qu'à son sujet, et lui sont en tout subordonnés. L'accrois- sement considérable de ces rayons fait qu'ils ne peuvent plus remplir leurs fonctions habi- tuelles; il y est alors suppléé par un mécanisme équivalent. L'opercule,pièce qu'on avait jusqu'ici méconnue dans les lophius , et qui ne manque dans aucun poisson osseux, recouvre avec une partie de sa face inférieure le large bord de la clavicule,* de manière que l'eau pressée dans la cavité des branchies éprouve, pour en sortir, la même résistance qu'entre les rayons bran- ( 465 ) chiostèges, lorsqu'ils sont employés dans les au- tres poissons à clorre Pouverture des ouïes. Pour comprendre ce que vont, au-delà, devenir les rayons branchiostèges, je ramène mon at- tention sur leur associé, Pos coracoïde , et je remarque qu'il est comme modelé sur leur forme, qu'il leur est parallèle, et qu'il se termine où ils finissent eux-mêmes ; il n'a cependant que moitié de leur longueur, parce qu'il naît de la clavicule furculaire, et que les rayons bran* chiostèges viennent de plus haut. Je suis entré dans ces détails \ parce qu'ils m'ont paru nécessaires à l'explication des usages de l'os coracoïde : il porte la membrane bran- chiostège du côté du dos et la soutient avant qu'elle vienne se confondre avec les tégumens communs. Ses muscles sont disposés de manière à l'écarter de même côté , tandis que ceux de la membrane branchiostège déploient les rayons des ouïes et les éloigne en sens contraire. Quand ces muscles agissent simultanément, ils tendent de toute part la membrane bran- chiostège; ils en ouvrent la bouche extérieure ou Pouverture branchiale ; ils la font enfin ap- paraître sous la forme d'une bourse ou d'un grand sac, dont la profondeur égale presque la longueur de l'abdomen. Que l'animal se serve de ces sacs ou de ces espèces de nasses cachées 3o ( 466 ) sous ses bras pour prendre du poisson, je n'en saurais douter d'après une observation que j'ai faite sur une petite Baudroie : j'ai retiré de son grand sac branchial une sole qui y était entrée par la tête, et qui y avait été évidemment en- gloutie du vivant de la baudroie , et j'ai su depuis que cette circonstance n'était point igno- rée des pêcheurs. Les rayons branchiostèges remplissent aussi à l'égard de ce singulier instrument de pêche ^ l'office de cerceaux dont les nasses se composent. La baudroie ferme à volonté cette espèce d'éper- vier , au moyen de son bras qu'il lui suffît pour cela de rapprocher du corps. Ce mouvement entraîne les rayons, plie et resserre la membrane branchiostège et étend en quelque sorte au- tour du poisson qui a donné dans le piège, une enveloppe qui lui ôte tout moyen de se mouvoir : il est alors à la discrétion de la bau- droie qui ne manque pas de le frapper rudement avec son bras, et qui sans doute ne le laisse échapper qu'après l'avoir étourdi , fatigué et mis hors d'état de fuir ; c'est vraisemblablement l'ins- tant que la baudroie choisit pour l'engloutir dans son énorme gueule. Je reviens à l'os coracoïde : il est plat et de la forme d'un fer de lance dans les lophius ves- ( 467 ) pertiïioy l. piscatorius, etc.; c'est dans ces lophiei qu'il sert à fermer l'ouverture branchiale. Voici comment. La membrane branchiostège s'y pro- longé autant que dans la baudroie, maïs fans y être accompagnée de ses rayons. L'ouverture bran-*- chiale est à peu près située à la même distance , et Test par conséquent au point eu se termine l'os coracoïde : elle est fort étroite, bordée par une peau flasque que la pression du liquide ambiant applique déjà sur l'entrée, à la manière d'une soupape y et se trouve de plus garnie dans son pourtour de fibres musculaires qui s'insèrent sur notre clavicule. Ces fibres, disposées comme pour un sphincter, diminuent au gré de l'animal le diamètre de cette ouverture. Dans les autres poissons, dits branchiostège s y flg- 107)? pré- sente un système d'encadrement analogue , à l'exception que la portion du cadre qui borde l'arête abdominale est fourni© par deux pièces osseuses, autres que les os coracoïdes : la pre- mière, qui forme un peu plus de moitié de Ja longueur de l'abdomen, est analogue à la pièce unique qui remplace dans les baîistes les os des nageoires ventrales, et la seconde, en partie cartilagineuse, paraît provenir des os qui sou- tiennent les rayons de la nageoire anale. Au, (475) moyen de cet arrangement, l'usage des cora- coïdes , qui se réunissent à l'extrémité de la première pièce de l'arête abdominale, se borne à tenir lieu des côtes qui manquent et à flan- quer les viscères; à quoi contribuent pareille- ment les humérus, qui se portent et se joignent ensemble vers le milieu de cette même pièce. Une autre combinaison produit une dispo- sition pareille dans le Zeus vomer, pL %fig> io5 Cette espèce a ses côtes vertébrales prolongées au point de se rencontrer et de s'unir à l'arête de l'abdomen ; il faut s'attendre que de compagnie les coracoïdes se gouverneront de même : eï en effet , ces clavicules reparaissent dans le vo- mer sous le même aspect , et pour y être ap- pliquées au même genre de services que les côtes. Les humérus et les clavicules furculaires sont dans le même cas, et nous avons déjà re- marqué (page 444) que toutes ces pièces, placées à des distances à peu près égales et dans un parallélisme parfait, reproduisaient une sorte de coffre thora chique. C'est encore un tout autre arrangement dans le poisson Saint Pierre : ses côtes sont extrê- mement petites, et nous avons vu plus haut que le développement des clavicules coracoïdes ( 474 ) est en raison inverse. Ces os dans le poisson. Saint Pierre ont en effet acquis une dimension extraordinaire : ils servent d'appui non-seule- ment aux muscles abdominaux , mais à la peau elle-même; aussi sont-ils quadrangulaires. Les tégumens communs adhèrent en effet si forte- ment à leur face externe , qu'on aperçoit en dehors le relief de ces os , n'offrant pas cepen- dant assez de saillie pour qu'on ait été autorisé à les figurer comme pièces de l'extérieur de ce poisson, ainsi que le montrent les planches 4i de l'Ichtyologie de Bloch et 39 de l'Encyclopédie méthodique. Les faces antérieure et postérieure de ces clavicules sont creusées en gouttière et raboteuses; circonstances très-favorables aux at- taches des muscles qui s'y insèrent. Je pourrais multiplier ces exemples presqu'a l'infini; mais il ne convient pas que je me laisse entraîner et que je me perde en détails zoo- logiques. Cependant je ne puis me dispenser de rendre compte d'une dernière déviation des os co- racoïdes, la plus concluante pour notre théo- rie : elle nous est fournie par les Silures épi- neux. On peut dire qu'ici les anomalies renchérissent ( M ) les unes sur les autres. Les coracoïdes (1), par- tout ailleurs enveloppés sous les tégumens com- muns et qui, dans toutes leurs variations, étaient du moins restés fidèles à leurs liaisons avec les muscles du thorax et de l'abdomen , nous ap- paraissent subitement affranchis de toute en- trave : ils échappent en quelque sorte hors les tégumens , pour se transformer dans ces Silures en une puissante armure, qui inspire à ces animaux la plus entière confiance dans leurs (1) Il est difficile de s'arrêter sur une conformation qui excite davantage l'intérêt que ne le doit faire l'appareil claviculaire des Silures : aussi j'y ai consacré les figures , pi. 9, numérotées 99, 100^ 101 , et 102. Le n°. 99 est copié d'après une nouvelle espèce très - voisine du doras caréné de Lacépède ( silurus carinaius. Lin. Gm. ) ; 100 et 101 , d'après un silure du Nil qui y est appelé aboussari, ou père da mât, et le n°, 102, d'après une autre espèce aussi nouvelle, du même fleuve et du même sous-genre, pimelodus , nommée carafeh sur les lieux, et que j'ai fait connaître sous le nom spécifique de biscutatus. Je me sers du n°. 102 pour montrer le côté externe du plastron claviculaire des silure» 5 du n°. 100, pour en montrer le côté interne, où se voit une cavité tapissée df muscles et remplie aussi en partie par le cœur ; du n°. 101 , pour faire remarquer ce que devient l'omoplate au milieu de tous ces developpemens extraordinaires; et enfin du n°. 99 , pour qu'on puisse concevoir comment les mus- cles des coracoïdes, sans toutefois lâcher prise, permettent (4-6) moyens et jusqu'à l'audace de provoquer le Crocodile. Dans le Nil, où ces animaux sont souvent en présence, c'est le Crocodile qui fuit devant les Silures; observation faite avant nous par les Anciens, et que nous avons trouvée con- signée dans Strabon. On a jusqu'ici parié de cette armure sous le nom d'épine, de rayon épineux ou de premier rayon de la nageoire pectorale : on l'a prise pour un rayon, c'est-à-dire, pour un osselet de la main , parce qu'elle accompagne la nageoire, qu'elle lui fournit même un point d'appui et qu'elle en règle les mouveraens. M; le comte de Lacepède ( Poiss. tome 5 , page 65 ) a le pre- mier fait connaître sa singulière articulation, et l'obligation où elle est de tourner d'abord sur son axe avant de se fléchir ou de s'abaisser. Dans une détermination de cette pièce que j'avais présentée il y a plusieurs années ( Anna- les du Mus. tome g, page 427 )? niais à laquelle personne, je crois, n'a donné d'attention, faute d'avoir pressenti toute l'importance d'une pa- reille discussion pour la physiologie; dans cette détermination, dis- je, je prouvais que l'épine cependant à ces os de quitter leur position ordinaire et de s'écarter afin d'aller en dehors servir de tuteurs aux nageoires pectorales. ( ^77 ) des Silures est vraiment analogue à la clavi- cule coracoïde , en rendant compte de tous les os du bras, en montrant quelle a son extré- mité articulaire enchâssée dans la clavicule fur- culaire , en insistant sur certains muscles dis- tincts de ceux de la nageoire qui la meu- vent, et en établissant qu'il n'y a dans le voi- sinage aucune saillie ou apophyse qu'on puisse lui attribuer. J'avais surtout compté, comme en devant donner une preuve sans réplique, sur cette circonstance , que les Silures sans épines nous montrent sous les tégumens les os cora- coïdes : les ayant cherchés dans le silurus electricus qu'on sait dans ce cas là, je les y avais trouvés en effet \ ces pièces y sont petites, grêles et soudées vers les deux bouts. Une armure aussi puissante, qui, pour être contrebalancée dans les Silures où elle manque, exige un appareil non moins extraordinaire , toute une batterie électrique ; une protection aussi efficace procurée d'une manière si inat- tendue à la nageoire pectorale, forment le fait d'ostéologie le plus curieux que je connaisse, s'il est bien prouvé que ce dard acéré à sa pointe, rendu plus meurtrier par des hachures nombreuses sur ses bords , et qui prend rang et se confond comme un congénère et comme un frère, pour ainsi dire, avec les rayons de ( **7° ; la nageoire, provient véritablement (Tune piècfc de l'intérieur de l'animal, d'une partie de son squelette, et est bien réellement l'analogue de la clavicule coracoïde; Pour donner la démonstration d'un fait d'une si haute conséquence, j'use de ressources que je m'étais jusqu'à présent interdites. J'ai réservé pour un autre ouvrage et je remets toujours à m'y occupe^ des muscles sons le point de vue de leur détermination : j'évite ainsi de mêler de nouveaux inconnus à ceux des problêmes résolus dans ce premier volume. Toutefois j'ai inséré dans mes planches d'ostéologie deux fi- gures présentant l'aspect de la première couche musculaire de l'appareil respiratoire,- savoir, dans la Carpe, pL 8, n°. 86 (i), et dans le Silure, pi. 9,. n. 99. Tous ces muscles sont incontestablement ana- logues dans les deux espèces que nous compa- rons : plus longs dans la Carpe , plus courts et beaucoup plus larges dans le Silure, ils ne dif- fèrent pas autrement 3 connexions, attacher, usa- (i) J'invite à consulter aussi la figure , n°. 86* , en li- sant le dernier paragraphe de la page g5 : j'y ai indiqué,, un peu fort peut-être ,1a ligne qui sépare le m ylo- hyoïdien, lettre g, du sterno-hyoïdien j indiquée par l'autre lettre b. ( 479 ) ges, relations, tout est pareillement et invaria- blement maintenu. Le muscle > p, est proprement le muscle de l'os coracoïde,* il s'attache dans la carpe à l'ex- trémité de cette clavicule , et à sa naissance dans le silure, où cette circonstance n'est représentée que du côté droit. On a brisé, fig. 99, une portion de l'autre clavicule, f9 pour que sans déplacement , on pût apercevoir toute la tête articulaire de l'os coracoïde. Le côté gauche, même figure, montre les mêmes parties sans frac- ture et sans qu'il ait été fait de sacrifices : ainsi on y a conservé et on y voit deux des muscles de l'humérus, /7z, u, qui meuvent la nageoire. L'origine bien distincte de ces muscles se juge mieux dans la carpe, où il n'y a pas fusion de l'os coracoïde et des rayons de la nageoire : le côté droit ( Voy. n°. 86 ) montre le large muscle, uy qui recouvre celui marqué, m > et qui se voit un peu de côté. A la gauche > on a amputé le premier à l'exception d'une petite portion en avant, pour laisser voir le second en entier. Sous l'indication v et r. sont d'autres muscles de la nageoire ; mais il n'est pas pré- sentement de mon sujet de dire ce qu'ils sont et à quoi ils correspondent dans l'organisation. Il me suffit d'avoir établi que le muscle, jp, ( 48o ) n'abandonne pas, dans son déplacement irrégu- lier, la clavicule coracoïde, et d'appliquer cette circonstance à la démonstration que l'épine la- térale des silures est très-certainement cette même pièce» Ces épines se gouvernent sous un rapport à la manière des bois des cerfs : elles croissent en entraînant avec elles, pour leur servir d'enve- loppe, une portion du derme qui s'amincit, puis se déchire et se détruit à la fin; mais sous un autre rapport, elles n'en éprouvent pas la ca- ducité, et peuvent impunément rester à nu, sans encourir l'exfoliation qui amène la chute des bois de cerf. Ce serait encore le cas d'insister ici sur l'ac- cord qui règne entre l'armure du silure et les boucliers de sa tète , et de montrer jusqu'à quel degré s'exerce sur tous les organes de son voisinage la domination de la clavicule cora- coïde. Mais j'ai hâte d'arriver à la fin de cette en- treprise, et je le fais par le résumé suivant. ( 48 1 CoROLIiAIRES» 1. Les os de l'épaule, ainsi nommés de l'idée qu'on s'en est faite au point de départ des études anatomiques, ne répondent réellement à ce nom que dans le minimum de leur développement : car, parvenus chez les poissons à un très-haut degré d'accroissement et , de plus , y mettant à profit leur transformation et de nouvelles relations, ils constituent un riche appareil, et deviennent ainsi des matériaux absolument indispensables de l'être ichtyologique, et par conséquent des pièces de premier rang. 2. Mariés avec le crâne, et parce qu'ils s'en sont rapprochés , et parce que celui-ci a comme en- voyé à leur rencontre quelques osselets supplé- mentaires, logés au fond du conduit auditif, ils deviennent une quille d'édifice très-solide. En effet, entrelacés avec les pièces postérieures de la tête, ils posent et se fixent sur les plus éle- vées , les occipitaux y quand ils portent et main- tiennent les latérales , les os operculaires. 5. Dans cette amalgame inattendue, les os de l'épaule concourent aussi efficacement à l'accom- plissement de l'œuvre ichtyologique, par ce qu'ils 3x ( 482 ) font que par ce qu'ils souffrent; dans le premier cas , en étendant un plastron tutélaire tant au dessus du coeur qu'en arrière des branchies; et dans le second, en tenant lieu d'un chambranle sur lequel l'opercule exécute des battemens ré- guliers, d'où dépendent l'inspiration et l'expi- ration, 4. Arcs-boutans et diaphragme pour les deux grandes cavités du tronc ( celle de la poitrine en avant et celle de l'abdomen en arrière ), ils s'emparent des principales fonctions du sternum des animaux à respiration aérienne : de là le nom de sternum claviculaire sous lequel nous les avons désignés. 5. Elevés chez les poissons à des fonctions d'un haut intérêt physiologique, les os de l'épaule n'y restent pas moins fidèles au devoir de la fonction- générale; laquelle ici consiste à servir de prin- cipal support au rameau, libre en dehors, dont se compose le membre antérieur. 6. Pièces de respiration , quand la tète est di- rectement articulée avec le tronc, ces os dans e cas contraire, alors établis sur une bien plus petite échelle, subissent toutes les rigueurs des conditions rudimentaires : réduits à la seule ( 485 ) fonction des organes dans le minimum de leur; développement , ils sont employés comme le se- rait un anneau intermédiaire qui aurait pour objet de suspendre le membre antérieur au tronc. 7. Dans quelques reptiles, les os de l'épaule se combinent avec ceux du sternum : disposés sur le même plan et bout à bout sur la même ligne > ils se confondent ensemble pour ne plus former qu'une seule table, un'sternum unique, pouvant alors suffire, par une étendue proportionnelle, à la capacité des sacs pulmonaires. 8. Ils perdent au contraire dans les oiseaux tout caractère sternal , pour s'en tenir exclusive-» ment à celui qu'ils tiennent de leur coopération comme os du bras, et de lenr influence sur le mouvement progressif. D'une forme décidée et dans un développement normal, cette souche du rameau antérieur ne pouvait préparer à l'ori- gine , ni présenter des conditions plus favorables au vol. 9. Ces os, tendant à plus de simplicité dans les mammifères , n'y apparaissent plus que comme la racine des organes du mouvement auxquels ils s'appliquent 5 on dirait qu'ils n'exigent plus ( 484 ) qu'une surface assez grande pour multiplier leur point de contact avec le tronc; ils se réduisent le plus souvent à une omoplate unique, mais qui est toujours remarquable par une très-large base. 1 o. On voit que , les uns à l'égard des autres , ils changent de rôle , et sont classés différem- ment par leur importance dans les principaux groupes. 11. La pièce qui prend une prépondérance marquée sur les autres, dans les mammifères, est l'omoplate : souvent seule , principalement dans les animaux exclusivement marcheurs , elle y est à peine bordée par quelques vestiges ftomolite. Mais y a-t-il conflit de fonctions , ou plutôt réunion des allures ordinaires avec l'action de saisir, de gravir ou de fouiller, il y a nécessité pour lors de maintenir le bras aussi bien en avant qu'en arrière; de là l'intervention de la clavicule furculaire développée au tiers, à moitié, ou en totalité; et de là aussi celle de la clavicule coracoïde, s'il est besoin de plus violens efforts, comme ceux du vol à l'égard des chauve-souris 12. Cette dernière circonstance étant rétat habituel des oiseaux, les os de l'épaule y a^uiè- ( 485 ) rent plus de consistance, s'y prononcent avec des formes invariablement déterminées, et s'y montrent avec des qualités en apparence incon- ciliables., la solidité et la mobilité. Il n'y a de va- riation dans cette classe qu'à l'égard de l'os acromion, qui y intervient parfois sous l'appa- rence d'un vestige rudimentaire. i5. Les reptiles ne présentent que des cas par- ticuliers, dont les plus remarquables se rappor- tent au développement excessif des cinq pièces de l'épaule, surtout de celles connues sous les nomsd'acromion et d'omolite. i4. Enfin la clavicule furculaire joue le prin- cipal rôle dans les poissons , quand la clavicule coracoïde, qui par l'absence de l'entosternil est privée d'articulation à l'une de ses extrémités y doit à cette circonstance d'éprouver tous les genres de variations possibles. FIN. ■¥ TABLE DES MATIERES, DANS L'ORDRE ALPHABÉTIQUE. A \cromion ( clavicule ou apophyse acromion ) ; n'est qifurt très-petit osselet dans certains mammifères, p. n5; ne se montre chez les oiseaux que dans l'ordre des passereaux, p. 1 16; est couché sur la fourchette dans les monotrêmes , p. n5 ; grand et dégagé dans le lézard vert, p. 117 ; existe dans le brochet, p. fyily ; est dans l'homme dans un état de plus grande anomalie que l'apophyse coracoïde , p. 424 ; paraît plus visiblement dans quelques individus, ibld. Air est donné ordinairement pour le véhicule du son, />. 287 ; condensé , puis brisé sur le tranchant d'un biseau de flûte , devient air sonnant , p. 292 ; parce qu'il passe d'abord à l'état d'air polarisé,/). *2C)3 ; tient lieu de l'archet d'un vio- lon dans les instrumens à anche; p. Soi. Anche. Un instrument à anche participe de la nature des instru- mens à cordes et des instrumens à vent , p. 3o3 ; une anche , non toujours constituée par une languette , vibrant au devant de son échalotte , p. 5o2 ; celle du basson difière , ibid. ; ayant bien plus de rapports avec les instrumens à cordes , p. 3o3. 'Anguille a ses pharyngéaux minces et larges , p. 219 j sou omoplate non articulée avec Je crâne , p. 4*6. Animaux vertébrés ; leur définition , p. 6. Annexes sternales. C'est un nom donné à l'ensemble des deux ( 488 ) pièces du sternum , V hyosteinal et Vhyposternal : voyez ces mots : les annexes sternales dans les poissons , portent les rayons branchiostèges , p. j5 ; et la membrane des ouies , jj. 87 ; elles paraissent s'être déplacées dans ces animaux , p. g3 ; bien qu'elles ne se portent pas aussi en avant que l'épisternal , p. cyj ; elles restent toujours séparées de cet osselet , à cause des clavicules eoracoïdes interposées entre elles et lui , p. gg. "Apodes. Nom d'une famille de poissons , qui manquent de na- geoires pectorales , p. 412- 'Apo/iyal. Une des pièces des cornes antérieures de l'hyoïde ou de la corne styloïdienne , p. i^y 5 osselet gros et ramassé dans les poissons , p. 161 j court et sans usage important dans l'homme, p. 17g. TArcs-branchiaux . Us forment planchera la bouche et deviennent plafond pour la cavité pectorale , p. 67 ; ont été pris pour les pièces élémentaires du sternum, p. 78 ; quelle opinion, on en avoit autrefois? p. 2i4; ils se composent de quatre anneaux , p. 2i5 ; dont les parties ont reçu des noms à part : celles du centre, le nom de pleuréaux , p. 217; les supé- rieures, celui de pharyngéaux , p. 218 ; et les inférieures, le nom de pièces laryngiennes } p. 234 > ces pièces supérieures ont leurs analogues dans les animaux à respiration aérienne , parmi les petits os de la base du crâne , p. 285. 'Arythènèal. Nom de farythénoïde , quand cette pièce est de- venue un os achevé , p. 384- Arythénoïde. Celui des cartilages du larynx , qui dans l'homme a la forme d'une aiguière , />, 245 ; les arythénoïdes tendent les rubans vocaux, p. 533 5 ont leurs mouvemens combinés, tantôt avec Vépiglolte et la langue , et tantôt avec ceux du thyroïde , p. 536 ; règlent par le degré de leur tension le son fondamental, p 53g 5 renversés par les muscles ary- thénoïdiens , ils placent l'instrument ^ocal sous les conditions d'activité des flûtes , p. 34^ ; réunis au cricoïde , ils forment la couche supérieure du larynx , p. 074 ; ils portent les eu-* ( 489 ) néiformes , p. "5nj ; et sont posés dans les poissons , en des- sus de l'urohyal , p. 38 1. 'Arythénoïdien. Muscle du larynx , ainsi nommé de l'action qu'il exerce sur les arythénoïdes , p. 1>^i. B. Basihyal. Nom donné au corps de l'hyoïde , p. i^y ; pièce robuste et prépondérante dans les poissons , p. 160. Baudroie. Sa clavicule coracoïde figure parmi les pièces de l'ou- verture branchiale , p. /±6'2 ; comment la membrane bran- chiostège se trouve assez longue pour accompagner cette clavi- cule , p. 465. La baudroie a été aussi appelée grenouille pê- cheuse , martin-pêcheur, et raie pécheresse, ibid. ; à ses moyens connus pour pêcher, consistant eu une sorte de ligue, il faut ajouter ceux de l'épervier ou de la nasse, p. 4^4 7 Par quels moyens ces nasses s'ouvrent et se ferment , p. 465 ,• et comment ce sont les rayons branchiostèges qui font l'office de cerceaux pour ce singulier instrument de pêche , p. 1^66. Branchies. Elles existent sous la tête en avant des claviculeks T p. 88 ; rapports de leurs franges parallèles et symétriques , avec les scissures des poumons des oiseaux , p. 5g3 ; sin- gularité des branchies des lophobranches , p. 4oi ; et de celka du Silurus anguillaris , p. l^ox. c. ■ Cadre du tympan. Voyez Ty m panai. Caisse. Quel est cet os du crâne dans les Poissons ? jt>. 38. Calorique. Supposé composé de 7 élémens , p. iyo ; comment , dans ce cas , sa subdivision donnerait lieu au phénomène de la polarisation de l'air , p. 294 j et rendrait l'air sonnant , P- 299- Cérato/iyal. Un des osselets de la corne styloïdienne , p. i^y ; gros et fort dans les poissons, p, 161 ; s'articule dans cette ( 49° ) classe avec l'hyosternal , p. i65 ; y prend la forme tTim îétragone, ibid. 5 y est tantôt devant et tantôt derrière Papohyal, p. i65; son articulation styloïdienne dans les oiseaux, y reste sans fonctions bien déterminées , p. 169; comment il se retrouve dans l'hyoïde humain, p. f]5 ; et y est confondu dans l'apophyse styloïde , p. 177; dans des cas rares , est écarté et séparé du stylhyal , p. 180 et 188 ; et dans des cas pins rares encore , se montre dune grandeur excessive , et replacé dans l'état normal des mammifères , p. 184 et 189. Cétacés. Ils ont une nageoire qui ne reproduit pas les élémens constitutifs de la nageoire des Poissons , p. 188. Chambre laryngienne. Est une portion du tube vocal , j». 36 1 ; elle dit la note , p. 563 ; son influence sur la variation des sons , p. 364 ; ses dimensions , depuis les lèvres de la glotte jusqu'au voile du palais , p. 365 5 les caractères qui la distin- guent de la chambre linguale sont fondés principalement sur la nature de ses fonctions , p. oyo. Chambre linguale. Est la partie antérieure du tube vocal, p. 36i ; elle prononce la syllabe , p. 365. Vues sur ses opérations , p. 564 ; un diaphragme mobile la sépare de l'autre cham- bre', p. 570. Chauve-souris. Leurs ailes ne reproduisent pas la combinaison qui forme le caractère de l'aile de l'oiseau, p. 188. Démesurément agrandies , elles exercent l'influence la plus marquée sur l'é- conomie de ces animaux , p. ^5y. Clavicules. Il en est de trois sortes ; la clavicule furculaire , la clavicule coracoïde , et la clavicule acromion. Voyez ces mois. Conduits d'Eustachc. Leur ouverture , dans les animaux à respi- ration aérienne , correspond à l'ouverture des ouïes dans Jes poissons , p. 228. Coracoïde. ( Clavicule ou apophyse coracoïde. ) Elle sert parfois comme contre-fort , p. 1095 a d'abord été prise dans les oi- seaux pour la clavicule , analogue à la clavicule humaine , p. 1125 forme un osselet naissant dans les mammifères, p. 1 13 > (%I ) •mi y est gêné dans son développement , p. ^i 8 : un os libre à sa naissance dans l'homme , p. 4*9 > Pms grand et d'une for- me plus prononcée dans les mammifères à doigts profon- dément divisés , comme les Chauve-souris , ibid. : son dévelop- pement, comme son influence , sont à leur maximum dans les ovipares,/?* n5; particulièrement dans les oiseaux, p. 4-°> L'os coracoïde a la forme d'un stylet dans les poissons, p. 417 ; y est libre et sans articulation à l'une de ses extrémités, p. 4^i ; proportionnellement plus long que dans les oiseaux , p. 42a ; faute d'un service régulier, tient, chez les poissons, de cette circonstance , son caractère ichtyotogique , ibid. ; souple à changer de formes , ibld. ; prend le premier rang chez les oiseaux parmi les os de l'épaule, même sur la fourchette, p. 43o ; est dans tous les poissons osseux, p. 458. Détails wxv sa forme dans le pins grand nombre des poissons, p. 45g. 11 se range en devant et parallèlement aux cotes , ibid. Détermi- nation et fonction de ses muscles , p. 460. Celte fonction presque nulle dans le brochet , p. 461 ; importante au con- traire dans les muges , ibid. ; mais surtout d'une utilité remar- quable dans les chétodons , p. ^61 ; dans la baudroie , ibid. ; dans le lophius piscatorius , p. 467; dans le tétrodon , p. 408 ; dans le poisson-lune, p. 4^9 j dans les balistes, p. 470 ; dans le sidjan , p. [±n\ ; dans le centriscus scolopax , p. 472 ; dans le zeus vomer , p. 4"3 ; dans le poisson-saint-Pierre, ibid. ; et dans les silures , p. 474- La clavicule coracoïde se retrouve chez ces derniers dans l'osselet prolongé au dehors du corps, et qu'on avait jusqu'ici considéré comme un simple rayon de la nageoire pectorale , p. 476 ,• dans quelques espèces , comme le silurus elec triais , cette armure n'existe pas , p. 477. Sa détermination dans le* premiers s'appuie sur la considération que dans ces derniers , où elle n'existe pas eu dehors , elle se retrouve au-dedans parmi les chairs , p. 478 ; elle se gouverne , pour sa formation et son accroissement, comme le bois ou l'armure de tête des cerfs , p. 480 ; d'ailleurs elle n'en éprouve ni la caducité ni l'exfoliation qui en amène la chute , ibid. ( 492 ) | Cordes vocales , ou rubans vocaux : noms donnés par Ferreinaux lèvres ou aux ligamens de la glotte , p. 281 ; l'intervention des cordes vocales au centre du larynx , chez les mammifères , et leur susceptibilité de vibrer , donnent lieu au phéno- mène de la voix, p. 5i8; c'est quand elles polarisent l'air expulsé des poumons , p 3ig ; la production du son attri- bué par Ferrein à leurs seules vibrations , p. 3'2i. Corps de V hyoïde , p. 1 44 : voyez BasihyaL Corps sonore. C'est en général une table d'harmonie , qui res- sent et répète les vibrations d'un autre corps voisin , mis en mouvement , p 299; est indispensable dans la composi- tion d'un instrument de musique , p. 000 ; il donne le tim- bre , p. 3^7 ; dans l'instrument vocal, s'il est composé du thyroïde et de la membrane thyro-hyoïdienne, il est d'une superficie double (p. 366) que si au contraire il est borné au seul thyroïde , p. "56y ; un seul jeu de cordes et deux corps sonores, dans l'instrument vocal, sont identiques, pour les fonctions, aux deux jeux de cordes, et au seul corps sonore du violon , p. 368. Cornes de l'hyoïde. Les antérieures ou les stvloïdiennes sont formées des trois os , l'apoliyal , le cératohyal et le stylhyal , et les postérieures, d'un seul osselet, le glossohyal. Voyez ces mots. — iS/yloïdiennes. Privées dans les oiseaux de s'articuler avec le crâne , p. i5o ,• n'y sont formées que de ejeuxpièces , p. i5i ; existent les mêmes chez les poissons , p. 160 ; sont dans ceux- ci , ramassées et robustes , p. 161 ; dans les oiseaux, filifor- mes et grêles, et s'y retroussent derrière le crâne , p. 169; dans l'homme seul, y forme la paire la plus courte , p. 173. ■ — Thyroïdiennes. Composées d'un os de chaque côté , p. îfô ; sans relations avec le thyroïde dans les oiseaux, p. i5i ; sont entraînées du côté de la langue , p. 1 52 ; en deviennent les os propres, d'où le nom de Glossohyaux , p. i54>" se rap- prochent l'une de l'autre , jusqu'à se toucher , dans la cigogne. ( 495 ) p. i55 ; et même jusqu'à se souder, comme dans le canard-, ibid. Crâne. Recherches sur les os du crâne , p. 17, 18, 19 , 20 et 23; celles faites par M. Cuvier , p. 1^; les os de l'épaule dans les poissons, atteignant le crâne plutôt que le sternum, p. ^11. Le crâne envoie et prolonge sur le thorax ses diverses lames osseuses dont se compose le cloisonnage exte'rieur de la cavité des branchies , p. 43g • Cricéal. L'une des pièces auxiliaires de l'arc branchial ,77. 2.37 ,* est placé en dehors et en arrière des pleuréaux, p. 238,- sa dimension extraordinaire dans la Carpe , p. i5g ; y est couvert de dents, p. 240; motifs qui lui ont fait donner ce nom, p. 584» Crico-arythénoidien-latéral. Muscle du larynx , dont une apo- névrose contribue à former le ligament de la glotte, p. 5i5p" ne se renfle , quand il se contracte, qu'en dedans du larynx , p. 34o. Crico-ary thé noï dieu postérieur. Muscle du larynx relevant les arylhénoïdes , p. 535 ; tendant fortement ces cartilages, p. 33g. Cricoïde. Cartilage du larynx , ainsi nommé de sa forme annu- laire dans l'homme, p. 245. Cette portion annulaire, qui n'existe que dans les mammifères , pourrait bien y être due à l'adjonction d'un premier anneau de la trachée-artère, p. 1S0. Le cricoïde , réuni aux deux arythénoïdes , compose la couche supérieure du larynx, p. 374 ; est dans des relations intimes avec l'ésophage , p. 38o ; avait été décrit dans les poissons sous le nom d'os pharyngien, p 382 ; n'est point en ligne avec les quatrièmes pleuréaux, p. 583. Crocodile. A chaque branche de la mâchoire inférieure formée de six os , p. 26 ; son sternum , intermédiaire entre le sternum des mammifères et celui des autres reptiles , p. 123 ; les fibro- cartilages répandus entre ses côtes sternales et vertébrales , ossifiés , p. 124. Il fuit devant les silures épineux, p. 476'. Cunéiforme. (Cartilages cunéiformes, ou cartilages de Santorini), ( 49Î ) p. ^45 ; éloignés de l'épiglotte dans les oiseaux , p. ^fo ; y prennent une forme allongée, p. i5 1 , et ge'ne'ralement pa- raissent une de'pendance de l'arythénoïde, p. 255. Un de leurs noms de ce que ces cartilages ont été découverts par Santo- rini , p. 347 ; remarquables par leur volume dans le nègre , p. 548 ; agissant parfois à la manière de deux soupapes f p. 552 , mais seulement dans des larynx flétris par la mort , p. 355 ; ont des mouvemens propres , ayant à leur service les muscles dits jusqu'à présent épiglotti-arythénoïdiens , p. 358, lesquels procurent ainsi aux cunéiformes des fonctions indé- pendantes , jp. 557. Ces cartilages portés par les arvthénoïdes, subordonnés, à d'autres égards, à ceux-ci, p* 377. Comment m ils forment la glotte des oiseaux , p. 5yS. D. Dc/ifs branchiales , p. "5g&. Elles sont rangées sur un des flancs des pleuréaux, p. 39g. Analogues aux anneaux de la trachée- artère , p. 4oo , on leur en a donné le nom , celui de tra- chéaux , p. 402. Diaphragme. Il en existe un chez les oiseaux et chez les poissons osseux entre les branches des clavicules , p. 100. Dodart , auteur d'une théorie de la voix (Académie des Sciences, pour 1700 ) , p. 281 , dans laquelle il regarde l'instrument vocal comme un instrument à vent, p. 3 1 4- Modifiant sa première opinion , il y trouve aussi un instrument à anche , p. 3i5 ; bien qu'on ne puisse y apercevoir de languettes libres par trois côtés, ibid. Il aurait déjà, dès ce temps, remarqué que les lèvres de la glotte vibrent , p. 52 1. Dutrocltet , également auteur d'une théorie sur la voix , p. 3o3, a découvert la nature du ligament thyro-arythénoïdien 3 ou de la corde vocale , p. 3i6. Il croit devoir attribuer les vibra- tions de la glotte , non à ses lèvres, mais aux fibres du muscle thyro-arythénoïdien , p. 544' ( *9* ) E. Echidnè , l'un des genres d'une famille paradoxale , nommée monotrémes , et qui parait intermédiaire entre les oiseaux et les mammifères, p. 1 14- Enclume, un des quatre osselets de l'oreille , p. i5; correspon- dant à une portion du sub-opercule, p. 41- Détails sur sa forme dans les ovipares , p. 4g. Entosternal , l'une des pièces du sternum , p. i53 ; elle est im- paire , ibid. ; forme la partie rudimentaire du sternum des tortues, p. 108, et au contraire la partie la plus considérable de celui des oiseaux , p. io(3. Entohyal , pièce de la chaîne médiane de l'hyoïde, p. 147; grande et robuste dans les poissons , p. 160. Epaule , sous le rapport de son système osseux. Les os de l'épaule consistent dans les pièces ci-après : les acromions , les cora- coïdes , les furculaires , les omoplates et les omolites ; voyez chacun de ces mots. Ce qu'ils sont en générai chez les ovipares, p. m ; chez les monotrémes , p. 1 14 j les monitors ,7?. 1 16 ; dans le lézard vert, p. 117. Ils usurpent la place elles fonc- tions de la plus grande partie du coffre pectoral , p. 407 ; ont été méconnus comme existant dans les poissons , p. 4J3 ; y ont été appelés en leur totalité os en ceinture , p. 4T4 j J ren- contrent plus tôt les os du crâne et plus tard ceux du sternum, p. 42*' Leur ensemble a été considéré comme la partie la moins efficace des moyens dont se compose l'organe du mou- vement progressif, p. 4^5. Sont autant de matériaux distincts, avec fonctions propres , p. 4*26 ; se compliquent en raison de ce que la main devient plus étendue et plus mobile , ibid. , mais non point l'omoplate, p. 427 > s'appliquent, dans les oiseaux , aux mêmes services que dans les mammifères , bien qu'ils y acquièrent plus de consistance , p. 4^8 ; y forment trois principales parties qui se balancent par le volume , ibid. ; y montrent un problème important résolu , la réunion de la ( 496 ) I solidité et de la mobilité , p. ùfii. Eprouvent les mêmes mé- tamorphoses que les os operculaires , /?. 442 > ils restent éga- lement fidèles au devoir de la fonction générale, en continuant d'être le point d'appui du rameau dont se compose l'extrémité antérieure , p. 44^ ; réunissent à cette fonction primitive d'autres fonctions d'un ordre plus relevé, quand ils s'emparent du service des os mêmes du thorax , ibid. ; deviennent alors comme un deuxième sternum , p. 444 et 447 > en ce qu'ils sup- pléent le véritable dans sa principale fonction , p. 446 ; effets de leur développement successif,/». 447- Dans les reptiles, il yl a combinaison et fusion des deux appareils du vrai sternum ou sternum thorachique , et des os de l'épaule ou sternum cla- ; viculaire , p. 45* j mais cette tension n'empêche pas qu'on ne reconnaisse chacun à leur superposition originelle , p. 452. Epiglolte. Est en contact avec l'urohyal dans les oiseaux, p. 247; car elle ne manque pas d'exister dans cette classe, mais y passe j à un autre service , p. 248 ; reste partout fidèle à ses deux j usages , p. 25 1. Epiglotti-arythênoïdien , muscle du larynx qui s'insère sur l'os cunéiforme , et en opère les mouvemens , p. 356. Episternal. Est une des pièces du sternum (p. 84) qui, en gé- néral , sert de support à la clavicule furculaire , p. i53. Voyez Yerrata, pour ce qui lui est attribué faussement, p. i63. Esophage. Est appuyé sur le cricoïde , p. 254 i es* nécessaire- ment en relation avec ce cartilage ; p. 38o j principalement dans les poissons , où il n'y a plus pour lui d'appui sur la tra- chée-artère. Esox osseus. "Voyez Lépisostée spatule. Etrier , un des quatre osselets de l'oreille, p. i5; il correspond dans les poissons à la grande pièce de leur opercule , p. 37 ; ce qu il devient dans les ovipares à respiration aérienne , p. 5o. Eustache. Voyez Conduit d'Eustache. Expériences du mouvement d'horlogerie dans le vide , p. 288 ( *97 ) sur la flûte ordinaire , p. 35o et 35 1 , et sur une flûte sans trous latéraux , p. 355. F. Ferrein, auteur d'une Théorie sur la voix (Académie des Sciences pour 174 1 ) > jP- 281 ; a fait chanter un larynx détaché du ca- davre , p. 280 ; a assimilé l'instrument vocal à un instrument à cordes , /j. 3i4 i aucune corde , comme fil détaché, n'y est cependant visible , p. 3i5. Sont cordes vocales, suivant lui, les ligamens de la glotte , ibid. A considéré la production du son comme dépendant uniquement des vibrations des lèvres! de la glotte, 32i. Considérations sur son Mémoire de 174.1 , p. 322. Plan de sa théorie , p. 323. Ramène l'instrument vocal aux considérations d'un violon , p. 5i^ ; mais a oublié d'y chercher ce qui en devait être le corps sonore , p. 325. Flûte. Sous le rapport de son intérêt en physique , est un ins- trument servant à diriger des portions d'air sur d'autres, p. 291. Sa composition à cet effet , ibid. Formée de bois , d'étain , de verre ou de papier , donne le même son , p. 292. La flûte tra- versiez se gouverne comme la flûte à bec , p. 291. N'ayant pas encore reçu son biseau , n'est qu'une matière informe , un simple tuyau à vent, p. 3n. Expériences variées sous le rap- port des sons qu'elle peut rendre, p. 35oet35i. Flûte sans trous latéraux ; expériences à son sujet , p. 353. For té-piano. A son corps sonore résidant dans sa table d'har- monie , p. 299. Fourchette. Le nom d'une pièce osseuse du squelette des oiseaux.- Voyez ci-après le mot Furculaire. Furculaire ( la clavicule furculaire ). L'os furculaire , réuni à son congénère , compose la fourchette des oiseaux , p. 111 ; a été dernièrement reconnu pour l'analogue de la clavicule hu- maine , ibid. Sa disposition en croix dans le lézard vert, p. 1 17. Trouvé dans les poissons par M. Gouan , p. 4<5; y sert de chambranle à l'opercule, p. 4*6; est situé en dehors du tronc 52 i 4g3 ) p. /po ; prend , réuni à son congénère , la forme d'une four- chette dans les oiseaux , parce que ces deux os croissent dans un espace resserré, qu'ils s'y appuient et s'y soudent l'un à l'autre , p. 429 , et cependant ils restent encore dans ces ani- maux au-dessous des clavicules coracoïdes , eu égard à leur influence sur le vol , p. 43o. Le furculaire contribue aussi , dans les poissons, à abriter le cœur, p. 435; y devient un cham- branle sur lequel bat l'opercule, p. 436; y circonscrit la cavité thorachique , p. /fîj j et y arrive à la plénitude de ses fonc- tions, p. 438. \ G. Glossohyal , un des osselets de l'hyoïde , celui de la langue , p. 147- Forme la corne postérieure ou la branche thyroïdienne de l'appareil , p. 3 17. Les deux glossohyaux s'écarteat comme les deux branches d'un fer à cheval dans les mammifères , p. i43 ; se rapprochent , deviennent contigus , ou se soudent même dans les oiseaux, p. i55; sont toujours, dans ce dernier cas , chez les poissons , p. 200. Glotte, détroit du laryux ; fixée dans les mammifères au milieu de l'appareil , p. 3i 7 ; couronne le larynx dans les ovipares , p. 3i8. Son influence dans le chant d'un larynx détaché du cadavre , p. 549. Glottéal y nom servant à désigner les cartilages cunéiformes ou les tubercules de Santorini. Usages des glottéaux dans les fonc- tions de la voix , p. 558. Leur importance dans les ovipares , p. 384* Voyez Cunéiformes. H. Harpe. A pour corps sonore les lames intérieures de la grosse partie du cadre , p. 299. Hyoïde y employé différemment en ichtyologie , p. 109. Sa défi- nition , p. i4i • Composé d'un corps et de quatre cornes, j). 14*2; et en outre, çUns le cheval, d'une queue formée de trois pièces , p. i^b. Ses osselets ont reçu les noms de basihyali C 499 ) éntohyal , uroîiyal , glossohyal , apohyal , cératohyal et styl- hyal, p. i4/« Considérations sur l'hyoïde des oiseaux, p. ilfi. Il est plus grêle, p. i5o; non attaché au crâne , ibid. ; avec une moindre utilité , }}. 167 ; restreint même à l'état rudiraen- taire , p. 168. L'hyoïde humain , remarquable par ses anomalies à l'égard de l'hyoïde des mammifères, p. ij^; a les cornes styloïdiennes réduites , à en juger sur l'apparence, à une seule pièce,/?. i^5; retrouve le cératohyal , p. 177, et le styloïde , comme os sé- paré , p. 180. Dans un cas extraordinaire , est tout-à-fait re- produit selon la règle des mammifères, p. i85. Hyoïde du chat , p. 190 ; — du cheval , p. 192 ; — du bœuf, p. 194," — du castor, ibid. ; — du fourmilier, p. 196; — du kanguroo, ibid.; — des jeunes sujets, dans la classe des mam- mifères , p. 196, et dans la classe des oiseaux, p. 197; se porte dans les poissons au-devant du sternum , p. 44° J pé- nètre dans les os laryngiens , p. 441 '■> e' s'empare de quelques pièces du sternum, p. 445* Hyosternal , une des pièces du sternum , faisant partie des an- nexes sternales ; voyez ce mot. Existe concurremment aveo l'hvposternal , intervient ou disparaît ensemble , p. i33. Ifyposternal , seconde partie des annexes sternales , autre osse-< let du sternum , p. i55. Il borde quelquefois l'entosternal , p. i54- I. Instrumens de musique. Voyez Flûte t Harpe , Fortê-Piano , Violon et Anche. Instrument vocal. A été considéré tantôt comme un instrument à cordes , et tantôt comme un instrument à vent , p. 3o4- N'a de siège fixe et spécial nulle part, p. 5o8. Attribué à tout l'or- gane respiratoire par les grammairiens , />„ 3i3. Devient tel ( instrument vocal ) pour les mammifères , par l'addition des rubans vocaux , p. 5i8 ; doit son jeu aux seules vibrations de ( 5oo ) ces rubans , p. 52 1 . Comparé par Ferrein à un violon, p. Zi^ ', a son corps sonore existant dans le thyroïde , ibid. , lequel rend des sons fixes suivant les individus , p. 326. Le timbre de l'instrument venant à changer au fur et à mesure que change le thyroïde , p. 32g. L'organe vocal est-il un instru- ment actif ou passif? p. 345. Il a la faculté de monter d'une octave à une autre , p. 358 ; est retenu dans le bas par la tension simultanée du thyroïde et de la membrane thyro-hyoï- dienne , faisant ensemble l'office de corps sonore , p. ôGj ; passe à l'octave supérieure par l'emploi du thyroïde seul , p. 36g ; est enfin partagé en deux chambres, p. 3yo. Inter-opercule , l'une des pièces de l'opercule, p. 25 ; celle qui correspond au marteau , p. 4o. L. Lames branchiales , p. 4°° j distribuées régulièrement sur un des flancs des pleuréaux, p. 4oi ; osseuses dans la carpe, ibid.; sont les analogues des cerceaux cartilagineux des bronches , p. 402 î et ont » pour ee motif, reçu le nom de bronchéaux , ibid. Langue. À pour tuteurs ses os propres ou les glossohyaux , p. i5o. Se borne à n'être dans les oiseaux qu'un agent de dé- glutition, p. i5y ; s'y trouve presque entièrement formée par un cartilage, p. i5g, et n'y a plus que ses os pour support, p. 170. Larynx. Est porté dans les mammifères par les cornes thyroï- diennes de l'hyoïde , p. i45; par la queue de 1 hyoïde dans les oiseaux , p. i55. Ne reste pas toujours en son premier état de cartilage , p. 1^0 ; s'ossifie de bonne heure dans les animaux , et dans un âge avancé chez l'homme , p. 244- Perrault , lui opposant un prétendu larynx au bas de la trachée-artère, lui a donné le nom de larynx Lenticulaire , un des quatre osselets de l'oreille , p. i5 , lequel correspond à une portion du sùb-opercule , p. 4°- Sa forme dans les ovipares , p. ^g. Lé pisostée- spatule , poisson dont la mâchoire inférieure est com- posée de pièces en même nombre que celles de la mâchoire des crocodiles , p. 28. A été connu par Linnéus sous le nom à'esox osseus , ibid. Lézard. A sa fourchette en croix, p. 1 17. Ses os acromions con- tournés en arcs , ibid. ; et son sternum dans un état de singu- lière anomalie , p. vu. Lèpres et Ligamens de la glotte : c'est ce que Ferrein a appelé cordes vocales, p. 281 ; n'existent point dans les oiseaux, ibid- ( 502 ) M. Marteau , un des quatre osselets de l'oreille , p. i5 ; lequel cor- respond à l'inter-opercule , p. 4o. Sa forme dans les ovipares, P- 49- Monitor. Considérations sur son sternum , p. 119. Monotrêmes , nom d'un ordre d'animaux qui tiennent autant des mammifères que des ovipares ; cet ordre ou classe est composé des genres ornithorhinque et éçhidné , p. 1 14« Muscles- Les muscles pectoraux existent dans les poissons , p. 89. N. Nageoires. Les nageoires ventrales correspondent aux os de la jambe seulement , p. 97. Sont errantes , et puis parviennent à passer au-devant des pectorales, p. 98. Celles-ci ont leurs analogues dans les mains des mammifères, p. 412 > sont un instrument de natation d'autaut plus parfait qu'elles sont plus rapprochées du tronc , p. 434 > ont les os du bras rapetisses et adhérens les uns aux autres , p. 435. o. Octave. Comment l'instrument vocal passe d'une octave à l'autre, j9. 358. Deux octaves et un quart composent l'étendue la plus considérable de la voix humaine , p. 365 ; un seul jeu de cordes suffit pour une octave, p. 3Ô7. Oreille. Ne reçoit que des sons transmis par l'air , p. 286. Reste étrangère à ceux produits dans le vide , p. 287. Ne paroit im- pressionnée, qu'atteinte par un fluide momentanément modifié, p. 290. L'audition des instrumens à cordes lui procure deux perceptions , p. 3oo ; celle des instrumens à vent, une seule , p. 3oi. Peut aussi percevoir distinctement les deux produits du chant articulé, et saisit à part la note et la syllabe, p. 363. Voyez , pour ses quatre petits os , le mot Osselet. ( 5o5 ) Opercule. Sa détermination essayée une première fois, p. j. r, une seconde, p. 25, une troisième, p. 26. Dans cette dernière tentative, l'opercule supposé formé par la moitié postérieure de la mâchoire inférieure, p. 5o ; donné présentement comme analogue aux quatre osselets de l'oreille , p. 36 et 09. L'opercule proprement dit forme une des quatre parties de cet appareil, p. i5 ; il correspond à rétrier, p. 5j ; il satisfait, comme celui-ci , au devoir de la {onction générale , quand , écartant sa tubérosité articulaire, il découvre le fond de 'l'or- gane auditif, et favorise par là l'accès des molécules du son , p. 442. Organes. Sont en général susceptibles de quatre degrés de déve- loppement : i° ceux retenus à l'état d'embryon sont donnés sous le nom d'organes rudimentaires ; 2U. les organes accomplis, sous celui de normaux ; 5°. les organes d'un demi-développe- ment prennent le nom d'organes anomaux dominés, et 4°« ceux d'un développement extraordinaire, la dénomination d'ano- maux dominateurs , jjages 455 et suiu. Ornithorhinque , de l'ordre paradoxal , nommé monotreme , p. 1 1 4- Description de ses os de l'épaule, p. i55 ; — de son sternum , p. 126. Omolite , une des deux pièces de l'omoplate , p. 118; pourquoi ce nom , p. 426. Omoplate. Est formée de deux pièces, p. 118; annoncée comme faisant partie du membre pectoral, d'abord par M. Gouaii , p. 4i3 , et ensuite par M. de Lacepède , p. 4i4- Dans tous les poissons, hors l'anguille et ses congénères, s'attache au crâne, p. 416. ; est posée sur les côtes , p. 420 ; forme l'unique appui du bras des animaux ruminans, p. 426 ; tient le premier rang parmi les os de l'épaule chez les mammifères, p. 427. Celle des poissons sert à accrocher les clavicules furculaires au crâne, p. 457. Os carré, dans les oiseaux, est l'os du tympan, ou le tympa- nal } p. 27. ( 5o4 ) Os de l'épaule. Voyez Epaule. Os des ouïes , ou les grands os de la membrane branchiostège. Ils ont été soupçonnés d'être une dépendance de l'hyoïde, p. 87 ; et puis , désignés sous le nom d'annexés sternales , ibiâ. Voyez Annexes sternales. Os du pharynx , p. 217. Voyez Pharyngéaux. Os en ceinture. Tel est le nom donné , dans les poissons, à l'en- semble des os de leur épaule et de leur bras , p. 4i4» Osselets de V oreille. Sont au nombre de quatre , le marteau , rétrier, l'enclume et le lenticulaire, p. i5 ; ils correspondent aux quatre pièces de l'opercule des poissons , p. 45. Ces quatre osselets dans les oiseaux, p. 48 ; sont des objets surabondans dans les animaux à respiration aérienne , p. 52 ; cependant entrent dans quelques services , p. 55 ; et n'arrivent que dans les poissons au plus haut degré de développement et de fonc- tions , p. 55. Sont alors comme métamorphosés en os opeicu- laires , p. 442 > en cet état , satisfont au devoir de la fonction générale en se rendant utiles à l'audition , ibid. s p. I Parole. Ce qui la produit , p. 3Ô2. N'a jamais été imitée par un instrument de l'art , p. 364* Pharyngéaux. Os dépendant des aies branchiaux, p. 218. Sont aplatis dans les poissons à tête déprimée, jt?. 219; et longs dans ceux qui ont la tête comprimée , p. 220. Sont suspendus et attachés au crâne , p. 221 j couvrent et protègent dans leur sortie les nerfs trijumeaux, p. 222; portent les pleuréaux, ibid. ; existent, sous. la forme d'une table, dans les oiseaux, p. 224 » et chez les mammifères dans les parties osseuses du conduit d'Eustache , p. 226. Sont comme accrochés au crâne par l'apophyse ptérigoïde du sphénoïde, ou par l'os ptéréal , p. 232. Pleuréal. Nom d'un des osselets des arcs branchiaux, p. 217. ( 5o5 ) Supérieurement, tient à un pharyngéal, p 222. Sont quatre en ligne et d'égale longueur , p. 228. A quels traits les pieu réaux se montrent élevés au rang des premiers matériaux de l'organisation? jo. 387. Se voient chez les oiseaux au bas de ia trachée-artère , à l'entrée de celle-ci dans les poumons, p. 390. Y rappelleut , sous la condition rudimentaire , le riche appareil qu'ils forment dans les poissons, p. 3g 1. Détails sur le pieu- réal de l'autruche , p. 5q2. Les pieu réaux dans les poissons prennent de l'accroissement pour se prolonger et s'articuler sur les hyoïdes , p. 441, Ptéréal. C'est le nom de l'apophyse ptérigoïde de l'os sphénoïde, p. 255. Poissons. Ont été supposés avoir la poitrine confondue avec la bouche , p. 66 ; ont cependant la cavité buccale distincte de celle des branchies , p. 6y ; ont été regardés comme étant dans des circonstances extraordinaires, p. 4°8; opinions concernant leur membre pectoral , p. ^1 1. Polarisation de l'air , p. 2q3 ; circonstances qui donnent lieu à ce phénomène , p. 294 ; l'air est polarisé parla subdivision du calorique , p. 297 ; ou , ce qui revient au même , est rendu air sonnant , p. 299. Pomme d'Adam. Formée par le thyroïde : elle monte et descend , p. 359 ; en s élevant, fait passer la voix dans les tons aigus , p. 366. Poumons. Leur composition , p. 212 ; sont chez les oiseaux en- castrés dans les côtes , p. 264; ceux des mammifères divisés en lobes , p. 389; — des oiseaux , percés de paît en part, p. 3go; sont refoulés en dedans des côtes par l'effet de la respiration , p. 5g4 » doivent la symétrie de leurs scissures au parallélisme des cotes qui servent à les mouler , p. 3g5. Pré-opercule. L'une des pièces de l'opercule , />. 25 , laquelle correspond au cadre du tympan ou à l'os tympanal ,p. 2'5j» ( 5o6 ) 1 Q. Queue. Susceptible de plusieurs utilités dans les mammifères, p. 54 ; est l'organe essentiel du mouvement progressif dans Jes poissons, p. 54 et 407. La diversité de ses formes dans les mammifères prouve que cet organe s'y trouve dans l'état rudi- mentaire, p. (fi*]. R. Rayons branchiostèges. Ont leurs analogues dans les cotes ster- nales, p. fé ; existent dans les mormyres , les tétrodons , même dans les squales et les raies , p. 76. Reptiles. Quelques-uns si rapprochés des poissons , qu'ils en ont pris le nom d'ichtyoïdes , p. 79 ; ils diffèrent par la quan- tité de leur respiration , p. io3 ; étrangers pour la plupart, ils ne forment pas une famille .'tussi naturelle qu'on l'a éta- bli, p. 43 et 45i. Us ont le sternum composé de deux appa- reils , qui sont le sternum thorachique et le sternum clavicu- laire , p. 45i ; l'origine en reste distincte, eu ce qu'ils posent l'un sur l'autre , p, [fil. Respiration. Les deux milieux où vivent les animaux ont donné lieu à leurs deux modes de respiration , p. 12 ; celle-ci consi- dérée, selon que les animaux existent dans l'air ou dans l'eau , p. 208; elle s'exécute au centre de l'animal , p. i\\; à causa des deux milieux , sont deux systèmes d'organes respiratoires , p. 386 ; ces organes renfermés daus deux réseaux tégumen- taires, p. 397. Changemens qui surviennent dans une orga- nisation qui passe d'un mode de respiration à l'autre , p. 4^9* Les deux systèmes respiratoires forment de doubles moyens pour le même être , l'un de ces systèmes étant restreint à l'état rudimentaire , et l'autre dans son développement normal , p. 449. S. Silures. Les poissons de ce genre sont pourvus d'une armure au moyen de laquelle ils se rendent redoutables dans le Nil aivx (5o7) crocodiles, p ^76; cette armure fut d'abord considérée comme un rayon de la nageoire pectorale devenu osseux, p. 4yt>; mais on démontre au contraire qu'elle est fournie par la clavicule coracoïde , ibid. , en ce quelle ne se trouve pas en dedans ii l'égard des silures armés , et qu elle s'y voit dans les silures privés de celte armure à l'extérieur, p. 477 '■> dans le silurus elec- tricus, qui est dans ce dernier cas , il ne faut rien moins qu'une batterie électrique pour suppléer au défaut de cette arme dé- fensive, ibid.; que l'épine osseuse de la nageoire pectorale soit réellement îa clavicule coracoïde , on en a une autre preuve par la connexion de ses muscles et la comparaison qu'on en peut faire avec les mêmes muscles dans la carpe, p. 478- Cette clavicule se gouverne , pour sa formation et son accroissement, comme le bois ou l'armure de tête des cerfs , p. ^Ho ; mais -d'ailleurs elle n'en éprouve ni la caducité ni l'exfoliation , phénomène qui détermine la chute de tout prolongement fron- tal , mis à nu par la perte de ses enveloppes, ibid. Soc , ou socle. Saillie à l'uue des pièces du laryux des oiseaux , p. 5og. Son. Forme-t-il une matière à part ? p. 9.85- Il est attribué à des vibrations qui seraient transmises à l'oreille, p. 286 j expériences sur sa manifestation dans le vide . p. 988 ; Sons produits par des instrumens , p. 29 r ; de l'air extérieur et de l'air polarisé , se combinant ensemble , donnent lieu à la production du son, p 29J ; le son est très-certainement formé à la glotte, p. 5(io ; venant à acquérir une qualité de plus dans la chambre linguale , y devient parole , p. 36a. Des sept sons primitifs , p. 5jo. Sternal , (appareil) formé de g os au maximum de sa compo- sition , p. i52 ; on trouve ce nombre dans l'homme , p. i'2Q , les phoques, /;. 127, les tortues, p. io'j ; — huit seule- ment dans les lions , p. 127. Sterno-hyoïdiens et Sterno-thyroïdiens Muscles , présentant par- tout un caractère ichtyoîogique , grêles dans le cheval , re- clamant un appui dans les oiseaux , p. 94. ( 5o8 ) Sternum. Terminé dans les oiseaux par une des pièces analo- gues au cartilage xiphoïde , p. 82 ; n'a point passé entière- ment au-devant du bras, p. 85 , mais une de ses parties seu- lement , ou l'épisternal , p. 83 et 84 ; celui des tortues est formé sur une grande échelle, p. io3; composé de neuf pièces , p. io4; disposé sur le modèle de celui des oiseaux , p. io5 ; avec la circonstance que la pièce impaire est dans un état ru- dimentaire , p. 106 Considérations sur le sternum de l'ornithorhinque , p. 126, — des phoques , p. 127 ; — des lions, ibid.; — des animaux à sabots, p. 128; — des chiens, ibid. ; — de l'homme, p. 129; — des monitors , p. 119; — du lézard- vert , p. 121; — du crocodile , p. i23. On démontre que le sternum de tous les animaux vertébrés est en général formé sur le même patron , p. i34; qu'il donne lieu ensuite à plusieurs sous-types , p. i35 ; ainsi celui des mammifères se reconnaît à une chaîne unique de pièces , ibid. , celui des oiseaux à cinq principales , disposées sur trois rangs, p. i36 ; quand le sternum des poissons , contenu dans des limites encore plus resserrées , est privé des pièces inférieures , p. i3y. Il se porte dans les poissons au-devant de l'hyoïde , en pro- longeant sur celui-ci son osselet antérieur, l'épisternal , p. 44°* Faute d'un entosternal qui en retienne les autres pièces dans cette classe , y est composé de pièces séparées et comme aban- données à l'aventure , p. 444 i J a cheminé sous le crâne , et fort avant , p. 445 ; en ce lieu , gêné dans son développement, j), 44^5 et pour ce motif est suppléé, quant à sa principale fonction, ibid. Deux sternums, concourant ensemble aune même manœuvre , établissent qu'il y a souvent un double sys- tème d'organisation pour une seule fonction , p. 44^- Si l'un est porté à une grande dimension , l'autre est retenu à l'état rudimentaire , ibid. C'est le moyen que l'un ne puisse apporter dp trouble dans les fonctions de l'autre , p. 449- ^e vra' ster- num est dit le sternum thorachique ; et celui qui provient de ( 5o9 ) l'accroissement des os de l'épaule , sternum claviculaire, p. 455. Ils forment , en se combinant par égales portions chez les rep- tiles , un sternum unique, p. 45 1 ; mais les traces de leur ori- gine se retrouvent dans leur superposition, p. 452. Le sternum claviculaire l'emporte dans les poissons en importance et en développement sur le sternum thorachique , p. 45o. Stylhyal. Osselet servant à accrocher l'hyoïde au crâne , p. i^y ; existe réuni dans les oiseaux avec le lympanal , p. i5o et 172 ; acquiert dans les poissons une grande importance , p. 166 ; se trouve quelquefois distinct dans l'hommef, p. 177; soudé ou non soudé avec le cératohyal , p. 178. Styloïde.{ Apophyse ) dans l'homme, p. i/\i et 177 ; n'existe pas dans les oiseaux, p. i5o; une de ses pièces chez les poissons , p. 166 ; celle-ci combinée avec le tympanal dans l'os carré , p. 172. Sub-opercule . L'une des pièces de l'opercule , p. 25. T. Tables et harmonie. Voyez Corps sonore. Tétrodon. Ses os du crâne déjà déterminés dans l'ouvrage sur l'Egypte , p. 22. Sa clavicule coracoïde est d'un si grand vo- lume , que ce sont les recherches que j'ai d'aburd faites à ce sujet qui m'ont entraîné dans toutes celles dont cet ouvrage est le résultat, p. 468. Son organisation se complique, l'estomac y remplissant la fonction de la vessie natatoire , p. 46g. Le gonflement à volonté des tétrodons en fait des sphéroïdes, qui ne participent plus aux mouvemens vitaux des animaux , ibid. Temporal. Détermination de cet os du crâne dans les poissons. p. 38. Théories de lavoir. Quatre principales: i°. en 1700, par Dodart, p. 5i4; a0, en 1 74 1 , par Ferrein , p. i33; 3°. en 1800, par M. Cuvier , p. 160 3 4°. en 1816, par M. Dutroehet,^. 344. ( 5*o ) Thorax. Sa position à l'égard de la colonne épïnière , p. 7 8 , 9 et 10 ; existe en dedans du cercle des os claviculaires , p. 4?o '-, envoie sur le crâne les diverses lames osseuses dont se compose , dans les poissons , le cloisonnage exte'rieur de l'or- gane respiratoire, p. 45g; en y faisant concourir les os de l'épaule , p. 44°* Thyréal. Nom du thyroïde ossifie' , p. 584 > — antérieur , dans Je premier arc branchial , p. 255 ; — postérieur , dans le deuxième, p. 236. Thyro-arythènoïdien. Muscle dont une aponévrose compose le ligament de la glotte , p. 3i5; vibre, d'après M. Dutrochcl , p. 344* Thyro-hyoïdienne ( membrane ). Tendue par les ster no-hyoï- diens , devient aussi ferme que la peau d'un tambour , p. 366 ; réunie avec le thyroïde , compose le corps sonore de l'insti li- ment vocal , employé dans la basse octave , p. 36g. Thyroïde. Cartilage du larynx , ainsi nommé de sa forme en bouclier, p. 245 ; atteint à son centre par l'urohyal , dans les oiseaux , p. 1^ ; partagé dans cette classe en trois pièces , p. 255 ,• présente aussi plusieurs points osseux dans les mam- mifères , p. 254; employé comme corps sonore, p. 024 et 328 ; sans consistance en naissant , p. 33o ; s'ossifie avec le temps , p. 35 1 ; doit à sa forme concave et au tirage de ses muscles , de trahir le timbre de la voix , p. 332 ; combine ses mouvemens avec ceux des arvthénoïdes , p. 556 ; tend les rubans vocaux , p. 558 ; employé comme table d'harmonie , p. 56y et 56g ; formant la couche inférieure du larynx dans les oiseaux , p. 3y4- Détails sur ce qu'il est dans le lièvre , p. 076 , dans le cheval , p. 244 > dans la sarcelle d'hiver , 076 ; plus dirigé en devant dans les poissons , p. 58o. Timbre. Dépend de la nature des corps sonores . p. 325 , de la qualité de chaque individu , p. 52Ô ; fourni par le thy- roïde , p. 35o. Trac/iêe-arli-re. Entre dans le poumon des oiseaux , s'y sub- (5n) divise tout-à-coup à l'infini , p. 3g i. Son premier cornet nom- mé larynx , p. i5j ; sa portion terminale , dite aussi larynx inférieur , p. 25g; cette portion devenant un goitre dans cer- tains oiseaux , p. 269 ; sans faire partie du tube vocal , p. 35g ; remplit l'office de porte-vent , p. 56o. [Tronc suspendu au milieu , en avant et en arrière de la colonne épinière , p. 7 , 8 , 9 et 11. Tube vocal. Ses dimensions , p. 35g ; si la trachée-artère en fait partie , p. 36o ; elle y exerce une influence , ibid ; se compose des chambres laryngienne et linguale , p. 365. Tubercules de Santorini. Voyez Cunéiformes. Tupinambis. Voyez Monitor. Tympanal , ou le cadre du tympan , nommé dans les poissons , pré-opercule, p. 3y ; dans les oiseaux , os carré , p. 27. Tympaniforme. ( Membrane ) ainsi nommée par M. Cuvier , p. 2Ô5 ; est tapissée de fibres musculaires ; p. 266; produit le son par sa tension , p. 267. u. Unité , de compos ition organique pour tous les animaux ver- tébrés , proclamée comme une loi de la nature , p. 38g ; résul- tante de la co-existence des deux systèmes pour la respiration , p. 4«4- Urohyal. La queue de l'hyoïde , p. i/±j. L'urohyal n'existe dans les mammifères que chez les solipèdes, p. 146; est dans presque tous les oiseaux , p. 1 54 ■> où il se trouve en contact avec l'épi— glotte, p. 247 ; devient , dans les poissons , la quille qui réunit les deux couches du larynx , p. 38 1 ; d'important qu'est cet osselet dans les poissons, il n'est plus que rudimentaire dans les oiseaux , p. 383. v. Vertébrés. ( animaux ) , leur définition , p. 6. (5ia ) Vivion. Les lames supérieures en sont le corps sonore, p. 299. Voix. Placée d'abord au rang des fonctions animales , p. 3o5 ; ses phénomènes attribués déjà par Galien , à l'ensemble des organes respiratoires , ibid ; n'a point d'organe spécial , p. 3o(S : n'est chez les serpens qu'un souffle non sonnant , p. 5o7 ; les Grammairiens sont du même sentiment que Galien, p. 5i3; la voix produite par les vibrations de la glotte, p. 5i8. En quoi consiste le timbre , p. 32Ô ; celui-ci variant comme -varie le thyroïde , p. 02g ; voix des enfans , des mâles , des fe- melles et des castrats , p. 53i ; voix anchée et voix fliîtée; p. 34i ; la voix monte et s'élève , p. 359 » vo*x brute , p. 36 1 ; voix articulée ou parole , ibid. ; voix parlée , p. 3Ô2. X. ^Ciphisternal. Os du sternum , p. i33 ; la dernière pièce par le bas , p. i34 > elle varie peu , ibid. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. TABLE DES MÉMOIRES. Pages Préface *.*.*... vij Discours Préliminaire xiij Introduction *..... i De la position respective des sternums i3 Premier Mémoire. Du couvercle des bran- chies dans les poissons , employé jusqu'ici sous les noms d'opercule , d'inter-oper- cule , de pré-opercule, et de sub-opei- cule , et des quatre os correspondons du conduit auditif dans les animaux à res- piration aérienne , nommés étrier , en- clume , lenticulaire et marteau* ... i5 Vues théoriques. ........... * 18 Recherches préparatoires. ....*.... a3 53 55676 ( 5i4 ) Pages Essai de détermination par M de Blainville. . . . 3o Des ouvertures des ouïes ramenées aux orifices du. conduit auditif. 35 Du couvercle operculaire et des 4 os de l'oreille,, . 3q Des os de l'oreille dans les oiseaux 48 Fonctions analogues de l'opercule et des os de l'oreille. 52 Corollaires. , 55 Second Mémoire. Des os formant la char- pente de l'appareil extérieur , employé dans le mécanisme de la respiration ; ou des os du sternum £7 Du plafond de la cavité pectorale chez les poissons. . 62 Du sternum considéré dans les oiseaux et dans les poissons 69 Du sternum des reptiles. . , 101 Os de l'épaule chez les ovipares. . . m Sur d'autres sternums de reptiles. 119 Du sternum des mammifères *25 Corollaires. 1^2 Troisième Mémoire. Des os antérieurs de la poitrine, ou de Y hyoïde i3g De l'hyoïde des mammifères. . . . i4i ( 5i5 ) Page* ï)e l'hyoïde des oiseaux i43 De l'hyoïde des poissons i58 Comparaison des hyoïdes précédemment décrits. . - 167 De l'hyoïde humain *7* De quelques hyoïdes en particulier 1H8 Dernière considération * 10*7 Corollaires »99 r • Quatrième Mémoire. Des os intérieurs de la poitrine , contribuant à diriger le fluide ambiant sur les vaisseaux pulmo- naires, et comprenant, dans les animaux à respiration aérienne , les pièces du la- rynx, de la trachée-artère, et des bronches ; et dans les poissons, celle des arcs bran- chiaux, les dents branchiales, et les lames cartilagineuses des branchies. . . . » 2o5 Considérations préliminaires. ........ 208 Des arcs branchiaux 21 3 Des os du pharynx. 217 Des pièces laryngiennes chez les poissons. . . . 234 Des mêmes chez les mammifères. . , . . . 24 1 Des mêmes chez les oiseaux 246 Correspondance de ces pièces dans les mammifères et les oiseaux. ......... 219 ( 5i6 ) Paves De la portion de trachée-artère , nommée larynx inférieur dans les oiseaux . 256 Du larynx , considéré comme formant la première , couronne du tuyau introductif de l'air dans les poumons 'jj5 Du son et des conditions nécessaires pour sa pro- duction dans les instrumens de musique, . . . 284 De la voix et des moyens organiques qui la pro- duisent ,..,.. 3o4 Du thyroïde considéré comme corps sonore. . . . 324 Des arytliénoïdes , considérés comme employés à la tension des rubans vocaux , et comme exerçant une action directe sur le phénomène de la voix. 333 Des tubercules , ou cartilages cunéiformes, considérés comme faisant partie de l'instrument vocal. . . 347 Des moyens de l'instrument vocal pour monter d'une octave à l'autre 358 Correspondance des pièces laryngiennes des oiseaux et des poissons 3/4 Des pleuréaux 38? De quelque ressemblance entre les poumons et les branchies 3q4 Des dents branchiales 3$8 Des lames cartilagineuses des branchies 4oo Corollaires. .<>,,, ,.,.,,... 4o^ rsïif) Cinquième Mémoire. Des os de l'épaule, sous le rapport de leur détermination et sous celui de leurs usages dans les phé- nomènes de la respiration 4oy Opinions des naturalistes sur le membre pectoral des poissons 4li Détermination des os de l'épaule 4i4 Usage des os de l'épaule dans les mammifères et les oiseaux. . „ 425 De la principale fonction de la clavicule furculaire chez les poissons 433 Des quatre degrés de développement dont tout or- gane est susceptible 452 Des divers usages de la clavicule coracoïde chez les poissons 458 Corollaires , . 48 i FIN DE LA TABLE DES MÉMOIRES. ERRATA. Page 90 ligne 26 classe oiseaux, Lisez classe des oiseaux, — — — 98 ■ 5 humérns , L. humérus. 124 — — — 16 osssification , L. ossification. — __- 148 — — — 28 et et , Z/. et st. i5o - - 18 disparution , L. disparition. < i56 i4 forts, L. fort. . . i63 i4 remplacé, L. remplacée. i63 17 Fépisternal , L. l'hyosternal. i83 i4 espèce,* ne perd, L. espèce, ne perd 234 7 de sa , L. de leur. 252 12 amène , L. amène. 266 17 ou la , L. où la. 280 26 formant , L. fermant. 281 1 et eur, L. et leur. L 295 6 subtance , L. substance. , 53! 27 et l'exposer, L. et s'exposeF. ., 334 17 de la , L. de sa. 536 26 arec es, L. avec les 336 ■ 27 extrinsèque , L. extrinsèques, 509 1 s'emplayant , L. Remployant, IWv à tota* v W«' v. > ?.*• * ;%^/^ .^ ^ V Bf£* «"»*»'-iVJ'Ç^ Xv jct « *Ai *#*? * ■V-<* \ 'SHv3^' ■ w v> 4-* l ', r *a^f^ ifR-Cr'^ v*w 1 ?*%TV s? Q. # - ... ' Wi ' .- £ ;J> v»#, -4