Acquired with the assistance of the

Marion V. and Dorothy E. R. Brewington Memorial Book Fund

PLANTES USUELLES

DES BRASILIENS,

OUVRAGE

DÉDIÉ A S. M. L’EMPEREUR DU BRÉSIL,

PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE,

CORRESPONDANT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.

Les- Américains deviendront chaque jour plus inde'pendans de l’Ancien-Monde , en employant aux mêmes usages que nous des ve'gétaux analogues.

(De Candolet, Essai sur les prop. médic. des plantes.)

PARIS,

GRIMBERT, LIBRAIRE, RUE DE SAVOIE, h” 14.

M DCCC XXIV.

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IMPRIMERIE DE CASIMIR, RUE DE LA VIEILLE-MONNAIE, 12, près la rue des Lombards et la place du Châtelet;

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TABLE DES MATIERES

1. Strychnos pseudoquina. Strychnos faux-quinquina 5 pages, planch. 1.

2. Cinchona ferruginea. Quinquina couleur de rouille 5 2.

Í Exostema cuspidatum. Exostema cuspidé. )

3. ! Ï g 3

I Exostema australe. Exostema austral. . . . (

4. Evodia febrifuga. Évodie fébrifuge 2 4.

3. Simaruba versicolor. Simaruba bigarré 4 5.

6. Cephaelis ipecacuanha. Cephaelis ipecacuanha 6 (j.

7. Richardsonia rosea. Richardsonie rose 3 7.

8. Richardsonia scabra. Richardsonie rude au toucher 4 8.

9. lonidium poaya. Ionide poaya 3 _ 9.

10. Conohoria lobolobo. Gonori lobolobo 5 __ 10.

11. lonidium ipecacuanha. Ionide ipecacuanha 6 11.

12. Spermacoce poaya. Spermacoce poaya 3 12.

13. Spermacoce ferruginea. Spermacoce couleur de rouille 3 13.

14. Calyptranthes aromatica. Calyptranthe aromatique 4 14.

15. Drosera communis. Rossolis commun 4 15.

16. Ticorea febrifuga. Ticorée fébrifuge 3 - 16.

17. Hortia Brasiliana. Hortia brasilienne 5 17.

18. Euphorbia papillosa. Euphorbe chargée de papilles 4 18.

19. Anchietea salutaris. Anchiétée salutaire 4 19.

20. lonidium parviflorum. Ionide à petites fleurs 4 20.

21. Solarium pseudoquina. Solanum faux-quinquina 3 21.

22. Davilla rugosa. Davilla ridée . . 6 22.

23. Davilla elliptica. Davilla elliptique 3 23.

24. Curatella Çamba'ïba. Curatella Çambaïba 4 24.

25. Echium plantagineum. Vipérine à feuilles de plantain 6 25.

26. 27, 28. Drymis Granat ensis. Drymis de la Nouvelle-Grenade 8 26, 27, 28.

29. Anona sylvalica. Anone des bois 4 29.

30. Anona palustris. Anone des marais salés 6 30.

31. Gomphrena officinalis. Gomphréna officinale 4 - 31.

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TABLE DES MATIÈRES.

32. Gomphrena macrocephala. Gomphréna à grosse tête 3 pages.

33. Xylopia sericea. Xylopie soyeuse 7

34. Cissampelos ovali folia. Cissampélos à feuilles ovales 4

35. Cissampelos ebracteata. Cissampélos sans bractées 4

36. Waltheria Douradinha. Waltheria Douradinha 4

37. Xanthoxylum hyemale. Zanthoxylum des hivers 4

38. Gomphia hexasperma. Gomphia à six semences 4

39. Verbena Jamaicensis. Verveine de la Jamaïque 4

40. Verbena pseudogervaô. Verveine faux-gervaô 4

41. Tropœolum pentaphyllum. Capucine à cinq folioles 4

42. Cocculus plattjphxjlla. Cocculus à larges feuilles 3

43. Oxalis repens. Oxalis rampant 4

44. Oxalis fulva. Oxalis fauve 2

45. Oxalis cordata. Oxalis à feuilles en cœur 2

46. Sterculia Chicha. Sterculia Chicha 6

47. 48. Guazuma ulmifolia. Guazuma à feuilles d’orme 7

49. Sida micrantha . Sida à petites fleurs 3

50. Sida carpinifolia. Sida à feuilles de charme 3

51. Abutilon esculentum. Abutilon comestible 3

52. Sphaeralcea Cisplatina. Sphæralcea de la province Cisplatine 3

53. Pavonia diuretica. Pavonia diurétique 3

54. 55. Anda Gomesii. Anda de Gomes 7

56. Urena lobata. Uréna à feuilles lobées 4

57. Cochlospermum insigne. Cochlospermum remarquable 4

58. Kielmeyera speciosa. Kielmeyera à belles fleurs 3

59. Croton perdicipes. Croton pied-de -perdrix 4

60. Croton campestris. Croton des champs 2

6t. Hypericum connatum. Millepertuis à feuilles connées 3

62. Hypericum laxius culum. Millepertuis à feuilles écartées 2

63. Chorisia speciosa. Chorisia à belles fleurs 5

6 4. Helicteres sacarolha. Helictère sacarolha 5

65. Maprounea Brasiliensis. Maprounéa du Brésil 4

66. Luhea paniculata. Luhéa à feuilles paniculées 4

67. Schrnidelia edulis. Schmidélia comestible 4

68. Sapindus esculentus. Savonnier comestible 3

69. Erythroxylum suberosum. Érythroxylum à écorce subéreuse 3

70. Lantana pseudo -thea. Lantana faux-thé .... 3

planch. 32.

33.

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60. 61. 62.

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70.

STRYCHNOS PSEUDOQUINA.

STRYCHNOS FAUX-QUINQUINA.

FAMILLE DES APOCINÉES.

S. caule inermi y tortuoso y cortice suberoso ; foliis ovatis quintupli- nerviis , subtus villosis ; floribus racemoso-paniculatis , axillari- bus, pedunculisque villosis.

Strychnos pseudoquina. Aug. de S. Hil. App. Voy. 3/j..

Nom vulgaire : Quina do campo.

Description. Arbre d’environ 12 pieds, rabougri, tortueux, sans épines ; à écorce subéreuse, molle et jaune d’ochre extérieurement, plus compacte, plus dure et plus grise en dessous ; à rameaux nom- breux et formant une sorte de tête comme le pommier; à ramules té- tragones et chargés de poils roux. Feuilles opposées, très-courtement pétiolées, sans stipules, longues de 3 à 4 pouces, ovales, aiguës dans le jeune âge, puis un peu émoussées , entières, dures, cassantes, d’un vert jaunâtre, munies d’un bord calleux , couvertes en dessous d’un duvet roux, glabres ou à peine pubescentes en dessus, relevées de cinq nervures dont l’intermédiaire droite, les autres opposées par paire et convergentes : pétiole épais, long de 2 ou 3 lignes, articulé un peu au- dessus de sa base, pubescent, presque cylindrique. Grappes axillaires, composées, se rapprochant de la panicule, étalées ou ascendantes, un peu plus longues ou un peu plus courtes que les feuilles, velues et continues avec un court pédoncule qui est chargé à sa base de deux bractées ovales-aiguës , concaves et velues : rameaux de la pa- nicule opposés, étalés, diminuant de longueur de la base au som- met, simples ou presque simples dans le haut , divisés dans le bas, accompagnés, ainsi que leurs divisions, de deux bractées opposées, linéaires-aiguës, velues. Fleurs nombreuses, très-rapprochées , lon- gues de 3 à 4 lignes , d’une odeur agréable qui rappelle celle du lilas, portées par un pédicelle velu. Calice petit, quinquéparti , hérissé

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de poils roux; à divisions lancéolées-linéaires , aiguës. Corolle liypo- gyne, hypocratériforme, quinquéiide , pubescente à sa surface exté- ieure , laineuse à l’entrée du tube , blanchâtre ou verdâtre ; à divisions semi-lancéolées-linéaires, étalées. Cinq anthères, sessiles, insérées au sommet du tube entre les divisions de la corolle, courtes, ellipti- ques—linéaires , un peu obtuses, glabres, hiloculaires, s’ouvrant lon- gitudinalement , ayant la face tournée vers le centre de la fleur, et sortant à peine du tube de la corolle. Point de Nectaire. Style sou- vent chargé de quelques poils à son sommet ou vers le milieu de sa longueur. Stigmate en tête un peu bilobée. Ovaire ovoïde, glabre, biloculaire, polysperme ; ovules nombreux , attachés dans chaque loge à des placentas épais qui couvrent presque toute la cloison ; la plu- part avortent bientôt, et ceux qui ont été fécondés repoussant la cloi- son et les placentas contre le paroi du péricarpe, semblent alors pariétaux. Baie globuleuse, de 7 à 8 lignes de diamètre, glabre, jaune, luisante, renfermant, sous une écorce coriace, une à quatre se- mences plongées dans une pulpe douceâtre, d’un goût assez agréable. Semence orbiculaire, discoïde, déprimée , d’environ 6 à 7 lignes de diamètre : ombilic placé vers le milieu d’une des faces de la semence. Périsperme très-grand , corné. Emrryon droit, placé dans le bord du périsperme , parallèle au plan de l’ombilic : radicule très-obtuse, en massue, aboutissant presqu’à l’extérieur de la semence: cotylédons ovales-aigus, minces, planes, à cinq nervures, tournés vers le centre du périsperme.

Localités. Cet arbre croît en général dans les pâturages parsemés d’arbres tortueux et rabougris ( tabuleros cobertos ). On le trouve dans toute la partie occidentale de la province de Minas- Geraes (le Certaô ou désert ), le district de Minas-Novas et celui des Di amans, les déserts de Gojaz, etc.

Usages. De toutes les plantes médicinales du Brésil , le St/ycknos pseucloquina , ou Quina do campo est peut-être celle dont l’usage est le plus répandu, et dont les propriétés sont le mieux constatées. A l’ex- ception de la baie qui a une saveur douceâtre, et que les enfans inan-

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gent avec plaisir, toutes les parties de la plante sont d'un goût extrê- mement amer et un peu astringent} mais c’est principalement dans l’écorce que résident ces qualités , et c’est d’elle aussi que les habitans dupays font usage. Ils s’en servent à peuprès dans toutes les maladies les médecins d’Europc administrent le quinquina, et principalement dans les fièvres intermittentes si communes tous les ans sur les bords àn Rio-de-S .-Francisco et des rivières appelées Rio-do-SonOj, da- Prata , Abaïte etc. Tantôt ils emploient l’écorce du pseudoquina en décoction, et tantôt ils la prennent en poudre assez généralement à la dose d’un demi-oitava à un oitava ( 0,001789a o,oo3578kil. ) Un des médecins les plus éclairés du Brésil, qui avait fait des expériences sur le Stry clinos pseudoquina comparativement avec le quinquina du Pérou j m’a assuré qu’il avait trouvé l’écorce de la plante de Minas au moins égale pour les propriétés à celle des véritables Cinchona de 1 Amérique espagnole; et les essais qui ont été tentés à Paris et dans les environs, tendent à confirmer cette assertion. Si les habitans de la cote, et surtout de Rio-de-J aneiro , qui font un usage si fréquent du quinquina des boutiques, voulaient y substituer l’écorce àn pseu- doquina s plante commune dans l’intérieur de leur propre pays, ils n en obtiendraient pas des résultats moins satisfaisans, et ils s’af- franchiraient d’un tribut onéreux. D’un autre côté, si ce médica- ment était adopté en Europe, il pourrait s’y vendre à des prix moins élevés que le quinquina du Pérou et en meme temps il devien- drait pour le Brésil une nouvelle branche de commerce. M. Vau- quelin a fait 1 analyse de l’écorce du pseudoquina et il a trouvé qu elle contenait principalement, une matière amère qui forme la plus grande partie de ses principes solubles, et qui, suivant notre illustre chimiste , paraît être celle en qui résident les propriétés fébri- fuges ; 20 une substance résineuse particulière très-soluble dans 1 alcool a 36°, et peu soluble dans l’alcool absolu; une matière gommeuse colorée et unie à un principe animalisé qui modifie ses propriétés physiques; un acide particulier qui, comme l’infusion de galle, précipite le sulfate de fer et la colle forte, mais avec des mo- difications qui ne permettent pas de le regarder comme de l’acide gai-

lique. Ce qui peut paraître assez singulier, c’est qu’on n’âit décou- vert, dans la plante qui nous occupe, ni brucine, ni quinine, et sur- tout aucun atome du principe dangereux que M. Pelletier a trouvé dans les semences des Strjchnos nux-vomica ( noix- vomique ) et ignatia (fève de Saint-Ignace). M. Segalas, médecin et habile expéri- mentateur, a aussi constaté que le principe amer du Strjchnos pseu- do quina } quand il est injecté dans les veines des animaux, produit des effets différens de ceux déterminés par la strychnine. 11 a éga- lement constaté par des expériences que ce même principe amer est d’une activité beaucoup plus faible que l’extrait alcoolique de noix-vomique, et surtout que la brucine et la strychnine , et , quoiqu’il devienne vénéneux pris en certaine quantité, comme beaucoup d’au- tres substances usitées en médecine, il peut être administré sans la moindre crainte aux doses auxquelles on l’emploie ordinairement et même à des doses plus fortes. Ainsi quand l’usage qu’une grande partie des Brasiliens fait depuis tant d’années de l’écorce du pseudoquincij n’aurait pas démontré qu elle est bien loin d’avoir quelque inconvénient pour la santé, on pourrait être, à cet égard, entièrement rassuré par les expériences que je viens de citer. On sait , au reste , que tous les Strjchnos n’ont pas des propriétés dange- reuses, et qu’il en est, tels que le Tettan Kotta (A. potatorum) , qui sont tout-à-fait innocens. On sait aussi que les diverses parties des plantes ne contiennent pas toutes les mêmes principes; la pulpe des fruits du Strjchnos nux-vomica se mange sans inconvénient; j’ai moi-même mangé plus d’une fois celle des baies du Strjchnos pseu- do quina y et il n’est par conséquent pas très-extraordinaire qu’on ne retrouve point dans l’écorce de cette dernière plante ce qu’on a ob- servé dans la graine des S. nux-vomica et ignatia.

Observations botaniques. Le genre Strjchnos se dislingue par un calice quinqué- parti ; une corolle monopétale in fondibuli forme ; des étamines au nombre de cinq , insérées a L’entrée du tube; un ovaire supérieur biloculaire et polj sperme ; un stjle unique ; un stigmate en tête ; un fruit succulent revêtu d’une écorce coriace ou crustacée ; des sentences peltées avec l’ombdic au milieu de la face ; un périsperme corné et très-grand ; enfin un embrjon droit oufleocueux parai-

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lele au plan de l’ombilic et placé dans le bord de la graine, a cotylédons fo- uaces , a radicule aboutissant presqu’ à l’extérieur de la semence. Ce genre, (ont Ylgnatia L. sup. n’est probablement pas distinct, a été placé parmi les Apocinées par Jussieu, Brow, A. Richard et tous les autres botanistes. M. de Candole propose , il est vrai , d’en faire une famille séparée (Theor. x , ed. 2 x 7 et Prop. med. 208); mais il paraît que lui-même attache peu d’importance a cette idee; car non-seulement il ne donne point le diagnostic de ses Strychnées , mais encore il ajoute en propres termes que ce groupe est mal connu, quant à ses caracteres botaniques et à la circonscription des genres qui doivent le compo- ser. J’ai étudié le genre Strychnos avec le plus grand soin , et il m’a semblé que les caractères qui paraissent le distinguer du plus grand nombre des Apo- cinées se nuançaient cependant si bien avec ceux de quelques genres qui ap- ' parviennent certainement à cette famille, qu’il serait impossible de le séparer e e. Les propriétés et les principes du Strychnos pseudoquina se retrouvent dan s Y A pocinée , appelée par les Brésiliens Paratodo. On observe l’absence d’un suc propre laiteux jusque dans le gènre Échites. Si la préfloraison est valvaire ans les Strychnos, elle n’est pas non plus décidément tordue dans YAlyxia, puisqu un des deux bords des pétales rentre en dedans à la manière des cloi- sons, et M. de Candole lui -même a reconnu que la préfloraison n’était pas tordue dans toutes les Apocinées. Le fruit est succulent dans beaucoup de genres qui appartiennent à cette famille. La structure extérieure et intérieure des graines, très-variable dans les Apocinées, n’y a peut-être pas autant d’im- portance que d’autres caractères. Mais d’ailleurs des semences peltées avec un pénsperme corné se retrouvent dans le fruit unique et succulent du genre Canssa qui a la préfloraison tordue, et un suc propre laiteux, souvent très- a ondant; et dans le Car iss a speciosa, S. (. Handcornia speciosa Bern . Gom . Mem . Lisb.m, p. 5i) en particulier, j’ai observé, comme dans \eS. pseudoquina, des semences déprimées et discoïdes avec l’ombilic placé au milieu de leur face et un embryon droit , parallèle à l’ombilic; a la vérité cet embryon est axilei tandis que celui des S. nux-vomica, potatorum et pseudoquina est rejeté vers le bord du pénsperme; mais cette différence est réellement peu de chose, puis- que dans Ylgnatia l’embryon est plus alongé, il passe par le centre de la graine. Quoi qu’il en soit, l’absence du suc propre laiteux dans les Strychnos, leurs nervures convergentes, et peut-être les propriétés du S. pseudoquina achèvent de confirmer les rapports des Apocinées et des Gentianées.

explication de la figure.

I . Fleur très-grossie. - 2. Corolle me à l’intérieur. - 3. Pistil. _ 4. Coupe transversale (le J ovaire.

I.

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LUh. de ■Lon^dumJt^

STRYCNOS PSEUDOQUINA

CINCHONA FERRUGINEA.

QUINQUINA COULEUR DE ROUILLE.

FAMILLE DES RUBIÀCÉES.

C. frutescente j gracili > vix ramoso ; foliis oblongo-lanceolatis > sub an gusti s , margine revolutis superne profunde sulcatis , coria- ceis j racemis elongatis > interruptis.

Macrocnemum foliis oblongo-lanceolatis, coriaceis, integerrimis. Veli, in Vand. Lus. et Bras. p. il±. Rcem. etSchult vol. v, p. 16.

Cinchona ferruginea. Aug. de S. Hil. App. Voj. p. 8.

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Noms vulgaires : Quina da Serra ; Quina de Remijo.

Description. Arbrisseau de 4 à 5 pieds, plus rarement davan- tage; à tige grêle, droite, simple ou peu rameuse, trigone ou tétra- gone à son sommet, suivant que les feuilles sont ternées ou opposées. A l’exception du bas de la tige et de la surface supérieure des feuilles qui y est glabre ou simplement pubescente , du moins quand elles sont adultes , toutes les parties extérieures de la plante sont chargées de poils couleur de rouille, plus abondans et plus serrés sur les pé- doncules, l’axe des grappes, les bractées et le calice. Feuilles op- posées ou plus souvent ternées, pétiolées, longues de 5 à 8 pouces, larges d’un pouce et demi à 2 pouces, oblongues-lancéolées, un peu étroites , aiguës aux deux extrémités , quelquefois un peu acuminées au sommet, entières, repliées en dessous en leurs bords, coriaces, relevées inférieurement de nervures très - saillantes, creusées à la surface supérieure d’un sillon longitudinal qui répond à la nervure moyenne , et de sillons latéraux arqués et profonds qui correspon- dent aux nervures latérales : pétiole court, velu, convexe en dessous , canaliculé en dessus. Stipules placées entre les feuilles, soudées à la base, longues d’un demi-pouce, élargies, linéaires-lancéolées, ai- guës, caduques. Grappes axillaires , plus ou moins longuement pé- II. ï

W3f

donculées, dressées ou ascendantes, composées de quatre à sept paires écartées dans le bas, de rameaux simples, généralement assez courts, nuis ou presque nuis à l’extrémité de la grappe : pédoncule long, comprimé : rameaux de la panicule comprimés, ascendans , accompagnés de deux bractées opposées , linéaires-aiguës , entre les- quelles sont autant de stipules larges à la base, demi-ovales, aiguës. Fleurs sessiles à l’extrémité de la grappe ou de ses rameaux et entre- mêlées de bractées linéaires-aiguës. Calice adhérent, à peu près turbiné , dont le limbe est à cinq dents profondes, aiguës et inégales. Corolle tubuleuse infondibuliforme , longue de 6 à 8 lignes, légère- ment courbée, couleur de chair 5 à limbe quinquéparti *, dont les divisions sont linéaires-aiguës, charnues, triangulaires dans leur cir- conférence , avec l’angle interne obliquement tronqué à sa base. Cinq étamines incluses, glabres, insérées au-dessous du milieu du tube de la corolle, mais à des hauteurs inégales, quoique aboutissant toutes au meme niveau : filets aplatis, très-inégaux; deux presque nuis , le troisième ayant environ le cinquième de la longueur de l’an- thère, le quatrième un peu plus du tiers, et le cinquième environ les deux tiers : anthères linéaires, étroites, biïoculaires, s’ouvrant longitudinalement. Style inclus , glabre, ayant deux fois la longueur du calice, divisé au sommet en deux branches linéaires-aiguës, épaisses, stigmatiques à la face. Nectaire épigyne, presque cylin- drique, entourant la base du style sans y adhérer. Ovaire bilocu- laire, à loges polyspermes : ovules nombreux, déprimés, presque or- biculaires, ascendans, embriqués , attachés dans chaque loge à un placenta alongé , charnu, semi- cylindrique, porté par la cloison. Capsule longue de 6 à 10 lignes, ovoïde-elliptique, comprimée, creu- sée d’un sillon sur le milieu de chaque face, dure, presque ligneuse, divisée en deux loges et dans le sens le plus étroit par les valves rentrantes, s’ouvrant en deux valves par le milieu de la cloison dont chaque moitié présente alors dans son milieu une interruption linéaire (déhiscence loculicide). Semences nombreuses, embriquées, peltées , très-aplaties, déprimées, munies d’un large bord membra-

* Le limbe de la corolle est quelquefois à six divisions , et porte alors six e'tamines.

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neux, ayant avec ce bord la longueur d’environ trois lignes et une forme ovale-elliptique irrégulière. Ombilic placé un peu au-dessous du milieu de la face de la semence.

Avec cette plante, les habitans du pays en confondent deux autres qui , malgré la différence de forme que présentent leurs feuilles , pourraient être considérées comme des variétés avec d’autant moins d’invraisemblance, que les feuilles des Cinchona sont en général très-sujettes à varier. Ces deux plantes sont :

CINCHONA VELLOZII.

QUINQUINA DE VELLOZO.

C. caule frutescente j gracili, vix ramoso ; foliis ovatis , utrinque acuminatis , margine revolutis , superne profunde sulcatis , coria- ceis ; racemis axillaribus , interruptis.

Macrocnemum foliis ternis, lato-lanceolatis , undatis , integerrimis, coriaceis. Veli. in V and. Lus. et Bras. 1 4- Veli, in Script. Lus. 88. Rœm. et Schult. vol. v, p. 6.

Cet arbrisseau diffère du précédent par ses feuilles ovales, acumi- nées aux deux bouts , larges de 3 à 4 pouces ; par ses pédoncules ordinairement plus courts \ ses bractées moins linéaires ; ses fleurs plus longues et plus nombreuses.

CINCHONA REMIJIANA.

QUINQUINA DE REMIJO.

C. caule frutescente j gracili , vix ramoso ; foliis late ellipticis , obtusis , cuspidatis j in summum petiolum sub de currentibus , mar- gine revolutis , superne profunde sulcatis, coriaceis; racemis axillaribus, interruptis.

Cette espèce offre à peu près tous les caractères du C. ferruginea.

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Cependant elle s’en distingue par ses feuilles larges d’environ 3 à 4 pouces, elliptiques, obtuses, un peu decurrentes sur le pétiole et terminées par une pointe courte.

Localités. J’ai trouvé les Cincliona ferruginea , V ellozii et Remi- jiana entre les 2i° 45' de lat. sud et les if 5o'. Ils croissent à la hauteur de deux à quatre mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur les sommets arides et découverts de cette chaîne de mon- tagnes qui s’étend du sud au nord dans la province de JMinas , et qui forme la limite des bois vierges et des pays découverts. Ces trois plantes sont un indice à peu près certain de la présence du fer. On les trouve, entre autres, dans le voisinage de S. Joao-del-Rey , les alentours de Uilla-Rica, la Serra-dos-Pûoes près S. Miguel- de-Mato-D entro , Penha dans le termo de Minas-Novas , etc.

Étymologie. Ces plantes ont été appelées par les habitans du pays Quina da Serra, parce quelles croissent dans les montagnes, et Quina de Remijo , parce quun chirurgien de ce nom fut le pre- mier qui en indiqua l’usage. J’ai appelé la première des trois espèces C . ferruginea j à cause de sa couleur ; la seconde C. V ellozii , enl’hon- neur de l’abbé Vellozo de Villa-Rica qui l’avait distinguée comme moi , et qui l’a brièvement indiquée dans le Florce Lusitaniccc et Brasi- liensis specimen de Vandelli ; et eniin la troisième C. Remijiana , afin de conserver le souvenir de celui auquel on est redevable de l’application de ces plantes comme fébrifuges.

Usages. Au milieu de tant de plantes auxquelles les Brasiliens donnent à tort le nom de Quina, les Cincliona ferruginea, Felloziiet Remijiana doivent être distingués comme de véritables quinquinas. Leur écorce amère et astringente ressemble singulièrement, pour la saveur, à celles du quinquina de l’Amérique espagnole; je ne doute pas quelle n’ offrît les mêmes principes, et elle a été employée avec succès comme fébrifuge par les habitans des pays on la trouve. 11 faut avouer cependant quelle ne paraît pas produire des résultats tout-à-fait aussi heureux que le quinquina du Pérou et le Strychnos

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pseudoquina. Mais comme on ne rencontre pas cette dernière plante dans les lieux croissent les trois quinquinas dont il s’agit ici, ils peuvent être employés comme d’utiles succédanées.

Observations botaniques . On sait que le genre Cinchona se distingue par un calice adhérent, 5 denté ; une corolle infondibuliforme a limbe quinquéparti , cinq étamines incluses ; un ovaire a deux loges poljspermes ; une capsule à deux valves qui s’ ouvrent par le milieu des cloisons ( déhiscence septicide) ; des semences embriquées bordées d’une membrane irrégulière. Les trois espèces dé- crites plus haut, présentant tous ces caractères , n’appartiennent évidemment point au genre Macrocnemurn , comme l’avait cru Vellozo. Ce qui au reste rend très-excusable l’erreur du botaniste brasilien, c’est que, pendant long- temps, les caractères de ce dernier genre ont été tracés d’une manière extrê- mement vague, et de nos jours seulement on a reconnu qu’il se distinguait essentiellement du Cinchona par sa déhiscence loculicide. ( V. Kunth Nov. gen. in, p. 5g8. ) Quoi qu’il en soit, on ne saurait nier que les C. ferruginea , Vellozii et Remijiana ne diffèrent beaucoup par leur aspect des autres Cin- chona , et ils pourraient former, dans ce genre, une section bien caractérisée par l’inflorescence et la structure très-remarquable des feuilles.

EXPLICATION DES FIGURES.

i . Fleur très-grossie. 2. Sommet de la corolle fendue et étalée pour montrer l’insertion des étamines. «.Tube. b. Étamines, c. Style.. 3. Calice avec l’ovaire adhérent, a. Bractées. 4. Coupe verticale de l’ovaire, a. Nectaire épigyne avec la base du style, b. Ovules. 5, Coupe horizontale de l’ovaire. 6. Capsule de grandeur naturelle. 7. Graine grossie.

2,

JN° II.

.

EXOSTEMA CUSPIDATUM.

EXOSTEMA CUSPIDÉ.

FAMILLE DES BUBIACÉES.

E. foliis magnis j, lanceolato-ovatis , cuspidatis, nervosis, subtus vil- losis; panicula terminali ; limbo calycino obscure qilinqueden- tato, ovario longiore; filamentis medio villosis ; stigmate bifido.

Nom vulgaire : Quina do mato.

Description. Tige arborescente, droite, haute de 8 a. io pieds et peut-être davantage. Feuilles opposées, petiolees , longues de q a i5 pouces, lanceolees-ovales , aiguës a la hase, legei ement obtuses à leur sommet, terminées assez brusquement par une pointe aiguë , un peu ondulées sur leurs bords, pubescentes en dessus, velues en dessous : nervure moyenne très-velue, saillante en dessus et en des- sous : nervures latérales arquées , ascendantes , également saillantes et velues : veines ne paraissant qu’en dessous et s etendant d une ner- vure à l’autre : pétiole court, velu, anguleux en dessous, canaliculé en dessus. Stipules caduques. Panicule terminale, plus courte que les feuilles, étalée, velue, blanchâtre, portée par un pédoncule trian- gulaire et velu , long de 2 à 3 pouces : rameaux de la panicule presque horizontaux, comprimés, divisés, accompagnés, ainsi que leurs di- visions, de bractées ovales-aiguës, larges a la base, glabies en des- sus, velues en dessous. Fleurs sessiles ou presque sessiles, réunies au nombre d’environ trois a six a 1 extrémité des subdivisions de la panicule et accompagnées de bractéoles d’une forme semblable à celle des bractées. Calice turbiné, velu, blanchâtre; son limbe est sensiblement évasé, plus long que la partie adhérente et à cinq dents peu marquées. Corolle tubulée, 5 fide, longue de 2 à 4 lignes, blanche , dont le tube est sensiblement plus étroit que le limbe du calice, pubescent par intervalles , et garni à son entrée de poils nom- W III. 1

breux et serrés; dont les divisions sont oblongues, très-obtuses, ré- fléchies dans leur moitié supérieure et plus longues que le tube. Cinq étamines s’élevant hors de la corolle, alternes avec ses divisions, insérées un peu au-dessus de la moitié du tube : filets barbus au mi- lieu de leur face : anthères linéaires , glabres , bifides à leur base , at- tachées par le dos un peu au-dessus de cette meme base, biloculaires et s’ouvrant longitudinalement. Style glabre, divisé jusqu’au tiers ou environ en deux branches linéaires -lancéolées, obtuses, épaisses, stigmatiques à la face. Nectaire épigyne déprimé, entourant la base du style sans y adhérer. Ovaire adhérent, biloculaire, polysperme : ovules extrêmement nombreux, attachés dans chaque loge à un pla- centa proéminent, mais point embriqués. Je n’ai pas vu le fruit.

Localités. Cette plante croît dans les bois vierges du Brésil mé- ridional.

Avec l’espèce précédente on en confond très- aisément une autre qui cependant en est fort distincte et que nous allons décrire ici. Ne pouvant la figurer tout entière, nous donnons cependant le dessin de la fleur et du fruit.

EXOSTEMA AUSTRALE.

EXOSTEMA AUSTRAL.

j E. foliis magnis j ovatis, nervosis , infernè subvillosis ; panicula terminali , sessili , profunde tripartitâ ; limbo calycino ovario multo breviore, quinquelobo ; staminibus glaberrimis; stigmate indiviso.

Description. Tige arborescente. Feuilles ressemblant beaucoup à celles de l’ Exostema cuspidatum , opposées , pétiolées, longues de 12 à i5 pouces, larges de 7 à 8, ovales, aiguës a la base et un peu décurrentes sur le pétiole, obtuses au sommet ou a peine aiguës,

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très-lëgèrement sinuées et un peu caleuses sur les bords, à peine pu- bescentes en dessus, un peu velues inférieurement, munies d’une nervure moyenne velue, saillante en dessus et en dessous, de ner- vures latérales presque horizontales également saillantes et velues, et enfin de veines qui ne paraissent qu’en dessous et s’étendent d’une nervure à l’autre : pétiole fort court, velu, convexe en dessous, ca- naliculé en dessus. Stipules persistantes, ovales triangulaires, très- aiguës, velues en dehors sur le milieu. Panicule terminale, sessile , longue d’environ 7 pouces à un pied, velue , divisée dès la base en trois branches dont les deux intermédiaires plus courtes : rameaux de la panicule opposés, comprimés, divisés et subdivisés en ra- milles également comprimés, rarement alternes; les divisions prin- cipales de la panicule sont accompagnées de bractées linéaires-subu- lées, velues en dehors, entre lesquelles se trouvent des stipules triangulaires également velues à l’extérieur. Fleurs longues d’envi- ron 3 lignes, portées par des pédicelles très-courts et glomerulées à l’extrémité des dernières divisions de la panicule. Calice turbiné, velu ; à limbe beaucoup plus court que la partie adhérente , plus étroit qu’elle et quinquélobé. Corolle quinquéfide, dont le tube est plus court que les divisions qui sont ovales , très-obtuses , courbées en de- dans, un peu pubescentes à leur base. Étamines au nombre de cinq, parfaitement glabres, plus longues que la corolle, insérées au som- met du tube et entre ses divisions : anthères elliptiques, courtes, ayant la face tournée vers le centre de la fleur. Style velu. Stig- mate indivis et eh tète. Nectaire épigyne, très-déprimé. Ovaire bi- loculaire, polysperme : ovules très-nombreux, attachés dans chaque loge à des placentas charnus , proéminens. Capsule turbinée-ovoïde, terminée par le limbe persistant du calice , velue , biloculaire , poly- sperme, s’ouvrant en deux valves qui , lors de la déhiscence, parta- gent dans son épaisseur la cloison dont chaque moitié offre alors une interruption auparavant remplie par les placentas. Semences très- petites, semblables à de la sciure de bois, comprimées, de forme très - variable , munies d’un bord membraneux, étroit et presque entier.

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Localités. Cette plante croît dans les bois vierges du Brésil méri- dional : on la trouve jusque dans les environs de S. Paul.

Usages. D ans plusieurs parties du Brésil, on se vante de posséder les Quinc/uina du Pérou ; mais le plus souvent on a donné le nom de Quina à des plantes qui n’appartiennent point aux vrais Cinchona. Celles dont je viens de donner la description sont de ce nombre. A la vérité elles se rapportent à un genre très-voisin, l’ Exostema , qui fournit les écorces vulgairement connues sous les noms de Quinc/uina Piton j Quinquina des Antilles j etc. ; mais quoique ces écorces soient fébrifuges, l’on n’y a trouvé ni quinine, ni cinchonine, et leurs pro- priétés sont beaucoup moins actives que celles des véritables Quin- quina. L’écorce des Exostema cuspidatum et australe peut égale- ment être employée dans les fièvres intermittentes à défaut de mé- dicamens plus efficaces; cependant beaucoup plus aqueuse, moins astringente et même moins amère que celles des Cinchona ferrugi- neaEellozii et Remijiana j elle paraît leur être fort inférieure en qualité , et elle confirme par conséquent ce qui avait été observé dans les autres espèces congénères *.

Observations botaniques. Le genre Exostema n’est qu’un démembrement des Cinchona, et, quoiqu’il ait été formé de nos jours, les auteurs ont déjà beaucoup varié sur ses caractères. Voici ceux qu’ils lui ont le plus généra- lement attribués : une corolle glabre à tube fort long; des étamines se montrant en dehors , qui , suivant les uns, sont insérées au bas du tube, et suivant les autres, le sont à son sommet ; un stigmate en tête ; des semences peu nom- breuses , munies d’un bord entier. Mais, la corolle est glabre dans beaucoup de véritables Cinchona ; d’un autre côté, elle est soyeuse dans VE. Peruvia- num (KunlhNov. Gen. vol. ni), et elîeale tube pubescent par intervalles dans VE. cuspidatum; le tube est assez court dans cette dernière plante et l’^C. aus-

* On trouve dans les Mémoires de l’Académie de Lisbonne ( vol. ui, 2e part. , pag. 96} , une analyse chimique très-soignée d’une écorce envoyée de Rio-de- Janeiro sous le nom de Quina; mais cette analyse est presque sans utilité, parce qu’on n’y a pas joint la description de l’arbre qui avait fourni l’écorce analysée, et qu’on ne peut dire avec une entière certitude à quelle espèce il appartenait. Cela seul prouverait la nécessité de joindre des descriptions botaniques aux observations que l’on fait sur les principes et les propriétés des plantes.

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traie, beaucoup plus court même que dans une foule de vrais Cinchona, et pourtant il est impossible de ne pas faire entrer ces deux espèces dans le genre Exostema , puisqu’elles ont des étamines sortan tes ; les organes mâles sont insérés au sommet du tube dans les E. Peruvianum et australe , au fond du tube dans les espèces indiquées par Rœmer et Schultes, enfin un peu au dessous du milieu dans YE. cuspidatum ; ainsi la position des étamines ne fournit point ici de bons caractères; on n en Peut Pas tirer de meilleurs du stigmate; en effet il est bilobé dans YE. Peruvianum ; on l’indique comme bilamellé dans YE. Philippinum ; ses divisions très-apparentes dans YE. cus- pidatum y ont au moins le cinquième de la longueur du style, et enfin il est entier dans Y E xostema australe si voisin du cuspidatum ; je trouve dans 1 E . australe , comme M. Kunth dans le Peruvianum , des semences à bords fort étroits et presque entiers; mais on n’a pas étudié ce caractère dans toutes les espèces, et ainsi l’on ne peut assurer qu’il soit général. Le seul donc qui sé- pare clairement les Exostema des Cinchona se trouve dans les étamines qui, chez ces derniers , sont renfermées dans le tube , tandis que celles des Exos- tema sortent en dehors. Cette différence facile à saisir semble d’abord artifi- cielle ; cependant elle paraît avoir ici une haute importance , puisqu’elle coïn- cide avec les principes mêmes des plantes qui nous occupent, et que des étamines incluses indiquent, dans les Cinchona, des propriétés plus hé- roïques, tandis que des étamines sortantes sont, dans les Exostema , l’indice de l’absence de la quinine et de la cinchonine et en même temps celui de vertus moins efficaces.

EXPLICATION DES FIGURES.

A. Exostema cuspidatum. ï . Rameau réduit au quart de sa grandeur naturelle. 2. Fleur grossie. 3. Intérieur de la corolle. 4- Style et stigmate. 5. Calice adhérent très-grossi. ~ B. Exostema australe. ï. Fleur très-grossie. 2. Capsule de grandeur naturelle. 3. Capsule très-grossie. 4- Une des deux valves de la capsule montrant que la déhiscence est loculicide. 5. Semence grossie, munie d’un bord étroit et membraneux.

III.

2 .

EYODIA FEBRÍFUGA.

*

ÉVODÏE FÉBRIFUGE.

FAMILLE DES RUTACÉES.

E. caule arboreo ; foliis ternatis ; foliolis lanceolato-ellipticis suba- cuminatis y panicula terminali } pubescente ; nectario simplici y ovario muricato ,

Noms vulgaires : Tres folhas vermelhas. Larangeira do mato.

Quina.

Description. Arbre éleve, dont les ramuîes sont anguleux , rou- ges , un peu pubescens au sommet. Feuilles opposées ou presque opposées, sans stipules, pétiolées, glabres, trifoliées. Folioles courte- ment pétiolées, lancéolées-elliptiques , un peu acuminées, très-en- tieres , parsemées de points transparens , longues de 2 à 7 pouces , dont les deux laterales sont plus courtes que l’intermédiaire : quel- quefois les deux feuilles les plus voisines de la panicule sont sim- ples. Panicule terminale, pubescente , pédonculée, longue de 4 à 5 pouces , dont les rameaux sont accompagnés de bractéoles semi- ovales, concaves, ciliées, un peu scarieuses. Fleurs portées par des pédicelles bractéoîés. Calice petit, 5 parti, un peu étalé, pu- bescent , à divisions semi-ovales , obtuses. Pétales au nombre de cinq, hypogynes, égaux, plus longs que le calice, linéaires-ovales , obtus , pubescens en dessous , parsemés de points transparens , un peu plus minces sur les bords. Étamines au nombre de cinq, alternes avec les pétales, hypogynes, glabres : anthères cordiformes ,2 lo- culaires , s’ouvrant longitudinalement. Nectaire simple , cupuîi- forme, à dix côtes, entourant l’ovaire et l’égalant en hauteur. Style très-court , glabre , un peu épais. Stigmate terminal, obtus. Ovaire orbiculaire, déprimé, plane au sommet, purpurin, chargé de pointes, divisé extérieurement en cinq lobes rapprochés et bi- fides, et intérieurement en cinq loges dispennes : ovules ovales IV.

ï

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comprimés, attachés à l’angle interne des loges et péritropes. Je n’ai pas vu le fruit.

Localités. Cet arbre croît dans les bois élevés de la province des Mines, et en particulier auprès à’ Jtabira-de-Mato- dentro.

Usages. L’écorce et même le bois de cette plante sont extrême- ment amers et astringens, et on les substitue avec beaucoup de succès au quinquina du Pérou , surtout comme fébrifuges. L’efficacité de ce remède doit être d’autant moins révoquée en doute, que ses pro- priétés se retrouvent au même degré dans une plante de la même famille, le fameux Cusparé, (Galipea febrífuga N. Vulg. : Cortex angusturce) ; et ï Evodia febrifuga peut devenir pour les habitans de la partie orientale de la province des Mines , ce qu’est l écorce d an- gusture pour ceux des bords de 1 Orenoque. Je soupçonne que c est à l’ Evodia febrifuga qu’il faut rapporter une écorce très-vantée que quelques Mineurs apportent àRio-de-Janeiro, sous le nom de Casca de larangeira da terra , et dans laquelle le docteur Bernardino An- tonio Gomezdit avoir trouvé de la cinchonine. (V . Mém. 3 Lisb. ni. p. 2 il. )

Observations botaniques. M. de Candole avait déjà pressenti la nécessité de rétablir le genre Evodia de Forster, et l’adoption de ce genre devient indis- pensable aujourd’hui que M. Kuntha prouvé l’identité générique des Zantoxj- lum et du Fagara. Le genre Evodia sera caractérisé de la manière suivante : Calice 4—5 jide ou 4—5 parti. Pétales 4—5 , hjpogjnes, égaux, plus longs que le calice. Étamines en nombre égal à celui des pétales, alternes avec eux , hjpogjnes : anthères mobiles, biloculaires . Nectaire simple, cupuliforme ou quatre glandes hjpogjnes. Stjle unique, très-court. Stigmate terminal, obtus. ^ Ovaire 4—5 lobé ou 4—5 parti , à loges dispennes : ovules péritropes , attaches a l’angle interne des loges. 4—5 coques pour fruits . —Arbres ou arbrisseaux. Feuilles opposées, pétiolées , trifoliées, sans stipules. Fleurs en corjmbes axil- laires ou en panicules terminales. Le genre Evodia fait partie de la tribu des Rutacées proprement dites.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï Fleur très-grossie. 2. Pétale détaché : le bord plus mince et plus transparent est indiqué par un double contour. 3. Fleur coupée longitudinalement, de maniéré a mon- trer l’insertion des parties et le nectaire à dix côtes recouvrant l’ovaire.

■Mi

SIMARUBA VERSICOLOR.

SIMARUBA BIGARRÉ.

famille des simaroubées.

S. foliis pinnatis ; foliolis oblongo-ellipticis 3 obtusissimis , retusis nervo medio pubescente ; panicula terminali 3 laxâ; floribus diceris j clecandris .

Nom vulgaire : Paraïba.

Description . Petit arbre rameux, haut de 5 à io pieds. Feuilles sans stipules, alternes, pétiolëes, pennëessans impaire, longues de 5 à 12 pouces, portées par un pétiole assez court, glabre et rougeâtre : folioles au nombre de huit à quatorze , alternes , pétiolées , longues d’un demi-pouce à trois, oblongues-elliptiques , très-obtuses, échan- gées au sommet, vertes et glabres en dessus, blanchâtres à la sur- face inférieure qui est quelquefois chargée de poils, pourvues d’une nervure moyenne rougeâtre et pubescente : ces folioles diminuent un peu de grandeur de la base au sommet ; et la dernière qui , le plus sou- vent avorte, est alors remplacée par une petite pointe. Panicule ter- minale , lâche, divisée en cinq à neuframeaux alternes, écartés, très- longs, grêles, anguleux, un peu aplatis, glabres, rouges,, accompa- gnés à la base d’une feuille pennée semblable à celle de la tige, mais plus petite ; divisions secondaires de la panicule très-courtes , plus ou moins rameuses, le plus souvent solitaires, quelquefois au nom- bre de deux à trois, munies, ainsi que les divisions primaires supé- rieures, d’une bractée simple, spatulée, rétrécie en pétiole. Fleurs agglomérées, longues d’environ 3 lignes, portées par un pédicelle très- court, a peine pubescent, chargé à la base de très-petites bractées. Mâles. Calice très-petit, en forme de cupule, glabre, un peu épais, à cinq dents profondes et obtuses. Pétales au nombre de cinq , hy- pogynes, égaux entre eux, beaucoup plus longs que le calice, étalés,

y.

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lancéolés-oblongs , un peu larges à leur base , terminés par deux dents inégales, légèrement épais, glabres , d’un jaune vert avec le bord pourpre , se recouvrant par leurs bords avant la floraison. Étamines io, hypogynes, plus courtes que la corolle : filets glabres, subulés , chargés d une écaille un peu épaisse, spatnlee, tres-obtuse, ciliée au sommet : anthères elliptiques, 2 loculaires, 2 fides à la base, attachées au dos immédiatement au-dessus de la fente , et s ouvrant longitudinalement du cote de la face. Gynophore cylin- drique, plane au sommet, pubescent, à dix cotes. Ovaire entière- ment avorté. Je n’ai pas vu les fleurs femelles.

Localités. Cette plante croît assez abondamment dans les pâtu- rages de la province de Minas-Geraes , voisins du Rio-de-S .-Fran- cisco ( Certaô ). Elle fleurit au mois d août.

Usages. Le S. versicolor a l’écorce et les. feuilles amères comme le Simaruba amara et toutes les especes de la meme famille, et il doit par conséquent participer à leurs propriétés. Les habitans du Certaô considèrent son écorce infusée dans del eau-de-vie comme un spéci- fique contre la morsure des serpens venimeux. Cequ il y a de certain, c’est qu’on l’ emploie avec le plus grand succès pour guérir la mala- die pédiculaire des hommes et surtout celle des chevaux, qui est assez fréquente dans ces contrées. Un fait que je vais rapporter achèvera de prouver la réalité de cette propriété. J avais mis quatie échantillons du S. versicolor dans une caisse qui contenait un très-grand nom- bre de plantes de différentes familles; toutes ont été dévorées par un nombre prodigieux de larves de ptinus et les seuls échantillons du Simaruba sont restés intacts. Peut-être sera-t-on tenté d expliquer ce fait, en supposant que le principe amer est très-concentré dans notre plante et la partie féculente en petite quantité; mais comment se fe- rait-il alors quedes espèces d’une saveur beaucoup plus amère, telles que le Simaba floribunda et Y Evodia febrífuga qui croissent égale- ment dans la province de Minas , aient été rongées, tandis que les insectes ontépargné la plante dont il s’agit? Quoi qu’il en soit, il reste bien démontré que le JL versicolor est entièrement contraire à ces

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animaux; du Certaô , on pourrait l’envoyer sur la côte et dans les pays de bois vierge il ne croît point , et il remplacerait pour tout le Brésil les anti-vermineux les plus puissans. On sait aussi que le Simaruba de Cayenne a été employé avec avantage comme vermi- fuge. Il est à croire, d'après ce qui précède , que notre plante aurait cette propriété à un degré plus éminent encore. Quelques habitans du Certaô m ont dit, il est vrai, qu’ils la considéraient comme un poison ; mais il est vraisemblable que si elle est dangereuse pour l’homme , ce n’est, comme la plupart des amers, qu’à une trop forte dose ou lorsqu’on en fait une fausse application. Il est évident au reste qu’un simple soupçon de ce genre doit engager à ne faire des essais qu’avec les précautions convenables.

Etymologie. Le nom spécifique que je donne à ma plante n’est autre chose que la traduction de son nom vulgaire Paraïba qui vient des deux mots indiens para diversité et iba arbre. On l’a appelée ainsi à cause du mélange de couleur produit à la fois par ses feuilles vertes en dessus et blanchâtres en dessous, et par le rouge des pé- tioles, des nervures et des rameaux de la panicule.

Observations botaniques. Le genre Simaruba est très-voisi n des genres Quassia el Simaba [Simaba et Aruba. Aubl. et Jus. ); cependant on peut les conserver tous les trois, à cause des différences très -sensibles du port aidées de quel- ques caractères importans tirés de la fructification. Ainsi le Quassia a des pé- tales rapprochés et conmvens et de longues étamines sortantes ; les Jleurs sont hermaphrodites dans le Simaba dont les feuilles se distinguent aussi de celles des Simaruba par leurs folioles opposées ; enfin ce dernier genre est bien carac- térisé par des Jleurs umsexuelles dont les mâles ont un calice petit à cinq et rarement a quatre ou six divisions , cinq pétales hypogynes ouverts rarement quatre ou six , dix étamines incluses a jilamens chargés d’une écaille , et un gynophore central sans pistils. Je n’ai vu les fleurs femelles d’aucune espèce; mais je crois pouvoir conclure de la description qu’a donnée Aublel du Sima- ruba amara que le genr e, Simaruba offre, comme toutes les Simaroubées (Ex. : Quassia amara , Simaba Guyanensis Aubl. , Jloribunda, suaveolens , trichi- lio'ides , ferruginea Aug. de S. Hil. ) cinq styles bientôt souciés en un seul, cinq

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4

stigmates, et enfin cinq ovaires uniloculaires et monospermes, V ovule est sus- pendu dans l’angle interne, et qui sont placés sur un gjnopliore ( et non gj- nobase ) en forme de colonne. Les Simaroubées sont intermédiaires entre tes Ochnacées et les Rutacées ; mais beaucoup plus voisines de cette dernière famille, elles ne paraissent même ne devoir en faire qu une simple tribu .

EXPLICATION DES FIGURES.

ï Fleur grossie. a. Étamine plus courte opposée au pétale. 3. Etamine plus longue alternant avec le pétale ( on n’a pas figuré l’anthère ). 4- Sommet du pédoncule chargé d’une étamine , d’un pétale dont on a enlevé une partie , et du gynophore.

* Voyez mon Mémoire sur le Gynobase, destiné à faire partie de l 'Histoire des plantes les plus remar quables du Brésil et du Paraguay.

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CEPHAELIS IPECACUANHA.

CEPHAELIS IPECACUANHA.

FAMILLE des rubiàcées,

C. caule simplici j SŒpiiis erecto y foins lanceolato-ovatis acutis , basi acuminatis j integerrimis , supra s cabriusculis j subtus sub- pubescentibus y capitulo terminali pedunculatOj solitaiio y pe~ dunculo pubescente y involucro l\-polyphyllo.

Cepliaelis Ipecacuanha. Ri ch. Hist , //?. p. 21 j t. 1. Kunth Nov. gen. in j p. 376. Rœm. et Schult. Syst. \ j p. 210. Mail .

JRew. ï, p- 364*

Ipecacuanha ofhcinalis, Arud. Disc. p. l\f\.

Cephaelis emetica. R ers. Syn. 1, p. 2o3 Çeæcl. syn. Lin. et

mu. )

Callicocca Ipecacuanha. Rrot. Act. Lin. Lond. ai., p iSy Bern . Ant. Gom. Me ni. Ip. 27 ^tab. ï. Mer. Dict.Med. xxai,

p. 2,

Ipecacuanha. Marc. Bras. 17. Pis. Bras. 23i.

Noms vulgaires : Poaya j P .'aya do mato; Poaya cia botica", ( en France) Ipecacuanha,

Description. Une Souche horizontale de la grosseur d une plume de corbeau, produit des racines inférieurement, et des tiges a la partie supérieure. Racines longues de 2 à 6 pouces , greles a la hase, augmentant ensuite de grosseur, mais atteignant rarement celle d’une plume à écrire, marquées horizontalement d anneaux assez épais et irréguliers , blanches en dedans, d un giis noiiatie h l’extérieur. Tiges droites ou ascendantes, hautes clun demi pied a un pied et demi, simples, quelquefois un peu contournées, ai- rondies à la base, obscurément tétragones au sommet, glabies in- férieurement, pubescentes aux entrenceuds supérieurs. Feuilles au nombre de 4 à 1 2 , opposées , stipulées , poi tées pai un court

VI. 1

4

bouleverser la nomenclature, on doit encore faire ici une exception à la règle d’ailleurs si nécessaire de l’antériorité.

Quant au nom d’ Ipecacuanha qui s’est introduit parmi les Eu- ropéens avec les livres de Marcgraff et de Pison, il est inconnu dans toutes les parties du Brésil que j’ai parcourues ; je ne l’ai entendu prononcer que par quelques habitans du district de ISTinas-JS^ ov as 3 sans meme pouvoir découvrir à quelle plante ils l’appliquent, et c’est sous le nom de Poaya que l’on connaît généralement, dans le Brésil méridional , non seulement le Cephaelis Ipecacuanha , mais encore toutes les plantes émétiques que l’on y substitue. Le nom d’ Ipecacuanha dont on n’a pas , jusque ici , donné 1 étymologie exacte (ï) vient des mots indiens ipe écorce , copiante , cua odo- rante, nha rayé (Écorce de plante odorante et rayee). Je ne dirai pas tout-à-fait avec autant de certitude quelle est 1 origine du mot Poaya; cependant il me paraît très-probable qu il vient d ycipo ^ liane et ayaca panier ( liane à faire des paniers ) , et qu il aura été donné d’abord à une espèce grimpante dont la racine est émétique , et queje ferai connaître parla suite. Ce qui tend a prouver 1 exactitude de cette étymologie , c’est que les Portugais d Europe ne désignent encore chez eux 1’ Ipecacuanha que par le nom de cipb (liane) , dont les Brasiliens auront retranché la première syllabe, comme ils auront supprimé la dernière du mot aj acà.

Usages ; commerce ; culture. Les usages de la plante qui vient d’être décrite sont trop bien connus chez tous les peuples pour que je croie nécessaire d’entrer à ce sujet dans de longs détails. Il n’est personne qui ne sache que l’Ipecacuanha s emploie comme émétique; que, donné par portions , il favorise la transpiration cuta-r née ; qu’il est utile dans les catarrhes chroniques et les coqueluches ; qu’il exerce une action tonique sur les organes digestifs , etqu on peut s’en servir avec le plus grand succès pour la guérison des dissenteries.

L’Ipecacuanha fait, à Rio-de-Janeiro , 1 objet d un petit com-

(i) Celle qui a été rapportée dans l’ouvrage estimable intitulé isoles on Brazil, est éur derument erronée.

merce. Suivant le docteur Antonio Bernardino Gomes, il s’en ex- pédia 432 arobes et demie (1) en 1795, 80 arobes en 1796 , et 3i4 en 1797. Comme les négocians qui reçoivent, de l’intérieur, la racine du Cephaelis Ipecacuanha, savent parfaitement la distinguer, ce qui est extrêmement facile, ils l’ achètent sans mélange, et c’est le seul Ipecacuanha qui s’expédie actuellement de la capitale du Brésil pour l’Europe. Il n’est donc pas vrai , comme l’a déjà observé M. Merat, que l’on trouve, dans l’Ipecacuanha qui vient de Rio- de-Janeiro, des racines de Y Ionidium Ipecacuanha j et il 1 est en- core moins qu’on y mêle celles de Y Ionidium parviflorum qui croit dans un pays fort éloigné des cantons l’on recueille le Cephaelis Ipecacuanha.

Quoique cette dernière espèce ait été détruite dans les environs de Rio-de-Janeiro , et en général dans ceux des grandes villes, elle est encore fort commune dans beaucoup d’endroits ; cependant comme on l’arracbe sans prévoyance , qu’on n’attend point pour cela la maturité de ses fruits , et que, d’un autre coté, on détruit tous les jours de vastes portions de bois vierges elle naissait en abon- dance, il est incontestable qu’elle ne tardera pas à devenir rare, et il serait important que l’on songeât sérieusement à la cultiver. Des essais tentés par plusieurs personnes prouvent qu’elle se reproduit également bien par des semis, et par des boutures. Elle n’exige presque aucun soin, quand on la cultive dans les bois à l’ombre des grands arbres 5 mais , quand on est obligé de la cultiver dans des lieux découverts, il est nécessaire de lui procurer un ombrage artificiel.

Observations botaniques particulières. Le genre Cephaelis ( Tapogomea Aub. Callicocca Schreb. ) se distingue par des Jleurs en tête accompagnées d un involucre , à 2, 4 ou plusieurs folioles ; un calice adhérent dont le limbe fort court est d 5 divisions plus ou moins prononcées ; une corolle petite , 5 -fide } a peu près infondiluliforrne ; 5 étamines incluses ; un style bifide , dont les divi- sions sont sligmatiques à la face ; un ovaire bdoculaire qui renferme dans cha- cune de ses loges un seul ovule ascendant , attaché à la base de la cloison ; un drupe à deux noyaux.

(1) L’arobe est de 32 lignes.

VI.

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On voit, d’après cette description , que le genre Cephaehs ne diffère guère des Psychotria que par son inflorescence ; et comme les caractères fournis par la fleur même sont les plus importans, il est clair que l’on doit, comme l’a pensé M. Kunth, ne point éloigner les Cephaelis des Psychotria , et des Coffea.

L’abbé Vellozo de Villa Rica dit dans ses manuscrits qu’il arrive quelque- fois que les étamines du Cephaelis Ipecacuanha ‘sont sortantes : si cela est, comme je n’ai aucun sujet d’en douter, on trouvera dans cette observation une raison de plus pour effectuer la réunion déjà proposée par M. de Jussieu du Carapichea. Aub. au genre Cephaelis.

Les Ipecacuanha connus dans le commerce sous les noms d’/. brun, gris-brun et gris-rouge , n’appartiennent pas même à des variétés botaniques. Ce qui le prouve jusqu’à la dernière évidence , c’est que M. Lemaire Isancourt, pltar macien très -habile , a trouvé parmi différens pieds de Cephaelis Ipecacuanha que je lui avais remis , des individus chargés tout à la fois de racines qu’il au- rait fallu rapporter aux diverses variétés citées plus haut.

Observations botaniques générales. Je dis dans ma description générique que les deux ovules des Cephaelis sont attachés à la base de la cloison et as- cendans. Ce n’est pas aux seuls Cephaelis qu’appartient ce caractère. Je me suis assuré par une multitude de dissections qu’il existe dans les Spermacoce } Psychotria , Richardsonia , Coffea, etc., et en général dans toutes les Ru- biacées a feuilles opposées , les loges de l’ovaire sont monospermes , soit que cet ovaire se change en un fruit charnu, soit qu’il devienne un fruit capsulaire. Cette espèce de loi trouve à peine une ou deux exceptions.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur grossie. 2. Calice id. a. nectaire. 3. Fleur ouverte ou 1 on voit les éta- mines. — 4- Portions du style et ses deux divisions stigmatiques.

VI

E . Blanchard

l/il/i f/c /, a / Kj turf w

\

C E P H A E L I S I V E CAC l’ AN HA .

RICHARDSONIA ROSEA.

RICHARDSONIE ROSE.

FAMILLE DES RUBIÀCÉ ES.

R. caulibus apice praecipue molliter hirsutissimis ; foliis ovatis vel ovato-ellipticisj acutis } marginibus praecipue scabris per pa- ria distantibus ; stipulis ultra medium divisis / corollae laciniis pilosis ( floribus roseis ).

Nom vulgaire ; Poaya do campo.

Description. Racine tortueuse, de la grosseur d’un tuyau de plume , garnie de fibrilles capillaires, blanche au centre , d’un noir violet à l’extérieur, d’une saveur assez analogue à celle du Cephaelis Ipecacuanha. Tiges étalées sur la terre, longues d’un pied à un pied et demi, très-rameuses, quarrées, très-hérissées, surtout au som- met : rameaux étalés , ou ascendans , semblables a la tige : poils de la tige, des rameaux, des pétioles, et des stipules longs, blancs et assez mous. EwTRENceuns longs d’environ 2 pouces et demi. Feuilles opposées, pétiolées , longues de 8 à i5 lignes, larges de 6 à 8, irré- gulièrement ovales ou ovales-elliptiques, un peu décurrentes sur le pétiole , rudes au toucher , principalement sur les bords ; les supé- rieures souvent plus étroites, oyales-lancéolées ou ovales-oblongues : poils des feuilles couchés, courts, subulés, durs : pétiole long de 3 à 6 lignes, assez large, hérissé, canaliculé en dessus. Stipules intermédiaires, adhérentes aux pétioles des deux feuilles voisines, arrondies au sommet, hérissées, divisées au-dela de moitié en la- nières sétacées, écartées. Fleurs réunies en tele à 1 extrémité de la tige et des rameaux , et accompagnées d un involucre composé de 2 ou 4 folioles sessiles, rudes au toucher; quand il n’y a que deux folioles, elles sont ovales-aiguës , larges à la base; quand il y en a 4? les deux intérieures sont plus petites, et souvent étroites, oblon gues-lancéolées . Outre les têtes de fleurs terminales^ il arrive quelquefois qu’à l’entrenceud immédiatement inférieur , il y a aussi

VIL ï

un verticille de fleurs également accompagné d’un involucre à 4 folioles. Calice adhérent, obové-pyramidal , trigone; dont le tube est garni de poils courts, couchés, rudes, qui ont quelque chose de la nature dés papilles; dont le limbe est 5-7-partite, à di- visions semi-ovales-oblongues , aiguës , ciliées, un peu inégales. Corolle longue d’environ 3 lignes, infondibuliforme , 5-7-fide, rose ; dont les divisions sont étalées en étoile, lancéolées-oblongues, aiguës, souvent un peu inégales, hérissées en dehors de poils épars. Étamines au nombre de 5 à 7 , sortantes, glabres, blanches, in- sérées au sommet du tube de la corolle, et entre les divisions du limbe : filets capillaires : anthères, linéaires, étroites, vacillantes, attachées sur le filet à la moitié de leur dos, biloculaires , et s ou- vrant longitudinalement. Style sortant, glabre, à 3 divisions fort courtes. Stigmates au nombre de 3, et en tète. Nectaire épigyne, annulaire , court, entourant la base du style sans y adhérer. Ovaire adhérent, 3 loculaires, à loges monospermes : ovules ascendans, attachés dans l'angle interne des loges, sans placenta particulier. Fruit capsulaire, se séparant, par le milieu des cloisons, en trois coques indéhiscentes , en cœur renversé , applaties , convexes au côté extérieur qui est garni de poils couchés, concaves a la face in- terne qui est relevée d’une cote à son milieu. Semence adhérente à la coque , ayant à peu près la meme forme quelle, applatie, orbi- culaire-cordiforme , peltée, peu arquée. Tégument ^opre mem- braneux, roussâtre. Ombilic placé au-dessous du milieu de la ace de la semence. PÉrisperme grand, corné-charnu. Embryon place dans l’axe du périspenne dont il occupe les deux tiers inferieurs, un peu arqué , parallèle au plan de l’ombilic , et suivant la courbure de la semence : cotylédons planes, orbiculaires , beaucoup plus courts que la radicule : radicule cylindrique, un peu aiguë , abou- tissant presque au bord inférieur de la semence.

Localités. Cette plante est commune dans les parties assez elevees et découvertes des Comarcas de S. Joao-del-Rey et Villa- Rica, surtout sur le bord des chemins , et dans les lieux fréquentés.

3

Usages. Cette plante est employée avec un très-grand succès par les cultivateurs des environs de Joao-del-Rey , pour remplacer le Cephaelis Ipecacuanha , qui ne croît point dans leur pays. Non- seulement ses propriétés sont les mêmes que celles du véritable Ipe- cacuanha , mais encore on en obtient des résultats semblables à des doses moins considérables. A présent que le Cephaelis Ipecacuanha devient moins abondant, les Brasiliens pourraient essayer d’envoyer en Europe les racines du Richardsonia rosea , dont on ne tarderait pas sans doute à reconnaître les avantages. Cette plante serait aussi beaucoup plus facile à cultiver que le Cephaelis \ car elle multiplie avec une extrême facilité ; elle n’a pas besoin d’ombrage, et s’ac- commode très-bien des terrains battus et peu fertiles.

Observations botaniques . Le genre Richaiidsonia se caractérise principale- ment par son calice adhérent } dont le limbe est a 5-y divisions profondes ; sa corolle infon dibuliforme , dont le tube , toujours nu , est fort évase au sommet , dont les divisions au nombre de 5 à 7 sont étalées en étoiles ; par ses étamines au nombre de 5 à 7 , sortantes , et insérées entre les divisions de la corolle; son style 3-fide ; ses trois stigmates en tête; son ovaire inférieur en pyramide ren- versée, 3-loculaire , a loges monospermes ; ses ovules ascendans ; ses fruits cap- sulaires qui se séparent en 3 coques indéhiscentes ; une graine peltée ; un grand périsperme charnu-corné ; un embryon un peu arqué comme la semence , placé dans l’axe du périsperme , et parallèle au plan de l’ombilic; enfin une radicule inférieure. Ce genre est extrêmement voisin du Spermacoce , et ne s en dis- tingue réellement que par le nombre des parties.

EXPLICATION DE LA FIGURE.

a . Corolle grossie.

RICHARDSONIA SCABRA.

RICHARDSONIE RUDE AU TOUCHER.

FAMILLE des rubiàcées.

R. caulibus pilosis ; foliis ovatis ovatove-lanceolatis , rariiis oblon- gis ; acutius culi s j marginibus praecipue scabris ; stipulis usque

ad medium non divisis ; corollae laciniis apice pilosis ( floribuss

albis ).

Richardsonia (i) scabra Lin. Sp. l^o. Gcert.i, pag. ii?> , tab. xxv.

R. pilosa Ruiz et Pav. m , p. 5o. Kunth. Nov. Gen. n, p. 35o, tab. cclxxix, ( ex fide herb. Humb. ).

R. Scabra ei pilosa, Pers. Syn. i,p. 3g2.

Spermacoce bexandra, Rich. Hist. nat. Ip., p. i3 et 3i.

Richardsonia Brasiliensis , Bern. Ant. Gom. Mem. Ip. p. 3i , tab. ii. - Vir. Journ. comp. p. 344-

Ipecacuanha amilacé ou blanc, Mer. Dict. med. xxvi, p. i3.

Nom vulgaire : Poaya do campo.

Description. Racine tantôt presque horizontale, et tantôt à peu près verticale, longue de ï à 7 pouces, généralement un peu moins grosse qu’une plume à écrire, simple ou rameuse, souvent recour- bée, tantôt sans anneaux, tantôt marquée de rugosités annulaires transversales et généralement plus larges que celles du Cephae- lis Ipecacuanha : sa couleur d’abord blanche devient cendrée par la dessication $ sa saveur est un peu douceâtre , et ne rap- pelle point celle du Cephaelis. Tiges assez nombreuses, longues de 5 à 8 pouces environ , étalées sur la terre , rameuses , quarrées , hérissées de poils blancs , assez courts , un peu rudes, écartés et rares dans le bas , nombreux et serrés dans le haut : rameaux sem-

(1) Linné et beaucoup d’autres, après lui, avaient écrit Richardia par contraction; mais cette suppression et le rétablissement d’une syllabe dans un nom ont si peu d’importance , que je crois qu’on peut établir la synonymie , comme si cette légère différence n’avait jamais eu lieu.

VIII.

ï

2

blables à la tige. Entrenœuds de i à 2 pouces. Feuilles opposées, pétiolées, longues d’environ 8 à 12 lignes, larges de 3 à 7 lignes, ovales ou ovales -lancéolées , plus rarement oblongues, decurrentes sur le pétiole, à peine aiguës, entières, un peu charnues, d un verd gai, rudes au toucher surtout sur les bords : poils des feuilles couchés , courts, suhulés , durs , pressés et nombreux dans les jeunes feuilles, écartés et rares dans les anciennes, ceux des bords de la feuille plus longs : pétiole ayant environ 2 à 3 lignes de longueur, et chargé de poils semblables à ceux de la tige. Stipules interme- diaires, adhérentes aux pétioles des 2 feuilles voisines , arrondies au sommet, velues, membraneuses, divisées jusqu a moins de la moi- tié en lanières sétacées et écartées. Fleurs réunies en tete a 1 extré- mité des tiges et des rameaux , et accompagnées d’un involucre composé de 2 à 6 folioles ordinairement sessiles, et rudes au tou- cher 5 quand il n’y a que deux folioles , elles sont ordinairement ovales , aiguës , larges à la base ; quand il y en a 4 ou G , le plus souvent 2 ou 4 d’entre elles sont plus étroites, oblongues-lancéolées , un peu pétiolées ; toutes sont quelquefois semblables aux dernières qui viennent d’être décrites. Outre les tètes de fleurs terminales, il existe aussi quelquefois des verticïlles de fleurs aux entrenœuds supé- rieurs. Réceptacle nu. Calice adhérent, obové-pyramidal , 3-tétra- gone 5 dont le tube est garni de poils courts , couchés , rudes ,^qui ont quelque chose de la nature des papilles 5 dont le limbe est 5-6-par- tite, à divisions semi-ovales, aiguës, ciliées, un peu inégalés. Corolle longue d’environ une ligne et demie, infondibuhforme , 5-6-iide , blanche; dont les divisions sont ovales, aiguës, souvent un peu inégales , hérissées de quelques poils au sommet seulement. Étamines au nombre de 5-6, sortantes, glabres, blanches, insé- rées au sommet du tube de la corolle et entre ses divisions, un peu moins longues que ces dernières : filets capillaires : anthères étroites, vacillantes, attachées sur le filet à la moitié de leur dos, s’ouvrant longitudinalement. Style sortant, glabre, a trois divi- sions fort courtes. Stigmates au nombre de 3 et en tête ohlongue. Nectaire épigyne, court, annulaire, entourant la hase du style

3

sans y adhérer. Ovaire adhérent, triloculaire , à loges monos- permes : ovules ascendans, attachés dans l'angle interne des loges, sans placenta particulier. Fruit capsulaire, se séparant par le mi- lieu des cloisons en trois coques indéhiscentes , en cœur renversé , convexes à l'extérieur qui est garni de poils ou plutôt de papilles , concaves à la face interne qui est relevée d’une côte à son milieu. Semence à peine adhérente à la coque , absolument conforme à elle, applatie, peltée, un peu arquée. Tégument propre membra- neux. Ombilic placé à la face de la semence , et correspondant au tiers inférieur de Taxe. Périsperme grand, corné- charnu. Embryon un peu arqué comme la semence^ et placé dans l’axe du périsperme dont il occupe les deux tiers : cotylédons planes , orbiculaires-ellip- tiques , beaucoup plus courts que la radicule : radicule cylindrique , un peu aiguë , aboutissant presque au bord inférieur de la semence.

Localités. Cette plante est très-commune dans la province de Rio-de-Janeiro. On la trouve principalement dans les lieux cultivés , les endroits sabloneux , le bord des chemins, et jusque dans celles des rues de Rio-de-Janeiro, qui sont le moins fréquentées.

Etymologie. Quoiqu’on ne trouve dans la province de Rio-de- Janeiro, rien qui ressemble aux pâturages naturels que l’on appelle campos , et qui forment une si vaste portion des provinces de Saint- Paul , des Mines de Goyaz , etc., on a cependant nommé Poaya do campo la plante que je décris ici, parce qu’elle ne croît point dans les forets vierges , mais seulement dans les endroits elles ont été détruites , et dans les espaces de terrain trop sabloneux pour avoir jamais produit de grands arbres.

Usages. Cette plante sans avoir, à beaucoup près, des propriétés aussi héroïques que le Richardsonia rosea, peut cependant, au be- soin, remplacer avec succès le Cephaelis Ipecacuanha , et si Ton n’en fait pas un très-grand usage dans la province de Rio-de-Janeiro , comme je l’ai dit , elle croît en abondance', c’est qu’on n’a géné- ralement aucune peine à s’y procurer le véritable Ipecacuanha,

4

Observations botanitju.es particulières. La comparaison attentive des des- criptions et des échantillons les plus authentiques m’a démontré que les Ri- chardsonia scabra , L., pilosa , Ruiz et Pav., Ivunth , etc., et Rrasiliensis Gomes n’étaient qu’une seule et même espèce, et, comme le nom de Linné est le plus ancien , c’est celui que je conserve ici. A la vérité , Linné dit que sa plante a les poils dirigés de haut en bas ; mais ce caractère est souvent le résultat de quelque circonstance accidentelle, et, dans le R. rosea les poils sont ordinairement horizontaux , il s’en trouve quelquefois une partie dont la pointe est tournée vers le sol.

2°Leiî. scabra ade très-grands rapports avecle R. rosea; mais il s’en distingue parce que ses racines sont blanches , et non d’un noir-violet ; parce qu il est plus petit dans toutes ses parties ; qu’il est beaucoup moins hérissé ; que sa tige et ses rameaux portent des poils plus durs , et beaucoup moins longs; que ceux des feuilles sont plus nombreux; que celles-ci sont beaucoup moins aiguës, plus charnues, généralement moins grandes, et plus décidément ovales ; que les nervures latérales sont plus souvent au nombre de six seulement , que les entrenoeuds sont moins longs; que les stipules ne sont pas découpées jusqu’à moitié; que la corolle est trois fois plus petite, et blanche au lieu d’être rose; enfin que les divisions de cette dernière ne sont chargées de poils qu’au som- met. Les deux plantes en outre croissent dans des localités totalement différentes.

Observations botaniques générales. La plupart des auteurs qui ont décrit l’embryon des Rubiacées , l’ont fait d’une manière vague et souvent peu intel- lio-ible. J’ai dit dans la description des R. rosea et scabra que V embryon sui- vait la courbure de la semence , qu’il était placé dans l’axe du périsperme , et parallèle au plan de l’ombilic , et que sa radicule était inférieure. Mais ce n’est pas seulement dans ces deux plantes qu’existent ces caractères; je me suis convaincu par un nombre prodigieux de dissections qu’ils sont constans dans la plupart des Rubiacées, et s’ils rencontrent quelques exceptions que je signalerai , à mesure que l’occasion s’en présentera, ce n’est, je crois, que dans les espèces polys- permes. M. Richard avait parfaitement reconnu que l’embryon des Rubiacees suit la direction de la graine; mais on sent que celle-ci étant aplatie, et 1 om- bilic à la face , il est géométriquement impossible que la radicule arrive à l’ombilic, comme l’avait pensé l’illustre auteur de l’Analyse du fruit.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï Calice grossi. 2 Corolle id. 3 Corolle ouverte pour montrer l’insertion des étamines. 4 Portion du style grossie.— 5 Coque id. vue du côté du dos. 6 La même , vue du cole de la face. 7 Semence grossie. 8 La même id. coupée longitudinalement pour montrer la place de l’embryon. 9 Embryon id. tiré du périsperme.

P VIII

R IC H AUD S O NIA SCABRA .

H . HUmcliard

Li/h t/c /janghitni

J. hirsutissimum; caule suffruticoso , saepius simplici ; foliis alter- nis, sub sessilibus , ovatis, basi subcordatis , acutiusculis , obsolete dentatis ; stipulis linearibus, integerrimis, vix manifestis ; laciniis caly cinis integris ; petalo inferiore maximo , late obeordato ; fila- mentis extus apice barbatis ; antherarum processu membranaceo minimo,

Nom vulgaire : Poaya do campo.

Description. Sous-arbrisseau hérissé, dans toutes ses parties, de poils longs, simples et d’un vert jaunâtre. Racine Manche. Tiges longues d’un demi pied à un pied et demi , simples ou rameuses , anguleuses, striées, à peine ligneuses. Feuilles alternes, souvent assez rapprochées, sessiles ou à peine pétiolées, longues de 6 à 12 lignes, larges de 3 à 7 lignes, ovales, un peu aiguës, échancrées en cœur à leur hase , grossièrement dentées , peu étalées : nervure moyenne proéminente en dessous. Deux Stipules latérales , grêles , filiformes , cachées au milieu des poils qui les entourent. Pédon- cules axillaires au sommet des tiges , tantôt plus courts et tantôt plus longs que les feuilles, articulés au-dessous du sommet, nus ou char- gés de deux bractées alternes, linéaires, très-étroites. Calice 5-par- tite, inégal, à divisions lancéolées-linéaires , étroites, acuminées , à une seule nervure j trois des divisions courbées en faux , et deux presque droites. Pétales au nombre de 5, très-inégaux ; deux su- périeurs rapprochés, oblongs-linéaires, obtus, un peu recourbés au sommet, à une seule nervure hérissée de poils : deux pétales laté- raux presque deux fois aussi grands que le calice , un peu courbés en faux, onguiculés, velus en dehors j à onglet plus long que la lame, linéaire-oblong , un peu rétréci de la base au sommet, muni in- ferieurement d une oreillette, chargé de 5 nervures j à lame obovée quelquefois simplement obtuse , quelquefois obtuse et échancrée en IX.

2

cœur, réfléchie : pétale inférieur très-grand, onguiculé, velu en dehors ; à onglet canaliculé, plus large à la base, un peu plus long que la lame; à lame large d’environ n lignes, transversalement el- liptique, échancrée en cœur, arrondie sur les cotés. Étamines au nombre de 5, hypogynes , un peu inégales : filet un peu plus long que l’anthère, étroit, aplati : anthère aplatie, orbiculaire- ellip- tique, dont la face est tournée du côté de 1 ovaire, et dont les loges s’ouvrent longitudinalement; chaque anthère se termine par une membrane fort petite , beaucoup plus étroite qu elle , un peu tron- quée et denticulée ; dans les deux étamines inférieures qui sont un peu plus courtes , le filament est épaissi à son sommet. Style courbé en s j épais , glabre, tronqué horizontalement au sommet. Stigmate terminal, petit, en mamelon. Ovaire ovoïde, très-velu, i-locu- laire , 8-9-sperme : ovules pariétaux, attachés sur trois lignes , sans placenta particulier. Je n’ai pas vu le fruit.

Localités. Cette plante est commune à l’ouest du Rio-de-S. -Fran- cisco , dans les pâturages naturels ( campos ) de la province de Minas- Geraes , et ceux de la partie méridionale de la province de Goyaz, principalement auprès de Paracatu, de Santa-Luzia-de- Goyaz , de Meia-ponte , etc. Je l’ai trouvée en fleur depuis le mois d’avril jusqu’au mois d août.

Usages. Les habitans du pays oh croît la plante que je viens de dé- crire la substituent avec succès au Cephaehs qui ne se tiouve pas chez eux. Tantôt ils emploient la racine de Y Ionidium Poaya sans la mélanger , et tantôt ils la mêlent au tartrate de potasse et d antimoine , comme on fait ailleurs pour ITpecacuanha véritable. Mais ce n est pas seulement comme émétique qu’on administrei Ionidium Poaya,

à d’autres doses il devient un évacuant , et 12 vintems ouKil. o,ooo34<> de sa racine purgent un adulte.

Cette plante confirme les propriétés émétiques que 1 on a recon- nues aux Violacées , et il est à croire qu’en faisant quelques expé- riences yo on retrouvera ces propriétés à un degré plus ou moins

éminent dans les nombreuses espèces de cette famille que fournis- sent les différentes parties du Brésil.

Observations botaniques. Le genre Ionidium Vent. (Hybanthus Jacq. Porn- balia Vand. Ionidium , Hybanthus , et Pombalia Gin. ) présente les caractères suivans : Calice profondément 'o-p artite dont les divisions ne sont ni prolongées au-dessous de leur base ni entièrement séparées. Pétales au nombre de cinq f périgynes ou plus rarement hypogynes } très-inégaux ; I’ inférieur plus grand , onguiculé , sans éperon } a onglet ordinairement plus large et concave a la base , rétréci au sommet. Etamines au nombre de cinq , insérées comme les pétales , et alternes avec eux : filets libres ou soudés , le plus souvent courts } quelquefois nuis : anthères aplaties } membraneuses au sommet, attachées parla base , im- mobiles, tournées vers le pistil, biloculaires et s’ouvrant longitudinalement : les connectifs ou les filamens des anthères inférieurs le plus souvent bossus ou munis d’un appendice plus ou moins sensible. Style courbé , épaissi au sommet , persistant. Stigmate un peu latéral. Ovaire libre , sessile , olygosperme ou po- ly sperme : ovules attachés a trois placentas pariétaux. Capsule entourée du calice , des pétales et des étamines qui persistent , uniloculaire } olygosperme ou poly sperme , s’ ouvrant en trois valves étalées , plus épaissies sur le dos , portant les semences dans leur milieu. Semences petites } horizontales } ovales-globu- leuses , creusées au sommet d’une chalaze orbiculaire et ridée ; quelquefois rele- vées d’un coté d’une ligne proéminente ( raphe ) : ombilic un peu latéral , rare- ment tout-à -fait terminal. Tégument propre double; l’extérieur crustacé, l’intérieur membraneux , adhérent au périsperme. Périsperme charnu. Embryon axile , droit j ayant presque la même longueur que le périsperme : cotylédons planes : radicule aboutissant presque à l’ombilic , le plus souvent obliquement et quelquefois directement.

N. B. En décrivant P Ionidium Ipecacuanha , je dirai quelles sont les raisons qui obligent de réunir les genres Ionidium , Pombalia et Hybanthus. On trou- vera aussi des dissertations sur les organes les plus importans des Ionidium , et eu général des Violacées dans la 6e livraison de mon Histoire des plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï . Un des pétales supérieurs vu en dehors. 2. Un des pétales intermédiaires vu en dedans. 3. Le grand pétale vu en dedans. 4- Les étamines. 5. Calice et pistil.

CONOHORIA LOBOLOBO.

CONORI LOBOLOBO.

FAMILLE DES VIOLACÉES.

C. foliis alternis et suboppositis , in apice ramulorum confertis, oblongo-lanceolatis , angustis, obsolete serratis ; racemis simpli- cibus ; pedicellis puberulis ; squamulis vix manifestis ad basin staminum y ovario villoso y ovuhs basi placentarum affixis.

Nom vulgaire ; Lobolobo.

Description. Arbrisseau rameux, dont l’écorce est le plus sou- vent d un gris blanchâtre, et dont les rameaux sont quelquefois légèrement pubescens au sommet. Feuilles très-rapprochées prin- cipalement à F extrémité des rameaux, opposées et alternes tout à la fois, longues d’un pouce et demi à trois pouces, larges de 6 à 12 lignes, oblongues-lancéolées, étroites, aiguës au sommet, un peu aiguës ou plus souvent tronquées à la base, glabres, veinées et bordées de dents qui sont écartées , peu sensibles et noirâtres : pétiole très-court, pubescent, convexe en dessous, canaliculé en dessus. Deux Stipules latérales, scarieuses, fort petites, ovales-lancéolées , aiguës, pubescentes, caduques. Fleurs blanches, longues d’environ deux lignes , pédicellées , réunies en grappes simples , axillaires ou terminales : grappes le plus souvent solitaires quand elles naissent à

1 aisselle des feuilles, le plus souvent fasciculées quand elles sont terminales. Pédoncule de la grappe court, chargé à sa base de pe- tites bractées, ovales-aiguës, le plus souvent embriquées. Axe de la grappe continu avec le pédoncule. PÉdicelles longs d’environ

2 lignes, le plus souvent tournes du meme côté, légèrement cour- bés , articulés un peu au-dessus de la base, accompagnés inférieure- ment de trois bractées fort petites, scarieuses , ovales-aiguës , couleur de rouille , dont une extérieure est portée sur Faxe meme, et les deux auties sur le pédicelle j le plus souvent ces dernières semblent naître au meme point que 1 extérieur, quelquefois elles sont placées lune au-dessus de 1 autre. Le pédoncule de la grappe, Faxe, les pédicelïes, et les bractées sont légèrement pubescens. Galice pro-

X.

ï

fondement 5 -partite , un peu charnu ; dont les divisions sont ovales , aiguës, très-finement ciliées, blanches, un peu rougeâtres au som- met. Pétales au nombre de 5 , hypogynes , alternes avec les divi- sions du calice, égaux, dressés, ovales -lancéolés , rapprochés en forme de cloche, acuminés , beaucoup plus longs que le calice, roulés en dehors au sommet. Étamines au nombre de 5, hypogynes , al- ternes avec les pétales, dressées : filets très-courts, aplatis, à peine soudés entre eux et avec le bas des pétales, chargés extérieurement

d’une écaille très-petite et arrondie : anthères attachées par la hase , immobiles , tournées vers le pistil , 2-loculaires , s’ouvrant longitu- dinalement par les côtés, membraneuses sur les bords et au som- met, d’une couleur fauve , paraissant, avec la membrane terminale, ovales-lancéolées, acuminées : membrane terminale continue avec tout le dos de l’anthère , et égalant ses loges en longueur : loges de l’anthère se terminant antérieurement par deux soies blanches. Style glabre. Stigmate terminal, obtus. Ovaire ovoïde-globuleux , trilobé, velu., i-loculaire, 3-sperme : ovules péri tropes, attaches à la base de trois placentas semi-cylindriques, qui naissent des angles de l’ovaire. Capsule à trois valves, dont chacune porte une çpmpnee flans son milieu.

Localités. Cette plante est commune dans les bois montueux des environs de Rio-de- Janeiro .

Avec la plante que je viens de décrire, on peut en confondre une autre qui lui ressemble beaucoup , mais qui cependant en est dis- tincte et se caractérise de la manière suivante :

CONOHORI A CASTANEFOLÏ A.

CONO RI A FEUILLES DE CHATAIGNIER.

c. foliis alternis et suboppositis , in apice ramulorum confertis , oblongo - lanceolatis , manifeste serratis , mucronulatis ; ovario villosissimo ; ovulis ex apice placentarum pendulis.

Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles qui ne sont

3

point aussi étroites, qui sont évidemment dentées en scie et termi- nées par une petite pointe particulière. Elle s’en distingue encore par ses fleurs plus grandes , plus rapprochées , ses pédicelles tout-à- fait pubescens , son calice plus charnu^ son ovaire ovale et très-velu , enfin par ses ovules suspendus au sommet des placentas. L’odeur de ses fleurs est agréable. Leurs grappes, comme dans Tespèce pré- cédente , rappellent celles du Muguet du mois de mai.

Localités. Cette plante se trouve auprès de Rio-de- Janeiro 3 et principalement dans les haies qui avoisinent Saint- Christophe.

Usages. On a lieu de s’étonner qu’à l’exception de quelques ra- cines , les habitans du Brésil méridional ne cultivent point de plantes potagères qui appartiennent bien réellement à leur pays. Il est im- possible de supposer cependant qu’au milieu d’une quantité si prodigieuse de végétaux, il ne s’en trouve pas un grand nombre qui pussent devenir d’excellens légumes. Mais on ne doit point oublier que si les plantes., qui remplissent les potagers de l’Europe, offrent aujourd’hui des aïimens aussi sains qu’agréables, on le doit à des tentatives mille fois répétées , et à un travail opiniâtre ; les racines de la carotte sauvage sont dures et extrêmement grêles; on ne pour- rait manger, sans de graves inconvéniens , le céleri tel qu’il croit au bord de nos fontaines ; enfin nos chous , nos laitues , nos me- lons, etc., ne sont que le résultat de l’art et de la culture. Il est donc à désirer que les Brasiliens fassent à cet égard des essais que la persévérance rendrait certainement profitables. Je leur indique ici les Conohoria Loholobo et castanefolia parce qu’il y a déjà quel- ques données pour croire qu’en les cultivant, on pourrait finir par en tirer parti. Leurs feuilles crues n’ont qu’un goût herbacé; mais cuites, elles deviennent muciiagineuses, et les nègres de plusieurs can- tons des environs de Bio-de-Janeiro les mangent avec leurs alimens. Il faudrait transplanter le Lobolobo dans de bonnes terres , le placer à l’ombre, essayer même quelques moyens pour étioler, ou, comme disent les jardiniers , pour faire blanchir ses feuilles; et il est à pré- sumer que l’on finirait par obtenir un légume agréable.

4

Observations botaniques particulières. Le genre Conohoria Kunth , ( Cono- horia, Passura , Riana et Rinorea Aub. Alsoïdea Dupetit-Th. Ce- ranthera Bauv. Conohoria, Rinorea, Alsoïdea et Ceranthera Gin.) se caractérise de la manière suivante : Calice 5- partite , à peine inégal, persis- tant. Pétales au nombre de 5, hypogynes , égaux. Nectaire cupulifonne , entourant les étamines et souvent nul Étamines au nombre de 5 , alternes avec les pétales , plus courtes qu’eux : filets libres ou soudes en urceole , le plus souvent fort courts : anthères aplaties, membraneuses au sommet et sur les bords, immobiles, ayant la face tournée vers V ovaire , divisées en deux loges et s’ouvrant longitudinalement ; les lobes de l anthère termines antérieurement par deux soies ou deux petites membranes. Style persistant. Stigmate termi- nal, obtus. Ovaire supérieur , sessile, h-lobé , x-loculaire , 3 -9 sperme. Capsule "h-valve , entourée du calice , des petales et des etamines ; valves seminiferes dans leur milieu. Semences presque globuleuses. Tégument propre coriace. Embryon renfermé dans un périsperme charnu : cotylédons planes : radicule tournée vers le hile ( caract. sem. ex Kunlh. )

Brown avait déjà reconnu (Congo 21 ) que Y Alsoïdea d’Aubert Dupetit- Thouars, et le Ceranthera de Bauvois étaient identiques, comme aussi le Conohoria et le Passoura d’Aublet. Kunth a été plus loin, et a parfaitement senti que le Riana et le Rinorea ne différaient point du Conohoria , et que celui- ci devait être également confondu avec V Alsoïdea. Mes observations s accor- dent parfaitement avec celles de l’auteur savant du Nova Genera , et, comme lui, je réunis tous les genres que je viens de citer. La longueur relative du filament et de l’anthère ne peut servir pour distinguer le Rinorea du Conoho- ria; car tous les deux offrent également des filets très-courts. A la vérité, quoique Aublet n’ait point parlé d’un nectaire dans son Rinorea, il en existe un dans cette plante , et il n’y en a point dans le Conohoria ulmifolia (F . Kunth Nov. Gen.); mais M. Dupetit-Thouars qui a trouvé des Conohoria avec ou sans nectaire , n’a pas cru devoir les séparer , et mon C. Lobolobo qui n’est pas fort éloigné de Y ulmifolia, fait le passage des espèces à nectaire aux espèces qui n’en ont pas , puisque chacun de ses filets porte en dehors une petite écaille distincte, ébauche d’un véritable nectaire. Si les filamcns sont libres dans le C. ulmifolia, et soudés dans les Alsoïdea Dup., ils sont également soudés dans mes C. Lobolobo et castanefolia , et il est probable que l’on ne voudra , dans aucun cas, séparer ces plantes de Yulmifolia. Je conviendrai que dans Y Alsoï- dea pauciflora Dup., dont j’ai fait moi-même l’analyse, j’ai trouvé des anthères ulus courtes , et des filets plus longs que dans mes Conohoria, et qu’au lieu de finir par deux soies , les lobes de l’anthère se terminent antérieurement par

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deux membranes ; mais Y Msoïdea pubescens Dup. que personne, jusqu'à présent, n’a séparé du pauciflora, présente avec un nectaire fort sensible , des anthères presque aussi longues que celles de mes Conohoria , et si nous admettons de semblables caractères pour distinguer des genres , il faudrait , pour être con- séquent , faire un genre de chaque Ionidium , ou pour mieux dire , renoncer entièrement aux associations génériques. Quant au Piparea que l’on avait cru un instant congenere du Conohoria , M. Kunth pense actuellement, et proba- blement avec raison , qu’il appartient aux Bixinées , et ce qu’il y a de fort remarquable , cest que déjà autrefois M. de Jussieu demandait ( Gen. 2q5) si ce genre ne devait pas être rapproché du Lœtia.

Observations botaniques générales. J’ai déjà eu l’occasion défaire observa bien des fois qu’aucun caractère, quel qu’il fût, n’avait une importance égalé dans tous les groupes. Je vais en donnemm nouvel exemple. Rien n’est: plus consent, sans doute , que la position des ovules dans les Composées, les / alénanées , les Ombellifères , etc., et par conséquent ce caractère a dans ces familles la plus haute importance : on va voir qu’au contraire il est dans les Violacées sans la moindre valeur. En eifet, j’ai rapporté du Brésil trois Conoho- ria, savoir : C. Lobolobo , castanefolia >et Rinorea (Rinorea Guajanensis Aub): le premier a les ovules attachés au bas des placentas ; dans le second ils sont suspendus à leur sommet; dans le troisième enfin chacun des ovules occupe une place différente, et offre un mode d’adnexion différent, car l’un destróis, inférieur, est ascendant, un autre, intermédiaire, est péritrope, et le supérieur est suspendu.

EXPLICATION DES FIGURES.

J. Fleur grossie. ï. Un des pétales id. avec son extrémité roulée. 3. Un pétale id, déroulé pour montrer sa forme. 4. Étamine grossie, vue de face. a. Les lobes de Pan- there. — 5. Membrane terminale. —6. Étamine grossie, vue en dehors, a. Filet cbarpé d’une écaille. ~ 7. Calice et pistil.

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IONIDIUM IPECACUANHA.

IONIDE IPECACUANHA.

VIOLACÉES.

S. foliis alternis , lanceolato-ovatis , serratis , utrinque acutis ; stipulis acuminatis , membranaceis, medio nervosis y caly cinis divisuris semipinnatifidis ÿ petalo inferiore maximo , transverse elliptico.

Ipecacuanha branca. Pis. Mat. Bras, loi.

Calceolaria caule simplici, hirsuto; foliis axillaribus. Lœfl. It. 184. Viola grandiflora yeronicæ folio villoso. Bar. Æquin. n3. Viola Calceolaria et Ipecacuanha. Lin. Sp. 1827, et Mant. 484. Viola Itoubon. Aub. Guy. vol. 11, p. 808, t. 3i8. lonidium Ipecacuanha et Calceolaria. Vent. Malm. p. 28 et 27. Pombalia Ipecacuanha. Vandel. Fasc. 7 , t. 1. lonidium Itubu. Kunth JYov. Gen. vol. V , t. 496.

Pombalia Itubu. Gin. in Dec. Prod. vol. 1, p. 307.

Noms vulgaires : Poaya, Poaya da praia, Poaya branca.

Description. Plante extrêmement variable. Racine atteignant environ la grosseur d’une plume ou davantage , plus ou moins tor- tueuse, très-lëgèrement striée ou ridée, blanche en dedans, d’un blanc grisâtre en dehors , garnie surtout à son extrémité de fibrilles nombreuses et assez grosses : saveur fade et désagréable. Tiges or- dinairement nombreuses, longues de 6 à 24 pouces, ascendantes ou étalées en rosette , ligneuses , menues , tantôt chargées de poils épars , tantôt velues ou fort velues surtout au sommet. Feuilles alternes , courtement pétiolées , longues de 7 à 1 2 lignes , larges

XI.

I

de 3 à 6, ovales-lancéolées , plus rarement oblongues ou ovales- oblongues , aiguës aux deux bouts, dentées en scie, quelquefois presque glabres surtout dans le bas de la tige, plus souvent chai- gées de poils simplement épars, souvent aussi velues ou très- velues, principalement les supérieures : pétiole à peine long d’une ligne, plus ou moins velu, canaliculé en dessus, convexe en des- sous. Stipules latérales, tantôt ovales-lancéolées , tantôt oblongues ou quelquefois linéaires-oblongues, acuminées, membraneuses, pourvues d’une nervure moyenne , chargées de quelques poils , L>rincipalement sur les bords et la nervure. Fleurs solitaires à 1 ais- selle des feuilles, tantôt sessiles ou presque sessiles, tantôt portées par un pédoncule velu qui atteint jusqu a 4 lignes , et est charge de deux bractées, de forme variable, à peu près semblables aux sti- pules : quand la fleur est sessile, les bractées existent encore, et se confondent alors avec les stipules. Calice 5-partite , mollement hérissé : divisions du calice inégales , oblongues-lancéolées , acumi- nées , semipinnatifides *, à lanières ecartees, plus ejiaisses a leur som- met qui est tronqué. Petales au nombre de 5, évidemment hypo- gynes : deux supérieurs à peu près égaux au calice, linéaires , obtus, un peu en faux, uninervés , minces, un peu barbus au sommet : deux intermédiaires un peu plus longs que le calice, oblongs-li- néaires ou ovales-oblongs, à peine spatules, tronqués ou tres-obtus, chargés de 4 nervures , réfléchis à leur sommet qui est velu : 1 infé- rieur très-grand, onguiculé , ascendant, ayant à peu près un pouce , trois fois plus long que le calice, velu en dehors; à onglet canali- culé, rétréci au sommet, plus large à la hase qui est concave; à lame longue d environ 6 lignes , large de 4 ■> transversalement ellip- tique, arrondie sur les côtés, munie d’une petite pointe terminale, décurrente à sa base sur l’onglet. Étamines au nombre de 5, évi- demment hypogynes , à peu près inégales , dressées ; deux in- férieures à peine plus courtes : filets plus longs que les lobes de l’anthère, plus étroits, aplatis, entièrement glabres dans les étamines supérieures , courbés dans les étamines inférieures , épais- sis au-dessus ou au-dessous du milieu dans les memes étamines , et

3

barbus à leur base : anthères attachées par la base , immobiles , aplaties , linéaires , 2-loculaires, bilobées à leur base, terminées par une membrane presque orhiculaire qui est moitié plus courte que les lobes, un peu échancrée au sommet, et de couleur safranée. Style épaissi de la base au sommet , ayant la forme d’un s , velu à la base, concave à son sommet qui est oblique. Stigmate à la surface de la partie concave du style. Ovaire très-velu, i-loculaire, polysperme. Capsule entourée du calice des pétales et des étamines qui persis- tent, ovale , 3-gone, plus épaisse sur les angles , aiguë , mollement velue, i-loculaire, 9-12 sperme, s’ouvrant en 3 valves naviculaires qui portent les semences dans leur milieu. Semences ovoïdes-glo- buleuses, un peu comprimées, glabres , creusées à leur sommet d’une chalaze orhiculaire, tachetées de noir et de blanc, à peine sillonnées d’un côté. Tégument propre double; l’extérieur crustacé ; l’intérieur membraneux , très-mince. Ombilic terminal. Péri- sperme charnu, jaunâtre. Embryon droit, placé dans l’axe du péri- sperme , et ayant à peu près sa longueur : cotylédons transversale- ment elliptiques , 2-lobées au sommet : radicule arrondie dans ses contours, un peu plus longue que les cotylédons, atteignant l’om- bilic.

Var. n indecorum. Feuilles assez généralement plus petites et plus ovales que dans le type. Pétales presque trois fois plus courts que le calice , linéaires , obtus , glabres , très-minces , à peu près semblables entre eux ; un inférieur quelquefois un peu plus grand et oblong. Les trois étamines supérieures stériles , presque égales , filiformes, extrêmement étroites, aplaties, membraneuses, glabres, un peu spatulées : les deux inférieures fertiles ; à filets aplatis , étroits , à peu près filiformes , glabres ; à anthères très-petites , à peu près elliptiques, terminées par une membrane courte, presque 3-angu- laire. Style court , courbé, aplati, glabre. Stigmate obtus.

Localités. Cette plante croît à Cayenne ; elle se trouve par inter- valle sur toute la côte du Brésil, depuis la rivière des Amazones jusqu’au Cap Frio ; mais on ne la revoit plus au midi de ce Cap.

4

XJ sa es. Tout le monde sait que les racines de cette plante sont émétiques et peuvent remplacer celles du Cephaelis Ipecacuanha. A Fernambouc on les regarde comme le meilleur remède que l’on puisse employer dans les dysenteries. Enfin quelques habitans de la province de Rio-Grande-do-Norte , assurent que pour guérir ra- dicalement ceux qui sont tourmentés de la goutte , il suffit de leur faire prendre pendant quelques jours une légère décoction de^ ces mêmes racines. Je ne pourrais citer aucun fait particulier qui vint a p appui de cette dernière assertion; mais elle paraît avoir assez d’im- portance pour mériter l’attention des gens de l’art.

On vend souvent à la ville de S.-Salvador-cle-Campos les ra- cines de l’ Ionidium Ipecacuanha pour remplacer l’Ipecacuanha véritable : quelques habitans du Cap Frio en vendent aussi de pe- tites portions à Rio-de-Janeiro ; mais aujourd’hui aucun négo- ciant du Brésil n’en envoie en Europe.

Observations botaniques. % I. De deux genres qui doivent rentrer dans le

genre Ionidium. .,r

Pombalia. Vandelli qui ne connaissait d’autre Ioniduim que \ Ipeca- cuanha , avait reconnu cette plante pour un genre distinct, ®* appelée Pombalia. Ventenat qui écrivit apres le professeur de Cou , méprisa la loi conservatrice de l’antériorité, et substitua au mot de Pombalia celui d 'Ionidium qui , ayant malheureusement passé dans un grand nombre de livres , ne pourrait être rejeté aujourd’hui, sans qu’on bouleversât toute la nomenclature. Frappé sans doute de cette infraction aux lois adoptées parles botanistes vraiment amis de la science, M. de Gingins a cru que le Pombalia pouvait être conservé , et qu’il ne serait pas nécessaire pour ce a e supp mer 1 Ionidium. Cela serait à désirer; mais nous sommes malheureusement forcés de reconnaître qu’il y a identité parfaite , et M. de Gingins 1 aurait in- contestablement senti, s’il eût eu sous les yeux la suite des especes bra- siliennes. La différence du Pombalia et de l’ Ionidium consisterait d apres M de Gingins, en ce que le calice du Pombalia serait très gran , e a bords hérissés de pointes roules (echinatus); en ce que les füamens serment plus longs que dans V Ionidium; l’ovaire très-velu, et le pédoncule non articulé. J’ai quatre espèces le calice est pinnatif.de ; mais .1 en est une Ylonidium scariosum, dont les divisions sont entières au sommet , et celles des calices du setigemm ne présentent en tout que 5 a 6 lameres. S.

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calice des Ionidium villosissimum et Ipecacuanha est assez grand, celui du scariosum ne l’est pas plus que dans V Ionidium lanatum , et le calice de XX. setigerum est aussi petit, et même beaucoup plus petit que dans [beaucoup d’autres espèces , à divisions calicinales non découpées. Les /. Ipecacuanha et villosissimum ont , il est vrai , la lame de leur pétale inférieur transversale- ment elliptique ; mais les I. scariosum et setigerum offrent, avec un calice sem- blable ou à peu près semblable, une lame presque orbiculaire ; et d’un autre côté , VI. Poaya , et une foule d’autres qui n’ont pas de découpures à leur calice, ont la lame de leur pétale inférieur transversalement elliptique. Il est incontestable que les étamines ont des filets très-sensibles dans les I Ipeca- cuanha et villosissimum ; mais les anthères sont sessiles dans VL setigerum . Les I. lanatum et Poaya qui ont le calice sans divisions offrent un ovaire velu comme 1’ Ipecacuanha ; les pédoncules de VI. setigerum sont articulés comme ceux de beaucoup d’espèces à calice non divisé ; enfin celui qui voudra con- sulter le port des plantes dont il s’agit, ne pourra jamais se décider à séparer les/. Poaya et lanatum, des I. Ipecacuanha et villosissimum , pas plus que XI. setigerum des I. commune et sylvaticum.

Hyhanthus. J’aurais désiré conserver le genre Hybanthus de Jaquin , fondé sur l’avortement de deux étamines , V existence d’une glande , celle d’un pétale inférieur concave a sa base, enfin sur l’inflorescence et le port ; mais j’avouerai franchement que je n'ai su quelles espèces rappoitei à ce genre ; car ses faibles caractères se nuancent dans les Ionidium de 1 une à l’autre espèce. Presque toutes celles du Brésil ont le pétale inférieur, concave à la base , et plusieurs des Ionidium de Ventenat présentent le même caractère d’une manière plus prononcée encore. L’avortement de deux ou plusieurs éta- mines est commune chez les Violacées , comme l’a très-bien observé M. de Gingins; mon savant ami M. Kunth et moi nous avons trouvé toutes les éta- mines stériles dans plusieurs Noisettia par conséquent dioïques ou poly- games , et une simple variété de V Ionidium Ipecacuanha présente deux anthères avortées. S iV Hybanthus a une glande dans sa fleur, VI. glutinosum en a deux, et personne ne le rapporte à V Hybanthus dont il n a point l inflores- cence. D’un autre côté VL atropurpureum qui se rapproche de ce dernier par l’inflorescence, n’a ni glandes ni étamines stériles. Quant au port, celui de V Hybanthus lui est certainement particulier; mais si les Viola diffèrent sin- gulièrement des Ionidium pour la physionomie, ces derniers ne diffèrent guère moins entre eux, et, par exemple, mes I. nanum , lanatum , setige- rum et bigibbosum ont bien peu de ressemblance dans le port. Ventenat, Jussieu, Persoon , Poiret, Ræmer et Schultes, n’ont point adopté le genre

IVo XI. 3

Hybanthus , et il est fort vraisemblable que si Jaquin lui-même eût eu d’autres Ionicliurn à décrire, il les eût rapportés au genre Hybanthus (1).

§ II. Des variétés de V Ionidium Ipecacuanha. Comme toutes les plantes qui croissent dans un grand nombre de localités différentes, 1’/. Ipecacuanha est sujet à une foule de modifications. Je n’ai indiqué que celles que j’ai remarquées dans les individus que j’ai trouvés au Brésil, et j’ai cru devoir les décrire suc- cessivement , en traitant de chaque organe, plutôt que de faire un long cata- logue de variétés qui, encore se serait trouvé probablement incomplet. J’ai cependant signalé la variété indecorum , parce quelle présente des différences qui vont jusqu'à contrarier les caractères génériques.

JY. B. Je ne dis rien ici de la synonymie que j’établis ici pour 1/. Ipeca- cuanha, parce que je l’ai déjà discutée ailleurs, (PI. Rem. Bres. et Par. Intro- duction , p. XXII. )

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Feuilles de diverses variétés. 2. Une des divisions du calice. 3. Le grand petale vu en dedans.— 4* Pétale intermédiaire vu en dehors. 5. Pétale supérieur. 6. Étamines. 7. Pistil. 8. Fleur de la variét é indecorum.

( 1) Toutes les espèces citées ici doivent se trouver décrites dans la cinquième livraison des Plantez les plus remarquables du Brésil et du Paraguay.

SPE RMACOCE POAYA.

SPEUMACOCE POAYA.

FAMILLE DES IUJBIACÉES.

S. glaberrima ; foliis oblongo-ellipticis , basi obtusis } apice acutis y stipulis setaceo - multifidis y floribus capitatis verticillatisque ; staminibus exsertis.

JSom vulgaire : Poaya cio campo.

Description. Plante glabre dans toutes ses parties. Racine blanche, un peu plus grosse qu'une plume de corbeau, d’un goût peu agréable qui rappelle celui du véritable Ipécacuanba ( Cephae - lis Ipecacuanha ). Tige herbacée, mais dure , ayant de 8 à i/j. pou- ces, droite ou contournée, simple, quadrangulaire , ordinairement d’un vert jaunâtre. Feuilles opposées, sessiles, longues de io à 22 lignes, larges de 5 à 9, oblongues-elliptiques , obtuses à la base, aiguës au sommet, d’un vert jaune ou rouge : nervure moyenne proéminente en dessous : nervures latérales au nombre de 12 et également proéminentes : goût des feuilles d’abord très- doux, puis acide. Stipules intermédiaires, divisées au-delà de moi- tié en lanières sétacées, longues de 3 à 5 lignes. Fleurs disposées entête terminale, et en même temps verticillées à 1’ aisselle des feuilles supérieures : tête de fleurs terminale accompagnée de 2 à 6 feuilles, ovales, aiguës, beaucoup plus petites que celles de la tige, mais en même temps fort variables pour la grandeur : bractées fort petites , inégales , linéaires ou laciniées , à peu près membraneuses , placées entre les fleurs. Calice adhérent, long d’environ 3 à 4 lignes, tur- biné, aplati, 4~flde, couleur de lie de vin; à divisions profondes , oblongues, aiguës, un peu inégales. Corolle infondibuliforme, 4-fide, longue de 3 à 4 lignes, glabre en dehors , d’un bleu céleste ; à divi- sions semi-lancéolées, étalées ; chargées à la face de poils aplatis ^ nues à leur sommet. Etamines au nombre de l\ , sortantes, glabres ^ insérées au sommet du tube de la corolle et entre ses divisions : fl- Xo XII.

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LuA. de L an*} Lune

SPE RMAC 0 C E P OAYA

SPERMACOCE FERRUGINEA.

SPERMACOCE COULEUR DE ROUILLE.

FAMILLE DES RUBIACÉES.

S. caule pubescente ; foliis lance olatis vel lanceolato-ovatis , lan- ceolatove-oblongis j, lineatis , subpub escentibus floribus capitatis verticillatisque y incoluero 6-8 pJijllo y bracteis setaceo-multi- partitis y staminibus sertis.

]\om vulgaire ( au Cap Frio) : Poaya, Poaya da praia.

Description. Racine à peu près de la grosseur d’une plume de corbeau, d’un brun couleur de rouille, blanche en dedans, garnie de fibrilles capillaires. Tiges hautes d’environ io à 12 pouces, her- bacées , mais dures , naissant ordinairement plusieurs ensemble d’une souche commune, droites, simples ou rameuses, 4-gones , pubes- centes ou velues, couleur de rouille. Entre-noeuds supérieurs assez longs. Feuilles opposées, à peine pétiolées , lancéolées ou lancéo- lées-ovales , ou lancéolées-oblongues , aiguës, longues d’environ un pouce , larges de 4 à 5 lignes , parfaitement entières , à peine pubes- centes en-dessus, un peu pubescentes en-dessous, acquérant , quand elles sont sèches , une couleur de rouille très-prononcée , relevées in- férieurement de nervures saillantes , creusées en-dessus d’autant de stries qui correspondent à ces nervures : les feuilles paraissent presque toujours verticillées , parce qu’il en naît de plus jeunes à leur aisselle. Stipules intermédiaires, arrondies, pubescentes, divi- sées jusqu’à moitié en lanières sétacées couleur de rouille. Fleurs très-nombreuses, disposées en tête terminale, et en même temps verticillées à faisselle des fleurs supérieures : feuilles florales au nombre de 6 à 8, formant une collerette au-dessous des têtes termi- nales , fort inégales entre elles , ovales ou oblongues , d’ailleurs semblables aux feuilles inférieures , mais plus petites : des collerettes semblables existent le plus souvent à la base des verticilles de fleurs. Bractées placées entre les fleurs, divisées jusqu’à la base en XIII. ï

lanières sètacées et roussàtres. Calice adhérent, oblong, étroit, 4-lide; dont le tube est glabre ou pubescent au sommet -, dont les divisions sont linéaires-oblongues , aiguës, ciliées, souvent mêlées de rouge et de vert, quelquefois violettes. Corolle longue d’envi- ron 3 lignes, infondibuliforme , 4 -Me , arquée, parfaitement glabre en dedans, blanche, rose ou violette ; à divisions semi-lancéolées, aiguës , chargées de quelques poils au sommet. Étamines au nombre de 4 , insérées entre les divisions de la corolle, sortantes , glabres : lilets capillaires : anthères bleues, linéaîres-elliptiques , obtuses , 2-iides à la base , attachées à peu près par le milieu du dos , mo- biles , 2-loculaires, s’ouvrant longitudinalement. Style glabre, in- divis. Stigmate terminal ^ en tête. Capsule o v oïde-ellip tique , com- primée , marquée d’un sillon sur les deux faces, couronnée par les divisions du calice , rousse, glabre ou pubescente au sommet , 2-lo- culaire, 2-sperme, s’ouvrant par le milieu de la cloison en deux valves , 2-fides. Semence libre , ayant environ 3 à 4 lignes , oblongue , un peu plus étroite à une extrémité qu à 1 autre, convexe au dos, creusée à la face d’un sillon longitudinal , semblable à un grain de blé par sa forme, striée transversalement, cl’un brun foncé. Tégu- ment propre , membraneux. Ombilic dans le sillon de la graine. Pé- risperme charnu-corné. Embryon placé dans le périsperme, pres- que droit, parallèle au sillon de la graine, ou, si 1 on aime mieux , au plan de l’ombilic : radicule inférieure, beaucoup plus longue que les cotylédons : cotylédons étroits, lancéolées.

Localités. Cette plante est commune surtout sur le bord des chemins qui traversent les pâturages élevés des provinces des Mines et de Saint-Paul. Elle fleurit presque toute l’année.

Yar. /3. nana. Cette variété diffère du type , parce quelle 11 at- teint guère que la longueur du doigt. Elle croit dans les sables au Cap Frio.

Usages. Quoique cette espèce ne soit pas rare, c est seulement au Cap Frio que j’ai vu en faire usage. On ly substitue comme

émétique à 1’ Ioni dium Ipecacuanha et Ton en vante les bons ef- fets. Avec le Spermacoce Poaya et les Richardsonia scabra et rosea ; elle confirme la propriété émétique des Rubiacées dispermes.

Observations botaniques. § I. Fruit des Spermacoce. Si l’on disait simple- ment que le fruit des Spermacoce présente tantôt deux coques, et tantôt une capsule 2-valve , on pourrait croire que ces caractères offrent assez de diffé- rences pour donner lieu à la formation de deux genres. Mais il faut se rappe- ler que, dans un fruit à deux coques, la déhiscence s’opère par le milieu des cloisons, ou qu’elle est septicide ; or, dans les Spermacoce simplement capsu- laires , c’est également par le milieu des cloisons que se fait la déhiscence ; par conséquent il y a déjà ici une ressemblance extrême. Ce n’est cependant pas la seule que l’on observe : quand il existe deux coques distinctes dans les Sper- macoce , elles s’ouvrent souvent à la partie supérieure de leur face ; et il est clair qu’il n’y a qu’une nuance de ce dernier genre de fruit à celui deux valves, se séparant par le milieu de la cloison, restent pourtant unies tout-à-fait à leur base.

§ II. Affinités spécifiques du Spermacoce ferruginea. Cette espèce ne doit pas être éloignée du S. verticillata ; mais elle s’en distingue par une foule de caractères importans.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur très-grossie. 2. Style. 3. Capsule s’ouvrant en deux valves. 4- Une des deux valves détachée. 5. Semence vue du côté de la face. 6. Id. vue du côté du dos.

7. Coupe longitudinale de la semence pour montrer la position de l’embryon.

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CALYPTRANTHES AROMATICA.

CALYPTRANTHE AROMATIQUE.

FAMILLE DES MYRTÉES.

C. frutescens , glaberrima ; foliis connatis magnis , oblongo-

ellipticis j paniculis terminalibus axUlaribusve , geminis.

Portugais. Craveiro da terra.

Description. Arbrisseau de 8 à g pieds, droit, peu rameux, glabre dans toutes ses parties : rameaux ordinairement dichotomes. Feuilles connées, longues de 12 à 18 pouces, larges de 4 à 6, oblongues-elliptiques , arrondies à la base, un peu aiguës au som- met , parfaitement entières : nervure moyenne , proéminente en- dessous : nervures latérales assez nombreuses , parallèles , également proéminentes, et aboutissant toutes à une autre nervure longitudi- nale qui, à peu de distance de la feuille , en suit les contours , en décri- vant de légères sinuosités. Panicules de fleurs axillaires ou termi- nales , placées deux à deux , longues de 5 à 6 pouces, et pédonculées ; quand ces panicules sont axillaires, elles naissent l’une à droite et F autre à gauche d’un rameau intermédiaire, et comme cette dispo- sition se répète à l’aisselle de chacune des deux feuilles connées, on voit partir à peu près du meme point deux rameaux et quatre panicules. Pédoncule long d’un à 4 pouces, roussâtre ; axe de la panicule continu avec le pédoncule, et, comme lui, aplati et rous- sâtre : rameaux de la panicule opposés ou alternes , très-ouverts et se portant brusquement en differens sens. Fleurs sessiles sur les rameaux de la panicule , solitaires ou réunies en petits paquets de 2 à 6. Boutons blanchâtres, de la grosseur d’une groseille, globu- leux-turbinés , terminés par une petite pointe. Calice parfaitement entier, fermé et indivis avant la floraison, se déchirant alors hori- zontalement au-dessus des étamines , et formant ainsi à sa partie Xo XIV.

I

supérieure un opercule orbiculaire, acuminé , un peu concave , qui se déjette d’un côté , se renverse et reste adhérent par un point à la partie inférieure du calice comme le couvercle d’une hoîte à char- nière. Pétales au nombre de deux ou trois , petits , ovales-oblongs, obtus, onguiculés, glabres , verdâtres, marqués de points transpa- rens, tombant lorsque le calice s’ouvre, ou restant attachés à l’o- percule. Étamines extrêmement nombreuses , insérées sur le calice au-dessous de l’opercule, et parfaitement glabres : iîlets greles , flexueux : anthères petites , arrondies, attachées par le dos, bilo- culaires , s’ouvrant longitudinalement. Style subulé, glabre. Stig- mate terminal obtus. Ovaire court, adhérent au fond du calice, à 3 loges dispennes : ovules attachés dans l’angle interne et ascen- dans. Je n’ai pas vu le fruit.

Localités. On trouve cette plante dans les bois vierges de la pro- vince de Rio-de-Janeiro , particulièrement au bord de la riviere d ' Hjtu, près l’habitation de Bemjica ou Joze Gonzalo } située a dix lieues de Rio-de-Janeiro , sur le chemin des Mines , appelé Ca- minho cia terra. Les mois de janvier et février sont 1 epoque de la floraison.

Usages. Jusqu’ici cette plante précieuse avait échappé à 1 attention des Brasiliens ; maisj’ai cru devoir la leur indiquer parce qu ellepeut donner lieu par la suite à une branche de commerce fort avantageuse. Sans avoir tout-à-fait la meme force que le clou de girofle , les boutons et les fleurs du Calyptranthes aromatica en ont cependant le goût et l’odeur , et ces qualités se conservent si bien qu elles se sont à peine altérées dans les échantillons de mon herbier , qui pour- tant ont été passés à la vapeur du soufre. Comme assaisonnement et comme remède, les fleurs de la plante que j’indique ici pourraient donc être utilement substituées à l’épicerie des Moluques; je suis persuadé qu’elles fourniraient une poudre qui ne serait point infe- rieure à celle que l’on vend sous le nom de poudre de clou de gi- rofle , et il n’est pas douteux , non plus, qu’on n’en obtint a la distil- lation une huile essentielle qui ne le céderait guère à celle qu on

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extrait du clou de girofle lui-même. Quand on voudra cultiver le Calyptranthes aromatica il sera nécessaire de prendre à peu près les mêmes précautions que pour le giroflier. Comme Fespèce du Brésil croît dans les lieux humides, il faudra en semer les graines dans un terrain frais et d’une bonne qualité, procurer à la plante un ombrage artificiel, ou la cultiver sous des arbres élevés , et l’abriter surtout dans son jeune âge.

Observations botaniques .§1. Caractères génériques . Le genre Ca Ij rp ti -a n thés se distingue de la manière suivante : Calice adhérent , clos et parfaitement en- tier avant la floraison , mais qui alors se déchire transversalement au-dessus des étamines pour former un opercule déjeté d’un côté de la fleur comme le cou- vercle d’une boîte a charnière. Pétales au nombre de 2 a 3 ,fort petits , tombant lors du déchirement du calice } ou restant attachés à l' opercule. Etamines nom- breuses y insérées sur le calice : filets grêles : anthères petites , arrondies , atta- chées par le dos , mobiles } tournées vers l’ovaire , a deux loges qui s’ouvrent longitudinalement. Style unique. Stigmate terminal , simple. Ovaire petit , adhérent } triloculaire , a loges dispennes : ovules ascendans , attachés dans l’angle interne des loges. Baie 1-0 -loculaire f ex auctj.

§ II. Calice. L’illustre auteur du Genera a demandé (Ann. Mus. vol. XIX , pag. 4^2) si le calice des Calyptranthes ne serait pas formé par la soudure de deux grandes bractées et d’un calice véritable. Comme la substance calicinale est dans ces plantes parfaitement homogène , et qu’on n’y aperçoit aucu ne trace de suture , il me paraît que la question de M. de Jussieu doit être résolue pas la négative. D’autres ont demandé encore si l’opercule ne serait point le résultat de la soudure des pétales entre eux (Pers. Syn. Il, pag. 3i) ; mais il est clair ^ que ceux-ci n’ont pu former l’opercule, puisqu’ils existent indépendamment de lui, et qu’il est parfaitement continu avec la partie inférieure du calice. Si l’on veut absolument expliquer par des soudures la forme singulière du calice des Calyptranthes } il serait plus naturel, ce me semble , de l’attribuer à l’union intime des divisions calicinales ; cependant comment se ferait-il , dans ce cas- même, comme dans l’hypothèse d’une soudure de deux bractées avec le calice , comment se ferait-il , dis-je , que le déchirement s’opérât transver- salement au lieu de s’opérer en longueur entre les parties soudées , point la résistance doit nécessairement être moindre?

S ni. Corolle. Tous les auteurs ont avancé que la corolle n’existait pas dans le Calyptranthes. En examinant sur le frais mes espèces brasiliennes, je me suis convaincu que leurs Heurs étaient pourvues de pétales ; mais ceux-ci peu-

vent facilement échapper à l’observateur , bien moins à cause de leur petitesse que parce qu’ils tombent , comme je l’ai dit, lors du déchirement du calice , ou

restent attachés à l’opercule.

EXPLICATION DE LA FIGURE.

ï pleur grossie : on y voit les deux pétales attachés à l’opercule. a. id. sans les éta- mines pour faire voir le style. 3. Une étamine. 4- Coupe de l’ovaire.

iV. B. Les feuilles ont été réduites à moitié.

DROSERA COMMUNIS.

ROSSOLIS COMMUN.

DROSÉB.ACÉES.

D. foliis radie ah bus , spathulatis y lamina obovatâ obtusissima supra marginibusque ciliato-glanduliferâ , subtiis nudiusculâ y stipulis capillaceo-multiparti tis ; scapis sub ascendentibus , radii folusque multoties longioribus j glabris vel basi sub villo sis ; caly- cibus 5-partitis y g landuloso-puberulis .

Description. Plante herbacee fort variable, principalement dans ses dimensions. Feuilles radicales, nombreuses, disposées en ro- sette , munies de stipules, ayant avec leurs pétioles une longueur de 6 a i2 lignes , et la forme d une spatule : lame obovée , très- obtuse, presque nue en-dessous, chargée, sur les bords et à la surface supéi ieure , de cils glanduleux : pétiole aplati , canaliculé , un peu velu ou glabre , à peu près deux fois plus long que la lame. Stipules naissant à la face supérieure de la base des pétioles , divisées en la- nières capillaires , et ayant une couleur fauve. Hampes solitaires ou au nombre de deux à trois, un peu ascendantes à leur base, glabres ou quelquefois un peu velues, longues de 5 à 8 pouces, chargées de 3 à 8 fleurs. Fleurs en grappe terminale , tournées du meme côté , pédicellées , roses ou couleur de chair : axe de la grappe beaucoup plus court que la hampe , et à peine chargé de quelques petits poils glanduleux : bractées linéaires , étroites , attachées à Taxe le plus souvent au-dessous de la base de chacun des pédicelles , et quelque- fois placé entre eux ; il n’y a point de bractées au-dessous de la fleur inférieure. Calice turbiné , 5-partite , un peu inégal , chargé de petits poils glanduleux, persistant : divisions du calice linéaires, un peu aigues. Pétales au nombre de cinq, hypogynes, ovales, très-obtus, rétrécis en onglet, très-glabres , persistans. Étamines au nombre de cmq , hypogynes , alternes avec les pétales , très-glabres , persis- tantes : filets aplatis : anthères orbiculaires - elliptiques , jaunes, XV.

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attachées par la base , immobiles , 2-loculaires , ayant la face loin nëe en dehors, et s’ouvrant longitudinalement. Style unique, profon- dément 3 -parti te , glabre, persistant; à divisions profondément 2 -lides et ascendantes. Stigmates au nombre de 6 ( autant qu’il y a de divisions au style), terminaux , à peu près en massue. O v aile oblong, obtus, glabre, i-loculaire, polysperme : ovules nombreux, attachés à trois placentas pariétaux. Capsule entourée du calice, des pétales et des étamines desséchés, obtuse, glabre, a 3 valves : valves portant les semences dans leur milieu. D apres les semences que j'ai vues dans des fruits qui n’étaient pas encore mûrs , je pense que le tégument propre extérieur est membraneux comme dans les Dio- sera Anglica et rotondifolia } et beaucoup plus long que 1 amande.

Localités. Cette plante croît dans les marais des provinces de Saint-Paul , et Minas-Geraes. Elle fleurit de février en mars.

Qualités. Il ne suffit pas de connaître les plantes utiles ; il est né- cessaire encore de savoir distinguer celles qui sont nuisibles , pour pouvoir prévenir le mal qu elles peuvent causer. C’est ce qui m a déterminé à décrire et à faire figurer l’espèce dont il s’agit ici.

Il est peu de pays qui offrent des pâturages meilleurs et aussi vastes que le Brésil; il en est peu qui soient aussi favorables a 1 e- ducation des bêtes à laine que les parties élevées des provinces de Minas , Goyaz et Saint-Paul ; et quelques essais, qui pourtant n’ont été tentés que par des hommes ignorans et sans expérience , tendent à prouver qu’on pourrait fabriquer avec la laine de certains cantons des tissus aussi lins que ceux des manufactures les plus renommées de France et d’Angleterre. L’état de la population ne permet pas encore que l’on forme au Brésil de grands établissemens de ce genre; mais on devrait déjà s’y préparer, en cherchant à multi- plier les bêtes à laine, en faisant venir d’Europe des béliers de bonne race , en essayant des croisemens , et en donnant quelques soins aux troupeaux. Dans la province de Bio-Grande, on en con- fle la garde tout entière à des chiens châtrés , auxquels on a fait

sucer le lait des brebis , et qui , élevés au milieu d’elles , ne les quittent plus, et deviennent leurs défenseurs. Mais dans les pro- vinces de Minas, Goyaz , Saint-Paul, etc., cette pratique est ignorée, les troupeaux sont nuit et jour abandonnés à eux-mêmes , et la seule précaution que l’on ait coutume de prendre consiste à les placer dans un lieu peu éloigné de l’habitation , et d’où ils ne puis- sent pas s’éloigner facilement. Les Brasiliens n’arriveront sans doute qu’avec le temps à une méthode systématique de soigner les bêtes à laine ; mais dès aujourd’hui les cultivateurs qui se plaignent sans cesse de voir chaque jour diminuer leurs troupeaux, pour- raient choisir avec plus d’attention les lieux ils les placent; ils devraient éviter les endroits humides qui sont généralement si funestes aux moutons, et surtout les marais croissent des Dro~ sera. Celles des espèces de ce genre qui se trouvent en Europe , sont considérées par un si grand nombre de cultivateurs comme dange- reuses pour les bêtes à laine, qu’il est difficile de ne pas croire à la réalité des qualités nuisibles qui sont attribuées à ces plantes , et les espèces brasiliennes diffèrent trop peu de celles d’Europe , pour ne point participer à leurs propriétés délétères. J’ai décrit ici l’espèce la plus commune du Brésil, et comme les autres , qui sont au nombre de douze environ , présentent à peu près le même aspect , on les distinguera facilement quand on connaîtra l’une d’elle (ï).

Observations botaniques. §. I. Caractères génériques. Le genre Drosera se distingue de la manière suivante : Calice profondément 5 -fide } ou plus rare- ment ^-partite y le plus souvent un peu irrégulier. Pétales au nombre de 5 , hypo- gynes ou insérés au fond du calice , alternes avec ses divisions y un peu onguiculés , ovales y très-obtus y glabres. Etamines insérées comme les pétales , alternes avec eux y plus longues que l’ovaire y glabres : füets aplatis : anthères obtuses , atta- chées par la base , immobiles , ayant la face tournée en dehors , et deux loges qui s’ ouvrent longitudinalement. Style unique y terminal y profondément 7i-o-p ar- tite y dont les branches sont simples ou plus souvent profondément 2-fides , quel- quefois divisées en lanières , dont la réunion ressemble a un pinceau. Ovaire

(i) Ces douze espèces se trouvent décrites dans la 6e livraison de mes Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguaj.

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libre , sessile , a peu près globuleux , 3-lobé , glabre , uniloculaire 3poly sperme : ovules nombreux, attachés à 3 placentas pariétaux, semi-cylindriques. Capsule obtuse , glabre , 'ô-valve , entouree du calice , des petales et des etamines qui tous persistent : valves portant les semences dans leur milieu. Semences nom- breuses, fort petites , oblongues. Tégument propre , tantôt simple et crustacé , tantôt double , l’extérieur beaucoup plus grand que l’intérieur. Ombilic termi- nal. Embryon extrêmement petit, place tout-a-fait a la base du pénsperme , tantôt entièrement recouvert par la substance de ce corps , tantôt simplement ap- pliqué contre lui par sa partie supérieure : cotylédons épais et tronqués '.radicule obtuse , atteignant V ombilic , quand V embryon est placé hors du pensperme , et ne l’atteignant pas toul-a-fait , lorsque le périsperme environne V embryon (1).

§ IL Affinités spécifiques . Le Drosera communis a des rapports avec les D. Anglica Huds. capillaris Mich. et intermedia Hayne ; mais il diffère princi- palement de X Anglica par la lame des feuilles beaucoup plus courte , obovée et non oblongue, par ses pétioles qui souvent portent des poils , et par ses stipules divisées en lanières capillaires et profondes ; il se distingue du capillaris par ses feuilles qui ne sont point cunéiformes-arrondies , et dès deux espèces enfin par ses calices qui ne sont nullement glabres, mais chargés de petits poils glandu- leux. On ne peut non plus confondre le D. communis avec le D. intermedia , à cause de ses pétioles souvent un peu velues , et de ses hampes moins évidem- ment ascendantes , bien des fois plus longues que les grappes ; à cause de ses fleurs moins nombreuses et de ses calices chargés de quelques petits poils glanduleux.

EXPLICATION DE LA FIGURE.

Elle représente deux individus de dimensions différentes.

(ï) Cette description du genre Drosera diffère en plusieurs points de celle des auteurs. On vena sur quoi je me fonde dans la 6e livraison des Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay .

TICOREA FEBRÍFUGA.

TICORÉE FÉBRIFUGE.

FAMILLE DES RUTACÉES.

F. caule sœpi'u s arboreo ; foliis ternatis ; foliolis lanceolatis , acumi- natis , in petiolum attenuatis y paniculis coarctatis ; staminibus 3 6 sterilibus.

Ticorea febrífuga. Aug. de S. Hil. Plant, rem. bras. Vol. ï , p. 1^2. Dec. Prod. ï, p. yào.

Nom vulgaire : Quina; Tres folhas brancas.

Description. Tantôt cette plante n’est qu’un arbrisseau, et tantôt elle devient un grand arbre. Rameaux glabres : bourgeons pubes- cens. Feuilles alternes, pétiolées, sans stipules, composées de trois folioles : folioles longues de a à 5 pouces, larges de 9 à 18 1., lancéolées , rétrécies en pétiole , parfaitement entières , glabres , marquées de points transparens, terminées par une pointe longue , étroite, obtuse ou échancrée; les 2 folioles latérales d’un tiers ou d’un quart plus courtes que l’intermédiaire : nervure moyenne proémi- nente en dessus et en dessous ; les latérales grêles et également proé- minentes; pétiole long de 10 à 2,4 1. , un peu canaliculé en dessus, convexe en dessous, quelquefois un peu pubescent tout- à -fait au sommet. Panicules terminales, pédonculées, longues d’environ 6 pouces, assez serrées, droites, légèrement pyramidales et partici- pant de la grappe .-pédoncule long d’un à deux pouces, glabre, con- tinu avec la branche qui le porte : axe continu avec le pédoncule , glabre, arrondi dans la plus grande partie de sa longueur, anguleux au sommet : rameaux de la panicule longs d’environ un pouce vers le sommet du pédoncule , diminuant ensuite graduellement de lon- gueur, le plus souvent bifurqués, en outre très-courtement divisés, chargés de 6 à 8 fleurs disposées en corymbe : bractées placées quel- quefois sur les pédoncules, toujours sur les rameaux et quelquefois XVI. I

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sur les pédicelles ; F inférieure ou les deux inférieures de chaque di- vision primaire de la panicule foliacées, pétiolées, simples, mar- quées de points transparens; les supérieures longues d’environ ï à 2 1. , scarieuses, très - étroites , subulées, pubescentes. Galice long d’en- viron une ligne, cupuliforme-campanulé , 5-gone, glanduleux, pu- bescent, à 5 dents aiguës ou un peu obtuses. Pétales au nombre de 5, linéaires-spatulés , tellement soudés entre eux qu’on ne peut pas même distinguer la suture et formant une corolle monopétale hipocratériforme , 5-fide, pubescente, blanche, marquée de points transparens ; tube de la corolle long d’environ 10 1. , le plus souvent arqué, velu en dedans ; divisions un peu inégales, obtuses, étalées. Étamines au nombre de 5 à 8, intimement soudées avec la co- rolle , 11e s’en détachant que tout- à-fait au sommet du tube, encore soudées entre elles dans leur partie libre du moins à la base, pu- bescentes , marquées de points glanduleux : filamens aplatis , légè- rement aigus au sommet, pubescens, inégaux; trois à 6 d’entre eux stériles, terminés par une glande globuleuse; deux fertiles à anthères un peu soudées, linéaires, obtuses, souvent arquées, blanches, mobi- les, 2-loculaires , tournées vers l’ovaire et prolongées antérieurement en un appendice descendant cordiforme et charnu. Nectaire cupu- li forme , 5-gone, mince, à 5 dents, presque aussi long que l’ovaire. Style filiforme , glabre, sortant. Stigmate un peu latéral et à 5 tu- bercules. Ovaire unique, presque globuleux, quinquélobé, glabre, à peine rayé transversalement, à 5 loges 2-spermes. Ovules coniques, attachés dans l’angle interne de la loge; l’un supérieur ascendant, l’autre inférieur plus petit et suspendu. Je n’ai pas vu le fruit.

Localités. Cette plante croît dans les forêts delà partie occiden- tale de la province des Mines. Elle fleurit en février.

Étymologie. Les propriétés de cette espèce lui ont valu le nom de Quina que lui donnent les habitans des pays elle se trouve. Ils l’appellent aussi Très folhas, à cause des trois folioles dont sa feuille est composée, et à ces deux mots ils ajoutent l’épithète de brancas

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pour distinguer notre plante de YEvodia febrífuga qui croît avec elle, qui aies memes propriétés, mais dont les feuilles sont rou- geâtres.

Propriétés. If écorce du Ticorea febrífuga , fort amère et astrin- gente, a beaucoup d’analogie avec celle de Y Evodía febrífuga , et, comme elle, elle peut avec beaucoup de succès être substituée au quinquina des pharmacies, dans le traitement des fièvres inter- mittentes.

Observations botaniques. § I. Caractères génériques . - Le genre Ticorea se distingue par les caractères suivans : Calice petit , a cinq dents. Pétales au nombre de 5, fortement soudés et formant une corolle tubuleuse , hrpocrateri- forme ; a limbe 5-fide , étalé , égal ou inégal. Etamines au nombre de 5 « 8, soudées avec le tube et monadelphes : fûamens aplatis dont deux à six sont sou- vent stériles : anthères mobiles , tournées vers l’ovaire et a deux loges qui s’ou- vrent longitudinalement : connectif le plus souvent prolongé au - dessous de la face de l’anthère en un appendice descendant. Nectaire cupuliforme , entourant l’ovaire. Style unique. Stigmate a 5 lobes. Ovaire unique , à 5 lobes et à 5 loges i-spermes : ovules attachés sans placenta particulier dans l’angle interne des loges ; le supérieur ascendant, l’ inférieur suspendu. Fruit [ex Dec.), a 5 coques l -spermes qui s’ouvrent en deux valves du côté intérieur : endocarpe séparable.

§ IL Affinités génériques. Discutant ailleurs avec beaucoup de détail les affinités du genre Ticorea, (Y. Plantes remarquables du Brésil et du Paraguay, vol. ï ,p. îo^etsuiv.) je crois inutile de revenir sur ce point. Cependant comme je n’ai pas décrit dans l’ouvrage que je viens de citer , la position des ovules de l’ovaire du Ticorea febrífuga , je dois ajouter ici qu’elle confirme celle cpie j’at- tribue en général à la tribu des Cuspariées. (1. c. )

§ III. Affinités spécifiques. Le Ticorea febnfuga , a les rapports les plus intimes avec le T.jasminiflora , (1. c. ) et n’en diffère que par sa tige plus souvent arborescente, ses panicuîes serrées, ses fleurs plus courtes, ses bractées sou- vent foliacées, son style plus sortant.

EXPLICATION DE LA FIGURE.

ï . Fleur ouverte très -grossie pour montrer les anthères fertiles avec leur appendice et les filets stériles avec la glande terminale. 2. Le calice, le style et le stigmate latéral.

Errata du XII, ( Spermaeoce poaya ). Quelques auteurs ont attribue' à cette plante, un calice .^-partite, lisez: Quelques auteurs ont attribue' au genre Spermaeoce un calice /j-partile.

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HORTIA BRASILIANA.

HORTIA BRASILIENNE.

FAMILLE DES RUTACÉES.

Hortia Brasiliana. Vell. Mss. Vand. in script. Lus. p. 188. -—Dec. Prod. ï, p 732.

Nom vulgaire : Quina.

Description. Son s- arbrisseau dont les tiges qui ont à peu près le port de notre Daphne laureola naissent plusieurs ensemble et sont hautes d’un à deux pieds, simples ou quelquefois un peu rameuses dans le bas, épaisses et parfaitement glabres: écorce roussâtre. Feuilles éparses, longues de 4 a 7 Pouces? larges de 12 a 18 1. , di- minuant de largeur depuis la moitié supérieure ou même au-dessus jusqu’à la base et finissant par se rétrécir en un court pétiole , obtu- ses au sommet, quelquefois terminées brusquement pai une pointe courte (cuspidata) , parfaitement entières , glabres , luisantes en des- sus , marquées de points transparens : nervures moyennes proémi- nentes en dessus et en dessous. Cyme terminale, composée de quatre à cinq branches primaires , épaisses, comprimées, très-ridées, dont les deux ou trois extérieures naissent du même point et celles du milieu un peu au-dessus : rameaux secondaires de la cyme sem- blables aux rameaux primaires , subdivisés tout-à-fait au sommet : pédicelles longs de 1 à 2 lignes, épais, accompagnés à leur base d’une ou deux bractées semi-ovales et obtuses. Calice long d’environ une ligne et demie, cupuliforme-turbine, 5-gone, épais, à cinq dents, marqué de points glanduleux. Gynophore large, fort aplati, 5-gone, inégal à sa surface, chargé de 1 ovaire, des pétales et des etamines. Pétales au nombre de cinq, alternes avec les dents du calice, insé- rés sur le gynophore, longs de 3 à 4 1. , larges d’une ligne à une ligne et demie, lancéolés - linéaires , aiguës, assez larges à la base, terminées par une petite pointe qui se recourbe en crochet, chargés un peu au-dessus de leur base d’une ligne de poils roides et aplatis qui

Xo XVII. 1

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occupent à peu près le quart de leur longueur, réfléchis dans leur moitié supérieure, charnus, glabres, de couleur rose, marqués de points transparens. Étamines au nombre de cinq, alternes avec les pétales, dressées , parfaitement glabres : filets aplatis, marqués de points glanduleux , de couleur rose, placés sur le gynophore de ma- nière que le bord mince regarde le centre de la fleur : anthères linéai- res-ellip tiques, attachées par le dos , immobiles, un peu déjetées en arrière , 2-iides à leur base. Ovaire unique, 5-lobé , glabre, marqué de points transparens , quinquéloculaire , à loges 2 -spermes, entouré à sa base par le gynophore, et même un peu plongé dans la substance de ce dernier. Ovules attachés à l’axe central, sans placenta particu- lier ; l’un supérieur ascendant, l’autre inférieur suspendu. Style fort épais, conique, à cinq côtes sillonnées. Stigmate terminal, continu avec le style, court, obtus, purpurin. Fruit capsulaire (ex Vellozo) long d’environ 7 1. , obové, obtus , à 5 lobes (2 à 4 par avortement), glabre, ridé, 5-loculaire ( 2—4 loculaire par avortement ), à loges ï 2 spermes : péricarpe épais. Semences attachées dans l’angle in- terne à peu près par toute leur longueur , ovoïdes, larges et obtuses a l’extrémité qui regarde la base du fruit, fort aiguës à l’autre bout, planes ou presque planes à la face, convexes au dos, plus irrégulières quand il y en a deux dans la meme loge, longues d’environ 3 1. , reyètues d’un tégument arillaire mince, blanc, succulent. Tégument propre noir et crustacé. Ombilic à peu près linéaire, assez large, occupant presque toute la longueur de la face de la semence. PÉri- sperme charnu. Embryon parallèle au plan de l’ombilic, légèrement adhérent au périsperme : cotylédons fort grands, planes, ovales, très- obtus, un peu caniculés à leur base, regardant celle du péricarpe: radicule presque ovoïde, 4 fois plus courte que les cotylédons, aboutis- sant au petit bout de la semence, et par conséquent supérieure.

Localités. Cette plante croit assez communément dans les pâtu- rages naturels de la partie la plus occidentale de la province des Mines, et dans ceux du midi de la province de Goyaz. Elle fleurit depuis le mois de janvier jusqu’à celui de mai.

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Etymologie. Le nom vulgaire de cette plante lui a été donné, comme à tant d’autres, à cause de ses propriétés fébrifuges. Vellozo l’avait appelé Hortia à cause du général Ant.de França e Horta qui , vers l’année 1807 , gouvernait la province de Saint-Paul.

Usages. Cette plante, dont l’écorce est amère et fébrifuge, ne peut cependant être considérée que comme une succédannée assez inutile, puisque le Strychnos pseudoquina croît à peu près dans les mêmes lieux qu’elle. Quoi qu’il en soit, 011 doit voir dans Y Hortia Brasiliana j la confirmation des propriétés fébrifuges des Rutacées.

Observations botaniques. § I. Caractères génériques. Les caractères du genre Hortia, tracés par Vellozo d’une manière fort incomplète, peuvent l’être en termes techniques de la manière suivante : Calyx parvus, 5-dentatus , persistens. Petala 5, gynophoro inserta , cum dentibus calycis alternantia , lineari-lanceolata , uncinata' , supra basin barbata, medio reflexa , decidua. Stamina 5, cum petalis alternantia, ibidem inserta : fllamenta colorata , com- planata : antherce dorso aflixoe , immobiles, introrsce , basi l-fidce , x-loculares , longitudinaliter dehiscentes. Gynophorum valde depressum } $-gonum , glandu- losum. Ovarium gynophoro subimmersum, 5-gonum, 5-loculare-, loculis 2-sper- mis. Ovula angulo interno aflixa ; superius ascendens , inferius suspensum. Stylus crassus, conicus, 5-costatus. Stigma terminale , continuum, breve , obtusum, coloratum. Fructus capsularis (ex Veli), 5-locularis aut abortu-i -4 locularis ; lo- culis L-2-spermis. Semina arillata , secundum longitudinem aflixa. Integumen- tum crustaceum. Umbilicus linearis. Perispermum carnosum. Embryo rectus, axilis j umbilico parallelus : radicula brevis , supera : cotyledones magnae , pla- nce, obovatce, obtusissimae. Suffrutex sub simplex , glaberrimus . p olia sparsa, haud stipulacea , integerrima , punctato-pellucida petalaque stamina et pistillum. Flores cymosi, terminales, rosei; pedicellis bracteolatis . Prafloratio contorto- valvata.

§ II. Tige. Vellozo, qui se faisait apporter par ses nègres les plantes qu’il étudiait, avait conclu de la grosseur de la tige de Y Hortia qu’elle ne pouvait être qu’un rameau d’une plante arborescente; mais il n’en est pas ainsi. Cette espèce est un sous-arbrisseau dont le port rappelle, comme je l’ai déjà dit , celui du Daphne laureola.

§ III. Insertion. M. de Candole a très-bien reconnu l’existence du gy no - phore dans un individu envoyé à M. de Jussieu par Vandelli; mais le mauvais état de cet individu avait laissé à l’auteur du Prodromus , des doutes sur l’in-

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serlion. Le disque, qui porte les étamines, répond au sommet du pédicelle et n’est point appuyé sur le calice ; chargé de l’ovaire ainsi que des étamines et même des pétales, il doit être considéré comme une expansion du réceptacle ou un gynophore, et par conséquent l’insertion est bien décidément hypogyne.

§ IV. Style : Stigmate. Yellozo avait cru qu’il n’y avait point de style et avait pris cet organe pour une partie même de l’ovaire, ou bien il avait con- sidéré le style et le stigmate comme ne faisant qu’un. Il existe un véritable style parfaitement lisse et tel que je l’ai décrit. Le stigmate qui le termine s’en distingue facilement malgré sa brièveté, parce qu il n est point lisse et que

sa couleur est différente de celle du style.

§ Y. Ovules. Le savant auteur du Prodromus, qui n’a eu sous les yeux qu’un échantillon en mauvais état, avait pensé que les loges de l’ovaire con- tenaient un seul ovule ; mais chacune d’elles en renferme réellement deux, et souvent même on retrouve deux semences dans les loges de la capsule.

§ Yl. Fruit. Vellozo a indiqué le fruit comme capsulaire. Quand je l’ai examiné, il n’avait pas atteint le dernier degré de la maturité ; cependant des- lors les graines étaient mûres ; déjà même elles avaient leur couleur noire, et je jugeai à la consistance et à l’épaisseur du péricarpe qu’il devait rester charnu. Il n’est pas vraisemblable, j’en conviens, que Yellozo ait pu se tromper au point de prendre une baie pour une capsule; mais comme il ne dit rien e a déhiscence, je pense que le fruit dont il s’agit peut être ce qu’on a appelé une baie sèche, et je suis encore confirmé dans cette opinion par l’aspect qu’ont pris dans mon herbier les fruits que j’ai recueillis , et qui actuellement ressemblent a peu près pour la consistance à ceux du Simaba, conservés dans les collections.

§ YIL Arille. La partie que j’appelle arille avec quelque doute pourrait bien n’être qu’une portion extérieure du tégument propre, différente pour la con- sistance de la partie intérieure, comme cela a lieu dans plusieurs Euphorbiacees , plusieurs Salariées, la groseille, etc., et même dans YOxalis, auquel on a faussement attribué un véritable arille. Mes soupçons à cet egard me sem- blent d’autant mieux fondés que la partie arillaire de la graine de VHortia , me paraît se dessécher très-promptement, comme cela arrive pour plusieurs faux-arilles. Ailleurs j’aurai occasion de traiter ce sujet avec plus d etendue.

§ YM- Affinités du genre Horda.— Malgré le peu de détails que M. de Can- dole possédait sur ce genre, il avait soupçonné qu’il appartenait aux Rutacees ; c’est effectivement dans cette famille qu’il doit entrer, et il semble destine a lier aux autres Rutacées le Pilocarpus, qui, de son côté, rattache celles-ci aux Simaroubees. VHortia a le port du P. spicata, et comme lui , il a des feuilles simples et entières : il présente également un gynophore déprime et un embryon

parallèle au plan de l’ombilic; mais tandis que dans le Pilocarpus , il existe réellement plusieurs ovaires et plusieurs styles distincts à la base, comme cela a constammentlieu chez les Simaroubées , qu’enfîn, comme elles, il n’a point de périsperme ; YHortia n’a qu’un ovaire et un style comme plusieurs Paitacées , et ainsi qu un grand nombre d’entre ces dernières, il offre un périsperme dans sa semence. L Horùa a probablement des rapports par son fruit avec le Porliera.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Bouton très— gvossn 2. Fleur grossie. 3. Coupe verticale de la fleur : on y voit le gynophore chargé des étamines , l’ovaire et le style. 4- Pétale présenté du côté de la face pour montrer ses poils. 5. Étamine vue de face. 6. Idem, dessinée de profil, afin de faire voir la manière dont l’anthère est attachée. 7. Coupe de l’ovaire montrant la loge à deux ovules , l’un ascendant, l’autre suspendu*

XVI I.

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EUPHORBIA PAPILLOSA.

EUPHORBE CHARGÉE DE PAPILLES.

FAMILLE DES EU PH OR B IA G ÉES.

E. glauca; foliis caulinis , oblongis vel oblongo-linearibus , inucro- nulatis , integerrimis , glaberrimis y umbella scepiiis S-fida , o/n- nino papilloso-pubescente ; involucris sub 5-gonis mihs lineatim villosis ; divisuris 5 erectis ^ semiovatis } obtusis , dentatis ; 4 pa- tuli s, transverse sub ellipticis ; floribus masculis 20 in fasciculos 5 dispositis j cum fasciculis totidem bractearum lanatarum alter- nantes.

Nom vulgaire : Leiteira , Leclietres.

Description. Plante glauque, principalement au sommet. Tige herbacée, longue d’environ 12a 18 pouces, simple, droite, le plus sou- venthérisséede poils peu serrés, mais en même temps presque glabre au sommet, quelquefois pubescente au-dessous de l’ombelle, rare- ment chargée de poils dans toute sa longueur. Feuilles éparses , ser- rées, sessiles, très -entières ; les plus voisines de la racine, ovales- arrondies ou ovales, avec la nervure moyenne, quelquefois chargée de poils; celles de la tige oblonguesou oblongues-linéaires, longues d’en- viron i5 1. , larges de 4 à 6 1. , terminées par une très-petite pointe, obtuses à la base , très-glabres , diminuant graduellement de gran- deur ; les feuilles supérieures linéaires, obtuses à la base, aiguës au sommet , terminées comme celles de la tige par une très-petite pointe. Ombelle divisée en 2 , 3, 5 rayons ou plus souvent 4, entièrement chargée de poils qui tiennent de la nature des papilles : rayons de l’ombelle trois ou quatre fois dichotomes : quelquefois il se trouve au-dessous de l’ombelle deux ou trois rameaux florifères chargés de papilles comme le rayon même de F ombelle. Bractées au nombre de 3 à 4 5 disposées en verticille à la base des ombelles ( involucre ou colerette des auteurs ) , semblables ou presque semblables aux feuilles, ou bien ovales-lancéolées , quelquefois chargées de papilles, Xo XVIII. ï

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plus souvent glabres : quelquefois les bractées verticellées manquent et alors des feuilles éparses s’élèvent jusqu à la la tige. Bracteoles placées au nombre de deux ( involucelle ou colerette partielle des auteurs) au-dessous de chaque bifurcation deF ombelle, longues d en- viron 4 1. , ovales , cuspidées. Involucres ( fleurs des auteurs ) solitaires, nus quand ils se trouvent à l’aisselle des bifurcations; au nombre de trois quand ils sont terminaux ; l’ intermédiaire nu ; les deux latéraux bractéolés; tous pédiceliés , turbmés, a peu près . trônes , chargés intérieurement de bandes de poils et à neuf divisions; cinq divisions dressées, à peu près demi-ovales, obtuses, dentees;

4 étalées , charnues , à peu près elliptiques , glabres , de couleur oli- vâtre. Fleurs males au nombre de 25, placées au fonddel involucre autour d’une fleur femelle unique et centrale ; chacune consistant en une seule étamine. Étamines disposées en 5 faisceaux qui alternent avec autant d’autres faisceaux de 5 bractéoles filiformes et laineuses : filamens glabres, articulés au-dessus du milieu : anthères didymes,

glabres, à lobes parfaitement distincts, globuleux, s’ouvrant latéra- lement. Fleur femelle portée par un pédicelle courbé. Calice d- partite, pubescent; à divisions courtes, subulées. Style pu lescen , profondément 3-partite ; à divisions bifides. Stigmates terminaux, an nombre de six. Ovaike 3-angulaire, pubescent, a 3 loges '-sper- mes : ovule suspendu dans chaque loge au sommet de 1 angle interne. Capsule obtuse, triangulaire, pubescente, se divisant en trois co- ques. Je n ai pas vu les semences.

Localités. La plante que je viens de décrire croît dans les pâturages naturels du midi de la province de Sain te-Catherine et dans ceux de la province de Rio grande do sul. J en ai trouvé des indivic us en fleurs en mai et en janvier; ainsi elle fleurit probablement toute 1 année.

Var* (minor) : Cette variété diffère du type par ses tiges qui n’ont que la longueur du doigt ou celle d’un empan, et sont le plus souvent entièrement chargées de poils ; par ses feuilles qui sont simplen aiguës et ne sont point terminées par une petite pointe particulière,

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enfin par les bractées de l’ombelle qui, le plus souvent, sont sem- blables aux feuilles .

Localité. J’ai trouvé cette variété dans les pâturages sablonneux auprès de Garupava, province de Sainte-Catherine.

Usages. U Euphorbia papillosa participe aux propriétés générales de la famille des Eupliorbiacées } et est employé comme purgatif par les habitans des pays il se trouve. Il serait à désirer cependant que quelque homme éclairé fît sur cette plante des expériences régulières pour connaître à quelles doses elle doit être administrée aux in- dividus de différens âges; car, en la donnant sans discernement, comme font beaucoup de cultivateurs , on court le risque de causer des superpurgations dangereuses.

Observations. § I. Des caractères du genre Euphorbia. La description qui précède, lue avec quelque attention, peut déjà donner une idée de ma ma- nière déconsidérer les Euphorbes ; mais j’entrerai dans des détails plus étendus, en publiant la monographie des espèces brasiliennes. On y verra : Qu’on doit continuer à appliquer le nom d 'ombelle aux rameaux floraux des Euphor- bes lorsqu’ils naissent d’un même point ; 20 Que , si les involucres et les involu- celles des auteurs ne peuvent plus porter ce nom, il faut pour conserver les analogies et faciliter les descriptions, appeler ces feuilles florales des bractées; Que le calice de Linné doit être considéré comme un involucre, conformément à l’opinion d Adanson, de Brown, d’A. Jussieu, etc. ; Que les pétales de Linné forment une partie intégrante de l’involucre, qu’ils en sont des divisions et non une corolle ou des appendices ; Que la fleur mâle est réduite , comme l’a pensé 1 illustre Brown, à une seule étamine; mais que l’articulation du support de 1 anthère n’est point une preuve qu’il y ait dans ce support deux parties distinc- tes, un pédicelle et un filament; Que les filets qui se trouvent avec les éta- mines dans 1 involucre , doivent être regardés plutôt comme des bractéoles } que comme des étamines avortées ; 70 Que Y ovaire pédicelle de Linné est, ainsi que la pensé Brown, une véritable fleur femelle, puisqu’il existe un calice au sommet du pédicelle dans toutes les espèces que j’ai rapportées du Brésil ; Que les meilleurs caractères spécifiques des Euphorbes sont fournis par l’involucre , par nombre des fleurs et des bractéoles, par leur disposition et par la forme des caroncules.

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§ II. Des rapports de la famille des Evphorbiacées. La famille des Euphor- biacées ne serait -elle pas intermédiaire entre les Ménispermées et les Malva - cées? Je reviendrai ailleurs sur cette question.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur très-grossie. 2. Étamine. 3. Filet stérile.— 6. Ovaire.

nr-

ÀNCHIETEA SALUTARIS.

ANCHIETÉE SALUTAIRE.

FAMILLE DES VIOLACÉES.

Description. Tige frutescente, arrondie, rameuse, très-gréie. Feuilles alternes, pétiolées, stipulées, longues de 8 à 22 lignes, de forme très-variable, ovales ou ovales-oblongues, quelquefois ovaies- elliptiques, obtuses ou aiguës, souvent acuminées, arrondies ou un peu aiguës à leur base, obscurément et inégalement dentées, gla- bres , parsemées en dessous de points glanduleux très-petits , très- nombreux et roussâtres : nervure moyenne un peu proéminente : pétiole long de 2-4 1. , grêle, convexe en dessous, canaliculé en des- sus , glabre ou très-finement pubescent vu à une forte loupe. Stipules latérales, fort petites, à peu près ovales - triangulaires, scarieu- ses, rousses, finement ciliées et tombantes. Fleurs axillaires, nom- breuses, petites, comme fasciculées, disposées en grappes qui sont ex- trêmement courtes et sessiles : axe de la grappe chargé debractéoles un peu pubescentes : pédicelle court, légèrement pubescent, articulé, chargé au-dessous de l’articulation de 2 bractéoles un peu pubes- centes. Calice fort petit, 5-partite, sans prolongement inférieur, persistant; à divisions inégales, aiguës, très-finement ciliées; 3 oblon- gues; 2 plus petites, ovales. Pétales au nombre de cinq, inégaux : deux supérieurs plus petits que tous les autres , mais plus longs que le calice, elliptiques, très-obtus, très-entiers, ciliés; deux intermé- diaires, souvent presque deux fois aussi longs que les supérieurs, irréguliers, à peu près linéaires-spatulés , très -obtus, un peu ci- liés : pétale inférieur onguiculé ; à onglet terminé par un éperon obtus et courbé vers le pédicelle; àlameàpeu près rhomboidale. Anthères presque sessiles, un peu inégales, aplaties, larges, immobiles, 2-loculaires, tournées vers l’ovaire, s’ouvrant longitudinalement, terminées par une membrane obtuse : le filet très-court de chacune des deux anthères inférieures se prolonge en un appendice filiforme , arqué , aigu qui va se cacher dans l’éperon du pétale inférieur. N0 XIX.

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Style épais, obtus, glabre, contourné en manière d’S. Stigmate un peu latéral. Ovaire ovale, glabre, i-loculaire, polysperme. Cap- sule fort grande, longue d’environ 2-3 pouces, enflée, vésicùleuse, obtuse, glabre, 3- valve, polysperme : valves larges d’environ 22-i51., membraneuses, veinées, presque diaphanes, marquées de petites taches rousses un peu glanduleuses ; placentas pariétaux au nombre de trois, linéaires , naissant chacun du milieu d’une des valves : les deux moitiés longitudinales de la valve se rejettent en arrière vers l’époque de la maturité et finissent par s’appliquer 1 une contre 1 autre par le dos. Semences disposées sur deux rangs, aplaties, or- biculaires , membraneuses sur les bords , ayant avec la membrane péripbréique environ 61. de diamètre, écbancrées à 1 ombilic, rousses, glabres. Cordon ombilical long d’une à trois lignes. Ombilic margi- nal, placé au fond de l’échancrure. Tégument double; tous les deux membraneux ; l’ extérieur dont la membrane marginale fait partie un peu moins mince que l’autre et légèrement cartacé. Amande ( Ri ch. ) orbiculaire, très -comprimée. PÉrisperme grand, charnu, d’un roux obscur. Embryon droit, placé dans la base dupérisperme et n’occupant que le tiers de son axe : cotylédons grands, planes, orbiculaires : radicule cylindrique, obtuse, un peu plus courte que les cotylédons, aboutissant presque à l’ombilic. (Je dois avertir que j’ai fait deux années de suite l’analyse de la fleur de cette plaute, mais toujours avant son parfait développement. )

Localités. Cette plante n’est pas rare dans le voisinage de Rio de Janeiro.

/étymologie. J’ai emprunté le nom de cette plante de celui du fa- meux père Anchieta qui a écrit une lettre fort curieuse sur 1 his- toire naturelle de la province de Saint-Paul.

Usages. La racine ile X Anchietea salutaris est employée comme purgative par plusieurs cultivateurs des environs de Rio de Janeiro. Mais peut-être cette plante mérite-t-elle, sous ce rapport, moins d’attention qu’à cause de la propriété qu’on lui attribue de guérir les

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maladies de la peau. On sait que parmi nous on a cru pendant long- temps qu’une autre Violacée , notre Viola tricolor , pouvait être em- ployée avec succès comme dépurative. Si Y Anchietea présentait l’aspect cl’une Violette on pourrait croire que les Portugais venant d’Europe lui ont supposé une vertu qu’ils s’imaginaient résider dans une des Violettes de leur pays. Mais il n’en est pas ainsi : Y Anchietea n’offre pas la ressemblance extérieure la plus légère avec les Violettes ; ainsi l’opinion que l’on a au Brésil sur ses propriétés n’a point pour origine un préjugé apporté de l’Europe. 11 n’est guère vraisemblable d’un autre côté que le hasard ait fait attribuer à tort dans des con- trées aussi éloignées des vertus semblables à des plantes de la meme famille. L’opinion des Brasiliens sur Y Anchietea ne peut donc être que le résultat de F expérience; et en confirmant les propriétés dépu- ratives des Violacées,, elle devrait, ce me semble, engager les gens de Fart à faire de nouveaux essais sur les Violettes de notre pays.

Observations. § 1. Caractères génériques. Je les trace en termes techniques de la manière suivante : Calyx profundè 5-partitus, inæqualis, inferius nullo modo productus , persistens. Petala, valdè inaequalia, decidua; superiora i minora ; intermedia a longiora; infimum omnium maximum, unguicula- tum , calcaratum. Antheræ 5, subsessiles , cum petalis alternantes , complana- tae, apice membranaceae, basi affixæ, immobiles , introrsae, 2-Ioculares, lon- gitrorsùs dehiscentes; inferiorum duarum filamenta brevissima appendiculata; appendicibus filiformibus, in calcare reconditis. Stylus unicus. Stigma sim- plex. Ovarium i-loculare, polyspermum. Ovula placentis affixa parietalibus. Capsula maxima, vesiculosa, inflata, obtusa , 3-valvis, polysperma; valvulis membranaceis, medio seminiferis; placenta lineari. Semota biseriata, magna, valdè complanata, marginibus latè membranacea, orbicularia, ad umbilicum emarginata. Umbilicus marginalis. Ia tegumen tum duplex; exterius subcharla- ceo-membranaceum ; interius membranaceum. Perispermum magnum , carno- sum. Embryo rectus in basi perispermi : cotyledones planæ , orbiculares, magnæ : radicula umbilicum ferè attingens. Suffrutex. Folia alterna , petio- lata, stipulata. Stipulæ gerninæ , laterales , caducae. Flores axillares, race- moso-fascicuiati. In præfloratioae imbricativâ(Dee. Theor.) petala superiora infima ; intermedia altiora ; maximum centrale , marginibus involutis (i).

(i) Il y a quelques diS'érences entre cette description et celle qui a été imprimée par extrait dans le vol.- II des Annales des Sciences naturelles. La description que je publie ici est la seule exacte.

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§ IL Rapports génériques. La plante que je -viens de décrire diffère telle- ment de toutes les autres Violacées par ses semences et par ses fruits, qu’il m’a paru indispensable d’en faire un genre distinct, et cette opinion a été par- tagée par tous les botanistes auxquels j’ai communiqué mes échantillons. Il est évident d’ailleurs que le genre Anchietea, doit être placé auprès des Noisetia de Kuntb, puisqu’il présente les mêmes caractères dans toutes les parties de sa fleur.

§ III. Caractères spécifiques. On peut voir par ma description que, dans V Anchietea salutaris , la figure des feuilles est fort variable. J’ai hésité pour sa- voir si mes échantillons ne formeraient pas deux espèces; mais après les avoir soigneusement comparés, M. Kunth et moi nous avons reconnu que les différences de forme que j’ai notées , se nuançaient, non -seulement d’un échan- tillon à l’autre, mais souvent sur le même échantillon (2).

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Bouton grossi. Pétale supérieure, id. 3. Pétale intermédiaire id. 4- Pétale infé- rieure id. 5 Étamine id. 6. Semence de grandeur naturelle. 7. Amande. 8. Coupe longitudinale de l’amande, a. Périsperme. 9. Embryon.

(■2) Depuis que cet article est rédigé, je reçois le bel ouvrage de M. Martius, intitulé : Nova genera et species plantarum. L’espèce que l’auteur décrit sous le nom de Noisettia pyr folia appartient évidemment au même genre qtte X A. salutaris. Dans la 7e livraison de mes Plantes les plus remar- quables du Brésil et du Paraguay , qui s’imprime dans ce moment , j aurai occasion de dire quel- ques mots de la plante du savant Bavarois.

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IONIDIUM PÁRYIFLORÜM.

IONIDE A PETITES FLEURS.

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VIOLACÉES.

S. pubescens ( saltem in brasiliensibus speciminibus ) ; caulibus suffruticulosis , ascendentibus , debilibus y foliis inferioribus oppo- sitis, caulinis alternis , omnibus serratis , basi acutis / stipulis bre- vibus, linearibus , acutis, integerrimis ; floribus parvis ; petalo infe- riore late obcordato.

Ionidium parviflorum. Vent. Malm., p. -i^.—Rœm. et Scliult. , vol. V3 p. 3c)i.—Kunth]Sov. gen., vol. V, p. 3^5.— Gin. in Dec. Prçd. , vol. I, p. 3 io.

Viola paryiflora. Lin. Sup., p. 3g6 Cav.Ic. VI, p. 21.

Description. Racine cylindrique , jaunâtre , de la grosseur d’une plume de corbeau. Tiges à peine ligneuses, longues de 8 à 16 pou- ces, cylindriques, grêles, faibles, ascendantes, un peu diffuses , ra- meuses ou très-rameuses, pubescentes, jamais sarmenteuses : ra- meaux alternes, très-grêles ou filiformes, un peu étalés, pubescens. Quelques-unes des Feuilles inférieures sont opposées, les autres feuilles sont alternes ; toutes portées par un court pétiole , stipulées, nombreuses, rapprochées, longues d’environ 6 à 9 l._, ovales-ïan- céolées, un peu obtuses au sommet, munies sur les bords de 5 à y dents aiguës , entières à leur base qui est aiguë et un peu en forme de coin, plus ou moins pubescentes sur les deux faces, d’un vert gai , diminuant de grandeur depuis la base de la tige jusqu’à son sommet-, les supérieures auxquelles on peut donner le nom de bractées à peine longues de 2 1. et velues : pétiole à peine long de 2 1., con vexe en dessous, à peine canaliculé en dessus. Stipules latérales, cour- tes, linéaires, aiguës, parfaitement entières, pubescentes, tantôt plus courtes et tantôt plus longues que le pédoncule. Fleurs axillaires, solitaires, longues d’environ une ligne et demie, penchées, de cou-

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leur blanche. Pédoncules capillaires, pubescens , courbes au som- met, un peu roides , moitié plus courts que les feuilles inférieures, plus longs que les supérieures, sans bractées, articulés au-dessous du sommet qui est un peu épaissi , ascendans quand ils portent des fleurs, presque horizontaux quand ils portent des fruits, persistans au-dessous de l’articulation. Calice profondément 5-partite , inégal; à divisions oblongues-lancéolées , acuminées , un peu aiguës , mem- braneuses sur les bords , pubescentes. Pétales au nombre de cinq , évidemment périgynes : deux supérieurs ovales-elliptiques , un peu obtus, minces, glabres, à une seule nervure: deux intermédiaires irréguliers, linéaires, élargis, trinervés, terminés par une pointe par- ticulière oblique un peu plissée et obtuse : un cinquième inférieur plus grand que tous les autres, onguiculé, pubescent en dessous, dont l’onglet , un peu large à la base et un peu canalicule , est a trois nervures ; dont la lame est large de 3 lignes , a peine longue d une ligne, en cœur renversé, fort élargie, arrondie sur les côtés et vei- née. Deux Écailles très-petites, à peu près triangulaires (et non en massue) soudées àleur base, et placées entre les étamines inférieures et le grand pétale. Anthères au nombre de 5, périgynes, presque sessiles , soudées entre elles , un peu inégales , fort petites , apla- ties , vertes , terminées par une membrane, ayant deux loges qui sont tournées vers l’ovaire et s’ouvrent longitudinalement; les deux an- thères inférieures à peine appendiculées à leur base. Style court , courbé , épaissi au sommet, persistant. Ovaire ovoïde, glabre, ren- fermant 6 ovules. Capsule entourée par le calice, les étamines et les pétales qui persistent , presque globuleuse , trigone , glabre, uni- loculaire , à trois valves naviculaires qui portent les semences dans leur milieu. Semences ovoïdes-globuleuses, un peu comprimées, noi- râtres, luisantes, marquées au sommet d’une chalaze enfoncee. Om- bilic placé un peu latéralement à l’extrémité de la semence. Tégu- ment propre double; l’extérieur crustacé ; l’intérieur membraneux. PÉrisperme jaunâtre, charnu-succulent. Embryon droit, place dans l’axe dupérisperme et ayant à peu près salongueur : cotyledonsor i-

culaires, planes: radicule cylindrique, pluslongue que les cotylédons.

Localités. Cette espèce croît au milieu des pâturages du midi de cette partie de la province de Saint -Paul qu’on appelle Campos - Geraes. Elle fleurit en février.

Propriétés. On sait que Y Ionidium parviflorum est employé par les Espagnols-Américains pour remplacer Fipécacuanlia, Je ne sache pas que les Brasiliens en fassent usage; mais j’ai cru devoir le leur indiquer, parce qu’il peut devenir une utile succédanée dans les environs de Castro , Curitiba, et en général dans les parties les plus méridionales de la province de Saint-Paul, l’on ne trouve ni le véritable ipécacuanha, ni Y Ionidium Ipecacuanha 3 ni Y Ionidium poayUj etc.

Observations botaniques. §1. Caractères spécifiques . La plante du Brésil, comparée avec des échantillons authentiques qui viennent du Pérou et du Chili, présente quelques légères différences; mais elles ne peuvent constituer tout au plus que deux variétés. Ainsi les échantillons de Dombey et de M. de Hnmboldt n’ont de poils que sur les rameaux, et ces poils sont disposés sur deux rangs. Les racines de mes échantillons ne sont ni grises ni cendrées comme celles de la plante de Mutis; leurs feuilles ne sont point membraneuses; les pétales ne sont point pourpres au sommet; l’inférieur enfin n’est pas deux fois , mais trois fois plus long que le calice. Linné fils attribuait à Y Ionidium par- viflorum, des tiges un peu volubiles : -c’est une erreur qui semble avoir déjà été relevée parle silence des autres auteurs. M. de Gingins indique les ovaires comme bilobés : il est bien évident que ceux qu’il aura eus sous les yeux avaient éprouvé quelque avortement; en effet un ovaire parfait de Violacée , ne peut être à deuxlobes, puisque la capsule s’ouvre en trois valves naviculaires qui por- tentles semences dans leur milieu, il arrive quelquefois à la vérité queles 3 lobes se font peu sentir dans l’ovaire des Violacées , et alors il paraît à peu près glo- buleux ; mais, pendant la maturation, les lobes se dessinent peu à peu et la capsule finit par présenter une forme trigone : c’est ce qui arrive pour Yloni- dium parviflorum.

§ II. Affinités spécifiques. L’existence des deux écailles, placées entre les étamines et le pétale inférieur, ajoute encoi-e aux rapports déjà si sensibles des 7. parviflorum et glutinosum , et elle ne permet pas qu’on éloigne ces deux espèces.

N. B. En démontrant ( Plantes usuelles } XI) la nécessité de réunir le genre Pombalia au genre Ionidium ; j’ai eu le tort de tirer mes preuves de plantes que

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je n’avais pas encore décrites , et il serait possible qu’on eût eu quelque peine à comprendre la suite de mes raisonnemens. J’ai donc cru devoir revenir sur ce sujet dans la septième livraison de mes Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay , après avoir donné une description détaillée des espèces dont il s’agit.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Pétale supérieur. 2. Pétale intermédiaire. 3. Pétale inférieur. 4* Écailles. 5. Deux des anthères. 6. Pistil.

SOLANUM PSEUDOQUINA.

SOLANUM FAUX -QUINQUINA.

FAMILLE DES SOLANEES.

S. caule arboreo ; inermi ; foliis lanceolato-oblongis angustis acutis integerrimis y supra glabris 3 subtus in axillis nervorum fasciculatim villosis y racemis extra ax ili ar ibus ^ brevibus } mono - olygo carpis : calycibus glabris.

Nom vulgaire : Quina.

Description. Arbre petit., droit, rarnenx, entièrement dépourvu d’aiguillons : rameaux glabres : écorce assez mince , peu ridée ou presque lisse, d’un jaune pâle et roussâtre; Feuilles alternes, solitaires , sans stipules , courtement pétiolées , longues de 3 à 4 pouces , larges de 6 à 10 lignes, lancéolées-oblongues , étroites, aiguës, entières , un peu décurrentes sur le pétiole, parfaitement glabres en dessus, ordinairement chargées à la surface inférieure de petites touffes de poils qui occupent les angles de rencontre de la nervure moyenne et des nervures latérales ; ces dernières peu nombreuses, la moyenne proéminente en dessus et en des- sous : pétiole long d’environ 5 lignes, convexe en dessous. Je n’ai pas vu les fleurs. Grappes extraaxillaires, point opposées au pétiole, pédonculées, fort courtes , portant un seul fruit ou un très-petit nombre de fruits par l’avortement de la plupart des fleurs qui étaient peu nombreuses , comme on peut en juger par la cicatrice de leur pédicelle : pédoncules glabres , longs de 8 à io 1. : axe fort court : pédicelles longs d’environ 6 1., s’épaissis- sant de la base au sommet , glabres , horizontaux ou pendans quand ils portent des fruits. Calice 5 -partite, un peu inégal, glabre, persistant. Baie globuleuse, glabre, ayant environ 6 h de diamètre , divisée en deux loges poly spermes.

XXI.

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Localité . Cette plante est commune clans les bois du district de Curitiba.

Usages. Cette espèce est, pour ses propriétés, l’une des plus re- marquables de la partie de la province de Saint-Paul, située hors des tropiques. Son écorce est d’une amertume extrême , et, comme les habitans du pays en ont obtenu les plus heureux effets dans la gué- rison des fièvres , ils lui ont donné le nom de Quina , et ils ne peuvent se persuader que la plante qui la fournit ne soit pas identique avec celle qui produit le véritable quinquina de l’ Amérique espa- gnole. Le célèbre M. Yauquelin a fait l’analyse chimique de l’écorce du Solanum pseudoquinãj et 1 a trouvée composée de la manière suivante :

Io D’un principe amer de nature purement végétale auquel sans doute l’écorce doit sa vertu fébrifuge ;

D’une matière résineuse ou résinoïcle , légèrement soluble dans l’eau , et dont la saveur est amère *, Ar-

D’une petite quantité de matière visqueuse grasse.

D’une substance animale très-abondante combinée à la po- tasse et à la chaux , ou du moins à des sous-malates qui , à cause de cela , présentent des caractères alcalins ; environ -rhr et t.

D’une petite quantité d’amidon , reconnue par la couleur purpurine qu’a prise la décoction aqueuse de l’écorce avec la teinture d’iode.

D’oxalate de chaux dont la quantité s’élève à 5 ou 6 pour IQO.

D’une autre matière calcaire, aussi tres-abondante , proba- blement peu soluble dans 1 eau ; tïtv*

De magnésie , une très-petite portion.

D’oxide de manganèse, en quantité notable.

io° D’oxide de fer.

ii0 De phosphate de chaux , en très -petite quantité.

i2° D’une grande quantité de substance ligneuse; ~a.

3

Il est fort remarquable , suivant l’observation de M. Vauque- lin , que 1 écorce dont il s agit , n ait offert aucune trace sensible de silice , puisque jusqu’à présent on n’a pas trouvé de végé- taux où l’on n’ait découvert quelque portion de cette ma- tière (ï).

(i) M. Vauquelin veut bien faire une certaine quantité d’extrait de l’écorce du So- lanum pseudoquina. On tentera des expériences sur les propriétés fébrifuges de cet extrait , et nous rendrons compte du résultat dans un des cahiers de cet ouvrage.

DAVILLA RUGOSA.

DAVILLA RIDÉE.

FAMILLE DES DILLENIACEES.

D. caule scandente; ramulis hirsutis; foliolis oblongis , remotissime obsoleteque serratis , supra asperis , glabris, subtus nervo medio la~ teralibuscpie hirsuto-villosis ; petiolo subtus villosissimo ; pedun- culo pedicelhsque hirsutis ; petalis 2-3/ pistillo unico.

Davilla rugosa. Poir. Enc, sup. vol. ii, p. Ifin.

D. Brasiliana. DC. Syst. i, p. 4o5. Deles. Ic. i , t. 71. non Kunth .

Noms vulgaires : Cipò de Carijó , dans les provinces de Pio de Janeiro vlMinas Geraes ; Çambaïbinha , à Minas Geraes ; Cipò de Caboclo, dans la partie méridionale de la province de Saint-Paul.

Description. Tige sarmenteuse, grimpante, rameuse, rude au toucher, hérissée au sommet : rameaux hérissés. Feuilles alternes, pétiolées, sans stipules, longues de 2 à 3 pouces, larges de 12 à i5 1., oblongues , obtuses ou un peu aiguës , terminées par une très-petite pointe, fort légèrement sinuées, décurrentes sur le pétiole, plus ou moins roulées sur les bords, à peine dentées en scie, coriaces, rudes et glabres en dessus , parsemées de quelcpies poils à la surface inférieure, dont, en meme temps, les nervures sont velues et pres- que hérissées; les feuilles inférieures souvent ovales : nervure moyenne proéminente en dessous, indiquée en dessus par un sillon ; nervures latérales , parallèles , également proéminentes en dessous , et indiquées par autant de sillons à la surface supérieure : pétiole long de 6 1., canaliculé et glabre en dessus, très-velu inférieurement. Grappes longues d’un pouce à un pouce et demi, composées, pédon- culées, terminales, etnaissanten même temps de l’aisselle des feuilles XXII. ï

2

supérieures qui sont ordinairement plus courtes que les autres (brac- tées) : pédoncule hérissé : axe également hérissé et en zigzag. Poils d’un vert roussâtre. Fleurs d’une odeur agréable, un peu agglomé- rées, et portées par des pédicelles courts et hérissés. Calice très^ inégal, croissant avec le fruit; a 5 folioles d abord étalées , oibicu- laires, ciliées, velues ou pubescentes ou bien chargées de poils épars i une inférieure très-petite; 2 intermédiaires plus grandes et opposées; 2 supérieures également opposées, très-grandes, fort con- caves. PÉTALES au nombre de 2 à 3 rarement solitaires ou au nombre de 4, hypogynes, alternes avec les folioles du calice, longs de trois lignes, obovés-oblongs , un peu onguiculés, entiers ou plus souvent échancrés en cœur, jaunes , entièrement glabres. Etamines hypogynes, nombreuses, parfaitement glabres, persistantes : filamens filiformes, flexueux, un peu aplatis, graduellement épaissis à leur sommet : anthères immobiles, tournées vers lespétales, petites, com- primées , à peu près orbiculaires et à deux loges; connectif assez large, à peine prolongé en une très-petite pointe; loges obliques, écartées à leur base, s’ouvrant longitudinalement sur les côtés. Styles en nombre égal à celui des ovaires, terminaux, flexueux, s’épaissis- sant de la base au sommet, très-glabres, persistans. Stigmates en nombre égal à celui des styles, terminaux, peltés. Ovaires le plus souvent uniques, rarement au nombre de 2 à 3, ovoïdes-globuleux, obtus, glabres, uniloculaires, 2 -spermes. Ovules dressés, attachés au fond de l’ovaire par le moyen d’un cordon ombilical fort court. Fruits capsulaires, longs de 2 L, presque globuleux, minces, membraneux , indéhiscens, i-loculaires , 2-spermes ou plus sou- vent ï -spermes par avortement, renfermés entre les folioles supérieures du calice qui ont pris de l’accroissement pendant la maturation , se sont appliquées l’une contre 1 autre a la manière de deux valves , et sont devenues longues d’environ 3 1. , ovales , très - concaves , fort obtuses , crustacées et jau- nâtres. Semence presque globuleuse , comprimée principalement à la base, ridée, d’un fauve obscur, enveloppée d’un arile qui est appliqué sur elle sans aucune adhérence , ouvert seulement

3

au sommet, succulent, d’une couleur blanche. Ombilic placé dans le bord de la semence. Tégument propre crustacé, épais, un peu succulent à l’extérieur. Périsperme très-grand, charnu, compact. Embryon fort petit , droit , ovoïde , place dans la base du périsperme : radicule inférieure, tournée obliquement vers F ombilic.

Localités. Cette plante est commune dans les bois vierges. Je Fai trouvée depuis la frontière orientale de la province des Mines jusqu’aux limites de la province de Sainte - Catherine. Elle fleurit depuis le mois de janvier jusqu’au mois de juin , suivant les localités.

Étymologie. On appelle cette plante Cipo de Carijó , c’est- à-dire liane des Carijós, parce que ce fut une peuplade de ce nom qui en enseigna l’usage aux Portugais. Le nom de Cipó de Cabloco présente à peu près la meme signification, car les mots caboco et caboclo sont employés comme termes de mépris pour désigner indifféremment toutes les nations indi- gènes. Quant au nom de Çambdibinha , il vient des mots in- diens , caa mbaya , branches propres a faire les pièges pour prendre le poisson, et iba, arbre, auxquels mots les Portugais ont ajouté la terminaison diminutive inha qui est propre à leur langue , et qui distingue la plante dont il s agit ici de 1 arbie appelé Çambdiba , décrit au Xo XXXIV.

Usages. On avait déjà reconnu que les Dilléniacées étaient astringentes. La saveur acerbe du Davilla rugosa prouve assez qu’il participe à l’astringence des plantes de la famille à la- quelle il appartient , et les Brasiliens font de cette piopiiéte une application heureuse , puisqu’ils emploient la plante dont il est question pour guérir l’enflure des jambes et des testicules , maladie si commune dans les parties chaudes et humides de leur pays. C’est surtout en fomentation qu’ils ont coutume d em- ployer le Davilla rugosa.

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Ce n’est pas seulement dans la médecine domestique que l’on fait usage de cette plante. Ses tiges très -flexibles fournis- sent d’ excellens liens, et dans quelques cantons de l’intérieur, on s’en sert principalement pour attacher ensemble les diverses pièces des charpentes. Traitées comme l’osier, elles pourraient le remplacer, et l’on en ferait également des paniers et des corbeilles.

Observations botaniques. §1. Caractères génériques. Ayant étudié avec attention plusieurs espèces de Davdla , je puis tracer les caractères de ce genre avec plus d’exactitude que ne l’avait fait Vandelli. Je les exprimerai de la ma- nière suivante : Galice très-inégal, croissant avec le fruit ; a 5 folioles étalées et disposées sui'jl!^pis rangs ; l’une in ferieure , très-petite ; deux intermediaires , plus grandes et opposées ; deux supérieures , également opposées , fort grandes et très-concaves. Pétales i-6, hypogynes , alternes avec les divisions du ca- lice, un peu onguiculés, le plus souvent en cœur renversé, caduques. Etami- nes nombreuses, hypogynes, glabres, persistantes : filamens filiformes , un peu aplatis, le plus ordinairement épaissis au sommet : anthères continues , immobiles , tournées vers les petales , 2 -loculaires, petites , comprimées ; con- nectif ordinairement assez large a la base ; loges le plus souvent obliques , souvrant longitudinalement sur le coté. Ovaires solitaires ou au nombre de deux h trois, uniloculaires, 2 -spermes , parfaitement glabres. Ovules attachés au fond de la loge au moyen d’un cordon ombilical court et cylindrique. Styles en nombre égal a celui des ovaires , Jlexueux , épaissis au sommet , parfaite- ment glabres , persistaris. Stigmates en nombre égal a celui des styles , peltés, ombiliqués. Fruits i-33 capsulaires, indéhiscens ou irrégulièrement déchirés par les semences mûres; renfermés dans les folioles supérieures du calice qui, pendant la maturation, se sont appliquées lune contre l autre à la ma- nière de deux valves, et qui sont devenues très-grandes, fort concaves et crustacées. Semence le plus souvent solitaire (par l’avortement d'un des ovu- les\ obtuse , arilée : arile presque complet , ouvert seulement à l’ extrémité su- périeure, appliqué sur la semence, mais ne lui adhérant pas. Ombilic placé dans le bord de la semence. Tégument propre crustacé. Périsperme grand, charnu. Embryon droit , très-petit , placé dans la base du perisperme . radi- cule inférieure , tournée obliquement vers l’ombilic.

§ II. Différences des genres Davdla et Tetracera.—hz séparation des sexes n’établit aucune différence entre les Davdla et les Tetracera , puisquil est

des espèces de ce dernier genre qui ont des fleurs hermaphrodites, telles que le T . elongata. Le nombre des ovaires auquel M. de Candule attachait de l’importance parce qu’il ne connaissait ce caractere que par la description de Vandelli, le nombre des ovaires, dis-je, ne peut non plus etre employé pour faire, distinguer les deux genres: carie Davilla rugosa a quelquefois 2 et 3 ovaires; les D. angustifolia , elliptica et castane folia en ont deux; le macvophylla n’en a qu’un, et 1 e flexuosa souvent 3. Le stigmate pelte et ombiliqué des Davilla aidera mieux à les faire reconnaître. Leurs iruits m- déhiscens ou irrégulièrement déchirés fournissent aussi un très-bon diagnos- tic. Le nombre des ovules et leur adnexion en présente un plus important encore. Enfin le caractère différentiel que l’on peut saisir le plus facile- ment est offert par le calice, non-seulement quand il recouvre le fruit, mais lors même que la fleur est encore ouverte. La disposition des folioles calicinales, telle que je l’ai décrite dans mes caractères génériques servira à faire distinguer sans peine plusieurs Davilla , confondus dans les herbiers avec les Tetracem, entre autres le D . multiflora , qui avait été décrit sous le

nom de T. multiflora. (Voy. Dec. Syst. I , p. 4oo.)

§ III. Du nombre des pétales dans le genre Davilla. Gomme Vellozo ne connaissait que le D . rugosa, il attribuait à tout le genre une corolle com- posée de 2 à 3 pétales; mais quelques espèces en ont 5, et le D. elliptica

en a d’un à six. .

§ IV. Tige du Davilla rugosa. Vellozo avait eu soin de dire dans ses

manuscrits que la tige de cette espèce était sarmenteuse et grimpante; mais Vandelli s’est contenté de tracer les caractères du genre. Il ne faut donc pas s'étonner si le savant auteur du Systema, qui n’avait sous les yeux qu’un frag- ment incomplet , a éprouvé quelque incertitude sur la nature de la tige, et s’il a, dit tantôt que cette plante était un arbre et tantôt quelle formait

un arbrisseau. . _ ,

§ V. De la fleur du D. rugosa. M. de Candole, en décrivant la fleur du

D. rugosa (Syst.I, p. 4°5)> a très-bien retracé ce qu’il voyait. Mais ce sont des fruits plus ou moins avancés que présente l’échantillon qu il avait sous les yeux. Les véritables fleurs ne sont ni verdâtres ni roussâtres ; elles ont des

pétales d'un beau jaune , et leur calice est étalé,

§ VI. Histoire du fruit dans le D. rugosa. - Les folioles supérieures du calice , ouvertes comme les autres pendant la floraison, se rapprochent peu a

peu après l’émission du pollen, s’appliquent l’une contre l’autre, et recou- vrent le jeune fruit; elles croissent avec lui, deviennent ovales d’orbiculaires qu’elles étaient auparavant; elles se creusent; elles prennent ime consis-

XXII. 2

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tance crustacée, et ont bientôt l’apparence d’une capsule bivalve. Le fruit mûrit protégé par elles : à l’époque de la maturité, elles s’ouvrent, laissent tomber la capsule, et ensuite elles se referment.

§ YII. Synonymie; affinités spécifiques. Il serait difficile de dire lequel des deux noms spécifiques rugosa et Brasiliana convient le mieux à la plante dont il s’agit ici. Mais la loi de l’antériorité prescrit de donner la préférence au premier, puisqu’il date de 1811, et que le second n’a été proposé qu’en 1818. M. Kunth, en décrivant sous le nom de D. Brasiliana , une espèce rapportée d’Amérique par M. de Humboldt, avait déjà lait sentir quelle différait du fragment conservé dans l’herbier de M. de Jussieu. La comparai- son que j’ai faite de mes nombreux échantillons avec la plante de la Nou- velle-Andalousie m’a prouvé que celle-ci formait une espèce particulière que l’on distinguera facilement de celle du Brésil à ses rameaux et ses pédon- cules qui , vus à l’œil nu , ne paraissent point hérissés; à ses feuilles très-sen- siblement plus larges } bien plus arrondies a la base, et dont les veines sont réticulées ; a ses pétioles plutôt soyeux qu’hérissés ; enfin aux divisions supé- rieures du calice qui dans le fruit sont plus petites , orbiculaires et non ovales. Le D. elliptica décrit au XXIII, est intermédiaire entre le D. rugosa et le D. Kunthii, nom que devra naturellement porter à l’avenir la plante de la Nouvelle-Andalousie.

EXPLICATION DES FIGURES.

x. Bouton très-grossi. -2. Fleur grossie. 3. Pétale grossie. 4> ^ne étamine vue du côté du dos. 5. id. vue de face. 6. Pistil. 7. Coupe de l’ovaire. 8. Fruit enve- loppé par les divisions supérieures du calice ï figure de grandeur naturelle. 9. Fruit surmonté du style persistant. 10. Semence grossie.

DAVILLA ELLIPTICA.

DAVILLA elliptique.

FAMILLE DES DILLENI ACEES.

D. ramulis Jiirtellis ; foliis ellipticis j utrinqiie obtusissimis ^ integer- rimis j, crustáceo -coriaceis j supra scabris et glabris subtus pu- bescentibus reticulatimque venosis; petiolo subtus villoso ; racemis hirsuto villo si s ^ bracteolatis ; calycibus sericeis ; petalis i -6j sub- obcordatis ; pistillis geminis.

Nom vulgaire : Çambaïbinha.

Description. Arbrisseau à tige droite, haute de deux à trois pieds, très-rameuse rameaux rougeâtres un peu hérissés. Feuilles alter- nes, sans stipules , longues d’un pouce à deux pouces et demi , larges de 6 à 18 lignes, elliptiques, très-obtuses aux deux extrémités, par- faitement entières , un peu roulées sur les bords , d’une consistance coriace et en meme temps crustacée , rudes au toucher à la surface su- périeure qui est en outre glabre et luisante, pubescentes à la surface inférieure dont les veines sont disposées en réseau : pétiole long de 6 lignes. Grappes tout à la fois terminales et axillaires , composées, chargées de bractéoles et légèrement hérissées : bractéoles lon- gues d’environ ï lignes, ovales, aiguës, velues. Calice très-inégal, croissant avec le fruit ; à 5 folioles orbiculaires , soyeuses , d’a- bord étalées, disposées sur trois rangs j une inférieure très-petite; deux intermédiaires plus grandes et opposées ; deux supérieures également opposées, très-grandes, fort concaves. Pétales au nom- bre de 3 à 6 , le plus souvent de 5 hypogynes, alternes avec les fo- lioles du calice, oblongs, en cœur renversé , légèrement dentés, gla- bres , jaunes. Etamines hypogynes , nombreuses , parfaitement

XXIII.

ï

2

glabres, persistantes : fîlaniens filiformes, un peu aplatis, graduel- lement épaissis à leur sommet : anthères immobiles, tournées vers les pétales, petites , comprimées, à peu près orbiculaires et a deux loges; connectif assez large , à peine prolongé en une très-petite pointe; loges obliques, écartées à leur base, s’ouvrant longitudina- lement sur les côtés. Styles en nombre égal à celui des ovaires, ter- minaux , flexueux, s’épaississant de la base au sommet, très-glabres, persistans. Stigmates en nombre égal à celui des styles, terminaux, peltés. Ovaires au nombre de deux, glabres, i-loculaires, 2-sper- mes. Ovules dressés, attachés au fond de la loge par le moyen d un cordon ombilical fort court, b ruits capsulaires , oboves , tres-obtus , i-loculaires , 2-spermes ou plus souvent ï -spermes par avortement, renfermés entre les folioles supérieures du calice, qui ont pris de l'accroissement pendant la maturation, se sont appliquées lune contre l’autre à la manière de deux valves , et sont devenues longues d’environ 6 1. , orbiculaires - ovales , très - concaves , fort obtuses, crustacées, simplement un peu pubescentes, un peu rudes au tou- cher, jaunâtres. Je n’ai pas vu les semences dans 1 état de maturité parfaite.

Localité. Cette espèce se trouve dans le district de Minas Novas, au milieu de ces espèces de buissons qu on appelle carascos. Je 1 ai trouvée au mois de mai avec des fleurs et des fruits.

Étymologie. La ressemblance qu'a cette espèce avec le D. rugosa lui a fait donner, comme à elle, le nom de Çambdibinlia. J ai expli- qué le sens de ce mot au XXII.

Usages. Dans le pays croît cette plante, on l’emploie comme vulnéraire, et puisqu’elle est astringente, il est évident que l’on fait une juste application de ses propriétés.

Observations botaniques. Préfloraison. Le Davilla elliptica , comme les au- tres Davilla , comme les TeU'acera , Y Empedoclea , les Doliocarpus , les Cura -

lella , présente dans la préfloraison une corolle arrangée de manière que le sommet de chaque pétale est recouvert par le sommet creusé en forme de cuillère du pétale latéral ou opposé.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Bouton grossi. 2. Les deux fruits accompagnés d’une des divisions supérieures du calice.

CURATELLA ÇAMBAIBA.

CUR ATELLA CAMBAÏBA.

à

FAMILLE DES DILLENIACEES.

C. ramulis tomentosis ; foliis ellipticis ; latis ^ obtusis ^ plus minus rotundo -dentati s j supra scabris pilisque stellatis compersis , sub- tus tomentosis ; racemis lateralibus j compositis ; pedicellis ca- lycibusque villosis; petalis valde caducis.

Nom vulgaire : Çambaïba.

Description. Arbre tortueux, petit ou d’une grandeur médiocre: jeunes rameaux cotonneux (ï). Feuilles alternes, sans stipules, lon- gues de 3 à 6 pouces, larges de 2 à 4? très-obtuses, variables pour la forme, largement elliptiques ou elliptiques-ovales , quelquefois elliptiques-orbiculaires ou bien encore presque orbiculaires , à peine échancrées en cœur à leur base , sinuées ou un peu dentées , rudes au toucher à la surface supérieure qui est parsemée de poils étoilés, veinées en réseau à la surface inférieure qui est cotonneuse; les plus jeunes laineuses ; nervure moyenne proéminente en dessous et même en dessus ; les latérales parallèles , également proéminentes en des- sus et en dessous, se prolongeant en une très-petite pointe au-delà du bord de la feuille : pétiole long d’environ 3-4 1., ailé, plus large au sommet, cotonneux sur les deux faces, convexe en dessous, cana- liculé à la surface supérieure : les feuilles tombent chaque année pendant la sécheresse. Grappes sessiles, composées, rameuses sur- tout dans le bas , longues de 2 pouces et demi à 3 pouces , naissant sur le vieux bois d’un bourgeon écailleux : axe et rameaux aplatis,

(1) Je me sers dans toute cette description du mot cotonneux , comme l’équivalent de tomentosus.

XXIV.

ï

2

cotonneux : péclicelles solitaires ou rarement disposés deux à deux ou trois à trois, longs d’environ 3 1. , uniflores, cotonneux: une petite bractée longue de 2 L, ovale, très-concave, cotonneuse, placée à la base de chaque rameau de la grappe ou de chaque pédicelle. Poils en même temps simples et étoilés. Calice étalé, velu, per- sistant; à 4 folioles opposées par paire , ovales-arrondies, très -ob- tuses, concaves, réfléchies; deux extérieures plus petites. Pétales au nombre de quatre , hypogynes , alternes avec les divisions du ca- lice , un peu orgniculés, obovés, très-obtus, denticulés , glabres, blancs, très-caduques. Étamines nombreuses, hypogynes, glabres, persistantes : filamens filiformes , à peine épaissis au sommet : an- thères continues, immobiles, tournées vers le pistil, oblongues, obtuses, 2-loculaires : connectif presque égal dans sa longueur : loges s’ouvrant verticalement. Ovaires au nombre de deux , globu- leux, d’abord très- velus, bientôt hérissés, soudés à leur base, uni- loculaires , 2 -spermes ( on pourrait presque dire un ovaire unique , profondément 2 -lobé et en cœur renversé). Ovules ascendans, attachés tout au bas de la paroi du péricarpe, du côté qui regarde le centre de la fleur : cordon ombilical cylindrique, assez court. Styles en nombre égal à celui des ovaires , un peu latéraux, filifor- mes, glabres, persistant Stigmates en nombre égal à celui des styles, peltés, un peu échancrés d’un côté et ombiliqués. Capsules au nombre de deux, globuleuses, hérissées de poils rudes, soudées à leur base , portées par un pédicelle commun court et épais ; elles sont uniloculaires , 2 -spermes-, et s’ouvrent à leur face en une seule valve. Semences obovées, très-obtuses, munies d’un arile.

Localités. Cet arbre est commun dans la partie occidentale de la province des Mines, partie que l’on appelle Certaô. Il croît tout à la fois dans les pâturages parsemés d’arbres tortueux et rabougris ( tabuleiros cobertos ) , et dans ces bois nommés cattnigas > qui per- dent leurs feuilles tous les ans.

Étymologie. Le mot Çambcàba veut dire, comme je l’explique au N°XXI1I, arbre qui fournit les rameaux propres à faire despié-

ges pour prendre le poisson. Il 11e me paraît guère vraisemblable cependant que les branches assez cassantes de l’espèce de Cura- tella dont il s’agit ici , aient jamais été employées à cet usage. Je présume que les Indiens se servaient principalement des tiges flexi- bles du Davilla rugosa ; mais les aventuriers Paulistes qui ont en grande partie peuplé le Certaô , et parlaient la Lingoa geral au moins aussi souvent que leur propre langue ; les Paulistes, dis - je , frappés de la ressemblance de la fleur du Curatella Çambaïba avec celle du Davilla rugosa qu’ils avaient vu dans leur pays, auront transporté le nom de ce dernier au Curatella y et. ensuite on aura ajouté la terminaison diminutive au nom de la liane, pour la distin- guer de la plante arborescente.

Propriétés. Chez nous on lave souvent les plaies avec une décoc- tion de quinquina : dans le Certaô ou Désert on fait un usage sem- blable de la seconde écorce du Çambaïba. Nous retrouvons encore ici une heureuse application des propriétés du principe astringent, et par conséquent nous ne pouvons que recommander aux Brasiliens la continuation d’une pratique que le seul hasard aura sans doute in- troduite parmi eux.

Observations botaniques. § I. Caractères génériques : Calice étalé , persis- tant; à 4 ou 5 folioles plus ou moins arrondies , inégales. Pétales au nombre de 4 ou 5 1 hypogjnes , alternes avec les divisions du calice. Etamines nom- breuses , hypogjnes, glabres, persistantes : filamens filiformes , légèrement épaissis au sommet : anthères continues avec le filet, immobiles , tournées vers l’ovaire , a deux loges qui s’ouvrent longitudinalement : connectif presque égal dans sa longueur. Ovaikes au nombre de deux , globuleux , hérissés, soudés a la base, uniloculaires, 2 -spermes. Ovules ascendans , attachés au bas de la paroi du péricarpe du côté qui regarde le centre de la fleur : cordon ombilical cylindrique , fort court. Styles en nombre égal a celui des ovaires , un peu latéraux , filiformes , persistans. Stigmates en nombre égal a celui des styles , peltés , échancrés et ombiliqués du côté qui regarde le centre de la fleur. Capsules au nombre de deux , globuleuses , hérissées , un peu soudées a leur base , portées par un pédicelle commun ( gynophore ) , uniloculai- res, 2- spermes , s’ouvrant à la face en une seule valve. Semences obovées , munies d’un arile.

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§ 11. De la position de l’anthère dans la famille des Dilléniacées. Le savant auteur du Systema vegetabilium avait cru que les Dilléniacées se distinguaient des Renonculacées par des anthères tournées vers les pistils {in- tror sæ). S’il en est ainsi des espèces de la Nouvelle-Hollande et du Curatella , il est incontestable que les anthères des Davilla, Retracera, Empedoclea, Doliocarpus , regardent les pétales. La position de ces organes n’est donc pas plus un caractère de famille dans les Dilléniacées que dans les Magnoliées. Cependant nous devons avertir que, pour bien reconnaître la situation de l'anthère dans beaucoup de Dilléniacées , il est nécessaire de l’étudier dans le bouton, parce que plus tard on peut aisément se méprendre sur ce ca- ractère.

§. III. Différences spécifique s. Les Curatella Çamba'iba et Americana ont de très-grands rapports. Celui-ci cependant diffère du premier en ce que ses jeunes rameaux ne sont point cotonneux, mais rudes au toucher, et simple- ment pubescens tout -à-fait au sommet; en ce que les feuilles, également variables, sont plus grandes; que, des deux côtés, elles sont rudes au tou- cher et sans poils; que les dents sont plus larges, plus marquées, et méritent davantage le nom de crénelures; en ce que les jeunes feuilles sont pubes- centes et non laineuses; en ce que les rameaux de la panicule, les bractées, les pédicelles et les calices sont simplement pubescens, les fleurs plus petites , les pétales non caduques.

EXPLICATION DE LA FIGURE. ï . Fleur un peu grossie. 2. Pétale tr.ès-grossi. 3. Étamine vue de face. 4* Pistils.

ECHITJM PLANTAGINEUM.

VIPÉRINE A FEUILLES DE PLANTAIN.

FAMILLE DES BORRAGINEES.

E. Caule molliter hispido ; foliis radicalibus ovatis oblongisve seu lineari-ob longis; superioribus linearibus , basi cordato -auricu- latis ; floralibus cordato - auriculatis falcatis y omnibus villosis i corolla calyce triplo longiore.

E. Plantagineum. Lin. Mant. 202. Jacq. Hort. I. t. 45.— JVild. Sp. I. p- 786. Plerorumque botanicorum.

E. Violaceum multorum.

E. Bonariense. Voir. Enc. vol. VIII , p. 674*

E. Plantagineum et plantaginoïdes. Rœm. Syst. IV s p. 18 et 19.

Nom vulgaire : Burracha chimarrona.

Description. Tiges hautes chun pied à un pied et demi, herbacées mais dures , simples ou rameuses surtout à la hase, hérissées de poils peu serrés et d’une roideur médiocre qui naissent d’un tubercule. Feuilles radicales, pétiolées, longues de deux pouces à deux pouces et demi, larges de 6 à 12 lignes, ovales ou oblongues , ou bien encore presque oblongues , obtuses et en meme temps ter- minées par une tres-petite pointe particulière , decurrentes sur le pétiole qui est long d’un à deux pouces; quelques-unes des feuilles inférieures semblables ou à peu près semblables aux radicales ; feuil- les caulinaires alternes, sessiles, longues de 2 pouces et demi, larges de 4 à 6 1. et diminuant graduellement de grandeur, linéaires-spatulées ou simplement linéaires, obtuses et en même temps chargées d’une petite pointe; feuilles supérieures sessiles, li- néaires, un peu aiguës, auriculées et presque en cœur à leur base.

XXV.

I

2

Les poils des feuilles sont couchés, assez peu serrés, peu rudes , blancs, et naissent d’un très-petit tubercule. Fleurs réunies au sommet des tiges en une grappe composée ou panicule droite, longue de l\ à 6 pouces : rameaux de la grappe naissant cha- cun à Faisselle d’une feuille florale longue de 6 à 12 lignes, et semblable d’ailleurs aux supérieures déjà décrites *, ces mêmes rameaux sont longs d’environ 1 à 2 pouces , dressés , hérissés , char- gés à leur sommet d’un faisceau serré de fleurs et de bractées ( du moins au commencement de la floraison , époque à laquelle j ai observé la plante vivante ) qui sont roulées en spirale de dedans en dehors: bractées, sessiles, linéaires-lancéolées, auriculées ou en cœur à leur base , courbées en faucille , hérissées : pédi— celles fort courts , hérissés , naissant sur le côté des bractées. Calice long d’environ 4F; à 5 divisions légèrement inégales, li- néaires, aiguës, relevées d’une côte dans leur milieu. Corolle longue d’environ un pouce, infondïbuli forme , irrégulière, d’un bleu pourpre ; dont le tube qui va en s’élargissant graduellement presque depuis la base jusqu’au sommet, porte souvent quel- ques poils épars et est velu intérieurement tout-à-fait à sa base; dont le limbe est oblique et à 5 lobes chargés au sommet de poils plus ou moins nombreux. Étamines au nombre de 5 , inégales , insérées sur le tube à des hauteurs différentes ; 3 in- cluses; 2 sortantes : ûlamens filiformes , aigus, à peine chaigés de quelques poils, d’un pourpre bleu : anthères mobiles, atta- chées parle dos, tournées du côté de 1 ovaire , oblongues-ellïp- tiques , obtuses, arquées en arrière, 2 -loculaires , s’ouvrant longitudinalement , insérées sur le gynobase entre les lobes de l’ovaire. Style long d’un pouce, filiforme, sortant, hérissé dans les trois quarts de sa longueur à partir de la base , di- visé au sommet en deux branches courtes, grêles et subulées. Stigmates au nombre de deux , fort petits , obtus ; un à 1 ex- trémité de chacune des deux divisions du style. Gynobase ( axe central ou columelle déprimée) extrêmement court, à peine sen- sible, s’épanchant extérieurement en une cupule fort courte,

1

mince , libre au sommet , aclnée par sa base à celle des lobes de F ovaire. Ovaire 4~Partite dont les divisions ou coques sont rapprochées , mais parfaitement distinctes , chargées de quel- ques poils roides , très - courtes , fort obtuses, convexes au dos, planes sur les côtés, uniloculaires, ï - spermes. Ovules glo- buleux , attachés entre le gynobase et le péricarpe au bas de l’angle de celui-ci qui est le plus voisin du style : cordon om- bilical court, adhérant peut-être un peu par sa base avec celle du péricarpe. Je n’ai point vu le fruit.

Localités. Cette plante n’est point naturelle à l’Amérique ; elle appartient à la Flore européenne et naît dans le midi de la France, en Italie , en Espagne , aux Canaries et dans le nord de l’Afrique. Probablement transportée dans les campagnes du Rio de la Plata, avec des semences de légumes ou de céréales , elle ne croissait en- core du temps du Commerson 767), qu’entre les pierres qui sont auprès de Monte-Video (1). Comme une foule d’autres plantes européennes, elle s’est bientôt multipliée d’une manière surprenante. On la retrouve aujourd’hui jusqu’au fort de Sainte-Thérèse, vers les anciennes frontières des possessions brasiliennes ; elle vit en société; et, dans la province Cisplatine, ses tiges serrées étalent sur le bord des chemins deux larges bandes de fleurs d’un bleu pourpre (2). Cette Borraginée fleurit en Amérique, dans les mois d’octobre, novembre et décembre.

Usages , étymologie. On sait que les Borraginées à fruits secs sont en général mucilagineuses , douces et émollientes. Les cul- tivateurs de la province Cisplatine retrouvant ces propriétés dans l’espèce que je signale ici, l’emploient avec raison dans les cas en Europe l’on prescrit la Bourrache officinale , et ils lui donnent meme le nom de Bourrache sauvage {Burracha chmia- rona. ) Comme aucune plante du meme groupe ne croît na-

(1) Voyez mon introduction aux Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay.

(2) C’est du moins ce qu’on peut conclure des notes de ce voyageur.

4

turell ement clans les parties du Brésil situées entre les tropiques (ï), les habitans de ces contrées pourraient tirer de Monte-Video des graines du Burracha chimarona. Cette espèce réussirait chez eux probablement mieux que toute autre Borraginée, puisque déjà naturalisée en Amérique, elle commence à s’étendre cl’ elle- même assez loin vers le nord.

Observations botaniques. Synonymie. Plus les contrastes sont sensibles , moins on fait d’attention à des nuances légères. Lorsque après avoir observé pendant plusieurs années des plantes entièrement étrangères à notre Flore, je retrouvai quelques espèces européennes, je fus uniquement frappé de la différence qui existe entre celles-ci et les premières ; les modifications de détail disparurent à mes yeux pour un instant, et c’est ainsi que j’appliquai à VEchium dont je viens de donner la description, le nom de l’espece que j’avais rencontrée le plus souvent dans ma patrie. A peine arrivé en France, je m’empressai de rédiger un aperçu de mon voyage {Mém. mus . vol. IA), et en citant mon Echium, je le désignai sous le nom que je m’étais accou- tumé à lui donner, celui X Echium vulgare. Ayant depuis retrouvé dans l’herbier de TVL de Jussieu quelques échantillons de mon espèce avec des éti- quettes qui portent le nom cYE. maritimum insularum Stœchadum fore maximo cœruleo , et qui ont été écrites par plusieurs botanistes connus con- temporains de Tournefort, je crus avec rillustre auteur du Genera , que celte même espèce était VE. maritimum de Wildnow, identique, suivant ce der- nier auteur, avec VEchium insularum Stœchadum de Tournefort. Ce fut donc sous le nom Echium maritimum que , dans mon Histoire des plantes les plus remarquables, j’indiquai la Borraginée du Rio de la Flata. Lorsqu ensuite j’ai voulu décrire ma plante avec détail, je l’ai comparée avec les echanti - Ions mêmes de l’herbier de Tournefort, et je me suis bientôt convaincu que VE. maritimum insularum StœchaclumJIore maximo cœruleo n était point mon espèce. Il était de mon devoir d’étudier la synonymie de cette dernière avec d’autant plus de scrupule que j’avais deux erreurs à réparer. J ai consacre a ce travail un temps peut-être beaucoup trop considérable ; j ai consu le soi- gneusement les livres et les herbiers, et ce n’est qu’après bien des hésita- tions que je suis parvenu à fixer mes idées sur quelques points. Je ne terai pas suivre au lecteur la route fastidieuse que j’ai parcourue; je me conten-

(0 Je ne parle point ici des Heliotropium qui font le passage des Borraginées propre- ment dites aux Sébenestiers , et qui , probablement, sont beaucoup moins mucrlagmeuses

que la Bourrache , la Buglose, etc.

lerai d’indiquer les résultats que j’ai obtenus. Mon Echium est absolument semblable à celui que Commerson recueillit près de Monte-Video en 1767, et que Poiret a décrit depuis sous le nom d E. Bonariense. La plante du Rio de la Plata est plus ou moins identique avec une espèce dont on trouve des échantillons dans tous les herbiers, et qui croît dans le midi de l’Eu- rope , les Canaries et le nord de l’Afrique. Si ces échantillons sont quel- quefois plus rameux et plus diffus que les miens , s’ils ont des feuilles plus grandes ou plus petites , plus dures ou plus molles , des poils plus ou moins blancs , plus ou moins rudes au toucher, il est évident que ces modifica- tions peu importantes tiennent aux difiërences du sol et du climat et à celle des époques la plante a été recueillie. Ces mêmes échantillons sont in- diqués dans les herbiers quelquefois sous les noms à'E. maritimum ou gran< diflorum, Desf. , plus souvent sous ceux de plantagineum et violaceum (1). La comparaison de ma plante avec celle de l’herbier de Tournefort m’a démontré, comme je l’ai dit, que le nom de maritimum ne convenait pas à l’espèce du Rio de la Plata. Après avoir comparé cette espèce avec le grandiflorum de Desfontaines, j’ai également reconnu qu’il n’j avait nulle identité. 70 Quoiqu’un grand nombre de botanistes aient pris la plante dont il s’agit pour VE. violaceum, il ne paraît pas qu’on puisse la rapporter au violaceum de Linnée. Mes recherches m’ont conduit à penser quelle n’é- tait autre chose que VE. plantagineum de cet auteur, de Wildnow et de beaucoup d’autres botanistes, dont les descriptions sont cependant presque toutes vagues ou incomplètes. 90 La plante qne M. Jacquin a figurée dans Y Hortus Vindebonensis sous le nom à' Echium plantagineum , diffère à la vé- rité de quelques-uns de mes échantillons , parce que les feuilles sont oblon- gues, au lieu d’être ovales; mais d’autres échantillons que j’ai cueillis au milieu des premiers, et qui d’ailleurs n’en diffèrent point, ont des feuilles oblongues ou même linéaires -oblongues ; donc la différence, sur laquelle le laborieux Rœmer a fondé son E. planta ginoïde s est de nulle valeur. Les au- tres modifications fort légères indiquées par Jacquin sont évidemment le ré- sultat de la culture , et cet Echium plantaginoïdes dont on ignore la patrie , doit disparaître des catalogues. Si M. Rœmer eût vu comme moi les échan- tillons mêmes de l’herbier de M. Desfontaines , il n’aurait pas trouvé sans

(ï) Dans riierbier cle Ventenat , par exemple , cette même espèce était indiquée sous les quatre noms de Bonariense , maritimum, violaceum et plantagineum. Les E. viola- ceum et plantagineum de l’herbier de France de M. de Candole , conservé au Muséum de Paris, paraissent appartenir à la même espèce ; mais l’un des deux échantillons aura été probablement recueilli à la campagne et l’autre dans un jardin.

W XXV.

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doiUe que son planlaginoïdes ressemblait plus au grandijlomm Desf. {maeran- thiun llœm.) qu’au plartagmeu,,,. Mais d'ailleurs on trouve sur celte dern.ere espèce et beaucoup d’autres Echium des détails plus surs peut-etre dans 1 ou- vrage de M. Rœmer que dans beaucoup d’aulres livres. - Ceux qui a 1 avenir décriront des Borraginées feront bien de dire si les échantillons qu ils ont sous les yeux commencent à fleurir, ou s’ils sont avancés dans la tleuraison uarce que ces plantes changent ordinairement d’aspect a leurs differens ages , ils feront bien d’indiquer la nature du sol , parce que la même espece est droite et dure ou molle et couchée , suivant qu’elle a pousse dans un terrain sec ou dans un lieu humide ; ils ne devront point oublier que les Borragmees cul- tivées ont assez généralement une consistance moins ferme quelles sont beaucoup plus diffuses, plus vertes, et qu’elles ont souvent des poils moins serrés que les individus sauvages; enfin il sera bon qu’ils n omettent pas de décrire le gynobase, les lobes de l’ovaire et les fruits, parce que ces parties ont une haute importance, et qu’elles fournissent souvent de bons caracteres.

même spécifiques.

DRYMIS GRANATENSIS.

DRYMIS DE LA NOUVELLE - GRENADE.

FAMILLE DES MAGNOLIA CEES.

I). foliis ovato - oblongis vel oblongis , inferne gradatim atte- nuatis , basi acutis y pedunculis umbellato -3-5 - fidis } in- terdum simplicibus j sœpius in apice ramulorum aggregatis .

D. Granatensis. Lin . Sup. 269. D.C . Syst. 1, p. 444— Kunth Nov. gen. vol. V, p. 53.

Wintera Granatensis. Murr, Syst. 007. TVilld. Sp . 11 , p. i23g. Pers. Syn. 11, p. 84. Humb. et Bonp. Æquin. p. 2o5j t. 58.

D. Winteri. Mart. Reis. 1 ^ p. 280. Non Lin.

Nom vulgaire : Casca d’Anta.

Description. Cette espèce présente quatre variétés principales dont j'ai cru devoir faire dessiner les trois plus importantes. Étudiées isolément , ces variétés pourraient être considérées comme autant d’espèces distinctes ; mais elles se nuancent de mille manières, et quelquefois meme un seul individu réunit des caractères qui appartiennent à plusieurs d’entre elles. Je décri- rai la plus commune d’une manière complète , et je ferai con- naître les autres par les caractères qui les distinguent de la première.

Var. a. campestris (des lieux découverts).

Arbre parfaitement glabre dont les rameaux sont feuillés seu- lement à leur sommet, qui le plus souvent est recourbé. Feuilles éparses, rapprochées , sans stipules, courtement pétiolées, longues de 2 à 3 pouces j larges de 9 à 18 1., ovales-oblongues , très-ob- tuses au sommet, aigües à la base, entières, coriaces, blanches à la surface inférieure , un peu roulées en dessous sur leurs bords 5

XXVI, XXVII, XXVIII.

I

nervure moyenne proéminente et ronssàtre en dessous ; ven.es

latérales à peine sensibles; pétiole long d'env.ron 9 1., convexe en

dessous, canaliculé en dessus. Ombelles assez nombreuses , pedon- culées , munies d’un involucre , composées le plus souvent de 4 fleurs, quelquefois de 3 ou de 5 ; pédoncules rapproches , ong de 3 à i 1., naissant au sommet des rameaux a 1 aisselle de bractee longues de 3 à 4 I. linéaires-lancéolées , aigues, concaves, mûmes d’une côte sur le dos et très-caduques : péd.celles plus longs que e pédoncules , atteignant 9 à .5 1. et un peu divergens lobo es de 1’ involucre au nombre de 3 à. 4, ovales-oblongues , tres-obtuses , concaves , extrêmement caduques. Calice parfaitement entier e^ tout-à-fait clos avant l’épanouissement de la fleur, se déchirant, lors- qu’elle s’ouvre, en deux ou rarement trois divis.ons ovales-orb.cu- laires , très-concaves , quelquefois rougeâtres , persistantes. Pétales au nombre de neuf, plus souvent dix, inséréssous le gynophoie, long d’environ 3 1., larges d’une et demie, oblongs-lineaires , o Uns e couleur blanche, marqués de points transparais et ne persistant pou autour du fruit. Gynophore très-court, épais, cylincrique. mines nombreuses et attachées sur les côtés du gynophore ; f.lamens linéaires, très -aplatis : anthères immobiles, petites, arrondies a-loculaires , tournées vers les pétales; a loges parfaitement ci tinctes, rapprochées au sommet, écartées à la base, s ouviant longi- tudinalement. Ovaires au nombre de cinq a six . attaches au so - net ch; gynophore , longs d’environ une 1. et demie , oboves , tre - obtus, bossus au sommet du côté extérieur rétréci en un pedice e court et épais , offrant à l’intérieur une seule loge a 8 semences , péricarpe charnu. Ovules pariétaux , suspendus , embr.ques , attachés sur deux rangs dans l’angle de la loge qu, regarde le centre de la fleur.. Stigmates en nombre égal à celui des ovaires, pies - tant la forme d’un mamelon , un peu latéraux , obliques , plus rapprochés du centre de la fleur que du côté oppose. Je na. point vu les fruits de cette variété , ni ceux des deux suivantes. Je décrira, ceux de la variété ■fque j’ai étudiés avec soin.

3

Var, n sylvatica ( des bois ).

Arbre souvent assez élevé. Feuilles simplement oblongues , proportionnément plus étroites et plus aigues que dans toutes les autres variétés , blanches en dessous , atteignant souvent surtout dans les rameaux qui ne sont point en fleurs la longueur de 5 à 6 pouces. Ombelles très-nombreuses , fort rapprochées composées le plus souvent de 5 fleurs et formant par leur réunion des bouquets élégans et serrés : pédoncules naissant au sommet des rameaux à Faisselle des bractées caduques : pédicelles proportionnément plus grêles que dans les autres variétés, plus longs que le pédoncule et atteignant un pouce et demi à deux pouces. Pétales le plus souvent au nombre de io, longs de 5 à 7 1., linéaires, aigus.

Var. y. axillaris fleurs axillaires).

Arbre peu élevé dont les rameaux son^, glauques. Feuilles lon- gues de 2 à 3 pouces , d’un blanc glauque en dessous , marqués de points transparens plus faciles à apercevoir que dans les autres va- riétés ^ nervure moyenne rougeâtre. Pédoncules plus couits que les pédicelles , chargés le plus souvent de 5 fleurs , 11e naissant point à l’aisselle , de bractées, mais à celle des feuilles supérieures. Pétales le plus souvent au nombre de 10, longs d environ 6 1., oblongs- linéaires, évidemment plus étroits à la base , un peu aigus au sommet.

Var. montana ( des montagnes ).

Arbrisseau d’environ cinq à quinze pieds, peu rameux. Feuil- les très-rapprochées , plus petites que dans les autres variétés, lon- gues d’un pouce à un pouce et demi, obtuses, souvent un peu echan- crées. Pédoncules ni rapprochés, ni nombreux, tantôt simples et uniflores, tantôt divisés et alors plus longs que les pédicelles, le plus souvent latéraux et naissant entre les feuilles a 1 aisselle de bractées caduques. Fleurs plus petites que dans les autres variétés. Petales au nombre de douze à quinze, ohlongs-linéaires, obtus. Baies lon- gues de 2 à 31., ohovées, bossues sur le dos, obtuses, noires. Semences

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suspendues , longues cl environ une 1 . ? noires, lisses, luisantes, de forme variable, et, suivant qu’il avorte un nombre d’ovules plus ou moins considérable, tantôt ovoïdes, plus ou moins irrégulières , tri- gones, convexes sur le dos, planes sur les côtés, aigues à la base, ob- tuses au sommet; tantôt virguliformes, aplaties, convexes à l’une des laces, un peu concaves sur l’autre. Tégument propre adhérent au pé- risperme, parsemé de points glanduleux, double; 1 extérieur crustacé ; l’intérieur membraneux. Ombilic à 1 extrémité aigue de la semence : clialaze à l’extrémité obtuse; raphe linéaire. Amande présentant la forme d’une virgule et chargée de points glanduleux qui la font pa- raître tuberculeuse. Périsperme charnu, succulent. Embryon extrê- mement petit, placé dans la base du périsperme et soi tant un peu hors de la substance de ce corps.

Localités. Cette plante se trouve dans plusieurs parties du Brésil ; elle est surtout commune dans la province des Mines. La variété « croît dans les lieux découverts ( campos )., le plus souvent sur le bord des ruisseaux ; la variété n n’est pas rare dans les bois vierges ; j’ai trouvé la variété y sur les montagnes ferrugineuses qui avoisi- nent Villa -Rica; enfin , la variété cT dans les montagnes élevées qu’on appelle Serra-Negra, et qui se trouvent presque sur la limite des provinces de Minas Geraes et de Rio de Janeiro.

Étymologie ; Usages. Le nom vulgaire de cette plante {Casca ytntd) , signifie écorce de tapir. Il lui a été donne, disent les Bra- siliens, parce que le tapir sujet, selon eux, à de frequentes coliques, arrache, pour s’en guérir, l’écorce des Drymis , et a ainsi révélé aux hommes les vertus de ce végétal. Quoi qu il en soit de cette tiadi- tion très-probablement fabuleuse , le Dry mis Granatensis ou Casca d Anta est actuellement un remède fort vanté par les habitans de l’intérieur du Brésil, et dont ils font assez généralement usage. Une saveur aromatique et fortement stimulante caractérise l’é- corce et même les feuilles du Drymis , et par conséquent les Bra- siliens font une heureuse application des propriétés de cette

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plante en l’employant comme tonique pour guérir les coliques et les meaux d estomac. On sait que c est dans des cas semblables qu au- trefois on administrait en Europe la fameuse écorce de TVinter ( Drymis TV in teri ) , avec laquelle celle du Drymis Grancitensis se trouvait, à ce qu’il paraît, souvent mélangée \ et, si les Européens ont presque entièrement renoncé à ce remède , c est qu ils pouvaient le remplacer par d’autres qui étaient moins chers et qu ils se pio- curaient plus facilement, tels que la canelle, la cascaulle, etc.

Quant aux Brasiliens, il est évident qu’ils doivent continuer à se servir d’un médicament qui n’a pas moins d efficacité que ces der- nières substances, et qu’ils trouvent autour d’eux. Le Dryrms Gra- natensis ne croît point à la vente sur la cote j mais il est facile d en faire venir l écorce de l’ intérieur, et il serait dans 1 inteiet du pays, que les praticiens des villes maritimes cherchassent a la substituei à des remèdes analogues que le Brésil est obligé de payer à 1 étranger . 11 est à croire encore que, si les Brasiliens nous envoyaient des quan- tités un peu considérables de cette eCorce, et qu elle devint en Eu- rope plus commune et moins chère, elle reprendrait la vogue dont elle a joui autrefois, et pourrait faire l’objet d’un petit commerce.

C’est uniquement par ses propriétés médicales que les Brasiliens connaissent l’écorce du Drymis Grcmcitensis y mais, ainsi que plu- sieurs auteurs l’ont déjà fait observer, elle peut aussi etre employée comme épicerie. Si les habitans du Brésil donnaient 1 exemple de s’en servir pour assaisonner les alimens, il serait possible que son emploi dans la préparation des mets s etendit peu a peiq et la plante quila produit acquerrait ainsi une grande importance pour le pays.

Observations botaniques. § I. Des caractères du genre Dry nus. Us peu- vent être tracés de la manière suivante : Calice étant dans le bouton par- faitement clos et sans aucune division, se déchirant lors de l épanouissement de la fleur en 2 ou 3 lanières concaves et persistantes. Pétales au nombre de 6 à. 24 , non persistons , insérés au - dessus d’un gynophore très - court. Eta- mines nombreuses, attachées sur les côtés du gynophore : filamens linéaires, aplatis : anthères immobiles , petites , arrondies , bdoculaires , tournées du

côté de la fleur; à loges parfaitement distinctes , divergentes, qui s’ ouvrent longitudinalement. Ovaires au nombre de 4 a 8 , attaches au sommet du gy- nophore, obovés , très-obtus, bossus à V extérieur , uniloculaires, renfermant G à q graines. Ovules suspendus à l’angle interne de l’ovaire et disposes sur deux rangs. Stigmates en nombre égal h celui des ovaires, sessiles ou presque sessiles, un peu latéraux, disposés sur deux rangs. Baies obovees , bossues, très-obtuses , olygospermes. Semences suspendues, aigues a la base. Tégument propre double; l’extérieur crustacé; l intérieur membraneux, adhérent au périsperme. Ombilic placé h V extrémité la plus étroite de se- mence : chalaze un peu latérale 'a l'extrémité la plus large. I erisperme charnu. Embryon extrêmement petit, placé dans la base du périsperme.

c H Stipules. Les auteurs ont cru que les Drymis avaient des stipules comme les Magnolia, mais ils en sont réellement dépourvus. Les bourgeons pointus qu’on observe dans ces plantes et qui ressemblent au premier coup- d’oeil à ceux des Talauma , Liriodendrum , etc. , ne sont nullement formes comme dans ces genres par des stipules latérales, mais par de véritables feuilles imparfaitement développées, et réduites à un petiole un peu dilate.

§ III. Inflorescence. On a dit que, dans tous les Drymis , les pédoncules étaient axillaires; cela est parfaitement exact pour le D. axillaris , Forst. et quelques variétés du Drymis Granatensis. Mais il est incontestable qu ordinairement ces pédoncules naissent au sommet des rameaux a 1 ais- selle de bractées extrêmement caduques, et les cicatrices que l’on a crues produites par des feuilles tombées indiquent la place des bractées. Ainsi, dans le langage de la botanique descriptive , il faudrait dire que les pé- doncules des Drymis sont plus souvent terminaux qu’axillaires.

§ IV. Involucre de l’ombelle. Personne n’a fait mention de Fin volucre qui accompagne l’ombelle des Drymis, parce que les folioles qui le composent , étant extrêmement caduques , se retrouvent rarement dans les herbiers ; mais on peut sans peine reconnaître au-dessous des pédicelles les cica- trices que ces folioles laissent en se détachant.

§ Y. Du calice et des sous-genres Drymis et Wintera. Dans le Dry nu s Granatensis , et également , comme je m’en suis convaincu par une compa- raison attentive, dans les Drymis Wmteri et Chilensis , le calice est parfaite- ment clos avant l’épanouissement de la fleur, et il ne, présente à cet epoque absolument aucune division ; mais , lorsque la fleur s’ouvre , il se déchiré , et , observé alors , il offre deux ou trois lanières qui s’étendent jusqu au

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réceptacle. Il est évident que ce sont ces caractères que Forster (Gen. 53) a voulu peindre lorsqu’il a dit du Drymis axillaris : Calyx \ -phy Uns } in- teger, dehiscens . J’avouerai que le root integer présente ici de 1 ambiguïté ; mais il est incontestable que Forster s’en est servi pour indiquer que dans le bouton le calice recouvrait entièrement les pétales et ne présentait au- cune division; en effet, il ajoute immédiatement apres 1 expression in- teger celle de dehiscens , qui peint le changement qu éprouvé l’enveloppe florale extérieure au moment de l’épanouissement de la fleur ; et dans la planche il a dessiné les diverses parties du Drymis axillaris, la figure n , qui offre une fleur épanouie, nous montre un calice à deux divisions. Mais, si ces considérations m’eussent laissé quelques doutes, ils eussent été bientôt levés par l’examen de l’échantillon authentique du Drymis axillaris conservé dans l’herbier du Muséum de Paris : car, dans cet échantillon, le calice est à a ou 3 divisions , comme celui du Diymis Granatensis ,* et il est a obser- ver seulement que ces divisions sont ici moins profondes. Il n’y a donc pas de différence essentielle entre le calice du Drymis axillaris, et celui des D. TVm- teri, Granatensis et Chilensis;e t par conséquent on ne peut admettre les sous- genres Dry mis et UEintera, fondes sur le calice entier ou divisé, c est-à-dired un côté sur un défaut d’expression dans la description que Forster adonnée du D . axillaris (i), et d’un autre côté sur l’ignorance l’on était des véritables caractères du calice dans les trois autres espèces.

§ VI. Périsperme ; Embryon. Bonpland considérait l’amande du Dry- mis Granatensis comme composée d’un embryon sans aucun périsperme ; avec Kunth , au contraire, j’ai décrit un grand périsperme et un embryon situé à sa base; cependant il faut convenir que l’erreur de Bonpland est fort excusable. Eu effet, j’ai reconnu dans l’amande du D. Granatensis, un grand corps homogène, charnu et grenu (le périsperme), et à sa base un très- petit corps (l’embryon ), dont une partie est placée en dehors du corps le plus grand; mais , avec quelque soin que j’aie étudié cet embryon, il m’a été impossible d’y découvrir la fente qui doit indiquer les cotylédons ; et , comme sa partie supérieure enfoncée dans le corps le plus grand adhère in- timement avec lui , elle a sans doute échappé à Bonpland , qui aura con- sidéré le périsperme comme une aggrégation de 2 cotylédons soudés et la partie sortante du véritable embryon comme la radicule.

(i) J’ai commis la même faute que Forster , quand j’ai dit ailleurs en parlant en général du genre Drymis : Calyx in alabastro integerrimus. Il eût fallu : Calyx in alabastro clausus et indivisus .

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§ VIL Identité spécifique ; Affinités; Synonymie. L’auteur des Plantes Équinoxiales dit que l’abbé Corréa lui avait montré la figure d’une nouvelle espèce de Drymis recueilli dans le Gerro do Frio(i), province des Mmes ; mais sans doute cette figure était fort mauvaise : car je ne connais au Brésil qu’une véritable espèce de Drymis , et Bonpland lui-même a étiqueté du nom de Drymis Granalensis , un échantillon qui se trouve dans l’herbier de Jussieu ; échantillon qui, recueilli dans les Mines par Vellozo(2), est par- faitement identique avec mon D. Granalensis, var. campestris , et quia été également reconnu par M. de Candole pour être le Granalensis {Voyez Syst. ï, p. 444). M. Kunth et moi, nous avons comparé mes échantillons avec ceux que Mutis lui-même a donnés à M. de Humboldt , et, pour toute différence, nous avons trouvé que les feuilles de ces derniers étaient un peu plus aigües , et que la lame et le pédoncule étaient plus épais ; diffé- rences qui, surtout dans une espèce aussi variable , doivent être considérées comme n étant de nulle valeur. Linné fils a déjà fait sentir l’extrême res- semblance des D . Winteri et Granalensis. Elle est telle que,, si les des- criptions avaient été mon seul guide, et que je n’eusse pas eu 1 avantage de pouvoir mettre à côté des miens les échantillons authentiques de Forster et de Mutis , j’aurais probablement, comme le savant Martius, pris la plante du Brésil pour le D. W inten ,

EXPLICATIONS DES PLANCHES.

XXVI. Drymis Granatensis , Var. a. campestris.

XXVII. D. Granatensis , Var. (L. syDatica. - ï. Bouton grossi entièrement fermé.

2. Bouton grossi au moment de l'épanouissement. 3. Pétale de grandeur naturel e. j d. grossi. 5. Étamine vue de face. 6. Id. vue du coté du dos. 7. vaue.

8. Coupe verticale de l’ovaire grossie.

XXVIII. D. Granalensis , Var. i. montana. ï. Pétale île grandeur naturelle. 2. Fruits un peu grossis. _ 3. Semence dessinée du côté' convexe . on peut vou- par la description qu’elle n'ont pas toujours la forme figurée. - 4- Semence vue du cote un peu concave. 5. Amande.

(,, M. B.nnland fait à « sujet diverses conjecture, qui tombent d'elles-mémes , puùqn'.l.es sont

fondées sur une erreur de topographie. Le Cerro F ,,, .

tagne isolée , mais une des cinq grandes divisions de la province des Mmes (Comarcas).

(a) 11 est seulement dit dans l'herbier de Jussieu, que cet échantillon vient du Brésil, et qu’il a été envoyé par Vandelli ; mais on sait que ce dernier tenait ses plantes brasilienne* de 1 abbe Vellor, 1 herborisait dans la province des Mines.

PL XXVI

PL XXVII

E . Blanchard

DRYMIS GRANATENSIS ( V . Sylvætica .)

ANONA SYLVATICA.

ANONE DES BOIS.

FAMILLE DES ANONEES,

A. caule arboreo ; foliis magnis , ellipticis , brevissime cuspidatis } basi acutius culis j supra puberulis , subtus pubescentibus , minu- tissime punctato - pellucidis ; pedunculo fructifero extraaxil- lari , solitario.

Nom vulgaire : Araticu do mato.

Description. Arbre dont les jeunes rameaux sont pubescens. Feuilles alternes', sans stipules, simples, longues de 5 à 9 pouces, larges de 2 1/2 à 3, elliptiques, un peu aiguës à la base, terminées brusquement par une pointe peu sensible , parfaitement entières , couvertes en dessus de poils très-courts , pubescentes en dessous , marquées de points transparens extrêmement petits que l’on n'a- perçoit qu’à la loupe } nervure moyenne roussâtre ; les latérales pa- rallèles et de la même couleur que la moyenne : pétiole long d’en- viron 4 b? articulé à la base, pubescent, de couleur rousse. Je n’ai pas vu les fleurs. Pédoncule chargé du fruit extraaxillaire , soli- taire, long d’environ un pouce, courbé, pubescent. Poils simples. Baie globuleuse, de la grosseur d’une pomme de reinette , très-lé- gèrement pubescente, couverte d’écailles fort aplaties, peu ser- rées, alongées, obtuses : écorce du fruit épaisse.

Localités. Cet arbre croît dans les forêts de la province des Mines. Ses fruits sont mûrs au mois de mars.

Etymologie. Araticu est un mot radical indien qui s’applique généralement à toutes les Anones indigènes ; et les Brasiliens ajoutent à ce mot les termes portugais do mato ( des bois ) , ou do

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campo ( des champs ) , suivant que les espèces qu’ils veulent dési- gner croissent dans les forêts ou les pays découverts.

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TJsa^es. On a souvent demandé si les fruits indigènes du Bré- sil (,) étaient supérieurs à ceux de l’Europe , ou si ces derniers. mé- ritaient la préférence ; mais cette question , ordinairement mal posée , n’est presque jamais décidée avec justice. Il est incontestable «rue les fruits d’Europe, tels que nous les mangeons aujourd’hui, sont bien plus savoureux que ceux du Brésil ; mais il ne faut point oublier qu’ils sont le résultat d’une culture de plusieurs siècles, tandis que les fruits indigènes du Brésil sont encore presque tous a l’état sauvage. Si l’on veut être juste, on ne comparera donc point ces derniers avec les pommes, les poires et les prunes de nos jar- dins, mais avec celles qui naissent naturellement dans nos bois; et alors on n’hésitera pas un instant k donner la préférence aux fruits du Brésil. On trouve dans les forêts et dans les savanes de cette belle contrée, une foule de fruits que l’on peut manger avec plaisir, et par conséquent il est à croire qu ils ne resteront point inférieurs aux nôtres, quand on leur donnera quelques soins. Les Jaboticabeiras ( myrtée )> transportés des forêts dans les jardins de St. - Paul et de Tejuco, y ont produit des fruits délicieux, uniquement parce qu ils y ont trouvé un terrain qui leur convenait mieux; que serait-ce si on les eût perfectionnés par des semis faits dans des terres mélangées avec art, et par des greffes répétées plusieurs fois , soit sur b espece même, soit sur des espèces voisines! Je ferai connaître successive- ment les. fruits indigènes qui méritent les soins des habitans du Bré- sil , et, parmi eux, je citerai aujourd’hui les Jnones ou Corossols, généralement connus sous le nom à’Araticu. Il en est p usieurs dont le fruit, dans l’état sauvage, n’est point inférieur a ceux des espèces cultivées, telles que Y Anona squamosa (Pinha; Ata ) , et Y Anona reticulata (Fruta de conde; Condessa); et par conséquent il leur deviendrait préférable par la culture. Je ne décrirai pas ici

(,) En disant les fruits indigènes, je ne .eux point parler par conséquent de la mangue, de l’orange, etc.

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toutes les espèces à’ Arati eu qui réclament l’attention des Rrasi- liens ; je me contenterai d’en avoir indiqué une. Quand on aura planté 1’ Anona sylvatica dans une terre choisie, son fruit déjà très- agréable acquerra certainement plus de saveur ; je ne doute pas non plus qu’on n’en obtienne de bonnes variétés par des semis, et il est à croire qu’on le rendrait meilleur encore en essayant des greffes sur Y Anona squamosa ou suvY Anona reticulata.

Ce n est pas seulement par son fruit que Y Anona sylvatica peut devenir utile : le bois de cet arbre est blanc et tout à la fois com- pact, tendre et leger < Il serait donc très-propre aux ouvrages de sculpture , et remplacerait avec avantage le Tilleul d’Europe. Si , comme cela est vraisemblable, on établit un jour au Brésil des ma- nufactures d indiennes, on fera bien de donner la préférence au bois de Y Anona sylvatica > pour faire les planches à imprimer.

Observations botaniques . § I. Caractères du genre Anona. Ils doivent être tracés de la manière suivante : Calice 3- partite ou quelquefois trilobé , non persistant. Pétales au nombre de six } insérés sous le gynophore , et dis- posés sur deux rangs ; trois extérieurs plus grands alternes avec les divisions du calice, et trois intérieurs alternes avec les extérieurs ; tous parfaitement en- tiers, coriaces, non persistans. Gynophore très-épais, conique au sommet, le plus souvent hémisphérique inférieurement. Étamines très-nombreuses , atta- chées sur les cotés du gynophore , libres , serrées les unes contre les autres , li- néaires et un peu enforme de clou , plus larges à leur sommet, qui est charnu , tronque et anguleux, non persistantes : filamens fort courts , aplatis : anthères continues , immobiles , presque planes sur le dos , relevées d'une côte au milieu de la face. Ovaires nombreux , attachés au sommet du gynophore , uniloculaires , monospermes , le plus souvent soudés. Ovule dressé. Styles en nombre égal à celui des ovaires , continus avec eux, le plus souvent libres, quelquefois nuis. Stigmates terminaux simples , capités ou continus avec les styles, quelquefois sessiles. Baie unique , formée par la soudure des ovaires . remplie de pulpe in- térieurement , poly sperme , ordinairement grande : écorce de la baie épaisse , chargée de pointes ou d’ écailles , plus rarement lisse. Semences ovales ou ellip- tiques, glabres. Tégument propre simple , épais , crustacé-coriace , s’étendant en lames qui s’enfoncent entre les rides du périsperme. Ombilic un peu latéral

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a V extrémité la plus étroite de la semence. Périsperme grand , charnu, ridé transversalement ou quelquefois percé de trous nombreux et contigus. Embryon droit , fort petit , placé dans la base du périsperme ; radicule inférieure , attei- gnant presque l'ombilic.

§ II. Du genre auquel doit être rapporté V Anona sylvatica. Comme je n’ai pas vu îalïeur de celte espèce, je ne saurais démontrer qu’elle n’appar- tient point au genre Rollinia qui , avec une corolle si différente de celle des A nones , présente un fruit semblable au leur. Cependant le faciès de ma plante me paraît être celui des véritables Anones, et d’ailleurs les Rollinia du Brésil et de Cayenne croissent sur le littoral, tandis que je n’ai trouvé l’espèce décrite ici que dans les forêts de l’intérieur.

§ III. Affinités spécifiques. U Anona syhatica a par ses feuilles les plus grands rapports avec le cherimolia ; mais elles ne sont pas, comme celles de ce dernier, entièrement ovales et très -obtuses a leur base, et Ion y dé- couvre de petits points transparens.

§ IV. Synonymie. Marcgraff et Pison parlent d’un Araticu do mata ; mais ils ne s’étendent pas assez sur ses caractères pour que j’ose l’indiquer comme étant identique avec ma plante.

FIGURE.

Rameau en fruit.

ANONA PALUSTRIS.

ANONE DES MARAIS SALÉS.

FAMILLE DES ANONEES.

%

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A. foliis ovato -ellipticis, subcuspidatis ^ basi obtusius culi s ^ gla- berrimis, novissimis ferrugineo-villosis : pedunculis extraaxilla- * ribus , solitariis j, i -floris; petalis late ovatis, acutis ^ interiori- bus dimidio minoribus ; ovariis in massam compactam condu - natis ; fructu leviusculo.

A. palustris. Lin. Sp. 7^7 Mill. Dict. n. f—Swartz Obs. 223. Araticu pana. Pis. Bras. !fò, 70 ic. Marcg. Bras. 94.

A. americana juxta fluviorum ripas innascens, pyriformi fructu. Pluck. Alm. 32,, t. i!\o3f. 6.

A. aquatica foliis laurinis atro - virentibus , fructu minore conoi- deo luteo glabro in areolas distincto. Sloan. Jam. 2o5. Hist. i, p. 169, t. 228 ,f i.

A. uliginosa, foliis nitidis ovatis, fructibus areolatis odoratis. Brown. Jam. 256.

A. palustris et glabra. Dun. Anon. p. 65 et 74- DC. Sjst. 1, p. 469 et 47 5.

Nom vulgaire ; Araticu do brejo \ Cortissa.

Description. Arbrisseau d'environ 6 à 7 pieds , droit , rameux*, ramules grêles : jeunes bourgeons chargés de poils couleur de rouille. Feuilles alternes, simples , sans stipules , longues de 2 pouces à 4 pouces et demi, larges de 1 à 2, parfaitement glabres, ovales-ellip- tiques ou très-rarement ovales , un peu obtuses à la base , aiguës au sommet ou plus souvent terminées brusquement par une petite pointe pétiole assez grêle , canaliculé en dessus , convexe en des- sous , articulé à la base. Pédoncules assez peu nombreux, extra-

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axillaires, solitaires, uniflores , longs d’environ 9 1. , courbés, épaissis de la base au sommet , à peine pubescens, farineux, arti- culés à la base , chargés au-dessus du milieu dune bractéole semi- orbiculaire et concave. Fleurs ayant environ un pouce et demi de diamètre. Calice petit, tripartite, non persistant-, à divisions lar- gement ovales, un peu en cœur, aiguës , concaves, finement ciliées sur les bords. Pétales au nombre de six, insères au-dessous du gynophore et disposés sur deux rangs-, les extérieurs alternes avec^ les divisions du calice ; les intérieurs presque moitié plus courts et munis d’une cote sur le dos; tous largement ovales, aigus, con- caves , glabres. Gynophore long de 4 b? épais, hémisphérique infé- rieurement, conique au sommet. Étamines tres-nomhreuses, atta- chées sur les côtés de la partie hémisphérique du gynophore, libres, serrées les unes contre les autres, linéaires et un peu en foi me de clou, plus larges à leur sommet, qui est charnu, tronqué et angu- leux -, glabres , non persistantes : filamens aplatis , trois fois plus courts que l’anthère : anthères continues, immobiles , presque pla- nes sur le dos , relevées d’une côte sur leur face. Ovaires attachés à la partie conique du gynophore, entièrement soudés en une masse extrêmement compacte, ne pouvant en aucune manière se distin- guer les uns des autres ni être séparés sans déchirement. Ovules oblongs, dressés , solitaires dans leurs loges. Styles en nombieégal à celui des loges, libres, aplatis, glabres. Stigmates terminaux, en tête. Baie unique, de la grosseur d’une poire ordinaire, ovoïde, ob- tuse, presque lisse, remplie de pulpe et polysperme. Semences ellip- tiques , glabres, d’un roux pâle, chargées dans leur périphérie d’une crête crustacée.

Localités. Cet arbrisseau croît en société dans les lieux inondés par les eaux de la mer, et n’est point rare dans les provinces de Rio de Janeiro , et du Saint-Esprit. Il fleurit vers le mois d’octobre.

Étymologie. On appelle cette plante Araticu do brejo (Anone

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des marais ), à cause des lieux elle se trouve, et Cortissa ( liège ), à cause de F emploi qu’on en fait.

Usages. La racine de Y Anona palustris est spongieuse , molle, légère, et, suivant Marcgraff, les Indiens s’en formaient autrefois des boucliers. Les habitans peu aisés de la côte s’en servent aujour- d’hui pour faire des bouchons (ï); mais, comme elle s’imbibe avec une extrême facilité , elle ne peut retenir les liquides que momen- tanément, et l’on renoncerait certainement à l’employer à cet usage si les bouchons de liège étaient plus communs.

La vigne réussit parfaitement dans plusieurs parties du Brésil; celle qu’on cultive dans les contrées chaudes produit des fruits deux fois l’année, et les raisins qui mûrissent pendant les mois de sécheresse sont souvent plus délicieux que les variétés les plus van- tées des jardins de l’Europe. On a fait des essais pour en obtenir du vin; mais ils ont assez généralement mal réussi, parce qu’ils ont été tentés sur de trop petites quantités , et par des hommes générale- ment peu instruits des procédés qu’il fallait suivre. Ces essais, cependant, devaient être protégés; mais les Brasiliens eux-mêmes ont trop souvent découragé ceux qui s’y livraient, en les tournant en ridicule et en leur opposant sans cesse les vins généreux du Tage et duDouro: comme si l’on ne pouvait pas espérer que celui qui com- mence se perfectionnera par de nouveaux efforts; comme si tout le vin que l’on recueille dans le monde devait être méprisé parce qu’il n’est pas semblable à celui du Portugal ; comme si les moin- dres vins n’étaient pas encore préférables, surtout pour l’homme qui travaille, à de l’eau pure ou à de mauvaise eau-de-vie de sucre. Il est impossible qu’il ne vienne pas un temps les habitans du Bré- sil cesseront de repousser les bienfaits que leur a prodigués la miture ; les environs de Sahara, de Meïaponte^ de Curitiba, ae Rio Pardo (2), deviendront un jour de rians vignobles, et l’empire bra-

(1) Du temps de Brow ou en tirait le même parti à la Jamaïque.

(2) Ce sont les lieux la vigne réussit le mieux aujourd’hui.

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silien s’affranchira d’un des tributs les plus onéreux qu’il paie à l’Europe.

Lorsque les Brasiliens' recueilleront du vin sur leur propre sol, ils auront besoin d’une substance qui puisse faire l’office de notre liège. J’ai fait voir que la racine de 1’ Anona palustris ne saurait être d’utilité bien réelle. Il existe dans le district desDiamans,et sur- tout dans les déserts du Rio de St. -Francisco, plusieurs écorces subéreuses dont on pourrait tirer parti ) cependant je crois qu’au- cune n’aura cette élasticité qui rend le véritable liège si précieux pour l’usage auquel on l’emploie. Mais rien n’empêche les Brasiliens d’acclimater chez eux l’arbre qui le produit. Cet arbre trouverait dans le midi de la province de Saint -Paul et dans celle de Rio- Grande-do-Sul , une température et des localités qui lui convien- draient parfaitement ; et, une fois planté, il n est pas douteux qu’il ne se ressemât de lui-même comme ceux de nos forêts.

Observations botaniques. § I. Comparaison des ovaires et du fruit des Ano- nes. Le plus ou moins de soudure dans l’enserflble des ovaires détermine dans la baie formée de leur réunion des écailles ou des pointes plus ou moins sensibles, et chaque pointe ou écaille n’est même que la partie libre ou dis- tincte des ovaires. Dans X Anona palustris les ovaires ne sont nullement dis- tinctes et ne se reconnaissent que par l’existence des loges: donc il ne faut pas s’étonner que la baie y soit lisse ou presque lisse. De tout ceci, il résulte que, lorsqu’on a étudié avec soin les ovaires d’une Anone , on peut dire avec certitude si son fruit sera lisse ou tuberculeux ; et de même l’inspection du fruit suffira pour indiquer à peu près le degré de soudure qu’avaient déjà les ovaires dans la fleur.

§ II. Affinités botaniques. L’ Anona palustris a les rapports les plus sen- sibles avec X Anona australis Aug. de St.-Hil., qui croit sur les bords de la mer, dans la province de Ste. - Catherine. Ce dernier se distingue cependant par setsM>fêuilles , bien plus grandes, simplement ovales et très-obtuses à leur base.

§ Y. Synonymie ; Observations sur V Anona glabra .— L identité de 1 Anona palustris et de XAraticu pana de Marcgraff et de Pison, nest point douteux. Les synonymes de Plukenet et de Brown sont également exacts. Miller est très-

vague , cependant il ne dit rien qui doive faire penser que ce n’est pas ie véritable Anôna palustris qu’il a eu en vue. Quant à la phrase de Sloane que les auteurs ont rapportée à cette espèce , il ne me paraît pas bien absolument certain qu’elle lui soit applicable : car Sloane attribue à sa plante une hau- teur de 3o à 4o pieds, et Swartz ainsi que moi nous lui avons trouvé des di- mensions fort différentes. Aux synonymes de X Anona palustris , il faut encore ajouter X Anona glabra de M. de Candolle: car nous nous sommes convaincus par la comparaison, M. Desfontaines et moi, que l’échantillon de l’herbier du Muséum étiqueté A. glabra , indiqué comme recueilli aux Antilles, et décrit par l’illustre auteur du Sjstema , est absolument semblable à celui que le même savant rapporte à X Anona palustris et qu’il a vu dans l’herbier de M. Desfontaines ( Fojez Systema vegetabilium, i, p. 469 et 475). L’ Anona glabra est donc encore une espèce aussi peu connue que du temps de Linné. Cet immortel naturaliste, ne cite d’autre synonyme à sa plante que la phrase et la figure de Catesby, dans l’ouvrage duquel on ne peut puiser sur l’espèce dont il s’agit que des notions fort vagues. Lamark, en copiant Catesby, a ajouté à la description de cet auteur des traits empruntés à d’autres espèces. Quant à Willdenow, il n’a fait non plus que copier Linné, et s’est contenté de joindre au synonyme de Catesby un autre synonyme emprunté à Duroi. Ce- pendant il est à croire qu’il n’avait pas eu le temps de lire le texte du Harb- kesche Baumzucht , car l’auteur dit qu’il fait sa description de X Anona glabra sur un jeune pied envoyé d’Angleterre sous ce nom , mais dont il n’a vu ni les fleurs ni les fruits; et, comme il ajoute que cet arbre naissant contenu dans un pot avait les feuilles dentées , on doit croire que ce n’était pas même un Anona. On sent parfaitement que, si Willdenow s’était donné la peine de lire toutes les descriptions qu’il cite, il ne serait jamais arrivé à la fin de son premier volume ; et cette impossibilité l'on est de vérifier tant de syno- nymes obscurs montre combien il serait nécessaire que les botanistes s’affran- chissent enfin de l’obligation de les citer. Les indiquer sans examen , c’est multiplier et perpétuer les erreurs ; les vérifier, c’est consumer péniblement et sans fruit un temps qu’on emploierait plus utilement à observer.

§ VL De la patrie de I’ Anona squamosa. J’ai dit (N°XXIX), que les Brasiliens désignaient toutes les Anones véritablement indigènes par le mot araticu qui appartient à la langue guarani. Quant à X Anona squamosa que j’ai toujours vu cultivé et que Vellozo indique aussi dans ses manus- crits comme n’étant point naturel au pays, il est connu sous les noms de Pinha ou Ata. Le premier de ces termes vient certainement de la ressem-

XXX. 3

blance du fruit avec celui du Pin (Pintieiro); cependant il n’est jamais donne aux espèces indigènes, dont le fruit a la même forme ; et par conséquent .1 a être introduit chez les Brasiliens avec la plante elle -meme. Quant au mot ala , il est évidemment emprunté des mots altoa et ans , qui sont ceux nue la même plante porte en Asie et qui appartiennent aux langues orientales. Donc il est clair que les Portugais ont transporté X Anona squa- mosa de leurs possessions de l’Inde dans celles d'Amérique ; et , en 1 introdui- sant au Brésil , ils lui ont conservé avec une tres-legere alteration le nom sous lequel les habitans de l’Inde les leur avaient fait connaître. Les auteurs ont indiqué cette plante comme étant cultivée également en Asie et en Améri- que, et il ne paraît pas qu'on la trouve sauvage ailleurs plus qu au Brest . Si elle était originaire d'Amérique , il faudrait que quelqu’autre nation que les Portugais l’eût transportée dans l'Inde ; que elle eut change son nom européen on amérieaif, contre un nom oriental , que ce nom se fut subite- ment répandu avec de très-légères modifications dans une immense partie de l'Asie , et que ce fût précisément ce même nom que les Portugais eussent préféré au nom primitif. De telles suppositions ne sont nullement admissibles, et il est bien plus naturel de croiie que l’Asie est la véritable patrie deles-

pèce dont il s’agit.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Pédoncule chargé d’une bractée et d’un bouton : cette figure de giandeui n^tu^JIe montre quelle est la forme du calice. - *. Un des pétales extérieurs de grandeur naturelle. 3. Un des pétales intérieurs. - 4- Étamine grossie vue de face. . Çunine côté du dos. -6. Coupe longitudinale du gynophore chargé infeneurement des anllreres

et des pistils sur la partie conique. 7 Semence.

GOMPHRENA OFFICINALIS.

GOMPHRÉNA OFFICINALE.

FAMILLE DES AMARAHTHACEES.

G. hirsuta ; caule basi ascendente ; foliis sessilibus , sœpiiis ovatis mucronatis ; capitulis terminalibus, hemisphaericis , magnis, ( au - rantiaco-coccineis )/ involucri poljphjlli foliolis superioribus lan- ceolatis, acutis , villosissimis ; bractearum carina dentato-cristatâ , calice inferne lanato-villoso.

Gomphrena ofiicinalis. Mart. Reis, i, p. 280.

Bragantia. Vand. in script. Lus., p. 5o.

Noms vulgaires : Para toclo”, Perpetua 5 Raiz do Padre Salerma.

Description. Tige ordinairement longue de 4 à 8 pouces, en at- teignant rarement 9, ascendante à la base, carrée, dure, rouge, char- gée d’environ quatre paires de feuilles et hérissée de poils serrés qui sont le plus souvent dirigés de haut en bas. Feuilles opposées, très-variables pour la forme, et laissant entre elles d’assez longs entrenœuds \ celles de la paire ou des deux paires les plus voisines de la racine souvent orbiculaires et sensiblement plus petites \ les autres longues de 2 à 3 pouces, larges de 1 1/2 à 2, tantôt obovées- oblongues, tantôt presque ovales, quelquefois lancéolées-ovales ou elliptiques ou bien encore oblongues ou orbiculaires- ovales , un peu obtuses ou à peine aiguës ; toutes sessiles , un peu rétrécies à la base, parfaitement entières, terminées par une pointe particulière fort petite, un peu charnues, ciliées, chargées de poils épars sur les deux faces, un peu rudes au toucher, d’un vert rougeâtre, mar- quées de points et de petites veines un peu transparentes: nervure

XXXI. I

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moyenne, proéminente en dessous, indiquée en dessus par une ligne fort enfoncée*, les latérales peu nombreuses, ascendantes, saillantes à la surface inférieure ; les unes et les autres chargées à la même sur- face de poils plus nombreux que ceux du reste de la feuille. Fleurs réunies en une seule tête terminale, fort grande, hémisphérique, ayant jusqu’à 2 pouces de diamètre, accompagnée d’un involucre. Folioles de l’involucre distinctes entre elles, au nombre de douze à vingt, très-rapprochées des fleurs, serrées, fort inégales, longues de 25 a 9 1., sessiles, entières , ciliées, terminées par une pointe souvent pi- quante; les inférieures étalées ou réfléchies, plus grandes, chargées de poils épars sur les deux faces , le plus souvent oblongues et sem- blables aux feuilles ; les supérieures plus petites , lancéolées , aigues , très-velues. Poils simples, assez longs, articulés, naissant d un tubercule ; ceux de la tige plus fins et moins roides ; tous d’une cou- leur de rouille foncée , excepté quelques-uns de 1 involucre qui sont blancs. Bractées au nombre de deux , opposées , embrassant la fleur avant son parfait développement, longues d’un pouce et demi, carénées , linéaires, étroites, un peu plus larges vers la base, aigues à leur sommet, munies sur le dos d’une crête dentée dans la moitié supérieure et d’une simple côte dans la moitié inférieure, sca- rieuses, glabres ou à peine chargées de quelques poils , d un ver- millon tirant sur l’orangé. Calice profondément 5-partite; a divi- sions longues d environ i5 lig. 9 larges de ï a 3 lig- ? linéaires, canaliculées , aiguës, d’une couleur plus pâle que les bractées, sca- rieuses , chargées dans le tiers de leur longueur de poils serrés nombreux soyeux un peu ondulés de couleur blanche ; trois des divisions du calice extérieures; deux intérieures. Corolle o. Nec- taire o. Tube antherifère à peine plus long que le calice, cylin- drique, étroit, parfaitement glabre, d’un blanc légèrement jaunâtre , terminé par dix dents, pourvu de cinq nervures dont chacune alterne avec deux dents. Anthères au nombre de cinq, linéaires, très-étroites, jaunes , sessiles, insérées par le dos au sommet des nervures du tube , de manière que leur moitié inférieure se trouve

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renfermée dans Fintérieur de celui-ci , et que l’autre moitié le dé- passe. Style unique, court, plus ou moins profondément i -fide, dont les branches sont linéaires , aiguës, purpurines et stigmatiques du côté intérieur. Ovaire supérieur, obové-oblong, comprimé, glabre, i-loculaire, ï -sperme. Ovule globuleux, attaché à un cor- don ombilical long, cylindrique, qui naît du fond de la loge, et se courbe en manière de crosse. Je n’ai pas vu le fruit.

Localités. Cette plante est commune dans les pâturages naturels de la province de Minas- GeraeSj et dans ceux du nord de la province de Saint-Paul. On la trouve principalement dans les terrains ar- gileux. Elle fleurit depuis le mois de décembre jusqu’au mois de mars.

Etymologie . Le nom de Para todo (propre à tout) que Ton donne à cette plante indique, suivant les uns, l’idée que Ton a de l’universalité de ses vertus; et suivant les autres , la double faculté qu’elle a d’exciter au vomissement, et de procurer des déjections alvines. On appelle la meme plante Perpetua ^ parce que ses fleurs, très-scarieuses , se conservent aussi long-temps que celles de nos immortelles. On lui donne enfin le nom de Raiz do Padre Salerma ( racine de l’abbé Salerma ) , parce qu’un ecclésiastique , ainsi nommé , est celui qui le premier en a fait connaître les propriétés , ou qui les a préconisées le plus. Quant au nom spécifique à’offici- nahs , si M. Martius l’a choisi pour cette plante, ce n’est pas que jusqu ici on Fait vendue dans les pharmacies, mais c’est qu’elle a sans doute paru au savant bavarois digne de figurer auprès des mé- dicamens les plus répandus dans le commerce.

Usages. Si Fon en croyait les cultivateurs de Fintérieur du Bré- sil, la racine de cette plante serait propre à guérir tous les maux. Ils 1 emploient particulièrement dans les fièvres intermittentes, les co- liques, la diarrhée ; ils prétendent qu’elle est bonne contre la mor-

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sure des serpens ; ils disent qu elle fortifie l’estomac , les intes- tins, etc. On ne saurait ajouter foi à tant de vertus différentes, réunies dans un seul végétal , et malheureusement l’analogie ne peut ici nous aider à découvrir la vérité; car, jusqu’à présent, comme font très-bien observé MM. de Gandole et Martius, aucune plante de la famille des A m aran th acées n’avait été signalée pour ses pro- priétés médicales. D’un autre côté cependant, la racine du Para todo est trop généralement vantée, pour qu’elle n’ait pas , dans cer- tains cas , produit de bons effets : par conséquent , il est à désirer que quelque médecin instruit fasse des expériences systématiques sur la plante dont il s’agit, et qu’il cherche à démêler ce qu’il y a de vrai dans les récits merveilleux que l’on fait des guérisons qui sont attri- buées à cette même plante (i).

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Bractée de grandeur naturelle. 2. Une des divisions du calice. Id. 3. Tube an- thérifère. Id. Portion supérieure du tube anthérifère grossie , et étalée artificiellement pour montrer la manière dont les anthères sont attachées. 5. Pistil grossi. 6. Coupe verticale de l’ovaire grossi.

(1) Il faut se donner de garde de confondre le Gomphrena officinalis avec un arbre de la famille des Apocinées , qui est aussi connu dans la province de Minas sous le nom de Para todo , et que je ferai connaître à son tour dans cet ouvrage.

GOMPHRENA MACROCEPH AL A.

GOMPHRÉNA A GROSSE TÊTE.

FAMILLE DES A M A R AJ TRACEES.

G. hirsutissima ; caule basi ascendente ; foliis pet i olatis j lan- ceolatis j lanceolatove - oblongis j capitulis terminalibus ^ hemi- sphaericis, maximis, [pulchre roseis ); involucri poly phy Ili foliolis superioribus longissimis , linearibus , angustis ; bractearum carina dentato-cri statâ ; calyce inferne villoso.

Description. Tige longue d’environ 4 à 8 pouces, simple, as- cendante à la base, dure, carrée, chargée d’environ quatre paires de feuilles , hérissée de poils serrés étalés ou ascendans. Feuilles opposées , longues de 2 à 5 pouces , pétiolées , lancéolées ou lan- céolées-oblongues , décurrentes sur le pétiole , aiguës, entières, un peu rudes au toucher, marquées de petites veines et de points trans- parens , hérissées de longs poils et ciliées, calleuses sur leurs bords, rousses sur ces mêmes bords ainsi que sur les nervures moyennes et latérales qui sont proéminentes en dessous : pétiole large , hé- rissé : les feuilles du bas et quelquefois toutes celles de la tige sont fort petites, et réduites à des espèces d’écailles. Fleurs d’un beau rose, réunies en une tête unique, terminale, extrêmement grande, très-convexe, hémisphérique, atteignant jusqu’à 3 pouces de diamè- tre , accompagnée d’un involucre. Folioles de l’involucre dis- tinctes entre elles, au nombre de vingt environ , fort inégales; qua- tre à six extérieures, longues de 2 à 6 pouces, rétrécies en pétiole, lancéolées-ovales ou lancéolées -oblongues ou bien encore oblon- gues-linéaires , plus ou moins semblables aux feuilles caulinaires; mais assez généralement plus longuement hérissées qu’elles, et un peu laineuses à la base ; les folioles extérieures longues de 2 à 5 pouces , larges de 1 à 2 lig. plus rarement 4? linéaires, étroites, aiguës, XXXIL ï

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calleuses sur les bords, fortement hérissées. Poils atteignant jusqu a 4 1. , simples, articulés, naissant d’un tubercule. Bractées au nombre de deux , embrassant la fleur avant son parfait développe- ment, longues d’un pouce et demi, carénées, linéaires, étroites, un peu plus larges à la base, à peine aiguës à leur sommet, parfaite- ment glabres, scarieuses , munies sur le dos dans leur moitié infé- rieure d’une crête denticulée et d’une simple côte dans leur moitié inférieure. Calice profondément 5 -partite ; à divisions longues de i5 1. , larges d’une ligne à la base et d’une demi-ligne au sommet, linéaires, canaliculées , scarieuses, marquées de 3 stries sur le mi- lieu du dos , chargées dans le tiers inférieur de leur longueur de poils serrés nombreux soyeux très - fins et de couleur blanche, trois des divisions du calice extérieures j deux intérieures. Tube antherifère un peu plus court que le calice, cylindiique, étioit, terminé par dix dents extrêmement petites, pourvu de cinq nei- vures à peine sensibles, dont chacune alterne avec deux dents. Anthères au nombre de cinq, linéaires, extrêmement étroites, uniloculaires, sessiles, jaunes, insérées par le dos au sommet des nervures du tube, de manière que leur tiers inférieur se trouve dans l’intérieur de celui-ci, et que les deux tiers supérieurs le dépassent. Style unique, court, bipartite dont les branches sont linéaires, aiguës, stigmatiques sur la face et un peu révolutées sur leurs bords. Ovaire globuleux, glabre, uniloculaire, i-sperme. Ovule globuleux attaché à un cordon ombilical long et cylindrique, qui naît du fond de la loge, et se courbe en manière de crosse. Je n ai pas vu

le fruit.

Localités. Cette espèce fleurit principalement en janvier. Com- mençant à croître dans les pâturages voisins Ae Sorocaba, e\\e devien commune dans les Campos geraes , et, jusqu’à Curüiba , dans toute la partie méridionale de la province de Saint-Paul, situee

Étymologie. Les noms de cette espèce Para todo et Perpetua ,

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sont ceux du Gomphrena officinalis , et se trouvent expliqués à l’article de cette dernière plante.

Usages. Les vertus du Gomphrena macrocephala ne sont guère moins préconisées par les Paulistes que celles du G. offici- nalis par les Mineurs ; mais c’est principalement contre la morsure des serpens et les coliques , que 1 on fait usage de la première de ces plantes. Quoi qu’il en soit, 1 idée que les habitans de pays fort éloignés les uns des autres , ont des propriétés de ces deux espèces extrêmement voisines, achève de prouver qu elles sont bien réelle- ment médicinales, et qu elles meritent toute 1 attention des hom- mes de l’art.

Observations botaniques. Caractère général de la famille des Amaran- thacées tiré de l’ovaire et de l'ovule.— On a vu , dans la description que j’ai donnée du jeune fruit des Gomphrena officinalis et macrocephala , que l’ovaire y est uniloculaire , et l’ovule attaché à un cordon ombilical long et cylindrique qui naît du fond de la loge et se courbe en manière de crosse. Ce n’est pas seule- ment dans ces deux especes que j’ai observé cette organisation ; je lai retrouvée dans un nombre prodigieux d ' Amaranthacées dont j’ai fait 1 analyse , et par consé- quent on doit la regarder comme un des caractères généraux de cette famille. Elle existe même dans le Celosia, par exception l’ovaire est polysperme.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Bractée de grandeur naturelle. 2. Portion supérieure de tube antherifère étalée artificiellement et grossie.

XYLOPIA SERICEA.

XYLOPIE SOYEUSE.

FAMILLE DES A N ONE ES.

X. caule arboreo y ramulis rufo -tomento sis foliis lanceolato- oblongis y longe acuminatis 3 supra glabris } subtus senceo- argenteisj pedunculis brevissimis } 3-floris / petalis ^ei ectis} exterioribus oblongo-lmearibus obtusis } interioribus dt-fjuetns , baccis paucis j subsiccisj levibus , i -valvibus.

Embira j Pindaíba. Pis. Bras. 71, ic.

Ibira. Macg. Bras. 99, ic.

Unona carminativa. Arud. Diss. 4$.

Description. Arbre assez ëleve : ramules distiques, cou\eits de poils roux , ayant sous ces poils une écorce noirâtre parsemée de points blancs. Eeuilles sans stipules, alternes, ties-i approchées, distiques, souvent réfléchies en arrière, longues de 4 à 4 pouces 1/2, larges de 9 a 10L, lancéolées-oblongues , longuement acuminées, parfaitement entières , glabres et luisantes en desssus , glauques a la surface inférieure qui paraît argentée à cause des poils blancs longs et serrés qui la couvrent : pétiole long d environ 2 lig. , con- vexe en dessous, canaliculé en dessus. Pédoncules axillaiies, foit courts , velus , chargés de trois à quatre fleurs et munis de bractées : bractées imbriquées, ovales, obtuses, concaves, velues . pédi— celles extrêmement courts et chargés de bractées semblables à celles des pédoncules. Poils simples. Calice profondément tii- partite, court, triangulaire, en forme de coupe, coriace, velu, roux, caduc. Pétales au nombre de six, insérés sous le gyno- XXXIII. T

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phore , disposés sur deux rangs , dressés , un peu soudés à leur base, un peu pubescens, d’une couleur blanche; les extérieurs longs d’environ io lig. , larges de 2, oblongs-linéaires , obtus, res- serrés au-dessus de la base qui est concave, munis d’une côte sur le dos ; les intérieurs plus courts et plus étroits , prismatiques-trian- gulaires , linéaires-oblongs , aigus , concaves à leur base qui est plus large, en forme de cuiller et recouvrant les organes sexuels. Gynophore mince, profond, en forme de coupe, s’élevant presque jusqu’à” sommet des ovaires qui sont renfermés dans sa cavité. Étamines attachées à toute la surface extérieure du gynophore, extrêmement nombreuses , libres mais serrées les unes contre les autres, linéaires, un peu en forme de clou, plus larges à leur sommet qui est charnu, tronqué et anguleux, à peine lon- gues d’une demi -ligne, glabres, de couleur blanche, caduques: filamens extrêmement courts, aplatis : anthères continues, im- mobiles , un peu aplaties sur le dos , munies d’une côte sur le milieu de la face; les étamines supérieures très-aplaties , stériles. Ovaires au nombre de quinze environ, attachés au fond du gyno- phore, oblongs, anguleux, convexes sur le dos, très-velus, uni- loculaires, 4 -spermes , réellement libres, mais en quelque sorte soudés par le moyen de leurs poils qui se feutrent. Ovules attachés par le moyen d’un cordon ombilical fort menu dans l’angle de l’ovaire qui regarde le centre de la fleur, disposés sur un seul rang, ascendans, petits, d’une forme ronde. Styles en nombre égal à celui des ovaires , longs d’environ 3 lig. , filiformes, un peu en zigzag, glabres, soudés en une colonne prismatique, triangulaire, épaissie à sa base qui est plus large que le som- met de la masse des ovaires. Stigmates en nombre égal à celui des styles, à peine distincts de ces derniers et terminaux. Baies atta- chées sur un réceptacle fort petit , très-peu nombreuses à cause de l’avortement de la plupart des ovaires, longues de 6 lig. , peu charnues, portées par un pédicule court, obovées, obtuses, lis- ses, à peine pubescentes, d’un rouge obscur , uniloculaires, s ou-

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vraiit en une seule valve clu côté qui regarde le centre de la fleur. Je n’ai pas vu la graine.

Localité. Cette plante n’est pas très-rare dans les forets mon- tueuses qui avoisinent Rio de Janeiro, et dans d’autres parties du Brésil. C’est au mois de novembre que je l’ai trouvée en fleurs.

Etymologie. Le mot Pindaïba 3 qui s’applique aussi au Guat- teria villosissima et à d’autres arbres, est un composé de deux mots indiens : pinclaï 3 perche pour pêcher le poisson , et ïba 3 arbre à fruit (l’arbre à fruit qui produit des perches pour pêcher le poisson.) Quant au mot embira, les Brasiliens-Portugais l’appliquent à toutes les écorces dont on peut se servir pour faire des liens, et, à ce mot, ils joignent le terme portugais pour désigner les arbres qui pro- duisent ces mêmes écorces. Dans la réalité, le mot embira n’est qu’une corruption du mot indien ibira3 qui signifie , en général , un arbre ; et il est assez vraisemblable que les premiers conquérans portugais, ayant souvent entendu les indigènes appliquer ce terme aux arbres dont l’écorce fournit des liens , auront cru qu’il n’avait pas une signification plus étendue.

Usages. Il existe dans les forêts du Brésil une foule d’arbres dont l’écorce tenace et flexible est employée par les habitans, pour faire des liens, et pourrait fournir des câbles et d’ excellens cordages. De ce nombre est l’espèce qui vient d’être décrite. Cependant il serait très-fâcheux qu’on l’employât à cet usage, parce qu’elle peut être d’une utilité bien plus grande encore (1), et qu’au lieu de la dé- truire , comme il faudrait le faire pour la dépouiller de son écorce , on devrait tâcher de la multiplier. En effet, ses fruits, très-aroma- tiques, ont Fodeur du poivre; et si leur goût n’est pas tout-à-fait

(i) Aruda fait la même observation sur son Anona carminativa , qui , comme je le dirai bientôt , ji’est probablement pas autre chose que ma plante.

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aussi fort, il est peut-être plus agréable. Plus connus, ces fruits se- raient certainement recherchés comme épicerie, et pourraient don- ner lieu à une nouvelle branche de commerce; mais les Brasiliens se sont malheureusement accoutumés à dédaigner tous les bienfaits dont la nature les a comblés , et dans la destruction des forêts, qui fait des progrès si rapides, l'arbre que je viens de faire connaître n est pas plus épargné que tant d’autres espèces précieuses qui finiront peut-être par disparaître entièrement.

Observations botaniques. I. Caractères génériques du genre Xylopia —Jusqu'à présent on n’avait étudié que les fruits des différens genres de la la, ni le des Anonées, et l’on n'avait fait aucune attention à leurs pistils. C est cependant cette partie de la fleur qui , dans cette famille , paraît fournir les caractères les plus surs ; c’est elle qui doit y être considérée comme la véritable pierre de touche des associa- tions génériques. Après avoir étudié les organes femelles des especes qui appartien- nent bien réellement au genre Xylopia, j’ai tracé les caractères de ce genre de manière suivante : Calice 3 -Jide ou 3 -partitk, le plus souvent cupuhforme coriace, caduc. Pétales, au nombre de 6, insérés sous le gynophore, dès- posés sur deux ranges les extérieurs plus grands alternes avec les dm du calice ; les intérieurs triquètres , alternes avec les exteneurs toi p souvent dressés, oblongs-Unéaires , concaves a leur base qm est pl , e„0UE mince, profondément concave, en forme de coupe 0UP^j‘°^u Étamines très - nombreuses , caduques, attachées a la surface extern n gynophore, libres, très-rapprochées , linéaires un peu en .forme larves à leur sommet qui est charnu tronque et anguleux : filament lies courts, aplatis : anthères continues, immobiles, un peu p ânes a eur o , munies d'une côte au milieu de la, face. _Ovai.es assez nombreux, attaches au fond du gynophore, le plus ordinairement entièrement renfermes dans sa cavité ou ^quelquefois sortant à leur sommet, libres, oblongs, anguleux convexes sur le dos, velus, . - local aires , 4- spermes. 0 ^ascenAans attachés sur un seul rang au côté du péricarpe qm regarde h ce fleur Styles en nombre égal à celui des ovaires, soudes en une colonne piismatique-triangulaire. Stigmates en nombre égale à celui des styles a peine

llistbiets. de ces derniers et terminaux. Baies peu noln^re^f.eS tement de la plupart des ovaires, portées parmi court pedwe le peu chuin tes Zts, obtJs (ex. auct.), s’ouvrant du côté du centre de lajleur, umvalves , quelquefois o-valves ou rarement monospermes ou dupermes (ex. •)•

§ II. Du nouveau genre Anaxagorea.— Ce gynophore staminifère et eupuliforme qui enveloppe et cache des ovaires à semences parietales ; ces styles intimement soudés en une colonne triangulaire constituent, comme je le dis ailleurs, un en- semble de caractères qui, se trouvant unis dans sept espèces avec le même port et la même forme de fleurs et de fruits, exige qu’on exclue du genre Xylopia les espèces qui présentent une organisation différente. Il sera donc nécessaire qu’on revoie soigneusement toutes celles que l’on a jusqu’ici fait entrer dans ce genre-, mais en attendant qu’on se livre à ce travail indispensable, je puis déjà indiquer le Xylopia prinoïdes Dun. , comme ne pouvant rester avec les vrais Xylopia. Averti par le port de cette plante , qui n’est celui d’aucun genre connu à’Anonée (1), j’ai cru devoir faire une analyse détaillée de la fleur; et voici quel en a ete le resultat : Un calice muni d’une bractée à sa base, à peu près égal à la corolle, et divisé si profondément qu’on pourrait le décrire comme triphylle; 6 pétales oblongs dont les extérieurs un peu plus grands ; des étamines en nombre peu considérable , insérées sous le gynophore et à sa base , et soudees avec la base des pétales ; des filets fort courts; des anthères linéaires, très - aplaties , ligulées au sommet , i-loculaires , tournées en dehors, s ouvrant longitudina- lement; des ovaires insérés sur un gynophore à peine sensible, soudés , très-sensiblement stipités , 1 - /oculaires , dispênnes; deux ovules attachés au fond de la loge; des styles courts , impeu soudés; des stigmates en tête; une capsule longuement stipitée, disperme , s’ouvrant du côté intérieur en deux valves. De tels caractères éloignent le Xylopia prinoïdes des autres Xylopia, peut-être plus que de tous les genres d ' Anonees . Il est évident aussi qu il ne peut pas entrer dans les genres Anona, Porcelia et A simma , dont le fruit est indéhis- cent , polysperme , et les semences sont pariétales. ( V, . Dunal , de Candoîe , etc. ) On ne peut pas non plus le placer dans le genre U varia, qui, avec des caracteres semblables , offre un péricarpe multiloculaire. Les Anonas ont, comme lui , 1 ovule dressé-, mais cet ovule est unique, et l’ensemble de leurs ovaires se change en une baie. De tous les genres d Allouées, le Guatteria est réellement celui qui se rapproche le plus du Xylopia prinoïdes , parce que la situation de f ovule y est la même que dans la plante dont il est question, et que le fruit y est stipité; mais il y a encore cette différence que , dans les Guatteria , l’ovule est solitaire au fond de sa loge, et le fruit indéhiscent. Puis donc que le Xylopia prinoïdes ne peut être admis dans aucun des genres connus , il devient absolument necessaire d en faire un genre parti- culier, et la formation de ce genre devient d’autant plus nécessaire, que la plante dont il s’agit, présente un caractère dont je n’ai pas encore parlé, et qui jusqu ici est unique dans les familles des A nouées. Son tégument propre ne se prolonge

(i)Ce port est si différent de celui des autres Anonëes , que la plante avait été étiquetée originai- rement Ochnacée dans l’herbier du Muséum. >

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nullement en lames , et ne s'enfonce point dans le périsperme. J’exprime les ca- ractères du nouveau genre de la manière suivante :

ANAXAGOREA. Calyx subtriphyllus , basi i-bracteatus, corollce subeequalis , deciduus. Petala 6, infrà gjnophorum inserta, duplici ordine disposita, oblonga ; exteriora cum laciniis caljcinis , interiora cum exterioribus alter- nantia, pauló majora ; omnia integerrima, carnoso-coriacea, decidua. Gyno- phorum vix manifestum. Stamina subnumerosa, infrà gjnophorum ejusdemque basi inserta, imis petalis subcoalita, linearia, complanata , apice ligulata (ex connectivi processu) : filamenta brevissima : antheræ continuer, immo- biles, %-loculares , extrorsce, longitrorsùs dehiscentes. Ovaria haud numerosa , parva, stipitata, coalita, unilo culari a , i-sperma. Ovula i, fundo locula- menti affixa, erecta. Styli breves, subcoaliti. Stigmata capitata. Capsula longé stipitata, intus dehiscens , unilo cularis , disperma. Semina 2, fundo capsulce affixa, invicem adpressa, pjriformia, hinc convexa, inde plana. Integumentum simplex, in lamellas nullo modo productum. Umbilicus ad angustiorem seminis extremitatem terminalis. Perispermum magnum, carnosum, subrugosum. Embryo longiusculus , rectus, in basi perispermi : cotyledones plance, ovatæ : radicula iisdem longior, umbilicum sub attingens , infera.

Nomen ab Anaxagora, celeberrimo philosopho atheniensi, qui, teste Aristo- tele, de generatione vegetabilium disseruit.

§ Ili. D'un caractère indiqué comme général dans la famille des Anonées. Sachant que, dans plusieurs genres de la famille des Anonees, les semences sont attachées à fa paroi du péricarpe, et raisonnant par analogie, le célèbre auteur du Systema vegetabilium avait cru pouvoir indiquer l’insertion pariétale comme un des caractères généraux de la famille. Par ce qui a été dit plus haut, on voit qu il n'en est pas ainsi, puisque les ovules sont dressés dans les genres Anona, Guat- teria et Anaxagorea. 11 est au reste fort remarquable que les caractères tirés du mode d’adnexion des ovules aient moins d’importance dans les familles les plus élevées du règne végétal que dans celles d’un ordre inferieur.

§ IV. Affinités spécifiques,- synonymie. —'Le X. sericea a des rapports avec le setosa ; mais ses feuilles sont au moins deux lois plus grandes , et ont une forme un peu différente 5 les tiges sont cotonneuses et non velues ou presque hérissées, et les fleurs ont une grandeur presque double. Il me paraît évident, d’après la figure et la description de Marcgraff et surtout celles de Pison , que c’est à cette plante , et non au setosa que doivent être rapportés les synonymes de ces anciens botanistes. Je ne puis être aussi sûr de l’identité de mon espèce et de YUnona carminativa d’Aruda, parce que cet auteur n’a point décrit sa plante-, mais ce qu’il dit des lieux

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elle se trouve, et de ses usages, me porte à croire qu’elle ne diffère pas de mon espèce. Quant au X. brasiliensis Spreng. , ce n’est évidemment pas le sericea, puisqu’il a des pédoncules allongés et uniflores.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï . Calice grossi : a bractée. 2. Pétale inférieur vu du côté de la face et un peu grossi. 3; Pétale supérieur vu de face, id. 4* Anthère vue de face, très-grossie. 5. Id. , vue du côté du dos et très-grossie. 6. Gynophore et pistils , id. : a. Gynophore : b. Ovaires : c. Styles soudés en colonne prismatique. 7. Gynophore coupé verticalement, afin de laisser voiries ovaires : a. une des étamines attachée à l’extérieur du gynophore.

CISSAMPELOS OVALIFOLIA.

CISSAMPÉLOS A FEUILLES OVALES.

FAMILLE DES mÉnISPERMEES.

c. caulibus suffruticQsis , erectis , simplicibus J tomentosis ; foliis breviter petiolatis ovatis , apice obtusiusculis , subrepan dis, utrinque subtiisve petioloque et racemis femineis tomentosis ; corymbis masculis subternis , hispidis ; petalo femineo subdis villosiusculo.

C. Ovalifolia. D.C. Syst. veg . i, p. 537.

Nom vulgaire : Orelha cie Onça.

Description. Cette espèce offre trois variétés assez distinctes. Je ferai connaître d’une manière détaillée celle qui m’a paru la plus commune , et j’indiquerai les différences qui existent entre elle et les deux autres. N’ayant observé les fleurs mâles que dans la variété y et les fruits mûrs dans la variété & , je décrirai ces parties en traitant de chacune des deux memes variétés.

/ - ' ï

Var. a cinereo-vîridis ( vert cendré ).

Individus femelles. Sous-arbrisseau a tiges solitaires ou assez nombreuses, hautes d’un à deux pieds, droites, simples, tetragones, cotonneuses. Feuilles alternes, sans stipules, longues d’environ 2 pouces, larges de i4 1. , diminuant successivement de grandeur , d’une forme ovale, en cœur à leur base, un peu aiguës au sommet, terminées par une petite pointe, un peu sinuées, munies de cinq à sept nervures, cotonneuses sur les deux faces, d’un vert cendre qui en dessous prend une teinte plus pâle: pétiole cotonneux, long d’en-

XXXI Y. I

virou une demi-ligne. Fleurs extrêmement petites, disposées en grappes axillaires, et formant en même temps, par le raccourcisse- ment des feuilles supérieures, des épis terminaux et composés. Grappes beaucoup plus courtes que la feuille , pédonculées , mul- tiflores, chargées de bractées : pédoncules et axe cotonneux , un peu blanchâtres: bractées rapprochées, portées par un court pétiole, ayant 5 fleurs dans leur aisselle, présentant la forme d’un cœur fort élargi , plutôt laineuses que cotonneuses , diminuant successivement de grandeur, persistantes, prenant de l’accroissement pendant la maturation du fruit: pédicelles uniflores , très-courts, à peine sen- sibles, plutôt laineux que cotonneux. Calice formé par une foliole unique qui se trouve placée au côté extérieur de l’ovaire, et qui est étalée , à peine longue d’une ligne , obovée, rétrécie en onglet, den- ticulée, velue en dessous. Pétale unique, hypogyne, étalé, serré contre la foliole calycinale, trois fois plus court qu elle, onguiculé, transversalement elliptique , arrondi sur les côtés , denticulé au sommet, glabre en dessus, très-légèrement velu en dessous. Ovaire excentrique sur le réceptacle de la fleur, extrêmement petit, ovale, un peu bossu, très-velu, uniloculaire, ï -Sperme, d abord dressé , mais se courbant , après la fécondation , en deux moitiés dont la supérieure s’applique contre l’inférieure, et finit par se souder avec elle. Ovule pariétal , oblong, péritrope , d abord droit, se cour- bant ensuite avec l’ovaire. Style trigone, trifide, glabre-, à di- visions étalées, stigmatiques à leur face.

V. £ nifescens (roussâtre).

Cette variété, dont je n’ai vu que les individus femelles, dif- fère de la précédente par ses tiges roussâtres et par ses feuilles de même couleur, beaucoup moins cotonneuses en dessous , à peine en cœur à leur base , tantôt plus oblongues et tantôt plus oibicu- i aires. Drupe long d’environ 3 l., peu charnu, obové, très-obtus, un peu comprimé, pubescent, portant auprès de sa base les restes per-

3

sistans du style renversé. Noyau très-obtus, comprimé , tubercu- leux sur son bord qui est assez large, relevé sur les deux faces d’une côte qui a la forme d’un fer à cheval, divisé intérieurement au-delà de moitié par une cloison incomplete, bilamellee, obtuse au som- met, à peu près vide à l’intérieur. Semence cylindrique, courbée dans son milieu, ayant la forme d un fer a cheval, et attachée par le milieu de la courbure au sommet de la cloison. Jen ai pas étudié l’embryon.

Var. y cinerescens (cendrée).

Je ne connais de cette variété que les individus mâles (ï). Leurs feuilles sont un peu plus grandes que dans les autres variétés } elles sont cotonneuses en dessous , d une couleur cendree , et n ont aucune échancrure à leur base. Corymbes de fleurs males pe- donculés , naissant au nombre de deux a quatre à 1 aisselle des feuilles et beaucoup plus courts quelles : pédoncules longs d’en- viron un pouce, grêles, filiformes , hérissés: divisions p rimai 1 es du corymbe semblables au pédoncule, et ordinairement au nombre de deux à quatre : divisions secondaires également semblables , mais un peu plus menues : pédicelles hérissés , extrêmement courts. Fleurs extrêmement petites. Calice 4~Par^e j a divisions obo- vées, onguiculées, obtuses, un peu denticulées au sommet, glabies en dedans, velues ou un peu hérissées en dehors. Corolle mo- nopétale, hypogyne, cupuliforme, profondément 4~partite, glabie, beaucoup plus courte que le calice ”, a divisions presque orbicu- laires. Androphore s élevant du centre de la corolle , plus long quelle, pelté à son sommet dont le bord porte quatre anthères sessiles, transversalement ovales, uniloculaires, s ouvrant horizon- talement.

Localités. Les variétés a et * sont communes dans les pâturages

(il Je les ai étudiés sur les individus mêmes qui out servi à M. ae Candole a constituer 1 espece.

naturels du midi de la province de Goyaz, et dans ceux de 1 ouest de celle des Mines, surtout près la ville de Paracatu. La variété v se

trouve au Para.

Étymologie . Le nom d 'Orelha de Onça se donne non-seule- ment à cette espèce, mais encore à peu près a toutes celles qui ont également des tiges simples et non grimpantes. 11 vient de la res- semblance qu’on a cru observer entre leurs feuilles et 1 oreille du jaguar, appelé onça par les Brasiliens des provinces du centre.

Usages. Les racines de cette plante sont amères, et on en fait boire la décoction , à ce qu’il paraît avec succès , dans les bevres intermittentes. Le principe amer et fébribuge a déjà été reconnu dans d’autres végétaux de la même famille, et par conséquent on peut engager les habitans des cantons croît l’espèce qui vient d’être décrite, à continuer à en faire usage.

Observation botanique. De la couleur des fleurs du Cissampelos o vahfoba. Le célèbre auteur du nouveau Systema vegetabilium, décrit les fletus du Cis- sampelos ovali folia comme étant pourpre-noir. Il est très-vrai qu elles sont .e es dans les échantillons secs ; mais comme la même couleur se communique , par a dessiccation, aux fleurs de plusieurs espèces qui , auparavant, étaient vertes, il est rlp même du Cissampelos ovahfoha (ï).

ii rrnire rm’ii en a

EXPLICATION des figures.

À. Individu femelle. B. Individu mâle. grossi. 3. Coupe verticale du même noyau, a. bryon.

i. Pistil très-grossi. - 2. Noyau très- point d’attaclie de la graine. 4- Em

(,) Voy. pour les caractères génériques de leur embryon, le XXXV-

des Cissampelos , l’histoire de leur fruit et la direction-

CISSAMPELOS EBRACTEATA.

CISSAMPELOS SANS BRACTÉES.

FAMILLE DES MENISPERMEES.

C. caule suffmticoso , erecto } simplici tomento so ; foliis orbi- culari-rliombeis , vix repandis } suprap ubescentibus , subtus to- mentosis ; floribus femineis axillaribus fasciculatis ebracteatis.

]Som vulgaire ; Orelha de onça.

Description. Sous-arbrisseau à tige haute d’un à deux pieds , droite, simple, tétragone, cotonneuse. Feuilles alternes, sans stipules, longues d’environ 2 pouces 1/2, larges de 2 pouces, di- minuant successivement de grandeur, orbiculaires-rhomboïdales , àjpeine sinuées , munies de cinq nervures , pubescentes en dessus, cotonneuses en dessous, d’une couleur cendrëe : pétiole long de 6 à 8 1. , convexe en dessous, canalicule en dessus, cotonneux. Fleurs réunies en faisceau, pediceîlees, sans bractées, naissant au nombre de cinq environ, a 1 aisselle des feuilles supérieures. Pédicelles velus, longsd’environ une ligne etdemie. Calice formé par une foliole unique qui se trouve placée au côté extérieur de l’ovaire, et qui est étalée, longue d’un tiers de ligne, munie d’un onglet court, très-obtuse, velue en dessous , glabre en dessus. Pétale unique, hypogyne, étalé, serré contre la foliole calicinale, à peine visible, quatre fois plus court que le calice, orbiculaire, concave, très-glabre. Style à trois dents. Ovaire excentrique sur le réceptacle de la fleur, extrêmement petit, ovale, un peu bossu, glabre sur le dos, très- velu à la face, uniloculaire, 1- sperme, d’abord dressé,, mais se courbant après la fécondation.

Localités. Cette plante est assez commune dans les pâturages na- XXXV.

I

tureis qui avoisinent la ville de S. Joao del Rey, province des Mines. Elle fleurit en février.

Etymologie. Voyez ce qui est dit au Na XXXIV.

Usages. On emploie les racines de cette plante contre la morsure des serpens ; mais je ne saurais dire si elle a réellement quelque effi- cacité. En général, les Brasiliens attribuent la même vertu à une foule de végétaux divers , et chaque cultivateur vante avec enthou- siasme l’ antidote auquel il donne la préférence. Il est impossible de croire que des plantes qui appartiennent à des familles diffé- rentes, et dont plusieurs n’ont qu’un goût et une odeur herbacés , puissent également guérir de la morsure des serpens venimeux; mais il sera impossible de jamais découvrir la vérité , si quelque observateur scrupuleux et instruit ne fait sur les animaux des expé- riences combinées avec soin. Il faudrait d’abord reconnaître quels reptiles sont réellement dangereux , étudier les effets de leur poison et déterminer quelles sont les espèces dont la morsure ne peut être guérie sans l’application de quelque remède. Il faudrait ensuite es- sayer les différens végétaux que l’on vante comme antidotes; et comme tous les remèdes actuellement en usage s’administrent ordinairement dans de l’ eau-de-vie de sucre , il serait nécessaire d’observer quel est l’effet que produit sur le malade l’eau-de-vie prise sans aucun mé- lange, quel est celui des divers antidotes administrés sans eau-de-vie , et enfin, des mêmes antidotes combinés avec elle. Le gouvernement brasilien mériterait de la science et de l’humanité, s’il chargeait une commission d’hommes éclairés et actifs de faire ces diverses expériences.

Observations botaniques. § I. Caractères génériques du genre Cissampelos . Plantes 'dioïques ou rarement monoïques . Fleurs males. Calice profondément 4- partite, étalé ; à divisions onguiculées , le plus souvent ovales, obtuses , quelquefois lancéolées ou linéaires. Corolle hypogyne, monopétale , cupuli-

forme ou rarement campanulée , 4 - lobée ou obscurément 4 - lobée ou bien encore 4- partite ; très -rarement quatre pétales : divisions de la corolle ou pétales alteres avec les divisions du calice. Andropiiore naissant du centre de la fleur, ayant Informe d’une colonne , court, arrondi dans ses contours , glabre, portant à son sommet, qui est pelté ; quatre anthères sessiles , adnées à son bord, transversalement ovales, uniloculaires , et dont la déhiscence est transversale. - Fleurs femelles. Calice formé par une seule foliole latérale, placée du côté extérieur de la grappe ou du corymbe , onguiculée , obovée. Pétale unique , hypogyne , opposé à la foliole calicinale , serré contre elle , plus court quelle et onguiculé. Ovaire excentrique sur le réceptacle de la fleur, oblique, ovoïde, un peu bossu, uniloculaire , monosperme , d'abord- dressé, se courbant ensuite après la fécondation de manière que sa partie supé- rieure s’applique contre ï inférieure et se soude bientôt avec elle. Ovule pariétal, péritrope, dabord dressé , se courbant ensuite avec l’ovaire. Style trigone, ò-fide ou 3 - denté , glabre , terminal dans l’ovaire et par suite de la courbure du péricarpe se trouvant dans le fruit placé près de la base de celui-ci et par conséquent renversé. Stigmates au nombre de trois , occupant la face des divi- sions du style. Drupe petit, très-obtus, un peu comprimé. Noyau très-obtus, com- primé ou ridé sur son bord qui est large , relevé sur les deux faces dune ligne souvent double qui a la forme d'un fer à cheval, divisé intérieurement depuis la base jusqu au milieu par une cloison incomplète , bilamellée , obtuse au som- met, vide intérieurement entre les lames dont elle est composée et qui doivent leur origine à la moitié supérieure et à la moitié inférieure du péricarpe cl’abord rapprochées, et enfin soudées. Semence cylindrique , courbée dans son milieu, présentant la figure d'un fer à cheval , attachée par le milieu de sa courbure au sommet de la cloison incomplète. Tégument propre membraneux . Périsperme charnu, succulent , peu abondant. Embryon placé dans le périsperme et con- forme à la semence : cotylédons linéaires, inférieurs par la courbure de la semence et regardant le style renversé , réellement supérieurs dans l’ ovaire : radicule inf érieure, atteignant presque la base du drupe.

§ IL Histoire du fruit dans le genre Cissampelos. Les phénomènes qui accompagnent le développement de l’ovaire du Cissampelos sont tellement remar- quables , que je crois devoir répéter ici ce que j’en ai dit ailleurs. « Après la fécondation , la bosse de l’ovaire prend de l’accroissement ; il se courbe peu à peu , et bientôt il représente un fer à cheval ; la partie supérieure continue à se rappro- cher de l’inférieure ; le style, autrefois dressé, finit par toucher la base du péricarpe , et les deux moitiés du fruit accolées l’une à l’autre se soudent ; alors le drupe pré- sente une figure ovoïde ou presque globuleuse se dessine encore sa forme

primitive, et il se trouve coupé de la base jusque vers le sommet géométrique par une cloison incomplète et bilamellée formée des deux portions rapprochées et soudées du péricarpe. L’ovule péritrope s’est courbé avec le fruit. Comme son point d’attache était au milieu de la courbure, il s’est étendu également des deux côtés de la cloison incomplète-, sa forme est devenue celle d’un fer à cheval, et il se trouve appuyé dans le milieu de sa courbure sur le sommet de la fausse cloison est son point d’attache. »

§ 111. Obsei vations sur un passage de V Analyse du fruit, par Louis Claude Richard. Dans un des livres d’histoire naturelle les plus remarquables qui aient été publiés jusqu’à ce jour, un de ceux qui doivent laisser à leur auteur une réputation immortelle, le genre Cissampelos est cité avec les Crucifères, les Caryo- phy liées, les Chénopodées, etc., comme un exemple de l’embryon amphitrope, c’est-à-dire, de celui les deux bouts se rapprochent à peu près également du hile. Comme l’illustre Richard ne paraît avoir examiné que la graine parfaite- ment mûre du Cissampelos, il a porter le jugement que je viens de rappeler. Mais les deux bouts de l’embryon du Cissampelos ne se trouvent rapprochés que parce que la graine s’est courbée peu à peu ; ce n’est réellement ni a 1 un ni a l’autre bout que se trouve l’ombilic ; celui-ci répond au milieu de 3 embryon 5 la radicule et les cotylédons s’en éloignent également, et par conséquent l’embryon du Cissampelos , ne doit pas être indiqué comme amphitrope, mais comme hétéro- trope , c’est-à-dire , celui dont ni l’une ni Vautre extrémité ne répond exacte- ment soit à la base, soit au sommet de la graine. (Voyez Analyse du fruit , p. 46 et 47 (1). )

EXPLICATION DES FIGURES.

1 . Foliole calicinale très-grossie , vue d’un côté du dos 2. Id. très-grossie, vue du côté intérieur, avec le pétale qui lui est opposé. 3. Pistil très-grossi. 4- Cn faisceau de fleurs à l’aisselle d’une feuille.

(1) Je n’ai pas répété plus que M. Richard les analogies que Gertner a faites de quelques Mœ- nispermum , et je ne les comprends pas mieux que l’auteur de l’ouvrage sur le fruit.

WALTHERIA DOURADINHA.

WALTHERIA DOURADINHA.

FAMILLE DES MALVACÉES J TRIBU DES HERMAHWIÉES.

TV. caulibus suffruticosis , ascendentibus ; foliis ovatis ovatove- orbiculatis j obtusis , basi cordatis, inferioribus pilosis , supe- rioribus supra vel utrinque tomentosis glaucis ; capitulis terminalibus paucisque simul axillaribus ; calyce pubescente ; petalis supra unguem barbatis y tubo stamineo subintegro.

Nom vulgaire : Douradinha.

Description. Sous- arbrisseau de 8 à i8 pouces; dont les tiges sont solitaires ou rarement réunies plusieurs ensemble, ascen- dantes, peu rameuses, arrondies et glabres à la base, aplaties et pubescentes à la partie supérieure : rameaux semblables à la tige. Feuilles alternes, longues de ï pouce 1/2 à 2 pouces, larges de 9 à i5 lignes, ovales ou ovales-orbiculaires, obtuses ou rarement un peu aiguës, échancrées en cœur à leur base, inégalement dentées en scie nervure moyenne, et les laterales, cpn sont dioites et au nombre de 10 à 12, proeminentes en dessous, canaliculees en dessus . pe- tiole long de 2 à 3 lignes, pubescent, convexe en dessous, cana- licule en dessus , pubescent. Stipules latérales , longues de 2 à 5 lignes , augmentant graduellement de longueur depuis le bas de la tige jusqu à son sommet, très-étroites, aiguës, parsemées de poils. Têtes de fleurs terminales et quelques-unes en meme temps axil- laires, le plus souvent solitaires ou rarement au nombre de deux à quatre, plus ou moins rapprochées : pédoncules longs de 2 à 12 1. , aplatis, cotonneux. Calice long de 2 1/2 à 3 1. , turbiné-campa- nulé, pubescent, à dix nervures, partagé jusqu au tiers en cinq di- visions aiguës qui participent de la forme lancéolée et de celle d une dent ; une à trois bractées placées à la base du calice et tournées du même côté. Pétales au nombre de cinq, hypogynes, alternes avec les divisions du calice, un peu plus longs que lui, dressés , XXXVI. 1

oblongs-obovés , rétrécis en onglet, obtus, très-entiers, barbus au- dessus de l’onglet, du coté qui regarde l’ovaire, d’un jaune doré, chargés de sept nervures disposées en éventail : onglets soudés à leur base avec le tube antbérifère. Etamines au nombre de cinq, hypogynes, fertiles, opposées aux pétales, réunies en un tube cylin- drique qui est chargé de cinq nervures et divisé au sommet en au- tant de filets anthérifères : filets aplatis, continus avec les nervures du tube : anthères attachées par le dos , tournées en dehors , mo- biles, linéaires-elliptiques, bilobées au sommet, entières à la base, glabres, biloculaires, s’ouvrant longitudinalement. Ovaire irré- gulièrement obové , bossu d’un cote, droit de 1 autre, obtus, glabre à la base, velu au sommet, uniloculaire, disperme. Ovu- les attachés au-dessous du style à la paroi du péricarpe, ascen- dans, imbriqués, obovés. Style unique, placé au-dessus du côté rectiligne de l’ovaire , sortant du tube antbérifère et chargé de quel- ques poils. Stigmate terminal, formant une tête divisée à la ma- nière d’un pinceau. Capsule entourée du calice persistant, ter- minée par le style latéral qui persiste aussi, obovée, très-obtuse, pubescente, bivalve, monosperme par avortement. Semence à peine longue d’uue ligne, ascendante, irrégulièrement obovée, très- obtuse, glabre, sillonnée d’un côté. Ombilic placé dans le sillon, un peu au-dessus de l’extrémité la plus étroite de la semence : raphe linéaire ; chalaze en forme de mamelon , située latéralement vers le sommet de la semence. Périsperme charnu. Embryon renfermé dans le périsperme et parallèle à l’ombilic : cotylédons minces , un peu foliacés , presque orbiculaires , auriculës à leur base : radicule inférieure.

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Localités. Cette plante est commune dans les lieux pierreux sur les bords de l’Uruguay, dans les provinces de Rio grande do Sul et des Missions. Elle fleurit à peu près depuis le mois de décembre jus- qu’au mois de février.

Etymologie. Le nom vulgaire, Douradinha , est un diminutif portugais de dourada : il a été donné a la plante que je déciis ici, à

canse de ses fleurs qui sont d’un jaune doré. Une raison semblable a fait appeler du meme nom une autre plante médicinale fort re- nommée dans la province des Mines (ï), et quisera, à son tour, décrite dans cet ouvrage.

Usages. Les habitans des pays croît cette plante s’en servent pour la guérison des plaies, et en emploient la décoction contre les maladies vénériennes et celles de poitrine. Ainsi que toutes les Mal- vacées , le W altheria Douradinha contient beaucoup de mucilage, et par conséquent il peut être recommandé dans les affections catar- rhales et le traitement des plaies. Quant aux propriétés aniisiphi- litiques qui lui sont attribuées parles Brasiliens, elles ne sauraient résider dans un végétal uniquement muciiugineux , et sont absolu- ment imaginaires; cependant, par cela même que ce végétal est mucilagineux, il est évident qu’il peut être employé avec succès pour combattre les accidens inflammatoires qui accompagnent si souvent les affections vénériennes.

Observations botaniques. §1. Caractères génériques du genre TV altheria. Ils doivent être tracés de la manière suivante : Galice turbiné- campanule , quinquefide , a dix nervures , le plus souvent accompagné à sa hase d’une a trois bractées tournées du même côté. Pétales au nombre de cinq , hjpogynes , alternes avec les divisions du calice , dressés , oblongs-obovés , rétrécis en on- glet, obtus , très-entiers , chargés de nervures disposées en eventad : onglets des pétales adnés ci la base du tube anthérifere. -Étamines au nombre de cinq, hjpogynes, toutes fertiles , opposées aux pétales , réunies en un tube cylindrique , entier ou quinquefcle et a cinq nervures : filets aplatis , conti- nus avec les nervures du tube : anthères attachées par le dos , mobiles , bdocu- laires , tournées vers les pétales , s: 'ouvrant longitudinalement. Pistil irrégu- lier , représentant la cinquième partie d’un pistil régulier. Ovaire irrégulière- ment obové, bossu d’un côté, droit de l’autre , obtus, uniloculaire , 2-sperme. Ovules attachés au-dessous du style a la paroi du péricarpe , aseendans , im- briqués, obovés. Style unique , terminant le côté rectiligne de l’ovaire. Stig- mate terminal , en pinceau, très-rarement incisé-tubercule , ou bien simple et aigu. Capsule entourée du calice persistant , terminée par le style latéral qui

(ï) Celle que M. Martius rapporte au Palicourea speciosa. Kuulh. (V. Reis. I, p. 282).

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persiste aussi, obovée, très-obtuse , o.-valve , 1 -sperme par avortement. Semence ascendante , obovée , très-obtuse. Ombilic placé un peu au-dessus de l’extrémité étroite de la semence : raphe linéaire : chalaze située latéralement au sommet de la graine. Tégument propre double ; l’extérieur crustacé , l’ ultérieur mem- braneux. Périsperme charnu. Embryon droit , axile , parallèle a l’ombilic : cotylédons planes, orbiculaires , un peu auriculés a leur base '.radicule infé- rieure.

§11. De I’ involucre et du stigmate. Les espèces que j’ai rapportées du Brésil, et que j’ai décrites dans mon Flora Brasiliœ meridionalis , m’obligent 'de mo- difier en deux points les caractères indiqués par les auteurs. On ne peut plus donner comme constante l’existence de l’involucre calicinal, car dans le Waltheria viscosissima Au g. de S. Hil. , il existe souvent un pédicelle pour chaque fleur, et les bractées n’y sont point placées entre la base du calice et le sommet du pédicelle, mais à l’origine de ce dernier. Le stigmate nest pas toujours en pinceau; ilestoblong et lacinié-tuberculeux dans le TV . viscosis . sima, simple, aigu et glanduleux dans le TV. ferruginea Aug. de S. Hil.

§ III. Doutes sur la position des cotylédons par rapport a la radicule dans le TV. Douradinha ; observations générales sur cette position dans la tribu des Hermanniées. J’ai la certitude d’avoir trouvé l’embryon parfaitement droit dans le TV. maritima , et c’est pour cela que j ai admis ce caractere dans ma description générique. Je puis également répondre de tous les caractères que j’ai attribués dans ma description spécifique aux diverses parties de l’embryon du TV. Donradinha ; mais en même temps je ne voudrais point assurer que, dans cette plante, l’embryon fût parfaitement droit , comme dans le TV . mari- tima, et que les cotylédons n’y fussent pas repliés sur la radicule. Il est incon- testable que la tribu des Hermanniées n’est pas tout entière caractérisée, comme on l’avait cru , par un embryon courbé ; car, sans parler du TV . maritima, j’ai encore observé un embryon parfaitement droit dans plusieurs Melochia, et M. Kunth a signalé le même caractère dans ses Melochia Turpiniana et parvifo- lia, ainsi que dans ses Mougeotia polystachia , inflata et hirsuta ; mais en même temps il paraît certain que les Hermanniées d’Afrique ont l’embryon courbé, et par conséquent il ne faudrait pas s’étonner si on trouvait un em- bryon également courbé dans quelques Hermanniées américaines. j

EXPLICATION DES FIGURES.

j. Calice. 2. Pétale. 3. Organes sexuels. ?— 5. Pistil.

ZAHTIIOXYLUM HYEMALE.

ZAWTHOXYLÜM DES HIVERS.

FAMILLE DES RUTACEES.

Z. sub aculeatum } glaberrimum ; foliis pinnatis 3 3 -6-jugis ; foliolis sub sessilibus y ob ovatis 3 obtusis y crenato-sub serratis 3 in sinu ae- narum glandulosis ; radii vix alata / floribus composite racemo- sis paniculatisque y axillaribus y \-petahs ; pistilis solitariis , in- terdum geminis.

Nom vulgaire : Coentriího.

Description. Arbre dioïque, fort variable dans ses dimensions, restant quelquefois très-petit dans les endroits découverts, et s de- vant à une grande hauteur dans les forets, le plus souvent chaige d’aiguillons : ramules nombreux. Feuilles alternes, sans stipules, ailées avec ou sans impaire, ayant avec le pétiole 3 à 4 pouces de longueur, composées de 6 paires de folioles, plus rarement de 3 à 4 paires : foliole^ opposées ou presque opposées , presque sessiles, longues de g à 12 1., obovées, obtuses, ordinairement plus larges d’un côté que de l’autre, plutôt crenelees que dentees en scie , légèrement roulées en leur bord , d une consistance assez épaisse, chargées sur toute leur surface de quelques points trans- parens, portant en outre , dans le sinus de chaque crenelure, une glande orbiculaire à peine proéminente, transparente et orangée : à chaque côté de la base des folioles est une proéminence formée par le roulement de leur bord : petiole long de 9 à 12 1., canaliculé en dessus, à peine ailé , et dont les deux bords s appliquent souvent l’un contre l’autre : axe continu avec le pétiole et semblable à lui. Individus femelles. Fleurs nombreuses, sessiles, glome- rulées, disposées tantôt en grappes composées, tantôt en pam- cules \ les unes et les autres axillaires, longues d’environ

XXXVII.

I

2

ï i/2 à 2 pouces, et par conséquent plus courtes que la feuille, pédonculées, chargées cle bractées : branches des panicules assez étalées : bractées fort petites, courtes, à peu près ovales, larges à la base, concaves, membraneuses sur les bords, prÉfloraison : un pétale extérieur; deux semi-extérieurs; le recouvert par les bords, nu au dos : étamines droites. Calice fort petit, quadripartite, persistant; à divisions ovales, obtuses, larges à la 3)ase , un peu membraneuses sur les bords. Pétales au nombre de 4? hypogynes , alternes avec les divisions du calice, lancéo- iées-ovales , obtus, concaves, blanchâtres. Rudiment d'étamine absolument nul. Gynophire très-court, hémisphérique, de con- sistance glanduleuse , chargé d’un ou quelquefois de 2 ovaires. Styles en nombre égal à celui des ovaires, presque aussi longs qu’eux, épais, arqués. Stigmates en nombre égal à celui des styles, terminaux, obtus, obscurément trilobés. Ovaires ovoï- des - globuleux , obscurément 3-gones ? plus arrondis du coté le style est arqué , n’offrant intérieurement qu’une loge 2-sperme. Ovules presque globuleux, suspendus 1 un à coté de l’autre à la paroi du péricarpe, du côté qui regarde le cen- tre de la fleur. Capsule ayant environ 2 lig. de longueur , irrégulièrement globuleuse, un peu comprimée, rétrécie en pé- dicelle, un peu ridée , cendrée, terminée par le style persistant r endocarpe crustacé, mince , se détachant du sarcocarpe avec élasticité, et se séparant en deux valves qui se roulent sur elles- mêmes. Je n’ai pas vu la semence. Individus males. Calice 4-partite, à divisions obtuses. Pétales au nombre de 4, hypo- gynes, alternes avec les divisions du calice, ovales - lancéolés , obtus. Étamines au nombre de 4? hypogynes, alternes avec les pétales. XJn rudiment de pistil au centre de la fleur (1).

Localités. Cet arbre est commun dans toute la partie orien-

(1) Je dois regretter de ne pouvoir pas m’étendre davantage sur les fleurs males; mais le voyageur u’cst pas toujours maître de son temps , et ce sont les seuls détails que j aie notés.

3

tale de la province de Rio grande do SuL Je l’ai trouvé depuis les limites de celle de Sainte-Catlierine jusqu’aux anciennes fron- tières espagnoles. Il fleurit en hiver.

Usages. Les habitans du pays croît le Coent rilho prétendent que son écorce réduite en poudre guérit les maux d’oreille. Ce remède est évidemment un de ceux qu’une pratique éclairée ne manquera pas de rejeter j mais, pour être estimé, 1’ arbre dont il s’agit n’a pas besoin qu’on lui prête des vertus imaginaires. Quand il vient dans les forêts, il s’élève, comme je l’ai dit, à une grande hauteur, et il fournit un bois dur, excellent pour la construction.

Orservations botaniques. Caractères génériques Le genre Zanthoxj- lum , tel qu’il a été conçu par les botanistes modernes, Kunth, de Can- dole , Adrien de Jussieu et moi, embrasse le Zanthoxjlum et le Fagara de Linné, les Zanthoxjlum , Fagara et Ochroxjlum deSchreber, le Langs- dorjlia de Leandro do Sacramento, enfin les Zanthoxjlum , Fagara , Pohlana et Ochroxjlum de Nees et Martius. Ses caractères doivent être tracés de la manière suivante : Fleurs dioïques. Calice petit , persistant , à quatre , cinq , ou plus rarement, trois , six ou neuf divisions profondes. Pétales en nombre égal a celui des divisions du calice , alternes avec elles , hjpogjnes , semblables entre eux , caducs , rarement nuis. Fleurs males hjpogjnes. Étamines en nombre égal a celui des pétales '.filamens libres, subulés: an- thères attachées par le dos, mobiles , bifides à la base , tournées vers l’ovaire , biloculaires , s’ouvrant longitudinalement. Rudiment de pistil ou de gyno- phore existant souvent au centre de la fleur. Fleurs femelles, étamines nulles ou réduites ci de simples rudimens. Ovaires au nombre d’un ou deux , ou rarement davantage , libres ou plus rarement adhérens par l’angle qui re- garde le centre delà fleur, uniloculaires, di sperme s , attachés a un gj.no- phore court et le plus souvent globuleux. Ovules suspendus , attachés l’un à coté de l’autre a la paroi du péricarpe, du côté qui regarde le centre de la fleur. .Styles en nombre égala celui des ovaires , libres , plus rarement soudés ou quelquefois adhérens par leurs stigmates. Çoques au nombre d’une , deux

4

ou rarement davantage , libres ou rarement adhérentes par l’angle qui regarde le centre de lajleur , sessiles ou pédicellées , monospermes , bivalves: péri- carpe, crustacé ou coriace , 5e détachant de la partie extérieure du péri- carpe et bivalve comme elle. Semence à peu près globuleuse , noire, lui- sante. Ombilic placé dans le bord de la semence. Tégument propre double; l’extérieur crustacé, épais , souvent rempli d’un suc térébinthacé . Périsperme charnu, mince. Embryon droit, placé dans l’axe du périsperme : cotylédons grands , planes , orbiculaires ou elliptiques- orbiculair es : radicule petite , supé- rieure, atteignant presque l’ ombilic (ï).

EXPLICATION DES FIGURES. ï. Fleur femelle. 2. Calice. 3. Petale. 4- Pistil. 5. Coque.

(1) Si l’on veut avoir des détails sur la famille des Rutacées , à laquelle appartient le genre Zan- ihoxylum, on peut consulter Y Histoire des plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay, Yol. I, et le Flora Brasilice meridionalis, vol. I, p. 74 etsuiv.

V f X

GOMPIIIA HEXASPERMA.

GOMPHI A A SIX SEMENCES.

FAMILLE DES OCHHACÉES.

G. glaberrima ; caule arborescente $ cortice suberoso ; foliis oblon- go-lanceolatis , acuminatissimis , obsolete serratis , basi acumi- neque integerrimis j subtus aveniis / paniculis terminalibus ; ovario 6-7 -partito.

Description. Petit arbre tortueux, rameux, glabre dans toutes ses parties , à écorce subéreuse. Feuilles alternes., simples, longues d’environ quatre pouces et demi, larges d’un pouce et demi, d’une consistance coriace,, oblongues-lancéolées, très-acuminées , fort aiguës, obtuses à leur origine obscurément dentées en scie, par- faitement entières à la base ainsi qu’à la pointe qui les termine ; nervure moyenne proéminente principalement en dessous ; les latérales nombreuses, fines convergentes, visibles à la surface su- périeure de la feuille , mais ne s’apercevant point en dessous : pé- tiole long d’environ 3 lig., convexe'en dessous, canaliculé en des- sus. Stipules au nombre de deux, naissant à Faisselle de la feuille, très-caduques. Panicules terminales, presque sessiles, longues d’environ 4 à 5 pouces : rameaux de la panicule étalés , angu- leux : pédicelles longs d’environ 3 lig.., anguleux. Calice à cinq folioles oblongues , d’un jaune verdâtre ; deux intérieures mem- braneuses sur les bords; une demi-intérieure membraneuse d’un seul côté. Pétales au nombre de cinq, hypogynes, alternes avec les folioles du calice, onguiculés, obovés-orbiculaires , très-obtus, égaux, étalés, d’un jaune doré, caducs. Étamines au nombre de dix, hypogynes , attachées autour du gynohase, dressées, rappro- chées; cinq opposées aux pétales, et cinq alternes avec eux : fila- XXXVIII. I

2

mens très-courts, persistatis: anthères attachées par la hase, h- néaires-subulées, étroites, tétragones, biloculaires , tournées du côté du pistil, s’ouvrant au sommet par deux pores, marquées de rides transversales et ondulées , se détachant du filet. Style attache au eynobase, placé entre les lobes de l’ovaire , subulé^stne. Stig- mae terminal , à peine visible. Ovaire unique , compose de six ou plus souvent 7 lobes qui sont parfaitement distincts, oboves , très obtus, uniloculaires, i-spermes, attachés obliquement par leur base au sommet d’un gynobase très-court, en pyramide renverse et à six ou 7 angles. Je n’ai vu ni le fruit mûr , ni la semence.

Localités. Cette plante est commune dans le district de Mmas- Novas, et dans la partie de la province des Mines appelée le desert du Rio de S. Francisco. Elle croît au milieu des pâturages parse- més d’arbres tortueux et rabougris ( tabuleiros cobertos ).

Usages. Les habitans des pays oh se trouve cette plante em- ploient son écorce pour guérir les plaies des bestiaux causées par les piqûres des insectes. 11 est à croire que cette écorce agit comme astringente; et, dans ce cas, on pourrait probablement en usage pour les plaies des hommes, ainsi que l’on se sert c îez nou. de l’écorce des quinquinas.

Observations botaniques. § ï- Caractères génériques . Les caractères génériques du genre Gomphia doivent être tracés delà maniéré s“’»" e = '

L,CE le plus souvent coloré et caduc , à cinq folioles ordinairement oblongues, deux intérieures membraneuses sur les lords ; une demi -intérieure memb a- neuse d’un côté. Tétales au nombre de cinq, hypogynes, alternes ' divisions du calice, onguiculés, le plus souvent oboves, ment glabres, égaux, étalés, caducs. Etamh.es au nombre de f ‘x’ f grnes, insérées autour du gjnobase, dressées, rapprochées le unes autres; cinq opposées aux pétales et cinq alternes avec eux . /damens

courts } persistans : anthères attachées par la base , linéaire s-subulee s , étroites , tétragones , biloculaires , tournées vers le pistil , s’ouvrant par le sommet en deux pores , tombant très-promptement. Nectaire nul. Ovaire unique, parfaitement glabre , qumquépartite , rarement 6-j-partite ; a divisions entière- ment distinctes, obovées , très-obtuses , i-loculaires , monospermes , obliquement attachés par leur base au sommet d’un gynobase en pyramide renversée , et le plus souvent à cinq angles qui répondent au milieu des divisions de l ovaire. Gynobase composé d’un axe central déprimé supérieur , et d’un gynophore inférieur dont les limites sont impossibles a determiner (ï). Ovule attache entre le gynobase et le péricarpe , au point le plus voisin du style. Style subule , at- taché sur le gynobase entre les divisions de l’ovaire. Stigmate terminal , a peine visible. Fruit composé du gynobase grossi et devenu succulent , et de 5, ou par avortement , de ï a 4 baies attachées au sommet de ce meme gynobase , par- faitement distinctes entre elles , obtuses , î-spermes , formées par les divisions de l’ovaire qui ont pris de l’accroissement. Semence ayant la meme forme que la baie. Tégument propre membraneux. Périsperme nul. Embryon droit: co- tylédons grands , épais , elliptiques , très-obtus , convexes au dos , planes a la face : radicule inférieure , atteignant l’ ombilic , fort courte , enforme de ma- melon : plumule visible.

§ II. Du nom qu’il convient de donner aux divisions de l’ovaire gynobasique . J’ai employé quelque part le mot de coques pour désigner les portions de I o- vaire gynobasique , mais je crois devoir renoncer à cette expression , consacrée pour représenter les divisions closes et séparées d un fruit capsulaire (Ex. Mal- va , Sida , etc. b Le mol érême , proposé dans un livre écrit avec autant d élé- gance que de philosophie , n’a pas été adopté par les botanistes , parce qu ils ont pensé que la terminologie ne devait point présenter une expression pour chaque modification d’organe. D’un autre côté , en me servant ailleurs du terme de lobe, je n’ai pas été rigoureusement exact, puisque ce terme ne désigne vé- ritablement qu’une division qui ne s’étend pas au-delà de moitié. G est donc le mot division lui-même qu’il est plus convenable d’employer^ précisément parce qu’il est plus vague , et qu’il peut être plus aisément modifié par de» épithètes et des explications. L’habitude de décrire des plantes me démon- tre chaque jour mieux cette vérité, que les formes, variant à 1 infini,

(ï) Pour plus de détails sui' la nature du Gynobase, voyez VU istoire des plantes les plus remar quables du Brésil et du Paraguay , vol. ï, pag. 89 a 124.

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échappent souvent à la rigueur des termes techniques, et qu’il y a plus d’avan- tage à simplifier la terminologie qu’à l’augmenter, parce qu’alors on a plus de liberté pour avoir recours à des épithètes. On sera un peu plus long sans doute -, mais on peindra mieux , et le style deviendra moins barbare.

EXPLICATION DE LA FIGURE.

ï. Pistil.

VERBENA JAMAICENSIS.

VERVEINE DE LA JAMAÏQUE.

FAMILLE DES V E RB É N A C É E S.

V. diandra; foliis ovatis , dentato - serratis y spicis suhcarnosis ;

bracteis subulatis canaliculatis , marginibus inferne membra- naceis.

Verbena Jamaïcensis. Lin. Sjst. veg. 66. Jacq. Obs. l\ , t. 86. JVild. Sp. i, p. ii 5. V ell. FI. Flum. Mss.vol. i, p. 25, t. 35. - Mart. Reis, i p. 284.

Verbena folio subrotundo , serrato \ flore caeruleo. Sloan. Hist. 17 1 , t. 107 , f. i.

Zapania Jamaïcensis. Lam. III. vol. 1 , p. 5g , JV0 255. - Poir. Dict. VIII , p. 842.

Stacbytarpbela Jamaïcensis. Vahl. Enum. 1 , p. 206.

Noms vulgaires : Gervaô; Urgevaôj Orgibaô.

Description. Sous-Arbrisseau rameux ou très-rameux, haut de deux ou trois pieds \ dont la tige est arrondie du moins à la base, et dont les rameaux sont tétragones , Tune et surtout les autres chargés de quelques poils épars. Feuilles opposées , sim- ples , sans stipules, nombreuses, longues d’environ un pouce et demi à deux pouces, larges de 9 à 12 1., ovales ou ovales- oblongues, légèrement aiguës ou un peu obtuses, dentées, dé- çu rrentes sur le pétiole, glabres en dessus, chargées en dessous de quelques poils, surtout sur les veines et les nervures : pé- tiole long de 4 à 6 lig. , large au sommet d’environ 2 lig., dimi- nuant ensuite de largeur jusqu’à la base, aplati, chargé en dessous de quelques poils. Épis floraux courtement pédonculés , terminaux, un peu charnus, longs d’un demi-pied ou davantage : pédoncule et axe chargés de quelques poils \ le dernier garni XXXIX.

I

1

de fossettes nombreuses, alternes et allongées, sur la base des» quelles naissent des fleurs sessiles et elles sont enfoncées latéralement : une bractée longue d’environ 3 lig-, étroite, subulée, très-aiguë, canaliculée , membraneuse à sa base sur les bords, ciliée, placée devant la fleur à la base de chaque fossette : avant le développement des boutons les bractées paroissent imbii- quées. Calice long d’environ 3 lig., tubuleux , quadridenté , un peu arqué , anguleux , chargé de quelques poils , releve de deux cotes principales qui répondent aux deux dents les plus longues , membraneux surtout entre les côtes : deux dents calicmales plus grandes et deux plus petites placées par paire entre les deux autres à la partie antérieure du calice. Corolle un peu plus longue que le calice, monopétale, tubuleuse, hipocratériforme , glabre à l’extérieur, d’un bleu-violet ou d’un bleu pâle; dont le tube arqué est velu intérieurement à son sommet ; dont le limbe est à cinq lobes profonds , deux plus grands et trois plus petits. Étamines insérées à la partie supérieure du tube , in- cluses , au nombre de quatre , deux fertiles et deux réduites a autant de filets greles , assez courts , velus inférieurement , glabres tout- à -fait au sommet : filamens des étamines fertiles un peu plus courts et un peu plus épais que ceux des étamines stériles : anthères 2-partites , attachées par le dos entre leurs lobes; ceux-ci divergens , disposés sur une même ligne 1 un par rapport à l’autre, et en même temps placés dans une position verticale relativement au filet, de manière que ce dernier et le lobe inférieur se trouvent parallèles. Ovaire libre , sessile , long d’environ ï lig. 1/2 , oblong , étroit , un peu aigu au sommet , aplati, glabre, 2-loculaire , à loges monospermes : cloison placée dans le sens le plus étroit de l'ovaire. Ovules oblongs , sessiles, attachés au fond de leur loge. Style sortant, grele , glabre , arqué à sa base dans le même sens que la corolle, et recourbé en sens contraire à sa partie supérieure. Stigmate en tête. Capsule entourée par le calice persistant , longue d envuon

3

une ligne et demie , à peine large d’une ligne , oblongue , aplatie , marquée d’un sillon sur les deux faces , parfaitement glabre , termine par la base persistante du style , se separant par le milieu en deux portions closes, ï -spermes, convexes au dos planes à la face : cloison pîace’e dans le sens le plus étroit de la capsule, et répondant à ses deux sillons. Péricarpe dur, crustacé. Semence attachée au fond de la loge , à peu près linéaire , conforme à la portion de péricarpe qui la renferme , remplissant exactement la cavité de cette meme portion, mais n’y adhérant point. Tégu- ment propre mince, membraneux, blanchâtre. PÉrisperme nul. Embryon droit, dont la radicule aboutit à l’ombilic, et dont les

cotylédons sont linéaires, plus longs que la radicule.

- * .

Var. B ( laæa ),* cette variété se distingue parce qu’elle est plus molle; que ses feuilles sont moins serrées; qu’elles sont plus longues, plus aiguës; que les épis de fleurs sont plus allongés, les fleurs plus petites et plus pâles. De telles différences tiennent évidemment à ce que la plante a reçu moins souvent les rayons du soleil.

Localités. Le Gervaô se trouve avec une excessive abon- dance dans presque toutes les parties chaudes du Brésil , principa- lement dans celles qui furent autrefois couvertes de forets. Avec le Sida carpmifolia ( V assor a ) qui l’accompagne ordinairement , elle couvre dans les pays boisés le bord des chemins et les ter- rains qui avoisinent les maisons.

Usages. Cette espèce, croissant partout, a été nécessairement une des premières que les Brasiliens aient essayées dans leurs infirmités; mais, comme de tels essais ont être tentés dans une foule de maladies qui n’ont rien de commun entre elles, et qu’on ne manque jamais de faire honneur au remède de la guérison qui le suit , il est naturel qu’on ait fini par attribuer au Gervaô des propriétés fort différentes dans les diverses parties du Brésil. Cette plante est donc

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considérée tour-à-tour comme stimulante, fébrifuge, vulnéraire, etc. , et l’on recommande à ceux qui ont reçu de fortes contusions de boire le'suc qu’on exprime de ses feuilles, ou une infusion qu’on fait avec elles. Mais, il faut l’avouer, on ne voit pas plus de raison pour ajouter foi à tant de vertus qu’à celles qu’on attribuait autre- fois en Europe à la Verveine officinale. Quoi qu’il en soit , plu- sieurs personnes boivent avec plaisir l’infusion des feuilles de Gervaô , et en font usage en guise de thé. Il paraît qu’on s’est servi plus d’une fois de cette plante pour falsifier le thé de la Chine, et elle a même été apportée en Europe sous le nom de Thé du Brésil.

Observations botaniques. §1. Caractère spécifique. Les caractères que j’ai indiqués ont été fidèlement tracés d’après les échantillons que j’ai recueillis. Il ne faut pas s’étonner cependant si ma description n’est pas semblable en tous points à celles des auteurs qui ont traité de la même espèce. On doit admettre en thèse générale que les plantes qui croissent sous un grand nombre de latitudes diverses , se montrent souvent avec des différences sen- sibles, et parmi les espèces qui se trouvent dans ce cas, le Verbena Jamaïcensis est peut-être encore une de celles qui éprouvent le moins de variations.

§ II. Synonymie . Il ne serait pas difficile de prouver que le synonyme de Brown cité par Wildenow ( Verbena procumbens, ramosa jjloribus majoribus ; spicis longissimis lateralibus. Jam. 116, i.) est plus que douteux ; mois cette discussion serait entièrement oiseuse. En général on devrait s’abstenir de citer les botanistes qui ont précédé Linné, toutes les fois que l’on trouve de l’ambiguïté dans leurs phrases et dans leurs descriptions : par on épargne- rait à ceux qui étudient des recherches qui consument un temps précieux , et dont il est impossible de deviner l’utilité.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Bractée, ï. Calice. 3. Corolle. 4- La même ouverte pour montrer les étamines. - 5. Étamine fertile. 6. Ovaire avec la partie inférieure du style.

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VERBENA PSEUDOGERVAO.

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VERVEINE FAUX - GE R V AO. i: ■= ,

FAMILLE DES VEUBÉNACÉES.

V. tetrandra; foliis ovatis , acuminatis ^ acutissimis dentatis ; spicis haud carnosis , gracilibus ; bracteis calyce multo brevio- ribus; ovario i-spermo.

Nom vulgaire : Gervaô de folha grande.

Description . Sous- arbrisseau de 2 à 3 pieds \ dont la tige est rameuse et ordinairement décombante. Rameaux 4~§ones sur- tout au sommet, et présentant alternativement , d’une paire de feuilles à l’autre, deux faces à peu près planes et deux autres un peu canaliculées et pubescentes. Feuilles opposées, simples, sans sti- pules, assez nombreuses , longues de deux pouces et demi à quatre pouces, larges d’un à deux pouces, ovales, acuminées, extrême- ment aiguës, rétrécies graduellement à la partie inférieure, décur- rentes sur le pétiole, glabres en dessus, chargées en dessous de quelques poils peu visibles , entières tout-à-fait à leur base, gar- nies dans le reste de leur longueur de dents larges qui sont terminées par une petite pointe particulière fort aiguë : nervures moyennes et latérales proéminentes en dessous, laissant voir en dessus une empreinte enfoncée : pétioles longs d’environ neuf à quinze lig., plus larges au sommet, se rétrécissant graduellement vers la base, cana- liculés , ciliés sur les bords ou presque glabres : une ligne transver- sale de poils s’étendant sur la tige d’un pétiole à l’autre. Épis floraux courtement pédonculés ou sessiles, terminaux, grêles, nullement charnus , longs d’environ cinq à huit pouces : axe 4-gone, pubescent, non marqué de fossettes. Fleurs le plus souvent assez rapprochées, sessiles ou presque sessiles, accompagnées à leur base de trois bractées qui sont subulées , légèrement pubescentes , un peu membraneuses sur les bords ; l’intermédiaire canaliculée , XL.

ï

21

deux, trois ou quatre fois plus longues que les laterales; et n’ayant guère plus en meme temps que le cinquième ou le quart cle la lon- gueur du calice. Calice long d’environ 5 lig., tubuleux, étroit , à peine dilaté de la base au sommet, légèrement arqué, à 4 ou plus souvent à 5 côtes , à 4 ou plus souvent à 5 dents écartées, un peu larges tout-à-fait à la base, mais bientôt étroites , aiguës au som- met, inégales entre elles, continues avec les côtes. Corolle plus longue que le calice, assez grande, tubuleuse, infondibuliforme , parfaitement glabre à l’extérieur; dont le tube est arqué et très- légèrement pubescent à l’intérieur ; dont le limbe est plane et à 5 lobes profonds, deux supérieurs plus petits que les autres. Étamines au nombre de 4 ? toutes fertiles , incluses , glabres , insérées à la partie supérieure du tube ; deux plus grandes et deux plus petites placées au-dessous des autres : iilamens arqués : anthères cordiformes, attachées parla base entre leurs lobes; ceux-ci iné- gaux , très-membraneux ; connectif large. Ovaire long d’environ ï lig. ifi , porté par un court gynophore , ovoïde- oblong , aigu , aplati , parfaitement glabre , divisé en deux loges monospermes par une cloison placée dans le sens le plus étroit du péricarpe. Ovules oblongs , attachés au fond de leur loge et sessiles. Style capillaire, arqué, parfaitement glabre, élargi et en forme d’hameçon tout-à-fait à son sommet, aplati dans la partie élargie, stigmatique au bord supérieur de cette meme partie, qui est comme tronquée : un tubercule à peine sensible à la base de la partie courbée du style, et produit peut-être par la base de la troncature. Capsule entourée du calice persistant, portée par un court gynophore, longue d en- viron 6 lig., large d’une ligne et demie, oblongue , aplatie, striée , parfaitement glabre, terminée par la base persistante du style, marquée sur les deux faces d’un sillon qui répond a la cloison , se séparant parle milieu de celle-ci en deux portions closes, i-spermes, convexes au dos et planes à la face. Péricarpe dur, crustacé. Semence attachée au fond de la loge, à peu près linéaire, remplis- sant la cavité de la portion de péricarpe qui la renferme.

des exceptions; moins on en voudra souffrir, plus on en rencontrera ; et, en supprimant successivement toute alternative dans les caractères génériques, on finira souvent par arriver à l’espèce.

§ II. Caractère général de la famille des Verhénacées et de celle des Labiées , tiré de V ocule. Si j’excepte le genre Avicennia qui, quoique très- voisin des Verhénacées, ne saurait pourtant être groupé avec elles (i)“, toutes les plantes de cette famille offrent comme les V. Jamaïcensis , etc., un ovule dressé et sessile au fond de chaque loge. J’ai fait l’analyse d’un nombre pro- digieux de Verhénacées , et je n’ai trouvé aucune exception à ce caractère. 11 doit servir à faire distinguer cette famille des Labiées dont on a dit qu’elle ne différait nullement. Dans ces dernières , le fond de chaque loge présente presque généralement une cavité conique ; un cordon ombilical dressé, et ordinairement aplati , naît du point de la loge le plus voisin du style ; un ovule élargi au sommet péricarpique , aigu a la base , se rattache vers le tiers , le quart ou la moitié de sa longueur au cordon ombilical, et V extrémité aiguë , de ce même ovule, trouve un second point d’attache au fond de la cavité de la loge il va s’enfoncer. Un genre de Labiées , les Salvia, présente, il est vrai , des ovules dressés ; mais ces ovules ne sont point sessiles (2).

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Calice. 2. Corolle. 3. La même ouverte pour faire voir les étamines. U Style et stigmate. 5. Coupe de l’ovaire.

(1) Dans mon second mémoire sur le Placenta central imprimé parmi ceux du Muséum , j’ai montré que les ovules de V Avicennia étaient suspendus ; j’ai fait voir que, dans ce genre, il existait un placenta central libre après la fécondation ; j’ai donné l’histoire des développemens singuliers de la semence, et j’ai prouvé qu’elle n’était pas, comme on l’avait cru, privée d’un tégument propre.

(2) J’ai passé un grand nombre d’années à réunir les matériaux d’un vaste travail sur Povaire et le fruit des Labiées, Il ne me reste plus qu’à rédiger les faits extrêmement curieux que j’ai eu occasion de recueillir.

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3

Localité. Cette espèce croît dans les parties des provinces des Mines et de Saint-Paul, qui furent autrefois ou qui sont encore cou- vertes de forets. Elle se trouve dans les bois , et meme autour des habitations; mais elle n’est. pas fort commune.

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Usages. Les jeunes feuilles de cette plante froissées entre les doigts sentent mauvais. Cependant quelques personnes, frappées de sa ressemblance avec le véritable Gervaô , ont essayé de s’en servir églement pour remplacer le thé ; mais la boisson qu elle fournit n’a rien qui flatte le goût.

Observations botaniques. §1. Du genre Stachjtarpheta. Toüsle

nistes savent que, sous le nom barbare de Stachjtarpheta, on a separe des Verveines les espèces qui présentent un axe forai charnu et allonge, 2 éta- mines fertiles et x stériles, enfin un fruit à deux loges. Si .prenant ces carac- tères pour pierre de touche, je veux savoir auxquels dés eux g Verhena et Stachjtarpheta je dois rapporter la plante décrite plus tau et nue je commence par examiner 1 axe des fleurs , je dirai . nia p . est un Verhena, puisque son axe n’est ni charnu , ni marqué de fossettes. Si ensuite j’observe le nombre des loges de l’ovaire et du fruit, il faudra que j’en fasse un Stachjtarpheta. Elle redeviendra un Verhena pour peu que ,e compte ses étamines fertiles qui sont au nombre de quatre. Enfin ,e serai tente d’en faire un Stachjtarpheta si jeneconsulle que sa ressemblance pnrlicu icr avec le V. Jamaicensis; mais je préférerai la réunir au V erbena ^ pour peu nue le la compare avec la série des plantes qu’on a laissées parmi les Verveines . . Voill donc une espèce qui peut être également revendiquée par es=; Verbena et Stachjtarpheta , et qui prouve par conséquent que le dememto ment des Ve, ve/, tes, désignésouslenomde.W^ hj, un autre observateur l’avait déjà pensé, être raisonnablement admis (,).

U Le botaniste doit tout voir et tout décrire! mais il n est pas necessaire qud sionale chaque modification par une coupe nouvelle. Les genres de Linné e de Jussieu largement tracés, quoiqu’en général très-naturels, admettent sans pe

(0 M. Martius paraît être de I. même opinio» , puisqu’il a indiqué lo V. Janatcenü, par ta noin linuéen.

TROPÆOLUM PENTAPHYLLUM.

CAPUCINE A CINQ FOLIOLES.

FAMILLE DES GÉEANIACÉES.

T. foliis peltato - digitatis ; foliolis 5 ovatis ovato- ve lanceolatis , petiolulatis; petalis duobus y laciniis calj cinis brevioribus, ovatis, obtusis, integerrimis.

T. pentaphyllum. Lam. Dic. I, p. 6o5. Illustr. t. 177. fVilld. Sp. ii, p. 299. Vers. Sjnops. 1 ,p. 4.0 5.—™Dc. Prodr. 1 ,

p. 684.

Nom Portugais : Chagas cia Miuda.

Description. Herbe très-glabre, à tiges volubiles, très-hautes, ra- meuses, cylindriques, faibles. Feuilles d’environ un pouce de diamètre, digitées : folioles au nombre de 5, pétiolulées, ovales ou ovales-lancéolëes, légèrement crénelées, et marquées de points pellu- cides lorsqu’on les regarde avec une forte loupe, aiguës, inégales ; les deux inférieures plus petites, la supérieure plus grande que les autres : pétiole long d’environ un pouce : pétiolules longs d’envi- ron une ligne, aplatis. Pédoncules axillaires, solitaires, uniflores , courbés de diverses manières. Calice long d’environ 12 à i5 lignes, divisé en cinq segmens, irrégulier, terminé par un long éperon; segments longs d’environ 5 lignes, aigus, légèrement glanduleux au sommet, marqués de 5 nervures, colorés de vert et de rouge; le su- périeur linéaire-lancéolé , étroit; les deux intermédiaires ovales-den- tiformes, obliques; les deux inférieurs ovales; éperon long d’envi- ron 9 lignes, tubuleux, d’environ 3 lignes de diamètre, graduelle- ment aminci depuis sa base jusqu’au tiers de sa longueur, rétréci ensuite tout à coup, recourbé en haut à sa base, obtus, rouge. Pé- tales au nombre de 2, insérés au sommet du tube du calice, alter- XLI.

ï

nes avec le segment supérieur, opposés aux organes sexuels, longs <T environ ï à 2 lignes, unguicules, ovales, obtus, tres-entiers. Etamines au nombre de 8, hypogynes, legerement soudees en- tre elles à leur base , inégales : filamens longs d environ 3 li- gnes, plus ou moins aplatis à leur base, subulés : anthères per- cées à leur base d’une fossette profonde, attachées dans le fond de cette fossette, mobiles , largement elliptiques, tronquées à leur base , légèrement émarginées et obtuses a leur sommet, aplaties, 2-locu- laires , presque inéquilatérales. Nectaire nul. Ovaire paitage pies- que jusqu à 1 axe central en 3 lobes inégaux obtus, 3-loculaiie, renfermant 3 ovules; péricarpe épais. Ovules axiles dans chaque loge , suspendus, obtus des deux côtés. Style a trois cotés, tiifide au sommet; segments continus avec les côtes, aigus, alternant avec les lobes de l’ovaire. Stigmates au nombre de 3, terminaux, à peine visibles.

Localités. Cette plante se trouve dans les lieux sablonneux des provinces Cisplatine et Rio- Grande do Sul. Elle fleurit depuis le mois d’août jusqu’au mois de décembre.

Propriétés. Le Brésil, si riche en plantes purgatives et fébrifuges, ne présente qu’un nombre extrêmement petit d’anti - scorbutiques. Nous croyons donc devoir indiquer aux Brasiliens le Tropœolum pentaphjllum . A la vérité , il ne croît point naturellement au nord de la province de Rio - Grande y mais nous pensons qu’on pourrait l’élever facilement dans les parties élevées de plusieurs autres pro- vinces plus septentrionales. 11 deviendrait une très-jolie plante d a- grément, et pourrait surtout former d’élégans berceaux.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Tropœolum . Calice à cinq divisions, irrégulier, terminé en éperon au-dessous de la division in- férieure, coloré, caduc j éperon libre, s’entrouvrant au-dessus des organes sexuels. Pétales au nombre de 5 , rarement au nombre de 2 , alternant avec

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les divisions du calice, inégaux , caducs; les deux supérieurs éloignés des in- férieurs, insérés sur le calice. Étamines au nombre de 8 , hypogynes , libres: filamens subulés; anthères mobiles, biloculaires. Nectaire nul. Ovaire 5- lobé 3-loculaire, à loges monospermes. Ovules attachés à l’axe central, suspendus. Style à trois côtes, trifide au sommet. Stigmates au nombre de trois, terminaux, à peine visibles. Fruit à trois coques spongieuses, indéhis- centes. Tégument adhérent au péricarpe. Périsperme nul. Embryon droit : cotylédons très - distincts et demi - orbicuîaires dans Fovule non encore mûr ; plus tard ovales et munis à leur base de deux oreillettes; enfin soudés entre eux après la maturité de la graine , et pourvus alors de deux oreillettes très- saillantes au -dessous du collet, épaisses, dentilormes, rapprochées mais libres , et renfermant au milieu d’elles une radicule supérieure tournée vers

l’ombilic.

§ IL Du disque dans le genre Tropœolum. On attribue au genre Tropœo- lum un disque ou nectaire chargé des étamines , et l’on a demandé si ce disque n’était point périgyne. Nous avons reconnu que ce disque n’existait point, et que les étamines étaient simplement insérées sous l’ovaire.

§ III. Du nombre des pétales dans le Tropœolum pentaphjllum. Si l’on ne trouve que deux pétales dans le T. pentaphjllum , ce n’est point, comme on paraît l’avoir cru , qu’il y en ait trois qui tombent plus promptement que les autres. Dans le bouton, comme dans la fleur, nous n’avons trouvé que deux pétales.

§ IV. De la préjloraison dans le genre Tropœolum. Dans le Tropœolum pentaphjllum la préfloraison des divisions du calice est valvaire, cest- à-dire, que ces divisions se touchent simplement par leurs bords sans se recouvrir mutuellement. Cette disposition est remarquable en ce quelle ne se retrouve pas dans les autres espèces du même genre que nous avons eu occa- sion d’examiner (T. majus, minus, peregrinum, tuberosum ) : dans toutes celles ci ( comme dans toutes les Géraniacées proprement dites ) la préflorai- son du calice est cette modification de la préfloraison imbriquée que M. de Candolle a nommée quinconciale : deux divisions sont extérieures, deux inté- rieures, la cinquième intermédiaire. L’éperon se montre d’abord comme une bosselure sous le calice, et s’allonge graduellement. Dans le bouton encore très-jeune on trouve les anthères déjà bien formées et dressées; mais les filets , droits également, sont extrêmement courts. La correspondance qui a généra- lement lieu dans le développement des filets, et dans celui des pétales, se fait

remarquer clans ce genre. Les petales en effet paraissent sous la forme de la- mes ou de filets membraneux, d’abord à peine perceptibles, long-temps trop petits pour se joindre par leurs bords (de même cjue cela a lieu dans les Géra- nium , les Malvées , etc.). Lorsqu’ils ont acquis assez de largeur pour s’imbri- quer (par exemple dans le T. majus), ce sont les deux pétales insérés sur l’épe- ron qui recouvrent les trois autres, dont la préfloraison est tordue. Observons que ce sont ces trois derniers pétales qui , ordinairement plus petits , avortent quelquefois complètement, notammentdans l’espèce qui nous occupe. Observons encore que les pétales extérieurs dans la préfloraison répondent ici aux divi- sions extérieures du calice : c’est une loi qui paraît générale. Dans les espèces de Tropœolum , les pétales sont grands, ils se présentent irrégulièrement chiffonnés à leur sommet avant la floraison : quelques auteurs avaient , pour de- signer cette disposition, proposé le nom de préfloraison chiffonnée ( prcefloratio corrugata). Mais ce doit être la situation relative des pétales dans le bouton qui constitue la préfloraison, et non l’apparence de chaque pétale en particu- lier; et en conséquence ce mode et ce nom ne nous paraissent pas devoir être admis. Quant au T. pentapliyllum , ses deux pétales, qui ne se touchent par leurs bords à aucune époque, se montrent dans le bouton chacun plissé sur lui-même dans sa longueur. A l’époque la fleur s’ouvre, les pétales s’éta- lent : ils ont acquis leur parfait développement, ainsi que les filets que nous avons vus primitivement dressés et qui se recourbent alors. La déhiscence des anthères a déjà eu lieu.

©

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur entière vue en dessus. 2. Fleur vue de profil et coupée longitudinalement. 3. Anthère. 4* Coupe longitudinale de l’ovaire.

COCCULUS PLATYPHYLLÁ.

- < í"~ 5 J J:' i. ti " \ ;

COCCULUS A LARGES FEUILLES.

FAMILLE DES M É K I S P ER M É ES.

C. foliis late cordiformibus > obsolete crenatis , subtus tomentosis

incanis .

Nom vulgaire : Butua.

Description. Tige ligneuse, grimpante; cylindrique, striée, gla- bre à la base ; légèrement aplatie, presque anguleuse, tomenteuse , ferrugineuse au sommet. Feuilles alternes, longues d’environ 3 1/2 à 6 pouces , larges de 4 1/2 à 6 pouces , cordiformes , plus ou moins obtuses, légèrement crénelées, glabres en dessus, tomenteuses et blanchâtres en dessous, et marquées de nervures proéminentes et brunes; pétioles longs d’environ 3-5 pouces, aplatis, striés, légère- ment tomenteux, bruns, insérés environ une ligne en dedans du bord inférieur de la feuille.

Localités. On trouve cette plante dans les forets de la partie sep- trionale de la province de Minas-Géraes , dans le district d eMinas- Novas.

r

Etymologie. Il est très - vraisemblable que le mot Butua appar- tient à la langue des Guaranis, et l’on ne saurait guère douter qu’il n’ait une origine commune avec le mot Abuta , appliqué , par les habitans de la Guyane, à une plante voisine du Butua du Brésil. Tandis qu’à fort peu de distance de la côte on trouve des langues entièrement différentes du guarani, cet idiome, descendant du Pa- raguay, s’étend sur le littoral dans une immense étendue de pays en s’avançant fort loin vers le nord, et éprouvant en même temps de grandes modifications. Le peu que nous avons eu occasion d’entre- XLII.

ï

voir de la langue des Indiens de la Guyane nous a paru fort diffé- rent du guarani *, mais ce qui nous a frappé, c’est que ces langues semblent avoir un point de contact par des noms de plantes.

Usages. Cette plante est employée par les Brasiliens dans le traite- ment des fièvres intermittentes ; ils la regardent aussi comme un puis- sant spécifique contre les maladies du foie. Ses vertus, ainsi que celles du Cocculus cinerescens, Aug. S. -Hil., qui porte aussi le nom vulgaiie de Butua, sont extrêmement vantées au Brésil’, etparaissent dues aux principes amers et toniques que renferment ces végétaux. Des pro- priétés analogues ont déjà été signalées dans les racines du Cocculus palmatus De. ( columbo des matières médicales) , des Cissampelos o valifolia De., et pareira Linn. (/ vareira brava des matières médi- cales) , et dans celles de plusieurs autres plantes de la famille des Ménispermées. Le Cocculus cordifolius De., employé dans l’Inde contre l’ictère et comme tonique et fébrifuge, présente par consé- quent les mêmes vertus, et sert aux mêmes usages que les nôtres. Cette observation, fondée sur de nombreux faits, que des piopiietes différentes, soit par la nature, soit par l’intensité des principes, ré- sident dans les diverses parties d’une même plante, est confirmée par l’examen des Ménispermées. En effet, c’est dans les graines d’une espèce de cette famille, le Cocculus suberosus Dc.^ qu on trouve un principe amer, cristallisable , de nature vénéneuse, auquel M. Bou- îay a donné le nom de picrotoxine.

Observations botaniques. § I. Des affinités du Cocculus platjphjlla. M. Aug. de Saint-Hilaire n’a pu se procurer les fleurs de cette plante; cepen- dant son importance dans la médecine domestique des Brasiliens nous fait un devoir de la mentionner dans cet ouvrage. La ressemblance de son port et de son feuillage avec ceux des Jbuta rufescens et candicans , et même 1 iden- tité de noms et de propriétés nous portent à croire quelle doit appartenir au même genre que les deux plantes de la Guyane. Après une analyse exacte, faite sur un échantillon authentique de VA. rufescens , M. Aug. de Saint-

Hilaire s’est convaincu que ce genre devait être réuni au Cocculus, dont il ne diffère que par l’absence de la corolle.

§11. Caractères du genre Cocculus . Fleurs dioïques, très-rarement monoïques. Males : Galice à 6 ou g divisions disposées sur deux, ou plus ra- rement, sur trois rangs. Corolle composée de 6 pétales disposés sur deux rangs, ou nulle. Étamines au nombre de 6, opposées aux pétales. Ovaires nuis, ou rudimentaires. Femelles : Étamines nulles, ou au nombre de six, stériles. Ovaires au nombre de 3 à 6, terminés chacun par un style souvent bifide au sommet. Drupes comprimées, attachées vers l’un des angles de leur base, et présentant à cette même base, mais du côté opposé au point d’attache , ia base persistante du style, divisées intérieurement par une fausse cloison in- complète, monospermes. Semence unique, courbée en fer à cheval, et atta- chée par le milieu de la courbure au sommet de la fausse cloison.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Rameau réduit au quart de sa grandeur naturelle. 2. Fragment de feuille vu par-dessous et très-grossi.

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PL. XL II

COCCULUS ? PLATYPHYLLA

OXALIS REPENS.

OXALIS RAMPANT.

FAMILLE DES GÉRANIACÉES.

O. caulibus prostratis j radicantibus, ramosi s, foliosis , hirtellis y foliis 3-foliatis ; foliolis subsessilibus , laie ob cordatis , ciliatis y pedunculis axillaribus , subbijloris, pilosis ; staminibus glabris ; pistillo intermedio ; capsulâ columnari , pubescente.

O. repens. Thunb. Ox. ii ,t. i , f. 5. Jacq. Ox. n,t. 78, f. i. Dc. Prodr. 1 , p. 698.

Noms vulgaires : Aredinha; Frero.

Usages des Oxalis en général et leur nom vulgaire. Tout le monde sait que les feuilles d’un très-grand nombre d 7 Oxalis sont douées d’une acidité dont la médecine peut tirer un parti utile. Cette qualité n’a point échappé aux Brasiliens , car ils emploient avec raison l’ Oxalis dans les fièvres ataxiques {malinas). On sent qu’il est impos- sible que les nombreuses espèces qui croissent au Brésil n’aient pas été souvent confondues; que, présentant les mêmes vertus, elles n’aient pas été appliquées indifféremment aux mêmes usages , et que, par conséquent, le nom vulgaire Aredinha , qui doit signifier proprement petite plante acide , ne soit pas devenu une sorte de nom générique.

Nous nous contenterons de décrire ici trois espèces, Y Oxalis re- pens , qui est particulièrement employé dans le district des Dia- mants , non-seulement sous le nom d’ Aredinha, mais encore sous celui de Frero (trèfle) ; l’ Oxalis fulva :$ dont les feuilles sont d’une extrême acidité ; enfin l’ Oxalis cordata,, sur laquelle nous n’avons point cherché à vérifier cette qualité, mais qui intéressera les bota- nistes par la forme particulière de ses feuilles.

XLIII.

Description. Racine noirâtre , émettant plusieurs tiges couchées , rampantes, fines, souvent rameuses, chargées de feuilles, hérissées de quelques poils, d’un rouge pourpré. Feuilles nombreuses : fo- lioles longues de 2 à 4 lignes, larges de 4~6 lignes, très-courtement pétiolulées , largement ohcordées, ciliées, glabres ou plus rare- ment parsemées de quelques poils en dessus, velues en dessous : pétiole long d’environ 8 à 12 lignes, presque filiforme, hérissé de quel- ques petits poils, dilaté et membraneux à la hase, articulé au-dessus de la partie dilatée. Pédoncule axillaire, tantôt plus long, tantôt plus court que le pétiole, uniflore et articulé au-dessus du milieu ou biflore, pourvu de deux à quatre bractées insérées au - dessous de l’articula- tion ou des pédicelles géminés : bractées longues d’environ 1 1/2 li- gne , linéaires - subulées , étroites, couvertes de poils couchés. Ca- lice long d’environ 2-1/2 lignes, presque membraneux, parsemé d^un petit nombre de poils couchés, d’un vert jaunâtre, à divisions oblongues, manifestement inégales, à peine barbues au sommet. Pétales très - obtus, jaunes. Étamines toutes glabres; les petites dépassant l’ovaire, les grandes un peu plus longues que les styles : anthères très-petites , jaunes. Styles couverts de poils couchés. Stigmates 2-fides, à segments laciniés. Ovaire oblong, légèrement pubescent. Capsule longue d’environ 6-8 lignes , prismatique , à cinq angles mousses que séparent autant de sillons, pubescente, di- visée intérieurement en cinq loges, dans chacune desquelles sont 8-10 graines suspendues à l’angle interne, relevées de cinq angles dans leur longueur et transversalement rugueuses, mais ovales, aplaties et membraneuses par la dessiccation qui fait disparaître leur couche charnue. Embryon presque aussi long que le périsperme : cotylédons elliptiques, plus courts que la radicule.

Cette espèce diffère de celle du même nom recueillie à Java par Commerson, en ce quelle est généralement moins grêle, et que ses pédoncules sont plus longs.

Localités. Cette plante croît à Rio de Janeiro, dans le district des Diamants, et probablement ailleurs.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Oxalis. Calice à 5 divisions, persistant. Pétales au nombre de 5, insérés au-dessous du gy- nophore, alternes avec les divisions du calice , libres ou soudés entre eux un peu au-dessus de leur base, caducs. Étamines au nombre de io, insérées sur un court gynophore, soudées entre elles à leur base, 5 plus courtes opposées aux pétales, 5 plus longues alternant avec eux : anthères insérées par le dos, mobiles, à deux loges. Nectaire nul. Styles au nombre de cinq, libres ou sou- dés entre eux à leur base, persistants. Stigmates en forme de tête, quelque- fois 2 - fides ou 2 - lobés. Ovaire unique, inséré sur le gynophore, à cinq loges contenant chacune de ï à 12 ovules. Ovules attachés à l’angle interne des loges. Capsule prismatique, ovoïde, ou globuleuse, à51oges, s’ouvrant en 10 valves attachées comme avant la déhiscence à l’angle central. Graines plus ou moins aplaties, très - aiguës à leur base. Tégument extérieur charnu , la par- tie extérieure charnue (arille des auteurs) se séparant avec élasticité; l’inté- rieur crustacé, souvent strié. Périsperme charnu, souvent coloré. Embryon droit ou légèrement courbé, axile : cotylédons plus larges que la radicule, d’ordinaire elliptiques : radicule supérieure, se prolongeant presque jusqu’à l’ombilic.

§ II. De F arille en général et en particulier de celui des Oxalis. Richard avait déjà démontré que , sous le nom d’arille, on avait confondu plusieurs organes différents ; il avait dit que c’était une expansion du cordon ombilical, et que le hile était situé en dedans de i’arille. Cette définition excellente n’a point été assez méditée; car si, depuis ce botaniste, on ne prend plus pour arille des parties qui appartiennent au péricarpe , on a souvent donné ce nom à la partie extérieure du tégument qui, comme l’a remarqué M. deCandolle, est souvent différente pour la consistance de la portion intérieure; mais dans ce cas il y a continuité cellulaire et vasculaire entre les deux parties , ce qui n’arrive pas dans l’arille véritable qui est simplement appliqué sur la semence , et l’ombilic doit être à l’extérieur de la partie charnue. Enfin nous pouvons signaler un caractère distinctif du véritable arille, et qui doit à jamais empê- cher de le confondre avec le faux arille (1); c'est que le premier n’est jamais

(1) Cette observation est due à M. Pelietier, d’Orléans , qui a si profondément étudié l’organisa- tion végétale.

sans ouverture, tandis que l’autre, faisant partie du tégument, recouvre la graine et n’est nullement ouvert ; car on ne peut considérer ici comme ouver- ture le hile destiné au passage des vaisseaux du cordon ombilical. L’arille vérita- ble enveloppe quelquefois la graine tout entière dans quelques Fusains , mais il n’en reste pas moins ouvert à son extrémité, et est simplement plissé sur le sommet de la graine à l’endroit de son ouverture. Nous dirons donc que l’a- rille véritable est un sac ouvert à son extrémité, et le faux ariile un sac sans ouverture comme le tégument dont il fait partie. Ainsi il J a ariile dans le Passiflora , 1 ' Évonimus , les Dilléniacées , etc. : il n’y a point d’arille dans 1’ Euphorbia , le Ribes , le Punica, certains Iris, etc., quoique l’extérieur de leur graine soit plus ou moins charnu. Les caroncules que l’on remarque dans plusieurs semences, telles que celles du Corjdalis bulbosa, du Phaseo- lus, etc., ne sont autre chose qu’une expansion ou boursoufflement du tégu- ment propre. D’après tout ceci, il est évident que les Oxalis n’ont point d’a- rille véritable; car la partie à laquelle on a donné ce nom renferme la semence tout entière; la partie crustacée qui se trouve dessous n’est jamais lisse, et le prétendu ariile porte en dedans des empreintes analogues à celles de la par- tie crustacée. Il doit arriver, pour les graines de l’ Oxalis , ce qui a lieu pour le péricarpe de l’ Amandier ; dans l’un et dans l’autre la partie charnue se sèche, se rétrécit, s’ouvre et laisse échapper la partie dure. Si cela n’arrive pas dans d’autres graines charnues à l’extérieur, c’est probablement parce que cette partie charnue est trop succulente pour se dessécher, ou même qu’elle est , comme dans la Groseille, protégée par un péricarpe qui lui-même est succulent.

g III. Des étamines dites extérieures et intérieures dans F Oxalis. H n’y a réellement pas à' étamines extérieures et intérieures dans les Oxalis , quoique les auteurs se soient servis de ces expressions. Toutes les étamines en effet partent du bord d’un même godet;, mais la distinction qui a été faite vient de ce que les anthères des unes se reportent sur le filet des autres quelles dé- passent en largeur.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fruit muni de son pédoncule et de son calice. 2. Le même séparé du calice , et dont on a coupé longitudinalement une loge pour montrer l’attache des graines. 3. Graine. même coupée longitudinalement.

OXALIS FULVA.

OXALIS FAUVE.

FAMILLE DES G É R AN I A C E E S.

O. caule suffruticoso, folioso, hirsutissimo ; foliolis 3-foliolatis , inœqualiter petiolulatis ; foliolis obovato-orbiculanbus , obtusissi- mis, villosis, ciliatis j lateralibus sessilibus, intermedio petiolato ; pedunculis subbifido-umbellifens ; umbella in voluerat a ; stamini- bus omnibus pistillo longioribus; ovarii loculamentis i-spermis.

Description . Sous - arbrisseau de 5 à i5 pouces, dont les tiges sont dressées, ou plus rarement, un peu coudées à leur base, peu rameuses et couvertes de poils longs et nombreux. Feuilles à trois folioles, ascendantes : folioles longues de 6 à 9 lignes, larges de 4~7 lignes, obovales-orbiculaires, très-obtuses ou légèrement tronquées, très-rarement terminées par une petite pointe ^ couvertes de poils couchés plus ou moins nombreux, ciliées , souvent un peu glauques, d’une saveur très-acide ; la supérieure portée sur un pétiolule long d’environ 6 lignes; les deux latérales sessiles : pétioles longs d’envi- ron deux pouces, couverts de poils semblables à ceux de la tige. Pé- doncules axillaires, d’ordinaire plus longs que la feuille, couverts de poils longs plus ou moins nombreux , soutenant des fleurs dispo- sées en ombelle : ombelle composée de 3-y fleurs , un peu com- pacte , comme bifide avec une fleur intermédiaire, pourvue d’un involucre; involucre composé de plusieurs folioles longues d’en- viron 4 lignes 5 linéaires-aiguës ou quelquefois linéaires-spatulees , couvertes de longs poils : pédicelles longs d’environ 3 lignes, mu- nis d’une bractée ou sans bractée; bractées linéaires, aiguës. Poils longs, fauves, naissant le plus souvent d’un tubercule rouge. Calice couvert de longs poils, à divisions linéaires plus ou moins aiguës. Pétales longs d’environ 6 lignes, entiers ou légèrement échancrés, de couleur jaune, un peu plus foncés à la base. Glandes au nombre

XLIY. ï

1 11

2

de dix, insérées à la base du gynophore, disposées sur deux rangs. Étamines toutes plus courtes que le pistil, les plus petites glabres ; les plus grandes munies , vers le milieu de leur filet et en dehors , d’un petit appendice liguliforme, légèrement hispides au-dessus : anthères elliptiques. Styles glabres. Ovaire glabre, 5-loculaire, loges renfermant deux ovules. Nous n’avons point vu le fruit.

Localités. Cette plante est commune dans les pâturages de la province de Minas-Geraes. Elle fleurit dans presque tous les mois de l’année.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur entière. 2. Étamines entourant le pistil. 3. Filet des grandes étamines muni de son appendice. 4- Pistil. 5. Coupe longitudinale d’une des loges de l’ovaire.

/

OXALIS FULVA.

OXALIS CORDATA.

OXALIS A FEUILLES EN COEUR.

FAMILLE UES GÉRANIACÉES.

O. caule suffruticoso , folioso y foliis trifoliolatis y foliolis corda- tisy marginibus puberulis , lateralibus sessilibus , intermedio pe- tiolulato y pedunculis axillaribus , complanatis , pubescentibus, subbijido - umbelliferis y pistillo intermedio y ovario 5 - loculari , 5-spermo.

Description. Sous-arbrisseau à tige noirâtre et feuillée. Feuilles à trois folioles : folioles latérales sessiles, la supérieure portée sur un pétiole assez long , toutes longues d’environ ï pouce à ï pouce 1/2, en forme de cœur, obtuses, couvertes d’un lé- ger duvet sur leur bord et sur leur nervure médiane ; nervures proé- minentes en-dessous : pétioles longs d’environ 2 pouces , à peine pubescents,, d’un rouge noirâtre, presque de la grosseur d’une plume de pigeon : pétiolule semblable au pétiole. Pédoncules axillaires, longs de 2 pouces, aplatis, pubescents, d’une couleur jaunâtre, portant des ombelles à peu près bifides et composées de plusieurs fleurs : ombelle munie de bractées longues d’environ 3 lignes , li- néaires, aiguës, pubescentes :pédicelles courts, pubescents. Calice pubescent, à divisions aiguës. Pétales longs d’environ 5 lignes, jaunes, légèrement ciliés sur les bords. Filets les plus courts n’atteignant pas la hauteur du pistil, glabres; les plus longs dé- passant le pistil, hérissés de petits poils raides : anthères or- biculaires-ellip tiques, à peine tronquées. Styles hérissés de quelques poils. Stigmates en tète. Ovaire à cinq tètes, glabre, 5-loculaire, à loges monospermes*

Localités. Cette espèce se trouve sur le monticule dit Morro do Tisao, non loin du village de Corumba , dans la partie mé- XLV. ï

2

ridionale de la province de Goyaz. Elle était en fleur au mois de juin.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Pistil. 2. L’une des loges l’attache de l’ovule.

de l’ovaire coupée longitudinalement pour montrer

, STERCTJLIA CHICHA.

STERCULIA CHICHA.

FAMILLE DES MALVACÉESJ TRIBU DES STERCULIÉES.

S. foliis trilobisj cordatis j supra glabris , subtus tomento sis ; petiolo glabro ; panicula terminali , lata > tomentosâ, ferruginee geni- talibus stipitatis: ovarii villossimi loculis 8 -spermis.

Sterculia chicha. Auguste de Saint - Hil. Mss. Turp . Ati. Dict. scienc. natur.

JSfom vulgaire : Chichà.

Description. Arbre de 3o à 4o pieds ; à tige droite , peu feuillée ; â écorce grise , presque lisse. Rameaux glabres , nus , portant seulement à leur extrémité un très-petit nombre de feuilles. Feuilles longues de 6 à ii pouces, larges de n à 20 pouces, profondément trilobées , en cœur à la base , glabres en dessus , couvertes en dessous de poils cotonneux, étoilés et couleur de rouille : lobes s’étendant au-delà du tiers ou du quart de la feuille ; l’intermé- diaire régulier, à peu près ovale, un peu aigu; les latéraux très-irré- gulièrement ovales, un peu aigus, a cotes foit inégaux dont l’extérieur, beaucoup plus grand que 1 autre, descend plus bas, et est très - arrondi à la base : nervures primaires au nombre de 3, une pour chaque lobe, celle du lobe moyen parfaitement inter- médiaire, celles des lobes latéraux bientôt divisées en 3 bran- ches, dont l’une partage le lobe en deux parties inégales, et dont les deux autres moins longues s’étendent dans le côté extérieur du lobe : nervures secondaires parallèles, écartées, manquant au coté intérieur des 2 branches latérales de la nervure primaire des lobes latéraux; toutes ces nervures fort proéminentes en dessous, beau- XLVI. ï

2

coup moins en dessus : veines transversales proéminentes en dessous; un peu enfoncées en dessus 5 pétiole long d’environ 4 à 7 pouces, ayant à peu près 2 à 3 lignes de diamètre, convexe en dessous, un peu con- cave en dessus , glabre. Stipules caduques. Panicules terminales , larges d’environ 9 à i3 pouces, longues d’à peu près 6 à 8, étalées, chargées de ileurs très-nombreuses : rameaux primaires partant presque du même point et aboutissant à peu près à la même hauteur, aplatis, un peu anguleux : rameaux secondaires, tertiaires et qua- ternaires assez nombreux, aplatis, chargés, ainsi que les primaires, d’une bourre cotonneuse et couleur de rouille qui se compose de poils étoilés : bractées solitaires, placées à la base des rameaux secondaires, etc., longues d’environ 3 à l\ lignes , ovales - subu- lées, tronquées semi-circulairement à leur base, canaliculées, coton- neuses, et couleur de rouille en dehors, pubescentes en dedans. Fleurs monoïques , fort rapprochées et presque gloméruîées : pé- doncules uniflores, longs de 2 à 3 lignes, épais et chargés d’une bourre semblable à celle du reste de la panicule. Fleurs males : Calice long d’environ 5-6 lignes, campanulé, 5-fide, un peu aigu à la base, très-ouvert au sommet, strié, cotonneux en dehors, mêlé de jaunâtre et de couleur lie de vin; divisions du calice ne s’étendant pas jusqu’à sa moitié et offrant une forme à peu près triangulaire : poils du calice petits et étoilés. Gynophore pédicelliforme , courbé en manière d’S , à peine chargé de quelques petits poils , por- tant à son sommet les organes sexuels. Étamines au nombre de 12-10 , à peine longues d’une ligne; filets légèrement pubescens, réunis à leur base par un godet large et étalé, commençant à se diviser à des hauteurs différentes, inégaux entre eux pour la lon- gueur, courts , épais dans leur partie libre : anthère terminale , horizontale, immobile, composée d’un connectif épais, continu avec les fdets et de 2 loges parfaitement distinctes , inégales , oblongues , qui s’ouvrent dans leur longueur, et dont la fente est tournée vers

3

le sommet de la fleur. Rudiment du pistil placé au centre du go- det des étamines, caché par elles, composé de 5 petits ovaires à peine soudés au centre, irrégulièrement ovoïdes, glabres, terminés par un rudiment de style et présentant à l’angle interne d’une seule loge quelques rudimens d’ovules. Fleurs femelles : Calice semblable à celui des fleurs mâles. Gynophqre plus court, plus épais, moins sensiblement courbé en S. Étamines soudées de meme en un godet, ombiliqué en dessous, étalé tout-à-fait à la base de l’ovaire : an- thère à peu près semblable à celle des fleurs mâles. Ovaire oblique au sommet du gynophore, long d’environ 3 lignes, presque globu- leux , très-velu, à 5 lobes peu profonds, à 5 loges 8 -spermes : ovules attachés sur deux rangs dans l’angle interne des loges. Style unique, épais, très-velu, réfléchi sur l’ovaire. Stigmate terminal, épais, un peu plane, plus large que le style. Des 5 loges de chaque ovaire, 4 avortent et une seule vient à maturité ; elle forme une capsule uniloculaire du volume de la tète d’un enfant naissant, de la forme d’un ovoïde légèrement comprimé et marqué latéralement d’un sil- lon longitudinal, transsudant une substance semblable à la gomme arabique. Péricarpe épais d’environ ï pouce 1/2, revêtu intérieu- rement de poils roides , se fendant longitudinalement par le milieu du sillon. Graines au nombre de 7, ovoïdes-ellipliques, obtuses, de la grosseur d’un œuf de pigeon. Ombilic orbiculaire, situé à 1 une des extrémités de la semence. Tégument propre double; l’extérieur cartilagineux, sans saveur, interrompu à l’ombilic ; b intérieur char- nu, très-blanc, amer, sans adhérence avec le premier, assez mince , et revêtu d’une épiderme interne (périsperme ?) . Embryon droit , de même forme que la graine, à cotylédons très-grands, convexes sur le dos, un peu concaves sur la face, à radicule très-petite, en forme de mamelon obtus, antitrope, c’est-à-dire tellement dirigé que son extrémité cotylédonaire regarde l’ombilic, et son extrémité radicu- laire l’autre bout de la graine.

Localités. Ce bel arbre croît dans la province de Goyaz. Il fleurit vers le mois de juin.

Usages. Les habitans du pays croît le Chicha3 en mangent les semences qui sont d’un goût agréable. C’est encore un de ces nom- breux végétaux qui, sans culture, fournissent aux Brasiliens de l’in- térieur des fruits comestibles, et il est fort vraisemblable qu’avec quelques soins, ces fruits deviendraient encore meilleurs. Nous ne pouvons donc nous empêcher de conseiller aux habitans de la côte d’introduire chez eux le Chichàfil ornera leurs jardins par sa beauté, et ses fruits ajouteront à leurs jouissances.

Observations botaniques. § I. Caractères génériques . Fleurs monoïques. ( Hermaphrodites selon plusieurs auteurs ). Fleurs males : Calice à 5 divisions. Corolle nielle. Organes sexuels sessiles ou pédicellés . Étamines soudées à leur base en un godet court, libres a leur sommet : anthères au nombre de io a 20 , dispo- sées sur un ou deux rangs ou rapprochées 3 à 3, continues avec le fdet, immo- biles, horizontales , composées d’un connectif épais et de 2 loges distinctes. Un rudiment de pistil au centre de la fleur. Fleurs femelles .-Calice semblable j pédicclle plus court. Anthères stériles ? Ovaire 5-lobé , è-loculaire , a loges poly spermes (1), entouré a sa base du godet anthérif ère. Style unique. Stig-- mate terminal. Capsules au nombre de 5 , ou en moindre nombre par avorte- ment, résultant delà séparation des lobes de l’ovaire , parfaitement distinctes entre elles, s’ouvrant le long d’un sillon longitudinal qui regarde l’axe. Une ou plusieurs Graines à embryon antitrope, entourées d’un tégument interne ( périsperme des auteurs), a cotylédons grands et aplatis , à radicule très- courte.

§ II. Remarques sur les organes sexuels. Linné avait indiqué le genre S ter cul ia comme monoïque , et depuis il a été considéré comme hermaphrodite par les auteurs les plus célèbres. L’espèce brasilienne , décrite plus haut, prouve qu'il faut revenir à l’idée de l’immortel Suédois; mais elle montre

( ï ) Quelques espèces sont indiquées comme ayant un fruit monosperme , mais l’analogie indique que l’ovaire ne l’était pas; cependant ce caractère demandera à être revu.

en même temps combien il est facile d’être induit en erreur. Celui en effet qui se contenterait d’observer, dans le S. chicha , le rudiment de pistil des fleurs mâles, pourrait être tenté de le considérer comme un véritable pistil; mais la comparaison l’aura bientôt détrompé : car le rudiment, quoiqu’en apparence bien formé , est pourtant fort petit et caché par les étamines, tandis que le pistil véritable est bien nourri et laisse les éta- mines tout-à-fait à sa base. M. de Jussieu dit que les Sterculia sont hermaphro- dites; mais sa description prouve qu’il a réellement vu des fleurs mâles et femelles; car il dit que l’ovaire est long-temps caché par les anthères, mais qu’il se montre ensuite en dehors des étamines, et que quelquefois il avorte. Des ovaires cachés par les étamines et qui avortent, et d’autres qui se mon- trent en dehors, c’est ce que nous avons observé nous-mêmes. Mais , dira- t-on peut-être , M. de J ussieu a cru que, dans les plantes qu’il a eues en vue, i! y avait identité entre ces deux sortes d’ovaires, et qu’ils appartenaient seule- ment à deux époques différentes; n’en serait-il pas de même de l’espèce-bra- silienne? Il est bien facile de prouver le contraire; car les ovaires cachés par les étamines, et que nous considérons comme avortés, ne diffèrent pas seulement des autres par îa grosseur, mais encore par la forme. En effet , leurs lobes sont à peine soudés au centre, et les lobes des véritables ovaires ne forment qu’un ensemble : dans les premiers il existe 5 styles distincts, grêles, fort courts, droits, sans stigmate apparent; dans les autres il n’y a qu un style épais, réfléchi sur l’ovaire et terminé par un stigmate; enfin, les ovaires avortés sont parfaitement glabres , et les autres sont très-velus. Quant aux anthères, celles des fleurs femelles sont certainement différentes de celles des fleurs à pistils avortés; elles laissent voir connectif entre leurs loges, et elles nous ont paru stériles; mais lors même que nous nous trom- perions, il faudrait regarder le S. chicha comme polygame. Au reste, l’ana- logie tendrait encore à confirmer la séparation des sexes dans le genre Sterculia ; car, outre ce genre, la tribu des Sterculiées en comprend deux autres, Triphaca et Heritier a, qui sont bien reconnus comme ayant des fleurs unisexuelles. (Hojez DC. Prodr.)

EXPLICATION DES FIGURES.

ï . Fleur mâle, dont on a enlevé la moitié du calice. 3. Urcéole des étamines avec le

XL VI. 2

6

pistil rudimentaire central.— 3. Anthère vue par-dessous , de manière à montrer son con- nectif.— 4- Fleur femelle, dont le calice a été enlevé. 5. Coupe horizontale de l’ovaire. 6. Coupe longitudinale d’une des loges de l’ovaire : la surface des deux loges voisines a été rasée pour faire voir cpa’elles sont distinctes entre elles et montrer l’origine du style.

STERCULIA CHICHA

GUAZUMA ULMIFOLIA.

GUAZÜMA A FEUILLES D’ORME.

FAMILLE DES M ALVAGÉES J TRIBU DES BUTTNÉRIÉES.

G . foliis oblique ovato-lanceolatis , pube stellatâ plus minus ads- persis; florum corymbis brevibus, axillaribus; fructus tuberculati pericarpio imperfecte loculicido-S-valvi..

JYoms vulgaires : Mutamba ; Mutombo.

r Description. C’est un arbre de moyenne hauteur, dont le feuillage varie beaucoup. Dans les échantillons que nous avons sous les yeux, et qui proviennent de localités diverses, on peut distinguer trois variétés principales de formes, que nous allons faire connaître successivement, en décrivant complètement la première , et nous contentant pour les autres d’une courte comparaison.

Var. a. Rameaux noirâtres, presque glabres ; jeunes pousses revê- tues d’un duvet tomenteux et roux. Feuilles caduques, ovales-lancéo- lées ou arrondies, quelquefois même presque cordiformes à la base et acuminées au sommet, partagées par la nervure médiane en deux moi- tiés inégales (la supérieure plus grande), dentées inégalement en scie dans leur contour, presque glabres sur leur surface supérieure, ou par- semées seulement de quelques poils étoilés qui y forment comme des points blanchâtres , présentant sur l’inférieure ces mêmes poils plus nombreux, e t couvrant notamment d’ un du vet tomenteux et roussâtre les nervures moyennes et latérales qui font saillie } portées sur des pétioles couverts d’un semblable duvet, dont la direction se rappro- che plus ou moins de l’horizontale, et légèrement dilatés de leur origine à leur terminaison : les feuilles qui accompagnent les fruits sont longues de 5-6 pouces, larges de 2-2 1/2, avec un pétiole long XL Y II. XLVill. ï

2

de 6- 7 lignes ; celles des rameaux florifères longues d’environ 2-2 1/2 pouces, larges de 1-1/2 , avec un pétiole de 3-6 lignes. Stipules longues de 2-3 lignes, linéaires-subulées, plus ou moins tomen teu- ses. Pédoncules axillaires un peu plus longs que les pétioles et to- menteux comme eux, divisés par dichotomie, et souvent dès leur origine, en une sorte de corymbe, dans lequel la fleur terminale s'é- panouit la première, puis après elle les fleurs moyennes des petits faisceaux placés au-dessous. Bractées subulées, extrêmement pe- tites, insérées à la base des pédicelles. Calice couvert à l’extérieur d’un duvet tomen teux et roussâtre, presque glabre du côté interne, à cinq divisions réfléchies, qui, restant soudées les unes aux autres , le font paraître bi ou triparti. Pétales alternes avec ces divisions , longs de3~4 lignes, dressés, de couleurjaune-rougeâtre, etcomposésde deux parties différentes; l’une inférieure plus large, convexe et lé- gèrement velue en dehors, concave en dedans, rétrécie à sa base en onglet, élargie au sommet et recourbée en un capuchon que termine une petite échancrure, parcourue par 5 nervures; l’autre, supérieure, continue à la précédente et un peu plus longue, linéaire, aplatie, marquée de 3 nervures, assez profondément bifide. Tube des éta- mines un peu plus court que la portion inférieure des pétales, com- me campanulé, légèrement pentagone, glabre à l’extérieur, pubes- cent en dedans, partagé au sommet en 10 lobes, dont 5 un peu plus longs et plus larges, ovales-acuminés et légèrement réfléchis, sont stériles ; 5 autres, alternes avec les précédenset opposés aux pétales, se partagent en trois filets courts réfléchis et chargés chacun d’une anthère biloculaire, à loges presque distinctes : le petit paquet formé par les trois anthères est recouvert par le capuchon du pétale opposé, et la division du tube qui les porte étroitement embrassée par l’échan- crure terminale de ce capuchon. Pollen globuleux et lisse. 5 Fais- ceaux de poils à la base et en dehors du tube des étamines, opposés à ses divisions stériles. 5 Styles long - temps soudés en un seul su- hulé , glabre , jaunâtre, mais qui finissent quelquefois par se détacher

3

les uns des autres. Ovaire sessile, ovoïde, quinquélobé au sommet, tuberculeux sur toute sa surface, et couvert de poils étoilés, à 5 lo- ges opposées aux pétales, qui contiennent chacune des ovules nom- breux attachés à l’angle interne. Fruit globuleux, de la grosseur d’une cerise, à peu près tuberculeux, dont le sarcocaipe épais se fend, après la maturité, en 5 portions ou valves alternant avec les loges, et est formé à l’intérieur de ramifications ligneuses qui vien- nent entre les loges se rattacher à un axe central plus court que le fruit, également ligneux et fort épais. Loges au nombre de o, tapis- sées par un endocarpe mince et fragile, remplies d une substance mucilagmeuse, renfermantplusieurs graines disposées sur deuxiangs, et attachées àla partie supérieure de l’axe qui fait saillie dans la loge. Graines de la forme d’un ovoïde renversé, anguleuses par suite de leur pression mutuelle, grises ou noirâtres, marquées de dépressions nombreuses : 3 téguments, 1 extérieur mince et inégal ^ le moyen testacé} l’intérieur membraneux, dilaté dans la partie opposée au point d’attache en une calotte épaisse et brunâtre qui est la chalaze. PerispePiMe légèrement charnu, entourant 1 embryon d une couche mince et s’insinuant entre ses plis. Embryon suivant la direction de la graine , à cotylédons minces, en cœur renversé , plissés dans leur largeur et dans leur longueur, embrassant, par les oreillettes de îeui base, la radicule presque égale à eux, droite, cylindrique et terminée en pointe.

Var. g. Feuilles des rameaux florifères plus grandes d’un tiers environ dans toutes leurs dimensions , et portées cependant sur des pétioles plus courts, beaucoup plus pâles, plus souvent légèrement échancrées à la base et acuminées au sommet ; fleurs d’un jaune plus pâle et un peu plus nombreuses dans chaque corymbe.

Var. y . Feuilles des rameaux florifères un peu plus grandes , de même forme et de même teinte que dans la variété précédente, re-

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vêtues d’un duvet plus épais en dessous; fleurs d’un jaune plus rou- geâtre, plus grandes ainsi que leurs boutons. Même différence pour le volume de ses fruits.

Localités. Les échantillons de la variété « ont été recueillis en fleur et en fruit au mois de juin, dans le Mato Grosso de la province de Goyaz, dont les habitans la nomment Mutombo. Ceux de la varié y l’ont été au mois de septembre dans les bois , près le Porto de Sal- gado 3 dans la partie occidentale de la province des Mines 3 nom- mée Certaô do Rio de S. Francisco : les habitans l’appellent Mu- tamba, et savent la distinguer de la variété $. Cette derniere se trouve auprès de Riachara et sur plusieurs autres points du désert du Rio de S. Francisco (Certaô).

Étymologie. Nous ne saurions dire avec certitude quelle est l’o- rigine des deux noms vulgaires de cette plante. Nous ne trouvons rien qui s’en rapproche dans le précieux ouvrage intitulé : Tesoro de la lingoa Guarani et nous pensons que ces noms n’appartiennent pas à cet idiome ; une sorte d’analogie nous ferait soupçonner qu’ils sont africains , et, si ce soupçon se vérifiait, on pourrait en conclure, avec quelque raison peut-être, que quelque espèce de Guazuma croît également en Afrique.

Usages. Le fruit de cet arbre, quoique dur et presque ligneux, est rempli d’un mucilage d’une saveur douce et agréable, que l’on peut sucer avec plaisir et qui rappelle le goût des figues grasses. Peut-être mériterait-il les honneurs de la culture, qui contribuerait encore à l’ améliorer. Ce n est pas d ailleurs le seul avantage qu on pourrait en retirer: en effet, une note de Plée, conservée dans 1 Hei- bier du Muséum , nous apprend qu’à la Martinique, le Guazuma ulmifolia est connu sous le nom d’orme pyramidal, on emploie son écorce de 1 5 à 8 mois pour clarifier le sucre : c’est du liber qu on

se sert particulièrement, en le laissant tremper dans l’eau, opéra- tion qui en dégage un mucilage épais plus filant que celui du lin. La vieille écorce du tronc passe, dans la même ile, pour un sudori- fique excellent contre les maladies de la peau : on en fait bouillir trois ou quatre onces dans trois pintes d’eau qu’on laisse réduire à deux.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Guazuma. Calice quinquéparti , dont les divisions restent soudées 2 a 2 ou 3 « 5. 5 Pétales alternes avec ces divisions, recourbés inférieurement en capuchon, prolongés supérieurement en languette bifide. Tube des étamines ci i o lobes , dont 5 stériles, 5 opposés aux pétales, et chargés chacun de 3 anthères presque sessiles et biloculaires. 5 Styles soudés en un seul. Ovaire libre , à 5 loges multiovulées . Fruit tuberculeux a sa surface , ligneux en dessous , creusé de 5 loges polys- permes. Graines disposées sur deux rangs , attachées à l axe. Périsperme charnu , mince. Cotylédons phsses-chijfonnes. Radicule droite, dirigée du coté du hile.

§ II. Observations sur les espèces établies dans ce genre. Outre les formes variées que nous avons signalées dans les échantillons recueillis au Brésil, on en peut observer dans les herbiers un assez grand nombre j et, comme il est fort difficile d’assigner des différences tranchées entre elles, quelles se nuan- cent par des transitions presque insensibles, M. de Saint - Hilaire en avait conclu naturellement qu’elles appartenaient à une seule et même espèce très- polymorphe. C’est ce qui l’a porté à réunir, dans sa Flore (vol. 1 , p. 148) , les trois espèces établies avant lui, savoir : G. ulmifolia Lam. , G. tomen - iosa Kunth, et G. polybotrya Cav.

Cependant, l’étude des fruits de Guazuma nous porte aujourdliui à mo- difier cette opinion. En effet, si l’on observe ceux du G. ulmifolia type de cette espèce, c’est-à-dire à feuilles luisantes et parfaitement glabies des deux côtés, on voit : Que le sarcocarpe, ou enveloppe extérieure char- nue et tuberculeuse, se sépare par 5 fentes longitudinales en 5 parties alternant avec les loges. Les ramifications ligneuses qui séparent celles-ci viennent, après les avoir comme embrassées, se terminer derrière elles. Du reste , l’enveloppe ligneuse de chaque loge peut se séparer de celles des loges voisines, et ne leur est unie que parce qu’elle se rattache à un axe com- mun. 20 Que l’endocarpe mince qui tapisse la loge est lisse à sa surface in-

G

terne. Que de la partie supérieure de l’axe saillante au- dedans de la loge partent à la maturité des filets ligneux et roides auxquels les graines sont adnées dans toute leur longueur. En étudiant ces filets avec soin et dans leurs rapports avec la graine, on reconnaît aisément qu’ils ne sont autre chose que les raphés de ces graines qui finissent par se solidifier, et s’en dé- tachent alors avec la plus grande facilité. M. Gay a observé quelque chose d’analogue dans une" plante de la même famille, le Seringia platyphylla. (V oy, Mena, du Mus. 7, pl. 17, f. 14. ) /p Que le testa de la graine est mince et cassant. Ce sont ces fruits et ces graines que nous avons figurés dans notre Pl. XL VIL

Maintenant, si à la description précédente on compare celle queM. Kunth donne du fruit de son G. tomentosa, on voit que ses fruits sont indéhiscens, et leurs loges coupées par des cloisons transversales incomplètes que forment des replis de l’endocarpe. M. Kunth ne parle pas de ces raphés ligneux qui n’eussent pu échapper àun aussi habile observateur; et nous nous sommes assu- rés, sur son échantillon même, que leraphé ne se montre que sous l’apparence d’une petite ligne blanchâtre intimement unie au testa, qui est épais et coriace; et qu’au lieu de 5 fentes alternant avec les loges qu’on remarque sur la surface du péricarpe du G. ulmifolia, on trouve tout au contraire 5 arceaux ligneux saillans en dehors, desquels il résulterait une déhiscence septicideet non loculicide, si le fruit pouvait finir par s’ouvrir. Ajoutons enfin que ces fruits sont plus alongés, que leurs loges renferment 9 graines seulement au lieu de 12-1 5, et que, dans la fleur, plus petite, les faisceaux de poils sont nuis ou presque nuis a la base du tube des étamines.

Il y a donc au moins deux espèces de Guazuma, qu’on peut distinguer par leurs fruits et leurs graines; pour indiquer d’autres différences spécifiques qui aident à nommer les échantillons variés de nos herbiers, c’est ce que nous ne pouvons. La grandeur , la forme et l’état de la surface des feuilles n’en fournissent pas. Car nous voyons nos échantillons brasiliens qui, par leur duvet, rentreraient dans le G. tomentosa , présenter dans leur fruit une dé- hiscence imparfaite en 5 valves, queM. de Saint-Hilaire a notée sur les lieux mêmes il les recueillait. Quantaux raphés ligneux, il ne les a pas observés, sans doute parce que les graines, soumises à son inspection , n’avaient pas en- core acquis tout leur développement. C’est probablement cette dernière cir- constance qui lui a fait rencontrer des cotylédons presque planes et à peine chiffonnés ; car les plis ne se forment que par l’alongement progressif de

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l’embryon, qui finit par excéder la longueur et la largeur de la cavité des- tinée à le loger.

Le Guazuma. a été observé sur beaucoup de points de l’Amérique équi- noxiale, mais nous ne sachions pas qu’il ait été indiqué sur l’ancien conti- nent. Cependant 1 herbier du Muséum en possède un rameau en fleurs, rap- porté de l’ïnde par Sonnerai, et deux rameaux en fruit, recueillis par Leschenault sur la côte de Coromandel. Doivent-ils former une espèce dis- tincte? Dans l’état actuel de nos connaissances, nous n’oserions les séparer du G . tomentosa, dont ils présentent les fruits et les fleurs. Celles-ci n’offrent aucune trace de poils fascicules a la base du tube staminifère. Les feuilles sont longues de 3 -4 1/2 pouces, obliques, cordiformes- lancéolées , dentées, lé- gèrement ondulées, tomenteuses en dessous, parsemées en dessus de points blan es qui sont des poilsétoilës.

Quant au G. polybotrya Cav., que nous ne connaissons que par la figure des Icones ( t. 29g), il ne parait pas devoir former une espèce distincte, mais nous ignorons à laquelle des deux autres il peut être rapporté.

EXPLICATION DES FIGURÆS.

PI. XLVII. Elle représente un rameau de notre Guaiuma ulmifolia, var. a. Le fruit

provient d’un échantillon à feuilles glabres, recueilli aux Antilles. 1. Fruit. 2. Le

même, coupé transversalement : dans 2 loges des graines ont été enlevées pour montrer les raphés ligneux persistans. 3. Le même, coupé verticalement : on voit, d’un côté , la moi- tié d’une loge avec son endocarpe et ses graines ; de l’autre, les ramifications ligneuses qui vont de l’axe à l’exterieur dans l’intervalle des loges.— 4. Graine , avec son raphé. 5. La même, coupée longitudinalement. 6. Section transversale de la même.— 7. Amande sépa- rée du testa , revêtue de la membrane interne et couronnée par la chalaze.. 8. Embryon séparé, un peu étalé artificiellement pour faire voir la direction de ses plis.

PL XLVIII. Elle représente un rameau de notre Guazuma ulmifolia, var y. 1 . Fleur. 2. Tube des étamines. 3. Anthère , avec son filet. 4. Pollen. 5. Pistil, avec la base des enveloppes florales et du tube staminifère coupé.

SIDA MICRANTHA.

SIDA A PETITES FLEURS.

FAMILLE DES MALVACÉES;

TRIBU DES MALYÉES.

S. foliis superioribus subcordiformibus > acutis inœqualiter denta- tis , utrinque tomentosis ; floribus parvulis , racemosis , glome- ratis; coccis 5 j breviter i-ro strati s s dorso pubescentibus.

Nom vulgaire : Malvalistro.

Description. Racine émettant plusieurs tiges hautes d environ 4 ou 5 pieds, dressées, très -droites , cylindriques à leur base, pres- que tétragones à leur extrémité, tomenteuses. Feuilles inférieures, légèrement cordiformes à leur base, trilobées et pointues a leur som- met • les supérieures longues d’environ ï 1/2-2 pouces, larges de 1-1/2 pouce, graduellement plus petites vers l’extrémité des ra- meaux, légèrement cordiformes, aiguës, souvent inequilaterales \ toutes inégalement dentées en scie , tomenteuses des deux côtés , principalement sur la face inférieure, marquées de nervures et de veines proéminentes en dessous : pétiole long dans les feuilles supé- rieures de 3-5 lignes, cylindrique, tomenteux. Stipules petites, su- bulées , tomenteuses. Fleurs axillaires, disposées en grappes pédon- culées et longues d’environ 1 pouce : ces grappes sont rarement solitaires, souvent elles se trouvent au nombre de 2 ou de 3 partant du meme point : bractées en forme d’ alêne, insérées au nombre de 3 , plus rarement de 2 , à la base des grappes des rameaux et des pé- dicelles , évidemment formées par les deux stipules et le rudiment du pétiole de la feuille avortée. Pédicelles uniflores , très - courts. Calice long tout au plus de 1 1/2 ligne, campanulé, tomenteux, divisé en 5 segmens pointus qui atteignent le tiers de sa longueur. Pétales plus longs que le calice, obovales , onguiculés, obtus 3-5- XLIX. ï

2

dentes ou acuminés, marqués de 7 nervures, très - glabres; onglets soudés avec le tube des étamines. Tube des Étamines conique à sa base, cylindrique et étroit dans le reste de sa longueur, très - glabre, divisé au-dessus du milieu en 20 filamens capillaires, les supérieurs saillans au-dessus de la corolle; anthères au nombre de 20, globu- leuses, glabres. 5 Styles filiformes, très-glabres, réunis en un seul jusqu’au-dessous de la moitié de leur hauteur. Stigmates petits, en forme de tète. Ovaire petit, ovoïde, aigu au sommet, tomenteux, divisé en 5 loges monospermes. Capsule entourée du calice persis- tant, longue d’environ 1 1/2 ligne, large de 2 lignes, presque glo- buleuse, ovoïde, déprimée, aiguë, pubescente, à 5 lobes, divisée en cinq coques terminées par une pointe bifide.

Localités. Cette espèce est commune dans la province des Mmes.

Usages. On est dans l’usage, au Brésil , de tirer des fusées vo- lantes pendant le jour à la porte des églises , lorsqu on y célèbre la fête de quelque saint; et à Rio de Janeiro , par exemple, il doit se faire une consommation très - considérable de ces pièces d artifice. L’usage dont il s’agit paraît bizarre, sans doute, mais il est vraisem- blable qu’il s’est introduit à l’ époque delà découverte, lorsqu on n avait point encore de cloches. Quoi qu’il en soit, les tiges de la plante que nous venons de décrire sont employées, dans le pays elle croît, à faire les bâtons des fusées volantes.

Observations botaniques. §1. Caractères du genre Sida. Caligê simple , quinquéfde. 5 Pétales alternes , obovales , ordinairement obliques et a cotés inégaux. Tube des étamines divisé a son sommet en filets nombreux, termines chacun par une anthère unique. Ovaire libre , dont les loges , au nombre de 5 ou plus , contiennent chacune un seul ovule pendant. Styles en nombre égal aux loges , soudés a leur base , terminés chacun par un stigmate en tête. Capsule entourée du calice persistant , se séparant en plusieurs coques monos- permes qui s’ouvrent par leur sommet et le long de leur angle interne. Graine

3

en cœur, légèrement api atie sur ses faces latérales. Ombilic se confondant avec la chalaze dans F échancrure supérieure de la graine . Tégument double, l ex-* térieur testacé , V intérieur membraneux. Périsperme charnu ou comme mucila- gineux, très-mince , revêtant la membrane interne , et se prolongeant entre les plis des cotylédons. Embryon recourbé sur lui-même, et dont la courbure répond au bas delà graine. Cotylédons pliés trois fois dans leur longueur, échancrés à leur base , l’un enveloppant l’autre. IUdicule à peu près égale en longueur, occupant la moitié interne de la graine, et dirigée vers son sommet.

§ IL Comparaison du genre Sida avec quelques genres voisins. Le genre Sida , tel qu’il avait été limité par Linné, et adopté depuis dans le Genera de M. de Jussieu, renfermait un nombre considérable d’espèces, présentant toutes un calice simple , 5-fide , des étamines réunies en tube , plusieurs styles , une capsule divisée en autant de loges et de lobes que le pistil présentait de styles , chacune des loges renfermant une ou plusieurs graines. M. Kunth, se fondant sur des caractères tirés des capsules et du nombre des graines, a divisé depuis ce genre en quatre, savoir : Sida , Goya, Bastardia et Abutilon. Le genre Sida se distingue principalement des trois autres par ses fruits non vésiculeux, divisés à l’époque de leur maturité en coques s’ouvrant par leur angle interne et renfermant une seule graine suspendue. Le genre Gaya se lie au Sida par ses coques monospermes renfermant une seule graine suspen- due, mais if en diffère par ses fruits vésiculeux et surtout par un appendice particulier que l’on trouve dans chaque coque, et qui simule une troi- sième valve à demi avortée : cet organe part du bas de la loge , reste libre , et s’élevant dans la cavité , vient passer derrière le dos de la graine. Le genre Bastardia a de grands rapports avecl eSida, mais il s’en distingue par la de- hiscence de ses loges qui est loculicide; chacune ne renferme qu’une seule graine, qui est tantôt suspendue comme dans les deux genres dont nous venons de parler, tantôt ascendante, h’ Abutilon est caractérise par les loges polyspermes de ses capsules ; il se rapproche du Bastardia par la déhiscence

de son fruit.

Nous avons adopté la division de M. Kunth, qui a l’avantage de couper un genre trop riche en espèces, sans contrarier les rapports naturels des plantes

qu’on y rapportait.

EXPLICATION DES FIGURES.

i. Fleur entière. 2. Coque.

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SIDA CARPINIFOLIA.

SIDA A FEUILLES DE CHARME.

FAMILLE DES MALYACÉES;

TRIBU DES MALYÉES.

S. caule ramosissimo ; ramulis complanatis ; foliis ovato -oblongis , serratis y pedunculis axillaribus ? brevissimis > i- multifloris ,* coc- cis 5-8, bi ari statis.

Sida carpinifolia, Linn.f. Suppi. 307.

Sida carpinifolia et bpacteolata, DC. Prodr. 1, p. 461.

Noms vulgaires : (en portugais) , Vassoura ; (dans la langue des Guaranis), Tupitcha. ,

Description. Sous - arbrisseau à tige très - rameiîse , cylindrique et presque glabre à la base, aplatie, légèrement canaliculée et pu- bescente à sa partie supérieure ; poils simples ou étoilés : rameaux semblables à la tige. Feuilles alternes,, ovales - oblongues, plus ou moins pointues au sommet, dentées en scie, longues de 1 à 2 pou- ces, larges de 5 à 10 lignes , presque glabres, parsemées, sur leur face supérieure , de quelques poils simples visibles à la loupe ; ner- vures proéminentes en dessous : pétiole long d’environ 1 ligne, pu- bescent. Stipules longues de 2 à 3 lignes, linéaires, très-étroites, aiguës, glabres. Fleurs axillaires, solitaires, géminées ou disposées en grappes courtes et fasciculées : pédoncules longs de 1/2 à 1 1/2 ligne, pubescents. Calice long de 2 lignes, campanulé, pubescent , à 10 nervures, fendu jusqu’au milieu en 5 segmens ovales, lancéo- lés, aigus, terminés par quelques poils en forme d’ alêne. Pétales

L.

ï

au nombre de 5, hypogynes, alternes avec les divisions du calice , un peu plus longs que lui, obovales, obtus, rétrécis en onglet, marqués de 9 nervures , glabres ; onglets soudés par leur base avec le tube antliérifère. Tube des étamines soudé à la base avec les pétales, en forme de colonne, divisé au sommet en un grand nombre de fîlamens : anthères réniformes , insérées par leur base, mobiles, très -glabres, s’ouvrant supérieurement par une fente demi - circulaire : pollen sphérique hérissé. Ovaire à 8 angles obtus, glabre, à 8 loges. Ovules solitaires dans chaque loge, pen- dans, attachés à l’angle interne. Styles au nombre de 8, soudés ensemble depuis leur base jusque vers leur milieu, libres au som- met, terminés chacun par un stigmate en forme de tête, glabres. Capsule entourée par le calice persistant, composée de 8 coques. Coques longues d’environ 1 ligne, convexes sur le dos, aplaties sur lesdeux faces latérales, terminées ausommetpar 2 pointes aiguës longues d’une 1/2 ligne, s’ouvrant entre ces deux pointes. Graines glabres, don1*la structure interne est telle qu’elle est indiquée dans le caractère générique. Le nombre des loges et des coques n est pas constant, mais'varie de 5 à 8 : ce dernier est le plus fréquent.

Localités. Rien n’est plus commun que cette plante dans les lieux oh furent jadis des forêts vierges. Elle croît mêlée au V erbenaja- maïcensis sur le bord des chemins et auprès des habitations.

Usages. Les Brasiliens , surtout ceux de l’intérieur, n’ont point coutume de garder comme nous des balais. Quand ils veulent ba- layer leurs maisons, ils cueillent une poignée du^SW# carpinifolia , qu’ils trouvent partout en abondance, et delà est venue à cette espèce le nom de Vassoura (balais). Ses feuilles mâchées s’appliquent avec succès sur la piqûre des guêpes ; elles agissent dans ce cas comme émollient, et doivent leur vertu au mucilage abondant dans cette plante comme dans toutes celles delà même famille.

EXPLICATION DES FIGURES.

j. Fruit. 2. Axe autour duquel on a laissé 2 coques, l’une (b) entière, 1 autre (a) ouverte longitudinalement pour montrer la graine et son attache. 3. Graine coupée longitudinalement, et dont les deux moitiés ont été écartées : dans lune («) on voit l’embryon, dans l’autre (b) le périsperme.

ABUTILON COMESTIBLE.

FAMILLE DES MALYACÉES ;

TRIBU DES MALVÉES.

A. caule sujfruticoso , tereti, pilis subgriseis tomentoso ; foliis cor- diformi- acuminati s , dentatis, supernb puberulis , subtus tomen- to sis ; floribus axillaribus, solitariis , purpureis.

Nom vulgaire : Bençao de Deos.

Description. Sous- arbrisseau à tige cylindrique, tomenteuse. Feuilles longues de 3-6 pouces, larges de 2-4 1/2 pouces , plus petites graduellement vers le haut de la plante , cordiformes , acu- minées , dentées , parsemées d’un léger duvet en dessus , tomenteuses en dessous, présentant une nervure médiane et plusieurs autres transversales , toutes saillantes en dessous : pétiole long de 1-0 pouces, à peu près cylindrique, tomenteux. Stipules linéaires- lancéolées , aiguës, tomenteuses, caduques. Pédoncules solitaires, ou au nombre de deux ou trois, axillaires ou placés latéralement, longs d’environ un pouce et demi, mais s’alongeant après la florai- son , tomenteux, articulés et légèrement courbés un peu au-dessous du sommet. Galice long d’environ 4-5 lignes, en forme de cupule, fendu jusqu’au milieu en cinq segmens ovales et acummés, couvert d’un duvet tomenteux composé de poils courts, étoilés , très-serres. Pétales du double plus grands que le calice, onguiculés, à onglet très-glabre, à limbe large, à peu près elliptique, coupé un peu obliquement au sommet, légèrement pubescent, d un rouge plus ou moins foncé. Tube des étamines dépassant le calice, conique à la base, tubuleux dans le reste de sa longueur, glabre, marqué de

ABUTILON ESCULENTUM.

2

dix nervures rapprochées deux a deux, divisé au sommet en un grand nombre de iilamens portant chacun une seule anthère. Styles au nombre de dix, un peu plus courts que les étamines, soudés entre eux à la hase, distincts supérieurement, glabres, terminés chacun par un stigmate particulier. Ovaire globuleux, couveit au sommet de poils mous et couchés, à dix loges, renfermant chacune 3 ovules attachés à l’angle interne un peu au-dessous du sommet de la loge, et placés les uns au-dessus des autres. Capsule longue d environ quatre lignes , couverte d’un duvet tomenteux composé de poils étoilés, surmontée de io cornes, marquée profondément de 10 sillons, formée de io coques distinctes au sommet et soudées latéralement. Graines réniformes, comprimées, d un brun froncé, hispides, semblables, quant à leur structure interne , à celle des autres espèces du genre.

Localités. Cette espèce est commune aux environs de Rio de Janeiro. Elle fleurit au mois de septembre.

Usages. Les habitans du Brésil mangent les fleurs de cette plante cuites avec de la viande.

Observations botaniques. § I. Caracteres du genre Ahutüon. Calice simple, 5~Jide. Pétales au nombre de 5, hjpogynes , alternant avec les divisions du calice , souvent inéquilaléraux. T ube desétamines recouvrant l ovaire, divisé a sonextrémité supérieure enfilets nombreux, et portant quelquefois enmême temps des anthères au-dessous de son sommet. Ovaire à 5 loges ou plus , renfermant chacune le plus souvent 3 , quelquefois 4'9 ovules. Ovules attachés à l angle interne. Styles en meme nombre que les loges, plus ou moins soudés entre eux , terminés chacun par un stigmate en tête. Capsule entourée par le calice , composée de cinq coques ou plus soudées entre elles, s’ouvrant en haut et en dehors, quelquefois monospermes par avortement. Graines présentant inté- rieurement la meme structure que celles du genre Sida.

§ II. Division du genre Abutilon. Lorsque Ton examine comparative-

3

ment les espèces du genre Abutilon, on s’aperçoit bientôt qu’elles peuvent être divisées en deux groupes naturels, fondés au premier aspect sur leur port et sur la grosseur comparative de leur fruit; et si, cherchant à pénétrer plus avant dans leur organisation intime, on coupe longitudinalement les loges des ovaires, on trouve constamment dans les uns 5 ovules, tandis que les autres en renferment de 4 à q. Dans toutes les espèces que nous avons analysées , le nombre des ovules était toujours en rapport direct avec la grosseur des fruits. Nous croyons donc qu’on peut se servir de ce carac- tère pour diviser le genre d’une manière commode, et les deux groupes que l’on forme ainsi sont d’autant plus naturels , qu’ils ne diffèrent pas de ceux qu’on pourrait établir sur le port et l’aspect extérieur des espèces. La pre- mière section, caractérisée par ses ovules au nombre de trois dans chaque loge, présente souvent des fruits vésiculeux ; elle ne se distingue donc du genre Bastardia qu’en ce que, dans ce dernier, les loges de l’ovaire sont tou- jours uni-ovulées.

EXPLICATION DES FIGURES.

PL LI. ï. Pistil. 1. Ovaire, dont une des loges a été coupée longitudinalement pour montrer le nombre et l’insertion des ovules. 3. Capsule vue en dessus , au moment de la déhiscence.

ABUT1L0N ESCULENTUM

Pi. LI

SPHÆRALCEA CISPLATINA.

SPHÆRALCE A DE LA PROVINCE CISPLATINE.

FAMILLE DES M ALVACÉES ;

TRIBU DES MALVÉES.

S. caule fruticoso , gracili ; foliis ovato -subtrilobis dentatis crena- tisve , subtus tomentoso-in canis ; floribus axillaribus racemosis , secundis ; foliolis calycis exterioris setaceis, deciduis.

Nom vulgaire : Malvaîisco.

Description. Nar. & vulgaris (commune). Arbrisseau d’environ cinq pieds, à rameaux droits, grêles, glabres à la base, pubescens dans leur partie supérieure. Feuilles longues de 1-2 pouces, larges de 1/2-1 pouce, plus petites vers le sommet des rameaux, ovales , aiguës, obtuses à la base, 3 -lobées, à lobes latéraux très-petits, irrégulièrement dentées, pubescentes en dessus, tomenteuses , blan- châtres , et présentant des nervures saillantes en dessous : pétiole long de 6 lignes à 1 pouce , tomenteux , blanchâtre, légèrement ca- naliculé. Stipules longues de 4~6 lignes, un peu membraneuses, linéaires, aiguës, tomenteuses, caduques. Grappes axillaires, por- tées sur un court pédoncule, longues d’environ un pouce, courbées et légèrement étalées, présentant dans leur ensemble l’aspect d’une grappe terminale mêlée de feuilles. Fleurs déjetées d’un seul côté, rapprochées les unes des autres , pédicellées. Calice long de 4 li- gnes, en forme de cloche, divisé jusqu’ au-dessous du milieu en cinq segmens aigus , tomenteux, blanchâtre, muni à la base de trois fo- lioles très - étroites et tomenteuses. Pétales obovales , à côtés iné- gaux, coupés obliquement au sommet et presque bilobés, très-gla- bres, légèrement ciliés des deux côtés à leur base, d’un rouge très-vif. LU. ï

Tube des Étamines cylindrique, couvert de poils longs et nombreux, divisé au sommet en nombreux iilamens glabres et couleur de pour- pre : anthères glabres. Styles au nombre de i5-i8, soudés jus- qu’au-dessus du milieu de leur longueur, glabres, terminés par un stigmate obtus. Ovaire globuleux , présentant à son sommet une dépression en forme d’ombilic, à i5 ou 18 lobes peu prononcés, à i5 ou 18 loges renfermant chacune trois ovules en forme de virgule, et insérés à l’angle interne. Capsule globuleuse , entourée du calice persistant, tomenteuse, blanchâtre, à i5 ou 18 coques longues d’en- viron 3 lignes , elliptiques , obtuses des deux côtés. Graines au nombre de ï ou 2 dans chaque coque, à peu près ni formes , bru- nes et parsemées de quelques poils très-courts.

U ar. /3. cpiercifolia feuilles de chêne).

Cette variété se distingue à ses tiges plus étalées, à ses feuilles plus longues, en forme de coin à leur base, obtuses légèrement cré- nelées.

Localités. La variété a est commune dans la partie occidentale de la province Cisplatine. Elle fleurit en Décembre et Janvier. La variété /3 croît dans les lieux humides auprès du ruisseau nommé Arroio de las Viboras , dans la même province que la précédente, et fleurit à la même époque.

Usages. La décoction du S phœralcea cisplatina est administrée avec succès dans les maladies de poitrine. On peut regarder cette plante comme remplaçant, pour les habitans dela province Cispla- tine, la guimauve , employée si souvent parmi nous dans les ca- tharres pulmonaires et les inflammations de toute espèce.

Observations botaniques. § 1. Caractères du genre Sphceralcea . Calice double; V extérieur à trois f olioles , caduc ; V intérieur 5-fide , plus long, per- sistant. Pétales au nombre de 5 , alternant avec les segmens du calice inté-

3

rieur, tronqués obliquement et presque bilobés. Tube des étamines plus court (/lie les pétales , enforme de colonne , divisé au sommet en nombreux filets portant chacun une seule anthère. Ovaire formé d’un grand nombre de loges ( 1 5-20 ) contenant chacune 3 ovules attachés a l’angle interne. Styles en même nombre que les loges, soudés inférieurement , libres au sommet, terminés chacun par un stigmate en tête. Capsules globuleuses , marquées au sommet d une de- pression enforme d’ombilic , composées d’un grand nombre de coques vèrticil- lées autour d’un axe central, se séparant intérieurement en deux valves, souvent 1-2 spermes par avortement. Graines péntropes , rénif ormes , sembla- bles, quant a leur structure interne , à celle des autres Malvées.

§ il. Sur la division du genre Malva. La plupart des espèces du genre Malva des auteurs, présentent des graines solitaires et ascendantes : elles continuent à former pour nous ce genre; mais nous croyons devoir en sépa- rer quelques autres à loges polyspermes. Dans les unes, qui sont des herbes rampantes, chaque loge renferme deux graines, et entre les graines s’inter- pose transversalement un appendice partant du dos de la loge, et fermé par le reploiement de ses deux valves auxquelles il est intermédiaire : Moench avait fait d’une de ces espèces le genre Modiola que nous adoptons. D’autres en- fin ont plusieurs graines (5 en général) dans chaque coque; ces coques sont nombreuses, forment par leur réunion un fruit globuleux ou ovoïde et non déprimé, et s’ouvrent en deux valves par une suture dorsale avant de se séparer les unes des autres : elles forment notre genre Sphceralcea , auquel appartient la plante que nous venons de décrire. Remarquons une correspon- dance assez singulière entre ces divisions et celles que nous avons adoptées pour le genre Sida des auteurs; en effet, ce qu’étaient relativement au Sida, le Gaya et XAbutilon, le Modiola et le Sphceralcea le sont absolument par- rapport au Malva.

EXPLICATION DES FIGURES.

i . Pistil. 2. Section transversale de l’ovaire. 3. Capsule avec le calice persistant.

4- La même, dont le calice est coupé verticalement, de manière à montrer 1 intérieur d un loge avec scs trois grains et la colonne centrale.

PÀYONIA DIURETICA.

PAVONIA DIURÉTIQUE.

FAMILLE DES MALVACÉESJ

TRIBU DES MALVÉES.

P. Foliis cordato -acuminati s , dentato-serratis , utrinque velutino- tomentosis y pellucido -punctatis ; floribus axillaribus y solitariis, sulfureis y calyce exteriore 6-7 -phy Ilo , interiore breviore, coccis angulosis, apice mucronulatis .

a

Description. Tige frutescente, couverte, principalement au sommet, d’un duvet tomenteux. Feuilles longues d’environ 2 pou- ces, larges de i5 lignes, cordiformes, dentées en scie, plus ou moins acummees, marquées de quelques points translucides, pubescen- tes et couvertes d’un duvet serré qui leur donne l’aspect du velours, molles, blanchâtres et munies de nervures proéminentes en dessous : pétioles longs, pubescens ou légèrement tomenteux. Stipules lon- gues de 2-21/2 lignes, très -étroites, pubescentes. Pédoncules axillaires, solitaires, longs d’un à deux pouces, articulés au- dessous du sommet, pubescens. Calice extérieur d’un quart plus long que l’intérieur, pubescent, divisé jusqu’à la base en 6-7 lobes lancéolés, aigus, marqués de 5 nervures ; l’intérieur pubescent, fendu jusqu’au-dessous du milieu en cinq segmens ovales-lancéolés, aigus. Pétales longs de 9-12 lignes, très-entiers, légèrement velus, marqués de nervures, couleur de soufre, amincis à la base en un onglet cilié des deux côtés. Tube des étamines long d’environ 6-7 lignes, très-glabre, glanduleux au sommet, portant dans toute sa longueur des filamens très -nombreux , les inférieurs stériles et couleur de pourpre, les supérieurs fertiles et d’un rouge moins foncé : anthères très-glabres , d’une couleur plus pâle. Styles soudés en- semble jusqu’aux deux tiers de leur longueur, très -glabres , fléchis LUI. ï

en dehors dans leur partie libre, terminés chacun par un stigmate en tête. Ovaire à peu près globuleux, présentant cinq lobes peu prononcés, légèrement pubescent au sommet, à cinq loges uniovu- lées : ovule attaché à l’angle interne , ascendant. Capsule entourée du calice persistant, presque orbiculaire, amincie à la base et légè- rement comprimée au sommet : coques adhérant entre elles et avec la columelle avant leur déhiscence, longues d’environ ï 1/2 ligne, marquées sur le milieu du dos d’une suture longitudinale. Graines longues d’environ une ligne, 3-gones , amincies vers la base, obtuses au sommet, aplaties sur les bords, convexes sur le dos, légèrement et irrégulièrement striées.

Localités. On trouve cette espèce dans les champs de la partie occidentale et déserte de la province de Minas Geraes , vulgaire- ment appelée Certaô. Elle fleurit en Septembre et Octobre.

Usages. Cette plante passe pour diurétique; sa décoction est administrée à l’intérieur. Les propriétés communes à toutes les Malvacées nous portent à croire qu’elle agit comme émollient, et sous ce rapport son emploi peut être conseillé avec succès dans les ischuries occasionées par l’inflammation de la vessie ou des voies urinaires.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Pavonia. Calice double; V extérieur composé de 5 ou d’un plus grand nombre de folioles, dis- posés sur un ou sur deux rangs ; l’intérieur divisé jusqu’au milieu en cinq segmens. 5 Pétales alternant avec les segmens du calice intérieur , inéquila- téraux , quelquefois réunis en un tube. T übe des étamines en forme de colonne, nu et quinq ué-denté au sommet, portant dans sa longueur des filets plus ou moins nombreux et terminés par une seule anthère. Ovaire a 5 loges , renfer- mant un seul ovule ascendant. Style inséré entre les lobes de l’ovaire, divise au sommet en 5 filets terminés chacun par un stigmate en tête. Capsule composée de 5 coques , alternant le plus souvent avec les segmens du calice

3

intérieur, tantôt anguleuses et soudées ensemble par les côtés, tantôt obovales et n adhérant qu’a l’axe central , se séparant le plus souvent en deux valves. Graine obtuse au sommet , amincie à la base et légèrement échancrée antérieu- rement un peu au-dessus d’elle. Funicule soudé à l’échancrure de la graine. Ombilic et Chalaze regardant l’axe de la capsule. Tégument propre, Péris- perme et Embryon semblables a ceux des autres Malvées.

§ II. Affinités spécifiques. Le Pavorua diuretica a degrands rapports avec le P. Mulisii Kunth ; mais il s’en distingue facilement à ses tiges tomenteuses, non couvertes de poils mous et nombreux; à ses feuilles plus petites, moins acuminées, portées sur des pétioles du double plus longs; a ses fleurs deux fois plus grandes, etc.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Sommet du tube antliérifère avec les dernières étamines. a. Pistil, dont on voit l’ovaire coupé transversalement. 3. Une coque isolée vue de côté. —4- Coque coupée longitudinalement, de manière à montrer la graine dans sa position naturelle.

PL. T, III

PAVO NIA D IU R R T ICA

ANDA GOMESII.

ANDA DE GOMES.

FAMILLE DES EUPHORBIACÉES.

A. foliis quinatisj ^-glandulosis j, foliolis petiolulatis , ovato -acu- minatis 3 integerrimis j superne lucidis ; ramis summis floriferis , paniculatim dichotomis , paniculis hi sexualibus .

Ancla gomesii. Ad. de Juss. Euphorb. Gen. tah 12, 3^. Spreng. Syst. Veget. III, p. 64.

Joannesia princeps. Bern. Gomes Ohserv. bot. med.de nonnullis Bras. pl. p. 5j tab. 1. in Mem. Acad. Lisb. III.

Nom vulgaire : Anclàacii ; Andà ( dans la langue primitive des Brasiliens ).

Description. Arbre d’une taille élevëe , dont la tige se ramifie assez près de terre, et dont les diverses parties sont remplies d’un suc laiteux. Rameaux nombreux, les uns réfléchis, les autres étalés, la plupart redressés , d’une couleur cendrée; les jeunes pousses cou- vertes d’une poussière roussâtre, tomenteuse. Feuilles persistantes , alternes, dépourvues de stipules, portées sur de longs pétioles, d’abord couverts d’une poussière roussâtre, glabres plus tard. La longueur de ces pétioles, qui va en diminuant graduellement du bas au som- met des rameaux, est de 3 pouces environ : ils portent articulés à leur extrémité 5 pétioles partiels beaucoup plus courts , dont cha- cun soutient une foliole longue de 2, 3,4 pouces ou meme davan- tage, ovale-acuminée, très-entière, luisante en dessus, plus terne sur la face inférieure la nervure médiane fait saillie. Le pétiole com- mun, au point il se ramifie , porte 2 petites glandes amincies à leur base et creusées en godet à leur sommet. Les feuilles inférieures L1V. LV. ï

sont souvent simplement ternées. Fleurs longues de 4-5 pouces , couvertes en dehors d’une poussière roussâtre, disposées àl’extrémiié des rameaux en une sorte de panicule par une dichotomie assez ré- gulière et plusieurs fois répétée : à la hase de chaque ramification 2 glandes , et sous les dernières une bractée lancéolée dans l’in- tervalle de ces glandes. La panicule porte des fleurs femelles mêlées aux mâles ; les premières situées ordinairement, à ce qu’il paraît, dans ia fourche des dichotomies et presque sessiles , les secondes soute- nues par un pédicelle aminci et court. Calice campanulé, à 5 dents, couvert extérieurement d’un duvet court et jaunâtre, comme pulvérulent. Pétales au nombre de cinq, alternant avec les dents du calice , deux ou trois fois plus longs que lui , revêtus à l’extérieur d’un duvet semblable, presque lancéolés dans les fleurs mâles, plus arrondis dans les femelles : préfloraison tordue. Cinq glandes ou squamuleshypogy niques alternant avec les insertions des pétales ,- très-courtes, également velues. Fleurs males. Etamines au nom- bre de 8, un peu plus courtes que les pétales : filets soudés à leur hase en une colonne légèrement hispide , libres supérieurement , 5 extérieurs, 3 centraux plus alongés : anthères attachées au sommet des filets par leur dos un peu au-dessus de leur base, sagittées, apla- ties, biloculaires, s’ouvrant sur leurs deux côtés par deux fentes lon- gitudinales, se tordant après l’émission du pollen (qui consiste en grains globuleux et glabres), et se renversant de manière à paraître pendantes et extrorses; celles des trois étamines centrales plutôt que les autres. Entre ces trois dernières étamines , un petit corps plus court qu elles , aminci et hispide à son sommet , qui paraît un rudiment de pistil. Fleurs femelles. Deux Styles, nuis dans le bou- ton , puis soudés en un seul, libres enfin , pubescens à l’extérieur, glabres et canaliculés du côté interne, terminés chacun par un stig- mate en crête multilobée et noirâtre : ce double stigmate paraissait sessile, simple et en forme d opercule dans le bouton. Ovaire

libre, ovoide ou conoíde ? tomenteux , blanchâtre, à deux loges entourées de tégumens épais, et renfermant chacune un ovule uni- que, suspendu à l’angle interne , auquel il est souvent comme adné, et surmonté d’une caroncule en forme de coifie. b huit long de 2 à

3 pouces , présentant la forme d'un sphéroïde légèrement effilé à son sommet, et relevé de quatre angles mousses, longitudinaux, dis- posés en croix, parsemé d’un duvet pulvérulent. Enveloppe exté- rieure charnue, se séparant régulièrement à la maturité en quatre valves, de la base au sommet et suivant l\ fentes qui répondent aux

4 angles. Sous cette enveloppe l’endocarpe offre un noyau ligneux, épais , de même forme à peu près , percé de chaque côté vers le haut de deux des angles opposés de 2 ouvertures réunies par une fente et par lesquelles pénètrent des faisceaux vasculaires. Deux loges intérieure- ment séparées par une cloison formée de 2 lames distinctes , incom- plète et perforée à son milieu. Dans chaque loge une graine transver- salement ovoïde. Tégument de la graine testacé , cassant, revêtu extérieurement d’une couche charnue blanchâtre, intérieurement d’une tunique assez épaisse, blanche et luisante. Périsperme charnu moulé sur la cavité du test. Emrryon occupant le centre du péris- perme, à peu près aussi long que lui ; à cotylédons minces, foliacés échancrés supérieurement, transversalement ovales, parcourus par plusieurs nervures longitudinales, à radicule conique, supérieure, répondant à une petite pointe qui existait vers le haut de la graine à sa surface.

Localités. Cet arbre croît dans les terrains sablonneux, non loin de la mer. Les échantillons que nous possédons ont été recueillis près de Rio de Janeiro. Il fleurit en Juillet et Août.

Usages. On sait que les plantes de la famille des Euphorbiacées , à laquelle appartient Y Anda, possèdent généralement des propriétés

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purgatives plus ou moins énergiques, que ces propriétés sont répar- ties à des degrés inégaux dans les diverses parties du végétal, et sem- blent le plus ordinairement concentrées dans l’embryon. Elles se retrouvent dans Y Anda gomesii ; et cette propriété, dont les Brési- liens tirent parti, parait avoir été connue d’eux de temps immémo- rial. Nous la voyons, en effet, constatée par les auteurs qui se sont les pieimers occupes du Brésil sous le rapport de la médecine et de l’histoire naturelle.

La graine de l’Anda, dit Pison , a le goût de la noisette; mais elle en difîere totalement par ses vertus. En effet, une ou deux de ces gi aines, mangees crues, déterminent la purgation, et quelquefois aussi des vomissemens. Les grands et les pontifes du Brésil em- ployaient autrefois ce purgatif salutaire de preference à tout autre, bon action est énergique : aussi ne peut-on 1 administrer avec sécu- rité à un malade affaibli, qu’après que la main du médecin l’a cor- rigé et réduit a la forme d’électuaire ou de tablettes. Prenez deux ou trois de ces amandes , broyez-les, faites-les cuire avec du sucre, ajoutez-y quelque peu d ariis et de caneîle, et vous obtiendrez ainsi un médicament qui, aura le double avantage d’être administré sans danger et sans dégoût aux enfans et à tous ceux qui ont horreur des purgatifs. Le même auteur ajoute que l’écorce broyée de cet arbre, jetée dans une rivière, en fait périr les poissons.

Marcgraff confirme ce rapport. Il paraît seuîementattribuer àl'ac- tion des graines moins d’intensité.

Plus récemment M. Bern. Anton. Gomes, auquel on doit des observations sur quelques plantes du Brésil, publiées dans les mé- moires de 1 Académie de Lisbonne (i8o3), et également intéressantes pour la botanique et la médecine, a fait des expériences nouvelles sur les propriétés médicales de l’Anda. Nous donnons ici la traduc- tion littérale de cette partie de son mémoire fort peu connu en B rance : J ai eu deux fois l’occasion d’employer ce médicament, et

chaque fois je l’ai vu agir modérément, sans causer de douleurs d’entrailles ou autres. Je ne dois pas cependant dissimuler ici qu’un jeune homme a éprouvé de ces douleurs après avoir mangé deux ou trois de ces graines fraîchement cueillies. On ne peut en conclure autre chose, sinon quelles doivent être administrées parfaitement mûres, séchées et bien broyées, si l’on veut éviter Jtout inconvénient. Avec ces précautions, j’ai la certitude que ce sera constamment un remède sûr et agréable. En eiFet, sa saveur de noisette ne peut inspirer de dégoût; l’huile et le mucilage qui remplissent l’amande, font qu’avec le sucre on en fait facilement une émulsion. On peut, sui- vant le conseil de Marcgraff et de Pison , y ajouter quelque aromate, pour flatter encore plus le goût. Ces graines restent fort long-temps sans se gâter : j’en conserve depuis deux années, auxquelles je ne découvre encore aucune rancidité. La dose est de deux ou trois graines .

M. Gomes ajoute quelques détails sur d’autres usages de ces graines, étrangers à la médecine. Pison rapporte, dit-il, que les Portugais, ainsi que les indigènes, avaient coutume d’en exprimer une huile dont ils se servaient pour l’éclairage. L’importation de l’huile d’olive et de celle de baleine, ainsi que la culture d’autres graines oléagineuses, a fait aujourd’hui abandonner celle de l’Anda. On a tort ; car il est des usages auxquels elle pourrait être employée avec plus d’avantage que les autres. L’huile qu’on en exprime ou qu’on en obtient par la coction ( et par ce dernier moyen les amandes m’en ont fourni 1/7) est siccative et excellente pour la peinture; préférable à celle de noix en ce qu’elle se sèche plus rapidement et ne salit pas les couleurs blanches. D’ailleurs, le noyer ne se trouve pas et n’est pas cultivé au Brésil, et l’huile employée en peinture est toute d’importation. Ce bel arbre , qui se plaît sur des sables près de la mer, croissent peu d’autres végétaux , aurait ainsi l’avantage de donner de la valeur et de l’ombrage à des terrains qui sont dépourvus de l’une et de l’autre.

Observations botaniques. §1. Caractères génériques. Fleurs monoïques. Calice campanulé à cinq dents. Cinq pétales alternant avec autant de glandes. Fleurs males. Étamines, au nombre de huit, dont trois centrales plus longues : filets soudés inférieurement entre eux: anthères incombantes. Fleurs femelles. Style court, biparti. Deux stigmates multilobés. Fruit charnu : endocarpe épais et lioneux , dont les deux coques sont soudées en un noyau, relevé extérieure- ment d’angles qui sont percés vers le haut d’ouvertures vasculaires , creusé à l’intérieur de deux loges monospermes. Tégument de la graine testacé. Em- bryon d radicule supère, a cotylédons foliacés , entouré d’un périsperme charnu.

§ ÏI. Sur les affinités et la structure du genre Anda. M. de Jussieu, dans son Genera plantarum, en rapprochant ce genre, alors à peine connu, de l’ Aleurites, a signalé ses vrais rapports, dont une connaissance plus complète de ses caractères a confirmé l’intimité, telle qu’on ne pourra jamais les éloi- gner l’un de l’autre. Il en a d’également marqués avec VÉlæococca ( Dryandra Thunb.), dont il présente la préfloraison , et (avec une petite différence dans les nombres ) le tube staminifère.

Il Aleurites en est bien distinct par son calice bi ou trifide, ses étamines plus nombreuses et disposées un peu autrement, ses stigmates bifides, son ovaire caché sous une enveloppe indépendante , son fruit séparable à la ma- turité en deux coques bivalves. Ces dernières différences, qui sont les plus caractéristiques, sont au moins atténuées par une comparaison attentive. Ainsi, dans la coupe verticale de l’ovaire de 1 Anda, on voit une couche ex- térieure, analogue à la tunique qui enveloppe celui de l’Aleurites, mais qui seulement ici lu°i est légèrement adhérente. Dans le noyau unique de son fruit, on reconnaît aussi aisément deux coques soudées entre elles; cette soudure même n’est pas continue, puisqu’on la voit interrompue dans une certaine longueur vers le haut du noyau : les lames, qui formaient la paroi interne de la coque, sont restées distinctes, et l’hiatus que cette double cloison présente a son milieu , et qui correspond au sommet des graines, représente évidem- ment l’ouverture existant constamment vers le haut de l’angle interne de la coque des Euphorbiacées, destinée au passage des vaisseaux spermatiques.

M. Bern. Gomes décrit et représente un embryon à radicule irdère (Ra- dicula m basi albuminis recondita). Dans le petit nombre de fruits que nous avons pu ouvrir, nous avons vu la petite pointe située sur la surface de la

graine et qui répond à îa radicule, tournée en haut et en dedans de la loge. L’attache de l’ovule indique, d’ailleurs, que ce doit être sa direction; et elle est presque sans aucune exception telle dans cette famille.

Nous avons cru devoir donner à cette plante un nom spéciiique qui iap- pelât celui de l’auteur auquel on en devait la première description complète. Nous ne terminerons pas cet article sans faire remarquer, avec M. Gomes, que le rameau dont la figure est annexée dans 1 ouvrage de Marcgraff à 1 his- toire de X Anda appartient à un tout autre végétal.

EXPLICATION DES FIGURES.

PI. LTV. Rameau de grandeur naturelle.

p| LV. Détails analytiques. 1. Bouton d’une fleur mâle. 2. Bouton d’une fleur

femelle. 3. Disposition des pétales dans le bouton. 4- Fleur mâle épanouie. 5. Éta-

mines , avec les glandes situés à leur base , et celle du calice et de la corolle dont on a enleve la moitié. 6. Pollen vu dans l’eau. 7. Fleur femelle , dont les pétales ont été enlevés.

3. Un de ces pétales isolés. g. Ovaire, tel qu’il est dans le bouton. 10. Ovaire dont

les parois ontété coupées verticalement, de manière à montrer ses deux loges avec leur ovule, et à ménager les glands liypogyniques : il est accompagné du calice, dont une moitié a été

enlevée. n. Fruit sec , dont le sarcocarpe, fendu en quatre valves, laisse aperce\oii

l’endocarpe. 12. Noyau formé par l’endocarpe. i3. Le même, dont on a enlevé une certaine partie des parois, pour montrer son intérieur, les loges et une graine. i4- Graine isolée. 15. La même , coupée verticalement, de manière à montrer son test revêtu d’une couche charnue, sa tunique interne, le péris penne et l’embryon.

URENA LOBATA.

URENA A FEUILLES LOBÉES.

FAMILLE DES MAL V ACÉES j TRIBU DES MALVÉES.

TJ. foliis 1-3 glandulosis y junioribus scepe sub ovati s ; cceteris 3-5- angulatis vel 3-5- lobis ; omnibus superne scabris, subtus to- mentoso - incanis , serratis.

Ürena lobata, Cav. Diss. 6, p. 336, Tab. i85, F. ï.

Noms vulgaires : Malvalisco, Guaxima.

Description. Tiges hantes de 3 à 6 pieds, droites cylindriques , glabres à la hase, pubescentes dans le reste de leur longueur. Feuil- les souvent inéquilatérales , munies de 3 à 7 nervures saillantes en dessous, couvertes d’aspérités sur leur face supérieure, tomenteuses et blanchâtres sur l’inférieure, dentées en scie, pourvues à leur base de ï à 3 glandes j les inférieures sont longues d’environ 21/2 pouces, larges d’autant, cordées à leur base, divisées plus ou moins profondément en trois ou cinq lobes aigus ou plus rarement obtus, presque égaux entre eux ou inégaux , les latéraux plus courts , sé- parés par des sinus aigus ou arrondis ; les supérieures sont graduel- lement plus petites, cunéiformes ou arrondies à leur base, pres- que entières ou divisées en trois lobes peu profonds : les pétioles sont pubescens, à peu près cylindriques, ceux des feuilles inférieures sont longs d’environ 1 1/2 pouce, ceux des supérieures sont beau- coup plus courts. Stipules longues de 2 à 3 lignes, linéaires, hispi— des en dessus, glabres en dessous. Fleurs solitaires ou réunies au nombre de 2 à 4 aux aisselles des feuilles 5 leurs pédoncules sont longs de 2 à 3 lignes, pubescens. Calice extérieur long d’environ 3 lignes, LVI. ï

2

campanule, parsemé de poils réunis en faisceaux, fendu jusqu’au- dessous du milieu en cinq segmens étroits, triangulaires, aigus : l’intérieur est cupuliforme, blanchâtre, membraneux, profondé- ment divisé en cinq segmens, doublé à la base d’une couche ve- loutée , divisée en cinq lobes triangulaires opposés aux segmens ; ceux-ci sont linéaires , aigus , plus épais et caniculés dans leur mi- lieu, bordés d’un duvet laineux. Pétales longs deôàglignes, rétré- cis en onglet à leur base, obtus, inéquilatéraux, légèrement pubes- cens sur une partie de leur face externe, d’un rose pourpre. Tube des étamines un peu plus court que les pétales, parsemé de petits poils glanduleux, entier au sommet, chargé depuis le tiers ou le quart de sa partie supérieure jusqu’à son sommet d’anthères presque sessiles, assez peu nombreuses, éloignées les unes des autres, gla- bres. Style glabre, divisé au sommet en io segmens très-courts, terminés chacun par un stigmate hispide. Ovaire pubescent. Cap- sule légèrement comprimée, pubescente ; chaque coque est longue de 3 lignes. Graine longue d’environ 2 lignes, trigone, à peu près en forme de virgule, pubescente.

Localités. Cette espèce est très-commune dans les champs culti- vés auprès de Rio de Janeiro et de Gambaniba . Elle a ete recueillie en fleurs au mois de Mars.

Usages. La décoction des racines et des tiges de cette plante est administrée à l’intérieur dans les coliques venteuses ; les fleurs sont employées comme expectorant dans les toux sèches et invétérées. L’écorce de F TJrena lobata est encore utile aux Brasiliens sous le rapport des arts; ils en fabriquent des cordes dont ils se servent sur- tout pour tendre les hamacs. Aruda (1) signale les mêmes proprié- tés dans une espèce d’ Urena qui croît dans la province de Pernam- buco , et qui, bien quelle soit indiquée dans son ouvrage sous le nom de sinuata ^ paraît être la même que celle qui se trouve en

(1) Voyez l’appendice du Voyage d’ Henri Koster , tome II , p.

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abondance aux environs de Pvio de Janeiro. L’écorce de Y Urena se sépare facilement de la tige, on la fait macérer pendant une quin- zaine de jours dans de l’eau claire; cette opération la rend assez blanche et propre à être employée. Nous rappellerons à cette occa- sion que les libres corticales de plusieurs autres Malvacées possè- dent la même propriété et servent aux mêmes usages.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Urena. Calice double y l’un et l’autre persistans et divisés en 5 lobes plus ou moins pro- fonds et alternes. Pétales au nombre de cinq , alternes avec les lobes du calice intérieur, obliques, inéquilatéraux. Tube des étamines plus court que les pétales, en forme de colonne, nu dans sa partie inférieure , portant au- dessous de son sommet un petit nombre d’ anthères presque sessiles. Ovaire tuberculeux , a 5 lobes , à 5 loges renfermant un seul ovule attaché a la base de l’angle interne et ascendant. Style naissant du sommet des lobes de l o- vaire , divisé à son extrémité en îo segmens très - courts , terminés chacun par un stigmate en tête et hispide. Capsule hérissée de pointes roides et ter- minées par des poils disposés en étoile , composée de 5 coques alternant avec les lobes du calice intérieur, verticillées , se séparant les unes des autres , indéhiscentes. Graine convexe sur le dos , plane latéralement , obtuse au sommet , plus aiguë a la base , et légèrement échancrée au-dessus d elle an- térieurement. Funicule partant du bas de la loge, s insérant à l échancrure de la graine. Ombilic se confondant avec la Chalaze. Tégument, Périsperme, Embryon semblable a celui du genre Pavonia.

§ II. Sur les espèces de ce genre. Linné en décrivait trois dans la première édition de son Species ; depuis cette époque, leur nombre s est progressivement augmenté, et il se trouve porté à vingt-un dans le Prodo- mus de M. de Candolle. Il est probable que ce nombre pourrait être con- sidérablement réduit par l’examen sévère d’un monographe qui aurait a sa disposition des matériaux plus complets, et la possibilité de les comparer aux types des difîérens herbiers. En effet , les différences par lesquelles on les a distinguées portent sur la figure des feuilles lobées ou non lobées , sur la profondeur des lobes, leur terminaison aiguë ou obtuse, l’angle ou la courbe des sinus qui les séparent, ainsi que sur 1 existence d une seule ou de trois glandes vers la base de leurs nervures moyennes. Or, dans les Urena,

nous voyons sur un même rameau des feuilles munies d’une double ou triple glande , et d’autres munies d’une glande unique; nous voyons ces feuilles entières, anguleuses, lobées, à lobes plus ou moins profonds, pointus ou mousses, séparés par des sinus aigus ou arrondis; nous pouvons suivre toutes ces variations sur une branche assez courte, de manière que le nom d 'helerophjlla , donné déjà à deux espèces (par Smith et L.-C. Richard), conviendrait également à presque toutes les autres, et que, considérées re- lativement à ces caractères, elles échappent à toute définition et distinction rigoureuse. L’espèce brasilienne que nous avions àrdéterminer et à décrire en offrait un exemple : à certains rameaux pouvait s’appliquer la description de YUrena Swnrtzü, telle quelle est donnée par Swartz lui-même : d’autres recueillis avec les précédons appartenaient évidemment à VU. lobaia de Cavanilles, que ce botaniste indique comme ayant été observée au Brésil, et que nous n’osons séparer de l’espèce du même nom de Linné, figurée par Dillen (Hort. Elth. 419), malgré l’autorité de M. de Candole, qui la dis- tingue sous le nom d 'U. scabriuscula : enfin quelques autres rameaux re- cueillis par Commerson aux environs de Rio de Janeiro, et appartenant évi- demment toujours à la même espèce, offrent cependant une ressemblance marquée avec VU . tricuspis. Nous avons lui conserver le nom de lobata, celui de l’espèce la plus anciennement établie, dont les formes variées ont probablement servi de types à plusieurs autres décrites postérieurement. On en indique encore au Brésil deux qui ont aussi avec la nôtre une grande affinité, savoir: l’Z7. viminea Cav. , et, d’après sa phrase spécifique , VU. subtriloba Schrank.

EXPLICATION DES FIGURES.

1. Rameau de grandeur naturelle. 2 et 3. Feuilles différant légèrement par leur forme de celles que l’on a montrées dans le rameau précédent. 4* C<dice intérieur vu isolément. 5. Tube des étamines. 6. Grain de pollen. 7. Pistil avec le calice intérieur, qui a été renversé pour montrer sa face interne. 8. Ovaire , dont deux loges ont été enlevées et une autre coupée longitudinalement pour faire voir l’insertion de l’ovule. g. Fruit, dont deux coques ont été enlevées de manière à montrer l’axe central. 10. Coque coupée transversalement pour montrer la graine et sa situation.

COCHLOSPERMUM INSIGNE.

COCHLOSPERMUM REMARQUABLE.

FAMILLE DES TERNSTROEM1ACÉES .

c. foliis coriaceis , 5-lobatis ^ lobis conduplicatis grosse argu-

teque serratis j dultis glabriusculis.

Maximilianea regia. Mart. et Schrank in Regensb. Bot. Zeit. 1819, p. 452.

Wittelsbachia insignis. Mart. et Zucc. Nov. Gen. et Spec. 1 , p . 8 1 j tab. 55.

Nom vulgaire : Bu tua do curyo.

Description. Arbrisseau de 2 à 6 pieds, dont les fleurs et les fruits naissent le plus souvent avant les feuilles. Tige droite, ordinaire- ment simple, quelquefois rameuse dès la base, ligneuse, marquée de cicatrices qui indiquent la place d’anciens rameaux , recouverte d’une écorce brune et ridée. Rameaux cylindriques , glabres , légèrement pubescens à leur sommet. Feuilles cordiformes, pal- matilobées; les lobes sont au nombre de cinq, ovales-acuminés , inégalement dentés en scie , pliés longitudinalement sur eux- mèmes, marqués d’une nervure médiane et de plusieurs autres la- térales plus petites , toutes proéminentes en dessous ; le lobe du milieu est un peu plus long que les autres, les deux inférieurs sont les plus petits et recourbés en arrière ; les feuilles inférieures sont longues d’environ 4 pouces et larges à peu près d autant , presque entièrement glabres, d’une couleur plus foncée et melée de rouge en dessus , portées sur un petiole long de 3 à 4 pouces; les supérieures deviennent graduellement plus petites et sont pu- bescentes en dessous ; enfin celles qui sont à l’extrémité des ra- LVII. ï

îneaux ont tout au plus ï pouce de diamètre, ne présentent sou- vent que 3 lobes et sont quelquefois pubescentes des deux côtés : les pétioles sont à peu près cylindriques, marqués en dessus de ï à 3 sillons longitudinaux, épaissis et articulés à leur base, légèrement pubescens. Stipules linéaires, en forme d’alêne , longues d’envi- ron 3 lignes, caduques. Fleurs disposées au sommet des rameaux en panicules terminales , dont les divisions inférieures partent de 1 aisselle des jeunes feuilles et les supérieures sont munies de petites bractées caduques : les pédoncules longs de 6 à i5 lignes, s’alon- gent et deviennent plus épais après la fécondation , sont légèrement pubescens , articulés et munis à leur base de deux petites bractées semblables aux stipules et très- caduques. Calice divisé jusqu’à la base en 5 folioles disposées sur deux rangs ; deux extérieures plus petites, longues de 4^8 lignes , larges de 3 lignes, lancéolées ou ovales; trois intérieures oblongues, longues de 8 à io lignes, larges de 6 à 7 lignes, concaves, inéquilatéraîes et légèrement échancrées au sommet; toutes sont pubescentes à l’extérieur, glabres intérieu- rement , jaunâtres et colorées de rouge et de vert. Pétales longs d un et demi à deux pouces , larges d’environ un pouce , ob ova- les et échancrés à leur sommet , à côtés un peu inégaux, très-minces, concaves, glabres, jaunes et marqués d’un grand nombre de petites lignes courtes et rouges. Étamines jaunes, glabres, atteignant envi- ron la moitié de la longueur des pétales ; les liiets sont filiformes; les anthères attachées à leur base , légèrement courbées , lon- gues d’environ deux lignes, linéaires, 4-gones, 4~loculaires, s’ou- vrant au sommet par un seul pore. Ovaire obovoïde, velu, long d environ 2 lignes, i-loculaire, multiovulé, présentant intérieure- ment 3 ou 4 cloisons imparfaites , légèrement soudées entre elles à leur base, libres dans le reste de leur longueur. Style filiforme, dépassant les étamines , glabre , jaune , tronqué et recourbé en forme de hameçon au sommet. Ovules très-nombreux, enforme de virgule, attachés sur plusieurs rangs de droite et de gauche des

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cloisons imparfaites de l’ovaire à des placentas lamelliformes un peu épaissis au sommet. Le fruit est une capsule longue d’environ 2 pouces , ovoïde, aiguë , présentant à son sommet les restes du style , entourée à la base par le calice, le reste des pétales et les étamines persistans, pubescente, s’ouvrant en 3 ou 4 valves qui portent dans leur milieu les cloisons , à l’époque de la maturité de la capsule, l’endocarpe se détache en 3 ou 4 lames qui s’étendent d’une cloison à l’autre et qui simulent 3 ou 4 valves internes , alternes avec les extérieures, lancéolées, un peu ridées, de consistance crustacée. Graines comprimées, réniformes, couvertes de poils longs et soyeux, revêtues d’un arille mince, brun sur le bord externe, jaune à l’in- térieur.

Localités. Cette plante est commune dans les champs du Certaô , auprès de Paracathj Riachara 3 Formigas , etc. ; on la trouve aussi dans les petits bois nommés vulgairement C attingas ^ auprès du poste militaire dit Quartel de Texeira , dans le district de Minas Novas. Elle fleurit depuis le mois de Mai jusqu’au mois de Septembre.

Usages. Les habitans de Paracatu font usage de la décoction des racines de cette plante contre les douleurs internes, principalement contre celles qui sont le résultat de chutes ou autres accidens : on assure que cette décoction guérit les abcès déjà formés.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Coclilospermum. Calice persistant , dépourvu de bractées , a 5 folioles imbricjuées , dont 2 exté- rieures plus petites. 5 Pétales alternes avec les folioles du calice , égaux entre eux , persistans , a côtés inégaux. Étamines en nombre indéfini, insérées sur le réceptacle j fdets libres , filiformes ; anthères attachées par la base, quadri- loculaires , s’ouvrant par un seul pore terminal. Pistil libre. Style courbé au sommet , terminé par un stigmate simple. Ovaire undoculaire , présentant trois a cinq cloisons imparfaites qui portent sur leurs deux côtés un grand nombre d’ovules. Capsule s’ouvrant en trois ou cinq valves qui portent les cloisons dans leur milieu. Graines réniformes ou contournées sur elles-mêmes , entou-

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rées d’un avilie et d’un duvet laineux long et épais. Tégument crustacé. Pé- risberme charnu. Embryon suivant la direction de la graine. Radicule tournée vers l’extrémité la plus pointue de la graine. Cotylédons entiers.

§ II. Affinités spécifiques . Le C. insigne a des rapports très-marqués avec le C. hibiscoides Kunth; il se distingue de cette espèce par ses feuilles beau- coup plus petites, plus épaisses, presque glabres en dessous, à segmens condupliqués et pourvus sur leur bord de dents inégales et beaucoup plus prononcées. Les C. insigne et hibiscoides ont aussi la plus grande ressem- blance avec une espèce recueillie par M. Bertero dans les bois de Sainte- Marthe, auprès du village appelé Mamatoco, et rapportée avec doute par M. Choisy au Mahurea (ÆT. Speciosa Chois, in DC. Prodr. I, p. 558). M. Aug. de Saint-Hilaire, qui a observé cette dernière dans l’herbier de M. de Can- dolle, pense qu’elle peut à peine être distinguée spécifiquement de la plante brasilienne.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Anthère. 2. La même, coupée transversalement, de manière à montrer ses quatre l0ges. 3. Pistil. 4- Ovaire coupé transversalement pour montrer ses cloisons impar-

faites, portant sur leurs côtés plusieurs rangées d’ovules.

KIELMEYERA SPECIOSA.

KIELMEYERA A BELLES FLEURS.

FAMILLE DES T E RN S T R O EMI A C É E S.

K. caule arboreo ; foliis oblongo-subellipticis obtusis subtus ad nervos puberulis ; floribus racemosis ; foliolis calj cinis ovatis obtusisj tomentosis , subœqualibus ,

Noms vulgaires : Malva do Campo, Folha santa, Pinhaô.

Description. Var. A. major (plus grande). C’est un arbre de 8 à 1 5 pieds, tortueux, rabougri, à bois blanc, secrétant un suc pro- pre d’abord blanc, puis jaunâtre. Rameaux cassans, recouverts d’une écorce subéreuse, obtus, ne présentant jamais de bourgeon à leur aisselle. La végétation se continue uniquement par le moyen d’un bourgeon terminal, écailleux , qui se développe après la saison de la sécheresse la différence de couleur dans l’écorce des ramules, montre clairement ce qui appartient à la pousse de l’année. Feuil- les éparses et rapprochées au sommet des rameaux, longues de 5 à 7 pouces, larges de 20 à 3o lignes, à peu près elliptiques, obtuses, très-entières, à bords légèrement roulés en dessous, presque sessi- les, glabres, vertes en dessus, d’une couleur plus pâle en dessous ; nervure médiane large, proéminente en dessous ainsi que les laté- rales , toutes légèrement pubescentes. Fleurs disposées en grappes très-courtes au sommet des rameaux, portées sur des pédoncules longs d’environ 7 à 9 lignes, couverts d’un duvet très-serré et roussâ- tre, munis d’une à trois bractées, longues d’environ 10 lignes, larges de 4 lignes , obtuses et couvertes des deux côtés d’un duvet sem- blable à celui des pédoncules. Galice 5-parti, à divisions ovales, obtuses, munies d’une nervure médiane saillante extérieurement, LVIII. T

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longues de io lignes, larges de 6, couvertes des deux cotés d’un duvet roussâtre composé de poils courts et serrés. Pétales longs de deux pouces, larges d’un pouce, étalés, roses., marqués d’un grand nombre de veines, à onglet large, épais, à lame inéqui- latérale , oblique, mince, légèrement ondulée sur les bords , pubes- cente sur la moitié de sa face externe. Étamines très-nombreuses, quatre fois plus courtes que les pétales; iilets filiformes, jaunes ou purpurins; anthères oblongues, profondément échancrées à la base, presque entières au sommet. Ovaire ovoïde, 3-gone, laineux, ren- fermant un grand nombre d’ovules. Style dépassant à peine les éta- mines, cylindrique, marqué de trois sillons longitudinaux, terminé au sommet par un stigmate trilobé à lobes écbancrés.

B. minor (plus petite ).

Cette variété diffère de la précédente par ses fleurs d’un tiers plus petites et de couleur rose.

Localités. Ces deux variétés se trouvent dans tous les champs en- tremêlés d’arbres rabougris, désignés vulgairement sous le nom de Tabuleros cobertos, dans la partie méridionale de la province des M ines. Elles fleurissent au mois d’ Avril.

Usages. Les feuilles de cette espèce abondent en mucilage; on se sert de leur décoction pour préparer des bains émolliens. Cette pro- priété calmante , qui réside dans les feuilles de la plante brasilienne, mérite d’autant plus d’ètre signalée, qu’elle contraste singulière- ment avec les propriétés stimulantes propres aux mêmes parties dans le Thea, genre qui, par l’ensemble de ses caractères, et surtout par ses graines dépourvues de périsperme, paraît très- voisin du Kielmeyera.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Kielmeyera. Calice persistant , dépourvu de bractées , à 5 folioles imbriquées , souvent inégales.

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5 Pétales insérés sur le réceptacle , alternant avec les folioles du calice , li- bres, égaux entre eux , à côtés inégaux. Étamines insérées sur un réceptacle charnu, très-nombreuses ; filets filiformes ; anthères mobiles, s’ouvrant lon- gitudinalement par leur face interne. Pistil libre. Style simple. Stigmate entier ou a 5 lobes distincts. Ovaire d’abord uniloculaire , présentant plus tard 3 loges distinctes. Ovules insérés sur 2 rangs dans l’angle interne , at- tachés par leur milieu, très-nombreux, imbriqués, discoïdes. Capsule trilo- culaire , s’ouvrant en 3 valves ; columelle centrale pointue , chargée des placentas. Graine aplatie, entourée d’un tégument très - mince qui se pro- longe des deux côtés en une aile membraneuse . Ombilic situé au milieu et sur le bord delà graine. Périsperme nul. Embryon droit , a radicule petite, dirigée vers l’ombilic , à cotylédons grands , réniformes.

EXPLICATION DES FIGURES.

1. Étamine vue par-devant. 2. La même, vue par-derrière. 3. Pistil. 4- Coupe transversale de l’ovaire jeune et uniloculaire. 5. Ovule.

CROTON PERDIC ÏPES.

CROTON PIED DE PERDRIX.

FAMILLE DES EDPHORBIACÉES.

C. foliis lance olatis, b i den lato- s erratis basiet inter serras glan- dulosis j pube stellata punctatis ; floribus masculis ii -andris, fœmineorum stylis /j.- partitis .

Noms vulgaires : Pe de perdis (dans l’intérieur de la province des Mines); Alcamphora (dans le désert du Rio de S. -Fran- cisco) ; Cocallera ( dans la province de Saint-Paul).

Description. Rameaux ligneux , cylindriques inférieurement, aplatis et anguleux à leur sommet. Feuilles alternes , séparées par des entre-nœuds assez courts, dressées, portées sur des pétioles longs de ï à 2 lignes ou presque nuis, longues de 2 à 3 pouces, larges de 8à/j. lignes, lancéolées, deux fois et inégalement dentées, présen- tant sur leur face inférieure une nervure médiane épaisse, d’où par- tent des nervures latérales moins saillantes , et de petites glandes scutelliformes jaunâtres, dont deux plus grandes sont situées vers la base sur les deux côtés de la nervure moyenne , les autres dans les angles rentrans des grandes dents. Deux stipules à la naissance de chaque feuille, longues de 2 lignes environ et aiguës. Les jeunes ra- meaux , les pétioles , les nervures et les deux faces des feuilles (l’in- férieure surtout) sont parsemés de points blanchâtres, qu’on recon- naît à l’aide de la loupe être des poils étoilés. Fleurs unisexuelles, disposées au sommet des rameaux en grappes spiciformes longues de trois pouces environ; les femelles, en petit nombre, situées à la base de la grappe, les inférieures solitaires ou géminées à Faisselle des dernières feuilles, les supérieures partant de Faisselle des brac- tées inférieures, toutes supportées par un pédicelle court et épais; LIX. ï

les mâles, au-dessus, beaucoup plus nombreuses, portées chacune sur un pédicelle court et grêle, qui part de l’aisselle d’une bractée li- néaire plus courte encore que lui. Fleurs males : calice partagé jusqu’auprès de sa base, en cinq parties ovales, longues d’une ligne, présentant du côté extérieur quelques poils étoilés, glabres du côté intérieur , ciliées sur leur contour : leur préfloraison est quincon- ciale. 5 pétales alternant avec les divisions du calice , à peine plus longs qu’elles, blanchâtres, oblongs, étroits ou obtus , munis sur les bords de poils mous , beaucoup plus abondans et plus longs dans la moitié inférieure. 5 glandes placées sur la base des divisions du calice et par conséquent alternant avec les pétales, tronquées obli- quement, orangées. Réceptacle revêtu de poils nombreux, blancs, longs et mous. Étamines au nombre de onze, une à peu près cen- trale, les dix autres opposées alternativement aux lobes du calice et aux pétales; ces dernières sont un peu plus courtes : filets repliés sur eux-mêmes dans le bouton , redressés après la floraison , un peu plus longs que les pétales , glabres , noirâtres : anthères adnées par leur dos au sommet des filets , jaunes , ovales , biloculaires , s’ou- vrant en dedans par deux fentes longitudinales. Pollen ( vu dans 1 eau) à grains globuleux , lisses et jaunes. Fleurs femelles : calice divisé jusqu’auprès de sa base en cinq parties longues de 2 lignes, lancéolées, parsemées de poils étoilés en dehors, glabres en dedans* avec une écaille demi-circulaire opposée et accolée à leur base. Co- rolle nulle ou remplacée par 5 glanduîes a peine visibles , qui al- ternent avec les pétales. Styles au nombre de trois, divisés à leur origine en deux branches elles-mêmes biparties , d’où résulte au pre- mier coup d’œil l’apparence de 12 styles contournés en dedans , noi- râtres , glabres ou munis seulement en dehors de quelques poils étoilés. Ovaire un peu plus long que le calice, trilobé , couvert de tubercules d’où partent des faisceaux de poils dressés , roides et roussâtres qui en cachent la surface , triloculaire : dans chaque loge un ovule unique suspendu au-dessous du sommet de l’angle interne

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par un court funicule, ovoïde, glabre et surmonté d'une caroncule échancrée en dedans. Le fruit n’a pas été observé.

Localités. Nous possédons des échantillons de cette espèce pro- venant de diiférens points du Brésil. Ceux d’après lesquels sa des- cription a été faite , avaient été recueillis au mois de Mars dans les campos auprès de Tanque , dans la partie de la province des Mines nommées Comarca do Rio das mortes. Elle a été trouvée aussi commune dans les campos auprès de Tapeira maison de campagne située à quelques lieues de Paracatù dans le désert du Rio de S. -Francisco. Enfin quelques branches recueillies en Octobre, auprès de Mogim dans la partie septentrionale de la province de Saint- Paul, appartiennent sans doute à cette espèce, dont ils ne diffèrent que par leurs feuilles un peu plus grandes et plus velues.

Usages. La décoction de cette plante est diurétique 5 elle est aussi employée contre la syphilis. On sait que des moyens assez doux, les sudorifiques, par exemple, suffisent pour guérir cette maladie, qui ne cède dans nos climats plus froids qu’à un traitement plus énergique. La propriété excitante qui existe si généralement dans les Euphor- biacées se montre à des degrés divers et produit conséquemment des effets variables, suivant l’espèce ou la partie qu’on emploie. Le genre Croton en offre un exemple remarquable : les graines de quelques- unes de ses espèces fournissent à la médecine un de ses plus violens drastiques; le bois ou l’écorce de quelques autres est émétique , su- dorifique ou simplement aromatique. Celle que nous venons de faire connaître ( C. Perdicipes ) est encore célèbre dans la province des Mines, par la vertu qu’on lui attribue de guérir les morsures des serpens. On prétend enfin que l’application des feuilles soit fraîches et pilées, soit sèches et réduites en poudre, favorise la guérison des blessures.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Croton. Fleurs mo- noïques, très-rarement dioïques. Fleurs males : Calice quinquéparti. 5 Pétales.

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5 Glandes alternant avec ces derniers. Étamines en nombre défini (10-20) , ou plus rarement indéfini, a filets libres , portant adnées à leur sommet des an- thères introrses. Aucun rudiment de pistil central. Fleurs femelles : Calice ijuinquêparti , persistant. Corolle nulle. 3 Styles partagés chacun plus ou moins profondément en 2 ou plusieurs branches , que terminent autant de stig- mates. Ovaire entouré a sa base de 5 petites glandes ou écailles , à 5 loges uniovulées. Fruit capsulaire se séparant à la maturité en 3 coques bivalves. Graine pendante, surmontée d’une caroncule, renfermant dans un péris- perme charnu un embryon a cotylédons foliacés , a radicule courte et supérieure.

§ II. Sur quelques caractères de cette espèce. La disposition des divisions du calice dans la préfloraison mérite d’être remarquée. En effet, dans les nombreuses espèces de ce genre que nous avons eu l’occasion d’examiner , nous avons trouvé la préfloraison du calice constamment valvaire. Le Croton solanifolius Geisel. présente, il est vrai, une exception sous ce rap- port; mais il s’éloigne par son port et par beaucoup d’autres caractères des véritables Croton, tandis que le C. Perdicipes en fait incontestablement partie. M. Aug. de Saint-Hilaire avait déjà appelé autre part (PI. du Brés. et du Parag.,p. 99) l’attention sur la singulière situation d’une onzième étamine centrale dans les fleurs mâles de quelques Croton. Nous trouvons ici cette disposition remarquable. Necker, sous le nom de Luntia, et Loureiro, sous celui de Tridesmis, avaient séparé du genre Croton les es- pèces dont les styles sont partagés en plus de deux branches. Notre espèce devrait donc être rapportée à ce genre nouveau, si on l’adoptait. Mais nous ne pensons pas que ce caractère isolé, dont la présence n’entraîne la coexis- tence d’aucun autre caractère distinctif notable, suffise pour motiver cette séparation.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï . Fleur mâle. 2. Fleur femelle. 3. Ovaire , dont une des loges est coupée longitu- dinalement , afin de montrer l’ovule et sa situation.

PL LIX

CROTON PERDICIPES .

CROTON CAMPESTRIS.

CROTON DES CHAMPS.

FAMILLE DES EUPHORBIACÉES.

C. foliis obovatisj, vix dentatis ^ utrinque dense tornent o sis ; flori- bus masculis 1 5-andris y fœmineorum stylis i-partitis.

Nom vulgaire ; Velame do Campo.

Description. Toute la plante est couverte, surtout vers son extré- mité, d’un feutre cendré, jaunâtre, blanchâtre dans les jeunes pous- ses, et que forme l’entrecroisement de poils étoilés extrêmement nombreux. Rameaux inférieurement cylindriques, aplatis à leur extrémité. Feuilles alternes , plus courtes et plus rapprochées vers le bas des rameaux , longues de ï à ï 1/2 pouce , larges de 4 a 8 lignes, obo vales , légèrement dentées , mais comme entières à cause du feutre qui comble l’intervalle des dents, parcourues sur leur face inférieure par une nervure médiane légèrement saillante : pétioles longs de 2 à 3 lignes. Stipules à peine visibles. Fleurs uni-sexuelles, disposées au sommet des rameaux en épis longs de 1 à 2 pouces; les femelles, au nombre de deux à cinq, un peu écartées et situées inférieurement; les mâles au-dessus, courtement pédicellées, nom- breuses , rapprochées et pelotonnées : les bractées sont courtes , et disparaissent sous l’épais duvet qui couvre toutes ces parties. Fleurs males : Calice partagé jusque près de sa base en cinq parties ova- les, longues d’une ligne, couvertes en dehors de poils étoilés longs et mous , glabres en dedans ; leur préfloraison est valvaire. 5 Pé- tales alternant avec les divisions du calice, à peine plus longs qu’elles, ovales, glabres, blanchâtres. 5 Glandes sur le contour du réceptacle, alternant avec l’insertion des pétales. Réceptacle

LX.

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revêtu de poils nombreux, blancs, longs et mous. Étamines au nombre de i5, un peu plus longues que les pétales, légèrement iné- gales entre elles ; filets glabres, repliés en dedans dans le bouton, un peu recourbés dans la fleur : anthères adnées par leur dos au sommet des blets, ovales, biloculaires, s ouvrant par deux fentes longitudinales. Pollen ( vu dans l’eau ) à grains globuleux , jaunes et lisses. Fleurs femelles : Calice très-court, quinquéparti , à di- visions linéaires, aiguës, velues, portant chacune une glande accolée à leur base; 5 autres glandes fort petites, comme pédicellées, alter- nant avec les précédentes : du reste, pas de corolle. Styles au nom- bre de trois , partagés profondément en deux branches contournées à leur sommet, glabres, noirâtres. Ovaire deux fois plus long que le calice, couvert de poils étoilés assez longs et entrecroisés dans tous les sens : trois loges, et dans chacune d’elles un ovule unique, suspendu au-dessous du sommet de l’angle interne par un court funicule, ovoïde, glabre, surmonté d’une caroncule échancrée en dedans. Le fruit n’a pas été observé.

Localités. Cette espèce a été recueillie dans des champs artificiels près Congonhas da Serra , village situé dans les montagnes de la partie occidentale de la province des Mines. Elle était en fleurs au mois de Novembre.

Usages. Sa racine est purgative : on l’emploie contre les maladies syphilitiques.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fleur femelle très-grossie.

HYPERICUM CONNATUM.

MILLEPERTUIS A FEUILLES CONNÉES.

FAMILLE DES HYPÉRICIH ÉES.

H. glabrum; caule sub simplici, sujfruticoso ; foliis connato -per- foliatis , parte libera ovatis acutiusculis aut obtusis, margine elevato cinctis, subtus glaucis nigroque punctulatis , coriaceis ; floribus cjmosis, 5-gynis; bracteis lineari- subulatis ; divisuris caly cinis magis minus ovatis , acuminatis.

Hypericum connatum. Lam. Dict.l\., p. 168. Chois. inDC. Prodr. i, p. 548.

Nom vulgaire : Orelha de gato.

Description. Sous-arbrisseau s’élevant à 1 pied ou 1 pied et 1/2, glabre. Tige droite ou légèrement coudée à la base, presque sim- pie, cylindrique ou plus rarement tétragone. Feuilles longues de 9 à 1 0 lignes , larges de 6 à 7 lignes , opposées et soudées deux à deux depuis leur base jusque vers leur milieu; leur partie libre est ovale, obtuse ou légèrement aiguë à son sommet; elles sont très-entièies , entourées d’un rebord un peu épais, parcourues par une neivuie médiane et plusieurs latérales toutes proéminentes en dessous, co- riaces, glauques et parsemées en dessous de points noirs visibles à la loupe. Rameaux florifères plusieurs fois dichotomes et portant une fleur dans leur angle, munis au point de leur bifurcation de deux bractées opposées, longues d’environ deux lignes, linéaires, subulées. Fleurs formant une cyme pauciflore, longue de ï à 3 pou- ces : pédicelles plus courts que les calices, légèrement épaissis à leui sommet. Calice S^parti : divisions à peu près égales entre elles, longues d’environ 3 lignes, larges de ï ligne et 1/2, lancéolées, mu-

LXI. 1

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nies d’une nervure médiane très-prononcée et de 4 ou 6 autres la- térales moins fortes. Pétales du double plus grands que le calice, inéquilatéraux, marques d un grand nombie de veines, d un jaune doré, non ponctués, dépourvus de glandes sur leur bord. Éta- mines très-nombreuses (6o et plus), libres : filets assez couits, filiformes : anthères arrondies. Styles au nombre de 5, épaissis au sommet, dépassant les étamines. Ovaire ovoïde, marqué de 5 sillons, uniloculaire. Ovules très - nombreux , insérés sur 5 pla- centas pariétaux. Capsule ovoïde, plus longue que les styles persistans, uniloculaire, s’ouvrant en 5. valves dont les bords re- pliés eu dedans portent après la déhiscence les restes des placentas. Graines légèrement courbées, oblongues, cylindriques, pointues à leurs deux extrémités , un peu plus grosses du côté de leur inser- tion, striées longitudinalement et couvertes de petites dépressions visibles à la loupe. Tégument double, l’extérieur crustacé, l’inté- rieur membraneux. Périsperme nul, Radicule tournée vers l’ex- trémité la plus grosse de la semence, terminée par une petite pointe. Cotylédons cylindriques extérieurement, aplatis sur leur face in- terne.

Localités. Cette espèce, commune dans les campos des provinces Cisplatine et des Missions, s’étend au nord jusque dans la province de Saint-Paul, elle a été recueillie auprès de Faredinha et de la Fazenda de Pedro Ântliones. Elle fleurit en décembre, janvier et février.

Usages. Les feuilles de cette espèce exhalent, lorsqu’elles sont froissées, une odeur forte, peu agréable, qui indique l’existence d’une huile volatile et des propriétés toniques quelle partage avec les autres Millepertuis. Sa décoction passe pour astringente ; elle est employée avec succès contre les maux de gorge, et remplace pour les habitans du Brésil méridional nos décoctions de roses rouges , d’écorce de grenade, d’aigremoine, etc.

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Observations botaniques. § I. Caractères du genre Hypencum. Calice 5 -parti. Pétales au nombre de 5, hypogynes , alternant avec les folioles du calice. Étamines hypogynes, très - nombreuses^ ou plus rarement en nombre défini, polyadelphes , plus rarement libres ou à peine reunies entre elles a leur base : filets filiformes : anthères petites, arrondies, attachées par le dos, introrses, biloculaires , s' ouvrant longitudinalement. Styles au nombre de S ou 5, quelquefois de 6, très -rarement soudés ensemble. Stigmates en meme nombre que les styles , terminaux. Ovaire divisé en autant de loges qu il y a de styles , ou uniloculaire et présentant à son intérieur des placentas^ parié- taux en meme nombre que les styles. Ovules très -nombreux , insérés tantôt dans l’angle interne des loges , tantôt sur les placentas pariétaux. Capsule en- tourée le plus souvent a sa base des débris du calice des pétales et des etami- nes, s’ouvrant en autant de valves qu’il y a de styles, renfermant un grand nombre de graines ; la déhiscence est septicide; après la déhiscence les valves portent souvent sur leurs bords repliés en dedans les restes des placentas. Graines très-petites, insérées parleur extrémité la plus grosse, ob longue s , légèrement courbées, striées. Tégument double; l’extérieur crustacé ; V inté- rieur membraneux. Périsperme nul. Embryon présentant la meme forme , que la graine. Radicule tournée vers l’ombilic. Cotylédons cylindriques extérieu- rement, aplatis sur leur face interne.

Ç, II Sur la végétation de l’JIypericum connatum.— M. de Lamarck , qui a établi cette espèce d’après des échantillons recueillis par Commerson près de Monte-Video, ne l’ayant observée que dans les herbiers, s’est trompé sur sa taille et l’a décrite comme un arbrisseau. Cette légère erreur, qui a même été introduite dans sa phrase spécifique, doit être rectifiée.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Pétale. —2. Capsule. 3. Graine très -grossie.- 4- La même coupée longitudinale- ment pour montrer les deux tégumens recouvrant immédiatement l’embryon sans l’inter- médiaire d’un périsperme. -5. Amande. -6. Embryon dépouillé des deux tegumens.

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HYPERICUM LAXIUS CULUM.

MILLEPERTUIS A FEUILLES ÉCARTÉES.

FAMILLE DES H Y K I G IN É ES.

H. glabrum; caule herbaceo , superne 4- gono ; foliis subdist an- tibus j obtusis, pellucido-punctulatis, inferioribus anguste lanceo— latis , superioribus ramisque lineari- lance olatis seu linearibus; floribus cymosis, 5-gynis ; caly cinis divisuris ecqualibus, subli- nearibus, acutis.

Nom vulgaire : Allecrim brabo.

Description. Plante entièrement glabre. Tige herbacée, dure, dressee , cylindrique à la base, legerement quadrangulaire au som- met. Feuilles sessiles, distantes, obtuses, marquées de points translucides , entourées d’un rebord un peu épais, parcourues lon- gitudinalement par une nervure médiane proéminente en dessous, et par plusieurs autres laterales peu prononcées 5 les inférieures sont longues de 9 à 12 lignes, larges de 2 à 3 lignes, lancéolées ; les supé- rieures sont plus petites, linéaires lancéolées, ou linéaires. Rameaux florifères plusieurs fois dichotomes et portant une fleur dans leur angle, aplatis au sommet, munis au point de leur bifurcation de deux bractées opposées, linéaires-subulées. Fleurs formant une cyme multiflore , lâche , longue de 1 pied et au delà : pédicelles courts. Calice 5-parti : divisions égales entre elles, longues de 2 lignes, à peu près linéaires, aiguës, très-entières, munies de 3 à 5 nervures, non ponctuées, dépourvues de glandes sur leur bord. Petales du double plus grands que le calice, étalés, inéquilatéraux, marqués de veines nombreuses, d’un jaune doré, dépourvus de glandes. Étamines très - nombreuses : filets subulés , légèrement soudés ensemble à leur base, plus courts que les pétales : an- LXII.

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thères arrondies, attachées par leur milieu. Ovaire ovoïde, marqué de cinq sillons longitudinaux, uniloculaire, présentant dans son intérieur 5 placentas pariétaux peu proéminens et chargés d’un grand nombre d’ovules. Styles au nombre de 5, un peu plus longs que l’ovaire, graduellement épaissis vers leur som- met et terminés chacun par un stigmate peu prononcé. Capsule longue de 3 lignes, ovoïde, marquée de 5 sillons, uniloculaire, s’ouvrant en 5 valves dont les bords repliés en dedans portent après la déhiscence les restes des placentas. Graines brunâtres, oblongues, légèrement courbées. Tégument double, l’extérieur crustacé, l’in- térieur membraneux. Périsperme nul. Embryon suivant la forme de la graine. Radicule tournée vers l’ombilic. Cotylédons cylindri- ques extérieurement , aplatis sur leur face interne.

Localités. Cette espèce croît dans les campos auprès de l’habita- tion nommée Fazenda da Fortaleza 3 dans la partie de la piovince de Saint -Paul dite Campos Geraès ; on la trouve aussi dans la province de Minas Geraès. Elle était en fleur au mois de février.

Usages. Les Brasiliens se servent de la décoction de ses feuilles contre la morsure des serpens. Cet emploi est-il fondé sur des vertus antispasmodiques et vulnéraires qui rappelleraient des propriétés semblables plutôt admises populairement que prouvées chez nous dans quelques espèces de Millepertuis? Nous conseillerions de pré- férence aux Brasiliens , pour la guérison de ces blessures , des moyens chirurgicaux auxquels on a recours chez nous en pareil cas^ si nous ne savions que l’expérience a appris aux habitans des pays les serpens venimeux abondent, des remèdes sur lesquels on ne peut porter de loin un jugement certain.

explication des figures.

i. Pétale. 2. Anthère vue par devant. 3. Anthère vue par derrière. 4- Pistil. 5. Ovaire coupé transversalement de manière à montrer les cinq placentas pariétaux,

CHORISIA SPECIOSA.

CHORISIA à BELLES FLEÜBS.

FAMILLE DES MALVACÉES,

TRIBU DES BOMBÀCÉES.

C. foliis digitatim 0-7 foliolatis foliolis lanceolato- acuminatis , basi integris > cceteriim acute serratis > supra ret iculato-n ervo sis ; petalis spathulato - 0 vatis , apice emarginatis ^ margine subun- dulatis.

Nom vulgaire : Arvore de Paina.

Description. Arbre grand et touffu, dont l’écorce est à peine fen- dillée , le tronc et les rameaux chargés de courts aiguillons coniques qui ne se trouvent pas sur les jeunes pousses. Feuilles éparses, palmées j pétioles communs longs de 3 à 6 pouces , assez grêles , aplatis en dessus , arrondis en dessous , un peu renflés près de leur insertion , sur les côtés de laquelle on observe les cicatrices de celle des stipules caduques , dilatés à leur sommet en une sorte de palette demi-circulaire, sur le contour de laquelle s’articulent 7, 6 ou 5 fo- lioles : folioles inégales , longues de 4-2 pouces , quatre fois moins larges , lancéolées et un peu acuminées , courtement dentées en scie, glabres , un peu luisantes sur leur face supérieure l’on voit les vaisseaux se dessiner en réseau, tandis que sur l’inférieure plus terne la nervure médiane seule fait une saillie assez considérable et con- tinue le pétiole partiel qui est assez court et canaliculé en dessus. Fleurs solitaires ou réunies par faisceaux de deux ou trois aux ais- selles des feuilles supérieures, et formant ainsi, après la chute de ces feuilles qui se détachent facilement, des grappes terminales, soute- nues par des pédoncules longs de 1 pouce à peu près , épais et roides, munis vers leur sommet de trois petites bractées écailleuses alternes LXIII. ï

et supérieurement concaves. Calice long de io lignes à peu près, campanule, découpé dans son quart supérieur en 5 ou plus souvent 3 ou 4 lobes inégaux, demi-elliptiques, à peine aigus, contigus et même soudés par leurs bords dans le bouton qui a la forme d’une ligue, coriace, glabre en dehors, revêtu d’un duvet court et soyeux en dedans. Pétales au nombre de 5, longs de 3 pouces ou plus, élargis insensiblement de la base au sommet dont la largeur n’at- teint pas ï pouce, un peu frisés sur leurs bords qui sont légèrement inégaux, obliquement et superficiellement échancrés à leur extrémité supérieure, couverts sur toute leur face externe d’un duvet court et blanchâtre , parsemés de poils également courts et beaucoup plus rares sur la moitié supérieure de leur face interne ; cette moitié est rouge, l’inférieure jaune parsemée de points et de lignes noires : préfloraison tordue. Étamines dont les filets sont soudés en un tube un peu plus court que les pétales, et dans lequel on peut distinguer deux portions différentes entre elles : l’une inférieure (qu’on doit vraisemblablement considérer comme une rangée extérieure d’éta- mines avortées) est un cylindre à peine plus long que le calice, marqué de io stries qui séparent autant de côtes longitudinales, jaunâtre et évasé à son sommet en une sorte de couronne partagée enôlobes eux-mêmes bilobulés, étalés, laineux, pourpre-noirâtres; l’autre supérieure est un cylindre soudé à sa base au précédent , d un diamètre moitié moindre, glabre, rougeâtre, un peu évasé à son sommet que couronne un cercle d’anthères. Anthères extrorses , ad- nées 2 par 2 à 5 dents épaissies et extérieurement bilobées qui termi- nent le tube, linéaires, flexueuses, parallèles entre elles, partagées chacune dans leur longueur par un sillon profond qui semble avant la déhiscence distinguer deux loges , mais s’ouvrant le long de ce sil- lon en 2 valves qui se déroulent de chaque côté, et par conséquent uniloculaires. Pollen à grains lisses, globuleux ou un peu anguleux. Style filiforme , un peu pubescent à sa base , engainé par le tube qu’il dépasse à peine. Stigmate en tête, obscurément quinquélobé,

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hérissé , purpurin. Ovaire conique et glabre dans sa partie supé- rieure qui est libre et autour de la base de laquelle s’insèrent les pé- tales et le tube des étamines, confondu par l’inférieure avec la base épaissie du calice, parsemé ainsi que ce dernier, dans l’épaisseur de ses parois, de glandes vésiculeuses, partagé incomplètement en 5 loges par autant de cloisons minces dont le bord libre porte un placenta épais, prismatique, à 3 angles mousses : ces placentas, laissant entre eux un vide central, se rapprochent inférieurement par leur angle interne, et finissent par se souder ensemble vers le fond de l’ovaire, qui se trouve ainsi véritablement quinquéloculaire; ils portent attachés à leurs angles latéraux des ovules extrêmement nombreux, disposés sur plusieurs rangs et transversalement les uns au-dessus des autres, menus, conoïdes. Le fruit, que nous n’avons pu obser- ver par nous-mêmes, est, d’après les renseignemens obtenus dans le pays, une capsule arrondie, dont les graines sont revêtues extérieu- rement d’une ouate blanche.

Localités. Cet arbre se trouve assez communément dans les bois vierges , au milieu de la verdure foncée desquels ses fleurs rouges produisent le plus bel effet ; on le plante aussi quelquefois auprès des maisons. Les échantillons d’après lesquels a été faite la description précédente et la figure qui l’accompagne, ont été recueillis dans les bois de la province des Mines , ainsi que dans les campos qui avoisinent la ville de Barbacena. Nous en possédons aussi de la pro- vince de Rio de Janeiro qui diffèrent légèrement des autres parleurs fleurs un peu plus grandes, à pétales plus aigus, plus tomenteux, et d’un rouge plus pâle \ c’est ceux-là dont l’étiquette portait le nom d’ Arvore de Paina. Il fleurit en mars,

Usages. L’ouate blanche dont les graines sont enveloppées 'est employée à faire des coussins et des traversins. Il est à remarquer que dans les différens pays se rencontrent des Bombacées, appar- tenant soit au Bombax , soit aux genres voisins confondus d’abord

h.

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avec lui, les iilamens laineux ou soyeux qui tapissent les parois des loges du fruit servent à ce meme usage. Tel est au Brésil, outre le Chorisia que nous venons de décrire, Y Eriodendron Samaüma de M. Martius qui nous apprend que ce nom admis ici par lui comme spécifique l’est généralement par les Brasiliens pour désigner la laine du fruit des Bombax. Tel est dans le reste de l’Amérique équatoriale Y Eriodendron anfractuosum ; tels sont en Asie la même espèce et le Bombax heptaphjllum. La bourre plus courte du fruit de Y O chroma lagopus , dit Desportes dans son histoire des plantes usuelles de St.-Domingue , est employée avantageusement dans l’o- pération du feutrage des castors, et leur donne une qualité supé- rieure. Si les iilamens des Bombacées ne sont pas soumis aux mêmes opérations et propres aux mêmes usages que ceux des vrais coton- niers, c’est qu’ils sont plus roides et surtout dépourvus des petites dentelures visibles au microcospe qui s’observent sur le coton et le rendent facile à filer et à tisser.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Chorisia . Calice cam- panule, 3-5 -lobé. Pétales au nombre de cinq , plus longs que lui. Tube des étamines doubles V extérieur plus court, couronné par 5 lobes stériles et bilo- bulés ; l’ extérieur soudé inférieurement au précédent, plus long et plus grêle que lui, et terminé par 5 lobes qui portent chacun , adnées a leur face ex- terne, deux anthères linéaires, uniloculaires et bivalves. Ovaire a demi plongé par sa base dans le fond épaissi du calice , partagé incomplètement en 5 loges par 5 cloisons verticales , dont chacune , bordée par un placenta épaissi, porte des deux côtés un grand nombre d’ovules. Style saillant au dessus du tube. Stigmate en tête, obscurément quinquélobé. Fruit capsulaire , s’ou- vrant en 5 valves, polj sperme. Graines revêtues d’un duvet laineux.

§ II. Sur les affinités de cette espèce. -Le Chorisia speciosa est intermé- diaire entre le C. crispiflora Kunth. dont il a les feuilles, elles C. insignis Kunth. et C. vent ricos a Nees et Mart. (peut-être identiques ensemble) dont il se rapproche par ses pétales légèrement ondulés sur leurs bords et non cré- pus. Deux plantes d’un genre voisin, Y Eriodendron leiantherum DC., et sur-

tout YE. pubiflorum de notre flore du Brésil méridional, lui ressemblent aussi d’une manière remarquable par leurs fleurs, et notamment par la foi me de leur s anthères.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Couple d’anthères avant la déhiscence ; a. vue en dehors; b. vue en dedans ; c. cou- pée transversalement. 2. Couple d’anthères après la déhiscence, vue en dehors.

3. Coupe horizontale de l’ovaire au-dessus de sa base.— 4- Ovaire, dont une partie des pa- rois a été coupée pour faire voir l’intérieur des loges , avec la base du calice dans laquelle il est plongé. 5. Fond de l’ovaire coupé verticalement, pour montrer les cloisons incom- plètes et placentifères qui se soudent vers le bas.

LXIIÏ.

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PL. LXin

CHORIS IA SPECIOSA.

HELICTERES SACAROLHA.

HELICTERES SACAROLHA.

FAMILLE DES MALYACÉES,

TRIBU DES BOMBACEES.

H. octandra; foliis subrotundis ovatis vel o v ato-acu ti s, vix cordatis , serrato -dentatis, rufo-tomentosis ; petalis angustis, calycem vix superantibus ; columna staminiferâ eodem duplo longiore, fructus capsulis inter se vix contortis.

Noms vulgaires : Sacarolha, Pvosea paras malas.

Description. Tige ligneuse. Rameaux cylindriques, hérisses de poils étoilés roussâtres. Feuilles régulièrement alternes de ma- nière à se trouver toutes dans un même plan et à tourner toutes une même face du même côté, longues de 3 pouces et 1/ 2, à peu près également larges, arrondies ou bien formant un ovale Cjui se termine quelquefois en pointe, légèrement échancrées à leur base, les inférieures surtout, obliques à cause de l’inégalité de leurs côtés inégalement dentés en scie , recouvertes d’un duvet cotonneux et roussâtre que forment des poils étoilés ; pétioles semblablement cotonneux, longs de 3~i lignes. Stipules longues de 6-2 lignes, filiformes, hérissées de poils fasciculés. Inflorescence axillaire ou terminale: les pédoncules courts, chargés de deux fleurs inégales au- tour desquelles quatre bractées filiformes, semblables aux stipules, forment une sorte d’involucre, sont disposés au nombre de 3 à 5 sur des rameaux courts et dépourvus de feuilles , situés un peu la- téralement aux aisselles supérieures ou au sommet des rameaux ; la plupart de ces pédoncules articulés se détachent en général avant la fructification, à l’époque de laquelle les fruits semblent ordinaire- ment solitaires. Calice tubuleux, légèrement renflé au-dessous du sommet, long de 7-8 lignes, à 10 stries et à 5 divisions inégales LXIY. ï

courtes, terminées supérieurement par des soies, couvert de poils étoilés portés sur un pédicelle épais, d’un rouge de brique : préflo- raison valvaire. Pétales au nombre de 5, alternant avec les divi- sions du calice, un peu plus longs que lui ; à onglets linéaires, longs , munis des deux cotés à une certaine hauteur de deux appendices Iio- îizontaux ; a limbes élargis en spatule, légèrement échancrés au som- met, très-courtement ciliés, parcourus de veines longitudinales, d’un i ouge vermillon : préfloraison tordue. Colonne centrale renfermée dans le bouton, saillante hors de la fleur et deux fois aussi longue que le calice, pentagone, hérissée de poils courts et glanduleux : les pétales s inserent autour de sa base : de son sommet naissent 2 ver- ticilles d’étamines; l’extérieur, composé de 8 étamines fertiles à *ilets, courts, linéaires, glabres et d’un petit rudiment bilobé qu’on peut considérer comme complétant le nombre 10; l’intérieur de 5 étamines stériles plus longues, petaloïdes, spatuliformes, sillonnée* sur le milieu de leur longueur : anthères adnées au sommet des filets qui se renfle au-dessous déliés en 2 ampoules verdâtres, verticales dans le bouton, et présentant, alors un étranglement qui les coupe manifestement en 2 loges et leur donne à peu près la forme d’un 8 alongé, redressées et presque horizontales dans la floraison et pa- raissant alors uniloculaires parce qu’elles s’ouvrent par une fente supérieure continue: pollen menu, glabre, trigone. Pistil placé au milieu des étamines qui persistent assez long-temps flétries autour de lui. Cinq ovaires alternant avec les étamines stériles, contigus et meme soudés inférieurement par leur axe, réunis extérieurement par un feutre épais formé de poils étoilés rougeâtres, contenant cha- cun 8-14 ovules ascendans attaches sur 2 rangs le long de leur angle interne. Styles en nombre égal aux ovaires du sommet desquels ils partent, plus longs qu’eux, d’abord tordus spiralement et réunis entre eux, finissant par se séparer, terminés chacun par un stigmate aigu. Fruit porté sur la colonne longue de plus d’un pouce, qui, épaissie et roide, présente après la chute des enveloppes florales

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l’apparence d’un pédoncule. Il est composé de 5 capsules longues de 7 lignes, légèrement tordues, contiguës et meme d’abord un peu soudées entre elles, se séparant plus tard et ayant alors la forme de légumes, convexes et tomen teuses sur leur dos, planes, glabres et marquées de veines transversales sur leurs côtés qui se réunissent à angle, s’ouvrant longitudinalement le long de cet angle interne. Graines au nombre de 8-i4, dont un plus ou moins grand nombre est avorté, disposées dans chacune de ces capsules sur 2 rangs et un peu ascendantes, ovoïdes ou diversement anguleuses à cause de la compression mutuelle qui gène leur développement, regardant l’axe par leur extrémité la plus mince au-dessus de laquelle s’insère un court funicule. Test mince, coriace, brun, parsemé de petits tubercules. Périsperme mince, charnu, adhérent à la membrane interne, et se glissant dans les intervalles que laissent les plis de l’embryon. Cotylédons foliacés, repliés dans leur longueur et roulés parallèlement autour de la radicule qui, droite et cylindri-

que, est tournée vers l’axe de la loge.

Localités. Cette plante, qui varie un peu par la forme et la pu- bescence de ses feuilles, a été recueillie dans plusieurs endroits du Brésil, plus fréquemment dans la province des Mines , savoir : dans les campos près de la ville de Paracatu dans ceux de Taracambi , près de JSossa Senora da Penha de Minas Novas, près du bourg de Contendas et d ' Olho d Agoa dans sa partie occidentale et déserte qu’on nomme Certaô , près de Formigas dans sa partie méridionale. Elle a été trouvée aussi dans des pâturages mixtes près de Tinda- monliongaba , non loin de Thaubate 3 ville de la province de Saint- Paul. Récoltés du mois de mars jusqu’à celui d’août, ces échan- tillons présentent tous les passages depuis le bouton jusqu’au fruit après la dispersion des graines.

Usages. La décoction de sa racine est administrée dans les affec- tions vénériennes. Nous ignorons sur quels effets est fondé l’emploi

MAPROUNEA RRASILIENSIS.

MAPROUNEA DU BRÉSIL.

FAMILLE DES EUPHORBI ACÉES.

M. foliis rotundis j breviter et obtuse acuminatis , integerrimis , glaberrimis ; capitulis masculis solitariis , floribus femineis infra geminis.

Nom vulgaire : Marmeleiro cio campo.

Description. Sous- arbrisseau de 2 à 3 pieds, à tige droite, ra- mifiée près de sa base, parfaitement glabre. Feuilles alternes, la plupart pendantes et un peu pliées dans leur longueur, de manière à offrir supérieurement une gouttière, longues de 1 pouce et 1/2, à peu près égalemen t larges, ovales ou plus généralement orbiculaires, rétrécies à leur sommet en une pointe courte et mousse, très -en- tières et bordées d’une zone linéaire et rougeâtre, un peu luisantes en dessus les nervures se dessinent par des sillons superficiels, plus pâles en dessous d’une nervure médiane saillante et rou- geâtre en partent, à angle presque droit, plusieurs latérales dont les anastomoses nombreuses forment un réseau à peine saillant : pé- tioles longs de 3 ou 4 lignes, dressés, glabres, rougeâtres, canaliculés en dessus, arrondis en dessous. Deux Stipules à la naissance du pétiole, écailleuses, courtes, obtuses : on en observe aussi deux un peu plus grandes à la naissance des rameaux. Fleurs monoïques, les mâles formant de petits capitules ovoïdes terminaux, les femelles situées immédiatement au-dessous et alternant au nombre de deux.

Fleurs males : les capitules qui résultent de leur agglomé- ration sont longs de 4 ou 5 lignes au plus ; ils présentent un axe renflé et ovoïde, de la surface duquel partent, à angle droit, de nombreuses écailles épaisses, acuminées, dont la pointe se re- dresse parallèlement à l’axe, et dont les deux côtés portent chaçun LXV.

ï

en dedans un disque glanduleux stipiié ; les écailles inférieures, qui ne diffèrent pas des autres, mais qui sont à découvert, semblent former à la base du capitule une sorte d’involucre; à Vaisselle de chaque écaille s’insèrent 3 fleurs, deux latérales et la troisième médiane, plus voisine de l’axe et plus précoce que les deux autres : chacune de ces fleurs est portée sur un pédicelle qui, d abord pres- que nul, se développe proportionnellement avec elle et s articule avec sa base ; chaque pédicelle accompagné d’une bractée membra- neuse assez large et déchiquetée. La fleur, développée sur son pédi- celle , n’a pas une ligne de longueur : elle se compose d un calice tubuleux, évasé en cloche, découpé sur son bord en 4 lobes inégaux (dont deux alternativement plus grands se recouvrent l’un l’autre et cachent les deux plus petits dans le bouton), denticules, recourbés en dedans; et de deux filets soudés en un seul, qui fait saillie hors du calice, et porte fixé à son sommet courtement bifide deux anthères biloculaires, dont les loges ovoïdes et séparées par un sillon profond s’ouvrent en dehors par une fente longitudinale.

Fleurs femelles : elles sont portées sur un pédoncule glabre, épais et cylindrique, renflé à son sommet, articulé à sa base : immédiate- ment sous cette articulation et en dehors se trouve une écaille acumi- née avec deux écailles latérales arrondies, qu on doit considérer sans doute comme un rudiment de feuille avec ses deux stipules qui ont conservé leur forme (et telle est aussi vraisemblablement la nature des écailles dans les capitules mâles). En dedans sont plusieurs brac- tées membraneuses et déchiquetées. La fleur femelle, développée sur son pédoncule, a 4 lignes de longueur; elle présente les carac- tères suivans : Galice courtement tubuleux, trifide, à lanières ai- guës et denticulées. Style épais, cylindrique, partagé à son sommet en trois branches d’abord droites, puis réfléchies et contournées en dehors, hérissées supérieurement de nombreuses papilles stigma- tiques. Ovaire un peu plus large que le style et caché par le calice, glabre , trilobé à l’extérieur, triloculaire; ces lobes répondant aux

loges et aux brandies, stigmatiques , alternent avec les divisions calicinales. Ovules solitaires dans chaque loge, suspendus vers son sommet à l’axe, ovoïdes, surmontés et comme coiffés d un petit arille lacinié, composés de deux substances différentes, Tune dor- sale, blanchâtre et spongieuse, l’autre plus compacte et de couleui foncée. Le fruit n’a pas été observé.

Localités. Cette plante a été recueillie aux environs de Porto de Quebra Anzol, dans la province de Minas Geraës, et dans les Minas Novas, près de la Fazenda de Culâo , ou elle croit commu- nément au milieu des petits bois nommés vulgairement Carascos. Elle fleurit d’avril à juin.

Usages. On fait bouillir ses feuilles avec de la boue., et on en tire ainsi une teinture noire qu’on applique aux étoffes de coton : elle n’est pas fixe. On sait que c’est d’une plante de la même famille que s’extrait une substance tinctoriale bien connue, le tournesol, et que beaucoup d’autres Euphorbiacées paraissent contenir des prin- cipes colorans analogues.— Nous ignorons sur quels effets est fondé l’emploi médical de la racine du Marmeleiro do campo, qu à Porto de Quebra Anzol , dit-on , on administre en boisson et en lavement dans les déran gemens d’estomac. Un tel emploi a droit d exciter l’étonnement, quand on se souvient des propriétés qui s observent généralement dans les Euphorbiacées et particulièrement dans des genres voisins de celui-ci {S apium, Excœcaria, Hippomane , etc.), propriétés si énergiques, si redoutables pour un estomac sain, et à plus forte raison pour un estomac malade. Il est vrai que les especes de ces genres dans lesquelles elles ont été constatées présentent toutes un suc laiteux et âcre, et que le Maprounea brasihensis paraît du nombre de celles qui en sont dépourvues.

Observations botaniques. § I. Caracteres du genre Maprounea. Fleurs monoïques. Fleurs males réunies en un court capitule amenliforme , dans le quel elles sont disposées par deux ou par trois à l aisselle d écailles , dont les

..

inférieures forment sous le capitule une sorte cT involucre. Calice tubuleux , ly-fide. Etamines : deux fdets soudés en un seul saillant , terminé par deux anthères extrorses. Fleurs femelles situées au-dessous du capitule mâle , solitaires. Calice trifide. Style épais, trifide. Trois Stigmates réfléchis. Ovaire a trois loges, contenant chacune un seul ovule. Fruit capsulaire a trois coques, à graines osseuses et bosselées.

§ IL Des affinités de ce genre. Plusieurs genres d’Eupliorbiacées à épis amentiformes composent dans cette grande famille un groupe extrêmement naturel. Tels sont les Hura, Hippomane , Sapium, Stillingia, Microstachjs , Omalanthus, Maprounea , Excœcaria , avec lesquels d’autres moins bien con- nus, Tri ad ica, Sebastiania , Gussonia, Commia, Colliguaya, ont une affinité évidente, et même devront vraisemblablement se fondre lorsqu’ils auront été étudiés plus soigneusement et comparativement. Déjà quelques-uns des premiers diffèrent à peine entre eux. Ainsi la réunion des Sapium et du Stil- lingia a été proposée, et on doit avouer que les caractères qui en distinguent le Microstachjs, ainsi que le Maprounea, sont bien légers, puisque ce ne sont que des modifications de l’inflorescence qui caractérise le groupe. Supposez que dans le Maprounea l’axe du capitule mâle s’amincisse ets’alonge, et que les écailles se trouvent ainsi écartées les unes des autres avec leurs petits fascicules de fleurs axillaires, au lieu de se presser et de se recouvrir comme elles le font , vous ne pourrez plus distinguer cette plante d’un Sapium ou d’un Stillingia que par un caractère bien faible, la soudure des deux filets dans la fleur mâle. C’est un nouvel exemple de ce qui est arrivé quelquefois dans plusieurs familles et notamment dans celle des Euphorbiacées, le développement, différent de l’axe florifère, constitue la seule différence, et peut même masquer les rapports de genres du reste à peine distincts.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Inflorescence. On a coupé verticalement l’axe du capitule et enlevé ses fleurs, pour montrer l’origine et la situation des écailles. 2. Une des écailles (a) séparée, avec les trois fleurs (bbb) situées à son aisselle et accompagnées de leurs bractées (ccc). 3. Fleur femelle , sur son pédoncule. On a enlevé à labase les deux écailles stipuliformes, pour laisser voir les bractées qu’elles cachaient. Le calice et les parois de l’ovaire ont été coupés verti- calement, pour montrer l’intérieur de deux loges avec les ovules qu’elles renferment.— 4. Section horizontale de l’ovaire entouré du calice.

LUHEA PANICULATA.

LUHEA A FLEURS PANICULÉES.

FAMILLE DES TILIACÉE S.

L. foliis ovatis obtusiusculis acutiusculisve , basi cordatis subtus rufo- albicantibus reticulo nervorum discolori floralibus multo brevioribus dissimilibus que ; cymis ad apicem ramulorum in paniculam magnam foliosam dispositis ; floribus non longe pedicellatis y calycis exterioris 9- partiti laciniis lance olatis ; petalis rhomboidalibus .

Luhea paniculata. Mart. nov. Gen. 1 , p. 100, Tab. 62.

JSom vulgaire : Açoita cavallos.

Description. Arbre de moyenne grandeur, un peu tortueux, à écorce fendillée : jeunes rameaux couverts d’un duvet tomenteux couleur de rouille ou d’un roux plus pale , formé de petits poils étoilés et qui finit par tomber. Feuilles régulièrement alternes de manière à tourner toutes la meme face du meme côté , longues de 4-5 ponces, larges de la moitié à peu près, échancrées en cœur à leur base, ovales, obtuses ou légèrement aiguës à leur sommet, à côtés un peu inégaux et conséquemment obliques, dentées sur leur contour, à dents courtes inégales et aiguës, parsemées en dessus de petits poils étoilés roussâtres qui rendent leur surface âpre au tou- cher, veloutées en dessous les nervures saillantes et anastomosées entre elles à angles droits dessinent sur un fond blanchâtre leur réseau d’un roux plus foncé : pétioles longs de 4 lignes, épais, cylin- driques, veloutés. Les feuilles des rameaux florifères sont tout-à-fait différentes, longues d’un pouce au plus, ovales, veloutées sur leurs deux faces, et portées sur des pétioles plus grêles longs de 2 à 3 lignes. Stipules caduques. Fleurs disposées à l’aisselle de ces dernières feuilles en cymes longues d’un pouce au plus, dans chacune des- quelles la fleur centrale est portée sur un pédicelle long de six lignes

LXVI.

ï

2

à peu près, les deux rameaux latéraux deux fois plus courts, iné- gaux entre eux et eux-mêmes une ou deux fois dichotomes : sous chaque dichotomie, trois bractées obtuses et diversement soudées entre elles forment une sorte d’ involucre qui se détache bientôt d’une seule pièce. L’ensemble de toutes ces cymes forme à l’extré- mité des branches des panicules feuillées de plusieurs pouces, dans lesquelles les rameaux, les feuilles, les pédoncules, les pédicelles , les bractées, les calices sont couverts d’un duvet tomenteux rous- sâtre. Calice double : l’extérieur composé de 9 folioles verticillées, longues de 4 lignes, lancéolées-linéaires ; l’intérieur plus long d’un tiers, profondément quinquéparti , à divisions ovales, acuminées , couvertes en dehors d’un duvet tomenteux plus pâle que celui du calice extérieur et roulées en dessous par leur sommet , glabres en dedans. Cinq pétales alternes avec les divisions du calice intérieur, un peu plus longs que lui , rétrécis et épaissis à leur base en un on- glet cunéiforme, pubescent, cilié, portant en bas et en dedans une très -petite glande bilobée adnée à sa surface, à limbe rhomboïdal, entier et plane dans sa moitié inférieure, dentelé et crépu dans la supérieure, parcouru par des veines nombreuses et. menues dans le sens de sa longueur, blanc et prenant par la dessication une teinte d’un rouge jaunâtre. Étamines nombreuses, plus courtes de moitié (pie les pétales, disposées en cinq faisceaux dont l’insertion alterne avec celle des pétales également hypogynique : dans chacun les blets glabres supérieurement, couverts inférieurement de poils blancs et soyeux, sont unis par leur base qui simule une sorte d’ écaille , puis se partagent en deux faisceaux secondaires, l’un extérieur composé de blets plus courts et stériles, et qui présente l’aspect d’une languette frangée; l’autre intérieur composé de blets anthérifères , inégaux : anthères attachées vers le milieu de leur dos au sommet du blet aminci en bl, introrses dans le bouton, vacillantes dans la fleur, d a- bord orbiculaires et plus tard recourbées, à deux loges que parcourt dans leur longueur une petite cloison médiane et qui s ouvrent

Usages. On se sert de son écorce pour tanner le cuir. Un autre arbre du meme genre, également originaire du Brésil, 1 e Luhea divaricata , a un bois blanc, tendre et léger, mais en même temps d’un grain serré, de sorte qu’il peut être travaillé avec facilité et avantage, et qu’il est employé pour différens ouvrages, notamment pour des crosses de fusil. C’est probablement à cause des mêmes qualités, qu’avec le bois du Luhea grandiflora on fait des semelles de souliers pour aller dans les marais. En général, celui de toutes les espèces de ce genre , dont les derniers voyages au Brésil ont sin- gulièrement augmenté le nombre, offre ce double avantage de la

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chacune par une seule fente longitudinale. Style s’élevant un peu plus haut que les étamines , prismatique-pentagone, pubescent in- férieurement, glabre et élargi supérieurement. Stigmate penta- gone, présentant à son centre un enfoncement d’où partent en rayonnant cinq demi- sillons qui séparent autant de lobes. Ovaire libre, sessile, globuleux et revêtu d’une couche épaisse de poils blan- châtres et soyeux, mais relevé de cinq angles aigus après que cette couche a été enlevée, quinquéloculaire : du fond de la loge s’avance une lame longitudinale , sorte de cloison incomplète qui suit la suture et disparaît vers le bas. Ovules au nombre de douze dans chaque loge, imbriqués sur deux rangs, comprimés, globuleux ou ovoïdes, mais surmontés d’une aile demi-elliptique et dressée de laquelle résulte une forme générale dont le contour pourrait être comparé à celui de l’oreille humaine, suspendus à l’angle interne au moyen d’un court funicule qui s’insère au-dessous de l’aile, par- faitement glabres. Nous n’avons pas vu le fruit : suivant M. Mar- tius, c’est une capsule de la grosseur d’une noisette, pubescente, légèrement pentagone.

Localités. Cette espèce a été recueillie en fleurs au mois d’août sur les confins du désert du Rio de S. Francisco, non loin de l’ha- bitation appelée Pe do Morro.

ténacité unie à la flexibilité : de l’usage général qu’on fait de ses baguettes pour fouetter les bêtes de somme et le nom vulgaire , et, pour ainsi dire générique, d’ Açoita c avalio s , que portent la plupart de ces arbres.

Observations botaniques. Caractères du genre Luhea. Calice double; l’extérieur divisé jusqu’à sa base en 6, ou plus souvent 9 parties ; l’intérieur en 5. Petales alternant avec les divisions du calice intérieur, rétrécis il leur base en un onglet qui porte en dedans une petite glande adnée. Étamines nombreu- ses, disposées eu cinq faisceaux qui alternent avec les petales , et dans chacun desquels les filets extérieurs stériles forment une sorte de pinceau ou de lan- guette frangée , les intérieurs portent chacun une anthère vacillante, bilo - culaire, s’ouvrant par deux fentes longitudinales. Style simple. Stigmate ombiliqué , quinquelobe. Ovaire velu, a cinq loges qui contiennent plusieurs ovules ailés , imbriqués sur deux rangs, suspendus a l’angle interne. Fruit capsulaire , s’ouvrant jusque vers son milieu seulement en 5 valves , pot tant les cloisons opposées, a cinq loges contenant plusieurs graines dont Informe et la situation est celle des ovules. Embryon situé dans l axe d un perisperme charnu , a cotylédons foliacés , a radicule plus courte tournée veisle hile qui est situé plus ou moins haut sur le bord interne de la graine.

EXPLICATION DES FIGURES.

.. Un faisceau d’étamines. 2. Pistil, dont l’ovaire a été coupé verticalement, de manière à laisser voir deux loges avec leurs ovules. 3. Ovule sépaié.

LXVI

1

LU H EA PAN 1 CULAT A

SCHMIDELIA EDULIS

SCHMIDELIA COMESTIBLE.

famille des sapindacees

S. caule arboreo ; foliis trifoliolatis y foliolis oblongo-lanceolatis , acuminatis j, basi cuneatis , breviter petiolulatis , apicem versiis dentato-serratis , glabriusculis ; racemis sub simplicibus , folio brevioribus.

Nom vulgaire : Fruta de paraô

Description. Arbre de grandeur médiocre, très-rameux et le plus souvent dès la base : rameaux cylindriques , glabres , parsemés de petites glandes, recouverts dune écorce grise : jeunes pousses hispides , légèrement anguleuses. Feuilles alternes, pétiolees , ternées; folioles oblongues- lancéolées, acuminées, cunéiformes à leur base et portées sur un pétiolule court, dentées en scie depuis leur sommet jusque vers le milieu de leur longueur, glabres ou a peine parsemées en dessous de quelques poils sur leurs nervures , d’un vert foncé en dessus, luisantes et d’un vert très-pale en des- sous , parcourues par une nervure médiane et par plusieurs autres latérales, toutes légèrement saillantes en dessous; la foliole termi- nale est longue de 2 1/2 à 3 1/2 pouces, large de 8 à 12 lignes, équilatérale , plus longuement pétiolulée que les inferieures ; celles- ci sont d’un tiers environ plus petites, souvent un peu inéqui até- rales à leur base : le pétiole commun est long d’un a deux pouces , cylindrique en dessous, canaliculé en dessus, parseme de petits poils. Les grappes sont axillaires, plus courtes que les feuilles, presque simples , leur axe central est légèrement hispide. Les fleurs sont petites, d’un blanc jaunâtre, dioïques; les pedicelies sont longs, d’une à deux lignes, glabres, munis à leur base d une LXVII

petite bractée oblongue ou linéaire, aiguë, hispide. Fleurs males : Calice divisé jusqu’à la base en quatre folioles inégales, deux exté- rieures plus courtes, l’une des intérieures plus large que l’autre, arrondies, glabres, ciliées. Quatre pétales un peu plus courts que les folioles du calice, en forme de spatule, un peu échancrés au sommet , glabres sur leur face externe, munis de poils très-longs et d’un petit appendice biparti vers le milieu de leur face interne. Disque divisé en plusieurs lobes, dont une partie opposée à la foliole la plus large du calice avorte. Huit Etamines légèrement soudées ensemble par leur base , dépassant le calice, inégales; quatre un peu plus longues que les autres : blets filiformes, hispides; anthères, insérées par le milieu, arrondies, glabres, a-loculaires , s’ouvrant en dedans par une fente longitudinale. Fleurs femelles : Calice semblable à celui des fleurs mâles. Pétales , Étamines ,

Disque Style bifide, persistant entre les deux fruits

dont un avorte presque constamment. Fruit formé d’une ou deux drupes soudées ensemble par leur base, obovoïdes, obtuses, lon- gues de trois lignes, larges de deux, lisses, luisantes, couleur de vermillon : noyau obovoïde , obtus, mince. Graine conforme au noyau, dressée : perisperme nul : radicule petite aboutissant au bile, appliquée sur ledos d’un des cotylédons : cotylédons longs, linéaires, obtus, repliés deux fois transversalement.

Localités. Cet arbre se trouve dans les bois auprès de Conten- das, bourg du désert du Rio de S. Francisco dans la province des Mines, et dans la province de Saint-Paul sur les bords du Rio de Tibaïa et auprès de la ville de Saint-Paul. 11 fleurit en octobre.

Usages. Ses fruits sont d’une saveur douce et agréable ; ils sont recherchés par les habitans des lieux il végète.

Observations botaniques. § I. Caractères du genre Schmidelia. Calice à

quatre folioles inégales, deux extérieures souvent plus courtes, une des deux intérieures plus large que l'autre. 4 Pétales hypogyns , alternes avec les folio- les du calice, munis le plus souvent sur leur face interne d un petit appendice barbu. Djsque incomplet, situé entre les pétales et les étamines , divise en lobes distincts presque jusqu’à la base ; les lobes du disque oppose a la foliole du calice la plus large avortent constamment. 8 Étamines, insérées sur le récep- tacle, souvent inégales : filets velus : anthères attachées par le dos, divisées en deux loges qui s’ouvrent longitudinalement du côté interne. Style 2 ou plus rarement 3-fîdes , portant sur toute la face interne de ses divisions les papilles stigmatiques , s’insérant entre les lobes de l’ovaire. Ovaire à deux ou trois lobes arrondis, attachés par leur base autour du stjle , renfermant chacun un ovule dressé. Fruit formé d'une ou deux drupes peu charnues, renfermant chacune une graine. Tégument propre membraneux. Périsperme nul. Radi- cule courte, aboutissant au hile , appliquée sur le dos d’un des cotylédons : ceux-ci sont repliés deux fois transversalement, longs, linéaires.

§ II. Sur les fleurs de quelques genres de Sapindacées. Rien ne parait au premier aspect plus bizarre et plus difficle à ramener à un type régulier que les fleurs des Cardiospermum. Dans ces fleurs les organes de la génération sont déjetés d’un seul côté , très-rapprochés de l’une des folioles intérieures du ca- lice , et l’on remarque entre eux et l’autre foliole intérieure un espace assez grand, en partie rempli par deux glandes de forme differente que quelques auteurs ont considérées comme des styles avortés. L’examen attentif de la fleur de quelques genres voisins nous servira à expliquer ces anomalies. Dans les Sapindus les fleurs sont parfaitement régulières; elles présentent le plus sou- vent 5 folioles calicinales , 5 pétales, un disque en forme de godet et parfai- tement régulier, enfin 10 étamines et un pistil, situés au centre de la fleur :■ on peut cependant observer déjà dans ce genre une légère tendance à l’irré- gularité , quelques fleurs n’ayant que 8 étamines au lieu de 10. Dans le Schmi- delia, le disque est divisé en lobes distincts presque jusqu a la base ; une partie d’enire eux avorte constamment, de sorte que les étamines et le pistil sont plus rapprochés de l’une des folioles intérieures du calice que de 1 autre. Cette organisation ne diffère donc de celle du Cardiospermum qu’en ce qu’elle pré- sente une irrégularité moins prononcée et que l’on observe encore quelques traces de la partie du disque qui avorte en entier dans ce dernier genre. Il nous paraît donc évident qu’on a eu tort d’assimiler les glandes des Cardio- spermum à des styles; elles ne sont autre chose que les restes du disque dont

une partie disparait totalement. La même observation s’applique aux genres Urvillœa , Serjania , et Paullinia.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fleur très -grossie. 2. Fruit grossi, coupé longitudinalement, afin de montrer la forme de la graine et son point d’attaclie. 3. Embryon.

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SCHMIDELIA EDULIS

PL. LXVII

SAPINDUS ESCULENTUS.

SAVONNIER COMESTIBLE.

FAMILLE DES SAP1NDACES.

V. rachi apterâ; foliolis oblongis , basi et apice angustatis } subœ- quilateris j glaberrimis y racemis spicœformibus y calyce, tomen -

toso ; petalis integris glabris } intus squamâ bijîdâ hirsuta

auctis.

Nom vulgaire : Pittombera.

Description. Arbre à rameaux cylindriques, glabres , recouverts d’une écorce grisâtre et parsemée de petites glandes. Feuilles al- ternas, pennées sans impaire, glabres : folioles au nombre de 4 à 8, oppdlées ou alternes , longues de 2 1/2 à 4 pouces, larges de 1 -1 1/2 pouces, devenant graduellement plus petites du sommet vers labase de la feuille, obîongues, rétrécies aux deux extrémités, un peu aiguës et quelquefois légèrement acuminées, portées sur un pétiolule long tout au plus d’une ligne , légèrement inéquilatérales à leur base , très-entières, parcourues par une nervure médiane proéminente en dessous, par d’autres nervures latérales peu saillantes et par des vei- nes disposées en réseau : pétiole commun long de 2 1/2 à 7 pouces, aplati en dessus, convexe en dessous, strié. Bourgeons axillaires, petits, coniques, pointus, légèrement pubescents. Grappes termi- nales, composées, longues de 5 à 6 pouces, dressées, en forme d’épi L pédoncule central presque glabre à la base, légèrement pu- bescent au sommet : rameaux très-courts, pubescents, partant de Faisselle d’une petite bractée oblongue et pubescente. Fleurs exha- lant une odeur extrêmement agréable, dioïques, portées sur des pédicelles longs d’une ligne, couverts d’un duvet court et épais , munis à leur base d’une petite bractée lancéolée et pubescente. Fleurs males : Calice divisé jusqu’à la base en cinq folioles ellip- tiques, obtuses, longues de 11/2 ligne, larges d’une ligne, recou-

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vertes extérieurement par un Juvet court serré et jaunâtre , légè- rement pubescentes sur leur face interne, un peu inégales , deux intérieures plus courtes. 5 Pétales alternes avec les divisions du calice, insérés entre le calice et le disque, longs de deux lignes, rétrécis aux deux extrémités, un peu aigus, dressés, blancs, par- courus par 9 veines peu prononcées, munis sur leur face interne au-dessus de leur base d une duplicature bifide, très-velue, aussi longue qu’eux. Disque hypogyn, situé entre les pétales et les éta- mines, d’un jaune roussâtre, cyathiforme, épais, à 5 angles sortants et autant d’angles rentrants. 8 Étamines insérées entre le disque et le rudiment du pistil, égales entre elles, de la longueur des pétales : filaments parsemés de poils depuis leur base jusqu’au dessous de leur sommet : anthères insérées par leur base, oblongues, glabres, à deux loges s’ouvrant longitudinalement du côté interne. Rudiment de Pistil très-petit, velu, ovoïde, trigone. Fleurs femelles ( St.- Hil. m. s. s. ) Calice , Pétales et Disque comme dans les fleurs mâles. 8 Étamines, à filets courts et glabres, à anthères oblongues, vides de pollen. Style court, pubescent. Stigmate terminal, trilobé. Ovaire ovoïde, trigone, velu, à trois loges uniovulées. Ovules attachés dans l’angle interne, ascendants , cylindriques. Fruit ( St.-Hil. m. s. s.) charnu, a-îoculaire par avortement, renfermant deux graines.

Localités. Cet arbre est commun dans la partie déserte de la province des Mines nommée Certaô du Rio de Saint-Francisco . Il a été recueilli en fleurs au mois de septembre.

Usages. On sait que plusieurs Sapindacées fournissent des fruits très-recherchés par les habitants des tropiques. Il paraît que dans quelques Schmidelia c’est du sarcocarpe dont on fait usage, dans d’autres genres au contraire, tels que Y Euphoria le Rlighia le Paullini a l’arille prend quelquefois un grand développement et devient la partie alimentaire. M. Auguste de Saint-Hilaire, n’ayant

point vu par lui-meme les fruits de notre Sapindus, n’a pu s as- surer dans laquelle de ces deux classes ils doivent être placés; ses notes nous apprennent seulement que ses fruits, nommés Pit - tomba, sont charnus et très-goûtés des habitants du Certao.

Observations botaniques. Caractères du genre Sapindus. Fleurs herma- phrodites, polygames, ou plus rarement dioïques. Calice divise jusqu’à la base en cinq folioles imbriquées. 5 Pétales insérés entre le calice et le disque , alternes avec les divisions du calice, munis du côté interne d un appendice de forme variable ou le plus souvent dépourvus de cet organe. Disque hypogyn , régulier, entier ou crénelé. 8 ou 10 Étamines insérées entre le disque et l’o- vaire : filets libres , égaux entre eux : anthères biloculaires , s ouvrant longitu- dinalement par leur face interne. Style simple. Stigmate terminal, trilobé. Ovaire ovoïde, triloculaire , d loges uniovulées. Ovule attaché dans l angle interne des loges , ascendant. Fruit ovoïde, indéhiscent, souvent uniloculaire par avortement ; sarcocarpe charnu ; endocarpe crustacé. Tégument propre membraneux. Périsperme nul. Radicule tournée du côté du hile, très -petite, légèrement repliée sur le dos d’un des cotylédons ; ceux-ci sont à demi repliés sur eux-mêmes , grands et épais.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur très-grossie. 2. Étamine, vue par-devant. 3. La même, vue par-derriëre. 4. Pétale , vu par le dos.— 5. Le même , vu un peu de côté , et dont le limbe a ete arti- ficiellement replié, afin de montrer la face externe de l’appendice. 6. Le même, vu par la face interne. 7. Fleur coupée longitudinalement, afin de montrer la position des diverses parties.

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ERYTHROXYLUM SUBEROSUM.

ERYTHROXYLUM A ÉCORCE SUBÉREUSE.

FAMILLE DES ÉRY X H R O X Y L É E S.

E. caule arboreo y cortice sub eroso y foliis ellipticis , obtusis co- riaceis; floribus fasciculatis ; staminibus pistillo longioribus.

Noms vulgaires : Galli ri b a cboca ; Mercurio do campo.

Description. Petit Arbre à tige solitaire, rabougrie, tor- tueuse ; à rameaux tortueux et étales ; à écorce subéreuse : jeunes rameaux aplatis, anguleux. Feuilles alternes, longues de 3 à 4 1/2 pouces, larges de 1 1/2 à 2 pouces, elliptiques, obtuses, - se séparant presque toutes des rameaux ayant le développement des fleurs; nervure médiane saillante en dessous, rougeâtre, se pro- longeant quelquefois en une petite pointe aiguë au-delà du limbe des feuilles ; nervures latérales à peu près parallèles , légèrement saillantes en dessous, a peine marquées en dessus. Stipule striée, concave, à peu près triangulaire, aiguë, terminée au sommet par une ou deux petites arêtes , les supérieures plus longues que les in- férieures. Fleurs disposées en faisceaux d’abord axillaires puis épars sur les rameaux après la chute des feuilles : pédicelles partant de Faisselle de petites bractées, longs de trois lignes, profondément sillonnés. Calice divisé jusqu’auprès de sa base en cinq lobes ovales, acuminés, longs d une ligne, marqués d’une forte nervure médiane et de deux latérales peu prononcées. Pétales oblongs, obtus, deux fois plus longs que le calice, blancs, munis du côté interne, au tiers environ de leur longueur , d’une duplicature plus courte qu’eux , et divisée en quatre lobes dont trois supérieurs et un infé- rieur; celui-ci est arrondi, réfléchi; les supérieurs sont dressés, deux d entre eux ( les latéraux ) sont arrondis, un peu plus longs que le lobe inférieur, l’autre ( l’intermédiaire ) est petit, linéaire , LXIX.

2

aigu. Étamines d’un tiers plus longues que la corolle, réunies à leur base en un godet marqué de io crénelures alternes avec les iilets et de moitié plus court que les lobes du calice : filets linéaires , glabres : anthères arrondies, glabres, jaunâtres, à deux loges s’ou- vrant latéralement dans toute leur longueur. Pistil glabre, plus court que les pétales. Ovaire un peu plus court que le godet formé par la réunion des étamines, globuleux, marqué de 6 sillons longi- tudinaux, divisé intérieurement en 3 loges dont deux sont plus petites et entièrement vides. Styles au nombre de 3, terminés chacun par un stigmate en tête. Ovule solitaire dans la plus grande loge de l’ovaire, attaché par son sommet à l’angle interne. Nous n’avons point vu les fruits.

Localités. Cette espèce se trouve sur les plateaux couverts de bois nommés Carascos , auprès de Piedade ( Minas noms ), et dans les campos près Canoas et Corgo do Mathias dans le Certaô de la province des Mines. Elle a été recueillie en fleurs en mai et en septembre.

Usages. On tire de l’écorce de cette plante une teinture rousse,, que l’on dit solide.

Observations botaniques. § t. Caractères du genre Erythroxylum. Calice divisé jusqu’à sa hase en cinq segments. Pétales au nombre de cinq , hypogyns , égaux entre eux, munis intérieurement au-dessus de leur hase d’une écaille dont la forme menée dans les diverses espèces. Étamines au nom- bre de io, hypogynes : filets réunis en godet à leur base: anthères mob de s , biloculaires , s’ouvrant du côté intérieur par une fente longitudinale. Ovaire triloculaire ; l'une des loges contient un seul ovule suspendu et les deux autres sont le plus souvent vides et presque oblitérées . i> Styles, distincts , ou quel— quejois plus ou moins soudes ensemble ; chacun d eux est termine peu un stig- mate en tête. Le Fruit est une drupe monosperme , très-rarement dispenne. La graine est oblongue , son tégument mince et membraneux ; le hile situé au sommet de la graine; la chalaze à l’extrémité opposée. U embryon est droit ,

entouré d’un périsperme charnu plus ou moins épais , ou plus i a/ ement / ecou vert immédiatement par le tégument : la radicule est supérieure , petite , co- nique : les cotylédons sont linéaires ou oblongs , selon qu ils prennent p us ou moins de développement aux dépens du périsperme.

£11. Des graines dans le genre Erythroxylum. —Dans YE. hypericifohum et plusieurs autres espèces que nous avons eu l’occasion d’analyser dans les dd- férenles collections de Paçis, l’embryon est linéaire, entouré par un pen sperme épais, tel en un mot que l’a décrit M. Kunth dans ses Nova genera; mais quatre denos espèces brésiliennes, dont nous possédons des frmts dans un état parfait de maturité, nous ont offert des modifications de cet organe qu’il ne sera point inutile de signaler. Dans YE. frangulœ folium (i) 1 em- bryon est oblong, entouré d’un périsperme assez épais ; dans les E. subrotun- dum (2) et Pelleterianum (3), le périsperme est peu épais , inégal dans son épaisseur, l’embryon prend un plus grand développement; enfin dans \E. de- ciduum (4), l’embryon remplit toute la cavité du péricarpe et se trouve im- médiatement recouvert par un tégument mince et membraneux, a presence ou l’absence du périsperme n’ont donc qu’une valeur spécifique dans le genre

Erythroxylum .

EXPLICATION DES FIGURES.

A. Erythroxylum suberosum : 1. Fleur tvès-grossie. 2. Petale, vu pai sa face

-3 PistU. 4- Ovaire coupé transversalement, afin de montrer ses trors loges , don. une seule contient un ovule.-5. Coupe longitudinale du même organe , pour » '

taclre de l’ovule. -B. E. deciduum , Fruit grossi , portant a sa base le cal, ce persistant et les restes des étamines. -a. Coupe longitudinale du fruit, pour montrer 1 embrun immédiatement recouvert par un tégument mince et membraneux.

(1) E. frangulœ folium ; foliis ovatis laiiceolatisve , acuminatis; floribus solitariis tei ms, ex

axillis squamarum nascentibus; staminibus pistillo brevioribus solitariis vel

(2) E. subrotundum: foliis obovato- rotundis , obtusissimis; floribus axilla,. bus, solita,

paucis; staminibus pistillo duplò longioribus. «ibtùs ferru-

(3) E. Pelleterianum ■. foliis oblongis , basi acutis, apice obtusis , emaigi oineis- ramulis basi floriferis; floribus ex axillis squamarum nascentibus.

° «) E. deciduum , foliis obovMO-oblongis , apice obtusissimis, bssiacnt.s ; flonlrus f.ecrenl.n , staminibus pistillo longioribus.

LANTANA PSEUDO-THEA.

* LANTANA FAUX-THÉ.

FAMILLE DES YEREÉNACÉES.

L. viscosa , hirta y J'oins sessilibus , obovatis oblongisve , cuneatis obtusiusculis , crenatis , reticulato-nervosis y floribus capitatis, bracteatis .

Lantana pseuclo-thea. Aug. de St. - FUI. m. s. s.

Nom vulgaire : Capitao do matto, Cha de pedreste.

Description. Arbrisseau d’environ 5 pieds, très- visqueux, et couveit sui toutes ses parties de poils plus ou moins épais. Rameaux cylindriques, nus vers leur base, et portant les cicatrices des anciennes feuilles : entre-nœuds très-courts. Feuilles oppo- sées, en croix, sessiles, longues de 1-2 pouces, larges de 6-10 lignes, oblongues ou obovaies, cunéiformes à leur base, rétrécies vers leur sommet et légèrement obtuses , crénelées , épaisses , parcourues par un grand nombre de nervures proéminentes en dessous, et formant en dessus des sillons dirigés dans tous les sens. Poils courts, roides, plus épais vers le sommet des rameaux et sur la face postérieure des feuilles, portant le plus souvent un petit globule à leur sommet. Pédoncules situés aux aisselles des feuilles supérieures et à peine plus courts qu’elles, solitaires, nus dans leur plus grande partie , hispides, portant à leur sommet les fleurs dont l’ensemble forme une petite tête de 3 lignes de diamètre environ et sous chacune desquelles est une bractée longue de 2-3 lignes et presque également large , sessile , cordi forme, parcourue par des vaisseaux qui s’anastomosent en réseau, velue, ciliée. Calice court , hispide , à deux lèvres bifides et situées latéra- lement par rapport à Taxe. Corolle un peu plus longue que la bractée sous-tendue à l’époque de la floraison, tubuleuse: tube LXX.

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inférieurement glabre, droit et rétréci, légèrement hispide, recourbé et renilé au-dessus de son quart supérieur; limbe courtement et obliquement quadrilobé, dont les deux lobes latéraux, plus petits, sont extérieurs et recouvrent les deux autres dans la préfloraison , et dont le supérieur recouvre l’inférieur deux fois plus long que lui; tous quatre sont larges, obtus, ou présentent meme un petit sinus. Quatre Étamines, alternant avec les lobes de la corolle, insérées à son tube vers le tiers de sa hauteur, deux (ce sont les supérieures) un peu plus bas que les deux autres : filets courts, re- coui bes . anthères insérées par un point de leur face dorsale, bilocu- laires , s ouvrant en dedans par deux fentes longitudinales. Style, n atteignant pas 1 insertion des étamines, rétréci à sa base, inéga- lement cylindrique dans le reste de sa longueur. Stigmate à deux lobes inégaux; l’un plus court et droit, l'autre plus long et recourbé en bas en crochet. Ovaire irrégulièrement globuleux, de manière que l’insertion du style est légèrement latérale, glabre à l’ex- térieur, biloculaire à l’intérieur : dans chacune des loges, un ovule unique inséré vers sa base et ascendant. Nous n’avons pas eu de fruit à notre disposition.

Localités. Cette espèce est commune sur la Serra de Cadonga , auprès du bourg de Tapanhoacanga dans la province de Minas geraes , elle végète au milieu des rochers quartzeux; on la trouve aussi dans le district des diamans. Elle fleurit au mois de mars.

Usages. Les feuilles exhalent une odeur très-aromatique; séchées et prises en infusion , elles donnent une ' boisson extrêmement agréable et très-estimée dans le pays. M. Auguste de Saint-Hilaire, qui en a fait un long usage, la préférait au véritable thé. La culture du Lantana pseudo -thea pourrait donc devenir un jour un objet important pour le Brésil, et affranchir ce pays d’une

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importation onéreuse. Nous rappellerons que des propriétés ana- logues ont déjà été signalées parM. Auguste de Saint-Hilaire dans une plante de la même famille, le Verbena jamaïcensis ; mais l'infusion que l’on obtient avec ses feuilles, est loin d’être aussi agréable que celle du Lantana pseudo-thea.

EXPLICATION DES FIGURES.

ï. Fleur très-grossie , vue du côté supérieur. 2. Corolle fendue dans sa longueur, par une section qui s’étend du lobe supérieur à la base du tube, et étalée. On voit les quatre étamines insérées à ce tube , et en bas le pistil qu’il cachait. 3. Section verticale de l’ovaire.

PL. XXX

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