■*niilir>>i^t^>lMiin>mNi *LlM*IHl'MMI«l t0im iiUCf P tiK 'ANATOMIE 0HreïfROI< mjHmmÊiÊmsÊi^^ ^ TUFTS UNIVERSITY LIBRARIES 3 9090 014 531 392 V V s.- U wJ \dï Family Library of Veterinary il'IediCii le CuTimings School of Vci.ennafy Medicine at Tuits University 200 Westboro Road MnrthGraftnn i\yîAni53fi . .->- Librairie de P. ASSELIN, Place de l'École-de-Médecine. NOUVEAU DICTIONNAIRE PRATIQUE MÉDECINE, DE CHIRURGIE ET D'HYGIÈNE VÉTÉRINAIRES PUIiLIÉ PAU MM. II. BOIj'LEY, membre de l'Institut, inspecteur géuénil des Ecoles Vclérinaires de France et REYNAL, directeur de l'Ecole Vétérinaire d'Alfort AVEC LA COLLABOnATIOX D'UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS ET DE VÉTÉRINAIRES PRATICIENS QUI SONT rorn les dix prejiiers volumes MM. ARLOING, BAILLET, P. BROCA, CHAUVEAD, CLÉMENT, CRUZEL, DELPECH, E. FISCHER, Louis FLEURY, Eug. GAYOT. J. GOURDON, A. LAVOCAT, LEBLANC, MAGKE, MERCHE, PATTE, PEUCH, Eug. RENAULT, REY, SAINT-CYR, A. SANSON, TABOURIN, TRASBOT, S. VERHEYEN, ZUNDEL. MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE LA SOUSCitlPTION Le Nouveau Dictionnaire pratique de Médecine, de Chirurgie et d'Hygiène vétérinaires se composera d'environ 18 forts vol. in-8, qui paraîtront successivement. Le prix de chaque volume est de 7 fr. oO rendu frauco dans toute la France et l'Algérie. H^cs tomes I à X sont en vente, le tuine XS est sous pt-esse. TRAITE D'OBSTÉTRIQUE VÉTÉRIMAIRE ou ÉTUDE DE l'aCCOUCHEMENT NORMAL ET LABORIEUX {^HEZ NOS PRINCIPALES FEMELLES DOMESTIQUES Par sa. ^aint-Cyr, Professeur à l'École Vétérinaire de Lyon l'n fort vol. gnind iii-8, avec 100 fig. intercalées dans le texte IS?-'» Cartonné à l'anglaise PRIX. : 14 francs. TRAin DE LA POLICE SANITAIRE DES AlliAOX OQIÏIESTIQUEJ Par M. REYNAL Directeur de l'École vétérinaire d'Alfort Professeur de police sanitaire et de juri-iprudence commerciale à la même École Un très-lbi'l. volume in-8 Avec une carie inilii|uant la marche de la pesle bovine dans les États de l'Europe centrale Cartonné à l'anfjlaise. PRIX : 16 francs. TRAITÉ DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL ET DES PRIXCIPAUX ANIMAUX DOMESTIQUES PAR LECOQ ex-directeur de l'École vétérinaire de Lyon, ex-iuspeeteur des Écoles vétérinaires de France. 5" édition, 187C, 1 vol. in-8, cartonné ù l'anglaise. Prix : 9 francs. Librairie de P. ASSELIN, place de l'École-de-Médecine. TUAIÏI-: DE L'ÉLEVAGE ET DES MALADIES DES ANIfflAUX ET OISEAUX DE BASSE-COUR ET DES OISEAUX D ' A O RÉ M E N T Par A. BÈHIOU , médecin-vétérinaire à Angers. i vol. i;r. iii-lS. avec de uumbrcuscs lig.'daiis le texte, cartonné à l'anijlaise. 1873. Prix : 7 fr. TUAITÉ DE l/ÉLKVAGE ET DES MALADIES Dl PORC Par A. BENION, médecin-vétérinaire vol. pr. in-lS, avec figures, cartonné à l'anglaise. 1872. Prix 6 fr. bO TRAITÉ DE L'ÉLEYAGE ET DES MALADIES DE LA CHÈVRE l'AR A. BÉNION, MÉDEGIN-YKTÉRINAtRE 1 vol. gr. in-lS, avec fig., cartonné à l'anglaise 3 fr. TRAITÉ DE L'ÉLEVAGE ET DES MALADIES DU MOUTON Par A. BÉNION, médecin-vétérinaire 1 vol. gr. iu-18, avec fig., cartonné à l'anglaise. 1874. Prix.... 9 fr. DÉONTOLOGIE VÉTÉRINAIRE DEVOIRS ET DROITS DES VÉTÉRINAIRES OUVRAGE COUUONNÉ PAR LA SOCIÉTK NATIONALE ET CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE (Médaille d'Or — 1875) UTILE AIX VfeTlîRINAlKES, AlA JlItlSCONSlLTES ET AIX AGIUCI LTEIRS PAU i:.>iim: tiiikruy vétérinaire à Tonnerre (Yonne), membre coiTesponilant de la Société centrale de médecine vétérinaire, de la Société académique de l'Aube, etc., etc. 1 joli volume in-18, carloniié à l'anglaise. Prix : 5 fr. PRECIS DE f r CHIRURGIE VETERINAIRE Conniiii.. — Typ. cl «lor. lie tjii.TS fiLS. PRÉCIS DK CHIRURGIE VÉTÉRINAIRE C 0 M P R E N A N I' L'ANATOMIE CHIRURGICALE ET LA MÉDECINE OPÉRATOIRE PAR JIM. PEUCII CHEF DE SKRVICE DK CLIMOUE ET DE CHIIIURGIE A l'École vétérinaire de lïo.n TOUSSAINT CHEF DE SERVICE d'aNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE A l'École vétérinaire de lyun TOME PREMIER PARIS p. ASSELLN, LIBRAIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET DK I.A SOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉIJECINE VÉTÉRINAIRE Place de l'École-de-Médecine 1876 Droits do traduction réservés. ; ' t . ï M. H. BOULEY MEMBRE DE l'iNSTITUT VICE-PRÉSIDENT DE l'aCADÉMIE DE MÉDECINE OFFICIER DE LA LÉGION d'hONNEUR INSPECTEUR GÉNÉRAL DES ÉCOLES VÉTÉRINAIRES DE FRANCE Respectueux hommage. F. PEUCH ; H. TOUSSAINT. PREFACE Si l'on jette un coup d'œil sur les écrits que les hippiàtres nous ont légués, on reconnaît bien \ite que jusqu'au milieu du siècle dernier la chirurgie vétérinaire, exercée par des hommes ignorants, esclaves de la routine, n'était qu'un chaos informe sans méthodes ni principes. C'est aux deux Lafosse et à Bour- gelat que revient l'honneur d'avoir inauguré, dans notre chi- rurgie, une ère nouvelle ; Bourgelat surtout, en fondant les écoles vétérinaires, a fait de cette branche de la science un art raisonné, ayant ses règles et ses préceptes. Reproduire ces règles en les basant sur des données anato- miques exactes et précises et en les réduisant à ce qu'elles ont de plus essentiellement applicable à la pratique ; résumer et condenser en quelque sorte les matériaux si nombreux que renferment nos publications périodiques et les ouvrages de nos prédécesseurs, Chabert, Gohier, Hurtrel d'Arboval, Vatel, Brogniez, MM. Gourdon, Bouley et Reynal, tel est le but que nous nous sommes proposé en écrivant cet ouvrage. Développons notre pensée. L'art chirurgical vétérinaire est subordonné dans ses appli- X PRÉFACE. cations aux résultais économiques que les opérations peuvent produire, du moins dans la plupart des cas. Il n'est pas nécessaire d'insister longuement pour faire com- prendre qu'une opération chirurgicale ne doit être pratiquée chez nos grands animaux domestiques, qu'autant que les frais qu'elle entraîne ne sont point trop élevés et surtout ne dé- passent pas la valeur du sujet. Malgré cela, la chirurgie vé- térinaire rend à l'industrie et à l'agriculture d'importants services, soit en contribuant pour une large part à la répara- lion des machines vivantes qui fournissent trop souvent une somme de travail dépassant leur force de résistance, d'où la formation de lésions variées, intéressant principalement l'ap- pareil locomoteur; soit en leur taisant subir des modifications fonctionnelles d'oii résulte une appropriation plus parfaite des animaux aux divers besoins de l'homme. A un autre point de vue la chirurgie vétérinaire offre une importance que l'on ne saurait méconnaître : nous voulons par- ler des applications qu'elle reçoit chez les petits animaux do- mestiques, le chien notamment. Ici, la question économique est secondaire ; chacun sait en effet que le chien vit souvent dans l'intimité de la famille ; c'est en quelque sorte l'ami de la maison, et, pour prolonger son existence, beaucoup de per- sonnes ne reculent pas devant les sacrifices d'argent qu'il leur faut faire. Lorsque le praticien a décidé qu'une opération serait effec- tuée, il doil, ])Ourla mènera bien, posséder une grande habileté manuelle en même temps qu'une connaissance approfondie de l'analomie et de la physiologie. PRÉFACE. XI (( Le chirurgien, dit M. II. Boiiley, qui est éclairé parles lu- mières de ces sciences sait, quand il va entreprendre une opé- ration dans une région déterminée, quels sont les organes qui entrent dans la composition de cette région, dans quel ordre ils se superposent, quels sont leurs rapports respectifs, quelle est leur structure, et, partant, quelles sont leurs propriétés physi- ques, chimiques et vitales ; enfin, quelle est leur fonction spé- ciale et l'importance du rOle de cette fonction, relativement à l'économie tout entière. — Grâce à cet ensemble de notions qui se présentent immédiatement à sa pensée, avec une sorte de soudaineté, le chirurgien peut voir à travers les tissus, pour ainsi dire, comme s'ils étaient transparents ; il sait jusqu'à quelle profondeur il lui est permis de porter l'instrument des- tructeur ; quels sont les organes qu'il doit scrupuleusement mé- nager, sous peine de dommages irréparables ; quels sont ceux qui peuvent être atteints avec impunité ; et enfin quand l'opé- ration est terminée^ il lui est possible de prévoir, d'après la nature des tissus intéressés, quelle marche suivra le travail de la cicatrisation, quelle sera sa durée, quelles sont les complica- tions qui peuvent intervenir (I). » Celte citation, empruntée au représentant le plus éminent de la chirurgie vétérinaire fran- çaise, témoigne hautement de l'importance que présentent les études d'anatomie et de physiologie envisagées au point de vue chirurgical. D' Il faut bien le dire, jusqu'à présent en médecine vétérinaire on n'avait pas donné à Yanatomie chirurgicale toute l'impor- tance qu'elle doit avoir. Aucun traité didactique n'existe en (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaires, t. IH, p. 038. -MI PRÉFACE. France ou à Félranger. Nous avons cherché à combler cette lacune en consacrant la première partie de notre ouvrage à celte branche si essentielle des sciences médicales. A l'exemple de IMalgaigiie et de Ricliet, que nous avons pris pour guides dans cette tâche, nous avons consacré un premier livre à l'anatomie générale dans ses rapports avec la chirurgie : les descriptions his- tologiques proprement dites y tiennent peu de place, nous nous sommes bornés aux données immédiatement applicables à la chirurgie. Dans le deuxième livre, qui a trait aux régions, nous avons examiné successivement toutes les parties du corps, en adoptant autant que possible l'ordre et les limites admises en extérieur, mais sans nous astreindre à suivre exactement les errements souvent bizarres qui ont présidé aux choix des noms et àla délimitation des régions. Celles-ci ont surtout été distri- l)uées d'après les organes importants qu'elles renferment. Nous avons adopté, dans cette étude, la marche que le chirur- gien doit suivre dans une opération. Après avoir indiqué som- mairement les formes dune région et signalé les points de repère essentiels, nous avons examiné, couche par couche, le tissu conjonctil', les aponévroses, les muscles, les organes propres h cette région, puis les vaisseaux et les nerfs. On comprend qu'ici il ne pouvait être question de description, l'énumération des organes, leurs limites et leurs rapports devaient seuls nous occuper; l'étude de l'anatomie chirurgicale exige en effet une étude préalable, celle de l'anatomie descriptive, dont elle n'est qu'une application spéciale. 11 est presque inutile de dire que l'étude type a été faite sur le cheval ; les diU'érences principales que présentent les autres PRÉFACE. XUI animaux domestiques ont été signalées et placées en petits ca- ractères à la suite de la description principale. Nous aurions désiré que chaque paragraphe fût accompagné de figures, di- verses circonstances nous en ont empêché; nous sommes les premiers à le regretter. Les descriptions anatomiques de cette première partie ne font pas douhle emploi avec celles qui se trouvent dans la se- conde ; ici en effet on n'a donné que les indications sommaires indispensahles pour la honne exécution des opérations dites ré- glées. L'anatomie chirurgicale, telle que nous la comprenons, doit donner au chirurgien le moyen de se rendre un compte exact de la gravité d'une hlessure, quelle qu'elle soit et dans quelque partie du corps qu'elle se trouve, el!e lui donne aussi la manière d'opérer sans coup férir sur des organes qu'il faut envisager d'un seul coup d'oeil dans leurs rapports essentiels ; elle le guide dans tous les cas si nombreux qui ne peuvent être prévus dans le manuel opératoire réglé, puisque deux cas ne sont jamais absolument identiques l'un à l'autre ; elle le met enfin en mesure de juger et d'agir quel que soit le cas présenté. La deuxième partie de notre Précis de chirurgie vétérinaire est consacrée à la médecine opératoire, c'est-à-dire à l'étude des indications ai contre-indications des opérations, du manuel opé- ratoire proprement dit, des effets et accidents que l'on peut observer dans la pratique chirurgicale. L'ordre que nous avons suivi pour cette partie de notre ouvrage est des plus simples. Ainsi, après avoir parlé des XIV PRÉFACE. moyens de contention des animaux domestiques, nous divi- sons, à l'exemple de Malgaigne, l'étude des opérations en trois groupes. Dans le premier, nous plaçons les cUments des opérations, exemples : incisions, dissections, ponctions, hémostasie, etc. Dans le second, les opérations générales^ c'est-à-dire celles qui se pratiquent indistinctement dans diverses régions du corps; exemples : saignée, séton, feu, etc. Dans le troisième, les oplralions spéciales, c'est-à-dire celles que l'on effectue dans des régions déterminées; exemples: trépanation, hyovertébrotomie, trachéotomie, etc. Nous ferons remarquer que notre Précis de chiruryie vétéri- naire se compose de deux \olumes : le premier comprend l'a- natomie chirurgicale et une partie de la médecine opératoire, notamment les moyens d'hémostase, la description des divers bandages que l'on peut employer chez le cheval et le chien, de nouvelles considérations pratiques sur l'emploi des anes- thésiques, l'application du feu, les injections iodées, etc. — Le second volume renfermera avec une étude détaillée des entorses, luxations et fi-actures, toutes les opérations spéciales ou de grande chirurgie en examinant successivement celles qui se pratiquent sur la tète, le tronc et les membres. Pour accomplir ce travail, formé de deux parties distinctes, nous avons, — chacun de notre côté — concentré nos efforts sur la tâche que nous nous étions tracée d'après les études journalières auxquelles nos positions respectives, dans l'ensei- gnement vétérinaire, nous astreignent; nous avons protité, le PRÉFACE. XV plus largement possible, des ressources que les amphithéâtres de clinique et d'anatomie de l'école de Lyon présentent, et nous avons pu, de la sorte, contrôler par des recherches expérimen- tales et des dissections les données fournies par nos devan- ciers; nous n'avons pas négligé non plus les recherches biblio- graphiques. En outre, M. H. Bouley, membre de l'Institut, inspecteur général de nos écoles, a bien voulu nous éclairer de ses lu- mières et de ses conseils ; M. H. Bouley, dont la haute posi- tion scientifique jette un si vif éclat sur la médecine vétéi-inaire, a lu et annoté les épreuves de notre livre, mettant ainsi à notre disposition les fruits de cette pratique si variée et si féconde que la chnique d'Alfort lui a fournis pendant de longues années. Qu'il veuille bien nous permettre de lui dédier cette œuvre comme témoignage de notre profonde reconnaissance. M. le professeur Saint-Gyr nous a également prêté son con- cours ; nous sommes heureux de lui exprimer ici toute notre gratitude. Plusieurs praticiens, parmi lesquels nous citerons MM. Char- her, Moisant, Lelièvre, nous ont communiqué des observations dont nous avons fait largement notre profit et pour lesquels nous leur adressons tous nosremercîments ; M. Lelièvre surtout nous a donné sur le bistournage du cheval de nouveaux détails accompagnés de photographies que nous avons reproduites et qui représentent les différents temps de l'opération, la position à donner à l'animal, l'attitude de l'opérateur. Ajoutons que de nombreuses figures, intercalées dans le texte, XVI PREFACE. complètent en quelque sorte nos descriptions et permettent au lecteur de se rendre compte des dispositions variées des instru- ments ou appareils, des manœuvres opératoires et de l'ana- tomie des régions. Ces figures, faites d'après nature, sont dues en grande partie au crayon de M. Lombard, l'un des artistes les plus distingués de notre ville; elles ont été reportées sur bois, avec beaucoup de talent, par M. G. Nicolet, que notre éditeur, M. Asselin, avait chargé de cette partie importante de l'ouvra.i^e. ^O'^ Grâce à cet ensemble de moyens, nous osons espérer que ce livre sera pour les élèves un guide qui facilitera leur initiation à l'art chirurgical, et pour les praticiens un résumé fidèle où ils pourront puiser des renseignements exacts. Terminons en adressante M. Asselin nos remercîments les plus vifs, d'une part, pour les soins qu'il a apportés à l'exécution typographique de cet ouvrage, et, d'autre part, pour l'empres- sement avec lequel il nous a fait parvenir la plupart des docu- ments nécessaires à la réalisation de la tâche que nous avions entreprise. F. PEUCII ; II. TOUSSAINT. Août 1870. PRÉCIS DE CniRURdlE YETÉRINAIRE PREMIÈRE PARTIE ANATOMIE CHIRURGICALE LIVRE PREMIER ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE CHAPITRE PREMIER DES TÉGUMENTS Les téguments comprennent la peau et les mur/ueuses. Ces deux sortes de membranes, continues au niveau des ouvertures naturelles, contiennent entre elles tous les organes dont l'ensemble constitue le corps ; c'est par leur intermédiaire que les animaux se mettent en rapport avec le monde extérieur. Indépendamment du fait de leur continuité, la peau el les muqueuses possèdent de grandes analogies de structure et de propriétés qui font généralement rapprocher leur histoire. De plus, quelle que soit Topé- ration que le chirurgien ait à pratiquer, il est obligé d'intéresser d'abord l'une ou l'autre de ces membranes. § i". — De la peau. La peau, enveloppe extérieure du corps, est l'organe du tact et du toucher. Sensible et résistante, elle avertit l'animal du contact des corps étrangers, en même temps qu'elle le préserve de leur action Peich et Toussaint. — Chirur(jic. i 2 ANATOMJE GÉNÉRALE CniRURGICALE. trop immédiate. Sa souplesse lui permet de se mouler sur les organes qu'elle recouvre et dont elle accuse les saillies, les dépressions et les méplats; dans certains cas, cependant, par ses replis et ses rides, elle impose à la région une forme particulière tenant à sa constitution propre. Chez les mammifères, la surface de la peau est recouverte de poils plus ou moins longs et serrés, qui cachent en partie les divers reliefs dus aux organes sous-jacents ; mais, lorsqu'ils disparaissent à la vue, on peut toujours se rendre compte de leur modelé par l'exploration faite avec la main. Les plis de la peau tiennent à diverses causes : la contraction mus- culaire en produit de nombreux qui disparaissent par le repos des muscles. Beaucoup sont permanents; à la face et aux paupières no- tamment, ces plis jouent un rôle important dans le diagnostic de cer- taines affections. Lorsque la peau a été distendue l(?calement par une cause physiologique ou pathologique, et que cette cause a disparu subitement, la peau ne revient que lentement sur elle-même, et elle conserve, pendant un temps assez long et quelquefois même pour tou- jours, des plis particuliers, de formes et de directions différentes, mais toujours facilement reconnaissables. Enfin, d'autres replis plus impor- tants se forment aux environs des articulations et aux points d'attache des membres avec le tronc et, en général, des parties mobiles avec celles qui restent fixes ; ce sont ces replis que Cruveilhier appelle des plis de locomotion, ils méritent une attention toute spéciale. Outre ses plis, la peau présente des saillies plus ou moins marquées, suivant les régions. Certaines sont dues aux os, comme celles du genou, du jarret, de l'orbite, des hanches, etc., ou bien aux muscles, ainsi qu'on le remarque dans presque toutes les parties du corps et surtout au cou et dans les régions supérieures des membres ; les tendons, les ligaments s'accusent souvent aussi de la manière la plus nette, témoin les régions du métacarpe et du boulet. L'accumulation du tissu adi- peux peut donner temporairement des formes spéciales à l'extérieur de la peau. Sous ce rapport, les animaux soumis ;\ l'engraissement présentent des particularités très-curieuses, car le tégument externe, rattaché aux organes sous-jacents par des brides aponévrotiques que la graisse est impuissante à distendre au delà d'une certaine mesure, forme alors des plicatures qui coupent en travers les masses adipeuses et les fait ressembler à des monticules arrondis et comme surajoutés pièce à pièce; cette disposition se rencontre assez rarement sur le che- val, mais les races bovines, ovines ou porcines, d'engraissement facile, les Durham, les Dishley et les Yorkshire, nous en offrent parfois de singuliers exemples. 11 est toujours facile de distinguer ce qui est graisse de ce qui est masse musculaire. La face profonde de la peau adhère plus ou moins intimement aux organes. Quelquefois, elle lait corps avec eux et subit tous leurs chan- DES TEGUMENTS. 3 gements de forme, comme on le voil aux lèvres, par exemple, où les fibres musculaires s'insèrent directement sur le derme ; une certaine adhérence se remarque aussi dans les régions inférieures des membres, mais elle est d'une toute autre nature; elle tient ici au peu de dévelop- pement de la peau ou à sa continuité avec des parties solides; mais, ;i part quelques exceptions, presque partout on trouve, au-dessous de la peau, une couche conjonctive lâche, qui permet des déplacements plus ou moins considérables, dont le chirurgien tire un grand profit, soit pour former un repli au moment de passer un séton, soit encore pour rapprocher les lèvres d'une plaie, mcMiie après une perte de subs- tance étendue. Les variétés dans la facilité de locomotion des diverses parties de la peau commandent les procédés opératoires employés pour la réunion des plaies. On ne doit point oubher non plus que c'est par sa face profonde que la peau reçoit les vaisseaux et les nerfs qui vont lui porter la nutrition et la sensibilité; ces organes traversent perpendiculairement le tissu conjonctif pour aborder le derme et s'y ramifier. Quoique celui-ci présente des réseaux vasculaires et nerveux, capables de se suppléer dans une certaine mesure, lorsque quelques-unes des branches prin- cipales qui les alimentent viennent à manquer, il ne serait pas prudent de les détruire, même sur une étendue peu considérable. On devra donc considérer comme très-important, lorsqu'on aura à agir dans les cas de phlegmons sous-cutanés, de respecter, lors des explorations avec le doigt ou les instruments, les adhérences qui retiennent encore la peau aux parties profondes, car ces brides renferment des vaisseaux et des nerfs, ayant résisté plus longtemps que le tissu conjonctif à l'action destructive du pus et de la sérosité. C'est par la déchirure des brides vasculo-nerveuses que les accumulations de Hquides, occu- pant une grande surface, entraînent presque toujours la gangrène de la peau, d'où l'indication de pratiquer de bonne heure des contre- ouvertures permettant un libre écoulement aux produits de l'infiam- mation au fur et à mesure de leur formation. L'épaisseur de la peau est très-variable selon les régions : extrê- mement fine aux paupières, au périnée, à l'anus ; elle présente sa plus grande épaisseur aux membres et surtout aux membres postérieurs, au-dessous du jarret et à la couronne. L'épaisseur de la peau doit être prise en grande considération : ce qui fait la gravité des abcès de la région digitale, c'est que la peau si épaisse de cette région oppose un obstacle difficilement surmontable à leur évolution. Les abcès super- ficiels se comportent alors comme des abcès profonds et se compli- quent souvent de gangrène. La résistance et Vélasticité de la peau sont considérables ; c'est à ces deux propriétés qu'elle doit de pouvoir se distendre d'une façon vrai- ment extraordinaire dans certains cas de tumeurs, ou de développe- 4 ANATOMIE GÉNÉRAI-E CHIRlJRGICALl!:. iiiL'iil auoi'inal dos organes abdominaux, i)ar c'XL'ni|)k', cl aus^^i ûc résister ;\ des chocs dont la violence peut déterminer la rupture des muscles sous-jaccnts ou broyer des organes. Je me souviens, à celte occasion, d'une autopsie que J'eus, il y a quelques années, l'occasion de faire et dans laquelle je rencontrai des lésions bien étonnantes. Il s'a- gissait d'un cheval tué à l'écurie même, et à coups de pied par son voi- sin, que l'on avait négligé de séparer par un bat-flanc. Plusieurs coups, appliqués sur les parois abdominales, avaient déchiré complète- ment les couches musculaires et aponévrotiques, et amené ainsi des hernies intestinales considérables; l'une des ruades portant sur les cô- tes avait, sans enlever un i)(iil, l'racturé les douzième, treizième et qua- torzième côtes en deux endroits, tout en déchirant les muscles inter- costaux dans les onzième et quatorzième espaces. Le lambeau musculo- osseux, complètement détaché par en bas du reste de la paroi thoracique et violenuBent refoulé dans la cavité pectorale, après avoir déchiré le lobe pulmonaire gauche dans nue large étendue, avait fini enfin par faire au diaphragme une incision de la largeur de la main par laquelle les intestins avaient pu pénétrer dans la poitrine. La mort était survenue quelques instants après, elle était le résultat du pneumo- thorax et d'épanchements sanguins considérables. Nous n'insisterons pas davantage sur ce sujet; il n'est pas de prati- cien qui n'ait observé, sinon des cas aussi graves, tout au moins des hernies intestinales par déchirure des parois abdominales, ou des tu- meurs sanguines sans lésions de la peau sur le cheval ou sur le bœuf, et n'ait eu ainsi l'occasion de s'assurer de la grande force de résistance et de l'élasticité de la peau. Cette élasticité a cependant des limites, surtout lorsqu'elle n'est pas favorisée par une certaine locomotion; dans les membres, la peau, malgré son peu d'étendue acquiert dans certains cas d'œdème un développement considérable ; mais alors il arrive souvent que la dis- tension a été trop brusque ou poussée trop loin, et que le derme s'est déchiré, en formanl des O'evasses ou des vergetwes plus ou moins étendues. Structure de la peau. — La pcau est composéc du derme et de Vépi- dc7'me. On rencontre dans son épaisseur des glandes sudoripares et sébacées, elle sécrète constamment des productions épilhéliales d'une très-grande importance, les poils et la corne. Nous allons étudier ces din'érenles parties avec quek[ues détails. Le dcnnc peut se diviser en partie réliculaire et partie papillaire. La partie réticulaire est la plus profonde, elle est constituée par un feu- trage de gros faisceaux de tissu conjonctif, accompagnés de nombreuses fibres élasliciues formanl de beaux réseaux, et parsemés de cellules de tissu conjouclif. Des \aisseaux et des nerfs nombreux s'arrêtent dans cette partie ou bien la traversent pour se rendre à la portion papillaire. On y rencontre égalemeni de [)etils faisceaux de muscles lisses, alla- DES TEGUMENTS. 5 ('lies par nno de leurs extrémités vers le fond du follicule pileux et tra- versant obliquement le derme pour s'insérer dans ses couches super- ficielles. Le derme est criblé d'ouvertures, de culs-de-sac, qui logent les poils et les glandes sébacées et sudoripares. Par sa face profonde, la portion réticulaire se continue avec le tissu conjonctif sous-cutané; la transition est insensible; aussi dans les par- ties profondes, les faisceaux de tissu conjonctif sont peu serrés et lais- sent entre eux des espaces remplis par de la graisse ; mais à mesure qu'on se rapproche des parties superllcielles, le derme devient de plus en plus dense; au voisinage de l'épiderme, dans la portion papillaire, les fibres élastiques disparaissent, les faisceaux conjonctifs sont extrê- mement compactes et forment une couche presque homogène, ce qui avait fait croire à certains auteurs à l'existence d'une membi^ane amorphe (Hcnle). [Basement-memhrune, de Todd et Bowmann.] La portion papil- laire est contiguë à l'épiderme; elle est d'un gris-rougeàtre; elle doit son nom aux petites élevures spéciales qu'elle présente à sa superficie et qui renferment des expansions terminales des nerfs ou des anses vasculaires. On les désigne sous le nom de papilles. Les papilles se rangent en séries parallèles ou se disséminent sans ordre; elles sont distinguées, eu égard aux organes qu'elles contiennent, en papilles vasculaires et papilles nerveuses. Ces dernières servent à la sensibilité générale et surtout au toucher, aussi sont-elles les plus nom- breuses et les rencontre-t-on surtout dans les parties du corps plus spécialement aft'ectées à ce sens, comme les lèvres, la bouche, le vagin, le pénis, les extrémités des membres, et en général autour des ouver- tures naturelles. Dans les autres parties, elles sont beaucoup plus rares, peu développées, et sous la forme de simples aspérités. Chez l'homme, la disposition souvent parallèle des séries de papilles se reflète jusqu'à la surface de l'épiderme, comme on le voit à la paume de la main, mais chez les animaux, à part quelques rares exceptions, parmi lesquelles nous citerons le mufle de la vache, l'épiderme, très-épais, comble sans laisser de traces extérieures, les espaces intermédiaires que la présence de poils nombreux rendrait d'ailleurs très-difîciles à saisir. Sur une coupe mince et au microscope, les papilles apparaissent sous la forme de saillies demi-transparentes, flexibles et résistantes, coniques, fili- formes ou en massues ; elles peuvent être simples ou composées, c'est- à-dire isolées ou réunies en petit nombre sur une sorte de pédicule ou de mamelon. Leurs dimensions sont extrêmement variables, on peut dire qu'en général elles sont développées dans les points où elles se montrent nombreuses, et surtout si la région est astreinte, par ses fonctions, à posséder un épithélium très-épais; cela est facile à constater pour la langue, les coussinets plantaires du chien, le mufle de la vache. Nous reviendrons plus loin sur la structure et le rôle des papilles en parlant des nerfs de la peau. 6 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. \jêpidermc recouvre la surface du derme et se moule sur lui de la la- (;on la plus exacte. Sa face profonde présente en creux les aspérités, les papilles du derme et montre des reliefs correspondant à ses vallons. L'épidorme est exclusivement formé de cellules qui, toutes, naissent à la surface du derme ; les cellules de nouvelle formation repoussent constamment celles qui se sont formées avant elles et qui changent d'aspect en traversant les divers étages de la couche épidermique. L'as- pect et les propriétés chimiques des cellules aux différents moments de leur existence permettent de diviser l'épiderme en deux sections bien distinctes, la couche muqueuse et la couche co)mée. La couche muqueuse, réseau ou coi'ps muqueux de Malpighi, recouvre immédiatement le derme ; elle est caractérisée par des cellules molles, délicates, dont la forme varie suivant la position qu'elles occupent dans la couche. Les plus profondes sont allongées et perpendiculaires au derme, plus haut elles sont arrondies ; elles s'aplatissent légèrement en se dentelant sur leurs bords pour s'engrener avec leurs voisines, dans les parties qui confinent à la couche cornée; toutes les cellules du corps muqueux possèdent un noyau. La couche cornée forme la portion superficielle de l'épiderme, les cellules qui la compt)sent se sont converties en lamelles, qui ont encore une certaine conformation dans les parties profondes; la couche entière est stratifiée irrégulièrement, les cellules les plus superficielles se détachent du corps, par l'influence des frottements, sous forme de petites lamelles ou pellicules. Or, comme la sécrétion des cellules est continue en même temps que leur exfoliation, il s'ensuit que l'épi- derme se renouvelle constamment. Le corps muqueux de Malpighi ne représente qu'un état particulier de la période de développement des cellules de l'épiderme. Chez la plupart des animaux, l'épiderme est coloré en noir ; cette cou- leur esl (lue à des granulations pigmentaires accumulées en grand nombre dans les cellules de la couche muqueuse. Celles de la couche cornée en possèdent beaucoup moins ou même en sont complètement dépourvues ; c'est ce (jui expliciuc pourquoi dans les phlyctènes qui suivent une légère brûlure ou l'apijlication d'un vésicatoire, la pelli- cule qui se détache aune couleur grisâtre ou blanche, l'accumulaliuii de sérosité se faisant Imijours entre les deux couches de l'épiderme. L'absence de pigment dans les cellules profondes rend la peau blanche ; cette particularité se rencontre fréquemment sur certains points du corps, notamment aux lèvres, aux paupières, aux organes génitaux, au périnée et à l'anus, elle constilue les taches de ladre. Si la pigmentation manque partout, l'animal est dit a//'2'nos. La peau du porc et du mouton ne renferme qu'une petite quantité de pigment^ au moins dans les races blanches de ces espèces. L'épiderme se régénère avec la plus grande facilité après une perte de substance môme considérable, mais à la condition que le derme lui- même n'ait pas été atteint. Lorsque ce dernier est intéressé, la régéné- DES TEGUMENTS. 7 ration se fait beaucoup plus lentement, et on ne retrouve plus dans le tissu de nouvelle formation les papilles du tissu dermique sain. Lorsque la couche cornée de l'épiderme a été soulevée par des irritants ou des caustiques et qu'il s'est développé de la sérosité entre les deux couches, jamais la première ne se recolle ; il se forme une nouvelle couche cor- née par le développement tout à fait normal qui amène petit à petit les cellules du corps muqueux à la surface de la peau, sous forme de cel- lules cornées. L'épiderme, envisagé dans ses couches profondes, jouit d'une vitalité très-grande, qu'on a utilisée dans les cas de dénudationdu derme sur une grande surface. On fait dans ces cas ce qu'on appelle des greffes épidermiques, c'est-à-dire qu'on enlève d'un endroit sain une petite étendue de l'épiderme comprenant toute son épaisseur et qu'on le transplante sur la partie dénudée. L'épiderme ainsi déplacé continue à vivre, prolifère et agit comme centre en irradiant des cel- lules tout autour de lui. Cette opération, bien connue depuis les travaux de Reverdin, a rendu d'assez bons services en chirurgie humaine (1). Lorsqu'une pression continue ou renouvelée à de courts intervalles s'exerce sur un point limité, on observe souvent des épaississements morbides de l'épiderme, auxquels on donne le nom de cors, durillons, ichthyose, etc., il peut môme arriver, si la cause occasionnelle persiste, qu'une bourse séreuse se forme aux dépens du derme enflammé, et de- vienne le siège d'une sécrétion séro-purulente occasionnant de vives douleurs. Ces altérations se montrent surtout à l'épaule, à l'encolure, sur le garrot et le dos, dans les points où des harnais mal confectionnés s'appliquent inégalement à la surface de la peau. Il reste presque tou- jours, après la guérison des plaies qui résultent de l'inflammation d'un cor, des cicatrices plus ou moins étendues, dépourvues de poils si l'inflammation est arrivée jusqu'au bulbe et l'a détruit, ou simplement décolorées et sur lesquelles les poils repoussent avec une couleur blan- che, chez les animaux à robe foncée, si la lésion est moins profonde. Ces dernières considérations s'appliquent aux cicatrices en général. Les follicules pileux et les papilles ne se reforment jamais lorsqu'ils ont été détruits ; mais il n'en est pas de môme de la matière pigmentaire des cellules. Il est assez remarquable queles cicatrices, de quelque nature qu'elles soient, après avoir présenté une couleur blanche ou rosée, re- deviennent grisâtres, puis noirâtres comme le reste de la peau, par la réapparition du pigment dans l'intérieur des cellules ; ce n'est que lorsque la perte de substance a été très-considérable que le milieu de la cicatrice reste blanc. Cette cicatrice d'ailleurs occupe toujours beaucoup moins de surface que la plaie, car le tissu inodulaire jouit d'une très-grande force de rétractilité ; souvent même il fait plisser la peau en l'attirant vers le centre. (1) Voir Reverdin, Comptes rendus de la Société de Biologie, 18G9. Colrat, Thèse inaugurale. Montpellier, 1871, et A. Poncet, Lyon Médical, 1871. 8 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. Les vaisseaux de la peau sont remarquables par leur nombre, leurs anastomoses, el lalorme particulière de leurs réseaux, qui varient suivant la section de la peau à laquelle ils se rendent. Les follicules pileux, les lobules de graisse des parties profondes du derme reçoivent les pre- mières ramifications des artères qui viennent de traverser le tissu con- jonctif sous-cutané. Les glandes sudoripares et sébacées possèdent également de petits réseaux particuliers. Ce n'est qu'accidentellement que les faisceaux conjonctifs de la couche réticulaire du derme mon- trent quelques expansions vasculaires terminales. La plus grande partie des vaisseaux vient se ramifier dans les couches superficielles, où ils forment des réseaux d'une extrême richesse. De ces réseaux par- tent une foule d'anses vasculaires qui se rendent aux papilles et qui sont d'autant plus volumineuses que la papille a cUe-môme un volume plus considérable. Ces anses ondulent dans la papille ou s'enroulent en spirale. Quant aux lymphatiques, on les voit former dans la peau deux ré- seaux distincts : l'un superficiel, à mailles très-serrées età conduits très- lins, l'autre profond formé de vaisseaux plus volumineux anastomosés en mailles plus larges. Les vaisseaux qui partent de ce dernier réseau se rendent à des ganglions spéciaux et disposés de telle sorte qu'un groupe ganglionnaire reçoit les lymphatiques d'une certaine portion de la surface cutanée. Dans la plupart des inflammations ayant le derme pour siège, on voit ces ganglions se tuméfier; c'est un indice d'une inflammation dans la partie régie par ces ganglions, et il arrive que le chirurgien peut être mis ainsi sur la voie d'une inflammation que la présence des poils et du pigment lui avait tout d'abord dérobée. C'est à l'abondance des vaisseaux sanguins et lymphatiques que la peau doit sa grande facilité "d'absorption : môme lorsqu'elle possède son épiderme, la peau absorbe rapidement, surtout si limbibition est fa- cilitée par la pression ou la friction. Cette faculté d'absorber qui s'exerce si facilement sur les substances parfaitement dissoutes ne va cependant pas jusqu'à permettre l'inlro- duttion dans les vaisseaux des organites élémentaires dont la présence a été constatée dans certains virus; et, quoi qu'en aient dit certains observateurs, il n'est rien moins que démontré que les virus puissent être absorbés p;ir la peau recouverte de son épiderme intact; mais il suffît de la moindre fîssure de ce dernier pour rendre l'absorption possible, et comme ces éraillures peuvent exister sans avoir été reconnues même dans un examen attentif, l'opérateur agira sagement en prenant de grandes précautions et en s'enduisant les mains d'un corps gras; par exemple lorsqu'il aura à traiter des animaux atteints de maladies con- tagieuses. Ce n'est pas non plus lorsque les plaies sont profondes, saignantes, que l'absorption se fait le plus facilement. Tout le monde sait en effet qu'il suffît d'une simple égratignure n'ayant pas amené une seule goutte DES TEGUMENTS. 9 de sang pour (îctcrminer très-rapidement l'absorption des substances toxiques, médicamenteuses, ou virulentes. On recommande même, dans les inoculations, d'introduire les virus sous l'épiderme et d'éviter autant que possible de faire saiç^ner la plaie. Dans les cas où la plaie est saignante, la ditïïculté d'absorption tient à ce que la force de sortie du sang l'emporte sur la faculté d'absorption et surtout à ce que le sang épanché entraîne le virus avec lui et ne lui permet pas de séjourner sur la plaie. Lorsqu'on a misa nu les couches profondes de l'épiderme ou le derme par l'application d'un vésicatoire, la surface ainsi préparée absorbe avec une rapidité étonnante; cette propriété est mise à profit dans certaines médicamentations. La peau est un organe extrêmement riche en nerfs, mais dans sa [)ortion papillaire seulement ; la portion réticulairc au contraire ne renferme que ceux qui traversent cette partie pour se rendre dans les parties superficielles ou pour se distribuer aux follicules pileux, aux glandes ou aux muscles lisses. Quant aux nerfs des couches superfi- cielles du derme, ils forment de véritables réseaux d'une très-grande richesse et des organes spéciaux. Quoiqu'on ait, sous bien des rapports, élucidé les véritables termi- uaisons de certains nerfs delà peau, la question est loin d'être vidée. Actuellement voici ce que l'on sait de plus positif sur ces modes diffé- l'ents de terminaison : Il n'est point douteux que les réseaux dermo-papillaires ne soient formés par des nerfs véritablement anastomosés dans le sens le plus large que l'on puisse donner à ce mot. Ces réseaux sont alimentés par des nerfs qui se suppléent en partie lorsqu'un nerf voisin a été coupé. Les expériences de MM. Arloinget Léon Tripier (1) ne laissent pas le moindre doute sur cette question en ce qui concerne la main et le pied. Ces expériences faites sur le chien, le chat, et les faits chirurgicaux observés sur l'homme, montrent que le mécanisme de cette sensibilité est le même pour tous. Cohnhcim a rencontré ces réseaux dans la cor- née, le nerf y est réduit à son cylindre d'axe; ces réseaux, d'après Cohnheim, ne s'arrêteraient pas là, mais on pourrait voir, au moins dans la cornée, de distance en distance, de petits filaments nerveux, pénétrer entre les cellules de la couche muqueuse et se terminer entre ces cel- lules ou môme dans leur intérieur. Parmi les autres modes de terminaison des nerfs de la peau, nous ci- terons surtout ceux dans lesquels une extrémité nerveuse se termine librement dans l'intérieur de corpuscules particuliers formés de tissu conjonctif. On leur a donné d'une façon générale le nom de corpuscules sensit'fs ou de corpuscules terminaux. 1° Le corpuscule de Krause se rencontre surtout dans les muqueuses, (1) Arloing et Léon Tripier, ficchcrchcs sur la sensibilité dea téguments et des nerfs de la main, in Arch. de physiologie. Janvier I8C9. dO ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. mais il a une très-grande analogie avec ceux que nous aurons à décrire plus bas, ce qui nous engage à en parler immédiatement. C'est le plus simple de tous ; il consiste en une masse arrondie ou allongée, de cou- leur grise et d'aspect granuleux, enveloppé par une mince membrane et dans le milieu duquel vient se terminer en pointe mousse un cylindre- axe. On rencontre cet organe aux lèvres, dans les papilles de la langue, du voile du palais, dans la conjonctive, sur le tégument du clitoris et du gland du pénis ; M. Liidden a étudié ces corpuscules cbez divers animaux et les a rencontrés dans toutes les classes : cbez les quadrumanes, les carnivores, les rongeurs, les pacbydermes solipèdes et ruminants. Ils se voient surtout dans la conjonctive, les lèvres et la muqueuse buccale. 2° Le corpuscule du tact ou de Meissner est l'organe essentiel du Imi- cber; il se rencontre dans toutes les parties auxquelles est plus spécia- lement dévolue cette fonction. Il apparaît sous forme d'une petite masse ovoïde, de dimensions assez variables, l'enveloppe est formée par du tissu conjonctif semé de noyaux allongés, dont le grand diamètre est transversal. Le tube nerveux en arrivant sur le corpuscule du tact s'en- roule à sa superficie et forme ainsi plusieurs tours de spire ; il pénètre ensuite dans la partie profonde ou bulbe, sorte de masse granuleuse dans laquelle il se termine en formant un léger renflement. Les corpuscules du tact ne sont point aussi nombreux cbez les mammifères domestiques que cbez l'bomme et le singe, où on les rencontre dans presque toutes les papilles de la paume de la main et de la plante du pied"; ils sont remplacés souvent par des corpuscules de Krause. 3° Les corpuscules de Paccini siègent un peu partout ; on en trouve jusque sur les séreuses : leur volume est considérable, car ils peuvent atteindre 2 à 4 millimètres, dans le sens de leur grand diamètre. L'en- veloppe épaisse de ces organes peut se subdiviser en un grand nombre de conciles concentriques, à noyauxovalaires, d'autant plus mincesqu'elles sont plus intérieures. Le centre du corpuscule est occupe par une masse grise, allongée, montrant le nerf, qui avait conservé son double con- tour jusqu'au niveau des couches concentriques, réduit à son cylindre axe, ordinairement bifurqué ;\ l'extrémité. Le corpuscule de Paccini renferme aussi des vaisseaux capillaires anastomosés, dans la partie inférieure des couches corticales. Avec une organisation aussi com- pliquée, il est probable que ce petit corps répond à des fonctions spé- ciales ; mais jusqu'à présent on n'a pas la moindre notion de ses usages. Annexes «le la peau. — Elles sout de uaturc glaudulcuscs où épilbé- liales. Les annexes glandulaires de la peau sont : les glandes sudor ipares et les glandes sébacées. hc^ glandes sudori/iares sécrètent la sueiii-; elles sont formées d'un tube long et fin, terminé en cul-de-sac, contourné sur lui-même et for- mant une sorte de petit pelol(ui à son origine : c'est le gloniérule, la partie active de la glande, celle qui secrète la sueur; elle se trouve située dans les parties les plus profondes du derme ou même au milieu DES TÉGUMENTS. Il du tissu conjonctif sous-cutané. Du glomcrule part la partie droite du tube, qui traverse le derme verticalement ou d'une façon un peu oblique et se trouve continuée dans l'épidcrmc par un canal décrivant des tours despire. La membrane propre des glandes sudoripares est tapissée par un épithélium polygonal ; elle s'arrête à la limite du derme ; dans l'é- paisseur de l'épiderme les parois du tube spiroïde sont formées par les cellules épidermiques seulement. Très-nombreuses chez le cheval, l'âne et le mulet, les glandes sudo- ripares sont plus rares chez le bœuf, excepté cependant au mufle, où elles présentent un volume considérable. Nous n"en avons pas rencon- tré chez le chien. Les y landes sébacées sont annexées aux poils; elles pourraient être décrites comme des dépendances des follicules pileux, dans lesquels viennents'ouvrirleurs conduits excréteurs. On les rencontre néanmoins très-développées dans certaines parties dépourvues de poils, comme la face interne du fourreau ou la surface du clitoris et des lèvres de la vulve. Ce sont de petites glandes en grappe, à épithélium fortement granuleux et infiltré de graisse. Le produit de leur sécrétion est une matière grasse, onctueuse, à odeur particulière, dont le rôle est d'en- tretenir la douceur de la peau et des poils, en les enduisant d'une sorte de vernis protecteur. Dans certains points du corps, elle peut être sécrétée en très-grande quantité et s'accumuler au point d'indisposer l'animal. Cet accident se montre quelquefois dans le fourreau des chevaux mal pansés, où il devientla cause d'un prurilfort désagréable ou môme quel- quefois d'ulcères que les soins de propreté suffisent le plus souvent pour guérir. Assez souvent aussi, en s'accumulant sous une forme plus concrète dans la fossette uréthrale, il détermine, par compression, l'obstruction de l'urèthre, et donne lieu à des rétentions d'urine qui peuvent devenir mortelles quand on ne sait pas en reconnaître la cause. Chez le mouton, la matière sébacée prend le nom de suint. Dans certains cas, la matière sébacée se durcit à l'orifice du follicule et l'oblitère, celle qui se forme ensuite, s'accumule dans la glande, l'irrite et donne lieu bientôt à une petite tumeur, qui prend en chi- rurgie le nom destéatôtne, à'athérôme ou de mélicére. D'après M. Richet, le furoncle aurait aussi son siège dans les follicules pilo-sébacés. Il nous reste maintenant à parler des dépendances de la peau de nature épithéliale, c'est-à-dire des poils et de la corne. Les poils forment le revêtement extérieur de la peau des animaux ; leur ensemble constitue la robe. On doit distinguer les critis des poils proprement dits. Les premiers sont longs et flottants ; chez le cheval ils occupent le bord supérieur de l'encolure, où ils forment la crinière, prolongée jusqu'au sommet du front par le toupet ; ils ornent aussi la queue. Quelques poils d'aspect spécial peuvent être rapprochés des crins : ce sont les tentacules et les cils des lèvres et des paupières. Dans l'âne et le mulet, la crinière est 12 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. Ircs-rudimcnUiire; les crins n'existent pour ainsi dire qu'à la queue. Le bœuf ne possède, comme Tâne, qu'une toufl'e de poils à l'extrémité lie l'appendice caudal. Quant aux poils proprement dits, ils sont comme imbriqués ù la surface de la peau, et ils présentent, indépendamment de leur couleur, des formes variables suivant les espèces et môme suivant les races : courts et rudes chez le cheval, l'âne et le bœuf, ils deviennent longs et lins, plus ou moins ondulés ou spirales chez le mouton, où ils forment la laine, très-gros et durs chez le porc, où ils prennent le nom de soies; ils peuvent être courts ou très-longs et soyeux, dans les diverses races de chiens. Chez tous les animaux on rencontre, mélangés aux poils de la sur- face du corps, des poils beaucoup plus courts et extrêmement fins, auxquels on a donné le nom de poils follets. Les poils, quels qu'ils soient, se composent de la tiçje on portion libre et de la racine, cette dernière est logée dans le follicule. C'est à la forme de la tige que l'on doit les variétés dans l'aspect extérieur du poil ; elle est droite et cylindrique dans les poils raides et droits, un peu aplatie dans les poils frisés, et tout à fait plate ou môme cannelée dans les ani- maux à poils spirales. La racine est cylindrique ou à peu près cylin- dri(pic, et toujours rectiligne ; la partie inférieure, molle et plus grosse que le poil, se termine par un renflement considérable que l'on nomme le bulbe. La structure des poils est entièrement celluleuse : on trouve d'abord, à la surface, une couche de cellules épithéliales extrêmement minces et transparentes, imbriquées de telle sorte que les cellules inférieures recouvrent en partie celles qui sont au-dessus, comme le font les tuiles d'un toit, ou comme les écailles d'un reptile; cette couche s'arrête brusquement au niveau du bulbe, (y QsiV épidémie du poil. Au-dessous de lépidermc, on trouve une couche plus ou moins épaisse, c'est la partie la plus imi)ortante du poil, la substance cortùmle; elle est composée de cellules très-allongées et très-fortement unies entre elles, ce qui lui donne l'aspect absolument fibreux; la substance corticale est colorée d'une façon variable suivant la couleur du poil, et cette coloration est duc à des amas de substance i)igmen taire renfermés dans les cellules; elle présente aussi des vacuoles remplies d'air. Dans la racine du poil, les cellules de la substance corticale se raccourcis- sent, elles possèdent un noyau et tournent à la forme polygonale. Enfin au centre du poil se voit la substance médullaii'e ou nioelle du poil, formée par une traînée de cellules polyédriques, renfermant des granulations pigmenlaires et des bulles d'air emprisonnées qui lui donnent une couleur foncée sous le microscope. La moelle commence au niveau du bulbe et s'étend jusqu'à l'extrémité libre ; elle manque souvent dans les poils fins. La distinction des différentes couches du poil, bien sensible dans la DES TEGUMENTS. 13 partie supérieure de la racine, l'est beaucoup moins au furet à mesure (|ue l'on approche du bulbe ; celui-ci est formé de cellules presque homogènes, surtout au voisinage de la papille. Le follicule pileux loge la racine du poil ; il doit être considéré comme une simple dépression de la peau munie de son épiderme ; ses parois sont formées par du tissu conjonctif, une membrane amorphe peu épaisse et une couche particulière de cellules épithéliales. C'est à la base du follicule que vient s'attacher le petit faisceau musculaire lisse dont nous avons déjà parlé et dont la contraction produit le redresse- ment du poil et détermine, chez l'homme, le phénomène connu sous le nom de chair de poule. A son fond le follicule présente la 'papille, logée dans une excavation du bulbe pileux ; elle est composée de substance amorphe renfermant des vaisseaux et des nerfs ; elle fournit au poil les matériaux de sa nutrition. Généralement deux, mais quelquefois un plus grand nombre de glan- des sébacées sont annexées au follicule. Les poils ne persistent pas pendant toute la durée de la vie de l'ani- mal ; très-abondants et longs pendant l'hiver, ils tombent en partie au printemps : c'est à ce phénomène que l'on a donné le nom de mue. Pen- dant la mue le même follicule peut renfermer deux poils, l'un, incom- plètement développé, qui va remplacer l'autre après sa chute. Un certain nombre de maladies parasitaires siègent sur le poil ou dans le follicule, citons parmi les plus fréquentes, la gale folliculaire, l'herpès et la teigne. Les poils gênent très-souvent la cicatrisation, aussi est-il recom- mandé de les couper ras dans un certain rayon autour de la plaie, car ils agissent à sa surface comme corps étrangers. La substance cornée ou la corne constitue les sabots des pachydermes en général, l'enveloppe extérieure des apophyses frontales des rumi- nants, les ongles des animaux carnassiers et la châtaigne des solipèdes. Au premier abord, la corne présente un aspect fibreux très-accusé, surtout dans la paroi ou sabot du cheval, ce qui avait fait dire aux an- ciens auteurs que la corne est composée de poils agglutinés. Sa couleur est blanche, grise ou tout à fait noire. Au point de vue histologique, la corne se montre avec des carac- tères à peu près uniformes partout où on l'examine. Elle est creusée de canaux cylindriques perpendiculaires ou légèrement obliques à la sur- face chargée de sa sécrétion, s'étendant dans toute la longueur de l'or- gane et dont l'extrémité adhérente élargie en forme d'entonnoir, en- gaîne les papilles de la peau, laquelle prend le nom de matrice ou de bourrelet au point où elle donne naissance à une production cornée. Ces tubes rectilignes ou légèrement flexueux, d'un diamètre de 0,2 à 0, i de millimètre, possèdent des parois propres très-épaisses et for- mées par des couches concentriques de cellules aplaties ; ils renfermenl à leur intérieur une substance blanche, amorphe et très-opaque, in- 14 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. terrompuc de distance en dislance. La substance qui réunit ces divers tubes est elle-même de nature cpilhélialc, seulement les cellules, au lieu d'être disposées parallèlement aux tubes, aflectent une direction per- pendiculaire. La coloration de la corne est due à des granulations pigmentaires qui se trouvent en plus ou moins grand nombre dans l'intérieur des cellules. En sa qualité de dépendance de l'épidcrmc, la corne se développe comme celui-ci, parla formation continuelle de cellules à la surface des papilles de la matrice. Les cellules les plus rapprochées du derme ont la forme et la signification des cellules du corps muqueux de Malpighi. En se formant, les cellules jeunes poussent devant elles les cellules antérieurement produites, lesquelles s'aplatissent et se montrent bien- tôt sous la forme de simples lamelles dans lesquelles le noyau a disparu. Il résulte de cette disposition que la corne s'accroît continuellement dans le même sens et que les seules couches vivantes résident au voisi- nage de la peau. Nous reviendrons sur les particularités de l'accroissement de la corne et du sabot lorsque nous décrirons les différentes régions où on les ren- contre. § 2. — Des muqueuses. Les membranes muqueuses, si l'on en excepte celles de la bouche, des cavités nasales et des premières parties des organes génito-urinaires, sont en général peu accessibles au chirurgien, aussi ne nous arrête- ront-elles pas longtemps. Les muqueuses forment deux grandes sections : la muqueuse gastro- pulmonaire et la muqueuse génito-urinaire, ne communiquant nulle- ment entre elles. 11 existe aussi une autre petite muqueuse qui tapisse les conduits galactophores, elle est peu importante. Les muqueuses présentent de grandes analogies avec la peau, aussi bien au point de vue de leur structure que sous celui de leurs fonc- tions. Comme la peau, les muqueuses limitent des organes; elles absor- bent et sécrètent comme elle. Dans quelques-unes, les fonctions d'ab- sorption dominent, c'est le cas des muqueuses du poumon et de l'intestin ; mais dans la section génito-urinaire, la sécrétion l'emporte de beaucoup sur l'absorption. \j' épaisseur et la densité des muqueuses varient dans de grandes pro- portions. Certaines sont extrêmement fines, et semblent ne pas pouvoir être séparées des organes sous-jacents, comme il arrive pour la mu- (jueuse des sinus, (jui fait, pour ainsi dire, corps avec le périoste; d'autres, comme celles de la bouche, du palais, de la cloison mé- diane du nez sont extrêmement épaisses et très-résistantes. Leur rétractilité est en général assez faible ; lorsque la muqueuse s'appuie sur un organe fixe, cette propriété est presque nulle, elle est DES TEGUMENTS. Ib peu appréciable également, {iour celles qui sont doublées en dehors d'un tissu conjonctif lâche, et on y remarque alors de nombreux replis longitudinaux et transversaux qui permettent les variations dans l'am- plitude de l'organe. Mais dans certaines muqueuses, comme celles de l'urèthre, on constate une rétractilitc plus considérable, qui peut aller jusqu'à loblitération du canal dans les cas d'inflammation chronique. Les muqueuses, lorsqu'elles sont fortement distendues, perdent très- facilement et très-vite la relractilité dont elles sont douées. Pour cer- tains organes, c'est un accident très-grave, aussi doit-on se hâter de pratiquer le cathétérisme de la vessie lorsqu'une cause quelconque s'oppose à la sortie de l'urine. L'adhérence des muqueuses aux tissus sous-jacents est souvent peu considérable; le glissement est alors facile, aussi arrive-t-il fréquem- ment qu'elles se décollent complètement; elles peuvent alors, si elles sont placées près d'un orifice, être projetées au dehors et donner lieu à ce qu'on appelle chute ou renversement du rectum ou du vagin. \jîi couleur àQîi muqueuses présente de grandes variations. Elles sont habituellement pâles dans les organes profonds, mais elles rougissent aux approches des orifices extérieurs; très-souvent les cellules épithé- liales sont pigmentées ; il en résulte alors des taches noires ou une coloration noire uniforme. Cette particularité se remarque quelquefois à l'anus, mais elle est plus fréquente à la bouche, chez le mouton et le bœuf notamment. Les muqueuses intérieures prennent une teinte rouge-vif, qui peut aller jusqu'au violet, lorsqu'elles ont été amenées à l'extérieur; cette coloration est due à un afflux considérable du sang dans l'organe extroversé, mais n'indique pas toujours un état inflam- matoire violent, puisque ces parties peuvent, au bout d'un certain temps, acquérir les caractères des muqueuses externes par épaississement de leur épithélium. On rencontre dans les muqueuses, comme dans la peau, un derme et un épithélium. Le derme peut être très-épais, ou tellement mince qu'il est à peine apercevable. Dans les vésicules pulmonaires on ne reconnaît pas à pro- prement parler de derme à la muqueuse, on a même été jusqu'à nier l'épithélium. Le derme est toujours formé d'un tissu conjonctif moins dense que celui de la peau, souvent presque embryonnaire et renfermant un grand nombre de noyaux de tissu conjonctif (tissu conjonctif réticulé de l'intestin). Dansbeaucoup de circonstances, les glandes des muqueuses sont en nombre tellement considérable qu'elles cachent le derme, ou plutôt que le derme n'est qu'un assemblage de glandes. Cette disposi- tion se rencontre dans l'estomac et l'intestin. Le derme muqueux présente des papilles nerveuses et vasculaires, analogues à celles de la peau, aux environs des ouvertures na- turelles. Les muqueuses profondes ne possèdent pas de papilles, mais on rencontre sur quelques-unes, comme la muqueuse intestinale, des 16 AA'ATOMIE GENERALE CHIRURGICALE. élevures souvent très-longues, ^)ourvues d'un splcndide réseau artérioso-veineux, et qui peuvent être rapprochées des papilles vascu- laires : ce sont les villosités. Le rôle des villosités est spécial, il a sui- tout rapport à l'absorption; on trouve dans leur intérieur un lympha- tique terminé en doigt de gant. L'é/jit/ic'liu))i qui revêt les muqueuses montre des différences bien grandes suivant le rôle qu'elles ont à remplir. On distingue Vépit hélium à une seule couche , ei Y épithélium n plusieurs couches. Le premier peut être constitué par des cellules polygonales aplaties; il prend le nom d'épithélium pavimenteux simple; il est très-répandu : ou le trouve dan* beaucoup do canaux glandulaires; il tapisse la choroïde et l'iris, ainsi que les vésicules pulmonaires. Les cellules, au lieu d'être aplaties, peu- vent être cylindriques (épithélium cylindrique); on rencontre cet épithé- lium dans le tube digestif, depuis le cardia jusqu'à l'anus, chez les animaux dont l'estomac est entièrement consacré ;\ la sécrétion des sucs digestifs, comme les carnassiers ; mais chez le cheval, il est rem- placé par un épithélium stratifié dans le sac gauche de l'estomac, et chez le bœuf, on ne le trouve qu'à partir de la caillette. L'épilhélium cylindrique peut présenter sur sa face libre des prolongements fili- formes mobiles appelés cils; dans ces cas, il est dit à cils vibratih; cette variété se rencontre dans les fines bronches, dans les cavités nasales, dans l'utérus et les trompes et dans l'épendyme. L'épithélium à plusieurs couches (épithélium stratifié) est constitué par des cellule de forme polygonale ou plus ou moins arrondies, dans les couches profondes ; quant aux cellules superficielles, elles peuvent être aplaties; on a alors la variété dite pavimenteuse stratifiée, que l'on trouve sur les muqueuses fortes : dans la cavité buccale, l'œsophage, le sac gauche de l'estomac du cheval, le rumen, le bonnet et le feuillet des ruminants, la conjonctive, le vagin, la vessie, les ure- tères et le bassinet; ou bien elles sont cylindriques à cils vibratiles {épithélium vibratil stratifié), tel est l'épithélium de la trachée, des gros- ses bronches et des cavités nasales. Il est à peine besoin de faire remarquer que les muqueuses à épi- thélium stratifié sont beaucoup plus épaisses et plus fortes que les autres. On peut agir sur elles pres(iue comme on le fait sur la peau, car elles peuvent supporter les points de suture, tandis qu'au contraire les muqueuses à épithélium simjjle, quelque épaisseur qu'elles aient, manquent généralement de consistance. La forme des épilhéliums infiue aussi sur le rôle des muqueuses. Celles qui possèdent un épi- thélium pavimenteux absorbent peu, les fonctions d'absorption parais- sent être dévolues aux muqueuses à épithélium cylindrique, comme ou le remarque pour l'intestin. Les i'a/N.s-t'a?/.z- des mu(iueuses sont (rès-nombreux; rien n'est compa- rable, comme élégance, aux vaisseaux des villosités intestinales; ici, ces conduits sont très-superficiels. Dans certaines autres muqueuses, DES TEGUMENTS. 17 on rencontre des plexus formés de vaisseaux volumineux, mais dont l'usage n'est pas parfaitement connu; nous voulons parler des bizarres réseaux veineux qui doublent la muqueuse palatine et certaines par- ties de la pituitaire. Dans ces réseaux, on trouve jusqu'à six ou sept couches de vaisseaux, communiquant les uns avec les autres et renfer- mant une grande quantité de sang, ce qui explique très-bien l'abon- dance des hémorrhagies et la difficulté de rhcmostasc. Les muqueuses sont riches en lymphatiques, mais la disposition de ces vaisseaux est loin d'être entièrement connue. Dans la muqueuse intestinale, ils forment un lacis superficiel qui envoie des prolon- gements obtus dans l'intérieur des villosités. L'absorption des graisses paraît se faire surtout par ce lymphatique central, tandis que les subs- tances albuminoïdes et salines dissoutes seraient prises par les veines. Si l'on en excepte les muqueuses situées à proximité des ouvertures naturelles, toutes les autres sont innervées par des nerfs ganglionnaires. La bouche, les cavités nasales, l'urèthre, sont innervés par des nerfs cérébro-spinaux, et servent même à la perception de sensations toutes spéciales; il est très-remarquable de voir ces parties externes provo- quer, lorsqu'elles sont irritées, des contractions dans les muqueuses profondes, par une variété d'effets réflexes auxquels on a donné le nom de sympathies. C'est ainsi que le titillement de la muqueuse de l'urè- thre, que l'on peut surtout bien remarquer dans certaines inflam- mations, détermine la contraction de la vessie et le besoin fréquent d'uriner; que l'excitation des cavités nasales provoque l'éternuement, celle de l'anus, la défécation, etc. On doit se garder de prendre ces phénomènes pour des effets directs. Dans un autre ordre d'effets réflexes, nous placerons les sécrétions ou les mouvements des organes déter- minés par l'arrivée d'un corps étranger à la surface de la muqueuse de cet organe, comme la sécrétion et les mouvements de l'estomac et de l'intestin à la suite de l'impression causée par l'aliment ou le chyme. Ces effets, véritablement réflexes, puisqu'ils se manifestent là où l'exci- tation a été portée, se passent à l'insu de l'animal. Développement des téis^uinents. — La peau se développe aux dépens du feuillet externe du blastoderme; elle neprésented'abordque le derme et l'épiderme. Les poils apparaissent vers le troisième mois de la vie intra-utérine : dans les fœtus de jument et de vache, ils se montrent d'abord sur les sourcils, les lèvres et autour des articulations des membres. Les productions cornées commencent à se montrer vers la fin du deuxième mois : d'abord paie et translucide, le sabot devient jaune. Au moment de la naissance, le bourrelet reflète une couleur verdâtre qui tranche sur la couleur jaune du reste de l'ongle. Les papilles se rencontrent vers le quatrième mois, en même temps que les glandes. Au début, il n'y a pas de communication entre la peau et les mu- queuses. Celles-ci sont, pour la plus grande partie, organisées au dé- Peicu et Toussaint. — Chiruryic. •* 18 ANÂTOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. pcns du feuillet interne de la vésicule blastodermique. C'est en se repliant ;\ ses deux extrémités pour constituer les capuchons ccplialique ci caudal ([UG la peau enferme dans son intérieur une partie du feuillet interne; celui-ci s'enfonce dans l'intérieur des capuchons et, ultérieu- l'ement, il communiquera avec la peau par des ouvertures qui se feront pelit ;\ petit; c'est d'abord la partie correspondant au capuchon cépha- lique qui s'abouchera avec la cavité buccale et dont la section anté- rieure constituera l'œsophage; puis, ensuite, l'extrémité postérieure qui communiquera avec l'anus. Une excroissance du feuillet interne, qui se séparera bientôt de la masse générale de la muqueuse, constituera la muqueuse gcnito- urinaire. La mu(iucuse pulmonaire semble naître du blastème intermédiaire ou feuillet moyen du blastoderme. CHAPITRE 11 DU SYSTÈME COiXJONCTIF Il n'est pas dans l'économie de tissus qui aient donne lieu à plus de discussions que ceux qui sont compris dans le groiq^e que nous nom- mons conjonctif. Non-seulement on n'est pas d'accord sur leurs carac- tères histologiques, mais on n'est pas encore convenu d'adopter un nom pour désigner l'ensemble de ce système, et les appellations de tissu cellulaire, aréolaire, muqueux, connectif, lamineux, librillaire, etc., que quelques auteurs ont cru pouvoir appliquer à ce système n'en désignent tout au plus que quelques variétés. Des divergences tout aussi grandes existent sur la classification des différents tissus dérivés du système conjonctif; la plupart des auteurs allemands ont fait rentrer dans celte catégorie, des organes ou des tissus qui semblent s'en éloigner notablement, tels que le tissu cellu- laire de Bichat, les cartilages, les tendons, les os et la dentine. On comprend «jn'en face d'une question aussi difficile, nous nous tenions dans une grande réserve relativement à ce qui a rapport à l'histologie pure. Néanmoins, nous croyons qu'au point de vue chirurgical, il est possible de mieux s'entendre, ces tissus ayant, sous ce rapport, des propriétés et une manière d'être tout à fait spéciales. Nous comprendrons seulement dans le système conjonctif : 1° le tissu conjonctif proprement dit ; et 2° le tissu fibreux. TISSU CONJONGTIF PROPREMENT DIT. 19 § 1. — Tissu conjonctif proprement dit. Bichat, qui appelait ce tissu du nom de cellulaire, en a donné en quelques mois une idée fort exacte : « Placées, dit-il, autour des or- ganes, les différentes parties du système cellulaire servent en même temps, et de lien qui les unit, et de corps intermédiaire qui les sépare. Plongées dans l'intérieur de ces mômes organes, elles concourent essentiellement à leur structure. » Le tissu conjonctif semble être, en effet, une sorte de gangue, unissant non-seulement les organes, mais aussi les éléments des organes, qu'ils soient fdjrenx ou parenchy- mateux ; partout ce tissu est continu avec lui-même. Avant de l'étudier dans sa disposition, disons quelques mots de sa structure. 11 entre trois éléments dans la composition du tissu con- jonctif : des faisceaux de fibrilles conjonctives, des fibres élastiques et des cellules. Les fibrilles de tism conjonctif sont extrêmement fines; elles se réu- nissent entre elles pour constituer des faisceaux d'aspect strié dans le sens de la longueur, lesquels peuvent être rectilignes ou onduleux. Le faisceau est tantôt libre, tantôt entouré par une très-mince enveloppe élastique. Les faisceaux conjonctifs sont, par eux-mêmes, parfaitement inextensibles, et s'il arrive que l'on observe une sorte de retrait dans le tissu aréolaire, cela tient à ce que les ondulations se prononcent. Lorsque le tissu semble s'étendre, les sinuosités s'effacent. Si les fais- ceaux sont rectilignes, comme dans les tendons et les ligaments, ils deviennent absolument inextensibles et se rupturent plutôt que de s'allonger. Les filj)'es élastiques s'observent surtout dans le tissu conjonctif sous- cutané et sous-séreux. On les distingue facilement des fibrilles con- jonctives en ce qu'elles ont des contours foncés, qu'elles sont souvent ramifiées, et que leur extrémité libre se contourne en forme de tire- bouchon. De plus, elles résistent à l'action des acides et des alcalis, et offrent des diamètres très-variables ; depuis la fibre représentée seule- ment par un trait, jusqu'à celle qui atteint 0™°", 03 de largeur, on trouve tous les intermédiaires. Les fibres élastiques du ligament cervical des mammifères peuvent môme atteindre un diamètre beaucoup plus con- sidérable. Les cellules de tissu conjonctif présentent un grand nombre de va- riétés ; quelquefois formées seulement d'une masse de protoplasma granuleux à noyau, elles peuvent dans certains cas montrer des con- tours irréguliers, offrir des prolongements ; on en rencontre aussi qui ressemblent de tous points aux globules blancs du sang. Il est re- marquable d'ailleurs que dans l'inflammation, très-fréquente, du tissu conjonctif, les globules du pus se forment avec une très-grande rapi- dité, et si une partie de ces globules sont fournis directement par les 20 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. vaisseaux sanguins, ainsi que Cohnheiin l'a démontré, il n'est pas dou- teux non plus que le tissu conjonctif ne contribue pour une large part à la formation de ces globules. Quant aux corps étoiles que Wirchow appelle cellules plasmati- ques et qu'il croit être destinés ù la circulation lympbalique, il semble, d'après les derniers travaux de M. Ramier, que ce soient des espaces situés entre les faisceaux des fibrilles, mais ne possédant pas de mem- brane cellulaire; ils ne peuvent avoir par conséquent la signification que leur attribue l'histologiste de Berlin. Lorsqu'on examine à l'œil nu le tissu conjonctif interposé entre les organes, il se présente sous la forme de lamelles blanches ou légère- ment rosées, se déchirant très-facilement avec le doigt ou les instru- ments, et formant, par leurs intersections, des aréoles dont les parois sont exactement appliquées l'une contre l'autre sur l'animal vivant, mais qui apparaissent très-bien dans les cas d'œdème ou d'emphysème. Les communications qui existent entre ces aréoles expliquent com- ment les liquides ou les gaz peuvent progresser et envahir le tissu loin de la partie lésée. Le poids des liquides tend à amener l'épanchement dans les parties déclives. Il en résulte une indication importante pour la pratique des scarifications : elles doivent toujours être faites dans les positions les plus inférieures de l'œdème. Très-souvent une plaie qui siège sur les reins ou les côtes amène un œdème considérable du tissu conjonctif sous-cutané des parois abdominales. Si dans quelques cas un épanchement s'arrête dans une position élevée, cela tient à ce que les lamelles du tissu conjonctif, refoulées par le liquide, ont formé une sorte de membrane limitante. Des liquides de l'économie, tels que la bile, l'urine peuvent aussi infiltrer le tissu conjonctif; les phénomènes qui accompagnent ces infiltrations sont tout spéciaux. L'épanchement des li(]uides dans le tissu conjonctif a lieu parfois avec une-trèsgrande rapidité comme on l'observe dans la fièvi^e pété- c/iiale ou anasarque chez le cheval. Dans cette maladie, des plaques (cdémateuses se montrent sur les côtés de la poitrine, vers les hypo- chondres ou la région sternale et, en quelques heures, ces pla(|ues sont devenues de vastes engorgements occupant la partie déclive du tronc et envahissant très-rapidement les membres. Cet engorgement est nettement délimité; il forme sur les côtés du ventre et de la poi- trine un relief bien accusé, s'élevant à la même hauteur de chaque côté- du corps. Le même phénomène se remarque, mais d'une manière plus prononcée encore, sur les membres; ainsi on voit l'infiltration du tissu conjonctif accjuérir promptemcnt des proportions énormes, fMf'uer simnllanément la partie suijérieure des avant-bi'as et des jambes, où elle se termine en loruuint à chaque memi)re une sorte de b(jurrelet ou de saillie arrondie qui surplombe les parties restées saines. La propagation des gaz dans le tissu conjonctif a lieu d'une manière TISSU CONJONCTIF PROPREMENT DIT. 21 non moins rapide comme on l'observe dans l'emphysème sous-entané .si bien étudié par M. H. Boiiley (1). Le pus sécrété dans une inilammaliou aiguë amène en même temps un épanchement du sérum qui, en se coagulant, l'orme autour du foyer une véritable membrane empêchant la communication avec les aréo- les du tissu conjonctif et le force à se frayer un autre chemin. Si le pus possède des propriétés très-irritantes, il peut détruire cette enve- loppe protectrice et progresser alors en détruisant le tissu cellulaire sur son passage. Dans ces cas, il est généralement maintenu et dirigé par la forme et la situation des aponévroses. Indépendamment de ces faits dans lesquels le tissu conjonctif est poui' ainsi dire passif, on peut constater qu'il joue un rôle très-important et actif dans toutes les néo-formations pathologiques. C'est lui qui ré- pare les pertes de substances éprouvées par les organes. Il forme la trame de toutes les tumeurs ; les fd^rômes notamment en sont entière- ment constitués. Le tissu conjonctif se montre d'ailleurs dans ces productions pathologiques avec des caractères différents suivant la na- ture du produit et le temps qu'il a mis à se développer. Les cellules du tissu conjonctif se laissent très-facilement pénétrer par les matières grasses ; cette réplétion constitue la graisse ou le tissu adipeux, lequel possède dans l'organisme des fonctions déterminées. Une vésicule adipeuse est formée d'une membrane d'enveloppe et d'un contenu graisseux. Isolée, elle se montre sphérique, mais elle devient polyédrique lorsqu'elle- est comprimée par ses voisines. La graisse a un aspect jaunâtre chez le cheval ; elle est parfaitement blanche dans le bœuf et le mouton ; liquide ou semi-fluide à la tempé- rature du corps, elle se fige par le refroidissement, La graisse s'accu- mule et disparaît avec la plus grande facilité et sans qu'il en résulte pour l'animal aucun trouble fonctionnel. Parmi les organes, un certain nombre ne s'infiltrent jamais de graisse, tel est le cerveau par exemple; par contre, il est des régions du corps où elle ne manque jamais : ([uel que soit le degré de maigreur d'un sujet, on rencontre toujours de la graisse entre les muscles de l'œil, autour de la gaine oculaire, à la base de l'oreille, où elle forme des coussinets destinés à amortir les chocs, tout en permettant des déplacements ou des glissements faciles. Au point de vue chirurgical, il est important de savoir que lorsque les animaux sont très-gras, c'est une condition défavorable pour la pratique des grandes opérations. En général, les plaies qui siègent dans le tissu graisseux ont peu de tendance à se cicatriser; elles revêtent un aspect granuleux et causent un prurit intense. Les animaux gras re- produisent aussi plus difficilement. On peut diviser le tissu conjonctif en trois variétés : 1° le tissu con- (1) Voyez Noiivemi Dictionnaire pratique de médecine, de chirurgie et d'hygiène vé- térinaire, par MM. II. Douley et Reynal. T. V, article Emphysème, 22 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. jonctif sous-cutané ; 2" le tissu conjonctif sous-oponévrotique ; 3° le tissu conjonctif splayic/tnique. 1° Le tissu conjonctif sovs-cutané est situé au-dessous du derme et se continue avec lui. La couche la plus rapprochée de la peau, molle, trôs-aréolaire, renferme de la graisse en plus ou moins grande quan- tité, et possède une grande tendance à s'en charger. Au-dessous de cette couche, on en trouve une autre dans laquelle la disposition lamel- laire est plus évidente, surtout aux membres, et à laquelle on a donné le nom de fascia super ficialls. 11 est à remarquer que les vaisseaux ne se ramifient pas dans cette couche, ils la traversent seulement pour se rendre à la peau. Nous avons déjà dit avec quelle facilité la peau se détache du tissu conjonctif sous-cutané et comment les inflammations diffuses s'y développent ; la rapidité avec laquelle marchent ces der- nières indique la nécessité des contre-ouvertures rapides. 2** Le tissu conjonctif sous-aponévrotique se rencontre entre les mus- cles : il est très-abondant lorsqu'il doit remplir des intervalles muscu- laires considérables; il accompagne aussi les vaisseaux et les nerfs aux- quels il fournit une gaîne spéciale formée d'un tissu plus serré que celui qui l'avoisine et qu'on appelle gaine cellulaire des vaisseaux, des nerfs. Les inflammations qui ont pour siège le tissu conjonctif sous-apo- névrotique sont généralement très-graves; elles constituent les />A/e^- mons ])ro fonds qui peuvent prendre de très-grandes proportions, car ils n'ont aucune tendance à s'ouvrir à l'extérieur. Dans l'intérieur même des organes, on rencontre un tissu conjonctif dont le rôle est d'unir les éléments du tissu les uns aux autres, c'est là une variété de tissu conjonctif sous-aponévrotique. 3° Le tissu conjonctif splanclinique offre des dispositions variables ; il peut être disposé par rapport aux séreuses comme le tissu sous-cutané l'est par rapport à la peau ; il se continue plus ou moins directement avec le tissu sous-aponévrotique. Il existe dans le thorax, entre les deux lames du médiastin antérieur, où il sert à réunir les organes si- tués entre les deux plans de la séreuse ; on le trouve trcs-développé dans l'abdomen, au-dessus du péritoine, autour des reins; enfin le bassin en renferme une très-grande quantité. Le tissu sous-séreux possède, comme le tissu .sous-cutané, une grande tendance à s'infiltrer de graisse. § 2. — Tissu fibreux. Le tissu fibreux doit être rapproché du tissu conjonctif proprement dit, car il présente la même composition histologique que ce dernier; mais si on l'envisage au point de vue de la forme des organes qu'il constitue et de leur rôle physiologique, il s'en éloigne notablement. Ses différentes parties elles-mêmes sont de nature et d'aspect très- variés. 11 est difficile de leur appli(iuer des considérations générales. TISSU FIBREUX. 23 Le tissu fibreux peut se présenter sous la forme d'une membrane enveloppant plus ou moins immédiatement un organe : la tunique al- buginée du testicule, la sclérotique, l'enveloppe propre du rein, le pé- rinèvre, les méninges et en général tout ce qu'on est convenu d'appeler aponévroses, enveloppes propres ou capsules, nous en offrent des exem- ples; ou bien il sert de moyen d'union aux diverses parties du sque- lette, et d'organes de transmission de la contraction musculaire : tels sont les ligaments et les tendons. Malgaigue fait observer avec raison que, quelle que soit la nature et la forme des tissus fibreux, ils sont doublés de tissu conjonctif très- làche, lorsqu'ils doivent participer à un mouvement peu étendu, et que, lorsque les déplacements sont considérables, le tissu conjonctif est remplacé par une bourse muqueuse ou par une séreuse véritable, comme on le remarque autour de la plupart des tendons des membres et sous l'aponévrose du long vaste du bœuf. Lorsque les aponévroses forment des revêtements complets à un membre ou à une partie du tronc, on les appelle aponévroses d'enveloppe générale; elles sont plus ou moins résistantes, généralement fortes. C'est autour des muscles et des articulations qu'elles acquièrent leur maximum de développement. Cette disposition permet aux organes musculaires de prendre sur elles un point d'appui qui favorise la con- traction; la force des articulations en est aussi augmentée. Si elles se déchirent, dans un effort violent, ce qui est très-rare, elles laissent échapper les muscles qu'elles enveloppaient, ce qui donne lieu aux hernies musculaires. L'inextensibilité des aponévroses est la cause des douleurs aiguës qui se remarquent lorsque des inflammations se déve- loppent brusquement au-dessous d'elles. 11 n'y a là qu'un simple phé- nomène de compression, dû à cette inextensibilité. Si l'on ne se hâte de débrider, elle peut donner lieu très-rapidement à la gangrène, et cela d'autant mieux, que les aponévroses résistent très-longtemps à l'action destructive du pus. L'inextensibilité des aponévroses n'est ce- pendant pas à ce point absolue qu'elles ne puissent se distendre lors- qu'elles sont sollicitées par une force constante et persistante; mais lorsque cette dernière disparaît, elles mettent également très-long- temps à revenir à leurs dimensions premières. Quant aux aponévroses d'enveloppe partielle, elles forment une gaîne plus ou moins complète à chaque muscle; elles sont moins fortes aux extrémités des muscles que dans leur partie médiane. On les trouve sur- tout aux membres et autour des muscles qui se rapprochent le plus de la forme cylindrique ou conique. Indépendamment des aponévroses propres à chaque muscle, on remarque souvent aussi des aponévroses qui entourent les muscles d'une région ou d'une couche musculaire ; elles sont intermédiaires entre les aponévroses d'enveloppe partielle et générale. Les enveloppes fibreuses propres à certains organes se présentent avec 24 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. des différences très-grandes dans leur disposition, leur force, leur struc- ture. La sclérotique et la cornée sont rangées parmi les plus fortes; d'autres, comme l'enveloppe du foie, du rein, sont au contraire exlrô- mement minces; ces différences de résistance expliquent très-bien l'acuité de la douleur ou l'espcce d'étranglement qui peuvent survenir dans les inflammations des organes maintenus par une membrane pro- pre très-résistante. Généralement les enveloppes fibreuses des organes envoient, de leur face profonde, des cloisons qui pénètrent dans l'intérieur et isolent chaque élément : de cette disposition résulte l'adhérence de ces mem- branes aux organes qu'elles enveloppent ou auxquels elles servent de limite. Au lieu d'être étalé en membranes, le tissu fibreux se ramasse son- vent en forme de cordon plus ou moins arrondi pour constituer des tendons et des ligaments. Ces organes, les tendons surtout, sont ex- trêmement résistants et tout à fait inextensibles. Il est arrivé souvent que, dans des efforts très-violents, les tendons, au lieu de se déchirer, ont enlevé la portion d'os sur laquelle ils étaient attachés. Leur rùle. dans l'économie, est toujours passif. S'ils sont attachés à des fibres musculaires, ils suivent tous les mouvements de celles-ci et les trans- mettent fidèlement aux os; réunissant des pièces osseuses, ils limitent les mouvements et assurent la coaptation. Suivant la position des rayons osseux, ils sont plus ou moins tendus, mais sans que l'élasti- cité joue le moindre rùle dans leurs mouvements. C'est autour des ten- dons, et quelquefois des ligaments, qui doivent exécuter des mouve- ments considérables, que l'on rencontre les coulisses fibreuses. On peut aussi ranger dans cette catégorie d'organes les fibro-carti- lages, quoique ceux-ci présentent un élément anatomique de plus : la cellule cartilagineuse. Ils se rencontrent entre les surfaces osseuses de certaines articulations : entre chaque vertèbre, à l'exception des deux premières cervicales, dans l'articulation fémoro-tibiale et temporo- maxillaire. Les tendons peuvent aussi devenir fibro-cartilagineux, tel est celui du biceps au niveau de la coulisse à laquelle il donne son nom. Souvent on observe des tissus de cette nature aux points dii les tendons s'insèrent sur les os, ainsi que dans certaines gaines tendineuses. Il entre dans la structure du tissu fibreux les mômes éléments que dans le tissu conjonctif pro{)rement dit; mais les fibres élastiques y deviennent fines et rares, ou même ne s'y rencontrent pas. L'arrange- ment diffère également : il n'est pas le môme dans les aponévroses et les organes funiformes. En général, dans les tissus fibreux, les fais- ceaux de fibres conjonctives affectent une disposition rcctiligne; ils sont parallèles. Dans les aponévroses, ils s'étalent en lames superpo- sées, que l'on met assez facilement en évidence; mais la direction des fibres est presque toujours différente pour plusieurs plans, souveni TISSU FIBREUX. 2o aussi ces faisceaux s'entrecroisent, comme les fils d'une étoffe tissée, et l'aponévrose acquiert alors une résistance extraordinaire. Dans les tendons et les ligaments, toutes les fibres sont parallèles ; elles se rangent en faisceaux plus ou moins volumineux, réunis par des travées de tissu conjonctif lâche, renfermant des cellules et de fines fibres élastiques. Il est à remarquer que c'est dans ces travées que siègent les rares vaisseaux des organes tendineux ou ligamenteux. Les faisceaux conjonctifs sont entrecroisés et mêlés de cellules cartilagi- neuses dans les fibro-cartilages. Quelle que soit la forme du tissu fibreux, on n'y rencontre que très-peu de vaisseaux; la cornée môme n'en possède jamais à l'état sain. Le réseau capillaire d^i tissu fibreux est pauvre; il présente des mailles très-écartées, polygonales ou arrondies. Il est à remarquer que jamais les vaisseaux ne pénètrent au milieu des fibres, ils cheminent toujours entre les faisceaux. Lorsqu'un vaisseau doit traverser une aponévrose pour se rendre à d'autres tissus, on voit les fibres s'écarter et former une solution de continuité arrondie ou losangique, remplie d'un tissu conjonctif lâche, qui prévient les compressions. On avait cru pendant longtemps que les tissus fibreux ne possédaient pas de nerfs, mais les recherches de M. Sappey ont prouvé qu'on ren- contre des nerfs dans ces tissus : ils sont peu nombreux à la vérité. Mais s'ensuit-il que les organes fibreux soient sensibles? Si l'on s'en tenait aux données physiologiques qui découlent de cette découverte, on pourrait affirmer leur sensibilité, et cependant, lorsqu'on -pince, qu'on tiraille une aponévrose, un tendon, on n'observe pas le moindre signe de douleur si l'organe est absolument sain; ce n'est que dans les cas pathologiques, lorsque le tendon est enflammé, que l'on peut constater de la douleur, et encore celle-ci fait-elle souvent défaut. Par contre, dans certaines maladies articulaires dans lesquelles les ligaments sont fortement enflammés, comme dans les hydarthroses aiguës, on ob- serve toujours des douleurs extrêmement vives; on dirait que ces mala- dies ont la propriété d'exagérer la sensibilité très-restreinte des tissus fibreux. Citons, en terminant, ce qui a rapport au tissu fibreux, la propriété de rétraction lente que l'on observe surtout dans les tendons des membres, mais qui peut s'exercer aussi sur les ligaments, sous l'in- fluence de causes qui sont restées inconnues jusqu'à ce jour. « Ces causes, dit M. H. Boulcy, sont de deux ordres ; les unes agissent direc- tement sur les tendons et déterminent dans leur tissu des altérations plus ou moins profondes, qui ont pour conséquence, par la douleur qui les accompagne, de faire déverser sur les rayons osseux une plus grande somme de pressions, — tels sont, en général, les efforts éner- giques et souvent répétés de la locomotion ; — les autres exercent leur influence en dehors des tendons (périostoses phalaugiennes, bleimcs, maladie naviculaire), et quelquefois môme en dehors de la région du 26 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. pied, mais elles aboutissent en définitive, au même résultai ; le défaut d'appui sur les parties postérieures du membre, et, par ce fait, la mise en jeu de la rétractilité tendineuse (1). » On remédie à la boulelure produite par la rétraction des tendons fléchisseurs des phalanges, par la ténotomie plantaire, mais ce moyen est rarement efficace, car il arrive forcement que le tissu inodulaire, formé entre les deux bouts du tendon coupé, les ramène bientôt en contact en vertu de la force de rétraction inmiuable qu'il possède lui-même au plus haut degré. CHAPITRE 111 DU SYSTÈME SÉREUX Le système séreux comprend des cavités très-différentes sous le rap- port de la forme, de l'étendue, des organes qu'elles rcnfei'ment et de la position qu'elles occupent, mais qui présentent toutes cette parti- cularité de ne communiquer jamais avec l'extérieur, — le péritoine ce- pendant fait exception; — nous n'ajouterons pas, comme Velpeau, ni avec le système vasculaire, les recherches de Recklinghausen ayant démontré, ainsi que nous l'établirons plus loin, la communication de certames séreuses avec le système lymphatique. L'étude des séreuses doit venir immédiatement après celle du tissu conjonctif, car elles présentent une structure dans laquelle il n'entre, à part les cpilhéliums, que les éléments du tissu conjonctif mem- braneux. Depuis la simple bourse séreuse jusqu'aux grandes séreuses des ca- vités splanchniques, nous trouvons place pour un grand nombre d'intermédiaires. Il est cependant possible de réunir les diverses sé- reuses que l'on rencontre dans toutes les parties du corps en quatre groupes qui seront, en procédant du simple au compliqué : 1° les cavités du tissu conjonctif ou bourses séreuses; 2° les spwviales tendineuses ; 3" les synoviales articulaires ; 4° les grandes séreuses sjjlanchniques. 1° BuurNeii liéreuges. — Ces cavités sont presque toujours acciden- telles, aussi leur siège est-il loin d'être fixe ; il varie suivant le service auquel on soumet l'animal, la forme des harnais qu'il porte habituel- lement et môme les habitudes qui lui sont propres; elles sont aussi plus nombreuses et plus développées sur l'animal âgé. Quoiiiu'elles puissent se développer dans les parties profondes, elles se montrent généralement au-dessous de la peau, dans les points où (I) Nouveau diclionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaire, par MM. H. Boulcy et Reynal. T. Il, article Boulelure, p. ô8U. DU SYSTÈME SÉREUX. 27 celle-ci glisse sur des organes résistants comme les os ou les ligaments. On en rencontre très-souvent à la nuque, au garrot, quelquefois sur le dos, ù la pointe du sacrum, aux angles des hanches ; dans les membres antérieurs, elles se montrent sur l'épine acromienne, au sommet de l'olécràne, à la face antérieure du genou et du boulet; les membres postérieurs en offrent quelquefois au niveau des trochanters, au sommet du calcanéum, où elles constituent une variété des tumeurs molles de cette région que l'on connaît sous le nom de capelet. Enfin le frotte- ment du collier en détermine à l'encolure, à la pointe de l'épaule, etc. Gomme on le voit, elles peuvent se développer dans presque toutes les parties du corps où s'exercent des frottements. Les chameaux, qui ont l'habitude de s'agenouiller au moment où on va les charger de leurs fardeaux, en possèdent toujours sur les genoux. Chez l'homme également, on en rencontre qui tiennent à la profession de l'individu, par exemple, elles siègent sur l'épaule ou au sommet de la première vertèbre dorsale chez les portefaix, qui portent souvent de lourds fardeaux sur le cou, aux genoux chez les parqueteurs. L'étude du développement de ces cavités rend compte très-exac- tement de leur structure. Elles sont formées aux dépens des aréoles du tissu conjonctif, aréoles qui se sont agrandies sous l'intluence de pres- sions répétées et se sont réunies aux aréoles voisines par déchirure du tissu conjonctif qui formait leurs parois. On trouve presque toujours, dans la cavité, des brides plus ou moins complètes, qui unissent encore les parois et qui ne sont autre chose que des vestiges des cloisons qui séparaient autrefois les aréoles, aux dépens desquelles la bourse séreuse s'est formée. C'est en raison de ce mode de formation qu'on ne rencontre rien de spécial dans la structure des parois de la bourse séreuse. Elles adhèrent très-intimement au tissu conjonctif voisin et se continuent avec lui sans ligne de démarcation ; aussi ne peuvent-elles s'énucléer. Quant à l'épaisseur de ces parois, elle varie considérablement, en raison de l'ancienneté, de la force et de la fréquence des pressions qui l'ont déterminée. Nous avons souvent rencontré, chez de vieux sujets de dissection, des bourses séreuses du garrot et du calcanéum présentant des parois dont l'épaisseur dépassait 15 millimètres. Il arrive souvent que l'intérieur ne renferme pas ou ne renferme que très-peu de liquide, et dans ce dernier cas, ce liquide est légèrement coloré en jaune; mais il peut aussi se développer en quantité plus considérable ; il prend généralement alors une teinte plus foncée, rouge ou brune. Le liquide des bourses séreuses renferme, soit des flocons albumineux, soit des débris d'aponévroses. Disons encore que ces bourses peuvent s'enflammer. Dans ces cas, le liquide qu'elles contiennent devient plus abondant, souvent purulent; l'inflammation peut alors gagner leurs parois qui s'épaississent et s'in- filtrent. Certaines formes de capelet et l'éponge n'ont pas d'autre 28 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIIUJRGICALE. cause. On sait coml)ion ces affcclions sont alors reljcllos aux traite- ments. Les moyens thérapeutiques sont presque toujours impuissants, si on ne parvient à supprimer les causes qui leur ont donne naissance. 2° K.vnuTiaics tciiiiiiieiiscs. — Ainsi que l'indique leur nom, les syno- viales tendineuses se développent sur le trajet des tendons, dont elles servent à faciliter le glissement ; on les rencontre toujoiu's dans les points où les mouvements des cordes tendineuses offrent une certaine étendue. Leur composition est déjà mieux détinie que celle des bourses séreuses. On trouve, en effet, qu'elles sont composées d'une membrane mince, qui les isole du tissu conjonctif environnant et qui en forme la couche externe. Cette première couche est doublée en dedans d'un revêtement épithélial simple, formé de cellules larges et extrêmement minces, qui s'engrènent au moyen de larges dentelures, ou plutôt de contours sinueux. Ces cellules possèdent un noyau volumineux ; elles se démontrent très-bien au moyen de l'impréguation par le nitrate d'ar- gent. On a beaucoup discuté sur la question de savoir si la membrane se replie autour du tendon de façon à constituer une sorte de manchon, dans lequel passerait ce dernier. On ne trouve nulle part autour du tendon la membrane dont Bichat avait signalé l'existence. Nous croyons donc qu'il faut considérer les synoviales tendineuses comme de simples sacs arrêtés, à chacune de leurs extrémités, au point où elles touchent l'organe dont elles facilitent le glissement. Lorsque les synoviales tendineuses siègent sur un os, un cartilage ou un ligament très-fort, il n'est pas possible non plus de démontrer l'existence de la membrane sur ces organes, mais on y retrouve tou- jours la couche épithéliale. Les synoviales tendineuses affectent diverses formes. Elles peuvent tapisser une sorte de tube dans lequel passe le tendon, et l'entourer par conséquent de tous côtés, comme cela se remarque dans la grande majorité des muscles des membres, notamment autour du genou et du jarret; la synoviale est dite alors t'ar/^no/e ou ctujainante, souvent aussi une seule face du tendon est pourvue de synoviale, comme cela se voit dans la coulisse bicipitale, pour le tendon du coraco- radial, au trochanter pour celui du grand fessier, etc. ; dans ce cas on l'appelle vésiculaire. Ce n'est que dans des cas très-rares que les synoviales tendineuses présentent des brides aponévrotiques à leur intérieur; elles sont habi- tuellement parfaitement lisses et polies, et la synovie que l'on trouve dans leur intérieur est toujours en petite (juantité-Mais sous l'inlluence dépressions ou de coups, celiciuide pcutaugnu'uter en ([uantité, devenir séreux, sanguinolent ou séro-puruleut, suivant le degré de l'inllanmia- lion. On y rencontre souvent alors des flocons albumineux. L'inflamma- tion des gaines tendineuses est chose extrêmement frécjuente chez les animaux; elle cause souvent, au début, des douleurs intolérables. Dans beaucoup d'autres cas, le développement est chronique et le liquide ne DU SYSTÈME SEREUX. 29 se fait remarquer que par la tuméfaction de la partie correspondant à la synoviale malade. 3. ^ynoTiaics ariiciiiaires. — On les appelle aussi capsules synoviales articulaires, nous préférons cette dernière dénomination, car elle a l'a- vantage d'indiquer que ces synoviales ne forment pas des sacs clos, mais bien des tubes courts et larges, sortes de manchons qui réunissent les os entre eux en se fixant par leurs extrémités ouvertes sur le pourtour des surfaces articulaires en contact. Partout où les synoviales articu- laires sont à nu, on peut voir qu'elles sont extrêmement minces; mais, dans la plupart des cas, elles tapissent des ligaments ou bien sont re- couvertes de capsules fibreuses, lorsque autour de l'articulation il ne se trouve pas des parties molles en épaisseur suffisante pour les protéger. Beaucoup d'auteurs admettent encore aujourd'hui que la couche épithéliale de la synoviale articulaire se prolonge à la surface des car- tilages d'encroûtement. Bichat faisait passer la couche fibreuse à la surface même du cartilage. Gerdy admettait que cette membrane existe entre le cartilage et l'os. Ce qui donnait un semblant de raison à ces auteurs, c'est que souvent il est possible de démontrer une sorte d'irradiation de la synoviale jusqu'à une certaine distance du bord du cartilage, mais jamais on n'a pu la voir se prolonger sur toute la sur- face articulaire. On comprendrait mal d'ailleurs l'existence de mem- branes très-vasculaires et sensibles, comme le sont les synoviales articulaires, entre des surfaces qui doivent supporter des pressions sou- vent considérables et qui reçoivent constamment des chocs. Non-seulement la membrane fibreuse s'arrête sur le bord du carti- lage, mais l'épithélium lui-même ne se prolonge point sur la surface articulaire. L'examen du cartilage d'encroûtement, fait immédiatement après la mort ou même sur des pièces prises sur un animal vivant — cette précaution est très-utile, car rien ne s'altère plus rapidement que les épithéliums des séreuses — ne nous a pas permis de constater l'exis- tence des cellules de cette couche, soit par l'impi-égnation au nitrate d'argent, soit en raclant le cartilage ; l'examen comparatif de la mem- brane synoviale de la même articulation nous montrait toujours, au contraire, les cellules propres à ces séreuses. On rencontre dans les synoviales articulaires des prolongements particuliers, plus ou moins développés, flottants et renflés à leur extré- mité libre, de couleur jaunâtre ou rosée, qu'on appelait autrefois glandes de Havcrs; ce nom de glande leur avait été donné parce qu'on les croyait destinés à sécréter la synovie. Un examen plus attentif de ces productions fait voir qu'elles n'ont rien de ce qui caractérise les glandes, ce sont tout simplement des amas de cellules adipeuses en- tourés de réseaux vasculaires. On les appelle aujourd'hui du nom de franges synoviales. La cavité des capsules articulaires recèle toujours une certaine quantité d'un liquide jaunâtre, filant, désigné sous le nom de synovie, 30 AMATOMIE GENERALE CHIRURGICALE. liquide dont la composition se rapproche beaucoup de celle du mucus, et qui a pour usage de lubrifier les surfaces articulaires en contact. 4. ne» grandes stTouseB OU séreuses splaiiclmiiiues. — Celles-oi consliluenl le degré le plus élevé des séreuses. Gomme les séreuses ar- ticulaires d'ailleurs, elles sont constantes et se rencontrent toujours de la môme manière chez tous les sujets. Les séreuses splanchniques sont peu nombreuses, elles forment les plèvres et le péricarde dans la cavité thoracique, le péritoine dans l'abdomen ; on peut aussi y ratta- cher l'arachnoïde, (pii remplit, dans les cavités cérébrales et rachi- diennes, le rôle du péritoine et des plèvres dans les cavités qu'elles ta- pissent. C'est à ces grandes cavités qu'il est possible d'appliquer la définition qu'on donnait autrefois des séreuses; elles forment, en effet, des sacs clos de toutes parts; il n'y a qu'une seule exception à cette règle, c'est celle du péritoine interrompu au niveau du pavillon de la trompe uté- rine et communiquant de cette façon avec la muqueuse génito-urinaire. C'est aussi sur la face postérieure du diaphragme que Recklinghausen, et tous les histologistes après lui, ont rencontré les bouches absor- bantes des vaisseaux lymphatiques sous forme de cellules rangers au- tour d'une ouverture rappelant les stomates des plantes et parlesquelles pouvaient s'échapper les injections que l'on poussait dans le système lymphatique. Mais s'il est vrai de dire que les grandes séreuses splanchniques sont continues avec elles-mêmes, il ne nous semble pas que l'on puisse dé- montrer partout les deux couches qui constituent leurs parois, pas plus qu'on ne peut trouver deux feuillets appliqués l'un sur l'autre dans <'ertaines parties flottantes du péritoine, tels que le mésentère ou l'épi- ploon. Ces séreuses ne se présentent véritablement à l'état complet que dans leurs feuillets pariétaux, où il est facile de démontrer une couche externe formée de tissu conjonctif serré et tapissée par une couche épithéliale; mais lorsque ces deux feuillets s'appliquent l'un contre l'autre, ils se confondent, et l'analyse microscopique ne peut les sé- parer ; ils ne deviennent véritablement distincts qu'en approchant des organes. Souvent aussi, à la surface de ceux-ci, le feuillet membraneux disparaît et on ne peut démontrer que la couche épithéliale. Le grand épiploon, entre autres, estf orme d'un seul feuillet présentant deux revê- tements épithéliaux, (jui se confondent au niveau des ouvertures dont cet organe est criblé; nous en dirons autani du médiastin du clieval. Quoi qu'il en soit de la structure des grandes cavités séreuses, leur sur- face interne est constamment api)liquée contre elle-même, on ne ren- contre dans leur cavité (ju'une très-petite quantité de liquide destine à faciliter leurs mouvements, mais jamais, à l'état normal, on u'y trouve de gaz. Nous avons déjà dit ({u'au-dessous du IVuilkt pariétal des séreuses, DU SYSTEME SEREUX. 31 on trouve une couche de tissu conjonctif lâche, analogue au tissu sous- cutané, que nous avons déjà nommé tissu conjonctif sous-séreux ; il per- met aux membranes séreuses des déplacements plus ou moins considé- rables suivant son abondance et sa laxité. Propi'iétés générales des tisius séreux. — Nous avons suffisamment ex- posé la structure des bourses séreuses pour n'avoir pas à y revenir ; nous serons brefs aussi sur la composition des autres séreuses. On rencontre, dans la structure de ces membranes, deux couches : l'une externe formée de faisceaux de tissu conjonctif, dont la densité varie; ils sont beaucoup plus serrés, par exemple, dans le péricarde et les membranes synoviales que dans le mésentère. Toujours aussi on ren- contre un réseau de fibres élastiques qui doublent en dehors les fais- ceaux conjonctifs. Elles sont plus abondantes dans les membranes qui subissent de grands changements, comme le péricarde, l'endocarde et le péritoine, que dans les synoviales qui sont à peu près fixes. C'est dans cette couche externe que se ramifient les vaisseaux sanguins, les- quels sont disposés en réseaux à larges mailles dans les grandes séreuses. Leur nombre est beaucoup plus considérable dans les synoviales, et surtout dans les prolongements que nous avons appelés franges. M. Sap- pey n'a pu démontrer aucun vaisseau lymphatique dans les séreuses. La couche interne, épithéliale, est formée de cellules larges et extrê- mement minces, dont les bords sont découpés en dentelures bien visi- bles, surtout lorsqu'on les a colorées par le nitrate d'argent ; elles se dé- tachent avecla plus grande facilité après la mort. Ces cellules manquent dans les bourses séreuses sous-cutanées, ou du moins ne s'y montrent que très-accidentellement. Nous avons indiqué les particularités de siège qu'elles présentent sur les autres séreuses en les étudiant séparé- ment; nous n'y reviendrons pas. L'élasticité des membranes séreuses varie dans une mesure assez considérale suivant leurs usages, leur nature et le mode de distension qui met en jeu cette élasticité. Si la distension se fait petit à petit, comme dans les synovites, hydrocèles ou ascites chroniques, elle peut être considérable; mais alors, la cause une fois disparue, les membranes mettent un temps assez long pour revenir à leur état primitif, lorsque la cause qui les a distendues a cessé d'agir. A l'état normal, la plèvre subit des allongements et des raccourcissements alternatifs pendant l'inspiration et l'expiration. Il en est de môme pour l'endocarde et le péricarde lors des contractions du cœur. Lorsque les séreuses sont distendues au delà d'une certaine mesure et dans un' espace de temps relativement court, il en résulte des dou- leurs considérables, comme cela se voit dans l'ascite ou l'arthrite ai- guës, quoique dans ces cas il faille faire aussi la part de l'inflamma- tion ; il peut arriver que la distension soit portée au delà de la limite d'élasticité de la membrane et que celle-ci se rompe en un ou plusieurs points. 32 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. Les déplacements palholoi;iques des séreuses sont fréquents et se pro- duisent dans plusieurs cas, dans la hernie intestinale par exemple. L'élaslicilé de la membrane joue ici un certain rôle; mais il faut, dans les grands déplacements, attribuer une large part à la laxité du tissu conjonclif sous-séreux, et le sac herniaire n'est pas seulement produit par la portion séreuse située en face au point où existe l'ouverture, mais par les parties voisines qui ont été attirées de proche en proche. Dans ces accidents, la sortie du péritoine précède celle de l'intestin, et cela d'autant plus facilement que l'accident siège dans une portion plus déclive de la paroi abdominale, la pression interne étant d'autant plus forte qu'on se rapproche davantage des régions inférieures. Le phénomène opposé à la distension, la rétraction, se produit égale- ment avec une grande facilité dans la membrane séreuse. On le remar- que surtout très-bien dans certaines synoviales. Lorsque des synoviales tendineuses ne remplissent plus leurs fonctions, par immobilisation du tendon dont elles servaient à faciliter le ghssement, ainsi qu'on le voit dans les ankyloses vraies ou fausses des extrémités des membres, elles s'atrophient et peuvent môme à la longue disparaître entièrement ; on observe, dans la marche de cette atrophie, que la synovie cesse d'être sécrétée, que bientùl l'épilhélium se ternit, puis disparaît par plaques; de lisse qu'elle était, la surface de la séreuse devient rugueuse; elle bourgeonne légèrement; ses parois en contact finissent par adhérer en plusieurs points et bientôt du tissu conjonctif plus ou moins épaissi a remplacé la gaîne tendineuse. 11 se passe des phénomènes analogues dans les synoviales des articulations immobilisées par ces développe- ments souvent énormes d'exostoses stalacliformes du genou ou du jarret. Notons cependant que la disparition des capsules articulaires est beaucoup plus longue à s'elfectuer (jue celle des synoviales tendi- neuses, et que les ankyloses vraies sont relativement rares. Chez tous les animaux à l'état sain, on rencontre, avons-nous déjà dit, ime certaine quantité de liiiuide dans la cavité péritonéale. Chez les chevaux, cette quantité est beaucoup plus considérable que chez les autres animaux, à tel point que, si l'on n'était prévenu, on pourrait prendre ce licjuide pour un produit pathologique. 11 existe à tous les âges. Chez les jeunes et les adultes, on en trouve d'un à deux litres; mais la quantité est bien plus grande dans la vieillesse, sans cependant présenter des caractères différents de ceux qui se voient à l'âge adulte. I.e li(iiii(lc péritonéal normal du cheval diffère essentiellement de celui qui résulte d'une inflammation, en ce que ce dernier n'est autre chose que la sérosité du sang en nature et (pi'il peut, pas conséquent, se coa- guler, tandis que le premier ne se coagule jamais et ne présente qu'une très-pi'tite quantité de matières librin()-plasli<(ues. Lorscpie rinllammalion a amené la sécrétion d'une certaine (|uanLiLé de lymi)lie plasti(iue, cette lymphe s'organise assez fréquemment et forme des brides qui Unissent par se vasculariser et prendre tous les ca- DU SYSTÈME SÉREUX. X^ ractèrcs de !a séreuse ; rinflamination se propage avec la plus grande fa- cilité aux parties voisines saines ; alors un travail semblable s'effectue, les brides se soudent entre elles et il en résulte des adhérences quelquefois nombreuses et assez étendues pour gêner les mouvements des organes. Ces adhérences sont fréquentes dans les portions fixes des viscères intestinaux comme le foie, la rate ou l'estomac, rares, au contraire, sur l'intestin grêle, et cela se conçoit aisément, car le mode d'organi- sation de l'adhérence demande que les parties,.pour se souder, demeu- rent en contact pendant un temps assez long, ce qui ne peut s'obtenir avec un organe aussi mobile que l'inlestin grêle, qui change constam- ment les rapports de ses différentes parties. Citons, enfin, en terminant ces quelques considérations générales sur les séreuses, la présence assez fréquente sur l'épiploon de masses arrondies, pédiculées, ou quelquefois absolument libres, dont le volume varie depuis celui d'un pois jusqu'à celui d'un œuf de poule. Ces tu- meurs ont été étudiées par Arloing (1), elles sont formées par du sang épanché dont la fibrine a subi un commencement d'organisation. Les corps étrangers du péritoine sont très-souvent infiltrés de sels cal- caires. DéTeloppement îles séreuses. — L'étude de la formation des mem- branes séreuses est un des points les plus importants de leur histoire. Nous avons déjà dit comment se forment les bourses séreuses acciden- telles, nous n'y reviendrons pas. Sans présenter un mode de formation absolument identique, les grandes séreuses ont cependant quelques points de leur genèse qui les rapprochent de celle des premières. Etudiées chez l'embryon, les cavités séreuses ne préexistent pas aux organes qu'elles renferment, on les voit, au contraire, se former posté- rieurement à ces organes et autour d'eux, il est même fort probable que c"est à leur frottement ou à leur déplacement incessant qu'elles doi- vent leur existence. Sous l'influence de ces frottements, le tissu con- jonctif embryonnaire est refoulé et prend l'aspect d'une membrane, iseux. — Le tissu osscux est Constitué par une substance fondamentale, creusée d'une multitude de cavités très-pe- tites,- appelées cavités osseuses ou osteoplasl.es, et parcourue par des ca- naux ramifiés et anastomosés auxcpiels on a donné le nom do, canaux de.Havers. Il y a très-peu de temps que la structure des os est connue, les travaux les plus anciens sur ce sujet remontent seulement à 183(); c'està Gerdy et Miescher que l'on doit les premiers résultats certains. Ijis.canaux de Havers sont plus ou moins fins, ils peuvent être vus à la loupe. Leur diamètre moyen est d'environ 5 dixièmes de millimètre. Ils existent dans la substance compacte et affectent, dans les os longs, une direction parallèle à l'axe de l'os ; dans les os plats ils se dirigent généralement dans le sens du plus grand diamètre et sont toujours parallèles à la surface. Dans quelques os du crâne on les voit s'irradier autour d'un point central. Les canaux de Havers communiquent entre eux par des branches ou anastomoses transversales dont la direction est perpendiculaire ou plus ou moins oblique à celle des canaux longi- tudinaux. Sur une tranche même longitudinale on les voit former des mailles allongées dont la forme est le plus souvent rectangulaire. On conçoit que sur une coupe transversale on aura la section des canaux etisouvent aussi celle des branches transversales qui, suivant qu'elles seront parfaitement perpendiculaires ou obliques, donneront la sensa- tion d'un demi-canal réunissant deux orifices voisins, ou prolongera ceux-ci de façon à leur donner une forme elliptique ou ovalaire. Il est important de connaître les dispositions de ces canaux, car ils servent à abriter les vaisseaux sanguins qui président à la nutrition du lissu osseux. En vertu de cette fonction, les canaux de Havers s'ouvrent à l'extérieur des os et dans les espaces médullaires de l'intérieur. La substance fondamentale des os est formée de couches successives intimement unies, entourant les canaux de Havers, puis de couches plus étendues qui enveloppent, d'une façon toujours imparfaite, un système de canaux avec leurs couches respectives et enfin de lamelles parallèles aux surfaces de l'os qui forment un système général d'enve- loppe aux deux autres systèmes. On a voulu voir dans ces couches gé- (1) Comptes rendus do la Société centrale de médecine véle'nnaire, mars IST,".. DU SYSTÈME OSSEUX. 37 nérales une cause de l'exfolialion des os couche par couche ; mais il est fort douteux que, dans ces cas, l'exFoliation s'en tienne aux couches su- perficielles d'enveloppe générale. Quanl au nombre découches concen- triques particulières à un canalicule, il varie de 6 à 18 ou 20. Leur épaisseur est différente suivant les os et l'espèce animale. Les ostéoplastes caractérisent essentiellement le tissu osseux, ce soiit les seuls éléments persistants dans beaucoup de cas. La substance fon- damentale peut n'être pas très-distincte, et les canaux de Havcrs n'exis- tent, ainsi que nous l'avons déjà dit, que dans la substance compadte. Les ostéoplastes sont des cavités de forme elliptique d'où partent un grand nombre de prolongements très-lins, ramifiés, appelés canalicules osseux^ lesquels s'anastomosent avec les canalicules des ostéoplastes voi- sins, ou bien viennent déboucher à la surface de l'os et dans les aréoles du tissu spongieux ; les canaux de Havers montrent leurs parois cri- blées de ces petits orifices. D'après Kollikcr, Frey, Ranvier et la plupart des auteurs, il existe- rait, à l'intérieur des cavités osseuses, une cellule munie de prolonge- ments canalicules. Quant à la disposition générale des ostéoplastes, elle est semblable à celle des lamelles de substance fondamentale dans lesquelles ils sont creusées; ils forment comme elles des systèmes coïK^entriqucs, c'est-à-dire que chaque couche possède ses cellules dont le grand axe est dirigé dans le sens de la couche. Le rôle physiologique des ostéoplastes est très-important, car ils sont destinés à transporter les matériaux nutritifs dans toutes les parties de la substance osseuse. Maintenant que nous connaissons la composition anatomique du tissu osseux, il n'est pas moins important d'étudier les éléments chi- miques qui le constituent. Indépendamment de l'eau, dont la quantité est variable suivant la nature du tissu et l'àgc du sujet, on rencontre dans les os des matières organiques et inorganiques. Les premières se trouvent dans la proportion de 1^0 à 45 pour 100 et restent seules lors- qu'on traite les os par l'acide chlorhydrique ou l'acide azotique éten- dus ; par la cuisson cette matière se sépare des sels inorganiques et donne de la gélatine ou colle. Quant aux substances salines, ce sont, pour ne citer que les principales : des sulfates, phosphates ou carbo- nates de chaux ou de magnésie. Le phosphate neutre de chaux en forme la plus grande partie. Les sels restent seuls lorsqu'on calcine les os en vase clos, et le résidu, qui conserve la forme de l'os, comme dans l'opération par les acides, devient blanc et se réduit en poudre par la simple pression des doigts. Quant à la proportion de sels renfermée dans les os, elle varie également suivant les âges ; elU; est beaucoup plus considérable chez les animaux vieux que chez ceux qui sont adultes, et à plus forte raison (jue chez les jeunes. La connaissance de la composition chimique du tissu osseux a suggéré à quelques chirurgiens l'idée de dissoudre, au moyen d'acides, 38 AXATOMIE GENERALE CHIRURGICALE. les sels calcaires d'os nécrosés pour éliminer plus promptemcnl la partie atteinte de nécrose. Allouel, Delpoch et Troja auraient obtenu par ce moyen des résultats satisfaisants. Plusieurs autres chirurgiens, entre autres M. llichct, ayant voulu employer ce procédé, ont dû y re- noncer en raison des douleurs que l'acide produit en attaquant les bourgeons charnus et l'os sain, mais surtout en face de son inefficacité. Un os frais n'est pas seulement composé des éléments que nous ve- nons d'étudier jusqu'à présent; on y trouve encore des parties molles d'une importance capitale, au point de vue physiologique et patholo- gicjue; nous voulons parler du périoste et de la mnelk. Le périoste enveloppe l'os dans toutes les parties qui ne sont pas re- couvertes par le cartilage articulaire. C'est une membrane très-vascu- laire, blanche ou trcs-légcrement colorée en rose, plus ou moins trans- parente, et tellement adhérente que très-souvent il est impossible de la séparer de l'os autrement que par la rugination. Cette adhérence varie d'ailleurs avec les parties du squelette; chez le jeune sujet, elle est beaucoup moins marquée; aussi conçoit-on facilement dans le jeune âge les cpanchements sanguins entre l'os et sa membrane extérieure. La cohésion est toujours beaucoup plus grande près des extrémités ar- ticulaires et dans les endroits où s'attachent les tendons, les ligaments ou les gaines. Le périoste est l'agent principal de l'accroissement des os en épaisseur, et il fonctionne également comme couche ostéogène chez l'adulte dans les cas pathologiques : nous reviendrons plus loin sur cette importante question. Le canal médullaire, ainsi que les cavités osseuses de la substance spongieuse des os, est rempli par une substance molle presque trans- parente, désignée sous le nom de moelle des os. Cette substance se pré- sente sous Vaspeci Jaune dans le canal médullaire des os longs, où elle renferme une très-grande proportion de graisse; 96 pour 100 chez le bœuf, d'après Berzélius. La moelle des os longs du cheval est beaucoup moins riche en graisse; aussi sa couleur est plutôt rosée. Dans les aréoles de la substance spongieuse de l'extrémité des os longs, ou le diploë des os courts et plats, comme le corps des vertèbres, les os du crâne, la moelle a un aspect rougentre; elle difl'ère de l'autre moelle en ce qu'elle contient surtout de l'eau et seulement des traces de graisse. Quant à sa structure histologiquc, la moelle est composée, indépen- damment de vaisseaux et de nerfs, d'un liquide spécial, transparent ou jaunâtre, d^ graisse libre, de tissu conjonctif, de cellules adipeuses et enfui de cellules dites de la moelle. Robin divise celles-ci en médullocèles et nnjéloplaxes. Les premières sont sphériques, â bords nets, et renferment toutes un noyau; les secondes, beaucoup plus grandes, sont surtout caractérisées par le nombre de noyaux (jui se rencontrent dans leur in- térieur et qui peut être de six à dix. Quelques tumeurs de^ os seraient produites par une accumulation, en nu ])oiiil donné, de ces cellules; DU SYSTÈME OSSEUX. 39 elles prennent, suivant leur naUire, le nom de tumeurs à médullocôles ou tumeurs à myéloplaxcs. Les os possèdent des vaisseaux et des nerfs. Les artères des os sont plus ou moins volumineuses. Tous les os longs reçoivent une artère spéciale, V artère nourricière, qui pénètre à l'intérieur de l'os par le trou tioicnicier et arrive directement jusqu'à la moelle; là elle se divise en deux branches qui s'écartent et se ramifient dans les tissus de la moelle et dans l'os lui-même. Les trous extérieurs des extrémités épi- physaires des os longs donnent aussi passage à des vaisseaux qui se ramifient dans la substance spongieuse, etconséquemment vers les di- visions de l'artère nourricière. Enfin on constate, lorsqu'on arrache le périoste d'un os, qu'il est surtout attaché à la substance osseuse par des prolongements vasculaires qui pénètrent dans la substance compacte par les ouvertures extérieures des canaux de Havers. Nous voyons, par cette description, que dans les os plats et courts les vaisseaux sont de deux ordres seulement : ceux qui pénètrent dans le tissu spongieux et ceux qui arrivent par le périoste; que dans les os longs s'ajoute un nou- veau vaisseau, plus important par son volume que les autres, c'est l'artère nourricière. Mais ce qui est remarquable surtout, c'est la dis- position de cette artère, qui se distribue particulièrement à la moelle et aux couches osseuses qui l'avoisinent : il résulte de cette distribution que les couches intérieures sont les parties de l'os dans lesquelles le mouvement vital est le plus considérable. On trouve toujours une veine d'un certain calibre qui accompagne l'artère nourricière ; d'autres sortent de l'os près des extrémités articu- laires, et on en voit qui partent de la diaphyse et qui possèdent à leur origine des extrémités renflées en forme de sinus . Tous les vaisseaux des os communiquent entre eux, de telle sorte que le système vasculaire d'un os forme un tout continu que Bichat avait déjà distingué dans un cas fortuit : en injectant un sujet dont l'ar- tère nourricière du tibia était oblitérée, il put néanmoins remplir avec la matière à injection tout le système vasculaire de l'os. Les lymphatiques des os sont très-problématiques aujourd'hui encore, malgré les recherches des histologistes modernes. Les nerfs existent dans tous les os; dans les os longs, ils pénètrent par les trous nourriciers avec les vaisseaux et se divisent comme eux ; de plus les os longs possèdent aussi des nerfs qui pénètrent par les extré- mités, enfln, il en arrive d'autres par la substance compacte, qui vien- nent du périoste. Les vertèbres, parmi les os courts, sont particulière- ment riches en nerfs. Les nerfs des os viennent des cordons nerveux qui sont à proximité ; mais cependant il paraîtrait que le grand sympathique fournit aussi son contingent : on a vu, sous ce rapport, un petit gan- glion dans le trou nourricier du fémur du cheval. Le périoste possède aussi des nerfs ; mais la plupart de ceux-ci sont iO ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. deslinos aux os qu'il recouvre; ils se rencontrent en nombre assez peu considérable et viennent des nerfs racliidiens. Le tissu osseux apparaît sous la forme de substance compacte et sous celle de substance sftonf/icuse. La première est très-dure, très-dense et blanche; nous avons déjà vu qu'elle n'est compacte qu'en apparence et qu'on peut, par l'analyse microscopique, y démontrer des cavités et des canaux. La seconde a été ainsi appelée à cause des lacunes ou ca- vités, visibles sans le secours d'un instrument grossissant, remplies par la moelle, les vaisseaux cl les nerfs. Les deux substances affectent des positions parfaitement détermi- nées. Le tissu compacte forme presque à lui seul la diaphyse des os longs, il recouvre d'une couche plus ou moins épaisse les épiphyses. Dans les os courts, il forme une lame très-mince qui enveloppe l'os sur toutes ses faces ; cette couche est souvent très-épaisse dans les os plats, et môme, lorsque l'os ne dépasse pas une certaine épaisseur, la subs- tance spongieuse manque entre les deux lames, qui arrivent t\ se met- tre en contact: c'est souvent le cas des fosses sus et sous-épineuses de l'omoplate. La substance spongieuse se voit aux extrémités articulaires et au centre des os longs ; elle existe dans les os courts et entre les deux lames des os plats, où elle forme ce qu'on nomme le diplex'. On désigne sous le nom cVcspaces ou cellules médullaires les lacunes du tissu spon- gieux. Les cellules présentent cette particularité de communiquer tou- tes entre elles, de telle sorte qu'une injection poussée par une extrémité d"uu os long viendrait ressortirpar l'autre extrémité, à laquelle on au- rait pratiqiu'' une ouverture; les cloisons qui les séparent sont loul à fait incomplètes et plus ou moins rapprochées, car ces cloisons étant formées de substance compacte, il arrive souvent que la transition entre les deux sortes de tissus se fait d'une manière insensible. D'ail- leurs l'histoire du développement et des transformations du tissu osseux nous apprend que ces deux substances peuvent se substituer l'une à l'autre ou procéder l'une de l'autre. Il est important de savoir aussi que les deux substances offrent une consistance très-variable suivant l'os envisagé et l'âge du sujet. Le tissu compacte est toujours ti-ès-résistant : lorsqu'il recouvre le tissu spon- gieux, il défend celui-ci contre les atteintes extérieures; dans d'autres cas, la lame peut être tellement mince qu'elle lléchit ou se brise sous la simple pression du doigt, comme cela se voit dans les feuillets papy- racés de rethmoïde ou des cornets. Quanta la substance spongieuse, elle peut être assez peu consistante pour céder aux seuls efforts de la main, ou bien assez résistante pour ne pas se laisser entamer par les iusliu- mcnts tranchants ou acérés: ces différences se rencoutrenl sur le uiéuu' sujet absolument sain et ne doivent pas être confondues, par lonsé- quenl, avec les cas pathologi([ues. C'est en vertu de cette dillVM'euce de consistance que l'on voit, dans certains cas de fracture, la diaphyse de l'os brisé pénétrer dans l'inté- DU SYSTEME OSSEUX. 41 ricui' (le répiphysc, cl former ce (ju'on appelle les fractures par péné- tration. Les os soûl doués d'claslicilc ; uiais cette propriété varie beaucoup suivant les âges. Les os des animaux jeunes peuvent être courbés sans se rompre; il peut môme arriver que la rupture, lorsque la flexion a dépassé une certaine mesure, n'intéresse pas toute l'épaisseur de l'os, mais seulement le côté de la convexité. Lorsque l'animal est arrivé à l'âge adulte, l'élasticité est très-obscure ; elle disparaît complètement ou presque complètement chez les sujets âgés, les os dans ce dernier cas étant devenus très-fragiles. Bicbat a écrit que les os sont extensibles et contractiles ; il cite comme exemple le gonflement des sinus maxillaires occupés par un polype, et le présente comme un cas (V extensibilité, ou bien encore l'élargisse- ment des os du crâne dans le cas d'hydrocéphalie. Nous croyons qu'il y a là une confusion de mots, car l'extensibilité ne pourrait être vraie que dans le cas où un os soumis à une traction s'allongerait d'une certaine mesure, et à ce compte les os des jeunes sujets seuls seraient ex- tensibles; mais dans les cas particuliers que nous venons de ciler, d'a- près rillu§trc auteur de VAnatoniie générale, il y a modiflcation ou hypertrophie pathologique. Quant à la contractilité, Bichat en donne plusieurs exemples remarquables, comme le resserrement de l'alvéole après l'arrachement de la dent, le rétrécissement des sinus quand on a donné issue au pus de l'os carié, et la réduction de l'orbite et du trou optique après l'extraction de l'œil ou l'atrophie du nerf optique. La présence de nerfs dans le tissu osseux nous fait conclure à priori que le périoste, l'os et la moelle sont des organes sensibles; mais en résulte-t-il, comme la dit Bichat, que la moelle notamment soit douée d'une exquise sensibilité? A cette question nous répondrons qu'il y a une différence très-grande suivant les espèces. Nous avons eu souvent l'occasion de pratiquer des vivisections chez les petits animaux, et nous avons pu voir que la destruction de la moelle chez les chiens produit tou- jours une vive douleur; il en est de même chez les chats et les lapins ; nous n'oserions pas encore conclure pour le cheval, mais il est démon- tré que chez l'homme la moelle est très-peu sensible. Dans tous ces cas nous parlons de l'état sain; car si nous envisageons la moelle en- flammée, elle est au contraire alors très-sensible ; c'est du reste un fait parfaitement connu que rinllammation développe toujours une certaine sensibilité, même dans les organes qui en sont le plus dépourvus. OH(«'os^éni(>. — Les os Commencent à apparaître chez l'embryon de la jument et de la vache, vers la fin du premier mois de la conception; mais avant cette époque on a déjà pu apercevoir les cartilages qui tien- nent la place des os futurs. De la quatrième à la huitième semaine se montrent de petits noyaux osseux dans les principaux os du squelette. C'est habilucllement aux dépens d'un cartilage primitif que se forme i2 A.NATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. le tissu osseux: alors le cartilage possède déjà la forme de Fos, et il est pourvu de ses parties cssculielles, diaphysc et épiphyscs. La subs- tance osseuse envahit toutes ces .parties, et le périchondrc devient périoste. Mais il peut arriver aussi que les os se forment dans une sorte de blaslème, sans apparence cartilagineuse, ou dans un tissu fibreux déjà développé, comme cela se remarque dans les parois de la voûte du crâne et certains os de la face : de là deux variétés d'ossification que nous allons étudier successivement. 1° Ossification dans le cartilage primitif. - — Le premier phénomène qui marque dans un cartilage sa transformation osseuse consiste dans le dépôt de sels calcaires granuleux, en des points particuhers que l'on a désignés sous le nom de noyaux, ou mieux points d'ossification ; ils va- rient de position et de nombre suivant la forme et le volume des os. Généralement la diaphyse des os longs commence sa calcification par la surface ; c'est par le centre que les os courts et les épiphyses sont en- vahis tout d'abord par les sels calcaires. Mais ce dépôt de sels calcai- res dans le cartilage primitif n'est qu'un état transitoire: les capsules de cartilage, qui n'ont pas tout d'abord été modifiées dans leurs formes, finissent bientôt par se dissoudre, ainsi que la substance intermédiaire, et il en résulte de longs espaces dans lesquels on ne rencontre plus que déjeunes cellules de cartilage, ou protoblastes en voie de multiplica- tion ; ce sont ces dernières qui vont donner naissance h la moelle jeune, qui elle-même formera la moelle définitive, ainsi que la véritable substance osseuse, laquelle prend ainsi, au fur et à mesure des progrès de l'ossification, la place du cartilage calcifié. Mais pendant que ces phénomènes se passent en certains endroits du cartilage, celui-ci con- tinue à s'accroître, en apportant ainsi à l'os de nouveaux matériaux ; et lorsqu'enfin tout le cartilage est remplacé par la substance osseuse, ]e périchondre, devenu périoste, fournit, par sa face profonde, de nouvelles couches osseuses jusqu'au développement complet de l'in- dividu. Un des points les plus importants de l'étude du développement des os réside dans la formation des cavités osseuses ou osféoplastes. Dans la théorie que nous venons d'esquisser plus haut, théorie très-bien expo- sée par Millier, et admise aujourd'hui par la plupart des histologistes, au moment où se détruisent les capsules de cartilage, les protoblastes, mis ainsi en liberté, occupent les jeunes espaces médullaires et s'y mul- tiplient très -activement, au point que bientôt cette moelle fœtale est lormée presque exclusivement des protoblastes des cartilages et d'une petite quantité de liciuide. Que cette phase soit un peu plus avancée, et ces cellules formeront le tissu conjonctif, les vaisseaux et les nerfs de la moelle et de l'os et aussi la véritable substance osseuse. Celles qui ont cette dernière destination se rangent sur les parois de la cavité médullaire et lui constituent une sorte dii revêtement épit/iélial. Elles nil SYSTÈME OSSEUX. 43 ont été particulicrcment étudiées par Gcgcnbaur, Ce sont ces cellules qui subissent des transformations successives, d'où résulteront des cor- puscules étoiles, sépares alors par une sul)stance interstitielle qui s'in- cruste de sels calcaires et devient ainsi l'os véritable. Ce mode de développement que nous admettons d'une manière complète, trouve encore un certain nombre de contradicteurs. Pour M. Robin, les chondroplastes se transforment directement en cavités osseuses; les cellules de ces derniers éléments disparaissent au mo- ment de la calcification, et il ne reste que la cavité cartilagineuse, qui se détruit; en môme temps, la substance fondamentale se creuse de canalicules qui font communiquer entre elles les cavités osseuses voi- sines ainsi formées. Si on ne peut nier que dans certains cas les cavi- tés osseuses se développent de cette dernière façon, on peut dire ce- pendant que ce mode ne s'observe qu'en des cas d'exception très-rares et que le premier se remarque au contraire presque toujours. Dans les os courts et les noyaux épipbysaires, l'os primitivement formé reste dans cet état pendant toute la vie; mais dans la diaphyse des os longs, aussi longtemps que l'os est en voie d'accroissement, le tissu osseux n'a qu'une existence passagère ; il se résorbe pour donner naissance aux cavités médullaires larges, nettement délimitées de l'a- dulte et de l'individu vieux. Nous avons dit qu'une certaine quantité de cellules de la moelle fœ- tale se transforme en tissu conjonctif, vaisseaux, nerfs et moelle défi- nitive. On voit de très-bonne heure apparaître les vaisseaux; ils sont déjà tout formés au moment de la naissance; aussi la moelle à cette époque a -t-elle une couleur rouge très-prononcée. Plus tard, les cel- lules adipeuses l'envahissent, et elle prend petit à petit la couleur blanche ou jaunâtre que l'on remarque dans la suite. Avant même que le cartilage soit complètement transformé en os, un autre élément est intervenu, qui doit être bientôt le principal agent de production du tissu osseux : nous voulons parler du périoste, dont il nous reste maintenant à étudier le rôle si important. Le périoste dérive directement du périchondre. Vers le cinquième mois de la vie utérine, on le trouve déjà formé de tissu conjonctif et de fd)res élastiques fines. Avec le temps, le périoste augmente d'épaisseur et ses fibres élastiques s'accroissent en nombre et en volume. Si on l'examine alors, on voit qu'il est doublé d'un tissu particulier que M. Ollier a appelé bl istème-sous-périostal. Ce nouvel élément se montre sous la forme d'un tissu fîbrillaire peu développé, embryonnaire, et de cellules qui doivent donner naissance à de nouveaux corpuscules os- seux. L'ablation de cette couche montre à la surface de l'os un tissu osseux nouveau, moins complet et moins blanc que dans les couches plus profondes ; et l'on peut démontrer, par des coupes transversales bien laites, sur un os ramolli par l'acide chlorhydrique, que le nouveau tissu superficiel s'est formé de la môme manière que celui qui prend la 44 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. place du cartilafj^c, non pas quo les cellules du blastème sous-périustal aient la moindre analogie avec les chondroplastes ; mais elles ont abso- lument la signification des cellules de la jeune moelle que nous avons décrite précédemment. On peut, en outre, constater (|ue le tissu fi- breux de la couche formatrice se continue sans ligne de démarcation précise avec la substance fondamentale de l'os nouveau, et que les cellules forment directement les cellules osseuses en prenant peu à peu la forme étoilée. Le nouveau tissu osseux dérivé du périoste n'a pas une structure compacte comme on le remarque par la suite; il est tout d'abord Irès- aréolairc ; ces aréoles arrondies ou allongées, qui comnmniquent toutes les unes avec les autres, donneront naissance aux canalicules de Havers. D'abord longs et irréguliers, ces canalicules renferment beaucoup d'é- léments cellulaires jeunes, destinés par la suite à se transformer : les plus superficiels en ostéoplastcs qui se rangent sur les parois en cou- ches concentriques, les internes ou profonds en vaisseaux ou eu nerfs, qui persistent ensuite pendant toute la durée de la vie de l'animal. No- tons encore que les espaces aréolaircs des dépôts périostiques renfer- ment un certain nombre de cellules à noyaux multiples que M. Robin a nommées myéloplaxes. On voit par cette esquisse rapide que le périoste détermine l'ac- croissement de l'os en épaisseur, comme les cartilages de conjugaison ou épiphysaires le déterminent en longueur; mais en môme temps que ces phénomènes se passent à la superficie des os longs, on remarque que, dans leur intérieur, la substance osseuse primitivement formée se liquéfie et passe à l'état de moelle. Non-seulement le tissu osseux déri- vant du cartilage se résorbe, mais encore les premières couches for- mées par le périoste; et ces deux effets contraires se combinent de telle sorte qu'il ne reste plus, dans un os complètement développé, un seul atome de l'os primitif; et même on peut dire que pendant la durée de son développement l'os se régénère plusieurs fois. Quant à l'accroissement des os en longueur, il est déterminé par une couche de substance cartilagineuse, qui persiste jusqu'au développe- ment complet de l'os. Ce cartilage se trouve situé entre les divers points d'ossification, et a reçu le nom de cartilage de conjugaison. 11 diffère des cartilages ordinaires en ce qu'il contient des vaisseaux qui lui per- mettent de se renouveler à mesure qu'il est envahi par l'ossification. Lorsqu'on fait macérer un os jeune, le cartilage de conjugaison se dé- truit facilement, et les épiphyses se séparent de la diaphyse; mais il ne résulte pas cependant de cette facile désagrégation par l'eau, que ce cartilage puisse être facilement détruit pendant la vie. Au conlraire, il est, à l'état physiologiciuc, Irès-adhérent à l'os par ses deux faces; aussi csl-il extrèmemi'iil laïc (rubscivcr le (ItMMlk'nicnt des épiphyses. CruM'ilhiiT et Bovary, dans des reeherehes expérimentales sur cette question, ont vu ({ue [ncMiue toujours le cartilage épii)hysaire, en se DU SYSTEME OSSEUX. 4S détachant, entraîne avec lui une lamelle osseuse; c'est donc là une vé- ritable fracture et non un décollement. Hunter a fait voir que l'os une fois formé ne s'agrandit plus. En enfonçant deux clous dans la diaphyse osseuse d'un jeune sujet, on re- trouve, longtemps après, les deux points de repère à la même distance, alors que Tos présente une longueur beaucoup plus considérable qu'au moment de l'expérience. Le cartilage cpiphysaire étant le moyen d'accroissement des os longs, il s'ensuit tout naturellement que si la croissance en est arrêtée ou si son ossification est prématurée, l'os n'arrive pas à sa dimension normale ; il reste plus court que son cor- respondant du côté opposé; par contre, l'inflammation du cartilage de conjugaison, en augmentant son épaisseur, amène une longueur plus considérable de l'os du côté malade. Les maladies produisent sponta- nément ce résultat; mais on l'a utilisé en chirurgie pour amener l'accroissement d'un os resté trop court. Il suffit alors d'irriter ce car- tilage par quelques piqûres pour provoquer un développement de substance cartilagineuse et par suite un agrandissement de l'os. La soudure des épiphyses indique le commencement de l'âge adulte ; elle coïncide exactement avec l'éruption des dernières dents perma- nentes. On a cru pendant longtemps que l'âge adulte arrive au bout d'un temps égal pour tous les animaux d'une même espèce, ou tout au moins d'une môme race. Les procédés empiriques d'amélioration des éleveurs anglais sont restés pendant longtemps lettre morte pour les physiologistes, et la précocité des races de Durham,de Southdown, était considérée comme un apanage exclusif de ces races. M. Sanson (i) a fait voir que cette précocité, qui n'est que le résul- tat de la soudure hâtive des épiphyses, peut être obtenue chez toutes les races d'animaux domestiques, sous l'influence d'une nourriture appro- priée. Nous ne pouvons mieux faire que de mettre sous les yeux de nos lecteurs quelques-unes des conclusions de ce mémoire, qui se rappor- tent plus particulièrement au sujet que nous examinons en ce moment : « 1° La précocité des animaux, caractérisée par l'arrivée hâtive de l'état adulte avec tous ses attributs normaux, est essentiellement due à la soudure plus prompte des épiphyses. ((2° Cette soudure, dont le moment normal est devancé d'une quan- tité de temps plus ou moins grande, s'accompagne toujours d'une aug- mentation considérable de la densité des os due à la proportion plus forte des matières minérales qui entrent dans leur constitution. (Le rapport entre les os précoces et les os normaux est : : 1342 : 1274.) « 8" L'achèvement hâtif du squelette des animaux précoces, et toutes les conséquences qu'il entraîne, sont dus uniquement à la qualité de l'alimentation spéciale à laquelle ils ont été soumis, (1) A. Sanson, Théorie du déveluppement précoce des miimaux domestiques ; in Journal de V Analomie et de la Physiologie normale et pathologique. Paris, mars et avril 187 2, et Comptes rendus de l'Académie des Scimces, t. LXXl, Paris^ 1870. 46 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. « 10° L'effet de l'alimentalion spéciale dépend exclusivement de l'acide phosphoriqiic et de la chaux en présence dans cette alimentation, ca- ractérisée par l'adjonction d'un complément des semences céréales, légumineuses ou oléagineuses, riches en phosphates de potasse, sur- tout, aux fourrages principalement riches en chaux et autres oxydes terreux nécessaires i\ la formation des os, que les animaux herbivores consomment naturellement. » Duhamel a depuis longtemps démontré le rôle du périoste par ses expériences célèbres avec la garance, qui possède la propriété singulière de colorer en rouge l'os qui se forme dans la période pendant laquelle on la mélange aux aliments. Si on nourrit pendant un certain temps un animal jeune avec des aliments aux([uels on a mêlé de cette subs- tance, il se forme une couche osseuse rouge tout autour de la diaphyse des os ; on interrompt alors l'administration de la garance : la couche sécrétée pendant ce temps redevient blanche. Si on reprend ainsi à des intervalles de temps successifs l'usage de ce végétal, on obtient des couches alternativement blanches et rouges. Mais, par suite du travail de résorption intérieure, les couches rouges primitivement formées dis- paraissent, et même, au bout d'un certain temps, tout l'os ainsi obtenu est complètement résorbé. On avait donc dans ce fait une démonstra- tion aussi péremptoire que possible du rôle du périoste dans le dévelop- pement des os en épaisseur. Au moment où Duhamel pujjlia ses expé- riences, elles obtinrent surtout un succès de curiosité. Flourens, en les répétant, pressentit et indiqua tout le parti qu'on pouvait en tirer au point de vue chirurgical. Blandin essaya le premier de renouveler l'os par l'intermédiaire du périoste; il reproduisit une clavicule complète, dont il avait enlevé tout le tissu osseux en ménageant le périoste. M. Ollier alla plus loin dans ses recherches sur le pouvoir ostéogénique du périoste : il déta- cha un lambeau périostique et le transplanta au milieu des parties molles, soit sur le même animal, soit sur un autre sujet, et le périoste ainsi greffé continua à produire de l'os. Beaucoup d'os enlevés par ce chirurgien ont été complètement réparés par le périoste conservé, et aujourd'hui les résections sous-périostées sont passées dans la pratique chirurgicale. Mais si l^on ne connaissait pas exactement, au siècle dernier, le rôle du périoste dans la formation des os et dans leur régénération, on savait néanmoins qu'il concourt très-activement à leur nutrition. C'est ainsi qu'au commencement de ce siècle les chirurgiens étaient convain- cus que la partie dénudée d'un os devait fatalement se nécroser; aussi conseillait-on dans le cas de destruction ou même de simple décolle- ment de provoquer au plus tôt la mortilication en irritant le point lésé. C'est là une pratique qui peut amener des conséquences fâcheu- ses ; car il n'est rien moins ([ue démontré que la nécrose doive arriver fatalement par l'ablation du périoste. Ainsi que le dit Tort bien DU SYSTÈME OSSEUX. 47 M. Richet, lesossonl des organes vasculaires, el lorsque le périoste a été enlevé dans un point limité, les vaisseaux intra-osseux peuvent suffire à nourrir le tissu jusqu'à régénération de la membrane externe. Dans les plaies du crâne, il arrive souvent que Tos est entièrement mis à nu, et cependant les nécroses n'en sont pas toujours la suite. Si le décollement ou la destruction du périoste occupent une large surface, les anastomoses vasculaires ne sont plus alors suffisantes pour en- tretenir la nutrition, et l'os s'exfolie par couches superficielles, très- fines, ou bien il se nécrose et s"élimine en masse; il se développe alors des bourgeons charnus trcs-vasculaires qui sont souvent le siège de battements isochrones avec ceux du cœur ; ces bourgeons sont le point de départ de la cicatrisation et de la régénération osseuse. La formation du cal dans les cas de fractures est le résultat d'une véritable production de substance osseuse. Dans les os longs des ani- maux, il est précédé par un cartilage véritable qui, pour s'ossifier,- suit la même marche que le cartilage primitif. Dans ce cas, il n'y a pas de suppuration, et cela n'arrive que lorsque les os fracturés ont été sous- traits au contact de l'air. C'est l'ordinaire pour les fractures simples. Il se produit de la part du périoste, de la moelle, et même des tissus environnants, une sécrétion de lymphe plastique, qui s'organise et passe ensuite à l'état osseux. Mais lorsque la fracture est compliquée, que les esquilles ont traversé la peau, l'os se régénère alors par un mécanisme semblable à celui que nous avons indiqué pour les dénudations osseuses sui^ies de nécroses. Les bourgeons charnus se forment et, après cette formation, l'ossification suit la marche que nous avons déjà indiquée à propos du développement. 2° Des os ne dérivant pas de cartilages. — C'est surtout à la tête qu'on rencontre ces os; ils se forment entre l'os primitif, qui fait partie du crâne primordial^ et les couches musculaires ; aussi leur a-t-on donné le nom d'os de revêtement. Certains os du crâne, comme le pariétal et le frontal, la portion écailleuse du temporal; d'autres appartenant à la face :les os du nez, zygomatique, le-lacrymal, les maxillaires, appartien- nent à cette catégorie. Ils prennent naissance dans une couche mem- braneuse, et leur développement se fait comme pour les couches osseuses sécrétées par le périoste, ce qui ne veut pas dire que le tissu membra- neux ait la signification du périoste : cette dernière couche n'apparait que lorsque l'os est déjà formé, et elle devient alors le siège des trans- formations ultérieures. Dans ce mode de développement, et tout à fait au début, l'ossification comprend seulement un petit noyau plongé dans une masse embryoplaslique, lequel s'accroît en surface, et adccle dans les premiers temps une forme de réseaux d'autant moins serrés qu'on s'éloigne davantage du noyau primitif. Ce n'est que plus tard, lorsque le périoste est formé, que l'os s'accroît en épaisseur par un mode sur lequel nous avons suffisamment insisté à propos des os longs pour n'avoir pas à y revenir. 48 . ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. Il arrive aussi que certains organes ou tissus deviennent accidentel- lement le siège d'ossification : c'est surtout dans les organes riches en fibres, comme les tendons ou les membranes albuginées que l'on re- marque ces formations. Les tendons des oiseaux présentent normale- ment une ossification qui se fait sans cartilage primitif Enfin il se rencontre aussi dans un certain nomljre d'autres organes des dépôts de sels calcaires qui ditfcrent du tissu osseux et qu'on doit se garder de prendre pour ce tissu. Dans ces productions acciden- telles, on ne trouve pas d'ostéoplastes et le dépôt de grumeaux cal- caires se fait entre les éléments anatomiqucs de la môme manière que la graisse elle-même se dépose dans les aréoles du tissu conjonctil'. Les corps étrangers du péritoine par exemple sont souvent le siège de ces dépôts calcaires ; il en est de même de certains enchondrômes des ma- melles clicz la chienne. CHAPITRE V DU SYSTÈ^IE CARTILAGINEUX Le cartilage est un tissu fort répandu dans l'organisme ; il consiste en une substance dure, mais douée d'une grande élasticité, de couleur l)lanche ou opalescente, quelquefois jaunâtre; il se montre bleuâtre lorsqu'il est en couches épaisses. Nous ne parlerons, bien entendu, dans ce chapitre, que des carti- lages permanents. Les cartilages transitoires ont été étudiés dans l'os- tcogénie, ils ne sont que des os embryonnaires. .Le type du cartilage permanent est le carlilar/c hyalin, dont la carac- térisliquo est d'être formé de cellules plongées dans une substance fondamentale homogène, translucide, quelquefois légèrement trouble. Al'origine, tous les cartilages affectent cet état; mais, ;\ mesure ([u'ils se développent, la substance fondamentale peut subir des mutations diverses ; elle devient granuleuse, se transforme en fibres conjonctives ou élastiques, qui font alors donner aux tissus ainsi formés le nom de fibro-cartilage ou cartilage faux, par opposition au nom de cartilage crai, réservé à ce tissu lorsqu'il persiste à l'état hyalin. Il n'est pas rare non plus, chez les sujets âgés, de voir les cartilages s'incrustrer de sels calcaires ou môme s'ossifier. L'élément fondamental, celui qui caractérise le tissu cartilagineux, c'est la cellule de cartilage. Au début, ces cellules sont pressées les unes contre les autres; mais bientôt elles s'enveloppent d'une zone de substance intermédiaire, qu'elles sécrètent elles-mêmes, et â laquelle (lU donne Ir nom de capsule de cartilage. La capsule est foi'mée de cou- DU SYSTÈME CARTILAGINEUX. 4!l €hes concentriques plus ou moins épaisses, souvent difficiles à déter- miner, car elles réfractent également la lumière. C'est l'ensemble de ces capsules qui, pressées les unes contre les autres, forment la sub- stance fondamentale. La cellule remplit complètement la capsule; tdle est formée par un protoplasmagranuleux, contenant très-souvent, chez l'adulte, des goui- telettcs huileuses. On y trouve toujours un beau noyau muni de nu- cléoles. Pendant l'accroissement du cartilage, les noyaux se divisent et les cellules se segmentent; il y a alors dans les capsules primitives deux cellules qui se revêtent à leur tour de capsules secondaires. La capsule ne j(uie aucun rôle dans la multiplication des cellules : il y a donc là un exemple de génération par scission et non d'endogénèse, comme beaucoup d'auteurs l'ont rapporté. Il n'y a guère que les cartilages articulaires, sur le compte desquels, vu leur importance, nous reviendrons d'une façon toute spéciale, et les cartilages du nez, de la trachée, qui persistent pendant toute la vie à l'état hyalin. La plupart des organes formés au début par ce tissu su- bissent, sous linlluence de l'âge, des modifications que nous allons étu- dier très-sommairement. Les transformations les plus habituelles sont Vinfdtration graisseuse et la calcification. Dans la première, on aperçoit de petites gouttelettes graisseuses isolées dans les cellules, ou groupées autour du noyau, et finissant souvent par occuper une grande partie de l'espace cellulaire; on fait surtout cette remarque dans les cartilages costaux. Il ne faut pas confondre la calcification des cartilages avec l'ossifica- tion. Dans la calcification, on voit des granulations calcaires se dépo- ser autour des cellules, la substance fondamentale devient opaque et perd son élasticité; mais elle conserve son homogénéité. Pour que l'ossification ait lieu, il faut, ainsi que nous l'avons déjà exposé, que cette substance ainsi calcifiée se ramollisse, et c'est seulement dans les espaces aréolaires, formés de cette façon, que se développent les ostéoplastes. Chez l'adulte, les cartilages costaux sont toujours calcifiés, et même au voisinage de l'extrémité de la côte, dans les couches profondes du cartilage, on trouve une vraie transformation osseuse. Il en est de même pour les fibro-cartilages complémentaires de l'os du pied, (jui souvent s'ossifient dans la plus grande partie de leur étendue, mais seu- lement chez les sujets âgés. La variété de cartilage à substance fondamentale fibreuse, ({u'on appelle pour cette raison fibro-cartilage, dérive du cartilage hyalin du fœtus ; elle diffère de la variété type en ce que la substance fondamen- tale s'est décomposée en faisceaux librillaires, ayant tous les carac- tères que nous avons reconnus au tissu conjonctif, c'est-à-dire possé- dant des fibres élastiques et même des noyaux. Les cellules de cartilage Piacu ET Toussaint. — C/iiruryie, * oO ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. sont moins nombreuses; elles disparaissent complclemcnt au point où les fibro-cartilages se continuent avec le tissu conjonctif propre- ment dit, comme cela se voit dans les disques inter-vertcbraux ou les flbro-carlilages interarliculaires. Les cavités cotyloïdcs et glénoïdes sont aussi complétées par un bourrelet de cette nature. Les fibi-o-carlilagcs jouissent d'une grande élasticité; ils sont pour la plupart extrèmemenl résistants. Des fibres élastiques peuvent, dans certains cas, remplacer la ma- jeure partie de la substance fondamentale du cartilage; celui ci alors devient jaunâtre et se distingue par une grande opacité. On donne à cette variété le nom de cartilage réticulé ou élastique. Les libres élasti- ques sont plus ou moins volumineuses; elles ne sont jamais parallèles comme dans les fibro-cartilages, mais elles s'enchevêtrent en se diri- geant dans tous les sens, de manière à former un véritable réseau; souvent elles cachent les cellules d'une manière presque complète. Celles-ci, plus ou moins abondantes, sont disposées sans ordre; leurs capsules sont toujours peu épaisses. On rencontre le cartilage réticulé dans l'épiglotte, la trompe d'Eustache, l'oreille externe; les aryté- noïdes en sont formés en partie. Les différentes sortes de cartilages, dont nous venons de parler, se distinguent aussi au pcnnt de vue chimique. Les cartilages hyalins, dont les cartilages articulaires forment la variété la mieux caractérisée, se résolvent par la coction en une substance particulière, la chondrine, les cellules exceptées, dont la composition se rapproche de celle des substances albuniinoïdes. Les fibro-cartilages forment de la gélatine, et les cartilages réticulés donnent principalement de la substance élastique. On ne rencontre ni vaisseaux ni nerfs dans les cartilages complète- ment développés; mais dans toute la période de croissance, le mouve- ment nutritif y est lrès-énergi(iue, et on y remarque constamment, dans des canalicules particuliers, des vaisseaux et des nerfs ; mais ces or- ganes disparaissent bientôt et le cartilage ne se nourrit plus que par une membrane appelée /JcV/c/io«t. — Chirurgie, O 6G ANATOMIE GÉNÉRALE CIUUURGICALE. pkuniclcrminale. Les recherches (lo M. Rnugctont été confirmées par tous les hislohigisLes. Le nerf, en pénétrant (hms le muscle, se divise en fais- ceaux (le i)lus en plus ténus, et bientôt les fibres nerveuses cheminent seules entre les libres musculaires. Chaque tube nerveux se divise lui- même plusieurs fois, et ses dernières ramifications se fondent dans la plaque terminale. Celle-ci serait située sous le myolemne ; elle n'est autre chose qu'une sorte d'aplatissement du cylindre-axe. Le périnèvre du tube nerveux se confond avec le myolemne. Chaque plaque motrice fait saillie sur la fibre musculaire, elle est légèrement convexe et le cylindre-axe s'insère jïur le milieu; elle pos- sède un aspect granuleux, on y remarque des noyaux disséminés à la surface. Parmi les j)ropriétés des muscles, la plus importante est la contrac- tilité, c'est-à-dire la possibiUté de se raccourcir sous rinilucncc d'un excitant, que cet excitant soit la volonté ou un agent artificiel ; mais à côté de cette propriété et s'exerçant en même temps qu'elle, nous devons en citer deux autres dont l'importance est très-grande égale- ment, la tonicité et rélosticité. Pendant la contraction des muscles, ces trois propriétés sont mises enjeu au même moment, aussi est-il très-difficile de dire quelle est la part d'action qui revient à chacune d'elles, lorsqu'un mouvement se produit. Nous devons d'abord les étudier séparément avant de les exa- miner dans leurs effets communs. Commençons par la tonicité. 1° La tonicité, que M. Ilichet appelle encore contractilité spontanée et in- aensible, et Malgaigne réti-actilité, est, suivant la définition fort juste de Longet, la propriété que possèdent les bouts d'un muscle sectionné de se rétracter en sens opposé, proportionnellement à la longueur des fibres du muscle. Rien que par cette simple définition, on voit quelle importance la tonicité acquiert en chirurgie, surtout dans la pra- tique des amputations et dans le traitement des plaies musculaires. La tonicité s'exerce pendant un temps assez long sur les deux bouts d'un muscle divisé' : la rétraction est d'abord très-visible et subite ; elle s'exerce ensuite lentement, d'une façon continue, jusqu'à ce que la longueur totale du muscle soit réduite à une dimension donnée qui est, dans certains cas, seulement la moitié de la longueur primitive. L'écartement des deux bouts du muscle peut se constater avec la plus grande facilité dans les plaies à ciel ouvert; elle peut aussi se sentir avec le doigt au-dessous de la peau lorsque celle-ci est restée intacte ; elle augmente chaque jour et ne s'arrête que lorsque la cicatrisation commence. La propriété rétractile du tissu inodulaire force ensuite les deux bouts à se rapprocher, mais il est rare qu'elle soit suffisante pour les affronter. Lorsque la cicatrisation commence, c'est-à-dire vers le huitième jour, si l'on détruit les adhérences ainsi que l'a fait M. Uichet, on peut voir l'écartement augmenter encore. La tonicité ne s'exerce pas seulement lorsque le muscle est divisé, nu SYSTEME MUSCULAIRE. 67 mais clic a égalemeiiL une action dont il faut tenir le plus grand compte dans les muscles intacts. Dans le cas de fracture, c'est elle, en efTet, qui produit ce chevauchement quasi-irrésistible que l'on constate dans les fractures obliques, malgré la présence des appareils de contention, et qui ne s'arrête que lorsque le cal a déjà acquis une consistance suffi- sante pour la çontre-balancer.La distorsion de la bouche, dans l'hémi- plégie faciale, reconnaît aussi pour cause la perte de la tonicité dans les muscles du côté paralysé, tandis que cette propriété s'est conservée entière du côté sain. Dans les amputations, lorsque l'opérateur a incisé d'un seul coup toutes les couches musculaires, on voit les muscles se rétracter et laisser l'os à nu dans une certaine longueur. Cet effet est encore dû à la tonicité; mais, dans ce cas, les muscles se rétractent d'une longueur variable. Les superficiels, plus libres dans leurs gaines, sont ceux qui se rétractent le plus; ceux, au contraire, qui sont appliqués directement sur l'os, se retirent très-peu, car ils sont maintenus par leurs adhérences avec les organes voisins ou avec l'os lui-même: il en résulte une sorte de cône dont l'os forme le sommet. Pour éviter cet inconvénient, on commence l'incision par les muscles superficiels ; on incise couche par couche, et l'os est scié seulement lorsque toutes les couches muscu- laires ont subi leur rétraction. Mais comme la tonicité est conservée dans les portions de muscle qui entourent le moignon, elle se produit également les jours suivants et l'os peut de nouveau faire saillie. Ce retrait continue à se faire jusqu'à ce que le tissu inodulaire, par sa rétractilité, ramène les parties molles en contact. L'obstacle opposé par le tissu cicatriciel à l'effet de la tonicité musculaire est bien cer- tainement le moyen le plus efficace pour la combattre, car on possède ^ en chirurgie peu d'action sur le tissu musculaire : les ligatures, les ban- dages sont le plus souvent tout à fait impuissants. La tonicité est donc, dans les plaies des muscles, dans les fractures et dans les amputations, une des principales causes qui retardent la guérison et la rendent difficile ; aussi la plupart des soins doivent-ils tendre à contre-balancer cette action funeste. Malheureusement les moyens à employer sont extrêmement restreints. Les sutures, en effet, tiennent peu ou point, sur des organes qui se déchirent avec autant de facilité que les muscles ; les bandages agglutinatifs sont presque toujours inefficaces. Si l'on a affaire à une plaie, on activera la cica- trisation en donnant à la partie blessée une position qui permette plus facilement le rapprochement des surfaces, et la formation du tissu cica- triciel fera le reste lorsqu'il aura acquis une consistance suffisante. 2° Vélasticité est cette propriété qui permet aux muscles de s'allon- ger sous l'influence d'une traction dans le sens longitudinal et de re- venir sur eux-mêmes lorsque la force qui les étendait a cessé d'agir. On comprend combien l'élasticité doit modifier la contraction, car le muscle met directement en jeu son élasticité lorsqu'il se contracte et 68 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. qu'il doit développer une certaine force. On peut se rendre compte sur soi-même de l'élasticitc du muscle. Lorsque les deux os sur lesquels s'attache un muscle sont maintenus dans une position fixe et que le muscle se contracte, il change de forme et de consistance. Si par exemple c'est le biceps qu'on examine, l'avant-bras étant retenu par un obstacle, on sentira ce muscle durcir sous la main et cependant aucun mouvement extérieur ne sera produit. Mais si l'obstacle qui re- tenait l'avant-bras vient à manquer subitement, on verra celui-ci exécuter un mouvement brusque, dont l'amplitude pourra servir à me- surer la force élastique développée par le biceps. Par ce seul exemple on voit que, dans toute contraction, quel que soit Tobstacle à vaincre, l'élasticité es,t mise en jeu, et ce n'est que lorsque cette propriété du muscle s'est développée dans une mesure donnée que Teffet peut réellement se produire. Quelques auteurs, et entre autres Schwann, ont même écrit que la contraction n'avait d'autre but que de donner au muscle une nouvelle élasticité en vertu de laquelle le mouvement serait imprimé aux leviers osseux et par suite aux masses qui sont mises en mouvement. L'élasticité est donc tres-intimement liée à la contraction; elle doit être vaincue par cette dernière propriété pour que le muscle puisse effectuer un travail utile. L'élasticité musculaire est d'un mode particulier : elle ne se développe pas d'un seul coup, et l'allongement n'arrive pas immédiatement à son maximum, lorsqu'on le charge d'un poids donné, comme cela a lieu pour les corps élastiques ordinaires soumis aune traction ; ce n'est que peu i\ peu, au bout d'un certain temps, que le muscle arrive aux limites de son élasticité. Sous l'influence de charges graduellement croissantes, .il s'allonge beaucoup plus dans les premiers moments de l'expérience qu'à la fin, au moment où il va se rompre. L'élasticité des muscles n'est donc pas, dans les mouvements ordinaires, mise seulement en action par le poids à soulever, mais dépend également du temps qu'on met à l'enlever. 3° La contractiUté musculaire, que beaucoup d'auteurs appellent en- core irritabilité, est cette propriété de la fibre musculaire qui lui permet de se raccourcir sous l'influence d'un excitant. L'excitant ordinaire d'un muscle, c'est le nerf moteur, et la mise en jeu de la contractilité est habituellement la volonté ; mais il n'est pas absolument indispensable, pour qu'un muscle se contracte, que le sys- tème nerveux intervienne : la fibre musculaire est directement irritable, et les excitants mécaniques, chimiques ou électriques peuvent produire la contraction de la fibre musculaire lorsqu'ils sont directement appli- qués sur elle. Cette proposition que nous venons d'admettre comme entièrement démontrée a été le sujet de nombreuses controverses. Sans vouloir entrer dans aucune discussion h ce sujet, nous sommes cependani forcé de donner quelques détails, car, la conservation delà contractilité DU SYSTEME MUSCULAIRE. ' C9 des fibres musculaires, même lorsque le système nerveux ne remplit plus ses fonctions, est une question de la plus haute importance pour le chirurgien. La première question que nous devons nous poser est celle-ci. Quelle est la durée de l'excilabiliLé des nerfs moteurs séparés des centres? La durée de la contractilité musculaire est-elle égale ;\ la durée de Texci- tabilité nerveuse ou plus longue que celle-ci? L'expérience est facile à faire. Longet est le physiologiste qui a le mieux résolu cette question. Un nerf se rendant à un muscle est coupé et réséqué dans une certaine longueur; son excitabilité est essayée chaque jour par les excitants mé- caniques et galvaniques ; or, on peut s'assurer que, dès le quatrième jour, le nerf n'est plus capable de provoquer aucune contraction. Cette expé- rience, variée de maintes manières, a toujours donné le môme résultat. Relativement à la seconde partie de la question, Longet a pu également constater que, malgré la perte de Texcitabilité nerveuse après quatre jours, l'excitant appliqué directement sur la fibre musculaire provo- quait encore des contractions plus de douze semaines après la section du nerf. Les muscles avaient conservé leur couleur normale. Claude Bernard a démontré également que la source de la contracti- lité ne se trouvait pas dans le système nerveux. Le curare jouit de la singulière propriété de tuer le nerf moteur sans attaquer le nerf sen- sitif et la fibre musculaire. Or, après avoir administré une dose de cette substance à un animal, il a perdu d'une façon absolue toute possibilité de contraction volontaire. L'électricité, même appliquée sur les nerfs moteurs, ne provoque plus aucune contraction, et cependant les mus- cles sont restés très-sensibles à l'application directe de l'excitant. Enfin, si l'on veut une dernière preuve que la contractilité est bien une pro- priété inhérente à la fibre musculaire, on peut en détacher quelques- unes sur un animal vivant et les porter sous le microscope; excitées directement, on les verra se contracter, et l'on pourra constater en même temps l'absence complète des filets nerveux et de leurs plaques terminales. Pour compléter ce que nous venons d'exposer par rapport à la con- tractilité musculaire, nous dirons que la section des nerfs sensitifs di- minue considérablement cette propriété : si le nerf est mixte, la con- tractilité des parties auquelles il se rend, se perd environ deux fois plus tôt que lorsque le nerf moteur est seul sectionné. Lorsque l'on supprime l'arrivée du sang artériel dans ini muscle, ses mouvements volontaires disparaissent après un quart d'heure, sa contractilité sul)siste environ deux heures après. Le rétal)lisscment de la circulation ramène d'abord la propriété de la fibre musculaire, les mouvements volontaires ne re- paraissent ({ii'nn peu plus tard. Si (jn lie les veines, ce n'est que vingt- six heures après le commencement de la stase veineuse qu'on voit les mouvements volontaires diminuer d'intensité ; la contraction provoquée n'est pas sensiblement diminuée. 70 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. Disons enfin que la contraclilité persiste pendant un certain temps après la mort, et que la durée de cette persistance varie dans des limites assez étendues suivant le muscle envisagé. C'est toujours dans le cœur que la contractilité persiste le plus longtemps; elle s'éteint sept heures environ après la mort dans l'oreillette droite. Il résulte do l'examen que nous venons de l'aire que l'influence du système nerveux n'est pas ;\ beaucoup près aussi importante que celle du sang sur la contractilité musculaire ; mais les conditions dans les- quelles nous nous sommes placés sont expérimentales, et, si elles sont nécessaires pour expliquer la part de chaque appareil dans la produc- tion du mouvement, il est bien évident qu'à l'état normal toutes ces fonctions se prêtent un mutuel appui et doivent agir de concert en vue d'une bonne finalité physiologique. Or, si l'influence du système ner- veux sur la contraction de la fibre musculaire n'est que secondaire, il n'en est pas moins vrai qu'elle est absolument nécessaire. Tous les muscles, qu'ils soient volontaires ou involontaires, lui empruntent le principe de leur contractiUté. L'excitant des muscles involontaires leur arrive par les filets du sympathique; celui des muscles volontaires par les racines antérieures, par les nerfs moteurs proprement dits. Mais le siège de toute volition se trouve dans les hémisphères céré- braux ; il est donc de toute nécessité, pour qu'un mouvement soit voulu, que le cerveau ou tout au moins les hémisphères soient intacts ainsi que les cordons nerveux qui vont porter cette volonté. Or, lorsqu'un muscle ne se contracte plus, il peut arriver deux choses, ou que les hémisphères soient atteints, ou bien que les nerfs moteurs soient altérés. Lorsque les hémisphères ont perdu leurs fonctions par suite de contu- sion, d'hémorrhagie par exemple, on retrouvera facilement la contrac- tilité musculaire par l'emploi de l'électrisation sur le muscle ou sur le trajet du nerf s'il est facilement accessible, quelle que soit l'époque de la paralysie. Par conséquent, lorsque cette dernière provient de l'aboli- tion de l'organe de la volition, les muscles conservent parfaitement in- tactes leurs propriétés contractiles. Si, au contraire, la lésion siège sur la moelle épinière ou les cordons nerveux qui en émergent, au bout de très-peu de temps, quatre à six semaines, les muscles eux-mêmes perdent la faculté de se contracter. Les muscles de la vie organique, qui reçoivent leur principe excitateur de la moelle épinière, sont très-peu affectés par la disparition des fonc- tions cérébrales. Les lésions de la moelle épinière les affectent considé- rablement, mais moins rapidement cependant que les muscles de la vie animale. On peut déduire de ces expériences que, dans les cas de paralysie, si les muscles restent excitables, cinq à six semaines après le début de la maladie, on a affaire à une affection du cerveau, et que, s'ils ont perdu leur excitabilité, les lési(jns siègent au contraire sur la moelle épinière ou sur les nerfs mixtes. DU SYSTÈME MUSCULAIRE. 71 11 nous reste, avant de terminer ce ([iii a rapport au système muscu- laire, à parler (le Taction de certains agents sur la contractilité. Voyons d'abord les anestlicsiques : l'emploi de l'élher ou du chloroforme tend de plus en plus à prendre sa place dans la médecine des animaux, et s'ils n'ont pas encore donné tout ce qu'on aurait droit d'en attendre, cela tient surtout à la crainte qu'en ont certains praticiens et au défaut d'habitude de les employer. C'est surtout dans le traitement des luxations ou des fractures que le chloroforme ou l'éther pourraient rendre de grands services. On sait en effet quel obstacle souvent insurmontable la contraction musculaire oppose aux efforts de réduction, môme chez des animaux petits ou peu musclés. Quelle force ne faudrait-il pas pour contre-balancer, dans la luxation de l'articulation coxo-fémorale, la contraction des muscles si puissants qui l'entourent? Chez l'homme même, qui olfre relativement une musculature peu développée, on voyait, naguère encore, mettre en usage des machines, tout un appareil de cordes et de treuils ou bien des aides en nombre considérable; un chirurgien a pu employer jusqu'à vingt-un aides pour réduire une luxation ! On se demande en présence de ces faits quel déploiement de force il faudrait pour réduire .sur un cheval la luxation de l'articulation du bassin. Mais revenons aux effets des anesthésiques. Les inhalations de chloroforme ou d'éther portent leur action immé- diate sur les centres nerveux ; bientôt la volonté est paralysée d'une façon complète, et, le patient perdant complètement la notion de résis- tance, il en résulte tout d'abord que les contractions volontaires sont complètement annihilées; les actions réflexes elles-mêmes disparaissent à mesure que la moelle voit s'évanouir ses facultés. Enfin les nerfs sont paralysés et le muscle lui-même est atteint dans sa contractilité, il tombe dans un état complet de résolution. Le moment où arrive cette sorte de paralysie, que l'on peut faire durer pendant un temps plus ou moins long, suivant cfue Ton prolonge les inhalations plus ou moins longtemps, doit être choisi pour la réduction. Il est vrai cependant que les contractions fibrillaires et la tonicité ne sont point abolies, mais on peut vaincre assez facilement leur action, d'autant plus que cette ac- tion est considérablement amoindrie. Le traitement des fractures doit aussi trouver et pour la môme raison un puissant auxiliaire dans l'em- ploi des anesthésiques. Ce n'est pas seulement par son action immédiate, au moment de l'o- pération, que l'éther peut être d'un grand secours. Son effet se con- tinue, pendant plusieurs heures, et jusqu'au lendemain môme de l'opération. Les anesthésiques laissent, en effet, dans le système mus- culaire une sorte de fatigue qui diminue pendant quelque temps l'éner- gie des contractions, et par suite les occasions de rechute, et cet affai- blissement momentané n'est pas un de leurs moindres avantages dans les cas qui nous occu[)ent. On trouvera, au chapitre des Anesthésiques 72 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. (le la deuxième partie de cet ouvrage, tous les renseignements néces- saires pour employer ces agents et mener à bonne fin l'éthérisalion. Nous voulons seulement ici faire ressortir les avantages incontestables de la pratique de Tétbérisation i)our diminuer reflet de la contractiiitc musculaire. L'opium et la belladone, ou son alcaloïde l'atropine, exercent aussi une action énergique sur la contractilité. Tout le monde sait que les instillations d'atropine dilatent l'iris, et son usage dans les accouche- ments pour dilater le col de l'utérus a été souvent recommandé ; c'est en diminuant la tonicité, en stupéfiant le muscle pour ainsi dire et en empêchant pendant un temps restreint sa contraction que ces agents deviennent efficaces dans l'accouchement. Si, dans certains cas, on doit autant que possible combattre la pro- priété contractile des muscles, il arrive aussi qu'on a besoin de la rap- peler dans un muscle où elle a disparu ou considérablement diminué. De tous les agents qui peuvent concourir à ces buts, il n'en est pas de plus puissant que l'électricité. La pratique a consacré ce moyen en chirurgie humaine, mais il en est ici comme pour l'éthérisation ; très-peu de praticiens vétérinaires ont pu employer l'électricité pour réveiller la contractilité dans les muscles paralysés. Le principal inconvénient dans l'emploi de l'électri- cité est peut-être la longueur de la médication. 11 faut en effet, dans certains cas, une très-grande persévérance pour obtenir les effets cher- chés, mais jusqu'à présent aucun agent n'a pu remédier avec autant de succès, aux lésions musculaires qui suivent les maladies du système nerveux. Lorsqu'on a à employer l'électricité, il peut se présenter deux cas: la maladie provient du système nerveux enccphaliqnne est la plus épaisse des trois, c'est à elle que les artînes doivent leurs propriétés caractéristiques, on l'a souvent appelée aussi tunique élastique, mais ce nom doit être rejeté, car il ne men- tionne qu'un des éléments qu'on y l'encontre. Elle possède en outre des fibres-cellules musculaires. Cette tunique est très-fragile ; on la déchire facilement en long ; elle se coupe également bien en travers sous la pression exercée par les ligatures. Les bords de la déchirure sont nets et à pic. La proportion de tissu élastique et de fibres musculaires qui entrent dans la composition de la tunique moyenne est très-variable suivant le calibre des artères. Dans celles qui sont petites et très-petites, les fibres musculaires dominent, et même au voisinage des capillaires le tissu élastique disparaît complètement. Les artères de moyen calibre pos- sèdent un mélange à peu près égal des deux éléments ; enfin, dans les grosses et très-grosses artères, le tissu élastique se trouve en prédomi- nance très-notable. Cette distribution est très-bien expliquée par le rôle physiologi(jue des différents segments artériels. Les fibres-cellules de l'élément musculaire des artères ont une lon- gueur de 0,030 à 0,070 millimètres; elles afl'ectent une direction trans- versale. Suivant l'artère envisagée, ces fibres afi'ectent des disposi- tions spéciales; elles sont isolées et comme englobées dans le tissu élastique là où ce dernier tissu prédomine, aussi doivent-elles avoir une action peu importante dans les grosses artères. Mais dans les artères moyennes elles s'amassent en faisceaux circulaires de plus en plus rap- prochés à mesure qu'on avance vers les ramifications; on finit môme par en trouver plusieurs couches continues, séparées seulement par du tissu élastique. Ce sont ces couches musculaires continues qui donnent aux petites artères la couleur rougeâtre qu'elles présentent normalement. La connaissance de la distribution du tissu musculaire pourrait faire induire rt7>rio?'i que les petites artères sont plus contractiles que les grosses. C'est en effet ce que démontrent les expériences physiolo- giques ; on peut même, en appliquant l'électricité, déterminer des contractions très-énergiques, qui peuvent aller, dans les artères de moyen et de petit calibre, jusqu'à oblitérer complètement la lumière du conduit. Les grosses artères sont très-peu contractiles; chez elles le tissu élastique prédomine, aussi sont-elles admirablement disposées pour transformer en mouvement continu le mouvement intermittent du cœur. Lorsqu'une ondée sanguine vient d'être lancée dans l'aorte, cette artère se dilate considérablement et loge ainsi toute la quantité de sang qui n'a pas pu passer immédiatement dans ses divisions ;elle est alors très-tendue et possède toute son élasticité. En vertu de la mise en jeu de cette propriété, elle presse sur la masse de sang qu'elle contient DU SYSTÈME VASCULAIRE. 79 et le force à s'écouler jus(iu'à ce qu'une nouvelle contraction du cœur lui apporte une nouvelle ondée sanguine. La force élastique des grosses artères transforme donc en mouvement continu le mouvement intermittent du sang. Les petites artères, ne ressentant que très-peu l'efTet de la contraction cardiaque, y suppléent par des contractions lentes propres au tissu dont elles sont formées, et régularisent encore le mouvement du liquide nourricier. On peut très-bien s'assurer de ces faits en coupant une artère en travers. Les grosses artères donnent un jet dont la force est beaucoup plus grande au moment d'une pulsation. Voilà l'effet du cœur. Le jet continu et qui diminue progressivement n'est plus que le résultat de la force élastique des grosses artères. Dans les artères petites ou très-petites, l'écoulement est beaucoup plus régu- lier, et, quoiqu'on voie toujours une différence dans la longueur du jet artériel, les maxima sont relativement moins prononcés. Dans les capillaires enfin, le cours du sang devient uniforme. Le tissu élastique qui donne aux artères ces propriétés spéciales, est distribué en quantité invei'se à celle des fibres musculaires. Il manque, avons-nous dit, dans les très-petites artères. Dans celles de moyen ca- libre, il forme des réseaux enveloppant le tissu musculaire, ou bien il constitue des couches distinctes entre celles de ce tissu. Dans les gros troncs, ce ne sont plus des fibres que l'on rencontre, mais de vé- ritables lames, plus ou moins réticulées, formées de grosses fibres à aspect amorphe, dans les mailles desquelles on retrouve les fibres-cel- lules isolées. La tunique interne est appliquée sur la face interne de la tunique moyenne; elle comprend deux couches bien distinctes: l'une élastique, l'autre épitliéliale. Cette dernière estformée de cellules pâles, fusiformes ou polygonales, possédant un beau noyau ovalaire ou allongé. Elles sont disposées sur un seul plan ; c'est cette membrane que Velpeau compare à un vernis inorganique. La couche élastique, que Haller appe- lait aussi celluleuse et qui a été considérée comme une tunique spéciale par plusieurs auteurs, que Malgaigne appelle tunique sous-séreuse, et M. Wlchcl couche sous-épilliéliale, est formée de substance élastique en forme de membrane plissée dans le sens longitudinal sur les artères vides , son aspect est strié et montre de distance en distance de grandes lacunes, qui lui ont fait donner le nom de membrane fenêti^ée. Cette couche peut être doublée de réseaux ou de couches élastiques séparables et plus ou moins nombreuses. Les vaisseaux possèdent eux-mêmes dans l'épaisseur de leurs parois d'autres vaisseaux chargés de nourrir celles-ci, ils sont artériels et vei- neux, on leur a donné le nom de vasa vasorum. La plupart s'arrêtent dans la tunique externe ; on n'en rencontre que peu dans la tunique moyenne; l'interne en est dépourvue. Ces artères proviennent quel- quefois du tronc même dans lequel elles se ramifient, mais le plus souvent elles sont fournies par des artères voisines. L'artère, en se ra- 80 ANATOMIE GENERALE CHIRURGICALE. mifiant, donne naissance à un beau réseau capillaire très-riche, d'où parlent des veinules qui vont se rendre dans les veines les plus voi- sines. Les artères reçoivent aussi des ner/À-, provenant du grand sympathi- que pour les vaisseaux des viscères, et directement des paires nerveuses encophalo-rachidienncs pour les artères du tronc et des membres. Lors- qu'on met à nu les artères viscérales, il est facile de constater, à leur surlace, une grande quantité de branches nerveuses formant des plexus quelquefois tellement serrés qu'ils cachent pour ainsi dire les parois artérielles. Ces nerfs ne sont pas tous destinés à l'artère ; le plus grand nombre ne se sert du vaisseau que comme d'un soutien pour se diriger dans les organes auxquels l'artère estdestinée; mais un certain nombre de lilets s'enfoncent dans la tunique externe et vont se distribuer sur- tout à ses éléments musculaires. On connaît très-peu la terminaison des nerfs dans les vaisseaux ; cependant quelques auteurs, llis entre autres, ont décrit des réseaux multiples; leur existence a été con- testée, et d'ailleurs leur description ne pourrait rentrer dans le cadre que nous nous sommes tracé. Ce qu'il faut savoir, c'est que les nerfs, en allant exciter les fibres musculaires des parois des vaisseaux, peuvent déterminer des changements de forme, de calibre, et règlent ainsi l'écoulement du sang dans l'organe auquel se rendent ces vaisseaux. La présence des nerfs se démontre également dans les ligatures. Celles-ci faisant presque toujours éprouver une douleur plus ou moins vive, on devra écarter autant que possible les gros troncs nerveux qui pourraient ramper à la surface d'un vaisseau afm de ne pas les comprendre dans le lien. La distinction des artères est généralement facile à faire sur le vivant : la présence des pulsations, la couleur môme de l'artère, le plus sou- vent d'un blanc jaunâtre ou rosé, tandis que les veines ont une colo- ration bleu violacé permettent d'éviter les erreurs ; mais il est un mode de distinction qui a une grande valeur, c'est la compression : en clfel, lorsqu'on comprime en môme temps une artère et une veine rappro- chées l'une de l'autre, on voit, du côté de la périphérie l'artère diminuer de calibre tandis que la veine se gonfle et acquiert une coloration plus foncée ; du côté du cœur, la veine s'affaisser et l'artère se tendre fortement. C'est surtout dans les artères des membres que la confu- sion est possible, car ici les veines possèdent des parois très-épaisses qui empochent leur affaissement complet en môme temps qu'elles masquent la couleur du sang veineux. On ne confondra pas non plus les artères avec les nerfs, ces derniers donnant toujours la sensation d'un corps plein, tandis que les parois de l'artère se dépriment par la compression. La douleur manifestée par l'animal, dans le cas de pin- cement du nerf, est un des bons moyens de différentiation. Les propriétés principales des artères sont : Y élasticité^ V extensibilité, la rétrocliliié ci la contractilité. DU SYSTÈME VASCULAIRE. 81 \j élasticité ûë^Q dans la membrane moyenne; c'est à cette propricLc que les artères doivent de rester constamment béantes lorsqu'elles ont été divisées, et de revenir à leur forme cylindrique lorsque la cause qui les déprimait a cessé d'agir sur elles ; cette propriété est trcs-im- por tante, car, en maintenant l'artère ouverte, elle permet une péné- tration facile du sang lancé par le cœur. L'élasticité de la tunique moyenne explique aussi pourquoi, dans les plaies des artères par piqûre, elle se rétracte et donne naissance à une ouverture qui va en s'élargissant et dont le diamètre est beaucoup plus considérable que celui de la membrane conjonctive. Celle-ci, en effet, cède devant la pointe de l'instrument, flamme ou lancette; elle est en- traînée, tandis que la tunique moyenne, dure et en même temps facile à déchirer, oppose un point d'appui qui facilite l'introduction de la pointe de l'instrument. C'est aussi cette cause qui fait que, dans ces plaies, l'hémorrhagie, forte au début, pousse devant elle la tunique ex- terne, la décolle et fraie un chemin au sang qui s'introduit entre les deux membranes et ne tarde pas, en s'y coagulant, à arrêter l'hé- morrhagie. Les artères sont tres-ex tensiùles et cette propriété s'exerce dants les deux sens, longitudinal et transversal. Quoique ici les tuniques moyenne et interne concourent, pour une large part, h l'allongement ou à Félirgissement du vaisseau, ce sont cependant elles qui se dé- chirent le plus vite, la tunique externe étant beaucoup plus extensible que les deux autres. Lorsqu'on cherche à dilater l'artère dans le sens transversal, on voit qu'après la rupture des tuniques interne et moyen- ne, la tunique externe se laisse encore distendre jusqu'à arriver, dans le point où les autres se sont rompues, à former une ampoule dont le diamètre est trois ou quatre fois celui du vaisseau dont toutes les mem- ])ranes sont conservées. Dans la formation des anévrysmes mixtes, on remarque un mécanisme semblable à celui que nous venons de décrire, et, dans ces cas, l'extension de la tunique externe peut être poussée beaucoup plus loin que dans l'expérience faite sur une artère sépaiée du corps, car les fibres conjonctives de cette enveloppe prolifèrent et forment des parois assez résistantes pour contre-balancer la pression du sang même lorsque la tumeur acquiert un volume considérable. L'extensibilité dans le sens de la longueur offre les mômes caractères. Lorsqu'on exerce une traction sur un segment artériel, on constate que les deux tuniques, interne et moyenne, se rompent bientôt, comme cela arrive dans la torsion des artères qui n'est qu'une forme ou un moyen d'allongement. Dans ces cas alors, on voit les deux tuniques se séparer transversalement et d'un seul coup, tandis que l'externe ne se déchire qu'après un effort de traction plus considérable. La 7-étrac/ilité des artères est duc à la grande quantité de tissu élasti- (lue qui entre dans leur composition : c'est en vertu de cette propriété <[ue les deux bouts d'une artère sectionnée s'éloignent l'un de l'autre; Pelcii et ToissAiNT. — Chirurg'e. (J 82 ANATOMIE GÉNÉRALE CIimUKGICALE. aussi, dans une plaie qui a divise une artère en travers, est-il nécessaire, si l'on veut lier les deux bouts du vaisseau, d'augmenter considérable- ment la longueur de la plaie pour retrouver, au milieu des chairs, les deux extrémités. Cette rétractilité est quelquefois extrêmement pro- noncée et cela arrive surtout dans les points où l'artère est enveloppée d'une atmosphère de tissu conjonctif lâche et abondant; mais si l'ar- tère est flexueuse, ou bien si elle est entourée par un tissu conjonctif dense, les extrémités divisées s'écartent peu l'une de l'autre, elles peuvent même quelquefois se chevaucher. La présence de collatérales, voisines de la section, empêche également la rétraction ou la limite. Les carotides sont extrêmement rétractiles, aussi beaucoup d'auteurs ont-ils conseillé, dans les cas de section de cette artère, de faire deux incisions, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de la plaie, afin de mieux s.aisir les deux bouts du vaisseau. Il est d'ailleurs toujours nécessaire de lier ces deux bouts, lorsque l'artère contracte des anastomoses importantes à la périphérie, comme cela a lieu dans le cas que nous venons de prendre pour exemple. Les artères de la langue se rétractent au contraire très-peu en raison de leur adhérence aux tissus voisins et de leur flexuosité. La présence du tissu conjonctif et l'adhérence aux tissus devront donc être toujours prises en grande considération lors- qu'on aura à rechercher les deux bouts d'une artère divisée. La contractilité doit être distinguée de la rétractilité ; cette dernière est due au tissu élastique, tandis que la contractilité est le fait de l'élé- ment musculaire. La rétractilité se fait dans les deux sens, mais elle s'exerce principalement dans le sens longitudinal. La contractilité, au contraire, agit surtout pour diminuer le calibre du vaisseau. Sur un ani- mal vivant la contractilité est soumise à linlluence du système nerveux. Les effets de ces deux propriétés se combinent dans les plaies des ar- tères, d'où la grande différence que l'on constate dans ces plaies sui- vant leur sens. Dans les plaies longitudinales, les bords s'affrontent pen- dant la diastole cardiaque; dans les plaies transversales, les bords se rétractent dans le sens de la longueur, et la plaie a une tendance à prendre une forme arrondie; si la plaie comprend une grande partie de la section transversale de l'artère, les trois ([uarts ou les quatre cin- quièmes, l'ouverture s'allonge dune façon tout à fait extraordinaire, et, comme le dit Malgaigne, « l'artère figure deux becs de plume adhérejits par le bout.» Une plaie transversale à une artère est donc beaucoup plus grave qu'une incision longitudinale de même étendue. Il en résulte- cette indication que, dans les saignées dans lesquelles il y a chance de blesser une artère, on devra tenir la lancette ou la flamme de manière à mettre le tranchant dans le sens de l'artère, pour éviter la gravité de la pi(iùre artérielle si elle venait à se produire. Lartèrc par la contraction tend à diminuer son calibre, aussi voit-on que, dans la section transversale conq)lète d'une artère, le jet artériel est beaucoup moins considérable que lorsque l'artère est seulement DU SYSTÈME VASCULAIRE. 83 incisée en travers jusqu'à sa moitié. Dans les incisions faites dans nos salles d'anatomie pour amener la mort des sujets par hémorrhagie on a le soin d'inciser seulement la carotide jusqu'à sa moitié, et, lorsqu'il arrive de couper cette artère complètement, l'écoulement du sang est diminué et la mort du sujet est considérablement retardée. Sur les petits animaux même, comme le lapin, le chat et le chien, il est très-difficile d'amener la mort par la section complète d'une carotide. Nous donne- rons donc le conseil, dans les hémorrhagies provenant de petites ar- tères incomplètement divisées, d'achever la section, pour arrêter l'écou- lement du sang, bien que ceci semble paradoxal. Des faits relatifs aux propriétés des artères, nous tirerons des indi- cations précieuses pour le chirurgien dans les cas de plaies artérielles. Lorsque les plaies sont dirigées dans le sens longitudinal, les bords ont peu de tendance à s'écarter, et, si la plaie n'est pas très-étendue, la cicatrisation peut se faire par première intention; mais, si la plaie est transversale, pour que la cicatrisation ait lieu, il est absolument néces- saire qu'il s'interpose un caillot entre les lèvres de la plaie, mais il est nécessaire aussi, pour que le caillot puisse se faire efficacement, que la gaine soit conservée; dans ce cas alors, le sang s'épanche dans celle-ci, gonfle le tissu conjonctif rapproché de l'artère, ce qui diminue la lon- gueur de l'incision faite à la gaine et enfin s'attache à Tartère elle- même pour boucher son ouverture et arrêter l'hèmorrhagio. Lorsque cette cicatrisation se produit, on peut voir aussi que le caillot procède de l'extérieur à l'intérieur. J.-L. Petit avait déjà reconnu ce mode de cicatrisation ; il donnait à la portion du caillot comprise entre la gaîne et l'artère le nom de couvertia^e, et celui de bouchon à la portion com- prise entre les lèvres de la plaie. La gaîne artérielle est donc de la plus grande importance dans l'oblitération de la plaie ; plus tard, elle aide, par la compression qu'elle exerce, à la réduction des parties inutiles du caillot. Cette guèrison demande toujours un certain temps, cinq à six semaines au moins. Si la plaie de l'artère est très-large, intéresse la moitié ou même le tiers de la largeur du canal, il serait très-impru- dent de compter sur un pareil mode d'oblitération, et l'on doit avoir recours à la ligature. Étudions maintenant le mode de cicatrisation con- sécutif à ce moyen hémostatique. Nous n'avons pas à décrire ici les divers modes de ligatures des ar- tères, nous renverrons pour ce sujet à la deuxième partie de cet ou- vrage (art. Hémostasie), mais nous allons examiner le mode d'oblitéra- tion consécutif à l'application d'une lignture. Lorsqu'on a à lier une artère volumineuse, et c'est véritablement pour celles-là seules que l'emploi de la ligature est nécessaire, on ap- plique généralement deux fils, l'un en amont, l'autre en aval de la plaie, ce dernier, pour éviter les hémorrhagies qui pourraient continuer par l'intermédiaire des anastomoses. Les fils à ligature remplissent le rôle du caillot externe de l'artère blessée, du couvercle de J.-L. Petit. Le S4 ANATOMIE GÉNÉRALE CHiaURGICALE. caillot interne fait rolTiec du bouchon. Le fil agit donc en donnant au caillot interne le temps de s'organiser et de contracter avec la paroi interne des adhérences suffisantes pour résister au choc du sang et amener ainsi l'ohlitération du l)0ut divisé. Lorsqu'une artère est serrée dans une ligature fine, ses tuniques ne résistent jamais également. On constate que la membrane moyenne et l'interne se rompent très-facilement, tandis que la tunique externe ré- siste toujours, quelle que soit la force avec laquelle on serre le fil. La tunicjue celluleuse persiste donc seule après la ligature, mais elle doit elle-même se couper après un temps plus ou moins long lorsque l'in- llammalion et la suppuration auront amené sa désagrégation. La chute de la ligature est consécutive à la rupture de la tunique externe, et elle arrive dans un temps variable, mais que l'on peut évaluer en moyenne à quatorze ou quinze jours. Il est donc de toute nécessité, pour que la ligature artérielle soit efficace, qu'à cette époque les parois internes et le caillot soient complètement organisés et adhèrent l'un à l'autre. Il serait erroné de croire qu'un caillot volumineux amènera plus facilement l'oblitération de l'artère liée ; le caillot volumineux agit comme corps étranger et amène l'inflammation de l'artère, par suite de laquelle le caillot se détache et l'hémorrhagic se renouvelle. MM. Chauveau et Gayet ont fait sur la cicatrisation des artères, après leur ligature, un certain nombre d'expériences consignées dans la thèse de M. Gayet (1), desquelles il résulte que, quand il ne se forme point de caillot dans les culs-de-sac d'une artère liée, les lèvres de la plaie formée au fond de chaque cul- de-sac par la section des tuni- ques internes se cicatrisent très-rapidement par première intention. Le même travail de cicatrisation j)ar première intention a lieu dans les culs-de-sac, si les caillots (ju'ils contiennent sont très-peu volumi- neux et adhérents seulement vers le fond. Mais si ces caillots sont très-gros et très-mous, ils deviennent pour les parois du vaisseau une cause d'inflammation, qui s'oppose à la ci- catrisation par première intention des membranes artérielles. Dans c cas, les membranes s'ulcèrent, et, après la chute de la ligature, les bouts de l'artère coupée par le fil sont largement béants, l'extrémité des caillots baigne dans le pus de la plaie, et des hémorrhagies graves se déclareraient si l'inflammation, i)lus modérée à quelque distance du point d'application de la ligature, ne provoquait en môme temps la formation d'adhérences solides entre les parois artérielles et la surface des caillots. Que l'inflammation, au lieu de se borner, devienne plus intense, et ces adhérences se détruisent et des hémorrhagies moi-- lelles peuvent se déclarer. L'inflammation, cause de ces hémorrhagies consécutives, peut surve- (1) De la cica risation des artères après leur lir/ature. Thèse de Paris, 1858, ii' 1!)( . DU SYSTEME VASCULAIRE. 80 i)ir également dans le cas où il n'existe pas de caillots au fond des culs-de-sac artériels, si la liii;ature est mal exécutée ou si l'artère qui la subit est prédisposée à l'inllammation par quelques circonstances particulières. Mais celle-ci ne survient jamais dans les cas d'absence de caillots quand la ligature est pratiquée dans des conditions favo- rables. Le chirurgien doit donc toujours chercher, d'après ces expériences, à éviter la formation des caillots, tout au moins la formation de caillots volumineux et adhérents, dans les ligatures artérielles. Or, pour attein- dre ce but, il faut lier près des artères collatérales, à l'encontre des préceptes usuels. La ligature pratiquée ainsi est donc loin d'être aussi dangereuse qu'on le pense généralement. On peut même se demander si elle n'est pas aussi inoffensive que celle qui est appliquée selon les préceptes de la médecine opératoire classique ou même si elle n'est pas plus avantageuse. § 2. — Des veines. Les veines sont les vaisseaux chargés de ramener le sang de la pé- riphérie vers le cœur, elles succèdent aux capillaires. 11 existe deux sys- tèmes veineux, le système pulmonaire , qui ramène le sang artériel du pou- mon à l'oreillette gauche, et le système général, qui conduit le sang de toutes les parties du corps à l'oreillette droite. On pourrait même à la rigueur considérer la veine porte comme un système spécial possédant son origine, son trajet et sa terminaison. Les veines, sur lesquelles nous avons à attirer ici plus spécialement l'attention, naissent des veinules qui font suite immédiatement aux capillaires. Elles s'anastomosent entre elles un certain nombre de fois, de manière à former des réseaux d'oii partent les troncs veineux; ceux- ci se rassemblent ensuite deux à deux, pour aboutir enfin à deux troncs principaux qu'on appelle les veines caves antérieure et postérieure. La veine coronaire cependant s'ouvre directement dans l'oreillette droite. Une artère est habituellement accompagnée par deux veines qui sont nommées ses satellites et qui portent le même nom qu'elle, ce sont généralement des veines profondes, mais on trouve, en outre, des veines superficielles ou sous-cutanées, qui forment un système indépendant des artères ; ce sont les plus importantes au point de vue chirurgical, car c'est sur elles que l'on pratique la phlébotomie. La disposition et les rapports de ces veines superficielles seront étudiés spécialement dans la seconde partie de cet ouvrage. On peut donc dire que le nombre des veines, d'une façon générale, est beaucoup plus considérable que celui des artères. Beaucoup de gros troncs artériels n'ont qu'une seule veine satellite, c'est ce qui arrive pour les artères de la racine des membres, les troncs axillaires par exemple; le même fait se reproduit pour les grosses artères des cavités 86 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. splanchniqiics ; à l'aorte antérieure et à la postérieure correspondent les veines caves antérieure et postérieure. Il arrive même que deux ar- tères très-rapprochées ne possèdent qu'une seule veine, témoin les ar- tères iliaques, qui n'ont pour elles deux, chez nos animaux domes- tiques, qu'un seul tronc veineux, la veine iliaque. Chez le fœtus égale- ment, la veine ombilicale répond aux deux artères de même nom. Il est difficile de donner la capacité exacte du système veineux, en raison des variations de diamètre dont les veines sont susceptibles ; mais cependant on peut dire, après Ilunter, que la capacité du système veineux est approximativement deux fois plus considérable que celle du système artériel. Borelli l'avait évaluée à quatre fois. De plus, cette capacité est plus grande chez les sujets âgés que chez les jeunes et les adultes. D'une façon générale on peut comparer, ainsi que nous l'avons déjà fait pour le système artériel, le système veineux à un cône dont la base est à la périphérie, d'où il résulte que la rapidité du cours du sang dans les veines augmente de la périphérie au centre. Les veines n'ont pas partout un calibre uniforme ; elles présentent des renflements, des nodosités, surtout dans les veines variqueuses, et qui sont dus à la présence des valvules. Les veines sont distinguées en superficielles et profondes. Les veines superficielles, dites encore sous-aponévi^otiques ou sous-cuta- nées, se trouvent logées dans le fascia super fi cialis ; au milieu ou au- dessous de la graisse quand les animaux sont chargés de tissu adipeux. Quoiqu'on puisse en trouver dans toutes les régions, elles sont surtout communes à la tête et aux membres; le cou en présente une très-im- poi tante, la jugulaire. La position de ces veines peut varier dans de certaines limites, mais elles se dessinent très-nettement sous la peau, parla compression, lorsqu'on a coupé les poils, lin raison de la nature lâche du tissu dans lequel elles sont plongées, elles ne peuvent être comprimées qu'en prenant certaines précautions. Il arrive aussi que dans la saignée, si l'animal fait un mouvement brusque ou bien si le doigt laisse glisser le vaisseau, l'incision qui lui est faite n'étant plus parallèle â celle de la peau et de l'aponévrose , le sang peut s'épancher entre ces membranes et donner lieu à un thrombus. Toutes les veines sous-cutanées s'anastomosent largement avec les veines profondes ; aussi éprouve-t-on, pour certaines d'entre elles, une difficulté quelque- fois assez grande quand on veut les gonfler au moment de la saignée. Mais cet inconvénient est largement racheté par la facilité avec laquelle la circulation continue, lorsqu'une opération a nécessité la ligature de ces veines. C'est aussi i)ar suite des anastomoses profondes qu'on voit les veines superlicielles se gonfler dans les mouvements soutenus ; ceux-ci ayant pour résultat de comprimer les veines profondes, la cir- culation s'exécute alors en grande partie parles vaisseaux de la super- ficie. DU SYSTÈME VASCULAIRE. 87 Les veines profondes accompagnent, avons-nous déjà dit, les artères. On les trouve généralement au nombre de deux pour un vaisseau arté- riel ; mais, à proximité des cavités splanchniques, elles se réunissent pour former un tronc unique. Ur, dans quelques opérations il peut être nécessaire de lier ce tronc, et l'on peut se demander ce que devien- dront les parties desservies par le vaisseau lié. Boyer croyait que le retour du sang se faisait uniquement par le tronc veineux, et Gensoul avait conseillé, pour éviter la gangrène qui devait résulter infaillible- ment de sa ligature, de lier en même temps l'artère correspondante. Mais il n'est pas juste de dire que la circulation se fait seulement par les gros vaisseaux, les veines comme les artères, et plus encore que les artères, s'anastomosant entre elles ; les veines superficielles des mem- bres, notamment, ont de fréquentes communications avec celles du tronc, et la circulation veineuse peut se faire par des anastomoses, ainsi que la circulation artérielle. Mais cependant le cours du sang doit être suffisant pour permettre des mouvements assez énergiques, et cette condition ne sera obtenue que si la circulation n'est pas gênée au point d'amener un œdème des membres. Au cou, la ligature des gros troncs veineux n'entraîne qu'une gène passagère dans la circulation ; les veines vertébrales et cervicales supé- rieures peuvent remplacer les jugulaires, lorsqu'on celles-ci ont été oblitérées successivement soit par des ligatures, soit par suite de phlébite. Il existe dans les veines un mode d'anastomose bien remarquable, <;'est celui-ci. Une veine collatérale se détache d'une veine principale, parcourt un certain trajet et se termine dans la veine qui lui a donné naissance à une distance plus ou moins grande de son point d'émer- gence. La saphène est un bel exemple de cette division particulière. Dans son trajet, la veine ainsi distraite du conduit principal recueille le sang d'un certain nombre de collatérales et le déverse ensuite dans vie canal principal. On rencontre également des plexus veineux dans certaines parties du <;orps. Ces plexus, qu'il faut bien distinguer des plexus d'origine, se «soient surtout dans les parties du corps où la circulation se ralentit par suite d'une disposition particulièredes organes. On les rencontre autour de l'utérus, de la verge, etc. Presque toujours les veines affectent une direction rectiligne. Elles •sont en général moins flexueuses que les artères et, par suite, la marche du sang se trouve être plus facile, car les llexuosités, en multipliant les frottements, retardent d'une lac-on sensible la rapidité du cours du sang. On ne trouve pour ainsi dire pas d'exemple de flexuosités dans les grosses veines, mais les ramifications les plus ténues sont très-souvent flexueuses. Les llexuosités sont communes également dans les plexus veineux. On a voulu, en anatomie chirurgicale humaine, tracer des règles 88 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. fixes pour les rapports des veines et des artères. Serres et Malgaigne ont donné des lois de position des vaisseaux par rapport les uns avec les autres. Mais ces lois souffrent de nombreuses exceptions. Tantôt les veines sont situées en avant des artères, tantôt leur position est posté- rieure, elle peut également être latérale. Tout ce qu'il est possible de dire, c'est que, lorsqu'une veine correspond à une artère, la première se trouve souvent plus superficielle que la seconde. La carotide, par exemple, est plus profonde que la jugulaire, la veine fémorale est plus rapprochée de la peau de la face interne de la cuisse que l'artère de môme nom; mais l'on trouve de fréquentes exceptions à cette règle. Le mieux que l'on puisse faire pour se fixer à ce sujet, c'est d'étudier avec soin la disposition de chaque vaisseau veineux. Structure et propriétés des veines. — Comme dans les artères, on trouve dans les veines trois tuniques : 1° une externe ; 2° une moyenne ; 3° une interne, présentant des replis particuliers appelés ra/i-M/es. La tunique exteyme est beaucoup plus développée dans les grosses veines que dans les petites, elle est formée défibres conjonctives entre- croisées dans tous les sens, dans lesquelles on trouve de nombreux réseaux de fibres élastiques. Les fibres musculaires y existent aussi, surtout dans les veines de moyen calibre ; elles affectent une direction longitudinale, ce qui fait paraître la tunique externe comme striée en long. La tunique moyenne est toujours beaucoup moins développée dans les veines que dans les artères. Cette minceur de la tunique moyenne fait paraître la paroi des veines comme transparente et leur donne une teinte bleuâtre sur le vivant, en raison du sang qu'elles renferment. C'est également le peu d'épaisseur de cette membrane qui permet l'af- faissement ou l'aplatissement de ces vaisseaux, lorsqu'ils sont dépourvus de sang. La tunique moyenne est formée de fibres conjonctives et de réseaux élastiques, les fibres musculaires commencent à se montrer sur les veines de deux dixièmes de millimètre de diamètre. Leur nombre va en augmentant, et elles forment bientôt une ou plusieurs couches continues autour du vaisseau ; leur direction principale est transversale, mais on rencontre aussi des fibres longitudinales, mélangées aux fais- ceaux conjonctifs de môme direction. La tunique interne est plus mince également que celle des artères, mais de composition identique. On y trouve une couche épithéliale interne et une couche externe composée d'un nombre i)liis ou moins considérable de plans élastiques, et aussi quelquefois de fibres muscu- laires. Mais cette membrane interne est surtout remarquable par lapréscnce de valcules. Ces replis sont signalés à l'extérieur par des renfiements ou nœuds plus ou moins développés, suivant les sujets. Les valvules ont, sur une veine ouverte, la forme de replis membraneux, ordinaire- ment disposés deux à deux, ou par trois dans les très-grosses veines. DU SYSTÈME VASCULAIRE. $& Leur forme est semi-lunaire et leur disposition rappelle celle des val- vules sigmoïdes de l'aorte et de l'artère pulmonaire; elles possèdent un bord adhérent convexe, tourne vers l'origine de la veine, et un bord libre, droit ou convexe, dirigé vers le cœur. La face externe est appliquée contre les parois de la veine, la face interne répond au sang quicircule dans celle-ci. Les valvules sont destinées à empêcher le reflux du sang du cœur vers la périphérie ; elles remplissent leur rôle de la façon la plus parfaite. Aussi, lorsqu'on veut remplir les vaisseaux veineux par une injection, est-il absolument indispensable de pousser celle-ci par les branches d'origine. La présence de ces replis suffît pour arrêter complètement la substance injectée, si l'on procède par les gros troncs. On trouve les valvules nombreuses et développées dans les vaisseaux des mem- bres. Elles contiennent, en s'abaissant, le sang qui a déjà passé dans un segment supérieur et viennent ainsi en aide à la force à tergo, qui pousse le sang vers le cœur. C'est cette remarquable disposition anato- mique qui a mis le grand Harvey sur le chemin de la découverte de la circulation. Le nombre des valvules est extrêmement variable, il augmente avec les difficultés que rencontre le cours du sang. Elles sont plus nom- breuses dans les veines des membres que dans celles des parties supé- rieures du corps, et plus nombreuses également dans les veines pro- fondes que dans les superficielles. Quant à leur position, elle est variable également. Généralement on rencontre une paire de valvules à l'embouchure d'une veine collatérale, mais cette règle, qui souffre d'assez nombreuses exceptions, est la seule que l'on puisse formuler. Quelques auteurs de chirurgie vétéri- naire ont cherché à déterminer la position des valvules des veines superficielles, habituellement soumises à l'opération de la saignée, position qui a en réalité une assez grande importance. La présence de ces organes, près de l'ouverture de la veine, amenant souvent des thrombus. Cette étude paraît avoir été faite sur la jugulaire principa- lement. Quelle que soit l'autorité des chirurgiens qui ont cru pouvoir poser des règles à ce sujet, nous ne pouvons nous rallier à leur opi- nion, et nous affirmons qu'il est impossible d'indiquer, non-seulemeni la position des valvules dans cette veine importante, mais même leur nombre. Nous avons examiné un grand nombre de jugulaires extraites en entier du cou, de l'angle de la parotide à la première côte. Nous avons vu dans certains cas trois valvules seulement, dans d'autres nous en avons compté jusqu'à neuf, espacées plus ou moins régulièrement. Nous pouvons donc dire que la position des valvules ne peut être ap- préciée, parce qu'elles ne sont pas perceptibles à travers la peau et qu'on ne doit en tenir aucun compte dans la phlébotoiviic pour le lieu d'élection. Toutes les veines ne sont pas pourvues de valvules; les veines de 90 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. l'intestin, celles des reseaux cartilagineux du pied notamment, en manquent toujours. Les parois des veines reçoivent des vaisseaux en beaucoup plus grand nombre que les artères; des filets nerveux s'y distribuent également, mais une particularité assez intéressante, c'est que jamais les plexus nerveux sympathiques n'ont les veines pour supports, ils semblent au contraire s'en éloigner constamment ; une seule, la veine porte, fait ex- ception à cette règle. Le tissu conjonctil' qui entoure les veines et qu'il faut bien distinguer de celui qui forme leur tunique externe, est plus ou moins abondant; il est plus développé autour des veines superficielles. Ce tissu peut s'enilannner quelquefois et former autour delà veine un cordon noueux, qu'on doit bien se garder de prendre pour la phlébite ; l'analogie de ses caractères extérieurs avec ceux de cette dernière maladie, lui a fait donner le nom de phlébite externe. Lorsque les veines ont été distendues, elles reviennent sur elles- mêmes très-rapidement, elles sont donc contractiles. Elles le sont même beaucoup plus qu'on ne pourrait le penser à priori, d'après l'examen de leurs minces parois. Lorsqu'on arrête le sang dans une jugulaire, on voit celle-ci se dilater considérablement encore après le moment où les parois sont déjà tendues. Aussitôt que la compression cesse, la veine revient à un calibre bien inférieur à celui qu'elle possédait quelques instants auparavant. Malgré cette contractilité, il arrive souvent que les veines ne revien- nent pas à leur calibre normal, elles restent dilatées et constituent des varices, des varicocèles. Dans ces sortes de tumeurs les parois des veines, loin d'être amincies, sont au contraire hypertrophiées. Les varices n'affectent pas toujours les sujets vieux, elles se montrent aussi sur les jeunes. On ne peut par conséquent invoquer constamment pour leur formation l'action répétée d'une stagnation sanguine. Les varices sont beaucoup moins fréquentes sur les animaux que sur l'homme. Une appellation assez malheureuse en vétérinaire est celle qui donne le nom de varice à une dilatation de la synoviale du jarret. La contractilité des veines est une des causes du cours du sang dans leur intérieur, mais l'action du cœur, des artères etrasi)iration du Iho rax sont certainement des causes plus efficaces. Cette dernière surtout entraîne des conséquences de la plus hauteimportance au point de vue pathologique. J^orstiu'on examine un animal au repos, on peut voir que pendant l'expiration les jugulaires se remplissent et se dessinent sous forme d'un cordon dans la gouttière et qu'elles s'affaissent subite- ment au commencL'nicnt de Tinspiralion. La tendance au vide produite par l'inspiration a non-seulemont pour résultai l'entrée de l'air par la trachée, mais bien un certain clfet de dilatation ou de pompe aspirante sur rœso[)hage et les cavités du cœur ; les m'eillctles sont surtout, en vertu (hi puu d'épaisseur de leurs parois, impressionnées par cette DU SYSTÈME VASCULAIRE. 91 action, et l'on voit le sang se précipiter dans leur intérieur. Or il est important de ne pas oublier que les jugulaires, ainsi d'ailleurs que la plus grande partie des veines qui se trouvent à proximité du cœur, restent constamment béantes par suite de la fixation de leurs parois sur les parties osseuses contre lesquelles elles sont appliquées. Elles se trouvent donc, par rapport à l'inspiration, dans les mômes conditions que la trachée, aussi les opérations pratiquées sur les grosses veines rapprochées du thorax peuvent-elles donner lieu à cet accident si grave de Ventrée de l'air dans les veines, accident qui sera décrit dans la seconde partie de cet ouvrage. Lorsqu'on applique le stéthoscope sur la veine jugulaire à la base du cou, on perçoit un murmure continu, qu'on a appelé bruit de souffle. Le bruit de souffle veineux a donné naissance à de nombreuses théo- ries, on a voulu y voir le symptôme de différentes affections et surtout de l'anémie. Les expériences de M. Ghauveau (1) sur ce sujet démon- trent que les bruits de souffle sont produits par des veines fluides vi- brantes. Il y a veine fluide chaque fois qu'un liquide passe d'un es- pace rétréci dans un espace plus grand également rempli de liquide ; mais, pour que le souffle se produise, il faut que le liquide soit animé d'une certaine vitesse, et à partir du moment où la veine fluide a produit un souffle, l'intensité de ce souffle augmente avec la vitesse de l'écoulement. L'existence de ces murmures ne saurait être consi- dérée comme un signe de maladie, mais il n'en reste pas moins avéré cependant qu'ils se produisent dans les veines du cou plus facilement chez les anémiques que chez les individus bien portants. Les veines étant toujours moins tendues que les artères, leurs plaies ont peu de tendance à s'écarter, et la cicatrisation est en général assez facile, lorsque la solution de continuité est peu considérable. Les deux lèvres peuvent se rapprocher et la réunion se faille plus sou- vent par première intention sans interposition de caillot. Mais on peut trouver cependant, en ouvrant une veine après une saignée récente, un caillot interne qui se prolonge plus ou moins dans les deux sens. Ce caillot ne tarde pas à se résorber. Les traces de la saignée sont souvent très-visibles sur la jugulaire des animaux tués longtemps après cette opération. On voit un léger renflement, une sorte de dilata- tion variqueuse h parois minces semblant indiquer la formation de caillots et une cicatrisation lente. La présence du collier a pu, dans ce cas, jouer un rôle en empochant le cours du sang. Celui-ci a pressé sur des tissus de nouvelle formation facilement dépressibles, et cette action souvent répétée a pu être la cause des tumeurs observées. Ces tumeurs sont souvent même assez volumineuses pour être perçues à travers la peau. L'étude des capillaires sanguins, extrêmement importante pour le (1) A. Chauveau, Jonr/ial de lu jiJi'jsiologie de l'homme et des animaux, t. III, p. 1C3. 92 ANATOMIE GENERALE CHIRURGICALE. physiologiste et le médecin, n'est pas à beaucoup près aussi nécessaire au chirurgien; aussi n'en dirons-nous rien et arriverons-nous immé- diatement aux IvHiphatiques. § 3. — Des lymphatiques. Les lymphatiques sont des vaisseaux chargés de ramener dans la circulation générale les fluides épanchés au travers des capillaires. Par celles de leurs divisions qui prennent origine dans l'intestin, ils sont également destinés à absorber le chyle prculuit pendant la digestion. Mais il n'y a pas là, comme on l'a cru pendant longtemps, deux systè- mes spéciaux. Les chylifères conduisent constamment de la lymphe pure en dehors de la digestion et mélangée d'une très-forte proportion de chyle pendant cette fonction. Sur le trajet des vaisseaux lymphatiques, on rencontre des renfle- ments spéciaux appelés ganglions, organes très-importants, que nous étudierons après avoir décrit les vaisseaux. Les lymphaticpies ont avec les vaisseaux veineux beaucoupd 'analogie. Comme eux, ils naissent à la périphérie et sont centripètes, cest-à-dire qu'ils conduisent les liquides de la périphérie au centre; comme eux, ils peuvent se diviser en deux sections, les lymphatiques superficiels ou sous-cutanés et les profonds, qui cheminent en commun avec les artères et les veines profondes ; enfin, leur structure se rapproche beaucoup de celle des veines, ils présentent de distance en distance des renfle- ments et des valvules. Mais les lymphatiques diffèrent des veines par l'existence de gan- glions placés sur leur trajet, par leur mode spécial d'anastomose et par l'uniformité de leur calibre dans une section donnée. Il n'est pas douteux aujourd'hui que les vaisseaux lymphatiques prennent leur origine dans le tissu conjonctif, mais la manière dont se fait cette communication est encore un problème. C'est dans le tissu intersticiel des organes que l'on voit apparaître les premiers ré- seaux. Bichat avait déjà parlé d'un mode spécial d'origine des vais- seaux lymi)hatiques : il admettait que des ouvertures très-ténues font communi(pier ces vaisseaux avec les cavités séreuses. De nos jours, cette vue de l'auteur de YA7iatomie générale a été confirmée par les recherches et les expériences de Rechlinghausen, Schweigger- Seidel et Ranvier. On trouve en efl'et, surtout à la face postérieure du diaphragme, des espaceslibres, limités par des cellules; cesouvertu- resconnnuniquentavec les réseauxlymphatiques situés dans l'épaisseur du diaphragme. On a donné à ces espaces le nom de bouches absor- bantes. Les lymphatiques n'ont à leur origine aucune communication di- recte avec les vaisseaux artériels ou veineux. Leurs réseaux viennent s'entremêler, mais ils n'ont que des rapports de contiguïté. DU SYSTÈME VASCULAIRE. 93 Les organes diffèrent considéral)lementsous le rapport de la richesse en lymphatiqnes. Quelques-uns, comme la peau et la muqueuse, en sont très-abondammeni pourvues ainsi que nous avons eu déjà l'occa- sion de le constater (voir le chapitre des téguments), les organes viscé- raux et les muscles viennent ensuite. C'est du réseau d'origine que partent les vaisseaux lymphatiques que nous avons déjà dit être divisés en deux ordres, les vaisseaux profonds et les vaisseaux superficiels^ bien distincts les uns des autres. Les vaisseaux lymphatiqnes possèdent, en naissant des réseaux, un diamètre qu'ils conserveront jusqu'à leur entrée dans les ganglions; les lymphatiques de la peau traversent le tissu cellulaire sous-cutané et s'accolent, pour la plupart, aux grosses veines superficielles qu'ils sui- vent ensuite par les muscles jusqu'aux ganglions placés à la base de ceux-ci. On les voit aux membres antérieurs, à la surface de l'aponé- vrose, ramper parallèlement et se diriger vers la sous-cutanée médiane, la céphalique ; la plupart de ceux qui viennent de la face interne se dirigent vers la veine basilique, soit vers les ganglions brachiaux de la face interne du coude, soit vers ceux qui se trouvent un peu plus haut au niveau du tendon commun au grand dorsal et au grand rond. Ceux de l'épaule vont aux ganglions pré-scapulaires. Les lymphatiques du membre postérieur convergent vers les saphènes et se rendent aux ganglions inguinaux superficiels ; quelques-uns vont aux ganglions poplités. Tous les lymphatiques superficiels proviennent de la peau ; ce sont les plus importants en chirurgie. Dans leur trajet, ils s'anastomosent très-souvent et forment ainsi des réseaux à larges mailles, de forme lozangique. Les lymphatiques profonds proviennent généralement des muscles ; ils se logent dans la gaîne cellulaire des vaisseaux et des nerfs ; on ne les voit que très-exceptionnellement communiquer avec les superticiels. Ce fait acquiert une grande importance en chirurgie, car il explique comment les inflammations des parties superficielles des membres ne se communiquent point aux organes profonds sous-aponévrotiques, et réciproquement, pourquoi dans les inflammations ou angéioleucites profondes, la peau conserve sa souplesse et sa couleur habituelles. On rencontre à la tète et au tronc une disposition en deux réseaux, semblable à celle des membres. A la tète même, plusieurs muqueuses quel'on pourrait considérer comme profondes, lapituitaire, par exem- ple,possèdent des vaisseaux dont les troncs deviennent superficiels et se rendent à des ganglions superflciels. Les lymphatiques de cette mu- queuse se réunissent au pourtour des naseaux et passent sur les côtés du chanfrein pour se rendre aux ganglions sous-maxillaires. Cette dis- position particulière explique très-bien l'engorgement rapide qui survient dans cet amas ganglionnaire à la suite d'affections des cavités nasales. Les groupes ganglionnaires sont beaucoup plus nombreux à !>i ANATOMIE GÉNÉRALE CriIRURGICALE. la lèle que dans les membres, aussi les vaiseaux lymphatiques sont- ils beaucoup moins longs dans cette partie du corps, et, de même que pour les lymphatiques viscéraux, ils traversent plusieurs ganglions avant de se jeter dans le canal thoracique. Les lymphatiques sont extrêmement abondants dans les organes renfermés dans les cavités splanchniques ; le poumon, l'estomac, l'intestin et surtout les glandes, donnent parl'injection les plus beaux réseaux, ils se rendent pour la plupart dans des ganglions que doivent également traverser les lymphatiques des membres avant d'arriver dans le canal commun ; il résulte de cette disposition qu'un œdème des membres peut être consécutif à certaines altérations des organes profonds. C'est lorsque les ganglions qui desservent ces organes ont été tuméfiés et qu'ils reçoivent en môme temps des lymphatiques des membres. Les ganglions b/mp/iatir/ues sont de petits organes dont les dimensions sont très-variables : on en voit dont le volume arrive à peine à celui d'une petite lentille ; d'autres ont celui d'une noisette, d'une amande, il en est enfin qui, comme ceux de l'intestin des ruminants, sont lé- gèrement comprimés , d'une largeur d'un ou deux centimètres et dont la longueur dépasse quelquefois dix centimètres. Les chirurgiens vétérinaires ne tiennent pas en général un compte assez grand de la position et du volume des ganglions ; nous aurons soin, dans la partie spéciale de cet ouvrage, de décrire les groupes de ces organes, dans les régions où on les rencontre ; mais nous allons dès maintenant en dire quelques mots et indiquer très-sommairement les points oii on peut les trouver Les ganglions de la tête forment plusieurs groupes qui sont : 1° les ganglions sous-maxillaires ou sous-gcossiens, formant une masse fusiforme située au fond de l'auge, sur les côtés de cette région et présentant au niveau ou un peu en avant de la glande sous-maxillaire une masse trans- versale qui va rejoindre celle du côté opposé. Les lymphatiques de la langue, des joues, des lèvres, des naseaux, des cordes vocales, vien- nent se rendre à ces ganglions; les vaisseaux efierents se rendent aux ganglions pharyngiens. 2° Les pharyngiens situés en masse allongée sur les côtés du pharynx, au-dessous delà poche guttui-ale et dont la partie postérieure se pro- longe même au delà du corps thyroïde. Les ganglions pharyngiens reçoivent tous les lymphatiques de la tête ou de la base de la langue, du voile du palais, des parois du pharynx, du larynx, ainsi que ceux ([ui ont déjà lra\erséles ganglions sous-maxillaires ; 3° on trouve aussi (pielques ganglions logés dans l'épaisseur de la glande parotide ou à sa face interne, leurs vaisseaux eflerents se rendent également aux ganglions pharyngiens. Les lymphatiques (lu (-(ju se rendent à deux l;ii)ii|)('s principaux de ganglions : 1° Aux pré-scapulaires qui forment une longue chaîne sous DU SYSTÈME VASCliLAIRE. 95 la face interne du masloïdo-humcral ; 2° aux gixngVions p)'t;~pectoi'aux situés en masse symélrique de chaque côté de rextrémité inférieure de la jugulaire. Ils se prolongent môme jusque dans la poitrine en passant entre les deux côtes au-dessous des artères axillaires. Le thorax nous montre des ganglions qui reçoivent les lymphati- ques de ses parois et d'autres qui sont affectés à la partie de ces vaisseaux prenant naissance dans les organes qu'il renferme. Les gan- glions des parois forment trois groupes : 1° une double chaîne située de chaque côté des vertèbres dorsales, au-dessus de la plèvre ; ces ganglions reçoivent les vaisseaux des parois costales ; 2° une masse très-volumineuse située sur l'appendice xiphoïde en arrière du péri- carde; ils reçoivent les lymphaticiues de la partie inférieure des espaces intercostaux et ceux du diaphragme ; 3" enfin on trouve quelques petits ganglions accolés aux vaisseaux thoraciques internes. Les ganglions des organes viscéraux de la cavité thoracique forment également trois groupes principaux, ce sont : 1° des ganglions très- petits placés le long de l'œsophage entre les deux lames du médiastin postérieur ; 2° les ganglions bronchiques situés autour de l'origine des bronches, dans l'angle de bifurcation de la trachée ; quelques-uns pénètrent dans l'épaisseur du tissu pulmonaire ; ils reçoivent les nombreux vaisseaux du poumon ; 3° deux longues traînées de ganglions situés sous la trachée, depuis sa bifurcation jusque sous la première côte. Dans la région abdominale on trouve un grand nombre de groupes ganglionnaires. La plupart appartiennent aux organes viscéraux de la cavité. Les lymphatiques de la paroi abdominale se rendent aux ganglions inguinaux superficiels et aux ganglions iliaques. Les premiers reçoivent les vaisseaux superficiels; ils sont situés en avant de l'anneau inguinal, à côté du fourreau, autour de l'artère sous-cutanée abdomi- nale ; les seconds, logés entre les branches de l'artère circonflexe iliaque, sont le point de ralliement des lymphatiques profonds. Les vaisseaux de la paroi supérieure de l'abdomen vont aux ganglions sous- lowbaires, quelques-uns seulement au groupe inguinal profond. Les ganglions sous-lumbaires, très-développés, reçoivent en outre les lym- phatiques du bassin, ceux qui ont déjà traversé les ganglions ingui- naux profonds et les ganglions iliaques. Les viscères abdominaux sont extrêmement riches en lymphatiques; le nombre et le volume des ganglions qui les reçoivent est propor- tionné à l'importance et au volume de ces vaisseaux. 1° Ceux du rec- tum et du côlon flottant se réunissent dans deux ou trois lobules placés de chaque côté du sphincter anal et dans une chaîne formée de petits ganglions, situés le long de la petite courbure du côlon entre les deux lames du mésentère, et à proximité du trajet des vaisseaux sanguins. 2" A la surface du cùhm replié et accolé aux artères coli- ques, on constate une double chaîne de ganglions assez volumineux, 96 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. auxquels se mt^lout des organes plus petits. Les vaisseaux lymphati- ques, après avoir traverse ces ganglions, forment des conduits volumi- neux, souvent dilatés raccaniquemenl, variqueux, qui suivent la direc- tion des artères ou les entourent d'un véritable réseau mélangé avec les divisions et les branches principales du plexus nerveux. Ces gros troncs sont les principaux alllucnls de la citerne de Pecquet. 3° Les lymphaliqucs du cœcum aftectcnt une disposition générale à peu près semblable i\ ceux du côlon replié, on les voit se rassembler dans les scissures de l'organe pour se jeter dans les chapelets de ganglions situés dans ces scissures, les vaisseaux qui en sortent vont à la citerne sous-lombaire après s'être abouchés avec le tronc des lymphatiques de l'intestin grêle. i° Les ganglions de l'intestin grêle sont très-vo- lumineux et nombreux; ils existent au nombre d'une trentaine et sont placés dans l'épaisseur du mésentère, au voisinage de l'artère grande méscntérique; ils reçoivent les cbylifères de toutes les parties de l'in- testin, et donnent naissance à de gros troncs qui vont concourir à for- mer le réservoir de Pecquet après s'être abouchés avec ceux du cœ- t. — Chii'uv(jie. 7 98 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. IrOnieineiil délicat de cellules éloilées dont les mailles, plus ou moins écartées, contiennent des noyaux et des corpuscules lymphatiques extrêmement nombreux. Quant à la substance des ganglions rapprochés du bile, substance que Frey appelle médullaire, elle est formée par le prolongement Irès- rétréci des follicules et par les sinus lymphatiques qui entourent les prolongements des follicules. Ces prolongements sont anastomosés les uns avec les autres et forment un lacis très-riche. Les espaces plus clairs qui les entourent ou les sinus lymphatiques sont limités par une membrane très-mince ; ils sont l'origine des vaisseaux lymi)hatiques efférents. Les vaisseaux lymphatiques afférents arrivent au ganglion par la partie opposée au bile et s'ouvrent dans les sinus lymphatiques; les vaisseaux efférents se reconstituent par la réunion de ces sinus lym- phatiques. Les vaisseaux sanguins entrent et sortent par le bile ; ils se divisent et se reconstituent dans l'épaisseur même des follicules et de leurs pro- longements. La lymphe circule ou plutôt progresse dans les vaisseaux lympha- tiques, sous l'influence de plusieurs causes. Il existe ici, comme dans les veines, une force a tergo qui reconnaît pour cause initiale une véritable dialyse ; aussi verrons-nous tous les états qui peuvent faci- liter celle-ci augmenter la rapidité du cours de la lymphe dans ses vais- seaux. L'œdème augmente cette rapidité en provoquant une dialyse très-accentuée. 11 en est de môme de l'absorption du chyle par les radicules lymphatiques de l'intestin pendant la digestion. La pression vasculaire, aidée de la présence de valvules nombreuses, agit ici comme sur le sang du système veineux. 11 en est de même de l'aspi- ration thoracique. J'ai pu remarquer, dans de nombreuses fistules du canal thoracique, chez le chien, que c'est surtout pendant l'expira- tion que la lymphe coule dans la veine jugulaire. Au début de l'inspi- ration, les parties du liquide les plus rapprochées de la veine jugulaire sont attirées en même temps que le sang de cette veine ; mais cette aspiration, s'exerçant sur une grande étendue du canal thoracique^ tend à le dilater et attire ainsi le liquide des canaux qui se trouvent à proximité de la cavité ; le vaisseau est donc aussi rempli que possible à la fin de l'inspiration. Lorsque ensuite les parois du thorax revien- nent sur elles-mêmes et que la pression augmente dans le thorax, les valvules empêchent le retour de la lymphe vers les extrémités (excepté peut-èlre du côté du réservoir de Pecquet, vers lequel le liquide peut retourner faute de valvules coniplèles dans le canal thora- cique), et l'on voit celle-ci être poussée avec force et s'échapper en jet par le tube placé dans Ui listule. iM. Colin avait déjà l'ail cette re- manpie. Les parois des vaisseaux lymphatiques sont beaucoup plus dilatables W SYSTÈME VASCULAlHl!;. 99 que celles des veines ; la dillercnco qui existe entre un lymphatique vide et un lyniplialique rempli de li(iuide est considérable. Lorsqu'on vient à piquer un lymphatique volumineux, la lymphe s'écoule et le vaisseau, revenu sur lui-môme, est à peine visible au milieu du tissu conjonctif. C'est aussi en vertu de cette faculté de dilatation que les lymphatiques peuvent devenir variqueux. Les varices, très-rares sur les membres et dans les vaisseaux superficiels, se voient au contraire assez souvent dans les lymphatiques du gros intestin. Sur les animaux de dissection, on rencontre ces dilatations fréquemment autour des artères coliques. On peut trouver des varices possédant jusqu'à deux à trois centimètres de diamètre. La disposition des lymphatiques superficiels rend un compte assez exact de quelques particularités de leur inflammation. Dansles tumeurs ér.ythémateuses et dans certaines blessures du cou, du garrot, ou du pied, on voit partir du point enflammé des sortes de cordons durs, moniliformes, ramifiés et formant des lacis qui se dirigent du côté des ganglions. Bientôt ceux-ci se gonflent à leur tour, mais il arrive habituellement que les premiers ganglions seuls s'enflamment. Lorsque la partie de la peau oii se trouvent les lymphatiques enflammés est dé- pourvue de pigment, on peut constater en outre que leur trajet est marqué par une couleur rouge bien évidente. Cette coloration est amenée par la turgescence des vaisseaux de la tunique externe des lymphatiques eux-mêmes. Les cordes lymphatiques, qui proviennent de lésions simples, peuvent avoir des analogies de forme et de siège avec le farcin ; mais elles en dilîérent essentiellement par leur nature et parce qu'elles disparaissent d'elles-mêmes avec l'atténuation de l'in- flammation du lieu de leur origine. Quant au pus qui se rencontre assez souvent dans l'intérieur môme du lymphatique, il peut provenir directement de son inflammation ou peut-être même du lieu d'inflammation d'où il est parti. Mais com- ment expliquer ce fait de l'inflammation des premiers ganglions seu- lement et l'absence de phénomènes généraux, comme le frisson, par exemple, lorsque les lymphatiques charrient du pus ? La question n'est pas encore résolue. Il est possible que, dans ces cas, les gan- glions arrêtent le pus, lui fassent subir une élaboration particulière et préservent ainsi les autres parties de l'éonomie ; mais ils sont très- souvent eux-mêmes la victime du pus qu'ils viennent ainsi d'arrêter, et rien n'est plus fréquent que la suppuration des ganglions correspon- dant à une plaie ou à un organe enflammé. C'est surtout dans les cas de maladies virulentes qu'on peut constater cette inflammation gan- glionnaire. Une pustule de vaccin, les ulcérations de la morve, du farcin, de la syphilis chez l'homme, s'accompagnent toujours, à un moment donné, de l'inflammation des ganglions qui desservent la partie où siège l'accident. 11 en est de môme de le tuberculose, dans laquelle les ganglions bronchiques, le pancréas d'Aselli, les ganglions pharyn- 100 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. giens se tiihorculisonl (ruiic façon concomitante avec les poumons, les plaques de Peyer, le larynx, etc. Une inoculation de substance tuber- culeuse entraîne même toujours la tuberculisation du ganglion voisin el (luelcjud'ois aussi du second ganglion traversé par les lyniphatiques chargés du virus : il est probable que la tuberculose se généraliserait si les animaux (rexpérience étaient conservés assez longtemps. CllAiniUE 1\ DU SYSTÈME AKUVEUX Le système nerveux est le rouage essentiel de la machine animale ; principe de toute sensation et de tout mouvement, il excite et règle le fonctionnement de tous les autres appareils en mettant en jeu les pi'opriélés particulières des tissus dont ils sontformés. Non-seulement il préside à l'exercice des fonctions de la vie végétative, commune à tous les êtres organisés, mais il donne encore à l'animal toutes les attributions de ce qu'on est convenu, depuis Bichat, d'appeler la vie animale, c'est-à-dire la sensibilité, la volonté, l'instinct et l'intelli- gence. L'appareil de l'innervation se compose d'une partie centrale, l'axe encéphalo-rachidien, et d'une partie périphérique, les nerfs. La première est formée : 1° d'un renflement antérieur désigné sous le nom d'encé- phale et composé de trois sections, qui sont : \q cei'vecm proprement dit ou les lobes cérébraux, le cervelet et la moelle allongée ou V isthme ;i° d'une longue tige postérieure logée dans le canal rachidien et désignée sous le nom de moelle épinière ; c'est de la moelle épinicre et de son prolon- gement antérieur, l'isthme de l'encéphale, que partent les nerfs qui se ramifient dans toutes les parties du corps. Les centres nerveux sont en outre entourés de membranes particulières appelées méninges, recouvertes elles-mêmes de parties osseuses qui leur forment autant d'organes de protection contre les corps vulnérants. Le système nerveux, envisagé dans son ensemble, représente un tout absolument symétrique, dont chaque moitié montre, même sur l'animal vivant, un commencement de séparation indiqué par des sillons très-profonds. Les phénomènes morbides indiquent aussi une séparation du système nerveux en deux parties régissant chacune une moitié du corps; l'hémiplégie qui accompagne certaines lésions des centres nerveux le fait très-bien voir en s'arrêtant exactement sur la ligue médiane. Mais on se tromperait élrangement si l'on venait à ailnicllre d'a- près ces faits que la moitié droite, par exemple, de l'encéphale et de DU SYSTÈME NEIWEUX. iO! la moelle, régit le côté correspondant du corps, qu'il lient .sous sa dé- pendance les phénomènes de la sensibilité et de motilitc de cette moitié de l'individu ; car il existe, sur toute la longueur des centres, des commissures faisant communiqner leurs diverses parties, et cet entrecroisement est môme si général qu'il arrive le plus communé- ment de voir une paralysie d'une moitié du corps lorsque l'hémisphère du côté opposé a été lésé. Nous disons communément, car le fait n'existe pas toujours; il peut arriver que le côté correspondant à la lésion soit lui-même atteint, soit seul, soit en commun avec celui du côté opposé. Jusqu'à présent, les expériences physiologiques n'ont pu expliquer que d'une façon très-incomplète les phénomèmes observés à la suite des lésions diverses des centres nerveux, et les déductions que l'on avait cru pouvoir tirer de la disposition anatomique n'ont pas toujours été vérifiées par la physiologie ou la pathologie. Nous ne nous occuperons pas dans ce chapitre des centres nerveux en particulier. Ils seront décrits, avec les développements qu'ils mé- ritent, en même temps que leurs enveloppes, dans la partie spéciale de cet ouvrage. Nous n'en parlerons que d'une façon générale lorsque nous étudierons la structure et les propriétés du système nerveux. Les nerfs constituent la partie périphérique du système nerveux ; ils se divisent très-naturellement en deux sections : les nerfs de la vie animale et les nerfs de la vie organique, ces derniers forment le système du grand sympathique. Pendant longtemps, ce système a été considéré comme tout à fait indépendant du système cérébro-spinal, et les amas grisâtres disséminés sur le trajet de ses fibres, et qu'on appelle des gan- glions, ont été donnés comme de petits centres nerveux indépendants. Aujourd'hui il est clair pour tout le monde, que le sympathique a le même mode d'origine que les autres nerfs, et que, s'il peut conserver pendant un temps assez court des propriétés motrices, aprèb la des- truction des centres encéphalo-rachidiens, cela tient à ce que les gan- glions nombreux dont il est pourvu peuvent emmagasiner une certaine quantité de force nerveuse ; mais ils ne peuvent en créer; ils doivent la recevoir des centres. Le système nerveux est donc unique, et les divisions qu'on y a introduites sont toutes artificielles et faites sur- tout pour simplifier son histoire. Nous étudierons d'abord les nerfs encéphalo-rachidiens, et, après eux, le sympathique Les nerfs naissent de la moelle épinière et de l'isthme de l'encé- phale, symétriquement de chaque côté par deux ordres de radicules d'origine qu'on a appelées les racines, les unes sont supérieures et naissent sur le côté correspondant de la moelle, les autres sont infé- rieures, elles se réunissent à la sortie du trou de conjugaison des ver- tèbres pour constituer un faisceau nerveux complet. Disons immé- diatement que, parmi ces racines, les unes sont sensitives, ce sont les supérieures, elles sont pourvues de ces renflements grisâtres dont nous 102 ANATOMIE GÉNÉRALE CIIlllURGICALE. avons déjà oonslatc la présence sur le trajet du sympathique, les au- tres ou les inférieures sont motrices, elles sont moins volumineuses que les précédentes et sont dépourvues de renflements ganglionnaires. La réunion des deux nerfs symétriques composés chacun d'une paire de racines correspondantes est désignée sous le nom de paire nerveuse. Le nomhre des paires nerveuses est toujours le môme pour la même espèce, il est en rapport avec le nombre des verlèl)res. Douze paires naissent de la partie encéphalique des centres ner- veux. Les ne?'/s crâniens ont recMi des noms particuliers, tenant, soit à leur origine, soit à 1(mu' distribution anatomique ou à leurs usages. Parmi ces nerfs, il cmi est qui naissent par une seule espèce de racine, etsont, par conséquent, exclusivement moteurs ou exclusivement sen- sitifs ; trois paires se distribuent aux organes des sens, ils sont dési- gnés sous le nom de nerfs sensoriaux. Leurs usages spéciaux font qu'ils ne sont ni sensitifs, ni moteurs, ils ne peuvent percevoir que des sensations spéciales. Ce sont : les nerfs olfactifs, les nerfs optiques et les nerfs auditifs. Les nerfs trijumeaux, glosso-pharyn(/iens et pnew7io- gastriques sont mixtes, c'est-à-dire qu'ils possèdent une racine sensi- tive et une racine motrice comme les nerfs spinaux ; les autres, c'est- à-dire V oculo-moteur commun, le pathétique, Voculo-moteur externe, le facial, le spinal et V/iypo-glosse sont des nerfs exclusivement moteurs (il y aurait peut-être une exception à faire pour le nerf hypo-glosse qui possède très-souvent unepetite racine ganglionnaire chez le cheval, et constamment chez beaucoup d'autres espèces comme l'àne, le chien, le chat, etc.). Telle est la nature des nerfs crâniens à leur origine, mais à l'exception des nerfs sensoriaux, qui ne contractent aucune anastomose sur leur trajet, tous les autres, après avoir parcouru une distance variable et la plupart du temps avant même d'avoir traversé les parois du crâne, reçoivent des filets nerveux de nature différente et deviennent sensitivo-motenrs, ou bien ils s'adjoignent des fibres nerveuses venues du sympathique. Les nerfs rachidiens ou spinaux naissent de la moelle épinière, et sortent du canal vertébral par les trous de conjugaison. Ils sont tous mixtes, sans exception, et possèdent par conséquent des racines supérieures et des racines inférieures. On trouve chez le cheval H paires cervicales, i7 paires dorsales, G paires lombaires, o paires sacrées et (> 'tu 7 paires coccygiennes, en tout i2 ou impaires. Le trajet des racines dans l'intérieur du canal rachidien est très- court ; chaciue racine se dirige directement vers le trou de conjugai- son en face duquel elle se trouve placée. 11 n'y a d'exception à cette règle que pour la longue racine du spinal qui remonte, de chaque côté de la moelle, des premières parties de la région dorsale jusqu'au trou déchiré, et pour les paires sacrées et coccygiennes, qui viennent des nerfs de la (jueue de cheval. Sortis de la cavité rachidienne, les nerfs s(^ rendent aux organes en DU SYSTÈME NERVEUX. 103 suivant une direction généralement rectiligne ; quelques-uns seulement, comme les rameaux des nerfs principaux de la langue, décrivent, ('omme les artères qu'ils accompagnent, des flexuosités très-prononcées et dans le même but que ces artères. Les nerfs des plexus brachial et lombo-sacré possèdent toujours une direction rectiligne, aussi s'é- cartent-ils plus ou moins, surtout au membre postérieur, du chemin suivi par les artères. Les branches du grand sympathique non mélan- gées aux nerfs cérébro-spinaux suivent toujours, au contraire, le trajet de ces vaisseaux qui leur servent comme de tuteurs ; elles entourent les artères et forment autour d'elles des lacis plexiformes souvent d'une grande richesse. Les nerfs ne restent pas toujours isolés les uns des autres dans leur trajet, souvent ils s'envoient des branches de communication qui for- ment ce qu'on appelle des anastomoses. Ces anastomoses ne sont pas comparables à celles des vaisseaux, en ce sens que toujours chaque fibre nerveuse conserve son indépendance, il y a donc seulement acco- lement de fibres provenant de différents nerfs, mais non fusion des fibres. Les véritables anastomoses nerveuses semblent cependant exis- ter à la périphérie. Quant aux plexus nerveux, ils sont formés par des intrications en réseaux de fibres provenant de nerfs différents. Ici comme dans les anastomoses les fibres conservent leurs propriétés et leur autonomie. Les rapports des nerfs ne peuvent être déterminés d'une façon géné- rale, leur position par rapport aux vaisseaux n'a rien de fixe, ainsi que nous avons eu déjà l'occasion de le dire. Les nerfs traversent rarement les muscles, leur position la plus ordinaire est le tissu conjonctif intermusculaire, dans lequel ils se logent après s'être entourés d'une gaîne spéciale d-e tissu condensé. Quant à la terminaison des nerfs, son étude présente encore beaucoup de lacunes. Nous avons exposé en parlant de la peau et des muscles un abrégé des connaissances acquises sur cette difficile question, nous n'y reviendrons pas ici. Les ganglions sont des renflements d'une couleur gris-rougeàtre, de volume très -variable, qui se rencontrent surtout sur le trajet des fibres du grand sympathique. Toutes les racines postérieures ou sensitives en sont également pourvues. Ils interrompent pour ainsi dire les cordons nerveux et présentent ainsi des fibres nerveuses afférentes et effé- rentes. C'est au delà des ganglions spinaux que se fait la réunion des fibres motrices avec les fibres sensitives. On n'en rencontre jamais dans les nerfs exclusivement moteurs. Les nerfs des sensations spéciales ne possèdent pas non plus de ganglions. Structure et propriétés »Iu système neryeux. — Deux éléments mi- croscopiques entrent dans la composition du système nerveux, les tubes nerveux et les cellules nerveuses. Par leur association ces éléments forment des 5?<és/flnces d'aspect différent ; l'une blanche, exclusivement loi- ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. romposéede tubes el \' anire grise , dans laquelle se trouvent des fibres et des cellules. Les tubes nerveux ou mieux fibres nerveuses sont des éléments allon- gés, d'une longueur égale à celle du nerf lui-même et d'un diamètre Irès-variable, qui les a fait distinguer en fil)res fines et en fibres larges. Elles sont aussi désignées sous le nom de fibres à moelle cl fibres sans moelle, suivant que cette substance entre dans leur composition ou qu'ils en sont dépourvus. Ces dernières sont encore désignées sous le nom de fibres de liemak . Dans une fibre nerveuse à moelle, on reconnaît trois choses distinctes : 1° une enveloppe appelée gaine nerveuse ou gaine de Schwann, de na- ture élastique, mince et homogène; 2° une seconde enveloppe, la mgéline ou moelle nei'veuse, substance très-diffluente et très-réfringente, ce qui lui donne l'aspect d'un corps blanc et brillant. C'est la myéline qui donne aux nerfs leur couleur blanche spéciale. La fluidité de cette substance fait qu'elle s'échappe de la gaine de Schwann par l'extrémité coupée du tube nerveux, et se répand alors en gouttes plus ou moins volumineuses ; 3" un organe central appelé cylindre-axe, pâle, homogène ou quelquefois légèrement granulé, rectiligne. 11 n'y a pas bien longtemps encore que l'on considérait les trois élé- ments dont est compose le tube nerveux comme étant continus dans toute la longueur de la fibre nerveuse. M. Ranvier a fait connaître une disposition particulière et extrêmement importante de la composition de la libre. A des distances dont la moyenne est de un millimètre en- viron, la membrane de Schwann présente des étranglements annulaires, et la portion du tube comprise entre deux étranglements doit être con- sidérée comme une cellule allongée, pourvue d'un noyau sur le milieu de sa longueur. On rencontre également à sa face interne une couche mince et continue de protoplasma. La myéline n'est autre chose que le contenu de la cellule nerveuse. Quant au cylindre-axe, il est continu et s'étend dans toute la longueur du nerf sans présenter aucune inter- ruption, il franchit les étranglements des deux gaines externes et il est entouré au niveau de ces étranglements par un anneau ou un disque percé. Cette disposition montre bien que le cylindre-axe est la partie essentielle de la fibre nerveuse, les autres ne sont que des organes de protection. Nous reviendrons sur cette structure des nerfs en parlant de la question si importante de la régénération. Les fibres nerveuses sans moelle possèdent un cyliiulre-axe et une enveloppe, mais elles sont dépourvues de myéline; elles ne présentent nulle part les étranglements que M. Ranvier a signalés dans les tubes à moelle. Les cellules nerveuses sont formées par une masse de protoplasma sans membrane d'enveloppe; elles sont, dans les ganglions, recouvertes par une couche de tissu conjonctif fibrillaire. Leur noyau est volumineux. La forme des cellules nerveuses est caractérisliiinc, on les renconli'c DU SYSTÈME NERVEUX. 105 dans la substance grise des organes centraux, dans les ganglions, quel- (jucfois sur le trajet des nerfs, et même dans leurs expansions péri- phériques, comme la rétine, le nerf du limaçon, les muqueuses. Les cellules nerveuses peuvent être dépourvues de prolongements, cellules apolaires, ou bien en présenter un, cellules unipolaires, ou deux, cellules bipolaires ou un plus grand nombre, cellules multipolaires. Les prolongements relient entre elles les cellules voisines, ou bien forment le cylindre-axe des fibres nerveuses qui partent des cellules. L'étude des ganglions spinaux est un des points les plus difliciles de l'histologie. Aussi ces organes sont-ils encore mal connus. Il n'existe aucun rapport de continuité entre les fibres nerveuses sensitives et les corpuscules ganglionnaires. Les fibres sensitives ne font que traver- ser les ganglions séparés en un ou plusieurs faisceaux qui se réunis- sent au delà du ganglion. Un ganglion se compose d'une enveloppe membraneuse d'épaisseur variable, qui fournit par sa face profonde des tractus de tissu con- jonctif qui séparent les éléments du ganglion et supportent les vais- seaux sanguins. Les cellules de l'intérieur du ganglion sont unipolaires pour la plu- part, lorsqu'elles sont bipolaires, les deux prolongements semblent se diriger vers la périphérie. Il résulte de cette disposition que le nombre des fibres sensitives efférentes est toujours beaucoup plus considérable que celui des fibres afférentes, et que le nerf à sa sortie du ganglion possède un volume supérieur à celui qu'il avait à son entrée dans cet organe. Les tubes nerveux et les cellules produisent par leur arrangement réciproque dans les centres nerveux deux sortes de substances, la sub- stance grise et la substance blanche. La substance blanche de l'encéphale et de la moelle est formée, de même que les nerfs, de faisceaux de tubes nerveux auxquels se mêlent les éléments accessoires dont nous venons de parler. Quant à la subs- tance gj^se qu'on ne rencontre que dans les centres et les ganglions, elle est formée par un mélange, dans des proportions diverses, des cellules nerveuses et des tubes nerveux. Les tubes sont relativement rares dans la substance grise des centres. Dans les ganglions, ils sont plus nombreux. Indépendamment des fibres et des cellules, le système nerveux ren- ferme aussi des éléments que l'on pourrait nommer accessoires. Ces parties sont le tissu conjonctif et les vaisseaux. Le tissu conjonctif sa condense autour des cordons nerveux périphé- riques, à la manière des aponévroses autour des muscles, il reçoit alors le nom denévrileynme. Le névrilemme envoie dans l'intérieur du faisceau nerveux des cloisons qui isolent les faisceaux nerveux et qui finissent par former des gaines homogènes semées de noyaux, enveloppant uu ou plusieurs tubes nerveux (faisceaux primitifs), gaines auxquelles 106 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. M. Robin a donné le nom de périnèiTe. Dans l'épaisseur des centres nerveux, le tissu conjonctif donne unegaîneau vaisseau, puis se résout en une sorte do gangue amorphe avec cellules étoilées que Virchow appelle névroglie. C'est au névrilemme que les nerfs doivent leur dureté et cette résistance spéciale qui leur permet de résister à des efforts de traction assez considérables. Le névrilemme peut dans certains cas s'hypertrophier et former sur le trajet des nerfs ces renflements plus ou moins volumineux, d'aspect a rrondi ou ovalaire, toujours douloureux, qu'on a appelés àesnévfômes. Le microscope a fait distinguer plusieurs sortes de névrômes. Celui qui a pour caractère distinctif l'hypertrophie du tissu conjonctif pourrait être appelé faux ?îévrôiiie; et dans ces cas, il peut arriver que l'enveloppe extérieure seule augmente de volume, ou bien que le tissu conjonctif inter-fasciculaire y prenne part également. Les véritables névrômes sont dus à des hyperplasies des tubes nerveux eux-mêmes'. Les vaisseaux du système nerveux sont extrêmement abondants, mais ils offrent peu de particularités remarquables. Ils sont plus abondants dans les organes centraux que dans les cordons périphériques, et plus abondants aussi dans la substance grise que dans la substance blanche. Dans les centres, les capillaires se font remarquer par leur excessive ténuité. Les lymphatiques ontfait, dans ces derniers temps, le sujet de. nombreuses recherches. On les voit, dans les centres, former autour des vaisseaux une sorte de gaînc qui les entoure de toutes parts et qu'on appelle, pour cette raison, gaîne lymphatique, hes pi'opriétés généi'ales du système nerveux sont extrêmement im- portantes à connaître au pointdevue pathologique; aussi allons-nous les rappeler avec quelques détails en commençant par celles des nerfs. Nous dirons ensuite quelques mots des centres et nous terminerons ce chapitre par une courte revue des propriétés les plus importantes du grand sympathique. Nous avons déjà fait des distinctions entre les fibres nerveuses, nous avons appelé les racines supérieures sensitives et les racines infé- rieures motrices. Sur quoi se fondent ces différences? C'est ce que nous allons tout d'abord examiner. Par l'examen le plus superficiel, on s'aperçoit bien vite qu'il existe dans les nerfs deux courants, l'un qui va de la périphérie vers les centres, c'est le courant centrijiHe, l'autre qui marche en sens contraire, c'est- à-dire du centre à la périphérie, c'est le courant centrifuge. Cette dis- tinction est très-facile à faire expérimentalement, car les nerfs sont en rapport avec des espèces de réactifs, qui sont tantôt des mani- festations de douleur, tantôt des contractions musculaires. Nous savons déjà (pie les deux ordres de fibres sont mélangés dans les nerfs rachi- diens, aussi si l'on sectionne sur un animal un des nerfs rachidieus, on prive à la fois la région à huiuelle se dislribue ce nerf de la sensi- bilité et du mouvemenl. DU SYSTEME NERVEUX. 107 De ce qui précède nous pouvons déjà conclure que les nerfs n'onl pas de propriétés par eux-mêmes, que ce sont de simples conducteurs qui transmettent des impressions venant de deux sources, du centre ou de la périphérie. La distinction de libres sensitives et de fibres motrices, ou plus exacte- ment de fibres produisant, par les excitations, des impressions de dou- leur ou déterminant des mouvements, n'est connue que depuis les expériences de Magendie, en 1821 (1). L'expérience qu'il fit alors est très-démonstralive, nous la rappelons ici parce qu'elle est des plus instructives au point de vue chirurgical. Magendie met la moelle ànu sur déjeunes chiens; il coupe les racines postérieures, abolition complète delà sensibilité dans un des membres postérieurs, la motilité volontaire persiste. 11 coupe les racines antérieures, abolition des deux fonctions. Ajoutons que si, dans cette expérience, les racines étant coupées, on irrite avec les pinces ou tout autre excitant physique, galvanique ou chimique, le bout central des racines postérieures, l'animal manifeste par ses cris, son agitation, qu'il ressent une vive douleur, si on excite le bout périphérique des mêmes racines, on n'obtient rien. En répé- tant cette môme expérience sur les racines antérieures, on ne voit aucun phénomène se manifester en pinçant le bout central ; mais si l'excitation est portée sur le bout périphérique on produit des contrac- tions dans les muscles auxquels se rendent les racines (2). Dans le cas où un nerf mixte est coupé dans sa continuité, le pince- ment du bout central détermine de vives douleurs. L'irritation du bout périphérique, au contraire, ne donne que des mouvements des muscles desservispar le nerf excité. Nous pouvons donc ajouter, qu'indépendam- ment de la propriété conductrice, les nerfs sont des organes excitables et en môme temps excitateurs. Nous ne pouvons faire l'étude du système nerveux sans rappeler les belles expériences de M. Cl. Bernard sur les nerfs au moyen du curare. Ce poison est une sorte de réactif qui permet l'isolement physiologique des divers éléments du système nerveux. Le curare pos- sède la propriété de tuer le système nerveux moteur. Il attaque les fibres motrices parleur extrémité périphérique et leur enlève la faculté défaire contracter les fibres musculaires. L'animal empoisonné par cette substance est paralysé, mais il sent très-bien; il conserve son (1) On a souvent attribué, à tort, à (Ai. Bell, la découvei'te des propriétés des nerfs. 11 résulte, au contraire, de_ la lecture du mémoire publié en 1811, que Cl). Bell n'a eu que l'idée d'ouvrir le canal racliidien pour expérimenter directement sur les racines des nerfs, mais qu'il n'a pas su voir les propriétés de chaque racine, empêché qu'il était par ses idées systématiques. La gloire de cette découverte doit donc revenir tout entière à Magendie et à la phjsiologie française. (2) Cette excitation détermine cependant quelque douleur lorsque les fibres supérieures correspondantes sont intactes. On désigne cette sensibilité particulière sous le nom (le sensibilité récurrente, elle vient de ce que ([ueiques fibres des racines postérieures ont remonté vers la moelle par la racine antérieure. 108 ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. intelligence et sa volonté, mais les organes qui servent aux manifesta- tions de ces deux facultés sont incapables de leur obéir. La strychnine est au contraire un poison très-énergique de l'élément sensitif des nerfs, de plus son action est inverse de celle du curare. C'est en déprimant le système nerveux moteur que le curare agit; la strychnine, au contraire, tue le nerf sensitif en exagérantses propriétés, sa mort est causée par l'épuisement qui résulte de cet excès d'acti- vité. Les mouvements si énergiques que l'on remarque dans Tempoi- sonnemcnt par le principe de la voievomiquene sont dus qu'à cet excès de sensibilité. La vitalité des éléments nerveux trouve sesconditions normales dans le contact avec le sang. Or, quand on supprime la circulation, ces éléments finissent par mourir, et ils meurent chacun à sa manière. L'élément sensitif meurt le premier, puis vient l'élément moteur. Quant aux muscles, leurs propriétés persistent plus longtemps que celles des nerfs. Or, dans les circonstances pathologiques, circonstances que l'on peut provoquer expérimentalement avec la plus grande facilité, il peut arriver deux choses : V anémie Q?>ipériphcrique ou bien elle est centrale. Dans Vanéniie péri/)/térique, par oblitération ou ligature d'une artère, l'animal semble paralysé à la fois du mouvement et du sentiment, mais le nerf moteur seul meurt par anémie, le nerf sensitif ne perd ses pro- priétés qu'accidentellement, et s'il cesse de fonctionner là où la circu- lation est suspendue, cela est dû à ce que les liquides, parleur stagnation , altèrent la substance nerveuse. La paralysie arrive plus ou moins rapidement, un le comprend du reste, suivant que la suppression de la circulation est plus ou moins complète. Lorsque Y anétnie C'àl centrale, c'est-à-dire lorsque la circulation est interrompue dans la moelle épinière, on remarque, ainsi que l'a obtenu Flourens, outre la paralysie immédiate du mouvement volontaire, une disparition complète de la sensibilité, et ici c'est la motricité (jui survit à la sensibilité pendant un temps plus ou moins long. Si l'oblitération des vaisseaux porte sur la moelle seulement, la sensibilité meurt seule et la motricité persiste. Nous pouvons conclure de ces données physiologiques que, pour qu'un mouvement volontaire soit produit, il faut que le nerf moteur soit en communication avec l'encéphale; mais nous avons vu également qu'une excitation artificielle pouvait, jusciu'à un certain point, sup- pléer à l'excitation naturelle ou des centres. Mais cette excitation artificielle n'est possible que pendant un certain temps, après lequel le nerf est absolument inexcitable. Des expériences les plus précises faites par Longet, il résulte qu'un nerf séparé des centres perd son excitabilité après quatre jours. Chez le cheval, l'excitabilité dure certainemeni plu^ longtemps. Six à sept jours au moins. Mais le nerf ainsi séparé ne reste pas toujours dans cet état, après un nu SYSTÈME NERVEUX. 109 certain temps il se lait une cicatrice et il récupère ses propriétés, il redevient excitable et conducteur. Cette propriété spéciale des nerfs de pouvoir se restaurer mérite la plus grande attention, car elle explique certains faits de retour de la sensibilité ou de douleurs après la névro- tomie. Nous allons nous y arrêter un instant. Pendant toute la durée de la restauration d'un nerf coupé, il s'est passé dans le bout périphérique du nerf ainsi séparé des centres, un certain nombre de phénomènes étudiés pour la première fois par Xasse, en 1839, et appliqué, plus tard, en 1852, par Waller, à la re- cherche des extrémités des nerfs, et qu'on désigne sous le nom de dégénération. Lorsque ensuite le nerf récupère ses propriétés, c'est par la régénérescence. Les divers états par lesquels le nerf dégénéré passe pour recouvrer de nouveau ses propriétés, ont été surtout bien étudiés dans ces derniers temps par M. Ranvier. Au début de la dégénérescence, on remarque une diminution de la transparence des fibres nerveuses, en môme temps que la couche de protoplasma située au-dessous de la membrane de Schwann augmente d'épaisseur et que le noyau lui-même devient plus volumicux. Les amas de protoplasma, en pressant sur la myéline, la segmentent ou la réduisent à un filament irrégulier. Le cylindre-axe a été sectionné vers le quatrième jour par suite du gonflement du noyau du segment in- terannulaire. C'est aussi à ce moment que disparaît l'excitabilité d'après Longet. Vers le dixième jour, la myéline est comme coagulée en petites masses, les segments deviennent de plus en plus petits jus- qu'à ne plus former que de petites gouttelettes éparses eà et là dans la gaine de Schwann, rétrécie et revenue sur elle-même. Pendant ce temps les noyaux se multiplient avec une très-grande activité, en même temps qu'ils augmentent de volume. A partir du septième au vingtième jour, la multiplication des noyaux perd de son activité. Le cylindre-axe ne se rencontre plus lorsque la dégénérescence est com- plète. Enfin vers la sixième semaine, les gouttelettes disparaissent et le nerf présente l'aspect d'un mince cordon de tissu conjonctif. La couleur blanche elle-même a disparu et le nerf est devenu grisâtre. Chez les jeunes animaux, la marche des altérations est plus rapide. Le bout central du nerf ne présente de modifications que tout à fait à son extrémité où Ion remarque également une multiplicalion des noyaux des segments sans altération du cylindre axe qui se montre seulement hypertrophié mais non segmenté. La connaissance de ces faits a permis à M. Ranvier de conclure que les modifications des tubes nerveux de la partie périphérique d'un nerf coupé ne sont pas de nature dégénérative ; il y a au contraire une suractivité formatrice, une sorte de névrite; cette interprétai ion per- met d'expliquer Taccroissement de l'excitabilité, constatée par tous les physiologistes, dans les premiers jours qui suivent la section d'un nerf, et dont la raison n'avait pu être donnée jusqu'ici. MO ANATOMIE GÉNÉRALE ClilRURGICÂLE. niianl à la régonération, on peut rcludier le plus l'acilemenl vers le ([iialre-vingliomc jour, après la section dû nerf. On constate, à cette époque, qu'il s'est formé à chaque extrémité du nerf divisé une sorte de moignon communiquant run avec l'autre par un filament cicatri- ciel rectiligne. Ce dernier est formé par un grand nombre de petits faisceaux cylindriques constitués par une quantité innombrable de petits tubes nerveux chez la plupart desquels la myéline fait encore défaut. L'étude du moignon du bout central montre que quatre, cinq ou un plus grand nombre de tubes nerveux nouveaux peuvent prendre naissance dan^ un seul tube ancien. M. Ranvier pense que le cylindre- axe de ce tube est le point de dépari de la néoformation des fibres nerveuses. Ces fibres pénètrent ensuite dans le bout périphérique et se développent dans l'intérieur môme des fibres dégénérées ou librement entre celles-ci, dans le tissu conjonctif qui les sépare. La régénération est plus ou moins rapide suivant que les deux extré- mités du nerf sont plus ou moins éloignées l'une de l'aulre. Elle se fait plus vite également chez les animaux jeunes que chez les vieux. Disons maintenant quelques mots sur ce qu'on appelle la sensi- bilité récurrente. Cette propriété particulière a été constatée par Ma- gendic, Longet, sur les racines des nerfs, par M. Cl. Bernard, sur leurs extrémités, et enfin très-bien étudiée dernièrement par MM. Arloing et Léon Tripier sur les nerfs de la main et du pied chez plusieurs ani- maux, le chien, le chat et le cheval. J'ai moi-même fait quelques expériences sur le nerf plantaire du cheval, sectionné au point où l'on pratique habituellement l'opération appelée névrotomie plantaire. Lorsqu'on irrite le bout périphérique d'un nerf sectionné, il arrive que l'animal manifeste une douleur plus ou moins vive, mais qui peut aller jusqu'à se traduire par des cris, chez le chien par exemple. Or, dans ce cas, pour être perçue, l'excitation a dû suivre le chemin d'un nerf intact, c'est-à-dire qu'elle a dû cheminer d'abord vers la périphé- rie, puis retourner vers les centres par un nerf voisin. Si on sec- tionne, par exemple, la branche principale du nerf plantaire du cheval au niveau du boulet, et qu'on attende quelques minutes avant de pra- tiquer l'excitation, on verra qu'en pinçant le bout périphérique du nerf divisé, on amènera de la douleur et souvent une douleur assez vive pour que l'animal relève le pied et l'écarté de sa position. Les mômes manœuvres, faites par MM. Arloing et Tripier, sur les diffé- rents nerfs de la main et du pied chez le chien et le chai ont constam- ment donné des résultats analogues. Or, en étudiant ces phénomènes de sensibilité, les deux auteurs que nous venons de citer ont reconnu : 1° que la sensibilité récurrente est d'autant plus vive qu'on se rapproche davantage de la périphérie, et :2" qu'elle demande, pour se manifester avec le plus de force, que l'animal soit reposé de l'ébranlement que lui a lait subir la section du nerf. La cause de la sensibilité récurrente pourrait être rapportée à deux DU SYSTEME NERVEUX. \\\ ordres de faits : ou bien dans le cas de réseaux nerveux périphériques à des iilels nerveux remontant de ce réseau dans Fintérieur du nerf et communiquant, d'autre part, avec les nerfs intacts; ou bien encore à des anses nerveuses, jetées d'un nerf à l'autre, mais ne remontant qu'à une certaine hauteur dans le nerf sectionné, et se servant de ce nerf comme d'un tuteur pour aller se distribuer un peu plus haut. C'est par la méthode wallérienne ou de dégénérescence que MM. Ar- loing et L. Tripier sont arrivés à trancher tout récemment cette ques- tion. Sur des nerfs sectionnés depuis un mois ou cinq semaines, on examine le bout central et le bout périphérique; ce dernier est dégénéré, mais cependant renferme quelques fibres intactes. Le bout supérieur, au contraire, possède toutes ses fibres intactes à l'exception de quel- ques-unes qui sont dégénérées. Ûr, d'après cela, il est très-rationnel d'admettre que les excitations appliquées sur les fibres nerveuses in- tactes du bout périphérique se sont propagées sur les nerfs du côté opposé, car on rencontre sur ces nerfs quelques fibres dégénérées qui proviennent du nerf sectionné, comme les libres intactes de celui-ci arrivent par les nerfs du côté opposé. Enfin le nombre des fibres intactes augmente à mesure qu'on se rapproche de la périphérie, et ces fibres au contraire n'existent plus à l'origine du nerf, mais aussi le nerf interrogé à ce point n'a donné aucune sensibilité. On est donc fondé, après ces expériences, à dire que des fibres forment des anses à la périphérie des nerfs et remontent le long du trajet des nerfs voisins pour se distribuer dans le domaine de ce nerf, et cela de telle manière ' qu'il y a une sorte d'entrecroisement entre les fibres nerveuses de nerfs voisins. On voit immédiatement la conséquence pratique de ce fait, au point de vue desnévrotomies. llien, en elfet, ne vient affirmer que la douleur causée dans un point et que l'on croirait pouvoir anéantir par la section du nerf qui passe à proximité de ce point, lésera effectivement, puis- qu'elle peut être transmise par un nerf fort éloigné du point doulou- reux. Ces données et surtout celles qui ressortent de l'étude de la régénération des nerfs doivent donc être prises en très-grande considé- ration lorsqu'il s'agit de pratiquer la névrotomie. Il y a lieu, sinon de rejeter l'opération qui rend parfois de vrais services, de rechercher quelles sont les chances plus ou moins grandes de réussite, ou la mé- dication qui permettra de transformer en résultat permanent les mo- difications avantageuses mais temporaires qui ont été obtenues, et bien certainement il* faudra dans ces cas rechercher en dehors du système nerveux, dont l'action est une et sera toujours la môme, quoi qu'on fasse. La ligature des nerfs produit le même elfet que leur section, le point où se rend un nerf serré dans une anse de fil est paralysé, et s'il récu- père ses propriétés primitives, c'est par le même mode qu'après la section complète. Il est donc très-important, dans les cas où on est 112 • ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. obligé (le faire une ligature artérielle, de s'assurer qu'on n'embrasse pas aussi le nerf. Ce serait une complication sérieuse et qui pourrait l'aire naître dos accidents graves. La section d'un nerf détermine toujours une vive douleur ; mais il faudrait se garder de croire que cette douleur est en raison directe du volume du nerf sectionné. En général, quel que soit le nerf envisagé, le tronc nerveux est toujours beaucoup moins sensible que les extré- mités, et la section complète de ce tronc est toujours moins doulou- reuse que l'irritation directe de quelques-unes de ses fibres à la péri- phérie. Nous pourrions donner comme exemples les douleurs atroces [)roduites par rinflammation de la membrane kératogène, ou d'un décollement partiel de la paroi du sabot, chez le cheval, à la suite d'une forte contusion, et la douleur passagère produite par la section de troncs volumineux comme le nerf plantaire. On sait également que le tétanos lraumatif[uc survient plus souvent à la suite de lésions des extrémités périphériques des nerfs, qu'après la section ou l'écrasement de nerfs volumineux comme le sciatique. Quoique le chirurgien ait peu de moyens d'action sur les centres nerveux, nous pensons qu'il ne sera pas inutile de donner un résumé succinct des phénomènes que présentent les lésions de leurs différentes parties, le diagnostic de certaines affections qui en dépendent direc- tement en sera ainsi rendu plus facile. Nous pouvons ainsi résumer les recherches des divers expérimenta- teurs sur l'excitabilité de la moelle épinière. 1° Les faisceaux postérieurs (1) sont constamment excitables, ils pro- voquent de la douleur, des convulsions et des mouvements généraux lorsqu'on les excite à la superficie. 2° Les faisceaux antérieurs ont été trouvés inexcitables par M. Ghau- veau, mais il est possible, ainsi que le fait observer M. Vulpian, que l'ex- citation ait été trop légère. Ils sont toujours moins excitables que les faisceaux postérieurs. 3" La substance grise de la moelle est partout inexcitable, on peut la pincer, la déchirer ou la brûler sans provoquer le moindre signe de réaction. Dans toutes les autres parties des centres, la substance grise possède les mêmes propriétés. La moelle est un organe conducteur et en même temps un centre. I']lle doit être étudiée à ces deux points de vue différents. Gomme orr/ane conducteur, la moelle sert d'intermédiaire entre le cerveau et les nerfs périphériques. Elle transmet donc aux centres les impressions extérieures, tact et douleur, et conduit, en même temps, les réactions centrifuges produites par les mouvements. Il est essentiel (1) Les expressions de faisceaux postérieurs, antérieurs habituellement cmplojées en plijsioloKie sont synonymes de supérieurs et inférieurs rjui peuvent s'appliquer aux animaux. DU SYSTEME NERVEUX. H3 de savoir apprécier les lésions des organes centraux d'après l'examen des troubles de la sensibilité ou de la motilité. Il résulte des expériences faites dans le but de déterminer quelles sont les parties de la moelle qui conduisent les excitations, que la substance grise joue le rôle principal, mais que les cordons remplissent également un rôle important. D'après Brown-Séquard, la transmis- sion des excitations motrices centrifuges se fait par les cordonslatéraux et antérieurs, mais principalement par ces derniers. La section de ces cordons détermine la paralysie des muscles du même côté situés en arrière de la section, et diminue la motilité desmuscles du côté opposé. L'action est d'autant plus énergique que la section se rapproche davan- tage du bulbe. Quant aux impressions de douleur, elles semblent conduites exclu- sivement par la substance grise, et ici il y a lieu de distinguer entre les impressions tactiles et les sensations douloureuses. Les premières, d'après Longet, arriveraient aux centres par les faisceaux postérieurs et les secondes par l'axe gris ; il y a en effet, dans la pathologie, un certain nombre de casdans lesquels on trouve l'abolition de l'une ou de l'autre de ces sensations. M. Luys aurait constaté que, chez une malade qui percevait la douleur et non le contact, les faisceaux postérieurs étaient sclérosés et l'axe gris intact. La section de cette dernière partie entraîne toujours la perte complète de la sensibilité. Ces expériences cependant ne sont pas concluantes ; tout ce qu'on peut dire sur le rôle des cordons postérieurs, c'est que leur altération produit l'incoordination des mouvements. Tous les expérimentateurs ont signalé le désordre des mouvements volontaires dans les cas de section ou d'altération des faisceaux postérieurs. Dans tous les cas de transmission centripète ou centrifuge, l'exci- tation ne suit pas dans la moelle un trajet rectiligne, il y a toujours une transmission croisée, c'est-à-dire que l'excitation peut passer d'une moitié de la moelle dans l'autre. On le prouve en sectionnant une moitié de cet organe, on observe alors une paralysie partielle de toutes les parties situées en arrière de la section, paralysie plus accusée d'un côté que de l'autre. On peut même sectionner la moelle complètement au moyen de deux demi-sections suffisamment espacées sans abolir complètement les mouvements dans la partie postérieure du corps. Des faits de la nature de ceux que l'on provoque par les sections se remarquent souvent dans les cas de compression de la moelle par des abcès, des tumeurs ou des exostoses. La moelle épinière, envisagée comme centre, est le siège de manifes- tations qu'on appelle phénomènes ré flexes; . Les phénomènes réflexes sont des mouvements provoqués dans une partie du corps par une excita- tion agissant par l'intermédiaire d'un centre nerveux, autre que le cer- veau, sans intervention de la volonté. Les mouvements réflexes sont d'ordres différents. 1° Ils peuvent siéger sur des muscles de la vie Peccu kt Toussaint. — Chirurgie. 3 m ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. animale et succéder t\ rirritalion des nerfs sensitifs de la vie animale, comme la toux qui succède fi une impression de froid à la superficie de la peau par exemple ; 2° ils peuvent être le résultat d'excitations des nerfs sensitifs de la vie organique et provoquer des mouvements des muscles de la vie animale. Ainsi l'irritation des intestins par les maladies vermineuses se traduit par des convulsions, les spasmes des muscles respiratoires coïncident avec les efforts de vomissement ; 3° les mouvements réflexes des muscles de la vie organique peuvent succéder à l'irritation des nerfs sensitifs de la vie animale, comme la sécrétion des larmes après excitation de la conjonctive ; 4° enfin on remarque des contractions des muscles de la vie organique succédant à des irritations des nerfs sensitifs de la vie organique. La dilatation de la pupille dans les cas d'affection vcrmineuse, la contraction de l'utérus après injection d'eau froide et tous les mouvements déterminés dans l'appareil digestif par la présence de matières alimentaires sont des phénomènes de cet ordre. On a rapproché des phénomènes réflexes certaines classes de sen- sations qui produisent de la sensibilité dans d'autres parties du corps, comme l'éternuement qui suit l'impression du froid ou de la lumière du soleil. On donne ;\ ces phénomènes le nom de sympathies. Les actions réflexes s'accentuent généralement dans les altérations de la moelle elle-même ou des centres nerveux ; il y a souvent hypé- resthésie dans le côté du corps correspondant à une altération de la moelle ne portant que sur un côté de cet organe. Le /jul/je rachidien a, avec la moelle épinière, de nombreux points de rapport que Ton peut constater soit en l'excitant directement, soit en pratiquant des solutions de continuité dans sa substance. Son action comme centre est aussi très-analogue ; mais une des propriétés prin- cipales du bulbe, c'est son influence sur la respiration. Dans ses expériences sur la section du bulbe, Flourens arrive à déterminer que le point de cet organe dont la section détermine là mort avec le plus de rapidité est situé au niveau du V de substance grise de l'angle posté- rieur du quatrième ventricule et que le stylet enfoncé en ce point fait cesser immédiatement les mouvements respiratoires du tronc et de la face. Une des propriétés particulières, la plus importante du bulbe au point de vue médical, a été mise au jour par M. Cl. Ber- nard. Col expérimentateur a vu qu'il suffit d'irriter le plancher du quatrième ventricule pour provoquer immédiatement un diabète arti- ficiel. Des observations pathologiques sont venues prouver la vérité de l'assertion de M. Cl. Bernard. Ou a en effet recueilli chez l'homme un certain nombre d'observations dans lesquelles, après avoir constaté la présence du sucre dans les urines, on a reconnu à l'auLopsie des altérations ou des tumeurs du bulbe, intéressant l'endroil indiqué par notre grand physiologiste. \,2l protubérance annulaire esi aussi un organe sensible et duiiL l'acLion DU SYSTEME NERVEUX. Ho peut être assez facilement déterminée. M. Gubler a démontré que, dans les cas de paralysie ou hémiplégie alterne, il y avait des lésions de la protubérance. On sait que, dans l'hémiplégie alterne, il y a paralysie de la moitié du corps opposée à la lésion de la protubérance et paralysie directe du côté de la face qui correspond à la lésion. Cette action par- ticulière s'explique très-bien par l'action croisée et le mode d'origine du nerf facial. La protubérance préside aussi à l'attitude normale des animaux, et, d'après Longet, elle serait également le siège du sensorium commune. Les lésions des pédoncules cérébelleux donnent lieu à divers mouve- ments ou attitudes en général assez bien connus. La blessure du pédoncule cérébelleux inférieur ou postérieur donne lieu à une cour- bure en arc du côté de la blessure et a une tendance au mouvement de manège de ce même côté. Quant au pédoncule moyen^ les désordres que produit sa lésion sont très-caractéristiques, l'homme ou l'animal dont l'un des pédoncules a été blessé, roule sur lui-même autour de son axe longitudinal ; on observe aussi une déviation particulière de l'axe des yeux, et Magendie a vu que, dans ce cas, l'œil du côté blessé se dirige en bas et en avant ; celui du côté opposé se porte en haut et en arrière. Habituellement le mouvement de rotation a lieu vers le côté opposé au côté blessé. Les tubercules quadrijumeaux régissent spécialement l'acte de la vision ; leur ablation entraîne une cécité immédiate. Si la lésion est limitée à un seul, c'est l'œil du côté opposé qui est atteint. Nous ne poursuivrons pas plus loin cette étude détaillée des centres nerveux. Les autres parties, telles que les hémisphères, lescorps striés, les lobes olfactifs, le cervelet, etc., sont des organes absolument insen- sibles, on peut déchirer, piquer et même brûler les lobes cérébraux sans provoquer la moindre douleur. G'estlàun faitextrômementcurieux et qui n'a point échappé aux physiologistes ou pathologistes anciens. Les lobes cérébraux sont le lieu où s'élabore l'impression ; elle s'y transforme en sensation. L'animal privé de ses lobes cérébraux pei'çoit toutes les circonstances extérieures, mais s'il voit, s'il entend, s'il sent, il ne peut plus remplir les fonctions intellectuelles qui découlent de ces sensations, il ne regarde plus, il n'écoute plus, il ne flaire plus. Les mouvements volontaires sont également abolis, car la volonté elle- même fait défaut. Enfin, disons également que l'action de ces lobes est croisée et que l'altération d'un de ces organes retentit sur le côté opposé du corps. Pour terminer ce qui a rapport a-u système nerveux général, ré- sumons les différentes lésions du mouvement déterminées par des alté- rations de l'encéphale. Toici, d'après M. A'ulpian, l'énumération des diverses parties dont la lésion unilatérale peut déterminer des mouvements de rotation. 1° Hémisphères cérébraux ; no ANATOMIE GÉNÉRALE CHIRURGICALE. 2° Corps striés ; 3° Couches optiques ; • 4° Pédoncules cérébraux ; 5° Pont de varole ; 6° Tubercules quadrijumeaux ; 7" Pédoncules du cervelet, surtout le moyen ; 8° Corps olivaires, corps restiformes; 9** Partie externe des pyramides antérieures ; 10° Partie du bulbe d'où naît le nerf facial ; 11° Nerfs optiques; 12"^ Canaux semi-circulaires et nerf auditif. On s'est demandé souvent dans les cas de mouvements de rotation s'il y a contraction ou paralysie de certains muscles ; toutes les obser- vations tendent à faire croire qu'il y a contracture spasmodique des muscles d'un côté et non paralysie des muscles du côté opposé. Serres a admis qu'il y avait paralysie des muscles du côté opposé à la con- traction, mais on peut réfuter ces arguments en montrant que les muscles supposés paralysés se contractent facilement, et que l'animal sent parfaitement la piqûre que l'on peut faire du côté de la convexité. Il nous reste maintenant à dire quelques mots du nerf grand sym- pathique. Son origine est dans la moelle comme celle des nerfs cérébro- rachidiens ; il est parsemé de petits amas ganglionnaires qui remplis- sent jusqu'à un certain point l'usage de petits centres nerveux, car ils peuvent être le point de départ de phénomènes réflexes. Nous pensons que le nerf sympathique est sensitif et moteur ; ses propriétés sensi- tives sont encore douteuses, mais il est bien avéré qu'il tient sous sa dépendance tous les phénomènes de contraction des muscles dits de la vie organique. L'action la plus importante du sympathique est celle que l'on appelle vaso-motrice. Cl. Bernard l'a le premier constatée en coupant le cordon cervical; il a vu qu'alors la chaleur de la partie correspondante de la face augmentait considérablement. On peut même constater directement cette augmentation avec la main. Dupuy, d'Aifort, avait déjà constaté de la sueur sur la face après l'ablation du ganglion cervical supérieur, mais il n'avait pas su expliquer ce fait. Ce n'est que depuis que les fibres musculaires des vaisseaux ont été constatées qu'on a pu étudier l'action vaso-motrice du sympathique. Par cette action vaso-motrice, le sympathique possède une influence considérable sur les sécrétions, lacalorification et la nutrition. Il règle on effet l'écoulement du sang dans toutes les parties du corps. Lors- qu'on l'excite, les vaisseaux auxquels se rend la partie excitée se con- I raclent à tel point qu'on peut pour ainsi dire arrêter la circulation. Lu destruction du sympalhi(jue, au contraire, produit une sorte de con- gestion par dilatation considérable des vaisseaux. Le mode de contraction des fibres auxquelles se rendent les filets du DU SYSTÈME NERVEUX. 117 grand sympalhiciue est tout spécial, ainsi que nous l'avons vu. Cette contraction n'est pas instantanée, mais lente; elle dure un certain temps après l'excitation et disparaît graduellement. Nous avons souvent parlé dans ce chapitre d'excitations nerveuses, mais nous n'avons jusqu'à présent rien dit de ces excitations. Il y a une foule de manières diiïe rentes d'exciter un nerf, une des plus im- portantes au point de vue des résultats qu'elle peut donner dans les o.as pathologiques est l'électricité. L'électricité peut être employée de deux manières : sous la forme de courants voltaïques, ou bien, ce qui se fait plus habituellement, sous la forme de courants intermittents obtenus par la pile. On a construit, pour l'usage médical, de petits ap- pareils très-portatifs qui rendent les plus grands services en médecine humaine, mais dont l'usage est encore trop peu répandu en médecine vôtcrinaire. Lorsqu'on veut réveiller l'action nerveuse après la régénération d'un nerf, on emploie l'électricité, soit à travers la peau, soit directement sur le nerf. On a pu aussi, dans des cas de paralysie du mouvement et du sentiment chez l'homme, provoquer des contractions et ramener la vitalité dans des muscles inactifs depuis fort longtemps. Dans ces cas l'électricité n'agit bien entendu que comme stimulant, elle ne peut en aucun cas être assimilée à la force nerveuse. Les courants voltaïques,. que l'on a le tort de négliger beaucoup trop, présentent certains avan- tages sur les courants faradiques. Ils ne provoquent qu'une secousse au moment de l'application du courant et au moment de sa rupture, mais le passage du courant pendant toute la durée de l'application détermine dans le muscle un état particulier électro-tonique, dont l'in- lluence est très-salutaire sur le résultat de l'excitation. Il a aussi l'avan- tage sur la bobine, de ne pas provoquer le tétanos du muscle et par conséquent de le fatiguer beaucoup moins. LIVRE DEUXIEME ANATOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS SECTION PREMIERE DE LA TÈTE La tête, prise dans son ensemble, représente, chez les mammifères domestiques et surtout chez les plus grands, le cheval et le bœuf, une sorte de pyramide à quatre faces, attachée au cou par sa base et dontle sommet répond aux lèvres. Le grand axe de la tête du cheval est habituellement incliné de 45° sur l'horizontale, mais cette position peut être modifiée par diverses causes comme une allure rapide ou le sommeil, par exemple. Pour l'étude, nous le considérerons comme étant à peu près vertical et nous reconnaîtrons dans la tête une face antérieure, deux faces latérales et une face postérieure, dans lesquelles nous rangerons les nombreuses régions dont elle se compose ; la base de la tête se confond avec la partie supérieure de l'encolure, les lèvres qui en forment le sommet seront rangées dans les faces antérieure et postérieure. Cette division nous paraît préférable à celle qui séparerait la tête en portion crânienne et en portion faciale, ainsi qu'on le fait en anatomie descriptive, et aussi chez l'homme en anatomie topographique, car le peu d'étendue de la première section chez les animaux domestiques et ses connexités avec la seconde rendraient assez obscure et peu naturelle une division de ce genre. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de faire connaître les limites de l'encéphale en parlant des régions qui l'en- tourent et en le décrivant lui-même. CHAPITRE PREMIER FACE AiMÉUIEURE DE LA TÈTE Ses limites sont très-naturelles et n'ont pas besoin d'être indiquées; son diamètre le plus long s'étend de la protubérance occipitale au FACE ANTÉRIEURE DE LA TETE. i19 bout du nez, sa plus grande dimension transversale existe au niveau des orbites, elle diminue jusqu'aux naseaux. Une règle droite s'applique exactement sur toute sa partie moyenne. Ces deux extrémités, la protu- bérance et la lèvre supérieure, se reportent en arrière. Gomme toutes les parties qui occupent la ligne médiane du corps, la face antérieure de la tête est parfaitement symétrique. On y reconnaît trois régions : la région fronto -pariétale, la région nasale et la région labiale supé- rieure ; nous y décrirons également Y appareil olfactif. § 1. — Région fronto-pariétale. Cette région, qui a pour base la face antérieure du frontal et la por- tion du pariétal comprise entre les deux crêtes, offre la forme d'un losangeà angles tronqués; l'anglesupérieurremontejusqu'àla naissance de la crinière (toupet), l'inférieur s'arrête au niveau d'une ligne qui réunirait les angles internes des deux yeux, c'est laque commence la région nasale ; sur les côtés, la région fronto-pariétale est limitée par les régions temporales et orbito-palpébrales. Le front peut avoir plus ou moins d'étendue ; sa largeur et sa hauteur sont des beautés caractéristiques des races nobles, elles donnent à la tête la forme carrée, la plus belle et la meilleure puisqu'elle indique une plus grande quantité de substance cérébrale. Chez les animaux à tête carrée, la surface fronto-pariétale est parfaitement plane; mais il arrive souvent qu'on la rencontre plus ou moins bombée. Ce caractère est défectueux lorsqu'il persiste dans l'âge adulte; il résulte d'un état particulier des sinus frontaux. Chez l'animal jeune le front, au contraire, présente toujours une surface convexe, d'autant plus accentuée que l'animal se rapproche davantage du moment de sa naissance. Cela tient au peu de développement de la partie faciale du frontal et des os de la face en général comparés à ceux qui forment les parois du crâne. Les sinus notamment n'existent pas chez le fœtus et ne commencent à se montrer chez le jeune animal qu'après un certain âge. La peau de la région frontale est peu mobile ; elle est garnie de poils courts qui forment habituellement un épi radié au milieu du front. On ne rencontre entre le tégument et l'os qu'un feuillet fibreux assez épais, vestige de l'aponévrose épicrânienne de l'homme, forte- ment adhérent au périoste, et relié à la peau par un très-mince fascia, ce qui permet de le séparer avec assez de facilité. Le squelette de la région est formé à sa partie supérieure par la por- tion des os pariétaux comprise entre les crêtes pariétales et par toute la partie plane de la face antérieure du frontal. Dans l'épaisseur de ce dernier os, nous signalerons l'existence des deux sinus frontaux, cavités creusées entre les deux lames de l'os, tout à fait en avant de la boîte crânienne qu'elles limitent, et séparées l'une de l'autre par une lame 120 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. osseuse à pou près lucdiane et loujours imperforce. Ghaciuc sinus frontal communique avec le sinus maxillaire correspondant par une large ouverture percée dans sa paroi inférieure. Pour ôtre certain de pénétrer dans l'intérieur des sinus frontaux, on devra trépaner sur une ligne un peu supérieure i\ celle qui réunirait les angles internes des yeux, et de façon que le bord inférieur des couronnes ne dépasse pas cette dernière limite. Une ouverture sur le côté de la ligne médiane ne donne accès que dans le sinus correspondant ; si l'on est dans la néces- sité de les ouvrir tous les deux, il est absolument indispensable de faire deux ouvertures, ou bien d'employer une large couronne à cheval sur la cloison de séparation des deux sinus. Les vaisseaux sont peu importants, comme cela existe presque toujours d'ailleurs pour les régions médianes. On y rencontre seule- ment de fines artérioles provenant du rameau terminal supérieur de la glosso-faciale et des temporales ; les veinules se rendent à l'angulaire de Vœïl et à l'auriculaire antérieure; les 7ierfs sont fournis par les plexus auriculaires antérieurs. nifféreiices. — Chez le bivuf, la région doil porter le nom de frontale, car l'os de ce nom en forme seul le squelette, le pariétal étant reporté tout à fait à la base de la tète. Beaucoup plus étendue que chez le cheval, elle occupe plus des deux tiers de la face antérieure de la tète et descend jusqu'au ni- veau de la moitié antérieure; elle comprend aussi les cornes, dont la forme et les dimensions varient considérablement suivant l'âge, le sexe et la race des animaux. I. 'enveloppe cornée repose sur une tige osseuse moins longue, mais de môme forme et de même direction que la corne elle-même. Cette tige osseuse est rugueuse, criblée de trous qui se prolongent à la face externe par des sillons, et creusée à l'intérieur de sinus communiquant avec ceux de la face antérieure. Ceux-ci entourent complètement la paroi crânienne, de sorte que la trépanation du frontal chez le bœuf, dans quelque endroit qu'on la pratique, conduit toujours dans la cavité d'un sinus. Ces sinus sont en rela- tion avec de semlilahles cavités contenues dans l'épaisseur du pariétal, de l'occipital et du sphénoïde. Ils ne s'ouvrent pas dans le sinus maxillaire su- périeur, mais bien dans les cavités nasales, par quatre trous percés sous la grande volute ethmoïdalc. Cirurd a vu le premier que trois de ces trous con- duisent dans des sinus particuliers, isolés les uns des autres et groupés au- tour de l'orbite, qu'il a désignés sous le nom de simi< orbitaires. Dans le inouinn et la diècre, la région est relalivemenl moins étendue que chez le bœuf; elle est fortement bombée, le frontal n'arrive pas jusqu'au sommet de 1 1 tête et les sinus ne dépassent pas le bord supérieur de l'os. Les cornes peuvent manquer et être remplacées par une sorte de bosse osseuse, ou, si elles existent, elles ont une forme spiralée ou en tire-bouchon particu- lière au mouton ; la chèvre possède deux cornes qui se portent en haut pour se recourber en arrière et eu dehors. La forme d'ailleurs est extrêmement va- riable dans les deux espèces, suivant les races. Ces organes manquent dans quelques groupes et plus souvent chez la femelle que chez le mâle. FACE ANTÉRIEURE DE LA TETE. 121 La région fronto-ixiriétalc du porc est forlcment allongée de haut en bas, les sinus existent dans l'épaisseur des deux os. Chez les carnassiers, la région qui répond à l'os frontal occupe à peu près le milieu de la face antérieure de la tète. Dans les races à tète courte, elle répond seulement à l'os frontal; les régions temporales, énormément déve- loppées, se rejoignent au-dessus de la région frontale et la limitent en haut et sur les côtés ; la partie frontale de la tète s'arrête un peu au-dessus du bord inférieur des orbites. § 2. — Région nasale. Elle est limitée eu haut, par la région frontale, sur les côtés par les régions orbito-palpébrales, massétérine et alvéolo-labiale, inférieure- ment par le bout du nez. Elle a pour base les sus-nasaux et la portion antérieure des os grands sus-maxillaires, toute la partie qui s'étend de la région frontale jusqu'aux naseaux prendra le nom A& région nasale supérieure ou du chanfrein, les naseaux seront étudiés séparément, car ils méritent une description spéciale. a. — RÉGION NASALK SUl'KRIIiCRE OU CflAXFREIN. Le chanfrein est beaucoup plus large à sa partie supérieure qu'à l'in- férieure ; il est plan sur son milieu, qui représente une sorte de V très- allongé à ouverture supérieure, les côtés se dirigent obliquement en dehors pour rejoindre les faces latérales de la tète, d'où son nom de chanfrein. La forme du chanfrein est variable, suivant les races et les individus, elle est en corrélation intime avec celle du front. Le chanfrein doit être •droit et large. Très-souvent au point où porte la muserole du licou, on rencontre une dépression qui donne à la tète un aspect tout particulier {tète de rhinocéros) et qui peut diminuer le diamètre vertical des voies respiratoires, mais cet accident n'acquerrait une véritable importance que s'il était très-prononcé. LdLpeau de la région nasale est peu mobile à la partie supérieure : elle» le devient beaucoup à la partie inférieure. Dans toute son étendue, elle laisse très-bien limiter, par le toucher, les parties osseuses sous-jacen- tes, ce qui permet de ne rien laisser échapper des particularités qu'elle présente : on y reconnaîtra donc parfaitement les déformations, cals, traces d'ostéites, etc., auxquels par sa position cette région est exposée. Tout à fait au milieu de la région, on sent môme très-facilement la soudure des deux os sus-nasaux, toujours incomplète dans leur partie inférieure. De chaque côté des branches du V très-allongé que représente la partie médiane, on constate une légère dépression qui s'incline en arrière et se continue en longeant l'apophyse montante du petit sus- 122 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. maxillaire ; au côté externe de cette gouttière, une saillie longitudinale mobile, formée par la portion charnue du muscle sus-maxillo-lahial, saillie qui se prononce davantage vers le tiers moyen de la région, se rélrécitensuiteetse continue par un relief linéaire formé par le tendon, que l'on peut suivre ainsi jusqu'au bout du nez. Chez les animaux dont la peau est très-line, et en général lorsqu'une excitation artificielle accélère la circulation, on voit se dessiner sous le tégument les branches terminales de la veine maxillaire ex- terne. Au-dessous delapeau on rencontre une mince couche aponévrotique qui mérite i peine d'être signalée. La couche musculaire la plus superficielle est formée par le sus- naso-labial, qui prend naissance sur les sus-nasaux, par une aponévrose mince et large, se confondant en arrière avec le muscle lacrymal, et se dirigeant vers la commissure des lèvres, où il se termine par deux branches qui laissent passer entre elles le pyramidal du nez. Une deuxième couche comprend le maxillo-labial, situé sur les côtés de la région ; son tendon qui fait suite à un corps charnu conique, dont nous avons indiqué les limites, se réunit fi celui du côté opposé pour former, en s'élargissant, une aponévrose qui entre dans la constitution de la lèvre supérieure, qu'elle relève dans les contractions du muscle pour produire ce rictus particulier au cheval et que l'on constate surtout très-bien chez l'étalon lorsqu'il s'approche de la jument. Vaisseaux et nerfs. — Les artères sont les deux branches de termi- naison de la glosso-faciale ; l'une remonte vers l'angle nasal de l'œil, l'autre descend vers la fausse narine ; elles s'entre-croisent avec les vais- seaux veineux satellites qui suiventàpeu près le même chemin ({u'elles. Les veines sont un peu plus superficielles, elles passent à la surface du muscle sus-naso-labial, tandis que les artères se trouvent situées à la face profonde. Un énorme faisceau nerveux sensitif, le nerf maxillaire supérieur (branche supérieure du trijumeau) sort du trou maxillaire et s'épanouit en un large pinceau qui suit la face externe des os maxillaires, mêlé aux ramifications artérielles inférieures. Il est très-facile de reconnaître le point où se trouve le trou maxillaire ; on le sent très-bien au-dessous de la peau, ;\ environ i ou 5 centimètres en avant du sommet de l'épine maxillaire, (j'iclques rameaux du nerf facial viennent aussi apporter la motilité aux muscles que nous avons cités, leur position n'est pas abso- lument fixe, ils s'entremêlent pour la plupart avec les divisions du maxillaire supérieur. Ilia't>reiu-e8. — Le chanfrein du bœuf est droit, plus court que celui du cheval; il s'élargit légèrement à sa partie inférieure qui arrive jusqu'au uuille. I.cs sus-naseaux sont terminés en deux pointes et jouissent d'une certaine mobilité ; ils supportent une charpente cartilagineuse qui se confond avec celle des cornets. FACE antérip:l'RE de La tète. 12:i Chez le mouton, la région est convexe dans tous les sens et très-étendue. Le chanfrein du chien est plus développé inférieurement que supérieure- ment. Sa longueur varie beaucoup suivant les races; sa charpente osseuse est loin d'arriver jusqu'aux nasaux : dans une longueur de 2 à 4 centimètres on perçoit seulement le bord supérieur de la cloison cartilagineuse et mé- diane du nez, ce qui donne à toute la partie inférieure des cavités nasales une certaine mobilité; toute la région est très-vasculaire. b. — NASEAUX. Ce sont les ouvertures externes des cavités nasales. Chez le cheval, en raison du développement du voile du palais, c'est la seule voie que l'air puisse traverser pour arriver au poumon. Les naseaux sont des ouvertures allongées de haut en bas et légère- ment obliques en dedans, de façon à se rapprocher l'une de l'autre par leur partie inférieure. Ils présentent à étudier dans leur forme exté- rieure deux lèvres et deux commissures. La lèv7'e interne est à peu près droite, elle est recouverte à sa partie supérieure par la /èy?'(? externe. Celle-ci est fortement convexe et fait une saillie assez prononcée sur toutes les parties qui l'avoisinent. La commissure supérieure est formée par la lèvre externe qui se recourbe fortement en dedans, puis en avant, comme pour enfermer à son inté- rieur la lèvre interne. Cette commissure donne accès dans un diverti- cule particulier des cavités nasales, cavité en cul-de-sac qu'on nomme fausse narine. La commissure infériein^e se porte légèrement en de- dans, elle présente au point où la peau s'unit à la muqueuse l'orifice de Véfjout nasal, petite ouverture dont les bords sont parfaitement déli- mités et qui n'est autre chose que l'ouverture inférieure du canal lacrymal. Cette forme des naseaux, qui est celle qu'ils affectent chez l'animal en repos, est considérablement modifiée dans l'action locomotrice ou dans tout autre état qui nécessite une respiration plus active, comme la fièvre par exemple. Alors l'ouverture s'agrandit surtout par suite del'é- cartement de la lèvre interne, qui devient fortement concave, de droite qu'elle était, et laisse apercevoir la muqueuse rosée de l'intérieur de la narine. La peau de cette région est fortement adhérente aux parties sous- jacentes ; elle présente des poils nombreux et courts; entremêlés d'au- tres longs, gros et durs, qui sont de véritables organes de tact. L'inté- rieur des naseaux est recouvert de poils dressés, plus rares et plus raides que ceux de la face externe, poils qui permettent l'entrée de l'air en interceptant la majeure partie des poussières qui s'y trouvent en suspension. Lorsqu'on a enlevé la peau, ce qui demande de grandes précautions, on rencontre autour des naseaux un tissu résistant, libro-musculaire et I2i AN.VTOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. émaillô, ch et là, des bulbes des poils voUimincux dont nous avons d(\j;\ parle. II n'est guère possible d'y reconnaître plus d'une couebe mus- culaire, formée par les fibres terminales des muscles transversaux du nez, mitoyen antérieur et petit sus-maxillo-nasal en dedans, brandie interne du sus-naso-labialct pyramidal du nez en dehors. Comme annexe des naseaux, nous devons signaler l'existence de la fausse narine, cul-de-sac occupant l'espace compris entre l'épine nasale et l'apophyse montante du petit sus-maxillaire. Cette poche, dans la- quelle on pénètre par la commissure supérieure, n'a pas d'usages déli- nis, elle est tapissée d'une muqueuse noire, criblée de glandes sébacées. Les naseaux du cheval sont maintenus béants par une charpente cartilagineuse incomplète, formée par deux petits appareils, un pour chaque ouverture. Ces cartilages, sur les(|uels viennent s'attacher les libres musculaires, peuvent être délimités extérieurement, lis ont la forme de deux virgules adossées par leur convexité; l'extrémité élargie est supérieure, elle correspond à la partie rentrée de la lèvre interne, tandis que la partie moyenne répond à cette lèvre elle-même; quanta l'extrémité inférieure, rétrécie et recourbée en dehors, elle est située un peu plus profondément que le reste du cartilage et occupe la moitié inférieure de la lèvre externe (jui ne possède ainsi qu'un squelette car- tilagineux incomplet. Les vaisseaux sont les dernières ramifications de la branche de ter- minaison inférieure de la glosso-faciale. Les nerfs sont fournis aux muscles par le facial, aux téguments par le maxillaire supérieur. UiflcrenceN. — l.cs naseau.v du 6u'«/' dillèrent considérabk'mcnl de ceux du cheval; ils snul plus petils et surtout beaucoup moins mobiles, allongés de dehors en dedans, l'ouvcrlurc présente la forme dune virgule dont la pointe est cxlcrne et se recourbe un peu cii arrière et en haut. I.a peau qui les forme, déiH)ur\u(' de poils en dedans et en dehors, a la même organisa- tion que celle du inulle et delà lèvre supérieure. Autour du sommet de l'ou- verlure, les poils sont tins et courts. On ne rencontre de charpente cartila- gineuse qu'à l'aile supérieure, et encore cette charpente est-elle très-élé- mentaire. On trouve une disposition à peu près semblable chez les autres ruminants. Le t7t((7t possède des narines placées tout à l'ait à l'extrémité de la tèle; elles sont surmontées par un rebord taillé à pic et transversal. Leur partie élargie est séparée par une cloison mobile sur le milieu de laquelle on \oit un sillon vertical; la pointe, rejetée en dehors, se contourne en arrière cl en haut; la peau, chaLirinée, est déponrvue de poils: la charpente cartila- gineuse est formé(i par deux prolongements élargis de la cloison nasale, qui occupent seulement la partie la plus interne de la lèvre supérieure. Les naseaux du porc se confondent avec le groin; ils en occupent la partie inférieure, ils sont toujours très-petits et de forme arrondie. L'os du groin leur sert de base, ainsi que deux lames cartilagineuses larges et fortes quj partent de cet os pour aller rejoindre les appendices cartilagineux des coi"- nels inférieurs et se continuer avec eux. FACE ANTÉRiriURE DE LA TÈTE. 125 § 3. — Région des fosses nasales et appareil olfactif. Ainsi que l'indique son nom, l'appareil olfactif sert à la perception des odeurs ; il est de plus la première partie de l'appareil respiratoire. Chez le cheval, qui possède un voile du palais très-complet, c'est la seule voie possible pour l'entrée de l'air dans le poumon. Les fosses ou cavités nasales représentent deux conduits pairs, divcr- ticulcs, allongés suivant le grand axe de la tète depuis les naseaux jusqu'au pharynx ; elles sont séparées l'une de l'autre par une cloison ostéo-cartilagincuse médiane. Elles ont pour parois osseuses les sus-naseaux, les deux sus-maxil- laires, l'ethmoïde, les cornets, le frontal, les palatins et les ptéry- goïdiens. Chaque cavité nasale représente une fente allongée offrant à étu- dier : V ouverture antérieure, V ouverture postérieure^ deux parois latérales, un plafond ou vonte, un plancher, V arrière- fond, la cloison qui les sépare l'une de l'autre, la membrane muqueuse qui revêt toutes ces parties, et enfin des vaisseaux et des nerfs. ISouverture antérieure est allongée de haut en bas ; elle a pour parois en dehors l'extrémité inférieure du cornet maxillaire divisé en deux branches; l'inférieure recouvre l'apophyse montante du petit sus-maxil- laire, la supérieure possède un squelette cartilagineux mobile que l'on peut très-bien toucher en introduisant le doigt dans la narine ; il est recouvert par la muqueuse et prolongé par un repli particulier volumi- neux qui le sépare de la fausse narine et se continue avec l'extrémité supérieure de la lèvre interne du naseau. h'ouverture postérieure, que l'on appelle encore ouverture gutturale des cavités nasales, est, dans son ensemble, quadrilatère, légèrement allongée dans le sens de la tête, à angles arrondis : elle est divisée en deux parties, correspondant aux deux fosses nasales par le bord du vo- mer qui soutient la cloison médiane. Les os palatins et ptérygoïdiens la circonscrivent en dehors. Possédant des parois osseuses de toutes parts, cette ouverture ne peut s'agrandir à aucun moment. L'inflamma- tion ou l'épaississement de la muqueuse peut seule influer sur son dia- mètre en le rétrécissant. Les parois latérales sont : l'une interne, formée par un des côtés de la lame médiane ; plane et lisse, elle se trouve comprise dans la descrip- tion de celle-ci ; l'autre externe, très-anfractueuse, formée par la face interne des grands sus-maxillaires revêtus des cornets. Les cornets sont au nombre de deux, l'un supéro-antérieur ou ethmoïdal, l'autre inféro-postérieur ou maxillaire. Tous les deux sont formés par une lame osseuse, roulée sur elle-même en sens inverse pour chaque cornet, et de telle sorte que l'ouverture longitudinale qui donne !26 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. accès dans leur intérieur se trouve dans le méat moyen ; ils sont plus larges i\ Icurextrcmité supérieure et dans tous leurs points, légèrement aplatis d'un côté ;\ l'autre. Tous les deux sont divisés en deux parties par une lame osseuse transverse; la partie supérieure communique avec les sinus, l'inférieure, divisée en loges multiples, s'ouvre dans les cavités nasales. Tous les deux enfin sont prolongés inférieurement par unfibro-carlilagcet des replis muqueux qui les relient aux ailes du nez. La charpente osseuse du cornet ethmoïdal est plus longue que celle du cornet maxillaire; le contraire existe pour la section cartilagineuse. Le dernier n'a point de rapport de continuité avec l'ethmoïde, tandis que le premier n'est pour ainsi dire que la volute la plus antérieure de ce dernier os. La cavité supérieure du cornet ethmoïdal communique avec le sinus frontal, celle du second avec le sinus maxillaire inférieur. Enfin, l'appendice cartilagineux du cornet maxillaire est toujours di- visé en deux parties, dont l'antérieure se continue directement avec l'aile interne du nez, la portion cartilagineuse du cornet ethmoïdal, presque toujours simple, se perd avant d'arriver aux naseaux. Les cornets sont séparés l'un de l'autre, du plancher et de la voûte des cavités nasales, par des espaces très-rétrécis désignés sous le nom de méats. Le méat supérieur ou antérieur est le plus étroit, il a pour paroi anté- rieure la voûte de la cavité. Le méat inférieur ou postérieur s'étend du cornet maxillaire au plancher nasal. Le ?no//en, situé entre les deux cornets, présente vers son milieu une fente convertie souvent en trou assez large, qui donne accès dans les sinus maxillaires; c'est aussi dans ce méat que s'ouvrent les cavités anfractueuses des cornets. luC plafond ou la voûte limite en avant le méat supérieur ; il est creusé en gouttière recourbée en crosse à son extrémité supérieure qui s'avance jusque sur la lame criblée de l'ethmoïde, c'est-fi-dire bien en arrière du bord postérieur de l'ouverture gutturale. La portion droite de son trajet a pour base l'os sus-nasal ; la portion recourbée est excavée dans le frontal et l'ethmoïde ; la première est plus large que la seconde, qui finit par se terminer à angle très-aigu. Le planr/œr, plus large mais moins long que le plafond, a pour base l'apophyse incisive du petit sus-maxillaire, la portion réfléchie du grand sus-maxillaire et le palatin ; il forme la paroi postérieure du méat infé- rieur. C'est tout à fait en avant que l'on remarque l'entrée du canal de Jacobson et l'ouverture inférieure du canal lacrymal, percée sur la limite des cavités et des naseaux. Arrière-fond des cavités nasales. — En arrière du bord postérieur de l'ouverture naso-pharyngienne, on rencontre un diverticulum prolongé, d'une longueur de 5 centimètres environ, et situé entre la table interne du frontal, la lame criblée de l'ethmoïde et le sphénoïde. Cet espace est rempli parles volutes ethmoïdales et l'extrémité supérieure du cor- net antérieur. Les volutes sont formées de lames osseuses roulées sur FACE ANTÉRIEURE DE LA TETE. 127 elles-mêmes el recouvertes par la muqueuse nasale. Elles s'attachent en haut sur la lame criblée, leur extrémité inférieure se termine en culs-de-sac repliés en dehors pour aller s'attacher sur la lame externe de l'os. Les masses latérales de l'ethmoïde ne laissent entre elles et les pa- rois osseuses voisines que des espaces très-rétrécis, dans lesquels on trouve toujours une quantité assez considérable de mucus tilant. Nous devons maintenant revenir sur la cloison qui sépare l'une de l'autre les cavités nasales. Ce n'est autre chose que la lame perpendi- culaire de l'ethmoïde, continuée en avant par un cartilage plus ou moins ossifié : presque toujours on remarque un noyau d'ossification à la partie inférieure et antérieure, au niveau du sommet des sus- naseaux. Ce noyau, déjà large sur l'adulte, fait des progrès avec l'âge et finit souvent, dans la vieillesse, par rejoindre en haut la lame criblée, ce qui donne une cloison presque entièrement osseuse. Le bord posté- rieur de la cloison est arrondi et se trouve assuré dans la rainure du vomer; l'antérieur s'appuie sur la suture des sus-naseaux : il s'épa- nouit de chaque côté au-dessous de ces os, qu'il sépare en grande partie de la muqueuse du plafond. Son extrémité antérieure supporte les car- tilages du nez par leur partie adossée. Les faces sont planes et forment les parois internes de chaque cavité nasale : on y remarque, surtout en haut, une multitude de sillons qui logent les divisions du riche plexus veineux de la muqueuse. L'épaisseur de la lame perpendiculaire est très-variable ; la partie médiane est toujours plus mince que les bords antérieur et postérieur ; des deux bords, c'est celui qui correspond au vomer qui présente la plus grande largeur. L'endroit le moins épais se trouve à l'union du tiers antérieur et du tiers moyen. Étudions maintenant la muqueuse des cavités nasales, encore nom- mée pituitaire^ membrane de Schneider. Elle tapisse tous les organes dont nous venons de parler, se continue avec la peau à l'ouverture antérieure et avec la muqueuse pharyngienne à l'ouverture postérieure. Après avoir recouvert la cloison médiane, elle se replie dans les méats, s'applique contre les cornets, se prolonge dans leur intérieur et enve- loppe sur les deux faces la lame spiralée qui les forme : elle passe même à travers l'ouverture du méat moyen pour se prolonger dans les sinus. La membrane muqueuse des cavités nasales subit en passant d'une partie sur l'autre des changements importants qui doivent être connus. La muqueuse de la lame perpendiculaire est assez mince partout. L'endroit où elle est le plus épaisse est : toute l'étendue de l'extré- mité inférieure, où l'on remarque une grande quantité de glandes muqueuses, dont les orifices sont apercevables à l'œil nu. La mu- queuse du voisinage des bords antérieur et postérieur et de l'extrémité inférieure, est beaucoup plus mince et laisse facilement voir par transparence le magnificjue plexus veineux sous-jacent. La mobi- 128 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. lilé est d'autant plus grande qu'on se rapproche davantage des na- seaux. C'est incontestablement sur la partie cartilagineuse des cornets que la pituitaire acquiert le plus d'épaisseur : elle peut avoir, en effet, près de 3 à A millimètres ; on retrouve ici la môme disposition que pour la lame perpendiculaire, plus on se rapproche de l'arrière-iond des cavi- tés, plus elle devient mince, cela s'applique très-bien aux cornets su- périeurs. La pituitaire du cornet inférieur qui regarde le plancher conserve toujours une grande épaisseur. Les méats supérieur et moyen ne possèdent qu'une muqueuse telle- ment ténue qu'elle a été quehiuefois confondue avec le périoste. Dans le méat inférieur, on rencontre une membrane qui ne le cède en rien comme épaisseur à celle de l'extrémité inférieure des cornets. Sa mobilité est très-grande. Les ay^tères ophthalmique et nasale apportent le sang aux cavités na- sales ; les veines sont beaucoup plus importantes que les artères. Elles présentent de nombreuses anastomoses et sont dépourvues de val- vules : il est facile de le vérifier par l'injection, qui les remplit très- bien toutes lorsqu'elle est poussée par un gros tronc. On peut égale- ment s'en assurer sur une coupe longitudinale delà tète. 11 reste toujours dans le plexus une certaine quantité de sang qu'il est facile de faire cheminer dans toutes les directions par la simple pression du doigt. Sur la cloison cartilagineuse médiane, les veines forment un très- beau faisceau médian, large de 2 centimètres 1/2 environ, formé de grosses veines à peu près parallèles, anastomosées et superposées en trois à cinq couches, vers lequel convergent des vaisseaux plus petits et également anastomotiques venus des bords de l'organe. A la partie {intérieure, au-dessous de la portion de la muqueuse couverte de glan- dules, elles rappellent par leur disposition le réseau admirable du palais. Cette disposition est plus marquée encore sur la saillie des cornets et principalement au niveau de la section cartilagineuse. Les veines sont plus nombreuses sur le plafond et à la partie postérieure du plan- cher que dans tous les autres points des méats. Celles du cornet inférieur sont parallèles ;\ sa direction ; celles du cornet supérieur, pa- rallèles à son extrémité et à sa partie moyenne, sont convergentes à la base et se réunissent dans la veine nasale en avant des petites volutes de l'ethmoïde. Dans tous les points où la muqueuse est épaisse et mobile, les veines occupent le tissu conjonctif sous-jacent ou plutôt forment une seconde couche au-dessous du derme; cette disposition existe surtout au niveau des cartilages. Partout, au contraire, où la muqueuse est mince, adhé- rente aux parties sous-jacentes, le canal veineux est creusé aux dépens du derme seul s'il repose sur un cartilage, et mi-partie dans le derme et dans l'os, si l'on est en face de ce dernier. Cette disposition peut FACE ANTÉRIEURE DE LA TETE. 129 se voir dans une tète sèche où la lame papyraeée des cornets est creu- sée de sillons qui indiquent encore la direction suivie par les veines. Il est facile de comprendre, en examinant ce riche réseau vasculaire, la gravité de certaines épistaxis. Les lymphatiques forment sur la muqueuse olfactive un beau réseau superficiel dont les troncs se rendent dans les ganglions sous-maxil- laires. Aussi, lors des inflammations de la pituitaire, voit-on les gan- glions s'engorger au point de dépasser quelquefois les branches du maxillaire. Cela est surtout marque pour les maladies dont le siège se trouve dans le système lymphatique. Tout le monde sait qu'un des symptômes pa- thognomoniques de la morve consiste dans la tuméfaction des gan- glions sous-glossiens, qui s'engorgent lorsque la pituitaire est elle- même enflammée ou ulcérée. C'est donc un moyen d'appréciation des chancres morveux profonds que l'examen des narines n'a pu déceler. Les nerfs viennent de la première paire et de la cinquième, les pre- miers semblent être liés surtout à l'olfaction, ainsi que l'indique leur nom quoiqu'on ait observé des cas d'absence congénitale des nerfs ol- factifs non soupçonnée pendant la vie des individus. M. Claude Ber- nard (I) rapporte une observation qui prouve que les nerfs olfactifs peuvent manquer sans que pour cela le sens de l'olfaction fasse dé- faut. Ils sont sans doute remplacés par les nerfs de la troisième paire, rminale des muscles sus-naso-labial et grand sus-maxillo-nasal. Entre les muscles et la muqueuse, on remarque des faisceaux musculaires, les mitoj'cns anté- rieurs cl une couche interrompue de petits granules jaunâtres qui ne sont autre chose que des lobules glandulaires, logés soit dans les muscles, soit dans l'épaisseur de la muqueuse elle-même. Les yoesseaux' appartiennent aux ramifications terminales des coro- naires siqiérieures, lesquelles vicimcnl s"aii;i^tomoser avec les divisions de l'artère incisi\e. Les nerfs sont, ainsi (|ue ceux du bout du nez, tournis aux muscles par le facial, aux téguments par le maxillaire supérieur. Iliirôroiiccs. — Chez les animaux de \'esi)èc.e bovine la lèvre supérieure qui prend le nom de mufle, est beaucoup moins mobile que chez le cheval, plus épaisse ol plus large. I,a face anlérieure est dépourvue de poils ou eu présente seulement quelques-uns très-fins, mais à bulbe volumineux. La peau en cet endroit a un aspect parlicnlier, comme verruqueux. Elle est coupée en diilërenlssens par des i^llons lins cl rapprociiés, qui donnent nais- sance à de petites élevures que nous avons comparées à des verrues. 11 est remarquable que chacune de ces élevures est percée dans son milieu d'un trou; orifice d'excrétion de très-belles glandes en grappe, ayant pour usage de sécréter ce liquide limi)ide particulier (lu'ou pourrait comparer à la sueur, et qui maiidient constanun(!nl liumide la peau de cette région dans Létal de santé; aussi sa sécheresse est-elle un signe important de Létal maladif. L'épaisseur de la couche glandulaire est d'un centimètre a nu centimètre et demi. On rencmlre, entre les diverses glandes, de véritables pelotons de FACES LATÉtîÂLlîS DE LA TETE. iX) glandes siuloripares et les bulbes volumineux de quelques poils, ces derniers sont toujours accompagnés de glandes sébacées très-développées. La lèvre supérieure plus mobile chez la chèurc et le mouton, est divisée en deux par un sillon. La lèvre du porc, peu distincte du groin, se termine par une pointe anté- rieure. Les lèvres des camassicrs sont velues et garnies de tentacules : le sillon vertical existe chez eux comme chez la chèvre. CHAPITRE II FACES LATÉRALES DE LA TÈÏE Les faces latérales de la tète sont limitées en avant par la face anté- rieure, en arrière par le bord postérieur du maxillaire inférieur, en haut par le bord supérieur de l'encolure, et par en bas ces faces s'étendent jusqu'à la commissure des lèvres. Les faces latérales comprennent les régions parotidiennes, temporales, des Joues et de Varticulation temporo-niaxilaire . Ces régions, ainsi que toutes celles qui se trouvent situées sur les côtés du corps sont doubles et asymétriques. Sur la limite de la face antérieure et de la face externe, on rencontre deux appareils des sens, V appareil auriculaire ou auditif et V appareil oculaire: ils méritent une description spéciale, nous y reviendrons, après avoir étudié les faces latérales, pour les décrire avec les développements qu'ils comportent. § 1. — Région parotidienne. Cette région est intermédiaire au cou et à la tète, mais doit être rat- tachée à cette dernière. Son étendue est susceptible de variations très- grandes suivant que l'animal ramène la tète sous l'encolure, ou bien qu'il rétend de façon à présenter son grand axe horizontal : elle a pour base la glande parotide. La complexité des parties qui la composent, leur importance et la fréquence des lésions et des tumeurs à cet endroit, ainsi que le voisinage des poches gutturales qu'il est quelquefois néces- saire d'ouvrir, font de la région parotidienne une des plus importantes à connaître de toute l'économie. La région parotidienne est rectangulaire, allongée de haut en bas, limitée en haut par l'oreille, en bas par la veine glosso-faciale, en avant par le bord postérieur du maxillaire, en arrière par l'apophyse trans- verse de l'atlas et une ligne verticale qui partirait de cette apophyse. 134 ANATOME SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. (A)iiHiic' roi'iiie (.'xLcrieurc, un vi>il à la base de rureilleeL en avant un léger creux limite en arrière par une bosse diffuse. La partie moyenne de la région est plane et s'cft'act' légèrement entre le bord postérieur du maxillaire et l'apophyse transverse de l'atlas. (Juant à bipartie infé- rieure, elle semble rentrer sous le bord refoulé du maxillaire, et s'a- vance vers ccllr du côté opposé jusqu'au bord inférieur de l'encolure et de la gorge. Dans la su[)erposili()n (\e^ plans un truuve : 1" La peau ; 2^ Une couche conjonctive sous-cutanéc ; 3° Une couche musculaire ; A° La parotide ; o" Des muscles divers ; 6" La poche gutturale ; 1° Des vaisseaux et des nerfs. 1" La peau est mince, recouverte de poils généralement courts, très-mobile et dessine exactement les creux et les reliefs des organes placés au-dessous. Ce n'est que chez les chevaux grossiers qu'on ren- contre cette région empâtée, et plus souvent sur les jeunes que sur les adultes, surtout au moment où les premiers /e^^en^ leur f/oiu-nte. 2° Le tissu conjonctif sous-cutané est peu abondant chez les chevaux tins, plus développé dans les races communes oii on le rencontre quel- quefois infiltré d'une petite quantité de graisse. '.i" Le muscle /ic'aticù'7' s'étend en couche continue sur toute la région; mais il s'y trouve réduit à quebiues libres éparses reliées entre elles par une mince aponévrose. Sa plus grande épaisseur se trouve dans la région postérieure et inférieure, au niveau du confluent des veines maxillaire externe et jugulaire. Nous ferons rentrer, pour ne pas compli({uer inutilement notre des- cription, le muscle parotido-auriculaire dans la couche du peancier et nous pouvons le faire d'autant mieux qu'à la surface de ce muscle, le peaucier manque ou ne se trouve représenté que par quelques fibres insignifiantes. Ce muscle, i\ couleur d'un rouge vif, est dirigé dans le sens du grand axe de la région dont il occupe la partie médiane seule- ment; il s'épanouit jusque sur le quart inférieur; supérieurement, ses rd)res forment un faisceau beaucoup plus épais, mais aussi beaucoup plus étroit qui va s'insérer à la base de la conque. 4" La parotide est plane à sa face externe, mais l'interne est très- irrégulière pour se mouli'r sur les nniscles et les vaisseaux sous-ja- cents. Le bord supérieur est concave et embrasse la base de la conqtu', l'inférieur se loge dans l'angle formé pai' la veine glosso-facialc et la jugulaire; son bord aiili'i leur se moule sur le bord postérieur du maxil- laire. Au-dessous du coiulyle de ce dcniicr os, la glande le recouvre dans une étendue de 2 à '.i centimètres, au point où sortent le nerf FACES LATÉRALES DE LA TÊTE. i3o facial et le temporal, Tartcre et la veine temporales. Le bord postérieur est limité en arrière par l'apophyse transverse de l'atlas. 6° Les différents organes qui forment la couche sous-jacente à la pa- rotide sont irrégulièrement disposés. On trouve d'abord en avant et eu haut des vaisseaux et des nerfs sur le compte desquels nous reviendrons un peu plus loin. Immédiatement au-dessous de l'oreille et en arrière, jusqu'au niveau du milieu de l'apophyse transverse de l'atlas, le mus- cle petit oblique (atloïdo -mastoïdien) recouvert par le tendon du mastoïdo-huméral. Le bord inférieur du petit oblique se dirige obliiiuc- mcnt en haut et va s'insérei- sur l'apophyse mastoïde, il fait une saillie assez prononcée sur le muscle stylo-hyoïdien (orcipito-styloïdien des anatomistes actuels). La direction des fibres du stylo-hyoïdien est perpendiculaire à celle des fibres du petit oblique. Il se limite très-bien avec le doigt introduit en avant des fd3res de ce dernier, car d'une part en haut, on touche l'apophyse styloïde de l'occipital, tandis qu'en bas et un peu en avant, à une distance d'environ deux et demi à trois centimètres sur une tète de moyenne grosseur, on rencontre le bord postérieur de la grande bran- che de l'hyoïde (os styloïde). C'est dans l'intervalle compris entre ces deux os, dans les fdires même de l'occipito-styloïdien, que doit être pratiquée la ponction qui a pour but de pénétrer dans la poche guttu- rale. Celle-ci, en effet, tapisse le muscle à sa face interne. Tout à fait en arrière du stylo-hyoïdien et sans ligne de démarcation bien tranchée, on rencontre la partie supérieure du muscle digastrique, dont la consistance est bien plus prononcée que celle du premier mus- cle (d'ailleurs son bord postérieur, bien limité, sera un point de re- père dans la ponction de la poche gutturale : c'est en avant de ce bord qu'il faut faire pénétrer l'instrument). Le digastrique se dirige ensuite en avant et en bas, en croisant très- obliquement le grand axe de la ré- gion et il gagne le bord antérieur de la glande, de dessous laquelle il sort tout à fait à l'angle antéro-infé rieur. Citons encore, dans cette couche, le bord supérieur de la glande maxillaire, que l'on rencontre à la partie postérieure et vers le tiers in- férieur de la région. Cette glande est située dans un plan un peu plus profond que le ventre supérieur du digastrique. Elle est séparée de la face profonde de la parotide par une mince aponévrose, laquelle se continue en haut avec le tendon du mastoïdo-huméral, en bas avec celui du sterno- maxillaire, qui passe à la surface du digastrique, entre celui-ci et la glande. En avant de la glande maxillaire, la partie moyenne de la grande branche de l'hyoïde et le muscle stylo-hyoïdien (grand kérato-hyoïdien) (1). (1. Il pourrait}- avoir cuiifusioii dans les noms de ces muscles tels qu'ils sont décrits dans les divers Traités d'Anatomie. Par comparaison avec les dénominations des mêmes organes chez l'iiomme, on donne actuellement le nom à'occiinlo-sti/luïdien au muscle i36 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. 6" L'organe le plus profond de cette région est la poche gutturale, sorte (le vessie placée sur le trajet des trompes d'Eustache, communi- quant dune pari avec le pharynx, d'aulre part avec l'oreille moyenne. La poche gutturale s'étend surtout dans la partie supérieure et anté- rieure de la région, au-dessous des muscles digastrique (ventre supé- rieur) et stylo-hyoïdien. Le plan correspondant à la poche dans la région inférieure est formé par la glande thyroïde, le larynx et une partie du pharynx. 7° Vaisseaux et nerfs. — Ils sont très-nombreux et très-importants, ils exigent une description minutieuse. heu artères sont les divisions de la carotide primitive dont le point le plus élevé se trouve caché profondément au-dessous de l'angle posté- rieur et inférieur de la glande. Ces divisions sont : 1° l'occipitale, 2° la carotide interne, et 3° la ca- rotide externe. L'occipitale est peu importante à notre point de vue ; dans son tiers inférieur elle est accolée à la carotide interne, puis elle monte sous l'apophyse transverse de l'atlas et passe derrière la poche gutturale, entre les muscles droits antérieurs de la tête et la glande maxillaire. Une de ses divisions, la mastoïdienne, rampe à la surface externe de l'apojjhyse slyloïde de l'occipital, sous le petit oblique de la tète, et se distribue en partie à ce muscle. La carotide interne est comprise dans un repli particulier de la face postérieure delà poche gutturale; elle monte d'abord directement sous la base du crâne, puis s'infléchit en avant pour gagner le trou déchiré postérieur. C'est dans cette dernière portion qu'on est exposé à l'attein- dre dans riiyo-vertébrotomie, lorsqu'on enfonce le bistouri trop perpen- diculairement et trop profondément. La carotide externe, d'abord située au-dessous cl eu arrière de la poche guttiu'ale, à la face interne de la parotide, monte en croisant obliquement la région et en devenant de plus en plus superficielle, re- couverte par la veine jugulaire et ses divisions radicales, jusqu'au bord postérieur du maxillaire, où elle se divise pour donner naissance au tronc temporal superficiel et à l'artère maxillaire interne. Dans ce trajet, l'artère donne un certain nombre de rameaux parotidiens dont la position n'a rien de fixe, et deux rameaux importants : 1° la maxillo- musculaire, qui naît à angle obtus de la carotide, un peu avant sa divi- sion tei-minale et se porte en bas contre le bord postérieur du maxil- laire où il se divise en deux branches, l'une externe qui va au masséter, Taulre interne qui s'épuise dans leptérygoïdien interne; "2° l'auriculaire postérieui'e qui naît à l'opposé de la précédente et se porte vers la base (le l'oreille, logée dans le tissu parolidien auquel elle abandonne appelé dans la première édition de l'Anat. de A. Cliauvoau, shjlo-liyovtien. Le stylo- liyoïdieii acliicl est l'aiicieii ^laiid krratu-liyoîdieii. La graiulo braïu-iic de l'iiyoïdc est l'os styloîde de l'iioiniue. FACES LATÉIULES DE LA TÈTE. 137 une multitude de filets ; elle s'épuise dans l'oreille externe et l'oreille moyenne. Les divisions de la carotide externe, le tronc temporal et la maxillaire interne, appartiennent aussi par leur origine à la région parotidienne ; la dernière s'enfonce bientôt pour prendre une position très-profonde. Quant fi l'artère temporale superficielle, la plus petite des deux branches terminales, elle accomplit un très-court trajet entre la parotide, la poche gutturale et le col du condyle du maxillaire, et se divise alors en deux branches : la sous-zygomatique, qui va dans le masséter, et l'auri- culaire antérieure qui monte dans la parotide, et va s'épuiser dans cette glande, le crotaphite et la conque. Les veines sont nombreuses et se rendent à la jugulaire ou à ses af- fluents. Les deux racines de la jugulaire (tronc temporal et veine maxillaire interne), se réunissent en arrière du col du maxillaire pour former ce vaisseau. La position des veines temporale et maxillaire interne est tout à fait analogue à celle des artères de même nom, quoique plus superficielle. Nous en dirons autant de la portion parotidienne de la jugulaire, qui correspond à la carotide externe et qui reçoit les veines correspondant aux artères émisespar ce dernier vaisseau : la veine maxillo-musculairc, la veine auriculaire postérieure et les veines parotidiennes. Tous ces vaisseaux ont un volume double ou triple de celui des artères corres- pondantes. La jugulaire reçoit en outre, vers son tiers supérieur, une deuxième veine auriculaire postérieure qui n'a pas d'analogue dans les artères, et qui suit un trajet trôs-superficiel, logée dans un demi-canal du tissu de la glande. La veine jugulaire, dans son trajet parotidien, est quelquefois telle- ment superficielle qu'elle n'est séparée de la peau que par le peaucier et le muscle parotido-auriculaire, d'autres fois elle est recouverte par une mince couche de tissu glandulaire et n'est visible que de distance en distance à travers des éclaircies de cette couche. Dans tous les cas, elle est toujours facile à délimiter : on n'a pour cela qu'à comprimer la veine dans la gouttière, les mouvements d'oscillation que l'on peut ensuite imprimer au sang, se transmettentjusqu'àla base de l'oreille et permettent, non-seulement d'en tracer les limites, mais aussi, d'après leur amplitude, de dire si la veine est recouverte d'une épaisseur plus ou moins grande de tissu. Pour terminer l'énumération des veines de celte région, signalons la veine occipitale, analogue de tous points à l'artère de même nom. La veine glosso-faciale, ainsi que nous l'avons déjà dit, limite l'extré- mité inférieure de la glande et la comprend dans l'angle qu'elle forme en se réunissant à la jugulaire. Les nerfs sont superficiels ou profonds : les uns sont spéciaux à la région, les autres la franchissent simplement pour se rendre à d'autres organes. 138 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES HÉGIONS. Tout II fait au-dessous de la peau, on rencontre les divisions des pre- mière et deuxième paires cervicales qui vont au peaucier, à la parotide, à Toreille. L'une d'elles, venue de la deuxième paire cervicale, passe, pour se rendre à Forcille, à la surface du tendon du mastoïdo-huméral; elle est assez volumineuse pour produire une vive douleur lorscpi'on vient à la blesser, une autre se porte en bas, et croise la direction de la glande pour s'accoler à la veine glosso-faciale, elle envoie une branche au rameau cervical, que Ton voit sortir de dessous le muscle parotido- auriculaire pour aller se loger dans la gouttière jugulaire. Le nerf facial traverse la parotide à son extrémité supérieure; il sort de l'aqueduc de Fallope, donne immédiatement à sa sortie les nerfs auriculaire postérieur, auriculaire moyen, se dirigeant vers la conque, le premier en arrière, le second en avant, le nerf du stylo-hyoïdien et du digastrique, qui se dirigent en bas et en avant : sur le milieu de la région, le nerf auriculaire antérieur, ([ui monte caché dans l'épaisseur de la glande en arrière de l'articulation temporo-maxillaire. En regard de cette dernière division, on voit naître le rameau cervical, dont nous avons déjà signalé le trajet dans la partie inférieure et superficielle de la glande. Enfin le nerf arrive sur le bord postérieur du maxillaire, où il rencontre le rameau temporal fourni par le nerf maxillaire inférieur; il s'unit avec ce nerf pour former le plexus sous-zygomatique, qui s'épanouit à la surface de la joue. Tous ces nerfs donnent des rameaux à la poche gutturale et à la parotide. Les nerfs profonds que l'on rencontre en regard de la région sont : le pneumogastrique, le spinal, le ganglion cervical supérieur du sym- pathique, qui se trouvent accolés à la paroi postérieure de la poche gutturale avec l'artère carotide interne, les nerfs grand hypoglosse et glosso-pharyngien, lesquels ne tardent pas à se pl.icer à la face externe de la poche gutturale, au-dessous de la grande branche de l'hyoïde et du stylo-hyoïdien. DilTAreiices. — Clicz les (jvands rHminantSj lu région parolidicnne est mciiiis bien limitée que chez le cheval; clic ne peut comprendre, en raison de la forme et de la situation spéciales de la parotide, toute la partie qui cor- respond à cette glande; on voit eu effet la parotide s'avancer d'une façon par- ticulière sur la joue : la peau, pins épaisse et plus mobile que cliczle clieval, forme souvent de larges replis verticaux. La parotide est de couleur beaucoup plus foncée, elle est plus étroite et le lol)e supérieur se reporte en avant à la surface du masséter. La poche gutturale manque chez tous les animaux autres que les solipèdes La parotide du maxdon et de la rhèrre est à peu près disposée comme celle des grands ruminants; le canal de Sténon part du milieu du bord antérieur à peu près. <;ii('/, le ]iovc, la parotide est reportée considérablement en arrière, sa forme est arrondie; enfin, chez les carnassiers, la région parotidienne limitée seu- lement à la parotide serait très-exiguë, car celte glande n'a qu'un très-petit volume, elle est toujours moins grande que la maxillaire. FACES LATÉRALES DE LA TÈTE. 139 Tous ces animaux sont pourvus de deux jugulaires : la jugulaire exlcrne se comporte comme celle du clieval, à Irés-peu de chose près, dans la région parolidienne ; la veine occipitale se rend à la jugulaire interne. § 2. — Région temporale. (Test une réiiion très-naLurclle, que les auteurs des traites d'extérieur des animaux domestiques ont confondue, on no suit trop pourquoi, avec la région frontale, tandis (ju'ils ont appelé tempes la saillie osseuse correspondant à l'articulation temporo-maxillaire. Pour nous, la région temporale correspond à la fosse temporale ; elle est donc située sur les côtés de la portion crânienne, entre la face antérieure et la face latérale de la tète, limitée en dedans par la crête pariétale, en avant par l'orbite, en dehors par l'apophyse zygomatique; elle s'étend en arrière jusqu'à la nuque : la conque semble naître de sa partie externe et postérietn-e. La région temporale est convexe d'un côté à l'autre et légèrement d'avant en arrière, elle proémine sur la région frontale, et cela d'autant plus que les animaux sont plus fortement musclés. Chez ceux qui possèdent un système musculaire émacié, un méplat remplace la saillie; elle présente en avant une dépression plus ou moins prononcée, mais qui l'est toujours beaucoup chez les chevaux âgés, ce qui lui a mérité le nom hippiatrique de salière. La peau fine et très-mobile partout, l'est surtout en dedans et en ar- rière de l'oreille. Au-dessous de la peau, on rencontre une première couche muscu- leuse, chargée d'imprimer des mouvements au pavillon de l'oreille. Ces muscles sont attachés en partie à une plaque cartilagineuse située en avant de l'oreille et facile à limiter au-dessous de la peau : c'est le cartilage scutiforme. Les muscles sont : le zygomato-auriculaire, le temporo-auriculaire externe et le scuto-auriculaire externe. D'autres muscles appartenant également à l'oreille, le scuto-auricu- laire interne et le temporo-auriculaire interne, situés sous les précé- dents, forment une autre couche mince. La quatrième couche est constituée par le crotaphite, muscle très- fort, remplissant toute la fosse temporale, attaché sur toute l'étendue de cette dernière et sur l'apophyse corono'ide du maxillaire inférieur : c'est l'un des principaux moyens de rapprochement des mâchoires; ses fibres, recouvertes par une très-belle et très-forte aponévrose nacrée, n'atteignent pas le bord postérieur de l'apophyse orijitaire du frontal; elles laissent entre elles et cet os un espace vide, comblé en grande partie par un coussinet adipeux volumineux, môme chez les sujets les plus étiques, coussinet qui se laisse facilement déplacer par l'apophyse corono'ide dans le mouvement de mastication. La base de la régir)n est formée par les os temporal, pariétal et 140 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. frontal ; nous y reviendrons à propos du squelette de la tête en général. Nous dirons seulement ici que ces os sont peu épais et qu'on n'y ren- contre pas de sinus. Vaisseaux. — On ne trouve dans cette région que des vaisseaux d'un petit volume, les artères temporales et les ramifications de l'auricu- laire antérieure. Les nerfs sont lournis par lauriculaire antérieur et les temporaux. DifTôreneeN. — La région temporale du bœuf est reportée en entier sur les côlés de la tête; elle est comme recouverte par le frontal, et se prolonge en arrière jusque sous la corne. Cette région, bien limilée dans la fosse tem- porale, ne présente qu'un muscle crotapliite peu volumineux ; elle n'est pas recouverte pur le muscle zygomato-auriculaire, qui manque chez cet animal. Dans les petites espèces domestiques de ruminants, la région tend à se re- porter un peu en avant. Chez les carnassiers, elle est extrêmement étendue et le développement des muscles qui en forment la base est hîllemcnt considérable, que les deux ré- gions se touchent sur la ligne médiane et forment, à. elles seules, près de moitié des faces antérieure et latérales de la tète. La région temporale du porc est très-étendue également, elle tient le milieu comme dimension entre celle du cheval et celle des carnassiers. § 3. — Articulation temporo-maxillaire. L'importance de cette articulation et la fréquence de ses lésions, ame- nées par la position saillante qu'elle occupe sur le côté de la tôle, nous engagent h en faire une région spéciale, indépendante des parties voi- sines avec lesquelles elle n'a que des rapports de contiguïté. L'articulation temporo-maxillaire se dislingue très-bien au dehors par sa saillie, et mieux encore au toucher : on peut en effet avec le doigt palper au-dessous de la peau tous les détails osseux indiqués par le squelette. Le bord postérieur de l'articulation se reconnaît à environ deux travers de doigt en avant de ToreilU', dont elle est séparée par un creux qui se remplit en partie dans les mouvements des piàchoires. Son bord inférieur s'élève au-dessus de la joue, sur la même ligne que l'extrémité du sourcil ; le supérieur est limité par le bord tranchant de l'apophyse zygomatique. Le doigt porté sur la région permet de reconnaître la saillie transversale en forme de cône renversé produite par le condyle inférieur. Le condyle du temporal est aussi très-facile à limiter, et entre ces deux saillies osseuses on perçoit une dépression qui indique l'interligne articulaire. Le scalpel enfoncé dans cet interligne sur un cadavre pénètre facilement entre les deux surfaces des os dans l'inté- liciir du ménisque llbro-cartilagineux. La [ic.ui d(! la région est mince et mobile. Les poils sont lins et courts, on rencontre assez fréquemment des excoriations ou des dépi- FACES LATERALES DE LA TETE. I4i lations qui peuvent avoir été produites accidentellement, mais qui sont le plus souvent l'indice d'un décubitus prolongé, à la suite de pa- ralysie, ou bien môme d'affections passagères, mais douloureuses. En effet, dans ces dernières, comme les coliques par exemple, on voit les animaux couchés élever la tète et la rejeter violemment sur le sol, sans tenir le moindre compte de la douleur qu'ils doivent nécessaire- ment ressentir en s'excoriant les parties saillantes de la tète; il peut môme arriver que la peau, après des mouvements de ce genre souvent répétés, soit complètement enlevée, et le ligament capsulaire perforé, ce qui constitue l'ouverture de l'articulation, accident toujours très- grave parce qu'il s'oppose au fonctionnement régulier des mâchoires, et que les animaux ne peuvent plus se nourrir autrement qu'avec des aliments liquides. Le tissu conjonctif sous-cutané est peu abondant; il unit d'une façon assez intime la peau au muscle mince sous-jacent qui n'est autre chose que le paucier au point où il se réunit au zygomato-auriculaire. La couche conjonctive, située au-dessous de ces muscles, est beau- coup plus importante que celle qui les unit à la peau; c'est elle qui permet les déplacements du tégument. Ainsi lorsqu'on fait aller et venir la peau de la région temporo-maxillaire, on entraîne en même temps les muscles superficiels que nous avons nommés. Le ligament périphérique de l'articulation est situé immédiatement au-dessous de ces diverses couches. Il offre une épaisseur et une force considérables en dehors. En avant, eu arrière et en dedans il est beaucoup moins résistant; dans cette dernière partie même, il devient très-mince et élastique. Les fibres qui le constituent sont dirigées en divers sens; un large faisceau, dont la direction est oblique en arrière et en bas, mérite d'être signalé ; il prend son insertion au-dessus et au dehors du condyle du temporal et se porte au-dessous et un peu en arrière de celui du maxillaire. En passant sur le ménisque articulaire, le ligament s'attache sur tout son pourtour de telle façon qu'il y a là en réalité deux articu- lations : Tune supérieure, fournie par le condyle du temporal et la face supérieure du ménisque; l'autre inférieure, constituée par la face infé- rieure du ménisque et le condyle du maxillaire. Chacune de ces articu- lations possède une synoviale propre. Le squelette de cette articulation montre certaines particularités intéressantes que nous allons signaler brièvement. La surface articulaire supérieure est formée par un condyle et une cavité glénoïde; allongé dans le sens transversal, le condyle se trouve situé en avant de la cavité. L'éminence mamillaire, étendue transversalement en arrière de la ca- vité glénoïde, limite l'articulation de ce côté. Le condyle du maxillaire est convexe dans ses deux sens; le diamètre transversal est à peu près le double de l'antéro-postérieur. Quant au ménisque, il est moins large que la surface articulaire du temporal ; il présente des particularités de forme, en rapport avec les surfaces osseuses en contact. Sa face 142 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. supérieure est légèrement convexe en avant et coneave en arrière ; lin- i'érienre est concave seulement. Son épaisseur est beaucoup plus grande sur les bords qu'au cenli'e; sa nature fibro-cartilagincusc lui donne assez de force pour résister aux pressions qu'il éprouve entre les deux sur- faces articulaires, en même temps qu'elle lui laisse une certaine flexi- bilité; (jui, dans le sens transversal, est mise en jeu dans certains mouvements des mâcboires, pendant lesquels la forme de la surface supérieure change légèrement pour s'ajjpliquer alternativement sur le condyle ou dans la cavité glénoïde du temporal. On trouve dans cette arliculalion deux synoviales séparées lune de l'autre par le ménisque inter-articulaire. La synoviale inférieure présente cette particularité importante, d'envelopper de toutes parts le condyle du maxillaire et de venir s'attacher à nu ccntimèlre et demi environ au-dessous de sa surface articulaire. Les rapports de l'articulation temporo-uuixillaire doivent être exac- tement connus; elle est entourée sur toute sa face postérieure, parla glande parotide. Eu dedans, le condyle s'avance jusque sur la mem- brane de la poche gutturale; en avant le muscle masséter louche le li- gament périphérique. Des vaisseaux d'une grande importance passent à proximité de cette jointure. Nous trouvons en arrière l'artère carotide externe et ses deux branches terminales; au-dessous de l'articulation et dans une position assez superficielle pour que la pulsation puisse être parfaitement perçue avec le doigt, l'artère sous-zygomatique. L'une des branches donnée par cette dernière artère, la massétérine, s'avance en avant du col du condyle et communique avec la temporale profonde postérieure par une branche qui passe dans l'échancrure sigmoïde, très-près du nerf massétérin: l'autre, la transversale de la face, reste superficielle et se trouve située entre la veine de même nom et le nerf facial, celui-ci étant inférieur. Les mouconents que peut accomplir cette articulation sont très- nombreux, l'écartement et le rapprochement des mâchoires ne peuvent donner lieu à aucune considération particulière. Dans hi i)ropulsion,, les deux condyles viennent se mettre au niveau l'un de l'autre. Dans la rétropulsion, au contraire, le condyle vient s'adapter dans la cavité glénoïde, ce mouvement est limité par l'éminence mamillaire. Dans le cas de diduction ; — cas qui se présente toujours dans la mastication, — laposition relativedes condyles du maxillaire ainsi que celles des ménis- ques qu'ils entraînent avec eux, est différente pour chaque articulation, suivant le sens de la mastication. Si nous snpposons ([ne l'animal mâche à gauche, l'extrémité du maxillaire inlérieur sera portée de ce côté. [Le condyle gauche correspondra à la cavité glénoïde du tempo- ral, tandis que le condyle droit sera opposé au condyle du même côté. On comprend facilement que dans ce cas les axes (Uîs surfaces articu- laires supérieure et inférieure se croisent très-obliquement ; le rôle du FACES LATÉRALES DE LA TETE. IW ménisque est alors de se mouler sur les surfaces articulaires pour assurer une coaptation plus [jarlaite. Lorsque l'animal mâchera à droite les choses seront renversées. BditiVrviices. — ('.liez le bn'uf, cette arliculalloii, en vcrlu de sa position rentrée et postérieure, de la saillie de l'orbite et du développement des cornes, est beaucoup moins exposée aux al teintes extérieures que chez le cheval. A part la forme parliculière du condyle du maxillaire qui est concave d'un côté à l'autre, nous n'avons rien de particulier à signaler. Chez le j'orc, le condyle est triangulaire, il tend, par conséquent, à prendre la forme allongée que l'on remarque chez les rongeurs. Chez les camasaiers, le condyle est exactement emboîté dans la cavité glenoïde ; aussi n'y a-t-il, chez ces animaux, que deux mouvements possibles : l'écartement et le rappro- chement. § 4. — Région de la joue. Cette région, qui s'étend de la parotide à la commissure des lèvres, a pour base les muscles masséter et alvéolo-labial ; elk^ est limitée en avant par les régions tenqiorale, or])ito-palpébraIe et du chanfrein, en arrière par toute retendue du bord postérieur de la branche du maxillaire. Son étendue et la diversité des plans dans la partie supérieure et dans l'inférieure, nous engagent à la diviser en deux sections : l'une supérieure ou masséter lue, l'autre inférieure ou alvéolo-labiale. (I. — RKGIOX MASSÉTÉRI.XE. Elle est séparée de la région alvéolo-labiale par le bord antérieur du masséter; elle est plane ou légèrement convexe. Nous y reconnaîtrons cinq couches. La /jeau est mince et mobile, recouverte de poils fins et courts. Le tissu cellulaire sous-cutanc, plus abondant dans les chevaux de j'ace conunune, est toujours peu développé; il ne se charge jamais de graisse. Le peaucicr s'étend au-dessous de la peau sur toute la région; il est mince, très-souvent même ses libres sont isolées et ne se tiennent que par le tissu conjonctif sous-cutané; on rencontre à sa face interne qu(dques artérioles et les ramihcations du nerf facial. Le muscle masséter, qui donne son nom à la région et qui en occupe toute l'étendue, est très-épais, formé de libres légèrement radiées, qui partent de la crête zygomatique et vont s'attacher sur le bord posté- rieur du maxillaire (portion refoulée;. Une partie des fibres profondes du muscle, celles surtout qui sont en avant de l'articulation temporo- maxillaire, affectent une direction transversale à celle des fibres de la couche superhcielle. Une belle aponévrose nacrée, qui se perd à 2 ou I4i ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. 3 cenHmèlros de l'insertion mobile, recouvre le muscle et présente sa plus grande épaisseur près de la crête maxillaire. Nous pouvons encore citer, dans l'énumération des couches, la por- tion de Talvéolo-labial qui remonte jusqu'en arrière de la dernière dent molaire. Ce muscle est longé par les deux glandes molaires, la supérieure est en rapport avec le massétcr, rinféricure se trouve immédiatement située entre le bord inférieur du muscle et la muqueuse de la joue. Le squelette de la région est formé par le maxillaire inférieur, le maxillaire supérieur, Tos jngal et une portion du temporal. Le bord inférieur de la région massétérine correspond à l'intervalle qui sépare la quatrième de la cinquième molaire. Les deux lames de l'os maxillaire inférieur sont plus ou moins écartées l'une de l'autre, suivant que l'animal est plus ou moins âgé; au-dessous des dents, passe le conduit maxillo-dentaire, qui loge le nerf maxillaire inférieur et l'artère de même nom. L'orifice par lequel s'introduit le nerf, se trouve creusé dans la lame interne à 10 centimètres environ au-dessous du condyle (lu maxillaire. Le nerf maxillaire supérieur passe au-dessus des racines des dents molaires supérieures et vient sortir par le trou sous-orbi taire, ainsi que nous l'avons déjà dit en parlant du chanfrein. ]'aisseanx. — Au-dessous du condyle du maxillaire, entre le peaucier et le masséter, on voit passer le tronc temporal, accompagné par la veine satellite et le nerf facial. L'artère est assez superficielle pour qu'on en puisse facilement sentir les pulsations. Elle se divise en deux bran- ches : l'artère transversale de la face, qui longe la crête zygomatique en s'enfonçant dans l'épaisseur du masséter, et l'artèi'c massétérine. L'ar- tère maxillo-musculaire pénètre également dans le muscle masséter, vers le milieu de son bord postérieur; elle se plonge immédiatement dans les libres du muscle en s'avançant vers son attache inférieure. Les veines sont satellites des artères, mais on rencontre de plus dans cette région : 1° la veine alvéolaire, située dans une position profonde, en- tre le masséter et l'os maxillaire supérieur, longeant la glande «lolaire. Ce vaisseau est un énorme canal de communication jeté entre la maxil- laire externe d'une part, et le sinus caverneux qu'elle va rejoindre après avoir traversé la gaine oculaire ; 2° la veine buccale, origine de la maxil- laire interne qui suit le bord inférieur de l'alvéolo-labial, en avant de la portion recourbée du bord antérieur du maxillaire; entre la dernière molaire et la base de l'apophyse coronoïde, la veine alvéolaire et la buccale arrivent à un diamètre tel qu'elles se touchent par leurs bords ; 3° deux branches volumineuses font également communiquer la veine maxillo-musculaire avec la buccale et avec la temporale. Ces deux anastomoses, ainsi que la buccale, sont immédiatement appliquées sur le maxillaire. Nerfs. — A part le nerf maxillaire inférieur dont nous avons indiqué le trajet dans l'épaisseur du maxillaire, nous ne trouvons que le nerf FACES LATÉRALES DE LA TÊTE. 143 facial qui sort de dessous la parotide avec l'artère et les veines tem- porales. A cet endroit, le facial a déjà opéré sa réunion avec le tronc temporal ; il constitue le plexus sous-zygomatique qui rayonne de ce point jusque sur l'angle antéro-inférieur du muscle. Ses branches sont alors très-nombreuses : on en remarque plus particulièrement trois ou quatre volumineuses, dont l'une, la plus antérieure, va semêleraux divisions du nerf maxillaire supérieur, une autre, très-remarquable également, va rejoindre directement l'artère coronaire inférieure. REGION ALVEÛLO-LABIALE . Moins large que la précédente, cette région se limite, en avant par la ligne d'insertion des fibres de l'alvéolo-labial, en bas par la com- missure des lèvres, en arrière par le bord postérieur du maxillaire, en haut par le masséter. Cette région est convexe dans la partie qui répond à l'alvéolo-labial ; on y voit un sillon médian qui marque dune façon précise l'interligne des dents molaires supérieures et inférieures. Au bord postérieur du relief formé par l'alvéolo-labial, on constate celui du muscle maxillo- labial, sous lequel passent l'artère et la veine coronaires inférieures. Au-dessous de la peau mince et mobile, le muscle peaucier se confond avec les muscles superficiels de la région : ces muscles sont ; en avant, le pyramidal du nez, un peu plus en arrière le zygomato-labial, plus en arrière encore, une portion du peaucier facial appelé en anatomie hu- maine 7'ùon'i(s de Santorini. La troisième couche est formée par l'alvéolo-labial, lequel est longé à son bord postérieur par le maxillo-labial. 11 est à remarquer que l'al- véolo-labial est formé de deux séries de fibres qui partent d'un raphé médian, ce qui donne à ce muscle l'apparence penniforme. Nous range- rons aussi dans cette troisième couche l'extrémité des glandes molaires inférieure et supérieure. Les organes de la troisième couche sont im- médiatement appliqués sur la muqueuse buccale. Vaisseaux et nerfs. — Tout à fait sur la limite de la région que nous décrivons et de la précédente, en avant du bord si bien marqué du mas- séter, nous trouvons l'artère glosso-faciale et la veine de môme nom ; celle-ci se trouve toujours située en arrière de l'artère. Les branches émises par l'artère glosso-faciale sont les coronaires supérieure et infé- rieure allant aux deux lèvres. Ces vaisseaux sont toujours accompagnés par des veines volumineuses, souvent doubles et quelquefois triples. Cette particularité se remarque surtout pour l'artère coronaire infé- rieure. Le canal de Sténon appartient aussi par sa terminaison à cette partie de la tête, il est situé en arrière des vaisseaux que nous venons de nommer, souvent caché par eux et par le bord antérieur du masséter qui le recouvre en partie. Pbucu et Toussaint. — Chirurfjie. dO 146 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. Au niveau de la partie moyenne de Talvéolo-labial, il croise en dedans la veine et l'artère maxillaire externe pour se porter en avant, en s'in- erustant, pour ainsi dire, dans le muscle buccinateur qu'il traverse, pour venir s'ouvrir dans la bouche au niveau de la troisième dent mo- laire supérieure. Les nerfs sont fournis par le facial, ils se distribuent aux différents muscles de la région et à ceux des lèvres et du nez ; la position des nombreuses branches nerveuses jetées comme de petits ponts par dessus les vaisseaux faciaux, est diflicile à indiquer d'une façon précise; nous citerons seulement une branche volumineuse qui accompagne toujours la coronaire inférieure. § 5. — Appareil auditif. L'appareil auditif sert à la perception des sons; il comprend trois parties, don tune seulement est visibit' à l'extérieur: c'est ro?"e///e externe, que Ton appelle simplement l'oreille. Deux autres parties sont cachées dans l'épaisseur de l'os temporal : Vureille moyenne et Voj'eille in- terne. OUKILLK EXTERNE. L'oreille externe est limitée au pavillon et à un conduit plus rétréci que le premier, formé d'un cartilage annulaire incomplet et d'un tube osseux, nommé en anatomie descriptive conduit auditif externe. La membrane du tympan sépare l'oreille externe de l'oreille moyenne. Le chirurgien ne peut guère agir que sur la partie externe de l'appa- reil auditif. Le pavillon de l'oreille a la forme d'un cornet ou entonnoir fortement échancré sur l'un de ses côtés. Sa mobilité est très-grande, aussi l'ani- mal peut-il à volonté diriger l'ouverture en avant, en arrière ou sur les côtés. Les mouvements des deux oreilles sont indépendants. Les di- mensions des oreilles varient dans des limites assez restreintes; une oreille petite est toujours une beauté. Quant à la direction, l'oreille doit être verticale, les oreilles pendantes indiquant généralement un défaut d'énergie. Deux organes différents constituent le pavillon de l'oreille, l'extérieur où la peau tapisse la face interne et se replie sur son bord libre pour recouvrir aussi la face externe, en comprenant entre ses deux feuillets le cartilage conchinien. A l'extérieur, la peau est mince et géné- ralement recouverte de poils courts, les poils de l'intérieur de l'oreille sont beaucoup plus longs et plus fins, ils masquent l'ouverture du con- duit auditif. Le cartilage conchinien imprime sa forme à l'oreille; mince vers son bord libre, il augmente d'épaisseur à mesure qu'il se rétrécit ; dans la partie inférieure, il ne forme plus qu'un tube d'un centimètre de dia- mètre environ, qui se continue par le moyen d'un ligament annulaire, I FACES LATÉRALES DE LA TÊTE. 147 lequel est charge de relier le premier au conduit auditif externe. Go n'est pas à proprement parler un anneau, mais une bande cartilagi- neuse, dont les deux extrémités convergent l'une vers l'autre à la manière des cerceaux de la trachée . Enfin, le conduit osseux auditif externe, creusé dans l'épaisseur de la portion tubéreuse du temporal, est fermé à son fond par la membrane du tympan qui sépare l'oreille externe de l'oreille moyenne. Le conduit auditif rentre en partie dans le cartilage annulaire et celui-ci fait de môme vis-à-vis du cartilage conchinien. On a donc là une disposition semblable à celle des divers articles d'une lunette d'ap- proche. Un petit muscle particulier, le mastoïdo-auriculaire, appliqué au côté interne do la conque est chargé do produire ce mouvement qui est toujours très-borné. La peau pi-ond, au niveau du cartilage annulaire, des caractères qui la rapprochent des muqueuses; elle renferme une grande quantité do glandes particulières analogues aux glandes sébacées, les glandes cérumi- nouses, qui sécrètent une substance particulière, onctueuse, de couleur jaunâtre lorsqu'elle est récente, mais habituellement noire par adjonc- tion de poussière, le cérumen, qui se rencontre toujours en quantité plus ou moins grande dans cette partie de l'oreille. 11 peut même sous rinfluenco d'une sécrétion exagérée, s'accumuler en assez grande quan- tité pour oblitérer en partie ou en totalité le conduit auditif externe. Des soins de propreté remédient très-facilement à cet état particulier. Dans certains cas spéciaux, par le prurit qu'il détermine et on deve- nant rance et irritant, le cérumen provoque des phénomènes que l'on peut confondre avec le vertige. Je ne saurais dire encore si c'est le céru- men qui est cause d'une affection particulière que j'ai eu l'occasion de constater plusieurs fois chez le lapin, et dont les symptômes res- semblent à ('eux des lésions cérébrales portant sur le pont de Varole ou les pédoncules cérébelleux. L'animal a une tendance à rouler sur lui- même ou à tourner en manège. A l'autopsie et déjà par l'examen direct des oreilles pendant la vie, on peut constater que le conduit auditif est rempli par du pus concret et que la membrane du tympan est perforée. [.a matière purulente a pénétré également dans les canaux semi-circu- laires et le limaçon. C'est probablement l'irritation des extrémités du nerf auditif qui est la cause des symptômes observés. La membrane du tympan est une cloison membraneuse qui sépare le conduit auditif externe de l'oreille moyenne; elle est ovalaire, très- mince et légèrement concave; sa circonférence est attachée sur le cercle tympanal, petit cadre presque circulaire incomplet par en haut. Trois couches constituent la membrane du tympan : une moyenne fibreuse formant une membrane propre, une interne qui n'est autre chose que la muqueuse de rorcillo moyenne et une externe formée 148 AN.VTOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. seulement par la couche épidermiquc de la peau de l'oreille externe. Nous devons encore signaler Texistence du coussinet adipeux de l'o- reille, qui ne man(pie jamais, môme chez les animaux les plus cti(pies, et qui, enveloppant la base de la conque en avant, en dedans et en ar- rière, facilite les mouvements de l'organe. Vaisseaux et nerfs. — Les artères do l'oreille sont : l'auriculaire anté- rieure qui vient du tronc temporal et (pii apporte le sang à la face in- terne de la conque; l'auriculaire postérieure, fournie par la caiotide externe, qui rampe entre la jx^au et le cartilage; une de ses divisions va à l'oreille moyenne, une autre au coussinet adipeux. Les veines, du même nom que les artères, sont plus volumineuses ([ue celles-ci; elles sont souvent anastomosées entre elles, en forme de ré- seaux à grosses mailles. La veine auriculaire antérieure est presque toujours double. Les nerfs sont fournis par la deuxième paire cervicale et par le nerf auriculaire moyen, branche du facial. Le premier va au tégument ex- terne, les rameaux du deuxième, qui sont destinés à loreille, se dis- tribuent à la face interne du pavillon. Les divers mouvements que l'oreille peut exécuter sont produits par les muscles dont nous avons parlé dans les régions temporale et paro- tidienne, revenons en quelques mots sur leurs usages. Le parotido-auriculaire tire l'oreille en bas et en dehors ; les muscles zygomato-auriculaire, temporo-auriculaire externe et scuto-auriculaire externe portent l'ouverture de l'oreille en avant, le temporo-auriculaire interne est antagoniste du parotido-auriculaire, par conséquent adduc- teur de l'oreille; le scuto-auriculaire interne dirige l'ouverture en de- hors. Quant aux trois cervico auriculaires qui appartiennent à la région de la nuque, le superficiel tire l'oreille en arrière et en bas. Le moyen et l'inférieur ont la même action, mais leur insertion en de- hors de la conque leur permet, de plus, de diriger l'ouverture en dehors, voire en arrière suivant l'énergie de leur action. DilIVrences. — I/oreillc dt; l'une et du 7mtlct a des dimensions qui sont devenues proverbiales ; elle est beaucoup plus grande que chez le cheval ; il n'y a à signaler que la direction souvent inclinée en dehors de la conque. L'épaisseur et le poids plus considcrablos du cartila.L;*; eoncliinien impliquent aussi une plus grande force dans les muscles moteurs de l'organe. L'oreille du bœuf, plus largement ouverte que celle du cheval, est inclinée en dehors, ses mouvements d'avant en arriére sont surtout très-développés. L'oreille du clmt, conique, habituellement dressée, pointue, possède une ouverture dirigée en avant : le mau\cmenl que peut exécuter Toreille pour diriger son ouverture en dehors est toujours très-borné. Chez le chien, on rencontre une grande diversité de formes suivant les races; quelquefois dressée ou plus ou moins courte, l'oreille peut être pen- dante et longue, recouverte de poils plus ou moins lisses et longs. On est dans l'habitude de couper une partie du pavillon dans certaines races de FACES LATERALES DE LA TETE. 1 il) îuxe ou de combat, chez le boule-dogue e( les terriers par exemple. Cette opération, qui se pratique dans le jeune âge, amène une liémorrhagie sans dangers. Le porc possède une oreille qui varie beaucoup aussi suivant les races ; elle peut être courte, dressée et pointue ou bien longue et pendante, repliée et aplatie comme celle de certains chiens. Celle du mouton et de la chécre a les caractères extérieurs de celle du che- val, avec la direction inclinée qu'on remarque chez le bœuf. Dans les races où les cornes ont une direction spiroïde, comme chez les mérinos, on la voit sortir du centre de la spire. Le peu d'importance que présentent, au point de vue chirurgical, chez les animaux, Toreille moyenne et l'oreille interne, nous engage à les passer complètement sous silence. On a rarement l'occasion de consta- ter des affections d'organes situes aussi profondément, et eût-on même ■diagnostiqué une altération de l'oreille interne qu'il ne viendrait à l'i- dée de personne d'agir chirurgicalement sur un organe aussi délicat. Dans quelques cas on a cependant signalé, sur des chiens surtout, des altérations de l'oreille moyenne et notamment la perforation de la membrane du tympan. L'oreille moyenne du cheval est remarquable par sa communication avec un organe qui n'appartient qu'aux jumentés, nous voulons parler de la poche gutturale dont la description est reliée à celle de la région parotidienne. Je ne sais si on a cité des troubles de l'audition dans les cas de ré- plction purulente de cette poche, mais ces troubles sont possibles puisqu'elle communique par l'intermédiaire de la trompe d Eustache avec la caisse du tympan. Le rôle physiologique de la poche gutturale n'a pas encore été bien •déterminé. Cet organe est-il en relation avec un mécanisme particu- lier de l'audition ? A-t-il seulement pour but de donner plus de largeur à la base du crâne, c'est-à-dire d'augmenter le volume de la tète sans accroître son poids, et remplit-il un rôle semblable à celui du sinus de quelques os du crâne? Ce sont des questions sur lesquelles on n'est pas encore éclairé et qu'on pourrait peut-être élucider par l'observation attentive d'animaux sur lesquels on aurait diagnostiqué une réplélion complète de ces cavités singulières. § 6. — Région orbitaire et Appareil oculaire. Placée sur la limite de la face antérieure et de la face latérale, la ré- gion orbitaire présente à étudier des parties superficielles et des orga- nes profonds. Les parties superficielles ou protectrices de l'œil sont les sourcils, les paupièrei^, le cot^ps clignotant. Les organes profonds sont : le globe oculaire, Vappareil lacrymal, les nu/scies chargés de mouvoir le globe, les vaisseaux et les nerfs qui viennent lui apporter la nutrition ; loO ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. ces dernières parties sont renfermées dans la gaine oculaire, sorte d'en- veloppe qui isole l'œil des organes voisins. Nous allons décrire ces parties en comnmençant par les plus superfi- cielles. ((. — r,i':i;ii)N soruciLiKUt:. VA\q a pour base, en dedans, l'apophyse orbilaire du l'rontal, en de- hors le sommet de l'apophyse zygomatique du temporal et l'extrémité supérieure de l'os jugal (pii vient s'appuyer jusque sur le temporal. Elle est limitée en haut par la salière, en bas par la paupière supérieure, en dedans par la région frontale; en dehors elle s'avance jusqu'à la région massétérine qu'elle surplombe légèrement. La région du sourcil est donc allongée d'un côté à l'autre; légèrement convexe de haut en bas et décrivant environ un quart de cercle dans sa grande dimension. La peau de la région sourcilière est assez épaisse, mobile; elle est la première qui se recouvre de poils chez le fœtus, mais cette distinction a déjà disparu au moment de la naissance. Les poils sont partout uni- formes et courts, entremêlés de quelques-uns longs et forts. Au-dessous de la peau on trouve : 1° les fibres supérieures de l'orbi- culaire des paupières, très-adhérentes à la peau, et au-dessous, immé- diatement sur l'os, un tissu conjonctif assez développé qui s'infiltre fa- cilement. Enfin nous rencontrons l'apophyse orbitaire du frontal; rejetée en dehors, en bas et un peu en arrière, cette apophyse, épaisse de 1 cen- timètre environ en arrière, tranchante en avant, se trouve percée à sa base du trou sourciller, qui donne passage au nerf et à l'artère de même nom ; elle s'appuie sur l'extrémité de l'os temporal. L'apophyse orbi- taire recouvre la glande lacrymale et le globe de Tœil. Les vaisseaux sowi peu volumineux, ils viennent de l'artère ophlhal- mique et se rendent à la veine angulaire. Les nerfs sensitifs sont four- nis par la cinquième paire. DifTiTeiiceB. — La légiou sourcilièrc des carnassiers et du porc n'a pas de, base osseuse complète, l'apopliyse orbitaire du frontal, ne rejoignant pas l'apophyse zygomatique, elle est remplacée par un cordon iibreux sur lequel vient s'allachcr la gaîiie oculaire. b. — nKGIO.N P.\LI'l':URALK OC DES l'AllMKRES. Les paupières sont des voiles membraneux placés au-devant du globe oculaire, qu'elles recouvrent en partie ou en totalité suivant qu'elles sont ouvertes ou fermées. Il n'est pas facile de délimiter nettement les paupières, car elles se continuent sans ligne de séparation précise, la supérieure avec la région orbitaire, ou le sourcil, l'iuléricure avec la joue et le chanfrein. On peut cependant, sans troj) s'écarter des données fournies par la disscc- FACES LATÉRALES DE LA TÊTE. loi tion, leur assigner pour limites approximatives, le bord tranchant de l'orbite qui se reconnaît très-bien au toucher. Les paupières sont au nombre de deux, une supérieure et une inférieure : ces deux organes se réunissent à leurs extrémités pour former les commissures ou angles de l'œil, l'un interne, obtus, nommé grand angle de rœil, angle nasal; l'autre externe, aigu, petit angle ou angle temporal. Au point de vue des formes extérieures, les paupières diffèrent sen- siblement. La paupière supérieure est convexe d'un côté à l'autre et de haut en bas; elle présente un bord libre, mince, tranchant, sur lequel se trou- vent implantés des poils longs et raides, les cils supérieurs, qui se di- rigent en dehors et un peu en bas. Les cils n'occupent que la partie médiane du bord libre, ils manquent dans le tiers interne et dans le cinquième externe. Ils acquièrent leur plus grande longueur dans la partie moyenne de la portion de la paupière qu'ils occupent. Lorsque l'œil est ouvert, le bord libre de la paupière décrit une courbe légère dans ses deux tiers extérieurs, une ligne à peu près droite dans son tiers interne ; une coui'bc plus accentuée raccorde ces deux lignes sur la limite du tiers interne et des deux tiers externes. La surface antérieure présente deux sillons bien accusés, parallèles au bord libre : l'un se trouve à 1 millimètre ou 1 millimètre 1/2 de ce bord, le deuxième à 3 millimètres plus haut que le premier. Enfin, la paupière se sépare du sourcil par un sillon obtus, longeant l'arcade orbitaire supérieure au-dessous de laquelle il se trouve situé. Si la paupière est fermée, les trois sillons disparaissent et l'on a une surface convexe uniforme, en môme temps que les courbes du bord libre s'effacent et donnent une fente transversale à peu près droite. Au-dessus du tiers interne de la paupière, on remarque une surface plane, de forme irrégulièrement triangulaire, qui présente quelquefois la continuation des sillons de la partie externe, mais qui offre le plus souvent la forme plate, par suite de la contraction du faisceau muscu- laire fronto-sourcilier, qui tend la peau de cette partie de la région en fronçant le sourcil. La contraction de ce petit muscle a pour effet de découvrir surtout la portion interne et supérieure du globe de l'œil. La face interne est lisse et concave pour s'adapter exactement sur la convexité du globe oculaire : elle est tapissée par la conjonctive qui forme, en se repliant sur l'œil, les sillons oculo-palpébral supérieur et inférieur. La paupière inférieure est assez bien limitée, elle est régulière- ment convexe et se dessine en relief léger : son bord libre est presque régulièrement concave, sa partie tout à fait interne seule est droite et se porte à la rencontre de l'extrémité du bord supérieur pour former l'angle obtus de l'œil. Les cils de la paupière inférieure sont clair- semés et plus courts quà la supérieure. On rencontre en outre dans l'épaisseur du tégument des poils longs io2 anatomip: spéciale ou des régions. et raides, ce sont des lentacules semblables à ceux qui se voient aux lèvres et au menton. L'angle externe ou temporal, petit angle de IVcil, commissure ex- terne, raccorde par une courbe très-brève les bords libres des deux paupières. En dehors, la paupière inférieure semble rentrer sous la supérieure, ce qui fait paraître cet angle plus aigu qu'il ne l'est réelle- ment; un sillon se dirigeant en dehors sépare assez nettement les deux ])aupières. L'angle interne ou nasal, commissure interne ou grand angle de l'œil, est arrondi et comme dévié en dedans, il loge un organe parti- culier, de couleur noire ou marbrée de blanc, de la grosseur et de la convexité d'un petit pois, que l'on nomme caroncule lacrymale. On y voit également, sur un plan plus profond que la caroncule, l'extrémité du bord libre de la troisième paupière ou corps clignotant. La fente rectilignc (jui indique la limite des deux paupières fermées, se prolonge de 1 centimètre environ au delà de l'angle nasal de l'œil, par un repli assez profond de la peau qui n'existe qu'au moment de l'occlusion; cette fente est donc plus grande de 1 centimètre que le diamètre transversal apparent du globe oculaire. Les paupières comprennent dans leur structure, en allant des parties superficielles aux parties profondes : I ° La peau extérieure ; 2° Un muscle sphincter; 3° Une charpente fibreuse, portant à son bord libre: 4° Un cartilage renfermant des glandes particulières; 5° Une couche de tissu conjonctif lilchc et abondant; e^" L'expansion tendineuse du releveur propre à la paupière supé- rieure seulement; 7° Le tégument interne ou muqueuse conjonctive ; 8° Enfin des vaisseaux et des nerfs, r La peau des paupières est très-mince, recouverte de poils très- courts et fins. On y rencontre, surtout à l'inférieure, de longs poils raides, analogues à ceux des lèvres et du menton. Aux environs du bord libre, surtout à la paupière inférieure, au tiers interne de la supérieure et dans les angles, les poils manquent et la paupière prend une teinte noire luisante chez les animaux dont la peau est pigmentée. Celle-ci est très-adhérente au sphincter, il faut de grandes précau- tions pour l'en séparer, tant est mince la couche conjonctive sous- rutanée; elle semble même manquer et ne se dessiner légèrement que dans les cas d'infiltration générale des paupières. 2° Le muscle sphincter orbiculaire des paupières est très-mince, il se trouve appliqué sur la charpente fibreuse ; les fibres de l'orbiculairc dépassent les paupières et vont s'attacher jusque sur les os qui forment l'orbite. On doit considérer comme point de départ de ces fibres un petit tendon s'étendant ilu liiliLMiule lacrymal à l'angle nasal de l'œil ; FACES LATÉRALES DE LA TETE. 153 de ce point les fibres se contournent autour des paupières en affectant une direction parallèle au bord libre. Elles se continuent l'une dans l'autre à la commissure externe de l'œil. Un petit faisceau musculaire, le fronto-sourcilicr, attaché sur le frontal se porte obliquement en dehors et en bas pour s'attacher sur les fibres supérieures du sphincter, tout près de l'angle nasal: en se contractant, il découvre cet angle ei accentue la concavité de la paupière supérieure. 'A° Au-dessous de l'orbiculaire se voit un tissu cellulaire assez lâche qui sépare ce muscle de la charpente fibreuse. Cette dernière, que l'on rencontre plus épaisse à la paupière supé- rieure qu'à l'inférieure, s'attache par son bord adhérent au pourtour de l'orbite et se continue avec le périoste et la gaine oculaire. Son bord libre supporte le cartilage tarse. Au niveau des commissures, la char- pente fibreuse devient tellement épaisse et forte que Winslow lui a donné le nom de ligament des tarses, nom qu'elle mérite à tous égards. A° Les tarses forment aux paupières une charpente cartilagineuse représentant des lamelles allongées d'une largeur de 9 millimètres envi- ron. Le tarse supérieur est plus fort que l'inférieur, qui est pres- que droit, tandis que le premier est fortement convexe. La face interne des cartilages tarses est creusée de petits sillons perpendiculaires au bord libre des paupières, logeant les glandes de Meibomius, petites glandes en grappe qui sécrètent une humeur onctueuse particulière, la chassie, toujours très-rare dans les circonstances ordinaires, mais dont la quantité augmente considérablement dans les cas d'inflamma- tion de la conjonctive et dans les états morbides graves comme les entérites, par exemple. 5° Nous avons fait une couche spéciale du tissu conjonctif lâche qui réunit la charpente fibreuse au tendon du muscle releveur pour la paupière inférieure, car dans les cas d'infiltration séreuse des pau- pières, arrivée surtout à la suite de coups, ce tissu conjonctif prend une grande importance. A peine visible dans l'état sain des paupières, il devient dans certains cas et en quelques heures le siège d'épanche- ments séreux considérables, et cela pour les deux paupières, à tel point que, non-seulement l'animal ne peut plus les relever, mais que les doigts eux-mêmes ne parviennent pas à les écarter. C'est donc dans la couche de tissu conjonctif profond que siège l'infiltration, le muscle sphincter n'en est pas exempt; on voit souvent son épaisseur doublée et triplée, et l'infiltration remonte jusque dans la région sourcilière ; il en est de même de la couche sous-cutanée, mais c'est immédiatement sur la conjonctive que se fait l'infiltration, ce qui se voit fort bien d'ailleurs, par la couleur de cette muqueuse, lorsqu'on est parvenu à en découvrir un petit coin. 6° Au-dessous de l'appareil fibreux, des cartilages et du tissu con- jonctif, on rencontre à la paupière supérieure seulement le tendon du 154 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. ' releveur propre. Ce lendon n'est autre chose qu'une mince aponévrose qui s'étend dans toute la larj;eur de la paupière, et qui vient s'attacher au hord adhérent du cartilage tarse. 7° Enfin, lorsque toutes ces couches sont enlevées, on a mis à nu la portion de la nniqueuse oculaire appelée conjonctive palpéhrale, dont nous ferons la descrijjtion en parlant du glohe oculaire. 8° Vaisseaux et nerfs. — Les artères qui se rendent aux paupières sont nombreuses mais peu volumineuses. L'artère ophthalmique fournit la sourcilière qui traverse le trou sus-orbitaire, et se divise surtout dans la paupière supérieure, et l'artère lacrymale qui porte le sang à la glande du même nom; ses ramifications ultimes se distribuent aussi à la paupière supérieure. Le rameau orbi taire de l'artère dentaire supé- rieure fournit des divisions à la paupière inférieure, à l'appareil la- crymal et au corps clignotant. La paupière inléricure reçoit aussi des divisions de la branche de terminaison supérieure de la glosso- faciale . Les veines se rendent à l'angulaire de l'œil, branche d'origine supé- rieure de la veine glosso-faciale, et à la veine alvéolaire, au passage de cette dernière dans la gaine oculaire. Les nerfs proviennent de deux sources : les rameaux sensitifs, de la branche ophthalmique de la cinquième paire; les branches motrices, de la septième paire, par l'intermédiaire du nerf auriculaire anté- rieur. La paralysie de la cinquième paire fait que la sensibilité et les mou- vements volontaires des paupières sont supprimés; mais les mouve- ments réflexes appelés clignotements persistent. Dans la paralysie de la septième paire, tous les mouvements sont abolis avec persistance de la sensibilité. C. — CORPS CLIGNOTANT, La fonction remplie par ce petit appareil, sa position au-devant de l'œil dans les cas où celui-ci est retiré au fond de l'orbite parlacon- traclion des muscles droits, lui ont fait donner le nom ûc, troisième pau- pière. Il remplit en effet le rôle d'une paupière, étant chargé, comme ces dernières, de protéger l'organe essentiel de la vision et de le dé- barrasser des corps étrangers qui sont accidentellement venus se dé- poser à sa surface ; le corps clignotant ne se montre au dehors que dans les cas où cette dernière fonction doit s'exercer, ou lorsqu'une cause externe menace le globule oculaiie. Dans l'état ordinaire, le corps clignotant se trouve caché dans le grand angle de l'œil, on n'en peut apercevoir que le bord antérieur; mais lorsqu'une contraction permanente des muscles de l'œil attire celui-ci vers le fond de l'orbite, ou bien lorsque cette action est sollicitée par une menace d'un corps étranger, on voit le corps FACES LATÉRALES DE LA TÈTE. loo clignotant se présenter sous forme d'une lamelle mince, convexe sur sa face externe, concave sur sa face interne, large à sa partie anté- rieure et rétrécie à la postérieure, ce qui lui donne une forme triangu- laire à angle postérieur très-allongé. Dans le mouvement dont nous avons parlé plus haut, la troisième paupière glisse entre les deux voiles palpébraux et le globe de l'œil, comme dans deux rainures représen- tées par les scissures conjonctivales : ce sont ces rainures qui lui im- priment sa direction ; sans elles il se dirigerait en avant. Hors le cas de contraction permanente des muscles, c'est-à-dire dans le tétanos, l'ac- tion de l'organe qui nous occupe est instantanée, il ne tarde pas à rentrer dans l'angle nasal de l'œil. L'extrémité anguleuse du corps clignotant se trouvant reliée à un coussinet adipeux volumineux situé entre les muscles de l'œil, c'est donc par une action tout à fait mécanique qu'a lieu sa projection en avant. En effet, dans le retrait de l'œil an fond de sa cavité, il y a com- pression de ce coussinet qui tend à s'échapper et pousse en avant de lui le corps clignotant qui lui est superposé, son action est donc d'au- tant plus complète que la contraction des muscles de l'œil a été poussée plus loin. Dans ce mouvement, la troisième paupière entraîne avec elle le repli conjonctival qui l'enveloppe. C'est môme ce repli doublé de tissu graisseux qui masque le côté interne de l'œil dans le cas de con- traction, car son angle adhérent serait trop étroit pour arriver à ce résultat sans l'existence de cet appareil surajouté. Le corps clignotant peut être parfois affecté d'une inflammation ulcé- rative qui constitue Vonglet. Cette inflammation se propage dans quel- ques cas à la cornée. DifTérences. — Le corps clignotant est d'autant plus développé chez les animaux que le doigt est moins divisé, il est porté à son maximum chez les solipèdes et les ruminants qui ne peuvent se servir de leur maui pour enle- ver les corps étrangers qui sont venus se déposer à la surface de l'œil. Déjà moins volumineux chez le j^orc, il l'est encore beaucoup moins chez les ccw- nassiers. Il ne doit pas être confondu avec la troisième paupière des oiseaux. (L — DE LA CAVITK ORBITAIRE. Examinée sur un squelette, la cavité orbitaire est réduite à une ouverture située sur la limite des faces antérieure et latérale de la tète, an niveau de la séparation du crâne et de la face. Elle est complétée en arrière par un appareil fibreux que l'on nomme (/a/ne oculaire. Cette dernière, qui isole l'appareil oculaire de la fosse temporale, fait donc partie intégrante de la cavité orbitaire. L'ouverture antérieure de l'orbite est dirigée en dehors et un peu en avant : sa forme est celle d'un cercle légèrement comprimé d'un côté à l'autre, et un peu aussi de haut en bas, ce qui la fait ressembler à 156 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. un rectangle dont les côtés aiiraient été raccordes par de larges courbes remplaçant les angles. La plus grande dimension de rouverture orbi- taire s'étend de l'apophyse orhi taire du frontal au zygomatique : elle est, par conséquent, perpendiculaire à la fente palpébrale et prédo- mine de 1/6 environ sur le diamètre transversal. Les os qui forment le cercle orbi taire sont : le lacrymal pour l'angle inféro-antérieur, le frontal pour le côté interne et le supérieur, le zygomatique pour l'in- férieur et l'externe. L'extrémité de l'apophyse zygomatique du tem- poral, en venant s'interposer entre la portion orbilaire du frontal et l'apophyse montante de l'os jugal, concourt à la formation du côté externe. La paroi osseuse de l'orbite n'est complète que du côté interne, en dehors sa forme est celle d'un anneau large de 2 centimètres à 2 centi- mètres et demi environ. On y remarque, à l'angle supéro-interne, le trou sourciller, qui donne passage à une artériole et à une division de la branche ophtlial- luifiue de Yillis; en dedans et en haut, une dépression qui loge le coude formé par le muscle grand oblique de l'œil, lorsqu'il s'inlléchit sur la petite lanière fibreuse attachée sur les deux bords de celle dé- pression; enfin, dans l'angle inféro-internc, une fossette profonde terminée par un canal, Creusé dans l'os lacrymal et logeant le sac lacrymal et le conduit qui en part. La paroi osseuse de la face supérieure et du côté externe, se trouve prolongée en arrière par la (jaine oculaire. (]elle-ci est une membrane fibreuse en forme de cornet, dont le sommet s'attache sur le pourtour de l'hiatus orbilaire; elle se fixe en avant sur les os que nous avons énumérés, en se confondant avec leur périoste. La gaîne oculaire est forte et épaisse dans toute la partie externe qui ne s'appuie sur aucun os; du côté interne, elle est beau- coup plus mince et s'applique sur l'os frontal. Elle présente plusieurs ouvertures qui donnent passage à des vaisseaux et à des nerfs ; elle est entourée de tous les côtés par une couche graisseuse assez épaisse, qui l'isole des muscles voisins et de l'apophyse coronoïde du maxillaire, (jui pourraient la comprimer dans les mouvements des mâchoires. Elle renferme dans son intérieur le globe oculaire avec les muscles mo- teurs, les vaisseaux et les nerfs de l'œil. BJiflTôri'iiee»». — Clicz les riuitiiKinfs, rouvortiire antérieure de la cavité (U-biluiii', est lornice parle froiilal, le lacrymal et le zygomulique. L'apopliyse zygomatique du temporal ne s'avance pas jusqu'à l'orbite. Celte ouverture est fortement échancrée à son côté interne, au point d'union du frontal et du lacrymal; le diamètre supéro-inlerieur est plus considérable que le transver- sal; le trou orbilaire, plus volumineux, se trouve reporté en arrière el en dedans; simple à son orilicc inlerne, il se divise cl vient s'ouvrir par un, deux ou trois orifices sur la face nulérieure du frontal. Clic/, le chien, et en général clic/, les carnassiers, l'apophyse orftitaire du FACES LATÉRALES DE LA TETE, io7 frontal ne vient pas rejoindre l'arcade zyjiomaliquo ; elle est remplacée par un fort ligament sur lequel vient s'allaclier le bord antéro-supéricur de la ijaîne oculaire. L'orbite du porc est formée des mêmes éléments que celle des carnassiers. C. MUSCLES DK l'œIL. Les muscles de l'œil sont situes dans une position très-profonde. Je ne sache pas que jus(ju'à présent on ait tenté de pratiquer sur eux les opérations de myotomie si fréquentes en chirurgie humaine dans les cas de strabisme : cette adection d'ailleurs est très-rare chez les grands animaux domestiques ; on en connaît cependant quelques exemples; j"ai eu l'occasion de la rencontrer sur un chien, et M. H. Bouley m'a dit l'avoir observée chez le cheval. Les muscles de l'œil forment deux couches autour du nerf optique : la plus externe est constituée par les muscles droits, distingués en supérieur, inférieur, externe et interne, muscles qui ont des carac- tères communs ; ce sont des bandelettes charnues, minces sur les bords, qui s'unissent à ceux des muscles voisins. La contraction isolée de chacun de ces muscles dirige l'ouverture oculaire du côté du fais- ceau qui se contracte, soit en haut, en bas, en dedans ou en dehors ; ou même dans des positions intermédiaires lorsqu'ils agissent deux à deux. En dedans de cette première couche, on en rencontre une autre for- mée, comme la première, de quatre faisceaux réunis aussi par leurs bords; l'ensemble de ce muscle a reçu le nom de droit postérieur. 11 est relié à l'existence du corps clignotant, car il manque chez les ani- maux qui ne possèdent pas de troisième paupière, le singe et l'homme notamment : c'est surtout la contraction de ce muscle qui tire le globe oculaire vers le fond de l'œil et fait saillir le corps clignotant. Un tissu adipeux abondant, relié à cet appareil, s'interpose entre les deux couches musculaires et entre la plus profonde et le nerf optique. Citons encore les muscles obliques qui font pivoter le globe oculaire dans le cas d'inclinaison de la tète : l'oblique supérieur ou grand obli- que vient du fond de la gaine oculaire, se réfléchit sur un petit tendon, dont nous avons déjà parlé et qui se trouve attaché sur le côté interne de l'orbite : de là, il se rend à la face supérieure de l'œil. L'oblique in- terne part de la face interne de l'orbite et va à la face inférieure de l'a^il. Ces deux muscles sont antagonistes l'un de l'autre lorsqu'on les examine dans le même œil, et au contraire, antagoniste de celui du môme nom dans l'œil opposé, lorsque le parallélisme des axes doit être maintenu dans le cas d'inclinaison latérale de la tète. Le muscle releveur de la paupière supérieure se trouve aussi logé dans la gaine oculaire, tout à fait à la face interne au-dessus du droit supérieur. Des vaisseaux très-nombreux se distribuent dans ces deux couches ou l)ien les traversent pour se rendre au globe oculaire. 138 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Nous citerons l'artcrc ophlhiilmiqiie, un rameau orbilairc, les artères sourcilières, centrale de la rétine. Une veine volumineuse, l'alvéolaire, traverse la gaîne oculaire pour se rendre au sinus caverneux; elle fait communiquer ce dernier vaisseau sanguin aveclaglosso-facialc, ([u'elle vient rejoindre an bord antérieur du masséter, près de son insertion supérieure. Les nerfs aussi sont nombreux ; nous trouvons le nerf delà pi'oniière paire ou nerf optique, nerf fonctionnel de Tœil, celui de la troisième paire, nerf oculaire-moteur commun qui se distribue aux muscles droit supérieur, droit postérieur, interne et inférieur, le [jathélique (jui va seulement au grand oblique, le nerf de la sixième paire qui se rend au droit externe. Enfin, le nerf ophtbalmique de AYillis, qui porte, avec le rameau orbitaire du nerf maxillaire, à toutes les parties de l'œil, la sen- sibilité si exquise dont elles sont douées. f. — DE LA COiNJONCTIVi:. La conjonctive, ainsi que l'indique son nom, unit les paupières au globe de l'œil ; elle tapisse la face antérieure de celui-ci, et, en se repliant des premières sur lui, forme les sinus conjonctivaux supérieur et in- férieur. Dans toute son étendue, la conjonctive est peu adbérenle aux pau- pières et à la sclérotique ; elle est séparée de ces organes par un tissu conjonctif lâche, ce qui lui permet d'éprouver de grands déplacements. Au point (»ù la sclérotique se continue avec la cornée, la conjonctive devient adhérente à la première, puis elle se continue à la surface de la seconde par une mince couche de cellules pavimenteuses. La conjonctive forme dans l'angle nasal de l'Œ'il un épaississement en forme de tubercule, coloré en noir par une couche pigmentée, et possédant dans son épaisseur quelques bulbes pileux très-fins, mais cependant Irès-apparents, c'est la caroncule lacrymale. Elle enveloppe le plus l'extrémité de la paupière clignotante ; nous avons déjà vu jue, lorsque cette dernière est projetée en avant, une partie de la conjonctive oculaire et palpébrale, grâce à sa grande laxité, accom- pagne l'organe dans son mouvement et concourt à l'occlusion de l'œil, en complétant le corps clignotant sur les côtés. Sur le bord tranchant de la membrane clignotante et tout autour de la cornée, la conjonctive revêt un bel aspect bleuâtre, poussé quel- quefois jusqu'au noir, et dû à une accumulation de pigment; aussi, lorsque l'œil est entièrement ouvert, n'aper(;;oil-on pas la sclérotique avec sa couleur blanche caractéristique; il faut pour cela que les paupières soient fortement écartées, ou bien que l'œil soit tourné de côté. Les vaisseaux de la cniijonclive sont très-nombreux et lins; sous rinfiuence d'une inllammation locale et même générale, ils s'injectent FACES LATÉRALES DE LA TÊTE. \oO et sont alors lacilcment apercevahlos après récai'temenldes paupières. C'est même un point que les praticiens ne manquent jamais de con- sulter pour le diagnostic des inflammations générales, car le pigment qui remplit les cellules de Tépiderme ne permet pas, chez les animaux domestiques, de constater la rougeur de la peau. Sous l'influence de certaines maladies, la conjonclive présente des teintes particulières : elle devient jaune dans l'ictère, rouge-violacé dans les inflammalions très-graves; les pétéchies sont un symptôme de Tanasarque, sa i)àleur mate indique l'anémie, etc. (/. — DU G LOUE OCULAIRE. Lorsqu'il est débarrassé des parties qui l'entourent, le globe oculaire a la forme d'un sphéroïde auquel aurait été ajouté à sa partie antérieure un segment d'une sphère plus petite représentée par la cornée. Malgré cette convexité plus grande au niveau de la cornée qu'en tout autre point, le diamètre antéro-postérieur de l'œil ou son axe est cependant plus petit que le transversal. Ceci tient à ce que l'œil est fortement dé- primé en arrière. Nous avons trouvé pour l'axe antéro-postérieur de l'œil 47 millimètres, et pour le diamètre transversal 49 millimètres. Il est fort probable que, lorsque l'œil est entouré de ses muscles et contenu dans l'orbite, cette différence s'efface, si elle ne devient pas même à l'avantage du diamètre antéro-postérieur. En effet, l'œil se trouve comprimé de tous côtés et sur sa convexité par ses muscles, en même temps que la face postérieure est légèrement tirée parla tonicité du droit postérieur, toutes actions qui doivent avoir pour résultat (ainsi que la pression de son propre poids sur la face inférieure de l'orbite), d'agrandir l'axe antéro-postérieur au dépens de son autre diamètre. Une raison qui vient encore militer en faveur de cette manière de voir, c'est que si l'on presse l'œil par sa périphérie, comme il doit l'être dans sa gaîne et de façon à tendre la cornée comme à l'état normal, on voit que Taxe acquiert la dernière dimension, soit 49 millimètres, tandis que le diamètre transversal n'a plus que 45 millimètres. On comprend, d'ailleurs, que ces diamètres doivent varier suivant que les muscles sont en repos ou en activité, et, par conséquent, qu'ils pressent ou tirent plus ou moins la sclérotique. L'œil déborde l'orbite en avant, ce qui amène la convexité des pau- pières fermées ; lorsqu'elles sont ouvertes, on n'aperçoit que la cornée et une zone peu étendue de la sclérotique recouverte de la portion pig- mentée de la conjonctive. En arrière, le globe de l'œil reçoit le nerf optique ; son insertion ne se fait pas au centre du sphéroïde ; l'espace mesuré sur la ligne convexe qui s'étend du bord de la cornée au nerf est deux fois plus petit à la partie inférieure qu'à la supérieure. i60 ANAÏOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Le globe de l'œil présente successivement à étudier : la cornée, la sclérotique, Viris, le cristallin, les deux chambres de l'œil avec Vliu- meur aqueuse, la choroide, la rétine et le corps vitré. Cette description sera très-brève pour certaines parties de l'œil, nous nous en tiendrons aux données applicables à la pathologie. 1° De la cornée et de la sclérotique. — Ces membranes forment i\ elles deux l'enveloppe extérieure du globe oculaire. La cornée est aussi appelée cornée tramparente, et la scléroti(jue, cornée opaque. ha sclérotique occupe environ les neuf dixièmes postérieurs de l'œil; c'est une membrane albuginée, exclusivement fibreuse, formée de fi- bres conjonctives à direction circulaire et antéro-postérieure, extrê- mement serrées les unes contre les autres : elle a une épaisseur va- riable suivant les différents points examinés. Nous avons trouvé que, sur le fond de l'œil, tout à fait en regard de la cornée, l'épaisseur de la sclérotique est de 2™'", 30 : elle diminue petit à petit jusqu'à ne plus présenter que 0°"",o() sur la convexité, enfin la membrane redevient épaisse à sa continuité avec la cornée et acquiert à ce point l'"'",(îO. La sclérotique est percée d'une ouverture postérieure qui donne passage au nerf optique; cette ouverture est remarquablement moins grande que le nerf lui-même au delà de l'œil, le périnèvre ne traver- sant pas, mais se continuant avec la coque fibreuse de l'œil. Si l'on fait passer un méridien par le milieu de la cornée et par le milieu du nerf optique, on peut voir facilement que l'espace qui s'étend entre ce dernier et le point de la scléroti({ue qui touche au bord supérieur de la cornée, est deux fois plus grand que l'espace correspondant infé- rieur : l'ouverture du nerf se fait donc à la réunion du tiers inférieur au tiers moyen de l'enveloppe externe. 11 en résulte (pTelle n'a pas lieu dans le point le plus épais de la sclérotique, puisque ce point corres- pond au milieu du tiers moyen. L'ouverture antérieure de la sclérotique, celle qui est boui'hée parla cornée, a la forme ellipsoïde de la cornée elle-même, elle est taillée en biseau interne pour se continuer avec cette dernière. La cornée transparente, encore appelée vitre de l'œil, est un segment d'un sphéroïde moins grand (jne la sclérotique, clic afiecte une forme ellipti(iue à grand diamètre transversal : c'est une membrane très- forte, épaisse de l'"'",30. Au point de vue de sa structure, la cornée nous montre sa face ex- terne tapissée i)ar une couche de cellules épithéliales dépendantes de la conjonctive, ({ui se trouve réduite en ce point à ces cellules. La cornée elle-même peut se décomposer en plusieurs lamelles superposées, très- transparentes, et d'aulanl plus minces et plus nombreuses qu'on fait la dissection avec plus de soin. Ces couches sont formées de faisceaux de tissu conjonctif très-fins, légèrement ondulés et présentant un grand nombre d'espaces aréolaires aplatis, dont la direction est parallèle à la surface de la meniljrane et connnuniqucul entre eux par des anas- FACES LATÉRALES DE LA TÈTE. 161 tomoses en réseau. Ce tissu aréolaire renferme une sérosité limpide dans l'état ordinaire, mais que l'on vienne à presser latéralement le globe de l'œil, et la cornée s'obscurcit immédiatement pour reprendre sa transparence, aussitôt que cesse la compression. Cette petite expé- rience qui prouve la mobilité de la sérosité dans les lacunes de la cor- née, a porté M. Lecoq à se demander si ce ne serait pas à la compres- sion déterminée par le gonflement de l'œil, au début de l'ophthalmie périodique, que serait dû le trouble de la cornée. La face postérieure de la cornée est tapissée par une fine membrane qui enveloppe toute l'humeur aqueuse et qu'on appelle membrane de Descemet ou de Demours. Les vaisseaux de la cornée sont très-nombreux dans l'embryon. Au moment de la naissance, ils disparaissent en grande partie et ne for- ment plus, chez l'adulte, qu'une zone périphérique peu étendue, ali- mentée par ceux de la sclérotique. Les lymphatiques de la cornée sont loin d'être démontrés. La cornée se vascularise facilement dans cer- tains cas pathologiques. Tout le monde sait que la cornée possède une sensibilité exquise. Les 7ierfs proviennent des nerfs ciliaires et sont anastomosés en réseau. Cohnheim les a vu se terminer dans la couche d'épithélium de la face antérieure. Willis avait, avant que les nerfs de la cornée fussent reconnus par le microscope, démontré la présence de ces nerfs à l'intérieur de la cornée transparente. Les expériences de Magendie démontrent que la cornée se trouble, puis s'ulcère lorsqu'on a coupé la branche ophthal- mique. Différences. ~ La sclérotique du bœuf est beaucoup moins épaisse que celle du cheval, elle reflète sur sa face externe une couleur gris-foncé qui est due à l'accumulation de pigments dans ses couches superficielles. -2° De l'iris. — L'iris est. une membrane de forme elliptique placée perpendiculairement à la partie antérieure de l'œil, au niveau de l'ou- verture antérieure de la sclérotique, en avant du cristallin ; percée à son centre d'une ouverture de même forme appelée pupille, elle représente une sorte de diaphragme destiné à régler l'entrée des rayons lumineux dans l'œil. L'iris sépare le compartiment antérieur de l'œil en deux parties d'inégales dimensions, l'une appelée chambre antérieure, l'autre cham- bre postérieure, celle-ci beaucoup plus petite que la première. La face antérieure de l'iris est plane ou très-légèrement convexe, elle forme la paroi postérieure delà chambre antérieure de l'œil, l'as- pect de cette face est velouté, sa couleur est généralement d'un Ijrun noirâtre, mais elle est susceptible de varier avec les sujets; chez cer- tains animaux, on la trouve presque blanche, et cette coloration a fait donner aux yeux le nom de vairons ; il arrive aussi, mais rarement, que Pelcii et Toussaint. — Chirurgie. H 16'2 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES HÉGIONS. les deux iris n'ont pus la même coloration. On remarque aussi que l'iris présente des stries rayonnées et d'autres circulaires, dues à la présence de libres musculaires. Quant à la face postérieure, elle forme la paroi antérieure de la cham- hre postérieure de l'œil, mais comme elle est presque appliquée exac- tement sur le cristitllin et les procès ciliaires, il en résulte que cette chambre postérieure est réduite à très-peu de chose. On remarque, sur la face postérieure de l'iris, une couche épaisse de pigment noir qui a reçu le nom à'uvée. Il arrive souvent qu'une petite portion de la mem- brane uvée s'échappe et vient faire hernie, par l'ouverture pupillaire dans la chambre antérieure de l'œil, on désigne sous le nom de fungus ou gi'ai7i de suie ce petit corps noirâtre. La grande circonférence de l'iris s'attache exactement au bord in- terne de la sclérotique, mais on ne doit pas oul)lier que la sclérotique est taillée en biseau sur sa face interne; ce biseau ayant une longueur de trois à quatre millimètres, il en résulte que le bord antérieur apparent de la membrane scléroticale dépasse de cette longueur, en avant, l'insertion externe de l'iris. La petite circonférence ou circonférence interne est elliptique comme nous l'avons dit; elle circonscrit l'ouver- ture appelée pupille, elle est sujette à de grandes variations sous l'in- fluence des rayons lumineux, des agents médicamenteux ou de cer- taines maladies. L'examen microscopique de l'iris démontre la présence dans cette membrane d'une quantité assez considérable de fibres musculaires disposées en deux sens : les unes, rayonnées, sont destinées à agran- dir l'ouverture pupillaire ; les autres, circulaires, produisent le mou- vement contraire. Les faisceaux musculaires sont soutenus par une charpente conjonctive. On y rencontre de nombreux vaisseaux radiés. Les nerfs de l'iris viennent du plexus ciliaire, et par son intermédiaire des nerfs moteurs oculaire commun, de la cinquième paire et du grand sympathique. M. Cl. Bernard a démontré /jue la section an sympa- thique au cou, amène la dilatation de la pupille. Cette dilatation est constante aussi après l'arrachement ou la paralysie de la troisième paire ; mais le muscle ciliaire n'a pas cependant perdu la faculté de se contracter. Les nerfs de la troisième et de la cinquième paire pré- sident aux phénomènes de nutrition, et le synqKilhique règle les con- iractions. UiflVreiiceM. — Dans le bn'ul', la face antérieure de l'iris est généralement plus claire que chez le cheval ; on y remarque de nombreux plis radiés en se rapprochant de la grande circonférence. L'iris du mouton est d'une couleur brun-jaunàlrc. Chez le chien, la coloration varie beaucoup; la pupille est ronde. Le chat possède une pupille on forme de fente allongée verticalement, elle est plus dilatable que chez aucun autre animal domestique. 'A° Du cristallin. — Le cristallin est un corps transparent, eu forme de FACES LATÉRALES DE LA TETE. 163 lentille biconvexe, placé en regard de la pupille, soutenu et comme enchatonnc dans la petite circonférence des procès ciliaires. Les deux faces du cristallin ne possèdent pas, à beaucoup près, la même courl)ure, l'antérieure étant moins prononcée que la postérieure, dételle sorte que sur un cristallin dont le diamètre antéro-postérieur est de 13 millimètres, la courbure antérieure aura une flèche de 4 mil- limètres seulement, ou si l'on veut, un plan passant par l'intersection des deux courbures, divisera le cristallin en deux segments, dont l'é- paisseur sera de -4 millimètres pour l'antérieur et de 1) pour le posté- rieur, la courbure postérieure est uniforme, l'antérieure est moins prononcée au centre. Le diamètre vertical du cristallin est de 17 ;\ lu millimètres. Le cristallin est formé d'une membr;ine d'enveloppe, capsule du cristallin, et d'un tissu propre. La capsule cristallinienne est une mem- brane transparente, assez épaisse, qui entoure la substance propre sans lui adhérer; elle en est même séparée par un liquide clair, semi- tluide qu'on a appelé humeur de Morgagni. Par sa circonférence la cap- sule adhère intimement aux corps ciliaires ; la face postérieure adhère aussi, chez certains animaux, à la membrane hyaloïde; chez le bœuf, cette adhérence est assez intime, pour qu'il soit difficile d'enlever l'hu- meur vitrée sans déchirer la capsule cristallinienne. La membrane hyaloïde du cheval, beaucoup plus molle, d'ailleurs, ne possède que des adhérences très-légères. La structure de la capsule du cristallin est un des points qui ont le plus préoccupé les histologistes, car on admet généralement qu'elle sécrète le cristallin, et cette structure présente une grande importance dans la cataracte au point de vue de la régénération de cet organe. Quant au tissu propre, il est disposé en couches concentriques dont la densité augmente de la surface au centre : presque fluides à la sur- face, tandis qu'au centre elles se laissent à peine écraser entre les doigts. Cette disposition est extrêmement importante au point de vue de la réfraction des rayons lumineux ; l'indice de réfraction des couches cristalliniennes augmentant de la superficie vers le centre, amène la formation du foyer, en un point unique et fait disparaître ou atténue considérablement le cercle de dilfusion. i» De ï humeur aqueuse. — Ainsi que l'indique son nom, l'humeur aqueuse qui se trouve située dans les chambres antérieure et posté- rieure est un liquide transparent, incolore, et dont la densité se rap- proche beaucoup de celle de l'eau. Ce liquide est sécrété par une membrane particulière, d'une minceur extrême, qui tapisse la face postérieure de la cornée, l'iris, le procès ciliaire et la face antérieure du cristallin et qu'on a appelé membrane de Descemet ou de Demours quoiqu'elle ait été signalée par Zinn pour la première fois. 5" De la choroïde. — La choroïde est une membrane mince, reflétant une couleur foncée; appliquée à la face interne de la sclérotique, elle 164 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. se rclléchit au niveau du bord antérieur de cette membrane pour for- mer le corps ciliaire, borde lui-même par le cercle ciliaire. La partie postérieure de la choroïde, zone postérieure ou choroïdienne, très-mince, est recouverte par la sclérotique et adhère assez intime- ment à cette membrane par une foule de tractus très-fins et de vais- seaux capillaires, mais elles peuvent assez facilement être séparées l'une de l'autre par la dissection. La face interne de la choroïde est la'pissée par la rétine, mais ne lui adhère en aucun point. La mem- brane choroïdienne est percée vers son fond par une ouverture qui donne passage au nerf optique. L'ouverture antérieure de la partie que nous envisageons en ce moment, est séparée de la zone ciliaire par une ligne appelée ora serrata. La choroïde est une membrane assez compliquée au point de vue de sa structure; ses couches externes sont formées de tissu conjonctif, de réseaux nerveux et de plexus vasculaires très-fins, mais la couche in- terne ou couche épithéliale mérite plus particulièrement d'attirer notre attention. Elle est formée par une couche de belles cellules hexago- nales pavimenteuses, renfermant des granulations pigmentaires qui donnent à l'organe une couleur différente suivant les points envisagés. Elle est très-noire dans la partie inférieure de l'œil jusqu'à environ 2 à 3 millimètres au-dessus du nerf optique ; puis à partir de ce point, on voit la couleur noire être brusquement remplacée par une zone où se marient les couleurs les plus brillantes, possédant même un beau reflet métallique; elle est d'abord d'un bleu verdâtre au milieu et verte sur les côtés ; en remontant ensuite vers la face supérieure, la cou- leur devient azurée, puis elle cède la place à une zone verte, émaillée de reflets d'un jaune doré, et enfin on remarque que cette partie verte se transforme en brun-violacé, qui se fond bientôt dans une couleur noire intense. Cette portion claire de la choroïde est désignée sous le nom de tapis ou tapétum. La papille, c'est-à-dire le point circu- laire ou légèrement elliptique, par où le nerf optique pénètre dans le fond de l'œil, reflète une couleur rose-jaunâtre. Lorsque la couche épithéliale est enlevée de la surface de la choroïde, celle-ci possède une couleur moins foncée. Les parties noires deviennent brunes ou violacées, et les parties claires offrent une couleur plus vive. La membrane choroïdienne transforme la cavité postérieure de l'œil, en une véritable chambre noire. La zone antérieure ou ciliaire de la choroïde se compose du cercle ci- liaire et du corps ciliaire. Le cercle ciliaire n'a qu'une largeur de 1 milli- mètre 1/2 environ. Sa face externe touche à la sclérotique et lui adhère intimement, linterne se continue avec le corps ciliaire; son bord an- térieur donne attache à la circonférence de l'iris. C'est un organe con- tractile, formé de fibres cellulo-musculaires, possédant un riche plexus nerveux pourvu de ganglions très-petits. Le cercle ciliaire a pour usage, d'accommoder l'œil pour la vIsIdu à des distances différentes, ha corps FACES LATÉRALES DE LA TETE. 165 f:iliaire est une dépendance de la choroïde, qui se replie en arrière de l'iris et enserre dans sa petite circonférence le cristallin ; il a la forme d'un cercle large, de couleur absolument noire. Il forme des plis radiés, rayonnants, disposés très-régulièrement qui sont appelés procès ciliaires. Au nombre de 110 à 120 chez le cheval, ils sont recouverts en arrière par une dépendance de la rétine à laquelle on a donné le nom de zone de Zinn. 6° De la rétine. — La rétine est la partie essentielle du globe de l'œil. Continuée en arrière par le nerf optique, dont elle est considérée comme l'expansion terminale, elle s'étend à la face interne de la choroïde et se termine en avant à la zone de Zinn. Cette dernière partie qui doit même être considérée comme le prolongement de la rétine, se moule exactement sur les procès ciliaires dont elle répète la forme radiée, ce qui lui donne l'aspect d'une fraise du temps de la Renaissance. Sur un œil dont on a enlevé le corps vitré, la rétine renversée sur elle-même Hotte dans la cavité libre et n'adhère que par un seul point, par le nerf optique, à la face interne de l'œil. La rétine possède des vaisseaux, Y artère et la veine centrales, de la 7'étine, qui se divisent en deux branches, l'une supérieure, l'autre inférieure, et se relient au vaisseau ciliaire par de fines anastomoses. 7° Du corps vitré. — Le coi'ps vitré ou Vhumeur vitrée occupe toute l'étendue de la cavité oculaire située en arrière du cristallin. Lorsqu'on le met en liberté par l'incision des me>mbranes, il a la forme d'une gelée incolore absolument transparente, qui s'échappe tout d'un coup et en entier de la coque de l'œil, ce qui a pour résultat de plisser la rétine, et de flétrir l'œil. Le corps vitré est enveloppé par une mem- brane désignée sous le nom de membrane hyaloïde qui s'applique exac- tement contre la face interne de la rétine. Cette membrane envoie de sa face profonde des prolongements aréoles, lesquels maintiennent entre leur mailles le liquide qui compose l'humeur vitrée. Il en résulte que si l'on presse fortement entre les doigts l'humeur vitrée, il s'é- coule un liquide clairet il ne reste bientôt plus qu'une membrane ex- trêmement délicate presque imperceptible. DifTôrences. — Chez le bœuf, l'humeur vitrée est beaucoup plus consis- tante que chez le cheval. La pression du doigt ou l'incision divise le corps en petits fragments qui conservent assez longtemps leur forme, de plus la mem- brane hyaloïde se trouve soudée très-intimement à la face postérieure du cristallin et de la zone de Zinn. 5$ 7. — De l'appareil lacrymal. Nous étudierons successivement dans cet appareil : 1° L'organe de sécrétion des larmes ou la glande lacrymale; 2° Les points et les conduits lacrymaux ; 3° Le sac lacrymal et le canal nasal. 106 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. 1" Organe de sécrétion des larmes. — l.a glande lacrymale est située entre l'apophyse orbitaire du IVontal et l'aponévrose constituant le tendon du releveur de la paupière supérieure. Elle est convexe sur sa face supérieure qui est en rapport avec la face interne de l'apophyse or])itaire, concave sur sa face inférieure pour se mouler sur les organes conve.Kcs qu'elle recouvre. C'est une glande en grappe, formée par des granulations ténues réunies par du tissu conjonctif; elle donne nais- sance à dix ou douze canaux excréteurs très-lins, qui viennent s'ouvrii- dans le sinus conjonctival supérieur près de l'angle nasal de l'œil, et auxquels on a donné le nom de canaux hygrophthnbniques. Le rôle de Ja glande lacrymale est de sécréter les larmes, dont l'usage est d'humec- ter la face antérieure de la cornée ainsi que la conjonctive, et de faciliter le glissement des paupières en même temps que d'empêcher la dessic- cation de la cornée qui ain^ait pour résultat la perte de sa transpa- rence. Sous l'inlluence de l'inflammation de la conjonctive la sécrétion des larmes est considérablement augmentée. Les émotions morales qui produisent aussi cet effet chez l'homme, paraissent dans certains cas, avoir une même influence sur quelques espèces animales et notamment le chien et quelques ruminants. 2° Points et conduits lao'i/uiaux. — Les points lacrymaux sont les i)ri- lices palpébraux des conduits lacrymaux, ils sont au nombre de deux et situés à chaque paupière, l'un au-dessus, l'autre au-dessous de la caroncule hurymale, le supérieur est creusé à la face interne de la paupière supérieure ; pour le trouver, il est nécessaire de relever avec le doigt l'extrémité interne de la paupière: son diamètre assez con- sidérable, peut recevoir des stylets de 1 millimètre i/2 de diamètre; le point lacrymal inférieur est situé tout à fait sur le bord libre de la paupière inférieure, en regard de la caroncule lacrymale, il est plus large que le supérieur. Les conduits lacrymaux qui font suite aux points lacrymaux, possè- dent des parois minces creusées dans l'épaisseur des paupières. Le conduit lacrymal supérieur est plus long que l'inférieur; lorsqu'on l'insuffle, on voit qu'il est situé immédiatement sous la conjonctive dans sa partie supérieure, il s'infléchit ensuite en avant pour venir aborder le sac lacrymal un peu en airière de l'insertion du conduit inférieur, l^a muqueuse qui tapisse les cinuluits, dépendance de la mu- queuse-conjonctivale, est tapissée par un épithélium pavimenteux à couches stratiflées. Leur largeur [)ermet le cathétérisme avec des sondes assez volumineuses. :]" Du sac tacri/mal et du canal nasal. — Le sac lacrymal qui n'est autre chose que l'extrémité supérieure et un peu renflée du canal nasal, tapisse la cavité creusée dans Von lacrymal et reçoit les conduits lacry- maux ; il diffère de ces conduits en ce que l'épithélium qui le lajjisse est vibratile au lieu d'être pavimenteux. Quant au canal nasal, c'est un long conduit (jui part du sac la- FACE POSTÉRIEURE DE L\ TÈTE. I(j7 cM'vmal pour venir se terminer dans le naseau. Dans sa partie supé- rieure, le canal membraneux se trouve enfermé dans un canal osseux, creusé dans l'épaisseur des os maxillaire et lacrymal; plus bas, il est logé dans la scissure oblique en bas et en avant de l'os maxil- laire, il passe entre les deux cornets et pourrait se limiter, à Texte- rieur, par une ligne oblique passant î\ un centimètre environ au-dessus du trou sous-orbitaire; l'extrémité inférieure du canal nasal vient s'ou- vrir par un orifice à bords nets vers la commissure inférieure des na- rines, au point où la peau des naseaux se continue avec la muqueuse des fosses nasales. On désigne cet orifice par le nom d'égout nasal. Chez Vnne et le mulet, l'égout nasal se trouve percé à la face interne de l'aile externe du nez. La muqueuse qui tapisse le sac lacrymal et le canal nasal, est en continuité directe avec la conjonctive; mais le point où le canal vient s'ouvrir dans les narines, sépare cette muqueuse de la pituitaire. Ces deux muqueuses ne sont donc pas continues l'une à l'autre, c'est ce qui explique pourquoi dans les inflammations de la muqueuse nasale, on ne rencontre pas toujours, comme cela se voit chez les carnassiers par exemple, une inflammation concomitante de la conjonctive, mais cela a lieu fort souvent toutefois. CHAPITRE ll[ FACE POSIÉRIELRE DE LA TÈTE Cette face, exactement limitée par le bord postérieur des branches du maxillaire et le corps de cet os, représente une sorte de V allongé, dont l'ouverture postérieure s'avance jusqu'à la partie antéro-supé- rieure de rencolure, à laquelle (Ui donne^ communément le nom de gorge. Nous diviserons la face postérieure de la tète en deux régions : Y espace inter-maxillaire ou région de l'auge et la région labiale infé- rieure dans laquelle nous ferons rentrer \à^Qi\i& région mentonnière. § 1. — Espace intermaxillaire ou région de l'auge. Cette région occupe l'espace compris entre les deux branches du maxillaire inférieur par lesquelles elle est très-bien limitée. Elle a donc extérieurement la forme d'un triangle dont la base postérieure est limitée par le bord antérieur de l'encolure, le sommet s'arrête à la sym- physe maxillaire. En raison de son étendue et des couches très-différentes que la dis- 168 ANATOMIF SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. section démontre dans celte région, il sera bon, croyons-nous, de la diviser en deux parties, l'une postérieure, la plus large et de beaucoup la plus importante, ;\ laquelle nous donnerons le nom de région soiis- liyo'idienne, l'autre antérieure, très-rétrécie, que nous appellerons su- blinguale. a. — HKGION SOUS-HYOIDIENN'E. Elle s'arrête au niveau d'une ligne qui réunirait les scissures maxil- laires ou mémo la pointe de l'hyoïde. La peau qui recouvre cette région est mince, peu adhérente, et recouverte de poils mous et courts parsemés d'autres beaucoup plus longs. L'extérieur de la région est très-importante ;i considérer au point de vue du diagnostic des maladies dont elle est si souvent le siège. Chez l'animal sain, l'espace intermaxillaire est parfaitement évidé, ce qui lui a fait donner le nom d'auge ; les ganglions, que l'on perçoit très-bien sous la peau fine et mobile, sont petits, groupés et tout à fait indolents; enfin, on doit très-bien sentir le corps de l'hyoïde et son prolonge- ment antérieur qui occupe le milieu de la région. L'auge toutefois est moins évidéc chez les animaux jeunes et adultes que chez les vieux. Chez les jeunes, on la rencontre même assez souvent presque remplie, sans que cette disposition puisse être considérée comme un signe de maladie. Au-dessous de la peau, on trouve un tissu conjonctif peu abondant qui l'unit au muscle peaucier. Celui-ci qui s'étend en couche continue sous la peau, est formé par des fibres pâles à direction longitudinale. Le tissu conjonctif situé au-dessous du peaucier, est très-abondant, surtout chez les sujets lymphatiques; c'est dans intérieur que se développent les abcès si fréquents ([uc Ton rencontre dans la région. Les ganglions in ter-maxillaires se trouvent situés au luiliiMi de cette couche cellulaire ; ce sont eux qui, en s'cnflammant, doiiiuMil lieu à la plupart des abcès de l'auge. Ils lorment deux séries longitudinales appli([uées contre le muscle ptérygoïdien interne et s'étendent du bord ijoslérieur du maxillaire au niveau de la scissure. A ce point, on rencontre une masse trans- versale de ])elils ganglions qui relient l'une fi l'autre les deux séries longitudinales. Les ganglions logés dans deux sortes de gout- tières formées par le ptérygoïdien interne en dehors et le bord externe des omoplatshyoïdiensen dedans, s'avancent assez profondément pour s'appli(pier sin- le bord inférieur de la glande sous-maxillaire. Leur vo- luuie varie de la grosseur d'une lentille à celle d'un haricot; ils sont au nombre d'i\ peu près 25 à 30 de chaque côté, (pielques-uns d'entre eux ont un aspect noirâtre ou grisâtre, qu'ils doivent à des accumu- lations de matière pigmcntaire. Nous décrirons encore, comme appar- tenant à celle couche, trois organes qu'il est delà plus haute impor- FACE POSTERIliURE DE LA TETE. 169 tance de ne pas blesser dans les opérations si fréquentes que l'on est appelé à pratiquer dans l'auge. Cette dérogation à notre manière de procéder sera suffisamment rachetée par l'avantage qui résultera du coup d'œil d'ensemble jeté sur les trois vaisseaux principaux de la région et sur leurs rapports réciproques. Les trois conduits dont nous voulons parler sont, en procédant du plus superficiel au plus profond, le canal de Sténon, la veine glosso- faciale et l'artère du môme nom. Tous les trois sont situés sur les côtés de la région et très-exactement appliqués contre les fibres du muscle ptérygoïdien interne. Ils arrivent à se toucher dans la scissure maxil- laire et sont d'autant plus distants les uns des autres qu'on se rap- proche davantage du bord postérieur du maxillaire. Le canal de Sténon, le plus rapproché du bord, traverse l'espace en suivant une direction à peu près rectiligne ; il forme la corde d'un segment de cercle dont le bord convexe du maxillaire représente l'arc, segment dont la flèche serait de deux à trois centimètres environ. La veine, qui vient ensuite, est éloignée du canal de Sténon de deux centimètres environ en arrière ; elle reçoit vers le milieu de son par- cours inter-maxillaire la veine sublinguale, gros vaisseau d'un volume à peu près égal au sien et dont la position doit être bien connue. Elle vient de la langue, traverse le muscle mylo-hyoïdien et passe au milieu de l'amas ganglionnaire pour arriver à la veine principale. Quant à l'artère, elle provient de la carotide interne, et émerge par conséquent des parties profondes; elle ne se montre que dans la moitié inférieure de la région, et se dirige très-obliquement en bas pour atteindre la scissure maxillaire en avant des deux autres conduits. A la distance d'un travers de main en arrière de la scissure, il n'est plus guère de danger de l'atteindre. Une couche musculaire succède à la couche si compliquée que nous venons de décrire; elle est formée par la terminaison hyoïdienne des nmscles sterno-hyoïdien et omoplat-hyoïdien. Loin d'être complète, elle occupe seulement la partie médiane, en laissant de chaque côté d'elle un espace qui est, ainsi que nous l'avons déjà dit, occupé par du tissu conjonctif au milieu duquel se trouvent les chapelets de gan- glions. Lorsqu'on a enlevé les muscles omoplat et sterno-hyoïdiens, on découvre le prolongement antérieur de l'hyoïde, son corps et ses cornes ; plus en arrière, la face inférieure du larynx sur laquelle on re- connaît le corps du thyroïde, la membrane crico-thyroïdienne, le cri- coïde, le premier cerceau de la trachée et les glandes thyroïdes re- couvertes en partie par le petit muscle sterno-thyroïdien. De plus, de chaque côté du larynx on rencontre la moitié inférieure des glandes sous-maxillaires avec les vaisseaux et les nerfs qui les accompagnent ;\ leur bord supérieur. L'appareil hyoïdien sera décrit à l'article bouche, le larynx sera 170 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. compris dans la région de la gorge, nous n'avons donc pas à nous en occuper ici, mais il nous reste à signaler les muscles qui, recouvrant la face interne des branches du maxillaire, l'orment les parois latérales de la cavité inter-maxillaire. Nous voulons parler des ptérygoïdiens internes, Irès-l'orts muscles que leur analogie avec le muscle masséler a fait nommer masséters internes. Ces muscles sont croisés à leur face interne par le digastrique dont la première partie s'arrête sur le bord postérieur du maxillaire, tandis que la deuxième va s'insérer par des libres ajjonévrotiques très-fortes sur la partie droite de ce bord, jus- (lu'auprcs de la symphyse du menton; le tendon qui réunit les deux ventres de ce muscle, coupe ;\ peu près à angle droit la direction des libres du ptérygoïdien interne et passe dans l'anneau du grand kérato- hyoïdien. Vaisseaux et nerfs. — Nous avons déjà fait connaître la position des deux vaisseaux glosso-faciaux et du canal de Sténon, les principaux conduits de cette région. Nous citerons encore le canal de Warthon, qui longe le bord supérieur de la glande sous-maxillaire et les quelques vaisseaux innominés qui se rendent à cette glande. (Juant aux ne)'fs, situés bien assez profondément pour être généra- lement soustraits aux causes vulnéranles extérieures, ce sont les nerfs hypo-glosse et glosso-pharyngien, appliqués comme les vaisseaux sur le muscle ptérygoïdien interne, en dedans des branches de l'hyoïde, le nerf lingual et le mylo-hyoïdien compris entre la face externe du masséter interne et la branche du maxillaire. De l'étude minutieuse de cette région, découlent des indications chirurgicales parfaitement précises. Nous attirerons l'attention sur les points principaux; les organes musculaires, nerveux et les canaux d'excrétion des glandes salivaires parotide et sous-maxillaire, se trou- vent tous situés symétriquement sur les parois latérales de l'espace, et pour la plupart appliqués contre le muscle masséter interne, soit à sa face interne. 11 y a une seule exception très-imp(U'tante à cette règle générale, c'est la présence de la veine sublinguale dans la moitié anté- rieure de la région sous-hyoïdienne, et au milieu du paquet de ganglions transversaux. Une deuxième observation non moins iiii[)ortanle résulte de l'étude des ganglions et du milieu dans le(|uel on les rencontre. Ces ganglions, en eflet, accompagnent les canaux de la région, ce qui serait une circonstance très-défavorable si l'on devait agir sur eux ;\ l'état sain ; mais, chaque fois qu'un abcès se développe dans l'espace inter-maxil- laire, cet abcès tend à éloigner la peau des parties profondes, tandis que les vaisseaux et conduits ne peuvent quitter leur position : il est donc facile de comprendre d'après cela que la ponction faite le plus loin possible de la paroi et la plus rapprochée du milieu de l'auge sera toujours complètement iuolfensive dans la moitié postérieure. Il n'en est pas de même si l'on a à agir sur la moitié antérieure ; là, FACE POSTÉRIEURE DE LA TÊTE. i"l en effet, se rencontrent les deux veines sublinguales; mais ces veines, de même que les vaisseaux latéraux, sont lixes, tandis que l'abcès ou la tumeur, ne pouvant se développer par eu haut, s'agrandira aux dépens des deux couches extensibles situées au-dessous de lui, je veux parler du peaueier et de la peau ; il s'éloignera donc d'autant plus de cette veine (pi'il sera plus volumineux, et il ne pourra non plus arriver d'accidents, si le bistouri est parfaitement limité. On voit donc par là que, malgré sa complication et la fréquence des tumeurs qui s'y rencontrent, l'espace inter-maxillaire est un des points du corps où il est le plus facile d'éviter des accidents graves. Nous ne parlons pas de la possibilité d'atteindre le larynx par cette voie, c'est un accident qui n'arrivera certainement jamais si l'on a soin de donner à la portion pénétrante de l'instrument une longueur me- surée. Mais si l'on devait avoir à faire l'extirpation des ganglions, les diflicultés seraient bien plus grandes, car nous avons dit que ces or- ganes se trouvent rapprochés des vaisseaux. Cependant comme l'abla- tion n'a de raison d'être qu'autant que les ganglions sont devenus vo- lumineux, on évitera des accidents graves en ayant soin de les dissé- quer exactement un à un, le tranchant du bistouri étant toujours tourné du côté du ganglion. //. ^ RÉGION SI'BLINGUALK. La région subUnguale est beaucoup plus simple que celle que nous venons d'examiner, elle s'étend de la scissure maxillaire jusqu'à la symphyse du menton. Les deux premières couches, peau et tissu con- jonctif sous-cutané, sont les mêmes que dans la précédente région. Le peaueier présente seulement quelques rares fibres musculaires, à peine, suffisantes pour séparer les deux couches de tissu conjonctif entre les- (luelles il se trouve, de sorte qu'on pourrait parfaitement décrire une sinqjle couche conjonctive, formée de tissu lâche et abondant. On ren- contre encore quelques ganglions dans cette couche, mais ils sont très- peu nombreux en avant de la scissure. De chaque côté, intimement appliqués sur l'os maxillaire, nous trou- vons le ventre inférieur du digastrique et surtout l'aponévrose termi- nale qui attache ses fibres au bord inférieur de l'os. Dans le plan médian et sur les côtés: l" Le muscle mylo-hyoïdien (jui renqilit le rôle d'une sangle destinée à supporter la langue, attaché sur iliyuïde en arrière et de chaque côte sur la ligne myléenne ; ses libres sont transversales et se réunissent sur un raphé fibreux médian. Au-dessus se trouvent les deux muscles similaires génio hyoïdiens, nmscles allonges et fusiformes, dont les fibres affectent la direction de l'axe de la région. Enfin, sur les côtés, entre les muscles propres de la langue et le mylo- hyoïdien, la glande sublinguale, aplatie d'un côté à l'autre, tranchante 1~2 ■ ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. sur toute sa circonférence, qui laisse échapper de son bord supérieur une vingtaine de petits canaux excréteurs, désignés sous le nom de canaux de Hivinus, dont les tubercules d'excrétion sont situés en séries longitudinales, de chaque côté de la langue, dans le fond du canal lingual. A sa face interne passe le canal de Warthon. Les artères sont fournies par la sublinguale; dans chaque muscle mylo-hyoïdien, le sang est apporté pai* un vaisseau assez volumineux, qui est situé dans son milieu et laisse échapper des branches transver- sales dont la direction est la même que celle des libres du muscle. Une veine satellite accompagne cette artère et s'ouvre dans la sublin- guale. Le ne?/ spécial au mylo-hyoïdien est un grêle filet du maxillaire infé- rieur, il s'ap[)]i(iuo très-intimement contre la branche du maxillaire, et aborde le muscle à son bord postérieur pour se distribuer ii sa face externe avec les divisions de la branche venue de l'artère sublinguale. § 2. — Région labiale inférieure. Cette région ressemble d'une façon très-parfaite à la région latérale supérieure, aussi aurons-nous très-peu de chose à changer à ce que nous avons dit (voy. page 132). Les deux téguments renferment entre eux la portion inférieure du muscle orbiculaire. (Test sur les côtés de ce muscle que viennent se perdre les tendons du muscle maxillo-labial. Signalons aussi dans la lèvre inférieure des tentacules plus nombreux qu'à la supérieure. On trouve en arrière de la lèvre inférieure un renflement particulier qui a été appelé houppe du menton. La région mentonnière du cheval ne mérite pas, ;\ proprement parler, d'être séparée de la région labiale. Comme sur celle-ci, on trouve une peau épaisse, très-intimement adhé- rente au tissu musculaire qui en foi-mc la base. Les fibres de ce tissu aiïectent des directions dinerenlcs, la plupart sont transversales, d'autres verticales; celles-ci s'attachent sur la l'ace inférieure du corps du maxillaire et représentent les mitoyens postérieurs, dont les fibres passent à travers celles du muscle transversal. Les vaisseaux sont les divisions des artères et des veines coronai- res qui viennent s'anastomoser avec l'artère sortie du trou mentonnier. Les nerfs, très-nombreux, font de la houppe du menton une des régions les plus sensibles de l'économie ; ils sont formés par le trijumeau et sortent du conduit dentaire inférieur par le trou mentonnier, pour se distribuer par gros faisceaux dans toutes les parties de cette région. Comme t\ la lèvre supérieure, on applique assez fréquemment, à la houppe du menton, des appareils constricteurs pour produire la dou- leur dériva tivc de celle (pie les opérations doivent causer. FACE POSTÉRIEURE DE LA TETE. 173 §3. — De la bouche. Le mot de bouche a plusieurs significations dans les arts et dans les sciences naturelles. Au point de vue de l'esthétique pure, il peut servir à désigner seulement l'ouverture extérieure circonscrite par les lèvres. Plus généralement, on donne ce nom à l'ensemble de la cavité qui forme la première partie des voies digestives, et qui renferme la langue. Entin une signilication qui intéresse tous ceux qui s'occupent de che- vaux, c'est celle qu'emploie l'art de l'équitation et qui sert à désigner les différents degrés de sensibilité de certaines de ses parties, sensibilité que le cavalier exploite avec le mors pour diriger sa monture. Pour nous, le mot de bouche comprend, comme en anatomie descrip- tive, l'ensemble de la cavité buccale avec ses parois et les organes qu'elle renferme. Il nous paraît donc nécessaire, après avoir décrit la cavité, d'en étudier les différentes parties de l'intérieur vers l'extérieur, car c'est vraiment de cette façon que procède le chirurgien, lorsque son interven- tion est réclamée par les affections assez fréquentes de cette région. Dans le squelette, la bouche est circonscrite supérieurement par les os petits et grands sus-maxillaires et les palatins ; latéralement par les branches du maxillaire ; inférieurement les muscles mylo-hyoïdien et génio-hyoïdien forment une soupente sur laquelle s'appuie la langue, soupente complétée en arrière par le corps de l'hyoïde et les muscles (|ui viennent s'y attacher, c'est-à-dire les sous-scapulo-hyoïdiens et les sterno-hyoïdiens. La bouche est donc allongée dans le sens de la tète : son grand dia- mètre s'étend de l'ouverture antérieure à l'isthme du gosier, son dia- mètre transversal de l'une à l'autre joue, et le vertical du palais au fond du canal lingual. Les arcades dentaires circonscrivent un espace médian occupé par le palais et le canal lingual avec la langue, et limitent en dedans un autre espace périphérique dont la paroi extérieure est formée par les joues et les lèvres. Lorsque la bouche est fermée, le vide est très-peu considérable à son intérieur, la langue remplissant presque complètement l'espace limité par les arcades dentaires et les joues et les lèvres venant elles-mêmes s'appuyer sur ces arcades ; mais lorsqu'elle est ouverte, il se forme un vide angulaire dont le sommet correspondant à la base de l'épiglotte, et d'autant plus considérable que la bouche est plus largement ouverte. Dans toute son étendue, la bouche est tapissée par une muqueuse résistante qui acquiert même, dans certains points, une épaisseur et une force considérables. Elle prend différents noms répondant à ceux des organes qu'elle revêt ; la partie qui enveloppe la base des dents, a reçu celui de gencives. La muqueuse buccale se continue sur le bord libre des lèvres avec la peau, avec la muqueuse pharyngienne par l'isthme et jusque dans l'intérieur des glandes salivaires par l'intermé- nt ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. diaire de leurs canaux excréteurs. Tous les points qui doivent se trouver en contact avec les aliments sont recouverts par un épithcliuni épais, souvent corné, d'une très-grande rudesse : tel est celui des joues, du palais et surtout de la face supérieure de la langue ; dans les parties que les aliments ne touchent que d'une façon accidentelle, comme les côtés et le frein de la langue, celle-ci possède au contraire une très-fine muqueuse et un épilliélium peu résistant, quoique toujours stratifié. La muqueuse de la bouche comprend dans son épaisseur des glandules en grappe qui versent leur fluide, connu sous le nom de salive, ;\rin- tcricur de l'organe ; on les rencontre sur la partie qui recouvre les lè- vres, les joues, les faces latérales et la base de la langue, et le voile du palais. De plus la muqueuse de la partie supérieure de la langue i)os- sède un grand nombre de papilles que l'on a divisées, d'après leur forme, en papilles filiformes, funf/iformes et caliciformes, renfermant pour la plupart des terminaisons nerveuses particulières qui en font des organes de la gustation. La bouche présente à étudier : l'ouverture antérieure et quatre parois : une ^n\wv\vuvc, \a. voiite ])alatine; Acux latérales, les yoMes; une infé- rieure, le canal lingual mal circonscrit en arrière où il est rempli par la lanf/ue; et une postérieure formée par le voile du palais. a. — Rl'GlÛN SUPKRIEUIUC OU DU PALAIS. Le palais ou la voûie palatine est compris entre l'arcade dentaire supérieure et le bord antérieur du voile ; il présente î\ considérer : 1° La muqueuse ; î2° Une couche vasculaire ; 3° Le squelette de la région ; 4° Des vaisseaux et des nerfs. 1" Luîmigiieuse très-épaisse, est partagée en deux parties s} métriques pai- un sillon longitudinal médian, duquel parlent dix-huit à vingt sillons transversaux plus rapprochés les uns des autres dans la partie postérieure que dans l'antérieure. Ces sillons laissent entre euxdes saillies formées par la réunion de deux plans inclinés, celui qui regarde en avant étant beaucoup jjIus oblique que le postérieur, d'où il résulte que les sub- stances alimentaires glissent très-facilement vers le fond de la bouche et y sont retenues par le plan postérieur presque perpendiculaire. 2° La couche vasculaire n'est autre chose que le réseau admirable des veines palatines, réseau tellement serré qu'il n'admet qu'une très- petite quantité de tissu conjonctif intermédiaire. Dans la partie anté- rieure, les veines qui forment le réseau sont d'un calibre plus petit qu'en arrière; les plus petites qui sont les plus superficielles, s'enfon- cent dans les saillies de la muqueuse, de sorte qu'on peut voir dans cette couche une répétition des sillons, mais moins accusés cependant que dauo cette dernière meinhiane ; les veinules, dans la partie anté- rieure, sont superposées les unes aux autres, au nomlue de six à huil ; FACE POSTÉIUEURE DE LA TETE. 17;i en arrière, elles sonl plus volumineuses el ne forment plus qu'une couche double ou même simple. L'existence d'un réseau veineux aussi développé explique très-bien l'abondance des hémorrhagies dans les cas de plaies du palais et la diCliculté de l'hémostase lorsque la saignée a été pratiquée sur cette région. 3° Le squelette est formé par les petits et les grands sus-maxillaires en avant, et parles os palatins en arrière. La couche osseuse n'est in- terrompue qu'à la partie antérieure, vis-à-vis des fentes incisives. \° Les arthes palatines sont des vaisseaux volumineux qui passent dans le trou palatin, suivent la scissure palatine et s'avancent à la ren- contre l'une de l'autre pour s'anastomoser à plein canal sur la ligne médiane, au niveau du troisième sillon de la muqueuse. Le tronc unique qui résulte de cette anastomose traverse le trou incisif pour aller s'épui- 'ser dans la lèvre supérieure, après s'être anastomosé avec les coronaires supérieures. La position des artères palatines au niveau du troisième sillon est importante à connaître, car on doit pratiquer la saignée au palais en arrière de ce sillon pour éviter de blesser des artères aussi volumineuses ; et si Ton fait usage, pour cette opération, d'un bistouri, il faut que son tranchant soit tourné vers le fond de la bouche, pour éviter que, par une éekappée, l'arcade des artères ne se trouve atteinte. Les veines qui forment le réseau admirable du deuxième plan, se réunissent en arrière dans des troncs assez volumineux qui passent dans la scissure staphyline et vont déboucher dans la veine buccale. Les ?«er/s palatins sont satellites des artères, ils forment une sorte de réseau autour de celles-ci et s'épuisent dans les vaisseaux et le tégu- ment. Ils proviennent de la cinquième paire. nifféreiices. — Le palais des ruminants offre une grande étendue ; il est tout à fait lisse en arrière. Cette disposition bien difierente de celle du cheval correspondu la nécessité dans laquelle se trouvent les ruminants de ramener leurs aliments à la bouche. Les arêtes transversales dans cette partie eussent gêné Tarrivée du bol de réjection. Les sillons au nombre de quinze à seize, sont droits et non recourbés, ils s'arrêtent au niveau du milieu de la troi- sième dent molaire, les saillies sont finement dentelées à leur sommet : tout à fait ù la partie antérieure du palais, près du bourrelet qui remplace les dents incisives supérieures, on remarque une sorte de T médian, aux extré- mités des branches duquel viennent s'ouvrir les orifices du canal de Jacobson. Le réseau vasculaire du palais du bœuf est également très-déve- loppé, mais beaucoup moins étendu que celui du cheval, il existe seulement dans la partie médiane de l'organe. Le palais du iwrc présente de vingt à vingt-deux sillons transversaux à bords lisses ; on ne trouve plus que sept à neuf sillons chez les carnassiers. L'organe de Jacobson existe aussi chez le porc et les carnassiers. h. — r.KdlONS LATÉRALES OU DKS JOUES. Nous en avons parlé dans la description des faces latérales de la tète. nu ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Ce qui a rapport à la muqueuse a été dit dans le paragraphe de la bouche en général, nous n'y reviendrons donc pas ici. Mais nous devons signaler quelques différences chez les autres animaux. Les joues du bœuf sont hérissées de papilles coniques extrêmement développées; ces papilles, très-nombreuses et serrées l'une contre l'autre en avant, sont plus es- pacées mais aussi beaucoup ])lus développées en arrière, elles atteignent jus(iu'à un centimètre de longueur et leur sommet se dirige en arrière. ('. — RKC.ION l'OSTKRIRURE OU STAPHYLINE. Le voile du palais fait suite en arrière à la voûte palatine; il est obli- (juement dirigé en arrière et en bas. En raison de sa forme et de ses grandes dimensions, il isole, de la façon la plus complète chez les soli- pèdos, la bouche de l'arrière-bouche. Cette séparation est môme, tellement prononcée qu'il est presque impossible à ces animaux de respirer par la bouche et qu'ils seraient inl'ailliblement asphyxiés par ro])struction des cavités nasales. Cette disposition empêche aussi le retour des corps, tant solides que gazeux, du pharynx vers la bouche; aussi dans les cas de vomissement, qui sont du reste assez rares, voit-on les aliments être rejetés par les cavités nasales. Le voile du palais a la forme d'un quadrilatère allongé, présentant deux faces tapissées par les muqueuses de la bouche et du pharynx, deux bords latéraux insérés sur la limite des faces latérales des deux cavités ({u'il sépare, un bord antérieur attaché sur l'arcade palatine et en continuité directe avec le palais, et enfin un bord intérieur libre, de forme concave , qui embrasse étroitement la base de la langue, tout à fait en avant de l'épiglotte, et qui concourt à former l'isthme du gosier. Lorsque les aliments passent de la bouche dans le pharynx, ils sou- lèvent ce bord libre et s'en enveloppent complètement, de sorte qu'à aucun moment il n'y a communication ouverte entre les deux cavités. Le voile du palais remplit exactement le rôle d'une soupape. Le bord libre du voile est mainteuu aux angles par quatre replis mu- (jueux ; deux postérieurs qui se contournent autour du larynx, ce sont les pihers postérieurs, et deux antérieurs qui se voient sur les côtés de la base de la langue et forment les piliers antérieurs. Nous reconnaissons dans le voile du i)alais : I'' une muqueuse anté- rieure, continuation de la muqueuse de la bouche, criblée d'orifices glandulaires; 2° une véritable couche glanduleuse, épaisse ;i sa partie inférieure et siu-lout dans les piliers antérieurs ; 3" une membrane libreuse très-forte, attachée sur l'arcade palatine et se prolongeant en arrière par le muscle pharyngo-staphylin, qui occupe la moitié posté- rieure de la couche. Citons encore le muscle palato-staphylin, mince bandelette longitudinale, dont l'usage est de relever le bord libre, et l'expansion tendineuse dn péristaphyliu externe qui se confond avec la uieinbrane libreuse épanouie à la face postérieure du pharyngo- staphylin. 4° La nuuiueuse de la face postérieure dont nous parlerons FACE POSTÉRIEURE DE LA TETE. 177 à propos du pharynx, et 5" enfin les vaisseaux el les nerfs. Les premiers sont représentés par l'artère pharyngienne et la staphyline, les seconds viennent du maxillaire supérieur et de la cinquième paire par le gan- glion de Meckel. UifTôrciK-ps. — Les ruminants possèdent un voile moins développé, qui peut se soulever facilement pour la régurgitation des aliments dans l'acte de la rumination. Le porcs et les carnassiers surtout ont un voile du palais très-couii et mobile qui leur permet de respirer par la bouche. d. — nÉGlON INFÉRIEURE OU LINGUALE. Cette région se trouve comprise entre les deux branches du maxil- laire inférieur, et sur l'espèce de sangle formée par les muscles mylo- hyoïdiens doublés, sur la li gne médiane, des génio-hyoïdiens. En arrière, elle s'étend jusqu'à la face antérieure du larynx. On désigne, en anatomie descriptive, sous le nom de canal lingual, tout cet espace qui est pour ainsi dire en totalité rempli par la langue. Le canal lingual, chez l'animal vivant, se réduit à l'espèce de gouttière située en arrière des incisives inférieures, au-dessus du corps du maxil- laire, gouttière qui se bifurque pour constituer deux sillons s'étendant de chaque côté de la langue, entre elle et les arcades molaires infé- rieures, jusqu'au voile du palais. Dans l'état ordinaire même, la mu- queuse des faces latérales de la langue étant appliquée immédiate- ment sur les gencives des molaires, et son extrémité libre s'appuyant sur la gouttière antérieure, le canal lingual est entièrement comblé par l'organe qu'il est chargé de loger. Nous signalerons dans cet espace des orifices glanduleux d'une grande importance : 1" celui de la glande maxillaire appelé vulgairement ôarZ^/Z/on, qui se trouve percé au sommet d'un tubercule flottant en avant et un peu sur le côté du frein antérieur de la langue ; 2° deux séries linéaires de tubercules situées de chaque côte de la langue, orifices des canaux de Rivinus, tubes excréteurs de la glande sublinguale. Ou peut les apercevoir après avoir ouvert la bouche et attiré la langue, au dehors par l'espace interdentaire. De la lans^ue. — La langue superposée au canal lingual qu'elle rem- l)lit en entier, est formée d'une partie fixe et d'une partie flottante. La première a la forme d'un prisme dont deux angles sont libres et symétriques, le troisième est adhérent et sert à attacher la langue dans le fond du canal ; c'est par ce dernier que pénètrent dans l'organe les muscles qui la composent, ainsi que les veines et les nerfs. La partie libre, aplatie et élargie en spatule, peut se projeter hors de la bouche dans la préhension des aliments. La facilité avec laquelle on peut l'at- tirer au dehors, ainsi qu'une partie de la portion fixe, par une certaine traction, permet de l'examiner facilement et de pratiquer, comme sur un organe extérieur, les opérations que son élat réclame. On attire Peccii et ToussAI^T. — Cliirurgie. 12 178 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. souvent aus.'-i la lan{;iio en dehors de la bouche, lorsqu'on vcul prati- quer une opération dans quelque partie de cette cavité, sur les dents ou sur les joues notamment. Si la traction est excessive, le frein se déchire; il peut arriver aussi, si l'on confie le soin de tenir la langue à un aide non intelligent des choses, qu'il la mette entre les molaires et que l'a- nimal la hache lui-même en rapprochant les mâchoires. La base de la langue est fixée à l'hyoïde qui donne attache ;\ la pin- part de ses muscles. Nous avons à envisager dans la langue : 1° La membrane muqueuse ; 2" Les muscles ; 3° Une charpente fibro-cartilagineuse; A° Des vaisseaux et des nerfs. 1° "Lixmemhrane muqueitse rcxèt toutes les parties libres de la langue et se continue avec celle du canal lingual. Elle a des caractères parti- culiers de structure, suivant les points envisagés. Elle est forte, recou- verte d'une couche épithélialc cornée d'une grande épaisseur dans toute l'étendue de la face supérieure; dans toute cette partie aussi, elle adhère très-intimement aux tissus sous-jacents et présente une foule d'élevures et de dépressions <:onnues sous le nom de papilles, organes dont nous avons déjà parlé et qui servent à l'exercice de la sensibilité générale et de la sensibilité gustative. Vers la base de la langue, deux papilles calicifnrmes très-développées ont reçu le nom de trous borgnes de Morgarjiu. Sur les côtés de la langue et à la face inférieure de la partie libre, la muqueuse est fine et séparée des muscles par un tissu conjonctif assez développé pour rendre sa dissection facile, ce n'est qu'à proximité du bord antérieur qu'elle devient adhérente comme à la face supérieure. La muqueuse des faces latérales se réunit en avant de la partie fixe etforme là un repli assez fort, attaché sur le corps du maxillaire, et qui semble destiné à maintenir la partie libre, d'où le nom de frein de la langue qui lui a été donné. On l'appelle aussi pilier antérieur par oppo- sition aux piliers postérieurs que nous avons rattachés à la description du voile du palais. Dans tous ses points, mais surtout sur les faces latérales, la langue montre les orifices de glandules salivaires logées dans l'épaisseur du derme. Un aphorisme très-ancien dit que la langue est le miroir de l'estomac ; non-seulement dans les atfections de l'estomac, mais encore dans toutes les inflammations, on consulte l'état de la muqueuse lin- guale ; elle peut-être sèche, chaude, pâteuse, chargée, sédimenteuse, fuligineuse, etc. 2° Les muscles de la langue sont divisés en extrinsèques et en in- trinsèques. On est dans l'hjabitudc de décrire, sous le nom de muscles intrin- sèques de la langue, une couche charnue placée au-dessous de la mu- FACE POSTÉRIEURE DE LA TETE. 179 queuse de la face supérieure. Sur une coupe examinée au microscope on voit les fibres qui la composent affecter toutes les directions. D'après M. Chauveau, toutes ces libres ne seraient que le prolongement des muscles que nous allons maintenant examiner sous le nom de muscles extrinsèques. Ceux-ci sont chargés de produire les mouvements si variés dont la langue est le siège. On trouve d'abord, sur les côtés, une longue bandelette qui va du corps de l'hyoïde à la partie libre dans laquelle elle se perd ; ce muscle, ([ui a pour mission de retirer la langue au fond de la bouche, a reçu le nom de.^^y/o-^/osse ou A-eVa^o-^/oss(?.,Lebasio-glosse, qui se trouve situé sur un deuxième plan, est aplati, large et formé de fibres dont les infé- rieures sont plus longues que les supérieures ; il est attaché en arrière sur le corps de l'hyoïde. La direction de ses fibres indique qu'il doit retirer la langue au fond du canal. Le génio-glosse, situé en dedans du précédent, a une structure et des usages complexes; ses fibres prennent naissance sur un tendon qui s'attache sur la surface génienne du maxillaire inférieur ; de là elles rayonnent en arrière en coupant à angle droit celles du basio- glosse; d'autres sont perpendiculaires à l'axe de la langue; enfin les antérieures se dirigent en avant. On peut voir par là que les premières attirent la partie fixe de l'organe à l'extérieur, les moyennes la pres- sent contre l'os maxillaire inférieur, tandis que les antérieures ra- mènent la partie fixe dans l'intérieur de la bouche. Si toutes ces fibres agissent en même temps, la langue doit diminuer de longueur pour augmenter son diamètre transversal. Les deux muscles génio-glosses sont immédiatement appliqués l'un contre l'autre. Dans la partie postérieure seulement, ils sont séparés, ainsi que le basio-glosse, par une masse cunéiforme de tissu adi- peux. 3° Le fihro-cartilaije de la langue est réduit à un petit cordon cylin- drique, décrit pour la première fois par Briihl, et situé sur la ligne médiane au-dessous de la muqueuse; cette sorte de charpente fibreuse a de 6 à 8 centimètres de longueur ; on ne la rencontre que chez les solipèdes. La langue possède également un support osseux représenté par l'ap- pendice antérieur de l'hyoïde sur lequel viennent s'attacher la plupart des muscles extrinsèques. La langue remplit un rôle très-important dans la digestion : c'est elle qui, grâce à ses organes tactiles spéciaux, indique à l'animal la saveur des aliments ; il est rare qu'elle le mette en défaut lorsque l'a- nimal choisit librement les substances dont il doit se nourrir; elle est le moyen dont les grands herbivores se servent pour atteindre leur nourriture et l'attirer sous les meules dentaires, ou la faire passer directement dans le pharynx si elle est assez divisée. Pendant le repas, 180 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. elle est aussi chargée de ramener les aliments sous les molaires s'ils s'en écartent dans les mouvements qu'exige la trituration. Enfin elle peut servir i\ moduler la voix. Elle a donc un rôle fort complexe et important à remplir; aussi les animaux qui sont privés d'une partie de cet organe souffrent-ils d'un défaut de nutrition, ou môme peuvent mourir d'inanition si la partie retranchée est suffisante pour annuler complètement ses fonctions. MINI. Philippeau et A'ulpian ont cependant pu paralyser complète- ment la langue par la section du nerf hypoglosse, sans que l'animal en mourût, mais il maigrissait visiblement et demandait une nourriture spéciale; de plus, dans le cas de paralysie complète, la langue s'égare entre les arcades dentaires et ne tarde pas à se couvrir de plaies qui lui sont faites par les pointes dont les molaires sont recouvertes. La section accidentelle de la langue est commune à observer par suite de l'imprévoyance avec laquelle on attache les chevaux, alors que la longe est encore lixée dans la bouche : c'est toujours un accident grave. M. Bouley m'a dit avoir vu des chevaux intelligents suppléer à l'insuf- fisance du fonctionnement de la langue coupée, en élevant la tète pour l'aire tomber dans le fond de la bouche, par la déclivité, l'avoine qu'ils ne peuvent plus faire monter sous les molaires par l'action de leur langue. 4° Vaisseaux et nerfs de la langue. — Les artères linguales et sublin- guales vont poi'ter le sang à la langue. Elles proviennent toutes deux de la glosso-faciale. La première s'en détache à la hauteur de la corne de l'hyoïde, puis elle se loge entre les muscles basio-glosse et génio- glosse, et vient s'anastomoser par une fine arcade avec celle du côté opposé, cl un centimètre environ du bord libre antérieur. Elle est très- flexueuse dans son trajet et donne, sur son parcours, une foule de ra meaux dont quelques-uns s'abouchent avec ceux de l'artère opposée. L'artère sublinguale ne fournit que quelques fines divisions au côté de la partie antérieure de la langue et surtout au génio-glossc. Les veines sont volumineuses et au nombre de trois : deux vont se rendre dans la maxillaire externe, et la troisième, qui accompagne le nerf lingual, dans la maxillaire interne. Les deux premières sont des affluents de la veine sublinguale, mais souvent elles se jettent isolé- ment dans la veine glosso-faciale; on les voit ramper sous la muqueuse de la face latérale de la langue, où leur couleur bleue décèle leur posi- tion, et traverser le muscle mylo-hyoïdien pour se réunir au vaisseau principal de la face, au niveau des ganglions lymphati(iues de l'auge. Les nerfs de la langue proviennent de trois paires encéphaliques. La cinquième paire fournit le lingual ou petit hypo-glossequi, placé d'abord superficiellement à la base de la langue, vient accomi)lir la dernière partie de son trajet, avec lartère, entre le basio-glosse et le génio-glosse. La neuvième paire, ou le glosso-pharyngien, donne des filets au tiers poslérieur. Ces deux nerfs donnent ù l'organe la sensibilité générale . FACE POSTÉRIEURE DE LA TETE. 181 et guslative, le premier dans les deux tiers antérieurs et le deuxième ul[)e dentaire. Le bulbe renferme des vaisseaux et des nerfs, qui doivent apporter à la dent la nutrition et la sensibilité. Au point de vue de leur structure, il entre dans les dents trois sub- stances appelées ivoire, émail et cément. L'ivoire ou dentine, qui forme la base de la dent, entoure de toutes parts la cavité qui renferme le bulbe dentaire; c'est une substance d'un blanc jaunâtre, de consistance plus dure que l'os, creusée de cana- licules qui partent de la cavité du bulbe et rayonnent dans toutes les directions; sa composition chimique la rapproche des (js. \Jémail enveloppe surtout la partie libre, sur laquelle il forme une couche continue, il s'étend môme sur la racine dans les dents des her- bivores ; souvent il se montre dans l'intérieur et forme, soit des culs-de- sac, soit des replis caractéristiques qui semblent jetés au milieu de l'i- voire pour diminuer son usure et rendre plus irrégulière la urface de frottement. On rencontre la première disposition dans les incisives du cheval ; la seconde se voit dans les dents molaii'cs de ce môme animal et chez tuus les ruminants. L'émail, d'un blanc brillant, est formé de petits prismes, accolés les uns aux autres, et implantés par une de leurs extrémités sur l'ivoire; il est beaucoup plus dur que cette dernière substance. Le cément recouvre seulement la racine des dents chez les carnas- siers ; mais on le rencontre également dans l'épaisseur de la partie libre de la dont chez les herbivores. Sa couleur est d'un gris plus ou DE LA TETE EN GÉNÉRAL. 191 moins foncé, souvent absolument noire, et sa texture celle d'un tissu osseux moins les canaux deHavers. Chaque dent est recouverte dans la racine par le périoste alvéolo-den- iaire, qui ne diffère pas du périoste ordinaire, et qui concourt, avec le bulbe, à la nutrition de la dent et à la consolidation, par une sorte de cal, des fractures qui peuvent se produire sur ces organes. Oéveloppement des «lents. — Chez tous les animaux les dents se développent dans l'intérieur d'un sac clos nommé sac ou follicule den- taire, creusé dans l'épaisseur de l'os maxillaire. La cavité du sac est tapissée par une membrane fibreuse très-dense, doublée intérieure- ment d'une autre couche cellulo-vasculaire. D'après plusieurs au- teurs, cette dernière couche ne serait autre chose qu'une sorte d'inva- gination de la muqueuse buccale. Au fond du sac on aperçoit plu- sieurs papilles, formant renflement, qui remplissent presque à elles seules la cavité du sac, et formeront plus tard la pulpe dentaire ; c'est à leur surface que va se former l'ivoire. En regard de ce point, c'est-à-dire dans la partie la plus superficielle du sac, on trouve un amas de cellules reliées à celles de la gencive par une traînée cellu- laire ; on donne à ces cellules qui doivent sécréter l'émail, lenomd'or- gane ou de germe de Vémail. Au fur et à mesure que l'ivoire sera sé- crété inférieurement, en poussant devant lui l'émail déjà formé, il sen coifferacomme d'une sorte de chapeau. Quant au cément, il est produit par la portion du follicule qui de- vra former plus tard le périoste alvéolo-dentaire. Les diverses couches que nous venons d'examiner augmentent peu à peu de volume et de consistance, et bientôt la partie supérieure de la dent perce la gencive et apparaît à l'extérieur. La dent est complète, mais l'épaisseur de la lame d'ivoire qui recouvre la pulpe n'est pas à beaucoup près aussi grande qu'elle le sera plus tard ; le bulbe dentaire, en effet, sécrète constamment de nouvelles couches d'ivoire qui sont disposées à la face interne des premières et sont conséquemment pla- cées au centre de la dent. La couleur des dernières couches est plus jaunâtre que celle des premières, ainsi qu'on peut très-bien le voir sur la coupe d'une dent quelle qu'elle soit. Nous avons déjà dit que les premières dents apparues chez le jeune animal étaient destinées à disparaître dans un espace de temps très- court, pour être remplacées par d'autres qui dureront toute la vie. L'époque à laquelle se fait le remplacement des dents est variable sui- vant les animaux ; mais dans les follicules dentaires de l'embryon, on peut déjà voir, chez toutes les dents qui doivent être remplacées, un second follicule annexé au premier ; dans ce deuxième follicule se dé- veloppera la dent permanente qui poussera ensuite la première par la base et ne tardera pas à prendre sa place. Des «lonts des suiipèdes. — On rencontre chez les solipèdes adultes trente-six à quarante dents. Chaque mâchoire présente six incisives, 192 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. douze molaires, el chez les mâles seulement deux canines; les femelles peuvent cependanlpréscnterdescanines, mais lorsqu'elles existent, elles sont toujours rudimcntaires.il existe également, chez beaucoup de su- jets, une très-petite dent située en avant de la première molaire. Ces dents s'observent plus souven ta la mâchoire supérieure qu'à rinféricure, et quelques auteurs d'hisloirc naturelle les comprennent même dans la formule dentaire qui s'écrirait ainsi : i ^ c \ ml. Cette formule indi- quée par M. Gorvais est fautive dans beaucoup de cas, soit parce que la molaire supplémentaire manque, soit parce qu'.ellc peut se rencontrer également à la mâchoire inférieure. Dans la première dentition sont comprises les trois avant-molaires, les incisives et les crochets ou canines. Les trois dernières molaires sont toujours des dents persistantes. 1° Incisives. Leur forme n'est pas la même chez l'animal jeune el chez l'adulte. Les incisives de l'adullo ont la forme de pyramides incurvées sur elles-mêmes de manière à présenter leur convexitéen dehors. La partie supérieure, celle qui apparaît la première, est aplatie d'avant en ar- rière; dans le milieu de leur longueur, les incisives deviennent trian- gulaires, enfin l'extrémité inférieure est aplatie d'un côté à l'autre. Ces diverses formes se montrent sur l;i surface ou table dentaire au fur et à mesure do leur rasement : elles servent à reconnaître l'âge de l'animal ; la face antérieure présente souvent un sillon longi- tudinal assez profond ; la postérieure est régulièrement arrondie. L'extrémité supérieure de la dent montre des formes bien diffé- rentes suivant l'âge* Dans la dent vierge, la surface de frottement n'existe pas, on y trouve un relief continu, plus élevé en avant qu'en arrière, limitant une cavité assez profonde dans laquelle se prolonge l'émail externe, cette cavité ou cul-de-sac se dirige vers le bord postéi'ieur de l'incisive ; elle est remplie en grande partie par du cément. En extérieur, on appelle cette cavité cornet dentaire extérieur. Lorsque ladenta usé, les bordsne tardent pasà se niveler, l'émail qui les formait en entier est détruit et il ne reste bientôt plus que la portion rentrée de cette substance (pii limilc une tache noire et se trouve sé- parée de rémail externe par une couché d'ivoire. L'épaisseur de cette dernière couche est plus grande en avant qu'en arrière, le cornet se ré- trécit de plus en plus en se rapprochant du bord postérieur ; il est bien- tôt réduit à un point ovalaire qui finit lui-même par dis])araître pour laisser comi)létement la place à l'ivoire. La racine de l'incisive est percée d'un trou unique qui loge la pulpe dentaire ; ce trou se prolonge assez haut et s'insinue même entre le cornet dentaire et la face antérieure de la dent. Par les progrès de l'âge, la cavité de la pulpe se remplit d'ivoire jaune que l'on dislingue Irôs- bien sur la coupe d'une dent àpartii' d'un rerlain âge, et que l'on ap- pelle étoile dentaire. DE LA TÊTE EN GÉNÉRAL. !93 Le cémenL existe dans le cornet dentaire et sur les parties enchâssées de la dent; il persiste rarement sur la partie libre qui est soumise au frottement des lèvres ou de la langue; on ne l'y rencontre guère que dans les anfractuosités et les légers plis où il se montre sous un as- pect noir mat. Les dents caduques ont à peu près les mômes caractères déstructure que les dents de remplacement : le cornet dentaire existe, mais il est peu profond ; la racine est nettement séparée de la partie libre par un rétrécissement prononcé, déplus, ces dents ne poussent pas constam- ment ; aussitôt qu'elles ont commencé à s'user, leur croissance est arrêtée. Elles sont ensuite chassées de leur alvéole par les dents de remplacement qui poussent en arrière d'elles et quelquefois même de telle sorte que leur racine peut être pincée entre l'alvéole et le bord antérieur de la dent nouvelle. Dans ce cas elles persistent plus ou moins longtemps après l'évolution de celles-ci et on peut être obligé de les arracher. 2° Canines. Nous avons déjà dit que ces dents n'existent avec un cer- tain volume que chez les mâles, les femelles n'en possèdent pas ou n'en ont que de rudimentaires. Il existe une canine pour chaque espace interdentaire, mais elle est beaucoup plus rapprochée des incisives que des molaires, et cette particularité est plus marquée, dans la mâchoire inférieure que dans la supérieure. Les canines ou crochets, qui sont les dents les plus simples chez les équidés, se composent d'une partie libre légèrement déviée en dehors, présentant une surface externe à peu près régulièrement arrondie, et une surface interne, divisée en trois reliefs, dont un médian beaucoup plus volumineux que les deux latéraux. La racine, incurvée sur elle-même, est creusée d'une cavité qui ren- ferme le bulbe dentaire. Chez l'animal jeune, le crochet est recouvert partout d'une couche d'émail ; mais à mesure que l'animal vieillit, les dents canines se trou- vant en contact avec le mors de la bride, il en résulte une usure irré- gulière, qui met l'ivoire à nu: la langue peut aussi les user; enfin on rencontre des dents qui môme à un âge très-avancé sont encore par- faitement intactes. Les dents canines déjeune sujet sont très-petites et comme avor- tées ; elles tombent de trois à quatre ans et sont alors remplacées par de vrais crochets possédant les caractères que nous venons de décrire. 3° Molaires. On trouve, avons-nous dit, vingt-quatre molaires, douze à chaque mâchoire ; nous ne tiendrons pas compte des petites molaires supplémentaires que l'on rencontre chez quelques individus, car elles sont de peu d'importance et disparaissent le plus souvent avec les dents de lait. Envisagée isolément, chaque molaire a la forme d'un parallélipipède rectangle, très-légèrement incurvé dans sa longueur. Les molaires anté- rieures et postérieures de chaque côté et de chaque mâchoire n'ontque Peuch et Toussaint. — Chirurgie. | 3 194 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. trois angles, ce qui leur donne une forme prismatique. Disons aussi que, les molaires supérieures étant beaucoup i)lus larges que les inférieures, leur surface libre se rapproche de la forme carrée. La face externe montre deux colonnes osseuses qui rognent le long du grand axe de l'organe ; l'une se trouve sur le bord antérieur, l'aulre vers le milieu de la dent. Ces deux colonnes sont séparées l'une de l'autre, et la postérieure de la colonne antérieure de la dent qui la suit, par des gorges profondes assez régulièrement sculptées en forme de demi-canal. Sur la face interne se voit un relief plus ou moins obtus et d'au- tant plus large que la dent est plus postérieure, relief qui correspond à un repli interne de l'émail, toujours plus rapproché de la face an- térieure que de la postérieure. Les faces antérieure et postérieure sont intimement appliquées contre les mêmes faces des autres dents; elles sont lisses et le frottement qu'elles exécutent contre leurs voisines a pour résultat d'user la lame d'émail qui borde les faces. Dans les- molaires antérieures et postérieures, un bord plus ou'moins tranchant remplace la face excentrique. Les molaires affectent dans leur implantation une direction légère- ment radiée; les molaires antérieures et postérieures sont dirigées vers le centre de l'arcade et les moyennes affectent une direction perpendi- culaire. En vertu de cette disposition, le plan qui passerait par la base des alvéoles aurait une longueur plus grande d'environ 3 à 4 centi- mètres, que celui qui passerait par la table. Cette différence est due à ce que chaque alvéole est séparée de ses voisines par une lame osseuse en forme de coin, dont le sommet n'arrive pas jusqu'au niveau du bord de l'os maxillaire. Il résulte de cette disposition que, dans la partie libre, les dents se touchent constamment par leurs faces correspon- dantes, et que leur union est d'autant plus intime qu'elles sont plus longues. Dans les vieux chevaux, chez lesquels la croissance des dents n'est pas en rapport avec leur usure, la partie libre est peu proémi- nente et un certain écartement se remarque entre chacune d'elles. Il entre, dans la structure des dents molaires, les trois substances dont nous avons parlé à propos dés dents en général; mais leur arran- gement diffère considérablement de celui que nous avons observé dans les incisives, et, de plus, il n'est pas tout ;\ fait le même dans les mo- laires supérieures et dans les inférieures. Chaque molaire est enveloppée par un ruban d'émail, doublé lui- même, en certains endroits, par le cément ; on trouve en outre, dans l'intérieur de chaque dent, des espèces d'îlots bordés par l'émail, ren- fermanl du cément dans leur intérieur, et séparés du ruban externe par l'ivoire- En général, le cément tend à combler le sillon et les plis" extérieurs de l'émail; on en trouve une quantité notable dans les deux demi-canaux de la face externe de chaque dent, et une couche épaisse de plus de deux millimètres sur toute l'étendue de la face interne ; les DE LA TETE EN GÉNÉRAL. i9o îlots, ainsi que nous venons de le dire, en sont remplis, et il s'ensuit que le cément entre pour une très-large part, près de moitié, dans la composition d'une molaire. Quant à l'ivoire, on le rencontre seule- ment dans l'intervalle compris entre le ruban externe et les replis in- ternes de l'émail. Gomme pour les autres dents, l'ivoire entoure la ca- vité intérieure Irès-diverticulée. Sécrété par la pulpe dentaire, il se trouve d'autant plus abondant que l'animal est plus âgé. Chez les sujets jeunes et dans une dent qui n'a pas encore usé on trouve très-peu d'i- voire, aussi, si on la fait macérer, elle montre une sorte de creux inté- rieur dans lequel se voient les colonnes émailleuses parfaitement disséquées et isolées. Dans la dent supérieure, la disposition de l'émail figure, pour ainsi dire, un B majuscule dont la boucle antérieure présente un prolonge- ment en forme d'anse, et dont les traits, au lieu d'être pleins, sont re- présentés par un double ruban qui en limite les contours; l'ivoire occupe les pleins et les déliés et se trouve ainsi limité par l'émail ; le cément remplit les boucles et nivelle en partie les sillons extérieurs. Dans les molaires inférieures la lame d'émail est partout continue avec elle-même, mais elle forme aussi des replis internes assez compli- qués. Mais les dents présentent aussi des particularités importantes au point de vue de leur arrangement dans les arcades, et doivent être considérées dans la mâchoire supérieure et dans l'inférieure. A la mâchoire supérieure, les molaires sont implantées sur deux lignes très-légèrement courbes, dont la convexité est beaucoup plus ap- parente en dehors, ce qui tient à ce que les molaires moyennes sont les plus larges. La ligne qui les limite en dedans est sensiblement droite ; de plus^ l'écartement des deux arcades est plus considérable en arrière qu'en avant. Mesurée sur des têtes ayant appartenu à des sujets adultes, et de taille à peu près semblable, la distance entre les mo- laires est à très-peu de chose près la même. La largeur apparente du chanfrein, qui diffère suivant les races, n'influe pour ainsi dire pas sur cet écartement. Voici des moyennes que l'on peut appliquer aux sujets de taille ordinaire : Distance entre les deux molaires antérieures G centimètres. Distance entre les troisièmes molaires 7 — Distance entre les sixièmes molaires. . . , 8 — 1/2. Chez les animaux vieux, lorsque les dents ont considérablement usé, ces mesures augmentent d'un demi-centimètre environ : ce qui résulte de l'obliquité en dedans de la direction de ces dents. Les molaires examinées à la mâchoire inférieure se montrent arran- gées en séries rectilignes, beaucoup plus écartées en arrière qu'en avant. Lorsque les molaires supérieures présentent entre elles les distances 196 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. qui viennenl (rèlrc indiquées, voici celles qu'on observe pour les in- lerieui'cs : Distance entre les deux molaires antérieures 4 cent. 50. Distance entre les troisièmes molaires h Distance entre les sixièmes molaires 7 50. Comme on le voit par ces mensurations, les arcades molaires supé- rieures ne se correspondent pas exactement lorsqu'elles sont rap- prochées. Indépendamment de ces différences, nous noterons également que la surface libre représente un plan incliné, oblique en dehors pour les molaires inférieures et inversement disposé pour les supérieures; la surface antéro-postérieure décrit une courbe concave dans les dents inférieures et convexe dans les supérieures ; enfin, clic présente, de plus, des dentelures légères, inverses pour chaque mâchoire et qui s'en- grènent mutuellement, comme les dents d'une roue, dans les mouve- ments de mastication. Toutes les particularités que nous venons d'indiquer sont en rapport avec le régime exclusivement herbivore du cheval. Les dents sont admirablement disposées pour broyer, et, suivant l'expression si juste de Cuvier, a elles représentent des meules de moulin qui se repiquent d'elles-mêmes. » En raison du défaut de coïncidence des deux mâchoires, le cheval, ainsi que la plupart des herbivores, ne peut mâcher que sur un seul côté â la fois, et, lorsqu'il veut le faire, il doit commencer par un mouvement de diduction. Quand la mastication s'effectue d'un côté, les arcades du côte opposé sont toujours Irès-éloignées l'une de l'autre, non-seulement en distance latérale, mais aussi en hauteur. En effet, au début du mouvement de mastication, les deux plans inclinés se correspondent par leur partie la plus élevée, et ce n'est qu'au mo- ment où ils ont entièrement achevé leur glissement l'un sur l'autre que les molaires du côté opposé arrivent à se toucher. Enfin, dans ces mouvements de diduction, les mâchoires décrivent autour de l'arti- culation temporale un arc de cercle d'autant plus étendu qu'elles sont plus antérieures; aussi, nous avons vu que, relativement, les molaires postérieures de la mâchoire inférieure sont beaucoup plus écartées que les antérieures, ce qui permet aux deux mâchoires de se correspondre constamment par toute leur stn'face, pendant la durée d'un mouvement de mastication. Vaisseaux et nerfs des dents. — Les vaisseaux et les nerfs arrivent aux dents par le bulbe dentaire; il y a, pour chacun de ces organes, une petite artériolc qui se divise â l'intérieur de la papille, et les capil- laires reconstituent une veinule, dont le trajet intra-bulbaire est inverse de celui de l'artère. C'est l'artère dentaire supérieure qui fournit le sang aux molaires, aux canines et aux incisives de la ma- DE LA TÊTE EN GÉNÉRAL. 197 clioire supérieure, et, pour arriver à celte destination, le vaisseau suit un trajet intra-osseux, au-dessus des racines. Les dents inférieures sont desservies par Tarière dentaire inférieure, qui passe dans le conduit maxillo-dcntaire, et se continue au delà du trou mcntonnier par un petit canal spécial situé au-dessous des racines du crochet et des dents incisives. La veine dentaire supérieure se jette dans l'alvéolaire, et l'inférieure dans la maxillaire interne. Les nerfs sont fournis, pour les dents supérieures, par la branche maxillaire supérieure du trijumeau et, pour les inférieures, par le nerf maxillaire inférieur qui est une autre division de ce nerf. Le trajet des nerfs dentaires est absolument semblable à celui des vaisseaux. DiftV'reiices. Bents des ruminants. — Les dents du bœuf, du mouton et de la chèvre, sont au nombre de trente-deux, réparties ainsiqu'il suit: huit inci- sives à la mâchoire inférieure seulement, et vingt-quatre molaires, six à chaque arcade. On rencontre assez souvent, chez le bœuf, une septième mo- laire, et, lorsqu'elle existe, elle est toujours plus développée que chez le che- val. Le dromadaire ne possède que six incisives à la mâchoire inférieure, mais on lui trouve deux canines à chaque mâchoire, ce qui porte le nombre de ses dents à trente-quatre. Une disposition semblable existe chez le lama (i). Incisives. — Les incisives manquent à la mâchoire supérieure des ruminants, elles y sont remplacées par un bourrelet cartilagineux, très-résistant, recou- vert par la muqueuse buccale. Au nombre de huit à la mâchoire inférieure, ces dents se disposent, suivant l'expression heureuse de M. Lecoq, en clavier, et, pour rendre l'analogie avec un véritable clavier plus complet encore, les dents incisives jouissent d'une certaine mobilité qu'il faut se garder de prendre pour un état maladif, elles cèdent donc sous la pression du doigt comme elles le font lorsqu'elles s'appuient contre le bourrelet supérieur. Le collet des incisives du bœuf est très-marqué; il divise la dent en deux parties bien distinctes : la partie libre est élargie et aplatie de dessus en des- sous, la face supérieure est presque plane, on y remarque seulement un re- lief conique; l'inférieure ou l'externe est convexe et parfaitement blanche. Le bord antérieur est mince et tranchant. Quant aux bords latéraux, l'interne est légèrement convexe suivant sa longueur; l'externe est à peu près droit La racine de la dent est arrondie régulièrement et présente une ouverture unique logeant le bulbe. Dans les dents vierges, la partie libre est enveloppée par une couche con- tinue d'émail; l'usure se montre d'abord aux environs du bord antérieur, et gagne peu à peu toute la face supérieure, pendant que le bord antérieur présente une arête vive ; la forme de la table dentaire se modifie bientôt et apparaît sous la forme triangulaire, puis arrondie, jusqu'à ce qu'enfin dans la (I) C'est par une fausse anal ogi(3, entre le bœuf, la chèvre et le mouton, et le droma- daire, ou quelques espèces de ruminants sauvages, que M. Gervais dans ses Èléinents de Zoologie, \). 85, a cru ;)ouvoir indiquer, pour nos principaux ruminants domesticpies, la formule dentaire suivante i - c - m -. Le coin étant ici considéré comme une ca- ;j 1 G nine. Il est bien évident, pour tous ceux qui ont voulu examiner la dentition du bœuf ou du mouton, que ces animaux ont quatre incisives et pas de canines. 108 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS. vieillesse il ne reste pour ainsi dire plus que la racine. Les denfs laissent entre elles un écartement qui va en augmentant en naème temps que l'usure. Les dents incisives de la chèvre et du mouton sont moins aplaties que celles du bœuf, elles sont aussi plus relevées par leur partie libre; la racine est entourée par une couche de cément très-noir. Molaires. — Les considérations dans lesquelles nous sommes entrés à propos des molaires ducheval sont presque toutes applicables à cellesdes ruminants; c'est en eflet, ù très-peu de chose près, la môme disposition et la même forme dans les dents et dans l'ensemble ; le mécanisme de la mastication est tout à luit le môme. Mentionnons néanmoins quelques différences. Les mo- laires vont en augmentant de largeur et d'épaisseur de la première à la der- nière. Dans les trois dernières, l'émail affecte dans ses replis une forme qui est celle d'un H parfaitement dessiné, mais, dans les trois premières, il n'existe qu'un seul îlot de substance cémcnteusc limité par l'émail; aussi la disposi- tion de cette dernière substance est tout à fait celle d'un D. La même chose se remarque dans les molaires inférieures. La dislance entre les arcades d'une même mâchoire est la même à la par- tie antérieure qu'à la partie postérieure. Les dents sont donc disposées sur deux séries parallèles. Mais la différence dans l'écartement des molaires de chaque mâchoire est plus considérable encore que chez le cheval ; c'est ainsi que l'arcade inférieure rentrerait complètement, chez le bœuf, dans l'intervalle situé entre les dents de l'arcade supérieure. Les distances entre chaque ar- cade sont : entre les molaires supérieures 8 centimètres et demi, entre les in- férieures '6 centimètres et demi. Cette disproportion est moins marquée chez les petits ruminants. Enfin les dentelures transversales engrenantes de cha- que arcade sont beaucoup plus prononcées chez les ruminants que chez les solipèdes. Dents des carnassiers. — Nous devons les examiner successivement chez nos deux carnassiers domestiques, le chien et le chat. Dans les espèces sauvages du genre Canis, telles que le renard et le loup, et dans la plupart des chiens domestiques, le nombre des dents est de quarante- deux, divisées en douze incisives, quatre canines et vingt-six molaires ; — for- .3 1 0 mule dentaire ; i.- c. - m. -. — . Mais sous l'influence de la domestication, à 1 / certaines races de chiens ont été considérablement détournées du type pri- mitif : la face s'est agrandie chez les lévriers, ou bien s'est rétrécie comme dans le buU ; il en est résulté, pour n'envisager que ces deux types extrêmes, que les mâchoires ont offert un espace plus ou moins développé pour l'im- plantation dos dents, et que celles-ci se sont accrues en nombre chez certains lévriers ou bien ont disparu en partie chez les bulls. On comprend facilement que cette variation ne peut porter que sur les molaires, la largeur des maxil- laires restant sensiblement la même à la partie antérieure. Nous possédons, dans la collection de l'Kcole de Lyon, des têtes de lévriers qui ont sept mo- laires supérieures et neuf molaires inférieures, ce qui porte le chiffre des dents à quarante-huit. En revanche, il s'y rencontre également des têtes de bulls, qui n'oni qui' cinq molaires supérieures et six inférieures, ce qui réduit le nombre à trente-huit. Chez certains animaux de cette dernière race, chez lesquels la face conservait encore une certaine longueur, le nombre des DE LA TETE EN GENERAL. 199 dents est ordinaire, mais les molaires à deux racines y sont tout à fait tour- nées en travers; enfin cliez ceux qui se rapprochent davantage encore de la forme que nous appellerons normale, les dents sont obliques et rappellent ainsi la dentition du phoque. Dans les races à museau allongé, au contraire, on voit les dents s'espacer jusqu'à ce qu'enfin un intervalle trop considérable se fasse jour entre les canines et les premières dents molaires, ou bien entre la dernière et l'apophyse coronoïde et nécessite l'addition d'une dent. C'est en effet par une avant-molaire que commence l'augmentation du nombre des dents, une arrière-molaire tuberculeuse s'ajoute ensuite s'il y a lieu. C'est aussi dans cet ordre que les dents disparaissent chez les animaux à face ra- pefissée. Incisives. — Les incisives du chien sont au nombre de douze, six à chaque mâchoire. Les dents de la mâchoire supérieure sont plus fortes que celles de l'inférieure, et, contrairement à ce qu'on remarque chez les herbivores, ce sont les coins de l'une et l'autre mâchoire qui sont les plus volumineux, les mitoyennes viennent ensuite et enfin les pinces. Chaque incisive présente une partie libre, dont la forme rappelle assez bien celle des fleurs de lis des armoiries, recouverte dans ces points par une belle couche d'émail. Dans k's dents qui n'ont point encore usé, la racine, compri- mée d'un côté à l'autre, est recouverte par un cément jaunâtre et présente, dans son intérieur, la cavité du bulbe qui se prolonge jusque dans la partie libre, mais cette cavité se comble très-vite. La forme des incisives caduques est la même que celles de l'adulte, seu- lement les dents sont plus fines, plus aiguës, et plus serrées les unes contre les autres. Canines. — Les canines sont pour les carnassiers des armes offensives très- redoutables, aussi présentent-elles une force considérable ; la partie libre, en forme de cône recourbé en dehors et un peu en arrière, possède une extrémité ou sommet assez mousse chez les chiens, mais beaucoup plus aiguë dans les espèces du genre felis ; les canines supérieures sont généralement plus lon- gues, mais moins épaisses à la base que les inférieures, elles laissent entre elles et les coins un espace dans lequel se logent ces dernières, lorsque la bouche est fermée. La face externe de la partie libre est parfaitement lisse, l'interne présente deux sillons latéraux qui vont se rejoindre à la pointe delà dent. La racine, une fois et demi au moins plus longue que la partie libre et beaucoup plus volumineuse, assure aux canines une implantation très-solide dans un alvéol profond. Molaires. — Ciiez la plupart des chiens les molaires sont au nombre de douze à la mâchoire supérieure et de quatorze à l'inférieure et chaque molaire a sa forme propre qui permet de la distinguer très-facilement de ses voisines. A la mâchoire supérieure on trouve une avant-molaire pourvue d'une seule ra- cine, puis deux autres avant-molaires présentant deux racines et terminées par des pointes. La quatrième dent ou première avant-molaire, très-forte et pourvue de deux pointes, possède trois racines; on la nomme dent carnassière. Enfin on rencontre, en arrière de celle-ci, deux dents appelées tuberculeuses, dont lu première, très-forte, possède trois racines, et n'est tuberculeuse que dans sa moitié interne, qui est fortement rentrée. La dernière peut être plus ou moins développée et avoir deux ou seulement une racine. A la mâ- choire inférieure, on trouve quatre avant-molaires dont la force augmente 200 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. d'avant en arrière, la première ne possédant qu'une racine, les trois autres en ayant deux. La cinquième dent ou première arrière-molaire, de- beaucoup la plus forte do tonles, répond à la dont carnassière ; les deux dernières arrière- molaires sont tuberculeuses; lavant-dernière, la plus Ibrle, a deux racines, tandis que la dernière n'en ollre qu'une. La forme des arcades supérieure et inférieure est très-différente. Les séries des molaires supérieures s'écartent fortement d'avant en arrière jusqu'au ni- veau de la carnassière, puis elles se rapprochent à la partie tout à fait pos- térieure. Les arcades inférieures décrivent également de légères courbes à convexité externe. Lorsque la bouche est fermée, l'arcade inférieure rentre complètement dans la supérieure, à l'exception des tu])erculeuses postérieures, qui sont en opposition directe dans les deux mâchoires; et comme les mâchoires du chien n'exécutent que deux mouvements, l'écartement et le rapprochement, il en résulte que les dents ne peuvent que percer et couper les substances animales; elles percent par leur pointes, et coupent par leur frottement Tune contre l'autre. On pourrait comparer l'action des molaires inférieures et supérieures à celle de deux lames de ciseaux qui glissent l'une contre l'autre. Les tuberculeuses postérieures ont une table presque plane qui leur permet de retenir des substances dures pour les écraser, et cela parce qu'elles correspondent exactement. Chez le chut, on ne rencontre que quatorze molaires, dont huit à la mâ- choire supérieure, et six à l'inférieure ; elles sont toutes munies de pointes et augmentent de force de la première à la dernière. Les pointes des mo- laires du chat sont beaucoup plus aiguës et plus déhcates que celles du chien ; ainsi, lorsque les chats ont un os à ronger, il est rare qu'ils cherchent à le broyer ; ils enlèvent les dernières parcelles de chair avec leur langue couverte de papilles cornées. Dents du porc. — Au nombre de quarante-quatre, elles sont divisées en douze incisives, quatre canines et vingt-huit molaires. Les incisives de la mâchoire supérieure affectent des formes très-différentes; les pinces et les mitoyennes montrent, sur leur table, une cavité qui rappelle celle des incisives du clieval; les pinces sont très-volumineuses et recourbées l'une vers l'autre de faç;on à occup(!r ii elles seules toute la partie antérieure de l'arcade dentaire; les mitoyennes, beaucoup moins volumineuses, sont re- portées en arrière; quant aux coins, tout à fait rudimentaires, ils ne peuvent servir à couper les aliments. A la mâchoire inférieure, les incisives rappel- lent, parleur forme, les mêmes dents des rongeurs; comme à la supérieure, la force des dents diminue des pinces aux coins, la direction générale des incisives inférieures est presque parallèle à celle du plancher de la cavité buccale. Les canines du porc sont remarquables par leur force et leur direction cen- trifuge; chez les. animaux vieux, elles prennent le nom de défenses et sont beaucoup plus dévelop[)ées dans le mâle que dans la femelle ; elles sortent de la bouche et se recourbent en arrière, celles de la mâchoire supérieure sont rendues plus solides par une sorte de pilier osseux ([ui entoure leur racine. Quant aux molaires, au nombre de quatorze à chaque mâchoire, elles pos- sèdent des caractères inlermédiairos entre celles dos carnivores et des herbi- vores, et ressemblent beaucoup a celles de l'homme. Leurs dimensions sou DE L'ENCÉPHALE ET DE SES ENVELOPPES. 201 d'autant plus grandes qu'elles sont plus postérieures. Leur surface est héris- sée de petits mamelons coniques et cannelés recouverts d'émail ; elles usent sous l'influence des frottements et arrivent à présenter une surface à peu près lisse. Les arcades molaires supérieures et inférieures se correspondent à peu près exactement ; l'arcade molaire supérieure est toutefois un peu plus large. Dents du lapin. — Cet animal, ainsi que tous les rongeurs, ne possède à chaque mâchoire que deux incisives (1), recourbées les unes vers les autres, et sont taillées en biseau aux dépens de la face interne de façon à former de véritables pinces coupantes. Les canines n'existent pas. Les molaires, au nombre de douze à la mâchoire supérieure et de dix à l'inférieure, ont une forme tabulaire analogue à celle des dents du mouton. CHAPITRE V DE L'ENCÉPHALE ET DE SES ENVELOPPES L'encéphale, renfermé dans la cavité crânienne, est protégé par des enveloppes osseuses et membraneuses que nous allons étudier avant de Tcxaminer lui-même. § 1. — Enveloppe osseuse de l'encéphale. Examinée sur un squelette, cette enveloppe a la forme d'un ovoïde dont le grand axe forme avec celui de la tête un angle très-aigu, ou- vert en avant et en bas. Cela tient à ce que la partie supérieure fuit légèrement en arrière. L'ovoïde présente une longueur d'environ 10 à 11 centimètres, ses faces latérales et supérieures sont libres ; son extrémité postérieure est munie en haut d'un appendice allongé transversalement et recourbé en arrière, qui est la protubérance occipitale; l'extrémité antérieure se trouve comme perdue dans le frontal, sous la lame externe duquel elle semble rentrer. La boîte osseuse du crâne est constituée par les pariétaux, qui des- sinent à sa surface externe leurs crêtes convergentes en arrière, et forment la face supérieure et une bonne partie des faces latérales; par les temporaux qui complètent ces dernières faces, et dans lesquels on distingue la portion écailleuse et la portion tubéreuse, et enfin par le sphénoïde qui en forme la face inférieure, très-anfractueuse, percée de trous (jui donnent passage à des artères et à des nerfs, mais qui est peu importante à notre point de vue. L'extrémité antérieure est (1) On trouve cependant en arrière des deux incisives supérieures deux autres petites dents supplémentaires, chez le lapin et le lièvre, c'est munie une caractéristique du genre Lepus. 202 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS. formée par rclhmoïde et le frontal; la postérieure par l'occipital, dans lequel est creusé le trou rachidien ou occipital qui fait communiquer la cavité rachidiennc avec la cavité encéphalique. L'épaisseur des parois du cr;\nc varie beaucoup suivant le point que l'on envisage; elle est très-forte au niveau du rocher et aussi dans toute la partie qui correspond h l'occipital et principalement à la protubé- rance. Les portions de paroi formées par le pariétal, à l'exception de celle qui correspond à la protubérance pariétale interne, ont une épais seur de 6 à 8 millimètres sur la ligne médiane dans l'intervalle compris entre les crêtes ; mais en dehors de celles-ci, c'est-à-dire dans toute la portion recouverte par le crotaphite et qui correspond aussi à la por- tion écailleuse du temporal, l'os devient tellement mince qu'il est translucide. Cette minceur est plus grande encore au niveau des ailes du sphénoïde, c'est-à-dire en arrière et au-dessus de la gaîne oculaire ; c'est assurément en ce point que la boite crânienne possède le moins de force. Dans le frontal, ainsi que dans le corps du sphénoïde, les lames s'écartent et circonscrivent des espaces que nous avons déjà étudiés sous le nom de sinus ; la lame interne, toujours très-mince, est séparée de l'externe par toute la largeur de ces sinus. 11 résulte de cet examen que partout où la boîte osseuse crânienne est directement en contact avec la peau, ce qui n'a lieu que pour l'espace compris entre les crêtes pariétales, elle a une épaisseur rela- tive considérable, et que partout au contraire où l'os est mince, elle se trouve protégée par des portions molles d'une assez grande épais- seur; c'est ce que l'on constate au niveau des crotaphites, et au-des- sous de la gaîne oculaire où la présence de l'orbite et l'éloignement de l'arcade zygomatique qui semble placée au dehors comme un fort avancé, diminuent considérablement les chances de fracture de ses parois. En opposition avec ses faces latérales, la partie médiane, qui n'est recouverte que par la peau, acquiert déjà une épaisseur considérable et, de plus, elle est formée en voûte fuyant légèrement en arrière, ce qui augmente sa solidité et force les coups portés à cet endroit à glisser sur la protubérance occipitale, laquelle peut défier des chocs considé- rables. La partie qui est la plus exposée, c'est-à-dire l'extrémité anté- rieure correspondant au milieu du frontal, se trouve protégée par les sinus dont cetos est creusé. La présence de ces cavités, profondes de 'A centimètres, et séparées l'une de l'autre par une lame osseuse assez forte et toujours imperforée, qui semble destinée à soutenir comme un pilier la lame externe de l'os du front, assure donc aussi de ce côté la sécurité des centres nerveux. Au point de vue de la structure, tous les os qui forment la paroi du crâne offrent des caractères communs. Il entre dans leur composition deux lames de tissu compacte, enlrc lesquelles se trouve logée une plus ou moins grande quantité de substance spongieuse. On désigne DE L'ENCÉPHALE ET DE SES ENVELOPPES. 203 ces lames sous le nom de tables, qu'on distingue en interne et externe ; la substaiice intermédiaire est appelée dlploé. Partout où l'os est trans- parent, la substance spongieuse est peu considérable, elle manque même dans beaucoup d'endroits et les deux tables ne ferment alors qu'une seule lame compacte; mais dans certains points, comme la base de la protubérance pariétale interne, comme l'occipital et principale- ment sa protubérance, le diploé est très-épais et formé au centre par des aréoles tellement larges que, dans ce dernier endroit surtout, elles peuvent avoir jusqu'à 5 ou 6 millimètres de diamètre. Il existe une seule exception à cette règle, c'est celle qui est formée par le rocher où la substance spongieuse manque complètement. L'enveloppe osseuse du crâne circonscrit la cavité crânienne qui peut se diviser en deux parties, l'une antérieure correspondant aux os frontal, ethmoïde, sphénoïde, pariétaux et portion écailleuse du temporal, l'autre postérieure formée par le rocher et l'occipital. La limite de ces deux cavités est indiquée dans le squelette sur les côtés par un rebord saillant formé par les angles adjacents des deux portions du temporal, en haut par la saillie très -développée appelée protubérance pariétale interne. En bas, il n'y a pas de limite bien nette. Cette division en deux loges est beaucoup plus accusée sur les pièces fraîches : ainsi que nous le verrons plus loin en parlant des enveloppes membraneuses, la cavité antérieure sert à loger le cerveau propre- ment dit, ainsi que les corps striés, les pédoncules cérébraux et les couches optiques ; dans la postérieure on trouve le cervelet, la pro- tubérance et le bulbe. La première a la forme assez régulière d'un ovoïde légèrement aplati de dessus en dessous. Ses formes extérieures se dessinent seules sur une tête osseuse vue de face; son grand diamètre s'étend de la base de la protubérance pariétale interne au côté de l'apophyse crista-galli : il est d'environ 113 millimètres; sa largeur mesurée d'un temporal à l'autre est de 90 à 9o millimètres et sa troisième dimension du pariétal au corps du sphénoïde est de 73 millimètres. Le diamètre antéro-postérieur surpasse donc le diamètre latéral de 2 centimètres environ. La cavité antérieure est partagée en deux parties symétriques qui lo- gent chacune un lobe cérébral par une crête sur laquelle viennent s'attacher certaines parties delà dure-mère. Cette crête, qui règne aux deux extrémités et sur la voûte, est formée par l'apophyse crista-galli et l'arête antérieure de la protubérance pariétale réunies par la saillie qui indique le point de soudure des deux moitiés du pariétal, saillie qui est à la vérité peu apparente en beaucoup de cas. Chaque loge pré- sente un diverticule antérieur profond limité en avant par la lame cri- blée de l'ethmoïde, et servant à loger le lobe olfactif. La loge postérieure est beaucoup moins spacieuse; son diamètre 204 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. transversal, qui n'est plus que de 0 cenlimètrcs environ, s'clend d'un rocher à l'autre; de la base de la protubérance pariétale à kr l'ace in- terne de l'apophyse basilaire, elle mesure GO à 03 milUmètres. 11 est dilllcile dindiquer une mesure exacte pour la dimension antéro-pos- té Heure. On y remarque en dehors l'orifice du conduit auditif interne, creusé dans le rocher; en avant et en dedans de ce dernier, l'ouverture du trou déchiré, bouché en grande partie à l'état frais par du cartilage ; tout à fait à l'angle postéro-inférieur de la cavité, le trou occipital qui fait communiquer la cavité cérébelleuse avec la cavité rachidienne ; on trouve sur le côté de cette dernière portion, le trou condylien, large ouverture par laquelle le nerf hypoglosse sort de la cavité crânienne. Différences. — Chez tous les animaux, les mômes os entrent dans la composition des parois du crâne, seulement la mesure dans laquelle chacun d'eux concourt à les former varie. Chez le fcœu/", le frontal forme la plus grande partie de la face antérieure, cependant celle qui correspond au pariétal est plus considérable que ne le laisseraient supposer les limites extérieures de cet os ; c'est même le pa- riétal qui forme la plus grande partie de la base osseuse du chignon. Envisagées d'une façon générale, les parois du crâne ne sont, dans aucune autre espèce, aussi fortes que chez le bœuf. Dans toute la partie antérieure, les parois sont très-épaisses et les deux lames écartées l'une de l'autre par des sinus nombreux. Il n'entre; dans la composition de cette partie que de la substance compacte ; celte disposition donne ù la tète des animaux de l'espèce bovine une solidité qui lui permet de supporter des chocs énormes. Chacun sait avec quelle force ces animaux s'attaquent par le front et quels coups ré- sultent de la collision de pareilles masses lancées à foule vitesse, et cependant les fractures du crâne sont très-rares dans l'espèce bovine ; celte rareté tient à la force des parois du crâne, à la grande surface du front qui dimiiuic la pression supportée par chaque partie, en multipliant les points de contact. Si la massue du boucher parvient à fracturer les parois du crâne, c'est surtout parce qu'elle agit avec une très-grande force sur un point très-limité. Les parois osseuses qui correspondent à la face temporale sont minces, mais hors de toute atteinte. Chez les autres ruminants, l'épaisseur des parois du crâne varie considé- rablement suivant que ces animaux possèdent ou non des cornes ; dans tous les cas, le crâne se trouve reporté en arrière de ces appendices et très-bien protégé par eux; lorsque les cornes manquent, la présence des sinus fron- taux et la forme fuyante du haut de la tèie permet encore à ces animaux d'u- ser dans une certaine mesure de leur moyen d'attaque ou de défense. Le cerveau du porc est protégé par des sinus très-larges existant dans le frontal, et surtout dans la protubérance occipitale. Quant aux parois du crâne chez le chien, elles sont partout très-minces, excepté dans la partie qui correspond à la crête pariétale; mais si l'os est peu résistant, les crotaphites qui le recouvrent sont épais et forment aux parties latérales de la boîte crânienne, uueproleclion suffisante. UE L'EiNCÉPIIALE ET DE SES ENVELOPPES. 20o § 2. — Enveloppes membraneuses. Elles sont au nombre de trois : la dure-mère, V arachnoïde et \q. pie-mère. On les désigne souvent sous le nom générique de méninges, et elles prennent alors le nom de méninges externe, moyenne et interne, sui- vant leur profondeur. a. La dure-mère, la plus superficielle des trois membranes, tapisse toute l'étendue de la face interne de la boîte crânienne, et se continue en arrière, au niveau du trou occipital, avec la dure-mère rachidienne. Dans la boîte du crâne, elle adhère plus ou moins aux os, mais elle est toujours distincte du périoste interne; elle est très-vasculaire, à rencontre des autres membranes du tissu conjonctif, et les vaisseaux dont elle est parcourue sont assez volumineux pour marquer leur em- preinte qui apparaît en demi-gouttière ramifiée, à la façon des divisions des nervures principales d'une feuille digitinerviée, à la face interne des os du crâne. Les points oii l'adhérence entre les parois du crâne et la dure-mère est la plus prononcée sont: la partie médiane de la voûte, tout le long de la suture des deux parties du pariétal, sur l'apophyse crista-galli, le corps du sphénoïde, l'apophyse basilaire, dans toute la cavité cérébel- leuse et sur la protubérance pariétale interne. Elle est moins forte sur les côtés delà voûte, où il est facile de séparer l'une de l'autre ces deux parties. La dure-mère présente à l'intérieur du crâne des replis ou prolon- gements très-importants dont nous allons examiner les principaux. 1° La faux du cerveau, qui doit son nom à la forme qu'elle affecte et qui sépare l'un de l'autre les deux lobes, répond par un bord adhérent à l'apophyse crista-galli, à la suture médiane du frontal et du pariétal, et à l'arête antérieure de la protubérance qui la réunit, par son extrémité postérieure, à la tente du cervelet; toute l'étendue de ce re- pli est creusée d"un canal veineux de forme triangulaire appelé le sinus médian. Son bord libre, tellement mince qu'il est percillé d'une foule de petits trous, comme une dentelle, s'enfonce dans la scissure interlo- baire et s'avance jusque sur le corps calleux auquel elle adhère assez pour diviser le compartiment cérébral en deux cavités distinctes, l'une droite et l'autre gauche. L'examen de la faux du cerveau indique qu'il n'est pas indifférent, dans le cas d'épanchements, de trépaner sur l'un ou l'autre côté, puis- que ces deux côtés ne comnmniquent pas entre eux. On ne devra pas non plus trépaner sur la ligne médiane, d'abord à cause de la lar- geur du repli falciforme à sa base, largeur qui demanderait une cou- ronne très-large pour permettre d'arriver à l'un ou l'autre hémisphère, ensuite parce qu'on s'exposerait à léser le sinus médian, dont les hé- morrhagies, toujours considérables, seraient très-difficiles à arrêter. 206 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. 2° La tente du cervelet, qui sépare la cavité crânienne de la cavité cé- rébelleuse. Les deu.x lames qui la forment s'étendent de chaque côté delà protubérance pariétale interne, sur les arêtes latérales de laquelle elles sont attachées, ainsi que sur les arêtes temporo-pariétales. Le bord adhérent est large et creusé de sinus transversaux; le bord libre s'avance jusque sur les pédoncules cérébrau.x et entoure complètement la moelle allongée. 3° Enfin un troisième repli, (jui ne nous présente rien de particulier à examiner, entoure la glande piluitaire ; il a reçu le nom de i^epli pitui- taire ou sus-sphénoïdal. Il est facile de se rendre compte du rôle de ces replis membraneux qui séparent ainsi les unes des autres toutes les parties de l'encéphale. On voit immédiatement qu'ils sont destinés à isoler ces masses pul- peuses et molles qui se fussent infailliblement blessées et meurtries dans les chocs ou les mouvements brusques, si elles n'eussent été sépa- rées les unes des autres et renfermées dans des loges étroites. Indépendamment de ces replis que nous venons d'examiner, la dure- mère fournit aux nerfs crâniens, à leur passage, le périnôvre qui les enveloppe jusqu'à leur terminaison. b. V arachnoïde remplit par rapport aux centres nerveux le rôle d'une séreuse : elle est formée de deux feuillets. Le premier ou feuillet pariétal est soudé avec la dure-mère et ne présente rien de particulier à considérer. Le feuillet viscéral s'étend sur toutes les parties des centres, mais ne se prolonge pas dans toutes leurs anfractuosités. Lorsqu'il passe d'une circonvolution sur l'autre, il franchit la scissure qui les sépare en formant un pont sous lequel circule le fluide céphalo-rachi- dien. Dans certains points môme, il est tellement écarté delà substance cérébrale, qu'il se trouve de véritables réservoirs entre lui et la pie- mère ; c'est à ces espaces larges et remplis du liquide sous-aracbnoï- dien que Magendie a donné le nom de confluent. 11 en a décrit trois : l'un est antérieur et se trouve situé en avant du chiasma des nerfs op- tiques ; un deuxième ou inférieur au niveau des pédoncules cérébraux est limité en avant par la tige pituitaire et en arrière par le bord anté- rieur de la protubérance, c'est le plus spacieux; le troisième ou /?os- térieur est situé en arrière du cervelet, au-dessus du hulbe. C'est par ce troisième confluent que le quatrième ventricule et, par suite, tous les ventricules cérébraux communiciuent avec la cavité sous-arachnoï- dienne. L'ouverture qui les met on rapport se trouve au niveau du ca- lamus scriptorius ; signalée par Magendie, Renault en a contesté l'existence, chez le cheval, et M. Lavocat ne l'aurait pas rencontrée chez les autres animaux domestiques. c. La pie-mère, qui n'est autre chose que l'enveloppe propre des cen- tres nerveux, recouvre toutes leurs parties, s'enfonce dans toutes leurs dépressions, et envoie de sa face interne des prolongements qui sépa- rent les uns des autres les éléments nerveux. La pie-mère est une DE L'ENCÉPHALE ET DE SES ENVELOPPES. 207 membrane très-vasculaire qui laisse voir avec la plus grande facilité ses vaisseaux gorgés de sang dans les autopsies de maladies nerveuses, surtout à forme dynamique. Ce que nous avons dit de la boîte osseuse du crâne et des envelop- pes membraneuses qui la complètent nous dispense de revenir sur la forme de la cavité crânienne. Aussi allons-nous passer immédiatement à la description ou plutôt à l'énumération des organes contenus dans la cavité encéphalique. § 3. — De l'encéphale. C'est un renflement nerveux formé de trois parties, deux lobes céré- braux symétriques, le cervelet et l'isthme : toutes ont une consistance faible, sedésagrégent ou se déchirent sous l'influence d'une action très- modérée. La substance cérébrale remplit à peu près exactement la ca- vité tapissée par la dure-mère, ce qui rend impossible l'accumulation du liquide céphalo-rachidien, en dehors des points qui répondent aux confluents et au fond des sillons. Los lobes cérébraux parfaitement distincts l'un de l'autre, quand on les examine par leur face supérieure, sont séparés par la scissure in- terlobaire, dans laquelle s'avance la faux du cerveau. Au fond de la scissure, les deux lobes sont réunis par une commissure que l'on ap- pelle le corps calleux. Chaque lobe cérébral est creusé d'une cavité allongée appelée ventricule latéral, qui communique avec celle du côté opposé par une ouverture médiane appelée trou de Monro, creusée en avant du trigone cérébral. Les faces supérieure et latérales des lobes, convexes et répondant au pariétal et au frontal, présentent à leur surface une grande quan- tité de replis, appelés circonvolutions cérébrales, qui semblent avoir pour usage d'augmenter la surface extérieure de l'organe, tout en lui conservant un certain volume. Les circonvolutions, recouvertes d'une substance grise, offrent une disposition assez irrégulière lorsqu'on les envisage dans deux espèces différentes, mais se trouvent disposées de la même manière pour les sujets d'une même espèce. Chaque lobe cé- rébral est muni, à sa partie antérieure, d'un prolongement conique, qui s'avance dans le diverticule antérieur de la cavité, au-dessous du sinus frontal correspondant, jusqu'à la lame criblée de l'ethmoïde : c'est le lobule olfactif, qui donne naissance aux nerfs olfactifs, lesquels traver- sent les trous de la lame criblée et se distribuent aux parois des cavités nasales. Le lobe olfactif est creusé d'une cavité qui communique avec le ventricule latéral correspondant. La face inférieure des hémisphères nous présente, en arrière, le lobule mastoïde ou cérébral, limité en avant par la scissure de Sylvius, dont la direction est transversale, et qui le sépare du noyau extra-ventriculaire du corps strié, bordé lui-môme par les deux racines du lobule olfactif. 208 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Le ce7'velet est loge dans la cavité cérébelleuse, en arrière des lobes cérébraux, dont il est séparé par la protubérance pariétale interne et la tente du cervelet. Comme tous les organes médians, le cervelet est symétrique et présente sur son milieu le lobe moyen, séparé des lobes latéraux par un sillon qui le fait paraître en relief et lui donne la forme d'un ver à soie, surtout à ses extrémités, qui ont reçu pour cela le nom d'éminencesvermiculaires, et sont distinguées en antérieure et postérieure. Ces éminences concourent à former le plafond du qua- trième ventricule. Les lobes latéraux, sillonnés en tous sens, rattachent le cervelet à l'isthme par l'intermédiaire des pédoncules cérébelleux. Visthme, qui établit la communication entre le cervelet et les lobes cérébraux, est la continuation de la moelle épinière, aussi l'appelle-t-on moelle alhngée. L'isthme est caché sur sa face supérieure par le cervelet et les hémisphères, on n'aperçoit en arrière que la portion la plus infé- rieure du bulbe. A la face inférieure on trouve, d'arrière en avant, la continuation du sillon antérieur de la moelle; sur les côtés les pyramides et les olives; un faisceau de fibres transversales, le pont de Varole; les pédoncules cérébraux sur lesquels est appliquée la glande pituitaire, en avant de cette dernière le chiasma des nerfs optiques. De la face inférieure et des côtés de Tisthme, on voit s'échapper les nerfs crâniens dont l'étude, très- complexe et très-importante, au point de vue physiologique, nous en- traînerait loin du cadre que nous nous sommes tracé ; ils sortent du crAne par des ouvertures situées sur les côtés du plancher de la cavité crânienne. La profondeur à laquelle ils se trouvent situés les rend tout à fait inaccessibles au chirurgien. C'est au cerveau proprement dit que sont réservées les fonctions les plus élevées de l'animalité : les sentiments, l'intelligence résident dans cette partie des centres nerveux. Le cervelet et l'isthme paraissent sur- tout en rapport avec les fonctions vitales, aussi une lésion de ce der- nier organe se manifeste-t-elle par des troubles plus ou moins consi- iirérence8. — Dans le mulet la crinière est peu abondante et très-courte. Chez Vdne les crins font presque complètement défaut ; il est beaucoup plus rare de rencontrer chez ces animaux les altérations du bord supérieur de rencolure si fréquentes et si graves chez le cheval. Chez le bœuf la crinière n'existe pas, mais celte partie de l'encolure doit être considérée cependant comme une région distincte; car, à part les crins, on retrouve chez le bœuf les mêmes parties que chez le cheval et dans une superposition semblable. Le ligament cervical se trouve, dans l'espèce bovine, beaucoup plus déve- loppé que chez les solipcdes, ce qui est en rapport avec ses fonctions, la tôte du bœuf ayant toujours un poids plus considérable que celle du cbeval. Le ligament même présente une conibrmalinu différente fort bien décrite par M. Lecoq, dans les termes suivants : « A partir du garrot, le ligament sur-épi- neux cesse de recouvrir la tùte des apophyses épineuses et s'étend de chaque côté en une large et forte lame prenant des points d'attache sur les côtés des apophyses, cl se séparant, à parlir dnla première vertèbre dorsale, en deux parties : l'une supérieure, l'autre inférieure. La première gagne la tubérosité cervicale sous forme d'un gros cordon uni au cordon du côté opposé; l'autre s'épanouit en une lame qui va s'altacberà la moitié postérieure de l'apophyse épineuse de l'axis et h celle des troisième et quatrième vertèbres. Une pro- durlion de même nature, véritable auxiliaire de la partie principale, part du bord antérieur de l'apopbyse épineuse de la première vertèbre dorsale, et s'attache aux apophyses épineuses des quatrième, cinquième, sixième et sep- PARTIli SUPERIEURE DU COU. 223 tième vertèbres. Le bord supérieur de cette production ligamenteuse auxi- liaire est caché entre les deux lames du ligament principal. » Chez les petites espèces de nos animaux ruminants la disposition du liga- ment cervical est à pou près la même que chez le bœuf, mais avec un volume beaucoup plus faible. Chez le porc, le bord supérieur du cou est très-obtus et toujours chargé d'une grande quantité de graisse. Le ligament cervical proprement dit n'existe pas, ce qui s'explique parfaitement par la direction oblique en avant et en bas de l'encolure, le peu de longueur de cette région et la force des muscles cervicaux supérieurs. Chez le chat et le chien le cou est presque cylindrique, les poils ne diffè- rent pas dans le bord supérieur de ce qu'ils sont dans les autres régions, la peau y est très-mobile, le ligament cervical fait défaut. § 3. — Région de la nuque. La nuque est cette partie du bord supérieur de l'encolure qui cor- respond à la face postérieure de l'occipital, à l'atlas et à l'axis. Dans les traités d'extérieur on considère la nuque comme faisant partie de la tète; mais nous rapprochons cette région de celle de la crinière, car toutes les considérations dont nous avons parlé, à propos de cette der- nière, lui sont applicables, ce qui nous dispensera d'j^ revenir. Toute- fois elle montre une complication plus grande et possède, en outre, divers organes d'une grande importance chirurgicale qui justifient qu'on la considère comme une portion séparée de cette région. Limitée en avant par la protubérance occipitale, elle s'étend en ar- rière de ce point à environ un travers et demi de main. Son diamètre transversal égale le longitudinal. La peau est mobile partout, même dans les points qui portent les crins. Aussi ne trouve-t-on plus au- dessous d'elle le tissu fibro-graisseux de la crinière, ou du moins il y existe en quantité moindre et diminue à mesure que l'on se rappro- che de la protubérance, oii il est remplacé par du tissu conjonctif or- dinaire. Au-dessous de la peau et à la partie supérieure, on voit, en première couche, les muscles cervicaux auriculaires qui se reconnais- sent facilement par la direction de leurs fibres obliques en avant et en dehors. Ces muscles se joignent sur la ligne médiane et recouvrent l'attache supérieure du ligament cervical. Une deuxième couche est formée par le splénius et par l'aponévrose qui lui est commune avec le petit complexus. Les deux muscles splé- nius forment une légère saillie, bordant un sillon médian, large de deux centimètres environ, dans le fond duquel apparaît le ligament cervical. La troisième couche est représentée par le tendon extrême- ment fort du grand complexus ; on peut ranger aussi dans ce plan mus- culaire le petit oblique (atloïdo-mastoïdien), dont les fibres se distin- guent toujours très-bien par leur direction oblique en avant et en de- 224 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. dans; tandis que celles du complexus suivent à peu près la direc- tion du grand axe du cou. Le muscle grand oblique (axoïdo-atloïdien), dont les fibres ont une direction opposée à celle du précédent, est situe en arrière du petit oblique, sur la face externe de l'atlas et de 1 axis, et se trouve sur un plan plus profond que le grand complexus; son bord interne constitue, avec le bord correspondant du petit oblique et le ligament cervical, une sorte de triangle dans lequel sont logés les muscles droits postérieurs de la tête, distingués en grand et en petit ; celui-ci, plus profond que le premier, se trouve appliqué directe- ment sur l'articulation atloïdo-occipitale. Le ligament cervical reste seul lorsque l'on a enlevé toutes les masses musculaires; il ne présente rien de particulier dont nous n'ayons déjà parlé dans l'élude de la cri- nière, si ce n'est toutefois l'existence presque constante d'une bourse séreuse située immédiatement à sa face inférieure ou antérieure, bourse séreuse qui facilite son glissement sur l'atlas. Cette bourse peut man- quer ; elle n'existe pas chez les animaux jeunes et se forme par les progrès de l'âge sous l'influence des mouvements répétés de la tête, et de l'appui de la têtière du licol; chez les jeunes sujets elle est rem- placée par du tissu conjonctif assez lâche. Nous devons faire rentrer, dans la description de cette région, les deux articulations atloïdo-occi- pitale et axoïdo-atloïdienne. Articulation atloïdo-occipitale. — Ainsi que l'indique son nom, cette articulation est formée par les condyles de l'occipital, entre lesquels se trouve le trou de même nom, et par les deux cavités que l'on trouve creusées sur le corps et la portion annulaire de l'atlas, cavités qui re- présentent la tête et les apophyses articulaires des autres vertèbres. Un seul ligament réunit les pièces de cette articulation. C'est un man- chon fibreux attaché autour des surfaces qu'il est chargé de réunir. Il est beaucoup plus résistant à sa face supérieure qu'à l'inférieure et présente même, pour le renforcer, quatre faisceaux fibreux, deux qui se croisent en X à la partie médiane de sa face supérieure et deux au- tres situés sur les côtés et qui se portent de l'atlas à la base des apo- hyses styloïdes de l'occipital. Les synoviales, au nombre de deux, correspondent chacune à un condyle ainsi qu'à la cavité glénoïde qui le reçoit. Tous les mouvements sont possibles dans cette articulation, mais les plus marqués sont l'extension et la flexion. Il existe entre l'atlas et l'occipital, tout à fait dans le plan médian du corps et à la face supérieure, un intervalle rempli seulement par le ligament de Tarliculation. Cet intervalle peut varier dans des limites assez considérables, suivant la position de la tête : lorsque celle-ci est relevée, les condyles se portant en avant et en bas, rapprochent l'occi- pital du bord antéro-supérieur de l'atlas et réduisent l'espace qui sé- pare ces deux os; l'écartement peut dans certain cas d'extension exagérée, n'être que de quelques millimètres. Mais si la tête est for- PARTIE SUPERIEURE DU COU. 225 tement abaissée, la distance inler-osscuse est aussi grande que possi- ble et peut aller jusqu'à trois ou quatre centimètres, c'est-à-dire jus- qu'à la limite de distension du lij;ament capsulaire. C'est dans cet in- tervalle que l'on pratique habituellement la section de la moelle épi- nière. 11 est d'autant plus facile alors de pénétrer jusqu'à la moelle que l'espace est plus large, c'est-à-dire que la tète est plus abaissée ou bien fait avec le bord inférieur de l'encolure un angle plus aigu. Articulation axoïdo-atloïdienne. — Les surfaces articulaires sont dis- posées pour le mouvement de rotation. On voit du côté de l'axis une apophyse dite ondontoïde présentant à sa base et de chaque côté deux facettes ondulées qui répondent à de semblables facettes de l'atlas. L'apophyse ondontoïde est fixé sur le corps de l'atlas par un ligament très-court et extrêmement fort, caché sous la moelle épinièrç et ses enveloppes. De môme que le ligament axoïdo-atloïdien inférieur, il est inaccessible au chirurgien. Le ligament capsulaire s'étend du bord antérieur de l'axis au bord postérieur de l'atlas, tout autour des parties de l'articulation qui représentent les apophyses articulaires des autres vertèbres ; il est surmonté par deux lames élastiques longitudinales, qui sont Tanalogue du ligament intcr-épineux des autres vertèbres, et aux- quelles on a donné le nom de ligament axoïdo-atloïdien supérieur. L'ensemble des ligaments de l'articulation axoïdo-atloïdienne forme un des moyens d'union les plus puissants de l'économie. Le ligament atloïdien est pour ainsi dire le régulateur de cette articulation, c'en est en même temps le lien le plus lort. Sa disposition est telle que, tout en permettant à l'apophyse ondontoïde de pivoter sur le corps de l'atlas, elle ne laisse opérer aucun mouvement de latéralité et, à plus forte raison, aucune déviation dans le sens du grand axe de l'apophyse. On comprend, d'ailleurs, que si cette apophyse pouvait exécuter un mou- vement capable de diminuer la largeur du canal rachidien, il en résul- terait les conséquences les plus graves par suite de la compression de la moelle épinière qui aurait infailliblement lieu. La brièveté et la force du ligament sont un obstacle presque insurmontable au déplacement de l'apophyse ondontoïde et, de fait, nous n'avons vu nulle part que des luxations de cette articulation aient été observées. Si, après avoir enlevé les muscles du cou, tout en respectant les ligaments de l'articu- lation, on essaie de produire cette luxation, on n'arrive qu'à fracturer Tapopliyse odontoïde. Vaisseaux et nerfs. — Le sang est amené à la nuque par des artères importantes (ju'il importe de ne pas atteindre dans les opérations. L'artère occipito-musculairc, la \Ans volumineuse, se trouve, à son origine, recouverte par le muscle grand oblique et se dirige trans- versalement en dedans à la surface des muscles droits postérieurs. L'atloïdo-musculairc ou rétrograde, plus éloignée de la ligne médiane, est située entre le muscle petit oblique et l'apophyse Iransverse de l'atlas. Pbicu i.t TorsjiiNT. — dhuuryic, lo 226 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Nous citerons parmi les nerfs une branche très-volumineuse envoyée par la première paire cervicale, et qui passe en travers du tendon du grand (•(iniplcxus, entre ce muscle et le splénius, pour aller se distri- buer aux ccrvico-auriculaires et ;\ la peau. D'autres branches moins importantes se voient à la surface des muscles droits postérieurs. »iir«''r«Micc9. — La région qui, choz le bœuf, correspond à la nuque du cheval, ue se trouve pas iuimédialcmenl en arriére du sommet de la tOfe, on trouve une large surface quadrilatère, qui a pour ])ase la face posté- rieure du frontal, le pariétal et une portion de l'occipital, et qui est seule- ment recou\ert(' par la peau, (jiuuit à la nuque proprement dite, elle forme une surface plane, large, comprise entre les deux oreilles, cl dans laquelle le tégument, assez mobile, est dépourvu des poils longs qui se remarquent sur le cheval. Les couches musculaires sous-jaccntes ont à très-peu de chose près la même disposition que chez ce dernier animal. La peau de la nuque est extrêmement mobile chez le vhicn, on y passe souvent des sétons, sans qu'il en résulte aucun accident, malgré la compli- cation do la région, mais on devra avoir soin cependant de les passer toujours entre la peau et l'aponévrose sans intéresser celle-ci. CIIAPITUE II PARTIE IM ÉIUEURE Dll COU Elle comprend, ainsi que nous l'avons dit, tout ce qui se trouve situé en avant des vertèbres cervicales et s'étend de l'auge à la région pectorale; nous lui assignerons pour limites latérales, le bord anté- rieur de la saillie produite par le masloïdo-huméral. Les deux sillons dans lesquels rampent les veines jugulaires porteront le nom de ces veines et seront étudiées comme régions distinctes. Une autre région impaire forme le bord antérieur, nous lui donnerons le nom de région trachéale. § 1. — Région jugulaire. Encore appellée gouttière de la Jugulaire, cette région a la forme d'un demi-canal assez régulier, à bords mousses, se raccordant en arrière avec la saillie du mastoïdo-buméral et se continuant en avant avec le demi-cylindre formé par la région trachéale. La gouttière s'avance en haut jusipie sur.la région parotidienne, sur laquelle elle se continue, pour s'arrêter au-dessous de la légère saillie produite par la base de l'oreille; en bas, elle siulléchit eu dedans et se réunit à celle du côté opposé eu limitant la rcgioii de la trachée. Les deux gouttières ainsi PARTIE INFÉRIEURE DU COU. 227 fusionnées, s'emblent se conliniior chez les chevaux bien musclés par une dépression qui sépare les deux régions pectorales et dans le fond de laquelle on peut sentir, à une profondeur plus ou moins grande, le prolongement Irachélien du sternum. Le demi-canal est toujours plus accusé à la partie supérieure que dans tout autre endroit; toute la gouttière se prononce lorsque l'animal abaisse la tète, elle diminue dans le mouvement opposé ainsi que dans la flexion latérale, mais cependant sans disparaître complètement. La peau est partout mince et mobile, et présente des poils fins et courts, elle recouvre un tissu conjonctif lâche et assez abondant, dans lequel se rencontrent les divisions des nerfs cervicaux et une branche du nerf facial, le rameau cervical, dont la direction est celle de la ré- gion elle-même. Au-dessous du tissu conjonctif, se trouve le peaucier cervical. Ce muscle, dont les fibres pâles sont très-caractéristiques, est beaucoup plus épais à la partie inférieure de la région que partout ailleurs. 11 peut, en effet, atteindre deux centimètres d'épaisseur près de son ori- gine sternale, tandis que la partie tout à fait supérieure n'a guère que quelques millimètres. Une couche peu épaisse de tissu conjonctif sépare le peaucier de l'or- gane qui donne son nom à la région, c'est-à-dire de la jugulaire, mais, sur les côlés de la veine, ce tissu devient plus abondant ; il se condense pour faire au vaisseau une gaine résistante que l'on doit inciser lors- qu'on veut mettre la veine à nu. Celle-ci s'énuclée pour ainsi dire lors- qu'un coup de bistouri a entamé sa gaine sans toucher à ses parois; elle apparaît alors avec une couleur bleu-noirâtre, si l'on a eu le soin de faire la compression au-dessous du point attaqué. Dans le cas con- traire, elle est plissée en long et peut être confondue avec les lames de tissu conjonctif qui l'entourent. La veine jugulaire est séparée des organes sous-jacents, mais dans une partie de son étendue seulement, par le muscle omplat-hyoïdien, (pli traverse obliquement la région pour aller s'attacher sur le corps de l'hyoïde. Quoique ce muscle soit aplati, il n'a cependant pas une épaisseur uniforme : c'est vers le point de réunion du tiers supérieur avec le tiers moyen et môme un peu plus bas qu'elle est la plus grande. C'est donc en ce point que l'on devra pratiquer la saignée, car c'est là qu'on sera le moins exposé à atteindre la carotide. La carotide est aussi plus profonde et la veine plus superficielle dans la partie supé- rieure du cou, tandis qu'à la partie inférieure, les deux vaisseaux se rapprochent et se placent à peu près à la môme profondeur. Tout à fait en avant.des vertèbres, se trouvent les muscles long du cou et droit antérieur de la tète. Dans l'espace situé entre ces derniers muscles, l'omoplat hyoïdien ou le peaucier et la trachée, on rencouli'c la carotide, le corduu commun au pneumogastrique^ et au sympatliitiue, le nerf laryngé et l'œsophage. 228 ANATO.MIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Ces organes sont noyés dans une atmosphère de tissu conjonctif abondant et lâche qui offre un chemin tout tracé pour les migrations du pus; il n'est pas rare, en eliet de constater (pie les abcès profonds de la partie supérieure du cou s'étendent avec la facilité la plus grande, en suivant ce tissu conjonctif, non-seulement parce qu'il est très- làche et très-facilement perméable, mais aussi à cause de sa position très-inclinéc. Il ne faut pas oublier non plus qu'il est en continuité directe avec celui des médiastins et des plèvres. J'ai pu constater plu- sieurs fois, qu'après l'œsophagotomic, ou des opérations sur la carotide ou la jugulaire dans le tiers inférieur du cou, le pus s'était étendu de proche en i)roehe jusque dans le tissu sous-pleural et avait ainsi amené des inflammations consécutives des plèvres. Non- seulement le pus, mais l'air lui-môme, se répand avec la plus grande facilité dans le tissu de cette région, et cela surtout lorsque la plaie siège dans les parties inférieures. La pénétration de ce gazdans les aréoles dutissu conjonctif est considérablement facilitée par l'inspiration, dont les effets peuvent se faire sentir à une assez grande distance en avant de la première côte. Les liquides qui s'infiltrent après l'œsophagotomic ou le sang qui s'é- coule dans le tissu cellulaire après la piqûre de la carotide, sont fré- quemment la cause de semblables accidents. Revenons maintenant sur plusieurs organes importants que nous n'avons encore que signalés. La jugulaire est, dans la plupart des cas, très-facile à limiter extérieu- rement ; il suffit pour cela d'exercer une compression àlabasedu cou: on la voit alors se dessiner avec une netteté d'autant plus grande que l'animal a les téguments plus fins, et qu'il est moins chargé de graisse, Lorscjue la veine est remplie de sang, si on lui imprime quelques mouvements de bas en haut, il se forme des ondes très-visibles qui re- montent jusqu'à la Ijuse de l'oreille et (pii décèlent ainsi le trajet de la veine dans tout son parcours. La veine est en rapport en haut, au- dessus du bord supérieur du muscle omoplat-hyoïdien, avec la caro- tide et le cordon commun des nerfs pneumogastrique et sympathiciue. Au-dessous du muscle, elle prend une posilion inférieure par rapport à ces organes. Dans bipartie inférieure du cou, la veine jugulaire se rapproche de la ligne médiane en passant sur les côtés de la trachée, pour arriver à sa face inférieure. Avant de se réunir à celle du côté opposé elle reçoit la veine de l'ars. Le cours du sang est très-rapide dans la jugulaire car, en raison de la position du vaisseau, la pesanteur exerce son influence sur ce liquide pour le porter vers le cœur. De plus, à cnaque mouvement inspiraloire, la tendance au vide qui se produit dans la cavité fhora- cicpu' vient encore ajouter une sorte d'effet de pompe aspirante. Cette double action est extrêmement facilitée par ce fait que les parois du confluent sont attachées à l;i face interne des côtes et ne peuvent s'applicpicr lune contre Tautri'. 11 y a donc là une ouverture tonjouis PARTIE INFERIEURE DU COU. 229 béante, qui est admirablement disposée pour transmettre l'aspiration produite par lerclàcbeuient des fibres de l'oreillette et par l'inspiration. Cela explique aussi la grande facilité avec laquelle l'air peut s'intro- duire par les ouvertures de cette veine. Malgré la capacité du conduit, le sang qui se trouve dans la jugu- laire est donc toujours en mouvement rapide et en quantité assez petite. Aussi ne voit-on pas la veine dans l'état ordinaire: la compres- sion déterminée par le collier, la main ou une corde la fait bientôt apparaître. La carotide primitive, qui naît du tronc céphalique, branche impor- tante de l'artère axillaire droite, se trouve, à son origine, comprise entre la veine cave et la face inférieure de la trachée ; elle monte sur le côté du conduit aérien en s'avancant vers sa face supérieure qu'elle ne tarde pas à atteindre vers le quart inférieur, se place ensuite un peu en arrière, au-dessous de romoplat-hyoïdicn et arrive jusqu'au niveau du larynx oîi elle se divise pour former l'occipitale, la carotide externe et la carotide intern e. Le cordon du pneumogastrique et du sympathique l'accompagne dans tout son parcours, en restant intimement accolé à sa face supé- rieure ; le nerf récurrent, au contraire, est placé en avant du vaisseau et à une certaine distance dans la partie inférieure du cou ; les mus- cles long du cou et droit antérieur de la tète, à la partie supérieure et en arrière, l'omoplat-hyoïdien dans la partie moyenne et en dehors, le scalène, dans la partie inférieure et en dehors, sont aussi en rap- port avec la carotide. L'artère gauche se met de plus en rapport avec l'œsophage au niveau de la déviation de ce dernier. La position des cordons nerveux est suffisamment indiquée par leurs rapports avec la carotide. Quant à VœsopJiage, il se trouve compris entre la face postérieure de la trachée et la face antérieure des muscles qui recouvrent en avantles vertèbres cervicales. En arrivant vers le mi- lieu du cou, il commence à se dévier à gauche de telle sorte qu'à l'en- trée de la poitrine, il se trouve situé sur le côté de la trachée, entre ce conduit et le muscle scalène. Dans sa partie supérieure il est longé de chaque côté par les nerfs et les vaisseaux que nous venons d'étudier; auniveau de sa déviation, il est seulement en rapport avec ceux du côté gauche. 11 entre dans la structure de l'œsophage deux membranes dont la pre- mière externe est charnue, formée de deux plans de fdjres rouges, les unes circulaires, les autres longitudinales, ces dernières superficielles. La deuxième membrane est une muqueuse qui, duns l'état ordinaire, présente de nombreux plis longitudinaux qui disparaissent par l'élar- gissement du canal, au moment du passage des aliments. Les deux: membranes œsophagiennes peuvent glisser l'une sur l'autre avec la plus grande facilité. C'est dire que le tissu conjonclif qui les réunit est très-làche et assez abondant. 230 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Les vaisseaux qui se rendent à ces divers organes viennent de la carotide, ou de l'artère eervicale inférieure. Les veines assez nom- breuses se rendent à la jugulaire. Qiumt aux nerfs, ils proviennent, pour la peau et le peaucier, du plexus cervical ; les nerfs de la carotide sont fournis par le sympathique, suit par le plexus carotidien ou par le plexus cardiaque e( le ganglion cervical inférieur. Ceux de l'œso- phage sont donnés par le récurrent pour la partie inférieure, et prennent le nom d'œsophagiens inférieurs ; pour la partie supérieure, ils proviennent des nerfs laryngé supérieur et laryngé externe. On les voit former à la surface de la membrane cbarnue un beau réseau qui a de fréquentes communications avec le laryngé inférieur. On a donné à ces nerfs le nom d'œsophagiens supérieurs. nifTôreiiccs — La région jugulaire du hœiif c^l moins bien limitée que chez le cheval, elle ne forme plus guère ici le demi-canal ou la goullirre. La peau présente la continuation des plis verticaux de la région supérieure, elle acquiert une extrême mohilité. La jugulaire chez tous les animaux autres que les solipèdes est double, mais cependant la jugulaire externe est toujours plus volumineuse que l'in- terne. Chez les ruminants, malgré la présence de cette seconde veine, la première acquiert un volume énorme; néanmoins la jugulaire interne servant de déversoir pour le trop plein du sang de la veine externe, on peut éprou- ver une certaine difficulté dans la saignée à faire gonfler cette dernière par la simple compression digitale et l'on est dans l'habitude de se servir, pour arriver à ce résultat, d'une corde qui fait le (our du cou et peut se serrer à volonté, § 2. — Région trachéale. La région trachéale, qui comprend le bord antérieur ou inférieur du cou, est trop improprement appelée gosier, ainsi que le fait observer M. Lecoq dans son traité d extérieur, pour que nous conservions cette dénomination vulgaire. Très-simple dans sa partie médiane, la région trachéale offre une complexité plus grande à ses deux extrémités, aus>i la diviserons-nous en trois sections : une moyenne ou région trachéale proprement dite, une supérieure ou gutturale et une inférieure que nous appellerons sus-stcrnale. a. — RKGIOX THACHÉALE PROPREMENT Drrn. La région trachéale, arrondie, se rattache à la région jugulaire par une courbe paraboliqiui dont la régularité doit être parfaite; lors- que la trachée est déprimée sur l'une de ses faces, l'aspect de la ré- gion estirrégulier, et il est toujours facile, par une exploration très- simple avec bi main, de percevoir les altérations dont les cartilages tia- chéaux peuvent être le siège. La peau est mince et mobile partout et FACE INFÉRIEURE DU COU. 231 les poils forment très-souvent un bel épi radié dans le milieu de la région. La eouche de tissu conjonctif sous-jacente est généralement assez peu abondante et unit d'une façon intime le tégument au muscle peau- cier. Celui-ci ollVe une épaisseur variable dans les différents points de la région; toujours très-mince à la partie supérieure, son épaisseur aug- mente à mesure que l'on se rapproche de la région sus-slernale. Chez les animaux bien musclés il peut atteindre, en ce dernier point, jusqu'à deux centimètres d'épaisseur. Une deuxième couche musculaire incom- plète est formée, dans la partie médiane, par les muscles sterno-hyoïdien et thyroïdien ; sur les côtés, on voit sous la forme de deux longs fais- ceaux à section ovalaire, les muscles sterno-maxillaires, qui se distin- guent en outre du peaucier par la direction longitudinale et la cou- leur rouge vif de leurs libres. Cette dernière couche musculaire est unie à la trachée par un tissu conjonctif lâche et abondant. Lorsqu'on a enlevé toutes ces parties, la trachée apparaît sous la forme d'un tube formé d'une série d'anneaux cartilagineux, réunis entre eux par une membrane; sa forme n'est pas cylindrique, c'est plutôt un tube ellipsoïde dont les bords et la face inférieure sont assez régulière- ment arrondis, tandis que la face supérieure est à peu près plane. Cette face montre les extrémités aplaties des arcs cartilagineux qui entrent dans la composition de l'organe; les cartilages se chevauchent légè- rement sur la face postérieure. Si maintenant nous étudions la structure delà trachée, nous verrons que les cartilages sont réunis entre eux au moyen de ligaments fibro- élastiques intermédiaires, disposition en vertu de laquelle les arcs car- tilagineux peuvent s'éloigner les uns des autres pour permettre l'allon- gement du tube trachéal. Sur la face postérieure seulement, existe une membrane charnue, formée par des fibres transversales qui appartien- nent au système de la vie organique et n'ont d'autre action que de diminuer le diamètre transversal de la trachée ; lorsqu'elles se re- lâchent, l'organe reprend son diamètre primitif par la mise en jeu de l'élasticité propre des carlilages. Lorsque la membrane charnue est tout à fait paralysée, il peut arriver que les cartilages non maintenus se redressent peu à peu et donnent ainsi lieu à un aplatissement; on peut très-bien reproduire ce phénomène sur un segment de trachée enlevé sur un cadavre; dans ce cas la destruction ou l'incision de la membrane musculeuse suffit pour amener un redressement, plus ou moins parfait, des arcs cartilagineux. Nous avons eu l'occasion de cons- tater souvent sur de vieux chevaux un redressement des cartilages tel- lement i)rononcéque les deux faces de la trachée se touchaient par leur milieu et ne laissaient, pour le passage de l'air, qu'un double canal occupant les parties latérales et formé par les bords encore recourbés des bandes cartilagineuses, Deux fois même il nous a été possible de constater une adhérence des deux points opposés de la muqueuse, mais 232 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. nous ne saurions dire si ces adhérences se sont faites sous l'inlluence de plaies existant primitivement dans le conduit ou si les frottements des deux points opposés de la muqueuse l'un contre l'autre ont déter- miné ces plaies et par suite la soudure. L'aplatissement de la trachée est toujours un accident i^rave en ce qu'il diminue la faculté respira- toire des animaux. L:i trachée entretient avec les orf^anes voisins des rapports impor- tants à connaître. Entourée i)ar un tissu conjonctif assez lâche qui la met en rapport médiat avec les muscles qui l'environnent, la trachée Sl,' trouve, de plus, longée par les vaisseaux, les nerfs de la région jugu- laire et par l'œsophage. Ce dernier est appliqué sur sa face postérieure et se place ensuite sur son côté gauche à la base du cou, il commence sa déviation ;\ partir du milieu de la région. Les carotides et les nerfs pneumo-gaslriques et sympathiques longent les bords postérieurs de l'organe et convergent, à la base du cou, vers sa face antérieure qu'elles atteignent au niveau de la première côte. Le laryngé inférieur suit un trajet à peu près identique à celui de la carotide, mais il est situé eu avant de ce vaisseau surtout à la partie inférieure du cuu. La région trachéale reçoit le sang d'artères peu volumineuses venues, pour la partie inférieure, de l'artère Ihoracique externe et de la branche inférieure de Tai'tère cervicale inférieure ou trachélo-musculaire; pour ses pai'ties moyenne et supérieure les vaisseaux artériels émanent des carotides ; on les trouve toujours plus volumineux sur les côtés de la région (jue dans la partie médiane. Les veines se rendent à la jugulaire. Les 7ifrfs proviennent, pour la peau, de branches émanées du plexus cervical ainsi (jue du long rameau facial. Les muscles sterno-maxillaires reçoivent la sensibilité et le mouvement d'un gros rameau venu de la branche externe du spinal, l'ameau qui pénètre dans ce muscle par sa face interne et à son extrémité supérieure. (Juantàla trachée elle- même elle reçoit ses nerfs du laryngé inférieur (récurrent). Mi (Tore II ces. — Les quelques différences que présente la rcç;ion trachéale (liez les dillcrcnts animaux domestiques tiennent surlout à la présence de téguments et de couches musculaires plus ou moins épaisses et aux dimen- sions fie la trachée. Les organes importants de la région restent à peu près les mêmes chez tous. Chez le hœuf\a. peau semble trop large pour le cou, elle forme au-dessons do la trachée un repli plus ou moins prononcé suivant les races, que l'on fait disparaître avec la plus grande facilité par une simple traction, ce qui donne une mobilité extrême au tégument, vA qu'on a désigné sous le nom de fanon. L'épaisseur des couches musculaires est également plus grande clicz le bo'uf, la trachée est plus petite et elle est moins facilement saisie entre les doigts. On remarque également que chez presque tous les animaux, il existe en avant de la trachée un plexus veineux, à mailles assez serrées, qui peul donner lieu à un écoulement sanguin assez considérable. Ce plexus, qui est généralement moins prononcé chez les solipèdes, doit autant que possible être respecté dans la Iracbéotouu'e. FACE INFÉRIEURE DU COU. 233- /'. — IIKGIO.N (U'TTL'UALK. Cette région ù laquelle on pourrait aussi donner le nom de laryn- giemw, en raison de l'organe le plus important qu'on y rencontre, comprend la partie que l'on désigne en extérieur sous le nom de gorge, et qui a pour base les anneaux les plus élevés de la trachée ainsi que le larynx. Sa situation varie suivant la position de la tète. Lorsque celle-ci est étendue, la région gutturale se détache nettement sous la forme d'un demi-cylindre; elle rentre dans l'auge, dans les mouve- ments exagérés de flexion et ne forme pour ainsi dire plus, à ce mo- ment, que la partie postérieure ou supérieure de l'espace inter-maxil- laire. La peau qui recouvre la gorge est mince, très-mobile, recouverte de poils mous et assez longs. Elle présente dans la flexion de la tête de nombreux plis transversaux qui s'effacent par l'extension. Au-dessous de la peau, le tissu conjonctif est très-abondant, les li- bres du peaucier cervico-facial sont comme noyées dans ce tissu. Après en avoir débarrassé la région, on met à nu les fibres des muscles sous-scapulo-hyoïdiens, qui s'étalent et se rejoignent en ce point sur la ligne médiane. Au-dessous de ces muscles, on retrouve les minces faisceaux des muscles sterno-hyoïdiens et sterno-thyroïdiens, ces der- niers ont pris une position latérale. Enfin les cartilages du larynx et les anneaux supérieurs de la trachée .sont situés plus profondément, on reconnaît, en procédant d'arrière en avant, le bord antérieur de l'anneau du cricoïde, la membrane ciico- thyroïdienne, allongée en forme de triangle à sommet antérieur et le corps du thyroïde. Au point de vue de la structure, la partie supérieure de la trachée ne présente rien de particulier à dire dont nous n'ayons déjà parlé dans la description de cet organe, mais nous devons rapidement énumérer les diverses parties qui entrent dans la composition du larynx. Ce der- nier est formé de pièces cartilagineuses réunies par des membranes. On y rencontre, indépendemment de celles que nous venons de nom- mer, l'épiglotte située en avant et les deux aryténoïdes, assis sur le car- tilage cricoïde en face de l'épiglotte. Ces différents cartilages sont unis entre eux par des articulations diarthrodiales au nombre de quatre : une pour chaque branche du thyroïde et une pour chaque aryténoïde. Les membranes crico-thyroï- dienne et crico-trachéale réunissent, d"autre part, le corps du thyroïde avec l'anneau cricoïdien et ce dernier avec le premier cerceau de la trachée. Les pièces du larynx sont réunies par des muscles nombreux dont le nom indique suffisamment la position. C'est le muscle hyo-fhy- 23i ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. l'ûïdien silué sur les cùlés de la membrane du même nom eL du carli- lage thyroïde, dont Tusagc est de porter le larynx en avant et en haut en faisant entrer l'appareil dans les branches de l'hyoïde ; l'hyo-cpiglolti- que attaché en avant de répiglottc qu'il concourt à ramener dans sa position lorsqu'un mouvement de déglutition a porté ce cartilage ou arrière; le crico-thyroïdien, qui rapproche par sa contraction les deux cartilages dont il porte les noms ; le crico-arytéuoïdien postérieur, qui dilate l'entrée du larynx en écartant l'un de l'autre les aryténoïdes et en les faisant basculer sur le cricoïde ; le crico-aryténoïdien latéral, antagoniste du muscle précédent ; le thyro-aryténoïdien, composé de deux faisceaux, muscle caché sous la branche du thyroïde et dont l'u- sage est de resserrer le larynx; enfin l'aryténoïdien, qui rapproche les deux cartilages aryténoïdes. Les aryténoïdes sont unis au corps du thyroïde par deux bandelettes élastiques très-importantes qui font saillie en dedans du larynx et qu'on appelle cordes vocales. Ces organes comprennent entre eux un espace triangulaire, à sommet antérieur, désigné sous le nom de glotte. Toute la portion de l'intérieur, du larynx situé au-dessus des cordes vocales est appelée portion sus-glottique, la partie qui est située au-dessous re- çoit le nom de y^or/zb/i sous- g lot tique, enfin les aryténoïdes s'unissent aux parties latérales de l'épiglotte par deux replis que l'on a appelés quelquefois, mais à tort, cordes vocales supérieures. Ces prolongements circonscrivent en haut les ventricules du larynx, diverticules en forme de poches, situés sur les côtés de l'organe et prolongés entre les deux faisceaux du muscle thyro-aryténoïdien. La membrane muqueuse tapisse toute la face interne du larynx; elle continue la muqueuse pharyngienne, qui se replie autour des organes saillants, c'est-à-dire l'épiglotte, les aryténoïdes, pour pénétrer ensuite dans le larynx et de là dans la trachée. Cette muqueuse est recouverte par un épithélium à cils vibratils dans presque tous ses points, ex- cepté à la surface de l'épiglotte et des cordes vocales, où l'épilhélium est simplement stratifié. La muqueuse du larynx est une des plus sensibles de l'économie. Il suffit du moindre attouchement pour déterminer immédiatement, par action refiexe, des eflorts de toux duiil le l»iit est de débarrasser le la- rynx des matières qui l'ont ii rite. Chacun sait que lorsque des particu- les alimentaires ont pénétré dans le larynx, il s'ensuit une toux vio- lente qui dure jusqu'à ce que les substances qui ont déterminé l'irritation soient expulsées. Il n'est même pas besoin do porter direc- tement l'action sur la muqueuse laryngienne pour provoquer la^toux, il suffit de la simple compression du larynx ou des premiers cerceaux de la trachée faite à travers la peau. C'est un ni(»yen (pii esl IriMpu'iii- ment employé par le véli'i'iiiaire p(jur se rendre compte de Tétai des diverses parties de l'appareil respii-aloirc. Sur les côtés des derniers anneaux cartilagineux de la trachée, nous FACE INFÉRIElIRl': UU COU. 23o rencontrons aussi le corps thyroïde, sous la forme d'une petite masse de couleur brunâtre. Ce|tc glande, toujours d'un petit volume sur le cheval, peut s'hypertrophior chez certains animaux et surtout chez le chien. Elle donne lieu à une tumeur qu'on a désignée sous le nom de (joître. Les artères qui apportent le sang à la région, viennent de la carotide primitive. Ce sont des branches assez volumineuses, au nombre de deux, l'artère thyro-laryngiennc et la thyroïdienne accessoire. La pre- mière se divise bientôt en deux branches, une laryngienne et une thy- roïdienne. L'artère laryngienne qui pénètre dans l'organe en passant entre le bord postérieur du thyroïde et le cricoïde, est destinée aux mus- cles et à la muqueuse. Le volume- de l'artère thyroïdienne est hors de rapport avec la petitesse de l'organe auquel elle se distribue. Les bran- ches se prolongent jusque dans les muscles et les téguments. Les veines sont satellites des artères et portent le même nom qu'elles. Quant aux nerfs, ils viennent pour la peau et les muscles, du plexus cervical. Le larynx possède une innervation assez complexe. Deux nerfs importants, le laryngé supérieur et l'inférieur se distribuent à ses muscles ou à sa muqueuse. Tous les deux viennent du pneumogastri- que, mais ils sont fournis par ce nerf à des hauteurs bien différentes. Le laryngé supérieur est sensitif; il se distribue à la muqueuse de l'entrée de la glotte et envoie môme une branche très-forte au laryngé inférieur (anastomose de Galien). Le laryngé inférieur ou récurrent naît du pneumogastrique dans l'intérieur de la cavité thoracique et remonte le long de la trachée pour venir se distribuer au larynx; c'est le nerf moteur, il anime tous les muscles de l'appareil moins un, le crico-thyroïdien, dont la contraction est mise en jeu par le laryngé externe. C. — RÉGION SCS-STERNALE. La région sternalc qui constitue, avons-nous dit, cette partie de la région trachéale située immédiatement en avant de la première côte, peut se limiter inl'érieurement par le prolongement antérieur du sternum, et de chaque côté par la pointe de l'épaule. La peau mince et mobile, couverte de pdils lins, ne présente rien de particulier; elle est doublée d'un tissu conjonctif serré et peu al)on- dant qui supporte de nombreux rameaux nerveux du plexus brachial. La première couche musculaire est formée par le peaucier. En ce point le muscle acquiert une certaine épaisseur ; il se distinguera facilement du mastoïdo-huméral par la couleur pâle de ses fibres et leur direction convergente vers la pointe du sternum. Lorsqu'on a enlevé le peaucier, on trouve un tissu conjonctif abon- dant, souvent infiltré de graisse, qui relie les organes suivants : sur la ligne médiane les deux faisceaux presque confondus des sterno-maxil- 23(i ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Ic^ii'cs, en dehors le bord antérieur du masloïdo-huméral et, dans l'in- tervalle compris entre ces muscles, un espace rempli par les ganglions pré-pectoraux, rangés en deux séries rapprocliées sur la ligne médiane etqui partent de l'attache stcrnale des sterno-maxillaircs, puis montent en sY'cartant et en prenant. une position plus prol'onde de chaque côté de ces muscles pour arriver ainsi jusqu'à la face iulerieure delà ju- gulaire. Au nombre de vingt à vingt-cinq de chaque côté, ces gan- glions ont un volume qui varie de celui d'une lentille à celui d'une noisette. En arrière des sterno-maxillaires nous indicpierons la présence d'un cordon musculaire formé par la réunion des sterno-hyoïdien et thyroï- dien. Lorsque ces organes ont été enlevés, on se trouve en présence d'un espace triangulaire à sommet inférieur remi)li par du tissu conjonc- tif extrêmement lâche que le doigt déchire avec la plus grande facilité, ce qui permet alors de voir, dans les deux angles supérieurs, les deux jugulaires convergeant l'une vers l'autre et, dans l'espace compris entre elles, un paquet formé de trois ou quatre ganglions volumineux, im- médiatement appliqués sur la trachée. Les jugulaires et les ganglions cachent la face inférieure de la trachée. Entre ces deux sortes d'organes, on trouve les deux artères carotides primitives, les nerfs laryngés infé- rieurs et les œsophagiens récurrents : du côté gauche se voit l'œso- phage, contre lequel se trouvent appliqués, en bas, la jugulaire et la carotide, en dehors, le cordon commun au sympathique et au pneu- mogastrique. Enfin la trachée est située tout à fait profondément. Sur les côtés elle est en rapport avec les muscles scalcnes. Citons encore dans cette région les organes suivants : les artères et les veines axillaires, qui s'appliquent sur le bord antérieur de la première côte, le canal thoracique qui vient s'ouvrir dans la jugu- laire gauche au même niveau, l'artère et la veine thoraciques infé- rieures à leur origine et enfin l'artère cervicale inférieure et la veine de même nom. Dans l'espace situé entre les deux scalènes, on voit sortir l'énorme faisceau des nerfs du plexus brachial qui contournent la première côte pour aller en masse se porter jusqu'à la face interne du membre. Difi'éreiiccs. — Chez tous les auimaux autres que les solipèdes, la région sus-sternale est moins profonde, ce qui lient au moindre développement des muscles pectoraux, l.cs organes qui entrent dans sa composition étant éga- lement moins serrés les uns contre les autres, leur dissection eu sera rendue plus facile. Hn outre, le nienibrc anlcrifur étant plus mobile, pourra être reporté plus fortement en arrière, ce qui permettra de découvrir plus com- plètement l'un ou l'autre coté. Les ruminants et les carnassiers présentent ces diverses dispositions au plus haut degré. DE LA POITIUNE. 237 C. — DE LA POITRINE. La poitrine est cette vaste cavité qui renferme les poumons, le cœur, les gros vaisseaux, la partie inférieure de l'œsophage. Les limites exté- rieures de la poitrine sont indiquées par les côtes, qui cependant ne répondent pas exactement à la cavité pectorale. En effet, le diaphrag- me, qui sépare l'une de l'autre les deux grande cavités splanchniques, s'attache sur la face interne des côtes et laisse en arrière les cartilages costaux, qui font aussi partie des parois de la cavité abdominale et ({ue nous décrirons plus tard sous le nom àliypochondres. Il faut donc restreindre les limites de la cavité thoracique en arrière , à une ligne qui partirait de l'extrémité de la dernière côte et qui vien- drait jusqu'au sternum, en laissant en arrière tout l'espace occupé par les cartilages costaux, c'est-à-dire une bande large d'environ huit à dix centimètres. Supérieurement les limites de la cavité sont mar- quées par la région dite dorsale du squelette qui se divise sur l'animal en deux sections bien distinctes, le garrot en avant, le dos en arrière. Le sternum recouvert par les muscles pectoraux forme la paroi infé- rieure de la cavité. On doit séparer des parois du thorax l'épaule et le bras qui recouvrent une grande étendue de la région costale; ces parties seront comprises plus tard dans la description des régions du membre anté- rieur. Nous décrirons successivement en deux chapitres les parois de la poitrine et la cavité qu'elles limitent. CHAPITRE PREMIER DES PAROIS TÎIOnACIQUES. Les parois thoraciques se divisent naturellement en supérieure, latérales, inférieure et postérieure: l'antérieure, que nous omettons, est formée par les organes situés dans l'espace compris entre les deux premières côtes et dont nous avons parlé dans la région sus-sternale. Nous étudierons, dans la paroi supérieure, la i^égion du garrot et celle du dos ; les parois latérales seront décrites sous le nom de rcçjion cos- tale; l'inférieure sous celui de région sternale^ et la postérieure sous la dénomination de région diaphragmatique. 238 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. § i. — Région du Garrot. L'une des plus importantes par la fréquence des altérations qu'on y rencontre ainsi que par le nombre des couches anatomiques, cette ré- gion, située entre l'encolure et le dos, a pour base les apophyses épi- neuses des 8 ou 9 premières vertèbres dorsali's, et correspond par conséquent au sommet de l'épaule dont le bord supérieur la limite par côté. Le garrot, partie la plus élevée de la portion fixe du tronc, repré- sente une saillie aplatie d'un côté h l'autre, une sorte d'arête, qui s'abaisse eu arrière vers la région dorsale et se continue en avant sans ligne de démarcation bien tranchée avec l'encolure. Les faces latérales de celte saillie offrent une surface légèrement convexe, due aux fibres du trapèze; le bord supérieur, généralement mince dans les chevaux fins, se continue par nue courbe brève avec les faces latérales ; sur une coupe transversale le garrot apparaît comme un coin à sommet supé- rieur, dont les apophyses épineuses des vertèbres occupent la ligne médiane. La peau du garrot, épaisse et peu mobile au sommet, peut, sur les côtés, exécuter quelques déplacements, elle présente très-souvent des cicatrices qui, suivant leur gravité, ont détruit les bulbes pileux et mis la peau à nu ou bien ont seulement changé la couleur des poils. Le tissu conjonctif sous-cutané offre d'assez grandes variations comme épaisseur, suivant les races ; sa composition a beaucoup d'analogie avec celui du bord supérieur de l'encolure, aussi est il fortement mé- langé de fdjres élasti(iues et souvent infiltré de graisse ; très-souvent aussi il est le siège d'une bourse séreuseirrégulière, anfractueuse, munie de nombreuses brides plus ou moins élastiques et renfermant une cer- taine quantité de liquide. C'est à Tinflammation de cette bourse séreuse que l'on doit un bon nombre des accidents de la région. Sur les faces latérales, le tissu conjonctif se continue sous la l'orme d'une lame élas- tique (jui remplit le rôle d'ai)onévrose de contention du trapèze. Le jnuscle que nous venons de nommer forme la troisième couche latérale, il est plus ou moins épais suivant la hauteur du garrot et s'insère sous les lames du ligament élastique cervical : quant à ce dernier ligament, que nous pouvons comprendre dans celte couche anatomique, il est formé des deux parties de la corde cervicale qui, arrivées à ce point, s'aplatissent légèrcnienl pour se placer sur le côté du sommet des apophyses épineuses. Celte position latérale permet de constater, lorsque la peau et le fnscia super fidalis ont été enlevés, le sommet des apophyses recouvert d'une sorte de fibro-carlillage, for- mant une série de saillies très-légèresenlre les dcuxparlies du ligament dans le fond de la dépression longitudinale (ju'elles limitent par côté. DES PAROIS TIIORACIQUES. 239 Au dcssou sdu musclo trapèze le rhomboïde forme la deuxième cou- che musculaii'e ; il est à remarquer que ses fibres, perpendiculaires dans la partie médiane de la région, deviennent obliques antérieurement; car elles convergent toutes vers la face interne du cartilage de pro- longement du scapulum. Ce dernier organe n'appartient que par son extrémité toul à fait supérieure à la région ; il dépasse très-peu en hau- teur le niveau du plan supérieur des vertèbres, non compris l'apophyse épineuse. Un plan aponévroti«j[ue Irès-fort sépare la couche musculaire dont nous venons de parler de la branche supérieure de l'ilio-spinal ; cette aponévrose appartient au petit dentelé antérieur; elle se continue en avant avec les libres du splénius et du grand complexus qui prennent sur elles leurs insertions lixes. La branche supérieure et antérieure de l'ilio-spinal constituée par les faisceaux internes ou épineux de ce muscle forme la dernière cou- che musculaire complète. Nous signalerons encore les faisceaux musculo-tendineux du trans- versaire épineux du dos et des lombes, qui ne dépassent pas le milieu de la hauteur des apophyses épineuses. Squelette de la rérjion. — La description déjà faite de la colonne ver- tébrale nous dispense de parler des vertèbres. Nous dirons quelques mots de leui's apophyses épineuses seulement : celles-ci occupent le plan médian du garrot; aplaties d'un côté à l'autre, elles sont beau- coup moins fortes,- vu leur longueur et leurs dimensions en largeur et en épaisseur, que celles de la région dorsale. Nous avons rencontré sur des animaux do dissection, les quatrième cinquième et sixième apophyses des vertèbres dorsales, fracturées chez des animauux qui pendant la vie n'avaient pas paru en soulfrir ; mais il est incontestable que si l'attention eût été attirée de ce côté on eut constaté de la douleur. Ces fractures peuvent se consolider, témoin les cals assez volumi- neux et soudés entre eux que l'on rencontre quelquefois. 11 ne faut pas oublier non plus que l'extrémité supérieure est fortement élargie et presque exclusivement formée de tissu spongieux, tissu éminemment favorable au développement de la carie, aussi n'est-il pas rarede la cons- tater dans les cas de plaie du garrot, lorsque le ligament a été atteinl. Nous avons déjà dit combien la vitalité du tissu élastique est peu con- sidérable, et combien les affections des organes qu'il forme sont re- belles aux agents thérapeutiques ; la présence d'un foyer purulent dans le voisinage des parties osseuses entraîne bientôt l'altération du pé- rioste et la mortiiicalion du tissu osseux. Ajoutons que le garrot, par sa position, conserve forcément le pus qui s'est formé dans cette région, ce qui vient encore augmenter les diffi- cultés de la guérison. Enfin rinclinaison des plans musculaires et aponévrotiques dirige constamment les produits de linflammation vers les parties profondes, ■iiO ANATOMIE SPECIALE OU DES lŒfilONS. el il n'est pas rare, dans les cas de plaies du garrot, de voir le pus ani\er jusque sur les verlèbres et les côtes en suivant les interstices des couches anatomiques. Dans ce cas alors la science du chirurgien €st à peu près impuissante h amener une guérison qui permette de conserver l'animal. Les vaisseati-x artériels, assez peu importants, sont constitues par les divisions de l'artère dorsale et les rameaux supérieurs des in- tercostales. Les veines accompagnent les artères, et il est essentiel de savoir que le sang circule dans ces derniers vaisseaux avec une grande rapidité, vu leur position presque verticale ; dans les opérations qui se pratiquent sur cette partie on doit donc craindre Teiilrée de l'air dans les veines. Les ji^r/s proviennent des branches ascendantes des premières paires dorsales ; mais on y rencontre de plus la branche supérieure du spinal, qui arrive à la face interne du trapèze renforcée par des emprunts faits à toutes les paires cervicales. Le spinal va se perdre dans le tra- pèze dorsal. I>iflr«Teiu'08. — Le garrot est moins distinct chez les autres animaux que chez les solipodes; il est également moins important de le bien connaître en raison de la plus grande rareté des accidents qui peuvent y avoir leur siège. Chez les rumiiKuits et les carnassiers, le bord supérieur du scapulum arrive au niveau du sommet des vertèbres dorsales et quelquefois même le dépasse, de sorte qu'il existe une sorte de demi-canal correspondant à la ligne mé- diane. La présence d'un os ou d'un cartilage sur les côtés du garrot com- plique d'autant sa structure et rend plus graves encore les altérations dont il peut être le siège. ^ 2. — Région dorsale. Le dos qui a pour base les dix dernières vertèbres dorsales, fait suite au garrot et se trouve limité en arrière par la région lombaire et sur les côtés par les régions costales. Les formes extérieures sont variables suivant les races: dans quel- ques-unes le dos présc'iilc un développement assez considérable des muscles spinaux, pour T. — Cldrurgie. 16 242 ANATO.MIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. drcs, du garrot et du dos à la région pectorale. Elle se trouve tout naturcllouicnt divisée en deux grandes sections : l'une, qui répondu la face interne du membre antérieur, se trouve cachée par l'épaule et le bras; l'autre comprend toute la partie de la région située en arrière des muscles olécraniens. Nous commencerons par la description de cette dernière, qui est la plus importante. La peau offre une mobilité et une épaisseur moyennes. Le tissu con- jonctif sous-cutané est très-peu abondant et très-serré, ce qni tient à ce que le muscle peaucier, qui occupe toute l'étendue de la région, con- tracte des adhérences très-intimes avec la peau. Ce muscle, qui forme en réalité la deuxième couche anatomique, a une épaisseur qui ne dépasse guère un centimètre, toutes ses fibres sont dirigées à peu près horizontalement d'arrière en avant, elles prennent leur insertion directement sur le derme, auquel elles ad- hèrent intimement, et sur le fascia superficiel. Au-dessous du peaucier se trouve une couche abondante de tissu conjonctif lâche ; c'est par son intermédiaire que se font les dépla- cements de la peau de la région, c'est elle aussi qui est le siège de la plupart des abcès et des épanchements qui se forment sur les côtes à la suite de contusions. En troisième couche nous trouvons la portion charnue du grand dorsal, dont le bord postérieur se dirige vers le milieu de l'humérus. Ce muscle se prolonge, par son aponévrose, dans la région du dos. Lorsqu'on a enlevé le peaucier et le grand dorsal, les côtes n'apparais- sent que dans une petite étendue qui correspond à la partie médiane des huit dernières ; inférieuremcnt les arcs costaux sont recouverts, ainsi que les cartilages asternaux, par la longue bande charnue du muscle grand oblique de l'abdomen, doublée en dehors de l'expan- sion élastique qui constitue la tunique abdominale ; en haut, elles sont cachées par les digitations charnues des petits dentelés antérieur et postérieur; le dentelé postérieur et le grand oblique, qui arrivent à se confondre en arrière, laissent entre eux un espace en forme de V ;\ ouverture antérieure se prolongeant sous le bord postérieur du grand dorsal. A la face interne de l'épaule, le muscle grand dentelé forme l'anulogue de la couche musculaire dans laquelle nous avons fait rentrer le grand oblique et les dentelés de la respiration; nous ne par- lons que pour mémoire du transversal des côtes, insignifiant à notre point de vue. Citons encore les fibres postérieures du sterno-trochinicn. Enfin, la dernière couche musculaire est formée par les intercostaux, situés entre les côtes, se prolongeant dans les intervalles limités par les cartilages et divisés en deux couches : les intercostaux externes cl internes ; les premiers ont leurs fibres obliques en arrière et en bas, les seconds se dirigent en sens opposé. La présence de ces deux couches musculaires, dont les fibres se croisent à angle droit, est importante au point de vue des plaies pénétrantes. Elle l'ait que rinti'oduction RÉGION COSTALE. 243 d'un corps tranchant et mince dans rintcricur de la poitrine no pro- duit que rarement un pneumo-thorax par entrée de l'air extérieur. En effet, lorsqu'une des couches musculaires est coupée en travers, l'autre au contraire n'a que très-peu de fibres atteintes ; car l'instru- ment aura pour ainsi dire passé entre les fibres. Or, la contraction qui a pour effet d'agrandir considérablement la plaie, lorsque les fibres sont coupées transversalement, fermera au contraire cette plaie par le rapprochement des fibres qui n'auront été que séparées. Les côtes, sur lesquelles s'attachent ces petits muscles, sont au nombre de dix-huit ; elles s'articulent toutes en haut avec la colonne vertébrale ; en bas elles se divisent en côtes asternales ou fausses-côtes au nombre de dix, et en côtes sternalesqui s'appuient directement sur le sternum. Toutes les côtes sont pourvues d'un cartilage de prolongement épais et court ; dans les côtes sternales, ce cartilage s'articule, par une ar- throdie, avec le sternum. ' Dans les côtes asternales, les cartilages, arrondis, terminés en pointe à leur extrémité, s'appuient les uns sur les autres et sont réunis entre eux par de petits ligaments annulaires élastiques. Les côtes présentent des différences assez grandes pour qu'il soit facile de les reconnaître lorsqu'elles sont séparées du corps : la pre- mière est courte et forte, presque droite ; leur longueur s'accroît de la première à la neuvième et diminue ensuite jusqu'à la dix-huitième; cette môme progression existe pour les cartilages de prolongement; leurs courbes sont d'autant plus brèves qu'elles sont plus postérieures; c'est la dix-huitième qui présente la plus petite. Enfin elles s'élargissent, dans leur partie moyenne, de la première à la sixième, et se rétrécissent jusqu'à la dernière. Quanta la part qu'elles prennent dans l'acte de la respiration, elle est d'autant plus marquée qu'elles sont plus postérieures, les anté- rieures, cachées sous l'épaule, sont peu mobiles, et surtout la première ; on pourrait môme dire que celle-ci ne l'est pas. Les côtes sont toutes plus ou moins aplaties d'un côté à l'autre ; elles sont formées par deux lames de tissu compacte renfermant du tissu spongieux ; celui-ci est surtout développé au point d'union avec le cartilage. Quant à ce der- nier, il n'est véritablement cartilagineux que chez les jeunes sujets: déjà chez l'adulte il subit une transformation osseuse à larges alvéoles ren- fermant de la moelle qui s'accroît avec l'âge et, dans la vieillesse, il ne reste plus du cartilage qu'une mince couche superficielle ; mais cette couche subsiste toujours. Vaisseaux et nerfs. — A part la veine sous-cutanée thoracique qui n'existe avec un certain volume que chez les solipèdes, la région cos- tale ne présente aucun vaisseau important. Les divisions artérielles qu'on y rencontre proviennent de la sous-scapulairc, de la thoracique externe, et des artères costales qui suivent le bord postérieur de chaque 2-14 AN.VTOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS. côte. Quant à la veine de l'éperon, elle naît de la rcnnion des deux bran- ches venant de la paroi abdominale, suit le bord supérieur du sterno- trochinien, au-dessous des fibres les plus inférieures du peaucier, et gagne la veine humérale en passant sous le membre antérieur. On y pratique assez souvent la saignée. Les nerfs proviennent du plexus brachial ou des intercostaux; citons deux branches importantes : la première ou sous-cutanée thoracique sert de satellite à la veine du même nom, au bord supérieur de laquelle elle se trouve accolée et qu'elle accompagne de ses divisions jusqu'au flanc ; une autre branche va se rendre au grand dorsal ; il existe une division nerveuse fort remarquable qui se rend au grand dentelé, elle est cachée sous l'épaule et se trouve appliquée très-intimement à la sur- face du muscle, c'est le nerf respirateur de Ch. Bell; les nerfs inter- costaux en nombre égal à celui des côtes donnent les branches per- forantes intercostales lesquelles vont s'anastomoser avec la branche sous-cutanée thoracique à la face interne du peaucier. § 4. — Région sternale ou pectorale inférieure. Cette région, qui a pour base le sternum et les. cartilages des côtes sternales, est limitée latéralement par la face interne des membres thoraciques, en avant par la région sus-sternale, en arrière par la ré- gion abdominale. On voit que nous lui donnons pour étendue tout ce qu'on comprend en extérieur sous le nom d'a?'s, inler-ars et passage des sangles. Nous dirons môme, à ce sujet, que nous n'avons jamais compris la nécessité d'une division aussi compliquée pour une surface aussi peu étendue et aussi naturelle. La peau, à la vérité, présente dans ce point certaines particularités qui doivent attirer l'attention, mais qu'il est cependant facile et plus commode de signaler dans une seule région. C'est ainsi qu'elle montre, au point d'union de l'avant-bras avec la région sternale, des plis, dits de locomotion, qui s'étendent d'avant en arrière et décrivent une légère courbe à concavité externe; que dans la partie postérieure, qui s'élargit considérablement, elle devient lisse et s'applique intimement sur les muscles pectoraux profonds qui recouvrent l'extrémité postérieure du sternum; mais, malgré toute notre bonne volonté, nous ne voyons pas pourquoi cet endroit s'appel- lerait plutôt passage des sangles que les parties latérales de la région costale, par exemple, qui présentent aussi un point d'appui pour ce harnais et sur lesquelles on rencontre les mêmes altérations détermi- nées par les mêmes causes. Les plis de locomotion, qui se présentent au point d'union du mem- bre avec le thorax, importants à connaître, sont souvent le siège de frottements qui peuvent amener des excoriations plus ou moins graves. Lorsque l'œdème a envahi les membres et qu'il remonte assez haut RÉGION STERNALE. 243 pour atteindre la région sternale, c'est un lieu de prédilection pour les altérations cutanées. Dans les cas d'abcès de la face interne des mem- bres ou de la région préscapulaire, la partie est déformée et montre une tumeur ])lus ou moins volumineuse qui peut siéger au-dessous de la peau ou bien au-dessus des muscles pectoraux. Le tissu conjonctif qui sépare la peau de la couche musculaire su- perficielle est toujours, à l'état sain, en quantité très-minime, aussi faut- il prendre quelques précautions pour isoler ces deux plans. La première couche musculaire est formée par le pectoral superfi- ciel, muscle mince, à direction transversale, qui s'arrête vers le point d'union du tiers postérieur du sternum avec le tiers moyen, et qui se porte en dehors et en bas sur la face interne du membre thoracique ; la partie antérieure, beaucoup plus épaisse que la postérieure, est con- nue sous le nom de sterno-huméral, tandis que la postérieure reçoit le nom de sterno-aponévrotique. Les muscles sterno-trochinien et sterno-préscapulaire forment la deuxième couche delà région sternale ; le dernier a la forme d'un fais- ceau prismatique qui va du sternum à l'angle de l'épaule; son extré- mité préscapulaire appartient au rayon supérieur du membre anté- rieur. Quant au premier muscle, sa forme est triangulaire et son extrémité postérieure, très-élargie, s'applique sur la face inférieure de l'appendice xiphoïde et des cartilages costaux ; il recouvre la tunique abdominale et les fibres les plus postérieures du grand droit de l'abdo- men ; la limite de son bord supérieur est indiquée par la veine sous- cutanée thoracique. Le sternum et les cartilages costaux qui viennent s'articuler sur lui, forment le squelette de la région. On a comparé très-heureusement le bord inférieur de cette pièce ostéo-cartilagincuse à la carène d'un na- vire : la moitié postérieure est rectiligne et aplatie de dessus en dessous ; la moitié antérieure, comprimée d'un côté à l'autre, présente un bord inférieur tranchant qui se relève en forme de proue et se termine par une extrémité libre appelée prolongement trachélien. C'est à 5 ou 6 centimètres en arrière de cette extrémité que viennent s'articuler les deux premiers cartilages costaux qui offrent cette particularité de se rejoindre dans une articulation unique, possédant une seule synoviale, mais présentant néanmoins deux petites cavités glénoïdes. Les autres cartilages possèdent chacun leur articulation propre, avec un ligament memln-aneux annulaire très-court à fibres dirigées dans le sens des car- tilages. Quant à ceux-ci, ils sont d'autant plus longs qu'on les envisage plus postérieurement, etilssont légèrement inclinés en avant et en bas. L'intervalle qui sépare les cartilages est comblé par l'extrémité in- férieure des muscles intercostaux externes et internes ; enfin nous trouvons en dedans de ces pièces un muscle tapissé par les plèvres : c'est le triangulaire du sternum. La structure du sternum est tout à fait particulière : il ne subit jamai 246 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. entièrement la Iransformalion osseuse; môme chez les chevaux les plus vieux, on peut toujours distinguer les six noyaux osseux impairs, rangés à la suite les uns des autres, séparés par des intervalles remplis de matière cartilagineuse primitive, d'autant moins abondante, il est vrai, que l'animal est plus âgé. Le prolongement Irachélicnet le bord inférieur constituant la carène sont entièrement formés par du cartilage ; il en est de môme de l'ap- pendice xiphoïde, qui s'élargit en forme de spatule et dont les bords flexibles deviennent extrêmement minces. Vaisseaux et nerfs. — Les artères sont : la thoracique externe, qui passe dans l'épaisseur des muscles pectoraux, à proximité des côtés du sternum, au-dessous des articulations chondro-sternales, et la thoracique interne, qui suit une marche analogue entre le muscle triangulaire et les cartilages, et qui communique au niveau de chaque espace inter- costal avec la première. Les veines, volumineuses, suivent le môme trajet que les artères et ont reçu les mêmes noms. Les lymphatiques se rendent dans les ganglions prépectoraux. Les nerfs, appelés thoraciques inférieurs ou branches des pectoraux, sont au nombre de quatre principaux ; ils viennent du brachial, directe- ment ou par l'intermédiaire des grosses branches fournies par ce plexus, et abordent les muscles par leur face profonde. Difl'6rence§. — Les difTérences principales de cette région tiennent sur- tout à l'aspect extérieur. Les mêmes muscles concourent ù la former chez toutes les espèces. Cho'/Ae bœuf, un large repli de peau, cxtrémilé inréricurc du fanon, se détache au-dessous de la région. Le sternum est aplati de dessus en dessous et non caréné; de plus, chose assez importante, le prolongement Irachélien est uni au corps du sternum par une articulation diarlhrodiale qui permet des mouvements latéraux assez étendus. Dans les petites espèces, la région peut èlre beaucoup plus facilement explorée, en raison de la mobilité du membre antérieur. C'est ainsi que chez le chien et le chat, on arrive facilement, après avoir porté le membre en arrière, à sentir avec le doigt la deuxième côte. § 5. — Région diaphragmatique. Le diaphragme forme, entre la cavité thoracique et la cavité abdo- minale, une cloison musculo-aponévrotique mobile et flexible, oblique de haut en bas, et d'arrière en avant, et fortement convexe sur sa face antérieure. Sa portion centrale, entièrement aponévrotique, a reçu le nom de centre phrénique; de toute sa périphérie partent des fibres musculaires qui vont s'attacher sur la face intenu; des côtes, près de leur cartilage de prolongement qui reste ainsi en dehors de la cavité thoracique. Les RÉGION DIAPIIRAGMATIQUIÎ. 247 fibres de la partie supéro-postcrieure, massées en deux gros faisceaux auxquels on a donné le nom de piliers, vont s'insérer sous le corps des vertèbres lombaires, par l'intermédiaire d'un fort tendon qui se con- fond avec le ligament vertébral commun inférieur; les inférieures, qui correspondent à l'appendice xiphoïdo, s'insèrent sur cette partie du sternum. Cette cloison est percée de plusieurs ouvertures importantes pour le passage des organes qui se rendent de l'une à l'autre cavité. Le centre phrénique montre, un peu adroite, un large trou occupé par la veine cave postérieure ; le pilier droit est traversé par l'œsopbage; enfin tout à fait à la partie supérieure, dans le triangle formé par les deux piliers et le corps des vertèbres, se trouvent logés l'aorte postérieure et le canal thoracique. Notons également que le diaphragme est jeté comme une sangle sous les fibres charnues antérieures des psoas. La face antérieure, recouverte par la plèvre, se trouve en rapport avec la base des lobes pulmonaires : elle est fortement convexe, surtout dans son tiers inférieur. Cette convexité que l'on peut très-bien étu- dier sur un cadavre frais , ce qui équivaut à l'état de l'expiration, montre que la flèche de l'arc de courbure du diaphragme est d'environ 35 centimètres dans sa partie la plus déviée; le centre phrénique pourra donc être reporté à environ 40 ou 42 centimètres en avant du bord des cartilages costaux dans une grande expiration. La convexité di- minue dans l'inspiration. Suivant M. Colin, le déplacement du centre phrénique serait égal à 7 ou 8 centimètres. Ce déplacement est limité par la masse des viscères abdominaux ainsi que par la veine cave qui unit le diaphragme au cœur. Il résulte de cette convexité du diaphragme, qu'il se trouve appliqué dans une partie de sa bande charnue contre la paroi thoracique, auniveau des deux ou trois dernières côtes, et, plus bas, à une certaine distance des hypochondres, et qu'une plaie pénétrante faite dans ces limites peut traverser les parois costales, le diaphragme et pénétrer dans la ca- vité abdominale sansblesser les lobespulmonaires. C'est une expérience que nous avons souvent faite, avec des stylets enfoncés, perpendiculai- rement à la paroi, dans les douzième, treizième ou quatorzième espaces intercostaux à lo centimètres de l'hypochondre; on arrive à traverser le diaphragme et l'estomac sans léser le poumon. La paroi postérieure du diaphragme, concave, est tapissée par le pé- ritoine, et se trouve en rapport avec un certain nombre d'organes que nous étudierons en parlant de la cavité abdominale. Les vaisseaux du diaphragme portent le nom de ce muscle, les artères proviennent directement de l'aorte ou de l'artère mammaire interne, les veines se rendent à la veine cave. Les no'fs phréniques ou diaphragmatiques sont fournis parles cin- quième et sixième paires cervicales, et par un rameau du plexus bra- 248 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. (hial ; ils traversent toute l'étendue de la cavité thoracique avant d'arriver t\ l'organe. On rencontre assez souvent dans les autopsies des déchirures du dia- phragme qui peuvent avoir été produites avant la mort, ou au con- traire être post mo)'te>n : il importe de bien distinguer entre ces deux genres de lésions. Dans le cas de déchirure du diaphragme avant la mort, il peut se pré- senter deux cas : la déchirure a été produite brusquement et sur une large étendue, il y a alors une véritable éventration, et la mort ne larde pas à être la suite de cette grave lésion ; mais on constate aussi des ouvertures plus petites, qui ne mettent pas la vie en danger immé- diat, et qui peuvent même exister pendant très-longtemps sans symp- tômes apparents. Les exemples de hernies diaphragmaliques sont très-nombreux dans la science; elles peuvent ôtre le résultat de vio- lences extérieures, ou de contractions énergiques des muscles expira- teurs pendant l'effort; M. Bouley a montré (1) que l'on peut diagnosti- quer la présence de l'intestin dans la cavité thoracique par des symptômes qui resseml)lcnt à ceux de la pousse, mais sont générale- ment beaucoup plus accentués, et par l'auscultation qui fait constater l'absence de murmure respiratoire dans les points occupés par le viscère hernie, et permet d'entendre un bruit de borborygme là où, normale- ment, on ne devrait pas en percevoir, A la percussion la poitrine est sonore des deux côtés. On a rencontré, à l'autopsie de chevaux morts de maladie ou même de vieillesse, une anse d'intestin qui avait pénétré dans la cavité thoracique, à travers une déchirure du diaphragme. 11 n'existe qu'une seule observation de hernie à travers l'ouverture œsophagienne ; c'est celle qui est rapportée par Franconi {Recueil de méd. vêt., 1844), et qui est survenue chez un cheval très-vi- goureux, après un violent effort de collier. Lorsque la déchirure est arrivée après la mort, elle est habituelle- ment le résultat d'une pression trop forte due au développement des gaz dans l'intestin, et particulièrement dans le côlon et le cœcum ; mais elle peut tenir aussi ;\ une sorte de macération ou de digestion des parois parle suc gastrique. On rencontre alors, dans ce cas, l'estomac perforé. Les deux causes peuvent exister en même temps. Les déchi- rures ante mortem sont faciles à reconnaître aux signes suivants : bords irréguliers, déchiquetés ou frangés, rouges ou violacés, hémorrhagies et caillots sanguins. Eu outre une infiltration se produit pendant la vie entre les tissus, de telle sorte que les bords de la solution de continuité sont épaissis et comme boursouflés, tandis qu'ils sont réguliers et sans épaississement, pilles ou rosés, quand il s'agit d'une déchirure post mort cm. (1)11. Bouley, Recueil de méd. vét., 1842, et article Hernie àa Nouveau Dictionnaire pratique, t. IX, p. 282. DU MÉDIÂSTIN. 249 Dift'ôronfes, — Le diaphragme du ^au// possède des piliers charnus très- volumineux ; de plus, il s'attache plus en avant que chez le cheval : le dernier espace intercostal se trouve fout entier dans la cavité abdominale. Les hy- pochondros sont également plus larges. CHAPITRE II DE LA CAVITÉ THORACIQUE La cavité thoracique est constituée latéralement par les côtes, en haut par la colonne vertébrale, en bas par le sternum, en arrière par le diaphragme, et en avant par les divers organes qui passent entre les deux premières côtes ; à la vérité il n'y a pas là de véritable paroi anté- rieure, ainsi que quelques auteurs ont voulu le dire, puisque les vais- seaux du cou, la trachée et Tœsophage sont contenus entre les deux faces du médiastin antérieur ; il y a seulement une adhérence de tous ces organes, réunis entre eux par un tissu conjonctif : aussi, lorsqu'on pratique des opérations dans le voisinage, on arrive avec une ex- trême facilité à pénétrer dans la cavité pleurale comme cela m'est ar- rivé plusieurs fois sur des chiens chez lesquels je pratiquais des fistules du canal thoracique, dans un but expérimental. En raison de la direction inclinée du diaphragme, le diamètre an- téro-postérieur de la cavité thoracique est beaucoup plus considérable à la partie supérieure qu'à Finférieure, le diamètre transversal atteint son maximum au niveau de la neuvième côte. Nous devons étudier dans la cage thoracique le médiaslia renfer- mant le cœur, les gros vaisseaux, la trachée, l'œsophage; les cavités pleurales, et le poumon. § 1". — Du médiastin. Le médiastin est constitué parles plèvres qui, après avoir tapissé les côtes et le diaphragme, se réfléchissent au-dessous du corps des vertè- bres et sur le sternum, pour s'adosser l'une contre l'autre, et furmer ainsi, dans la cavité thoracique, deux cavités séparées par un scptum médian, comprenant lui-même, entre ses deux feuillets, un certain nombre d'organes de la plus hante importance. En analomie descriptive, on fait deux parties du médiastin, mais les dénominations de médiastin antérieur et postérieur, n'ont plus ici de raison d'être bien évidente; au point de vue chirurgical il y a une seule cloison qui sépare l'une de l'autre les cavités pleurales, et cette donnée 250 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. n'est môme applicable que chez les animaux domestiques autres que les solipèdes ; car on sait que, chez ces derniers animaux, le médiastin est persillé, dans sa partie postérieure, de telle sorte que les deux cavités communiquent l'une avec l'autre très-largement, ce qui constitue des conditions tout à fait spéciales dans les cas de pneumothorax ou d'é- panchcmentdes plèvres: il résulte, en effet, de la libre communication entre les deux cavités pleurales, que les gaz ou les liquides passent avec la plus grande facilité d'un côté dans l'autre, et qu'il n'y a, à propre- ment parler, au point de vue pathologique, qu'une seule cavité pleu- rale. On ne devra donc jamais perdre de vue cette considération dans l'étude des maladies des plèvres ou des plaies pénétrantes de la poitrine. Le médiastin renferme entre ses deux feuillets des vaisseaux, des nerfs et des conduits spéciaux, que nous nous contenterons d'énumé- rer en indiquant leur position. Dans la portion antérieure du médiastin, on trouve : la trachée, l'œ- sophage encore dévié à gauche, mais qui ne tarde pas à reprendre sa position au-dessus du conduit aérien ; l'aorte antérieure et ses deux branches de division, l'artère axillaire gauche et le tronc brachio-cé- phalique; les vaisseaux intra-thoraciques qui parlent de ces deux vaisseaux et qui montent sur les côtés de l'œsophage et de la trachée, c'est-à-dire les artères dorsales, cervicales supérieures et vertébrales ; la veine cave antérieure, le canal thoracique et la veine azygos, qui le traversent en venant de la voûte ; les nerfs pneumogastriques, diaphragmatiques^ cardiaques, récurrents, une partie du thymus, des ganglions lymphatiques, et l'origine des bronches. La portion postérieure comprend entre ses feuillets : l'aorte posté- rieure, l'aorte primitive, le péricarde, renfermant le cœur; la portion postérieure de l'œsophage, des nerfs pneumogastriques et diaphragma- tiques; le canal thoracique, et la veine azygos pour la plus grande partie. Tous ces organes sont plongés dans une atmosphère de tissu con- jonctif lâche et peu abondant, le cœur excepté. Ce dernier possède en effet une poche spéciale, le péricarde, qui s'applique exactement sur lui, et se prête avec la plus grande facilité aux déplacements qu'exigent ses contractions et ses dilatations. Le péricarde est tapissé par une séreuse spéciale, dont un feuillet se replie sur le cœur. Quant au cœur lui-même, il a l'aspect d'un cône dont la base serait représentée par les oreillettes et le sommet par la pointe du ventricule gauche. Le ventricule droit forme la face antérieure et la plus grande partie de la face droite du cœur; le ventricule gauche constitue le bord postérieur et, en partie, la face gauche. Le cœur se trouve compris entre le bord antérieur de la quatrième côte et l'intervalle situé entre la sixième et la septième. Il est par conséquent recouvert en entier par les masses musculaires olécranicnnes; aussi, dans l'auscultation, est-on obligé de faire porter le membre antérieur en avant, pour percevoir ses bruits. DES CAVITÉS PLEURALES ET DU POUMON. 2oi DiiTérenees. — Chez tous les animaux autres que les solipèdes, le mé- diaslin est complet et sépare la cavité thoracique en deux compartiments; aussi peut-on voir, chez tous ces animaux, des épanchements gazeux ou liquides unilatéraux. ;:< 2. — Des cavités pleurales et du poumon. Les cavités des plèvres n'existent, clans l'état ordinaire, que virtuel- lement, puisque les poumons remplissent d'une façon complète tout l'espace limité par les parois thoraciques ; ce n'est qu'à l'état patholo- gique que des liquides ou des gaz, en venant se loger entre le feuillet pariétal et le feuillet viscéral, produisent entre les deux feuillets une séparation d'autant plus grande que les matières épanchées sont en quantité plus considérable. Les poumons, libres dans les cavités pleurales, n'ont d'attaches que par leurs racines, par lesquelles pénètrent dans l'organe les bron- ches, les vaisseaux et les nerfs ; leur face externe convexe est en rap- port avec la face interne des côtes par l'intermédiaire des deux feuil- lets séreux; leur face interne, légèrement concave, s'applique sur le médiastin, la base répond au diaphragme et le sommet s'avance jus- que derrière la première côte. Le poumon droit présente trois lobules, le gauche n'en a que deux, dont un antérieur, séparé du reste de l'organe par une sorte d'échan- crure existant au niveau du cœur. Chez l'adulte, le tissu pulmonaire se présente avec une belle couleur rose ; sa consistance est plus grande que ne le laisserait supposer le premier examen, et malgré sa flaccidité il offre une assez grande force de résistance aux efforts de dilacération; son poids spécifique est plus léger que celui de l'eau, il surnage toujours lorsqu'il est sain. Étudié dans sa composition anatomique, le poumon se montre par- tagé en un grand nombre de petits lobules de forme polyédrique, séparés les uns des autres par des cloisons conjonctives assez épaisses. Dans chacun de ces lobules arrive une division bronchique qui se sé- pare en un certain nombre de branches ou bronchules, sur le trajet desquelles sont placées des vésicules, en nombre assez considérable ; chaque vésicule /julnionaire est donc plutôt une dépression de forme di- gitale placée sur le trajet de la bronche terminale qu'une véritable cavité piriforme, analogue aux culs-de-sac des glandes en grappe; néanmoins, si l'on devait assimiler le poumon à une glande, c'est près de ce dernier type qu'il devrait être rangé. En arrivant dans le lobule, les petites bronches ou infundibula perdent leur texture cartilagineuse, et les vésicules pulmonaires ne sont plus formées que d'une membrane propre conjonctive, très- mince, doublée à sa face profonde d'une vé- ritable couche de capillaires sanguins et recouverte sur sa face libre par un épithélium pavimentcux. 252 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Dans aucun autre organe, la circulation n'est plus active ; il passe on ellet dans le poumon, en un temps donné, une quantité de sang égale i\ celle qui parcourt, dans le nu'me temps, tout le resle du corps. Les vaisseaux l'onclionnels sont : l'arlcre et les veines pulmonaires ; les vaisseaux nulrilils viennent de l'artère broncho-œsophagienne, dont les divisions capillaires s'anastomosent avec celles des vaisseaux fonc- tionnels. Les li/mp/iatiques, également très-abondants, se distinguent en su- perficiels et profonds : le réseau superficiel, très-facile à injecter, se trouve situé au-dessous de la plèvre ; les lymphatiques profonds, distri- bués autour des lobules, se réunissent aux superficiels pour venir se jeter dans les ganglions bronchi(iues. Les ner/s proviennent des pneumogastriques et du grand sympathi- que, ils suivent le trajet des bronches et des vaisseaux pour se distri- buer à l'organe. C'est dans le poumon que se passent les phénomènes de l'hématose, c'est-à-dire la transformation du sang veineux en sang artériel. C'est donc un organe de première importance, et dont l'inactivité fonction- nelle entraîne la mort, dans un laps de temps très-court, par asphyxie. Une des propriétés les plus importantes du poumon, est son élasticité ou sa rétractilité ; c'est de sa connaissance que résultent la plupart des indications chirurgicales dans les plaies pénétrantes de la poitrine. Rien de plus facile à démontrer que la rétractilité pulmonaire : sur le cadavre d'un animal sain, si l'on fait une ouverture entre deux côtes, on perçoit aussitôt un siffiement qui annonce la pénétration de l'air dans le thorax, et le poumon, qui remplissait toute la cavité de la plè- vre, n'en occupe bientôt plus (ju'uue très-petite partie. Sur les solipè- des, l'ouverture d'un seul côté du thorax suffit pour amener l'alfaisse- mentdes deux poumons par suite de la communication des deux cavités pleurales entre elles, par le médiastin postérieur. Chez tous les autres animaux, le poumon correspondant à la cavité pleurale ouverte s'affaisse seul. Lorsque le poumon est affaissé, on peut le ramener à ses dimensions premières et même les lui faire dépasser, en insuffiant de l'air par la trachée, et si, après cette insufllation, on laisse à l'air la liberté de s'échapper, le poumon s'affaisse de nouveau par la mise en jeu de son élasticité et même de sa contractilité; mais ne nous occupons, pour le moment, que de l'élasticité. Des phénomènes semblables se passent sur l'animal vivant, et nous dirons môme qu'ils présentent des carac- tères plus marqués ; lorsqu'on ouvre le thorax sur un cheval vivant, le poumon s'affaisse très-vite, et l'animal ne tarde pas à mourir asphyxié. Quelle est donc la puissance qui fait que, dans l'état normal, le pou- mon reste intimement aj)pli(jué contre les parois du thorax? Ici il n'y a à invoquer aucune action musculaire, le phénomène est simplement mécani(]ue. La surface interne du poumon ou les vésicules pulmo- DES CAVITÉS PLEURALES ET DU POUMON. 253 naires sont en communication directe avec l'air extérieur, et suppor- tent une pression égale à celle de tous les corps plongés dans ce fluide,, c'est-à-dire d'une atmosphère. La surlace extérieure, au contraire, ne se trouve en aucun point en contact avec l'air, c'est pourquoi la pres- sion interne tend constamment à dilater le poumon, et doit le faire jusqu'aux limites de sa distension ou de sa force de résistance. Or, dans les circonstances ordinaires, et même dans les plus fortes inspirations, jamaisle poumon n'arrive à cet état d'extrême expansion, et c'est pour- quoi il suit tous les mouvements des parois thoraciques sans jamais s'en écarter. Dans l'inspiration, la cause delà dilatation du poumon est donc tou- jours la pression atmosphérique et les mouvements inspiratoires ne sont que des moyens médiats. Dans l'expiration, si le poumon revient sur lui-même, c'est en vertu de son élasticité. Cette propriété est même tellement importante, qu'elle agit seule dans le plus grand nombre des mouvements d'expiration ; les muscles expirateurs restent inactifs dans les respirations ordinaires : or, que par une cause quelconque la cavité pleurale vienne à communiquer directement avec l'air extérieur, il s'établira un équilibre entre la pression extérieure et l'intérieure, et le poumon, obéissant à la faculté élastique ou contractile des élé- ments qui entrent dans sa composition, reviendra sur lui-même, et les mouvements respiratoires seront impuissants pour faire pénétrer la moindre bulle d'air dans sa cavité ; nous en conclurons que le résultat est le même : que le pneumothorax soit la conséquence d'une ouver- ture des bronches, d'une rupture des vésicules ou d'une plaie faite aux parois thoraciques. Ces conditions étant posées, voyons maintenant dans quelles cir- constances elles peuvent se produire. J'ai dit dans les premières pages de cet ouvrage, qu'il m'avait été donné d'observer un pneumothorax mortel par suite de déchirures du poumon faites par des fragments de côtes violemment refoulées dans la cavité thoracique (voir page A) ; mais il est assez rare d'observer des plaies du poumon aussi considé- rables, sans que le thorax soit intéressé. Dans la plupart des cas l'é- panchement d'air dans la plèvre provient de plaies de la paroi pro- duites par la pénétration d'instruments ou d'objets divers, et dans ce cas la gravité de la blessure dépend surtout du volume et de la forme du corps vulnérant. Lorsque ce dernier est mince et tranchant, d'un petit volume, il arrive le plus souvent qu'il ne se fait pas d'épan- chement gazeux, ou tout au moins qu'il est très-limité : une des raisons est que les muscles qui recouvrent les parois du thorax ou les muscles intercostaux, en raison delà direction différente de leurs fibres, ne peu- vent être tous intéressés au même degré et que les fibres de l'un d'eux se resserront pour affronter les lèvres de la plaie, lorsque celles de l'autre auraient une tendance à s'écarter. Le sang épanché dans la plaie arrêtera aussi la pénétration de l'air. Il arrive également que 2b4 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. les mouvements de l'animal, en provoquant des déplacements de la peau, détruisent le parallélisme des ouvertures des différentes couches. Si l'instrument a atteint en môme temps le tissu pulmonaire, ce qui est le cas le plus fréquent, une petite quantité d'air a pu pénétrer dans la cavité des plèvres, mais dans un organe aussi vasculaire l'épan- chement du sang ne tarde pas ù, se faire, et le pneumothorax reste très-limité par suite de l'occlusion des lèvres de la plaie pulmonaire. On observe quelquefois, après ces blessures, un emphysème des pa- rois du thorax, emphysème beaucoup plus fréquent et plus grave chez Thomme que chez nos animaux domestiques, où il reste toujours très- limité. Lorsqu'il se produit, on explique sa formation par la pénétration de l'air venant du poumon dans la plaie des parois. Sous, l'influence de l'expiration le gaz est comprimé, et cherche à s'échapper par toutes les ouvertures, il peut donc prendre le chemin de la plaie, mais il est alors arrêté dans son trajet et pénètre dans les aréoles du tissu con- jonctif. Néanmoins les conditions essentielles pour la production de l'emphysème ne se trouvent pas réunies à chaque moment, il faut que la plaie du poumon et celle des parois se trouvent directement en re- gard. Or, le mécanisme de la dilatation du poumon dans l'inspiration nous fait voir que les rapports entre cet organe et la cavité thoracique changent constamment. En faisant au thorax une fenêtre qui respecte la plèvre pariétale on aperçoit, par transparence, le poumon aller et venir librement dans la cavité: il arrive donc que pendant un certain temps les plaies ne s'affrontent plus et que la sortie du gaz en est d'au- tant plus difficile. D'ailleurs les animaux blessés peuvent jusqu'à un certain point condamner à l'immobilité le côté blessé et opposer un nouvel obstacle à la pénétration de l'air dans le tissu conjonctif des parois. Lorsque les blessures du thorax sont larges et profondes, lorsque surtout une perte de substance plus ou moins considérable s'est pro- duite, le pneumothorax qui en résulte est toujours mortel, et, dirons- nous, très-rapidement mortel. Une circonstance cependant peut dimi- nuer leur gravité : c'est la présence d'adhérences entre le poumon et les parois, qui empêchent le premier de s'affaisser complètement et permet encore un fonctionnement incomplet. Dans ces cas, la résonnance tympanique en certains points et la persistance du murmure respira- toire en d'autres pourront faire juger de l'étendue et de la gravité du pneumothorax. On peut aussi remarquer quelquefois, dans les plaies des parois tho- raciques, que le poumon est sorti en partie et a formé une tumeur, un véritable pneumocèk. La formation du pneumocèle, qui semblerait inadmissible après ce que nous avons dit de la rélractilité du poumon, s'explique par la coïncidence d'une expiration brusque avec le moment de l'accident qui a déterminé l'ouverture de la pai-oi thoracique. Dans ce cas, l'air soumis à une haute pression pousse le tissu pulmonaire DE L'ABDOMEN. 255 dans la plaie, et une partie de l'organe y est ainsi retenue par com- pression ou par une sorte d'étranglement. Ce qui rend trcs-plausible l'idée d'un brusque mouvement expiratoire au moment de l'accident qui a été suivi de la hernie pulmonaire, c'est que toujours, lorsqu'un animal est surpris, même par un coup assez léger, il se produit une brusque expiration qui détermine une augmentation considérable de lai pression intrapulmonaire, ainsi que j'ai pu le remarquer souvent dans les recherches que j'ai eu l'occasion défaire sur la respiration. OifTAroin-es. — Les difTôrences que nous avons à noter ne portent que sur l'anatomie du poumon. En raison de l'isolement complet des cavités des plèvres, les poumons ne sont, chez aucun au Ire animal, solidaires l'un de l'autre, comme on le remarque chez les solipèdes. Le pneumothorax, lors- qu'il se produit, peut donc être unilatéral, et par conséquent beaucoup moins grave. Notons aussi que chez les ram«uf?i^.<, le lobe antérieur droit se replie en avant du cœur et s'avance à gauche, ce qui fait que le médiastin chez ces animaux se trouve dévié de ce côté. De plus le tissu pulmonaire est très- nettement divisé en lobules, par d'épaisses lames de tissu cellulaire. Ces ca- ractères se retrouvent à un moindre degré chez le porc. Le poum on des car- nassiers csl très-souvent pigmenté et affecte une couleur grise ou noirâtre. D. DE L'ABDOMEN. Vabdomen est cette vaste cavité, située en arrière du thorax, renfer- mant les organes principaux de la digestion avec leurs glandes annexes et une partie de l'appareil génito-urinairc, limitée en avant par le diaphragme, en haut par la section lombaire de la colonne vertébrale, en bas et sur les côtés par des parois spéciales et comprenant en arrière un diverticule plus étroit, la cavité pelvienne ou le bassin circonscrit par les rayons supérieurs des membres postérieurs et le sacrum. En raison des organes spéciaux qui forment les parois du bassin et de ceux qu'il renferme, nous l'étudierons à part et nous assignerons à l'abdomen, pour limite postérieure, l'ouverture appelée détroit antérieur, formée par le bord antérieur des coxaux et le sacrum. A l'extérieur, les côtes et les saillies des coxaux limitent d'une façon assez nette la cavité abdominale. Néanmoins, si l'on se rappelle ce que nous avons dit des attaches du diaphragme et de sa courbure, il est bien évident que l'abdomen est beaucoup plus étendu qu'il ne le paraît à l'extérieur, et qu'une bonne partie se trouve située en regard des côtes ; aussi ferons-nous rentrer les hypochondres dans la descrip- tion des parois abdominales, ce qui est suffisamment justifié par la raison qu'un corps pénétrant entre les cartilages costaux arrivera dans la cavité abdominale. La forme générale de l'abdomen varie dans des limites assez grandes suivant les individus. Chez quelques-uns, et surtout dans les races communes nourries avec des aliments grossiers, la mab'se intestinale, '•iafi ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. voluminense, donne un grand développement ;i l'abdomen dont les parois molles se prêtent avec la plus grande facilité aux changements de volume des organes qu'elles renferment, ainsi qu'on s'en aperçoit facilement chez les femelles en état de gestation; chez d'autres, au contraire, les parois, retirées sur elles-mêmes, indiquent à peine une lé- gère courbure du sternum au pubis; cette dernière forme, désignée en extérieur sous le nom de ventre levreté, indique généralement un étal maladif des organes de la digestion. Dans les différentes espèces de nos animaux domestiques, la forme du ventre varie beaucoup : on le trouve très-développé chez les rumi- nants et surtout chez le bœuf, le lapin est dans le môme cas; les car- nassiers, au contraire, se font remarquer par un abdomen de petites dimensions. Ainsi que nous l'avons fait pour le thorax, nous envisagerons suc- cessivement en deux chapitres les parois abdominales et les organes qu'elles renferment. CHAPITRE PREMIER DES PAROIS ABDOMINALES La paroi antérieure ayant déjà été décrite sous le nom de région dia- phragmatique, il nous reste à parler de la paroi supérieure ou région lom- baire et des parties molles qui ferment l'abdomen par côté et en bas, que nous décrirons sous le nom de paroi inférieure et de parois laté- rales; nous appellerons la partie qui correspond aux cartilages costaux, région de l'hypochondre, et celle qui se trouve immédiatement en arrière région du flanc. § 1. — Paroi supérieure ou région lombaire. La région lombaire, désignée en extérieur sous le nom de i^ein, fait suite à la région dorsale ; ses limites latérales nettement indiquées par le bord externe des apophyses transverscs, qui surplombent légère- ment le flanc, lui donnent une largeur plus grande qu'à la région dorsale, néanmoins elle se trouve essentiellement composée par les mêmes couches. Comme le dos, le rein peut être double, c'est-à-dire que les muscles spinaux peuvent faire saillie de chaque côté de la ligne médiane et limiter une sorte de sillon dont le fond correspond au sommet des apophyses épineuses des vertèbres lombaires. RÉGION LOMBAIRE. 2o7 La peau qui recouvre la région lombaire est fixe et assez épaisse. Au-dessous d'elle, on trouve un tissu conjonctif peu abondant, mais qui néanmoins se cbargc de graisse avec assez de facilité. Lorsque le pannicule adijjcuxfait défaut, on reconnaît, après l'enlèvement de la peau, Faponévrose du grand dorsal, doublée à la partie antérieure de celle du petit dentelé postérieur. Ces lames aponévrotiques sont sépa- rées de la première couche musculaire par un lissu conjonctif assez abondant. Celle-ci, très-épaisse, de section prismatique, remplit en entier l'angle formé par les apophyses transverses et les apophyses épineuses des vertèbres; elle est constituée par l'ilio-spinal dans sa portion appelée masse commune, doublée en arrière par la pointe antérieure du grand fessier; l'aponévrose nacrée de l'ilio-spinal se prolonge jusqu'au bord antérieur de l'ilium en passant sous le prolongement du muscle prin- cipal de la croupe. On trouve encore, appliqués contre les apophyses épineuses, les fais- ceaux lombaires du transversaire épineux du dos et des lombes et, dans l'intervalle des apophyses transverses, les fibres des intertrans- versaires. Après avoir enlevé toutes ces couches, on se trouve en présence des rertèbres lombaires, qui ne présentent à considérer dans leur portion ■épineuse rien dont nous n'ayons déjà parlé à propos des dernières dor- sales; mais leurs apophyses transverses sont tout à fait caractéristiques. Leur grand développement leur a fait donner le nom de costi formes; aplaties de dessus en dessous, elles s'étendent horizontalement en tra- vers jusqu'à une distance de 12 à 14 centimètres du corps de la ver- tèbre, les premières sont légèrement incurvées en arrière et les posté- rieures en avant. Disons encore que la cinquième s'articule en arrière avec la sixième et celle-ci avec la première vertèbre sacrée par de vé- ritables arthrodies , pourvues d'un ligament périphérique et d'une synoviale. Au-dessous des vertèbres, la paroi supérieure de l'abdomen présente encore deux couches musculaires profondes; la première formée par un muscle mince, divisé en faisceaux, qui a été appelé carré des lombes ; la seconde, beaucoup plus importante, constituée par les deux muscles grand et petit psoas, ce dernier situé en dedans du premier. Lespsoas sont eux-mêmes recouverts par une aponévrose, très -forte en arrière, mais beaucoup plus mince en avant, appelée fascia iliaca ou aponévrose lombo-iliaque, qui forme le véritable plafond de la cavité abdominale. Les vaisseaux de la paroi supérieure sont les artères et les veines loml)aires, qui s'espacent d'une manière régulière entre chaque apo- physe transverse; on leur distingue une branche supérieure ou lombo- spinale pour les muscles, les téguments de la partie supérieure de la région et la moelle épinière, et beaucoup plus considérable que l'infé- rieure qui dessert le psoas. Peucu et ToisSAiM. — Chirurgie, i < 238 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. Les nerfs lombaires suivent un trajet analogue à celui des vaisseaux et se divisent, comme les artères, en deux branches, l'une supérieure, Taulre inférieure. Ilifleroiices. — A part los dimensions plus ou moins grandes de cette région chez les divers animaux et la direction des apophyses transverses, on ne trouve rien de bien particuher à signaler. ^2. — Paroi inférieure de l'abdomen. Trcs-naturellc au point de vue chirurgical, la paroi inférieure de l'abdomen, qui répond à toute l'étendue du grand droit, s'étend de Tappendice xiphoïde du sternum au pubis et s'avance sur les côtés jusqu'à une ligne qui passerait un peu au-dessous de l'extrémité infé- rieure de la première côte et viendrait rejoindre le pubis en passant en dedans des anneaux inguinaux. Cette délimitation fait voir que cette paroi est beaucoup plus large dans son milieu qu'à chacune de ses extrémités. La peau de la région possède une extrême mobilité, excepté au niveau de la cicatrice ombilicale, où elle adhère à une sorte de pédicule qui se sent très-bien au-dessous d'elle ; les poils qui la recouvrent, fins et longs, deviennent rares et courts en approchant du pubis. En avant de cet os se voient, chez le mâle, le fourreau, les bourses et les mamelles chez la femelle ; nous en ferons une description particulière. La couche de tissu conjonctif sous-cutané offre une certaine impor- tance; quoique assez peu développée dans les circonstances ordinaires, clic est susceptible d'acquérir une grande épaisseur lorsqu'elle est intillrée de sérosité, et rien n'est plus fréquent que de constater, sur les parois abdominales, des œdèmes considérables à la suite de plaies ou de contusions des parois latérales ou même supérieures de l'abdo- men; l'anasarque en détermine presque toujours; on en trouve égale- ment dans l'ascite. Ce tissu conjonctif s'infiltre aussi facilement de graisse. La troisième couche est formée par la tunique abdominale, vaste expansion de tissu fibreux jaune, épaisse en avant du pubis, et dont la force diminue au fur et à mesure qu'on se rapproche des parties laté- rales ; ses fibres se dirigent d'avant en arrière. La tunique remplit le rôle d'une sangle élastique dont les dimensions sont d'autant plus grandes que le poids qu'elle a à supporter est plus considérable; c'est un obstacle mécanifiuc qui agit par sa propriété rétractile pour con- server aux parois abdominales un développement en rapport avec celui des organes qu'elles sont chargées de maintenir. La tunique abdomi- nale est très-intimement unie à l'aponévrose du grand oblique. Cette dernière s'unit à celle du muscle petit oblique, ce qui nous en- gage à en faire une seule couche; à la rigueur même, vu les adhérences PAROI INFÉRIEURE DE L'ABDOMEN. 239 que ce plan contracte avec la tunique abdominale, on pourrait com- prendre ces trois lames fibreuses dans une même description, si elles n'étaient formées de tissus différents. Les fibres des muscles obliques n'ont cependant pas une même direction, celles de l'oblique superficiel se dirigeant d'avant en arrière et de dehors en dedans, tandis que les fibres du petit oblique ont une directioa tout à fait opposée. Jusque sur les limites latérales de la région qui nous occupe, les deux plans restent séparés, mais à partir du bord externe du grand droit, on voit les fibres se mêler,, se natter pour ainsi dire, et ne plus former qu'un seul plan d'une résistance extrême. En arrivant sur la ligne médiane, les fibres aponévro tiques se croisent avec celles des muscles du côté opposé, ce qui fait que l'épaisseur de l'aponévrose en est au moins doublée. On a donné au cordon qui en résulte le nom de ligne blanche. Au-dessous de l'aponévrose des obliques, on voit les muscles grands droits qui occupent toute l'étendue de la région ; leurs fibres, dirigées dans le sens antéro-postérieur, sont attachées en avant sur l'appen- dice postérieur du sternum et les cartilages costaux, et se terminent en arrière par un tendon qui passe entre les deux anneaux inguinaux pour aller s'attacher au bord antérieur du pubis. Ces fibres sont, de distance en distance, interrompues par de beaux tendons nacrés dispo- sés les uns à côté des autres de manière à simuler des bandes aponévro- tiques festonnées, disposition qui rend ces muscles polygastriques ; les tendons s'attachent pour la plupart aux fibres profondes de l'aponé- vrose des obliques. Les muscles droits sont aussi doublés intérieurement par une autre aponévrose qui appartient au muscle transverse, et qui est beaucoup plus forte en avant qu'en arrière, où elle dégénère en tissu conjonctif ; il résulte de cette disposition que les droits sont enveloppés dans une véritable gaine que l'on pourrait comparer aux aponévroses d'enve- loppe des muscles des membres et qui est bien faite pour assurer l'énergie de leurs contractions. Entre le muscle transverse et le péritoine, on trouve une couche de tissu conjonctif à laquelle on a donné le nom de fascia trcmsversalis, près de l'arcade crurale, au point où elle s'épaissit et devient lamineuse. Il s'accumule souvent, dans ce tissu conjonctif sous-péritonéal, une assez grande quantité de graisse, surtout aux environs de la ligne blan- che, ce qui donne aux parois abdominales une plus grande épaisseur en ce point. La présence de cette graisse donne au feuillet péritonéal une grande mobilité. De l'ombilic. — L'ombilic est une région fort limitée qui se traduit quelquefois à l'œil par un léger relief siégeant sur la partie moyenne de lu ligne blanche, et (pii donne au toucher la sensation d'une cicatrice arrondie, reliée iuix organes sous-jacents par une sorte de cordon. Lorsqu'on a enlevé la peau et le fascia supcr/icia/is, on se 260 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. trouve en présence d'une ouverture très-petite, irrégulièrement ar- rondie, complètement bouchée par du tissu conjonclif dans lequel se remarquent de petits pelotons de graisse qui viennent souvent faire hernie sous la peau ou à l'orifice interne. Ce dernier, généralement peu apparent, est réuni au péritoine par un tissu conjonctif plus court, et laisse échapper un mince cordon, enveloppé dans un repli du péri- toine, qui va aboutir au cul-de-sac antérieur de la vessie et qui est la trace del'ouraque. Il est rare que l'on rencontre chez l'adulte rien qui ressemble aux vestiges des artères ombilicales; mais, chez le fœtus, ces vaisseaux, enveloppés parla membrane amnioticiue, traversent l'anneau et vont se rattacher au système vasculaire général. On peut les retrouver chez l'animal né depuis peu, dans un état plus ou moins parfait, sou- vent même, au moment de la naissance, les artères ombilicales sont encore très-perméables et peuvent être la cause d'hémorrhagies graves, si l'on ne prend le soin d'appliquer une ligature sur le cordon. Ce dernier ne tarde pas à se détacher en masse et se rompt toujours au même en- droit, au niveau du point où la peau se réfléchit sur lui; par suite d'un travail ultérieur, la peau se soude ensuite avec le tissu conjonctif du cordon et forme une cicatrice qui devient de jour en jour plus pe- tite et plus dense. Assez souvent au moment de la naissance, l'ouverture aponévro tique qui livre passage au cordon ombilical, trop large pour ce dernier, laisse passer en même temps une anse d'intestin, qui arrive jusque sous la peau et produit une tumeur plus ou moins volumineuse ; dans quelques cas même, la peau non adhérente au cordon laisse échapper au dehors l'anse intestinale; on remédie dans les premiers temps de la vie assez facilement à cet inconvénient, par des soins appro- priés. On cherche, après avoir réduit la hernie, à produire une union des parois aponévro tiques et de la peau, et on y arrive le plus souvent. Mais lorsque la tumeur est ancienne et que les bords nets et déjà cicatri- sés de l'ouverture se prêtent mal à une réunion, il arrive souvent que la hernie ne peut être contenue. Les vaisseaux de la paroi abdominale inférieure sont peu volumi- neux; les (n'tères sont: 1° l'abdominale antérieure, branche de la Iho- racique interne, qui passe sous l'appendice xiphoïde et se place sur la face supérieure du grand droit; 2" l'abdominale postérieure, fournie par l'artère prépubienne, située à son origine, en dedans du collet de la gaîne vaginale, qui se place entre le petit oblique et le transverse, et longe ensuite le bord externe du grand droit; 3° la sous-cutanée abdominale, qui vient également de l'artère prépubienne, mais par la honteuse externe, et se place entre la peau et la tunique abdo- minale ; l'extrémité terminale de cette artère, s'infléchit en avant de l'ombilic et forme là une anastomose par inosculation d'un très-petit volume. On trouve des veines satellites de ces artères, mais il faut signaler PAROI LATÉRALE DE L ABDOMEN. 261 de plus la racine inférieure de la sous-cutanée thoracique, dont le tra- jet est très-bien indiqué par le bord supérieur du pectoral profond, et qu'on peut faire apparaître par une compression en arrière tic l'é- paule. Les lymphatiques viennent se rendre dans les ganglions axillaires et inguinaux. Les nerfs sont fournis par les dernières paires dorsales, par les in- tercostaux, et par les paires lombaires. Au point où ces dilférents organes traversent les aponévroses de la région, les fibres s'écartent et forment une ouverture ordinairement losangique. DiflTérences. — Elles consistent principalement clans le plus ou moins de force de la tunique abdominale : celle-ci, ainsi que nous 1 "avons déjà dit, étant destinée à faire équilibre à la pesanteur qui tend à faire tom- ber les organes renfermés dans la cavité abdominale, est d'autant plus développée que la masse des organes digestifs est plus considérable. Plus forte encore chez les grands ruminants que chez le cheval, elle disparaît presque dans les carnassiers. Signalons encore chez les animaux rumi- nants la présence, autour de l'ombilic et sous la peau, de muscles protracteurs et rélracteurs du fourreau chez le mâle, muscles dont les vestiges existent également chez la femelle, et enfin, chez cette dernière, l'existence d'une veine volumineuse, sous-cutanée abdominale, dont le volume est en rapport avec l'activité de la sécrétion lactée, et qui rampe sous la peau pour rentrer en- suite dans la cavité thoracique à côté de l'appendice xiphoïde par une ouverture appelée porie ou fontaine du lait par les éleveurs. Tous les mam- mifères domestiques autres que les solipèdes et les ruminants, portent en outre des mamelles situées en couche plus ou moins continue au-dessous de la peau de la paroi abdominale et jusque sur la région pectorale. Très-peu apparentes dans l'état ordinaire, ces glandes augmentent considérablement l'épaisseur des parois abdominales pendant la période de lactation. Étudiées isolément, elles ne diffèrent pas, comme constitution, de celles des autres ani- maux fl). Paroi latérale de l'abdomen. Très-vaste, la paroi latérale de l'abdomen est limitée en avan: par la région costale, en bas par le bord externe du grand droit, en haut par les apophyses transverses des vertèbres lombaires, en arrière par le bord externe de l'ilium et le pubis ; elle comprend les cartilages costaux, ainsi que nous l'avons déjà dit. Sa grande étendue nous engage à la diviser en trois régions que nous appellerons, i^érjion de Vhypo- chondre, région du fiançai région inguinale; nous étudierons en même temps le fourreau et la région scrotale qui lui sont annexés, ainsi que les mamelles. (1) Voyez Mamelles. 262 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. a. — iu;gion be l uypocuondre. L'hypochondre, qui a pour base les arcs cartilagineux des côtes astcrnalcs, forme une région allongée, convexe, qui s'étend obli- quement de la dernière cote au sternum entre la région costale et le flanc. La peau ne présente rien de particulier à considérer. Au-dessous d'elle il n'existe qu'un tissu conjonctif très-peu abondant qui l'unit d'une façon intime avec le peaucier; les fibres de ce dernier sont en ce point dirigées d'avant en arrière. Sous le peaucier, se trouve une couche de tissu conjonctif assez épaisse qui permet les déplace- ments du tégument. Comme pour la région costale, lorsqu'on fait mouvoir la peau en cet endroit, on entraîne en même temps le mus- cle qui lui est propre. La tunique abdominale se prolonge sur la région en une belle lame de couleur jaune qui recouvre les fibres charnues du muscle grand oblique. Celles-ci, obliquement dirigées en arrière et en bas, présentent des dentelures antérieures en nombre égal à celui des côtes sur les- quelles elles s'attachent. Elles recouvrent inférieurement les fibres les plus antérieures du droit de l'abdomen ; supérieurement elles s'appli- quent immédiatement sur les cartilages costaux et les muscles qui les réunissent. Les cartilages costaux, en forme de baguettes allongées h pointe di- rigée en avant et en bas, s'accolent en arrière les uns des autres et sont réunis par de petits ligaments élastiques et par les prolongements des muscles intercostaux externes et internes; leur mobilité est très-grande, et ils peuvent subir, dans leurs rapports les uns avec les autres, des changements assez considérables sans (pi'il en résulte des désordres no- tables. Les contusions de la paroi thoracique en ce point sont rare- ment suivies de fractures des cartilages, la côte se rompant plutôt sur sa convexité. Au-dessous des cartilages, on rencontre les dentelures de la portion charnue du transverse de l'abdomen, entre-croisées avec celles du dia- phragme, dont la bande charnue périphérique appartient aussi en partie à cette région. Enfin une couche celluleuse assez abondante sépare ces organes du péritoine. Comme on le voit, la région de rhypoehoiulre est assez comp]i(iuée. Les vaisseaux qu'on y rencontre, peu volumineux, donnent rarement lieu à des hémorrhagies considérables ; les artères sont i\)rmécs par les intercostales qui viennent se réunir à l'artère asternale qui rampe en dedans du cercle cartilagineux et donne une artère pour chaque espace. Les nerfs proviennent également des intercostaux. Iliirérciices. — Clicz le bfruf, le diaphragme s'atfacliant sur l'avant- RÉGION DU FLANC. 263 dernière côte, le dernier espace intercostal doit également OtL'c compris dans cette région. b. — RÉGIO.N DU FLANC. Le /lanc, compris entre la dernière côte et le bord antérieur de rilium, borné en haut par la région lombaire, en bas par la région ab- dominale inlcrieure, présente des formes extérieures assez différentes suivant les animaux et leur état d'embonpoint. Très-creux à sa partie supérieure chez les sujets maigres et à jeun, sa dépression est à peine marquée chez les animaux gras. Le creux du flanc est borné en bas par une saillie oblique, la corde du flanc^ plus prononcée en arrière qu'en avant, oii elle se perd insensiblement. A partir de la corde, le .tlanc se porte en bas et en dedans, d'une façon beaucoup plus pro- noncée qu'il ne le parait au premier abord, car le pli du grasset, par sa direction verticale, semble le continuer intérieurement. La peau, mince et mobile, se trouve rattachée aux organes sous- jacents par un tissu conjonctif très-abondant, entremêlé de fortes fibres élastiques; dans la partie antéro-inférieure de la couche sous-cutanée, on remarque la pointe postérieure du peaucier qui vient se perdre en avant du grasset. Il est à remarquer qu'une lame fibreuse assez solide, sorte d'aponévrose de contention, recouvre les fibres du muscle grand oblique. Celui-ci appartient à la région du flanc par une partie de sa portion charnue et de son aponévrose ; la portion charnue forme une bande correspondant au creux du ilanc et à son bord antérieur; les fibres sont dirigées en arrière et en bas, l'aponévrose fait partie de la corde et se prolonge au-dessous d'elle. Sous le grand oblique, on trouve la portion charnue du muscle petit oblique dont les fibres, recouvertes d'une resplendissante aponévrose, ont une direction tout à fait opposée à celle du premier muscle et sont par conséquent obliques en avant et en bas. Les deux obliques sont sé- parés l'un de l'autre par un fascia assez lâche. En troisième couche musculeuse se rencontre le transverse : ses fibres charnues, qui existent seulement dans le creux du flanc, sont continuées dans le reste de la région par l'aponévrose. Eniin il existe dans les parois du flanc une couche aponévrotique très- peu abondante qui unit le transverse au péritoine d'une manière assez lâche pour qu'il soit toujours facih; de séparer ces deux plans. Envisagées dans leur ensemble, les parois du flanc sont très-bien organisées pour protéger les organes sous-jacents, en vertu de la di- rection différente des trois plans musculaires qui les forment et de leur épaisseur. Les artères sont toutes d'un petit volume, elles proviennent de la branche inférieure des lombaires, ou de la circoiitlcxe iliaciue ; les 204 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. veines se rendent anx vaisseanx de môme nom. 11 en est de même des nerfs qui proviennent des paires lombaires. liiHV'renecs. — Le flanc est beaucoup plus large et plus prononcé cbcz les nnninants que chez les solipùdes, ce (pii tient à la longueur plus consi- dérable de la région lombaire, chez ces animaux; il est égabunent plus creux à gaucbe qu'à droite; cntin il se remplit complètement dans le cas de météorisme et fournit un excellent signe jjour le diagnostic. Disons encore que les parois sont plus épaisses ; le petit oblique et l'aponévrose du transverse notamment sont plus forts que chez les solipèdes. C. RKGIOX INr.riNAF.E. Celle petite mais très-importante région est située en avant du pul)is, en dehors de ce que nous avons appelé la pan d inférieure de l'abdomen, à laquelle nous avons assigné pour limites celles du grand droit. A la réalité, la région inguinale fait partie de la paroi inférieure, mais nous l'avons réunie à la paroi latérale pour maintenir autant que possible l'homogénéité dans nos régions. La région inguinale est, sur l'animal vivant, cachée en partie par le fourreau ou les testicules, on par les glandes mammaires, suivant le sexe ; ces organes, situés dans la région, seront décrits après elle. La tunique abdominale ayant été mise à nu par l'ablation des parties qui recduvrent la région inguinale, on remarque, de chaque côté de la ligne médiane, à quelques centimètres en avant du pubis et du col de l'ilium, une ouverture longue de 7 à 8 centimètres, étroite, oblique- ment dirigée en arrière, en bas et en dedans : c'est le canal inguinal, dont la paroi postérieure est formée par l'arcade crurale. Autour de ces deux parties les parois abdominales possèdent des caractères spé- ciaux d'une grande importance : la tunique abdominale, extrêmement forte et épaisse, laisse voir des plis longitudinaux ou légèrement radiés ; elle est très-intimement unie j\ l'aponévrose du grand oblique. La por- tion charnue du petit oblique descend en ce point jusque sur le tendon prépubien ; l'aponévrose du transverse, qui fait presque complètement défaut,- est transformée en un tissu conjonctif qui ne conserve plus qu'une forme vaguement lamellaire: aussi, lorsqu'on examine les parois abdominales par leur face interne, aperçoit-on très-ncllement les fibres du petit oblique i\ travers le péritoine et l'aponévrose du transverse. Mais les changements les plus intéressants sont subis par l'aponé- vrose du grand ol)lique : arrivée en avant de la cuisse, cette aponévrose se dédouble : l'un des feuillets, (pii descend sur la face interne de la cuisse et enveloppe les muscles de cette région, a reçu le nom d'apo- névrose crurale interne: sa description rentie dans celle delà région crurale; l'autre, beaucoup plus important, rentre dans la cavité abdo- minale et forme Varcade crurale. Varcade crurale, encore appelée ligament de Fallope ou ligament de REGION INGUINALE. * '265 Povpart, nom qu'elle mérite bien réellement en raison de ses attaches, est un large ruban attaché d'un côté sur l'angle externe de l'ilium, de l'autre sur le bord antérieur du pubis ; sa face antérieure est divisée en deux parties, l'une interne, qui forme la paroi postérieure du canal inguinal, l'autre externe, qui donne attache à une partie des fibres du petit oblique; la face postérieure, concave, embrasse les muscles rotuliens, le long adducteur de la jambe, le pectine, et les vaisseaux cruraux au point où ils sortent de la cavité abdominale, d'où le nom d'arcade qui a été donné à ce ligament; son bord supérieur, très-consis- tant en dehors, où il s'attache sur l'aponévrose lombo-iliaque, devient plus mince à sa partie interne et moyenne, et se prolonge à la surface du muscle long adducteur de la jambe et du fasct'a iliaca avec lequel il ne tarde pas à se confondre. Le bord inférieur adhère à celui de l'a- ponévrose du grand oblique ou se continue avec l'aponévrose fémorale. Le canal inguinal, par lequel sortent le cordon testiculaire et l'artère honteuse chez le mâle, ou les vaisseaux mammaires de la femelle, est un conduit d'une longueur de 7 à 10 centimètres environ, auquel nous pouvons reconnaître un orifice inférieur, un supérieur et une partie in- termédiaire. \Jorifice inférieur ou anneau inguinal inférieur, percé dans les fibres de l'aponévrose du grand oblique, et dont la direction a déjà été don- née, présente deux bords ou piliers, l'un antérieur, l'autre postérieur, formés par des fibres courbées en arc, et deux commissaires dont l'in- terne, formée par le tendon prépubien commun aux muscles abdo- minaux, est de beaucoup la plus forte. L'orifice supérieur, anneau inguinal supérieur, très-petit chez la femelle, embrasse étroitement les vaisseaux mammaires, chez le mâle ; l'ouverture, plus considérable, tout en étant cependant moins grande que l'inférieure, est parfaitement limitée, et se présente sous la forme d'une fente allongée, à bords nettement définis, sur lesquels se prolonge le péritoine, pour aller former le revêtement séreux delà tunique vagi- nale. Le canal inguinal proprement dit affecte la forme d'un conoïde à base inférieure, aplati d'avant en arrière, dont la paroi antérieure est formée par les fibres les plus internes du petit oblique, et la posté- rieure par le feuillet aponévrotique que nous avons appelé arcade cru- rale. De la disposition anatomique du canal inguinal, nous pouvons tirer des inductions pathologiques importantes au point de vue de la forma- tion des hernies. L'étroitesse du canal et la disposition du péritoine ({ui se replie autour des vaisseaux mammaires, sans pénétrer dans l'in- térieur du canal, fait écarter immédiatement l'idée de leur possibilité sans déchirure préalable chez la jument. Mais chez le cheval, l'ouverture beaucoup plus considérable, la présence du repli péritonéal qui constitue une sorte de guide pour la pénétration d'une anse d'intestin, rendent ces 266 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. cas pathologiques assez fréquents. Néanmoins, il est de toute nécessité, pour (|u'une hernie se produise, qu'il y ait dilatation de l'anneau supé- rieur, et dans ce cas, toutes les parties du canal ne concourent pas à son extension dans la même mesure, La présence de l'arcade crurale en arrière et du tendon prépubien en dedans rendent impossible ou tout au moins extrêmement diflicile un élargissement de ces deux côtés. C'est donc aux dépens de la commissure externe ou du bord antérieur qu'il peut se faire. Ici, en effet, nous avons des parties molles facilement déprimables, car les fibres du muscle petit oblique et l'apo- névrose du grand oblique sont loin d'offrir en dehors la résistance du tendon commun des muscles abdominaux. Le canal inguinal livre passage au cordon testiculaire, chez le mâle; l'importance de cet organe et ses rapports avec le testicule nous enga- gent ;\ le signaler seulement ici pour y revenir plus loin avec détails. Vaisseaux et nerfs. — Les artères de la région sont: l'artère prépu- bienne et ses divisions, \ abdominale postérieure, la honteuse externe, la sous-cutanée abdominale et la circonflexe iliaque. L'artère prépubienne naît de l'iliaque externe, au niveau du bord antérieur du pubis, elle traverse ensuite l'anneau crural pour se placer sur la face antérieure de l'arcade crurale, près de l'anneau inguinal supérieur; làelle se partage en deux branches qui sont appelées abdominale postérieure et honteuse externe. L'abdominale postérieure passe en dedans de l'anneau supé- rieur, entre ses bords etla tunique vaginale en croisant la direction du cordon spermatique, et se place entre le petit oblique et le grand droit pour pénétrer ensuite dans ce dernier nuiscle. La position de cette artère est très-importante à connaître, si l'on ne veut la blesser dans les débridements qu'exige l'opération de la hernie étranglée. L'artère honteuse externe descend sur la paroi ])ostérieure du canal inguinal, sur l'arcade crurale, franchit l'anneau inlerieur et se partage en deux branches, l'une qui appartient ;\ la verge, la dorsale antérieure, l'autre, appelée sous-cutanée abdominale, qui se dirige en avant, à la face super- ficielle de la tunique abdominale, en longeant l'insertion du ligament suspenseur du fourreau. L'artère circonflexe iliaque donne, par sa branche postérieure, un certain nombre de petits rameaux peu impor- tants, qui s'anastomosent avec ceux de l'abdominale postérieure. Les veines ont un trajet ;\ peu près identi({ue à celui des artères. Les lymphatiques SQ. rendent adx ganglions inguinaux et iliaques. Les nerfs, peu importants, proviennent des paires lombaires. d. — nu FouRniîAU. Le fourreau, formé par un repli de la peau de la région abdominale, est disposé en forme de cavité logeant la partie libre de la verge lors- que celle-ci esta l'état de llaccidité. Pendant lérection, le fourreau dis- paraît et la portion de peau qui le forme sert à recouvrir l'organe DU FOllUREAU. 267 considérablement grossi, qui semble ainsi prendre naissance à la région pubienne. C'est l'analogue du prépuce de l'homme. La peau du fourreau, très-mince, fine et onctueuse, ne possède de poils que sur sa face externe et encore y sont-ils fins et rares ; on ren- contre souvent vers le bord libre et de chaque côté, surtout chez l'âne et le mulet, des rudiments de mamelons. En se repliant dans la cavité, la peau devient extrêmement fine; presque toujours elle se pré- sente marbrée de taches noires et blanches, et renferme, dans son épaisseur, une grande quantité de glandes sébacées sécrétant une humeur onctueuse abondante d'odeur spéciale, forte et pénétrante, qui peut, en s'accumulant, se durcir et causer un prurit violent ; dans cer- tains cas môme, la quantité en est assez considérable pour comprimer fortement la verge et donner lieu à des excoriations, qui ont une grande tendance à s'agrandir lorsqu'on n'y remédie pas par des soins de pro- preté. Entre les deux feuillets de la peau du fourreau, on ne rencontre qu'une lame aponévrotique épaisse, décomposable en plusieurs feuil- lets, dont quelques-uns proviennent directement du dartos, et sont par conséquent élastiques, et même contractiles. C'est à ces feuillets aponévrotiques qui se prolongent de chaque côté sur la tunique abdo- minale, et semblent s'y attacher, qu'on a donné assez improprement le nom de ligaments smpenseurs du fourreau. La seule artère importante qu'on rencontre de chaque côté du four- reau a déjà été citée plusieurs fois : c'est la sous-cutanée abdominale. Les lymphatiques se rendent aux mômes ganglions que ceux de la région précédente, et les nerfs proviennent de la même source. IlifTéreiices. — Le fourreau du />'/■(//, étroit et peu saillant, s'avance beau- coup plus loin que clioz le cheval, et porte à son entrée un bouquet de poils longs et roides. Il est mù par quatre muscles spéciaux dont nous avons déjà dit quelques mots. Deux de ces muscles tirent le fourreau en arrière et découvrent la verge; on les appelle rctradeurs ou postérieurs en raison de leur position. Les deux autres sont opposés aux précédents comme action et comme position; on les appelle 2)rûf/'rtc5. PiiLT.u ET ToussAi>T. — Chivurfjie. i^ 27i ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. bord antérieur du pubis ou dans le sac scrotal. En raison des usages qu'on lui attribue, on a donne à celte production le nom de guOerna- cidum testis ; par ses contractions ou par son raccourcissement, le (ju- bernncuhnn attire le testicule vers l'anneau inguinal, et en nirme temps se dépouille de la portion de péritoine qui recouvrait son extré- mité proéminente interne ; cette partie de séreuse servira à former la tunique vaginale. Avant la naissance, on remarque déjà qu'au niveau de l'anneau inguinal, il se présente une dépression dans laquelle le testicule se trouve engagé. Chez certaines espèces, tout le travail de la descente du testicule dans les bourses est effectué au moment de l'accouchement, mais, chez les solipèdes, le testicule reste engagé dans le trajet inguinal près de dix mois encore après la naissance. Il est fa- cile maintenant de se rendre compte de la manière dont se forment les différentes parties des enveloppes. Le péritoine qui recouvre le cordon et le testicule est le môme que celui qui les enveloppait déjà dans la cavité abdominale. La lame pariétale ou tunique vaginale provient d'une partie de la lame pariétale de l'abdomen qui a glissé de proche en proche, et aussi de celle qui recouvrait le guhernaculum. La tunique fibreuse provient du fascia transversalis refoulé par la marche du testi- cule dans le canal inguinal; quant au crémaster, qui était déjà formé, mais faisait partie des parois abdominales, et que (]uelques auteurs font même venir d'un faisceau du petit oblique, il suit dans sa marche le fascia transversalis sur lequel il se trouve appliqué. La couche aponé- vrotique sous-jacente au dartos dépend de l'aponévrose du grand oblique et du fascia superficialis. C'est lorsque la descente est complète que se forment les poches dartoïques et que s'agrandit le scrotum. Difr<>rc>iiceK. — C'est seulement chez les solipèdes et les ruminants que les testicules sont situés dans la région inguinale. Chez les carnivores et lo porc on les trouve reportés à la région périnéale, au-dessous de l'anus, et leur forme varie dans une assez large mesure suivant les espèces. Mais à part la po- sition et la forme, la superposition des couchrs et l'arrangement des parties constituantes du cordon sont sensiblement les mêmes chez tous. Chez les ruminants, la masse représentée par le scrotum et les testicules est volumineuse, pendante entre les cuisses et de forme ovuïde, avec un collet supérieur bien marqué; le scrotum est rougeâtre, les testicules plus allongés, comme la masse elle-même; l'épididyme possède une tête large recouvrant une partie du bord antérieur du testicule, la partie moyenne est très-rétrécie et la queue, libre, s'infléchit en dedans et en haut pour se con- tinuer par un canal déférent d'un diamètre plus lin que celui du cheval. Les testicules du chien ai du chai sont arrondis et situés au-dessous de l'anus, ils deviennent rarement pendants chez le chien. Mais, en général, de même que chez le porc, les bourses sont peu détachées des parties voi- sines. La tunique vaginale, chez le lapin, est couchée sous le pubis, et le fond est situé sous l'ischion, le crémaster enveloppe complètement la tunique fi- RÉGION MAMMAIRE. 273 brcuse. Les testicules, allongés et relativement très- volumineux, ne des- ■cendent que très-tard dans les bourses. f. UKGION lIAMMAlUi:. Les mamelles, spéciales ;\ la femelle et chargées de sécréter le lait, sont deux glandes en grappe composées, situées dans la région ingui- nale, au môme point que les testicules du mâle. Rudimentaires avant l'âge adulte, les mamelles se développent pendant les derniers mois de la première gestation, conservent un volume considérable pendant la lactation, et diminuent ensuite pour s'accroître périodiquement chaque fois que la conception a eu lieu. A l'extérieur, chaque mamelle représente une masse hémisphérique, comprimée sur sa face interne par celle du côté opposé, présentant vers son milieu un prolongement appelé mamelon ou trayon, qui est percé à son extrémité de plusieurs orilices communiquant avec les sinus galactophores, et d'oii s'échappe le lait par la succion ou la compression. • La peau qui recouvre les mamelles, noire, mince et très-douce au toucher, présentant des poils rares et fins, glisse avec la plus grande facilité sur une couche conjonctive et élastique sous-jacente. Celle-ci, épaisse et formée de plusieurs lames, sert à rattacher les mamelles aux parois du ventre et du périnée et en même temps à les isoler l'une de l'autre; en effet, elle se prolonge sur la ligne médiane entre les deux lobes, et va s'attacher sur la tunique abdominale et dans Tentre-deux des cuisses; de sa face interne elle envoie dans l'inté- rieur des glandes des prolongements qui servent à isoler les lobules qui les constituent. Au-dessous de la tunique fibro-élastique et dans les aréoles que for- ment ses prolongements internes, se rencontre le tissu glandulaire, analogue à celui des glandes salivaires. Il présente des grains ou acini, réunis sur les canaux lacti fèves de manière à former des sortes de grap- pes. Les canaux se rassemblent entre eux, et finissent par constituer des conduits principaux, volumineux, qui viennent s'ouvrir dans les sinus (jalactophoi^es. Ces derniers, dans lesquels s'accumule le lait sé- crété, sont généralement au nombre de deux pour chaque mamelle, mais on peut en trouver un plus grand nombre; ils communiquent le plus souvent les uns avec les autres, et sont prolongés dans le mame- lon par des canaux excréteurs indépendants dont les orifices, très- étroits, sont comme percés à l'emporte-pièce sur le sommet du mame- lon. Les canaux excréteurs, les sinus, les canaux lactifèrcs et les vésicules aciniennes sont tapissés par une membrane muqueuse très- fine. Entre les parties sécrétantes de la glande et dans l'intérieur de la 276 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. lame aponévrotiquc qui isole les acini, on rencontre souvent des pelo- tons adipeux ou même de la graisse en couche continue. Les artères des mamelles proviennent d'une branche postérieure ou mariimaire de lahonteuse externe après son trajet dans le canal inp;uiiial. Les veines sont volumineuses et nombreuses. Les nerfs proviennent de la troisième paire lombaire par les nerfs inguinaux. Les inflammations qui se développent dans les différents tissus qui composent la mamelle, peuvent se diviser en trois catégories : 1" les inflammations superficielles ou sous-cutanées, qui siègent dans le tissu fiUro-élastique; 2° les inflammations profondes ou sous-mammaires, et 3° les inflammations parenchymateuses. Les deux premiers modes ressemblent aux inflammations qui se remarcjuent dans le tissu con- jonclif des autres parties du corps. Quant aux inflammations paren- chymateuses, elles sont très-fréquentes dans la période de la lacta- tion, surtout chez la vache, et on leur donne généralement le nom de mammite. Généralement la mammite n'attaque qu'un des lobules, mais elle peut se propager, par continuité de tissu, aux voisins, et il se déve- loppe une série d'abcès dont le siège varie et se trouve dans chacun des lobes mammaires; aussi est-il nécessaire de cherchera circonscrire autant que possible l'inflammation aussitôt qu'elle a été reconnue : or il importe de savoir que, quoi qu'on fasse, cette inflammation arrivera presque inévitablement à la suppuration. L'abcès pourra s'ouvrir sur la muqueuse ou se frayer un chemin par la peau. Si les moyens abor- tifs n'ont pas réussi, plusieurs chirurgiens donnent le conseil d'ouvrir d'un coup de bistouri, au niveau de la tumeur, l'abcès déjà formé, ou s'il ne l'est pas encore, de liàter ainsi la guérison par un dcbridcmcnt. Il n'est pas rare de constater, après l'inflammation d'un lube mam- maire, son atrophie, et par suite la disparition de ses fonctions. Difrt'reiiceti. — Bien n'est plus variable que la position, la l'orme et le volume des mamelles chez les diflerenti's espèces ; la rrtcAe possède quatre mamelles cl quatre mamelons. Souvent môme on rencontre deux autres mamelles supplémentaires, qui le plus souvent ne sécrètent pas de lait, il existe seulement un sinus galactopliore à la base de chaque mamelon ; ceux-ci, plus longs et plus gros, sont porcés d'un seul canal excréteur. La brebis et la chèvre n'ont, comme la jument, que deux mamelles avec deux mamelons ; le ins est très-volumineux chez les chèvres et pend souvent très-bas. Chez la truir, la chienne la /api/îc, les mamelles, ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de le dire, sont rangées en deux séries latérales qui occupent non-seulement la région inguinale, mais encore toute l'étendue de la paroi abdominale et s'avancent même jusque sur la région pectorale ; leur nom- bre varie suivant les espèces. La truie peut en avoir sept paires, ordinai- rement elle n"en porte que; six. La chienne possède cinq mainelk's de chaque cùté, et la chatte quatre. Chez tous ces animaux, le mamelon présente de DE LA CAVITÉ ABDOMINALE. 277 six à huit orifices, et ce sont toujours les glandes postérieures qui sont les plus développées. 11 résulte de cette disposition particulière que les mamelles reçoivent du sang des artères abdominales aniérieures et thoracique, et que cette dernière peut alors porter le nom de mammaire. Les mamelles de la chienne sont fréquemment le siège d'une tumeur sar- comateuse, que l'on peut enlever avec assez de facilité, mais qui a l'incon- vénient de se reproduire et souvent de se généraliser. CHAPITRE II DE LA CAVITÉ ABDOMINALE. Envisagée d'une façon générale, la cavité abdominale se montre sous la forme d'un ovoïde presque régulier, dont le grand axe est oblique- ment dirigé de haut en bas et d'arrière en avant, de telle sorte que la grande extrémité correspond à l'entrée du bassin, tandis que la petite vient s'appuyer sur l'appendice xiphoïde du sternum. En raison de la grande convexité du diaphragme, dont les bords se raccordent très- bien avec la courbe des parois abdominales inférieures et latérales, la cavité abdominale est beaucoup plus spacieuse qu'elle ne le paraît à l'extérieur. La flèche de courbure du diaphragme, variable du reste dans les mouvements respiratoires, n'est pas moindre de 33 à 40 cen- timètres sur des chevaux de taille moyenne. Les parois de la cavité abdominale sont symétriques ; aussi nous a-t-il suffi d'une seule description pour faire connaître les deux côtés. IMais il n'en est plus ainsi des organes qu'elle renferme, nous pouvons môme dire qu'aucun de ces organes, à l'exception des reins, n'a son analo- gue du côté opposé; aussi le côté droit et le gauche exigent-ils des des- criptions spéciales; de plus, -la Fixité des organes abdominaux n'est obtenue que par des liens lâches et mobiles, ce qui change constam- ment leurs rapports; le volume n'est pas moins sujet à variations, et dépend du moment de la journée, de l'intervalle de temps qui sé- pare le moment de l'examen de celui du repos, de l'état de gesta- tion, etc. Il résulte de toutes ces considérations que la description des organes de la cavité abdominale ne peut être faite avec une précision rigoureuse et que si les rapports que nous donnerons ici se rencon- trent le plus souvent sur le cadavre, des conditions nombreuses peu- vent les faire varier sur le vivant. Nous commencerons l'étude de la cavité abdominale en donnant une idée succincte de la position des organes par rapport aux parois abdominales, en un mot, en faisant Yanaiomie des plans, afin de per- 278 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. mettre au chirurgien de juger de l'étendue et de la gravite des lésions déterminées par un corps qui aurait pénétré dans Tabdomen ; nous étu- dierons ensuite le /jmYoi'ne et ses dépendances; puis nous reviendrons avec quelques détails sur les organes digestifs et leurs annexes. § 1". — Anatomie des plans. Nous suivrons pour l'étudier Tordre que nous avons adopté pour décrire les parois. i° Région diaphrogmatique . — En arrière du diaphragme oTi rencon- tre le foie, situé surtout en haut dans la portion droite, et s'avançant à gauche dans la partie inférieure ; sur la face antérieure de ce viscère se voit le sillon formé par la veine cave postérieure ; la veine porte et l'appareil des canaux biliaires rampent sur sa face postérieure ; l'crso- phage traverse le diaphragme et s'ouvre dans l'estomac qui occupe en arrière du foie la région centrale du diaphragme. Dans la partie dite sus-sternalc de la région diaphragmatique se trouve la deuxième cour- bure du côlon replié, située un peu au-dessus et à gauche de la première ; le duodénum, placé à droite et au-dessus de l'estomac, appartient aussi, par son origine, à cette partie de l'abdomen. 2" Région lombaire. — Les organes de cette région sont placés en dedans ou en dehors du péritoine ; citons, dans cette dernière posi- tion, les reins et les uretères. Les reins, situés au-dessous des apophyses transverses des vertèbres lombaires et du psoas, s'avancent jusqu'à la dernière côte, le droit môme est recouvert par l'avant- dernière. Protégés par des tissus d'une grande épaisseur, les reins ne sont pas accessibles au chirurgien, excepté par leur bord externe sur lequel on pourrait à la rigueur parvenir, mais en passant en de- hors des apophyses cosliCormes des vertèbres lombaires par le liane. Les uretères sont aussi situés au-dessus du péritoine et marchent en arrière jusqu'à la vessie. En avant des reins, on rencontre le pan- créas, traversé par la veine porte; sur la ligne médiane, deux vaisseaux volumineux : à gauche, l'aorte abdominale avec ses ])ranches princi- pales, le tronc cœliaque en avant, les artères grande et petite mésenté- riques, les rénales; adroite, la veine cave. L'aorte passe entre les deux piliers du diaphragme. Les viscères abdominaux situés en dedans du péritoine, sont : à droite et en avant, la crosse du cœcum fixée à la région sous-lombaire, au-dessous du rein droit, par une surface non recouverte par la sé- reuse ; et le duodénum qui hi contourne en dehors, pour se porter ensuite en travers et à gauche; sur la ligne médiane, la quatrième por- tion du côlon replié et l'origine du côlon llotlant qui lui fait suite. 3' Paroi inférieure. — Toute i'élendue de la paroi inl'érieurc de Tab- domeu qui cdrrespond, ainsi que nous l'avons dit, à la largeur des mus- ANATOMIE DES PLA^'S DE LA CAVITÉ ABDOMINALE. 279 des grands droits, est occupée par le côlon replié et par l'extrémité floUante du cœcum. Sur la ligne médiane et un peu à droite, la pre- mière portion du côlon replié, qui se porte en avant, décrit la cour- bure sternale et se continue par la deuxième portion, laquelle se prolonge jusqu'à l'entrée du bassin ; la troisième portion est logée dans le flanc gauche. Entre la première et la deuxième portion du côlon, on voit flotter la pointe du cœcum, libre dans une étendue de 25 à 3i) centimètres et pouvant, par conséquent, se dévier en avant ou en arrière. Souvent aussi, dans le même intervalle, on trouve une ou plusieurs anses d'intestin grêle. A" Paroi latérale de l'abdomen. — Nous l'avons divisée en trois sous- régions appelées V/ii/pochondre, le fla^ic et la région inguinale. Dans la région de V liypochondre droit sont situés : le lobe droit du foie avec le lobule de Spigel, ainsi qu'une bonne partie du lobe moyen, et la quatrième partie du côlon replié, située en avant de la portion moyenne du cœcum. Dans Vliypochondre gauche, on trouve la rate et la partie antérieure des deuxième et troisième portions du côlon replié. Le flanc droit recouvre la majeure partie du cœcum et quelques circonvolutions du côlon flottant et de l'intestin grêle. Dans le gauche se trouvent la deuxième et la troisième partie du côlon replié ; ce n'est que tout à fait en haut, dans le creux, qu'on trouve les circonvolutions de l'intestin grêle et du côlon flottant. Au niveau des deux régions inguinales se rencontre la courbure pel- vienne du côlon, ainsi que quelques anses d'intestin grêle. Quand la vessie est très-remplie, elle s'avance sur la paroi abdominale inférieure et occupe en partie les régions inguinales. DîfFôreiices. — C'est chez les ruminants que l'on trouve les différences les plus grandes dans l'anatomie des plans de la cavilé abdominale. L'énorme développement des estomacs, qui remplissent à eux seuls plus des quatre cinquièmes de la cavité abdominale, change d'une façon considérable les rap- ports des organes avec les parois. Cest ainsi que toute la paroi abdominale, tout l'hypocliondre, le flanc gauche et une bonne partie de la région diaphragmalique sont occupés parles es- tomacs et surtout par le plus grand, le rumen. Le réseau est logé dans l'iiy- pochondrc gauche, le feuillet dans la partie centrale diaphramatique, et la caillette occupe l'hypochondre droit. Le rumen touche à la paroi sous-lom- baire gauche et au rein du même côté, il s'avance en arrière jusqu'à l'entrée du bassin. Toute ponction, ouverture, ou blessure pratiquée dans le ilanc gauche, arrivera nécessairement sur lui. Aussi voit-on cbaque jour les indi- vidus les moins habiles pratiquer la ponction du rumen sur des moutons ou sur des bœufs. L'hypochondre gauche renferme également la rate, attachée par un court repli à la panse. Dans le droit, on rencontre le foie et une partie delà masse intestinale. Le flanc droit, toujours plus creux que le gauche, répond aussi à l'intestin et surtout aux circouNolutions intestinales; di; même, c'est de ce 280 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. côté que se porte l'utérus pendant la gestation ; aussi devient-il assez facile de percevoir le fœtus ù travers les organes, lorsqu'il a acquis un certain développenrient. Chez les C'ivnnssievs, l'estomac, volumineux, descend jusque sur la paroi inférieure, surtout après le repas, et souvent même jusque vers l'ombilic. Dans toute la partie postérieure se rencontrent le côlon transverse etrinlcslin grêle. Le flanc droit est occupé par le côlon ascendant, le gauche par le côlon descendant. Le foie est limité à larégion diaphragaialique droite. La disposition des organes abdomfnaux; du porc se rapproche beaucoup de celle des carnassiers. Citons cependant un cœcum plus volumineux logé entre deux lames péritonéales et placé dans le flanc droit. Cliez le irtpm l'estomac est presque limité à la région diaphragmatique; le gros intestin qui présente un cœcum presque semblable à celui du cheval, est logé dans le flanc droit; à la paroi abdominale inférieure correspond également un côlon très-volumineux et bosselé. § 2. — Du péritoine. Le péritoine est la membrane séreuse qui tapisse l'abdomen, le di- verticule du bassin, et se replie sur les organes abdominaux, soit pour les envelopper d'une façon à peu près complète, soit pour les recou- vrir par une de leurs faces seulement; cette dernière disposition se fait remarquer surtout pour les organes appliqués contre la région lom- baire, tandis que l'intestin, l'estomac, la rate, ne sont dépourvus d'en- veloppe péritonéale que dans le point très-limité où les deux feuillets se mettent en rapport l'un avec l'autre, après avoir recouvert les faces de l'organe. Le péritoine se divise en deux feuillets : pariétal et viscéral. Le feuil- let pariétal est appliqué contre les parois abdominales dans toute son étendue; on peut reconnaître dans sa structure une membrane fibreuse recouverte d'un épithélium; presque partout, ce feuillet se trouve doublé d'une couche de tissu conjonclif assez épaisse qui expli- que très-bien sa grande facilité de locomotion, et permet de com- prendre comment, dans des hernies très-volumineuses, on trouve une couche séreuse constituant les parois du sac herniaire ; c'est surtout sur les parois abdominales inférieures que cette laxité du tissu con- jonclif sous-séreux est portée à son maximum. A la vérité, toutes les hernies ne sont pas enveloppées par le péritoine, et M. Bouley fait très- justement observer, que souvent, dans celles qui sont volumineuses et qui se forment subitement, le péritoine, insuffisamment élastique, peut se rupturer et se rupture très-souvent; mais les mouvements des in- testins lissent et condensent pour ainsi dire le tissu conjonctif, lui donnent une consistance suffisante pour lui faire prendre l'aspect de la membrane, et il se forme ensuite un épithélium, de telle sorte qu'an bout de peu de temps, le nouveau péritoine est raccordé à l'ancien et lui ressemble absolument. DU PÉRITOINE. 281 La laxilé du péritoine et la facilité avec laquelle on peut l'isoler doivent être mises à profit dans les opérations qui se pratiquent au voisinage de la cavité. Chaque fois que l'on aura à agir dans un point très-rapp roche de la cavité abdominale, il sera bon d'éloigner le péri- toine avec le doigt, en le décollant ; on doit, autant que possible, éviter la formation des plaies du péritoine, car elles peuvent être très-rapide- ment mortelles, et si dans quelques cas, et sans qu'on puisse le plus souvent savoir pourquoi, elles paraissent être d'une grande innocuité, on ne doit pas compter sur un résultat favorable constant, rien n'é- tant aussi variable que la façon dont ces plaies se comportent dans leurs terminaisons. En général, la pénétration de l'air, du pus ou d'autres corps étrangers dans la cavité péritonéale est toujours une circonstance défavorable, et qui entraîne la mort le plus souvent. Néanmoins il existe, indépendamment des susceptibilités individuelles, de grandes différences suivant les espèces, et parmi celles que les vété- rinaires sont appelés à soigner, il n'en est pas certainement qui ré- siste mieux que le chien aux plaies du péritoine. J'ai eu l'occasion de faire très-souvent des fistules de l'estomac ou de l'intestin sur ces ani- maux, et sur plus de quinze opérations, un seul est mort de péritonite aiguë. Dans une circonstance où j'avais enlevé la rate et où une cer- taine quantité de sang s'était forcément épanché dans la cavité abdo- minale, je réunis les lèvres de la plaie par plusieurs points de suture en y comprenant le pédicule qui soutenait le viscère enlevé et dont j'avais lié les vaisseaux en masse; quelques jours après, l'animal enleva les points de suture avec ses dents et fit ainsi une large plaie par la- quelle on pouvait facilement passer deux doigts, et qui faisait commu- niquer librement le péritoine avec l'extérieur. Pendant un mois environ que cette plaie mit à se fermer, l'air entra et sortit à chaque mouve- ment respiratoire, en produisant un bruit de souffle assez fort, et malgré cela le chien conserva sa gaieté et ne manifesta aucun symp- tôme grave ; un mois après que la plaie fut fermée, il mourut dans une chloroformisation et je trouvai, à l'autopsie, dans la cavité du péritoine, près d'un litre de pus provenant de l'ancienne plaie. Le péritoine forme, dit-on, une cavité sans ouverture excepté chez les femelles, où il en existe une au niveau du pavillon de la trompe ; mais, de fait, il n'y a pas de vide réel, puisque les viscères abdo- minaux et les parois se touchent dans tous les points. Il résulte de cette disposition qu'il est extrêmement difficile qu'une plaie intéresse le péritoine sans léser les organes intérieurs. Si, dans certains cas, une arme a pu pénétrer dans la cavité abdominale sans causer de symptô- mes trop inquiétants, il ne faudrait cependant pas en conclure (]ue les organes n'ont pas été blessés. Les plaies des viscères abdominaux n'a- mènent pas toujours des épanchements dans la séreuse, et il suffit souvent, ainsi qu'on peut très-bien s'en rendre compte dans la ponc- tion du gros intestin, que l'instrument soit ténu pour que les plaies 2S2 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. qui en résultent passent presque inaperçues, la pression des parois abdominales et des libres musculaires des organes lésés empêchant la sortie des matières fécales. Travers (1) a pu plonger à plus d'un pied de profondeur une petite cpée dans les flancs d'une jument; lorsqu'on abattit l'animal cinq heures après, on trouva l'intestin grêle, le cœcum et le mésentère blessés en plusieurs endroits; les plaies étaient d'une couleur noire, leurs bords en contact, mais non adhérents, et quoique la jument eût mangé abondamment avant l'expérience, on ne trouva aucun épanchement de chyme ou de matières fécales. D'après cette expérience, et une autre à peu près semblable, Travers conclut que l'cpanchement n'est pas une conséquence nécessaire des plaies péné- trantes de l'abdomen. Le péritoine viscéral enveloppe ou recouvre les organes de la cavité abdominale et forme un certain nombre de replis qu'on a appelés mé- senlère, méso-côlon, méso-cœcum, etc. Tous ces replis, qui servent en même temps de moyens d'attache pour les viscères qu'ils enveloppent, offrent une grande importance au point de vue de la fixité des orga- nes, en ce sens que de leur longueur dépend la facilité avec laquelle ces organes pourront se déplacer. Le méso-cœcum, par exemple, rend le déplacement du cœcum solidaire de celui de la première partie du côlon replié; le méso-côlon réunit les deux parties de l'anse colique; le mésentère, plus long etplus lâche, n'oppose qu'un obstacle bien faible aux mouvements des circonvolutions intestinales qui peuvent se re- trouver, pour ainsi dire, dans toutes les parties de la cavité; aussi est-ce l'une des causes qui font que cet intestin, beaucoup plus mobile qu'au- cune autre partie du tube digestif, constitue le plus souvent les hernies. Un des replis les plus remarquables du péritoine est celui qu'il forme autour de l'estomac et auquel on a donné le nom dV'jjfploon gasfro- côlique, ou de grand épiploon. On voit les deux lames qui viennent de former le ligament hépato-gastrique s'écarter au niveau de la petite courbure de l'estomac, tapisser ses faces et se réunir sur la grande courbure, s'adosser et former ensuite un grand repli, persillé de trous. Par l'une de ses extrémités, le cul-de-sac gauche de l'estomac est at- taché à la paroi sous-lombaire, l'autre se prolonge sur le duodénum; par son bord postérieur, il va s'attacher sur la terminaison du côlon replié; de cette manière, le grand épiploon forme une sorte de cavité secondaire dans la grande cavité péritonéale et l'ouverture qui les fait communiquer l'une avec l'autre, û'iiehialus de Winsloiv, est comprise entre la veine porte, la veine cave postérieure, l'extrémité antérieure du pancréas et la petite courbure de l'estomac. Citons encore, parmi les plus importants des replis du péritoine, les ligaments du foie, distingués en ligaments du lobe niuyen, du lobe (Ij 15. Travers, An inqniry inlo l/io process of Salure in rcpairing injuries of (lie in- tesliites. London, 1812. DES ORGANES DIGESTIFS. 2S3 gauche et du lobe droit ; le ligament cardiaque, qui enveloppe la termi- naison de l'œsophage ; le ligament hépato-gastrique, qui fixe l'estomac dans la scissure postérieure du foie; Vé/np/oon gastro-yplénique, partie du grand cpiploon, qui suspend la rate à l'estomac; les ligaments de la vessie, divisés en moyen et latéraux, et onfni les ligaments larges et ronds chez la l'emelle. UifféreiiceN. — Le feuillet pariétal du péritoine se comporte ù peu près de la même façon chez tous les animaux. On ne trouve des différences bien im- portantes que pour le grand épiploon. Chez les riiminuuls, il se détache du milieu de la face inférieure de la panse, enveloppe toute la partie droite de ce viscère, et se continue en haut avec le mésentère. Chez les carnassiers, l'épiploon descend au-dessous de la masse intestinale jusqu'au bassin et se replie ensuite sur lui-même pour se déployer sur le côlon. La grande étendue de l'épiploon chez tous ces animaux fait qu'on en rencontre souvent de grands lambeaux sortant par les plaies pénétrantes ou formant en partie les tumeurs herniaires. § 3. — Des organes digestifs. La portion abdominale des organes digestifs comprend Vestomac, ï intestin grêle, le gros intestin divisé en cœcum, côlon replié et côlon flottant, et les glandes annexes, le foie et le pancréas. La rate^ dont les fonctions sont plutôt en rapport avec la circulation, se trouve aussi renfermée dans la cavité abdominale. Vestomac est situé dans la région diaphragmatique, beaucoup plus à droite qu'à gauche; sa capacité moyenne est d'environ 10 litres chez le cheval, mais sur l'animal vivant, ses dimensions varient dans une très-large mesure. Plissé et revenu sur lui-même, dans l'état de vacuité, il peut devenir beaucoup plus volumineux que nous ne l'avons dit, lors- qu'il est fortement distendu par les aliments; mais quel que soit son état de distension, il n'arrive jamais à toucher la paroi abdominale, la présence de la courbure sternale du côlon l'en empêchant. Sa face antérieure est en rapport à droite avec le foie, à gauche avec le dia- phragme, la face postérieure avec la courbure diaphragmatique du cô- lon ; lorsque le viscère est distendu, la grande courbure s'allonge et glisse entre les deux lames de l'épiploon : il est alors assez difficile d'in- diquer exactement ses rapports, le cul-de-sac gauche s'avançant dans l'hypochondre correspondant et môme jusqu'au voisinage du flanc. La face interne de l'estomac montre une muqueuse d'aspect bien différent, suivant qu'on l'étudié à droite ou à gauche. A gauche, elle présente une consistance et une couleur à peu près semblables à celles de l'œsophage; aussi, dans cette partie du viscère, ne participe-telle en rien aux sécrétions et aux fonctions gastriques proprement dites; du côté droit, au contraire, la muqueuse alfecte une couleur rouge bru- nâtre, et devient très-vasculaire et fulliculeuse: c'est la véritable mu- 284 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. queuse stomacale, telle qu'on la rencontre chez tous les animaux, et notamment chez les carnassiers. Deux ouvertures donnent accès dans l'estomac : l'une est une porte d'entrée pour les aliments, c'est l'orifice œsophagien ; l'autre est leur porte de sortie, c'est le pylore, qui commence le tube intestinal ; elles doivent nous arrêter un instant. La disposition de l'ouverture œsopha- gienne ou cardia a donné lieu à de nombreuses discussions. Nous ne rappellerons pas toutes les idées qui ont été émises à ce :^ujet, car elles s'écartent, pour la plupart, plus ou moins de la vérité. Chacun de leurs auteurs, partant d'une idée préconçue, voulait y trouver un fait ex- pliquant la difficulté du vomissement chez les solipèdcs. La vraie dis- position est que l'œsophage s'insère sur la petite courbure perpendicu- lairement à la paroi stomacale; l'impossibilité dans laquelle les che- vaux sont de vomir tient à une cause qui a été parfaitement mise en lumière par M. Lecoq, à savoir, que, dans l'état normal, l'ouverture cardiaque, étantréduite à rien, supporte, dans lanausée, une pression qui est en raison de son étendue et par conséquent nulle par le fait de l'occlusion complète. La tonicité des fortes fibres qui terminent l'œsophage suffît et au delà pour maintenir cette ouverture toujours fermée, quelle que soit la pression. Cela est si vrai, que lorsque, pour une cause ou pour une autre, les fibres de la cravate cardiaque viennent à se relâcher, le vomis- sement s'effectue avec assez de facilité. On ne compte plus aujourd'hui les cas de vomissement chez le cheval, et toujours, lorsque l'autopsie a été faite après le vomissement , l'ouverture œsophagienne a été reconnue très-dilatée. Voyons maintenant dans quelles conditions peut se faire cette dilatation. On a dit très- souvent que le vomissement était un symptôme de rupture de l'estomac. De ce que le plus souvent les chevaux qui ont vomi présentent une rupture stomacale, il ne faut cependant pas en inférer qu'elle existe toujours. En effet, plusieurs chevaux ont pu, après avoir vomi, dans le cours d'une indigestion, se rétablir et vivre ensuite en très-bonne santé, ce qui prouve péremptoi- rement l'absence de rupture (1). I.e cas de M. Félizet, dans lequel un cheval qui avait vomi plusieurs fois, fut tué après un accident et pré- senta à l'autopsie une dilatalion du cardia, « béant au point de per- mettre la très-libre introduction de l'index sans aucun frottement, » dit l'auteur, et sans déchirure, nous semble juger complètement ces deux propositions : qu'il faut pour qu'un cheval puisse vomir que le cardia soit préalablement dilaté; et que les chevaux qui vomissent n'ont pas forcément l'estomac déchiré. Mais ce dernier accident se présente Irès- souvent; il y a donc lieu de se demander, comment se produit la dila- (1) Voyez notamment l'article Indirjpslion, par M. II. Bouley, du Nouvemi Di'tion- 7Hiire, cl les mémoires de MM. Félizet et Dubois, Recueil de Médecine vétérinaire, mars 1875. DES ORGANES DIGESTIFS. 283 talion du cardia, quelle est la cause de la rupture et de la grande fré- quence du vomissement dans ce cas : c'est à ces deux questions que répond un mémoire de M. Lavocat, public dans le Recueil (numéro de mai 1875). Pour cet auteur, ce sont les fibres musculaires de l'estomac qui déterminent peu à peu, par leurs contractions réitérées, la disten- sion du cardia, dont elles procèdent, ainsi que l'épuisement muscu- laire qui, frappant ces fibres, les rend inertes et incapables de résister plus longtemps. Dans une note jointe au même mémoire, M. Arloing indique comment il est possible que le vomissement ait lieu môme après la rupture de l'estomac : les matières alimentaires répandues dans l'abdomen n'en sont pas moins pressées par les deux agents princi- paux du vomissement, le diaphragme et les muscles abdominaux, et l'effet de la contraction de ces organes sera de faire fuir les substances liquides ou semi-fluides par Touverture qu'elles trouveront béante. Or, si l'on suppose le cardia dilaté, il n'y a pas de raison pour qu'elles ne prennent ce chemin plutôt qu'un autre, car la pression se trouve moins élevée dans la cavité thoracique et par suite dans l'œsophage que dans un point quelconque de la cavité abdominale. Quant à la rupture de l'estomac, elle doit être attribuée à la pression énorme qu'il supporte pendant l'effort qui suit la nausée, et à la distension consi- dérable qu'il présente toujours dans les cas d'indigestion avec sur- charge alimentaire, et qui a pour effet d'amincir considérablement ses parois, et par suite de les rendre moins résistantes. T/ouverturc pjiorique, percée au fond du sac droit, est entourée par un sphincter très-fort, qui peut se resserrer au point de boucher com- plètement la lumière du canal. Les artères de l'estomac viennent du tronc cœliaque par les gastri- ques antérieure et postérieure. Les veines se rendent à la veine porte, les ?vi?r/s proviennent du pneumogastrique et du sympathique, par l'inter- médiaire du [ilexus solaire. Vintestin grêle fait suite à l'estomac et se divise en trois parties, le duodénum, \e Jéjunum et Vileum. ho, duodénum est la portion la plus fixe de l'intestin, on pourrait presque dire de tout le tube digestif; il est maintenu par un court lien séreux à la paroi sous-lombaire et en dehors de la crosse du cœcum qu'il contourne à droite, après quoi il traverse la cavité ab- dnininale pour se porter à gauche et se continuer par le Jéjunum. Sa position doit être bien connue; car on pourrait, si l'on faisait la ponction du cœcum trop haut, le traverser avant d'arriver dans ce der- nier réservoir. Un donne le nom de Jéjunum à toute cette portion de l'intestin grêle qui flotte dans le flanc gauche et même dans le droit, en arrière du cœcum; sa longueur est d'environ 20 mètres; il est soutenu par une lame séreuse, qui commence autour de l'artère grande mésen- térique, d'autant plus large qu'elle est plus rapprochée de la termi- '286 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. liaison de rinteslin. En raison do son petit volume et du grand dé- veloppement du mésentère, l'intestin grêle se déplace avec la plus grande facilité ; aussi forme-t-il la grande majorité des hernies : lors- que celles-ci sont inguinales ou situées sur la paroi abdominale in- férieure, on peut dire presque Ji coup sûr qu'elles sont formées par la dernière portion de l'intestin, et cela en raison des dimensions du mésentère qui le soutient et qui lui permet d'arriver jusqu'à une assez grande distance de son point d'attache. Girard a cependant décrit une hernie inguinale formée par la courbure pelvienne du gros côlon. On en a constaté aussi quelques-unes parle côlon flottant. L'iléon est la dernière partie de l'intestin grêle; il se termine dans la concavité de la crosse du cœcum, au-dessous de l'origine du côlon. L'iléon se distingne à première vue des autres parties de l'intestin grêle par l'épaisseur de ses parois et sa rigidité. Si maintenant nous examinons l'inlcstin au point de vue de sa structure, nous lui reconnaîtrons trois tuniques : l'une externe, formée par le péritoine, très-mince et très-adhérente à la tunique musculeuse; celle-ci est formée de deux plans de fibres, les unes longitudinales, super- ficielles, les autres profondes, circulaires, ces dernières les plus fortes. C'est à leur présence que l'intestin doit ses contractions péri- staltiques et antipéristaltiques, si visibles sur un animal récemment tué. Il n'est pas douteux qu'il ne faille attribuer à la grande force de la tunique musculeuse de l'intestin l'innocuité dont jouissent certaines plaies peu étendues : les contractions de la membrane charnue, en rap- prochant les lèvres de la plaie, empêchent la sortie des matières alimen- taires, et limilent ainsi rinllammation du péritoine. La tunique muqueuse, recouverte de papilles et de villosités qui donnent au tou- cher la sensation du velours, adhère à la tunique musculeuse par un tissu conjonctif lâche qui lui permet de glisser sur elle avec facilité. Les plaques de Peyer, qui se remarquent surtout dans la dernière por- tion de rinfestin grêle, sont le siège d'ulcérations particulières qui ca- ractérisent la fièvre typhoïde. Le sang arrive à l'intestin grêle par la grande mésentérique, le duo- dénum reçoit une artère venant du tronc cœliaque. Il n'y a d'impor- tant ;\ noter dans ces artères que la disposition anastomotique qui facilite la circulation dans toutes les positions des anses intestinales. C'est par la petite courbure que ces artères arrivent à l'organe; sur la grande courbure, elles sont réduites à des canaux très-ténus. Les veines se réunissent pour former la grande mésaraïque. Les li/mpha- liqueft, appelés cfn/lifères, vont aux ganglions mésentcriques. Les 7ierfs dépendent du grand sympathique et proviennent du plexus solaire. Le cœcum occupe le côté droit de l'abdomen, par sa partie supé- rieure ; la partie moyenne se rapproche de la ligne médiane et il arrive communément de rencontrer son extrémité flottante près de l'appen- dice xiphoïde et même dans Ihypochondre gauche. En anatomie des- DES ORGANES DIGESTIFS. 2S7 criptive, on reconnaît au cœcinn une crosse ou exlrcmitc supérieure, une partie moyenne et une pointe ou extrémité inférieure. La crosse du coccum est attachée par un tissu conjonclif assez lâche à la région sous-lomhaire : du côté droit, elle touche en haut à la face inférieure du rein droit et au pancréas ; en dehors, au flanc droit et au duodénum; en dedans, elle esten rapport avec la quatrième por- tion du côlon replié. En se repliant de la paroi sous-lombaire sur le cœcum, le péritoine n'en recouvre pas l'extrémité supérieure ; de même une certaine partie de la face interne est directement en rapport avec la terminaison du côlon replié, et la portion de la séreuse qui passe directement de l'un sur l'autre viscère a reçu le nom de méso-cœcum. La crosse ou l'arc du cœcum est la portion de cet organe qui offre le plus d'importance au point de vue chirurgical, car on y pratique assez souvent des ponctions ayant pour but de faire évacuer les gaz qui s'y accumulent dans certaines formes d'indigestions. Le lieu d'élection et le manuel de cette opération devant être décrits dans la seconde partie de cet ouvrage, nous nous contenterons de dire que le cœcum doit toujours être ponctionné assez bas pour que l'instrument pénètre dans la portion qui est recouverte par le péritoine; plus haut, il y aurait à craindre les blessures du rein ou celles du duodénum, et ces accidents seraient bien autrement redoutables que celui de la double perfora- tion du péritoine. La partie supérieure de la portion moyenne de l'organe égale- ment accessible au chirurgien, répond au cercle cartilagineux des côtes : mais plus bas le cœcum, ainsi que nous l'avons dit, se porte vers la région médiane de la cavité abdominale et se trouve séparé de l'hypochondre par la première portion du gros côlon. Quant à l'extré- mité inférieure, elle se voit entre la première et la deuxième portion de ce même intestin et peut se déplacer assez facilement en raison de l'absence des liens séreux qui unissent les autres parties du viscère. Di- sons qu'il arrive assez communément de trouver dans le cul-de-sac de la pointe une certaine quantité de graviers formés, pour la plu- part, de grains de quartz dont le volume excède rarement celui d'un haricot. Dans toute son étendue le cœcum se montre bosselé extérieurement, et présente dans la portion moyenne quatre bandes charnues longitu- dinales destinées à raccourcir l'organe en plissant ses parois et pro- duisant des sillons transversaux et des bosselures. A l'intérieur les sillons s'accusent en relief et forment des replis dont l'usage est incon- testablement de donner une plus grande surface d'absorption sous un volume déterminé. On ne rencontre généralement dans le cœcum que des matières presque liquides et des gaz. L'intérieur du cœcum montre encore, dans la concavité delà crosse, deux ouvertures, dont l'une, la supérieure, donne accès dans le côlon '28S ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. replié et rinféi'ieure dans l'intestin grêle; cette dernière est entourée par une valvule appelée iléo-cœcale ou de Bauliin, qui permet bien l'entrée du chyme dans le cœcum, mais qui doit opposer une grande résistance à son retour dans le conduit d'où il vient. Le côlon est un immense réservoir dont la capacité peut atteindre cent litres et qui se divise en deux parties bien distinctes, l'une appelée côlon replié, l'autre côlon flottant. Le premier part de la crosse du cœcum, où il présente d'abord un diamètre à peine plus grand que celui de l'iléon, se renfle presque im- médiatement, atteint une largeur au moins aussi considérable que celle du cœcum et se porte vers la région sternale de l'abdomen ; pour atteindre celte position, le côlon gagne la paroi abdominale inlérieure sur laquelle il se place et cela en vertu de son poids et de la densité des matières qu'il contient; dans cette espèce de renversement, le cô- lon se place en dehors et à droite de la portion moyenne du cœcum. A partir de la région sternale ou épigastrique, commence la deuxième portion, qui se replie à gauche et en haut, et arrive, toujours appliquée sur la paroi abdominale, jusqu'au pubis droit. Là, le côlon se replie de nouveau à gauche en formant la courbure pelvienne à laquelle fait suite la troisième portion. Jusqu'au pubis le côlon avait à peu près conservé le diamètre que nous avous constaté dans la première partie, mais à partir de la courbure pelvienne il se rétrécit considérablement, et la troisième portion, qui se reporte en avant et à gauche de la deuxième, présente un volume beaucoup plus petit que cette dernière. Au niveau de l'hypochondrc gauche, le côlon se replie de nouveau, mais se porte cette fois à droite, au-dessus de la courbure sternale et de la première portion, et forme ainsi la courbure diaphragmatitpie située à gauche et en arrière de l'estomac ; enfin la quatrième portion, qui vient après cette dernière courbure, occupe l'hypochondre droit pour se porter ensuite dans le plan médian et à gauche de la crosse du cœ- cum, où elle se termine en se continuant par le côlon flottant. C'est dans cette quatrième portion que le côlon atteint sa plus grande di- mension ; il se rétrécit à sa terminaison. La description du trajet du côlon, (jue nous venons de donner, dif- fère un peu de celle que l'on trouve dans les livres classiques, pour la première et la quatrième partie, et de celle que l'on obtient, en re- mettant les organes en place après les avoir \idés et insufflés, sans avoir brisé leurs licus. Cela tieuL à ce que le côlon, ne renfermant guère que des aliments compactes, tend à prendre une position très- déclive ; dans le mouvement que la première et la quatrième portion exécutent, elles se placent à droite du cœcum, la première touchant la paroi abdominale inférieure et la quatrième se plaçant au-dessus de la première, dans l'hypochondre droit; il résulte de cette version, que la partie moyenne du cœcum se trouve reportée vers la ligne médiaue du corps, et qu'elle exécute un léger mouvement de torsion qui a pour DES ORGANES DIGESTIFS- 289 effet de porter la poinle du côlé gauche et cjuelquefois même en ar- rière. Nous l'avons déjà dit, nous avons toujours rencontré cette pointe entre la première et la deuxième portion, à gauche de la ligne blanche. Le méso-côlon réunit entre elles la première et la quatrième portion du côlon, ainsi que la deuxième et la troisième, et rend ces portions solidaires les unes des autres. De même que sur le cœcum, nous trouvons sur le côlon des bandes charnues longitudinales et des sillons transversaux limitant des bos- selures ; quatre bandes existent sur la première et la deuxième por- tion ; une seulement, occupant la convexité, se voit sur la courbure pel- vienne et la troisième portion; trois sur la quatrième, deux seulement se prolongent sur le côlon flottant. Quant à ce dernier, c'est un tube bosselé d'une longueur de 3 à 4 mètres, dont le mode de fixité et la disposition générale rap- pellent l'intestin grêle; il est néanmoins plus volumineux. Ses cir- convolutions occupent le flanc gauche et le droit en arrière du cœcum, il se termine en arrière par le rectum. En raison du dévelop- pement de la portion de mésentère qui le soutient et de son diamètre relativement petit, le côlon flottant peut produire des tumeurs her- niaires ; mais il est facile à distinguer de l'intestin grêle par la pré- sence de ses deux bandes charnues et par son diamètre. La structure des différentes parties du gros intestin du cheval ne diffère pas, à part l'existence des bandes charnues, de celle que nous avons indiquée pour l'intestin grêle. Sur les points où ces conduits sont directement appliqués l'un contre l'autre, ou contre les parois, comme cela arrive pour la crosse du cœcum seulement, le péritoine manque. La membrane charnue est généralemejit forte, formée de fibres circu- laires, et de rares fibres longitudinales. La muqueuse est très-forte et se distingue de celle de l'intestin par l'absence des plaques de Peyer. Les artères proviennent, pour le cœcum, les quatre portions du cô- lon replié et l'origine du côlon flottant, de la grande mésentériqne ; pour le reste du côlon flottant et le rectum, de la petite mésentérique. Toutes les veines se rendent à la veine porte ; les lymphatiques, aux ganglions mésentériques , après avoir traversé les paquets de gan- glions que l'on rencontre le long des bandes charnues du cœcum ou du côlon. Les nerfs sont fournis par le plexus solaire. Le foie, la plus volumineuse de toutes les glandes de l'économie, est situé à droite de la région diaphragmatique de l'abdomen, où il affecte une direction oblique de haut en bas et de droite ù gauche ; il dépasse même très-souvent, en haut de l'hypochondre droit, les cercles carti- lagineux des fausses côtes et s'avance ainsi jusque dans la région du flanc. Gomme tous les organes situés dans cette région, le foie se reporte sensiblement en arrière dans les mouvements d'inspiration, La face antérieure du foie convexe, appuyée contre le diaphragme, Pecch et Toussaint. — Chirurgie. là 290 ANATÛMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. se fait remarquer par une scissure assez profonde qui loge la veine cave postérieure. Celle face regarde aussi le côté droit, et se trouve séparée de l'hypochondre par le diaphragme et le bord aminci du poumon. La face postérieure, tournée en arrière et en dedans, pré- sente également un sillon dans lequel pénètre la veine porte, et d'où sortent les canaux biliaires. La circonférence est amincie et découpée par des échancrures dont la position n'a rien de bien fixe, mais qui per- mettent cependant de diviser l'organe en trois lobes : un supérieur ou droit, un moyen et un inférieur ou gauche. Généralement le moyen en volume, le lobe droit porte en arrière et tout à fait en haut un petit lobule relié par un frein séreux au rein droit, et qu'on nomme loljule de Spujel. Les gros troncs vasculaires qui pénètrent dans le foie sont, pour cet organe, de puissants moyens de fixité; de plus, on lui reconnaît quatre ligaments particuliers: l'un antérieur, qui va du centre phrénique à la face antérieure; les trois autres sont spéciaux à chaque lobe; celui du lobe droit va de la paroi sous-lombaire au bord supérieur du lobe ; le ligament du lobe moyen est un repli falciforme qui provient de la paroi abdominale inférieure et du milieu du diaphragme; il est remar- quable en ce qu'il porte, sur son bord libre, le vestige de la veine ombi- licale du fœtus ; enfin, celui du lobe gauche provient du centre apo- névrotique du diaphragme et s'insère sur le bord supérieur du lobe. Le tissu propre du foie se distingue par une couleur brun rougeà- tre tout à fait caractéristique et une densité assez considérable qui n'exclut pas une grande friabilité. Cette friabilité est due à ce qu'on rencontre dans son intérieur une très-petite quantité de tissu conjonc- tif, et à ce que la substance propre de ses lobules est presque entière- ment formée de cellules; aussi les déchirures du foie par contre-coup sont-elles assez fréquentes. Il arrive même assez souvent qu'un coup violent porté dans l'hypochondre droit détermine des désordres dans le foie sans que les parois extérieures de la cavité aient été rupturées. Le foie est enveloppé par une mince membrane, peu adhérente au tissu, qu'on a appelée co/jsw/e dn Glisson, recouverte elle-même, dans toutes les parties qui ne louchent pas au diaphragme, par la séreuse de l'abdomen. Le canal excréteur du foie, appelé canal cholédoque, est extrême- ment simple chez les solipèdes, chez lesquels l'on ne rencontre pas de vésicule biliaire. Après être sorti de la scissure postérieure, le canal monte entre les deux lames de l'épiploon et aborde le duodénum, à 13 centimètres environ du pylore, au même point que le principal canal pancréatique; à leur entrée dans l'intestin les deux canaux sont entourés par le repli vasculaire qu'on a nommé ampoule de Vater. Le foie est un organe très-vasculaire : le sang qui lui arrive vient de deux sources: de Va) 1ère hépatique, et de la vaine porte^ tronc formé par les veines qui reviennent de foutes les parties du lube digestif, du I DES ORGANES DIGESTIFS. 291 pancréas et de la rate. Quant aux vaisseaux eflerents, ils forment les veines sus-hépatiques, qui se rendent à la veine cave à son passage dans la scissure antérieure. Le foie sécrète la bile versée dans l'intestin du cheval d'une façon continue : il est également chargé, ainsi que l'a démontré M. Cl. Ber- nard, de produire du sucre. Le pano'éas, situé sous la région lombaire, au-dessus du péritoine, a une forme assez irrégulière et variable suivant les individus; à notre point de vue, le pancréas n'est intéressant que par les rapports qu'il entretient avec la veine porte, qui le traverse de part en part, et avec les autres organes de la cavité, comme la terminaison du côlon et la crosse du cœcdm. Quant à la l'ale, elle est située dans l'hypochondre gauche; suspen- due par un ligament épiploïque à l'extrémité gauche de l'estomac, elle est appliquée contre la portion charnue du diaphragme ; mais .ses rap- ports varient en même temps que les dimensions de l'estomac, qui peut la refouler en arrière ou l'attirer en avant. On ignore les usages de la rate. Les animaux auxquels elle a été enlevée ne paraissent pas en souffrir; néanmoins elle reçoit une quan- tité de sang considérable, malgré son petit volume. Oifférenccs. — Chez la plupart des animaux elles sont considérables et tiennent au mode particulier de l'alimentation. L'estomac des ruminants se trouve partagé en quatre compartiments qui ont reçu les noms de rumen, réseau, feuillet et caillette. Les trois premiers sont de simples réservoirs et doivent Ctre considérés, au point de vue physiolo- gique, comme des renflements situés sur le trajet de l'œsopliage ; l'estomac proprement dit de ces animaux est la caillette. Le rumen ou la panse offre une capacité qui peut dépasser 200 litres ; c'est un immense sac allongé d'avant en arrière et déprimé de dessus en dessous. Il est divisé en deux compartiments, lun droit et l'autre gauche : celui-ci, plus volu- mineux que le premier, reçoit en avant l'insertion en infundibulum de Tœ- sophage ; le droit est enveloppé en partie par l'épiploon. La face supérieure du rumen est en rapport avec les intestins, l'inférieure repose sur la paroi abdominale ; le bord gauche touche la paroi sous-lombaire et occupe tout le flanc, le droit répond à la partie inférieure de l'hypochondre et du flanc droits, ainsi qu'aux circonvolutions intestinales; l'extrémité antérieure, bornée par le réseau et le feuillet, s'avance jusqu'au diaphragme, la postérieure est en rapport avec les organes de la cavité pelvienne. Le rumen présente dans sa structure les mêmes éléments que l'estomac du cheval, on y reconnaît une séreuse, une membrane charnue très-épaisse, renforcée encore par des piliers musculaires. Quanta la muqueuse, elle est recouverte d'un épithélium stratifié à couches nombreuses et présente des papilles dures, cornées et très-volumineuses. Le rcaeau, appelé aussi bonnet, est le plus petit des quatre compartiments gastriques; placé entre le diaphragme et le cul-de-sac antérieur gauche du rumen, il communique avec ce dernier viscère par une ouverture large, irès- 292 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. incomplètement fermée par une valvule. C'est dans le réseau que s'accumu- lent les liquides en excès ; sa muqueuse présente une Irès-belle disposi- tion qui rappelle les alvéoles des gâteaux de cire des abeilles. La gouttière opsop/iflgzemie, qui continue l'œsophage, est comme creusée dansla petite cour- bure du bonnet ; on voit qu'elle est formée par deux lèvres épaisses qui commencent dans le rumen et se terminent dans le feuillet. La gouttière conduit les aliments dans le feuillet après la deuxième mastication. Le feuillet est encore connu sous le nom de psautier ou mille- feuille t. D'un volume plus considérable quelc réseau, ce diverlicule présente, à son intérieur, la disposition extrêmement curieuse d'être partagé dans le sens de sa lon- gueur par des lames d'inégales dimensions, dont un bord est adhérent à la grande circonférence de l'organe ou sur ses faces, tandis que l'autre, qui est libre, regarde la petite courbure : ces lames, parsemées de petits nodules cornés, possèdent dans leur structure des fibres musculaires lisses. Entre chacune des grandes lames on en trouve plusieurs séries dont les dimensions sont de plus en plus petites et finissent par ne plus former que des séries d'élevures. La présence des grains cornés sur les faces des lames rend très- plausible l'idée qu'elles sont chargées d'atténuer encore par leurs mouvements les aliments qui ont déjà subi deux mastications. Quant à la caillette, à part sa forme, elle ne présente rien de bien particulier à considérer, si ce n'est la disposition des Aalvules conniventcs que Ton ren- contre sur sa muqueuse. C'est le véritable estomac des ruminants, celui dans lequel s'effectuent les phénomènes de la digestion gastrique. Ij'intestin grêle des ruminants flotte à l'extrémité d'une lame mésentérique, dont le bord externe est plissé en festons semblables à ceux d'une collerette renaissance non empesée. Son diamètre est moins considérable que celui du cheval, mais en revanche l'intestin est beaucoup plus long. La brièveté de la lame du mésentère qui le supporte ne lui permet pas de grands déplace- ments. On rencontre à son intérieur de fort belles plaques de Pcyer, souvent ulcérées par cette maladie redoutable si commune chez le bœuf, nous avons nommé la tuberculose. Dans la peste bovine, elles peuvent l'être également. Le cœcum, à peu près cylindrique, ne présente ni bourrelets, ni bandes longitudinales ; l'extrémilé du cul-de-sac, arrondie, flotte librement dans la cavité abdominale et se dirige en arrière. L'extrémité opposée, non recourbée en crosse, se continue directement avec le côlo7i ; ce dernier, soutenu entre les lames du mésentère, décrit un certain nombre de circonvolutions ellip- soïdes, ou tours de spires concentriques entre lesquelles viennent se placer d'autres tours excentriques ; le dernier tour est très-rapproclié de la ligne d'insertion de l'intestin grêle. Il ne peut y avoir de distinction en côlon re- plié et côlon flottant. Le foie des ruminants ne présente plus la division en trois lobes ; mais ce qu'il y a de plus particulièrement intéressant dans l'appareil biliaire de ces animaux, ainsi d'ailleurs que chez toutes les espèces domestiques autres que les solipèdes, c'est la présence d'une vésicule destinée à recueillir, dans l'in- tervalle des digestions, la bile sécrétée. L'appareil d'excrétion se compose donc d'un canal hépatique, qui va du foie à un autre canal branché sur lui et (ju on appelle canal cystique, aboutissant dans la vésicule. La portion de canal qui s'étend du canal cystique au duodénum a reçu le nom de cholédo- que. La vésicule hiliairc est une poche assez volumineuse dont les parois DKS ORGANES DIGESTIFS. 293 transparentes laissent voir la couleur foncée du liquide qu'elle renferme; sou- vent elle présente à son intérieur des calculs qui peuvent être colorés de façons différentes suivant la nature de la substance qui a procédé à leur formation. iNotons encore que dans le foie des bètes ovines surtout on rencontre très- souvent des parasites, appelés douves ou mieux distomes, dont la présence peut déterminer des accidents plus ou moins graves et dont un des premiers effets est de provoquer Fépaississement considérable des canaux biliaires qui se détachent sur le fond sombre du foie comme une arborisation jaunâtre. Les diflërences que présentent les organes abdominaux des autres ani- maux domestiques, sont beaucoup moins importantes et ne donnent lieu qu'à un petit nombre de considérations dont nous avons déjà indiqué les plus importantes, c'est-à-dire les rapports, dans le paragraphe des plans ana- tomiques. Disons que chez ces animaux l'œsophage présente, à son insertion sur l'estomac, une dilatation en infundibulum et que ce viscère est relativemeni très-volumineux chez les carnassiers, ce qui tient chez eux à la nature des aliments, dont la digestion s'effectue pour la plus grande partie dans l'esto- mac. En revanche l'intestin est moins long et plus étroit. Il y a donc une corrélation très-remarquable entre les deux parties du tube digestif chez tous les animaux. Le foie des carnassiers, très-volumineux, est partagé en cinq lobes; c'est le lobe moyen qui porte la vésicule biliaire. 20i ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. E. — DU BASSIN. Le bassin, partie lapins postérieure dutronc, est constitué par une ceinture osseuse non interrompue, formée du sacrum et d'une partie du coccyx en haut, des os iliaques sur les côtés et en bas. En n'examinant que le squelette, le bassin se trouve parfaitement limité par les os que nous venons de nommer ; mais il n'en est plus de même lorsqu'on en- visage les parties molles qui le recouvrent, et ses limites extérieures sont en réalité assez difficiles à fixer; car, latéralement et en bas, le bassin se trouve caché par les masses musculaires de la fesse et de la cuisse qui appartiennent évidemment au membre postérieur ; aussi la séparation du bassin et du membre abdominal est-elle un peu ar- tificielle. Nous suivrons néanmoins, en faisant quelques réserves, la marche que nous avons adoptée jusqu'alors, et nous décrirons suc- cessivement : 1° les parois du bassin; 2° sa cavité. CHAPITRE PREMIER DES PAROIS DU BASSIN. Il serait peut-être plus exact d'employer la désignation de parties extérieures du bassin, que celle quenous venons d'écrire; en effet, lesor- ganes que nous nous proposons de ranger dans ce chapitre, n'en forment pas, à part les régions sacrée, cocci/gienne et le squelette, à pro- prement parler les parois : c'est ainsi que Vanus, la vulve, la région pémnéale et Vurètlire ne sont que des parties extérieures d'appareils que nous aurons à envisager spécialement en parlant des organes con- tenus dans la cavité du bassin. Si donc nous avons cru devoir grouper ainsi ces différentes régions, c'est surtout d'après cette considéra- tion que le chirurgien devra agir sur elles de l'extérieur vers l'intérieur, tandis que pour les parties des appareils de la défécation et génito- urinaires qui sont renfermées dans la cavité, il devra procéder en sens inverse. § 1". — Région sacrée. La région sacrée, qui a pour base les cinq vertèbres dont la réunion constitue l'os sacrum, est peu étendue à l'extérieur, car les régions de la croupe la recouvrent de chaque côté; elle affecte la forme d'un RÉGION COCCYGIENNE. 29o coin enclavé entre les deux régions J'essièrcs, dont la hase n'est autre chose que le plafond de la cavité du bassin. Chez les chevaux à croupe double, la région sacrée répond au fond du sillon ; chez l'âne, le mulet et les chevaux d origine orientale, elle est au contraire proéminente, et l'on peut même y distinguer les saillies produites par le sommet des apophyses épineuses des vertèbres. La peau de la région, très-épaisse, fixe, recouvre un tissu conjonctif peu abondant, qui la sépare d'une forte lame aponévrotique, laquelle prend des attaches très-fortes sur le sommet des apophyses. Les muscles qui se rencontrent dans cette région sont peu impor- tants : ce sont les derniers faisceaux du transversaire épineux, et l'o- rigine des muscles coccygiens latéraux, logés dans la gouttière sacrée. L'os sacrum présente à étudier une face supérieure, divisée en deux parties par les apophyses qui forment les parois internes des gouttières dans le fond desquelles s'ouvrent quatre trous dits sus-sacrés, par oii passent les vaisseaux et les nerfs sacrés supérieurs ; la face inférieure est lisse, recouverte par le péritoine ; elle présente quatre autres trous sous-sacrés, correspondant à ceux que nous venons de nommer; les bords latéraux montrent, en avant, les surfaces dites auriculaires qui répondent à de semblables facettes des iliums ; de très-forts et courts ligaments assurent une coaptation tellement grande entre ces deux os, que malgré la pression et les chocs souvent énormes que doit sup- porter cette articulation dans les allures rapides, les efforts de tirage, les sauts, ou le cabrer, on connaît à peine ses luxations. Une syno- viale existe pour l'articulation sacro-iliaque, ce qui indique qu'il peut se produire do légers mouvements, mais on cornprend sans peine qu'ils doivent être extrêmement limités. Les a)-tè/es sacrées latérales, en passant au-dessous des trous sacrés, donnent des branches qui traversent les trous pour venir se distribuer aux nmscles de la gouttière, après avoir abandonné des rameaux à la moelle. Les veines suivent un trajet inverse. Les 7ierfs traversent égale- ment ces conduits pour aller, les inférieurs, concourir à la formation du plexus lombo-sacré, ou se distribuer aux organes du bassin; les supérieurs, aux muscles transversaires et coccygiens latéraux. DiiTérciices. — La région sacrée du bœuf est relativement plus étendue en longueur ; le sacrum présenle un bord supérieur continu qui réunit les apophyses et le transforme eu une aiasse presque compacte. § -2. — Région coccygienne. Quoique cette région n'appartienne pas en entier au bassin, nous la ferons cependant rentrer dans son étude, pour ne pas compliquer inu- tilement les divisions. 296 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS. Par sa partie antérieure, la région ooccygienne ressemble beaucoup, à part une moins grande fixité, à la région sacrée ; la partie postérieure, très-mobile, peut être portée dans toutes les directions ; elle est, de plus, recouverte d'une grande quantité de poils constituant les crins de la queue. La peau est extrêmement épaisse et très-adbéronte dans toutes les parties recouvertes de crins ; en avant, cette adhérence est moindre, il existe même, sur les côtés, une assez grande quantité de tissu conjonctii' qui la sépare des muscles demi-membraneux et ischio- coccygiens. Au-dessous de la peau, on trouve une aponévrose forte, très-adhé- rente au plan qu'elle réunit, formée de belles fibres nacrées et di- visée en loges qui séparent les groupes musculaires dont il nous reste à parler. Ceux-ci sont pairs et divisés en sacro-coccygicns supérieurs, moyens ou latéraux, et inférieurs ; ils se ressemblent tous et sont for- més de courts faisceaux qui prennent insertion sur le sacrum ou sur les vertèbres caudales, pour se terminer en arrière par un court tendon, deux ou trois vertèbres plus loin. Suivant qu'ils agissent seuls ou as- sociés, ils portent la queue dans toutes les directions. Citons encore un muscle d'une certaine importance chirurgicale, car il est assez souvent l'objet d'une opération dite de la queue à Vangl(iis.e, c'est l'ischio-coccygien, qui prend son insertion fixe à la face interne du ligament iscliiatique, et se porte'en haut et en arrière pour s'attacher sur le côté des premiers os sacrés. On peut le faire saillir sous la peau en relevant fortement la queue. Les vertèbres caudales sont au nombre de quinze à dix-huit et dé- génèrent graduellement de la première à la dernière. Les premières présentent encore un trou rachidien complet, qui se trouve bientôt réduit à une gouttière, laquelle disparaît elle-même dans les derniers; de plus, la cavilé du corps s'ciracc et les deux surfaces convexes sont réunies par un ligament interverlcbral épais. Les artères coccygiennes sont au nombre de trois : deux latérales et une médiane ; elles viennent dessous-sacrées; les deux premières se placent sous les muscles abaisseurs contre les vertèbres, la troisième est située à la face inférieure des vertèbres sur la ligne médiane. Ces artères, peu volumineuses, peuvent néanmoins être la source d'hé- morrhagies mortelles dans roj)éralion do la section de la queue, si l'on néglige de les obturer conqjléLement par le cautère, ou bien un peu plus tard, lorsque l'eschare vient à tomber. L'abondance de l'hé- morrhagie tient surtout à la rectitude de l'arlère et ù. la direction in- clinée delà queue. stniV-roiicfs. — ('-lii'z tous les animaux domestiques à l'exception ili' la ciié- vrc et flu lapin, la queue est plus volumineuse et plus longue relativement que cliez le cheval, les poils qui la recouvrent sont plus ou moins longs sui- vant les espèces ou les races. RÉGION ANALE. 297 § o. — Région anale. L'anus, orifice postérieur du tube digestif, fait une saillie arrondie très-accusée chez les sujets jeunes et chez les adultes, mais (|ui diminue à mesure que Tâge arrive ; chez les animaux vieux il paraît sous la forme d'un segment sphéroïdal, ombiliqué à son centre et en- touré d'un profond sillon circulaire. La peau de l'anus, fine, habituellement noire, dépourvue de poils et lubritiée par nne quantité considérable de glandes sébacées, montre de petits plis convergeant vers le centre, qui disparaissent par l'agrandis- sement de l'ouverture dans le moment du passage des matières fécales. Le tissu conjonctif sous-cutané est si peu abondant, qu'il semble que le derme touche immédiatement le muscle sphincter externe. Celui-ci est constitué par des fibres musculaires, peu nombreuses et pâles chez les sujets vieux et maigres, fortes et très-colorées chez les jeunes, formant un cercle autour de l'ouverture anale; le plus grand nombre décrivent le tour complet, quelques-unes s'égarent, soit dans la région du périnée, soit vers la base de la queue : nous citerons particulièrement un fort faisceau postérieur qui va s'attacher sur le muscle ischio-coccygien. La tonicité seule du sphincter de l'anus suffit pour fermer complètement l'ouverture anale. Le relâchement, qui s'effectue lors du passage des excréments, a lieu par diminution de la tonicité musculaire. La contraction s'exerce à la fia de l'expulsion et volontairement. Les contractions réflexes sont très-fortes lorsqu'on tente d'introduire un corps quelconque dans l'intérieur de l'anus et du rectum. Au-dessous du sphincter, on trouve en arrière et sur les côtés seu- lement, les fibres terminales du rétracteur de l'anus et, dans toute la circonférence, le deuxième sphincter de l'anus, formé par des fibres ])lanches de la vie organique ; ce muscle n'est que la continuation des fibres circulaires du rectum. La muqueuse, plissée longitudinalement, très-épaisse dans sa partie antérieure, le devient davantage encore postérieurement, où elle finit par prendre les caractères de la peau. Dans certains cas de paralysie du sphincter, la muqueuse, entraînée au dehors dans les efforts d'expul- sion, finit par ne plus revenir dans sa position normale et peut rester ainsi apparente au dehors, dans l'intervalle des selles, sous l'aspect d'un bourrelet rosé ; souvent môme l'orifice ne se referme plus com- plètement, et le rectum communique avec l'extérieur : il résulte de cette disposition que Tair entre et sort à chaque mouvement de la marche ou de la respiration en produisant un bruit particulier. Les artères sont peu importantes; ce sont les ramifications terminales de la petite mésentériquc et de la honteuse interne. Les veines, dites hémorrhoïdales, plus volumineuses et plus nombreuses, rampent au- 298 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. dessous de la peau ; elles peuvent donner lieu t\ des hémorrhagies très-abondantes. Le nerf hémorrhoïdal (cinquième paire sacrée) innerve les muscles de Tanus. § 1. — Région périnéale. Elle doit être étudiée chez le mâle et chez la femelle. 0. — RKGION PÉUINÉALE CHEZ I.E MALE. Très-étendue chez le mâle, la région périnéale occupe la partie mé- diane du corps et s'étend de l'anus à la région des bourses. Elle est limitée en haut et de chaque côté par la pointe des ischions et, dans sa partie inférieure, parles muscles du plat de la cuisse. La peau du périnée, très-mince et très-fine, est dépourvue de poils tout à fait en dessous de l'anus ; dans l'entre-deux des cuisses les poils existent, mais ils sont fins et courts. Il est à remarquer que la ligne médiane est très-bien dessinée à la partie supérieure par une sorte de sillon très fm. Dans les autres parties, les poils, en s'écartant, rendent visible cette ligne médiane. Au-dessous de la peau, on rencontre des feuillets aponévrotiques qu'il est facile de multiplier par la dissection, mais qui peuvent se ranger en deux couches. La première, la plus superficielle, de nature fibro-élastique, n'est que la continuation du dartos ; elle recouvre la région périnéale, s'amincit au fur et à mesure qu'elle s'approche de l'anus et finit par se perdre à proximité du sphincter. Ses fibres les plus supérieures donnent attache à un faisceau musculaire tout à fait sous-cutané, qui descend du sphincter anal pour venir se perdre à 5 ou 6 centimètres au-dessous de cet orifice. Le deuxième plan apo- névro tique, que l'on appelle encore aponévrose profonde, est formé par du tissu fibreux blanc tout à fait inextensible. Très-adhérent au précédent par sa face externe, il recouvre, en se fixant sur eux, les muscles accélérateurs et ischio-caverneux, ainsi que les ligaments sus- penseurs et rétracteurs de la verge. 11 s'insinue entre l'ischio -caver- neux et le demi-membraneux pour aller s'attacher en haut sur la tubérosité ischiatique et se perdre inférieurement en s'épuisant dans feutre-deux des cuisses ; quelques-unes de ses fibres entourent direc- tement la portion fixe de la verge et vont rejoindre l'aponévrose com- mune aux muscles du plat de la cuisse. Les ligaments suspenscurs et rétracteurs de la verge forment, dans la région périnéale supérieure, c'est-à-dire à partir de l'anus jusqu'à rarc:ide iscbiale, une expansion assez large pour constituer une véri- table couche analomique. Dans le reste du périnée, ils ont une lar- geur d'un centiinèlre environ et occupent exactement la ligne médiane RÉGION PÉRINÉAI.E. 299 de l;i région, en recouvrant le muscle accélérateur; ils sont formés par des muscles blancs. Enfin on rencontre dans toute l'étendue du périnée la portion fixe de la verge, qui demande une description spéciale. Du pénis. — Le pénis ou la verge s'étend de l'arcade ischiale jus- qu'au fourreau en passant au-dessus des bourses; il résulte del'accole- ment du corps caverneux et du canal de lureLhre. On divise généralement le pénis en deux parties : l'une, qui s'étend de l'ischium aux bourses, prend le nom de portion /?j:e; l'autre, qui représente la moitié antérieure environ, reçoit celui de portion libre, et se trouve logée dans le fourreau. La portion fixe de la verge occupe toute l'étendue du périnée ; elle est située au-dessous des plans aponévrotiques que nous venons d'é- tudier et se présente sous la forme d'un cordon volumineux, com- primé d'un côté à l'autre, présentant en avant le corps caverneux et en arrière le canal de l'urèthre enveloppé de son tissu érectile et de son muscle accélérateur recouvert lui-même par les cordons sus- penseurs. La portion libre est séparée de la première par un renflement circu- laire dû à la présence sous la peau d'une certaine quantité de tissu élastique ou contractile. Son extrémité, appelée tète cl- la verge ou gland, est renflée circulairement et limitée en arrière par un rebord saillant appelé couronne du gland, et formé par l'expansion terminale du tissu érectile de l'urèthre ; ce rebord, échancré par en bas, présente sur sa face antérieure et au centre une petite saillie qui a pour base l'extré- mité antérieure du corps caverneux; au-dessous du prolongement du canal de l'urèthre ou tube nrcthral, entouré par une dépression circu- laire, se trouve la fossette du gland, qui présente à son fond et sous le tube uréthral, une cavité à deux compartiments latéraux dite sinus urétfiral. Quelques mots maintenant sur les deux parties qui forment le pénis, c'est-à-dire le canal de l'urèthre et le corps caverneux. 1° Le canal de l'urèthre commence à la vessie, s'applique sur l'is- chium, le contourne en arrière pour se placer entre les deux branches du corps caverneux et ensuite dans la scissure postérieure, et vient se terminer à l'extrémité Hbre de la verge par le tube uréthral. Toute la portion située au-dessus de l'arcade ischiale prend le nom Q\e porlio7i membraneuse du canal; celle qui est située au-dessous est appelée por- tion spongieuse. a. La portion membraneuse, d'une longueur de 12 à 15 centimètres environ, très-rélrécie à son origine, c'est-à-dire près du col de la ves- sie, s'agrandit au niveau de la prostate et forme là le cul-de-sac du bulbe ou le ventricule, et diminue ensuite de diamètre jusqu'à l'arcade ischiale ; on remarque sur la face interne du canal, près du col et sur sa paroi supérieure, les orifices d'excrétion de la prostate rangés en deux lignes parallèles, limitant entre elles une petite saillie allongée, appelée crête uréthrale ou veru montanum; un peu plus en arrière, se 300 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES UÉGIONS. voient les orifices d'excrétion des glandes de Cowper. La iiuMiiljrane muqueuse de la portion membraneuse est très-délicate et se déchire avec la plus grande facilité, circonstance qu'on ne doit jamais oublier dans l'exploration de la vessie, lorsqu'on fait pénétrer les instruments dans ce réservoir. Cette muqueuse se trouve doublée dans la partie (|ui s'étend en arrière de la proslatc par le muscle de Wilson, formé de fibres transversales jetées au-dessus et au-dessous du canal, et se réu- nissant sur les côtés pour s'attacher, par des fibres aponévrotiques, sur les parois latérales du bassin; les glandes de Cowper elles-mêmes sont recouvertes par les fibres les plus postérieures du muscle qui ne tardent pas à se confondre avec celles de l'accélérateur. Les glandes situées sur le trajet de la portion membraneuse du canal de l'urèthrc sont la }wostate et les glandes de Cowper. La première, placée tout à fait à l'origine du canal, en travers du col sur leciuel elle se moule, est divisée en deux lobes latéraux par un étranglement et recouvre la terminaison des canaux déférents. C'est une glande en grappe, dont les canaux excréteurs s'ouvrent de la façon que nous avons dite plus haut. Quant aux glandes de Cowper, ou petites prostates, situées plus en arrière, entre le muscle de Wilson et la muqueuse du canal, elles présentent la même organisation que la prostate. La portion intrapelvienne du canal et ses glandes sont en rap- port en haut avec le rectum, en bas avec le muscle obturateur in- terne, et répondent par côté aux muscles et aux ligaments qui closent la cavité pelvienne. b. La portion spongieuse du canal affecte dans tout son parcours une largeur à peu près uniforme, mais moins grande que celle de la portion membraneuse; ce n'est que tout à fait en arrière du tube uréthral (jue l'on trouve une légère dilatation appelée fosse naviculaire. La surface libre de la muqueuse est lisse dans toute son étendue; quant à l'externe, elle est entourée par une enveloppe éreclik parti- culière, doublée elle-même d'un muscle important, Y accélérateur ou Imlbo- caverneux. \S enveloppe érectile commence près de l'arcade ischiale, en arrière des glandes de Cowper, par une portion renflée, désignée sous le nom de bulbe de l'urèthre ; elle enveloppe de toutes parts la muqueuse et se termine en avant par un autre renflement très-développé, formant la base du gland ou la ièle de la verge. Comme tous les tissus érecliles, elle est formée d'aréoles communiquant entre elles, et remplies par le sang au moment de l'érection. Quant ;iu muscle Indbo-caverneux, ce n'est pour ainsi dire que la continuation des fibres du muscle de Wilson, qui entoure la portion membraneuse. Ses fibres sont circulaii'fs, olles n.nveloppcnt le caual, doublé de son tissu éroclile, jusqu'au gland : elles partent, en arrière, d'un raphé médian caché ])ar les ligaments suspenscurs, et con- tourneuL le canal de chaque côté, mais n'arrivent cependant pas ;\ se RÉGION PÉRINÉALE. 301 rencontrer sur la face supérieure, de sorte que cette couche est forcé- ment incomplète en avant et en haut. 2" Le corps caverneux, qui forme la plus grande partie de la verge, s'étend de l'arcade ischiale, sur laquelle il prend insertion par deux racines, jusqu'à l'extrémité de la verge. C'est une longue tige érectile déprimée d'un côté à l'autre, convexe sur son bord antérieur ou supé- rieur, appelé aussi bord dorsal, et creusée sur le bord opposé d'une gout- tière dans laquelle est logée la portion spongieuse de l'urèthro. Les deux racines du corps caverneux s'écartent l'une de l'autre en arrière et viennent s'attacher sur la face inférieure des ischiums, où elles sont recouvertes par deux muscles épais, très-forts, appelés ischio-caverneux; l'extrémité antérieure se termine en pointe mousse, plongée dans le tissu érectile de l'urèthre. Indépendamment de son attache sur l'arcade ischiale, le corps caver- neux se trouve fixé par deux ligaments suspenseurs, qui proviennent de la symphyse pubienne et qui descendent, entre les muscles du plat de la cuisse, pour se terminer sur le bord dorsal, au point corres- pondant, c'est-à-dire aune petite distance du point de réunion des deux racines. Le corps caverneux est formé par une enveloppe extérieure de tissu fibreux blanc, extrêmement épaisse et forte, mais néanmoins élasti- que ; de sa face profonde, cette enveloppe laisse échapper des trabé- cules qui forment des cloisons à l'intérieur de l'organe. Une de ces cloisons, placée en forme de septum médian, incomplet en avant, divise toute la partie postérieure en deux loges. Vaisseaux et nerfs. — Les artères du périnée diffèrent de celles du pénis proprement dit. Les téguments reçoivent le sang de l'artère ischiatique et de quelques rameaux de l'artère honteuse interne. Quant au pénis, ses artères viennent de plusieurs sources : l'artère honteuse interne est un vaisseau volumineux qui s'accole à la prostate, aux glandes de Gowper, et s'infléchit par en bas, en contournant l'ar- cade ischiale, pour se jeter dans le bulbe de l'urèthre, après avoir donné plusieurs rameaux à la prostate et à la portion membraneuse du canal. Souvent aussi l'artère honteuse externe fournit la caverneuse, qui contourne alors l'arcade ischiale et se jette dans la racine du corps caverneux. Le plus souvent l'artère caverneuse provient de l'obtura- trice, et aborde alors le corps caverneux en rampant sous la face infé- rieure de l'ischium. La caverneuse fournit aussi l'artère dorsale posté- rieure de la verge, qui se divise en deux branches : l'une postérieure, qui remonte le long du canal, l'autre antérieure, placée dans une petite rainure du bord dorsal et qui va à la rencontre de la branche posté- rieure de l'artère dorsale antérieure fournie par la honteuse externe à sa sortie du canal inguinal. Lorsque les artères ont pénétré dans l'in- térieur des corps érectiles, elles affectent une disposition tout à fait particulière; ces vaisseaux, qui possèdent des parois musculaires très- 302 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS. épaisses, se divisent en bouquets de branches, qui se terminent dans les aréoles, soit en cul-de-sac, soit le plus souvent en émettant de petits rameaux contournés en tire-bouchon, bien étudiés par Rouget el Millier et qu'on a appelés artères hélicines. Les veines qui proviennent directement des capillaires, ou font suite aux aréoles, composent des réseaux volumineux situés sur le bord dorsal. Les 7ïerfs proviennent des honteuses internes. Le nerf pénien suit le trajet de l'artère caverneuse, quand celle-ci vient de la honteuse interne. llifTôreiiccfi. — LesdifTérenccs portent surtout sur le pénis. Chez le taureau, la verge, (rès-longue et mince, est entourée, dans le périnée, par une gaine aponé\ relique complète; elle décrit au niveau du pubisdcuxcGurbures succes- sives, auquelles on a donné le nom d'Spémenne. C'est au niveau de la deuxième courbure ou courbure supérieure que la verge reçoit l'insertion des liga- ments suspcnseurs : la parlie libre, fortement effilée, est recouverte d'une muqueuse rose, fine et trcs-papillaire. On ne rencontre à l'extrémité de la verge aucune des particularités que nous avons décrites chez le cheval. La portion membraneuse est plus épaisse que chez le cheval, elle présente du tissu érectile, le muscle accélérateur s'arrête au-dessous de l'ischium. Les glandes de Coxvper n'existent pas et la prostate est peu volumineuse ; de plus, la gouttière qui loge le canal de l'urèthre est transformée en un canal com- plet par une lame provenant de l'enveloppe fibreuse du corps caverneux qui est peu développé et présente inférieurement un cordon longitudinal fibreux. Le pénis du j^orc ressemble beaucoup à celui des ruminants, comme forme générale. Au moment de l'érection il est comme contourné en tire-bouchon à son extrémité libre. Chez le chien, le pénis est long et se termine en pointe obtuse : la moitié pos- térieure a jiour base le corps caverneux ; l'antérieure possède un os allongé, conoïde, à gouttière inférieure recevant le canal de l'urèthre ; le sommet de l'os s'engage dans la pointe du pénis ; la base est unie au corps caverneux, dont l'enveloppe fibreuse se confond avec le périoste. De plus, la portion libre possède deux renflements érecliles : l'un antérieur analogue à la tôte du pénis du cheval, est formé parle tissu érectile de l'urèthre; l'autre, postérieur, commence à la limite des deux portions de la verge, au poiut où le fourreau se replie sur cet organe ; au moment de la copulation, ce dernier rennemenl devient d'un volume énorme, et c'est lui qui est la cause de la prolongation de l'acte sexuel; la verge ne [leut s'échapper de la \ulve que lorsqu'il est redeveiui mou ; il est à remarquer que le tissu érectile qui en forme la base n'a pas de communication avec celui du canal ni avec celui du corps caver- neux ; il ne s'érige que lorsque le pénis a (!éjà pénétré dans la vulve, sans quoi l'introduction ne serait pas possible. On pourrait donc dire que le chien a, dans chaque coït, deux érections, l'une qui est nécessaire pour lin- tromissiondu pénis, l'autre qui arrive après celle-ci et qui maiiilient le pénis dans sa position pendant un temps suffisant pour que l'éjaculalion se fusse, et même au delà de ce temps. Le pénis du chat, court et dirigé en arrière dans l'état ordinaire, se relève DE LA VULVE. 303 et se porte en avant pendant l'ôrcclion. La partie libre, conique, possède un os pénion rudimentairc entouré d'une couclie érectile ; elle est recouverte d'une muqueuse hérissée de papilles dures dirigées eu arrière et ércctiles. Chez le lapin le pénis est dirigé en arrière. b. — RÉGION PKRLNÉAI.E CHEZ I..1 F.-MKI.LE, Elle est limitée en avant par les mamelles. La présence de l'ouver- ture vulvaire la divise en deux parties que nous pouvons appeler péri- néale supérieure et périnéale inférùure. La région supérieure offre à peine quelques centimètres d'étendue ; ses couches ne présentent rien de bien particulier à signaler, car elles sont formées par des parties dont nous avons eu déjà l'occasion de parler à propos de l'anus, ou que nous décrirons dans la région vulvaire. Quant à la région périnéale inférieure, elle est très-développée en longueur, puisqu'elle s'étend de la vulve aux mamelles. Elle est peu large et ne présente pour ainsi dire qu'une ligne complètement cachée lorsque les cuisses sont rapprochées. La peau, mince et mobile, est à peine couverte de poils très-fms ; lorsqu'on Ta enlevée, on reconnaît les mêmes couches membraneuses que chez le mâle; l'enveloppe flbro-élastique des mamelles, qui peut se comparer au dartos, est décomposable en une série de la- melles dont le nombre varie suivant la finesse de la dissection. Ces lames donnent beaucoup de mobilité à la peau du périnée et recou- vrent une ou deux veines énormes, qui prennent naissance dans le corps érectile du clitoris et sont de tout point analogues aux veines qui ac- compagnent le bord dorsal de la verge dans cette môme région. § o. — De la vulve. La vulve forme un conduit, long d'environ 12 centimètres, com- primé latéralement de façon que ses parois arrivent à se toucher, limité en avant par le vagin et dont l'orifice postérieur apparaît dans la région périnéale, sous forme d'une fente allongée, bordée de chaque côté parles lèvres réunies elles-mêmes par les commissures. Les lèvres de la vulve, tranchantes à leur bord libre, sont longées de chaque côté par un repli cutané, en forme de bourrelet, qui occupe la place des grandes lèvres chez la femme, mais qui ne peut en être con- sidéré comme l'analogue, car ces dernières représentent les rudiments du scrotum de l'homme. La commissure supérieure, très-aiguë, n'est éloignée que de 4 centimètres environ de l'ouverture de l'anus ; l'infé- rieure, plus arrondie, cache le clitoris qui apparaît à l'intérieur, après que l'on a écarté très-faiblement les lèvres. Un peu au-dessus du cli- toris, les lèvres fournissent un repli interne qui l'enveloppe et lui forme un \(ivï{i\\i\Q prépuce ou capuchon. 30'i- ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Examinée à rintéricur, la vulve montre, en avant de la partie supé- rieure du prépuce, douze à quinze orifices glandulaires, ordinairement rangés en deux séries parallèles de chaque côté de la ligne médiane; plus loin, la paroi inférieure du conduit s'élargit et ou remarque le méat urinaire, qui donne accès dans l'intérieur du canal de l'urèthre. Le méat est lui-môme surmonté d'un repli orbiculaire, désigné sous le nom de valvule du méat, situé sur la limite de la vulve et du vagin, dont l'orifice est beaucoup plus étroit que le canal vulvaire, et c'est à ce point que l'on rencontre aussi quelquefois V hymen, membrane circulaire, plus ou moins développée et le plus souvent réduite à quelques replis muqueux. La peau extérieure, extrêmement mince, douce et constamment lu- briliée par les produits d'excrétion d'un grand nombre de glandes séba- cées, est presque toujours de couleur noire ou marbrée de taches blanches, et pourvue de poils rares et extrêmement fins. Elle est très- extensible et semble augmenter d'étendue quelque temps avant le part. Au-dessous d'elle, et lui adhérant très-intimement, on trouve une aponévrose très-serrée, d'une épaisseur de plusieurs millimètres, presque homogène, renfermant une grande quantité de fibres élasti- ques, et parsemée de glandes sébacées. Cette aponévrose se montre avec les mêmes caractères dans la région périnéale supérieure, et elle se continue en devenant fibreuse et lamellaire avec les enveloppe? des muscles cruraux postérieurs. Lorsqu'on a enlevé la couche aponévrotique, on met à nu le muscle constricteur postérieur de la vulve, formé de belles fibres d'un rouge pâle, ayant la signification d'un sphincter ; supérieurement, ces fibres se confondent avec celles du sphincter de l'anus; les plus profondes s'attachent aux ligaments suspenseurs, et, par leur intermédiaire, l'i la face inférieure du sacrum; inférieurement, elles se réunissent sous la commissure ; les unes s'attachent sur la base du clitoris, ce sont les plus nombreuses et les plus antérieures; les autres, superficielles, des- cendent dans la région périnéale et se perdent dans l'aponévrose sous- cutanée. Le constricteur antérieur est analogue au muscle de Wilson du mâle, il présente, tout à fait en avant, un faisceau beaucoup plus fort que sa partie postérieure, qui, en se continuant sur le canal de l'urèthre, forme le sphincter de la vessie. Sous le constricteur postérieur, et à une distance de 3 centimètres environ du bord libre des lèvres, on rencontre dans les parois du vagin un organe de tissu éreclile : c'est le bulbe du vagin, qui entre en érec- tion dans le coït; il prend naissance aux environs des racines du cli- toris et ses extrémités arrondies montent jusqu'à proximité de la paroi supérieure. Les muscles et le bulbe du vagin sont réunis au tégument interne par un lissu conjon^lif, abondant et très-peu serré, qui permet des glissements considérables de la muqueuse. DES PAROIS DU BASSIN. 305 Oiuint à celle-ci, elle ollre une couleur rosée qui devient d'un rouge vif au moment des chaleurs; elle présente à étudier une grande quan- tité de follicules mu(]ueux renfermés dans son intérieur. Le clitoris, situé entre les replis formés par le dédoublement infé- rieur des lèvres, représente le corps caverneux du màlc et se trouve, comme lui, formé par un tissu érectile attaché sur les ischions par deux racines recouvertes d'un rudiment de muscle ischio-caverneux ; on rencontre même les ligaments suspenseurs du clitoris semblables à ceux du corps caverneux. L'orifice vulvaire du canal de l'urèthre , situé à environ 12 ou 14 centimètres de la commissure inférieure de la vulve, est légè- rement disposé en infundibulum et laisse facilement passer le doigt ; il peut donc admettre des sondes d'un très-fort calibre dans les cas de cathétérisme de la vessie. Le méat urinaire est surmonté d'une large valvule muqueuse présentant un bord adhérent et un bord libre; le premier se continue avec la paroi du vagin et forme une sorte de pla- fond au-dessus du méat ; le second recouvre cet orifice et se trouve dirigé en arrière; la valvule arrête facilement les instruments intro- duits dans la vulve lorsqu'on les maintient appliqués sur la paroi inférieure et les dirige ainsi tout naturellement vers l'orifice du canal de l'urèthre. Quant à la membrane hymen, sa présence est loin d'être constante; elle se montre, lorsqu'elle existe, sous la forme d'un repli circulaire obturant en partie l'entrée du vagin, attaché sur la face supérieure de la valvule et limitant très-nettement les deux cavités. Lorsqu'elle a été détruite par les approches du mâle, ses débris frangés constituent les caroncules myrti formes. Le canal de l'urèthre de la femelle, extrêmement court, est creu- sé dans l'épaisseur de la paroi inférieure du vagin et de la vulve, sa longueur totale ne dépasse pas 3 ou 4 centimètres, la muqueuse qui le forme' et qui ne présente de particulier à étudier que des plis longitudinaux, est recouverte par le constricteur antérieur, lequel forme, dans sa partie la plus rapprochée de la vessie, un gros faisceau proéminent dont l'épaisseur est double ou triple de celle du reste du muscle, et dont les fibres latérales viennent se perdre sur les côtés du vagin. Vaisseaux et nerfs. — Les artères de la vulve et des autres parties que nous venons d'examiner sont fournies par les branches terminales de l'artère honteuse interne ; ces artères sont petites et hors de toute pro- portion avec les volumineux plexus veineux qui recouvrent les faces latérales et infériein-e de la vulve et qui commencent dans les corps érecliles de cet organe. Les nerfs sont fournis i)ar le honteux interne qui vient de la (jua- tricme paire saci ée. l'i.LCU Li luLbaAlM. — C7»V»(Y/!>'. 20 306 ANATOMIE SPRCIALli OU DES MÉGIONS. CHAPITRE II DE LA CAVm: PELVIENNE. La cavité pelvienne est limitée à rintériciir par l'enveloppe squelct- tiquc que lui forment les coxaux et le sacrum; des ligaments et des muscles achèvent de transformer ce diverticule en une cavité des plus nettes. Ces ligaments sont les ischiatiques, larges aponévroses dont le rôle est bien plutôt de clore le bassin, et d'isoler les organes qu'il renferme que de réunir ou de consolider les os sur lesquels ils s'atta- chent. On les voit s'insérer par leur bord supérieur sur le sacrum, par l'inférieur sur la crête sus-cotyloïdienne et le bord postérieur de l'is- chium, leur bord antérieur est séparé du col de l'ilium par un espace appelé grande échancrure ischiatique où passent des vaisseaux et des nerfs de la plus haute importance; la petite échancrure ischiatique siège entre les deux attaches du bord inférieur, le postérieur est libre et dirigé en arrière. Les muscles obturateurs, en bouchant les trous de même nom, concourent à compléter en bas les parois du bassin. Ainsi fermé sur les côtés, le bassin représente une sorte de court et large canal rétréci en arrière, ouvert largement en avant, où il commu- nique avec la cavité abdominale. On a donné h cette ouverture le nom de détroit antérieur, par opposition à l'extrémité opposée, qui a reçu celui de déti^oit postérieur . La connaissance des dimensions des deux détroits acquiert une grande importance en obstétrique ; ces dimensions sont beaucoup plus considérables chez la jument que chez l'étalon. M. Arloing (1) a déterminé avec soin des moyennes de dimensions, dans les deux sexes, que nous résumons dans les chiffres suivants : Diamètres horizontaux : (;hov;il. Junu'iil. Entre les deux crêtes iléo-pectiiiées 0"V-'3i ()°,Î05 Kiilre 1(33 deux crôtes sus-cloytoîdieniies. 0 ,192 0 ,ICi Diamètres verticaux : Distance entre le sacrum cl le pubis 0 ,^27 0 ,20;] Distance entre le sacrum et l'ischion 0 ,175 0 ,1G0 La taille moyenne des animaux surlescjuds ces mensurations ont été faites est de l"',oL^i, pour les juments, et de l'",o25 pour les chevaux. Ces différences, il est à peine besoin de le dire, sont en rapport avec le rôle de la femelle dans l'acte de la génération. (I) s. Arloing, Eludes du fmssi/t c/iez le mule ci chez lu femelle au double point de vue unutoniique et obslélvkal, in Journal de Médecine vél'''rinaire. 18G8. DE LA CAVITÉ PELVIENNE. 307 On peut, jusqu'à un certain point, déduire des dimensions extérieures du bassin celles que devront avoir les détroits; un certain nombre de mensurations ont été laites par M. Arloing, dans le travail mentionné plus haut, et par M. Saint-Gyr dans son magistral ouvrage d'Obstétri- que (1). Comme elles comportent des données et des tableaux qui ont été faits dans un but spécial, nous y renverrons nos lecteurs qui pour- ront ainsi s'édifier complètement sur un des points les plus importants de la chirurgie vétérinaire. Nous ajouterons seulement que, d'après la moyenne d'un grand nombre de mensurations prises par M. Saint-Cyr, on peut obtenir approximativement le diamètre sacro-pubien en mul- tipliant la taille de la jument par le nombre 0,1513 ; et le diamètre bis-iliaque en multipliant la distance qui sépare les deux angles ex- ternes des coxaux par 0,4634 s'il s'agit d'une jument de race flne, et par 0^3943 si l'on a afiaire à une jument commune. En se repliant autour des organes renfermes dans le bassin, le pé- ritoine le divise en deux parties bien distinctes, l'une antérieure tapis- sée par la séreuse et qui n'est que l'arrière-fond de la cavité abdo- minale, l'autre postérieure, dans laquelle les organes propres du canal pelvien sont noyés dans une atmosphère de tissu conjonctif lâche, toujours infiltré d'une plus ou moins grande quantité de graisse. La division que nous venons d'établir est d'une très-grande importance au point de vue des déchirures qui peuvent se produire dans le rectum ou dans le vagin. Suivant que la déchirure se sera produite en avant ou en arrière du repli péritonéal, elle occasionnera des désordres d'une gravité bien différente. Les plaies de la partie pré-péritonéale seront de véritables plaies de la cavité abdominale et du péritoine, et donneront lieu aux mêmes considérations que les déchirures de l'in- testin; au contraire, celles qui siégeront en arrière, laisseront échap- per les excréments dans le tissu conjonctif où ils agiront comme corps étranger pouvant provoquer des abcès ou la gangrène. Nous décrirons, dans la cavité pelvienne, le rectum, la vessie, le vagin et Vutérus. § 1, — Du Rectum. Le rectum termine l'intestin ; c'est un conduit volumineux, qui traverse, d'avant en arrière et en ligne droite, la cavité du bassin. La limite qui sépare le rectum du côlon flottant est indiquée par l'ab- sence de bosselures et de bandes longitudinales. De plus, le rectum possédant des parois beaucoup plus épaisses et plus dilatables, peut renfermer jusqu'à trois litres de matières fécales, ce qui lui donne la signification d'un réservoir où les excréments attendent le moment de leur expulsion au dehors. Le rectum se divise en deux parties : une située en avant du repli (l) Saint-Cyr, Truite d'Obstétrir/ue vétériiwije, V&rïa, 1875. ."^OS AN'ATOMIE SPÉCIALK OU DKS REUlOiNS. pci'itonéal, /;a''^2'e pré-péintonéak- ; r;iiilic, en arrière, parf/e jwst-péri- totiéale; la première fait suite au côlon flotlant ; on y retrouve encore les traces des bandes charnues du précèdent conduit, (jui s'irradient pour concourir à former la membrane charnue si forte qui se remar- que, en arrière, dans les parois du canal. Le rectum pré-péritonéal est maintenu au-dessous de la paroi sous- lombaire par la partie postérieure du mésentère colique, appelée mé- so-rectum, frein d'autant plus court qu'il est plus postérieur. En se repliant dans l'arrière-fond de la cavité abdominale, le péritoine forme un ligament circulaire autour de l'organe. Les rapports de la portion antérieure 'du rectum sont, en haut, la paroi sacrée et les deux ou trois dernières vertèbres lombaires; la laxité du repli pé- ritonéal supérieur permet quelques déplacements, toujours très-bornés cependant. Les rapports inférieurs sont, chez le mâle, l'anse pelvienne du côlon replié et la vessie, celle-ci repousse le côlon en avant au fur et à mesure qu'elle se remplit d'urine; mais, chez la femelle, le corps de l'utérus et les ligaments larges établissent une séparation com- plète entre le rectum et les autres organes . Dans sa partie postérieure, post-péritonéale, il est maintenu par un tissu conjonctif lâche, qui lui permet de se dilater et non de se dépla- cer; sa longueur est comprise entre 18 et 2.j centimètres, suivant les sujets. Il répond, en haut, au sacrum; par côté, au ligament sacro- sciatique ; il recouvre chez le mâle la partie postérieure de la vessie, les canaux déférents, les vésicules séminales, l'origine du canal de l'urèthre et les glandes qui l'accompagnent, c'est-à-dire la prostate et les glandes de Cowper. Chez la femelle, il est séparé de la vessie par la partie postérieure du corps de l'utérus et par le vagin. Le rectum est fixé dans sa position par un certain nombre de replis péritonéaux et d'organes spéciaux que l'on pourrait appeler les liga- ments du rectum. Le cul-de-sac péritonéal du bassin et le méso-rectum doivent être considérés comme de véritables ligaments séreux, qui ne permettent que des déplacements légers de la partie antérieure et fixent la posté- rieure. Celle-ci est de nouveau assujettie, en arrière, par les ligaments suspenseurs de la verge, qui prennent naissance à la partie inférieure du sacrum et descendent, sous forme de bandelettes aplaties, entre le muscle rétracteur de l'anus et la paroi du rectum, un peu en avant du sphincter de l'anus. Ces ligaments renforcent les parois rectales, en leur abandonnant quelques faisceaux, et se rejoignent à leur face inférieure en formant un anneau suspenseur très- fort, sorte de sangle qui semble surtout destinée ;ni ncliuu. On poniiail d'autant mieux considérer cette partie du ligament, appelé jusqu'à présent suspenseur (le la verge, comme appartenant exlusivement au rectum, qu'il existe chez la jument; ces cordons, tout en donnant quelques libres aux pa- rois laléi'.iles du vagin, n"nnl ci'pendant rien perdu de.- (liiuen>ion> HK LA CAVITP] PELVIENNE. :!09 (juils oui sur le clieval. Les cordons suspenseiirs et rétracleurs de la verge seraient, donc beaucoup mieux décrits, physiologiquement par- lant, si on les faisait partir seulement de la face inférieure du rectum, tonte la partie située au-dessus de ce point appartenant de fait à l'extrémité postérieure du canal alimentaire, et constituant un liga- ment suspenseur du rectum. Étudié de Tintérieur vers l'extérieur, le rectum présente dans sa struc- ture, la membrane muqueuse, suite de la muqueuse intestinale, pré- sentant des replis longitudinaux et transversaux, d'autant plus mar- qués qu'il est moins rempli par les matières fécales. Cette muqueuse est très-làchement unie à la membrane charnue par un tissu conjonctif, abondant et peu solide, qui laisse très-facilement glisser l'une sur l'autre les deux couches. Quant à la membrane charnue, elle présente, comme celle de l'intestin, deux couches adhérentes. La première est circulaire, et ses faisceaux sont peu volumineux ; la deuxième, l'ex- terne, est, au contraire, très-forte et composée de gros faisceaux tour- nant légèrement en spirale autour de l'organe, faisceaux qui ne sont que la continuation de la couche extérieure de l'intestin, augmentée des libres des bandes longitudinales, qui se sont répandues autour du rectum, en augmentant considérablement d'épaisseur. Une dernière couche est formée dans la partie pré-péritonéale par la séreuse elle-même. Cette couche manque dans la portion posté- rieure, où l'on ne rencontre que le tissu conjonctif lâche dont nous avons déjà parlé. Une partie des fibres charnues, provenant de la couche externe du rectum, se réunissent en deux faisceaux similaires, constituant un gros funicule médian, qui va prendre de fortes attaches sous les deux ou trois premières vertèbres coccygiennes, et qui a la signification d'un véritable et très-fort ligament, appartenant aussi bien à l'anus qu'au rectum, car il se dessine nettement au-dessous de la peau, lors- qu'on fait effort sur la queue pour la relever. Vaisseaux et nerfs. — Les artères du rectum sont fournies par des di- visions de la petite mésentérique et de la honteuse interne. Les veines, plus volumineuses, sont aussi plus nombreuses; elles ont presque tou- jours un aspect variqueux, et se réunissent pour concourir à la forma- tion des veines satellites des artères, elles se déversent dans la veine iliaque interne. Les nerfs, nombreux, proviennent du plexus hypogastrique ou pel- vien, et aussi du plexus mésentérique postérieur, par le nerf de ce nom. Uifl'érences. — On trouve chez les Carnassiers,^rès de l'anus, deux petites poches ovales, renfermant de nombreuses glandes qui sécrètent une humeur fétide versée dans le rectum. 310 ANATOMIE SPÉCIALE OL' DES RÉGIONS. § 2. — De la Vessie. A l'état de vacuité, la vessie, petite, dure et retirée tout au foud de la cavité du bassin, se dessine à peine par une légère saillie dans Far- rière-fond formé par le diverticulum péritonéal; mais si elle est for- tement gonflée par l'urine, elle peut dépasser de beaucoup la cavité du bassin ; on peut y rencontrer, dans certains cas, jusqu'à quatre ou cinq litres de liquide. Lorsqu'elle est modérément distendue, elle a la forme d'une gourde à col dirigé en arrière, et dont le fond présente la cicatrice du canal de l'ouraque. Elle répond par son cul-de-sac an- térieur à la courbure pelvienne du côlon replié ; sa face inférieure repose sur le pubis, ou même peut s'infléchir en avant de cet os et arriver plus ou moins loin sur la paroi abdominale; sa face supérieure répond aux vésicules séminales, aux renflements pelviens des canaux déférents, aux uretères et au rectum, chez le mâle. Chez la femelle, elle est seulement en rapport avec le vagin, le corps de l'utérus, les uretères et les parois latérales du bassin. Le col delà vessie est flxé, chez le mâle, sur la paroi inférieure du bassin par un ligament particulier très-fort ; ce ligament n'existe pas chez la femelle. L'intérieur de la vessie ne présente rien d'important à considérer, si ce n'est l'ouverture du col et celles des deux uretères placées en avant et au-dessus de lui, de façon à circonscrire un espace triangulaire, appelé trigone vésical. La muqueuse offre des rides en différents sens, qui s'eQ"acent dans l'état de plénitude. La structure de ce réservoir est fort simple. Deux membranes entrent dans la composition de ses parois : l'interne est une muqueuse, l'externe est de nature charnue. Dans la région antérieure de la ves- sie, cette couche charnue est doublée en dehors par la calotte séreuse fournie par le péritoine. La membrane musculeuse est formée de fibres circulaires obliques, qui partent du milieu du cul-de-sac, c'est-à-dire de la cicatrice de l'ouraque, et se dirigent vers le col. Nous avons déjà dit, que la vessie du mâle est fixée sur la paroi du bassin par un ligament particulier ; celle de la femelle est maintenue par les parois du vagin. Quant à ses moyens de fixité antérieurs, ils sont formés par le repli péritonéal orbiculaire auquel s'ajoutent trois autres replis formés de deux lames séreuses accolées, partant du fond du cul-de-sac; l'un médian s'étend jusqu'à l'ombilic, les deux autres, . latéraux, s'attachent sur les côtés du bassin et portent à leur bord libre un gros cordon qui n'est autre chose que l'artère ombilicale oblitérée. DU VAGIN ET DE L'UTÉRUS. 31 i Vaisseaux et nerfs. — Ils sont fournis par la branche vésicale de l'ar- tère vésico-prostatique ou vésico-vaginale, suivant le sexe ; les veines sont satellites des artères. Quant aux nerfs, ils proviennent du plexus pelvien, et des branches inférieures des deux premières paires sacrées. Différences. — Chez tous les animaux autres que les solipcdes, la vessie est complètement enveloppée jusqu'à son col par le péritoine; il en résulte que les moyens de fixité sont plus imparfaits et que l'organe peut se projeter plus librement dans la cavité abdominale. Chez les ruminants, la vessie, dont la parois sont très-minces, est relativement très-vaste. Celle du porc est pres- que située en entier dans la cavité abdominale ; la couche musculaire des parois ^de la vessie des carnassiers est au contraire beaucoup plus épaisse que chez le cheval. § 3. — Du Vagin et de rutérus. Le va/ji'n est le conduit intermédiaire entre Tutérus et la vulve. C'est par lui que s'opère la copulation, et il donne passage au produit de la conception arrivé à son complet développement. La direction du vagin est en tout point parallèle à celle du rectum. Sa longueur est d'environ 18 à 20 centimètres, mesurée du museau de tanche à la valvule du méat urinaire ; son extensibilité très-grande lui permet de se prêter à l'introduction du pénis et au passage du fœtus pendant l'accouchement. La capacité du vagin est beaucoup plus considérable à son extré- mité antérieure qu'à son entrée; celle-ci est, en effet, très-rétrécie, ainsi que nous l'avons déjà dit en traitant de la vulve. Indépendamment des causes de rétrécissement dues à la présence de l'hymen, la mem- brane charnue est entourée en dehors d'une sorte de cravate musculaire extrêmement forte, qu'on appelle anneau vaginal, et qui oppose, dans certains cas, un obstacle très-sérieux à la pénétration de la main dans l'intérieur de l'organe. Le vagin répond, en haut au rectum, en bas à la vessie, et comme il est aplati dans l'état de vacuité, ces deux réservoirs ne sont séparés l'un de l'autre que par l'épaisseur des deux parois du conduit inter- médiaire ; latéralement le vagin répond aux ligaments ischiatiques par l'intermédiaire du tissu conjonctif du bassin. La structure du vagin est simple ; la membrane muqueuse est plissée longitudinalement ; la couche charnue qui la double en dehors est parcourue par un grand nombre de vaisseaux. L'extrémité postérieure possède, de plus, un anneau musculaire très-résistant que nous avons appelé anneau vaginal ; c'est un fort cordon d'une épaisseur de près d'un centimètre et d'une largeur de trois centimètres, formant un cercle complet autour de l'ouverture postérieure; en rapport en haut avec le rectum ; il est peu visible sur les côtés, où il se trouve recou- vert par les fibres les plus profondes du constricteur antérieur de la ;n2 ANATOMIF SPKCIALR m' DES REGIONS- vulve. Sur le cadavre, il est très-facile de se rendre compte de la pré- sence de cet anneau; en introduisant un doigt dans le vagin et en pressant les parois du conduit entre les doigts, on sent, au point où il existe, une •épaisseur que ne possèdent ni les autres parties du conduit vaginal, ni la vulve elle-même. Les vaisseaux et les nerfs viennent de la même source que ceux de la vessie et de la vulve. L'uU'ni!^^ ou la matrice, est situe pour la plus grande partie, dans l'abdomen, mais, en raison de ses connexions avec le vagin, il doit Otre décrit après ce conduit. C'est un réservoir membraneux, simple à sa partie postérieure qui constitue le corps, bifide en avant où chacune des branches reçoit le nom de corne. Le corps de Vutérus, cylindrique, légèrement déprimé de dessus en dessous, répond par sa face supérieure au rectum, et par ses faces latérales et inférieures aux circonvolutions intestinales ; l'extrémité postérieure, rétrécie, a été désignée sous le nom de col. Les cornes.^ qui s'écartent l'une de l'autre en se portant en avant, sont recourbées de façon à présenter une concavité supérieure, leur extrémité antérieure est arrondie en cul-de-sac, et présente l'insertion de Voviducle. L'utérus est attaché à la paroi sous-lombaire par des liens mem- braneux, appelés ligaments larges ou suspenseurs , beaucoup plus déve- loppés en avant qu'en arrière ; chacun de ces ligaments dont la forme est triangulaire présente un bord antérieur libre qui soutient l'ovi- ducte et Tôvaire, un bord supérieur attaché à la paroi sous-lombaire et un bord inférieur fixé dans la concavité des cornes et sur les faces latérales du corps. Le ligament large est formé de deux feuillets périto- néaux, unis entre eux par du tissu conjonrlif, et([ui comprennent aussi l'oviducte et l'ovaire. On retrouve également l'analogue des ligaments ronds de la femme dans deux lamelles étroites qui partent de chaque côté des ligaments larges, au niveau des trompes et des ovaires, et se dirigent vers l'anneau inguinal. Les ovaires, compris entre les deux lames séreuses des ligaments larges, sont deux corps ovoïdes du volume d'un œuf de pigeon, situées un peu en arrière des r<:'ins au-dessous de la paroi sous-lombaire, lisses à leur surface, mais présentant presque constamment chez les femelles adultes des élevures arrondies, qui ne sont autre chose que des vési- cules de Graaf plus ou moins développées. En se i-upturant, ces vési- cules lancent dans le pavillon de la trompe l'ovule enveloppé dans un amas de cellules appelé cumulus prvligcr. Quant aux trompes qu'on peut comparer aux canaux d'excrétion des autres glandes, elles com- mencent près de l'ovaire par une extrémité élargie i\\)1)q\cc pavillon de la trompe, et se portent en décrivant des flexuosités jusqu';\ l'extrémité des cornes utérines. Notons ici que le pavillon n'est pas en continuité DU VAGIN ET !)[• I.MITERL'S. :il3 directe avec rovaire et qu'il s'ouvre directement dans la cavité périto- néale. C'est le seul cas qui existe de communication d'une muqueuse avec une séreuse. L'intérieur de l'utérus montre la muqueuse formant des replis nom- breux qui disparaissent pendant la gestation ; on y reconnaît trois com- partiments correspondant au corps et aux cornes. La cavité du corps communique avec le vagin par un étroit canal percé dans le col, et appelé cavité du col ; le canal utérin se prolonge dans le fond du vagin et y fait une saillie assez prononcée sur laquelle on remarque de nom- breux plis radiés, auxquels on donne le nom de fleur épanouie. La mu- queuse utérine, mince, très-délicate^ présente un grand nombre de glandes en tube. La membrane cbarnue, qui double la muqueuse en dehors, est formée par des fibres circulaires et longitudinales, dont le nombre s'accroît d'une façon considérable pendant la grossesse, car, malgré sa grande extension à cette époque, l'épaisseur de la membrane augmente plu- tôt qu'elle ne diminue. La séreuse, continuation des ligaments larges, recouvre tout l'organe et forme même un frein triangulaire qui occupe le sommet de l'angle formé par les deux cornes. Le sang est apporté à l'utérus et aux ovaires par les artères utérines et iitéro-ovariennes. Les divisions de ces artères sont très-remarqua- bles par leurs llexuosités et leurs anastomoses, les veines de môme nom qui ramènent le sang à la veine cave postérieure forment de très-beaux réseaux, et sont dépourvues de valvules. Les lymphatiques se rendent aux ganglions sous-lombaires. Les nerfs proviennent du plexus mésentérique et du plexus pelvien. Différences. — Le vagin des ramiaunts est plus long, l'épaisseur de ses parois plus considérable; on y rencontre les glandes de Bartholin. \.' utérus présente des différences très-remarquables ; la courbure des cornes regarde en bas, et cependant l'attache des ligaments larges se fait dans leur conca- vité, il résulte de cette disposition que l'extrémité des cornes se trouve tor- due sur elle-même, tandis que la base et le corps de l'utérus restent fixes; car ceux-ci, recevant l'insertion des ligaments sur leur face inférieure, sont comme supportés pour une large sangle. La muqueuse utérine est chez la vache parsemée de gros tubercules appelés cotylédons qui se développent considérablement pendantla gestation. La mem- brane charnue est plus épaisse. Chczla^y-in'eles ovaires tendent à prendre une forme enarappe qui rappelle ceux des oiseaux; les cornes de la matrice, très-longues et flexueuses, flottent au milieu des circonvolutions inli'slinales avec lesquelles on peut quelquefois les confondre chez les jeunes. Les ovaires et l'utérus des carnassiers ressemblent à ceux de la truie, il en est de même pour l'utérus de la lapine et en général chez les animaux multi- pares. 31 i ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. SECTION TROISIÈME DES MEMBRES Les membres sont distingués en antérieurs ou Ihoraciques et posté- rieurs ou abdominaux. Si, chez les carnassiers et le porc, les membres antérieurs peuvent aider, dans quelques occasions, àla préhension des aliments, ils ne méritent cependant pas le titre d'organes préhenseurs, et l'on peut dire que, chez les animaux domestiques, les membres sont exclusivement les organes de soutien du corps et de la locomotion. Ils jouissent, pour l'exécution de cette dernière foncLion, d'une grande mo- bilité et sont formés de rayons qui se fléchissent les uns sur les autres et déplacent constamment leurs rapports. En vertu de cette mobilité et des situations constamment diflcrentes qu'ils occupent par rapport au monde extérieur, les membres sont plus exposés qu'aucune autre partie du corps aux atteintes des corps vulnérants. Leurs blessures sont plus graves en général que celles qui atteignent le tronc, car le mouvement empêche ou rend plusdillicile leur guérison. Il existe entre les diverses sections du membre antérieur et celle du membre postérieur, une homologie très-remarquable et qui a frappé de tous temps les observateurs. Ainsi l'épaule correspond au bassin, le bras est l'homologue de la cuisse, l'avant-bras de la jambe, etc. Ces rap- ports qui demandent une certaine attention pour être saisis dans les rayons supérieurs, deviennent au contraire extrêmement évidents dans les parties inférieures, et cela au point que non-seulement le vulgaire appelle du même nom le doigt antérieur et le jjostérieur, mais que les aiuitomisles eux-mêmes n'ont que de très-légères différences à si- gnaler dans toutes les régions si compliquées qui se trouvent situées au delà du métacarpe et du métatarse : c'est pourquoi nous n'aurons à les décrire qu'une seule fois et nous les réunirons dans un chapitre spécial, qui viendra après la description des parties dissemblables des membres antérieur et postérieur. DU MEMBRE ANTERIEUR. 315 CHAPITRE PREMIER DU MEMBllE ANTÉRIEUR Le membre antérieur supporte la plus grande partie du poids du corps dans la station et entame le terrain dans l'action. Il n'est rattaché au tronc que par des muscles qui font pour ainsi dire l'office des sangles, entourant le thorax. Ce mode d'attache donne à ses rayons supérieurs une mobilité d'autant plus considérable que l'animal est moins volumineux, car la force et la brièveté relative des attaches sont en raison directe du poids que le membre a à supporter. On utilise la faculté de déplacement de l'épaule et du bras, pour mettre à découvert le thorax dans certaines portions qui restent habituellement cachées, lorsqu'on veut pratiquer l'auscultation ou la percussion. Les parties du membre antérieur que nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre se divisent en cinq sections. U épaule^ le bras, Vavant' bras, le genoti et le canon. L'épaule, le bras et l'avant-bras sont des sec- tions tout à fait naturelles, auxquelles nous rattacherons certaines ré- gions spéciales, telles que le coude et la pointe de l'épaule. Quant au genou et au canon ce sont des parties de ce que nous pourrions appeler la main, en appliquant, comme cela doit être fait rationnellement, aux animaux les dénominations des parties analogues de l'homme, ce sont donc des régions moins complètes, anatomiquement, mais de la plus grande importance au point de vue chirurgical. § t. — De l'épaule. Vépaule, considérée au point de vue des formes extérieures, com- prend toute la partie du membre antérieur qui recouvre le thorax; elle est limitée en avant par l'encolure, en arrière par la côte, supérieure- ment par le garrot, inférieuremcnt par l'avant-bras. Cette réunion des deux rayons du membre antérieur, qui peut être juste dans l'étude de l'extérieur, ne doit plus être admise en ana- tomie ; la grande étendue d'une telle région, ainsi que la diversité des organes entourant les deux os qui en forment la base, rendrait une description des couches chirurgicales très-obscure et peu naturelle. Nous devrons donc comprendre seulement dans la région de l'épaule la partie du membre antérieur qui a pour base l'omoplate. L'épaule comprend les deux fosses scapulaires séparées par la sail- lie de l'épine acromienne ; nous croyons devoir y rattacher aussi la masse des muscles olécrâniens situés dans l'angle obtus formé par les os de l'épaule et du bras. ;îio anatomie spéciale m hes hégions. La limite antérieure de la région est nettement tracée par une dé- pression plus ou moins profonde dirigée obliquement du garrot à la pointe de l'épaule. La saillie formée par l'épaule sur le cou est due au bord antérieur de l'omoplate, au muscle sus-épineux et à la longue pointe ascendante du sterno-pré-scapulairc. La partie inférieure de ce bord, correspondant à rarliculalion, se détache en ronde-bosse. En arrière, l'épaule se distingue à peine de la côte, car les muscles olé- craniens s'amincissent considérablement î\ leur bord postérieur ; mais ce bord, vertical et s'étendant de l'angle postérieur de l'omoplate jus- (jii'à l'olécrâne, se perçoit toujours très-bien à la main lorsqu'on ne peut le limiter à l'œil. Très-souvent la limite supérieure de l'épaule, sur les chevaux fins, se dessine par une courbe en saillie légère for^ niée par le bord supérieur du cartilage de prolongement du scapu- lum ; chez les animaux très-gras ou communs cette ligne est effacée. On se rappellera que, sur un cheval de taille moyenne, il y a à peu près un travers de main entre le sommet des apophyses qui constituent le garrot et le bord supérieur du cartilage. Enlin en bas nous circonscrirons la région ({ui nous occupe par le bord inférieur des muscles olécraniens, qui se montre généralement sous la forme d'une saillie à convexité inférieure, surplombant la ré- gion du bras. La peau qui recouvre l'épaule, d'épaisseur moyenne, permet de constater un certain nombre de points de repère importants ; c'est ainsi que la crête de l'épine acromienne se dessine en une légère saillie pa- rallèle au bord antérieur de l'omoplate et, comme lui, oblique en avant et en bas; cette saillie, (pii disparaît vers le tiers supérieur, se trouve continuée jusqu'en bas par un sillon peu prononcé indicpiant la limite des muscles sus et sous-épineux ; un autre sillon, parallèle au premier, se voit au niveau du bord postérieur de l'omoplate et trace la ligne de séparation des muscles grand scapulo-hunu'ral (abducteur du bras) et gros extenseur de l'avant-bras. Ces particularités se distinguent beaucoup mieux, pendant l'action, lorsque les nuiscles se contractent. Le tissu conjonctif sous-cutané est plus ou moins abondant; il permet à la peau une locomotion assez grande. Le muscle peaucier forme la première couche musculaire ; il n'existe pas à la partie supérieure ni à l'angle postéro-inférieur de la région ; les fibres du peaucier présenteni sur l'épaule une direction verticale. Une autre couche musculaire, formée par le trapèze et le mastoïdo-huméral, recouvre toute l'étendue de la fosse sus-épineuse et la partie supérieure de la fosse sous-épineuse; les fibres du trapèze viennent converger sur l'épine, à laquelle elles sont attachées par une très-forte aponévrose; disons, de plus, (pie tout ce muscle est recouvert par une lame élastique d'autant plus épaisse qu'elle est plus supé- rieure et (pii descend de la région du garrot en s'insinuant entre le peaiicier et le muscle qui nous occupe, l.e mastoïdo-huméral. (\\\\ re- mi i;ki'AI!I.e. :!17 couvre surtout l'angle scapulo-huiuéral, est formé de fibres plus épais- ses et de couleur foncée. 11 est séparé des plans musculaires dont nous avons à parler par une couche aponévrotiquc assez abondante. Nous devons anssi rattacher à cette couche la portion inférieure du mastoïdo humerai qui s'aplatit pour recouvrir la partie antérieure delà région et surtout l'articulation. La quatrième couche est formée par plusieurs muscles parfaite- ment distincts et dont nous avons déjà indiqué en partie les limites. La fusse sus-épineuse est remplie en entier par le muscle sus-épineux, recouvert inférieurement par l'expansion huméraledumastoïdo-humé- rale. La longue pointe remontante du sterno-pré-scapulaire longe le bord antérieur du sus-épineux et se termine au niveau du quart supé- rieur du scapulum. Ce muscle est entouré en avant par un tissu con- jonctif très-lâche et s'attache sur l'aponévrose propre du sus-épi- neux. En arrière de l'épine on rencontre d'abord le grand abducteur du bras, recouvrant le petit muscle de même nom, qui devient apo- névrotiquc supérieurement ; son aponévrose ne se distingue pas, à proprement parler, de celle du sous-épineux. Ce dernier remplit toute la fosse qui lui donne son nom, il déborde même légèrement en avant et en bas l'extrémité de l'épine. On désigne sous le nom de fosse sous-scapulaire la face interne légè- rement excavée de l'omoplate qui loge le muscle sous-scapulaire. Nous ferons remarquer que ce muscle est séparé du grand dentelé, lequel appartient au thorax, pai' un intervalle rempli de tissu conjonctif très-làche pour se prêter aux mouvements de l'épaule sur le thorax. 11 arrive quelquefois, comme nous avons pu l'observer, que ce tissu con- jonctif est le siège d'abcès qui, n'éprouvant aucune difiiculté pour se développer, deviennent très-considérables, écartent le membre et viennent, dans certains cas, former une tumeur soit en avant, soit en arrière de l'épaule. Il est préféraJjle, vu la disposition des organes, d'ouvrir ces abcès à la partie postérieure, où une large incision peut être pratiquée sans crainte d'accidents grave-. La main introduite entre 1(! membre et le thorax peut être promenée dans un large espace ver- tical, etil semble que l'épaule suit entièrement décollée du tronc ; mais le tissu conjonctif refoulé par l'abcès se répare bien vite et la région ne tarde pas h recouvrer son intégrité. La ri'çjion des muscles olêcraniens uu extenseurs de l'avant-bras, que nous avons séparée des autres parties de l'épaule pour en faire une sous-région spéciale, est extrêmement simple : ces muscles forment au dessous du peaucier une couche qui peut atteindre 10 centimètres d'épaisseur dans le sommet de l'angle scapulu-huméral ; ils s'amin- cissent uu \w\\ à leur bt)r(l postéri(!ur. qui se détache eu relief sur le thorax, et vient s'insérer à l'olécrâne. Disons encore, qu'au-dessous du grand scapulo-olécranien, on rencontre le mince muscle long extenseur de l'avant-bras, séparé du premier et du thorax par un tissu eunjonc- 318 ANAÏOMlli: SPECIALE OU DES REGIONS tif abondant. C'est aussi dans celte région que se trouve l'extrémité inférieure des nnuscles grand dorsal et grand rond, qui viennent se réunir par un tendon commun fi la tubérosité interne du corps de l'humérus. Squelette. — L'omoplate l'orme seul le squelette de la région. 11 est partout enveloppé de muscles très-épais qui le préservent de la violence des chocs et rendent ses fractures très-rares. Inférieurement il s'ar- ticule avec l'humérus par une cavité glénoïde beaucoup moins grande que la tète qu'elle est destinée à recevoir. Très-mince au niveau du fond des fosses sus et sous-épineuses, l'omoplate devient plus épais sur ses bords, à ses angles, surtout à l'inférieur, et au niveau de l'épine. Vaisseaux et nci-fs. — Les artères, situées à la face interne du mem- bre, proviennent du tronc brachial et sont au nombre de deux : l'ar- tère sus-scapulaire ou scapulaire supérieure comprise dans rintcrstice qui sépare le sous-scapulaire et le sus-épineux, et l'artère sous-scapu- laire, beaucoup plus volumineuse, qui prend naissance au point où le tronc brachial change de nom et prend celui d'artère humérale ; l'artère sous-scapulaire se loge entre le sous-scapulaire et l'adducteur du bras, et donne dans son parcours : une artère pour le grand dorsal, la cir- conflexe postérieure de l'épaule, qui appartient à la région suivante, et de nombreux rameaux musculaires. Les veines suivent le trajet des artères et reçoivent les mêmes noms. Les lymphatiques se rendent aux ganglions sous-scapulaires. Les nerfs proviennent du plexus brachial. Un certain nombre d'entre eux ne font que traverser le tissu conjonctif de la face interne du mem- bre pour se rendre aux parties auxquelles ils sont destinés, tels sont: la branche de l'angulaire et du rhomboïde, la branche du grand dentelé ou thoracique supérieure, la branche du grand dorsal, la branche sous- cutanée thoracique, le nerf axillaire ou circonflexe, le nerf de l'adduc- teur ou du grand rond. D'autres branches sont spécialement destinées aux muscles de la région, ce sont : les branches du sous-scapulaire, le nerf sus-scapulaire; ce dernier, après avoir traversé l'interstice qui existe entre le sterno pré-scapulaire et le sus-épineux, gagne la face externe et passe en travers de l'épine acromienne au-dessous du peaucier pour aller se perdre dans le sous-épineux. iBifiV'reiiccs. — A part les formes extérieures, le grand développement en hauteur de l'épaule chez les ruminants et les carnassiers, dont le bord supérieur dépasse mrme le sommet des apophyses épineuses du garrot, on ne trouv(^ que des dilVérenccs très-légères dans la disposition des plans musculeux. Disons toutefois que Fomoplate des carnassiers ne possède pas de prolongement cartilagineux, et que la position de l'épine varie dans les dillerentes espèces. Chez le bœuf, elle partage la surface externe en deuxrégionsdont l'antérieure est il la postérieure comme un est à trois ; chez les carnassiers, elle la divise en deux parties égales, l'acruuiiou, s"arrèle à trois centimètres cn\iron au-dessus RÉGION DE LA POINTE DE L'ÉPAULE. 319 de la cavité glénoïde chez les premiers animaux et descend à son niveau chez les seconds. § 2 — Région de la pointe de l'épaule. Cette région, qui représente la partie la plus avancée du membre antérieur, et qui a pour base l'articulation scapulo-humérale, mérite, en raison de son importance et de la fréquence des lésions dont elle est le siège, une description spéciale, qui nous permettra en outre d'étudier l'articulation. A l'extérieur, la pointe de l'épaule, bien détachée en avant, se continue en arrière par une ligne de séparation bien nette entre l'épaule et le bras. Malgré l'épaisseur assez considérable des tissus qui l'entourent, on peut cependant, avec assez de facilité, reconnaître les limites des divers organes qui se groupent autour de l'articulation ou qui entrent dans sa composition. C'est ainsi qu'on percevra en dehors une saillie osseuse presque superficielle, qui est la convexité du trochanter qu'on appelle aussi quelquefois grand trochiter ; en avant et un peu en bas, une autre saillie, formée par la lèvre externe de la coulisse bicipitale, se conti- nue en avant par une courbe assez régulière qui répond au tendon du biceps, les deux saillies dont nous venons de parler, séparées par un léger creux, forment avec l'empreinte deltoïdienne, située un peu plus bas et en arrière, les trois angles d'une sorte de triangle isocèle à base renversée. Lapeauest partout mince et assez mobile, mais elle entraîne cepen- dant avec facilité la première couche musculaire, formée par l'extrémité inférieure du mastoïdo-huméral, qui s'aplatit et recouvre comme d'une sorte de calotte toute la partie antérieure et externe de la région. La facilité avec laquelle se déplace cette couche fait voir que le tissu con- jonctif sous-cutané est moins abondant que celui qui se trouve entre le muscle et les organes qu'il nous reste à citer. Dans ses parties les plus profondes le tissu conjonctif devient très- nettement lanineux et forme comme une aponévrose à plusieurs cou- ches qui descend du sus-épineux, s'étend par côté jusque sur le tendon du sous-épineux et en bas sur le coraco-radial. Sur ce muscle même l'aponévrose acquiert une grande consistance et forme une très-forte gaîne, qui a pour tenseur le sus-épineux. En avant de l'articulation, nous trouvons le tendon extrêmement fort du coraco-radial, moulé sur sa coulisse et formé à ce niveau de fibres musculaires, de fibres tendineuses et môme de fibro-cartilage à sa face profonde ; on ne doit pas oublier que le tendon glisse dans sa cou- lisse par le moyen d'une synoviale vésiculaire très-importante à notre ' point de vue, en ce sens qu'elle peut être le siège d'inllammation. Au- dessous du tendon, on rencontre toujours un coussinet graisseux qui :i2(i A.NAK'MIE Sl'ÉCIAl.K ol DES UliGlUNS. remplit rinlervallc siLué entre le scapulum, riiumérus, el la lace posLé- rieure du tendon, au-dessus de la synoviale. Eu dehors, on lionve, d'avant en arrière, la branche externe du sus- épineux, exclusivement charnue, qui vient sal tacher sur le sommet et en dedans du trochanler, puis le tendon du sous-épineux, qui, après avoir glissé sur la convexité par une deuxième synoviale vési- culaire, se dirige obliquement en avant et en bas pour s'attacher sur la crête; enfin, en arrière de ce muscle, les deux abducteurs, situés l'un au-dessus de l'autre, viennent s'appuyer jusque sur la capsule articu- laire. En arrière, les muscles olécraniens forment une gaîne séparée de la face postérieure de l'arliculalion par un peu de tissu conjonctif. Le scapulo-huméral grêle, qui se trouve aussi en arrière et directement appliqué sur l'articulation, mérite à peine d'être cité. Les organes que l'on rencontre à la face interne sont, en procédant d'avant en arrière: la branche interne du sus-épineux, entièrement musculaire et attaché sur le sommet du trochin, le tendon du coraco-huméral, qui glisse sur celui du sous-scapulaire au moyen d'une synoviale assez allongée, et enfin ce dernier muscle qui est lui-même pourvu d'unetrès-petite synoviale, pour glisser sur la convexité du trochin. Articulation scapulo-humérale. — Cette articulation présente un grand intérêt, car elle est souvent le siège d'altérations; mais la pro- fondeur à laquelle elle est située dans les tissus la rend assez difficile h explorer et les moyens d'actions dont la chirurgie dispose ne peuvent agir sur elle que médiafement. Du côté de l'omoplate la surface articulaire est une cavité dite glénoïde, légèrement concave, complétée par un bourrelet fibreux, mais néanmoins trop petitepour embrasser en entier la tête de l'humé- rus ; celle-ci, large et régulièrement arrondie, est bordée en avant et de chaque côté par les éminenccs appelées trochiter et trochin. Un ligament capsulaire, à peu près uniiormcnienl épais, mais renforcé en avant par deux faisceaux qui vont sinsérer l'un sur le trochin, l'autre sur le trochiter, réunifies deux surfaces ; ce ligament est assez lâche pour permettre entre les deux surfaces un écartement de 2 centimètres envi- ron. Néanmoins la solidité de l'articulation et la coaptation exacte sont assurées par les nombreux et forts muscles (jui lentourent et par la pression atmosphérique. La laxité du ligament est indispensable pour laisser aux mouvements une très-grande étendue. La synoviale, sim- ple, tapisse la lare interne du ligament. Tous les mouvements sont possibles dans cette articulation. Vaisseaux et nerfs. — La l'égion qui nous occupe en ce moment ne possède en propre que des vaisseaux et des nerfs d'un petit volume parmi lesquels nous citerons les artères, les veines et les nerfs cir- conflexes; mais c'est à sa lace interne que viennent se placer le tronc brachial et le plexus du nièaie noui, ainsi que les teines axillaires, ce REGION DU BRAS. 321 qui en fait l'un des points du corps les plus dangereux à explorer avec les instruments. § 3. — Région du bras. Cette région est assez difficile à limiter extérieurement, au moins par son bord supérieur, caché par les masses musculaires olécrâniennes. Sa face antéro-inférieure libre s'avance à la rencontre du bord antérieur de l'épaule et forme, en le rejoignant, la pointe de l'épaule dont nous venons de nous occuper; en arrière et en bas, le bras est limité par le coude et l'avant-bras. En résumé, le bras n'occupe chez nos grands ani- maux qu'une partie très-limitée du membre antérieur qui a pour base la diaphyse de l'humérus, et qui se trouve peu distincte extérieurement des parties environnantes. Le tissu conjonctif sous-cutané, lâche, peu abondant, laisse voir, immédiatement après l'ablation de la peau, la première couche mus- culaire. Celle-ci, formée par l'extrémité inférieure du mastoïdo-huméral, recouvre la face externe et antérieure; le côté interne est recouvert de la même façon par les fibres les plus antérieures du pectoral superfi- ciel. Les deux muscles mastoïdo-huméral et sterno-huméral sont réunis par une aponévrose qui embrasse la partie antérieure de la région et vient s'attacher à la crête qui limite en avant la gouttière de torsion de l'humérus. Les autres muscles qui entourent l'humérus ne peuvent que diffi- cilement être rangés en couche; nous trouvons, en dehors, l'extrémité inférieure de l'abducteur du bras (grand scapulo-huméralj, qui s'ar- rête à l'empreinte deltoïdienne ; le moyen extenseur de l'avant-bras huméro-olécrànien (externe), dont les fibres s'attachent à la légère crête située sous la tête articulaire de l'humérus, suivent la direction de ces os et recouvrent le court fléchisseur de l'avant-bras ; celui- ci affecte une direction verticale; son bord antérieur peut être limité par une ligne qui passerait en arrière de la tubérosité deltoïdienne; l'extrémité inférieure du muscle passe sous le pont fibreux que le biceps envoie sur l'extenseur antérieur du métacarpe, et se porte ensuite au côté interne du membre, en dedans de l'articulation du coude ; ce muscle décrit donc les trois quarts d'un tour de spire autour de l'humérus, suit en un mot la direction de la gouttière de torsion; il est séparé du coraco-radial par l'aponévrose du mastoïdo-huméral et du sterno-huméral. Quant au ])iceps, il recouvre la face antérieure de l'humérus et se trouve maintenu par une forte aponévrose particulière, formée de fibres très-fortes ; il est, de plus, entrecoupé de très-fortes lames tendineuses, dont l'une, extrêmement résistante, s'étend de l'un à l'autre de ses tendons et empêche son relâchement au delà d'une certaine mesure. Pfccn ET ToissAi>T. — Chirurgie. *i 322 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. Dans le repos, cette lame fibreuse offre un obstacle mécanique à la flexion de l'articulation scapulo-humcrale. La direction générale du coraco-radial est légèrement oblique en dedans, car on sait qu'il vient se terminer à la face interne de l'extrémité supérieure du radius. A sa face interne, l'humérus se trouve recouvert par la partie infé- rieure du coraco-huméral et, dans une petite portion, par l'extrémité commune aux muscles grand dorsal et grand rond, le sterno-trochi- nien (portion du pectoral profond), s'applique également sur la partie supérieure de cette face. Les paquets de ganglions que nous avons appelés, dans le premier livre de cet ouvrage, ganglions brachiaux, se placent à la face interne de l'humérus, au-dessus de l'articulation du coude, près du tendon du grand rond et du grand dorsal. Squelelfe. — Ainsi que nous l'avons déjà dit, le squelette est formé par la diaphj'se de l'humérus. Très-volumineux et très-l'(jrt, l'humérus peut supporter des chocs énormes sans se briser. Néanmoins, on a des cas assez fréquents de fracture de cet os, qui est en effet l'un des plus exposés dans les chutes que l'animal fait sur le côté, car c'est sur lui que porte alors la plus grande partie du poids du corps. 11 est à remarquer que, lorsqu'il existe une fracture simple du corps de l'humérus, ou une fêlure, sa direction est presque toujours parallèle à celle de la gout- tière de torsion ; c'est qu'en réalité, l'aspect spécial de l'humérus ne lient pas seulement à sa conformation extérieure, mais bien à une véritable torsion, plus prononcée chez les animaux adultes que chez les jeunes, ainsi que l'a démontré M. Martins. Le corps de l'humérus est entièrement compacte. Vaisseaux et nerfs. — Ces organes, situés à la face interne du bras, offrent un volume considérable et une importance extrême; c'est en effet à peu près à la hauteur de la partie antérieure du bras que l'ar- tère et la veine axillaires sortent de la cavité thoracique et que le volumi- neux faisceau nerveux du plexus brachial aborde le membre antérieur. Aussi les trouvons-nous réunis en une sorte de paquet, tout i fait en arrière de l'articulation. Varlère humérale, qui continue Vnxillaire, descend à peu près verti- calement au dedans de la région, c'est-à-dire qu'elle croise obliquement la direction de l'humérus ; placée d'abord en arrière de cet os, elle correspond ensuite à sa partie médiane par l'intermédiaire du tendon commun au grand dorsal et au grand rond, puis tend à prendre une position antérieure en arrivant à l'extrémité inférieure de la région, où elle se divise en deux branches, qui sont : les artères radiales an- térieure et postérieure. Dans ce trajet, rhuméralc donne plusieurs artères importantes : 1° l'artère pré-humérale ou ch'conflexe anlc- rieure, qui vient se terminer dans le mastoïdo-huméral, après avoir passé entre les branches du coraco-huméral et contourné la face an- térieure de l'humérus, au-dessous de la coulisse bicipitale; 2° la colla- REGION DU COUDE. 323 térale externe du coude, ou humérale profonde, très-grosse branche qui naît près du tendon du grand dorsal et se porte en arrière, dans la masse des extenseurs de l'avant-bras ; l'une de ses divisions passe sous le gros extenseur et contourne, avec le nerf radial, le fléchisseur oblique de l'avant-bras, pour arriver sous le court extenseur en avant de l'articu- lation du coude, où elle s'anastomose avec des divisions de la radiale antérieure ; 3" Vartèi^e épicondylienne ou cubitale qui se porte en arrière à la surface de l'humérus, pour se placer sous le long extenseur de l'avant-bras, et descendre ensuite derrière l'épi trochlée; nous la re- trouverons dans l'avant-bras avec le nerf cubital. Cette branche donne souvent l'artère nourricière de l'humérus qui peut provenir directe- ment de l'humérale; -4" citons enfin V artère principale da biceps, vers la partie médiane de l'humérale. La reine humérale, satellite de l'artère du même nom et placée en arrière d'elle, résulte de la réunion des diverses veines de l'avant-bras; elle reçoit les veines collatérales des artères que nous venons de citer et déplus un vaisseau très-important, la veine sous-cutanée-t/wracique ou de y éperon^ qui lui arrive très-près de sa partie terminale. Les principaux nerfa de la face interne du bras ne font que traverser cette région pour aller se distribuer un peu plus bas ; ce sont : en avant de l'artère, le nerf médian et le brachial antérieur; ce dernier croise l'artère en dehors pour se placer ensuite à sa face anté- rieure; en arrière le nerf cubital, le radial séparés de l'artère par la veine humérale, la branche cutanée interne du radial; quant au radial lui-même il contourne la face postérieure du bras pour venir, avec la branche principale de l'artère humérale profonde, se placer au bord postérieur du court fléchisseur de l'avant-bras. Le nerf médian fournit ainsi une branche (nerf musculo-cutané) qui s'engage sous le biceps, et se divise en deux rameaux, l'un qui va au muscle brachial antérieur, l'autre qui passe entre ce dernier muscle et le long fléchis- seur pour devenir superficiel et ramper à la face externe de l'aponé- vrose antibrachiale avec les veines sous-cutanées. Différences. — La région du bras est beaucoup plus distincte et plus éten- due chez les carnassiers que chez nos grands herbivores; aussi est-elle plus facilement explorable. La face interne est à peu près complètement détachée du ironc, ce qui permet de placer chez ces animaux les appareils contentifs que nécessitent les fractures de l'humérus. S /l — S i. — Région du coude. Intermédiaire au bras et à l'avant-bras, la région du coude peut se diviser en deux parties bien distinctes, que nous réunirons dans ce paragraphe pour ne pas compliquer nos descriptions; l'une est la ré- gion olécrànienne, l'autre l'articulation huméro-radio-cubitale. 324 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Région olécranienne. — Elle comprend les parties très-simples si- tuées autour de l'extrémité supérieure du cubitus à laquelle on a donné le nom d'olécrâne. Très-facile à limiter î\ l'extérieur, et laissant facilement sentir l'os qui lui sert de base, on peut se rendre le compte le plus exact des diverses altérations dont les tissus peuvent ôtre le siège. C'est ainsi que la peau présente souvent en ce point des excoriations dues à Véponge du fer, d'où le nom qui a été donné à une tumeur chronique, souvent phlegmoneuse au début, formée par lin- duration du tissu conjonctif sous-cutané, avec des callosités à la peau, ressemblant assez à la tumeur stei'nale du dromadaire. On ne par- vient guère ;\ guérir l'éponge qu'en cherchant à écarter les causes qui l'ont amenée, c'est-à-dire en évitant, par une disposition spé- ciale donnée au fer, que cette armature ne vienne frapper contre le sommet de l'olécrâne lorsque ranimai est couché. 11 peut aussi devenir nécessaire d'enlever une éponge trop volumineuse; on y parviendra en la disséquant, car le tissu dont elle est entourée est exclusivement conjonctif; dans ce cas, après l'excision de la tumeur, on devra presque toujours retrancher une certaine quantité de peau, après quoi quelques points de suture fermeront la plaie assez facile- ment. Au-dessous du tissu conjonctif sous-cutané, qui a une assez grande tendance à se charger de graisse, on rencontre une aponévrose d'é- paisseur moyenne qui, après avoir recouvert l'extrémité terminale des muscles dits olécrâniens, et s'être attachée sur la face externe de l'olé- crâne, se continue en bas avec l'aponévrose antibrachiale. Tous les muscles extenseurs de l'avant-bras viennent s'attacher sur l'olécrâne : trois sur le sommet, ce sont les plus volumineux, c'est-à-dire le gros, le court et le moyen extenseur; le premier de ces trois muscles pos- sède une petite synoviale vésiculaire ; le long extenseur prend son in- sertion au bord postérieur, et le petit extenseur au bord antérieur, ce dernier remplit en partie l'espace angulaire situé entre l'humérus et l'olécrâne. Les artères viennent de l'artère humérale par l'épicondylienne, que l'on nomme aussi, à cause de sa position au-dessous du long extenseur, collatérale interne du coude; le ne?/ cubital suit à peu près le môme trajet que l'artère du môme nom, sa branche cutanée interne est située immédiatement au-dessous de la peau de la face interne. Articulation liuinéro-radio-cubitale. — Encore appelée articulation du coude, elle est formée par l'extrémité inférieure de l'humérus et l'ex- trémité supérieure du radius, à huiuelle il faut ajouter en arrière la surface articulaire sculptée sur le bord antérieur de l'olécrâne. Trois ligaments servent à réunir ces surfaces articulaires: les deux latéraux très-forts, funiculaires, s'allachentsur les côtés de chacune des surfaces articulaires de l'humérus et du radius. Les fibres médianes du ligament latéral interne descendent au-dessous de la tubérosité bicipilale. Le DE L'AVANT-BRAS. 325 ligament antérieur, membraneux , est beaucoup plus fort en dedans que dans sa moitié externe où il est réduit à quelques rares fibres qui recouvrent la synoviale. Cette dernière, très-importante, tapisse la face interne des trois li- gaments, et se prolonge en arrière en formant trois culs-de-sac : l'un qui occupe toute retendue de la fosse olécrânienne, les deux autres qui descendent de chaque cùté du cubitus; l'externe tapisse l'extrémité su- périeure du fléchisseur externe du métacarpe, et facilite son glissement sur les surfaces articulaires; l'interne remplit le môme rôle par rap- port au tendon commun des muscles fléchisseurs du métacarpe et du pied. L'articulation du coude est une charnière parfaite qui ne permet que la flexion et l'extension. §0. — De l'avant-bras. L'avant-bras a pour base deux os : le radius et le cubitus. Nous avons déjà, dans le paragraphe précédent, parlé de la région occupée par l'extrémité supérieure de ces os, laquelle fait partie de l'articulation du coude ; l'extrémité inférieure sera décrite dans la région du genou ; il ne nous reste à parler que de la partie du membre correspondant à la diaphysc du radius ; la région de l'avant-bras est donc moins étendue en anatomie topographique qu'en anatomie descriptive. L'avant-bras a la forme d'un cône tronqué, comprimé d'un côté à l'autre, à base renversée et sur lequel se dessinent exactement les deux masses musculaires qui forment les régions antibrachiales antérieure et postérieure. Cette distinction, facile à faire vers le milieu de l'avant- bras, se prononce d'autant mieux qu'on se rapproche davantage du genou ; elle est indiquée par une dépression qui part de l'olécràne et se porte sur le milieu de la face externe, en décrivant une courbe à con- vexité antérieure et supérieure pour se diriger ensuite verticalement jusqu'au genou ; on peut même, dans le fond de ce sillon, sentir avec la plus grande facilité le bord externe du radius. Du côté interne la dis- tinction est bien plus facile à faire encore, car le bord du radius est immédiatement situé au-dessous de la peau dans toute son étendue. Le tégmnent dessine admirablement, chez les chevaux bien musclés, les particularités relatives aux muscles ainsi qu'aux tendons qui les continuent; fine et très-mobile à la partie supérieure, la peau devient d'autant plus épaisse qu'on l'envisage dans un endroit plus rapproché du genou et plus en avant; en arrière et en dedans elle offre plus de finesse que dans les parties externe et antérieure. Au-dessous du fascia superficialis, dans lequel rampent les branches cutanées des nerfs du plexus brachial, on rencontre une première apo- névrose d'enveloppe générale formée à la face interne de la région par l'aponévrose du sterno-aponévrotique (pectoral superficiel). En dehors, 326 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. le tissu lamineux dont elle est constituée fait suite aux faisceaux infé- rieurs du peaucier; cette première couche aponévrotique se distingue très-bien de celle que nous allons décrire, par une grande mobilité qui lui permet de suivre à peu près tous les mouvements de la peau. L'apo- névrose sous-jacente, extrêmement forte, s'insère sur le bord antérieur interne du radius et l'ait suite ini'éricurement au muscle long exten- seur de l'avant-bras; elle s'attache également sur la face externe de l'olécràne et forme une gaîne complète à tous les muscles de l'avant- bras. En arrivant sur l'extrémité inférieure de ce dernier, l'aponévrose qui nous occupe s'épaissit considérablement pour se continuer sur le genou ; c'est elle qui fournit les gaines superficielles inférieures des muscles fléchisseurs du métacarpe. Au-dessous de cette enveloppe générale on en trouve deux autres partielles, non moins fortes : l'une qui entoure les muscles de la région antérieure, l'autre ceux de la région postérieure ; toutes les deux s'at- tachent sur les bords externe et interne du radius, après avoir main- tenu comme des sangles complètes les muscles des deux régions. La présence de ces différentes aponévroses rend très-bien compte de la forme et de l'étendue de certains abcès. Lorsque ceux-ci siégeront en- tre la peau et la première enveloppe, ou bien entre cette gaîne et les enveloppes de région, les abcès pourront se développer sur toute la périphérie du membre; mais encore pourra-t-on les différencier et in- diquer leur position exacte, car dans le premier cas, lorsque l'abcès sera sous-cutané, la peau tendue restera adhérente aux points enflam- més ; tandis que dans le second, lorsqu'il sera sous-aponévrotique, le tégument restera libre et par conséquent mobile. Dans le cas oii l'inflammation se développe dans l'une des gaines par- tielles, la tumeur est limitée sur les côtés de l'avant-bras et se l'ail voir en avant ou en arrière suivant qu'elle siège dans la gaîne de la région antibrachialc antérieure ou postérieure. Disons enfin que chaque muscle de la région antérieure et les trois superficiels de la région postérieure sont munis de gaines propres qui assurent leur isolement physiologique. Les muscles qui entourent l'avant-bras, avons-nous dit, sont divisés en deux sous-régions occupant, l'une la face antérieure, l'autre la face postérieure du radius^ et concourant toutes deux :\ recouvrir son bord externe sur le milieu duquel elles vont se rejoindre. La région anlérieui'c comjjrend des muscles extenseurs, soit du mé- tacarpe, soit des phalanges. Nous trouvons, en procédant de dedans en dehors, l'extenseur antérieur du métacarpe, charnu seulement à sa partie supérieure et tendineux inférieuremcnt ; ses libres musculaires affectent dans leur ensemble la forme d'un cône à base renversée ; son tendon occupe la partie médiane de la face antérieure. En dehors de ce muscle et affectant une forme et une direction semblables, l'ex- tenseur antérieur des j)halanges, moins développé que l'extenseur du DU MEMBRE ANTÉRIEUR. 327 métacarpe; le tendon inférieur de ce muscle se trouve à l'angle antéro- cxterne du radius. Nous verrons plus tard que ces tendons glissent, au moyen de synoviales particulières, sur la face antérieure de l'articu- lation du carpe : pour le moment, contentons-nous de sigiuiler ce l'ait, que ces synoviales de glissement remontent assez haut le long des tendons qu'elles entourent; pour l'extenseur antérieur du méta- carpe la limite supérieure de la synoviale est à dix ou onze centi- mètres au-dessus de l'interligne articulaire carpienne; elle remonte moins haut sur le tendon du muscle voisin et s'arrête à huit centi- mètres environ du point que nous venons de signaler. Sur le côté externe de l'avant-bras et de l'extenseur antérieur des l)halanges se trouve un petit muscle conoïde, l'extenseur latéral des phalanges ; son tendon se voit très-bien sur les animaux maigres au moment où il va pénétrer dans la gaîne que lui fournit le carpe; cette gaîne ne remonte pas sur l'avant-bras, elle s'arrête au niveau de l'articulation. Pour compléter l'énumération des muscles de la région, citons en- core l'extenseur oblique du métacarpe, situé en couche profonde au- dessous des deux muscles principaux de la face antérieure ; sa partie charnue est attachée sur le bord externe de l'os ; son tendon, recouvert par l'extenseur antérieur des phalanges, traverse obliquement la partie inférieure de la région. Les muscles de la face postérieure sont tous fléchisseurs et disposés en deux couches. Ceux de la couche superficielle, au nombre de trois, agissent sur le métacarpe; les deux profonds sont fléchisseurs des phalanges. Les trois fléchisseurs du métacarpe forment, en se joignant par leurs bords; une gaîne complète aux deux muscles profonds; ils sont distin- gués, eu égard à leur position, en externe, oblique et interne; l'externe se met en rapport avec l'extenseur latéral des phalanges par l'intermé- diaire de la lame fibreuse très-forte qui attache les aponévroses de l'avant-bras sur le bord externe du radius; il se dirige, en môme temps que l'oblique, vers l'os sus-carpien sur lequel ces deux muscles s'in- sèrent par un tendon aplati et extrêmement fort. L'interne est le plus {)etit des trois; il arrive jusque sur la tête du métacarpien latéral interne sur lequel il s'attache. Les corps charnus des deux muscles fléchisseurs des plialanges forment, par leur ensemble, une sorte de prisme à bord postérieur décomposable en plusieurs faisceaux intimement accolés, presque confondus, et fortement tendineux, s'attachant en haut sur j'épitro- chlée, l'épicondyle et le bord postérieur du cubitus; vers l'extrémité inférieure de la région, les tendons sont plus distincts, mais néan- moins ils restent toujours unis; \v tendon du fléchisseur superficiel rpçoit de la partie interne de la face postérieure du radius une très- iorte bride fibreuse qui se sent très-l)icn à la main, un peu au-dessus de 328 ANâTOMIE spéciale OU DES RÉGIONS. la face interne du carpe. En traversant la gaîne carpiennc, les deux tendons restent accolés; celui du perforant se trouve en avantet con- serve cette position jusqu'à la deuxième phalange. Squelette de la réçiùm. — Le radius forme presque à lui seul le sque- lette de la région. Le cubitus, situé à sa face postérieure et du côté externe, n'est représenté que par une pointe légèrement prismatique qui se termine vers le tiers inférieur du radius avec lequel elle fait corps. L'os principal de l'avant-bras est aplati d'avant en arrière et légère- ment convexe en avant dans le sens de la longueur. Sa face antérieure, son bord externe et sa face postérieure sont entièrement recouverts par les muscles qui nous ont occupé jusqu'à présent. Le bord interne seul est dépourvu d'enveloppe musculaire et se met en rapport avec la peau par Tintermédiairc des aponévroses; il n'est en rapport qu'avec la veine sous-culanéc médiane, qui croise légèrement son grand axe, ainsi que nous le dirons plus loin. Vaisseaux. — Les artères sont : l'artère collatérale interne du coude ou cubitale, qui descend au-dessous de l'aponévrose anlibrachiale postérieure, en suivant exactement le bord adhérent des muscles fléchisseurs externe et oblique du métacarpe; on devra remaniuer (jue cette artère, assez peu importante, est accompagnée par le nerf cubital et la veine de même nom; le tendon olécrânien du muscle perforant sera un guide très-certain pour la recherche de ces trois or- ganes, car il les accompagne jusqu'au-dessus du carpe. Les deux divisions de l'humérale, la radiale antérieure et la radiale postérieure, appartiennent à l'avant-bras. La radiide antérieure est la plus petite des deux branches : elle est destinée aux muscles de la face antérieure, dans lesquels elle s'épuise presque complètement; un très- mince filet seul descend sous le tendon de rcxtcnscur antérieur des phalanges, en compagnie du nerf radial, jusqu'au-dessous du genou, où il linit par se perdre. La radiale postérieure continue exactement l'hu- mérale; elle suit la direction du ligament latéral interne de l'articu- lation (lu coude et se place alors sous le fléchisseur interne du métacarpe, qu'elle accompagne jusqu'au genou ; arrivée là, elle fournit le tronc commun des interosseuses métacarpiennes et l'artère colla térale du canon. Au niveau de l'arcade radio-cubitale, elle donne linterosseuse de l'avant-bras, qui passe en arrière du radius, en croi- sant directement son grand axe au-dessous du perforant, et qui, après avoir traversé l'arcade radio-cubitale, se place dans l'angle formé par la face postérieure du radius et le bord externe du cubitus; les divi- sions inférieures de l'interosseuse communiquent sur le carpe avec les ramifications terminales de la radiale antérieure. Nous avons déjà parlé de la veine cubitale ; la veine radiale antérieure suit le môme trajet que l'artère du même nom; quant aux veinos ra- diales postérieures profondes, elles accompagnent l'artère postérieure en formant autour d'elle un véritable plexus. L'artère interosseuse DU MEMBRE ANTÉRIEUR. 329 possède aussi une veine satellite. Continuation des meta- carpiennes, ces veines forment Tlmmérale en se réunissant à la partie supérieure de l'avant-hras. Il nous reste maintenant à parler de deux vaisseaux veineux plus importants, car on y pratique quelquefois la saignée. 1° La veine sous-cutanée médiane ou interne qui fait suite à la métacarpienne in- terne, part de la face postérieure et interne du carpe et rampe à la sur- face des aponévroses, sur le bord interne du radius, qu'elle croise obli- ([uement de bas en haut et d'arrière en avant, pour venir se terminer en avant et en dedans de l'extrémité supérieure de l'os par deux ])ranches, l'une antérieure, la veine cépkaliquc, l'autre postérieure, la basilique, qui traverse le sterno-aponévrotique pour se jeter dans Thu- mérale. 2° La veine sous-cutanée radiale ou antérieure, moins importante, naît de la région du genou et monte sur la face antérieure de l'avant- bras, pour venir se terminer à la veine céplialique, rarement à la sous- cutanée médiane. Les nerfs sont importants et suivent généralement le trajet des vais- seaux ; nous citerons le nerf radial, qui pénètre sous les extenseurs du métacarpe et des phalanges, et qui accompagne l'artère radiale anté- rieure jusqu'au niveau de l'extenseur oblique. Ce nerf s'épuise dans les muscles de la face antérieure de l'avant-bras et la peau. Le nerf cu- bital, dont nous avons déjà indiqué le trajet en commun avec l'artère et la veine du même nom, donne des rameaux à la peau de la face postérieure de l'avant-bras et concourt aussi par une branche à la for- mation du nerf plantaire externe. L'artère radiale postérieure possède aussi son nerf satellite, lecuhito- plantaire ou médian, le plus volumineux des nerfs de la région, qui se trouve situé en arrière de l'artère postérieure de l'avant-bras, au-dessous du muscle fléchisseur interne du métacarpe. Arrivé vers le tiers infé- rieur de la région, le médian se divise en deux branches, qui formeront les nerfs plantaires externe et interne. C'est par l'intermédiaire de la branche musculo-cutanée que le nerf médian innerve la peau de la face antérieure de l'avant-bras ; la branche qui est destinée à cet usage se partage en deux iilets principaux, qui rampent à la face interne de la peau en accompagnant les deux veines sous-cutanées de l'avant- bras. Il donne aussi des filets au fléchisseur interne du métacarpe et aux: fléchisseurs des phalanges. Difrôrences. — On reiioonlro, chez les animaux domestiques autres que les solipèdes, des dilîérences qui tiennent au nombre des doigts complets de la main; plus ce nombre est considérable, plus grand doit être le nombre des muscles ciiargés de les mouvoir. Les ruminants qui possèdent deux doigts complets ont déjà un muscle de plus que le cheval. L'extenseur antérieur des phalanges se divise en deux 330 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. porlions parallèles, l'uno interne, qui forme l'extenseur commun des doigts, l'autre externe, appelé extenseur propre du doigt interne ; l'extenseur latéral des phalanges du cheval devient l'extenseur propre du doigt externe. Le pure rappelle le bœuf parla division de l'extenseur antérieur du méta- carpe; le faisceau externe ou extenseur commun des doigts se divise même facilement en plusieurs faisceaux secondaires; le perforé est formé de deux corps charnus. Chez les carnassiers, l'extenseur antérieur est formé d'un seul faisceau musculaire, mais son (endon se quadrifurque inférieurement ; on cons- tate de plus un certain nombre de muscles qui n'existent pas chez les autres animaux et que nous nous contenterons d'énumérer ; ce sont: un extenseur propre du pouce et de l'index; le long supinateur, le court supinateur, le rond prnnaleur et le carré pronateur. On trouve chez les carnassiers deux artères inlerosseuscs, l'une antérieure qui descend sur la face antérieure du carpe, l'autre postérieure qui formera l'arcade palmaire profonde. § 6. — Du genou. Le genou correspond au poignet de l'homme et non à son genou ; mais nous croyons devoir néanmoins conserver celle expression, tout impropre qu'elle est, parce qu'elle est consacrée par l'habilude et comprise de tout le monde. Cette région, qui a pour base les os du carpe, avecrextrémilé inférieure du radius et la lèle des métacarpiens, est située entre l'avant-bras et le canon. Vu de face, le genou est un peu plus large que l'avant-bras ; il dimi- nue de largeur de haut en bas, pour se rétrécir ensuite brusquement en se continuant avec le métacarpe. Sur une section transversale, celle région ajjparaîtrait avec une forme prismalicpie assez nettement des- sinée; aussi pouvons-nous lui reconnaître exlérieuremenl Iroisfaces el trois bords. La face antérieure, quadrilatère, convexe d'un côté à l'autre, laisse facilement reconnaître, par l'exploration, l'extrémité inférieure du ra- dius, sur laquelle on distingue les coulisses verticales qui. servent au glissement des extenseurs antérieurs du métacarpe et des phalan- ges, coulisses séparées par des arêtes minces. A deux centimètres envi- ron au-dessous de la ligne horizontale qui indique la limite supérieure de la région, on perçoit une légère dépression formée par la réunion de rextrérailc inférieure du métacarpe et des os de la première rangée. Lorsque le membre est fléchi, celle dépression se transforme en une fosse assez profonde. La ilexion permet également de sentir nn autre intervalle, parallèle el distant de deux centimètres environ, qui sépare les os de la première rangée de ceux de la seconde. Quant à ces derniers, ils font pour ainsi dire corps avec l'extrémité supérieure du méta- carpe. On reconnaît leur limite inférieure à ce qu'ils surplombent un peu le canon. La face externe est légèrement convexe dans ses DU GENOU. 331 deux sens ; on y reconnaîtra facilement la partie qui correspond à l'os sus-carpien ; linterne est plane ou légèrement concave ; elle répond directement à la grande gaine carpienne. Le bord externe montre en haut la saillie latérale externe de l'extrémité inférieure du radius, assez nettement séparée en deux parties par une coulisse verticale dans laquelle passe le tendon de l'extenseur latéral des phalanges; il se ter- mine inférieurement par une autre saillie formée par le métacarpien ru- dimentaire correspondant. Le bord interne, mieux dessiné, permet de sentir, de haut en bas : la tubérosité interne de l'extrémité inférieure du radius; en bas, la tête du métacarpien rudimentaire interne, et entre les deux, sur une ligne un peu reportée en arrière, une saillie obtuse qui répond au quatrième os delà rangée supérieure, c'est-à-dire au sca- phoïde. Quant aubord postérieur, il est formé parle tendon des iléchis- seurs externe et oblique du métacarpe et par le bord postérieur de l'os sus-carpien, dont la partie inférieure se reporte obliquement en avant et en bas, pour se continuer avec le tendon. Nous décrirons successivement dans cette région importante : 1° La peau, 2° Le tissu conjonctif, 3" L'aponévrose d'enveloppe générale, 4° Les tendons et les gaines qui entourent l'articulation, 5° Les ligaments, 6" Le squelette de rarliculation, 7° Les vaisseaux et les nerfs. 1° ha. peau, épaisse et forte, mobile surtout en avant, où elle présente sa plus grande épaisseur, montre en arrière des plis de locomotion horizontaux. Chezles chevaux dont l'articulation est parfaitement nette, toutes les particularités dont nous venons de parler se dessinent admi- rablement et peuvent être très- bien vues sans qu'il soit nécessaire d'y porter la main. 2° Le tissu conjonctif sous-cutané, plus abondant en avant qu'en arrière et sur les côtés, est en rapport avec les déplacements que la peau peut exécuter dans les diverses parties. 3" Le troisième plan est formé par des fibres aponévrotiques très- fortes et très- épaisses, qui sont le prolongement de l'aponévrose anti- brachiale, laquelle acquiert sur le genou une épaisseur qu'elle n'a- vait jamais eue. A la partie antérieure, les fibres ont une direction transversale ; sur les parties latérales et postérieures, elles sont trans- versales ou obliques ; elles forment en arrière une lame épaisse de un ù trois millimètres. Cette aponévrose constitue la paroi externe des nombreuses gaines tendineuses que l'on rencontre tout autour du genou. La. quatrième couche n'est pas continue; elle est formée en avant par le tendon de l'extenseur antérieur du métacarpe, celui de l'extenseur antérieur des phalanges et une partie de l'extenseur oblique du meta- 332 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS, carpe ; sur le côté inlcrno, par ce dernier Inidon ; sur le côté externe parle tendon de l'extenseur latéral des phalanges et la branche anté- rieure du fléchisseur externe du métacarpe. En arrière, cette couche comprend les organes tendineux, vasculairos cl nerveux qui passent à proximité ou dans la gaîne carpienne, et qui sont, en procédant de de- hors en dedans et dos parties superficielles aux parties profondes : 1° la veine métacarpienne externe, qui se trouve iinniédiulement en dedans de l'os sus-carpien ; 2° la veine métacarpienne interne qui monte di- rectement en arrière du bord interne; la métacarpienne externe forme un i)i'u phis haut la l'adiale postérieure ; au ni\eau du cari)e, elle en- voie à l'interne une forte branche qui rejoint celle-ci un peu au-des- sous de l'articulation et forme avec elle la sous-cutanée médiane; 3° le tronc commun des interosseuses métacarpiennes qui est accolé au bord postérieur de la métacarpienne interne; A" profondément au- dessous de la métacarpienne interne, le tendon du fléchisseur interne du métacarpe ; 5° l'artère digitale, continuation de la radiale posté- rieure, qui passe dans la grande gaîne carpienne avec le nerf plantaire interne et les tendons des muscles fléchisseurs superficiel et profond des phalanges ; 6" le nerf plantaire externe qui suit la face profonde de la veine métacarpienne externe. Signalons maintenant les diverses gaines tendineuses que l'on ren- contre autour du carpe. Elles sont au nombre de sept. Trois sont situées en avant : celle de l'extenseur antérieur des phalanges en dehors, au milieu celle de l'e.xtenseur antérieur du métacarpe (on pourra les sui- vre sur le genou en se rappelant (juo leurs limites sont indiquées par des saillies verticales de l'extrémité inférieure du radius) et en dedans, la coulisse fort oblique de l'extenseur oblique du métacarpe; celle-ci se remarque aussi sur la face interne qu'elle coupe obliquement. Deux sont situées en dehors : celle de l'extenseur latéral des pha- langes qui traverse le ligament latéral externe de l'articulation, et la gaîne oblique en avant et en bas de la branche antérieure du fléchis- seur externe du métacarpe. Les deux dernières sont situées en arrière ; c'est d'abord la grande gaîne carpienne qui renferme les deux tendons des fléchisseurs des phalanges, l'artère radiale postérieure et le nerf plantaire interne; en dernière ligne nous citerons une autre petite gaîne située en dedans de la précédente et (]ui sert au glissement du tendon du fléchisseur interne du métacarpe, La grande gaîne remonte en haut entre le radius et les muscles fléchisseurs du métacarpe. Lors- qu'elle est distendue par une quantité anormale de synovie, elle ne peut apparaître au-dessus du carpe (pie de chaque côté de celui-ci et immédiatement au-dessus de lui, entre los et les bords des muscles fléchisseurs externe et interne. Le cul-de-sac inférieur descend fi trois ou quatre centimètres au-dessous du carpe. Dans les cas de synovite, il forme une tumeur en arrière de l'exti-émité supérieure du métacarpien principal. DU GENOU. 333 5° Les quatre principaux Ufjaments sont divisés en latéraux, antérieur et postérieur. Les ligaments latéraux, funicules très-gros et forts, vont des côtés de l'extrémité inférieure du radius à la tcte des métacarpiens latéraux, et abandonnent des faisceaux aux os des deux rangées ; l'in- terne est plus fort et plus large que l'externe; ce dernier est traversé par le tendon de l'extenseur latéral des phalanges. Ses fdjres sont de deux ordres et légèrement croisées en X; ces deux ligaments se con- fondent en avant et en arrière avec les ligaments antérieur et posté- rieur. Ceux-ci sont des ligaments membrauiformes ; ils s'attachent sur les bords des extrémités opposées du radias et des os du métacarpe, et sur les ligaments latéraux. L'antérieur, très-ample, plissé lorsque le membre est étendu, se tend dans la flexion. Le postérieur est, au contraire, plissé dans la flexion et tendu dans l'extension ; il nivelle les anfractuosités du squelette et forme les parois profondes des gaines qui entourent l'articulation, 6° Le squelette est formé par l'extrémité inférieure du radius, l'ex- trémité supérieure des métacarpiens entre lesquelles se trouvent in- terposées les deux rangées des os du carpe. L'extrémité inférienre du radius est allongée transversalement, elle présente en avant les cou- lisses dont il a déjà été question : l'externe et la médiane sont très- larges et correspondent aux tendons des muscles extenseurs des pha- langes et du métacarpe ; l'interne, petite et oblique en dedans, loge la portion tendineuse de l'extenseur oblique du métacarpe. Sur les côtés on voit les deux tubérosités latérales ; l'externe est divisée en deux par- ties par la coulisse du tendon de l'extenseur latéral des phalanges. La face postérieure possède, au-dessus des condyles articulaires, une crête très-saillante, qui donne attache au ligament postérieur. La première rangée des os du carpe est formée par quatre os, qui sont, en procédant de dehors en dedans : l'os sus-carpien ou pisiforme, placé sur le côté externe et comme surajouté aux deux rangées, le pyramidal, le semi- lunaire et le scaphùïde. Dans la rangée inférieure, l'os crochu qui ré- pond au pyramidal et au semi-lunaire, le grand os qui répond au semi- lunaire et au scaphoïde, e-t enfin le trapèze qui répond au scaphoïde. Le métacarpe est formé par trois os, le métacarpien externe répond à l'os crochu par une seule facette. On en trouve deux sur le métacar- pien médian ou principal, qui correspond à l'os crochu et au grand os, enfin le métacarpien interne répond par deux facettes au grand os et au trapèze. Un certain nombre de ligaments réunissent les os des rangées entre eux, ainsi qu'avec les os de l'avant-braset du métacarpe. Les ligaments extérieurs ou superficiels vont d'un os à son voisin dans la rangée ou bien au point correspondant du métacarpe. Les interosseux ou pro- fonds sont cachés par les os qu'ils réunissent ; ces petits ligaments sont peu importants au point de vue chirurgical. Les synoviales sont au nombre de trois : l'une située entre l'os de l'a- 334 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. vant-bras et les os de la première rangée, une deuxième entre les os des deux rangées, et la troisième entre les os de la rangée inférieure et ceux du métacarpe. Cette dernière communique avec la seconde entre les deux premiers os de la rangée intérieure. Toute ces synoviales pos- sèdent des prolongements qui s'insinuent entre les os des rangées pour faciliter leur glissement les uns sur les autres; ces culs-dc-sac descen- dent jusque sur les ligaments interosseux. L'articulation de l'os sus- carpicn et du deuxième os de la rangée supérieure a quelquefois une synoviale propre. Vaisseaux et nerfs. — En parlant des organes situés en arrière du carpe, nous avons énuméré les vaisseaux et les nerfs principaux et in- diqué leur position. Les vaisseaux propres à l'arliculation viennent des troncs vasculaires que nous avons étudiés dans la partie postérieure et sont en général peu volumineux. Nous signalerons une branche arté- rielle venue de la collalérak! du canon, anastomosée avec la terminai- son de l'artère épicondylienne, et formant ainsi l'arcade sus-carpienne ou palmaire superficielle; une division importante de cette arcade des- cend en dedans de l'os crochu jusqu'à l'extrémité supérieure du méta- carpe. Les nerfs superficiels dans la région viennent, les antérieurs, de la branche cutanée du cubital, les postérieurs, du brachial cutané in- terne et du nerf musculo-cutané du médian. L'articulation carpienne est le siège de deux mouvements étendus, la flexion et l'extension, et de quelques mouvements accessoires : l'ab- duction et l'adduction, qui ne sont possibles que lorsque l'articulation est fléchie. Disons immédiatement que la deuxième rangée, unie très- intimement au métacarpe, ne prend qu'une part très-minime dans le mouvement. C'est surtout entre le radius et la jiremière rangée et entre les deux rangées que les déplacements s'exécutent. Dans la flexion, le radius roule d'arrière en avant sur la première rangée dont les os exécutent un mouvement de bascule sur ceux de la deuxième rangée et ouvrent ainsi un angle en avant; il en est de même, mais d'une façon incom- parablement moins prononcée pour les os de la deuxième rangée sur le métacarpe. Des os de la rangée supérieure, le deuxième se porte en haut dans ce mouvement. Oiir«''reiice8. — tlllcs portent surtout sur le nombre des os du carpe, et celui des gaines que l'on rencontre pour les nombreux tendons qui passent autour de la région. Les ruminants ne possèdent que six os, dont deux soiilement à la rangée inférieure, le grand os et le Irapé/oïdc sont réunis; le chien n'a que sept os dont trois à la rangée supérieure, mais chez le porc et le chat on trouve huit os carpiens, comme chez l'homme. Chez le porc, le deuxième os de la rangée supérieure répond au cubitus ; quant ù ceux de la rangée inférieure, le premier répond aux deux métacar- piens externes, le deuxième au grand métacarpien inlcrnc, le troisième à DU MÉTACARPE. 33o l'os précédent et au petit métacarpien interne; le quatrième os ne répond à aucun os du métacarpe. Cliez les carnassiers, l'os suscarpien s'articule avec le cubitus; le pyra- midal occupe toute l'étendue du bord externe et s'articule aussi avec le métacarpien externe ; les os de la rangée inférieure aiFectent les mêmes rap- ports que ceux du porc, de plus le quatrième s'articule avec le métacarpien du pouce. § 7. Du métacarpe ou canon antérieur. Cette région, située au-dessous de la précédente, et limitée en bas par le boulet, offre l'aspect d'un cylindre aplati latéralement et légè- rement renflé à ses deux extrémités, un peu plus à la supérieure qu'à l'inférieure. Elle correspond aux régions qu'on désigne en extérieur sous les noms de canon et tendon. La peau est mobile quoique épaisse, recouverte de poils plus longs et plus fins en arrière qu'en avant ; chez les chevaux nobles dont les mem- bres sont nets, on voit très-bien les organes sous-jacents. La couche aponévrotique sous-cutanée, plus ou moins épaisse sui- vant la finesse du membre, peut se décomposer en plusieurs lames dont l'épaisseur est plus considérable en avant, où elles séparent seules la peau de l'os et des tendons, qu'en arrière où elles sont simplement appliquées sur l'aponévrose propre aux tendons des fléchisseurs. Cette dernière est la continuation de l'aponévrose à fibres transversales et entre-croisées que nous avons trouvée autour du genou; elle est très- complète en haut de la région où elle est formée de belles fibres na- crées, attachées très-fortement sur les métacarpiens latéraux et dont la direction est oblique de haut en bas et de dedans en dehors; vers le milieu du métacarpe, ces fibres deviennent moins épaisses et dégénè- rent en tissu conjonctif en arrivant près du boulet. Il est essentiel de savoir que cette aponévrose forme une gaine qui contient, en haut sur- tout, les vaisseaux et les nerfs de la région. On ne rencontre autour du canon que les tendons des fléchisseurs et des extenseurs du doigt. En avant se trouve le tendon de l'extenseur antérieur des pha- langes qui, d'abord un peu externe, tend à gagner la ligne médiane; il est longé en dehors par celui de l'extenseur latéral auquel il en- voie une branche assez considérable. En arrière le tendon du fléchisseur superficiel recouvre celui du fléchisseur profond. Les deux organes forment une corde volumineuse qui se détache très-bien sur le vivant; le perforant reçoit une bride extrêmement forte, qui lui vient du ligament postérieur du carpe, et qui le rejoint an milieu du métacarpe. Quoique assez intimement unis l'un à l'autre, ces deux tendons peuvent cependant être distingués l'un de l'autre quand on explore la région avec les doigts. Sur une sec- tion transversale des deux copdes tendineuses, le fléchisseur superficiel 336 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES REGIONS. a la forme (run croissant, tandis que la coupe du fléchisseur profond représente un ovale régulier. Tout à fait en couche profonde, on ren- contre le lij^ament suspenseur du boulet, qui s'attache sur les os de la rangée inférieure du carpe et sur la face postérieure du métacarpien principal ; cette bride très-forte, aplatie, descend entre es deux méta- carpiens latéraux et se divise, au niveau du quart inférieur du mé- tacarpe, en deux branches qui vont aux grands sésamoïdes et de là au tendon de l'extenseur antérieur des phalanges. Signalons encore, pour être complet, quatre petits muscles rudi- mentaires sans importance, les deux lombricaux et les deux inter- osseux métacarpiens. Vaisseaux et nerfs. — Une artère importante et très- volumineuse, Varlère collatérale du canon, continuation de la radiale postérieure, longe du côté interne le tendon du perforant; arrivée au-dessus du boulet, elle prend ime position profonde entre les branches du liga- ment suspenseur, reçoit les interosseuses métacarpiennes et se divise en deux branches : les artères digitales; dans ce trajet, elle donne de très-nombreuses divisions tendineuses et cutanées. Une branche, que nous avons déjà nommée tronc commun des in- terosseuses métacarpiennes, va se loger, en passant eu dedans des tendons, entre le ligament suspenseur du boulet et la bride de renfor- cement du perforant ; là, elle s'anastomose avec une artère venue de l'arcade sus-carpienne pour former l'arcade palmaire profonde ou sous-carpienne ; cette arcade donne naissance à quatre branches, les interosseuses métacarpiennes, dont deux, les postérieures ou pal- maires, descendent le long des os rudimcntaircs du métacarpe, de chaque côté du ligament suspenseur du boulet, et vont s'anastomoser avec la collatérale du canon; les deux autres, antérieures ou dorsales, contournent la tète des deux os latéraux du métacarpe et se placent en dehors d'eux dans l'angle de réunion qu'ils forment avec l'os prin- cipal. Deux veines volumineuses, les collatérales du canon, distinguées en externe et interne, continuent, de chaque côté et en avant des ten- dons, les veines digitales; l'externe est longée en arrière par le nerf plantaire externe, l'interne est séparée du nerf par l'artère collatérale. Les deux veines communiquent entre elles, en arrière des deux bran- ches du ligament suspenseur du boulet, par une anastomose très-volu- mineuse qui donne naissance aux intei^osseuses métacarpieyines ; celles-ci, situées entre la face antérieure du ligament suspenseur du boulet et le métacarpien rudimentaire, correspondent aux artères du même nom, et se terminent de chaque côté au-dessous du carpe dans les colla- térales. Les nerfs plantaires, distingués en externe et interne, longent les côtés du tendon du perforant ; l'externe est accolé au bord postérieur de lu veine métacarpienne externe ; l'interne est séparé de la veine DU MEMBRE ANTERIEUR. 337 par l'artère collatérale du canon. Ce dernier envoie à celui du côté op- posé une branche qui part du milieu du métacarpe, et contourne obli- quement la surface des tendons, pour se réunir au nerf plantaire externe. Une branche très-forte est fournie par le plantaire externe pour les muscles lombricaux et interosseux. Uifrérences. — La présence de doigts multiples entraîne, chez nos ani- mauxdomestiques, de grandes différences dans la conformation du métacarpe. A l'extérieur, chez les ruminants, ces différences sont peu accusées, car cette région a pour base un os principal comme chez le cheval; néanmoins on ren- contre déjà trois tendons au lieu de deux sur la face antérieure : le médian qui appartient à Texlenseur commun des doigts, se divise en deux branches en approchant de l'articulation métacarpo-phalangienne, de chaque côté se trou- vent les tendons des extenseurs propres, interne ou externe. A la face posté- rieure, même disposition, c'est-à-dire que les tendons des fléchisseurs se Réparent en deux branches, se rendent à chaque doigt et se comportent, cha- cun, comme le tendon unique du cheval. Le ligament suspenseur du boulet se divise en huit branches, un peu au-dessus de l'articulation. L'os métacarpien principal est formé de la soudure de deux os à peu près égaux en dimension, ainsi que le montre son extrémité inférieure et les sil- lons antérieur et postérieur qui sont creusés sur ses faces ; il porte en ar- rière et en dehors un petit os rudimentaire, discoïdal ou légèrement allongé, trace d'un troisième métacarpien. Le métacarpe du porc a pour base quatre os : deux principaux situés en avant et deux postérieurs plus petits; à chacun de ces métacarpiens complets répondent des tendons, des vaisseaux et des nerfs, dont la disposition rap- pelle la conformation du métacarpe du cheval. Les métacarpiens s'articulent entre eux, à leur extrémité supérieure, par des facettes latérales ; le liga- ment suspenseur du boulet est remplacé par des muscles palmaires. Les vaisseaux sont plus nombreux que chez le cheval; les artères radiale et interosseuse postérieures, en arrivant sur le métacarpe, s'anastomosent pour former les arcades palmaires superficielle et profonde, qui fournissent les interosseuses métacarpiennes , situées de chaque côté, le long des os métacarpiens en avant et en arrière de la main. Chez les carnassieis, on rencontre cinq doigts, dont un, le pouce, est peu développé, les quatre autres se trouvent presque sur le môme plan. La dispo- sition des tendons, des muscles, des vaisseaux est à peu près la même que chez le porc. Nous allons passer immédiatement à l'étude des membres posté- rieurs, le boulet, le paturon et le pied seront étudiées dans les mem- bres antérieurs et postérieurs en même temps, en raison de leur simi- litude. rEucu ET ToissAi>iT. — Chirurrjic. — -=" 338 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. CIlAPiTi;^ II DU MEMBRE POSTERIEUR. Le membre {)osléneur, qui suppuiLe une i);ul nu)ins grundcdu poidb du corps que l'antérieur, est destiné surtout à pousser le corps en avant pendant les allures; aussi est-il très-solidement relié au tronc par son rayon supérieur, par la hanche qui, en s'unissant à celle du côté opposé, circonscrit le bassin. Si, par sa face interne, l'os de la hanche forme les parois d'un diverticule des cavités splanchniques, il appartient par sa face externe au membre postérieur: aussi nous le comprendrons dans la description de celui-ci. Nous reconnaîtrons au membre postérieur cinq sections principales, la hanche, la cuisse, la jambe, lejan'et, le canoîi postérieur; toutefois il y a lieu de faire une étude à part de la région du grasset dont l'impor- tance n'est pas moins grande que celle des régions précédemment nommées. § \. — De la hanche. La hanche, qui répond à l'épaule, comprend les parties musculaires situées autour du coxal, et cet os lui-même. Comme on le voit, cette dénomination générale embrasse les parties qu'on désigne en exté- rieur, sous le nom de croupe, de hanche et une partie de la fesse. Ces distinctions , bonnes en extérieur parce qu'elles sont comprises de tout le monde, s'allieraient mal ici avec une description de plans mus- culaires; la hanche est d'ailleurs une région extrêmement simple et qui, pour cette raison, ne mérite pas d'être ainsi fractionnée. Nous y ferons rentrer l'étude de l'articulation coxo-fémorale. La forme de la région qui nous occupe varie dans des limites assez grandes chez les diverses races de chevaux, mais elle est assez connue de tout le monde pour qu'il ne soit pas nécessaire de nous y arrêter. Disons néanmoins que l'épaisseur des tissus qui recouvrent le coxal doit être prise en considération dans le diagnostic des plaies produites par des instruments tranchants ou piquants. La peau de la région, assez épaisse, est trcs-adhérenle à l'aponévrose commune aux muscles de la croupe et de la région ischio-tibiale posté- rieure; un tissu conjonclif court, de couleur jaunâtre, renfermant souvent de la graisse, ne permet que des déplacements extrêmement limités de la peau ; aussi la voit-on se plisser en travers dans les con- tractions musculaires. L'adhérence de ces couches est aussi la cause des insuccès fréquents qui suivent les tentatives de réunion du tégu- DE LA HANCHE. 339 ment à la suite des blessures larges et profondes dont cette région est souvent le siège : l'inllammation, en augmentant le volume des tissus, entraîne la peau, les points de suture ne tardent pas à la couper et la plaie béante laisse apercevoir les muscles. Ceux-ci ne forment, pour ainsi dire, qu'une seule couche d'une très- grande épaisseur. On rencontre dans toute la moitié antérieure, qui correspond à la fosse iliaque externe, la masse du fessier principal doublée en dehors et en arrière par le fessier superficiel. Les libres de ces muscles (ilio-trochantériens) convergent vers le grand trochanter. Le tendon du muscle moyen s'y attache après avoir glissé sur une synoviale vésiculaire située au niveau de la portion saillante de cette partie du fémur appelée convexité du trochanter et que Ton sent très- facilement au-dessous de la peau, sur le milieu de la ligne qui limite inféricurement la région. En arrière de la masse des muscles fessiers, on trouve la pointe supé- rieure du long vaste, puis celle du demi-tendineux, qui forme la base du bord postérieur de la région, et en dedans celle du demi-mem- braneux. Nous devons aussi rattacher à la hanche la portion musculeuse du fascia lata (ilio-aponévrotique) située au-dessous de l'angle antéro- externe de lilium, au-dessus des muscles antérieurs de la cuisse. Dans l'action, cette partie musculeuse se dessine très -bien au-dessous de la peau et produit sur cette dernière des plis obliques en arrière et en bas. Ce muscle recouvre le bord externe du psoas iliaque dont la partie médiane et le bord interne sont logés dans la fosse iliaque interne. Lorsque tous ces muscles ont été enlevés, on voit complètement à nu la fosse iliaque externe, la grande échancrure sciatique, les nerfs et les vaisseaux qui en sortent, le ligament sacro-iliaque, l'angle externe de l'ischium et le fessier profond, jeté en travers sur l'articu- lation coxo-fémorale. L'ilium offre une surface légèrement concave, inclinée en dehors et en arrière, de forme triangulaire, à base tournée en avant et en haut; il présente un angle interne relevé vers l'épine sacrée , un angle externe sur lequel se remarquent quatre tubérosités accouplées deux à deux ; les deux supérieures servent aux attaches du fessier principal, les deux inférieures donnent insertion au fascia lata; l'angle postérieur de l'ilium forme le col et une partie de la cavité cotyloïde. Le ligament sacro-sciatique sépare les muscles de la croupe de la cavité du bassin. C'est plutôt, ainsi que nous l'avons déjà dit, une cloison de séparation qu'un véritable ligament. L'échancrure sciatique, située entre le bord antérieur du ligament et le bord interne de l'ilium, donne passage à l'artère fessière, qui con- tourne ce dernier pour se porter en haut et se diviser dans la masse des fessiers, aux nerfs grand et petit sciatiques qui s'appliquent à la 340 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. surface du ligament et se portent en arrière du fémur ; dans ce trajet, ils sont compris entre le grand, le petit fessier et le long vaste ; citons encore parmi les vaisseaux de la région l'artère et la veine iliaco-fé- morales, qui longent le bord externe de l'ilium, à partir du tendon du petit psoas ; la veine fessière, satellite de Tartère; la veine et l'arléri' ischiatiques, branche principale de la sous-sacrée qui sort de la cavité pelvienne sous l'extrémité supérieure du long vaste. Articidalion coxo- fémorale. — Elle est formée par la cavité cotyloïde du coxal el la tète du fémur. La cavité cotyloïde, très profonde et complétée encore par un bourrelet libreux, présente à son fond nue forte dépression qui se prolonge sur le bord interne de la cavité en formant une large échancrure, transformée en trou par le bourrelet fibro-cartilagineux. La tète du fémur est bien détachée, parfaitement arrondie, et montre aussi une fosse profonde dans laquelle viennent s'attacher les ligaments coxo-fémoral et pubio-fémoral. Le premier de ces deux liens est très-court ; le second part du lenduu pré pubien des muscles abdominaux, passe sous le pont formé par le bourrelet coly- loïdien pour venir s'attacher près de sou congénère. Ce serait, d'après les auteurs, ce ligament qui rendrait impossible les coups de pied de côté dits en vache. Indépendamment de ces liens, on trouve un liga- ment périphérique membraneux, analogue à celui de l'articulation scapulo-humérale. Les chocs nombreux auxquels est exposée constamment l'articu- lation coxo-fémorale amènent quelquefois des inflammations ou des fractures de l'une ou de l'autre surface. Le col du fémur est exposé aux fractures, dans les sauts, en raison de sa direction oblique et de la position légèrement excentrique de la tète. A la suite d'une fracture de la tète, celle-ci peut rester dans la cavité cotyloïde, et il se forme, à la longue, unepseudarthrose au point fracturé. M. Arloingen a décrit un bel exemple dans le Journal de médecine vétérinaire de Lyon, 18()S. Si les ligaments interosseux se rompent au contraire, il se fait une luxation, et la fausse articulation se fait généralement en avant de la cavité cotyloïde ; dans le cas où la rupture est moins complète, la tète du fémur, appuyant principalement à la partie antérieure de la cavité, la dèrorme et lui fait prendre, à la longue, une forme allongée d'avant eu arrière. Il existe d'autres déformations résultant des lésions de l'articulation coxo-fémorale; si ces lésions olfrenl une certaine difdculté pour èlre diagnostiquées à travers les couches épaisses des muscles qui entourent la jointure; les soins sont bien plus difficiles encore à donner et res- tent le plus souvent iiiefficaces, du ludins chez les grands animaux, Dili'ôreiict'H. — i.a liariclie aflecte des formes assez diflcrentcs qui tien- nent à la direction cl au plus ou moins de développement des diverses parties du coxal. Chez les ruminants, los de la luuicho étant plus horizonlal donne à DE LA CUISSE. 341 «;cUe partie du corps une plus griinde longueur ; la partie postérieure se prolonge bien on arrière de la naissance de la queue. Le tissu conjonctif sous-cutané est plus abondant, les muscles difTèrent également : le fessier .superficiel et le long vaste sont réunis et ne forment qu'un seul muscle qui glisse sur le Irocbanterau moyen d'une bourse synoviale très-développée, la- quelle est souvent le siège d'altérations pathologiques {goutte des rumi- nants). Au niveau du grand Iroclianter également, le long vaste s'unit au fascia lata par une aponévrose qui peut se rupturer chez les bêles très-mai- gres en face de la saillie osseuse. Celle-ci, au lieu de glisser sur la face in- terne de l'aponévrose, se trouve retenue fortement en arrière par le bord antérieur du long vaste et le membre reste dans l'extension forcée. On est quelquefois obligé d'inciser les fibres du muscle pour rendre au membre la liberté de ses mouvements, ainsi que nous le verrons plus loin en décri- vant la section de l'ischio-tibial externe. Le 2^orc offre une disposition qui rappelle celle des ruminants. Chez les carnassiers le fessier superficiel est le plus volumineux desmuscles de la région. § 2. — De la cuisse. La cuisse a pour hase le fémur; chez les chevaux d'un embonpoint et d'une musculature moyenne elle est aplatie d'un côté à Tautre et présente en dehors une surface convexe, de forme quadrilatère, plus large en haut qu'en has, à limites très-naturelles qui sont : en avant, la ligne qui descend de la pointe de la hanche au grasset ; cette ligne s'accuse très-bien dans les contractions par la tension du muscle ilio- aponévrotique et de son aponévrose; en arrière, le bord postérieur du membre partant de l'angle ischial et se dirigeant obliquement en avant; en haut un bord obtus incliné en arrière et en bas, bord formé par l'in- tersection de la face antérieure avec le plan, oblique en dehors, de la région fessière ; en bas, une ligne parallèle au bord supérieur et qui passe au-dessus de l'articulation du grasset. La cuisse est bien moins développée en dedans. La face interne, toujours convexe, se met en rap- port à sa partie supérieure, avec celle du côté opposé, elle s'en trouve plus ou moins écartée à l'extrémité inférieure. La verge, les testicules ou les mamelles, suivant le sexe, cachent la partie antérieure et supé- rieure de cette face. D'après les limites que nous venons de fixer à la cuisse, on voit que nous comprenons, dans cette région, ce que l'on nomme fesse en exté- rieur; car, en réalité, la fesse n'est que la partie postérieure de la cuisse. La cuisse est plus ou moins convexe à sa face antérieure ; elle pré- sente d'abord un méplat, se raccordant avec le flanc, correspondant à l'ilio-aponévrotique ; en dehors une large surface convexe limitée par un sillon vertical partant de l'ischium pour aller, en suivant une direction parallèle au bord postérieur de la région, mourir sur la jambe; ce sillon indique la séparation entre le long vaste et le demi- 342 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. tendineux. Enfin ce dernier muscle et le demi-membraneux se réu- nissent pour former le bord postérieur, convexe, à courbe brève, le- quel se continue ensuite par la face interne ; celle-ci, que l'on nomme en extérieur />/a/ de la cuisse, est convexe, en rapport avec celle du côté opposé. iMi avant du plat de la cuisse et en haut on voit se dessiner le bord antérieur du muscle, c'est en avant que se trouve un espace in- termusculaire dans lequel se placent les vaisseaux fémoraux ; on voit la veine saphène se dessiner en relief sur le bord antérieur du muscle. La peau qui entoure la cuisse varie considérablement au point de vue de l'épaisseur et de l'adhérence. Très-fine antérieurement et pres- que dénuée de poils à sa face interne, elle devient plus épaisse en ar- rière et surtout en dehors en arrivant sur le grassct ; sa mobilité est très-grande sur la face interne, très- grande également près de l'arti- culation et en arrière, mais sur la face externe elle diminue considéra- blement et aux environs du bord supérieur on remarque déjà l'adhé- rence intime de la région fessière. Nous devons maintenant, pour étudier les masses musculaires qui entourent la cuisse, les diviser en trois sections. La première située en avant sera la région antérieure, une deuxième comprendra la face externe et le bord postérieur ; une troisième la face interne. \° Dans la région crurale antérieure le tissu conjonclif sous-cutané est abondant et lamelleux, surtout lorsqu'on se rapproche de l'articulation du grasse t. La première couche musculaire est formée par le muscle^ du fascia lata, dont la partie supérieure seule est charnue ; son aponévrose infé- rieure entoure la section antérieure de toutes parts et lui forme une vé- ritable aponévrose de contention. Au-dessous de cette aponévrose se montrent les trois muscles, que Ton a réunis sous rap[)ellation commune de triceps crural : en dehors, le vaste externe, en dedans le vaste interne et au milieu le droit anté- rieur; immédiatement appliqués sur le fémur, (lu'ils entourent en avant, en dehors et en dedans, les muscles du triceps, charnus et très- forts, s'insèrent tous les trois à la rotult> ; ils étendent la jambe en même temps qu'ils fléchissent le fémur sur le coxal ; ils sont par con- séquent les agents actifs du mouvement du membre en avant. L'artère iliaco-fémorale, l'une des branches de terminaison de l'ar- tère iliaque interne, passe entre le droit antérieur et le vaste externe; l'artère musculaire superficielle, ou grande musculaire antérieure, oc- cupe une position senihhible du eùlé interne Des veines accompagnent chacun de ces vaisseaux. Le nerf fémoral antérieur, dont les para- lysies sont assez fréquentes, innerve la masse du triceps. 2" La région crurale externe et postérieure correspond ù la masse des muscles ischio-tibiaux, c'est une région très-simple, dont la limite est indiquée en avant par le bord antérieur du long vaste. A la partie su- DE LA CUISSE. 343 périeiire, elle est séparée de la région antérieure par la saillie obtuse que forme la convexité du trochanter, au-dessous de laquelle on sent très-bien le bord tranchant de la crête sous-trochanlérienne. En arrivant au niveau du bord externe du fémur, l'aponévrose du fascia lata se divise en deux lames : l'une profonde qui passe en avant du long vaste, l'autre superficielle qui se répand à la surface des mus- cles cruraux externes et leur forme comme une aponévrose d'enve- loppe. Au-dessous de ce premier feuillet on en trouve un autre, très- adhérent aux fibres du long vaste, mais non à celles du demi-tendineux et du demi-membraneux. L'unique couche musculaire, constituée par les ischio-tibiaux, forme en avant une sorte de gouttière séparée de la face postérieure du fémur par la lame interne et antérieure de l'aponévrose du fascia lata, qui va s'insérer au bord externe du fémur, et à sa face postérieure. Dans cette gouttière descend le nerf grand sciatique. Les artères sont : l'obturatrice, des branches de la grande musculaire postérieure et l'artère fémoro-poplitée ; chacune de ces artères possède une ou deux veines correspondantes. 3° La région interne de la cuisse est un peu plus compliquée que l'externe et l'antérieure. Au-dessous de la peau, on trouve une mince couche conjonctive générale, qui provient du feuillet inférieur de l'a- ponévrose du grand oblique de l'abdomen; puis, en couche superfi- cielle, les muscles court et long adducteurs de la jambe, prolongés intérieurement par une belle et très-forte lame fibreuse, qui formera l'aponévrose jambière. Le long adducteur est séparé de son congénère par un espace triangulaire à sommet inférieur, très-apparent surtout lorsqu'après avoir, sur un cheval couché, relevé le membre supérieur on porte l'inférieur en arrière, ce qui a pour effet de faire saillir forte- ment le bord antérieur du court adducteur. Dans cet espace triangu- laire, qui fait suile à l'anneau crural, passent l'artère et la veine fémo- rales, vaisseaux très-volumineux. En dernière couche musculaire, on rencontre, en procédant d'avant en arrière, le pectine, le petit adducteur de la cuisse et le grand adduc- teur ; celui-ci, bifide inférieurement, laisse, entre ses deux branches, un espace appelé anneau du grand adducteur, dans lequel passe l'artère et la veine fémorales. Les vaisseaux de la face interne de la cuisse sont, en allant des parties superficielles vers les parties profondes ; l'artère et la veine saphènes, situées au-dessous de la peau à la surface du court adducteur, l'artère en avant, la veine en arrière ; ces deux vaisseaux sont entourés par les branches dunerf saphène interne et de son accessoire lorsqu'il existe. La veine saphène se voit toujours avec la plus grande facilité, en raison de sa position verticale, elle contient toujours une certaine quantité de sang, mais à cause de sa communication avec la saphène ;ti4 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. externe, il n'est pas facile de la gonfler au delà d'une certaine mesure au nionieiit de la saignée. Dans l'anneau crural, nous trouvons l'artère lemorale, la veine de même nom et le nerf saphène interne; l'artère est accolée au bord pos- térieur du long adducteur de la jambe, çc dirige en arrière, pour venir passer entre les deux branches du grand adducteur de la cuisse, et se placer ensuite dans linterslice qui sépare l'un de l'autre, à leur extré- mité supérieure, les jumeaux de la jambe ; à ce point elle change de nom et prend celui d'ailère poplitée. Dans ce trajet l'artère donne les branches principales ({ue nous avons énumérées en décrivant les autres régions de la cuisse et un certain nombre d'artères innominées, trop petites pour avoir reçu des noms particuliers. Nous ne citerons donc que Tarière nourricière du fémur, et la saphène, dont nous avons déjà indiqué le trajet. L'artère fémoro-poplitée, qui se rend aux muscles de la région Li- bialc postérieure, naît au-dessous de l'anneau du grand adducteur. La veine fémorale, d'un calibre beaucoup plus considérable que celui de l'artère, est placée, dans l'anneau crural, en arrière de ce vaisseau et un peu plus profondément ; elle l'accompagne dans tout son trajet en conservant cette position et reçoit les veines satellites des artères musculaires. Dans le triangle ou anneau crural on rencontre également un paquet de ganglions lymphatiques, appliqués sur la gaîne conjonctive des vais- seaux ; c'est à ces ganglions que Ton a donné le nom à'ùxjidnaux pro- fonds ; ils reçoivent les lymphatiques superficiels qui accompagnent la vein(( saphène, et qui viennent des parties inférieures du membre. Les ]ymphali(iues profonds, qui accompagnent l'artère et la veine crurales, vont aussi se rendre à ces ganglions. Indépendamment de cet amas ganglionnaire, nous devons en citer d'autres disséminés dans les di- verses régions de la cuisse, ce sont : 1° les ganglions poplifcs situés en arrière du nerf grand sciatique, au-dessus des jumeaux delà jand)e entre le long vaste et le demi-tendineux, près de l'artère fémoro-po- plitée, qui reçoivent les lymphatiques du jarret et delà région crurale postérieure ; 2° les ganglions pré-i:rvrau£ placés en dedans du bord an- térieur du fascia la la et qui reçoivent les lymphatiques de la partie antérieure et interne de la cuisse. Un certain nombre de vaisseaux de la face interne de la cuisse vont également se rendre aux ganglions in- guinaux superliciels situés à côté du Innneau. Le trajet des nerfs a été suffisamment indiqué plus haut. UifTéreiices. — I.cs dilVéïoncos, peu imporianlcs, no nous nrrôtornnf pas longtemps, disons seulement que le muscle du fuscia /«/«est beaucoup plus large chez tous les animaux que chez les solipèdes. L'artère fémorale tra- verse, chez le bœuf, le long adducteur delà jambe. DU GHASSET. 345 § 3. — Région du grasset; articulations fémoro-rotulienne et fémoro-tibiale. Cette rétiion, qui occupe le sommet de l'augle saillaut formé par le membre postérieur au point de réunion du fémur avec les os de la jambe, est une des plus importantes par sa complication et la fréquence des lésions dont elle est le siège ; elle est limitée en haut [)ar la cuisse, en bas par la jambe ; sa face postérieure est cachée par les muscles jumeaux, recouverts eux-mêmes par l'extrémité inférieure des ischio- tibiaux ; l'antérieure, l'interne et l'externe qui sont presque sous-cuta- nées, peuvent être explorées avec assez de facilité. Les formes extérieures de la région du grasset diffèrent suivant la position du membre; lorsque celui-ci appuie franchement sur le sol, on constate deux reliefs superposés, et séparés par un profond sillon transversal. Le relief supérieur, de consistance molle à sa partie la plus élevée, est formé par la partie inférieure de la masse charnue du tri- ceps ; le sillon transversal répond au bord inférieur de la rotule ; enfin le relief inférieur qui correspond à la trochlée fémorale et aux liga- ments rotuliens, se prolonge inférieurement jusque sur le bord supé- rieur de la crête du tibia, laquelle se dessine au-dessous de la peau, sous la forme d'une légère arête à concavité externe. Lorsque le membre est fléchi ou seulement au repos, appuyant par la pince du pied sur le sol, la rotule se reporte dans la trochlée fémo- rale et se dessine en très-forte saillie; sa face supérieure occupe alors le sommet de l'angle très-saillant, formé par les deux rayons. La face externe laisse sentir avec assez de netteté la face correspon- dante du condyle externe du fémur et, au-dessous de lui, l'interligne de l'articulation fémoro-tibiale masquée en partie par le ligament fu- niculaire. L'interne permet de constater le bord interne du tibia, et un léger i-elief qui semble le continuer en haut et qui n'est autre chose ([lie le ligament latéral interne de la môme articulation, lequel s'arrête sur le condyle interne. La peau est partout très-mobile ; lorsque le membre est à l'appui, 4'lle forme des plis transversaux plus ou lîioins nombreux qui s'effacent dans la flexion, La couche aponévrotique sous-cutanée, épaisse et lamelleuse, se continue par côté avec la lame superficielle qui recouvre les muscles ischio-tibiaux. Au-dessous d'elle, une aponévrose resplendissante, très- épaisse, enveloppe toute la région, s'attache sur la face antérieure de la rotule, se continue en haut avec celle du fascia lata, en bas avec l'apo- névrose jambière générale, en dehors avec celle de l'extrémité infé- rieure du long vaste, et dégénère en dedans en tissu lâche qui recouvre les muscles de la face interne de la cuisse, où elle est remplacée par une autre non moins forte, celle des adducteurs de la jambe. ;3i6 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Les organes musculaires manquent presque complètement autour des articulations : citons la masse du triceps qui s'attache sur la face supérieure de la rotule, le long vaste qui recouvre une petite partie de la face latérale de l'articulation fémoro-tibiale, et les adducteurs de la jambe en dedans, qui s'arrctent au niveau de la partie supé- rieure des condyles. En arrière, les muscles forment au contraire deux couches épaisses, l'une, superficielle, constituée par le long vaste, le demi-tendineux, le demi-membraneux ; l'autre profonde, formée par les jumeaux de la jambe, le perforé et le tendon du poplité. Ariiculntion fémoro-rotulienne . — Nous croyons devoir séparer l'une de l'autre les articulations fémoro-rotulienne et fémoro tibiale ; quoi- ({ue les mouvements soient solidaires dans ces deux jointures, elles forment des organes distincts, attendu que leurs synoviales sont sé- parées. La rotule se trouve attachée à l'extrémité supérieure du tibia par trois ligaments funiculaires très-forts, distingués en externe, interne et moyen. Le ligament externe, le plus long et le plus fort, part du bord externe de la rotule et va s'attacher sur le sommet de la crête tibiale. L'interne, à peu près de même longueur que le précédent, se trans- forme, en arrivant sur la rotule, en un fibrocaitilage épais, qui se moule sur la face interne de la trochlée fémorale et sert ainsi d'appa- reil complémentaire pour la surface rotulienne ; le ligament moyen, vertical comme les deux autres, part de la partie moyenne de la ro- tule et va s'insérer dans la fossette située au milieu de la tubérosité an- térieure du tibia où il glisse au moyen d'une petite synoviale. Les trois ligaments rotuliens, le médian surtout, sont noyés au mi- lieu d'une masse considérable de tissu adipeux, qui doid)le en avant la capsule synoviale, et qui ne manque jamais, môme chez les animaux les plus maigres. Celte couche, qui n'a jamais moins d'un centimètre et demi d'épaisseur, disparaît sur les côtés et au-dessous de l'insertion ro- tulienne des muscles du triceps. Les ligaments dits lotiilirns lU' sont, à proprement parler, que des cordes destinées à transmettre à la jandje l'action développée par les nuiscles du triceps crural; le véritable ligament fénioro-rotulien est une capsule attachée par ses bords autour de la trochlée fémorale et sur la périphérie de la surface postérieure de la rotule ou des appareils iibro-cartilagineux qui la complètent par côté. Cette capsule i)Ossède de cha([iu' côté un faisceau de renforcement qui s'attache sur la lace excentrique des deux condyles et qui jonc, pai' rapport à l'articulation, le rôle d'un véritable ligament latéral. Les surfaces articulaires sont, du côté du fémur : l;i trorhlée anté- rieure, dont les lèvres sont allongées de hautenbas; nous rappellerons (|ue la lèvre interne est beaucoup plus saillante que rexlerne, et du côté de la rotule, un relief médian bordé de deux gorges, dont l'interne ARTICULATION FÉMORO-TIBIALE. 347 est rendue presque hemi-cylindrique par la substance fibro-cartilagi- neuse du ligament rotulien interne. La synoviale de l'articulation fémoro-rotulienne s'étend en haut jusque sous la masse des muscles du triceps, et il arrive assez fréquem- ment qu'elle communique avec l'une ou l'autre des synoviales de l'ar- ticulation fémoro-tibiale. Les seuls mouvements que puisse exécuter la rotule sur la trochlée fémorale sont des glissements de haut en bas ou de bas en haut. Les luxations de la rotule sont assez fréquentes, et se font en de- hors; les luxations en dedans sont empêchées par l'élévation de la lè- vre interne de la trochlée, et surtout par la direction de la résultante des forces des muscles de la région crurale antérieure qui passe tou- jours en dehors delà partie médiane de la trochlée et sollicite la rotule à glisser de ce côté. Celle-ci est retenue par sa capsule et aussi par le faisceau fibreux qui double la capsule synoviale; mais, lorsqu'un épan- chement a allongé ce ligament ou bien lorsqu'un effort brusque l'a rompu, la luxation se fait avec la plus grande facilité, et la rotule se trouve alors située en dehors et au-dessus delà trochlée. Cet accident place le membre dans l'extension forcée, et ne permet aucun mouve- ment de flexion. La réduction de la rotule est assez facile à faire, malheureusement la luxation se reproduit avec la plus grande facilité, en raison de la direction de la force musculaire qui agit sur elle. Il est à remarquer que chez les jeunes chevaux, dans la période de convalescence des maladies graves, pneumonies, (lèvres typhoïdes, entérites, etc., ces luxations de la rotule s'opèrent pour ainsi dire spon- tanément, à l'écurie môme. On pourrait peut-être attribuer cet acci- dent au défaut de tonicité des tissus, à la suite des altérations qu'ils ont subi et pendant la période morbide. Articulation fémoro-tihiale. — Elle est formée par les condyles du fémur et la surface articulaire supérieure du tibia, mais comme ces deux surfaces sont convexes l'une et l'autre, on rencontre, pour as- surer la coaptation, des fibro-carlilages complémentaires ou ménis- ques bi-concaves épais en dehors, minces à leur partie concentrique qui vient s'appuyer sur l'épine du tibia ; le ménisque interne s'attache en avant et en arrière de l'épine tibiale, l'externe se comporte à peu près de môme, mais il possède, de plus, en arrière, un cordon qui va s'attacher dans l'échancrure inter-condylienne du fémur^ en dehors du condyle interne et remplit par conséquent, outre son rôle spécial, celui d'un véritable ligament. Quant aux ligaments spéciaux à l'articulation, ils sont au nombre de cinq : 1" les deux ligaments latéraux, cordons rubanés qui vont du côté excentrique des condyles à la partie correspondante des deux faces du tibia, l'externe s'attache aussi sur la tête du péroné. A leur partie supérieure les ligaments s'insèrent un peu en arrière de l'axe des con- dyles, ce qui fait qu'ils se relâchent dans la flexion et ne sont tendus :U.S ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. que dans l'cxlension. 2° Le ligament postérieur ou membraneux l'orme, supérieurement de deux lames dont la superficielle, traversée par les vaisseaux fcmoro-poplités, embrasse les condyles du i'émur, et s'attache même au ligament croisé postérieur. 'A° Les ligaments inter- osseux ou liganient!^ croisés au nombre de deux, se trouvent logés dans l'échancrurc inlercondylienne ; l'antérieur, oblique de haut en bas et d'avant en arrière, se fixe en haut en dedans du condyle externe et en bas dans la rainure du sommet de l'épine; le postérieur, plus long et oblique en sens opposé, s'insère, en arrière, sur la facette ti- biale interne et va delà se rendre dans le fond de l'échancrure inter- condylienne. L'articulation est encore affermie en avant par le tendon, extrême- ment fort, commun au fléchisseur du métatarse et à l'extenseui- an- téiieur des phalanges, en arrière par celui du poplité. On rencontre pour cette articulation deux synoviales, une pour chaque condyle, la face du tibia et le ménisque correspondant. Ces deux synoviales sont adossées l'une à l'autre sur la ligne médiane, et comprennent entre elles les deux ligaments croisés. L'articulation fémoro-tibiale est une charnière imparfaite, qui permet la flexion et l'extension, et en outre quelques mouvements de rotation. Dans la flexion, la surface articulaire du tibia s'éloigne du fémur et forme avec elle un angle assez largement ouvert en avant, les condyles du fémur entraînent les ménisques, qui se portent en avant, et la rotule en descendant le long de la trochlée \ientse placer en avant des con- dyles ; dans ce temps les ligaments latéraux de l'articulation fémoro- tibiale se relâchent. Dans l'extension, au contraire, ces ligaments se tendent fortement, la rotule va se replacera la partie supérieure de la trochlée en se cachant sous les muscles cruraux, et les ménisques se reportent en arrière. Dans les quelques mouvements de rotation que peut exécuter l'articulation, les ménisques sont eniraînés en sens in- verse l'un de l'autre ou, si l'on veut, se placent en diagonale. llifréreiiceH. — Chez les petits animaux, ces arficulalions sont beaucoup moins compliquées. On ne trouve chez les carnassiers, les petits ruminants et le porc, qu'un seul ligament rolulien ; la synoviale est unique ])our les deux articulations; déplus, chez les carnassiers, on rencontre; dans l'épaisseur du ligament membraneux postérieur un petit os sésamoïde situé en regard de chaque condyle et donnant attache au bi-fémoro-calcanéen. § i. — De la jambe. La jambe a pour base la diaphyse du tibia et le péroné, os tout à fait rudimeutaire chez les solipèdes, qui disparaît presque chez les ruminants et méiilc à peine une mention; elle est bornée en haut par le grasset et la cuisse, en bas par la région du jarret. L'extrémité DE LA JAMBE. 34!> inférieure des muscles iscliio-libiaux, qui doit être comprise dans la description anatomique de la jambe, donne à la partie supérieure, en se superposant aux muscles gastro-cnémiens, une largeur consi- dérable, ce qui l'ait que la forme cxtéi'ieure de la jambe est celle d'au tronc de cône à base supérieure, fortement comprimé d'un côté à l'autre. La face antérieure de la jambe présente un relief plus ou moins ac- cusé, produit par le corps charnu de l'extenseur antérieur des pha- langes; la face postérieure a pour base le long vaste, le demi-tendineux et, plus bas,, la corde du jarret, formée par les tendons du jumeau et du perforé auquel vient se joindre une très-forte aponévrose; la face externe, convexe dans ses deux tiers antérieurs, dessine un creux en avant de la corde; l'interne, plane, laisse sentir dans toute son étendue la face interne du tibia sur laquelle se dessine la veine sa- phène interne. La peau de la jambe, épaisse et assez mobile, ne peut subir de grands déplacements en raison de son peu de développement. Le tissu conjonctif sous-cutané, rare et court, unit la peau aux fortes aponévroses de la région. Celles ci forment des couches superposées. La plus superficielle, ou aponévrose jambière d'enveloppe générale, qui provient des muscles du plat de la cuisse, du fascia lata, du long vaste et du demi tendineux, s'attache à la face interne de l'os ainsi qu'à sa crête, puis elle se [)orte en arrière autour du tendon d'Achille, en donnant naissance à une lanière extrêmement épaisse et forte, située en avant de la corde du jarret ; après avoir contracté une adhérence intime avec le tendon du perforé, elle envoie une forte bride à celui du jumeau, puis, en arrivant près du jarret, elle s'unit aux bords du tendon du fléchisseur et va s'attacher de chaque côté du calcanéum, complé- tant ainsi la gaine d'enveloppe du tendon du jumeau. Au-dessous de cette curieuse enveloppe fibreuse, on en rencontre, en avant, une autre qui enveloppe les muscles de la région antérieure et envoie de sa face profonde des divisions qui séparent chacun des muscles antérieurs; les postérieurs possèdent également une aponévrose propre. A la face antérieure de la jambe, nous rencontrons, en allant de dehors en dedans : l'extenseur latéral des phalanges, l'extenseur anté- rieur, dont le corps charnu forme la saillie de la face antérieure, et le fléchisseur du métatarse, celui-ci doit nous arrêter un instant : Situé sous l'extenseur antérieur des phalanges, le fléchisseur du métatarse (tibio prémétatarsien) se compose de deux portions, l'une charnue, l'autre tendineuse, non pas situées bout à bout, mais placées l'une en avant de l'autre. La portion charnue, immédiatement appli- quée sur le tibia, n'offre rien de bien particulier à considérer, sinon la disposition de son tendon inférieur qui passe dans un anneau formé parla portion tendineuse et se conqjorte avec elle comme le perforant par rapport au perforé. La portion tendineuse est plus intéressante, :{:jO ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. car elle donne assez fréqueininenl lieu à des accidents chirurgicaux, très-bien étudiés par M. II. Bouleydans l'article y«w/>c du Nouveau Dic- tionnaire aucjuel nous empruntons la plupart des détails pathologiques, dans lesquels nous allons entrer. La portion tendineuse du llcchisseur, située entre l'extenseur anté- rieur et la portion charnue, commence sur l'extrémité inférieure du fémur, entre la trochlée et le condyle externe, passe dans la coulisse antéro-externe du tibia dans laquelle elle glisse au moyen d'une syno- viale qui communique avec celle de l'articulation, descend jusque sur la face antérieure du jarret, où elle se perfore pour laisser passer le tendon de la portion charnue et s'insère par deux branches, l'une qui va s'attacher au cuboïde, l'autre qui descend verticalement jusque sur la face antérieure du métatarsien principal. Cette corde, tout à fait inextensible, rend les mouvements de flexion du métatarse solidaires de ceux de la cuisse. Chaque fois, en effet, que le fémur se fléchit, le point d'insertion supérieur de la corde se re- lève, il doit en être de môme de l'extrémité inférieure, en vertu de l'inextensibilité propre aux cordes tendineuses ; il est alors nécessaire que le métatarsien principal suive le mouvement qui est déterminé par les fléchisseurs du fémur, et se fléchisse à son tour sur le tarse. Ce qui rend les mouvements de ces deux os, absolument synchrones. Les organes actifs de laflexion du métatarse sont donc les fléchisseurs de la cuisse. La portion charnue du fléchisseur du métatarse n'agit pas d'une façon bien énergique dans les mouvements ordinaires. On s'en rend très-bien compte dans les cas de rupture de cette corde tendi- neuse, cas qui équivalent à une démonstration expérimentale. Il arrive assez fréquemment que celte corde se rompt, soit dans les elforts violents qui ont pour but de débarrasser l'un des membres postérieurs, comme ceux que fait l'animal pour dégager son membre retenu à la barre postérieure d'un travail par exemple, soit dans tout autre cas analogue se produisant môme sur les deux membres en môme temps ; immédiatement apparaissent les symptômes caractéristiques de cet accident. Lorsque le membre est à l'appui, rien d'apparent, l'ani- mal repose franchement sur le membre, et celui-ci n'a rien perdu de sa solidité. iMais aussitôt que le membre se fléchit, on voit le canon osciller d'avant en arrière, absolument comme s'il y avait une fracture du tibia; la corde du jarret, notant plus soutenue par son antago- niste, devient flasque. Mais, dès que le membre est de nouveau posé à terre, il reprend toute sa fermeté, et il semble que l'accident ait com- plètement disj)aru. La corde du fléchisseur du métatarse récupère généralement ses propriétés en six semaines ou deux mois par réunion des bouts divisés au dépens d'un tissu libreux de nouvelle formation. Le repos est pour ainsi dire le seul traitement à employer. La région jambière postérieure est formée à la partie supérieure par DE LA JAMBE. 351 trois couches de muscles, à l'inférieure par deux couches seulement. L'extrémité inférieure des muscles long vaste, demi -tendineux et demi- mcnbraneux constitue le plan supcrdciel de la partie supérieure. Au-dessous d'eux se rencontrent les jumeaux de la jambe et le perforé, dont l'insertion supérieure remonte jusqu'au quart inférieur du fé- mur ; formés d'un corps charnu à leur extrémité fixe, ces muscles se continuent par le tendon volumineux appelé corde du jarret. La cou- che musculaire profonde comprend en haut le poplité (fémoro-tibial oblique), en bas le fléchisseur profond des phalanges (perforant) et entre ces deux muscles le corps charnu du fléchisseur oblique des phalanges. Le squelette de la région est formé par deux os, le tibia et le péroné; ce dernier, rudimentaire, réduit à un stylet osseux dont l'extrémité su- périeure s'applique sur la face externe du tibia, mérite seulement d'être nommé. Le tibia est l'un dès os les plus forts de l'économie; prismati- que à sa partie supérieure, il s'aplatit légèrement d'avant en arrière à son extrémité inférieure ; sa face interne, plus large en haut qu'en bas, est sous-cutanée dans toute son étendue ; son bord antérieur (crête du tibia) est également libre dans toute sa longueur; le bord externe, ca- ché en haut par la masse des muscles antérieurs et postérieurs qui se rejoignent sur la ligne médiane, devient superficiel à sa partie infé- rieure, ce qui expose davantage les animaux aux fractures lorsque les coups sont portés sur cette région : mais la partie la plus vulnéra- ble du tibia est bien certainement sa face interne, qui se trouve heu- reusement protégée par sa position. Vaisseaux et ne?-/s. — Les artères principales de la jambe sont les ti- biales, distinguées en antérieure et postérieure : la première, volumi- neuse, traverse l'arcade formée par le tibia et le péroné au côté externe de l'extrémité supérieure de la région, se place ensuite sur la face antérieure du tibia sous le fléchisseur du métatarse et se continue au niveau du jarret par l'artère pédieuse ; elle émet une artériole qui descend le long du péroné sous l'extenseur latéral des phalanges (artère péronière). La deuxième, située profondément, sous les mus- cles poplité et fléchisseur profond des phalanges, devient superficielle vers le creux du jarret, dans lequel elle se place sous l'aponévrose jambière à la face interne du membre; au niveau du sommet du calca- néum, elle décrit une courbure en S et s'accole au grand nerf sciati- que après s'être anastomosée avec une branche qui accompagne ki face antérieure de la corde du jarret, et qui provient de la poplitée. Les veines se distinguent en superficielles et profondes : ces derniè- res, (jui accompagnent les artères tibiales antérieure et postérieure, portent le même nom qu'elles; ce sont des vaisseaux volumineux, le plus souvent doubles. Les veines superficielles sont, à la face in- terne : les racines antérieure et postérieure de la saphène interne, la première située directement sur la face interne du tibia; à la face ex- terne, la veine saphène externe qui monte le long de la corde du jarret. :i52 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Les lymphatiques se rendent aux ganglions poplités ou aux ganglions inguinaux profonds. Le nc'}- f lihhû antérieur se rend aux muscles de la face antérieure, il passe t\la face superficielle du jumeau externe et seplace sous Texteu- seur antérieur des phalanges, vers le quart supérieur du tibia. Le nerf le plus volumineux de la région, est le grand sciatique, qui se trouve logé en avant de la corde du jarret, à la face interne du membre, sous l'aponévrose jambière. Dans une position analogue, au côté externe, on rencontre le nerf saphcne externe et en avant de lui, dans une posi- tion plus rapprochée du bord antérieur de la jambe que du posté- rieur, les branches musculo-cutanées. A la face interne se rencon- Lrent également les divisions des nerfs saphènes, qui donnent une grande quantité de rameaux sous-cutanés. ikifTôrences. — On ne renconfre que chez les solipcdes la disposition tendineuse que nous avons étudiée dans le néchissenr dn métatarse, (liiez les ruminants, on trouve un long péronier latéral, situé en dehors, un muscle libial antérieur, qui représente la portion charnue du fléchisseur de méta- tarse, tandis que la portion tendineuse est remplacée par un corps charnu ; un extenseur commun des doigts; un extenseur propre du doigt interne et un extenseur du doigt externe. Chez le poix, l'extenseur commun des doigts possède quatre tendons, un pour chaque doigt ; il en est de même chez les carnassiers, § 0. — Du jarret. Le jarret, situé entre la jambe et le métatarse, a pour base les os du tarse, l'extrémité inférieure du tibia et l'extrémité supérieure des os du métatarse. Formes extérieures. — L'une des articulations les plus fortes elles plus importantes de l'économie, le jarret, vu sur ime coupe horizontale qui passerait par les deux nuiUéoles, alTecte la forme d'un prisme à base dirigée en avant, moins développé à la partie inférieure (ju'à la supé- rieure; il présente à considérer trois faces, réunies par autant de bords. J^a face antérieure, quadrilatère, légèrement rétrécie à sa partie infé- rieure est limitée en haut par les deux nuilléoles, ou lubérosités latéra- les et inférieures du tibia ; de ces deux tubérosités, l'interne forme le point le plus saillant de ce côté de l'articulation ; elle est plus avancée et mieux détachée que l'externe, qui est reportée sur la face latérale. Sur son milieu, la face antérieure présente une saillie verticale très- accusée surtout à 3 ou 4 centimètres au-dessous de la ligue qui»réunit les malléoles. Cette saillie est formée par les deux tendons du lléchisseur (lu métatarse. La lèvre interne de la charnière aslragalicnne recouverte du tendon du fléchisseur occupe le pointculminantde la saillie. En de- hors de celle-ci le doigt perçoit une autre saillie osseuse arrondie, qui n'est autre chose que la lèvre externe de la Ituchlée ; enlin entre la DU JARRET. 353 malléole interne et la saillie médiane, le doigt s'enfonce profondément dans une sorte de cavité remplie par la synoviale de l'articulation principale du tarse. Lorsque cette synoviale est le siège d'hydarthrose, c'est en ce point qu'apparaît la tumeur molle qui en est le résultat. La face externe est limitée en haut et en arrière par le sommet du calcanéum formant la pointe du jarret. La ligne qui réunit le sommet du calcanéum à la malléole externe est oblique en avant et en bas. Très-rétrécie à sa partie inférieure, la face externe est convexe dans sa moitié antérieure, légèrement concave ou plane dans sa partie pos- téro-supérieure, qui correspond au calcanéum. En avant du calca- néum, entre cet os, le bord externe du tibia et la corde du jarret se trouve une portion évidée qui a sensiblement les mêmes limites et la même forme des deux côtés du membre. La netteté de cette partie est fort importante à considérer ; la face profonde de la peau d'un côté n'est séparée de celle du côté opposé que par un tissu conjonctif très-peu développé. Les deux éminences latérales de la face anté- rieure, malléole externe et lèvre externe de la trochlée astragalienne, limitent en avant la portion convexe de la face externe ; en arrière de ces. deux saillies et en regard d'elles, on en trouve deux autres qui formeraient les quatre angles d'un quadrilatère, large de deux tra- vers de doigt par en haut, et de quatre environ par en bas. La tubérosité supérieure est formée parla portion postérieure de la malléole externe, séparée de l'antérieure par une coulisse ; l'inférieure, parle renflement de l'extrémité inférieure du calcanéum. G'estimmédiatement au-dessous de cette saillie que se trouve l'articulation de la première avec la deuxième rangée. Plus bas on trouve une autre saillie qui limite l'ar- ticulation intérieurement ; elle est formée par la tête du métatarsien latéral externe ; assez prononcée, elle semble reliée à la précédente par un relief oblique en avant et en haut. La face interne, de môme forme que l'externe, à peu près plane dans toute son étendue, présente, en avant du bord postérieur et parallèle- ment à lui, une dépression dans laquelle le doigt reconnaît au palper les limites de la grande gaine tarsienne. Il arrive très-fréquemment que celle-ci est le siège d'hydarthrose, et, dans ce cas, la fluctua- tion au point que nous venons d'indiquer et les bosses molles que l'on trouve dans le creux du jarret, soit du côté interne seulement, soit des deux côtés si la maladie est très-avancée, indiquent les limites de la synoviale malade. A la partie inférieure une saillie assez forte est formée par la tête du métacarpien rudimentaire interne. Nous ne reviendrons pas sur les bords antérieurs et postérieurs, dont nous avons déjà parlé dans la description de la face antérieure ; quant au bord postérieur, épais et arrondi, il s'évide légèrement dans sa par- tie moyenne ; on peut sentir dans toute son étendue le tendon du fléchis- seur superficiel des phalanges, fortement tendu lorsque le membre est appuyé sur le sol. Peucu et TorssAi>T. — Chirurgie. *<* 334 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Couches anatomiques . — La peau du jarret, épaisse, à poils ras, dessine correctement, chez les sujets bien conformes, toutes les saillies osseuses et ligamenteuses sous-jacentes, et s'enfonce dans toutes les dépres- sions. On rencontre au-dessous de la peau plusieurs plans aponévroti- ques qui sont : 1° une forte lame unie au tégument par des fibres con- jonctives courtes, ce qui fait qu'elle est entraînée dans les déplacements que l'on fait subira la peau ; 2° un deuxième feuillet décomposableen plusieurs lames, dans l'épaisseur duquel se rencontrent les vaisseaux et les nerfs superficiels, c'est-à-dire les racines de la veine saphène, les branches du nerf du même nom, celles du musculo-cutané ; on peut considérer ce plan comme faisant suite à l'aponévrose jambière d'en- veloppe générale; 3° les aponévroses jambières antérieure et posté- rieure, qui, en se prolongeant à la surface du jarret, forment des plans fibreux resplendissants, attachés sur les saillies osseuses, et recouvrant, d'une façon très-exacte, les tendons ou leurs gaines synoviales ; l'anté- rieure prend une attache très-forte sur la tubérosité externe et infé- rieure du tibia, et envoie de ce point des fibres nacrées qui vont, en s'irradiant, renforcer la couche située à la face antérieure et s'attacher sur le bord supérieur de la bride de contention des tendons des exten- seurs des phalanges; l'aponévrose postérieure s'unit à la paroi interne de la grande gaîne tarsienne ainsi qu'au ligament latéral interne. Au-dessous de ces différents plans se trouvent les tendons qui franchissent l'articulation, ou prennent des insertions sur ses diverses parties ; la plupart sont enveloppés par des gaines synoviales. En avant, on rencontre, en procédant de dehors en dedans : 1° le ten- don de l'extenseur latéral des phalanges, qui passe dans la coulisse externe de l'extrémité inférieure du tibia,' puis sur le côté du tarse, où il se trouve maintenu dans une gaîne très-longue et très-forte; 2" le tendon de l'extenseur antérieur, situé exactement en regard de la gorge médiane de la trochléc astragalienne, maintenu dans le pli du jarret par une courte bride spéciale, pourvu d'une synoviale plus courte mais plus large que celle du précédent, et qui passe avec lui sous la bride transversale située à l'extrémité supérieure du méta- carpe ; 3° les tendons des deux parties du fléchisseur du métatarse situées l'une au-devant de l'autre, et maintenues sur le tibia, en même temps que l'extenseur principal des phalanges, par une bride transver- sale : le plus superficiel appartient à la corde tendineuse ; après avoir reçu une forte bride fibreuse du bord interne du tibia, il forme un an- neau dans lequel passe le tendon de la portion charnue. Quatre bran- ches prolongent, au-dessous de l'anneau, les deux extrémités tendi- neuses du muscle; doux appartiennent ;\ la portion superficielle et vont, l'une à la face antérieure du métacarpien principal, l'autre au cuboide. Les deux branches de la portion profonde se rendent au mé- tatarsien principal et au second cunéiforme, Tr'^is synoviales sont DU JARRET. 355 annexées à ces tendons, l'une tapisse l'anneau de la corde et le tendon qu'il enveloppe; les deux autres sont affectées aux branches excen- triques. Les tendons situés en arrière de l'articulation sont : 1"^ celui du flé- chisseur superficiel ou perforé, qui passe sur le sommet du calcanéum en se moulant sur le tendon des jumeaux et la face postérieure de l'os. Lorsque ce tendon, qui recouvre ces parties comme d'une calotte, est déployé, il n'a pas moins de 6 à7 centimètres de largeur ; il est tapissé sur toute sa face antérieure par une très-belle membrane synoviale qui remonte au-dessus de la pointe du jarret à une distance de 8 à 10 centi- mètres, et descend au-dessous dans une étendue un peu moindre. Une autre capsule synoviale tapisse la face antérieure du tendon des ju- meaux, le sommet du calcanéum et descend même sur sa face anté- rieure. Nous avons vu plusieurs fois ces deux synoviales communiquer entre elles, de telle sorte que le tendon des jumeaux était entouré tout à fait à sa terminaison par une synoviale vaginale ; 2'^ les tendons des fléchisseurs profond et oblique des phalanges ; le grêle funicule du fléchisseur oblique passe dans une gaîne profonde et très-longue située sous le ligament calcanéo-métartarsien et vient rejoindre le tendon du fléchisseur profond au-dessous du tarse, dans l'intérieur même de la grande gaîne tarsienne. Cette dernière enveloppe complètement le tendon du perforant sur une longueur d'environ 22 centimètres, son extrémité supérieure arrive à peu près au niveau de l'extrémité supé- rieure du calcanéum, l'inférieure s'arrête à 5 centimètres au-dessous de l'interligne articulaire tarso-métatarsienne. Articulations du jarret. — Au point de vue de la mécanique des mou- vements, l'articulation du tibia et des os du tarse, qui forme la plus parfaite de toutes les charnières de l'économie, peut être considérée comme une jointure simple, formée par la réception des gorges et du relief médian du tibia, obliques en dehors et en avant, dans le double relief et la gorge médiane dirigés dans le même sens, qui se remarque sur la face antéro-supérieure de l'astragale; néanmoins, comme les os du tarse, les ligaments qui les réunissent et les synoviales qui les lu- brifient peuvent donner lieu à des considérations pathologiques d'im- portance assez grande, nous en dirons quelques mots avant d'étudier l'articulation tibio-tarsienne. La première rangée des os du tarse est formée par le calcanéum et l'astragale : ce dernier os présente, sur sa face postérieure, qui est légè- rement tournée en dehors, quatre facettes planes répondant à des fa- cettes semblables de la face antérieure articulaire de l'extrémité in- férieure du calcanéum. Le calcanéum est remarquable par la longue apophyse verticale, qui s'élève au-dessus de l'articulation, et sur le sommet de laquelle vient s'attacher le tendon des jumeaux et la lame fibreuse qui le renforce. Le tendon du perforé glisse sur le tendon du calcanéum comme sur une poulie de réflexion. En arrière et en 3oG ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. dedans nous devons citer la partie interne du calcanéum, qui sert éga- lement de poulie de renvoi au tendon du perforant et concourt à former la paroi antérieure de la grande gaîne tarsienne. Outre les ligaments généraux de l'articulation, les deux os de la première rangée sont réunis par quatre ligaments dits asiragalo-calcanécns : l'un supérieur^ tapissé par la synoviale de l'arliculalion tibio-tarsiennc, situe à l'ex- trémité supérieure de la poulie astragalicnne ;'deux latéraux, formés de minces faisceaux allant des côtés d'un os au côté correspondant de l'autre; le quatrième interosseux, occupant une partie de l'espace situé entre les deux os en contact. Les os de la seconde rangée au nombre de quatre sont ainsi dispo- sés: en dehors, un os unique, allongé dans le sens antéro-postérieur, le cuboïde, s'articulant avec les^leux os superposés et presque semblables de la face interne et antérieure, c'est-à-dire le scaphoïde et le grand cunéiforme, qui présentent chacun sur leur bord externe deux facettes, une antérieure, l'autre postérieure, en tout quatre facettes répondant au cuboïde. Le scaphoïde et le grand cunéiforme, concaves sur leur face supérieure, légèrement convexes sur l'inférieure, ont une épaisseur à peu près semblable et mesurent ensemble l'épaisseur du cuboïde ; en dedans et en arrière ils s'articulent avec les cunéiformes, supé- rieurement le scaphoïde répond à l'astragale, inférieurement le grand cunéiforme s'appuie sur le métatarsien principal. Le petit cunéiforme, souvent partagé en deux, répond au métatarsien rudimentaire interne. Six ligaments réunissent ces différents os. Nous nous contenterons de les énumérer, leurs noms indiquant suffisamment leur position, ce sont : les ligaments antérieurs appelés cuboïdo-scaphoïdien et cuboïdo- cunéen, deux autres ligaments interosseux de même nom ; un inter- osseux sm/i/^oic/o-cw^ieen, puis un interosseux dit inter-cunéen. La rangée supérieure et l'inférieure sont réunies par quatre liga- ments, qui appartiennent aussi à la seconde rangée et au métatarse, ce sont : le calcanéo-métatarsien , V astragalo-métatarsien , le tarso-méta- tarsien postérieur, et un ligament interosseux attaché sur les quatre pièces. Outre ces ligaments, la dernière rangée est fixée sur le méta- tarse par un lien interosseux très-fort qui se divise en trois faisceaux se rendant à chacun des os de la deuxième rangée. Les ligaments de l'articulation tibio-tarsienne, ou généraux, sont au nombre de quatre : deux membraneux, l'un antérieur, l'autre posté- rieur ; deux latéraux divisés en plusieurs faisceaux ; le ligament anté- rieur, membraniforme, plus fort en dehors qu'en dedans, est attaché en hau t sur le tibia, descend au-dessous de la poulie astragalicnne et s'at- tache sur l'astragale, le scaphoïde, le grand cunéiforme et le ligament astragalo-métatarsicn ; il se tend dans l'extension et se relâche dans la flexion ; le ligament postérieur, très-fort, relâché dans l'extension, forme toujours un repli bien accusé au niveau de l'extrémité inférieure du tibia : dans son centre il présente un épaississcment cartilagineux qui DU JARRET. 357 double en avant la grande gaîne tarsienne; ses deux faces sont tapissées par deux synoviales, Tune antérieure, qui appartient à l'articulation tibio-tarsienne, l'autre postérieure ou de la gaîne. Le ligament latéral externe se divise en deux faisceaux. L'un de ces faisceaux part de la lèvre antérieure de la malléole externe et va à l'as- tragale, l'autre partant de la lèvre postérieure, se rend au calcanéumet se prolonge jusqu'au métatarse par le ligament calcanéo-cuboïdo- métatarsien; le ligament funiculaire interne présente trois faisceaux qui partent en commun de la malléole interne et vont à l'astragale, au calcanéum, aux os de la deuxième rangée et aux métatarsiens interne et principal. Quatre synoviales lubrifient les articulations du jarret. La plus im- portante est celle qui tapisse les ligaments de l'articulation tibio-tar- sienne sur leur face interne; en outre elle donne un cul-de-sac pour l'articulation des deux os de la première rangée. Lorsqu'elle se dilate, elle forme une tumeur en avant et en dedans, au point que nous avons déjà indiqué ; en arrière elle peut ainsi faire hernie dans le creux du jarret et occuper une partie de l'espace qui est souvent rempli par la dilatation de la grande gaîne tarsienne. La deuxième synoviale se trouve située entre le scaphoïde et le grand cunéiforme. La troisième, qui communi- que souvent avec la capsule tibio-tarsienne, est située entre les os des deux rangées ; elle descend de plus entre le cuboïde et de scaphoïde. Enfin on trouve une synoviale pour l'articulation des os dutarse avec ceux du métatarse. Les mouvements qui s'exécutent entre les différentes pièces osseuses dutarse sont tellement obscurs qu'on peut les considérer comme nuls; les liens solides qui les réunissent ne permettent que de très-légers glissements qui leur donnent une plus grande force de résistance aux chocs, mais ne doivent pas être considérés comme de véritables liga- ments articulaires. C'est dans l'articulation tibio-astragahenne que s'exécutent les deux mouvements d'extension et de flexion qui sont les seuls que cette articulation puisse effectuer; notons ici que, dans la flexion du canon sur la jambe, l'extrémité inférieure se porte en de- hors en raison de l'obliquité dans ce sens des surfaces articulaires. Vaisseaux et nerfs. — Les artères proviennent des tibiales. A la face antérieure, l'artère p(klieuse, placée sur le milieu de l'articulation, qu'elle franchit de haut en bas, se dévie en dehors, passe sous la branche cuboïdienue du fléchisseur du métatarse, puis, arrivée au niveau de la deuxième rangée, se divise en deux branches, l'une, la pédieuse perforante, qui passe dans le conduit cuboïdo-cunéo-scaphoïdien et va se réunir en arrière à l'anastomose des deux artères plantaires; l'autre, la pédieuse métatarsienne, plus volumineuse, qui descend et se loge dans l'angle de réunion antérieur formé par le métatarsien ex- terne et le principal. Les deux divisions de la tibiale postérieure sont deux petits vaisseaux qui prennent le nom de plantaires et s'ap- 3o8 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. pliqucnt sur la face externe de la coulisse tarsienne, en longcaiit les bords du tendon du perforant; à l'extrcmilé supérieure du canon, elles s'anastomosent entre elles et avec la pédieuse perforante en formant une arcade profonde située à la superficie de l'origine du ligament sus- penseur du boulet où elles donnent naissance aux interosseuses plan- taires. Les veines, plus volumineuses que les artères, sont la continuation des trois métatarsiennes. L'une antérieure, suite de la métatarsienne interne, se place sur la face antérieure du tarse dans un point très- rap- proche du bord interne, et exactement à l'endroit ovi se fait quelque- fois la dilatation de la principale synoviale du jarret. On ne devra pas confondre les varices dont cette veine est quelquefois atteinte avec les hydarthroses du jarret. Celte veine forme la racine antérieure de la saphène interne. La racine postérieure, continuation de la métatarsienne externe, passe en dehors de la gaine tarsienne, et se prolonge dans le creux du jarret le long du tendon perforant, en compagnie du nerf fémoro-poplité. Quant à la troisième veine, suite de la métatarsienne profonde, elle communique avec la précédente, au-dessous du tarse, par une très- grosse branche; puis elle traverse le conduit cuboïdo- cunéo-scaphoïdien avec l'artère pédieuse perforante, et arrive à la face antérieure du jarret, où elle forme une des deux racines de la tibiale antérieure. Les nei'fs superficiels sont, en avant, les ramifications du musculo- cutané et une branche du tibial antérieur qui accompagne l'artère pé- dieuse. En arrière, nous trouvons le grand fémoro-poplité, situé en avant et au côté interne de la corde du jarret. Ce nerf, le plus important de la région, passe en arrière de la gaine tarsienne et se divise, au ni- veau du milieu de cette gaine, en deux branches, les nerfs plantaires, qui se séparent l'un de l'autre à l'extrémité supérieure du métatarse. Dans une position identique, au côté externe du membre, on rencontre le nerf saphène externe. I>iff«'reiic«>8. — Los dillérences principales qui se font remarquer dans le jarret des ruminants portent sur la disposition des vaisseaux de la région. Disons cependant que le cuboïde est réuni au scaphoïde et que les surfaces articulaircsdu tibia et de rasiragalc, moins cvidommonf disposées en poulies, se dirigent directement en avant. Quant aux vaisseaux, nous rencontrons en avant la pédieuse métatarsienne flanquée de deux veines, dont l'externe très-volu- mineuse communique, par une large anastomose oblique en arrière et en haut, très-visible à la face extérieure du jarret, avec la mclalarsicnne externe, qui passe elle-même au cùté externe du calcanéum, pour se placer ensuite en avant du tendon des jumeaux. Une autre veine interne superficielle suit un tr;ijct identique au cùté interne du calcanéum, et communique en avant de cet os avec l'externe, par une anastomose d'où parlent les deux veines sa- phèncs. à DE LA RÉGION PIIALANGIENNE. 339 § 6. — Région du métatarse ou canon postérieur. La description déjà faite du canon antérieur nous permettra d'abréger considérablement celle du canon du membre postérieur. Nous n'avons en effet à signaler que quelques différences, dans les dimensions, dans l'épaisseur et dans la disposition du système vasculaire. Plus long et plus épais que le canon antérieur, l'os qui forme la base du métatarse n'est aplati d'avant en arrière qu'à son extrémité infé- rieure ; l'extrémité supérieure est, au contraire, à peu prè-s cylindri- que, les métatarsiens rudimentaires sont aussi plus volumineux et plus détachés qu'au membre antérieur. L'artère collatérale du canon, appelée pédieuse métatarsienne, des- cend sur la face antérieure du tarse pour se loger dans l'angle plan que forment, en se réunissant l'un à l'autre, le métatarsien principal et le métatarsien rudimentaire externe. Vers le tiers inférieur de la région, elle passe entre les deux os pour se porter sur la face postérieure ; arrivée au-dessus du boulet, elle se comporte comme la collatérale antérieure. Les trois veines métatarsiennes superficielles accompagnent, en de- hors et en dedans, les tendons des fléchisseurs et les nerfs plantaires ; l'interne se dévie en avant et se place sur la face antérieure du tarse; c'est la racine antérieure de la saphène interne. DifTéreiices. — Elles sont de même ordre que celles que nous avons si- gnalées dans le métacarpe. Disons néanmoins que, sur la face antérieure du canon du bœuf, on trouve une artère importante, la pédieuse métatarsienne, qui se loge dans la scissure antérieure de l'os; elle est accompagnée de deux veines volumineuses et d'un nerf important, le musculo-cutané, qui se divise en dernier lieu en quatre branches principales allant aux côtés de chacun des doigts. En arrière, on rencontre deux veines métatarsiennes, situées sur la face postérieure du canon, entre ces os et le Hgament postérieur du boulet, la veine plantaire interne, superficielle, très-volumineuse, accompagne le nerf plantaire interne au côté correspondant des tendons des fléchisseurs. CHAPITRE III DE LA RÉGION PIIALA>GIE>NE OU DU DOIGT DANS LES .MEMBRES AMÉRIEURS ET POSTÉRIEURS. A partir du métacarpe ou du métatarse, avons-nous dit plus haut, on ne rencontre plus que de très-légères différences dans les extrémi- 360 ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. tés, aussi nous suffira-t-il d'une description unique pour faire connaître la région digitée dans les quatre membres. La région digitée est à coup sûr la plus importante de toute l'écono- mie chez le cheval, «pas de pied, pas de cheval » disaient les anciens hip- piatres : cet aphorisme, que M. H. Bouley a pris pour épigraphe de son beau Traité de l'organisation du pied du cheval, résume en six mots l'impor- tance extrême que la région digitée, et surtout la partie de cette région qui correspond à la troisième phalange, acquiert au point de vue vété- rinaire, importance très-bien mise en lumière par la citation suivante que nous empruntons à l'introduction de l'ouvrage que nous venons de nommer. « Quel est, en effet, l'usage exclusif du cheval dans le groupe des ani- maux que l'homme a soumis à son empire ? Celui d'un moteur. Comme ces merveilleuses machines que l'industrie humaine a créées, pour ainsi dire à son imitation, et auxquelles il a servi de mesure, cet ani- mal est employé exclusivement à engendrer le mouvement et à le com- muniquer aux masses inertes avec lesquelles on le met en rapport. « Or, le cheval ne peut fonctionner comme moteur et produire la plus grande somme possible d'effets utiles qu'à la condition de la par- faite solidité de ses colonnes de soutien et delà force des adhérences de ses pieds sur le sol. Car c'est vers le pied que convergent, et c'est à lui qu'aboutissent toutes les actions des ressorts locomoteurs; c'est lui qui sert de point d'appui aux leviers que ces ressorts mettent en mou- vement; et, en dernier résultat, c'est de la solidité de cet appui que dépendent, et la sûreté de la station, et la stabilité de l'équilibre de la machine animale, et aussi l'énergie de la propulsion qui détermine son déplacement. «Pas de pied, pas de cheval donc. Cette vérité trouve tous les jours sa triste confirmation dans la ruine prématurée de bon nombre d'ani- maux réduits à l'impuissance de rendre leurs services, parce qu'ils pèchent par les pieds. « Toutes les qualités d'un cheval sont, en effet, considérablement amoindries, et peuvent môme être entièrement annulées, par la mau- vaise conformation ou les altérations accidentelles de ces organes es- sentiels; et, quelle que soit la supériorité de son origine, si parfaite que se présente sa constitution d'ensemble, si régulier l'agencement de ses parties, si bonne la trempe de ses ressorts : l'animal n'en demeure pas moins incapable de suffire aux services auxquels il était apte par sa race et par sa conformation, lorsque ses pieds, altérés dans leurs formes ou rendus douloureux par des maladies profondes, ne fournissent plus à la machine qu'un point d'appui incertain ou hésité. « La région du pied a donc une importance principale dans l'ordon- nance générale du mécanisme locomoteur, elle le tient tout entier sous sa dépendance comme la base l'édifice, comme le point d'appui le levier; la régularité de sa structure, l'intégrité de sa fonction, sont les DE LA REGION PIIALANGIENNE. 361 conditions essentielles, absolues do rutilisation complète du cheval aux usages delà domesticité. » Qu'il nous soit permis d'ajouter après la page éloquente que nous ve- nons de transcrire, qu'il n'est pas possible de pratiquer une opération, si bénigne qu'elle paraisse au premier abord, dans la région du pied, sans possédera fond l'anatomie de cet organe. Il se produit très-sou- vent, en effet, dans le cours d'une intervention chirurgicale, des com- plications, forcément imprévues dans la description réglée d'un manuel opératoire général, et qui ne peuvent être vaincues que par l'initiative du chirurgien : initiative dont les indications sont données par les con- naissances anatomiques. Cela est si vrai, qu'on ne voit que très-rarement un empirique s'a- venturer dans les opérations délicates que réclame si souvent le pied du cheval, opérations que le vétérinaire instruit mène presque toujours à bonne fin et qui suffisent souvent pour asseoir sa réputation, ce qui le récompense largement des efforts qu'il a pu faire pour perfection- ner son talent d'opérateur par l'étude approfondie de l'anatomie et de la physiologie. Nous avons divisé ce chapitre en trois paragraphes ayant pour titre : 1° le boulet; 2° le paturon ; 3Me pied proprement dit, ou région on- guéale. Tout en restant fidèle à notre manière de décrire, c'est-à-dire en procédant des parties superficielles vers les parties profondes, nous em- prunterons un certain nombre de nos données à l'étude si parfaite que M. II. Bouley a donnée de ces régions, nous y ajouterons également une partie des magnifiques figures de l'atlas qui est joint îi son Traité, figures que nous avons complétées par une autre, dessinée d'après na- ture, des rapports des tissus podophylleux et kéraphylleux. § 1. — Région du boulet. Les parties du corps du cheval qui ont reçu en extérieur le nom de boulet correspondent aux articulations métacarpo- et métatarso-pha- langiennes, et ce nom leur a été donné en raison des formes arrondies qu'elles présentent et qui dessinent un relief sphéroïdal sur les parties qui les avoisinent. Ce relief est formé en avant par une courbe légère : sur les côtés la courbe se prononce davantage et les lignes qui la limitent vont, en arrière, à la rencontre l'une de l'autre se rejoindre par une autre courbe plus brève. La face postérieure forme une ligne droite avec le tendon. Si l'on fait une coupe horizontale au niveau du boulet, on aura sur la section une forme ovalaire très-régulière et très-prononcée, à grosse ex- trémité dirigée en avant. Il résulte de cette disposition que le plus grand diamètre du boulet est antcro-postérieur, mais le rapport qui existe 362 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. entre les deux diamètres de la région n'est pas toujours le même : chez les chevaux dont le tendon est bien dessiné, très-écarté du canon et chez lesquels par conséquent les sésamoïdes volumineux sont éloi- gnés de la surface articulaire, la différence qui existe entre les deux diamètres devient plus considérable, mais cette différence n'est cepen- dant pas absolue, car un grand diamètre antéro-postérieur correspond généralement à une dimension transversale très-grande également, c'est-à-dire à une plus grande surface articulaire, ce qui tend à conser- ver les rapports des deux dimensions. Il est inutile de répéter ici que la grande largcurdu boulet est une des beautés principales de l'animal. i. La peau du boulet varie considérablement en épaisseur suivant les sujets. Chez les animaux appartenant aux races distinguées, elle est fine, couverte de poils très-fins et courts, ce qui permet de voir toutes les saillies des tendons et des os. Dans les races communes, la peau acquiert une assez grande épaisseur et se couvre de poils très-longs, qui en masquent la forme. Dans les unes et les autres races, lorsque le boulet n'a été le siège d'aucune altération, la peau est très-mobile. A la partie inférieure de la face postérieure on remarque que le boulet est pourvu d'un petit organe corné, toujours enveloppé de poils longs plus ou moins nombreux ; c'est Yergot ou le fanon, rudiment d'un doigt avorté, l'importance de ce petit organe est grande au point de vue de l'anatomie philosophique, mais il mérite à peine d'être signalé ici. 11 est cependant à remarquer qu'au-dessous de la peau, la position de l'ergot est indiquée par une petite masse de tissu lamincux et élas- tique, située un peu au-dessous du point d'inflexion des tendons flé- chisseurs, ce qui fait que la face postérieure du boulet se continue intérieurement avec sa forme droite, dans une petite étendue, après que les tendons sur lesquels elle se moule l'ont déj;\ abandonné. 2. Le (issu cnnjonctif sous-cutané offre une certaine épaisseur, et doit être décomposé en trois couches : l'une superficielle, aréolaire, assez lAche, qui se prête à quelques mouvements; une deuxième plus compacte, épaisse surtout sur les côtés de la région, au niveau des vaisseaux et des nerfs digités, qui sont plongés dans son épaisseur; enfin une troisième, profonde, aréolaire comme la première, mais plus mince encore. Les mouvements de la peau peuvent se passer dans la première et la troisième couche. Dans les déplacements peu considéra- bles la mobilité de la couche superficielle est seule en jeu ; si, au con- traire, on tire fortement sur la peau, la troisième couche se prèle à ce tiraillement et il en résulte que la deuxième couche, celle qui renferme les vaisseaux, se trouve déplacée; on peut ainsi faire aller et venir l'ar- tère, la veine et le nerf, qu'on sent alors parfaitement rouler sous le doigt. Le tissu de l'ergot doit être rattaché aux couches conjonctives; il est plus ou moins abondant suivant la finesse des sujets et se trouve formé par un tissu fîbro-graisseux, maintenu entre deux lames conjonctives. DE LA RÉG'ON PIIALANGIENNE. 363 3. Au-dessous de la couche aponévro tique se voient des tendons et des brides tendineuses destinées à mouvoir le doigtou à affermir les tendons et les surfaces articulaires, ce sont, en procédant d'avant en arrière : Fig. 1. — Appareil articulaire de la région digitale (membre antérieur) fl). A A, coupe latérale de la boîte cornée. B, apophyse basilaire. b, extrémité postérieure du cartilage dans l'inté- rieur de l'angle d'inflexion du sabot. C, face externe du cartilage. D, ouvertures vasculaires à la surface du cartilage. F, bord supérieur du cartilage. G, ligament latéral antérieur. H, apophyse rétrossale. 1, tendon de l'extenseur principal des phalanges à son insertion sur l'éminence pyramidale. J, bord postérieur du cartilage. K, brides latérales qui unissent le tendon de l'ex- tonsour des phalanges aux branches du liga- ment suspenseur du boulet en K'. Q, portion de la gaine fibreuse d'enveloppe des tendons fléchisseurs des phalanges. R, brides latérales de la gaine de renforcement du tendon perforant. T, tendon perforant. V, gaine de renforcement du tendon perforant. X, insertion à la première phalange des brides la- térales de la giiîne de renforcement. Z, insertion à la première phalange de l'extenseur latéral des phalanges. (1) Empruntée au Traité de l'organisation du pied du cheval, par M. H. Bouley. 364 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. \° les tendons des deux extenseurs du doigt, aplatis et atteignant en- semble une largeur de 3 centimètres environ ; la direction de ces tendons est verticale. Ils sont intimement unis par côté au ligament antérieur de l'articulation par un tissu court, qui donne naissance à une forte lame aponévrotique, laquelle se porte obliquement en haut et en dehors pour s'attacher sur le bord du métacarpien principal. Le tendon de l'extenseur latéral, situé en dehors, s'arrête sur la capsule de l'arti- culation et sur l'extrémité supérieure de la première phalange (Z, fig. 1). 2° Une forte bride oblique en avant et en bas provenant du ligament supérieur du boulet, et allant rejoindre le tendon antérieur dans la région du paturon ; 3° une seconde bride horizontale qui va de la face externe des sésamoïdes au tendon du perforé ; 4° enfin, le volumineux faisceau qui résulte de l'ensemble des tendons des fléchisseurs des phalanges. Le tendon du perforé enveloppe, comme on le sait, celui du perforant dans un anneau complet, ce qui fait que ce dernier est situé au milieu des libres du premier dans lequel il glisse au moyen d'une coulisse tapissée par une synoviale ; le perforé est maintenu par une gaîne fibreuse d'enveloppe dont on voit un des faisceaux supérieurs en Q. Deux synoviales très-importantes facilitent le glissement des tendons de l'ex- tenseur et des fléchisseurs. La première située entre la face antérieure du ligament membraneux de l'articulation et laface adjacente du tendon extenseur est vésiculaire, souvent divisée en deux par un repli. A l'état normal son diamètre vertical est d'environ 3 centimètres et le transver- sal de 1 centimètre et demi. Elle est spéciale au tendon extenseur an- térieur des phalanges, l'extenseur latéral n'en possède jamais. L'accu- mulation du liquide dans son intérieur constitue Yhygroma du boulet. La seconde synoviale, commune aux tendons fléchisseurs, a reçu le nom ^c grande gaîne sésamotdienne ; c'est une des plus importantes de l'économie, et quoiqu'elle n'appartienne pas uniquement à la région du boulet, mais bien aussi au paturon, nous la décrirons cependant ici. La grande gaîne sésamoïdienne ou métacarpo-phalangienne a une longueur d'environ 20 centimètres; son extrémité supérieure remonte un peu au-dessus du niveau des boutons des métacarpiens latéraux, l'inférieure descend jusqu'à la partie médiane de la deuxième phalange. Nous pouvons lui considérer une face antérieure ou profonde, une pos- térieure ou superficielle et deux extrémités. La face postérieure est absolument lisse, elle est moins étendue que l'antérieure, car elle s'arrête inférieuremcnt au niveau de l'interligne articulaire des deux premières phalanges. L'antérieure, très-irrégu- lière, anfructucuse, est formée par la face correspondante de l'anneau du perforé, la coulisse sésamoïdienne, la face postérieure des ligaments sésamoïdiens inférieurs, celle du fibro-carlilage de l'extrémité infé- rieure de lu première phalange et de la deuxième. Au-dessous de la coulisse sésamoïdienne, la face antérieure cesse d'être lisse, elle pré- sente des diverlicules latéraux incomplètement séparés par des brides DE LA RÉGION PHALANGIENNE. 36a aponévrotiques percées de larges trous, et dont quelques-unes vien- Fig. 2. — Coupe lojifjitudinale de la région digitéc, dcns son plan médian. A. B, coussinet plantaire. «(',, membi'anG fibreuse d'enveloppe du coussinet plantaire. D, limite antérieure du coussinet. K, deuxième phalange. F, articulation de la première avec la deuxième phalange. H, insertion du perforé aux parties latérales de l'os coronaire. 1, insertion de l'aponévrose plantaire à la crête semi-lunaire. K, première phalange. L, coupe du tendon perforé. M, ligament transverse de tissu fibreux jaune qui unit la face antérieure du perforant à la face postérieure de l'os coronaire et sépare le cul- de-sac inférieur de la grande gaine sésamoï- dienne de celui de la gaine synoviale de la deuxième articulation phalangienne P. .V, diverticule de la gaine de l'articulation du pied, entre le petit sésamo'ide et la troisième pha- lange. 0, petite gaînc sésamoïdienne. T, tendon perforant. Y, articulation métacarpo-phalangienne. nent s'attacher sur la face antérieure du perforant. Ces brides sou- tiennent des vaisseau.x d'un certain volume. A partir de l'articulation 366 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. inter-phalangicnne la synoviale redevient absolument lisse. L'extré- mité inférieure de la synoviale est constituée par le cul-de-sac anté- rieur qui s'avance jusqu'au milieu de la deuxième phalange et s'adosse à la bride qui réunit le tendon ù la face postérieure de la deuxième pha- lange, et qui indique également la limite de la synoviale de l'articulation du pied. Or, comme cette bride est oblique en arrière et en bas, il s'en- suit que les deux extrémités des synoviales se chevauchent, la grande gaîne restant en arrière. Le perforé ne formant pas un anneau com- plet, les parois de la gaîne sont complétées par une expansion mem- braniforme très-adhérente au tendon, sur sa face postérieure, et venant s'attacher de chaque côté sur les bords des os phalangiens (voy. fig. 1 et 3) où elle est renforcée par trois brides fibreuses très-fortes. L'extrémité supérieure de la gaîne grande sésamoïdienne forme deux culs-de-sac très-bien séparés l'un de l'autre et profonds d'environ 3 à 6 centimètres, comprenant toute la partie de la gaîne située au-dessus de la ligne médiane de la coulisse sésamoïdienne. Le diverticule postérieur est creusé entre la face antérieure du perforant et la face postérieure de l'anneau du perforé; l'antérieur est situé en avant de ce dernier tendon, et s'appuie contre la face postérieure du ligament suspenseur du boulet. Tout à fait à leur extrémité supérieure les deux culs-de-sac ne sont sé- parés que par l'adossement des replis de la synoviale qui les tapisse, ce qui tient à ce que l'anneau du perforé ne remonte pas jusqu'à leurs sommets. Articulation métacarpo-plialangienne. — Les surfaces articulaires sont : du côté du canon, deux condyles latéraux, séparés par une arête mé- diane; du côté de la première phalange, deux cavités glénoïdes séparées par une gorge médiane. Cette dernière surface est en outre complétée en arrière par les grands sésamoïdes et le tlbro-cartilagc qui les réunit, et auquel on adonné le nom de ligament intersésamoïdicn. Les sésa- moïdiens possèdent en outre trois autres ligaments qui assurent leur union avec la première phalange, tout en leur permettant certains mouvements de bascule sur ce dernier os. Ces ligaments sont distin- gués en superficiel, moyen et profond : le premier est une bandelette aplatie, qui, située en arrière de la première phalange qu'elle suit dans toute sa longueur, prend naissance dans le fibro-cartilage inférieur et va se confondre supérieurement avec le ligament intersésamuïdien; le moyen est triangulaire, ses fibres vont des parties latérales, et môme, par un mince faisceau, de la partie moyenne de l'appareil sésamoïdien, jusqu'au fibro -cartilage inférieur vers lequel elles convergent. Le liga- ment profond, formé de deux petites bandelettes croisées en sautoir, va de la base du sésamoïde à l'extrémité supérieure de la première phalange. Deux ligaments sésamoïdiens latéraux relient en outre les côtés des os complémentaires avec les bords de la phalange ; ils limitent ainsi le déplacement en arrière. Ainsi formées, les deux surfaces articulaires sont réunies par des li- DE L.\ RÉGION PHALANGIENNE. 367 gaments très-forts, au nombre de quatre, un antérieur, un postérieur et deux latéraux : ces deux derniers, semblables entre eux, comprennent deux faisceaux superposés, le faisceau profond, attaché dans l'excavation latérale de l'extrémité inférieure du métacarpien, est intimement uni au superficiel qui va prendre son attache plus haut jusque sous le bouton du métacarpien rudimentaire. Tous les deux se confondent inférieu- rement et viennent s'attacher sur l'extrémité supérieure de la première phalange, en entremêlant leurs fibres avec celles du sésamoïdien latéral. Le ligament antérieur capsulaire, très-fort et résistant, s'attache autour des surfaces articulaires qu'il maintient en contact et se confond par côté avec les ligaments latéraux ; sa face antérieure, intimement unie au tendon de l'extenseur latéral, se trouve séparée de celui de l'extenseur antérieur par une synoviale vésiculaire que nous avons déjà étudiée. Quant au ligament postérieur, qui est appelé suspenseur du boulet, son origine se fait beaucoup plus haut que ne semblerait l'indiquer sa terminaison; il prend naissance en arrière du carpe et du métacarpe, ou du tarse et du métatarse, pour descendre le long de cette dernière région. Avant d'arriver sur les sésamoïdes, ce ligament se bifurque et chacune de ses branches, après s'être attachée sur le sommet des sésa- moïdes, fournit ensuite les deux brides de renforcement du tendon de l'extenseur antérieur. La synoviale tapisse les ligaments et se prolonge en arrière et en haut pour former un cul-de-sac assez étendu, situé entre le ligament suspenseur du boulet et la face postérieure du canon. L'inflammation de cette synoviale ou l'hyperhémie résultant de l'activité et de la con- tinuité d'action de la fonction produisent les molettes articulaires qu'on distinguera facilement, d'après leur position, des molettes ten- dineuses qui ont leur siège dans la grande gaine sésamoïdienne. Les molettes articulaires sont situées très-près de l'os, en avant du liga- ment suspenseur du boulet, au-dessus de l'articulation, jamais au- dessous. Les molettes tendineuses ont leur siège en arrière du ligament suspenseur, autour des tendons; elles s'étendent plus haut que les ar- ticulaires et toujours elles donnent lieu à un renflement sensible aux doigts, au-dessous de l'articulation, dans la région phalangienne. Vaisseaux et nerfs. — Les vaisseaux artériels situés dans la région du boulet font suite à l'artère collatérale du canon qui, en arrivant à la face postérieure du canon, au niveau de la bifurcation du ligament suspenseur du boulet, se divise en deux branches d'égal volume : les collatérales du doigt ou artères digitales {Ji, fig. 3, A, fig. 11). Ces artères, placées entre le tendon du fléchisseur profond des phalanges et le liga- ment suspenseur du boulet, au-dessus du cul-de-sac supérieur de la grande gaine sésamoïdienne, qu'elles comprennent entre elles, s'écar- tent l'une de l'autre, et viennent prendre une position superficielle de chaque côté de l'articulation, sur le bord des tendons fléchisseurs, 308 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. au-dessous du fascia lihreux qui fait suite à la tuuique propre du coussineL plautaire; l'artère interne et Textcrne aflectent une direction et des rapports exactement semblables au moment où elles deviennent superficielles : nous devons néanmoins dire que leur origine est un Fig. 3. — Artères, veines et nerfs de la région dif^itéc. V, nerf plantaire. A, point d'émergence du nerf plantaire au-dessus des sésamoïdes. B, B, B, branche cartilagineuse, r, C, C, branclie cutanée. L), artère digitale, à la face postérieure de laquelle le nerf est accolé. E, E, divisions anastomotiques entre la branche cartilagineuse et la branche cutanOe. F, F, division destinée aux bulbes cartilagineux; rameaux bulbeux. r., branches transverses en arrière de l'articula- tion niétacarpo-phalangicnnc. V, veine digitale. peu difTérenle dans le membre antérieur et le postérieur. Dans le membre antérieur, l'artère interne continue presque en ligne directe la collatérale du canon, tandis que l'externe décrit à son origine une courbe prononcée pour contourner supérieurement le cul-dc-sac de la gaîne sésamoïdienne. Au membre postérieur, la division de la collaté- DE LA RÉGION PlIALANGIENNE. 369 raie du canon se fait sur la ligne médiane du membre, et les deux vaisseaux artériels du doigt sont absolument identiques comme ori- gine et comme trajet. Dans ce trajet, les artères digitales émettent des rameaux antérieurs et postérieurs, qui se divisent plusieurs fois et dont les dernières ramifications se rejoignent et s'anastomosent sur les faces antérieure et postérieure et ont notamment une petite aité- riole qui nait au milieu de l'extrémité supérieure de la première pha- lange et se rend au tissu de l'ergot (B et G, fig. 3), Les veines digitales (V, lig. 3, F, fig. 13), parallèles aux artères, sont situées un peu en avant d'elles ; elles s'accolent à l'artère au mo- ment de pénétrer entre les tendons fléchisseurs et le suspenseur du boulet, et se réunissent en arrière par une arcade qui laisse échapper les trois veines du canon. En arrivant sur le boulet, les nerfs plantaires (A, P, fig. 3) s'accolent au bord postérieur de l'artère digitale ; au niveau de cette articulation ils donnent plusieurs branches, l'une antérieure, cutanée (G, G, fig. 3), qui naît au milieu de l'extrémité supérieure des grands sésamoïdes, croise très- obliquement la direction de l'artère, s'accole à la face posté- rieure de la veine pour passer bientôt à sa face antérieure. Une autre branche (B, fig. ."), appelée cartilagineuse par M. H. Bouley, se détache du nerf plantaire au niveau de la première phalange et se porte en avant de la veine digitale, qu'elle accompagne jusqu'au cartilage com- plémentaire. Les bjuiplintlques du boulet se rendent aux mêmes ganglions que ceux du canon et du jarret. Btifréreiices. — Chez les ruminants l'articulation métacarpo- et métalarso- phalangienne est double, et chacune des parties ressemble beaucoup à larli- culatiou simple du cheval. Sur la face antérieure de chaque arliculation se trouve une des branches de l'extenseur commun et sur le côté excentrique celui de l'extenseur propre, en arrière le perforé et le perforant se comportent comme chez le cheval. Les ligaments sésamoïdiens se réduisent à celui que nous avons appelé profond chez le cheval ; on trouve, entre les deux premières phalanges, un ligament interdigité supérieur, dont les fibres croisées en sautoir vont d'une phalange à l'autre; le ligament suspenseur du boulet se divise inférieurement en huit branches, deux vont h. chaque division du ten- don du perforé et concourent à former l'anneau de ce tendon, quatre se ren- dent au sommet de chaque sésamoïde et les deux qui vont aux sésamoïdes excentriques laissent éctiapper une branche qui se rend au tendon de l'exten- seur propre du doigt, enfin les deux derniers rameaux passent dans féchan- crure de l'os du canon, et se séparent en arrivant à la face antérieure pour aller se joindre au tendon de l'extenseur propre de chaque doigt. Les artères du boulet du bœuf dilfèrent suivant qu'on les étudie au membre antérieur ou au membre postérieur. Au membre antérieur ou rencontre une collatérale du canon qui se comporte comme chez le cheval, mais qui fournit, au niveau du bord supérieur du boulet, trois digitales, une médiane beaucoup plus forte que les latérales qui vont se placer sur les côtés excentriques des rttcu ET ToLSSAi>T. — C/ururyie. 24 :j70 anatomie spéciale ou des régions. doigts. Chacune de ces artères est accompagnée par une veine digitale volu- mineuse située à sa face antérieure, et par un nerf plantaire qui croise les A aisseaux d'avant en arrière ; l'artère digitale médiane est flanquée de deux veines énormes. Au membre postérieur on rencontre l'artère principale, c'est-à-dire la métatarsienne à la face antérieure du boulet, sur le milieu duquel elle descend avec la veine de même nom. En arrière, on trouve trois petites artères digitales, trois veines et trois faisceaux nerveux disposés comme au membre antérieur, mais d'un volume bien différent; les artères, surtout la digitale externe, sont très-petites. Les veines collatérales exiernes sont seules Aolumineuses, l'autre est au contraire très-petite. ^2. Du paturon. Le paturon (voy. pour les ligaments ci les tendons, les fig. 1, 2 et 4) a pour base la première phalange, une partie de la deuxième et la première articulation interphalangienne ; il est limité en haut par le boulet, en bas par le pied. La région à laquelle on donne en extérieur le nom de couronne, doit être comprise en partie dans celle du paturon et dans celle du pied, car elle n'a pas de caractéristique anatomique. Le paturon affecte une direction oblique en avant et en bas, de io" environ ; sa largeur augmente à sa partie inférieure de façon à lui donner une forme légèrement conique, cachée en partie, chez les chevaux de race commune, par l'abondance et la longueur des poils. La peau acquiert une grande épaisseur sur le paturon, épaisseur qui n'est cependant pas partout la même ; c'est à la face postérieure et dans toute la partie qui avoisine le sabot qu'elle offre le plus de force. Très-intimement adhérente aux tissus sous-jacents, elle ne peut éprou- ver que des déplacements très-légers. La couche conjonctive sous-cutanée, plus épaisse en arrière et sur les côtés qu'en avant, forme plutôt une gangue qu'une vérita])le apo- névrose ; élasti(iue et molle, elle est diflicile à entamer avec l'instru- ment tranchant. Pour étudier plus fructueusement cette région, nous envisagerons successivement la partie antérieure et la postérieure. A la face antérieure et au-dessous de l'aponévrose, on ne rencontre qu'un tendon large et épais, appliqué immédiatement sur les os, dont il est séparé seulement par des vaisseaux et leur gaine conjonctive : c'est le tendon de l'extenseur antérieur des phalanges. Rétréci au niveau du bord inférieur du boulet, il s'élargit à mcsin-e (|u'il s'avance vcrslalimile inférieure de la région. Il reçoit au milieu de la première phalange, de chaque côté, les brides de renforcement du tendon suspenseur du boulet, qui croisent en écharpe la direction de la première phalange ; en revanche, le tendon laisse échapper, à peu près au même point, deux faisceaux qui se dirigent sur les côtés, en passant sous ceux du DE LA REGION PIIALANGIENNE. 371 ligament suspenseur et en les croisant en X; ces faisceaux vont s'atta- cher sur les extrémités du cartilage glénoïdicn qui complète en arrière Fig. 4. — Ligaments et tendotis de la région digitale, vus de trois quarts. A, ligament latéral antérieur de l'articulation du pied. B, tendon extenseur des phalanges. C, face interne du filiro-cartilage latéral. 1), ligament latéral postérieur ou sésamoïdien. E, branche divergente en dehors du ligament la- téral postérieur, allant s'attacher en dedans de rapo|ihyse basilaire et se confondre avec le ligament latéral antérieur. I, brides latérales de la gaine de renforcement du perforant, suivant une direction parallèle aux deux ligaments du pied et allant s'attacher aux parties latérales de la première phalange. R, branches du perforé. V, insertion en dedans de l'apophyse rétrossale de l'aponévrose du perforant doublée de sa gaine de renforcement. X, insertion supérieure des brides latérales de l:i gaine de renforcement. la deuxième phalange, et constituent ses brides supérieures. En pas- sant en avant de l'articulation inlerphalangiennc, le tendon remplit nT2 AN.VTOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. le rôle irun ligament capsulaire antérieur et s'attache par conséquent sur les bords des os qui la forment. En étudiant la face postérieure ((ig. 4), on reconnaît au-dessous du tissu conjonctif sous-cutané, une large expansion qui en occupe toute l'étendue; cette membrane fibreuse, appelée par M. II. Bouley tunique propre du coussinet plantaire, se prolonge en haut jusqu'au boulet, et se confond avec le tissu de l'ergot; elle est bordée de chaque côté par une bandelette résistante, située en dehors du faisceau vasculo- nerveux que l'on trouve sur chaque face latérale, dont elle croise obliquement la direction; cet ourlet est un point de repère indiqué' dans la section du nerf plantaire, qui se trouve accolé ;\ son bord antérieur, vers le milieu de la région, et qui s'en éloigne à sa partie supérieure. (»n trouve, au-dessous de cette lame fibreuse, une mince couche d'un fascia cellulaire qui la sépare de la gaînc de renforcement du tenclon perforant; celle-ci, intimement unie en arrière au tendon du fléchisseur superficiel, se rattache en .outre à la première phalange par deux brides latérales obliques en avant. Au-dessous de la gaîne de renforcement, se voient les tendons du perforé et du perforant : le premier, superficiel, se divise au niveau du milieu de la première phalange en deux branches très-fortes, qui s'écar- tent lune de l'autre et vont s'attacher à chaque extrémité du cartilage dit glénoïdien. Le tendon du perforant glisse au-dessous de celui du perforé dans la gaîne grande sésamoïdienne que nous avons décrite dans la région du boulet. Enfin on rencontre en couches tout à fait pro- fondes, directement appliqués sur la face postérieure de la deuxième phalange, les ligaments sésamoïdiens inférieurs. Arliculation de la première avec la deudième phalange (fig. 2, 4 et 9). — Les surfaces articulaires sont, du côté de la première phalange, deux condyles latéraux séparés par une gorge médiane ; du côté de la deuxième phalange, deux cavités glénoïdales et un relief antéro-posté- rieur ; de plus, cette dernière surface est complétée en arrière par un fibro-cartilage dit glénoïdien, qui agit aussi comme une poulie de ren- voi sur laquelle glisse le tendon du perforant. V.o, (ibro-carlilage rem- plit en même temps le rôle d'un ligament, car son bord supérieur s'at- tache sur l'extrémité inférieure de la première phalange par six brides, deux supérieures qui vont aux faces latérales du premier phalangien et au tendon de l'extenseur antérieur ; deux moyennes et deux infé- rieures, qui se rendent aussi à la première phalange. Ce cartilage est lubrifié en avant par la capsule de l'articulation, en arrière par celle de la gaîne grande sésamoïdienne. Nous avons déjà dit que le tendon de l'extenseur antérieur remplissait le rôle d'un ligament membraneux ; quant aux ligaments latéraux, ils partent des côtés de la première phalange, se dirigent en arrière, s'attachent sur les bords latéraux de la deuxième phalange et vont enfin se terminer sur le petit sésa- DZ LA RÉGION PIIALANGIENNE. 373 moïde, pour constituer les ligaments latéraux postérieurs de l'arli- eulation du pied. La synoviale est simple, elle lapisse les ligaments, le tendon et re- Fi£ ]'aisscaux artiiricls supcrficieh de la réfjion digitale. A, A , A", artère digitale depuis son point d'éiiicT- genc(! au-dessus des grands sésanioïdes jus- qu'au point où elle disparait sous la plaijue des cartilages en N. B, rameaux transverses antérieurs de l'articulation niétacarpo-plial.uigienne. ('., artère perpendiculaire. D, rameau ascendant de l'artère perpendiculaire. E, rameau descendant de l'artère perpendiculaire. F, rameau transverse qui forme avec le correspon- dant le cercle coronaire superficiel. f, ramusculcs ascendants dans le bourrelet du cercle coronaire superficiel. l', ramuscuk's ascendants du tissu podopliv lieux.'' G, rameaux transverses postérieurs de l'articula- tion méiacarpo-phalangienne. K, ai'tère du coussinet plantaire. P, artère circonflexe. l', l', divisions terminales ascendantes de l'artère digitale ; elles sortent des porosités'de la troi- sième plialnnge pour se ramifier dans le tissu podopliN lieux. monte un peu en arrière, sur la troisième phalange, en avant du. fibro-cartilage. 371 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Va'sscaux et tierfs (lig. 3, 5, il, 12, 13 et 14). — Les artères et la veine digilalcs sont situées entre la peau et la membrane qui forme la luniquc propre du coussinet plantaire ; elles sont accompagnées par les branches des nerfs plantaires; leur disposition est la suivante : en avant, la branche cutanée du nerf, puis la veine digitale, souvent double jusqu'au milieu de la région ; puis la branche nerveuse, dite cartilagineuse, qui envoie à la branche cutanée des filets nombreux qui croisent la vcùne ; enfin l'artère, et, à son bord postérieur, le nerf plantaire qui lui est intimement accolé et la recouvre souvent en dehors. En outre, on rencontre des divisions vasculaires secondaires, parmi lesquelles nous citerons : vers le milieu de la première pha- lange, l'artère perpendiculaire de Percival, qui donne des rameaux antérieurs et postérieurs anastomosés les uns avec les autres, en avant et en arrière, et formant ainsi un cercle complet au-dessous des ten- dons qui recouvrent les faces de l'organe; à diflerenles hauteurs, des artérioles, cutanées, articulaires ou tendineuses, formant un réseau très-riche, ainsi que le montre la figure 5. Les veines, affectent un trajet analogue à ceux des artérioles. Différences. — Chacune des régions plialangiennes du bœuf représente assez exactement la région unique du cheval : le tendon extenseur propre du doigt représente l'extenseur antérieur comme forme et comme disposition, l'extenseur commun se traduit par un cordon situé aq côté interne de chaque doigt. On trouve, entre les deux premières phalanges, un ligament unissant dit interdigité supérieur, formé de fibres courbes croisées en sautoir. Au ni- veau de l'espace interdigité se trouve au membre antérieur, une veine volu- mineuse; en arrière l'artère pédicuse métatarsienne passe dans l'intervalle situé entre les deux premières phalanges. Les veines ont été suffisamment indiquées dans la région du boulet. § 3. — Du pied. La région du pied, chez le cheval, comprend toutes les parties des extrémités recouvertes par l'ongle ou le sabot; elle a pour base la moitié inférieure de la deuxième phalange, la troisième phalange avec l'appareil fibro-cartilagineux qui complète cet os sur les côtés et le petit sésamoïde. Ces trois os sont réunis par une articulation très- importante, la deuxième articulation interphalangienne ou articu- lation du pied; des ligaments et des tendons faisant également fonc- tion de ligaments entourent ces os, qui sont encore recouverts par un prolongement du derme; des vaisseaux et des nerfs complètent ces différentes parties et viennent leur apporter la nutrition et la sensibi- lité. Le sabot ou l'ongle forme à toutes ces parties une enveloppe qui les protège contre les atteintes des corps extérieurs. iS'ous allons décrire ces dilférents organes en procédant dan.s un DE LA RÉGION PIIALÂNGIENNE. 37o ordre inverse à celui de leur énumération, c'est-à-dire en allant des parties superficielles vers les parties profondes. a, — DE I.A UOITE CORNÉE OU SABOT. Vu dans son ensemble, le sabot reproduit à peu près la forme exté- rieure de la troisième pbalange, c'est-à-dire celle d'un corps légè- rement conique, obliquement tronqué d'avant en arrière et de haut en bas, de telle sorte que la section oblique aurait légèrement em- piété sur la base. Fermé sur toute sa circonférence par un bord très-élevé en avant, très-bas en arrière, à son fond par un plancher légèrement convexe, le sabot est largement ouvert en haut et sa cavité interne répète à peu près exactement sa forme extérieure; les pièces dont il est composé, très-fortement unies l'une à l'autre, peuvent cependant être séparées avec assez de facilité. Une macération suffisamment prolongée permet de reconnaître, dans la boîte cornée, trois parties bien distinctes comme forme et, dirons-nous, comme arrangement des éléments qui en forment la structure. Ces parties sont : la. paroi, la sole et la fourchette, prolongée par le pénople. 1° i»aroi. — La. paroi on muraille forme toute la portion du sabot visible lorsque le pied repose sur le sol ; en outre, elle se prolonge par deux pointes qui se replient d'arrière en avant et convergent vers le centre de la surface plantaire en se plaçant comme deux cloisons entre la fourchette et la sole, avec le bord interne de laquelle elles ne tardent pas à se confondre vers le milieu ou le tiers antérieur de la longueur de ce bord. L'aspect de la bande de corne de la paroi est exactement, si on la suppose déployée, celle d'un croissant. Si l'on prend, par exemple, la visière d'un casque, et que l'on recourbe cette visière sur elle-même de façon que son bord convexe appuie par tous ses points sur un plan, et que ses deux pointes, repliées à angles aigus, à une petite distance des extrémités, se dirigent vers le centre de la portion d'es- pace circonscrite, on aura une idée fort exacte de la disposition de la paroi. En vertu de la plus grande longueur du bord convexe, lorsqu'on le fait appuyer par tous ses points sur un plan, la figure prend une forme légèrement conique, ce qui existe normalement pour le sabot du cheval ; il n'est pas jusqu'aux pointes rentrantes qui, en se relevant légèrement au-dessus du plan sur lequel appuie le bord convexe, comme elles le font dans le pied pour se mettre au niveau de la sole, ne viennent compléter cette figure déjà fort approchée de la mu- raille. La largeur de la paroi, comm'e celle du croissant, diminue de la partie moyenne ou antérieure vers ses extrémités; l'inclinaison 376 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. oblique, Irès-forte en avant, diminue considérablement sur les côtés, devient bientôt nulle et se prononce même en sens opposé, aux points de réflexion des extrémités rentrantes, où elle est parallèle à celle de la i)artie antérieure ou médiane; ce qui justifie, en partie, le choix qu'avait fait Bracy-Clark d'un cylindre coupé obliquement et re- posant sur sa surface de section, pour représenter le pied du cheval. L'épaisseur de la muraille n'est pas partout la même. C'est en avant qu'elle présente la plus grande force; sur les côtés, elle s'a- mincit peu t\ peu jusqu'il son angle d'inflexion postérieur, où elle s'épaissit, pour devenir enfin plus mince que partout ailleurs, dans les parties réfléchies. La corne conserve la même épaisseur dans tous les points de sa hauteur, elle est par conséquent aussi forte au niveau de son bord supérieur qu'à l'inférieur, ce qui indique bien que sa sécrétion se fait pour la plus grande partie par le bourrelet; l'épaisseur plus considé- rable qui devrait résulter de la formation de cellules à la surface du derme disparaît par l'usure que subit la face externe sous l'influence des corps étrangers, et cela de telle sorte que, lorsque sur des pieds bien conformés il y a une légère différence, elle se trouve souvent à l'avantage de la partie supérieure; on démontre l'usure de la face externe par la direction des tubes de la paroi, qui deviennent de plus en plus superficiels, et dont les plus rapprochés de la face externe finissent par se perdre avant d'arriver au bord inférieur. En général, les parties correspondantes latérales sont plus fortes en dehors (pi'en dedans du sabot; il en est de même de l'extrémité réfléchie externe. Au point de vue de la dureté, la corne présente, comme l'épiderme, des diflcrences très-importantes; sa consistance augmente des parties profondes aux parties superficielles : les couches profondes sont molles, faciles à couper, les couches moyennes déjà plus consistantes et les externes deviennent très-dures. M. IL Bouley a formulé à ce propos cette loi très-juste. « En règle générale, la corne est d'autant plus souple et molle qu'elle est plus voisine des parties vives, d'autant plus dure et résistante qu'elle en est plus éloignée. » En vertu de cette loi, le bord inférieur est toujours plus résistant que le supérieur. Quant à la couleur externe, elle dépend de l'état de pigmentation de la peau du membre au niveau du bourrelet: blanche lorsque l'ani- mal a une robe blanche ou bien présente des balzanes, elle devient iliin gris plus ou moins foncé lorsque la peau est pigmentée. Les couches ■profondes sont toujours blanches. On a donné différents noms aux diverses parties de la paroi : l'an- térieure, qui correspond au milieu du croissant, a reçu celui de /jince ; de chaque côté et symétriquement par rapport à la pince, se trouvent les mamelles, larges de 3 à i centimètres; les régions latérales, les plus étendues, prennent le nom de quartiers; aux points où la paroi DE L\ RÉGION PIIALANGIENINE. 377 se réfléchit, c'cst-à-dirc tout à fait en arrière, se trouvent les talons; les angles d'intlcxion eux-mêmes sont appelés nrcs-boutants; cette ex- pression est considérée comme synonyme de talon ; quant aux parties réfléchies et appliquées contre le bord interne de la sole, elles prennent le nom de barres. La fiice externe de la paroi, parfaitement rectiligne du bord supérieur à l'inférieur, est comme recouverte d'un vernis formé d'une mince couche cornée, sécrétée par un petit renflement superposé au bourrelet principal et appelé ùoun'eLt jjério/jlique ; on appelle pav su'ûe périople cette couche cornée qui recouvre la surface externe du*sabot. La couche superficielle laisse apercevoir au-dessous d'elle de légères stries longi- tudinales, parallèles, et des sillons transversaux à peine marqués sur- la corne à l'état physiologique, mais qui s'accentuent davantage dans certaines maladies du pied, notamment après la fourbure, et prennent alors le nom de cercles. L'a face interne recouvre la face externe du derme qui enveloppe l'extrémité, et entretient avec lui des rapports identiques à ceux que la couche de .^lalpighi de 1 épidémie entretient avec le derme dans les autres parties du corps; néanmoins son aspect est particulier; on y remarque une quantité considérable de lames ou plis longitudinaux, allant du bord supérieur au bord inférieur, s'engrenant avec des plis semblablement disposés du derme, mais non identiques dans leur structure, car ces derniers ont la signification de papilles composées; l'ensemble des plis qui appartiennent à la paroi a reçu le nom de tissu kéraphijUeux ; les lames du derme portent le nom de tissu podophylleux. Ce mot de tissu, assez impropre dans le cas présent, car il pourrait laisser supposer que ces parties ont une structure spéciale, ne doit s'entendre que de l'agencement particulier des cellules du tissu corné avec les fibres du derme. La face interne est moins étendue que l'externe; le bord supérieur étant taillé en biseau interne; les lames du tissu kéraphylleux occu- pent toute son étendue; longues en avant, elles décroissent sur les côtés et arrivent, sur les barres, à n'avoir plus que quelques milli- mètres de longueur; leur largeur est à peu près la même dans tous les points; celles de la partie antérieure sont néanmoins un peu plus larges, et aussi plus espacées. Si on les examine sur leur longueur, on peut voir également qu'elles sont plus saillantes vers le bord plan- taire qu'à leur extrémité supérieure, près du bord coronaire. Outre ses rapports avec le tissu dermique qui recouvre la dernière phalange, la paroi est aussi en continuité directe sur toute l'étendue de son bord inférieur, avec la circonférence de la sole, avec laquelle ses lames s'engrènent comme elles le font plus haut avec le derme. Le ljo)d supérieur de la paroi est creusé en dedans d'une gorge qui répond au bourrelet et qui présente en creux les reliefs de cette partie du tégument. En raison de sa forme oblique en dedans, on a donné 378 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. au bord supérieur le nom de biseau; h cause de ses usages qui sont de recevoir et de loger la cutidure, Bracy-Clark l'appelle aussi cavité cu- tigérale. Large en avant, la cavité cutigérale présente des dimensions moindres sur les côtés, s'élargit au niveau des arcs-boutants, pour se rétrécir de nouveau sur les barres et se perdre avant d'avoir atteint leur extrémité. Entre la limite inférieure de la cavité cutigérale et le sommet des lames kéraphylleuscs, on remarque une zone unie, large de 2 millimètres environ, limitée supérieurement par le bord aminci du périople. Dans toute sort étendue, la surface cutigérale est criblée d'une in- nombrable quantité de petites ouvertures, d'autant plus profondes qu'elles s'approcbcnt davantage des lames kéraphylleuscs, ouvertures destinées ;\ loger les papilles du bourrelet, larges à l'entrée, mais se rétrécissant graduellement pour se terminer par une pointe très-fine. Le bord inférieur de la paroi, plan-uni, reposant sur le sol, se trouve habituellement au ni^eau delà face inférieure de la sole. Assez sou- vent, lorsque les animaux ont marché sur un sol dur sans que ce bord ait été protégé par le fer, il présente des filaments semblables fi ceux d'un trôs-court pinceau; cet aspect, remarqué depuis longtemps, avait fait croire autrefois que la corne était composée de poils ag- glutinés. En se réfléchissant en dedans, les extrémités de la paroi constituent, au point d'inflexion, les arcs-boutants, désignés en extérieur sous le nom de talons. La disposition de la lame cornée n'offre l'ien de bien particulier en ce point, sinon sa direction légèrement oblique en avant et en bas ; le talon forme généralement une courbe brève, sur laquelle vient s'appuyer la fourchette. Quant aux barres, leur incli- naison se fait de telle sorte qu'elles sont plus rapprochées parleur bord supérieur que par l'inférieur; elles sont en rapport par leur face interne et supérieure avec la sole, par leur face externe et inférieure avec la fourchette, dont elles limitent par côté les lacunes latérales. Les barres ne viennent pas se rejoindre à l'extrémité de la fourchette comme le croyait Bracy-Clark; elles s'arrêtent vers le tiers antérieur du bord interne de la sole, en se confondant avec cette dernière partie et avec la fourchette. 2° Sole. — La sole est une plaque cornée épaisse, comprise entre le bord plantaire de la paroi et ses prolongements réfléchis. Considérée isolément, la sole a la forme d'une lame circulaire, léj^èremcnt com- primée sur ses parties latérales, à laquelle on aurait enlevé un secteur, comprenant un cinquième environ delà circonférence et dont la pointe se prolongerait un peu au delà du centre. L'épaisseur delà sole est plus grande dans les parties qui avoisincnt son bord externe que dans son milieu. Dans les pieds qui ont usé régu- lièrement, l'épaisseur de la sole est à peu près la même, dans ses points les plus forts, que celle de la paroi; mais sous rinfliuMice d'un DE LA RÉGION PIIALANGIENNE. 379 défaut d'usure, clic peut acquérir des dimensions beaucoup plus consi- dérables. Lq consistance de la sole est soumise à la même règle que nous avons énoncée plus haut : les points les plus rapprochés des parties vives sont les plus souples. Quant ;\ sa coloration, elle est la même que celle de la paroi, mais généralement la teinte noire est moins foncée. On étudie dans la sole une face supérieure, wnQinféineure, un bord in- terne et un bord externe. La /flces?//)£'r?tf?a'e, qui forme le plancher de la boîte cornée, est bombée au centre, et, après s'être inclinée dans tous les sens, se relève un peu sur les bords; elle présente une multitude de petits orifices analogues à ceux de la cavité cutigérale, et logeant, comme ces derniers, des prolonge- ments villeux qui viennent du tissu velouté. La face inférieure, excavée ou creusée en forme de voûte, est à très- peu près parallèle à la face supérieure ; cette face présente, lorsqu'elle n'a pas été parée par l'instrument du maréchal, des lames superficielles qui s'exfolient et lui donnent un aspect rugueux, ou écailleux. Le bord externe ou circulaire s'engrène avec la partie inférieure de la face interne de la paroi, et contracte avec cette dernière une adhérence très- intime ; Vinterne, formé par deux parties droites qui se réunissent à angle aigu vers le centre, correspond en arrière aux barres, dans le tiers antérieur aux côtés de la pointe de la fourchette. 3" Fourchette. — Située dans l'échancrure de la sole et entre les barres, la fourchette représente une sorte de coin ou de pyramide à base postérieure, à sommet dirigé en avant, moins épaisse que la sole, amincie encore sur ses bords, formée d'une corne plus molle que celle de toutes les autres parties du sabot et dont la couleur, d'un gris plus ou moins foncé sur les chevaux blancs, est dun beau noir luisant chez les animaux à robe foncée. On reconnaît à la fourchette une face supérieure^ une inférieure, deux faces latérales, une base et un sommet. La face supérieure ou interne, correspondant au corps pyramidal, présente en avant une cavité de même forme que la face elle-même, bifurquée en arrière et comprenant entre ses deux branches un relief triangulaire appelé, par M. H. Bouley, arête de la fourchette, dont le bord arrondi est d'autant plus large qu'il se rapproche davantage de la base. Dans toute son étendue, cette face est creusée de trous comme la face correspondante de la sole. La face inférieure, un peu plus large que la supérieure, en raison de la direction oblique des barres, présente en relief les creux de la face supérieure et, réciproquement, montre un creux aupointcorrespondant à la saillie, creux désigné sous le nom de lacune médiane de la fourchette limité par les branches. Entre les bran- ches et les barres, on trouve deux excavations qui vont se réunir en avant du coussinet et forment les lacunes latérales. Les faces latérales sy- métriques, planes, et obliquement dirigées en bas et en dehors, inti- 380 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. mement unies aux barres et à l;i sole, forment le bord interne des la- cunes latérales parleur partie libre inférieure. La banc de la fourchette montre les extrémités postérieures des branches, unies aux arcs-bou- tants, et forme les glômes en se repliant en dehors de chaque côté, pour se continuer avec le périople; entre les barres se voit l'extrémité (le la lacune médiane. Le sominct est limité en avant par le point de réunion des lames latérales, et s'unit à la sole. 4^ i»érioi»ie. — Le périople ou baiide coronaire reste attaché à la four- chette par les glômes après une macération prolongée ; il fait donc par- lie du môme système, ou si l'on veut, il n'en est qu'une dépendance; on le voit décrire un lour complet au niveau du bord supérieur de laparoi. dont sa consistance molle, sa couleur brun jaunâtre, le distinguent facilement. Envisagé ainsi que nous venons de le faire, le périople serait dtuic une sorte de ruban existant seulement au bord supérieur de la paroi. C'est bien ainsi qu'il se présente en effet sur les sabots macérés, mais il ne faut pas oublier que ces sabots ont subi l'action de la râpe du maréchal. Si l'on voulait avoir une idée très-exacte du périople, on devrait l'étudier sur des pieds non parés, qui le montreraient sous l'aspect d'une couche mince, répandue comme un véritable vernis sur toute la surface externe du sabot. La face externe de la bande périoplique est striée finiment et légère- ment onduleusc ; Vinteme se modèle sur la corne de la paroi : le bord supérieur vcmowXa un peu plus haut que celui delà paroi, il correspond à \di gouttière cutigérale secondaire de la peau du bourrelet ; Vinférieur, mince et irrégulier, se prolonge plus ou moins bas, suivant les frotte- ments auxquels a été soumise la face externe de la paroi. h. — DU DERME QUI RECOUVRE LA TROISIÈME PHALANGE OU APPAREIL KÉRATOGÈNE. \^\\ arrivant au-dessus du sabot, le derme de la région digitale revêt un aspect spécial; il l'orme d'abord, autour de l'origine de l'ongle, un ren- flement circulaire appelé bourrelet, se continue au-dessous de la paroi, en recouvrant le tendon de l'extenseur antérieur des phalanges, toute la face externe de la troisième phalange, la moitié inférieure de la sur- face externe des fibro-cartilages qui la complètent en haut et en arrière, et prend en ces dilférenls points le nom de tissu feuilleté ; puis enfin il se prolonge sur le coussinet plantaire et la face inférieure de la troisième phalange où il est désigné sous l'épithèle de tissu velouté. La part que prennent à la sécrétion de la corne les diverses parties du derme, part qui est loin d'ôtre égale pour toutes, lui a fait donner le nom de t'uembraue kératogèn",. Nous allons décrire ces différentes parties en commençant par le bourrelet. \" Itourrelet. — Le bourrelet OU culidure (fig. 0), souvent décrit comme un organe simple, a été divisé en deux parties distinctes par DE LA REGION PIIALANGIENNE. 381 M. H. Bouley en raison des deux renflements hémi-cylindriques qu'il présente et qui sont disposés circulairement l'un au-dessus de l'autre. Celui qui occupe la position supérieure, et qui est destiné à sécréter le périople est appelé bourrelet pêrio[ilique ; on donne au second le nom de bourrelet principal. a. Le bourrelet périoplique, situé au-dessus du bourrelet principal, au- quel il est parallèle, affecte la forme d'un léger renflement convexe, en Fig. G. — Térjinnciifs et vaissrnux à la surface de la troisième phalcnige. A, A, vaisseaux artériels Je la peau. B, B, vaisseaux artériels du bourrelet. — R, villusités du !>ourrelct. s'étendant en arrière et de chaque côté jusqu'au niveau des bulbes cartilagineux. Continu à sa partie supérieure avec la peau, il est séparé du bourrelet principal par un sillon assez profond, large à sa partie antérieure ou médiane, rétréci sur les cotés et élargi de nouveau près des bulbes cartilagineux. Sur toute sa surface, le bourrelet périoplique est hérissé de papilles qui se plongent dans les trous infundibuliformes de la partie cornée (ju'il sécrète. b. Encore appelé culidure ou matrice de l'onf/le, le bourrelet principal forme, ainsi que le dit M. H. Bouley, une sorte de corniche arrondie dis- posée obliquement d'avant en arrière et de haut en bas, depuis le sommet deTéminence pyramidale qui constitue son point le plus élevé, jusqu'aux bulbes cartilagineux, au-dessous desquels il se réfléchit à angle aigu de 3S2 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. dehors en dedans et de haut en bas, pour se prolonger en ligne droite et aller s'effacer dans le fond des lacunes qui bordent de chaque côté, à la face inférieure du doigt, le relief saillant du coussinet plantaire. Le bourrelet rellèle une couleur habituellement noirâtre qui masque en partie la couleur rouge des nombreux vaisseaux qui se rencontrent dans son épaisseur: couleur que l'on peut constater sur les animaux à corne blanche ou dans les points qui correspondent à des balzanes. Comme la corne qu'il est destiné à sécréter, le bourrelet, plus large en avant et au niveau des arcs-boutants, diminue d'épaisseur sur les côtés, c'est-à-dire dans les points qui correspondent aux quartiers ; sa surface est remarquable par la grande quantité de papilles qu'elle présente; ces papilles, plus développées sur le bord inférieur du bour- relet qu'au bord supérieur, sont coniques, comme les cavités de la corne qui doivent les recevoir; leur longueur varie de 1 ou 2 millimètres à 5 ou 6. La meilleure manière de les mettre en évidence est de plonger dans l'eau claire une partie de l'organe, dépouillée avec précaution de son revêtement corné. Le bord supérieur du bourrelet, taillé à arèle vive et saillante, est séparé du bourrelet périoplique parle sillon pério- plique; l'inférieur se continue avec le tissu feuilleté. La ligne de sépa- ration des deux parties du tégument est indiquée par une zone blan- châtre, appelée zone coronaire inférieure. Les parties rélléchies du bourrelet destinées à la sécrétion des portions de parois que nous avons appelées barres, montrent une épaisseur et une inclinaison qui sont en rapport avec celles de ces dernières parties. 2° TiNsu feuilleté (fig. 6). — Désigné aussi sous les noms de chair cannelée, feuillets de chair par les anciens hippiatres, de tissu lamelleux par les Anglais, expressions inusitées aujourd'hui, le tissu feuilleté (Bourgelat) est aussi très-souvent désigné sous le nom de tissu podojihi/l- leux quelui a donné Bracy-Clark par opposition à celui de kéraphylleux, réservé à la partie de la corne qui lui est contiguë. Ces dernières ex- pressions ne doivent ôtre adoptées aujourd'hui que comme donnant une idée de la forme extérieure propre à la partie du tégument que nous décrivons en ce moment ; sa composition ne diffère pas de celle des autres parties du derme cutané, les feuillets n'étant autre chose que d'énormes papilles composées. Ces feuillets, parallèles entre eux, s'étendent de la zone coronaire au bord inférieur de la troisième phalange, s'effacent à ce point et sont renq:>lacés, à la face inférieure, par les villosités du tissu qui foime la base de la sole. Chaque papille offre sur une coupe transversale l'aspect d'un prisme i\ base tenant au derme, j\ bord libre tranchant et d'aspect simple à l'œil nu, mais il n'est pas besoin ifun très-fort grossissement — ainsi que le montre la figure 7 grossie 20 fois — pour se convaincre que le bord tranchant est très-souvent bifurqué ou même plus complètement divisé. Sur les faces latérales des papilles en feuillets, on en rencontre DE L\ RÉGION PIIALANGIENNE. 383 d'autres, beaucoup plus petites, qui s'agencent sur la papille principale comme les folioles des fougères sur l'axe qui les supporte ; il est même très-facile de voir, avec des grossissements plus forts, que, de la surface de ces divisions papillaires, des fibres très-fines du tissu conjonctif qui forme la base de leur structure, se détachent et se prolongent entre les H. T. LiâliasSî^S:::^/' F.S. Fig. 7. — Coupe (II' retnboitomrnt réciproque de>: papilles du tissu feuilleté et des lames de la corne du pied du cheval. A, A, A, papilles du dermo plantaire (tissu feuilleté) avec les papilles secondaires s'engrenaat avec la corne. B, derme à la surface de la troisième phalange. C, C, vaisseaux du dorme et des prolongements pa[iillaires. D, prolongements du tissu corné : la portion cen- trale est de la corne parfaite; les prolonge- ments E, E, représentés plus foncés sont ana- logues à la couche de Alalpighi; les cellules se colorent très facilement par le carmin. F, corne blanche. cellules molles de la corne qui les recouvre immédiatement et qui a la signification des cellules du corps muqucux de IMalpighi. Cet enchevê- trement du derme et des cellules, signalé pour d'autres parties du corps, est ici très -visible et a pour but, on n'en saurait douter, de rendre plus forte l'adhérence entre les cellules et le derme qui les sécrète, de môme que les feuillets multiplient, par leur disposition, les points de contact du derme avec son revêtement et assurent ainsi la force adhé- sive et l'activité formatrice des cellules de la corne. La longueur des feuillets est proportionnée à la hauteur de la surface sur laquelle on les rencontre ; leur largeur est plus considérable en avant et aux points de réflexion que partout ailleurs. Lorsqu'on fait des 381- ANATOMIE SPECIALE OU DES REGIONS. coupes de cette membrane, on remarque souvent qu'entre deux pa- pilles trcs-dévcloppces, il s'en trouve une beaucoup plus petite, à largeur variable, s'approchaut plus ou moins du bord libre de ses voisines. Si nous examinons maintenant cette largeur à partir de l'extrcmitc supé- rieure, nous verrons que, d'abord très-peu développées en ce point, elles augmentent de haut en bas, atteignent bientôt une largeur d'environ 'A h 4 millimètres et la conservent jusqu'à l'extrémité intérieure. Eu ce dernier point, les feuillets se continuent par des houppes de i)apillcs secondaires analogues à celles du bourrelet ou de la sole. D'après M. H. Bouley, le nombre des feuillets varie de 550 à GOO, et leur étendue, en les supposant déployés et étalés sur un plan, serait six à sept fois plus considérable que celle de la superficie extérieure du cylindre du doigt. Le derme de la face antérieure de la troisième phalange offre une épaisseur (jui est au moins de 4 à 5 millimètres ; sa vascularité, très-grande, est en rapport avec l'épaisseur des parties qu'elle doit nourrir. 3° Tissu Telouté. — Le tissu velouté, sole de chah' des anciens anato- misles, s'étend sur toute la surface plantaire de la troisième phalange et de l'appareil fibro-carlilagineux appelé coussinet planlaire, dont il dessine toutes les particularités en s'adaplant exactement sur leur surface. Le nom de tissu velouté lui a été donné en raison de l'aspect et de la sensation particulière au toucher que lui donne le gazon touffu des papilles dont il est revêtu. Sa couleur grise habituelle lui est donnée par des granulations pigmentaires qui masqiu^nt les vaisseaux. Les papilles du tissu velouté, très-longues sur la périphérie de la région, diminuent de longueur au fur et à mesure qu'on se rapproche des parties centrales. Elles sont plus petites sur le corps pyramidal que partout ailleurs. Quant à leur structure, ces papilles ne peuvent être considérées comme des organes simples, car elles montrent sur leur circonférence de très-petits prolongements qui les rapprochent des papilles compo- sées. Leur forme générale est la même qu'au bourrelet, c'est-à-dire celle d'un cône très-effilé. /{apports enf7'e le derme et son revêtement corné [W^. 7). — L'idée la plus simple et en même temps la plus féconde en applications physiologiques et pathologiques, que l'on puisse se faire du derme phalangienet de son revêtement corné, c'est de l'assimiler aux autres parties de la peau, mais d'une peau dépourvue de poils; car si les anciens auteurs qui se sont occupés de la corne des animaux ongulés ont cru pouvoir comparer celle-ci à des poils agglutinés, le microscope a démontré, depuis long- temps déjà, que la corne n'est qu'un épithélium présentant une épais- seur extraordinaire et un arrangement spécial. On rencontre donc, dans l'appareil corné et dans le derme sous-jacent, toutes les parties qui cons- DE LA RÉGION PIIALANGIENNE. 38o titaent le tégument externe : dans le derme, feutrage des faisceaux de tissu conjonctif, réseaux vasculaires etnerveux, papilles dermiqwes ; dans la corne, des cellules épithéliales seulement, molles, polyédriques et vivantes dans les parties profondes, où elles prolifèrent et se comportent envers les réactifs comme celles du réseau deMalpighi; aplaties, des- séchées, dures et agglutinées dans les parties superficielles, comme elles le sont dans la couche cornée de l'épiderme ; comme dans l'épi- derme aussi, le mode d'origine, d'existence et de destruction est le même. Les cellules formées dans les couches profondes deviendront par la suite cellules superficielles et seront éliminées par les frotte- ments, par l'instrument du maréchal ou par des lamelles aplaties qui représentent d'énormes pellicules. A l'épaisseur près, il ny a donc rien dans la peau du sahot qu'on ne rencontre dans les autres parties du corps. Quant aux lames si particulières qu'on a désignées sous le nom de tissu podophylleux, elles ne sont qu'une disposition, qu'un artifice mécanique destiné à donner à l'épiderme ou à la corne une plus grande force d'adhérence, en lui présentant une plus grande surface d'im- plantation ; elles représentent de volumineuses papilles composées, d'une disposition très-remarquable, mais d'une structure analogue à celles de toutes les autres papilles. Le derme qui recouvre la troisième l'iialange présente cependant ceci de particulier que son réseau vascu- iaire est extrêmement développé ; nulle autre partie de l'économie, à part peut-être quelques glandes, ne reçoit une aussi grande quantité de sang pour un pareil volume; nul ne montre un réseau vasculaire aussi large et plus compliqué. Ces dispositions spéciales sont en rapport avec la quantité énorme de cellules qui doit être formée pour constituer une couche aussi con- sidérable de tissu épithélial et la maintenir dans des proportions suffi- santes pour le rôle physiologique auquel elle est destinée. C. — DU COUSSINET PLANTAIRE. Le cousnnet plantaire ïsài partie de l'appareil fibro- cartilagineux com- plémentaire de l'os du pied et doit, en anatomie descriptive, être réuni aux fibro-cartilages latéraux, avec lesquels il est en continuité directe. Nous l'en séparons cependant ici, en raison de sa position superficielle et nous décrirons l'appareil cartilagineux latéral quand nous parlerons de la troisième phalange en particulier. Envisagé dans son ensemble, le coussinet plantaire a la forme d'un coin enclavé entre les fibro-cartilages latéraux, le tendon du perforant et la partie du tissu velouté sur laquelle il repose. Nous lui considére- rons une face supérieure, une face inférieure, deux bords latéraux, une base et un sommet. La face supérieure, appelée encore antéro-supérieure en raison de sa direction oblique en bas et en avant, concave d'arrière en avant, moulée Peucii et ToLSSiiNT. — Chirurgie, *"^ 386 ANÂTOMIE SPÉCULE OU DES RÉGIONS. sur l'expansion du perforant ou aponévrose plantaire, est séparée de ce tendon par une lame fibreuse dont nous avons déjà parlé en décrivant la région du paturon ; cette lame fibreuse, tunique propre du coussinet plantaire, se continue par sa face externe et inférieure avec les cloisons fibro-élastiques de la trame du coussinet, et joue par rapport à celui-ci le rôle d'une membrane d'enveloppe propre. Sa face profonde adhère à la gaîne de renforcement du tendon perforant. La face inférieure ou inféro-postérieure, convexe dans sa longueur, recouverte par le derme plantaire, montre dans son milieu le corps py- F Fig. 8. — Coupe transversale de la partie postérieure du pied, en arrière des phalanges, à travers les deux fibro-cartilages. B, bulbes du coussinet plantaire, r, face inlerne des fibro-cartilages. C', hauteur du sabot. D, tronçon de la bride latérale de la gaîne de ren- forcement du perforant (cette coupe est plus complète de l'autre côté, la coupe étant un peu oblif|ue). E, point de jonction du bord inférieur des carti- lages avec la substance du coussinet plantaire. F, dépression longitudinale de la face antérieure du coussinet plantaire. G, couches stratifiées du coussinet plantaire dans le corps pyramidal. Z, surface supérieure des barres. Y, épaisseur et direction des barres. ramidal, formé de deux reliefs arrondis qui proviennent des bulbes car- tilagineux, reliefs séparés par une cavité médiane en forme de triangle appelée lacune médiane du coussinet plantaire, en avant de laquelle viennent se réunir les reliefs latéraux pour constituer le renflement pijramidul. DE LA REGION PIIALÀNGIENNE. 387 Les boi'ds latéraux ou faces latérales du coussinet sont en contact et même en continuité avecla face interne des cartilages latéraux; larges en arrière, ces bords viennent se terminer par une pointe antérieure qui se confond avec le sommet du coussinet. Leur continuité avec les fibro-cartilages se fait par des brides fibreuses et par des colonnes fibro-cartilagincuses qui vont de l'un à l'autre organe, et môme par une véritable continuité de texture vers la partie inférieure des bords. La. base de l'appareil, tournée en haut et en arrière, recouverte par la peau, montre dans son milieu une dépression qui est la continuité de celle de la face inférieure et deux renflements latéraux appelés bulbes 7'enflés du coussinet plantaire, continus en dedans avec les saillies postérieures du corps pyramidal. Gomme l'antérieure, la face posté- rieure est enveloppée par une expansion cellulo-fibreuse, continue en dedans avec les cloisons, en arrière avec les bords postérieurs des car- tilages, et en avant avecla tunique propre antérieure. Le sommet a la forme d'un bord tranchant convexe qui s'avance à une petite distance au delà de la crête semi-lunaire de l'os du pied, et qui fait continuité avec les fibres superficielles du tendon perforant. Le coussinet plantaire a une structure spéciale, qui diffère considé- rablement de celle des fibro-cartilages latéraux. Sa masse est divisée en loges par des lames fibreuses qui semblent partir de la base et qui vont au bord antérieur ou à la face inférieure; ces lames, très-serrées en arrière, sont coupées par d'autres lames transversales, et l'intervalle compris entre les cloisons est rempli d'un tissu jaunâtre qui crie sous l'instrument et se trouve formé d'un tissu élastique mélangé de flbres connectives et même de quelques cellules adipeuses, au milieu des- quelles se ramifient de nombreux vaisseaux et des nerfs volumineux. La présence de ces derniers organes différencie complètement le cous- sinet plantaire des fibro-cartilages. d. — DES TENDONS EXTENSEUR ANTÉRIEUR ET FLÉCHISSEUR PROFOND DES PHALANGES. Ces tendons (flg. 1, 2, 4) pourraient être considérés comme des liga- ments appartenant à l'articulation du pied, l'antérieur ou tendon de Vextenseur principal des phalanges, épais et fort, adhère intimement à la face antérieure de la dernière phalange, descend, en s'élargissant con- sidérablement, au-devant de l'espace inter- articulaire, s'unit à la cap- sule synoviale de l'arliculalion, puis il vient prendre une forte inser- tion sur toute l'étendue de la ligne convexe qui borde l'éminence pyramidale de l'os du pied. Les côtés du tendon s'unissent intimement sur les bords avec les ligaments latéraux antérieurs. Enfin les fibro- cartilages latéraux de l'os du pied envoient à sa surface une forte lame qui contribue à réunir en un tout compacte le tissu fibreux de la face antérieure. 388 ANATOMIE SPECIALE OU DES RÉGIONS. Le tendon du fléchisseur profond, situé i\ l'oppose du premier, s'é- chappe de l'anneau du perforé et commence ;\ s'élargir pour prendre bientôt la forme étalée qui lui a valu le nom û'a/)onév/ose planîaù-e. En passant en ar- riére de la seconde phalange, ce tendon s'attache sur la face postérieure de cet os par un li- gament de tissu fibreux jaune (jui sert aussi à séparer la grande gaîne sésamoïdienne du cul-de-sac supérieur de l'articulation du pied; une forte lame, partie de ce liga- ment, descend jusque sur le b(ird supérieur et postérieur du petit sésamoïde et sépare la gaîne petite sésamoïdienne (le la synoviale de l'articula- lion; le tendon glisse ensuite par l'intermédiaire de la gaîne sésamoïdienne sur la face pos- léro-inférieure du sésamoïde comme sur une poulie de ren- voi et vient enfin s'attacher à la crête semi-lunaire de l'os du pied. Dans cette partie, la gaîne de renforcement du l)c'rforant est intimement ap- l)]iquée sur le tendon et fait corps avec lui. La pelite gahv. sésamoïdienne (0, fig. Tj facilite le glissement du tendon du perforant sur I- ig. 9. — Face postérieure de la région digitale. E, insertion du ligament postérieur à l'extrémité du sésamoïde . (i. bourrelet complémentaîrc du petit sésamoïde. Il, brandie divergente en dehors du ligament latéral postérieur. 1, ligament impair unissant le bord antérieur inférieur 1^^ faCC poStéricurC du petit du petit sésamoïde à l'os du pied, en arriére de la crèto semi-lunaire. I!, bord latéral du tendon perforant en dedans du carti- lage. S, iuscrlion de l'aponévrose plantaire à la crête semi- lunaire. T, face inférieure de l'aponévrose plantaire. V, gaine de renforcement de l'aponévrose plantaire. X, brides latérales de la gaine; de renforcement de l'apo- névrose plantaire. sésamoïde ; elle appartient donc à ce tendon et doit être décrite avec lui. C'est une sy- noviale vésiculaire, très-apla- tie, assez étendue, dont le bord supérieur remonte jus- qu'au niveau de l'extrémité in- férieure de la grande gaîne, tandis que l'inférieur s'avance jusqu'à l'insertion du perforant à la crùte semi-lunaire; la gaîne tapisse, en se rélléchissant, la face inférieure du ligament qui unit la troisième DE L\ RÉGION PIIALANGIENNE. 389 phalange au petit sésamoïde, ce dernier os et la bride qui part du bord supérieur du sésamoïde pour aller au perforant; cette bride sé- pare la petite gaîne sésamoïdienne de la synoviale de la première articulation interphalangienne et non du cul- de-sac inférieur de la grande gaîne sésamoïdienne, comme on l'a dit, cette dernière (S, fig. 2) s'arretant au niveau du ligament jaune (M, fig. !2), situé un peu plus haut, qui rattache le tendon perforant à la face postérieure de la deuxième phalange. e. — DES os QUI CONSTITUENT I.E SQUELETTE DE LA lîÉGION DU PIED ET DR l'articulation qui les Réunit. Trois os constituent le squelette de la région du pied ; l'un de ces os, la troisième phalange est en outre complétée par des fibro-carti- lages d'une très-grande importance, que nous décrirons comme annexes de la pièce même qui les supporte. 1° B>euxième phalange. — Encore appelée phalanginp, la deuxième phalange n'appartient à la région du pied que par sa moitié inférieure; c'est un os court, aplati d'avant en arrière, présentant une face anté- rieure marquée de quelques empreintes sur lesquelles s'attache le ten- don de l'extenseur antérieur; une face postérieure lubrifiée en grande partie par la synoviale de l'articulation ; deux bords latéraux garnis d'empreintes ligamentaires ; une face supérieure décrite dans la région du paturon ; et une face inférieure, occupée par deux condyles séparés par une gorge médiane, concave e'un côté à l'autre, mais convexe d'avant en arrière. La deuxième phalange, enveloppée par une couche épaisse de substance compacte, renferme un noyau d'une substance spongieuse très-serrée ; elle se développe par deux noyaux d'ossifica- tion, dont un pour l'extrémité supérieure ; ces noyaux se soudent de très-bonne heure, de quinze à dix-huit mois (1). 2° Troisit'ine phalans^c et filiro-carlilage» coinplt-mentaîrcs. — La troisième phalange ou /j/udangette, appelée encore phalange unguéule, ter- mine le doigt et supporte l'ongle dont elle répète à peu près la forme ; elle représente donc un cône très-court tronqué d'avant en arrière et de haut en bas, auquel on peut considérer trois faces, trois bords et deux angles latéraux. La face antérieure, convexe d'un côté à l'autre, oblique de haut en bas et d'avant en arrière, se montre criblée de trous de différents (1) Dans le cliapitre consacré au tissu oss'eux, nous avons écrit (page 45) d'après M. Samson que '< la soudure des épipliyses indique le commenrement de l'âge adulte; qu'elle coïncide exactement avec l'éruption des dernières dents permanentes. » Des observations nombreuses faites depuis cette époque nous ont montré 'ATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. Quant aux diverses parties qui constituent le revêtement corné, leurs mutations sont trcs-intéressaiitcs. Chez le fœtus à terme, le sabot, mou, très-souple, de couleur bleuâtre ou blanche, estloin d'avoir la consistance qu'il présentera plus tard ; sa forme générale est absolument opposée à celle qu'il aura dans la suite; il est conique, mais c'est le bord supérieur qui est le plus large; la forme du bord inférieur est mieux dessinée en ovale, la face externe a l'aspect d'un Fig. 15. — Face inférieure du sabot du poulain [dans les premières semaines). A, tampon élastique du sabot fœtal réduit en lamelles divergentes par la pression du pied sur le sol. corps fibreux, et la cavité cutigérale offre un développement considé- rable. Le bord inférieur n'arrive pas au niveau de la sole, et se trouve extrêmement mince. La sole et la fourchette forment une sorte de tampon élastique, d'une couleur jaune clair, qui porte seul sur le sol et ne tarde pas à se divi- ser sous l'inlluence de la pression en pinceaux cornés, dont le volume diminue rapidement. Le lendemain de la naissance, la sole et la four- chette sont déjà mieux séparées l'une de l'autre, et quelques semaines après, on dislingue avec facilité les limites de ces deux parties ; la four- chette néanmoins conserve encore ses bords frangés. A l'Age d'un an environ, le sabot commence à perdre la forme coni- que renversée (ju il aurait eue jusque-là, le diamètre inférieur s'ac- croît, la hauteur des talons diminue en môme temps que la pince s'al- DE LA RÉGION PIIALANGIENNE. 409 longe. Ces deux parties prennent leur inclinaison parallèle, la fourchette se dessine avec netteté, enfin, à cinq ans, le pied présente les carac- tères que nous avons décrits. Plus tard, la paroi se resserre, la corne devient dure et plus cassante; sa nutrition se fait mal, elle s'amincit et se déforme. Uim'Tenccs. — Chez le ho:uf, le mouton, la chèvre et le porc, chaque doigt est terminé par une sorte de sabot ayant la plus grande analogie de texture avec celui des solipcdes; il en diffère par la forme. D'une façon générale on peut dire que l'ensemble des deux doigts des didactyles représente assez bien la surface extérieure du doigt unique du cheval; la face externe des onglons des ruminants n'offre donc que des différences négligeables; la face concentrique ou interne de chacun de ces organes est légèrement cxca- vée et parcourue par des sillons ; il résulte de cette concavité que les on- glons ne se touchent que par leur périphérie et surtout par l'extrémité anté- rieure légèrement recourbée en dedans. La corne de cette paroi interne est très-mince et ne supporterait que très-difficilement l'implantation des clous; aussi lorsqu'on ferre un animal de l'espèce bovine, n'en place-t-on que sur la paroi externe. L'onglon externe, plus développé que l'interne, se recourbe souvent un peu en avant de celui-ci. La face plantaire de l'onglon, peu épaisse, est légèrement déprimée, la corne qui en forme la sole est mince, facile à couper et peut se déprimer avec assez de facilité. La cavité cutigérale est peu développée, comme le bourrelet. Les feuillets de la peau régnent sur toute la périphérie et sont plus minces et plus nom- breux que chez le cheval, les papilles sont, dans tous les points, plus fines et moins longues, ce qui entraîne un développement moins grand des tubes, les- quels se remarquent, comme chez le cheval, dans tous les points de la sub- stance cornée. Le coussinet plantaire, allongé et taillé enferme de coin, est assez prononcé en arrière où il forme la base du talon unique de chaque doigt. Le tendon du perforé ne présente rien de particulier à sa terminaison ; celui du perforant possède une lanière fibreuse qui fait suite à l'aponévrose delà région du canon, descend sur les talons, en arrière et en dehors des doigts, tout en restant unie à l'autre doigt par une bride intermédiaire, qui s'attache sur les gaines de renforcement des tendons fléchisseurs, et vient enfin se terminer en s'unissant à l'extenseur propre du doigt, au coussinet plantaire, au ligament interdigilé inférieur et au fléchisseur profond des pha- langes. Un appareil fibreux propre aux animaux didactyles a été appelé ligament intcrdigité inférieur. Ce ligament, focmé de fibres entre-croisées sur la ligne médiane, au niveau des deux phalanges terminales, dont il borne l'écartemenf, se divise à chaque extrémité en deux faisceaux, dont l'un, le supérieur, passe sur le perforant auquel il forme une gaine d'assujettissement et va se fixer en dehors de l'extrémité inférieure de la première phalange ; l'autre, ou 1 in- férieur, s'attache sur l'extrémilé interne du petit sésamoïde et sur la face in- terne de l'os du pied. Le ligament interdigité des petits ruminants, moins compliqué, s'étend simplement en travers d'une extrémité interne d'un sésa- moïde à celle de l'autre. Les ligaments propres à l'articulation du pied ont, à très-peu de chose près, 410 ANATOMIE SPÉCIALE OU DES RÉGIONS. la mc'mc disposition quo chez le cheval ; notons néanmoins la présence d'un ligament antérieur élastique, situé entre l'extenseur commun du doigt elle ligament latéral antérieur. Les vaisseaux artériels du pied des ruminants, moins volumineux que ceux du cheval, ne diffèrent que très-peu, au point de vue de leur distrihution. Les réseaux veineux ont la même forme et la même signification ; ils sont aussi serrés, mais on ne peut ici faire la distinction en deux plexus cartilagineux externe et interne; un seul lacis très-fourni remplace ces deux couches vascu- laires. La distribution des nerfs dans la région de la dernière phalange ne présente rien de particulier. Chez les car7ïassie)'s et les rongeurs, les appendices cornés qui terminent les doigts prennent le nom de griff'is. Ces organes, très-développés et prolongés par une pointe plus on moins aiguë, recourbée en bas, ne servent pas à l'appui du membre sur le sol. On trouve sous la dernière phalange une sorte de coussi- net fibro-graisseux, dépourvu de poils et recouvert d'une couche épidermique épaisse et forte; de ces tubercules, l'un placé au centre, est très-développé, trois autres lui forment une sorte de couronne; celui du pouce ne peut appuyer jusqu'à terre. Les articulations qui réunissent les phalanges sont très-simples et les moyens d'union sont surtout constitués par deux liga- ments latéraux. Les griffes du chat, très-aiguës et rélractiles,se relèvent, pendant l'appui du membre sur le sol, dans les espaces interdigités, à l'aide d'un petit ligament jaune élastique, qui va de la seconde à la troisième phalange. Les vaisseaux et les nerfs marchent parallèlement aux phalanges et forment de nombreuses anastomoses d'où se dégagent des anses qui pénètrent dans le derme sous- ongulé, ou se portent dans les papilles des coussinets, ce qui donne à ces or- ganes une grande vitalité et une sensibilité tactile très-développée. DEUXIEME PARTIE MÉDECINE OPÉRATOIRE PRELimiNÂIRES On appelle médecine opératoire celte partie de la chirurgie qui a spé- cialement pour objet l'étude des opérations. — Or, on désigne sous le nom iV opération chirurgicale une action mécanique exercée avec la main seule ou armée d'instruments, sur les tissus de l'organisme, dans le but de guérir certaines maladies, de les prévenir ou de modifier le caractère et les formes des animaux afin de les rendre plus aptes au genre de service auquel on les destine. D'après cette définition, on voit que le but des opérations est com- plexe : tantôt, en effet, on se propose, par leur emploi, d'enlever ou d'extirper un organe en dégénérescence, qui entretient la maladie: telles sont, par exemple, l'opération du javart cartilagineux, l'extirpa- tion des tumeurs des mamelles, etc. D'autres fois, l'opération prévient le développement d'accidents graves : c'est ainsi que la trachéotomie empêche l'asphyxie, que le débridement des plaies flstuleuses fait cesser l'étranglement dont elles sont parfois le siège et prévient ainsi la gangrène. Enfin, dans quelques cas, on pratique une opération chirurgicale soit pour rendre les animaux plus maniables, soit pour faciliter leur embonpoint, soit pour les embellir d'après les caprices de la mode ou les fantaisies des propriétaires, telles sont la castration et l'amputation des oreilles. On comprend dès lors toute l'importance des opérations ; néanmoins, comme l'a fait fort bien remarquer M. IL Bouley, « le champ de la chi- rurgie vétérinaire est beaucoup plus circonscrit que celui de la chi- rurgie de l'homme, parce que les limites de son application utile sont rigoureusement marquées : d'un côté par la perfection des résultats mécaniques qu'elle doit produire et de l'autre par la valeur vénale des sujets auxquels elle s'adresse (1). » Pour que les opérations chirur- (1) Did. de méd. et de chimrg., par MM. H. Bouley et Reynal, t. III, p. G-Sô. 412 MÉDECINE OPÉUATOIRE. tj:icales soient suivies de succès, il importe que celui qui les pratique «soit en possession d'un enscniljlc de connaissances spéciales, à dé- faut desquelles on peut encore devenir opérateur par voie d'imitation, . dans un certain nombre de cas détermines; mais l'on ne saurait être qu'un manœuvre sans initiative et sans fécondité » (II. Bouley). L'opérateur doit être à môme de reconnaître les indications d'une opération, c'est-à-dire « apprécier exactement quand et comment il faut agir et dans quelles limites , il doit savoir en un mot prendre une décision raisonnée » (H. Bouley). On conçoit que c'est par l'étude clinique et théorique des maladies chirurgicales que le praticien ac- quiert la sûreté de diagnostic nécessaire pour lui inspirer les détermi- nations qu'il doit prendre. « Mais en fait de matières chirurgicales, il ne suffit pas de savoir saisir les indications et de reconnaître ce qu'il y a de mieux à faire pour les remplir. Un plan une fois conçu, on doit pouvoir l'exécuter, et c'est ici surtout qu'il est vrai de dire qu'il y a loin du projet à la chose. Après s'être inspiré de la science patholo- gique, le chirurgien doit devenir homme d'action. Pour cela, d'autres connaissances lui sont indispensables, ce sont celles que lui fournissent l'anatomie descriptive générale et la physiologie se prêtant un mutuel concours » (II. Bouley). Ces sciences indiquent au chirurgien quels sont les organes qu'il doit ménager et quels sont ceux qu'il peut atteindre avec impunité, et ({uand l'opération est terminée il lui est possible de prévoir d'après la nature des tissus intéressés, la marche du travail de cicatrisation, sa durée et les complications qui pourront survenir. L'opérateur doit toujours avoir présentes ;\ la mémoire les disposi- tions anatomiques des régions sur lesquelles il est appelé à agir. Si l'opération qu'il faut pratiquer est diflicilc et porte sur une région dont la conqilexité anatomique fait craindre des accidents, le chirur- gien fera bien de se préparer à cette opération, de se faire la main, comme le conseille M. 11. Bouley, par une répétition des manœuvres opératoires sur le cadavre ou sur un animal d'expérience. « L'exercice pratique de la chirurgie vétérinaire, dit M. H. Bouley, exige de la part de celui qui veut s'y livrer, une certaine vigueur corpo- relle associée à une grande agilité pour qu'il puisse lutter avec avan- tage contre l'indocilité des animaux, contre-balancer leurs ciforls et éviter les atteintes qu'ils sont si prompts toujours et si habiles à di- riger contre ceux qui leur infligent des tortures. En outre, il faut que le chirurgien vétérinaire soit doué de sang-froid et de patience afin (jue, maître de lui, il conserve toute sa présence d'esprit pour diriger les manœuvres si souvent pénibles et dangereuses que nécessite la contention des grands animaux domestiques surtout; qu'il sache pré- voir les difficultés et parer ù toutes les éventualités qui peuvent surgir avant, pendant ou après les opérations, qu'enfin il inspire de la con- fiance à ses aides et que, prudent pour eux comme pour lui-même, il PRÉLIMINAIRES. 413 puisse les mettre ;\ l'abri, par les dispositions qu'il sait prendre, des dangers auxquels leur inexpérience les exposerait (1). » Le vieil axiome d'Asclcpiade cito tutù et jucundè résume tout le plan de conduite du chirurgien. S'il opère rapidement, il abrège les souf- frances de l'animal; avec sûreté ou assurance, il fait une plaie nette et évite des dcla])rements inutiles, avec élégance ou agréablement, les tissus divisés ou les appareils appliques sur les parties présentent une disposition qui n'a rien de blessant pour l'œil ni de gênant pour l'ani- mal. — Remarquons toutefois avec Hurtrel d'Arboval que le véritable triomphe du chirurgien est plutôt dans la réussite de ses opérations que dans la rapidité avec laquelle il les exécute. Avant d'entreprendre une opération, le praticien devra en raisonner l'indication ou l'opportunité; il ne devra pas oublier qu'une opération, si simple qu'elle soit, peut être suivie de graves accidents ; il devra se demander surtout si après l'opération l'animal pourra être utilisé avec avantage par son propriétaire, si, en un mot, l'opération doit être suivie d'un résultat économique sérieux et incontestable. On divise les opérations en simples ci compliquées, sèches ci sanglantes. La piqûre, l'incision sont des opérations simples ; la trépanation, l'hyovertébrotomiesont des opérations compliquées; le bistournageest une opération sèche, l'ablation des tumeurs à l'aide du bistouri, une opération sanglante. Il est des opérations dites instantes ou de nécessité, exemple : la trachéotomie quand il y a menace de suffocation; il en est d'autres que l'on appelle de convenance ou de fantaisie, telles sont : l'amputation des oreilles, de la queue, la myotomie coccygienne. Les opérations sont régulières ou réglées quand on les pratique sur des tissus sains et d'après des données établies à l'avance, irrégulières ou i'isolites qmxnà on agit suivant l'exigence des cas et la nécessité de la situation ou les complications qui peuvent survenir, exenq^les : abla- tion de tumeurs, extraction de corps étrangers. Le chirurgien peut quelquefois choisir le moment qui lui paraît le plus favorable pour pratiquer une opération, c'est ce qui constitue le temps d'élection. — Mais, dans d'autres circonstances, il faut opérer immédiatement, caria vie de l'animal est compromise, comme c'est le cas pour le débridement du collet de la gaîne vaginale quand il existe une hernie inguinale étranglée : le temps est alors de nécessité et l'opéra- tion est iVurgmce. Quand l'opération est pratiquée dans le point précis, indiqué par l'a- natomie de la région, le lieu est dit d'élection ; il est de nécessité quand il est déterminé par l'accident ou la maladie môme qui réclame l'opé- ration. On appelle we^/ Dans quelques cas, le membre postérieur est vivement porté en avant et dans l'abduction: c'est le coitp de pied en vache. « Il est des chevaux, dit encore M. II. Bonley, qui conservent longtemps le souvenir des douleurs qu'on leur a fait subir et qui témoignent de leur rancune, en attaquant de prime-saut la personne qu'ils reconnaissent ou croient reconnaître, pour celle qui les a déjà fait souffrir. » Quelques chevaux se rapprochent brusquement de l'opérateur par des pas de côté et cherchent à Tacculer contre une stalle ou contre un mur, il en est même qui, à ce moment, l'attaquent du pied et de la dent. D'autres inclinent violemment la tète à droite et à gauche et peuvent ainsi atteindre mortellement l'opérateur ou les aides. Enlîn quelques che- vaux cherchent à mordre, mais ce moyen de défense ou d'attaque est exceptionnel. INDICATIONS A REMPLIR POUR L ASàUJETISSEMENT DU CHEVAL. DIVERS .MOYENS EMPLOYÉS. I. — Van?)nal doit Hre placé sur un terrain non pavé, et non glissant, recouvert, par pj^écaution, d'une couche de paille, de fumier ou de sable., pour amortir les effets des chutes (H. Bouley). II. — Fixer la têle. — Cette indication est importante à remplir, car, on limite de la sorte, les mouvements de déplacement du corps. — La tète peut être maintenue par un aide vigoureux ou fixée à un corps résistant comme un anneau scellé dans un mur, un poteau, un arbre, une roue de charrette, etc. — Le premier moyen est préférable au second attendu que l'opérateur peut aisément se mouvoir autour de l'animal et éviter ses atteintes, de plus l'aide chargé de tenir la tête peut l'incliner à droite ou cà gauche, l'élever ou l'abaisser afin de pré- venir des mouvements de latéralité du corps et d'éviter l'action du cabrer ou de la ruade. A. — MOYENS EMPLOYÉS POUR TENIR UN CHEVAL EN MAIN. Pour lixer en mains la tète d'un cheval, on se sert du licol d'écurie, de la bride ou du caveçon. — La bride est préférable à tous les autres harnais (pi'on applique sur la tète, car il suffit d'agir sur le mors pour faire comprendre à l'animal, comme le dit M. H. Bouley » qu'on est maître de ses mouvements. » La bride à œillères est particulièrement recommandée, car elle empêche la vision en arrière et prévient ainsi les coups de pied en vache et autres. Pki cil F.T ToLSSAi>-T. — Chirurgie. 27 il8 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. Le caveçoii est une espèce de licol dont la muserolle est formée par un arc de fer, portant trois anneaux où s'attachent des longes. Quand le cavcçon ne porte qu'une longe, celle-ci est fixée dans l'anneau mé- dian; quelques secousses imprimées à cette longe, produisent sur le chanfrein, des pressions douloureuses qui maîtrisent l'animal et l'em- pôchenl surtout de se cabrer. Quand on emploie le licol, on forme avec la longe une anse que l'on introduit dans la bouche et que l'on fait agir sur les barres, à la manière du mors d'une bride. Dans tous les cas, l'aide, chargé de tenir la tète, doit se placer en avant de l'animal, un peu sur le côlé, pour éviter les atteintes des membres antérieurs ; il saisit de très-près la longe du licol ou les rênes de la bride et les tient serrées d'une seule main placée sous le menton ou des deux, appliquées de chaque côté de la bouche, selon la force qu'il faut employer. — L'aide sera attentif à tous les mouvements de l'animal afin de les prévenir par les déplacements de l'encolure. « Ainsi l'élévation brusque de la tète empêche la ruade, son abais- sement met obstacle au cabrer ; son déplacement d'un côté ou de l'autre fait l'office d'un gouvernail sur la barque et force le corps à se mouvoir en sens inverse. » (H. Bouley.) Les moyens que nous venons d'axaminer suffi- sent pour maintenir un cheval sur lequel on pra- tique une opération de courte durée et peu dou- loureuse, comme une ponction superficielle, une saignée ; mais, quand il s'agit d'effectuer une opé- ration déterminant une certaine douleur, il faut employer les moyens dérivatifs ou de torture, c'est-à-dire le tord-nez, les morailles ou le mors d'Allemagne. Tord-nez. — Cet objet consiste en une tige de bois, cylindrique(/<(7. 16), de la grosseur du bras d'un enfant et d'une longueur variable depuis 5 à 6 dé- cimètres jusqu'à 7 et 8 décimètres environ. Cette tige est traversée à Tune de ses extrémités, par une ouverture qui donne passage à une corde de la grosseur du petit doigt, dont les extrémités sont réunies par un nœud droit. Cette corde forme ainsi une anse d'une étendue telle qu'on puisse aisément y engager la main. Pour appliquer le tord-nez, on prend la lige de Fig. \ç,. — Tord-iiez. îa main droite, on passe l'extrémité des doigts de la main gauche, en les tenant écartés et tendus, dans l'anse formée par la corde, puis on saisit vigoureusement le bout du nez avec ces mêmes doigts, en faisant glisser l'anse de manière à ce qu'elle embrasse le bout du nez, puis la main droite imprime à MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL DEGOUT. 419 la tige du tord-nez, un mouvement de rotation rapide sur elle-même de telle sorte que l'anse se rétrécit et comprime les tissus. — On con- lie la tige du tord-nez î\ un aide ou bien on la fixe, au moyen d'une ficelle, à la muserolle du licol. Quand il existe des excoriations au bout du nez, on place le tord- nez à la lèvre intérieure, parfois, on le met à l'une ou l'autre oreille. On peut facilement improviser un tord- nez à l'aide d'une anse de corde que l'on dispose autour du bout du nez, et d'un bâton que Ton fait agir comme un tourniquet. Les morailles {fig. 17). — On désigne sous ce nom, un appareil en fer, composé de deux branches articulées en compas et dont l'une d'elles porte à son extrémité libre, un anneau ovale, tandis que l'autre offre une partie élargie, irrégulièrement triangulaire, munie sur son bord externe, d'encoches assez profondes, dispo- sées à la manière des dents d'une crémaillère. — Ces encoches sont destinées h recevoir l'anneau qui ferme ainsi l'appareil et le maintient en si- tuation. — Pour placer cet appareil, on prend avec la main gauche, le bout du nez qu'on serre énergi- quement, puis, au moyen de la main droite, qui tient les morailles par la charnière, on les place à cheval sur le bout du nez, et, par l'action combi- née des deux mains, on rapproche vivement les deux branches de l'instrument, en faisant effort comme pour fermer les deux branches du compas que re- présentent les morailles, et qui, quelle que soit la force déployée, ne peuvent se rapprocher au point d'être en contact, puisqu'entre elles deux se trouve enserré le bout du nez. — On engage ensuite l'an- neau dans les dentelures de la crémaillère et on lui fait franchir un plus ou moins grand nombre de crans, suivant la compression qu'on veut déterminer. — On com- prend aisément que le mode d'action des morailles est identique à celui du tord-nez, pourtant, il est bon de dire que, la compression pro- duite par les morailles s'exerçant sur une plus large surface que celle de la corde du tord-nez, les excoriations sont moins à redouter par leur emploi que par celui du tord-nez. — Néanmoins, ce dernier appareil étant plus simple que le précédent et pouvant être impro- visé aisément, on lui donne généralement la préférence. On connaît encore des morailles en bois. — Cet instrument (/?,9. 18) se compose de deux branches munies de cannelures. — On maintient ces branches à l'aide d'une licelle, qui remplace l'anneau et la crémaillère des mo- railles ordinaires. Mors d'Alleniayne. — Il se compose: i° d'une corde de la grosseur ¥iq:. 17. — MorolUa 420 MOYENS DE CONTENTION DES xVMM.VUX DOMESTIQUES. de celle (lu toril-ncz et d'une lon?;uenr de 1™,^20 ;\ 1'",;îO. — 2" D'un l)at(ninot ayant une longueur de 3 à i déinmèlres. Pour s'en servir, on introduit la corde par son milieu, dans la bouche et on en dirige les ex- trémités de bas en haut, sur les parois latérales de la tète, pour venir les nouer en arrière des oreilles, sur la nucpTC, en laissant la corde modérément tendue. On introduit ensuite le bâtonnet entre runc des faces latérales de la tète, indistinctement, à droite ou ;\ gauche, et la corde 1/?^. ID); on luicommunicpie un mouvement de rotation tel que Fig. 18. — Moruilles en Oois. Kig. 19. — .1/(»-.v d' Allemagne . la corde se tordant sur elle-même, sa tension augmente graduelle- ment, d'où résultent des tiraillements douloureux qui se font sentir principalement sur les commissures des lèvres, dont le tégument peut môme être entamé, surtout si l'on emploie une corde de faible diamètre. A l'aide du mors d'Allemagne, on parvient quelquefois i\ maîtriser des chevaux sur lesquels l'application du tord-nez était restée sans effet. 11 est certains chevaux dont on arrête subitement les mouvements violents, en suspendant momentanément la vision. On emploie à cet elfet, soit une couvertiu'c qu'on fixe avec un surfaix, en posant celui-ci par son milieu sur la nuque et en croisant sous la ganeche, les deux extrémités qu'on ramène sur le chanfrein où on les réiuiit, soil un ta- blier ou un appareil particulier désigné sous le nom de capolc à lu- uclles ou simplement capote. Capote. — C'est une (iuveloppe, formée de forte toile, taillée sur la MOYENS D'ASSUJÉÏISSEMENT Dl' CHEVAL DEBOUT. 421 l'orme de la tète du cheval {fig. o, G) et qui se fixe sous l'auge à l'aide de petites couiroies. Cette enveloppe, rembourrée de manière à pro- téger les orbites et les parties saillantes de la tète, présente supé- rieurement deux ouvertures qui donnent passage aux oreilles. On confectionne quelquefois la capote avec du cuir souple, alors cet appa- reil protège mieux la lèle que la capote eu toile, surtout quand on fixe l'animal dans un travail. Lorsque le cheval qu'on veut assujétir cherche à mordre, on l'en empêche à l'aide d'nne muselière ï'wdc au licol ou à la bride, et, à dé- Fig. 20. Ç, capote à irillèrcs. — 0, collier à clia))clet. — T, trousse-pied. faut de cet appareil, au moyen d'une corde fixée par un nœud coulant au col de la mâchoire inférieure et étroitement enroulée autour des dents. Quand on veut empêcher un cheval de porter les dents sur une plaie ou sur un appareil de pansement, on se sert du collier à cha- pelet ou du bâton à surfaix. Le collier à chapelet [fig. 20, 0) se compose : de dix à douze bâtons cylindriques, de 3 à 4 centimètres de diamètre et de 40 centimètres en- viron de longueur, percés à leurs extrémités d'un trou qui donne pas- sage à une ficelle. Ces bâtons sont maintenus à distance les uns des autres, par de petits morceaux de bois, arrondis, de forme olivaire, tra- versés de part en part, d'un trou dans lequel passe une ficelle destinée à fixer l'appareil un peu en arrière de la nuque et en avant du garrot. On remplace quelquefois la ficelle terminale par une courroie en cuir, que l'on boucle sur l'encolure. La corde du collier à chapelet détermine quelquefois sur le bord supérieur de l'encolure, des plaies ou crevasses 422 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. très-douloureuses. J'ai vu un fort beau cheval succomber au tétanos, survenu après la formation de ces entamures. Il faut donc avoir le soin d'interposer entre la corde ou la courroie et le bord supérieur de l'en- colure, un petit coussinet d'étoupe pour prévenir des accidents. Le bâton à surfaix {pg. 21) consiste en une tige de bois d'une lon- gueur d'un mètre, trente centimètres environ, dont cha(iue extrémité A Fig. 21. — Bùton à surfaix, appliqué. A, point d'aUache ou la muserolle du licol. — B, point d'attache au surfaix. est munie d'une forte ficelle. On entoure la poitrine de l'animal avec un surfaix ou avec une longe, qu'on serre et arrête solidement, puis on attache à la muserolle du licol, une des extrémités du bâton et l'autre extrémité, â la portion du surfaix qui passe sur la partie latérale de la poitrine {/ig. 21, A). Le bâton est placé du côté droit si on opère à gau- che et vice versa. Son effet est d'empêcher ou de borner la flexion de l'encolure. B. — MOYENS KMPLOYÉS POUR FlXliR UN CUEVAI. A UN CORPS RÉSISTANT. On emploie tantôt le licol ordinaire, tantôt le licol de force. Celui-ci est en corde ou en cuir. Le licol de fovce tn corde, se compose d'une muserolle, d'une tèlicre et d'une longe. Ce licol a l'inconvénient de contusionner la nuque dans le cas où l'animal tirerait au renard. Le licol de force en cuir est formé d'une muserolle, d'une têtière, d'une MOYENS D'aSSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL DEBOUT. 423 sous-gorge et d'une longe, il présente en outre des boucles qui per- mettent de l'agrandir ou de le rétrécir à volonté. Le cuir doit être souple et résistant. Ce licol est préférable au précédent, car, par son emploi, on évite les excoriations de la nuque. La longe du licol doit toujours être en corde et non en cuir, afin de pouvoir plus aisément la dénouer. Cette longe est confiée à un aide ou bien fixée à un anneau scellé dans un mur ou un poteau, etc. ; il importe dans ce dernier cas, de ramener la longe dans l'anneau qui se trouve sous la muserolle du licol, après l'avoir préalablement passée dans l'anneau fixé au mur ou au poteau ; la longe est ainsi doublée et présente une très-grande résis- tance; puis on l'arrête par un nœud coulant afin qu'on puisse prompte- ment détacber l'animal, ce qui est indispensable quand il lire fortement au renard. Il ne faut jamais attacher un animal avec la longe passée dans la bouche, car s'il vient à reculer brusquement, la langue sera coupée transversalement : de même, il faut éviter de passer la longe sur le chanfrein pour prévenir des fractures du sus-maxillaire ou du sus-nasal. Si l'on veut opérer sur les parties antérieures du corps, il est urgent, pour empêcher l'animal de se cabrer ou de frapper des pieds de devant, d'attacher la tête le plus bas possible; quand on se propose d'agir sur les parties postérieures, il faut au contraire fixer la tête aussi haut qu'on le peut. Si l'on a lieu de craindre que l'animal, en se défendant, se blesse la tête contre le mur, on entoure celle-ci d'une couverture ou bien on applique la capote ; on se sert quelquefois aussi des lunettes. On appelle ainsi un appareil composé de deux pièces de cuir concaves, fixées à des montants de bridon, et que Ton applique sur les yeux qu'elles recouvrent. On ne se servira pas de la bride pour attacher un cheval, car s'il venait à tirer en arrière, il pourrait se briser la mâchoire inlérieure, se couper la langue ou bien , — ce qui est plus commun — , briser les rênes et s'échapper. III. Limiter les mouvements des memÙ7'es pour empêcher les déplace- ments (lu corps et prévenir autant que possible les attaques. — On remplit cette indication, soit par l'emploi d'un aide qui maintient levé un membre antérieur ou postérieur," soit par l'emploi de la plate-longe ou des entravons. Ces moyens ont pour but de diminuer la base de sus- tentation, de rendre solidaires les actions de deux membres et d'empê- cher qu'un membre à l'appui, ne puisse se lever pour l'attaque. a. Lever un pied. — « En règle générale, dit M. H. Bouley, quand on se propose de lever le membre antérieur ou postérieur d'un cheval, on doit observer les prescriptions suivantes : (( 1° 11 faut se mettre en dehors des directions dans lesquelles ces membres se meuvent le plus facilement pour l'attaque, conséquemment dans le champ de l'abduction, où leurs actions sont le plus bornées. » 421 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. « 2° On doit prendre avec l'une de ses mains, la gauche ou la droite suivant le côte du corps où l'on se trouve un point d'appui sur la partie supérieure du membre, alin d'être toujours prévenu des mou- vements que l'animal veut l'aire et de pouvoir se maintenir à dis- tance ou s'écarter tout à l'ait lorsque ces mouvements menacent de devenir agressifs ; puis, on descend sa main libre, en la glissant suc- cessivement vers les parties inférieures, et, arrivé à la région digitée, on la saisit et l'on cherche à produire la flexion des canons sur les rayons qui les dominent ; si l'animal résiste à cette première manœuvre, on cherche par une forte impulsion communiquée au haut de son corps, à déverser une plus grande parlie du centre de gravité sur les membres qui doivent rester à l'appui, et à décharger d'autant celui qui doit y être soustrait, » ((3° La flexion du canon opérée, il faut l'aire soi-même un tl(;nii-lt»ur rapide de conversion, afin de pouvoir donner au membre fléchi un point d'appui sur l'une ou l'autre de ses cuisses, projetée en avant, et d'oppo- ser la résistance de tout son corps, fortement étayé en arrière, aux ef- forts que l'animal peut faire pour se dégager (1). » Pour lever un membre antérieur, il suffit, sur beaucoup de chevaux, de saisir le canon avec la main correspondant au côté, et de le fiéchir sur Tavant-bras en relevant la région digitée, et, pour le mainte- nir levé, on peut se borner à le tenir d'une main par le bout de la pince, à l'aide du pouce appliqué sur la voûte du fer, les autres doigts appuyés sur la face antérieure de la paroi. Pour lever un membre postérieur, on engage le bras qui correspond au côté du corps où l'on se trouve, en dedans de la jambe de l'animal ; puis, on saisit le canon, et l'on soulève le membre en se redressant. Dans beaucoup d'ateliers de maréchalerie,les teneurs de pied sont mu- nis d'une sorte de baudrier en cuir, terminé par une courroie que l'on enroule autour du pûturon, et dont l'extrémité est solidement tenue par une de leurs mains; cet appareil transmet sur les épaules, une grande partie du poids qu'ils devraient supporter à bras tendus, et augmente de la sorte leur force de résistance. Pour tenir levé un membre postérieur, on fixe parfois à la base de la queue, une longe en corde ou en cuir que Ton passe sous le paturon du membre fléchi. h. Ji7)i/jloi de la plafc-luiujc. — La /jlate-loyige est une sorte de lien en corde, d'une longueur d'environ cinq mètres et demi, aplati on forme de sangle dans la moitié ou les trois quarts de sa longueur. La partie plate, large de cinq à six centimètres, porte une ganse à son extrémité. La plate-longe sert i\ lever et à maintenir au soutien, un membre pos- térieur ou un membre antérieur, afin de reporter le poids du corps sur (1) H. Bouley et Reyiial, Diclionnairc de médec. et de chirurgie vélér., art. Assujettir, p. n2. MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL DEBOUT. 42o le membre opposé, qui est à l'appui, et prcveuir ainsi les coups de pied. Quand on veut lever un membre postérieur, à l'aide de la plate-longe, on peut appliquer ce lien de plusieurs manières : 1° On fixe l'extrémité aplatie de la plate-longe, par un nœud coulant, autour du paturon du membre postérieur qu'on veut lever, puis on di- rige l'extrémité libre de ce cordage, entre les deux avant-bras, on la l'ait remonter d'avant en arrière le long de l'épaule, du côté opposé au membre qu'il faut lever, on la rabat par dessus le garrot pour la faire desrendre le long des côtes jusqu'au coude du membre correspondant à celui qui est entravé; là, on la croise avec elle-même de dedans en dehors et de dessus en dessous {(îg. 22). Cela fait, on exerce deux efforts Fig. 22. — Contejition du cheval debout (1" procédé d'application de la plate-longe). combinés de traction : o l'un d'arrière en avant sur la partie ascen- dante de la plate-longe, qui a pour résultat de forcer le membre à s'in- fléchir sous le corps ; l'autre de dedans en dehors sur la partie libre du cordage, en arrière du coude, qui complète ce premier effet et produit le raccourcissement et la tension du lien au degré voulu, pour que le membre soit suspendu au-dessus du sol à une hauteur telle qu'il ne puisse plus y prendre d'appui. » (H. Bouley.) 2° On fixe la plate-longe autour de l'encolure en ayant soin de l'arrêter par un n(jeud fixe pour prévenir la compression de la trachée, puis on dirige son extrémité libre entre les canons postérieurs, on la fait glisser jusque dans le paturon du membre qu'on se propose de lever et on la ramène vivement en avant, en exerçant une traction suf- i26 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. lisante pour soulever le membre et l'engager sous le tronc, — La plate- longe glisse alors dans le pli du paturon, qui fait oflice de poulie de renvoi. On la fixe en la croisant avec elle-même de dehors en dedans et de dessus en dessous {fuj. 23). Fig. 23. — Cvntentio7i du chccal debout (2" procédé d'application de la i)late-longe). 3° La plate-longe est fixée autour de l'encolure, son extrémité libre est dirigée en arrière et va s'enrouler autour du paturon du membre postérieur qu'il s'agit de lever, puis un ou deux aides tirent fortement sur ce cordage de manière à soulever le membre et à le porter en arrrière ; un aide le saisit alors et le lient à la manière habituelle {fig. 24). ■4" On fixe une plate-longc autuur de rencoUue en observant les mômes précautions que précédenmient ; (( puis on la conduit le long de la colonne vertébrale jusqu'à la base de la queue autour de laquelle on l'enroule; enfin on passe son extrémité fiollante dans un cntravon fixé, l'anneau en arrière, autour du paturon du membre qu'il s'agit de soulever. Tout étant ainsi disposé, un ou deux hommes, placés à dis- tance sur le côté de l'animal, parviennent facilement, en tirant sur la plate-longe, à détacher de terre le membre enli-avé et à le porter en arrière 'fUi. 25). Le cheval, ainsi contenu, a peu de tendance i\ réagir, car tout effort qu'il fait, a pour résultat de serrer d'une manière plus étroite el plus douloureuse, l'anse de la plate-longe enroulée ;\ la base de la queue. S'il faut donner au pied levé plus de fixité, un homme se place dans la position habituelle de l'aide-ferreur, ayant pour unique olfice de soutenir sur sa cuisse, le membre entravé, dont tout le poids et tous les efforts sont contrebalancés par la plate-longe maintenue tendue.» (H. BOULKY.) MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL DEBOUT. 427 Pour maintenir lové un membre antérieur tout en évitant les atteintes de l'animal, on fixe au paturon de ce membre l'une des extrémités de Fig. 2i. — [Contention du cheval debout (3^ procédé d'application de la plate-longe). la plate-longe et l'on jette l'extrémité opposée par-dessus le garrot, de l'autre côté de l'animal. Il suffit ensuite de tirer sur cette extrémité, Fig. 25. — Contention du cheval debout ['i" procédé d'application de la plate-longe). soit de près, soit de loin, suivant que le sujet est plus ou moins dan- gereux, pour maintenir le canon fléchi sur l'avant-bras. 428 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAl'X DOMESTIQUES. c. Emploi du trousse-pied. — Le Irousse-picd est une courroie ou une pctile sangle d'environ 0'",G0 de longueur, portant une boucle à une de ses extrémités et des trous à l'autre. Pour s'en servir, on lève un des pieds de devant, on fléchit le canon sur l'avanl-bras et on em- brasse avec ce lien, ces deux rayons au niveau du paturon ; on boucle alors l'instrument qu'on serre au degré convenable; le membre reste ainsi levé et lléclii. Une simple corde ou une longe peuvent faire office de trousse-pied {fig. 20, T). Cet appareil a le grave inconvénient de ne pouvoir être détaché instantanément, et si, par malheur, l'animal en se débattant, vient àtomber, il y a lieu de craindre qu'il se blesse au genou di' la manière la plus grave. — « 11 y a donc, dit M. H. Bouley, indica- tion expresse, toutes les fois que, par nécessité absolue, on a re- Fig. 2G. — Contention du cheval deljout ((ixation des membres postérieurs au moyen de l'entravoii porte-lacs et d'uu entravon ordinaire). cours au trousse-pied, de disposer sous l'animal une épaisse litière de fumier, propre à amortir les effets des chutes (!). » d. Emploi des enti'avons. — Pour empêcher les ruades, on place dans le pilturon de l'un des membres postérieurs, l'entravon ])orte-lacs et à l'autre, un entravon simple. Si le lacs porte une chaîne, il suffit de le passer une fois dans la jjuuclc de l'entravon simple et d'introduire le porte-mousqueton dans l'un des anneaux de la chaîne en ayant le soin de rapprocher luu de l'autre, les membres postérieurs sans toutefois (I) Loco citalo, p. 170. MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL E\ POSITION DEBOUT. 42'.» les mettre en contact, ce qui déterminerait une chute. — Quand le lacs n'est pas muni d'une chaîne, on le passe deux l'ois dans l'anneau de chaque entravou, et ou le i'ixe par un nœud, dans l'anse duquel on interpose un petit hotillon de paille. Quel que soit le lacs employé, on le dirige entre les deux avant-hras et on le dispose autour de la poitrine, comme la plate-longe quand il s'agit de lever un memhre postérieur {fig. 2G). On peut encore iixer les memhres postérieurs, au moyen de deux entravons et d'une hricole munie d'anneaux disposés latéralement, à droite et à gauche. Les lacs sont dirigés en avant et croisés sous le ventre, de telle sorte que celui qui est fixé à l'entravon droit, va s'atta- cher à l'anneau situé du côté gauche de la hricole, et celui de l'entravon gauche, à l'anneau droit. Ce moyen est principalement mis en usage pour assujétir les juments dans la monte en main. Si les moyens d'assujétissement que nous venons de décrire, pa- raissent insuffisants, on peut alors avoir recours à l'emploi de machines qu'on désigne sous le nom de travails. ^ '±. — Des travails. On désigne sous le nom de travails, des machines destinées à assujé- tir les grands animaux, soit pour pratiquer la ferrure, soit pour des opérations. On connaît plusieurs sortes de travails, savoir : les travails à poteaux, les travails-murallle, et les lits-muraille à bascule. A. Travails à poteaux. — Ils sont employés depuis un temps immé- morial par les maréchaux pour ferrer les chevaux méchants. Les dispositions de ces machines ont varié- heaucoup suivant le génie inventif de leurs auteurs, et il ne saurait entrer dans notre pensée de donner dans un ouvrage de la nature de celui-ci, la descriptiozi dé- taillée des divers travails que l'on connaît : ce serait, d'une part, dépasser les limites que nous nous sommes tracées, et, d'autre part, il nous a paru qu'il était hien suffisant de décrire l'une de ces machines pour que l'on puisse, à l'occasion, la prendre pour modèle. Considéré dans son ensemble, un travail à poteaux représente une sorte de cage quadrangulaire, formée de quatre poutres principales ou montants, solidement implantés ou scellés en terre à l'aide de fonda- tions en maçonnerie, et assemblées entre elles à leur sommet, par des poutres transversales ou de jonction {fig. 27). Les poteaux P, P', ont 15 centimètres de diamètre et une hauteur de 2'»,3o environ ; les antérieurs sont distants l'un de l'autre de 0",(34 et les postérieurs, de 0™,84 ; ils sont en bois de chêne et leurs carres sont abattues afui d'éviter que l'animal se blesse ; leur extrémité, implantée dans le sol, est consolidée par des Jambes de force, F, F', qui reposent elles-mêmes sur un plancher, E, E', formé par des madriers en chêne i30 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. solidement assemblés les uns avec les autres. Ce plancher est muni de six anneaux solidement scellés, disposés de telle sorte que les deux antérieurs correspondent aux pieds de devant, les deux postérieurs, aux pieds de derrière, et les deux moyens occupent l'espace com- pris entre les premiers et les seconds. Le travail est ferme par côté, au moyen de deux traverses en bois, Fig. 27. — Ti'ftr/ii/ rinployé pour le c/tcval. T, T', d'une largeur de 0™, Ho sur 0", 11 d'épaisseur, implantées dans les poteaux, P, P'; sur ces traverses sont fixées verticalement deux pou- trelles qui s'assemblent également avec les poutres do jonction ou transversales. Ces poutrelles odVcnt une hauteur de ()'", 1)9, une lar- geur de 0'",10 sur 0'",10 d'épaisseur. Sur leur face externe et à O^jiO des traverses, se trouvent fixés deux forts treuils, en chône, E, E', ;\ l'aide de brides en fer, boulonnées, faisant office de cou$sine(s et dans MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL EN POSITION DEBOUT. 431 lesquelles reposent les tourillons. — Deux petites barres en fer, B, B', ou leviei's, sont passées dans des trous qui traversent chaque treuil de part en part, et dans lesquels elles peuvent aisément glisser. Chaque treuil présente à ses extrémités, une petite roue dentée, surmontée d'un cliquet, G, fixé aux poutrelles verticales, permettant d'arrêter ;\ volonté le mouvement du treuil. Les poteaux antérieurs présentent, à l'",20 au-dessus du plancher, une barre arrondie, en bois, disposée transversalement, autour de laquelle on enroule solidement deux longes du licol de force pour les fixer ensuite, soit à la barre elle-même, soit à des anneaux disposés sur les poteaux antérieurs. Les poteaux postérieurs sont également munis, sur leur face posté- rieure, et à l'",20 de distance du plancher, d'anneaux destinés à don- ner passage à une chaîne ou à une forte corde qui sert à fermer le travail en arrière, et à borner ainsi les mouvements de recul aux- quels l'animal peut se livrer. Plusieurs pièces en fer s'ajoutent au travail quand il s'agit de fixer les membres pour la ferrure ou des opérations chirurgicales. Ces pièces en fer sont représentées en A et A'. Celle qui est employée pour les membres antérieurs s'adapte dans une mortaise pratiquée sur chaque traverse, près des poutrelles qui les réunissent aux poutres de jonction, et on les fixe en situation verticale, au moyen d'une cla- vette que l'on introduit dans un trou pratiqué dans chaque traverse. La clavetie passe également dans un trou que présente la partie aplatie de la pièce de fer, et, comme cette même partie présente plu- sieurs ouvertures, il s'ensuit qu'on peut fixer ladite pièce à différentes hauteurs. — Les pièces de fer qui servent à fixer les membres de der- rière, s'adaptent aux poteaux postérieurs de la même manière; toute- fois il est à remarquer que chacune des pièces destinées aux membres postérieurs, présente un anneau, B, B', dans lequel on introduit une barre de fer, fixée au moyen de clavettes, et sur laquelle on assujétit l'un ou l'autre des membres postérieurs. — Quelques praticiens font fixer d'une manière définitive, ces pièces de fer sur les traverses et sur les poteaux postérieurs au moyen de boulons. Un appareil de sangles, semblable à celui qu'on voit dans la figure 27 ou simplement deux larges sangles fixées aux crochets des treuils, servent à soutenir ou à soulever modérément le cheval qu'on place dans le travail. — Enfin, quatre entravons, munis de lacs, complètent le système de contention; les lacs peuvent être fixés aux entravons à l'aide de chaînes, et, dans ce cas, il faut encore quatre poiHe- mousque- tons ; ou bien, ils peuvent consister en de fortes cordes que l'on fixe à des anneaux disposés sur les montants ou les traverses de la ma- chine ; d'autres fois on les fixe aux pièces de fer, destinées à maintenir soulevés et assujétis les membres antérieurs ou postérieurs. Telles sont, à part quelques modifications, les dispositions que pré- 432 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. senle le travail journellement employé à l'école vétérinaire de Lyon. Comme nous l'avons dit, il existe d'autres travails, notamment le travail-muraille de Collier, le lit-muraille à bascule de Fromage de Feugré. Ces différentes machines ne sont plus employées de nos jours, ce qui nous dispense d'en parler. Remarquons toutefois qu'on se sert souvent pour assujétir les grands ruminants, de travails présentant des dispositions différentes de celles que nécessite la contention du cheval et dont nous parlerons à propos- des moyens d'assujétissement des animaux de l'espèce bo- vine. Hippo-lasso ou lasSo domplew de MM. Jtaabe et Litnel. — Cet appareil, que l'on peut considérer selon l'expression des inventeurs, comme la camisole de force des grands quadrupcMes domestiques, se compose d'une bricole et d'une avaloire, placées au niveau de la jonction des membres avec le tronc, et relices entre elles de chaque cùlé, par une lanière en cuir, fixée à l'avaloire comme on le voit en L {fi(j. 28). Cette lanière passe sur une boucle à rouleau, B {fig. 28}, fixée à chaque extrémité de la bricole, revient en arrière pour s'engager dans une boucle semblable B' (//'f/. 28), disposée à chaque bout de l'ava- loire. L'extrémité de cette lanière est ensuite confiée à un aide ou Fig. 28. — Hippo-lasso ou lasso dompteur de MM. Raabc et Luiiol. fixée dans une petite boucle à ardillon (b), placée sur le côté de la bricole, de telle sorte que l'on peut resserrer l'appareil au degré qui est jugé nécessaire. — Deux courroies passées au-dessus de l'animal, sur le garrot et sur les reins, suspendent le lasso. Deux plates-longes ou deux lacs munis de ganses, pourraient à la rigueur, remplacer Y hippo-lasso. Dans le plus grand nombre des cas, cet appareil se place très-faci- MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DU CHEVAL EN POSITION DEBOUT. i33 lement sur le cheval, à la iiianicre d'un harnais ordinaire; mais, quand (in a affaire à un animal très-méchant, MM. llaabe et Lunel conseillent d'o|)érer dans l'écurie et de la manière suivante : « Le cheval étant attaché haut et court après le râtelier, un homme placé du côté raontoir présente la bricole ouverte en avant du poi- trail ; un deuxième homme, placé du côté hors montoir, reçoit l'extré- mité de cette bricole, laquelle ne touche pas encore l'animal; ce n'est que lorsque la courroie de support de cette partie du lasso a été pas- sée au-dessus de l'encolure et qu'elle est bouclée du côté opposé que ces hommes abandonnent la bricole, qui pend au cou du chenal. L'avaloire est alors mise aussitôt en travers, au-dessus de l'encolure et l'homme, placé du côté où la courroie de resserrement du lasso n'est pas engagée dans ses boucles de va et vient, l'y engage rapide- ment, en observant de la maintenir sur son plat, et il en boucle l'extré- mité. — Il ne reste plus qu'à garnir l'arrière-main, ce qui serait la partie la plus dangereuse de l'opération ; mais le danger disparaît, grâce h une corde quelconque que l'on a passée à l'avance, en double dans l'anneau fixé au centre et en arrière de l'avaloire et qu'il suffît de tirer à soi, étant à distance et derrière le cheval. Cette corde fait glis- ser en arrière l'avaloire, qui vient en quelque sorte coiffer l'arrière- main de l'animal. » « Quand il est possible d'engager la tète et l'encolure du cheval sans trop de difficultés, ce n'est qu'après cette opération qu'on atta- che le cheval au râtelier. Dans ce cas, le lasso est présenté fermé à l'avance, et, pour embrasser la croupe, on opère comme nous venons d'indiquer (1). » Quoi qu'il en soit, l'hippo-lasso ainsi disposé fonctionne à la manière d'une moufle, ce qui permet d'obtenir, par de légers efforts de trac- tion exercés sur la courroie de resserrement, des effets très-consi- dérables. — (( Sous son action, dit II. Ilodet, le bipède antérieur et le bipède postérieur se rapprochent peu à peu l'un de l'autre ; la base de sustentation se rétrécit graduellement, l'équilibre devient de l)lus en plus instable, et. si l'on continue à agir, on voit bientôt l'ani- mal, étonné, réduit à l'impuissance, s'affaisser sur lui-même et se coucher sur le flanc pour éviter une chute devenue imminente. — Mais il n'est pas nécessaire d'aller jusque-là pour dompter l'animal le plus méchant; car, aux premières tractions opérées sur les longes de l'appareil, ses efforts, ses moyens de défense se trouvent complélement paralysés (2). » D'après M. H. Ijouley, « l'hippo-lasso ne saurait être mieux com- paré (luà un travail pcjrtatif, très-léger, d'un très-petit volume, que le vétérinaire peut facilement emporter avec lui et qui deviendra, lors- qu'il sera connu, l'un de ses plus utiles auxiliaires dans l'exercice de (1) Hippo-lasso, etc., broch. in-8 par MM. P.aabo et Luiicl. Paris, 18â9, p. 2G. (2) Journal de méd. vét. de Lyon, année 18,j9, p. 47'J. Peucii et Toussaint. — Chirurgie. 28 434 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. sa pénible et dangereuse profession. » Une fois, dit encore M. II. Bou- ley, que l'animal est enfermé dans l'enceinte de cet appareil, il ne peut ni frapper du devant, ni ruer en arrière, et les ruades en avant des membres postérieurs n'ont pas lieu parce que l'instabilité de l'équi- lil)re (jui résulte du rapprochement des membres, empêche l'animal de détacher l'un d'eux du sol, par la crainte d'une chute qu'il sent immi- nente. Dans ces conditions, les opérations debout peuvent être prati- quées très-commodément sans que l'opérateur ou ses aides courent la chance d'être frappés ; seulement, comme l'hippo-lasso, lorsqu'il n'est pas étroitement serré, permet une certaine liberté de mouvements par pas raccourcis, il faut être prévenu de la possibilité d'une chute, si ces mouvements viennent à se précipiter sous l'incitation de la souf- france, et il est prudent d'appliquer des genouillères au cheval sur le- quel le lasso est jeté ou de disposer sous lui une litière (1). » M. Lecoq, M. Rey, pensent également que l'hippo-lasso est un ex- cellent moyen de contention à l'aide duquel on peut maîtriser les ani- maux les plus irritables et pratiquer sur eux dans bon nombre de cas, des opérations chirurgicales sans avoir recours à l'abatage. L'hippo-lasso exerce sur le caractère de l'animal, une influence qui mérite d'être signalée. C'est ainsi que MM. Raabe et Ilunel rapportent qu'un cheval très-irritable et qui ne voulait pas se laisser ferrer, devint très-doux et se laissa facilement lever les pieds après l'application du lasso dompteur. M. Bourgeois, vétérinaire militaire, a également cons- taté l'influence de cet appareil sur des chevaux COLCIIÉE Quand l'opération qu'on se propose de pratiquer est longue, doulou- reuse et exige que la région sur laquelle on agit, soit immobilisée (1) Recueil de méd. vét., 1859, p. 505. (2) Ihidem, p. 593. (3) Ibid., p. 506. CONTENTION DU CHEVAL EN POSITION COUCHÉE. 43o pour ne pas blesser des organes importants, il faut coucher l'animal et l'assujétir dans cette position. A cet effet, plusieurs méthodes sont mises en usage, toutefois, avant toute chose, on doit préparer le lit sur lequel l'animal doit être couché ou abattu. Ce lit consiste en une épaisse couche de litière, de fumier ou de paille, qu'on étend en cou- che d'autant plu? épaisse que le sol est de sa nature plus résistant. Quand on se sert de fumier, il est prudent de l'explorer attentivement, de crainte qu'il ne recèle quelques corps durs : pavés, débris de bois, de fer, ossements, etc. « Le lit, dit M. H. Bouley, doit mesurer dans sa longueur et sa lar- geur au moins une fois et demie la longueur et la hauteur de l'animal pour lequel il est destiné. L'excès de dimensions dans ces sens, comme l'excès en épaisseur, ne saurait être un défaut (1). )) A. — MÉTHODE d'aUATAGE I'AR LES ENTRAVES. 1" Procédé par les entravons ordinaires. — Les entravons [fig. 29) sont Fig. 29. — Entravons. M, porto-mousquc'lon. (le fortes courroies en cuir souple, d'une longueur de 0"',43 surO'",0.'') de largeur etO'",01 d'épaisseur, terminées à une de leurs extrémités par une boucle dont l'ardillon ne doit dépasser le bord que de deux ou trois millimètres, afin qu'on puisse désentraver aisément ; l'autre ex- trémité est un peu amiucie et présente plusieurs trous destinés à re- cevoir l'ardillon, ce qui permet d'appliquer l'appareil à des chevaux de (!) Dictionnaire de méd, et de chirurgie vélér., par MM. H. Bouley et Reynal, art. Assu- jÉTir., p. 1"9. 436 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. différente taille. A O™,!-! du l)ord de la boucle sur lequel repose l'ar- dillon, se trouve très-solidement fixé un anneau en bon fer, de forme ovalaire, et de 0'°,08 de diamètre, en y comprenant l'épaisseur de chaque anneau, qui est d'un centimètre. Chaque entravon est bien rembourré afin d'éviter des excoriations. Le lacs consiste en une forlo corde, longue de 5™, 50 à 6 mètres, fixée soit directement au moyen d'une ganse à un entravon qu'on appelle jujur cela entravon porte- lacs, soit, comme l'a conseillé M. lley, par l'intermédiaire d'une chaîne de 0'",40 de longueur dont la première maille est passée dans l'anneau de l'entravon /joric-lacs et la dernière, fixée à une corde, longue de cinq mèlres environ. Quand on euqiloie le lacs, prolongé par une chaîne, il faut avoir en- core à sa disposition, une sorte de crochet à ressort dit porte-uiovsqueton [fig. 29, M) que l'on place dans l'une des mailles de la chaîne pour maintenir les entraves réunies. Lorsqu'on se propose de coucher un cheval, on prépare préalable- ment le lit comme nous l'avons indiqué, puis l'animal étant ;\ jeun, on le conduit au moyen du bridon ou du licol dont la longe est passée dans la bouche, dans l'endroit où il doit être abattu. M. H. Boulcy prescrit de faire monter le cheval sur le lit et de le placer paiallèle- ment à sa longueur, sur l'un de ses bords, les pieds dans hi litière. « Lorsque les pieds sont maintenus sur le sol nu, en dehors du lit, dit M. II. liouley, ils sont exposés à glisser au moment où l'on ébranle la masse de l'animal, et sa chute peut alors s'opérer de trop liauL (1). » D'autres auteurs se bornent à dire (|u"il l'aut placer l'animal au bord du lit, toutefois il nous paraît préférable de procéder conune rindi(|ue M. H. Bouley. On garnit la tète d'une capote fi lunettes ou d'un tablier, et Ton applifiuc ensuite les entraves de fa manière suivante: un aide lève le nicnibre antérieur opposé au côté sur lequel on veut coucher ranimai, puis l'on lixc au patiu'on de ce membre, Y Qwlvxxon porte-lacs, l'anneau en arrière cL la boucle en dehors, des aides applitpient suc- cessivement ou simultanément les entravons aux autres membres en observant que les anneaux soient dirigés en avant aux membres pos- térieurs, et en arrière au membre antérieur qui est à l'appui, c'est-à- dire comme pour son congénère. Cela fait, on engage l'extrémité du lacs de dehors en dedans dans l'entravon du membre de derrière op- posé au côté sur lequel l'animal doit être couché, puis de dedans eu dehors dans l'anneau de l'entravon de l'autre membre postérieur; on le ramène ensuite en avant p(»ur l'engager de dehors en dedans, dans l'anneau de l'entravon placé au membre antérieur du côté où l'animal doit être abattu, finalement, on passe le lacs de dedans en dehors, dans l'anneau de l'entravon porte-lacs; ainsi se trouve fermé le cercle com- plet du cordage (pii relie entre eux les (juatre membres. On jette alors (1) Did., art. AssuÉTin, p. I7'J. CONTENTION DU CHEVAL EN POSITION COUCHEE. 431 une plate-longe autour de la poitrine et l'on confie les extrémités de ce cordage, à trois ou quatre aides placés du côté où l'animal doit être abattu. M. H.Bouley, à l'exemple de Yalel, fait appliquer la plate-longe autour de l'avant-bras du membre où se trouve Tentravon porte-lacs, puis on la ramène par-dessus le garrot du côté opposé. Les aides nécessaires pour la manœuvre proprement dite de l'aba- tage, doivent être répartis de telle sorte que celui qui est à la tète, soit le plus vigoureux et le plus expérimenté. « Il doit se placer du côté sur lequel l'animal va tomber, tenant d'une main soit l'oreille qui lui est opposée, soit, si le sujet est trop haut de taille, le moulant du licol, tandis que de l'autre il saisit les rênes du bridon ou la longe du licol ramenées par dessus la nuque de dehors en dedans, prêt, en exerçant une vigoureuse traction sur ces liens, à tordre la tête sur l'encolure et à décomposer ainsi la résistance des muscles qui font mouvoir ce puissant levier. — Lorsque les chevaux sont trop vigoureux, il faut deux hommes à la tète : l'un qui tire sur les rênes ramenées par dessus la nuque, l'autre qui tient l'animal par l'un des montants du licol et Fig. 30. — Contention du chevnl en position couehée (attitude du cheval et disposition des aides au moment de l'abatage). par une oreille; à l'opposé, un aide est placé à la queue sur laquelle il doit exercer une traction vigoureuse pour ébranler l'arrière-main ; enfin un ou deux aides ont pour mission de tirer sur la plate-longe de l'avant-bras, tandis que deux autres doivent, de concert avec l'opéra- teur, faire agir leurs efforts sur le lacs des entravons [fig. 30). » (h. Boulev.) 43S MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. Le moment est venu d'abattre l'animal, il faut alors agir avec mé- thode pour éviter des accidents irrémédiables. « Abattre un cheval, dit M. H. Bouley, ce n'est pas, comme beaucoup le pensent et comme im grand nombre l'exécutent, le faire tomber de son haut sur le sol, en surmontant sa force par une force qui lui est supérieure. Non; l'abatage mélhodique est moins une (piestion de force que d'adresse : il faut savoir mcLlre l'animal, que l'on veut placer en position décubitale, dans de telles conditions d'instabilité d'équilibre, que lui-même soit sollicité par son instinct de conservation à fléchir ses membres et à se rapprocherdusol pour amortirleseffetsd'unechutequ'il sent inévitable.!) <( On remplit cette indication en rétrécissant dans les plus étroites limites possibles, la base desu stentation. A cet effet, l'opérateur se place en avant de ceux de ses aides qui tiennent le lacs, et, le saisissant d'une main pendant que de l'autre il appuie sur les côtes de l'animal, il commande à l'aide qui tient la tête de lui imprimer un mouvement de recul, en agissant sur les barres; alors et dans le moment même que l'animal obéit à ce commandement en portant en arrière les membres antérieurs, lui, opérateur, tire sur le lacs et en réduit le cercle propor- tionnellement i\ l'étendue du pas de recul que les membres de devant ont exécuté. Si la base de sustentation est encore trop grande pour que, de lui-même, l'animal cherche à se coucher, on complète ce pre- mier résultat en faisant rapprocher mécaniquement, par un aide, les membres postérieurs des antérieurs, et en ayant soin, à mesure que ce rapprochement s'opère, de rétrécir d'autant le cercle du lacs. Lorsque, par cet artifice, on a réussi à faire converger les quatre membres sous le centre de gravité, alors l'équilibre est devenu telle- ment instable, que l'animal est sollicité à fléchir ses membres pour se rapprocher du sol et éviter ainsi de tomber de trop haut. Dans ce cas, il n"y a plus, jxjur achever la manœuvre, qu'à remplir une dernière indication : Éhrunkr la masse du corps et dinger sa chute de manière à la placer dans la position décubitale la plus convenable pour le but qu'on se propose. A cet elfet, l'opérateiu- saisit le moment où il voit que l'équilibre est devenu tout à fait instable, et alors, par la parole ou par le geste, il donne à ses aides le signal d'accomplir simultanément les manœuvres qui leur ont été d'avance assignées, manœuvres qui consistent, pour les uns, à tirer dans le même sens sur la jjjate-longe de l'avant-bras, sur la tête et sur la queue, afin d'ébranler la masse par en haut, tandis que les autres l'ébranlent par en bas en tirant sur le lacs, en sens opposé, et en rapprochant de plus en ])lus les (]uatre membres. De ces deux actions inverses et simultanées, la plus énergique doit être celle qui s'exerce sur la partie supérieure du corps. L'action du lacs doit avoir moins pour but d'ébranler la masse que de résister passive- ment aux efforts que fait ranimai i)our dégager ses membres et recon- quérir son équilibre. CONTENTION DU CHEVAL EN POSITION COUCHÉE. 439 « C'est t\ ces conditions que la chute s'effectue suivant toutes les règles. Que si, au contraire, on exerce sur le lacs une action trop puissante, comme cela arrive quand on emploie un grand nombre d'aides, alors les pieds sont brusquement détachés de terre et la masse du corps, entraînée par la traction supérieure, est lancée sur le sol avec une violence souvent dangereuse. i( Pour qu'un animal soit abattu convenablement, il faut ou bien qu'il s'infléchisse sur les genoux et qu'il s'étende tout doucement et sans bruit sur le côté, en touchant successivement la litière de l'épaule, des côtes et de la hanche, ou bien que, sa chute commençant par le derrière, on le voie s'étendre doucement de la hanche à l'épaule (1). » Quand l'animal est abattu, il faut annuler les efforts qu'il fait pour se dégager en ordonnant à l'aide qui tient la tête, de la porter brusque- ment en arrière, en la saisissant d'une main par l'oreille et de l'autre par le col de la mâchoire inférieure, le pouce de cette main fortement appuyé sur les barres; en môme temps, l'aide placé à la queue appuie fortement sur la croupe pour limiter ou empêcher les mouvements du train postérieur, tandis que l'opérateur et les aides tirent fortement sur le lacs pour achever de rapprocher les membres, — Alors, si l'on a em- ploj'é le lacs muni d'une chaîne, l'opérateur place rapidement le porte- mousqueton dans la maille la plus rapprochée des anneaux, et les membres sont ainsi maintenus rapprochés les uns des autres. Ce moyen, on le voit, est très-expéditif, mais on se tromperait si on le croyait exempt de dangers. Ainsi nous avons vu trois fois, dans une période de dix années de pratique à la clinique de Lyon, l'une des mailles de la chaîne se briser sous les efforts violents du cheval abattu, et, une fois, l'aide chargé de tenir la tête, a été grièvement blessé par l'un des membres antérieurs. — M. H. Bouley conseille d'agir de la manière suivante : « On introduit l'extrémité d'une tige de fer, le tisonnier, par exemple, dans l'anneau de la chaîne du porte-lacs, le plus rapproché des entraves, afin de s'opposer à l'écartement des membres, puis on fait passer une seconde fois le lacs dans les anneaux des entravons pour doubler sa force de résistance, enfin on l'arrête par un nœud qui embrasse son double tour, et dans lequel on a soin d'interposer un petit botillon de paille, afin qu'il soit plus facile à délier. — Si le lacs n'est pas pourvu d'une chaîne, on le passe de nouveau et successivement dans les anneaux de tous les entravons, puis on le fixe comme précédemment par un nœud qui embrasse son double tour, et dans lequel on interpose une forte poignée de paille. Lorsque l'on a affaire à des sujets très-irritables, prompts à l'attaque et impatients de toute contrainte, les dilférentes manœuvres que com- porte l'abatage, ne peuvent pas s'effectuer avec la régularité que nous avons décrite. « Avec de tels sujets, dit M. H. Bouley, les règles ne (1) Did. de méd. et de diirurgie vétér.. art. AssujÉTin, p. 181 et suiv. 440 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. changont pas, mais leur application rencontre de grandes difficultés, et le succès des manœuvres dépend surtout de la spontanéité avec la- quelle roporaleur qui les dirige, saisit l'occasion rapide où l'animal peut être ébranlé sur sa base, sans qu'il y ait danger pour lui de faire une chute de trop haut. Ce qu'il y a à craindre avec de pareils ani- maux, c'est que, au moment où ils se sentent entravés, ils ne fassent un saut brusque pour se jeter en avant : c'est surtout qu'ils ne s'enlè- vent de toute leur hauteur sur leurs pieds de derrière, ;\ l'instant où commencent les efforts de traction sur les cordages qui les retiennent et que des manœuvres intempestives ne les renversent dans cette at- titude. « Pour prévenir ces dangers, il faut donner au lit une grande étendue, beaucoup d'épaisseur, et faire concourir l'irritabilité même des sujets et la soudaineté de leurs mouvements aux efforts qui tendent à les renverser. « A cet effet, le lacs étant maintenu tendu, l'opérateur applicpic sur les fesses de l'animal un coup do fouet ou de cravache, qui le sollicite à un mouvement brusque en avant, d'où résidte immédiatement sa chute amortie, les membres antérieurs ne pouvant se dégager et étant forcésde se fléchir soudainement par le fait de l'obstacle que les entra- vons opposent à leur extension. » « L'action des aides du lacs doit être dans ce cas, toute passive ; ceux qui tiennent la plate-longe, la tête et la queue, doiventseuls faire elfort pour renverser l'animal sur le coté (I). » Quand l'animal est ainsi assujéti en position couchée, il est néces- saire dans beaucoup de cas, de dégager un nicnibre antérieur ou posté- rieur et de le fixer dans diverses attitudes, soit pour découvrir la région sur Ia({uelle on se propose d'opérer, soit pour immobiliser cette région. — -Pour y parvenir, il ne faut jamais, comme le fait remarquer M. II. liouley, u lutter contre la force musculaire du membre à dépla- cer, par une traction directe, mais, au contraire, décomposer cette force par un artifice très-simple. « Soit, par exemple, le meml)re postérieur droit que l'on veut porter vers les parties antérieures pour mettre à nu la région inguinale, comme dans la castration. Une plate-longe est fixée autour du canon de ce membre, dirigée vers le bord dorsal de l'encolure par-dessous laquelle on la l'ail glisser ; ramenée en croisant le poitrail, par-dessus l'avant- bras du membre antérieur droit, puis engagéti sous le jarret du mem- bre postérieur droit qu'il s'agit de déplacer ; rabattue sur la corde cal- canéenne et conduite enlin vers le garrot, oii un aide s'en empare ifig.'Sl). « Ainsi disposée, cette plate-longe va fonctionner à la manière du cordage d'une moufle ; le bord dorsal de l'encolure et la corde calca- nécnnc, sur lesquels elle glisse, faisant l'office de poulies qui changent (1) Dicl. de 7né(l. et de chirurrjie vélér., art. Assujétiii, p. 183. CONTENTION DU CHEVAL EN POSITION COUCHÉE. 441 l.i direction do la force et la décomposent. Pour opérer le déplacement du membre postérieur droit, il sullira dans ce cas de deux aides, l'un placé au poitrail, qui tirera sur la plate-longe de dessous en dessus et d'avant en arrière ; l'autre placé au garrot, qui combinera ses efforts avec ceux du premier en tirant sur cette corde d'arrière en avant. On Fig. 31 . — Co/itrntion du rheval en position couchée (maiKeuvre à cxécator pour amener un membre postérieur sur l'antérieur correspondant). peut ainsi faire arriver graduellement le pied postérieur jusqu'au ni- veau de rarticulation scapulo-humcrale (1) (fig. 31). » C'est en agissant d'après ces principes, que l'on amène un membre antérieur un peu au-dessus du jarret opposé latéralement (fig. 32) ou en diagonale. On fixe alors les membres l'un avec l'autre par deux tours de plate-longe, croisés en X, et étroitement consolidés par un tour horizontal [fig. 33). Lorsque l'opération qui a nécessité l'abatage, est terminée, il faut dé- gager les membres s'ils ont été préalablement assnjétis avec la plate- longe, désentraver l'animal et le faire relever. — Quand un membre a été déplacé et fixé avec la plate-longe, il faut enlever successivement tous les tours que forme ce cordage, et, quand on arrive au dernier, au lieu de laisser le membre se dégager tout à coup, ce qui serait très- dangereux, on replace la plate-longe dans la position qu'on lui avait donnée tout d'abord pour opérer le déplacement, et l'on ramène gra- (1) Loco cituto, art. AssLJÉTin,p. 184. 442 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES, duellement le pied dans l'enlravon où il était primitivement fixe. rig. 32. — Contention du cheval en position couchée (manœuvre à exécuter pour fixer un membre antérieur sur le postérieur correspondante Fig. 33. — Contentio7i du chcvfd en position couchée (membre antérieur fixé sur le postérieur correspondant). On boucle cet entravon et l'on enlève complètement la plate-longe. CONTENTION DU CflEVAL EN POSITION COUCHÉE. ii3 Pour désentraver un auinial, il l'aut qu'un aide lire perpendiculaire- ment sur le lacs pour soulever les quatre membres, l'opérateur placé \is-fi-vis de la face plantaire des sabots, déboucle successivement, sans brusquerie et sans secousses, les entraves placées en dessous ; puis, l'aide qui tient le lacs, laisse retomber les membres tout doucement et l'on déboucle les entraves de dessus, en môme temps l'aide placé à la tôte, la porte en arrière et s'efface le plus possible pour éviter d'être blessé, puis il défait les courroies de la capote. Des que les en- traves sont débouclées, on tire doucement sur le lacs afin de les dé- gager et d'empêcher que l'animal se blesse sur les ardillons des boucles. Quand un cheval estdésentravé, on le fait relever en l'excitant parla parole ou le fouet ; en outre, l'aide placé à la tète, doit faciliter les mouvements auxquels se livre l'animal pour se relever. A cet effet, il se porte rapidement du côté opposé à celui sur lequel l'animal est couché en tirant à lui les rênes du bridon ou la longe du licol, de manière à fléchir la tète et l'encolure. — Dans quelques cas, il est utile d'étendre mécaniquement les membres antérieurs et de tirer sur la queue pour soulever l'arrière-train. 2" Procédé par les entravons anglais. — Pour éviter les accidents qui peuvent survenir au moment où l'ondésentrave un cheval, Bracy-Glark avait modifié les entravons de la manière suivante : le lacs était terminé par une chaîne en fer d'un mètre de long environ, fixée à l'entravon porte-lacs au moyen d'un petit appareil à vis, susceptible de se défaire promptement, quand on voulait relever l'animal. ? M. Reynal a pratiqué parce procédé, la ténotomie des tendons rele- veurs sur des cochons, et il a remarqué que cette opération n'abolissait que très-imparfaitement le mouvement du groin, il pense avec Viborg et Bardonnet «que le bouclement proprement dit est le moyen le plus sim- ple, le plus sûr, le plus expéditif et le moins dangereux, pour empê- cher les porcs de fouiller la terre (4% )> (i) Traité des maniements, p. 392. (2) Mémoires sur 1^ éducation, les maladies du porc, par Erik Viborg, J823, p. 71. (3) Traité des manieme?its, p. 39't. (4) Dict. de méd. et de chirurgie, art. Bouclement, p. 56G. . Peuch bt Tolssai>t. — Chirurgie. 30 466 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. J'ai effectué cette opération sur un porc Agé de quatre mois, qui a été placé dans un enclos avec un animal de son espèce et de même âge, que j'ai bouclé au moyen de l'armature bretonne. Je pouvais donc juger comparativement de la valeur respective des deux métho- des. Or, le porc, qui avait subi la ténotomie nasale, a continué h. fouger comme auparavant, tandis que celui qui avait été bouclé ne pouvait le faire. 3° Bouchment . — On appelle ainsi une opération qui consiste à fixer au centre ou sur les côtés du bourrelet du groin, un fil d'archal diver- sement recourbé ou une armature particulière. On se sert pour bou- cler le porc de divers appareils suivant les localités. Le plus simple est formé par un morceau de fil d'archal de la longueur de 4 centi- mètres environ et de la grosseur d'une aiguille à tricoter, présentant une maille à l'une de ses extrémités. L'animal étant assujéti et les mâchoires rapprochées à l'aide de l'appareil de Yiborg(//^. -40), on perce le boutoir au moyen d'une alêne Fig. 47. — Boudement du porc (système Blavette). à un centimètre en arrière du bourrelet, suivant une direction oblique de haut en bas et d'arrière en avant. On introduit le lil mctalliciue dans cette ouverture; puis, â l'aide d'une pince, on passe le bout du fil dans la maille où on le fixe. On forme ainsi une sorte d'anneau ou de boucle. Parfois, on place deux de ces anneaux l'un à côté de l'autre. Au lieu de se servir d'un fil métallique muni d'une anse, on se borne quel- fjuefois à le recourber en forme d'S, après l'avoir préalablement intro- duit dans le boutoir. D'autres fois, on emploie un fil dont les extré- mités sont pointues et disposées en forme de fer de flèche. Viborg fait remarquer que le porc « s'accoutume bientôt, à la douleur produite MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DES QUADRUPÈDES DOMESTIQUES. 467 par la boucle; il recommence i\ fouger, et la boucle tombe par suite de la déchirure de la narine (1). » Pour remédier à ces inconv(hiicnts,Blavette a proposé le moyen suivant: On se munit d'une petite bande de fer, longue de 25 à 30 centi- mètres, ou d'un simple fil d'archal, aplati dans sa partie moyenne. Cette bande est contournée sur plat, et les deux bran- ches sont repliées ensuite, de manière à former une anse au centre de la bande [fig. 47). Ces branches sont percées vers les courbures C,G', de deux trous en re- gard, l'un rond, l'autre ovale, les trous carrés formant des angles qui diminuent la solidité de la bande. On prépare en outre, une petite clavette munie d'une tête et d'une lame mince comme un clou à ferrer. Pour appliquer cet appareil, on pratique, avec une forte alêne, deux trous dans la partie moyenne du bour^- relet du groin, au côté inlerne du naseau, et de haut en bas, en ayant bien soin de ne pas léser le boutoir. On passe dans ces deux trous, la bande de fer de telle sorte que l'anse embrasse, en arrière du groin, les deux tiers supéri^eurs de la largeur du nez, et on la fixe à l'aide de la clavette qti'on passe dans les trous et Fig. 48. — i^we qu'on rive ensuite. à plaque trouée D'après Bardonnet des Martel, son emploie dans le ^^''"'■/^/^^"^^^- . , ^ ment du porc, Lon^et, une lame a plaque trouée {fig. 48), pour boucler les porcs. La tige, longue de 6 à 7 centimètres et large de 4 millimè- V Fig. 49. — Bouclement du porc. A, Armature a double lame. — a, Morceau de cuir pour consolider l'armature et'prévcnir la déchirure du groin. — B, Armature eu situation. très, est aplatie, elle ressemble à la lame d'un clou à cheval. La (1) Mém. de la Soc. vét. du Calvados et de la Manche, 1837. 468 MOYENS DE CONTEMION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. plaque, de forme un peu triangulaire, a 45 millimètres environ de côté. « Cet appareil, dit BardonncL des Marlel, sa sur le lil d'arclial comme sur la lame à double pointe en fer de lance, le mérite de déchirer moins promptetnent le bourrelet du groin par la raison que celui-ci se trouve protégé par la plaque trouée. » Pour appliquer cet appareil, on fait pénétrer la lame à la base du bourrelet, d'arrière en avant et de haut en bas, ;\ la manière d'un clou, on rabat la plaque sur le groin et l'on passe la pointe de la lame dans l'ouverlure que présente la plaque. En outre, on recourbe cette pointe de telle sorte qu'elle soil dirigée vers la face inférieure du groin, afin de piquer l'a- nimal s'il cherche à fouger. On emploie encore dans beaucoup de contrées, notamment en Bre- tagne, un appareil que Bardonnel a qualifié d\i7'mature à double lame {fig. 49). Cet appareil, qui représente dans son ensemble une sorte de petite fourche, se compose de deux branches ou lames métalliques d'une longueur de 5 à G centimètres sur 5 millimclres de largeur et un milli- mètre d'épaisseur, terminées en pointe et reliées l'une à l'autre par une traverse cylindrique autour de laquelle roule une sorte d'anneau ou de manchon très-mobile. Les branches sont incurvées à leur point d'u- nion avec la traverse, afin d'embrasser exactement le contour du groin . Pour appliquer cette armature, on enfonce les deux branches à un centimètre au-dessous du rebord ou bourrelet que présente le groin, ;\ côte des narines, de telle sorte que l'anneau mobile corresponde au centre du boutoir et le déborde de 3 à 4 millimètres. Les branches de l'armature pénètrent donc dans le groin, suivant une direction oblique de bas en haut et d'avant en arrière, pour ressortir un peu au-dessus du bourrelet. Pour les maintenir dans cette situation, on engage dans chacune d'elles, un morceau de cuir épais {fig. 49, a) de 45 millimètres de longueur et de 15 de largeur, sur lequel on tord ou on enroule plusieurs fois les branches sur e'iles-mômes au moyen d'une pince ronde. Cette armature peut ùtre faite en fil d'archal aplati, Tanneau est formé dans ce cas, par un fil de fer ou de laiton roulé en spirales très-rapprochées. Bardonnet des Martels pense que de tous les appa- reils employés pour boucler le porc, cette armature est « la plus solide et la plus durable lorsqu'elle est faite eu fer doux et convenablement placée. » Art. 3. — Contention du chien et du chat. Pour empêcher le chien de mordre, on se sert, comme on le sait d'une muselière. A défaut de cet appareil, on emploie une corde ou un ruban de fil que l'on noue d'abord autour de la mâchoire inférieure, puis on rabat ses deux bouts sur la mâchoire supérieure où on les fixe MOYENS D'ASSUJÉTISSEMENT DES OnADRUPÈDES DOMESTIQUES. 469 par un nœud droit à rosette. Par ce moyen, les mâchoires sont étroite- ment rapprochées. Mais il faut veiller à ce que le chien ne se déharrasse de ce lien avec ses pattes antérieures. Pour cela, il faut faire tenir les pattes par un ou deux aides, ou bien les fixer en les liant ensemble, comme on le fait pour le mouton. On a alfaire parfois à des chiens indociles, hargneux, dont il est dif- ficile et dangereux de s'emparer. Dans ce cas, on emploie une longue pince en fer, sorte de tenaille, dont les mors sont recourbés et forment un collier {fîg. oO) dans lequel on étreint le cou de l'animal sans Fig. 50. — l'uice-coUier pour saisir le chien. trop serrer, toutefois. C'est par ce moyen que nous saisissons quel- quefois des chiens enragés, soit pour recueillir de la bave, soit pour injecter des médicaments dans le tissu conjonctif. « A défaut de pince à collier, dit M. H. Bouley, on peut faire usage, pour remplir le même office, de deux longs bâtons portant l'un et l'autre un nœud coulant. Ces nœuds étant placés et serrés autour du coude l'animal, les bâ- tons servent à le maintenir à distance entre deux aides. « De tous les animaux domestiques le chat est peut-être celui qu'il est le plus difficile d'assujétir. Doué d'une souplesse et d'une agilité extrêmes, il échappe facilement aux moyens de contention qui ont peu de prise sur son pelage soyeux et sur ses parties peu saillantes. Armé de griffes et de dents, il sait en faire usage avec une grande énergie; la douleur d'une opération réveille sa nature de tigre, et il faut être en garde contre la perfidie dé ses attaques. « Avantrinvention des anesthési(jues, le meilleur moyen d'assujétisse- ment du chat était de l'enfermer dans un sac de forte toile que l'on dé- cousait sur le point où devait porter l'action chirurgicale. Mais, même avec ce moyen, il fallait être en garde contre les morsures ou l'ac- tion des griffes à travers les parois du sac. « Grâce aux agents anesthésiques, la contention du chat est aujour- d'hui des plus faciles. On enferme l'animal dans un panier ou dans une boîte où l'on place une éponge imprégnée d'éther ou de chloro- forme. Quelques minutes suffisent pour que Téthérisation soit com- plète, et l'opération peut alors se faire avec la plus grande sûreté. a La contention des volatiles s'elléctue avec la plus grande facilité. On place la tête de l'animal sous l'une de ses ailes et on l'endort en l'étourdissant par quelques mouvements rotatoires imprimés au corps de l'animal. Cela fait on laisse la tête libre pour prévenir l'asphyxie. « Pour les oiseaux qui font usage de leur bec dans une intention 470 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. agressive comme le perroquet, il faut avoir recours aii chloroforme. L'ancsthcsie e:5t presque instantanée »(1). (II. Bouley.) CIIAPITIIE V DE L'EMPLOI DES ANESTIIÉSIQUES On désigne sous le nom d'onesthésiques, des composés qui possèdent la propriété d'abolir la motililé et la sensibilité, et de produire ainsi le sommeil. Ces composés, tirés du règne organique, sont nombreux; les principaux- sont réthcr et le chloroforme. Indications. — Nous avons vu précédemment que le chirurgien vété- rinaire doit avant toutes choses, fixer solidement les animaux sur les- quels il opère, annihiler le plus possible leurs mouvements, et les mettre enfin dans l'impossibilité de faire usage de leurs moyens d'attaque ou de défense. Or, on peut obtenir ce résultat, important au premier chef, par l'emploi des anesthcsiques. L'élhérisation a été particulièrement recommandée en chirurgie vé- térinaire, par M. H. Bouley, pour pratiquer certaines opérations, no- tamment le débridement du collet de la gaîne vaginale dans la hernie inguinale étranglée et la réduction de l'anse herniaire ; la castration des animaux très-irritables et d'un grand prix; les opérations de pied, telles que le javart cartilagineux et le clou de rue pénétrant. Dans ce dernier cas, il suffit que l'anesthésie soit produite au moment le plus douloureux et dans le temps le plus délicat de l'opération, c'est-à-dire l'extirpation du fibro-cariilage, la section de l'aponévrose plantaire, et lorsqu'on rugine la face postérieure du petit sésamoïde. L'élhérisa- tion peut être également d'un très-grand secours pour la réduction des fractures et des luxations des grands animaux domestiques, ainsi que pour l'évulsion des dents. Nous avons employé souvent l'élhérisation chez la chienne, pour l'ablation des tumeurs, la castration; quelquefois pour la cautérisation par le fer rouge et l'opération de la cataracte. Contre-indications. — Les maladies des voies respiratoires et les affections du cœur augmentent les dangers de l'éthérisation. On ne doit pas non plus soumettre à l'action des anesthésiques, les animaux qui viennent de prendre leur repas, car la réplétion de l'estomac favorise mécaniquement l'asphyxie. Modes d'emploi. — C'est sous forme d'inhalations que létlier et le chloroforme produisent le plus complètement, leurs effets anesthé- siques. (1) Dictionnaire de méd. et de chirurgie vét'., art. AssujÉxin, p. Î0*2. DE L'EMPLOI DES ANESTIIESIQUES. 471 Pour que l'ancstliésie puisse être faite sans dangers, il faut que les vapeurs d'éthcr ou de chloroforme soient mélangées d'une certaine quantité d'air. « Il résulte en elfet de recherches faites sur la constitu- tion de l'air éthéré, par Lassaigne, que la tension de la vapeur d'éther peut, à certaines températures, raréfier l'air au point d'y affaiblir la proportion d'oxygène dont il ne reste plus que 13 à 14 p. 0/0, c'est-à- dire une proportion plus faible que celle de l'air expiré (I). » On a imaginé divers appareils inhalateurs qui ne sont plus employés de nos jours. L'appareil Defays, décrit dans diverses publications, notamment le Journal vétérinaire et agricole de Belgique, tome YI, n'est plus employé aujourd'hui. 11 en est de même de celui dont on s'est servi à l'école d'Alfort pendant quelques années (2). M. Roux, de Toulon, a imaginé une sorte d'inhalateur sacciforme consistant en une petite vessie doublée d'une enveloppe en toile qu'on ferme à l'aide d'un lien passé dans une coulisse, et présentant sur le côté une petite ouverture disposée en entonnoir. Par cette ouverture, que l'on peut fermer et ouvrir à volonté à l'aide d'un petit bouchon, on verse l'éther ou bien on laisse pénétrer l'air dans l'appareil, suivant les cas. Cet appareil a été quelquefois employé chez le chien; on s'est servi également, pour le cheval, d'un appareil analogue. Mais M. H. Bouley a démontré que l'on pouvait remplacer très-avantageusement, les divers appareils inhalateurs, par deux petites éponges imbibées d'éther. Ainsi préparées, ces éponges sont introduites dans l'une et l'autre narine et maintenues e« place par les mains de deux aides, de telle sorte que l'air puisse pénétrer librement dans les cavités nasales. Quand les éponges paraissent desséchées, on les imbibe sur place en versant sur elles une certaine quantité de liquide anesthésique. A défaut d'-éponges, on se sert d'un plumasseau ou de boulettes d'éloupe, que l'on maintient dans les narines, en laissant toujours un libre accès à l'air. Dès que les animaux respirent les premières vapeurs du liquide anesthésique, ils se livrent à des mouvements désordonnés, et, dans beaucoup de cas, l'anesthésie est complète au bout de S à G minutes chez le cheval. La quantité d'éther nécessaire pour obtenir ce résultat, varie de un décilitre et demi à 2 décilitres pour le cheval. Quand on veut éthériser un chien, il faut préalablement lui her les quatre pattes. Il suffit ensuite d'appliquer sur les narines de petites boulettes d'étoupes imprégnées d'éther, ou bien de lui plonger le mu- seau dans l'inhalateur sacciforme dont le fond est garni d'étoupe, im- bibée d'éther ou de chloroforme. Choix du liquide. — Cette question a été l'objet de vives controverses (1) Dict. de méd. et de chirurgie vil., art. Anesthésie. (2) Recueil de med. vét., 1848, p. G2. 472 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. entre les chirurgiens de Thomme. Aujourd'hui encore, les uns préfèrent l'élher, les autres, le chloroforme. Les premiers disent que l'élher est d'un emploi facile, (piil est toujours possible d'en graduer la dose suivant l'impressionnabililé des sujets, que si l'aneslhésic se produit moins rapidement l'asphyxie est en revanche, moins î\ craindre que par l'emploi du chlorofoi-me. Les seconds, à la tète desquels il faut placer M, Sédillol, disent //?/e le chloiofonne pur et bien administré, ne tue jamais, que la période d'excitation, qui précède les effets anesthésiques, est moins longue avec le chloroforme qu'avec l^lher; que l'anesthésie survient plus rapidement et ne s'accompagne pas au réveil, de ces céphalées qu'on observe chez certains malades endormis par l'éther. Emploi du chloroforme. — Guidé par les conseils de M, IL Boule3^ nous avons employé le chloroforme pour effectuer certaines opérations sur le cheval. C'est ainsi que par ce moyen nous avons pratiqué rt)pé- ration du javart cartilagineux par ablation du quartier, sur des sujets très-irritables, en évitant les accidents qui peuvent survenir quand l'opérateur accomplit la manœuvre la plus délicate, c'est-à-dire l'ex- cision de la partie antérieure du fibro -cartilage. A ce moment, si l'ani- mal se débat, l'instrument tranchant blesse le ligament latéral anté- rieur ou la capsule synoviale articulaire, et, quelquefois môme, ces deux organes à la fois. Or, l'observation démontre que ces lésions sont suivies d'une arthrite suppurée et de complications irrémédiables. L'anesthé- sie prévient tous ces accidents. 11 en est encore de même quand il s'agit ^'appliquer le feu à un cheval d'un tempérament nerveux, et qui paraît doué d'une vive sensibilité. En pareil cas, il n'est pas rare d'observer des fractures de la colonne vertébrale, par suite des mouvements vio- lents et énergiques auxquels les animaux se livrent, quand on applique le cautère sur la peau. Grâce à l'emploi du chloroforme, on évite cet accident mortel. Enfin, nous nous sommes servi du chloroforme avec le plus grand avantage, pour appliquer les entravons à certains che- vaux méchants ou chatouilleux, qui ruaient ou frappaient du pied au moindre attouchement dans le pli du paturon. Pour employer le chloroforme, nous nous servons d'un appareil très- simple, et qui'n'est autre que la muselière en cuir que l'on apiilique à quelques chevaux de luxe, après leur repas, pour les empêcher de manger leur litière, et prévenir de la sorte un trop grand développe- ment du ventre. Cette muselière, pourvue d'un fond et d'ouvertures la- térales^ qui permettent la libre entrée de l'air dans les narines, s'ap- plique à demeure, au moyen de deux montants que l'on boucle sur la nuque. On dispose dans cet appareil, quelques boulettes d'étoupe que l'on imbibe de chloroforme. Dès que les premières vapeurs de ce li- quide pénètrent dans l'appareil respiratoire, certains sujets s'agitent, mais la plupart restent immobiles, et ne tardent pas ;\ présenter tous les signes de l'anesthésie. Yingt-cinq à trente grammes de chloroforme DES ACCIDENTS QUI PEUVENT SURVENIR CHEZ LE CHEVAL. 473 suffisent pour produire chez le cheval, — dans la plupart des cas, — une anesthésie complète, i\ la condition toutefois que ce liquide soit pur et bien rectifié. Dans le cas contraire, il en faut une plus grande quantité, et des accidents peuvent survenir. Par l'emploi du chloro- forme, la période d'excitation qui précède l'anesthésie est de très-courte durée, elle passe môme inaperçue chez certains chevaux, aussi est-il préférable d'avoir recours ù. cet agent anesthésique plutôt qu'à l'éther. Pour provoquer le réveil chez les animaux, on a simplement recours à des affusions d'eau froide sur la tète. S'il survient une syncope et s'il s'agit d'un petit animal, on le porte au grand air, on suspend immédiatement les inhalations anesthésiques et l'on imprime à la poitrine des mouvements de succussion, rapides et saccadés. On a conseillé de verser de l'ammoniaque étendue d'eau dans les cavités nasales, et, comme dernière ressource, la trachéo- tomie, pour faire la respiration artificielle au moyen d'un soufflet. CHAPITRE VI DES ACCIDENTS QUI PEUVENT SURVENIR PENDANT ET APRES LES MANOEUVRES DE L'ASSUJÉTISSEMENT CHEZ LE CHEVAL Il y a lieu de distinguer les accidents qui peuvent se montrer quand le cheval est assujéti en position couchée, et ceux qui se produisent par l'abatage de l'animal. « Les accidents consécutifs à l'application des moyens d'assujétisse- ment résultent, dit M. H. Bouley^ de différentes causes, qui sont : « 1° L'insuffisance des moyens contentifs employés pour limiter les mouvements des animaux; « 2° L'abus de la force dans l'application de ces moyens ; (( 3° Le défaut de précautions suffisantes prises, soit pour amortir le choc ou le frottement du corps des animaux contre les objets qui les entourent ou contre le sol ; soit pour prévenir les excoriations qui peuvent résulter du contact prolongé des appareils de contention sur les régions où ils sont adaptés ; a 4° La violence et la continuité des efforts qu'ils font pour se sous- traire à la contrainte qu'ils subissent, surtout lorsqu'ils sont mainte- nus longtemps en position forcée ; « o° L'énergie des mouvements auxquels ils se livrent lorsqu'ils se sentent débarrassés des liens qui les retenaient ; « 6° L'impuissance de leurs efforts pour se relever, lorsqu'un de leurs membres est engourdi ou paralysé; 474 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. « 7° Les obstacles mis à l'exécution de la fonction respiratoire, soit par les moyens de contention eux-mêmes, soit par l'incurie ou par l'imprévoyance des assistants de l'opérateur; 8° La mise en assujétissement des animaux immédiatement après leur repas ; « 9° La mise en assujétissement des femelles dans une époque avan- cée de la gestation (1). » DES ACCIDENTS CONSÉCUTIF'S AUX MANŒUVRES DE LA CONTENTION EN POSITION DEBOUT \° Excoriations et déchirures de la peau. — L'usage immodéré du tord- nez, l'insuffisance delà litière, le froissement des paturons par les en- travons, la compression de la plate-longe, les chutes sur les genoux, telles sont les causes de cet accident. Indications. — Employer le tord-nez avec ménagement. En prévision dune chute, disposer sur le sol une épaisse litière, appliquer des ge- nouillères à l'animal. Interposer une étoupade entre les entravons et le pli du paturon ; garnir le corps d'une couverture afin de protéger les parties saillantes. "1° Fractures. — Elles siègent à la tête, notamment sur le crâne et l'orbite; elles résultent des mouvements violents auxquels l'animal se livre parfois pour se détacher. Indicdlions. — Appliquer autour de la tête un appareil protecteur, tel que capote à lunettes en toile ou mieux en cuir, couverture pliée en plusieurs doubles, etc. 3° Déchirures musculaires. — Elles surviennent surtout quand l'animal est assujéti dans le travail, notamment quand l'un des membres pos- térieurs est fixé à la traverse de cet appareil ; nous avons observé plusieurs fois, en pareil cas, une rupture de la corde tendineuse du tibio-pré-métatarsien. « On prévient cet accident assez grave, soit en suspendant l'animal à laide de la sangle, soit en lui faisant faire un pas de recul, de manière qu'il ne puisse tirer sur son membre attaché, en s'arc-boutantsur le sol de l'autre membre postérieur à l'appui (2). » DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS AUX MANŒUVRES DE L'ASSUJÉTISSEMENT EN POSITION COUCHÉE 1° Excoriations et déchirures de la peau. — On prévient cet accident par les moyens que nous avons indiqués précédemment. 2° Fractures. — Elles se montrent principalement sur la colonne ver- tébrale ; elles intéressent soit les dernières vertèbres dorsales, soit les (I) Dict. ilemécl. et de cliirurgie, art. AssujÉnn, p. ;;03. (2j Loco Cilato, art. Assljéti», p. ,200. DES ACCIDENTS QUI PEUVENT SURVENIR CHEZ LE CHEVAL. 475 vertèbres lombaires. On les observe quelquefois sur les membres. Ces fractures résultent dans quelques cas, de l'emploi abusif des forces destinées à opérer l'abatage de l'animal, parfois elles sont produites par des corps durs, des os, des pierres, etc., qui se trouvent dans la litière. Les os qui occupent une position superficielle, comme les côtes, l'angle e.xterne de l'ilium, sont les plus exposés aux fractures. Parfois, le contre-coup, qui résulte d'une chute violente, détermine la fracture du col de l'ilium. Les fêlures ou fractures incomplètes des os des mem- bres, s'achèvent souvent au moment de la chute de l'animal. Mais ce sont surtout les contractions musculaires, énergiques et vio- lentes, auxquelles se livrent les animaux, assujétis en position décu- bitale, qui déterminent le plus fréquemment des fractures de la colonne vertébrale ou des membres. 11 est à remarquer que ces fractures, notamment celles qui inté- ressent les vertèbres, présentent toujours un grand nombre de frag- ments ; elles sont en un mot, comniinutives ou esquilleuses, et M. H. Bouley a expliqué ce fait de la manière suivante : « Lorsque le cheval est fixé les quatre membres rassemblés en faisceau par le nœud des entravons, les efforts qu'il fait pour réagir contre la douleur, ont pour etfet de faire fortement arc-bouter la colonne vertébrale en contre-haut, et il est possible que, dans cette forte flexion de la colonne vertébrale, les efforts de pression supportés par chacune des vertèbres (dont le corps repré- sente les voussoirs de l'espèce de voûte formée par la colonne) soient tels, que l'une d'elles cède sous ces pressions extrêmes et s'écrase, comme on voit l'un des voussoirs d'un pont s'écraser et céder sous une pression trop forte, lorsque la substance de ce voussoir est trop molle et n'offre pas aux pressions une suffisante résistance (1). » M. J. Gour- don partage, sous ce rapport, la manière de voir de M. H. Bouley, et il fait observer que la production de cette fracture résulte surtout de la contraction extrêmement puissante du muscle ilio-spinal et de ses congénères dont l'action se concentre en quelque sorte, sur la partie de la colonne vertébrale, qui tend à être voussée en contre-haut par le refoulement des viscères abdominaux. « Hien de moins étonnant alors que, sous cette puissance extraor- dinaire la vertèbre, soit en quelque sorte triturée (2). » (J. Gourdon.) C'est encore à la contraction musculaire qu'il faut attribuer ces frac- tures que l'on observe parfois, quand les animaux se relèvent. Indications. — <( Observer scrupuleusement les règles qui doivent pré- sider aux manœuvres de l'abatage, lesquelles ont été inspirées par l'ex- périence des accidents que ces manœuvres peuvent entraîner. Une fois les animaux en position décubitale, amoindrir l'action des muscles fléchisseurs de la colonne vertébrale en faisant toujours maintenir la (1) Recueil de médecine vétérinaire, 1852, p. 391. (2) Elém.de chirurgie vétér., t. I, p. 119. 476 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. tête en position redressée ; être très-expédilif dans l'exécution des opé- rations qui réclament une position forcée des membres ; et si cos opé- rations exigent du temps comme la cautérisation, diminuer le plus possible la contention ; si les sujets sont trcs-irrilablcs, recouiii- à l'emploi des anosthésiques pour annuler leurs mouvements ; s'abstenir (Tabattre les animaux dont les membres peuvent être prédisposés aux IVacturcs par suite de contusions ; redoubler de précaution avec ceux qui sont énergiques, hauts de taille, lourds, maigres, etc.; les aider à se relever, lorsqu'ils manquent de force ; les soutenir avec des appa- reils convenables lorsqu'ils sont redressés, etc., etc. (1). » (H. Bouley.) 3° Luxations. — C'est un accident très-rare. M. Rey en a cité un exemple très-remarquable. Il s'agit d'un cheval qui avait été couché pour subir l'application du feu sur un engorgement tendineux d'un membre antérieur. L'opération dura trois, quarts d'heure ; qiuind elle fut terminée, on détacha les entraves et l'animal se releva brusquement. -Au même instant, M. Rey observa « une sorte de secousse près de l'épaule du membre qui avait été cautérisé (2). » 11 s'était produit une luxation en arrière de l'humérus avec fracture du cubitus. 4° Distension des muscles, des tendons et des aponévroîes. — Les disten- sions musculaires sont fréquentes à la suite des manœuvres de l'aba- tage. On conçoit que les efforts violents auxquels les animaux se li- vrent pour se débarrasser des liens qui les assujétissent, ou bien les positions forcées des membres pour certaines opérations, déterminent des tiraillements, des déchirures interstitielles. Cet accident se recon- naît aune certaine raideur et parfois même à une boiterie très-forte ; les muscles, qui ont été le siège de tiraillements prolongés, sont tendus, contractures, douloureux à la pression, tuméfiés ; parfois des abcès se forment dans l'épaisseur des masses musculaires, le pus peut fuser au loin et finalement, dans quelques cas exceptionnels, déterminer la mort de l'animal. Symph. Bouley a observé sur une jument abattue pour la cautérisa- tion, une déchirure des aponévroses du grand et du petit oblique de l'abdomen non loin du muscle droit (3). M. Bouley a vu un cas de rupture du libio-pré-mélatarsien sur une jument qui avait été mise en position pour subir une opération sur un sabot postérieur (4). Bouley jeune a communiqué à la Société centrale vétérinaire, en 1852, un cas de rupture du diaphragme, consécutive à l'abatage d'un cheval auquel, en raison de son indocilité, on avait laissé le tord-nez appliqué à la lèvre supérieure. D'après cet éminent praticien, cette circonstance (1) Dict. de méil. et de chiruryie, art. Assijétih, art. 212. (2) Journal de méd. vét., publié à l'école de Lyon, 18iU, p. 108. (3) Bulletin de la Société centrale vétérinaire, t. I, p. 300, cl Dicl. de méd. et de cliirurgie, art. AssujÉTin, p. 215. (4) Dict de méd. et de cliirurfjie, art. AssuJÉTin, p. 21G. DES ACCIDENTS QUI PEUVENT SURVENIR CHEZ LE CHEVAL. 477 n'a pas été sans influence sur la production de la déchirure en déter- minant un étal d'extrême contraction du système musculaire. 5*^ Paralysies. — A la suite des fractures de la colonne vertébrale, on observe une paralysie du train postérieur et les animaux sont dans l'impossibilité de se relever. Quand les membres sont fixés en diagonale, les rayons osseux éprou- vent des compressions qui peuvent ralentir ou suspendre momenta- nément le cours du sang, léser les cordons nerveux et déterminer ainsi des paralysies locales. Les phénomènes de paralysie se remarquent quand l'animal est re- levé ; dès qu'il essaie de marcher, les rayons du membre qui a été fixé, se fléchissent brusquement les uns sur les autres et la locomotion est tout d'abord impossible. Mais ces phénomènes sont ordinairement de courte durée, ils disparaissent dans les premières heures qui suivent l'opération. Quelquefois, ils se prolongent pendant un ou deux jours, mais en s'affaiblissant graduellement. Par exception, ils persistent d'une manière irrémédiable. Li'lications. — « Ne recourir à la position diagonale que lorsqu'elle est impérieusement commandée par les nécessités de l'opération et dimi- nuer le plus possible la durée du temps pendant lequel cette position doit être maintenue. Si l'opération doit porter sur le pied, ce qui est le cas le plus ordinaire, avoir soin conséquemment qu'il soit si bien préparé à l'avance, parle ramollissement et l'amincissementde la corne que l'action opératoire soit réduite à ses temps les plus essentiels. Être le plus expéditif possible dans cette action et dans le pansement con- sécutif. Si l'animal se livre à des mouvements très-énergiques, revenir aux anesthésiques, surtout dans le cas où l'opération doit fatalement se prolonger (1). » (H. Bouley.) 6° Ruptures des viscères. — Gohier a observé une rupture du rectum ti 8 centimètres de l'anus, sur un cheval abattu avec violence, et qui avait ingéré préalablement une grande quantité d'eau. M. Rey a vu se pro- duire une déchirure du cœur consécutivement à l'abatage. M. Schaack a observé dans le même cas une rupture de l'artère humérale. Ces divers accidents sont heureusement fort rares, car, dit M. H. Bouley «si nous prenons pour base de notre appréciation ce que nous avons constaté dans une pratique de vingt ans, nous devons dire que les cas de rupture intérieure sont beaucoup plus rares que les autres accidents » et nous ajouterons que depuis quatorze ans que nous exer- çons la médecine vétérinaire, nous n'en avons pas observé un seul exemple. Néanmoins, nous répéterons qu'il nefautassujétirles grands animaux en position décubitale, que lorsqu'ils sont complètement à jeun, et en usant des plus grandes précautions pour leur faire perdre l'équilibre. (1) Did. deméd. et de chivurgie, art. AssuJÉTin, p. 2l8 478 MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 7° Asphi/.rie. — « Cet accident, dit M. H. Bouley, est un de ceux qui doivent ôtre toujours prévus et évités. Il peut être causé par l'ap- plication du tord-nez sur une trop grande étendue de la lèvre supé- rieure, de telle façon que l'orifice des narines est considcral)lement ré- tréci et le mouvement de leurs ailes gêné ; par l'enfouissement de la fête trop profondément dans la litière; par la compression des narines sous les mains des aides qui tiennent la tète; par la constriclion soit de la sous-gorge du licol, soit des liens passés autour de l'encolure pour relever un membre postérieur et enfin par la compression des côtes et du ventre de l'animal sous le poids des aides et des assistants. Ce der- nier accident est surtout à redouter dans les amphithéâtres de chi- rurgie, où les élèves pour suivre de plus près les différents temps d'une opération, ont de la tendance à s'appuyer sur les épaules, la croupe et les côtes des patients. Nous n'avons jamais été témoin d'accidents mor- tels produits par cette cause, mais nous savons qu'il y en a de très- i-ares exemples. Les indications pratiques ressortent sans commentaires de ce simple exposé (1). » (1) Dict. de rnéd. et de chirurgie, art. Assijétir, p. 219. LIVUE DEUXIEME ÉLÉMENTS DES OPERATIONS CHAPITRE PREMIER LNCISIOINS — DISSECTIONS — PONCTIONS § 1". — Des incisions. On désigne ainsi des solutions de continuité faites par des instru- ments tranchants. Les bistouris, les scalpels, les feuilles de sauge, les ciseaux, sont les instruments habituellement mis en usage. Bistouri [fig. 51). — Cet instrument se compose de deux parties, la lame et le manche-, qui prend aussi le nom de châsse ; le point de ren- contre de ces deux parties s'appelle le talo7i. Plusieurs mécanismes sont employés pour fixer la lame du bistouri sur son manche. Dans les bistouris ordinaires, deux châsses, réu- nies à leurs extrémités, soutiennent par un simple pivot la lame de Fig. 51. — Bistoio'is, droit et co7wexe. l'instrument; celle-ci aplatie transversalement à son origine, arc-boute contre le bord postérieur du manche lorsqu'elle est ouverte et ne peut se renverser en arrière ; toutefois, la lame en se repliant sur le manche peut blesser l'opérateur. Pour obviera cet inconvénient on a armé le bistouri, c'est-à-dire qu'on a appliqué un ressort, semblable à celui des couteaux de poche, au point d'union de la lame avec le manche ; en outre les châsses sont unies par leur bord dorsal au moyen d'une tige 480 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. métallique, qui contribue à rornicr une gaine à la lame et à augmenter la solidité du manche. On arme encore le bistouri en entourant d'une mèche d'étoupes le point d'union de la lame avec le manche. Larrey a conseillé l'emploi dun bistouri dont la lame est fixée par un petit anneau ou une sorte de virole plate moulée sur le manche. Cette disposition, peu usitée en chirurgie humaine, ne l'est pas davantage en chirurgie vétérinaire. Le tranchant du bistouri est droit ou convexe. On emploie aussi en vétérinaire, le bistouri boutonné, le bistouri à lame cachée. Nous décrirons ces instruments à propos des opéra- tions qui en réclament l'usage. Positions du bistouri. — On en a décrit un assez grand nombre, qu'il est rationnel de réduire à cinq principales : V Position. — Comme un couteau detuble, le tranchant en bas [fig. 52). — Le pouce et le médius appliqués à l'union du manche avec la lame, l'indicateur appuyant sur le dos et le côté externe de la lame ; l'annu- laire et le petit doigt assujétissant le manche dans le creux de la main. â'' Position. — Comme un couteau à découper, le tranchant en haut {/iy. 53). Fig. 52. — V position du bistouri. Fig. 53. — 2* position du bistouri. — Cette position n'est qu'une modification de la précédente ; la lame du bistouri, au lieu de regarder en bas, est tournée en haut, et le doigt indicateur en occupe le côté. 3" Position. — • Comme une plume à écrire, le tranchant en bas [fig. 54). — Le pouce et l'index placés sur l'articulation de la lame avec le Fig. 54. — Z' position du bistouri. Fig. 5J. — i^ position du bistouri. manche ; le médius sur le plat de la lame à une distance variable selon le besoin, le tranchant tourné vers la paume de la main. L'annulaire et le petit doigt servent à prendre un point d'appui. 4" Position. — Comme une plume à écrire, h: tranchant en haut [fig. 55). — Môme position que la précédente, seulement le tranchant regarde en haut. INCISIONS. —DISSECTIONS.— PONCTIONS. 481 o'^ Position. — Comme un archet [fuj. 50). — Le pouce et le médius sur l'articulation du bistouri, l'indicateur sur le dos de la lame; l'annu- laire et le petit doigt sur le côté externe du manche. Fig. 5G. — ^o" position du (jistouri. Quelle que soit la position du bistouri, l'opérateur doit tenir cet instrument d'une main ferme et bien assurée. 2° Feuille de 8au»'e. — On désigne SOUS ce nom un instrument tran- chant employé en chirurgie vétérinaire exclusivement. Cet instrument se compose d'un manche en bois ou en corne, qui porte à l'une de ses extrémités une lame fixe. Cette lame, plus large que celle du bistouri, est courbée sur plat; la partie tranchante est convexe et offre diverses dispositions. Sous ce rap- port, on a distingué la feuille de sauge à droite (//^. 57, C), la feuille de sauge à gauche {fig. 57, A) et la feuille de sauge double ou à deux tranchants {fig. 57. B). On lient la feuille de sauge à pleine main, le manche étant so- lidement assujéti par les doigts dans la paume de la main droite ou de la main gauche, suivant que l'on fait usage de la feuille de sauge à droite ou de la feuille de sauge à gauche. En outre, quand on se sert de cet instrument, on prend un point d'appui sur les parties voisines, avec le pouce de la main qui tient la feuille de sauge (/?^. 58). Quant à la feuille de sauge dou- ble, on la tient des deux mains, en appuyant les pouces l'un sur l'autre, comme on le voit dans la fuj. 59. La feuille de sauge sert principalement pour les opérations de pied ; on l'emploie également pour l'ablalion des tumeurs, les résections de parties dures, etc. Peuch et Toussaint. — Chirurgie. 3i Fig. 57. — • Feuilles de sauge. A. Feuille de sauge à gauche. li. Feuille de sauge double. ' C. Feuille de sauge à droite. 482 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. 3° Ciseaux. — Les ciscaiix sont droits ou courbes sur le plat {fig. 00) ou courbes sur le tranchant: ces derniers sont peu usités. La pointe Fig. 58. — Manière de tenir la feuille de sniifje simple. Fif Manière de tenir la feuille de sauge double. Fig. GO. — Ciseaujc, droits et courbes. doit être arrondie, l'arliculalion modérément serrée et laissant tous les mouvements bien libres, les branches parallèles quand Tinstrument est fermé. Position des ciseaux. — Le pouce est placé dans un des anneaux, l'annulaire dans le second et les autres doigts soutiennent les branches et en assurent l'action. Mode (Vaction des instruments tranchants. — On a cru pendant long- temps que le bistouri agissiiit toujours en sciant, les ciseaux en pres- sant, et l'on en concluait qu'il ne fallait pas employer les ciseaux pour faire des incisions. Cette manière de voir n'est plus admise. Il est facile de s'assurer, en elfet, que les incisions faites avec les ciseaux sont très- nettes et que la contusion, qui, au dire des anciens, résultait delà pres- sion des ciseaux sur les tissus, est tout à fait chimérique. Précautions f/énérales. — Pour mieux faire couper les instruments, on recommandait autrefois d'en plonger la lame dans de l'huile, dans x\n li(juide chaud ou de la repasser sur sa main pour la rendre plus glissante ou moins froide. Ces précautions peuvent ôtre négligées, mais il importe que la lame de l'instrument dont on se sert, soit bien propre, exempte de rouille ou de toute autre tache et que le tranchant en soit bien aflilé. INCISIONS. — DISSECTIONS. — PONCTIONS. 483 La partie sur laquelle on se propose de porter l'instrument tranchant doit être préalablement nettoyée, les poils coupés ou rasés, les soies ou la laine arrachées. Règles générales. — 1° Tendre exactement la peau sur la région où va porter l'instrument tranchant. 2" Inciser les tissus en tenant le bistouri d'une main ferme et assu- rée ; éviter les échappées. 3° Diriger les incisions suivant le grand axe de la partie ou de la tu- meur sur laquelle on opère. Inciser les tissus parallèlement h la direc- tion des cordons nerveux etvasculaires, à celles des fibres musculaires, ou aux replis cutanés. 4° Donner du premier coup aux incisions, toute l'étendue et la pro- fondeur qu'elles doivent avoir afin de diminuer la douleur. Ces deux dernières règles souffrent quelques exceptions, les deux premières n'en admettent aucune. Méthodes opératoires. — Les incisions se pratiquent suivant plusieurs méthodes : 1° de la peau vers les parties profondes, ou de dehors en dedans; 2° des parties profondes vers la peau ou de dedans en dehors; 3° par la méthode sous-cutanée ; 4° en dédolant. Dans les doux premières méthodes, l'instrument peut être dirigé de cinq manières : a. Contre soi. — Quand le bistouri est ramené du point de départ de l'incision vers l'opérateur. b. Devant soi. — L'instrument suit une direction opposée. c. De gauche à droite. — Le bistouri marche transversalement dirigé par la main droite. d. De droite à gauche. — Il suit une direction opposée. On le tient de la main gauche et parfois de la droite. e. De haut en bas. — On conçoit qu'il faut toujours se placer de ma- nière à pouvoir inciser de gauche à droite ou de haut en bas. Ces positions sont en effet plus naturelles et permettent d'opérer plus fa- cilement que les autres. 1° INCISIONS DE DEHORS EN DEDANS. A. Incisions simples . — Il faut préalablement que la peau soit tendue. Pour cela on peut s'y prendre de plusieurs manières : n. Appliquer la main à plat sur la région à inciser, le pouce et l'in- dex écartés. b. Appuyer le bord cubital de la main gauche en arrière, le petit doigt d'un côté et le pouce de l'autre. c. Appliquer sur la peau, l'indicateur d'un coté, le pouce de l'autre et inciser dans l'intervalle. rf. Appuyer l'extrémité des quatre doigts placés sur la môme ligne 484 ELEMENTS DES OPÉRATIONS. un peu au-dessous de la partie à inciser et dans le sens que doit par- courir le bistouri. e. Tirer la peau d'un côté, tandis qu'un aide la retire de l'autre. /'. Faire écarter la peau ou les tissus par des aides, pour avoir ses deux mains libres. 1" Procédé. — Quand la peau est convenablement tendue, prendre un bistouri droit, que l'on tient en première ou en troisième position, porter perpendiculairement la pointe du bistouri sur les téguments, la faire pénétrer à la profondeur convenable, incliner ensuite le tranchant de l'instrument sous un angle de 45", le relever de nouveau à angle droit en (inissant l'incision pour éviter ces sections effleurées de la peau qu'on appelle des queues ou traînées. 2" Procédé. — Se servir du bistouri droit ou convexe, tenu en pre- mière, troisième ou cinquième position, suivant qu'il est nécessaire d'appuyer plus ou moins fortement sur l'instrument; porterie tran- chant du bistouri perpendiculairement sur la peau, que l'on divise sans changer la direction de l'instrument. Ce procédé est employé quand on veut diviser la peau couche par couche et avec précaution^ dans ce cas, les queues sont inévitables, mais c'est un léger inconvénient comparativement aux avantages que présente ce mode d'opérer. 3*^ Procédé. — Faire un pli à la peau, donner un côté à tenir à un aide, garder l'autre côté entre le pouce et l'indicateur gauches ; serrer forte- ment ce repli dans toute sa hauteur et le tendre selon sa longueur en deux sens opposés. Porter le bistouri droit tenu de la main droite en première ou cinquième position, sur ce repli ; faire agir le tranchant perpendiculairement au repli, du talon à la pointe, en pressant et sciant ù la t'ois de manière à couper la peau d'un seul coup. B. Incisions composées. — Elles sont très- variées. — On peut les ré- duire aux formes suivantes : en V, en T, en croix -j-, en ellipse, en croissant. La manière de les pratiquer est soumise aux règles géné- rales suivantes formulées demain de maître par Malgaigne, à qui nous les empruntons. a a. Toutes les branches des incisions composées se font par le pre- mier procédé des incisions simples. » « b. Quand deux incisions doivent se toucher par un point commun, la seconde doit se terminer sur la première. Cette règle a pour but de permettre toujours de tendre la peau. » « c. 11 n'y a point de proportions absolues entre les branches d'une incision composée ; leur étendue varie selon les diamètres de la partie qu'on veut découvrir. » « d. Quand deux incisions unies doivent être placées l'une au-dessus de l'autre, il faut, en général, commencer par l'inférieure pour éviter que le sang masque les parties. » «e. On commence en général par l'incision la plus facile, parce que les INCISIONS. — DISSECTIONS. — PONCTIONS. 485 autres tombant sur elles, sont plus courtes et plus aisées à terminer. Ainsi, dans l'incision en ^ renversé, on commence par la branche droite; ainsi quand il y a une incision transversale, on commence toujours par celle-là. » « f. Aucune de ces règles n'est absolue; il est même quelque cas où il est nécessaire de les enfreindre (1). d Règles spéciales. — Incision en Y. — Formée par deux incisions droites dont la seconde vient finir à angle aigu, à deux ou trois millimètres de l'extrémité terminale de la première incision, afin que s'il se produit une queue, la portion de peau comprise dans l'angle de l'incision soit toujours parfaitement divisée. Cette incision est quelquefois formée par deux branches réunies à angle droit, c'est l'incision en L. Incision en T. — C'est une incision transversale sur le milieu de la- quelle vient tomber une incision verticale. Incision cruciale ou en -\-. Pratiquer d'abord l'incision transversale; faire remonter sur sa partie moyenne, la branche inférieure de l'autre incision; procéder à la branche supérieure qui doit tomber au point de réunion des deux autres. — Si la peau est indurée de telle sorte qu'il n'y a pas à craindre qu'elle se plisse sous le tranchant du bistouri, on se borne à faire deux incisions, l'une transversale, l'autre perpendi- culaire. L'incision en X se fait de môme. Incision elliptique. — Faire comme à l'ordinaire, une première inci- sion ; commencer la seconde à trois ou quatre millimètres de l'ex- trémité gauche de la première, et la finir à trois ou quatre millimètres au delà de son extrémité droite, afin que la peau, dans les points d'in- tersection, soit complètement divisée. Incision en croissant. — Formée par deux incisions courbes, dont l'in- terne décrit une courbe à plus grand rayon que l'externe, de telle sorte que ces deux incisions se rencontrent parleurs extrémités. On la pratique de la même manière que l'incision elliptique. On peut combiner ensemble plusieurs incisions composées, ainsi l'incision en étoile formée par plusieurs V réunis; l'incision quadrilatère, etc., etc. 2" INCISIONS DE DEDANS EN DEHORS. Elles se pratiquent sans conducteur ou avec conducteur, et dans ce dernier cas, on se sert de la sonde cannelée ou du doigt. — L'une et l'autre de ces méthodes comptent, du reste, plusieurs procédés. A. .Sans conducteurs. — I" Pi^océdé. — Tenir le bistouri droit en qua- trième position [plume à écrire, tranchant en haut), le plonger perpendi- culairement au travers des téguments; puis l'abaisser de telle sorte (I) J. F. Malgaigne, Manuel de médecine opératoire. 3* édit. Paris, 1839, p. 7. 486 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. que le dos de l'instrument fasse avec la peau un angle de 40°; couper ainsi sur le tranchant obliquement dirigé, la porlion de peau à diviser et relever perpendiculairement la pointe du bistouri devant soi ou contre soi suivant les cas, pour terminer nettement l'incision. Appuyer, pendant l'opération, le bord cubital de la main gauche sur la peau, près de la main droite, pour augmenter la lonsion du tégument. 2* Procédé. — Faire un pli à la peau et le maintenir tendu avec l'as- sistance d'un aide, traverser ce pli de part en part à sa base, avec le bistouri droit tenu en deuxième position {couteau de table, tranchant en haut); enfoncer le bistouri jusqu'au talon et couper le pli en entier, en retirant l'instrument et faisant agir le tranchant du talon i\ la pointe. 3* Procédé. — On l'emploie quand on veut agrandir une incision déjà faite. On enfonce le bistouri à plat, en deuxième position, sous la peau aussi loin qu'on le juge nécessaire; alors on retourne le tranchant en haut; en abaissant le poignet on traverse la peau avec la pointe du bistouri et on retire l'instrument en coupant le lambeau de peau qui se trouve appliqué sur le tranchant du bistouri. ¥ Procédé. — Incision à lambeau. — Soulever avec les doigts de la main gauche la portion de peau qui doit être taillée en lambeau ; tra- verser de part en part la base de ce pli, avec le bistouri tenu en pre- mière position mais à plat, retirer le bistouri en lui imprimant des mouvements de scie, et tailler ainsi un lambeau demi-circulaire aussi long et aussi épais qu'on le désire. B. Avec un conducteur. — On se sert de la sonde cannelée ou du doigt. Dans, tous les cas, on conçoit que quand on emploie un conducteur pour diriger l'instrument, il faut qu'il existe préalablement une ouver- ture quelconque, naturelle ou artificielle. 1" Procédé, — Introduire la sonde cannelée sous la peau jusqu'au point où doit finir l'incision; placer la pointe du bistouri dans la can- nelure de la sonde, l'instrument étant tenu en quatrième position (plume à écrire, tranchant en haut), et incliné à 4o°. — Faire glisser le bistouri ainsi disposé, en incisant jusqu'au cul-de-sac terminal de la sonde; relever alors perpendiculairement l'instrument tranchant et le retirer eh même temps que la sonde. Ce procédé et le suivant sont em- ployés pour pratiquer les débridemènis. 2" Procédé. — Introduire la sonde, glisser le bistouri à plat, en deuxième position jusqu'au cul-de-sac; relever alors le tranchant et la pointe et achever l'incision en retirant le bistouri et le ramenant contre soi. — Cette manière d'inciser ainsi que la précédente constituent Vac- tion de débrider, communément enqjloyée en chirurgie. 3* Procédé. — La sonde étant introduite, on la fait basculer de telle sorte que son extrémité ou bec, soulève les téguments et forme une saillie sur laquelle on incise la peau de dehors en dedans, jusqu'ici la rencontre de la sonde. Alors on introduit la pointe du bistouri dans la cannelure de la sonde etl'on débride les tissus sur une étendue plus ou INCISIONS. — DISSECTIONS. — PONCTIONS. 487 moins considérable. — C'est par ce procédé que l'on pratique une contre- ouverliu^e toutes les fois que cela est jugé nécessaire pour faciliter l'écou- lement du pus. — Pour éviter les tâtonnements et abréger la durée du temps opératoire qui consiste à inciser la peau de dehors en dedans, sur la saillie formée par la sonde engagée dans les tissus, MM. Legouest et Sédillot ont proposé de se servir d'une sonde cannelée terminée par une extrémité d'acier tranchante et acérée. « On commence, disent ses auteurs, par porter sous les parties dénudées la sonde cannelée h cul-de-sac ordinaire, sur elle on conduit la sonde pointue que l'on dégage du cul-de-sac de la première pour la pousser sous les té- guments qu'elle traverse; on retire la première sonde et l'on conduit le bistouri sur la seconde qui l'a remplacée (1). » — Cette manière d'opérer nous paraît de nature à recevoir des applications en chirurgie vétérinaire, notamment pour le débridement de la jugulaire dans le cas de phlébite. 4° Procédé. — Le doigt sert de conducteur, on l'engage sous les tissus que l'on veut diviser, on fait glisser sur lui le bistouri boutonné, placé à plat jusqu'au point où l'on veut débrider, on relève le tranchant et on incise devant soi ou contre soi. Ce procédé est employé pour le débridement du collet de la gaine vaginale chez le cheval, dans le cas de hernie inguinale étranglée. 3" INCISIONS SOUS-CCTANÉES. Ces incisions constituent le premier temps de quelques opérations comme la ténotomie plantaire, la ponction suivie de l'injection iodée d'après le procédé de J. Guérin. Pour les pratiquer, on divise la peau, sur une petite étendue, 4 à 5 millimètres, avec un instrument à lame très-étroite ou un trocart fin que l'on fait glisser sous le tégument suivant une direction oblique, et l'on pratique l'opération qu'on a ré- solu d'effectuer (ténotomie, ponction d'une gaîne synoviale, etc). La méthode sous-cutanée présente de très-grands avantages, car on sait, par les travaux d'Ammon, de Syme, de Stass, de Bouvier, de Stro- moyer, de J. Guérin, que les plaies sous-cutanées ne suppurent pas, quand elles sont convenablement pratiquées, et se cicatrisent avec une extrême facilité. • 4° INCISIONS EN DÉDOLANT. On saisit avec des pinces anatomiques ou des pinces à dents de sou- ris, la partie que l'on se propose de diviser, puis, avec le bistouri convexe tenu en cinquième position (archet), ou bien avec la feuille de sauge te- nue à pleine main, le pouce prenant un point d'appui sur les parties voi- sines, on incise les tissus, par un mouvement de scie. — Ce procédé est (1) Traité de médecine opératoire, t. I, p. 118. 488 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. mis en usage dans les dissections et lesopérationsde pied, principalement pour l'ablation du fibro-carlilage latéral. Dans ce cas, on ne se contente pas d'inciser les tissus ou les organes, maison les enlève ipav excision. § 2. — Dissections. On appelle ainsi la division ou l'excision du tissu conjonctif afin de séparer les organes les uns des autres. On se sert pour pratiquer les dissections du scalpel, qui est une sorte de bistouri à lame fixe, des pinces analomiques ou des pinces î\ griffes ou ;\ dents de souris. Les ciseaux droits sont fréquemment employés, surtout pour la dissection des cordons vasculaires et nerveux, pour en- lever la graisse. Le bistouri droit, la sonde cannelée, le doigt, sont éga- lement mis en usage, soit pour inciser le tissu conjonctif, soit pour le dilacérer ou l'écarter afin d'isoler les organes. Le bistouri droit est l'instrument employé de préférence, pour les dis- sections que réclament les opérations chirurgicales proprement dites, tandis que le scalpel est habituellement réservé pour les préparations analomiques. Nous aurons en vue dans ce paragraphe, les dissections considérées, comme l'un des temps d'une opération chirurgicale complexe, et, à l'exemple de Malgaigne, nous reconnaîtrons trois procédés. {"Procédé. — Dissection Uhi-e. — Quand il s'agit de disséquer un lam- beau de peau, qui n'adhère que faiblement aux tissus sous-jacents, on en saisit le bord avec des pinces ou le pouce et l'indicateur gauches, on l'écarté le plus possible, et, avec le bistouri droit ou convexe, tenu comme une plume à écrire, on divise le tissu conjonctif en promenant l'inslrument tranchant d'une extrémité du lambeau à l'autre, et en par- courant l'intervalle d'un seul coup, tout en faisant agir Finstrunient contre soi autant que possible. Si l'on a à disséquer un lambeau moins large à son extrémité qu'à sa base, comme après les incisions en T, en Y, en -|-, en croissant, chaque coup de bistouri doit embrasser toute la largeur du lambeau et, consé- qucmment, diminuer progressivement d'étendue. Lorsque le tissu conjonctif est lâche, le doigt indicateur et des trac- tions modérées effectuent la maud'uvre opératoire. Ce mode de dissec- tion constitue Vénuclcation. Il est fréquemment mis en usage pour cer- taines tumeurs sous-cutanées. Par son emploi, on évite l'hèmorrhagie, car l'arrachement, ainsi que nous le verrons plus loin, est un moyen hémostatique. 2* Procédé. — Dissection des Lamijeaux adhérents. — Le bistouri est tenu comme précédemment, mais on agit à petits coups, en ayant soin de ne pas trop pénétrer dans les tissus et de laisser au tégument une épaisseur convenable. '■S" Procédé. — Dissection en dédolunt. — La peau étant incisée, on sai- INCISIONS. — DISSECTIONS. — PONCTIONS. 489 sit les tissus sous-jaccnts avec une pince à disséquer et on en soulève de minces feuillets qu'on excise avec le bistouri droit ou convexe, tenu en archet, en imprimant à l'instrument un mouvement de scie. § 3. — Ponctions. On appelle ainsi une opération qui consiste à faire pénétrer dans les tissus un instrument piquant. La ponction constitue souvent le premier temps de l'incision avec laquelle on la confond quelquefois. La saignée est une ponction. En général, la ponction a tantôt pour but d'explorer une tumeur, tantôt de donner issue à des gaz ou des liquides; exemples : entérotomie, thoracentèse, paracentèse, etc. On pratique la ponction avec le bistouri droit, la lancette, le trocart, le cautère conique chauffé à blanc, les aiguilles diverses à acupunc- ture ou clavelisation. A. Ponction avec le bistouri droit. — On tient le bistouri comme une plume à écrire ou comme un couteau de table, suivant la résistance des tissus à traverser. On limite la lame du bistouri en avançant le gloigt indicateur sur la lame, à une certaine distance de la pointe de l'iiistru- ment, égale à la profondeur que l'on veut atteindre. Le bistouri est en- foncé d'un seul coup, brusquement, perpendiculairement jusqu'à la profondeur voulue. On le retire ensuite perpendiculairement, à moins qu'on ne veuille agrandir l'ouverture. B. Ponction avec la lancette. — La lancette {fig. 61, A. B. C.) est une sorte de petit bistouri composé d'une latne et d'un manche ou chasse. Fip;. Cl . — Lrnvcttcs. A. Lancette à grain d'orge. — B. Lancette à grain d'avoine. — C. Lancette à abcès. La lame est en acier trempé, elle offre deux tranchants et se termine en pointe sii^\m\ l'extrémité opposée, non-tranchante, constitue le /a/o«, elle s'unit au manche. Il existe plusieurs sortes de lancettes suivant la forme de la lame. Ainsi on connaît la lancette kgrain d'orge {/îg. 61 , A), à grain d'avoine [fig. 61 ,B), à abcès {fig. 61, C). Dans cette dernière, l'un des tranchants est concave et l'autre convexe. 490 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. Pour se servir de la lancette, on la dispose de telle sorte que la lame forme avec la châsse un angle droit; on saisit la lame entre le pouce et l'index, plus ou moins avancés sur la lame suivant la profondeur à laquelle on veut pénétrer; les autres doigts légèrement lléchis de telle sorte qu'on prenne un point d'appui sur leurs extrémités réunies ou sur le dos des phalangettes. On enfonce la lame perpendiculairement et on la retire de même, i\ moins qu'on ne veuille agrandir l'ouverture, alors on la fait marcher comme le bistouri tenu en plume à écrire. G. Ponction avec le trocart. — Le trocart {fig. 6i), appelé encore b'ois-qua7'ls, est un in- strument composé de deux pièces : le poinçon et la canule, exactement ajustés. Le poinçon, P, est une tige cylindrique ou aplatie en acier, terminée à l'une de ses extré- mités par une pointe en forme de pyramide triangulaire d'où le nom de trois- ({uarts, ou par une lame aplatie semblable ;\ une lancette. L'ex- trémité opposée est munie d'une poignée ar- rondie en bois. La canule. G, est une sorte de gaîne ou cylin- dre creux, en laiton ou en maillechort, d'une moindre longueur que le poinçon de telle sorte que quand il est engaîné dans la canule, sa pointe se projette au delà de celle-ci. Assez souvent la canule du trocart porte un pavillon en forme de bec d'aiguière, pour faciliter l'écoulement du liquide et en diriger le jet; quelquefois ce pavillon est aplati. On se sert parfois du trocart dont la canule est munie d'un robinet, qui empoche la pénétration de l'air et règle la sortie du liquide. Le calibre des trocarts varie suivant la destination de ces instru- ments. Ainsi on construit des trocarts de toutes dimensions, depuis le trocart explorateur aussi délié qu'une aiguille à tricoter, jusqu'au tro- cart de très-gros calibre, employé pour la ponction du rumen. La forme et la longueur varient également. Habituellement, on se sert de trocarts droits, parfois de trocarts courbes ; leur longueur varie de 10 ;\ iO centimètres environ. Quel que soit le trocart employé, il est important, avant de s'en servir, de s'assurer que le poinçon est bien libre dans sa canule. Nous distinguerons deux sortes de ponctions : la ponction simple et la ponction combinée avec l'aspiration par la méthode de Dieulafoy. 1° Ponction simple. — Pour se servir du trocart, on le saisit de telle sorte que le manche soit assujéti dans la paume de la main par les trois derniers doigts, le pouce appliqué au point de contact du man- che avec la canule, l'index appliqué sur celle-ci, le plus près pos- Fig. G2. Trocait. P. Poinçon. — C. Canule. INCISIONS. — DISSECTIONS. — PONCTIONS. 491 sible de la pointe, qu'il limite. On enfonce perpendiculairement le trocart et quand on éprouve la sensation d'une résistance vaincue, on retire d'une main le poinçon du trocart tandis que de l'autre main, on soutient la canule. Dans quelques cas, notamment quand il s'agit de kystes multiloculaires, il est bon de diriger la canule dans di- vers sens et de presser sur la tumeur, pour faciliter l'écoulement du liquide. On observera encore de ne pas appuyer l'orilîce de la canule contre les parois de la poche, car on empêcherait ainsi la sortie du liquide. On retire la canule en prenant un point d'appui avec une main, au voisinage des parties où on l'a enfoncée et en exerçant de l'autre, des tractions sur l'instrument parallèlement à son axe. 2° Méthode d'aspiration de Dieulafoy. — Le docteur Georges Dieulafoy a imaginé un appareil aspirateur très-ingénieux, à l'aide duquel on peut sans danger, pratiquer une ponction exploratrice dans une tumeur molle, reconnaître la nature du liquide qu'elle renferme et établir ainsi les indications qu'elle comporte. L'aspirateur de Dieulafoy (/?(/. G3) est formé par une seringue en verre d'une capacité de loO grammes dont on peut fixer le piston au haut de sa course en lui imprimant un mouvement de rotation de gauche à droite, et cela grâce à une disposition spéciale de la tige du piston. A l'une des extrémités de la seringue sont adaptés deux ajutages pour- vus de robinets, sur l'un d'eux on fixe un tube en caoutchouc destiné à le mettre en rapport avec l'aiguille aspiratrice; l'autre ajutage sert à expulser de la seringue le liquide qui y a été introduit par l'aspira- tion. Lorsqu'on veut se servir de cet instrument, on ferme les robinets des deux ajutages, on retire le piston jusqu'à la partie supérieure et on le lixe en lui imprimant un mouvement de rotation à gauche. Le vide est ainsi fait dans le corps de pompe. On plonge l'aiguille dans le liquide que l'on veut aspirer et on ouvre le robinet de l'ajutage auquel est fixé le tube en caoutchouc. Ce liquide arrive dans l'appareil. Pour le vider, on ouvre le robinet de l'iijutage opposé, on ferme le précé- dent et on abaisse le piston. A cet appareil aspirateur s'ajoutent des aiguilles creuses destinées à traverser les tissus, et numérotées suivant leur calibre, ainsi, le n" 1 a un demi-millimètre de diamètre; le n° 2, un millimètre; le n° 3, un millimètre et demi ; le n° 4, deux millimètres. On conçoit aisément que l'emploi de ces aiguilles si déliées, doit être inoffensif; effectivement, les expériences auxquelles M. Dieulafoy s'est livré sur les animaux, ont prouvé que la piqûre du cœur lui-même, avec les aiguilles aspiratrices, «était sans conséquence (1). » Au surplus, M. H. Bouley a signalé dans le Recueil de médecine vé/érinaire, année 1873, p. 202, les services que ]a. Méthode d'aspiration ûe M. le docteur Dieulafoy, si souvent em- (I) Recueil de médecine vétérinaire. 1875, p. 200. 492 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. ployée chez riiomme, est appelée i\ rendre fi la pratique vétérinaire. Ainsi par son emploi, on peut éviter des erreurs de diagnostic dont les conséquences peuvent ôtrc funestes ; exemples : hernie ventrale prise pour un abcès ; cystocèle prise pour un kyste séreux, etc. Grâce i\ cette Fig. 03. — Seriwjiic Diculafoy. méthode, la ponction des abcès parotidiens profonds dont la présence gène ladéglulition et la respiration, peut-ôlre faite sans danger ; enfin l'aspiration des liquides ayant donné chez l'homme, les meilleurs ré- sultats pour le trailcmentdes hydropisies articulaires, peut-être, dirons- nous avec M. H. Bouley, préviendrait-on chez les animaux, les dangers delà suppuration synoviale, dans les arthrites ou les synovites aiguës par des ponctions aspiralrices faites à temps. — Nous verrons plus loin, en décrivant la thoracentèse et la hernie inguinale, que la méthode du docteur Dieulafoy est susceptible de recevoir d'heureuses applications. D. Ponction avec le coutcre actuel. — On se sert dun cautère conique chauffé i!i blanc, en donnant i\ la partie effilée de l'instrument une Ion- HÉMOSTASIE. 493 giieur proportionnelle à la profondeur où l'on veut arriver. On enfonce le cautère perpendiculairement en appuj^ant jusqu'à ce que l'on éprouve la sensation indiquant que l'on a pénétre dans une cavité; puis on le retire suivant une direction perpendiculaire. Ce mode de ponction, fréquemment usité en chirurgie vétérinaire pour ouvrir les abcès, les éponges, les capelets, présente plusieurs avantages sur l'emploi du bistouri. Ainsi, l'hémorrhagie est générale- ment évitée, l'ouverture faite par le cautère, au lieu de se cicatriser rapidement comme celle produite par le bistouri, reste béante pendant un assez long temps et le pus peut ainsi s'écouler facilement, enfin le calorique modifie favorablement la nature de l'inflammation et favo- rise la résolution. CHAPITRE II 4 HÉMOSTASIE On désigne sous ce nom, l'étude des moyens propres à produire l'y^e- niostase, c'est-à-dire l'arrêt provisoire ou définitif du sang. On appelle hémorrhagie, l'écoulement du sang. Or, riiémostasie a pour objet de prévenir les hémorrhagies ou de les faire cesser. Cette partie de la chirurgie offre un grand intérêt. On conçoit en effet, que quand le sang s'écoule en abondance, il masque la couleur des tissus et rend ainsi les diverses manœuvres de l'opération fort incer- taines, si même il n'oblige pas le chirurgien à suspendre l'opération commencée. En outre, une hémorrhagie prolongée affaiblit l'animal et le met souvent hors d'état de supporter les suites de l'opération. 11 faut donc que le chirurgien soit à môme de prévenir une hémor- rhagie avant une opération et de l'arrêter définitivement pendant ou après. En conséquence, nous distinguerons une hémostase temporaire et une hémostase définitive. § 1". — Hémostase temporaire. En vétérinaire on n'emploie qu'un seul moyen pour suspendre pro- visoirement le cours du sang, c'est la compression circulaire ou la li- gature en masse, qui a été mise en usage de tout temps. On se sert pour cela du garrot. On appelle ainsi un lien circulaire que l'on applique autour de la région oii se trouvent les vaisseaux que l'on veut comprimer. Chez les grands animaux domestiques, le cheval notamment, c'est 494 ELÉMlî.NTS DES OPÉRATIONS. autour du paturon que l'on place le j^arrot. (^et appareil consiste en une simple corde de la grosseur du petit doigt, que l'on noue autour du paturon do manière à laisser un intervalle suffisant pour y engager un bâtonnet, ;\ l'aide duquel on serre la corde à volonté et au degré con- venable. Un ruban de fil doublé et formant une anse dont on noue fortement les bouts sur le paturon est également employé. Mais, par ce moyen, la compression est moindre que dans le cas précé- dent. Tel est le garrot mis en usage par les vétérinaires pour les opéra- tions de pied. Le lien circulaire exerçant une compression périphéri- que, suspend la circulation en môme temps qu'il diminue dans une certaine mesure, la sensibilité de la région par suite de la pression que subissent les filets nerveux. Cet appareil compresseur peut être improvisé partout, il jouit d'une grande puissance et nous ne sa- chions pas que chez le cheval au moins, son emploi ait été suivi d'ac- cidents, quand il n'a été laissé en place que le temps strictement néces- saire à l'opération. On conçoit aisément, qu'un garrot oublié dans le pli du paturon et laissé en place pendant plu- sieurs heures après l'opération, déterminera infailliblement la gangrène de l'extrémité et la chute du sabot. Mais cet accident est un de ceux qu'un praticien, soucieux de sa réputa- tion, saura toujours éviter. Brogniez avait proposé de remplacer le gar- rot par un instrument particulier appelé par lui, adstricleur {fig. 04). Il se compose d'un cy- lindre en cuivre portant h son fond, h, une ouverture allongée, destinée à recevoir la cour- roie, a, que l'on fait monter dans son intérieur au moyen d'une vis, c, terminée par un anneau et taraudée à quatre pas powr permettre i\ Té- crou de marcher plus vite. Cet appareil est inusité. Il en est de même des nombreux instrimientsqui ont été inventés pour exercer la compression chez l'homme. Ainsi le tourniquet de J. L. Petit, le com- presseur, dit de Dupuylren, les compresseurs gradués de Marcelin Duval, etc., seront toujours remplacés avantageu- sement, en chirurgie vétérinaire, par le moyen primitif, c'est-à-dire le lien circulaire formé par une simple corde et un bâtonnet. Méthode d'Esmarch. — Depuis quchpies années, on emploie chez l'homme, uneniélhodede compression, introduite en chirurgie humaine par le professeur Esmarch (de Kiel). Cette méthode a pour but d'éviter au patient, une perte de sang et de permettre au chirurgien d'opérer presque h sec ou h. blanc, comme sil'onagissaitsur le cadavre. Pourcela. Esmarch se sert d'une bande en caoutchouc qu'on (mh'oiiIc anloiir delà Fig. C4. — Adstricteu) (le Brofjnicz. IIÉMOSTASIE. / 493 partie à opérer afin de faire refluer vers les parties centrales, le sang qu'elle contenait, puis, pour empêcher l'arrivée par les artères d'une nouvelle quantité de sang, on passe par-dessus la bande, et au moment d'opérer, un tube de caoutchouc que l'on serre fortement à la ma- nière d'un garrot. . Cette méthode d'hémostase peut être employée en chirurgie vétéri- naire, pour les amputations des membres ou les ablations de tumeurs comme nous le verrons plus loin. Compression iii«^itale. — Quand OU se propose d'exercer la com- pression sur une artère, afin de suspendre la circulation dans les parties où elle se distribue, on peut faire appliquer sur ce vaisseau les doigts d'un aide. La compression digitale s'effectue au moyen du pouce ou mieux des quatre autres doigts disposés perpendiculaire- ment au plan osseux sur lequel l'artère repose. L'aide chargé de ce rôle important, doit suivre du regard tous les temps de l'opération et juger de l'état et des nécessités de la compression. Quand les doigts s'engourdissent, on les soutient avec ceux de l'autre main. La com- pression digitale a été recommandée chez l'homme par plusieurs chi- rurgiens, notamment par Vanzetti de Padoue pour le traitement des anévrismes. Là compression avec la pelote ou le cachet consiste à appuyer sur le vais- seau avec une bande roulée ou une pelote soutenue par un manche à cachet qu'un aide tient dans sa main. Nous ne parlons de ce moyen que pour mémoire, car il est à peu près abandonné chez l'homme et nul- lement usité en vétérinaire. § 2. — Hémostase définitive. Pendant une opération, on divise des vaisseaux de divers calibres : capillaires, veines et artères. Le sang s'écoule en plus ou moins grande quantité et sa couleur varie suivant la nature des vaisseaux divisés. Ainsi les hémorrhagies artérielles sont caractérisées par un jet de sang rutilant, qui a lieu par saccades isochrones avec les battements car- diaques, tandis que, quand l'hémorrhagie résulte de la blessure d'une veine, le sang est noir et s'échappe en jet continu. Mais souvent le sang s'écoule en nappe et présente une couleur intermédiaire entre celle du sang veineux et celle du sang artériel. On devine que dans ce cas, qui est le plus fréquent, les veines et les artères ont été di- visées. Si l'hémorrhagie provient de la division des capillaires ou de vais- seaux d'un petit calibre, elle s'arrête parfois d'elle-même, sous l'in- flu -nce de la rétractilité des parties divisées. Quand elle persiste, on urccoursàTemploi des moyens hémostatiques, physiquesou chimiques. Enfin, lorsqu'un vaisseau volumineux a été blessé, il faut employer divers moyens chirurgicaux d'hémostase. 496 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. A. Iit-mosfatiqnes physiques. — On distingue parmi cux, Ics réfn'gé- ranfs et les ubmrbants. Ih'frifjérants. — L'eau fraîche, la neige, la glace pilée, les liquides très-volalils comme l'éthcr, le chloroforme, les mélanges frigorili- ques divers peuvent être employés pour combattre les hémorrha- gies. En chirurgie vétérinaire, on emploie habituellement Teau froide, on en imbibe des compresses ou mieux des boulettes d'étoupe que l'on dispose sur la partie qui est le siège de l'hémorrhagie. Par- fois, on emploie l'eau fraîche sous forme de lotions, A'ajusions, de douches, etc. Les réfrigérants produisent une certaine excitation sur les nerfs vaso-moteurs, suivie d'une contraction tonique des fibres musculaires des vaisseaux, d'où résulte l'effacement de leur calibre et l'arrêt du sang. Absorbants. L'étoupe, la charpie, l'agaric, l'amadou, la toile d'arai- gnée, la pondre de b/coperdon si vantée par Lafosse, la colophane pul- vérisée, la poudre de gomme, la cendre de bois légèrement chauffée, la farine, l'éponge, telles sont lessubs tances qui peuvent être employées pour arrêter les hémorrhagies capillaires. On emploie ordinairement l'étoupe. A cet effet, on bourre la plaie d'où le sang s'échappe, avec des boulettes d'étoupe, trempées dans l'eau fraîche, et l'on exerce ensuite une compression convenable. Les absorbants constituent des hémos- tatiques peu actifs, qui agissent d'une manière toute mécanique en divisant le liquide, en l'éparpillant en quelque sorte dans les matières spongieuses, ce qui facilite la coagulation. B. Hémostatiques chimiques. — Astringents. Le perchlorure de for, le vinaigre, l'eau alcoolisée, les solutions astringentes de sulfate de cuivre, de sulfate de fer, d'alun potassique ou ammoniacal, de tannin ; l'eau de Binelli dont la créosote est le principe actif; l'eau de Pa- gliari, etc., etc., possèdent à un degré plus ou moins prononcé, une action astringente ou coagulante qui les fait rechercher pour arrêter les hémorrhagies. L'eau de Pagliari est un hémostatique puissant, fré- quemment employé chez riionune. D'après MM. Legouest et Sédillot, quand on mélange une partie de sang humain récent, avec quatre par- ties de liqueur de Pagliari, « la liqueur se prend en masse, et devient tellement adhérente aux parois du vase que l'on peut impunément renverser ce dernier, le coagulum ne se détache pas » (1). Cette liqueur se compose de : L'crijoin 2ôO grammes. Alun potassique cristallisé 500 grammes. liau comnuiiio ô litres. « On fait bouillir le tout pendant six heures, dans un pot de terre U) Traité de méd. op., Legouest et Sédillot, t. I, p. 229. IIÉMOSTASIE. 497 vernissé, en agitant sans cesse la masse résineuse et en remplaçant successivement l'eau évaporée par de l'eau chaude pour ne pas inter- rompre Fébullition (1). » On filtre et on conserve pour l'usage. L'alun calciné en poudre, convient également pour arrêter les hé- morrliagies. L'essence de térébenthine, conseillée par Billroth et jour- nellement employée pour les plaies du pied, pourrait aussi être em- ployée comme hémostatique. La plupart des astringents s'emploient à l'état liquide. On en imbibe des compresses, des boulettes d'étoupes ou des plumasseaux que l'on applique sur la plaie en comprimant au besoin. De tous les composés hémostatiques, le perchlorure de fer est cer- tainement le plus puissant, aussi l'emploie-t-on de préférence ; il forme avec le sang un magma noirâtre, fortement adhérent. Le sulfate de peroxyde de fer serait, d'après les recherches de M. Monsel, un excel- lent hémostatique. Il aurait, comme le perchlorure de fer, la propriété de coaguler le sang et de former un caillot résistant. Caualiques. — Ces agents, mis en contact avec les tissus, s'y com- binent, coagulent le sang et forment ainsi une eschare. Ils peuvent, tous, à des degrés divers, remplir le rôle (ï hémostatiques. Toutefois les caustiques chimiques o\x potentiels^ sont rarement employés à ce titre, tout au plus, dans quelques cas, met-on en usage l'eau de Rabel. Par contre, la cautérisation au moyen du fer chauffé à blanc, est d'un em- ploi journalier en chirurgie vétérinaire. Nous indiquerons plus loin, à propos de l'application du feu, les règles applicables à ce moyen iiémo- statique; nousnous bornerons à dire ici qu'il faut, pour arrêter une hé- raorrhagie, se servir d'un cautère chauffé à blanc et non pas au rouge sombre, comme on serait porté à le penser d'après des expériences déjà anciennes de Bouchacourt, faites sur le cadavre humain. La pratique de tous les jours nous démontre que, quand on se sert d'un cautère chauffé au rouge sombre, on ne peut arrêter une hcmorrhagie un peu forte comme, par exemple, celle qui résulte de l'amputation delà queue, tandis qu'on l'arrête aisément en employant un cautère chauffe à blanc. On applique le cautère perpendiculairement sur les tissus d'oii le sang s'échappe, tout en exerçant à leur surface une certaine compres- sion dont la pratique apprend à connaître le degré. L'application du cautère incandescent doit être de courte durée, huit à dix secondes en- viron, car le cautère, en se refroidissant, adhère à l'eschare et quand on retire l'instrument, l'hémorrhagie se reproduit. Il estbon également d'étancher la plaie avec des étoupes sèches, avant de pratiquer la cau- térisation, G. iBômostatiques eiiiriirgicaux. — 11 y en a trois principaux : la com- pression, la ligature et la torsion. A. Compression. — On Texerce soit sur la partie tronquée des vais- (I) Loco ctlalo, p. 230. Pbuch et Toussaint. — Chirurrjie. à'I 498 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. seaux, soit sur leur trajet; dès lors, on a distingué la compression, en directe, latérale, immédiate ou médiate. Quand la compression est exercée à distance et d'une manière indirecte, elle constitue le tamponnement. a. Compression directe. — On la pratique dans la plaie elle-mOme d'où provient Thémorrhagie. On superpose des boulettes d'ctoupes de ma- nière à combler la plaie dont on rapproche les bords à l'aide d'une suture plus ou moins serrée. On emploie à cet effet, soit la suture à points séparés, soit la suture entortillée ou mieux la suture à bourdonnets ; d'autres fois on se sert d'un bandage circulaire. L'appareil destiné à maintenir la compression varie suivant les régions. A l'encolure, au garrot et dans la région inguinale, on a recours à la suture à bour- donnets, parfois ;\ la suture enlortillce ; pour les hcmorrhagies qui siè- gent sur les membres, on emploie un bandage circulaire. Dans la plu- part des cas, on combine l'emploi de la compression avec l'usage des hémostatiques physiques ou chimiques dont nous avons parlé précé- demment. Ainsi on imbibe les boulettes d'eau fraîche ou d'eau alcoo- lisée, d'eau de Rabel ou de perchlorure de fer, etc. Par ce moyen, on peut arrêter des hémorrhagies pour lesquelles on no peut employer, eu égard à la disposition anatomique de la région, la cautérisation au fer rouge ou la ligature. Aussi, est-il d'un emploi fréquent en chirurgie vétérinaire. Ajoutons qu'il est facile à mettre en pratique et n'exige pas une grande habitude. Mais il offre plusieurs in- convénients. Ainsi la laxité des tissus amène le relâchement des pièces composant l'appareil compressif ; les points de suture coupent le tégu- ment quand ils sont trop serrés ; parfois, quand la compression est trop forte, la gangrène se déclare. Nous en connaissons plus d'un exemple après les hémorrhagies de la région parotidienne, consécu- tives à la ponction d'abcès de cette région. Il faut donc que le degré de constriction des points de suture soit suffisant pour arrêter l'hé- morrhagie, mais non point excessif afin d'éviter la section de la peau et surtout la gangrène. b. Compression latérale. — On peut l'exercer sur le vaisseau blessé lui-môme ou bien sur les parties qui le recouvrent ; elle est donc im- médiate ou médiate. Compression latérale immédiate. — Silc vaisseau qui donne lieu il une hémorrhagie n'est pas mis à découvert dans une élendue suflisante, il faut préalablement débrider en deçà et au delà de la plaie, alin d'exer- cer la compression sur une large surface. On applique à cet effet, des boulettes d'étoupe sèche ou mieux imprégnées d'un liquide hémosta- tique, et l'on rapproche les bords de la plaie comme il a été dit précé- dem nient. Ou peut prali(iUL'r plus simplement la compression latérale en appli- quant les doigts sur lartère blessée, pendant plusieurs heures. L'opé- rateur se fait alors assister par plusieurs aides ({ui se remplacent alter- nativement. IIÉMOSTASIE. 499 Par ce moyen, on évite les accidents qui peuvent résulter d'une com- pression trop prononcée, c'est-à-dire la section de la peau et la gan- grène. Si la compression digitale est insuffisante pour maîtriser l'hé- morrhagie, on a recours alors à la compression latérale ou à la ligature dont nous parlerons plus loin. La compression latérale immédiate a été mise en usage avec succès après la piqûre de la carotide. Compression latérale médiate. — On la pratique sur l'ouverture du vaisseau, en deçà et au delà sur les tissus qui le recouvrent. On emploie à cet effet, une étoupade sèche ou mieux imbibée d'eau fraîche, que l'on dispose sur la région et que l'on maintient à l'aide d'une bande mé- thodiquement enroulée. Parfois on consolide l'appareil et on augmente la compression, en interposant entre l'étoupade et la bande, des espèces d'éclisses ou d'attelles formées par de petites planchettes de bois ou de carton épais. Ce mode de compression est particulièrement applicable aux vais- seaux superficiels, qui cheminent sur des plans résistants ou dans leur voisinage immédiat et sur lesquels on peut prendre un point d'appui. La bande circulaire qui constitue la pièce principale de cet appareil compresseur, exerce sur les parties qu'elle entoure, une forte pression qui met obstacle et empêche même la circulation de retour, suspend l'innervation, gêne mécaniquement certaines fonctions, comme la respiration, quand l'appareil est appliqué autour de l'encolure, ce qui détermine inévitablement des stases sanguines, des engorgements gan- greneux qui peuvent être rapidement mortels. On atténue les inconvénients inhérents à ce procédé, en laissant l'ap- pareil en place seulement pendant le temps nécessaire à la cicatrisation des blessures artérielles et qui varie comme on le comprend, suivant l'étendue de la plaie artérielle. Quand le vaisseau est peu volumineux, quelques heures suffisent; dans d'autres cas, l'appareil compressif doit être maintenu en place pendant un ou deux jours. Il faut encore exercer la compression sur une large surface afin d'é- viter les étranglements ou pincements. Pour les membres il est recommandé de pratiquer la compression en procédant des parties périphériques vers les parties centrales, afin de diminuer l'étendue de l'engorgement consécutif à l'arrêt de la cir- culation veineuse. Tamponnement. — C'est un moyen hémostatique qui consiste à intro- duire dans une plaie ou une cavité naturelle, une certaine quantité d'é- toupes, imbibées d'un liquide hémostatique. On peut remplacer l'é- toupe par des éponges, mais cette matière n'est pas usitée en chirurgie vétérinaire. Le tamponnement est mis en usage pour combattre l'épistaxis abon- dante, les hémorrhagies utérines, les hémorrhagies provenant de la ponction des abcès ou d'autres tumeurs, etc. On remplit ou mieux on bourre avec des boulettes d'étoupcs ou 0 00 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. môme de simples boiirdonnets, la cavité d'où procède l'hémorrhagie. Ce procédé a l'inconvénient de meurtrir les plaies, les surfaces mu- queuses, mais cela ne saurait dans la plupart des cas, conir'indiquer son emploi, attendu que le tamponnement est un moyen hémostatique d'un emploi facile et d'une efficacité marquée ; aussi le met-on fort souvent en usage. Effets de la compresxion. — Ce moyen hémostatique rapproche les bords delà plaie faite au vaisseau d'où procède l'hémorrhagie et faci- lite ainsi la cicatrisation de la blessure artérielle ou veineuse. La com- pression présente l'avantage de ne pas déterminer, comme la ligature, l'oblitération du canal vasculaire ; toutefois cet avantage ne peut être obtenu qu'autant que l'appareil compresseur ne reste pas en place au- delà de 36 ou 48 heures. Passé ce laps de temps, les effets de la com- pression sont semblables ;\ ceux de la ligature. Les faits publiés, en 1845, par Amussat, démontrent que les blessures artérielles ou veineuses, se cicatrisent quand on en a rapproché les bords par la compression employée suivant l'un ou l'autre des procédés indiqués précédemment. Mais, si la blessure est étendue et accom- gnée de perte de substance, la compression est insuffisante et il faut avoir recours à la ligature. B. Liîçafure. — C'est une opération qui consiste à étreindre les vais- seaux dans un lien circulaire plus ou moins fortement serré. C'est le moyen hémostatique par excellence, mais il a l'inconvénient de déter- miner fatalement l'oblitération du vaisseau qui l'a subi. De môme que la compression, la ligature peut ôtre immédiate ou médiate. Mais il faut distinguer en outre, une ligature temporaire, d'at- tente, et une Vi^nluve permanente. La ligature temporaire ne reste appli- quée que pendant un temps plus ou moins court : elle n'est plus em- ployée. La ligature d'attente se place sur les vaisseaux sans être serrée. La ligature permanente est à peu près la seule employée ; elle reste dans la plaie juscju'au moment où elle est éliminée par la suppuration. On se sert habituellement, pour pratiquer la ligature, d'un lil ordi- naire. Parfois on emploie un fil métallique très-fin. On s'est servi chez l'homme de ligatures faites avec la peau de daim (Physick et Dorsay, Jameson, Malgaigne), afin, croyait-on, de déterminer une irritation moindre. Quoi qu'il en soit, en vétérinaire on donne généralement la préférence au fil ordinaire que l'on rencontre partout. Il faut avoir le soin de le c«Ve/', afin que la ligature qu'il doit former, ne se desserre pas. Les pinces employées pour saisir le vaisseau à lier, ont varié de forme suivant les époques. Actuellement on se sert d'une pince anatomique ordinaire ou mieux d'une sorte de jiinca à coulisse, dont les mors restent rapprochés quand l'artère a été saisie, ce qui dispense de l'emploi d'un aide. On se sert parfois du tenaculum [fig. 63). C'est une sorte de tige d'acier, effilée, terminée en pointe aiguë et recourbée en crochet. Une aiguille courbe à suture peut remplacer cet instrument. Fig. 65. IIÉMOSTASIE. 501 Ligature immédiate. — C'est le moyen hémostatique le plus sûr. On l'applique principalement sur les grosses artères, lorsque l'iiémorrhagie est abondante. Les vaisseaux peuvent être coupés en travers, dans toute leur épaisseur ou seulement dans une partie. Dans quelques cas, la blessure consiste en une petite incision latérale ou une simple piqûre. Nous avons vu qu'il est permis alors de compter sur la compression. Nous supposerons donc dans la description du manuel opératoire, que la ligature doit être appliquée sur un vaisseau coupé en travers. Manuel opératoire. — Premier procédé. Premier temps. — Saisir l'artère. — Pour chercher les vaisseaux, le chirur- gien doit se rappeler leur situation anatomique, mais quand le sang coule de toutes parts, le mieux est d'étan- cher la plaie en pressant à sa surface, avec une boulette d'étoupes. On saisit ensuite avec des pinces à dissec- tion, le vaisseau que l'on se propose de lier, et on l'attire à soi par des tractions ménagées; parce moyen, on le dégage des tissus qui l'environnent; d'autres fois, il est nécessaire, pour isoler le vaisseau, de le disséqiier dans Tenaculum. une certaine étendue, de séparer les filets nerveux qui lui sont accolés, pour cela on se sert d'une seconde paire de pinces à l'aide de laquelle on détruit les adhérences conjonctives avec les nerfs et les vaisseaux environnants. Deuxième temps. — Placer la ligature. — Quelques chirurgiens ont l'habitude de disposer sur les pinces, la ligature formant nœud. Dès que le vaisseau est saisi entre les mors de la pince, on fait glisser le fil sur lui, et l'aide n'a plus qu'à tirer sur les extrémités du lien, a La simplicité de cette manœuvre, disent MM. Legouest et Sédiilot, n'est qu'apparente : l'anse de iîl adhère à la plaie; les bouts s'enroulent et l'aide serre le nœud avant que l'anse de la ligature ait dépassé la pince, qui se trouve liée, etc. (I). » Habituellement on opère de la manière suivante : L'artère étant saisie et isolée, l'aide chargé de placer la liga- ture applique le fil par son milieu sur les mors de la pince, derrière la main du chirurgien qui tient la pince afin de n'être pas gêné dans ses mouvements. L'aide fait un premier nœud simple en le commen- çant près des bouts du lien et évitant de tordre le fil. Ce premier nœud est serré jusqu'auprès de la pince; puis au moyen du pouce de cha- que main, on fait glisser le nœud sur l'artère et l'on serre en ap- pliquant les pouces l'un contre l'autre. Il faut serrer avec une cer- taine force pour rompre la tunique interne du vaisseau ; l'habitude peut seule guider à cet égard. Si la plaie est profonde, on se sert des doigts indicateurs au lieu des pouces, pour conduire la ligature et la serrer {fg. C(j). On fait par-dessus le premier nœud un (I) Loco cilalo, t. I, \\ 317, 502 ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. deuxième nœud représenté comme on le voit [fuj. G7), et non pas comme le nœud représenté (/î"^'. 68), qui peut se desserrer. On coupe Fig. ce. — Manuel opératoire de la ligature. l'un des bouts du fil près de la ligature, et on laisse à Taulrc une cer- taine longueur pour pouvoir le diriger dans l'angle inférieur de la plaie. ^22Z^ Fig. G7 , — N(£ud droit. V\". es. — Sœud de travers. Quelquefois on coupe les deux extrémités du fil au ras de la ligature et on abandonne celle-ci dans les tissus où elle s'enkyste; toutefois, chez le cheval, cette ligature perdue, comme on l'appelle, peut devenir le point de départ d'un foyer purulent, car, on sait que chez cet ani- mal la faculté pyogénique est Irès-dévcloppée. (Juand on se propose de aisser des ligatures dans les tissus, comme pour la castration de la chienne par exemple, on se sert alors de fils métalliques. Quand la ligature intéresse une artère, elle doit être pratiquée parfois, non-seulement sur le bout central, mais aussi sur le bout périphérique. Quand on la prali(iue sur une veine, il suffit de lier le bout périphérique à moins que la partie restante de la veine ne puisse servir de voie d'écoulement au pus, et conduire ce liquide dans un lieu IIÉMOSTASIE. 503 OÙ sa présence détermine des accidents mortels, comme c'est le cas pour la jugulaire quand il y a phlébite hémorrliagique; alors il faut lier le bout central. Deuxième procédé. — Ce procédé ne diffère de celui que nous venons de décrire que par le moyen employé pour saisir Tartère. On se sert en effet, du ienaculiim, à l'aide duquel on traverse de part en part, les pa- rois de l'artère et on l'attire ainsi au dehors, en l'isolant des tissus en- vironnants; on applique ensuite la ligature comme à l'ordinaire. Ligature médiate. — On désigne sous ce nom une opération qui con- siste à lier avec le vaisseau, les tissus environnants dans une certaine épaisseur. On pratique cette opération à l'aide d'une aiguille courbe munie d'un fil ciré simple ou double. On pique cette aiguille à proximité du vaisseau qui donne lieu à rhcmorrbagie, on le contourne et on noue les extrémités du lien à la manière ordinaire. Ce genre de ligature est souvent mis en usage pour les artères d'un petit calibre qu'on ne peut parvenir à isoler des tissus environnants. Il est à remarquer que la ligature médiate est un moyen hémostatique moins puissant que la hgature immédiate, puisque la constriction exercée par le lien sur les parois du vaisseau, est moins forte. La ligature médiate produit une vive douleur, attendu que les filets nerveux, satellites du vaisseau sur lequel on l'applique, sont com- primés par le lien. Effets de la ligature. — Quand on étreint une artère dans une ligature, les tuniques interne et moyenne sont divisées par le lien constricteur et se rebroussent en dessus et en dessous du lien, formant ainsi un double cul-de-sac ; quant à la membrane externe, elle résiste et arrête le sang. Dès lors, un caillot se forme, puis l'irritation produite par l'application du lien, détermine la prolifération des éléments cellulaires formant les parois du vaisseau et des adhérences ne tardent pas à s'établir entre celles-ci et le caillot. La présence de la ligature provoque à l'extérieur du vaisseau, une inflammation éliminatrice dételle sorte qu'au bout d'un certain temps, le fil tombe et entraîne avec lui le tronçon vasculaire, situé au delà de la ligature. En même temps que ces phénomènes se produisent au dehors, le caillot adhère de plus en plus aux tuniques vasculaires, puis il devient ensuite le siège de métamorphoses régressives ; il diminue de volume et finit par disparaître. Au furet à mesure que la résorption du caillot s'opère, les parois du vaisseau se resserrent jusqu'à effacement complet de son calibre et se transforment en un cordon libreux, depuis le point d'application de la ligature jusqu'à la première collatérale. Ce travail d'oblitération peut être contrarié par une inflammation trop intense déterminant la chute prématurée de la ligature, c'est-à- dire avant que l'adhérence du caillot se soit établie, dès lors l'hé- morrhagie se reproduit; ou bien, par l'application de la ligature sur un b04 ELEMENTS DES OPEHATIONS. |)nint trop rapproché d'une collatérale. C'est ainsi que, quand la la distance entre la ligature et la première collatérale n'est que de i à ri millimètres, le caillot ne se forme pas, surtout si l'artère est de fort calibre. C. Torsion. — C'est un moyen hémostatique très-anciennement connu, toutefois c'est Amussat qui en a fait l'étude la plus complète. A'elpeau, Thierry, Frickede Hambourg, ont également étudie la torsion et proposé diverses modifications dans le manuel opératoire. Amussat avait exagéré les inconvénients de la ligature, et vanté outre mesure les avantages de la torsion; aussi recommandait-il ce moyen hémostatique à rexclusion de tous les autres, même pour les artères d'un fort ca- libre. 11 pensait que la ligature entretenait l'irritation et augmentait ainsi les accidents inflammatoires, comme le ferait un corps étranger, accidentellement introduit dans les tissus, tandis que la torsion n'exi- geant pas l'emploi d'un lien, ne présenterait pas les mômes inconvé- nients. L'opinion d'Amussat était évidemment exagérée; l'expérience de tous les jours le démontre. En outre, on a constaté que la torsion était un moyen hémostatique moins puissant que la ligature et d'une application beaucoup moins simple. Apres ces réserves nous pouvons dire que la torsion convient par- faitement pour arrêter les hémorrhagies produites par la blessure des vaisseaux d'un petit calibre. Procédé d'Amussat. — ■ Les instruments employés sont quatre pinces, dont deux ordinaires ou anatomiques, une pince dite à baguettes parce que les mors sont formés par deux petites tiges cylindriques et une pince à torsion, qui n'est autre chose qu'une forte pince anatomique, dont les branches sont maintenues rapprochées au moyen d'un ressort, ou d'un petit verrou à coulisse. Au moyen d'une pince ordinaire, on saisit l'extrémité libre de l'artère ; avec une seconde, on isole le vaisseau en refoulant le tissu conjonctif environnant, dans une étendue de 12 î\ lo millimètres en avant ou au-dessus de la surface de la plaie. « Cela fait, cette seconde pince est remplacée par la pince à torsion, avec la- quelle on prend l'artère transversalement à son extrémité; puis cette pince étant serrée et tenue de la main droite, de la main gauche on prend la pince à baguettes avec laquelle on saisit transversalement le vaisseau au niveau des chairs; on presse sur cette pince pour couper la tunique interne et moyenne, et tandis qu'on serre les baguettes avec une force suffisante, on imprime à la pince à torsion, un mouvement de rotation sur son axe, dans l'étendue d'un demi-arc de cercle, comme si on voulait enrouler l'artère autour de ses mors, et en prenant un point d'appui sur la pince à bagjiettes, après quoi on ramène la pince de telle sorte que son axe soit parallèle à l'axe de l'artère; et, en rou- lant l'instrument entre les doigts, on fait exécuter au vaisseau sept à huit tours de rotation sur son axe. L'opération est finie alors, on retire la i)iiire à baguettes, et avec la pince à torsion on repousse dans les HÉMOSTASIE. 505 chairs le bout de l'artère, ;\ moins qu'on ait porté la torsion au point de rompre ce tourillon et do le retirer entre les mors de la pince (1).» Les effets de ce procédé opératoire sont faciles à comprendre. En effet, la pression produite sur le vaisseau par les pinces à baguettes, rompt les tuniques interne et moyenne de l'artère, comme le ferait une ligature, et ces tuniques se replient sur elles-mêmes dans l'intérieur du vaisseau comme un doigt de gant retourné; la torsion allonge la tunique irritation que leur emploi ne sera toujours qu'exceptionnel. Un peut toutefois s'en servir en les appliquant par-dessus les étoupes, dont on emploie ainsi qu'une moindre quantité. Les topiques que l'on appliciue sur les plaies sont très-variés, et leur étude est du ressort de la thérapeutique. Objets de pansement. — Compresses. — Ce sont des pièces de toile ordinairement pliées en plusieurs doubles, présentant diverses formes, que Ton applique sur laplaie elle-même et le plus souvent sur Tétoupe. On dispose ensuite par-dessus les bandes ou bandages que nous ferons connaître. En chirurgie vétérinaire, on se passe souvent de l'emploi des com- presses ; on se contente d'appliquer sur les premiers plumasseaux mi large plumasseau qui s'étend au delà de la plaie, et cet appareil constitue ce que l'on désigne communément sous le nom d'étoupade. Quand on applique une compresse, il faut veiller à ce qu'elle ne pré- sente aucun pli et que ses bords se correspondent exactement pour que l'épaisseur en soit partout égale. Les compresses sont longuettes ou en forme de carré long, quadrila- tères, triangulaires, selon la manière dont on les découpe. Si l'on fend vers les centres les quatre angles d'une compresse, coupée en carré, on obtient une compresse dite en croix de Malte. Si la division n'inté- resse que deux angles, on a la demi-croix de Malte. En divisant en deux ou trois portions l'un des côtés dune compresse, on forme une compresse fendue à deux ou à trois chefs. Ces compresses sont princi- l)alement usitées pour relever les chairs après les amputations. On nomme compresses fenêtrée, criblée, percillee, des pièces de toile, qui présentent une multitude de petites ouvertures faites à l'emporte- pièce ou au moyen des ciseaux courbes. Elles sont inusitées en chirurgie vétérinaire. Il en est de même de la compresse graduée, simple ou pyramidale, formée par une succession de plis dont la longueur diminue graduell(Mnent. Bandes. — Liensplats plus ou moins étroits et d'une longueur variable servant à envelopper ou à serrer les diverses pièces d'un pansement. On les fait ordinairement en toile, quelquefois en flanelle quand on se propose d'entretenir la chaleur dans une région, rarement en coton ou en laine, car ces tissus adhèrent fortement aux plaies et ne s'imprè- gnent pas des liquides fournis par laplaie. Les bandes les plus usitées on médecine vétérinaire sont formées par de simples rubans de 111 d'une largeur de 1 à 3 centimètres. On distingue, dans une bande, les extré- mités ou chefs et la partie moyenne ou le plein. Pour se servir de la bande, on a le soin de l'enrouler sur elle-même en serrant convenablement pour qu'elle ne s'aflaisse pas dans la main et ne vienne ainsi à manquer durant l'application du pansement. La manière d'enrouler une bande est connue de tout le monde, il DES PANSEMENTS. 523 est donc inutile de La décrire. Si la bande est roulée en un seul cylin- dre, on la dit roulée à un globe ou à un chef; si l'on a roulé séparé- ment chacun des deux chefs, on a une bande roulée à deux globes ou à deux chefs. Attelles. Eclisses. Drains. — Les attelles sont des pièces d'appareils, employées pour la contention des luxations et des fractures. Ces pièces sont faites en carton, en bois, en fer-blanc, ou en tôle. On se sert ordinairement du carton ou du bois, car ces matières présentent tout à la fois le degré de légèreté et de solidité nécessaires ; les excoriations, les entamures de la peau, sont moins à craindre par leur emploi, aussi en fait-on un fréquent usage pour le traitement des fractures chez les petits animaux surtout. — On découpe les attelles de telle sorte que leurs contours soient semblables à ceux du membre, ou, plus généralement, de la région sur laquelle on se propose de les appliquer. — Il est bon en outre d'arrondir leurs bords et surtout leurs angles, de ne les appliquer sur une région qu'après avoir préalable- ment garni celle-ci d'étoupes ou d'autres matières molles. Les eclisses sont de petites plaques en tôle ou en bois, propres à maintenir les matières de pansement dans la région plantaire et qui exercent en outre sur ces matières une compression plus ou moins forte, au gré de l'opérateur. Les drains, inventés par M. Chassaignac, sont des tubes en caout- chouc vulcanisé d'une longueur et d'un diamètre variables suivant les dimensions de l'ouverture du foyer purulent dans lequel on les intro- duit. Ces tubes sont criblés de trous dans lesquels le pus s'engage. Ce liquide coule ensuite dans le tube, puis au dehors, et la stagnation du pus est ainsi évitée; toutefois, d'après MM. Legouest et Sédillot, « les drains ne laissent pas écouler de pus par leur canal central; ils. s'étranglent à leur orifice d'entrée et de sortie par la diminution et le resserrement de ces ouvertures, s'entourent de granulations et d'adhé- rences dans leur trajet et finissent par empêcher l'écoulement du pus et par déterminer les accidents qu'on les croyait destinés à prévenir. » — Les drains n'ont pas été employés, que nous le sachions du moins, chez les animaux. On peut les remplacer par une simple mèche d'é- toupes ou un ruban de fil, engagé de part en part dans le foyer purulent. BANDAGES. « Les bandages, dit M. J. Gourdon, sont des appareils très-divers, propres à envelopper les parties ou à les maintenir dans une posi- tion déterminée. Ils sont appliqués seuls ou bien ils servent à con- tenir, à raffermir des pansements; ils remplissent enfin des indications trcs-muUipliées (1). » A l'exemple de cet auteur, nous distinguerons (1) Élémenls de chirurgie vét., 1. 1, p. 247. 324 ÉLÉMENTS DES OPERATIONS. trois espèces principales de l)an(lages, savoir : 1° les bandages roulés; ti° les Ijandages ;j/ièce de toile ayant la forme DES PANSEMENTS. 525 d'un losange, appliquée sur le sommet de la tête, le front et une partie du chanfrein, munie de six liens distingués en supérieurs, moyens et inférieurs. — Les moyens partent de la partie !a plus large du Fig. S3. — Fiontal compose (vu de face). Fig. 84. — Frontal composé (vu de côté). bandage, de chaque cùté; chacun d'eux se termine par une anse dans laquelle passent d'abord les liens supérieurs qui se croisent pour re- monter ensuite sur la nuque où on les noue. Les liens inférieurs, croi- sés d'abord sous la ganache, passent, en remontant, dans les ganses des liens moyens, et se fixent sur la nuque par un nœud. — Si, par cette manœuvre, les liens moyens tendent à remonter, on conduit alors les liens inférieurs, qui doivent avoir une longueur suffisante, sous la ganache où on les fixe. 3. OEil simple ou monocle {fig. 8o et 8G). — Ce bandage, qui repré- Fig. 80. — Monocle (vu de face). Fig. 8G, — Monocle (vu de côté). sente un carré long, échancré dans chacun de ses angles correspon- i26 ELEMENTS DES OPÉRATIONS. T. — Chirurçjic. 3-i o30 ÉLÉMENTS DES OPÉ HATIONS. liens à ce bandage pour l'empêcher de glisser en arrière. Ces deux liens, cousus sur le bord antérieur de l'enveloppe, viennent se fixer à la par- Fig. 95. — Baiidagc pour Ip (/os. lie supérieure du poitrail comme pour le bandage du garrot. H. liandagc des reins et de la croupe {fuj. 96). — Ce bandage présente une forme semblable à celle du précédent et une étendue suilisantc pour recouvrir la croupe et les reins, les angles postérieurs en sont I"ig. 9g. — liundacjc des reins et de lu croupe. IrdiHjués d'environ 1(J à H centimùLrcs. Tous les bords, à l'exception de l'antérieur, présentent un repli de deux travers de doigts pour que l'enveloppe se moule exactement sur la convexité de la croupe. A cha- que angle est fixé un lien, les deux antérieurs cheminent sous le ventre, remontent le long des lianes et se fixent l'un fi l'aulro sur les lombes ; DES PANSEMENTS. 531 les deux postérieurs contournent de dehors en dedans la pointe de la fesse, croisent obliquement la face interne de la cuisse, remontent le long du grasset et de la face externe de la cuisse pour s'unir aux liens mitoyens à peu près au niveau de l'articulation coxo-fémorale. Pour que cette enveloppe ne puisse glisser en arrière, Vatel ajoute deux liens au bord antérieur, ces liens viennent se fixer à un surfaix. 12. Bandage pour la fesse {fig. 97 et 98). — 11 est formé par une pièce de toile une fois et demie plus longue que large d'après Bourgelat, de forme rectangulaire, enveloppant toute la fesse et une partie de la croupe de telle sorte que le bord interne longe le périnée et le bord Fig. 97. — Bandage pour la fesse, appliqué sur l'animal. Fig. 98. — Bandage pour la fesse, vu isolément. opposé, la face externe de la jambe et de la cuisse. Le bord externe {fig. 98, /", d) présente un repli ayant 8 centimètres environ de largeur à sa base, et le bord inférieur (f/, e, c) offre deux autres replis, qui, de même que le précédent, permettent l'adaptation exacte de l'enveloppe sur la convexité de la fesse et de la croupe. "Huit liens sont cousus à ce bandage; le bord postérieur en porte trois [a, a, a) à la partie supé- rieure, qui se fixent à la croupière ; le bord supérieur en présente un {h) d'une longueur suffisante pour qu'on puisse l'attacher au surfaix, le bord inférieur en a trois {d, e, c). Les liens (/ et e embrassent la jambe et s'entre-croisent comme on le voit en g [fig. 97); le lien d vase fixer au culeron de la croupière, tandis que le lien c se dirige en avant, croise la région du flanc et vient se fixer au surfaix, le lien e croise obliquement la face interne de la cuisse, remonte le long des flancs pour être fixé à la croupière. Ouant au huitième lien /', il se fixe sur le lien e, comme on le voit en h (fg. 97"). \'3. Bandage pour les maladies des bourses et des mamelles. — Il a la forme d'un triangle tronqué dont la base est placée en avant des bourses; il 532 ELEMENTS DES OPERATIONS. est muni de qualrc liens, un à chaque angle; les deux antérieurs ga- gnent les ilancs et se fixent sur les lombes, les deux postérieurs remon- tent le long du périnée, entourent la queue au-dessus de laquelle ils se croisent pour venir se fixer aux précédents, sur les reins. Ce bandage peut, être également employé pour les maladies des ma- melles chez la jument. Pour la vache, la chèvre et la brebis, il repré- sente une poche beaucoup plus profonde, percée ordinairement de trous pour le passage des trayons. Pour la chienne, ce bandage constitue une enveloppe formée par une pièce de toile deux fois plus longue que large, d'après YaLcl. Celle enveloppe porte près du milieu de ses grands bords des ouvertures par lesquelles doivent passer les membres pos- térieurs. L'extrémité postérieure de cette pièce de toile est échancrée dans son milieu, de telle sorte qu'elle présente de chaque côté <( des es- pèces de liens qui remontent sur la croupe et les lombes se croisent en cet endroit, et s'y fixent au moyen de quelques épingles fortes ou quel- ques points de suture. Les portions de toile, en dehors des ouvertures qui donnent passage aux membres postérieurs, sont repliées suffisam- ment pour que le bandage s'applique à la convexité de la région du pubis. La portion de l'enveloppe, qui se trouve en avant des ouvertures précédemment indiquées, porte six liens : quatre d'entre eux, deux de chaque côté se réunissent par nœuds sur le dos et les lombes ; deux autres, partant du bord antérieur à peu de distance des angles anté- rieurs, se croisent sur le poitrail où ils se réunissent par nœuds, ce qui empêche à l'enveloppe de glisser en arrière » (d) [fïg. 91, B). Fig. 91). — Bmidage pour le dessous du ventre. I i. JiandfKje pour le dessoux du ventre [(i(j. DU). — Pièce de toile en forme de carré long, deux fois plus longue que large, présentant sur (I) Vatel, Éléments de pathologie tél., t. II, p. '2i8. DES PANSEMENTS. o33 chacun de ses grands côtes des replis pour s'adapter à la convexité du ventre, munie de six liens dont deux se fixent sur les lombes, deux sur le dos et deux autres sur le garrot. On ajoute quelquefois un septième lien qui passe au-dessus du poitrail, réunit les deux liens antérieurs et empôclie à l'appareil de glisser en arrière. lo. Bandage pour la partie inférieure de la poitrine. — Pièce de toile carrée, présentant un prolongement antérieur passant entre les avant- bras, et échancrée convenablement pour s'appliquer sur les parois de la poitrine, immédiatement en arrière des avant-bras. Ce bandage pré- sente ordinairement six liens, un à chaque angle du carré et deux au prolongement antérieur. Ces liens se lixent deux à deux en avant du garrot, en arrière de cette région et sur le dos. Ce bandage est assez souvent fait avec une pièce de cuir, et les liens sont constitués par des courroies munies de boucles et de trous. Ainsi fabriqué, il est journel- lement employé pour appliquer des sinapismes sur les côtés de la poi- trine, chez le cheval. 16. Bandage du poitrail {fig. 100). — Il présente la même forme que le précédent, toutefois, l'appendice ou prolongement, au lieu d'être Fig. lOO. — lUimlage du poitrail. situé en avant se trouve placé en arrière dans lïnler-ars qu'il recouvre. Ce prolongement est muni de deux liens qui vont se nouer sur le gar- rot. Quatre autres liens, un à chaque angle, se fixent au surfaix et maintiennent ainsi le bandage appliqué contre le poitrail. On a le soin de ménager des replis sur les bords de l'enveloppe pour que son adap- tation sur la convexité du poitrail soit aussi exacte que possible. 17. Bandage de l'épaule [fig. 101 et 102). — C'est une grande pièce de toile de forme trapézoïde recouvrant la région de l'épaule et du bras. Ce bandage s'applique un peu obliquement et il présente sur ses bords antérieurs {fig. 102) des replis (jni lui permettent de recouvrir exactement la convexité que présente la partie antérieure du bras. 534 ELEMENTS DES OPERATIONS. 11 porte sept liens ; les liens c, c se fixent sur le garrot, à la naissance de l'encolure aux liens e, /'qui sont d'abord dirigés autour de l'avanl- bras du côté où le bandage est appliqué pour se porter ensuite du côté Fig. 101. — Bnndrifje de l'épaule, appliqué sur l'animal. Fig. 102. — Bnndarje de l'épaule,' vu isolément. opposé et venir se nouer aux liens c, c, comme il a été dit. Li; lien d est fixé à un des anneaux de la bricole ou du soutien ; les liens g, h sont fixés aux anneaux du même appareil. 18. Bandage pour V articulation même de l'épaule {fig. 103). — Pièce de -toile de forme carrée dont l'angle supérieur est tronqué, cette enve- V\z. 103. — lirmdfif/e pour l'articulation 7nc>ue de l'épaule. loppc est ]K)urvMC (le plusieurs replis pour s'adapter à la convexité de l'épaule, elle est munie en outre de six liens, dont trois antérieurs, et DES PANSEMENTS. b3b trois postérieurs. Les deux premiers se fixent par nœud autour de Ten- colure, le troisième à un anneau de la bricole et les autres en arrière, au surfaix. 19. Bandage du coude {fig. 104 et 105). — Pièce de toile présentant un Fig. 104. — Bandage du coude, appliqué sur ranimai. Fig. 105. — Baîidage du coude, vu isolément. long repli inférieur et deux replis latéraux pour s'appliquer exactement sur la saillie de l'olécrànc. Cinq liens servent à le fixer; le lien /' {fig. 104 et 105) est conduit directement sur le garrot pour s'attacher par nœud avec le lien i {/îg. 104 et 105) qui a été préalablement passé sous le thorax pour remonter ensuite du côté opposé et s'unir au lien f; les liens g et h s'attachent à des anneaux de la bricole au-devant du poi- trail ; le lien k contourne d'arrière en avant la face interne de l'avant-bras, longe l'inter- ars, passe sous les autres liens dont il croise obliquement la direction et vient se fixer à l'un des anneaux de la bricole au-devant du poitrail. 20. Bandage pour l'avant-bras {fig. 106). — 11 a la forme d'un triangle dont le sommet se- rait largement tronqué. Le bord supérieur, qui est le plus large, est échancré de manière à embrasser convenablement l'inter-ars et le pli du coude. Ce bandage est soutenu par deux liens principaux qui se croisent et vont pj„. s'attacher à une bricole munie d'anneaux ; les bords latéraux de ce bandage sont en- suite rapprochés et serrés sur la face externe de l'avant-bras par une série de petits liens noués deux à deux. 100. — Bandurje sur l'a- vant-bras. 530 ÉLÉMENTS DES OPERATIONS. 21. Bandage pour le (/enou {ftg. 107). — Pièce de toile carrée, dans la- quelle on a pratiqué deux échancrures, l'une, au bord supérieur, pour que l'enveloppe puisse s'adapter exactement sur la saillie que forme l'os crochu, l'autre, dans le milieu pour la convexité de la face antérieure du genou. Ces échancrures sont garnies l'une et l'autre de petites pièces de toile, cousues sur la pièce principale, et qui forment ainsi deux Fig. 107. — Bnndage pouv le fjenou. Fig. lOS. — B(m(l(irj(' pour Ira plaies du (jriissct. goussets dans lesquels se logent les éminenccs osseuses du genou. Un lien, bifurqué, fixé sur le bord supérieur du bandage et noué autour de l'encolure ou fixé ù des tresses de crins, soutient l'enveloppe et l'em- pêche de glisser ; de petits liens maintiennent rapprochés les bords la- téraux comme pour le bandage de l'avant-bras. 22. Bandage pour les plaies du grasset [fig. 108). — Il a la forme d'un triangle dont la base serait égale à quatre fois la hauteur (Bourgelat). Il est muni de trois liens, un à chaque angle. « Le lien de l'angle supé- rieur monte le long du flanc, et s'attache à la croupière sur les reins, celui de l'angle intérieur se contourne en avant, en dedans de la cuisse et monte se fixer au culeron, à la base de la queue ; le troisième con- tourne la fesse, croise, d'arrière en avant, la face interne de la cuisse, remonte au-devant de la rotule, et va s'attacher en arrière au môme point que le précédent après avoir embrassé le premier lien. » (J. Gour- don) (1). (I) Eléments de chirurgie tél., t. J, p. 258. DES PANSEMENTS. 23. Bandage poia^ la jambe. — Ce bandage est représenté par les figures 109 et HO. Son bord supérieur présente quatre liens {fig. 109, A, B, G, D); les bords latéraux sont munis de cinq ou six petits liens. On fait à ce bandage trois goussets, dont deux, G, D, sont pratiqués au bord supérieur et un I au bord inférieur; les bords latéraux offrent chacun un repli. Ces goussets et ces replis permettent d'appliquer exac- tement le bandage sur la convexité de la jambe. Pour fixer ce ban- Fig. 109. — Bu'iuloye pour la jambe, vu iso- lément. i,V!W-<,- Fig. 110. — Bandage pour la jambe, appliqué sur l'animal . dage, le lien D remonte le long des flancs et vient s'attacher à la crou- pière sur les reins ; le lien G monte de dedans en dehors, le long de la face interne de la cuisse pour longer la fesse et venir se fixer au cu- leron de la croupière. Les liens A et B se croisent à la partie inférieure de la fesse un peu au-dessus de la corde du jarret, de telle sorte que le lien A venant de la face interne de la jambe -se porte sur la face externe pour être fixé au surfaix. Quant au lien B, il vient s'attacher au culeron de la croupière. Les petits liens des bords latéraux sont noués deux à deux, et le bandage est ainsi plus ou moins serré. 24-. Bandage du jarret et du canon {fig. 111 et 112). — Il est formé par une pièce de toile d'une étendue suffisante pour entourer complète- ment le jarret et le canon jusqu'au boulet ; son bord supérieur pré- sente une échancrure pour le pli du jarret, et son extrémité inférieure, une sorte de gousset pour loger le fanon. Quatre liens partent de la partie supérieure de ce bandage et se fixent au bandage de la jambe ; les petits liens qui garnissent les bords latéraux s'attachent chacun à leur correspondant. o38 ÉLÉMENTS DES OPÉUATIONS. C. liandaçies mécanif/nes. —On appelle ainsi des appareils plus ou moins compliques, qui ne serventpas seulement à protéger les régions sur les- (juclles on les applique, mais qui exercent encore une pression plus ou moins forte, soit pour s'opposer à la dévia- tion des diverses parties d'une région, soit pour en obtenir le redressement. A cette j^^ catégorie de bandages, appartiennent les l'orrements de Bourgelat. les orthosomes de Brogniez et Defays, etc. -^ Fig. 111. — Bandage du jarret et du canoiiy Fig. 112. — Bandage du Jarret et du vu isolément. canon, appliqué sur l'animal. Ces appareils sont mis en usage après la réduction des luxations ou des fractures; parfois on les emploie pour remédier à la rétraction ten- dineuse ou ;\ la bouleture, et il nous paraît rationnel de renvoyer leur description à l'étude du traitement de ces lésions afin de ne pas la sépa- rer du mode d'application de ces appareils, qui coustitue un des temps opératoires du traitement des luxations et des fractures, c'est-à-dire la contention. § 2. — Application des pansements. L'application des pansements présente une haute importance, attendu ({u'elle exerce sur les suites de l'opération une grande influence. On ne saurait méconnaître en effet, qu'un pansement bien exécuté, régu- lièrement compressif, favorise la restauration des parties mutilées et assure une cicatrisation régulière, sans boursouflement ni déviation des parties sur lesquelles l'action traumatique a porté. Soins préliminaires. — On conçoit aisément que la première chose ;\ faire pour appliquer un pansemenl, est de se placer commodément pour pouvoir agir sans inlernqilion et en éprouvant le moins de fatigue pos- sible quand l'application du pansement est une fois commencée ; l'ani- DES PANSEMENTS. .'139 mal sera maintenu de Icllc sorte qu'il ne puisse pas, par des mouve- ments trop étendus, retarder ou empêcher lapplication des diverses pièces du pansement. On devine également que l'opérateur doit mettre à sa portée toutes les matières de pansement. RÈGLES DES PANSEMENTS. A. — DISPOSITIONS GÉNKRALES. a. Nettoi/erlapartie. — Avant d'appliquer un pansement il faut débar- rasser la plaie des caillots sanguins, des croûtes, des corps étrangers» boue, fumier, etc., etc., qui peuvent se trouver à sa surface ou dans son voisinage immédiat. On y parvient au moyen d'une éponge fine ou simplement d'une boulette d'étoupes, imbibée d'eau tiède que l'on promène doucement à la surface de la plaie pour ne pas faire saigner. Le lavage de la plaie doit être fait avec ménagement, et si le degré d'ad- hérence des croûtes nécessite l'emploi de la spatule ou des ciseaux courbes, il faudra éviter d'agir avec violence afin de ne pas intéresser les parties vives. Les matières de pansement doivent être en bon état de propreté. b. Agir avec douceur et promptitude. — Toutes les pièces de pansement étant préparées et placées à proximité de l'opérateur, celui-ci les su- perpose sur la plaie en agissant avec précaution et sans perdre du temps. Il importe en effet que la plaie soit rapidement soustraite au contact de l'air pour éviter une irritation trop prononcée qui retarderait la cicatrisation. Si l'on agit avec douceur et ménagement en disposant un appareil de pansement, la douleur est moindre, et l'animal restant alors immobile, l'opération s'effectue avec toute la célérité désirable. On évitera donc dans les pansements les manœuvres soudaines et brusques. c. Eviter la gêne des fonctions, la déformation des parties. — « En ap- pliquant un pansementquelconque, dit M. Gourdon, il est toujours es- sentiel de veiller à ce que les pièces mises en place ne soient pas elles- mêmes une cause de douleur, soit actuellement, soit plus tard, par suite de leur étendue, de leur forme, de leurs angles, de leur mauvaise position, afin de ne pas provoquer l'animal à se débarrasser de l'appa- reil par des mouvements insolites et de ne pas aggraver le mal primitif par une excitation douloureuse, inutile (1). » On doit veiller surtout à ce que la circulation ne soit pas interceptée par le pansement ; aussi est-il de règle de n'exercer qu'une compression modérée, et quand il s'agit d'appliquer un bandage sur un membre, dans le cas de fracture par exemple, on doit procéder de la périphérie vers le centre afin d'évi- (1) Éléments de chirurgie vét., t. I, p. 2GÔ. 540 ELEMENTS DES OPÉRATIONS. 1er la stase sanguine résultant d'un ralentissement ou de l'interruption de la circulation de retour. Autant que l'aire se pourra, Topéraleur devra donner au pansement une forme régulière sinon élégante, la compression sera uniforme et méthodique. B. — DISPOSITIONS PAI\Tir,rUÈRES. Application des boulettes, des plumasseaux, des cotnpi'esses. — Un enduit ou on imbibe les boulettes de topiques propres à activer la cicatrisa- tion, ou bien on étend ceux-ci avec la spatule à la surface de la solution de continuité ; puis, on place les boulettes dans les anfractuosités des plaies de manière à combler celles-ci ; on les superpose dans les points où l'on désire que la compression soit plus forte qu'ailleurs ; on les recouvre d'un petit plumasseau et ainsi de suite jusqu'à ce que l'é- loupe, placée à la surface de la plaie, soit au môme niveau que le tégu- ment, enfin on termine Vctovpade par un plumasseau dépassant les pré- cédents et s'étendant sur une certaine surface, au voisinage de la plaie. On dispose les compresses comme les boulettes et les plumasseaux, quelquefois on s'en sert pour recouvrir ceux-ci et les maintenir. Mais, quand on agit sur une région qui peut être aisément entourée, comme les membres par exemple, on maintient les plumasseaux ou l'étoupade avec une bande en forme de ruban de lil, roulée h. un ou deux chefs. Application de la bande. — Pour appliquer régulièrement une bande roulée à un chef, on la tient de la main droite et on l'enroule autour des parties par sa face externe, c'est-à-dire que le bout libre de la bande est appliqué sur la partie à recouvrir et tenu de la main gauche,' tandis que l'autre main tenant la bande, le globe en dessus la déroule et re- vient au point de départ. Les premiers tours doivent recouvrir un peu obliquement le chef initial afin de rassujetlir. On déroule la bande au fur et à mesure de son application ou bien on en dégage une certaine longueur, ce qui permet de mieux juger de la force de traction que l'on exerce et d'éviter plus facilement les plis. Quoi qu'il en soit, les tours de bande sont dits circulaires quand les nouveaux lours recouvrent en- tièrement les premiers ; ce sont des doloires quand ils ne recouvrent qu'un tiers ou une moitié du tour précédent. Si l'on applique une bande sur une partie de forme conique comme les membres par exem- ple, elle presse davantage par un de ses bords que par l'autre et forme ainsi des godets. On évite cet inconvénient en pratiquant des renversés. Pour cela on ploie obliquement la face externe de la bande sur elle- même de la partie la plus large du membre vers la plus étroite, pen- dant que l'on soutient ce pli ou renversé avec le pouce gauche; par ce moyen, la bandé est successivement applitiuéc par ses deux faces, mais elle doit de nouveau former quelques circulaires au moment oîi l'on cesse les renversés. On assujettit le chef terminal au moyen d'une épingle dont la lôte est tournée du côté de l'exlrémilé de la bande. DES PANSEMENTS. U\ Quelques personnes fendent l'exlrémilé terminale de la bande pour avoir deux chefs (juc Ton noue solidement. Quand on se sert d'une bande, roulée à deux chefs, on l'applique d'abord par sa partie moyenne, puis, donnant l'un des globes à tenir à un aide, on commence à enrou- ler celui que l'on tient dans la main droite, et, quand il est épuisé, on enroule l'autre en sens contraire et on noue les deux extrémités. On ap[)li({ile les bandes, sèc/ies ou mouillées, dans ce dernier cas, elles se relâchent, et la compression devient insuffisante. Il est donc préfé- rable d'employer des bandes sèches. RENOUVELLEMENT DES PANSEMENTS. \° Époque du renouvellemeyit . — Le moment auquel il convient de re- nouveler un pansement varie suivant la nature de la plaie, la saison, l'âge de l'animal, le milieu dans lequel il se trouve. Toutes ces cir- constances exercent une inlluence plus ou moins prononcée sur la marche de la cicatrisation, mais nous ne pouvons que les mentionner dans un ouvrage de la nature de celui-ci, car leur étude est étroitement liée à celle de la cicatrisation des plaies. En thèse générale, il faut at- tendre pour lever le premier appareil que la suppuration se produise, ce qui a lieu vers le troisième ou le quatrième jour, à ce moment les bourgeons charnus sont à peine formés ; ils sont constitués par un tissu embryonnaire très-jeune et partant fort délicat, qui saigne au moindre contact. Quand il s'agit des plaies du pied, on attend souvent, huit, quinze, vingt et même vingt-cinq jours avant de renouveler le premier pansement. Par contre, si l'on a établi un pansement compressif sur un vaisseau divisé pour arrêter l'hémorrhagie qui en résultait, il ne faut pas attendre au delà de vingt-quatre heures pour le renouveler, car, ainsi que nous l'avons fait remarquer, passé ce temps, l'obli- tération du vaisseau se produit par la formation d'un caillot, et le canal vasculaire est perdu sans retour, pour la circulation. Si, après l'application d'un premier pansement, la douleur ressentie par les animaux augmente, ce que l'on apprécie par le plus ou moins d'intensité de la fièvre de réaction, par l'attitude des animaux, leur état d'agitation, les douleurs lancinantes, un engorgement dilius, etc., il y a alors indication formelle, soit de desserrer 1 appareil de pansement, soit même de l'enlever complètement pour rechercher la cause de l'ag- gravation du mal, sans se préoccuper du temps qui s'est écoulé depuis l'application du premier appareil. On doit éviter que le pus séjourne dans les plaies afin de diminuer les chances d'absorption de ce liquide. Pour faciliter l'écoulement du pus, on place des mèclies ou des drains dans la plaie si la disposition de celle-ci le permet, ou bien on renouvelle le pansement. '■l" Précautions générales II observer. — La levée du premier appareil exige quelques précautions, attendu- que les diverses pièces de pansement b42 ÉLÉMENTS DES OPÉUATIONS. sont souvent ajïglatinées et comme collées les unes aux autres par du sanij; desséché, du pus concrète, etc. Il faut donc, si l'on pense que les adhérences entre les matières de pansement sont fortes, ramollir préa- lablement les pièces de l'appareil en les plongeant dans un bain tiède comme cela se fait quelquefois quand le pansement a été appliqué sur les membres, ou bien les imbiber d'eau tiède. On enlève ensuite tous les objets, pièce ù pièce, sans brusquerie afin d'éviter les ébranle- ments douloureux qui porteraient inévitablement l'animal à s'agiter; par suite le travail de cicatrisation pourrait se trouver compromis. On commence par enlever la bande en pelotonnant son extrémité dans les mains afin d'éviter qu'elle ne traîne sur le sol. On enlève les plumasseaux et les boulettes, au moyen des doigts ou des pinces à anneaux. Quand la plaie est mise à nu, on l'étanche avec soin, on absorbe le pus avec une boulette d'étoupe, en évitant d'appuyer ou de frotter à sa surface, ce qui aurait pour résultat de la faire saigner et de retarder ainsi la cicatrisation. Puis, après avoir examiné la plaie et rempli les indications que comporte son état, telles que : extraction d'es(]uilles, da bourbillons, résection ou cautérisation des bourgeons charnus, débri- dement; on procède à l'application du pansement. Si l'état de la plaie est tel qu'il ne nécessite aucune intervention chirurgicale, il est indi- qué de la laisser le moins longtemps possible, exposée au contact de l'air dont l'action irritante, quoi qu'en ait dit Velpeau, retarde dans une certaine limite, le travail de cicatrisation. Il faut donc, pour ce pansement, comme du reste pour les pansements consécutifs, que les matières et objets de pansement soient préparés à l'avance. § 3. — Effets des pansements. Us sont très-variés ; les uns sont communs à tous les pansements ; les autres, particuliers à quelques-uns d'entre eux. ]° Effets yénéraiix. — L'ajîplication d'un pansement met une plaie à labri du contact de l'air et la protège contre les corps extérieurs; par ce moyen, la douleur dont elle est le siège est amoindrie, l'irritation in- flammatoire, diminuée, et la cicatrisation, accélérée. Les matières de pansement absorbent le pus et la sérosité et s'opposent, dans une certaine mesure, à l'absorijlion de ces liquides dont la présence dans le sang donne lieu à des accidents souvent mortels. Les panse- ments, soit par eux-mêmes, soit par les topiques dont ils sont im- prégnés, entretiennent à la surface des plaies une certaine excitation qui accélère la guérison. La chaleur qu'ils entretiennent dans les par- ties sur lesquelles on les appli(iue est très-favorable aussi à la guérison. 2° E ffets spéciaux . — A l'exemple de divers auteurs, Vatel, M. Gour- don, nous distinguerons, sous ce rapport, plusieurs variétés de panse- ments que nous allons mentionner. DES PANSEMENTS. 54a a. Pansement contentif. — Employé après la réduction des luxations et des fractures, ce pansement a pour objet de maintenir les parties en situation normale et de permettre ainsi leur consolidation. Par exten- sion, on appelle encore pansement contentif, les pièces de toile, enve- loppes ou bandages, qui servent à maintenir des plumasseaux ou des cataplasmes sur une région quelconque. b. l*ansement unissant. — 11 consiste dans l'emploi des sutures, des bandelettes agglutinatives dont nous avons parlé et sur lesquelles nous n'avons pas à revenir. c. Pansement suspensif. — C'est l'appareil ou le bandage qui sert à soutenir des organes à texture molle et très-vasculaire comme les tes- ticules, les mamelles, que leur situation dans les parties supérieures du corps, expose à des tiraillements d'autant plus douloureux que l'in- flammation dont ces organes sont quelquefois le siège, est plus pro- noncée. Ainsi, le bandage pour les maladies des bourses et les maladies des mamelles constitue le pansement suspensif. d. Pansement compressif. — C'est un moyen hémostatique qui a été étudié en son lieu. Le pansement compressif est également mis en usage pour réprimer un bourgeonnement trop actif. e. Pansement divisif. — Il est employé pour les plaies infundibuli- formes dont il importe que l'orifice, ne se cicatrise pas avant les parties profondes. On dilate l'ouverture de ces plaies, avec des bourdonnets, des mèches ou des canules. f. Pansement expuhif. — On appelle ainsi tout appareil qui a pour effet de déterminer la sortie du pus ou sa disparition de la surface des plaies. Un pansement simple, formé d'étoupes, est expulsif par suite des propriétés absorbantes que présente l'étoupe. Cette matière s'imbibe du pus produit à la surface de la plaie et empêche ainsi l'absorption de celui-ci. Une simple mèche, qui plonge à la manière d'un siphon dans un foyer purulent et dans laquelle le pus monte par capillarité, comme l'huile dans une lampe, constitue un appareil expulsif des plus simples. Le drainage des plaies ou l'emploi des drains de M. Chassaignac, est aussi un pansement expulsif. g. Pansement antiseptique ou de Lister. — Depuis quelques années on emploie, en médecine humaine, et avec un très-grand succès, un mode de pansement imaginé par Lister, chirurgien d'Edimbourg. Pour appli- quer ce pansement, on place immédiatement à la surface de la plaie, le silk prolecteur, espèce de taffetas gommé, souple et mince, préalablement trempé dans une solution phéniquée à 2,5 p. 100. Au-dessus du silk on dispose un nombre variable de couches de gaze' antiseptique (1), sèche (1) La gaze antiseptique se prépare en trempant de la gaze de coton ordinaire dans le mélange suivant, en fusion : Acide phéniquo I Résine ordinaire j Paraffine 7 oU ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. OU mouillée, puis sur ces couches une loilc inipermcal)le (mackintosh de Lister) ; puis de nouvelles couches de gaze antiseptique que l'on fixe avec des bandes de même substance. La toile imperméable a pour but soit d'empêcher l'évaporation de l'acide phenique, soit de forcer les sécrétions de la plaie à s'infiltrer complètement dans le pansement an- tiseptique. Les couches extérieures de gaze achèvent d'absorber ce qui aurait pu dé])asser les bords du rnadàntosh. L'acide phenique n'est pas le seul agent antiseptique auquel on puisse avoir recours pour un pansement de cette nature, l'acide salicylique, les sulfites et hyposulfites alcalins, le permanganate de potasse jouis- sent également d'une grande efficacité pour prévenir la septicémie. On soumet la gaze ainsi préparée à l'action de la presse liydraulique et on laisse sécher. LIVRE TROISIEME OPÉRATIONS GÉNÉRALES CHAPITRE PREMIER DES ÉMISSIONS SAÎVGUIINES ARTICLE I". — DE LA SAIGNIÏE § 1. — Généralités. On désigne sous ce nom, une opération qui consiste à pratiquer une ouverture dans un vaisseau, veineux ou artériel, afin d'extraire une certaine quantité de sang. Cette opération, appliquée exclusivement aux veines, a recule nom de phléhotomie ; on Ta appelée artériotomie quand elle se pratique sur les artères ; artério-phlébotomie , pour indi- quer la saignée intéressant à la fois les artères et les veines comme cela a lieu cruand elle porte sur les capillaires. Dans ce dernier cas, on la désigne plus simplement, sous le nom de saignée capillaire dont tout le monde comprend immédiatement la signification. On a proposé en- core de désigner la saignée d'une manière générale, sous la dénomina- tion d'angéiotomie (de àyyeTov vaisseau, etrepsiv couper). Cette expression n'est pas usitée. La saignée est une opération dite de petite chirurgie, car elle est facile à exécuter, néanmoins elle peut être suivie de graves accidents, si elle n'est pas faite selon les règles de l'art ; d'un autre côté, c'est une opération employée fréquemment. Ces motifs nous ont en- gagé à l'étudier avec détails. La découverte ou l'origine de la saignée se perd dans la nuit des temps : il est certain que cette opération était connue des Grecs et des Romains. Elle a été mise en usage à toutes les époques, et, pour nous en tenir exclusivement aux applications qu'elle a reçues en médecine vétérinaire, nous dirons que nos devanciers, les hippiàtrcs, imitant servilement leurs prédécesseurs, ont non-seulement usé, mais encore abusé de la saignée. Certains auteurs anciens conseillaient de pratiquer la saignée dans toutes les parties du corps où les vaisseaux étaient ap- parents ; « d'autres, dit Lafosse, ont été plus loin encore, car si l'on « considère la planche de l'abbé de Villars, on voit qu'il indique d'après Peccu et Tolssai>t. — Ckùiirgie. 3.T 546 OPERATIONS GENERALES. «Solleysel, les saignées dans les endroits où il n'y a nulle apparence- « de vaisseaux. » Et le célèbre hippiâlre ajoute : « Rien de si ridicule « que ce qui se rencontre à ce sujet dans ces anciens auteurs, on ne « pratique plus aujourd'hui la saignée dans tous ces endroits, mais on « la fait encore au flanc, au larmier, dessous la queue, au lampas, ce « qui n'est autorisé ni par le raisonnement ni par la saine théorie. (( On en voit encore qui ordonnent des saignées de précaution au mois (( de mai, ou bien à l'arrivée d'un voyage après un long exercice, on « même pour remettre des chevaux qui sont maigres, qui ont un mau- « vais poil. Ces gens ignorent que la plus petite quantité de sang tiré «d'un animal sain, l'affaiblit... Au lieu de saigner alors, ils devraient « mettre en usage tous les bons aliments, les farineux, et laisser « simplement reposer le cheval (1 ). » On voit, par ces citations, que l'hippiàtre Lafosse avait bien observé, car les préceptes qu'il a formulés sur l'opportunité de la saignée sont exacts. Bon nombre d'auteurs se sont occupés de cette opération. Nous ci- terons (:habert(2), Vatel (3), Hurtrel d'Arboval (4), Brogniez (5), Re- nault (6), l'École de Lyon (7), et M. Gourdon (8). Indications. — La saignée est l'agent par excellence pour combattre l'inflammation aiguë. Dans ce cas, celte opération modère le cours du sang, et en diminue la quantité, d'où il suit que la marche des phénomènes inflammatoires est enrayée et parfois déliiiitivement suspendue. Une saignée, faite à propos, peut donc faire avorter une lésion inflammatoire commen- çante. Quelques praticiens ont conservé l'habitude des saignées de prin- temiis, qui, pour le dire en passant, sont quelquefois pratiquées en au- tomne. Nous ne blâmons pas cet usage d'une manière absolue, mais nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer qu'il est souvent la source d'accidents graves, de phlébite notamment. Or, s'il est dé- montré que la saignée printanière n'est pas exempte de dangers, il ea est tout autrement en ce qui concerne ses prétendus avantages. Ainsi,, les uns pensent que sous l'influence de l'air vivifiant du printemps et de la nourriture que reçoivent alors les animaux, il survient un état pléthorique auquel on remédie par la saignée ; les autres croient que (1) Lafosse, Dictionnaire raisonné d'IIippiatrique, t. II, partie IV, p. 52, udcclxxvi. (2) Instructions et observations sur les maladies des animaux domestiques ^ t. III, p. 93. (3) Éléments de pathologie vét., t. II, p. 342. (/») Dictionnaire de médeci?ie, de chirurgie et d'hygiène vétérinaires . (5) Traité de chirurgie vét., t. III, p. 270. (C) Maison rustique du XIX' siècle, t. II, p. 250. (7) Dictionnaire de médecine, de chirurgie, publié à l'École de Lyon. (8) Éléments de chirurgie vét., t, I, p. 540. DES ÉMISSIONS SANGUINES. 547 le régime du vert auquel sont alors soumis les animaux doit être néces- sairement suivi d'une saignée. Nous ne nous arrêterons pas à discuter ces opinions. Pour nous, comme pour la plupart des praticiens, la saignée, faite au printemps, peut avoir sa raison d'être chez des ani- maux qui, après avoir été nourris pendant l'hiver, avec parcimonie, sont soumis brusquement, et sans transition aucune, à un régime tout à la fois abondant et très- nutritif, sous l'influence duquel on les voit engraisser en quelque sorte à vue d'œil. Dans de pareilles conditions, une saignée peut être utile sinon pour rétablir l'équilibre entre les ac- quisitions et les pertes, du m oins pour retarder et même prévenir des accidents pléthoriques. Contre-indications. — La saignée est contre-indiquée dans les maladies générales, éruptives, telles que : gourme, clavelée. maladie des chiens ; dans les affections dites typhoïdes et plus généralement dans toutes les affections anémiques, cachectiques. Quantité de sang à extraire. — La quantité de sang qu'il convient d'ex- traire du système circulatoire d'un animal, est infiniment variable sui- vant les indications qu'on se propose de remplir, suivant les animaux auxquels on a affaire. En thèse générale, il faut extraire une moindre quantité de sang artériel que de sang veineux, puisque l'analyse chi- mique démontre que le premier contient une plus forte proportion de fibrine, de globules, et d'oxygène que le second ; on sait en outre qu'il possède seul les propriétés nécessaires à l'entretien des fonctions orga- niques, « car le sang veineux, qui cesse pendant quelques instants de se transformer dans le poumon en sang artériel, a bientôt frappé de mort tout l'organisme » (Colin) (1,). On ne peut fixer, d'une manière générale, la quantité de sang qu'il convient d'extraire à un animal, attendu que la taille des animaux, leur âge, leur état d'embonpoint et un grand nombre d'autres circonstances tirées des cas particuliers où la saignée est indiquée, sont susceptibles de faire varier cette quantité au moins dans une certaine limite. Chabert pensait que « si l'on tire d'un cheval de la taille de l'",64, 2 kilogrammes à 2'''', 3 , on n'en tirera pas la môme quantité d'un che- val moins épais et moins élevé; un bœuf de première force peut, sans éprouver aucun dommage, en perdre environ 25 à 30 hectogrammes ; le cochon, 8 hectogrammes ; le mouton, a à 3 hectogrammes ; le chien \ hectogramme ou 2, etc. (2). Les chiffres indiqués dans le dictionnaire de MM. Lecoq, Rey, Tisserant, Tabourin, diffèrent peu des précédents, si ce n'est pour le porc. Chez cet animal, la saignée ordinaire serait, d'après le livre précité, de 250 à 300 grammes. D'après M. Gourdon, « sur un cheval de taille moyenne, on peut aller, au moins une pre- (1) Colin, Traité de physiologie, t. IF, V édition, p. 197. (2) Chabert, Instruclions et observations sur les maladies des animaux domestiques, 1792, p. 10-2. 548 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. \lt:os au l'onnAiL. Cet exutoire s'étend de l'extrémité antérieure du sternum au passage des sangles ; il présente ordinairement une longueur de 30 à 35 cen- timètres. On applique un ou deux sétons au poitrail ; dans le premier cas, on place le séton suivant la ligne médiane ; dans le second, on les dispose de chaque côté de la région sur la saillie bilatérale des muscles pectoraux, de telle sorte que les deux sétons, examinés dans leur en- semble, lorment un V, à pointe dirigée en arrière. Le cheval est main- tenu debout par un aide, qui se place du côté opposé à l'opérateur ; il ne faut, dans aucun cas, fixer l'animal à un poteau ou à un mur, car, s'il vient tout à coup à tire)' au renard, il peut briser sa longe et même se renverser brusquement en arrière. On applique un tord-nez, puis, si l'animal est chatouilleux, on fait lever un membre postérieur, alin d'éviter les atteintes des membres an- térieurs; parfois, mais très-exceptionnellement, on se voit obligé de coucher ou bien de fixer l'animal dans un travail. La position de l'opérateur est variable, suivant l'habitude qu'il a ac- quise. Il est recommandé de se placer à droite de l'animal et un peu en avant. Alors, le chirurgien saisit l'aiguille delà main droite, l'index al- longé sur la convexité de la lame, puis avec la main gauche on tire la peau afin de l'éloigner des tissus sous-jacents; on enfonce alors la lame sous le tégument vers l'extrémité antérieure du sternum, en écartant la peau, avec la main gauche, sur tout le trajet du séton. On conduit ainsi la pointe de la lame en évitant de blesser les muscles ou la peau. Mais on est exposé à être violemment atteint par les membres anté- rieurs, surtout si l'animal vient à se cabrer, ce qui se voit quelquefois. Aussi, pour opérer en toute sécurité, est-il préférable de se placer contre le membre antérieur gauche; alors, comme précédemment du reste, on saisit l'aiguille de la main droite, avec cette didcrence toutefois que l'index doit être placé sur la concavité de la lame ; on écarte la peau avec la main gauche dans la première partie du trajet du séton, puis on change de main, c'est-à-dire, qu'avec la main gauche, on saisit l'aiguille implantée sous la peau, et au moyen de la main droite on écarte le tégument dans la région de l'inter-ars. (Juaud le trajet par- couru par l'aiguille est jugé suffisant, on relève le talon de l'instru- ment contre le poitrail, et l'on fait effort pour traverser la peau avec la pointe de l'aiguille. Pour faciliter la sortie de l'aiguille, on fait contre- appui avec une paire de ciseaux que l'on tient dune main, tandis que de l'autre main on pousse l'aiguille pour lui faire franchir la résistance DES EXUTOIRES. 597 que la peau oppose. Si l'on a préalablement pratiqué les ouvertures d'entrée et de sortie avec le bistouri, on engage l'aiguille dans ces ouvertures, mais on néglige généralement ces détails, qui augmen- tent la durée de l'opération, sans avantages réels. Quoi qu'il en soit, on engage la mèche dans l'œil de la lame, on retire l'aiguille d'arrière en avant, et la mèche occupe ainsi le trajet que vient de pratiquer l'in- strument. On la fixe à demeure, soit au moyen d'un nœud, fait en la pliant plusieurs fois sur elle-même et nouant ses plis ; soit en nouant ses deux extrémités ; dans ce dernier cas, il peut se produire une déchi- rure du poitrail si l'animal vient à tirer la mèche avec ses dents, aussi préfère-t-on l'emploi des nœuds. Si l'on se propose d'appliquer deux sétons, on marque préalablement avec des ciseaux leurs points d'origine afin qu'ils soient exactement placés à la môme hauteur, et on les fait converger l'un vers l'autre en arrière afin que les ouvertures de sortie ne se trouvent pas trop rapprochées des ars, car, par suite des mouve- ments des membres antérieurs, la cicatrisation des plaies se ferait longtemps attendre. Pour appliquer deux sétons au poitrail, l'opéra- teur peut prendre diverses positions. l'' Se placer en avant du membre antérieur droit pour appliquer le séton du côté droit, et contre le membre antérieur gauche pour mettre le séton correspondant. 2° Se placer contre le membre antérieur gauche et appliquer ainsi les deux sétons, en changeant de main, pour pratiquer commodément la partie terminale du trajet du séton. On est ainsi à l'abri des atteintes de l'animal. L'opérateur choisira l'une ou l'autre de ces positions suivant l'ha- bitude acquise, la largeur du poitrail et l'irritabilité des animaux. On peut employer une mèche commune aux deux sétons ; à cet effet, on prépare un ruban de fil, pourvu à l'une de ses extrémités d'un nœud, et, après avoir pratiqué le trajet du séton du côté droit par exem- ple, on engage la mèche dans le talon de l'aiguille que l'on retire alors d'avant en arrière, en la saisissant par la lame ; on applique ensuite le séton du côté gauche et l'on introduit l'extrémité de la mèche dans l'œil de l'aiguille, en retirant celle-ci, comme pour le séton simple; on arrête la mèche par un nœud. Le ruban de fil forme ainsi une anse dont la convexité est dirigée en arrière et les extrémités terminées chacune par «n nœud. B. — SKTON A l'î;I'AUi>:. Cet exutoire est souvent employé avec succès, pour combattre les boiteries anciennes dont on place le siège dans l'épaule. Plusieurs procédés ont été indiqués pour rappli([uer. .L-1j.-C. liodet (1) entourait en quelque sorte l'articulation scapulo- (1) Journal pratique de médecine' vétérinaire, 1828, t. III, i'. .')S0. ."J'.IS OPÉRATIONS GÉNÉKAI.ES. luimérah' au in')yen de deux sélons dont l'un était situé à la l'ace ex- terne de celle jointure et l'autre à la lace antérieure, près du poitrail. Gaullet (1) décrit de la manière suivante le mode d'application du séton qu'il a préconisé et qui porte son nom. « Après m'ctre pourvu, dit-il. d'une aiguille à séton ordinaire, enfilée par l'œil de son talon d'un ruban assez long, je fais une première incision à la partie snp/}- rieure cf antérieure de l'épaule, et, par cette incision j'introduis- l'aiguille que je pousse parallèlement au ùord antérieur du scapu- lum Jusqu'à la pointe de f épaule oh je la fais sortir et la tire entiè- rement au dehors. Après ce premier temps, je la réintroduis dans- l'ouverture par laquelle elle vient de sortir et la dirige de haut eni bas, et toujours sous la peau, jusqu'à la partie antérieure et interne- de favant-bras, où je la fais sortir de nouveau, pour la faire ren- trer ensuite parla dernière ouverture qu'elle a faite et la diriger hori- zontalement d'avant en arrière sous la peau de l'ars jusqu'à la face in- terne et postérieure du coude, où elle sort par une quatrième ouvertiu'e- (ju'elle fait à cet endroit et par laquelle elle rentre, pi)ur être dirigée de bas en haut jusqu'au tiers supérieur des muscles olécraniens. Là, cin- quième ouverture pour faire sortir l'aiguille qui y rentre ensuite, et va sortir pour la dernière fois et définitivement à la partie supérieure et postérieure de l'épaule^ à la hauteur à peu près de l'endroit où elle était entrée. Je réunis ensemble par un nœud droit les deux extrémités de- la mèche ; ou bien je les termine isolément par des nœuds à billots, en observant toutefois de laisser assez de jeu pour que la mèche puisse se prêtera rcngorgomcnt qui se développera... » Gaullet conseillait d'opérer sur le cheval, maintenu debout, car, dit- il, « lorsqu'il est abattu, les rapports delà peau avec les parties sous- jacentes sont tellement changés qu'on serait exposé adonner au sétou' une position tout autre que celle (ju'on se serait proposée, ce (]uL pourrait avoir d'autres inconvénients que d'être désagréable à la vue. » Gaullet recommandait de ne pas blesser les muscles, en applicpianl le séton dont il s'agit, car, d'après ce praticien, la moindre blessure mus- culaire peut donner lieu àdes engorgements gangreneux. Ce sét<>n monstre, comme on l'a appelé, doit être réservé pour les cas les ])lus lebelles pour lesquels il constitue une ressource extrême ; son ap[)lica- tion a été suivie plusieurs fois d'accidents septicémiques mortels. On se borne habituellement à employer un séton mesurant à peu près la longueur du scapulum. Le séton à l'épaule se met sur le cheval, maintenu debout et assujetti à l'aide du tord-nez; ce n'est (jue (pumd on à affaire à un animal cha- touilleux à l'excès, ou d'un abord dangereux, que le praticien peut être autorisé à l'assujettir en position décubilale pour l'opération dont il s'agit. On devine dès lors que ce mode d'assujettissement est tout h fait (1) Rpcucil de méd . vdt., 1832, t. IX, p. f;->5. DES EXUÏOIRES. 599 exceptionnel et doit èlre expressément réservé pour les animaux irri- tables, et, même dans ce cas, quelques inhalations de chloroforme permellenl d'appliquer le séton sans avoir recours à l'abatage, qui peut être suivi, — il ne faut pas l'oublier, — d'accidents mortels. L'aiguille dont on se sert est formée par deux pièces qui se vissent l'une sur l'autre; celle qui porte la lame est légèrement incurvée de telle sorte que l'instrument est d'un emploi plus commode. On appli- que ce séton à la manière habituelle, en ayant le soin de soulever la peau en avant delà pointe de l'aiguille pour ne pas blesser les muscles. Cet accident n'est pas rare dans la région dont il s'agit, soit par suite des mouvements auxquels l'animal se livre quand il est couché, soit que l'opérateur néglige de soulever le tégument cutané. Dans ce der- nier cas, l'opération est peut-être plus brillante, mais elle détermine par- fois des accidents d'une extrême gravité ainsi que nous l'avons constaté. Le séton à l'épaule part de l'angle cervical du scapulum, longe le bord antérieur ou la face externe du sus-épineux, et se termine au ni- veau de l'articulation scapulo-humérale ou bien au-dessous de cette jointure qu'il croise presque verticalement. Dans quelques cas, notamment quand on a affaire à une boiterie très-ancienne, on applique deux sétons à l'épaule. On les dispose pa- rallèlement, l'un en avant et l'autre en arrière dans la région précitée. Après l'application de ces grands sétons, il importe surtout de veiller à ce que les animaux ne se frottent point contre les corps qui sont à leur portée ; il faut aussi empêcher qu'ils arrachent ces sétons. A cet effet, on emploie le collier à chapelet, le bâton à surfaix. L'oubli de Ces précautions élémentaires peut entraîner des décollements étendus du tégument et des engorgements gangreneux. C. — SÉTON A LA CUISSE. Rodet conseillait d'appliquer un séton de 12 à lo centimètres de longueur, au milieu de l'articulation coxo-fémorale, pour combattre les boiteries de la cuisse. Parfois, il en appliquait deux qu'il disposait parallèlemcntsuivant une direction oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Actuellement le séton est encore souvent employé, du moins à l'école de Lyon, pour combattre les boiteries anciennes des membres postérieurs, et dont, par voie d'exclusion, on place le siège dans la cuisse. Or, ce que nous avons dit pour la fixation de l'animal, et le manuel opé- ratoire du séton à l'épaule, peut s'appîiquer également au séton à la cuisse. Nous ne reviendrons donc pas sur ces différents points ; nous nous bornerons à dire que le séton à la cuisse doit alfecter une direc- tion verticale, pour faciliter l'écoulement du pus ; sa longueur est de 40 à -45 centimètres en moyenne, et sa partie centrale doit correspon- dre à l'articulation coxo-fémorale. «iOO OPÉRATIONS GÉNÉRALES. D. — SÉTON A I.A FESSE. On emploie ce sécon pour combattre certains engorgements chroni- ques des membres postérieurs. Pour Tappliciuer, il importe de fixer très-solidement l'animal, car l'implantation de l'aiguille sous la peau provoque, dans cette région, une vive douleur résultant de la ])lcssure des branches terminales du nerf sciatique, qui se ramifient dans le tissu conjonctif sous-cutané de la fesse. Le sujetestordinairementmaintenudebout, au moyen d'un tord-nez, confié î\ un aide, qui lient la tète fortement relevée ; le membre postérieur opposé à celui sur lequel on opère, est porté en avant, par une plate-longe passée autour du paturon, comme on le voit fig. :22. On évite ainsi les ruades ; on peut encore assujettir l'animal dans un travail. L'opérateur lient l'aiguille de la main gauche, s'il se propose d'appli- quer un selon à la fesse gauche, et vice versa; il se place contre le mem- breàopérer, le dos tourné vers la têtedel'animal; s'ilopèreà gauche par exemple, il prend un point d'appui sur la croupe avec le bras gauche, tan- dis que la rnain droite pince la peau et l'écarté des muscles. On plonge alors l'aiguille sous le tégument en observant que la convexité de la lame soit tournée en dedans, et en dirigeant la pointe de telle sorte que les muscles de la fesse ne soient pas intéressés, ni la peau trans- percée ; pour cela, il écarte la peau le plus possible, avec les doigts de la main droite, au fur et à mesure que l'aiguille descend. Si l'on met un selon à la fesse droite, on prend un point d'appui sur la croupe avec le bras droit, et l'on pince la peau avec la main gauche. Pour faciliter la pénétration de l'aiguille sous la peau, il est recom- mandé d'inciser le tégument avec le bistouri, au niveau de la pointe de la fesse suivant une ligne verticale, soit sur un pli transversal, soit de dehors en dedans à la manière habituelle. Mais on néglige souvent cette précaution. Notons toutefois (jue la faible épaisseur du tissu con- jonctif de la région fessière, et son peu de laxité rendent l'application de ce selon fort difficile surtout chez certains sujets à peau fine. Le séton à la fesse s'étend depuis la pointe de la fesse, jusqu'au tiers supérieur de la jambe, il afiecle une direction légèrement obli- (pie di' dehors en dedans, de telle sorte que, quand on applique deux sélons, l'un à la fesse droite et l'autre du côté opposé, ils simulent un V ù ouverture supérieure, d'où il résulte que le pus s'écoule à la face interne des membres; en outre, la cicatrice inférieure est moins ap|)arenle. Ouand la pointe de l'aiguille est parvenue au point où elle doit sortir, on la lail basculer légèrement de manière à en lapprocher la pointe contre la peau (pie l'on transperce en appuyant sur le lalou de Tins- DES EXUTOIRES. 001 trument. Pour faciliter cette manœuvre, on peut appuyer avec des ci- seaux au-dessous de la lame de manière à tendre la peau sur la pointe de l'aiguille. Il ne reste plus qu'à introduire la mèche dans l'œil de la lame, et à retirer l'instrument de bas en haut. — On fixe la mèche, comme pour le se ton au poitrail. E. — BÉTON AU GRASSET. On emploie assez soiivenl, à la clinique de l'école vétérinaire de Lyon, le séton au grasset dans le cas de luxation incomplète delà ro- tule. — Cet exutoire détermine un engorgement qui agit comme moyen contentif. Ce séton se place dans la partie médiane du grasset ; il mesure 23 à 30 centimètres de longueur environ. — Pour l'appliquer, on se sert du bistouri convexe et de l'aiguille à selon ordinaire. On en marque l'origine et la terminaison par deux coups de ciseaux. L'o- péralion doit avoir lieu sur le cheval assujetti en position décubitale ; le membre à opérer, situé en dessus, est maintenu dans l'extension à l'aide d'une plate-longe, fixée autour du sabot, et sur laquelle tirent plusieurs aides. — L'opérateur se place immédiatement en arrière des membres postérieurs, puis il incise la peau au niveau de la marque faite avec les ciseaux, dans la partie supérieure. — L'incision présente une direction verticale, elle peut être faite sur un pli transversal, ou bien en ponctionnant la peau et débridant de dedans en dehors, de manière à obtenir une ouverture suffisante pour permettre l'introduc- tion de l'aiguille. Il faut bien avoir le soin de soulever la peau au-devant de l'aiguille, aiin d'éviter que la pointe de l'instrument ne blesse l'articulation fémoro-rotulienne. On fait sortir l'aiguille au niveau de la marque pratiquée intérieurement, et il peut être utile, pour faciliter cette ma- nœuvre, de faire contre-appui avec les ciseaux, au-dessous du point où l'aiguille doit traverser la peau de dedans en dehors. On engage la mèche dans l'œil de la lame et on retire rapidement l'aiguille en lui faisant parcourir, en sens inverse, le trajet qu'elle vient de frayer. On fixe la mèche à l'aide d'un second nœud. Ce séton produit fréquemment de bons résultats, il fait disparaître certaines boiteries du grasset contre lesquelles des frictions vésicantes et des applications d'onguent vésicatoire se montrent impuissantes. F. — SÉTON AU THORAX. Cet exutoire est encore très-employé, à Paris du moins, pour com- battre les maladies de poitrine, toutefois on emploie dans le même but les sinapismes ou les vésicatoires. 602 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. Le sétoii au thorax présente une longueur de 30 centimètres envi- l'on; son ouverture de sortie doit être située à la partie inléricure de la poitrine, au-dessous de la veine de l'éperon sur laquelle la mèche doit passer. L'ouverture d'entrée se trouve à 30 centimètres au-dessus de la précédente, de telle sorte que, chez les chevaux de moyenne taille, ce séton occupe le tiers inférieur de la cavité thoracique. Sa direction est légèrement oblique de haut en bas et d'avant en arrière. ^1 L'opérateni', dit M. (îourdon, se j)lace en arrière du thorax pour appli([ucr les scions à gauche et en avant, au niveau de l'épaule pour les appli(pier à droite, n 11 nous paraît préférable, pour éviter des coups de pied, de se i)lacer toujours vers ré])aule, le dos tourné vers la tète de l'animal. Si l'on veut appliquer un séton sur la face latérale gauche du thorax, on tient l'aiguille de la main gauche tandis qu'avec la main opposée, on écarte la peau, et vice versa si l'on opère à droite; dans les deux cas, le bras prend un point d'appui sur le thorax et la convexité de l'aiguille est dirigée du côté des muscles, la pointe glisse sous la peau et, quand elle est arrivée au niveau de la veine de l'éperon, on a le soin de tirer fortement le tégument pour éviterde blesser ce vaisseau. L'aiguille passe ainsi en dehors de la veine et vient sortir au bord inférieur du thorax. On engage la mèche dans le talon de l'aiguille, puis on retire celle-ci de haut en bas, et l'on fixe le ruban de fil comme ù l'ordinaire. Le séton au thorax doit être appliciué entre la sixième et la sep- tième côte. G. — SÉTON A l'encolure. Ce séton allecte une disposition oblique de haut en bas et d'avant en arrière. Si l'on se propose d'appliquer deux sétons , on les dispose l)arallèlement. Dans tous les cas, le trajet de ces sétons aboutit un peu au-dessus du trajet de la jugulaire et sur le relief que présente le mastoïdo-huméral. Un applique ces sétons, soit en plongeant l'ai- guille de haut en bas dans les tissus, soit en la poussant de bas en haut, suivant la taille des animaux. Toutefois, il est préférable de faire toujours agir l'aiguille de bas en haut, en la poussant devant soi. Quel- ques praticiens ai>pliquentle séton sous la crinière, parallèlement au bord supérieur ch; l'encolure et près de celui-ci, afin de dissinuder les traces de cet exutoire. Cette direction, presque horizontale, est défectueuse, car elle nuit à l'écoulement du pus et peut être la cause d'abcès ou de décollements. Le selon à l'encolure a été recommandé dans le cas d'immobilité et de fiuxion périodique. //. — SKTON AUX JOIKS. Très-recommandé autrefois, pour combattre les maladies des yeux, DES EXIJTOIRES. 603' la lluxion périodique notamment, le selon aux yeux est peu employé (le nos jours. Pour l'appliquer, on se sert de l'ai^nillc à séton employée chez le chien. On l'introduit au-dessous de l'épine zygomatique, un peu en avant et au-dessous de l'articulation temporo-maxillaire, pour la faire sortir à 2 ou 3 centimètres en avant de la crèle zygomatique. On a soin de ne pas blesser les vaisseaux et surtout le plexus sous-zygo- matique. 1. — SI-TON A l.\ inUKCIir.TTE. Gabriel, vétérinaire anglais, a recommandé ce séton dans le cas de fourbure pour enrayer la marche des symptômes inflammatoires et prévenir le désengrènement du sabot. « Pour pratiquer, dit M. II. Bouley, l'opération du séton à la fom^chetie, l'instrument le plus convenable est l'aiguille courbe employée pour la périostotomie. L'animal étant abattu et fixé comme il convient pour une opération exécutée sur le pied, le sal)ot est paré à fond ; puis la fourchette étant amincie jusqu'à pellicule, ainsi que les barres, l'opé- rateur fait pénétrer l'aiguille à travers la peau du pli du paturon, entre les deux bulbes renflés du coussinet plantaire, et la fait sortir au milieu du corps pyramidal. Cette aiguille entraîne après elle une mèche de chanvre, qui est laissée dans le trajet (I). » Cette opération détermine une hémorrhagie, puis une suppuration- abondante ; elle est rarement suivie de succès, aussi n'est elle plus em- ployée et ne l'avons-nous citée que pour mémoire. Si 2. — Du séton à, rouelle. Ce séton est encore désigné sous les noms de cautère, ortie, fonta- nelle ou fonticiile, séton anglais. Il consiste dans l'introduction sous la peau, préalablement incisée, d'un morceau de cuir en forme de ron- delle. Pour appliquer cet exutoire, on se sert du bistouri convexe, des ciseaux et de la spatule de la sonde cannelée. On se sert encore, au- jourd'hui, d'un instrument particulier appelé feuille de myrte recourbée,. La rondelle consiste en une phupie de cuir, d'une longueur de 7 centi- mètres environ et d'une largeur deo centimètres, découpée de manière à représenter une plaque circulaire ou ovalaire (lig. 131). Cette der- nière forme facilite l'application du séton. Quelques praticiens se ser- vent de feutre ou de carton, au lieu de cuir, mais ces matières peu- vent se putrélier, tandis que le cuir résiste à une macération prolongée dans le pus. — Quelle que soit la substance employée, il importe que (1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vét., t. VII, p. 325. 604 OPERATIONS GÉNÉRALES. Fig. 131. — RondeUe dr cuir pour le se ton an - g lais. la rondelle présente une ouverliirc dans son milieu, pour faciliter l'c- coulemenl du pus. On applique le selon à rouelle, principalement au poitrail, à la pointe de l'épaule, au niveau de l'articulation coxo-fémorale. Dans tous les cas, on opère sur l'animal maintenu dei)ont; un lord-nez est applique à la lèvre supérieure. L'opérateur, armé du bistouri convexe, pratique, à la manière ordi- naire, une incision longitudinale sur la peau, de dehors en dedans ; il peut également inciser le tégument sur un pli transversal, notamment quand on opère sur une région où la peau est flasque, le tissu conjonctif abondant, comme le poitrail par exemple. — (Juoi qu'il en soit, l'incision cutanée doit avoir une moindre longueur que celle de la rondelle. On dilacère ensuite le tissu conjonctif soit avec la pointe mousse des ciseaux courbes, soit avec la spatule de la sonde, dans une étendue telle que l'on puisse, sans trop de difficultés, loger la rondelle sous la peau. — On emploie, dans le même but, un instru- ment spécial qu'on appelle la feuille de myrte. C'est une lame, fa- çonnée sur le modèle qu'indique son nom, tranchante sur son pour- tour et soudée à angle droit sur une tige à manche. Pour s'en servir, on imprime à la tige nn mouvement de rotation, de telle sorte que la lame opère un décollement circulaire, qui doit servir de loge à la ron- delle (1). Ceci fait, on plie le morceau de cuir en quatre, on Tintro- duit dans la cavité qu'on vient de pratiquer et on le déploie de telle sorte que son ouverture centrale corresponde à l'incision cutanée ; il faut observer encore que la rondelle de cuir soit exactement étalée sous la peau, afin que celle-ci ne forme pas de plis ou de rides. On laisse la rondelle de cuir en place pendant un laps de temps qui peut varier depuis lo à 20 jours jns(|u"à un mois ou six semaines, suivant les cas. Quand on veut l'enlever, il n'est pas toujours nécessaire de faire une petite incision à la peau; il suffit d'introduire dans l'ouverture tistu- leusela pointe des ciseaux courbes, et, par un mouvement de levier, on parvient aisément à dégager la rondelle, même ({uand on l'a laissée six semaines sous la peau. On peut se servir pour le même usage, surtout quand l'extraction de la rondelle présente des diflicultés, d'une érigne P'iintue. Le selon à rouelle a été recommandé pour les chevaux de luxe afin d'éviter les traces des sétons à mèche, mais il faut remar- quer que, quand les sétons î\ rouelle ont séjourné pendant longtemps sous la peau, ils laissent une petite tumeur froide, indurée, qui résulte de la prolifération et de l'organisation des éléments cellulaires du derme (1) H. Boiiley, Comniunication inédile. DES EXUTOIRES. 605 en une néoplasie fibroïde. On l'a conseillé également chez les chevaux qui arrachent les sétons, quelque précaution qu'on prenne. § 3. — Trochique ou trochisque. On appelle ainsi un exutoire formé par une substance minérale ou végétale douée de propriétés irritantes, escharotiqucs et même causti- ques. Chez le cheval, l'emploi des trochisques à titre d'exutoire a été conseillé pour combattre les boiteries anciennes de l'épaule. A cet ef- fet, on se sert d'un petit cristal de sublimé corrosif, taillé en cône, entouré d'étoupes. On attache un fil autour de ce cristal ainsi enve- loppé; on fait une incision verticale ou oblique de 3 à 4 centimètres de longueur, au niveau de l'articulation scapulo-humérale ; on dilacère le tissu conjonctif à l'aide de la pointe mousse des ciseaux, de manière à former un petit godet sous-cutané dans lequel on dépose le caustique. On l'y laisse pendant douze ou vingt-quatre heures, puis on le retire au moyen du fil dont il est muni. Un engorgement volumineux se déclare, la suppuration survient, et parfois la boiterie disparaît. ART. II. — DU SÉTON DANS L'ESPÈCE BOVINE. Chez les ruminants, le tissu conjonctif suppure difficilement, et il est nécessaire de produire une vive infiammation. A cet elfet, on se sert des trochisques; les plus employés sont : l'hellébore noir {Helleborus niger), l'hellébore blanc, véràlre ou varaire [Veratrum album); l'écorce de garou {Daphne gnidium); le lauréole mâle [Daphne laweala); la c\é- mniile {Clemafis vùalba); l'ortie {Urlica dioïca,)\e bichlorure de mer- cure, le sulfure jaune d'arsenic, l'acide arsénieux, le bichromate po- tassique. L'emploi externe de ces diverses substances peut se faire par deux procédés, savoir : le procédé ancien et le procédé de Gilbert. Le premier consiste à inciser la peau au moyen du bistouri ou des ciseaux, puis à déchirer le tissu conjonctif de manière à former une pe- tite cavité en forme de godet, dans laquelle on introduit directement la substance irritante. Le procédé Gilbert consiste à employer une mèche sur laquelle on a préalablement fixé la matière que l'on veut employer, l'écorce de garou, une tige de clématite ou d'ortie, de la racine d'hellébore, etc. On applique les exutoires au fanon, c'est-à-dire dans une région oii le tissu conjonctif est à la fois très-làche et très-abondant; dans quel- ques contrées, en Bresse notamment, on met encore des trochisques dans la région lombaire : c'est ce qu'on appelle hcrhir ou couper. Celte opération consiste dans une incision longitudinale, au fanon, transversale sur les lombes, pratiquée à l'aide du bistouri convexe, et tî06 OPERATIONS GÉNÉRALES. suivie d'une dilac(^ralion du tissu conjonctif au moyen des ciseaux on •du talon de l'aiguille à sétt)n, de manière à lorniei- un i^odet sons-cu- tané dans leciuel on introduit la substance végétale dont la présence provoque de la suppuration. ART. 111. DU SÉTON DANS L'ESPÈCE CANINE. La suppuration est facile à provoquer chez le chien ; aussi em- ploie-t-on, chez cet animal, le séton simple à mèche. — On applique cet exuloire, principalement sur la nuque, quelquel'ois, mais excep- tionnellement, sur la région costale. On se sert, à cet ellet, d'une petite aiguille, dite aiguille ù séton du chien (fig. i;J2). On muscle l'animal à opérer, on le couche sur une table ou bien on le maintient debout. Ou soulève la peau de la nu- Fig. l'-]'i. — Aii/llillr il si'fiiii jHiUr II' i-liii')}. q\ic et on la tire fortement de manière à fcn-mer un pli élevé qu'on traverse de part en part ef d'un seul coup, avec l'aiguille à séton. — 11 ne reste plus qu'à introduire la mèche, préalablement munie d'un nœud d'arrêt à l'une de ses extrémités, dans l'œil dont le talon est muni. En retirant l'instrument et, en abandonnauL la peau ;\ elle- même, le pli s'affaisse et la mèche se trouve ainsi placée dans le trajet parcouru par l'aiguille. On lixe la mèche à demeure en faisant un nœud à son extrémité flottante, comine poiu- le cheval. Ce séton est indiqué dans le catarrhe auriculaire et l'ophlhalmie externe. On l'emploie aussi pour combattre les bronchites, la pneumonie et dans le cas de maladie du jeune âge. Soins consécutifs. — On doit empêcher les animaux d'arracher le séton qu'on a appliqué; pour cela, on se sert, sui\aiil les espèces animales, du collier à chapelet, du bâton à surfaix ou de la muselière. II i'anl fa- ciliter l'écoulement du pus en pressant sur !<■ trajet de la mèche et en nettoyant les orifices du séton. ART. IV. — DES ACCIDENTS 011 PEUVENT SURVENIR APRÈS l/APPLICATION DES SETONS. Il y a lieu d'examiner sommairement ici: les ])rincipaux accidenis qui se montrent [)arfois après l'application des sétous. De ce nombre se trouvent rhémorrhai;ie, les eng(jrgements gangreneux, les abcès et les fongosités «mi indniations. hliéman'liagic l'ésulte de la blessure de (im-biues vaisseaux d'un i er- DES EXUTOIRES. 607 tain calibre qui rampent dans le tissu conjonctif sous-cutané, dans les interstices musculaires et qui ont été divisés par l'instrument tran- chant. On peut avoir affaire aussi à une hcmorrhagie, dite passive, due ;\ la débilitation de l'animal, à lappauvrissement du sang. Dans le pre- mier cas, on combat riiémorrhagic! par des lotions d'eau fraîche et le repos. Si cela est insuffisant, on retire la mèche ou le cuir du séton, on tamponne les ouvertures cutanées avec des étoupes imbibées de liquides hémostatiques, comme l'eau de Rabel, Iq, perchlorure de fer. Dans le second cas, on combine le tamponnement avec la suture sim- ple ou A bourdonnets, suivant l'étendue de la plaie. D'après M. H. Bou- ley, le meilleur moyen pour arrêter l'hémorrhagie, quelle qu'en soit la cause, c'est de pratiquer le tamponnement en faisant passer à frotte- ment, dans le trajet, une mèche de chanvre quelque peu volumineuse. En somme, l'hémorrhagie consécutive h l'application du séton peut toujours être arrêtée par les moyens que nous venons d'indiquer. V engorgement gangreneux qui se montre après l'emploi des sétons, notamment pendant les saisons chaudes, chez des animaux faibles, débilités, soumis à de mauvaises conditions hygiéniques, ou bien pen- dant le cours de certaines maladies comme l'anasarque et de certaines épizooties sous l'inlluence d'une constitution médicale, inconnue dans sa nature, cet engorgement gangreneux, disons-nous, se fait remarquer par sa marche rapidement progressive et envahissante, de telle sorte qu'au bout de quelques heures la région où était situé le selon est fortement tuméfiée. Le pourtour de cet engorgement est chaud, très- douloureux, tandis que les parties centrales sont froides, insensibles. L'animal est abattu, le pouls est petit et fréquent, les battements du •cœur, forts et tumultueux. Si l'on comprime le trajet du séton, il s'en échappe une matière sanieuse, très-fétide. Enlin, il n'est pas rare que, -dans des cas de ce genre, la mort survienne par suite d'une sorte d'em- poisonnement résultant de l'absorption de la matière putride ou sep- ticémique. Pour arrêter les progrès de la gangrène et pour prévenir une terminaison fatale, il faut s'empresser d'enlever la mèche du séton, d'extraire les caillots sanguins contenus dans le trajet parcouru par la mèche, sans toutefois faire de nouvelles ouvertures sur le trajet du sé- ton. 11 est également recommandé de cautériser le trajet du séton avec une tige de fer, rougie au feu; de disséminer dans l'engorgement quel- <[ues pointes de feu pénétrantes et d'activer la cautérisation par une bonne application d'onguent vésicatoire; des injections faites avec T. — Chirurijie. 39 6<0 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. I/Transcurrente ou en raies. ( Eli surface. , ,,. y En pointes. Immédiate . < ,, , , ... J l'ar le moyen de corps en igmlion. I l»ar le moyen de liquides chauds. \Par rayonnement (objective). _ ^, . . 1 n/ixi- » ( Par l'iiitermédiairo d'une peau de Erant. Cautérisation 1 'Médiate.... „ ,,. . .... ,. ' ^ , ,, ( ( Par i intermédiaire u une couenne de lard. JPénéti \ Sous-c létrante. . î , , . \ { Inhérente. -cutanée. De» agent» de la oauti'Tîsation actuelle. — On sc sert ordinairement des métaux avec lesquels on confectionne des instruments spcciau.x, désignes sous le nom de caufères. Parfois, on emploie des liquides chauds ou bien des matières combustibles, solides ou liquides. Les métaux employés pour la fabrication des cautères ont varié sui- vant les époques. Les anciens se servaient de cautères en or, en argent ou en cuivre, car ils pensaient que le feu, donné avec ces métaux, produisait des effets particuliers, suivant le métal employé. C'est ainsi que, pour Solleysel, <( le cuivre est fort ami de la plaie, il résiste à la corruption et nettoie bien. L'or est excellent à bien des usages, mais le feu donné avec l'or marque et fait une eschare infiniment plus grande. Il y a quelque chose de fort doux dans l'argent, et le feu en est très-bon, car il est moins acre que celui de l'or [Parf. Mareschal) (1). Nous ne nous arrêterons pas à réfuter ces idées purement spéculatives dont le temps a l'ait justice, et nous dirons que le seul métal employé aujourd'hui pour pratiquer la cautérisation actuelle, c'est le fer. Ce métal, en raison de son prix peu élevé, de ses propriétés calorifiques, et des changements de coloration qu'il éprouve sous l'infiuence de la cha- leur, est le seul dont on fasse usage actuellement. Les corps combustibles employés parfois en thérapeutique sont l'étoupe. le coton, l'amadou ; quelques praticiens se sont servis d'es- -sence de térébenthine. ARTICLE 1". — DE L'APPLICATION DU FEU CHEZ LES SOLIPÉDES- § 1. — Cautérisation transcurrente ou en raies. Ce procédé de cautérisation consiste à promener sur la peau des cautères chauffés à une température graduellement croissante, avec lesquels on trace des raies qui embrassent toute la région malade. On se sert de cautères dits liastiles (de hasta, hache), parce qu'ils ont certaiue ressemblance avec une petite hache; on les appelle encore cultellaires (de ciUeliuui, couteau) ; mais ciUte dernière dénomination con- (l) H. Bouley, Diclioimaire de viéd. el de chirurgie vét., i. III. [i :JOD. DE L'APPLICATION DU FEU. 611 vient moins bien que la première, attendu que les cautères dont on se sert actuellement ne présentent plus comme autrefois, du temps] de Fig. 133. — Cautère cullellaire (modèle ancien). SoUeysel notamment, la forme d'un couteau de table. Ainsi la ligure 133 représente le couteau de feu, employé par Solleysel. On voit que cet instrument dilfère de celui qui est employé de nos jours. Le cautère hastile {(ig. 134) présente une partie cautérisante en Fig. 134. — Cautère haslile ou cultellaire (modèle ordinaire). forme de prisme triangulaire qui offre, en moyenne, les dimensions suivantes : Longueur de la base =5 centimètres. Longueur du tranchant = 4 centimètres. Hauteur mesurée de la base au tranchant = 45 millimètres. Epaisseur de la hase = i'-l millimètres. Epaisseur du tranchant = 1 à 12 millimètres. Ces dimensions sont très-variables suivant le but qu'on se propose d'atteindre. Ainsi, quand le feu doit être mis avec une certaine inten- sité, on emploie des caulères plus volumineux que quand il s'agit de produire seulement une cautérisation légère. En thèse générale, il est préférable de se servir de caulères de petites dimensions qui sont plus faciles à manier, que d'instruments volumineux et pesants, avec les- quels on court le risque d'outre-passer les limites d'une cautérisation méthodique et sûre. — Remarquons en outre qu'il est bon que la tige du cautère offre une légère incurvation ; de cette manière le cautère est d'un maniement plus commode, et il porte plus facilement par .tout son tranchant que quand la tige est droite; dans ce cas,enelfel,on est exposé à entamer la peau avec les quarres du tranchant. 612' OPÉRATIONS GÉNÉRALES. Rt'^çlcs «le la caiitôrisation. — Avcc M. H. Boulcy, iious examine- rons les précoptes qu'il convient d'observer, avant, pendant et apt^ès l'application du IVu, et ce que nous dirons sur ces trois points s'appli- quera non-seulenieut h \d cautérisation C7i i'aies, mais encore à la cau- térisa tio7i en pointes. A. Avant l'opi'ratloii. — 1° C/ioix de la saison. — Pendant les fortes chaleurs de 1 été, le feu peut donner naissance à une très-vive douleur prurigineuse; les insectes irritent les plaies résultant de la cautérisa- tion, dès lors les animaux se frottent avec une persistance désespérante, ou bien ils portent les dents sur la partie opérée, d'où peuvent résulter, en définitive, des cicatrices fort disgracieuses, et surtout des accidents, graves à l'excès, tels que : plaies articulaires, dénudation d'os, de ten- dons, etc. — En hiver, la réaction inilammatoire provoquée par l'ap- plication du feu est quelquefois nulle ou peu prononcée, et les effets thérapeutiques peuvent èlre insuffisants. — C'est donc pendant les sai- sons intermédiaires, printemps et automne, qu'on procédera de préfé- rence à l'application du feu. Notons toutefois que les exigences pro- fessionnelles obligent souvent le praticien à appliquer le feu dans toutes les saisons ; il faut alors se rappeler que le degré de la température atmosphérique n'est pas sans influence sur les suites de la cautéri- sation. 2" Préparation dit sujet. — C'est une précaution qui est souvent négligée sans qu'il surviinne aucun accident. Toutefois, quand on aura affaire à un animal trcs-iriitable, d'un tempérament nerveux, il est prudent de le laisser à la diète la veille de l'opération, et même de lui administrer quelques laxatifs. — Quoi qu'il en soit, il importe de nettoyer exacte- ment la partie sur laquelle le feu doit être appliqué et de la débarrasser dufumieretdelaboue,etc.,qui peuvent la recouvrir. — Il est également d'une bonne prali(iue de couper les poils sur la partie malade ; il est plutôt nuisible qu'utile de tondre très-exactement la ré- gion à opérer, attendu que, comme le dit fort bien M, H, Bouley, c le poil conservé à une petite hauteur sur la surface cautérisée forme en brûlant de chaque côté du sillon tracé par le cautère une sorte de pe- tit rempartqui l'empêche de dévier. En outre, il protège lapeau del'inter- valle des sillonscontre l'action trop directe de la chaleur rayonnante(l).)) — On aura le soin de marquer au moyen de quelques coups de ciseaux, les limites du feu sur l'animal debout, car ou sait, que par suile du décubitus,' les rapports de la peau avec les parties sous-jacentcs sont changés ; dès lors, il pourrait arriver que le feu lut appliqué i côté du mal. — Si la partie malade a été le siège d'applications vésicantcs, il faut atten- dre, pour y mettre le feu, que l'inflammation ait disparu et que les croûtes se soient détachées. Enfin, quand il s'agit de cautériser les (I) Diclionnaire de mnt. el de cldrurgie vél., t. III, p. 313. DE L'APPLICATION DU FEU. 613 membres, on veillera à ce que le pied correspondant au membre à opé- rer soit ferré à neuf, car, si l'on est obligé de ferrer l'animal avant la chute des eschares produites par le feu, on pourra déterminer parfois des excoriations, des déchirures, qui retardent l'époque de la cicatrisa- tion définitive. 3" Choix, préparation et chauffe des cautères. — « Choisir des cautères en rapport de volume avec l'étendue des surfaces sur lesquelles le feu doit porter ; leur donner une épaisseur de tranchant variable entre celle d'une pièce de deux francs pour les plus petits et celle d'une pièce de cinq francs pour les plus gros. Plus minces, ils seraient sus- ceptibles de couper la peau, comme ferait un couteau ; plus épais, ils creuseraient des sillons trop larges et détermineraient des cicatrices trop visibles (1). » Tels sont les préceptes que formule M. H. Bouley sur ce sujet. Nous les adoptons pleinement pour notre part, car la pra- tique nous en a montré maintes fois l'exactitude. Remarquons que le tranchantdu cautère doit être légèrement convexe et à angles émoussés plutôt que rectilignes et à angles droits, ce qui rendrait l'instrument difficile à manier et pourrait déterminer la section delà peau si l'on avait à cautériser une partie présentant des saillies osseuses ou autres. Ceci a une réelle importance. On chauffe les cautères soit au moyen de la houille, soit avec du charbon de bois ; ce dernier combustible n'encrasse pas les cautères comme la houille, pourtant on ne l'emploie qu'exceptionnellement, car on peut aisément débarrasser le tranchant du cautère des scories qui s'y attachent en lui donnant un coup de lime avant de s'en servir. Du reste, l'opérateur pourra placer à portée de sa main une brique ou un grès sur lequel il frottera de temps à autre le tranchant du cautère si la lime n'en a pas détaché toute la crasse. Un aide peut être nécessaire pour porter les cautères à l'opérateur au fur et à mesure du besoin, afin que la cautérisation marche sans interruption. 4" Assujettissement du sujet. — Pour appliquer le feu en raies, il faut coucher l'animal, ou bien le fixer debout soit à l'aide d'un simple tord- nez ou mieux en l'assujettissant dans un travail approprié. Brogniez recommandait la position debout (2). 11 est évident que. quand il s'agit d'appliquer le feu en raies à bipartie inférieure d'un membre, cette at- titude (le l'animal est fort incommode pour l'opérateur, siu-tout si l'on considère que l'application du feu est une opération de longue durée. — Nous recommandons par conséquent d'opérer sur l'animal, couché préalablement sur un lit de paille; pourtant il est une exception à cette règle : c'est quand il s'agit d'appliquer le feu sur les lombes. — Dans ce cas, en effet, on a lieu de redouter que l'abattage de l'animal ou les efforts violents auxquels il se livre quand il est couché et assu- (1) Diclionnaire (le méci, et de chirurgie vét. t. III, p. 314. (2) Voyez, Traité de cl^irurgie vélérinaire, par Brogniez, 1842, t. II, p. 202. 614 OPÉRATIONS GENERALES. jetti sur un lit de paille, ne déterminent une fracture des vertèbres dor- sales ou lombaires avec lésions médullaires et paralysie consécutive, d'où la perte de l'animal. Le sujet à opérer doit être coucbé sur le côté correspondant au membre malade, afin de cautériser d'abord la face interne de l'extré- mité. Si la lésion, qui réclame l'emploi du feu, est située du côté externe exclusivement, il est clair qu'il faudra coucher l'animal du côté opposé. — Dans tous les cas, il importe que le membre sur lequel on se propose d'appliquer le feu ne soit jamais abandonné à lui-même. M. H. Bûuley dit avec raison que « c'est une imprudence extrême de laisser libre de toute entrave le membre sur lequel porte le cau- tère (1). » — Puis il ajoute : « Le bâton à entraves, inventé pour borner ses mouvements est un appareil tout à fait insuffisant, dangereux par la fausse sécurité qu'il inspire et qui ne doit jamais être employé. « Nous sommes entièrement de cet avis. Avec cet éminent praticien, nous conseillerons donc de laisser fixé dans l'entravon, le membre à opérer et d'assujettir en position croisée le membre opposé h celui sur lequel on opère, ou bien de lier ensemble les membres d'un même bipède au-dessus des genoux ou des jarrets. Il peut être indi- qué d'appliquer le feu sur plusieurs membres, et nous devons faire remarquer qu'il ne faut jamais procéder, dans la même séance, à l'ap- plication du feu sur les deux membres d'un bipède antérieur ou posté- rieur, il faut attendre que les phénomènes inflammatoires se soient dissipés pour mettre le feu au membre opposé du même bipède. — Si la cautérisation est jugée nécessaire pour les quatre membres, il faudra encore pratiquer cette opération en deux séances ; toutefois, dans ce cas, on pourra, le même jour, mettre le feu aux deux mem- bres formant bipède diagonal, et, plus tard, aux deux membres opposés. En procédant de la sorte, on ne risque pas d'augmenter les souffrances de l'animal et de compromettre le succès de l'opération, ce qui arriverait en procédant sans modération et en mettant du môme coup le feu aux quatre membres. Si l'on opère sur deux mem- bres en un seul jour, il importe d'entourer la partie cautérisée, qui doit être en rapport avec le sol, d'un bandage rembourré, ou d'une étoupade afin d'éviter des excoriations qui peuvent être suivies de cicatrices difformes de nature à déprécier l'animal qui en est por- teur. Quand le feu doit être appliqué sur la région de la couronne ou autour du paturon, il est indispensable de désenlraver le membre; mais on a la précaution de le fixer préalablement avec son congé- nère, au-dessus des genoux ou des jarrets, ;\ l'aide d'une plate-longe qui embrasse étroitement les deux membres. En outre, pour donner plus de fixité au membre à opérer, on le fait maintenir avec une (l) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vél.. t. IIF, p. 3IG. DE L'APPLICATION DU FEU. 615 deuxième plate-longe disposée autour du sabot, de telle sorte qu'elle forme un nœud coulant dont l'anse est dirigée en arrière et en bas. L'extrémité de cette deuxième plate-longe est confiée à un aide qui la lient constamment tendue. B. Pendant l'opération. 1° Dessin du feu. — Autrefois on mettait le feu en feuilles de fougère, patte d'oie, étoiles, roues, demi-roues, lyres, arcs, ellipses, vases, treillages, croix de Malte, médaillons, armoiries di- verses, etc., etc., suivant les fantaisies des propriétaires ou les caprices de la mode. — Ceci n'était pas sans inconvénient, et les cicatrices qu'on avait voulu rendre agréables à la vue étaient difformes, épaisses, dénudées par suite de la destruction du tégument cutané aux points d'intersection des lignes ou dans des parties où elles étaient trop rap- prochées. — Aussi a-t-on renoncé, et depuis longtemps, à tous ces dessins plus ou moins compliqués, qui n'étaient rien moins que ra- tionnels, et dont l'exécution ne laissait pas que d'augmenter les diffi- cultés d'une opération qui exige en elle-même beaucoup de soins et une grande attention. Remarquons en premier lieu, que le feu doit embrasser non-seule- ment les parties malades, mais s'étendre un peu au delà, dans des limites que la pratique -apprend à connaître. — Quant à la direction des raies, elle varie suivant les praticiens. Renault recommandait expressément de disposer les raies suivant une direction parallèle à celle des poils, car, dit-il, « toute ligne qui croiserait plus ou moins le sens des poils serait éminemment contraire au but vers lequel on doit tendre : l'effacement plus ou moins complet des marques empreintes sur la peau par le cautère (1). » A l'appui de son opinion, Renault choisissait l'exemple suivant. « Je suppose, disait cet auteur, que le feu soit appliqué à la région tendineuse du canon en raies transversales à l'axe du membre : quand l'animal marchera, la peau venant à s'é- tendre de haut en bas pendant l'appui du membre, il en résultera que les lèvres de chaque raie tendront à s'écarter l'une de l'autre, ce qui les élargira nécessairement et en rendra les traces d'autant plus aper- cevables. » Ce principe est trop absolu, et M. H. Bouley nous fait remarquer qu'il a vu sur les chevaux des Petites- Voitures de Paris des feux très- réussis, en raies transversales à la direction des poils. Les Anglais, du reste, ont adopté ce genre de dessin qu'ils ont importé chez nous (2). Toutefois, il est incontestable, comme l'ont fait remarquer MM. Gour- don et H. Bouley, que quand les raies sont légèrement obliques par rapporta la direction des poils, ceux-ci, par suite de la disposition im- briquée qu'ils présentent, se couchent en quelque sorte sur les raies ' (1) neaieil da méd. vét., t. VI, 1829, p. 185. {•2j H. lîoulc'j-. {Noie méifite.) iSm OPÉRATIONS GÉNÉRALES. disposées obliquement et les dissimulent bien mieux que (juand elle^ sont parallèles, car, dans ce cas, les poils se rencontrent par leurs extrcinilés, de chaque côté des raies, et prennent ainsi une disposition hérissée, qui rend la raie de feu plus apparente. Nous pensons donc avec la plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question, si intéressante au jioint de vue pratique, ([u'il est préférable « de multi- plier les lignes légèrement obliques, plutôt que les raies parallèles dans un dessin de cautérisation transcurrcnte de quelque région que ce soit ; les raies très-iuclinées sur une ou deux lignes parallèles qui leur servent d'axe régulateur d'où elles divergent régulièrement, se trouvant suCiisamment en rapport comme le voulait Renault, avec le sens dans lequel s'opère l'extension de la peau et présentant en outre cet avantage de croiser assez la direction des poils pour que, dans leur imbrication, ils viennent les recouvrir parfaitement (1). » Enfin, cette combinaison de raies parallèles et de raies obliques permet à l'opérateur de mettre le feu avec méthode et de concentrer Taction de la chaleur dans les points où il le juge nécessaire. — Nous allons maintenant faire connaître les directions que les raies doivent pré- senter suivant les régions où l'on se propose de mettre en usage la cautérisation transcurrcnte. — Un coup d'œil jeté sur la figure 135 indiquera au lecteur les divers tracés que nous allons énumérer. 1" Feu d'épaule. — Raies parallèles entre elles, dirigées obliquement de haut en bas, d'avant en arrière et du bord antérieur au bord postérieur de la région scapulaire, qui doit être entièrement recou- verte (A). Quand le feu est appliqué seulement sur la pointe de l'épaule, les raies doivent être inscrites dans un cercle dont le centre répond h l'ar- ticulation, et former deux séries disposées comme on le voit en E pour l'articulation coxo-fémorale. 2° Feu de fjarrot. — ■ Deux raies parallèles à la colonne vertébrale et servant d'axe d'où émergent, à droite et à gauche, une série de lignes obliques parallèles entre elles. 3" Feu des louibes. — Haies parallèles à la colonne vertébrale ou mieux obliques de chaque côté (D). 4° Feu de la cuisse. — Les raies sont inscrites dans un cercle dont lecentie réi)ond à l'articulation coxo-fémorale et forment deux séries disposées comme on le voit en (E). 5° Feu de grasset. — Deux raies verticales sur la face antérieure do la jointure; de chacune d elles émergent comme d'un axe des lignes oldiques de haut en bas et d'avant en arrière (F). 6° Feu de jai^ret. — (Jiielques praticiens le mettent en raies paral- lèles sur toute la surface du jarret, d'autres, et nous sommes de ce nombre, adoptent le dessin représenté en (G). (1) II. r.oiili'}, Dictionnaire de méit. cl de chirurgie vH , t. III ,11. -TlT. DE L'APPLICATION DU FEU. eit 7" Feu de genou. — Il peut affecter deux dispositions : raies verticales et toutes parallèles entre elles (II), ou bien, plusieurs raies verticales sur la face antérieure et quelques raies émergentes, obliques sur les faces latérales, en dedans et en dehors. S" Ffu de tendon. — En raies parallèles (L). On peut encore adopter le dessin représenté en J ; raie verticale d'où émergent des raies obli- Fig. 13Ô. — Dessins des feux ques de haut en bas et d'arrière en avant, mais parallèles entre elles. 9° Feu de boulet. — En raies verticales et parallèles recouvrant toute la région (K) ; M. H. Bouley a conseillé encore de l'appliquer en raies parallèles sur la face antérieure, et obliques sur les faces latérales par rapport à une verticale divisant le canon en deux parties égales (B). 40° Feu du paturon. — Raies verticales parallèles ou obliques et sen- siblement divergentes sur les faces antérieure et latérale (M), Nous négligeons à dessein de parler des dessins du feu en raies sur les suros, les formes, les épai'vins, car, actuellement, on a substitué aux raies des pointes de feu, disposées en quinconce. Nous aurons du reste l'occasion de revenir sur ce sujet dans un article suivant. Il est à remarquer que toutes les raies doivent être également espa- cées, afin que les effets de la cautérisation soient réguliers et uni- formes. L'écartement des raies varie avec l'étendue du feu et son inten- sité. On recommande habituellement de laisser i)lus d'intervalle entre les raies, quand il s'agit de cautériser une surface très- étendue que 618 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. lorsqu'on se propose d'appliquer le feu sur une région très-limitée. Toutefois, ce précepte n'est pas absolu, et il vaut beaucoup mieux tenir compte du plus ou moins d'épaisseur de la peau dans la région à cau- tériser, que de l'étendue de celle-ci ; car le feu, mis en raies espacées, est généralement donné à une plus grande profondeur et peut laisser des cicatrices bien plus apparentes, que celui qui est mis en raies rap- prochées. Dans ce cas, en effet, on ne pousse pas aussi loin le degré de cautérisation, et l'on évite ainsi des traces défectueuses. Mais ici encore, il faut être prévenu de la possibilité d'un accident qui peut être produit par l'action trop intense et trop concentrée de la chaleur rayonnante dont les effets se font sentir sur les intervalles étroits, lais- sés entre les raies. Remarquons maintenant que des raies large- ment espacées forment un dessin disgracieux; trop rapprochées, elles peuvent produire des chutes de peau, suivies de cicatrices calleuses et difformes. On devine dès lors qu'en dehors de ces principes, il n'est pas possible d'indiquer mathématiciucment et une fois pour toutes, la distance qui doit exister entre les raies, car elle est nécessairement variable suivant les cas. C'est par l'habitude de la cautérisation qu'on apprend à tracer un dessin plus ou moins irréprochable, de nature à permettre une pénétration régulière et méthodique de la chaleur. Il nous suffira d'ajouter que toutes les raies doivent être, comme les incisions, nettement commencées et nettement arrêtées sans présenter de queues ou de traînées et se terminer uniformément de manière que les unes ne dépassent pas les autres. Si le feu doit être appIi([no sur les deux faces d'un membre, les raies devront être symélriqucnieut disposées et présenter la même lon- gueur. Enfin, elles ne devront jamais s'entrc-croiser, car, l'action de la chaleur se faisant plus vivement sentir aux points d'intersection que partout ailleurs, il pourrait en résulter des chutes de peau. ^^ Manœuvre du cautère. — Sous cette rubrique, empruntée à M. H. Bou- ley (1), nous devons examiner les particularités suivantes : a. Température des cautères. — Commencer le tracé du feu avec des cautères chauffés au rouge sombre et se borner tout d'abord A roussir les poils afin que si le dessin laisse à désirer, on puisse le reclilier con- venablement, se placer de toile sorte que « les rayons visuels tom- bent toujours entre la ligue dernière tracée et celle que l'on veut mener parallèlement à elle ou qui doit en émerger» (H. Bouley), d'où la nécessité d'être ambidextre. Fixer le tracé en faisant usage d'un cautère plus chaud, cpii carbonise les couches superficielles de l'épi- dcrme. — Continuer rn[)ération en faisant glisser successivement dans chacune des raies les cautères, porlés à une température graduelle- ment croissante, depuis le rouge sombre jusqu'au rouge clair qu'il ne faut jamais dépasser. (1) Dicliorinoire de tnéd. et de c/tirurgù vdl., t. III, [). 3i2. DE L'application du feu. 619 b. Manière de tenir et de conduire le cautère. — Tenir le cautère, légè- rement et dans une situation parl'aitement perpendiculaire à la sur- face cautérisée. En inclinant l'instrument, les raies présenteraient une largeur inégale et les intervalles qui les séparent seraient irrégu- lièrement chaufles. — Veiller à ce que le tranchant du cautère ne porte jamais par ses angles. <( En conséquence, si l'on cautérise sur des surfaces anfractueuses et à pans fuyants, il faut lever ou abaisser alternativement la main qui tient l'instrument pour conserver tou- jours à son tranchant ses rapports exacts de contact, autrement on s'expose à entamer la peau profondément avec la quarre des angles » (H. Bouley). « Conduire le cautère en tirant ;\ soi ou poussant devant soi suivant le sens de l'imbrication des poils, mais jamais au rebours pour éviter que les bulles pileux ne dévient de leur direction, et que les poils qui doivent en émerger ne repoussent hérissés, ce qui rendrait la marque du feu plus apparente » (H. Bouley); de plus, en opérant à contre-poil on plisse la peau par suite des tiraillements que l'on exerce sur les poils, ce qui peut faire dévier le cautère. — Ne jamais faire passer le cautère deux l'ois de suite dans la même raie. Cette précaution est néces- saire pour que la réaction vasculaire, et la transsudation séreuse qui en est la conséquence, puissent s'opérer et permettre au praticien d'apprécier le degré où en est arrivée la cautérisation. Aussi con- vient-il quand la surface à cautériser est très-étroite, et que le nombre de raies est dès lors peu considérable, de laisser s'écouler un certain temps, dont la pratique apprend à connaître la durée, avant de réap- pliquer le cautère dans la première raie. « Imprimer au cautère une vitesse variable suivant le degré de température, l'épaisseur de la peau, la consistance des parties sous- jacentes et le temps plus ou moins long qui s'est écoulé depuis le dernier tracé. (1 En règle générale, la marche du cautère doit être d'autant plus rapide que sa température est plus élevée, la peau plus mince, les par- ties sous-jacentes plus dures et qu'un délai moins long s'est écoulé depuis sa dernière application, et inversement le cautère doitêtre pro- mené avec d'autant plus de lenteur qu'il est moins chaud ; que la peau est plus épaisse ; que les parties qu'elle recouvre sont plus molles et qu'enfin ses applications se répètent à des intervalles plus éloignés. « Donc la marche du cautère doit être plus lente au dél)ut de l'opé- ration et plus rapide à sa fin, plus rapide au moment où il sort du foyer que lorsqu'il commence à se refroidir; plus rapide au haut des raies que dans le bas; quand le feu est circonscrit que lorsqu'il est étendu; sur les régions supérieures des membres où la peau est fine que sur les parties inférieures où elle est épaisse; sur les tumeurs osseuses, enfin, que sur les parties molles, etc., etc. (H. Bouley). «20 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. E. Sigriifs d'une raiitt'risatioii suffiNaute. — On reconnaît U'ois de- grés dans rintensilé de la cauléiisalion, qui correspondenl à un [en léger ordinaire ai fort. Au 1" degré, c'esl-à-dirc dans la cautérisation faible, les sillons produits par le cautère présentent une teinte jaune-brun ayant quel- que analogie avec la couleur du bronze florentin; l'exsudaliim séreuse est peu abondante, tout au plus voit-on perler cà et \l\ au fond des raies quelques gouttelettes de sérosité limpide. Le S*" degré, indiquant une cautérisation de moyenne intensité, est annoncé par la couleur jaune doré des eschares produites par le fer rouge; une abondante sérosité qu'on voit sourdre des raies, et, quand on gratte avec l'ongle, la peau de l'intervalle des raies, l'épiderme s'en détache facilement par suite de l'infiltration que le tégument a éprouvée. Le feu est fort ou du 3'' degré, quand l'eschare reflète une teinte jaune paille et que la sérosité ruisselle dans les sillons creusés par le cautère. A ce degré, le derme est tellement aminci, qu'on voit parfois. le fond des raies s'élargir à vue d'œil par suite de la rétractilité des lambeaux de peau intermédiaires , et il n'est pas rare d'observer dans des cas de ce genre la section de la peau. Cet accident est carac- térisé par la couleur blanche nacrée du fond des raies résultant de ce que le tissu conjonlif sous-cutané a été mis î\ nu. — Dépasser les li- mites d'une pareille cautérisation, c'est produire une brûlure profonde,, qui peut être suivie d'accidents graves et, dans tous les cas , de cicatrices très-apparentes. — Quel que soit le degré auquel on se propose d'appliquer le feu, il faut faire pénétrer la chaleur graduelle- ment et lentement. — Une des conditions essentielles du succès de l'opération, c'est d'agir avec lenteur; plus il faut de temps pour mettre le feu, « plus le cautère a été passé de fois dans une raie pour lui donner la quantité de cautérisation convenable, disait Re- nault, plus on est fondé à compter sur la réussite : de toutes les opérations, elle est peut-être la seule où la lenteur soit la condi- tion du succès. » — Or, on peut obtenir aisément et en peu de temps tous les signes indiquant une forte cautérisation; il suffit, comme on le devine, d'employer d'emblée des cautères chauffés au rouge clair et d'appuyer un peu plus que de coutume, mais le feu, appliqué de la sorte, laisse des cicatrices très-apparentes et ne produit pas les effets thérapeutiques qu'on en attendait. Il faut donc opérer avec lenteur et passer le cautère un certain nombre de fois dans chaque raie de manière à arriver progressivement au degré de cautérisation convenable. Quelques auleui-s, Fromage de Feugi'é, M. Gourdon, ont indiqué le nombre de fois qu'il convient de passer le cautère dans cIkuiuc raie pour obtenii' les trois degrés de la cautérisa- tion. Mais il est évident (pie, d'une part, la température des cautères, le degré de pression inq^rimé à rinslruuient, sa vitesse, son poids et,. DE l'application DU FEU. 6-21 d'aiilre part, répaisseur de la peau dans la région caulcrisce. le plus ou moins d'ancienneté du mal, sa nature, sont autant de circon- stances qui peuvent précipiter ou retarder le moment auquel apparais- sent les signes d'une cautérisation suffisante. Il faut donc arrêter la €auté isation, quand, après avoir opéré avec toute la lenteur dési- rable et en observant d'ailleurs toutes les règles que nous avons indi- quées, on constate les signes énumérés précédemment. 11 y a là, comme le dit .M. H. Bouley, une question de tact, qui échappe là tout calcul. D. Après l'opération. — Il iuîporte de remplir plusieurs indications dont la valeur et l'opportunité ni» peuvent être bien appréciées qu'a- près avoir fait connaître les effets de la cautérisation. Nous allons donc résumer, en quelques lignes, lesphénomènes qui surviennent après l'application du feu. 1° Effets delà cautérisation. — Dès que les eschares, produites parle fer rouge, se refroidissent, un suintement séreux plus ou moins abon- dant apparaît au fond des raies et peu à peu se concrète au contact de l'air, en formant des croûtes cristallines, jaunâtres et dures. En môme temps, quand le feu a été mis au 2" ou au ?>" degré, les phlyc- tènes qui se sont formées dans l'intervalle des raies, mais qu'il est sou- vent fort difficile d'apercevoir, laissent transsuder une certaine quan- tité de sérosité qui forme des croûtes jaunâtres, de telle sorte que toute la partie cautérisée est recouverte d'une sorte d'exsudat concrète jaunâtre, et ressemble ainsi, pour nous servir d'une expression de M. H. Bouley, à un tronc de bois, recouvert de mousse décolorée. Si le feu est %('r, l'inflammation exsudative est peu prononcée, et il ne se forme que quelques croûtes, disséminées çà et là sur la surface cautérisée, qui reste à peu près sèche. Les mêmes elfets peuvent égale- ment se remarquer quand la cautérisation a été très-intense et qu'il s'est produit une véritable brûlure désorganisatrice. Dans ce cas, en ■effet, la peau, complètement mortifiée et transformée en eschare par l'action de la chaleur, est devenue imperméable au sang ou aux li- (juidcs inflammatoires ; elle est convertie en une membrane inerte, sorte de corps étranger, qui ne saurait être le siège d'une réaction in- flammatoire et que la suppuration doit éliminer. Donc, les effets immé- diats d'un feu très-léger et d'un feu très-fort ayant dépassé toute limite, sont objectivement semblables, et c'est une particularité qu'il ne faut jamais oublier, surtout (juand on se propose de faire à la sur- face de la partie cautérisée une application vésicante pour augmenter l'action du feu, qui, dans les premiers jours, paraît insuffisante. Com- bien de fois n'avons-nous pas vu des chutes de peau à la suite de ces applications vésicantes sur des feux, qui paraissaient faibles! La formation des croûtes à la surface de la partie cautérisée n'a pas lieu seulement pendant les cinq ou six premiers jours qui suivent l'opération, mais elle se continue parfois pendant 12 à 13 jours. Dans 622 OPERATIONS GENERALES. quelques cas, notamment quand la cautérisation est de moyenne in- tensité, et (juc le temps est froid, les croûtes ne se montrent pas pen- dant les quatreou cinq premiers jours, puis elles persistent durant 15 et môme "iojours. Habituellement, les croûtes se détachent vers le 8% le 10'" ou le 15" jour, ou tout au moins à cette époque, il suffit d'un léger frottement pour les détacher tout à fait. Quant à la chute des eschares, elle a toujours lieu plus tard; elle donne lieu à un prurit, plus ou moins prononcé suivant les sujets, mais se produisant tou- jours. Les animaux cherchent alors i\ se frotter ou ù se mordre ; il peut ainsi se produire des plaies qui ne manquent pas de gravité, mais dont on peut empêcher la formation eu prenant les précautions que nous indiquerons plus loin. Pendant les premiers jours, les eschares sont plus ou moins entou- rées de croûtes, mais elles conservent encore leur forme primitive. Peu à peu, elles se creusent dans leurs parties centrales, les bords se redressent, et, suivant l'intensité du feu, des phénomènes de divers ordres apparaissent. Quand le feu est léger, ou du premier degré, la chute des eschares a lieu sans aucun suintement séreux ou purulent, uniquement par la sécrétion incessante de l'épiderme qui repousse sans relâche, les eschares. Celles-ci se dessèchent, sefendillent et finis- sent, au bout de 2 à 3 semaines, par se détacher complètement. Dans ce cas, les traces laissées par le feu sont à peine visibles. Si le feu a été mis au deuxième degré, comme c'est le cas le plus ordinaire, l'élimina- tion des eschares a lieu par un léger suintement séro-purulent qui s'établit dans le derme sous-jacent, sans toutefois déterminer la trans- formation du corps muqueux en appareil pyogénique, c'est-à-dire que l'inilammation éliminatrice est légère et ne s'accompagne pas de bourgeonnement. Les eschares sont peu à i)eu soulevées par l'exsudat qui se forme au-dessous d'elles ; elles se fendillent et tonibent d'elles- mêmes, un mois environ après l'application du feu. Les poils repous- sent ensuite sur les parties cautérisées; ils présentent toujours une disposition un peu hérissée, qui rend la cicatrice apparente. Le feu du li* degré détermine des eschares profondes, qui ne peuvent être éliminées que par suppuration. Des bourgeons charnus se forment dans le corps papillaire de la peau'; un sillon disjoncteur s'établit au pourtour de cha(iue eschare qui est peu à peu ramollie par la suppu- ration et soulevée par les bourgeons charnus qui ont pris naissance. Le pus et la rétractilité du tissu cicatriciel qui se forme au-dessous des eschares déterminent leur élimination, mais il ne faut pas moins de cinq à six semaines pour qu'elles soient définitivement détachées, et encore, à ce moment, n'est-il pas rare de voir, à la place des escha- res, des plaies bourgeonneuses dont la cicatrisation peut se faire long- temps attendre et qui se recouvrent d un épidémie épais, calleux, d'où une cicatrice dillbrme. Ces divers phénomènes ne sont pas les seuls qui se produisent après. DE L'APPLICATION DU FEU. 623 la cautérisation. On observe en effet, dès le lendemain de cette opéra- tion, un engorgement, cbaud et douloureux, produit par l'infiltration inflammaloire du tissu conjonctif sous-cutané; cet engorgement en- toure non-seulement la partie cautérisée, mais s'étend quelquefois bienaudel;\;il peutenvabir toutunmembre et gêner ainsi la locomotion; toutel'ois, il diminue au furetîi mesure (jue se fait l'élimination des eschares et disparaît complètement quand celle-ci est acbevée ; alors toute douleur a disparu. Le feu produit donc, comme on le voit, des modifications très-pro- fondes dans l'état des tissus; il détermine un afflux sanguin qui devient le point de départ de divers processus d'où résultent, en définitive, des cbangements salutaires dans les fonctions nutritives et sécrétoires de la partie cautérisée. Le feu est certainement le plus énergique des résolutifs, mais il faut savoir que ses effets tbérapeutiques se pro- duisent avec lenteur et se font attendre parfois plusieurs mois, d'oîi il résulte que quand une première cautérisation a été mise en usage, il faut laisser s'écouler trois ou quatre mois avant d'avoir recours de nouveau à cette opération, si elle n'a pas donné à ce moment tous les résultats qu'on en attendait. 2° Soins consécutifs à l'application du feu. — Ils consistent principa- lement à empêcher les animaux de se frotter contre les corps environ- nants, ou de porter les dents sur la partie opérée. Cette indication très-importante peut être aisément mise en pratique ; il suffit d'appli- quer aux opérés un collier à chapelet, un bâton à surfaix ; parfois, on est obligé d'entourer la partie opérée d'un bandage, d'app'iquer des entraves aux membres d'un bipède antérieur ou postérieur pour évi- ter que ranimai se frotte avec son congénère. Le bandage ouaté peut remplir avantageusement les prescriptions indiquées après l'applica- tion du feu, surtout quand on a affaire à un sujet irritable cbez lequel le prurit peut être intense. Ici se présente la question de savoir si l'on doit appliquer im- médiatement après la cautérisation, soit des corps gras, soit des subs- tances vésicantes sur la partie cautérisée. Renault pensait que, « la cautérisation étant terminée, il est prudent d'enduire toute la région recouverte de feu, d'une couche d'onguent populéum dont le principal but est de s'opposer à la sécheresse des eschares, qui est quelquefois telle que le membre de l'animal est douloureux et ne peut être que diffici- lement fléchi. Cette onction a en outre l'avantage de prévenir les crevasses et le fendillement de la peau et de faciliter la marche de l'animal pendant 'l'exercice auquel il doit être soumis plusieurs fois par jour (1). » Mais les corps gras, chacun le sait, ont la propriété de favoriser la suppuration ; ils retardent ainsi la cicatrisation des plaies, celles-ci donnent alors naissance à des cicatrices toujours apparentes (l) Recueil de méd. véc, \SV:), p. ISO. ■fi-îi- Ol'liU.VTlONS GliiNEUALES. ci. quelquefois difformes, aiusi que Favrc de Genève l'avait remarqué depuis longtemps. Au surplus, plusieurs expériences faites par M. (jour- don démontrent que l'application d'onguent populéum a pour elfet de retarder beaucoup la chute des eschai-es, contrairement à ce qu'on pourrait penser, et que les cicatrices qui en résultent, sont « deux fois aussi larges » (1) que celles d'une surface cautérisée non enduite de populéum. De notre côté, nous avons appliqué le feu en raies sur le côté droit des reins d'un cheval de 7 ans, très-vigoureux, abandonné pour cause de morve chronique. Nous nous sommes servi de cautères en fer, de même poids, et nous avons tracé quinze raies sur la région précitée, à une distance régulière et égale à un centimètre, puis, avec le concours et d'après les conseils de notre collègue M. Péteaux, nos cautères ont été chauffés dans une mouffle en terre réfractaire, disposée convenablement dans le foyer d'une forge ordinaire. Dans cette moufle et à côté des cau- tères, se trouvait placée la tige d'un pyromèlre à cadran (pyromôtre de Daniell). Nous avons pu déterminer ainsi, avec un certain degré de pré- cision, la température des cautères. Ces instruments ont été chaulfés d'abord à 23° du pyromètre (rouge sombre) et passés trois fois dans chaque raie, puis à 30° du pyromètre (rouge-cerise) et passés cinq fois dans chaque raie. Nous avons manœu- vré les cautères en observant soigneusement toutes les règles décrites précédemment. Le feu a été mis ainsi au 2" degré. La moitié antérieure de la surface cautérisée a été recouverte d'onguent populéum, et l'au- tre, laissée sèche. Quatre jours après la cautérisation, les eschares de la partie recouverte de populéum étaient soulevées par un suintement- purulent qui se montrait sur les bords des eschares. Vers le sixième jour, ou pouvait aisément enlever ces mêmes escha- res, qui étaient décollées par la suppuration ; on mettait ainsi à nu le corps papillaire du derme, qui était le siège d'une sécrétion purulente bien accusée. Le pus ne tarda pas à se concréter au contact de l'air et à former ainsi de larges croûtes opaques qui recouvrirent bientôt toute la région enduite de corps gras, tandis que la partie laissée sèche présentait seulement (;à et là, sur les bords des raies, quelques croûtes cristallines, jaunâtres, de telle sorte que les deux parties de la région cautérisée offraient un aspect tout différent, et tel, qu'un observateur non prévenu aurait pu croire que le feu avait été mis avec beaucoup plus d'intensité dans la région antérieure, recouverte de corps gras, que dans la postérieure, laissée sèche. Or, nous sommes en mesure, d'aftirmcr que le feu a été mis avec uniformité, puiscjuc la température des cautères a été mathématiquement déterminée par un ■Jippareil spécial. Vers le quinzième jour, ou peut soulever les eschares de la partie (I) Gowdon, Chirurgie vélérinaire, t. 1, p. Tl?. Dli L'APl'lJGATIUN DU FEli. (tâo postérieure et les enlever tout d'une pièee; elles formaient des bande- lettes sèches, comme parcheminées; elles montraient des sillons blan- châtres sur leurs bords et roses au centre; bon nombre de poils, courts et droits, apparaissaient dans chaque sillon, et la peau, située entre les intervalles des raies, présentait une multitude de fmes croûtes très-adhérentes. A la môme époque, les croûtes produites par l'application du popu- léum tenaient encore fortement aux parties sous-jacentes, et quand on parvenait à les détacher, ce qui paraissait produire une assez vive douleur à l'animal, on mettait à nu le derme, rouge, ulcéré en quelques points, ailleurs recouvert d'un suintement purulent. Il y avait donc là une suppuration sous-crustacre, qu'on nous passe le mot. Au trentième jour, les croûtes et les débris d'eschares qu'elles englo- baient, peuvent être enlevées par la brosse de pansage. La région re- couverte de populéum est enfin cicatrisée, mais les cicatrices laissées par les eschares se sont fusionnées à tel point qu'on ne pourrait pas compter le nombre de raies, il n'y a plus, pour ainsi dire, qu'une seule cicatrice, tandis que dans la région opposée on distingue très-nette- ment sept cicatrices linéaires. Déplus, la partie enduite de corps gras est glabre dans beaucoup de points ; par contre, les poils repoussent fort régulièrement autour des cicatrices siégeant dans la partie aban- donnée à elle-même après la cautérisation. 11 existe entre ces deux parties une dillerence d'aspect très-frappante et qui témoigne de l'in- convénient principal que présentent les corps gras. Gonséquemment, remploi de ces substances doit être rejeté en l'es- pèce ; tout au plus peut-on y avoir recours, comme le conseille M. H, Bouley, « pour prévenir le crevassement de la surface de la peau » quand les symptômes inflammatoires se sont dissipés et que les eschares sont en partie éliminées. Si nous condanmons l'usage des corps gras après l'application du feu, il en est autrement des substances vésicantes, dont l'emploi rationnel peut donner parfois de bons résultats. Nos devanciers, les hippiâtres, avaient du reste l'habitude d'appliquer sur la surface cau- térisée, des préparations emplastiques désignées alors sous le nom de ciroïnes, probablement parce que la cire entrait pour une large propor- tion, dans leur composition. Ces préparations, trop complexes, sont remplacées aujourd'hui par l'onguent vésicatoire, l'alcool cantharidé ou les différents feux, liquides. Nous connaissons beaucoup de vétéri- naires qui combinent l'emploi de la cautéiisation transcurrente et des vésicants : ils applicjuent immédiatement sur la partie cautérisée une couche d'onguent vésicatoire, ou bien ils pratiquent une friction avec un liquide vésicant et résolutif. Ce procédé mixte peut produire de bons effets, quand la cautérisa- tion par le fer rouge est restée eu deçà des limites ordinaires ; on obtient, dans ce cas, une inflammation exsudalive assez prononcée PiLcM liT roL»SAii>t. — Chirurgie. tO 626 OPÉRATIONS GENÉUALES. sans avoir à redouter des cicatrices bien apparentes ; mais il en est autrement lorsque le vésicatoire, par exemple, est appliqué sur un l'eu au troisième degré ; dans ce cas, on observe souvent des chutes de peau et, comme conséquence, des cicatrices calleuses et difformes. En somme, il est préférable, à notre avis, démettre d'emblée le feu au degré voulu plutôt que de chercher à augmenter son action par des applications diverses, dont les effets peuvent varier beaucoup, selon les doses et le degré de pureté des ingrédients qui entrent dans la com- position des onguents ou liniments préconisés en pareil cas. Si pour- tant on désirait employer ces substances, il laudrait mettre le feu au premier degré et ne pas dépasser cette limite, au delà de laquelle des accidents peuvent se montrer. Telle est notre manière de voir sur cette question. Ceci posé, nous pouvons continuer l'étude des soins consé- cutifs il l'application du feu. Lorsque la chute des eschares a eu lieu, les plaies qui peuvent en résulter ont parfois de la tendance à bourgeonner outre mesure ; il convient alors de les saupoudrer avec de l'alun calciné, du sulfate de cuivre pulvérisé, ou d'autres poudres plus ou moins escharotiques. Des lotions astringentes peuvent remplir le même but. L'emploi du bandage ouaté donne, surtout chez les chevaux de luxe, les meilleurs résultats {i). Le plus souvent, de simples soins hygiéniques suftisent pour faire disparaître l'engorgement inflammatoire qui survient au pourtour de la partie cautérisée; il faut soumettre les animaux à un exercice modéré, les promener au pas, sur un terrain doux ; par ce moyen, on active les résorptions interstitielles et l'on évite la formation de ces engorgements chroniques qui sont la conséquence d'un repos trop complet, d'une stabulation trop prolongée. Ceci nous amène à dire quelques mots sur l'époque à laquelle il convient de remettre au tra- vail les animaux qui ont été soumis à la cautérisation transcurrente. 3° Epoque de la reprise du travail. — Après la cautérisation par le fer rouge, les animaux doivent être laissés en repos pendant un temps variable, suivant l'intensité du feu, le tempérament des animaux, leur genre de service. SoUeysel voulait qu'on laissât en repos pendant vingt-sept jours, le cheval auquel on avait mis le feu; Lafosse, au con- traire, recommandait de mettre en route, le lendemain, un cheval auquel on aurait mis le feu aux quatre membres. 11 y a évidemment, de part et d'autre, une exagération dont il faut nous garder. En thèse géné- rale, il est indiqué de laisser en repos pendant huit à dix jours un cheval auquel on a mis le feu ; mais il est évident que les circonstan- ces énuniérées précédemment sont dénature à l'aire varier la durée du temps pendant lequel l'animal opéré doit être laissé en repos. Ainsi, quand le feu a été mis au troisième degré et que l'animal doit être soumis à un travail exigeant, des allures rapides ou des efforts de trac- \\ il. Ituulcy. [NdIc inéilile.) ItE 1/APFLlCATlOiN DU FEU- 6^7 tiun énergiques et répétés, il est prudent d'attendre que les phéno- mènes inflammatoires se soient complètement dissipés, et que la chute des eschares soit en grande partie terminée. Si le feu a été mis au premier degré et si le sujet ne doit pas effectuer un travail péni- ble, on pourra se contenter de le laisser en repos pendant cinq ou six jours, surtout s'il paraît être d'un tempérament lymphatique, s'il est peu irritable. D'après cela, on comprend qu'il n'est pas possible d'assi- gner, pour l'époque de la reprise du travail, un terme applicable à tous les cas. E. Accidents de la cautérisation. — Ils peuvent survenir soit pen- dant, soit après l'opération. a. Pendant l'optralion. {'^Section de la peau. — Cet accident est annoncé par l'écartement des raies et la couleur blanche nacrée du tissu con- jonctif sous-cutané, qui se montre au fond du sillon, Il résulte de l'i- nobservation des règles qui président à l'application du feu, notamment de l'emploi de cautères trop lourds, à tranchant rugueux ou trop mince; il peut être produit encore par l'application de cautères trop chauds, conduits sans ménagement et avec lesquels on exerce une pression trop forte. Enumérer les causes de cet accident, c'est in- diquer le moyen d'y remédier. La section de la peau est un acci- dent qui détermine la formation de cicatrices calleuses, témoignant de l'imprévoyance ou de l'inhabileté de l'opérateur. '2." Hémorrhagie capillaire. — Parfois des scories, ou matières siliceuses, s'attachent au cautère dont elles rendent le tranchant inégal et ru- gueux. Dans cet état, celui-ci peutérailler l'eschare déjà produite par de précédentes applications de fer rouge d'où résultent des blessures de quelques artérioles cutanées. On voit alors perler, sur les côtés ou au fond de la raie, une gouttelette de sang, suivie de plusieurs autres ; parfois même tout le sillon tracé avec un cautère dont le tranchant a été mal limé, se remplit de sang. Mais, en général, cet accident ne doit inquiéter en rien l'opérateur, et il suffit, pour y remédier, d'appro- cher du point qui donne lieu à l'hémorrhagie, un cautère chauffé au rouge. Cependant nous avons vu quelquefois cette hémorrhagie per- sister pendant plusieurs heures, après la cautérisation. 3° Excoriations de la sur face cautérisée . — Elles sont produites par un défaut de précaution. Ainsi, quand on applique le feu le même jour sur deux membres, on est exposé à voir se produire des excoriations par suite des mouvements auxquels les animaux se livrent pendant l'opé- ration, ou mieux des frottements de la face externe de l'un des mem- bres cautérisés sur le sol incomplètement garni de paille. Les excoria- tions peuvent être suivies de cicatrices difformes. 11 importe donc de les prévenir en entourant soigneusement la partie de plumasseaux et en fixant le patient très-étroitement pour limiter ses mouvevements le plus possible. h. Après l'opération. Arrachement des eschares. — Cet accident ré- (;2.S Ol'IilllÂTlONS (iE.NKIl.VLES. suite des morsures que se l'ont les animaux opérés ou des frottements de la partie cautérisée contre les corps environnants ; il peut être l'origine de cicatrices défectueuses. On l'évite aisément en prenant les précautions ({ue nous avons indiquées précédemment. Destruc'ioa fie la peau et des pai-lk-s sous-Jacenfes. — Ceci résulte d'une cautérisation intempestive pratiquée sans nul souci des règles de l'art, ou par des gens ignorants, qui, pour en imposer au vulgaire, labou- rent la peau ou la transpercent avec des cautères incandescents. On peut observer ici tout le cortège symptomatique des brûlures graves : chute de peau, des tendons, des ligaments, plaies articu- laires, etc. ; mais nous ne pensons pas qu'un praticien éclairé com- mette jamais une faute de cette nature. § :2. — Cautérisation en surface. La cautérisation en surface, encore appelée feu Gaullet, du nom de son inventeur, consiste à recouvrir toute la région malade de larges raies de feu qui se touchent toutes entre elles et ne laissent ainsi aucun intervalle sur la région cautérisée. Gaullet se servait de cau- tères hastilcs plus pesants que les cautères ordinaires et dont le tran- chant était remplacé par une ùouc/ie de 1:2 à 15 millunètres de largeur, légèrement arrondie sur ses quarres. Ce praticien traçait d'abord, sur la partie malade, une première raie de feu; puis il en dirigeait une autre immédiatement à côté de la première et ainsi de suite jusqu'à ce que toute la surface à cautériser en lut recouverte. « Ces premières lignes sont ensuite croisées transversalement ou obliquement par d'autres lignes qui se touchent aussi entre elles; enfin, ajoute cet au- teur, pour que toute la surface reçoive une impression aussi égale que possible, je brûle toutes les parties qui n'ont pas été touchées, en passant sur les lignes le plat du cautère, qui ne doit plus conserver alors qu'un demi-degré de chaleur (1). Avec un peu de légèreté dans la main et un peu d'habitude de cette opération, on est sûr, d'après Gaullet, de ne pas altérer l'intégrité de bi peau. » On acquiert cette habitude, au dire de l'auteur, en ne mettant pas plus de temps pour opérer par cette méthode que par la méthode ordinaire. Effets. — « Au bout de vingt-quatre heures et quelquefois moins, comme cela se voit, sur les extrémités plutôt que sur le corps, un en- gorgement inllannnatoire se manifeste, la peau se recouvre ensuite de petites vésicules séreuses, semblables à celles produites par l'action des cantharides ; trois semaines environ après la cautérisation, les croûtes, qui ont succédé aux vésicules, commencent à tomber, et \\n\ aperçoit facilement le poil qui repousse avec sa souplesse et son égalité premières. » Les etfets thérapeutiques auraient quelque chose de mer- (1; Recueil de ,néd. vél., 1828, j). .>(.'J. liK I, AI'IM.ICATION' Dl KKi:. «29 veilleux ; ainsi, on obtiendrait, parce moyen, la guérison radicale des entorses, distensions tendineuses, synovites chroniques, etc., etc., sans ({ue l'application du feu laissât aucune cicatrice. M. Gourdon a mis le feu par cette méthode « en passant le cautère une, deux et trois fois sur des surfaces différentes, et au bout de quarante jours, les eschares tenaient encore très-fortement; elles ne tombèrent que plus tard, dans un temps variable et en laissant des plaies non propor- tionnées assurément par leur gravité à la faible intensité de la cau- térisation produite (1). » Désirant connaître les effets de la cautérisa- tion à la GauUet, nous avons fait l'expérience suivante. Sur un cheval âgé de six ans, guéri du farcin et conservé comme sujet d'expérience, nous avons appliqué le feu sur la face externe du canon et du ten- don antérieur et postérieur droits. Le cautère, chauffé seulement au rouge sombre, a été passé quatre fois dans les raies pratiquées sur le membre antérieur et huit fois sur le membre postérieur. Notons que nos raies se touchaient toutes entre elles et que la bouche de notre cautère présentait lo millimètres de largeur. Nous nous sommes ainsi conformés rigoureusement au procédé opératoire décrit par GauUet. On a cautérisé toute la surface externe des régions du canon et du tendon, depuis le genou ou le jarret jusqu'au boulet. L'o- pération a duré dix minutes pour le membre antérieur et vingt mi- nutes pour le membre postérieur, le sujet étant couché et assujetti convenablement. Les phénomènes consécutifs ont été observés jour par jour. Sur le membre antérieur, inie exsudation tout à fait comparable à celle produite par des frictions de teinture de cantharides est sur- venue peu à peu ; cinq jours après l'opération, la surface cautérisée était entièrement recouverte de croûtes jaunâtres, très-adhérentes, qui lui donnaient quelque ressemblance avec un tronc de bois recou- vert de mousse décolorée. Du lo*' au 25'' jour les croûtes se déta- chèrent; elles étaient complètement tombées le SO" jour et mirent à nu une surface blanchâtre formée par des écailles épidermiques et sur laquelle les poils repoussèrent partout. Sur le canon postérieur, la surface cautérisée est restée à peu près sèche ; l'eschare a été élimi- née par la suppuration, dont le corps papillaire du derme est devenu le siège ; toutefois la peau n'a pas été intéressée dans toute son épais- seur. L'eschare s'est détachée avec beaucoup de lenteur et sa chute n'a été complète (pie trente-sept jours après l'opération. A ce moment, la plaie sous-jacente était aux deux tiers cicatrisée ; le tissu de cica- trice présentait sur ses bords, quelques poils hérissés. Deux mois après la cautérisation, la plaie était enfin fermée, mais la cicatrice était épaisse, calleuse et dénudée dans la majeure partie de son étendue. Cette expérience démontre que dans la cautérisation en surface, il ne ri) .1. Gourdon, C/iirurgie vétérinnire^ t. I, p. "28. tïM OPÉRATIONS GÉNÉRALES. faut pas passer le cautère chanlf'6 au rouge sombre, plii> de qualr(» l'ois sur la même surface. M. H. Boulcy pense que le procédé GauUeL constitue le meilleur moyen d'appliquer le feu sur le grassel, sur la pointe de l'épaule, sur les kystes du garrot, et le docteur Paul Bouley, vétérinaire, à Paris, l'emploie avec un grand succès (1). Procédé JSaiidin. — Naudin, vétérinaire militaire, ayant vu M. Per- rault, vétérinaire à Bourges, et M. Farine, vétérinaire à Nevers, appliquer le feu par la méthode Gaullet, l'employa à son tour pour le traitement des engorgements chroniques des membres résultant de causes diverses (engorgements tendineux, engorgements consécutifs aux plaies articulaires, etc.), et toujours avec succès. M. Naudin pra- tique cette opération de la manière suivante. « L'animal est fixé de- bout, autant que possible, et contenu à l'aide des moyens ordinaires d'assujettissement. Un aide lève un membre de devant, selon le côté à opérer, et on limite l'étendue où le cautère doit agir, en ayant soin de ne pas couper les poils. Le cheval maintenu, l'un des aides, tenant la tète, couvre l'œil du côté où l'on opère et appelle l'attention de l'a- nimal par des caresses. Le cautère employé est celui de Gaullet ; on le chauffe au rouge-rose plutôt qu'au rouge-cerise, et on trace une pre- mière raie au milieu même de la surface à cautériser, en allant de haut en bas, sans chercher à suivre une direction rigoureusement droite; à 3 centimètres environ, on en trace une deuxième et ainsi de suite, de manière à couvrir totalement la partie qui doit être cautérisée. Re- passant ensuite une ou deux fois sur chacune des raies, ce qui est subordonné à l'irritabilité du sujet et à l'épaisseur de la peau, dès que des gouttelettes apparaissent, on en provoque la sécrétion abondante en promenant le cautère à la manière objective ; toutcela doit se faire rapidement et avec une main légère. Lorsque la sécrétion séreuse est égale partout et que le milieu des raies présente une teinte grisâtre ou même légèrement jaunâtre, chez les sujets lymphatiques surtout, on tourne le cautère sur son plat et toujours chaulfé comme il a été dit ; on le fait voyager sur les espaces compris entre chaque raie, toujours avec rapidité et légèreté, de manière à obtenir la carbonisation des poils et â embrasser toute la surface à cautériser. Jusque-là, l'animal semble éprouver une douleur assez vive, mais, peu à peu, il tombe dans un état plus ou moins complet d'insensibilité et d'immobilité, au point (luc le plus souvent le tord-nez devient inutile. Pour terminer l'opération, on repasse partout, une deuxième, une troisième fois, rarement une quatrième sur chaque intervalle des raies, selon l'indica- tion, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'exsudation séreuse soit générale, en évitant bien de passer de nouveau siu- les raies tracées par le cautère. » (I) n. Ronley. (No/« inédite.) L)H I/APPLICATION 1)1' FEI'. 6:t1 « En résumé, onjugeqiieropéralionestleriiiinéeaux signes suivants : 1° sécrétion séreuse très-abondante accusée par la présence de goutte- lettes sur toute la surface ; 2" apparition sur les raies d'une teinte bru- nâtre tirant sur le jaune sale; 3° soulèvement facile de l'épiderme avec l'ongle si l'épaisseur de la couche carbonisée des poils permet de le faire; 4" chaleur tiède, sensible à la main : signe moins sûr que les précédents, n « Pour cautériser tout le pourtour d'un boulet ou la région ten- dineuse d'un membre antérieur, on ne met que douze à quinze mi- nutes et vingt au plus.» D'après Naudin, il se produit, immédiatement après la cautérisation, une exsudation séreuse qui se ralentit au bout de vingt-quatre heures ; l'engorgement inflammatoire périphérique est manifeste; aFeschare se fendille et laisse suinter un léger mucus... . L'effet qui se produit alors est à peu près celui de l'onguent vésicatoire, tel qu'on l'observe après quelques jours d'application, au moment où il commence à se sécher Lorsque l'eschare est fendillée par suite du gonflement et que les vé- sicules séreuses sont détachées, » Naudin enduit toute la surface cau^ térisée avec le mélange suivant : ^ Sublimé ;'> à 6 grammes. A Icool q. s. pour faire dissoudre. Ensuite ce liquide est mélangé avec une cuillerée à bouche d'huile d'oUve. On agite le mélange au moment de s'en servir, « Cette quan- tité de mélange doit suffire pour trois applications successives de douze heures en douze heures... Vers le dixième ou le douzième jour, Tin filtration inflammatoire est à peu près résorbée la marche ne pa- raît plus être gênée que par la raideur causée par les croûtes. Notons que jusqu'à cette période il est toujours prudent de maintenir l'ani- mal dans une position telle qu'il ne puisse se mordre ou se frotter.... Vers le quinzième ou le vingtième jour, toutes les croûtes doivent être tombées, le poil est repoussé uniformément, et ce n'est plus qu'une affaire de temps pour que les traces de la cautérisation disparaissent tout à fait, si l'opération a été dirigée méthodiquement. » Naudin recommande vivement ce mode de cautérisation qui, d'après lui, aurait été « jusqu'à ce jour mal connu et trop peu apprécié (1). » Nous avons vu que M. H, Bouley considère ce procédé de cautérisation comme un des meilleurs pour mettre le feu dans certaines régions. § 3. — De la cautérisation en pointes superficielles. Ce procédé consiste à appliquer le feu en se servant de cautères de forme conique ou olivaire et à pointe plus ou moins mousse. (1) .liiHi-ntil des uéterinaires du Midi, année 1802, p. 3^)0 et 448. (i:v2 opI':hations généhm.es. La caiilérisalion en pointes superlicielles est jonrnellenu'iii ciu- ploj'ée à l'école de Lyon . La fifîiire 1,'iG représente le eautère diMit, nous faisons usage. On voil ((ue la parlie cautérisante est une petite masse ayant la forme de deux cônes opposés base à base ; le cône infé- rieur est arrondi dans toute son éten- due et se termine par une pointe mousse d'une largeur moyenne de 2 millimètres environ ; le cône supé- rieur est Ilxé à angle droit sur la tige. La longueur de la partie cautéri- sante, est en moyenne de 5 centimè- l'\g.\ZG. - Ctnttrre olwaire. ' très ; sa circonférence mesurée dans la partie renflée égale 3 centimètres environ. Ces dimensions peuvent varier selon les cas, mais en général « la partie cautérisante de ces instruments ne doit pas avoir trop de longueur parce que sa pointe, alors trop rétrécie, se refroidirait trop vite; et, d'autre part, il ne faut pas non plus qu'elle soit trop courte, de peur que sa masse trop peu volumineuse ne puisse pas servir d'ex- cipient à une suffisante quantité de chaleur (1), » Le dessin du feu en pointes doit présenter la disposition du ([uin- conce, en observant que toutes les pointes soient exactement placées ;\ la même distance (voy. fig. 135, P.). On commence habituellement par disposer les pointes en une ligne verticale divisant la surface à cautériser, en deux parties égales ; puis on trace, à une distance égale à celle qui sépare deux pointes, une deuxième ligne, parallèle à la pre- mière, en observant que les pointes ([ni la composent, ne soient pas placées en regard des premières, mais bien au niveau de l'intervalle de deux pointes et ainsi de suite pour toutes les lignes jusqu Ti ce que la surface soit entièrement recouverte. Parfois, quand il s'agit d'appli- quer le feu sur une forme, par exemple, on dispose les pointes en ran- gées horizontales formant un quinconce. Pour appliquer le feu en pointes, on couche le sujet et on le fixe comme pour la cautérisation transcurrente. Mais ce procédé de cauté- l'isation peu! aussi être employé sur l'animal maintenu debout et assu- jetti dans un travail. Nous avons souvent apj)liqué le l'eu de cette ma- nière principalement au pourtour du jarret, ci nous sommes en mesure d'affirmer qu'avec un peu d'habitude, on arrive à opérer aussi com- modément et aussi sûrement que quand l'animal est abattu. C'est du moins ce qu'une pratique déjà longue nous a démontré. En opérant de la sorte, on évite les accidents qui peuvent se produire au mo- ment de l'abatage et l'on peut se passer des aides nécessaires pour couclier l'animal. Pourlaul >L (iouidnii dil Irès-nettemenl dans son ouvrage sur la chirurgie vétérinaire: « Quant à ceux, maréchaux et M II. l!iinl("\', Dnlioiii.niif dp ini-il. pI iIi> r/iirurf/ie vél.. t. IFf. p. :i(;i. m i.'aimm.icmiox dt fki . un:} antres, qui, pour avoir Tair [)Ius habiles, metleiiL le l'eu sur ranimai debout, ils prouvent seulement qu'ils n'ont pas l'idée de la condition essentielle de l'opération : sa durée. Oblii,^és de se hâter, d'approcher au hasard le fer de la peau, ils brûlent l'animal, mais ne mettent pas le feu (1).» Cette appréciation nous paraît trop exclusive et, sans vouloir entrer ici dans une discussion que ne comportent pasles limites de cet ouvrage, nous nous bornerons à dire que les nombreuses applications de feu en pointes que nous avons faites, nous rendent moins sévères que l'auteur précité et nous autorisent à dire que l'emploi de ce procédé de cautérisation peut avoir lieu avec autant de succès quand le cheval est fixé dans un travail, que lorsqu'il est abattu et assujetti dans cette l)osition. Les règles de la cautérisation en pointes sont absolument sem- blables à celles de la cautérisation en raies; conséquemment, nous ne reviendrons pas sur ce sujet; nous nous contenterons de faire remar- quer que l'application du feu en pointes exige plus de temps que celle du feu en raies, attendu « que la main doit imprimer au cautère un mou- vement saccadé pour le faire sauter successivement d'un point dans un autre, au lieu de le faire glisser d'une seule traite le long d'une raie (H. Bouley). » L'intensité du feu en pointes varie suivant la distance à laquelle les pointes sont placées et la profondeur qu'elles atteignent. Ordinairement on dispose les pointes à 10 ou 13 millimètres les unes des autres, et on ne les fait pas pénétrer au delà du derme ; on juge d'ailleurs de l'intensité delà cautérisation parles mêmes signes que ceux qui ont été indiqués à propos du feu en raies. Mais il est fréquem- ment indiqué d'appliquer le feu plus fortement dans un point que dans un autre, de graduer en un mot la cautérisation suivant la gravité des lésions qu'il s'agit de combattre. On obtient facilement ce résultat par le mode de cautérisation dont nous parlons, il suffit en effet de rapprocher les pointes les unes des au- tres au lieu de transpercer la peau ; mais, dans ce dernier cas, les pointes doivent être plus espacées que quand il s'agit de mettre un feu d'une moyenne intensité, afin d'éviter une chute de peau. En somme, nous dirons, avec M. H. Bouley, qu'on peut donner au feu en pointes un plus grand degré de force qu'on ne pourrait l'obtenir avec le feu en raies, sans déterminer la chute de la peau, et approprier ainsi la cau- térisation actuelle aux exigences de certains cas où il faut, pour pro- duire une action résolutive complète, faire pénétrer la chaleur ;\ une plus grande profondeur dans les tissus malades (2). 11 faut ajouter que les traces delà cautérisation en pointes sont généralement moins vi- sibles, moins disgracieuses que celles de la cautérisation en raies, et (1) Elém. de chirur. vtUdv., t. I, p. 697- 2) Dirtionncn'rc dp médecine el de rfii'rurgie réf., t. III. p. 'Uyi. rt:H OPÉRATIONS GÉNÉMAl.KS. t'Tîtin qu'il est possible, dans bon nombre de cas, de mettre ce procédé en usage sur l'animal debout, tandis qu'il est Tort difficile ou même impossible d'agir de la sorte quand on applique le feu en raies. Pour tous ces motifs, la cautérisation en pointes superficielles est de plus en plus employée, au moins à Lyon. On la met en usage non-seulement pour des lésions n'occupant qu'une petite surface, mais encore quand il s'agit d'appliquer le feu autour d'une articulation. L'opération est fort longue, il est vrai, mais les bons résultats (|u'on on obtient com- pensent largement cet inconvénient. On applique quelquefois le feu par une sorte de procédé mixte qui consiste à tracer des raies un peu plus espacées que dans les conditions ordinaires; puis on dispose, dans lesintervalles, des séries de pointes placées en quinconce. § 4. — Du feu en raies courtes et interrompues, Prangé, vétérinaire à Paris, a préconisé, en 1852, un procédé de cautérisation ayant pour but de diminuer les traces du feu. Pour appliquer le feu par ce procédé, " on se sert d'un cautère cunéi- forme, étroit et convexe, de lame d'un volume moitié moindre de celui du cautère ordinaire. » On trace une série de raies longitudinales de 2 centimètres de longueur, que l'on dispose en quinconce. Nous n'avons jamais employé ni vu employer ce procédé de cautérisation. Pourtant nous pensons que les cicatrices qu'il détermine doivent être plus apparentes que celles de la cautérisation en pointes super- ficielles ; d'un autre côté, comme l'application du feu en pointes permet de faire pénétrer la chaleur à une plus grande profondeur et qu'il est possible, par ce procédé, de graduer pour ainsi dire la cautérisation proportionnellement aux lésions qu'il s'agit de combattre, il nous paraît préférable d'avoir recours ;\ la cautérisation en pointes super- ficielles plutôt qu'à l'application du feu en raies courtes et inter- rompues. i; 5. — De la cautérisation par des corps en ignitlon. Ce procédé de cautérisation consiste à faire brûler, sur le tégument cutané, diverses matières afin de produire une révulsion ou une déri- vation plus ou moins intense. Parmi les matières combustibles em- ployées pour cet usage, il en est de solides et de liquides. Or, la cau- térisation avec des matières solides inflammables est généralement désignée sous le nom de moxa. \ . Les moxas sont peu employés en médecine vétérinaire, attendu qu'il est très- facile de les remplacer par l'application pure et simple du cautère actuel. Plusieurs procédés ont été conseillés pour l'application des moxas; DR L'Ai'Pi.ir.ATioN ni' FRU. u:?:'. nous nous rontenLerons de reproduire celui qui a été décrit par M. Bouley. c Pour appliquer des nioxas, dit cet auteur, on peut se servir d'un faisceau de lilauients d'étoupes dont on l'ait une espèce de tente modérément serrée ; on enroule autour d'une de ses extrémités un fd de laiton, qui doit servir à la maintenir fixée sur place ; puis, les poils étant coupés, on applique cette tente par cette extrémité sur la partie que l'on se propose de cautériser; on allume l'autre et l'on active la combustion à l'aide d'un soufflet (I). » On voit que l'appli- cation des moxas ne laisse pas que d'être compliquée ; pourtant leurs effets thérapeutiques ne sont point différents de ceux de la cautéri- sation ordinaire. 11 sera donc toujours préférable d'avoir recours à celle-ci. 2. On peut pratiquer la cautérisation à l'aide de liquides inflamma- bles, tels que l'éther, l'alcool, l'essence de térébenthine, le sulfure de carbone, mais ce procédé expose à des dangers. — Prévôt, qui l'a con- seillé, lui avait donné le nom de cautérisation incendiaire. — Ce prati- cien en avait obtenu, paraît-il, de bons résultats, comme résolutif, et surtout à titre de révulsif. Pour mettre en usage ce procédé de cautérisation, on frictionne la surface à cautériser avec le liquide, puis on enflamme celui-ci, 11 importe d'étouffer rapidement les flammes, au bout de dix à quinze secondes, avec une couverture de laine préparée à cet effet. M. Bouley conseille ce mode de cautérisation pour le traitement des maladies thoraciques et abdominales, des paraplégies et des paralysies locales, de la faiblesse lombaire, des boiteries par causes occultes de la partie supérieure des membres, enfin dans les maladies anciennes. § 6, — De la cautérisation par des liquides chauds. Plusieurs liquides peuvent être employés pour cautériser une ré- gion, les huiles grasses, l'eau, le vinaigre, les solutions salines, portées à la température de l'ébuUition, ont été conseillés dans ce but. On devine que l'eau bouillante est employée de préférence. La cautérisa- tion par des liquides bouillants produit des effets révulsifs et éner- giques ; aussi a-t-elle été recommandée pour le traitement des maladies de poitrine, des paralysies diverses, etc. On peut appliquer les liquides bouillants, soil à l'aide d'un tampon d'étoupes, soit au moyen du marteau de Maijor. Le marteau à&Mayor, ainsi nommé parce qu'il a été préconisé par Mayor, chirurgien de Lausanne, consiste tout simplement en un marteau de fer ou de tout autre métal, qu'on plonge dans l'eau bouil- lante, pendant cinq à six minutes environ, pour qu'il acquière la tem- pérature du liquide; après quoi, on l'applique immédiatement sur le (1) Dictionnaire de méd. et de clnrurgie véf., t. III, p. ^CA. C,W OPÉRATIONS GKNÉRAI.ES. tégument (Milaiir avec lequel on le laisse en contacl pendant quelques secondes. On conçoit que les effets de ce mode de cautérisation doi- vent ôtre plus ou moins prononcés, suivant la lenipérature du liquide dans lequel le marteau est plongé. Dès lors, on peut, en employant divers liquides tels que les solutions salines dont le point d'éhuUilion est plus élevé que celui de l'eau ordinaire, obtenir des ell'ets révulsifs plus intenses. Pour étudier les effets de la cautérisation, suivant les liquides em- ployés, M. fiourdon a l'ail (juclques expériences sur les chevaux. Il s'est servi, « comme marteau, d'un cautère nummulaire-ovalaire, de 7 et 9 centimètres dans son petit et son grand diamètre; l'instrument était maintenu sept ;\ huit minutes dans le liquide bouillant et appli- qué sur la partie qui avait été auparavant recouverte d'un linge de fil mouille dans l'eau tiède. » Il a obtenu les résultats suivants : l" Eau bouillante (100°). — Sur une peau fine et souple, on ne produit une véritable vésication qu'en appliquant le marteau pendant quinze à vingt secondes. Au delà, on détermine Tescharification. (( Ouand la peau est épaisse et dure, on n'obtient ;\ aucun degré les (( ampoules caractéristiques de la vésication et seulement des eschares Il très-lentes à se former. » 2° Solution de sd marin (108"). — Effets analogues, mais plus mar- qués. Engorgement limité de la partie; phlyclènes par l'application du cautère pendant quinze à vingt secondes. Un contact plus prolongé détermine l'escharification. 3° Solution de carbonate potassique (133"). — « Le métal chauffé h cette température, produit une vésication énergique, quand il est appliqué seulement pendant cinq secondes. Maintenu pendant dix secondes, il produit une eschare d'une certaine épaisseur et une plaie pouvant encore se cicatriser, mais au delà on n'a plus de vésicatit)n et seulement une brûlure intense à la suite de buiuelle reste une ci- catrice qui ne disparaît plus (1). » § 7. — Cautérisation objective ou par rayonnement. Ce procédé de cautérisation consiste à approcher de la surface à cautériser, un cautère chauffé au louge, afin défaire pénétrer dans les tissus une certaine quantité de chaleur. On lui a encore donné le nom de cautérisation par approche. La cautérisation objective a été employée de tout temps; mais c'est à Mercier, d'Kvreux. que l'on doit de connaître les règles de cette opération. Ce praticien se servait d'un cautère de forme carrée, ovalaire ou cii'culaire, d'un diamètre de 20 millimètres environ et d'une épaisseur de 3 millimètres, dont la face inférieure, qui était mise en regard des tissus, était dépolie pour (I) J. r.onrdon, Élt-m. de rhir. vt^l., t. 1. p. 7.^7. DE l/.Vin'LlCATlON DU FKU- iiTi rciidi'e Uî rayoïuicineiil de la chaleur plus considérable, laridis que la supérieure élaiL lisse et bien brilianle pour diminuer les déperditions de la chaleur par rayonnemenl. 11 importe de couper les poils au ras ; puis l'animal est abattu et fixé convenablement. Les cautères doivent être chaulles au charbon de bois pour éviter leur encrassement qui s'opposerait, dans une certaine mesure, au rayonnement calorifique; il importe de les chauffer seulement au rouge sombre en commençant l'opération, puis d'élever graduellement leur température jusqu'au rouge-cerise sans dépasser cette limite, au delà de laquelle la peau serait entièrement translormée en eschare. Le cautère doit être pro- mené à une certaine distance de la surface tégumen taire, qui ne doit pas être moindre de \ millimètres ; on devine que cette distance doit être d'autant plus grande que le cautère est plus chaud. « Quand les poils se carbonisent vivement en produisant une fumée épaisse, c'est un signe que le cautère est trop chaud ou qu'il est pro- mené trop près de la surface. La carbonisation des poils doit être évitée, ils ne doivent jamais être plus que roussis. » (Mercier, Recueil vêt., 1843.) L'opération touche à sa lin, quand l'épiderme s'enlève facilement et que la surface cautérisée, en même temps qu'elle semble présenter plus d'épaisseur, laisse suinter de petites gouttelettes séreuses. Ce mode de cautérisation offre l'avantage de ne pas laisser de traces, mais ceci ne saurait compenser les inconvénients qu'il présente, notamment le danger imminent d'une chute de peau pour peu que l'opérateur dépasse le but à atteindre ; d'un autre côté, il résulte d'expériences comparatives faites par M. Bouley, que la cautérisation transcurrente agit plus énergiquement que la cautérisation objective, attendu que la première agit non-seulement par le rayonnement de la chaleur, mais encore par la pénétration directe de la chaleur produite par le con- tact du cautère sur la peau. Toutefois, la cautérisation par approche trouve son emploi à titre de moyen complémentaire de la cautéri- sation ordinaire; on peut également y avoir recours, à l'exemple de Gohier et de Cîaullet, potn- le traitement des plaies anciennes, de cica- trisation difficile. Notons maintenant que quelques années avant que Mercier fît con- naître son procédé, Laux avait eu l'idée de pratiquer la cautérisation par approche en plusieurs temps successifs, au lieu d'achever l'opéra- tion en une seule séance, comme le faisait Mercier. Par ce moyen, on évite les accidents qui peuvent survenir après la cautérisation objective ; mais, comme le fait remarquer M. H. Bouley, le feu ainsi appliqué n'agit guère qu'à la manière des applications vésicanles répétées, il serait insuffisant pour déterminer la résolution des tumeurs articu- laires chronit|ues. M. Peyrouze, vétérinaire militaire, a fail connaître ini nouveau procédé de cautérisation objective {Mémoirv couronné /Mr ta Sociélé 638 OPERATIONS GENERALES. centrale vététinaire de Paris, Concours de 1874), qui lui a donné des résultats extrêmement favorables. C'est ainsi que par l'emploi du feu objectif, selon le procédé Peyrouze, on obtient tous les elfets théra- peutiques de la cautérisation par le fer rouge sans que l'opération laisse aucune trace. « Un grand nombre de chevaux réformés ont pu être vendus après avoir subi le feu de cette manière, même plusieurs fois, sans en porter aucune trace. » (Peyrouze.) Procédé Peyrouze. — On se sert d'un cautère en pointe, mesurant 28 millimètres à sa base sur 6 centimètres de hauteur, mais qui con- serve la forme cylindrique dans l'étendue de 4 centimètres, en sorte que la partie conique en mesure 2. L'animal est ordinairement assujetti debout ; si les poils sont longs, on les coupe au ras. Le cautère étant chauffé au rouge sombre, Topérateur trace avec cet instrument un dessin, suivant le mode habituel pour la cautérisa- tion, avec espacement de 15 à 20 millimètres, en ayant le soin de ne loucher à la peau qu'une on deux fois au plus, juste assez pour que l'empreinte du cautère y reste; puis on approche cet instrument de la région à cautériser, en le tenant horizontalement à 1 ou 2 centimètres des poils qui ne doivent pas être carbonisés, « et on le mène dans le sens des lignes ponctuées, pas plus vite que lorsqu'on fait glisser un cautère cultellairc dans le sillon qu'il a tracé à la surface de l'épi- derme. Si le cautère est porté aux températures des rouges -cerise et clair, il faut le tenir plus éloigné de la peau, en position oblique ou perpendiculaire, afin de diminuer l'intensité de son rayonnnement. Ainsi conduite, l'opération doit durer longtemps, afin que la chaleur pénètre lentement dans les tissus. » (( Les signes à l'aide desquels on peut reconnaître les degrés de la cautérisation sont les suivants : a Augmentation d'épaisseur et plus grande tension de la peau. " Après une demi-heure, le doigt passé entre les empreintes laissées par le cautère porte sur sa pulpe une couche farineuse humide, un peu pâteuse. « Les poils et l'épiderme tiennent encore; mais Tépiderme est facile à détacher par le grattage de l'ongle ; ce qu'il faut éviter, du reste, parce que la place dénudée laisse immédiatement suinter de la séro- sité qui peut tromper, par son abondance, sur l'intensité actuelle du feu. « Les signes de la fin de Topération sont : l'épaissseur considérable- ment accrue de la peau ; sa température élevée, très-sensible à la main ; au toucher, sa surface donne une sensation d'humidité et une matière grasse, nnctueuse, pâteuse ou fluide et d'une luuleur noi- l'àtre, s'attache à la piilpc des doijiis. Enfin on voit de petites goutte- DE i/APPLICATION DU FEU. 639 lettes de liquide sourdre entre les poils. C'est là le signe que le feu est suffisamment intense (1). » § 8. — De la cautérisation superficielle médiate. Ce procédé consiste à appliquer le feu en interposant entre la sur- face à cautériser et le cautère, soit un morceau de peau de gant, soit une couenne de lard. Leblanc père conseillait en outre de se servir d'une sorte de cautère à roulette que l'on faisait glisser plus ou moins rapidement sur la région malade, préalablement recouverte d'une couenne de lard. L'emploi de ce cautère était particulièrement indiqué quand on se proposait de combattre une ophthalmie chronique. De nos jours on a entièrement renoncé à ce mode de cautérisation, qui n'offre aucun avantage sur les procédés ordinaires et présente par contre de graves inconvénients que Renault a fait connaître dès 1(S29. Ainsi, il est fort difficile de reconnaître à quel moment il convient d'arrêter l'opération, car les signes qui indiquent une cautérisation suffisante n'apparaissent que d'une manière très-irrégulière, et les chutes de peau sont fréquentes. Pour ces motifs, ce procédé de cau- térisation est abandonné . § 9. — Cautérisation pénétrante. On appelle ainsi un mode particulier de cautérisation qui consiste à traverser la peau avec le cautère qu'on fait pénétrer ainsi plus ou moins profondément dans les tissus sous-jacents. Il y a lieu de distinguer ici, à l'exemple de M. H. Bouley, une cautérisation pénétrante rapide, caractérisée «parla brièveté du temps pendant lequel les rapports du cautère sont maintenus avec les tissus,» et une cautérisation inhérente (de in/iR'rere, s'attacher à), parce que dans ce cas « l'instrument cautérisant reste comme attaché aux tissus jusqu'à ce qu'il leur ait communiqué une grande partie de sa cha- leur (2). )) A. — CAUTÉRISATION PÉNÉTRANTE RAPIDE. Cette méthode de cautérisation peut ôlre mise en usage par plu- sieurs procédés que nous allons examiner. 1° Procédé Leblanc. — Ce praticien conseillait de " traverser complètement la peau avec des cautères à pointe très-effilée (d'une demi-ligne à une ligne de diamètre dans la partie qui doit pénétrer dans les tissus) et à atteindre môme le tissu cellulaire sous-cutané.... Le feu appliqué de cette manière laisse autant de véritables cicatrices (1) Rapport de M. H. lîoulcy sur le concours de cliirurgie de I.S74. — Recueil de méd. vél., I8^â, p. IU)3. (2) H. Bouley, Didionnaive de méd, et de chirurgie vét.^ art. Cai térisation, p. -iTT. 6iO OPÉUATIONS GÉNÉRALES. à la peau et au tissu cellulaire qu'il y a en de pointes de l'eu. Ce sont précisément ces cicatrices multipliées et très- rapprochées, qui sont suivies d'un bon effet.... Cette manière d'appliquer le feu nest, du reste, dangereuse en aucune manière, même pour les chevaux les plus irritai)lcs; il m'a même paru (jue les animaux supportaient plus facilement cette espèce de feu (jue la cautérisation transparente ordinaire.... Les pointes de feu, quoique très-rapprochées, laissent après elles des traces beaucoup moins apparentes que celles du feu ordinaire ... L'action du feu en pointes profondes doit être secondée par plusieurs onctions d'onguent vésicatoire, faites à des intervalles éloignés.... J'ai ai)i)liqué des vésicatoires jusqu'à cinq fois sur la même région (1). Ce procédé de cautérisation a été principalement préconisé par Leblanc père, pour le traitement des vessigons, des molettes et des tumeurs osseuses. Procédé Blanchi. — Ce procédé n'est autre chose qu'une modifica- tion de celui d'Urbain Leblanc, dont il dérive; son auteur, vétérinaire à Bourg, a fait connaître, en 1865, dans le Journal de l'École de Lyon, les bons résultats qu'il avait obtenus de la cautérisation en pointes fines et pénétrantes, pour le traitement des molettes anciennes, compliquées de boiterie et dans un cas d'engorgement chroni(jue du boulet. Ce pra- ticien a employé pour son premier essai, des aiguilles à tricoter chauf- fées au rouge, avec lesquelles il traversait sans trop de ménagements, — vu la difficulté qu'on éprouve à manier des instnunents aussi exigus et presque incandescents, — la peau et les tissus sous-jacents. Plus tard, encouragé par le succès qui avait couronné cette première ten- tative, M. Blanchi, pour remplacer les aiguilles à tricoter dont l'em- ploi était incommode, eut l'idée « de faire des cautères olivaires en acier et de détacher de la pointe une aiguille du diamètre d'une ai- guille à tricoler, longue de :2 centimètres. » Parmi les cas rapportés par M. Blanchi, il en est un dans lequel il s'agit d'un cheval affecté « d'une grosse molette double du membre postérieur droit, com- pliquée d'engorgement de la partie correspondante des tendons flé- chisseurs et donnant lieu à une boiterie intense. Les aiguilles rougies, enfoncées wn(? siule fois sur toute la surface tuméfiée, à une profondeur de un à deux centimètres et à une distance d'un centimètre environ, ont produit une inflammation considérable qui a commencé à di- minuer le huitième jour. (Juinze jours après l'opération^ l'animal travaillait sans boiter» Quchiue temps après, il n'existait plus de trace ni de la molette ni du feu . Nous avons employé maintes fois ce procédé de cautérisation. Nous nous servons dim cautère olivaire dont bipartie terminale est en forme d'aiguille (fiy. \'il). La longueiH' (le relie aiguille peut \arier de 1 à 3 centimètres, sui- (I) .ItiuntuJ lia iiii>;/ici il'.'S ■n: lentes zvoiulrii/uesi IK:{(i, p aWI ot suiv. DE L'APPLICATION DU FEU. 6-H vant les cas. L'animal est assujetti comme pour la cautérisation ordi- naire; toutefois, vu le peu de durée de l'opération, on peut, sans incon- vénient, opérer sur le sujet fixé debout, dans un travail par exemple, comme nous l'avons fait souvent. Les cautères sont chauffés au rouge-cerise ; on les enfonce d'emblée dans la peau de manière à traverser celle-ci de part en part pour faire pé- nétrer l'aiguille dans les tissus sous-jacents ; puis, on se contente de toucher pour ainsi dire les parties malades avec l'aiguille chauffée au rouge, en évitant de prolonger son contact avec les tissus. pj„. j3- On peut enfoncer les aiguilles deux ou trois Cautère à aùjuilk. fois, jamais plus, dans les mêmes points, mais dans ce cas, on ne doit pas agir coup sur coup, il faut, comme dans la cautérisation ordinaire, laisser s'écouler un certain temps entre deux applications de cautère. On doit éviter également d'appuyer trop fortement avec le cautère, sans cela les eschares circulaires qu'il détermine peuvent être suivies de cicatrices indélébiles. Le dessin du feu est semblable à celui de la cautérisation superfi- cielle, et les pointes seront plus ou moins rapprochées suivant la gravité des lésions qu'il s'agit de combattre. Ce procédé de cautérisation nous a donné d'excellents résultats pour le traitement des molettes tendineuses indurées, des engorgements tendineux et des éparvins. A l'exemple de bon nombre de praticiens, de M. Abadie, notamment, nous le recommandons vivement à nos confrères. Ajoutons que, quand il est employé avec ménagement et en se conformant aux préceptes que nous avons exposés, il ne survient aucun accident, et les traces du feu sont à peine visibles. Remar- ([uons toutefois que nous n'avons essayé ce procédé de cautérisation ni contre les molettes articulaires ni contre les vessigons articu- laires, nous ne pouvons donc rien en dire pour ces cas particuliers. 11 est sans doute prudent de ne pas pénétrer dans les cavités articu- laires avec des aiguilles chauffées au rouge, bien que la pratique de l'acupuncture témoigne de l'innocuité de l'implantation d'aiguilles ACCIINATION § 1 . — Clavelisation. Cette opération consiste à inoculer à un mouton sain ou suspect de clavelée le virus claveteux, afin de mettre l'animal inoculé à l'abri de la contagion naturelle. On trouve la première mention de cette pratique préventive dans un ouvrage publié par Chalettc en 17t)i2, et, deux ans plus tard, en 1705, Bourgelat recommande cette opération. « Cependant, s'il fallait s"en rapporter à un passage de la seconde lettre d'Amoreux à un magistrat de la Cour des Comptes de Montpellier, elle était depuis longtemps pratiquée dans le haut Languedoc (:2). «Le professeur Venel, de Mont- pellier, Teissier et beaucoup d'autres, tant en France qu'à l'étranger, conseillèrent la clavelisation. Parmi les nombreux travaux publiés sur ce sujet, nous citerons le mémoire de Girard (1818), celui d'Ilurtrel d'Arboval (1822), et les articles contenus dans les ouvrages de (1) Malgaigno, Manuel th: viéd. op., p. 18. (.') Uiclioiinuire de méd. et de chir. vét., t. 111, art. Clavelée. CLAVELISATION ET VACCINATION. eor» MM. Gourdon (1857), Hcynal (1857) et Traité de police sanitaire {\^Ti), Lafosse(1861). Avantages et inconvénients. — Par la clavelisation, on comniuni({ue au mouton une maladie ordinairement bénigne qui préserve cet animal de la elavelée produite par contagion naturelle et qui est souvent meur- trière; déplus, et c'est là Vy\\\ des principaux avantages de la claveli- sation, la elavelée développée par inoculation directe ne dure pas au delà d'un mois à cinq semaines, tandis que la elavelée proprement dite sévit par bouffées dont la durée totale est de quatre à cinq mois. Par la clavelisation, « les mesures de police sanitaire, toujours si oné- reuses pour les propriétaires, deviennent inutiles.» (Reynal.) Mais on a prétendu que la mortalité, occasionnée par linoculation, n'était pas inférieure à celle produite par la maladie. M. Lafosse pense qu'il n'est pas démontré « que la clavelisation di- minue le chiffre de mortalités dans les troupeaux déjà infectés au mo- ment où on la pratique (1). » Cet auteur oppose aux faits heureux de clavelisation publiés antérieurement les résultats défavorables qui ont été observés, paraît-il, àBouchain, en 1846; il ajoute que dans la Haute- Garonne, de 185^2 à 1858, l'épizootie claveleusea sévi quatre fois et que sur les 315,803 bêtes ovines que possède le département, « 1 ,306 bêtes seulement ont été frappées, 80 sont mortes, » soit 6,12 p. 100. Ce chiffre est bien inférieuràcelui qui représente même le minimum de la mortalité, quand la elavelée sévit dans un troupeau. Ainsi les nombreuses obser- vations rapportées par M. Reynal, soit dans son article du Dictionnaire de médecine et de chirurgie, soit dans son ouvrage de Police sanitaire, démontrent d'une manière qui ne laisse pas place au doute, que « dans la elavelée naturelle, le chiffre de la mortalité est de 40 p. 100 au maxi- mum, de 20 p. 100 au minimum, donc 30 en moyenne, tandis que Ton peut évaluer à 1 p. 100 le chiffre de la mortalité occasionnée par la clavelisation (2). » Ces chiffres portent en eux leur enseignement; ils valent mieux, à notre avis, que tous les commentaires imaginables, car ils témoignent hautement de l'importance de la clavelisation. On a prétendu encore que la clavelisation ne préserve pas de la contagion naturelle. Cet argument n'est pas fondé, attendu que les expériences de Voisin, de Girard père, et les faits d'observation prouvent que les moutons clavelisés ne contractent plus la elavelée. La clavelisation peut être suivie parfois d'accidents gangreneux, mais on peut éviter ceux-ci en choisissant convenablement le claveau et l'époque de l'inoculation, enfin en opérant sur des animaux dans de bonnes conditions d'âge et de santé. En résumé, la clavelisation doit être mise en pratique sur les ani- maux qui font partie d'un troupeau dans lequel la elavelée vient de se (1) Lafosse, Traité de pathologie vêt,, t. II, p. .'281. (2) Reyual, Traité de police sanitaire, p. 828. 6S6 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. déclarer ; c'est le meilleur moyen pour abréger la durée de la maladie, mais il n'est pas rationnel de soumettre à cette opération tout le bétail ovin d'une localité ou d'un département, comme cela a été conseillé. Sous ce rapport, nous partageons la manière de voir de M. Viseur (1). Choix du virus. —Le claveau ou le virus claveleux présente avec son action spécifique des propriétés constantes plus ou moins prononcées, suivant les sujets chez lesquels il a été recueilli, la période de la mala- die et sa gravité. Il importe, paur éviter des accidents gangreneux, de prendre certaines précautions que nous allons faire connaître. Le claveau doit être recueilli sur une bcte atteinte de clavelée bé- nigne, l'expérience ayant appris que, quand on clavelise des moutons avec le virus puisé cbez un animal affecté de clavelée conflucnte, ma- ligne, il se produisait souvent des accidents gangreneux mortels. La pustule, dans laquelle on doit puiser le claveau, est, d'après M.Reynal, «celle qui est circulaire ouovale, bien formée, qui fait saillie et qui se détache sans difficulté et sans douleur, avec la peau, des par- ties sous-jacentes, légèrement blanchâtre à sa circonférence et à sa sur- face, et dont on enlève facilement la pellicule qui la recouvre. » M. Lebel a démontré « que les pustules anciennes datant de douze, quatorze et môme seize jours, flétries, recouvertes d'une croûte épaisse et dont la sérosité est déjà transformée en une matière épaisse comme purulente, fournissaient encore un liquide virulent d'excellente qualité, si, au préalable, on avait la précaution de les inciser profondément et d'attendre que le sang se soit écoulé avant de le recueillir (:2). » Vil- pelle, puis Miquel et Thomières ont fait remarquer depuis longtemps qu'en incisant crucialement une pustule claveleuse, on obtient une quantité de virus claveleux suffisante, dit-on, pour claveliser trois ou quatre cents hôtes. Le claveau de bonne provenance se présente sous forme d'une sérosité jaunâtre, limpide. Pour prévenir les accidents qui peuvent résulter de la clavelisation, il est indiqué de puiser le virus sur un animal auquel on aura préala- blement inoculé le claveau. Barbançois (1807), Girard père (1816), Viervin (I82:i), Lebel (1847) et bon nombre d'observateurs allemands ont démontré que le virus s'affaiblit par des inoculations successives, et M. Reynal pense qu'il faut mettre h profit « cette atténuation pour communiquer une clavelée bénigne (3). » Du reste, depuis longtemps, Pessinaa recommandé le procédé suivant pour obtenir un virus clave- leux dont l'inoculation ne soit pas suivie d'accidents. On choisit dix moutons sains, qu'on inocule avec le virus provenant d'une clavelée bénigne; puis, on prend parmi ces animaux, celui qui présente le moins de pustules, et l'on inocule avec le virus puisé dans la plus belle pustule dix autres bêtes, et ainsi de suite jusqu'il ce que l'inoculation ne donne (1) \isear. Mémoire sur la clavelée. 1873. (2) Dictionnaire de niéd. et de cliirurgie vét., art. Glwelisatio.n, p. 72(i. (3) Loco citato, p. 729. CLAVELISATION ET VACCINATION. 6o7 plus naissance qu'à une seule et belle pustule, dans laquelle on puise le virus préservatif. Ce procédé de culture du claveau est mis en usage en Autriche, oùil donne, dit-on, les meilleurs résultats. Mais on comprend que, quand on est parvenu à se procurer de la sorte un claveau d'ex- cellente qualité, il importe d'en continuer la culture ou d'en assurer la conservation. On ne peut guère cultiver le claveau d'une manière permanente que dans les écoles vétérinaires ; c'est ce qu'on fait à Vienne. 11 est donc intéressant d'étudier les moyens employés pour re- cueillir et conserver ce liquide virulent. Récolte et conservatioti du claveau. — Quand on se propose de recueillir du claveau, il importe, au préalable, de préparer soit des plaques de verre, soit des tubes capillaires destinés à recevoir le virus clave- leux. Les plaques de verre qu'on emploie pour cet usage présentent une longueur de 3 à 4 centimètres et une largeur de 2 à 3 centimètres. Les tubes, destinés à la conservation du claveau, sont tout à fait semblables à ceux qui sont employés pour la conservation du vaccin; ils se composent d'une petite am- poule, effilée à ses extrémités, présentant une longueur de 4 à o centimètres {/ig. 138). fig. 138. On recueille le virus claveleux, soit dans de Tuic à vaccin. jeunes pustules, soit dans des pustules claveleu- ses, parvenues à leur complète maturité. « Suivant Beugnot, on peut inciser les pustules avant la présence du virus sous Tépiderme, vers le quatrième ou le cinquième jour. Lebel préfère attendre que les symp- tômes d'acuité, dont les pustules sont le siège, aient diminué ou cessé. c'est-à-dire du douzième au seizième jour; cependant il reconnaît que, du sixième au dix-huitième jour, on obtient, par les incisions, un liquide apte à transmettre la clavelée (1). » Pour recueillir le claveau, on enlève l'épiderme ou mieux la pellicule qui recouvre chaque pustule, et on ne tarde pas à voir suinter une sé- rosité claire et limpide. Par ce procédé, on n'obtient que de petites quantités de liquide virulent; aussi est-il préférable d'inciser la pustule claveleuse, comme cela a été conseillé par Yilpelle de Meaux,en 1834, Beugnot, Miquel et Thomiôres, Lebel et la plupart des praticiens qui se sont occupés de ce sujet. Après l'incision de la pustule, il s'écoule une certaine quantité de sang; il faut attendre, pour récolter le claveau, que cet écoulement sanguin ait cessé, et que le virus claveleux suinte dans les incisions sous forme d'une sérosité jaunâtre et limpide. On plonge alors l'une des extrémités d'un tube dans la source d'où l'on voit sourdre, en fines gouttelettes, le liquide virulent, et pour faciliter l'introduction du liquide dans le tube, on roule constamment celui-ci entre les doigts. Si l'humeur claveleuse, après avoir rapidement monté (1) Dictionnaire de méd. et de chirurgie vét., art. Clavelisation, p. 737. /•; • Wi Felcu et ToussAiXT. — LIarurijie. ^* 038 OPERATIONS GÉNÉRALES. dans le liibe capillaire, s'arrête dans l'ampoule qu'il présente, il faut mettre ce tube de côté et en essayer un autre. 11 importe que les tubes soient exactement remplis et que l'humeur virulente qu'ils renferment ne soit point mélanijjce d'air, car, s'il en était ainsi, elle ne tarderait pas ;\ s'altérer. Quand on a chargé ainsi un certain nombre de tubes, variable suivant les besoins de chaque praticien, il faut les sceller. Pour cela, on en fond les extrémités h la flamme d'une bougie, mais par ce moyen, on décompose l'humeur claveleuse ; aussi est-il préfé- rable de boucher les extrémités du tube capillaire, à l'aide de cire à cacheter, comme on le fait pour les tubes de vaccin. On place ensuite ces tubes dans un petit flacon rempli d'eau qu'on dépose dans un en- droit frais et sombre. Quand on emploie des plaques de verre, il suffit de recueillir le cla- veau avec la lame d'un bistouri et de le déposer sur une plaque de verre qu'on recouvre d'une autre plaque de môme longueur et de même largeur; puis, on réunit ces deux plaques à l'aide d'un lut formé de cire jaune ou mieux de cire à cacheter. On entoure les plaques ainsi cimen- tées, d'une feuille d'étain ou de plomb, ou simplement d'un morceau de soie noire ou de papier noir. Par ces divers moyens, notamment par l'emploi des tubes, M. Lebel « a pu conserver du claveau liquide, ayant toutes SCS propriétés, jusqu'à quinze mois et môme deux ans (1). )> Néanmoins, il est toujours préférable, quand les circonstances le per- mettent, d'opérer avec un virus claveleux encore c^aM(/,recueilli immé- diatement sur un mouton chez lequel la culture du claveau a été mé- thodiquement faite. Lorsqu'on veut se servir du claveau contenu dans les tubes, il faut casser, avec le bout des doigts, les extrémités du tube et en souiller le contenu, ù l'aide d'un chalumeau de paille ou d'un tube de verre, sur la lancette avec laquelle on va claveliser. Divers instruments ont été imaginés pour remplir les tubes de vaccin et en chasser ce liquide, nolammcnlV lopompe du docteur Lalagade, d'Albi, et l'appareil du doc- leur Chassagny, deLyon. On peut aisément se passer de ces instru- ments dans la pratique ; pour ce motif, nous n'en parlerons pas. On s'est quelquefois servi, à défaut de virus liquide, de croûtes claveleuses préalablement délayées dans une petite quantité d'eau. Ce moyen est souvent suivi d'insuccès. Circonstances qui peuvent modifier les résultats de la clavelisa/ion. — Ces circonstances sont relatives à l'état des animaux, à leur âge et à la saison pendant laquelle on opère. On doit s'abstenir de claveliser les botes atteintes de maladies chro- niques, notamment d'affections vermineuses ou cachectiques, a L'état de gestation,* l'époque de l'agnelage, de la tonte, le moment des cha- (1) J. Gourdon. Élémerds'de chirurgie tél., t. JI, p. 39. I CLAVELISATIOX ET VACCINATION. 639 leurs ou de la monte sont des conditions spéciales qui, à moins de né- cessité, doivent faire différer laclavelisation (1). » Les auteurs ont émis diverses opinions sur les dangers de la claveli- sation d'après Fâge des animaux. M. Reynal pense «qu'il est préférable d'attendre que les agneaux soient sevrés avant de pratiquer la claveli- salion; après cette période, ils opposent une résistance plus grande à l'influence morbide qu'exerce sur eux l'inoculation (2). » C'est pendant le printemps ou l'automne qu'il convient de pratiquer la clavelisation ; les saisons extrêmes — hiver et été — sont défavora- bles à cette opération. Régions où l'on clavelise. — Les auteurs ne sont pas d'accord sur le choix de la région où il convient de claveliser. Les uns préfèrent la face interne de la cuisse; les autres, le dessous de la queue. La plupart des praticiens opèrent dans cette dernière région, que M. Reynal re- commande tout particulièrement, parce que, dit-il, le dessous de la queue est plus rarement le siège d'engorgements et parce que là on peut les conjurer plus facilement qu'ailleurs. « Liebald assure avoir inoculé sous la queue, à o ou 6 centimètres de sa base, plus de 60,000 moutons sans provoquer un cas d'inflammmation grave de cette partie (3). » Disposition du local. — Position de C opéi^ateur . — Il importe de sé- parer les bêtes clavelisées de celles qui ne le sont pas. — A cet effet, on divise la bergerie en deux compartiments, à l'aide d'une claie, et l'on met d'un côté les moutons à claveliser, de l'autre les bêtes opérées. L'opérateur se place alors entre les deux comparti- ments ; à proximité se trouve le mouton qui fournit le claveau et que l'on fixe sur une table ou sur une botte de paille. Plusieurs aides sont également nécessaires; l'un d'eux charge la lancette de l'opéra- teur en la trempant dans l'humeur qui suinte dans les incisions faites aux pustules ; un ou deux aides contiennent le sujet qui fournit le claveau, et les autres amènent les moutons à l'opérateur en les tenant comme pour le bistournage, si l'on clavelise au plat de la cuisse, tandis qu'on les maintient debout, tout en présentant leur croupe à l'opérateur, quand on opère dessous la queue. L'emploi d'un aide pour charger la lancette n'est utile qu'autant que l'opérateur a un grand nombre de moutons à claveliser ; dans ce cas, pendant qu'il pratique les piqûres, l'aide imprègne la lancette d'humeur virulente. M. Gour- don pense que, « avec trois aides, quatre au plus, on peut, si l'on a quelque habitude, claveliser deux cent cinquante bêtes en une heure (4). » (1) Dict. de méd. et de chirurgie vél., t. III, p. 739. (2) Ibid., p. 739. (3) Ibid., p. 741. (4) J. Gourdon. Eléments de chirurgie vét., t. II, p. 55. G60 OPIÎRATIONS GÉNÉRALES. Manuel opératoire. — Plusieurs procédés ont été conseillés pour pratiquer la clavelisation. A l'exemple de M. Reynal, nous examinerons les suivants : 1 ° l'rocédé par incision de la peau. — 11 consiste à pratiquer de petites incisions intéressant une partie du derme, et dans lesquelles ou dépose le claveau. Ce procédé , qui a été conseillé par Godine jeune, expose à des liémorrhagies et à des engorgements gangreneux consécutifs. 11 est abandonné actuellement. 2° Procédé par le grattage de f épidémie. « On détruit d'abord l'épi- derme sur un point circonscrit avec la lancette ou le bistouri; on dépose ensuite la matière virulente sur la surface absorbante. Ce procédé n'est pas sûr, dit M. Reynal ; le produit inoculé est susceptible d'être essuyé par les corps extérieurs, d'être entraîné au dehors par le suintement séro-sanguinolent dont la surface dénudée est le siège; il peut enlin s'altérer au contact de l'air; en outre, à la place de l'excoriation épidermique, il se forme souvent une plaie qui revêt facilement le caractère ulcéreux. Je ne sache pas, ajoute M. Reynal, que ce procédé soit encore mis en pratique (1). » Procédé par le selon. — Il consiste à introduire, sous l'épiderme, un petit fil de laine ou de coton imprégné de claveau. A cet effet, on passe ce fil, ainsi préparé, dans une aiguille à coudre ou à suture; on pince la peau dans une région dépourvue de laine, et à l'aide de l'aiguille on transperce, de part en part, la couche épidermique du tégument. On tire l'aiguille, puis on lâche le pli, le fil se trouve alors placé sous l'épiderme ; on le coupe par les deux bouts, en le laissant dépasser un peu de chaque côté. Les auteurs ont fait remarquer que ce procédé détermine souvent des engorgements gangreneux et qu'il exige beaucoup plus de temps que le procédé par piqûres, que nous allons décrire et qui, à tous égards, mérite la préférence sur les autres procédés. 4" P/océdé par piqûres. — On peut employer, pour claveliser par ce procédé, un instrument acéré quelconque, bistouri droit, canif, feuille de sauge étroite, etc. ; mais on se sert ordinairement, soit d'une aiguille cannelée, soit d'une lancette ordinaire à grain d'avoine, soit d'une lancette cannelée semblable à celle employée par les médecins pour la vaccination et que l'on trouve aujourd'hui dans les trousses à l'usage des vétérinaires. Le choix des instruments a varié suivant les praticiens; les uns pré- fèrent l'aiguille cannelée, les autres, la lancette. Parmi les premiers nous citerons M. Reynal, qui, à l'appui de sa manière devoir, fait re- maniucr que l'usage de l'aiguille cannelée est plus commode, plus facile etplus expédilif ; de plus, l'inoculation est faite dans des conditions meilleures de succès ; on introduit le virus à la faveur d'une très- (1) Dict. de méJ . et de cldrurgie vél., t. III, \). "42. CLWELISATION ET VACCINATION. 661 petite ouverture sous l'épiderme; il ne donne lieu ni à une hémor- rhagie, ni ;\ une plaie, ni à des engorgements inflammatoires. Avec la lancette dite à grain d'avoine, on borne moins l'action de l'instrument; comme elle est coupante sur les bords, elle produit une incision sous- cutanée plus large, plus ouverte à l'air extérieur ; elle expose l'opé- rateur à blesser le derme et à faire des piqûres plus étendues. «Je sais bien, ajoute M. Reynal, que ces inconvénients s'amoindrissent quand on a l'habitude de manier la lancette, mais il n'est pas moins vrai qu'avec l'aiguille cannelée, ils ne sont pas à redouter (1). » Ajou- tons que Girard employait l'aiguille cannelée pour la clavelisa- tion (2). M. Gourdon pense, avec la plupart des auteurs, « que l'aiguille déchire plus ou moins le lambeau et qu'en raison de sa finesse, elle peut, malgré toute l'adresse possible, être introduite plus facilement dans le derme et parfois même jusque sous la peau, ce qui a d'assez graves inconvénients (3). » Il est démontré, en effet, que quand on dépose le claveau dans le tissu conjonctif sous-cutané, on voit survenir des accidents gangreneux. Mais il ne nous paraît pas qu'on soit à l'abri de ces accidents par l'emploi de la lancette, et comme, en défini- tive, la piqûre produite par l'aiguille est beaucoup plus petite que ■celle déterminée par la lancette, nous pensons que la clavelisation pratiquée à l'aide de l'aiguille cannelée offre moins de dangers que par l'emploi de la lancette, tout en reconnaissant que l'habitude, ac- quise par chaque praticien, de se servir de tel ou tel instrument, at- ténue ou même fait disparaître les inconvénients inhérents à son usage. Quand on se sert de l'aiguille cannelée, on remplit de claveau la cannelure de l'instrument; puis, tenant celui-ci de la main droite, comme une plume à écrire, on tend la peau de la main gauche dans la région à inoculer (plat de la cuisse ou dessous de la queue) ; puis on enfonce l'aiguille horizontalement aune profondeur de 2 à 3 millimètres, de manière à intéresser seulement les couches superficielles du tégu- ment cutané, en évitant soigneusement de traverser celui-ci. On retire l'aiguille après quelques secondes, en la relevant presque verticalement, «n même temps qu'avec le pouce gauche, on appuie légèrement sur les bords de la piqûre, de manière à essuyer complètement la pointe de l'aiguille et à. faire glisser le liquide virulent dans le petit trajet sous-épidermique que l'aiguille vient de parcourir. M. Gourdon recom- mande de faire «un pli à la peau eu la pinçant avec les doigts de la main gauche; puis, tenant l'aiguille horizontalement avec les doigts de la main droite, on la fait pénétrer, en allongeant les doigts (\) Dicl. de méd et de chii'wgie tél., t. JII, p. 742. (2^ Vatel, Élem. de pathologie vct. 1828, t. II, p. 2G7. (;5) J. Gourdon. Élém. de chirurgie vct., t. II, p. 49. 662 OPÉRATIONS GÉNÉRALES. qui la maintiennent dans le pli, sous l'épiderme, à la profondeur de 4à G millimiitres... (1). » Mais il nous paraît plus simple de tendre la peau comme l'a conseillé M. Reynal. La peau de la queue se tend facilement, dit cet auteur, en plaçant la main sur le bord dorsal et en exerçant une traction dans le même sens d'une part avec le pouce et de l'autre avec les quatre doigts réunis. «Si l'on se sert de la lancette, on commence, pour faire la piqûre, par tendre la peau entre le pouce et l'index gauches; puis on intro- duit la pointe de la lame sous l'épiderme, en tenant l'instrument presque parallèlement ;i la peau et de manière à ne pas l'enfoncer à plus de 2 à 4 millimètres. Gela fait, on pince légèrement la pi(iùre en rapprochant les deux extrémités de la petite incision, et on en développe ainsi l'ouverture; puis on relève l'instrument presque ver- ticalement, et le liquide descend ; on maintient la lancette pendant quelques secondes dans cette position ; puis on la retire en appuyant le pouce gauche sur la pointe, de manière à la faire essuyer par la pellicule d'épiderme soulevée et à retenir dans la petite plaie le virus claveleux » (J. Gourdon) (2). Le nombre de piqûres qu'il convient de pratiquer a été l'objet de nombreuses controverses entre les auteurs; les uns ont recommandé de pratiquer six à huit piqûres; d'autres, une ou deux piqûres seule- ment. Ainsi M. Lafosse pense que « quatre ou six piqûres, distancées de 7 ou 8 centimètres, suffisent ordinairement (3). » M. Lebcl et avec lui bon nombre de praticiens ne font qu'une ou deux piqûres au plus. Cette manière de procéder est la seule rationnelle, car on ne peut nier qu'il suffit de l'introduction, dans un organisme sain, d'une quan- tité infinitésimale de matière virulente pour faire développer une ma- ladie contagieuse; ce n'est donc pas la quantité qui intervient ici, mais bien la qualité. Si l'on considère en outre que la multi|)licité des piqûres augmente lintensitc des phénomènes inflammatoires et conséquemment rend imminents les accidents gangreneux, on sera conduit à pratiquer seulement une ou deux piqûres. Clavelisation par ingestion (jastrique. — En 18i8, Belliol et rRoche- Lubin adressèrent à hi Société centrale vétérinaire de Paris (4) une communication sur un procédé de clavelisation qu'ils avaient employé sur: 1° 1,'JOO moutons antenais appartenant au sieur Aiguilhou, fer- mier de la Prade (Larzac); 2° 1,01)0 brebis laitières du même cultiva- teur; 3" 840 moulons appartenant aux sieurs Maillé frères, des en- virons d'Alby, formant un total de 3,740 bètes ovines. Voici en quoi consistait ce procédé. La veille de l'opération, les animaux furent (1) Étéments de chirurrjievét., t. II, p. jO. (2) Ibid., p. 50. (3) Traité de palhologie vél., t. H. p. 287. (4) Recueil de tnéd. vét. 18i8, p. 025. CLAVELISATION ET VACCINATION. 663 maintenus à la die le ; on ramassa avec soin toutes les croûtes dessé- chées, toutes les pustules clavcleuscs trouvées sur les botes infectées ; on les pulvérisa, puis on les enveloppa dans plusieurs couches de pa- pier. Le jour de l'opération, quatre moutons, choisis parmi les plus malades, furent sacrifiés par effusion de sang, et ce liquide fut recueilli en ayant soin de l'agiter constamment pour empêcher la coagulation. On dépeça rapidement les victimes, et l'on répandit, sur toute la face interne de la peau, une couche de sel de cuisine qui s'imprégna du sang, de la sérosité et de la matière purulente qu'elle contenait. Ce sel fut mélangé avec la poudre provenant des croûtes claveleuses et le son composant les provendes ; on y ajouta immédiatement le sang encore chaud, puis on brassa le tout ensemble. Ce mélange, additionné de a la quantité de sel pour compléter à chaque tête sa ration ordi- naire, » forma ainsi une provende que l'on mit dans de nombreuses auges disposées la veille. Les bêtes à laine mangèrent, paraît-il, « avec la plus grande avidité, » cette provende d'un nouveau genre. On ob- serva ensuite rigoureusement les règles hygiéniques usitées à l'égard des troupeaux clavelisés. DES ABCÈS Deux procédés opératoires sont employés usuellement en chirurgie vétérinaire, pour pratiquer rouvcrlure des abcès : la ponction avec le bistouri ou le trocart et la ponction avec le cautère actuel. « Quel que soit, dit M. H. Bouley, le procédé auquel on croit devoir donner la préférence, il est une règle applicable à l'un et à Tautre et qui les domine : c'est de bien reconnaître, au préalable, par une explo- ration de la partie, la disposition qu'affectent les gros vaisseaux super- ficiels et de bien se remettre en mémoire la situation des gros vais- seaux profonds, pour éviter de porter l'instrument sur leur trajet et de voir une opération souvent des plus simples se compliquer d'un acci- dent des plus redoutables (1). )> I. Ponction avec le bistouri ou le trocart. — On S6 SCrt Ordinaire- ment du bistouri droit ; toutefois un bistouri convexe et un trocart peuvent être nécessaires. On peut effectuer l'ouverture des abcès, soit par ponction directe, soit par incision de dehors en dedans. a. Ponction directe. — Ce procédé est le plus expéditif. On l'emploie toutes les fois que la disposition analomique de la région ne fait pas craindre une hémorrhagic et quand les abcès sont superficiels. L'opérateur tient le bistouri comme une plume à écrire, le tran- chant tourné en haut ou en bas, en avant ou en arrière, suivant les indications spéciales fournies par l'anatomie de la région ; il limite la lame avec les doigts de la main droite, de telle sorte que la projection que forme cette lame soit proportionnée t\ l'épaisseur des parois du foyer purulent. Avec la main gauche, il comprime la tumeur afin de faire rellucr le pus vers le point où doit être pratiquée la ponction ; <( puis il plongevivement la pointe de l'instrument à travers la peau, et l'enfonce ensuite au delà jusqu'à ce qu'il perçoive cette sensation de résistance vaincue, par laquelle il est prévenu qu'il a pénétré dans la cavité purulente. Le pus commence alors à sourdre de chaque côté de la Jamc et, pour lui ouvrir une plus large issue, l'opérateur complète la ponction par un débridement conduit de préférence suivant le sens de la direction des poils, qui donne en général celle des muscles, et tou- jours de haut en bas, à moins de contre-indications données par la structure, afin que la voie d'échappement du pus suive toujours le sens de la déclivité (2j. » (1) Dict. de méd. cl de chirurgie vél., t. I, p. 50. (•2) lôid., 1. 1, p. 5-2. PONCTION DES ABCÈS. 06'-> b. Ponction de dehors en dedans. — Ce procédé est mis en usage quand il s'agit d'ouvrir des abcès situés au voisinage des cavités splanclniiques ondes articulations, lorsqu'on a lieu de craindre que le bistouri pénè- tre dans la poitrine, l'abdomen ou une cavité articulaire. On fait alors avec le bistouri, tenu comme un archet, ou un couteau de table, suivant la profondeur à laquelle on veut le faire pénétrer, une incision suivant la direction des poils et intéressant toute l'épaisseur du tégument; puis on divise couche par couche les parties sous-jacentcs, en ayant le soin de s'assurer de leur nature par l'œil et le doigt. « Lorsqu'on arrive aux couches les plus profondes, il est souvent indiqué, pour franchir la dernière résistance qu'opposent les tissus encore interposés entre l'ex- térieur et la poche de l'abcès, de se servir de l'extrémité d'une sonde mousse ou mieux encore du doigt, manœuvre que permet facilement la friabilité acquise aux tissus par l'état inflammatoire. Si l'on parvient ainsi à pénétrer dans le foyer purulent, il ne faut se décider à élargir avec le bistouri la voie déjà ouverte au pus, qu'autant que l'on est cer- tain d'éviter les accidents hémorrhagiques ; autrement mieux vaut s'en tenir au premier résultat obtenu et attendre (I) » (H. Bouley). Le trocart peut aussi être employé pour les ponctions des abcès, sur- tout lorsqu'ils sont situés à une telle profondeur que la lame du bis- touri ne peut les atteindre. On se sert d'un trocart de petit calibre à tige cylindrique, terminée par une pointe quadrangulaire.Pour en faire usage, on pratique une petite incision à la peau, sorte de boutonnière dans laquelle on place la pointe du trocart ; puis on enfonce cet ins- trument muni de sa canule, par un mouvement de pression combiné avec un mouvement de rotation, jusqu'à ce que le défaut de résistance fasse reconnaître que la pointe de l'instrument a pénétré dans le vide d'une cavité. On retire la tige du trocart et le pus s'écoule par la ca- nule. On débride alors le trajet parcouru parle trocart, soit à l'aide du bistouri droit, soit au moyen du bistouri boutonné, quelquefois on agrandit l'ouverture par l'emploi du cautère actuel. IL Fonction avec le cautère actuel. — Ce procédé est généralement préféré par les praticiens, car les hémorrhagies sont moins à redouter que quand on se sert du bistouri ; toutefois, et comme l'a fait remarquer M. H. Bouley, « il ne faut pas oublier que les vaisseaux situés au milieu d'un noyau phlegmoneux ne jouissent plus de la mobilité caractéris- tique qu'ils doivent dans l'état normal, à la laxité du tissu cellulaire qui les entoure, etque dans ces conditions exceptionnelles, où les place l'in- flammation, ils ne peuvent pas fuir devant le coin de fer que représente le cautère et se dérober à ses atteintes. L'hémorrhagie est donc à re- douter, môme dans l'opération de la ponction par le feu, et l'on ne saurait prendre trop de précautions pour n'appliquer l'instrument per- forateur que dans un lieu où, suivant les plus grandes probabilités, Cl) Dict. de méd. et de chirurgie ve(., 1. 1, p. 53. r,70 OPÉHATIONS GÉNÉRALES. basées sur les données anatomiques, on ne doit pas rencontrer de gros vaisseaux (1). » L'ouverture faite par le cautère persiste pendant plusieurs jours et permet récoulement du pus, prévient les récidives; en outre, la cha- leur modilie favorablement l'état des parties. Pour procéder à cette opération, on se sert, soit d'un cautère oli- vaire ordinaire (voy. fi(j. 136), soit d'un cautère à bec d'oiseau {fig. 139), soit d'un cautère à tige {fig. 140), suivant la profondeur de l'abcès. L'animal est maintenu debout, un tord-nez est appliqué à la lèvre supérieure ; puis l'opérateur comprime d'une mainlatumeur purulente Fig. 139. — Cnutère à bec d'oiseau. Fig. 140. — Cautère à tige. et de l'autre main, armée du cautère chauffé à blanc, il applique la pointe de cet instrument dans la partie où la fluctuation se fait sentir, et il l'enfonce au travers des téguments par un mouvement dépression et de rotation jusqu'à ce qu"il éprouve la sensation d'une résistance vaincue. On retire alors le cautère, et le pus s'écoule en plus ou moins grande quantité suivant la capacité de la poche purulente ; parfois il jaillit à une assez grande distance « en décrivant une courbe h grand diamètre sous l'impulsion énergique qu'il reçoit de la rétractilité des tissus, d'où rindication pour l'opérateur de s'effacer de devant l'ouver- ture (pril vient de frayer au liquide, afin d'en éviter les souillures. » (H. Bouley.) Si l'application d'un premier cautère ne suffit pas pour arriver jusqu'au foyer purulent, on peut en appliquer un second et môme un troisième pour frayer au pus une issue assez large pour qu'il puisse s'écouler facilement. Quel que soit le procédé mis en usage pour ouvrir un abcès, il faut s'abstenir d'introduire les doigts dans la cavité que forme l'abcès, à moins que l'on soupçonne l'existence de corps étrangers dont la présence a provoqué la suppuration. Dans tous les cas, il ne faut pas détruire, comme le faisaient les anciens, les brides qui vont d'une paroi à l'autre de l'abcès, car l'examen analomique démontre que ces brides (1) Dicl. deméd. et de chirurgie tél., t. I, p. 51. DES INJECTIONS. 671 OU poutrelles sont formées par des vaisseaux et des nerfs. Si, après la ponction de l'abcès le pus s'écoule difficilement, il peut être utile de faire une contre-ouverture dans les parties déclives et d'appliquer une mèche. Les drains en caoutchouc, qui ont été préconisés par le D"" Ghas- saignac, pourraient aussi être employés, mais une simple mèche suffit. Pour éviter que les bords de la plaie, résultant de la ponction de l'ab- cès, se cicatrisent trop rapidement et qu'ainsi la collection purulente se reproduise, il faut interposer entre eux une boulette d'étoupes. Quand on a pratiqué la ponction avec le cautère, chauffé à blanc, le dépôt purulent ne se reproduit pas, l'écoulement du pus se tarit peu à peu, à moins qu'il n'existe quelque lésion profonde, carie osseuse ou ligamen- teuse, auquel cas il est nécessaire d'avoir recours à diverses opérations dont il sera question plus loin. CHAPITRE VII DES INJECTIONS On appelle injection une opération qui consiste à faire pénétrer dans une cavité naturelle ou accidentelle, différents liquides dans le but de modifier la vitalité des parois de ces cavités, de les débarrasser des produits morbides qu'elles renferment, ou bien pour introduire dans l'organisme des médicaments très-actifs. Il y a donc lieu de dis- tinguer des injections substitutives ou modificatrices, hypodermiques, intra-veineuses et détersives. Parmi les premières, se trouvent les in- jections iodées, qui, par l'importance qu'elles présentent en médecine vétérinaire, méritent une étude détaillée, A. — INJECTIONS IODÉES. C'est en 1840 que Velpeau et d'autres chirurgiens conseillèrent l'emploi de la teinture d'iode en injection pour le traitement de di- verses lésions chirurgicales, notamment de l'hydrocèle chez l'homme. Quelques années après, Leblanc père, de concert avec le D' Thierry, entreprirent une série de recherches sur les injections iodées dans les synoviales articulaires et tendineuses. Ces recherches portèrent leurs auteurs à penser que les injections iodées pouvaient être uti- lement employées dans la pratique, pour le traitement des tumeurs synoviales de toute sorte qui peuvent survenir chez les animaux. Les injections iodées furent alors essavées dans les écoles vétérinaires. MM. H.Bouley, Rey, Lafosse, en France, Perosino, à Turin, firent con- naître les résultats qu'ils en avaient obtenus. Puis, bon nombre de pra- G7-2 OPÉRATIONS GENERALES. ticiens parmi lesquels nous citerons Verrier, Festal, Poret, Barry, etc., employèrent également ces injections. Ces divers travaux ont été l'objet parfois de vives controverses, de discussions animées, qui, en fin de compte, ont déterminé les indica- tions et les contre-indications des injections iodées. Indications et contre-indications. — La teinture d'iode, étendue d'une certaine quantité d'eau, est indiquée pour Y/ujgroma du boulet, le ves- sigon tendineux tarsien. Leblanc recommandait ce moyen pour toutes les dilatations synoviales, qu'elles fussent articulaires ou tendineuses; de redoutables complications se sont déclarées après l'injection de tein- ture d'iode pure ou même diluée dans les cavités articulaires, et, sans entrer dans tous les détails que cette question comporterait, nous nous croyons autorisés à dire, d'après les résultats malheureux qui ont été obtenus par les expérimentateurs les plus habiles, que les injections iodées doivent être proscrites dans les synoviales articulaires et les tu- meurs qu'elles forment. Nous pensons également qu'il faut être Irès- réservé dans leur emploi, quand il s'agit de traiter même des molettes tendineuses, et à plus forte raison si elles sont articnlaires. Nous en di- rons autant pour ce qui concerne le vessigon tendineux carpien, car il n'est pas rare d'observer, dans ce cas, des symptômes d'arthrite, avec induration persistante des tissus environnants; toutefois, d'après M. H. Bouley, on obtiendrait par l'emploi des injections iodées pour le trai- tement du vessigon carpien, des cures merveilleuses (1). Contre le ves- sigon rotulien ou l'hydarthrose du grasset, les injections iodées sont souvent impuissantes, en outre elles sont suivies d'arthrite suppurée comme pour le jarret et le boulet. Elles sont contre-indiquées pour le traitement de 1 hygroma de la nuque ; mais elles peuvent constituer (( une ressource pour le kyste du garrot (2). » On a préconisé les injec- tions iodées dans les cavités splanchniques pour prévenir le retour des hydropisies. On a obtenu ainsi quelques succès. Festal les a con- seillées pour les kystes des oreilles des chiens ; c'est en vain que nous les avons employées en pareil cas. En résumé, ce moyen thérapeutique donne d'excellents résultats quand il s'agit de remédier k un hygroma du boulet, antérieur ou postérieur, à un vessigon de la gaîne tendi- neuse tarsienne et h un vessigon carpien. On obtient par les injections iodées la disparition complète de ces tumeurs synoviales qui résistent à tous les autres moyens de traitement. Instruments. — M. H. Bouley s'est servi, dans le principe, des instru- ments inventés par M. Jules Guérin pour la ponction sous-cutanée; mais il n'a pas tardé à reconnaître qu'une seringue et un trocart ordinaires peuvent fort bien remplacer ceux qui ont été recommandés par J. Gué- rin. Pour ce motif, nous ne parlerons pas de ces derniers. La seringue, habituellement employée pour les injections iodées, se compose d'un (1) II. Bouley (note inédite). (2) 1(1., i'AJ. DliS INJECTIONS. HT:; corps de pompe en étain on en cuivre étanié, d'une longueur de 10 cen- litnctres et d'un diamètre de 3 centimètres, dans lequel se meut un piston exactement ajusté. La canule de cette seringue s'emboîte her- métiquement dans la gaine ou le fourreau du Irocart. Celui-ci présente une longueur de 12 centimètres; la tige est d'acier, elle présente une l'orme cylindrique et un diamètre de 3 à 4 millimètres; elle est munie d'un manche, et sa pointe représente une pyramide triangulaire. La gaîne ou l'étui du trocart est de cuivre étamé ou de maillechort; elle porte quelquefois, dans le milieu de sa longueur, un robinet percé d'ou- tre en outre. Un stylet ou une aiguille à tricoter, un bistouri droit ou convexe, sont encore des instruments qu'il est bon de préparer, car leur emploi peut devenir nécessaire. Ouelques opérateurs ont conseillé de préparer des plumasseaux cL une bande roulée, pour exercer une certaine compression; mais cet appareil de pansement n'est pas indispensable, car nous ne l'avons ja- mais vu employer à l'Ecole de Lyon, où les injections iodées réussissent presque toujours dans les cas que nous avons spécifiés précédemment. Préparation de la teinture d'iode. — L'alcoolé iodique se compose, d'après le Codex: d'iode, 1 partie ; alcool à 86 degrés centésimaux, 12 parties. On dissout à froid. La teinture d'iode préparée depuis longtemps renferme de l'acide iodhydrique : elle possède alors des propriétés plus irritantes que quand elle est récemment préparée. On a toujours le soin de l'étendre d'une certaine quantité d'eau, plus ou moins considérable, suivant l'ancienneté du mal, l'âge des animaux et leur tempérament. En général, on mélange i partie de teinture d'iode et 2 parties d'eau distillée ; il se forme immédiatement un précipité noirâtre d'iode. Lorsqu'on a commencé à pratiquer les injec- tions iodées, on se contentait d'agiter ce mélange avec une baguette, et l'iode, mis ainsi en suspension dans le liquide, était injecté en nature dans le sac synovial ou. séreux. On a recommandé depuis d'ajouter au mélange précité, quelques gouttes d'une solution concentrée d'io- dure potassique pour empêcher la précipitation de l'iode de telle sorte que le mélange, préparé pour l'injection, est parfaitement limpide. Ce procédé de préparation est adopté à l'École de Lyon, où il donne d'ex- cellents résultats. Nous pensons qu'il est préférable ^u procédé pri- mitif. Position de l'animal. — Dans le plus grand nombre des cas, l'animal doit être couché sur un lit de paille et assujetti de telle sorte que la région où doit se pratiquer l'opération soit parfaitement à découvert. A l'exemple de M. Barry, nous avons opéré quelquefois sur le sujet maintenu debout ci fixé dans un travail, notamment dans plusieurs cas d'hygroraas du boulet et du genou, mais nous reconnaissons vo- lontiers que, dans cette position incommode, le chirurgien n'a pas toute la sûreté de main nécessaire pour une opération de cette nature. Lieu de la ponction. — « 11 est indiqué pour chaque gaine par la dis- Peich f.t TorsSAi.'»!. — ('hirufyi''. t.i fi74 OPERATIONS GÉNÉRALES. positiun analomique. On évitera, dit M. H. Bouley, dattaquei- le sac des séreuses synoviales par les côtés sur lesquels rampent des vaisseaux ou des nerfs, ou (jui sont trop profondément dérobées sous des mus- cles, des tendons ou des ligaments. On s'abstiendra aussi de les inté- resser, autant que possible, sur celles de leurs faces qui correspondent aux champs principaux de leurs mouvements. En général, du reste, les distensions des gaines articulaires ou tendineuses sont accusées par des saillies très-caractéristiques, prolongées entre les interstices des muscles et des tendons, presque sous-cutanées dans quelques pointsde leur éten- due sur lesquels on peut les attaquer avec la plus grande facilité (1). )> Manuel opératoire. — 11 y a lieu d'étudier : 1° la ponction de la tumeur, :2" Vinjection de teinture d'iode. M. H. Bouley pratiquait autrefois la ponction des tumeurs synoviales par la méthode sous-cutanée. A cet effet, la pointe du trocart était ap- pliquée soit à la base, soit au sonjmet de la tumeur ; la lame de l'ins- trument était maintenue dans une position parallèle à la peau que l'on traversait d'outre en outre, par une pression graduée; l'opérateur faisait alors glisser l'instrument entre la peau et les parois de la tumeur dans le tissu cellulaire sous-culané, jusqu'à ce qu'il eût parcouru un trajet de 3 à 4 centimètres ; puis il le plongeait, par une pression mesurée, dans la profondeur de la tumeur. Leblanc conseillait de ponctionner la tumeur directement en traversant du même coup et perpendiculaire- ment, toute l'épaisseur de la peau et les parois de la tumeur synoviale ou kystique, La ponction par la méthode sous-cutanée n'est pas mise en usage dans les conditions ordinaires de la pratique ; elle exige* des instru- ments spéciaux ; le liquide injecté peut s'infiltrer dans le tissu conjonc- tif sous-cutané et donner lieu, chez le cheval, à des abcès; enhn elle n'offre aucun avantage sur la ponction directe qui, du reste, est seule employée aujourd'hui. Pour la pratiquer, l'opérateur après s'être assuré, comme le conseille M. 11. Bouley, « par une exploration préalable, de l'état des parois de la gaine afin de les traverser dans le point oii elles présentent le moins d'épaisseur, coupe les poils sur une surface d'un pouce carré, correspondante au point où il veut ponctionner (2), » puis, saisissant le trocart à pleine main, il l'enfonce dans la tumeur en le faisant pénétrer (»bli(]uement, par une pression mesurée et une sorte de mouvement de lérébration. Quand le trocart pénètre ubliquement dans la tumeur, on est moins exposé à atteindre la paroi opposée que quand l'instrument est introduit perpendiculairement. (Juelques praticiens font à la peau une petite incision, c'est-à-dire une sorte de bouton- nière qui facilite la pénétration du trocart dans les tissus sous-jacents. La sensation d'une lésistance vaincue annonce à l'opérateur, dit 1 H. Bouley, Kemeit de incd. viU. 18 iT, )). 'l'2. [•î] \A.,ihtfl., y. \i. ijhis iiNJiir/riOiNS. <)7.'i M. Bouley, que le Irocart est dans le vide de la cavité. « 11 maintient alors d'une main la canule du trocart dans le trajet parcouiu, en retire la lame à laquelle elle sert de fourreau, et la synovie s'écoule par l'issue béante qui lui est offerte. Son jet, proportionné à l'étendue de la tu- meur et cl la distension de ses parois, s'arrête lorsqu'elles sont revenues sur elles-mêmes. L'opérateur facilite l'écoulement du liquide épanché en diminuant la capacité de la poche par une pression méthodique exercée à l'extérieur sur toutes les faces. (Juelque bien faite que soit cette manœuvre, elle n'aboutit jamais à une évacuation complète de la gaine; il reste toujours une notaljle quantité de synovie dans ses an- fractuosités (1). » Il est des praticiens qui ne laissent écouler qu'une petite quantité de synovie avant de procéder à l'injection. Cette manière de faire est irrationnelle, attendu que la teinture d'iode se trouve ainsi étendue dans des proportions que l'on ne peut déterminer, d'oii il résulte que les effets d'une pareille injection sont des plus incertains. Quand la poche est vidée, l'opérateur introduit la canule de la se- ringue dans la gaîne du trocart. La seringue a été préalablement rem- plie du liquide à injecter. Un aide pousse lentement la tige du piston, tandis que l'opérateur fixe d'une main la gaîne du trocart et de l'autre soutient la canule de la seringue, pour éviter tout déplacement. Si une première injection ne suffit pas pour distendre les parois de la gaîne, on retire la seringue et l'on applique immédiatement le doigt sur l'ou- verture du trocart pour s'opposer à la sortie du liquide. Quand on em- ploie un trocart à robinet, il suffit de fermer celui-ci, pendant que l'aide charge de nouveau la seringue. Une seconde et même une troi- sième injection peuvent être nécessaires pour distendre convenable- ment les parois de la gaîne. On laisse le liquide séjourner pendant deux à trois minutes dans la cavité ; puis on lui donne issue en soulevant le doigt qui ferme la canule du trocart ou en ouvrant le robinet de l'ins- trument quand il en est muni. On presse modérément à la surface de la tumeur, pour faciliter la sortie du liquide. Celui-ci, qui était limpide au moment où il avait été injecté, est devenu trouble après l'injection et le séjour dans la poche synoviale, ce qui est dû à la précipitation de l'albumine de la synovie par la teinture d'iode. Il n'est pas utile d'appliquer un pansement après cette opération. On fait relever l'animal et on le conduit dans une stalle où il doit être laissé en repos complet pendant sept à huit jours. Effets et accidents. — Les elfets immédiats des injections iodées varient suivant les sujets opérés. 11 en est qui boitent fortement dès qu'on les fait relever et d'autres chez les([uels on n"observe pas ce symptôme. « Les dispositions individuelles donnent ici, comme ledit M. H. Buuley, les résultats les plus différents. » Mais, au bout de quel(]ues heures, la (1) H. I5uuli'\, liccuci/ '/'■ iiiitd. vél. \>>'t', p. ".':>. Ii7(i iil'ÉKATluNS GENliUALES. région opérée se tuméfie et devient le siège d'une vive douleur locale, qui fetenlit sur tout Torganisme et produit une lièvre plus ou moins in- tense suivant les sujets, la nature delà tumeur synoviale à laquelle on a voulu remédier, la proportion de teinture diode injectée. Si rinilaninia- liou devient sui)purativc', les animaux éprouvent alors les plus vives soull'rances et ils peuvent même succomber. Dans les circonstances ordinaires, quand Tinjection iodée a été pratiquée d'après les données acquises à la science par les laits, la lumél'aclion augmente pendant les quarante-huit heures qui suivent linjection ; la région opérée offre alors un volume plus considérable que celui qu'elle présentait avant l'injection. En outre, et (juand l'ojjération a bien réussi, cette tuméfaction acquiert une consistance ferme, analogue à celle des tissus indurés. Mais ce n'est pas là une induration dans le sens que l'on attache ordinairement à ce mot, car, avec les progrès du temps, la résolution s'effectue, la tumeur diminue insensiblement de volume, et il vient un moment où elle a complètement disparu. 11 faut quelquefois, comme le dit M. H. Bouley, trois, quatre el cinq mois pour que ce résultat se produise. Une première injection peut être insuffisante, comme on le voit parfois dans certaines conditions indéterminées pour les hygro- mas du boulet, il faut alors avoir recours à vme deuxième injection mais seulement six à sept mois après la première. Notons que, quand le licjuide injecté fait fausse route et pénètre en partie ou en totalité dans le tissu conjonctif environnant, il se produit un abcès, comme nous l'avons vu deux fois. En se conformant aux indications que nous avons formulées et en opérant avec soin, en observant les préceptes énumèrés précédemment, on évitera cet accident qui ne laisse pas que d'offrir une certaine gravité. Ji. ~ [NJKr/noNs iivi>uuh:i{MTQUb:s. Ces injections sont surtout employées en médecine humaine. Elles consistent à faire pénétrer, sous la peau préalablement divisée, une solu - tion médicamenteuse douée d'une grande activité. C'est ainsi qu'on em- ploie, sous forme de solution aqueuse ou alcoolique, les alcaloïdes vé- gétaux et leurs sels : la morphine, l'atropine, la strychnine, raconitinc. En médecine vétérinaire, l. V édition. DES INJECTIONS. h/ / commodément le li(iuide. Ouand on opère sur les petits animaux, ou emploie la seringue Pravaz, ordinaire ou modifiée. Chez les grands ani- maux, on se sert (luelquelois de cette seringue, notamment quand on injecte des médicaments très-actifs. La se- ringue de Pravaz se compose d'un petit corps a | a de pompe de verre ou d'argent, de 3 à 4 cen- timètres de longueur, gradué. La tige du piston est formée par une vis, et la canule de la serin- gue présente un pas de vis sur lequel on fixe la gaîne du trocart. Celui-ci se compose d'une tige très-fme et d'une canule d'argent. On a, en médecine humaine, (( abandonne le piston à vis, dont le maniement était tiop lent, et M. Luer l'a remplacé par un piston libre à simple frottement muni d'un curseur à vis, gradué, dont chaque millimètre répond à une goutte de liquide. La canule est droite ou courbe, d'or ou d'acier, terminée en bec de flûte et munie d'une pointe acérée servant de trocart. On règle d'avance, au moyen du cur- seur, le nombre de gouttes à injecter et on n'a plus qu'à pousser le piston après la ponc- tion (1). » La figure 141 représente la seringue de M. Colin, pour injections sous-cutanées. On voit que cet instrument participe à la fois de la seringue Pravaz et de celle de Luer. Manuel opératoire. — Il est des plus simples : l'opérateur introduit l'aiguille comme s'il s'a- gissait d'appliquer un séton, et, quand la peau est divisée, il dilacère le tissu conjonctif sous- ci>tané à l'aide du talon de Taiguille. On forme ainsi une sorte de godet sous-cutané dans le- quel on injecte ou l'on fait couler la solution médicamenteuse qu'on se propose d'adminis- trer. On bouche d'abord l'ouverture cutanée avec le doigt; puis on applique un un deux points de suture simple ou enlortillée, afin de s'opposer à la sortie du li(|uide. Dans l'emploi de ce procédé, il y a lieu de redouter des en- gorgements gangreneux, des abcès, des dé- collements plus ou moins étendus. Ces accidents ne se produisent pas quand on emploie la seringue de Pravaz ou les instruments qui en Fig. 141. Seringue à injection. (Modèle Colin.) (ly Sédillot et Legouest. Iraité de méd. upér., p. lis. (178 OPKMATIONS GENKHALKS. (lérivi'iil. Dans ce cas, l'opération consiste à piquci la peau à laide de la cannle qui sert de trocart et à enfoncer cet instrument dans le tissu conjonlif sous-cutané; puis, on visse Tajutagc du corps de pompe sur cette canule, et l'on abaisse lentement la tige du piston. On peut de la sorte injecter, autant de fois qu'on le désire, le contenu de la seringue. Quand l'injection est terminée, il suffit de retirer la ca- nule à pointe acérée qui fait office de trocarf ; la piqûre (ju'elle a pro- duite s'efface d'elle-même. Les injections hypodermiques peuvent être employées avec avantage chez les solipèdes et chez les ruminants, quand on ne peut adminis- trer des médicaments par les voies digestives, ou lorsqu'on a lieu de craindre que les substances médicinales, en se mélangeant aux ali- ments contenus dans le tube digestif, ne produisent pas tous les effets qu'on est en droit d'en attendre. De plus, les recherches de M. Ta- bourin ont démontré que les médicaments administrés par cette voie «agissent rapidement avec leurs propriétés ordinaires et avec une énergie trois ou quatre fois plus grande que par les voies gastro-in- testinales (1). » C. — INJECTIONS DANS LES VEINES. C'est vers le milieu du dix septième siècle que les injections dans les veines paraissent avoir été employées pour administrer certains médi- caments. Plus tard Chabei't, Héring, Yiborg et d'autres encore ont es- sayé ce mode d'emploi des médicaments. Tous les médicaments ne peuvent être injectés dans les veines ; il en est qui coagulent le sang et déterminent de la sorte une mort immé- diate ; il en est d'autres qui, au contact de ce liquide, se réduisent en vapeurs et produisent également une mort rapide. En outre, il ne faut injecter que des médicaments solubles ; « il est essentiel, dit M. Ta- bourin , de les dissoudre avec soin dans leur meilleur dissolvant, pourvu que celui-ci ne coagule pas le sang; l'eau, (jui n'altère pas ce liquide, est l'excipient qu'il faut choisir de préférence. » Choix de la veine. — La position superlicielle de la jugulaire, son calibre, son trajet descendant sont autant de particularités qui la dé- signent naturellement au i)raticicn, quand il se propose d'injecter des médicaments dans les veines. Instruments. — On emploie la seringue Pravaz ou ses dérivés. On s'est servi quelquefois d'un tube à injection. Ce tube est de fer-blanc; il présente une forme conique ; sa partie supérieure est évasée et od're une Mjrte de rebord ou pavillon; sa partie inférieure est munie d'un bou- lon olivaire qui facilite l'iulroduction de l'instrument dans la veine; sa longeur est de 20 centimètres; sa largeur, mesurée à sa base, égale 2 centimètres. Un slylcl, une petite bagucllc de bois sont ([uelquefois (1) Tabonrin, Traité dp matière mMxcnlp, p. .■?•?, t. J, :i<" édition. DES TVIF.CTIOiVS. (179 nécessaires pour désobstruer le tube à injection. — M. H. Bouley se servait, à Alfort, u diin entonnoir de verre, terminé par un tube de cuivre muni d'un robinet. L'instrument étant, au préalable, amorcé avec une quantité d'eau suffisante pour remplir le tube, on l'introduit dans la veine par la piqûre de la saignée ; puis l'entonnoir étant rempli du liquide à injecter, on ouvre le robinet jusqu'à ce que le liquide se soit écoulé dans la veine. Il faut avoir soin de fermer le robinet avant que l'entonnoir se soit complètement vidé, ce que la transparence du verre permet de reconnaître; on évite ainsi la pénétration de l'air (1).» Fixation de l'animal. — L'animal est maintenu debout à l'aide d'un tord-nez fixé à la lèvre supérieure. A. Procédé par la saignée. — On etfectue une saignée à la manière ordinaire, puis on introduit dans la veine l'entonnoir préparé comme l'indique M. H. Bouley, ou le tube à injection. Cette manœuvre ne laisse pas que d'offrir souvent des difficultés, car les mouvements de l'animal détruisent le parallélisme entre l'ouverture de la peau et celle de la veine, et le tube fait fausse route. Pour éviter cela, on pourrait appli- quer, comme le conseille M. Tabourin, une corde ou un ruban de fil à la base de l'encolure. On reconnaît que le tube est bien dans la veine, à la présence du sang dans celui-ci. Si le tube s'obstrue pendant l'opération, il faut y plonger un stylet, afin de chasser le caillot qui s'oppose à la péné- tration du liquide. B. Procédé par piqitre. — L'opérateur fait gonfler la veine, puis il enfonce, dans celle-ci, la canule à pointe acérée faisant office de trocart. Le sang se montre aussitôt à l'orifice extérieur de la canule, quand celle-ci n'a pas fait fausse route. On emboîte l'aju- tage du corps de pompe de la seringue Pravaz, Luer, ou autres, dans la canule, et l'on injecte. U peut être nécessaire parfois de désobstruer la canule avec un stylet. Ce procédé peut être employé non-seulement chez les petits animaux, mais encore sur les sujets de grande taille lorsqu'on veut administrer des médicaments très-actifs, d'un prix très-élevé et dont il importe que les effets se produisent immédiatement; tel est, par exemple, l'emploi de l'hydrate do cbloral pour combattre l'empoison- nement par la strychnine. (Jucl que soit le procédé employé, M. Tabourin reconnnande « de retirer du système circulatoire une quantité de sang éiiuivalente, en volume, à la préparation médicinale qu'on doit injecter. Si ce soin n'estpas observé, il peut résulter de l'introduction brusque d'un liquide dans le sang, une tension momentanée dans les vaisseaux, et, par suite, -des troubles graves dans la circulation et la respiration (2). » L'injection des médicaments dans les veines peut déterminer tous les (1) H. Rouley. — Noto inédite. (2) Tabourin, Traité de matH're méilic. 3' édition, t. F, p. 'M> , tlî<(i DFEKATlUNS GENÉHALIiS. accidents de la saignée; en outre, il est aisé de concevoir que les mani- pulations que nécessite ce mode d'emploi des médicaments, rendent l'introduction de l'air imminente et peuvent également délerminer un thrombus, qui peut être suivi de phlébite. f). — INJECTIONS DÉTEUSIVES. On les pratique soit à l'aide d'une seringue ordinaire, soit au moyen du tube-siphon inventé par M. Hey quand on les emploie pour com- battre le coryza du cheval. Le tube-siphon de M. Rey est de cuir; il oll're, comme son nom l'indique, la forme d'un siphon et se compose de deux branches iné- gales. La grande branche a i8 centimètres de hauteur et 10 de circon- férence elle; se termine par un pavillon mesurant 4 centimètres et demi de diamètre et dépasse ainsi la hauteur des cavités nasales. La petite branche ou canulo a 9 centimètres en dedans et li en dehors ; elle est munie d'une sorte d'opercule servant à fermer les cavités na- sales. Pour rendre rocclusion plus complète, on entoure souvent la canule avec de Téloupe, au-dessus de l'opercule. Pour se servir de cet instrument, l'animal est maintenu debout; dans quelques cas il peut être utile d'appliquer un tord-nez à la lèvre inférieure. La tête est maintenue dans sa position ordinaire. On introduit la canule dans une narine et on l'enfonce de telle sorte que l'opercule bouche exactement l'ouverture que forme la narine ; puis on verse le liquide dans la grande branche du tube, et si l'orifice inférieur de la cavité nasale dans laquelle on pratique l'injection, est bien fermé par l'opercule du tube, le liquide ne tarde pas à sortir par la narine opposée ou par la bouche. Ce procédé d'injection, fondé sur le principe des vases communi- quants, est très-ingénieux, il constitue « une sorte de bain qui permet au liquide d'agir plus longtemps et d'une manière plus complète sur la membrane pituitaii'e (A. Rej^)(l). » En outre, ce tube étant de cuir, on évite les blessures de la pituitaii'e, (jui soûl frétjuentes quand on emploie une seringue. CHAPITKK VIII IJGATLHE DES .VUTÈKES (iL'Ile opération isl moins suuvcnl employée chez les animaux que chez l'houMue, attendu qur les lésions (k'> vaisseaux, les anévrismes 1 1) Joiirnnl tie méd. vét. de Li/oii. 1«J0, p. 177. LlUAÏl HR DES AHTEHES. (181 nutamment sont très-rares; loutefois, un peut observer certaines hé- luorrhagies artérielles, conséciilives à la ponction d'abcès ou de tu- meurs diverses, dont on ne peut se rendre maître que par la ligature du vaisseau divisé. § 1. — Manuel opératoire. « La ligature d'une artère, dit le D'' Farabeuf (1), comprend trois phases qui se succèdent sans interruption : I, \a découve?'(e du i'aisceau vasculo -nerveux dont l'artère à lier lait partie; IT, V isolement de ce vaisseau, et enfin, III, la %r/^^t?e proprement dite. » I. — DliCOUVEUTE DU FAISCEAU VASCUI.O-NEKVEUX . Pour parvenir sûrement à découvrir une artère sur laquelle on se propose d'appliquer une ligature, il importe de se rappeler ses rapports avec les organes environnants (nerfs, muscles, tubérosités osseuses), qui constituent, comme le font remarquer les auteurs, des points de repère ou de ralliement. Si l'opérateur possède des connaissances anatomiques étendues et précises, il lui sera facile de déterminer le point où il faut pratiquer l'incision pour découvrir le vaisseau. La détermination de la région un il ftiut couper présente ici, comme dans tous les cas, du reste, une importance capitale ; aussi, en chirurgie humaine, a- t-on conseillé de tracer préalablement sur la peau la U(jne d'opération, c'est-à-dire le trajet du faisceau vasculo- nerveux, « Pour tracer sur la peau la ligne d'opération, dit le D' Farabeuf (2), nous avons à exploiter les données de la mémoire, de lœil et du doigt. La mémoire fournit les connaissances anatomiques. Explorant la région, l'œil voit les reliefs, les gouttières, les plis, les veines^ et ap- précie les distances ; le doigt sent les tubérosités osseuses, les in- terstices musculaires dépressibles et quelquefois même les battements de l'artère sur un point de son parcours. » On trace la ligne d'opéra- tion à l'aide de la teinture d'iode. Ce ]tracé constitue sans doute une excellente précaution, aisément applicable à l'homme, mais qui serait, chez les animaux, d'un emploi difficile par suite de la pigmentation de la peau et la présence des poils. Il va de soi que, si on voulait tracer la ligne d'opération, il faudrait préalablement couper les poils et même raser complètement la région, avant de procéder à l'opération. Or, il ne faut pas perdre de vue (jue dans limmense majorité des cas, quand on procède à (1) Préci.'i de Manuel opératoire. — Lii/ature des orlèrcs //ar le docteur Farabeuf, — 1872. (2) Ibid. (ix-j OPRKATIONS GÉNÉRALRS. kl ligaliiri- liiiiu' artîM'o chez nos animaux domestiques, le sang coule à flots, et que, conséquemmenl, il importe d'opérer le plus ra- pidement possible. Pour ces motifs, nous ne pensons pas que le tracé de la ligne d'opé- ration soit souvent effectué par les vétérinaires. Quoi qu'il en soit, la situation du faisceau vasculo-nerveux étant déterminée et reconnue, on incise la peau, soit t\ l'aide du bistouri droit, tenu comme une plume ;\ écrire si on veut opérer avec précision, ou comme un couteau de table si on veut agir avec force, soit à l'aide du bistouri convexe tenu comme un archet. Onclque soit l'instrument employé, lo coup do bistouri doit toujours être donné de gauche à droite, et il vaut mieux appuyer la main droite sur le sujet que d'opérer à main levée. La peau étant divisée, il faut inciser le tissu conjonctif dans toute son épaisseur, d'un bout à l'autre de la plaie, et mettre à nu l'a- ponévrose. Pour ce faire, dit M. Farabeuf, « le pouce et l'index gauches appliqués de chaque côté de la plaie, en écartent les deux lèvres ôya- lement sans les entraîner du même côté. » On incise l'aponévrose de dehors en dedans d'un seul coup de bistouri, ou de dedans en dehors sur la sonde cannelée, s'il y a du danger. Un aide tient les lèvres de la plaie écartées, soit avec les doigts, soit, ce qui est préférable, avec des écarteurs ou des érignes mousses. La plaie est bien abstergée, et l'opérateur recherche à l'aide de l'œil ou du doigt ; les points de repère. La mémoire intervient alors, rappelle les rapports du paquet vasculo-nerveux et indique la voie à suivre pour continuer l'opé- ration . II. — ISOLEMENT DE I.'aRTÈRE. C'est, dit M. Farabeuf, sur l'artère elle-même qu'il faut ouvrir la gaîne celluleuse, et dans une faible étendue, 5 à 10 millimètres, afin de détruire le moins possible de vasa rasoriim, pour ne pas exposer le vaisseau à la gangrène et le futur caillot au ramollissement; cette par- ticularité présente une certaine importance. Deux procédés sont employés pour dénuder les artères: la déchirure avec le bec de la sonde cannelée ou avec des pinces et Vincision. L'incision consiste à saisir et soulever, ;\ l'aide de la main gauche, armée d'une bonne pince, la gaîne celluleuse pour permettre ù la main droite, armée du bistouri, de l'ouvrir sansblesser les vaisseaux. « Voici comment elle se pratique: Tenir les mors de la pince légèrement écartés (5 à 10 millimètres), les appliquer tous deux sur l'artère dans le sens de la longueur, appuyer légèrement et soulever un peu le pli transversal ainsi formé. En agissant de cette manière, on ne tient qui' la gaîne celluleuse, tandis que, si l'on pince cii tiavers, on risque fort de comprendre dans un pli longitudinal l'artère ou l'une de ses veines. La gaîne soulevée, on incise \&pU transrersal avec la pointe du bistouri LICtATI'RE DRS AUTKRRS. (is:{ qui (loil ap;ir pnidcmmonl el sur lo milieu do l'artère. Une boutonnière longitudinale de 10 millimètres au plus étant laite, la pince, qui n'a rien lâché, tient et écarte une des lèvres de la petite plaie ; le bec de la sonde la décolle de la tunique externe de l'artère en détruisant les adhérences de la séreuse péri-artérielle par des mouvements de va-et- vient, puis cherche à s'engager sous le vaisseau. Le bec de la sonde s'arrête là un instant pour servir de repère, pendant que la pince va saisir la deuxième lèvre qu'il faut décoller à son tour pour engager définitivement la sonde sous le vaisseau, ou, à sa place, un instriimenl porte-fil quelconque. » La déchirure de la gahie conjonctive consiste à dilacérer, à diviser couche par couche, au moyen du bec de la sonde doublée du médius qui le renforce et l'empêche de lléchir, le tissu conjonctif péri-artériel, afin de mettre l'artère à nu et de la comprendre seule dans la ligature. Pour cela, « l'index gauche est au fond de la plaie près de l'artère qu'il surveille; la main droite porte la sonde cannelée perpendiculairement sur le vaisseau et cherche à accrocher la gaîne en la grattant avec le bec de Tinstrument, » dont les bords doivent être presque tranchants. Quel que soit le procédé employé, le cylindre artériel étant dénudé dans la plus petite étendue possible, il faut engager dans sa partie pro- fonde, une sonde cannelée ou une aiguille porle-fil. Cette petite ma- nœuvre s'appelle, en argot professionnel, charger l'artère. Le meilleur instrument pour charger une artère sans la soulever ni courir le risque de la rompre, c'est l'aiguille de Cooper, ou simple- ment une aiguille à suture dont la pointe aura été préalablement cassée et émoussée avec soin. « Quel que soit l'instrument sur lequel on charge l'artère, il faut le manœuvrer avec précaution, pour ne pas embrocher les veines ou autres organes voisins. Il est de règle de le conduire sur le doigt indicateur gauche, de l'engager d'abord du côté où est recueil, pour le faire ressortir ensuite de l'autre côté. » L'artère étant chargée, « il faut une dernière fois porter le doigt dessus et s'assurer: ï" qu'en comprimant ou pinçant le cordon soulevé, on suspend le cours du sang dans la région irriguée par le vaisseau cher- ché ; 2" que ce cordon s'aplatit parfaitement sous le doigt ; )> W" quand l'artère offre un certain calibre, il est aisé de voir et de sentir les pul- sations. Le porte-lil est retiré, et il reste à nouer les deux bouts du fil. TIT. — I.IGATL'RIC DE I.'aIITKRK. Dans quel point faut-il lier l'artère et comment effectuer cette manœuvre? « L'artère est dénudée dans une certaine étendue, un centimètre en- viron, et le fil peut toujours être appliqué plus ou moins haut: il n'est pas indifférent de le serrer au hasard. En effet, quand on fait une liga- 118 V OPÉRATIONS liENKUALES. ture, on se propose d'oblitérer les deux bouts du vaisseau et non pas seulement le bout central. On doit donc se préocccuper de poser le lil à une certaine distance des troncs ou des collatérales que le sang con- tinuera à parcourir, que ces vaisseaux appartiennent au bout central ou au bout périi)hériquo. Et dans le cas possible où, pour s'éloigner d'une collatérale supcrieiu'c, on risquerait de trop s'approcher d'une collatérale inférieure capable de ramener le sang en grande quantité, il conviendrait sans doute de comprendre celle-ci dans la ligature et au besoin de prolonger un peu la dénudation à cet ellet. « C'est le moment de nouer le lil. On fait un demi-nœud, et on le serre assez fort pour rompre les tuni(|ues élastiques; puis, laissant flotter le fil pour ne pas défaire ce (ju'on a fait, on termine le nonul que l'on doit toujours faire droit. 11 ne faut pas serrer énormément, sur- tout quand on fait, dans la continuité, une ligature qui n'a aucune chance de glisser. Pour rompre les tuniques élastiques, une constric- tion modérée, pourvu qu'elle soit brusque et bien circulaire, pas obli- que, suffit toujours (Farabeuf). » Pour serrer le nœud convenablement et éviter que le fil ne glisse dans les doigts, il faut employer un fil bien ciré dont on enroule « les cheïs autour d'un doigt de chaque main, le ^i\i ou l'annulaire, alin de les tenir solidement pendant que les deux pouces réunis dos à dos s'en- foncent comme un coin dans la plaie entre ces chefs assujettis par les doigts. Il suflit alors, pour bien serrer le nœud, d'écarter brusquement, pai' la flexion, les extrémités unguéales des pouces, qui se touchent tou- jours et se fournissent un point d'apj)ui parleurs articulations phalan- giennes, on a de la sorte beaucoup de précision ; on serre d'un petit coup sec, modéré, sans trembler; car les deux mains sont en contact. Généralement on se sert des index placés dos à dos et agissant comme les pouces : on a ;iinsi moins do précision, moins de force, mais plus de facilité pour lier au fond d'une plaie (Farabeuf). » Il nous a paru utile de reproduii'c ici les données qui ont été ior- mulées chez l'homme pour la ligature des artères, bien qu'elles parais- sent minutieuses quand il s'agit d'effectuer cette opération chez les animaux. On conçoit, en elfet, qu'on ne saurait prendre trop de précau- tions pour interrompre le cours du sang dans une région; toutefois dans bon nombre des cas, ainsi que nous l'avons fait remarquer précédem- ment, le sang coule à flots et il faut s'empresseï' de lier le vaisseau par lequel il s'échappe, sans trop se pi'éoccuper de l'isolement du vaisseau et de la dissection de sa gaine conjonctive. C'est ainsi que, quand on procède à l'ablation des tumeurs et que l'on divise les vaisseaux d'un certain calibre, on se contente de i)incer ces vaisseaux à l'aide de pinces à mors plats ou de pinces à baguettes, puis on ai)pli(iue une ligature. LIGÂTURK DES ÂUTKHES. 680 § ^. — De la ligature de quelques artères en particulier, chez le cheval. a. Carotide. — Inciser la peau dans le tiers inférieur de l'encolure, au niveau du bord supérieur de la jugulaire, disséquer le vaisseau et le lier comme il vient d'être dit. b. Crurale. — Coucher l'animal sur le côté correspondant au vaisseau que l'on veut lier; relever le membre apposé, afin de dérouvrir la ré- gion inguinale; inciser en haut, près du bord antérieur du muscle droit interne de la cuisse ; séparer ce muscle, par une légère dissection, du sous-lombo-tibial ; on sent l'artère entre ces muscles : on l'isole et on en pratique la ligature. c. Intcr-costalea. — La ligature d'une ou de plusieurs de ces artères a été recommandée dans le cas de fractures des côtes, quand on redoute une hémorrhagie dans la poitrine. Il faut chercher l'artère inter-cos- tale, au bord postérieur et interne de la côte, l'isoler comme il a été dit et la charger au moyen d'une aiguille courbe. d. Saphcne. — On peut blesser cette artère en saignant à la veine du même nom ou bien en pratiquant la ponction d'une tumeur sanguine, comme nous l'avons vu. Cette artère est très-superficielle ; une simple incision suffira pour la mettre à découvert. KL\ DU PREMIER VOLUME. TABLE DES MATIÈRES l'ilÉI ACE PREMIERE PARTIE ANATOMIE CHIRURGICALE LIVRE PREMIER ANATOMIE GÉXÉHALE CHIRURGICALE CHAPITRE PREMIER. — Des téguments 1 § 1 . — De la peau j Structure de la peau 4 Annexes de la peau jy § 3. — Des muqueuses I4 Développement des téguments 17 CHAPITRE II. — Du système conjonctif 18 § 1. — Tissu conjoi\ctif propi'.emk.m dix 19 § 3. — Tissu fibueux 22 CHAPITRE III. — Du système séreux ,. 26 r Bourses séreuses 20 î" Synoviales tendineuses -y^ 3" Synoviales articulaires 2'J ■4° Des grandes séreuses ou séreuses splanclini(iucs 30 Développement des séreuses ;j3 CHAPITRE IV. — Du système osseux 34 Structure du tissu osseux 36 Ostéogénie 41 CHAPITRE V. — Du système cartilagineux 48 CHAPITRE VI. — Des articulations 54 CHAPITRE VII. — Du sjstème musculaire :,8 § 1. — Tissu MUSCULAIRE A lIlillES LISSES .j8 § 2. — Tissu MUSCULAIRE A IlBIiES STRIÉES , GO Structure et propriétés des muscles striés 03 Développement des muscles 7;j CHAPITRE VIII. — Du système vasculaire . . ':', § 1. — Des AKTtRts 7i litSÎS TAlil,K lli:S MATIKKES. Structiii'o <>t propriétés 77 § 2. — Des veines 8j Structure et propriétés des veines. 88 § :î. — Des i.ymphatiqies 92 Structure et pinpriét('-> dos lympliat iquos 'Jt des ganglions 07 CH APITHL IX. — Du système nerveux 1 00 Structure et propriétés du système nerveux |o;j LIVRE DEUXIÈME ANATOMIË SPKCIALE OU DES RÉGIONS. SECTION PIIEMIÈRE DE LA TÊTE. CHAPITRE PREMIER. — Face antérieure de la tête 118 § 1. — Région FRO\TO-PAniÉTALE II!) Différences 120 § 2. — RÉGION NASALE 121 a. — Région nasale supérieure ou chanfrein 121 Différences 122 h. — Naseaux 123 Différences 124 § .3. — RÉGION DES FOSSES NASALES ET APPAREIL OLFACTIF 125 Différences 120 § 4. — Bout dl nkz 131 § 5. — région ladiale supkrieuiu; 132 Différences 132 CHAPITRE H. - Faces latérales de la tête 133 tj 1. — Région parotidiennk 133 Différences 138 ^ 2. — Région tempouale 139 Différences. liO }i 3. — AnTICULATIO^ TEMPOIlO-MAXILLAlIiE 140 Différences 143 § 4. — RÉGION DE LA JOLE 143 a. — Région massétérine 143 h. — Région alvéolo-labiale 145 ^5. — ApPAUEIL AUDITIl 146 Oreille externe 146 Différences 1 î.S § 6. — RÉGION onniTAir.E et appareil octLAiRE 149 a. — Région sourcilière 150 Différences 150 Ij. — Région palpébvale ou des paupif-res 150 c. — Corps clignotant 154 Différences • 155 '/. — De la cavité orbitaire 155 Différences 156 TA15LE DES MATIERES. )i8'.> e. — Muscles do l'œil . 157 /. — De la conjonctive 158 '/. — Du globe oculaire 15ï> Difl'érences 1(il Différences Kri Différences 105 § T. — De l'api'akeil i.acrymai iC5 CHAPITRE III. — Face postérieure de la tête IG7 § I. — Espace intermaxillaibe ol iié(;ion de l'auge Ifi? rt. — Région sous-hyoïdienne lf;s I). — Région sublinguale 1 7 1 J; 2. — Région labiale inférieure 172 ^3. — De la uouche 1 73 a. — Région supérieure ou du palais 174 Différences 175 h. — Régions latérales ou des joues 175 c. — Région postérieure ou staphylinc 17fi Différences 177 d. — Région inférieure ou linguale 177 De la langue 177 Différences. , 181 § 4. — Du PHARYNX ou ARRliiRE-BOUCHE 181 Différences 183 CHAPITRE IV. — De la tête en général 183 § 1 . — De la face 185 u. — De la inâclioire supérieure 186 6. — De la mâchoire inférieure 187 i? 2. — Des dents 188 Développement des dents 191 Des dents des solipèdes 191 Différences 197 CHAPITRE V. — De l'encéphale et de ses enveloppes 'ii)\ § 1 . — Enveloppe osseuse de l'encéphale 301 Différences 204 § 2. — Enveloppes memp.ranffses 205 tj 3. — De l'encéphale 207 SPXTION DEUXIÈME DU TRONC. A. — Du racliis en général 210 § I . — De LA colonne vertébrale 211 Différences 214 ji 2. — De la cavité raciiidie.nne et de la moelle 214 /y. — Du cou 2 1 fi CIIVPITRE PREMIER. — Partie supérieure du cou 217 g I. — Région cervicale sipérieure proprement dite 217 Différences 220 j; 2. — Région de la crinière 221 Différences 222 § 3. — lîÉGiON de la nuqle 223 Différences 22(; Pklcii et Toussaint. — Chirurgie. 44 HUO TABLE DES MATIERES. CHAPITRE H. — Partie inférieure du cou 22G § 1. — UliClON JLGULAinE 320 Diflércnces 230 g 2. — RÉGION TltACilÉAI.E 230 fl. _ Région trachéale proprement dite 230 DifTcrences 23'2 h. — Uégion gutturale 233 c. — Région sus-sternale 235 Différences 236 C. — De la poitrinf 237 CHAPITRE PREMIER. — Des parois thoraciques 237 § 1. — RÉG10^ DU GARROT 238 Différences 24» § 5. — Région dousai.e 240 Différences 241 § 3. — Région costai.c 241 ^4. — région sternale ou pectorale infériellie 244 Différences 24G § 5. — RÉGION DIAPHRAGMATIQUE 210 Différences 24!l CHAPITRE II. — De la cavité thoracique 24(» § 1. — Du MÉDIASTIN 240 Différences 251 § 2. — Des cavués i'lkurales et du poumon 251 Différences 255 D. — De l'abdomen 255 r,HAPITRE PREMIER. — Des parois abdominales 256 § 1. — Paroi sipékieure ou région i.omraire 256 Différences 258 $5 2, — Paroi inférieure de l'abdomen 258 Différences 26 1 § '■]. — Paroi latérale de l'abdome\ 201 fl. — Région de l'hypochondre 262 Différences 202 //. — Région du flanc 263 Différences 264 r. — Région inguinale 264 cl. — Du fourreau 266 Différences 267 t;. — Région scrotale ou des bourses 2()8 Différences 274 /'. — Région mammaire. . . 275 Différences 276 CHAPITRE II. — De la cavité abdominale 27 7 § 1. — Anatomii. des plans 278 Différences 27!) Jj 2. — Do péritoine 280 Différences 283 § :;. — Des organes digestiis 283 Différences 291 £■. —Du bassin 294 CHAPITRE PREMIER. — Des parois du bassin 294 § 1 . — Région sacrée 294 Différences 295 TABLE DES MATIÈRES. 991 § 2 — UÉCION COCCYGIENNE , 205 Dift'érenccs 290 S 3. — RÉr.ION ANALE 297 § 4. — P«KGIO.\ PÉIUNÉALE. . . 298 a, — Région périiiéale chez le niàlc 298 Différcncos 302 h. — Rt''gioii pcrinéalc chez la femcUo 303 § 5. — De la vtJi.VK 303 CHAPITRE II. — De la cavité pelvienne 306 § 1. — Du RECTIM ". 307 Différences 309 ;; 2. — Di: la vessie 310 Différences 311 § 3. — Du VAGI\ ET l)F. L'LlÉniS 311 Différfncfs , .. 313 SECTION TROISIEME DES MEMBRES. CHAPITRE PREMIER. — Du membre antérieur 31Ô § 1. — De L'ÉPAULE 315 Différences 31S § 2. — Région de la pointe de l'épaiie 319 §3. — Région du cras 321 Différences 323 § 4. — région du col de 323 § 5. — De l'avant-bras 325 Différences 329 § 6. — Du GnNOU 330 Différences 334 § 7. — Du métacaf.pe ou canon antérieur 335 Différences 337 CHAPITRE II. — Du membre postérieur 338 § 1 . — De LA HANCHE 338 Différences 340 § 2. — De la cuisse 3H Différences 344 § 3. — RÉGION du GRASSET; ARTICULATIONS FÉMORO-ROTULIENNE ET FÉMORO- tibiale 345 Différences 348 §4. — De LA .ïambe 348 Différences 352 § 5. — Du jai'.uet 352 Différences 358 § G. — Région du métatarse ou canon postérikur 359 Différences 359 CHAPITRE III. — De la région phalangienne ou du doigt dans les membres antérieurs et postérieurs 359 § 1. — Région du roulet 301 Différences ; 309 § 2. — Du paturon 370 <)fl2 TABLE DES MATIERES. Différences 314 § 3. — Du PIED ^ni n. — De la boîte cornée ou sabot -î".') 1" Paroi 375 2« Sole 3"S :3" Fourchette 3*9 '(0 Périople 380 h. — Du derme qui recouvre la troisième phalange ou appareil kératogènc . 380 1" Bourrelet 380 T Tissu feuilleté 382 3° Tissu velouté 384 c. — Du coussinet plantaire 38.'> il. — Des tendons extenseur antéricui' et fléchisseur profond des pliaianges. :]87 f. — Des os qui constituent le squelette de la région du pied et do l'urticula- tion qui les réunit 38i> 1" Deuxième phalange 380 2° Troisième phalange et fibro-carlilages complémentaires 380 3° Petit sésamoide 301 Ligaments de l'articulation du pied 302 /. — Vaisseaux et nerfs du pied 303 1° Artères 303 2" Veines 308 3° Lymphatiques 40 5 4" Nerfs 40(1 g. — Développement des diverses parties du pied, et modifications qu'il subit suivant les âges 40tl Différences 400 DEUXIEME PARTIE MÉDECINE OPÉRATOIRE Préliminaires iH LIVRE PREMIER MOYENS DE CONTENTION DES ANIMAUX DOMESTIQUES Considérations générales '1^ CHAPITRE PREMIER. — Moyens d'assujettissement du cheval debout. ilG Indications ii remplir pour iossujrl tisonnent du cheval 417 .1. — Moyens employés pour tenir un cheval en main 417 H. — Moyens employés pour fixer un cheval à un corps résistant 422 § 2. — Des travails 420 Hippo-lasso ^32 CHAPITRE II. — Contention du cheval en position couchée 434 TAIiLE DES MATIÈRES. . 093 A. — Méthodes d'abatage par les entraves 435 H. — Méthodes d'abatage sans l'eniiiloi d(!s entravons 446 CHAPITRE III. — Moyens d'assujettissement des animaux de l'es- pèce bovine 450 Ai!T. I. — Contention des iskti-s bovi\es i-.n i'osrno\ dki'.out 450 Anr. •.'. — Contention i>ks t.ktes bovines en position couchée 4(it CHAPITRE IV. — Moyens d'assujettissement des petits quadrupèdes domestiques i^- Art. I. — Contention ni.s ANIMAUX DE l'espèce ovine 462 Art. î. — Contention des animaux de l'espèce porcine 463 Art. :>. — Contention du chien et du chat 46S CHAPITRE V. — De l'emploi des anesthésiques 4*0 CHAPITRE VI. — Des accidents qui peuvent survenir pendant et après les manœuvres de l'assujettissement chez le cheval 473 Des accidents consécutifs aux mancBUvres de lu contention en position debout n4 Des accidents consécutifs aux manœucres de l'assujettissement en po- sition couchée 4" '♦ LIVRE DEUXIÈME ÉLÉMENTS DES OPÉRATIONS. CHAPITRE PREMIER. — Incisions - Dissections — Ponctions 479 § 1. — Des incisions 479 1" Bistouri 479 2° Feuille de sauge 481 3° Ciseaux 482 1" Incisions de dehors en dedans 483 2" Incisions de dedans en dehors 485 3" Incisions sous-cutanées 48T 4° Incisions en dédolanl 487 § 2 . — Dissections 488 § 3. — Ponctions 489 Méthode de Dieulafoy 491 CHAPITRE II. — Hémostasie 493 § 1 . — Hémostase temporaire 493 Méthode d'Esmarch 494 Compression digitale 495 § 2. — Hémostase définitive 495 A . Hémostatiques physiques 406 //. Hémostatiques chimiques 496 C. Hémostatiques chirurgicaux . . . . , 497 a. Compression 497 fj. — Ligature 500 c. — Torsion 504 Procédé du docteur Tillaux 505 Autres procédés hémostatiques chirurgicaux 506 CHAPITRE ni. — Réunion 507 ♦'^t- TABLE DES MATIÈRES. Cicatrisation des plaies 507 .^ 1 . — Position 500 § 2. — Emi'i.atres acglutinatifs 500 .§ ^. — Sutures 510 Instruments et objets nécessaires 510 F\ègles générales des sutures 511 Des sutures en particulier 512 Précautions ;\ prendre pour enlever les sutures, — Soins consécutifs. ... 517 CHAPITRE IV. — Des pansements 518 § 1. — Matériel servant a pratiquer lbs pansemints 518 Instruments de pansement 518 Matières de pansement. — Étoupe 519 Charpie 52 1 Succédanés de l'étoupe et de la charpie 521 Objets de pansement 522 Bandages 523 § 2, — Ai'I'i.icaïion des pansements 538 Règles des pansements 539 A. — Dispositions générales 539 B. — Dispositions particulières 540 Renoitvel/emeut des paiisemenls ' . . . 5'» 1 § 3. — Effets des pansements 542 LIVRE TROISIEME OPÉRATIONS GÉNÉRALES. CHAPITRK PREMIKR. — Des émissions sanguines 545 Art. 1. De i.a saig.nér 545 $5 1. — généralités 545 t; 2. — De la saignée chez les solipèdes 554 A. — Saignée à la jugulaire 554 B. — Saignée à la saj)hène interne 5G2 C. — Saignée à la céphalique 564 D. — Saignée à la sous-cutanée thoracique ou veine do l'éperon 5C5 E. — De la saignée à diverses veines 567 § 3. — De LA saignée chez les amhaux de l'espèce bovine 57(1 A . — Saignée à la jugulaire . . 570 U. — Saignée à la veine sous-cutanée abdominale ou mammaire, vulgaire- ment porte du lait 572 «5 4. — De la saignée chez le mouton 573 A. — Saignée à la faciale 573 B. — Saignée à la jugulaire 574 C. — Saignée à la céphalique 575 D. — Saignée Ji la saphène 575 § 5. — De la saignée chez le roue ..■..'... 575 A. — Saignée au,K auriculaires 575 B. — Saignée à la saphène 575 TABLE DES MATIÈRES- 695 g G. — Dk LA SAIGNÉB CHEZ LE CHIEN 5*6 Art. ?. — AnTÉRioTOMiE 5' * A. — Saignée à l'artère transversale de la face, clie;; le cheval b'I f{. — Saignée à l'artère auriculaire postérieure chez le bœuf 578 — — chez le porc 580 C. — Saignée à l'artère coccygieiine médiane chez le bœuf 581 Akt. :?. — Saignées capillaires 581 >; 1 . — saig^les capillaires simplks 58".' A. — Saignée au palais 58V Saignées coronaires 58",{ Saignée à la pince du pied 58'* g 2. — Mouchetures et scarifications 58C> § 3. — Ventouses 587 § 'i. — Des sangsues 588 Akt. 4. — Accidents de la saignée 590 CHAPlïIlE II. — Des exutoires 592 Akt. 1. — Du séto\ dans l'espèce chevaline . 593 § 1 . — SÉTON a mèche 59o A. — SétOH au poitrail 59(i /)'. — Séton à l'épaule 597 C. — Séton à la cuisse 599 D. — Séton à la fesse 000 fe'. — Séton au grasset 601 r. — Séton au thorax GUI G. — Séton à l'encolure .• 602 //. — Séton aux joues G02 /. — Séton à la fourchette GOî! § 2. — Du SÉTON A rouelle GOl! § 3. — TROGHiyUE ou TROCHlSQli; 605 Art. 2. — Du séton dans l'espèce bo\ ist: 605 Ar.T. 3. — Dv séton dans l'espèce canine 600 Art. 4. — Des accidents qui peuvent survenir après l'application des sétons.. . COG ( HAPITHE 111. — De rapplication du feu ou cautérisation actuelle. C08 Divisions 609 Des agents de la cautérisation actuelle. 610 \m.1. — De l'application DU keu chez les solipèdes GIO ;; 1. — Cautérisation transcurrente ou en raies GIO Règles de la cautérisation 612 .'1. — Avant l'opérai ion 612 B. — Pendant l'opération 615 C. — Signes d'une cautérisation suffisante 620 D. — Après l'opération 62 1 /i. — Accidents de la cautérisation 627 § 2. — Cautérisation en surface 628 v^ 3. — De la CAITÉRISATION E\ POINTES SI PERIUI ELI 1> 631 ^ 4. — Du ELU EN RAIES COURTES ET INTER r,0M PUES 63» i? 5. — De la CAUTÉRISATION PAR DES CORPS EN lOMTION 634 § 6. — De la CAUTÉRISATlOiN PAR DES LIQUIDES CHAUDS . . 635 ij 7. — Cautérisation orjective ou par rwonnement 636 Procédé Pey rouze 638 Ç5 8. — De la cautérisation superficielle médiate 639 § 9. - Cautérisation pénétrante C39 A . — Cautérisation pénétrante rapide 639 H. — De la cautérisation inhérente 641 (i!' Art. ;i. — De i,'ai'1'i.ication di i eu chez le chiek 048 Art. 4. Ue i.'applicvtio\ m s cai stique.^ 04'.) CHAriTl'iK IV, — Clavelisation et vaccination.. (lâi vi I . — Clavelisation 604 J; V. — De la \ ^c(;I^ATH>^ (;()4 CtlAlMlUL; \ . — De l'acupuncture et de Télectro-puncture G6ô § I — Dr l'acupunctui-,! G(ir> i; 2. — Éi.tciRO-PUNCTtuE 01 (;alvai\o-i'l.nctuiie ce* C.IIAi'ITRF, VI. — Ponction des abcès OOS CHAPmu: Vil. — Des injections C7l A. — liijeclions iodées 0*1 li. — — liypodermiqiics G*(> C. — — dans les voinus 678 I). — — déteisivos 68(t CIIAPJTHK VIII. — Ligature des artères fiSO i; 1. — M ami CL OI'l-liATOIKE G8 1 I. — Décoin lut.c du faisceau vasculo-iiervcux 6SI II. — l.solcment de Tartèrc G8V III. — Ligature dii l'artère (î8n ^ ".'. — Dr: LA LIGATURE DE QUELOt ES ARTliRES ES PARTICULIER, CHEZ LI. 1 IIE\ Al . . . (IST. FIN DU LA TAltLl-: DliS MATIÈRKS. CoiiBKK.. — 'fyfi. cl stér. dt- ('hhtk ru.». Septembre 188t. OUVRAGES DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE QUI SE TROUVENT A LA Librairie ASSELIN et G'% place de l'Ecole-de-Médecine, A PARIS Vient de paraître IDE X E B VAL PAR Is/L. J^TmsLirLdi G- O TJ B .A.TJ XI DIRECTEUR PROFESSEUR A l'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE d'aLFORT, MEMBRE DE l'ACADÉMIE DE MÉDECINS, ETC. PROFESSEUR d'ANATOMIE ET d'eXTÉRIEUR A l'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE d'ALFORT lu volume in-8 avec figures daus le texte LA PREMIÈRE PARTIE VIENT DE PARAITRE Prix de l'ouvrag-e complet : 15 francs Nota. — La sccoude Partie paraîtra au mois do Novembre, et à cette époque le prix de l'ouvrage sera porté à 1 8 francs. 2 Librairie de P. ASSELIN, place de l'É^ole-de-Médecine. LE PROGRÈS EN MÉDECINE PAR L'EXPÉRIMENTATION COURS DE PATHOLOGIE COMPARÉE Frofessé a,-u 3yLu.sé-am. d'Histoire ITat-urell© 18SO-18S1 PAR MEMBRE DE L'INSTITUT, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES ÉCOLES VÉTÉRINAIRES Un beau volume in-S" de près de 700 pages. PRIX: i« FRAIVCS Iîen.d.\i franco r>ar la, rsoste. 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DERACHE et S.-M. WEHENKEL Professeurs à l'i^cole Vétérinaire de Curegliem-lez-Bruxelles. Un volume ln-32, d'environ 500 pages, — IH*»» 8 francs. 6 Librairie ASSELIN et C'S place de l'Ecole-de-Médecine. T-A^HB Hj e: ./%. tJ :5s: ( i SE COMPOSANT CHACUN D'UNE FtUILlE IN-PLANO J ET COMPRENANT i- lo Les Formes extérieures et l'Anatomie élémentaire du Cheval, 8 figurés, dont 6 coloriéei, avec explication 2 fr. 10 1* L'Age des Animaux domestiques, 42 figures noires, avec explication i 50, 3» Les Tares et les Défectuosités du Cheval, 50 figures noires, avec explication 1 50 *, 4« L'Anatomie élémentaire, les Maniements et les Coupes de boucherie du Bœuf, 10 figuras, dont 6 coloriées 2 50 ^ S» La Ferrure du Cheval, du Mulet et du Bœuf, S9 figures noires, avec explication. 50 r Par M. MEGNIN, vétérinaire en premier au 12" régiment d'artillerie. 60 Les principales races de Chiens et les maladies dont ils sont généralement atteints, 30 figures avec texte, par E. WEBER, vétérinaire à Paris 2 • 7» Tableau des principales races et robes de chevaux, 15 figures coloriées ot une notice explicative, par Albbrt ADAM 4 • . Chaque Tableau se vend séparément, el quand il est follé «ur toile, il coûte 1 fr. de plus. NOUVEAU TRAITÉ ^ DE MATIÈRE fi/iÉDICÂLE, DE THÉRAPEUTIQUE ET DE PHARMACIE VÉTÉHINAmES Par M. TABOURIN, pnoFESSEun a l'école vÉTÉniNAinr: de lyon Troisitme édition, revue, corrigée et augmentée. 2 forts vol. in-8, avec prf'S de 100 figuros , intercalées dans le texte, cartonnés à l'anglaise, 1875. — Prix : 25 fr. DÉONTOLOGIE VÉTÉRINAIRE Devoirs et Droits des Vétérinaires i (ODVRAGE COURONNÉ PAR LA fOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE) ' Médaille d'Or 181 5 Par Emile THIERRY, Vétérinaire ù Tonnerre (Yonne) 1 joli volume in-18, cartonné à l'anglaise. Prix : 5 francs. . , I IRO!-.!-. I Pi'ofesseur à l'Ecole vélérinuiro de Vienne. < Manuel de Palliologie cl de Tliérapeiilique des Animaux domi'stiqiios ; raduit de l'allemand sur la 3^ édition par JLM. les prof(!Ssour DUKACIIK et WEHEM\EL. ► l>eu!K voltimes au-», 18G9 «« fr. . siEiD.iû^is^G-:ROTz;K:"Y / Professeur à l'Univt'rsilé di; Vionuc. v Analyse Micrographique et Chimique ^i appliquée h la détermination dos maladies dos animaux domestiques traduit par f MM. WEIIENKEL et SIEGEN ï IJit Fort vol. îii-!^ avec fiçiiarre, |iri:K t 9 fr. Professeur à l'Ecclo vétérinairi' di' CnrcL'Iii'in-lc'^-lJruxcllcs, f- t Elôraenls d'Aiialomie el de Fliysiologic palliologiqiie gt^iiéralc J PRIX COURANT DE LA MAISON Âiné et MEDAILLE D'OR DE L'ÉCOLE DE PHARMACIE DE PARIS Rue du Roi-de-Sicile, 26, Paris (La MaiBon n'a aucun dépôt ni succursale) Rendu FRANCO de transport à tontes les gares des chemins de fer, pourvu que la facture se monte à 50 fr. au moins. Pour évitertout retard; prière de joindre àlapremière commande les références d'usage Valeur à six mois, ou à uu mois avec 3 "/o d'escompte SPÉCIALITÉS DE LA MAISON p' le TélénD pour le public Baume astringent de Terrât contre le piétin la bouteille 2f. «c. 3 f . » c. Bol purgatif anglais à l'Aloès des Barbades véi-itables la pièce » 75 1 50 Collyre Renault contre la fluxion périodique le flacon 5 » 10 » Eau contre le piétin 90 1 25 Eau sanitaire la bouteille. 1 50 2 50 Feu résolutif de Renault remplaçant la cautérisation à chaud.. le kil. 9 » ]2 » Feu résolutif Renault la bouteille 2 50 5 ■ Moutarde vétérinaire la boîte 1 75 » » Onguent vésicant anglais Renault le pot de 1 once 1 10 1 50 — — — — — 2 150 2 « — — — — — Il 3 M 4 " — — — — — 8 6 » 8 u — - — — — 16 12 >> 16 » Phénol Renault le flacon 1 » 1 50 Pommade antidartreuse Renault le pot 1 50 2 » Poudre adoucissante à l'aconit, de Renault la boîte 2 » 4 " — appétissante. — 2 » 4 « — béchique Renault. — 2 » 4 » — cynoi'hile contre la Uialadie des chiens lepaquct » 50 " 75 — diurétique la boîte 2 » 2 50 — engraissante et hygiénique — 1 50 2 50 — contre l'agalaxie — 2 » 4 » — contre l'hématurie de Renault — 2 « U ■ » — purgative. — 2 u 4 » — tonique et fortifiante — 2 » 4 " — utérine — 2 » 4 » — vermifuge Rfnault — 2 50 4 " Quina Renault pour préparer soi-même instantanément le vin de quina iC flacon. 1 » 2 » Savon au goudron Renault. le petit orceau . » 50 » » — — — le gro ni — 1 50 » « — Il l'acide phénique Renault letits — » 50 » » — — — le gros — 1 50 » » — sulfureux Renault lo petit — » 50 » » — — — ..le gros — 1 50 » )• Teinture utérine de Ciwamija la bouteille 2 25 3 » Topiquf curatif des plaies et blessures, de Renault le flacon 1 25 2 » — Terrât contre le farcin le pot 3 » 6 » Vernit cpidurmique Renault«..i...,,,..,,.,.i,,..i ,,.., Is fleccn i » 1 SO 8 Prix courant de la Maison RENAULT aîné et PELLIOT ARTICLES DIVERS fr. c. » 50 20 » 50 90 u a 50 N 50 50 2 »> 7 50 » 80 » 50 Abonnements aux journaux de médecine. Acétate d'ammoniaque le kil. 2 Acide acétique — 2 — arsénieux pulvérisé 1 — — en paquets de 1 gr . . 6 — c)ilorhydr!quo » — nitrique 0 — pliénique cristallisé 6 — — liquide 3 — sulfurique » — tartrique granulé 5 80 Alcali volatil le litre i » Alcool, 90 degrés, rectifié — û — camphré, bon goût — ti — — mauvais goût.. — 2 — dénaturé — 2 » Aloès des Barbades le kilog. G » — du Cap, dit succotrin 2 50 Alun de glace » GO — calciné a 80 Anis vert 2 » Asa-fœtida entier 3 50 Axonge , , , . ou eours Baies de genièvre » 75 — de laurier , 1 GO Balances » » Baume astringontde Terrât contre le piétin le flacon . Baume du commandeur.... le litre. — opodeldoch le flacon — — le demi — tranquille le litre U 50 Benzine le litre. 2 » Beurre d'antimoine concret., le kil. 12 » — — — liquide.. 8 » Bicarbonate de soude en poudre » 85 Biioduro de mercure 50 » Bol purgatif à l'aloès des Barbades,pièce » 75 Bol vermifuge la pièce » 75 Borax pul vérisé le kilog. 3 » Bouchons » » Bromure de potassium 10 » Café Bourbon vert 4 80 — Martinique — 4 80 — Moka — 5 u — torréfié, mélange d'amateur. ., G » Calomel à la vapeur 10 » Camomille fleurs 3 » Camphre rafliné 4 75 Cantharides pulvérisées is >, Caoutchouc pour irrigations... le mtH. 1 » — ligalures... . — 1 „ Carbonate de fer le kilog. 3 » — do magnésie 2 25 — de potasse 1 50 — de soude cristallisé « 25 Charge réso utive 3 m Chlorate de potasse 4 m Chlorhydrate de morphine., le praninie » 80 Chlorol'orme le kilog. 12 » Clilorure de cliaux sec » 50 — d'oxyde de sodium.. . le litre » 75 — do zinc lo kilog. 10 » Collodlon 12 » Collyre Kcnault contre la lluxion Itériodique lo llacon 5 » Coriandre lo kilog. Couperose blanche — bleue pulvérisée — verte Crème de tartre pulvérisée — — soluble pulvérisée...* Crocus pulvérisé , Cumin de Malte. , . ' Eau d'Alibourg le litre — de Cologne »., — — contre le piétin le flacon — dentifrice, dite de Botot.. lo litre — distillée — '— distilléo de fleur d'oranger — — de Rabel — Eau saniti iie pour la désinfect. la bout. — (..■e-vie camphrée, bon goût, le lilrc — — mauvais goût. — — vulnéraire — Écorces de racine de grenadier, le kil. ftlix ir calmant contre les coliques, la b"». Éniétique pulvérisé le kilog. — — en petits paquets. Éponges Essence d'aspic pure...i — ordinaire — de lavande fine — de rue — de Sabine — de térébenthine Éther sulfurique lo litre — — rectifié — Etiquettes Étoupes Extrait de belladone le kilog. — de genièvre ' — de gentiane — gommeux d'opium — de jusquiame — de noix vomique . . . . , — de quinquina — ratanhia sec — de Saturne Farine de lin — de moutarde Fenugrec entier Fer dialyse Fou résolutif Renault ... ! — — — le flacon Fioles Fleur de soufre. le kilog. Galanga ' Gentiane, racine coupée Glycérine blanche officinale — blonde Gomme arabique blanche — — — pulvérisée.. — gutto pulvérisée Goudron liquide Graisse à voiture Granules d'aconitine h 1/2 miligr., le flacon de 200 granalos — d'arséniate de soude ;\ 1 mil. . ..le flaron dn 200 gianulos — d'arséniate deqninine à 1 m. — le flacon de 200 granules fr c. l » u 75 1 70 u 40 h 25 b 50 2 20 3 M 2 25 6 » 1 25 G W » 30 2 » 3 25 1 50 3 u 2 » 4 50 3 » 5 u 6 M 10 II u » 7 50 4 50 10 ■ 24 u 24 11 au eours 5 II 5 50 » II > II 24 u II » 10 II 200 » 20 » 80 » 75 1) 50 » 1 50 » 65 1 10 » 70 4 )) 9 1) 2 50 » M » 60 2 1 » 80 au court n » 3 20 3 75 15 » 80 M 2 50 1 50 a H Prix courant de la Maison RENAULT aîné el PELLÎOT U fr. c. Granules do cicutine à 1/2 mill., le flacon de 200 granules — de digitaline à 1 niill, — — d'hyoscyamine à 1/2 — — ■— de quassino à 1 — — — dcsuif. dostryclià 1/2 — — — de vératrine à 1/2 — — — divers (1) — Gutta-perclui en phuiues Huile d'amandes douces..,,, le litre — de cade ordinaire — — — de genévrier .... — — de camomille camphrée. . — — camphrée — — de croton tiglium, . . . le kilog. — empyreumatique le litre — de lauri(U' pure le kilog. — d'olives, surfine, douce., le litre — — — par 15 litres — de pétrole épurée le litre — de pieds de bœuf. — — de foie de morue — — de ricin — Instruments de chirurgie . . Iode le kilog. lodure do potassium — lodures — Jusdotabacdcs mnniifiicturesde l'Etiit. lelilre Kermès minéral pin- lo kilog. Laudanum de Sydenluun — de Rousseau Librairie Liqueur de Villatte ... Magnésie calcinée Manne en sorte Mélasse de betterave — de canne Mercure Miel de Bretagne Moutarde noire Nitrate d'argent le gramme Noix vomiques râpées le kilog. Onguent d'iiiinœa — basiiicum — chaud résolutif fondant — — — avec sublimé — citrin — contre les ardeurs — les crevasses — — la gaie des chevaux.. — — — moutons.. — du duc — égypiiac ., — fondant Girard. " gris — de iauner — mercuriel double , — de la mère ... — de pieds — populeum — de Roydor — de Solleysel. — vésicatoirc. — — anglais Opium tiré, à 10 V„ de morphine.... Oxyde de fer . — de zinc » 50 2 2 3 2 2 2 » 10 k 1 2 II k 40 1 k 3 2 2 2 2 2 » 32 » » 8 32 32 » 2 6 au cours » 40 >> 60 au cours 1 » » 20 » 75 » 50 50 50 35 50 » » 75 » 25 » 80 20 20 1 3 2 6 ). 6 50 4 50 80 75 50 4 50 3 3 5 5 3 9 3 2 3 5 5 10 24 80 1 50 50 )) » 50 » 50 20 20 20 50 (1) Demander le tjiifilc uo» granules mtdicameDteui. fr. c. Pavots le cent 5 » Pcrchlorure de fer. le kilog. 3 » Phénol sodiquo le litre 2 50 — — ■.. le flacon » 75 Pilules M » Plantes aromatiques le kilog. 2 » Poivre blanc g » — long 6 » = noir 4 50 Poix blanche » 80 — noire » 70 — résine » 50 Pommade antidartreuso ..... le pot i 50 Pommade au bi-iodure de mercure à 4/48, le kilog 10 » Pommade au bi-iodure de mercure à, 1/6, le pot » 75 — épispastique verte. . le kilog. 6 » — d'Helraerick 3 50 Pots faïence » » — grès » » Poudre d'aconit 3 » — adoucissadto à l'aconit., laboitc 2 » — d'aloès des Barbades, le kilog. 7 50 — — du Cap, dit succotrin. 4 50 — d'alun calciné 2 » — de glace „ » 80 — d'anis vert 2 80 — appétissante ........ la boîto 2 » — d'assa-fœtida le kilog- 4 50 — astringente de Knaup 2 50 — d'année 2 40 — de baies de gei^ièvre 125 — — de laurier... 2 25 — béchique la boîte 2 » — de beliadoB.-. le kilog. 3 20 — de camphre 6 » — de cévadille au cours — cordiale 1 80 — cynophile. le paquet » 5o — ■ désinfectante. le kilog. 1 » — do digitale 3 » diurétique la boîte 2 » — contre l'agalaxio. — 2 « — — l'hématurie — 2 » — d'ellébore noir ou blanc, le kitog. 2 80 — engraissante la boîte 1 50 — d'euphorbe.... le kilog. 4 50 — de fenugrcc 1 20 — de fougère mâle 3 20 de gentiane 1 20 — de gingembre 2 50 — de guimauve 1 50 — d'ipocacuanha 25 » — d'iris 2 40 — d(^ j:-.!a,-) 6 » — de lithargo * 20 — de lunx vomique. 3 » — de pavot blanc ............ 3 50 — purgative la boîte 2 » — de quinquina gris .. le kilog. 10 » — — jaune ordinaire. 12 » _ — — royal.. .. 16 » _ — rouge 20 » — de réglisse 1 20 — de rhubarbe de Chine 12 » — de rue 3 » — de sabine 3 » 10 Prix courant de la Maison RENAULT aîné et PELLIOT fr. c. Poudre de sol ammoniac 2 80 — do soinon contra 2 80 — de Rtaphysaif;;re. 3 » — tonique et fortifliintc.. . lu boîte 2 » — uttérine — 2 » — ds valériane lekilog. 3 » — vermifuge la boite 2 50 Précipité rouge pulvérisé . . les kilog. 10 » Quina Renault le flacon 1 •> Quinquina gris entier. le kilog. 8 » — jaune entier ordinaire. . .. 10 » — — — royal 14 » — rouge entier 18 » Ruban h sctons la pièce 1 60 Salicylate do soude lekilog. 36 » Savon à l'acide phénique, le polit morceau » 50 — — — le gros — 1 50 — arsenical de Becœur, ., lekilog. 4 » — au goudron. .. le petit morceau » 50 — — ... le gros — 1 50 — sulfureux..... le petit — » 50 — — ... le gros — 1 50 — vert le kilog, » 80 — — par baril d'environ 10 kil . . » 65 Seigle ergoté an tours Sel de nitre en poudre 1 80 — purgatif desliydratebalnc ou coloré » 50 — — — — en divisions » 60 Sel de Saturne 1 50 Séné feuilles 3 20 Sirop antiscorbuticiue le litre 3 50 — de gomme — 2 50 — d'iodure de fer — U » — d'ipecacuanha . . — C » — de nerprun — 3 50 -,.,.. fr. c. birop de quinquina /, 50 Strychnine cristallisée.... le gramme » 60 Sublimé corrosif pulvérisé... le kilog. 12 » Sulfate de Magnésie » /,o — de quinine .........' z\i cours — de soude ,,25 — — par fût de 100 kilog » 20 — — coloré ou divisé n 35 — de strychnine le gramme » 60 Sulfure d'antimoine pulvérisé., le kilog. l 60 — dépotasse j 20 Tannatc de Pclletiérine '.".!.'!.'.' » » Teinture (1) d'aloès '. 'le litre h 50 — d'arnica — 5 50 — de belladone — 5 50 — de cantharidos.. . . . — 9 50 — d'eupborbe — 550 — de digitale — 5 50 — de gentiane — 5 50 — d'iode ~ 15 » — de quinquina — 6 50 — utérine de Caramija, le flacon 2 25 Térébenthine ordinaire .... le kilog. 1 80 — de Venise 3 50 Thé noir _ 10 „ — perlé fin ". jo » Thériaquefine g • — ordinaire* 5 » Vert-de-gris pulvérisé ^ 25 Vin de Malaga. le fût de 16 litres.... 3G » — de quinquina le litre 2 50 — — au malaga /j 50 (1) Toutes nos teintures sont faites avec de l'alcool fin Sur deminde, nous livr. rons, pour l'usase citerne, des teintures faites i l'alcool déuaturé, avec uu rabais de 1 fr. par litre. SPÉCIALITÉS DIVERSES EN DÉPÔT p' Baume Fleurot aîné le flacon — régénérateur ae Jouauue la boîte Feu anglais de Lelong la bouteille — français de J. Olivier ... la bouteille — Chappart de Chantilly la boite de 3 flacons — hongrois de (.^hastaing le flacon Fondant Bernardin le flacon Huile sinapisée et vésicante do Miuoi — Liniment Boyer la bouteille — Geneau le flacon Liqueur ignée de Cabaret . . , la bouteille — Arthus contre le méieorisme le flacon Onguent de Ilévid la boite — rouge Mcré . . . . — — vésicant anglais selon James le pot de 1 once — _ _ - 4 _ — _ _ 8 _ — — _ 16 — contre le crapaud, de Bernardin ..... le pot — — — le demi-pot Phénol Bobœuf. le flacon Pommade aniidarireuse pour le» chiens, dc Chastaing le pot — de Martin Cliapuis — — pour chiens, de Hocurdon — Poudre de Uemmel contre la maladie des clnena le paquet — pectorale à l'aconit, de Martin Chapuis. . le paquet de 9 doses — de Rerordon la boîte — de VVatrin PRIX PRIX le Téterinaire pour le public 1 » 1 25 1 85 2 50 3 50 5 > 3 50 5 » 8 » » » 3 50 5 a 6 » 10 > 1 60 2 50 Il 25 5 » k » 6 » 3 25 5 » 3 » U n 1 25 2 » 2 50 3 50 1 10 1 50 1 50 2 ■> 3 » 4 a 6 > 8 H 12 16 » 10 » » » 6 » » » 1 10 1 50 1 75 2 » 1 20 1 50 2 25 3 » » 50 » 60 1 50 2 a 2 25 3 » » 80 1 M Prix courant de la Maison RENAULT aîné et PELLÎOT 11 i>nix PRIX p'Ie Tétérinaire pour le public Régénérateur Tricard, pour les chevaux couronnés le flacon 2 20 2 50 — — le demi-flacon 1 20 1 50 Savon sulfureux de A. Mollard pour chevaux le morceau 2 » 3 » — pour les Chiens — » 80 » » Topique portugais de Rouxel le flacon 3 75 5 » — Lacaze, contre les cors ' le pot 1 60 2 i» PHARMACIES ÏITÉRINAIRES EN NOYER OU EN CHÊNE C8RE AVEC POIGNEE FEienVCETXJISE SOIG-ISTÉE ELLES CONTIENNENT LES MÉDICAMENTS LES PLUS URGENTS GRRNOLES iÉDlCÂiENTEUX 12 Prix courant de la Maison RENAULT aîné et PELLIOT Nous rappelons à MM. les Vétérinaires que nous avons organisé, depuis longtemps, un service spécial de correspon- dances pour U VENTE ET L'ACHAT DE CLIENTÈLES VETERINAIRES et que nous mettons gratuitement à la disposition des personnes qui veulent bien nous honorer de leur confiance les anciennes et amicales relations que nous avons dans le monde vétérinaire, ainsi que la publicité du Recueil. "Lk MAISON RENAULT AINE ET PELLIOT Expédie la moutarde ISigolBot el roii«|ueiit de llcvitS aux mêmes conditions que MM. lligollot et Bonnet. OK-A-ITIDES ZPJLCIXjITES IDE I=-A.IElvIElSrT Envoi franco, sur demande, du Prix-Courant général de Droguerie Vétérinaire et de la Notice illuslrée de nos Phai-macics portatives et de la Brochure relative au Feu réHolutif Renault remplaçant dans presque tous les cas la cautérisation à chaud. Chirurgie vétérinaire SALLES, boul. St-Martin, 4, Paris. 13 CATALOGUE D'INSTRUMENTS DE CHHUlHfilË VÉTÉRINAIRE Ancienne Maison VIRTEL SALLES , SLiccesseLir DE MÉRICANT FABRICANT d'iNSTRI'MFNTS 11E CHIRURGIE VÉTÉRINAIRE ET COUTELLERIE FINE P»ris, RtoiaBevard ^aint-Martiu, 4, Fabrique, cité Riverin , 5, rue de Bondy, 74. Fournisseur de l'École vétérinaire d'Alfort, du Ministère de l'Agriculture et d'Écoles étrangères. Médaille d'Argent à l'Kxpoiiition de 1878 AVIS. — Vente exclusivement au comptant ; prière d'envoyer un mandat-posto en faisant la commando afin d'éviter les frais de remboursement. Pour les objets qui pevvent s'euvoyer par la poste, ajouter 60 centimes au mandat-poste pour recevoir franco et reconimandé ; joindre 85 centimes pour colis postal. Pour les objets qui nécessitent une boite, tels que tube à trachéotomie, thermomètre, etc , ajouter 50 c. pour la boîte; l'emballage et le transport étant toujours aux frais, risques et périls du destinaire. Les marcliandises sont considérées comme ve:ulus le lendemain de la livraison. Toutes les marchandises sont vendues garanties de tous défauts cachés nuisant à la solidité. ABATAGE Instruments d'abatage et de contention. fr. c. Cntravous complets, compr. les 4 entravons, le lacs avec chaîne et la plate-longe. SO » Entravons avecsys. à vis, pour désentraver. 5b » — les mêmes, capitonnés 60 « Kntravons anglais, même composrtiou que ci-dessus âO » Traverse en bois, avec entravons aux bouts. 20 « Appareil Antiliqueur, ciei d'entravous (ou porte-nionsque- ton), pour maintenir les 4 pieds réunis sans nœud. Cette clef s'adapte à tous les système* d'entravons nouvelle terme 8 » entravons seuls» les 4 3o • Plate-longe en corde 12 » et 15 » Eincs en corde avec chaîne 12 » — en corde avec douille en fer se fixant à l'entravon 8 » Capote d'abattage 12 » l.lcol fumigatoire 15 » aippo-L,asso de MM. Raab et Lunel 80 > Collier à chapelet en bois 3 • Ijicol de force 18 » Appareil uuplessis, pour enlever, coucher et ferrer les chev.méch. 120 » — à sinapisme 18 » Genouillère tissa élastique, la pièce 10 " Ciuétre en cuir pour protéger le bas de la jambe, la pièce 10 » Bracelet en caoutcbouc de M. Eloire, pour les chevaux qui se coupent en mar- chant 5 » Amputation. coupe-queues, monté en bois 18 • — branches en acier 32 » — pour chien, acier 25 • Brûle-Queues 6 » Pinces limitatives pour couper les oreilles des chiens, la pièce 5 fr., les deux.;.. 9 » l^iouvelle pince guide eu acier, à crémaillère de M. Aureggio pour couper les oreilles des chiens. Celte pince a le grand avantage de déterminer aiitomatiqueraent la forme et la grandeur : une graduation par centimètre renseigne l'opérateur. Scie à atnputation, ii» 1, 2 lames différentes. . 25 » fr. c. Scie à amputation, n» 2, petit modèle 20 > — à dos fixe grande dimension, no 2, de.. 15 » — sans dos, n° 3 6 » Pince coupe-net pour la résection des os.. 18 » — pour couper la corne 25 et 30 » Pince à ligature et à torsion d'artères 7 » — ordinaire à dents de rat 3 « Agenda du Vétérinaire Praticien, PARAISSANT LE 5 DÉCEMBRE DE CHAODE ANNÉE L'Agenda cartonné 2 « — préparé pour être mis en portefeuille 2 • — avec portefeuille en chagrin 6 • Ce dernier modèle est disposé de façon à servir au besoin de petite trousse de poche par l'addition d'un plateau mobile se plaçant dans l'une des poches du portefeuille, et recevantles instruments les plus usuels, et de petite dimension. Le plateau seul en plus 2 ■ Le plateau garni des instruments suivants : I Uamme étui rivé manche buffle, l bistouri simple droit, 1 ciseau courbe, i sonde can- nelée à spatule, 1 lancette, 1 pince à griffes. 15 » Nouveau modèle de portefeuille avec agenda contenant un grand nombre d'instruments. 35 » Anasarque, Helevenrs des naseaux, (leM. Frangé, les 2. 4 » j^péculums nasaux, les deux en bois 6 » Tulie do M. Rey, pour injection nasale S • Instruments d'autopsie. Couteau à autopsie, de 1, 2 à 4 > Scies à dos mobile, trois longueurs. pièce 8 à 14 » Costotome 12 à 25 « Marteau manche en fer à crochet 7 » maclieite pour le même usage S » Racliitome à épaulement 6 > Ciseaux entérotomes 6 • firande Scie à dos fixe 15 « Pince à anneaux de M. Varnesson, avec garde, pour les cas dangereux 15 • Caisse renfermant le tout 15 » Instruments d'anatomie TRODSSE DE DISSECTION, MODÈLE DE M. GOUDAUX. 5 Scalpels variés de formes à 1 25 6 25 1 Lève-derme 2 • y ii Chirurgie vétérinaire SALLES, boul. St-Martin, 4, Paris. fr. c. 1 ciseaa droit 3 1 Pince à dissection S 1 Krigne pointa.-. 1 1 Tube iasuflUteur t 1 Stylet » 1 Kubaii métrique .... • ■.'enveloppe ^ La Trousse oomplM« SO Appareils à marqruerles moutons et les bœufs. Pince emporte-pièce 15 à 30 — à cadrai) pour marquer parle tatouage. 50 — à composteur pour marquer par le tatouage, avec 3 séries de chilTre» et ac- cessoires. Le tout dans une boite 100 Ces pinces sont adoptées par le Ministère de l'agriculture pour marquer Ins animaux pri- més dans les concours. On fait tous les dessins pussibles dans les emporte-pièces. Bouclement. Anneaa i demeure pour taureaux S — — i écron 5 — à doulili' vis, sans opération.. . 6 — — mouchetle avis 6 — à bistouri se plaçant seul 8 — à demeure, modèfe Roland 5 Trocarl pour la pose des anneaux C Pince emporte-pièce, pour percer la cloison nasale Î5 Armature de bâton conducteur 8 Breuvages et Bols. Bridons à breuvages en cuivre à robinet. — — en fer-blanc — — lo ménu! sans robintst.. Pllnlière de Lebas — à ressort, modèle Salles 50 50 50 75 15 50 80 22 15 8 15 Castration du cheval. Caontcbouc pour ligatures, le mètre. 15 c. à Pinces t-n ft;r pour scutlt ifS casscaui — en acier — la même à crémaillère Pinces à deux usages, modèle de M. Trasbot, en fer. — — — en acier. — — «n acier, i crémaillère. Élaa à coulisse, en fer forgé, pour opérer sans aide Pinces de M. Reynalpour la castration par tor- sion avec crémaillère, les deux en — fonte malléable — les mêmes en fer forgé — les mêmes en acier forgé — petit modèle pour la castration des porcs et petits animaux Pluces-aules en acier, de M. Reauflls, pour opérer la toisiuii sans aide Vlaee Braalt permettant d'opérer seul par les casseaui, la torsion et le feu, l'outillage complet Pince à deux brauclios, (plusieurs modèles pour la castration parle feu — riaux bois — de M. IIuart,i 3 branches, pour la cas- tration par le feu, en acier, à cré- maillère — la même recouverte de bois CaMeaux i vis en acier, de îl. M^igne, pour agneaux — — — pour béliers — — — pour t:iuri'aiu — le même, modifié par Salles (lup- pressiun de la vis à oreilles),.. — à touret, de M. Ilr.iult, la paire. — de M llrault, p.nrnis pour la cas- tration parle feu, la pièce Caxeanx eu bcis, (ur 3 grande uri, la plbeci I 12 16 20 U 18 22 U 3S 4i 45 32 60 35 15 10 30 40 12 14 IG 16 3 > I 30 tt. c. fasseanx en bois conrbo, la pièce i , nuioarl convexe pour la castration .'. 3 50 — — pour les porcs 2 CO Aiguilles pour les porcs , 50 Castratiou des vaches. '" PRUCBDE DE M. CUAHLIKR 1 Kxlenseur vaginal (dernier modèle) 15 1 Pince à torsion j^j 1 Paire de ciseaux à tranchant limité 20 1 nUioorl serpette à couiisse 9 1 Uolitller en maillecliort 3 Auueau.\ i vis, pour tenir l'animal pendant l'opération 0 La Dolte conienant le tout i.'i.'.'lOO PnOCÉDÉ DE M. COLIN. 1 Pince à torsion se démontant 30 1 nisiouri convexe avec curseur 9 1 l'ince limitative à anneanx 6 La Boite contenant le tout 60 Cautères. Cautère outellaire t — en pointe î cautères i aiguille acier 3 à 4 — — platine 5 et 6 Cautère à aiguille mobile permettant de la remplacer. Jlod.de M.Rossigneul. 5 — Le même, modèle de M. Eloire.... 5 Ce dernier niodèlo permet de limiter la lon- gueur de l'aiguille. Cautère à pointe pénétrante 1 — le même avec douille isolatrice.. 5 — à olive 2 — à la gaulet 2 — briile-queue 8 à 10 Porie-nitrate avec pince en argent fin i — le même, extra long 3 — avec pince en platine 7 Mltrate, le morceau... » BO à i Instruments à dents. pas-d'Aue à vis jo — le même tout acier 40 — nouveau modèle à mors mobile., 35 — — tout acier 45 — A vis, en fer forgé, à triple poignée 40 — de M. Brogniez 50 — La garniture en cuir, en plus... 5 — pour chien 20 népresseur do M. Reynal, pour écarter les joues et éclairerla bouche... 12 Clef de Gareugeot, se démontant et munie de 3 crochets en acier 35 Clef de Garengeot, avec tige conductrice pour faire manœuvrer le crochet, modèle Méricant 50 — de Gareugeot pr dents humaines. 4 50 à lî Pied de biclie 2 50 à 3 — de M. Del.unabre pour lesdentscaduqucs cheval dn 3 à 4 ans 30 ■tnvier de M. Fiasse 40 t>avler-clef de M. Bouley 55 rtabol odontriteur (dernier modèle) 28 «iMCau de Rrognier 30 ^ècaieur pour la résection des dents, par compression 55 iiApes à dents 8 — — nouveau modèle,angulaires... 8 — monture recevant 2 ripes de diffé- rents modèles 18 Oouges à bord» latéraux pouréviter la dévia- lion 12 iraviers pourincisives droit ou courbe 10 — pour chien 4 50 Cenpe-denis pour la résection des incisives. 35 — nouveau modèle Salles, pour les molaires 100 Scie articulée, pour les molaires faite sur les indication» de M. Cliuchu ÎO ■cles pour incisives, pour rajeunir les den tï. 6 Chirurgie vétérinaire SALLES, bcul. St-Martin, 4, Paris. 15 fr. c. Unies pour le même usase...., 3 « Instruments pour l'extraction dos dents DE M. LliCEl.LlER. Pas-d'âiie à double poignée à mors moliili' 40 u garnis eu cuir, en plus 5 » — en acier KO » Pince à extraction à vis et volants 55 » — pour dents caduques 30 » Dissection microscopique. 3 Sc.itpels fins 3 "5 1 Paire de cincanx droits 2 50 1 Pince à mors fin 2 50 1 Ei'igue à mancLo 2 50 1 Aiguille à manche z 1 50 K,a Trousse C » Ferrure. Socques à crampons pour la glace, la gar- uiture composée do quatre socques pour les 4 pieds 20 « Crampons d'acier 4e rechange, jour socques, le cent 25 » Taraud pour faire remplacement de la vis.. 1 » ■louioir acier fondu 5 » — remplacer la lame seule 3 » Drociioir 5 » Tricoisc, de 6 à 8 • Kognc-pieds l 50 Couteau anolais 2 50 à 3 > nâpe de maréchal i > Sacoche de maréchal 30 à 40 • rerreiicr tout acier, le kilog 4 • Outia pour la fenare, le kilog 12 » Caoulcbone pour la ferrure, chaque pied. . 5 » Trousse à ferrer ponr contenir les instrum. de ferrare • 12 • Ferrure de M. Charlier. Boutoir à guide pourfaire l'eraplac"'. du fer. 6 > Ce boutoir se fait de trois largeurs : petit 22 millim. delarge; moyen, 27 millim.; grand, 32 millim. La même monture jieut recevoir indistinctement une des trois grandeurs. Renette à guide pour f.urerfmplacom"' du fer 3 50 Itrochoir léger 5 • Ilâpe carrée pour ajuster les fers à froid..,. 4 « Collection de f«rs. Collection de 20 fers noircis 40 « — — 20 fers polis... 50 » — de 40 fers noircis 80 » — — 40 fers polis 100 a Chaque fer noirci pris séparément 3 » Chaque fer poli pris séparément 5 » Dé?ignatiOT) des fers parmi lesquels on pourra choisir pour tormer la collection que I ou désire, en indi- quant les numéros d'ordre. Sur la demande, je me charge de fixer ces collections sr.rnn tableau en chêne poli ou en bois noir. Ce tableau est en deliors des prix indiqués, il varie de 30 à 100 fr., suivant l'orne- mentation. No 1. Ter ordinaire, pied de devant. 2. — — pied de derrière, 3. — à pince tronquée, pied de derrière. 4. — évidé en pince, l'ace supérieure, pour cheval qui forge en pince. 5. — ï l'anglaise, pied de devant, 6. — — pied de derrière, 7. — ortbopode (de M. Eouley), employé après la tenotomie. 8. — déseucastelenr de Sf, Defays, 9. — évidé à l'anglaise, pmir fourbtire chro- nique ou pieds plits. 10. — à pantoufle expansive, pour la dilata- tion des talons, il. — à planche, pour bleimes et autres, pied de devant, lîi — à planche à demeure et à galerie pour pauiement du jarart, pieu de devant. N" 13. t'cr à caractère, pour les pieds dérobés, pied de devant, 14. — à caractère, pour les pieds dérobés, pied de derrière, 15. — à la turque, pour cheval qui se coupa au talon , pied de devant, à 5, — à la turque, pour cheval qui se coupe au talon, pied de derrière. 17, — à la turque, pour cheval qui se coupe en mamelles, pied de devant. 18, — à la turque, pour cheval qui se coupe en mamelles, pied de derrière. 19, — à javart, dernier modèle, pour maintenir le pansement, pied de devant. 20, — à javart, dernier modèle, pour main- tenir le pansement, pied de derrière. 21, — à dessolure, pied de devant. 22, — — pied de derrière. 23, — à pince prolongée, pour seime en pince, pied de devant. 24, — à pince prolongée, pour seime en pince, pied de derrière. 25, — à bœuf, ordinaire, pied de devant. 26, — — pied de derrière. 27, — de course, à l'anglaise, pied de devant, 28, — — pied de derrière. 29, — Moorcroft, pour les vieux chevaux qui 8 6 coupent, pied de derrière, 30, — Moorcroft, pour les vieux chevaux qui se coupent, pied de dcevant. 31, — pour cheval qui se blesse au coude, 32, — a croissant, ce M. Lafosse, pour dilater les talons, pied de devant. 33, — à lunette simple, pour cheval qui a des oignons, pied de devant. 84. — à lunette double et évidé, pour cheval qui a des oignons, pied de devant, 35, — pmeard à 2 pinçons pour seime en pince. 36, — désêncasteleur.'de M. Fourès, Ce 1er ne peut être compris dans ces coUeotious, ce modèle étant de 10 fr. 37, — de M. Charlier, pied de devant. 38, — — pied de derrière, 39, — à bœuf de M. Charlier, pied de devant 40, — — — pied d? derrière. 41, — doM.Lanneluc, à3 étampurespieildeileTaiil. 42, — — — pied de derrière. 43, — pour cheval qui se croise, 44, — désencasteleur de M. Raveret. Hernies. fr, c. Jïernîotonie de M.Bouley 22 • Bistourl-hernlotonie de M, Colin 12 • nistourl-boutonué à coulant 4 50 Pince de M. Bénard pour la hernie ombilicale 25 • — deM.Marlot — _ 12 » Placiue en zinc du même 1 » Aiguille pour la suture de la hernie » 50 Hippométre. Cannes hippoœéiriqnes à potence, 20 S 30 > — à double rallonge pouvant mesurer 2 mètres 35 • BnbandePomballe,à mesurer les bœufs, pour en savoir le poids 2 2b Toise à potence pour mesurer les chevaux et les hommes 2'o Irrigations. Seringue lavements pour chevaux, conte- » nance à d k. 500 gr 15 n Rslte pour la contenir 1 » Seringue 3 anneaux, piston cuir, contenance 200 grammes 12 » La même, avec trocart k robinet — Ide M. Guérin, pour injections iodées 22 » — Le trocart seul 12 » Seringue 3 anneaux, p'ston cuir, moyenne, eu rpsaour laioeonnce no gr. 10 • -» Btpû Q'Lamênie, ppie»,Gont.70 g>i 1 i m Chirurgie vétérinaire SALLES, boul. St-Martin, 4, Paris. fr. c. Neriiigué Fiston cuir, bout renforcé, pour le javiirt 2 • — La même, piston ordinaire I » — à injections sous - cutanées , en boite avec armature préservant 1« cristal, contenance 20 gr.... 30 » ScriaoïiCPravaz, cantonnnco 4 grammes. . 25 » — — eu b"itc', contenance de — — 1 gramme, en argent. 20 » — — en raaillfchort ... . . 15 i — — en caoutchouc 12 » I.a Seringue en cjoutchouc se fait contenant (li-iuiis 10 grammes jusqu'à HO grammes. Acpirateur de M. Dieuiafoy, nilsclé 53 « — Le même, pour vétérinaire, d'une coulen;iui'e de 500 grammi\s. . EO » Irrioateur pour chevaux, agissant à volonté simultanément ou alternativement sur les quatre memlires 25 e Tube eu caoutchouc pour irrigation, le kilo, sauf variation ' 12 • KaccoritB droits et bifurques pour réunir le caoutchouc, 1 fr., 1 fr. 50 et.. î » Pompe à jet continu 25 » l^giionnoir àtransfusionetinjection de liquide dans les veines 12 » Tube de M. Hey, in guHa-peiclia, pour injections nasales 8 » Tbcrinouiètre pour constater la chaleur du corps 5, 6, y et 10 » Inoculation. Aiguille i inoculer 1 T5 l.auceiie — cannelée 1 75 îaulàlnoculationportantraiguilleetlaliiKette 5 > LiBUcettc graduée, de M. Delafond, avec spatule cannelée 8 » Li*E(uI renfermant la sonde et la spatule 2 • Tubes en verre pour la conserv.d» virus, le cent. 3 » Incision. Bistouri droit ou convexe sans coulant, man- che en butDe 2 B le mémo à coulant 3 50 — — — écaille ou ivoire. 5 » — serpette à l'anglaise ou à coulant. 4 » — Iiontonné à coulant 4 50 C'l8ean.i vétérinaires courbe de 3 50 à 4 » — — droit de 3 • k 4 » — médecins 2 50 à 3 Lithotritie. • Tenette broyeuse de M. Bouley 40 * Teuetie pour la cystotomie 2T)à2J> " Météorisation, Œsophage. > Trocart pour la ponction du rnmeu 6 » — — du mouton 5 » Canule seule 3 Trocart de M. Charlier pour le cœcum du ch. 5 Soude œsoptiayieunep' boeuf, en cuir, avec bouts en corne.. , 15 » — — pour mouton 10 > Sonde gutta pour bœuf 10 « — pour mouton 6 » Le b.iillou en plus 1 > HcpouHsoIruesopbafcleuen baleine, se dé- vissant en 2 pièces pour refouler les corps étrangers arrêtés dans l'œsophage. 20 » à 25 » A 20 fr. la baleine n'a pas 10 m/m de diamètre dans la partie la plus fnrte. Le même, d'une seule pièce.. 18 f. et lu-desra» en jonc, se déviss 10 ■ F.xtracieur des corps étrangers dans l'œso- phage, faisant soude et repoussoir 30 » Œil. Faux œil en caoutchouc pour cheval borgne, 5 n Ponction. Trocart pour le rumen pour boeufs 6 « — en maillcchort 10 • V r ^ - fr. pour moulons 6 d'e.ssai droit 4 d'essai courbe 4 explorateur 3 pour le cœcum, de M. Charlier.. . . 5 courbe pour hyoverlébrotomie 14 canules pour trocarts 2 50 et 3 Appareil Dieuiafoy 59 — modèle Salles, d'une contenance d'un demi-litre, servant à vider lej abcès et à injecter le liquide mé- dicinal sans retirer l'appareil.... 50 Pansements. Pinces i anneaux à mors croisés 3 Ciseaux courbes de 3 50 à 4 — di oit de 3 50 à 4 — à tenon 4 sondes cannelée* aoier j — — — argenté 2 — — — maillechort 1 — bougies en gomme 1 KO et 2 sondes en S avec lame 3 3 2 > c. ■ 50 25 I bO 50 50 25 — — œil aux deux extrémités, . Spatule à pansement de M. Imlin Sonde en plomb Caciie oreilles pour chieus ayant des chancres l 2a et l 50 Pansage et Tonte. ciseaux à crins 3 • — à tondre, de * 50 et 5 50 Peignes à tondre, de 1 50 îïniloirs simples, de 2 50 et i • — à robinet 5 • Cure-pieds 2 . Etrille 1 50 Couteaux s\ chaleur, variés 4 » Tondeuses tous systèmes de 8 ï 12 » Repassage l 50 Parturition. Crochet articulé, pointu g — — mousse 8 — pointu fixe 5 — mousse 5 Porte-corde droit 5 — conrhe 5 Rcponssoir 6 Moulure recevant 2 crochets et 1 repoussoir 20 llrassard préservateur en caoutchouc 6 forceps pour cheval 60 — pour chien 10,15 à 25 Modèle Bourrel de 25 à 40 Pince à coulant de M. Weber (pour l'ac- couchement des petites espèces).. 15 llystérotouie de M. Delamarre 22 KIstourI à lame cachée pour l'embryotomie. 9 l*essaire en caoutchouc pour vache 12 soudes trayeuses eu ivoire, les quatre... 5 — en maillechort, les quatre 8 — en argent, les quatre 10 Modèle extra-long la pièce de 4 à 5 — — maillccliort 3 — — ivoire 2 Mcol de M. Schark 8 à 12 llaudage pour le renversement de la matrice avec croupière en cuir 20 Appareil modiflé pour M. liaron, par les vêlages difficiles. Périostotomie. I Cisaille pour inciser la peau. I itislouri 3ie. 1 p(^riosiotouie. 2 Aiguilles courbes dont une boutonnée, se montautsur un manche à coulisse. I.a nolle contenant le tout 30 La Même avec instruments manches ivoire. 45 Chirurgie vétérinaire SALLES, boul. St-Martin, 4, Paris. 17 \ PIEDS Instrumentspourles opérations de pieds. Repassage des lustraments à gorge fr. c. tels que renettes, couteaux an- glais, etc 0 30 — des sauges et bistouris 0 20 — flammes et lancettes ord 0 25 ncnelte, à clou de rue, manche rivé 2 50 — — ébène à virole rivé, 2 75 et 3 » — — fermante, manche buffle.. 6 o — à bleimes, de M. Charlier 3 50 — Legris 3 75 — cintrée, manche ébène rivé 2 75 et 3 » Les renettes ont des gorges de diverses jfrandeurs, la plus étroite a 2 m/m la plus grande 8 m/m. Feuille de sauge, à droite, à gauche, ou double manche rivé.. 2 50 — — manche ébène à virole., 2 75 — — fermante, manche en buffle. 6 > feaille de saage-renettes à droite ou à gauche, manche à virole. 2 Ta Pince à dents de souris 3 « — à sonder les pieds 12 g Érigne à javart manche k virole 2 fr. 50 à 2 75 Kiaudésencasieieuren acierdeM.Defays. 38 d — — acier, modèle Méricant. 30 n — — en fer aciéré du même. 25 » mialatenr des talons, de M. Jarrier 20 s Kâpe à bleimes, de M. Charlier 4 50 et 6 d i.ève-sole 4 » Stylet passe-mèche pour javart, deM.Guerra- pain 2 d Caoutchonc pour la ferrure, le pied 5 • eutta pour la ferrure, le kil , 12 d Seringues à injections de> 1 » et 2 » Cautères et spatules pour l'application de lagutta,.2 et 2 50 Couteau anglais 2 50 Botte à batn en gutta avec robinet 60 » TalIle-corne pour les pieds de bœufs, 25 à 30 « Genoalllère tissu élastique la pièce. 10 » Plessimètre. Plesslmëtres, cuvette ivoire, marteau mail- lechort, manche buffle 12 n le marteau seul ., 8 » la cuvette seule 5 » — cuvelt^ plate pour trousse avec oreilles articulées en maillechort, plaque ivoire. 6 » ^- la même avec plaque en caoutchouc durci plus so- lide que l'ivoire 4 » — cuvette ordinaire en caout- chouc durci 3 » — marteau cuivre, manche bois. 3 » Saignées. Flamme. Étui rivé buffle à 1 lame 4 • — . — 2 — 5 1 — Étui rivé buflle ou en cuivre à 31. 6 « — Étui oav.,nianeke tmflle.t onjUtte 1 1 lame 5 i — — — à 2 lames. 6 — — — 3 _ 7 . — Etui ouvrant, manche à vis, garni- tures à platine Maillechort,! lam». 7 » — — à 2 lames 8 • — — à 3 lames 9 ' Flamme de poche, à i lame 4 » — — 2 — 5 » — à ressort, étui buffle 15 » — nouveau modèle se graduant à toutes dimensions 8 » Flamme à saigner au palais 5 50 Tliermomètre pour constater la chaleur du sang des animaui.5 à 9 • — Le même, pour trousse avec élui cuivre nickelé... 9 et iO » liancettes vétérinaires, variées de formes, châsses buffle, la pièce 1 50 — pour chien l 25 Bâton à saigner, se dévissant 2 25 — — à tige rentrante 2 50 — Le même, avec étuis pour épingles. 3 • Porie-épingleft de M. Gourdon 6 » Épingles d'acier trempé en ressort, le cent. » 30 Cas.se-épingles de M. Benjamin 2 > Coupc-éplngie, modèle Méricant 3 » llématomètre de M. Delafond 20 » — centésimal de M. Colin » d Dos de Flamme, s'adaptant sur le corps des lames pour frapper avec la main, 1 » Pot à saignée gradué, sniv. la contenance. 4 à 8 « Corde à saignée de M. Beaofds 1 50 Seimes fr. 0. Pince à seime de M. Yachelte, pour placer lesagrafes.moaiflié par Salles, avec mors de rechange pour agrafes de trois grandeurs 25 » Agrafes, no 1, no i 1/2, n» 2, fil 16, 17 et 18; le fil 18 est le plus gros. La douzaine 1 50 Le cent 10 » _ — le panière pour faire l'em- placement des agrafes... 2 » Vrille pour barrer les seimes 3 60 Porte-foret pour le même usage, avec deux furets 5 » Chaque foret en plus » 50 Selon. Ailgnille séton, 2 pièces 4 50 — _ 3 _ 6 » — — 4 — 8 » — — à l'épaule 8 » Aiguille séton , gaine en métal pour pro- téger la pointe (en p/»*). 1 » — — à manche 5 • — — pour chien 2 50 Passe-séton en acier _. 2 50 — en baleine, de 3 55 à 5 » Ruban à séton, la pièce 1 75 à 2 25 Stéthoscope. Slêtbosoope eu bois de cèdre 2 à 4 • — en ébène 3à 5 » — avec tube caoutchouc permet- tant de suivre les mouve- ments de l'animal.. . 3 50 à 8 — pourl'aorte, mod. deM.Trasbot 10 » Suture. Aiguilles à suture, variées de forroes de 40 c. à » 50 — — ponr la hernie » 50 — à bourdonnets à manche fixe 2 50 — à conlant , . 5 » Porte-alguilles à suture de M. Delafond... 6 ■ Porte-aiguilles à suture avec étuis maillechort 10 • Le même instrument sert également pour les épingles. Serre-flnes de différents modèles, la pièce. 1 50 Ténotomie. Ténotome droit à ponction 2 30 — concave mousse 3 " ' Trachéotomie, Tubes à demeure, tous mndèies en miil- lochort, n'ayant pas besoin d'ètio argenté, les essais ont été dus plus satisfaisants.... 20 » à demeure, en iuivre argenté « » — à clavette mobile ouvert 12 • _ _ — fermé 12 » — double sans vis '2 » — double entièrement fermé d» M. Imlin srrvant dans l«s cas de bourgeon- nement t is 18 Chirurgie vétérinaire SALLES, boul. St-Martin, 4, Paris. . fr. 0. TubCB doubles de M. Pciich lî » — provisoires à tordons ^jalement argenlts. 6 à 8 » les mêmes en ferblaric 3 " Tous les tiilies portent les numéros, de 5 à 12. Ces numéros répondent au nombre de centimètres de circonférence du tube intérieur quand ils sont doubles. Quand on demande jiour recevoir par la poste, }irière d'envoyer un fr.inc en plus pour recevoir en )oite et franco, surtout désigner le numéro. Erl9ue dilatatrice de M. Vatliette, pour opérer sans aide 3 « — à manche, les deux 6 « Trépan. Arbre de trOpan, à engrenages, avec py- ramide e*, couronne servan taussi de porte- foret pour percer les os 45 • — à vilebrequin remplissant les mêmes fonctions., 40 » Pyramide avec couronne se montant sur un vilebrequin ordiiiaiic 20 » Trépliliie avec pyramide et couronne 23 » Forei pour percer les os 2 u nufllne pointue 5 • Couleau lenticulaire 5 • F.ievatolrc double 3 50 Tire-fond à anneau 4 50 LVrlIle d'essai pour l'fuploration des sinus. 4 50 La couronne seule 12 . La Boltc complète, parfaitement soignée ... 100 TROUSSES. Il y a dfiï trousses de 8 à 24 places. Elles varient dnns leur composition, comme dans le prix, par le plus ou moins de luxe des instruments. Voici le prix des Trousses généralement demandées : Trousse n» 1. noulée dite serviette, composée de 8 ins- truments, manches ébène rivés, 2 aiguilles à suture 55 » l* troiMse vide 5 » Trousse n" 2. Composée de 9 instruments , grandeur ordinaire, manches ébène à viroû, 1 lancette et 2 aiguilles à suture 40 • La trousse vide 7 50 Trousse n" 3. Composée de 12 instruments ,,,., 45 • La trousse vide 9 t Trousse n° 4. Trousse-portefeuille, à cahier, composée de 8 instruments de petite dimension, manches ébèpe, 1 lancette, 2 aiguilles à suture... 45 • La même avec manches ivoire 60 » — — écaille o • La trousse vido 10 t La même, maroquin et velours .' . 20 o Trousse n» 5. Composée de 15 instruments grandeur ordi- naire, manches ébène i virole, 2 lancettes et 2_aiguilles i suture C2 » La même avec manches ivoire 1 00 • La trousse vide.. 11 ■ ■Vrai maroquin et velours ."!.'.'.!!!!.!!! 30 » Trousse n" 6. Composée de 18 instruments grandeur ordi- naire, manches ébène à virole, 2 lancettes et 3 aiguilles i suture 75 » La trousse vide j.j 15 • Vrai maroquin et velours .'.*.'.,.'.".'.'.!'.*.'. 35 » Trousse n» 7. Composée de 24 instruments grandeur ordi- naire, manches ébéno à virole, 3 lancettes et 3 aiguilles à suture. Modèle adopté par / l'Ecole d'Alfort AM ^ La trousse vide '.'.'.'.'.*.','.'.'.*.'. 18 o Vrai maroquin et velours... .!..*,' i ].','!,'.!! 40 • Trousse n" 8. fr. e. Nouveau modèle à plateau mobile, garni en ve- lours, composée de 10 instruments petite dimension, manches ébène à virolt, 1 lan- cette et 2 aiguilles à suture. (Ce modèle est d'une très-grande solidité.) 65 • Garnie ivoire gs ■ l.a trousse vide vrai maroquin.,., '.,. 20 » Ce raème modèle pour contenir des instruments de grandeur ordinaire, en plus 8 » N" 9. Trousse de dissection, modèle de M. Goubaux. 5 scalpels variés de formes 1 fr. 25 6 25 1 lève-derme î • 1 ciseau droit ."...'.'.*. 3 > 1 pince à dissection .'.,'. ' 1 so 1 érigne pointue i 50 1 tube insufllateur 1 50 1 stiitt .*.'.'!.'! » 75 1 ruban métrique ,"'.' » 15 L'en veloppe 7 50 La Trousse complète 20 • N° 10. Trousse pour MM. les vétérinaires militaires. Trousse réglementaire SO • La même intérieur velours 55 • Giberneire Igére mentarecevant la trousse. ... 45 • Trousse n" 11. Trousse dite Parisienne. Cette trwisse a 1» même en- veloppe que le No 8, mais par le démontage des lames riui vont toutes sur deux manches, elle con- tient plus du double des instruments contenus dans la trousse N° 8 lOO n Trousse n» 12. De poche, composée de 8 instruments de petite dimension, manches ébène à virole, 1 hn- cetle et 2 aiguilles à suture 38 • La même avec manches en ivoire 50 à 60 » La trousse vide 7 50 Cette trousse garnie en velours, 4 fr. en plus. La même, vrai maroquin 15 • N* 13. Trousse de berger. Composée de 8 instruments. , , 35 • N° 14. Trousse de chasseur n" 1. Composée de 5 instruments avec flacons pour substances pli.irmaceutiques î5 à 40 • N° 15. Trousse de piqueur. Petite dimension de 15 .\ 20 • N° 16. Trousse de cultivateur. Cultivateur cumposée de 9 instruments plus une lamelle, deux aiguilles à suture et un paquet d'épingles en acier 35 • N" 17. Trousse de pédicure. Ablation des tumeurs. Kcraseur linéairedeM. Chassaignac,à crém. 60 » — — à vis, mod. Méricant 60 » — — 1 chaîne seule 12 » — — 1 chaîne de rechangecn plus 10 » — permanent, de M. Reyuai 28 t Ecraseur à rochet, modèle Salles, fonction- nant de doux manières, avec ou sans frotte- ment, suivant la manière de placer la corde, corde métallique beaucoup plus solide que la chaîne par la raison qu'elle ne doit servir qu'à une seuleopération 25 > Cliaiiue corde métallique » 50 rordCB de rechange » 50 Kcraseur petit modèle, à ercmaillère 50 > — — à vis 40 • Serre-nœud à rochet pour petites tumeurs. 12 ■ Caoutchouc pour ligatures le mètre. 1 • — plein pour le même usage, le mètre 40, 30 et » U Chirurgie vétérinaire SALLES, boul. St-Martin, 4, Paris i9 Vessie. sonde pour la vessie S > — en mail., pouPTache et jument.. 5 «t 6 • Mandrin de sonde en baleine 3 et 5 • Sondes et Dongies variées d« gros.; de 1 50 à 2 > Coutellerie fine, Services de Table riches, Couverts et Orfèvrerie argent et Ruolz, Coutellerie de cuisine, Instruments de jardinage, Nécessaires de travail pour dames, en chagrin, cuir de Russie et en ébénisterie, Trousses et Sacs de voyage. La hante récompense dont j ai été honoré à l'Exposition [universelle de 1878 me fait un devoir de redoubler de soins dans ma fabrication ; dans ce but je perfectionne sans cesse mon outillage. Mes clients peuvent être assurés qu'à l'avenir tout ce qui portera ma marque de fabrique sera irréprocliable. Vï P ce o o o o 05 0 •3 < (h Oh ^ u 0) O (!) 0 i2 £ H U) 0 (1) 0 I •H (S (0 !3 ni « a» •4-> r— ( O O aJ !^ 0) ^ M CD U c6 •H -Q) -M -0) > o o 'H 0) -d P! 05 •H CL o5 bO P4 •M -M 03 C S 0) » O» o" •a 3 a a» co û> ^ o co CI O »NHW>w>W» I ,'