LUN \ MMM :1 SNA |AAAAN À = Ve Tate) NASA AA AA n n 21, » m PTYNEN VA) pr AN Al. x @ AR A AS CAEN RE 2» | »_] D > Ss 2» >>) D E»>}> >) 2) DS 225 2 es DD », >> 5 > :»2 >» 2. p A: 2 re ets DRE 2% y eo: 23 2 > < > 2 > N-} » > ee D + 2} 3 & > ) ; | + > >» ce SD L 2252 - DIN 0 ” ce PS SP $ D »9 CRAYT AR EU À + AM, PE ; ren He > PRE mn PACE A Dyar . y W V # A A Re MER LL OR tre A AT AO jé EU ee S M aérure CT Hu "HUU ere ACER EME AREA UT TT MCE F Ye ve "14 TRE CL YE" € CT AM y vvy v CERN 17 s ONE ve FYYY ve yyUss v ve MARIE "VOS A LM er GA 1 "LS "L ; 4 EU LAPS f RPit y! PEUT Au vu A "YGUSSS US JV J STE Cou b à À ha V YÉEZ ÿ FRA ÿ 0Y { ÿ D = vds PARENT PR JUS AIMANT v NEVER EPL y ES en LATIN MM md" LT NAME LUTTE RAR M TT NE M 2 ME ie à | TM , PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX D E L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, Dépvis sa fondation en 1744 jusqu’à l’époque de sa restauration , le 29 juin 1803; PRÉCÉDÉ DE L'HISTOIRE DE L'ACADÉMIE. 6.9 tr pitt titi ERRAT A. Addition à l’errata du deuxième Volume. Page. 201 78 80 99 104 Ibid, Ibid. Ibid, Ibid, Ibid. Ibid. 152 156 Zbid. 176 191 192 222 Ibid. 289 Ligne. Au lieu de: 1'*et2 Catholicum..... Lisez ; Catholicon , et effacez d'Espagne. Faites les mêmes corrections dans tout cet article et à la Table, Errata du troisième Volume, 23 gangrenés see 8 laminantes,,.... 15 trochantar..... 25 RIBTEE Eee" ta 28 volumineuses. .., 29 la troisièéme.,.... id. clles et -ctte ; 30 ONE che ele 3 5x les deux grosses. . . 32 la plus petite,. ... ar AVES EN ee rec. 25 ÉMEANT, 2e ce os 28 peuplant......., 12 horizupsilomètre,. à Vichenon...... 20 11 SOLYITs nomme ee 15 l'antEt er 00e 1retc, appelés se. see ee gangrenée. lancinantes, trochanter. kystes, volumineux. le troisième. ils, tous, les deux gros. le plus petit. novisti. faisaient, Id, , Zig. 26, peuplaient, horizopsilomètre. Vistnou, s’unit, l’unité, appellé, PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , DES BELLES - LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, Dspvis sa fondation en 1744 jusqu’à l’époque de sa restauration, le 29 juin 1805; PRÉCÉDÉ DE L'HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ; Par M. GOSSEAUME,, D.-M., Menmsre ET ARCHIVISTE DE L'ÂAcADÉmMiIe. PR TOME TROISIÈME. 1701 à 1770. PL Cd nl 22 1 A ROUEN, DE L'IMPRIMERIE DE P. PERIAUX, IMPRIMEUR Du RoOr ET DE L'ACADÉMIE, 222327 1817. . Fo Fax su tirent au ju de. : 7H à 1# “15 SU IT E PE EIIST OLRE D E L'ACADEÈMIE ROYALE DES SCIENCES , DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN. ed) rm DISCOURS PRronomcé à la Séance du 26 Juillet 1816, par M. GosseAUME, en offrant à l’Académie le troisième Tome manuscrit du Précis analytique des Travaux € de cette Compagnie , depuis janvier 1761 jusques et compris décembre 1770. M sirsreeet J'ai l'honneur d’offrir à l'Académie le troisième volume manuscrit du Précis analytique des travaux de cette Compagnie, depuis 1761 jusqu’en 1770, inclusivement. J'ai suivi dans la rédaction de ce nouveau volume le même ordre que j'avais suivi Tome III, 1761 à 1770. A (2) dans celle des deux précédents, c'est-à-dire que d’abord j'expose suceinctement les événements nota- bles qui, durant cette série de dix années, ont inté- ressé direetement. la Compagnie, ce qui en quel- qué mhaière fait suite à son histoire. 20 Je donne le catalogue exact de touslesouvrages en prose eten vers qui ont été présentés à l Académie = et dont la lecture a occupé ses séances pendant la durée de ces dix années. La comparaison de ce catalogue avee le petit ombre des piètès añalysées , les séulès que nous possédions dans nos archives , donne l'apperçu de celles que nous avons à re- gretier. 7 3° A Ja suite d’un extrait fort laconique des procès- verbaux des séances pubiiques de l'Académie, je n'ai pas négligé de fire connaître les noms des jeunes élèves formés dans les écoles qui avaient pris naissance dans.sonsein, etui venaient y rece- voir le prix de leur diligence , aux applaudissements de leurs concitoyens. Vous y reconnaitrez avec plaisir , Messieurs , des hommes qui commencçaient leur célébrité sons.vos yeux, dont plusieurs exis- tent encore aujourd’hui, et-augmentent le catalogue des hommes célèbres dont notre patrie s’honore. 4° Je donne la liste des Membres composant l’Aca- démie : jé m'étais proposé de former cette liste à l'époque dela premiere année; mais, en réfléchis- sant que plusieurs des Académiciens qui, n'ayant été reçus à l'Académie que dans. les dernières des dix années dont ce volume fait mention , n’avaient pas moins. concouru. aux travaux des années pré- cédentes , il m'a paru équitable d’associer leurs noms à celui de leurs autres collaborateurs, et la liste que j'ai l'honneur de vous présenter, Messieurs , offre l'état de l'Académie à la fin de 1770. Pendant la durée de ce. decennium , plusieurs événements importants ont eu lieu , et plusieurs institutions utiles out ajouté aux jouissances de lAca- démie , par l'accroissement de considération dont elles entouraient les divers établissements qui s'é- taient formés dans son sein. M. Thibault, depuis longtemps , professait avec honneur l'art des accou- chements; mais ses élèves distingués n'avaiedt au cune part aux récompenses publiques. Le 2% mai 1764, MM, de l'Hôtel de-Ville fondèrent des prix en leur faveur (1), et le 3 août 1767, ils étendirent la même bienveillance aux Ecoles de mathématiques et d'hydrographie (2). L'acquisition de la bibliothèque de M. de Cideville est un autre événement qui se rattache à l’époque dont nous nous occupons. Par contrat du 8 août 1768 (3), l'Académie fit cette utile acquisition moyennant une rente viagère de 400 livres ; mais elle ne fat mise réellement en possession de cette belle propriété qu’à la mort de M. de Cideville , en 1776. Ce fonds précieux , joint à un grand nombre d'autres livres dus à la munificence de divers Membres de l'Académie et autres amateurs des beaux-arts, forma, en 1782, une collection assez nombreuse pour que l'Aca- démie erdt utile d'en faire jouir ses concitoyens ; et la bibliothèque de l'Académie fut rigoureuse (1) En 17971, M. Beaumont sallicita la même faveur qui lui fût accordée, Tom. 1, pag, 39, (2) Ibid, Pag, 45 et 45. (3) Tbid, pag: 33 A 2 (4) ment la première bibliothèque publique de cette grande Cité. Le Gouvernement ,: vers, cette même époque , semblait fixer d'une manière plus particulière son attention sur l'Agriculture. Plu ieurs Sociétés spéciales avaient été formées dans le Royaume , dans l'in- tention d'honorer, d'accroître et de perfectionner cette, profession également nécessaire et négligée. L'Académie crut seconder les vues de l'adminis- tration publique en dirigeant vers l’agriculture ane partie essentielle de ses travaux , et M. de Brou , alors Intendant de la généralité de Rouen , favorisant cette intention hbérale, on proposa de créer dans l'Académie une classe exclusivement occupée..de l’agriculture ; classe qui devait avoir des associés et des correspondauts parmi tous les culiivateurs éclairés régnicoles et étrangers, tenter des expériences re= latives à son iustitution, et communiquer au publie le résultat de ses opérations. I] y eut plusieursassem- blées à ce sujet, et telle fut l'occasion dela séance publique extraordinaire tenue en 1751 dans la salle des Etats. Mais le Gouyernement avait un plan géné- ral auquel il crut devoir ne pas déroger, et lim- portance d’une proviuce également agricole et ma- nufacturière , le détermina à instituer! à Rouen une Société d'agriculture en titre. Elle fut créte par arrêt du Conseil d'État du 27 juillet.1761, Ce qui justifie les prétentions de l'Académie ; c'est que les principaux membres du bureau central de cette nouvelle Société, ceux qui donnaient la principale impulsion à son administration , avaient été choisis parmi les Membres de l'Académie (1); M. Terrisse, rm (1) Foir le 1° volume des Mémoires de la Société d'Agricul- ture de Rouen, page 19. (5 } M. d'Ambournay , M. Rondeaux de Sétry, M. Yart, M. d'Angerville , etc. M. d'Ambournay en était le Secrétaire perpétuel , et c'est à lui que le publie doit les trois volumes intéressants que cette Société a publiés. La Révolution a enveloppé cette institution dans la proscription universelle ; mais il serait digne du patriotisme de l’Académie d'examiner au moins s’il ne serait pas possible de renouer les fils d'une trame ourdie pour le bonheur public; elle possède déjà dans son sein des éléments précieux pour un établissement pareil, et je n'aurais pas de peine à montrer combien l'exécution en serait facile. Le concours de l'autorité souveraine sans doute est nécessaire ; mais peut-on craindre de n'être pas secondé dans une institution utile, par un Gouverne- ment protecteur qui ne respire que la gloire et le bonheur de la France. $. 2. Quand une Société est fondée sur les bases de la cordialité et d’une estime réciproque, la per- sévérance et la durée sont les vœux uniques qu’elle ait à former. Malheureusement, les sociétés comme les individus sont sujettes aux coups du sort , et chaque année voit disparaître quelques -uns.de ces hommes que l’amour des sciences avait uuis. Heu- reux quand ils ne frappent pas ces hommes rares et privilégiés que distinguent de grands talents, et dont la perte met en deuil toute cette grande famille, Sous ce rapport, et à l’époqne dont nous nous occupons, l'Académie fit en peu de temps deux pertes bien douloureuses : M. Lecat, le 20 août 1768, termina sa glorieuse carrière en emportaut les regrets A 5 (6) de ses collègues et de tons les amis des sciences et! de l'humanité. L'Académie assista en corps à ses obsèques ; et ne lui fit le dernier adieu que lorsqu'il eut été rendu à sa dernië e demeure. L’an- née suivante , et durant la vacance (1), M. Duboullay fut enlevé à l'amitié et aux lettres par une petite vérole confluënte; il éait alors à sa terre du Boullay- Morin , et l’Aradémie fat privée d'honorer également per un hommage publie Fhomme de bien et le philo-oplie aimable qu'elle regretrait. Cliacun de ces hommes distingués laïssait vacante dans l'Académie, nne place bien importante , et tous les denx nvaient préparé à leurs successeurs de grands devoirs et de grandes difficultés, par le zèle et la supériorité de talents avec lesquels cha- cun d'eux avait rempli la sienne. M: Bullière fut nommé en remplacement de M. Lecat. Chymiste , mathématicien , poëte élégant , écrivain solide et fleuri suivant les circonstances , doué d'une mémoire prodigieuse qu'il avait sans cesse cultivée, d'un commerce doux et facile , il était homme de l'Académie qui eût le plus de moÿens pour adoucir la perte qu'elle venait de fare , et il fut élu Secrétaire perpétuel pour a classe des Sciences, par Passentiment le plus universel, Mais la mort récemment arrivée de M. Delaisement son ôncle , le laissait à la tête d'une pharmacie con- sidérable qui seule eût réclamé tous ses moments, et le goût qu'il avait pour la belle littérature ne le laissait pas sans regrets sur les moments qu'il leur dérobait pour les donner à sa nouvelle place ; il » pria donc l'Académie d'agréer sa démission, le 31 D ——— © © —————"————< (1) 13 Septembre 1769, C7) mai 1769 ; et ce ne fut que sur des instances ité- ratives que la Compagnie se décida à l'accepter. M. le président de Saiut- Victor fut élu en Ja place de M. Ballière , et remplit les fonetions de Secrétaire perpétuel jusqu'au 16 janvier 1971. Dés le mois de uovembre 1769 , lorsqu'il fut ques- tion de nommer un successeur à M. Duboullay , M. de Saint- Victor avait proposé sa démission , et avait été déclaré éligible pour la place de Secrétaire des Belles-Lettres. M. de Couronne réunit les suflrages de l'Académie à la Séance du 22 novembre 1769 , et fut proclamé Secrétaire perpétuel pour la classe des Belles-Leures; le 16 janvier 1791, M. de Saint- Victor donna défi= nitivement sa démission , et,le 20 février suivant, M, d'Ambournay fat nommé Secrétaire perpétuel pour la vlasse des Sciences. Il ne sera pas inutile de jeter un coup-d'œ@il rapide sur les quolues des deux nouveaux Secrétaires. À des formes extérieures fort-agréables et À un grand usage du monde , M. de Couronne joignait un esprit très-cultivé, Il avait quitté la milice pour la robe qu'il n'aimait pas; mais il aurait rougi d'être magistrat ignorant , et il se livra sans réserve à l'étude des lois, Jurisconsulte habile , littérateur distingué , écrivain facile , il avait éminemment le don de la parole ; il y joiguait un sang - froid qui ne lui permettait jamais de perdre de vue l'objet qu'il traitait, 11 avait fait de l’histoire de son pays une étude approfondie , et n'avait négligé aucun des arts agréables qui font parüe d'une belle édu. cation ; la musique , le dessin , la peinture , la sculp- ture , l'architecture avaient des charmes pour lui : il était en correspondance avec tous les hommes à talents qu'il eut occasion de copgualre , et en À 4 | C8) connut beaucoup. La bibliographie fut nn antre genre d'étude auquel il se livra avec passion ; per- sonne ne connaissait mieux que lui, et les bons ouvra- ges , et les bonnes éditions êt les éditions rares ; et c'est ainsi qu’il s'était formé une bibliothèque aussi nombreuse que choisie (1), dont lui-même était devenu le plus bel ornement. Avec de pareils moyens, M. de Couronne ne tarda pas à acquérir la confiance de sa Compagnie , et à avoir sur ses délibérations la plus grande influence. Il en étendit singulièrement la correspondance , et lui fit faire les acquisitions les plus précieuses. C’est particulièrement dans sesrapportsaux Séances publiques et dans ses éloges qu’il se fit admirer. On pourrait peut-être lui reprocher un peu de prolixité; mais c'était le défaut de la facilité et de l'abondance, et de pareils défaats se font aisément excuser. M. d'Ambournay faisait sa profession du com- merce; mais sa première éducation avait été extré- mement soignée, et il avait mis à profit les leçons qu'il devait à des maîtres habiles. Doué d'un esprit droit, d’une conception facile , il avait le talent de présenter ses idées avec autant de précision que de netteté. Moins brillant et moins séduisant que son collègue , il n'était étranger à aucune des con- naissances agréables et utiles dont un Secrétaire des Sciences ait quelquefois à s'occuper ; les ma- thématiques , les méchaniques, l'histoire naturelle , Ja géographie commerciale, l’agriculture avaient tour- à-tour occupé ses loisirs. Il faisait dans l’occasion de très-jolis vers de société ; mais son extrême mo- destie enchaïnait souvent les élans de son imagina- (1) Le Catalogue imprimé en porte Je nombre à 48,000 volumes, (9) tion : la défiance de lui-même, autant que sa politesse naturelle , le faisait déférer facilement aux sentiments d'autrui quand une fois il avait exposé les motifs de son opinion , et prendre la seconde place quand il eût pu sans injustice occuper la première. Ecri- vain sage et mesuré, il fit parler aux sciences le langage de la raison ; ménager de temps et de paroles , il parlait peu , mais parlait bien, et les écrits qu’il nous a laissés font également l'éloge de son esprit et de son cœur. Le premier , il fit prendre aux trayaux de l'Académie une direction utile au com- merce et aux arts de cette grande Cité. Il s'occupa beaucoup des propriétés tiactoriales de nos végé- taux indigènes, et il ne lui manqua que des con- naissances chymiques plus étendues pour perfec- tonner ses procedés. Mais il prépara la voie à des études nouvelles et plus fructueuses, et mit dans la communication franche de ses procédés une candeur qu'on ne saurait trop estimer. (1) 6. 5. Les arts chymiques qui, jusque ici n'avaient paru que comme une lueur erratique et sans consistance , commencent à prendre un caractère plus assuré, On voit paraître de temps en temps des Mémoires d'une utilité marquée. Le désir de procurer aux hommes de mer des eaux potables aux dépens des eaux de l'Océan lui-même, vont devenir le principe des (1) On tronvera des détails intéressauts sur ces deux Secrétaires habiles dans les Notices biographiques de M. de Couronne , par M. Descamps ; de M. d’Ambournay , par M. Gourdin. Voir le Précis analyt, des trav. de l'Acad, 1804, pag. 57; et1811, pag. 191. (70) plus sérieuses recherches. À quelles horreurs l’é- quipage d'un vaisseau ne se trouve-t-il pas réduit lorsque jeté par la tempête à de grandes distances des attérages, ou surpris par un calme absolu , il a épuisé ses provisions d'eau douce , et combien importerait-il alors de pouvoir enlever aux eaux de la mer leur amertume et leur saumure ! La dis- tillation les séparait de leurs sels , mais ne leur laissait- elle aucun principe désagréable ou nuisible ? Ce fut le sujet d’un assez grand nombre de dissertations dans lesquelles ces importantes questions furent contradictoirement discutées, On crut même quel- ques instants avoir trouvé le: moyen de rendre l’eau de la mer potable par la simple filtration à travers certaines terres calcaires. Illusion bien pardonnable au zèle ardent qui y donnait lieu , et qu'on ne vit s’évanouir qu’avec regret. Quoique les connaissances chymiques que l'on possédait alors fussent bien éloignées de celles que nous devons à la chymie pneumatique , on voit cependant cette science s’aggrandir , ses résultats plus connus, mieux expliqués, et une foule de théories erronées se dissiper à la voix de la raison -et au flambeau de l'expérience. C'est un objet bien digne de la méditation des sages que malgré la lenteur avec laquelle les con- naissances se mürissent, malgré la briéveté de la vie, les arts se perfectionnent enfin par les con- quétes graduelles du travail. Il est agréable de considérer ce développement successif de nos con- naissances , et l’on ne peut voir sans admiration combien les résultats se multiplient à mesure que les principes se simplifient. Cette philosophie con- duit à excuser des imperfections inséparables de la faiblesse de nos moyens, et à ne regarder les (un) erreurs elles-mêmes que comme une écorce pros- sière qu'il faut enlever pour découvrir la vérité, Je ne terminerai pas ce Rapport sans vous faire connaître, Messienrs, que notre aimable collègue M. Meaume a bien voulu me seconder dans la rédaction des articles qui composent le manuscrit que j'ai l’honneur de vous présenter ; tous ceux relatifs à l'astronomie et aux mathématiques sont dus à sa complaisance. En appelant sur ce collègue obligeant la reconnaissance de l'Académie , je le prie en particulier de recevoir la vive expression de la mienne. PTE ($C (2) eng enenr eg TABLEAU des Membres de l’Académie royale pour l’année 1770. M. le maréchal d'Harcourt, Protecteur. * Oficiers en exercice, MM. Delamaltière , chevalier de Saint-Louis , Directeur. De Maquerville, premier avocat-général à la Chambre des comptes, Vice-Directeur. De Saint-Victor, président à la Chambre des comptes, Se- crélaire perpétuel pour les Sciences. Maillet du Boullay , M° des comptes , Secrétaire perpétuel pour les Belles-Lettres, D’Ambournay , des Académies de Lyon, Londres , etc,, Intendant du Jardin royal des Plantes. Hébert, peintre , Trésorier. Académiciens titulaires , MM. Delaroche , docteur-médecin. Thibault, professseur de l’art des accouchements. L'abbé Saas. Dufay , chirurgien. Boisduval , docteur-médecin, D’Angerville , botaniste. Ledanois aîné, pharmacien, De Cideville , conseiller honoraire au parlement, Pinard , docteur-médecin , professeur de botanique , des Académies , etc, Descamps , professeur de l’école de dessin. (15) De Pontcarré , vétéran. De la Bourdonnaye , vétéran. Terrisse, chanoine de l’église métropolitaine, vicairé-général, L'abbé Yart , des Académies de Lyon , Caen, etc.’ L’abbé Fontaine , curé de Vassonville , vétéran, De Rouville , président au parlement. Paviot , président à la Chambre des comptes. Lecanu ,: opticien, Hoden , directeur des pompes de la ville, Ballière | chymiste. De Brienne , archevêque de Toulouse , vétéran. De Sevray , conseiller au parlement, L'abbé Lucas, L'abbé Vrégeon , de l’Académie de Clermont. Ligot, professenr de mathématiques, Dulagne , professeur d’hydrographie, Pouilain , trésorier de France. De Miroménil , premier président au parlement, Gilbert , architecte, | De Cucé , évêque de Lavaur, vétéran, ° Rondeaux de Sétry , M° des comptes. Lemesle le jeune , négociant. De Normanville, conseiller au parlement. De la Rochefoucauld , archevêque de Rouen, D’Ornay , avocat au parlement. Midi, vétéran, Bacheley , graveur, L'abbé Neveu. Charles, substitut. Léchevin, chirurgiens Lechandelier, chymiste. David, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dien, Associés titulaires, MM. L'abbé Pinant, official de Montivilliers. C14) Descroizilles, pharmacien à Dieppe, De Bréquigny , de l’Académie des inscriptions , À Paris. Budhor , professeur de mathématiques, à Strasbourg. Bernard de Jussieu , professeur de botanique, à Paris. De la Bruyère, à Paris. Morand père, des Académies de Paris. De Sainte-Foix, à Paris, Le cardinal de Luynes , des Académies de Paris, L'Ange de la Maltière | chevalier de Saint-Louis, Lebas , graveur à Paris. Lemoine, sculpteur , de l'Académie de peinture à Paris. Eizen , professeur à l’Académie de Saint-Luc. Dumolard , à Paris. Pingré, chanoine régulier de J’Académie des Sciences, à Paris, Trochereau , à Paris, Legallois, conseiller-d’état de Lorraine, à Nancy. Delafaye , de l’Académie de chirurgie | à Paris, De l'Isle, des Académies de Paris, ete, Le duc de Saint-Aignan ; de l’Acädémie francaise, à Paris. Bouin , chanoine régulier, de lPAcadémie des Sciences de Paris, Lecarpentier , architecte, L'abbé de Cabègnes ; à Paris, Wille , graveur , de l’Académie de peinture , etc. , à Paris. L'abbé Froment, chanoine principal du collége de Vernon, à Vernon, L'abbé Nollet, de l’Académie des Sciences de Paris, à Paris. De Mairan , de l’Académie des Sciences*, à Paris. Le comte de Tressan, de l’Académie des Sciences, à Paris. L'abbé de la Chapelle , de la Société de Londres, à Paris, Morand fils, de l’Académie de chirurgie, à Paris, Raullin , docteur-médecin | de l’Académie de Bordeaux , à Paris, | ‘Ca5) Louis, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de chi- rurgie, à Paris, Leblanc , professeur d'anatomie , à Orléans. De Viguy , architecte du Roi, à Paris. Pigal , de l’Académie de sculpture, à Paris, L'abbé Delacroix | de l'Académie de Lyon. Le P. Daire, célestin, à Paris, Pouteau, chirurgien , à Lyon. D’André Bardou , professeur de l’Académie de peinture, etc, à Paris, Bomare, professeur d'histoire naturelle ; à Paris, De la Lande , des Académies des Sciences, etc. , 4 Paris, Le C. de Lillebonne. L’abbé Bouillé, secrétaire des com. de M, le due d’Harcourt, à Paris. . Perronnet , inspecteur des ponts et chaussées de France, à Paris, ' Chardin , trésorier de l’Académie de peinture , à Paris. Toustain de Richebourg , lieutenant de MM, .lés riäréchaux de France, Voiriot , peintre da Roi, à Paris, Associés libres, MM. | Mac Dubocage | des Académies des Arcades » Padoue , etc, Duclos, de l’Académie française , à Parise Marmontel , historiographe de France , à Paris. Thomas, de l’Académie francaise, à Paris, Macquer , docteur-médecin , de l’Académie des Sciences ; à Paris, Gaillard, de l’Académie des inscriptions, à Paris, Cochin , secrétaire perpétuel de l’Académie de Peinture, etc. à Paris, (16) Houard, avocat, correspondant de l’Académie des inscrip- tions, à Dieppe. Adjoints , MM. L'abbé Levasseur , curé de Fontaine, Couture , architecte, De Saint-Paul, é L'abbé Deshoussayes , professeur de aéologées Pillore , chirurgien, Jadouille , sculpteur, Girault, prêtre de l’Oratoire. L’abbé l'Allemand, vicaire-général du diocèse. d’Avranches. L/abbé Auger, professeur d’éloquence. iso : Marescot de Lisors, procureur-général de la Chambre des ._-comptes. ! 1604 à î De Crosne, SEndant de Rouen. Chef-D'hôtel , mathématicien. Scanégatti, physicien, Associés adjoints, MM. Berryer, M° des eaux et forêts, à Paris. Michault, avocat à Dijon. L’abbé Jacqnin, à Paris, Jamard , chanoine régulier, curé de Rocqueforks * Patulo , de la Société d’agriculture de Paris. : Darnauld , à Paris. Fourray , hydrographie du Roï, à Dieppe. Dufay , naturaliste , ibid. L’äbbé Guibert , 1h14. Dallet l’ainé, à Valognes, Ferrand , chirurgien à Paris, D’Eprémenil , à Paris. Groult , procureur du Roi de l’amirauté de Cherbourg: L'abbé (17) L'abbé Clouet , à Madrid. Elie de Beaumont , avocat, à Paris, Duperron. De Marcenay, peintre , à Paris, Buchoz, médecin du feu roi de Pologne, à Paris. Bréant, à Bernay, De Bordenaye, professeur de chirurgie, à Paris, Dreux Duradier, avocat , à Saint-Maxime, Rouxelin , secrétaire perpétuel de l’Académie de Caen, De Mentelle, inspecteur à l’Ecole-Militaire, à Paris, De Sauvigny , officier de cavalerie, De la Harpe , de l’Académie française , à Paris, Leclerc , docteur-médecin , à Paris. Beauzée , professeur de grammaire , de l’Académie française, à Paris. Restout fils , de l’Académie de peinture , à Paris, Oursel , procureur du Roi de la Maitrise, à Dieppe. Gaillard. Voiriot. Lemire , graveur, à Paris. Gosseaume , docteur-médecin, à Evreux. Bonté , docteur-médecin , à Coutances. Demachy , chimiste, de l'Académie de Berlin , à Paris, Marteau , docteur-médecin , à Aumale. Levallois , à Brest, D'Angos, astronome , officier au régiment de Navarre. Champeaux, chirurgien, à Lyon, L'abbé Dicquemare , professeur de physique expérimentale, au Havre. Auran. Godde , commissaire du Roi, Philippe , professeur d'histoire, à Paris. Associés étrangers, MM. Beyer , à Nimègnes, Tome LIT, 1761 à 1570. B 1761, (18) Durocher , à Madrid, Délius, de l’Académie des Curieux de la Nature. Lyonnet, de l’Académie de Herlem, à la Haye. Mustel, à Amsterdam, Gentil , professeur d'anatomie, à Londres. De Maighen , chevalier de l’ordre du Christ, Hill, intendant du jardin des plantes de Londres. Lemoine , archiviste de Toul, Fitch, premier chirurgien du Roi de Pologne. Lrsre des Mémoires lus à l'Académie dans ses Seances particulières et publiques de 1761 à 1770 inclusivement. IVota. Les * indiquant les Mémoires que nous possédons , il est facile d’estimer combien il yen a de perdus. DÉPARTEMENT DES SCIENCES. Auteurs, MM. Observations astronomiques pour l'année IVLLÉTEEEETEEEEEEERE s + Dos meme sie DUREE. Correspondance relative à la réunion à l'A- cadémie de la Sociélé d'Agriculture ... Extrait des ‘Travaux de l'Académie de Lyon... M es online mms MEDAL Brion rh d'Oissel et de Saint- Etienne-du-Rouvray ....,.......... .Rondeaux. Aventuge des Observations du passage de Vénus , Elcossensvose Rte h Lea ee UAINETO, Discours sur la Cosmographie és hou: BOUT, Observation astronomique en 1758... Dulague, Médailles trouvées dans une Géode, .....Lemesle, C19) Auteurs, MM. Sur la nécessité des encouragements envers 1761 , les Matelots, ................::: + D'Ambournay, Projet d'une Carte minéralogique de la France ..i.ssssrsossessoresuor..e. Fouquet , chym. ÆVouveaux Discours sur la Cosmographie . . Bouin. Probléme de Musique. ........,..:....Ballière. Observations d'une Aurore boréale , près Dieppe . soso sesvesss cesse Fourray. Mouvement des Satellites de Vénus. .....Bouin, Observations sur la Lune...............Dulague. IVouvelles Observations sur les Satellites de MELUN ER cletettle le sin ele e daleloiele se OUR Observation du passage de Vénus sur le disque du Soleil...,,......,.,......Dulague, Méme observation par M. Lalande... .4+1Jamard. Méme observation par M, Fougey , à, Dieppe... . Dulague, Eclipse de Lune , du 18 mai dernier.....Dulague, Morsure d'une vipère guérie par l'alcali MDIM PL Tente els nielela so eee serie sie see TICIaISCMERTS Monstruosité de divers organes .........Lecat, Différence de déclinaison et d'ascension droite de deur Astres........,..,.,,,1Ligot. Mauvais effets de la petite ciguë ........Dufay, Séance publique sur l'Agriculture tenue à BEA med cidane dons Journal du Jardin des Plantes........,.VWrégeon, Espèce de flux et reflux en morte eau.....De Bonneval, Parties d'un enfant rendues par l'anus, trois mots après un accouchement naturel.Lecat, ————— oo QG) Les Mémoires qui y furent lus et qui ne font pas partie de cenx de l'Académie, sont imprimés dans le premier volume des Mémoires de La Société d'Agriculture, ‘ B 3 1761. (20) Auteurs, MM. Téie d'un enfant monstrueux, ess... Lecat, S'urles Miridiennes. sos ser ssneuvecese@rout, de Chét- bourg. Observation de Jupiter. ++...essu ses es. Dulague. IVoy aux du Ruscus torréfiés, employés comme Café. .sossnsossssssessessesss ee + + D’Ambournay. Meilleure manière d'amender les Terres. . .Sacher , chan. du Mans. Opération de la cataracte perfectionnee. . . . Lecat. Sur la ladrerie des porcs....ss.sserss . Rondeaux. Malléabilité du cuivre jaune plus grande à froid qu'à chaud, +esssssso.esee se. Vrégeon. Lunette perfectionnée, «ses... Lecanue Analogie des règnes végétal et animal *...Lecat, Maladie résultant de l'impression de l'ar- gent fondu*.......... sentiers): HeblanceiCHIE, Contre le systéme des affinités de M. Sage. Bouin. Culture de la garance....eesessrenssss. . D’Ambournaye Sur une nouvelle lunette anglaise .........Bouin, Séance publique de l'Académie de Lyon... extrait. Causes des antipathies et sympathies +++ +anonyme, Moyen de connaître les distances à l'aide du Télescope. PR END Lots af pie sislolere»ie ste METAETES: Passage de Vénus sur le Soleil*........Le cardinal de Luynes. Établissement de Bains publics à Rouen. . . Gilbert. Manière de connaître le degré de réfraction dans le crystal............ss.s.s...Le cardinal de “ Luynes. Gangrène occasionnée par le froid..,.+..,Thibaux. Sur une éclipse de Lune.. ss... ++ Dulague. Aurole boréale. Eclipse de Lune...:....Fourray. | Chemin de la Comète actuelle sr .Bouia. (21) Auteurs , MM, Nouvelle solution du probléme... ...,....anonyme. SurtleSonme le I ITS SE NN 'Bécate Sur un Maure‘ blanc... 1... ,,..Lécat, Sur la Cosmographie universelle... ...... Bouin, / Suppression des règles guérie par l'électri- Cité tee eee codes: » - Démarigues’, chir, ÆEpizootie à Sotteville*..........,..,:.Lecat, Suite du Mémoire sur la Cosmographie.. . Bouin, Description du Bananier, ....:....%, ..Pinard, Machine à battre et cribler le blé........Jamard, Fistule singulière à la gorge. .......:,..Lecat. Ulcère épidémique à l'æsophage......,...Lecat, Question médico-légale, ............... Louis. Direction de l'eau sous la roue d'un moulin..Neveu, Sur la disposition des ailes du moulin à ÉTRET TS SI nel NN Sole delete via efé.e dois Ve IN OVEICE Maladie mortelle en 15-18 heures *...,..HLecat, Intérieur de l'utérus dans le temps des Re dame eee av aa dou var 2 ÉCERE Maladie des ovaires. .....,.....s......Lecat, Observalions particulières. .........:...Delaroches Olservation pour déterminer la parallaze du Soleil. ,.. su"... se sessvssnse ee Pingrés Transpiration mielleuse de plusieurs feuil- les..............................Neveu, Hydropisie enkistée du cou, radicalement DR tant ue ne bee to vo aote 8 v ee DECALS Sur la périple d'Hannon...............De Bréguigny. Manière de faire les vis à écroux *... -... Dicullois. Anévrisme de l'aorte *................. Demarigues, chir. Pierre Liliaire considérable engagée dans le CanAl CPS TIQUE es des se des dane die IOENt. Sur le scélotyrbe..........,,,........Desplanques, D.- M 3 19624 1763, " 763 e 0 { 22) | Auteurs, MM: Nouveau marteau d'eau , ou l'eau dans le FT 2 pt )f gs RME EP RNENNTRUR LNISEUNT EE O Sur le jalap, RS SR, RAS LUTTE Tenette brise-pierre.+-.es.ssnssressre . Lecat. Enfant d’un emborpoint extraordinaire... Lecat, Fœtus humain monstrueux. ............Lecat, Réponse aux questions de M. Neveu, .....Ligot. Machines à mesurer les espaces parcourus dans la chute des graves.......s...e . Hubert, Sur le cermeause ss vo din eaviptenstes -Letals Résolution d’une difficulté contre le sytême Le Nouten annees dote ane «06h DIDINE Sur deux Comètes qui ont paru depuis peu*.Steinbergen, Spasme clonique *e-.es.esessessese .Desplanques, D.- M. Observation analogue «...e.ssssssssse .« Delaroche, #ppréciation du pain * ssssssecessser. .Dedun d’Ireville. Epist. astronomica Re me ee ue s + se SAXdR» Usage de la Ciguë dans le traitement du ET ee nee mannez ruse DEC Fapport entre les Animaux et les Végétaux. . Ledanois. Eclipse de Soleil du 1% avril, observée à Madrid ire np one vreueniemieleie sie eee 0,01 Economie animale et végétale comparées. . . Pinard. Sur un mangeur de cailloux... eee... 1Lecak, Suite du Mémoire sur les Charlatans.....Lecat. Mandrin universel, ...essessssssesses . Hoden, Baromètre de mer.esesssssssssesesese Scanégatti. Sur la transpiration des plantes *....... . Neveu, Observations chirurgicales, ........e... Saint-P'e Marti- nique. Sur la chute des graves *,....ssssss. . Lecat. Réflexions sur le Mémoire précédent. ....Neveu. Nouvelles réflexions sur le Mémoire susdit , Hubert, (23) Auteurs, MM. Sur le Chronomttre de M. Hubert, et les Additions de M. Lecat........s......Ballière, Réponse aux difficultés de M. Meveu.....Lecat, Sur la poussée des votes. ............Habert. Accélération dé La lentille du pendule....Hubert, Dissolubilité du mercure dans le vinaigre HE Taie Ne 08 se dt Dechandelrers Sir La congellation des eaux courantes... .anonyme, AUOT DTA Ier Tee due dae se de « ae Cats De Vulneribus tegumentorum cranii *....,..Behier, D,-M. Réflexions sur la congellation. ..........Neveu, Coton teint en rouge avec la racine du cru- ciata Lusitanica ........,.,..........D’Ambournay, Polÿydactylie, ...............,.,.....1becat. Sur la préparation mercurielle connue sous le nom de Poudre de Vie *...........1Lechandelien Culture du mürier blanc ss... sue......Rondeaux. Sur le scorbut..:................. Papillon. Superfétationt .......... as asie esse MDIOTES De la coupe du Lois et des pierres. .......Fourneaux, char pentier, Prospectus de l'Histoire naturelle des végé- taut'de Francess NI SP MBUCR OZ Effet singulier d'un coup de fusil........Neveu. Parties génitales monstrueuses.. ........becats Réflexion des corps obliquement lancés. . .) Explosion du fusil à vent et du fusil à \Ledanois, poudre. Mrneasasssssses sl Ascension de l’eau dans les pompes aspi- rantes à suixante pieds ..............Clouet,de Madrid. Couronne. lunaire observée à Rouenis.....Neveu, Sur les connaissances physiques, ........Snas, Observations de la Planète Mars... ..... Dulague, Cutture et usage de la garance «ss. + D’Ambournay B 4 1765 1766. (24) Auteurs MM. Sur la pourpre des anciens *... ges 4 nreih Sur les ischuries vésicales *.............Groslard fils. Puits d'eau douce sujet au flux et reflux dans un ordre inverse de celui Le la Mer *. .. Oursel de Dieppe. Changement de couleur: 4. son cp see. - à INeyets Moyens d'arréter le sang à la suite de cer- taines opérations ss ssssrersssessssse .Rüitch,, chir. Manitre de corroyer les ss... ..D’Ambournay. Instrument nouveau pour fixer l'œil dans l'opération de la cataracte,.......... . Lecat. JInflammation d'une dissolution d'argent. . Lechandelier, Remarques sur la cataracte, .......... Lecat, Féflexions météorologiques .............Neveu. Examen chimique du cidre. ............. Lechandelier, Assaut de pompes entre MM. Thillaye ct Quentin... ...ssssssssrssssensesses Rouet à filer des deux mains à La fois *...De Bernieres, Analyse de l'eau de la Mer à Dieppe *..Monnet. IVouveau moyen de dessaler l'eau de la MER EE ne css rte -.s -ACGDEREIR, Sommeil des plantes, traduit de l'Anglais. Trachereau. Examen analytique du jalap *.......... . Lechandelier. IVouvelles observations sur le puits de Qui- berville ere et eee eomaekts tree ONEEelL. Mémoire sur l'Agriculture. ......,....+De Richebourgfils. Observations sur le dessalement de l'eau de Ja Mer ral irdieh these dot PEretandelier, Muriate de mercure *......e.s.s.e....Monnet. OEuf monstrueux. ......s..ssesssess-.Dela Maltière. Sur les propositions prétendues universelles *Ballière. Nouvelle sonde. . . «.» miosiote ve aoioiiotte 2 ie0ite Lieux où le passage de Vénus pourra être examinh ass sp 05 0e nnhu tie fee 5t ee inUré, Suite de l'examen chimique du cidre..... « Lechandelier.. (25) Auteurs, MM. Machine à scier le bois,.,. +2... Hubert. 1767. IVouvel instrument utile pour l'opération de laltalaracte) sis ne à à à sd da toiaterh Gluecate Fil composé d'un poil d'animal inconnu... . Vrégeon. Sur les mines de fer de la !Vormandie *....Monnet. Observations de la Planette Saturne, en 1758 sente roseperronvese ve, Dulague. Examen des soudes et varecs*........,.Monnet, Conduite des eaux de l'Fvette, à Paris..Desparcieuxe Cause de la chute des graves *........,.David. Sur les mines de IVormandie............Monnet. Terre propre à la peinture,....::......De la Maltière, Sur l'origine des fontaines *............Grout et Vallois, Salines du Cotteniin et de L'Avranchin * . . Monnet. Observations physiques sur le Mont Saint- bal: :otomesmutat mit à 5 Drm Sur l'asphyxies . eus snssscescs one ss Jacquine Couleurs produites par les vitriols et plu- sieurs bois rouges. ......,.:....::.,.Lechandelier. Allongement de la Terre vers les pôles... .David. Sur un dépôt à& laine droite *,.....,.....Ferrand, chir, Herlorisation de Givre , observée en de- CONRTERMEAMRRS uate via n ua de sec a cs 5 HLTECEE; ee Eclipse de lune du 4 janvier. ...........Dulague. Sur les eaux de Saïint- Amand. :.........Monnet. Opération de la cataracte, par extraction *,.Pamard, chir. Sur l'Histoire naturelle de Coutances. ....Bouté. Chienne nourrice de chats... su... Delaroche. Génération des poissons... .............Oursel,de Dieppe, Chatte nourrice de deux écureuils, . ....,.Dallet, Sur un baromètre nouveau... ...,.....,..1Lecats Vitrification envoyée à M, Pinard , de l'ile de -Founbons. 00 RTS ee Sur Le phytolacca se sus à se «à «+ D'Ornays 1768. 1769. (26) Auteurs, MM, Carte de La Ville de Rouen,s.rssseusee Remarques Anal@mMIQUES se ussssssrsus | Observations sur l'hydrophobie,........ nue Sonde lithoslales : 1 LENS RE SL US Léthargie pathématique............,.... Sur les puits à flux inverse avec celui de la Mer ARR MENS sonner 6:65: Oursls Manuel d'Ornithologie, ...............Rondeaux. Essai sur la table de Pythagore.........Chef-d'Hôtek Foyage de A1. Courtenvaux pour déterminer les longitudes......................Dulagne. Sur les caux minérales de Rouen.........Lechandelier, Dessalement de l'eau de la Mer..........Oursel, Sur les défauts de la navigation..........Vallois. Sur les diarrhées des femmes en couche *.. Bouté, Description d'une carrière de LBeaumont-le- Roger es susssssssesssssssssessee. Gosseaume, Manière d'administrer le lait aux enfants *. Neveu. Expériences tinctoriales avec la croisette...D’Ambournay. Expériences nouvelles... .sss........+D'Ambournay. Eclipse du 30 juin dernier... .,........ . Dulague, Bitume de l'eau de la Mer*.....,......Demachy. Baromètre nouveau... ssssessssveseee . SCanégattie Théorie de la musique.:............. . Jamard, Mort de NZ. Lecat. Nomination de J1. Bal- lière , le 16 novembre. Accidents occasionnés par de mauvais cham- pignons * Dream ces msrettbti et }On Sur la chenille des pommierssese.ss.... "A Vomissent à pyloro calloso *.....,.+..... Gosseaume, Fracture du sacrum. Abcès au fondement, Tumeur enkistée. Polype utérin* ....... Champeaux, Pompes dont le moteur est le vent... .. ... Pouchet. Sel fortuitement formé *..ssssessssse .. Gosseaume. (27) Auteurs, MM. Æefraction irrégulière des Etoiles... ,..4:.David. Thermomètre marquaitt avec permanence le mazimum du froid et du chaud,....,..Scanégatti. Echantillon de kaolin et de pétunzé trouvé près d'Alençon..........,.........de la Maltière, Boîte applicable au tour pour former diverses igures etc. Ke. sesessroses see se. Chef-d'Hôtel, Machine pour élever et transporter Les far- deaux Yu... ses ssesessssssess.Scanégatti. Observations de Vénus , Mars et Jupiter...Ch. d’A ngoss Histoire naturelle de la gaïne des muscles. David, Paralysie locale, ses causes, ses phénomè- DES, «se muciaherose voa nie clajn e ae some ess, GOSsEaumME, Observation surles vents. Utilité d'un ané- MONET RU eSninrote à» dnceteelens at LIEXRIIOIS. Détermination des longitudes en Mer *,,..Levallois. £ur l'eau de Mer et son prétendu bitume *. . Lechandelier, Sur le dessalement de l’eau de la Mer *,..Oursel. Hydropisie enkistée *......... sossseoss Boisduval, Sur les sensations. .... esse, +Marescot de Li- ZOTS. Vice de conformation de l'épine, £gueri sans TIAERIRESE Ja 1e à cd ge Se do ioya ed arora tt NS, © avide Miroir CHEQUE, “ad sssauss sas de à ve . Thillaye. Machine;à piloters #4 58 4 54e ve 204 à ie - David. Observations sur l'eau de mer distillée,...Lechandelier, Recherches sur la théorie de la musique *. .Jamard, SAB Ia EaraR EME Le. see à à nan de à à + D'Ambournay. Passage de Vénus sur Le disque du Soleil..M. Dulague pour Pingré, Comète observée à Cherbourg Ve clos eq 4 CeUallOÏs, Sur un tremblement de terre ressenti ces TOURMENTE de SU SNL UTT IN æ + D’Ambournay, Chüte du Tonnerre, effet singulier*......Demarigues, ' 1 769 H7704 (28) Auteurs, MM. Dessalement de l'eau de la mer,........ * Macquer, Eclipse de Lune du 13 décembre dernier *.…. D'Angos. - Observations anatomiques *,...,..,.:,...Bouté, D.-M Discours sur les calmes èn mer..........1 Levallois. Sur les eaux minérales de Roüen..::2...:Lechandelicr, ZVouvel instrument astronomique inventé par A5 LS EE PR Ps Sur les eaux de la ville de Rouen *...... Lavoisier. Dessalèment de l'éau de la mer. :::......Oursel. Expériences thermométriques..........",.Scanésatti. Etat vitriolique du fer dans les eaux miné- rules 504 Lrbe set et ee DES UN NN) Mémoire sur la gaine des muscles..,...,.Aurau, Perfectionnement du lok....,,,..,......Dicquemare ÆHorison artificiel"... ,.,........5......Vallois. Conjectuüres sur L ‘arithmétique des anciens HOMLRS rentes Vase MANS 0 Chef-d’'Hôtels Observations sur l'expérience thermométri- ( PU De TOO Machine astronomique. .. se... Hahus Cèdres trouvés au Brésil , dans des mines d'or, à six cents piéds de profondeur, . . Vallois, Sur une proprièlé singulière de l'huile de ER ER ER TA Lampes ponr l'incubation artificielle. : :: . + Scanégatti, Compas propre à décrire des spirales.. ....Chef-d’ Hôtel, Womissement mortel à pancreate scirrhoso*,. Dissertation sur un effet singulier du Tone Demarigues. ee Rs pri ac sd re des “Rise prets À Machine à récéper Les pilotis, ..,,.......David. Machine pour faire aller un navire dans le s calme“. spspessseosssvvessscene s BEGEEd, ÆRéponse aux objections contre l'hypothèse de la lumière, principe du mouvement. .D’Angos. (29) Auteurs, MM. Tumeur à pédicule cancereuse | exlirpée 1779° GORE ea dou su mens css esse s + + LAVIQe Observation astronomique... ss... . Bischoff, Traitement de l'argent par le borar et le MR normande ones eve ns v 0e EDIRCNYe Manière de réduire au lieu vrai, le lieu ap- parent de Vénus, Mars et Jupiter..... . D’Augos. Sur l'usage des eaux de l'Amnios...... . David, Machine de guerre pour la défense des pla- Caine ip oi aa cames seu + MUPESON, 108 Machine à fabriquer des cordages. .......Duperron. Syphon précipitant Dec dec ss. Delamaltière, ÆArticulation et connexion des o$........: Pompe à quatre corps.................Delahoussaye. Formule génératrice de tous les cônes à an Dan AA nes cue ec PORT Thermomètres comparés sur une méme plan- CRE ns see anpeine a tete attends « e DCADÉPRS. Balance icnirans - sas s e « sas osos tete 1e HANITe. Ezxtirpation des loupes en conservant la peau ss semsssssssesessssessesses e Pamard file. DÉPARTEMENT DES BELLES-LETTRES. Dissertation sur le Vieux Vigel, Poëte du 1761, NI iStEC Le etes suce en cote Poe ete LICE DATE, Lettres sur l'Histoire..................D'Epreménil, Discours sur l'agriculture. .............De Brou. Ce que les Poëtes doivent à la Patrie... ..Yart, Mort du Duc de Bourgogne....,........ L'abbé Bessin, Er) la à Eÿ6 dés jardins....... d N'a ose À Chevage. Sur la prééminence des Poëtes anciens... . Explication d'un passage d'Hérodote*., ..,De Saint-Paul, 1762. n Z'ouvelle explication du Ps, Exursat,.,.,. L'abbé Terrisse, 1763, 1764. (5) Auteurs MM. Expulsion des Juifs sous l'Empereur : RE en none seu... De Prémagny. Sur le caractère des Crétois *.,,,.....,4.De Prémagny. Sur un passage de Suélone*...........De Prémagny- Sur la meilleure manière d'étudier. .....{evasseur. Histoire de Dieppe... .. essor Guibert, Discours. sur, l'Histoire... 6... Xart, Réflexions sur les ouvrages de M. Cre- RITES ES TE +... Duboullay. Sur ce que les Historiens doivent à la Patrie. Yart. Sur les hiéroglyphes égyptiens *.........De Saint-Paul. Sur l'ode et la poësie lyrique...........Duboullay. Moyens de perfectionner l'éducation. ..... Delacroix. Lettres sur l'éducation. ..........,.4...Pesselier. Discours sur la population. ............De Beanmont, Sur les monuments de la Lorraine*.......D’Ornay. IVouveaux éclaircissemens sur les hiérogly- phes...sssssssssersessee ses... De Saint-Paul. De l'influence des mœurs sur le Goût , et vice MER nee omis ee sioies ses 00e DUDOULIAYe Sur les pensées détachées...............Yart. Sur le périple d'Hannon.......,........De Bréquigny. Sur Les droits de souveraineté *.........Guérin, Lettre à M. Pinand sur les terres saliques.. Duboullay. Sur le passage d'Alexandre à Jérusalem *. De Prémagny. Sur l'orthographe francaise *............Midi, Sur l'empire des IOE colu teuce vu SU CHRNeN Sur les avantages des lettres dans la vie privée #...s.sssssesssssossssss.... Charles. Origine de l'Université de Paris.........Deshoussayes, Utilité des voyages. ...........,....4.:.D’Ornay. Doutes sur les écrits des Anciens. .......Duboullay. Mémoire sur l'Echiquier de ÎVormandie...D, Buissou. (31) Auteurs , MM. Avantages des vers libres...........,...Midi. ÂVécessité du patriotisme dans le gouverne- menbdes Elats*ts.: 33:32:04. 905 Charlés Vœuzx pour la conservation du Roi. ......bDuboullay. Traduction de la quatrième Satyre de Perse, Duradier, De l'amitié entre les Gens de lettres*.....1’abbé Deshous- sayes: Manuscrits envoyés par M, le Secrétaire de l'Académie de Caens................ Rouxelin, Traduction de la sixième Satyre de Perse, . Duradier. Catalogue des livres et effets de l' Acudémie,Deshoussayes, Développements au tableau analytique , ete. de M, De Mentelle*................David. Union des sciences avec les armes........'Toustain. Avantages et inconvénients de la société... Duboullay. Sur l’heure des repas*................. Dreux Duradier, Avantages de l'esprit philosophique... ....DeRichebourgfils, Hanière d'exciter l'amour du travail..... KRouxelin , secré- Parallèle de la musique ancienne et mo- taire de l’Aca- 0 Oo or RO EC O TD démie de Caen, Avantages du gouvernement monarchique hé- réditaire, .......s.ssssssssess.e... Duboullay, Sur l'étude de l'antiquité*,............4.Lemire, Essai sur l'urbanité française... ......,..Yart, Méthode d'éducation *.....s.s.:....... De Saint-Paul, Pensées sur la gloire. ................. Episode sur la peinture ....,..........Bréant, Dissertation sur les almanachs *...,,....Jacquin. Sur l'amour des lettres *....,..,.......Demaquerville, SUPTOS DATES SOS TEET APN PO PEL Ecole de Dessin de Dijon sur le modèle de colle doiROuen. 555. NEO N TE Sur le Poëme dramatique.........,.,...Yart, Utilité des récompenses publiques,......D'Oruay. 1767. 1968. 1369. 1770+ 1761, 1762, 1765, (32) Auteurs , MM. L'Echiquier de IVormandie*..........,.DeRichebourg. Discours sur le droit public. Dissertation sur la loi salique ...................Saint-Supleix. Traduction de l’Oraison de Cicéron pro Mi- lone. siais av pla priap as vopios e bonelè eve s « AUSETe OR ec ntiar eee st sol (RHPIONIE, Sur une médaille consulaire. +..........De Saint-Victor, Remarques critiques sur le discours relatif Aux COlliient rpm sr see... aude Her Remarques additionnelles à la critique ci- delai sc hoaarhirde ed, sritaneseHeEr, Ad serenissimam Delphinam invitatio. . . . . . . Dubosc. Sur l’éloquence anglaise... ..s...s.s ee. Yarte Essai sur les lois rurales... u., uses x + « D'Ornay. Sur les principes du goût, «......»..4,..Derochebin. Postes. Jraitation en vers du Poëme d'Abel ......Lemesle, Sur les faveurs que méritent les gens de la CAMPAGNE. + seesesssesessssssese... Lemesle, Poëme sur l'Agriculture, ........,4..4.D’Ambournay. Poëme sur la mort du duc de Bourgogne. .L'’abbé Bertin, Sur la culture des jardins...........,. É : s Chevage. Sur La prééminence des Poëtes anciens... = Sur la prise de Cherbourg........,,....Dallet. Odeïala Vérité... en es sde nacete sn Dallet, Révolutions de la poësie, Ode. .........De Bettencourt. Sur la convalescence du Roi, Eglogue....L'’abhé Fontaines. Ode"sur-la Paix.us agsiefen cite saeaaéete Dalles er Ode sur le détronement de Pierre II1.....Midi, Traduction de quatre Odes d’Anacréon,. . L'abbé Fontaines. Le Goût et Le Caprice... sssussuss L'abbé Fontaines, | Epitre (33) Auteurs, MM, Epitre à la Solitude. ..............0: Traduction en vers du Pseaume Quare \Yart. RE rente nn leeraie es eee eltle Tombeau de M. le maréchal de PS bourg, Stances.........,........,.Yart. Conseil des Abeilles, allépories se... D’Ornay, Traduction d'une Ode de Pindare........L’abbé Fontaines, Remerciment de Madame Dubocage.. ....L’abbé Fontaines, Les AcChdemes Ode." TS Lee ee SSNANT TOME ET TS TI I EL ES ÉE. 1e Dubocage. Traduction du poëme de Claudien de Raptu Proserpinæss +400. 006.6. De Saint-Victor, ounlarPertares tienne Br E Sur l'Amour de la Patrie... .......... + Duboullay, Remerciment à l'Académie... ...,.,..,..De Couronne. Vœux pour la conservation du Roï,..... * Duboullay. Traduction de plusieurs Odes d’ Horace. . L'abbé Fontaines. Jeanne-d'Are, Ode. rouen eo art, F0 TT TO APN Le EM à ER Sur la mort de Monseigneur le Dauphin. ..Le Mercade. Le Troupeau mal conduit , Fable........De Mentelle, L'Avare ele Trattant... 02, 05.2 DeMeéntelle, Remerciment en vers... .............. dre Ode anacréontique. +... cesse es Bréant. Deux Fables et une Epitre, ........,.,,De Mentelle, Sur l'Amitié des Gens de lettres. .…...... Fables de La Fontaine , en vers latins... . .Le P. Girault. Précis du Paradis perdu, en vers français. Mad. Duboccage, Episode sur La peinture. ........,.,... + Bréant, Quatrième Chant du Poëme de la peinture , corrigé. ns see se 0 se." otebei store stats CE Bréant. Le Libertinage puni et la Vertu récompensée, Yart, Discours pour l'ouverture de la séance pu- blique. bats ssesassesstosecse ss: De Couronne: Tome III, 1761 à 1970. C 1766. 1767, 1768, 1768, 1769. 1770. 1761. 1762. 1763. 1764: 1765, (34) Auteurs, MM. Premier Chant du poëme de la peinture, corrigés ensensessesesessssesss«Bréant. Le Mallieur. La Goutte...ssesssesees+Dallete L'Art de peindre. jets ec fée San raniis-MBréant. Chant séculaire d'Horacee +sssesseesee «L'abbé Fontaines. Colin et Roselte, opéras. sssssssse «ie De Mentelle. Plusieurs Odes d'Horace en vers français. + L'abbé Fontaines. Cri de l'Amour filial, etcessusessseesseDallet. Devoirs des Magistrats , Ode......e.. . Duboullay. La Religion. ..........ss.ssssssse. Les Attributs de la Justice et du ssrrr er] Ë ;Jadouille, bas-reliefs ........s.sss.ses. AAC Modèle de La statue du Roi Cloraire, nd 5, Epodes d'Horace en vers français... + L'abbé Fontaines, Plusieurs Odes d'Horace traduiles en vers françaises sssesssssssssesse ..... « L’abbé Fontaines, Sur le Bonheur. ss... SAR ET Sur le feu élémentaire. ........s...... jp. trame Hymne en l'honneur de Saint IVieaise et de Saint Mellon.e.essse.ueseseee + Dubosc. Morceaux grecs en vers français... ......Anger. Plan du Poëme de la IVavigation,....... Lemesle, Erzoces HISTORIQUES. Eloge de ME Durenelit a ce cite sites + Duboullay. Eloge de M. de Longueville*.......... Eloge de M. de Rougeville*..,........ Eloge du P. Castel case 06412 0 ect, Eloge de M. de Brou*, ....s.........Duboullay. Eloge de M. Demoy d'Ectot, ..........Lecat. Eloge de M. Titon du Tillet*...,....4:.Duboullay. Eloge de M. Pesselier*....,.......4++Duboullay. IVotice historique sur M. France fils......HLecat. Eloge de Me Rault,......,...:.,::..Duboullay. (55) Auteurs, MM. Eloge SD STE een. + Duboullay. Eloge de M. de Luxembourg *...........Lecat, Eloge de M, de Duquesnay , sculpteur. ...De Couronne. Eloge de Made: Limite 4e à fu + Duboullay, ÆEloge de M, Delaisement, ..,,,..... °..Lecat, Eloge de M. Pavyot*......,..........Duboullay. Eloge de M. De Prémagny*............ Duboullay. Eloge de M. de Pontcarré*... . 0 vo Duboullay. Eloge de M. Restout *.. . 00 + emoe otoroie + Duboullay, Eloge de M. l'abbé Gouget*.....,......Duboullay. Eloge de M. d'Epremenil*...... ........Duboullay. Eloge de M. Lecat.. se elseterett= Ballière, Projet d'Eloge de M1. Ddbéiile. +... « De Couronne, 1765, 1766. 1767 1768 1769: SÉANCES PUBLIQUES DE L' ACADÉMIE. Ordre des lectures ; prix décernés ; programmes des prix proposés. Prix décernés aux Élèves des écoles, De Dessin et de Peinture, D'Anatomie et de Chirurgie, De Botanique, De Mathématiques , D'Hydrographie, Séance publique de 1761, (5 août). Cette Séance a eu lieu dans la salle des États. Ordre des lectures. Après les Comptes rendus par MM. les Secrétaires , on a lu les Mémoires suivants : Eloge du P. Castel, par M. Lecat. Mémoires sur les médailles trouvées près de Neuf- chätel, par M. Rondeaux. Ce que les Poëtes doivent à la Patrie, par M. Yart. Sur un nouveau Semoir , par M. Gilbert. Eloge de M. Durenel, par M. Duboullay. Passage de Vénus , par M. Jamard. Eloge de M. de Rougeville, par M. Duboullay. Premier Chant de la mort d’Abel, par M. Lemesle. LA Séance extraordinaire sur l’Agriculture , tenue le 11 juillet , dans la Salle des Etats. Les Mémoires lus dans cette Séance sontlessuiyants : Discours préliminaire, par M. De Brou. (37) Eglogue sur l'Agriculture , par M. Lemesle. Utilité de faire päturer les moutons dans les prairies , par M. Rondeaux. Analogie des règnes végétal et RTS ; par M.Lecat. Fio2D. de M. Durenel » par M. Duboullar, Poëme sur la Société D'icretiate ; par M. d'Am- bournay. Prix académique. Le sujet de prix relatif à la navigation de la Seine est retiré et remplacé par celui-ci : « Déterminer la meilleure manière d'amender les » terres suivant leurs diverses nature et qualités, » Celui de Poësie prorogé à l’année prochaine. ELÈEVES COURONNÉS. Ecole de Peinture et de Dessin. Peinture. M. Nicolas Cartier , de unkerque. Dessin d’après nature. MM. Lesguillon, de Bruges ; Fresnelle, de Rouen. Accessit, M. Roger. D'après la Bosse. M. Vattemesnil, de Rouen. Accessit, M. Adam, de Rouen, D'après le Dessin, M. Boucachart, de Rouen. Accessit. M. Beaulieu. Architecture. M. Beaujour, de Rouen. Ecole d’Anatomie , Chirurgie, etc. Anatomie. M. La Flèche, de Bernay; (les 2° et3° Prix réservés). C 3 (58) Chirurgie. MM. Berquin, près la ville d'Eu; Bou- lard , d'Evreux ; La Flèche. Ecole de Botanique. MM. Daurignac ,; de Rouen ; Bomare, de Marsan; Pilon, du Neufbourg; Poul- lain, de Boissay. Ecole de Mathématiques. M. Toussaint Midi, de Rouen. Séance publique de 1762, (5 août ). Cette séance a eu lieu dans la salle des Carmes. Ordre des lectures. Comptes rendus par MM. les Secrétaires. Eloge de M. Demoy d’Hectot , par M. Lecat. Observations météorologiques, par M. Vrégeon. Eloge de M. de Brêu, par M. Duboullay. Sur le cours de la dernière Comète , par M. Dulague. Eloge de M, Crébillon , par M. Duboullay. Origine des hiérogiyphes , par M, Le Chevalier. Mémoire sur le sommeil, par M. Lecat, Discours sur l'Histoire, par M. Yart. Prix académiques. Le prix de physique et celui de poësie sont pro- rogés à l’année prochaine, Ils sont doublés l’un et l'autre. ELÈVES COURONNÉS. Ecole de Peinture et de Dessin. Dessin d’après nature, MM.Femelle , de Rouen ; Lemonnier , de Rouen. (359) D'après la Bosse. MM. Le Carpentier, de Pont- Audemer ; Vendart , de Rouen. D'après le Dessin, MM. Mardirey , artésien ; Deyaux, de Rouen. Peinture. (Le Prix remis. } Ecole d’Anatomie et de Chirurgie. Anatomie, MM. Daurignac , de Rouen ; Bou- lard, d’Evreux; Hubert; Aubé, de Vernon. Prix réserve, M. Leroy, d'Evreux. Chirurgie. MM. Boulard ; Aubé ; Ruby. Prix réservé. M. Daurignac. Ecole de Botanique. MM. Beaudouin , de Rouen; Lechandelier, de Rouen. Ecole de Mathématiques. Analyse et section conique. M. Maille, d’Elbeuf, Calcul et élém.de Géométrie. MM. Cousin, de Dieppe; Tuvache, deRouen. Séance publique de 1763, (3 août ). Cette séance a eu lieu dans la salle de l'Hôtel de Ville. Ordre des lectures. Comptes rendus par MM. Lecat et Duboullay. Eloges de MM, Pesselier et Titon du Tillet, par M. Duboullay. C 4 (40) Suite du Mémoire sur le sommeil, par M. Lecat, De l'influence du goût sur les mœurs, et récipro- quement , par M. Duboullay. Sur le bananier , par M. Pinard. Sur les pensées détachées, par M. Yart. Sur les monuments du Roi de Pologne, par M. d'Ornay. Prix académiques. Le prix de physique a été obtenu en commun par MM. Barberet, docteur-médecin , et Caro, curé de Charmentray ( Meaux ). Accessit. M. Sacher, cha- noine de Charmentray (Meaux ). Le prix des Belles-Lettres remis à l’année pro- chaine, Le sujet du nouveau prix est :« Le mécanisme et » les usages de la respiration. » ELÈEVES COURONNÉS. Ecole de Peinture et de Dessin. Peinture. M. Amable Beaufls, de Rouen. - Dessin d'après nature. M, Descamps fils. Accesserunt , MM. Le- monnier , de Rouen, et Le Carpentier, de Pont-Audemer. D'après la Bosse. M. Poulet, de Rouen; Mie Jouey. D'après le Dessin. MU°B. Félicité Descamps. Accessit, M. Milon, de Rouen, (41) Architecture, M. Godefroy, de Darnétal. Accessit, M. Groult, de Rouen. Ecole d’Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM. La Raterie, près Gisors; De- montreaux , près Tours; Mullot, de Paris. Accessit, M. Boulard. Chirurgie. M. Boulard , d’Evreux. Accessit,M. Charles, de Rouen. Séance publique de 1764, (11 août ). Cette séance a eu lieu dans la salle des États, et a été présidée par M. le duc de Luxembourg , Ma- réchal de France , Gouverneur , etc. Ordre des lectures. Comptes rendus par MM. Lecat et Duboullay. L'un et l'autre complimentent M. le Duc. Extrait d'un Mémoire sur la sèche, par M. Lecat. Eloge de M. Pesselier , par M. Duboullay. Analogie entre les animaux et les végétaux , par M. Pinard, Mausolée de M. le maréchal comte de Saxe, par M. Yart. Avantages de la vie privée pour la culture des Belles- Lettres, par M. Charles. Les Abeilles, allégorie, par M. Lemesle. Prix académiques, Aucun des prix n'est obtènu. Ils sont de nouveau prorogés, (4) L'Académie propose pour sujet d’un nouveau prix pour 1766 ; la question suivante : « Quelles sont les » mines de Normandie, métalliques , salines , bi- » tumiueuses ? Quels avantages présente leur exploi- » tation ? ELÈVES COURONNES. _Æcole de Peinture et de Dessin. Peinture. M.Le Carpentier , de Pont-Audemer. Dessin d’après la Bosse. Me Godefroy, de Rouen. Prix extraordinaire , M.Imffroy , de louen. D'après le Dessin. MM. Lemonnier, de Rouen, Le Carpentier, de Pont- Audemer, Classe du Dessin. M. Billot, de Lévi. Architecture. M. Fr. Groult, charpen- tier à Sotteville. Ecole d’' Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM. Blin, de Saint-Wandrille ; Charles, de Rouen. Accessit , M. Nicolle, de Rouen. Chirurgie. MM. Sciaux, d’Evreux ; la Ra- terie , d'Ecos; Blin. Accesserunt , MM. Bazile, Charles, de Rouen. Accouchements, MM. Boulard, d'Evreux ; Lan- _ glois, de Rouen. Accessit, M. Blin. (45) Ecole de Botanique. MM. Le Carpentier , de Rouen; La Raterie ; Lan- glois ; Blin, Ecole de Mathématiques, MM. Favrel , de Rouen; Lecomte, ibid, Séance publique de 1765, (7 août). Voici l’ordre des lectures qui occupent cette séance : Rapports des Travaux de l’Académie, par MM. Lecat et Duboullay. Notice historique sur A1. France fils, par M. Lecat. Eloge de M. le maréchal duc de Luxembourg , par M. Lecat. Eloge de M. Slotz, par M. Duboullay. Ode sur les Académies , par M. Yart. Utilité des voyages , par M. d'Ornay. Stances traduites de la première Pythique de Pin- dare , par M. l'abbé Fontaine. Notice sur D. Duquesnoi, graveur flamand, par M. De Couronne. Poëme couronné. Prix académiques. Le prix de physique relatif à la respiration a été obtenu par M. David. Accessit très-honorablement , M. Boulard, chirur- gien à Evreux. Le prix de poésie est obtenu par M, De La Harpe. (44) ELEvEs couRoNNÉSs. Ecole de Peinture et de Dessin. Dessin d'après nature. MM. Paulet; de Beaulieu. Accessit, M. Cauvet- D’aprés la Bosse. Mi Jacques; M. Asselin. Accessit, M. Billot. D'après le Dessin, Ml: Vergeloo. Accessit, M. Bertin. Architecture, M. Louis-Augustin Hardy. Ecole d’Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM.Blin; De la Poterie; Paulin, Nicole. Chirurgie. MM. Blin; Nicole; Sciaux. Accouchement. MM. Nicole ; De la Poterie. Séance publique de 1766, (6 août ). Les lectures qui occupent cette séance sont : Discours d’ouverture , par M. d'Ornay. Rapports sur les Travaux académiques , par MM. Lecat et Duboullay. Eloge de M. Delaisement, par M. Lecat —— de M. de Limézy, par M. Duboullay. Méthodes diverses d’opérer la cataracte, par M. Lecat. Fragment de traduction de l’enlèvement de Proser- pine, de Claudien, par M. de Saint-Victor. Jeanne-d’Arc, ode, par M. Yart. L'Amour de la Patrie , ode, par M. Duboullay. De l Amitié entre Les Gens de lettres, par M. Dela- houssaye. Fragment du Poème sur l'Art de peindre, par... (45) Prix académiques, Le prix d'Histoire est obtenu par M. Toustain de Richebourg. Accessit, M. Lemoine, archiviste, à Lyon. Le prix relatif aux mines est remis à l’année pro- chaine, ELÈVES COURONNÉS. Ecole de Peinture et de Dessin. Dessin d’après nature. MM. Bernard Cauvet; Fréd. Spindler , de Bareith. Accessit, M. Bouflart. D’après la Bosse. M. Bertin , de Lanquetot. Accessit, M. Hardi. D'après le Dessin. MM.Rupaley, de Bayeux; Lefebvre , de Valen- ciennes. Architecture. M. Laurent Prestrel , de Rouen. Ecole D'Analonie M. Nicole, de Rouen. Ecole de Botanique. MM. Rondeaux de Montbray ; Fleurimond ; Thi- baux ; Nicole. Ecele de Mathématiques. M. Favie. Séance publique de 1767, (5 août). Voici l’ordre des lectures qui ont été faites dans celte séance : (46) Rapport des Travaux des deux Classes ; par M. Duboullay. Sur les propositions prétendues universelles; par M. Ballière. Eloge de M. Payot, par M. Duboullay. Traduction de Léandre et Héro, par M. de Saint- Victor. Eloge de M, de Prémagny, par M. Duboullay, La Bruytre et le Mouton, fable, par M. Bréant. Mines de Normandie , par M. Monnet. Eloge de M. de Pontcarré, par M. Duboullay. Sur la pesanteur , par M. David. Avantages et abus de la société, par M. Duboullay. Prix académiques. L'un et l'autre prix ont été prorogés à l’année prochaine. ELÈVES COURONNÉS. Ecole de Peinture et de Dessin. Dessin d'après nature. MM. Rupaley ; Milon. Accessit , M. Bouffard. D'après la Bosse. Me Van Vergeloo, d'Anvers. Accessit , M. Tellier. D'après le Dessin. M.Lemoine, de Rouen. Accessit, M. Brard , de la Feuillie. Ecole d’ Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM. Seyer ; Peuflier; Houlfort; Le Carpentier. Chirurgie. MM. Florimond ; Peufler. (47) Ecole de Botanique. MM. Lauprét; Lapie. Accessit , M. Lefebvre. Ecoles de Mathématiques. Mathématiques. M. Fauverel, de Lyons. Géométrie élémentaire. MM. Desparquets ; Bos- quier. accessit, M. Tellier. Séance publique de 1768, (3 août ). Cette séance a eu lieu dans la salle de l'Hôtel de Ville. Ordre des lectures. Discours d'ouverture en prose et en vers, par M. De Couronne. Rapport des Travaux pour les deux Classes, par M. Dubouila y. Utilité des récompenses publiques , par M. d'Ornay. Eloges de MM. Restout, Gouget et d’Eprémenil, par M. Duboullay. Les Quarre Azes dela Vie, poëme, par M. Bréant. Les Caractères de l’Honneur, ode , par M. Du- boullay. Eloge, couronné, de Corneille, lu par M. Bal- lière. Caractères et effets de la Religion, par M. Du- boullay. Prix académiques, M. Gaillard obtient le prix dont le sujet était l’'Eloge de Pierre Corneille. C48) Le prix de physique est remplacé par cette ques- tion : « Y a-t-il, entre les trois règnes, des limites » sensibles et distinctes; ou sont-ils liés entr'eux de » manière à former une unité réelle? » ELÈVES COURONNÉS, Ecole de Peinture et de Dessin. Dessin d’après nature, MM. Millon ; Lefebvre. Accessit, M. Vendart. D’après la Bosse. M. Lemoine. Accessit, M. Brard. D'après le Dessin. M. Collet. Accessit , M. Lehoué. Ecoles d’Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM. Jacques Thibault ; Dufour ; Peuffer. Chirurgie. MM.Bodin ; Peuflier ; Poupart, Ecole de Botanique. MM. Leclerc; Peuflier; Poupart. Ecole de Mathématiques. 1e Classe. MM. Bosquier ; Desparquets. 2° Classe. MM. Lebouvier ; Hellot; Rondeaux. (49) Séance publique de 1769, (2 août}, Les lectures qui occupent cette séance, sont : Discours d'Ouverture , par M. Charles. Rapports sur les Travaux, par MM. Duboullay et de Saint-Victor. Vice de conformation de l'épine, par M. David, Letire à Volrare, par M. Duboullay. Traduction en vers du Chant séculaire d’Horace , par M. l'abbé Fontaine. Invocation à la Lumière, et les quatre Saisons , par M. Bréant. Prix académiques. Le prix de physique est obtenu par M. Robinet, de Rennes. Accessit , M. Bonté, docteur-médecin. Nouveau programme : « Déterminer, dans les » principes du goût, ce qui appartient à la nature » et ce qui appartient à l'opinion, pour en con- » clure jusqu’à quel point un homme de génie doit » s’accommoder au goût de son siècle et de sa na! » tion. » Ve | ELEÈVES COURONNÉS. . Ecole de Peinture et de Dessin. Dessin d’après nature. MM. Vendart; Lefebvre. Accessit, M. Lemoine. D’après la Bosse. M. Cousin. Accessit , M, Letellier Tome IIT, 1761 à 1770. D C5) D'après le Dessin. M.Clauson , norwégien. Accessit, M.Corbeiller; M'!° Godinot. Architecture. M. Barragué, de Rouen. Ecole d’Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM. Thibault, de Grandcowrt ; Heur- veut, de Valognes; de Sainte- Croix, de Monuivilliers, Chirurgie. MM. Peullier ; Poupart. Ecole de Botanique. MM. Peuffier ; Thibault, de Grandcourt. Ecole de Mathématiques. MM. Lebouvier ; Mouston , norwégien; Thillaye. Accessit, M. Clauson. Séance publique de 1770, (1° août). Les lectures qui occupent celte séance , Sont? Ouverture et rapport dés Travarx de la classe des Sciences, par M. de Saint- Victor. Rapport de La classe des Belles-Lettres , par M. De Couronne. Noiice historique sur MM. Nollet.et Marteau ,, par M. de Saint- Victor. . Parallèles de Démosthènes et Ciceron , par M. Augere (51) Traitement de l'argent par le borax, par M. De Mach y. Extirpation d’une tumeur à pédicule, par M, David. Suite de la traduction des fables de La Fontaine , par M. Girault. Traduction de l’Ode Beatus ille , par M. l’abbé Fontaine. Eloge de M. Duboullay , par M. De Couronne. Prix académiques. Les prix qui devaient être décernés cette année sont prorogés à l’année prochaine. Nouveau programme : « Après avoir établi le ca- » ractère des argiles, déterminer la différence entre » les bols, les glaises et la terre à foulon. » ELÈVES COURONNÉS. Ecole de Peinture et de Dessins Dessin. Composition. M,Lefebvre, de Valencien< nes: D’après nature. MM. Alphonse Cousin; Lehoué, 1 Accessit, M. Lemoine. D'après la Bosse. M. Lesueur. D'après le Dessin. M.Allix , d’'Honfleur. Prix d’Emulation ; M. Mouton. Architecture. M.Tubeuf , de...... près Paris. Ecole d’Anatomie et de Chirurgie. Anatomie. MM. Bioche , de la Guadeloupe; Des- vaches; Raguian. D 2 (52) Chirurgie. M.Poupart, de Pont-l'Eyéque. Ecole de Botanique. MM. Camare ; Lelarge; Philippe ; Poupart. Ecole de Mathématiques. MM. Mabire'; Forfait ; Lemoine. Accessit, M. Allix. Ecole d’hydrographie. MM. Boursier ; Mabire. SUITE DU PRÉCIS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'ACADÉÈMIE ROYALE DES SCIENCES , DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS DE ROUEN, DePuIs SA FONDATION EN 1744. DÉPARTEMENT DES SCIENCES. Rd Po né Po É GRICULTURE.. Extrait d'un.Discours de M. pe Brov , Lu & la Séance extraordinaire, le 11 juillet 1761, concernant l'A- griculture. ( Foir le Rapport préliminaire, 6. 1, } »” : She des provinces da Royaume (la Bretagne ) 176r, dans laquelle l'amour du hien public est le plus généralement répandu , vient de donner le premier D 35 (547 17614 exemple d'une Société uniquement occupée du Commerce et de l'Agriculture. De pareils établisse- ments se préparent en divers autres lieux par les soins du Gouvernement ; l'exemple même que vous donnez arjourd’hui , Messieurs, va sans doute être imité , et vos correspondances mutuelles acheveront de perfectionner l'Agriculture , en dirigeant le génie de la nation vers un objet essentiel et jusqu’ici trop gi ve » l'elle a été la marche de presque tous ” siècles. Le connaissances les plus nécessaires n’ont pour l'ordinaire rien d’assez brillant pour attirer nos pre- miers regards ; l'esprit ainsi que la jeunesse com- mence par se livrer au plaisir; les charmes de l’élo- quence et de la poésie , ceux même de la sublime philosophie, voilà les premières passions qui l’entrai- nent : se repliant en suite sur lui-même, il embrasse des objets d’abord moins séduisants ; la morale , la politique, les arts, le commerce, l'agriculture enfin, sont à leur tour l'obiet de ses recherches. »” Les Sociétés savantes ont suivi à-peu-près la même progression. L'Académie Française fut fondée la première : le cardinal de Richelieu , en la formant, suivit le goût de la nation et le sien propre; il est même aisé de voir par la noblesse avec laquelle il exprimait les volontés de la Cour , qu’il regardait la pureié des expressions et la majesté du style, comme un attribut presque essentiel de l'autorité... » Colbert , quelque temps après, forma une nou- velle époque dans le gouvernement ; il accorda aux sciences et aux arts la même protection que Richelieu avait accordé aux productions brillantes de Pesprit ; ce fut lui qui jeta les fondements de l'Académie des Sciences. Il avait trouvé la nation instruite et puissante , il voulut l'enrichir et affermir par le (55) commerce cette grandeur que les conquêtes et les 176»: traités précédents lui avaient donnés..... » Tandis que les arts agréables étaient cultivés et donnaient à l’Europe étonnée la plus haute idée de notre industrie , l'Agriculture demeurait dans une espéce d'enfance. Livrée dans plusieurs pro- vinces à Pignorance et au mépris, elle n’a point acquis cette perlection qu'ent donné aux autres arts , l'étude, l'estime etles récompenses. On se con- tente de cultiver les cantons les plus fertiles, le reste est abandonné presque comme inatile. » La terre, il est vrai ; n'offre pas partout dés dons également faciles ; mais l’art et le travail peu- vent convertir en un terrain fertile le sol le plus ingrat, Le sable , le limon, l'argile peuvent devenir le principe de nouvelles productions....... » Ces Sociétés , que l’on cherche à former dans les diverses provinces , sont , Ô mes concitoyens # la preuve de lintérêt que le Gouvernement prend. à vous, et du désir qu’il a de vous voir heureux. » Ainsi, loin de vous laisser abbattre , que l’espé- rance vous ranime ; prenez quelque confiance dans Les conseils que nous nous efforcerons de vous donner, et soumettez quelquefois les préjugés de l’habitude à l'utilité de nouvelles découvertes....... » Mais, Messieurs, que la simplicié et la clarté de nos leçons en soient le principal mérite ; il s’agit ici d'instruire et non de se faire admirer. Ne croyez pas cependant qu’un grand nombre de laboureurs ne soient pas em état de recevoir des instructions plus élevées ; plusieurs ont commencé par des études qui conduisent aux premiers emplois. La simpleité de leurs mœurs leur a fait mépriser le luxe et l'oisiveté des villes , et la forte ambition de quitter leur état a été heureusement étouflée en euk, par D & (56) 5761, la droiture , Phonnéteté, l'élévation de leurs sen- IMMO. +; » e » Plusieurs d’entre vous , Messieurs , ont donné des preuves dn désir qu'ils avaient d’honorer l’Agricul- ture e: de venir au secours des cultivateurs par des sacrifices généreux L’un de vos Membres les plus chers à cetie province (1), dont la présence ajoute encore à la solennité de cette Assemblée, a signalé les premiers moments de son arrivée parmi nous, par l'abandon, au profit de l'Agriculture, de lun de ces droits qui flatent le plus la vanité et Ja grandeur. (2) ». Ce trait , digne de la reconnaissance de tout bon citoyen, m'a paru devoir être aujourd’hui consigné dans vos fastes. Fuissent-ils être souvent honorés par des récits pareils ! Puissent des éloges aussi mérités les rendre le dépôt des actions vertueuses en méme temps que des connaissances utiles ! » Extrait d'un Mémoire de M. Berri, de Verone, sur la Chenille du pommier et les moyens de la détruire ; par M: Barziëre. Après avoir donné de cette chenille une descrip- tion que je ne répéterai pas, parce qu’elle se trouve dans tous les ouvrages d’histoire naturelle qui traitent des insectes , l’auteur indique le temps dans lequel on peut s'occuper avec avantage de leur destruc- tion. C'est lorsque dans leur état d’engourdissement EE (1) M. l’Archevèque de Rouen. (2) La-destruction de la gareune de Gaillon. (57) elles sont comme enfermées dans leurs propres filets3 17614 c’est au commencement des beaux jours, lorsque les premiers rayons du soleil font distinguer leurs nids blanchâtres à l'extrémité des branches, qu’il est facile de s’en emparer et de les détruire par le feu. L'auteur veut qu'un homme robuste monte à l’arbre pour cette espèce de chasse; mais on peut se dispenser encore de cette peine, au moyen d'une machine aussi simple que commode, C'est une cisaille dont un des léviers façonné en douille est emmanché d'un long bâton ; l’autre lévier se termine par un anneau auquel s'attache une corde de longueur égale à celle du bâton. La mâchoire de la cisaille correspon- dante à l’anneau est assez pesaute pour rester naturelle. meutouverte ; mais lorsqu'on a découvert un rameau garni de nids de chenille, on en approwhe la mâchoire perpendiculaire de la cisaille ; et, en tirant vivement la corde, on sépare le rameau qui tombe avec la dangereuse nichée. Le plus léger exercice suffit pour donner à l’ouvrier le plus ordinaire toute la capacité nécessaire pour écheniller facilement et. sans courir le moindre danger. On ramasse soigneusement ces peits rameaux qu'on brûle incessamment. Sur lFpréau; par M. ne Menircoté. Les propriétés de ce bois sont très-connues en Flandre , et sur-tout à Ypres d’où il tire son nom: Les habitants en construisent leurs maisons ; ils en font des poutres et autres pièces de charpente. Ce bois est excellent pour la menuiserie ; dure autant que le chène, pourvu qu'il soit placé dans uudieu sec; n’est sujet ni au ver, ni à se déjeter ; (58) 1761: se travaille avec facilité et prend merveilleusement la peinture, etc. Il forme de belles avenues ; remplace facilement les massifs des foréts ; croit et s'élève au mieu des arbres les plus touffus ; prospère dans toute espèce de terrain, mais sur - tout dans les lieux humides, où il acquiert en vingt-cinq ans , la gros- seur d'un chéne de soixante ans. Ceux qui élèvent des abeilles peuvent en tirer grand profit, par la précocité de ses chatons qui fournissent d'abondantes récoltes à ces insectes utiles, Ruche de forme nouvelle ; par M. *** , habitant de l'Isle de France. Cette ruche, de forme cylindrique, est construite en paille , et représente un petit tonneau d’un pied de diamètre sur le double à-peu-près de longneur. Les deux fonds sont mobiles et susceptibles d’oc- cuper les divers points de la longueur du cylindre. Un petit grillage , placé au milieu , permet d'exa- miner l’étendue du travail des abeilles et d'enlever par le fond les gâteaux qui sont dans le cas d’être recueillis. Cette opération faite, on rapproche le fond, et les abeilles continuent de travailler en avant. Lors- qu'après plusieurs cueillettes le cylindre est rempli par l’un des bouts , on bouche la grille de ce cûté, on l'ouvre du côté opposé pour l’entrée et la sortie libre des abeilles. L'enlèvement des gâteaux se fait alors par l'extrémité du cylindre qui, précédemment, était l'entrée de la ruche et qui en est devenue le fond. Ainsi, la même ruche peut servir un temps C59) infini , et la cueillette des produits s'y fait sans 1761 tourmenter les abeilles, inconvénients inévitables avec les ruches ordinaires. Dans un second Mémoire , le même auteur s'occupe de la nature des abeilles de l'Isle de France; elles sont plus petites que les nôtres , et l’espace qui contient en France trente-un alvéoles d’abeilles ouvrières , en contient trente -trois dans celte Colonie. Le temps où les essaims cherchent une nouvelle demeure varie singulièrement suivant l'élévation du terrain. Sur les hauteurs , à plus de cinq cents pieds d'élévation au - dessus du niveau de la mer, les jeunes essaims émigrent de janvier en mars et vien- nent chercher la plaine. C’est le contraire pour les es- saims de plaines ; si les abeilles quittent leur demeure en automne, elles vont chercher les hauteurs. La diversité des fleurs que présentent ces régions diver- ses, dans un pays qui n’a pas d’hyver, semble donner l'explication de cette préférence. : Soit que les mères chassent les essaims d’ouvrières, soit qu’elles en soient abandonnées , l’auteur a vu de ces abeilles orphelines qui n’en trayaillaient pas avec moins d'activité. Ilen a vu de larronnesses qui vivaient aux dépens des ruches voisines. Le même auteur propose quand les essaims sont forts de les partager en donnant une mère à chaque essaim secondaire. à 1762. (60) Essai sur les labours ; par M. Depux d’IreviLxe, Lieutenant général, à Evreux, Jé me contentefai de donner ici la récapitulation de ce Mémoire qui n’est que la première partie d'un ouvrage plus cons'dérable. Tout se réduit à tourner la bonne terre avec la plus grande exactitude en faisant les mars ; à réitérer la même opération au premier labour à bled, avant l'hyver autant qu'il est possible, et à donner les autres Jabours dans des temps ni trop secs, ni trop humides , et lorsque la terre est suffisamment rassise. M. d'Ireville paraît craindre beaucoup qu’enlabou- rant profondément on ne ramène à la superficie la terre rouge qui sert de base à la terre vegétale. « C'est une argile, ajoute-til, absolument dénuée de tout principe productif ; et, pour peu qu’on en méle avec la bonne terre , elle imprime à cette dernière un principe de stérilité que la durée d’un bail fait à peine disparaître. » Je rapporterai à ce sujet une anecdote qui m’a été racontée par un propriétaire-cultivateur plein de mérite , et qui prouve que les propositions trop universelles se trouvent souvent en défaut. Parmi plusieurs pièces de terre que cet honnête cultivateur faisait valoir , il en était une de la con- tinence d’un acre, qui ne rapportait pas l'équivalent de la semence qui lui était confiée. Son domestique- cultivateur s'établit et fut remplacé par un autre. Ce dernier ayant représenté que la terre était à peine eflleurée , les semences y éprouvaient toutes (61) les intempéries des saisons, et proposa de läbourer 1762: plus profondément, L'inconvénient de la terre rouge fat opposé et combattu par des raisons assez solides pour que le maître crût devoir y acquiescer, Aussitôt, le domestique intelligent fit forger un soc de la plus longue dimension , et ramena un demi-pied de terre rouge à la superficie. Les cultiva- teurs voisins jugèrent la pièce de terre condamnée à une éternelle stérilité. Que pouvait -on risquer, aprés tout, avec un terrain qui ne rapportait rien? Les labours furent faits en temps utile, le fumier ne fut pas épargné, le temps fut favorable, et la récolte fut de la plus grande abondance ; et cette pièce de terre , âyant continué d’être bien cultivée, s’est trouvée comptée , en dépit de la terre rouge, au nombre des meilleures terres d’un bon canton. (Mote du Rédacteur.) Sur la Culture de la gaude Gi), Reseda-Luteola L. ; par M. D’AMBOURNAY- La gaude la plus menue est la meilleure pour la teinture , et celle qui est cultivée est préférable à celle qui croit sans culture. : A Oissel, lorsque les fèves blanches sont en fleurs , on les rechausse, et par un temps humide on y sème la gaude le plus également qu’il est possible; à la maturité des fèves on les récolte et la terre est accupée par la gaude qu'il faut rechausser à la Saint-Michel , (1): Une note avertit que ce Mémoire a été lu à l’Académie le 27 janvier 1762, (G2:) 1762. pour la laisser aïnsi passer l'hyver. Au mois de mars, 763, quand les grandes gelées sont passées, on les fouit de nouveau. Vers la fin de juin, de cette seconde année , lorsque la graine est bien formée , on arrache la plante, on la fait bien sécher et on la réunit en bottes. Une vergée de bonne terre où la gaude a bien pris , en produit ordinairement soixante bottes ; mais elle est sujette à être branchue et d'une moindre qualité que celle qui croit sur les sables. Aussitôt que la gaude est arrachée, on fait passer les moutons sur la pièce pour en manger l'herbe ; on donne un labour, puis un second à la fin d’oc- tobre, et l'on sème du bled ou du grand seigle. Si la terre est légère et destinée à être ensemencée en mars, On peut, après un labour , y semer des navets qu'on a Le temps de récolter avant que de labourer pour l'orge, etc. é On fait encore de la gaude après les pois, et on Ja sème toujours à raison d’une demi-quarte de graine par vergée. Dans cette dernière hypothèse , on peut au mois d'octobre semer du bled sans fumer. L'auteur s'étend ensuite sur les qualités tinctoriales de cette plante, sur quoi on peut consulter le Recueil des procédés et expériences sur les teintures, ouvrage de notre estimable collègue , publié par ordre du Gouvernement. Sur les Forêts de pins et sapins qui se trouvent en Auvergne ; par M. PerzissieR , Secrétaire de la Société d'Agriculture de Clermont. IL y a dans ce pays trois cantons différents où croissent les pins et les sapins, les environs de Bort, (63) ceux de la Chaise-Dieu, et les environs de Saint- 1765. Flour. Dans tous ces endroits , le froid est assez rigoureux pendant six mois de l’année. C'est la nature qui sème ces forêts ; les graines tombent dans un terreau formé par le détritus même des feuilles et y lèvent facilement. Les forêts de sapins sont presque toutes à l'ex- position du nord, Il ny a de beaux pins que dans la forêt de la Chaise-Dieu ; on les emploie en poutres, en plan- ches, en bois de chauflage ; la difficulté des trans- ports empéche de les employer en mâtures. Il y en a de fort gros, et qui atteignent cent pieds de hauteur. Le pin s'élève presque de la même grosseur. Le sapin monte en quille; est moins pliant que le pin. Il s'élève à la hauteur de cent-vingt pieds. Un paquet de graines accompagne ce Mémoire. L'auteur, en terminant une lettre d'envoi extré- mement obligeante, promet des détails plus étendus. Observations sur l’Agriculture ; par M. Ouparr, Subdélégué de M. lIntendant , aux Andelys. « Le détail du ménage des champs n’est pas de mon ressort , dit l’estimable auteur de ce Mémoire ; mais quarante - six années passées dans l'exercice de fonctions publiques m'ont appris à connaître ce qui peut accroitre la prospérité des gens de la campagne, et je me fais un devoir de vous le communiquer. » L'intérêt est le motif le plus puissant qui fasse agir les hommes, et il est d'expérience que ceux \ (64) 1765. qui sont récompensés de leurs travaux , redoublent M767* d’activité, et par l’appàt du gain, et par l'aisance qui les met en état de mieux faire. » Je réduis à trois, les moyens de prospérité que j'estime essentiel d'adopter. 1° La liberté des grains, tempérée par des précautions sages et faites pour prévenir les abus. 2° L'égalité fondée sur la qualité des terres dans la répartition des tailles, 3° Une prolongation suffisante du temps de jouissance du fermier. » Le développement de ces trois principes forme le fonds de cet excellent Mémoire qu'il faudrait copier en entier si on wen voulait omettre rien d’utile ; maisil est facile d'estimer le genre de preuves que l’auteur administre, et de suppléer ainsi des détails que la nature d’un extrait sommaire ne peut comporter. Sur. la Culture du grand chou d’ Anjou; par M. le Marquis DE TurBirLy. 1 Ce chou, dont la hauteur excède quelquefois huit à neuf pieds, est d’un usage général en Anjou, en Poitou , en Bretagne, etc. AC feuilles en sont fort tendres, cuisent ayec une extrême facilité, et plaisent également aëx hommes et aux Dorian d’une ferme. On les sème en juin, dans un Carré du potager. On arrose en cas de sécheresse. La graine lève assez promptement. Si le semis est trop épais, on Péclaireit par le sarclag À la Toussaint , on les transplante par, rayons avec la houe , Ja béche ou la charrue, jamais avec le piquet, et on enterte jusqu’à [a nais- sance (65) sance des feuilles. On les espace de deux à trois 1767. pieds en tous sens. Eu mai suivant, on donne un labour, S'il en est qui montent en graine au printemps , on les remplace aux dépens de la pé- pinière. | Au mois de juin, on commence à cueillir les feuilles qui garnissent.la tige et demeurent toujours vertes jusqu’au printemps suivant, quelques plantes exceptées qui fleurissent plutôr. Ces feuilles enle- vées sont remplacées par de nouvelles feuilles , qui sont d’une ressource précieuse pendant l’hyver où les fourrages verts sont rares et souvent manquent absolument. On remplace ces choux par des fêves, et les fèves par des choux. La terre ainsi re repose pas; mais il faut la fumer toutes les fois qu'on y plante de nouveaux choux. N. B. Cette plaute réussit par-lout quand elle est bien cultivée , sauf les hyvers très-rigoureux qui fent quelquefois périr des plantes ligneuses et in- finiment plus dures à la gelée. oh EcoNOMIE,. Tarif du prix du pain ; par M. p'Irsvizre , Lieutenant général du Présidial d'Evreux. « Avant l’arrêt du Conseil de 1731, lestrois espèces de pain, mollet, blanc et bis, étaient vendus le même prix; mais le poids difiérait, La livre du pre- mier pesait dix onzes, celle du second , douze, et celle du dernier, seize. L'arrêt du Conseil ayant ordonné que le pain de toute espèce serait yendu à seize onzes la livre , l'uni- Tome III , 1761 à 1770. E 1764 R764. 1761. ( 66 ) formité a passé dans le poids, et la différence dans le prix. Le tarif contient essentiellement quatre colonnes subdivisées en neuf. La première énonce les divers prix du bled, uniformément augmenté. Dans la seconde, on soustrait 13/ 8% de chacun des termes de la première colonne , et l'on observe le veste pour fixer le prix double. Les trois colonnes suivantes sont ure distribution proportionnelle des trois espèces de pain, dans laquelle , en admettant une augmentation constante , la proportion de 19%, 16, 12 est conservée. Les trois qui les suivent sont le produit des trois espèces de pain, par boisseau. Enfin , les termes de la dernière colonne sont l'addition des trois termes des colonnes précédentes. Il nous a paru qu’on pouvait simplifier l'opéra- tion qui engendre les termes de la première colonne. Au lieu d’ajouter +, puis 7; puis % à chaque nou- veau terme, ce qui exige autant de divisions qu’il y a de nouveaux termes, On les obtiendra plus facilement tous en ajoutant constamment g SAR SctTENCÉS MÉDICALES. CRÉES Extrait d’une lettre de M. FERRAND, sur la sensibilité animale. Tout le monde sait que lorsqüe le célèbre De Haller publia ses recherches sur la sensibilité et Ut 65) de cé Virritabilité des diverses parties dés animaux ; il 1761 s'éleva une foale de réclamations; M. Lecat qui travaillait alors à son Traité des Sens, se distingua parmi les adversaires du physiologiste de Berne, Elevé à l'éc le de M. Lecat, M. Ferrand s'écait engagé dans Ja même carrière et avait trouvé des contradicteurs à Turin; c’est contre ce; derniers adversaires que la lettre de M. Ferrand est dirigce. il y rappelle des expériences bien connues; tout le moñde d’ailleurs convient de l'énorme différencé qui se trouve entre des parties saines et obéïssantes aux simples lois de leur organisme , et des parties distendues irritées par le fer et les acides ; enflam- meées, etc. Au reste, M. Ferrand ne franchit pas, dans cetté dispute littéraire, les bornes d’une defense hou- néte , et soutient son opinion sans cesser de rendre hommagé aux grands talents de M. De Haller. Mémoires sur une tumeur à pédicule au visage, deves nue chancreuse , et extirpée avec succès ; —— Sur l’usage des eaux de l’Amnios ; —— Sur le mécanisme de la respiration; —— Sur les usages du placenta; —— Sur la nutrition ; —— Surune machine à recéper Les pilotis sous l’eau. On ne présente ici que le titre de six Mémoires de M. David , lus à l'Académie, dans ses séances par- ticulières et publiques, pendant les dix années qui fournissent les matériaux de ce volume, parcé que E' à ( 68 » 8761. tous ont été publiés ou par l'auteur, ou par les Sociétés savantes auxquelles ils étaient destinés. . J'ajoute que les manuscrits, pour la plupart, n'ont pas été déposés dans nos archives, et que je n’au- rais pour base de mes extraits que des. précis de ces mêmes Mémoires , précis anonymes et saus au- thenticité, Sur les maladies des bestiaux à Sotteville; par M. Lecar. « Le 20 septembre 19761, (c'est M. Lecat qui parle) à quatre heures après midi, je me suis transporté à Sotteville, chez le sieur Mulot, syndic, qui m'a conduit chez le sieur ***, où j'ai trouvé une vache qu'on m’a dit être morte à onze heures , étant tombee malade à sept heures du matin du méme jour. L'ouverture a présenté le premier es- tomac , ou la panse, parsemé de taches gangré- neuses , sur-tout à l'orifice supérieur , et friable au moindre attouchement. » Les estomacs suivants prodigieusement dilatés par une surcharge d'aliments parmi lesquels j'ai trouvé beaucoup de sable pelotonné. Ces vastes sacs avaient aussi des taches gangréneuses. Le troi- sième eéstomec, nommé Pseautier , était moins vicié que les autres. Les instestins ofiraient quelques taches violettes. vwr La rate , saine en sa face antérieure , était posté- rieurement parsemée de taches analogues. » Le foie.était sain, mais la bile, altérée dans sa couleur et dans sa consistance , ressemblait à de la bière gâtce. » Les poumons étaient sains. ( 69 ) » Le cœur présentait au ventricule et à l'oreillette 1762: droits des plaques d’un rouge livide. » Le cerveau et la dure-mère étaient dans léur état naturel. » Les habitants cherchaient dans la grande quantité de mans qui ont désolé les prairies, la cause de cette mortalité, M. Lecat la rejette avec raison, puis il ajoute : « Je pense que le principe de cette épidémie résulte de quelque exhalaison qui aura vicié les herbes. On a observé que le lundi 5r août , la rosée du matin avait teirit en rouge toute la prairie, et que c'est peu de temps après que lépizootie s’est déclarée. (1) » M. Lecat propose ; comme prophylactique', le séton ou cautère , (2}le cautère même actuel'La‘thé- riaque de deux en deux jours ; les lavements et la diète blanche, c'est-à-dire l'eau dans laquelle on délaie du son et de la farine. Suppressions de règles gueries par la commotionr électrique ; par M. Mariques , Maitre en Chirurgie à Versailles. Ce Mémoire se compose de deux observations fort détaillées de deux jeunes personnes chez less L (1) Ce faitest-il bien constant, et ne tiendrait-il pas à quel- que illusion optique ? car Mi. Lecat rapporte ce phénomène sur la Loi d'autrui. Pa (2) On avait observé dans l’épidémie de 1745, que les ani- maux qui avait quelque ulcère étaient généralement exempts de Is contasion. ir E 3 ( 70) 3762, quelles l'électricité a agi comme un puissant emmé- nagogue. n'La première , âgée de dix-sept ans, brune ; vive , décidée , voulut éprouver les effets de la commotion électrique. Je ne pus résister à ses ins- tances, mais jeus la prudence de lui préparer une secousse médiocre. Elle fut cependant assez considérable pour Ini faire quitter la partie, et elle retourna chez elle en disant qu'elle était ébranlée dans toutes les parties de son corps. À peine arrivée à son logis , elle fut prise de ses règles qui cou- lèrent abondamment ; la fatigue et la douleur s’é- vanouirent au même moment. Le lendemain je passai chez elle et la trouvai couchée , avee sa gaité, ordinaire. Elle. me dit que mon expérience lui avait été fort utile , et m’apprit qu'elle était sup primée depuis plus de cinq mois , et que la commo- tion électrique avait mieux réussi que beaucoup de remèdes dont elle avait usé sans succès. Ses règles ont paru très-périodiquement depuis, et elle n’a cessé de jouir d'une bonne santé. » La seconde, âgée .de vingt-cinq ans , délieate , cheveux roux , extrêmement sensible. Elle était pareillement supprimée ; et, après bien des remè- des inutilement administrés, je lui conseillai Pélec- twicité ; elle eut de la peine à se décider, et céda enfin. La commotion fut plus faible, et cependant plus vivement sentie ; elle tomba par terre et la bouteille qu’elle tenait fut brisée. Je lui conseillai de retourner chez elle et de se mettre au lit, Je la reconduisis moi-méme ; et j’appris qu’au moment de la commotion les règles s'étaient manifestées , et qu'elles coulaient abondamment. Elles ont con- tinué depuis de paraitre aux époques ordinaires, et la jeune malade a joui d'une bonne santé. » (71) M. Marigues joint à ces observations des réflexions 1762 trés-judicieuses sur le danger qu’il y aurait à donner de très-fortes commotions à des personnes fort dé- licates, ayant de la disposition à l'hémoptysie, à des pertes utérines , à des femmes enceintes , etc. ; et tire de la couleur des cheveux des inductions relatives à la sensibilité , inductüons qui ne sont pas sans fondement. Oôservation d’une maladie singulière ; par M. LesLanc. M. Leblanc, chirurgien distingué à Orléans , en est le rédacteur et ie sujet, et c’est lui qui va nous en exposer ious les details. « An mois de juin 1756, j'accompagnai des dames à l'Hôtel de la Moumnaie, pour leur faire voir la fabrique des écus. En regardant verser de l'argeut fondu dans des moules pour le porter ensuite au Jlaminoir ,; j'apperçus qu'il s'en élevait des gerbes de feu de diflérentes couleurs à-peu-près sembla- bles aux aigrettes électriques. Ma curiosité me fit approcher de plus près ; je regardai perpeudiculaire- ment l'un de ces moules dans ke temps qu’un ouvrier l'emplissait d'argent fondu...;à l'instant je me sentis frappé d’un coup semblable à celui de la commotion électrique , et qui, partant de ces gerbes de feu, se fit sentir le plus violemment à l'intérieur de ma tête. L’ébranlement se communi- qua au même moment aux bras et aux jambes, de manière que si on ne m’eût soutenu je serais tombé. » On me conduisit dans la cour voisine, où aprés avoir respiré un air plus frais, je me trouyai tout E 4 C7) 1763, couvert de sueur. Revenu de cette commotion, j'assurai les personnes qui m'entouraient que ce “n’était rien ; je ramenai ces dames chez moi où elles devaient diner ; et, malgré la douleur de tête qui me restait, je fis les honneurs de ma table. » Le lendemain je me levai avec une douleur de tête assez vive ; mes occupations m'empêchaient deme faire saigner ; l’exercice et la dissipation diminuèrent Ja douleur , et pendant huit jours, malgré une pesan- teur de tête assez grande , je pus vaquer à mes affaires. Mais les douleurs se ranimérent à un tel point qu'il me semblait que les os du crâne s’écar- taient ; la fièvre s’alluma avec dureté du pouls; en quatre jours je fus saigné trois fois au bras et une fois au pied , le sixième à la jugulaire et à l'artère temporale , le septième , cette dernière saignée fut répetée. La fièvre et les douleurs cédèrent un peu ; mais ce ne fut pas pour long-temps , car depuis le hui- tième jusqu’au quatorzième jour elles devinrent si fortes que j'épouvais souvent , et le soir particulière- ment, des contractions involontaires dans les mus- -cles des’bras et de la face. Je déchirais tout ce quime tombaigsous les mains ; suivaient des faiblesses qui faisaieut craindre à chaque moment pour mes jours. Je sentais un poids énorme dans l’intérieur du crâne, sous le pariétal gauche, près la suture sagittale ; le cuir chevelu devint œdémateux, et il m'était impossible de prendre un moment de repos. » Depuis le quinzième jusqu’au trentième, les ac- cidents se calmèrent un peu. Du trentième au cin- quante-sixième ils aagmentèrent par degrés et devin- rent extrémes. Les contractions musculaires repa- rurent; je sentais une espèce de déchirement ou plutôt de décollement de la dure- mère , depuis la suture sagittale jusqu’à l'oreille gauche, Persuadé (73) qu'un foyer purulent existait entre le pariétal gauche ;,63, et la dure-mère , et qu'il n’y avait pas d’autre parti à preüdre que d’y appliquer une couronne de trépan , j'en fis écrire à M. Lecat, mon digne ami, qui au reçu de ma lettre prit la poste ‘et se rendit à Or- Jéans. , » Les quatre jours quis’écoulérent jusqu'àl’arrivée de M. Lecat, je fus à toute extrémité. Je n'avais pas encore dormi depuis cinquante-six jours , mal- gré les somnifères dont je faisais usage; une heure avant son arrivée mes douleurs se calmèrent un peu, je m'endormis pour la première fois. À mon réveil, je trouvai mon coussin mouillé du pus qui coulait de l’oreille gauche d’un fil continu , ce qui me soulagea beaucoup. Un instant après on vint n’annoncer que M. Lecat descendait de voiture. 11 demeura deux jours auprès de moi. Le pus kyant été jugé de bonne qualité, l'opération ne fut point faite , et mon ami retourna à Rouen. L'écoulement continua en diminuant peu-à-peu jusqu’au mois de septembre 1757. ù » Le soixante-sixième jour de la maladie , je sentis au sommet de la tête un mouvement douloureux, et il me semblait qu’un fluide passait alors du côté gauche au côté droit. Les jours suivants, la douleur s’étendit au pariétal droit et jusqu'à l’oreille ; au boutde vingt jours , quelques gouttes de pus cou- lèrent de l'oreille droite et je dormis..... » La première fois que je voulus mettre ma per- ruque et mon chapeau , je fus bien étonne de trouver ma tête plus volumineuse que de coutume. Le euir chevelu m'était nullement infiltré , nul écartement n'existait dans les sutures ; l'élévation plus considé- rable des pariétaux , et spécialement du pariétal gauche, sembiait la cause unique de cette augmen- 1762. (74) tation, qui par la comparaison entre le diamètre du nouveau chapean et celui de l'ancien, donne un résultat de quinze lignes. Vers la fin de décembre, une tumeur se manifesta derrière l'oreille gauche et se termina par la suppuration. » I] me restait cependant um mal-aise général ; les contractions musculaires se renouvelèrent; je de- vins très-enchifrené et perdis l’appetit..... Un soir , après avoir pris une soupe légère et me trouvant plus fatigué, je me couchai de très-bonne heure. Je fus éveillé sur le minuit ayec une grande pesan- teur d'estomac , trois ou quatre tasses de thé me firent rendre , avec de violents efforts , une grande quantité de pus d’une fétidité insupportable , et dont remplis une cuvette. » Dans les efforts que je fis , je sentais ésscerdre: le pus des fosses nasales dans le gosier. Le vomis- sement passé , je m'endormis , et à mon réveil je me trouvai mieux que je n'avais été jusqu'alors. Tous mes accidents disparurent à la réserve d'un léger engourdissement intérieur dans l'étendue du parié- tal gauché , et qui m’incommode peu. » L'auteur se livre à la suite de cette exposition , à la recherche du principe de cette étrange mala- die , et se fixe particulièrement à la commotion exitée par un agent très-analogue au principe de la commotion électrique dans l'expérience de Leyde. Nous ne le suivrons pas dans sa longue dissertation qui souvent présente des probalités ; mais il nous paraitrait digne de l'attention des Sayants d’axaminer jusqu’à duel point ces aigrettes ou gerbes scintillantes qui s’élancent de l'argent et du cuivre en fusion, auraient d’analogie ayec la matière électrique ou galyanique. (75) Des pensées et des actions d’un homme qui dort ; par M. Lecar. « Dans un Mémoire que je lus à la Séance publi- que de l’Académie , en 1762, j'exposai les causes du sommeil, En expliquant le mécanisme de cette inaction des organes, des sens et du mouvement, je n'ai pas dissimulé qu’elle n'était pas absolue ; j'ai laissé entrevoir qu'il se passait chez nous une in- finité de choses qui supposent une substance sur- veillante , et des ministres de ses volontés assez volontaires eux-mémes, » Croyez-vous que durant le sommeil l'homme cesse de penser ? cela n’est pas vraisemblable ; le souvenir de la plupart des rêves attestent le contraire, La réverie dure autant que le sommeil; si l’on ne s'en souvient pas toujours , c’est qu’il est aisé d'ou- blier des idées vagues. On se souvient toujours d'un réve qui nous 4 affecté assez pour nous éveiller. C'est rarement dans le premier somme que l'on a la conscience de ses songes , on est alors trop ac- cablé; c’est vers le matin , la réparation des forces étant à demi faite et lorsqu'on ne fait plus que sommeiller , que ces idées souvent bizarres font sur nous une impression assez vive pour les graver dans notre mémoire. » Je viens de dire que nous révions tous, je parle d’un état naturel ; car dans celui des mala- dies soporeuses graves, le commerce de lime et du corps est totalement intercepté. (1) —————————————————— rt (1) Histoire de l’Académie, 1719, pag 23, 1763 1763. (76) » Il y a cependant une différence très-grande entre les perceptions durant la veille et celles qui ont lieu dans le sommeil. Dans le premier ças , les objets extérieurs font une impression directe sur nos sens; dans le sommeil, cette impression est réfléchie ; durant la veille , tons les organes sont tendus au degré convenable pour réagir au pre- mier signal; durant le sommeil, ils sont dans le relâchement, dans l’atonie , et ne réfléchissent pour ainsi dire que l'ombre des objets. Il arrive quelque- fois , cependant, que nous joignons dans nos rêves à l'objet principal des épisodes qui en aggravent les circonstances , et qu’'alors nous soyons plus émus de l’image que nous ne l’avions été de la réalité ; mais c'est une scène nouvelle qui nous affecte, et si elle eût eu lieu durant la veille, il est certain que l'impression qu’elle eût fait sur nous eût été beaucoup plus profonde que celle qui a lieu durant le sommeil, .» L'exaltation des forces dans la chaleur de la fièvre ou à la suite d’une orgie , où les liqueurs spirituenses n'ont pas été épargnées , donnent lieu encore à de grandes exceptions. On a vu des pro- diges de forces s’exécuter dans le premier cas; et Pexemple de Henri Oxford (1), qui recouvra la parole dont il était privé depuis quatre ans, par Velfet d’un songe qui le constituait dans un péril affreux , montre de quelle énergie nous rend:capables le prix que, nous attachons à notre conservation. » L’imagination échauflée par lPaction des narcotis ques, ou troublée par l'abus du vin ou par le virus des plantes perturbatrices, la Belladone , l& a ———_—_————————————“““““ (1) Transactions philosophiques. (77) Mandragore , la Pomme épineuse , etc., se forme 1765: des fantômes qu’elle confond souvent avec la réalité. Telle est l'origine des voyages aériens, du sabbat, de l’incube ou cochemar. La cause de cette der- nière aflection que le réveil guérit, est celle du sommeil lui-méme portée sur les nerfs de la res- piration qui sont ordinairement respectés. S'ils étaient trop longuement ou trop complettement afiectés , l'asphyxie qui en résulterait deviendrait bientôt mortelle. + » Le somnambulisme est un des effets les plus singuliers du sommeil ; se lever, s'habiller , faire des actions suivies, marcher dans les ténèbres, fran- chir les défilés les plus périlleux, monter à la cime des arbres et des édifices les plus élevés sans y voir ersouvent les yeux fermés, sont des actions familières à ces espèces de réveurs. » M. Lecat en rapporte des exemples bien étonnants que les limites d’un extrait ne permettent pas de répéter. « Les signes précurseurs du somnambulisme sont des sympidmes convulsifs ; l’un a les yeux ouverts et fixes , l’autre a daus le front, les paupières , etc. , des mouvements spasmodiques. Que de ressem- blance avec les eflets du transport fébrile ! Même force, mème témérité, même lassitude aprés l'accès. » La singularité du savoir et des talents de cer- taits somnambules nous conduit naturellement aux songes à pressentiment que bien des physiciens re- gardent comme une absurdité, et qui pourtant ont trouvé des défenseurs parmi des hommes bien célè- bres (1). Je me contenterai de citer le sentiment tt (Q) Voir Leuat, OEuv. phil., Traité des Sens, T. à, pag. 232 jetc, C78) 1763. d'Aristote , dont la réserve prudente sera la règle que je suivrai. {l est difficile, dit ce grand homme , de trouver quelque solidité dans les songes ; il ne l'est pas moins de mépriser tant d'observations qui sont rapportées pour en établir la réalité. » Observation pathologico-anatomique ; par M. Lscar. « N. fut apportée à l'Hôtel-Dieu , le 20 juin ,à huit heures du soir ; elle se plaignait de grandes douleurs dans le ventre , était dans un anéantissemeni voisin de la syncope, avait les extrémités froides, était presque sans pouls ; elle mourut à minuit. » Lelendemain, à ma visite du soir, je vis la fille de cette femme. La veille elle avait accompagné sa mère , et était retournée chez elle en bonne santé ; mais à peine arrivée , elle avait été prise de frissons et de faiblesses pareilles à celles de sa mère , et avait été apportée à PHôtel-Dieu à trois heures après midi ; à quatre elle était morte. » À cinq heures j'ouvris la mère ; je trouvai à l'estomac une phlogose médiocre , et quelques pus- tules gangréneuses vers l'orifice inférieur. Toute la région du plexus méséntérique supérieur était gan- gréné ; quelques portions dés intestins gréles offraient des pustules gangrénenses à leur velouté. » Après l'examen. de la mère , nous procédâmes à celui de la fille, La disposition gangréneuse était moins prononcée ; mais y avait aux environs du plexus mésentérique une grande quantité de glandes gonilées, et l'intérieur de son estomac était parsemé d'un grand nombre de pustules gangréneuses saillan- tes, l'orifice de l'estomac surtout en était farci. Les C79) intestins avaient de semblables pustules brunes , et une grande portion des intestins grêles etait rétrécie au point d'admettre à peine le tuyau d’une grosse plume. » Les ovaires, le droit sur-tont, avaïent des taches livides, et leur intérieur offrait un grand nombre de globules noirâtres comme des grains de raisins. » Ces deux femmesau surplus n'ayant pris, d’après des informations exactes , aucune substance délétère , quelle peut-être la cause de cette maladie si promp- tement mortelle? Elle paraît avoir une grande affinité avec la petite vérole, et elle ne me paraît en différer que par la situation des pustules qui occupaient des parties éminemment nerveuses et leur nature rapidement gangréneuse. » Je demande encore aux maîtres de Part quels remèdes opposer à une maladie d'une malignité pa- reïlle? L'émétique au début, les cordiaux ensuite, seraient-ils capables d'auénuer le délétère et d’éloi- gner le danger ? C’est à nos maîtres que je m’en rapporte. »» Jai cité avec complaisance ces dernières phrases de M. Lecat, parce qu’elles l'honcrent infiniment. C'est le propre du mérite de douter dans les cir- constances eépineuses ; il n'y a que les faux savants qui croyent savoir tout. Usage de la ciguë dans le traitement du cancer au sein ; par M. Lecar, Mme ... éprouva les accidents d’un cancer au sein ; sa mère ,; une tante et une autre parente pro- che, avaieut, à sa connaissance , été les tristes vic- 1763. 1764. (80) . times d’une maladie pareille, et cette expectative 1764 funeste ne lui laissait aucun instant de bonheur. Elle fit usage de la ciguë , et la porta graduellement à quarante-huit grains qu ‘elle prenait chaque jour en deux doses, moitié le matin et moitié le soir. Les douleurs se modérèrent ; la dose de cigné fut portée à deux gros. La livi dité du sein et les dou- leurs laminantes disparurent entièrement , et la couleur de l'écoulement s'améliora d’une manière sensible ; mais la tumeur , du volume d’un œuf de poule , ne diminua en rien. La ciguë manqua, et dès le second jour les dou- leurs reparurent. Le sein reprit sa couleur livide, et la matière ichoreuse qui s’en écoulait , son pre- mier caractère de noirceur et de fétidité. La cigné reparut, et dès les premiers jours de son usage les douleurs furent plus supportables , le sommeil revint ; mais ce bien-être ne fut pas de longue durée, et quoique la dose de la cigue eût été portée à une once par jour , la recrudescence des douleurs, la persévérance de la tumeur, qui restait et dure et douloureuse, déterminèrent enfin la ma- lade à se faire opérer. « Je fis, dit M. Lecat, l'opérationle 50 janvier 1765, et elle eut le succès le plus heureux. La malade, par reconnaissance a continué J’usage de la ciguë à la dose d’un gros seulement par jour ; et au mois d'octobre suivant elle vint me voir jouissant de la meilleure santé. » Il est bon d'observer, 1° qu’à quelque dose que Ja ciguë ait été portée , ellé n’a occasionné d’autre accident qu'un étourdissement qui se dissipait au bout de deux heures ; 2° que l'effet de .la ciguë n’a jamais été que sédatif, et que le volume et la dureté de la tumeur sont toujours restés les mêmes. ANATOMIE. (81) ANATOMIE: Observation sur une pierre biliaire considéruble, engagée à l'origine du canal cystique ; par M. Mariçeurs, Maître en Chirurgie , à Versailles. « Une femme âgée de cinquante-huit ans à peu- près, sentit des douleurs à l’hypocoudre droit et fut attaquée d’un léger ictère. Elle en fit d'abord peu de cas ; mais les accidents douloureux et l'ictère ayant fait des progrès , elle usa de quel ques remèdes tirés de la classe des savonneux , et en usa sans succès ; elle traina ainsi pendant sept ans, et termina sa pénible carrière âgee de soixante - cinq ans. À ouverture de l'abdomen , nous trouvâmes tous les intestins adhérents entre eux et avec diverses portions du péritoine. Ils étaient d'ailleurs fort gonflés et distendus par Pair ; l’esto- mac était flasque et petit ; la rate était très-volu- mineuse. » Le foie était généralement d'un brun jaunâtre, gris cendré eu quelques endroits ; Il était rabotteux au toucher , médiocrement augmenté dans son volume et universellement engorgé. Entamé avec le scalpel il présenta une inlnité de petites con- crétions calculeuses. ‘l'rois d’entr’elles étaient du volume d’une grosse noisette et de forme prisma- tique. Leur consistance était friable et on pouvait les écraser sous les doigts. Ce n’était au fond que ‘de la bile condensée, et les cellules qui les con- Tome ILI, 1761 à 1770. F 1764 (82) 1764. tenaient n'étaient que des dilatations des pores bi- liaires. » Le très-petit volume de la vésicule du fiel ren- dait cette poche méconnaissable ; il se trouvait un calcul arrêté à l'extrémité de son col. Ceute pierre était de la grosseur d’une noix. Le canal cholédoque était fort dilaié. » La portion de la vésicule adhérente an grand lobe da foie présentait deux petirs culs-de-sac où logenient dans chacun une petite pierre arrondie de la grosseur d’une petite noisette. » L'observation ci-dessus est précédée et suivie de détails anatemiques et physiologiques qui conduisent l’auteur à ne pas admettre les canaux hépato - cys- tiques. Sur un anévrisme de l'artère aorte, compliqué d’os- sification; par M. MaRIGUES, Maître en Chirurgie, à Versailles. « Un porte-faix de soixante ans à-peu-près , se plaignait depuis environ six à sept ans d’une es- péce d’asthme ou plutôt de dyspnée contre laquelle il employa inutilement plusieurs espèces de remèdes. Un jour qu'il était chargé d'un fardeau pesant , il succomba sous le poids et mourut subitement. » Je fus requis d’en faire l'ouverture. Je trouvai dans les deux côtés de la poitrine un épanche- ment sereux que j’estimai à un demi-septier ; les poumons, à quelques adhérences près, et les autres parties étaient dans un état assez naturel, à l’'ex- ception, d’une poche qui faisait résistance, au toucher et qui fixa, mon attention. Je reconnus que c'était VS (83) la crosse de l'aorte qui, en cet endroit, formait un 17644 anévrisme considérable. » La circonférence longitudinale de cette poche était de douze pouces quatre lignes , et la circou- férence transversale de huit pouces six lignes. » Sa figure , irrégulièrement arrondie, avait du côté gauche trois espèces d’étranglements d’où ré- sultaient autant de bosses. La partie supérieure avait beaucoup plus d’étendue que l’inférieure. » Ayant vuidé ce sac des caillots qu'il contenait et qui se continuaient jusqu’au ventricule gauche ‘qui en était pareïllement rempli, je trouvai ses parois ossifiées en majeure partie , et le surplus épaissi et condensé, ce qui me parut une disposition à l'ossi- fication complette ; la partie de Possification la plus solide était à l’origine des artères coronaires, qui elles-mêmes y participaient. -» Lecæur, plus volumineux que dans l'état naturel, ne présentait d'ailleurs aucuns désordres, A » 11 y a tout lieu de croire que la gêne qui resultait pour les poumons de la présence de cette tumeur , était la cause de la dyspnée; et , comme ce désor- dre dans son principe était inaccessible à l’action des remèdes , il n’est pas étonnant qu'ils soient de: meurés sans effet, » Extraction de trois pouces dix lignes de l'os du bras, suivie de la régénération de cette portion osseuse ; par M. Lecar. » En 1951, je fis part à l'Académie de Rouen de l'observation de Charles Lehec , âgé de trois ans, auquel j'avais extirpé un tibia entier, exostosé et F 2 (849 x764 carié entre ses deux extrémités articulaires qui étaient ‘ saines. La nature répara en entier cette grande dé- perdition par une nouvelle portion de tibia plus so- lide que la première. Voici une nouvelle observation Qui prouve combien sont grandes, sous ce rapport ; les ressources de la nature. » François Romain, du bourg de Routot, soldat au régiment de Languedoc, infanterie, reçut, à la bataille de Rocoux , nn coup de feu qui lui fracassa l’humerus , à deux doigts au-dessous de sa tête. Le chirurgien, m’osant tenter l'opération , traita le malade, qui, au bout de sept mois, parut guéri. IL obtint les inva- lides et fut placé à Dieppe. Un abcès qui lui survint au bras le conduisit à notre hôpital en 1755. Je fis ouverture et contre-ouverture ; j'en tirai trois es- quilles, et j'obtins une cicatrice qui me parut solide, 1e 15 mars 1761 il fut de nouveau apporté à notre hôpital pour une pleuro-pulmonie dont il guérit en- core; mais il lui survint un nouvel abcès au bras in- firme, et unelarge ouverture. L'ayant sondé, je trouvai l'os carié dans une grande étendue. Je calmai Pirri- tation par les catapiasmes anodins, et le 16 avril j’en- levai toute la portion cariée dans une longueur de trois pouces dix lignes. Je contins le bras au moyen d’un brassard analogue, etle vingt-neuvième jour de l'opération le bras me parut avoir déjà quelque con- sistauce. Le 50 mai Ja solidité était plus grande, mais le malade ne pouvait mouvoir son bras. Le cin- quante-cinquième jour de l’opération il commença à lui faire exécuter quelques mouvements. » Le 16 juia il parut un bouton au haut de Ja ci- catrice ; je l'ouvris le 18, et j'en tirai une pointe d'os, et la cicatrice se perfectionna, » Le 25 juillet, centième jour de l'opération, il se forma uu bouton vers le bas de la cicatrice primi- » (85) tire. Comme le malade avait éprouvé à cet endroit 1:64. un écoulement habituel, j'établis à la cuisse, du méme côté , un vaste cautère. Le premier août le bouton étant augmenté, je sondlai et jen tirai une petite es- quille , et la guérison fut parfaite. » Cette opération doit encourager les chirurgiens à faire tous leurs efforts pour conserver les mem- bres fracturés , toutes les fois que l’on peut, sans témérité, compter sur une régénération pareille, » J'ai vu à Evreux une opération pareille sor un sol- dat auquel M. Boulard , très-habile éhirurgien de cette ville, enleva quatre pouces de tibia, à deux pouces de Particulation inférieure ; au bout de six mois le malade marchait avec une crosse, au bout d'un anil ne se servait que d’une canne, dont il put se passer six mois après. ( Note du Rédacteur. } Surune espèce de skelotyrbe (1) ; par M. DEspranques, Docieur-Médecin de Montpellier, à la Guade- loupe. « Une pauvre femme de la campagne vint me con- sulter l'automne dernier, pour une incontinence (1) L’antear remarqué avec raison que l'expression skelotyrbe peut désigner tout autre désordre spasmodique que celui de la cuisse, Cette expression , au surplus, était, suivant Gorrée , in- connue aux premiers médecins grecs. « /Vomen hoc est et mor- » bus ipse cœpit primüm Germanici tempore | cum trans » Rhænum exercitum duxisset ; vitio entun aquæ mililes , » ut ait Plinius, duobus malis lentari cœperunt quæ stoma- » cacem et sceletyrben vocarunt.. » (Definit med. Vocabulo. Sceletyrbe, ) E 3 1764. ax med, En”, > 220 , urinæ ntinen- »765. (86) d'urine , suite d'une ceuche extrémement labo rieuse, Persuadé que l’atonie était la cause principale de cet accident, je lui conseillai une tisane de presle et de plantain , et le remède décrit par Rivière. Cette femme revint au bout de quelques semaines, et je demeurai moins surpris du défaut de succès que d’une nouvelle maladie qui lui était surve- nue. C'était la convulsion des muscles moteurs du bras, et sur-tout des moteurs des doigts annulaire et auriculaire qui se renouvelait à chaque bat- tement du pouls. Je conseillai un liniment avec l'axonge et l'huile essentielle de lavande. L'effet qui résulta fut la perte de la connaissance qui avait lieu une demi-heure après que la malade en avait usé. Ennuyé de ces tentatives infructueuses , je dirigeai le traitement de manière à rétablir les règles, et j'obtins un succès complet. L'accès était annoncé par une pesanteur qui, du haut du bras, se répan- dait à l'extrémité. Le terme s’annonçait par la marche rétrograde de ce même sentiment de pesanteur. » Observation d’une lésion mortelle de la pie-mère. Tel est le titre français apposé par M. Lecat à une Dissertation de M. Behier , adressée à l'Académie, et très-élégamment écrite en latin. J'en présente ici un extrait en français en faveur des personnes auxquelles la langue latine ne serait pas familière. » Un jeune homme de seize ans reçut, au-dessus du sourcil gauche , un coup de pince, qui ne parut occasionner aucun autre accident qu’un léger ecchy- mose à cette paupière. Quatorze jours après, le blessé étant à table pour diner, sa cuiller lui tomba de la RE (87) main, et il fat hémiplégié du côté droit, Il conser- 1765 vait toutefois l'intégrité de ses sens ; mais la parole était difficile et son pouls était vif et dur, La blessure, soigneusement examinée par un médecin et un chi- rurgien , on reconnut que le péricrène était en cet endroit séparé du coronal. Une opération crüciale fut pratiquée et on apperçut une félure à l'os, de quel- ques lignes de longueur. On fit plusieurs saignces ; on donna des lavements purgatifs; on appliqua des topiques résolutifs; ou fit usage de tisanes analogues, tout demeéura sans efler. On appliqua une couronne de trépan sur le lieu affecté et correspondant au siaus frontal ; puis üne secoude au côté droit ; puis une troisième au-dessus de la première, et le tout sans suecès. Le vingt- unième jour ce jeune homme mourut. Le lendemain on en fit l'ouverture , et on trouva la pie-mère re- couvrant la face supérieure gauche , et plus encore la portion qui recouvre le lobe antérieur de l'émis- phère droit d’une couleur jaune et singulièrement épaisse. Le cerveau lui-même paraissait intact. Les ventricules antérieures étaient remplis d'une sérosité condensée. ». Le lobe gauche du cervelet et la protubérance annulaire étaient recouverts d’une matière purifor- me. Tout le reste était sain. » L'Auteur finit par cette question : « Est-ce à cette » blessure qu’on doit attribuer la mort de ee jeune » homme, ou doit-on en accuser d’autres causes? » a = —— Mémoire sur le scorbut ; par M. P**, Aide-Major de l'Hôpital genéral de... L'extrait de ce Mémoire, assez volumineux, peut :1766- être l'ait en peu de lignes. L'out ce qui tient à la théorie E 4 (88) 1766, est le plus souvent hypothétique, et l'auteur y con- sidère les humeurs presqu'exclusivement et sans donner aux solides la part qu’ils ont daus cette ma- ladie. Quant à la partie thérapeutique, l'auteur la varie suivant la nature du scorbut, mais on trouve la même distinction et les mêmes vues dans tous les ouvrages solides qui traitent de cette maladie, et souvent avec des détails qu’un simple Mémoire ne comporte pas. Au surplus, celui-ci montre l'emploi utile que l'au- teur a su faire de ses loisirs. Placé dans un hôpital, où mille raisons rendent le scorbut familier , il est extrémement estimable d'en avoir exactement suivi la marche, et d’avoir coordonné avec méthode les observations qui en sont le résultat. Observation d’un engorgement skirreux de l'estomac ; par M. FERRAND. « Une dame âgée de soïxante-sept ans, en poursui- vant un rat dans sa chambre, fit une chute dans la- quelle elle se froissa vivement la région épigastrique sur le pied de son lit. Elle y ressentit une douleur vive, fut saignée et usa de topiques résolutifs. Malgré les remèdes la douleur augmenta, les vomissements survinrent ; on apperçut une tumeur vacillante qui s'accrut sensiblement. Les spasmes et les vomisse- ments ne permettaient le séjour dans l'estomac d’au- cune espèce de nourriture. Enfin, après avoir péni- blement lutté pendant onze mois contre la douleur, l'inanition et toutes les espèces d'angoisses, la malade périt. » L'ouverture qu’on en fit montra l'estomac rétréei (89) et skirreux vers le pylore. Des saïignées répétées dès 1766, le commencement n’eussent-elles pas prévenu de pareils désordres? » Mémoire sur les ischuries vésicales ; par M. Gros- sART fils, D.-M. de Montpellier , et Chirurgien à Bordeaux. 1 | Je ne ferai qu'indiquer cette dissertation, parce qu’on en retrouve tous les détails dans les Traités de Nosologie ; mais je ferai une mention particulière d'une observation très-intéressante et particulière à l’auteur, parce que l’histoire des faits est ce qui in- téresse le plus en médecine, et ce qui contribue es- sentiellement à ses progrès. « M.B***, âgé de plus de quatre-vingts ans, d’un excellent tempérament , et n’éprouvant aucun des accidents familiers à la vieillesse, après un souper copieux fut attaqué d'une rétention d’urine. Mon père fut appelé auprès de lui le lendemain matin, trouva le malade sans fièvre, mais ayant la vessie prodigieusement distendue , et s'élevant presque jusqu'à l’ombilic. Il proposa de sonder le malade qui s'y refusa, Je le vis dans la journée et fis de vains ellorts pour le déterminer, La saignée , les fomenta- tions, etc., meurent aucun succès. Le soir le malade consentit enfin à se laisser sonder. Je parvins sans difficulté jusqu'au col de la vessie ; mais il me fut impossible de le franchir. Mon père ne fut pas plus heureux que moi, Nous reconnûmes facilement que Vobstacle qui arrdtait le bec de la sonde n’était pas un calcul ; mais quel était-il ? » J'introduisis mon doigt dans l'intestin rectum, et je sentis un corps très-dur, que je présumai étre la Cg) 1766. prostate skirreuse. Je soulevai d’une maincette masse». et de l'autre, faisant des tentatives pour introduire la sonde, je parvins à obtenir une grande quantité d’urine; mais ma sonde gênée ne pouvait se mou- voir en aucun sens, ce qui, joint à la grande difficulté que j'avais -troavée à l’introduire, me détermina à la laisser dans la vessie, Le malade ne put la sup- porter que quelques instants. Voulant de nouveau l'introduire , nos tentatives furent vaines, et le ma- lade ne permit pas de les multiplier. Il mourut le: quatrième jour de sa maladie. » J'obüns la permission d’en faire l'ouverture, et mes recherches se fixèrent exclusivement sur la vessie, son col et ses annexes. La vessie , gorgée d'urine , montait plus haut que l'ombihe , et rem- plissait presque tout le bas-ventre , étant entièrement hors du bassin , qui luimême était rempli par une masse charnue et dure. C'était la prostate prodigieu- sement gonflée et skirreuse, qui, par son énorme volume, avait produit ce déplacement. Ayant enleve en entier la vessie, j'en fis ouverture ; je trouvai sa. tunique interne enflammée avec plusieurs points gangréneux; son ouverture était totalement bouchée par la luette vésicale , également gonflée et dure. La prostate ayant perdu sa forme ordinaire ne présen- tait plus qu’une masse énorme qui, de tous côtés ,. comprimait le col de la vessie. Le malade depuis dix ans n’urinait qu'avec peine, et l’accroissement de la prostate joint à la phlogose que le dernier souper avait pu déterminer , avaient produit enfin la suppression totale des urines, » La cause de cette maladie supposée parfaitement connue, qu’eussions-nous pu faire de plus ? La pouction du périnée ? A quelle élévation eût-il fallu la. conduire pour pénétrer daus la vessie ? Il est probable Cor) | qu'on n’eût pas réussi. Mais le malade ne voulant plus permettre aucunes tentatives mit lui-même un terme à nos incertitudes et à notre perplexité, » Sur un dépôt survenu & l’aine droite , et le principe de ce dépôt ; par M. FERRAND , Chirurgien. « Un jeune étudiant en philosophie languissait de- puis quelques années ; il n’en était pas moins appli- qué à l'étude, menant une vie extrémement séden- taire. Il éprouvait une fièvre lente habituelle , se plaignant de douleurs vagues au dos, aux lombes, etc. Il lui survint une tumeur à laine droite , sans changement de la couleur de la peau, et sans une douleur vive. La fluctuation devint sensible , et la tumeur acquit successivement le volume de la tête d'un enfant nouveau né. On en fit l'ouverture , etil s’écoula environ cinq livres d'un pus dégénére. Le malade succomba peu de temps après. Le principe de ce dépôt était dans les poumons. Le pus, âprès avoir détruit la plèvre , avait fusé sous le pilier droit du diaphragme, le long du tissu cellulaire du cordon spermatique, et s'était arrêté au-dessous de l’arcade crurale. » De ce faitet de plusieurs autres de même nature, M. Ferrand conclut l'inconvenance d'ouvrir de pa- reils dépôts. Le malade, au surplus, n'avait éprouvé ni hémoptysie, ni oppression, ni toux considérable, ni œdématie des extrémités, ce qui le conduit à répéter avec Baglivi, qu’on ne saurait être trep at- teutif et trop prudent dans le traitement des mala- dies de poitrine, Il est souvent également diflicile de les connaitre et d'en porter un jugement certain. 1766. 1767- 3767- 1768, (92) « O quantum difficile est curare morbos pulmonum , 6 quantà difficilius est eosdem cognoscere et de iis cer- tum dare præsagium ! Fallunt vel peririssimos , et ipsos medicinæ principes, » ( Baglivi, De Pleuritide, 6.1.) Sur l’extraction des cataractes membraneuses secon- daires ; par M. Pamarp , Maitre en Chirurgie , eic., à Avignon. .. « M. Hoin, célèbre chirurgien de Dijon, a, dans un Mémoire inséré parmi ceux de l’Académie royale de Chirurgie, t. 2, p.425, donné une description exacte des cataractes membraneuses secondaires, et fait espérer de publier un jour les moyens de pra- üquer l'opération qui leur convient. En attendant qu’il réalise ce projet, j'aurai l'honneur de commu- niquer à l'Académie le procédé que j'ai suivi dans une circonstance analogue. » En septembre 1765, étant à Crest en Dauphiné, on me présenta une pauvre femme aveugle. Elle avait été opérée l’année précédente d’une cataracte par abaissement, et le chaton de l'humeur vitrée était devenu opaque et étoilé. La cataracte de l'œil droit était bonne , et je l’opérai avec succès. Je crus ne devoir pas laisser échapper l'occasion de tenter l'opération de l’œil gauche. » J'ouvris très-rapidement la cornée, parce que j'observai que l'iris n'étant plus soutenu par le crys- tallin, je courais le danger de l'oflenser. Ayant trouvé le chaton adhérent, je le saisis avec une pe- üte pince et déchirai irrégulièrement le centre. La (95) ièce enlevée avait l’épaisseur d’un papier et cette P P PaP forme : () Une grosse goutte d'humeur vitrée sui- vit, etla malade a recouvré la vue. » En mars 1767, j'aitenté, sur une femme de Car- pentras , une opération pareille avec le même succès; mais le chaton ne cédant point à ma pince, sans lâcher prise je l’incisai avec des ciseaux , il ne s’é- chappa encore qu'une goutte de l'humeur vitrée. Ce succès encouragera, j'espère, nos chirurgiens oculistes à tenter la même opération, qui, sous des doigts habiles , doit également réussir, » Mémoire sur les diarrhées des femmes nouvellement accouchées ; par M. Bonté, Docteur-Médecin, à Coutances. Cette dissertation fort étendue d'un médecin distingac, forme une espèce de traité sur une ma- üère fort importante. Dans l'impossibilité de citer tout ce qu’il renferme d'utile, je tâcherai au moins d'en faire connaitre la marche, et de bien préciser le sentiment de l'auteur. M. Bonté partage d'abord ces maladies en deux sections. Celles qui sont les résultats de la suppres- sion des évacuations, et celles qui en sont indé- pendantes, Ii sousdivise la première en deux nou- velles sections, celles qui dépendent de la sappres- sion des évacuations sanguines , et celles qui dépen- dent de la suppression des évacuations laiteuses. IL sousdivise pareillement la seconde division gé- nérale en tant que les diarrhées peuvent dépendre d'un mauvais régime pendant la grossesse, la cons- 1966. (9%) “768. titution d'ailleurs étant bonne , et en tant qu'elles sont préparées par la cacochymie et l’altération au- técédente des humeurs et des solides. Il ne peut étre ici question des diarrhées qui pré- cèdent l'accouchement, et qui souvent en accélérent le terme. Les diarrhées qui suivent la suppression des lo- chies et qui communément sont une métastase de cette humeur sont le plus souvent funestes. L'uté- rus, qui n’a pas eu le temps de se dégorger , la sensibilité singuliérement exaltée à la suite d'un ac- couchement souvent laborieux , compliquent cette espèce de presque toutes les chances malheureuses: L’inflammation est rapide , les quatrième ou septième jours sont ordinairement funestes. On trouve les intes- tins recouverts de couches gélatineuses; on trouve dans l'abdomen des épanchements séreux. La saignée , si essentielle dans les inflammations, est ici plus équivoque. Doit-on saigner du bras ou du pied ? L'auteur donne ces motifs de préférence : S’il y a tension à l'utérus , irritation vive, etc., la éaignée du bras doit être préférée, celle du pied accroitrait la congestion. Dans le cas contraire , cette dernière peut être employée avec succès, La diarrhée dépendante de la suppression des évacuations laiteuses est quelquefois critique , et elle soulage visiblement. Des urines laiteuses con- courent au succès ; elle est alors de courte durée. Si elle se prolonge , si elle ne soulage pas, si elle se complique de la douleur de la fièvre, elle pré- sente un danger proportionné à la gravité et à la somme des désordres. Des diarrhées indépendantes des suppressions , celles qui ne sont pas le résultat d’un régime désor- donné , sont infiniment moins graves que celles qui D 0 | (95) “ont pour principe l'altération simultanée des solides “ut des humeurs, Ces diarrhées persévérantes diminuent ou sup- priment les évacuations essentielles ; souvent la fièvre qui s’y joint est médiocre , et une inflamma- tion lente. se termine par la gangrène des imestins. C’est au développement de ces diverses espèces de diarrhées , à lPexposition des signes qui leur sont propres, que la majeure partie de ce Mé- moire est consacrée. Le diagnostique est d’une grande importance ; et, quand une fois il est par- #aitement établi, la thérapeutique, qui nécessaire ment en découle, présente peu de difficultés. OBservation d'un vomissement mortel déterminé par la callosité du pylore ; par M. Gosseaume, Docteur- Médecin, à Evreux. Le malheureux qui est le sujet de cette Obser- vation était âgé de cinquante-cinq ans, d’une consti- tution faible, Il s'était livré toute sa vie x des exer- cices violents, et avait fait un long abus de liqueurs spiritueuses. Ce mauvais régime avait ajonté sans doute aux accidents dépendants de sa faiblesse ha- bituelle, et ses dernières années se passèrent dans la langueur. Son estomac éprouva les premières atteintes ; les digestions devinrent incomplètes. 11 se déclara enfin un yomissement opiniâtre , et il parvint à rejetter toutes les nourritures solides et fluides qu'il prenait , peu de temps après les avoir prises. Le défaut de réparation et les efforts muluipliés, occasionnés par le vomissement , achevèrent d’anéantir ses forces , et sa maigreur naturelle se changea en une atrophie 1768. (96 ) 1768. dont on voit peu d'exemples. Il avait fait peu de remèdes, et ce qu'il en avait employé n'avait jamais été accompagné d’un régime approprié; moyen sans lequel on n’en voit prospérer aucun. Ce fut dans cet état qu’il paya le dernier tribut à la nature. Ayant obtenu la permission de vérifier, par l’ins- pection anatomique , l’idée que j'avais énoncée sur Ja cause de ce vomissement , mes recherches se por- tèrent d’abord vers les viscères abdominaux. Je trouvai l'estomac distendu et rempli du dernier fluide qu’il avait pris. A la partie antérieure, voisine de la grosse extrémité, je remarquai un ecchymose de la largeur de la paume dela main, toute la tuni- que externe était comme injectée ; un ecchymose pareil se remarquait à la partie correspondante du diaphragme , avec un commencement d'ulcération. La rate, écrasée par l'action des vomissements répétés, était à peine sensible. Le pancreas était skirrheux, racémeux, ses grains âpres , rabotteux , résistaient à la pression; son canal excréteur était presque oblitéré. L'estomac ayant été ouvert, le pylore se montra tellement rétréci qu’il n'admettait un stilet très-menu qu'avec la plus grande difliculté. Il était en outre d'une consistance presque cartilagineuse , et il était absolument impossible que les aliments reçus dans l'estomac passassent dans le duodenum. Ils s’alté- raient peu à peu dans le ventricule et devenaient un stimulus qui provoquait le vomissement, Instruit qu'à la suite d’eflorts répétés la poitrine éprouvait souvent des lésions, quoique le siége pri- mitif de la maladie fût étranger à cette cavité, jy dirigeai également mes recherches. Les poumons étaient d’une couleur beaucoup plus foncée que dans l'état C97) l'état naturel , et la plèvre pulmonaire offrait, avec 17684 la plèvre costale, plusieurs adhérences. Tous les phénomènes énoncés plus haut , les vo- missements à la suite de la moindre prise d’aliments, l'amaigrissement , la mort , se déduisent si naturelle- ment des désordres reconnus, que toute réflexion physiologique ou pathologique deviendrait supertlue. Observations médico-chirurgicales ; par M. De CHampEaux, Maître en Chirurgie, à Lyon. La première de ces Observations roule sur une fracture de l'os sacrum et autres accidents consé- cutifs. « Le 17 août 1758, N.... Âgée de trente-six ans à-peu-prés, tomba de plus de vingt pieds sur la roue d'une charrette , et de la roue par terre; elle fut aussi-tÔt portée à l'infirmerie de notre hôpital, où je me rendis sur-le champ ; elle était sans connais- ‘sance, et ce ne fut qu’à force de soins que je par- vins à la rappeler. Bien revenue à elle , je la fis saigner trois fois en vingt-quatre heures. Le dos et la jambe droite étaient profondéménut ecchymosés, ‘Elle y ressentait de vives douleurs; maisil n’y avait point de fracture ; cependant, elle ne pouvait rester couchée. L'élève qui la pansait m'ayant dit avoir re- marqué du pus à sa chemise, je la visitai et trouvai, à l'extrémité du sacrum, un petit trou duquel la pression faisait sortir un pus fétide et séreux Je son- dai, et ayant trouvé l’os dénudé , je fis une incision de la moitié au bas de cet os. Il sortit une grande quantité de pus également fétide. J'introduisis le . doigt dans la plaie, et je sentis que le sacrum était Tome III , 1761 & 1770. G (98) A768. fracturé dans sa plus grande étendue. Les esquilles ne tenaient à rien, etjefis, en présence de M. Rast, médecin dudit hôpital, l'extraction de plas de vingt morceaux. [ ne restait alors que la moitié supérieure du sacrum, À chaque pansement on faisait des injections dé- tersives, et à l’aide de ces simples moyens et de quel- ques infusions vulnéraires , j'ai été assez heureux pour procurer à cette fille une guérison parfaite dans l'espace ce deux mois et demi. Je n'avais pas même soupconné d’abord la fracture dont il est question. J'en aurais eu la certitude qu'il m'eût été impossible de rien tenter d’essentiel, à raison du gontlement énorme de ces parties et des douleurs excessives que la moindre compression y rerouvellait, et je n’acquis la connaissance de cet accident qu’au mo- ment où il m'était impossible de m'en occuper avec succès. » La deuxième Observation est celle d’un abcès au podex , avec gangrène. . « M. D***, âgé de cinquante-sept ans, à la suite de travaux littéraires continuels, pénibles et exercés pendant près de trois ans, se plaignit de douleur avec démangeaison à la fesse gauche. Appelé près de lui, je sé visitai et Jui trouvai deux tumeurs in- flammatoires, dont l’une avoisinait l’anus, La gran- deur de l'inflammation me fit désespérer de la réso- lution, et bientôt la fluctuation se manifesta. Je fs une profonde ouverture en en à l'abeës extérieur. Deux jours après, j’ouvris le plus voisin de Panus } P par une longue incision longüudinale. Les douleurs et la fièvre se calmèrent, la suppuration fut abon- ; P dante ; maïs le calme ne fut pas de longue durée, La douleur se renouvela , ét les chairs étaient C 99 } baveuses. Ayant porté le doigt sur la pente de 17684 l'äutre fesse , le malade fit un cri; j'examinai par- ticuliérément cette partie, j'y trouvai une dureté avec rougeur , et j'annonçai un nouvel abcëès et pres- crivis des câtaplasmes émollients. Bientôt Jes acci- dents augmentèrent ; la fièvre , la douleur devin- rent éxtrêmes, J'examinai avec attention sans recon- tiatré de fluctuation. Je convoquai pour le lende- main ; M...., chirurgien très-instruit et mon ami. Le malade exhalait une odeur d’une fétidité insup- portable ; maïs il nous dit qu’il soufirait moins et que Ha mauvaise odeur avait une cause étrangère à la maladie. L'appareil levé, nous trouvämes un es- charre de la largeur de la paume de la main dans le voisinage du grand trochantar. J'incisai jusqu’au vif, et j'enlevai, autant qu’il me fut possible, des’ parties mortifiées, et femplis cette fosse énorme de charpie brute. J'employai lé quinquina en décoction et fus obligé de le quitter pour des considérations particulières. » L'escharre tombée mit à nu le rectum, l’urèthre détruisit le périnée et une partiè du scrotum. Les pansements exigeaient les plas grandes précautions. Rien ne fut négligé; la nature séconda nos efforts. Le pus devint meilleur , la plaie se remplit, les parties dénudéés se recouvrirent, et au bout de trois mois le malade fut rendu à Fa santé. » Troisième Observation. Tameur enkistée de 45 ans, au-dessous de la rotule gauche, guérie par la suppuration. La cause de cette tumeur est plus sin- gulière que la maladie. « N.... fut asphyxié pendant troïs jours; on le crut mort, mais on différa l'énterrément. Une vieille fille le tira de son asphyxie par fe moyen suivaut : G a ( 100 } k#58. Elle monte sur son lit, se place derrière lui, et, le saisissant sous les deux bras , l’éleva autant qu'il lui fat possible. Alors elle lui donna , entre les épaules, un grand coup de genou, qui lui fit pousser un cri Tigu. L’opératrice effrayée tomba et entraina le ma- Jade , qui tomba lui-même sur le genou, et cette chûte fut le principe de la tumeur, Appele auprès du malade, je trouvai la tumeur percée de plusieurs trous qui fournissaient une sérosité roussätre. Je l'in- cisai crucialement. Une inflammation assez vive sur- vint, puis la suppuration. Elle fut salutaire et fondit entièrement la tumeur. La cicatrisation fut assez prompte. LL Quatrième Observation. Polype adhérent au col de l'utérus. L'accoucheur ignorant, l'ayant pris pour la tête de l'enfant , et voulant l’extraire , avait arraché l'utérus, les trompes, les ovaires. « Ce titre seul énonce le. désordre épouyantable que je rencontrai deux jours après cette funeste opération. J’avois été conduit près de la malade par M....., son médecin, qui lavoyaitpar charité. Nous la trouvàmes sans ficvre ,les yeux vifs, le ventre sou- ple; mais il y avait dans la mâchoire inférieure, une légère convulsion. _ L'examen me-:démontra l'absence des parties désiguées : une bougie de plus d’un pied de longueur entra sans se replier , de manière que la malade ]a sentait vers l'estomac. J'introduisis une sonde, dont mon doigt, introduit dans la plaie, sentit le bout à nu. Ainsi, la vessie avait été pareillement dé- chirée. Quelles sont les ressources infinies de la na- mare ! Tant de désordres se sont presque évanouis , les parties déchirées se sont recollées, sauf une fistule par laquelle l'urine coule par continuité, et la ma- lade a presque entiérement recouyré ses forces.» ( ror } Usage dangereux des champignons ; par M, BonrtE, Docteur-Médecin , à Coutances. « Une petite fille de Granville, ayant vu manger à son père des champignons domestiques, fit la partie, avec plusieurs de ses camarades, d'en aller faire ure ample récolte. L'enfance est l’Age de la curiosité, ét la gourmandise est souvent son partage. Près de fa ville est un coteau couvert par une plantation d’or- mes, où elles trouvèrent bientôt l'objet fatal de leurs recherches. Elles cueillent, avec des mains avides, ce végétal dangereux qu'elles se partagent entr’elles. Elles en mangèrentde crus; et, de retour à la ville, elles en firent des largesses à leurs amies. » Le premier symptôme qu'éprouvérent ces ten- dres. victimes, fut une soif ardente qu’elles couru- rent étancher à un ruisseau voisin. La nuit se passa sans de graves accidents. Le matin, chacune retourna à ses occupations accoutumées, Plusieurs, durant ie jour, se plaignirent de douleurs de tête et de quel- ques envies de vomir, Au boutde vingt-quatre heures, le frisson se déclare , il est suivi d’une chaleur brù- lante, les vomissements, les convulsions, succèdent et les faiblesses sont le prélude de la mort. Deux enfants ont ainsi péri. Les autres ont eu des accidents plus où moins graves ; et, soit à raison d’une meil- leure constitution , ou pour avoir mangé une moindre quantité , elles ont été sauvées. La saignée , des la- vements laiteux , des potions cordiales sont les se- cours administrés par un chirurgien voisin. » L'ouverture de l’un des cadavres montra l’esto- mac et le duodenum parfaitement sains. Le jeju- eum et l'ileum étaient remplis de vers. G 5 1768, ( 102 ) » Huit à dix jours après cet accident, je fus appelé à Granville. Je ne négligeai pas l'occasion de m'ins= truire de toutes les particularités de cet événement. ‘Je me fis apporter de ces champignons pour en rez connaître l'espèce et les examiner à mon retour chez moi. » Ce champignon, naissant, est couvert en entier d'une enveloppe commune qui se déchire et laisse appercevoir le pied et le chapeau lamelé blanc en dessus; la couleur est terne. Ce champignon funeste sert de retraite et de nourriture à une espèce de podura et plusieurs scolopendres terrestres. Je l'ai encore vu fourmiller de petits vers à tête noire. » M. Bonté rapporte en détail beaucoup d'expérien- ces qu’il a tentées sur ces champignons et dont au- cune n’est assez décisive pour déterminer la nature du délétère et son modus agendi. I] propose le vi- paigre et autres acides comme l’antidote de ce poison végétal, qu'il compare à l'opium; mais il ne dit pas que l’expérience en ait démontré les effets avanta- geux. Une lettre qui accompagnait ce Mémoire en annonce un qui doit suivre et relatif à l'Histoire Naturelle de Coutances. Ce Mémoire n’existe pas dans nos archives, n'est pas même inscrit dans les registres de l'Académie, ce qui prouverait que ce projet serait demeuré sans exécution. : ( 1035 } Administration du lait de vache aux enfants aban- donnés ; par M. l'abbé Neveu. Effrayé de Pénorme quantité des enfants reçus dans les hôpitaux, qui périssent où par l'effet des grandes réanions, on par Pinsouciance , le défaut ou la mauvaise qualité du lait des nourrices, l’abus de bouillies glutineuses, indigestes , etc. , M. Pabbé Neveu propose de substituer à ces pratiques vicieuses le lait de vache pur, quand ilest assez séreux et dans la fraicheur des herbes, où coupé avec de l'eau légèrement miellée. Il étaye ses conseils d'exemples respectables de mères qui, manquant de lait, avaient élevé avec succès leurs enfants par une méthode pareille. Des pauades légères au lait avaient remplace les bouillies avec un avantage marqué. Dans l'applicatien de ces principes, on pourrait eoufier les enfants abandonnés à des femmes de tout âge , habitant des contrées saines, et dont Plionnéteté et les mœurs douces donneraient une garantie suffisante des soins qu’elles prodigueraient à ces infortunés. Ces conseils, dictés par la philantropie la plus pure, honorent, sans contredit, le cœur sensible quiles a conçus, et qui souvent à porté, dans les asiles de la misère, tous les genres de consolation. Hydropisie enkistée ; par M. pe Boispuvat, Docteur- iédecin. Quoique les hydropisies enkistées ne soient pas rares , li en est cependaut qui méritent quelque G 4 1768 C104 ) K769. attention par rapport à leur singularité ; telle est celle dont je vais présenter l’histoire. u N.... , fille, âgée de vingt-cinq ans, fut attaquée, à l’âge de vingt ans , d’une tumeur glanduleuse à laine droite, accompagnée de vives douleurs. Des cataplasmes anodins en triomphèrent promptement. » Trois mois après elle se plaignit de douleurs ab- dominales, vers la région ombilicale. Au bout de quelques semaines , les douleurs se calmèrent ; mais le ventre se tuméfia au point de faire naître des soupçons injurieux et peu mérités. Cette fille avait toujours tenu Ja conduite la plus régulière. L’épan- chement abdominal reconnu, elle employa, mais en vain, un grand nombre de remèdes. La ponction fut jugée nécessaire et pratiquée, On tira vingt-cinq livres d’une eau trouble , fétide et épaisse; mais le ventre diminua trés-peu. On put cependant re- connaître dans l’abdomen des tumeurs dures, vo- lumineuses et douloureuses à-la-fois. Sept ponctions furent pratiquées durant six ans avec aussi peu de succès que la première fois. Enfin , la malade suc- comba après neuf ans de maladie. » L'ouverture de son cadavre présenta les désor- dres suivants : 1°» L’eépiploon skirrheux et racorni. 2° Trois kistes volumineux formés par la dilatation de la tunique externe des intestins, sans intéresser la continuité de leur canal. Deux plus volumineuses apparte- paient au colon, la troisième au jejunum; elles contenaient toutes un fluide brun, épais et très- fétide. Les deux grosses à la quantité de cinq li- vres, et la plus petite trois livres seulement. 3° Le mésentére, émacié , était couvert d'hydatides de la grosseur d’un gros pois. Quelques-unes étaient crevées , c’élait vraisemblablement la source del'é- (105) panchement abdominal. 4° Le rein droit et l’uretère 176% du même côté étaient volumineux. Le rein gauche, ses vaisseaux sanguins et l’uretère manquaient. Les autres viscères n’offraient aucun désordre sensible, » Cette maladie était sans ressources ; mais on est encore flatté d'acquérir la certitude de n'avoir laissé en arrière aucun des secours utiles qui eussent pu être administrés, Observation d’une paralysie locale et circonscrite ; par M. GosseaumE, Docteur-Médecin, à Evreux. « M...., Âge de quarante-cinq à cinquante ans, trés-replet , menant une vie sédentaire, habituelle- ment altéré, buvant et urinant beaucoup, ayant les jambes plus ou moins gorgées, sujet enfin à une oppression génante, particulièrement dans les temps humides , gai au demeurant, et d’une société très- intéressante par la grande étendue et la variété de ses connaissances littéraires, était alors à sa cam- pagne , où il passait six mois de vacances que lui laissait l'espèce de magistrature qu’il exerçait à Paris. De mon côté j'étais également à la campagne, et j'avais été engagé à diner chez lui. Le diner et la soirée s'étaient passés avec le plus grand enjouement, et je l'avais laissé à dix heures du soir dans la situa- tion la plus heureuse. » La chaleur était grande alors, et, ne pouvant dormir par l'incommodité qu'elle lui occasionnait , M.... commit l’imprudence de se lever au milieu de la‘muit, d’ouvrir la croisée de sa chambre ex- posée au nord , d'ouvrir pareillement , au côté op- posé, des portes et fenêtres, et de s'asseoir dans ce ( 106 ) k769. Courant d'air, vêtu simplement de la robe de cham- bre Ja plus légère. Il y fut à peine une demi-heure qu'il sentit un tiraillement dans les muscles de la face , et de la diffienlté à remuer les lèvres; il sonna et ne pui s'expliquer facilement avee son domesti- que qui était accouru. J'étais à un quart de lieue de, distance de son habitation, et à quatre heures du matin, on vint me prier de me reudre chez lui, à cause, me disait-on, d'une fluxion considérable qui lui était survenue, H ne me fut pas difficile, en le voyant, d’estimer que la prétendue fluxion était la paralysie des muscles de la face du côté droit, c’était celui qui avait reçu l'impression du couraut d'air: La parotide , à travers de laquelle passe la portion dure de la septième paire de nerfs, pour former l'expansion connue sous le nom de Patie-d'Oie , ayait été frappée de méme que les nerfs cités qui se répandent sur la face, et tout ce côté étant tombé dans l'atonie , la bouche était tirée du côté opposé , la parole était difficile, et la prononciation des con- sonnes labiales presqu'impossible. » Le pouls étant plein, je fis saigner le malade du bras et du pied. Je l’'émétisai vigoureusement. J'établis de suite un large vésicatoire entre les épau- les ; je fis faire des frictions sur la parotide et sèches et animées avec lesliqueurs spiritueuses, stimulantes. Je fis prendre en infusion les espèces céphaliques sans obtenir le moindre succès. Je lui conseillai les eaux thermales en boisson , en bains, en douches sur- tout, et il partit pour Paris. » Il y fut de nouveau saigné et émétisé, puis envoyé à Bourbon-l Archambault, et de là à Vichy ; il y pris les eaux, et ne fut pas ménagé pour les douches. Tout fut inutile, et la paralysie a persévére jusqu’à sa wort, arrivée quelques années après, » C107) Je supprime jci tout ce qui tient aux explications 1769- physiologiques, etc. , et me contente de faire sentir le danger auquel on s'expose en passant d'un ex- tréme à un autre. C’est une vérité que le père de la médecine a exprimée avec la plus grande préci- sion , malgré son laconisme accoutumé. « Multüm et de repentè evacuare , aut replere , ca- lefacere, aut frige facere, aut aliter quocumque modo corpus movere periculosum est, enim verd omne mul : tm naturæ est inimicum, » (Aph.6.2,51.) Observation sur un vomissement mortel, causé par le skirrhe du pancréas; par M. Mariçues, Doc- teur en Chirurgie ,.à Versailles. « Un homme de cinquante-cinq ans, ayant une table bien servie, était sujet, depuis deux ans, à ‘des vomissements qui survenaient presque toujours ‘après le repas, sur-tout lorsqu'il avait mangé -plus que de coutume. Il s'observa sur cet article, et passa dix-huit mois entiers sans prendre de plus amples précautions. Les vomissements devinrent plus fréquents. Un mal-aise général et une douleur fixée à la région épigastrique éveillèrent enfin son attention. On sentait, en touchant cette région, une tumeur profonde ; on crut le pylore oblitéré; on employa tous les secours que l’on crut indiqués, médicaments fondants, diète rigoureuse , tout fut inutile et le malade périt, » Je fus requis d'en faire l'ouverture; nous trou- _vÂmes l’épiploon épaissi et dur, l'estomac et les in- tesûns distendus par un fluide élastique , l'estomac 17704 ( 108 ) *770. sur-tout dans un état de mortification , le pylore d'ailleurs ne présentant aucune callosité ; mais nous trouvàmes le duodenum étranglé dans le voi- sinage du pylore, au point de n’admettre le tuyau d'une plume médiocre qu'avec difliculté. Cet étran- glement était occasionné par une tumeur skirrheuse qui le ceignait, et dont les prolongements touchaient d’une extrémité la vésicule du fiel, et de l’autre la rate, dans une étendue totale de huit pouces; sa circonférence était de trois à quatre. Sa surface était rabotteuse et sa dureté fort grande. C'était le pan- créas devenu skirrheux , et dont la forme était pres- que méconnaissable. » Il n’est pas difficile maintenant de déterminer la cause du vomissement ; mais de quels secours cette Lu bien constatée d’ailleurs, était-elle suscep- tible ? Nouvelle méthode d’extirper les loupes en conservant la peau, autant qu’il est nécessaire , pour recouvrir exactement la plaie; par M. Pamaro fils, Maire en Chirurgie, etc. , etc., à Avignon. M. Pamard partage en quatre parties égales ta circonférence de la tumeur à sa base, etles marque avec un trait de plume. Avec le même fil qui lui a servi à mesurer la circonférence de sa tumeur, il en prend le demi-diamètre eu ployant le fil en siXe Cette mesure est la hauteur de chacun des quatre angles, que formera la dissection de la tumeur, et la tumeur emportée, ces quare lambeaux doivent recouvrir exactement la plaie. S'il y avait quelqu'ir- régularité , les ciseaux la feraient disparaître. (109) . L'auteur:accompagne cette description de plusienrs 177°: figures dont la principale est celle ci : (Fig. 1°1°.) _.. - ‘ LYS 57% 5 Le + n CA Lé + 0 * + » + L L) : ; , + L2 ? € Û L4 , L LA L L : ! ‘ SOS ARE RQ en nt nn nent $ 1 : . : : r 3 Fig, : 1re ’ ° ni : : ’ + ji ! ‘ \ L. " Ü : + “ ’ v 7 3 + D + “ ! %, ; SES L'== 4 nm ep St Ces dimensions, ainsi qu’il est facile de l’obser- ver, partageraient une figure circulaire, et plane en quatre parties égales par une section cruciale ; mais la tumeur a une élévation quelconque, et plus cette élévation sera grande, plus ce demi-diamètre laissera d'intervalle entre son extrême supérieur et le som- met commun. ( Fig. 2.) .… *. . . . 0 . 0 . ° : 0 . lELRERELELTELA EI ELLLL 0500, ., . 0 . . 0 e . L . . . : L° 0 . Ds 12 + LA LA P1 *, 0 - CA . a" Fig. 2€ ».% Ê …… 22 CR . , L2 LZ .…— (iio #770. M. Pañiard joint À éetté théorié trois ébsétyations pratiques dans lesquellés l'opération à été suivie des plus heureux succès. L'une des trois a été terminée en un quart-d'heure. Si la résolution du problème s’exécutait uniquement sur la peau avec l'instrument tranchant , un quart-d'heure paraîtrait bien long au malade ; mais toutes les parties qui sont à disséquer ne sont pas également sensibles, et Pespoir de la guérison fait supporter biert dés tourments. C'HTrAN TE, k765. Sur la dissolubilité du mercure dans le sinaigre dis+ Margraf, Opuscul, Chym, tillé; par M. LecHAND&LIER, Apothicaire à Rouen. « La dissolubilité du mereure par l'acide du vi< naigre n’est plus un mystère. Les deux habiles chi- mistes qui firent, en 1759, l’analyse de la poudre mercurielle, qui est la base des dragées du sieur Keyser, y trouvèrent cet acide et se contentèrent de dire qua,ceue uuion était digne d'attention. » Ces deux chimistes poñvaient ignorer alors que M. Margraf, iustrè Académticien de Berlin, avait annoncé cette dissoltbilité dans les Mémoires de l'Académie dés Sciences de cette ville, pour l’année 1746 , puisqu'elle n’a été publiée en ‘français qu’en 1762. Il annonce dans cet ouvrage, « qu’il est par- » venu à dissoudre le mercure dans le vinaigre dis- » tillé, par deux moyens:le premier en changeant, » par une longue digestion, la chaux de mercure en » une poudre jaunâtre ; le second en le précipitant Urir } # de sa solution dans l'eau forte, par le moyen de 17654 » l'huile de tartre par défaillance. » « Je n'ai donc à réclamer dans ce travail ( c’est ici M, Lechandelier qui parle ), que la diversité des intermèles par lesquels j'ai opéré cette combinaison, » J'ai réussi à dissoudre dans le vinaigre distillé le mercure préparé par les trois acides minéraux comme dissolvant, et les trois espèces d’alkali eomme precipitant ; par sa dissolution dans l'acide nitreux (1} et sa précipitation a Par l'alkali végétal, b Par l’alkali minéral , € Par l'alkali volatil ; 2° Par sa dissolution dans ici marin, et Sa pré- cipitation 4 a Par lalkali végétal ; - Par sa dissolution par l’acide Driames et sa wi écipitation a Par l'alkali minéral, » M. Lechandelier entre ensuite asié un détail très- circonstancié des procédés qu’il a suivis ; et qui tous Font conduit à la dissolution du mercure par le vinaigre distillé , et à la crystallisation du sel mer- centrifuge , son orbite doit paraitre s’applatir; d’où il résulte que le petit axe de l’ellipse qu'il décrit est à-peu-près dirigé vers le soleil. Disque de la lune rendu visible dans une éclipse de soleil ; par M. GROUMMERT. : L'Académie a reçu , sous la date du 29 mars 1764, une Dissertation écrite en latin par M. Groummert , géomètre de l'électeur de Saxe. Un style pur gt élé- gant, une discussion lumineuse prouvent que son auteur était à-la-fois un écrivain distingué et un homme très-instruit dans les sciences physiques. A l'occasion de l’éclipse de soleil que l’on attendait le 1e avril de la même année, M. Groummert a conçu le projet d'examiner si le contour entier de la lune est visible dans une éclipse partielle qui n’est pas annulaire, et si, dens le temps d’une éclipse , ou en général des nouvelles lunes, on peut apercevoir dans notre atmosphère quelques traces de l'ombre de la lune. Après avoir expliqué plusieurs particu- larités qu'offre l'image du soleil , lorsque l’on consi- dère cet astre à l'œil nu ou à l’aide de telescopes, l'auteur résout aflirmativement les deux questions quil s'est proposées ; et, d’après les expériences qu’il a faites, il indique les moyens d'observer le disque de la lune et son cône d'ombre dans une éclipse partielle, C175) Réflexions sur les défauts de la navigation ; par M. LEvALLOIS. M. Levallois, Membre de la Société académique de Cherbourg, a lu, le 15 juin 1768, des réflexions sur l’état d'imperfection où s’est trouvée long-temps la navigation hauturière. A défaut de bons instru- ments et d’une théorie suffisamment perfectionnée , on prenait avec pen de précision la lautude , la longitude , la variation ; la manœuvre ne se faisait que par routine et sans principes. L'auteur donne l'énoncé de vingt problémes, dont la solution ren- drait complette la science de la navigation. Il s’at- tache à faire sentir toute l'importance de ces ques- üons , et fait remarquer que plusieurs d'entrelles sont en partie résolues depuis l'invention du nou- veau lok, ou sillodomètre , de l'horizon artificiel , où horizupsilomètre , de l’anémomètre marin, et de deux autres machines que le même auteur à imaginées. Détermination de la longitude en mer ; par M. | LEVALLOIS. 4 Le même M. Levallois a communiqué à l'Académie, le 28 juin 1709, une méthode qu'il regarde comme la plus simple pour déterminer la pit à mer , par l'observation de la distance angulaire de la lune an soleil, ou à une étoile zodiacale. Il expose d’abord la série des observations à faire, les précautions à preudre , les conditions à remplir pour observer 1768, 1769, «769. 770. C 176) avec plus d'avantages , les calculs à faire , les correc+ tions à y appliquer , afin d’avoir des résultats plus approchés. 1] discute ensuite le degré de précision dont cette méthode est susceptible. Il fait voir qüe sa perfection dépend de l'exactitude des tables de la lune et de la bonté des instruments. Il entre dans le détail des circonstances qui rendent les octauts in- certains, et qui empéchent de faire de bonnes ob- servations. . ” Horizon artificiel ; par M. Levazrois. L'Académie doit encore à M. Levallois la descrip- tion de l'horizon artificiel , ou horizupsilomètre, de son invention, qui a été lue à la séance du 2 mai 1770. L'auteur commence par faire une longue énu- mération des inconvénients et des dangers qui résul- tent de ce qu’on ne peut observer tous les jours la latitude. Le principal obstacle qui sy oppose est qu’il est impossible de distinguer nettement l'horizon dans tous les instans. Pour suppléer à ce défaut, l'auteur a imaginé un horizon artiliciel, formé avec de l'huile de lin ou de rabette, surnageant sur de l'eau placée dans un vase suspendu à-peu-près à la ranière des boussoles. L'auteur donne les dimen- sions des pièces de son appareil ; il rapporte les essais qu'il a faits, et par quelle suite d'expériences il est parvenu à rendre son horizon invariable malgré les marches g les mouvements irréguliers du vaisseau. Observation PPT NT RP (197) Observation du passage de Vénus sur le disque du Soleil ; par M. le Cardinal De LuyNes. M. le Cardinal de Luynes, ayant observé le pas- sage de Vénus sur le disque du Soleil, a rédigé une relation détaillée de ceue observation intéressante qu'il a faite à Sens, le 6 juin 1761. Il commence par exposer les moyens employés pour régler deux pendules. Pour cela il a comparé les passages du Soleil et d'Arcturus au méridien de Sens, observés. pendant plusieurs jours, et il en a conclu Pavance de la première pendule sur le temps moyen en vingt- quatre heures, A l’aide d’un instrument dont il donne la description , et des tables astronomiques, il a déterminé la distance réduite des céntres du Soleil et de Vénus, corrigée des eflets de la réfraction et de la parallaxe. Il présente les tableaux des diverses observations qui ont été faites immédiatement; il en déduit, par le calcul, lés éléments propres à faire connaître les mouvements relatifs de Vénus et du Soleil; enfin, il est parvenu à fixer l'instant précis où Vénus a paru entrer sur le disque du Soleil, et celui où elle a paru en sortir sous le méridien de Seus ; d’où il a déduit les instants a alogues pour le méridien de Paris. Il en résulte que: a durée ap- parente du passage du centre a dù être de 6" 6”. L'auteur a tracé une figure qui représente le disque du Soleil et la ligne du mouvement apparent de Vénus vis-à-vis de ce disque, d'après les résultats de l'observation, Ce Mémoire, qui offre beaucoup d'intérêt, a été lu à l'Académie par M. Bouin, les 24 et 31 mars 1767. Tome I11, 1761 à 1770. M 17624 1766. 3764. (178) Mémoire sur Le choix des lieux pour l'observation du passage de Vénus sur le disque du Soleil; pat M. PINGRÉ. M, Pingré a fait hommage à l'Académie de Rouen de son Mémoire sur le choix ét l’état des lieux où le passage de Vénus, du 5 juin 1769, pourra être ob- servé avec le plus d’avantages et principalement sur la position géographique des fles de la mer du Sud. 11 ‘suffit, pour faire l'éloge de ce Mémoire, de dire qu'ayant été lu à l’Académie des Sciences de Paris, le 25 novembre 1766, et en janvier et février 1767, cette Compagnie en ordonna l'impression avant celle de ses propres Mémoires, ce qui dispense d’en faire l'analyse. a MNotice sur les éléments de deux Comètes ; par M. STRIGENBERG. Une Notice rédigée par M. Steigenberg, chanoine régulier en Bavière , et recue le 29 février 1764 à l'Académie de Rouen, content quelques réflexions générales sur les causes qui ont retardé les connais- sances relatives aux mouvements des comètes , et les éléments de deux comètes qui ont paru , l’une en octobre et novembre 17635 , et la seconde en jauvier et février 1764. ( 179 ) Êxtrait d'une lettre sur l’éclipse de Soleil du 1° avrit 1764 ; par M. Crourr. Une kettre de M. Clouet à un de ses amis, écrite de Madrid le 8 avril 1764, a été remise à l’Acadé- mie. Elle contient des détails intéressants sur l’éclipse de soleil du 1% avril de cetté même année ; l'anteur y rend compte des dispositions qu’il a faites pour observer toutes les circonstances que pourrait offrie cette éclipse qui était annulaire pour Madrid ; il cite, comme particularités remarquables, qu'une minute avant la formation de l'anneau fil à aperçu nne ré: pétition des cornes du soleil, les fausses cornes étant intérieures aux véritables, et que le disque du soleil, à la fin de l’éclipse, lui a paru mal terminé, pen- dant deux ou trois minutes , à la hauteur de deux doigts au-dessus de l'endroit où l’éclipse à fini. L'au< teur donne en heures, minutes et secondes l'instant où l'anneau s’est formé , celui où il s’est rompu, celui qui a marqué chaque période de l’éclipse , et enfin celui où elle s’est terminée, Notice sur un Météore lumineux ; par M. l'abbé Jacquin. Le dimanche 10 février 1565, M. l'abbé Jacquin, passaut par la rue Saint-Denis , à Paris, aperçut à g 48” du soir , une grande bande lumineuse, qui s'étendit, en moins de deux minutes, de l'orient à l'occident; elle était moins large que la voie lactée ; mais elle douuait quatre fois plus de lumière; cette M a 17644 19654! 1765, 8769. K770. « Con) lumiére n’était ni ondoyante, ni scintillante; on aper= cevait à travers , les étoiles de 2° et 5° grandeur. À dix heures elle commenca à diminuer , et à rot 3! elle disparut. La notice adressée à l'Académie, par l’ob- servateur , contient plusieurs aûtres circoustances de ce phénomène. Observations d’une Comète ; par M. Levartois. - A sa séance du 29 novembre 1769, l'Académie à entendu ja lecture d’une série de trois observations sur les points du ciel qu’a occupés successivement une comète vue penGant les mois d'août et de sep- tembre de la même année. Ces observations ont été faites par M. Levallois, à Cherbourg. L'auteur con- vient qu’étant seul, et n’ayant point des instruments assez bien conditionnés, iln’'a pu donner des déter- minations très-exacles, Observation d’une aurore boréale ; par M. le Chevalier D'ANGOS. M. le Chevalier d’Angos, officier au régiment de Navarre , a observé le 19 janvier 1770, à Tarbes, une aurore boréale à couronne, dont il a adressé une relation détaillée et pleine d'intérêt, qui a été lue par M. Dolague, le 21 février suivant. Ce phéno- mène, commencé sur les huit heures du soir , se termina vers minuit et demi. Après avoir cité les divers aspects qu’a offerts cette aurore boréale, M. d’Angos fait quelques objections contre Ja théorie de M. de Mairan, Le même auteur a transmis les ré- (181) sultats de ses observations sur Véclipse de lune du 17704 13 décembre-1769, MM. Bouin et Dulague ont ex- prime leur jngement au bas de cette relation ; ils pensent qu’elle doit être imprimée parmi les Mémoires de l'Académie. # ‘ Conjonction de deux Planètes ; par M. Vorz. M. Volz, garde des antiquités et des médailles de S. Exec le duc de Wurtemberg, a transmis, à la fin d'une iettre écrite à l’un des Membres de l'Académie, uvue observation dont il a traduit la relation de l’alle- mand en latin, et qni a été faite par son ami M. Bis- choll, sur ia conjonction des planètes Jupiter et Mars, arrivée le 26 décembre 1769. MM. Ligot et Dulayue ont fait, sur cette observation , un rapport dans lequel ils expriment leurs regrets de ce que l’auteur n’a pas fait connaitre uu plus: grand nombre d'éléments re- latifs à ce phenomèue curieux et rare. 7] 2 Calculs pour- déterminer les lieux vrais de Vénuss Murs et Jupiter ; par M. le Chevalier D'Anços. M. d'Angos a fait les calculs nécessaires pour ré- duire en lieux vrais les lieux apparents de Véous , Mars et Jupiter, trouvés par quatre observations faites à l'observatoire de Saint-Lo , à Rouen, par MM. Bouin et Dulague, les 4 et 29 février, le 4 mars et le 19 avril de l'année 1760. Ces calculs ont été vérifiés par MM, Bouin et Dulague, qui, après en avoir garanti l'exactitude , ont exprimé, dans leur rapport, le vœu qu'ils fussent publiés, comme de- vaut [aire plaisir aux amateurs de l'astronomie, M 3 17e. 17e. 4 M7ee 1762. S. Marc, Fe 5, YY. 3a ft 24. (182) Ps RAR RTE ANT PERRET DÉPARTEMENT DES LETTRES. ee BELLES-LETTRES. Le premier Mémoire qui se présente à moi, parmi ceux de cette classe, est un Mémoire latin, très- élégamment écrit, sans date et sans nom d’auteur , ayant pour titre : Laus Boloniæ. La division de ce Discours en indique en deux mots la marche. Dicam, c'est l’orateur qui parle : Quantum propri& laude ornetur Bolonia, Quantum denique civium laude refulgeat. À quelle occasion cette oraison a-t-elle été pronon- cée ? Aucune note n’êh fait mention. Le Panégyriste a omis peu de circonstances propres à illustrer la “ville et les citoyens de Boulogne ; san style est facile et souvent élégant, et s’il a reçu le jour dans la ville qu’il celèbre , il mérite d’être honorablement placé dans le catalogue de ses orateurs. Dissertation sur un passage de Saint-Marc , d’après la Vulgate ; par M. DE PRÉMAGNY. Ce Passage, dit M. de Prémagny, ne m'était jamais tombe sous les yeux sans me faire une certaine im= pression de répugnance. Ce sentiment n’était commun (183) avec plusieurs interprètes ;, et l'auteur en cite un grand nombre qui ont cherché à l’adoucir et à le rendre applicable au modèle de la patience et de la douceur qui en était l'objet, qui d’ailleurs, dans la circonstance où il se trouvait , n’était ebtouré que de l’admiration et de la reconnaissance. Voici ces versets 20. Æt veniunt ad domum,. et convenit iterùm turba ia ut non possent neque parem manducare. 21. Et cuin audissent sui exierunt lenere eum , dice- dant enim quoniam in furorem versus est. Il est également reconnu que S. Marc a écrit son évangilé en grec, et M. d'e Prémagny fait dépendre la difficulté, de deux expressions grecques qui, ayant divèrses significations , auraient été prises, par le traducteur , dans un sens étranger à celui de l'Evaugéliste. Ces expressions sont : 5% A06 qui signifie turba, motus, mulritudo, populus. La Vulgate a pris la prémière acception, M. de Prémagny préfère la dernière , dont lé genre masculin concordera mieux avec eum, du second verset. La seconde expression grecque est efeaTn qui signilie étre furieux , être étonné, strpéfait , tomber en. faiblesse , ete. ( Voir le Lexicon de Leimar. ) La Vulgate a préféré la pre- mière de ces acceptons. M. de Prémagny a adopté la dernière; et, rapportant ainsi que je l'ai déjà fait entendre, le môt eum à populus , il traduit ainsi : Et veniunt ad domum , et convenit iterüm populus, ita ut non possent neque panem manducare. Et cum audissent sui exierunt tenere eum , dicebant enim quoniam deficeret. Ce que ses disciples ayant entendu , ils sortirent pour conteuir le peuple, en lui disant qu'il était M 4 1762 Schrevel, C184) N762%: excédé, ou qu’il y avait de la folie à se presser de Ja sorte, Dumoulin avait traduit le dernier mot grec par #? était sorti, ce qui eût été une assertion contraire à la vérité. Pour moi, je crois qu’en substituant populus à turba , ou en laissant subsister turba , mais chan- geant eum en eam, ce verset est parfaitement intel- ligible. Après avoir dit, dans le verset précédent , que la muliitude qui les entourait ne leur Jaissait pas la faculté de faire un modique repas, neque panem manducare, Ses disciples (sui ) sortirent de la maison pour contenir celte multitude , pour appaiser le bruit tumultueux qu’elle faisait, et qui leur faisait croire et dire qu’ils se battaient ou qu'ils étaient fu- rieux de ne pouvoir entrer, Dans le texte grec , tout est naturel; dans celui de Ja Vulgate, il se trouve une équivoque; mais la plus simple explication la fait disparaître. Sur l'explication d’un passage d’Hérodote ; par M. DE SAINT-Pauz, Mousquetaire du Roi. L « Je viens de lire dans le deuxième volumedes Mé- moires de Trévoux, du mois de janvier dernier, une bonne traduction d'un passage difficile d'Hérodote 4 faite par un habile anonyme; mais en adoptant sa traduction , je ne crois pas devoir adopter l’expli- cation qu’il donne de ce passage; le voici tout au long : » Les prêtres égyptiens, me disaient, c'est Héro- # dote qui parle, que durantles 11,540 ans dont cet (185) Historien a déjà parlé, aucun Dieu n'avait paru » sous une forme humaine, et que pas un des Rois » qui avaient régné devant ou après, en Egypte, » n'avait été déifié; que dans cet espace de temps, » le soleil s'était levé quatre fois des points où il a » coutume de se lever , et que deux fois il avait re- » commencé son cours du côté où il se couchaîit , » du temps d’Hérodote ; deux fois il l'avait fini du » côté où il se levait au même temps ; et que néan- » moins, ce prodige n’avait apporté aucun change- * ment dans l'Egypte, soit à la terre, pour la pro- » duction de ses fruits, soit au fleuve, pour ses dé- » bordements ordinaires, et que les maladies n’en » avaient pas été plus fréquentes, ni la vie des hommes » moins longue. » Voicil'explication que M. de Saint- Paul donne de ce passage : » Nous lisons dans le Traité d’Isis et d'Osiris, de Plutarque, que 60 est le premier et principal nombre dont se servent ceux qui traitent des choses du ciel ; et, en même temps, nous savons que les Indiens, successeurs des Egyptiens qui passèrent aux Indes ÿ lorsque Cambyse dévasta l'Egypte, partagent le jour et la nuit en 6o heures; c'est le nombre 60 de Plu- tarque. Nous savons encore que les Indiens tiennent de leurs ancêtres, les Egyptiens, une autre période du même nombre de 60 ans, de laquelle ils se ser- vent encore... » La période de 60 heures et celle de 6o ans ont souvent été prises l'ane pour l'autre, et la période de 60 heures est devenue enfin celle de Go ans, ap- pelée Sosos. Quant à la vraie période de 60 ans, pour la distinguer de la période Sosos, on y a ajouté un 0, et elle est devenue la période Naros de 600 ans. » On trouve dansles livres indiens un exemple frap- paut de l'abus que leurs ancêtres ont fait de la pé- 1762. Traduction d’Amyot. Histoire des cérém, relige t.6,p.235 ( 186 ) 1762. riode de 6o heures prise pour 60 ans. Ces peuples. racontent que L'âge d'or à duré 1,728,000 ans , lesquels réduits , donnent une du- rée réelle de 80 ans. L'âge d'argént — 1,996,000 60 , L'âge d’airain — 864,009 4o » Présentement que nous avons Ja preuve que les Egyptiens se plaisaient à donner aux heures la déno- mination d'années, nous sommes en droit de penser que par les 11,540 ans, dont parle Hérodote , ils en- tendaient 11,540 heures , lesquelles composent réelle- ment 189 jours; c'est le nombre de jours qui s’écou- lent entre l’'équinoxe de notre mois de mars et celui de notre mois de septembre. » Nous savons d'un autre côté que les deux,jours des équinoxes , qui, parmi eux, étaient des fêtes solennelles ; et entre lesquels s’écoulaient 11,340 heures, qu'ils nommaient des années, ils üraient de leurs sacristies, nommées 4menthes par Plutarque , l'image du soleil, pour l’exposer dans le sanctuaire de leur temple, et le reporter le soir au même lieu de dépôt. Ainsi, le soleil et son image selevaient quatre fois au lieu où il a coutume de se lever, et deux fois l’image du soleil avait été reportée à l'Amenthes, située à l'Orient. Autrement; le soleil s'était couché où il a coutume de se lever, et il n’est pas étonnant que ces prodiges n'aient apporté aucun changement à l’état actuel de l'Egypte. » Après que cette Dissertation a été rendue pu+ blique dans le deuxième volume du Mercure d'avzil SES (187) 1562, on m'a demandé l’explication d'une période 1762, chinoise, dont il est parlé en ces termes: Les Chinois Histoire des établissent une révolution perpétuelle de Mondes; cérém,relige chaque révolution, suivant un de leurs philosophes, ! $. est de 129.600 , divisés en 12 conjonctions. » Le calculateur chinois est un savant qui connaît l'histoire de l'Egypte. Submergée tous les ans pat les débordements du Nil, elle disparait pour ressus- citer, et ainsi de suite. Quant au nombre de Ja période, c'est le nombre des jours de l’année, 360 multiplié par lui-même. Les conjonctions sont les douze signeg du Zodiaque. » Recherche sur le caractère des anciens Crétois ; pat M. DE PRÉMAGNY. Un verset de l'Epitre de S. Paul à Tite, est le sujet de cette Dissertation ; c’est le 12° du premier chapitre dans lequel S. Paul s’énonce ainsi : Dixit quidam ex illis , proprius ipsorum propheta , Cretenses semper mendaces, malæ bestiæ , ventres pigri. Bien des auteurs anciens et modernes ont fait hon- peur à Epiméuide, crétois d’origine, et de plus Poëte célébre ou prophète , Vates, du vers grec, dont le texte de S. Paul est la traduction. M. de Prémagny se propose un double objet, celui de disculper Epimé- nide de cette impatation, et celui de montrer, par des autorités qui sont également respectables , que les Crétois ne méritent pas les qualifications que l'au- teur de l'épigramme leur donne. M. de Prémagny cite d'abord , et d'après Calmet, S. Chrysostôme , Théodorat et quelques autres, qui autribuent à Caimaque, de Cyrène , cette épi- 76. Elien écri- vait 220 ans après J.-C, (188) gramme , et ni font dire : « Les Crétois sont toujours. menteurs, car ils vous ont érigé un tombeau, 6. Jupiter ! vous qui êtes immortel, » Ici notre critique peut avoir raison. Est-il également exact et judicieux quand il prétend que S. Paul rapportait ce. pro- verbe à l'occasion de quelques particuliers qui de- bitaient des fables judaiques. Cet Apôtre généralise un peu plus ses motifs, Ÿ. 10. Sunt enim multi etiam inobedientes , vani loqui, et seductares, maxime qu de circuncisione sunt. Voyons présentement sur quelles autorités il pré= tend réhabiliter la réputation des Crétois. Je vois d’abord paraître Cornelius Nepos , qui dit qu’An- nibal, après la défaite d'Antiochus, se retira chez les Crétois, et que, pour être bieu reçu , il y porta en apparence de grosses sommes d'argent ; mais qu’il les trompa, parce que l'or ou l'argent ne for- maient que la superficie, Cette pièce, certainement, n’est pas péremptoire. 2° Elien nomme les Crétois au nombre des peu- ples qui se gouvernaient par des lois justes; mais ici les temps sont bien différents. Il y a près de 50e ans de Callimaque à Elien, ettous deux, à la rigueur, pourraient avoir raison. 3° Platon vante beaucoup les lois de Minos, et'dit qu'en Crète comme à Lacédémone , on préférait la prudence et la justesse dans le discours à l’abon- dance des paroles; mais le mot prudence a été pris dans des acceptions bien différentes. À Sparte, on pouvait dérober impunément, pourvu qu’on eût la prudence de déguiser son larcin. 4° Plutarque loue Philopæmen d’avoir appris chez les Crétois les ruses de la guerre ; mais les Carthagi- nois ,; pour avoir vu naître parmi eux Amilcar, Annibal , Asdrubal en étaient-ils moins Carthagi- C189) mois, et la foi punique avait-elle alors perdu sa ré- putation ? A ces autorités on peut , d’après le même M. de Prémagny ; opposer celle de Polybe , cet écrivain si judicieux, qui dit que les Crétois ne font cas que de l'argent. Ovide, Lucain, Stace, ne leur sont pas plus fa- vorables. Les Scholiastes modernes ont de leur côté contribué à accréditer la mauvaise réputation des Crétois ; elle était telle que crétiser ou mentir étaient une-même injure. M. de Prémagny regrette que S. Paul ait contribué à jeter un mauvais vernis sur des insulaires trop dé- savantageusement célèbres ; mais il est vraisemblable que la lettre de cet Apôtre à Tite, n’était pas destinée à devenir publique; et, dans l’épanchement du cœur, un homme aussi érudit que S. Paul peut se permetre de caractériser les hommes avec lesquels il a des rapports, et par la connaissance qu’il a de leur génie, et par le jugement que les Anciens en ont porté. Observations sur un passage de Suétone , relatif à l'expulsion des Juifs, sous Claude ; par M, Dx PRÉMAGNY. | . « Suétone s'exprime ainsi dans la vie de l’empereur Claude : Judæos impulsore Chresto assiduè tumultuan- tes, Romä expulit. Ce fait ne se trouve dans aucun autre historien profane. Orose, dit M. de Tillemont, le cite de Joseph; mais on n’en trouve rien aujour- d’hui dans cet auteur. Tacite n’en dit rien non plus, et c'est une marque que cet édit ne fut pas rigou- reusement exÉCULÉ. 1268, Cap. 25 1762. C.18,YY: 1,2. Apologétiq. Baronius WSacys C196 ) » Cependantle même fait est assez clairemetit énoncé par S. Luc, Act. Apost., en parlant de S. Paul: t. Posthæc egressus ab Athenis venit Corinthum. 2. Et inveniëns'quemdam Judœum nomine Aquilam, Ponti- Cum genere ; qui nuper venerat ab Îialiä, et priscil- lam uxorem ejus, eo quod præcépisset Claudius dis- cedere onines Judæos à Romä accessit ad eos, Voila donc un fait bien clairement énoncé par deux auteurs resque contemporains, dont l’un détermine les mo- tifs de l'expulsion des Juifs. Mais quel était le pre- mier mobile des troubles qu'ils excitaient ? Un certain Chrestus , et c’est précisément sur ce nom que rou- lent les difficultés historiques et les recherches de M. de Prémagny. Bien des auteurs ont confondu Chresto avec Christo ; et ont fait tomber sur les Chrétiens l'odieux de ces cabales, et il est vrai que les payens faisaient souvent cette confusion au témoignage de Tertullien. ‘ » Mais les Chrétiens étaient-ils donc assez nom- breux à l'époque citée pour être l’occasion des trou- bles excités par les Juifs ? Rapprochons les dates; c’est à la quinzième année du règne de Claude, que l'on rapporte l'expulsion des Juifs, ou l’an de J.-C. 52, à dater le règne de cetempereur de son consulat. C'est à l’an 42 que l'on rapporte l'établissemeut de S. Pierre à Rome ; mais il ne fit que s’y montrer ; il y revint en 45,et y écriyit.sa première épitre, En 51, il était à Antioche, et l'on croira qu’à cette année 52° le nombre des Chrétiens se fut multiplié à Rome, au point de devenir un motif de trouble et de ré- beilion? » | M, de Prémagny conclut que le nommé Chrestus était l'instigateur des troubles que les Juifs excitaient à Rome; que rien n’autorise à faire la moindre al- tération au texte de Suétone. Cette opiniou est celle (191) de Tillemont et d'Ussérius. Le texte de cet auteur n’est pas fort long , et C’est par la citation de ce pas- sage que je terminerai cet éxtrait : « Hujus Chresti UE , ni fallor , meminit Suetonius : Nam Christum D. N. à quo Christiani, alibi ab eodem memorati, denominationem acceperunt , hic ab illo fuisse intellec- tum , ad huc mihi persuadere non possum. » Sur les hiéroglyphes épyptiens ; par M. DeSaiINT-PAUt, Mousquetaire du Roi (1). L'auteur de ce Mémoire, indien d'origine, sup- posé que ses compatriotes descendent des Egy ptiens, que les cruautés de Cambyse obligèrent à s'éxpatrier. Obligés de se transplanter dans les Indes, ils y por- tèrent leur religion et leurs hiéroglyphes. Ils y sont connus sous le nom d’/ncarnations , ou changements de formes de Vichenon ; c'est leur Neptune. Les premiers Egyptiens furent les victimes des débordements.du Nil et des vastes inondations qui en sont la suite ; mais à succession de temps, leurs savants ou leurs prêtres parvinrent , à l’aide de signes qu'ils exposaient à leurs regards, à leur exprimer les degrés d'accroissement et de décroissement de leur fleuve, et à les prémunir contre les dangers que leur imprévoyance eût rendus inévitables. Ces signes sont au nombre de 9, et cinq d'entre eux ont rapport au débordement du Nil. Le premier (1) Ce Mémoire n’existe pas dans nos archives , et l’idée que nous en donnons est le précis d’un extrait de ce Mémoire ori= final ; par M, Duboullay, 1760. AEtas Mundi VII. page 654. ( 192 ) 176». est le chien; on l’exposait vers le lever de la canicule; et il] était l'annonce de l’inondation. Le 2° est le lion, image des ravages qu’elle peut produire; on l'expe- sait au commencement de juillet. Le 5° est un éper- vier , signe de l’accroissement que procurait le vent du Nord en soutenant les eaux; sous son influence , on voyait arriver en Egypte une grande quantité de ces oiseaux. Le 4° est un enfant naissant ; il signi- fait que le fleuve était dans sa plus grande élévation, et que bientôt les travaux rustiques allaient renaître. Le 5° est un héron à aigrette; ces oiseaux arrivent en Egypte lors du décroissement de l'inondation. Ce sont ces cinq figures que les Grecs ont nommées Dactyles. Aux Indes, on les appelle Pandaya, c'est-a-dire , les cinq frères. La 6° figure est celle du cochon; on s’en servait avant l'invention de la charrue , pour remuer la terre et l’ensemencer ensuite; c'était le signal de la culture des champs. La 7° est un poisson; il indi- quait le temps de la pêche. La 8° est la tortue ; c'est l'indication du temps de la ponte de ces animaux. La 9° est l'ours; son exposition indiquait le temps de faire la chasse aux animaux nuisibles. Ces neuf figures sont devenues , entre les mains des Grecs, les neuf Sibylles, les neuf Pierides, Quant aux Indiens , ils ont dit que leur Neptune avait suc- cessivement pris la forme de ces neuf symboles. . On ajouta depuis une 10° figure ; c'était une barque de deux coudées ; elle donna lieu à la dixième méta- morphose de Vichenon en cheval ailé; au soulier de Persée, qui avait deux coudées de long, au cheval Pégaze , à une dixième Muse. Les prêtres égyptiens ont depuis ajouté beaucoup de figures secondaires ; mais quand on connait bien les dix principales, il n’est pas difficile de pénétrer le | C195) la signification des autres... On ne doit pas oublier que cette écritare sacrée , comme l'hébreu, etc., se lit de droite à gauche ; et, lorsqu'il se rencontre plu- sieurs groupes, on doit considerer chacun de ces groupes comme aulant de pages, dont la première serait la dernière dans notre manière de lire. C’est d’après ces principes que M. de Saint-Paul se propose de donner l'explication de la Tab'e isiaque, elc. , etc,, et nous formons des vœux pour que ses loisirs lui permettent de réaliser cet intéressant projet, De l'influence des mœurs sur le goût , et du goût sur es miœurs ; par M. DusouLLay. « Pour éviter toute ambiguité qui pourrait résulter des expressions, commençons, dit l'estimable au- teur de ce Mémoire, par définir ce que c'est que le goût, et ce que l’on doit entendre par mœurs pu- bliques. » Le goût physique est un des sens dont la nature nous a pourvu pour notre conservation, Son usage est de nous faire distinguer , par l'impression des saveurs, les objets qui sont propres à nous nourrir, de ceux qui né sont point alimentaires et devien- draient nuisibles. » Le goût moral, juge naturel des beaux arts , est un sentiment juste et rapide qui, avant toutg réflexion ; fait discerner si un artiste s’est proposé le véritable but de son art, et si les moyens qu'il a employés étaient les plus propres à le lui faire at- teindre. » Les mœurs sont des habitudes naturelles ou ac- quises pour le bien ou pour le mal, et suivant les- Tome III, 1761 à 1770. N 17628 17638 L. dés (194) 1765. quelles les peuples ou les particuliers conduisent les actions de leur vie. » On aperçoit dès le premier coup-d’æil l’étroite con* mexion et la dépendance réciproque du goût et dés mœurs; et c’est au développemént de ces rapports qu'est consacréé la majeure partie dé ce Mémoire. L’analogie du goût physique et du goût moral pré- sente de son côté dès comparaisons piquantes et des rapprochements intéressants. - Les bornes d’un extrait ne permettant pas d’en offrir ici les détails , nous nous contenteérons de présenter quelques morcéaux qui donneront une idée du style de M. Duboullay: « La rapidité de ce sentiment (le goût) par lequel Ja nature nous épargne les perplexités et le tâtonne- ment de l'examen réfléchi, ne s'étend pas seulement aux objets corporels et aux chefs-d’œuvres des Arts, elle s'applique également à tout ce qui intéresse notre conservation et notre bien-être ; on retrouve même son usage dans les discussions les plus sérieuses et les plus compliquées. Mais cet espèce d’instinct prend alors le nom de jugement sain, de justesse d'esprit, de bon sens; c'est lui qui, pour parvenir à son but prend toujours le plus court chemin ; c'est Jui qui saisit le point décisif d’une question ; qui m'est jamais la dupe d’un vain sophisme, quoiqu'il me soit pas toujours en état d'en démontrer la faus- seté et l'illusion ; c'est lui, enfin, qui , sous le nom de prudence, dirige les sages dans la conduite de la vie, et qui, dans des occasions décisives , qui ne laissent pas toujours le moment de réfléchir, fait prendre le parti qui a le plus d'avantages et le moins d'inconvénient....….. » Ce qui appartient à la nature se reproduit dans tous les temps et dans tous les lieux ; ce qui est de Cr95) éonvention et d'institution humaine varie d’un instant 17634 à l’autre et se diversifie de mille manières, Tous ju- gent pär sentiment et apprécient une action vertueuse ou criminelle, Malheur à celui qui a besoin de ré- flexion pour adnirer une action généreuse : ou la pature marâtre l’a privé de cette sensibilité d'ame qui distingue ses enfants les plus chers , où par sa né- gligence , il a laissé éteindre; ou il a étouflé, par sa corruption, cette flamme sacrée qu’elle allume dans tous les cœurs...... » L'instinct moral est un présent de la nature... mais il s’étouffe ou s’aflablit par l'habitude de le con- tredire, comme il se perfectionne par l'éducation et un exercice raisonné... Le chef-d'œuvre de la politique, des lois et de la religion, est de le répandre universellement dans tous les membres de la societe. » Lorsqu'une nation est tranquille au-dedans et respectée au-dehors, à la nécessité de se conserver et de se défendre, succède uue profonde sécurité, Alors, toutes les vues se tournent vers les commodités et les agréinents de la vie... Aux besoins réels et aux vrais plaisirs se joignent bientôt des besoins de convention et de fantaisie, qui n’ont d’autres bornes que celles de la vanité et dé l'opinion. °# Que les apologistes du luxe viennent nous vanter l'industrie qu’il excite; qu'ils calculent en financiers le numéraire qu'il fait entrer dans un état, dès qu’il y introduit en même temps tous les vices, dés qu’il enivre sans désaltérer , il n’est plus, aux yeux de l'homme de bien, qu’un dangereux prestige , et l'ennemi redoutable du genre humain, etc. , etc. » 2763. >. 4 Sur l'origine et les droits de la Souveraineté, Extrait d’un ouvrage posthume de M. l'abbé Guérin ; par M. Dusourray, et lu à la séance du 7 décémbre 1765. #» La souveraineté est aussi ancienne que la société. La famille à été la première société, et l'autorité paternelle la première souveraineté, Cette autorité est fondée sür là nature. Le Créateur de tous les êtres'en est l'instituteur , la conservation de l’espècé eh est le but , les besoins des enfants en déterminent lés droits et la durée. | » L'établissement de la souveraineté n’a fait qué suppléer à ce qui manquait à l'autorité paternelle qui éesse à l'instant que les enfants parvenus à leur âge de majorité, peuvent pourvoir eux-mêmes à leurs besoins ou deviennent à leur tour les chefs d’une nouvelle famille. » Ces chefs multipliés de familles isolées ne tar- dèrent pas à reconnaitre que cette division et cet isolement pouvaient devénir le principe de leur af- faiblissement et de leur destruction. Leur intérêt les porta donc à former entr'eux une confédération pour la prospérité et la défense commune ; et, comme aucune société ne peut subsister sans ün Cheft il en fallut nécessairement donner un à la société nouvelle. Les besoins et les intérêts de ces familles unies ne cessant jamais de réclamer la sollicitude et la vigi- lance de l'autorité administrative , cette autorité ou Ja souveraineté, dût être permanente. » Les caractères de la souveraineté sont la puis- sance, la sagesse , la bonté, Par la puissance elle Zn te > Cio7) protège; par la sagesse elle établit des lois équitables; 1763* par la bonté elle adoucit les adversités, soulage la misère, prépare des ressources à l’infortune. » La souveraineté a done les mêmes droits et les mêmes devoirs que la paternité. Tous les intérêts particuliers sont les fondements sur lesquels elle s’ap- puie. Plus elle les unit, plus elle devient inébran- lable, Ainsi, Pintérét bien entendu et le devoir sont inséparables. » Mais ces devoirs, dietés par l’intérét, n’en sont ni moins onéreux ni moins pénibles. De tous les ser- vices, le plus ingrat est celui du public. L'exercice de l'autorité publique exige un courage d’autant plus sublime qu’on n’y est pas soutenu, comme dans l'exercice de l'autorité paternelle, par des sentiments naturels, mais par des sentiments réfléchis, toujours tardifs et toujours froids. Le souverain ne doit sou- vent compter ni sur la reconnaissance , ni sur Îa justice de ses contemporains. Les hommages tardifs de la postérité, et le témoignage d'une conscience. pure, sont les seuls dédommagements de ses peines sur lesquels il puisse compter. ». Plus les services de la souveraineté-sontgratuits et pénibles, plus ils méritent de reconnaissance de la part des peuples. Bes obligations de ces derniers correspondent entièrement. aux trois caractères de la souveraineté, La puissance exige la soumission; la sagesse , la confiance et le respect; la bonté, la re- connaissance et l'amour. » Les abas même de l'autorité ne doivent point affaiblir ces sentiments dans les cœurs des peuples; ces abus, quels qu'ils soient, ne sont jamais en proportion avec les calamités qu'entrainent les ré-. volutions et l'anarchie, » N 5 k764, (198) Dissertation sur le passage d’ Alexandre à Jérusalem, rapporté par Joseph ; par M. De PRÉMAGNY. » Voici ce qui est rapporté par l'Historien , ÆAnti- quités Judaïques , |. 11, c. 8. Alexandre , après la grande victoire qu'il avait remportée sur Darins, vinten Syrie, prit Damas et Sidon , et assiégea Tyr. Durant qu’il était attache à cette entreprise, il écrivit à Jaddns, grand sacrilicateur des Juifs, qu’il lui demandait trois choses : du secours, un commerce libre avec son armée , et les mêmes assistances qu’il donnait à Darius, l’assurant que s'il y consentait, il n’aurait point à regretter d’avoir préféré son amitié à celle de Darius. Le grand sacrificateur répondit que lesJuifs avaient promis à Darius, avec serment, de ne porter jamais les armes contre lai, et qu'ils ne pouvaient y manquer tandis qu’il serait en vie. » Alexandre, irrite de ce refus, lui manda qu'aussi- tôt qu'il aurait pris Tyr, il marcherait contre Jui avec son armee. -» Il marcha en-eflet contre Jérusalem , et le peuple eut recours à la prière pour fléchir la colère de Dieu; et, d'après une révélation que Jaddus eut pendant la nuit, il ft répandre des fleurs daus les rues, ouvrir les portes de la ville, marcha au devant d'Alexandre, revêtu de ses habits pontif- caux, accompagné des Prétres et des Lévites , re» vétus de Jlangs habits de lin...... Alexandre n'eut pas plutôt aperçu cette multitude de sacrificateurs 4 et le Grand-Prétre, portant à sa tiare une lame d'or sur laquelle etait écrit le nom de Dieu, qu'il s’ap- procha seul, adora ce nom auguste, et salua le Graud-Prêtre. » | C:99) Nous n'exposerons pas plus longuement cette his- 1764. toire rapportée en détail par Rollin, et contre la- Hist.ancien, quelle s'inscrit M. de Prémagny. Ses motifs souit 1° le silence de Daniel sur un point si important; 2° celui de cinq auteurs profanes qui ont suivi pas à pas Alexandre dans ses expéditions, Arrien, Dio- dore , Plutarque, Quinte-Curce et Justin. Mais ces preuves négatives peuvent-elles prévaloir contre un historien généralement estimé , et qui seul avait un intérêt direct à conserver les traits historiques honorables à sa nation. On connaît d’ailleurs le mépris que les Romains avaient pour les Juifs et les cinq au- teurs cités, dont le premier écrivait sous Marc-Aurèle, le second sous César et Auguste, le troisième sous Antonin, le quatrième sous ‘l'rajan, et le cinquième sous Claude, n’eussent pas fait leur cour à ces Em- pereurs en relevant l'éclat d'une nation dérride dans leur esprit. Quant à la vision de Dauiel, ce prophète déclare Jai-même qu'il n’en écrit qu'un sommaire très-abrégé. Somnium scribens, brevi sermone comprehendit. Enfin , les livres des Machabées , tout occupés des malheurs de la Judée, n'étaient pas destinés à conserver quelques traits honorables à cette nation, et étrangers à l'histoire de ces temps désastreux. IL n'y est parlé d'Alexandre que pour dire qu'il n’exis+ tait plus, et l'histoire de son voyage à Jérusalem eût été, dans ce livre, un épisode déplacé, pour ne rien dire de plus. N 4 764. ( 200 } , Quels avantages l’homme de lettres retire=t-il, dans la vie privée, de l'amour et de l'étude des Belles- Lettres ? Par M. CHARLES. L'estimable auteur de ce Mémoire s'est peint luir mémé dans les divers paragraphes qui le compo- sent , et il suffira d’en présenter un aperçu pour en faire sentir la vérité et le mérite. « Avant que de répondre à cette ’question , qu’il me soit permis de demander si la vie privée est un état possible , ou du moins supportable, à celui qui m'aurat ni connaissances, ni envie d'en acquérir ? » Eu effet, vivre saus maître parce qu'on est sans désirs, daus un juste milieu, entre les richesses qui enflent l'ame, et la misère qui la rétrécit; dans Île cercle étroit de quelques amis, sans intrigues comme sans ambition ; sans prétentions comme sans besoins , quelle vie ! Celui qui l'envisage du milieu du tu- maulte.et du fracas l'appelle le bonheur. Le sage, qui l’apprécie d'après L'expérience qu’il en a faite, Ja nommeïra sey ement le chemin qui y conduit. Il faut nécessairement tout cela pour être heureux, et qui cependant n'aurait rien de plus ne le serait pas encore. » L'ame , ainsi que le corps, a ses besoins, et le plus pressant pour elle est d'être occupée. Si une application excessive l'épuise, une inaction habi+ tuelle laccable, et la plus ferme contre les atteintes de la doulenr, où contre linjustice du sort, est faible contre l'ennui qui nait de l’oisiveté. Sage pré+ voyance de l’auteur de notre étre, qui, pour noueg rendre le travail supportable , nous ea a fait un besoin ! w, ul ( 201 ) » C'est ce que n'ont point assez compris ceux qui 1764, Ont traité des douceurs de la vie privée ; tous se sont imaginés que pour être heureux il ne fallait que vouloir l’être. Pourquoi donc ces plaintes amères que nous entendons si souvent sortir du sein de la retraite ? Pourquoi, au plus faible espoir d’une meilleure fortune , ou même d’une fortune diffé- rente , ces passages rapides de l'indépendance à la contrainte , de la solitude au tumulte , de la sagesse qu’on estime à la folie qu'on condamne ?..... C’est que le repos parfait de l'esprit, l'entière apathie du cœur ne sont au fond qu’une belle chimère ; c'est qu'il faut à l'ame de l'action , et que cependant elle n'agit jamais moins que quand on lui laisse tout à faire; c'est qu’elle se repliera vers ces mêmes objets dont elle a connu le vuide, plutôt que de manquer de sujet sur lequel elle puisse s'exercer ; c'est que nos passions doivent entrer pour quelque chose dans la composition de notre bonheur, et que la sagesse consiste moins à les étouffer qu’à les tourner vers un objet que la raison avoue... Scipion! Condé ! quel honneur ne fites-vous pas aux Muses de les admettre dans votre solitude, et de les as- socier à la gloire de vos noms!..... Mais qu’elles payérent utilement ce service ! Sans leur secours , qu'auraient fait vos grandes ames, et que je crains que vos cœurs, si fermes contre la mort, ne se fussent montrés faibles contre l'ingratitude et l'inaction. » Ou je me trompe, ou, d'après ces principes, le problème est décidé ; et, puisqu'on me demande quels avantages l'homme de lettres retire de son amour pour elles dans le cours de la vie privée, je réponds, en un mot, qu'il en retire l’avautage inestimable d'aimer sa retraite, et d'y vivre sans ( 202 ) 1764, ennui; et, sil m'est permis d'user d'une expression familière , je regarde les Lettres comme le superfl de l'homme public, et le nécessaire de l’homme. privé. » O!vous, donc, que la scène du monde n’a pas encore éblouis ! Vous, qui cherchez à rompre ses. chaines brillantes !.... Voulez-vous être vraiment libres ? Aimez les Muses , cultivez-les, leur com- merce détache de celui des hommes frivoles, et verse dans l'ame un sentiment délicieux, qui fait perdre jusqu’au goût des autres plaisirs. Suit le détail des agréments que procurent les Lettres. Je. passe rapidement sur ce premier avantage...... » L'homme contracte en naissant, une alliance. étroite avec l’état dont il est membre; et l'amour de notre bien-être ne doit être qu’en second dans nos vues et dans nos projets. Nous devons beaucoup à Ja patrie, quelque chose à la société , le reste est pour nous. Sacrifier son repos à celui de l’état, c'est grandeur , c'est héroisme ; subordonner son intérêt à l'intérêt commun, c’est remplir un devoir, c’est payer une dette; mais détourner à son seul avantage des soins que la patrie revendique, et sur lesquels Ja société a des droits , j'ose le dire , c’est un vol , contre lequel je voudrais armer' toute la sévérité des lois. » Mais, qu'ai-je dit, n'est-ce pas proscrire Îles talents même qui ne croissent jamais qu’à l'ombre du loisir ? Non, Messieurs , ils seront bannis de notre république ces hommes superbes, ces faux sages qui ne vivent à l'écart que pour se livrer à une stérile contemplation; mais l'homme de lettres qui enrichit la société du fruit de ses veilles, de celui méme de ses loisirs; le cultivateur , dont il guide Vinstinct; les artistes , dont il réveille le génie ; ( 203) l'homme public, dont il éclaire la politique, etc., 1764 lui assureront à leurs côtés une place distinguée ; parce que ses réflexions ont plus formé de citoyens que les lois mêmes, et que sa vie est l'image et l'expression de la loi, | » Il vient un temps où lon concoit, pouf les dignités ét pour les affaires, la double haine d’homme trompé et d'homme qui ne veut plus l'être. Préparons-hous à jouer de bonne heure le rôle difficile d'homme sans emploi... Travaillons à nous rendre utiles à l'état dans le témps où tant d’autres ne sont pout Jui qu'un inutile fardeau ; c’est encore travailler pour notre bonheur, troisième avantage, que les Lettres procurent à l'homme privé. » | | C'est par les preuves saillantes de cette dernière vérité que M. Charles termine son Mémoire, qu'il faudrait copier en entier, si on voulait présenter tout ce qu’il contient d’agréable et d’utile, Observations sur l’orchographe ; par M. Miny. Ce sont des remarques critiques sur les avantages ou les inconvénients d’écrire comme l’on parle , ou de parler comme l'on écrit. On ne peut disconvenir que notre langüe n’offre, à cet égard, beaucoup de bisarreries. Et quelle langue, vivante ou morte, Wen présente pas ou n’en a pas présenté ? La conclusion est qu'il faut , et souvent malgré soi, suivre l'usage, Quem penes arbitrium est et jus et norma loquendi, Hoxar, De Art, Poet. 78. 1764. Tull, de Legis, 1765. (204) De l’empire des Lois ; par M. CHARLES. . Les lois, suivant la définition du Prince des. orateurs, sont les décrets absolus d'une raison droite qui prescrit le bien et proscrit le mal. Lex est recta et à numine deorum tracta ratio, imperans honesta prohibens contraria. Ainsi, la raison est l'essence de Ja loi, et sans le concours de la raison , il n’est aucune loi véritable. Pour prouver cette double assertion , M. Charles nous offre le tableau hideux d’un peuple sans lois , ou abandonné aux horreurs de l'anarchie , mettant par-tout Ja violence à la place de la justice , la force à la place de Ja raison, se dépouillant, se déchirant les uns les autres. A cette peinture affreuse, l'auteur fait succéder celle d’un état régi par.des lois équitables, appelant à leur suite, la paix, l'abon- dance , la félicité. Règne heureux, règne admirable et digne des plus ardents désirs, règne fortuné, dont le plus chéri des Monarques ( son cœur m'en est garant), ne demande et n’aspire qu’à nous faire jouir ; puisse le Ciel, aux dépens de nos jours même, prolonger ses années ; et, secondant ses désirs, couronner les vœux que nous formons ! Sur la nécessité du patriotisme pour la prospérité des Etats; par M. CHARLES. » Le patriotisme est fondé sur l'amour de l’ordre et celui de l'humanité. Il est un effet de cette alliance salutaire que la nature établit entre les hommes. Il ( 205 ) se fotifie par l'étude et les connaissances qu’elles 1765+ procurent. Il se lie étroitement avec la religion , école féconde où les citoyens apprennent à respecter l'hu- manité , à aimer et à servir leur patrie......: » Le patriotisme est le moyen le plus sûr que la politique puisse employer pour la prospérité d’un état ; c’est un ressort puissant qui donne le mouve- ment à toutes les parties du corps qu’il anime...... » Le patriotisme, dans l’ordre politique , trace des devoirs à remplir à ceux qui sont revétus du pouvoir souverain comme aux citoyens qui vivent sous leur empire. Les lois sont les liens de la société, et le livre sans cesse ouvert où le gouvernement doit puiser les principes de son administration, et le peuple le motif de son obéissance...... » Le gouvernement monarchique , le meilleur de tous, parce que c’est celui qui est le plus propre à exciter l'amour de la patrie, offre l’image d’un gouvernement paternel , où l’autorité est une sauve- garde contre l'injustice , et l'obeissance le prix de la protection...... Dans un tel gouvernement, pour exciter le patriotisme, il ne s’agit que dé res- serrer les liens qui unissent le père à ses enfants. L'obéissance et le respect des peuples sont toujours la conséquence de la bonté et de la protection du SOUVErAÏIN...... » La politique bien entendue ne consiste ni dans là dissimulation et la ruse, ni dans l'abus d'un grand pouvoir; elle consiste à travailler sans cesse à rendre un état heureux au-dedans et tranquille au-dehors ; à lui conserver l'amitié de ses voisins , en leur don- nant l'exemple de la sagesse et de l'équité. » Quand un état est fondé sur des bases aussi res- pectables, osera-t-on fixer des limites à l'amour et | au patriotisme des peuples? Confondant leur intérêt | | | | | | | 2265% 1966. € 306 ) avec l'intérêt général , attachés par la reconnaissance à un gouvernement protecteur, ils sentent qu'ils ont une patrie et se dévouent sans réserve à sa cou+ servation et à sa gloire. » De l'amitié entre les Gens de Lettres ; par M. l'abbé Des HoussAYEs, Ce discours , intéressant par le sujet et par la ma- nière dont ce sujet est traité, est partagé en deux parties. Dans la première, l’orateur établit que l'amitié trouve moins d'obstacles parmi les gens de lettres 3 dans la seconde, il montre que l'amitié y trouve plus de ressources. Ne pouvant suivre pas à pas M. l'abbé des Houssayes dans l'exposition et le déve- loppement de ses preuves , nous présenterons ici quelques morceaux qui donneront une idée de la morale et du style de l’auteur. «Qu'est-ce que l'amitié? C'est le lien, le besoin , l'aliment des cœurs sensi- bles et vertueux ; c'est l'ouvrage précieux de la vertu, de la raison, de la sympathie; c’est un feu tranquille qui échaufle sans consumer ; c’est une flamme dont la durée est d'autant plus constante que ses commencements et ses progrès ont été plus lents ; c’est un sentiment où les sens n’ont point de part ; vif sans pétulance, actif avec mesure, pru< dent sans lenteur , son extérieur est celui de la décence; elle se présente toujours avec diguité ; elle rend les cœurs égaux et les confond sans se dispenser jamais des égards qu’exigent l'éducation, la différence des états et sur-tont celle des sexes... » Qu'est-ce qu’un homme de lettres? Car ce ne sont pas seulement l'esprit et les connaissances qui donnent droit à çe titre, ce sont encore les vertus E T UD E S "HIS" TRO RH'ONUES: ———— CD} D D— Astronomique ou théorique. MATHÉMATIQUE. s..ssemrveruére NE 5 Géométrique ou pratique: Sa nature. LA GÉOGRAPHIE. PHysiQuequi fait connaitre le Globe Ses productions. relativement à ......... Aux Êtres qui l’habitent. Pays considérés comme habitations d'Hommes. { Réuriis, Dispersés PoryTiQue. Elle traite des... bobo oo Ablcpnoobet dipl | ARE Peuples considérés relativement .{ Au Gouvernement. Au Commerce, Considère la division des temps... Naturels : les jours , les ans, &c. ÉTUDES HISTORIQUES Techniques: /esheures ,les semaines, &c. COMPRENANT: LA CHRONOLOGIE. Fixe ses PrInCIpeSs 0... 000 observations astronomiques, &c. Par divers systèmes. | Sur des témoignages authentiques , des Des Hommes ayant rapport à tout € Temps, qui peut-étre......., COPINE Générale} ayantrapporta eee. quelques Peuples, Universelle , ayant rapport à tous les... Temps. Peuples. e ns Temps. Particulière, ayant rapport à un seul... 1 P Peuple. Naturelle qui n’est pas de notre objet. Des choses, ou l'Histoire... ,.,.,.. P£RiICLEs. L'HISTOIRE....... En général , lessiécles célèbresde...{ AuGusre, B'ours XIVe Des connaissances humaines.....,..,.. La Peinture, En particulier , la naissance et les L’Architecture. progrès de chacune ; telle est l'His- L La Navigation. ! toire des... ses sssesersennsensenes &e. Précis analytique, tom. If, 1761 à 1770, pag. 207. Re NOT COTES | | (ISTOR DD ED D— | | | : | | Astronomique | Géométrique où | Sa nature. Naturels : Les jou ÉTUDES HISTORIQUES Terhninuec-lre Particulière, aya Naturelle qui n’es Des connaissance Précis analytique , tom. Il] (207) ‘du cœur, L'homme de lettres, suivant la définition 1766. d’un auteur moderne, est celui dont le principal emploi est de cultiver son esprit par l’étude, afin de se rendre meilleur et plus utile à la société... » L'état d’un vrai savant est une espèce de sacer- doce, dont les fonctions sont d'éclairer les hommes et de les guider dans le chemin de la vertu. » Toutes les passions qui s'opposent à l'empire de l'amitié , l’ambition , l’orgueil , la jalousie ne trouvent point leur place parmi les vrais savants ; ils n'ont que des vues et des affections honnêtes , parmi lesquelles l'amitié vient naturellement se placer....... » Oui, Messieurs , l'amitié n'a que des plaisirs à offrir, et les peines qu’elle partage ne sont pas ses moindres douceurs... Eh ! quel sera l'homme capable des sacrifices qu’elle impose quelquefois, si ce n’est le savant modeste, dont l'ambition , le bat et l'intérét ne tendent qu'à éclairer les hommes et à les rendre heureux ! Celui qui, OcCupé par état et par goût, ne donnera aux passions aucune prise Sur son «me; celui enfin à qui le désœuvrement et l'ennui ne créeront pas chaque jour ces besoins factices qui épuisent toutes les facultés, et laissent sans ressources pour toute action généreuse. » Discours servant de développement à un tableau ana- lytique de la Géographie, la Chronologie et l'His= toire ; par M. MENTELLE, Nous nous contenterons de donner le titre de ce Discours, dont on connaîtra facilement l’objet en jetant les yeux sur le tableaa ci-contre , copié sur celui de M. Meutelle, quoiqu’abrégé dans quelques détails. h766. ( 208 ) Sur l'heure des repas en France, avant et depuis le XV" siècle; par M. Dreux-DURADIER. « Nous nous plaignons depuis long-temps de l'af- faiblissement des tempéraments. Nos pères, disons- nous, se portaient mieux que nous; leur santé plus robuste résistait plus aux travaüx ; leur jeunesse était plus vigoureuse , l’âge mûr sujet à moins d’incom- modités, et leur vieillesse moins caduque, moins précipitée. Si cette plainte est fondée, faut-il en chercher la cause ailleurs que dans le dérangement absolu des temps du sommeil et des repas...... » En consultant les instituts des ordres religieux les plus raisonnables, nous voyons que l'usage de ces temps déjà reculés était de se lever à cinq heures du matin , de diner à neuf, de souper à cinq, de se coucher à neuf, » Antérieurement au XIV* siècle , Christine de Pisan nous apprend , dans l'Histoire de Charles V , surnommé le Säge, que ce Prince, qui déjà s'était écarté de l’asage de ses pères, dinait à dix heures et soupait à sept, et que toute la cour était couchée à neuf. On sonnait le couvre-feu à six heures en hiver, et entre huit et neuf en été. L » L'histoire du chevalier Bayard s'exprime en cès | termes : Le bou Roi Louis XII, à cause de sa femme, Marie d’ Angleterré , avait changé du tout sa manière de vivre, car où il soulait diner à huit heures, il convenait qu’il dinàt à midi; et où il soulait se cou- cher à six heures du soir, souvent se couchait à minuit. n L'usage de diner à neuf heures dura sous François C209 ) François 1°". Les personnes bien réglées dinaient ,,66, au plutard à dix heures. » Remi Belleau , célèbre sous Henri II, dit: l'un et l’autre repas, le diner et le souper , se trouvaient dressés à neuf heures du matin, et à cinq heures du soir, sans jamais y manquer. » Dans une lettre écrite par Catherine de Médicis à Charles IX, son fils, cette Princesse l'engage à suivre les exemples de son père et de son aïeul, et à ne pas passer onze heures sans diner. » Sous Henri IV, le diner de S. M. était réglé à onze heures. » Cet usage se continua sous Louis XIIT, et ce ne fut que sous Louis XIV que l’on alla jusqu’à midi. » Depuis ce temps, le désordre est devenu absolu; et il est telle maison où le diner finit au temps où le souper commençait autrefois. » Ici finit le Mémoire de M. Dreux-Duradier; mais qu’eütil dit s’il eût vu l'usage ou plutôt l'abus in- troduit de nos jours, de ne diner qu'à cinq, six et même sept heures du soir ; et s’il eût été admis aux brillants soupers de nos élégantes qui, commen- çant leurs réunions à une owù deux heures après minuit, soupent à deux ou trois heures, et vont ensuite achever la soirée où elles peuvent, pour se coucher à six ou sept heures du matin! Discours sur l'étude de l’Antiquité; par M. Lemoine. 3 n =] ° « Jene veux point, enthousiaste nouveau , élever 1 cette science au-dessus de toutes les connaissances humaines. Trop exaltée par les uns, trop déprimée par les autres , l'équité veut que l’on prenne un juste milieu entre ces extrémités, et c'est ce que je vais Tome III, 1761 à 1970. (8) ( 210 ) 1767. m'efforcer de faire en traitant ces deux importantes questions : » Quels sont les avantages qui résultent de l’étude . » de l'antiquité ? » Quels sont les obstacles que cette étude présente? $. Ier. » L'étude de l’antiquité est la base des sciences , des beaux arts, de l’histoire des mœurs , des lois, de la religion, des intérêts publics et particuliers. » L’irruption des peuples descendus du Nord sous les faibles successeurs de Charlemagne , étouffa bientôt les semences du bon goût que ce Prince avait répandues dans ses Etats. Le sein de la terre s’ouvrit et devint le dépositaire des riches dépouilles de antiquité. La littérature fat ensevelie dans une nuit profonde, et huit siècles se passèrent dans l'ignorance de tout ce qui regardait la belle antiquité, Enfin, les sciences , exilées de la Grèce et reçues en Italie par les Médicis, se répandirent peu-à-peu dans le reste de l'Europe. On découvrit dans les ruines d'Athènes et de Rome d’immenses trésors, et toutes les sciences prirent alors une face nouvelle, » L'étude des langues savantes fut le premier pas que l’on fit vers la lumière... Les immortels écrits de Démosthènes, de Quintilien, de Cicéron, furent les grands modè'es que les orateurs modernes purent se proposer, et ils substituèrent enfin, à de vaines déclamations , une mâle et nerveuse éloquence. Euclide , tiré de l'oubli, fit revivre la géométrie; l'étude des lois romaines régla notre jurisprudence informe , et les orateurs du barreau apprirent à parler un langage pur et conforme à la dignité de leur ministère. » Lu médecine ne ft pas des progrès moins impor- (211) tants. Les principes féconds , répandus dans lés ou- 1:67, vrages d’Hippocrate, frayèrent la route aux obser- vateurs. On s’accoutuma à lire dans le livre de la nature, et cet art, barbare jusqu'alors, eut , comme toutes les autres sciences, ses principes et ses lois. » Les beaux arts n’eurent pas de moindres obli- gations à l'étude de l'antiquité, La poésie, la musique» la peinture, l’architecture, l'histoire nous offrirent , chez les écrivains de la Grèce et de lltalie, les prin- cipes de ces arts séduisants, ét leurs monuments nous en présentérent des modèles. » Que ne gagnèrent pas à l'étude de l'histoire, la discipline de l’église et la démonstration des vérités évangéliques. Des traductions des livres saints faites sur des originaux authentiques , des éditions cor- rectes des SS, Pères et des Conciles fournirent à la tradition des preuves irréfragables , et fermèrent la bouche à l'ignorance et à l'irréligion. Tous les droits, depuis ceux du souverain jusqu'à ceux des derniérs sujets, furent démontrés, furent consacrés. Le goût se forma, la langue s’épura. Corneille, Racine, La Fontaine, Bossuet , Fénélon , d'Aguesseau parurent et disputèrent à leurs instituteurs le prix de la poésie et de l’éloquence. ‘ » Nous succédons immédiatement à ces jours de lumière ; pourquoi donc un si petit nombre d’anti- quaires parmi nous, et quels obstacles s'opposent à une étude si féconde en heureux résultats ? » Au nombre des obstacles qui retardent l'étude de l'antiquité , je compterai la difliculté ec la néces- sité de connaitre à fond les langues mortes , la né: cessité d'avoir à sa disposition de vastes dépôts de livres et de manuscrits, l'ingratitude même d’'an wavail pénible , et dont le suceës est le plas souvent incertain. 0 2 1767 (212) » Veut-on pénétrer le cahos de l'histoire des Grecs dans les temps fabuleux ? Quel travail ! quel courage! si l'histoire romaine est un peu moins remplie d’in- certitude , elle n’exige pas moins de sagacité de la part de celui qui se livre à ce travail aride. Otez-un petit nombre d’historiens et d’annalistes, il ne reste que des écrivains suspects par leur partialité, L’ora- teur flatte son héros, le poëte sacrifie la vérité aux agréments et aux charmes de ses tableanx , le zoiïle verse le fiel et rembrunit toutes ses peintures. » De l'Italie descend-on dans les Gaules? les nuages s'épaississent ; à peine les peuples originaires de l’an- cienne Germanie nous sont-ils connus. » Le X* siècle nous offre un nouveau secours , les manuscrits. Mais de combien d'épines n'est-il pas entouré? Au langage pur et harmonieux de l’ancienne Rome succède un latin dur et barbare ; à chaque mot il faut un glossaire pour en expliquer le sens. » La langue francaise, dans son aurore, est encore plus énigmatique. Le mélange bisare des idiômes celtique , romain , tudesque, sons des terminaisons inusitées de nos jours, rend très-difficile l'intelli- gence des manuscrits et des chartes. » De nos jours, toutes les sciences, tous les arts sont cultivés , tous les genres sont suivis , l'antiquité seule reste sans accueil; d’où vient cette différence ? Le goût du siècle, l'empire de la mode, la compa- raison continuelle que lon fait entre les mœurs de l'homme du jour et celles du savant. » Ce parallèle, tout injuste qu’il est, ne laisse pas de prévaloir sur la raison, sur linclination même ; on ignore ou on feint d'ignorer que l’empire de la fri- volité est peu duralfle; qu’il est beaucoup de sa- vants aimables qui savent allier à la délicatesse du goût les profondeurs du savoir , etc., etc. (M9 } » C'est ainsi que l’'amusement et le plaisir décident 1767: du penchant; les défauts de quelques antiquaires dégoûtent , les difficultés du hasard effraient, les objets de pur agrément font illusion , l’inclination fixe le choix, et l’on se détermine pour la frivolité.» Mémoire sur l'Education ; par M. DE SainT-PAUL. Un Mémoire de M. de Saint-Paul contient des vues utiles sur l'éducation. L'auteur insiste beaucoup sur la nécessité de composer des livres élémentaires ; simples, laconiques et clairs, que les instituteurs expliqueraient au besoin , et l'attention qu’ils doi- vent avoir de définir tous les termes propres à la science qu’ils enseignent. L'élève, ainsi, saurait tou- jours ce qu’il dit, et ne serait pas obligé de charger sa mémoire d'expressions vides de sens pour lui, et conséquemment inintelligibles. a — Combien il est utile dans tous les états de culriver les Lettres ; par M, DE MAQUER VILLE. Quid verum, atque decens, curo, et rogo, et omnis in hoc sum : Condo , et compono quæ mox depromere possim. Honar, Epist. 1 , 17. « Divers états partagent notre vie, et tous doivent concourir au bien général de la société, en suivant les intérêts particuliers de ceux qui les exercent. » Mais, outre les rapports nécessaires de toutes ces parties entr’elles, n'est-il pas , relativement à ceux qui ont reçu une éducation libérale , un point O0 3 1768) (214 ) 1768. de réunion qui les attache entr'eux par des liens plus aimables ? Oui, Messieurs , l'amour des lettres me parait avoir cet avantage et rapprocher, par une heyreuse sympathie ,; tous les ordres et tous les talents. » C'est aux lettres, si propres par elle-mémes à adoucir les mœurs, qu’on est redevable de cette alliance intime d'hommes utiles, et de cette douce satisfaction qui suit toujours le bon emploi du temps; car il ne faut pas se dissimuler le danger de ceux dont les jours ne sont pas pleins. C'est pour s’en préserver que dans tous les temps les hommes les plus sages ont consacré à la culture des lettres et des beaux arts, les moments de loisirs que leur laissaient des occupations plus importantes....... Cette loi, dont le commun des hommes concevra aisément l'avantage, est spécialement faite pour ceux que, distinguent Te conditions plus élevées et des sentiments plus délicats. Dans quelque état que l'on soit placé , on a toujours besoin de perfectionner ses connaissances et de travailler à devenir meilleurs ; c’est le privilége de l'étude dirigée d'après des prin- cipes honnétes; car il n'est que trop commun de voir couler de la même source le poison subtil que la licence distribue sous le titre de productions in- génieuses, et qui, en dépit des apologistes, portent la dépravatiôon dans le cœur, et la confusion dans les idées les plus saines et les plus justes....... » Que de reconnaissance ne devons-nous pas aux restaurateurs des belles-lattres; et aux Princes dis- tingués qui les font fleurir ! Quel admirable’ moyen que celui qui porte la paix et la vertu dans Le cœur à la faveur des lumières et des agréments de l'esprit, et qui, étranger à toute éspèce de contrainte, sait gouverner les hommes par le charme de la persuasion! nee a: La 24 2 AE SEE a (215) Estampe allégorique de l’Echiquier de Normandie, rendu sédentaire; par M. Tousrain De RICHEBOURG. En 1766, l'Académie avait proposé pour sujet du prix à décerner dans sa prochaine séance publi- que, l'origine , la forme, les changements, etc. , de l'échiquier de Normandie. M, Toustain de Richebourg mérita la couronne. L'estampe dont il est ici question est une suite de ce Mémoire couronné, et l'auteur annonce qu’il en a fait hommage à M. le Maréchal duc d'Harcourt: « Celle que j'ai l'honneur d'offrir f l'Académie , c’est M. de T'oustain qui parle , représente le pavillon royal de France et de Bretagne, par allusion au ma- riage de Louis XII avec Anne de Bretagne, dans la même année que ce Prince rendit l’échiquier séden- taire et perpétuel à Rouen. » Ce cartouche est supporté par deux Yissi Dominici. » En tête on voit les armes de France. Aux deux côtés deux banderoles offrent la légende qui suit : » UNUM NIHIL DUOS PLURIMUM POSSE. » Suivent les armoiries sur sept plans ou lignes. Ier plan, lesarmoiries de M,le Cardinal d'Amboise , 1°" Ministre, Archevéque et Gouverneur de Rouen ; celles de la Province et de la capitale ; celles enfin de MM. Carmonne et de Ca- lenge , Présidents, O 4 1768. (€ 216 } 768. 2eplan, les armoiries de MM. Destain , La Fontaine , 169. Dubarc, Toustain, Char- les, Conseillers. 3° plan. soso... Le Roux, DeCroixmare, La Perreuse | Heuzel , Maignard , idem. 4° plan..............,.....Le Lieur, Postel, Bien- venu, Bois-l'Evêque , id. A 0 ETTRAC FERRER .-Esquetot , Quiévremont , Le Viconte, Jubert , id. 6° plan, ..................LeLieur, avocat-général, Aubert , idem , Raulin, idem. 7° Rae nine OREl je procureur - gé- néral , Villy , idem. #» Au bas sont les armoiries de M. le duc d'Harcourt.» L'auteur annonce qu il se propose de faire graver des estampes relatives à d’autres époques de l’échi- quier de Normand'e. Je n’ai pas dans le moment de preuves que ce projet ait été exécuté, Dissertation sur les Almanachs ; par M. l'abbé Jacquix. L'auteur de certe bluette s'élève plaisamment contre Jes misantropes qui crient incessamment parmi nous, que tout dégénère , que le bon goût disparait chaque jour. Il tire la preuve de la tendance que nous avons vers la perfection, du nombre , de la variété, de l'importance de nos almanachs ; mais substituant bientôt la raison au badinage , il présente les alma- nachs comme l'un des moyens qui ont le plus servi à accréditer , parmi le peuple, les rêveries de l'astro- Jogie judiciaire, délire qui s'était accru au point d’é- (217) veiller la sollicitude du Gouvernement. Tels sont les 1769- motifs des lois qui, sous Charles IX , Henri III, Louis XIII et Louis XIV assujétirent les almanachs à une censure rigoureuse. BEAUX-ARTS. Sur Les Monuments que la Loraine doit au Roi Stanislas ; par M. D'ORNAY. « Ce Prince, parfaitement instruit des vrais prin- 1763. cipes de l'architecture, et doué d'un goût exquis, a réuni dans ses monuments, la solidité, la magni- ficence et l’atilité. » La décoration intérieure est toujours en harmonie avec celle du dehors : tantôt riche et brillante, tantôt agréable et riante , tantôt simple et même rustique ; par-tout on retrouve entre les diverses parties cet accord , cette unité qui excitent à-la-fois la surprise et l'admiration, » À l'égard des maisons de plaisance de ce Prince, il est aisé de voir que c'est le même génie qui a présidé à leur emplacement, à leur distribution , à leur dé- coration. » Les eaux en font le principal ornement, et l’art a fait prendre à ce fluide toutes les formes qu'il est possible d'imaginer. » Dans les dehors, elles forment des colonnes , des soleils, des vases , etc.; dans l'intérieur , les portes, les fenêtres se forment en un instant par l'élément liquide avec toute la transparence et l’illu- sion que des glaces pourraient produire. » Que ne dirai-je pas des formes agréables qu'on ( 218 ) 363. Jeur a fait prendre au milieu de salons enchantés, et jusque sur les tables destinées au grand couvert? C'est l'usage le plus ingénieux que l'on ait encore vu faire de cet élément. » Les mounuments de la piété et de la charité de ce Prince bienfaisant sont nombreux, Sa bonté paternelle s'étend à tout, et on imaginerait difficilement à quel point il a porté l'attention et la prévoyance. » C’est au moyen du bel ordre qui règne dans ses finances et de la sage administration qui multi- plie les trésors des princes, que le Roi Stanislas s’est trouvé en état d'élever de si nombreux édifices, qui le rendront à jamais cher à l'Etat qu’il décore et qu’il enrichit , aux sciences et aux arts qu'il pro- tège et à l'humanité dont il est le bienfaiteur. » Concours. F a-t-il entre les trois règnes animal , végétal et mi- néral des limites sensibles et distinctes , ou ces trois règnes se. lient-ils par une chaine continue qui en Jasse une unité réelle ? Le Mémoire dont l'extrait suit, et qui a mérité la couronne en 1769, est de M. RoBiner. » D'après le plan adopté pour la rédaction de cet ouvrage , on ne peut présenter ici qu'un aperçu du Mémoire en question; mais nous tâcherons qu’il fasse connaître complettement et le système de l'auteur et sa mamière d'écrire. Ce sera lui, en conséquence, (219) que nous laisserons parler. Nous lui laissons pareille- 1768. ment ses opinions, que l’Académie n'entend ni ga- rantir, ni contredire. » Quelque diversité qu'il y ait dans les systèmes et les opinions des Naturalistes , il n’en est aucun qui ne convienne qu’il y a dans l'échelle des êtres une loi de continuité uniformément observée. De ce prin- cipe, dont tant d'observations attestent l'évidence , il paraît indispensable de conclure que cette im- mense chaine forme essentiellement un ensemble gradué , un tout composé de parties si étroitement uuies, qu'elles ne laissent entr’elles ni interstices, ni lacunes , ni lignes de séparation; en sorte qu'il ne peut y avoir, dans l'Univers entier, que des indi- vidus , et point de classes, ni de genres, ni d'espèces ni de règnes. Cette proposition, une fois démontrée, on eût certainement apereu l'analogie que la nature a mise entre les individus qui sont tous d’un méme ordre , appartenants au même règne; je veux dire, qui se ressemblent tous par des caractères et des qualités indestructibles , dont chacun d'eux jouit proportionnellement à sa manière d’exister. » Par quelle bisarerie inconcevable ces vérités sont-elles presqu’unanimement rejetées par les Na- turalistes les plus instruits et les plus célèbres de nos jours ? Tel fut, dans tous les temps, l'empire tyran- nique du préjugé, qu'il contraint même ceux qui, convaincus de son absurdité, le condamnent en se- cret à respecter en apparence son autorité despo- tique....... » Toutefois, plusieurs d'entreux n'ont pas craint d'ébranler, de renverser même quelques-unes des Hmites que l'erreur ou le préjugé opposaient aux recherches de leur génie observateur. Mais soit ti- midité ou toute autre motif aussi peu philosophi- ( 220 ) 1768. que , ils se sont bientôt replongés dans la puit des anciennes erreurs; car la supposition de deux règnes n’est pas moins opposée à la loi de continuité et du plan de la nature , que la division de son em- pire en trois, ou en autant de règnes qu’il y a d’in- dividus...... A-t-l té plus heureux, le savant con- templateur de la nature, dans la division qu'il a faite de ses productions? Quelle continuité peut-il y avoir d’un être organisé , animé , raisonnable et celui qui me possède pas ces qualités; existe-t-il des milieux entre le positif et le négaiif ? Mais si la loi de conti- nuité qu'il avait admise avec de si justes motifs existe véritablement , il est nécessaire que, comme êtres physiques , les hommes tiennent aux animaux liés avec les plantes, comme à leur tour celles ci le sont aux fossiles... Il résulte encore de cette loi de continuité , que tous les êtres naturels ne sont que les anneaux d’une seule et même chaine, le long de laquelle l'inépuisable nature nuance toutes les propriétés du plus parfait des êtres jusqu’au plus plus imparfait , et que tous possèdent la portion de vie qui convient à chacun d’eux , suivant la place qu’ilsoccupe dans cette chaîne universelle... La différence la plus sensible entre les animaux et les végétaux ( dit le créateur des molécules organiques , ) se tire de la forme. Cependant l'animalité des z00- phytes est constatée, quoiqu'il ressemblent beau- coup plus à des plantes qu'à des animaux... Lors de la première découverte des petits polypes ma- rins, ne les prit-on pas pour des fleurs ? Le polype à bouquet :épanoui représente si bien un bouquet de fleurs jaunes, brillantes et étoilées , que cette ressemblance les fit ranger dans la classe des végé- aux, Croirait-on trouver un caractère distinctif entre ( 221 } l'animal et le végétal dans le mode de nutrition ? 176$. Mais l’homme lui-même ne commence-t-il pas à se nourrir à la manière des plantes? Les vaisseaux om- bilicaux sont les racines du fœtus, an moyen des- quelles il tire de la substance du placenta la nour- riture qui lui convient, tandis qu'il reste renfermé dans les entrailles de sa mère. Peut-être y pompe-t-il encore , par les pores de sa peau, les parties les plus subtiles de la liqueur où il nage. Les feuilles et les racines du végétal ont-elles un autre usage ?..….. » S'iln’y a pas de plantes ambulantes connues, on voit des animaux immobiles profondément enracinés. L'huiître , fixée sur le rivage où le flot l'apporta, ouvre et ferme son écaille comme üne fleur ouvre et ferme son calice. Il semble qu’un même instinct les régisse toutes deux. Les gallinsectes n'ont d'autre mouve- ment, d’autre action que celle de sucer la feuille à laquelle elles sont attachées. Il y a enfin des végétaux, comme la sensitive , qui ont un mouvement plus marqué que certains animaux, Les plantes n’allongent- elles pas leurs racines pour chercher l’aiiment qui leur convient, waflectent-elles pas une préférence marquée, pour un sol plutôt que pour un autre? N'’inclinent-elles pas leurs tiges, ne cowrbent-elles pas leurs rameaux pour chercher la lumière et Pin- fluence de l’astre du jour ?....… » On est donc fondé a regarder la faculté locomobile comme un secours accidentel accordé aux différents êtres pour satisfaire leurs besoins, et sur-tout le besoin de se nourrir et de se reproduire plutôt que comme un caractère distinctif et une ligne de sépa- ration entre le végétal et l'animal. » Il reste encore une ressource aux faiseurs de divisions ; le sentiment est, suivant le préjugé vul- gaire, une ligne de séparation bien marquée entre ( 222 ) 1768. l'animal et la plante, Il est vrai que si l'on fait entrer dans la notion du sentiment la comparaison dés per- ceptions , la réflexion , le jugement , etc., il wy aura qu’un certain nombre d'individus doués de cette faculté; mais si sentir n’est autre chose que recevoir une impression , un choc, ét réagir én consé- quence , la sensitive , le tournesol , l'acacia , étc., ne nous offrent-ils pas tous les phénomènes de la sen- sibilité?..... Il n’y a point de limites certaines entré le règne animal et végétal; voyons si le règne végétal ne survit pas au minéral de la même manière. Existe-t-il, dans l'Univers, une matière informe, inactive , inorganique , incapable de croître, de sé développer , de se reproduire ? » L'uni et la variété constituent le beau physique! on ne risque rien à resserrer l'unité de plan, l'unité de principes, et à étendre la variété des combinai- sons... La nature, qui ne fait rien en vain, s’en tient à l'homogénéité tant qu’elle lui suffit, et n’a recours à une nouvelle substance que lorsqu'elle a tiré tout le parti possible de celle sur laquelle elle opère , et si elle peut tout opérer ayec une seule, une seconde n’est pas possible. Or, on ne saurait douter que tout ne s'opère, né' s'arrange , nés’explique infiniment mieux avec de la matière organique qu'avec de la matière brute ; cette dernière est une impossibilité, par cela seul qu’elle est inutile , et le principe d'unité nous force à en nier l'existence... ... » Tout étant lié dans la marche de la nature, com- ment aurait-elle pu passer de la matière organisée à celle qui ne l'est pas? Existe-t-il un passage du positif au négatif? L'Univers alors ne serait plus un tout, les agrégations les plus symmétriques et les plus constantes ne seraient plus que les jeux du ha- sard. Al! ]a raison se refuse à de pareilles concep- Cine ur” | "| (225) tions; car la configuration des minéraux est aussi 1968. constante que celle des végétaux. Qui sera donc le principe de l'arrangement des molécules qui les cons- tituent , l’attraction , affinité ? Mais ce serait oublier que ces corps n’ont ni activité , ni affections, ni énergie. Qu'est-ce que l’organisation des végétaux et des animaux ? Un tissu de fibres de divers calibres, di- versement contournées et liées entr’elles par d’autres fibres qui les unissent. Or, il ne faut que des yeux et de la bonne foi pour reconnaiire une pareille composition dans la plupart des fossiles. Cassez-une pyrite dans la direction des rayons qui, du centre, divergent à la circonference , le microscope vous F os distinguer les attaches qui unissaient les por- tious séparées ; vous y verrez des grains globuleux et comme vésiculaires , et très analogues à ceux que présenie la section transversale du tronc d'un végétal. Cet appareil organique n’est pas, à la vérité, aussi sensible dans les minéraux que dans les végétaux ; mais parce que nos yeux, et nos microscopes , beau- coup meilleurs que nos yeux, ne les aperçoivent pas, est-ce une raison d’en nier l'existence , et n’est- ce pas outrager la uature que de renfermer sa force organique dans la sphère étroite de nos sens ?...... La figure constante des fossiles prouve l'existence du germe où elle est dessinée en petit. Le crystal même formé de la répétition d’une infinité de petits corps réguliers et pyramidaux, semblables au tout, est le développement d’un germe. Le polype pa- reillement est composé d'une infinité de petits po- lypes semblables au polype mère. » Une autre marque sensible que chaque quille de crystal est le développement d'un germe, est que toutes ces quilles ont, suivant la nature des crys- (224) 1768 taux, une grandeur déterminée qu’elles ne dépas* sent point; toutes ces quilles, d'une même grandeur , d’une même forme , croissant isolément en dépit de leur contiguité, annoncent, de leur côté, l’invaria- bilité des germes....... » La couleur des pierres précieuses est justement attribuée au suc métallique dont elles sont pénétrées. Ce qu'on nomme paille ou défaut dans les pierres fines, pourrait bien étre un épanchement de ce suc extravasé; enfin, tout nous porte à regarder les fossiles comme des systêmes de solides arrosés par un fluide quel qu'il soit. Il n’est pas même nécessaire que la marche de ce fluide soit pareille à celle que l'on observe dans l'animal; une simple pénétration suffit peut-être à leur organisation et à la place qu'ils occupent dans l'échelle des êtres. » Mais ce ne sont pas encore là les derniers termes de l’organisation. Il serait étrange, il serait contra- dictoire que les parties de l'air, de l'eau, de la terre , le feu, les agents les plus actifs que l’on con- naisse , fussent de la matière brute. Si l’organisation de ces corps subtils échappe à nos yeux, elle se ma- nifeste par ses eflets ; le ressort de l'air, sa dilata- bilité, sa compressibilité , etc., etc., etc., démon- trent assez que ces substances sont des corps orga- niques qui tirent leur activité de la simplicité même de leur organisation........ Les pierres fibreuses forment le passage des minéraux aux végétaux ; telles sont les mica , les talcs , les amiantes , les asbestes » Les premières plantes sont des corps sans mem- bres, ainsi que les pierres; la trufle, le nostoch n’ont ni branches, ni feuilles ; on pourrait les appeler des plantes fossiles. » La nature s'élève par les zoophytes , peuple nombreux (€ 225 ) nombreux et varié du règne végétal au règne animal. 1768° L'intérieur du polype ne montre guères que des vaisseaux séveux , des utricules comme dans le règne végétal. Ces incectes aquatiques nous con- duisent aux insectes terrestres... Mais qu’ai-je besoin de suivre plus loin la gradation naturelle des êtres ? J'en ai dit assez pour faire voir comment les “trois règnes se lieut les uns aux autres; comment la nature passe des minéraux aux végétaux , et de ceux- ci aux animaux, sans laisser entr'eux aucun vide , aucun interstice, Il n’y a point de matière brute, de matière morte. Toute la matière est organique et vivante. Tous les êtres se nourrissent, croissent , se reproduisent, quoiqu'il y ait une extrême variété dans la manière dont ces fonctions s’opérent. C’est ‘dans tous les êtres une intus-susception de matière nourricière , un développement des germes, une métamorphose graduée du prototype qui donne nais- sance à toutes les formes , en vertu de la grande loi de continuité. 11 n’y a donc point de limites distinctes, de ligne de séparation entre les trois règnes; mais ils se lient les uns aux autres par une chaine continue qui en fait une unité réelle. y (fe, er enatee— Tme III, 17961 à 17970, P ( 226 ) PorsTrs LE VÉRITABLIE AMOUR. Epitre à Chloé; par M. Lemesié. 1761. Au temps de nos simples aïeux , L'esprit sans art , sans imposture , Ne chérissait qu’un ton, celui de la nature, Le cœur, Chloé, se peignait dans les Jets, Un doux sourire , un regard tendre Suffsaient pour se faire entendre ; Et cet usage valait mieux Que le jargon métaphysique De nos modernes beaux esprits , Dont le sentiment s’alambique En fins propos, en froids écrits, Les hommes moins savants , mais plus heureux pent-être, Ne connaissaient alors que le plaisir pour maitre, Leurs lois étaient leur volonté, Leur plus doux soin celui d’une maitresse ; Leur trésor était la santé , Et l’innocence leur richesse. L'Amour , comme aujourd’hui , rougissait d’être nu Mais plus naïf, plus ingénu , Il n’était point armé d’une austère décence. La nature allumait ses feux, Et la sévère bienséance Ne le contraignait point de se cacher aux yeux De l'importune Surveillance. (227) Le Plaisir, la Sagesse et les tendres Amours, 17614 Que rarement en ce siècle on rassemble, N’étaient point étonnés de se trouver ensemble, La Raison quelquefois leur tenait ce discours , Ou quelqu’antre qui lui ressemble : Gardez-vous hieu , disait-elle au Plaisir , D'’aller dans une folle ivresse De vos aimables goûts épuiser le désir ; Si vous les modérez , ils renaitront sans cesse. Et vous , vertueuse Sagesse , Loin de fuir le Plaisir , unissez-vous à lui ; Ne prenez point un front sévère , Vous manqueriez l’heureux talent de plaire ; Souriez à l’Amour , il sera votre appui. Qu'il vole autour de vous , vous en serez plus belle ; Pour le fixer n’usez point de rigueurs Qui le gène, lPirrite. Il est toujours fidèle Quand on l’enchaine avec des fleurs, Fuyant l’excès d’une vertu trop dure, L'homme n’aspirait point à dompter la nature, Rien ne bornait alors l’empire de l Amour : On ne roupissait point d'aimer Babet, Colette ; L’Amour rend tout égal, etce Dieu, tour-à-tour , Volait du sceptre à la houlette. De titres et d’honneurs on n’était point flatté, Et la jeune Daphné, par un dur sacrifice, Victime de la vanité, N'était point immolée au Dieu de l’avarice, On devenait époux sur la foi des soupirs ; Les amants folûtraient sous des feuillages sombres , Où le Myrthe amoureux , témoin de leurs plaisirs , Tendrement incliné les couvrait de ses ombres, Le voile du mystère , excitant les désirs , Rendait l’amant plus sûr de vaincre sa maitresse ; Son timide embarras, ses combats, ses refus , Pa (228 ) 3761. N’étaient qu’un artifice et qu’un plaisir de plus, Imaginés par la tendresse, Le cœur était son maître; et, constant sans efforts , J1 goûtait librement , au sein de la sagesse , De l'amour sans ennui, des plaisirs sans remords. Charmés du doux besoin de rapprocher leurs ames , Lise et Colin , sans art, se déclaraient leurs flammes : Dés qu’ils s’aimaient, ils se voyaient unis. Mais si l’un d’eux voulait rompre sa chaine, Ils ne s’accablaient point de mépris et de haine ; En cessant d’être amants , ils demeuraient amis On dédaignait ces clinquants magnifiques, Que de nos jours ont inventé L’amour-propre et la vanité. Eglé plaisait sous des habits rustiques , La laideur n’avait point imaginé le fard , Et la bergère alors, sans parure et sans art , Ne connaissaient, pour se rendre plus belle , Que les tendres baisers d’un amant fait pour elle, Cet âge fut celui du vrai bonheur : Mais que l'esprit de l’homme est facile à séduire ! L'orgueil ,ce fier tyran du cœur , Chassa les vrais plaisirs, usurpa leur empire ; L'homme voulut briller , il cessa d’être heureux ; On immola le plaisir à la gloire ; L'amant ne fut plus amoureux, Dés que l’amour devint une victoire. Le sentiment fut défini ; L’amour se traita par maximes, L'intérêt à l’hymen le forca d’être uni, Et devint la source des crimes, L'amour, avec sa liberté, Perdit bientôt son innocence; On 5e lassa de la constance Dès qu’elle fut nécessité , ( 229 ) Et cette loi donna naissance x761, Aux trahisons, à l’infidélité. Le noir soupçon arma la jalousie , L’époux , dans sa vengeance, étouffa la pitié, Et la coupable perñdie, Sous les traits de l'hypocrisie, Séduisit la candeur et trompa lamitié. La Jeunesse , insensible aux cris de la Sagesse , Ne rougit point d'acheter les plaisirs , Et son peu de délicatesse Lui fit payer bien cher de honteux repentirs, La pudeur disparut , et le libertinage Fit respirer ses fatales douceurs , Le véritable amour fat exilé des cœurs ; Et, depuis ce cruel outrage, Il n’a voulugrégner que dans l'ame du sage Qui sut lui conserver des vertus et des mœurs. Exvor, De cet Amour, reconnaissez l’image ; C’est lui, jeune Chloé, qui m’a dicté ces vers, Puisse, ce tendre badinage , Apprendre un jour à l'Univers Qu'il est encor des cœurs dignes du premier âge? LE TROUPEAU MAL CONDUIT, Fable; par M. Dr Mentezre. IVon jurare in verba Magistri, Robin , fameux par sa toison, 1766, Par son grelot, par sa riche encolure, S’applaudissait , sans beaucoup de raison, P 3 1 766. ( 230 ) De conduire des siens la démarche peu sure, Aux champs voulait-on le matin Mener la bélante cohorte , Tout le Troupeau, bien instruit par Colin ; Pas à pas suivait le Robin : Aucun n’aurait sorti qu’il n’eut passé la porte. Chaque soir de recommencer ; Pour rentrer au hameau, quand la troupe était prête, Nul sans Robin ne voulait avancer ; Et dès qu’il était à leur tête, Tous à l’envi se hâtaient de passer. Un jour, jour malheureux ! au bord d’un précipice , Broutant, bélant, cette Troupe arriva: En accuser Robin serait grande injustice , Le premier pris il se trouva. Il croyait voir de l'herbe un peu plus tendre * Pour l’attraper il fit un pas de trop, Chacun Île suivit au galop , Craignant qu’il ne daignât un moment les attendre. Mais déjà le pauvre Robin. Tombe entre les rochers, se brise et perd la vie. Ils allaient tous même chemin; Ainsi, dans le même destin, La troupe fut ensevelie, Et laissa dans les pleurs l’infortuné Colin: Econtons , recneillons les avis des Grands Hommes ; Mais trop aveuglément n’en faisons pas de loi. Ils peuvent se tromper , ils sont ce que nous sommes , Malheur à qui jamais n’oserait être soi ! (231 ) LFS AVANTAGES DU GOUVERNEMENT MONARCHIQUK HEREDITAIRE, Ode ; par M. DusouLLay. Regum timendorum in proprios greges Reges in ipsos imperium est Jovis. Honar, Zib, 3, Od. 1, Tel que l’Etre-Snprême, éternel , immuable, Avant les temps, plaça son Trône inébranlable Au-dessus des destins ; Principe universel , cause unique et féconde, En Souverain , en Père il gouverne le Monde Qu'il forma de ses mains. Mouarque bienfaisant , telle est l’auguste image, Et l'emploi du pouvoir, qui, par droit d’héritage, Jusqu'à vous s’est transmis : De toute autorité , centres indivisibles , Le Ciel vous établit comme des Dieux visibles , Sur des Peuples soumis. Ainsi que du Soleil la lamière élancée Jusqu'aux objets lointains , transmise et nuancée, Colore l'Univers ; Ainsi l'éclat du chef iualtérable, unique , Aux différents degrés , au loin se communique À ses inembres divers. En vaia des passions les vagues musissantes S'é cut pour franchir les dignes menaçantes Qui brisent leur orgueil, P4 5767 (232) 1767. Le Pouvoir souverain > Sans rival , sans partage, Oppose à leurs efforts, à leur bruyante rage Un immobile écueil. Non, ce n’est point chez vous, jalouses Républiques , Au sein des factions , des fureurs domestiques , Que règne le bonheur ; Le Peuple le moins libre est celui qui croit l’être ; Pour braver ses tyravs il lui faut donc un Maitre, Un puissant Protecteur. L’heureuse égalité naît de l’obéissance. Lorsque sans murinurer , sous la même puissance , Tout se courbe et fléchit , Le faible consolé supporte son partage Et béait un pouvoir à qui tout rend hommage , Et dont rien n’afiranchit, Les hommes isolés, sentant leur impuissance , Cherchèrent à former , pour leur juste défense, D'indissolubles nœuds ; Afin que de la loi le sceptre pacifique Soumit les passions à la raison publique , Et seul régnät sur eux. Mais l’Etat veut nn chef, et quel pilote habile Fixera sans etfroi ce poste difficile Autant que délicat ; Et, redoutant au large et les vents et l’orage, Sauvera des récifs qui bordent le rivage, Le vaisseau de l’Etat ? Ainsi que l’Océan , l’aveugle multitude Est le jouet des vents, dont son inquiétude Provoque la fureur ; (°233:) Et souvent d’un Sénat la politique impie Immole sans remords le Peuple etla Patrie À sa propre grandeur, Voyez dans les déserts de l'Egypte brülante, Ces monuments fameux, dont la masse imposante À bravé trois mille ans ; Le sommet est un point, et la base est immense ; Ainsi doit s'appuyer la suprême Puissance Pour triompher des temps, Des membres affectés le sentiment rapide Passe comme un éclair jusqu’au chef où réside Le principe moteur, Ce principe , à son tour , plus prompt que la lumière, Réagit et transmet à Ja machine entière, La santé, la vigueur, ÂAh! sans donte, il n’est point de mortel sans faiblesse : Un Roi fuit les plaisirs ; il dompte la mollesse, L’orgueil peut l’éblouir , S’il fuit d’un vain éclat les amorces trompeuses ; Au sein des voluptés , Sirénes dangereuses , Il se peut assoupir L'Etat gémit alors , une fausse Puissance Enerve sa vigueur , dissipe sa substance, Et prodigue son sang ; Où , tandis que le Chef sur le Trône sommeille, Un vautour affamé , que l’avarice éveille, Lui déchire le flanc, Le caprice insensé , l’avidité cruelle, Le luxe dévorant , l’audace criminelle Triomphent sans pudeur, 1767. 1767. (234 ) Les lois sont le jouet de qui peut les enfreindre, Le feu, le feu sacré semble prêt à s’éteindre Sur l’autel de l’Honneur, Citoyens, redoublez d’amour pour la Patrie, Le péril réunit, d’une mère chérie $ Les enfants généreux ; Partagez sa douleur, sachez souffrir pour elle ; Mais respectez le Trône , et craignez d'un faux zèle Les écarts dangereux, De l'Etat réuni , le solide assemblage Bravera sans péril, du p'us affreux orage, Les violents efforts, Jusqu'au jour où le bras du: fougueux despotisme , Ou de la liberté l’aveugle fanatisme , Briseront ses ressorts, Vous n’avez plus d'espoir, Républicains sévères - Lorsque de vos vertus les principes austères Viennent à s’affaiblir, Ici des passions empire est moins funeste , Et l’Etat peut toujours , tant qu’un souffle lui reste ; Renaïtre et refleurir, Rappelons-nous ces jours d'horreur et de démence, Où d’un Roi malheureux, la fatale imprudence , Vit son sceptre brisé ; Quand la sédition , levant sa tête altière, Menaçait à grands cris l’espérance derniére De l'Etat épuisé, Qui n’eüt cru que cet arbre antique | vénérable 3 Allait, par le fracas de sa chute effroyable , Ebranler l'Univers ? (255 ) Languissant , dépouillé de ses branches fécondes , 1767 Déjà le fer tranchait ses racines profondes Qui touchent aux Enfers, Rassurez-vous , Français , sa tige révérée Doit protéger un jour , sous son ombre sacrée, Les Peuples et les Rois ; ‘ Et le Guadalquivir, le Vulturne et la Seine Perdront le souvenir de leur antique haine , Sous ses paisibles lois, Courageux sans orgueil, modeste sans faiblesse , Au grand pnt de régner, instruit par la Sagesse . “Et par l’Adversité, Des Lis humiliés Charles vengea la gloire , Et sut aux Léopards arracher la victoire Et dompter leur fierté. Mais c'était peu de vaincre ; à l’ombre des trophées, Par les lois et les arts, l'Etat, en peu d’années , Recouvra sa vigueur ; Et, prévoyant dés-lors les destins de la France, Ce Héros immortel prépara sa puissance , Et fonda sa grandeur. AUTACR 607: Héritier de son Sceptre et de sa Modestie , Objet de notre amour, Père de la Patrie Et de l'humanité, JL est dans vos destins de partager sa gloire ; de vois vos noms anis , consacrés par l’Histoire À l’Immortalité, 1761, (256 ) ÉLocEes HisTORIQUESs. Eloge du P. Castel, Jésuite ; par M. Lecar. Quoique cet éloge soit un de ceux que M. Lecat a écrits avec le plus de soin, la nature de cet ou- vrage ne permet pas de le présenter ici en entier; et, dans l'obligation d'en supprimer plusienrs détails, nous ferons tomber ces retranchements sur l'analyse des ouvrages. du P, Castel, analyse qui n’a plus aujourd’hui l'intérêt de la nouveauté , pour con- server des anecdotes relatives à notre savant, et gé- néralement moins connues. « Louis-Bertrand Castel naquit à Montpellier le 11 novembre 1688. Son père, André-Guillaume , originaire du Béarn, exerçait avec distinction la chi- rurgie daus cette ville, célèbre par ses écoles de médecine. Montpellier , avant lui, n'avait pas de lithotomiste , il y fut linstituteur de cette grande opération. Il y obtint de si grands succès, que les Etats du Languedoc lui décernèrent le titre et les émoluments de pensionnaire de la Province. Père de plusieurs enfants , il les éleva avec les soins d’un ami tendre qui consulte moins sa fortune que son amour pour ses enfants. Le jeune Louis- Bertrand annonça dès sa première enfance , le germe de tous les talents. Les Jésuites de Touloëse, où il faisait ses études, se hätèrent de l’engager dans la Société, au sortir de sa rhétorique ; il n'avait alors que quinze ans. 1] passa des humanités aux mathématiques et (237) à la philosophie avec la même ardeur qu'il avait eue pour l’éloquence. Bientôt il fut, suivant l'usage de ces Pères, et le professeur d’une classe rom- breuse, et élève d’autres maîtres dans l'étude des hautes sciences, La sublimité de celles-ci flattait trop son goût pour qu'il pût se résoudre à lès abandonner, Il sy livra avec tant de succès que ses supérieurs le dispensèrent de toutes les autres fonctions pour lui permettre de cultiver sans réserve un genre de science dans lequel ils prévoyaient qu’il se rendrait célèbre. » Fontenelle, notre grand Fontenelle , connut et apprécia le mérite de notre jeune physicien. Il ‘unis au P. Tournemine pour obtenir de ses supérieurs qu’il fût appelé dans la capitale. Cette transmigration était contre les lois de la Société, qui n’admettent pas les changements de Province. » Peu s'en fallut que son zèle pour la religion ne fit avorter ce projet. » La Chine demandait des Missionnaires , et le P. Castel, qui réunissait toutes les qualités néces- saires pour ces importantes fonctions, y sollicitait vivement une place. Ses supérieurs, heureusement, jugèrent sa santé trop délicate, et il fut envoyé au collége de Louis-le-Grand. En arrivant, il fut associé aux auteurs du journalde Trévoux , pour la partie ma- thématique. Il était dans sa trente-deuxième année, Il y trouva l'occasion de publier les principes de ses quatre principaux ouvrages, le Traité de la pesanteur des corps, la Mathématique universelle, le Clavecin oculaire , et le parallèle des systèmes de Descartes et de Newton. Le but qu'il s'était proposé en com- posant sa Mathématique universelle , était de faire un livre qui se laissât manier, dit-il, comme les autreslivres, de ramener la géométrie la plus guindée 17671. Trévoux , avril 1720. ( 238 ) 1761. au naturel, de la réduire aux idées ordinaires, de l’'enchaîiner avec les connaissances du vulgaire ; car tous les hommes, ajoute-t-il, ont communément les idées générales des sciences ; le Peuple même me- sure , compare , compte ; pour le rendre géomètre, il ne faut que le faire passer de l'art à la science, de la routine au raisonnement, » La Mathématique universelle essuya quelques contradictions en France; elle fut généralement ap- plaudie en Angleterre , sur-tout le systéme ency- clopédique. Quand ele y parut, la Société royale était encore en deuil du grand- Newton ; elle agrégea le P. Castel, grand adversaire de sa doctrine , Reli- gieux et Jésuite , sacriliant ainsi à son admiration ses usages et ses préjugés. » De tous les ouvrages du P. Castel, aucun ne l'a occupé si long-temps que son Clavecin oculaire, etil se plaisait à multiplier les analogies entre les sons et les couleurs. Il existe trois sons fondamentaux; la tonique, la tierce et la quinte. Il existe trois cou- leurs fondamentales ; le bleu , le rouge, le jaune ; entre les uns et les autres viennent se placer les tons et les couleurs intermédiaires pour élever les unes et les autres au nombre de sept, etc. , etc. » Cette analogie singulière est toutefois susceptible de nombreuses objections. M. de Mairan, qui éclaircit et embellit tout ce qu’il touche , en appréciant cette analogie à sa juste valeur, a bien rabattu de l’en- thousiasme que l'on avait conçu pour elle, » Nous croyons le P. Castel mieux fondé dans son grand ouvrage intitulé : Le rai Systéme général de AT. Isaac Newton, exposé et analysé en parallèle avec celui de Descartes, à la portée du commun des Physiciens. Quoique le P.. Castel ait prétendu sou- vent trouver le philosophe anglais en défaut , ïl ( 239 ) s’écrie : J'admire son profond raisonnement géomé- trique ; mais il n'y a pas un mot de.raisonnement physique dans ce système, et la saine physique est perdue si on continue à le laisser passer. » Les quaire grands ouvrages cites ont occupé la majeure partie de sa vie ; mais il s'en faut de beau- coup que ce soient ses seules productions. Mathéma- üiques, physique, théologie, morale, arts libéraux, mécaniques, etc. , tout était de son domaine, Cet homme, dit un de ses célebres confrères (1), écri- vait toujours, effaçait peu , imaginait sans cesse , réalisait jusqu’à l'impossible, possédait une mémoire infinie, une facilité presqu'e sans exemple, » Il a fait servir la vaste étendue de ses connais- sances à leur véritable usage , à se convaincre plus fortement que le commun des hommes , de la soli- dité des principes de notre religion. Sa foi au texte sacré était si vive , si générale , que tout physicien qu’il était, il a souvent abandonné les causes se- condes pour s'adresser au principe de tout dans l'explication des phénomènes de la nature, et il croyait y avoir pleinement satisfait, quand il pou- vait citer en sa faveur un passage de l’Ecriture, qu’ possédait parfaitement. « Ses relations avec les savants de l’Europe étaient aussi nombreuses que distinguées ; Fontenelle fut à Paris sa première correspondance ; il en était aimé et estimé, malgré la grande opposition de leurs ca- ractères. | L'analogie de ceux-ci fit deux amis de l'abbé de Saint-Pierre et du P. Castel. Tout opposé que fut leur genre d'étude , vrais jumeaux par l'imagination, (1) Le P. Berthier , lettre à M. Lecat, 1761. ( 240 ) 1761 l'abbé était en politique ce que le Père était en phy- sique.... L'abbé de Saint-Pierre gémissait de voir son ami s'amuser à la physique au lieu de cultiver l'art de gouverner les hommes et de les rendre heureux. Le P. Castel prétendait qu'il y avait un rapport parfait entre le systéme du Monde et le corps po- litique des Etats, et que la physique conduit inva- riablement à la science de gouverner les hommes. » Le P Castel dût être étonné que l’Académie «les Sciences n’eût pas imité la Société de Londres. Quel- ques Académies du Royaume le dédommagèrent de cet oubli autant qu’il était en leur pouvoir. Nous fûmes de ce nombre ; il devint notre associé en 1748. Je fus le témoin et le garant de sa reconnaissance. H m'avait promis pour l’Académie un Mémoire sur l'Acoustique , où il se proposait de donner des ins- trauments nouveaux qui auraient procuré à l'organe de l’ouïe les avantages variés que les verres convexes, concaves , elc., procurent à celui de la vue. La mul- uitude des projets qui se succédaient chez lui aura sans doute fait évanouir celui-ci, » Une vie si laborieuse avait altéré sa santé. Un asthme de quelques années, des rhumes négligés, joints à un âge avancé, mirent le comble à son dé- périssement. Conduit à linfirmerie , il parut fort étonnédes soins oflicieux qu’on lui donnait. Il n’avait jamais eu l’occasion de voir les pieux secours des- tinés aux mourants, ni d’en lire les exhortations et les prières. Il les examinait en philosophe chrétien, et s’écriait de temps en temps : Que cela est beau! Que cela est bien institué ! » C'est dans cet espèce d’extase, sur les derniers exercices de la Religion, quele P. Castel , âgé de 68 ans deux mois, cessa de philosopher et de vivre, » Eloge (241) Eloge de D. l'abbé du Resnel ; par M. Dusourza. « Jean-François du Resnel , abbé commendataire 1761, de l'Abbaye royale de Sept-Fontaines, prieur de Saint-Pierre-de-Brég y, député de la chambre du Clergé, l’un des quarante de l'Académie française , et de celle des Inscriptions et Belles-Lettres , associé de l’Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, naquit en cette ville le 29 juin 1692. » Dès sa première jeunesse , il se fit remarquer par sa passion pour l'étude , la facilité de sa coucep- tion , la fidélité de sa mémoire et la justesse de son jugement. Il fit ses études au Collége des Jésuites et s'y distingua parmi de nombreux émules. En 1705, M. du Resnel perdit son père, et profita de la liberté que cet événement malheureux lui donnait, pour se livrer à l'étude des hommes, et rechercher des gens de merite hors les limites de son collége. Il se lia avec les RR. PP, de l'Oratoire. » Cette congrégation , moins nombreuse et moins étendue que celle des Jésuites, a produit également des hommes chers à la Religion et aux Lettres. Elle compte d'ailleurs , parmi ses avantages, celui de wimposer à des hommes sages d'autre joug que celui d'une soumission volontaire. » M, du Resnel entra à l'institution en 1710; il était âgé de dix-huit ans, et, après l’année d'institution , il fut envoyé à Saumur, où lOratoire a une école de théologie pour ses propres sujets. Il se livra avec ardeur à cette étude si importante , et reconnut dans le christianisme le supplément nécessaire à la raison. Tome III, 1761 à 1770. Q 176%: ( 242 ) » En 1715, il fut envoyé en qualité de professeur à Boulogne-sur-Mer. Il commença par la cinquième et suivit ainsi toutes les classes jusqu’à la philosophie. L'intelligence parfaite des langues grecque et latine le familiarisèrent tellement avec les auteurs fameux d'Athènes et de Rome, qu'il avait acquis l'habitude d'en imiter jusqu'au style. » Il joignit à l'étude des langues anciennes celles des langues modernes. Le voisinage de l'Angleterre et les grandes communications entre ce pays ‘et Bou'ogne , lui procurèrent tous les moyens de se perfectionner dans l'étude de la langue anglaise , et d'apprécier les ouvrages importants que l'Europe doit à cette nation. » M. del'Angle, alors évêque de Boulogne, et oncle à la mode de Bretagne du P. du Resnel, avait désiré d'avoir son jeune parent près de lui, il le fixa à Boulogne , en lui donnant un canonicat dans son église, en 1720. M. de Boulogne ne jouit pas long- temps de la satisfaction qu'il s'était procurée, Il mourut en 1724, et M. du Resnel , n’ayant plus rien qui l'attachât à Boulogne, permuta son canonicat contre un canonicat moindre en valeur , de la collégiale de Saint-Jacques de l'Hôpital à Paris, et vint y fixer son domicile. » Plusieurs de ses parents occupaient des places importantes chez M. le Duc d'Orléans, fils du Régent. Ce Prince le connut, le goûta et lui donna une peusion sur sa casselte , demanda peu après et ob- tint du Roi, en faveur de son protégé, l’abbaye de Sept: Fontaines, et ne cessa depuis d’être son protecteur. » Destiné par ses talents et ses vastes connaissances à jouer un grand rôle dans la république des lettres, il en fit l'essai par le panégyrique de Saint-Louis , ( 245 ) qu’il prononça devant l'Académie francaise avec un 1761. applaudissement universel. » Notre compatriote ne tarda pas à recevoir la récompense de ses travaux littéraires : l'étude des langues et l’érudition ancienne lui ouvrirent, en 1735, la porte de l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres. » En 1754, parut sa traduction en vers francais, de l'Essai sur la critique de Pope , et successivement PEssai sur l'Homme ,; du même auteur , ouvrage qui lui procura avec justice la réputation la plus brillante , et toutefois devint la source de quelques désagréments. » Il reçut enfin, en 1744, les honneurs du triomphe littéraire, et prit séance à l'Académie française , le 30 juin. On retrouve, dans ses discours de réception , cette facilité, cette élégance qui semble être le ca- ractère de tout ce qui est sorti de sa plume. » La même année, l’Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen fut établie par lettres- patentes. L'honneur que M, du Resnel faisait à sa patrie était Lrop notoire pour que, dans le catalogue des premiers Académiciens, son nom fût oublié. Il ne se passait guères d'années qu'il ne vint faire quelque séjour dans cette ville, et il portait dans nos assemblées ce goût exquis, cette politesse aisée, cette simplicité modeste qui le rendaient si cher aux Académies de la capitale. » Il fut admis dans la Société qui travaille au journal des Savants, et en fut long-temps le rédac- teur. » M. du Resnel, comme M. de Fontenelle , était ué pour faire honneur aux esprits froids; avec les qualités attachées à ce caractère, il en avait aussi les vertus. La justice, l'attachement à tous ses devoirs, Qra (244) 1761. la fidélité dans ses moindres engagements, la sagesse dans la conduite, et l'innocence dans les mœurs. » Né délicat, ce ne fut que par des attentions continuelles qu’il parvint à pousser sa carrière au- delà des limites qui semblaient lui être tracées; enfin, ses infirmités dégénérèrent en une maladie de lan- gueur. Il vit la mort s'approcher avec la tranquillité d'un philosophe et la résignation d’un chrétien. » Il reçut deux fois les sacrements, et s’éteignit le 25 février , âgé de soixante-neuf ans sept mois vingt- cinq jours. » Eloge de M. de Rougeville ; par M. Dusourzay. « François de Rougeville, écnyer, conseiller du Roï, auditeur en la Cour des Comptes, Aides et Finances de Normandie , l'un des Membres titulaires de l’Académie royale des Sciences, etc., de Rouen, r'aquit en cette ville, le 22 novembre 1702. » Il fut élevé avec soin par ses parents, et fit ses études avec distinction au collége de cette même ville. Au sort r de ses classes , il alla faire son droit à Paris, rechercha la connaissance de plusieurs per- sonnages distingués dans la république des Lettres, et eut le bonheur de se lier avec plus'eurs d’entre eux, MM. Richer , d'Obi, le P. Tournemine, l'abbé d'Olivet, etc. Leur commerce développa en lui le goût de la poésie, qui s’était manifesté dès sa pre- mière jeunesse. Mais ce goût si séduisant n’égara pas sa raison ; et, cherchant à prévenir le reproche d’inutilité dont l'amour des lettres ne justifie pas tou- jours , il acheta, en 1754, une charge d’auditeur à la Chambre des comptes, charge qui laïssait à sa disposition la moitié de l’année. Il s'attacha à remplir C 245 ) les fonctions de Magistrat avec une exactitude sévère 1761- et propre à lui mériter la hiberté de consacrer le reste de son temps à l'étude. Il ne tarda pas à s’at- tirer l'attachement de ses confrères et l'estime gé- nérale de la compaguie à laquelle il appartenait. » M. de Rougeville composait avec feu et rapidité ; mais il ne lui arrivait guères de retoucher et polir ses ouvrages. Il connaissait ce défaut et en conve- nait avec candeur ; mais il avait la modestie de croire que ses poésies ne devaient pas paraitre au grand jour , et il comptait sur l’indulgence de ses amis. » Il ne consacra jamais sa Muse qu'au triomphe de la Religion et des mœurs, ou à la gloire de son Roi et de sa Patrie. » Il épousa en 17.. Mademoiselle Midi , qu’il aima avec toute la tendresse qu’on peut attendre d'un cœur sensible comme le sien; maïs il jouit trop peu de ce bonheur, le plus grand que le Ciel puisse accorder aux hommes vertueux. Sa lyre, qui avait plusieurs fois célébré les charmes que cette heureuse union répandait sur sa vie, ne répéta plus que les sons lugubres de la douleur. » 1 ne chercha point de consolations dans une union nouvelle ; il se livra sans réserve à l'éducation de son fils, l'amitié remplit les intervalles que cette fonction importante lui laissait, » Bon fils, bon mari, bon père , tendre ami, excellent citoyen , M. de Rougeville joignait à ces qualités une candeur et une ingénuité peu com- munes. » La vie de l'homme de bien est une préparation continuelle à la mort. La Providence lui en épargna Vappareil. Il nous fut enlevé par une apoplexie, le Q 3 1761, 1762, ( 246 ) 25 décembre 1760, âgé de cinquante-hut ans. Les regrets de tous ceux dont il était conru attestent la vérité de l'éloge que nous consacrons à sa mémoire. » £Eloge de M. de Moy d’Ectot ; par M, Lecar. « Pierre-Nicolas de Moy d’Ectot naquit le 4 janvier 1691. Il fut envoyé très-jeune au collége de la Flèche, où il fit ses études avec le plus grand succès, L’ado- lescence fut pour lui l'âge de la maturité. Homme fait à dix-huit ans, la seule ambition de savoir lui fit désirer d’aller se perfectionner à Paris. » L'étude des Mathématiques fut celle à laquelle il se livra avec passion. Les Belles-Lettres ne l’occupè- rent que comme un moyen propre à lempérer une ardeur qui n’est pas sans danger quand elle a pour objet une science à-la-fois très-abstraite et fort attrayante. » De retour dans sa patrie, il prit le parti de la robe, et, pénétré de la grandeur et de l’importance de la magistrature, il se livra en entier à l’étude des lois et ne se présenta qu'à l’âge de vingt-six ans au Parle- ment pour y être reçu Conseiller. L'exercice de ses fonctions le convainquit de nouveau de la nécessité du travail. Jamais il ne fut plus livré aux médita- tions da cabinet, et n’en sortait que pour aller au palais en faire un digne usage Il y acquit bientôt , par l'exactitude et la justesse de ses rapports, l’es- time de ses confrères , la vénération et la reconnais- sance de ses clients. Combien de fois son cabinet ne devint-il pas le temple de la justice ! Combien de fois, pacificateur heureux, n’eut-il pas la consola- ion de concilier des adyersaîres acharnés , et de (247) faire renaître la concorde entre des ennemis irrécon- 1763: ciliables ! » M. d'Ectot se maria, et eut de son union avec Mademoiselle de Rabaumarre , deux enfants qui vécurent trop peu pour pouvoir profiter des exem- ples de leur père...... » Le goût que M, d'Ectot avait pour les Sciences et les Lettres lui inspira le désir d'appartenir à l'Aca- démie. Il y fut reçu le 1°° février 1751. 11 donna à nos assemblées tous les moments que les fonctions de la magistrature lui permettaient d'y consacrer. Notre bibliothèque doit à sa munificence la nouvelle édition du Glossaire de Ducange, et la belle Histoire de la Chine, du P. Dahalde, 4 vol. in-folio. » Les vertus chéries de M. d’Ectot étaient l'amour de la vérité, la douceur , l'affabilité. Son respect pour la vérité était tel qu’il ne pouvait souffrir qu’on l'altérât même dans les plaisanteries faites pour égayer la conversation. » Les dernières années de sa vie se sont passées dans un état de caducité , qu'il devait moins aux années qu’à l'excès du travail et à une coustitution faible, peu faite pour en supporter le poids. » Il mourut le 8 juin 1762, laissant un neveu héritier de sa fortune et de son zèle pour les fonc- tions respectables de son état, » Eloge de M. de Brou ; par M. Dusourray. “ M. Antoine-Paul-Joseph de Feydeau de Brou, naquit à Paris, le 3 octobre 1751. Unique espoir d’une famille distinguée , rien ne fut épargné pour lui procurer une éducation solide. Q 4 É 762. (348 ) » La carrière de la magistrature, parcourue avec honneur par ses ancêtres , lui offrait de grands mo- dèles , il y débuta le 12 juillet 1748, dans la charge d’Avocat du Roi au Châtelet de Paris, n’étant âgé que de dix-sept ans. I remplit avec une approbation générale ces fonctions difficiles; le Roï voulut même récompenser des talents si précoces par une pension qu'il lui accorda le 12 septembre de la même année. » Le 12 février 1951, il fut reçu Conseiller au Par- lement de Paris, et apporta à dix-neuf ans, dans le pre- mier Sénat du Royaume , une réputation méritée. » Le 25 mars suivant, il épousa Mademoiselle Jus- tüine-Josephe Boncot, dont les qualités solides et ai- mables firent le charme de ses jours. » Le 21 octobre de la même année , il obtint des provisions de Maître des Requêtes, toujours obligé de demander des dispenses , et prouvant toujours, par ses succès , qu'elles n'étaient accordées qu'au mérite. » Bientôt se présenta l’occasion de faire briller sur un plus grand théâtre cette éloquence exercée dans un tribunal inférieur, Une commission, com- posée de Maïres des Requêtes, avait été nommée sous le titre de Chambre royale, en remplacement du Parlement de Paris, qui, en se proposant de maintenir les droits du Souverain, avait encouru sa disgrâce. M. de Brou fut choisi pour remplir, dans cette Compagnie, le même ministère qui lui avait fait tant d'honneur au Châtelet; et, lorsque les anti- ques Magistrats furent rendus à leurs fonctions au- gustes, M. de Brou saisit le moment de faire éclater son zéle pour l’autorité du Roi, et son respectueux attachement pour la Compagnie réintégrée dans ses fonctions, et la faveur du Monarque. La circons- tance était délicate, et M. de Brou traita son sujet (249) avec tant de sagesse , que son discours fat applaudi à la Ville comme à la Cour, et jusque dans des pays étrangers. Ce succès éclatant fit augurer qu’il ne tarderait pas à occuper les places les plus émi- nentes, et ce présage se justifia peu de temps après. » M. de la Bourdonnaye, dont le nom cher à cette Province se liera toujours aux sentiments de res- pect et de reconnaissance, désira se reposer de ses longs travaux ; M. de Brou fut désigné pour lui suc- céder ; sa commission est du 25 juin 1955; il n'avait pas vingt-quatre ans révolus. » La milice et les corvées pesaient également sur le peuple. Il obtint des adoucissements pour les premières, et établit pour les secondes un ordre tel que chaque canton connût la portion de chaussées à la confection ou à l'entretien de laquelle il devait concourir, Les amendes des retardataires furent con- verties en primes en faveur de ceux qui s'étaient distingués par leur diligence, et les routes furent perfectionnées. » L'agriculture et le commerce furent également l'objet de sa sollicitude. Il ne négligea rien pour'éta- blir, dans la répartition des contributions, la plus rigoureuse équité. 11 établit en plusieurs lieux des filatures , proposa des encouragements pour la culture des abeilles, employa tout son crédit pour l'établissement d’une Société d'agriculture dans son département , et l'identifier en quelque manière avec l'Académie , où son zèle et ses talents lui dé- signalent une place distinguée. Il fut reçu au nombre des Académiciens titulaires, le 9 juin 1757. Il con- naissait trop bien les obligations qu’il avait aux Lettres pour ne pas leur consacrer tous les instants qu'il pouvait, sans injustice, dérober aux devoirs de sou état. 1762. y762. ( 250 ) » Aux malheurs de la guerre se joignirent ceux de la disette, il employa tous les moyens qui étaient en son pouvoir pour faire venir des grains de pro- vinces plus favorisées , commission délicate dans la- quelle le zèle et les services sont bien souvent mé- connus. » Une escadre ennemie se fait voir à l'embouchure de la Seine , le Havre est bombarde , M. de Brou y court et s'occupe du soin des malades et des sub- sistances d’une multitude fugitive, tandis que M. de Berville pourvoit à sa défense, Hélas ! la perte de ce général, aussi brave qu'humain , fait encore couler nos larmes ! » Les malheurs pubiics furent, pour M. de Brou, l'occasion de chagrins particuliers. Il sentit, par sa propre expérience , combien le bonheur est rare, et que les places les plus éminentes sont rarement le chemin qui y conduit, » Il venait de prêter serment entre les mains de S. M. pour le gouvernement de Lagny quand il fut attaqué de la maladie qui le conduisit au tombeau, le 3 juin 1762, âgé de trerte ans huit mois et six jours. » Obligé peut-être de faire pardonner sa jeunesse, il n'accordait sa familiarité qu’à un petit nombre de personnes; mais il joignait un cœur sensible à ua esprit trés-cultivé. Généreux jusqu’à la profusion, sa main s’ouvrit souvent pour répandre sur les misé- rables des bienfaits ignorés. » (251) Réflexions sur M. de Crébillon ; par M. Dusourray. » L'Académie et toute la république des Lettres 1762. viennent de faire une perte immense par la mort de M. de Crébillon, né à Dijon, le 15 février 1677, et décédé à Paris, le 17 juin 1762. » Le fils unique de ce tragique célèbre a publié son éloge historique; nous ne fatiguerons point le public par des répétitions inutiles, nous nous bor- nerons à quelques réflexions sur ses ouvrages...... » Lorsque M. de Crébillon parut sur la scène tra- gique, Corneille semblait avoir épuisé les traits de l’héroisme , et Racine ceux de la sensibilité. M. de Crébillon , né avec trop de génie pour se renfermer dans les bornes étroites d’une imitation servile, en- treprit de se distinguer par la terreur , l'un des ressorts les plus puissants de la tragédie, et avec l'ame la plus douce, il devint le peintre des plus noirs forfaits. » Mais, pour fixer l'attention du public sur un genre avec lequel il n’était pas encore familiarisé, il crut qu'il devait adoucir la teinte de ses premiers ta- bleaux, et débuta par /domenée. Le succès de cette pièce autorisa M. de Crébillon à donner l'essor à son génie. Il conçut le projet de faire applaudir, sur le théâtre francais, un sujet qu'on eût cru être obligé de tempérer sur le théâtre de Londres. » En supposant que c’est aux Autels mêmes que Thieste a enlevé Ærope à son frère, Il écarte du personnage d’Atrée tout ce qui pouvait en diminuer la dignité; l'outrage cependant n'en est pas moins (252) 1764: sanglant, circonstance qui rend la vengeance d'Atrée également terrible et vraisemblable. » À la belle disposition de son sujet, M. de Cré- billon a su réunir toutes les beautés de détail. Tous les personnages, vigoureusement dessinés , conser- vent jusqu’à la fin leur caractère, attachent , sub- juguent les esprits en les pénétrant d’une profonde horreur. Enfin, ceite tragédie est la preuve la plus. complette de cette maxime : Qu'il n’est point de serpent , ni de monstre odieux , * Qui, par l’art embelli, ne puisse plaire aux yeux, » Le succès d'Atrée indiquait, au génie de M. de Crébillon, Electre, que ni Corneille , ni Racine n'avaient osé traiter. Oreste , vengeant la mort de son père par le meurtre de sa mère , était un sujet bien digne de celui qui n’avait pas craint de repré- senter sur la scène cet horrible festin qui fit pâlir et reculer le soleil, Cependant, M. de Crébillon n’a pas osé traiter ce sujet dans toute la simplicité de Sophocle. Il ne croyait pas même que notre théâtre püût la soutenir. Un génie tel que le sien, qui aurait dû s'élever au-dessus des préjugés, craignit de donner une tragédie sans amour... Malgré ce dé- faut, que les meilleurs critiques n’ont pu s'empêcher de regarder comme capital, l'Electre de M. de Cre- billon est remplie de beautés du premier ordre. » Rhadamiste et Zénobie mit le comble à sa répu- tation, et cette pièce a toujours été regardée comme son chef-d'œuvre. Eh! que pourraient ajouter nos faibles éloges aux applaudissements de toute l’Europe! Qu'il nous soit permis seulement de dire que le rôle de Rhadamiste, aussi théâtral dans son genre que celui de Phèdre, fait d'autant plus d'honneur à M. de (2539 Crébillon, qu’il est entièrement dû à son génie, et 1762. qu’il n’en a pas trouvé de modèle dans l'antiquité. » À la grandeur et à la vérité des caractères, à l'intérêt des situations, à la fierté des sentiments que Corneille lui-méme n'aurait pas désavoués , cette tragédie réunit la magnificence du style, la pompe et l'harmonie des vers, elle tiendra sans doute une place distinguée parmi le petit nombre de chef- d'œuvres que Melpomène consacre à l’immortalité. » Nous ne pouvons nous étendre également sur les autres tragédies de M. de Crébillon, toutes re- commandables par quelque genre particulier de beauté; nous observerons seulement que Catilina, celle de ses pièces qu’il a travaillée avec plus de soin , aurait dû l'emporter sur Hhadamiste et Zé- nobie, par l'importance du sujet; mais cette tragédie, si digne d’ailleurs de son auteur , est trop remplie de beaux vers et trop vide d’action ; trop occupée de Catilina , elle dégrade les autres personnages, ce qui diminue l’interét de l'ensemble. » L'exemple de M. de Crebillon servira à prouver que les auteurs ne se peignent pas toujours dans leurs écrits. Il dit lui-même, dans sa préface d’Atrée, qu’on le regardait dans quelques endroits comme un homme nor avec lequel il ne fait pas sûr de vivre. Ceux qui le connaissaient particulièrement étaient bien éloignés de partager ce prejugé ; jamais il n'y eut d'humeur plus sociable, et de cœur plus sensible que le sien. » Ses nombreuses connaissances à Rouen le mi- rent en relation avec l'Académie de cette ville ; il desira d'y être admis, et fut recu le 21 novembre 1754: » Nous resardons, säns doute, comme un hon- D ’ 2 17612. 1763. (254) neur d’avoir compté parmi nos$associés un Poête que la Nation placera toujours parmi ses plus grands maîtres. » Eloge de M. Pesselier ; par M. DusouLrayx. » Charles-Etienne Pesselier , secretaire ordinaire de S. M. le Roi de Pologne , Duc de Lorraine et de Bar, associé des Académies de Nancy, Rouen, et d'Angers, naquit à Paris, le g#%uillet 1711. Pendant le cours de ses études qu’il fit au collége des Quatre- Natious, il fit présumer qu’il serait un jour un homme de mérites La doucezr et la sensibilité firent le fond de son caractère et lui gagnèrent le cœur de ceux qui, sans sa modestie, ne lui eussent peut-être pas pardonné sa supériorité. » 11 s’appliqua pendant trois années à l'étude des lois. La lecture , la fréquentation du théâtre , quel- ques essais par lesquels il exerçait sa muse naissante, étaient ses uniques délassements ; ils prirent souvent sur son sommeil et jamais sur ses devoirs. » Ce fut ainsi qu’il donna au Théâtre Italien sa co- médie en un acte et en vers, l'Ecole du Temps, qui eut un succès marqué. Cette pièce fut suivie d’Esope au Parnasse, également en un acte et en vers , qu'il donna l'année suivante au Théâtre Français, et qui fut reçue avec applaudissement. » Ce début flatteur le fit connaître et lui procura des protecteurs, qui se proposèrent de tirer parti de ses talents et de son application infatigable au travail, Un nouvel engagement le livra à l’étude des finances, et il les étudia comme les lois, en philosophe et en citoyen. Ces uouvelles occupations (255) privèrent le public de plusieurs pièces de théâtre 1,6 commencées , et qu'il ne put faire jouer. Chargé pour l'encyclopédie de tous les articles de finances, il crut pouvoir y consigner des plaintes respectueuses sur ce que l’auteur célèbre de l'Esprit des Lois sem- blait interdire à sa profession toute autre récom- pense que celle des richesses. » La sécheresse de ses occupations n'interrompit pas son commerce avec les Muses. Il publia, en 1748, son Recueil de Fables. Ce genre si difficile, après l’'inimitable modèle que la France a produit , avait des charmes pour lui. Une versification facile , un sentiment délicat, une morale pure en font le merite. On pourrait y désirer plus d’art dans la composition des sujets, et sur-tout quelques grains de ce sel charmant qui rend celles de Lafontaine si piquantes. Aureste, on voit, dans cet ouvrage et dans ses lettres sur l'éducation , combien il était éloigné d’avoir acquis de linsensibilité. Tout ÿ respire l'humanité et la bienfaisance. L’unique marque à laquelle on s’'apperçoive du genre de travail auquel il avait passé Ja plus grande partie de sa vie, est l'ordre exact et didactique qui se remarque particulièrement dans ses ouvrages en prose. » C'est encore M. Pesselier qui est l’auteur des Doutes sur la Theorie de l’Impôt. Ce titre modeste exprimait son caractère et les sentiments de respect dont il était pénétré pour l'ami des hommes. On ne peut mettre plus de force dans les objections, plus d'égards et de politesse dans le style. » Les talents agreables et utiles de M Pesselier lui procurèrent des distinctions honorables. Le Roi de Pologne , si savant dans l’art de connaître les hommes et de les rendre heureux , lui donna le titre de son conseiller secrétaire ordinaire, Il yécut heureux parce ? 3e ( 256 ) 1763. qu'il se fit une loi de contribuer autant qu’il était en son pouvoir au bonheur des autres. Bon fils, bon mari, bon ami, bon citoyen, né avec des passions douces , il ne connut que les avantages de la sensi- bilité. L'amour et l'amitié auxquels il était également cher , lui représentaient en vain que sa constitution délicate ne pouvait supporter le travail auquel il se livrait. Son esprit actif lui faisait oublier sa faiblesse ; il en fut enfin la victime ; il tomba malade au mois de novembre 1762, et ne fit plus que languir jus- qu’au 25 août 1765, jour auquel il termina sa car- rière avec celte résignation et ce calme que la raison, la vertu et la religion seules peuvent donner. Il était âgé de cinquante ans et huit mois. » Eloge de M1. Titon du Tillet ; par M. DusouLcax. « L'amour des sciences , des lettres et des arts est une passion si noble qu'elle mérite quelquefois , à ceux qui en donnent des marques publiques et éclatantes, une réputation qui semblerait être ré- servée aux grands talents et aux succès. Un des exemples les plus frappants est celui de M. Evrard Titon du Tillet , ancien capitaine de dragons, et ancien maître d'hôtel de Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, et depuis Dauphine de France. Il naquit à Paris le 16 janvier 1677. » Avant que de se décider sur le choix d’un état, il commença par acquérir les éléments du plus grand nombre , il étudia même en droit, et se fit recevoir avocat. Il prit enfin le parti de la milice et fut fait capitaine de dragons, ». Compris dans la réforme qui suivit la paix de Riswick , (257 ) Riswick, il s’attacha à la grande Princesse, dont :; la mort prématurée a coûté tant de larmes. » L'amour des lettres et des arts augmente la sen- sibilité de l'ame ; mais il présente aussi le remède le plus efficace contre les grandes douleurs. » M. du Tillet entreprit le voyage de l'Italie, et chercha, dans les ruines et les monuments des beaux arts, un adoucissement à ses malheurs. Il y acquit une connaissance assez étendue des tableaux des grands maitres, et n’en sentit que plus vivement toutes les beautés. » De retour à Paris, il fréquenta tout ce qui restait encore de grands hommes du siècle de Louis XIV, et s’en fit estimer. C’est alors qu'il conçut le projet d'élever au milieu de sa patrie un monument im- mortel à la gloire des beaux arts, et de conserver à la postérité les traits des hommes célèbres qui ont illustré la France en égalant les plus beaux génies de Pantiquité. » Boileau vivait encore et approuva le projet de M. Titon du Tillet; il l'aida même de ses conseils. L'idée du Parnasse fixa la forme du monument. Apollon devait le couronner sous les traits de Louis- le:Grand. Trois des plus illustres dames françaises devaient y occuper la place des Grâces , et neuf de nos Poëtes les plus célèbres, celles des Muses. Dans un rang inférieur, des médaillons eussent pré- senté des hommes célèbres dans un genre moins élevé; enfin, des génies tenant des rouleaux ouverts eussent présenté à Apollon le titre des ouvrages moins importants, mais dignes cependant d’une grande distinction. Les figures, toutes de marbre et en pied, devaient avoir dix à douze pieds de hauteur; les médaillons , trois pieds de diamètre ; la montagne evait avoir une hauteur proportionnée ; enfin, on Tome II1, 1561 à 1570. R Q1 ( 258 ) 1703. estimait à deux millions la dépense totale de ce mo- nument , auquel il n’y eût eu rien de comparable dans aucune ville du monde. La mort de Boileau, son illustre ami, arrivée en 1711, permit à M. du Tillet de lui donner dans son Parnasse la place émi- .nente qu'il méritait si justement. » En 1726 , il fit, auprès de M. le contrôleur général des finances, une tentative pour l'exécution de son projet, Il demandait une place dans les fermes, aux conditions d'y consacrer tous les bénéfices qu’il en tirerait. Cette demande demeura sans eflet; mais son zèle n’en fut pas refroidi. Il fit exécuter à ses frais, et en bronze , mais sous des dimensions bien ré- duites , cette magnifique conception. Il en publia une description abrégée qu’il dédia au Roi. Cet ou- vrage suppose et du goût et beaucoup de connais- sances dans celui qui Pa composé. Il donna encore , en 1754, au public, un ouvrage analogue sous ce titre : Æssai sur les honneurs et les monuments accordés aux illustres Savants , ouvrage qui offre des recherches , de l’érudition et de l’agré- ment. » M, Titon du Tillet s'était retiré dans une maison agréable du faubourg Saint-Antoine , où tous ceux qui avaient quelque mérite étaient accueillis. Il fut un des premiers qui s'intéressèrent pour procurer , au profit du neveu du grand Corneille, une re- présentation de Rodogune. » Au bonheur que les letires procurent à leurs favoris, M. Titon du Tillet joignit celui d’une santé constante. Il n'avait jamais eu un accès de fièvre jus- qu’au mois de décembre 1562, qu'il se sentit fort incommodé d’un catharre sur la poitrine, dont les suites le conduisirent au tombeau le 26 du même mois, Ii était âgé de près de quatre-vingt-six ans. on Len ( 259 ) Eloge de M. le Maréchal Duc de Luxembours , Pro- técteur de l’Académie ; par M. Lecar. « Charles - François - Frédéric de Montmorency- Luxembourg, second du nom, Prince, Duc, Pair, Maréchal de France, Gouverneur de Normandie, naquit le 31 décembre 1702. =» L'origine de sa maison , féconde en héros, se perd dans l'obscurité des temps. » Destiné par sa naissance à la profession des ar- mes, il fut fait, à l’âge de vingt ans, colonel du régi- ment de Touraine , à la tête duquel il servit dans la guerre d'Espagne , sous la régence , et se distingua aux siéges de Fontarabie et de Saint-Sébastien. » La guerre finie , il épousa la petite-fille du grand Colbert, de laquelle il eut deux filles, mortes fort jeunes, et un fils qu’il perdit à la fin de la derniére guerre. » Devenu veuf en 1747, il épousa, en 1750, Mi!- de Neuville, sœur du duc de Villeroy, veuve du duc de Boufllers, de laquelle il n’a pas eu d’enfants. » Dans la guerre de 1755, M. de Luxembourg servit en Allemagne et se trouva aux siéges de Kell, de Truerbak et Philisbourg. Ses services lui mérité- rent les grades de brigadier et de maréchal-de-camp. » La guerre de 1741 le fit marcher en Bavière, et de là à Prague à la défense duquel il concourut par sa valeur et son patriotisme. » Il eut l'honneur , dans les campagnes de Flan- dre, d'être aide-de-camp de S. M., et il prit une part très-active dans les batailles de Fontenoy, de R 2 ( 260 ) 1765. Rocoux et Lawfelt. Il obtint, en 1757, le bâton de Maréchal de France. » Son grand crédit auprès du Roi ne fut point un trésor confié à des mains avares, et perdu pour les autres. Cette province, cette Académie l'ont toujours éprouvé. Tout le monde sait que c’est à sa protec- tion que nous devons notre établissement. Il excita, par ses bienfaits, l'émulation parmi nous, etlanima en notre faveur, chez les étrangers, par des prix fondés par sa munificence. » Le souverain plaisir de M. de Luxembourg était d'obliger. Avec cet heureux caractère, on croira facilement ce qui na été assuré de lui, que, dans toute sa vie, il n'avait jamais formé le dessin de déso- bliger qui que ce soit. n Devenus ses enfants adoptifs, nous devions es- pérer de le posséder long-temps encore lorsque les ravages d’une affreuse maladie, la goutte, vinrent nous plonger dans le deuil. Les dernières années de sa vie furent une chaîne d’infirmités, Dix mois de souffrances continuelles ne purent altérer sa patience et sa sérénité, » Ne se dissimulant pas le danger de son état, il s'aperçut aisément qu’il touchait à ses derniers mo- ments , il s'y prépara en philosophe et en chrétien. 11 mourut le 18 mai 1764, dans sa soixante-deuxième année , laissant pour seul héritier de son rom M. le Prince de Tingry , descendant du quatrième fils du fameux Maréchal de Luxembourg. » M. le Maréchal de Luxembourg avait été à la cour un modèle de probité et de candeur , son illustre moitié y devint un exemple aussi rare. Qu'il est beau de voir les grands du monde donner de ces exemples au reste de la nation! » Qw'ilest flatteur pour nous de les publier , et de (261) réunir les éloges de deux époux qui ont également 1765. concouru à l'établissement et à l'illustration de l’Aca- démie ! » * Eloge de MM. Paul et Michel-Ange Slodtz ; par M. DusourLay. « Trois frères, fils d'un artiste célèbre, parvenus tous trois à upe réputation supérieure, en parcou- rant la méme carrière, plus respectables encore par cette concorde vraiment fraternelle qui leur fit mettre en commun l'amitié , la fortune et la gloire, sont un spectacle aussi intéressant pour les ames sensibles que pour les amateurs des beaux arts. » Nous rendimes, en 1756, à la mémoire de l'aîné, les honneurs qui lui étaient dus , nous essayons au- jourd’hui de payer le méme tribut aux deux frères qui lui survécurent. » Paul-Ambroise Slodtz, sculpteur du Roi, pro- fesseur à son Académie de peinture et sculpture, dessinateur de son cabinet , partagea avec son frère le travail et la gloire de plusieurs embellissements de la capitale. Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer l'inscription touchante qu’ils mettaient à leurs monuments : Par les frères Slodrz. » Les arts doivent spécialement à celui dont nous nous occupons, les décorations du chœur de Saint- Merry, et celles de la chapelle de la communion, dans la même église, La capitale de cette Province lui doit le méridien de la Bourse, dans lequel on ne se lasse pas d'admirer le caractère des têtes, celle du Temps en particulier ; » 2° Les deux Anges adorateurs, en plomb doré, qui R 3 x (262) 1765+ décoraient le grand autel, de l’église de Saint-Ouen avant Ja révolution ; 50 La statue de la Pucelle d'Orléans, que l'on ad- mire justement à la place qui en porte le nom. L’at- titude guerrière de cette héroïne n'exclut en rien la modestie et les grâces de son sexe. Les traits de son visage expriment ce genre de beauté dont les anciens étaient si grands admirateurs, parce que leurs ames élevées dédaignaient, jusque dans les objets de leur amour, tout ce qui respirait la mollesse. » René-Michel Slodtz, que l'Italie ne trouva pas indigne du nom de Michel-Ange, sculpteur du Roi, de son Académie de peinture et sculpture, dessina- teur de son cabinet , associé régnicole de l'Académie de Rouen, naquit à Paris le 29 septembre 1705. Il puisa dans sa propre maison les principes de son art. » À vingt-un ans , il remporta le prix de l’école de sculpture et fut envoyé à Rome en qualité de pension- naire. Quel spectacle et quelle école pour un génie te] que le sien! Cette grandeur qui respire.dans les mo- numents des maîtres du monde, éleva rapidement l'ame du jeune artiste au sublime, pour lequel il était né. Il ne tarda pas à se faire admirer dans cette patrie des beaux-arts, et fut choisi pour exécuter, dans l’église de Saint-Pierre de Rome , la statue de S. Bruno qui refuse la mitre. Il manquerait quelque chose à son triomphe si nous négligions de faire observer que notre compatriote, le célèbre Legros , français comme lui, et François Duquesnay , flamand, sont les seuls étrangers qui, jusqu'à présent, aient eu l'honneur de coopérer à la décoration de cette ba- silique superbe. » Bientôt les particuliers s’empressèrent de lui confier les ouvrages les plus importants. I] fut choisi ( 2635 ) pour exécuter , dans l'église de Saint-Jean des Flo- rentins , à Rome, le tombeau du marquis de Caponi. A la sublimité de l'expression par laquelle il s'était fait connaître , il réunit toutes les beautés de détaii, et ce nouveau chef-d'œuvre mit le comble à sa gloire. » Il eût pu vivre avec honneur dans la capitale des beaux-arts; l'amitié et l'amour de la patrie le ramencrent en France. Il s’y était déjà fait connaître par les bustes magnifiques d'Iphigénie et de Calchas, qu’il avait composés pour M. l’abbé de la Croix, Ces deux morceaux sont, au témoignage de ceux qui on le droit d'en juger, des plus précieux ouvrages que l'on connaisse en sculpture. Le tombeau du cardinal d'Auvergne, à Vienne en Dauphiné, est encore un ouvrage de son immortel ciseau. » À son retour en France, M. Slodtz trouva les beaux arts dégradés par un luxe frivo!e, et il n'était pas de son caractère de céder à ce torrent destruc- teur du vrai beau. » Il fut d’abord accueilli assez froidement ; mais bientôt on reconnut en lui la supériorité du talent, et tout s'empressa de lui rendre hommage. » Ce fut encore l'Amitié qui lui ouvrit les portes de l'Académie. Le buste de cette déesse, qu’il pré- senta comme morceau de réception, est d'une beauté inimitable. » Un travail d'une plus vaste étendue est le tom- beau de M. le curé de Saint-Sulpice. Nous n’entre- rous pas dans le détail de ce monument universel- lement connu et admiré; nous nous contenterons de dire que la figure de ce pasteur est un chef- d'œuvre d'expression et de travail. » Les décorations du chœur de la cathéd'ale de Beauvais furent pour lui un nouveau sujet de fare R 4 1765. (264 ) 1765. briller ses grands talents en sculpture et en architec- ture. La place de dessinateur du cabinet dû Roi lui donna souvent l’occasion de montrer combien il était habile architecte. » Un Prince étranger , ami des beaux-arts, nous envia la possession de M. Slodtz, et lui fit les offres les plus avantageuses. L'amitié nous conserva cet homme célèbre; mais ce fut pour bien peu de temps. La mort nous l’enleva le 26 octobre 1764. Il était âgé de cinquante-neuf ans. » Qu'il me soit permis, ajoute M. Duboullay , de terminer cet éloge par une inscription en style la- pidaire , en l'honneur de cette concorde si rare entre les trois frères : 19 0; M. Piis cineribus fratrum Slodtz Quos Natura, amicitia , gloria Junxit, Eximias Artes eximiis virtutibus Nobilitavére...… Non sibi, sed Principi, Patriæ , Relligioni Vixisse optimos cives Marmora clamant , publica desideria Testantur. Concordes animas debitis lachrymis et precibus Solare , pie Lector. Sic te bonum et felicem laudet aliquande Intemerata veritas. M DCC L'X V. ( 265 ) Eloge de M. Delaisement ; par M. Lecar. « M. Charles-Michel Delaisement est né à Cléry- 1766. sur-Andely, le 17 septembre 1682. » Il était le dernier de sept enfants , dont cinq garçons et deux filles. L’ainé, de treize ans plus âgé que Charles, était sous-principal des grammairiens au collége de Navarre; et, quand ce dernier fut en état de commencer ses études, il fut son insti- tuteur. Reçu maître ès Arts, le 11 août 1705, il passa aux écoles de médecine , où il fit son cours d’études complet. Son goût le décida pour la pharmacie. Il en prit les éléments chez M. Héron , et succéda à M. Danjou , depuis médecin célèbre et pharmacien à Conches , avec lequel il fut toujours étroitement lié, » Henri Delaisement, sous-principal de Navarre, dyant été nommé à un canonicat de la cathédrale de Rouen, cette circonstance décida le domicile de son frère Charles auprès de lui; mais avant de se fixer invariablement , il voulut connaître par lui- même les diverses mines de la France. Il parcourut ainsi la Normandie , la Bretagne , l'Auvergne. Il était alors à Lyon lorsqu'il apprit que son frère le chanoine était attaqué d’une maladie grave ; la ten- dresse et la reconnaissance lui donnent des ailes: mais, quelque diligence qu’il put faire, il u’arriva que pour pleurer sa perte. » L'étude est la grande consolation des savants ; ce fut celle de M. Delaisement. Orphelin pour la seconde fois, il se retira loin du tumulte de la ville, et partagea son temps entre l'étude et les opérations chimiques. 1766. L ( 266 } » En 1722, la place d'apothicaire gagnant maï- trise à l'Hôtel-Dieu de Rouen, étant devenue va- cante, il se présenta au concours, et obtint la place. L'examen fait en latin montra qu’il était également familier avec les langues et avec les arts. Le temps de jouir de ses droits étant arrivé, il prit une maison grande et commode dans la rue de la Chaîne, qui depuis a éfé bien plus connue sous le nom de rue de M. Delaisement, que sous sa propre dénomi- nation. » Son savoir profond , sa candeur, son désinté- ressement , son dévouement au service des pauvres, lui attirèérent bientôt le concours des citoyens de tous les ordres, et sa maison devint le rendez-vous de tous les Savants. .» A la première promotion qui suivit immédiate- ment la, création de l'Académie , cette Compagnie s’empressa de s'associer M. Delaisement. Nousétions lnstraits. de ses vestes: connaissances dans son art, connaissances acquises et par une longue pratique et par la lecture des livres originaux. Pour fouiller plus utilement dans ces sources, outre le latin et le grec ,:qu'il- avait appris dans .ses classes, il avait appris seal la plupart des langues vivantes, et la langue ‘allemande spécialement. On sait combien cette dernière est riche en ouvrages métallurgiques. Il les lisait tous et ne se serait pas fié à un procédé qu'il n'aurait pas répété. » Les jours’ne suflisant pas pour lui à l'étude, il y consacrait une partie des nuits. Des douleurs né- phrétiques qu’il enchantait, pour ainsi dire, par le travail , avaient eu une part considérable à ces veilles prolongées qu’il sut si bien mettre à profit. » Tant de travaux et de savoir promettaient à l'Académie une ample moisson. 11 fut en effet, pour (267) elle, une bibliothèque vivante; et lorsqu’en 1747 1766. il fit, de concert avec M. Ledannois , la thériaque à Vhôtel de ville , il accompagna cette opération de dissertations savantes sur les drogues qui entrent dans sa composition , en indiquant les caractères et propriétés de chacune. » M. Delaisement accordait à ses travaux deux sortes de délassements , une société d'amis et un jardin. Ses amis étrangers étaient tous les savants qui cultivaient avec éclat les diverses branches de la médecine , les Tournefort, Disnard, Vaillant, Jus- sieu , Rouelle , Guettard. Il en devait à son frère le chanoine plusieurs autres qui couraient une car- rière très-différente , les PP, Mallebranche , Tourne- mine, Montfaucon, Sauveur , etc. , etc. » Son jardin était une école de botanique et un laboratoire de chimie ; car ses plaisirs réunissaient toujours quelque chose d’utile. . » Cette activité se conserva jusqu’à un âge fort avancé. Il avait quatre-vingt-quatre ans et s’occupait d’une opération qui lui fit éprouver un froid consi- dérable et qui éteignit en lui les principes de la vie. En trente heures il subit toutes les dégradations qui conduisent à la mort; il la vit arriver avec la tran- quillité d’un philosophe , et la reçut avec les dispo- sitions d’un chrétien. » Il avait fait des dispositions testamentaires par lesquelles il assurait la paix entre ses cohéritiers. Il a joui ainsi, par avance, du plaisir de voir son éta- blissement , ses acquisitions littéraires à l'abri des révolutions ordinaires , en passant dans les mains d’un neveu distingué lui-même dans plusieurs genres. C'est dans cette douce perspective et avec le calme d’une ame bienfaisante qu’il s'endormit dans le sein de l'éternité, » , 1966. ( 268 ) Eloge de M. de Limési; par M. Dusourrax. « Charles de Toustain, chevalier ,+ seigneur de Limési, etc. , naquit à Rouen le 11 juin 1676. » 1] était l'héritier de l'ainée des quatre branches connues sous ce nom. Il apprit, dès l’âge le plus tendre , que ses ancêtres avaient tous versé leur sang pour la patrie; leur exemple à suivre fut la première leçon qu'il reçut. On ne négligea pas ce- pendant de lui procurer des connaissances et des lumières plus nécessaires au guerrier qu’on ne le croit communément. » À l'âge de quatorze ans, il entra dans le corps des cadeis, et deux ans après dans le régiment de Cham- pagne. Depuis plus d'un siècle, ses ancêtres étaient en possession de cueillir des lauriers dans ce corps illustre , si respecté de la nation, si estimé des en- pemis. C'était le moment le plus brillant du règne de Louis XIV. » La première campagne de M. de Limési fut pour lui un apprentissage terrible des périls et des fa- tigues de la guerre. M. de Luxembourg, surpris à Steinkerque , fit en un instant des dispositions si sages qu’il fit payer cher à l'ennemi l’avantage pas- sager qu’il avait d’abord obtenu. Le régiment de Champagne y fit des prodiges de valeur , et M. de Limési en partagea la gloire. » La malheureuse guerre de 1701 mit la France à deux doigts de sa perte. Ramillies, Oudenarde , Malplaquet furent témoins de notre valeur et de nos revers. Champagne, qui faisait partie des armées qui prirent part à ces actions, y soutint sa haute C 269 ) réputation de bravoure, Les calamités de la France 1766+ étaient à leur comble, et tout l'éclat du règne de Louis XIV allait s’ensevelir avec honneur sous les débris de son trône, Deux hommes , par des ser- vices égaux , quoique divers, mirent un terme à nos misères, M. Ménager , notre compatriote, par la négociation la plus habile , désunit le faisceau de la grande alliance ; et la journée de Dénain, si glorieuse au maréchal de Villars , releva tout-à-coup la ré- putation de nos armes. Ce fut sur le champ de ba- taille que M. de Limési fut proclamé l’un des plus braves capitaines, et peu de temps après, il recut des mains du Roi la décoration militaire , le plus beau gage de la valeur. n Outre MM. de Luxembourg et de Villars, il eut encore pour généraux, MM. de Vendôme, de Bouf- flers et de Catinat. Ce dernier, sur-tout, ui inspi- rait une admiration toute particulière ; il disait qu'il tenait, parmi les généraux, le même rang que Racine parmi les Poëtes. Il admirait sur-tour en lui cette sublime simplicité de mœurs, cette inaltérable vertu, qui le rendaient le modèle des guerrierset des sages. » La dernière campagne de M. de Limési fut le siége de Fribourg, en 1726 , qui, vingt ans après , fut la première campagne de son fils, » Après trente-quatre ans de service, M. de Limési crut pouvoir jouir avec honneur d’un repos si glorieu- sement mérité. Il se retira dans ses terres, où il épousa Mademoiselle de Godefroy , d'une famille distinguée dans la magistrature. Il en eut deux en- fants, une fille morte très-jeune , et un fils à l'édu- cation duquel il consacra tous ses instants. Il avait de grands moyens pour remplir avec avantage cette importante fonction. Plus attentif encore à former le cœur de son fils qu'à orner son esprit ; il re- (2707) 1766. connut combien les leçons de lPexemple sont supé- rieures aux préceptes les plus lumineux, et il eut Ja consolation de voir son élève marcher sur ses traces dans les sentiers de l'honneur. » Indépendamment de sa langue maternelle , dont M. de Limési possédait les principes, il savait le latin, Pitalien et l'allemand. Il était savant en histoire et en géographie ; et, dans l'immensité de ses lec- tures , il n'avait négligé de connaître aucun des ouvrages importants relatifs au métier des armes. » Cet homme rare avait trop de titres littéraires pour voir avec indifférence une Académie se former dans sa patrie. Il désira d’en partager les travaux, et y fut honorablement accueilli , et y tint toujours une place distinguée. » M. de Limési fils étant entré dans le régiment de Champagne , où la mémoire de son père était encore si récente et si respectée, notre confrère crut ne plus avoir désormais que des occupations de son choix. Cependant le tribunal des Maréchaux de France jeta les yeux sur lui pour lui confier la com- mission de juge du Point d'honnenr. M. de Limési ne l’accepta que sous la condition de ne toucher aucun des émoluments qui y étaient attachés. Il eut le bonheur de faire bien plus souvent le personnage de conciliateur que celui de juge, et mérita la re- connaissance et l'estime de tous ceux dont il termina les diflérens. » La mémoire fut la première fonction qui s’affai- blit en lui. Il s’en aperçut , remit sa commission au tribunal, et demanda à l'Académie la vétérance. En février 1766 , il fut attaqué d’une fièvre continue qui lui annonça une fin prochaine. Il s'y prépara en recevant avec fermeté et piété les secours de l'Eglise, et s’éteignit enfin le 18 avril , âgé de quatre- vipgtmeuf ans. Œx7n1) » Vif, franc, impatient, M. de Limési marquait 1766: assez ouvertement et son mépris et son estime. Digne d'avoir des amis, ce fut un malheur pour lui de leur survivre, Il avait pris de bonne heure ce ton de vérité et de vigueur qui caractérisait alors le mi- litaire français. Il y joignit une candeur inaltérable et les mœurs les plus pures, » Eloge de M. Paviot ; par M. DuroutLay. « Depuis la fondation de l’Académie aucune année ne lui avait été aussi funeste que celle qui vient de s'écouler. Elle a à regretter la perte de quatre Aca- démiciens Utulaires, et trois associés, perte d'autant plus douloureuse pour nous, que la mort ne s’est choisie que d’illustres victimes. Dans l'impossibilité de rendre à chacun d'eux les devoirs d’esage, nous nous bornerons à l’eloge des Académiciens titulaires , et nous serons encore obligés de restreindre l'hom- mage que nous devons à leurs vertus, « Hector-Nicolas Paviot, Président à la Cour des Comptes , etc., Conseiller honoraire au Parlement de Rouen, naquit en celte ville le 7 avril 1715. Des monuments publics nous apprennent que dès r271 sa famille jouissait de la noblesse, et servait l'état dans la profession des armes. D'autres rejetons de la même famille ne l'ont pas moins illustrée dans l'église et dans la magistrature. » Celui qui est l'objet de cet éloge avait perdu sa mère étant encore fort jeune, et était resté seul pour consoler son père des malheurs de son veuvage. Le désir de lui procurer dans la capitale une éducation distinguée , le détermina à s'en séparer, Hélas fil 1767 (272) 1767, lui faisait un éternel adieu , et M. Paviot le fils se trouva maître de ses actions dans un âge où ce pri- vilége est souvent le plus grand des malheurs. Mais un des traits qui le caractérisent est de n'avoir jamais été jeune , des passions douces et une ame forte lui avaient donné de bonne heure la raison d’un homme consommé. » S'étant consacré aux fonctions ingrates de la magistrature , à vingt ans, il fut reçu Conseiller au Parlement, persuadé qu’il n’était point d'école où il pt acquérir plus de vertus et de capacité que le sein même de sa Compagnie. » M. Paviot, ne laissant de place dans son cœur que pour des affections légitimes, forma de premiers nœuds avec Mademoiselle de Catteville, nièce de M. le Président d’Esneval. Une mort précipitée lui enleva cetobjet de sa tendresse. Une fille était l'unique gage de cette union. M. Paviot venait d’être pourvu d’une charge de Président en la Cour des Comptes. L’assiduité aux devoirs de ce nouvel état fut pour lui une diversion salutaire aux souvenirs amers qui le déchiraient. » Un second mariage avec Mademoiselle Duquesne de Brotonne le rendit père d'une nombreuse famille, et lui fit éprouver la satisfaction si douce d’en être adoré. Les vertus privées et les sentiments de la nature sont les sources des vertus publiques, et les qualités les plus brillantes n’ont de véritable lustre que lorsque leur éclat rejaillit sur l'innocence pour la diriger et l’embellir. C’est dire assez les soins affectueux que M. Paviot donna à l'éducation de sa famille, et il en recueille tous les jours les fruits précieux. » Magistrat également éclairé et modeste, pénétré de l'importance des fonctions qu "ilavyait à BEA il ( 273) il ne cessait de répéter que les deux qualités les 1767: plus essentielles du Magistrat étaient une équité im- partiale et la prompte expédition des aflaires, et personne ne fut jamais plus fidèle que lui à ses propres principes. » Dans les affaires publiques , il eût regardé comme un crime de séparer les intéréts du peuple de ceux du Souverain. Clair, précis, méthodique, ses ayis étaient écoutés ayec le plus grand intérêt et avaient toujours beaucoup d'influence sur les, délibérations. » M, Pavyiot devait cet avantage à la droiture de son cœur et au soin qu’il avait pris d’orner et de cultiver son esprit. Il aimait les Muses, mais il les cultivait comme il convient au Magistrat , comme un amusement subordonné à des fonctions plus im- portantes. Dans des instants de loisir , la peinture et le dessin lui procuraient des amusements aussi agréables qu’innocents. » Ces dispositions et un mérite connu lui ouvrirent les portes de l'Académie. Il fut reçu en 1748 Acadé- micien titulaire. Des Mémoires sagement écrits sur des matières intéressantes sont le témoignage de son zèle. Notre bibliothèque s'est accrue de son côté par sa munificence. » Un autre amusement, le partage des ames pai- sibles , était l’agriculture. Il la cultivait avec succès, et particulièrement ce qui est relatif aux plantations. C'est par cette attention soutenue qu'il embellit et féconda sa belle terre de Saint-Aubin, et fit servir ses goûts et ses plaisirs à la décoration de sa retraite et à l'utilité de ses enfants. » Ce goût éclairé, qui n’échappait à personne, le fit choisir pour l'un des membres de la Société d’agri- culture, dont il fut un des plus beaux ornements. Tome III, 1761 à 1770. S 1767 (274) » En rendant hommage aux talents et aux vertus de M. Paviot, nous ne devons pas omettre que la religion en était le premier principe ; mais sa re- ligion était éclairée et son zèle sans amertume. Ainsi il coulait des jours sereins dans le sein de sa fa- mille et le commerce de l'amitié, lorsqu'il leur fut enlevé en peu de moments par une maladie fou- droyante, aussi terrible qu’inopinée, Mais écartons ces funestes images pour ne conserver du Magistrat que nous pleuroms, que l'exemple d'une vie pure, et le souvenir de ses vertus. » Eloge de M. de Prémagay ; par M. DusouLcar. » Etienne-Francois Boistard de Prémagny, naquit à Rouen le 14 août 1708. » Depuis deux générations ses aïeux donnaient, dans le barreau de la Cour des Comptes, l'exemple de la probité, de la capacité et du désintéressement. » Il recut sa première éducation au collége des Jésuites de cette ville ; mais il termina ses etudes chez les PP. de lOratoire, au collége de Juilly. L'usage qui y était établi de former une Académie de l'élite des élèves peut être regardé comme lun des plus ingénieux ressorts de l'émulation. M. de Prémagny étant en rhétorique, il était alors âgé de quatorze ans, composa uue pièce de vers intitulée Narcisse, qui fut entendue avec plaisir. » Il essaya d’abord de suivre , dans le barreau de la Cour des Aides, la route que ses aïeux lui avaient tracée ; mais la délieaesse de sa poitrine Vengagea biemôt à se désister de ce projet, et il se livra sans réserve à l'étude. Histoire, antiquités , (275) poésie, éloquence , tout était de son ressort ; et, 1767+ daus tous ces genres , il obtint des succès. Con- vaincu cependant qw'il est une dette imprescriptible que chaque citoyen doit payer à la société, M. de Prémagny, s’attacha de nouveau à la Cour des Aides dans les fonctions du ministère public, et, pendant dix années , il s’en acqaitta avec distinction. Elles furent immédiatement suivies par les six années ordi- paires d'administration municipale ; et c’est ainsi qu'il crut devoir acquérir le droit de consacrer le reste de ses moments à l’étude. » En 1744, lors de la fondation de l’Académie , la réputation de M. de Prémagny et la douceur de sa société le firent regarder , avec raison, comme devant en étrel’un des principaux ornements. L'année suivante, ayant eu le malheur de perdre M. de Bet- tancourt, secrétaire des belles-lettres , M. de Pré- magny fut choisi pour lui succéder. Personne n'était plus en état de remplir cette fonction délicate , et il s’y fit honorablement distinguer jusqu'en 1755, qu'appelé de nouveau à l'administration municipale , il pria la Compagnie d'agréer sa démission, qui ne fut acceptée que sur des instances réitérées FAP sition des motifs les plus solides, M. de Prémagny n'en fut pas moins assidu à nos séances toutes les fois que l'importance des fonctions publiques lui eu laissait le loisir. Ses trois années d’échevinat ré- volues, il fut unanimement élu pour présider l’Aca- démie , distinction que cette Compagnie croyait devoir à sa profonde érudition et à ses longs services. » Le corps municipal ne lui donna pas des mar- ques moins honorables de confiance et d'estime en le chargeant de soutenir au conseil du Roi les in- térêts de la Cité. Les mouvements qu'il se donna altérèrent sa santé délicate. La mort rapide d'un S 2 (276) 1767 frère qu’il aimait tendrement la détruisit entière- ment. Il ne fit plus que languir. Personne ne con- naissait mieux la religion que lui, Il s'était plu à en approfondir les principes ; elle devint sa consolation dans ses derniers moments. Après de Jongues souf- frances , durant lesquelles sa fermeté ne l’abandonna jamais , il nous fut enlevé le 3 février, âgé de cin- quante-huit ans. » Ce serait ici le lieu de donner le catalogue des Mémoires que M. de Prémagny a lus aux diverses séances de l’Académie ; mais tous sont assez intéres- sants pour être présentés au moins dans des extraits suffisamment étendus. C’est une tâche honorable que nous nous sommes proposée; heureux si le succès répond à nos désirs (1) ! Eloge de M. de Pontcarré ; par M. DupouLray. Le plus digne éloge de ceux qui ont occupé avec honneur des plates éminentes, est le simple récit de leurs actions. De toutes les voix qui, pendant leur vie , s'empressent de publier leurs louanges , celles de la reconnaissance et de la vérité sont les seules qui,se fassent entendre lorsqu'ils ne sont plus. Ce sont elles qui vont nous dicter l’éloge d’un Ma- gistrat auquel cette Compagnie et plusieurs de ses Membres ont des obligations essentielles. En acquit- tant notre dette particulière, puissions-nous égale- ment acqüitter celle de la Patrie ! (1) Voir ‘sur les deux épitres de S. Clément, dont il est l’éditeur et le traducteur, le Dict, historique, au mot Wetstein, en observant que dans, ses notes, M, de Prémagny regarde ces : lettres comme apocr. pres, (277) » Geoffroy-Macé Camus de Pontcarré , ancien 1767 premier Président du Parlement de Normandie , - naquit le 29 septembre 1698. Son père, dont la mé- moire est encore justement respectée dans cette Province, avait rempli avant lui la dignité impor- tante dans laquelle il lui succédait ; et , pour en remplir les devoirs, il lui suffisait d’imiter ses exem- ples. En 1715, n’ayant encore que quinze ans, il fut reçu Conseiller au Parlement de Paris; quatre ans après, Maitre des requêtes ; enfin, le 5 décembre 1726 , il obtint la survivance de premier Président du Parlement de Normandie. Ses provisions font le ré- ‘censement de cinq générations de ses ancêtres dis- üngués dans les premières places de la magistrature. » M. de Pontcarré, dernier mort, remplit cette place pendant trente années. Nous n’entreprendrons ‘d'exposer, ni les grands talents qu'il y développa, ni les difficultés qu’il eut à surmonter pendant sa longue administration ; nous nous contenterons de dire qu'affable et bienfaisant, le mérite était sûr de trouver en lui un appui; que nul ne réclama vainement sa justice, et que non content de ter- miner, comme juge, les différends de ses conci- toyens, il les conciliait en père, et faisait souvent les frais de la paix dont il les faisait jouir. » Il contribua beaucoup à l'établissement de l'école d'anatomie dans cette ville, et l'Académie le compte avec reconnaissance au nombre de ses plus zélés protecteurs. La Compagnie fut à peine installée qu’elle le pria d'en agréer la présidence ; et il’ne cessa depuis de lui donner des preuves d’un sin- cère attachement. Un seul événement ne sembla un moment en arrêter le cours que pour mettre dans un plus beau jour toute la droiture , toute la sensi- bilité de son cœur. S 3 t767 (278) » Des motifs dont nous avons rendu compte avaient déterminé à proposer quelques changements aux statuts... M. de Pontcarré s’opposa formelle- ment à toute espèce d'innovation; mais uu examen réfléchi Jui ayant montré l'utilité du projet, il ne balança pas à l'approuver , il fit même des démar- ches efficaces pour le faire réussir, » L'Académie crut devoir donner à M. de Pont- carré une faible marque de sa reconnaissance, en le mettant une seconde fois à Ja téte de la Compagnie. H y fat sensible parce qu’il vit le motif qui avait déterminé les suffrages; mais il n’en jouit pas long- temps. Il perdit, cette même année , Madame de Pontcarré, Ce malheur, et le désir de goûter enün quelque repos, le déterminèrent à supplier le Roi de vouloir bien agréer sa démission. » La tranquillité dont il avait joui dans les pre- mières années de sa magistrature avait été troublée par quelques orages, Il profita d'un moment de calme pour entrer au port. Il écrivit pareillement à l'Académie pour lui demander la vétérance. Ce fut le dernier acte de reconuaissance qu’elle eut la con- solation de lui donner. » Le reste de sa vie fut consacré à l'exercice des vertus privées. Il fut le père des pauvres dans ses terres, comme il avait été à Rouen celui du peuple. il mourut à Paris le 8 janvier dernier , des suites d’une maladie longue et douloureuse , dans les sen- ments d’une grande piété et d’une entière résignation, Il était âgé de soixante-huit ans et quelques mois. . | (279) Eloge de M. l'abbé Gouget ; par M. DusourLar- » Claude-Pierre Gouget, chanoine de Saint-Jacques 1768 de l'Hôpital, associé titulaire de l'Académie royale des Sciences de Rouen, etc., naquit à Paris le 19 octobre 1697. Nous réduirons son éloge à une simple notice, Il a suppléé lui-méme ce qui pourrait y man- quer par un Mémoire dans lequel il entre dans les moindres détails de sa vie et qui a été imprimé après sa mort, Né avec l'ame la plus douce , il montra toute sa vie l'attachement le plus constant à des opinions que leur extrême sévérité distingue, et il leur fit le sacrifice le plus rigoureux que puisse faire un homme de lettres. Désigné par l'Académie des inscriptions, dont il avait mérité la couronne, pour remplacer M. l’abbé de Vertot, ses opinions lui en fermèrent l'entrée, La même cause empécha qu'il ne fût agrégé à la Société qui travaille au journal des Sayants, pour laquelle il avait été pareillement désigné par M. l’abbé Bignon. Le style de M. l'abbé Gouget était pur et correct. Dans les ouvrages où l’érudition ne surabonde pas comme ses morceaux historiques, ses éloges, il se fait lire avec intérêt... » Sincèrement attaché à sa religion , il avait les vertus de son état et celles de la société, et beau- coup dé gens de lettres qui lui accordaient leur amitié se réunissaient chez lui pour jouir de sa con- versation et profiter de ses lumières. » Les infirmités aflligèrent ses dernières années et exercèrent sa constance. La perte de la vue lui ayant rendu sa bibliothèque inutile, il s’en détacha sans se plaindre. Ce sacrifice est peut-être le plus S 4 ( 260 ) 1768 coûteux que puisse faire un savant. Malgré des aver- tissements répétés, sa fin, pour tout autre que lui, aura't encore été imprévue, Une attaque d’apoplexie l'enleva le dimanche 1°r février 1767. I] était âgé de soixante-neuf ans. » Eloge de M. d’Eprémenil ; par M. DuBouLLay. » Jacques Duval d’Eprémenil, ancien Gouyerneur de Madras, associé à l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, naquit à Paris en 1714. Elevé dans le sein de la Compagnie des Indes, dont son père avait été long-temps directeur , il se détermina de bonne heure à passer dans ces contrées éloignées , et se proposa d'étudier à fond la religion, les mœurs et les coutumes des peuples qui les ha- bitent ; il en avait adressé l'esquisse à l'abbé Desfon- taines , qui l'avait insérée dans le 4° volume de ses Jugements sur les ouvrages nouveaux. Depuis cet instant, il ne perdit pas son projet de vue, etne négligea rien pour l’exécuter. Il eut besoin plusieurs fois de prendre des déguisements qui compromet- taient sa vie; mais que ne peut sur des ames nobles le désir d'acquérir des lumières et de les répandre? » Ce fut à ce prix que M. d'Eprémenil rassembla d'immenses matériaux qu’il envoya par mer à Chan- dernagor, tandis que lui-méme s ÿ rendait par terre. Le vaisseau qui portait son trésor littéraire fut en- glouti par les flois à l’entrée du Gange ; lui-même fut arrêté par les marattes , dépouillé et conduit à Chandernagor sans avoir pu remplir aucune de ses yues. » La perte de ses manuscrits, de ses cartes ct ( 281 ) dessins lui fut infiniment plus sensible que celle de 1768: sa fortune, cette dernière pouvait se réparer. » De Chandernagor il revint en France , où il commença un genre de vie tout nouveau, Sédentaire Par goût et par nécessité (il était aflligé dela surdité), son infirmité d’ailleurs l’éloignait du monde. » En 1760, il publia une lettre sur l'histoire. En 1762, une savante dissertation sur le commerce du Nord. En 1765, une correspondance suivie avec l'auteur du Gentilhomme cultivateur , et bientôt après une lettre sur lPimputation faite à Colbert d’avoir ar- rêté le commerce des blés. » Outre ces ouvrages imprimés, il existe de lui, en manuscrit, une sayante dissertation sur la guerre du Decan, entreprise par Dupleix. » Il est encore l’auteur d'une lettre sur la cécité et la surdité, insérée dans le Mercure de 1756, et dans laquelle il préfère la cécité. » Il est mort en 1764, et il n’existe de son mariage qu’un fils, ayocat du Roi au Châtelet de Paris. » Les mœurs de M. d'Eprémenil étaient simples et douces, son caractère ouvert, son commerce agréa= ble ; sa surdité ne lui avait rien enlevé de sa gaité naturelle. Il a laissé sur les Indes un grand nombre de matériaux auxquels il n’a pas eu le loisir de donner une forme régulière. » Eloge de M. Restout ; par M. DuBouLLay. « Jean Restout, peintre du Roi, ancien directeur et chancelier de son Académie de peinture et sculp- ture des Académies de Rouen et de Caen, naquit a Rouen, le 26 mars 1692. Son père et son En 1748. ( 282 ) 1768. grand-père avaient cultivé la peinture avec succès, En 1784 et Jouvenet était son oncle. Entouré dès son enfance des monuments de cet art séduisant, le jeune Res— tout pouvait-il échapper à la peinture ? Tous les se- cours cependant semblèrent d’abord lui manquer. Il perdit son père de très-bonne heure , et passa sous la tutelle d’un oncle, peintre médiocre , qui Jui donna à regret ses premières lecons. Bientôt celui-ci se déchargea des soins de sa tutelle sur un autre oncle, prémontré , qui joignait l'étude de la peinture à celle des lettres. Il existe de lui un manuscrit sur l'harmonie des couleurs dans lequel il compare la peinture et la musique , et semble avoir devancé de plus d'un demi-siècle le P. Castel. Cet oncle, naturellement austère, aflligea souvent lame sensible du jeune Restout. Heureusement pour Jui un autre oncle, également prémontré, et peintre, mais d’un caractère plus doux, fut touché de son sort , le présenta à son onclé Jouvenet, et l’intéressa si vivement en sa faveur qu’il se décida à le retenir près de lui. » Un bien-être jusqu'alors inconnu , le charme d'une société choisie, devinrent, pour lé jeune Res- tout, des motifs de dissipation. L'oncle, sensible, mais ferme, s’en aperçut, et une seule observation suffit pour rendre son élève le plus laborieux des artistes. Il domptait le sommeil pour lequel il avait une grande propension, pour se rendre, durant les hivers les plus rigoureux, dans un vaste atelier, sans autre couvert qu’un toit d’ardoises , sans autre feu que celui du génie. Là, il crayonnait ces magnifiques compositions qui l'ont rendu le successeur et presque Je rival de son oncle. » Le jeune Restont, commençant à voler de ses propres ailes, et amoureux, comme il arrive presque (283) toujours, de ses premières productions, était corrigé 17684 sévèrement par son oncle. Voyant détruire un ta- bleau , l'objet de ses complaisances , il ne laissait échapper aucune plainte; mais son visage le trahis- sait. Jouvenet s'en aperçut. Pourquoi donc , lui dit-il, changez-vous ainsi de couleur ? — Ce qui se passe sur mon visage n'est pas en mon pouvoir , lui répondit son neveu, et j’exprime des mouvements que ma raison et ma reconnaissance condamnente Jouvenet était grand et juste, ses bras s’ouvrirent ; il.serra tendrement son neveu; et , dans ce mouve- ment de sensibilité, je me reproche, dit-il, d'avoir été trop vif. Exemple mémorable qui honore égale- ment le maitre et l'élève! » Le moment arriva où le jeune Restout put donner à son oncle des marques effectives de sa reconnais- sance. Jouvenet était devenu paralytique de la main droite , et s’occupait à faire opérer son neveu sous ses yeux. Impétueux , bouillant , et ne pouvant faire passer dans lame de Restout le feu qui Pani- mait , il tente vainement de saisir le pinceau de la main droite. Frustré de cet espoir, il le saisit de la gauche, et donne à la tête de S. François mourant, l'objet de son enthousiasme, ce caractère céleste qui a immortalisé ce tableau. » C'est à cet événement , célèbre dans l’histoire des arts, que l'on doit le fameux Magnificat de Notre-Dame de Paris, le plat-fond de la seconde des enquêtes du Parlement de Rouen, etc., etc. » L'habitude de copier pendant ônze ans les ta- Dbleaux de son oncle avait tellement accoutumé Restout à sa manière, que les premiers tableaux que celui-ci exposa aux yeux du public, après la mort de Jouvenet, furent attribués à ce dernier. » À la mort de son oncle, arrivée en 1717, Restout (284) 1768, crut tout perdu, lui seul ignorait ce qu'il valait; et lorsqu'au premier concours pour le prix de VA cadémie, il se mit sur les rangs, cette Compagnie - au lieu de lui décerner le prix, l’associa à l'Académie, et considéra son tableau comme son morceau de réception, p » Restout, qui ne vit dans cette faveur qu'un hommage rendu à la mémoire de son oncle, n’en continua pas moins d'étudier le modèle, et un jour qu’il présentait son dessin au professeur , celui-ct ne considérant que le.dessin , lui donna une appro- bation absolue; puis, ayant jeté les yeux sur celui qui le lui présentait, il lui en fit des excuses... Monsieur, répondit Restout, je n'ai pas fait assez de progrès depuis quatre jours que j’ai l'honneur d’être agréé de l’Académie, pour que vous cessies de me donner des avis. :#» Le célèbre Largillière était, depuis la mort de Jouvenet, devenu le principal conseil de Restout , et ce fut lui qu’il pria de présenter à l'Académie son tablean de réception. Le sujet est Alphée près de joindre Aréthuse , que Diane recoit dans ses bras. » Ce tableau , plein de graces, est un des plus beaux de l’Académic. Largillière , consulté, bläma la main d’Alphée. Restout la corrigea. Le tableau présenté fut généralement applaudi à la réserve de la niain. Largillière, en galant homme , se chargea du blâme, et la main fut restituée comme elle avait été peinte d’abord. :»-Chargé par’ lé Roi de finir un très-grand tableau de son oncle, pour les Gobelins (le sujet estla Céne), il maria telleméntison travail avec celui de lillustre mort, que le tout semble d’une même main. r » Il composa ensuite , pour la même manufacture , quatre grands tableaux allégoriques représentant ( 285 ) Ja Peinture, la Sculpture, l’Architecture et la Ma- 1765. sique; deux autres représentant un lavement des pieds et un baptême de N. S. Pour les appartements de Versailles , la confiance d'Alexandre envers Phi- lippe; et, pour les appartements de M": la Dauphine, l'Histoire de Psyché, » Nous ne pouyonsentrer dans le détail des œuvres de M. Restout, qui se montent à près de cent-cin- quante , dont un grand nombre de quinze à vingt- cinq pieds, Tous sont dignes de l'élève de Jouvenet. » M. Restout joignit à ces rares talents toutes les vertus qui les embellissent , l’amitié, la modestie, le désintéressement, la générosité. Il avait épousé en 1729, la fille de l’un de ses respectables collègues. De trois enfants qu’elle lui a donné un seul lui a survécu. » Il était à Rome pour se perfectionner dans l’art de la peinture lorsqu'il apprit que la santé de son père était altérée. Il part aussitôt et fait assez de dili- gence pour le trouver encore vivant ; mais il jouit peu de temps de cet avantage, cet artiste célèbre termina sa carrière le 1° janvier 1768, âgé de soixante-quinze ans. » La religion, par la magnificence de ses sujets, avait souvent exercé son pinceau ; elle avait été la règle de sa conduite , et elle fut sa consolation à ses derniers moments. » Notice historique sur M. MARTEAU DE GRANDVILLERS, Docteur-Médecin , associé au Collége des Médecins d'Amiens, des Académies d'Amiens, Rouen, etc. « Cet estimable et laborieux collègue semble ne s'être montré parmi nous que pour nous faire dé- plorer sa perte. Admis à partager les trayaux de cette 1770 (286 } r770. Académie en janvier 1770 , au premier août de la même année, nous venons couronner de cyprès son urne funéraire. Mais si nous avons joui trop peu de temps des avantages que nous promettaient ses ta- lents et la douceur de son commerce , il nous laisse dans de nombreux écrits , monuments d’une ré- putation solide, des observations importantes, des instructions lumineuses , et vit en quelque manière parmi nous par ces utiles commanications. » Nons ne pourrions, sans dépasser de beaucoup les limites que nous nous sommes tracées, présenter l'extrait raisonné de tous les ouvrages de M. Marteau. La plupart ont été communiqués au public, soit par l'impression isolée , soit par la voie des ouvrages périodiques , et nous nous contenterons d'en citer les titres, en suivant, autant qu’il nous sera possible , Yordre chronologique. 1756. Analyse des eaux de Forges. Esquinancie gangrenease à Guise. Ouverture de l’ombilic. Péripneumonie épidémique à Aumale. 1757. Noyaux de cerises et de pêches avalés, acci- dents mortels qui en résultent. Fièvre inflammatoire cérébrale épidémique, à Aumale. 1758. Marasme. Ouverture du cadavre d’un phthisique. Accidents de l’humeur laiteuse répercutée. 1759. Fièvre cholérique maligne. Maux de gorge gangreneux. Hydropisie de poitrine. Eflets du tonnerre. 1760. Analyse des eaux minérales d'Aumale. Dyssenterie épidémique à Bival. (287) Calcul urinaire. Abstinence extraordivaire. Cardialgie. Vomissement de sang. 1761. Sur le cancer du sein. Ecrouelles. 1762. Sur la ciguë et la belladone. Fièvres vermineuses. 1763. Coliques de Poitou. 1766. Grossesse prolongée. 1768. Autre grossesse de dix-huit mois. Usage des bains pendant la petite vérole. Colique hépatique. Esquinancie gangreneuse épidémique. 1769. Eaux minérales d'Aumale. Naissance tardive. 1770. Passion iliaque. Vapeurs guéries par le quinquina. Bains et douches. Analyse des eaux minérales, ouyrage couronné par l’Académie de Bordeaux. Res in saluberrimä Facultate Parisiensi gestæ. » On voit, par ce long catalogue d'ouvrages , la plupart publiés ou analysés dans le Journal de Mé- decine , combien M. Marteau était laborieux , at- tenuf à observer, et jaloux de la gloire d’une pro- fession qu’il honorait. Ses écrits, en général, se dis- tinguent par la méthode et la solidité; mais nous laisserons à M. le Docteur Vandermonde le soin d'apprécier le mérite de notre savant confrère. « Nous ne pouvons nous dispenser de témoigner » ici à M. Marteau, notre reconnaissance par rap- » port aux observations dont il veut bien nous gra- » tifier. Nous ne sommes ici que l'écho du public, 27270 Journal & Méd. ,t.q Vanderm, ( 288 ) 1770. » qui trouve , dans toutes ses observations , des ca- » ractères d'intérêt et de nouveauté, et des preuves » complettes qu’elles partent d’un bon Médecin et d’un homme instruit, » Notice biographique sur M. l'abbé Noxrzer. Il est des hommes tellement recommandables par l'étendue et la variété de leurs connaissances, tellement connus par leurs leçons savantes et les écrits qui les ont rendus célèbres, que les nommer suflirait presque à leur éloge , et tel fut M. l'abbé Nollet. Mais si on joint à ces avantages qui font ad- mirer, toutes les qualités qui font chérir celui qui les possède , la candeur , l’urbanité, la modestie , le caractère le plus officieux, on trouve un nouveau motif de louer celui qui reçut ces dons précieux, et tel fut encore M. l’abbé Nollet. Aussi n'est-ce pas son histoire que je prétends écrire. Quarante-sept ans qui se sont écoulés depuis qu'il à fermé les yeux à la lumière rendent superflus une infinité de détails qu’on retrouve par-tout au- jourd’hui, et je me contenterai de présenter le ta- bleau des principales époques de sa vie. « Jean-Antoine Nollet, diacre, licencié en théo- logie de l'Université de Paris, associé aux princi- ales Académies de l’Europe , naquit à Pimpré, village du diocèse de Noyon, le 19 novembre 1700. » Peu favorisé de la fortune , il sentit de bonne heure l'utilité du travail, et la régularité de ses mœurs détermina M. Taitebout, greflier de l'hôtel de ville de Paris, à lui confier, malgré sa jeunesse, l'éducation de ses enfants. Ce fut pour M. Nollet le premier pas vers l'aisance et Le principe du déve- veloppemeunt ( 289 ) loppement de ses talents, par Îles liaisons qu'il y 17..: contracta avec MM. Clairaut, Dufay, de Réaumur, et autres Académiciens célèbres. » En 1754, il accompagna M. Dufay dans un voyage de Londres, et s’y fit estimer. » En 1956, étant en Hollande, il connut et se lia d'amitié avec MM. Menschenbroek et Alleman. n En 1752, il fut recu à l’Académie des Sciences de Paris, adjoint mécanicien. » En 1936, il fut nommé associé. » Peu de temps après, il fut appelé à la Cour de Turin , pour y faire un cours de physique expéri- mentale. » En 1742, il fut invité par l’Académie de Bor- deaux à venir y faire un cours pareil. » En 1744, il fut appelé à Versailles pour y faire, en présence de la Cour, un cours complet, qu'il répéta l’année suivante en présence des Princesses de la Famille royale. » En 1756, il fut nommé par le Roi à la chaire de physique expérimentale, que Sa Majesté venait de fonder au collége de Navarre. ‘» Au commencement de 1757, il fut nommé, par brevet, maître de physique expérimentale et d'his- toire naturelle des Enfants de France. » La même année, eten 1767, il fut nommé pro- fesseur de physique expérimentale aux écoles royales d'artillerie et'du génie de la Fère et de Mézières. Par-tout il se fit des admirateurs et des amis, » Tant de travaux et tant de titres eussent suffi à sa célébrité. Il y mit le comble par les nombreux ou- vrages qu'il publia sur toutes les parties de la phy- sique , et qui tous se recommandent par la précision, la clarté, la méthode. Je n’en répéterai point le cata- Tome III, 1761 à 1970. | (290 ) logue ; ils sont tous connus et ornent la bibliothèque de tous les amateurs de la physique. » Comblé d'honneurs et estimé de toute l'Europe savante, M. l'abbé Nollet désira de revoir le hameau qui l'avait vu naître, tant il est vrai que Matale solum dulcedine cunctos Trahit , et immemores non sinit esse sui. » 1l descendit chez le digne Pasteur qui gouvernait cette paroisse , et visita avec lui l’église, qu’il trouva dans un dénuement presque absolu. Il la décora à ses frais; et, quelque temps après, voulant juger par lui-méme de la manière dont ses intentions avaient été remplies , il y retourna de nouveau et trouva tout dans le meilleur ordre. L'église était parfaite- ment balayée et propre ; mais un petit tas d’ordures était demeuré précisément à l’entrée du chœur. Il en fit l'observation avec sa douceur ordinaire. M. le Curé se chargea du reproche, dont le principe était une délicatesse de sa part. Il avait fait graver sur une pierre carrée, que cette poussière recouvrait, le nom du bienfaiteur , et l'avait recouverte ainsi pour ne pas alarmer sa modestie. Au départ de M. l'abbé Nollet , la poussière fut enlevée, et laissa à la recon- naissance tout son mérite. » En 1770, M. Nollet fut nommé sous-directeur de l'Académie, et ce fut la dernière de ses dignités , dont il jouit peu de temps. Il fut enlevé à ses amis et à ses travaux , le 25 avril de la méme année, et ter- mina en chrétien une vie consacrée à l'instruction publique et à des actes de bienfaisance. » I] avait été associé à l'Académie royale des Sciences, etc. , de Rouen, en 1757. » FIN DU TROISIÈME VOLUME. "TABLE DES MATIÈRES. Less be ns 02 NH DE L'H1STOIRE DE L'ACADÉMIF , page 1 Discours prononcé à la séance du 26 juillet 1816; par M. Gosseaume, en offrant à l’Académie le troisième tome manuscrit du Précis analytique des travaux de cette Compagnie , depuis janvier 1764 jusques et compris décembre 1770, ibid. Tableau des Membres de l’Académie royale pour l’année 1770 , 1% Liste des Mémoires lus à l’Académie , de 1761 & 1770 inclusivement , 18 Séances publiques de l’Académie , 36 Suire pu PRECIS ANALITIQUE, 53 DÉPARTEMENT DES SCIENCES. AGRICULTURE. Extrait d'un discours de M, de Brou, concernant l'Agriculture , 53 — D'un Mémoire de M. Betüi, de Vérone, sur la chenille du pommier , et les moyens de la détruire ; par M. Ballière, 56 + 2 ( 202 ) Sur lFpréau ; par M. de Menilcoté, 57 Ruche de forme nouvelle; par M***, habitant de l'Isle-de-France , 58 Essai sur les labours ; par M. Dedun d'Ireville, 6o Sur la culture de la gaude; par M. d'Ambournay, Gt Sur les forêts de pins et sapins qui se trouvent en Au- vergne ; par M. Pellissier, 62 Observations sur l’Agriculture ; par M. Oudard, 65 Sur la culture du grand chou d’Anjou ; par M. le mar- quis de Turbilly , 64 EconwomM1:1es. Tarif du prix du pain ; par M. d’Ireville, 65 ScirENcEs MÉDICALES. Extrait d'une lettre de M. Ferrand , sur la sensibilité animale , 66 Mémoires sur une tumeur & pédicule au visage, devenue chancreuse , et extirpée avec succès ; — Sur l'usage des eaux de l'Amnios ; — Sur le mécanisme de la respiration ; — Sur les usages du placenta ; — Sur la nutrition ; — Sur une machine à récéper les pilotis sous l’eau ; par M. David, 67 Sur la maladie des bestiaux à Sotteville; par M. Lecat, 68 Suppression de règles guéries par la commotion élec- trique ; par M. ‘a Marigues , 6g Observation d'une maladie sipalière à ; par M. Leblanc, 71 Des pensées et des actions d'un homme qui dort; par M, Lecat, 75 ( 293 ) Observations pathologico-anatomiques ; par M. Lecat, 78 Usage de la cizuë dans le traitement du cancer au sein ; par le même, 79 ANATOMIE. OBservation sur une pierre biliaire considérable, en- gagée à l’origine du canal cystique ; par M. de Marigues, 8t Sur un anévrisme de l’artère aorte, compliqué d'ossi- Jfication ; par le même, 82 Extraction de trois pouces dix lignes de l'os du bras, suivie de la régénération de cette portion osseuse ; par M. Lecat, 85 Sur une espece skelo{yrbe ; par M. Desplanques. 85 Observation d'une lésion mortelle de La pie-mère, 86 Mémoire sur le scorbut; par M. P***, Aide-Major de l’hôpital-général de..... S7 Observation d’un engorgement skirreux de l’estomac ; par M. Ferrand, 85 Mémoire sur les ischuries vésicales ; par M. Gros- sart fils, £9 Sur un dépôt survenu à l'aine droite, et le principe de ce dépôt; par M. Ferrand, gt Sur l'extraction des cataractes membraneuses secon- daires ; par M. Pamard , 92 Mémoire sur les diarrhées des femmes nouvellement accouchées ; par M. Bonté , 03 Observation d’un vomissement mortel déterminé par la callosité du pylore ; par M. Gosseaume , 95 Observations médico-chirurgicales ; par M. de Cham- peaux, 97 Usage dangereux des champignons ; par M. Bonté, 104 T9 ( 294 ) Administration du lait de vache aux enfants aban- donnés ; par M. l'abbé Neveu, 105 Hydropisie enkistée ; par M. de Boïisduval , ibid. Observation d’une paralysie locale et circonscrite ; par M. Gosseaume , 105 — Sur un vomissement mortel causé par le skirr e du pancréas ; par M. de Marigues , 107 Nouvelle méthode d'extirper les loupes ; par M. Pamard fils, 108 C HI M XI EE, Sur La dissolubilité du mercure dans le vinaïgre dis- tillé ; par M. Lechandelier , 110 ÆEzxaman de la poudre de vie du Dictionnaire por- tatif de Médecine, 1765) ; par le même, 113 Examen chimique de cidre qui avait occasionné des coliques violentes ; par le même, 114 Examen analytique de la racine du jalap; par le même. 115 Expériences qui prouvent la possibilité de rendre l’eau de la mer potable ; par le même, 117 Analyse nouvelle de l’eau de la nter , prise devant Dieppe ; par M. Monnet, ibid. — Des eaux minérales de Rouen; par MM. Lechan- delier et Monnet, 119 Æxamen des soudes de varec ; par M. Monnet, 120 Salines du Cotentin et de l’Avranchin; par le même, 122 Sur la combinaison du mercure avec l’acide marin , par la voie humide ; par le même, 124 Examen chimique d’un collyre ; par M. Lechande- lier, 126 Observation sur une substance saline fortuitement formée ; par M. Gosseaume, 127 (295 ) Examen de l’eau de la mer relativement à son prétendu bitume ; par M. Lechandelier , 1350 Expériences relatives aux changements des couleurs , etc, ; par M. Groul, ibid, Observation sur le bitume de la mer; par M. de Machy, 151 Sur la possibilité de rendre l’eau de la mer potable par la simple filtration; par M. Oursel, 132 Réponse aux expériences de MM. Macquer et Le- poulletier de la Salle; par le même, 139 Sur l'état vitriolique du fer dans les eaux minérales ; par M. Marteau, 140 Mémoire sur la nature des eaux de la ville de Rouen; par M. Lavoisier , 141 Observations sur l’affinage de l’argent ; par M. de Machy, 143 HISTOIRE NATURELLE. Sur une cause des transpirations sensibles des plantes ; par M. l'abbé Neveu, 144 Accouchement prématuré de deux enfants, l’un au terme d’environ quatre mois , l’autre à celui de dix-huit à vingt jours ; par M. Pillore, 145 Sur la pourpre des Anciens ; par M. l'abbé Neveu, 147 Singularités naturelles ; par M. Bonté, 148 SCIENCES PHYSIQUES. Sur les principales analogies entre les règnes végétal et animal ; par M. Lecat. , 149 Discours sur les connaissances physiques ; par M. Oursel, 151 Sur les mines de fer de Normandie ; par M. Monnet, 152 (296) à Éxtrait d'un Mémoire sur la cause de la pesanteur et de l’uniformité des phénomènes qu’elle présente ; . par M. David , 153 Observations sur l’origine des fontaines ; par M. Groult , 154 Sur le choix de la matière la plus propre à faire les verres d'optique ; par un anonyme , + 155 Extrait d'une lettre de M. d'Ambournay , ibid. (Carrière de M. Le Roux; ses particularités; par M. Gosseaume , 156 Herborisation du Givre , observée le 51 décembre 1767 ; par M. Lecat, 159 Sur un effet singulier de la chute du tonnerre ; par M. de Marigues , ibid, SCIENCES MATHÉMATIQUES. Expériences et réflexions sur la chute des corps graves ; par MM. Lecatet Neveu, 162 Sur la forme des ailes dans les moulins à vent ; par M. l'abbé Neveu, 165 Construction des presses, vis, etc.; par M. Dieullois, 164 Mémoire sur un rouet à filer des deux mains à-la- fois ; par M. de Bernières. 165 Boîte pneumatique adaptée à l'arbre d’un tour en l'air , pour exécuter'des figures excentriques ; par M. Chef-d'Hôtel, 168 Mémoire sur lu navigation de la Seine ; par M. Magin, 169 — Sur un bateau conduit par une mécanique; par M. de Brossard, , 160 Appareil pour tracer une Méridienne ; par M. Lucas, 171 C297) Description du Cosmoplane ; par M. l'abbé Dicque- mare , ibid. Remarques sur les propositions universelles ; par M. Ballière , 172 Recherches sur la théorie de La Musique; par M. Jamard, ibid. Cause de l’applatissement de l'orbite lunaire ; par M. Pingré, 173 Disque de la lune rendu visible dans une éclipse de soleil ; par M. Groummert, 174 Réflexions sur les défauts de La navigation ; par M. Levallois, 175 Détermination de la longitude en mer ; par le même, 175 Horizon artificiel ; par le même, 176 Observation du passage de Vénus sur le disque du soleil; par M. le Cardinal de Luynes, 177 Mémoire sur le choix des lieux pour l'observation du passage de Vénus sur le disque du soleil; par M. Pingré , 178 Notice sur les éléments de deux comètes ; par M. Steigenberg , ibid. Extrait d'une lettre sur l’éclipse de soleil du 1° avril 1764; par M. Clouet , 179 Notice sur un Météore lumineux ; par M. l'abbé Jacquin , ibid. Observations d’une comète ; par M. Levallois ; 180 — D'une Aurore boréale ; par M. le Chevalier d'Angos, ibid. Conjonction de deux Planètes ; par M. Volz, 181 Calculs pour déterminer les lieux vrais de Vénus : Mars et Jupiter ; par M. le Chevalier d'Angos, ibid, (298 ) DÉPARTÉMENT DES LETTRES. BELLES-LETTRES. Laus Boloniæ ; par un anonyme , 182 Dissertation sur un passage de Saint-Marc , d’après la Vulgate ; par M. de Prémagny , 182 Sur l'explication d’un passage d’Hérodote ; par M. de Saint-Paul, 184 Recherche sur le caractère des anciens Crétois ; par M. de Prémagny , 187 Observations sur un passage de Suétone , relatif à l'expulsion des Juifs, sous Claude ; par le même, 189 Sur les hiéroglyphes égyptiens ; par M. de Saint-Paul, , ox De l'influence des mœurs sur le goût, et du goût sur les mœurs ; par M. Duboullay , 193 Sur l'origine et les droits de la Souveraineté ; par M. l'abbé Guérin, 196 Dissertation sur le passage d’Alexahdre à Jérusalem, rapporté par Joseph ; par M. de Prémagny, : 198 Quels avantages l’homme de lettres retire-t-il, dans la vie privée , de l’amour et de l'étude des Belles- Lettres ? Par M. Charles, 200 Observations sur l’orchographe; par M. Midy, 203 De l’empire des Lois ; par M. Charles, 204 Sur la nécessité du patriotisme pour la prospérité des Etats ; parle même, ibid. De l'amitié entre les Gens de Lettres ; par M. l'abbé des Houssayes, 206 Discours servant de développement à un tableau ana- lytique de la Géographie , la Chronologie et l'His- toire ; par M. Mentelle, ” 207 ( 299 ) Sur l’heure des repas en France, avant et depuis le XP" siècle; par M. Dreux-Duradier, 268 Discours sur l'étude de l’Antiquité; par M. Lemoine , 209 Mémoire sur l'Education ; par M. de Saint-Paul, 215 Combien il est utile dans tous les états de cultiver les Lettres ; par M. de Macquerville , ibid. Estampe allésorique de l’Echiquier de Normandie, rendu sédentaire; par M. Toustain de Richebourg, r à 215 Dissertation sur les Almanachs ; par M. l'abbé Jacquin, ë ë 21 BEAUX-ARTS. Sur les Monuments que la Lorraine doit au Roi Stanislas ; par M. d’'Ornay , 217 Concours. F a-t-il entre les trois règnes animal , végétal et mi- néral des limites sensibles et distinctes , ou ces trois règnes se lient-ils par une chaïne continue qui en fasse une unité réelle ? 218 Pons Le véritable Amour , Epitre à Chloé ; par M. Lemesle, 226 Le Troupeau mal conduit , Fable; par M. de Mentelle, 229 Les Avantages du Gouvernement monarchique lhérédi- taire , Ode; par M. Duboullay, 231 ( 300 ) ÉLOGES HISTORIQUES. Eloge du P. Castel, Jésuite ; par M. Lecat, 236 — De M. l'abbé du Resnel; par M. Duboullay, 244 — De M. de Rougeville ; par le même, 244 — De M. de Moy d’Ectot ; par M. Lecat, 246 — De M. de Brou ; par M. Duboullay, 247 Réflexions sur M. de Crébillon; parle même, 251 Eloge de M. Pesselier ; par le même, 254 — De M. Titon du Tillet ; par le même, 256 — De M. le Maréchal duc de Luxembourg , protecteur de l’Académie; par M. Lecat, 259 — De MM. Paul et Michel-Ange Slodtz; par M. Du- boullay , 26r — De M. Delaisement; par M. Lecat, 265 — De M. de Limési; par M. Duboullay, 268 — De M. Paviot ; par le même, 271 — De M. de Prémagny ; par le même, 274 — De M. de Pontcarré ; par le même, 276 — De M. l'abbé Gouget ; par le même, 279 — De M. d’'Eprémenil ; par le même, 280 — De M. Restout; par le même, 281 Notice historique sur M. Marteau de Grandyillers, | 285 Notice biographique sur M. l'abbé Nollet, 288 \ À É 3 ve 4 FYNUAEUEA TABLE. ARECEIEPEEE PPT uù Ne v FPE ATÙ VYYEy ‘ AVE ARE TP v°. RACE EME \ MM ne ÿE Ÿ ÿ VU PU RUN ALL if # À. ’ ÿ AN Lil N "VYUVY Le Ÿ “Y V LA AI NY AN \ ANNEE: À TÉLÉ MM Vu M \ 1% AV s APE EEA Are v du Li A MN F ? 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